Résultats : 1867 texte(s)
Détail
Liste
801
p. 1238-1239
Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 5. de ce mois, l'Ouverture solemnelle de l'Assemblée generale du Clergé [...]
Mots clefs :
Assemblée générale, Clergé, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Le So de ce mois , l'Ouverture folemelle
de l'Affemblée generale du Clergé
de France fe fit avec les ceremonies ac
coûtumées dans l'Eglife des Grands Auguftins
, par la Meffe du S. Efprit , à la➡
quelle les Prélats & les autres Députez qui
compofent l'Affemblée , communierent.
L'Archevêque de Paris y officia pontificalement
, & l'Evêque de Nîmes y prê
cha avec beaucoup d'éloquence.
L'Affemblée generale du Clergé , après
avoir élû pour Préfidents l'Archevêque
de Paris , l'Archevêque de Sens , l'Àrchevêque
de Rouen , l'Evêque de S. Pol
de Leon , l'Evêque de Marfeille & l'Evêque
de Nîmes , l'Abbé de Maugiron
pour Promoteur, & l'Abbé de Valras pour
Secretaire , a choifi pour Premier Préfi
dent le Cardinal de Fleury, Miniftre d'E
ZORJUIN
. 1730.
1119
tat , & l'Affemblée lui a député pour le
prier d'accepter ce choix.
Le 7. Juin les Prélats & les autres
Députez qui compofent l'Affemblée generale
du Clergé , allerent à Verſailles ren
dre leurs refpects au Roi .Ils s'affemblerent
dans laSale du Château qui leur eſt deſtinée
dans ces occafions , & le Comte de Mau
repas , Secretaire d'Etat , étant venu les
prendre pour les prefenter au Roi , ils
furent conduits à l'Audience de S. M. par
le Marquis de Dreux , Grand- Maître des
Ceremonies , & par M. Defgranges , Maître
des Ceremonies , avec les honneurs
qui fe rendent au Clergé lorfqu'il eft en
Corps , les Gardes du Corps étant dans
leur Sale en haye , & fous les armes , &
les deux Batans des Portes étant ouverts,
Le Cardinal de Fleuri , Premier Préfident
de l'Affemblée , alla ſe joindre aux Députés
dans la Sale où ils étoient affemblés,
& il marcha avec eux à la droite des Archevêques
de Paris & de Sens. L'Archevêque
de Paris complimenta le Roi par
un Difcours très éloquent , après lequel
le Cardinal de Fleuri préfenta à S. M. chaque
Député en particulier. Enfuite les
mêmes Deputés ayant le Cardinal de
Fleuri à leur tête , curent l'honneur de
complimenter la Reine & Monfeigneur
le Dauphin. L'Archevêque de Paris qui
fir les trois Harangues parla en ces termes.
de l'Affemblée generale du Clergé
de France fe fit avec les ceremonies ac
coûtumées dans l'Eglife des Grands Auguftins
, par la Meffe du S. Efprit , à la➡
quelle les Prélats & les autres Députez qui
compofent l'Affemblée , communierent.
L'Archevêque de Paris y officia pontificalement
, & l'Evêque de Nîmes y prê
cha avec beaucoup d'éloquence.
L'Affemblée generale du Clergé , après
avoir élû pour Préfidents l'Archevêque
de Paris , l'Archevêque de Sens , l'Àrchevêque
de Rouen , l'Evêque de S. Pol
de Leon , l'Evêque de Marfeille & l'Evêque
de Nîmes , l'Abbé de Maugiron
pour Promoteur, & l'Abbé de Valras pour
Secretaire , a choifi pour Premier Préfi
dent le Cardinal de Fleury, Miniftre d'E
ZORJUIN
. 1730.
1119
tat , & l'Affemblée lui a député pour le
prier d'accepter ce choix.
Le 7. Juin les Prélats & les autres
Députez qui compofent l'Affemblée generale
du Clergé , allerent à Verſailles ren
dre leurs refpects au Roi .Ils s'affemblerent
dans laSale du Château qui leur eſt deſtinée
dans ces occafions , & le Comte de Mau
repas , Secretaire d'Etat , étant venu les
prendre pour les prefenter au Roi , ils
furent conduits à l'Audience de S. M. par
le Marquis de Dreux , Grand- Maître des
Ceremonies , & par M. Defgranges , Maître
des Ceremonies , avec les honneurs
qui fe rendent au Clergé lorfqu'il eft en
Corps , les Gardes du Corps étant dans
leur Sale en haye , & fous les armes , &
les deux Batans des Portes étant ouverts,
Le Cardinal de Fleuri , Premier Préfident
de l'Affemblée , alla ſe joindre aux Députés
dans la Sale où ils étoient affemblés,
& il marcha avec eux à la droite des Archevêques
de Paris & de Sens. L'Archevêque
de Paris complimenta le Roi par
un Difcours très éloquent , après lequel
le Cardinal de Fleuri préfenta à S. M. chaque
Député en particulier. Enfuite les
mêmes Deputés ayant le Cardinal de
Fleuri à leur tête , curent l'honneur de
complimenter la Reine & Monfeigneur
le Dauphin. L'Archevêque de Paris qui
fir les trois Harangues parla en ces termes.
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Résumé : Assemblée du Clergé, &c. [titre d'après la table]
Le 1er juin 1730, l'Assemblée générale du Clergé de France a été ouverte solennellement à l'église des Grands Augustins. Les prélats et députés ont communié lors de la messe du Saint-Esprit, célébrée par l'archevêque de Paris. L'évêque de Nîmes a prononcé un sermon. Plusieurs prélats ont été élus présidents, dont le cardinal de Fleury, ministre d'État, choisi comme premier président. Le 7 juin, les prélats et députés se sont rendus à Versailles pour rendre hommage au roi, accompagnés par le comte de Maurepas et le marquis de Dreux. Ils ont été reçus avec les honneurs dus au clergé. L'archevêque de Paris a adressé un discours au roi, suivi par la présentation des députés par le cardinal de Fleury. Les députés ont également salué la reine et le dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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802
p. 1240-1241
AU ROY.
Début :
SIRE, Le Clergé de votre Royaume assemblé par vos Ordres, vient avec empressement rendre [...]
Mots clefs :
Clergé, Roi
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texteReconnaissance textuelle : AU ROY.
AURO Y.
SIRE ,
Le Clergé de votre Royaume affemblé par:
vos Ordres , vient avec empreffement rendre
À VOTRE MAJESTE' fes refpectueux
hommages , & lui renouveller les assurances
de fon inviolable fidélité.
Nous vous l'avons promiſe avec ferment,
Dieu même nous l'ordonne comme une obli
gation effentielle ; mais , SIRE , indépendamment
de ces motifs , que la naiſſance &
·la Religion ont gravez dans nos coeurs , l'ufage
que vousfaites de l'autorité que vous tenez
de Dieu feul , fuffiroit pour nous porter
à remplir, par reconnoiffance , un devoir qui
eft d'ailleurs pour nous indifpenfable.
En effet , quel Princefut jamais plus ca
pable d'exciter ces fentimens dans le coeur des
Miniftres de JESUS - CHRIST , qu'un:
Roy qui a fait éclater en toute occafion fon
refpect pour la Religion , fon zéle pour protéger
l'Eglife , & qui employe fon autorité à
faire rendre à celle des Pafteurs , & à leurs
décifions , l'obéiffance qui leur est dûë ?
Animez par votre exemple , & foutenus
par votre protection , nous employerons tous
les moyens que la charité nous dicte pour appaifer
les troubles qui affligent l'Eglife , &
I. Vol.
pour
JUIN. 1730. 1241
pour infpirer à tous les Fidéles cet efprit de
docilité & de foûmiffion qui peut feul rétablir
lapaix & la tranquillité.
Le premier Corps de l'Etat , SIRE , en
donnant Pexemple aux autres , regardera
toujours comme un de fes principaux devoirs,
de fe diftinguer par un zéle ardent pour votre
fervices d'offrir à Dieu des Prieres
ferventes pour la confervation de la perfonne
facrée de VOTRE MAJESTE'.
SIRE ,
Le Clergé de votre Royaume affemblé par:
vos Ordres , vient avec empreffement rendre
À VOTRE MAJESTE' fes refpectueux
hommages , & lui renouveller les assurances
de fon inviolable fidélité.
Nous vous l'avons promiſe avec ferment,
Dieu même nous l'ordonne comme une obli
gation effentielle ; mais , SIRE , indépendamment
de ces motifs , que la naiſſance &
·la Religion ont gravez dans nos coeurs , l'ufage
que vousfaites de l'autorité que vous tenez
de Dieu feul , fuffiroit pour nous porter
à remplir, par reconnoiffance , un devoir qui
eft d'ailleurs pour nous indifpenfable.
En effet , quel Princefut jamais plus ca
pable d'exciter ces fentimens dans le coeur des
Miniftres de JESUS - CHRIST , qu'un:
Roy qui a fait éclater en toute occafion fon
refpect pour la Religion , fon zéle pour protéger
l'Eglife , & qui employe fon autorité à
faire rendre à celle des Pafteurs , & à leurs
décifions , l'obéiffance qui leur est dûë ?
Animez par votre exemple , & foutenus
par votre protection , nous employerons tous
les moyens que la charité nous dicte pour appaifer
les troubles qui affligent l'Eglife , &
I. Vol.
pour
JUIN. 1730. 1241
pour infpirer à tous les Fidéles cet efprit de
docilité & de foûmiffion qui peut feul rétablir
lapaix & la tranquillité.
Le premier Corps de l'Etat , SIRE , en
donnant Pexemple aux autres , regardera
toujours comme un de fes principaux devoirs,
de fe diftinguer par un zéle ardent pour votre
fervices d'offrir à Dieu des Prieres
ferventes pour la confervation de la perfonne
facrée de VOTRE MAJESTE'.
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Résumé : AU ROY.
Dans une lettre datée de juin 1730, le clergé du royaume adresse au souverain des expressions de respect et de fidélité, motivées par des obligations religieuses et morales. Ils soulignent que le roi incarne des valeurs de respect et de protection de la religion, ce qui les pousse à lui être reconnaissants et loyaux. Le clergé s'engage à utiliser tous les moyens nécessaires pour apaiser les troubles affectant l'Église et à inspirer un esprit de docilité et de soumission parmi les fidèles. Ils promettent également de prier pour la conservation de la personne sacrée du roi, considérant cela comme un de leurs principaux devoirs.
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803
p. 1241-1242
A LA REINE.
Début :
MADAME, Ce n'est pas moins par les mouvemens du coeur que par devoir, que le Clergé du Royaume [...]
Mots clefs :
Clergé, Reine
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texteReconnaissance textuelle : A LA REINE.
A LA REINE;
MADAME,
Ce n'est pas moins parles mouvemens du
coeur que par devoir , que le Clergé du Royaume
vient rendre fes profonds refpects à une
Augufte Reine , que fes vertus ont élevée
fur le Trône , & dont la plus grande éléva- .
tion n'a fervi qu'à faire éclater fa Religion
&Sa Foy.
Quelle confolation pour les Miniftres de
JESUS-CHRIST , de trouver dans VOTRE
MAJESTE' le modèle des fentimens qu'ils
défirent d'inspirer à tous les Fidéles , & de
n'avoir , pourformer de vrais Chrétiens ,
qu'à fouhaiter qu'ils vous imitent.
Nousjouiffons déja , MADAME, des
fruits de votre piété , par l'heureuſe fécondité
I. Vol.
dont
3242 MERCURE DE FRANCE.
dont il a plû à Dieu de favorifer VOTRE
MAJESTE' , & par la naissance d'un Dauphin
fi défiré de toute la Nation , qu'il a
bien voulu accorder à la ferveur de vos
prieres.
Que nous refte-t-il à demander encore ,finon
que le Seigneur daigne nous conferver les
dons qu'il nous a faits , que ce Prince puiſſe
pendant long-tems profiter de vos exemples ,
apprendrefous le Roy fon Pere , à gouverner
avec fageffe ; & que le Ciel , qui protége
d'une manière fi visible ce grand Royaume
continue de verfer fes bénédictions fur Vo-
TRE MAJEST E' , en lui donnant enco☛
re des Princes , qui assurent pour toujours le
repos & le bonheur de la France ?
MADAME,
Ce n'est pas moins parles mouvemens du
coeur que par devoir , que le Clergé du Royaume
vient rendre fes profonds refpects à une
Augufte Reine , que fes vertus ont élevée
fur le Trône , & dont la plus grande éléva- .
tion n'a fervi qu'à faire éclater fa Religion
&Sa Foy.
Quelle confolation pour les Miniftres de
JESUS-CHRIST , de trouver dans VOTRE
MAJESTE' le modèle des fentimens qu'ils
défirent d'inspirer à tous les Fidéles , & de
n'avoir , pourformer de vrais Chrétiens ,
qu'à fouhaiter qu'ils vous imitent.
Nousjouiffons déja , MADAME, des
fruits de votre piété , par l'heureuſe fécondité
I. Vol.
dont
3242 MERCURE DE FRANCE.
dont il a plû à Dieu de favorifer VOTRE
MAJESTE' , & par la naissance d'un Dauphin
fi défiré de toute la Nation , qu'il a
bien voulu accorder à la ferveur de vos
prieres.
Que nous refte-t-il à demander encore ,finon
que le Seigneur daigne nous conferver les
dons qu'il nous a faits , que ce Prince puiſſe
pendant long-tems profiter de vos exemples ,
apprendrefous le Roy fon Pere , à gouverner
avec fageffe ; & que le Ciel , qui protége
d'une manière fi visible ce grand Royaume
continue de verfer fes bénédictions fur Vo-
TRE MAJEST E' , en lui donnant enco☛
re des Princes , qui assurent pour toujours le
repos & le bonheur de la France ?
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Résumé : A LA REINE.
Le Clergé du Royaume adresse une lettre à une reine, exprimant respect et admiration pour ses vertus, qui ont conduit à son élévation sur le trône et à la promotion de la religion et de la foi. La reine incarne les sentiments que les ministres de Jésus-Christ souhaitent inspirer à tous les fidèles. Le Clergé exprime sa joie face à la fécondité de la reine et à la naissance d'un dauphin, désiré par toute la nation et considéré comme une réponse aux prières de la reine. Ils prient pour que Dieu conserve ces dons, que le dauphin apprenne à gouverner sagement en suivant l'exemple de son père, et que le royaume continue de recevoir les bénédictions divines. Ils espèrent également la naissance de futurs princes pour assurer le repos et le bonheur de la France.
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804
p. 1242-1243
A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
MONSEIGNEUR, Votre naissance est le fruit des instantes Prieres & des Sacrifices que nous n'avons [...]
Mots clefs :
Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
MONSEIGNEUR ,
Votre naiffance eft le fruit des inftantes
Prieres & des Sacrifices que nous n'avons
cefsé d'offrir au Dieu de Miféricordes nous
continuerons nos Voeux avec la même ferveur
pour la confervation d'un Prince , qui fait
dès - à- prefent l'efperance du Royaume ; &
ous demanderons encore avec inftance à ce
I. Vol Dien
JUI N. 17:30: 1243
ن م
Dieu de bonté , qu'il grave dans votre coeur
fon amour & fa crainte , & que par les foins
de votre illuftre Gouvernante , nous puiffions
voir croître en vous , avec l'âge , ceite fageffe
qui vous rendra lajoye & la confolation du
Roy , le bonheur & la gloire de la Nation.
LE DAUPHIN.
MONSEIGNEUR ,
Votre naiffance eft le fruit des inftantes
Prieres & des Sacrifices que nous n'avons
cefsé d'offrir au Dieu de Miféricordes nous
continuerons nos Voeux avec la même ferveur
pour la confervation d'un Prince , qui fait
dès - à- prefent l'efperance du Royaume ; &
ous demanderons encore avec inftance à ce
I. Vol Dien
JUI N. 17:30: 1243
ن م
Dieu de bonté , qu'il grave dans votre coeur
fon amour & fa crainte , & que par les foins
de votre illuftre Gouvernante , nous puiffions
voir croître en vous , avec l'âge , ceite fageffe
qui vous rendra lajoye & la confolation du
Roy , le bonheur & la gloire de la Nation.
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Les auteurs écrivent au Dauphin, fils du roi de France, pour exprimer leur joie et gratitude. Ils prient pour sa conservation et son éducation. Ils souhaitent qu'il devienne un prince espoir du royaume, guidé par la sagesse et l'amour de Dieu, apportant bonheur et gloire à la nation.
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805
p. 1243-1244
« Le 12. de ce mois, M. Fagon, Conseiller d'Etat Ordinaire & du Conseil [...] »
Début :
Le 12. de ce mois, M. Fagon, Conseiller d'Etat Ordinaire & du Conseil [...]
Mots clefs :
Roi, Cardinal de Fleury
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texteReconnaissance textuelle : « Le 12. de ce mois, M. Fagon, Conseiller d'Etat Ordinaire & du Conseil [...] »
Le 12. de ce mois , M. Fagon , Confeiller
d'Etat. Ordinaire & du Confeil
Royal des Finances , le Comte de Maurepas,
Secretaire d'Etat ; M. de Courfon ,
Confeiller d'Etat ordinaire & ' du Confeil
Royal des Finances ; M. d'Ormeffon,
Confeiller d'Etat & Intendant des Finan
ces; & M. Orry , Confeiller du Conſeil
Royal des Finances & Controleur Genetal
des Finances , Commiffaires du Roy,
allerent à l'Affemblée generale du Clergé
, où ils furent reçus avec les ceremo→
nies ordinaires , & M. Fagon fit un Dif
cours auquel l'Archevêque de Paris repondit
au nom, de l'Affemblée.
Les Commiffaires du Roy qui étoient
allez , comme on vient de le dire , à l'Af
femblée generale du Clergé , y retournerent
le 16 , & ils demanderent aux Députez
, au nom de S. M. un , fecours de
quatre millions de livres , ce qui fut unanimement
accordé .
Le 22 , le Cardinal de Fleury, Miniftre
d'Etat , alla préfider à l'Affemblée du
Clergé , qui ayant étéinformée de fon ar
1244 MERCURE DE FRANCE .
rivée dans l'Eglife des Grands Auguftins ,
députa pour aller le recevoir, l'Archevêque
de Bordeaux , les Evêques de Nifmes ,
de Glandéves , d'Autun , de Boulogne &
de Grenoble ; & les Abbez de Chamron ,
de Coetlofque , de Caftelane , de Montferrand
, de Peruffy & de Vaulfere. Ces
Députez allerent audevant du Cardinal
de Fleury jufqu'à l'Eglife , d'où ils le conduifirent
dans la Sale de l'Affemblée.
Il prit fa place de Premier Préfident ;
& il fit un Difcours tres-éloquent , auquel
l'Archevêque de Paris répondit au
nom de l'Affemblée . Le Cardinal de Fleury
tint la Séance , & lorfqu'elle fut finie,
il fut reconduit par plufieurs des Prélats
de l'Affemblée.
d'Etat. Ordinaire & du Confeil
Royal des Finances , le Comte de Maurepas,
Secretaire d'Etat ; M. de Courfon ,
Confeiller d'Etat ordinaire & ' du Confeil
Royal des Finances ; M. d'Ormeffon,
Confeiller d'Etat & Intendant des Finan
ces; & M. Orry , Confeiller du Conſeil
Royal des Finances & Controleur Genetal
des Finances , Commiffaires du Roy,
allerent à l'Affemblée generale du Clergé
, où ils furent reçus avec les ceremo→
nies ordinaires , & M. Fagon fit un Dif
cours auquel l'Archevêque de Paris repondit
au nom, de l'Affemblée.
Les Commiffaires du Roy qui étoient
allez , comme on vient de le dire , à l'Af
femblée generale du Clergé , y retournerent
le 16 , & ils demanderent aux Députez
, au nom de S. M. un , fecours de
quatre millions de livres , ce qui fut unanimement
accordé .
Le 22 , le Cardinal de Fleury, Miniftre
d'Etat , alla préfider à l'Affemblée du
Clergé , qui ayant étéinformée de fon ar
1244 MERCURE DE FRANCE .
rivée dans l'Eglife des Grands Auguftins ,
députa pour aller le recevoir, l'Archevêque
de Bordeaux , les Evêques de Nifmes ,
de Glandéves , d'Autun , de Boulogne &
de Grenoble ; & les Abbez de Chamron ,
de Coetlofque , de Caftelane , de Montferrand
, de Peruffy & de Vaulfere. Ces
Députez allerent audevant du Cardinal
de Fleury jufqu'à l'Eglife , d'où ils le conduifirent
dans la Sale de l'Affemblée.
Il prit fa place de Premier Préfident ;
& il fit un Difcours tres-éloquent , auquel
l'Archevêque de Paris répondit au
nom de l'Affemblée . Le Cardinal de Fleury
tint la Séance , & lorfqu'elle fut finie,
il fut reconduit par plufieurs des Prélats
de l'Affemblée.
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Résumé : « Le 12. de ce mois, M. Fagon, Conseiller d'Etat Ordinaire & du Conseil [...] »
Le 12 du mois, plusieurs hauts fonctionnaires, dont M. Fagon, le Comte de Maurepas, M. de Courfon, M. d'Ormeffon et M. Orry, se rendirent à l'Assemblée générale du Clergé. Ils furent reçus avec les cérémonies ordinaires et M. Fagon prononça un discours auquel l'Archevêque de Paris répondit. Le 16, ces commissaires demandèrent aux députés un secours de quatre millions de livres au nom du roi, lequel fut unanimement accordé. Le 22, le Cardinal de Fleury, ministre d'État, présida à l'Assemblée du Clergé. Informée de son arrivée à l'église des Grands Augustins, l'Assemblée dépêcha plusieurs prélats, dont l'Archevêque de Bordeaux et les évêques de Nîmes, de Glanéves, d'Autun, de Boulogne et de Grenoble, pour l'accueillir. Le Cardinal de Fleury fit un discours éloquent auquel l'Archevêque de Paris répondit. Après la séance, il fut reconduit par plusieurs prélats.
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806
p. 1244-1249
Réception du Prince & de la Princesse de Conty à Carpentras, &c. [titre d'après la table]
Début :
La Ville de Carpentras, Capitale du Contat Vénaissin, quoique du Domaine [...]
Mots clefs :
Prince de Conti, Princesse de Conti, Carpentras, Altesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réception du Prince & de la Princesse de Conty à Carpentras, &c. [titre d'après la table]
La Ville de Carpentras , Capitale du
Contat Vénaiffin , quoique du Domaine
du S. Siége , ne laiffe échaper aucune occafion
de donner des marques de fon attachement
pour la France. Le nombre
d'Officiers & de Soldats qu'elle a toujours
fourni à fes Rois , lui a mérité depuis
long-tems le Privilege de Regnicole . Les
nouvelles publiques ont fait mention des
réjouiffances qu'on y fit pour le mariage
du Roy ; celles qu'on a faites à la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin méritoient
certainement d'y avoir place. Sa
joye & fa reconnoiffance d'avoir été ho
JUIN 1730. 12:4
Dorée de la prefence de L, A. S. Madame
la Princeffe de Conti , troifiéme Douairiere
, & M. le Prince de Conti fon fils ,
viennent encore d'éclater.
Cette Princeffe étant allée fur fes Torres
avec le Prince fon fils , fut vifitée à
Orange & à Bedarrides par M. Abati
Evêque de Carpentras , par M. Gafparini,
Recteur ou Gouverneur pour le Pape du
Comtat Venaiffin , & par la principale
Nobleffe du païs ,
Le voifinage de la Ville de Carpentras ,
quatre petites lieuës du Comtat , & fa
charmante fituation , engagerent la Prin
cefle de Conti de s'y rendre le 22 May.
M. l'Evêque de Carpentras alla au devant
de leurs Alteffes dans fon Caroffe à
fix Chevaux , le Marquis de la Roque y
alla dans le fien auffi à fix Chevaux , accompagné
du Comte de Valoufe , Briga
dier des Armées du Roy , & autres perfonnes
de diftinction ,
A une lieuë de la Ville , leurs Alteffes
furent faluées par M.Cottier , riche Mar
chand , à la tête de quarante Maîtres ,
parfaitement bien montez , tous en has
bits rouges& la Bandoüillere , aux couleurs
de la livrée de Conti. Le fieur Cottier
leur offrit la Troupe pour fervir de
Gardes du Corps , ce qui fut accepté. La
Compagnie le partagea , la plus grande
I. Fol.
partie
#246 MERCURE DE FRANCE.
partie prit les devants , ayant à fa tête
deux Trompetes , un Timbalier & un
Etendart aux Armes de leurs Alteffes ,
l'autre partie entoura leur Berline.
C'eft ainfi qu'Elles arriverent fur les fix
heures du foir à une Sale bien décorée
qu'on avoit conſtruite hors de la Ville ; la
Façade de cette Sale étoit de verdure, d'un
tres- bel ordre d'architecture ; on avoit
placé fur le couronnement les Armoiries
de leurs Alteffes , avec cette devife .
Majeftas & Amor ; & aux côtez , deux
Renommées. Leurs Alteffes y furent reçues
par M. Gafparini , Gouverneur de la
Province , & par le Corps de Ville , au
bruit des Boëtes & d'une décharge d'une
nombreuſe Infanterie.
M. Charpaud , premier Conful , les
harangua avec fon éloquence ordinaire ;
il fit fentir que de tout tems la Ville de
Carpentras n'avoit pas moins été attachée
aux Rois de France & à leur Augufte
Maiſon , que foûmiſe & fidele au S. Siége,
& aux Pontifes Romains fes Souverains ;
c'eſt à ce même attachement qu'elle eft)
redevable des Privileges dont elle joüit &
qui lui ont été confirmez par tous les
Rois Tres- Chrétiens , depuis François I.
& en dernier lieu par Louis XV . glorieufement
regnant.
Au fortir de cette Sale , leurs Alteffes
Vol.
entre-
"
UIN. 1730. 1247
entrerent dans la Ville à travers un peuple
infini ; l'Infanterie commandée par les
Officiers de quartier , bordoit la haye
jufques à la porte du Palais Epifcopal , où
Elles furent reçûës par M. l'Evêque , ac
compagné d'une belle Nobleffe , & conduites
dans les magnifiques Appartemens,
Elles trouverent dans la Sale , qui eft
d'une grande beauté , toutes les Dames
de la Ville , & un grand Concert d'Inf
trumens , qui commença auffi- tôt.
L'Infanterie prit poffeffion de la porte
du Palais , & les Gardes du Corps de celles
des Appartemens. Leurs Alteffes furent
haranguées par le Magiftrat , M.Roleri
fils , reçû en furvivance à la Charge
d'Avocat General du Pape , que fon pere
remplit dignement depuis plufieurs années
, portant la parole,
La Princeffe en fut fi contente qu'elle
lui dit fort obligéamment ; qu'on voyoit
bien qu'en lui l'Eloquence devançoit les
années.
Leurs Alteffes reçurent enfuite le Prefent
la Ville lui offrit , compofé de
que
cent Boëtes de Confiture & d'un quintal
de Bougies de Table. Le Secretaire de la
Ville qui eut l'honneur de le leur preſenter
, leur fit fon compliment en Vers ; la
Princeffe les trouva fi jolis , qu'elle voulut
les avoir par écrit.
I. V.
L'Abbé:
1248 MERCURE DE FRANCE.
L'Abbé d'Aurel , Prevôt de la Cathe
drale , à la tête du Clergé , eut enſuite
Audiance de leurs Alteffes ,qu'il harangua
noblement & en peu de mots . Tous les
Corps Religieux le prefenterent auffi ,
mais on trouva à propos de les remercier
pour ne pas fatiguer leurs Alteffes , &
pour faire place à quelque chofe de moins
férieux ; ce furent une danfe qu'on nomme
vulgairement des Arquets, & une danfe
de Bergers & de Bergeres ; les premiers
plurent beaucoup.
Ces divertiffemens furent fuivis d'un
grand Souper , ordonné avec la magnificence
, la profufion & le bon goûr qu'on
connoît à M. de Carpentras , pendant lequel
la Symphonie ne ceffa pas de jouer.
Tout étoit difpofé pour le Bal , mais comme
il étoit déja tard , la Princeffe fe retira
dans fon Appartement.
Le 23 , après avoir vû la Synagogue des
Juifs , L. A. fe rendirent à la Cathedrale,
où elles tinrent fur les Fonts un fils de
M. de Limon- Mornas , beaufrere du Marquis
de Lapalun , & une fille du Marquis
de Lopis , M. l'Evêque leur adminiftrà ce
Sacrement. Enfuite leurs Alteffes baiferent,
entre les mains de ce Prélat, le Saint
Clou , qu'on conferve dans cette Cathedrale.
Les Miracles que fait cette fainte Relique
en prouvent l'authenticité ,
1. Vol.
Do
JUIN 1730. 1249
De la Cathedrale , leurs Alteffes le rendirent
chez le Marquis de la Palun , qui
eut l'honneur de leur donner un magni
fique Diner.Peu de jours auparavant cette
Princeffe avoit donné le gouvernement de
la Ville & Principauté d'Orange à ce
Marquis , Capitaine de Cavalerie , qui a
déja celui de Bourbon l'Archambaud, cydevant
Capitaine des Gardes de S.A.S.M.
le Comte de Charolois.
Contat Vénaiffin , quoique du Domaine
du S. Siége , ne laiffe échaper aucune occafion
de donner des marques de fon attachement
pour la France. Le nombre
d'Officiers & de Soldats qu'elle a toujours
fourni à fes Rois , lui a mérité depuis
long-tems le Privilege de Regnicole . Les
nouvelles publiques ont fait mention des
réjouiffances qu'on y fit pour le mariage
du Roy ; celles qu'on a faites à la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin méritoient
certainement d'y avoir place. Sa
joye & fa reconnoiffance d'avoir été ho
JUIN 1730. 12:4
Dorée de la prefence de L, A. S. Madame
la Princeffe de Conti , troifiéme Douairiere
, & M. le Prince de Conti fon fils ,
viennent encore d'éclater.
Cette Princeffe étant allée fur fes Torres
avec le Prince fon fils , fut vifitée à
Orange & à Bedarrides par M. Abati
Evêque de Carpentras , par M. Gafparini,
Recteur ou Gouverneur pour le Pape du
Comtat Venaiffin , & par la principale
Nobleffe du païs ,
Le voifinage de la Ville de Carpentras ,
quatre petites lieuës du Comtat , & fa
charmante fituation , engagerent la Prin
cefle de Conti de s'y rendre le 22 May.
M. l'Evêque de Carpentras alla au devant
de leurs Alteffes dans fon Caroffe à
fix Chevaux , le Marquis de la Roque y
alla dans le fien auffi à fix Chevaux , accompagné
du Comte de Valoufe , Briga
dier des Armées du Roy , & autres perfonnes
de diftinction ,
A une lieuë de la Ville , leurs Alteffes
furent faluées par M.Cottier , riche Mar
chand , à la tête de quarante Maîtres ,
parfaitement bien montez , tous en has
bits rouges& la Bandoüillere , aux couleurs
de la livrée de Conti. Le fieur Cottier
leur offrit la Troupe pour fervir de
Gardes du Corps , ce qui fut accepté. La
Compagnie le partagea , la plus grande
I. Fol.
partie
#246 MERCURE DE FRANCE.
partie prit les devants , ayant à fa tête
deux Trompetes , un Timbalier & un
Etendart aux Armes de leurs Alteffes ,
l'autre partie entoura leur Berline.
C'eft ainfi qu'Elles arriverent fur les fix
heures du foir à une Sale bien décorée
qu'on avoit conſtruite hors de la Ville ; la
Façade de cette Sale étoit de verdure, d'un
tres- bel ordre d'architecture ; on avoit
placé fur le couronnement les Armoiries
de leurs Alteffes , avec cette devife .
Majeftas & Amor ; & aux côtez , deux
Renommées. Leurs Alteffes y furent reçues
par M. Gafparini , Gouverneur de la
Province , & par le Corps de Ville , au
bruit des Boëtes & d'une décharge d'une
nombreuſe Infanterie.
M. Charpaud , premier Conful , les
harangua avec fon éloquence ordinaire ;
il fit fentir que de tout tems la Ville de
Carpentras n'avoit pas moins été attachée
aux Rois de France & à leur Augufte
Maiſon , que foûmiſe & fidele au S. Siége,
& aux Pontifes Romains fes Souverains ;
c'eſt à ce même attachement qu'elle eft)
redevable des Privileges dont elle joüit &
qui lui ont été confirmez par tous les
Rois Tres- Chrétiens , depuis François I.
& en dernier lieu par Louis XV . glorieufement
regnant.
Au fortir de cette Sale , leurs Alteffes
Vol.
entre-
"
UIN. 1730. 1247
entrerent dans la Ville à travers un peuple
infini ; l'Infanterie commandée par les
Officiers de quartier , bordoit la haye
jufques à la porte du Palais Epifcopal , où
Elles furent reçûës par M. l'Evêque , ac
compagné d'une belle Nobleffe , & conduites
dans les magnifiques Appartemens,
Elles trouverent dans la Sale , qui eft
d'une grande beauté , toutes les Dames
de la Ville , & un grand Concert d'Inf
trumens , qui commença auffi- tôt.
L'Infanterie prit poffeffion de la porte
du Palais , & les Gardes du Corps de celles
des Appartemens. Leurs Alteffes furent
haranguées par le Magiftrat , M.Roleri
fils , reçû en furvivance à la Charge
d'Avocat General du Pape , que fon pere
remplit dignement depuis plufieurs années
, portant la parole,
La Princeffe en fut fi contente qu'elle
lui dit fort obligéamment ; qu'on voyoit
bien qu'en lui l'Eloquence devançoit les
années.
Leurs Alteffes reçurent enfuite le Prefent
la Ville lui offrit , compofé de
que
cent Boëtes de Confiture & d'un quintal
de Bougies de Table. Le Secretaire de la
Ville qui eut l'honneur de le leur preſenter
, leur fit fon compliment en Vers ; la
Princeffe les trouva fi jolis , qu'elle voulut
les avoir par écrit.
I. V.
L'Abbé:
1248 MERCURE DE FRANCE.
L'Abbé d'Aurel , Prevôt de la Cathe
drale , à la tête du Clergé , eut enſuite
Audiance de leurs Alteffes ,qu'il harangua
noblement & en peu de mots . Tous les
Corps Religieux le prefenterent auffi ,
mais on trouva à propos de les remercier
pour ne pas fatiguer leurs Alteffes , &
pour faire place à quelque chofe de moins
férieux ; ce furent une danfe qu'on nomme
vulgairement des Arquets, & une danfe
de Bergers & de Bergeres ; les premiers
plurent beaucoup.
Ces divertiffemens furent fuivis d'un
grand Souper , ordonné avec la magnificence
, la profufion & le bon goûr qu'on
connoît à M. de Carpentras , pendant lequel
la Symphonie ne ceffa pas de jouer.
Tout étoit difpofé pour le Bal , mais comme
il étoit déja tard , la Princeffe fe retira
dans fon Appartement.
Le 23 , après avoir vû la Synagogue des
Juifs , L. A. fe rendirent à la Cathedrale,
où elles tinrent fur les Fonts un fils de
M. de Limon- Mornas , beaufrere du Marquis
de Lapalun , & une fille du Marquis
de Lopis , M. l'Evêque leur adminiftrà ce
Sacrement. Enfuite leurs Alteffes baiferent,
entre les mains de ce Prélat, le Saint
Clou , qu'on conferve dans cette Cathedrale.
Les Miracles que fait cette fainte Relique
en prouvent l'authenticité ,
1. Vol.
Do
JUIN 1730. 1249
De la Cathedrale , leurs Alteffes le rendirent
chez le Marquis de la Palun , qui
eut l'honneur de leur donner un magni
fique Diner.Peu de jours auparavant cette
Princeffe avoit donné le gouvernement de
la Ville & Principauté d'Orange à ce
Marquis , Capitaine de Cavalerie , qui a
déja celui de Bourbon l'Archambaud, cydevant
Capitaine des Gardes de S.A.S.M.
le Comte de Charolois.
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Résumé : Réception du Prince & de la Princesse de Conty à Carpentras, &c. [titre d'après la table]
La ville de Carpentras, capitale du Comtat Venaissin, bien que relevant du Saint-Siège, a toujours manifesté son attachement à la France. Elle a fourni de nombreux officiers et soldats aux rois de France, ce qui lui a valu le privilège de régnicole. La ville a célébré les réjouissances pour le mariage du roi et la naissance du Dauphin. En juin 1730, elle a exprimé sa joie et sa reconnaissance lors de la visite de Madame la Princesse de Conti et de son fils, le Prince de Conti. La Princesse de Conti, accompagnée de son fils, a été visitée à Orange et à Bédarrides par l'évêque de Carpentras, le recteur Gasparini, et les principales nobles du pays. Attirée par la proximité et la situation charmante de Carpentras, la Princesse s'y est rendue le 22 mai. Elle a été accueillie par l'évêque et d'autres personnalités de distinction, ainsi que par une troupe de cavaliers dirigée par Cottier, un riche marchand. À leur arrivée, la Princesse et le Prince ont été reçus dans une salle décorée en dehors de la ville, où ils ont été harangués par le gouverneur et le corps de ville. Le premier consul, Charpaud, a souligné l'attachement de Carpentras aux rois de France et au Saint-Siège, ainsi que les privilèges confirmés par les rois depuis François Ier jusqu'à Louis XV. La Princesse et le Prince ont ensuite été conduits à travers la ville jusqu'au palais épiscopal, où ils ont été reçus par l'évêque et les dames de la ville. Ils ont assisté à un concert et ont été harangués par le magistrat Roleri. La ville leur a offert un présent composé de cent boîtes de confiture et d'un quintal de bougies. Après une danse et un souper, la Princesse s'est retirée dans ses appartements. Le lendemain, ils ont visité la synagogue des Juifs et la cathédrale, où ils ont assisté à un baptême. Ils ont également admiré le Saint Clou, une relique conservée dans la cathédrale. Ensuite, ils se sont rendus chez le Marquis de Lapalun pour un dîner.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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807
p. 1249-1251
A MADAME LA PRINCESSE DE CONTI
Début :
MADAME, Depuis le tems que V.A.S s'ennuie si poliment à entendre des harangues, vous [...]
Mots clefs :
Princesse de Conti, Académie de Marseille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME LA PRINCESSE DE CONTI
Au fortir de Table , leurs Alteffes partirent
pour Marſeille , dans le deffein de
voir en paffant la fameufe Fontaine de
Vauclufe. Elles trouverent le fieur Cot
tiér à la tête de fa Troupe , en bon ordre ,
qui eut l'honneur de les accompagner
jufques à ce qu'il plût à la Princeffe de les
congédier, après les avoir remerciés avec
cette bonté qui lui eft fi naturelle , & dont
tout le monde a été charmé. En fortant
de la Ville , leurs Alteffes voulurent voir
le cours de l'Aqueduc des Fontaines . On
tira les Boëtes & on fit une Salve generale
comme à leur arrivée.
La Princeffe de Conti & le Prince de
Conti fon fils , ont été reçûs dans toutes
les Villes & lieux de leur paffage avec les
honneurs dûs au Princes du Sang.
Le Chevalier de Lopés de la Fare , à la
tête de l'Academie des Belles Lettres de
Marfeille , harangua L.A.S. en ces termes.
J. Vol.
I. A
1250 MERCURE DE FRANCE .
A MADAME
LA PRINCESSE , DE CONTE
MADDAAMME
Depuis le tems que V. A. S. s'ennuie fi
poliment à entendre des harangues , vous
n'avez point reçû d'hommages plus pardonnable
que celui de l'Academie de Marſeille.
Ellone vient point vous louer d'être du Sang
de fes Rois pas même d'avoir legrand Conde
pour ayeul , fources d'éloges pour qui n'en
mériteroit pas de perfonnels ; mais , MADAME
, vous lui apprenez vous - même à
mépriser ces prefens du hazard . Elle s'inter
dira donc jufqu'au plaifir de parler de cette
imagination vive & jufte , qui, en fe jouant,
corrige & fixe le goût de la France ; & nous
feindrons d'ignorer que les graces répandent
fur vos difcours tout le brillant & le majef
tueux que l'efprit feul ne peut donner; mais
des dons plus folides & des qualitez vraiment
refpectables nous forcent à admirer en
Vous des fentimens & des vertus dignes de
notre culte. Si les Mufes qui fe piquent ordinairement
d'indépendance & de verité, uſent
quelquefois de complaisance & de politique,
on fçait affez , MADAME, que les
L Vol. A • Mufes
JUIN 1730. 11231
Mufes de Provence Je diftinguent par leur
franchife.
pour Marſeille , dans le deffein de
voir en paffant la fameufe Fontaine de
Vauclufe. Elles trouverent le fieur Cot
tiér à la tête de fa Troupe , en bon ordre ,
qui eut l'honneur de les accompagner
jufques à ce qu'il plût à la Princeffe de les
congédier, après les avoir remerciés avec
cette bonté qui lui eft fi naturelle , & dont
tout le monde a été charmé. En fortant
de la Ville , leurs Alteffes voulurent voir
le cours de l'Aqueduc des Fontaines . On
tira les Boëtes & on fit une Salve generale
comme à leur arrivée.
La Princeffe de Conti & le Prince de
Conti fon fils , ont été reçûs dans toutes
les Villes & lieux de leur paffage avec les
honneurs dûs au Princes du Sang.
Le Chevalier de Lopés de la Fare , à la
tête de l'Academie des Belles Lettres de
Marfeille , harangua L.A.S. en ces termes.
J. Vol.
I. A
1250 MERCURE DE FRANCE .
A MADAME
LA PRINCESSE , DE CONTE
MADDAAMME
Depuis le tems que V. A. S. s'ennuie fi
poliment à entendre des harangues , vous
n'avez point reçû d'hommages plus pardonnable
que celui de l'Academie de Marſeille.
Ellone vient point vous louer d'être du Sang
de fes Rois pas même d'avoir legrand Conde
pour ayeul , fources d'éloges pour qui n'en
mériteroit pas de perfonnels ; mais , MADAME
, vous lui apprenez vous - même à
mépriser ces prefens du hazard . Elle s'inter
dira donc jufqu'au plaifir de parler de cette
imagination vive & jufte , qui, en fe jouant,
corrige & fixe le goût de la France ; & nous
feindrons d'ignorer que les graces répandent
fur vos difcours tout le brillant & le majef
tueux que l'efprit feul ne peut donner; mais
des dons plus folides & des qualitez vraiment
refpectables nous forcent à admirer en
Vous des fentimens & des vertus dignes de
notre culte. Si les Mufes qui fe piquent ordinairement
d'indépendance & de verité, uſent
quelquefois de complaisance & de politique,
on fçait affez , MADAME, que les
L Vol. A • Mufes
JUIN 1730. 11231
Mufes de Provence Je diftinguent par leur
franchife.
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Résumé : A MADAME LA PRINCESSE DE CONTI
Le texte décrit le voyage de la Princesse de Conti et du Prince de Conti, son fils, du fort de Table à Marseille pour visiter la Fontaine de Vaucluse. Ils furent escortés par le sieur Cottier et sa troupe jusqu'à ce qu'ils les congédient après les avoir remerciés. En quittant Marseille, ils admirèrent l'aqueduc des Fontaines, salué par une salve générale en leur honneur. Partout, ils reçurent les honneurs dus aux Princes du Sang. À Marseille, le Chevalier de Lopés de la Fare, représentant l'Académie des Belles Lettres, adressa un discours à la Princesse. Il loua son imagination vive et juste, influençant le goût de la France, ainsi que ses discours empreints de grâce et de majesté, et ses vertus dignes de respect. Les Muses de Provence exprimèrent également leur admiration pour la Princesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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808
p. 1251
A MONSEIGNEUR LE PRINCE DE CONTI.
Début :
MONSEIGNEUR, L'Academie de Marseille vient offrir ses plus profonds respects à V.A.S & s'acquite [...]
Mots clefs :
Prince de Conti, Académie de Marseille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE PRINCE DE CONTI.
MONSEIGNEUR ,
LE PRINCE DE CONTI
MONSEIGNEUR ,
L'Academie de Marseille vient offrir fes
plus profonds refpects à V. A. S. & s'acte
quite de ce tribut avec autant dejoye qu'elle
en reffentira dans la fuite à chanter vos béroiques
vertus. L'hiftoire de vos Auguftes
Ayeux vous en fournira les plus grands modeles
, mais vous en trouverez les plus pref
fans & les plus sûrs principes dans vousmême.
LE PRINCE DE CONTI
MONSEIGNEUR ,
L'Academie de Marseille vient offrir fes
plus profonds refpects à V. A. S. & s'acte
quite de ce tribut avec autant dejoye qu'elle
en reffentira dans la fuite à chanter vos béroiques
vertus. L'hiftoire de vos Auguftes
Ayeux vous en fournira les plus grands modeles
, mais vous en trouverez les plus pref
fans & les plus sûrs principes dans vousmême.
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809
p. 1428
TURQUIE.
Début :
Selon quelques Lettres de Constantinople, le Sultan Acheraf y étoit arrivé, accompagné [...]
Mots clefs :
Turquie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE.
TURQUI E.
Elon quelques Lettres de Conftantinople , le
Sultan Acheraf y étoit arrivé , accompagné
de peu de perfonnes , ayant été obligé d'abandonner
ceux de fon parti , & de faire courir le
bruit qu'il avoit été affaffiné en voulant fe fouftraire
à la pourfuite du nouveau Roy de Perſe.
On a appris par ces Lettres que le Grand Seigneur
ne fortoit plus du Serail , & qu'il n'y
voyoit que fon fils Aîné , le Grand Vifir , l'Aga
des Janiffaires & fes Medecins ; & que S. H.avoit
envoyé mille bourfes à la Mecque pour obtenir
le rétabliffement de fa fanté , par les prieges des
Dervis qui deffervent la Mofquée de cette Ville.
Par d'autres Lettres du 9 May , on apprend
que
le Grand Seigneur fe portoit un peu mieux
depuis que S. H. faifoit ufage de certaine
Eau
Minérale , qu'un Médecin
de l'Ile de Chio lui
avoit confeillé de prendre ; qu'on avoit envoyé
ordre aux Commandans
des Troupes
qu'on a
fait défiler vers les Frontières de Perfe ; de prendre
toutes fortes de mefures pour la confervation
des Provinces
conquifes
fur ce Royaume
,
& d'empêcher
en même temps que les Soldats
ne commiffent
aucune hoftilité, parce que le Gr.
Seigneur
veut éviter d'entrer
en guerre avec le
nouveau Roy de Perſe.
Elon quelques Lettres de Conftantinople , le
Sultan Acheraf y étoit arrivé , accompagné
de peu de perfonnes , ayant été obligé d'abandonner
ceux de fon parti , & de faire courir le
bruit qu'il avoit été affaffiné en voulant fe fouftraire
à la pourfuite du nouveau Roy de Perſe.
On a appris par ces Lettres que le Grand Seigneur
ne fortoit plus du Serail , & qu'il n'y
voyoit que fon fils Aîné , le Grand Vifir , l'Aga
des Janiffaires & fes Medecins ; & que S. H.avoit
envoyé mille bourfes à la Mecque pour obtenir
le rétabliffement de fa fanté , par les prieges des
Dervis qui deffervent la Mofquée de cette Ville.
Par d'autres Lettres du 9 May , on apprend
que
le Grand Seigneur fe portoit un peu mieux
depuis que S. H. faifoit ufage de certaine
Eau
Minérale , qu'un Médecin
de l'Ile de Chio lui
avoit confeillé de prendre ; qu'on avoit envoyé
ordre aux Commandans
des Troupes
qu'on a
fait défiler vers les Frontières de Perfe ; de prendre
toutes fortes de mefures pour la confervation
des Provinces
conquifes
fur ce Royaume
,
& d'empêcher
en même temps que les Soldats
ne commiffent
aucune hoftilité, parce que le Gr.
Seigneur
veut éviter d'entrer
en guerre avec le
nouveau Roy de Perſe.
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Résumé : TURQUIE.
Le texte traite des événements impliquant le sultan Acheraf et le sultan ottoman, nommé le Grand Seigneur. Acheraf est parvenu à Constantinople avec une escorte réduite, ayant dû feindre sa mort pour échapper au nouveau roi de Perse. À Constantinople, le Grand Seigneur, souffrant de santé, réside au sérail et ne reçoit que son fils aîné, le grand vizir, l'aga des janissaires et ses médecins. Il a également envoyé des fonds à La Mecque pour obtenir des prières en faveur de sa guérison. Des lettres du 9 mai rapportent une légère amélioration de sa santé grâce à une eau minérale recommandée par un médecin de l'île de Chio. Par ailleurs, des ordres ont été donnés aux commandants des troupes aux frontières de Perse pour maintenir les provinces conquises et éviter les conflits avec le nouveau roi de Perse, afin d'éviter une guerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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810
p. 1429-1434
RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Début :
Je n'entreprends pas de vous exprimer avec quel excès de joye notre Nation apprit la [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Jardin, Consul, Canon, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
REJOUISSANCES faites à ( a )
Salonique par la Nation Françoife. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville.
J
E n'entreprends pas de vous exprimer avec
quel excès de joye notre Nation apprit la
grande nouvelle de la Naiffance de MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN ; je me contenterai de vous
faire en abregé un Récit ſimple & fidelle de toutes
les marques extérieures qu'elle en a données.
M. le Conful ayant reçu le 10 du mois de Novembre
dernier cette heureufe nouvelle , fit convoquer
une ailemblé générale de la Nation , laquelle
d'un fentiment unanime fut d'avis de faire
une Fête auffi brillante que la grandeur du fujet
le demandoit , & que la capacité des Gens du
Païs pourroit le permettre.
On donna autli -tôt les ordres néceffaires , mais
malgré la diligence dont on ufa, tout ne pût être
en état que le 27 du même mois.
La Fete commença ce même jour -là au lever
du Soleil , par un Salve de 150 Boetes , qu'on
tira dans la Cour de la Maifon Confulaire , aufquelles
on répondit par 200 coups de Canon , qui
furent tirez par les Batimens François qui fe
trouvoient dans cette Rade. Enfuite , tous les
Marchands François & les Capitaines fe rendirent
en Corps de Nation , le Député à leur tête ,
à la Maifon Confulaire, pour accompagner M. le
Conful à l'Eglife , où l'on devoit chanter le Te
Deum .
>
Le Conful étoit précedé de huit Janiffaires mitrez,&
portant leur long Bâton en main; de douze
Joueurs d'Inftrumens,de fix Drogmans Fran-
(a) C'est l'ancienne & celebre Ville de Thef-
Jalonique dans la Macedoine.
II. Vel. H pois
1430 MERCURE DE FRANCE
çois , & accompagné de tous les Marchands de
la Nation. Marchoient enfuite les Capitaines &
Officiers des Bâtimens , fuivis des Arafans &
Matelots François . Cette Marche fe fit avec beaucoup
d'ordre.
En arrivant à l'Eglife , le R. P. Tarillon , Su
périeur des Jefuites , vint recevoir le Conful à la
porte de la Cour , & le conduifit dans l'Eglife,
Lorfqu'on entonna le Te Deum , les cent icin
quante Boetes de la Maifon Confulaire , tirerent
pour la feconde fois , & furent fuivies de
tout le Canon des Bâtimens François. Le P. Su
perieur fit enfuite un Difcours fort éloquent.
Le Te Deum fut fuivi, à la fortie de l'Eglife , par
de grands cris de Vive le Roy. On reconduifig
M. le Conful dans fa Maifon , où il donna un
repas des plus fomptueux fur trois differentes
Tables.
- fix
La premiere Table , qui étoit de trente
Couverts , fut occupée par les Marchands de la
Nation , ayant le Conful à leur tête. La feconde
de quarante Couverts , fut occupée par les Capitaines
& Officiers des Bât mens ; & la troifiémo
Table , auffi de quarante couverts , fut occupée
par les Officiers de la Nation & par les Artifans
diſtinguez.
Après qu'on eut fervi le fruit qui étoit magnifique
, le Conful s'étant levé , il porta la fan.
té du Roy , à laquelle chacun fit raiſon par un
eris de Vive le Roy, qui fut réitéré plufieurs fois.
avec tant de force , qu'à peine pouvoit- on enten →
dre le bruit des Boetes & du Canon qu'on tiroit
en même temps. On but enfuite celle de la Reine,
de Monfeigneur le Dauphin & de toute la Fa
mille Royale , avec les Vivat , &c.
Les Gens du Pais qui n'avoient jamais rien v
de femblable,accouroient de toutes parts pour fa-
11. Vol.
tisfaire
JUIN. 2 1730. 1431
tisfaire leur curiofité , & pour participer à notre
joye. Les Buvcurs venoient en foule fe défalterer
auprès d'une Fontaine de Vin , qui coula depuis
le matin jufqu'à huit heures du foir dans un
grand Baffin , fitué devant la Maiſon Confulaire.
Les femmes qui venoient en troupe & à qui la
bienfceance ne permet gueres de fe montrer icy
en public, prirent du Caffé , du Sorbet, &c . Elles
avoient auffi le plaifir de voir danfer & d'entendre
jouer les Inftrumens que le Bacha Comman
dant de ' a Province , avoit envoyés pour honorer
la Fête .
Il avoit auffi envoyé vingt Janiflaires de la
Garde , avec ordre de fe tenir aux Fortes de la
Maiſon Confulaire , pour éviter la confufion &
prévenir les défordres qui auroient på arriver
parmi la populace de diverfes nations , que la curiofité
attiroit de toutes parts .
On avoit dreffé une Tente à l'entrée de la Mai
fon , au pied du Pavillon , où l'on diftribuoit le
Caffé à tous ceux qui en demandoient. Il fuffit de
dire que pendant les trois jours que la Fête dura,
il en fut confemmé plus de treize mille Taffes.
Le Repas fini , on diftribua au peuple quantité
de Dragées & de Confitures feches qu'on
jetta des Fenêtres en abondance. L'avidité & la
confufion du Peuple firent tant de plaifir aux
Spectateurs , que le Conful pour la faire durer
plus long- tems,s'en fit un de faire diftribuer de la
même maniere , quantité de pieces de
Avant que d'entrer dans le détail de ce qui fe
pafla à f'entrée de la nuit , il eft neceffaire de
donner icy une idée des Décorations qu'on avoit
placées dans toutes les avenues & aux endroits
Tes plus expofez à la vûë du Peuple.
monnoyes.
Je commencerai par la grande Porte de la ruë ¡
II. Vol. Hij Aus
1432 MERCURE DE FRANCE .
au-devant de laquelle étoit un beau Portique, or
né de verdure & entrelaffé de Banderolles, parfehées
de fleurs de Lys & de Dauphins couronnez,
d'où l'on voyoit en face une Piramide élevée ,
dans le milieude la grande allée, de la hauteur dé
foixante pieds , fur un Arc de Triomphe qui og
cupoit toute la largeur de l'Allée , garnie à droite
& à gauche de Laurier & de Myrthe , avec des
Banderolles femblables à celle du Portique , fur
lefquelles il y avoit alternativement une Fleur de
Lys & un Dauphin couronné. On avoit placé audeffus
de l'Arc de Triomphe un grand Tablcay
qui reprefentoit un Ange,de grandeur naturelie ,
& adoffé à la Piramide , lequel tenoit fufpendu
de la main droite , l'Ecu des armes du Roy , &
de la gauche , celics de la Reine que l'Ange cou
vroit également de fes aîles. Il y avoit au bas une
Corae d'abondance , d'où fortoit plufieurs Fleurs
& differens fruits , avec un Dauphin couronné ,
qui s'élevoit audeffus , & fur le fommet de la
Piramide on voyoit une Renommée.
Les Armes de France étoient élevées fur la
grande Porte d'entrée de la Maifon Confulaire ,
regardant celles du Dauphin placées à l'oppofite
fur des Arceaux de Verdure qui regnoient en
forme de Fer à Cheval autour du Baffin où étoit
la Fontaine de vin , dont on a parlé. Sur les
bords du Baffin on avoit mis de diftance en diftance
de grands Vafes , liez les uns aux autres
par des Feitons de verdure , & chaque Vafe portoit
un grand Chandelier à trois rangs , qui devoit
fervir à l'illumination . Dans la partie du
Jardin qui eft derriere la Maiſon du Ĉənful , il
y a deux grandes allées qui fe croifent dans le
milieu , lequelles étoient bordées de quantité
d'Arceaux de verdure, de la hauteur de dix pieds ,
fe fuccedant les uns aux autres juſqu'au fond du
Al. Vel.
Jardin
JUIN. 1730. 1433
Jardin , fur lefquels regnoit une espece de Corniche
pour porter les Cobelets pour l'illumina
tion. Ôn avoit auffi pofé fur les quatre Angles
des Arceaux de verdure qui formoient la croifée
des deux allées , quatre grandes Girandoles qui
s'élevoient au- deffus d'environ fix pieds ; & dans
un des quarrés du Jardin on avoit dreffé un
grand Feu de joye , fur le haut duquel s'élevoient
Ies Armes du Roy ; mais on ne jugea pas àà propos
d'allumer ce Feu de joye , crainte que ld
vent ne portât les étincelles fur les Maifons
voifines , toutes bâties de bois.
Cette premiere & magnifique journée fut termiuée
comme elle avoit commencé , par une
grande Salve de Canon , de Boetes & de toute
Artilerie des Bâtimens François. Auffi- tôr
après on commença les Illuminations avec tant
de diligence qu'en moins d'une demie heure , le
comble de la Maifon Confulaire , la Piramide
les Allées , & generalement tous les Murs qui
forment l'enceinte de ce vafte Enclos , furent
éclairez d'une clarté fi brillante , qu'elie ramena
le jour , malgré l'obfcurité de la nuit.
Cette illumination étoit compofée de plus de
euf mille Gobelers ,fur lefquels étoient repréfentées
des Figurs de Lys, des Dauphins couronnez
, &c. & ils furent renouvellez pendant trois
foirs confécutifs . On fit en même tems arborer
un Pavillon tout enflammé,compofé de quantité
de petits Fanaux , fufpendus en l'air par une infinité
de Cordes tres -fines , qu'on ne pouvoit ap
percevoir que de fort près.
Les Capitaines François à qui on avoit fait di
ftribuerunegrande quantité de Bougies & de Go
belets , voulurent auffi donner des marques de
feur joye , en faifant illuminer leurs Vaiffeaux .
Ils y travaillerent tous avec ardeur, & ils eurent
II. Vol Hiij. tous
1434 MERCURE DE FRANCE
tous le même fuccès . C'étoient des Bâtimens tout
en feu , qui par la multitude des lumieres dont
ils brilloient , & par l'arrangement avec lequel
elles étoient diftribuées , produifoient un effet
enchanté, ce qui fut encore relevé par une infinité
de Fufées volantes , qui s'élevant à travers
cette clarté, alloient à la rencontre de celles qu'on
jettoit de la Maifon Confulaire.
Tout ce charmant Spectacle fe découvroit de
la Ville , & faifoit l'admiration de tout le monde,
& principalement des Turcs qui en habitent la
hauteur , bâtie en amphithéatre."
Cependant tout le monde fut charmé de la
magnificence avec laquelle on avoit paré la grande
Sale où fe donna le Bal; elle étoit tendue d'une
riche Tapifferie , éclairée de plufieurs Luftres de-
Criftal & de quantité de Girandoles, de Bras ,& c;
On prefenta , fans diftinction , pendant tout le
temps du Bal , tous les rafraichiffemens qu'on
pouvoit défirer dans cette faifon. Il dura jufqu'à
deux heures du matin que chacun le retira , mais
ce ne fut que pour recommencer bien- tôt après ;
les Démonftrations de joye qui avoient duré pendant
cette premiere journée , & qu'on continua
encore pendant deux autres jours , avec autant
d'éclat & de magnificence qu'on en avoit fait
paroître le premier jour de la Fête.
Salonique par la Nation Françoife. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville.
J
E n'entreprends pas de vous exprimer avec
quel excès de joye notre Nation apprit la
grande nouvelle de la Naiffance de MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN ; je me contenterai de vous
faire en abregé un Récit ſimple & fidelle de toutes
les marques extérieures qu'elle en a données.
M. le Conful ayant reçu le 10 du mois de Novembre
dernier cette heureufe nouvelle , fit convoquer
une ailemblé générale de la Nation , laquelle
d'un fentiment unanime fut d'avis de faire
une Fête auffi brillante que la grandeur du fujet
le demandoit , & que la capacité des Gens du
Païs pourroit le permettre.
On donna autli -tôt les ordres néceffaires , mais
malgré la diligence dont on ufa, tout ne pût être
en état que le 27 du même mois.
La Fete commença ce même jour -là au lever
du Soleil , par un Salve de 150 Boetes , qu'on
tira dans la Cour de la Maifon Confulaire , aufquelles
on répondit par 200 coups de Canon , qui
furent tirez par les Batimens François qui fe
trouvoient dans cette Rade. Enfuite , tous les
Marchands François & les Capitaines fe rendirent
en Corps de Nation , le Député à leur tête ,
à la Maifon Confulaire, pour accompagner M. le
Conful à l'Eglife , où l'on devoit chanter le Te
Deum .
>
Le Conful étoit précedé de huit Janiffaires mitrez,&
portant leur long Bâton en main; de douze
Joueurs d'Inftrumens,de fix Drogmans Fran-
(a) C'est l'ancienne & celebre Ville de Thef-
Jalonique dans la Macedoine.
II. Vel. H pois
1430 MERCURE DE FRANCE
çois , & accompagné de tous les Marchands de
la Nation. Marchoient enfuite les Capitaines &
Officiers des Bâtimens , fuivis des Arafans &
Matelots François . Cette Marche fe fit avec beaucoup
d'ordre.
En arrivant à l'Eglife , le R. P. Tarillon , Su
périeur des Jefuites , vint recevoir le Conful à la
porte de la Cour , & le conduifit dans l'Eglife,
Lorfqu'on entonna le Te Deum , les cent icin
quante Boetes de la Maifon Confulaire , tirerent
pour la feconde fois , & furent fuivies de
tout le Canon des Bâtimens François. Le P. Su
perieur fit enfuite un Difcours fort éloquent.
