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401
p. 8-98
Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
C'est le dessein d'une These pour le Roy, [...]
Mots clefs :
Louis le Grand, Roi, Louis XIV, Thèse, Monarques, Monarque, Ouvrage, Actions, Paix, 1684, 1685, Médaille, Mots, Ordre, France, Royaume, 1677, Villes, Parler, Histoire, Marquer, Détail, Événements, Paroles, Armes, Clémence, Couronne, Thèses, Conduite, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
C'est le des.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
sein d'une These pour leRoy,
fait par un homme qui s'est
attaché avec tant d'exactitu
de à rechercher tout ce qui
regarde la Vie de ce Grand
Monarque, que je puis vous
aíïèurer qu'encore qu'on ait ^
tâché de l'imiter , & de le co
pier en beaucoup d'endroits,
dans des Ouvrages qu'on a
GALANT.. 9
presentez {ans avoir ose' les
rendre publics , il est l'original
de tout ce que nousavons
vû de cette nature. Le tra
vail de cet Ouvrage, ou tou
tes les dates font , est quelque
chose d'incomprehensiblej íì
je puis parler ainsi, & pour
le rendre correct, Y Auteur a
a eu besoin de toute l'applicatïon
d'un hommeauíïi zelc
qu'il lest pour le Roy. Tous
les Eloges de ce Monarque i
& rout ce qu'on a fait de son
Histoire, ne nous en sçauroient
faire si bien connoik
tre la grandeur que cet Ou
vrage , & c'est ce qui merite
une réflexion bien serieuse,
& qui jettera dans tâtonne
ment tous ceux qui voudront
la faire. Il ne s'agit que de
marquer ce qu'à fait le R.oyy
fans détail , fans raisonne
ment , & sans éloge .y & ce
pendant cette These peur
passer pour une chose prek
que impoíïîble > à cause du,
grand nombre d'Actions qu'
elle contrent.Tous les Siecle*
ne nous fòurniífënt rien de
semblable. Je purs , & je dois
le dire à la teste d'un Ouvra
ge qui n'est remply que de
GALANT, ii
Faits y. & l'on ne peut ea
voyant cela que se taire , &
demeurer dans 1 etonnement»
Je n'ay dit qu'un mot de ces
raits. là , & ce n'a mefme esté.
que d'une partie ,& j'en ay
parlé dans deux cens Volu
mes. Peut-on dire apres cela
qu'il soit aisé de faire L'HiÇ
toire du Roy , si l'on y veut
renfermer tout ce qu'il a fait
de grand ? Pour moy, je suis
persuadé qu'il faudroit un Sie
cle entier , si ion vouloit
mettre dans leur jour toutes
les actions de ee Monarque M
& que cette .Histoire pour
i2 MERCURE
roit remplir seule des Biblio
theques. Vous en ferez en
tierement convaincuè,quand
vous aurez lû l'Ouvrage sui
vant , qui sera d'une grande
utilité pour tous ceux qui
voudront travailler à cette
Histoire . & qui leur epar
gnera plusieurs annees de
recherches. Sou venez- vous ,
s'il vous plaiít , que l'Auteur
luppose ion dessein executes
& qu'il décrit la Thèse com
me si elle eítoit faite. >
DESSEIN DE L'OUVRAGE.
Les Actions immortelles
de Louis XIV. estant ad
V
GALANT, i?
mirees de touce la Terre , il
n'est pas possible de trouver
aujòurd'huy quelqu'un qui
n'en soit pas informé, & qui
puiíïè demander avec raison,
pourquoy nous appelions ce
Prince Louis le Grand ,
mais afin d'en instruire la
Posterité ,on luy dédie une
These qui pourra luy servir
de regie dans les sentimens
qu'elle doit avoir des vertus
héroïques de nostre incom
parable Monarque. Les prin
cipaux évenemens de son Re
gne depuis 1658. y sont mar
quez d'une maniere qui ne
«4 MERCURE
fera peut estre pas deíagreable.
Quoy qu'il y eust une
infinité de belles choses à di
re avant ce temps. là, on n'a
pas cru devoir remonter plus
haut , afin de ne se pas co
pier soy mesme dans d'autres
Ouvrages, où elles n'ont pas
esté oubliées ; mais plus que
tout cela , pour n'établir les
louanges de Louis le
<j r a n d que fur des actions
d'éclat , dans lesquelles il a
toujours eu la premiere part,
St afin de le suivre plus exa.
#ement depuis un âge où sa
teste / son coeur, son bras &
GALANT. y rç.
son esprit ont commencé d'a
gir de concert pour le bien
2e ses Etats. .L Histoire du
Roy est une matiere riche, &
un vaste champ ouvert à tous
ceux qui s'y voudront exer
cer! Heureux mille fois celuy
cpi le fera avec succès ! On
a cru devoir ne s'expliquer
qu'en François, soit dans les
Inscriptions , soit dans les
Conclusions historiques êc
politiques , parce qu'on a eu
four objet la satisfaction des
Perfonnes qui préferent cet
te Langue , que nos Victoi
res oat rendue si florissante
ì6 MERCURE
dans toutes les Patries du
Monde.
DES C RIPT ION
... . de la Thèse.
Le Portrait du Roy est
placé au milieu d'une Cou
ronne de laurier , relevée de
quatorze Médailles , le tout
posé fur une dépqiïille de
Lion.Quatre grands Octogo
nes avec de riches bordures
accompagnent le Portrait,
&font voir par quatre gran
des Inscriptions la gloire du
Roy dans les quatre Parties
du Monde. / ,
GALANT. 17
/. INSCRIPTION.
HEurope inutilement conjus
rce pour s opposer à la Course
wiclorieusi de LOV IS LE
GRAND, cede a U force de
fin bras , &fi njoit contrainte
£accepter là Paix , que ce Mo
narque luy accorde au milieu de
fis Victoire*.
IL INSCRIPTION.
LÌAfìc étonnée des ABions ad
mirables de la Grandeur dtp
fioy 3 recherche fin Alliance , &
députe trois fois des Ambassa
deurs du Royaume de Siam a*vec
de riches Prefins. '
Janvier 1687. B
18 MERCURE
IN SCRIPT 10m.
il Afrique humiliée par les
frequentes défaites des Corsai
res d'Alger , de Tunis , de Tri
poli, de Maroc & de Salé , que
LOUIS XIV. a punk jusque
dans leurs Portereffe* , <vient de
mander la Paix'au pied du Trô
ne de Sa Majefié.
IV. INSCRIPTION.
L Amerique owverte aux Ar
mes de LOVIS LE GRAND,
a eflé le Theatre des Victoires
qu'il a remportées Jùr Jes Bar
bares 3 & des Conqueftes qùil a
faites à S. Christophe, à Tabagoy
dans toutes leslsles Antilles.
' \
». t . '
. ' 4
19
Les quatorze Médailles
font autantde Vertus ou At
tributs du Roy , representez
par des Devises ou Emblè
mes, 8c expliquez dans l'Exerque
de chaque Médaille..
Comme les Armoiries four
nissent le corps le plus naturel
Sc le plus ordinaire des Devi
ses, on s'est fait icy une obli
gation d'en tirer quatre des'
Lys , qui composent les Ar
mes de nos Rois , quatre du;
Soleil, qui est le symbole du;
Roy , &une du Coq , qui re
presente la France.
zo MERCURE ...
/. M ED AILLE.
Le Soleil éclairant tout le
monde avec ces mots, Eclai
re sVnivers. Dans l'Exerque
pour Vertu , Sagesse.
II. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots, Que
jòn odeur efi douce ! Dans 13*
xerque, Clemence.
III. MEDAILLE.
Une Justice tenant la Ba
lance , avec ces mots , Sou
tien des Loix. Dans l'Exer
que , Justice.
IV. MED AILLE.
Un Laurier. Pour Ame ,
Chery de Minerve & de Marr.
21
Dans l'Exerque , Liberalité.
V. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots. Des
Mortels Vamour & le plaifìn
Dans l'Exerque , Èonté.
VI. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces mots ,
// commande aux Saijòns£)àn&
l'Exerque, Puissance. '
VII. MEDAILLE.
Un Coq qui a une patte
en l'air. avec ces mots , La
terreur des Lions. Dans l'Exer
que , Vigilance.
VIII. MEDAILLE,
Un double Foudre en l'air .
avec ces mots , La terreur des
22 MERCURE
Ingrats. Dans l'Exerque , fer*
metê.
IX. MEDAILLE.
Un Soleil avec ces paroles,,
A qui rien ne peut refîfter.Da.ns>
l'Exerque, Force.
X. MEDAILLE.
Un Lys avec ces mots , Son
odeur va plus loin. Dans l'E
xerque, Gloire.
XI. MEDAILLE.
Un Foudre fur un Autel
avec ces paroles , Joûijfexde
fin repos. Dans l'Exerque,
Moderation.
, XII. MEDAILLEUne
Caíîolete fumante fur;
- GALANT. 2?
un Autel avec ces mots , La
gloire des Autels. Dans l'Exer*
que, Pieté.
XIII. MEDAILLE.
Un Lys , avec un grand
rejetton à droite ,. & trois au
tres petits à gauche, & pour
ame, NofireJiècondejpoir. Dans
l'Exerque , Bonheur.
XIV. MEDAILLE.
Un Soleil qui parcourt le
Zodiaque, avec ces mots , //
ne peut sarrefter. Dans l'Exer-.
que , Vaillance.
Dans le milieu de la bor
dure, au bas du Portrait, font
les Armes de Sa Majeste' en
H MERCURE
tourées des deux Colliers des
Ordres de Saint Michel & du
Saint Esprit, & ornées de Gui
dons, d'Etendards, & de Tro
phees , qui jettent des bran
ches d'Olive , pour marquer
la Clemence de ce Prince ,
qui a bien voulu donner la
Paix au milieu de ses Victoi
res. Il y a deux grandes Trom
pettes qui accompagnent la
Couronne , avec deux aifles
qui s'étendent de chaque costé
, pour porter les Armes
de Louis le Grand ju£
ques aux extrémitez du mon
de. Tous ces ornemens qui
fonc
.GALANT, n
font le haut de la These, sonc
soutenus dune table d'atten
te , ou parement irregulier
d'Architecture d'un ordre
Composite , avec la Corni
che, sa Frise, son Architra
ve , Colomnes , Pilastres ,
Chapiteaux , Piedestaux &c
Baies. Un grand Cartouche
posé sur le milieu de la Frise,
contient ces mots , A L A
POSTERITE'. Le grand
Quadre destiné pour les The.
ses , est échaneré par le bas ,
& pôle entre les Pilastres. U
contient quatorze Theses ou
Conclusions , qui répondent
Janvier 1687. C
26 MERCURE
par ordre aux quatorze Me
dailles , & qui prouvent cha
que Vertu ou Attribut du
Roy. C'est: par cette raison
qu'on s'est attaché à com
mencer la plufpart des Con
clusions par les paroles de la
Devise qu'elles, justifient.
Comme les Theses font le
principal fondement de tout
cet Ouvrage , on croit devoir
en expliquer la conduite su.
vec un peu plus de détail. Le
stileen est assez particulier,
mais cette Philosophie que
nous donnons n'estant pas
ordinaire, & ne faisant que
GALANT. 27
de haistre , elie s'est trouvée
capable de toutes les formes
cju/on a. voulu luy donner.
Certaines expressions de Poe
sie , & d'autres libertez qu'on
ne prendroit pas ailleurs, en
ont rendu les Propositions
courtes & ferrees en des
endroits , & plus étendues
en,* d'autres, Tout cela est
permis en cette occasion, ou
l'on doit dire beaucoup de
choses en peu de paroles. On
peut inesme. parler Ecolier, si
cette expression m'est permi
se , pourveu qu'on le faíïè
pour exprimer plus naturel-
Cij
28 MERCURE .;
lement les opinions que l'on
propose. Nous n'avons pû
nous dispenser d'employer
des chifres pour marquer les
jours & les années de plu
sieurs évenemens. Cela n'est
pas íàns exemple, puis que
nous voyons tanc de Theses
remplies de semblables chi
fres. Cependant on ne l'a fais
que lors que les Actions du
Roy ne íònt pas marquées
dans les autresMédailles donc
nous parlerons dans la fuites
Cette Chronologie a sonutúj
lité, & le Public ne sera peut,
eítre pas fâché de. la tçouyer
GALANT, zf
observée dans cet Ouvrage
avec assez de íòin. Les The-t
ses ont pour Titre \
HtftQrtques&Polittqucs.
.,' Q13ESTION* ;
Qui devez - vous estimer Ic
plus Gi."and de tous les
Monarques de la Terreî
1 CONCLVSION.
LOVIS XIV. donné de
^Dieu d une maniere mira*
culeajè, éclaire Y Univers par
les rayons éclatans de fa SageC
C iij
?o MERCURE
se. Cette Vertu parut en luy
beaucoup de temps avant Vâge
ordinaire. Peut-on dire qu'il ait
manqué une feule fois a prevoir
jusqu'aux moindre* évenemens
dans tout ce qu'il a entrepris f
Qùon montre un Monarque plus
exaBa remplir J&s obligations
mieux reglé dans fa conduite ,
& plus àjjìdu au gouvernement
defm Etat. Cet Augnfte Prince
également habile dans la 'Taix
& dans la Guerre, efi l ame de
Jon Cabinet. Ses secretsfmt im
penetrable*. Il donne autant
dorades o."n de réponses &
. fréfire dwertijjimens íes
GALANT.; ?t
plm innocens au travail quil
devore , pour ainfi dire , afin de
Jòuìagerjon Peuple. Considere^
ay ec quelle Sagesfè il commença,
par le reglement de ses Finan
ces. Ensuite ayant racheté Dunquerque
, il o/la aux Etrangers le
seul Port qui leur reftoit em
France, & aux Corsaires une
ancienne retraite. Compare^ nos
Troupes d aujourdhuy a<vec cel
le* de* Regnes précedens ;faites
reflexion fur le discernement
qu il a dans le choix de ceux qui
le fervent , fur la force & fur
t étendue de fòn Genie. Voye^i
Le hel ordre quil a étably dans>
G nij,
ji MERCURE
toutfin Royaume, & vommac*
cordere^facilement que Lo ii i s.
