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1
p. 1428
TURQUIE.
Début :
Selon quelques Lettres de Constantinople, le Sultan Acheraf y étoit arrivé, accompagné [...]
Mots clefs :
Turquie
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texteReconnaissance textuelle : TURQUIE.
TURQUI E.
Elon quelques Lettres de Conftantinople , le
Sultan Acheraf y étoit arrivé , accompagné
de peu de perfonnes , ayant été obligé d'abandonner
ceux de fon parti , & de faire courir le
bruit qu'il avoit été affaffiné en voulant fe fouftraire
à la pourfuite du nouveau Roy de Perſe.
On a appris par ces Lettres que le Grand Seigneur
ne fortoit plus du Serail , & qu'il n'y
voyoit que fon fils Aîné , le Grand Vifir , l'Aga
des Janiffaires & fes Medecins ; & que S. H.avoit
envoyé mille bourfes à la Mecque pour obtenir
le rétabliffement de fa fanté , par les prieges des
Dervis qui deffervent la Mofquée de cette Ville.
Par d'autres Lettres du 9 May , on apprend
que
le Grand Seigneur fe portoit un peu mieux
depuis que S. H. faifoit ufage de certaine
Eau
Minérale , qu'un Médecin
de l'Ile de Chio lui
avoit confeillé de prendre ; qu'on avoit envoyé
ordre aux Commandans
des Troupes
qu'on a
fait défiler vers les Frontières de Perfe ; de prendre
toutes fortes de mefures pour la confervation
des Provinces
conquifes
fur ce Royaume
,
& d'empêcher
en même temps que les Soldats
ne commiffent
aucune hoftilité, parce que le Gr.
Seigneur
veut éviter d'entrer
en guerre avec le
nouveau Roy de Perſe.
Elon quelques Lettres de Conftantinople , le
Sultan Acheraf y étoit arrivé , accompagné
de peu de perfonnes , ayant été obligé d'abandonner
ceux de fon parti , & de faire courir le
bruit qu'il avoit été affaffiné en voulant fe fouftraire
à la pourfuite du nouveau Roy de Perſe.
On a appris par ces Lettres que le Grand Seigneur
ne fortoit plus du Serail , & qu'il n'y
voyoit que fon fils Aîné , le Grand Vifir , l'Aga
des Janiffaires & fes Medecins ; & que S. H.avoit
envoyé mille bourfes à la Mecque pour obtenir
le rétabliffement de fa fanté , par les prieges des
Dervis qui deffervent la Mofquée de cette Ville.
Par d'autres Lettres du 9 May , on apprend
que
le Grand Seigneur fe portoit un peu mieux
depuis que S. H. faifoit ufage de certaine
Eau
Minérale , qu'un Médecin
de l'Ile de Chio lui
avoit confeillé de prendre ; qu'on avoit envoyé
ordre aux Commandans
des Troupes
qu'on a
fait défiler vers les Frontières de Perfe ; de prendre
toutes fortes de mefures pour la confervation
des Provinces
conquifes
fur ce Royaume
,
& d'empêcher
en même temps que les Soldats
ne commiffent
aucune hoftilité, parce que le Gr.
Seigneur
veut éviter d'entrer
en guerre avec le
nouveau Roy de Perſe.
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Résumé : TURQUIE.
Le texte traite des événements impliquant le sultan Acheraf et le sultan ottoman, nommé le Grand Seigneur. Acheraf est parvenu à Constantinople avec une escorte réduite, ayant dû feindre sa mort pour échapper au nouveau roi de Perse. À Constantinople, le Grand Seigneur, souffrant de santé, réside au sérail et ne reçoit que son fils aîné, le grand vizir, l'aga des janissaires et ses médecins. Il a également envoyé des fonds à La Mecque pour obtenir des prières en faveur de sa guérison. Des lettres du 9 mai rapportent une légère amélioration de sa santé grâce à une eau minérale recommandée par un médecin de l'île de Chio. Par ailleurs, des ordres ont été donnés aux commandants des troupes aux frontières de Perse pour maintenir les provinces conquises et éviter les conflits avec le nouveau roi de Perse, afin d'éviter une guerre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1429-1434
RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Début :
Je n'entreprends pas de vous exprimer avec quel excès de joye notre Nation apprit la [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Jardin, Consul, Canon, Église
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
REJOUISSANCES faites à ( a )
Salonique par la Nation Françoife. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville.
J
E n'entreprends pas de vous exprimer avec
quel excès de joye notre Nation apprit la
grande nouvelle de la Naiffance de MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN ; je me contenterai de vous
faire en abregé un Récit ſimple & fidelle de toutes
les marques extérieures qu'elle en a données.
M. le Conful ayant reçu le 10 du mois de Novembre
dernier cette heureufe nouvelle , fit convoquer
une ailemblé générale de la Nation , laquelle
d'un fentiment unanime fut d'avis de faire
une Fête auffi brillante que la grandeur du fujet
le demandoit , & que la capacité des Gens du
Païs pourroit le permettre.
On donna autli -tôt les ordres néceffaires , mais
malgré la diligence dont on ufa, tout ne pût être
en état que le 27 du même mois.
La Fete commença ce même jour -là au lever
du Soleil , par un Salve de 150 Boetes , qu'on
tira dans la Cour de la Maifon Confulaire , aufquelles
on répondit par 200 coups de Canon , qui
furent tirez par les Batimens François qui fe
trouvoient dans cette Rade. Enfuite , tous les
Marchands François & les Capitaines fe rendirent
en Corps de Nation , le Député à leur tête ,
à la Maifon Confulaire, pour accompagner M. le
Conful à l'Eglife , où l'on devoit chanter le Te
Deum .
>
Le Conful étoit précedé de huit Janiffaires mitrez,&
portant leur long Bâton en main; de douze
Joueurs d'Inftrumens,de fix Drogmans Fran-
(a) C'est l'ancienne & celebre Ville de Thef-
Jalonique dans la Macedoine.
II. Vel. H pois
1430 MERCURE DE FRANCE
çois , & accompagné de tous les Marchands de
la Nation. Marchoient enfuite les Capitaines &
Officiers des Bâtimens , fuivis des Arafans &
Matelots François . Cette Marche fe fit avec beaucoup
d'ordre.
En arrivant à l'Eglife , le R. P. Tarillon , Su
périeur des Jefuites , vint recevoir le Conful à la
porte de la Cour , & le conduifit dans l'Eglife,
Lorfqu'on entonna le Te Deum , les cent icin
quante Boetes de la Maifon Confulaire , tirerent
pour la feconde fois , & furent fuivies de
tout le Canon des Bâtimens François. Le P. Su
perieur fit enfuite un Difcours fort éloquent.
Le Te Deum fut fuivi, à la fortie de l'Eglife , par
de grands cris de Vive le Roy. On reconduifig
M. le Conful dans fa Maifon , où il donna un
repas des plus fomptueux fur trois differentes
Tables.
- fix
La premiere Table , qui étoit de trente
Couverts , fut occupée par les Marchands de la
Nation , ayant le Conful à leur tête. La feconde
de quarante Couverts , fut occupée par les Capitaines
& Officiers des Bât mens ; & la troifiémo
Table , auffi de quarante couverts , fut occupée
par les Officiers de la Nation & par les Artifans
diſtinguez.
Après qu'on eut fervi le fruit qui étoit magnifique
, le Conful s'étant levé , il porta la fan.
té du Roy , à laquelle chacun fit raiſon par un
eris de Vive le Roy, qui fut réitéré plufieurs fois.
avec tant de force , qu'à peine pouvoit- on enten →
dre le bruit des Boetes & du Canon qu'on tiroit
en même temps. On but enfuite celle de la Reine,
de Monfeigneur le Dauphin & de toute la Fa
mille Royale , avec les Vivat , &c.
Les Gens du Pais qui n'avoient jamais rien v
de femblable,accouroient de toutes parts pour fa-
11. Vol.
tisfaire
JUIN. 2 1730. 1431
tisfaire leur curiofité , & pour participer à notre
joye. Les Buvcurs venoient en foule fe défalterer
auprès d'une Fontaine de Vin , qui coula depuis
le matin jufqu'à huit heures du foir dans un
grand Baffin , fitué devant la Maiſon Confulaire.
Les femmes qui venoient en troupe & à qui la
bienfceance ne permet gueres de fe montrer icy
en public, prirent du Caffé , du Sorbet, &c . Elles
avoient auffi le plaifir de voir danfer & d'entendre
jouer les Inftrumens que le Bacha Comman
dant de ' a Province , avoit envoyés pour honorer
la Fête .
Il avoit auffi envoyé vingt Janiflaires de la
Garde , avec ordre de fe tenir aux Fortes de la
Maiſon Confulaire , pour éviter la confufion &
prévenir les défordres qui auroient på arriver
parmi la populace de diverfes nations , que la curiofité
attiroit de toutes parts .
On avoit dreffé une Tente à l'entrée de la Mai
fon , au pied du Pavillon , où l'on diftribuoit le
Caffé à tous ceux qui en demandoient. Il fuffit de
dire que pendant les trois jours que la Fête dura,
il en fut confemmé plus de treize mille Taffes.
Le Repas fini , on diftribua au peuple quantité
de Dragées & de Confitures feches qu'on
jetta des Fenêtres en abondance. L'avidité & la
confufion du Peuple firent tant de plaifir aux
Spectateurs , que le Conful pour la faire durer
plus long- tems,s'en fit un de faire diftribuer de la
même maniere , quantité de pieces de
Avant que d'entrer dans le détail de ce qui fe
pafla à f'entrée de la nuit , il eft neceffaire de
donner icy une idée des Décorations qu'on avoit
placées dans toutes les avenues & aux endroits
Tes plus expofez à la vûë du Peuple.
monnoyes.
Je commencerai par la grande Porte de la ruë ¡
II. Vol. Hij Aus
1432 MERCURE DE FRANCE .
au-devant de laquelle étoit un beau Portique, or
né de verdure & entrelaffé de Banderolles, parfehées
de fleurs de Lys & de Dauphins couronnez,
d'où l'on voyoit en face une Piramide élevée ,
dans le milieude la grande allée, de la hauteur dé
foixante pieds , fur un Arc de Triomphe qui og
cupoit toute la largeur de l'Allée , garnie à droite
& à gauche de Laurier & de Myrthe , avec des
Banderolles femblables à celle du Portique , fur
lefquelles il y avoit alternativement une Fleur de
Lys & un Dauphin couronné. On avoit placé audeffus
de l'Arc de Triomphe un grand Tablcay
qui reprefentoit un Ange,de grandeur naturelie ,
& adoffé à la Piramide , lequel tenoit fufpendu
de la main droite , l'Ecu des armes du Roy , &
de la gauche , celics de la Reine que l'Ange cou
vroit également de fes aîles. Il y avoit au bas une
Corae d'abondance , d'où fortoit plufieurs Fleurs
& differens fruits , avec un Dauphin couronné ,
qui s'élevoit audeffus , & fur le fommet de la
Piramide on voyoit une Renommée.
Les Armes de France étoient élevées fur la
grande Porte d'entrée de la Maifon Confulaire ,
regardant celles du Dauphin placées à l'oppofite
fur des Arceaux de Verdure qui regnoient en
forme de Fer à Cheval autour du Baffin où étoit
la Fontaine de vin , dont on a parlé. Sur les
bords du Baffin on avoit mis de diftance en diftance
de grands Vafes , liez les uns aux autres
par des Feitons de verdure , & chaque Vafe portoit
un grand Chandelier à trois rangs , qui devoit
fervir à l'illumination . Dans la partie du
Jardin qui eft derriere la Maiſon du Ĉənful , il
y a deux grandes allées qui fe croifent dans le
milieu , lequelles étoient bordées de quantité
d'Arceaux de verdure, de la hauteur de dix pieds ,
fe fuccedant les uns aux autres juſqu'au fond du
Al. Vel.
Jardin
JUIN. 1730. 1433
Jardin , fur lefquels regnoit une espece de Corniche
pour porter les Cobelets pour l'illumina
tion. Ôn avoit auffi pofé fur les quatre Angles
des Arceaux de verdure qui formoient la croifée
des deux allées , quatre grandes Girandoles qui
s'élevoient au- deffus d'environ fix pieds ; & dans
un des quarrés du Jardin on avoit dreffé un
grand Feu de joye , fur le haut duquel s'élevoient
Ies Armes du Roy ; mais on ne jugea pas àà propos
d'allumer ce Feu de joye , crainte que ld
vent ne portât les étincelles fur les Maifons
voifines , toutes bâties de bois.
Cette premiere & magnifique journée fut termiuée
comme elle avoit commencé , par une
grande Salve de Canon , de Boetes & de toute
Artilerie des Bâtimens François. Auffi- tôr
après on commença les Illuminations avec tant
de diligence qu'en moins d'une demie heure , le
comble de la Maifon Confulaire , la Piramide
les Allées , & generalement tous les Murs qui
forment l'enceinte de ce vafte Enclos , furent
éclairez d'une clarté fi brillante , qu'elie ramena
le jour , malgré l'obfcurité de la nuit.
Cette illumination étoit compofée de plus de
euf mille Gobelers ,fur lefquels étoient repréfentées
des Figurs de Lys, des Dauphins couronnez
, &c. & ils furent renouvellez pendant trois
foirs confécutifs . On fit en même tems arborer
un Pavillon tout enflammé,compofé de quantité
de petits Fanaux , fufpendus en l'air par une infinité
de Cordes tres -fines , qu'on ne pouvoit ap
percevoir que de fort près.
Les Capitaines François à qui on avoit fait di
ftribuerunegrande quantité de Bougies & de Go
belets , voulurent auffi donner des marques de
feur joye , en faifant illuminer leurs Vaiffeaux .
Ils y travaillerent tous avec ardeur, & ils eurent
II. Vol Hiij. tous
1434 MERCURE DE FRANCE
tous le même fuccès . C'étoient des Bâtimens tout
en feu , qui par la multitude des lumieres dont
ils brilloient , & par l'arrangement avec lequel
elles étoient diftribuées , produifoient un effet
enchanté, ce qui fut encore relevé par une infinité
de Fufées volantes , qui s'élevant à travers
cette clarté, alloient à la rencontre de celles qu'on
jettoit de la Maifon Confulaire.
Tout ce charmant Spectacle fe découvroit de
la Ville , & faifoit l'admiration de tout le monde,
& principalement des Turcs qui en habitent la
hauteur , bâtie en amphithéatre."
Cependant tout le monde fut charmé de la
magnificence avec laquelle on avoit paré la grande
Sale où fe donna le Bal; elle étoit tendue d'une
riche Tapifferie , éclairée de plufieurs Luftres de-
Criftal & de quantité de Girandoles, de Bras ,& c;
On prefenta , fans diftinction , pendant tout le
temps du Bal , tous les rafraichiffemens qu'on
pouvoit défirer dans cette faifon. Il dura jufqu'à
deux heures du matin que chacun le retira , mais
ce ne fut que pour recommencer bien- tôt après ;
les Démonftrations de joye qui avoient duré pendant
cette premiere journée , & qu'on continua
encore pendant deux autres jours , avec autant
d'éclat & de magnificence qu'on en avoit fait
paroître le premier jour de la Fête.