Le Te Deum fut fuivi, à la fortie de l'Eglife , par
de grands cris de Vive le Roy. On reconduifig
M. le Conful dans fa Maifon , où il donna un
repas des plus fomptueux fur trois differentes
Tables.
- fix
La premiere Table , qui étoit de trente
Couverts , fut occupée par les Marchands de la
Nation , ayant le Conful à leur tête. La feconde
de quarante Couverts , fut occupée par les Capitaines
& Officiers des Bât mens ; & la troifiémo
Table , auffi de quarante couverts , fut occupée
par les Officiers de la Nation & par les Artifans
diſtinguez.
Après qu'on eut fervi le fruit qui étoit magnifique
, le Conful s'étant levé , il porta la fan.
té du Roy , à laquelle chacun fit raiſon par un
eris de Vive le Roy, qui fut réitéré plufieurs fois.
avec tant de force , qu'à peine pouvoit- on enten →
dre le bruit des Boetes & du Canon qu'on tiroit
en même temps. On but enfuite celle de la Reine,
de Monfeigneur le Dauphin & de toute la Fa
mille Royale , avec les Vivat , &c.
Les Gens du Pais qui n'avoient jamais rien v
de femblable,accouroient de toutes parts pour fa-
11. Vol.
tisfaire
JUIN. 2 1730. 1431
tisfaire leur curiofité , & pour participer à notre
joye. Les Buvcurs venoient en foule fe défalterer
auprès d'une Fontaine de Vin , qui coula depuis
le matin jufqu'à huit heures du foir dans un
grand Baffin , fitué devant la Maiſon Confulaire.
Les femmes qui venoient en troupe & à qui la
bienfceance ne permet gueres de fe montrer icy
en public, prirent du Caffé , du Sorbet, &c . Elles
avoient auffi le plaifir de voir danfer & d'entendre
jouer les Inftrumens que le Bacha Comman
dant de ' a Province , avoit envoyés pour honorer
la Fête .
Il avoit auffi envoyé vingt Janiflaires de la
Garde , avec ordre de fe tenir aux Fortes de la
Maiſon Confulaire , pour éviter la confufion &
prévenir les défordres qui auroient på arriver
parmi la populace de diverfes nations , que la curiofité
attiroit de toutes parts .
On avoit dreffé une Tente à l'entrée de la Mai
fon , au pied du Pavillon , où l'on diftribuoit le
Caffé à tous ceux qui en demandoient. Il fuffit de
dire que pendant les trois jours que la Fête dura,
il en fut confemmé plus de treize mille Taffes.
Le Repas fini , on diftribua au peuple quantité
de Dragées & de Confitures feches qu'on
jetta des Fenêtres en abondance. L'avidité & la
confufion du Peuple firent tant de plaifir aux
Spectateurs , que le Conful pour la faire durer
plus long- tems,s'en fit un de faire diftribuer de la
même maniere , quantité de pieces de
Avant que d'entrer dans le détail de ce qui fe
pafla à f'entrée de la nuit , il eft neceffaire de
donner icy une idée des Décorations qu'on avoit
placées dans toutes les avenues & aux endroits
Tes plus expofez à la vûë du Peuple.
monnoyes.
Je commencerai par la grande Porte de la ruë ¡
II. Vol. Hij Aus
1432 MERCURE DE FRANCE .
au-devant de laquelle étoit un beau Portique, or
né de verdure & entrelaffé de Banderolles, parfehées
de fleurs de Lys & de Dauphins couronnez,
d'où l'on voyoit en face une Piramide élevée ,
dans le milieude la grande allée, de la hauteur dé
foixante pieds , fur un Arc de Triomphe qui og
cupoit toute la largeur de l'Allée , garnie à droite
& à gauche de Laurier & de Myrthe , avec des
Banderolles femblables à celle du Portique , fur
lefquelles il y avoit alternativement une Fleur de
Lys & un Dauphin couronné. On avoit placé audeffus
de l'Arc de Triomphe un grand Tablcay
qui reprefentoit un Ange,de grandeur naturelie ,
& adoffé à la Piramide , lequel tenoit fufpendu
de la main droite , l'Ecu des armes du Roy , &
de la gauche , celics de la Reine que l'Ange cou
vroit également de fes aîles. Il y avoit au bas une
Corae d'abondance , d'où fortoit plufieurs Fleurs
& differens fruits , avec un Dauphin couronné ,
qui s'élevoit audeffus , & fur le fommet de la
Piramide on voyoit une Renommée.
Les Armes de France étoient élevées fur la
grande Porte d'entrée de la Maifon Confulaire ,
regardant celles du Dauphin placées à l'oppofite
fur des Arceaux de Verdure qui regnoient en
forme de Fer à Cheval autour du Baffin où étoit
la Fontaine de vin , dont on a parlé. Sur les
bords du Baffin on avoit mis de diftance en diftance
de grands Vafes , liez les uns aux autres
par des Feitons de verdure , & chaque Vafe portoit
un grand Chandelier à trois rangs , qui devoit
fervir à l'illumination . Dans la partie du
Jardin qui eft derriere la Maiſon du Ĉənful , il
y a deux grandes allées qui fe croifent dans le
milieu , lequelles étoient bordées de quantité
d'Arceaux de verdure, de la hauteur de dix pieds ,
fe fuccedant les uns aux autres juſqu'au fond du
Al. Vel.
Jardin
JUIN. 1730. 1433
Jardin , fur lefquels regnoit une espece de Corniche
pour porter les Cobelets pour l'illumina
tion. Ôn avoit auffi pofé fur les quatre Angles
des Arceaux de verdure qui formoient la croifée
des deux allées , quatre grandes Girandoles qui
s'élevoient au- deffus d'environ fix pieds ; & dans
un des quarrés du Jardin on avoit dreffé un
grand Feu de joye , fur le haut duquel s'élevoient
Ies Armes du Roy ; mais on ne jugea pas àà propos
d'allumer ce Feu de joye , crainte que ld
vent ne portât les étincelles fur les Maifons
voifines , toutes bâties de bois.
Cette premiere & magnifique journée fut termiuée
comme elle avoit commencé , par une
grande Salve de Canon , de Boetes & de toute
Artilerie des Bâtimens François. Auffi- tôr
après on commença les Illuminations avec tant
de diligence qu'en moins d'une demie heure , le
comble de la Maifon Confulaire , la Piramide
les Allées , & generalement tous les Murs qui
forment l'enceinte de ce vafte Enclos , furent
éclairez d'une clarté fi brillante , qu'elie ramena
le jour , malgré l'obfcurité de la nuit.
Cette illumination étoit compofée de plus de
euf mille Gobelers ,fur lefquels étoient repréfentées
des Figurs de Lys, des Dauphins couronnez
, &c. & ils furent renouvellez pendant trois
foirs confécutifs . On fit en même tems arborer
un Pavillon tout enflammé,compofé de quantité
de petits Fanaux , fufpendus en l'air par une infinité
de Cordes tres -fines , qu'on ne pouvoit ap
percevoir que de fort près.
Les Capitaines François à qui on avoit fait di
ftribuerunegrande quantité de Bougies & de Go
belets , voulurent auffi donner des marques de
feur joye , en faifant illuminer leurs Vaiffeaux .
Ils y travaillerent tous avec ardeur, & ils eurent
II. Vol Hiij. tous
1434 MERCURE DE FRANCE
tous le même fuccès . C'étoient des Bâtimens tout
en feu , qui par la multitude des lumieres dont
ils brilloient , & par l'arrangement avec lequel
elles étoient diftribuées , produifoient un effet
enchanté, ce qui fut encore relevé par une infinité
de Fufées volantes , qui s'élevant à travers
cette clarté, alloient à la rencontre de celles qu'on
jettoit de la Maifon Confulaire.
Tout ce charmant Spectacle fe découvroit de
la Ville , & faifoit l'admiration de tout le monde,
& principalement des Turcs qui en habitent la
hauteur , bâtie en amphithéatre."
Cependant tout le monde fut charmé de la
magnificence avec laquelle on avoit paré la grande
Sale où fe donna le Bal; elle étoit tendue d'une
riche Tapifferie , éclairée de plufieurs Luftres de-
Criftal & de quantité de Girandoles, de Bras ,& c;
On prefenta , fans diftinction , pendant tout le
temps du Bal , tous les rafraichiffemens qu'on
pouvoit défirer dans cette faifon. Il dura jufqu'à
deux heures du matin que chacun le retira , mais
ce ne fut que pour recommencer bien- tôt après ;
les Démonftrations de joye qui avoient duré pendant
cette premiere journée , & qu'on continua
encore pendant deux autres jours , avec autant
d'éclat & de magnificence qu'on en avoit fait
paroître le premier jour de la Fête.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Le texte décrit les célébrations organisées par la Nation Française à Salonique (Thessalonique) à l'annonce de la naissance du Dauphin. Le 10 novembre, le consul reçut la nouvelle et convoqua une assemblée générale pour préparer une fête. Malgré les préparatifs rapides, les réjouissances débutèrent le 27 novembre avec un salut de 150 coups de fusil et 200 coups de canon tirés par les navires français. Les marchands, capitaines et officiers français se rendirent à l'église pour chanter le Te Deum, précédés par des janissaires, musiciens et drogmans. Le consul, accueilli par le supérieur des Jésuites, fut suivi par une procession ordonnée. Après le Te Deum, des cris de 'Vive le Roy' retentirent, suivis d'un repas somptueux avec trois tables distinctes pour les marchands, les capitaines et les artisans. Des toasts furent portés à la famille royale, accompagnés de salves de canon et de fusillades. La population locale, curieuse et joyeuse, se rassembla pour participer aux festivités. Une fontaine de vin fut installée, et des rafraîchissements furent offerts aux femmes. Des janissaires furent déployés pour maintenir l'ordre. Des décorations, incluant un portique, une pyramide et des banderoles, furent érigées. La nuit, une illumination spectaculaire éclaira la maison consulaire et les navires français, accompagnée de feux d'artifice. Les festivités se poursuivirent pendant trois jours, avec des illuminations renouvelées chaque soir et un bal somptueux dans la grande salle tendue de tapisseries riches et éclairée par des lustres et girandoles. Les réjouissances se terminèrent par des démonstrations de joie continuées avec le même éclat pendant deux jours supplémentaires.
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811
p. 1453-1454
ESPAGNE.
Début :
Le Roi, la Reine, les Princes & les Princesses de la Famille Royale, partirent le 5 [...]
Mots clefs :
Famille royale d'Espagne, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE .
E Roi , la Reine , les Princes & les Prin-
Leeffes de la Famille Royale , partirent le s
Juin de Soto de Roma, pour aller coucher à Loxa
Le 6 , L. M. coucherent à Archidonna , le 7 à
Bonamexi , le 8 à Anquilar ; le 9 à Ezija ; le 10
à Palma ; le 11 à la Puebla ; le 12 à Conftantina,
& le 13 à la Ville de Cazalla , où la Cour doit
paffer quelques jours pour y prendre le divertif
fement de la Chaffe.
La Flotte des Gallions qui eft dans la Baye de
Cadix, & qui doit partir au mois de Juillet pour
Carthagene & Porto- Bello , eft compofée de 3
Vaiffeaux de guerre de 64 pieces de Canon chacun
, de deux autres de 44 & de 34 Canons , &
de onze autres Vaiffeaux marchands , montez
.de 198 pieces de Canons & de 30 hommes d'équipage
, & qui portent enſemble une charge de
2250 tonneaux.
On mande de Carthagene que les Religieux de
la Mercy des Provinces de Caſtille & d'Andaloufie
, y étoient arrivez les de Juin avec 3'47 Efclaves
qu'ils ont rachetés , & dans le nombre
defquels il y a quatre Ecclefiaftiques , trois Lieutenans
d'Infanterie , plufieurs Soldats , deux
femmes & 27 enfans .
Le Roi a accordé depuis peu diverfes graces ,
privileges & exemptions à la Societé établie à Sewille
, de Chevaliers qui s'exercent à monter à
cheval . Les principaux de ces privileges font
qu'ils auront toujours pour Chef un des Infans
d'Efpagne , S. M. ayant donné dès - à -preſent ce
Titre à l'Infant Don Philippe qu'elle à nommé
11. Vol.
pour
I
1454 MERCURE DE FRANCE
pour leur Juge & Protecteur dans toutes leurs
affaires ; qu'ils pourront faire tous les ans deux
courfes de Taureaux à la longue lance , & qu'ils
porteront des habits uniformes de drap écarlate,
avec des paremens d'étoffe d'argent & des veſtes
galonnées , pareils à ceux qu'ils avoient dans les
Fêtes qu'ils ont données à L. M. pendant leur
féjour à Seville.
On mande de Barcelone qu'il y avoit dix Vaiſt
feaux de guerre Eſpagnols , fept Galeres & plus
Ade 60 Bâtimens de tranfport prêts à mettre à la
voile.
E Roi , la Reine , les Princes & les Prin-
Leeffes de la Famille Royale , partirent le s
Juin de Soto de Roma, pour aller coucher à Loxa
Le 6 , L. M. coucherent à Archidonna , le 7 à
Bonamexi , le 8 à Anquilar ; le 9 à Ezija ; le 10
à Palma ; le 11 à la Puebla ; le 12 à Conftantina,
& le 13 à la Ville de Cazalla , où la Cour doit
paffer quelques jours pour y prendre le divertif
fement de la Chaffe.
La Flotte des Gallions qui eft dans la Baye de
Cadix, & qui doit partir au mois de Juillet pour
Carthagene & Porto- Bello , eft compofée de 3
Vaiffeaux de guerre de 64 pieces de Canon chacun
, de deux autres de 44 & de 34 Canons , &
de onze autres Vaiffeaux marchands , montez
.de 198 pieces de Canons & de 30 hommes d'équipage
, & qui portent enſemble une charge de
2250 tonneaux.
On mande de Carthagene que les Religieux de
la Mercy des Provinces de Caſtille & d'Andaloufie
, y étoient arrivez les de Juin avec 3'47 Efclaves
qu'ils ont rachetés , & dans le nombre
defquels il y a quatre Ecclefiaftiques , trois Lieutenans
d'Infanterie , plufieurs Soldats , deux
femmes & 27 enfans .
Le Roi a accordé depuis peu diverfes graces ,
privileges & exemptions à la Societé établie à Sewille
, de Chevaliers qui s'exercent à monter à
cheval . Les principaux de ces privileges font
qu'ils auront toujours pour Chef un des Infans
d'Efpagne , S. M. ayant donné dès - à -preſent ce
Titre à l'Infant Don Philippe qu'elle à nommé
11. Vol.
pour
I
1454 MERCURE DE FRANCE
pour leur Juge & Protecteur dans toutes leurs
affaires ; qu'ils pourront faire tous les ans deux
courfes de Taureaux à la longue lance , & qu'ils
porteront des habits uniformes de drap écarlate,
avec des paremens d'étoffe d'argent & des veſtes
galonnées , pareils à ceux qu'ils avoient dans les
Fêtes qu'ils ont données à L. M. pendant leur
féjour à Seville.
On mande de Barcelone qu'il y avoit dix Vaiſt
feaux de guerre Eſpagnols , fept Galeres & plus
Ade 60 Bâtimens de tranfport prêts à mettre à la
voile.
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Résumé : ESPAGNE.
En juin, la famille royale espagnole, incluant le Roi, la Reine, les Princes et les Princesses, quitta Rome le 5 juin et arriva à Cazalla le 13 juin pour profiter de la chasse. À Cadix, une flotte de galions, prévue pour partir en juillet vers Carthagène et Porto Bello, était composée de trois vaisseaux de guerre de 64 canons, deux de 44 et 34 canons, et onze vaisseaux marchands armés de 198 canons, transportant 30 hommes d'équipage et une charge totale de 2250 tonneaux. À Carthagène, les Religieux de la Mercy des provinces de Castille et d'Andalousie arrivèrent le 6 juin avec 347 esclaves rachetés, incluant des ecclésiastiques, des militaires, des femmes et des enfants. Le Roi accorda divers privilèges à la société des Chevaliers de Séville, autorisant deux courses de taureaux par an et le port d'habits uniformes spécifiques. À Barcelone, dix vaisseaux de guerre espagnols, sept galères et plus de 60 bâtiments de transport étaient prêts à prendre la mer.
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812
p. 1455-1456
« Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
Début :
Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...]
Mots clefs :
Concert, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
E 19 Juin , il y eut Concert à Marly.
M. Deftouches , fur- Intendant de la
Mufique du Roy , fit chanter devant la
Reine , le Prologue & le premier Acte de
L'Opera d'Omphale , qui fut continué le
21 & le 26. La Dlle Antier chanta dans
le Prologue & dans la Piéce le Rôle d'Argine
, avec beaucoup d'applaudiffement.
Le S' d'Angerville & la Die Lenner chan
terent ceux d'Alcide & d'Omphale , dont
la Cour parut fatisfaite. L'exécution des
Choeurs & de toute la Symphonie fut
auffi tres-brillante. La Mufique de cet
Opera eft de la compofition de M. Deftouches.
Le 30 , vers les 3 heures après midi , le
Roy fit au Camp de Mars , près le Châ-
II. Vol. Iijteau,
1456 MERCURE DE FRANCE
teau , la Revuë des quatre Compagnies
des Gardes du Corps & de celle des Gre
nadiers à Cheval. S. M. paffa dans les
rangs & les vit défiler.Meldames de France
virent cette Revûë.
Le même jour le Roy donna le Gou
vernement de Rocroy à M. de Vernaffal,
Maréchal de Camp & Lieutenant des Gardes
du Corps.
M. Deftouches , fur- Intendant de la
Mufique du Roy , fit chanter devant la
Reine , le Prologue & le premier Acte de
L'Opera d'Omphale , qui fut continué le
21 & le 26. La Dlle Antier chanta dans
le Prologue & dans la Piéce le Rôle d'Argine
, avec beaucoup d'applaudiffement.
Le S' d'Angerville & la Die Lenner chan
terent ceux d'Alcide & d'Omphale , dont
la Cour parut fatisfaite. L'exécution des
Choeurs & de toute la Symphonie fut
auffi tres-brillante. La Mufique de cet
Opera eft de la compofition de M. Deftouches.
Le 30 , vers les 3 heures après midi , le
Roy fit au Camp de Mars , près le Châ-
II. Vol. Iijteau,
1456 MERCURE DE FRANCE
teau , la Revuë des quatre Compagnies
des Gardes du Corps & de celle des Gre
nadiers à Cheval. S. M. paffa dans les
rangs & les vit défiler.Meldames de France
virent cette Revûë.
Le même jour le Roy donna le Gou
vernement de Rocroy à M. de Vernaffal,
Maréchal de Camp & Lieutenant des Gardes
du Corps.
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Résumé : « Le 19 Juin, il y eut Concert à Marly. M. Destouches, sur-Intendant de la [...] »
Du 19 au 26 juin, l'opéra 'Omphale' de M. Deftouches fut interprété devant la Reine à Marly. La Demoiselle Antier, le Sieur d'Angerville et la Demoiselle Lenner reçurent des applaudissements. Le 30 juin, le Roi passa en revue les Gardes du Corps et les Grenadiers à Cheval au Camp de Mars. Il nomma M. de Vernassal gouverneur de Rocroy.
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813
p. 1456-1457
BENEFICES DONNEZ.
Début :
Le Roy a donné l'Abbaye d'Ambournay, Ordre de S. Benoît, Diocèse de [...]
Mots clefs :
Abbaye, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ.
BENEFICES DONNEZ.
Lay ›
E Roy a donné l'Abbaye d'Ambouray
Ordre de S. Benoit , Diocèle de
Lyon , à l'Abbé de Maugiron , Agent du
Clergé.
Celle de S. Martin_de Pontoiſe , Ordre
de S. Benoît , à l'Abbé de Salignac- Féne
lon , Archidiacre de Cambray.
Celle de Bolbonne , Ordre de Citeaux
Diocèle de Mirepoix , à l'Abbé de Choifeul
, Aumônier de S. M.
Celle de S. Jovin , Ordre de S.Benoît,
Diocèle de Poitiers , à l'Abbé Chauvelin,
Celle de Vallemont , même Ordre
Diocèle de Rouen , à l'Abbé de Valleras,
Agent du Clergé.
Celle de Chalivoy, Ordre de Citeaux,
Diocèfe de Bourges , à l'Abbé Terriffe ,
Docteur de Sorbonne.
Celle de N. D. du Bouchet , même Or-
"
11. Vol. dre
JUIN. 1730. 1457
dre , Diocèle de Clermont,à l'Abbé Rouf
fet , Chinoine de Toul.
- Le Prieuré de Gigny , Ordre de S. Be
noît, Diocèle de Lyon , à l'Abbé de Suze,
Aumônier du Roy, & Doyen des Comtes
de Lyon.
L'Abbaye de Tourtuirac,même Ordre,
Dioc.de Périgueux , à l'Abbé de Beaupoil.
Le Prieuré de Saint Nicolas de la Chef
naye , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de
Bayeux , à l'Abbé de Montferrant, Grand
Vicaire de Noyon.
L'Abbaye de Moncé, Ordre de Citeaux ,
Diocèfe de Tours , à la Dame de Carman.
Celle de Saint Julien du Pré , Ordre de
S. Benoît , Ville & Diocèfe du Mans ,' à la
Dame de Saint- Simon.
Celle de S. Sernin de Rhodés , même
Ordre , à la Dame de Clermont du Bofc.
Et celle de S. Laurent de Bourges , auffi
du même Ordre , à la Dame de la Roche
Aymon.
Lay ›
E Roy a donné l'Abbaye d'Ambouray
Ordre de S. Benoit , Diocèle de
Lyon , à l'Abbé de Maugiron , Agent du
Clergé.
Celle de S. Martin_de Pontoiſe , Ordre
de S. Benoît , à l'Abbé de Salignac- Féne
lon , Archidiacre de Cambray.
Celle de Bolbonne , Ordre de Citeaux
Diocèle de Mirepoix , à l'Abbé de Choifeul
, Aumônier de S. M.
Celle de S. Jovin , Ordre de S.Benoît,
Diocèle de Poitiers , à l'Abbé Chauvelin,
Celle de Vallemont , même Ordre
Diocèle de Rouen , à l'Abbé de Valleras,
Agent du Clergé.
Celle de Chalivoy, Ordre de Citeaux,
Diocèfe de Bourges , à l'Abbé Terriffe ,
Docteur de Sorbonne.
Celle de N. D. du Bouchet , même Or-
"
11. Vol. dre
JUIN. 1730. 1457
dre , Diocèle de Clermont,à l'Abbé Rouf
fet , Chinoine de Toul.
- Le Prieuré de Gigny , Ordre de S. Be
noît, Diocèle de Lyon , à l'Abbé de Suze,
Aumônier du Roy, & Doyen des Comtes
de Lyon.
L'Abbaye de Tourtuirac,même Ordre,
Dioc.de Périgueux , à l'Abbé de Beaupoil.
Le Prieuré de Saint Nicolas de la Chef
naye , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de
Bayeux , à l'Abbé de Montferrant, Grand
Vicaire de Noyon.
L'Abbaye de Moncé, Ordre de Citeaux ,
Diocèfe de Tours , à la Dame de Carman.
Celle de Saint Julien du Pré , Ordre de
S. Benoît , Ville & Diocèfe du Mans ,' à la
Dame de Saint- Simon.
Celle de S. Sernin de Rhodés , même
Ordre , à la Dame de Clermont du Bofc.
Et celle de S. Laurent de Bourges , auffi
du même Ordre , à la Dame de la Roche
Aymon.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ.
En juin 1730, plusieurs bénéfices ecclésiastiques ont été attribués. L'Abbaye d'Ambouray, relevant du diocèse de Lyon, a été donnée à l'Abbé de Maugiron. L'Abbaye de Saint-Martin-de-Pontoise a été attribuée à l'Abbé de Salignac-Fénelon. L'Abbaye de Bolbonne, relevant du diocèse de Mirepoix, a été donnée à l'Abbé de Choiseul. L'Abbaye de Saint-Jovin, relevant du diocèse de Poitiers, a été attribuée à l'Abbé Chauvelin. L'Abbaye de Vallemont, relevant du diocèse de Rouen, a été donnée à l'Abbé de Valleras. L'Abbaye de Chalivoy, relevant du diocèse de Bourges, a été attribuée à l'Abbé Terriffe. L'Abbaye de Notre-Dame du Bouchet, relevant du diocèse de Clermont, a été donnée à l'Abbé Rouffet. Le Prieuré de Gigny, relevant du diocèse de Lyon, a été attribué à l'Abbé de Suze. L'Abbaye de Tourtuirac, relevant du diocèse de Périgueux, a été donnée à l'Abbé de Beaupoil. Le Prieuré de Saint-Nicolas-de-la-Chapelle, relevant du diocèse de Bayeux, a été attribué à l'Abbé de Montferrant. L'Abbaye de Moncé, relevant du diocèse de Tours, a été donnée à la Dame de Carman. L'Abbaye de Saint-Julien-du-Pré, relevant du diocèse du Mans, a été attribuée à la Dame de Saint-Simon. L'Abbaye de Saint-Sernin-de-Rhodes a été donnée à la Dame de Clermont-du-Bosc. Enfin, l'Abbaye de Saint-Laurent-de-Bourges a été attribuée à la Dame de la Roche-Aymon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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814
p. 1457-1465
RELATION de la Fête que les Mousquetaires de la seconde Compagnie ont donnée à Nemours, où ils étoient en quartier, pendant que la Cour étoit à Fontainebleau. Ecrite par un Mousquetaire de la même Compagnie.
Début :
Le lundy 29. May, sur les quatre heures du soir, une vintaine de Pelerins [...]
Mots clefs :
Mousquetaire, Fête, Guerre, Pavillon, Capitaine
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texteReconnaissance textuelle : RELATION de la Fête que les Mousquetaires de la seconde Compagnie ont donnée à Nemours, où ils étoient en quartier, pendant que la Cour étoit à Fontainebleau. Ecrite par un Mousquetaire de la même Compagnie.
RELATION de la Fête que les
Moufquetaires de la feconde Compagnie
ont donnée à Nemours , où ils étoient en
guartier, pendant que la Cour étoit à
Fontainebleau. Ecrite par un
par un Moufquetaire
de la même Compagnie.
Lees
E lundy 29. May, fur les quatre heures
du foir , une vintaine de Pelerins
LI. Vol. de
I iij.
1458 MERCURE DE FRANCE
de Cythere s'embarquérent dans un Vaif
feau Galand, nommé l'Amathonte ; fix Colonnes
de verdures avec leurs Chapi
teaux de fleurs;, Ceintres, Traverſes , Arcs,
Feftons & autres ornemens formoient un
Bâtiment convenable à l'aimable Reine
d'Amathonte. Elle étoit reprefentée au
naturel dans un grand Pavillon à fond
verd ; & l'on peut dire que le Peintre
avoit épuiſe fon Art , pour lui donner
toutes les graces qu'il avoit , lorfqu'elle
fortit de l'Onde . A côté étoit Baccus , affis
fur un Tonneau ', tenant d'une maîn
une Bouteille , & ferrant de l'autre celle
de Venus . L'alliance de ces Divinitez
fait la Volupté , & c'eft ce qui nous avoit
fait mettre cette Infcription en gros ca
ractere : VOLUPTATI . Le Pavillon
Amiral étoit de Taffetas blanc ; l'un &
Pautre au bout du Vaiffeau flottoient au
gré des vents , dont nous pouvions connoître
les moindres changemens par une
Girouette blanche & verte , qui s'élevoit
audeffus de l'Architecture de ce Bâtiment.
Les Pélerins étoient vêtus de blanc avec
des Guirlandes & Banderolles de fleurs ;
des Rubans verds treffoient leurs cheveux
; chacun d'eux joüoit de differens
Inftrumens , comme de Vieles Violons ,
Haut- Bois , Flutes & Mufettes . Le Ciel
fembloit prendre part à notre Fête ; il ne
II.Vol. faifoit
JUIN. 1730. 1459 .
faifoit ni pluye , ni vent , & il n'y avoit
de nuages en l'air , qu'autant qu'il en falloit
pour nous garantir des Rayons du
Soleil trop brûlans en cette faifon , tems
favorable aux Dames , qui ayant , à l'envi
, relevé par l'art , leurs graces naturelles
, ornoient les rivages. Le Marquis de
Pont- du- Château , qui commandoit notre
quartier , & qui ce jour-là avoit don
né un grand Repas aux Officiers des Moufquetaires
gris , parut avec ces Meffieurs
fur la Rive, ainfi que tous les habitans de
Nemours , qui alors fe trouva défert.
L'Amathonte qu'on avoit volontiers
prife pour une Ifle flotante, voguoit paifiblement
& enchantoit également les
yeux & les oreilles des Spectateurs ; lorfque
nous apperçûmes de loin un Vaiſfeau
. Je dis , Nous , car j'étois un des Pélerins
de Cythere. La Chaloupe que nous
détachâmes pour l'aller reconnoître, nous
rapporta que c'étoit un Corfaire d'Alger.
Auffi- tôt nous revirâmes de bord & gagnâmes
à force de Rames un des Forts du
Port où il y avoit une Batterie de 12 pieces
de Canon , dont le feu n'empêcha
pas l'Algérien de venir faire une rude dé
charge fur nous. Son Equipage qui étoit
de 40 hommes avoit déja le Cimetére levé,
& faifoit mine de vouloir fauter dans
notre Bord ( tant nous étions près) quand
II. Vol. Iiiij
un
1460 MERCURE DE FRANCE
un coup de vent nous fépara ; la joye fir
redoubler notre Symphonie. Le Capitaine
Algérien au défefpoir d'avoir manqué
fa prife , vouloit couper la tête à fon Pilote
, fi , profterné à fes genoux , il ne l'eûr
afsûré qu'il nous joindroit avant une heure.
Il obtins fa grace à ce prix , & enfin
il la mérita . A peine une demie heure s'étoit
écoulée que nous nous trouvons accrochez
par ces Pirates , qui bravant une
feconde fois notre Canon , fous lequel
nous nous étions retirez , firent un feu terrible
fur nous. La moitié paffe dans notre
Vaiffeau , le Sabre à la main , ils nous font
entrer dans le leur nous crions merci . Eh.!
que pouvions nous faire , n'ayans pour
toutes armes que nos Inftrumens , trop
impuifans contre des Corfaires ? J'eus
grand foin d'examiner le nouveau Bâtiment
où je me trouvois , qui étoit dif
ferent du nôtre , où tous les attributs de
la Volupté étoient raffemblez ! Dans celui-
ci ce n'eft qu'horreur de guerre ; le
(a)Capitaine fut celui qui fixa le plus mes
yeux ; il eft grand & gros , beau & bienfait
; mais fon nez aquilain & fa mouftache
noire lui donnoient un air formidable
, qui cependant paroiffoit s'adoucir à
mefure que les fons de nos Inftrumens
flattoient les oreilles , car il nous avoit
( a ) Le Chevalier de Vandeüil,
II. Vol. ordonné
JUIN. 1730. 1461
ordonné d'en jouer . Il avoit un grand bonnet
rouge , galonné d'argent & orné de
Pierreries'; au haut étoit une Touffe de
Rubans rouges & noirs , le bas étoit d'un
poil étranger. Sur une Vefte rouge ,
bro
dée en argent , il portoit un Doliman
d'une Etoffe dont je n'ai point encore
vû de femblable pour la rareté & la beau
té, tant du deffein que des couleurs. Son
Cimetére étoit remarquable par la Poignée
d'argent & enrichie de Diamans ; le
Foureau couvert de Lames d'argent & la
Lame recourbée , d'une largeur & longueur
prodigieufe. Il étoit dans le milieu
de fonVaiffeau , affis , les jambes croifées,
fur un Tapis noir , ayant derriere lui fon
Iman (4) , vêtu d'une longue Robegrife ,
les cheveux prefque ras , fans barbe , les
mains croifées fur la poitrine , & les yeux
modeftement baiffez . A fes pieds un petit
Algérien ( b ) , beau & jeune , portoit fa
Pipe , dont le Fourneau eft affez grand
pour contenir une livre de. Tabac . Deux
Corfaires , le Sabre nud , fe tenoient de
bout à fes côtez . A un Poteau font fes Ordonnances,
qu'il fait exécuter avec la derniere
rigueur , à ce que m'ont afsûré quel-
( a ) Fran. Antonio Hermite , Italien , revenant
d'Espagne , auquel pour fa complaisance
les Moufquetaires ont donné fix Louis d'Or.
(b ) M. de Berville,
II..Vol: ques-
I v
1462 MERCURE DE FRANCE
ques-uns des fiens , qui parloient notre
langue.
Audeffus de fon Vaiffeau , s'élevoit fort
haut ,un Dome noir & rouge , fon Pavilfon
étoit noir , femé de Flammes rouges,
& deux Sabres en fautoir. Au côté droit
étoient des Menotes , d'où pendoit une
chaîne , & au côté gauche , une Tête de
mort , avec ces mots : Aut Vincula , aut
Lethum , pour faire connoître que ceux
qu'il prend font foûmis ou à l'esclavage,
ou à la mort. L'uniforme de fon Equipage
eft rouge , galonné d'argent ; Cocardes
rouges & noires, avec le Cimetére & 2 Piftolets
à la Ceinture ; des Trompes & des
Tambours forment toute la Symphonie
de ces Barbares. Elle ne ceffa que lorsque
le Capitaine l'eût ordonné , pour entendre
la nôtre.
Après nous avoir entendu quelque tems
& examiné notre contenance attentivement
, il voulut ſçavoir qui nous étions.
Son Interprete que nous en inftruifimes
le lui expliqua. Il fe fit apporter nôtre
grand pavillon & prit un plaifir fingulter
à confiderer nôtre Venus ; il ordonna à
fon Pilote d'aborder ; il defcendit le premier
à terre , efcorté à fon ordinaire , &
chacun de nous le fuivoit tenu par deux
des fiens qui avoient le cimetere à la main.
Il envoya dire aux Dames qui vouloient
II. Vol.
fe
JUIN. 1730, 1463
X
fe retirer , croyant qu'on alloit faire une
boucherie fanglante des Pelerins , qu'il
avoit befoin d'elles , qu'elles s'approchaf
fent , qu'aucun mal ne leur feroit fait ,
finon que la fuite ne les fauveroit point.
Soit crainte ou affurance elles approchent
, le Corfaire leur donne le pavillon
de la Volupté car pour nôtre Amiralil le
rembarqua avec lui ; & leur fir prefent dest
Pelerins , nous recommandant de leur
être foumis & de les fervir. La furpriſe
fut extrême & augmenta , quand après
avoir jetté fon mouchoir à la plus jolie de
la Compagnie , il la fit prier de danfer
avec lui. Les fiens imiterent fon exemple,
& quitterent dans ce moment l'air feroce
que je leur avois trouvé d'abord ; ils fembloient
s'être rangez fous l'étendart de la
Volupté ; enfin après avoir fait autour de
nous une espece de danfe , qu'en ce pays
nous nommerions branle , le Capitaine fit
un Salamalec gracieux aux Dames & fe
rembarqua ; fon penchant pour le beau
fexe lui fit pouffer les attentions jusqu'à
mettre une Sentinelle à nos provifions
aufquelles il ne permit pas qu'on touchât,
quand il eut appris nôtre deſtination . Elles
convenoient à une caravanne telle que la
nôtre , & ne furent point inutiles ; car les
Dames laffes de danfer fur le gazon nous
menerent dans une Salle fort ample , où
II. Vol.
I vj Balgaland
1464 MERCURE DE FRANCE
Balgaland ſe tint , force mafques y arri
vent; provifions abondantes fe confomment
, & la nuit fort avancée eut peine à
mettre fin à une fi agreable journée . Il ne
faut point obmettre que le Corfaire étant
venu defcendre au port de la Ville , fuivi
de toute la Troupe , marchant en bon ordre
, alla chez le Marquis de Pont du
Château, à la porte duquel il fit faire une
déchargede fa Moufqueterie & lui remit le
pavillon Amiral de l'Amathonte : Voici le
compliment que fon Interprete lui fit; ( a)
LeCapitaine mon Maître m'ordonne de vous
remercier , Monfieur, de l'honneur que vous
nous avez fait d'affifter à la petite image ,
que nous avons donné dans nôtre Fête d'une
manoeuvre de guerre , nous fouhaiterions
qu'elle fut réelle , perfuadez que fous vos
ordres nous ferions en état de vous faire fouvent
des prefens pareils à celui que nous
avons l'honneur de vous offrir , qui eft le drapeau
que nous venons de prendre..
(b)Celui qui commandoit l'Amathonte
& qui avec les fiens honoroit le triomphe:
du Corfaire , fit en termes differens les
mêmes remercimens , & ajouta ::
Dans une guerre qui ne feroit pas feinte ,
nous ne craindrions pas Monfieur , tant
( a ) Mr. de Depence..
(b) Mr. de Prunelé..
II. Vol.. que
JUIN. 1730. 1465
que vous ferez à nôtre tête , que jamais les
ennemis nous enlevalent ni Drapeau ni
Etendart.
Moufquetaires de la feconde Compagnie
ont donnée à Nemours , où ils étoient en
guartier, pendant que la Cour étoit à
Fontainebleau. Ecrite par un
par un Moufquetaire
de la même Compagnie.
Lees
E lundy 29. May, fur les quatre heures
du foir , une vintaine de Pelerins
LI. Vol. de
I iij.
1458 MERCURE DE FRANCE
de Cythere s'embarquérent dans un Vaif
feau Galand, nommé l'Amathonte ; fix Colonnes
de verdures avec leurs Chapi
teaux de fleurs;, Ceintres, Traverſes , Arcs,
Feftons & autres ornemens formoient un
Bâtiment convenable à l'aimable Reine
d'Amathonte. Elle étoit reprefentée au
naturel dans un grand Pavillon à fond
verd ; & l'on peut dire que le Peintre
avoit épuiſe fon Art , pour lui donner
toutes les graces qu'il avoit , lorfqu'elle
fortit de l'Onde . A côté étoit Baccus , affis
fur un Tonneau ', tenant d'une maîn
une Bouteille , & ferrant de l'autre celle
de Venus . L'alliance de ces Divinitez
fait la Volupté , & c'eft ce qui nous avoit
fait mettre cette Infcription en gros ca
ractere : VOLUPTATI . Le Pavillon
Amiral étoit de Taffetas blanc ; l'un &
Pautre au bout du Vaiffeau flottoient au
gré des vents , dont nous pouvions connoître
les moindres changemens par une
Girouette blanche & verte , qui s'élevoit
audeffus de l'Architecture de ce Bâtiment.
Les Pélerins étoient vêtus de blanc avec
des Guirlandes & Banderolles de fleurs ;
des Rubans verds treffoient leurs cheveux
; chacun d'eux joüoit de differens
Inftrumens , comme de Vieles Violons ,
Haut- Bois , Flutes & Mufettes . Le Ciel
fembloit prendre part à notre Fête ; il ne
II.Vol. faifoit
JUIN. 1730. 1459 .
faifoit ni pluye , ni vent , & il n'y avoit
de nuages en l'air , qu'autant qu'il en falloit
pour nous garantir des Rayons du
Soleil trop brûlans en cette faifon , tems
favorable aux Dames , qui ayant , à l'envi
, relevé par l'art , leurs graces naturelles
, ornoient les rivages. Le Marquis de
Pont- du- Château , qui commandoit notre
quartier , & qui ce jour-là avoit don
né un grand Repas aux Officiers des Moufquetaires
gris , parut avec ces Meffieurs
fur la Rive, ainfi que tous les habitans de
Nemours , qui alors fe trouva défert.
L'Amathonte qu'on avoit volontiers
prife pour une Ifle flotante, voguoit paifiblement
& enchantoit également les
yeux & les oreilles des Spectateurs ; lorfque
nous apperçûmes de loin un Vaiſfeau
. Je dis , Nous , car j'étois un des Pélerins
de Cythere. La Chaloupe que nous
détachâmes pour l'aller reconnoître, nous
rapporta que c'étoit un Corfaire d'Alger.
Auffi- tôt nous revirâmes de bord & gagnâmes
à force de Rames un des Forts du
Port où il y avoit une Batterie de 12 pieces
de Canon , dont le feu n'empêcha
pas l'Algérien de venir faire une rude dé
charge fur nous. Son Equipage qui étoit
de 40 hommes avoit déja le Cimetére levé,
& faifoit mine de vouloir fauter dans
notre Bord ( tant nous étions près) quand
II. Vol. Iiiij
un
1460 MERCURE DE FRANCE
un coup de vent nous fépara ; la joye fir
redoubler notre Symphonie. Le Capitaine
Algérien au défefpoir d'avoir manqué
fa prife , vouloit couper la tête à fon Pilote
, fi , profterné à fes genoux , il ne l'eûr
afsûré qu'il nous joindroit avant une heure.
Il obtins fa grace à ce prix , & enfin
il la mérita . A peine une demie heure s'étoit
écoulée que nous nous trouvons accrochez
par ces Pirates , qui bravant une
feconde fois notre Canon , fous lequel
nous nous étions retirez , firent un feu terrible
fur nous. La moitié paffe dans notre
Vaiffeau , le Sabre à la main , ils nous font
entrer dans le leur nous crions merci . Eh.!
que pouvions nous faire , n'ayans pour
toutes armes que nos Inftrumens , trop
impuifans contre des Corfaires ? J'eus
grand foin d'examiner le nouveau Bâtiment
où je me trouvois , qui étoit dif
ferent du nôtre , où tous les attributs de
la Volupté étoient raffemblez ! Dans celui-
ci ce n'eft qu'horreur de guerre ; le
(a)Capitaine fut celui qui fixa le plus mes
yeux ; il eft grand & gros , beau & bienfait
; mais fon nez aquilain & fa mouftache
noire lui donnoient un air formidable
, qui cependant paroiffoit s'adoucir à
mefure que les fons de nos Inftrumens
flattoient les oreilles , car il nous avoit
( a ) Le Chevalier de Vandeüil,
II. Vol. ordonné
JUIN. 1730. 1461
ordonné d'en jouer . Il avoit un grand bonnet
rouge , galonné d'argent & orné de
Pierreries'; au haut étoit une Touffe de
Rubans rouges & noirs , le bas étoit d'un
poil étranger. Sur une Vefte rouge ,
bro
dée en argent , il portoit un Doliman
d'une Etoffe dont je n'ai point encore
vû de femblable pour la rareté & la beau
té, tant du deffein que des couleurs. Son
Cimetére étoit remarquable par la Poignée
d'argent & enrichie de Diamans ; le
Foureau couvert de Lames d'argent & la
Lame recourbée , d'une largeur & longueur
prodigieufe. Il étoit dans le milieu
de fonVaiffeau , affis , les jambes croifées,
fur un Tapis noir , ayant derriere lui fon
Iman (4) , vêtu d'une longue Robegrife ,
les cheveux prefque ras , fans barbe , les
mains croifées fur la poitrine , & les yeux
modeftement baiffez . A fes pieds un petit
Algérien ( b ) , beau & jeune , portoit fa
Pipe , dont le Fourneau eft affez grand
pour contenir une livre de. Tabac . Deux
Corfaires , le Sabre nud , fe tenoient de
bout à fes côtez . A un Poteau font fes Ordonnances,
qu'il fait exécuter avec la derniere
rigueur , à ce que m'ont afsûré quel-
( a ) Fran. Antonio Hermite , Italien , revenant
d'Espagne , auquel pour fa complaisance
les Moufquetaires ont donné fix Louis d'Or.
(b ) M. de Berville,
II..Vol: ques-
I v
1462 MERCURE DE FRANCE
ques-uns des fiens , qui parloient notre
langue.
Audeffus de fon Vaiffeau , s'élevoit fort
haut ,un Dome noir & rouge , fon Pavilfon
étoit noir , femé de Flammes rouges,
& deux Sabres en fautoir. Au côté droit
étoient des Menotes , d'où pendoit une
chaîne , & au côté gauche , une Tête de
mort , avec ces mots : Aut Vincula , aut
Lethum , pour faire connoître que ceux
qu'il prend font foûmis ou à l'esclavage,
ou à la mort. L'uniforme de fon Equipage
eft rouge , galonné d'argent ; Cocardes
rouges & noires, avec le Cimetére & 2 Piftolets
à la Ceinture ; des Trompes & des
Tambours forment toute la Symphonie
de ces Barbares. Elle ne ceffa que lorsque
le Capitaine l'eût ordonné , pour entendre
la nôtre.
Après nous avoir entendu quelque tems
& examiné notre contenance attentivement
, il voulut ſçavoir qui nous étions.
Son Interprete que nous en inftruifimes
le lui expliqua. Il fe fit apporter nôtre
grand pavillon & prit un plaifir fingulter
à confiderer nôtre Venus ; il ordonna à
fon Pilote d'aborder ; il defcendit le premier
à terre , efcorté à fon ordinaire , &
chacun de nous le fuivoit tenu par deux
des fiens qui avoient le cimetere à la main.
Il envoya dire aux Dames qui vouloient
II. Vol.
fe
JUIN. 1730, 1463
X
fe retirer , croyant qu'on alloit faire une
boucherie fanglante des Pelerins , qu'il
avoit befoin d'elles , qu'elles s'approchaf
fent , qu'aucun mal ne leur feroit fait ,
finon que la fuite ne les fauveroit point.
Soit crainte ou affurance elles approchent
, le Corfaire leur donne le pavillon
de la Volupté car pour nôtre Amiralil le
rembarqua avec lui ; & leur fir prefent dest
Pelerins , nous recommandant de leur
être foumis & de les fervir. La furpriſe
fut extrême & augmenta , quand après
avoir jetté fon mouchoir à la plus jolie de
la Compagnie , il la fit prier de danfer
avec lui. Les fiens imiterent fon exemple,
& quitterent dans ce moment l'air feroce
que je leur avois trouvé d'abord ; ils fembloient
s'être rangez fous l'étendart de la
Volupté ; enfin après avoir fait autour de
nous une espece de danfe , qu'en ce pays
nous nommerions branle , le Capitaine fit
un Salamalec gracieux aux Dames & fe
rembarqua ; fon penchant pour le beau
fexe lui fit pouffer les attentions jusqu'à
mettre une Sentinelle à nos provifions
aufquelles il ne permit pas qu'on touchât,
quand il eut appris nôtre deſtination . Elles
convenoient à une caravanne telle que la
nôtre , & ne furent point inutiles ; car les
Dames laffes de danfer fur le gazon nous
menerent dans une Salle fort ample , où
II. Vol.
I vj Balgaland
1464 MERCURE DE FRANCE
Balgaland ſe tint , force mafques y arri
vent; provifions abondantes fe confomment
, & la nuit fort avancée eut peine à
mettre fin à une fi agreable journée . Il ne
faut point obmettre que le Corfaire étant
venu defcendre au port de la Ville , fuivi
de toute la Troupe , marchant en bon ordre
, alla chez le Marquis de Pont du
Château, à la porte duquel il fit faire une
déchargede fa Moufqueterie & lui remit le
pavillon Amiral de l'Amathonte : Voici le
compliment que fon Interprete lui fit; ( a)
LeCapitaine mon Maître m'ordonne de vous
remercier , Monfieur, de l'honneur que vous
nous avez fait d'affifter à la petite image ,
que nous avons donné dans nôtre Fête d'une
manoeuvre de guerre , nous fouhaiterions
qu'elle fut réelle , perfuadez que fous vos
ordres nous ferions en état de vous faire fouvent
des prefens pareils à celui que nous
avons l'honneur de vous offrir , qui eft le drapeau
que nous venons de prendre..
(b)Celui qui commandoit l'Amathonte
& qui avec les fiens honoroit le triomphe:
du Corfaire , fit en termes differens les
mêmes remercimens , & ajouta ::
Dans une guerre qui ne feroit pas feinte ,
nous ne craindrions pas Monfieur , tant
( a ) Mr. de Depence..
(b) Mr. de Prunelé..
II. Vol.. que
JUIN. 1730. 1465
que vous ferez à nôtre tête , que jamais les
ennemis nous enlevalent ni Drapeau ni
Etendart.
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Résumé : RELATION de la Fête que les Mousquetaires de la seconde Compagnie ont donnée à Nemours, où ils étoient en quartier, pendant que la Cour étoit à Fontainebleau. Ecrite par un Mousquetaire de la même Compagnie.
Le texte décrit une fête organisée par les Mousquetaires de la seconde compagnie à Nemours, alors que la cour résidait à Fontainebleau. Le 29 mai, une vingtaine de pèlerins de Cythère s'embarquèrent sur un vaisseau nommé l'Amathonte, décoré de verdure et de fleurs. Ce vaisseau représentait Vénus et Bacchus, symbolisant la volupté. Les pèlerins, vêtus de blanc et jouant de divers instruments, naviguaient sur un fleuve sous un ciel clair. Les dames ornaient les rivages pour l'occasion. Le Marquis de Pont-du-Château, commandant le quartier, et les habitants de Nemours assistèrent à la scène. Soudain, un vaisseau algérien apparut. Malgré les tirs de canon des Mousquetaires, les Algériens abordèrent le vaisseau. Le capitaine algérien, décrit comme grand et imposant, ordonna à ses hommes de jouer des instruments. Après avoir examiné les Mousquetaires, il leur fit présent du pavillon de la Volupté et dansa avec les dames avant de repartir. Le capitaine algérien rendit ensuite visite au Marquis de Pont-du-Château, lui remettant le pavillon amiral de l'Amathonte en signe de respect et d'honneur. Les deux commandants échangèrent des remerciements, soulignant leur bravoure et leur esprit de combat. La journée se conclut par un bal et des festivités dans une salle ample, où les provisions furent abondantes.
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815
p. 1465-1477
TRÉS-HUMBLES SUPPLICATIONS presentées au Roi par la Faculté de Theologie de Paris, au sujet d'un Arrêt rendu par le Parlement, le 17 Mai 1730. & la Lettre de M. le Comte de Maurepas, Secretaire d'Etat, écrite en réponse par ordre de sa Majesté.
Début :
SIRE, La Faculté de Theologie de Paris, qui ne devroit approcher du Trône de VOTRE [...]
Mots clefs :
Faculté de théologie, Majesté, Roi, Parlement, Arrêt, Église, Doctrine, Thèse, Syndic
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRÉS-HUMBLES SUPPLICATIONS presentées au Roi par la Faculté de Theologie de Paris, au sujet d'un Arrêt rendu par le Parlement, le 17 Mai 1730. & la Lettre de M. le Comte de Maurepas, Secretaire d'Etat, écrite en réponse par ordre de sa Majesté.
TRE'S-HUMBLES SUPPLICATIONS
preſentées au Roi
par la Faculté de Theo
logie de Paris , au fujet d'un Arrêt rendu
par le Parlement , le 17 Mai 1730. & là
Lettre de M. le Comte de Maurepas , Se
cretaire d'Etat , écrite en réponſe par or
dre de fa Majefté.
SIRE,
La Faculté de Theologie de Paris , qui
ne devroitapprocher du Trône de VOTRE
MAJESTE , que pour lui témoigner avec
le plus profond refpect la jufte reconnoiffance
, dont elle eft penetrée pour les faveurs,
dont vous venez encore recemment
de la combler , fe trouve dans la dure-neceffité
de mêler aujourd'hui à ces fentimens
ceux d'une trifteffe auffi amere qu'-
elle lui paroît bien fondée .
Pourroit - elle s'empêcher d'être vivement
touchée à la vûe de l'Arrêt que lë
Parlement vient de rendre contre une
Thefe foutenue par le Sieur Haffett , Licentié
en Theologie , le & Mai dernier ??
Elle fçait qu'on y a relevé quelques termes
dont on pourroit abuſer des con-
2
par
II. Vol
fequences
1466 MERCURE DE FRANCE
fequences non avoüées , ou plutôt vifiblement
contraires à l'intention de l'Auteur,
qui , bien loin d'avoir avancé , ou même
infinué dans fa Thefe qu'un Confeffeur
doit interroger tous fes Penitens fur leur
foumiffion aux décifions de l'Eglife , * n'a
parlé que de ceux , qui les attaqueroient ,
ou qui y réfifteroient avec opiniâtreté , &
qui en avoüant leurs fautes paffées , ne
donneroient point de marques certaines
& non équivoques de leur repentir.
Mais quand les termes de la Thefe n'en
marqueroient pas auffi clairement le veritable
efprit , la Faculté de Theologie ne
pourroit fe difpenfer de reprefenter à V.
M. qu'il s'agiffoit en cette occafion d'une
matiere purement fpirituelle , dont un
Parlement auffi éclairé que celui de Paris
ne croit pas , fans doute , pouvoir prendre
connoiffance.
C'eft ce qu'il reconnut folemnellement
en l'année 1663. lorfque par la bouche
d'un des plus illuftres Chefs qu'il ait jamais
eû , il déclara aux Députés de la Faculté
de Theologie » qu'il étoit bien éloi-
* Dogmaticas Ecclefia docentis ... definitiomes
pertinaciter impugnando , vel iifdem refiftendo.
Nulla vel dubia refipifcentia dant indicia
Col. S.
Ecclefia judicio privatum fuum anteferunt
fenfum . Col. 6.
II. Vol.
gné
JUIN 1730. 1467
gné de vouloir s'attribuer le pouvoir de
» rendre un Jugement doctrinal fur des
matieres Theologiques , & qu'au con-
" traire , s'il furvenoit quelque doute à cer
égard , le Parlement ordonneroit que
→ l'on confultât la Faculté , dont il defiroit
que les droits fuffent confervés dans
toute leur pureté & leur integrité. A
» quoi il ajouta , que la Compagnie n'em-
» ployoit l'autorité du Roi que pour dé-
» fendre , dans les vues d'un fage Gouver-
» nement , l'ufage des Propofitions , qui
→→ par le fens qu'on pourroit leur donner ,
leroient contraires à l'adminiſtration ou
» à la police exterieure & generale de l'Eglife
, dont le foin fait une partie principale
de ce qui appartient à la Royauté.
La Faculté eft bien perfuadée que le
Parlement fuivra toujours des principes
fi dignes de fa fageffe ; mais c'eft par cette
raifon même qu'elle a été auffi furpriſe
qu'affligée de voir , qu'à l'occafion d'une
matiere toute fpirituelle , comme elle vient
´de le dire , & qui n'a rien de commun ni
avec les droits de la Couronne , ni avec les
Libertez de l'Eglife Gallicane , le Farlement
ait rendu un Arrêt par lequel fans
défigner aucunes des Propofitions qui lui
avoient déplu dans la Theſe , dont il s'agit
, Il a fait défenfes à tous Bacheliers , Licenties
, Docteurs & autres , defoutenirdes
II. Vol.
Propo1468
MERCURE DE FRANCE
Propofitions contraires à l'ancienne Doctrine
de l'Eglife , aux Saints Canons aux Decrets
des Conciles Generaux , aux Libertez
de l'Eglife Gallicane , aux Maximes &
Ordonnances du Royaume , aux clauſes &
conditions portées par l'Arrêt d'enregistrement
des Lettres Patentes de 1714. & notammentfur
lapropofition 91. & aux Déclarations
du 4 Août 1663. & Edit du mois de
Mars 1682. fur l'autorité du Pape , la fuperiorité
des Conciles Generaux , & autres
matieres contenues en ladite Thefe , qui pourroient
tendre à fchifmes & troubler la tran
quillité publique , à peine d'être procedé con
tre les contrevenans , ainfi qu'il appartiendra.
A quoi l'on ajoute des injonctions faites
au Syndic , & la précaution d'ordonner
que l'Arrêt fera fignifié , non-feulement
au Syndic ,, mais au . Doyen même de la
Faculté.
Elle voudroit pouvoir fe diffimuler à
elle-même , que par- là toutes les difpofitions
de cet Arrêt deviennent une espece
de note flétriffante qui tombe fur le Corps
entier de la Faculté , comme fi elle pouvoit
être foupçonnée de relâchement , &
même de prévarication fur des matieres fi
importantes : foupçon qui lui eft d'autant
plus fenfible , qu'il paroîtra autorifé ent
quelque maniere par une Compagnie ref
pectable , qui a toujours honoré la Fa-
II. Vol. culté
JUI N. 1730. 1469
culté d'une confiance particuliere , & qui
a rendu fi fouvent témoignage au zele de
cette Faculté pour la confervation de l'ancienne
doctrine du Royaume.
( a ) Si l'on examine même avec la plus
grande rigueur , la Thefe dont il s'agit
on n'y découvrira rien qui puiffe donner
la moindre atteinte à cette doctrine . Au
contraire on y en trouvera les principes
les plus effentiels fur tous les points , qui
ont quelque rapport avec les matieres de
la Thefe. On y reconnoîtra cette même
doctrine que la Faculté a enfeignée dans
tous les tems , & dont en 1663. elle dreffa
des Articles que Louis XIV.votre augufte
Bilayeul autorifa par une Déclaration où
( a ) Qui Apoftolis fuccefferunt , Ecclefia
Paftores , Epifcopi , fummâ perinde & infallibili
omnes docendi gentes authoritate
Chrifto data firmati Colom. 2 .
In Romano Pontifice , & Corpore Epifcopo
rum collata eft à Chrifto arx authoritatis &
cathedra veritatis . Ibid.
Sicut Concilia Oecumenica convocare , fic &
eorumdem ... neceffitatem determinare . . est
Summi Pontificis , vel Corporis Epifcoporum.
Colomne. 5.
In quibus ( Conciliis Nationalibus & Provincialibus
) Epifcopi comprovincialis vel in
fide vel notoriè in moribus delinquentis caufa
agitur& definitur , falvo jure appellationis ad
S.. Pontificem. Colomne . 6.
II. Vol. il
1470 MERCURE DE FRANCE
il honore la Faculté des plus grands éloges.
*
On voit en plufieurs endroits de cette
Thefe & fur tout dans les textes qui font
ici au bas. #
1°. Une attention continuelle à ne
point féparer le Pape du Corps des Paſteurs
dans ce qui regarde l'infaillibilité.
2º. La neceffité des Conciles generaux
en certains cas reconnue expreffement par
l'auteur.
3. La détermination de ces cas par.
l'autorité de l'Eglife attribuée au Pape ,
ou au Corps des Evêques.
4°. Les maximes de la France fur les
jugemens canoniques des Evêques accufes,
ouvertement foutenues.
Enfin perfonne n'ignore la conformité de
ces fentimens avec la doctrine du Royaume
& leur oppofition aux opinions contraires.
Par quel endroit une Thefe qui porte
ces caracteres a-t - elle pû être reprefentée
comme unobjet de fcandale & de mépris ,
La Faculté de Theologie de notre bonne
Ville de Paris , qui depuis fon établiſſement a
été le plus ferme appui de la Religion & de la
faine doctrine dans notre Royaume , & qui a
toujours fait profeffion de s'oppofer fortement à
ceux qui ont voulu en alterer la pureté , ayant
reconnu , &c. Declaration du Roi du 4. Août
1663.
II. Vol. &
JUIN. 1730. 1471
& paroître mériter la flétriffure & les précautions
humiliantes pour la Faculté , qui
font renfermées dans l'Arrêt duParlement?
Eft- ce par ce que l'Auteur a dit fur la
Propofition 91. condamnée par la Bulle
Unigenitus ? mais a- t'il eu tort de prétendre
que cette Propofition a été bien condamnée
, parce qu'elle eft univerfelle , &
parceque l'Auteur des Refléxions Morales
en a fait une mauvaise application ? Si
cela eft , ce tort lui eft commun avec les
Evêques de France , qui tous ont déclaré
que la Propofition étoit cenfurable par fa
genéralité même , qui ne met aucune difference
entre les devoirs fondés feulement
fur une Loi pofitive , & entre ceux qui
font de droit naturel & divin , foit par
l'abus que fon Auteur en a fait pour fou
tenir les erreurs qui affligent l'Eglife de
France depuis tant d'années.
Loin de penfer d'une autre maniere que
les Evêques de France fur la Propofition
91. la Faculté a toûjours été perfuadée
comme eux qu'on ne pouvoit avoir trop
d'attention pour prévenir les mauvaiſes
conféquences que des efprits mal inten
tionnés auroient peut - être voulu tirer
malicieuſement de la cenfure de cette
Propofition. Elle a applaudi au zele des
Parlemens du Royaume , & adheré de
tout fon coeur aux fages précautions qu'ils
II. Vol. ont
1472 MERCURE DE FRANCE
ont prifes dans cette occafion ; mais con
formément aux principes conftans des
Théologiens & des Canoniftes , elle a toû
jours regardé non feulement comme injuftes
, mais comme notoirement nulles
les Cenfures dont l'Autorité Ecclefiafti
que voudroit fe fervir pour donner atteinte
à l'obéiffance que les Sujets doivent
à leur Souverain. (a) C'eft ainfi qu'elle s'eft
toujours expliquée , comme il paroît par
un grand nombre de Thefes foutenues
fans interruption , & même tout recem
ment dans une du 20. Mai dernier , fignée
par le Syndic , imprimée & diftribuée
plufieurs jours avant l'Arrêt du Parlement
qui fait le fujet des plaintes de la Faculté,
quoiqu'elle n'ait été foûtenuë que depuis
cet Arrêt.
La Faculté n'ayant donc rien fait qui
puiffe préjudicier directement ni indirec
tement aux claufes ou conditions portées
par l'Arrêt d'enregistrement des Lettres
Patentes de 1714. & qui ne tende même
à les fuivre exactement , il eft bien triſte
de voir qu'on tourne en quelque maniere
ces précautions contre elle , comme fi
(a ) Excommunicationis poena homini catho
lico femper eft timenda , nifi fit notoriè nullay
qualis effet profecto ea omnis qua fubditos à debitâ
Regibus obedientiâ removeret.
Vefperie du St Terriffe , Colonne 6.
II.Vol. elle
JUIN. 1730. 1473
elle avoit befoin d'une efpece de moni
tion fur ce fujet.