XIV. eít le plus Sage de tous
les Monarques de la Terre.
//.
G)umd le R jy paroifl armé,
cefipour obliger des Ennemis a
profiter de fi Clemence. Telle
fut la Bataille des Dunes qui fit
conclure la Paix des Pirenées.
Combien de f'is LOUIS a-t.il
épargn é kfxng des Vaincus ? Sa
Clemence empefiha le Sac de
Vtlencienncs , (1677. ) Sans elle
Alger Tunis , Tripoli , Genes ,
& tant £autres Places auroient
esté des bûchers de viçîimes deuë.s
GALANT
a la jufiice defis Armes. Amster
dam , la Haye , & le rcfie de la
Hollande defilée ( 1672.) & mefi
me tonte l Europe firoit encore
un Theatre de feu & desang, fi
ce Grand Prince nefi suft (vain
cu luy.mcfme , ôf s il nefi fuft
arrcfié au milieu de fis Victoi
res , enforçant les Ennemis d ac
cepter la Paix , & enfiúte une
Trêve de vingt ans , aprés en
avoir prescrit l&$ conditions >
qui ont rendu le repos a l Eglifii
& qui font avoûer que
Loiiis XIV. est le plus Paci
fique de cous les Monarques,
de k Terre..
34 MERCURE
///.
> // Joûtient les Loix par la
Justice de fis Ordonnames &
defis Edits. Lific^fin Code, qui i
fuit la reg'e de nos Juges. Ad
mire^ t®m les Arrefis que ce
Monarque a rendus, comme il a
puny les Due'difics , les Empoi
sonneurs ( 1676. ) & les Vfiirim
(168.0. ) Que dites-vous de
ce bel ordre étably pourl' AdmL
nifiration de U Justice } Mon^
trex^moy un Etat ou la Police
soit mieux reglée qùen France, j
Le Roy a-t-il jamais accordé ou
refusé aucune grace quilne fuft ,
Jujk d'accorder ou. de refuser ï
GALANT. #
Mais quand <vous <vous Jouvien^
drev^qùila jugé luy-mefme con
tre Jes propres interefis dans
. lajp ire du Vofé [ufto. ] dit&
^Loiiis XIV. est le plus
Juste de rousles Monarques,
de la Terre.
IV.
Poureflre chery de Miner
ve & de Mars , /'/ faut proteger
les beaux Arts, & récompenser
dignement les Vertus militaires*.
Nos Muses donneront des loiian*
ges éternelles à Sa Majefiépour
avoirflit baflir l Observatoire,
pris la protection de l Academie
Françoise [ 1672. ] institué celles
îá MERCURH
deSoijs.ns, d' Arles, de N(/mes,
de Villefranche^ d Amiens. Le
Journal des Sqavans, qui a com
mencé en 1660 efi deua lamour
que cette protection a injpirée
pour les belles connoijfmces j &
le Mercure G4.Ia.nt qui a com.,
mencé en 1677. efi un fruit de
la grandeur de ses AíTions , qui
en fournijfent la matiere. II a.
ctably l Academie Royale des
Arts & des Sciences > celles de
Peinture & de Sculpture , les
Ecoles de Droit Civil a Parti ,
[ 1679. ] & de Droit François
par tout le Royaume [ 168 1. ]
Combien d habiles Ouvriers en~
GALANT, v
tretenus pour des Ouvrages ra
res au Us ont portes a la dernie-
» re perfiction ! Faites reflexion
Jur le grand nombre de Scavans
qui Jont dans ce Royaume , &
Jur la politejfe que ion y remar
que depuis vingt ans. Admire,z.
la Magnificence de ce Prince
dans l EntréeJolcmnelle quilfit
a la Reyne fin Epousé le 2.6.
Aouft 1660. Confidences Cours,
les Rampars, les Arcs de Triom
phe , l Edifice du Pont Royal ,
les belles Fontaines , iélargisse
ment des Rues , le Quay de la
Riviere , &lesauprcs ornemens
ajoutez, à la Ville de Paris, ^ue
>
?8 MERCURE
penfczjvous des Bafiimens su
perbes de toutes les Maisons
Roydes , de ceux du Louvre &
de ceux de Ver/ailles , qui peut
paffer pour une huitième Merveille
du mondes Voye\ les belles
dépenses que LOUIS LE
CRAND a faites dans les Car
rousels de i«6i. 1685. & l686. h*
Di'vertijsemens de f Isle enchan
tée &de la Paix,avec les grands
Balets , les Machinessurprenan
tes . & les representations des
Opera , fins parier de la richejfe
de fis Meubles & de la ma
gnificence de fa Cour. Mais fur
tout , accorde^- mqy que cefi
GALANT. ?9
dans ce Royaume que les vrais
services de la Noblejfe font re~
connus par le rétablissement de
I Ordre de S. Lazare [1673.]/^
I Institution des Compagnies des
jeunes Gentilshommes [ i68z] £5?
par la fondation de la Maifin
Royale des Dames & DcmoifèL
les de Saint Cyr [ 1686. ] Les
vieux Soldats j ou ceux qui ont
efié cfiropie^ dans le service ,
/ont nourris &Joulage^le reste
de leur vie dans t Hoftel Royal
des Invalides , fondé le 14. lé
vrier 1671. Donc Loiiis XIV.
est le plus Magnifique & le.
plus Liberal de tous les Mo4o
MERCURE.
mrques de la Terre.
V.
LeRqyefl Y Amour & le Plai
sir defin Peuple , dont il efìle
Pere.. Sçavez^vous le grand
nombre de Places quil a bien
voulu rendre en consideration de
la Paix,&'avec combien de bontéila
remis aux Espagnols trois
millions cinq cens mille livres
qu ils luy devoientpour les Con
tributions de la Flandre ( 1684 )
& comme il leur a rendu deux
gros Calions quils avoicntjuftement
perdus dans une défaite en
1686 ì LOVIS L E GR AND
a délivré jusqu'à pesent plus
GMAKs. 4v
de ijra&. Esclaves defis SujetsT
€^ de differentes Nations à Ât~
ger , outre les 600. qùtl aura, de
Tripoli , ffî tous ceux qùildoir
retirer de Tunis (d?- de Maroc..
tiy a plus ; fa bonté luy a fait
dïmnmr les Tailles de trois:
millions prés de 5 00. mille Uvres:
( 1684, ) donner de grandes som
mes pour occuper les Pauvres h
des Travaux aujfí utiles a leur'
Misere qua Vornement des Vil^
les ( 1685. .) fairè des chantes
considerables pendant lafkmnè.
de 166 1. fç) le grand Hiver"
{ 1684. ) & une diminution tres±.
grande four fis Droits fur Us
s Janvier 16S7» I>
ai MERCURE
bled. ( 1685. ) Ses mains RoyaU
les occupées à porter le Sceptre ,
n ont pas dedaigne' depuis fix
ansde composer des Remedespour
le fiulagement , fé) la guerison
deses Sujets ; & de leur en don
ner luy-mesme les secrets qùil d
publie^depuis peu, {g) quilrìavoit
achete^ que pour fin Peu
ple. N oublie^pas encore cetar-.
trfice benin dont il 'vient de Je
sèrqjir ,pour cacher a toute fi.
Famille Royale 0, àfin Royau
me une maladie qui le tourmentoit
, afin de nous épargner l in
quietude g) la douleur de fia-
*vQtr un fi bon Prince dans
4?
les peines.^ Reconnoipz dom'
de bonne.fy qu il merite mieux.
le nom de tres bon que cetËm-.
pereur Romain a qui on le decerna
5 puisque LOUIS XIV.'
vray Pere de la Patrie , est le
plus Aimable &. le Meilleur
de tous les Monarques de la'.
Terre.
VI.
Il commande aux Saisons ,4
lors qu 'il trouve le moyen de'
faire la Guerre au milieu de'
L Hiver. Qui pourra comme luy '
parvenir a cette puiflànce, d as-
Jteger en me/me temps quatre'
Villes tres-fortes [ \6yz. ) & de
D ijj ~
A4 MERCURE
faire recevoir ses Loix en un
mcfme jour a deux Places auffp
considerables que Strasbourg fg)
Ca%al ? Jl a dompté les Jroquois
( i66j. ) & reduit en fìx jours
les Algeriens ,quetout le Regne
de f Empereur ChaHes-Quint avecfa
fortune n eut pas feule~
ment le pouvoir d'intimider.
N a.t il pas contraint les Corfaires
de Tripoli , de Maroc y
de Tunis , de Salé , avec ceux
de Majorque .{ 1681. ) aprés le
avoirfournis , de refpeûer nos
Vaisseaux , fg) de rendre tous nos
Esclaves ? Conjïdere^ce que cest
que de joindre les deux Mers e»
í GALANT. 45
Languedoc par un Canal long
de 64. lieues , commencé le 16*.
Avril 166-7. (ë>r acheve dans le
y me/me mois de l année 1681. Tau
re confiruire l Acqucduc de
Maintenon pour la conduite des
Eaux de la Riviere d'Eure ,
( 1685. ) d°nt ïédifice Jurpajfe
tout Ce que les Romains ont en~
trepris de semblable. Cefi la
puiíïànce du Roy qui Va fait
triompherfur Mer des Anglçis
en 1666. des Hollandois le sep*
tiéme Juin 167.2,. & encore
deux fois de la me/me Na»
tion en 1673. ft) a Stromboli ,
*n Sicile , { Janvier 1676. ) des
4* MERCURE
Ejpagnols , fg) des Hollandais
devant Augufia le n. Avril
suivant , ou le fameux Ruiter
qui commandoit fut blessé à,
mort , le deuxième Juin de Id
mcjme Année devant Palerme ,
ou l on remporta la plus glorieu
se Victoire de Mer qui se fòit
veuè depuis la Bataille de Le
sante ì les Plotés d. Espagne @p
de Hollande ayant efié défaites 3
& ensuite brûlées clans le Port ,
dont le miserable. rejle fut vain
cu le 3. Mars 1677. a Tabago
dans l Amerique. Dom LOUIS
XI V. est le plus Puissant de
'tous les. Monarques de la
Terre.
-GALANT. 47.
.'.y vil
La terreur des Lyons , ccfl
cette vigikfvre qui fait <voir
le Roy , le premier à la tefie da
ses Aimées > moissonner des Pal
mes fg) des Lauriers avant que
le Printemps nous donne des
fleurs. G efi encore cette applica
tion exacte fç) reguliere a gou
verner par luy-mefme , q) À
tenir tous les jours ses Conseils.
Lefoin qùilprend de connoifire
Jès Officiers , de Jefaire rendre
compte de tout , (gf de prévoir
dans le détail a mille choses qui
rendent ïexecution de desordres
plusfacile ft) plusprompte. N'a
48 MERCORjE
vons-nous pas veu baflir une- *
Gídere en dix heures f ( 1679. )
N efi.ce pas par les fins de Sa
Majestéau ily a tant de Gardes. .
fç) d illuminations , pour lafu
reté de Paris ? On lu.y doitauffí
r établijfcment des Compagnies
des Indes Orientales (d?. Occidentales
, (efr de plusieurs belles
Manufactures ) une Compagnie
de Guinée1 ( 1685. ) avec beau
coup d autres avantages procures
à ce Royaume , poury faire fle»\
rir le Commerce avec succes La,
Navigation efiparvenue à une
telle perfection cheries François>
paria, vigilance de LOVÎS LR
GRAND»
GALANT. 49
CRAND y que les autres Na
tions rapprennent de nous. Tou
tes nos Provinces ont acquis la
/curetépar la bonté des Torts de
Merspur les armeniens des F'lo
tes , par lafortification des Villes
frontieres parla construction
'de Saar-Louis , d Huningue , g)
de Mon.Louis , fins parler de
tant de fortes Citadelles baflies
par les Ordres de LOUIS X IV.
ìe plus Vigilant de tous les
Monarques de la Terre.
VIJL
L0V1S prend quelque fois
le foudre en main y pour punir
les ingrats, pour maintenir les
Janvier 1687. E
T° MFRCURE
drain de fa Couronne , fg)pour
rvur.ger la foy publique , (d?- le
droit des gens violes ( 1674. )
dans lAjJemblée de Cologne. Si
la Garde Corse a la temerité
d'attaquer un Minifite Public,
le Ry fîsait en tirer la/àtisfa~
Síijn deu'è afa dignité ^obtenant
tout ce qu'il pouroit pretendre .,
par le traité de Vise conclu le íiì
Mars 1664. avantage ont
remporté les Espagnols en reffini
U pìts a noftrç JmbajC
fadeur a Londres ( 1661. ) fnon
d'avoir efié oblige\depuis a déc
'arerpubliquùmnt qu'ils cedent
par tout la préfëAme aux Bran
GALANT, v
cjmviïe íeurK^pïrkiénfpBsf Á
qttoy bon troubles leï Wibitdns
<£ Andxye \ ^) donner fant ; de
ra^fiùtâ.rfitgàtàiïsû T.rdacé
potier é%ká" de coùctúre ïaffàre
êe £ÌPnduttê fc'efioitpour fiire
ítòarSfc tohte ^Eiïïope ; t^itè U
éRWWb si/fisst p wmdntekir
jfòn titre de Duc de Rmr~
g.gnâ": t tûìó.ï) pour remettre
Jtsv:S*jeù en pòjpjfià ÏÏe UVcf,
chf{\tô$ pourfdre trembler
tmte . tífpÁgne en tenant une
grmde Vhttè bloquéè devant
ôadix ( Í68&.v ) Le Turc a <veu les
Eij
y. MERCURE
Corsaires de Tripofy poursuivis
fç) battusjusque dans le Port de
Chío \ 168 1. ) @r nostre Vlotte
^ victorieuse menaçant les Dar da
nelles , porter lépouvante jus
que dans le coeur de fin Em
pire. Ces preuves de la fermeté
du Roy , (gf. la vigueur de fin.