Salonique par la Nation Françoife. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville.
J
E n'entreprends pas de vous exprimer avec
quel excès de joye notre Nation apprit la
grande nouvelle de la Naiffance de MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN ; je me contenterai de vous
faire en abregé un Récit ſimple & fidelle de toutes
les marques extérieures qu'elle en a données.
M. le Conful ayant reçu le 10 du mois de Novembre
dernier cette heureufe nouvelle , fit convoquer
une ailemblé générale de la Nation , laquelle
d'un fentiment unanime fut d'avis de faire
une Fête auffi brillante que la grandeur du fujet
le demandoit , & que la capacité des Gens du
Païs pourroit le permettre.
On donna autli -tôt les ordres néceffaires , mais
malgré la diligence dont on ufa, tout ne pût être
en état que le 27 du même mois.
La Fete commença ce même jour -là au lever
du Soleil , par un Salve de 150 Boetes , qu'on
tira dans la Cour de la Maifon Confulaire , aufquelles
on répondit par 200 coups de Canon , qui
furent tirez par les Batimens François qui fe
trouvoient dans cette Rade. Enfuite , tous les
Marchands François & les Capitaines fe rendirent
en Corps de Nation , le Député à leur tête ,
à la Maifon Confulaire, pour accompagner M. le
Conful à l'Eglife , où l'on devoit chanter le Te
Deum .
>
Le Conful étoit précedé de huit Janiffaires mitrez,&
portant leur long Bâton en main; de douze
Joueurs d'Inftrumens,de fix Drogmans Fran-
(a) C'est l'ancienne & celebre Ville de Thef-
Jalonique dans la Macedoine.
II. Vel. H pois
1430 MERCURE DE FRANCE
çois , & accompagné de tous les Marchands de
la Nation. Marchoient enfuite les Capitaines &
Officiers des Bâtimens , fuivis des Arafans &
Matelots François . Cette Marche fe fit avec beaucoup
d'ordre.
En arrivant à l'Eglife , le R. P. Tarillon , Su
périeur des Jefuites , vint recevoir le Conful à la
porte de la Cour , & le conduifit dans l'Eglife,
Lorfqu'on entonna le Te Deum , les cent icin
quante Boetes de la Maifon Confulaire , tirerent
pour la feconde fois , & furent fuivies de
tout le Canon des Bâtimens François. Le P. Su
perieur fit enfuite un Difcours fort éloquent.
Le Te Deum fut fuivi, à la fortie de l'Eglife , par
de grands cris de Vive le Roy. On reconduifig
M. le Conful dans fa Maifon , où il donna un
repas des plus fomptueux fur trois differentes
Tables.
- fix
La premiere Table , qui étoit de trente
Couverts , fut occupée par les Marchands de la
Nation , ayant le Conful à leur tête. La feconde
de quarante Couverts , fut occupée par les Capitaines
& Officiers des Bât mens ; & la troifiémo
Table , auffi de quarante couverts , fut occupée
par les Officiers de la Nation & par les Artifans
diſtinguez.
Après qu'on eut fervi le fruit qui étoit magnifique
, le Conful s'étant levé , il porta la fan.
té du Roy , à laquelle chacun fit raiſon par un
eris de Vive le Roy, qui fut réitéré plufieurs fois.
avec tant de force , qu'à peine pouvoit- on enten →
dre le bruit des Boetes & du Canon qu'on tiroit
en même temps. On but enfuite celle de la Reine,
de Monfeigneur le Dauphin & de toute la Fa
mille Royale , avec les Vivat , &c.
Les Gens du Pais qui n'avoient jamais rien v
de femblable,accouroient de toutes parts pour fa-
11. Vol.
tisfaire
JUIN. 2 1730. 1431
tisfaire leur curiofité , & pour participer à notre
joye. Les Buvcurs venoient en foule fe défalterer
auprès d'une Fontaine de Vin , qui coula depuis
le matin jufqu'à huit heures du foir dans un
grand Baffin , fitué devant la Maiſon Confulaire.
Les femmes qui venoient en troupe & à qui la
bienfceance ne permet gueres de fe montrer icy
en public, prirent du Caffé , du Sorbet, &c . Elles
avoient auffi le plaifir de voir danfer & d'entendre
jouer les Inftrumens que le Bacha Comman
dant de ' a Province , avoit envoyés pour honorer
la Fête .
Il avoit auffi envoyé vingt Janiflaires de la
Garde , avec ordre de fe tenir aux Fortes de la
Maiſon Confulaire , pour éviter la confufion &
prévenir les défordres qui auroient på arriver
parmi la populace de diverfes nations , que la curiofité
attiroit de toutes parts .
On avoit dreffé une Tente à l'entrée de la Mai
fon , au pied du Pavillon , où l'on diftribuoit le
Caffé à tous ceux qui en demandoient. Il fuffit de
dire que pendant les trois jours que la Fête dura,
il en fut confemmé plus de treize mille Taffes.
Le Repas fini , on diftribua au peuple quantité
de Dragées & de Confitures feches qu'on
jetta des Fenêtres en abondance. L'avidité & la
confufion du Peuple firent tant de plaifir aux
Spectateurs , que le Conful pour la faire durer
plus long- tems,s'en fit un de faire diftribuer de la
même maniere , quantité de pieces de
Avant que d'entrer dans le détail de ce qui fe
pafla à f'entrée de la nuit , il eft neceffaire de
donner icy une idée des Décorations qu'on avoit
placées dans toutes les avenues & aux endroits
Tes plus expofez à la vûë du Peuple.
monnoyes.
Je commencerai par la grande Porte de la ruë ¡
II. Vol. Hij Aus
1432 MERCURE DE FRANCE .
au-devant de laquelle étoit un beau Portique, or
né de verdure & entrelaffé de Banderolles, parfehées
de fleurs de Lys & de Dauphins couronnez,
d'où l'on voyoit en face une Piramide élevée ,
dans le milieude la grande allée, de la hauteur dé
foixante pieds , fur un Arc de Triomphe qui og
cupoit toute la largeur de l'Allée , garnie à droite
& à gauche de Laurier & de Myrthe , avec des
Banderolles femblables à celle du Portique , fur
lefquelles il y avoit alternativement une Fleur de
Lys & un Dauphin couronné. On avoit placé audeffus
de l'Arc de Triomphe un grand Tablcay
qui reprefentoit un Ange,de grandeur naturelie ,
& adoffé à la Piramide , lequel tenoit fufpendu
de la main droite , l'Ecu des armes du Roy , &
de la gauche , celics de la Reine que l'Ange cou
vroit également de fes aîles. Il y avoit au bas une
Corae d'abondance , d'où fortoit plufieurs Fleurs
& differens fruits , avec un Dauphin couronné ,
qui s'élevoit audeffus , & fur le fommet de la
Piramide on voyoit une Renommée.
Les Armes de France étoient élevées fur la
grande Porte d'entrée de la Maifon Confulaire ,
regardant celles du Dauphin placées à l'oppofite
fur des Arceaux de Verdure qui regnoient en
forme de Fer à Cheval autour du Baffin où étoit
la Fontaine de vin , dont on a parlé. Sur les
bords du Baffin on avoit mis de diftance en diftance
de grands Vafes , liez les uns aux autres
par des Feitons de verdure , & chaque Vafe portoit
un grand Chandelier à trois rangs , qui devoit
fervir à l'illumination . Dans la partie du
Jardin qui eft derriere la Maiſon du Ĉənful , il
y a deux grandes allées qui fe croifent dans le
milieu , lequelles étoient bordées de quantité
d'Arceaux de verdure, de la hauteur de dix pieds ,
fe fuccedant les uns aux autres juſqu'au fond du
Al. Vel.
Jardin
JUIN. 1730. 1433
Jardin , fur lefquels regnoit une espece de Corniche
pour porter les Cobelets pour l'illumina
tion. Ôn avoit auffi pofé fur les quatre Angles
des Arceaux de verdure qui formoient la croifée
des deux allées , quatre grandes Girandoles qui
s'élevoient au- deffus d'environ fix pieds ; & dans
un des quarrés du Jardin on avoit dreffé un
grand Feu de joye , fur le haut duquel s'élevoient
Ies Armes du Roy ; mais on ne jugea pas àà propos
d'allumer ce Feu de joye , crainte que ld
vent ne portât les étincelles fur les Maifons
voifines , toutes bâties de bois.
Cette premiere & magnifique journée fut termiuée
comme elle avoit commencé , par une
grande Salve de Canon , de Boetes & de toute
Artilerie des Bâtimens François. Auffi- tôr
après on commença les Illuminations avec tant
de diligence qu'en moins d'une demie heure , le
comble de la Maifon Confulaire , la Piramide
les Allées , & generalement tous les Murs qui
forment l'enceinte de ce vafte Enclos , furent
éclairez d'une clarté fi brillante , qu'elie ramena
le jour , malgré l'obfcurité de la nuit.
Cette illumination étoit compofée de plus de
euf mille Gobelers ,fur lefquels étoient repréfentées
des Figurs de Lys, des Dauphins couronnez
, &c. & ils furent renouvellez pendant trois
foirs confécutifs . On fit en même tems arborer
un Pavillon tout enflammé,compofé de quantité
de petits Fanaux , fufpendus en l'air par une infinité
de Cordes tres -fines , qu'on ne pouvoit ap
percevoir que de fort près.
Les Capitaines François à qui on avoit fait di
ftribuerunegrande quantité de Bougies & de Go
belets , voulurent auffi donner des marques de
feur joye , en faifant illuminer leurs Vaiffeaux .
Ils y travaillerent tous avec ardeur, & ils eurent
II. Vol Hiij. tous
1434 MERCURE DE FRANCE
tous le même fuccès . C'étoient des Bâtimens tout
en feu , qui par la multitude des lumieres dont
ils brilloient , & par l'arrangement avec lequel
elles étoient diftribuées , produifoient un effet
enchanté, ce qui fut encore relevé par une infinité
de Fufées volantes , qui s'élevant à travers
cette clarté, alloient à la rencontre de celles qu'on
jettoit de la Maifon Confulaire.
Tout ce charmant Spectacle fe découvroit de
la Ville , & faifoit l'admiration de tout le monde,
& principalement des Turcs qui en habitent la
hauteur , bâtie en amphithéatre."
Cependant tout le monde fut charmé de la
magnificence avec laquelle on avoit paré la grande
Sale où fe donna le Bal; elle étoit tendue d'une
riche Tapifferie , éclairée de plufieurs Luftres de-
Criftal & de quantité de Girandoles, de Bras ,& c;
On prefenta , fans diftinction , pendant tout le
temps du Bal , tous les rafraichiffemens qu'on
pouvoit défirer dans cette faifon. Il dura jufqu'à
deux heures du matin que chacun le retira , mais
ce ne fut que pour recommencer bien- tôt après ;
les Démonftrations de joye qui avoient duré pendant
cette premiere journée , & qu'on continua
encore pendant deux autres jours , avec autant
d'éclat & de magnificence qu'on en avoit fait
paroître le premier jour de la Fête.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à (a) Salonique par la Nation Françoise. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Le texte décrit les célébrations organisées par la Nation Française à Salonique (Thessalonique) à l'annonce de la naissance du Dauphin. Le 10 novembre, le consul reçut la nouvelle et convoqua une assemblée générale pour préparer une fête. Malgré les préparatifs rapides, les réjouissances débutèrent le 27 novembre avec un salut de 150 coups de fusil et 200 coups de canon tirés par les navires français. Les marchands, capitaines et officiers français se rendirent à l'église pour chanter le Te Deum, précédés par des janissaires, musiciens et drogmans. Le consul, accueilli par le supérieur des Jésuites, fut suivi par une procession ordonnée. Après le Te Deum, des cris de 'Vive le Roy' retentirent, suivis d'un repas somptueux avec trois tables distinctes pour les marchands, les capitaines et les artisans. Des toasts furent portés à la famille royale, accompagnés de salves de canon et de fusillades. La population locale, curieuse et joyeuse, se rassembla pour participer aux festivités. Une fontaine de vin fut installée, et des rafraîchissements furent offerts aux femmes. Des janissaires furent déployés pour maintenir l'ordre. Des décorations, incluant un portique, une pyramide et des banderoles, furent érigées. La nuit, une illumination spectaculaire éclaira la maison consulaire et les navires français, accompagnée de feux d'artifice. Les festivités se poursuivirent pendant trois jours, avec des illuminations renouvelées chaque soir et un bal somptueux dans la grande salle tendue de tapisseries riches et éclairée par des lustres et girandoles. Les réjouissances se terminèrent par des démonstrations de joie continuées avec le même éclat pendant deux jours supplémentaires.
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3
p. 1434-1435
RUSSIE.
Début :
La Czarine a fait dire au Comte de Wratislaw Ambassadeur Extraordinaire de l'Empereur, [...]
Mots clefs :
Troupes, Tsarine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE .
A Czarine a fait dire au Comte de Wratislaw,
Antalladeur Extraordinaire de l'Empereur
qu'elle ne pourroit pas fournir cette année à
S. M. I. les 30000. hommes promis par les
Traités faits il y a trois ou quatre ans , parcequ'elle
avoit befoin de toutes fes Troupes pour
conferver les Provinces conquifes fur la Perfe
II. Vol. ayant
JUIN. 1730 1435
ayant reçu des avis certains que le Sultan Schach
Thamas avoit pris la réfolution de faire tous fes
efforts pour fe remettre en poffeffion de ces Provinces
, auffi -tôt qu'il auroit diffipé le refte de
l'Armée du Sultan Acheraf.
On a appris depuis que le nouveau Roi de
Perfe envoyoit à Mofcou un Ambaffadeur pour
complimenter la Czarine fur fon Avenement à la
Couronne , & que ce Prince avoit permis aux
Mofcovites de négocier à Ipaham en toute li
berté.
On a fait équiper à Cronstadt quatre Vaiſſeaux
de Guerre & cinq Frégates pour former une Ef
cadre qui fera commandée par le Contre- Amiral
Kas. On ne fçait pas pour quelle expedition.
A Czarine a fait dire au Comte de Wratislaw,
Antalladeur Extraordinaire de l'Empereur
qu'elle ne pourroit pas fournir cette année à
S. M. I. les 30000. hommes promis par les
Traités faits il y a trois ou quatre ans , parcequ'elle
avoit befoin de toutes fes Troupes pour
conferver les Provinces conquifes fur la Perfe
II. Vol. ayant
JUIN. 1730 1435
ayant reçu des avis certains que le Sultan Schach
Thamas avoit pris la réfolution de faire tous fes
efforts pour fe remettre en poffeffion de ces Provinces
, auffi -tôt qu'il auroit diffipé le refte de
l'Armée du Sultan Acheraf.