Donner à l'Eglife par fa doctrine &
par fa conduite des preuves de fa parfaite
& fincere foumiffion , fignaler en même
tems fa fidelité & fon entiere obéiffance à
fon Roi , c'eft en quoi elle a toujours fait
confifter les principaux devoirs , & elle
les a toûjours regardés comme également
inviolables.
Attentive à faire obferver par tous fes
membres les loix faites pour la manu
tention des Libertés de l'Eglife de Fran
ce , elle ne permettra jamais qu'on y donne
la moindre atteinte ; mais elle s'oppofera
toûjours à ce qu'on s'en ferve , comme
on a fait dans ces tems malheureux ,
ou pour foutenir des erreurs condamnées ,
ou pour le maintenir dans une défobéiffance
ouverte aux jugemens de l'Eglife &
aux Déclarations de Votre Majesté.
que
Inftruite & accoûtumée à former fes
avis fur le langage de l'Ecriture & fur
celui de la Tradition , la Faculté enfeigne
& enfeignera toujours que les Rois font
établis de Dieu même dont ils tiennent
leur Sceptre & leur Couronne , & que la
Loi naturelle & divine oblige leurs Sujets
à l'obéiſſance & à la fidelité , fans qu'ils
en puiffent être jamais difpenfes fous
quelque prétexte que ce foit,
II. Vol. Elevée
1474 MERCURE DE FRANCE
&
Elevée dans l'Ecole de J. C. dont le
Royaume n'étoit pas de ce monde
qui s'eft foumis aux Princes de la Terre
pour nous apprendre à refpecter leur au
torité , la Faculté n'oubliera dans aucun
tems les leçons que ce divin Maître lui
a données. Elle enfeignera fans interruption
la doctrine qu'elle a reçûë de lui , &
que fes Apôtres ,fes Difciples & les premiers
Chrétiens lui ont apprife par leurs
écrits & par leurs exemples.
Ayant le bonheur d'être établie dans le
premier Royaume du monde , & fous
l'obéiffance du Fils aîné de l'Eglife , elle
réfiftera de toutes fes forces à ceux qui
oferoient tenter de donner même indirectement
à V. M. dans fon temporel aucun
autre fuperieur que Dieu feul.
( a ) Telle eft l'ancienne doctrine de la
Faculté , qui fe foûtient tous les jours
dans fes Ecoles. Il feroit facile de le juf
tifier par un nombre infini de Thefes qui
forment fur cer Article important une
( a ) C'eft la doctrine de la Facultéque le Roi
ne reconnoît & n'a d'autre fuperieur au temporel
que Dieu feul ; c'eft fon ancienne doctrine de laquelle
elle ne fe départira jamais.
C'eft la doctrine de la même Faculté que les
Sujets du Roi lui doivent tellement la fidélité &
l'obéiffance qu'ils n'en peuvent être difpenfés fous
quelque prétexte que ce foit. Articles
la Déclaration de la Faculté du 5.
2
ن م
3.
de
Mai 1663 .
It. Vol. tradition
JUIN. 1730. 1475
tradition conftante & non interrompuë ,
& qui font voir que fur ce fujet on ne
peut rien reprocher à la Faculté.
Elle fe flattoit d'avoir prévenu par ces
fentimens & par une conduite qui y répondoit
parfaitement des injonctions qui
lui ont paru d'autant plus deshonorantes
pour elle qu'elles étoient plus inutiles
, mais quelque jufte fujet qu'elle puiffe
avoir de s'en plaindre , elle refpecte trop
l'autorité dont elles partent & les principes
genéraux fur lefquels l'Arrêt du 17 ,
du mois dernier paroît fondé , pour vou
loir s'y oppofer , par rapport à l'application
qui en a été faite dans cette occa
fion , & que la Faculté ne croit
meritée.
pas avoir
Elle ne cherche donc ici qu'à fe juftifier
dans l'efprit du Public , & encore
plus dans celui de V. M. en la fuppliant,
Sire , de vouloir bien recevoir la Déclaration
qu'elle vient de faire de fes fentimens
, & de lui permettre de la faire imprimer
, après l'avoir inferée dans fes Regiftres
, afin qu'elle lui ferve de témoignage
dans le fiécle préfent , & de monument
dans la pofterité , pour faire voir
que dans tous les tems & fans aucune
interruption , elle a toujours été inviolablement
attachée aux maximes du Royaume,
aux droits de laCouronne, auxLibertés
>
II. Vol.
de l'Eglife
1476 MERCURE DE FRANCE
Eglife Gallicane , & à l'obfervation de
toutes les Ordonnances , Edits & Declations
publiées pour les maintenir. La Faculté
continuera fes voeux & prieres pour
la fanté & profperité de Votre Majeſté.
Lû en l'Affemblée generale de la Faculté
le premier Juin 1730. & en conféquence de
la déliberation faite à ce sujet , figné l'Af
Jemblée tenant ,
J. LEULLIER , Doyen.
DE ROMIGNY , Syndic.
Et plus bas , HERISSANT , Greffier.
LETTRE de M. le Comte de Maurepas
, Secretaire d'Etat , écrite par ordre
"du Roi , en réponſe aux très- humbles Supplications
de la Faculté de Théologie de
Paris. A Fontainebleau le 2. Juin 1730 .
L la
E Roi a reçû, Meffieurs , avec bonté,
les très humbles Supplications que
Faculté de Théologie lui a faites au fujet
d'un Arrêt rendu par le Parlement le 17.
Mai dernier , & Sa Majefté y a reconnu
avec plaifir cet atachement inviolable aux
droits de la Couronne , & aux Libertés
de l'Eglife Gallicane , dont votre Faculté
a donné en tant d'occafions l'exemple à
toutes les autres .Vous ne devez pas craindre
que cet Arrêt puiffe jamais porter aucun
préjudice , ni imprimer de flétriffure
II. Vol
JUIN 1730. 1477
à un Corps auffi éloigné que le vôtre , de
la mériter. Au furplus , Sa Majefté trouve
bon que la Faculté conferve 'dans fes
Regiftres les Supplications qu'elle lui a
fait préfenter , & qu'elle les faffe imprimer
, non comme une juftification dont
elle n'avoit pas befoin , mais comme une
nouvelle preuve de fon zele. pour
cienne doctrine de la France , zele qui
devient auffi une nouvelle raifon à Sa
Majefté pour l'honorer toûjours de plus
en plus de fa protection. Je fuis , Meffieurs
, très parfaitement à vous.
l'an-
Signe MAURE pas.
Et au dos eft écrit : A Meffieurs les Doyen
Syndic & Docteurs de la Faculté de Théologic
de Paris.
preſentées au Roi
par la Faculté de Theo
logie de Paris , au fujet d'un Arrêt rendu
par le Parlement , le 17 Mai 1730. & là
Lettre de M. le Comte de Maurepas , Se
cretaire d'Etat , écrite en réponſe par or
dre de fa Majefté.
SIRE,
La Faculté de Theologie de Paris , qui
ne devroitapprocher du Trône de VOTRE
MAJESTE , que pour lui témoigner avec
le plus profond refpect la jufte reconnoiffance
, dont elle eft penetrée pour les faveurs,
dont vous venez encore recemment
de la combler , fe trouve dans la dure-neceffité
de mêler aujourd'hui à ces fentimens
ceux d'une trifteffe auffi amere qu'-
elle lui paroît bien fondée .
Pourroit - elle s'empêcher d'être vivement
touchée à la vûe de l'Arrêt que lë
Parlement vient de rendre contre une
Thefe foutenue par le Sieur Haffett , Licentié
en Theologie , le & Mai dernier ??
Elle fçait qu'on y a relevé quelques termes
dont on pourroit abuſer des con-
2
par
II. Vol
fequences
1466 MERCURE DE FRANCE
fequences non avoüées , ou plutôt vifiblement
contraires à l'intention de l'Auteur,
qui , bien loin d'avoir avancé , ou même
infinué dans fa Thefe qu'un Confeffeur
doit interroger tous fes Penitens fur leur
foumiffion aux décifions de l'Eglife , * n'a
parlé que de ceux , qui les attaqueroient ,
ou qui y réfifteroient avec opiniâtreté , &
qui en avoüant leurs fautes paffées , ne
donneroient point de marques certaines
& non équivoques de leur repentir.
Mais quand les termes de la Thefe n'en
marqueroient pas auffi clairement le veritable
efprit , la Faculté de Theologie ne
pourroit fe difpenfer de reprefenter à V.
M. qu'il s'agiffoit en cette occafion d'une
matiere purement fpirituelle , dont un
Parlement auffi éclairé que celui de Paris
ne croit pas , fans doute , pouvoir prendre
connoiffance.
C'eft ce qu'il reconnut folemnellement
en l'année 1663. lorfque par la bouche
d'un des plus illuftres Chefs qu'il ait jamais
eû , il déclara aux Députés de la Faculté
de Theologie » qu'il étoit bien éloi-
* Dogmaticas Ecclefia docentis ... definitiomes
pertinaciter impugnando , vel iifdem refiftendo.
Nulla vel dubia refipifcentia dant indicia
Col. S.
Ecclefia judicio privatum fuum anteferunt
fenfum . Col. 6.
II. Vol.
gné
JUIN 1730. 1467
gné de vouloir s'attribuer le pouvoir de
» rendre un Jugement doctrinal fur des
matieres Theologiques , & qu'au con-
" traire , s'il furvenoit quelque doute à cer
égard , le Parlement ordonneroit que
→ l'on confultât la Faculté , dont il defiroit
que les droits fuffent confervés dans
toute leur pureté & leur integrité. A
» quoi il ajouta , que la Compagnie n'em-
» ployoit l'autorité du Roi que pour dé-
» fendre , dans les vues d'un fage Gouver-
» nement , l'ufage des Propofitions , qui
→→ par le fens qu'on pourroit leur donner ,
leroient contraires à l'adminiſtration ou
» à la police exterieure & generale de l'Eglife
, dont le foin fait une partie principale
de ce qui appartient à la Royauté.
La Faculté eft bien perfuadée que le
Parlement fuivra toujours des principes
fi dignes de fa fageffe ; mais c'eft par cette
raifon même qu'elle a été auffi furpriſe
qu'affligée de voir , qu'à l'occafion d'une
matiere toute fpirituelle , comme elle vient
´de le dire , & qui n'a rien de commun ni
avec les droits de la Couronne , ni avec les
Libertez de l'Eglife Gallicane , le Farlement
ait rendu un Arrêt par lequel fans
défigner aucunes des Propofitions qui lui
avoient déplu dans la Theſe , dont il s'agit
, Il a fait défenfes à tous Bacheliers , Licenties
, Docteurs & autres , defoutenirdes
II. Vol.
Propo1468
MERCURE DE FRANCE
Propofitions contraires à l'ancienne Doctrine
de l'Eglife , aux Saints Canons aux Decrets
des Conciles Generaux , aux Libertez
de l'Eglife Gallicane , aux Maximes &
Ordonnances du Royaume , aux clauſes &
conditions portées par l'Arrêt d'enregistrement
des Lettres Patentes de 1714. & notammentfur
lapropofition 91. & aux Déclarations
du 4 Août 1663. & Edit du mois de
Mars 1682. fur l'autorité du Pape , la fuperiorité
des Conciles Generaux , & autres
matieres contenues en ladite Thefe , qui pourroient
tendre à fchifmes & troubler la tran
quillité publique , à peine d'être procedé con
tre les contrevenans , ainfi qu'il appartiendra.
A quoi l'on ajoute des injonctions faites
au Syndic , & la précaution d'ordonner
que l'Arrêt fera fignifié , non-feulement
au Syndic ,, mais au . Doyen même de la
Faculté.
Elle voudroit pouvoir fe diffimuler à
elle-même , que par- là toutes les difpofitions
de cet Arrêt deviennent une espece
de note flétriffante qui tombe fur le Corps
entier de la Faculté , comme fi elle pouvoit
être foupçonnée de relâchement , &
même de prévarication fur des matieres fi
importantes : foupçon qui lui eft d'autant
plus fenfible , qu'il paroîtra autorifé ent
quelque maniere par une Compagnie ref
pectable , qui a toujours honoré la Fa-
II. Vol. culté
JUI N. 1730. 1469
culté d'une confiance particuliere , & qui
a rendu fi fouvent témoignage au zele de
cette Faculté pour la confervation de l'ancienne
doctrine du Royaume.
( a ) Si l'on examine même avec la plus
grande rigueur , la Thefe dont il s'agit
on n'y découvrira rien qui puiffe donner
la moindre atteinte à cette doctrine . Au
contraire on y en trouvera les principes
les plus effentiels fur tous les points , qui
ont quelque rapport avec les matieres de
la Thefe. On y reconnoîtra cette même
doctrine que la Faculté a enfeignée dans
tous les tems , & dont en 1663. elle dreffa
des Articles que Louis XIV.votre augufte
Bilayeul autorifa par une Déclaration où
( a ) Qui Apoftolis fuccefferunt , Ecclefia
Paftores , Epifcopi , fummâ perinde & infallibili
omnes docendi gentes authoritate
Chrifto data firmati Colom. 2 .
In Romano Pontifice , & Corpore Epifcopo
rum collata eft à Chrifto arx authoritatis &
cathedra veritatis . Ibid.
Sicut Concilia Oecumenica convocare , fic &
eorumdem ... neceffitatem determinare . . est
Summi Pontificis , vel Corporis Epifcoporum.
Colomne. 5.
In quibus ( Conciliis Nationalibus & Provincialibus
) Epifcopi comprovincialis vel in
fide vel notoriè in moribus delinquentis caufa
agitur& definitur , falvo jure appellationis ad
S.. Pontificem. Colomne . 6.
II. Vol. il
1470 MERCURE DE FRANCE
il honore la Faculté des plus grands éloges.
*
On voit en plufieurs endroits de cette
Thefe & fur tout dans les textes qui font
ici au bas. #
1°. Une attention continuelle à ne
point féparer le Pape du Corps des Paſteurs
dans ce qui regarde l'infaillibilité.
2º. La neceffité des Conciles generaux
en certains cas reconnue expreffement par
l'auteur.
3. La détermination de ces cas par.
l'autorité de l'Eglife attribuée au Pape ,
ou au Corps des Evêques.
4°. Les maximes de la France fur les
jugemens canoniques des Evêques accufes,
ouvertement foutenues.
Enfin perfonne n'ignore la conformité de
ces fentimens avec la doctrine du Royaume
& leur oppofition aux opinions contraires.
Par quel endroit une Thefe qui porte
ces caracteres a-t - elle pû être reprefentée
comme unobjet de fcandale & de mépris ,
La Faculté de Theologie de notre bonne
Ville de Paris , qui depuis fon établiſſement a
été le plus ferme appui de la Religion & de la
faine doctrine dans notre Royaume , & qui a
toujours fait profeffion de s'oppofer fortement à
ceux qui ont voulu en alterer la pureté , ayant
reconnu , &c. Declaration du Roi du 4. Août
1663.
II. Vol. &
JUIN. 1730. 1471
& paroître mériter la flétriffure & les précautions
humiliantes pour la Faculté , qui
font renfermées dans l'Arrêt duParlement?
Eft- ce par ce que l'Auteur a dit fur la
Propofition 91. condamnée par la Bulle
Unigenitus ? mais a- t'il eu tort de prétendre
que cette Propofition a été bien condamnée
, parce qu'elle eft univerfelle , &
parceque l'Auteur des Refléxions Morales
en a fait une mauvaise application ? Si
cela eft , ce tort lui eft commun avec les
Evêques de France , qui tous ont déclaré
que la Propofition étoit cenfurable par fa
genéralité même , qui ne met aucune difference
entre les devoirs fondés feulement
fur une Loi pofitive , & entre ceux qui
font de droit naturel & divin , foit par
l'abus que fon Auteur en a fait pour fou
tenir les erreurs qui affligent l'Eglife de
France depuis tant d'années.
Loin de penfer d'une autre maniere que
les Evêques de France fur la Propofition
91. la Faculté a toûjours été perfuadée
comme eux qu'on ne pouvoit avoir trop
d'attention pour prévenir les mauvaiſes
conféquences que des efprits mal inten
tionnés auroient peut - être voulu tirer
malicieuſement de la cenfure de cette
Propofition. Elle a applaudi au zele des
Parlemens du Royaume , & adheré de
tout fon coeur aux fages précautions qu'ils
II. Vol. ont
1472 MERCURE DE FRANCE
ont prifes dans cette occafion ; mais con
formément aux principes conftans des
Théologiens & des Canoniftes , elle a toû
jours regardé non feulement comme injuftes
, mais comme notoirement nulles
les Cenfures dont l'Autorité Ecclefiafti
que voudroit fe fervir pour donner atteinte
à l'obéiffance que les Sujets doivent
à leur Souverain. (a) C'eft ainfi qu'elle s'eft
toujours expliquée , comme il paroît par
un grand nombre de Thefes foutenues
fans interruption , & même tout recem
ment dans une du 20. Mai dernier , fignée
par le Syndic , imprimée & diftribuée
plufieurs jours avant l'Arrêt du Parlement
qui fait le fujet des plaintes de la Faculté,
quoiqu'elle n'ait été foûtenuë que depuis
cet Arrêt.
La Faculté n'ayant donc rien fait qui
puiffe préjudicier directement ni indirec
tement aux claufes ou conditions portées
par l'Arrêt d'enregistrement des Lettres
Patentes de 1714. & qui ne tende même
à les fuivre exactement , il eft bien triſte
de voir qu'on tourne en quelque maniere
ces précautions contre elle , comme fi
(a ) Excommunicationis poena homini catho
lico femper eft timenda , nifi fit notoriè nullay
qualis effet profecto ea omnis qua fubditos à debitâ
Regibus obedientiâ removeret.
Vefperie du St Terriffe , Colonne 6.
II.Vol. elle
JUIN. 1730. 1473
elle avoit befoin d'une efpece de moni
tion fur ce fujet.
Donner à l'Eglife par fa doctrine &
par fa conduite des preuves de fa parfaite
& fincere foumiffion , fignaler en même
tems fa fidelité & fon entiere obéiffance à
fon Roi , c'eft en quoi elle a toujours fait
confifter les principaux devoirs , & elle
les a toûjours regardés comme également
inviolables.
Attentive à faire obferver par tous fes
membres les loix faites pour la manu
tention des Libertés de l'Eglife de Fran
ce , elle ne permettra jamais qu'on y donne
la moindre atteinte ; mais elle s'oppofera
toûjours à ce qu'on s'en ferve , comme
on a fait dans ces tems malheureux ,
ou pour foutenir des erreurs condamnées ,
ou pour le maintenir dans une défobéiffance
ouverte aux jugemens de l'Eglife &
aux Déclarations de Votre Majesté.
que
Inftruite & accoûtumée à former fes
avis fur le langage de l'Ecriture & fur
celui de la Tradition , la Faculté enfeigne
& enfeignera toujours que les Rois font
établis de Dieu même dont ils tiennent
leur Sceptre & leur Couronne , & que la
Loi naturelle & divine oblige leurs Sujets
à l'obéiſſance & à la fidelité , fans qu'ils
en puiffent être jamais difpenfes fous
quelque prétexte que ce foit,
II. Vol. Elevée
1474 MERCURE DE FRANCE
&
Elevée dans l'Ecole de J. C. dont le
Royaume n'étoit pas de ce monde
qui s'eft foumis aux Princes de la Terre
pour nous apprendre à refpecter leur au
torité , la Faculté n'oubliera dans aucun
tems les leçons que ce divin Maître lui
a données. Elle enfeignera fans interruption
la doctrine qu'elle a reçûë de lui , &
que fes Apôtres ,fes Difciples & les premiers
Chrétiens lui ont apprife par leurs
écrits & par leurs exemples.
Ayant le bonheur d'être établie dans le
premier Royaume du monde , & fous
l'obéiffance du Fils aîné de l'Eglife , elle
réfiftera de toutes fes forces à ceux qui
oferoient tenter de donner même indirectement
à V. M. dans fon temporel aucun
autre fuperieur que Dieu feul.
( a ) Telle eft l'ancienne doctrine de la
Faculté , qui fe foûtient tous les jours
dans fes Ecoles. Il feroit facile de le juf
tifier par un nombre infini de Thefes qui
forment fur cer Article important une
( a ) C'eft la doctrine de la Facultéque le Roi
ne reconnoît & n'a d'autre fuperieur au temporel
que Dieu feul ; c'eft fon ancienne doctrine de laquelle
elle ne fe départira jamais.
C'eft la doctrine de la même Faculté que les
Sujets du Roi lui doivent tellement la fidélité &
l'obéiffance qu'ils n'en peuvent être difpenfés fous
quelque prétexte que ce foit. Articles
la Déclaration de la Faculté du 5.
2
ن م
3.
de
Mai 1663 .
It. Vol. tradition
JUIN. 1730. 1475
tradition conftante & non interrompuë ,
& qui font voir que fur ce fujet on ne
peut rien reprocher à la Faculté.
Elle fe flattoit d'avoir prévenu par ces
fentimens & par une conduite qui y répondoit
parfaitement des injonctions qui
lui ont paru d'autant plus deshonorantes
pour elle qu'elles étoient plus inutiles
, mais quelque jufte fujet qu'elle puiffe
avoir de s'en plaindre , elle refpecte trop
l'autorité dont elles partent & les principes
genéraux fur lefquels l'Arrêt du 17 ,
du mois dernier paroît fondé , pour vou
loir s'y oppofer , par rapport à l'application
qui en a été faite dans cette occa
fion , & que la Faculté ne croit
meritée.
pas avoir
Elle ne cherche donc ici qu'à fe juftifier
dans l'efprit du Public , & encore
plus dans celui de V. M. en la fuppliant,
Sire , de vouloir bien recevoir la Déclaration
qu'elle vient de faire de fes fentimens
, & de lui permettre de la faire imprimer
, après l'avoir inferée dans fes Regiftres
, afin qu'elle lui ferve de témoignage
dans le fiécle préfent , & de monument
dans la pofterité , pour faire voir
que dans tous les tems & fans aucune
interruption , elle a toujours été inviolablement
attachée aux maximes du Royaume,
aux droits de laCouronne, auxLibertés
>
II. Vol.
de l'Eglife
1476 MERCURE DE FRANCE
Eglife Gallicane , & à l'obfervation de
toutes les Ordonnances , Edits & Declations
publiées pour les maintenir. La Faculté
continuera fes voeux & prieres pour
la fanté & profperité de Votre Majeſté.
Lû en l'Affemblée generale de la Faculté
le premier Juin 1730. & en conféquence de
la déliberation faite à ce sujet , figné l'Af
Jemblée tenant ,
J. LEULLIER , Doyen.
DE ROMIGNY , Syndic.
Et plus bas , HERISSANT , Greffier.
LETTRE de M. le Comte de Maurepas
, Secretaire d'Etat , écrite par ordre
"du Roi , en réponſe aux très- humbles Supplications
de la Faculté de Théologie de
Paris. A Fontainebleau le 2. Juin 1730 .
L la
E Roi a reçû, Meffieurs , avec bonté,
les très humbles Supplications que
Faculté de Théologie lui a faites au fujet
d'un Arrêt rendu par le Parlement le 17.
Mai dernier , & Sa Majefté y a reconnu
avec plaifir cet atachement inviolable aux
droits de la Couronne , & aux Libertés
de l'Eglife Gallicane , dont votre Faculté
a donné en tant d'occafions l'exemple à
toutes les autres .Vous ne devez pas craindre
que cet Arrêt puiffe jamais porter aucun
préjudice , ni imprimer de flétriffure
II. Vol
JUIN 1730. 1477
à un Corps auffi éloigné que le vôtre , de
la mériter. Au furplus , Sa Majefté trouve
bon que la Faculté conferve 'dans fes
Regiftres les Supplications qu'elle lui a
fait préfenter , & qu'elle les faffe imprimer
, non comme une juftification dont
elle n'avoit pas befoin , mais comme une
nouvelle preuve de fon zele. pour
cienne doctrine de la France , zele qui
devient auffi une nouvelle raifon à Sa
Majefté pour l'honorer toûjours de plus
en plus de fa protection. Je fuis , Meffieurs
, très parfaitement à vous.
l'an-
Signe MAURE pas.
Et au dos eft écrit : A Meffieurs les Doyen
Syndic & Docteurs de la Faculté de Théologic
de Paris.
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Résumé : TRÉS-HUMBLES SUPPLICATIONS presentées au Roi par la Faculté de Theologie de Paris, au sujet d'un Arrêt rendu par le Parlement, le 17 Mai 1730. & la Lettre de M. le Comte de Maurepas, Secretaire d'Etat, écrite en réponse par ordre de sa Majesté.
En juin 1730, la Faculté de Théologie de Paris a adressé une supplique au roi pour contester un arrêt du Parlement du 17 mai 1730 concernant une thèse soutenue par le sieur Haffett. La Faculté exprime son amertume face à cet arrêt et conteste l'interprétation de la thèse. Elle affirme que l'auteur n'a pas soutenu que les confesseurs doivent interroger tous les pénitents sur leur soumission aux décisions de l'Église, mais seulement ceux qui les attaquent ou y résistent avec opiniâtreté. La Faculté rappelle que les matières théologiques relèvent de sa compétence et non du Parlement, citant un précédent de 1663 où le Parlement avait reconnu cette distinction. Elle déplore que l'arrêt du Parlement ait interdit la soutenance de propositions contraires à la doctrine de l'Église et aux libertés de l'Église gallicane, sans désigner les propositions spécifiques en cause. La Faculté affirme que la thèse en question est conforme à la doctrine traditionnelle et aux déclarations royales, notamment celle du 4 août 1663. Elle exprime son respect pour l'autorité royale et son opposition à toute atteinte aux libertés de l'Église de France. La Faculté conclut en réaffirmant sa fidélité au roi et son engagement à enseigner la doctrine conforme à la tradition et aux lois du royaume. En réponse, le roi, par l'intermédiaire du Comte de Maurepas, a reconnu l'attachement de la Faculté aux droits de la Couronne et aux libertés de l'Église gallicane. Il a approuvé la conservation et l'impression des supplications de la Faculté, non comme une justification nécessaire, mais comme une preuve supplémentaire de son zèle pour la doctrine française. Cette démarche est vue comme une raison pour le roi de continuer à protéger et honorer la Faculté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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816
p. 1560-1565
ÉTABLISSEMENT d'une Compagnie de cent Arqubusiers dans la Ville d'Auxerre, par Lettres Patentes du mois de Decembre 1729.
Début :
La permission que la Ville d'Auxerre vient d'obtenir du Roi pour l'établissement [...]
Mots clefs :
Arquebusiers, Auxerre, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉTABLISSEMENT d'une Compagnie de cent Arqubusiers dans la Ville d'Auxerre, par Lettres Patentes du mois de Decembre 1729.
ETABLISSEMENT d'une Com-
-pagnie de cent Arquebufiers dans la Ville
d'Auxerre , par Lettres Patentes du mois
de Decembre 1729..
L
A permiffion que la Ville d'Auxerre
vient d'obtenir du Roi- pour l'établiſſement
d'une Compagnie de cent Arquebufiers
, la fait rentrer dans l'ancien
ufage où elle étoit autrefois de s'exercer
au fait des armes , ufage qu'on fait re-..-
monter jufqu'au commencement du se
fiecle , & dont on voit encore des traces :
près les murs de la Ville dans un lieu
nommé les Butes, anciennement deſtiné à
l'exercice de l'Arbalête. C'étoit là que les
habitans d'Auxerre faifoient montre de
leur adreffe , & où celui qui avoit furpaffé
tous les autres en cet exercice étoit
honoré du nom de Roi de l'Arbalête
& de chef de la Compagnie.
A
LeJeu de l'Arbalête étant enfuite déchû
de fon premier luftre , & la poudre ayant
été inventée , on lui fubftitua le noble:
Jeu de l'Arquebufe. Nos Rois voulurent :
bien l'honorer de leur agrément & accor--
derrà la Compagnie naiffante des privile--
ges confiderables . Mais l'inobfervance de
JUILLET. 1730. 156r
la Difcipline autant que le mélange des
conditions , lequel fit difparoître l'égalité
qui devoit regner dans ce Corps hâta fa
ruine , & enfin tous les exercices cefferent
dès l'année 1626 .
Après un fiecle entier d'interruption ,
on fe reveilla , & on parla de rétablir ce
qui avoit fait honneur aux Auxerrois ;
on dreffa des projets , & une heureuſe .
conjoncture permit d'en eſperer l'execu--
tion.
Aux Etats Generaux de la Province de
Bourgogne , tenus en 1727. M. Baudeſſon ,
Maire de la Ville d'Auxerre , fut nommé
Elû du Tiers- Etat , la Jeuneffe de cette
Ville ranima alors fes efperances ; M. l'Elû
fe chargea de conduire à ſa perfection
l'établiſſement projetté , & il ne negligea
rien pour cela, pendant les trois années
de fon élection..
S. A. S. M. le Duc de Bourbon , Gou- .
verneur de cette Province , ayant donné
fon agrément au projet , eut la bonté de
porter aux pieds du Trône du Roi la très
humble Requête de la Ville d'Auxerre ,.
& Sa Majefté a bien voulu au mois de
Decembre 1729. accorder des Lettres Patentes
par lesquelles elle permet à la Ville
d'Auxerre ( à laquelle le Roi rend le glorieux
témoignage de s'être toujours maintenuë
ſous ſon obéïſſance ) d'établir une =
Compa--
1562 MERCURE DE FRANCE
Compagnie de cent Arquebufiers , dans laquelle
feront reçus les Officiers de guerre &
de Justice , les Bourgeois , les Marchands
& non autres . Cette derniere claufe contribuëra
fans doute à conferver l'honneur
de la Compagnie, en éloignant les conditions
méchaniques dont l'efprit & les
manieres font peu propres à maintenir
l'égalité neceffaire."
Sa Majefté par les mêmes Lettrés daigne
accorder à celui qui le premier & le
plus habilement d'un coup d'Arquebuſe
abat a l'oifeau , l'exemption pendant un
an de toutes tailles , logement de Gens
de Guerre , fubfiftances & autres charges
quelconques , d'Aides & Gabelles qui fe
perçoivent fur les vins qui fe levert en
cette Ville. Les Lettres portent auſſi ce
qui fuit en ontre celui qui abatra ledit
eifeau , on mettra le plus proche dans le noir
de la cible pendant trois années confecutives
jouira des mêmes exemptions pendant fa vie,
fa Veuve durant fa viduité. Les Lettres
Patentes ont été enregistrées par tout où
befoin étoit , & dès cette année on a commencé
à en recueillir les fruits.
Il ne manquoit plus à cette Compagnie
qu'un Chef, qui fous les ordres de S. A.S.
pût par fa naiffance , fon exemple & .fon
experience entretenir & accroître dans
cetteCompagnie les fentimens d'honneurt
&
7
JUILLET. 1730. 1963
& de vertu , aufquels fuivant fon inftitution
elle doit fe porter. Elle a trouvé ce
digne Chef en la perfonne de M. le Comte
de Latournelle , Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , & ancien Capitaine
dans le Regiment Royal Etranger .
Les Arquebufiers honorés de fon accep
tation ſe diſpenſerent du foin de choir
un Lieutenant ; M. le Capitaine leur indiqua
avec politeffe celui qui devoit remplir
cette place en nommant le fils de
M. Baudeffon actuellement Maire , &
petit-fils de M. Baudeffon , l'Elû , auquel
ils font redevables de leur établiſſement.
و
Les choſes ainfi difpofées , & le jour
de S. Jean Baptifte fixé par les Lettres
Patentes pour l'expofition du prix étant
arrivé la Compagnie fit chanter dans
l'Eglife des Cordeliers une Meffe folemnelle
à laquelle M M. les Arquebufiers
affifterent tous en habit d'écarlate , avec
la coquarde blanche. Après là Meffe , ils
fe rendirent à l'Hôtel de M. le Comte de
Latournelle , leur Capitaine , au fon des
Tambours , des Violons & des Hautbois
pour l'inviter à honorer de la préfence le
nouveau fpectacle.
A deux heures après midi , les Arque-
Bufiers s'étant encore rendus à l'Hôtel de
leur Capitaine , partirent au fon des mêmes
Inftrumens pour aller au lieu où l'on
devoir
1564 MERCURE DE FRANCE
devoit tirer l'oifeau. M. le Comte de
Guerchy , fils de M. le Marquis de Guerchy
, Lieutenant General des Armées du
Roi , marchoit avec M. le Comte de Latournelle
à la tête de la Compagnie. Le
premier coup , appellé le coup du Roi ,
fut déferé à ce jeune Seigneur qui le tira
avec toute la grace & l'adreffe poffible ;
après lui M. le Comte de Latournelle qui
étoit en droit de tirer défera cet honneur
à M. le Maire dont la modeftie fouffrit
beaucoup ; mais il falut ceder, M. le Comte
tira fon coup enfuite . Aprês ce prélude
de politeffe , les Arquebufiers ayant pris
chacun le rang que le fort leur avoit don--
né tirerent à l'oifeau . Après trente trois
coups hazardés , un jeune Arquebufier
tira fi heureuſement que fon® coup jetta
par terre l'oifeau qui étoit élèvé à centcinquante
pas de lui.
Auffi -tôt que l'oifeau fut abatu , les
acclamations & les cris de joye redoublés
& mêlés aux fuffrages de tous les fpectareurs
, celebrerent cette victoire ; M. les
Comte de Latournelle qui pour la premiere
fois paroiffoit à la tête de la Compagnie
, careffa fort le victorieux , & le
proclama Roi de l'Arquebuſe , lui rendant:
enfuite les honneurs accoutumés.
Le nouveau Roi de l'Arquebuſe far reconduit
au fon des Inftrumens on fa maifon
JUILLET . 1730. 1565
fon , où il donna un régal qui étoit neceffaire
après un tel exercice , & auquel
rien ne manquoit. Le lendernain , la Compagnie
des Arquebufiers donna dans une
Maifon de Campagne près de la Ville
un fomptueux repas qui fut fuivi d'un
Bal. Rien ne fut épargné pour le plaifir
dans cette journée , & tous ceux qui s'y
trouverent charmés des manieres galantes
& polies des nouveaux Arquebufiers ,
s'en retournerent chantant les louanges
& la noble magnificence de cette lefte
Compagnie.
-pagnie de cent Arquebufiers dans la Ville
d'Auxerre , par Lettres Patentes du mois
de Decembre 1729..
L
A permiffion que la Ville d'Auxerre
vient d'obtenir du Roi- pour l'établiſſement
d'une Compagnie de cent Arquebufiers
, la fait rentrer dans l'ancien
ufage où elle étoit autrefois de s'exercer
au fait des armes , ufage qu'on fait re-..-
monter jufqu'au commencement du se
fiecle , & dont on voit encore des traces :
près les murs de la Ville dans un lieu
nommé les Butes, anciennement deſtiné à
l'exercice de l'Arbalête. C'étoit là que les
habitans d'Auxerre faifoient montre de
leur adreffe , & où celui qui avoit furpaffé
tous les autres en cet exercice étoit
honoré du nom de Roi de l'Arbalête
& de chef de la Compagnie.
A
LeJeu de l'Arbalête étant enfuite déchû
de fon premier luftre , & la poudre ayant
été inventée , on lui fubftitua le noble:
Jeu de l'Arquebufe. Nos Rois voulurent :
bien l'honorer de leur agrément & accor--
derrà la Compagnie naiffante des privile--
ges confiderables . Mais l'inobfervance de
JUILLET. 1730. 156r
la Difcipline autant que le mélange des
conditions , lequel fit difparoître l'égalité
qui devoit regner dans ce Corps hâta fa
ruine , & enfin tous les exercices cefferent
dès l'année 1626 .
Après un fiecle entier d'interruption ,
on fe reveilla , & on parla de rétablir ce
qui avoit fait honneur aux Auxerrois ;
on dreffa des projets , & une heureuſe .
conjoncture permit d'en eſperer l'execu--
tion.
Aux Etats Generaux de la Province de
Bourgogne , tenus en 1727. M. Baudeſſon ,
Maire de la Ville d'Auxerre , fut nommé
Elû du Tiers- Etat , la Jeuneffe de cette
Ville ranima alors fes efperances ; M. l'Elû
fe chargea de conduire à ſa perfection
l'établiſſement projetté , & il ne negligea
rien pour cela, pendant les trois années
de fon élection..
S. A. S. M. le Duc de Bourbon , Gou- .
verneur de cette Province , ayant donné
fon agrément au projet , eut la bonté de
porter aux pieds du Trône du Roi la très
humble Requête de la Ville d'Auxerre ,.
& Sa Majefté a bien voulu au mois de
Decembre 1729. accorder des Lettres Patentes
par lesquelles elle permet à la Ville
d'Auxerre ( à laquelle le Roi rend le glorieux
témoignage de s'être toujours maintenuë
ſous ſon obéïſſance ) d'établir une =
Compa--
1562 MERCURE DE FRANCE
Compagnie de cent Arquebufiers , dans laquelle
feront reçus les Officiers de guerre &
de Justice , les Bourgeois , les Marchands
& non autres . Cette derniere claufe contribuëra
fans doute à conferver l'honneur
de la Compagnie, en éloignant les conditions
méchaniques dont l'efprit & les
manieres font peu propres à maintenir
l'égalité neceffaire."
Sa Majefté par les mêmes Lettrés daigne
accorder à celui qui le premier & le
plus habilement d'un coup d'Arquebuſe
abat a l'oifeau , l'exemption pendant un
an de toutes tailles , logement de Gens
de Guerre , fubfiftances & autres charges
quelconques , d'Aides & Gabelles qui fe
perçoivent fur les vins qui fe levert en
cette Ville. Les Lettres portent auſſi ce
qui fuit en ontre celui qui abatra ledit
eifeau , on mettra le plus proche dans le noir
de la cible pendant trois années confecutives
jouira des mêmes exemptions pendant fa vie,
fa Veuve durant fa viduité. Les Lettres
Patentes ont été enregistrées par tout où
befoin étoit , & dès cette année on a commencé
à en recueillir les fruits.
Il ne manquoit plus à cette Compagnie
qu'un Chef, qui fous les ordres de S. A.S.
pût par fa naiffance , fon exemple & .fon
experience entretenir & accroître dans
cetteCompagnie les fentimens d'honneurt
&
7
JUILLET. 1730. 1963
& de vertu , aufquels fuivant fon inftitution
elle doit fe porter. Elle a trouvé ce
digne Chef en la perfonne de M. le Comte
de Latournelle , Chevalier de l'Ordre Militaire
de S. Louis , & ancien Capitaine
dans le Regiment Royal Etranger .
Les Arquebufiers honorés de fon accep
tation ſe diſpenſerent du foin de choir
un Lieutenant ; M. le Capitaine leur indiqua
avec politeffe celui qui devoit remplir
cette place en nommant le fils de
M. Baudeffon actuellement Maire , &
petit-fils de M. Baudeffon , l'Elû , auquel
ils font redevables de leur établiſſement.
و
Les choſes ainfi difpofées , & le jour
de S. Jean Baptifte fixé par les Lettres
Patentes pour l'expofition du prix étant
arrivé la Compagnie fit chanter dans
l'Eglife des Cordeliers une Meffe folemnelle
à laquelle M M. les Arquebufiers
affifterent tous en habit d'écarlate , avec
la coquarde blanche. Après là Meffe , ils
fe rendirent à l'Hôtel de M. le Comte de
Latournelle , leur Capitaine , au fon des
Tambours , des Violons & des Hautbois
pour l'inviter à honorer de la préfence le
nouveau fpectacle.
A deux heures après midi , les Arque-
Bufiers s'étant encore rendus à l'Hôtel de
leur Capitaine , partirent au fon des mêmes
Inftrumens pour aller au lieu où l'on
devoir
1564 MERCURE DE FRANCE
devoit tirer l'oifeau. M. le Comte de
Guerchy , fils de M. le Marquis de Guerchy
, Lieutenant General des Armées du
Roi , marchoit avec M. le Comte de Latournelle
à la tête de la Compagnie. Le
premier coup , appellé le coup du Roi ,
fut déferé à ce jeune Seigneur qui le tira
avec toute la grace & l'adreffe poffible ;
après lui M. le Comte de Latournelle qui
étoit en droit de tirer défera cet honneur
à M. le Maire dont la modeftie fouffrit
beaucoup ; mais il falut ceder, M. le Comte
tira fon coup enfuite . Aprês ce prélude
de politeffe , les Arquebufiers ayant pris
chacun le rang que le fort leur avoit don--
né tirerent à l'oifeau . Après trente trois
coups hazardés , un jeune Arquebufier
tira fi heureuſement que fon® coup jetta
par terre l'oifeau qui étoit élèvé à centcinquante
pas de lui.
Auffi -tôt que l'oifeau fut abatu , les
acclamations & les cris de joye redoublés
& mêlés aux fuffrages de tous les fpectareurs
, celebrerent cette victoire ; M. les
Comte de Latournelle qui pour la premiere
fois paroiffoit à la tête de la Compagnie
, careffa fort le victorieux , & le
proclama Roi de l'Arquebuſe , lui rendant:
enfuite les honneurs accoutumés.
Le nouveau Roi de l'Arquebuſe far reconduit
au fon des Inftrumens on fa maifon
JUILLET . 1730. 1565
fon , où il donna un régal qui étoit neceffaire
après un tel exercice , & auquel
rien ne manquoit. Le lendernain , la Compagnie
des Arquebufiers donna dans une
Maifon de Campagne près de la Ville
un fomptueux repas qui fut fuivi d'un
Bal. Rien ne fut épargné pour le plaifir
dans cette journée , & tous ceux qui s'y
trouverent charmés des manieres galantes
& polies des nouveaux Arquebufiers ,
s'en retournerent chantant les louanges
& la noble magnificence de cette lefte
Compagnie.
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Résumé : ÉTABLISSEMENT d'une Compagnie de cent Arqubusiers dans la Ville d'Auxerre, par Lettres Patentes du mois de Decembre 1729.
En décembre 1729, le roi accorde à la ville d'Auxerre des lettres patentes pour créer une compagnie de cent arquebusiers. Cette décision vise à restaurer une ancienne tradition d'exercice des armes, remontant au début du siècle, où les habitants s'entraînaient près des murs de la ville, notamment aux Buttes. À l'origine, les habitants s'exerçaient à l'arbalète, et le meilleur tireur était honoré du titre de 'Roi de l'Arbalète'. Avec l'invention de la poudre, l'arbalète fut remplacée par l'arquebuse, mais les exercices cessèrent en 1626 en raison de l'inobservance de la discipline et du mélange des conditions sociales. En 1727, lors des États Généraux de la province de Bourgogne, M. Baudesson, maire d'Auxerre, fut nommé élu du Tiers-État et se chargea de rétablir la compagnie. Avec l'accord du Duc de Bourbon, gouverneur de la province, et du roi, les lettres patentes autorisent la création de cette compagnie, composée d'officiers de guerre et de justice, de bourgeois et de marchands. Le roi accorde également des exemptions fiscales et autres charges à celui qui abattra un oiseau d'un coup d'arquebuse. La compagnie choisit M. le Comte de Latournelle comme chef, et le fils de M. Baudesson comme lieutenant. Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, la compagnie célèbre une messe solennelle et participe à une compétition de tir à l'arquebuse. Un jeune arquebusier abat l'oiseau à cent cinquante pas, et est proclamé 'Roi de l'Arquebuse'. Des festivités suivent cette victoire, incluant un repas somptueux et un bal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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817
p. 1638-1640
POLOGNE.
Début :
On apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop legerement flatté d'étre delivré de la maladie [...]
Mots clefs :
Palais, Canon, Tsarine, Fête, Varsovie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
N apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop
legerement flatte d'étre delivre de la mala
die contagieufe dont Ta Podolie étoit menacée ; *
toutes les précautions du Regimentaire de la
Couronne n'en ont empeché la communication
que pendant un tems ; cette maladie´ s'eft infi-“
nuée dans la Province , & y fait à prefent de
grands ravages ; quelques - unes des Compagnies
qui étoient employées à la garde des paffages en
font elles -mêmes infectées. La Famine qui s'eft
jointe à ce fleau a déja fait perir beaucoup de
Payfans aufquels il a été prefque impoffible de
donner des fecours , parceque la recolte des Provinces
voifines n'a pas été bonne l'année derniere.
La Fête que M. de Beſtuchef , Chambelan de
la Czarne & fon Envoyé Extraordinaire en Pólogne,
donna le 29. du mois dernier à Varfovie ,
au fujet du Couronnement de cette Princeffe , fut
très-magnifique , elle fut annoncée le 28. au foir
par une décharge de 15. piéces de Canon. Le
lendemain 29. on celebra le Service divin dans la
Chapelle du Palais , & on y chanta le Te Deum
au fon des Trompettes & Timballes, & au bruit
du Canon. La Palatine de Plotsko , que l'Envoyé
avoit priée de faire les honneurs de la Fête, reçût
tous les Conviés , qui furent le Primat du Royaume
, les Evêques de Pofnanie & de Caminice , les
GrandJUILLET
. 1730. 1639
fur Co-
Grand-Chancelier de la Couronne , tous les Mis ™
niftres Etrangers & quantité de Seigneurs & de Dames. On fervit trois Tables dans une Sale
magnifique , dont deux de 30. Couverts chacune,
& une de vingt , avec beaucoup de fomptuofité..
Il y eut un beau Concert , & toutes les fantés
furent buës au fon des Trompettes & Timbales,
& au bruit du Canon. Vers les fix heures du foir,
toute la Compagnie fe rendit hors du Palais fur.
deux Baluftrades ornées de verdure , pour voir la
Fête qui fe donnoit au peuple. On avoit dreffé
quatre
pour cet effet à 20. pas du Palais , Ionnes très-élevées , un Théatre fur lequel étoit
une Piramide de plufieurs tonneaux de vin ; des
Piramibafes
de ces Colonnes s'élevoient quatre
des chargées de pain , & quatre autres de ton- neaux de biere & d'hidromel. On avoit mis fur
un Parquet , pofé fur quatre roues , & tiré par
deux Chevaux , un Boeufentier rôti , orné de fleurs
& de verdure , avec les cornes & les extremités
dorées. Devant cette Table roulante marchoient
quatre Trompettes & un homme d'une groffeur:
prodigieufe , reprefentant Bacchus , ayant à fes
côtés deux Arlequins qui monterent avec lui fur
le Theatre. Après qu'on eut donné le fignal , le
Bacchus qui s'étoit placé fur le haut de la Pira
mide , tira les broches des tonneaux ,
loient plufiears: fontaines de vin , & le peuple alteré
& en grand apetit ſe jetta fur la machine qui
fuit bientôt dépouillée de tous les ornemens . Après
ce fpectacle , on commença l'illumination
, M. de Beftuchef avec la Palatine de Plotsko fitt
Pouverture du Bal qui ne fut interrompu que ,
pour fe mettre à table . Après le repas , on con-, tinua le Bal qui dura jufqu'à 4. heures du matin.
dont cou
&
L'illumination
étoit des plus belles ; M. l'Envoyé
avoit fait élever une Façade devant fon Palais
.
1640 MERCURE DE FRANCE
lais . On y voyoit entr'autres la Czarine Regnante
affife fous un Temple fur fonTrône; quatre Statues,
fçavoir , la Religion , la Justice , la Clemence &
la Conftance entourant le Trône ; Minerve couvrant
de fon Egide celle qui en occupoit la place;
la Gloire ayant pour centre le Triangle qui marque
la divine Préfence ; l'Aigle noire à double
tête voltigeant devant cet Edifice ; la Ruffie implorant
l'Etre fuprême de conferver la Regente ,
des Parques préparant un fil d'une longueur extraordinaire
, les Statues des anciens Czars &
Grands Ducs de Ruffie , comme aufli celles de
Juan III.Pere de la Czarine , de Pierre le Grand ,
de la Czarine Catherine & de Pierre II. & c. La
Fête fut terminée par une décharge de Canon
cut un applaudiffement general .
N apprend de Dantzick qu'on s'étoit trop
legerement flatte d'étre delivre de la mala
die contagieufe dont Ta Podolie étoit menacée ; *
toutes les précautions du Regimentaire de la
Couronne n'en ont empeché la communication
que pendant un tems ; cette maladie´ s'eft infi-“
nuée dans la Province , & y fait à prefent de
grands ravages ; quelques - unes des Compagnies
qui étoient employées à la garde des paffages en
font elles -mêmes infectées. La Famine qui s'eft
jointe à ce fleau a déja fait perir beaucoup de
Payfans aufquels il a été prefque impoffible de
donner des fecours , parceque la recolte des Provinces
voifines n'a pas été bonne l'année derniere.
La Fête que M. de Beſtuchef , Chambelan de
la Czarne & fon Envoyé Extraordinaire en Pólogne,
donna le 29. du mois dernier à Varfovie ,
au fujet du Couronnement de cette Princeffe , fut
très-magnifique , elle fut annoncée le 28. au foir
par une décharge de 15. piéces de Canon. Le
lendemain 29. on celebra le Service divin dans la
Chapelle du Palais , & on y chanta le Te Deum
au fon des Trompettes & Timballes, & au bruit
du Canon. La Palatine de Plotsko , que l'Envoyé
avoit priée de faire les honneurs de la Fête, reçût
tous les Conviés , qui furent le Primat du Royaume
, les Evêques de Pofnanie & de Caminice , les
GrandJUILLET
. 1730. 1639
fur Co-
Grand-Chancelier de la Couronne , tous les Mis ™
niftres Etrangers & quantité de Seigneurs & de Dames. On fervit trois Tables dans une Sale
magnifique , dont deux de 30. Couverts chacune,
& une de vingt , avec beaucoup de fomptuofité..
Il y eut un beau Concert , & toutes les fantés
furent buës au fon des Trompettes & Timbales,
& au bruit du Canon. Vers les fix heures du foir,
toute la Compagnie fe rendit hors du Palais fur.
deux Baluftrades ornées de verdure , pour voir la
Fête qui fe donnoit au peuple. On avoit dreffé
quatre
pour cet effet à 20. pas du Palais , Ionnes très-élevées , un Théatre fur lequel étoit
une Piramide de plufieurs tonneaux de vin ; des
Piramibafes
de ces Colonnes s'élevoient quatre
des chargées de pain , & quatre autres de ton- neaux de biere & d'hidromel. On avoit mis fur
un Parquet , pofé fur quatre roues , & tiré par
deux Chevaux , un Boeufentier rôti , orné de fleurs
& de verdure , avec les cornes & les extremités
dorées. Devant cette Table roulante marchoient
quatre Trompettes & un homme d'une groffeur:
prodigieufe , reprefentant Bacchus , ayant à fes
côtés deux Arlequins qui monterent avec lui fur
le Theatre. Après qu'on eut donné le fignal , le
Bacchus qui s'étoit placé fur le haut de la Pira
mide , tira les broches des tonneaux ,
loient plufiears: fontaines de vin , & le peuple alteré
& en grand apetit ſe jetta fur la machine qui
fuit bientôt dépouillée de tous les ornemens . Après
ce fpectacle , on commença l'illumination
, M. de Beftuchef avec la Palatine de Plotsko fitt
Pouverture du Bal qui ne fut interrompu que ,
pour fe mettre à table . Après le repas , on con-, tinua le Bal qui dura jufqu'à 4. heures du matin.
dont cou
&
L'illumination
étoit des plus belles ; M. l'Envoyé
avoit fait élever une Façade devant fon Palais
.
1640 MERCURE DE FRANCE
lais . On y voyoit entr'autres la Czarine Regnante
affife fous un Temple fur fonTrône; quatre Statues,
fçavoir , la Religion , la Justice , la Clemence &
la Conftance entourant le Trône ; Minerve couvrant
de fon Egide celle qui en occupoit la place;
la Gloire ayant pour centre le Triangle qui marque
la divine Préfence ; l'Aigle noire à double
tête voltigeant devant cet Edifice ; la Ruffie implorant
l'Etre fuprême de conferver la Regente ,
des Parques préparant un fil d'une longueur extraordinaire
, les Statues des anciens Czars &
Grands Ducs de Ruffie , comme aufli celles de
Juan III.Pere de la Czarine , de Pierre le Grand ,
de la Czarine Catherine & de Pierre II. & c. La
Fête fut terminée par une décharge de Canon
cut un applaudiffement general .
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, une épidémie de maladie contagieuse s'est propagée en Podolie, causant de nombreux ravages. La famine, aggravée par une mauvaise récolte dans les provinces voisines, a compliqué l'aide aux paysans. Malgré ces difficultés, M. de Bestuchef, chambellan et envoyé extraordinaire de la czarine, a organisé une fête somptueuse à Varsovie pour célébrer le couronnement de cette dernière. La fête a commencé par une salve de canons, suivie d'un service divin avec un Te Deum, d'un banquet et d'un concert. Les invités, incluant des dignitaires religieux et politiques ainsi que des ministres étrangers, ont été reçus par la palatine de Plotsko. Le peuple a été diverti par des spectacles et des illuminations, avec des distributions de vin, de pain, de bière, d'hydromel et un bœuf rôti. La fête s'est conclue par un bal et une nouvelle salve de canons, recevant des applaudissements généraux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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818
p. 1640-1641
ALLEMAGNE.
Début :
Le dernier Courier arrivé de Vienne, dans le Duché de Meckelbourg, a rapporté à la Commission [...]
Mots clefs :
Allemagne, Troupes, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E dernier Courier arrivé de Vienne , dans le
Bachéde Meckelbourg,a rapporté à la Commiffion
de Roftock deux Refcripts de l'Empereur,
adreffez au Roy d'Angleterre , comme Electeur
d'Hanover , & au Duc de Wolfembutel , portant
en fubftance , qu'au cas que le Duc Charles Léopold
de Meckelbourg commit quelque hoftilité
contre les Troupes d'éxécution, S. M. Imp . fouhaito
JUILLET. 1730. 1641
-
haitoit que non feulement on augmentat ces
Troupes , mais qu'on prit auffi des mefures pour
bloquer ce Prince dans fon Château de Schwe
rin , & pour former le Siege de la Fortereffe de
Domitz. Les Troupes d'éxécution fe font empa→
rées depuis du Pofte de Bandfchaw , fur la Riviere
de Stohr , & des autres paffages où le Duc de
Meckelbourg avoit mis des Troupes pour entre
tenir la communication entre Schwerin & Domitz
; de forte qu'on ne croit pas qu'il foit en
état de faire un long féjour dans fon Duché , à
moins que quelque Puiffance voifine ne lui fourniffe
des fecours pour s'y maintenir.
1
Le 7 de ce mois , l'Empereur donna avec les
cérémonies accoutumées , l'Inveftiture des Etats
du Duc de Lorraine , qui relevent de l'Empire , au
Baron de Chaquemain , chargé des pleins pou- >
voirs de ce Prince pour la recevoir.
E dernier Courier arrivé de Vienne , dans le
Bachéde Meckelbourg,a rapporté à la Commiffion
de Roftock deux Refcripts de l'Empereur,
adreffez au Roy d'Angleterre , comme Electeur
d'Hanover , & au Duc de Wolfembutel , portant
en fubftance , qu'au cas que le Duc Charles Léopold
de Meckelbourg commit quelque hoftilité
contre les Troupes d'éxécution, S. M. Imp . fouhaito
JUILLET. 1730. 1641
-
haitoit que non feulement on augmentat ces
Troupes , mais qu'on prit auffi des mefures pour
bloquer ce Prince dans fon Château de Schwe
rin , & pour former le Siege de la Fortereffe de
Domitz. Les Troupes d'éxécution fe font empa→
rées depuis du Pofte de Bandfchaw , fur la Riviere
de Stohr , & des autres paffages où le Duc de
Meckelbourg avoit mis des Troupes pour entre
tenir la communication entre Schwerin & Domitz
; de forte qu'on ne croit pas qu'il foit en
état de faire un long féjour dans fon Duché , à
moins que quelque Puiffance voifine ne lui fourniffe
des fecours pour s'y maintenir.
1
Le 7 de ce mois , l'Empereur donna avec les
cérémonies accoutumées , l'Inveftiture des Etats
du Duc de Lorraine , qui relevent de l'Empire , au
Baron de Chaquemain , chargé des pleins pou- >
voirs de ce Prince pour la recevoir.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1730, un courrier de Vienne informe la Commission de Rostock de deux rescrits de l'Empereur. Ces rescrits sont adressés au Roi d'Angleterre, en tant qu'Électeur de Hanovre, et au Duc de Wolfenbüttel. Ils prévoient des mesures contre le Duc Charles Léopold de Mecklembourg en cas d'hostilités contre les troupes d'exécution. L'Empereur souhaite renforcer ces troupes, bloquer le Duc dans son château de Schwerin et former le siège de la forteresse de Domitz. Les troupes d'exécution ont déjà pris position sur la rivière de Stohr et d'autres passages pour empêcher la communication entre Schwerin et Domitz. Le Duc risque de perdre le contrôle de son duché sans l'aide d'une puissance voisine. Par ailleurs, le 7 juillet, l'Empereur a remis l'investiture des États du Duc de Lorraine au Baron de Chaquemain, représentant le Duc de Lorraine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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819
p. 1653-1659
INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Début :
Les Chevaliers qui étoient presens à cette Installation étoient LE ROY, Souverain de [...]
Mots clefs :
Duc de Cumberland, Comte de Chesterfield, Chevaliers, Roi d'Angleterre, Chancelier, Comte, Roi, Chanoines, Cérémonie, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
INSTALLATION du Duc de
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
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Résumé : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Le 29 juin, le Duc de Cumberland et les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été installés comme Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière à Windsor. La cérémonie, présidée par le Roi, Souverain de l'Ordre, a réuni plusieurs dignitaires, dont le Prince de Galles et divers Ducs et Comtes. La procession a débuté dans la Chapelle de Saint-Georges, où les participants ont pris leurs places respectives. Le Duc de Cumberland a été introduit par le Garter, ou premier Héraut d'Armes, et revêtu de la robe de l'Ordre par les Ducs de Somerset et d'Argyle. Les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été introduits de manière similaire par les Ducs de Richmond et Robert Walpole. Après les cérémonies d'investiture, les nouveaux Chevaliers ont prêté serment et ont été conduits à leurs places. La cérémonie s'est poursuivie par un service divin, des offrandes à l'autel, et un dîner où le Roi a porté un toast aux nouveaux Chevaliers. Les titres des nouveaux Chevaliers ont été proclamés par le Garter, et la cérémonie s'est conclue par des salutations et des prières.
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820
p. 1659-1660
PAYS-BAS.
Début :
M. Wanderborgt, Directeur General des Monnoyes, a obtenu de la Regence des [...]
Mots clefs :
Pays-Bas, Empereur, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS-BAS .
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
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Résumé : PAYS-BAS.
En 1660, plusieurs événements politiques et religieux marquent les Pays-Bas. Wanderborgt, Directeur Général des Monnoyes, obtient l'autorisation de la Régence des Pays-Bas pour frapper de nouveaux ducats d'or au coin de l'Empereur, une pratique interrompue depuis le gouvernement de l'Infante Isabelle. L'Évêque et Prince de Liège publie une ordonnance le 30 juin, interdisant à ses sujets de payer des arriérés ou des loyers aux sujets de l'Empereur dans les Pays-Bas, en réponse aux saisies ordonnées par l'Archiduchesse Gouvernante. Le Baron de Saxenhaven, Conseiller Privé et Grand-Chambellan de l'Électeur de Mayence, arrive à Duffeldorp pour recevoir l'hommage des Duchés de Bergue et de Julliers au nom de l'Électeur de Mayence, héritier présomptif après la mort de l'Électeur Palatin. Le 16 juillet, la fête annuelle du Saint Sacrement des Miracles est célébrée à Bruxelles avec solennité, une tradition instaurée 200 ans auparavant par Marie Reine de Hongrie, sœur de l'Empereur Charles V et Gouvernante des Pays-Bas.
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821
p. 1664-1669
Voyage [titre d'après la table]
Début :
Le 25. Juin, Madame la Princesse de Conty & M. le Prince son Fils, Gouverneur [...]
Mots clefs :
Prince de Conti, Princesse de Conti, Voyage, Honneur, Souper
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Voyage [titre d'après la table]
Le 25. Juin , Madame la Princeffe de
Conty & M. le Prince fon Fils , Gouver
neur du haut & bas Poitou , firent leur
premiere Entrée dans la Ville de Poitiers ,
Capitale du Gouvernement , au retour
de leur voyage d'Orange.
M.
JUILLET. 1730. 1665
M. de Bauffan , Intendant de la Generalité
, ayant appris que leurs A. S. prenoient
le chemin de Bourdeaux pour venir
à Poitiers , prit de juftes mefures
avec le Clergé & le Corps de Ville , pour
recevoir L. A. Ş.
Le 22. le Marquis de la Carte , Lieutenant
de Roi de la Province , arriva à
S. Cibardeau , où il eut l'honneur de dîner
& de fouper avec leurs A. S. Il partit
le lendemain en pofte pour difpofer
toutes chofes à l'entrée du Gouvernement,
Huit Brigades de la Maréchauffée du Poitou
, commandées par M. de Monterban,
Lieutenant du Prévôt , fe trouverent à
une lieuë de Vilfaignam , accompagnées
de la Bourgeoifie à cheval , pour efcorter
leurs A. S. Le lendemain un Détachement
des Gardes à Cheval du Prince entoura
fon Caroffe & celui de la Princeffe , &
les conduifirent à coucher dans le Château
du Marquis de Verac , Lieutenant
General des Armées du Roy. A leur
arrivée on tira le Cañon du Château ,
M. l'Intendant , en l'abfence de M. de
Verac , s'y trouva avec M. le Coadjuteur
de Poitiers pour les recevoir ; M. de Bauffan
leur fit fervir à 7. heures du foir un
magnifique fouper.
Le 25. leurs A. S. entendirent dans la
Chapelle du Château , la Meffe de M. de
Vigo
1666 MERCURE DE FRANCE
Vigo , Premier Aumônier de Madame la
Princeffe de Conty , après laquelle on
partit pour aller déjeûner à Vivone . Huit
autres Brigades de la Maréchauffée , le
Prévôt General à leur tête , étoient à l'entrée
de Vivone & fe joignirent à l'escorte.