Ministre en 1677. 1680.(^-1681*
ont obligé le Sultan d'accorder le
Sopha à noftre Ambassadeur , ft)
d'autres Privileges pour la Re
ligion Catholique , ce qui fait
voir qu'il estime davantage
LOVJS LE GRAND que tous
les autres Monarques ensemble.
Jtfvs Allier ont aujst goûté les
GALANT. <î
fruits defa ferme ré , lors qu'il
leur a fit. rendre (1679. ) les
Villes (§>?> les Provinces qu'ils
avoient perdues pendant la,
Guerre ; toute f Europe vient
de recònnoiftre par la réunion de
-' plus de xoo. Villes famées ,.
800. grés Bourgs ffi 3000.
Villages ujurpe^jur la France
pendant les 'Revolutions de ce
Royaume , que LOUIS XIV.
est le plus ferme de tous les
Monarques à maintenir les
droits de sa Couronne.
Rien ne peut resister à la
íbree d'un Roy Invincible „
Eiij,
qui s'efi fut, luy, me/me une
routeJm le Rhin , mal.?iéjò%
extrême largeur *Jk rapidite Cs*
f profondeur ; metuint en der
r.ute une Armée qui <voulokJuy
,eu disputer le píjf^ge. * Tohyii ,
& qui fut contrainte de le luy
ahj^donn£î{ Le it. Juin. i6,7*.f
incomparable Mcfos a fins
&ej- beMwjèwnt plus de
Guerres , gagnéplus de 6p. B%-
t^ïlks ou Combats s bordéde$f
Cûnquefies le&hin ,le Viyahai'i
la Moselle , U Meuse \ íljfel i
la Lys , lFfiut , &f pris plus
4e 6oo. Villes par Sieges ^ TfaL
t&L o ou pifoteçftm. Aprés m fi
GALANT.' vf,
grand nombre de Con^uefiês ,
que d/tes^vms de & force' des
Places , les çriyczjvms imprena
bles f Je <vous oppojèray aujfìtjfl
Dunquerque s le Fort de
Schein, M.ifircic, Valenàennesy
Cambray, Suint Orner , Tpres ,
Puioerda., Strasbourg , Luxem
bourg , & tant, dautres que
vous voyez^parmy les Conquefies
d un Roy toujours le plus fort.
Voulczc^vous au contrairefiûtenir
quïl rìy a. point de Villes
qu'on ne puijfe prendre ? Sans
doute vous ave^mblié que nos
Ennemis ont levé le Siege de
vant Voêrden , & devant Char—
E ÌÌÌj'
*s MERCURE
leroy , ( 1672.. ) devant Oudenxrde
qu'ils affiegeoient avec>
trois Armées , ( Septembre
1674. J devant Haguenau
Saverne ( 1675. ) devant Augufla
en Scicilc [ Janvier ] de
vant Mzftreic le vj. Aoujl 1676.
& devant Chxrlcny le 14. Aouft
1677. Accordons-nous , ffi dïfms
qu'il n'y a point de Villes
imprenables fi Louis les attaque,
& qu'elles ne peuvent efirefor
cées lorsqu'il les dcffend. Vous
Jçave^ auffi que nofire Vlotte
Vichrieufe a toujours battu cel
les de nos Ennemis ; m iis e:iffìe%r
vuus cru , fi toute U terre ne
GALANT, r?
meus en affeuroit que le braie
d'Erlingue avec fin seul Vais
seau \ euft osé livrer le Combat
à 37. Galeres tant Espagnole?
que Genoises [ 1684. ] qu'a
pres les avoir battues , $~ leur
avoir tué zooo hsmmes 3 // cufi
pu heureusement fi retiret danr
son Port. Donc LOUIS XIV.
est: le plus fort de tous les Mo
narques de. la Terre..
X. •
Dans ler Panegyriques des
LOVIS LE GRAND , je pje*
fire toujours la vetité toute/im
pie , a la figure aux Allegotics.
le Juif donc, entierement
$ MF.RCURïï
perju.idé qUilJuffit icy d'ejì.iblir
sa ?\oirc Jurjes propres actions
(d/-sûr des sits connus de toute
l Europe. Jgui osera nier que
f Empereur n ait eu befitn du
secours de France , [ 1664. ]
poursuivcrh Hongrie & toute
s Allemagne qui allait devenir U
proye des Ottamms ì Le Grand
Duc de Mswie a recherché
í Alliance du Roy par ses Am.
b.jfideurs [ i66g & 1*81, }fEm*
percur des Turcs [ 1669. ] un Roy
de Guinée [ 1670. ] t§jr le Roy
de Si^msiit voir par des Presens
magnifiques , @r par trois
Ambajjudes qùi[ envoye du miGALANT
S9
lieu de l Asie, [ i6Sì. ] OMre
1684. &.\en Aoufi 1686. quelle,
efiìme il fut de LOUIS LE
ÇK AND . Ce Prince qui nefi
fin da jcctte cflïme que pour le
bien de la Religion y ria. t-ilpas
feu nn Souverain à fis genoux ?
[ifSf. ] (&y lun defis Gene
reux donner un Pzjjcpon le 2.4.
Septembre 1677. à l Aimée En
nemie beaucoupplus nofnbreufi
qW U nafire , pourfirtir d'un
lieu, oà'eUe benoit de fifiuver, .
nprés avo'.T efié b&ttuë ? Le
grffld Gufîoe<ze qui appeUoit il
y.tì 56 Ans les Autres Monarquesy
des Roitelets en' comparaism dfk
6o MERCURE .
Roy de France 3 s'il vivait au~
sourd huy , ne diroit ilpas avec
nous que la Gloire de LOUIS
XIV. ne peut avoir de bornes*
& que c'eír. avec justice qu'iî
est le plus estimé de tous les
Monarques de la Terre ?
XI.
Joiiiíïèz de son repos, Frìnces
inutilement jaloux d'une
grandeur à laquelle vous' «?
parviendre^jamaìs. L'on a re
fusé les Secours qu il offroit fi
genereusement ; mais fans luy on
n'a pu aller à. la Victoire , puis,
qu'il cflint le Maifire du chemin
qui vonsy acmdmts. Les droits.
' ".GALANT, rît
que ce Prince avoitjur le PaUtinat,
oni.ils esté capables de le
tenter ? Point du tout. Jl a cher,
ché les tvoycs de douceur , ^) fi
dele dans la parole qu'il avoit
donnée de ne point agir, il a
cedé fis propres avantages pour
ne pas interrompre le cours des
zostres. Jgui peut dire qu'il fa
jamais veu en colere ? Ennemy
des loila nges fg) de la flatterie ,
toujours affííble , toujours pa
tient , & le plus moderé de
tous les Monarques.
XII.
La gloire des Autels, c est la
Pieté dont LOVIS LE
MERCURE
€ R A N D, a donné, (èfy* dón±
m feus les jours de fi grandi
exemples. S efi-ilfirwy defèsú.i
wantages k>rs> quïl a <veu l!Allei
vtagne embarajfci t$mébàìùm
pás. a ft moderation een.x que
'vous avez remportez: en Hon
grie* Cefile Beffwfîtfhde^^E*
glija , le VviMfàjcr des. yEv<fl
qu.es , & le Defiruffeurde l'He*
refie. Il a fmi nf de grande?
fimmes. aux Venitiens. (1658. )
pour sûre la Çttdrre. .qu'ils'
efloient obligez defmtenir. H à
proscrit les Blasphèmes & les
Inipietcz^parfis Déclarations &
Edks de 1665. 1667* q) t6?y}
GALANT. 61
V Eglise cl recoww éfa premiere
tranquilîté fr les Jèntimens &
Jur les points delicats de la Re
ligion , par les Joins de ce Mo
narque qui a envoyé dessecours
considerables de Troupes en Can*
die contre les Turcs. [ 166S.
166y. ] ft) employeses forces de.
Mer contre.eux [1670. ] Il a
tefiab fy lexercice denofire Relu
gbn dans les Villes Herretiques
d'Osfy, de Rhimberg, de B u -
fi h ,dVtrech., (g^c. [ 1671.
de Geneve en 16S0. fê) de Stras
bourg en 1681. Ce Prince trespieux
a rtmis en p'ojfcjfion de la,
Garde du S. Sepulcre les Relï*
H MERCURE
gieux de S. François t677, $
leur continuéfa proteêiion Roya
le ses liberalits^ dans toute
la, Terre Sainte. Il a émt au
Roy de Ferse enfaveur des Ca
tholiques , (dr en a obtenu tout
ce qu 'il a demandépour nos Mf
fionnaircs^ Les grandes Con
versons quil a procurées dans
le Royaume de Siam , g) dans la
Chine depuis plusieurs années >
ï Edit de 1681. qui deffènd a ses
Sujets de quitternoftre Religions
g) cet autre de 1683. qui oblige
les Idolatres qui renoncent a
leurs erreurs , d'embrajfer la
Communion Romaine ; En un
[
mot ce qu 'il a ordonné ( ifâçy
pmr le, rejUblijfement des Eglifis
g) des Fresbiïeres y @J ce'
\ Mmdcment pourfaire observer
la, modestie cUns les Eglises ,i
14S6* tout cela ne montre t il
pas la vcritableYxçxè de LOVIS
JLE GRAND .<? Ajouflons , quaprj
la Conversion volontaire ft)
libre de plus de fíx cens mille A~
mes reunies à l Eglise Catholique'
depuis plusieurs années , que le
zgle , les Joins charitablesfs gj.
les belles Ordonnances du Roy
les sollicitent à se convertira it
a revoqué L'Edit de Nantes ,
jait abbatre tous les Temples des>
Janvier 168 j. K
(S MERCURE
tìuguenots.., g) ab&ty s Heresie1
áxns fin Royaume , W me attûée
, ce quejer PredeecjsetìTsna-
^oknt pas fait pendant plus
d un fiede : hissant a lapoflcrite.
un bel exemple dont le Duc de
&&wye u le premier Jùivy les
traces. Ces grands services ren
dus à lEglîJi ijans parler de
ceuxqxtin atteted, prouvent que
LOUIS XIV. est le plus
Pieux de tous les Monar
ques. • l"4 1 '' " \';
C'est pour 4'es grandes Vetttts
du Roy , que "Dieu l a. comblé
d'un jufte Bonheur , en hy .
.l . i rjr. A\\
galant: ef
donnant une nombreuse Pò/fe-
" rite. Heureux dans ï Alliance
qu'il a faite arvec une Keyne parfaite
& remplie des graces du
Ciel : heureux dans un Fils incomparabie,
&dansjfon Augufie
Epwíjc : heureux enfin dans un
Frere félon Jon coeur , & dans
tmdxfíFAmilk 'Rijyalequil <voit"
entierement devoiiee ajonservi- .
ce. Ses Mìnifirts font vigilans, ,
ecíaire^ &fidelles ;Jòn Rojaume '
flwiffìnt Jh Armes' invin
cibles, il eft cbery de fort Peuple, :
estimé de. toute la Terre , & par
tout Vííforieux, Ainfì lors que '
*vsHt ditçs €pue les Defltns jòntr
68 MERCURE .
pour luyjans contrainte , que
cefiparce qu'il a enchaîné laVortune
qu'il efi le plus Grand des
Rois , reconnoijfez. en mefme
temps que cefiparfa propre ver
tu qu'il efi leplus Grand de tous .
les hommes. Voila lafeule raison
pour laquelle Louis XIV. est
ie plus Heureux de cous les
Monarques de la Terre.
ll ne peut s'arrester dans la
belle route des Heros ; ce Prince
Magnanime , nmrry dans le
sein de la Victoire. Ses Ennemis
me/me avoâent qu'il ne fe con
tente pas de marcher le premier
GALANT <9
k la tefle de ses Armées , mais
qu'il les mene en personne au
Combat & a la VÏBoire , d'oà
vient qu'il efi plusbefiin de le
reunir que de l exciter. Sa Vail
lance ne nous fit-eUe pas une
frayeur fans pareille , lors quaprés
s'estre exposé à mille dan
gers , & a des fatigues inconce
vables au Siege de Dunquerque
[ 1658. ] il demeura luy seul in
trepide pendant une dangereuse
maladie qui defcfyeroit toutjòn
Royaume ? Pouvez.- vous Jans
admiration & fans larmes pen
ser avec quelle grandeur dame
LOVJS a souffert fa blejfure
7o MERCURE
dux. Septembre 1683. & une
Operation accompagnee de dou~
leurs aiguës ? [18. Nov. 1686. ]
Suive^ ce Vainqueur en Vranchc-
Comté qu'il prit luy.mcfme
en dix jours au milieu de iHy.
ver: & en Lorraine qu 'il fou
rnit en peu de jours, îl a conquis
en petfinnc fiixante-ánq
Villes en deux mois , fortifiées
dans l&endué d on%e Provinces;
M ifirich , que l<m efitmoit im
prenable , en tre ize jours z & les.
années /ùivantes, Valevúenmsy
Gand , & Tpres. Assiegeant U
Ville de Bouchaïn ìm 1676. les
Armées des Confederres tenteGALANT.
71
sent le secours de cette Place.