On a appris depuis que le nouveau Roi de
Perfe envoyoit à Mofcou un Ambaffadeur pour
complimenter la Czarine fur fon Avenement à la
Couronne , & que ce Prince avoit permis aux
Mofcovites de négocier à Ipaham en toute li
berté.
On a fait équiper à Cronstadt quatre Vaiſſeaux
de Guerre & cinq Frégates pour former une Ef
cadre qui fera commandée par le Contre- Amiral
Kas. On ne fçait pas pour quelle expedition.
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Résumé : RUSSIE.
En juin 1730, la czarine de Russie informe le Comte de Wratislaw, ambassadeur extraordinaire de l'Empereur, qu'elle ne peut pas fournir les 30 000 hommes promis par les traités antérieurs. Cette décision est justifiée par la nécessité de conserver les provinces conquises sur la Perse. La czarine a appris que le sultan Shah Thamas prévoit de récupérer ces provinces dès que l'armée du sultan Acheraf sera dissipée. Par ailleurs, le nouveau roi de Perse envoie un ambassadeur à Moscou pour féliciter la czarine de son avènement au trône et autorise les Moscovites à négocier librement à Ipaham. De plus, quatre vaisseaux de guerre et cinq frégates ont été équipés à Cronstadt pour former une escadre commandée par le contre-amiral Kas, dont la destination reste inconnue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1435-1436
ALLEMAGNE.
Début :
La petite Ville d'Enzerstoff, située au-delà du Danube, dans le Diocèse de Freisengen, à 4. [...]
Mots clefs :
Troupes, Allemagne, Empereur d'Italie
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE,
A petite Ville d'Enzerftoff , fituée au - delà du
Danube, dans le Diocèfe de . Freifengen, à 4
lieues de Vienne , compofée d'environ 600. Maifons
, fut réduite en cendres le 14. Juin par la
faute d'un Vigneron , chez qui le feu commença.
L'Eglife feule eft restée de cet incendie .
Le 7. Mai on fit à Maydampuk , dans le Banat
de Temefvar , l'ouverture d'une Mine de'
cuivre nouvellement découverte qui eft extrêmement
abondante ,
Le 14. Juin , le Comte de Mercy partit de
Vienne pour aller commander en Chef les Trou
pes de l'Empereur en Italie.
Les Lettres de Dantzick portent que le Duc
Charles Leopold de Meckelbourg en devoit partir
pour les Etats , après avoir paffé quelques jours
au Monaftere d'Oliva , où il a eu plufieurs Conferences
avec diverfes perfonnes inconnues. On
apprend de Schwerin que ce Prince y étoit ar-
II. Vol. rivé,
HE
136 MERCURE DE FRANCE
rivé , qu'il y avoit fait venir de Domitz fes-
Miniftres & fa Chancellerie ; qu'il avoit réfolu
d'y faire fa réfidence , & d'y lever une Compa-.
gnie de Gardes à Cheval ; que fa Cour devenoit
fort nombreufe , qu'il avoit renforcé la Garniſon
de cette Place ; que la Commiffion Imperiale de
Roftock avoit dépeché un. Courrier à Vienne
pour demander de nouvelles inftructions au fu→
jet de l'arrivée du Duc Charles Leopold dans fes
Etats , & qu'en attendant la réponſe elle avoit
fait publier une Ordonnance par laquelle il eft
défendu à la Nobleffe , aux Officiers de Juftice &
aux autres habitans du Duché , d'obéïr aux oFdres
que ce Prince pourroit donner contre l'execution
des Decrets de la Commiffion.
La même Commiffion a fait déchirer le dernier
Mandement que le Duc Charles Leopold de
Meckelbourg avoit fait afficher dans divers endroits
de fon Duché , & elle a fait arrêter quelques
Baillifs qui ont enrôlé , des Payfans pour le
fervice de ce Prince . On a renforcé les Troupes
d'execution qui occupent differens poftes entre-
Schwerin & Domitz, afin d'empêcher la communication
entre ces deux Villes , & de prévenir
les forties que les Garnifons pourroient faire. Les
Troupes Mofcovites qui font en quartier fur les
Frontieres de Lithuanie ont ordre de fe tenir prê- ·
tes à marcher , ce qui fait croire qu'elles feront
quelque entrepriſe en faveur du Duc de Meckelbourg
, fi la Commiffion Imperiale continue de
faire fes pourfuites pour les frais d'execution.
dont elle veut être payée avant que de faire retirer
fes Troupes.
A petite Ville d'Enzerftoff , fituée au - delà du
Danube, dans le Diocèfe de . Freifengen, à 4
lieues de Vienne , compofée d'environ 600. Maifons
, fut réduite en cendres le 14. Juin par la
faute d'un Vigneron , chez qui le feu commença.
L'Eglife feule eft restée de cet incendie .
Le 7. Mai on fit à Maydampuk , dans le Banat
de Temefvar , l'ouverture d'une Mine de'
cuivre nouvellement découverte qui eft extrêmement
abondante ,
Le 14. Juin , le Comte de Mercy partit de
Vienne pour aller commander en Chef les Trou
pes de l'Empereur en Italie.
Les Lettres de Dantzick portent que le Duc
Charles Leopold de Meckelbourg en devoit partir
pour les Etats , après avoir paffé quelques jours
au Monaftere d'Oliva , où il a eu plufieurs Conferences
avec diverfes perfonnes inconnues. On
apprend de Schwerin que ce Prince y étoit ar-
II. Vol. rivé,
HE
136 MERCURE DE FRANCE
rivé , qu'il y avoit fait venir de Domitz fes-
Miniftres & fa Chancellerie ; qu'il avoit réfolu
d'y faire fa réfidence , & d'y lever une Compa-.
gnie de Gardes à Cheval ; que fa Cour devenoit
fort nombreufe , qu'il avoit renforcé la Garniſon
de cette Place ; que la Commiffion Imperiale de
Roftock avoit dépeché un. Courrier à Vienne
pour demander de nouvelles inftructions au fu→
jet de l'arrivée du Duc Charles Leopold dans fes
Etats , & qu'en attendant la réponſe elle avoit
fait publier une Ordonnance par laquelle il eft
défendu à la Nobleffe , aux Officiers de Juftice &
aux autres habitans du Duché , d'obéïr aux oFdres
que ce Prince pourroit donner contre l'execution
des Decrets de la Commiffion.
La même Commiffion a fait déchirer le dernier
Mandement que le Duc Charles Leopold de
Meckelbourg avoit fait afficher dans divers endroits
de fon Duché , & elle a fait arrêter quelques
Baillifs qui ont enrôlé , des Payfans pour le
fervice de ce Prince . On a renforcé les Troupes
d'execution qui occupent differens poftes entre-
Schwerin & Domitz, afin d'empêcher la communication
entre ces deux Villes , & de prévenir
les forties que les Garnifons pourroient faire. Les
Troupes Mofcovites qui font en quartier fur les
Frontieres de Lithuanie ont ordre de fe tenir prê- ·
tes à marcher , ce qui fait croire qu'elles feront
quelque entrepriſe en faveur du Duc de Meckelbourg
, fi la Commiffion Imperiale continue de
faire fes pourfuites pour les frais d'execution.
dont elle veut être payée avant que de faire retirer
fes Troupes.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 14 juin, la ville d'Enzerftoff, située au-delà du Danube dans le diocèse de Freisfingen, a été entièrement détruite par un incendie causé par la négligence d'un vigneron, seule l'église a survécu. Le même jour, le Comte de Mercy a quitté Vienne pour prendre le commandement des troupes impériales en Italie. Le 7 mai, une nouvelle mine de cuivre abondante a été découverte à Maydampuk, dans le Banat de Temesvar. Le Duc Charles Léopold de Mecklembourg a quitté le monastère d'Oliva pour Schwerin, où il a établi sa résidence et renforcé la garnison. La commission impériale de Rostock a interdit à la noblesse et aux habitants du duché d'obéir aux ordres du duc, contraires aux décrets de la commission. Les troupes moscovites aux frontières de Lituanie sont prêtes à intervenir en faveur du duc si la commission impériale poursuit ses actions.
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5
p. 1437-1447
Camp de Mulhberg.
Début :
On parle dans toute l'Allemagne du Camp de Mulhberg en Saxe, où le Roi de Pologne [...]
Mots clefs :
Saxe, Roi de Pologne, Troupes, Armée, Canon, Infanterie, Généraux, Artillerie, Mülhberg
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texteReconnaissance textuelle : Camp de Mulhberg.
Camp de Mulhberg.
N parle dans toute l'Allemagne du Camp
de Mulhberg en Saxe , où le Roi de Pologne
a fait camper une grande quantité de Troupes
d'élite , & où ce Prince donne une fête militaire,
digne d'un grand Roi .
Toute l'Armée eft habillée de neuf, & avec autant
de propreté & d'uniformité pour les Cavaliers
, & les Soldats que de richeffe & de goût
pour les Officiers qui ont chacun jufqu'à trois
habits d'un uniforme varié feulement par les
differens agrémens où l'or & l'argent font employés
avec art pour produire un coup d'oeil
magnifique & brillant.:
La fituation du Camp eft des plus agréables ,
le fuperbe Pavillon du Roi & les magnifiques
Tentes qui l'environnent, font fur une éminence,
d'où l'on découvre toute l'Armée , campée fur
deux lignes dans une belle Plaine , arrofée par
la Riviere d'Elbe . Les Troupes les plus magnifi-
.ques , & qui fe font diftinguer dans ce fuperbe
Camp , font les Gardes du Corps de S. M. P. Les
Chevaliers Gardes , les Grands Moufquetaires ,
les Carabiniers , les Gardes à pied & les Cuiraffiers.
Le 31. Mai , le Roi fortit du Camp pour alfer
audevant du Roi de Pruffe. S. M. étoit à la
tête des Chevaliers de l'Aigle Blane , au nombić
de 36. & accompagnée de 160 Princes , Generaux ,
Miniftres & autres Seigneurs. Le Prince Royal
étoit fuivi des Militaires . Les deux Rois fe ren
contrerent à une demie lieue du Camp , où ils
s'embrafferent avec des marques les plus vives
de la plus parfaite amitié , & après avoir dejeuné
fous une Tente magnifique à demi ouverte , ils
11. Vola Hy viurent
1438 MERCURE DE FRANCE
L
vinrent au Camp. Le Roi de Pruffe étoit à Cheval
avec le Prince Royal fon fils , accompagné
de plufieurs Princes , Generaux , Colonels & c . au
nombre de plus de 150. L. M. étoient fuivies de
9. Cavaliersarmés de pié en cap , portant des drapeaux
& une queue de Cheval , comme auffi d'une
Troupe de Huffars armés d'Arcs & de Fleches.
Le premier Juin l'Armée marcha , commandée
par le Prince Royal de Pologne , & fe rangea
fur deux lignes , dont chacune contenoit une
étendue de trois quarts de lieue. L. M. & les
Princes & Generaux de leur nombreuſe & brillante
fuite , des deux fexes , à Cheval & en Caroffe
, les parcoururent d'un côté & d'autre. Le Roi
de Pruffe étoit toujours accompagné de quatre
jeunes Turcs habillés de drap d'or. Les deux
Rois s'étant enfuite retirez fous leurs Tentes. ,
ils furent falués par une falve de 60. pieces de
Canons , & L. M. virent défiler toute l'Armée
par Regimens..
Le lendemain , le Roi de Pologne s'étant trouvé
fatigué , nomma la Princeffe Royale fa Bru ,
pour faire les honneurs du Repas , & S. A. s'en
acquita très bien. On mangea fous une Tente à
la Turque , fur une Table de 40. Couverts , toute
fervie en vaiffelle de vermeil doré , & avec la plus
grande délicateffe & plus grande abondance.
Le 3. les deux Rois dinerent enfemble dans le
Quartier du Roi de Pologne, avec plufieurs Princes
, Generaux & antres Seigneurs. Vers les fix
heures , peu de tems après le diné , il y eut Comédie
Italienne..
Le 4. à quatre heures du matin , les 4. Re--
gimens de Dragons marcherent fur deux colomnes
, & enfuite s'étant mis en parade , firent leur
Exercice & diverſes évolutions à Cheval & à pied
II. Vola jufqu'à
JUIN. 1730. 1439
que
jufqu'à 2. heures après midi . Ils pratiquerent la
nouvelle maniere de coupler les Chevaux ' ,
S. M. P. fait introduire dans fon Armée , & qui
a divers avantages , fur tout celui de pouvoir
former un front de Bataillon , & par là couvrir
les Chevaux & c. Le Roi de Pruffe alla diner ,
accompagné de quelques Generaux , chez le Duc
Jean Adelphe Weifenfels . Le Prince Royal de
Pruffe dina avec le Roi de Pologne & les Dames.
Le foir il y eat Comédie & Bal à la Cour.
Le s .
elle
la Cavalerie fit fes Exercices , compofée
de 24. Efcadrons des Gardes du Corps , des Carabiniers
& des 3. Regimens de Cuiraffiers . Elle
marcha fur quatre Colomnes vers le Pavillon
Royal , où s'étant formée fur deux lignes ,
fit plufieurs mouvemens , marches , attaques &c.
& forma enfuite un quarré , dont le Pavillon du
Roi étoit le centre , & elle rentra dans le Camp
fur une Colomne , en tournant autour du Pavil
Jon Royal.
Le 6. il y eut Concert de voix & d'Inftrumens
&c.
Les Rois de Pologne & de Pruffe ayant été indifpofés
pendant quelques jours , & L. M. étant
parfaitement rétablies , le 10. elles fe rendirent
avec leur fuite au Pavilion , éloigné d'une portée´
de Canon du centre de la premiere ligne de l'Armée
, pour voir l'Exercice de l'lafanterie. Ce
Pavilon eft conftruit de charpente , orné de
peintures & de dorures de très bon goût , élevé
fur une hauteur qui domine fur toute la Plaine.
L'Infanterie qui étoit fortie du Camp dès le
matin , avoit formé autour de ce Pavillon un'
quarré , dont chaque flanc étoit compofé de fixt
Bataillons. On commença par les évolutions des
armes , & on pratiqua enfuite les differentes manieres
de charger par rangs , par pelotons , par
1 Vel. H vj demi
1440 MERCURE DE FRANCE
demi divifions , par divifions entieres & par hayes,
où les Grenadiers jetterent quantité de Grenades
vers le milieu du quarré &c. Après cet Exercice
& diverfes autres évolutions , L. M. allerent diner
à leur quartier. C'eſt un quarré gardé par des
Janiflaires & par une Garde de Cadets , où des
Soldats Turcs , avec des Veſtes de drap d'or ,
& des efpeces de Turbans de velours cramoifi ,
font la garde devant la Tente de ces deux Rois ,
& où l'on voit auffi des Hongrois en habits
d'écarlate , avec des galons & des franges d'or.