A demie lieuë de là , le Corps de la Compagnie
des Gardes à Cheval , au nombre
de cinquante , fe joignit au Détacheme nt
à une lieuë de Poitiers , une Compagnie
de Cavalerie Bourgeoife de la Ville les
attendoit en bon ordre , & elle marcha à
la tête. Peu de tems après , M. l'Intendant
qui avoit pris la Pofte au fortir de coucher
pour venir donner fes ordres à Poitiers
vint au devant de la Princeffe & du Prince
dans un Caroffe à fix Chevaux pour l'offrir
à Leurs A. S. qui prefererent de ref
ter dans un Caroffe découvert , afin de fe
montrer au Peuple qui bordoit les chemins.
A l'entrée de la Ville on tira le Canon
& L. A. S. reçurent le compliment du
Maire , accompagné des Echevins , qui
leur préfenta les Clefs de la Ville. La Milice
Bourgeoife bordoit les rues par où
elle devoit paffer jufqu'à l'entrée de la
Place Royale. Un Bataillon du Regiment
de Condé s'étoit emparé de la Place , &
bordoit la haye jufqu'à l'entrée de l'Intendance
que M. de Bauffan avoit prepare
pour
JUILLET . 1730. 1667
pour loger L. A. S. Mme l'Intendante &
plufieurs Dames de qualité reçurent au
bas du dégré L. A. S. & les conduisirent
dans les Appartemens qui leur étoient
deftinés. Comme il étoit quatre heures
après midi , L. A, S. ne voulurent point
diner 5 mais M. l'Intendant leur fit fervir
à 7 heures du foir un grand fouper dans
une Sale où il y avoit deux Tables. La
Princeffe admit à la fienne Mme de Bauffan
& quelques autres Dames ; le Prince étoit
à l'autre table , M. de Bauffan eut l'hon
neur de fouper avec lui , M. le Coadjuteur
, les Ecuyers du Prince & plufieurs
Gentils hommes , & les premiers Officiers
du Regiment & de la Garniſon. Dans une
autre Sale il y avoit auffi deux Tables pour
ceux qui avoient eu l'honneur d'accompagner
L. A, S. A ces quatre Tables il y
avoit 74. Couverts.
Après le fouper , L. A. S. virent tirer
un Feu d'artifice que M. l'Intendant avoit
fait préparer dans fon Jardin . Le Partere
étoit orné de beaucoup de Lampions , &
les Arbres étoient par tout illuminés , ce
qui faifoit avec la verdure un fpectacle
très - agréable.
Le lendemain L. A. S. fe rendirent à
P'Eglife Cathedrale pour entendre laMeffe,
M. le Coadjuteur revêtu de fes habits Pontificaux,
à la tête de fon Clergé , eut l'honneur
1668 MERCURE DE FRANCE
,
neur de les complimenter. M. l'Evêque
de Poitiers qui à leur arrivée avoit eu celui
de leur faire la reverence , affifta à la
Meffe ,pendant laquelle la Mufique chanta
un beau Motet. Au retour de la Meffe ,
on fervir un diner très fplendide , après
lequel L. A. S. reçurent les complimens
de l'Univerfité , du Préfidial , de M M , du
Chapitre de S. Hilaire & de tous les Corps
de la Ville. Les Villes de Nyort , de Saint
Maixent & plufieurs autres envoyerent des
Députés à Poitiers qui eurent l'honneur
de faire leur compliment.
Le lendemain 27. L. A. S. partirent à
8. heures du matin , après avoir déjeuné ,
pour aller coucher à Chatelleraud, Les
mêmes Troupes qui fe trouverent à leur
arrivée bordoient les rues dans le même
ordre , & M. le Maire accompagné des
Echevins fe trouverent à la Porte pour
prendre les derniers ordres de L. A. S.
M. de Bauffan eut encore l'honneur de
leur faire fervir à fouper à Chatelleraud ,
& le lendemain il fut fort gracieufé par
L. A. S. qui ne permirent pas qu'il les
accompagnât plus loin. Le Marquis de la
Carte a auffi accompagné L. A. S. juſqu'à
Chatelleraud . La Princeffe a beaucoup
Joué les foins que s'eft donné M. de Bauffan
, & a fait l'éloge des politeffes de Mme
l'Intendante. Le 30. Juin , L. A. S. arriverent
JUILLET . 1730. 1669
verent à Tours où elles ont féjourné quel
que tems.
Conty & M. le Prince fon Fils , Gouver
neur du haut & bas Poitou , firent leur
premiere Entrée dans la Ville de Poitiers ,
Capitale du Gouvernement , au retour
de leur voyage d'Orange.
M.
JUILLET. 1730. 1665
M. de Bauffan , Intendant de la Generalité
, ayant appris que leurs A. S. prenoient
le chemin de Bourdeaux pour venir
à Poitiers , prit de juftes mefures
avec le Clergé & le Corps de Ville , pour
recevoir L. A. Ş.
Le 22. le Marquis de la Carte , Lieutenant
de Roi de la Province , arriva à
S. Cibardeau , où il eut l'honneur de dîner
& de fouper avec leurs A. S. Il partit
le lendemain en pofte pour difpofer
toutes chofes à l'entrée du Gouvernement,
Huit Brigades de la Maréchauffée du Poitou
, commandées par M. de Monterban,
Lieutenant du Prévôt , fe trouverent à
une lieuë de Vilfaignam , accompagnées
de la Bourgeoifie à cheval , pour efcorter
leurs A. S. Le lendemain un Détachement
des Gardes à Cheval du Prince entoura
fon Caroffe & celui de la Princeffe , &
les conduifirent à coucher dans le Château
du Marquis de Verac , Lieutenant
General des Armées du Roy. A leur
arrivée on tira le Cañon du Château ,
M. l'Intendant , en l'abfence de M. de
Verac , s'y trouva avec M. le Coadjuteur
de Poitiers pour les recevoir ; M. de Bauffan
leur fit fervir à 7. heures du foir un
magnifique fouper.
Le 25. leurs A. S. entendirent dans la
Chapelle du Château , la Meffe de M. de
Vigo
1666 MERCURE DE FRANCE
Vigo , Premier Aumônier de Madame la
Princeffe de Conty , après laquelle on
partit pour aller déjeûner à Vivone . Huit
autres Brigades de la Maréchauffée , le
Prévôt General à leur tête , étoient à l'entrée
de Vivone & fe joignirent à l'escorte.
A demie lieuë de là , le Corps de la Compagnie
des Gardes à Cheval , au nombre
de cinquante , fe joignit au Détacheme nt
à une lieuë de Poitiers , une Compagnie
de Cavalerie Bourgeoife de la Ville les
attendoit en bon ordre , & elle marcha à
la tête. Peu de tems après , M. l'Intendant
qui avoit pris la Pofte au fortir de coucher
pour venir donner fes ordres à Poitiers
vint au devant de la Princeffe & du Prince
dans un Caroffe à fix Chevaux pour l'offrir
à Leurs A. S. qui prefererent de ref
ter dans un Caroffe découvert , afin de fe
montrer au Peuple qui bordoit les chemins.
A l'entrée de la Ville on tira le Canon
& L. A. S. reçurent le compliment du
Maire , accompagné des Echevins , qui
leur préfenta les Clefs de la Ville. La Milice
Bourgeoife bordoit les rues par où
elle devoit paffer jufqu'à l'entrée de la
Place Royale. Un Bataillon du Regiment
de Condé s'étoit emparé de la Place , &
bordoit la haye jufqu'à l'entrée de l'Intendance
que M. de Bauffan avoit prepare
pour
JUILLET . 1730. 1667
pour loger L. A. S. Mme l'Intendante &
plufieurs Dames de qualité reçurent au
bas du dégré L. A. S. & les conduisirent
dans les Appartemens qui leur étoient
deftinés. Comme il étoit quatre heures
après midi , L. A, S. ne voulurent point
diner 5 mais M. l'Intendant leur fit fervir
à 7 heures du foir un grand fouper dans
une Sale où il y avoit deux Tables. La
Princeffe admit à la fienne Mme de Bauffan
& quelques autres Dames ; le Prince étoit
à l'autre table , M. de Bauffan eut l'hon
neur de fouper avec lui , M. le Coadjuteur
, les Ecuyers du Prince & plufieurs
Gentils hommes , & les premiers Officiers
du Regiment & de la Garniſon. Dans une
autre Sale il y avoit auffi deux Tables pour
ceux qui avoient eu l'honneur d'accompagner
L. A, S. A ces quatre Tables il y
avoit 74. Couverts.
Après le fouper , L. A. S. virent tirer
un Feu d'artifice que M. l'Intendant avoit
fait préparer dans fon Jardin . Le Partere
étoit orné de beaucoup de Lampions , &
les Arbres étoient par tout illuminés , ce
qui faifoit avec la verdure un fpectacle
très - agréable.
Le lendemain L. A. S. fe rendirent à
P'Eglife Cathedrale pour entendre laMeffe,
M. le Coadjuteur revêtu de fes habits Pontificaux,
à la tête de fon Clergé , eut l'honneur
1668 MERCURE DE FRANCE
,
neur de les complimenter. M. l'Evêque
de Poitiers qui à leur arrivée avoit eu celui
de leur faire la reverence , affifta à la
Meffe ,pendant laquelle la Mufique chanta
un beau Motet. Au retour de la Meffe ,
on fervir un diner très fplendide , après
lequel L. A. S. reçurent les complimens
de l'Univerfité , du Préfidial , de M M , du
Chapitre de S. Hilaire & de tous les Corps
de la Ville. Les Villes de Nyort , de Saint
Maixent & plufieurs autres envoyerent des
Députés à Poitiers qui eurent l'honneur
de faire leur compliment.
Le lendemain 27. L. A. S. partirent à
8. heures du matin , après avoir déjeuné ,
pour aller coucher à Chatelleraud, Les
mêmes Troupes qui fe trouverent à leur
arrivée bordoient les rues dans le même
ordre , & M. le Maire accompagné des
Echevins fe trouverent à la Porte pour
prendre les derniers ordres de L. A. S.
M. de Bauffan eut encore l'honneur de
leur faire fervir à fouper à Chatelleraud ,
& le lendemain il fut fort gracieufé par
L. A. S. qui ne permirent pas qu'il les
accompagnât plus loin. Le Marquis de la
Carte a auffi accompagné L. A. S. juſqu'à
Chatelleraud . La Princeffe a beaucoup
Joué les foins que s'eft donné M. de Bauffan
, & a fait l'éloge des politeffes de Mme
l'Intendante. Le 30. Juin , L. A. S. arriverent
JUILLET . 1730. 1669
verent à Tours où elles ont féjourné quel
que tems.
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Résumé : Voyage [titre d'après la table]
Le 25 juin 1730, la Princesse de Conty et son fils, le Prince de Conti, Gouverneur du Haut et Bas Poitou, firent leur entrée à Poitiers après un voyage à Orange. L'Intendant de la Généralité, M. de Bauffan, organisa leur réception avec le Clergé et le Corps de Ville. Le 22 juin, le Marquis de la Carte, Lieutenant du Roi de la Province, les rencontra à Saint-Cibardeau. Huit brigades de la Maréchaussée du Poitou, commandées par M. de Monterban, les escortèrent jusqu'à Poitiers, accompagnées par la bourgeoisie à cheval. Le lendemain, un détachement des Gardes à Cheval du Prince les conduisit au Château du Marquis de Verac, où ils furent accueillis par M. de Bauffan et M. le Coadjuteur de Poitiers. Un souper leur fut offert. Le 25 juin, la Princesse de Conty et le Prince de Conti entendirent la messe de M. de Vigo, Premier Aumônier de la Princesse, avant de partir pour Vivonne. Huit autres brigades de la Maréchaussée et une compagnie de cavalerie bourgeoise les escortèrent. À l'entrée de Poitiers, le canon fut tiré et ils reçurent les clés de la ville du Maire et des Échevins. La milice bourgeoise bordait les rues jusqu'à la Place Royale, où un bataillon du Régiment de Condé les attendait. Mme l'Intendante et plusieurs dames de qualité les accueillirent et les conduisirent dans leurs appartements. Un grand souper fut servi, suivi d'un feu d'artifice dans le jardin de M. de Bauffan. Le lendemain, ils se rendirent à la Cathédrale pour la messe, où M. le Coadjuteur les complimenta. Après la messe, un dîner splendide fut servi, suivi des compliments de l'Université, du Présidial, du Chapitre de Saint-Hilaire et des autres corps de la ville. Les villes de Niort, de Saint-Maixent et d'autres envoyèrent des députés pour les complimenter. Le 27 juin, ils partirent pour Chatellerault, escortés par les mêmes troupes et accompagnés par M. de Bauffan et le Marquis de la Carte. La Princesse de Conty loua les efforts de M. de Bauffan et les politesses de Mme l'Intendante. Le 30 juin, ils arrivèrent à Tours où ils séjournèrent quelque temps.
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822
p. 1669-1671
HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Orange. / HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Carpentras.
Début :
MADAME, Notre Nation sentit autrefois moins de joye à l'arrivée de la Reine de Saba, que nous [...]
Mots clefs :
Prince de Conti, Princesse de Conti, Orange, Carpentras, Dieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Orange. / HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Carpentras.
HARANGUE faite à S. A. S. Mada
me la Princeffe de Conti , Princeffe d'Orange
, & à Monfeigneur le Prince de
Conti fon fils , par Jaffeda de la Roque,
Juif de Carpentras , à Orange
MADAME,
- Notre Nation fentit autrefois moins de
joye à l'arrivée de la Reine de Saba, que nous
en reffentons aujourd'hui à celle de V. A.S.
& de Monfeigneur le Prince votre augufte
Fils.
Nous venons nous profterner aux pieds de
V. A. S. & nous remarquons en elle les mêmes
vertus & les mêmes charmes que le Roi
•Salomon & le Peuple d'Ifraël admirerent tant
dans cette Reine incomparable.
Vous joignez à cela la fageffe d' Abigail;
la douceur d'Efter & le courage de Judith.
Faffe l'Eternel que Votre Alteffe & Mon-
Seigneur le Prince votre Fils foit comblée de
benedictions & de profperités semblables à
celles qui ont été repandues fur les Familles
de nos premiers Peres.
Nous lifons , MADAME , dans les Pfeaumes
de David Qui Ran Adonaïve fafal ire,
c'est- à-dire , que Dieu tout grand qu'il eft J
I ne
7670 MERCURE DE FRANCE
ne laiffe pas de regarder ce qui eft au-deffous
de luis & comme les Princes font les images
de Dieu fur la terre , nous efperons qu'à fon
axemple Vous & Monseigneur votre Fils ,
voudrez bien nous honorer de votre puiffante
protection dans les occafions qui ne font pour
nous que tropfréquentes,pourrecourir à fa clemence
ordinaire.
C'eft la grace que nous vous demandons ,
& celle d'accepter ce petit Prefent comme une
marque que nos biens , de même que nos per
Jannes feront toujours aufervice de V. Á. S.
&foumis à Monfeigneur le Prince votre Fils ;
efperant de vivre tranquilement fous la douceur
d'un Prince fi bien né,
HARANGUE faite à S .. A. S, Madame
la Princeffe de Conti , Princeffe d'O
range , & à Monfeigneur le Prince de
Conti fon Fils, par Jaffeda de la Roque,
Juifde Carpentras , à Carpentras,
MADAM ADAME ,
Ne nous fera- t'il pas permis de joindre
notre voix , toute foible qu'elle eft , aux acclamations
publiques dont tout ce Pays s'empreffe
de témoigner la joye qu'il reffent de
votre arrivée & de celle de Monfeigneur le
Prince votre augufte Fils.
Etpendant que tous viennent enfoule rendre
JUILLET . 1730. 1671:
dre leurs refpects à Vos Alteffes , agréez
s'il vous plaît , MADAME , que ce petit reſte
du peuple d'Ifraël vienne vous rendre les
fiens , & vous marquer qu'il n'eft pas moins.
fenfible que les autres au bonheur que nous
reffentons aujourd'hui de voir une Princeffe
autant illuftre par fes vertus que par fa naiffance.
à nos anciens
Il n'appartient pas à nous , MADAME , de
rapporter ici ce que l'on pouroit dire de grand
de votre illuftre Naiffance , & de toutes les
belles qualités qui vous rendent fi recomman➡
dable , & qui vous font briller en tout lieus
nous laiffons cela à des bouches plus éloquen
tes que les nôtres , & nous nous contentons
de vous dire que nous voyons dans l'Ecriture
Sainte qu'il n'étoit pas permts
Peres d'entrer dans le Temple les mains vuides
, de même nous aurions honte de paroître
les mains vuides devant Vos Alteffes , qui
nous mettent fous les yeux tout ce qui peut fe
-trouver de plus grand & de plus refpectable.
Daignez donc, MADAME, recevoir ce petit
Préfent, ainfi que Dieu agréoit les holocauftes
des pauvres comme des riches.
me la Princeffe de Conti , Princeffe d'Orange
, & à Monfeigneur le Prince de
Conti fon fils , par Jaffeda de la Roque,
Juif de Carpentras , à Orange
MADAME,
- Notre Nation fentit autrefois moins de
joye à l'arrivée de la Reine de Saba, que nous
en reffentons aujourd'hui à celle de V. A.S.
& de Monfeigneur le Prince votre augufte
Fils.
Nous venons nous profterner aux pieds de
V. A. S. & nous remarquons en elle les mêmes
vertus & les mêmes charmes que le Roi
•Salomon & le Peuple d'Ifraël admirerent tant
dans cette Reine incomparable.
Vous joignez à cela la fageffe d' Abigail;
la douceur d'Efter & le courage de Judith.
Faffe l'Eternel que Votre Alteffe & Mon-
Seigneur le Prince votre Fils foit comblée de
benedictions & de profperités semblables à
celles qui ont été repandues fur les Familles
de nos premiers Peres.
Nous lifons , MADAME , dans les Pfeaumes
de David Qui Ran Adonaïve fafal ire,
c'est- à-dire , que Dieu tout grand qu'il eft J
I ne
7670 MERCURE DE FRANCE
ne laiffe pas de regarder ce qui eft au-deffous
de luis & comme les Princes font les images
de Dieu fur la terre , nous efperons qu'à fon
axemple Vous & Monseigneur votre Fils ,
voudrez bien nous honorer de votre puiffante
protection dans les occafions qui ne font pour
nous que tropfréquentes,pourrecourir à fa clemence
ordinaire.
C'eft la grace que nous vous demandons ,
& celle d'accepter ce petit Prefent comme une
marque que nos biens , de même que nos per
Jannes feront toujours aufervice de V. Á. S.
&foumis à Monfeigneur le Prince votre Fils ;
efperant de vivre tranquilement fous la douceur
d'un Prince fi bien né,
HARANGUE faite à S .. A. S, Madame
la Princeffe de Conti , Princeffe d'O
range , & à Monfeigneur le Prince de
Conti fon Fils, par Jaffeda de la Roque,
Juifde Carpentras , à Carpentras,
MADAM ADAME ,
Ne nous fera- t'il pas permis de joindre
notre voix , toute foible qu'elle eft , aux acclamations
publiques dont tout ce Pays s'empreffe
de témoigner la joye qu'il reffent de
votre arrivée & de celle de Monfeigneur le
Prince votre augufte Fils.
Etpendant que tous viennent enfoule rendre
JUILLET . 1730. 1671:
dre leurs refpects à Vos Alteffes , agréez
s'il vous plaît , MADAME , que ce petit reſte
du peuple d'Ifraël vienne vous rendre les
fiens , & vous marquer qu'il n'eft pas moins.
fenfible que les autres au bonheur que nous
reffentons aujourd'hui de voir une Princeffe
autant illuftre par fes vertus que par fa naiffance.
à nos anciens
Il n'appartient pas à nous , MADAME , de
rapporter ici ce que l'on pouroit dire de grand
de votre illuftre Naiffance , & de toutes les
belles qualités qui vous rendent fi recomman➡
dable , & qui vous font briller en tout lieus
nous laiffons cela à des bouches plus éloquen
tes que les nôtres , & nous nous contentons
de vous dire que nous voyons dans l'Ecriture
Sainte qu'il n'étoit pas permts
Peres d'entrer dans le Temple les mains vuides
, de même nous aurions honte de paroître
les mains vuides devant Vos Alteffes , qui
nous mettent fous les yeux tout ce qui peut fe
-trouver de plus grand & de plus refpectable.
Daignez donc, MADAME, recevoir ce petit
Préfent, ainfi que Dieu agréoit les holocauftes
des pauvres comme des riches.
Fermer
Résumé : HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Orange. / HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Carpentras.
Jaffeda de la Roque, un Juif de Carpentras, adresse une harangue à Son Altesse Sérénissime Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, et à Monseigneur le Prince de Conti, son fils. Il exprime une joie immense à leur arrivée, comparant cette joie à celle du peuple d'Israël accueillant la Reine de Saba. Il loue les vertus de la princesse, les comparant à celles d'Abigail, Esther et Judith. L'orateur souhaite des bénédictions et des prospérités pour la princesse et son fils, espérant leur protection et leur bienveillance. Il souligne que les princes sont les images de Dieu sur terre et espère leur soutien en cas de besoin. Enfin, il offre un modeste présent en signe de dévouement et de respect, rappelant que même les pauvres offrent des holocaustes acceptés par Dieu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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822
HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Orange. / HARANGUE faite à S. A. S. Madame la Princesse de Conti, Princesse d'Orange, & à Monseigneur le Prince de Conti son fils, par Jasseda de la Roque, Juif de Carpentras, à Carpentras.
823
p. 1672-1678
EXTRAIT d'une Lettre, au sujet du voyage de L. A. S. Madame la Princesse & M. le Prince de Conti.
Début :
Madame la Princesse de Conti, accompagnée du Prince son Fils ainé, [...]
Mots clefs :
Prince de Conti, Princesse de Conti, Joie, Grandeur, Peuple, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre, au sujet du voyage de L. A. S. Madame la Princesse & M. le Prince de Conti.
EXTRAIT d'une Lettre , au sujet du
de L. A. S. Madame la Princeffe
voyage
& M. le Prince de Conti.
la Princeffe de Conti , ace
Mcompagnée duPrince fon Fils ainé ,
arriva le 4. Juin à la Ville de Pezenas ,
Chef de la Comté de ce nom ; elle fut
reçûë aux acclammations publiques
n'ayant pas voulu permettre qu'on tirât
le Canon. Elle entra par la Porte appellée
de Conti , où commence une ruë fort ſpacieuſe
, au bout de laquelle on voit une
vafte Hale , couverte d'ardoifes de differentes
couleurs , fi artiftement rangées
qu'elle attire l'admiration des Etrangers.
A l'extrémité de cette Hale , on voit
une Place d'une étenduë & d'une beauté
qui fatisfait la vûë ; elle aboutit à un Quai
d'une longueur & d'une largeur confiderable
, dont le terrain eſt élevé d'environ
6 à 7. piés aux ; deux côtés regnent deux
grandes rues , formées par une longue
fuite de belles maifons d'une même fimetrie
, avec des Balcons. Les deux extrémi
tés duQuai font terminées par deux belleş
Fontaines de forme piramidale , à plufieurs
tuyaux , difpofés en rond , qui jettent
abondamment dans un grand baffin
une eau excellente , & dont la fource n'a
jamais
,
JUILLET. 1730. 1673
jamais fenfiblement diminuée , même dans
les tems des plus grandes fechereffes.
Deux Feux d'artifice furent conftruits
aux deux bouts du Quai , avec des Infcriptions
& des Emblêmes à l'honneur de
la Princeffe & du jeune Prince. Leur logement
fut préparé par les Confuls dans
des maifons fituées au milieu du Quai , &
ils y furent conduits par des Compagnies
de gens à cheval & à pied , compofées de
fa plus belle jeuneffe de la Ville , propremént
habillée .
Sur les 8. heures du foir , on commença
à tirer les deux Feux d'Artifice , ce qui
fut executé avec beaucoup de fuccès , au
bruit de plufieurs falves réïterées de Petards
& de Moufqueterie . Enfuite les Confals
, accompagnés de tout le Corps de
Ville , mirent le feu à un Bucher qui avoit
été preparé à l'une des extremités du Quai ,
les Bourgeois étant fous les armes . On n'a
jamais vu de plus belles illuminations ni
un plus grand concours d'Etrangers , dont
les uns furent attirés par le defir de voir
la Princeffe & le jeune Prince , les autres
par le devoir qui les engageoit à leur venir
rendre leurs hommages , & tous enfemble
par le zele qui leur faifoit prendre part à
la joye publique .
A quatre heures du foir de cette journée,
qui fut une des plus belles de la faifon ;
I iij
La
1674 MERCURE DE FRANCE
Ja Princeffe & le Prince donnerent audience
aux Deputés des Villes & lieux de
la Comté , qui les complimenterent au
nom de leurs Corps , auffi - bien que tous
les Ordres de la Ville. Le lendemain à
-deux heures du matin , la Princeffe ſe mit
en chemin avec le Prince & la Ducheffe
de Grillon qui l'accompagnoit, ayant laiffé
dans le coeur du peuple un grand regret
de la perdre fi tôt . Entre les differens com
plimens , on en a choifi deux que le fieur
Julien , Juge Royal de la Ville de Monblanc
, fit à la Princeffe & au Prince , au
Į nom de la même Ville & du Corps de la
Juftice.
MADAME ,
S'il n'eft rien de plus ordinaire que de voir
redoubler notre joye à la vie des Perfonnes
que nous avons long- tems defirées , & que
nous jugeons dignes de notre estime par leur
naiffance , par leur merite & par leurs bienfaits.
Quels feront aujourd'hui nos tranfports
à la vue d'une grande Princeffe qui fut tou
jours l'objet de nos plus ardens defirs ; iſſuë
de Heros & de Monarques , ornée de toutes
les perfections , & dont la bonté & la magnificence
égalent la grandeur& la dignité de
Jon rang.
Oui , MADAME , notre joye eft extréme ,
JUILLET. 1730. 1673
& nous devons la faire éclater , lorsque
V. A. S. quitte le fejour de la Cour pour ve
nir dans nos Provinces combler de fatisfac
tion & de bonheur les peuples qui lui font
foumis: femblables à ces Aftres doux & bienfaifans
qui ne fe montrent fur l'Horifon que
pour y augmenter la lumiere & y répandre de
falutaires influences.
ن م
Heureux les Païs que V. A. S. a daigné
vifiter dans le cours de ce long & penible
voyage ! heureux vos Sujets de la Principauté
d'Orange , à qui elle vient de faire
voir de fi grands , de fi doux & de fi aimables
maitres mais plus heureux encore ,
mille fois plus heureux les peuples de votre
Comte de Pezenas,fi après avoir joui ce pen
de momens de votre préfence , ils pouvoient
meriter de vous poffeder à l'avenir auſſi longtems
que leurs Peres & leurs Ayeux poffederent
autrefois Noffeigneurs les Princes vos
illuftres & incomparables Predeceffeurs .
Mais il eft tems , MADAME , de finir un
Difcours fi peu digne de la favorable atten
tion que V. A. S. me donne ; & n'eft-il pas
jufte d'ailleurs de ceder la place au langage
du coeur qui fçaura bien mieux fe faire entendre
par les cris de joye & les acclamations
publiques, qu'on ne peut s'exprimerpar
les traits de la plus vive éloquence. Agréez
donc , MADAME , la très humble proteftation
que votre Ville de Monblanc & le Siége de
I iiij Sa
1676 MERCURE DE FRANCE
fa Fuftice , dont j'ai l'honneur d'être le Chef,
font aujourd'hui à V. A. S. d'une profonde
foumiffion & d'une fidelité inviolable &c.
Le St Julien alla enfuite complimenter
le Prince dans fon Appartement , en ces
termes :
MONSEIGNEU NSEIGNEUR ,
La bonté avec laquelle S. A. S. Mada→
me la Princeffe vient de recevoir nos trèsbumbles
hommages , nous eft un préfage affuré
de la vôtres auffifommes nous certains qu'ils
ne vousferont pas défagréables , la grandeur
d'ame fi naturelle à la Maison de Bourbon
étant comme la fource ou plutôt comme l'affemblage
de toutes les vertus Royales. Il n'eft rien
de grand , de glorieux & de louable qu'on
ne doive attendre des Princes qui naiffent
d'un fi noble Sang , &pour en être convaincu
on n'a qu'à jetter les yeux fur nos Hiftoires.
On y verra des Rois dont les vertus n'ont
le
pas
été moins reverées de toute la terre que
leur puiffance ; des Conquerans qui ont pris
des Villes & conquis des Provinces par
feul bruit de leur nom , & des Heros à qui
l'ancienne Rome & la Grece euffent dreffé
des Autels. N'en déplaife au Vainqueur de
l'Afie , on l'eut vû, ce fameux Guerrier, bornerfes
vaftesdeffeins à la deffenfe de la Ma
eedoine,
JUILLET . 1730. 1677
edoine , fi au lieu des Rois de Perſe & des
Generaux des Grecs , il eut rencontré des
Condés : qu'ai-je dit ? il eut rencontré des
Bourbons fur fes pas.
2
Tant de vrai mérite , tant de valeur , tant
d'exemples domestiques firares & fi éclatans
nous permettent-ils , MONSEIGNEUR, de douter
que V. A. S. ne monte bientôt aux plus hauts
degrés des perfections Héroïques ? & la Na-`
ture elle-même qui a tant pris de foin de graver
fur votre visage , où brillent tant de gra
ces , tous les traits de la grandeur & de la
beauté des Heros , ne femble- t'elle pas nous le
promettre ? Oui , MONSEIGNEUR , ces qualités
auguftes que votre tendre jeuneffe nous
représentefi vivement , feront l'admiration de
toute la terre , lorsque la gloire vous aura appellé
dans ces vaftes plaines de Mars
les lauriers toujours d'accord avec les lys ,
vous préparent déja une abondante moiffon.
&C..
on
La Princeffe n'ayant pas jugé à propos
d'accorder aux vives inftances du Peuple
de Pezenas un jour entier de féjour le
fieur Julien fit à ce fujet le Rondeau
fuivant , au nom du Peuple de la Comté
Seroit - c
Pour appaiſer la jufte impatience ,,
D'un Peuple heureux, dont la noble ferveur
Eroit - ce trop'un jour de réfidence ; -
Ly
›
Vient
1678 MERCURE DE FRANCE
Vient publier la joye & le bonheur ,
Que dans ces lieux répand votre prefence ,
Le cas n'eft pas de petite importance ;
S'il ne faifoit qu'honorer l'éminence ,
De ce haut rang où brille la grandeur ,
Seroit -ce tropa
Mais fi par cas , la vertu , la clémence
La Majeſté , l'air , la magnificence ,
Le charme enfin féduiſant notre coeur
Y faifoit naître une difcrete ardeur ,
Dont ne puffions furmonter la puiffance.
Seroit- ce trop ?
de L. A. S. Madame la Princeffe
voyage
& M. le Prince de Conti.
la Princeffe de Conti , ace
Mcompagnée duPrince fon Fils ainé ,
arriva le 4. Juin à la Ville de Pezenas ,
Chef de la Comté de ce nom ; elle fut
reçûë aux acclammations publiques
n'ayant pas voulu permettre qu'on tirât
le Canon. Elle entra par la Porte appellée
de Conti , où commence une ruë fort ſpacieuſe
, au bout de laquelle on voit une
vafte Hale , couverte d'ardoifes de differentes
couleurs , fi artiftement rangées
qu'elle attire l'admiration des Etrangers.
A l'extrémité de cette Hale , on voit
une Place d'une étenduë & d'une beauté
qui fatisfait la vûë ; elle aboutit à un Quai
d'une longueur & d'une largeur confiderable
, dont le terrain eſt élevé d'environ
6 à 7. piés aux ; deux côtés regnent deux
grandes rues , formées par une longue
fuite de belles maifons d'une même fimetrie
, avec des Balcons. Les deux extrémi
tés duQuai font terminées par deux belleş
Fontaines de forme piramidale , à plufieurs
tuyaux , difpofés en rond , qui jettent
abondamment dans un grand baffin
une eau excellente , & dont la fource n'a
jamais
,
JUILLET. 1730. 1673
jamais fenfiblement diminuée , même dans
les tems des plus grandes fechereffes.
Deux Feux d'artifice furent conftruits
aux deux bouts du Quai , avec des Infcriptions
& des Emblêmes à l'honneur de
la Princeffe & du jeune Prince. Leur logement
fut préparé par les Confuls dans
des maifons fituées au milieu du Quai , &
ils y furent conduits par des Compagnies
de gens à cheval & à pied , compofées de
fa plus belle jeuneffe de la Ville , propremént
habillée .
Sur les 8. heures du foir , on commença
à tirer les deux Feux d'Artifice , ce qui
fut executé avec beaucoup de fuccès , au
bruit de plufieurs falves réïterées de Petards
& de Moufqueterie . Enfuite les Confals
, accompagnés de tout le Corps de
Ville , mirent le feu à un Bucher qui avoit
été preparé à l'une des extremités du Quai ,
les Bourgeois étant fous les armes . On n'a
jamais vu de plus belles illuminations ni
un plus grand concours d'Etrangers , dont
les uns furent attirés par le defir de voir
la Princeffe & le jeune Prince , les autres
par le devoir qui les engageoit à leur venir
rendre leurs hommages , & tous enfemble
par le zele qui leur faifoit prendre part à
la joye publique .
A quatre heures du foir de cette journée,
qui fut une des plus belles de la faifon ;
I iij
La
1674 MERCURE DE FRANCE
Ja Princeffe & le Prince donnerent audience
aux Deputés des Villes & lieux de
la Comté , qui les complimenterent au
nom de leurs Corps , auffi - bien que tous
les Ordres de la Ville. Le lendemain à
-deux heures du matin , la Princeffe ſe mit
en chemin avec le Prince & la Ducheffe
de Grillon qui l'accompagnoit, ayant laiffé
dans le coeur du peuple un grand regret
de la perdre fi tôt . Entre les differens com
plimens , on en a choifi deux que le fieur
Julien , Juge Royal de la Ville de Monblanc
, fit à la Princeffe & au Prince , au
Į nom de la même Ville & du Corps de la
Juftice.
MADAME ,
S'il n'eft rien de plus ordinaire que de voir
redoubler notre joye à la vie des Perfonnes
que nous avons long- tems defirées , & que
nous jugeons dignes de notre estime par leur
naiffance , par leur merite & par leurs bienfaits.
Quels feront aujourd'hui nos tranfports
à la vue d'une grande Princeffe qui fut tou
jours l'objet de nos plus ardens defirs ; iſſuë
de Heros & de Monarques , ornée de toutes
les perfections , & dont la bonté & la magnificence
égalent la grandeur& la dignité de
Jon rang.
Oui , MADAME , notre joye eft extréme ,
JUILLET. 1730. 1673
& nous devons la faire éclater , lorsque
V. A. S. quitte le fejour de la Cour pour ve
nir dans nos Provinces combler de fatisfac
tion & de bonheur les peuples qui lui font
foumis: femblables à ces Aftres doux & bienfaifans
qui ne fe montrent fur l'Horifon que
pour y augmenter la lumiere & y répandre de
falutaires influences.
ن م
Heureux les Païs que V. A. S. a daigné
vifiter dans le cours de ce long & penible
voyage ! heureux vos Sujets de la Principauté
d'Orange , à qui elle vient de faire
voir de fi grands , de fi doux & de fi aimables
maitres mais plus heureux encore ,
mille fois plus heureux les peuples de votre
Comte de Pezenas,fi après avoir joui ce pen
de momens de votre préfence , ils pouvoient
meriter de vous poffeder à l'avenir auſſi longtems
que leurs Peres & leurs Ayeux poffederent
autrefois Noffeigneurs les Princes vos
illuftres & incomparables Predeceffeurs .
Mais il eft tems , MADAME , de finir un
Difcours fi peu digne de la favorable atten
tion que V. A. S. me donne ; & n'eft-il pas
jufte d'ailleurs de ceder la place au langage
du coeur qui fçaura bien mieux fe faire entendre
par les cris de joye & les acclamations
publiques, qu'on ne peut s'exprimerpar
les traits de la plus vive éloquence. Agréez
donc , MADAME , la très humble proteftation
que votre Ville de Monblanc & le Siége de
I iiij Sa
1676 MERCURE DE FRANCE
fa Fuftice , dont j'ai l'honneur d'être le Chef,
font aujourd'hui à V. A. S. d'une profonde
foumiffion & d'une fidelité inviolable &c.
Le St Julien alla enfuite complimenter
le Prince dans fon Appartement , en ces
termes :
MONSEIGNEU NSEIGNEUR ,
La bonté avec laquelle S. A. S. Mada→
me la Princeffe vient de recevoir nos trèsbumbles
hommages , nous eft un préfage affuré
de la vôtres auffifommes nous certains qu'ils
ne vousferont pas défagréables , la grandeur
d'ame fi naturelle à la Maison de Bourbon
étant comme la fource ou plutôt comme l'affemblage
de toutes les vertus Royales. Il n'eft rien
de grand , de glorieux & de louable qu'on
ne doive attendre des Princes qui naiffent
d'un fi noble Sang , &pour en être convaincu
on n'a qu'à jetter les yeux fur nos Hiftoires.
On y verra des Rois dont les vertus n'ont
le
pas
été moins reverées de toute la terre que
leur puiffance ; des Conquerans qui ont pris
des Villes & conquis des Provinces par
feul bruit de leur nom , & des Heros à qui
l'ancienne Rome & la Grece euffent dreffé
des Autels. N'en déplaife au Vainqueur de
l'Afie , on l'eut vû, ce fameux Guerrier, bornerfes
vaftesdeffeins à la deffenfe de la Ma
eedoine,
JUILLET . 1730. 1677
edoine , fi au lieu des Rois de Perſe & des
Generaux des Grecs , il eut rencontré des
Condés : qu'ai-je dit ? il eut rencontré des
Bourbons fur fes pas.
2
Tant de vrai mérite , tant de valeur , tant
d'exemples domestiques firares & fi éclatans
nous permettent-ils , MONSEIGNEUR, de douter
que V. A. S. ne monte bientôt aux plus hauts
degrés des perfections Héroïques ? & la Na-`
ture elle-même qui a tant pris de foin de graver
fur votre visage , où brillent tant de gra
ces , tous les traits de la grandeur & de la
beauté des Heros , ne femble- t'elle pas nous le
promettre ? Oui , MONSEIGNEUR , ces qualités
auguftes que votre tendre jeuneffe nous
représentefi vivement , feront l'admiration de
toute la terre , lorsque la gloire vous aura appellé
dans ces vaftes plaines de Mars
les lauriers toujours d'accord avec les lys ,
vous préparent déja une abondante moiffon.
&C..
on
La Princeffe n'ayant pas jugé à propos
d'accorder aux vives inftances du Peuple
de Pezenas un jour entier de féjour le
fieur Julien fit à ce fujet le Rondeau
fuivant , au nom du Peuple de la Comté
Seroit - c
Pour appaiſer la jufte impatience ,,
D'un Peuple heureux, dont la noble ferveur
Eroit - ce trop'un jour de réfidence ; -
Ly
›
Vient
1678 MERCURE DE FRANCE
Vient publier la joye & le bonheur ,
Que dans ces lieux répand votre prefence ,
Le cas n'eft pas de petite importance ;
S'il ne faifoit qu'honorer l'éminence ,
De ce haut rang où brille la grandeur ,
Seroit -ce tropa
Mais fi par cas , la vertu , la clémence
La Majeſté , l'air , la magnificence ,
Le charme enfin féduiſant notre coeur
Y faifoit naître une difcrete ardeur ,
Dont ne puffions furmonter la puiffance.
Seroit- ce trop ?
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre, au sujet du voyage de L. A. S. Madame la Princesse & M. le Prince de Conti.
Le 4 juin, la princesse de Conti et son fils aîné, le prince de Conti, arrivèrent à Pezenas, chef-lieu de la comté du même nom. Ils furent accueillis par des acclamations publiques, la princesse refusant que le canon soit tiré en son honneur. Ils entrèrent par la porte de Conti et traversèrent une rue spacieuse menant à une vaste halle aux ardoises colorées. Cette halle débouchait sur une place magnifique aboutissant à un quai long et large, bordé de belles maisons symétriques avec des balcons. Le quai était terminé par deux fontaines pyramidales offrant une eau abondante et constante. Des feux d'artifice furent allumés aux extrémités du quai, accompagnés d'inscriptions et d'emblèmes en l'honneur de la princesse et du jeune prince. Leur logement fut préparé par les consuls dans des maisons situées au milieu du quai. Le soir, les feux d'artifice furent tirés avec succès, suivis d'un bûcher allumé par les consuls et les bourgeois armés. La ville fut illuminée, attirant un grand nombre d'étrangers venus rendre hommage à la princesse et au prince. Le lendemain matin, la princesse et le prince quittèrent Pezenas, laissant le peuple attristé. Le juge royal de la ville de Monblanc, Julien, adressa des compliments à la princesse et au prince, soulignant leur dignité et leur bonté. Il exprima également le regret du peuple de voir la princesse partir si tôt.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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824
p. 1678-1682
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
Début :
La Cérémonie de la FIERTE s'est faite icy le jour de l'Ascension comme à l'ordinaire [...]
Mots clefs :
Criminels, Absolution, Cérémonie, Rouen, Église, Prison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen,
le 1 Juin 1730.anfujet de la Cérémonie de
la FIERTE.
A Cérémonie de la FIERTE s'eft faite
Licy lejeme det de la FUERTE s'eft
LA
dinaire , avec un grand concours de Peuple
& d'Etrangers , que cette curiofité attire
tous les ans , pour voir ce qui fe paffe
au fujet du Prifonnier qu'on y délivre.
C'eſt un des plus anciens monumens de
la piété de nos Rois , & une conceffion des.
plus authentiques qu'ils ayent jamais faite
aucune Eglife de leur Royaume.
Ca
JUILLET. 1730. 1679
Ce Privilege de la ( a ) Fierte, ou Châſſe
de S. Romain , confifte dans l'abfolution
d'un Criminel & de fes complices , à la
Fête de l'Afcenfion ; pourvu qu'il ne foit
pas accufé de crime de Léze- Majefté, d'Héréfie
, de Faufle monnoye,de Viol ou d'Aſfaffinat
de guet-à-pens . Dans le choix que
le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine &
Primatialle de Rouen , fait de celui qui
doit jouir de ce Privilege , il obſerve tresreligieufement
la forme ancienne de cette
ceremonie.
"
Le Lundy quinziéme jour avant les Rogations
, il députe au Parlement,à la Cour
des Aydes & au Préfidial quatre Chanoines
pour vérifier & infinuer le Privilege
afin que depuis ce jour- là jufqu'à ce qu'il
ait eu fon effet , aucun Criminel des Prifons
de la Ville & des Faubourgs ne foit
transféré , mis à la queſtion , ni exécuté.
Pendant les trois jours des Rogations, le
Chapitre nomme deux Chanoines Prêtres,
qui le tranfportent dans les Prifons avec
fe Greffier , pour y entendre les confeſfions
des Criminels qui prétendent au Privilege,
& pour recevoir leurs déclarations
fur les cas dont on les accufe.
Le jour de l'Afcenfion , le Chapitre
compofé feulement des Chanoines- Prê
( a ) Flerte , mot corrompu du Latin , Feretrum
, Cereneil , &cg
Tres
1680 MERCURE DE FRANCE
tres , s'affemble
pour
l'élection
du criminel
qui doit
être
délivré
. Après
avoir
invoqué
le S. Efprit
, & fait
ferment
de
garder
le fecret
, on fait
la lecture
des
confeffions
des
prifonniers
, qui
font
brûlées
dans
le même
lieu
, fi - tôt
que
la
Grace
du criminel
eft admife
.
L'Election faite , le nom du criminel
eft porté au Parlement , qui ordonne à
deux Huiffiers d'aller avec le Chapelain
de S. Romain , le prendre dans la prifone
Ils le conduifent au Parlement , où il eft
mis fur la fellette. Après qu'il a été
interrogé , & que fes informations ont été
rapportées , fa remiffion eft admife fur les
Conclufions du Procureur General . Enfuite
le Premier Préfident luy fait une
correction ; & l'ayant déclaré abſous , il
le renvoye au Chapitre , pour le faire
joüir du Privilege de S. Romain ..
L'Eglife Metropolitaine va enfuite proceffionnellement
à la vieille Tour , ancien
Palais des Ducs de Normandie . On y
conduit le prifonnier , & il y reçoit une
feconde correction du Celebrant , qui luifait
porter la Fierte ou Châffe de S. Romain
jufqu'à la grande Eglife, où il feprof
terne aux pieds de chaque Chanoine ; il
quitte fes fers à la Chappelle de S. Romain
; & après avoir entendu la Meffe
qui eft quelquefois differée jufqu'à fix
heures
و
JUILLET . 1730. 1687
heures du foir , à caufe des conteftations
qui furviennent touchant fon élection
il va à la Vicomté de l'Eau , où le Prieur
du Monaftere de Bonnes - Nouvelles , Ordre
de S. Benoît , luy fait encore une remontrance
.
Le lendemain il reçoit une derniere
correction en plein Chapitre , devant tout
le peuple , tête nue , & à genoux . Delà il
eft conduit au Confeffionnal du Grand-
Penitencier qui entend fa confeffion .
Après cette efpece d'amende honorable il
eft renvoyé.
,
Ce qui a donné lieu à ce Privilege , ſelon
la tradition , c'eft que Saint Romain,
Archevêque de Rouen , ayant été averti
que dans la forêt de Rouvray , près des
faubourgs de la Ville , un ferpent d'une
grandeur monstrueufe faifoit des dégats
horribles , il réfolut de l'aller chaffer , &
demanda pour l'accompagner deux hommes
retenus dans les prifons , l'un con
vaincu de meurtre , & l'autre de vol. Le
voleur s'enfuit fi-tôt qu'il vit le ferpent,
le meurtrier demeura & ne quitta point
le faint Prélat , qui jetta fon Etole au cou
de la bête , la fit conduire par ce prifonnier
jufqu'à la Place publique de la Ville,
où elle fe laiffa attacher , & fut brûlée ;
après quoy on fit grace au meurtrier qui
ne s'étoit point épouventé. S. Ouen, fucceffeur
1682 MERCURE DE FRANCE
3
,
ceffeur de S. Romain , pour conferver la
memoire de ce miracle , obtint du Roy ,
Dagobert , dont il étoit Chancelier , le
Privilege en queftion , tel qu'il s'obferve
encore aujourd'huy.
le 1 Juin 1730.anfujet de la Cérémonie de
la FIERTE.
A Cérémonie de la FIERTE s'eft faite
Licy lejeme det de la FUERTE s'eft
LA
dinaire , avec un grand concours de Peuple
& d'Etrangers , que cette curiofité attire
tous les ans , pour voir ce qui fe paffe
au fujet du Prifonnier qu'on y délivre.
C'eſt un des plus anciens monumens de
la piété de nos Rois , & une conceffion des.
plus authentiques qu'ils ayent jamais faite
aucune Eglife de leur Royaume.
Ca
JUILLET. 1730. 1679
Ce Privilege de la ( a ) Fierte, ou Châſſe
de S. Romain , confifte dans l'abfolution
d'un Criminel & de fes complices , à la
Fête de l'Afcenfion ; pourvu qu'il ne foit
pas accufé de crime de Léze- Majefté, d'Héréfie
, de Faufle monnoye,de Viol ou d'Aſfaffinat
de guet-à-pens . Dans le choix que
le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine &
Primatialle de Rouen , fait de celui qui
doit jouir de ce Privilege , il obſerve tresreligieufement
la forme ancienne de cette
ceremonie.
"
Le Lundy quinziéme jour avant les Rogations
, il députe au Parlement,à la Cour
des Aydes & au Préfidial quatre Chanoines
pour vérifier & infinuer le Privilege
afin que depuis ce jour- là jufqu'à ce qu'il
ait eu fon effet , aucun Criminel des Prifons
de la Ville & des Faubourgs ne foit
transféré , mis à la queſtion , ni exécuté.
Pendant les trois jours des Rogations, le
Chapitre nomme deux Chanoines Prêtres,
qui le tranfportent dans les Prifons avec
fe Greffier , pour y entendre les confeſfions
des Criminels qui prétendent au Privilege,
& pour recevoir leurs déclarations
fur les cas dont on les accufe.
Le jour de l'Afcenfion , le Chapitre
compofé feulement des Chanoines- Prê
( a ) Flerte , mot corrompu du Latin , Feretrum
, Cereneil , &cg
Tres
1680 MERCURE DE FRANCE
tres , s'affemble
pour
l'élection
du criminel
qui doit
être
délivré
. Après
avoir
invoqué
le S. Efprit
, & fait
ferment
de
garder
le fecret
, on fait
la lecture
des
confeffions
des
prifonniers
, qui
font
brûlées
dans
le même
lieu
, fi - tôt
que
la
Grace
du criminel
eft admife
.
L'Election faite , le nom du criminel
eft porté au Parlement , qui ordonne à
deux Huiffiers d'aller avec le Chapelain
de S. Romain , le prendre dans la prifone
Ils le conduifent au Parlement , où il eft
mis fur la fellette. Après qu'il a été
interrogé , & que fes informations ont été
rapportées , fa remiffion eft admife fur les
Conclufions du Procureur General . Enfuite
le Premier Préfident luy fait une
correction ; & l'ayant déclaré abſous , il
le renvoye au Chapitre , pour le faire
joüir du Privilege de S. Romain ..
L'Eglife Metropolitaine va enfuite proceffionnellement
à la vieille Tour , ancien
Palais des Ducs de Normandie . On y
conduit le prifonnier , & il y reçoit une
feconde correction du Celebrant , qui luifait
porter la Fierte ou Châffe de S. Romain
jufqu'à la grande Eglife, où il feprof
terne aux pieds de chaque Chanoine ; il
quitte fes fers à la Chappelle de S. Romain
; & après avoir entendu la Meffe
qui eft quelquefois differée jufqu'à fix
heures
و
JUILLET . 1730. 1687
heures du foir , à caufe des conteftations
qui furviennent touchant fon élection
il va à la Vicomté de l'Eau , où le Prieur
du Monaftere de Bonnes - Nouvelles , Ordre
de S. Benoît , luy fait encore une remontrance
.
Le lendemain il reçoit une derniere
correction en plein Chapitre , devant tout
le peuple , tête nue , & à genoux . Delà il
eft conduit au Confeffionnal du Grand-
Penitencier qui entend fa confeffion .
Après cette efpece d'amende honorable il
eft renvoyé.
,
Ce qui a donné lieu à ce Privilege , ſelon
la tradition , c'eft que Saint Romain,
Archevêque de Rouen , ayant été averti
que dans la forêt de Rouvray , près des
faubourgs de la Ville , un ferpent d'une
grandeur monstrueufe faifoit des dégats
horribles , il réfolut de l'aller chaffer , &
demanda pour l'accompagner deux hommes
retenus dans les prifons , l'un con
vaincu de meurtre , & l'autre de vol. Le
voleur s'enfuit fi-tôt qu'il vit le ferpent,
le meurtrier demeura & ne quitta point
le faint Prélat , qui jetta fon Etole au cou
de la bête , la fit conduire par ce prifonnier
jufqu'à la Place publique de la Ville,
où elle fe laiffa attacher , & fut brûlée ;
après quoy on fit grace au meurtrier qui
ne s'étoit point épouventé. S. Ouen, fucceffeur
1682 MERCURE DE FRANCE
3
,
ceffeur de S. Romain , pour conferver la
memoire de ce miracle , obtint du Roy ,
Dagobert , dont il étoit Chancelier , le
Privilege en queftion , tel qu'il s'obferve
encore aujourd'huy.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
La cérémonie de la FIERTE, ou Châsse de Saint Romain, se tient annuellement à Rouen et rassemble un grand nombre de participants. Ce privilège, l'un des plus anciens monuments de la piété des rois de France, permet l'absolution d'un criminel et de ses complices lors de la fête de l'Ascension. Cependant, cette grâce n'est pas accordée aux criminels accusés de lèse-majesté, d'hérésie, de fausse monnaie, de viol ou d'assassinat de guet-à-pens. La procédure débute le lundi quinzième jour avant les Rogations, lorsque quatre chanoines sont envoyés au Parlement, à la Cour des Aydes et au Présidial pour vérifier et insérer le privilège. Pendant les trois jours des Rogations, deux chanoines et un greffier recueillent les confessions des criminels prétendant au privilège. Le jour de l'Ascension, les chanoines se réunissent pour élire le criminel à délivrer. Après lecture des confessions, le nom du criminel est porté au Parlement, qui ordonne son transfert et son interrogatoire. Une fois sa rémission admise, il est conduit en procession à la vieille Tour, où il reçoit une correction et porte la châsse de Saint Romain jusqu'à la grande église. Il y reçoit une messe et est finalement renvoyé après une confession et une amende honorable. Selon la tradition, ce privilège trouve son origine dans un miracle attribué à Saint Romain, archevêque de Rouen, qui délivra un prisonnier ayant fait preuve de courage face à un serpent monstrueux. Son successeur, Saint Ouen, obtint du roi Dagobert le privilège qui est encore observé de nos jours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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825
p. 1756-1767
FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
Début :
Le jour* destiné pour cette Fête étant arrivé, les Chasseurs ne crûrent pas [...]
Mots clefs :
Entrevaux, Chasseurs chevaliers de Saint-Hubert, Chasseurs chevaliers, Fête, Saint-Hubert, Dauphin, Reine, Monarque, Repas, Gibier, Chanson, Château d'Entrevaux, Naissance du Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
FESTE des Chaffeurs Chevaliers de Saint
Hubert , donnée à Entrevaux en Provence.
*
E jour deſtiné pour cette Fête étant
Larrivé ,les Chaffeurs ne crurent pas
la pouvoir mieux commencer que par une
Meffe qu'ils firent celebrer par un Aumônieren
titre qu'ils qualifierent de Saint
Hubert. Ce fut , comme on dit ordinairement
, une Meffe de Cháffeur ; mais fi
elle fut courte , elle fut fuivie d'un Dif
Cours un peu long , mais affez éloquent,
& qui n'auroit pas été defaprouvé ailleurs.
que
le 4.
Nous n'avons reçû cette Relation
Août 1730. par lafause de la perfonne qui s'en
ésoit chargées
Le
A O UST . 1730. 1757
L'Orateur , je veux dire , le nouvel Abbé
de S.Hubert , s'adreffant aux Chevaliers
de'Ordre , leur dit en fubftance :
و
MESSIEURS ,
7
Après avoir offert le Sacrifice felon vos
intentions pour remercier le Roi des Rois de
la grace fignalée qu'il vient d'accorder à ce
Royaume , en nous donnant un Dauphin,
après l'avoir ardemment fupplié de nous conferver
un don fi précieux qui affure le bonheur
de la France & la tranquilité de l'Enrope
, après lui avoir demandé qu'il faſſe
jouird'une fanté parfaite cette vertuense Reine
fi précieuse àl'Etat parfon heureufefecondité,
qu'il prolonge enfin les jours du Roi audelà
des plus longsjours de fes prédeceffeurs,
je ne puis que louer le zele qui vous anime
& qui vous a fait prendre le deffein de confacrer
cejour à lajoye que doit caufer cet Evenement
à tous les coeurs françois. Vous avez
choifi parmi les vertusRoyalles de notre augufte
Monarque celle qu'il vous convient le
mieux de celebrer ; vous voulez, honorer cette
vertu héroïque dont l'inclination pour la Chaf
fe eft toujours le préſage. En effet , Meffieurs ,
Les hiftoires ne nous repréfentent gueres de
Héros qui n'ayent eu dans leur enfance ce pen
chant dominant pour la Chaffe , les Alexan
dre les Cyrus , les Conftantins , les Charle
magne
1758 MERCURE DE FRANCE
magne , les Saint Louis , les Henris & c
tous ont été Chaffeurs avant que d'être Conquerans
; ce noble exercice eft l'école des grands
Capitaines ; les Chaffeurs ont leurs loix
leurs ordres , leurs campemens , leurs marches,
leurs rufes en un mot , la Chaffe eft l'image
de la guerre.
Puiffiez- vous , Meffieurs , fi lajustice des
armes de la France venoit à realifer cette
image , vous fervir de la force , de l'adreſſe ,
du courage , du fangfroid & de toutes les autres
qualités qui s'acquierent dans ce penible
exercice : puiffiez- vous vous en fervir efficacement
pour la gloire de notre Monarque ,
pour le bien & l'honneur de la Patrie.
Ce Difcours étant fini , on fe rendit au
lieu deſtiné , & où tous les préparatifs
avoient été faits les jours précedens . On
avoit choiſi un petit terrain , fitué ſur le
bord duVar , proche des limites qui féparent
la France de la Savoye , du côté de
Nice , à un quart de lieuë de la Ville d'Entrevaux
; on avoit la Riviere à gauche en
regardant le Levant , & à droite un Rocher
fort élevé, du haut duquel fe préci
pitent les eaux d'un ruiffeau qui forment
une affez agréable Caſcade , & qui font
-en cet endroit là la féparation des deux
-Etats.
Il feroit difficile d'exprimer avec quelle
vîteffe
A O UST. 1730. 1759
viteffe & quelle regularité on vit élever
en fi
peu de tems une piramide triangu
laire , il eft vrai qu'on avoit préparé d'avance
des fapins & des peupliers fort
hauts , des planches , des clous & tous les
outils neceflaires , & fur tout des Echelles;
on avoit de même déja peint en autant de
differens chaffis toutes les pieces qui devoient
revêtir cette Piramide , à quoi plu
fieur rames de papier furent employées.
Ici un Lecteur qui ne fe feroit pas défait
des prejugés de l'enfance , pourroit
fur ce mot de papier fe former une idée
peu avantageule du travail & de la peinture
qui ornoient cette Piramide ; mais
eft-ce toujours la matiere feule qui fait le
prix d'un Ouvrage La forme avec tout
ce qu'une habile main peut ajoûter d'agréable
& d'ingénieux à la matiere , de
quelque nature qu'elle foit , ne lui eft- elle
pas ce que l'ame eft au corps ? de quelles
beautés le papier n'eft- il pas fufceptible ?
Et quels tréfors ne lui confie- t- on pas ?
on pourroit en apporter cent exemples
fi cette verité avoit befoin de preuve ; s'il
avoit fallu dans cette occafion que la richeffe
de la matiere eut répondu à l'ar
deur de notre zele , ni les métaux les plus
précieux , ni les marbres les plus riches ,
n'auroient jamais pû le faire ; & quelque
pompeux & folide qu'eut été ce monu
ment
1760 MERCURE DE FRANCE
ment , il n'auroit jamais eu la durée
que
le papier peut lui donner.
On auroit de la peine à
comprendre ,
ainfi que je viens de dire , comme tout fut
mis en place avec tant de jufteffe , fi on
ne faifoit
remarquer que parmi ces Chaf
feurs il y avoit des Ingenieurs , des Architectes
, des Peintres , des Poëtes & c,
fans qu'aucun d'eux en faffe
profeffion .
Venator omnis homo.
Tous ces talens réunis furent d'un grand
fecours pour la perfection de l'Ouvrage
& fur tout fi l'on ajoûte qu'outre la main
& la direction de fept Maîtres , il y avoit
autant de valets , dont les uns étoient
Charpentiers , les autres Maffons. & c. Enfin
avant la nuit tout fut mis en place , &
tout fut illuminé dès qu'elle parut.
Je ne m'amuferai pas à faire un détail
de
l'arrangement , ni de l'effet d'un nombre
infini de falots & de lampions qui entouroient
tout le terrain qu'on avoit choifi
, tout Lecteur qui comprend ce que fçavent
faire des gens entendus , bien intionnés
& genereux , en concevra une
idée plus
avantageufe que celle que je
pourrois lui en donner par des
tions outrées ; il me fuffit de dire qu'on
n'a peut-être jamais rien fait de plus charmant
, & qui ait eu moins de fpectateurs ;
nous en étions les feuls , auffi ne l'avions
exageranous
A O UST. 1730. 1761
nous fait que pour nous , c'eft à dire ,
uniquement pour le plaifir de donner en
particulier les marques les plus finceres
de cette joye que le coeur d'un bon François
peut fentir, & que fa langue ne fçauroit
exprimer.
le
D'ailleurs, fi cette charmante Fête n'eut
pas d'autres témoins , c'eſt qu'il n'appartient
qu'à de gens de guerre ou à de Chaf
feurs de camper , habet fua Caftra Diana,
& de paffer la nuit dans des agitations ſi
differentes & dans des mouvemens qui
ne furent pas même interrompus par
repos de la table ; car quoique des valets
entendus fuffent chargés du foin de faire
tirer par intervale un grand nombre de
Boëtes , dont le bruit s'étendoit fi au loin
par les ondulations & les repercuffions
fucceffives des échos des Montagnes, qu'on
nous a affuré avoir été entendu de trois
ou quatre lieuës à la ronde ; quoique nos
Valets , dis-je , euffent le foin de cette artillerie
bruyante , il fe détachoit toujours
quelque Maître pour ordonner & pour
faire executer à propos. C'eft ainfi que la
préſence de l'Officier eft neceffaire aux
Soldats dans une expedition militaire.
Je ne dis rien du Repas ni de l'apetit.
On ne fervit que du Gibier , & l'on mangea
comme des Chaffeurs ; c'eft tout dire.
La table étoit dreffée à la Turque , la nape
D étoit
7
1762 MERCURE DE FRANCE
étoit étenduë fur le même gazon qui nous.
fervoit de fiege . De cette charmante &
naturelle fituation , non loin de nos Barraques
, gardées par plufieurs chiens à
l'attache , nous admirions la face de la Piramide
qui tournoit de ce côté- là; je donnerai
l'Extrait abregé de ce qu'elle repréfentoit,
& de ce qu'on voyoit fur les deux,
autres faces , après avoir dit en deux mots
ce que j'avois oublié en parlant de ce Monument
élevé en fi peu de temps. Le piédeſtal
de cette Pyramide tranſparente
étoit d'un très -beau Marbre feint & richement
veiné ; elle étoit furmontée d'un .