Le Roy aÛa au devant , leur
prtfenta la Bataille qu'ils evif
terent par U fuite. Voulc^wous
d autres Victoires rempotréesfar
Terre par L OV I S LE
• G RA N D , .<" Je <vom rapporte
les principales. Ce font les Ba
tailles ou Combats des Dunes le
14. fuin 1658. de S. Godart au
p&Jfage du Raxb en Hongrie le
premier Aoufl 1664. En 1674. de
Zein?ein , de Molsheim , de Se*
n ef contre trois Armées , d'Emf
heim , dans laquelle vingt mille
François défirent trois Arméet
defiixante &fex miUe hommes>
7& MERCURE
commande^ 9 par vingt Princes
Souverains , ou de Maison Soumeraine-,
de Mulhaufein ën 167^.
de Turshcin , apres laquelle les
Csnfedere^ furenf chajfcz^ , &
contraints de repasser le Rhin..
En 1677. lonziéme Avril .celle
de Cajfel, remportée par Son Al
tesse Royale ^ quï defit les Espa
gnols (dp les HoUàndois , mmmande^
pçr le Prince d'"Orange,.
prit enfmte*Sa}rit Orner. Lés
Batailles d'Mpoûille en Catalo
gne , de la SeiÛe, & dAufembourg.
Le Combat du Pont- a-
Mmjfon^ de Koquerberg^outre
vingt-cinq mille hommes perdus
par
GALANT, .71
par les Allemans dans le Cam
pement de Mouron. En 167g.
les Combats de Rheinsfeld le 8.
Juillet , & de Saint Denis le 14.
Aòufi. En 1684. le 16. May le
Combat de Pont . Major , au
pajfige dei la Riviere de Tur. Re.
iconnoijfeç^ donc que U Vaillan
ce duRoy ta rendu leplus grand
Conquerants qu'un concours fi
heureux de tant de Vertus Mo
rales & Politiques \ prouvent
invinciblement que L ou is XI V.
£st çeluy que vous devez esti
mer le plus Grand de tous les
Monarques de la Terre.
Dans le grand Quadre aux
Janvier 1687. G
74 MtkteOKl
deux coffe2 des Theses ©a
Conclusions historiques &
politiques ,sont marquees les
principales ; Conqu'istòs du
Roy selon Tordre dèsanne'eS}
afin qu'on puíílê1 les> tròuvéV
tout d'un corjp,^d%ríè feuX
le veuë , 4en lisant ' tes autres
Actions de ce Prince Cha
que coríjdueste k *fir titèfrífue
pour en> c1>n'si$ïfteM£
tion selón la "Geographie,,
cela se trouve eitpîîqué dans
un Cartouche poï^itfus 'le
Quadre. *^\^r^h
.. .GÀLAKÎV 7s
Pour cottuoifire la situation
des Cottquefies. ,
A AtVòîè^' Cornu, eles JPtys '-ba*
Catholiques. : v; v^,«»'.> '
.'.'Akace ; : ':£attáptèvi4Ì^ iÀBemagne.
. . ' '."'O '
B Brabant1; Dùchí «M&$sÌ>at
Catholiques.
C GleVes'; ^u^ìenlÂneriapie.
f Cologne „ EleBorar^ .en Àlle~
Magne. ' . -* 1
F Flandres, Comté desPJy:-ha.t
G Gueldres , 2>«^ , deiProvïh-
. ces-y^ìes.. , ij^.n-'. ! ? .
IjF HàìnVùt, & ktyi ú*
3J" Cathotîquês. 4t"
G ij
j4 MERCURE
h Hollande , Comté , des Provin
ces-Unies.
L Liège* Principaute , £Attenta-
,gne. ^ x- .> "WïjK
\ Luxembourg, Duché, des Paysbas
Catholiques.
N Namur, Comté , des Pays-bd*
Catholìquts. .'. ...'>' •
O Owerissel , Seigneurie, des Pro
vinces. Unies.
P Palatinat , Eleïlorat , en AUemairie.
:' .£, : J
V Utrecht , Seigneurie des Pro
vinces-Unies. . ; ... ,4. ../'.f
Z Zutphen , Comté , des Provin
ces.Unies, i •.;
Ces seize Provinces ont esté
le Theatre le plus ordinaire
des Conquestes de Louis lk
Grand, quov qu'il cn ait
GALANT. 77
fait beaucoup dans plusieurs
aurres Provinces , qui font
marquées à la fin de chacune
de ces Villes. Ainsi Ton trou
vera peut. estreaíïèr d'utilité
dayotrenïì peu d'espace les
principales Conquestes, lan,
née quelles ont esté faires,
& le Païs pu elles font situées.
Trinàpdes Conquestes du Roy*
Dunkerque. F
Gravelines» ;'" F
Oudenarde. F
Menitì. F
Ypres. F
Comm.ines. F
Grammoat. F
Giìj
78 MERCURE
Dixmude. F
M or tare v Duché de Mitau , en
Jtaïiey \"
1663.
Marûl , en Lorraine.
"... : ."s t&7> . \
L.a Bassée. F
Conde. H
Charle.Roy. . iH
Bergues. > ' ' ' B
T.Huruy. .'. .?. .. V F
AcH, . H
Doiiay. ...I.'...' 'I'- í?
.F urnes. '.. . W
Çourtray. ^ ' |?
Oudenarde- p
Lisle. .fr
.^.lost, deux fois. .• m. . F
Árrnentieres. > ,. , ' Jf
GALANT. 19
.y léóS.'
ècíànçon. . .. . ,~ sf.v . K S
Salins.' • . »
Dole. ' I»
Grais. u O
Chasteau de JoujíVj...:. ^ |
Fort Sainte Anne. >-
£t toute la Franche-Comté. . .
Pont-à.Mousson. ,„ ,y., . \\
Çpinal, Nancy , & toute la Zar*
, rainer
fpngres. . j,,7/L
Weifet. . X
ltfascik. Mjv.'vk
Sjtuar.. . ^ 3. I*
Fsluquemont,,D«^.^ Zifpktìur£.
flLhimberg. v t
jfurìck* .r....;. Ç
G iiij
8o MERCURE
Weícl. • } C
Rées , & son Fort. >:!; C
Fort de Lippe , enVvestfhalie.
Emmeuk. ;:.v ì,- G
Locken, '1 Z
Bvoí kelo. Vvtfifhalìe; >
Grool. * ,: ' Z
Doëtkum, >ír Z
VHrz. ' Z
Brtwoort. ' ' ^.^ 2^
H. sselt. c V . • O
Ommetij .. ''.'• O
Kemperi. O
Zwol. ?- >.••v^:/.|"0;.
Deventer. ' r-:
Zûtphen. H : > . . ' Z
Óoësbourg. ». ' > Z
Fort deSkeink. . ''".rí"'.»>: f
Utreicht. •
Mu'íden. .;:>.''-í\, fc:
Naërden. ••' ' h
GALANT. 8t
E&ourg. . G
Harderwick. >ì . G
Hattettî'ï *ì>♦ ï ..• .. t '>'»*.. ' . G
Amersford. A
V^oërden. h
Oudewarer. %, \v. . ' h
Arnheim. G
Vianem. ~>«t : Ja
W"agcninghen. G
Rhenéen. j:> V
Duëstede. V
'Wic... Duché de Zimècurg.
Knotzeiobourg., *. F
Les Forts de Saint André & de
W'orms. i G
Isles de Bomel & du Betwe, G
Creveeoeur. " : B
Nimegue. ' G
Grave. st
Genep. .<..'.. C
Bodengrave* .> ' 'h']
82 MERCURE
1673.
Mastreick. : '
Tout le Comte de la Marek. ' ? . '
Salins. Sf
Principauté de Lure. »*.
Chafte'au Sainte Anne.
Fauconnié , & toute la Franche-
Comte'. • •'' fj.í
<îermeinsheim. .? P
Duren. ^ Ì..t ; '>> >• 'P
Heiníberg. .'»»'•»• *v p
jpinnick. .'Jwt...i:;:^p
Citadelle de Lieo.e .n...O
.-l^: O » *
Trêves , A'Jemayie.
1674. .
TJinan.
Huy, L
GALANT. 8?
Limbourg y Duché.
F^rt de Monivic Cataleyte.
Augusta , en Sicile.
167$,
Fort de Link. F
Condé. .' H
Bouchain. H
Aire. A
Builloru £•
Tôrmiuna. j >
S.aletta. a?
La Croix. .... £s
Savoca.
Ficumedcntsi.
Fort &Iflc de k Caïenne , dans
tAmerique.
Valenciennes. H
Cambray , &; .& Citadelle. H
Saint-Omer. A
Fribourg.. :.. . .i
8+ MERCURE
ChasteaudeBoslu. s']\ .x > H
Saint Guillain. H
Sarbruk. Lorraine, ...r;
Forts de Tabago & d'Orange.
Amerique. . - \%,;\\
1678.
Fort Rouge.
2s.ores, .v,..)..,.: F
l'uycerda. Catalogne.
... > «
Fort de Kiell. , a
Kampen.
Landav, & le Chasteau de Lichtemberg^
»^//^
apte.
Aix-la Chapelle , & tout le Du.
ché dejuliers excepte la Ca
pitale. i,»C:L Vïlì :.
Nuis. .. ., , .." ^
GALANT 8c
1680.
Chademont. fss
Hombourg , Frontiere du Palàtinat.
;
Virton. JBaillages du
Chin y. Luxembourg,
Enchimont. L
Strasbourg. a
E/CazaI , Italie , en me[me jour. :
1683.
Courtray, p
Dixmude.. ' \ . • ; p
1/84.
Luxembourg. L
Cap-de-Quiers , en Catahqnt. .
réunions.
Fumay. j_j
Le Comté de Rochefort.
Le Marquisat d'Arloh. :' >
Herbemonk ,.,'.'
Urbu.
fc< ME&CfJRE
Orchimont.
Revin.
fiastoine. , > r
La Roche. rs '".lV *
HofFalize, ' ' r
Saint Hubert,
Marche-en Famines : >
Ì.c Neufchateaiu •',' .,,v.
Echternach.
L i Principauté de Sálm,êcci. dam
le Luxembourg. 1
Et les Comtez de Morîçbe'íará^
&íde Sponheim, en A ema<gn&.
LesColomnes,Jçs Pilastres,
& les Feítóns font ie^idrtïs de
cinquante.'huit revérs de Medailles,
qui font autant d'Ins
criptions qui rna&qttent seloû.
Tordre des années y les prihl.
GALANT. 87
cipales Actions du Roy, qui
n'ont pas esté compriiès en
particulier dans les Thèses.
On va les rapporter íuívanc
qu'elles font disposées.
I i! . . J . . ,.l 1 . . . ì
..t.4.; Çharrìhre de Justice, pour
rétablis l'oirdrQ daìis les Finan
ces, 1658. .•..:,/.'. í { ,
ì. Edit contre.Ies Duels , Kjj?.
3 . Les Rois de France & u'ÉC
pagnes voyemt ] & fígntnr la
Paix le 7. Novembre 1659.
4. AccruiíìtiondeDurikerque,
ì'66l. . .Jt*. />'[ ri: 'i . .. , ií í '.
. . 5. Le Roy d'Espagne cede la
préséance â 4a France , & le dé
clare le 14.. Mars 1661. ; r-'
Alliinjce/renouyellée avec
les Suisses j 1663. >; .
88 MERCURE
7. Protection accordée au
Comté de Venaiflìn , 8c à Avi
gnon ,1663.
8. Etablìílement da CommerJ
ce aux Indes , 1664.
9. Piramide élevée á Rome,
Íîour faire satisfaction au Roy de
Iníûltede la Garde Corfe,i<?64.
10. Satisfaction faite au Roy
par le Legat , 1664.
n. Victoire far les Corfaúes
d'Alger, St deTunis, , '
ïì. Grands Jours en Auvergne
pour la Justice, t66$. .
13 .Protection donnée aux Hollandois
contre l'Evefque deMunr
ster &: contre 1 Angleterre, 1666.
; 14. Paix entre la France & Jes
Algeriens, 1666.
„ 15. Paix de 3reda avec les Anglois>
i667. >.r^v.,.:.
16. Les Procedures detruites.
'par le Code » 1667.
17. Paix d'Aix-la- Chapelle ,
166$
iff. Secours de Candie „ r66&.
1669.
19. Le Roy visite ses Conqueftes
, ^70. & 1683.
zo. Le Roy fait fortifier & vi
sité ícs Conquestes , 167s,
11. Les Hollandois forcez ai»
Poste A'AmtidéttyVÍJxi. '
xi. Secours jetté dans Meflîhe
aprés 'la déraite des Ennemis ,
Février 1675V'"
~ 13 . Desunion de s Considerez „
1^78..
24. Les dix Villes imperiales;
d' Alsace prestent ferment de fi»
delité au Roy, 1679, .
. zf. Protection Sc secours don-
Janvier 1687. H
90 MERCURE
nez par Sa Majesté aux Rois de
Portugal,.i668. & de Suede 1679.
16. Les Corsaires de Tripoli
featcus ,.puis défaits jusque dans
le Porc de Cíik>: ce qui allanne le
Turc, Juillet 1681.
27. Les Villes dq Strasbourg ,
& de Gazai soumises au Roy, le
30, Septembre 1,681.
' r8. Paix de Maroc , & de Salé,
Decembre 1 681.
29. Alger foudroyé , Juin 1683.
„ 30. ìì.Decembre Luxembourg
foudio^i, 1683.
: 31. Les Vaisseaux d'Alger b rir
iez à Sarcelles i68ì. &: ces Cor
saires battus plusieurs fois 1683,
, r Genes foudroyée, May 1684.
33 . La Vifle de Trêves déman
telee 6c punie , en Juin 1684*
34. Un de^ ûos vaisseaux Mar
ì ... ^<Ì:PlLM€Tì &
l .cèaods repris au milieu de treoie-
trois, autres , 1684.