Il y a encore douze Gardes qu'on nomme Peckins
, auffi habillés d'écarlate avec des bonnets
de velours noir , bródés d'argent , & une aigrette
de plumes blanches , tenant chacun une hache
d'argent. Le milieu de ce qnarré eft occupé par
une grande Sale tendue de damas cramoifi &
jaune . Cette Sale eft percée de 4. portes par
lef
quelles on entre dans quatre Galeries , qui aboutiffent
à autant de Cabinets , à côté defquels il y
a 8. Tentes à la Turque , ornées de riches étoffes .
Quatre grandes Tentes qui fervent de Sale à
manger , font contigues à ces Cabinets.
>
On a fervi tous les jours trois Tables de 24
Couverts chacune ; les deux Rois mangent à la
premiere , L. A. R. à la feconde , & la troifiéme
eft deftinée pour les Officiers Generaux des deux
Cours ; ces Tables font fervies en vaiffelle de vermeil
doré. Il y a outre cela cinq autres Tables
auffi de 24. Couverts chacune , fervies en vaiffelle
d'argent pour les Hauts Officiers & les
Etrangers. Un Officier de diftinction de la Maifon
du Roi fait les honneurs de chaque Table.
Le Roi de Pologne eft logé dans un Palais
qu'il a fait conftruire exprès, à une portée de pif
tolet du Quarré dont on vient de parler . Le Roi
de Pruffe y eft auffi logé, avec le Prince Royal
on fils , & toute fa Cour. Dans
JUIN. 1730. 1441
DO
52
ם כ
Dans une Lettre écrite de ce Camp , on s'exprime
ainfi : » Je fuis, bien fâché que vous ne
foyez pas à portée de voir ce corps d'armée ++
en verité on ne fçauroit donner une idée de la
magnificence de l'Armée de Darius , que par
celle-cy. Il n'y a point de Sous - Lieutenant de
Cavalerie , dont le Cheval avec le harnois ne
→ vaille au moins mille écus. Il y a trois Tables
» chez le Roy , de 24. Couverts chacune , fervies
en vaiffelle d'or , & plufieurs autres au nombre
" de 300. Couverts , en vaiffelle d'argent. Les
Tentes feules du Quartier du Roi , font eftimées
deux millions. Ce qu'on voit de toutes fortes
» de Voitures , Caroffes , Chaifes & Chevaux de
» felle pour les Etrangers & pour les Dames , elt
» inconcevable. On diftingue ici des Officiers Ge-
» neraux & autres de toutes les Troupes de l'Europe
, & un concours infini d'Etrangers de toutes
Nations.Je ne fçai fi le calcul eft jufte , mais
on compte qu'outre les Troupes , il y a 300
mille ames dans le Camp ou aux environs.
» Au refte , il n'eft queftion ici que de Colon-
» nes , dans le gout de celles du Livre du Chevalier
de Follard ; petits & grands , tout le monde
fe mêle de faire des Colonnes . Il y a un jour
» destiné exprès , où toute l'Infanterie ne fera
පා que des Colonnes ; & le Roi de Pruffe , qui y
» étoit totalement oppofé it y. a deux ans , s'eft
» enfin rendu à l'opinion de l'Auteur de ce Livre
» & à la mienne , fur le fait des Colonnes.
37
םכ
»Le Roi de Pologne m'a fait l'honneur de me
dire qu'il feroit deffiner toutes les évolutions
qui fe font faites , pour que je vous les envoye.
» Mais de tout ce qu'on a fait , le plus beau fera
fans doute , un Paffage de Riviere. L'E be eft
deux fois large ici comme la Seine à Paris . On
» établira trois Ponts en preſence de l'Ennemi , à
11. Vol.
» la
1442 MERCURE DE FRANCE
20
la faveur du Canon & de certains Prammies'
garnis de Canons. Ces Ponts font mobiles &
» deſcendront la Riviere , s'établiront , pour ainfi
→ dire, dans un moment , & le paffage fe fera de
dire vive force. On peut fans craindre le ridi
cule , que ce font Jeux de Prince. A Dieu ,
cher Chevalier , je vous écrirai plus au long ,
quand je pourrai yous envoyer les Deffeins de
ૐ
→ tout ceci .
Les Lettres qu'on a reçues depuis du Camp
de Malhberg portent que le 17. Juin l'Armée
marcha en Phalanges ou Bataillons quarrez , fui
vant l'ufage des Anciens. Cette marche reprefentoit
parfaitement le même ordre de bataille done
les Grecs fe fervoient pour combattre leurs enne
mis , & faifoit un coup d'oeil incomparable. I
y avoit une Phalange d'Infanterie & deux de
Cavalerie , lefquelles après avoir marché quelque
temps dans cet ordre , formerent enfuite deux
lignes toute l'Armée fe replia par le centre &
fe remit fur le même terrain ; après quoi on fe
retira en combattant jufqu'au Camp ; le tout fut
parfaitement bien executé.
Le 18. le Roi de Pruffe dîna chez le Comte de
Wackerbarth , avec le Duc de Saxe Weimar-
Le foir il y eut Comedie Italienne.
Le 19. toute l'Armée fe mit de nouveau en
marche , & forma d'abord neuf grands quarrez ,
l'Infanterie s'étant enfuite formée en quarré long,
fut attaquée par la Cavalerie , qui fut vivement
repouflée par le Canon , les Grenades & la Moufqueterie
L'Infanterie fe voyant trop preffée , forma un
autre quarré long , & fut encore attaquée à di-.
verfes reprises dans fa retraite par toute la Cavalerie
, avec tant d'acharnement , qu'on cut de la
peine à faire retourner quelques Efcadrons qui
11. Vola
effuyerent
JUIN. 1730. 1443
effuyerent le feu , ayant la tête des chevaux dans
les Bayonettes. Enfin la retraite fe fit en deux colonnes
, par des défilez d'une manière qui n'avoit
pas encore été pratiquée & qui fut jugée d'une
grande utilité par les connoiffeurs .
Le 20. Le Regiment des grands Grenadiers fit
fes exercices avec beaucoup d'adreffe devant les
deux Rois . Le Comte de Rutowski , qui en eft le
Commandant , traita enfuite fplendidement le
Roi de Pruffe. Le même jour le Roi alla reconnoître
le terrain où S. M, avoit deffein de paffer
l'Elbe avec un Détachement de l'Armée : ce deffejn
s'executa le 21. Une partie de l'Armée paffa
cette Riviere & fe retrancha ; elle fut enfuite attaquée
par le gros de l'Armée , commandé par
le Comte de Wackerbarth, il fut à la fin repouffé;.
У eut dans cette action deux Soldats de tuez &
un de bleffé par accident. Jamais Artillerie n'a été
fetvie avec plus d'adreffe & d'art , qu'en cette occafion
, y ayant eu de groffes pieces qui ont tiré
coups dans une minute..
il
fix
Le 22. le Roi de Pruffe alla dîner chez lé Prince
Royal de Pologne , qui le régala fuperbement.
Les Exercices Militaires finirent le 23. par une
bataille rangée : l'Armée étoit partagée en deux
corps, dont l'un étoit commandé par le Velt- Maréchal
, Comte de Wackerbarth , & l'autre par le
Duc de Saxe - Weffeinfels , qui après avoir perdu
la bataille , fit une très - belle retraite , ayant mar
ché en bon ordre vers le Bois.
Pendant cette retraite, le Roi de Pologne , qui s'é
toit mis à la tête de fix Efcadrons qu'il avoit déta
chés fecretement de l'aîle droite, tomba dans le flanc
de l'aile gauche , & fit prifonnier un Efcadron
du Régiment de Pohlentz , qui ne s'étoit pas ap
perçu de ce mouvement. Il y eut des pieces de
Canon qui tirerent ce jour- là 159. coups , &
11. Vol.
PArtillerie
1444 MERCURE DE FRANCE
l'Artillerie tira en tout 9000. coups.
Le 24. on tira le fuperbe Feu d'artifice que le
Roi avoit fait préparer fur l'Elbe : le temps calme
& l'air obfcur qu'il faifoit cette nuit- là , ne contribuerent
pas peu à rendre ce fpectacle plus mafique
& plus agréable : il fut executé dans toute
fa perfection , & tous ceux qui l'ont vû , conviennent
que c'eft le plus beau qui ait été tiré de me--
moire d'homme.
Après le Feu d'artifice , le Bucentaure parut
fur l'Elbe avec une Flotille de 15. Bâtimens ,
tous entierement illuminez & ornez de leurs Banderoles
, &c. Cette Fête dura jufqu'à quatre heurés
du matin.
Lers . on celebra au Camp le Jubilé de la Confeffion
d'Ausbourg. Le Roi dîna ce jour - là chezle
General Bauditz , & vit enfuite fon beau Rément
de Carabiniers ."
Le 26. toute l'Armée fut magnifiquement traitée
; elle fe mit à table à onze heures & s'en leva à
midy. Le 27. les deux Rois & leurs fuites s'em→ ,
barquerent fur la Flotille , & defcendirent l'Elbe
jufqu'à Leuchtenberg , où l'on coucha.
Le 28. on finit les Diverriffemens par une
grande Chaffe que le Roi donna au Roi de Pruffe,
& qui n'a pas été moins magnifique que toutes
les autres Fêtes on y a tué à coups de fufil ,
1100. Pieces , tant Cerfs que Biches , Chevreuils
& Sangliers.
Après la Chaffe , on fervit plufieurs Tables de
plus de 400. Couverts ; les deux Rois le féparerent
enfuite avec de grandes marqués d'amitié &
de tendreffe. Le Roi de Pruffe eft allé à Poſtdam ,
& S. M. Pol. eft retournée au Camp , où elle
reftera encore quelques jours avant que de fe rendre
à Drefde.
Par les dernieres Lettres reçûës , on a appris
le circonftances fuivantes : Lo
JUIN 1730. 1445
Le 12. Juin , l'Artillerie fit l'Exercice avec 48.
Pieces de Canon. Outre le Bataillon de l'Artillerie
, on commanda encore trois Regimens d'Infanterie.
Après que ce Corps fe fut rangé fur fir
lignes ; & qu'on eut reparti les Canons en huit
Brigades , il fe mit en marche fur fix colonnes'
vers le Pavillon Royal . Les Canons avec les Chariots
de munitions , alloient au milieu des colonnes
, & étoient accompagnez d'un certain nom
bre de Canoniers & de Soldats détachez de l'Infanterie.
Les Timbales de l'Artillerie étoient fur
un Char attelé de quatre chevaux blancs .
Après que tout fut arrivé à une distance mar
quée du Pavillon , on détela & on fit fortir
des rangs les Chevaux de l'Artillerie & les Chariots
de munitions. Tout le Corps fe remit enfuite
en bataille fur fix lignes , ayant le Canon ;
dans les intervales marques.
Pendant que le Canon faifoit les differentes
charges , l'Infanterie rangée par pelotons , fortoit
par les intervales à chaque charge, & faifoit
fon feu par rang , de même que celle qui étoit à
la tête & à la queue, Elle fe retira enfuite derriere
le Canon. Toutes ces differentes manieres de charges
ont été fort bien executées , malgré les groffes
pluies qu'il faifoit ,ceCorps fit après un mouvement
pour avancer jufqu'à un certain endroit , & continua
toujours à tirer . Il forma enfuite un Quarré
, ayant les Canons rangez fur les flancs , & finit
cette manoeuvre par une décharge generale
des 48. Canons à la fois , qui fut fuivie de celles
72. Pelotons de l'Infanterie, & réïterée fix fois.
Enfin après avoir fait fortir les Chariots de Munitions
du Quarré , & les Brigades des Canons ,
les Pelotons de l'Infanterie firent un mouvement
pour fe mettre fur un Terrain marquê , & fe retirer
; ce qu'ils firent en chargeant en retraite , &
de
11. Vol. ren1446
MERCURE DE FRANCE
rentrerent ainfi dans le Camp. Le Roi de Pruffe
dîna avec le Prince Royal fon fils , chez le
Velt-Maréchal Comte de Wackerbarth , & le Roi
de Pologne , chez le Duc de Saxe-Weimar.
Le 13. les deux Rois dînerent chacun en particulier
, & le Prince Royal dîna en compagnie
la feconde Table ; fervie en vermeil doré. Après
midy fe fit PExercice des Lanciers . Les , fix Efca
drons des Gardes du Corps , armez de Cuiraffes
de Cafques & de Lances , fe prefenterent ; on y
avoit joint cinq Bataillons de Grenadiers ou Gardes
à pied , aufquels on avoit fait diftribuer 128.
Piques par Bataillon.
›
Les Lanciers , en fortant du Camp , fe formerent
fur une ligne , ayant toûjours un Bataillon
entre deux Efcadrons. La marche fe fit vers le
Payillon fur deux lignes , dont la premiere fut
formée par les fix Efcadrons de Lanciers , & la
feconde par les cinq Bataillons d'Infanterie. Pendant
que les Lanciers firent leurs mouvemens✨
vers le Pavillon , les Huffars Polonois , armez de
Cuiraffes & de Cafques,coururent la Bague devant
L.M.& briferent leurs Lances contre desMachines
qu'on avoit préparées pour cet effet. En arrivant
a quelque diftance du Pavillon , les Lanciers fe
formerent de nouveau fur une Ligne ; l'Infante
rie fe mit au milieu , & les fix Efcadrons fur les
aîles , trois Efcadrons fur chaque aîle. Après
avoir avancé ainfi jufqu'à une diſtance marquée
en attaquant , chargeant & le retirant , ils fe formerent
de la même maniere fur trois lignes , & .
avancerent de nouveau en faifant la même manoeuvre
; ce qui ayant été exécuté , les cinq Bataillons
formerent chacun un Bataillon quarré
ayant les Lanciers fur les aîles , & firent enſem
ble diverfes manoeuvres . Enfin les quatre Batail-
' ours des Gardes formerent un grand quarré au-
II. Vol.
tour
JUIN. 1730. J447
tour du cinquiéme Bataillon , qui étoit celui des
Grenadiers. Les Lanciers fe rangerent pour les
couvrir , & après avoir fait plufieurs attaques ,
marches & contremarches , on fe battit en retraite
& on entra dans le Camp.
Le 14, le Roy de Pruffe alla dès le matin voir
l'armée , qui étant fortie du Camp fans armes
&C.
N parle dans toute l'Allemagne du Camp
de Mulhberg en Saxe , où le Roi de Pologne
a fait camper une grande quantité de Troupes
d'élite , & où ce Prince donne une fête militaire,
digne d'un grand Roi .