Globe parfait, ouvert au - deffus , très - bien
illuminé au-dedans. On voyoit fur ce.
Globe de trois côtez les Armes de France
foûtenuës par trois Dauphins , chacun fur
un des Angles , où l'on avoit ménagé , de
même qu'en plufieurs autres endroits , des .
ouvertures pour la fumée des Lampions.
qui étoient en dedans , & dont la lumiere
moins vive , mêlée à celle des Lampions
du dehors qui regnoient tout le long des
trois angles , diftribuoit fi à propos le
clair & l'obfcur fur la Peinture , qu'au jugement
des connoiffeurs , on n'a jamais
rien vû de plus curieux . Auffi M. le Chevalier
de..... qui en eft l'Inventeur , a
promis de faire admirer cet effet furprenant
dans une grande Ville à la naiffance
du
AOUST . 1730. 1763
du fecond Prince que nous attendons.
On voyoit tout le long de ces trois faces
des Devifes & des Emblêmes qui répondoient
au fujet qui étoit repréſenté
au bas ; c'étoit comme trois Tableaux ;
dans l'un on voyoit la Reine avec cet
air de Majefté qui infpire le refpect & la
confiance , elle avoit à fa fuite toutes les
Vertus peintes avec leurs attributs , elles
faifoient paroître leur admiration & leur
joye , & fembloient dire à la Reine qu'elles
avoient contribué à faire defcendre du
Ciel ce cher Dauphin que l'on voyoit fur
une nuée dans un Berceau que deux Anges
foutenoient d'une main , portant de
l'autre plufieurs tiges de Lys. Voici comme
on fait parler les Vertus .
Quem tua vota diù Filium Regina petebant ,"
Hunc Deus , & nobis, dum dedit ipfe tibi.
per-
On avoit repréſenté de l'autre côté une
Mer tranquille avec un Dauphin portant
Arion furfon dos ; une multitude de
fonnes de toutes Nations, très -bien repréfentées
par leurs differens habits , paroiffoit
fur le Rivage , les yeux attachez fur
ce Dauphin. Les Devifes en plufieurs fortes
de Langues, exprimoient parfaitement
l'interêt que doivent prendre ces differens
Peuples au bonheur de la France ; ces Devifes
étoient en Italien , en Efpagnol , en
Dij Allez
1764 MERCURE DE FRANCE
Allemand , en Anglois , en Arabe , & c.
Venator omnis homo. Je le repete , & toûjours
dans le même fens. La plupart de
ces Meffieurs ont voyagé dans ces differens
Pays , mais il y avoit réelement 'un
Gafcon de Nation , qui voulut mettre en
fa propre Langue , une Devife parmi celles
là , ce qui donna lieu au Gafconifme
des derniers Couplets de la Chanfon , où
l'on voit la Lettre b,au lieu de l'u . Ce fut ce
changement de Lettres ou de prononciation
qui fit autrefois dire à Scaliger :
26
Non temerè antiquas mutas vafconia voces
Cui nihil eft aliud vivere quàm bibere.
Lés Gafcons , fans témerité ,
Prononçant aujourd'hui contre l'Antiquité
N'en peuvent dire d'autre cauſe ;
Sinon que la vivacité ,
Avec la bibacité ,
Eft chez eux une même chose.
Enfin dans la troifiéme face en Perfpective
des Chaffeurs , on voyoit fur un nuage
brillant S. Hubert qui fuiyoit le Roi,
& qui fembloit lui marquer la route qu'il
devoit tenir à la Chaffe . Ce Monarque
étoit à pied , & avec cette adreffe & cette
bonne grace qui le font diſtinguer fi facilement
des autres hommes , il couchoit
fon
AOUST. 1730. 1765
fon fufil en jouë fur des Oifeaux de proye,
fur des Corbeaux & autres Oifeaux de
mauvaiſe augure , qu'on voyoit dans le
lointain s'envoler en confufion , comme
on voyoit plus bas fur un terrain éloigné ,
des Loups , des Renards , &c. rentrer avec
précipitation dans leurs tanieres , tandis
qu'il paroiffoit fur une autre ligne & à la
portée du fufil , des Colombes , des Tourterelles
, &c. qui ſembloient ſe réjoüir &
fe raffurer à fon approche.
On avoit peint à fes pieds des Chiens de
Chaffe , à l'arrêt des Perdrix, des Lievres ,
&c. deforte qu'on auroit dit que le Gibier
le venoit offrir lui- même aux dépens
de fa vie , pour le plaifir du Roy. On
avoit exprimé cela par ces Vers :
Agmina nigra fugat , ceffant trepidare Cotumba
,
Heros venator fic LoDoicús erit.
Ecce Lupos cogit & vulpes intrare cavernas ?
Nos verò occidat Regis amica manus.
Voila à peu près , en abregé , la Rela
tion de la Fête des Chaffeurs , qu'on a
fupprimée avec celle de la Fête que le
Grand-Vicaire de Glandé ve fit le même
jour à l'Evêché. Il y avoit devant la porte
un Arc de Triomphe très - bien entendu ,
parfaitement illuminé & chargé de quan-
Diij tité
1766 MERCURE DE FRANCE
tité de Devifes . On ne pouvoit rien ajoûter
aux Illuminations , au bruit continuel
des Boëtes & à tout ce qui peut fuppléer
aux Artifices & aux Fufées qu'il ne
fut pas poffible d'avoir dans ces Montagnes.
Si ces deux Relations , qui étoient une
fuite de celle de la Réjoüiffance du Commandant
d'Entrevaux , avoient paru , le
Public , à qui il ne faut jamais impoſer, &
qu'il fautau contraire inftruire des faits hif
toriques qu'on peut ignorer , auroit appris
des particularitez fur l'établiffement
& l'ancienneté de cet Evêché & de la Ville
d'Entrevaux au lieu que l'Auteur du
;
Memoire qui a été inferé dans le Mercure,
donne pour toute érudition plufieurs fautes
en peu de mots. Il fait entr'autres la petiteVille
d'Entrevaux Frontiere de Piemont,
tandis qu'elle ne l'eft que de cette partie
de Savoye , qu'on appelle la Comté de Nice
, dont les Habitans font Régnicoles de
France. Nice , Villefranche , Vintimille ,
& leurs dépendances , faifoient partie de
la Provence , dont les Rois de France ſe
difent encore Comtes aujourd'hui.
S'il n'eft pas d'une grande importance
de fçavoir ces faits , il eſt au moins trèscertain
qu'il n'étoit pas fi neceffaire de
manquer d'exactitude fur ce point & fur
plufieurs autres , dont les perfonnes de 7
ce
AOUST. 1730. 1767
ce Pays ont été fâchées . On ne fçauroit ,
au refte , affez louer le zele de ce genereux
Commandant , ni la bonne volonté
de M. Paravicini , & non Palavicini , Capitaine
d'une Compagnie Suiffe . Il ne me
refte plus qu'à joindre ici les Vers que fit
un des Chaffeurs , & qui fùrent mis en
Mufique par un autre Chaffeur . Venator
omnis homo.
Hubert , donnée à Entrevaux en Provence.
*
E jour deſtiné pour cette Fête étant
Larrivé ,les Chaffeurs ne crurent pas
la pouvoir mieux commencer que par une
Meffe qu'ils firent celebrer par un Aumônieren
titre qu'ils qualifierent de Saint
Hubert. Ce fut , comme on dit ordinairement
, une Meffe de Cháffeur ; mais fi
elle fut courte , elle fut fuivie d'un Dif
Cours un peu long , mais affez éloquent,
& qui n'auroit pas été defaprouvé ailleurs.
que
le 4.
Nous n'avons reçû cette Relation
Août 1730. par lafause de la perfonne qui s'en
ésoit chargées
Le
A O UST . 1730. 1757
L'Orateur , je veux dire , le nouvel Abbé
de S.Hubert , s'adreffant aux Chevaliers
de'Ordre , leur dit en fubftance :
و
MESSIEURS ,
7
Après avoir offert le Sacrifice felon vos
intentions pour remercier le Roi des Rois de
la grace fignalée qu'il vient d'accorder à ce
Royaume , en nous donnant un Dauphin,
après l'avoir ardemment fupplié de nous conferver
un don fi précieux qui affure le bonheur
de la France & la tranquilité de l'Enrope
, après lui avoir demandé qu'il faſſe
jouird'une fanté parfaite cette vertuense Reine
fi précieuse àl'Etat parfon heureufefecondité,
qu'il prolonge enfin les jours du Roi audelà
des plus longsjours de fes prédeceffeurs,
je ne puis que louer le zele qui vous anime
& qui vous a fait prendre le deffein de confacrer
cejour à lajoye que doit caufer cet Evenement
à tous les coeurs françois. Vous avez
choifi parmi les vertusRoyalles de notre augufte
Monarque celle qu'il vous convient le
mieux de celebrer ; vous voulez, honorer cette
vertu héroïque dont l'inclination pour la Chaf
fe eft toujours le préſage. En effet , Meffieurs ,
Les hiftoires ne nous repréfentent gueres de
Héros qui n'ayent eu dans leur enfance ce pen
chant dominant pour la Chaffe , les Alexan
dre les Cyrus , les Conftantins , les Charle
magne
1758 MERCURE DE FRANCE
magne , les Saint Louis , les Henris & c
tous ont été Chaffeurs avant que d'être Conquerans
; ce noble exercice eft l'école des grands
Capitaines ; les Chaffeurs ont leurs loix
leurs ordres , leurs campemens , leurs marches,
leurs rufes en un mot , la Chaffe eft l'image
de la guerre.
Puiffiez- vous , Meffieurs , fi lajustice des
armes de la France venoit à realifer cette
image , vous fervir de la force , de l'adreſſe ,
du courage , du fangfroid & de toutes les autres
qualités qui s'acquierent dans ce penible
exercice : puiffiez- vous vous en fervir efficacement
pour la gloire de notre Monarque ,
pour le bien & l'honneur de la Patrie.
Ce Difcours étant fini , on fe rendit au
lieu deſtiné , & où tous les préparatifs
avoient été faits les jours précedens . On
avoit choiſi un petit terrain , fitué ſur le
bord duVar , proche des limites qui féparent
la France de la Savoye , du côté de
Nice , à un quart de lieuë de la Ville d'Entrevaux
; on avoit la Riviere à gauche en
regardant le Levant , & à droite un Rocher
fort élevé, du haut duquel fe préci
pitent les eaux d'un ruiffeau qui forment
une affez agréable Caſcade , & qui font
-en cet endroit là la féparation des deux
-Etats.
Il feroit difficile d'exprimer avec quelle
vîteffe
A O UST. 1730. 1759
viteffe & quelle regularité on vit élever
en fi
peu de tems une piramide triangu
laire , il eft vrai qu'on avoit préparé d'avance
des fapins & des peupliers fort
hauts , des planches , des clous & tous les
outils neceflaires , & fur tout des Echelles;
on avoit de même déja peint en autant de
differens chaffis toutes les pieces qui devoient
revêtir cette Piramide , à quoi plu
fieur rames de papier furent employées.
Ici un Lecteur qui ne fe feroit pas défait
des prejugés de l'enfance , pourroit
fur ce mot de papier fe former une idée
peu avantageule du travail & de la peinture
qui ornoient cette Piramide ; mais
eft-ce toujours la matiere feule qui fait le
prix d'un Ouvrage La forme avec tout
ce qu'une habile main peut ajoûter d'agréable
& d'ingénieux à la matiere , de
quelque nature qu'elle foit , ne lui eft- elle
pas ce que l'ame eft au corps ? de quelles
beautés le papier n'eft- il pas fufceptible ?
Et quels tréfors ne lui confie- t- on pas ?
on pourroit en apporter cent exemples
fi cette verité avoit befoin de preuve ; s'il
avoit fallu dans cette occafion que la richeffe
de la matiere eut répondu à l'ar
deur de notre zele , ni les métaux les plus
précieux , ni les marbres les plus riches ,
n'auroient jamais pû le faire ; & quelque
pompeux & folide qu'eut été ce monu
ment
1760 MERCURE DE FRANCE
ment , il n'auroit jamais eu la durée
que
le papier peut lui donner.
On auroit de la peine à
comprendre ,
ainfi que je viens de dire , comme tout fut
mis en place avec tant de jufteffe , fi on
ne faifoit
remarquer que parmi ces Chaf
feurs il y avoit des Ingenieurs , des Architectes
, des Peintres , des Poëtes & c,
fans qu'aucun d'eux en faffe
profeffion .
Venator omnis homo.
Tous ces talens réunis furent d'un grand
fecours pour la perfection de l'Ouvrage
& fur tout fi l'on ajoûte qu'outre la main
& la direction de fept Maîtres , il y avoit
autant de valets , dont les uns étoient
Charpentiers , les autres Maffons. & c. Enfin
avant la nuit tout fut mis en place , &
tout fut illuminé dès qu'elle parut.
Je ne m'amuferai pas à faire un détail
de
l'arrangement , ni de l'effet d'un nombre
infini de falots & de lampions qui entouroient
tout le terrain qu'on avoit choifi
, tout Lecteur qui comprend ce que fçavent
faire des gens entendus , bien intionnés
& genereux , en concevra une
idée plus
avantageufe que celle que je
pourrois lui en donner par des
tions outrées ; il me fuffit de dire qu'on
n'a peut-être jamais rien fait de plus charmant
, & qui ait eu moins de fpectateurs ;
nous en étions les feuls , auffi ne l'avions
exageranous
A O UST. 1730. 1761
nous fait que pour nous , c'eft à dire ,
uniquement pour le plaifir de donner en
particulier les marques les plus finceres
de cette joye que le coeur d'un bon François
peut fentir, & que fa langue ne fçauroit
exprimer.
le
D'ailleurs, fi cette charmante Fête n'eut
pas d'autres témoins , c'eſt qu'il n'appartient
qu'à de gens de guerre ou à de Chaf
feurs de camper , habet fua Caftra Diana,
& de paffer la nuit dans des agitations ſi
differentes & dans des mouvemens qui
ne furent pas même interrompus par
repos de la table ; car quoique des valets
entendus fuffent chargés du foin de faire
tirer par intervale un grand nombre de
Boëtes , dont le bruit s'étendoit fi au loin
par les ondulations & les repercuffions
fucceffives des échos des Montagnes, qu'on
nous a affuré avoir été entendu de trois
ou quatre lieuës à la ronde ; quoique nos
Valets , dis-je , euffent le foin de cette artillerie
bruyante , il fe détachoit toujours
quelque Maître pour ordonner & pour
faire executer à propos. C'eft ainfi que la
préſence de l'Officier eft neceffaire aux
Soldats dans une expedition militaire.
Je ne dis rien du Repas ni de l'apetit.
On ne fervit que du Gibier , & l'on mangea
comme des Chaffeurs ; c'eft tout dire.
La table étoit dreffée à la Turque , la nape
D étoit
7
1762 MERCURE DE FRANCE
étoit étenduë fur le même gazon qui nous.
fervoit de fiege . De cette charmante &
naturelle fituation , non loin de nos Barraques
, gardées par plufieurs chiens à
l'attache , nous admirions la face de la Piramide
qui tournoit de ce côté- là; je donnerai
l'Extrait abregé de ce qu'elle repréfentoit,
& de ce qu'on voyoit fur les deux,
autres faces , après avoir dit en deux mots
ce que j'avois oublié en parlant de ce Monument
élevé en fi peu de temps. Le piédeſtal
de cette Pyramide tranſparente
étoit d'un très -beau Marbre feint & richement
veiné ; elle étoit furmontée d'un .
Globe parfait, ouvert au - deffus , très - bien
illuminé au-dedans. On voyoit fur ce.
Globe de trois côtez les Armes de France
foûtenuës par trois Dauphins , chacun fur
un des Angles , où l'on avoit ménagé , de
même qu'en plufieurs autres endroits , des .
ouvertures pour la fumée des Lampions.
qui étoient en dedans , & dont la lumiere
moins vive , mêlée à celle des Lampions
du dehors qui regnoient tout le long des
trois angles , diftribuoit fi à propos le
clair & l'obfcur fur la Peinture , qu'au jugement
des connoiffeurs , on n'a jamais
rien vû de plus curieux . Auffi M. le Chevalier
de..... qui en eft l'Inventeur , a
promis de faire admirer cet effet furprenant
dans une grande Ville à la naiffance
du
AOUST . 1730. 1763
du fecond Prince que nous attendons.
On voyoit tout le long de ces trois faces
des Devifes & des Emblêmes qui répondoient
au fujet qui étoit repréſenté
au bas ; c'étoit comme trois Tableaux ;
dans l'un on voyoit la Reine avec cet
air de Majefté qui infpire le refpect & la
confiance , elle avoit à fa fuite toutes les
Vertus peintes avec leurs attributs , elles
faifoient paroître leur admiration & leur
joye , & fembloient dire à la Reine qu'elles
avoient contribué à faire defcendre du
Ciel ce cher Dauphin que l'on voyoit fur
une nuée dans un Berceau que deux Anges
foutenoient d'une main , portant de
l'autre plufieurs tiges de Lys. Voici comme
on fait parler les Vertus .
Quem tua vota diù Filium Regina petebant ,"
Hunc Deus , & nobis, dum dedit ipfe tibi.
per-
On avoit repréſenté de l'autre côté une
Mer tranquille avec un Dauphin portant
Arion furfon dos ; une multitude de
fonnes de toutes Nations, très -bien repréfentées
par leurs differens habits , paroiffoit
fur le Rivage , les yeux attachez fur
ce Dauphin. Les Devifes en plufieurs fortes
de Langues, exprimoient parfaitement
l'interêt que doivent prendre ces differens
Peuples au bonheur de la France ; ces Devifes
étoient en Italien , en Efpagnol , en
Dij Allez
1764 MERCURE DE FRANCE
Allemand , en Anglois , en Arabe , & c.
Venator omnis homo. Je le repete , & toûjours
dans le même fens. La plupart de
ces Meffieurs ont voyagé dans ces differens
Pays , mais il y avoit réelement 'un
Gafcon de Nation , qui voulut mettre en
fa propre Langue , une Devife parmi celles
là , ce qui donna lieu au Gafconifme
des derniers Couplets de la Chanfon , où
l'on voit la Lettre b,au lieu de l'u . Ce fut ce
changement de Lettres ou de prononciation
qui fit autrefois dire à Scaliger :
26
Non temerè antiquas mutas vafconia voces
Cui nihil eft aliud vivere quàm bibere.
Lés Gafcons , fans témerité ,
Prononçant aujourd'hui contre l'Antiquité
N'en peuvent dire d'autre cauſe ;
Sinon que la vivacité ,
Avec la bibacité ,
Eft chez eux une même chose.
Enfin dans la troifiéme face en Perfpective
des Chaffeurs , on voyoit fur un nuage
brillant S. Hubert qui fuiyoit le Roi,
& qui fembloit lui marquer la route qu'il
devoit tenir à la Chaffe . Ce Monarque
étoit à pied , & avec cette adreffe & cette
bonne grace qui le font diſtinguer fi facilement
des autres hommes , il couchoit
fon
AOUST. 1730. 1765
fon fufil en jouë fur des Oifeaux de proye,
fur des Corbeaux & autres Oifeaux de
mauvaiſe augure , qu'on voyoit dans le
lointain s'envoler en confufion , comme
on voyoit plus bas fur un terrain éloigné ,
des Loups , des Renards , &c. rentrer avec
précipitation dans leurs tanieres , tandis
qu'il paroiffoit fur une autre ligne & à la
portée du fufil , des Colombes , des Tourterelles
, &c. qui ſembloient ſe réjoüir &
fe raffurer à fon approche.
On avoit peint à fes pieds des Chiens de
Chaffe , à l'arrêt des Perdrix, des Lievres ,
&c. deforte qu'on auroit dit que le Gibier
le venoit offrir lui- même aux dépens
de fa vie , pour le plaifir du Roy. On
avoit exprimé cela par ces Vers :
Agmina nigra fugat , ceffant trepidare Cotumba
,
Heros venator fic LoDoicús erit.
Ecce Lupos cogit & vulpes intrare cavernas ?
Nos verò occidat Regis amica manus.
Voila à peu près , en abregé , la Rela
tion de la Fête des Chaffeurs , qu'on a
fupprimée avec celle de la Fête que le
Grand-Vicaire de Glandé ve fit le même
jour à l'Evêché. Il y avoit devant la porte
un Arc de Triomphe très - bien entendu ,
parfaitement illuminé & chargé de quan-
Diij tité
1766 MERCURE DE FRANCE
tité de Devifes . On ne pouvoit rien ajoûter
aux Illuminations , au bruit continuel
des Boëtes & à tout ce qui peut fuppléer
aux Artifices & aux Fufées qu'il ne
fut pas poffible d'avoir dans ces Montagnes.
Si ces deux Relations , qui étoient une
fuite de celle de la Réjoüiffance du Commandant
d'Entrevaux , avoient paru , le
Public , à qui il ne faut jamais impoſer, &
qu'il fautau contraire inftruire des faits hif
toriques qu'on peut ignorer , auroit appris
des particularitez fur l'établiffement
& l'ancienneté de cet Evêché & de la Ville
d'Entrevaux au lieu que l'Auteur du
;
Memoire qui a été inferé dans le Mercure,
donne pour toute érudition plufieurs fautes
en peu de mots. Il fait entr'autres la petiteVille
d'Entrevaux Frontiere de Piemont,
tandis qu'elle ne l'eft que de cette partie
de Savoye , qu'on appelle la Comté de Nice
, dont les Habitans font Régnicoles de
France. Nice , Villefranche , Vintimille ,
& leurs dépendances , faifoient partie de
la Provence , dont les Rois de France ſe
difent encore Comtes aujourd'hui.
S'il n'eft pas d'une grande importance
de fçavoir ces faits , il eſt au moins trèscertain
qu'il n'étoit pas fi neceffaire de
manquer d'exactitude fur ce point & fur
plufieurs autres , dont les perfonnes de 7
ce
AOUST. 1730. 1767
ce Pays ont été fâchées . On ne fçauroit ,
au refte , affez louer le zele de ce genereux
Commandant , ni la bonne volonté
de M. Paravicini , & non Palavicini , Capitaine
d'une Compagnie Suiffe . Il ne me
refte plus qu'à joindre ici les Vers que fit
un des Chaffeurs , & qui fùrent mis en
Mufique par un autre Chaffeur . Venator
omnis homo.
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Résumé : FESTE des Chasseurs Chevaliers de Saint Hubert, donnée à Entrevaux en Provence.
La fête des Chaffeurs Chevaliers de Saint-Hubert a été organisée à Entrevaux en Provence le 4 août 1730. La célébration a débuté par une messe suivie d'un discours prononcé par le nouvel abbé de Saint-Hubert. Ce discours visait à remercier le Roi des Rois pour la naissance du Dauphin et à prier pour la santé du roi, la fécondité de la reine et la tranquillité de l'Europe. L'orateur a également exalté les vertus des grands héros historiques, tous chasseurs dans leur enfance, et a encouragé les Chevaliers à utiliser les qualités acquises par la chasse pour la gloire du monarque et le bien de la patrie. Après le discours, les participants se sont dirigés vers un terrain près du Var, à la frontière entre la France et la Savoie. Ils y ont rapidement érigé une pyramide triangulaire décorée de sapins, de peupliers, de planches et de papier peint. Cette pyramide représentait des scènes allégoriques : la reine entourée de vertus, une mer tranquille avec un dauphin, et Saint-Hubert guidant le roi vers la chasse. La fête a inclus des illuminations, des feux d'artifice et un repas composé de gibier, servi à la turque sur un gazon. La soirée a été marquée par des activités militaires simulées et des démonstrations de chasse. La fête a été organisée avec une grande précision et un sens esthétique, malgré l'absence de matériaux précieux. Le texte mentionne également des événements spécifiques et des dates, notamment le 7 août 1730 et 1767, ainsi qu'un pays dont les habitants ont été mécontents. Il loue le zèle d'un commandant généreux et la bonne volonté de M. Paravicini, capitaine d'une compagnie suisse. Enfin, il est fait référence à des vers écrits par un des chasseurs et mis en musique par un autre, accompagnés de la phrase latine 'Venator omnis homo'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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826
p. 1767
A LA DÉESSE LUCINE, Qui préside aux Accouchemens.
Début :
Toi, qui des Souverains regles les destinées [...]
Mots clefs :
Accouchement, Naissance du Dauphin, Lucine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A LA DÉESSE LUCINE, Qui préside aux Accouchemens.
A LA DEESSE LUCINE ,
Qui préfide aux Accouchemens.
Toi . Oi , qui des Souverains regles les deſtinées ,
Qui préfides toûjours aux couches fortunées ,
Tu nous comblas de tes bienfaits ,
Sans pourtant combler nos fouhaits.
Quand du Sang des Bourbons tu deftinois des
Reines ,
En deux fois , il eft vrai, ta main en donna trois ;
On dit alors ; quelles Etrennes !
Voilà déja trois Souveraines ,
Pour le bonheur d'autant de Rois
Mais , Lucine , tu fçais fi nos coeurs & nos voix ,
Te demandoient encor avec bien plus d'inſtance ,
De préfider à la Naiffance ,
Du Dauphin , qui fait à la fois ,
Et le bonheur du monde & l'efpoir de la France.
Qui préfide aux Accouchemens.
Toi . Oi , qui des Souverains regles les deſtinées ,
Qui préfides toûjours aux couches fortunées ,
Tu nous comblas de tes bienfaits ,
Sans pourtant combler nos fouhaits.
Quand du Sang des Bourbons tu deftinois des
Reines ,
En deux fois , il eft vrai, ta main en donna trois ;
On dit alors ; quelles Etrennes !
Voilà déja trois Souveraines ,
Pour le bonheur d'autant de Rois
Mais , Lucine , tu fçais fi nos coeurs & nos voix ,
Te demandoient encor avec bien plus d'inſtance ,
De préfider à la Naiffance ,
Du Dauphin , qui fait à la fois ,
Et le bonheur du monde & l'efpoir de la France.
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Résumé : A LA DÉESSE LUCINE, Qui préside aux Accouchemens.
Le texte est une prière à Lucine, déesse des accouchements et des destinées royales. Elle est remerciée pour la naissance de trois reines Bourbons. Les auteurs espèrent qu'elle présidera à la naissance du Dauphin, apportant bonheur et espoir à la France et au monde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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827
p. 1768-1770
COUPLETS sur l'Air de la Cathereine, qui furent chantez pendant le Repas que donna M. le Commandant de la Ville & Château d'Entrevaux.
Début :
Pour répondre à ces Tonnerres, [...]
Mots clefs :
Dauphin, Monarque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COUPLETS sur l'Air de la Cathereine, qui furent chantez pendant le Repas que donna M. le Commandant de la Ville & Château d'Entrevaux.
COUPLETS fur l'Air de la Cathereine
, qui furent chantez pendant le Repas
que donna M. le Commandant de
la Ville & Château d'Entrevaux .
Pour répondre à ces Tonnerres ,
Que fait le bruit du Canon ,
Faifons en choquant nos verres ,
Un Bachique carillon ;
De cette Liqueur charmante ,
On ne fçauroit voir la fin ,
Si fans ceffe l'on ne chante
Vive , vive le Dauphin.
Pour une fanté fi chere ,
Notre zelé Gouverneur ,
Avec la meilleure chere ,
Livre fon vin & fon coeur;
Veut- on fçavoir comme il penſe
Il croit que c'eft être heureux ,
Quand pour l'honneur de la France,
On peut être genereux.
Répondons par notre zele ,
A ces nobles fentimens ,
Sur ce genereux modele ,
Regions nos empreffemens ;
Qu'à fes foins nos voix s'uniffent ,
Et
A O UST. 1730. 1769
Et chantons fi fort qu'enfin ,
Nos Rochers ne retentiffent ,
Que du feul nom du Dauphin.
M
Et toi, Nymphe , qui repetes,
Chante plus haut , c'eſt à toi ,
Porte le bruit de nos Fêtes ,
Jufqu'à l'oreille du Roi ;
Et di lui que Ja Provence ,
Sans richeffe , fans éclat ,
Surpaffe en Réjouiffance
Tout le refte de l'Etat.
粥
Di que rien n'eft magnifique ,
Que notre fimplicité ,
Et que notre politique
N'eft que la fincerité ;
Echo , fidele Interprete ,
Qui rends toûjours fon pour fon'
Vole par tout & repete
,
Tout ce que dit ma Chanfon
Di qu'une Reine féconde ,
En nous donnant ce Heros ;
Affure au refte du monde ,
Le bonheur & le repos;,
La Paix long-temps fur la terre ,
Dv
Amufera
1770 MERCURE DE FRANCE
Amufera le Guerrier ,
Ou s'il veut faire la guerre ,
Ce ne fera qu'au Gibier.
藥
Déja l'augufte Monarque ,
Sans craindre pour fa fanté ,
Lui que la main de la Parque ,
A fi fouvent refpecté ;
Quand Diane le délaffe ,
Des foins du Gouvernement
Nous fait voir combien la Chaffe
Eft un noble amuſement.
Puifque ce noble Exercice
Fait fes innocens plaifirs ,
Saint Hubert lui ſoit propice
Et feconde fes defirs ;
Qu'en chaffant il le conduife ,
Et le conduife fi bien ,
Que jamais rien ne lui nuife,
Pas même à fon petit Chien.
, qui furent chantez pendant le Repas
que donna M. le Commandant de
la Ville & Château d'Entrevaux .
Pour répondre à ces Tonnerres ,
Que fait le bruit du Canon ,
Faifons en choquant nos verres ,
Un Bachique carillon ;
De cette Liqueur charmante ,
On ne fçauroit voir la fin ,
Si fans ceffe l'on ne chante
Vive , vive le Dauphin.
Pour une fanté fi chere ,
Notre zelé Gouverneur ,
Avec la meilleure chere ,
Livre fon vin & fon coeur;
Veut- on fçavoir comme il penſe
Il croit que c'eft être heureux ,
Quand pour l'honneur de la France,
On peut être genereux.
Répondons par notre zele ,
A ces nobles fentimens ,
Sur ce genereux modele ,
Regions nos empreffemens ;
Qu'à fes foins nos voix s'uniffent ,
Et
A O UST. 1730. 1769
Et chantons fi fort qu'enfin ,
Nos Rochers ne retentiffent ,
Que du feul nom du Dauphin.
M
Et toi, Nymphe , qui repetes,
Chante plus haut , c'eſt à toi ,
Porte le bruit de nos Fêtes ,
Jufqu'à l'oreille du Roi ;
Et di lui que Ja Provence ,
Sans richeffe , fans éclat ,
Surpaffe en Réjouiffance
Tout le refte de l'Etat.
粥
Di que rien n'eft magnifique ,
Que notre fimplicité ,
Et que notre politique
N'eft que la fincerité ;
Echo , fidele Interprete ,
Qui rends toûjours fon pour fon'
Vole par tout & repete
,
Tout ce que dit ma Chanfon
Di qu'une Reine féconde ,
En nous donnant ce Heros ;
Affure au refte du monde ,
Le bonheur & le repos;,
La Paix long-temps fur la terre ,
Dv
Amufera
1770 MERCURE DE FRANCE
Amufera le Guerrier ,
Ou s'il veut faire la guerre ,
Ce ne fera qu'au Gibier.
藥
Déja l'augufte Monarque ,
Sans craindre pour fa fanté ,
Lui que la main de la Parque ,
A fi fouvent refpecté ;
Quand Diane le délaffe ,
Des foins du Gouvernement
Nous fait voir combien la Chaffe
Eft un noble amuſement.
Puifque ce noble Exercice
Fait fes innocens plaifirs ,
Saint Hubert lui ſoit propice
Et feconde fes defirs ;
Qu'en chaffant il le conduife ,
Et le conduife fi bien ,
Que jamais rien ne lui nuife,
Pas même à fon petit Chien.
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Résumé : COUPLETS sur l'Air de la Cathereine, qui furent chantez pendant le Repas que donna M. le Commandant de la Ville & Château d'Entrevaux.
Lors d'un repas organisé par le commandant de la ville et du château d'Entrevaux, les convives célèbrent le Dauphin en faisant tinter leurs verres et en chantant en son honneur. Le gouverneur, décrit comme zélé et généreux, offre son vin et son cœur pour l'honneur de la France. Les participants expriment leur zèle et leur générosité, unissant leurs voix pour chanter le nom du Dauphin. Ils souhaitent que leurs réjouissances atteignent le roi et soulignent que la Provence, malgré son manque de richesse, surpasse les autres régions en réjouissance. Le texte vante la simplicité et la sincérité de la Provence et espère que le Dauphin apportera le bonheur et la paix. Il mentionne également le roi, qui se livre à la chasse, un noble amusement, et souhaite que cette activité lui soit bénéfique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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828
p. 1869-1870
D'AFRIQUE, TURQUIE ET PERSE.
Début :
La nouvelle de la mort de Muley Abdallah, Roi de Maroc, ne s'est pas confirmée, & les [...]
Mots clefs :
Roi du Maroc, Roi de Perse, Perse, Afrique, Turquie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : D'AFRIQUE, TURQUIE ET PERSE.
D'AFRIQUE , TURQUIE ET PERSE.
A nouvelle de la mort de Muley Abdallah ;
LRoi de Maroc , ne s'eft pas confirmée , or les
Lettres de Tetuan , du 15. Juin dernier , portent
que ce Prince marchoit contre les Rebelles , à la
tête d'une puiffante armée , & que Lotabi , l'un
des Chefs du Parti contraire , qui commandoit
un Corps d'armée de 12 à 15000. hommes , s'étoit
foumis avec toutes fes Troupes .
Les Lettres de Ceuta du 20. Juin , portent que
le Pacha- Hamet , Gouverneur de Tétouan , avoit
été difgracié , que fon Agent auprès du Roi de
Maroc avoit été condamné à mort ; qu'en atten-,
dant l'execution , il étoit aux chaînes , & qu'on
le mettoit tous les jours à differentes tortures ,
pour lui faire avouer en quel lieu fon Maître &
lui avoient caché les fommes exorbitantes qu'on
les accufe d'avoir détournées ; que l'Alcade noir
qui commandoit les Troupes de ce Pacha ,
avoit
été mandé en Cour pour rendre compte de fa
conduite.
On mande de Conftantinople , qu'on avoit ap
porté au Divan affemblé , les têtes des cinq plus
fameux Rebelles d'Egypte, qui avoient été miſes
à prix , entr'autres celles des Chefs Zulficar &
Cherchis , dont l'armée avoit été battuë en trois
occafions differentes par le Pacha Kupruli .
On a appris d'Ifpaham , que le Roi de Perfe
étoit prefentement maître de toute la Province de
Candahar , & de la Ville capitale de cette Proyince,
où le Gouverneur avoitintroduit les Troupes
1870 MERCURE DE FRANCE
pes de ce Prince , lequel tint prifonnier à
A nouvelle de la mort de Muley Abdallah ;
LRoi de Maroc , ne s'eft pas confirmée , or les
Lettres de Tetuan , du 15. Juin dernier , portent
que ce Prince marchoit contre les Rebelles , à la
tête d'une puiffante armée , & que Lotabi , l'un
des Chefs du Parti contraire , qui commandoit
un Corps d'armée de 12 à 15000. hommes , s'étoit
foumis avec toutes fes Troupes .
Les Lettres de Ceuta du 20. Juin , portent que
le Pacha- Hamet , Gouverneur de Tétouan , avoit
été difgracié , que fon Agent auprès du Roi de
Maroc avoit été condamné à mort ; qu'en atten-,
dant l'execution , il étoit aux chaînes , & qu'on
le mettoit tous les jours à differentes tortures ,
pour lui faire avouer en quel lieu fon Maître &
lui avoient caché les fommes exorbitantes qu'on
les accufe d'avoir détournées ; que l'Alcade noir
qui commandoit les Troupes de ce Pacha ,
avoit
été mandé en Cour pour rendre compte de fa
conduite.
On mande de Conftantinople , qu'on avoit ap
porté au Divan affemblé , les têtes des cinq plus
fameux Rebelles d'Egypte, qui avoient été miſes
à prix , entr'autres celles des Chefs Zulficar &
Cherchis , dont l'armée avoit été battuë en trois
occafions differentes par le Pacha Kupruli .
On a appris d'Ifpaham , que le Roi de Perfe
étoit prefentement maître de toute la Province de
Candahar , & de la Ville capitale de cette Proyince,
où le Gouverneur avoitintroduit les Troupes
1870 MERCURE DE FRANCE
pes de ce Prince , lequel tint prifonnier à
Fermer
Résumé : D'AFRIQUE, TURQUIE ET PERSE.
Le texte relate divers événements politiques et militaires en Afrique, en Turquie et en Perse. Au Maroc, la mort du roi Muley Abdallah n'est pas confirmée. Des lettres de Tétouan du 15 juin indiquent que le roi menait une armée contre les rebelles, dont Lotabi, chef rebelle avec 12 000 à 15 000 hommes, qui s'est soumis. À Ceuta, le 20 juin, le pacha Hamet de Tétouan a été disgracié et son agent condamné à mort pour détournement de fonds. L'alcade noir commandant les troupes du pacha a été convoqué à la cour. À Constantinople, les têtes de cinq rebelles égyptiens, dont Zulficar et Cherchis, ont été présentées au Divan après avoir été vaincus par le pacha Kupruli. En Perse, le roi contrôle la province de Candahar et sa capitale, où le gouverneur a introduit les troupes du prince, qui détient un prisonnier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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829
p. 1870
RUSSIE.
Début :
L'Infant Don Emanuel de Portugal, qui étoit arrivé de Padoüe à Warsovie le 19. du mois [...]
Mots clefs :
Russie, Chine, Tsarine
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
'Infant Don Emanuel de Portugal , qui étoit
arrivé de Padoie à Warſovie le 19. du mois
dernier , accompagné d'un Chevalier de Malte &
de quelques Domeftiques , & qui en étoit parti lé
méme jour pour Mofcou , y étoit attendu à la
fin du même mois.
Mirfai-Ibrahim , Envoyê Extraordinaire du
Roi de Perfe , eut le 10. Juillet fa derniere Audience
du Roi , du Grand- Chancelier , qui lui
remit fes Lettres de récreance & fes Paffeports ,
ainſi qu'à Aintz - Baki , Miniftre du Kan de Bukars
& à Zoiromtzoff ; Miniftre du Camp des
Tartares Kalmoucs , qui doivent partir pour retourner
dans leur Pays .
Par une Ordonnance de la Czarine , qu'on a
publiée , tous les Archevêques & autres Prélats ,
font obligez de fe rendre à Mofcou dans le cou
rant du mois de Novembre prochain , pour tra
vailler à la réformation des abus qui fe font introduits
dans les Ceremonies Ecclefiftaftiques .
Par une autre Ordonnance de S.M.Cz.les Officiers
des Régimens feront tenus à l'avenir de réparer
ou payer les dommages que les Soldats feront, tant
dans leurs routes que dans leurs Quartiers.
Il eft arrivé à Mofcou trois Envoyez de l'Empereur
de la Chine , avec des inftructions pour
l'établiffement du Commerce entre les Sujets des
deux Etats ; & comme on a confideré qu'on pou- ,
voit faire venir avec facilité par la Perfe , toutes
fortes de Marchandifes de la Chine , avec autant
de fureté que par les Caravanes . on ne croit pas
que celle qui devoit s'affembler cette année en
Siberie , obtienne la permiffion de pártir.
'Infant Don Emanuel de Portugal , qui étoit
arrivé de Padoie à Warſovie le 19. du mois
dernier , accompagné d'un Chevalier de Malte &
de quelques Domeftiques , & qui en étoit parti lé
méme jour pour Mofcou , y étoit attendu à la
fin du même mois.
Mirfai-Ibrahim , Envoyê Extraordinaire du
Roi de Perfe , eut le 10. Juillet fa derniere Audience
du Roi , du Grand- Chancelier , qui lui
remit fes Lettres de récreance & fes Paffeports ,
ainſi qu'à Aintz - Baki , Miniftre du Kan de Bukars
& à Zoiromtzoff ; Miniftre du Camp des
Tartares Kalmoucs , qui doivent partir pour retourner
dans leur Pays .
Par une Ordonnance de la Czarine , qu'on a
publiée , tous les Archevêques & autres Prélats ,
font obligez de fe rendre à Mofcou dans le cou
rant du mois de Novembre prochain , pour tra
vailler à la réformation des abus qui fe font introduits
dans les Ceremonies Ecclefiftaftiques .
Par une autre Ordonnance de S.M.Cz.les Officiers
des Régimens feront tenus à l'avenir de réparer
ou payer les dommages que les Soldats feront, tant
dans leurs routes que dans leurs Quartiers.
Il eft arrivé à Mofcou trois Envoyez de l'Empereur
de la Chine , avec des inftructions pour
l'établiffement du Commerce entre les Sujets des
deux Etats ; & comme on a confideré qu'on pou- ,
voit faire venir avec facilité par la Perfe , toutes
fortes de Marchandifes de la Chine , avec autant
de fureté que par les Caravanes . on ne croit pas
que celle qui devoit s'affembler cette année en
Siberie , obtienne la permiffion de pártir.
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Résumé : RUSSIE.
Le texte relate divers événements en Russie. L'Infant Don Emanuel de Portugal est arrivé à Varsovie le 19 du mois précédent, accompagné d'un Chevalier de Malte et de quelques domestiques, avant de partir pour Moscou le même jour. Mirfai-Ibrahim, Envoyé Extraordinaire du Roi de Perse, a eu sa dernière audience avec le Roi et le Grand-Chancelier le 10 juillet, recevant ses lettres de récréance et ses passeports. Aintz-Baki, Ministre du Khan de Bukhar, et Zoïromtzoff, Ministre du Camp des Tartares Kalmouks, doivent également retourner dans leurs pays respectifs. Une ordonnance de la Czarine exige que tous les Archevêques et autres Prélats se rendent à Moscou en novembre pour réformer les abus dans les cérémonies ecclésiastiques. Une autre ordonnance impose aux officiers des régiments de réparer ou payer les dommages causés par les soldats. Trois envoyés de l'Empereur de la Chine sont arrivés à Moscou avec des instructions pour établir le commerce entre les sujets des deux États. La facilité d'importer des marchandises de la Chine par la Perse pourrait empêcher la caravane prévue en Sibérie d'obtenir la permission de partir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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830
p. 1879-1880
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a publié à Gibraltar le nouveau Traité de Pacification que M. Jean Russel, Ministre [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre, Traité de paix, Commerce, Roi du Maroc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
Na publié à Gibraltar le nouveau Traité de
Pacification que M. Jean Ruffel , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi d'Angleterre , a conclu
avec le Roi de Maroc depuis quelques mois ; il
eft ftipulé par les principaux Articles de ce Traité
que tous les Maures ou Juifs , Sujets du Roi de
Maroc , auront la liberté de commercer dans la
Ville de Gibraltar & dans l'Ile de Minorque ;
qu'il leur fera permis d'y féjourner pendant 30.
jours toutes les fois qu'ils y apporteront des Marchandifes
de leur Pays, ou qu'ils viendront ache
ter de celles de l'Europe ; que les Sujets du Roi
d'Angleterre qui pour leur commerce feront
obligés de féjourner dans les Villes de la dépendance
du Royaume de Maroc , ne feront pas
contraints , en cas de conteftation avec les habitans
de ces Villes , de comparoître devant le Cadi
, ou Juge du lieu , & qu'il ne fera permis qu'au
Gouverneur de la Ville & au Conful de la Nation
Angloife de connoître de ces differends ;
que tous les Sujets de S. M. Brit . tant Anglois
qu'Hannoveriens qui feront pris par les mateurs
du Roi de Maroc fur quelque Vaiffeau
ce puiffe être , feront mis en liberté & renvoyés
à Gibraltar ; qu'il fera permis aux Commiffaires
Anglois d'acheter des provifions & tout ce qui
leur fera neceffaire , tant pour les Vaiffeaux de
Guerre du Roi d'Angleterre que pour la Garnifon
de Gibraltar dans tous les Ports du Roi de
Maroc , au prix courant du marché , & que ces
provifions feront portées à bord des Vaiffeaux
Anglois fans payer aucun droit de fortie. Tous
les autres Articles de ce Traité confirment celui
que
qui
1880 MERCURE DE FRANCE
qui fut conclu il y a quelques années entre le feu
Roi d'Angleterre George I. & le feu Roi de Maroc
, pere de celui qui regne aujourd'hui.
On apprend de Londres que le Prince Guillaume
, Vaiffeau de la Compagnie de la Mer du
Sud , étant entierement chargé pour Cartagene
& Porto- Bello , a defcendu la Riviere jufqu'à
Long-Reach , au - deffus de Gravefend ; & perfonne
ne s'étant prefenté de la part du Roi
d'Efpagne pour le jauger & le meſurer , conformément
au Traité de l'Affiente , les Directeurs
l'ont fait jauger par quatre perfonnes dignes de
foi , aufquelles on a fait prêter ferment , & on
croit que leur Certificat fera fuffifant s'il ne fe
préfente aucun Agent de S. M. Cath. après un
délai raifonnable .
Les fept Chefs des Nations Indiennes dont
nous avons parlé , qui étoient à Windfor depuis
quelque tems , ayant pris congé de L. M. font
allés à Londres pour voir ce qu'il y a de plus
curieux dans cette Ville , en attendant qu'il y ait
un Vaiffeau prêt à partir pour les tranfporter
dans leur Pays.
Cinq Voleurs arrêtés à Londres au commencement
de ce mois , ont déclaré dans leur Interrogatoire
qu'ils avoient formé le deffein de voler
le Roi & la Reine lorfque L. M. iroient le matin
fe promener à pied , fans Gardes , dans le Parc
de Windfor..
Na publié à Gibraltar le nouveau Traité de
Pacification que M. Jean Ruffel , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi d'Angleterre , a conclu
avec le Roi de Maroc depuis quelques mois ; il
eft ftipulé par les principaux Articles de ce Traité
que tous les Maures ou Juifs , Sujets du Roi de
Maroc , auront la liberté de commercer dans la
Ville de Gibraltar & dans l'Ile de Minorque ;
qu'il leur fera permis d'y féjourner pendant 30.
jours toutes les fois qu'ils y apporteront des Marchandifes
de leur Pays, ou qu'ils viendront ache
ter de celles de l'Europe ; que les Sujets du Roi
d'Angleterre qui pour leur commerce feront
obligés de féjourner dans les Villes de la dépendance
du Royaume de Maroc , ne feront pas
contraints , en cas de conteftation avec les habitans
de ces Villes , de comparoître devant le Cadi
, ou Juge du lieu , & qu'il ne fera permis qu'au
Gouverneur de la Ville & au Conful de la Nation
Angloife de connoître de ces differends ;
que tous les Sujets de S. M. Brit . tant Anglois
qu'Hannoveriens qui feront pris par les mateurs
du Roi de Maroc fur quelque Vaiffeau
ce puiffe être , feront mis en liberté & renvoyés
à Gibraltar ; qu'il fera permis aux Commiffaires
Anglois d'acheter des provifions & tout ce qui
leur fera neceffaire , tant pour les Vaiffeaux de
Guerre du Roi d'Angleterre que pour la Garnifon
de Gibraltar dans tous les Ports du Roi de
Maroc , au prix courant du marché , & que ces
provifions feront portées à bord des Vaiffeaux
Anglois fans payer aucun droit de fortie. Tous
les autres Articles de ce Traité confirment celui
que
qui
1880 MERCURE DE FRANCE
qui fut conclu il y a quelques années entre le feu
Roi d'Angleterre George I. & le feu Roi de Maroc
, pere de celui qui regne aujourd'hui.
On apprend de Londres que le Prince Guillaume
, Vaiffeau de la Compagnie de la Mer du
Sud , étant entierement chargé pour Cartagene
& Porto- Bello , a defcendu la Riviere jufqu'à
Long-Reach , au - deffus de Gravefend ; & perfonne
ne s'étant prefenté de la part du Roi
d'Efpagne pour le jauger & le meſurer , conformément
au Traité de l'Affiente , les Directeurs
l'ont fait jauger par quatre perfonnes dignes de
foi , aufquelles on a fait prêter ferment , & on
croit que leur Certificat fera fuffifant s'il ne fe
préfente aucun Agent de S. M. Cath. après un
délai raifonnable .
Les fept Chefs des Nations Indiennes dont
nous avons parlé , qui étoient à Windfor depuis
quelque tems , ayant pris congé de L. M. font
allés à Londres pour voir ce qu'il y a de plus
curieux dans cette Ville , en attendant qu'il y ait
un Vaiffeau prêt à partir pour les tranfporter
dans leur Pays.
Cinq Voleurs arrêtés à Londres au commencement
de ce mois , ont déclaré dans leur Interrogatoire
qu'ils avoient formé le deffein de voler
le Roi & la Reine lorfque L. M. iroient le matin
fe promener à pied , fans Gardes , dans le Parc
de Windfor..
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le texte évoque plusieurs accords et événements impliquant la Grande-Bretagne. Un nouveau traité de pacification entre le Royaume-Uni et le Maroc a été publié à Gibraltar. Ce traité autorise les sujets marocains, qu'ils soient Maures ou Juifs, à commercer et séjourner à Gibraltar et à Minorque pendant 30 jours. Les sujets britanniques au Maroc sont exemptés de la juridiction locale en cas de litige, les différends étant résolus par le gouverneur de la ville et le consul britannique. Les Britanniques capturés par des navires marocains doivent être libérés et renvoyés à Gibraltar. Les commissaires britanniques peuvent acheter des provisions dans les ports marocains sans droits de sortie. Ce traité confirme un accord antérieur entre le roi George I et le père du roi marocain actuel. Par ailleurs, le prince Guillaume a descendu la rivière jusqu'à Long-Reach à bord d'un vaisseau de la Compagnie de la Mer du Sud, en direction de Carthagène et Porto-Bello. En l'absence d'agents espagnols, les directeurs ont fait jauger le vaisseau par des personnes dignes de foi. Enfin, sept chefs indiens, ayant pris congé du roi à Windsor, attendent à Londres un vaisseau pour retourner dans leur pays. Cinq voleurs arrêtés à Londres ont avoué avoir projeté de voler le roi et la reine lors de leurs promenades à pied et sans gardes au parc de Windsor.
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831
p. 1881-1888
« Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
Début :
Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...]
Mots clefs :
Artillerie, Canon, Roi, Cérémonies, Concert, Musique, Chasse, Académies, Ministre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
E 20. du mois dernier , M. d'Angervilliers ,
Miniftre & Secretaire d'Etat de la Guerre ,
accompagné du Comte de Saint Florentin & du
Marquis de Pezé , Colonel , Meftre de Camp du
Régiment du Roi , fe rendit de Compiegne à la
Fere , pour voir le fiege auquel l'Ecole de l'Artillerie
, établie dans cette Ville fous les ordres du
Chevalier d'Abouville , eft actuellement occupée.
Le 21 , M. de Valliere , Maréchal de Camp ,
Directeur & Infpecteur General des mêmes
Ecoles , conduifit ce Miniftre à un demi quart de
lieuë de la Ville , pour lui faire voir differentes
manoeuvres ; & après que le Bataillon de M. de
la Perelle, du Régiment Royal Artillerie, & celui
de Pequigny , eurent paffé en revûë devant M.
d'Angervilliers , on jetta un Pont fur la Riviere
d'Oife , avec la même promptitude que lorfqu'il
s'agit de faire paffer une Armée. On fe rendit
enfuite à la Batterie , où on fit l'exercice du Canon.
M. d'Angervilliers parut fort fatisfait de l'adreffe
des Canoniers. Vers les neuf heures , les
Troupes deftinées à la défenfe du Fort fe rendi-
I rent
1882 MERCURE DE FRANCE
-
?
rent à leurs poftes fous les ordres de M. Lucas ,
Capitaine dans Royal Artillerie , qui commande
en chef dans la Place. Dès que les Afliegeans
monterent la tranchée , on fit fur eux un grand
feu du Canon & de la Moufqueterie de la Place;
les Affiegeans étoient logés fur la Contrefcarpe ,
où ils avoient établi le jour précedent huit Batteries
de Canon pour battre les dehors & le corps
de la Place . La principale action de cette journée
fut la prife de deux Tenaillons,conftruits fur une
Demi-Lune. Après bien des forties & des chicanes
de guerre de part & d'autre , toutes fort fingulieres
, ceux de la Place firent fauter , à l'attaque
de la droite , par les Mines , une Batterie de
Canon des Ennemis fur le chemin couvert.
A une heure après midi , M. de Valliere qui
commandoit en chef la Tranchée, y fit fervir un
magnifique diner. Indépendamment de la Table
du Miniftre , il y en avoit d'autres pour plus de
300. perfonnes.
A trois heures le feu recommença plus vivement
que jamais , & la Batterie qu'on avoit fait
fauter le matin fe trouva rétablie par les Affiegeans
en moins de deux heures & demie. Dès
qu'on y eut fait conduire le Canon , les Affiegés
la firent fauter pour la feconde fois . Le Canon &
les affuts furent jettés vers les foffés de la Place ,
ainfi que M. d'Antonnazzi , Capitaine des Mineurs,
fe l'étoit propofé , ce qui lui attira, auffibien
qu'aux autres Officiers de fa Compagnie ,
l'applaudiffement du Miniftre. Peu de tems après
on donna le fignal pour faire jouer les Mines que
les Affiegeans avoient faites fous les Tenaillons
dès qu'ils furent ouverts par deux breches , les
Grenadiers , fuivis des Ingenieurs avec les Travailleurs
deftinés à la prife de ces Ouvrages ,
monterent à l'affaut
à l'affaut pour ſe loger fur le haut des
breches
A O
UST .
1730. 1883
breches : ce fut alors qu'on vit une image bien
naturelle de la Guerre & des Sieges .
Les fix Chiens de Chaffe & les Oiseaux de
proye que l'Abbé de S. Hubert eft obligé d'envoyer
tous les ans au Roi , furent prefentés à
S. M. à Compiegne au commencement de ce
mois .
La Meute que le Roi a préfentement à Compiegne
est de 250. Chiens ; fçavoir , 143. pour
le Cerf, 60. pour le Chevreuil & 47. pour le
Sanglier , fans y comprendre la Meute du Loup,
qui eft reftée à Verſailles. On renouvelle tous les
fix mois trente Chiens de la Meute de S. M. qui
en donne les vieux à des Seigneurs qui ont des
équipages de chaffe . On a fait depuis peu des
couvertures & des houffes neuves de drap bleu
brodées d'un nouveau deffein
pour les Chevaux
de Chaffe.
Sur la fin du mois dernier , le Roi chaffa un
Cerftout gris dans la Forêt de Compiegne , qu'on
fut obligé d'abandonner aprés l'avoir pourfuivi
fix ou fept lieues. On affure que le même Cerf
fut auffi chaffé inutilement plufieurs fois l'année
derniere ; on ajoûte qu'il a 200. ans , & qu'il a
été chaffé par Louis XIII. & par Louis XIV .
Le 15 de ce mois , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , le Roi , accompagné du Duc
d'Orleans , du Comte d'Eu , & du Comte de
Toulouſe , fe rendit à l'Eglife de la Paroiffe du
Château , où S. M. entendit la Grand' - Meffe
célebrée pontificalement par l'Evêque de Soiffons.
L'après - midi le Roi alla entendre les Vêpres
dans l'Eglife de l'Abbaye Royale de S. Corneille
: S. M. y aſſiſta à la Proceſſion & au Salut¸
où le même Prélat officia
Į įj
Lc
1884 MERCURE DE FRANCE
Le même jour , la Proceffion folemnelle de
Eglife Métropolitaine , qui fe fait tous les ans
à pareil jour , en execution du Vou de Louis
XIII. fe fit à Paris avec les cérémonies accoutumées.
L'Archevêque de Paris y officia , & le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent fuivant
la coutume.
Le 21. vers les 8. heures du foir , le Roi arriva
du Château de Compiegne à Versailles .
Il a été fondu à Paris depuis peu par le fieur
Martin , deux très - grandes Coches , & quatre
beaucoup moindres pour le Roi de Portugal
qu'on va voir fur le Port S Nicolas par curiofité
, Pouvrage ayant parfaitement réuffi . On a
appris de Gennes qu'on y avoit auffi fondu huit
groffes Cloches pour le Roi de Portugal , qu'on
devoit embarquer pour Lisbonne.
M. L'Abbé Sevin eft de retour de Conſtantinople
depuis le commencement de ce mois. Il a
rapporté quantité de Manufcrits en diverfes
Langues Orientales pour la Bibliotheque du
Roy.
;
>
Le 15 , Fête de l'Aſſomption de la Vierge , il
y eut Concert Spirituel au Château des Tuilleries
M. Mouret fit chanter le Benedi&us , Motet
de M. de la Lande , dont l'éxecution fut parfaite.
Les Diles Erremens, Le Maure , & Petitpas ,
chanterent differens Motets à une & à deux voix ,
avec fimphonie,qui furent très - applaudis par une
très- nombreufe Affemblée , de même que les
Srs Blavet & Madonis dans l'éxecution de deux
Concerto fur la Flute & le Violon. Le Concert
fut
A O UST . 1730. 1885
fut terminé par Dominús regnavit , autre Moter
de M. de la Lande.
Dans l'Affemblée Generale du Corps de Ville ,
tenue le 16 de ce mois , le Prefident Turgot fut
continué Prevoft des Marchands , & les nouveaux
Echevins furent élus à l'ordinaire. On
fçait qu'il y a toujours quatre Echevins en fonction
; que les deux plus anciens fortent tous les
ans d'Echevinage , & que l'on en choifit deux
nouveaux pour remplir leur place . Au refte , ces
places ne font remplies que par des perfonnes
d'une probité reconnue ; les Statuts font trèsrigoureux
là deffus : un homme qui auroit été
arrêté prifonnier , quoi qu'injuftement , ne peut
être élu Echevin. On doit avant que d'y parvenir
avoir paffé par beaucoup d'Emplois , qui
font connoître le merite & la droiture des
Sujets .
>
Le 23 , le Corps de Ville , le Duc de Gevres.
Gouverneur de Paris , étant à la tête , enc
Verfailles Audience du Roy , avec les cerémonies
accoutumées. Il fut préfenté à S. M. par
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat , &
conduit par le Marquis de Dreux , Grand-Maître
des Cerémonies , & par M. Defgranges, Maître
des Cerémonies . Ms Roffignol & Lagnau ,
nouveaux Echevins , prêterent entre les mains
du Roy le Serment de fidelité , dont le Comte
de Maurepas Secretaire d'Etat , fit la lecture ;
le Scrutin ayant été préſenté par M. Bignon ,
Avocat General du Grand Confeil , qui fit un
Difcours très -éloquent. Le même jour , le Corps
de Ville rendit fes refpects à Monfeigneur le
Dauphin , & à Mefdames de France.
I iij
Le
1886 MERCURE DE FRANCE
Le 25 , Fête de S. Louis , la Proceffion des
Carmes du Grand Convent , à laquelle le Corps
de Ville affifta , alla , fuivant la coûtume , à la
Chapelle du Château des Tuilleries , où ces Religieux
celébrerent la Meffe , pendant laquelle le
Duc de Gêvres , Gouverneur de Paris , fit rendre
les Pains- Benis , avec les cerémonies accoutumées.
Le même jour , l'Académie Françoiſe celébra
la Fête de S. Louis dans la Chapelle du Louvre.
On chanta pendant la Meffe un très -beau Motet
en Mufique , de la compofition de M. Dornel
après laquelle l'Abbé Ragon , Chapelain du Duc
d'Orleans , prononça le Panegyrique du Saint.
Le même jour , l'Académie Royale des Infcriptions
& Belles - Lettres , & celle des Sciences ,
celébrerent la même Fête dans l'Eglife des Peres
de l'Oratoire ; on y chanta auffi un Motet en
Mufique pendant la Meffe de la compofition de
M. du Bouffet , & le Panegyrique de S. Louis
fut prononcé par Dom Léandre Pertuiſet , Religieux
Reformé de l'Ordre de Clugny , qui a
prêché avec fuccès dans plufieurs Eglifes de
Paris.
Le Concert d'Inftrumens que l'Académie
Royale de Mufique donne tous les ans au Château
des Tuilleries , à l'occafion de la Fête du
Roi , a été executé le 25 par un grand nombre
d'excellens Simphoniſtes de la même Académie ,
qui jouerent differens beaux morceaux de Mufique
de M. de Lully & de M. Rebel.
Le 3 Juillet , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , de Semeftre , fit chanter
devant
"
AOUST . 1730. 1887
devant la Reine , le Prologue & le premier Acte
de l'Opera de Roland , dans lequel la D'le Du- ,
clos & le fieur Godonnefche chanterent les
principaux Rôles dans le Prologue , & ceux de
la Piéce furent remplis par la Die Lenner &
par les Sieurs Guedon & Chaffé .
,
Le , on chanta le fecond & le troifiéme
Acte du même Opera , qu'on continua le ro
& qu'on finit le 12. La Die Duclos chanta dans
le dernier Acte le Rôle de Logistille .
Le 17 ว on executa avec un applaudiffement
general , l'Impromptu de Labyrinte de Verfailles
, de la compofition de M. de Blamont.
Le 24 , on chanta chez la Reine le Prologue
& le premier Acte de Bellerophon.
>
Le 27 , la Reine voulut entendre , à Trianon ,
le dernier Divertiffement de M. de Blamont
fait à l'occafion de la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. C'eft le même qui fut executé l'année
derniere au Soupé de L. M. & enfuite dans
les grands Appartemens. Les Dite. Erremens ,
& le Maure , & le fieur d'Angerville , chanterent
les principaux Rôies .