35. Protection donnée à l'Evefque
de Lîege contre íés SujjSt4s»
l jtebfeljes,i^..;. ./' y\J
. 36, T rive de ,vipgj ans accor-.
dée. à 1 Éuto,pe par le Roy, r 68 4».
. r. #8. .TîripQ)!! foudroye v .en Jaít»
*' ' p. ^Amrjassá^eû/dé Fránce"
-e&ftent le Sopha à An^rinople
p "áeî^'r^ction de i'Hétesie par tour
ic Royaume , 168'5.
?'-.4^ JLe^avf doàne jdfifîsecowiîs.
sw&ugí.de^ayojfc^r }'>£>o.&~
92 MERCURE
tiort del'Heresie dans sesEstats^
6c afin de reduire les Protestans
rebelles des Vallées , 1686.
Les deux precedentes In£. ^
criptions ont esté pôiëes íùr
lc Piedestal de chaqu c Co
lonne , pour montrer que U
Base & le fondement des
Actions de LOUIS LE
G RAND » cest ta Reli
gion. Les Festons n'estant a~
joûtez que pour TornemenÊ,
l'on a crû qu'ils fefoient trespropres
à porter lés' Médaif- \
les qui contiennent les NaiC
sances , les. Mariages , & les
autres eVenèmens de cette
t ' > .
>
GALANT. <x
forte , qui sont afïèz souvenu
representez par Les Fleurs.
Cette précaution ne déplaira
ï pas aux personnes exactes ,
.qui auroient peut.eftre trou,
vé à redire qu'on eu st meílé
ces faits avec les autres..L'on
n'.a pas eu de peine à se re
soudre à eette separation. Il y '
a tant de belles choses à dire
du Roy , que nous ne /òmmes
pas reduits à la necessite'
d'établir les louanges de ce
grand Monarque fur des efl
rets étrangers. Ainsi Ion a
piis sa Naissance t son Maria
ge, les Enfans qu'il a eus,noa
£4 MERCURE
'pas pour en faire des~ siijets
d'Eloges , mais pour donner
plus; d'osnemeint À cet; Ou
vrage ,ôc a;5n de ne pa& pri
ver ies curieux de ces remar.-
.ques , quirait paru ,de con&-
,rjuencfi. . J \ìs:ìïûy\,i.ï
v> i r : . j '''; >.i ' r,. t
43. Naissancedu Roy, aonae.
. heures avant Midy le Dimanche
5. Septembre' 1638. '* ' .
44 . Le Roy déclare : Ma^Xir te
Jeudy 7.. Septembre tápJ ' i'.'ísí
^ 43., Sacre, du Roy; ;à;R4injï§ £e
"Dimanche 7. Juin .f4f4, j
46^ Mariage *dú Roy te 3. Juki
1660,
47. Naissance de Mouseigiíeur
GALANT. 9Y
k j4^. Naiííànce de Madame" Eli!
zabethde France yle Samedy.r8V
Novembre 1662.,
. 49. Naissance de Madame
Marie Anne de France , le Di
manche 16. Novembre 1664.
50. Naissance de Madame Marie-
Therefe de France , le Di
manche z. Janvier 1667.
51. Naissance de Monsieur Phi
lippes de Bourbon Duc d'An
jou ,1e Dimanche 5. Aoust 1668.
52. Naissance de Monsieur
Louis-François de Bourbon,Dut
d'Anjou ,1e Mardy 14. Juin 1672.
5J. Mariage de Monseigneur ,
le 28.|anvier 1680.
. 54. Naiííànce de Monseigneur
îeiDtrc de Bourgogne , lejeudy
S. Aouft i8f*. ».
íSíaiQàmae de iMxsrièigneu*
oá MERCURE
le Duc d'Anjou , le Dimanche
19. Décembre 1685.
56. Naissance de Monseigneur
le Duc de Berry , le Sastiedy 31.
Aoust 1686.
$7. Mariage de Madame h
Princeíïê de Conty , le 16. Jan,
vier 1680.
58. Mariage de Madame la Du.,
chessí de Bourbon , le 14. Juil
let lé86v
Voilà un petit crayon du
plus beau Portrait qui fut ja
mais. Si lan trouve que quek
que chose y manque , Ton
fera reflexion que ce n'est icy
qu'un abregé r qui n'a pû
contenir tout ce que le Roy
a fait de grand depuis vingthuit
... GALANT. 97
huit ans. On auroit bien vou
lu marquer tant d'Illustres,
qui ont eu part aux actions
héroïques qui font aujourd'huy
l'admiration de toute
la Terre ; mais l'efpace d'une
These nous borne , il faut se
reserver pour un plus grand
Ouvrage que l'on médite , &
qui renfermera l'Histoire de
nos Braves aprés celle de leur
Auguste Souverain. Nous ne
craignons pas d*y marcher
fur 'lai mesme route que les
autres Auteurs. Celle que
nous suivrons fera nouvelle;
& c'est un bonheur de vivre*
fanyitr 1687*
98 MFRCURE
íous un Monarque, dont toui
tes les démarches sontautanc
<le miracles ; & qui occupe
tellement les Historiens, que <
quelque foin qu'ils aportent ,
ils laiíïèront encore beau
coup à dire pour ceux qui
ecriront aprés eux.
Fermer
Résumé : Description entiere d'une These qui contient toute la vie du Roy. [titre d'après la table]
Le texte présente une thèse dédiée à Louis XIV, rédigée par un auteur ayant minutieusement recherché la vie de ce monarque. L'ouvrage est décrit comme unique et incompréhensible sans une application zélée. Il couvre les principaux événements du règne de Louis XIV à partir de 1658, évitant de remonter plus haut pour ne pas se copier sur d'autres œuvres. L'auteur inclut des médailles symbolisant les vertus du roi, telles que la force, la gloire, la modération, la piété, le bonheur et la vaillance. La thèse est soutenue par une table d'attente avec des ornements architecturaux et des trophées symbolisant la clémence du roi. Les quatorze thèses ou conclusions de l'ouvrage répondent aux médailles et prouvent chaque vertu ou attribut du roi. Le style de l'ouvrage est particulier, utilisant des expressions poétiques et des libertés pour rendre les propositions courtes et fermes. L'auteur utilise des chiffres pour marquer les jours et les années des événements, offrant une chronologie utile au public. Les questions et conclusions abordent la sagesse, la clémence, la justice, la magnificence et l'amour du roi pour son peuple. Louis XIV est présenté comme le plus sage, pacifique, juste, magnifique, libéral et aimable de tous les monarques. L'ouvrage se termine par une réflexion sur les actions bienveillantes du roi envers son peuple, soulignant son dévouement et son amour pour la patrie. Le texte décrit également les exploits militaires et les réalisations politiques de Louis XIV. Il mentionne des conquêtes telles que celles des Iroquois, des Algériens, et des corsaires de Tripoli, Maroc, Tunis et Majorque. Louis XIV a imposé ses lois à des places importantes comme Strasbourg et Cassel. Ses victoires navales incluent des triomphes contre les Anglais en 1666, les Hollandais en 1672 et 1673, et les Espagnols en 1676. Il a également construit des infrastructures majeures, comme le canal reliant la Méditerranée à l'Atlantique et l'aqueduc de Maintenon. Sur le plan intérieur, Louis XIV a établi des compagnies de commerce et des manufactures pour stimuler l'économie. Il a renforcé la sécurité à Paris et dans les provinces frontalières par la construction de citadelles. En matière de religion, Louis XIV a promulgué des édits pour défendre la foi catholique, comme l'édit de 1681 interdisant aux sujets de quitter leur religion et l'édit de 1683 obligeant les idolâtres à embrasser la communion romaine. Il a également révoqué l'Édit de Nantes en 1685, mettant fin à la tolérance envers les protestants. Le texte mentionne également les alliances et les relations diplomatiques de Louis XIV avec divers souverains. Ses victoires militaires incluent des batailles comme celle de Haguenau en 1674, Augsbourg en 1675, et la prise de Strasbourg en 1681. Enfin, le texte énumère les principales conquêtes territoriales de Louis XIV, incluant des villes comme Dunkerque, Gravelines, et toute la Franche-Comté, ainsi que des provinces en Allemagne et aux Pays-Bas. Le texte présente également une liste de conquêtes, de fortifications et d'événements militaires et politiques liés à la France entre 1674 et 1687. Parmi les lieux mentionnés figurent la Principauté de Lure, la Citadelle de Liège, Trêves, Huy, Limbourg, et plusieurs forteresses en France et à l'étranger. Le texte détaille également des événements significatifs tels que la cession de la préséance par le roi d'Espagne à la France en 1661, la protection accordée à divers comtés et villes, et des victoires militaires contre les Algériens et les Turcs. Des alliances et traités de paix sont également mentionnés, comme la paix d'Aix-la-Chapelle en 1668 et la paix de Maroc en 1681. Le texte inclut aussi des événements personnels du roi, tels que son sacre en 1654, ses mariages, et les naissances de ses enfants entre 1662 et 1686. Enfin, il souligne l'importance de la religion comme base des actions de Louis le Grand et mentionne la préparation d'un ouvrage plus complet sur les actions héroïques du roi et de ses braves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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402
p. 98-110
LOUIS. ECLOGUE.
Début :
Ce n'est point assez de vous avoir donné en Prose un abregé / Dans les vastes jardins de ce charmant Palais [...]
Mots clefs :
Iris, Yeux, Célimène, Dieu, Louis XIV, Gloire, Éloge, Louer, Plaisir, Héros
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LOUIS. ECLOGUE.
Ce n'est point assez de vous
avoir donné en Prose un abre^é des surprenantes Mer
veilles du Regne du Roy ,, il
faut encore vous en fai.e voir
un Eloge en Vers dans une
Eclogue qui a l'approbation
de tous ceux qui s'y connoif,
09
sent. Elle: «ft de nllustrc
Madame des Houliercs. Ce
hom vous répond de lá beaiixé de rOuvrage. .> > .
mmmB$mm$mm
LÔ O í S.
"V,
È C L O G X3 E.
vastes jardins de ce
^ {ckâfmani Palais
- átSSf Á Zephirs , les Nayaits &
Flore i'..
n OntHfvlu de ne quitter jamiis,
Jj.p&ÇeUwne au lever de l' Au
rore
Qh/xntoient ainjt LQfVjS fous un
ombrage épais* , \...á
Iij
ìoo MERCURE
C ELI MENE.
Admirez^ cet amas superbe
D'Baux, de Marbres & d'Or qui
brillent à nos yeux, .,
Etde íAntiquité ces restes .précieux;
Cttte terre oà naguere à peine
croijsoit l'htrbe , " . ""'
QtíhnmeBoit feulement seau qui
tombe des Cieux ,»-.
Par leponvoir d'un Prince en tout
semblable aux Dieux ,
Renferme danssonsein mille &mìUe
: ; ' Noyades, , '. '>
Se pare des plus belles pleurs-*
Etpour elle Pomone & les pîamadryades
Sont prodigues de leurs faveurs.
-'' ZOV/S, plus grand qu'on ne
figure
Le Dieu qui préside aux Com
bats y
V : v
'»•'*
.'GALANT, ioi
De cent Peuples vaincus augmente
L. . 'ses Estais ,
Maisil est dans ces lieux Vainqueur
de la Nature.
IRIS. .
par ses rares Vertus yos yeux fout
éblouis$
Il faut en parler pour vous
.v * plaire^
On vous voity quoy qu'on fuisse
~1 . fan* i
Revenir toujours à ZOVlS.
CELIMENE,
D'un fijuste panchant bien loin dr
me défendre ,
^e fi**t. gloire de l'avouer,
fris y il est plus fort qu'on ne le peut
comprendre: ' [dre
Monpltis douxplaisir est d'enten-
%oiier ce Conquerantpar qui fçait
bien louer. ,.'.....
I H)
loi MERCURE
Malgré moy nepouvant hsuivre
Dans sesprompts &fameux Ex^
píoits y ... ; • .
jse ne pus me résoudre à vivre
Inutile au plus grand des Rois.
D'une noble audace animée
j4 fa gloire en secret jfi confacray.
mes jours 3
Et pour faire en tous lieux voler.
. fa renommée , t.
Des neuffcavantes Sœurs j'implaV ray le secours.
Tris , pour ces foins Heroïque*. .
Je negligeay les autres foins. '. ^
Mes infortunes' domestiques.
JEn'ftftt de fideHes témoins^
IRIS.
Le beàti xele qiti vous anime
Yvus empêche de voir quel
votes coures
GALANT, ioj
Vos •veilles , vos transports vous
rendent la v'iUime
De ce Roy que vow adorez^
CELsMENE» . •
Jíi! que fais-je four luyque
nivers ne faffe l
Depuis les Climats oi la glace
Enchaifne la fureur des Mers 3
jusque ddns les Climats oâ l'ar
deur est extrême,
Est.il un souple. qui ne fctime,
Etqui riait fas fur luy toujours les
yeux ouvertsì
IRIS.
jp U fcay. Cependantfi vous vjbh~
Uezjrìen croire.
CE LIME N E.
'^/fh ! changes dediscours , vosf*in£
font superflus ,
l
io4MER€URE ■
Avec moy celebrez^ fa gloire ,
Ou je ne vous écoute flus.
IRIS.
Hébien , deses hauts faits rappel
ions la memoire.
Qtfils font beaux , q» ils font
éclatans! .
ll a plus d'une fois foudroyé les
Titans.
Sa pieté rempórte, une pleine «jL
íknre
Sur un Monflrc orgueilleux que ref
'. fcitait le temps.
Il riefl pour luy rien d'impoJfìble>
Mais il efi plus charmant encor qu'il
n'est terrible,
Et jamais son abord ria fait de
Mècontcns. »
CELIMENE.