Toute l'Armée eft habillée de neuf, & avec autant
de propreté & d'uniformité pour les Cavaliers
, & les Soldats que de richeffe & de goût
pour les Officiers qui ont chacun jufqu'à trois
habits d'un uniforme varié feulement par les
differens agrémens où l'or & l'argent font employés
avec art pour produire un coup d'oeil
magnifique & brillant.:
La fituation du Camp eft des plus agréables ,
le fuperbe Pavillon du Roi & les magnifiques
Tentes qui l'environnent, font fur une éminence,
d'où l'on découvre toute l'Armée , campée fur
deux lignes dans une belle Plaine , arrofée par
la Riviere d'Elbe . Les Troupes les plus magnifi-
.ques , & qui fe font diftinguer dans ce fuperbe
Camp , font les Gardes du Corps de S. M. P. Les
Chevaliers Gardes , les Grands Moufquetaires ,
les Carabiniers , les Gardes à pied & les Cuiraffiers.
Le 31. Mai , le Roi fortit du Camp pour alfer
audevant du Roi de Pruffe. S. M. étoit à la
tête des Chevaliers de l'Aigle Blane , au nombić
de 36. & accompagnée de 160 Princes , Generaux ,
Miniftres & autres Seigneurs. Le Prince Royal
étoit fuivi des Militaires . Les deux Rois fe ren
contrerent à une demie lieue du Camp , où ils
s'embrafferent avec des marques les plus vives
de la plus parfaite amitié , & après avoir dejeuné
fous une Tente magnifique à demi ouverte , ils
11. Vola Hy viurent
1438 MERCURE DE FRANCE
L
vinrent au Camp. Le Roi de Pruffe étoit à Cheval
avec le Prince Royal fon fils , accompagné
de plufieurs Princes , Generaux , Colonels & c . au
nombre de plus de 150. L. M. étoient fuivies de
9. Cavaliersarmés de pié en cap , portant des drapeaux
& une queue de Cheval , comme auffi d'une
Troupe de Huffars armés d'Arcs & de Fleches.
Le premier Juin l'Armée marcha , commandée
par le Prince Royal de Pologne , & fe rangea
fur deux lignes , dont chacune contenoit une
étendue de trois quarts de lieue. L. M. & les
Princes & Generaux de leur nombreuſe & brillante
fuite , des deux fexes , à Cheval & en Caroffe
, les parcoururent d'un côté & d'autre. Le Roi
de Pruffe étoit toujours accompagné de quatre
jeunes Turcs habillés de drap d'or. Les deux
Rois s'étant enfuite retirez fous leurs Tentes. ,
ils furent falués par une falve de 60. pieces de
Canons , & L. M. virent défiler toute l'Armée
par Regimens..
Le lendemain , le Roi de Pologne s'étant trouvé
fatigué , nomma la Princeffe Royale fa Bru ,
pour faire les honneurs du Repas , & S. A. s'en
acquita très bien. On mangea fous une Tente à
la Turque , fur une Table de 40. Couverts , toute
fervie en vaiffelle de vermeil doré , & avec la plus
grande délicateffe & plus grande abondance.
Le 3. les deux Rois dinerent enfemble dans le
Quartier du Roi de Pologne, avec plufieurs Princes
, Generaux & antres Seigneurs. Vers les fix
heures , peu de tems après le diné , il y eut Comédie
Italienne..
Le 4. à quatre heures du matin , les 4. Re--
gimens de Dragons marcherent fur deux colomnes
, & enfuite s'étant mis en parade , firent leur
Exercice & diverſes évolutions à Cheval & à pied
II. Vola jufqu'à
JUIN. 1730. 1439
que
jufqu'à 2. heures après midi . Ils pratiquerent la
nouvelle maniere de coupler les Chevaux ' ,
S. M. P. fait introduire dans fon Armée , & qui
a divers avantages , fur tout celui de pouvoir
former un front de Bataillon , & par là couvrir
les Chevaux & c. Le Roi de Pruffe alla diner ,
accompagné de quelques Generaux , chez le Duc
Jean Adelphe Weifenfels . Le Prince Royal de
Pruffe dina avec le Roi de Pologne & les Dames.
Le foir il y eat Comédie & Bal à la Cour.
Le s .
elle
la Cavalerie fit fes Exercices , compofée
de 24. Efcadrons des Gardes du Corps , des Carabiniers
& des 3. Regimens de Cuiraffiers . Elle
marcha fur quatre Colomnes vers le Pavillon
Royal , où s'étant formée fur deux lignes ,
fit plufieurs mouvemens , marches , attaques &c.
& forma enfuite un quarré , dont le Pavillon du
Roi étoit le centre , & elle rentra dans le Camp
fur une Colomne , en tournant autour du Pavil
Jon Royal.
Le 6. il y eut Concert de voix & d'Inftrumens
&c.
Les Rois de Pologne & de Pruffe ayant été indifpofés
pendant quelques jours , & L. M. étant
parfaitement rétablies , le 10. elles fe rendirent
avec leur fuite au Pavilion , éloigné d'une portée´
de Canon du centre de la premiere ligne de l'Armée
, pour voir l'Exercice de l'lafanterie. Ce
Pavilon eft conftruit de charpente , orné de
peintures & de dorures de très bon goût , élevé
fur une hauteur qui domine fur toute la Plaine.
L'Infanterie qui étoit fortie du Camp dès le
matin , avoit formé autour de ce Pavillon un'
quarré , dont chaque flanc étoit compofé de fixt
Bataillons. On commença par les évolutions des
armes , & on pratiqua enfuite les differentes manieres
de charger par rangs , par pelotons , par
1 Vel. H vj demi
1440 MERCURE DE FRANCE
demi divifions , par divifions entieres & par hayes,
où les Grenadiers jetterent quantité de Grenades
vers le milieu du quarré &c. Après cet Exercice
& diverfes autres évolutions , L. M. allerent diner
à leur quartier. C'eſt un quarré gardé par des
Janiflaires & par une Garde de Cadets , où des
Soldats Turcs , avec des Veſtes de drap d'or ,
& des efpeces de Turbans de velours cramoifi ,
font la garde devant la Tente de ces deux Rois ,
& où l'on voit auffi des Hongrois en habits
d'écarlate , avec des galons & des franges d'or.
Il y a encore douze Gardes qu'on nomme Peckins
, auffi habillés d'écarlate avec des bonnets
de velours noir , bródés d'argent , & une aigrette
de plumes blanches , tenant chacun une hache
d'argent. Le milieu de ce qnarré eft occupé par
une grande Sale tendue de damas cramoifi &
jaune . Cette Sale eft percée de 4. portes par
lef
quelles on entre dans quatre Galeries , qui aboutiffent
à autant de Cabinets , à côté defquels il y
a 8. Tentes à la Turque , ornées de riches étoffes .
Quatre grandes Tentes qui fervent de Sale à
manger , font contigues à ces Cabinets.
>
On a fervi tous les jours trois Tables de 24
Couverts chacune ; les deux Rois mangent à la
premiere , L. A. R. à la feconde , & la troifiéme
eft deftinée pour les Officiers Generaux des deux
Cours ; ces Tables font fervies en vaiffelle de vermeil
doré. Il y a outre cela cinq autres Tables
auffi de 24. Couverts chacune , fervies en vaiffelle
d'argent pour les Hauts Officiers & les
Etrangers. Un Officier de diftinction de la Maifon
du Roi fait les honneurs de chaque Table.
Le Roi de Pologne eft logé dans un Palais
qu'il a fait conftruire exprès, à une portée de pif
tolet du Quarré dont on vient de parler . Le Roi
de Pruffe y eft auffi logé, avec le Prince Royal
on fils , & toute fa Cour. Dans
JUIN. 1730. 1441
DO
52
ם כ
Dans une Lettre écrite de ce Camp , on s'exprime
ainfi : » Je fuis, bien fâché que vous ne
foyez pas à portée de voir ce corps d'armée ++
en verité on ne fçauroit donner une idée de la
magnificence de l'Armée de Darius , que par
celle-cy. Il n'y a point de Sous - Lieutenant de
Cavalerie , dont le Cheval avec le harnois ne
→ vaille au moins mille écus. Il y a trois Tables
» chez le Roy , de 24. Couverts chacune , fervies
en vaiffelle d'or , & plufieurs autres au nombre
" de 300. Couverts , en vaiffelle d'argent. Les
Tentes feules du Quartier du Roi , font eftimées
deux millions. Ce qu'on voit de toutes fortes
» de Voitures , Caroffes , Chaifes & Chevaux de
» felle pour les Etrangers & pour les Dames , elt
» inconcevable. On diftingue ici des Officiers Ge-
» neraux & autres de toutes les Troupes de l'Europe
, & un concours infini d'Etrangers de toutes
Nations.Je ne fçai fi le calcul eft jufte , mais
on compte qu'outre les Troupes , il y a 300
mille ames dans le Camp ou aux environs.
» Au refte , il n'eft queftion ici que de Colon-
» nes , dans le gout de celles du Livre du Chevalier
de Follard ; petits & grands , tout le monde
fe mêle de faire des Colonnes . Il y a un jour
» destiné exprès , où toute l'Infanterie ne fera
පා que des Colonnes ; & le Roi de Pruffe , qui y
» étoit totalement oppofé it y. a deux ans , s'eft
» enfin rendu à l'opinion de l'Auteur de ce Livre
» & à la mienne , fur le fait des Colonnes.
37
םכ
»Le Roi de Pologne m'a fait l'honneur de me
dire qu'il feroit deffiner toutes les évolutions
qui fe font faites , pour que je vous les envoye.
» Mais de tout ce qu'on a fait , le plus beau fera
fans doute , un Paffage de Riviere. L'E be eft
deux fois large ici comme la Seine à Paris . On
» établira trois Ponts en preſence de l'Ennemi , à
11. Vol.
» la
1442 MERCURE DE FRANCE
20
la faveur du Canon & de certains Prammies'
garnis de Canons. Ces Ponts font mobiles &
» deſcendront la Riviere , s'établiront , pour ainfi
→ dire, dans un moment , & le paffage fe fera de
dire vive force. On peut fans craindre le ridi
cule , que ce font Jeux de Prince. A Dieu ,
cher Chevalier , je vous écrirai plus au long ,
quand je pourrai yous envoyer les Deffeins de
ૐ
→ tout ceci .
Les Lettres qu'on a reçues depuis du Camp
de Malhberg portent que le 17. Juin l'Armée
marcha en Phalanges ou Bataillons quarrez , fui
vant l'ufage des Anciens. Cette marche reprefentoit
parfaitement le même ordre de bataille done
les Grecs fe fervoient pour combattre leurs enne
mis , & faifoit un coup d'oeil incomparable. I
y avoit une Phalange d'Infanterie & deux de
Cavalerie , lefquelles après avoir marché quelque
temps dans cet ordre , formerent enfuite deux
lignes toute l'Armée fe replia par le centre &
fe remit fur le même terrain ; après quoi on fe
retira en combattant jufqu'au Camp ; le tout fut
parfaitement bien executé.
Le 18. le Roi de Pruffe dîna chez le Comte de
Wackerbarth , avec le Duc de Saxe Weimar-
Le foir il y eut Comedie Italienne.
Le 19. toute l'Armée fe mit de nouveau en
marche , & forma d'abord neuf grands quarrez ,
l'Infanterie s'étant enfuite formée en quarré long,
fut attaquée par la Cavalerie , qui fut vivement
repouflée par le Canon , les Grenades & la Moufqueterie
L'Infanterie fe voyant trop preffée , forma un
autre quarré long , & fut encore attaquée à di-.
verfes reprises dans fa retraite par toute la Cavalerie
, avec tant d'acharnement , qu'on cut de la
peine à faire retourner quelques Efcadrons qui
11. Vola
effuyerent
JUIN. 1730. 1443
effuyerent le feu , ayant la tête des chevaux dans
les Bayonettes. Enfin la retraite fe fit en deux colonnes
, par des défilez d'une manière qui n'avoit
pas encore été pratiquée & qui fut jugée d'une
grande utilité par les connoiffeurs .
Le 20. Le Regiment des grands Grenadiers fit
fes exercices avec beaucoup d'adreffe devant les
deux Rois . Le Comte de Rutowski , qui en eft le
Commandant , traita enfuite fplendidement le
Roi de Pruffe. Le même jour le Roi alla reconnoître
le terrain où S. M, avoit deffein de paffer
l'Elbe avec un Détachement de l'Armée : ce deffejn
s'executa le 21. Une partie de l'Armée paffa
cette Riviere & fe retrancha ; elle fut enfuite attaquée
par le gros de l'Armée , commandé par
le Comte de Wackerbarth, il fut à la fin repouffé;.
У eut dans cette action deux Soldats de tuez &
un de bleffé par accident. Jamais Artillerie n'a été
fetvie avec plus d'adreffe & d'art , qu'en cette occafion
, y ayant eu de groffes pieces qui ont tiré
coups dans une minute..
il
fix
Le 22. le Roi de Pruffe alla dîner chez lé Prince
Royal de Pologne , qui le régala fuperbement.
Les Exercices Militaires finirent le 23. par une
bataille rangée : l'Armée étoit partagée en deux
corps, dont l'un étoit commandé par le Velt- Maréchal
, Comte de Wackerbarth , & l'autre par le
Duc de Saxe - Weffeinfels , qui après avoir perdu
la bataille , fit une très - belle retraite , ayant mar
ché en bon ordre vers le Bois.
Pendant cette retraite, le Roi de Pologne , qui s'é
toit mis à la tête de fix Efcadrons qu'il avoit déta
chés fecretement de l'aîle droite, tomba dans le flanc
de l'aile gauche , & fit prifonnier un Efcadron
du Régiment de Pohlentz , qui ne s'étoit pas ap
perçu de ce mouvement. Il y eut des pieces de
Canon qui tirerent ce jour- là 159. coups , &
11. Vol.
PArtillerie
1444 MERCURE DE FRANCE
l'Artillerie tira en tout 9000. coups.
Le 24. on tira le fuperbe Feu d'artifice que le
Roi avoit fait préparer fur l'Elbe : le temps calme
& l'air obfcur qu'il faifoit cette nuit- là , ne contribuerent
pas peu à rendre ce fpectacle plus mafique
& plus agréable : il fut executé dans toute
fa perfection , & tous ceux qui l'ont vû , conviennent
que c'eft le plus beau qui ait été tiré de me--
moire d'homme.
Après le Feu d'artifice , le Bucentaure parut
fur l'Elbe avec une Flotille de 15. Bâtimens ,
tous entierement illuminez & ornez de leurs Banderoles
, &c. Cette Fête dura jufqu'à quatre heurés
du matin.
Lers . on celebra au Camp le Jubilé de la Confeffion
d'Ausbourg. Le Roi dîna ce jour - là chezle
General Bauditz , & vit enfuite fon beau Rément
de Carabiniers ."
Le 26. toute l'Armée fut magnifiquement traitée
; elle fe mit à table à onze heures & s'en leva à
midy. Le 27. les deux Rois & leurs fuites s'em→ ,
barquerent fur la Flotille , & defcendirent l'Elbe
jufqu'à Leuchtenberg , où l'on coucha.