Le 31. on continua Bellerophon , & on le finit
le 2 Août. La Dle Antier chanta le Rôle de
Stenobée , la D'te Lenner celui de Philonoé , &
le fieur Chaffé celui d'Amifodar.
Le 7
>
& le 21 Août , on chanta Amadis de
Gaule. La Dlle Pithron & le fieur d'Angerville
chanterent les principaux Rôles du Prologue
& dans la Piéce , la Dle Antier chanta le Rôle
d'Arcabone , la Dile Pichou celui de Corifande
, le fieur Godennefche celui de Floreftan , &
le fieur d'Angerville celui d'Arcelaus . La D'le
Antier chanta enfuite la Nymphe de la Seine ,
Cantate de M. de Blamont.
Le 25 , le même Auteur fit executer par les
I j 24
1888 MERCURE DE FRANCE
24 Violons du Roy , plufieurs Piéces de Simphonie
de fa compofition pendant le dîné de
S. M.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le rembourſement des Actions , fut tirée en
la maniere accoûtumée , à l'Hôtel de la Compagnie ;
on a publié la Lifte des Numeros des Actions &
Dixièmes d'Actions , qui feront rembourſés , faifant
en tout le nombre de 300. Actions .
Le 21. Juillet, le Duc de Lorraine alla voir le
Camp de la Meufe , le Comte de Bellifle donna
à S. A. R. un repas où fe trouverent 93. perſonnes
en quatre tables , fervies avec toute la délicateffe
poffible; & après le repas il fit faire à la
Cavalerie toutes les évolutions en preſence de ce
Prince , qui admira l'adreffe & la belle taille des
Cavaliers , ainfi que la beauté des Chevaux.
Miniftre & Secretaire d'Etat de la Guerre ,
accompagné du Comte de Saint Florentin & du
Marquis de Pezé , Colonel , Meftre de Camp du
Régiment du Roi , fe rendit de Compiegne à la
Fere , pour voir le fiege auquel l'Ecole de l'Artillerie
, établie dans cette Ville fous les ordres du
Chevalier d'Abouville , eft actuellement occupée.
Le 21 , M. de Valliere , Maréchal de Camp ,
Directeur & Infpecteur General des mêmes
Ecoles , conduifit ce Miniftre à un demi quart de
lieuë de la Ville , pour lui faire voir differentes
manoeuvres ; & après que le Bataillon de M. de
la Perelle, du Régiment Royal Artillerie, & celui
de Pequigny , eurent paffé en revûë devant M.
d'Angervilliers , on jetta un Pont fur la Riviere
d'Oife , avec la même promptitude que lorfqu'il
s'agit de faire paffer une Armée. On fe rendit
enfuite à la Batterie , où on fit l'exercice du Canon.
M. d'Angervilliers parut fort fatisfait de l'adreffe
des Canoniers. Vers les neuf heures , les
Troupes deftinées à la défenfe du Fort fe rendi-
I rent
1882 MERCURE DE FRANCE
-
?
rent à leurs poftes fous les ordres de M. Lucas ,
Capitaine dans Royal Artillerie , qui commande
en chef dans la Place. Dès que les Afliegeans
monterent la tranchée , on fit fur eux un grand
feu du Canon & de la Moufqueterie de la Place;
les Affiegeans étoient logés fur la Contrefcarpe ,
où ils avoient établi le jour précedent huit Batteries
de Canon pour battre les dehors & le corps
de la Place . La principale action de cette journée
fut la prife de deux Tenaillons,conftruits fur une
Demi-Lune. Après bien des forties & des chicanes
de guerre de part & d'autre , toutes fort fingulieres
, ceux de la Place firent fauter , à l'attaque
de la droite , par les Mines , une Batterie de
Canon des Ennemis fur le chemin couvert.
A une heure après midi , M. de Valliere qui
commandoit en chef la Tranchée, y fit fervir un
magnifique diner. Indépendamment de la Table
du Miniftre , il y en avoit d'autres pour plus de
300. perfonnes.
A trois heures le feu recommença plus vivement
que jamais , & la Batterie qu'on avoit fait
fauter le matin fe trouva rétablie par les Affiegeans
en moins de deux heures & demie. Dès
qu'on y eut fait conduire le Canon , les Affiegés
la firent fauter pour la feconde fois . Le Canon &
les affuts furent jettés vers les foffés de la Place ,
ainfi que M. d'Antonnazzi , Capitaine des Mineurs,
fe l'étoit propofé , ce qui lui attira, auffibien
qu'aux autres Officiers de fa Compagnie ,
l'applaudiffement du Miniftre. Peu de tems après
on donna le fignal pour faire jouer les Mines que
les Affiegeans avoient faites fous les Tenaillons
dès qu'ils furent ouverts par deux breches , les
Grenadiers , fuivis des Ingenieurs avec les Travailleurs
deftinés à la prife de ces Ouvrages ,
monterent à l'affaut
à l'affaut pour ſe loger fur le haut des
breches
A O
UST .
1730. 1883
breches : ce fut alors qu'on vit une image bien
naturelle de la Guerre & des Sieges .
Les fix Chiens de Chaffe & les Oiseaux de
proye que l'Abbé de S. Hubert eft obligé d'envoyer
tous les ans au Roi , furent prefentés à
S. M. à Compiegne au commencement de ce
mois .
La Meute que le Roi a préfentement à Compiegne
est de 250. Chiens ; fçavoir , 143. pour
le Cerf, 60. pour le Chevreuil & 47. pour le
Sanglier , fans y comprendre la Meute du Loup,
qui eft reftée à Verſailles. On renouvelle tous les
fix mois trente Chiens de la Meute de S. M. qui
en donne les vieux à des Seigneurs qui ont des
équipages de chaffe . On a fait depuis peu des
couvertures & des houffes neuves de drap bleu
brodées d'un nouveau deffein
pour les Chevaux
de Chaffe.
Sur la fin du mois dernier , le Roi chaffa un
Cerftout gris dans la Forêt de Compiegne , qu'on
fut obligé d'abandonner aprés l'avoir pourfuivi
fix ou fept lieues. On affure que le même Cerf
fut auffi chaffé inutilement plufieurs fois l'année
derniere ; on ajoûte qu'il a 200. ans , & qu'il a
été chaffé par Louis XIII. & par Louis XIV .
Le 15 de ce mois , Fête de l'Affomption de la
Sainte Vierge , le Roi , accompagné du Duc
d'Orleans , du Comte d'Eu , & du Comte de
Toulouſe , fe rendit à l'Eglife de la Paroiffe du
Château , où S. M. entendit la Grand' - Meffe
célebrée pontificalement par l'Evêque de Soiffons.
L'après - midi le Roi alla entendre les Vêpres
dans l'Eglife de l'Abbaye Royale de S. Corneille
: S. M. y aſſiſta à la Proceſſion & au Salut¸
où le même Prélat officia
Į įj
Lc
1884 MERCURE DE FRANCE
Le même jour , la Proceffion folemnelle de
Eglife Métropolitaine , qui fe fait tous les ans
à pareil jour , en execution du Vou de Louis
XIII. fe fit à Paris avec les cérémonies accoutumées.
L'Archevêque de Paris y officia , & le Parlement
, la Chambre des Comptes , la Cour des
Aydes & le Corps de Ville y affifterent fuivant
la coutume.
Le 21. vers les 8. heures du foir , le Roi arriva
du Château de Compiegne à Versailles .
Il a été fondu à Paris depuis peu par le fieur
Martin , deux très - grandes Coches , & quatre
beaucoup moindres pour le Roi de Portugal
qu'on va voir fur le Port S Nicolas par curiofité
, Pouvrage ayant parfaitement réuffi . On a
appris de Gennes qu'on y avoit auffi fondu huit
groffes Cloches pour le Roi de Portugal , qu'on
devoit embarquer pour Lisbonne.
M. L'Abbé Sevin eft de retour de Conſtantinople
depuis le commencement de ce mois. Il a
rapporté quantité de Manufcrits en diverfes
Langues Orientales pour la Bibliotheque du
Roy.
;
>
Le 15 , Fête de l'Aſſomption de la Vierge , il
y eut Concert Spirituel au Château des Tuilleries
M. Mouret fit chanter le Benedi&us , Motet
de M. de la Lande , dont l'éxecution fut parfaite.
Les Diles Erremens, Le Maure , & Petitpas ,
chanterent differens Motets à une & à deux voix ,
avec fimphonie,qui furent très - applaudis par une
très- nombreufe Affemblée , de même que les
Srs Blavet & Madonis dans l'éxecution de deux
Concerto fur la Flute & le Violon. Le Concert
fut
A O UST . 1730. 1885
fut terminé par Dominús regnavit , autre Moter
de M. de la Lande.
Dans l'Affemblée Generale du Corps de Ville ,
tenue le 16 de ce mois , le Prefident Turgot fut
continué Prevoft des Marchands , & les nouveaux
Echevins furent élus à l'ordinaire. On
fçait qu'il y a toujours quatre Echevins en fonction
; que les deux plus anciens fortent tous les
ans d'Echevinage , & que l'on en choifit deux
nouveaux pour remplir leur place . Au refte , ces
places ne font remplies que par des perfonnes
d'une probité reconnue ; les Statuts font trèsrigoureux
là deffus : un homme qui auroit été
arrêté prifonnier , quoi qu'injuftement , ne peut
être élu Echevin. On doit avant que d'y parvenir
avoir paffé par beaucoup d'Emplois , qui
font connoître le merite & la droiture des
Sujets .
>
Le 23 , le Corps de Ville , le Duc de Gevres.
Gouverneur de Paris , étant à la tête , enc
Verfailles Audience du Roy , avec les cerémonies
accoutumées. Il fut préfenté à S. M. par
le Comte de Maurepas , Secretaire d'Etat , &
conduit par le Marquis de Dreux , Grand-Maître
des Cerémonies , & par M. Defgranges, Maître
des Cerémonies . Ms Roffignol & Lagnau ,
nouveaux Echevins , prêterent entre les mains
du Roy le Serment de fidelité , dont le Comte
de Maurepas Secretaire d'Etat , fit la lecture ;
le Scrutin ayant été préſenté par M. Bignon ,
Avocat General du Grand Confeil , qui fit un
Difcours très -éloquent. Le même jour , le Corps
de Ville rendit fes refpects à Monfeigneur le
Dauphin , & à Mefdames de France.
I iij
Le
1886 MERCURE DE FRANCE
Le 25 , Fête de S. Louis , la Proceffion des
Carmes du Grand Convent , à laquelle le Corps
de Ville affifta , alla , fuivant la coûtume , à la
Chapelle du Château des Tuilleries , où ces Religieux
celébrerent la Meffe , pendant laquelle le
Duc de Gêvres , Gouverneur de Paris , fit rendre
les Pains- Benis , avec les cerémonies accoutumées.
Le même jour , l'Académie Françoiſe celébra
la Fête de S. Louis dans la Chapelle du Louvre.
On chanta pendant la Meffe un très -beau Motet
en Mufique , de la compofition de M. Dornel
après laquelle l'Abbé Ragon , Chapelain du Duc
d'Orleans , prononça le Panegyrique du Saint.
Le même jour , l'Académie Royale des Infcriptions
& Belles - Lettres , & celle des Sciences ,
celébrerent la même Fête dans l'Eglife des Peres
de l'Oratoire ; on y chanta auffi un Motet en
Mufique pendant la Meffe de la compofition de
M. du Bouffet , & le Panegyrique de S. Louis
fut prononcé par Dom Léandre Pertuiſet , Religieux
Reformé de l'Ordre de Clugny , qui a
prêché avec fuccès dans plufieurs Eglifes de
Paris.
Le Concert d'Inftrumens que l'Académie
Royale de Mufique donne tous les ans au Château
des Tuilleries , à l'occafion de la Fête du
Roi , a été executé le 25 par un grand nombre
d'excellens Simphoniſtes de la même Académie ,
qui jouerent differens beaux morceaux de Mufique
de M. de Lully & de M. Rebel.
Le 3 Juillet , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , de Semeftre , fit chanter
devant
"
AOUST . 1730. 1887
devant la Reine , le Prologue & le premier Acte
de l'Opera de Roland , dans lequel la D'le Du- ,
clos & le fieur Godonnefche chanterent les
principaux Rôles dans le Prologue , & ceux de
la Piéce furent remplis par la Die Lenner &
par les Sieurs Guedon & Chaffé .
,
Le , on chanta le fecond & le troifiéme
Acte du même Opera , qu'on continua le ro
& qu'on finit le 12. La Die Duclos chanta dans
le dernier Acte le Rôle de Logistille .
Le 17 ว on executa avec un applaudiffement
general , l'Impromptu de Labyrinte de Verfailles
, de la compofition de M. de Blamont.
Le 24 , on chanta chez la Reine le Prologue
& le premier Acte de Bellerophon.
>
Le 27 , la Reine voulut entendre , à Trianon ,
le dernier Divertiffement de M. de Blamont
fait à l'occafion de la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. C'eft le même qui fut executé l'année
derniere au Soupé de L. M. & enfuite dans
les grands Appartemens. Les Dite. Erremens ,
& le Maure , & le fieur d'Angerville , chanterent
les principaux Rôies .
Le 31. on continua Bellerophon , & on le finit
le 2 Août. La Dle Antier chanta le Rôle de
Stenobée , la D'te Lenner celui de Philonoé , &
le fieur Chaffé celui d'Amifodar.
Le 7
>
& le 21 Août , on chanta Amadis de
Gaule. La Dlle Pithron & le fieur d'Angerville
chanterent les principaux Rôles du Prologue
& dans la Piéce , la Dle Antier chanta le Rôle
d'Arcabone , la Dile Pichou celui de Corifande
, le fieur Godennefche celui de Floreftan , &
le fieur d'Angerville celui d'Arcelaus . La D'le
Antier chanta enfuite la Nymphe de la Seine ,
Cantate de M. de Blamont.
Le 25 , le même Auteur fit executer par les
I j 24
1888 MERCURE DE FRANCE
24 Violons du Roy , plufieurs Piéces de Simphonie
de fa compofition pendant le dîné de
S. M.
Le 26. la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le rembourſement des Actions , fut tirée en
la maniere accoûtumée , à l'Hôtel de la Compagnie ;
on a publié la Lifte des Numeros des Actions &
Dixièmes d'Actions , qui feront rembourſés , faifant
en tout le nombre de 300. Actions .
Le 21. Juillet, le Duc de Lorraine alla voir le
Camp de la Meufe , le Comte de Bellifle donna
à S. A. R. un repas où fe trouverent 93. perſonnes
en quatre tables , fervies avec toute la délicateffe
poffible; & après le repas il fit faire à la
Cavalerie toutes les évolutions en preſence de ce
Prince , qui admira l'adreffe & la belle taille des
Cavaliers , ainfi que la beauté des Chevaux.
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Résumé : « Le 20. du mois dernier, M. d'Angervilliers, Ministre & Secretaire d'Etat de la Guerre, [...] »
Le 20 du mois dernier, M. d'Angervilliers, ministre et secrétaire d'État de la Guerre, accompagné du Comte de Saint Florentin et du Marquis de Pezé, inspecta l'École de l'Artillerie à La Fère, dirigée par le Chevalier d'Abouville. Le lendemain, M. de Valliere, Maréchal de Camp et Directeur Général des Écoles, guida M. d'Angervilliers pour observer diverses manœuvres, incluant des revues de bataillons et la construction rapide d'un pont sur la rivière d'Oise. Les exercices de canonnerie impressionnèrent M. d'Angervilliers. Les troupes, sous les ordres de M. Lucas, se préparèrent à défendre le fort face aux assiégeants, qui établirent huit batteries de canon. La principale action de la journée fut la prise de deux tenaillons. Après des escarmouches, les défenseurs firent sauter une batterie ennemie. Un dîner somptueux fut offert dans la tranchée par M. de Valliere. Les combats reprirent, et une batterie ennemie fut détruite à plusieurs reprises. Les grenadiers montèrent à l'assaut des brèches. À Compiègne, les chiens de chasse et les oiseaux de proie envoyés par l'Abbé de Saint-Hubert furent présentés au Roi. La meute royale, comptant 250 chiens, participa à une chasse au cerf. Le 15 du mois, le Roi assista à la grand-messe à l'église paroissiale du Château et aux vêpres à l'Abbaye Royale de Saint-Corneille. Une procession solennelle eut lieu à Paris. Le 21, le Roi se rendit à Versailles. Deux grandes coches et quatre plus petites furent fondues pour le Roi de Portugal. L'Abbé Sevin revint de Constantinople avec des manuscrits orientaux pour la bibliothèque du Roi. Un concert spirituel eut lieu aux Tuileries. Le 23, le Corps de Ville rendit audience au Roi à Versailles. Le 25, à la fête de Saint Louis, diverses processions et messes furent célébrées, et l'Académie Française prononça un panégyrique. Des concerts et des opéras furent exécutés en l'honneur du Roi. Le 26, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée. Le 21 juillet, le Duc de Lorraine visita le camp de la Meuse et admira les évolutions de la cavalerie.
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832
p. 1888-1890
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Mets, le 6 Aoust 1730.
Début :
Le Duc de Coaslin, Evêque de Mets, apprit le 31 du mois dernier que L. A. R. de Loraine [...]
Mots clefs :
Princesses, Princes, Repas, Metz
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Mets, le 6 Aoust 1730.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Mets , le 6. Aoust 1730.
LE
E Duc de Coaflin , Evêque de Mets, apprit le
31 du mois dernier que L. A. R. de Loraine
, le Prince Charles , les Princeffes fes Soeurs &
la plus grande partie de cette Cour devoient venir
exprès à Frefcati pour le voir, & lui demander
à dîner , le Jeudi fuivant 3 Aouft. Ce Prélat
dans ce peu de tems fe prépara le mieux qu'il
put à recevoir cette illuftre Compagnie.
>
L. A. R. & toute la Cour arriverent de Frouard
où elles avoient_couché , à une heure & demie
dans cinq Caroffes , accompagnez de leurs Officiers
& de Pages à Cheval . M. de Mets les reçut
à la Portiere de leur Caroffe , accompagné de
Meſdames de Bellifle & de Montholon , Premiere
PreAOUST
. 1730. 1889
Prefidente ; des Comtes de Baviere , de Bethune ,
de Bellifle , de Beuvron ; de Mrs de Brezé , de
la Valliere , d'Armenonville , de Stueffe , de Verfeille
; des Marquis de Lifle , de Guftine , de
Conche , de S. Vallier , de Bellefond , de Livry ,
de Montholon , Premier Prefident , de Creil, Intendant
& de Roche- Colombe.
On fe promena quelque tems fur la Terraffe ,
& bientôt après on avertit que le dîné étoit fervi.
L. A. R. & toute la fuite allerent dans l'Orangerie,
où le Repas étoit préparé. Ce lieu étoit
orné magnifiquement & également . Il y avoit
deux Tables de 25 Couverts chacune , avec des
Eftrades aux deux bouts , où étoient d'un coté la
Mufique , & de l'autre des Haut-bois . Au dehors
il y avoit 18 Pieces de Canon , des Timbales & des
Trompettes.Le tout fut tres - bien exécuté ; le Repas
fut tres - bon & tres - délicat,&fervi avec beaucoup
d'ordre..
Après le Repas , qui dura environ deux heures
S. A. R. Madame , monta dans une Caléche avec
la Princeffe de Craon & M. de Mets , pour fe
promener dans les Jardins ; le Prince & toute fa
fuite fe promenerent à pied jufqu'à 5 heures &
demie que l'on rentra dans le Château , où on
trouva beaucoup de Rafraîchiffemens. L.A.R.partirent
à fix heures pour aller coucher à Frouard ,
qui eft à fept lieues de Frefcaty.
On ne peut rien ajouter aux manieres gracieufes
de L. A. R. pour M. de Mets , & au contentement
qu'Elles marquerent de tout ce qui s'étoit
paffé . Elles ont trouvé la Maiſon tres - belle & les
Jardins fort gracieux.
Les Seigneurs & Dames qui ont fuivi L. A. R.
à Erefcaty , font le Prince Charles & les Princeffes
fes Soeurs, Les Princes & les Princeffes de Lixin
& de Craon. Mrs de Spada , de Stinville , de
I. v Lunati
1890 MERCURE DE FRANCE
Lunati , de Quinick, d'Alteim, d'Ogara , l'Abbé
de Lozandiere , M de de Lenoncourt , M elles de
Spada , de Lunati & de Martini.
Mets , le 6. Aoust 1730.
LE
E Duc de Coaflin , Evêque de Mets, apprit le
31 du mois dernier que L. A. R. de Loraine
, le Prince Charles , les Princeffes fes Soeurs &
la plus grande partie de cette Cour devoient venir
exprès à Frefcati pour le voir, & lui demander
à dîner , le Jeudi fuivant 3 Aouft. Ce Prélat
dans ce peu de tems fe prépara le mieux qu'il
put à recevoir cette illuftre Compagnie.
>
L. A. R. & toute la Cour arriverent de Frouard
où elles avoient_couché , à une heure & demie
dans cinq Caroffes , accompagnez de leurs Officiers
& de Pages à Cheval . M. de Mets les reçut
à la Portiere de leur Caroffe , accompagné de
Meſdames de Bellifle & de Montholon , Premiere
PreAOUST
. 1730. 1889
Prefidente ; des Comtes de Baviere , de Bethune ,
de Bellifle , de Beuvron ; de Mrs de Brezé , de
la Valliere , d'Armenonville , de Stueffe , de Verfeille
; des Marquis de Lifle , de Guftine , de
Conche , de S. Vallier , de Bellefond , de Livry ,
de Montholon , Premier Prefident , de Creil, Intendant
& de Roche- Colombe.
On fe promena quelque tems fur la Terraffe ,
& bientôt après on avertit que le dîné étoit fervi.
L. A. R. & toute la fuite allerent dans l'Orangerie,
où le Repas étoit préparé. Ce lieu étoit
orné magnifiquement & également . Il y avoit
deux Tables de 25 Couverts chacune , avec des
Eftrades aux deux bouts , où étoient d'un coté la
Mufique , & de l'autre des Haut-bois . Au dehors
il y avoit 18 Pieces de Canon , des Timbales & des
Trompettes.Le tout fut tres - bien exécuté ; le Repas
fut tres - bon & tres - délicat,&fervi avec beaucoup
d'ordre..
Après le Repas , qui dura environ deux heures
S. A. R. Madame , monta dans une Caléche avec
la Princeffe de Craon & M. de Mets , pour fe
promener dans les Jardins ; le Prince & toute fa
fuite fe promenerent à pied jufqu'à 5 heures &
demie que l'on rentra dans le Château , où on
trouva beaucoup de Rafraîchiffemens. L.A.R.partirent
à fix heures pour aller coucher à Frouard ,
qui eft à fept lieues de Frefcaty.
On ne peut rien ajouter aux manieres gracieufes
de L. A. R. pour M. de Mets , & au contentement
qu'Elles marquerent de tout ce qui s'étoit
paffé . Elles ont trouvé la Maiſon tres - belle & les
Jardins fort gracieux.
Les Seigneurs & Dames qui ont fuivi L. A. R.
à Erefcaty , font le Prince Charles & les Princeffes
fes Soeurs, Les Princes & les Princeffes de Lixin
& de Craon. Mrs de Spada , de Stinville , de
I. v Lunati
1890 MERCURE DE FRANCE
Lunati , de Quinick, d'Alteim, d'Ogara , l'Abbé
de Lozandiere , M de de Lenoncourt , M elles de
Spada , de Lunati & de Martini.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Mets, le 6 Aoust 1730.
Le 6 août 1730, l'évêque de Metz, le Duc de Coaflin, reçut la visite du Prince Charles de Lorraine, de ses sœurs et de la majeure partie de la cour lorraine à Frescati. Informé le 31 juillet précédent, il se prépara à accueillir cette illustre compagnie. Le 3 août, le Prince Charles, les princesses et la cour arrivèrent de Frouard en cinq carrosses, accompagnés de leurs officiers et pages à cheval. L'évêque de Metz les accueillit à la portière de leur carrosse, accompagné de plusieurs nobles et dignitaires. Après une promenade sur la terrasse, le dîner fut servi dans l'orangerie, magnifiquement décorée. Deux tables de 25 couverts chacune étaient dressées, avec des estrades pour la musique et les hautbois. À l'extérieur, 18 pièces de canon, des timbales et des trompettes ajoutaient à la solennité. Le repas, d'une durée de deux heures, fut jugé excellent et servi avec ordre. Après le dîner, la princesse Madame se promena en calèche avec la princesse de Craon et l'évêque de Metz, tandis que le prince et sa suite se promenèrent à pied jusqu'à 17h30. Ils rentrèrent ensuite au château où des rafraîchissements étaient préparés. La cour repartit à 18 heures pour Frouard, à sept lieues de Frescati. Les manières gracieuses du Prince Charles et son contentement furent notés, ainsi que la beauté de la maison et la grâce des jardins. Les seigneurs et dames accompagnant le Prince Charles incluaient les princes et princesses de Lixin et de Craon, ainsi que plusieurs autres nobles et dignitaires.
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833
p. 1894
Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Début :
Dès le 12. Août, M. l'Archevêque de Paris donna un Mandement pour ordonner des Prieres [...]
Mots clefs :
Reine, Accouchement, Archevêque de Paris, Prières, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Dès le 12. Août , M. l'Archevêque de Paris
donna un Mandement pour ordonner des Prieres
dans tout fon Diocèfe pour P'heureux accouchement
de la Reine. Il eft conçû en ces termes.
Charles , & c. La pieté du Roi qui lui infpire
dans tous les évenemens , de recourir à celui par
qui les Rois regnent , lui a fait défirer que nous
ordonnaffions des Prieres pour l'heureuſe délivrance
& pour la fanté de la Reine , qui eft fort
avancée dans fa groffeffe . Entrez avec nous dans
les intentions de Sa Majefté , pour demander à
Dieu la confervation d'une augufte Reine , que
fes vertus rendent fi refpectabie à tout le Royaume
, auquel elle a déja donné un Dauphin , &
celle du précieux fruit qui eft l'objet de nos efperances
& de nos voeux.
A CES CAUSâs , nous ordonnons , &c.
donna un Mandement pour ordonner des Prieres
dans tout fon Diocèfe pour P'heureux accouchement
de la Reine. Il eft conçû en ces termes.
Charles , & c. La pieté du Roi qui lui infpire
dans tous les évenemens , de recourir à celui par
qui les Rois regnent , lui a fait défirer que nous
ordonnaffions des Prieres pour l'heureuſe délivrance
& pour la fanté de la Reine , qui eft fort
avancée dans fa groffeffe . Entrez avec nous dans
les intentions de Sa Majefté , pour demander à
Dieu la confervation d'une augufte Reine , que
fes vertus rendent fi refpectabie à tout le Royaume
, auquel elle a déja donné un Dauphin , &
celle du précieux fruit qui eft l'objet de nos efperances
& de nos voeux.
A CES CAUSâs , nous ordonnons , &c.
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Résumé : Mandement du même, sur la grossesse de la Reine, [titre d'après la table]
Le 12 août, l'Archevêque de Paris a ordonné des prières pour l'accouchement de la Reine, avancée dans sa grossesse. Le roi exprime sa piété et son recours à Dieu. Les prières visent la santé de la Reine, respectée pour ses vertus et ayant déjà donné un Dauphin, et du futur enfant.
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834
p. 1895-1896
Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Début :
Le 14. du même mois, le R. P. Grand Prieur de l'Abbaye de S. Germain, donna aussi un Mandement [...]
Mots clefs :
Prince, Princesse, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Le 14. du même mois , le R. P. Grand - Prieur
de l'Abbaye de S. Germain , donna auffi un Mandement
digue de la grandur du ' Sujet & de fa
pieté. En voici la teneur :
CLAUDE DU PRE' , Grand - Prieur de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez , immédiate
au S. Siege , & Vicaire General de S. B.
M. le Cardinal de Biffy , Evêque de Meaux
Commandeur de l'Ordre du S. Efprit , Abbé
Commandataire de cette l'Abaye , & c.
La Race fainte fe multiplie , la Pofterité nombreuſe
du Jufte eft un gage de la protection du
Tout- Puiffant , une récompenfe rendue à la vertu ,
de celui qui le craint & qui le fert avec fidelité .
Verité juftifiée par l'évenement. Elle s'accomplit
dans la Perfonne facrée du grand & Religieux
Monarque qui nous gouverne. Le Seigneur a beni
les premieres années de fon Alliance glorieufe.
Nous avons renconnu dans la Naiffance des trois
auguftes Princeffes , plus encore dans celle de
Monfeigneur LE DAUPHIN , les preuves
les plus marquées d'une Providence infiniment attentive
aux voeux du Roy , de la Reine , de toute
la Nation ; aujourd'hui nous voyons avec la joye
la plus vive , que le Seigneur mefurant fes faveurs
fur la pieté & la Religion de ce grand Prince ,
continue à le combler de nouvelles benedictions .
Le bonheur des Peuples qui rend S M. fenfible à
de tels bienfaits , nous engage à redoubler nos
voeux & nos prieres. L'augufte & vertueuſe Princeffe
, qui par l'affemblage des dons les plus précieux
de la Nature & de la grace , concourt à
rendre notre felicité durable & conſtante , mérite
ce jufte tribut. Prions pour la confervation d'une
fanté fi chere à la France , prions pour le fuccès
de fon heureufe délivrance . Puiffe -t- elle à jamais
être l'objet de l'amour & de la veneration des
Peuples
1896 MERCURE DE FRANCE
Peuples. , croître en mille mille generation .
Puiffe fa glorieufe Pofterité , fi fainte dans fa
Souche , fi augufte dans fa Tige , fi féconde en
Heros & en Maîtres du Monde dans fon étenduë
, n'avoir d'autre terme , que la fin des temps.
A CES CAUSES , en conformité des intentions
de Sa Majeſté , &c.
de l'Abbaye de S. Germain , donna auffi un Mandement
digue de la grandur du ' Sujet & de fa
pieté. En voici la teneur :
CLAUDE DU PRE' , Grand - Prieur de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez , immédiate
au S. Siege , & Vicaire General de S. B.
M. le Cardinal de Biffy , Evêque de Meaux
Commandeur de l'Ordre du S. Efprit , Abbé
Commandataire de cette l'Abaye , & c.
La Race fainte fe multiplie , la Pofterité nombreuſe
du Jufte eft un gage de la protection du
Tout- Puiffant , une récompenfe rendue à la vertu ,
de celui qui le craint & qui le fert avec fidelité .
Verité juftifiée par l'évenement. Elle s'accomplit
dans la Perfonne facrée du grand & Religieux
Monarque qui nous gouverne. Le Seigneur a beni
les premieres années de fon Alliance glorieufe.
Nous avons renconnu dans la Naiffance des trois
auguftes Princeffes , plus encore dans celle de
Monfeigneur LE DAUPHIN , les preuves
les plus marquées d'une Providence infiniment attentive
aux voeux du Roy , de la Reine , de toute
la Nation ; aujourd'hui nous voyons avec la joye
la plus vive , que le Seigneur mefurant fes faveurs
fur la pieté & la Religion de ce grand Prince ,
continue à le combler de nouvelles benedictions .
Le bonheur des Peuples qui rend S M. fenfible à
de tels bienfaits , nous engage à redoubler nos
voeux & nos prieres. L'augufte & vertueuſe Princeffe
, qui par l'affemblage des dons les plus précieux
de la Nature & de la grace , concourt à
rendre notre felicité durable & conſtante , mérite
ce jufte tribut. Prions pour la confervation d'une
fanté fi chere à la France , prions pour le fuccès
de fon heureufe délivrance . Puiffe -t- elle à jamais
être l'objet de l'amour & de la veneration des
Peuples
1896 MERCURE DE FRANCE
Peuples. , croître en mille mille generation .
Puiffe fa glorieufe Pofterité , fi fainte dans fa
Souche , fi augufte dans fa Tige , fi féconde en
Heros & en Maîtres du Monde dans fon étenduë
, n'avoir d'autre terme , que la fin des temps.
A CES CAUSES , en conformité des intentions
de Sa Majeſté , &c.
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Résumé : Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Le 14 du même mois, Claude du Pré, Grand-Prieur de l'Abbaye Royale de Saint-Germain-des-Prés, Vicaire Général du Cardinal de Bissy, Évêque de Meaux, et Commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, a émis un mandement. Ce document souligne la grandeur et la piété du sujet, en mettant en avant la multiplication de la race sainte comme signe de la protection divine et récompense de la vertu. Le monarque régnant illustre cette vérité par la naissance de trois princesses et du Dauphin au début de son règne, preuves de la Providence divine. Le bonheur des peuples, sensible aux bienfaits du roi, incite à redoubler les vœux et les prières. La princesse, par ses dons naturels et spirituels, contribue à la félicité durable de la nation. Les prières visent la conservation de sa santé et le succès de son heureuse délivrance. On souhaite que sa postérité soit sainte, auguste et féconde en héros et maîtres du monde, jusqu'à la fin des temps. Ce mandement est émis en conformité avec les intentions de Sa Majesté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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835
p. 1935-1930
ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. Presentée à l'Académie des Jeux Floraux.
Début :
Quelle est cette nouvelle aimable, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin, Terre, Académie des jeux floraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. Presentée à l'Académie des Jeux Floraux.
O DE
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
Prefentée à l'Académie des Jeux Floraux.
QU
>
Uelle eft cette nouvelle aimable ,
Qu'annonce le Courier des Cieux !
D'où naît ce Spectacle agréable
Qui par tout s'étale à mes yeux ?
O puiffans Dieux ! que de merveilles !
Que de voix frappent mes oreilles
B vj
Da
1936 MERCURE DE FRANCE
Devos éloges immortels !
Quel don fi grand fait à la France ,
L'oblige par reconnoiffance ,
A charger d'encens vos Autels ?
Mais que vois -je ? Eft- ce vous , Aftrée ,
Qui defcendez vers les François ?
Peuples ; cette Vierge facrée ,
Vient faire refleurir fes Loix..
J'apperçois marcher fur ces traces ,
Précedé des trois jeunes Graces , *
Un enfant plein de majeſté .
Mon coeur ſent déja ſa puiſſance ,
Et fous le voile de l'enfance
Découvre fa Divinité .
Hâte-toi pour voir ce Miracle ,
Soleil , quitte le fein des Mers ,
Mais où fuit ce divin fpectacle ?
Quel nuage obfcurcit les Airs ?
Un vent impetueux fe leve ,
Son fouffe rapide m'enleve ,
Jufques dans le féjour des Dieux.
Dois -je m'expliquer
ou me taire ?
Dois -je publier le myftere ,
Qui ſe développe à mes yeux.
* Mefdames de Frances
f
Fran
SEPTEMBRE. 1730. 1937
François , voici l'heure fatale ,
Qui doit terminer tous vos maux .
Pour terraffer l'Hydre infernale ,
Le Ciel vous accorde un Heros.
倉
Je la voi ; cette Hydre indomptable ,
En vain à ce coup qui l'accable ,
S'arme de toute la fureur.
LOUIS naiffant , lance fa foudre ,
Ses têtes réduites en poudre ,
Ne font plus qu'un objet d'horreur.
Toi qui pour un Dauphin paifible ,
Formois tous les jours mille voeux ,
Fleury , s'il paroît fi terrible ,
<
Ce n'eft que pour nous rendre heureux.
S'il paroît armé d'un Tonnerre ,
Ce n'eft que pour purger la Terre ,
Des Monitres qui troublent la Paix.
Bientôt fa main prendra la Lyre ,
Et la douceur de fon Empire ,
Surpaffera tous nos fouhaits.
M
Puiffe cet Enfant adorable ,
Croiffant tous les jours en fplendeur ,
A toute la terre habitable ,
Faire refpecter fa grandeur,
Le Janfenifme,
Puiffent
1938 MERCURE DE FRANCE
Puiffent les fages Deſtinées ,
D'une longue fuite d'années ,
Orner fes paifibles vertus ;
Et de cette Tige féconde ,
Faire
pour
le bonheur du Monde ,
Sortir mille nouveaux Titus.
Ainfi dans une Forêt fombre ,
On voit le Cedre précieux ,
Couvrir la Terre de fon ombre ,
Et lever fon front jufqu'aux Cieux.
Ainfi dans de vaftes Campagnes ,
Un Fleuve du haut des Montagnes ,
Roule avec majeſté ſes Flots ,
Et dans fon cours formant cent Iſles ,
Va porter dans toutes les Villes ,
La fécondité de les Eaux.
Mais quelles pompeufes images ,
Viennent encor frapper mes fens ?
Jupiter ( quels heureux préſages )
Admire fes charmes naiffans.
Bacchus , Cerés , Pomone & Flore ,
Courent vers ceete jeune Aurore ,
Mettre leurs prefens à fes pieds,
Cybele offre fon Diadême ,
Neptune , fon pouvoir fuprême ,
Et Phebus fes nobles Lauriers.
DAUSEPTEMBRE.
1730. 1939
de naître , DAUPHIN , tu ne fais que
Et tout reconnoît ton pouvoir ,
Le Heros qui t'a donné l'être ,
Sur toi fonde tout fon eſpoir ,
Voi comme l'Univers s'empreſſe ,
Par mille marques d'allegreſſe ,
De te témoigner ſes tranfports.
Pour en tracer une peinture ,
Voi comme l'Art & la Nature ,
Semblent épuifer leurs tréfois.
Venez , volez, Troupe * immortelle
Venez voir cet Amour nouveau ,
Venez pour marquer votre zele ,
Couvrir de vos fleurs fon Berceau .
Qu'on n'entende plus les Trompettes ;
Bergers , que vos tendres Mufettes ,
Animent feules nos Concerts.
LOUIS a triomphé des vices :
La Paix va faire fes délices ,
Et lui celles de l'Univers.
ร
Pacatum reget patris virtutibus orbem.
* Meffieurs de l'Académie.
L'Abbé LAVIT , d'Agde:
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
Prefentée à l'Académie des Jeux Floraux.
QU
>
Uelle eft cette nouvelle aimable ,
Qu'annonce le Courier des Cieux !
D'où naît ce Spectacle agréable
Qui par tout s'étale à mes yeux ?
O puiffans Dieux ! que de merveilles !
Que de voix frappent mes oreilles
B vj
Da
1936 MERCURE DE FRANCE
Devos éloges immortels !
Quel don fi grand fait à la France ,
L'oblige par reconnoiffance ,
A charger d'encens vos Autels ?
Mais que vois -je ? Eft- ce vous , Aftrée ,
Qui defcendez vers les François ?
Peuples ; cette Vierge facrée ,
Vient faire refleurir fes Loix..
J'apperçois marcher fur ces traces ,
Précedé des trois jeunes Graces , *
Un enfant plein de majeſté .
Mon coeur ſent déja ſa puiſſance ,
Et fous le voile de l'enfance
Découvre fa Divinité .
Hâte-toi pour voir ce Miracle ,
Soleil , quitte le fein des Mers ,
Mais où fuit ce divin fpectacle ?
Quel nuage obfcurcit les Airs ?
Un vent impetueux fe leve ,
Son fouffe rapide m'enleve ,
Jufques dans le féjour des Dieux.
Dois -je m'expliquer
ou me taire ?
Dois -je publier le myftere ,
Qui ſe développe à mes yeux.
* Mefdames de Frances
f
Fran
SEPTEMBRE. 1730. 1937
François , voici l'heure fatale ,
Qui doit terminer tous vos maux .
Pour terraffer l'Hydre infernale ,
Le Ciel vous accorde un Heros.
倉
Je la voi ; cette Hydre indomptable ,
En vain à ce coup qui l'accable ,
S'arme de toute la fureur.
LOUIS naiffant , lance fa foudre ,
Ses têtes réduites en poudre ,
Ne font plus qu'un objet d'horreur.
Toi qui pour un Dauphin paifible ,
Formois tous les jours mille voeux ,
Fleury , s'il paroît fi terrible ,
<
Ce n'eft que pour nous rendre heureux.
S'il paroît armé d'un Tonnerre ,
Ce n'eft que pour purger la Terre ,
Des Monitres qui troublent la Paix.
Bientôt fa main prendra la Lyre ,
Et la douceur de fon Empire ,
Surpaffera tous nos fouhaits.
M
Puiffe cet Enfant adorable ,
Croiffant tous les jours en fplendeur ,
A toute la terre habitable ,
Faire refpecter fa grandeur,
Le Janfenifme,
Puiffent
1938 MERCURE DE FRANCE
Puiffent les fages Deſtinées ,
D'une longue fuite d'années ,
Orner fes paifibles vertus ;
Et de cette Tige féconde ,
Faire
pour
le bonheur du Monde ,
Sortir mille nouveaux Titus.
Ainfi dans une Forêt fombre ,
On voit le Cedre précieux ,
Couvrir la Terre de fon ombre ,
Et lever fon front jufqu'aux Cieux.
Ainfi dans de vaftes Campagnes ,
Un Fleuve du haut des Montagnes ,
Roule avec majeſté ſes Flots ,
Et dans fon cours formant cent Iſles ,
Va porter dans toutes les Villes ,
La fécondité de les Eaux.
Mais quelles pompeufes images ,
Viennent encor frapper mes fens ?
Jupiter ( quels heureux préſages )
Admire fes charmes naiffans.
Bacchus , Cerés , Pomone & Flore ,
Courent vers ceete jeune Aurore ,
Mettre leurs prefens à fes pieds,
Cybele offre fon Diadême ,
Neptune , fon pouvoir fuprême ,
Et Phebus fes nobles Lauriers.
DAUSEPTEMBRE.
1730. 1939
de naître , DAUPHIN , tu ne fais que
Et tout reconnoît ton pouvoir ,
Le Heros qui t'a donné l'être ,
Sur toi fonde tout fon eſpoir ,
Voi comme l'Univers s'empreſſe ,
Par mille marques d'allegreſſe ,
De te témoigner ſes tranfports.
Pour en tracer une peinture ,
Voi comme l'Art & la Nature ,
Semblent épuifer leurs tréfois.
Venez , volez, Troupe * immortelle
Venez voir cet Amour nouveau ,
Venez pour marquer votre zele ,
Couvrir de vos fleurs fon Berceau .
Qu'on n'entende plus les Trompettes ;
Bergers , que vos tendres Mufettes ,
Animent feules nos Concerts.
LOUIS a triomphé des vices :
La Paix va faire fes délices ,
Et lui celles de l'Univers.
ร
Pacatum reget patris virtutibus orbem.
* Meffieurs de l'Académie.
L'Abbé LAVIT , d'Agde:
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Résumé : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. Presentée à l'Académie des Jeux Floraux.
Le poème célèbre la naissance du Dauphin, futur Louis XV, présentée à l'Académie des Jeux Floraux. L'auteur exprime sa joie et son émerveillement, y voyant un signe divin. Il décrit une scène céleste où des dieux comme Jupiter, Bacchus, Cérès, Pomone, Flore, Cybèle, Neptune et Phébus honorent le nouveau-né. Le poème évoque la victoire du Dauphin sur l'Hydre infernale, symbolisant les maux et les troubles, et prédit un règne de paix et de douceur. L'auteur souhaite une longue vie au Dauphin, comparant sa future grandeur à celle d'un cèdre ou d'un fleuve majestueux. Il appelle les membres de l'Académie à célébrer cet événement avec des fleurs et des musiques douces, marquant la fin des vices et l'avènement de la paix. Le poème se conclut par une citation latine soulignant le règne pacifique du Dauphin.
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836
p. 1940-1942
LETTRE de M. L. C. S... à M. de B. Brigadier des Armées du Roy, & Colonel d'un Régiment Suisse au Service de Sa Majesté.
Début :
MONSIEUR, Quoique Suisse, j'ai le coeur assez François pour me joindre aux Concerts universels [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin, Lausanne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. L. C. S... à M. de B. Brigadier des Armées du Roy, & Colonel d'un Régiment Suisse au Service de Sa Majesté.
LETTRE de M. L.C. S... à M. de
B. Brigadier des Armées du Roy , &
Colonel d'un Régiment Suiffe au Service
de Sa Majesté.
6
MONSIEU SIEUR ,
Quoique Suiffe , j'ai le coeur affez François
pour me joindre aux Concerts unìverfels
de la France ; & à ce titre , je me
réjouis veritablement du fujet de fes vives
acclamations , mais ne fut- ce qu'en
qualité d'homme , je fuis charmé d'un
évenement qui affermit fi generalement
la Paix . C'eſt fans doute le plus grand fruit
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin
, & dès - là ce Prince doit être reçû
avec empreffement de toute l'Europe.
Je rêvois dernierement au bonheur
qu'un feul homme affure à tant d'autres,
lorfqu'une des Mufes parut devant moi.
Je jugeai que c'en étoit une à fa démarche
noble & mefurée , & à un éclat qui furpaffoit
celui des plus blelles fleurs .
Elle avoit certain air de douce complaifance ,
wx
Que lui donnoit cette Naiffance ,
Et fembloit renoncer à la ſeverité ,
Qu'éloigné la Profperité.
Je
SEPTEMBRE. 1730. 1941
Je me tirai à l'écart rempli de reſpect ,
perfuadé que je ne pouvois rien avoir à
démêler avec une Immortelle que je n'ofois
pas même adorer. Quelle fut ma furprife
, lorfqu'elle m'adreffa ainfi la parole !
O vous , Mortel , qui que vous foyez ,
qui croupiffez dans une molle indolence,
mon infpiration ne fçauroit- elle aller jufqu'à
vous ? mon audace lyrique ne
pourroit-elle vous échauffer ? Un demi
Dieu qui vient de naître , n'eft- il pas un
affez grand fujet pour exciter votre émulation
? Trop grand mille fois ( lui répon
dis- je ) à peine ofai- je chanter le repos que
je goute & le loifir dont je joüis , mes Airs
ne roulent que fur des fujets fimples &
champêtres ; une Mufette eft le feul Inftrument
que je connois , & la Lyre majeftueufe
tomberoit infailliblement de mes
mains.
Prenez -la fans confequence ( pourfuivit-
elle. ) Il y en a trop ( lui répartis-je )
à méconnoître fes talens . Je vous aiderai
( ajoûta- t - elle . ) Ah ! mon incapacité , lui
dis -je , eft au - deffus de votre pouvoir ;
allez donc , reprit-elle d'un air courroucé,
allez begaïer à l'avanture ; mais du moins
femez quelques fleurs fur le Berceau du
nouveau né. Elle part , & je fors de ma
rêverie : de toute cette apparition il ne me
refte que de l'ardeur.Un zele vif mais mal
foute1942
MERCURE DE FRANCE
foutenu , fut tout ce que la Mufe divine
ine laiffe en partage , cependant :,
Je parcourus nos Montagnes ,
Je courus dans nos Campagnes ,
Pour faire de tout mon coeur ,
Un Bouquet à Monfeigneur ,
S'il peche dans l'Ordonnance ,
Ou s'il manque d'agrement ,
C'est qu'on dit ce que l'on penſe ,
Et non pas ce que l'on fent.
Voilà , Monfieur , tout ce qui m'eſt
arrivé , & il ne me faloit pas moins qu'un
Brigadier des plus zelez qu'ait notre Nation
au fervice de la France , pour Confident
de mon zele & mes legers travaux.
Ce ne fera , fi vous voulez , qu'un Fufée
entre mille autres , ou même qu'une fleur
fur tout un Parterre ; mais ce fera affez
de cette fleur , fi l'augufte nom dont elle
fe couvre peut en faire une IMMORTELLE.
J'ai l'honneur d'être , & c.
A Lauzanne ce 1. Octobre 1729.
Nous n'avons reçû cette Lettre qui
contenoit auffi l'Ode qui fuit , que le 28.
Août.
B. Brigadier des Armées du Roy , &
Colonel d'un Régiment Suiffe au Service
de Sa Majesté.
6
MONSIEU SIEUR ,
Quoique Suiffe , j'ai le coeur affez François
pour me joindre aux Concerts unìverfels
de la France ; & à ce titre , je me
réjouis veritablement du fujet de fes vives
acclamations , mais ne fut- ce qu'en
qualité d'homme , je fuis charmé d'un
évenement qui affermit fi generalement
la Paix . C'eſt fans doute le plus grand fruit
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin
, & dès - là ce Prince doit être reçû
avec empreffement de toute l'Europe.
Je rêvois dernierement au bonheur
qu'un feul homme affure à tant d'autres,
lorfqu'une des Mufes parut devant moi.
Je jugeai que c'en étoit une à fa démarche
noble & mefurée , & à un éclat qui furpaffoit
celui des plus blelles fleurs .
Elle avoit certain air de douce complaifance ,
wx
Que lui donnoit cette Naiffance ,
Et fembloit renoncer à la ſeverité ,
Qu'éloigné la Profperité.
Je
SEPTEMBRE. 1730. 1941
Je me tirai à l'écart rempli de reſpect ,
perfuadé que je ne pouvois rien avoir à
démêler avec une Immortelle que je n'ofois
pas même adorer. Quelle fut ma furprife
, lorfqu'elle m'adreffa ainfi la parole !
O vous , Mortel , qui que vous foyez ,
qui croupiffez dans une molle indolence,
mon infpiration ne fçauroit- elle aller jufqu'à
vous ? mon audace lyrique ne
pourroit-elle vous échauffer ? Un demi
Dieu qui vient de naître , n'eft- il pas un
affez grand fujet pour exciter votre émulation
? Trop grand mille fois ( lui répon
dis- je ) à peine ofai- je chanter le repos que
je goute & le loifir dont je joüis , mes Airs
ne roulent que fur des fujets fimples &
champêtres ; une Mufette eft le feul Inftrument
que je connois , & la Lyre majeftueufe
tomberoit infailliblement de mes
mains.
Prenez -la fans confequence ( pourfuivit-
elle. ) Il y en a trop ( lui répartis-je )
à méconnoître fes talens . Je vous aiderai
( ajoûta- t - elle . ) Ah ! mon incapacité , lui
dis -je , eft au - deffus de votre pouvoir ;
allez donc , reprit-elle d'un air courroucé,
allez begaïer à l'avanture ; mais du moins
femez quelques fleurs fur le Berceau du
nouveau né. Elle part , & je fors de ma
rêverie : de toute cette apparition il ne me
refte que de l'ardeur.Un zele vif mais mal
foute1942
MERCURE DE FRANCE
foutenu , fut tout ce que la Mufe divine
ine laiffe en partage , cependant :,
Je parcourus nos Montagnes ,
Je courus dans nos Campagnes ,
Pour faire de tout mon coeur ,
Un Bouquet à Monfeigneur ,
S'il peche dans l'Ordonnance ,
Ou s'il manque d'agrement ,
C'est qu'on dit ce que l'on penſe ,
Et non pas ce que l'on fent.
Voilà , Monfieur , tout ce qui m'eſt
arrivé , & il ne me faloit pas moins qu'un
Brigadier des plus zelez qu'ait notre Nation
au fervice de la France , pour Confident
de mon zele & mes legers travaux.
Ce ne fera , fi vous voulez , qu'un Fufée
entre mille autres , ou même qu'une fleur
fur tout un Parterre ; mais ce fera affez
de cette fleur , fi l'augufte nom dont elle
fe couvre peut en faire une IMMORTELLE.
J'ai l'honneur d'être , & c.
A Lauzanne ce 1. Octobre 1729.
Nous n'avons reçû cette Lettre qui
contenoit auffi l'Ode qui fuit , que le 28.
Août.
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Résumé : LETTRE de M. L. C. S... à M. de B. Brigadier des Armées du Roy, & Colonel d'un Régiment Suisse au Service de Sa Majesté.
La lettre de M. L.C. S... à M. de B., Brigadier des Armées du Roy et Colonel d'un Régiment Suisse, exprime la joie de l'auteur pour la naissance du Dauphin, qui consolide la paix en Europe. Bien que Suisse, l'auteur se réjouit des acclamations en France et admire la paix résultant de cet événement. Dans un rêve, une Muse lui apparaît et le pousse à célébrer la naissance du Dauphin. Initialement réticent, l'auteur accepte de composer un poème en l'honneur du nouveau-né. La Muse disparaît, laissant l'auteur rempli d'ardeur et de zèle. Il parcourt montagnes et campagnes pour composer un bouquet poétique en l'honneur du Dauphin, reconnaissant que son œuvre est modeste mais sincère. La lettre se conclut par l'envoi de cette ode à M. de B., espérant qu'elle puisse être considérée comme une œuvre immortelle. La lettre est datée du 1er octobre 1729 et a été reçue le 28 août.
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837
p. 1943-1945
ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
Redoublez l'éclat de vos Fêtes, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
ODE
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN,
Redoublez l'éclat de vos Fêtes ,
France , un nouvel Aftre vous luit.
Quel préfage pour vos conquêtes ,
Que le bonheur qui le conduit !
Un jeune Alcide vient de naître ,
Il fort des BOURBONS & doit être
Un jour pere de fes Sujets ;
Que de merveilles j'en augure !
Heureuſe la Race future ,
Qui doit jouir de ſes bienfaits !
Tel qu'un Phénix qui de fa cendre ,
Sort plus brillant , plus glorieux ,
Tel lorfqu'on devoit moins l'attendre ,
LOUIS renaît de fes Ayeux .
En vain la Parque meurtriere ,
Veut précipiter la carriere ,'
Des Princes , * vos tendres amours ;
* Les Princes morts en 1712.
En
1944 MERCURE DE FRANCE
En vain la mort cruelle frappe ,
A fes coups le plus foible échappe
Elle ne peut rien fur les jours.
Les plus auguftes Deſtinées ,
Veillent fur fon facré Berceau ;
Elles refervent fes années ,
Pour quelque Miracle nouveau.
Pallas le couvrant de l'Egide ,
En Philippe lui donné un guide ,
Sçavant dans l'art de bien regner ,
Et dans la plus tendre jeuneffe
Fleury vient graver la fageffe ,
Dans fon coeur qu'il fçut lui gagner.
M
Mais encor trop frêle efperance ,
Dont l'objet peut fi -tôt finir !
Lui feul nourrit la confiance ,
Mais peut-il feul la foutenir ?
Quelle joye il fe multiplie :
Une double chaîne vous lie ,
A votre aimable Souverain ;
Et pour prix de vos voeux finceres
François , le Ciel ne tarde gueres ,
A vous accorder un DAUPHIN,
M
C'en eft fait, vos craintes finiffent;
11
SEPTEMBRE . 1730. 1945
Il affermit votre repos :
Déja vos ennemis frémiffent ,
De voir s'augmenter vos Heros :
La Paix regne dans leur Empire ;
La Diſcorde en fureur , foupire ,
Des Traits qui lui font arrachez,
En attendant que la Victoire ,
Ecrive au Temple de memoire
Des Exploits qui nous font cachez.
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN,
Redoublez l'éclat de vos Fêtes ,
France , un nouvel Aftre vous luit.
Quel préfage pour vos conquêtes ,
Que le bonheur qui le conduit !
Un jeune Alcide vient de naître ,
Il fort des BOURBONS & doit être
Un jour pere de fes Sujets ;
Que de merveilles j'en augure !
Heureuſe la Race future ,
Qui doit jouir de ſes bienfaits !
Tel qu'un Phénix qui de fa cendre ,
Sort plus brillant , plus glorieux ,
Tel lorfqu'on devoit moins l'attendre ,
LOUIS renaît de fes Ayeux .
En vain la Parque meurtriere ,
Veut précipiter la carriere ,'
Des Princes , * vos tendres amours ;
* Les Princes morts en 1712.
En
1944 MERCURE DE FRANCE
En vain la mort cruelle frappe ,
A fes coups le plus foible échappe
Elle ne peut rien fur les jours.
Les plus auguftes Deſtinées ,
Veillent fur fon facré Berceau ;
Elles refervent fes années ,
Pour quelque Miracle nouveau.
Pallas le couvrant de l'Egide ,
En Philippe lui donné un guide ,
Sçavant dans l'art de bien regner ,
Et dans la plus tendre jeuneffe
Fleury vient graver la fageffe ,
Dans fon coeur qu'il fçut lui gagner.
M
Mais encor trop frêle efperance ,
Dont l'objet peut fi -tôt finir !
Lui feul nourrit la confiance ,
Mais peut-il feul la foutenir ?
Quelle joye il fe multiplie :
Une double chaîne vous lie ,
A votre aimable Souverain ;
Et pour prix de vos voeux finceres
François , le Ciel ne tarde gueres ,
A vous accorder un DAUPHIN,
M
C'en eft fait, vos craintes finiffent;
11
SEPTEMBRE . 1730. 1945
Il affermit votre repos :
Déja vos ennemis frémiffent ,
De voir s'augmenter vos Heros :
La Paix regne dans leur Empire ;
La Diſcorde en fureur , foupire ,
Des Traits qui lui font arrachez,
En attendant que la Victoire ,
Ecrive au Temple de memoire
Des Exploits qui nous font cachez.
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Résumé : ODE SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le poème célèbre la naissance du Dauphin, héritier du trône de France, en exprimant la joie et l'espoir qu'elle suscite. L'enfant est vu comme un futur grand roi, comparable à Louis XIV. Le texte évoque la protection divine et la sagesse qui guideront le Dauphin, comparé à Hercule pour sa force et à un phénix pour sa renaissance glorieuse. La mort est décrite comme impuissante face à sa destinée exceptionnelle, protégé qu'il est par les dieux et entouré de guides sages comme Philippe et Fleury. La naissance du Dauphin est perçue comme un signe de prospérité et de paix pour la France, inspirant la crainte des ennemis et la joie du peuple. Le poème se conclut par l'annonce de la fin des craintes et l'affirmation de la paix dans l'empire, en attendant de futures victoires.
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838
p. 2006-2010
EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
Début :
Il prit pour texte ce Passage de la Sagesse, Chapitre 9. Envoyez-moi, Seigneur, [...]
Mots clefs :
Saint Louis, Seigneur, Dieu, Sagesse, Ciel, Trône, Armée, Monarque, Tranquillité, Royaume, Royauté, Académie des Belles-Lettres, Académie des sciences
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
EXTRAIT du Panegirique de S. Louis
prononcé en présence des Académies des
Belles Lettres & des Sciences , auquel
préfidoit M. l'Abbé Bignon , par le Reverend
Pere Dom Leandre Petuzet , Benedictin
Reformé de l'Ordre de Cluni ,
dans l'Eglife des P P. de l'Oratoire de la
rue S. Honoré.
Il prit pour texte ce Paffage de la Sageffe
, Chapitre 9. Envoyez-moi , Seigneur,
la fageffe du Ciel , votre Sanctuaire , qui eft
le Trône de votre Grandeur , afin qu'elle foit
& travaille avec moi.
P
Our prouver que S. Louis a été orné du don
de fageffe , l'Orateur diftingua deux chofes
effentielles dans la Royauté , qu'on ne peut défunir
fans en faire un phantôme. L'une que les
Rois doivent éviter , & ce font les dangers qui
en font incomparables ; l'autre qu'ils doivent
remplir , & ce font les charges qui y font attachées.
Ce font ces Charges & ces dangers qui lui
ont fourni la matiere de l'éloge de S. Louis.
En parlant de l'humilité de ce S. Roi , il dit
qu'il l'avoit portée à un point qu'on auroit peine
à atteindre ; mais qu'elle ne fut point l'effet du
temperament, & que s'il la poffeda dans un fouverain
degré , elle fut en lui une vertu chrétienne.
Jamais il n'y eut une ame plus douce , plus
debonnaire & plus humble, & jamais on n'en vît
de plus remplie de courage. Jamais Prince ne fut
plus difpofé que lui à s'aneantir devant le Seigneur
, & jamais il n'y en eut qui montrât plus
de
1
SEPTEMBRE. 1730. 2007
de fermeté devant les hommes , quand il s'agit de
foutenir les interêts de fa Couronne. Jamais Monarque
n'eut moins d'ambition pour étendre les
limites de fon Royaume , & jamais on n'en trouya
qui eut une plus fainte jaloufie de conferver
celui que le Ciel lui avoit donné pour fon heritage.
Il renonce au droit legitime qu'il avoit fur
le Royaume de Caftille , parce que la conquête
ne pouvoit s'en faire qu'aux dépens du fang de
fes Sujets. Il refuſe genereuſement l'Empire que
Gregoire IX . lui préfente , content de comman
der à ceux que le Ciel avoit foumis à ſa puiſfance
, & fi ce Souverain Pontife veut en revêtir
le Comte d'Artois , frere de ce S. Roi , il fçait
lui faire fentir ,fans s'éloigner de l'obéiffance qu'il
lui doit , qu'il n'appartient pas plus à la puiffance
Ecclefiaftique de toucher au Trône , qu'à là
temporelle de s'ingerer dans le Miniftere Sacré ;
mais il n'oublie rien pour contenir fes Sujets dans
les bornes étroites du devoir ; il porte , quand il
le faut, la terreur dans le coeur de ceux qui trou
blent la tranquillité publique &c.
En parlant de fa charité , il dit que cette divi
ne vertu qui avoit pris de profondes racines dans
fon coeur , ne lui permit pas d'avoir des entrail
les de fer pour le pauvre & le miſerable ; & ſi
Job nous dit que la mifericorde étoit fortie avec
lui du fein de fa mere & avoit crû enſemble ,
qu'on le pouvoit dire avec autant de juftice de
Louis , dequoi le Panegiriſte donna des preuves
par des faits éclatans .
>
En parlant des Charges attachées à la Royauté,
il en diftingua deux aufquelles toutes les autres
peuvent fe rapporter , & dont aucun Roi ne fe
peut difpenfer : l'une d'être équitable à l'égard
de leur peuple , l'autre d'être fidele à Dieu. Il remarqua
avec S. Jacques deux caracteres dans la
E vj Lageffe
2008 MERCURE DE FRANCE
fageffe Chrétienne qui engagent ceux qui la poffedent
à les remplir dignement ; elle n'eft point
diffimulée ; elle le porte avec docilité à tout le
bien qu'on lui propofe.