// Je laisse attendrir^ quefans crain
te on fe plaigne ,
GALANT, iof
Tous les malheureux font oììis.
Quel bonheur eCefire néfous son au*
guste Regne !
Que je fcay biengoâtcr ce bien dont
je jouis!
Quels que soient mes malheurs, je
' n'envie à pet sonne
Lefafie & les amis que la fortune
donne ,
Chanter ZOVlS LE GRAND
' borne tous mes dcjirs.
Ce plaisir oà je m'abandonne
Me tient lie» de tous les plaisirs*
iris. ; .
Un Roy de ces lointains Rivages
Que dore le Soleil de fes premiers
rayons >
Par de magnifiques hommages
Confirme de Z&V/S ce que nous:
en cryonSy
fol MERCURE
CELIMENE.
En vaindes diverses Provincer
Qui voudroient se soumettre aux,
Loix de ce Heros , . ^
Les jaloux &superbes Princes
S'unissent pour troublerfonglorieux
repos. . v
Si par des eforts témeraires
Ils violent la Paix dont LOVAIS
efttappuy,,
Quel Dieu peut les sauver de ces
vastes miseres
Que le fort des Vaincus traisne en
fouie après luyl
ÏRIS.
Qwnd U Ciel menaçait une teste.
fi chere
CELIMENE.
Ab! cruelle Iris, taifex^vous r
.%te renouvelle^ point une douleur
amere.
GALANT. 107
De tous fes mauxpaffez^je perce le?
myfierc.
Xl estoit regardé comme un Dicut
parmy nous s
Et de fes facrendroits jaloux
Ze Ciel nous afait voir unefi belle
Vt*.
Aux infirmitez^afsèrvïe.
Mais enfin que gagna son injuste
couroux ì
ZOljlS ne ploya point fous ces>
terribles coups..
A quelques projets qu'il s'atta-
.V . \. ehe y
Quelque soit le peril qui menace
"*; " .• ' fes jours , .*. '
On ne fçait oà l'homme se cache.
.Mais le Jieros paroist toujours t
«^» Pan ,fxtvy deplus d'un Satyre\r
A ces mots parut à leurs yeux*,,
ic8 MERCURE
Et leur donna l'effroy que la pudeur
inspire
\Au redoutable aspect de ces folafires Dieux.
Souffrez^que fous d'heureux frè~
sages > >\ », ;\ .
JTymphes , leur dit ce. Dieu des
Bois , .. ..
jfe mêle dans ces verds boccages
Mes doux concerts à vos char
mantes voix. .
Chantons le plus aimable & le plui
. grand des Rois.
Des Dieux mefmes LOVlS merix. .te les hommages^ ,
Rajjeurez^ vos esprits , ne craigne^
point d!outrages
•se ne suis point icy ce que je sui$
aittenrs , ;,.
ilfaut s y faire violence ,
De LOVlS íauguste presence
GALANT- 509
Est un terrible frein pour les mau
vaises mœurs.
Venez^ donc avec confiance
Chanter encore un Roy qui regne
fur les Cœurs.
Ahì fans la frayeur qui nuglacet
Luy dit lors Celimene avec unfies
,M foufris , \ . , .
J'oserois bien du chant vous difputer le prix.
2Tè condamnes point mon atedace, y;
Vos chalumeaux ont d'agreables
fonsi .
Mais quand ZOVlS ZE
ïGRAND anime mes chansons\
^Vi le disputerois me/me au Dieu
. du Parnasse. '
Alors plus vifie que le Fan
2Tefuit fardent Chasseur qui des
j " yeux le devore ,
ho MERCUR1
D'Iris suivie elle abandonna.
Pan y
Et fut refver ailleurs au^ Héros
qu'elle adore.
avoir donné en Prose un abre^é des surprenantes Mer
veilles du Regne du Roy ,, il
faut encore vous en fai.e voir
un Eloge en Vers dans une
Eclogue qui a l'approbation
de tous ceux qui s'y connoif,
09
sent. Elle: «ft de nllustrc
Madame des Houliercs. Ce
hom vous répond de lá beaiixé de rOuvrage. .> > .
mmmB$mm$mm
LÔ O í S.
"V,
È C L O G X3 E.
vastes jardins de ce
^ {ckâfmani Palais
- átSSf Á Zephirs , les Nayaits &
Flore i'..
n OntHfvlu de ne quitter jamiis,
Jj.p&ÇeUwne au lever de l' Au
rore
Qh/xntoient ainjt LQfVjS fous un
ombrage épais* , \...á
Iij
ìoo MERCURE
C ELI MENE.
Admirez^ cet amas superbe
D'Baux, de Marbres & d'Or qui
brillent à nos yeux, .,
Etde íAntiquité ces restes .précieux;
Cttte terre oà naguere à peine
croijsoit l'htrbe , " . ""'
QtíhnmeBoit feulement seau qui
tombe des Cieux ,»-.
Par leponvoir d'un Prince en tout
semblable aux Dieux ,
Renferme danssonsein mille &mìUe
: ; ' Noyades, , '. '>
Se pare des plus belles pleurs-*
Etpour elle Pomone & les pîamadryades
Sont prodigues de leurs faveurs.
-'' ZOV/S, plus grand qu'on ne
figure
Le Dieu qui préside aux Com
bats y
V : v
'»•'*
.'GALANT, ioi
De cent Peuples vaincus augmente
L. . 'ses Estais ,
Maisil est dans ces lieux Vainqueur
de la Nature.
IRIS. .
par ses rares Vertus yos yeux fout
éblouis$
Il faut en parler pour vous
.v * plaire^
On vous voity quoy qu'on fuisse
~1 . fan* i
Revenir toujours à ZOVlS.
CELIMENE,
D'un fijuste panchant bien loin dr
me défendre ,
^e fi**t. gloire de l'avouer,
fris y il est plus fort qu'on ne le peut
comprendre: ' [dre
Monpltis douxplaisir est d'enten-
%oiier ce Conquerantpar qui fçait
bien louer. ,.'.....
I H)
loi MERCURE
Malgré moy nepouvant hsuivre
Dans sesprompts &fameux Ex^
píoits y ... ; • .
jse ne pus me résoudre à vivre
Inutile au plus grand des Rois.
D'une noble audace animée
j4 fa gloire en secret jfi confacray.
mes jours 3
Et pour faire en tous lieux voler.
. fa renommée , t.
Des neuffcavantes Sœurs j'implaV ray le secours.
Tris , pour ces foins Heroïque*. .
Je negligeay les autres foins. '. ^
Mes infortunes' domestiques.
JEn'ftftt de fideHes témoins^
IRIS.
Le beàti xele qiti vous anime
Yvus empêche de voir quel
votes coures
GALANT, ioj
Vos •veilles , vos transports vous
rendent la v'iUime
De ce Roy que vow adorez^
CELsMENE» . •
Jíi! que fais-je four luyque
nivers ne faffe l
Depuis les Climats oi la glace
Enchaifne la fureur des Mers 3
jusque ddns les Climats oâ l'ar
deur est extrême,
Est.il un souple. qui ne fctime,
Etqui riait fas fur luy toujours les
yeux ouvertsì
IRIS.
jp U fcay. Cependantfi vous vjbh~
Uezjrìen croire.
CE LIME N E.
'^/fh ! changes dediscours , vosf*in£
font superflus ,
l
io4MER€URE ■
Avec moy celebrez^ fa gloire ,
Ou je ne vous écoute flus.
IRIS.
Hébien , deses hauts faits rappel
ions la memoire.
Qtfils font beaux , q» ils font
éclatans! .
ll a plus d'une fois foudroyé les
Titans.
Sa pieté rempórte, une pleine «jL
íknre
Sur un Monflrc orgueilleux que ref
'. fcitait le temps.
Il riefl pour luy rien d'impoJfìble>
Mais il efi plus charmant encor qu'il
n'est terrible,
Et jamais son abord ria fait de
Mècontcns. »
CELIMENE.
// Je laisse attendrir^ quefans crain
te on fe plaigne ,
GALANT, iof
Tous les malheureux font oììis.
Quel bonheur eCefire néfous son au*
guste Regne !
Que je fcay biengoâtcr ce bien dont
je jouis!
Quels que soient mes malheurs, je
' n'envie à pet sonne
Lefafie & les amis que la fortune
donne ,
Chanter ZOVlS LE GRAND
' borne tous mes dcjirs.
Ce plaisir oà je m'abandonne
Me tient lie» de tous les plaisirs*
iris. ; .
Un Roy de ces lointains Rivages
Que dore le Soleil de fes premiers
rayons >
Par de magnifiques hommages
Confirme de Z&V/S ce que nous:
en cryonSy
fol MERCURE
CELIMENE.
En vaindes diverses Provincer
Qui voudroient se soumettre aux,
Loix de ce Heros , . ^
Les jaloux &superbes Princes
S'unissent pour troublerfonglorieux
repos. . v
Si par des eforts témeraires
Ils violent la Paix dont LOVAIS
efttappuy,,
Quel Dieu peut les sauver de ces
vastes miseres
Que le fort des Vaincus traisne en
fouie après luyl
ÏRIS.
Qwnd U Ciel menaçait une teste.
fi chere
CELIMENE.
Ab! cruelle Iris, taifex^vous r
.%te renouvelle^ point une douleur
amere.
GALANT. 107
De tous fes mauxpaffez^je perce le?
myfierc.
Xl estoit regardé comme un Dicut
parmy nous s
Et de fes facrendroits jaloux
Ze Ciel nous afait voir unefi belle
Vt*.
Aux infirmitez^afsèrvïe.
Mais enfin que gagna son injuste
couroux ì
ZOljlS ne ploya point fous ces>
terribles coups..
A quelques projets qu'il s'atta-
.V . \. ehe y
Quelque soit le peril qui menace
"*; " .• ' fes jours , .*. '
On ne fçait oà l'homme se cache.
.Mais le Jieros paroist toujours t
«^» Pan ,fxtvy deplus d'un Satyre\r
A ces mots parut à leurs yeux*,,
ic8 MERCURE
Et leur donna l'effroy que la pudeur
inspire
\Au redoutable aspect de ces folafires Dieux.
Souffrez^que fous d'heureux frè~
sages > >\ », ;\ .
JTymphes , leur dit ce. Dieu des
Bois , .. ..
jfe mêle dans ces verds boccages
Mes doux concerts à vos char
mantes voix. .
Chantons le plus aimable & le plui
. grand des Rois.
Des Dieux mefmes LOVlS merix. .te les hommages^ ,
Rajjeurez^ vos esprits , ne craigne^
point d!outrages
•se ne suis point icy ce que je sui$
aittenrs , ;,.
ilfaut s y faire violence ,
De LOVlS íauguste presence
GALANT- 509
Est un terrible frein pour les mau
vaises mœurs.
Venez^ donc avec confiance
Chanter encore un Roy qui regne
fur les Cœurs.
Ahì fans la frayeur qui nuglacet
Luy dit lors Celimene avec unfies
,M foufris , \ . , .
J'oserois bien du chant vous difputer le prix.
2Tè condamnes point mon atedace, y;
Vos chalumeaux ont d'agreables
fonsi .
Mais quand ZOVlS ZE
ïGRAND anime mes chansons\
^Vi le disputerois me/me au Dieu
. du Parnasse. '
Alors plus vifie que le Fan
2Tefuit fardent Chasseur qui des
j " yeux le devore ,
ho MERCUR1
D'Iris suivie elle abandonna.
Pan y
Et fut refver ailleurs au^ Héros
qu'elle adore.
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Résumé : LOUIS. ECLOGUE.
Le texte présente une églogue en vers qui célèbre les mérites et les exploits du roi Louis XIV. Cette œuvre, approuvée par Madame des Houlières, est un éloge poétique des réalisations du règne du roi. L'action se déroule dans les jardins du château de Versailles, où des personnages mythologiques comme les Zephyrs, les Nymphes et Flore sont présents. Les personnages, tels que Célimène, Mercure, Iris et un Galant, admirent les beautés et les réalisations du roi. Ils décrivent les transformations spectaculaires des terres, les constructions magnifiques et les victoires militaires de Louis XIV. Le roi est comparé à un dieu, capable de vaincre la nature et de protéger son royaume contre les menaces. Célimène exprime son admiration et son amour pour le roi, soulignant que malgré les malheurs, elle ne peut qu'admirer son règne auguste. Mercure, après avoir hésité, décide de consacrer sa vie à servir le roi, négligeant ses propres intérêts. Iris et les autres personnages célèbrent les vertus et les exploits du roi, le comparant à des dieux et soulignant sa piété et sa grandeur. L'églogue se termine par une invitation à célébrer le roi, décrit comme le plus aimable et le plus grand des rois, méritant les hommages des dieux eux-mêmes. Les personnages expriment leur dévotion et leur admiration pour Louis XIV, le roi qui règne sur les cœurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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403
p. 161-162
Médaille gravée à la gloire de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
La Médaille que vous trouverez icy gravée, vous doit estre [...]
Mots clefs :
Prince, Duc, Médaille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Médaille gravée à la gloire de ce Prince. [titre d'après la table]
I*a Médaille ^uc vous trou^
verez icy gravée , vous doit*
estre un present fort agrea
ble y puisque la face droite.
vous fera voir le Portrait de.'
ce grand Prince. 11 est à che
val dans le Revers , où Yom
ranvier ifâf. Q;
ifè MF.RCUR1
voit urt Arc. de Triomphe
qu'il a de'ja paíïe. On remar
que qu'il en montre le chemin
à Monsieur le Prince son
Fikqui est presque deíïòus^
& qui le montre luy-mefme
à Monsieur le Duc dont il
est suivy. On y lit ces paro
les , Filtre iviam monfimnte»
verez icy gravée , vous doit*
estre un present fort agrea
ble y puisque la face droite.
vous fera voir le Portrait de.'
ce grand Prince. 11 est à che
val dans le Revers , où Yom
ranvier ifâf. Q;
ifè MF.RCUR1
voit urt Arc. de Triomphe
qu'il a de'ja paíïe. On remar
que qu'il en montre le chemin
à Monsieur le Prince son
Fikqui est presque deíïòus^
& qui le montre luy-mefme
à Monsieur le Duc dont il
est suivy. On y lit ces paro
les , Filtre iviam monfimnte»
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404
s. p.