Le 28. on finit les Diverriffemens par une
grande Chaffe que le Roi donna au Roi de Pruffe,
& qui n'a pas été moins magnifique que toutes
les autres Fêtes on y a tué à coups de fufil ,
1100. Pieces , tant Cerfs que Biches , Chevreuils
& Sangliers.
Après la Chaffe , on fervit plufieurs Tables de
plus de 400. Couverts ; les deux Rois le féparerent
enfuite avec de grandes marqués d'amitié &
de tendreffe. Le Roi de Pruffe eft allé à Poſtdam ,
& S. M. Pol. eft retournée au Camp , où elle
reftera encore quelques jours avant que de fe rendre
à Drefde.
Par les dernieres Lettres reçûës , on a appris
le circonftances fuivantes : Lo
JUIN 1730. 1445
Le 12. Juin , l'Artillerie fit l'Exercice avec 48.
Pieces de Canon. Outre le Bataillon de l'Artillerie
, on commanda encore trois Regimens d'Infanterie.
Après que ce Corps fe fut rangé fur fir
lignes ; & qu'on eut reparti les Canons en huit
Brigades , il fe mit en marche fur fix colonnes'
vers le Pavillon Royal . Les Canons avec les Chariots
de munitions , alloient au milieu des colonnes
, & étoient accompagnez d'un certain nom
bre de Canoniers & de Soldats détachez de l'Infanterie.
Les Timbales de l'Artillerie étoient fur
un Char attelé de quatre chevaux blancs .
Après que tout fut arrivé à une distance mar
quée du Pavillon , on détela & on fit fortir
des rangs les Chevaux de l'Artillerie & les Chariots
de munitions. Tout le Corps fe remit enfuite
en bataille fur fix lignes , ayant le Canon ;
dans les intervales marques.
Pendant que le Canon faifoit les differentes
charges , l'Infanterie rangée par pelotons , fortoit
par les intervales à chaque charge, & faifoit
fon feu par rang , de même que celle qui étoit à
la tête & à la queue, Elle fe retira enfuite derriere
le Canon. Toutes ces differentes manieres de charges
ont été fort bien executées , malgré les groffes
pluies qu'il faifoit ,ceCorps fit après un mouvement
pour avancer jufqu'à un certain endroit , & continua
toujours à tirer . Il forma enfuite un Quarré
, ayant les Canons rangez fur les flancs , & finit
cette manoeuvre par une décharge generale
des 48. Canons à la fois , qui fut fuivie de celles
72. Pelotons de l'Infanterie, & réïterée fix fois.
Enfin après avoir fait fortir les Chariots de Munitions
du Quarré , & les Brigades des Canons ,
les Pelotons de l'Infanterie firent un mouvement
pour fe mettre fur un Terrain marquê , & fe retirer
; ce qu'ils firent en chargeant en retraite , &
de
11. Vol. ren1446
MERCURE DE FRANCE
rentrerent ainfi dans le Camp. Le Roi de Pruffe
dîna avec le Prince Royal fon fils , chez le
Velt-Maréchal Comte de Wackerbarth , & le Roi
de Pologne , chez le Duc de Saxe-Weimar.
Le 13. les deux Rois dînerent chacun en particulier
, & le Prince Royal dîna en compagnie
la feconde Table ; fervie en vermeil doré. Après
midy fe fit PExercice des Lanciers . Les , fix Efca
drons des Gardes du Corps , armez de Cuiraffes
de Cafques & de Lances , fe prefenterent ; on y
avoit joint cinq Bataillons de Grenadiers ou Gardes
à pied , aufquels on avoit fait diftribuer 128.
Piques par Bataillon.
›
Les Lanciers , en fortant du Camp , fe formerent
fur une ligne , ayant toûjours un Bataillon
entre deux Efcadrons. La marche fe fit vers le
Payillon fur deux lignes , dont la premiere fut
formée par les fix Efcadrons de Lanciers , & la
feconde par les cinq Bataillons d'Infanterie. Pendant
que les Lanciers firent leurs mouvemens✨
vers le Pavillon , les Huffars Polonois , armez de
Cuiraffes & de Cafques,coururent la Bague devant
L.M.& briferent leurs Lances contre desMachines
qu'on avoit préparées pour cet effet. En arrivant
a quelque diftance du Pavillon , les Lanciers fe
formerent de nouveau fur une Ligne ; l'Infante
rie fe mit au milieu , & les fix Efcadrons fur les
aîles , trois Efcadrons fur chaque aîle. Après
avoir avancé ainfi jufqu'à une diſtance marquée
en attaquant , chargeant & le retirant , ils fe formerent
de la même maniere fur trois lignes , & .
avancerent de nouveau en faifant la même manoeuvre
; ce qui ayant été exécuté , les cinq Bataillons
formerent chacun un Bataillon quarré
ayant les Lanciers fur les aîles , & firent enſem
ble diverfes manoeuvres . Enfin les quatre Batail-
' ours des Gardes formerent un grand quarré au-
II. Vol.
tour
JUIN. 1730. J447
tour du cinquiéme Bataillon , qui étoit celui des
Grenadiers. Les Lanciers fe rangerent pour les
couvrir , & après avoir fait plufieurs attaques ,
marches & contremarches , on fe battit en retraite
& on entra dans le Camp.
Le 14, le Roy de Pruffe alla dès le matin voir
l'armée , qui étant fortie du Camp fans armes
&C.
Fermer
Résumé : Camp de Mulhberg.
Le texte décrit une fête militaire organisée par le Roi de Pologne au camp de Mulhberg en Saxe. Ce camp accueille une grande quantité de troupes d'élite, et le Roi donne une fête militaire digne d'un grand souverain. Toute l'armée est habillée de neuf, avec une grande propreté et uniformité pour les cavaliers et les soldats, et une richesse et un goût remarquables pour les officiers, qui possèdent plusieurs habits d'uniforme varié. La situation du camp est agréable, avec un superbe pavillon royal et des tentes magnifiques sur une éminence offrant une vue sur l'armée campée en deux lignes dans une belle plaine bordée par la rivière Elbe. Les troupes les plus magnifiques incluent les Gardes du Corps du Roi de Pologne, les Chevaliers Gardes, les Grands Mousquetaires, les Carabiniers, les Gardes à pied et les Cuirassiers. Le 31 mai, le Roi de Pologne sort du camp pour rencontrer le Roi de Prusse. Les deux souverains s'embrassent avec des marques d'amitié et déjeunent sous une tente magnifique. Le 1er juin, l'armée marche sous le commandement du Prince Royal de Pologne et se range en deux lignes. Les deux rois assistent à des exercices militaires et à des évolutions de l'armée. Les jours suivants, divers exercices et fêtes sont organisés, incluant des comédies, des bals, des concerts, et des exercices de cavalerie et d'infanterie. Les rois assistent également à des manœuvres et des batailles simulées, où l'armée démontre ses compétences et son organisation. Le 24 juin, un feu d'artifice spectaculaire est tiré sur l'Elbe, suivi par l'apparition du Bucentaure avec une flotille de bateaux illuminés. Le camp de Mulhberg est décrit comme un lieu de grande magnificence, avec des troupes bien équipées et des officiers de diverses nations européennes. Les lettres reçues du camp mentionnent également des manœuvres militaires impressionnantes et des exercices tactiques innovants. Le 12 juin, l'artillerie effectue un exercice avec 48 pièces de canon et trois régiments d'infanterie. Les troupes se mettent en marche vers le pavillon royal, exécutant diverses manœuvres malgré la pluie. L'exercice se termine par une décharge générale des canons et des pelotons d'infanterie. Le 13 juin, les deux rois dînent séparément. Les lanciers et les grenadiers effectuent des exercices, incluant des charges et des manœuvres en formation. Les hussards polonais courent la bague devant le roi de Pologne. Le 14 juin, le roi de Prusse visite l'armée, qui est sortie du camp sans armes. Le 28 juin, après une grande chasse où 1 100 pièces de gibier furent abattues, les deux rois se séparent en signe d'amitié. Le roi de Prusse se rend à Potsdam, tandis que le roi de Pologne retourne au camp.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 1447-1453
ITALIE.
Début :
Les Cardinaux Chefs d'Ordre ayant appris que les Bandits dont on a déja parlé, étoient venus [...]
Mots clefs :
Cardinal, Pape, Chefs, Troupes, Sacre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
"
Es Cardinaux Chefs d'Ordre ayant appris que
les Bandits dont on a déja parlé , étoient ve
nus piller des maifons de Campagne prefqu'aux
portes de Rome >ont donné des ordres au Gouverneur
de cette Ville , en vertu defquels il a fair
publier une Ordonnance par laquelle il recom
mande l'execution de la Bulle de Sixte V. qui
donne pouvoir aux Communes & à tout Particu
lier domicilié , de les tuer par tout où ils les trou
veront , promettant de plus 500 écus de recompenfe
à quiconque livrera vivant un de ces Bandits
à la Juftice , & 200 écus pour, chacun de
ceux qui auront été tués . Qutre ces ordres on
vient de faire partir encore deux détachemens de
Soldats , avec des Juges , des Greffiers , des Sbir
res & des Executeurs pour juger ces Voleurs &
les punir auffi- tôt qu'ils auront été arrêtés .
t
On a appris depuis que les Stirres envoyez contre
ces Bandits , en ont tué un auprès de Sabine ,
mais il y a conteftation entr'eux au fujet de la
recompenfe promife pour la mort de ce fcelerat,
plufieurs prétendant avoir tiré le coup qui l'a tué.
Le Cardinal Cibo ayant eu encore une foibleffe
depuis fa derniere faignée , fortit du Conclave le
4 Juin.
Le 8 Juin , la Proceffion folemnelle du S. Sa
11. Vol. crement
1448 MERCURE DE FRANCE
creinent , où tout le Clergé feculier & regulier
affifte , lorfqu'il y a un Pape, ne fe fit pas à caufe
du differend du Cardinal Camerlingue & du Cardinal
- Vicaire, mais on en fit de particulieres dans
les Eglifes de S. Jean de Latran , de S. Pierre du
Vatican , de S. Paul hors des murs , & de Sainte
Marie majeure. Le Cardinal Barberin porta lo
S. Sacrement à la Chapelle Pauline , où il de
meura expofé pendant le Scrutin , après lequel ce
Cardinal donna la Benediction.
Le même jour , on iéçut avis de Norcia que le
refte des maifons & des murailles de certe Ville
infortunée , qui étoient encore fur pied , avoient
été renversées le 28 Mai par une troifiéme fecouffe
de tremblement de terre,& qu'il étoit forti
en differens endroits de la Ville plufieurs fources
d'une eau fort claire , mais e pente quatité .
On mande de Leoniffe , petite Ville dans l'A
bruffe , fur les frontieres de l'Ombrie , que le 12
on y avoit effuyé un ouragan des plus terribles ,
lequel avoit été fuivi d'un tremblement de terre
qui avoit renversé plus de la moitié des maiſons
de la Ville , dont plus de 300 habitans avoient été
enfevelis fous les ruines . On a auffi fenti à Caffia
dans l'Ombrie plufieurs fecouffes de tremblement
de terre , mais qui n'ont caufé ucun dommage .
les
Le 13 Juin , Fête de S. Antoine de Padoue ,
Cardinaux Chefs d'Ordres firent dire cent Meffes
dans differentes Eglifes ,pour demander à Dieu de
nouvelles graces pour la prompte Election d'un
Pape.
Les Cardinaux ayant reflechi que c'étoit une
grande incommodité pour leurs Officiers & leurs
Domestiques de venir tous les jours en cortege au
Tour du Conclave , pour accompagner les vivres
& les provifions neceffaires pour chaque Cardi-.
nal , ont tenu unè Congregation particuliere
11. Voly dans
JUIN 1730. 1449
dans laquelle il a été réfolu qu'à l'avenir il fuffiroit
d'envoyer un fourgon accompagné d'un
Chapelain , d'un Gentilhomme , de deux Valets
de Chambre , & de quatre Eftafiers : les Cardinaux
Colonne , Alexandre Albani Lercari
Porzia , Querini ; Gotti & Senzendorf , fe font
déja conformés à cette réfolution , malgré l'oppofition
du Cardinal Pignatelli , Doyen du Sacré
·College , & de quelques autres Cardinaux qui
n'ont voulu rien changer à l'ancien ufage.
Les chaleurs commençant à devenir exceffives ,
la plupart des Cardinaux dont les Cellules font
du côté de la Boulangerie , en ont fait abbatre le
mur pour avoir plus d'air.
Le 14 du même mois , le Cardinal Corradini
eut trente voix au Scrutin du matin , ce qui fit
croire qu'il pourroit être élu Pape l'aprés midi
mais il n'en eut que 28 à l'accès depuis ce jour
il ne s'eft rien paffé au Conclave qui puiffe faire
croire que l'Election du Pape foit prochaine."
M. Santini eft arrivé dans le deffein de fe mettre
en poffeffion du grand Prieuré de Rome , auquel
le grand Maître de Malte l'a nommé , & dont le
facré College a difpofé en faveur du fecond fils
du Chevalier de S. Georges. On croit cependant
qu'on le déterminera à donner fa démiffion
moyennant une penfion.
Sur la fin du mois dernier ,il arriva un Courrier
avec des dépêches pour le Cardinal Cienfuegos, &
le bruit fe répandit auffi - tôt que l'Empereur ne
S'oppofe plus à l'Election des Cardinaux Tofcans
qui pourroient être propofez dans le Conclave.
Les Cardinaux Chefs - d'Ordre envoyerent ordre
au commencement de ce mois à M. Bondelmonte
, Vicaire Apoftolique de Benevent, de faire
fortir des prifons l'Archiprêtre de Sainte Luce
qu'il avoit fait mettre aux fers , parce qu'il lui
I I. Vola
avoir
1450 MERCURE DE FRANCE
avoit fait fignifier d'une maniere peu reſpectu eu fe
une proteftation de M. Targa , Grand - Vicaire de
la même Ville , contre toutes les procedures qu'il
avoit faites jufqu'à prefent , laquelle proteftation
étoit fondée fur le refus que ce Vicaire Apoftolique
avoit fait de rendre fa commiffion publique,
mais comme il a craint que d'autres particuliers
ne fe ferviffent du même prétexte pour defobéir
à fes ordres , il a fait publier cetic commiffion
avec les Lettres Patentes du Sacré College ; après
quoi il a fait fermer une des portes de la Ville &
renforcer les Corps de gardes de celles qui font
ouvertes , pour prévenir la fuite de quelques perfonnes
accufées de malverfations qu'il a ordre de
faire punir. On a appris depuis que les Ecclefiaftiques
de Benevent attachés au Cardinal Coſcia`,
ayant envoyé au Sacré College un Memoire dans
lequel ils établiffoient la neceffité de leur conferer
les Ordres Sacrés , à caufe qu'ils ne pouvoient
deffervir les Benefices aufquels ils ont été nommés
, les Cardinaux Chefs d'Ordres ont écrit à
M. Cofcia , Evêque Titulaire de Targa , qui s'étoit
retiré dans le Royaume de Naples , pour l'engager
à venir faire cette ordination ; & ce Prélat
s'étant rendu pour cela à Benevent , il y a vû M.