Quel eft , dit-il , le Roi Chrétien qui réduifie
plus fidelement en pratique ces deux nobles caracteres
Jufte à l'égard de fon peuple , il jugea
fans diffimulation , & avec équité. Fidele à Dieu,
il procura avec un faint zele toutes les bonnes
oeuvres qui pouvoient lui rendre le cu te qui lui
eft dû. I s'étendit beaucoup fur les preuves de
ces deux Propofitions , & retraça de beaux traits
de l'Histoire du S. Monarque.
Il peignit l'état pitoyable où étoit réduite la
Paleſtine , & tout ce que fit l'Eglife pour engager
les Princes Chrétiens à rendre la liberté cette
Terre fainte, où nous avions été délivrez de la fervitude
du démon. En falloit - il davantage , dit-il ,
pour remplir d'une fainte & noble ardeur le Fils
aîné de l'Eglife , & lui faire dire dans l'efprit de
David , je le jure devant le Seigneur , & j'en fais
un voeu au Dieu de Jacob , je n'entrerai point
dans ma maiſon , je ne repoſerai point fur mon
lit , je ne permettrai point à mes yeux de dormir
, ni à mes paupieres de fommeiller , que je
n'aye trouvé le moyen de rétablir le Seigneur
dans fa Maiſon.
Il entra dans le détail de toutes les rencontres
où S. Louis fignaia fon courage & donna à toute
fon armée le charmant fpectacle d'un Héros
vraiment Chrétien , il décrivit le Siege de Damiete
, la perte d'une Bataille qui mit l'armée de
S. Louis aux abois , & enfin la captivité. Que
vos Jugemens , ô mon Dieu , s'écria- t-il , font
impenetrables ! qui n'en admirera la profondeur ,
quand nous voyons dans les chaînes un Roi
Chrétien qui vient pour délivrer d'une cruelle
oppreffion
SEPTEMBRE . 1730. 2009
oppreffion ceux que vous avez rachetez de votre
Sang précieux ; mais ne le perdons pas de vûë
dans cette fâcheufe extremité ; le Seigneur qui
l'humilie eft à fes côtez pour le foutenir . Semblable
à Jofeph , fa fageffe ne l'abandonne pas dans la
prifon , ou comme l'Arche captive chez les Philifins
, ce Heros prifonnier fait plus honorer Dieu
par fa réfignation , que vainqueur des Infideles .
Il parla de fa feconde expedition contre les Infideles
pour aller fecourir les Chrétiens d'Afrique,
qui gémiffoient fans efperance & fans confolation .
Que n'eût - il pas fait , dit-il , pour la gloire du
Seigneur , fi en exigeant le facrifice de fa vie , il
ne le fût contenté de fa bonne volonté... Que ne
puis -je vous le préfenter accablé fous fa Tente
d'une maladie mortelle & prêt à recevoir fa récompenfe
de celui pour lequel il avoit fi glorieufement
combattu. Vit- on jamais une tranquillité
plus inalterable, une réfignation plus parfaite, des
defirs plus ardens de s'unir à fon Dieu , une préfence
d'efprit plus entiere il donne fes ordres
aux principaux Chefs de fon armée & leur recommande
de ne point faire de paix avec ceux
qui n'en avoient point avec Dieu ; il appelle fon
Fils , fucceffeur de fa Couronne , & lui fait des
leçons pleines de lumieres , de fageffe & de charité
; il donne à tous des exemples preffans d'une
folide pieté , il meurt enfin comme Moyfe dans
le baifer du Seigneur , & fi comme ce Patriarche
il n'entre pas en poffeffion de la Terre qui lui
fembloit promife , il va établir fon féjour dans
les Tabernacles éternels .
Après une courte morale le Panegyrifte finit
en s'adreffant à S. Louis & lui difant : Daignez
grand Roi , du haut du Ciel où vous regnez avec
Dieu , recevoir les voeux d'un Peuple zele pour
votre gloire , fidele à votre Sang & plein de
confiance
2010 MERCURE DE FRANCE
confiance en votre puissante protection . Mais
regardez toûjours d'un oeil propice cet augufte
Monarque , qui eft affis fur votre Trône , qui
n'eft pas moins heritier de vos vertus que de vctre
Sceptre, & qui fe voit heureusement renaître
dans un Prince que le Ciel n'a pas refufé à
la ferveur de nos prieres qu'il a accordé à la
falide pieté d'une Reine digne du fublime rang
qu'elle remplit & dont la Naissance affermit
notre esperance & affure notre tranquillité.
Seyez beni , ô mon Dieu , de nous avoirfait un
don fi précieux , confervez les pour en faire un
jour de bonheur du Royaume que S. Louis gouverna
avec tant de fageffe ; formez-le fur ce
modele des veritables Rois , & que semblable
à fon Pere , il exprime avec lui la valeur qui
le rendit redoutable à fes ennemis , la charité
qui le fit pere de fon Peuple , la Religion qui le
fanctifia fur le Trône.
prononcé en présence des Académies des
Belles Lettres & des Sciences , auquel
préfidoit M. l'Abbé Bignon , par le Reverend
Pere Dom Leandre Petuzet , Benedictin
Reformé de l'Ordre de Cluni ,
dans l'Eglife des P P. de l'Oratoire de la
rue S. Honoré.
Il prit pour texte ce Paffage de la Sageffe
, Chapitre 9. Envoyez-moi , Seigneur,
la fageffe du Ciel , votre Sanctuaire , qui eft
le Trône de votre Grandeur , afin qu'elle foit
& travaille avec moi.
P
Our prouver que S. Louis a été orné du don
de fageffe , l'Orateur diftingua deux chofes
effentielles dans la Royauté , qu'on ne peut défunir
fans en faire un phantôme. L'une que les
Rois doivent éviter , & ce font les dangers qui
en font incomparables ; l'autre qu'ils doivent
remplir , & ce font les charges qui y font attachées.
Ce font ces Charges & ces dangers qui lui
ont fourni la matiere de l'éloge de S. Louis.
En parlant de l'humilité de ce S. Roi , il dit
qu'il l'avoit portée à un point qu'on auroit peine
à atteindre ; mais qu'elle ne fut point l'effet du
temperament, & que s'il la poffeda dans un fouverain
degré , elle fut en lui une vertu chrétienne.
Jamais il n'y eut une ame plus douce , plus
debonnaire & plus humble, & jamais on n'en vît
de plus remplie de courage. Jamais Prince ne fut
plus difpofé que lui à s'aneantir devant le Seigneur
, & jamais il n'y en eut qui montrât plus
de
1
SEPTEMBRE. 1730. 2007
de fermeté devant les hommes , quand il s'agit de
foutenir les interêts de fa Couronne. Jamais Monarque
n'eut moins d'ambition pour étendre les
limites de fon Royaume , & jamais on n'en trouya
qui eut une plus fainte jaloufie de conferver
celui que le Ciel lui avoit donné pour fon heritage.
Il renonce au droit legitime qu'il avoit fur
le Royaume de Caftille , parce que la conquête
ne pouvoit s'en faire qu'aux dépens du fang de
fes Sujets. Il refuſe genereuſement l'Empire que
Gregoire IX . lui préfente , content de comman
der à ceux que le Ciel avoit foumis à ſa puiſfance
, & fi ce Souverain Pontife veut en revêtir
le Comte d'Artois , frere de ce S. Roi , il fçait
lui faire fentir ,fans s'éloigner de l'obéiffance qu'il
lui doit , qu'il n'appartient pas plus à la puiffance
Ecclefiaftique de toucher au Trône , qu'à là
temporelle de s'ingerer dans le Miniftere Sacré ;
mais il n'oublie rien pour contenir fes Sujets dans
les bornes étroites du devoir ; il porte , quand il
le faut, la terreur dans le coeur de ceux qui trou
blent la tranquillité publique &c.
En parlant de fa charité , il dit que cette divi
ne vertu qui avoit pris de profondes racines dans
fon coeur , ne lui permit pas d'avoir des entrail
les de fer pour le pauvre & le miſerable ; & ſi
Job nous dit que la mifericorde étoit fortie avec
lui du fein de fa mere & avoit crû enſemble ,
qu'on le pouvoit dire avec autant de juftice de
Louis , dequoi le Panegiriſte donna des preuves
par des faits éclatans .
>
En parlant des Charges attachées à la Royauté,
il en diftingua deux aufquelles toutes les autres
peuvent fe rapporter , & dont aucun Roi ne fe
peut difpenfer : l'une d'être équitable à l'égard
de leur peuple , l'autre d'être fidele à Dieu. Il remarqua
avec S. Jacques deux caracteres dans la
E vj Lageffe
2008 MERCURE DE FRANCE
fageffe Chrétienne qui engagent ceux qui la poffedent
à les remplir dignement ; elle n'eft point
diffimulée ; elle le porte avec docilité à tout le
bien qu'on lui propofe.
Quel eft , dit-il , le Roi Chrétien qui réduifie
plus fidelement en pratique ces deux nobles caracteres
Jufte à l'égard de fon peuple , il jugea
fans diffimulation , & avec équité. Fidele à Dieu,
il procura avec un faint zele toutes les bonnes
oeuvres qui pouvoient lui rendre le cu te qui lui
eft dû. I s'étendit beaucoup fur les preuves de
ces deux Propofitions , & retraça de beaux traits
de l'Histoire du S. Monarque.
Il peignit l'état pitoyable où étoit réduite la
Paleſtine , & tout ce que fit l'Eglife pour engager
les Princes Chrétiens à rendre la liberté cette
Terre fainte, où nous avions été délivrez de la fervitude
du démon. En falloit - il davantage , dit-il ,
pour remplir d'une fainte & noble ardeur le Fils
aîné de l'Eglife , & lui faire dire dans l'efprit de
David , je le jure devant le Seigneur , & j'en fais
un voeu au Dieu de Jacob , je n'entrerai point
dans ma maiſon , je ne repoſerai point fur mon
lit , je ne permettrai point à mes yeux de dormir
, ni à mes paupieres de fommeiller , que je
n'aye trouvé le moyen de rétablir le Seigneur
dans fa Maiſon.
Il entra dans le détail de toutes les rencontres
où S. Louis fignaia fon courage & donna à toute
fon armée le charmant fpectacle d'un Héros
vraiment Chrétien , il décrivit le Siege de Damiete
, la perte d'une Bataille qui mit l'armée de
S. Louis aux abois , & enfin la captivité. Que
vos Jugemens , ô mon Dieu , s'écria- t-il , font
impenetrables ! qui n'en admirera la profondeur ,
quand nous voyons dans les chaînes un Roi
Chrétien qui vient pour délivrer d'une cruelle
oppreffion
SEPTEMBRE . 1730. 2009
oppreffion ceux que vous avez rachetez de votre
Sang précieux ; mais ne le perdons pas de vûë
dans cette fâcheufe extremité ; le Seigneur qui
l'humilie eft à fes côtez pour le foutenir . Semblable
à Jofeph , fa fageffe ne l'abandonne pas dans la
prifon , ou comme l'Arche captive chez les Philifins
, ce Heros prifonnier fait plus honorer Dieu
par fa réfignation , que vainqueur des Infideles .
Il parla de fa feconde expedition contre les Infideles
pour aller fecourir les Chrétiens d'Afrique,
qui gémiffoient fans efperance & fans confolation .
Que n'eût - il pas fait , dit-il , pour la gloire du
Seigneur , fi en exigeant le facrifice de fa vie , il
ne le fût contenté de fa bonne volonté... Que ne
puis -je vous le préfenter accablé fous fa Tente
d'une maladie mortelle & prêt à recevoir fa récompenfe
de celui pour lequel il avoit fi glorieufement
combattu. Vit- on jamais une tranquillité
plus inalterable, une réfignation plus parfaite, des
defirs plus ardens de s'unir à fon Dieu , une préfence
d'efprit plus entiere il donne fes ordres
aux principaux Chefs de fon armée & leur recommande
de ne point faire de paix avec ceux
qui n'en avoient point avec Dieu ; il appelle fon
Fils , fucceffeur de fa Couronne , & lui fait des
leçons pleines de lumieres , de fageffe & de charité
; il donne à tous des exemples preffans d'une
folide pieté , il meurt enfin comme Moyfe dans
le baifer du Seigneur , & fi comme ce Patriarche
il n'entre pas en poffeffion de la Terre qui lui
fembloit promife , il va établir fon féjour dans
les Tabernacles éternels .
Après une courte morale le Panegyrifte finit
en s'adreffant à S. Louis & lui difant : Daignez
grand Roi , du haut du Ciel où vous regnez avec
Dieu , recevoir les voeux d'un Peuple zele pour
votre gloire , fidele à votre Sang & plein de
confiance
2010 MERCURE DE FRANCE
confiance en votre puissante protection . Mais
regardez toûjours d'un oeil propice cet augufte
Monarque , qui eft affis fur votre Trône , qui
n'eft pas moins heritier de vos vertus que de vctre
Sceptre, & qui fe voit heureusement renaître
dans un Prince que le Ciel n'a pas refufé à
la ferveur de nos prieres qu'il a accordé à la
falide pieté d'une Reine digne du fublime rang
qu'elle remplit & dont la Naissance affermit
notre esperance & affure notre tranquillité.
Seyez beni , ô mon Dieu , de nous avoirfait un
don fi précieux , confervez les pour en faire un
jour de bonheur du Royaume que S. Louis gouverna
avec tant de fageffe ; formez-le fur ce
modele des veritables Rois , & que semblable
à fon Pere , il exprime avec lui la valeur qui
le rendit redoutable à fes ennemis , la charité
qui le fit pere de fon Peuple , la Religion qui le
fanctifia fur le Trône.
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Résumé : EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
Le Panégyrique de Saint Louis, prononcé par le Révérend Père Dom Leandre Petuzet, met en lumière les vertus et les actions du roi Saint Louis. L'orateur utilise un passage de la Sagesse pour démontrer que Saint Louis était doté du don de sagesse. Il distingue deux aspects essentiels de la royauté : les dangers à éviter et les charges à remplir. Saint Louis est loué pour son humilité, une vertu chrétienne qu'il cultivait malgré son rang. Il était à la fois doux et courageux, humble devant Dieu et ferme devant les hommes. Il refusait d'étendre son royaume par la violence et renonça à des opportunités de pouvoir, comme le trône de Castille et l'Empire offert par Grégoire IX. La charité de Saint Louis est également mise en avant. Il avait un profond sens de la miséricorde envers les pauvres. Les deux charges principales de la royauté, selon le texte, sont d'être équitable envers le peuple et fidèle à Dieu. Saint Louis est décrit comme un roi juste et zélé pour les bonnes œuvres. Le texte détaille ses actions en Terre Sainte, son courage lors des batailles, et sa captivité, où il resta fidèle à Dieu. Il mentionne également sa seconde expédition en Afrique pour secourir les chrétiens. Saint Louis est présenté comme un modèle de piété et de sagesse, mourant en paix et recommandant à son fils de ne pas faire la paix avec les infidèles. Le panégyrique se termine par des vœux pour que le roi actuel, héritier des vertus de Saint Louis, gouverne avec la même sagesse et charité.
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839
p. 2012
Dictionnaire Universel du Commerce &c [titre d'après la table]
Début :
Jacques Etienne, Libraire, ruë S. Jacques, distribuë depuis quelque tems un troisiéme Volume [...]
Mots clefs :
Commerce, Histoire ancienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dictionnaire Universel du Commerce &c [titre d'après la table]
Jacques Etienne , Libraire , ruë S. Jacques
diftribue depuis quelque tems un troifiéme Volume
du Dictionnaire Univerfel de Commerce ,
par feu M. Savary , pour fervir de fupplément
aux deux premiers Volumes qui ont été donnés
au Public en 172 & en ont été reçûs avec un
applaudiffement univerfel. Ce Libraire n'a imprimé
ce dernier Volume que pour s'acquitter de la
promeffe qu'il avoit faite de donner par Supplé→
ment , & en faveur dé ceux qui avoient foufcrit
pour les deux premiers Volumes , toutes les ad→
ditions qu'on pourroit recouvrer , & que M. Philemon-
Louis Savary avoit perfectionnées avant fa
mort , qui arriva le 20. Septembre 1727. Il contient
d'excellens Mémoires & des additions cụ→
rieufes pour un grand nombre d'Articles qui n'étoient
pas affez exacts dans les deux premiers
Tomes.
Le même Libraire vient de donner auffi les Livres
fuivans.
Hiftoire ancienne des Egyptiens , des Cartaginois
&c. contenus dans le premier Volume.
>
Tome fecond , contenant les Affiriens , les
Babiloniens , les Medes & les Perfes . Par M.
Rollin , ancien Recteur de l'Univerfité de Paris
Profeffeur d'Eloquence au College Royal , & Affocié
à l'Académie Royale des Infcriptions &
Belles - Lettres.
La fuite de cet Ouvrage qui contiendra les Macedoniens
& les Grecs fera inceflamment fous
preffe ; l'Auteur y travaille avec beaucoup d'affiduité
pour fatisfaire à l'empreffement du Public
qui a enlevé avec avidité les deux premiers Volufumes
lefquels ont une approbation univerſelle
tant en France que chez tous les Etrangers
diftribue depuis quelque tems un troifiéme Volume
du Dictionnaire Univerfel de Commerce ,
par feu M. Savary , pour fervir de fupplément
aux deux premiers Volumes qui ont été donnés
au Public en 172 & en ont été reçûs avec un
applaudiffement univerfel. Ce Libraire n'a imprimé
ce dernier Volume que pour s'acquitter de la
promeffe qu'il avoit faite de donner par Supplé→
ment , & en faveur dé ceux qui avoient foufcrit
pour les deux premiers Volumes , toutes les ad→
ditions qu'on pourroit recouvrer , & que M. Philemon-
Louis Savary avoit perfectionnées avant fa
mort , qui arriva le 20. Septembre 1727. Il contient
d'excellens Mémoires & des additions cụ→
rieufes pour un grand nombre d'Articles qui n'étoient
pas affez exacts dans les deux premiers
Tomes.
Le même Libraire vient de donner auffi les Livres
fuivans.
Hiftoire ancienne des Egyptiens , des Cartaginois
&c. contenus dans le premier Volume.
>
Tome fecond , contenant les Affiriens , les
Babiloniens , les Medes & les Perfes . Par M.
Rollin , ancien Recteur de l'Univerfité de Paris
Profeffeur d'Eloquence au College Royal , & Affocié
à l'Académie Royale des Infcriptions &
Belles - Lettres.
La fuite de cet Ouvrage qui contiendra les Macedoniens
& les Grecs fera inceflamment fous
preffe ; l'Auteur y travaille avec beaucoup d'affiduité
pour fatisfaire à l'empreffement du Public
qui a enlevé avec avidité les deux premiers Volufumes
lefquels ont une approbation univerſelle
tant en France que chez tous les Etrangers
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Résumé : Dictionnaire Universel du Commerce &c [titre d'après la table]
Jacques Étienne, libraire au 12 rue Saint-Jacques, a publié un troisième volume du Dictionnaire Universel de Commerce, rédigé par le défunt M. Savary. Ce volume complète les deux premiers, parus en 1726 et bien accueillis par le public. Il inclut des additions et corrections apportées par M. Philemon-Louis Savary avant sa mort, survenue le 20 septembre 1727, ainsi que des mémoires et ajouts pour des articles incomplets des premiers tomes. Le libraire a également édité plusieurs ouvrages historiques, dont 'Histoire ancienne des Egyptiens, des Carthaginois, etc.' et le 'Tome second, contenant les Assyriens, les Babyloniens, les Mèdes et les Perses' par M. Rollin. Ce dernier est ancien recteur de l'Université de Paris, professeur d'éloquence au Collège Royal et associé à l'Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres. La suite de cet ouvrage, traitant des Macédoniens et des Grecs, est en préparation pour répondre à la demande publique enthousiaste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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840
p. 2054-2055
RUSSIE.
Début :
On a envoyé un Détachement de Cavalerie audevant des Ambassadeurs de l'Empereur [...]
Mots clefs :
Tsarine, Russie, Roi de Perse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
Na envoyé un Détachement de Cavalerie
devant des Ambaffadeurs de l'Empereur
de la Chine qui font arrivés fur les Frontieres
& on a donné les ordres neceffaires pour les faire
défrayer pendant leur route.
La Czarine a confirmé par un Decret l'établiffement
de l'Académie des Sciences & .des Arts
de Petersbourg , qui continuera de s'y aſſembler
dans le Palais que le Czar Pierre I. lui a fait bâ
tir
SEPTEMBRE. 1730. 2055
tir ; mais S. M. a ordonné qu'il y eut toujours
un certain nombre d'Académiciens à la fuite de
la Cour.
La Czarine a fait dire aux Négocians Etrangers
établis à Petersbourg & à Archangel qu'elle
feur accorderoit les mêmes privileges qu'aux
Négocians, Mofcovites ,s'ils vouloient prendre interêt
dans le nouveau Commerce de la Perfe &
de la Chine , que S. M. Cz. a réfolu d'établir.
Par les Lettres qu'on a reçûes d'Ifpaham , on
apprend que le Roi de Perfe a refolu de vivre en
bonne intelligence avec la Czarine , & que
Ambaffadeurs qui doivent venir de fa part à Mofcou
font chargés de l'en affurer & de renouveller
les Traités conclus avec la feuë Czarine Catherine.
les
L'Infant Don Emanuel , frere du Roi de Por
tugal , arriva à Mofcou le 14. du mois dernier ,
accompagné de Don Alexandre Deyera & Uzera,
Commandeur de Malte , & fuivi de quelques
Domestiques. Le furlendemain ce Prince alla à
Ifmalow où il fut reçû de la Czarine avec de
grandes marques de diftinction. Le 17.il alla à la
Chaffe avec S. M. Cz. avec laquelle il foupa le
foir. Cette Princeffe a donné ordre à un de fes
Chambellans & à deux de fes Gentilshommes
d'accompagner ce Prince , & de le défrayer pendant
le féjour qu'il fera à la Cour. Il eft logé dans
le Palais du Prince Menzikof , devant lequel il y
a une Garde de 50. hommes.
Na envoyé un Détachement de Cavalerie
devant des Ambaffadeurs de l'Empereur
de la Chine qui font arrivés fur les Frontieres
& on a donné les ordres neceffaires pour les faire
défrayer pendant leur route.
La Czarine a confirmé par un Decret l'établiffement
de l'Académie des Sciences & .des Arts
de Petersbourg , qui continuera de s'y aſſembler
dans le Palais que le Czar Pierre I. lui a fait bâ
tir
SEPTEMBRE. 1730. 2055
tir ; mais S. M. a ordonné qu'il y eut toujours
un certain nombre d'Académiciens à la fuite de
la Cour.
La Czarine a fait dire aux Négocians Etrangers
établis à Petersbourg & à Archangel qu'elle
feur accorderoit les mêmes privileges qu'aux
Négocians, Mofcovites ,s'ils vouloient prendre interêt
dans le nouveau Commerce de la Perfe &
de la Chine , que S. M. Cz. a réfolu d'établir.
Par les Lettres qu'on a reçûes d'Ifpaham , on
apprend que le Roi de Perfe a refolu de vivre en
bonne intelligence avec la Czarine , & que
Ambaffadeurs qui doivent venir de fa part à Mofcou
font chargés de l'en affurer & de renouveller
les Traités conclus avec la feuë Czarine Catherine.
les
L'Infant Don Emanuel , frere du Roi de Por
tugal , arriva à Mofcou le 14. du mois dernier ,
accompagné de Don Alexandre Deyera & Uzera,
Commandeur de Malte , & fuivi de quelques
Domestiques. Le furlendemain ce Prince alla à
Ifmalow où il fut reçû de la Czarine avec de
grandes marques de diftinction. Le 17.il alla à la
Chaffe avec S. M. Cz. avec laquelle il foupa le
foir. Cette Princeffe a donné ordre à un de fes
Chambellans & à deux de fes Gentilshommes
d'accompagner ce Prince , & de le défrayer pendant
le féjour qu'il fera à la Cour. Il eft logé dans
le Palais du Prince Menzikof , devant lequel il y
a une Garde de 50. hommes.
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Résumé : RUSSIE.
En septembre 1730, la Russie a envoyé un détachement de cavalerie pour escorter des ambassadeurs chinois arrivés aux frontières et a pris en charge leurs frais de trajet. La czarine a confirmé par décret la création de l'Académie des Sciences et des Arts de Petersbourg, qui se réunira dans le palais de Pierre I, tout en ordonnant que certains académiciens résident à la cour. Elle a également annoncé aux négociants étrangers de Petersbourg et d'Archangel qu'ils bénéficieraient des mêmes privilèges que les négociants moscovites s'ils s'intéressaient au commerce avec la Perse et la Chine. Des lettres d'Ispahan indiquent que le roi de Perse souhaite vivre en bonne intelligence avec la czarine, et des ambassadeurs perses sont envoyés à Moscou pour renouveler les traités conclus avec la défunte czarine Catherine. L'infant Don Emanuel, frère du roi de Portugal, est arrivé à Moscou le 14 du mois précédent, accompagné de Don Alexandre Deyera et Uzera, commandeur de Malte. Il a été reçu par la czarine à Ismalow avec distinction et a chassé avec elle le 17. La czarine a ordonné à un chambellan et deux gentilshommes d'accompagner et de défrayer l'infant, logé dans le palais du prince Menzikof sous la garde de 50 hommes.
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841
p. 2055-2056
POLOGNE.
Début :
Les Etats du Duché de Curlande ont nommé des Députés qui sont chargés d'ordres & [...]
Mots clefs :
Pologne, Troupes, Députés
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
Es Etats du Duché de Curlande ont nommé
des Députés qui font chargés d'ordres &
d'Inftructions pour demander à la Dietté affem.
blée la révocation du Decret que la Commiffion
G vj
Po2056
MERCURE DE FRANCE
Polonoife rendit il y a quelques années à Mittau
pour réduire ce Duché en plufieurs Palati
nats après la mort du Duc Ferdinand .
Le 21. du mois dernier , le Roi arriva de
Dreſde à Warfovie en parfaite fanté.
On apprend de Mittau & des autres Places de
Curlande qu'il y étoit arrivé deux nouveaux Regimens
Mofcovites , & qu'on y en attendoit encore
deux autres de Riga & 1200. Cofaques de
Smolensko. Le Commandant des Troupes du
Duc de Meckelbourg , qui font auffi en quar
tier dans ce Duché , a reçû ordre de la Czarine
d'en augmenter l'Infanterie jufqu'à 4000. hom
mes , & la Cavallerie jufqu'à 1800.
On apprend de Copenhague qu'on y a publié
une lifte des Vaiffeaux que le Roi de Danemarc
fera en état de mettre en mer l'année prochaine,
& fuivant cette lifte , fa flotte pourra être com→
pofée de 38. Vaiffeaux de ligne , de dix Frégates :
& de 36. Galeres.
Es Etats du Duché de Curlande ont nommé
des Députés qui font chargés d'ordres &
d'Inftructions pour demander à la Dietté affem.
blée la révocation du Decret que la Commiffion
G vj
Po2056
MERCURE DE FRANCE
Polonoife rendit il y a quelques années à Mittau
pour réduire ce Duché en plufieurs Palati
nats après la mort du Duc Ferdinand .
Le 21. du mois dernier , le Roi arriva de
Dreſde à Warfovie en parfaite fanté.
On apprend de Mittau & des autres Places de
Curlande qu'il y étoit arrivé deux nouveaux Regimens
Mofcovites , & qu'on y en attendoit encore
deux autres de Riga & 1200. Cofaques de
Smolensko. Le Commandant des Troupes du
Duc de Meckelbourg , qui font auffi en quar
tier dans ce Duché , a reçû ordre de la Czarine
d'en augmenter l'Infanterie jufqu'à 4000. hom
mes , & la Cavallerie jufqu'à 1800.
On apprend de Copenhague qu'on y a publié
une lifte des Vaiffeaux que le Roi de Danemarc
fera en état de mettre en mer l'année prochaine,
& fuivant cette lifte , fa flotte pourra être com→
pofée de 38. Vaiffeaux de ligne , de dix Frégates :
& de 36. Galeres.
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Résumé : POLOGNE.
Le texte aborde la situation politique et militaire en Pologne et dans le Duché de Curlande. Les députés du Duché de Curlande ont sollicité la Diète pour annuler un décret de Mittau, qui prévoyait de diviser le Duché en plusieurs palatinats après le décès du Duc Ferdinand. Le roi est arrivé à Varsovie en bonne santé le 21 du mois précédent. En Curlande, des troupes russes, incluant deux nouveaux régiments moscovites et des Cosaques de Smolensko, ont été déployées avec des ordres d'augmenter les effectifs militaires. Le commandant des troupes du Duc de Mecklembourg, également présentes en Curlande, a reçu l'instruction de la tsarine d'accroître l'infanterie à 4000 hommes et la cavalerie à 1800. À Copenhague, une liste des vaisseaux que le roi de Danemark prévoit de mettre en mer l'année suivante a été publiée, comprenant 38 vaisseaux de ligne, 10 frégates et 36 galères.
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842
p. 2056-2057
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend de Brieg en Silesie que le 22. Juillet on y avoit roué & ensuite brûlé vif [...]
Mots clefs :
Prince, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N apprend de Bricg en Silefie que le 227
Juillet on y avoit roué & enfuite, brûlé vif
un Incendiaire qui avoit mis onze fois le feu à
la petite Ville de Pitfcheu .
On écrit de Triefte que la nouvelle Foire avoit
eu tout le fuccès qu'on pouvoit defirer , & que
le concours des Marchands Etrangers y avoit été
très confiderable.
Le Prince de Lobkowits a eu avis de Silefie
que
la petite Ville de Sagan qui lui appartenoit ,
avoit été réduite en cendres , à l'exception du
Château , de deux Eglifes & de vingt Maifons,
Le Roi de Danemarck a promis au Duc d'Holftein-
Ploen de faire fortir de fon Duché les trou
pes
SEPTEMBRE. 1730. 2057
pes Danoifes qui y font en quartier depuis deur
ans , & il lui a permis en même - tems de lever
une Compagnie pour fa garde , & d'en choisir les
Officiers dans les Troupes de S. M. Danoife.
Le Duc Charles Leopold de Meckelbourg a
fait notifier à toute la Nobleffe de fon Duché de
Meckelbourg qu'il avoit réfolu de tenir à Sternberg
une Affemblée des Etats à la fin du mois
prochain. Ce Prince a écrit, dit- on, à l'Empereur,
une Lettre de foumiffion.
Il arriva à Schwerin fur la fin du mois dernier
un Trompette des Troupes de la Commiffion
qui remit à ce Prince une Lettre des Generaux ,
par laquelle on le prie de congédier dans un
certain tems les Milices qu'il a levées depuis fon
retour dans le Duché , & de réduire le nombre
de fes Chaffeurs fur l'ancien pied . On lui a fait
entendre que s'il perfifte à les conferver ,
on blo
quera la Ville de Schwerin avec affez de Trou
pes pour empêcher qu'il n'y puiffe rien entrer ni
en fortir. On ajoute que les Troupes d'execution
fe font depuis emparées des Villages de Lanckau
& de Stneck qui font près de cette Ville , & elles
ont pofé des Gardes avancées dans les Prairies
des environs .
N apprend de Bricg en Silefie que le 227
Juillet on y avoit roué & enfuite, brûlé vif
un Incendiaire qui avoit mis onze fois le feu à
la petite Ville de Pitfcheu .
On écrit de Triefte que la nouvelle Foire avoit
eu tout le fuccès qu'on pouvoit defirer , & que
le concours des Marchands Etrangers y avoit été
très confiderable.
Le Prince de Lobkowits a eu avis de Silefie
que
la petite Ville de Sagan qui lui appartenoit ,
avoit été réduite en cendres , à l'exception du
Château , de deux Eglifes & de vingt Maifons,
Le Roi de Danemarck a promis au Duc d'Holftein-
Ploen de faire fortir de fon Duché les trou
pes
SEPTEMBRE. 1730. 2057
pes Danoifes qui y font en quartier depuis deur
ans , & il lui a permis en même - tems de lever
une Compagnie pour fa garde , & d'en choisir les
Officiers dans les Troupes de S. M. Danoife.
Le Duc Charles Leopold de Meckelbourg a
fait notifier à toute la Nobleffe de fon Duché de
Meckelbourg qu'il avoit réfolu de tenir à Sternberg
une Affemblée des Etats à la fin du mois
prochain. Ce Prince a écrit, dit- on, à l'Empereur,
une Lettre de foumiffion.
Il arriva à Schwerin fur la fin du mois dernier
un Trompette des Troupes de la Commiffion
qui remit à ce Prince une Lettre des Generaux ,
par laquelle on le prie de congédier dans un
certain tems les Milices qu'il a levées depuis fon
retour dans le Duché , & de réduire le nombre
de fes Chaffeurs fur l'ancien pied . On lui a fait
entendre que s'il perfifte à les conferver ,
on blo
quera la Ville de Schwerin avec affez de Trou
pes pour empêcher qu'il n'y puiffe rien entrer ni
en fortir. On ajoute que les Troupes d'execution
fe font depuis emparées des Villages de Lanckau
& de Stneck qui font près de cette Ville , & elles
ont pofé des Gardes avancées dans les Prairies
des environs .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1730, en Allemagne, un incendiaire ayant mis onze fois le feu à la ville de Pitfcheu a été roué et brûlé vif. La foire de Triefte a connu un grand succès avec une forte présence de marchands étrangers. La ville de Sagan, appartenant au Prince de Lobkowitz, a été détruite par un incendie, sauf le château, deux églises et vingt maisons. Le Roi de Danemark a promis au Duc d'Holstein-Plön de retirer les troupes danoises de son duché après deux ans de présence et lui a permis de lever une compagnie pour sa garde, composée d'officiers des troupes danoises. Le Duc Charles Léopold de Meckelbourg a annoncé une assemblée des États à Sternberg et a écrit une lettre de soumission à l'Empereur. À Schwerin, un trompette a remis au Duc une lettre des généraux lui demandant de congédier les milices levées récemment et de réduire le nombre de chasseurs. En cas de refus, la ville serait bloquée par des troupes, qui ont déjà occupé les villages de Lanckau et Stneck et placé des gardes avancées dans les prairies environnantes.
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843
p. 2057-2066
SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
Début :
Le 24. Juin, jour de S. Jean Baptiste, le Roi de Pologne voulut celebrer cette Fête avec [...]
Mots clefs :
Officiers, Chasse, Roi, Tables, Princes, Repas, Infanterie, Armée, Canon, Maréchal
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texteReconnaissance textuelle : SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
SUITE du Camp de Mulhberg
& Radwiz
E 24. Juin , jour de S. Jean Baptifte , le Roi
Lie
fa magnificence ordinaire. Elle commença à 6.
heures du foir par un grand fouper au Quar
tier du Roi , les Feux de joye enfuite , & à neuf
heures les Troupes fortirent de leurs lignes & fe
mirent en bataille à la tête du Camp. Après qu'on
leur cut donné le fignal du Quartier du Roi , on
fit
2058 MERCURE DE FRANCE
fit trois falves confécutives du Canon , fuivie
chaque fois d'un feu de toute la Moufqueterie.
Ce Feu marqua le temps pour allumer l'Illumination
préparée au-delà de l'Elbe , près du Village
de Riffa , vis -à-vis du Château de Premniz.
L. M. monterent auffi- tôt en Caroffe pour fe
rendre à ce Château . L. A. R. les Princes & la
Princeffe , les autres Princes & toutes les autres
perfonnes de diftinction , de l'un & l'autre fexe ,
les fuivirent.
Les deux Rois arrivez à Promniz , & dès qu'ils
parurent dans la Loge , on donna le premier fignal
par 60. pieces de Canon, au bruit des Trompettes
& Timballes. Entre ce premier fignal & le
fecond , qui fe fit de la même maniere , il ſe paſſa
un quart d'heure pour donner aux Spectateurs le
temps de confiderer les beautez de l'Illumination ,
qui , au dire des Connoiffeurs , étoit des mieux
entendues & des plus fuperbes qu'on eut vû en
Allemagne.
On avoit conftruit exprès un vafte Edifice de
charpente , long de 400. pieds , & au milieu où
étoit repréfenté le Temple de la Paix , un de 160.
piés de hauteur, une toile très-fine en couvroit toute
la façade .On y avoit peint l'Illumination & l'on
avoit appliqué fur la pemture un certain Vernis
qui en la rendant tranfparente , donnoit en même
temps aux couleurs une force & un éclat des
plus virs qui réjouiffoit infiniment l'oeil du Spectate
ur.
La Loge Royale étoit dreflée vis- à-vis & à
450. pas de ' Ilumination , compofée de 40000 .
millest ampes ,qui furent allumées en 15. minutes.
Le Temple de laPaix , d'ordre Ionique , en faifoit
le principal fujet. On y voyoit plufieurs Colom
nes & Pilaftres efpacez avec art & des Peintures
SEPTEMBRE. 1730. 2059
tures des mieux entenduûës , enrichies de Lapis ,
&c. avec des Trophées de Marbre blanc & autres
Ornemens ; les Chapiteaux étoient en Bronze , &
le tout enſemble faifoit un effet admirable ; les
autres parties & les dehors du Temple paroiffoient
conftruits de Marbre d'Egypte de differente couleur
, & tout l'Edifice étoit fi bien difpofé , fuivant
les Regles de l'Architecture & de la Perfpective
, qu'on avoit peine à décider lequel on
devoit le plus admirer , de la magnificence, ou de
la fymétrie.
Ďu milieu du Temple , au- deffus du Sanctuaire
s'élevoit une espece de Piedeltal , fur lequel on
voyoit la Déeffe de la Paix , figure gigantefque
de 22.
pieds de hauteur. Mars la tenoit entre
fes bras. Au-deffus de ces Divinitez , on lifoit fur
une table de bronze , l'Infcription fuivante : Sic
fulta manebit On voyoit au-deffus de l'Infcription
un Trophée pofé fur un Piédeſtal avec une
Lyre , deux Cornes d'abondance , des branches de
Palmier & d'Olivier liées enfemble pour reprefenter
l'affluence de tous les biens , fruits précieux
de la Paix.
Aux deux côtez du Sanctuaire étoient des Arcades
féparées par de doubles Pilaftres , ornez de
Trophées de Marbre blanc : au milieu de ces Arcades
on voyoit en perfpective de chaque côté
une Galerie , dont chacune conduifoit à un Salon.
Ces Salons paroiffoient être en deux Pavillons
foutenus par des Colones ifolées : au- deffus des
Corniches il y avoit plufieurs Trophées attachez
à des Palmiers , & de chaque côté des Renommées
fonnant de la Trompette. Enfin un grand Perron
au bas de l'Edifice , contribuoit becaucoup à en
relever la nobleffe.
Un quart d'heure après avoir donné le fecond
fignal & tiré 1100. coups de fufil , on alluma
τους
2060 MERCURE DE FRANCE
tout à la fois quinze Lettres , placées au bas
-de l'Illumination , formant la Devife dont on
vient de parler. Ces Lettres brillerent durant
plufieurs minutes d'un feu blanc & extrémement
vif. On alluma en même temps les feux courans
à terre , & on fit partir 6000. Fuſées jettées en
partie par des Caiffes , & en partie par des Girandoles
, 30. à la fois de chaque Caiffe & 100. de
chaque Girandole : toutes ces Fufées atteignirent
une hauteur très- confiderable , & firent tout l'ef
fet qu'on en pouvoit attendre.
Durant ce feu des Fufées , des Mortiers de 8.
16. 32. & 64. livres de bale , jetterent 100. Boëtes
remplies de feu de pluye, de Fufées à étoiles &
autres de chacune de 12. roues horifontales &
autant de perpendiculaires , fortirent 70. Fufées
d'une autre forte , & on mit le feu à 1200. Cartouches
& 200. Mortiers de nouvelle efpece , qui
n'ont point d'affut , mais pofez fur leur Trépié
: chaque Cartouche étoit rempli de 22. Fuſées
& chaque Mortier de 21. de deux onces chacune,
& d'une grande quantité d'autres Fufées à terre.
Ce fecond Spectacle dura une bonne demie heure
, après quoi on donna un nouveau ſignal , accompagné
de 2000. coups de Moufquets , & on
vit auffi -tôt le feu Gregeois : 200. Cartouches
chargez chacun de 22. Fufées , 200. Rejettons
fimples & doubles , remplis de 60. Fufées de 2. &
3. onces chacune,& 100. Tonneaux , dont les uns
étoient remplis de 60. Cones , & les autres de 30.
Fufées.Tout ce Feu Gregeois fut jetté dans l'eau
par 12. Bateaux fur terre on tira encore 2000.
Fufées de 6. 12. 25. 50. 75. & de 100. liv. pefant,
zo. Boëtes remplies de feu à étoiles & de pluye
chacune remplie d'autres Boetes , furent tirées ·par
des Mortiers de 45. 96. & 121. livres de bale. 24.
Girandes jetterent chacune 200. Fufées à la fois ,
:
&
SEPTEMBRE . 1730. 206 F
& cent Mortiers de la nouvelle invention dont on
a parlé , en jetterent 21. chacun.
Après ce Feu qui dura autant que le précedent
une nouvelle décharge de 60. Pieces de Canon, fut
donné le fignal pour une feconde efpece d'Illumination.
On vit auffi- tôt la Riviere couverte de 48.
Bâtimens éclairez & remplis de Mufique de guerre
; c'étoit des Chaloupes , des Brigantins , des
Frégates & de très -belles Gondoles parmi ces
Bâtimens brilloit principalement le Bucentaure ,
fuperbe & grand Bâtiment Royal , richement
meublé & illuminé par 30000.Lampions , qui attachez
artiſtement, & jufqu'aux Mats & aux Cordages
, formoient diverfes figures.
Après quelque temps on vit ces Bâtimens defcen-
'dre laRiviere les uns après les autres. Ils étoient précedez
par d'autres Bâtimens, dont quelques - uns repréfentant
des Dauphins,une autre une Baleine jettant
du feu , & c . & à mefure que chaque Batiment
paffa devant les deux Rois , il falua L. M. de fon
Canon & de fes Mortiers , & réïtera encore deux
fois ce falut ; l'un en paffant le Pont de Tonneaux
& l'autre en abordant près du Village de Bober-
Jen.Le Bucentaure s'arrêta devant la Loge Royale.'
L'Orchestre du Roy & les Chanteurs de l'Opera
Italien , qui y étoient , firent la clôture de cette
Fête par une très- belle Serenade . Cette Fête ne
finit que lorfque le jour commença à paroître ,
& il y eut abondance de toutes fortes de Rafraichiffemens
, & c.
Le 25. il n'y eut rien de remarquable , mais le
lendemain 26. jour deſtiné pour le Régal que le
Roi vouloit faire à toute l'armée , on fit diftribuer
la veille à tous les Régimens d'Infanterie & de
Cavalerie les Boeufs , le Pain , le Vin & la Biere'
neceffaires : les Boeufs furent coupez & rôtis par
quartiers ; il y avoit outre cela des Repas particu
liers
2062 MERCURE DE FRANCE
liers que les Chefs de chaque Régiment ou Corps
avoient fait préparer pour régaler leurs Officiers .
Vers les 11. heures du matin , on donna le premier
fignal ; fur quoi toute l'Armée fortit du
Camp fur deux lignes & en bon ordre , fans armes
, les Officiers à là tête . On porta devant chaque
Régiment les Viandes rôties , le Pain , le Vin
& la Biere jufqu'à la grande Place d'Armes devant
le Camp , où chaque Régiment fe rangeoit
fur deux lignes , dans le même ordre qu'il étoit
campé ; chaque Compagnie rangeoit devant fon
front les Viandes rôties , &c. qui lui étoient deftinées
& tous s'étant affis par terre , fe mirent
en devoir de prendre un ample & joyeux Repas.
:
Derriere chaque Régiment on avoit creusé la
terre pour y pratiquer des bancs & une longue
table , à laquelle chaque Chef & Colonel fit fervir
à part de très -bons mets à tous fes Officiers
qui après le fignal donné fe mirent à table ; ces
tables étoient difpofées fur deux lignes , à la diftance
de 100. pas l'une de l'autre ; & les Soldats
étoient affis à une égale distance les uns des autres
, ce qui fit un fort beau Spectacle.
Les deux Rois , qui de la hauteur du Quartier
Royal , avoient pu découvrir cet arrange ment,
en partirent avec toute leur fuite & pafferent les
deux lignes devant les tables des Officiers , pour
les voir manger. L. M. furent faluées par les Officiers
, les verres à la main , & les Soldats firent
éclater leur joye par des acclâmations de Vivent
les Rois , jettant leurs chapeaux en l'air , au bruit
des Tambours & au fon de divers Inftrumens de
M ufique.
Pendant cette Promenade des deux Rois & de
leur Suite , on fit fervir au Quartier du Roi , trois
tables , dont l'une qui étoit ovale , au milieu de
deux autres , & fur une élevation , étoit de 20 .
CouSEPTEMBRE
. 1730. 2063
Couverts pour les deux Rois , leur Famille Roya
le & les Princes Etrangers. Les deux autres tables
qui étoient en long , bordoient tout le Parapet de
deux côtez ,èlles étoient de 100. Couverts chacune,
pour tous les Generaux de l'Armée & pour les
Officiers & autres Etrangers qui fe trouvoient au
Camp.
Derriere la table ovale du milieu , fous une
magnifique Tente Turque , on avoit fait dreffer
une quatriéme table , longue de 40. à so. pieds
& large de dix à couze , fur laquelle il Y avoit
un Gâteau de la même grandeur que la table , &
de 36. Quintaux de poids ; ce Gâteau fut diftri→
bué à la fin du Repas à quiconque en fouhaitoit.
Après que les deux Rois eurent paffé les deux
lignes & vû dîner l'Amée , L. M. retournerent
au Quartier Royal & fe mirent à table , de même
que le Velt- Maréchal , les Officiers Generaux ,
les Officiers Etrangers & autres perfonnes de dif
tinction. Pendant le Repas on but plufieurs fois
au bruit des Canons , qui , au nombre de 48.
étoient rangez fur les Terraffes aux deux côtez .
Vers la fin du Repas , le Velt - Maréchal fe leva
& prefenta au Roi de Pruffe une Lettre au nom
& de la part de toute l'Armée , par laquelle elle
remercoit S. M. Pr. de la bonté qu'elle avoit euë
de ſe trouver à ſes Exercices Militaires , en lui
demandant en même temps la grace de la vouloir
congedier. Le Roi de Pruffe y répondit par toutes
fortes d'expreffions de politeffe , & lui accorda
le congé demandé avec tous les témoignages
d'une entiere fatisfaction.
Là-deffus le Velt-Maréchal & tous les Gene
raux de l'Armée fortirent de table & fe rendirent
au Quartier du Velt -Maréchal , ils y trouverent
tous les Officiers de l'Armée affemblez & formez
en bataillon , dont l'Infanterie tenoit le milieu
avec
2064 MERCURE DE FRANCE
avec 12 pelotons à quatre de hauteur , ayant à
chaque afle neuf pelotons de la Cavalerie à trois
de hauteur. Les Capitaines formerent le premier
rang , les Lieutenans le fecond ; les Sous - Lieutenans
le troifiéme , & les Enfeignes le quatrième.
Les Majors fe rangerent comme Caporaux , aux
aîles de leurs pelotons ; les Lieutenans - Colonels ,
comme Sergens , derriere leurs pelotons , & les
Colonels , comme Officiers , devant les pelotons :
les Generaux fe rangerent devant le Bataillon ,
chacun à fa place , felon fon ancienneté , ayant le
Velt-Maréchal à la tête . Les Officiers de l'Infanterie
marchoient avec leurs Efpontons , & ceux
de la Cavalerie , l'épée haute.
Le Bataillon s'étant mis en marche dans cet
ordre , le Velt - Maréchal le mena aux deux Terraffes
devant le Quartier Royal , où il ſe mit en
deux lignes ; la Cavalerie forma la premiere , &
l'Infanterie la feconde : Ils faluerent tous enfemble
les deux Rois ; les deux lignes s'étant enfuite
remifes en marche par pelotons , elles pafferent
en revûë au pied de la premiere Terraffe , où les
deux Rois s'étoient poftez avec toute leur Cour
& faluerent de nouveau L. M.par pelotons.Le Roi
de Pruffe les remercia fort gracieuſement ; &
comme S. M. Pr. pour donner une marque de
fon entiere fatisfaction , buvoit à chaque General
& à chaque Colonel -Commandant des Régimens,
on fit donner à tous les Officiers , à mesure qu'ils
paffoient par pelotons , des verres qu'ils vuiderent
à la fanté du Roi de Pruffe , au bruit de tout
le Canon ; & après avoir jetté les verres , ils pafferent
de cette façon les uns après les autres , &
le Canon ne ceffa de tirer qu'aprés qu'ils furent
tous paffez. C'eft ainfi que l'Armée prit congé
du Roi de Pruffe , qui la congedia.
Les deux Rois avec toute leur Cour , s'embarquerent
SEPTEMBRE . 1730. 2065
querent
fur l'Elbe le 27. & arriverent au Château
de Lichtembourg , où ils coucherent . Le lendemain
28. L. M. accompagnées des Princes leurs
fils , partirent de Lichtembourg avec toute leur
fuite pour fe rendre à l'endroit de la Chauffée
près de Zulhtsdorff , elles y trouverent d'abord
des gens de la Chaffe en habits verds galonaez
d'argent, avec leurs Chiens, rangez en haye. L'endroit
de la Chaffe & fes avenues étoient embellis
par plufieurs grandes & magnifiques Loges ,
conftruites de verdure. On avoit pris toutes les
précautions pour empêcher qu'il n'arrivât aucun
accident par des coups tirez . Le grand Veneur
à la tête du Veneur de la Cour , des Grands - Maî
tres des Forêts , des Gentilshommes & de tous les
autres Officiers qui dépendent de la Chaffe, étoient
auffi en habits verds richement l'odez .
2
Ils reçurent L. M. en defcendant de leur Chaife
, au fon des Cors de Chaffe & des Hautbois .
Il fe préfenta d'abord une Chaife de Chaffe , tirée
par fix Cerfs apprivoifez , & menée avec beau
coup d'adreffe par deux Garçons de Chaffe , ce
que le Roi de Pruffe ne put s'empêcher d'admirer.
On fit enfuite les préparatifs pour commencer
la Chaffe: Les Chevaliers & autres de la fuite
des deux Rois à cheval & munis de Lances , fe
rangerent à droite & à gauche. L. M. & L. A. R.
avec toutes les perfonnes de diftinction de leur
fuite , s'étant partagez , fe pofterent aux deux côtez
pour tirer. Le Grand Veneur rangea en ordre
tous ceux qui dépendent de la Chaffe , & s'étant
mis à la tête , il paffa avec eux devant les
deux Rois , & alors la Chaffe commença au fon
des Cors & des Hautbois. Il fut tué un grand
nombre de toutes fortes de bêtes fauves & autre
gibier , partie avec des Lances & en forçant avec
des Chiens , & partie par des armes à feu. Il fe
trour
2066 MERCURE DE FRANCE
trouva en tout 1124. Pieces; fçavoir, 804. Cerfs,
203. Sangliers , 97. Chevreuils & Dains , 18.
Lievres & 2. Renards , le tout porté à une Place
& rangé en ordre par les Gens de la Chaffe. Ainfi
finit cette grande & fuperbe Chaffe qui fut faite
avec beaucoup d'ordre & fans aucun accident.
On ſe retira enfuite vers les Loges , où les Tables
étoient couvertes & fervies pour le dîner. Il
y avoit trois tables , dont la premiere deſtinée
pour L. M. L. A. R. les Princes & autres perfon-
Tonnes de diftinction , étoit de 24. Couverts ; &
les deux autres de 20. Couverts chacune , pour
les Miniftres & autres Officiers. Il y avoit outre
cela deux autres tables de 48. Couverts chacune
pour les Gens de la Chaffe. La joye generale &
les deux Rois parurent fort contens ; lorfqu'on
fut hors de table , les deux Rois pafferent encore
quelque temps en converfation , après quoi L. M.
s'embrafferent & fe féparerent avec toutes les
marques poffibles de tendreffe. Le Roi de Pruffe
partit pour Poftdam & le Roi de Pologne retourna
au Camp de Radewitz.
& Radwiz
E 24. Juin , jour de S. Jean Baptifte , le Roi
Lie
fa magnificence ordinaire. Elle commença à 6.
heures du foir par un grand fouper au Quar
tier du Roi , les Feux de joye enfuite , & à neuf
heures les Troupes fortirent de leurs lignes & fe
mirent en bataille à la tête du Camp. Après qu'on
leur cut donné le fignal du Quartier du Roi , on
fit
2058 MERCURE DE FRANCE
fit trois falves confécutives du Canon , fuivie
chaque fois d'un feu de toute la Moufqueterie.
Ce Feu marqua le temps pour allumer l'Illumination
préparée au-delà de l'Elbe , près du Village
de Riffa , vis -à-vis du Château de Premniz.
L. M. monterent auffi- tôt en Caroffe pour fe
rendre à ce Château . L. A. R. les Princes & la
Princeffe , les autres Princes & toutes les autres
perfonnes de diftinction , de l'un & l'autre fexe ,
les fuivirent.
Les deux Rois arrivez à Promniz , & dès qu'ils
parurent dans la Loge , on donna le premier fignal
par 60. pieces de Canon, au bruit des Trompettes
& Timballes. Entre ce premier fignal & le
fecond , qui fe fit de la même maniere , il ſe paſſa
un quart d'heure pour donner aux Spectateurs le
temps de confiderer les beautez de l'Illumination ,
qui , au dire des Connoiffeurs , étoit des mieux
entendues & des plus fuperbes qu'on eut vû en
Allemagne.
On avoit conftruit exprès un vafte Edifice de
charpente , long de 400. pieds , & au milieu où
étoit repréfenté le Temple de la Paix , un de 160.
piés de hauteur, une toile très-fine en couvroit toute
la façade .On y avoit peint l'Illumination & l'on
avoit appliqué fur la pemture un certain Vernis
qui en la rendant tranfparente , donnoit en même
temps aux couleurs une force & un éclat des
plus virs qui réjouiffoit infiniment l'oeil du Spectate
ur.
La Loge Royale étoit dreflée vis- à-vis & à
450. pas de ' Ilumination , compofée de 40000 .
millest ampes ,qui furent allumées en 15. minutes.
Le Temple de laPaix , d'ordre Ionique , en faifoit
le principal fujet. On y voyoit plufieurs Colom
nes & Pilaftres efpacez avec art & des Peintures
SEPTEMBRE. 1730. 2059
tures des mieux entenduûës , enrichies de Lapis ,
&c. avec des Trophées de Marbre blanc & autres
Ornemens ; les Chapiteaux étoient en Bronze , &
le tout enſemble faifoit un effet admirable ; les
autres parties & les dehors du Temple paroiffoient
conftruits de Marbre d'Egypte de differente couleur
, & tout l'Edifice étoit fi bien difpofé , fuivant
les Regles de l'Architecture & de la Perfpective
, qu'on avoit peine à décider lequel on
devoit le plus admirer , de la magnificence, ou de
la fymétrie.
Ďu milieu du Temple , au- deffus du Sanctuaire
s'élevoit une espece de Piedeltal , fur lequel on
voyoit la Déeffe de la Paix , figure gigantefque
de 22.
pieds de hauteur. Mars la tenoit entre
fes bras. Au-deffus de ces Divinitez , on lifoit fur
une table de bronze , l'Infcription fuivante : Sic
fulta manebit On voyoit au-deffus de l'Infcription
un Trophée pofé fur un Piédeſtal avec une
Lyre , deux Cornes d'abondance , des branches de
Palmier & d'Olivier liées enfemble pour reprefenter
l'affluence de tous les biens , fruits précieux
de la Paix.
Aux deux côtez du Sanctuaire étoient des Arcades
féparées par de doubles Pilaftres , ornez de
Trophées de Marbre blanc : au milieu de ces Arcades
on voyoit en perfpective de chaque côté
une Galerie , dont chacune conduifoit à un Salon.
Ces Salons paroiffoient être en deux Pavillons
foutenus par des Colones ifolées : au- deffus des
Corniches il y avoit plufieurs Trophées attachez
à des Palmiers , & de chaque côté des Renommées
fonnant de la Trompette. Enfin un grand Perron
au bas de l'Edifice , contribuoit becaucoup à en
relever la nobleffe.
Un quart d'heure après avoir donné le fecond
fignal & tiré 1100. coups de fufil , on alluma
τους
2060 MERCURE DE FRANCE
tout à la fois quinze Lettres , placées au bas
-de l'Illumination , formant la Devife dont on
vient de parler. Ces Lettres brillerent durant
plufieurs minutes d'un feu blanc & extrémement
vif. On alluma en même temps les feux courans
à terre , & on fit partir 6000. Fuſées jettées en
partie par des Caiffes , & en partie par des Girandoles
, 30. à la fois de chaque Caiffe & 100. de
chaque Girandole : toutes ces Fufées atteignirent
une hauteur très- confiderable , & firent tout l'ef
fet qu'on en pouvoit attendre.
Durant ce feu des Fufées , des Mortiers de 8.
16. 32. & 64. livres de bale , jetterent 100. Boëtes
remplies de feu de pluye, de Fufées à étoiles &
autres de chacune de 12. roues horifontales &
autant de perpendiculaires , fortirent 70. Fufées
d'une autre forte , & on mit le feu à 1200. Cartouches
& 200. Mortiers de nouvelle efpece , qui
n'ont point d'affut , mais pofez fur leur Trépié
: chaque Cartouche étoit rempli de 22. Fuſées
& chaque Mortier de 21. de deux onces chacune,
& d'une grande quantité d'autres Fufées à terre.
Ce fecond Spectacle dura une bonne demie heure
, après quoi on donna un nouveau ſignal , accompagné
de 2000. coups de Moufquets , & on
vit auffi -tôt le feu Gregeois : 200. Cartouches
chargez chacun de 22. Fufées , 200. Rejettons
fimples & doubles , remplis de 60. Fufées de 2. &
3. onces chacune,& 100. Tonneaux , dont les uns
étoient remplis de 60. Cones , & les autres de 30.
Fufées.Tout ce Feu Gregeois fut jetté dans l'eau
par 12. Bateaux fur terre on tira encore 2000.
Fufées de 6. 12. 25. 50. 75. & de 100. liv. pefant,
zo. Boëtes remplies de feu à étoiles & de pluye
chacune remplie d'autres Boetes , furent tirées ·par
des Mortiers de 45. 96. & 121. livres de bale. 24.
Girandes jetterent chacune 200. Fufées à la fois ,
:
&
SEPTEMBRE . 1730. 206 F
& cent Mortiers de la nouvelle invention dont on
a parlé , en jetterent 21. chacun.
Après ce Feu qui dura autant que le précedent
une nouvelle décharge de 60. Pieces de Canon, fut
donné le fignal pour une feconde efpece d'Illumination.
On vit auffi- tôt la Riviere couverte de 48.
Bâtimens éclairez & remplis de Mufique de guerre
; c'étoit des Chaloupes , des Brigantins , des
Frégates & de très -belles Gondoles parmi ces
Bâtimens brilloit principalement le Bucentaure ,
fuperbe & grand Bâtiment Royal , richement
meublé & illuminé par 30000.Lampions , qui attachez
artiſtement, & jufqu'aux Mats & aux Cordages
, formoient diverfes figures.
Après quelque temps on vit ces Bâtimens defcen-
'dre laRiviere les uns après les autres. Ils étoient précedez
par d'autres Bâtimens, dont quelques - uns repréfentant
des Dauphins,une autre une Baleine jettant
du feu , & c . & à mefure que chaque Batiment
paffa devant les deux Rois , il falua L. M. de fon
Canon & de fes Mortiers , & réïtera encore deux
fois ce falut ; l'un en paffant le Pont de Tonneaux
& l'autre en abordant près du Village de Bober-
Jen.Le Bucentaure s'arrêta devant la Loge Royale.'
L'Orchestre du Roy & les Chanteurs de l'Opera
Italien , qui y étoient , firent la clôture de cette
Fête par une très- belle Serenade . Cette Fête ne
finit que lorfque le jour commença à paroître ,
& il y eut abondance de toutes fortes de Rafraichiffemens
, & c.
Le 25. il n'y eut rien de remarquable , mais le
lendemain 26. jour deſtiné pour le Régal que le
Roi vouloit faire à toute l'armée , on fit diftribuer
la veille à tous les Régimens d'Infanterie & de
Cavalerie les Boeufs , le Pain , le Vin & la Biere'
neceffaires : les Boeufs furent coupez & rôtis par
quartiers ; il y avoit outre cela des Repas particu
liers
2062 MERCURE DE FRANCE
liers que les Chefs de chaque Régiment ou Corps
avoient fait préparer pour régaler leurs Officiers .
Vers les 11. heures du matin , on donna le premier
fignal ; fur quoi toute l'Armée fortit du
Camp fur deux lignes & en bon ordre , fans armes
, les Officiers à là tête . On porta devant chaque
Régiment les Viandes rôties , le Pain , le Vin
& la Biere jufqu'à la grande Place d'Armes devant
le Camp , où chaque Régiment fe rangeoit
fur deux lignes , dans le même ordre qu'il étoit
campé ; chaque Compagnie rangeoit devant fon
front les Viandes rôties , &c. qui lui étoient deftinées
& tous s'étant affis par terre , fe mirent
en devoir de prendre un ample & joyeux Repas.
:
Derriere chaque Régiment on avoit creusé la
terre pour y pratiquer des bancs & une longue
table , à laquelle chaque Chef & Colonel fit fervir
à part de très -bons mets à tous fes Officiers
qui après le fignal donné fe mirent à table ; ces
tables étoient difpofées fur deux lignes , à la diftance
de 100. pas l'une de l'autre ; & les Soldats
étoient affis à une égale distance les uns des autres
, ce qui fit un fort beau Spectacle.
Les deux Rois , qui de la hauteur du Quartier
Royal , avoient pu découvrir cet arrange ment,
en partirent avec toute leur fuite & pafferent les
deux lignes devant les tables des Officiers , pour
les voir manger. L. M. furent faluées par les Officiers
, les verres à la main , & les Soldats firent
éclater leur joye par des acclâmations de Vivent
les Rois , jettant leurs chapeaux en l'air , au bruit
des Tambours & au fon de divers Inftrumens de
M ufique.