A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
Début :
MONSIEUR, Je croy que personne ne s'étonnera de voir [...]
Mots clefs :
Âge, Roi, Temps, Sang, Naissance, Jeune, Actions, Apprendre, Vertu, Duc de Beauvillier, Saint-Aignan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
A MONSIEUR
LE COMTE
DES.AIGNAN.
M
ONSIEUR
Je croy que perſonne ne
s'étonnera de voir voſtre
a ij
EPISTRE.
Nom à la teſte de cet Ouvrage.
Le Nom de S. Aignan
est trop fameux dans
l'Empire des Lettres , pour
ne ne se pas attirer l'hommage
de tous ceux qui en
font profeſſion. Vous fortés
d'un fangfameux par luymesme
, comme il l'est par
les plus grandes Alliances;
Vous comptés des Souverains
dans vostre Maiſon ,
& le Portugal , & la Savoye
font de grands témoins
de cette éclatante
EPISTRE.
verité. Quoy que vous
Soyez encore fort jeune ,
j'ay beaucoup à vous dire,
les perſonnes de vostre qualite
ont presques toûjours
l'esprit au- deſſus de leur
âge , parce que l'on trouve
moyen de leur apprendre
dés le berceau des choses
qui demanderoient un âge
plus avancê. Auffi Monfieur
l'on ne peut douter que
vos lumieres ne devancent
bien- toft vos années , &je
croy qu'il m'est permis de
EPISTRE.
vous dire que ſi en entrant
dans le monde , vous voulez
vous proposer degrands
exemples à fuiure , vous
devez d'abord jetter les
yeuxfurvostreAyeul LHiſtoire
vous apprendra qu'il
estoit Mestre de Camp
General de toute la Cavalerie
Legere de France , &
t'un des premiers aiſſallans
du fameux Carrousel , qui
futfait à la Place Royale
en réjouiſſance du mariage
de Louis XIII. Apres a-ه
EPISTRE.
(
voir examiné toutes ses actions
qui vous le feront
paroître aussi brave que
galant , fuivez la route
glorieuse que vous trouveres
tracée par vostre fang,
& regardez celuy dont
vous tenés la naiſſance
vous verrez qu'il a merité
parluy-mefme , autant que
parce qu'il doit àses illuftres
Ayeux , le haut rang
où il est élevé , & l'estime
d'un Monarque qui ne la
prodigue pas , & qu'il y
EPISTRE.
eft parvenu par tous les
degrés qui conduifent dans
le chemin de la gloire. Il
s'est signalé aux Combats
de Steimbrug , & de Vaudrevanges
, & à la retraite
de Mayence , où il fit des
chofes dignes d'immortaliferfon
nom. Il s'est trouvé
aux Sieges de Château
Porcien , de fainte Merehou
, & de Montmedy ; il
a triomphé devant Bourges
, pris le Fort de Baugy,
& confervé le Berry au
EPISTRE
Roy. Toutes ces actionsle
firent nommer Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté, & peu de
temps apres LieutenantGeneral
; &la mesme année
au fortir de dix Campagnes
, qu'il venoit d'achever
glorieusement , il amena
quatre cent Gentilshommes
au Roy , tous refolus
à repandre leur fang pour
ce Prince , à l'exemple de
leur Conducteur , qui dans
les temps difficiles leur as
EPISTRE
voit inspiré ce sentiment.
Il avoit alors la mesme a-
Etivité en courant aux dangers
pour lefervice de fon
Roy , qu'il en a fait paroître
pour ſes plaiſirs dansſes
Feftes galantes , & dans
fes Carrousels , &la même
ardeur pour les belles
Lettres qu'il a toûjours protegees
. La place qu'il tient
dans l'Academie Françoife,
& dans cellede Padouë ,
en est une marque auffibien
que le nom de ProteEPISTRE.
Eteur qu'il soutient avec
tant degloiredans l'Acade
mie Royale d'Arles. Je ne
dis rien icy deſon inviolable
fidelité pour le Roy. Elle a
paru dans toute la pureté
que l'on en pouvoit attendre
, puiſque rien n'a esté
capable de l'ébranler un
moment , dans un temps
qu'on nesçauroit croire aujourd'huy
qu'il ait eſté.
Lorsque vous aurez examiné
la glorieuse vie de
celuy dont vous devez imiEPISTRE.
fer toutes les actions , jettez
les yeux fur les modeſtes
vertusde celle dont vous
tenés une partie du fang
qui vous a formé. Vous
la verrez briller par ces
feuls endroits,fuirla pompe
de la Courfans la mépriſer,
nes'attacherqu'aux
Autels,& ne regarder que
L'illustre Epoux que le Ciel
luy a donné. Comme les
exemplesqui nous doivent
toucher , ont beaucoup de
force pour porter à la vertu
EPISTRE.
tu , fi vous voulez, Mon
fieur, devenir parfaitement
honneste homme , & vous
acquerir une estime generale
, regardés , examinés.
& imités Monsieur le
Duc de Beauviliers . On
vous dira que dans un
âge fait pour les plaisirs ,
environné de toute la jeune
Noblesse de la Cour
dont l'exemple pouvoit eſtre
dangereux , il s'est toujours
distingué par sa moderation
, parsa vertu ,&par
:
1
EPISTRE
une ſageſſe qui luy a fait
meriter des Emplois , qui
avoient juſques icy paru
au- deſſus des personnes de
fon âge. Je ne doute point,
Monsieur , qu'avec de pareilsfecours,
vous nefaffiez
compter vosvertus bien plûtoft
que vos années. Ce
qu'on voit faire de glorieux
au sang dont on a l'avantage
defortir,frape beaucoup,&
perfuade plus que
Les vertus étrangeres. Vous
avez d'ailleurs le bonheur
L
EPISTRE .
d'estre né dans un temps
où les vertus du Roy l'ont
élevé dans un fi haut degre
de gloire , qu'à peine la
peut- on concevoir , & comme
vostre naiſſance vous
doit acquerir le Privilege
d'eſtre ſouvent témoin des
actions qui luyferoient chaque
jour meriter le furnom
de Grand , fi toute la terre
ne le luy avoit pas déja
donné , la justice qu'il rend
vous apprendra à tous
و
que vostre qualité ne vous
é ij
EPISTRE
doit pas empecher de la
rendre à tous ceux à qui
vous la devrez , fa prudence
vous fera connoître
que rien n'est plus neceffaire
aux hommes que cette
vertu dans quelque élevation
qu'ils foient , la ma
niere dont il garde ſon fe
2 cret , & celuy des autres
vous fera voir de quelle utilité
le fecret est dans la
vie , lors qu'on le garde
pourses propres affaires, &
que celuy d'autruy n'est
EPISTRE
point à nous , puisqu'un fi
grandRoy nerevellejamais
les fecrets qu'il a souhaité
desçavoir. La clemence de
ce Monarque vous apprendra
à pardonner , fa douceur
à estre humain , & à
n'avoir jamais d'emportement
, fa bonté à excufer
les defauts d'autruy ,fa-vigilance
à ne vous point
laiſſer ſurprendre , fa libe
ralité à n'eſtre point avare
, & à faire du bien,fa
fermeté à ne vous étonner
é ij
EPISTRE.
de rien quand la justice
fera pour vous , &sa pietéàvivre
en honneste homme
, & en vray Chrétien .
Pendant que vous verrez
pratiquer ces vertus, au
Roy , voſtre âge ,& vostre
naiſſance vous permettent
on meſme temps de voir de
pres de quelle maniere une
grande Princeffe , dont l'ef
prit est aussi élevé que sa
naiſſance &fon rang , t
dont le goût est d'une juf
teffe admirable,lesfait inEPISTRE
!
Sinuer à Monseigneur te
Duc de Bourgogne. Il est
vray que ce jeune Prince
n'est pas encore non plus
que vous en âge de lespratiquer,
mais il en retient du
moins quelques - unes , qui
avec le temps ferant encore
plus d'impreffion fur fon
ofprit. Cependant voyez le
tout remply de la boüillante
, & genereuse ardeur
qu'il tient de fon fang ,ne
respirer que le bruit de la
Guerre,faire faire l'ExerEPISTRE
cice , & nommer les Offi
ciers aux Gardes par leur
nom , ce qui fait voir que
la plus grande partie luy
en est déja connuë . Profités
, Monsieur , de tant de
choſes avantageuses. Vous
avez deja donné desmarques
que vous ne manquerez
pas du coſté du coeurs
à peinesçaviez - vous prononcer
quelques paroles,
qu'ayant vu saigner Madame
la Ducheffe vostre
mere , vous vous fentites
EPISTRE. 4
ausfi- toſt émů de colere à
la veuë de fon sang , &
cherchâtes vostre epée pour
punir celuy qui l'avoit fait
couler. Ainsi, Monsieur
je n'ay rien à dire du cofté
de la valeur ; & l'on
connoît affez par ces genereux
commencemens , que
vous ne laiſſerés pas v ſtre
épée inutile ; du reste attachés
vous ſouvent à regarder
les exemples que
vous fourniſſent vos Maiftres,&
vostre fang;faites
EPISTRE.
2
en ſouvent une étude particuliere
, &foyez perfuadé
qu'en les ſuivant , vous
remplirés dignement , &
avec éclat la carriere où
vous entrerés bien- toft. Ce
fera alors que vous me
fournirés de grands fujets
de parler de vous , & de
vous marquer ſouvent que
jefuis ,
MONSIEVR,
Vottretres-humble & tres -obeïſſant
Serviteur , DEVIZE .
LE COMTE
DES.AIGNAN.
M
ONSIEUR
Je croy que perſonne ne
s'étonnera de voir voſtre
a ij
EPISTRE.
Nom à la teſte de cet Ouvrage.
Le Nom de S. Aignan
est trop fameux dans
l'Empire des Lettres , pour
ne ne se pas attirer l'hommage
de tous ceux qui en
font profeſſion. Vous fortés
d'un fangfameux par luymesme
, comme il l'est par
les plus grandes Alliances;
Vous comptés des Souverains
dans vostre Maiſon ,
& le Portugal , & la Savoye
font de grands témoins
de cette éclatante
EPISTRE.
verité. Quoy que vous
Soyez encore fort jeune ,
j'ay beaucoup à vous dire,
les perſonnes de vostre qualite
ont presques toûjours
l'esprit au- deſſus de leur
âge , parce que l'on trouve
moyen de leur apprendre
dés le berceau des choses
qui demanderoient un âge
plus avancê. Auffi Monfieur
l'on ne peut douter que
vos lumieres ne devancent
bien- toft vos années , &je
croy qu'il m'est permis de
EPISTRE.
vous dire que ſi en entrant
dans le monde , vous voulez
vous proposer degrands
exemples à fuiure , vous
devez d'abord jetter les
yeuxfurvostreAyeul LHiſtoire
vous apprendra qu'il
estoit Mestre de Camp
General de toute la Cavalerie
Legere de France , &
t'un des premiers aiſſallans
du fameux Carrousel , qui
futfait à la Place Royale
en réjouiſſance du mariage
de Louis XIII. Apres a-ه
EPISTRE.
(
voir examiné toutes ses actions
qui vous le feront
paroître aussi brave que
galant , fuivez la route
glorieuse que vous trouveres
tracée par vostre fang,
& regardez celuy dont
vous tenés la naiſſance
vous verrez qu'il a merité
parluy-mefme , autant que
parce qu'il doit àses illuftres
Ayeux , le haut rang
où il est élevé , & l'estime
d'un Monarque qui ne la
prodigue pas , & qu'il y
EPISTRE.
eft parvenu par tous les
degrés qui conduifent dans
le chemin de la gloire. Il
s'est signalé aux Combats
de Steimbrug , & de Vaudrevanges
, & à la retraite
de Mayence , où il fit des
chofes dignes d'immortaliferfon
nom. Il s'est trouvé
aux Sieges de Château
Porcien , de fainte Merehou
, & de Montmedy ; il
a triomphé devant Bourges
, pris le Fort de Baugy,
& confervé le Berry au
EPISTRE
Roy. Toutes ces actionsle
firent nommer Maréchal
des Camps & Armées
de Sa Majesté, & peu de
temps apres LieutenantGeneral
; &la mesme année
au fortir de dix Campagnes
, qu'il venoit d'achever
glorieusement , il amena
quatre cent Gentilshommes
au Roy , tous refolus
à repandre leur fang pour
ce Prince , à l'exemple de
leur Conducteur , qui dans
les temps difficiles leur as
EPISTRE
voit inspiré ce sentiment.
Il avoit alors la mesme a-
Etivité en courant aux dangers
pour lefervice de fon
Roy , qu'il en a fait paroître
pour ſes plaiſirs dansſes
Feftes galantes , & dans
fes Carrousels , &la même
ardeur pour les belles
Lettres qu'il a toûjours protegees
. La place qu'il tient
dans l'Academie Françoife,
& dans cellede Padouë ,
en est une marque auffibien
que le nom de ProteEPISTRE.
Eteur qu'il soutient avec
tant degloiredans l'Acade
mie Royale d'Arles. Je ne
dis rien icy deſon inviolable
fidelité pour le Roy. Elle a
paru dans toute la pureté
que l'on en pouvoit attendre
, puiſque rien n'a esté
capable de l'ébranler un
moment , dans un temps
qu'on nesçauroit croire aujourd'huy
qu'il ait eſté.