Bondelmonte , qui lui a rendu fa vifite. Ce Commiflaire
Apoftolique du Diocèfe avoit pris la réfolution
d'abandonner les fonctions de fa Charge
& de retourner chez lui à caufe des ordres qu'il
avoit reçûs de remettre en liberté l'Archiprêtre de
Sainte Lucie , prétendant que c'étoit condamner
fa conduite que de lui donner de pareils ordres ;
mais il s'eſt déterminé à demeurer à Benevent de
puis que le Sacré College lui a écrit une Lettre
en forme de Decret , par laquelle il approuve &
confirme tout ce que cet Ecclefiaftique a fait juf
qu'à prefent dans le Diocèle de Benevent.
II. Vol. On
JUI N. 1730. 1451
On a reçû avis de Lisbonne que le Roi ayant
deffein de faire conduire dans cette Ville l'eau
d'une fource qui eft dans les Montagnes voifines,
pour la commodité des Habitans , & ne le pou
vant faire fans une dépenfe extraordinaire ' , ilavoit
réfolu de lever une taxe fur les Ecclefiaftiques
de fon Royaume pour l'aider à faire les frais
de cette entreprife ; mais que le Patriarche dé
Lisbonne s'étoit oppofé à l'execution de ce projet
, prétendant que S. M. Port . ne pouvoit lever
aucune impofition fur les revenus du Clergé de
fes Etats fans l'aveu du Pape , & qu'il falloit attendre
qu'il y en eut un d'élu. On craint que ce
nouvel incident ne retarde Paccommodement
qui fe negocioit avec le Sacré College par un Jefuite
qui eft l'Agent fecret du Roi de Portugal.
Les Dominicains de Venife ont obtenu un Ordre
du Sacré College pour fe faire rendre par les
Chanoines de Benevent un Calice d'or , garni de
pierres précieufes , dont M, Farfetti , Archevêque
de Ravenne avoit fait prefent au feu Pape
lorfqu'il le facra à Benevent , & que $ . S. avoit
fait mettre dans le Trefor de l'Eglife Metropolitaine
, avec ordre de le donner après la mort a
ces Religieux , chez lefquels il avoit pris l'habit.
Les Dominicains de Naples fe font fait remettre
auffi la Bibliotheque de ce Pape , dont il
leur avoit fait don immediatement après fon
Election au Pontificat.
On a propofé au Senat de Milan de lever une
taxe annuelle de 9 livres par tête fur les Payfans
du Duché depuis l'âge de 20 ans jufqu'à 60 ;
mais cette propofition a été unanimement rejettée
comme trop onereufe ; on à feulement accordé
une contribution extraordinaire pour le pain , le
foin , l'avoine & le logement des Troupes Imperiales
nouvellement arrivées d'Allemagne , &
II. Vol.
qui
1452 MERCURE DE FRANCE
qui ont leurs quartiers dans le pays , où elles continuent
de commettre de grands defordres , malgré
les ordres réïterés que l'Empereur a donnez
de leur faire obſerver une exacte difcipline.
On apprend de l'Ile de Corfe , que deux détachemens
des Troupes que M. Venerofo comman
de dans l'Ifle , avoient été furpris & battus par
les
mécontens ; qu'ils continuoient de fe tenir aux
environs de la Baftia ; que plufieurs familles de
l'Ile qui jufqu'à prefent n'avoient rien fait contre
leur devoir , s'étoient rangées du côté des
Rebelles , pour prévenir le pillage de leurs Mai-.
fons ; que les Chefs qui commandent ces mutins
avoient fait dire à M. Venerofo qu'ils ne quitteroient
les armes que lorfque la Republique leur
auroit donné fatisfaction fur leurs plaintes
qu'on croyoit que les Genois feroient obligez
d'envoyer contre eux des Troupes étrangeres
n'en ayant pas fuffisamment pour les foumettre.
&
On a appris depuis que ces Montagnards ont
rejetté toutes les propofitions qui leur ont été faites
par M. Venerofo , Commiffaire de la République
de Genes , & qu'ils ont menacé d'attaquer
toutes les places , de l'ile fi dans quinze jours on
ne les fatisfait pas fur toutes les demandes dont
ils ont envoyé un Memoire à la Republique . Ce
Commiffaire a écrit au Senat pour demander
fon rappel , reprefentant qu'il lui étoit defagreable
de difputer avec des rebelles qui ne veulent
traitter que les armes à la main ; que n'étant pas
en état de les faire rentrer dans leur devoir , il
croyoit qu'il n'étoit pas de fon honneur ni de
celui de la Republique de fe compromettre plus
longtems , & qu'enfin il falloit prendre le parti
de les reduire , ou de leur accorder les conditions
qu'ils demandent , le Senat ayant élu depuis peu
M. Jean - François Gropalo pour Gouverneur
11. Vol. General
JUI N. 17.30 . 1453
General de l'Ile de Corfe, lui a donné des pleins
pouvoirs pour traiter d'un accomodement avec
ces Rebelles.
"
Es Cardinaux Chefs d'Ordre ayant appris que
les Bandits dont on a déja parlé , étoient ve
nus piller des maifons de Campagne prefqu'aux
portes de Rome >ont donné des ordres au Gouverneur
de cette Ville , en vertu defquels il a fair
publier une Ordonnance par laquelle il recom
mande l'execution de la Bulle de Sixte V. qui
donne pouvoir aux Communes & à tout Particu
lier domicilié , de les tuer par tout où ils les trou
veront , promettant de plus 500 écus de recompenfe
à quiconque livrera vivant un de ces Bandits
à la Juftice , & 200 écus pour, chacun de
ceux qui auront été tués . Qutre ces ordres on
vient de faire partir encore deux détachemens de
Soldats , avec des Juges , des Greffiers , des Sbir
res & des Executeurs pour juger ces Voleurs &
les punir auffi- tôt qu'ils auront été arrêtés .
t
On a appris depuis que les Stirres envoyez contre
ces Bandits , en ont tué un auprès de Sabine ,
mais il y a conteftation entr'eux au fujet de la
recompenfe promife pour la mort de ce fcelerat,
plufieurs prétendant avoir tiré le coup qui l'a tué.
Le Cardinal Cibo ayant eu encore une foibleffe
depuis fa derniere faignée , fortit du Conclave le
4 Juin.
Le 8 Juin , la Proceffion folemnelle du S. Sa
11. Vol. crement
1448 MERCURE DE FRANCE
creinent , où tout le Clergé feculier & regulier
affifte , lorfqu'il y a un Pape, ne fe fit pas à caufe
du differend du Cardinal Camerlingue & du Cardinal
- Vicaire, mais on en fit de particulieres dans
les Eglifes de S. Jean de Latran , de S. Pierre du
Vatican , de S. Paul hors des murs , & de Sainte
Marie majeure. Le Cardinal Barberin porta lo
S. Sacrement à la Chapelle Pauline , où il de
meura expofé pendant le Scrutin , après lequel ce
Cardinal donna la Benediction.
Le même jour , on iéçut avis de Norcia que le
refte des maifons & des murailles de certe Ville
infortunée , qui étoient encore fur pied , avoient
été renversées le 28 Mai par une troifiéme fecouffe
de tremblement de terre,& qu'il étoit forti
en differens endroits de la Ville plufieurs fources
d'une eau fort claire , mais e pente quatité .
On mande de Leoniffe , petite Ville dans l'A
bruffe , fur les frontieres de l'Ombrie , que le 12
on y avoit effuyé un ouragan des plus terribles ,
lequel avoit été fuivi d'un tremblement de terre
qui avoit renversé plus de la moitié des maiſons
de la Ville , dont plus de 300 habitans avoient été
enfevelis fous les ruines . On a auffi fenti à Caffia
dans l'Ombrie plufieurs fecouffes de tremblement
de terre , mais qui n'ont caufé ucun dommage .
les
Le 13 Juin , Fête de S. Antoine de Padoue ,
Cardinaux Chefs d'Ordres firent dire cent Meffes
dans differentes Eglifes ,pour demander à Dieu de
nouvelles graces pour la prompte Election d'un
Pape.
Les Cardinaux ayant reflechi que c'étoit une
grande incommodité pour leurs Officiers & leurs
Domestiques de venir tous les jours en cortege au
Tour du Conclave , pour accompagner les vivres
& les provifions neceffaires pour chaque Cardi-.
nal , ont tenu unè Congregation particuliere
11. Voly dans
JUIN 1730. 1449
dans laquelle il a été réfolu qu'à l'avenir il fuffiroit
d'envoyer un fourgon accompagné d'un
Chapelain , d'un Gentilhomme , de deux Valets
de Chambre , & de quatre Eftafiers : les Cardinaux
Colonne , Alexandre Albani Lercari
Porzia , Querini ; Gotti & Senzendorf , fe font
déja conformés à cette réfolution , malgré l'oppofition
du Cardinal Pignatelli , Doyen du Sacré
·College , & de quelques autres Cardinaux qui
n'ont voulu rien changer à l'ancien ufage.
Les chaleurs commençant à devenir exceffives ,
la plupart des Cardinaux dont les Cellules font
du côté de la Boulangerie , en ont fait abbatre le
mur pour avoir plus d'air.
Le 14 du même mois , le Cardinal Corradini
eut trente voix au Scrutin du matin , ce qui fit
croire qu'il pourroit être élu Pape l'aprés midi
mais il n'en eut que 28 à l'accès depuis ce jour
il ne s'eft rien paffé au Conclave qui puiffe faire
croire que l'Election du Pape foit prochaine."
M. Santini eft arrivé dans le deffein de fe mettre
en poffeffion du grand Prieuré de Rome , auquel
le grand Maître de Malte l'a nommé , & dont le
facré College a difpofé en faveur du fecond fils
du Chevalier de S. Georges. On croit cependant
qu'on le déterminera à donner fa démiffion
moyennant une penfion.
Sur la fin du mois dernier ,il arriva un Courrier
avec des dépêches pour le Cardinal Cienfuegos, &
le bruit fe répandit auffi - tôt que l'Empereur ne
S'oppofe plus à l'Election des Cardinaux Tofcans
qui pourroient être propofez dans le Conclave.
Les Cardinaux Chefs - d'Ordre envoyerent ordre
au commencement de ce mois à M. Bondelmonte
, Vicaire Apoftolique de Benevent, de faire
fortir des prifons l'Archiprêtre de Sainte Luce
qu'il avoit fait mettre aux fers , parce qu'il lui
I I. Vola
avoir
1450 MERCURE DE FRANCE
avoit fait fignifier d'une maniere peu reſpectu eu fe
une proteftation de M. Targa , Grand - Vicaire de
la même Ville , contre toutes les procedures qu'il
avoit faites jufqu'à prefent , laquelle proteftation
étoit fondée fur le refus que ce Vicaire Apoftolique
avoit fait de rendre fa commiffion publique,
mais comme il a craint que d'autres particuliers
ne fe ferviffent du même prétexte pour defobéir
à fes ordres , il a fait publier cetic commiffion
avec les Lettres Patentes du Sacré College ; après
quoi il a fait fermer une des portes de la Ville &
renforcer les Corps de gardes de celles qui font
ouvertes , pour prévenir la fuite de quelques perfonnes
accufées de malverfations qu'il a ordre de
faire punir. On a appris depuis que les Ecclefiaftiques
de Benevent attachés au Cardinal Coſcia`,
ayant envoyé au Sacré College un Memoire dans
lequel ils établiffoient la neceffité de leur conferer
les Ordres Sacrés , à caufe qu'ils ne pouvoient
deffervir les Benefices aufquels ils ont été nommés
, les Cardinaux Chefs d'Ordres ont écrit à
M. Cofcia , Evêque Titulaire de Targa , qui s'étoit
retiré dans le Royaume de Naples , pour l'engager
à venir faire cette ordination ; & ce Prélat
s'étant rendu pour cela à Benevent , il y a vû M.
Bondelmonte , qui lui a rendu fa vifite. Ce Commiflaire
Apoftolique du Diocèfe avoit pris la réfolution
d'abandonner les fonctions de fa Charge
& de retourner chez lui à caufe des ordres qu'il
avoit reçûs de remettre en liberté l'Archiprêtre de
Sainte Lucie , prétendant que c'étoit condamner
fa conduite que de lui donner de pareils ordres ;
mais il s'eſt déterminé à demeurer à Benevent de
puis que le Sacré College lui a écrit une Lettre
en forme de Decret , par laquelle il approuve &
confirme tout ce que cet Ecclefiaftique a fait juf
qu'à prefent dans le Diocèle de Benevent.
II. Vol. On
JUI N. 1730. 1451
On a reçû avis de Lisbonne que le Roi ayant
deffein de faire conduire dans cette Ville l'eau
d'une fource qui eft dans les Montagnes voifines,
pour la commodité des Habitans , & ne le pou
vant faire fans une dépenfe extraordinaire ' , ilavoit
réfolu de lever une taxe fur les Ecclefiaftiques
de fon Royaume pour l'aider à faire les frais
de cette entreprife ; mais que le Patriarche dé
Lisbonne s'étoit oppofé à l'execution de ce projet
, prétendant que S. M. Port . ne pouvoit lever
aucune impofition fur les revenus du Clergé de
fes Etats fans l'aveu du Pape , & qu'il falloit attendre
qu'il y en eut un d'élu. On craint que ce
nouvel incident ne retarde Paccommodement
qui fe negocioit avec le Sacré College par un Jefuite
qui eft l'Agent fecret du Roi de Portugal.
Les Dominicains de Venife ont obtenu un Ordre
du Sacré College pour fe faire rendre par les
Chanoines de Benevent un Calice d'or , garni de
pierres précieufes , dont M, Farfetti , Archevêque
de Ravenne avoit fait prefent au feu Pape
lorfqu'il le facra à Benevent , & que $ . S. avoit
fait mettre dans le Trefor de l'Eglife Metropolitaine
, avec ordre de le donner après la mort a
ces Religieux , chez lefquels il avoit pris l'habit.
Les Dominicains de Naples fe font fait remettre
auffi la Bibliotheque de ce Pape , dont il
leur avoit fait don immediatement après fon
Election au Pontificat.
On a propofé au Senat de Milan de lever une
taxe annuelle de 9 livres par tête fur les Payfans
du Duché depuis l'âge de 20 ans jufqu'à 60 ;
mais cette propofition a été unanimement rejettée
comme trop onereufe ; on à feulement accordé
une contribution extraordinaire pour le pain , le
foin , l'avoine & le logement des Troupes Imperiales
nouvellement arrivées d'Allemagne , &
II. Vol.
qui
1452 MERCURE DE FRANCE
qui ont leurs quartiers dans le pays , où elles continuent
de commettre de grands defordres , malgré
les ordres réïterés que l'Empereur a donnez
de leur faire obſerver une exacte difcipline.