Pendant cette Promenade des deux Rois & de
leur Suite , on fit fervir au Quartier du Roi , trois
tables , dont l'une qui étoit ovale , au milieu de
deux autres , & fur une élevation , étoit de 20 .
CouSEPTEMBRE
. 1730. 2063
Couverts pour les deux Rois , leur Famille Roya
le & les Princes Etrangers. Les deux autres tables
qui étoient en long , bordoient tout le Parapet de
deux côtez ,èlles étoient de 100. Couverts chacune,
pour tous les Generaux de l'Armée & pour les
Officiers & autres Etrangers qui fe trouvoient au
Camp.
Derriere la table ovale du milieu , fous une
magnifique Tente Turque , on avoit fait dreffer
une quatriéme table , longue de 40. à so. pieds
& large de dix à couze , fur laquelle il Y avoit
un Gâteau de la même grandeur que la table , &
de 36. Quintaux de poids ; ce Gâteau fut diftri→
bué à la fin du Repas à quiconque en fouhaitoit.
Après que les deux Rois eurent paffé les deux
lignes & vû dîner l'Amée , L. M. retournerent
au Quartier Royal & fe mirent à table , de même
que le Velt- Maréchal , les Officiers Generaux ,
les Officiers Etrangers & autres perfonnes de dif
tinction. Pendant le Repas on but plufieurs fois
au bruit des Canons , qui , au nombre de 48.
étoient rangez fur les Terraffes aux deux côtez .
Vers la fin du Repas , le Velt - Maréchal fe leva
& prefenta au Roi de Pruffe une Lettre au nom
& de la part de toute l'Armée , par laquelle elle
remercoit S. M. Pr. de la bonté qu'elle avoit euë
de ſe trouver à ſes Exercices Militaires , en lui
demandant en même temps la grace de la vouloir
congedier. Le Roi de Pruffe y répondit par toutes
fortes d'expreffions de politeffe , & lui accorda
le congé demandé avec tous les témoignages
d'une entiere fatisfaction.
Là-deffus le Velt-Maréchal & tous les Gene
raux de l'Armée fortirent de table & fe rendirent
au Quartier du Velt -Maréchal , ils y trouverent
tous les Officiers de l'Armée affemblez & formez
en bataillon , dont l'Infanterie tenoit le milieu
avec
2064 MERCURE DE FRANCE
avec 12 pelotons à quatre de hauteur , ayant à
chaque afle neuf pelotons de la Cavalerie à trois
de hauteur. Les Capitaines formerent le premier
rang , les Lieutenans le fecond ; les Sous - Lieutenans
le troifiéme , & les Enfeignes le quatrième.
Les Majors fe rangerent comme Caporaux , aux
aîles de leurs pelotons ; les Lieutenans - Colonels ,
comme Sergens , derriere leurs pelotons , & les
Colonels , comme Officiers , devant les pelotons :
les Generaux fe rangerent devant le Bataillon ,
chacun à fa place , felon fon ancienneté , ayant le
Velt-Maréchal à la tête . Les Officiers de l'Infanterie
marchoient avec leurs Efpontons , & ceux
de la Cavalerie , l'épée haute.
Le Bataillon s'étant mis en marche dans cet
ordre , le Velt - Maréchal le mena aux deux Terraffes
devant le Quartier Royal , où il ſe mit en
deux lignes ; la Cavalerie forma la premiere , &
l'Infanterie la feconde : Ils faluerent tous enfemble
les deux Rois ; les deux lignes s'étant enfuite
remifes en marche par pelotons , elles pafferent
en revûë au pied de la premiere Terraffe , où les
deux Rois s'étoient poftez avec toute leur Cour
& faluerent de nouveau L. M.par pelotons.Le Roi
de Pruffe les remercia fort gracieuſement ; &
comme S. M. Pr. pour donner une marque de
fon entiere fatisfaction , buvoit à chaque General
& à chaque Colonel -Commandant des Régimens,
on fit donner à tous les Officiers , à mesure qu'ils
paffoient par pelotons , des verres qu'ils vuiderent
à la fanté du Roi de Pruffe , au bruit de tout
le Canon ; & après avoir jetté les verres , ils pafferent
de cette façon les uns après les autres , &
le Canon ne ceffa de tirer qu'aprés qu'ils furent
tous paffez. C'eft ainfi que l'Armée prit congé
du Roi de Pruffe , qui la congedia.
Les deux Rois avec toute leur Cour , s'embarquerent
SEPTEMBRE . 1730. 2065
querent
fur l'Elbe le 27. & arriverent au Château
de Lichtembourg , où ils coucherent . Le lendemain
28. L. M. accompagnées des Princes leurs
fils , partirent de Lichtembourg avec toute leur
fuite pour fe rendre à l'endroit de la Chauffée
près de Zulhtsdorff , elles y trouverent d'abord
des gens de la Chaffe en habits verds galonaez
d'argent, avec leurs Chiens, rangez en haye. L'endroit
de la Chaffe & fes avenues étoient embellis
par plufieurs grandes & magnifiques Loges ,
conftruites de verdure. On avoit pris toutes les
précautions pour empêcher qu'il n'arrivât aucun
accident par des coups tirez . Le grand Veneur
à la tête du Veneur de la Cour , des Grands - Maî
tres des Forêts , des Gentilshommes & de tous les
autres Officiers qui dépendent de la Chaffe, étoient
auffi en habits verds richement l'odez .
2
Ils reçurent L. M. en defcendant de leur Chaife
, au fon des Cors de Chaffe & des Hautbois .
Il fe préfenta d'abord une Chaife de Chaffe , tirée
par fix Cerfs apprivoifez , & menée avec beau
coup d'adreffe par deux Garçons de Chaffe , ce
que le Roi de Pruffe ne put s'empêcher d'admirer.
On fit enfuite les préparatifs pour commencer
la Chaffe: Les Chevaliers & autres de la fuite
des deux Rois à cheval & munis de Lances , fe
rangerent à droite & à gauche. L. M. & L. A. R.
avec toutes les perfonnes de diftinction de leur
fuite , s'étant partagez , fe pofterent aux deux côtez
pour tirer. Le Grand Veneur rangea en ordre
tous ceux qui dépendent de la Chaffe , & s'étant
mis à la tête , il paffa avec eux devant les
deux Rois , & alors la Chaffe commença au fon
des Cors & des Hautbois. Il fut tué un grand
nombre de toutes fortes de bêtes fauves & autre
gibier , partie avec des Lances & en forçant avec
des Chiens , & partie par des armes à feu. Il fe
trour
2066 MERCURE DE FRANCE
trouva en tout 1124. Pieces; fçavoir, 804. Cerfs,
203. Sangliers , 97. Chevreuils & Dains , 18.
Lievres & 2. Renards , le tout porté à une Place
& rangé en ordre par les Gens de la Chaffe. Ainfi
finit cette grande & fuperbe Chaffe qui fut faite
avec beaucoup d'ordre & fans aucun accident.
On ſe retira enfuite vers les Loges , où les Tables
étoient couvertes & fervies pour le dîner. Il
y avoit trois tables , dont la premiere deſtinée
pour L. M. L. A. R. les Princes & autres perfon-
Tonnes de diftinction , étoit de 24. Couverts ; &
les deux autres de 20. Couverts chacune , pour
les Miniftres & autres Officiers. Il y avoit outre
cela deux autres tables de 48. Couverts chacune
pour les Gens de la Chaffe. La joye generale &
les deux Rois parurent fort contens ; lorfqu'on
fut hors de table , les deux Rois pafferent encore
quelque temps en converfation , après quoi L. M.
s'embrafferent & fe féparerent avec toutes les
marques poffibles de tendreffe. Le Roi de Pruffe
partit pour Poftdam & le Roi de Pologne retourna
au Camp de Radewitz.
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Résumé : SUITE du Camp de Mulhberg & Radwitz.
Le 24 juin, à l'occasion de la Saint-Jean-Baptiste, le roi organisa une célébration à Mulhberg et Radwitz. La journée débuta par un grand souper au quartier du roi, suivi de feux de joie et d'une mise en bataille des troupes à 9 heures. Trois salves de canon et des feux de mousqueterie marquèrent le début d'une illumination près du village de Riffa, en face du château de Premniz. Le roi et les princes se rendirent au château où une illumination spectaculaire fut allumée, représentant un temple de la Paix de 400 pieds de long et 160 pieds de haut, orné de peintures et de trophées. L'illumination, composée de 40 000 millest ampes, fut allumée en 15 minutes. Le temple, de style ionique, était richement décoré de colonnes, de pilastres, et de peintures enrichies de lapis. Au centre du temple, une déesse de la Paix, tenue par Mars, surplombait une inscription en latin. Des arcades et des galeries complétaient la scène, avec des trophées et des renommées sonnant de la trompette. Après un quart d'heure, 15 lettres formant une devise furent allumées, accompagnées de feux courants à terre et de 6 000 fusées. Des mortiers tirèrent des boîtes remplies de feux d'artifice, et un feu grégeois fut allumé dans l'eau par des bateaux. Une seconde illumination vit la rivière couverte de 48 bâtiments éclairés et remplis de musique de guerre, incluant le Bucentaure, un grand bâtiment royal illuminé par 30 000 lampions. Le 26 juin, le roi offrit un repas à toute l'armée. Les régiments se rangèrent en ordre, et les viandes rôties, le pain, le vin et la bière furent distribués. Les rois passèrent en revue les troupes, qui les saluèrent avec des acclamations et des musiques. Après le repas, le maréchal présenta une lettre de remerciement au roi de Prusse, qui accorda le congé à l'armée. Les officiers, formés en bataillon, saluèrent les rois avant de se disperser. Les deux rois s'embarquèrent sur l'Elbe le 27 juin et arrivèrent au château de Lichtembourg, où ils passèrent la nuit. Le lendemain, ils se rendirent près de Zulhtsdorff. Le texte décrit également une grande chasse organisée avec une préparation minutieuse pour éviter les accidents. Les participants, vêtus de habits verts galonnés d'argent, incluaient des gens de la Chasse, des chiens, et divers officiers. L'endroit était embelli par des loges magnifiques construites de verdure. La chasse débuta avec une présentation d'une chaise tirée par six cerfs apprivoisés, admirée par le Roi de Prusse. Les préparatifs incluaient des chevaliers et autres cavaliers munis de lances, se rangeant de chaque côté. Les rois et les personnes de distinction se positionnèrent pour tirer. La chasse se déroula avec ordre, au son des cors et des hautbois, et un grand nombre de bêtes fauves et de gibier furent tuées, totalisant 1124 pièces. Après la chasse, un dîner fut servi dans les loges, avec trois tables pour les personnes de distinction et deux autres pour les gens de la Chasse. La joie générale et la satisfaction des rois furent notables. Après le dîner, les rois conversèrent brièvement avant que Leurs Majestés ne s'embrassent et se séparèrent avec tendresse. Le Roi de Prusse partit pour Potsdam, et le Roi de Pologne retourna au camp de Radewitz.
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844
p. 2073
ESPAGNE.
Début :
Le Roi & la Reine accompagnés du Prince & de la Princesse des Asturies, de l'Infant [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Reine d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E Roi & la Reine accompagnés du Prince
& de la Princeffe des Afturies , de l'Infant
Don Carlos, & de l'Infant Don Philippe , partirent
de Cazalla le 20. du mois dernier pour retourner
Seville , où L. M. arriverent le 23. au
foir. L'Infant Don Louis & les Infantes Dona
. Marie Thereſe & Dona Marie Antoinette Ferdinande
, ne partirent de Cazalla que le 22. pour
aller joindre L. M.
Le Roi a nommé le Marquis de Caftellar , Secretaire
d'Etat au département de la Guerre ,
pour fon Ambaffadeur Extraordinaire à la Cour
du Roi T. Ch. & le premier Commis de ce département
fera les fonctions de Secretaire d'Etar
pendant l'Ambaffade de ce Miniftre.
La Flotte de la Nouvelle Efpagne qui partit du
Port de Cadix le 8. d'Août de l'année derniere ,
y arriva de la Vera- Cruz le 18. du mois dernier:
elle eft compofée de trois Vaiffeaux de Guerre &
de 8. Navires Marchands.
On apprend de Seville que L. M. & les Princes
& Princeffes de la Famille Royale jouiffoient
d'une parfaite fanté au Palais de l'Alcaçar , ou
l'Infant Don Louis & les Infantes Dona Marie
Therefe & Dona Marie Antoinette Ferdinande ,
étoient arrivés de Cazalla le 25. du mois dernier.
E Roi & la Reine accompagnés du Prince
& de la Princeffe des Afturies , de l'Infant
Don Carlos, & de l'Infant Don Philippe , partirent
de Cazalla le 20. du mois dernier pour retourner
Seville , où L. M. arriverent le 23. au
foir. L'Infant Don Louis & les Infantes Dona
. Marie Thereſe & Dona Marie Antoinette Ferdinande
, ne partirent de Cazalla que le 22. pour
aller joindre L. M.
Le Roi a nommé le Marquis de Caftellar , Secretaire
d'Etat au département de la Guerre ,
pour fon Ambaffadeur Extraordinaire à la Cour
du Roi T. Ch. & le premier Commis de ce département
fera les fonctions de Secretaire d'Etar
pendant l'Ambaffade de ce Miniftre.
La Flotte de la Nouvelle Efpagne qui partit du
Port de Cadix le 8. d'Août de l'année derniere ,
y arriva de la Vera- Cruz le 18. du mois dernier:
elle eft compofée de trois Vaiffeaux de Guerre &
de 8. Navires Marchands.
On apprend de Seville que L. M. & les Princes
& Princeffes de la Famille Royale jouiffoient
d'une parfaite fanté au Palais de l'Alcaçar , ou
l'Infant Don Louis & les Infantes Dona Marie
Therefe & Dona Marie Antoinette Ferdinande ,
étoient arrivés de Cazalla le 25. du mois dernier.
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Résumé : ESPAGNE.
Le Roi et la Reine d'Espagne, accompagnés du Prince et de la Princesse des Asturies, de l'Infant Don Carlos et de l'Infant Don Philippe, ont quitté Cazalla le 20 du mois précédent pour retourner à Séville, où ils sont arrivés le 23. L'Infant Don Louis et les Infantes Dona Marie Thérèse et Dona Marie Antoinette Ferdinande ont quitté Cazalla le 22 pour rejoindre le Roi et la Reine. Le Roi a nommé le Marquis de Castañar Secrétaire d'État au département de la Guerre et Ambassadeur Extraordinaire à la Cour du Roi Très Chrétien. Le premier commis de ce département assurera les fonctions de Secrétaire d'État pendant l'ambassade de ce ministre. La flotte de la Nouvelle-Espagne, partie du port de Cadix le 8 août de l'année précédente, est revenue à Vera-Cruz le 18 du mois précédent. Elle était composée de trois vaisseaux de guerre et de huit navires marchands. Le 25 du mois précédent, l'Infant Don Louis et les Infantes Dona Marie Thérèse et Dona Marie Antoinette Ferdinande sont arrivés au Palais de l'Alcázar à Séville. Leurs Majestés et les Princes et Princesses de la famille royale jouissaient d'une parfaite santé.
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845
p. 2074-2075
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le Roi a nommé pour son Ambassadeur Ordinaire & Plenipotentiaire à la Cour de France [...]
Mots clefs :
Roi, Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
E Roi a nommé pour fon Ambaffadeur Ordinaire
& Plenipotentiaire à la Cour de France
le Comte de Waldegrave , ci- devant fon Envoyé
Extraordinaire à la Cour de l'Empereur.
Le Comte de Carliſle a été nommé Capitaine
de l'Equipage du Roi pour la Chaffe du Renard
& du Lievre , Charge qui avoit été fupprimée
fous le Regne du Roi Guillaume.
Il y eut à Londres le 11. du mois dernier un
grand defordre dans l'Eglife Paroiffiale de Saint
Gilles , à l'occafion d'un filou que les Bedeaux
vouloient arrêter ; le bruit qu'ils firent en le pourfuivant
ayant fait croire à quelques Paroiffiens
que l'Eglife alloit tomber , le Ministre fauta de
la Chaire en bas pour fe fauver , & le Peuple
s'empreffant de fortir il y eut deux ou trois
perfonnes d'étouffées dans la preffe , & d'autres
dangereuſement bleffées .
›
Treize Vaiffeaux de la Compagnie de la Mer
du Sud , arrivés du Groenland n'ont apporté que
12. Baleines . Cette pêche n'a pas été meilleure
cette année pour les autres Nations ; car on apprend
que les Hollandois , les Hambourgois&
les Négocians de Breme qui y avoient envoyé
120. Bâtimens , n'ont pris que 26. Baleines. Les
François & les Biſcayens qui y avoient 36. Navires
n'en ont pris que quatre.
Le Roi a accordé au Comte de Waldgrave ,
fon Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
auprès du Roi T. Ch. 1500. livres fterlin
pour fes équipages , & 100. livres fterlin par femaine
pour fa dépenfe ordinaire . On affure que
cet Ambaffadeur a ordre de faire une Entrée publique
à Paris.
Les
SEPTEMBRE . 1730. 2075
Les nouvelles qu'on reçoit de tous côtés d'une
très abondante recolte ont encore fait diminuer
le prix du pain. Hy a cependant quelques Cantons
dont les grains & les fruits ont été ravagés
par des chenilles inconnues jufqu'à préſent ,'
& qui ont huit à dix pouces de long.
Un Courrier depêché par M. Keene , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi auprès de S. M. Cat. a
apporté aux Directeurs de la Compagnie de la
Mer du Sud la fcedule originale du Roi d'Eſpagne
pour le départ de leur Vaiffeau de l'Affiente.
On a reçu depuis peu des Lettres de Gibraltar
qui marquent que le Roi d'Efpagne avoit permis
que la Porte de terre fut ouverte , & que la Garnifon
eut communication avec les Espagnols
pour en acheter les provifions dont elle aura be
foin.
E Roi a nommé pour fon Ambaffadeur Ordinaire
& Plenipotentiaire à la Cour de France
le Comte de Waldegrave , ci- devant fon Envoyé
Extraordinaire à la Cour de l'Empereur.
Le Comte de Carliſle a été nommé Capitaine
de l'Equipage du Roi pour la Chaffe du Renard
& du Lievre , Charge qui avoit été fupprimée
fous le Regne du Roi Guillaume.
Il y eut à Londres le 11. du mois dernier un
grand defordre dans l'Eglife Paroiffiale de Saint
Gilles , à l'occafion d'un filou que les Bedeaux
vouloient arrêter ; le bruit qu'ils firent en le pourfuivant
ayant fait croire à quelques Paroiffiens
que l'Eglife alloit tomber , le Ministre fauta de
la Chaire en bas pour fe fauver , & le Peuple
s'empreffant de fortir il y eut deux ou trois
perfonnes d'étouffées dans la preffe , & d'autres
dangereuſement bleffées .
›
Treize Vaiffeaux de la Compagnie de la Mer
du Sud , arrivés du Groenland n'ont apporté que
12. Baleines . Cette pêche n'a pas été meilleure
cette année pour les autres Nations ; car on apprend
que les Hollandois , les Hambourgois&
les Négocians de Breme qui y avoient envoyé
120. Bâtimens , n'ont pris que 26. Baleines. Les
François & les Biſcayens qui y avoient 36. Navires
n'en ont pris que quatre.
Le Roi a accordé au Comte de Waldgrave ,
fon Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
auprès du Roi T. Ch. 1500. livres fterlin
pour fes équipages , & 100. livres fterlin par femaine
pour fa dépenfe ordinaire . On affure que
cet Ambaffadeur a ordre de faire une Entrée publique
à Paris.
Les
SEPTEMBRE . 1730. 2075
Les nouvelles qu'on reçoit de tous côtés d'une
très abondante recolte ont encore fait diminuer
le prix du pain. Hy a cependant quelques Cantons
dont les grains & les fruits ont été ravagés
par des chenilles inconnues jufqu'à préſent ,'
& qui ont huit à dix pouces de long.
Un Courrier depêché par M. Keene , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi auprès de S. M. Cat. a
apporté aux Directeurs de la Compagnie de la
Mer du Sud la fcedule originale du Roi d'Eſpagne
pour le départ de leur Vaiffeau de l'Affiente.
On a reçu depuis peu des Lettres de Gibraltar
qui marquent que le Roi d'Efpagne avoit permis
que la Porte de terre fut ouverte , & que la Garnifon
eut communication avec les Espagnols
pour en acheter les provifions dont elle aura be
foin.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, le roi a nommé le comte de Waldegrave ambassadeur ordinaire et plénipotentiaire à la cour de France, poste qu'il occupait précédemment à la cour de l'empereur. Le comte de Carlisle a été désigné capitaine de l'équipage royal pour la chasse au renard et au lièvre, une charge rétablie après avoir été supprimée sous le règne du roi Guillaume. À Londres, un désordre dans l'église paroissiale de Saint Gilles a causé la mort de plusieurs personnes étouffées et d'autres blessées lors de la poursuite d'un voleur. Treize vaisseaux de la Compagnie de la Mer du Sud, revenus du Groenland, ont rapporté seulement 12 baleines. La pêche a également été mauvaise pour les Hollandais, les Hambourgeois et les négociants de Brême, qui ont capturé 26 baleines malgré 120 bâtiments envoyés. Les Français et les Basques ont capturé quatre baleines avec 36 navires. Le roi a accordé au comte de Waldegrave 1500 livres sterling pour ses équipages et 100 livres sterling par semaine pour ses dépenses ordinaires. En septembre 1730, les nouvelles d'une récolte abondante ont fait baisser le prix du pain, mais certains cantons ont vu leurs grains et fruits ravagés par des chenilles inconnues. Un courrier de M. Keene, ministre plénipotentiaire du roi auprès du roi d'Espagne, a apporté aux directeurs de la Compagnie de la Mer du Sud la schedule originale du roi d'Espagne pour le départ de leur vaisseau de l'Assiente. Des lettres de Gibraltar indiquent que le roi d'Espagne a permis l'ouverture de la porte de terre, permettant à la garnison de communiquer avec les Espagnols pour acheter des provisions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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846
p. 2075-2076
« TRÉS CHERS, GRANDS AMIS, Alliés & Confederés : Nous ne doutons point que vous n'appreniez [...] »
Début :
TRÉS CHERS, GRANDS AMIS, Alliés & Confederés : Nous ne doutons point que vous n'appreniez [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Roi de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « TRÉS CHERS, GRANDS AMIS, Alliés & Confederés : Nous ne doutons point que vous n'appreniez [...] »
Les Etats Generaux ont reçû la Lettre ſuivante
du Roi de France.
TRE'S RE'S CHERS , GRANDS AMIS ;
Alliés & Confederés :
NOUS ne doutons point que vous n'appreniez
avec joye la Naiffance du Duc d'Anjou
que la Reine , notre très chere Epouse & Compagne
vient de mettre au monde ; & nous fommes
2076 MERCURE DE FRANCE
ن م
mes perfuadés que vous prendrez veritablement
part à un évenement auffi heureux ,
que
nous recevons comme une fuite des benedictions
que le Seigneur répand fur nous & fur notre
Maifon. Sur ce Nous prions Dieu qu'il vous
ait , Très Chers , Grands Amis , Alliés & Confederés
en fa fainte & digne garde . Ecrite à
Versailles le 30. Août 1730.
Votre bon Ami , Allié & Confederé , Signé
LOUIS. Plus bus , Chauvelin.
du Roi de France.
TRE'S RE'S CHERS , GRANDS AMIS ;
Alliés & Confederés :
NOUS ne doutons point que vous n'appreniez
avec joye la Naiffance du Duc d'Anjou
que la Reine , notre très chere Epouse & Compagne
vient de mettre au monde ; & nous fommes
2076 MERCURE DE FRANCE
ن م
mes perfuadés que vous prendrez veritablement
part à un évenement auffi heureux ,
que
nous recevons comme une fuite des benedictions
que le Seigneur répand fur nous & fur notre
Maifon. Sur ce Nous prions Dieu qu'il vous
ait , Très Chers , Grands Amis , Alliés & Confederés
en fa fainte & digne garde . Ecrite à
Versailles le 30. Août 1730.
Votre bon Ami , Allié & Confederé , Signé
LOUIS. Plus bus , Chauvelin.
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Résumé : « TRÉS CHERS, GRANDS AMIS, Alliés & Confederés : Nous ne doutons point que vous n'appreniez [...] »
Le roi de France informe les États Généraux de la naissance du Duc d'Anjou. Il exprime sa joie et considère cet événement comme une bénédiction divine. La lettre, datée du 30 août 1730, est signée par Louis et Chauvelin en tant que témoin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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847
p. 2077-2082
« Les Religieuses du Monastere de l'Ave Maria de Paris ont celebré pendant [...] »
Début :
Les Religieuses du Monastere de l'Ave Maria de Paris ont celebré pendant [...]
Mots clefs :
Roi, Audience, Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Religieuses du Monastere de l'Ave Maria de Paris ont celebré pendant [...] »
Es Religieufes du Monaftere de l'Ave
Maria de Paris ont celebré pendant
huit jours avec beaucoup de folemnité la
Fête de la Canonifation de S. Jacques de
la Marche , & de S. François de Solano,
Religieux de l'Obfervance de S. François.
Le Chapitre de l'Eglife Metropolitaine
alla y chanter la Meffe le 21. du mois.
dernier pour l'ouverture de l'Octave.
Le premier de ce mois , on celebra avec
les cerémonies accoutumées dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de S.Denis le Service.
folemnel qui s'y fait tous les ans pour le
repos de l'ame du feu Roi Louis XIV .
L'Evêque de Grenoble y officia pontificalement
, & le Duc du Maine , le Prince
de Dombes & le Comte de Toulouſe Y
affifterent , ainfi que plufieurs Seigneurs
de la Cour.
Le 13. Août au foir , le Roi alla pofer
Hv
la
2078 MERCURE DE FRANCE
Ja premiere pierre du nouveau Pont qu'on
conftruit fur la Riviere d'Oyſe , vis-à-vis
le Château de Compiegne. M. Dubois
Directeur General des Fonts & Chauffées,
préfenta à S. M. un marteau & une truelle
d'argent & du mortier dans un baffin
pour cette cerémonie.
>
Le 2. Septembre , le Roi de Sardaigne
Victor Amedée II. fit avertir tous les
Princes , les Chevaliers de l'Ordre de
l'Annonciade , les Miniftres , les Secretaires
d'Etat , l'Archevêque de Turin , ›
le Grand Chancelier , les Premiers Préfi
dens , les Generaux & toutes les perfonnes
qui font dans les principaux Emplois
de la Cour , de la Guerre & de la
Juftice , de fe trouver le lendemain à
trois heures après midi au Château de Rivoli.
Le Roi tint un Confeil d'Etat à
l'heure qu'il avoit marquée ; il y déclara
qu'il faifoit une abdication generale de fon
Royaume & de fes Etats en faveur du
Prince du Piémont , fon fils , & ayant
fait entrer tous ceux qu'il avoit mandés ,
un Secretaire d'Etat lut à haute voix l'Acte
d'Abdication . Le Roi Victor fit enfuite
un Difcours auffi digne de la grandeur
d'ame de ce Prince que propre à attendrir
& à confoler tous ceux qui étoient
préfens. Il devoit partir de Rivoli le 4.
pour
1
SEPTEMBRE. 1730. 2079
pour fe retirer au Château de Chamberi ,
que ce Prince a choisi pour y faire fon
féjour.
Le 7. le Comte Maffei , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roi de Sardaigne , eut
une audience particuliere du Roi , dans
dans laquelle il notifia à S. M. l'abdication
que le Roi Victor Amedée II . a faite le
3. de ce mois de fes Royaumes & Etats
& de l'avenement du Roi Charles Emanuel
, fon fils , à la Couronne.
Le s. de ce mois , M. Horace Walpool,
Ambaffadeur Extraordinaire du Roi
d'Angleterre , eut une audience particu
liere du Roi , dans laquelle il donna part
à S. M. de la mort de la Princeffe Benedictine
Henriette Philippine , Ducheffe
Douairiere de Brunfwick Hanover. Il fut
conduit à cette audience par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambaffa
deurs.
Le ro . le Roi prit le deuil pour la mort
de cette Princeffe , que S. M. quitta le 18.
Le 8. Fête de la Nativité de la Vierge ,"
ily eut Concert Spirituel au Château des
Thuilleries. M. Mouret fit chanter le Motet
Exaltabo te, Deus, de M. de la Lande,
les S Blavet & Guignon executerent une
Sonnate fur le Violon & la Flute qui fut
très2080
MERCURE DE FRANCE :
très-applaudie. La Dle Petit- Pas chanta
un Motet à deux voix , de la compofition
de M. le Maire , avec autant de legereté
que de préciſion , les Sieurs Aubert
& Senaillé joüerent une Sonnate à
deux Violons , qui fut executée avec une
très-grande jufteffe , les Diler Erremens
& le Maure chanterent un Motet à
deux voix , qui fut très - applaudi . Le
fieur Guignon joüa feul un Concerto avec
cette vivacité que tout le monde lui :
connoît , & le Concert fut terminé
par
le Te Deum de M. de la Lande , avec Timbales
& Trompettes , précedé d'une Symphonie
de Violons , Hautbois , Timballes
, & Trompettes , de la compofition
de M. Mouret.
Le Roi a accordé le Gouvernement de
la Tour de Cordoüan , vacante par la
mort du fieur Defnaut , au fieur Binet
Meftre de Camp de Cavalerie , premier
Valet de la Garde- Robe de Sa Majefté.
Le Roi a donné le Régiment de la
Saarre , au Comte de Boimeux , Meſtre
de Camp du Régiment des Landes , &
S. M. a accordé celui des Landes au
Marquis de Brun.
Le 10. l'Abbé de Menou de Charnifay ,
nommé à l'Evêché de la Rochelle , fut
Sacre
SEPTEMBRE . 1730. 2081
Sacré dans la Cha pelle de l'Archevêché ;
par l'Archevêque de Bordeaux , affifté
des Evêques de Chartres & de Saintes , &
le 17. il prêta Serment de Fidelité entre
les mains du Roi.
L'Affemblée du Clergé ayant fini fes
Séances , les Prélats & autres Députez
qui la compofoient , fe rendirent à Verfailles
le 17 de ce mois , & ils curent
Audience du Roi avec les honneurs qu'on
rend au Clergé , quand il eft en Corps
& avec les Cerémonies obfervées lorfque
les mêmes Députez allerent rendre leurs
refpects à S. M. le 7 de Juin dernier. Le
Cardinal de Fleury , Miniftre d'Etat , &
Premier Président de l'Affemblée , étoit
à leur tête ; & l'Evêque de Nifmes porta
la parole.
Le 19 , le Lord Waldgrave , Ambaffadeur
Extraordinaire duRoi d'Angleterre,
arriva à Versailles avec M. Horace Walpool
, auffi Ambaffadeur Extraordinaire,
auquel il fuccede. Ils eurent Audience
particuliere du Roi , de la Reine , & de
Monfeigneur le Dauphin , étant conduits
par le Chevalier de Sainctot , Introducteur
des Ambaffadeurs.
t
Le 21 , l'Abbé de l'Ifle du Gaft , nommé
2082 MERCURE DE FRANCE
?
mé par le Roi à l'Evêché de Limoges
fut facré dans la Chapelle de l'Archevêché
,, pár l'Archevêque de Paris , affifſté
des Evêques de Marleille & de Chartres.
Il prêta Serment de fidelité entre les
mains du Roi le 24 .
Le même jour 21. l'Evêque de Bethléem
fit avec beaucoup de folemnité la
cerémonie de la Confécration & Dédicace
de l'Eglife des Recollets de Verfailles
fondée par le feu Roi Louis XIV. ils en
avoient obtenu auparavant la permiffiondu
Roi ; le Duc de Noailles , Capitaine
de la premiere Compagnie des Gardes
du Corps , & Gouverneur de Verſailles
affifta à cette cerémonie de la part de
S. M.
Le 25. la Lotterie
de la
Compagnie
des
Indes
, pour
le rembourſement
des
Actions
, fut
tirée
en la
maniere
accoutumée
à l'Hôtel
de
la
Compagnie
; on a
publié
la Lifte
des
numeros
des
Actions
&
dixièmes
d'Actions
qui
feront
rembourfez
, faifant
en tout
le nombre
de
300.
Actions
.
Maria de Paris ont celebré pendant
huit jours avec beaucoup de folemnité la
Fête de la Canonifation de S. Jacques de
la Marche , & de S. François de Solano,
Religieux de l'Obfervance de S. François.
Le Chapitre de l'Eglife Metropolitaine
alla y chanter la Meffe le 21. du mois.
dernier pour l'ouverture de l'Octave.
Le premier de ce mois , on celebra avec
les cerémonies accoutumées dans l'Eglife
de l'Abbaye Royale de S.Denis le Service.
folemnel qui s'y fait tous les ans pour le
repos de l'ame du feu Roi Louis XIV .
L'Evêque de Grenoble y officia pontificalement
, & le Duc du Maine , le Prince
de Dombes & le Comte de Toulouſe Y
affifterent , ainfi que plufieurs Seigneurs
de la Cour.
Le 13. Août au foir , le Roi alla pofer
Hv
la
2078 MERCURE DE FRANCE
Ja premiere pierre du nouveau Pont qu'on
conftruit fur la Riviere d'Oyſe , vis-à-vis
le Château de Compiegne. M. Dubois
Directeur General des Fonts & Chauffées,
préfenta à S. M. un marteau & une truelle
d'argent & du mortier dans un baffin
pour cette cerémonie.
>
Le 2. Septembre , le Roi de Sardaigne
Victor Amedée II. fit avertir tous les
Princes , les Chevaliers de l'Ordre de
l'Annonciade , les Miniftres , les Secretaires
d'Etat , l'Archevêque de Turin , ›
le Grand Chancelier , les Premiers Préfi
dens , les Generaux & toutes les perfonnes
qui font dans les principaux Emplois
de la Cour , de la Guerre & de la
Juftice , de fe trouver le lendemain à
trois heures après midi au Château de Rivoli.
Le Roi tint un Confeil d'Etat à
l'heure qu'il avoit marquée ; il y déclara
qu'il faifoit une abdication generale de fon
Royaume & de fes Etats en faveur du
Prince du Piémont , fon fils , & ayant
fait entrer tous ceux qu'il avoit mandés ,
un Secretaire d'Etat lut à haute voix l'Acte
d'Abdication . Le Roi Victor fit enfuite
un Difcours auffi digne de la grandeur
d'ame de ce Prince que propre à attendrir
& à confoler tous ceux qui étoient
préfens. Il devoit partir de Rivoli le 4.
pour
1
SEPTEMBRE. 1730. 2079
pour fe retirer au Château de Chamberi ,
que ce Prince a choisi pour y faire fon
féjour.
Le 7. le Comte Maffei , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roi de Sardaigne , eut
une audience particuliere du Roi , dans
dans laquelle il notifia à S. M. l'abdication
que le Roi Victor Amedée II . a faite le
3. de ce mois de fes Royaumes & Etats
& de l'avenement du Roi Charles Emanuel
, fon fils , à la Couronne.
Le s. de ce mois , M. Horace Walpool,
Ambaffadeur Extraordinaire du Roi
d'Angleterre , eut une audience particu
liere du Roi , dans laquelle il donna part
à S. M. de la mort de la Princeffe Benedictine
Henriette Philippine , Ducheffe
Douairiere de Brunfwick Hanover. Il fut
conduit à cette audience par le Chevalier
de Sainctor , Introducteur des Ambaffa
deurs.
Le ro . le Roi prit le deuil pour la mort
de cette Princeffe , que S. M. quitta le 18.
Le 8. Fête de la Nativité de la Vierge ,"
ily eut Concert Spirituel au Château des
Thuilleries. M. Mouret fit chanter le Motet
Exaltabo te, Deus, de M. de la Lande,
les S Blavet & Guignon executerent une
Sonnate fur le Violon & la Flute qui fut
très2080
MERCURE DE FRANCE :
très-applaudie. La Dle Petit- Pas chanta
un Motet à deux voix , de la compofition
de M. le Maire , avec autant de legereté
que de préciſion , les Sieurs Aubert
& Senaillé joüerent une Sonnate à
deux Violons , qui fut executée avec une
très-grande jufteffe , les Diler Erremens
& le Maure chanterent un Motet à
deux voix , qui fut très - applaudi . Le
fieur Guignon joüa feul un Concerto avec
cette vivacité que tout le monde lui :
connoît , & le Concert fut terminé
par
le Te Deum de M. de la Lande , avec Timbales
& Trompettes , précedé d'une Symphonie
de Violons , Hautbois , Timballes
, & Trompettes , de la compofition
de M. Mouret.
Le Roi a accordé le Gouvernement de
la Tour de Cordoüan , vacante par la
mort du fieur Defnaut , au fieur Binet
Meftre de Camp de Cavalerie , premier
Valet de la Garde- Robe de Sa Majefté.
Le Roi a donné le Régiment de la
Saarre , au Comte de Boimeux , Meſtre
de Camp du Régiment des Landes , &
S. M. a accordé celui des Landes au
Marquis de Brun.
Le 10. l'Abbé de Menou de Charnifay ,
nommé à l'Evêché de la Rochelle , fut
Sacre
SEPTEMBRE . 1730. 2081
Sacré dans la Cha pelle de l'Archevêché ;
par l'Archevêque de Bordeaux , affifté
des Evêques de Chartres & de Saintes , &
le 17. il prêta Serment de Fidelité entre
les mains du Roi.
L'Affemblée du Clergé ayant fini fes
Séances , les Prélats & autres Députez
qui la compofoient , fe rendirent à Verfailles
le 17 de ce mois , & ils curent
Audience du Roi avec les honneurs qu'on
rend au Clergé , quand il eft en Corps
& avec les Cerémonies obfervées lorfque
les mêmes Députez allerent rendre leurs
refpects à S. M. le 7 de Juin dernier. Le
Cardinal de Fleury , Miniftre d'Etat , &
Premier Président de l'Affemblée , étoit
à leur tête ; & l'Evêque de Nifmes porta
la parole.
Le 19 , le Lord Waldgrave , Ambaffadeur
Extraordinaire duRoi d'Angleterre,
arriva à Versailles avec M. Horace Walpool
, auffi Ambaffadeur Extraordinaire,
auquel il fuccede. Ils eurent Audience
particuliere du Roi , de la Reine , & de
Monfeigneur le Dauphin , étant conduits
par le Chevalier de Sainctot , Introducteur
des Ambaffadeurs.
t
Le 21 , l'Abbé de l'Ifle du Gaft , nommé
2082 MERCURE DE FRANCE
?
mé par le Roi à l'Evêché de Limoges
fut facré dans la Chapelle de l'Archevêché
,, pár l'Archevêque de Paris , affifſté
des Evêques de Marleille & de Chartres.
Il prêta Serment de fidelité entre les
mains du Roi le 24 .
Le même jour 21. l'Evêque de Bethléem
fit avec beaucoup de folemnité la
cerémonie de la Confécration & Dédicace
de l'Eglife des Recollets de Verfailles
fondée par le feu Roi Louis XIV. ils en
avoient obtenu auparavant la permiffiondu
Roi ; le Duc de Noailles , Capitaine
de la premiere Compagnie des Gardes
du Corps , & Gouverneur de Verſailles
affifta à cette cerémonie de la part de
S. M.
Le 25. la Lotterie
de la
Compagnie
des
Indes
, pour
le rembourſement
des
Actions
, fut
tirée
en la
maniere
accoutumée
à l'Hôtel
de
la
Compagnie
; on a
publié
la Lifte
des
numeros
des
Actions
&
dixièmes
d'Actions
qui
feront
rembourfez
, faifant
en tout
le nombre
de
300.
Actions
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Résumé : « Les Religieuses du Monastere de l'Ave Maria de Paris ont celebré pendant [...] »
En août et septembre 1730, plusieurs événements historiques notables ont eu lieu. Les Religieuses du Monastère de l'Ave Maria de Paris ont célébré pendant huit jours la canonisation de Saint Jacques de la Marche et de Saint François de Solano. Le Chapitre de l'Église métropolitaine a ouvert l'octave le 21 août. Le 1er septembre, un service solennel a été organisé à l'Abbaye Royale de Saint-Denis pour le repos de l'âme du roi Louis XIV, en présence de l'évêque de Grenoble et de plusieurs nobles. Le 13 août, le roi a posé la première pierre d'un nouveau pont sur la rivière Oise, face au Château de Compiègne, en présence de M. Dubois, Directeur Général des Ponts et Chaussées. Le 2 septembre, le roi de Sardaigne, Victor-Amédée II, a annoncé son abdication en faveur de son fils, le Prince du Piémont, lors d'un conseil d'État au Château de Rivoli. Cette abdication a été notifiée au roi de France par l'ambassadeur du roi de Sardaigne le 7 septembre. Le même mois, l'ambassadeur d'Angleterre a informé le roi de la mort de la princesse Henriette Philippine, Duchesse douairière de Brunswick Hanover. Le 8 septembre, un concert spirituel a eu lieu au Château des Tuileries, avec des œuvres de M. de la Lande, Blavet, Guignon, et d'autres musiciens. Le roi a accordé divers gouvernements militaires et régiments à plusieurs nobles. L'abbé de Menou de Charnisay a été sacré évêque de La Rochelle et a prêté serment de fidélité au roi. L'Assemblée du Clergé a rendu hommage au roi à Versailles. Le 19 septembre, le Lord Waldgrave, nouvel ambassadeur d'Angleterre, a été reçu à Versailles. Le 21 septembre, l'abbé de l'Île du Gast a été sacré évêque de Limoges et a prêté serment de fidélité. La même journée, l'évêque de Bethléem a consacré l'église des Récollets de Versailles, fondée par le roi Louis XIV. Enfin, le 25 septembre, la loterie de la Compagnie des Indes a été tirée pour le remboursement des actions.
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848
p. 2083-2088
SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
Début :
Loin ce Parnasse imaginaire, [...]
Mots clefs :
Naissance du duc d'Anjou, Duc d'Anjou, Roi, Gloire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
ODE
AU ROY.
Oin ce Parnaffe imaginaire ,
Qu'adora jadis l'Univers :
Du Dieu que le Pinde révere ,
Je n'invoque point les Concerts .
Dans mon yvreffe fcrupuleufe ,
De l'Antiquité fabuleuſe ,
Je n'adopte point les erreurs :
Ma gloire feroit bien plus belle ,
LOUIS , fi pour prix de mon zele ;
Ta préfidois à mes fureurs.
K
C'eft à toi que de mon delire ,
Je veux confacrer les tranfports :
De mon audacieufe Lyre,
Mortels , refpectez les accords.
Tranfporté dans la Cour Divine ,
Je vais d'une augufte origine ,
Vous dévoiler tous les fecrets :
Loin des foibles yeux du vulgaire ,
Je
J
2084 MERCURE DE FRANCE
Je vais dans mon vol témeraire ,
Fonder les plus vaftes projets.
SY
Ce puiffant Maître du Tonnerre ,
Qui dans fes decrets abfolus ,
Diſpenſe aux Princes de la Terre ,
Le jufte prix de leurs vertus ;
En voyant les tiennes s'accroître ,
Grand Roi , daigne encor faire naître
Un Prince , objet de tes fouhaits :
Et pour difputer la victoire ;
Plus il voit s'augmenter ta gloire ,
Plus il augmente fes bienfaits.
粥
Peuples , d'une illuftre Naiffance ,
Refpectez les heureux momens :
D'Anjou , d'une jufte efperance ,
A raffermi les fondemens.
J'ai , dans mon amour peu tranquille ,
Tremblé pour l'enfance débile ,
Du prémier foutien de nos Lys :
Mais ma crainte va difparoître ,
Peut -on trembler quand on voit croître,
L'illuftre Race de Louis
S
O Ciel ! de tes Arrêts feveres ,
J'adore l'utile rigueur !
Du
SEPTEMBRE . 1730. 2085.
Du fein de nos maux falutaires ,
Tu fais naître notre bonheur .
Si la mort dans fon cours rapide ,
Trancha de fa faux homicide ,
Les jours des Bourbons au berceau ;
C'eſt qu'en nous enlevant ces Princes , *
Tu réſervois à nos Provinces ,
Le cours d'un Empire plus beau.
Combien d'admirables Spectacles ,
S'offrent à mes yeux enchantez !
Ce Regne fécond en Miracles ,
Fait honte aux Rois les plus vantez .'
En vain pour illuftrer ta gloire ,
Grand Roi , la plus fidelle Hiftoire ,
Te dépeindroit à nos Neveux ;
Tes vertus pafferoient pour fables ,
Si l'on ne les rendoit croyables ,
En les retraçant à leurs yeux.
Que vois -je ? le Ciel favorable ,
Se plaît à prévenir mes voeux.
Ta mémoire à jamais durable ,
Vaincra les temps injurieux .
Déja je vois ta Race illuftre ,
Qui s'apprête à donner du luftre ,
* Le Dauphin. Le Duc de Bourgogne . Le Duc
de Bretagne.
tos6 MERCURE DE FRANCE
A fes héroïques vertus :
Ta gloire en elle renaiffante ,
Calmera la douleur preffante ,
De ceux qui ne te verront plus.
Le Ciel, qui de quelques années
Retarda ta profperité ,
Formoit les hautes deftinées ,
De ta noble Pofterité.
Ainfi la France impatiente ,
Vit d'une Naiffance * éclatante ,
Differer les heureux inftans :
Grand Dieu , lorfque tu nous préparés ?
Des préfens fi grands & fi rares ,
Tu les fais attendre long- temps.
灌
Soutiens genereux de la France ,
Vous , Princes , l'appui de nos Loix ;
Dans une héroïque Alliance ,
Montrez-nous le plus grand des Rois
Pour retracer fes faits fublimes ,
Joignez vos effors magnanimes ,
Uniffez vos nobles travaux :
Sans que leur vertu dégenere ,
Ce que LOUIS feul a pu faire ,
Peut bien occuper deux Héros.
* La Naiſſance de Louis XIV,
Mais
SEPTEMBRE. 1730. 2087.
Mais quoi déja ce Couple augufte ,
Remplit mon attente & mes voeux :
Semblable à fon Pere , il eft jufte ,
Debonnaire , affable , pieux ;
Grand Roi , c'est là ta vraie image ,
Je n'ai point dans un fâche Ouvrage ,
Déguifé les traits du Tableau :
Si tu méconnois la peinture ,
L'Univers entier d'impoſture ,
Pourra difculper mon Pinceau
粥
Quelle eft cette augufte Princeffe ,
Que je vois aux pieds des Autels
Cette humble ferveur qui l'abbaiffe,"
La dérobe aux yeux des Mortels.
Son humilité fcrupuleuſe ,
Bannit cette pompe orgueilleufe ,
Dont les Humains font éblouis :
Glorieux , mais vain ſtratagême !
Ne connoît-on qu'au Diadême ,
L'illuftre Epouse de Louis ?
溶
Le Ciel , qui de cet Hymenée ,
Voulut former les noeuds fi doux ;i
Reünira la deſtinée ,
De ces deux fideles Epoux.
Je vois dans la Voute azurée ,
La place pour eux préparée , Par
2088 MERCURE DE FRANCE
Par leurs Ancêtres * glorieux :
La pieté qui les couronne ,
Eleve un magnifique Trône ,
A la gloire de leurs Neveux.
DE MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
ODE
AU ROY.
Oin ce Parnaffe imaginaire ,
Qu'adora jadis l'Univers :
Du Dieu que le Pinde révere ,
Je n'invoque point les Concerts .
Dans mon yvreffe fcrupuleufe ,
De l'Antiquité fabuleuſe ,
Je n'adopte point les erreurs :
Ma gloire feroit bien plus belle ,
LOUIS , fi pour prix de mon zele ;
Ta préfidois à mes fureurs.
K
C'eft à toi que de mon delire ,
Je veux confacrer les tranfports :
De mon audacieufe Lyre,
Mortels , refpectez les accords.
Tranfporté dans la Cour Divine ,
Je vais d'une augufte origine ,
Vous dévoiler tous les fecrets :
Loin des foibles yeux du vulgaire ,
Je
J
2084 MERCURE DE FRANCE
Je vais dans mon vol témeraire ,
Fonder les plus vaftes projets.
SY
Ce puiffant Maître du Tonnerre ,
Qui dans fes decrets abfolus ,
Diſpenſe aux Princes de la Terre ,
Le jufte prix de leurs vertus ;
En voyant les tiennes s'accroître ,
Grand Roi , daigne encor faire naître
Un Prince , objet de tes fouhaits :
Et pour difputer la victoire ;
Plus il voit s'augmenter ta gloire ,
Plus il augmente fes bienfaits.
粥
Peuples , d'une illuftre Naiffance ,
Refpectez les heureux momens :
D'Anjou , d'une jufte efperance ,
A raffermi les fondemens.
J'ai , dans mon amour peu tranquille ,
Tremblé pour l'enfance débile ,
Du prémier foutien de nos Lys :
Mais ma crainte va difparoître ,
Peut -on trembler quand on voit croître,
L'illuftre Race de Louis
S
O Ciel ! de tes Arrêts feveres ,
J'adore l'utile rigueur !
Du
SEPTEMBRE . 1730. 2085.
Du fein de nos maux falutaires ,
Tu fais naître notre bonheur .
Si la mort dans fon cours rapide ,
Trancha de fa faux homicide ,
Les jours des Bourbons au berceau ;
C'eſt qu'en nous enlevant ces Princes , *
Tu réſervois à nos Provinces ,
Le cours d'un Empire plus beau.
Combien d'admirables Spectacles ,
S'offrent à mes yeux enchantez !
Ce Regne fécond en Miracles ,
Fait honte aux Rois les plus vantez .'
En vain pour illuftrer ta gloire ,
Grand Roi , la plus fidelle Hiftoire ,
Te dépeindroit à nos Neveux ;
Tes vertus pafferoient pour fables ,
Si l'on ne les rendoit croyables ,
En les retraçant à leurs yeux.
Que vois -je ? le Ciel favorable ,
Se plaît à prévenir mes voeux.
Ta mémoire à jamais durable ,
Vaincra les temps injurieux .
Déja je vois ta Race illuftre ,
Qui s'apprête à donner du luftre ,
* Le Dauphin. Le Duc de Bourgogne . Le Duc
de Bretagne.
tos6 MERCURE DE FRANCE
A fes héroïques vertus :
Ta gloire en elle renaiffante ,
Calmera la douleur preffante ,
De ceux qui ne te verront plus.
Le Ciel, qui de quelques années
Retarda ta profperité ,
Formoit les hautes deftinées ,
De ta noble Pofterité.
Ainfi la France impatiente ,
Vit d'une Naiffance * éclatante ,
Differer les heureux inftans :
Grand Dieu , lorfque tu nous préparés ?
Des préfens fi grands & fi rares ,
Tu les fais attendre long- temps.
灌
Soutiens genereux de la France ,
Vous , Princes , l'appui de nos Loix ;
Dans une héroïque Alliance ,
Montrez-nous le plus grand des Rois
Pour retracer fes faits fublimes ,
Joignez vos effors magnanimes ,
Uniffez vos nobles travaux :
Sans que leur vertu dégenere ,
Ce que LOUIS feul a pu faire ,
Peut bien occuper deux Héros.
* La Naiſſance de Louis XIV,
Mais
SEPTEMBRE. 1730. 2087.
Mais quoi déja ce Couple augufte ,
Remplit mon attente & mes voeux :
Semblable à fon Pere , il eft jufte ,
Debonnaire , affable , pieux ;
Grand Roi , c'est là ta vraie image ,
Je n'ai point dans un fâche Ouvrage ,
Déguifé les traits du Tableau :
Si tu méconnois la peinture ,
L'Univers entier d'impoſture ,
Pourra difculper mon Pinceau
粥
Quelle eft cette augufte Princeffe ,
Que je vois aux pieds des Autels
Cette humble ferveur qui l'abbaiffe,"
La dérobe aux yeux des Mortels.
Son humilité fcrupuleuſe ,
Bannit cette pompe orgueilleufe ,
Dont les Humains font éblouis :
Glorieux , mais vain ſtratagême !
Ne connoît-on qu'au Diadême ,
L'illuftre Epouse de Louis ?
溶
Le Ciel , qui de cet Hymenée ,
Voulut former les noeuds fi doux ;i
Reünira la deſtinée ,
De ces deux fideles Epoux.
Je vois dans la Voute azurée ,
La place pour eux préparée , Par
2088 MERCURE DE FRANCE
Par leurs Ancêtres * glorieux :
La pieté qui les couronne ,
Eleve un magnifique Trône ,
A la gloire de leurs Neveux.
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Résumé : SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DUC D'ANJOU. ODE AU ROY
Le texte est une ode célébrant la naissance du duc d'Anjou, fils du roi Louis XV. L'auteur exprime son admiration pour le roi et ses vertus, espérant que Dieu accorde au roi un nouvel héritier. Il évoque les craintes passées pour la lignée royale et la joie actuelle face à la naissance du duc d'Anjou. L'ode met en avant la grandeur et les miracles du règne de Louis XV, comparant sa mémoire à celle de ses ancêtres illustres. Le texte souligne également les qualités du duc d'Anjou, qui reflètent celles de son père, et la dévotion de la reine, épouse de Louis XV. Enfin, il exalte l'alliance héroïque des princes soutenant la France et la destinée glorieuse des descendants royaux.
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849
p. 2088-2089
« La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Début :
La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...]
Mots clefs :
Reine, Naissance du duc d'Anjou, Duc d'Anjou, Roi
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texteReconnaissance textuelle : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
La Reine étant accouchée heureufe
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
ment du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf
heures du matin , comme nous l'avons
déja dit , cette agréable nouvelle fut annoncée
à Paris une heure après par le
bruit du Canon de l'Hôtel Royal des
Invalides , du Château de la Baſtille , &
de la Ville , & par la Cloche de l'Horloge
du Palais & par celle de l'Hôtel de
Ville , qui fonnerent jufqu'à minuit.
Le même jour le Parlement & les au
tres Cours fuperieures , l'Affemblée du
Clergé , & c . firent chanter un Te Deum ,
en actions de graces . Le Lieutenant General
de Police rendit le même jour cette
Ordonnance.
Sur ce qui nous a été remontré par le Procu
reur du Roy , que la Naiffance du DUC D'ANJOU
, qui fuccede de fi prés à celle du Dauphin ,
( preuve bien éclatante de la benediction du Ciel
fur cet Etat ) répand dans les coeurs de tous les
François,& particulierement des habitans de cette
Ville , une joye d'autant plus fincere que la perpetuité
de cet Empire dans la famille du Souverain
qui nous gouverne fi heureufement , eft l'ob-
S. Louis, S. Staniflas.
jet
SEPTEMBRE. 1730. 2089
jet de leurs voeux les plus ardents,& que cette Augufte
Famille ne fçauroit s'accroître fans augmenter
leur fatisfaction ; comme dans les témoignages
publics que les Peuples en doivent
donner , il eft de notre miniftere de prévenir les
accidens qui quelquefois réfultent des démonſtrations
de joye qu'un zele fi jufte infpire , & qui ne
font pas toujours accompagnées des précautions
neceffaires à la feureté publique ; il a cru devoir
nous requerir de preferire aux Habitans de cette
Ville le temps & la maniere dont ils exprimeront
leur fenfibilité & ce qu'il eft convenable qu'ils
obfervent pour empêcher qu'il ne furvienne d'Incendie
. Sur quoi Nous ordonnons à tous Bourgeois
& Habitans de cette Ville , d'allumer des
Feux devant leurs Portes, & d'illuminer leurs Fenêtres
; & à tous Marchands de tenir leur Bouti
ques fermées aujourd'hui & le jour qui fera indiqué
pour le Te Deum.Enjoignons expreffement
à tous Proprietaires & Locataires des Maifons
de faire fermer & boucher exactement les Fenêtres
, Lucarnes & generalement toutes les ouvertures
des Greniers des Maifons & autres endroits
dans lefquels il y auroit de la Paille , du
Foin , du Bois , ou autres matieres combustibles ,
& c.
Autre Ordonnance de Police , du 1 Septembre ,
qui ordonne que tous les Bourgeois & Habitans
de la Ville , feront tenus d'allumer des Feux devant
leurs Portes & d'illuminer leurs Fenêtres le
Samedy 2 du prefent mois , jour choifi pour le
Te Deum, qui fera chanté à Notre- Dame, à l'oc
cafion de la Naiffance de Monfeigneur le Duc
D'ANJOU & que tous les Marchands tiendront
leuis Boutiques fermées , &c.
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Résumé : « La Reine étant accouchée heureusement du Duc d'Anjou le 30. Août, à neuf [...] »
Le 30 août, la reine donna naissance au Duc d'Anjou à neuf heures du matin. La nouvelle fut annoncée à Paris par des salves de canon et des cloches sonnant jusqu'à minuit. Le Parlement, les cours supérieures et l'Assemblée du Clergé chantèrent un Te Deum en actions de grâces. Le Lieutenant Général de Police publia des ordonnances pour organiser les célébrations. La naissance du Duc d'Anjou, après celle du Dauphin, suscita une grande joie parmi les Français, notamment à Paris, où l'on espérait la perpétuation de l'Empire dans la famille royale. Pour éviter les accidents, le Lieutenant Général de Police ordonna aux Parisiens d'allumer des feux et d'illuminer leurs fenêtres, et aux marchands de fermer leurs boutiques. Une autre ordonnance du 1er septembre confirma ces instructions pour le Te Deum prévu le 2 septembre à Notre-Dame.
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850
p. 2090
Lettre du Roi à l'Archevêque de Paris [titre d'après la table]
Début :
MON COUSIN, les tendres témoignages que je reçois en toute occasion de l'amour & du [...]
Mots clefs :
Roi, Archevêque de Paris, Naissance du duc d'Anjou
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre du Roi à l'Archevêque de Paris [titre d'après la table]
La piété du Roy ne pût fouffrir aucun
délay ; le même jour de cette heureuſe
naiffance , S. M. écrivit la Lettre qui fuit
à M. l'Archevêque de Paris.
MON COUSIN , les tendres témoignages
que je reçois en toute occafion de l'amour & du
zele de mes Sujets , me rendent encore plus fenfible
aux Evenemens de mon Regne qui peuvent
contribuer à leur bonheur. Rien n'eft plus capable
d'en affurer la durée que la Naiffance d'un fecond
Fils , dont la Reine , ma très-chere Epouſe
& Compagne , vient d'être heureufement délivrée.
Cet Evenement eft une fuite des Bénédictions
qu'il plaît à Dieu de répandre fur moi &
fur mon Etat , il excite de plus en plus ma jufte
reconnoiffance envers la Providence Divine ; &
c'eft pour lui rendre les actions de graces qui lui
en font dues , & obtenir de fa bonté par les plus
ferventes Priéres , la confervation de fes préeieux
dons , que je vous fais cette Lettre , pour
vous dire que mon intention eft que vous faffiez
chanter le Te Deum en l'Eglife Métropolitaine de
ma bonne Ville de Paris , au jour & à l'heure que
le grand Maître ou le Maître des Cérémonies
vous dira de ma part. Sur ce, je prie Dieu qu'il
vous ait , mon Coufin , en fa fainte & digne garde.
Ecrite à Versailles le 30 Aouft 1730. Signé ,
LOUIS. Et plus bas , PHELYPEAUX . Et au dos
eft écrit : A mon Coufin l'Archevêque de Paris ,
Duc de S. Cloud , Pair de France , Commandeur
de mes Ordres.
délay ; le même jour de cette heureuſe
naiffance , S. M. écrivit la Lettre qui fuit
à M. l'Archevêque de Paris.
MON COUSIN , les tendres témoignages
que je reçois en toute occafion de l'amour & du
zele de mes Sujets , me rendent encore plus fenfible
aux Evenemens de mon Regne qui peuvent
contribuer à leur bonheur. Rien n'eft plus capable
d'en affurer la durée que la Naiffance d'un fecond
Fils , dont la Reine , ma très-chere Epouſe
& Compagne , vient d'être heureufement délivrée.
Cet Evenement eft une fuite des Bénédictions
qu'il plaît à Dieu de répandre fur moi &
fur mon Etat , il excite de plus en plus ma jufte
reconnoiffance envers la Providence Divine ; &
c'eft pour lui rendre les actions de graces qui lui
en font dues , & obtenir de fa bonté par les plus
ferventes Priéres , la confervation de fes préeieux
dons , que je vous fais cette Lettre , pour
vous dire que mon intention eft que vous faffiez
chanter le Te Deum en l'Eglife Métropolitaine de
ma bonne Ville de Paris , au jour & à l'heure que
le grand Maître ou le Maître des Cérémonies
vous dira de ma part. Sur ce, je prie Dieu qu'il
vous ait , mon Coufin , en fa fainte & digne garde.
Ecrite à Versailles le 30 Aouft 1730. Signé ,
LOUIS. Et plus bas , PHELYPEAUX . Et au dos
eft écrit : A mon Coufin l'Archevêque de Paris ,
Duc de S. Cloud , Pair de France , Commandeur
de mes Ordres.
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Résumé : Lettre du Roi à l'Archevêque de Paris [titre d'après la table]
Le roi Louis XV exprime sa joie et sa piété à la suite de la naissance de son fils, le 30 août 1730. Il écrit une lettre à l'archevêque de Paris pour partager cet événement. Le roi souligne les témoignages d'amour et de zèle de ses sujets et voit la naissance de son fils comme une bénédiction divine. Il souhaite assurer la durée de son règne et le bonheur de ses sujets. Louis XV demande à l'archevêque de faire chanter le Te Deum dans l'église métropolitaine de Paris, à une date et une heure à déterminer par le grand maître ou le maître des cérémonies. La lettre est adressée à son cousin, l'archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France et commandeur de ses ordres. Elle est signée par Louis XV et Philippeaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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