On apprend de l'Ile de Corfe , que deux détachemens
des Troupes que M. Venerofo comman
de dans l'Ifle , avoient été furpris & battus par
les
mécontens ; qu'ils continuoient de fe tenir aux
environs de la Baftia ; que plufieurs familles de
l'Ile qui jufqu'à prefent n'avoient rien fait contre
leur devoir , s'étoient rangées du côté des
Rebelles , pour prévenir le pillage de leurs Mai-.
fons ; que les Chefs qui commandent ces mutins
avoient fait dire à M. Venerofo qu'ils ne quitteroient
les armes que lorfque la Republique leur
auroit donné fatisfaction fur leurs plaintes
qu'on croyoit que les Genois feroient obligez
d'envoyer contre eux des Troupes étrangeres
n'en ayant pas fuffisamment pour les foumettre.
&
On a appris depuis que ces Montagnards ont
rejetté toutes les propofitions qui leur ont été faites
par M. Venerofo , Commiffaire de la République
de Genes , & qu'ils ont menacé d'attaquer
toutes les places , de l'ile fi dans quinze jours on
ne les fatisfait pas fur toutes les demandes dont
ils ont envoyé un Memoire à la Republique . Ce
Commiffaire a écrit au Senat pour demander
fon rappel , reprefentant qu'il lui étoit defagreable
de difputer avec des rebelles qui ne veulent
traitter que les armes à la main ; que n'étant pas
en état de les faire rentrer dans leur devoir , il
croyoit qu'il n'étoit pas de fon honneur ni de
celui de la Republique de fe compromettre plus
longtems , & qu'enfin il falloit prendre le parti
de les reduire , ou de leur accorder les conditions
qu'ils demandent , le Senat ayant élu depuis peu
M. Jean - François Gropalo pour Gouverneur
11. Vol. General
JUI N. 17.30 . 1453
General de l'Ile de Corfe, lui a donné des pleins
pouvoirs pour traiter d'un accomodement avec
ces Rebelles.
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Résumé : ITALIE.
En juin 1730, les Cardinaux Chefs d'Ordre à Rome ont réagi aux pillages de maisons de campagne en appliquant la Bulle de Sixte V, qui autorise les particuliers à tuer les bandits et offre des récompenses pour leur capture ou leur mort. Des soldats ont été envoyés pour juger et punir les voleurs, mais des contestations sur les récompenses ont surgi après la mort d'un bandit près de Sabine. Le Cardinal Cibo a quitté le Conclave le 4 juin en raison d'une faiblesse. Le 8 juin, une procession solennelle du Saint-Sacrement n'a pas eu lieu à cause d'un différend entre le Cardinal Camerlingue et le Cardinal Vicaire, mais des processions particulières ont été organisées dans plusieurs églises. Ce même jour, des nouvelles de Norcia ont rapporté une nouvelle secousse de tremblement de terre, tandis qu'à Leonisse, un ouragan suivi d'un tremblement de terre a causé la destruction de nombreuses maisons et la mort de plus de 300 habitants. Des secousses ont également été ressenties à Cassia sans dommage majeur. Le 13 juin, les Cardinaux Chefs d'Ordre ont fait dire cent messes pour demander une élection rapide d'un Pape et ont réduit le cortège quotidien au Conclave malgré l'opposition du Cardinal Pignatelli. Les chaleurs excessives ont poussé certains Cardinaux à abattre un mur pour améliorer la ventilation. Le Cardinal Corradini a obtenu 30 voix au scrutin du 14 juin, mais n'a ensuite recueilli que 28 voix, sans perspective d'élection imminente. M. Santini est arrivé pour prendre possession du grand Prieuré de Rome, mais il est probable qu'il démissionnera en échange d'une pension. Des dépêches ont indiqué que l'Empereur ne s'opposait plus à l'élection de Cardinaux toscans. À Benevent, le Vicaire Apostolique a libéré l'Archiprêtre de Sainte-Lucie suite à une protestation, et le Cardinal Coscia est venu pour ordonner des ecclésiastiques. Le Roi du Portugal a envisagé de lever une taxe sur le clergé pour financer un projet d'eau à Lisbonne, mais le Patriarche s'y est opposé. Les Dominicains de Venise et de Naples ont récupéré des objets appartenant au feu Pape. À Milan, une proposition de taxe annuelle a été rejetée, mais une contribution extraordinaire a été accordée pour les troupes impériales. À l'île de Corse, des détachements de troupes ont été battus par des mécontents, et des familles se sont jointes aux rebelles. Les chefs rebelles ont menacé d'attaquer les places de l'île si leurs demandes n'étaient pas satisfaites. Le Sénat de Gênes a nommé M. Jean-François Gropalo comme Gouverneur général pour négocier un accord avec les rebelles.
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7
p. 1453-1454
ESPAGNE.
Début :
Le Roi, la Reine, les Princes & les Princesses de la Famille Royale, partirent le 5 [...]
Mots clefs :
Famille royale d'Espagne, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE .
E Roi , la Reine , les Princes & les Prin-
Leeffes de la Famille Royale , partirent le s
Juin de Soto de Roma, pour aller coucher à Loxa
Le 6 , L. M. coucherent à Archidonna , le 7 à
Bonamexi , le 8 à Anquilar ; le 9 à Ezija ; le 10
à Palma ; le 11 à la Puebla ; le 12 à Conftantina,
& le 13 à la Ville de Cazalla , où la Cour doit
paffer quelques jours pour y prendre le divertif
fement de la Chaffe.
La Flotte des Gallions qui eft dans la Baye de
Cadix, & qui doit partir au mois de Juillet pour
Carthagene & Porto- Bello , eft compofée de 3
Vaiffeaux de guerre de 64 pieces de Canon chacun
, de deux autres de 44 & de 34 Canons , &
de onze autres Vaiffeaux marchands , montez
.de 198 pieces de Canons & de 30 hommes d'équipage
, & qui portent enſemble une charge de
2250 tonneaux.
On mande de Carthagene que les Religieux de
la Mercy des Provinces de Caſtille & d'Andaloufie
, y étoient arrivez les de Juin avec 3'47 Efclaves
qu'ils ont rachetés , & dans le nombre
defquels il y a quatre Ecclefiaftiques , trois Lieutenans
d'Infanterie , plufieurs Soldats , deux
femmes & 27 enfans .
Le Roi a accordé depuis peu diverfes graces ,
privileges & exemptions à la Societé établie à Sewille
, de Chevaliers qui s'exercent à monter à
cheval . Les principaux de ces privileges font
qu'ils auront toujours pour Chef un des Infans
d'Efpagne , S. M. ayant donné dès - à -preſent ce
Titre à l'Infant Don Philippe qu'elle à nommé
11. Vol.
pour
I
1454 MERCURE DE FRANCE
pour leur Juge & Protecteur dans toutes leurs
affaires ; qu'ils pourront faire tous les ans deux
courfes de Taureaux à la longue lance , & qu'ils
porteront des habits uniformes de drap écarlate,
avec des paremens d'étoffe d'argent & des veſtes
galonnées , pareils à ceux qu'ils avoient dans les
Fêtes qu'ils ont données à L. M. pendant leur
féjour à Seville.
On mande de Barcelone qu'il y avoit dix Vaiſt
feaux de guerre Eſpagnols , fept Galeres & plus
Ade 60 Bâtimens de tranfport prêts à mettre à la
voile.
E Roi , la Reine , les Princes & les Prin-
Leeffes de la Famille Royale , partirent le s
Juin de Soto de Roma, pour aller coucher à Loxa
Le 6 , L. M. coucherent à Archidonna , le 7 à
Bonamexi , le 8 à Anquilar ; le 9 à Ezija ; le 10
à Palma ; le 11 à la Puebla ; le 12 à Conftantina,
& le 13 à la Ville de Cazalla , où la Cour doit
paffer quelques jours pour y prendre le divertif
fement de la Chaffe.
La Flotte des Gallions qui eft dans la Baye de
Cadix, & qui doit partir au mois de Juillet pour
Carthagene & Porto- Bello , eft compofée de 3
Vaiffeaux de guerre de 64 pieces de Canon chacun
, de deux autres de 44 & de 34 Canons , &
de onze autres Vaiffeaux marchands , montez
.de 198 pieces de Canons & de 30 hommes d'équipage
, & qui portent enſemble une charge de
2250 tonneaux.
On mande de Carthagene que les Religieux de
la Mercy des Provinces de Caſtille & d'Andaloufie
, y étoient arrivez les de Juin avec 3'47 Efclaves
qu'ils ont rachetés , & dans le nombre
defquels il y a quatre Ecclefiaftiques , trois Lieutenans
d'Infanterie , plufieurs Soldats , deux
femmes & 27 enfans .
Le Roi a accordé depuis peu diverfes graces ,
privileges & exemptions à la Societé établie à Sewille
, de Chevaliers qui s'exercent à monter à
cheval . Les principaux de ces privileges font
qu'ils auront toujours pour Chef un des Infans
d'Efpagne , S. M. ayant donné dès - à -preſent ce
Titre à l'Infant Don Philippe qu'elle à nommé
11. Vol.
pour
I
1454 MERCURE DE FRANCE
pour leur Juge & Protecteur dans toutes leurs
affaires ; qu'ils pourront faire tous les ans deux
courfes de Taureaux à la longue lance , & qu'ils
porteront des habits uniformes de drap écarlate,
avec des paremens d'étoffe d'argent & des veſtes
galonnées , pareils à ceux qu'ils avoient dans les
Fêtes qu'ils ont données à L. M. pendant leur
féjour à Seville.
On mande de Barcelone qu'il y avoit dix Vaiſt
feaux de guerre Eſpagnols , fept Galeres & plus
Ade 60 Bâtimens de tranfport prêts à mettre à la
voile.
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Résumé : ESPAGNE.
En juin, la famille royale espagnole, incluant le Roi, la Reine, les Princes et les Princesses, quitta Rome le 5 juin et arriva à Cazalla le 13 juin pour profiter de la chasse. À Cadix, une flotte de galions, prévue pour partir en juillet vers Carthagène et Porto Bello, était composée de trois vaisseaux de guerre de 64 canons, deux de 44 et 34 canons, et onze vaisseaux marchands armés de 198 canons, transportant 30 hommes d'équipage et une charge totale de 2250 tonneaux. À Carthagène, les Religieux de la Mercy des provinces de Castille et d'Andalousie arrivèrent le 6 juin avec 347 esclaves rachetés, incluant des ecclésiastiques, des militaires, des femmes et des enfants. Le Roi accorda divers privilèges à la société des Chevaliers de Séville, autorisant deux courses de taureaux par an et le port d'habits uniformes spécifiques. À Barcelone, dix vaisseaux de guerre espagnols, sept galères et plus de 60 bâtiments de transport étaient prêts à prendre la mer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 1454
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le Vaisseau que la Compagnie de la Mer du Sud envoye tous les ans aux Indes Occidentales, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
E Vaiffeau que la Compagnie de la Mer du
Sud envoye tous les ans aux Indes Occidentales,
en vertu du Traité de l'Affiente, partit vers
la fin du mois de Juin des Dunes , pour
dre à la Vera- Cruz.
fe ren-
Sur la fin de ce mois on déclara à la Doüanne
40000 mille onces d'argent , 3000 onces d'or
& 1000 onces de poudre d'or,pour la Hollande,
E Vaiffeau que la Compagnie de la Mer du
Sud envoye tous les ans aux Indes Occidentales,
en vertu du Traité de l'Affiente, partit vers
la fin du mois de Juin des Dunes , pour
dre à la Vera- Cruz.
fe ren-
Sur la fin de ce mois on déclara à la Doüanne
40000 mille onces d'argent , 3000 onces d'or
& 1000 onces de poudre d'or,pour la Hollande,
Fermer
9
p. 1454
HOLLANDE, PAYS-BAS.
Début :
La vente du Thé de la Compagnie d'Ostende, a été remise à un autre tems, parce que les [...]
Mots clefs :
Compagnie d'Ostende
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HOLLANDE, PAYS-BAS.
HOLLANDE , PAYS - BAS .
A vente du Thé de la Compagnie d'Oftende ,
La été remife à un autre tems , parce que les
-Directeurs n'ont pas jugé à propos de le délivrer
à deux Florins la livre , qui eft le plus fort
-prix qu'on en ait offert. Le difcredit de cette
Marchandiſe a fait baiffer les Actions de la Compagnie
à 114.
A vente du Thé de la Compagnie d'Oftende ,
La été remife à un autre tems , parce que les
-Directeurs n'ont pas jugé à propos de le délivrer
à deux Florins la livre , qui eft le plus fort
-prix qu'on en ait offert. Le difcredit de cette
Marchandiſe a fait baiffer les Actions de la Compagnie
à 114.
Fermer
10
p. 1454-1455
MORTS, NAISSANCES & Mariages des Païs Etrangers.
Début :
On a appris de Naples que le Seigneur Léonard Vinci, Maître de Musique de la Chapelle [...]
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages des Païs Etrangers.
MORTS , NAISSANCES
Mariages des Païs Etrangers .
N'a appris de Naples que le Seigneur Léo-
Onard Vinci , Maître de Mufique de la Cha- .
pelle du Palais , l'un des plus celebres Muficiens
11. Vol
d'Italic
JUIN 1730. 1455
d'Italie , quoique tres-jeune , mourut le 28 May
en peu de momens , d'une violente colique.
Le 23 May , la Reine de Pruffe accoucha hou
reufement d'un Prince , à Berlin.
Le 29 May , on fit au Palais du Roy à Berlin,
la cérémonie des Fiançailles de la Princeffe Charlotte
, troifiéme fille du Roy de Pruffe , avec le
Prince de Brunſwick Bevéren .
Mariages des Païs Etrangers .
N'a appris de Naples que le Seigneur Léo-
Onard Vinci , Maître de Mufique de la Cha- .
pelle du Palais , l'un des plus celebres Muficiens
11. Vol
d'Italic
JUIN 1730. 1455
d'Italie , quoique tres-jeune , mourut le 28 May
en peu de momens , d'une violente colique.
Le 23 May , la Reine de Pruffe accoucha hou
reufement d'un Prince , à Berlin.
Le 29 May , on fit au Palais du Roy à Berlin,
la cérémonie des Fiançailles de la Princeffe Charlotte
, troifiéme fille du Roy de Pruffe , avec le
Prince de Brunſwick Bevéren .
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages des Païs Etrangers.
En juin 1730, plusieurs événements notables ont été rapportés. Le 28 mai, Léonard Vinci, musicien italien et maître de musique à Naples, est décédé subitement. Le 23 mai, la reine de Prusse a donné naissance à un prince à Berlin. Le 29 mai, la princesse Charlotte, fille du roi de Prusse, s'est fiancée au prince de Brunswick-Bevern.
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