Lorsque vous aurez examiné
la glorieuse vie de
celuy dont vous devez imiEPISTRE.
fer toutes les actions , jettez
les yeux fur les modeſtes
vertusde celle dont vous
tenés une partie du fang
qui vous a formé. Vous
la verrez briller par ces
feuls endroits,fuirla pompe
de la Courfans la mépriſer,
nes'attacherqu'aux
Autels,& ne regarder que
L'illustre Epoux que le Ciel
luy a donné. Comme les
exemplesqui nous doivent
toucher , ont beaucoup de
force pour porter à la vertu
EPISTRE.
tu , fi vous voulez, Mon
fieur, devenir parfaitement
honneste homme , & vous
acquerir une estime generale
, regardés , examinés.
& imités Monsieur le
Duc de Beauviliers . On
vous dira que dans un
âge fait pour les plaisirs ,
environné de toute la jeune
Noblesse de la Cour
dont l'exemple pouvoit eſtre
dangereux , il s'est toujours
distingué par sa moderation
, parsa vertu ,&par
:
1
EPISTRE
une ſageſſe qui luy a fait
meriter des Emplois , qui
avoient juſques icy paru
au- deſſus des personnes de
fon âge. Je ne doute point,
Monsieur , qu'avec de pareilsfecours,
vous nefaffiez
compter vosvertus bien plûtoft
que vos années. Ce
qu'on voit faire de glorieux
au sang dont on a l'avantage
defortir,frape beaucoup,&
perfuade plus que
Les vertus étrangeres. Vous
avez d'ailleurs le bonheur
L
EPISTRE .
d'estre né dans un temps
où les vertus du Roy l'ont
élevé dans un fi haut degre
de gloire , qu'à peine la
peut- on concevoir , & comme
vostre naiſſance vous
doit acquerir le Privilege
d'eſtre ſouvent témoin des
actions qui luyferoient chaque
jour meriter le furnom
de Grand , fi toute la terre
ne le luy avoit pas déja
donné , la justice qu'il rend
vous apprendra à tous
و
que vostre qualité ne vous
é ij
EPISTRE
doit pas empecher de la
rendre à tous ceux à qui
vous la devrez , fa prudence
vous fera connoître
que rien n'est plus neceffaire
aux hommes que cette
vertu dans quelque élevation
qu'ils foient , la ma
niere dont il garde ſon fe
2 cret , & celuy des autres
vous fera voir de quelle utilité
le fecret est dans la
vie , lors qu'on le garde
pourses propres affaires, &
que celuy d'autruy n'est
EPISTRE
point à nous , puisqu'un fi
grandRoy nerevellejamais
les fecrets qu'il a souhaité
desçavoir. La clemence de
ce Monarque vous apprendra
à pardonner , fa douceur
à estre humain , & à
n'avoir jamais d'emportement
, fa bonté à excufer
les defauts d'autruy ,fa-vigilance
à ne vous point
laiſſer ſurprendre , fa libe
ralité à n'eſtre point avare
, & à faire du bien,fa
fermeté à ne vous étonner
é ij
EPISTRE.
de rien quand la justice
fera pour vous , &sa pietéàvivre
en honneste homme
, & en vray Chrétien .
Pendant que vous verrez
pratiquer ces vertus, au
Roy , voſtre âge ,& vostre
naiſſance vous permettent
on meſme temps de voir de
pres de quelle maniere une
grande Princeffe , dont l'ef
prit est aussi élevé que sa
naiſſance &fon rang , t
dont le goût est d'une juf
teffe admirable,lesfait inEPISTRE
!
Sinuer à Monseigneur te
Duc de Bourgogne. Il est
vray que ce jeune Prince
n'est pas encore non plus
que vous en âge de lespratiquer,
mais il en retient du
moins quelques - unes , qui
avec le temps ferant encore
plus d'impreffion fur fon
ofprit. Cependant voyez le
tout remply de la boüillante
, & genereuse ardeur
qu'il tient de fon fang ,ne
respirer que le bruit de la
Guerre,faire faire l'ExerEPISTRE
cice , & nommer les Offi
ciers aux Gardes par leur
nom , ce qui fait voir que
la plus grande partie luy
en est déja connuë . Profités
, Monsieur , de tant de
choſes avantageuses. Vous
avez deja donné desmarques
que vous ne manquerez
pas du coſté du coeurs
à peinesçaviez - vous prononcer
quelques paroles,
qu'ayant vu saigner Madame
la Ducheffe vostre
mere , vous vous fentites
EPISTRE. 4
ausfi- toſt émů de colere à
la veuë de fon sang , &
cherchâtes vostre epée pour
punir celuy qui l'avoit fait
couler. Ainsi, Monsieur
je n'ay rien à dire du cofté
de la valeur ; & l'on
connoît affez par ces genereux
commencemens , que
vous ne laiſſerés pas v ſtre
épée inutile ; du reste attachés
vous ſouvent à regarder
les exemples que
vous fourniſſent vos Maiftres,&
vostre fang;faites
EPISTRE.
2
en ſouvent une étude particuliere
, &foyez perfuadé
qu'en les ſuivant , vous
remplirés dignement , &
avec éclat la carriere où
vous entrerés bien- toft. Ce
fera alors que vous me
fournirés de grands fujets
de parler de vous , & de
vous marquer ſouvent que
jefuis ,
MONSIEVR,
Vottretres-humble & tres -obeïſſant
Serviteur , DEVIZE .
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Résumé : A MONSIEUR LE COMTE DE S. AIGNAN.
L'épître est adressée à Monsieur le Comte des Aignan et exprime l'admiration de l'auteur pour la renommée littéraire et les alliances prestigieuses de la famille du Comte. L'auteur reconnaît la jeunesse du Comte tout en soulignant son esprit mature et ses lumières précoces. Il encourage le Comte à suivre l'exemple de son aïeul, qui fut Maître de Camp Général de la Cavalerie Légère de France et participa au célèbre Carrousel de la Place Royale pour le mariage de Louis XIII. L'aïeul se distingua par sa bravoure et sa galanterie lors des combats de Steimbrug, de Vaudrevanges, et de la retraite de Mayence, ainsi que lors des sièges de Château Porcien, Sainte Mèrehou, et Montmedy. Après dix campagnes glorieuses, il fut nommé Maréchal des Camps et Armées du Roi et Lieutenant Général. L'aïeul était également connu pour sa fidélité inviolable envers le Roi et son engagement dans les lettres, ayant des places à l'Académie Française et à celle de Padoue. L'épître invite le Comte à imiter les vertus de ses ancêtres et à suivre les exemples de modération, de vertu, et de sagesse du Duc de Beauvilliers. Elle met en avant les vertus du Roi, telles que la justice, la prudence, la clémence, la douceur, la bonté, la vigilance, la libéralité, la fermeté, et la piété, que le Comte peut observer et imiter. Enfin, l'auteur encourage le Comte à profiter de son environnement et de son éducation pour devenir un homme vertueux et honorable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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405
s. p.
Au Lecteur.
Début :
On croyoit mettre dans cette quatriéme Partie la Liste des [...]
Mots clefs :
Liste, Présents, Roi de Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Au Lecteur.
Au Lecteur .
N croyoit mettre dans
cette quatriéme Partie la
Liste des Preſens qu'on envoye
au Roy de Siam, à la Princeſſe
Reine & à M Constance ,
de ceux que l'on fait aux trois
Ambaſſadeurs ; mais comme on
n'a pû l'avoir affez toſt, &
qu'on ne peut differer davantage
àfaire distribuer le Mercure
de Ianvier, auquel cette quatriéme
Partie eft jointe , on avertit
le Public qu'on donnera cette
Liste dans peu de jours. Cefera
un Ouvrage ſeparé que ceux qui
auront acheté ce Volume ypour
ront faire adjoûter.
N croyoit mettre dans
cette quatriéme Partie la
Liste des Preſens qu'on envoye
au Roy de Siam, à la Princeſſe
Reine & à M Constance ,
de ceux que l'on fait aux trois
Ambaſſadeurs ; mais comme on
n'a pû l'avoir affez toſt, &
qu'on ne peut differer davantage
àfaire distribuer le Mercure
de Ianvier, auquel cette quatriéme
Partie eft jointe , on avertit
le Public qu'on donnera cette
Liste dans peu de jours. Cefera
un Ouvrage ſeparé que ceux qui
auront acheté ce Volume ypour
ront faire adjoûter.
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Résumé : Au Lecteur.
L'annonce concerne la quatrième partie d'une publication. La liste des présents envoyés au roi de Siam, à la princesse reine, à Madame Constance et à trois ambassadeurs ne sera pas incluse. Cette liste n'a pas pu être obtenue à temps, retardant ainsi sa publication. Elle sera disponible dans un ouvrage séparé ultérieurement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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406
p. 1-13
Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
Début :
J'AY finy la troisiéme Partie du Voyage des Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Abbaye de Denain, Chanoinesses, Roi, Dames, Abbesse, Habits, Chapitre, Toile, Corps, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
de Valenciennes.
Comme M² de Ma
A
2 IV. P. du Voyage
galotti , Gouverneur de cette
Place , leur avoit parlé des
Chanoineſſes de Denin , qui
ſont ſur le chemin de Doüay
où ils alloient , ils s'arreſterent
à cette Abbaye pour les
voir. Le Chapitre de Denin
a eſté fondé par Saint Aldebert
Comte d'Oftre-van , &
Sainte Reine ſa Femme , qui
eſtoit Niepce du Roy Pepin.
Ils eurent dix filles qui toutes
ont eſté canoniſées. L'ainée
nommée Renfroye a eſté la
premiere Abbeffe , & eft Patronne
de Denin. Ils donnerent
tous leurs biens à leurs
des Amb. de Siam. 3
filles , qui furent les premieres
Chanoineſſes , mais dans la
ſuitte du temps , on a perdu
une partie du bien , & la Souveraineté
du Comté d'Oftrevan
qui eſt au Roy , comme
Cotede Hainaut. Les Chanoineſſes
confervent ſeulement le
titre de Comteſſes d'Oſtrevan.
LeChapitre eſt compoféde 18.
Dames Chanoineſſes. Il n'y a
preſentement que 14. places
remplies par Meſd. de Tenre
monde , de Marq, de la Pierre,
de la Hamet , de Merigny , de
Bouvigny,de Nedonchel,de la
Sies , de Mache ,de Naudion,
Aij
4 IV P. du Voyage
de Lans , de Vaudregrac , de
Pergues -Vignacourt , & du
Bellay. Il n'y a que cette derniere
qui ſoit Françoiſe. Les
autres font des meilleures
Maiſons des Païs-bas & de
Picardie , & elles font toutes
preuve de Nobleſſe de 8. quartiers
, avec beaucoup plus d'exactitude
que les Chevaliers
de Malthe . Les quatre autres
places font vacantes. Le Service
ſe fait avec une entiere
regularité , & l'on y dit l'Office
Romain. Les habits des
Chanoineſſes font blancs, une
jupe blanche , avec une bordes
Amb. de Siam. 5
dure de petit gris en bas , un
furplis de toile fine , dont les
manehes &le corps font faits
comme des corps de robe ,
bordé de velours noir , & un
grandmanteau doublé d'Hermine
toute blanche ; celuy de
l'Abbeſſe eſt moucheté . Elles
ont deux voiles de gaze blanche,
mais eftroits& plus courts
que
que ceux des Religieuſes des
Convents , & un petit couvrechef.
Tous les voiles font
d'une toile claire & empefée,
qui fait comme une maniere
de couronne. Les jours de Feftes
folemnelles , elles portent
A iij
6 IV. P. du Voyage
de grandes manches auffi longues
& larges que celles de
P'habit de S.Benoiſt. Chacune
eft coëffée ſous ſon voile comme
il luy plaiſt , mais fans rubans
; elles ont de petits mouchoirs
de toile de ſoye. Il n'y
a point preſentement d'Abbeffe,
& le Roy par des confiderations
particulieres , a
conſenty que les Dames ne
procedaſſent à aucune élection.
Le revenu qui appartient
à l'Abbeffe , doit eftre
employé à payer les dettes qui
ont eſté faites pendant les
Guerres. Quand l'Abbeſſe eſt
des Amb. de Siam. 7
morte , & qu'il en faut élire
une nouvelle , c'eſt toûjours
une des Dames de la maiſon .
L'Intendant & le Gouverneur
de la Province ſe doivent
trouver à l'élection . Chaque
Chanoineſſe a trois voix qu'elle
donne à qui elle veut. On
en élit trois , & le Roy choifit
celle qu'il luy plaift. Elle
ne fait aucun voeu non ,plus
que les autres Chanoineſſes.
Lors qu'elles viennent à ſemarier
, elles ne font que remerqu'on
leur a fait. Les mariacier
le Chapitre de l'honneur
ges ne ſe font jamais dans la
Aiiij
8 IV. P. du Voyage
Maiſon. Quand ces Dames
font leurs preuves , on fait jurer
dans l'Egliſe un Gentilhomme
que les quartiers de
la nouvelle Chanoineſſe ſont
nobles , & qu'il les connoiſt ,
aprés quoy elle ſe met à genoux
,& demande pour l'amour
de Dieu , de la Vierge ,
& de Sainte Remfroye , le
pain de la Maiſon qu'on luy
accorde , & on luy met deux
grands pains entre les mains
qu'elle fait diftribuer
Pauvres . Les Dames font
quatre années d'école aprés
leur reception. C'eſt ce qu'on
aux
A
des Amb. de Siam. 9
appelle faire Rigoureuse dans
lesChapitres d'Hommes.Pendant
ces quatre ans , elles ne
peuvent ny manquer au
Choeur , ny fortir la Maiſon.
Aprés cela elles ont deux mois
tous les ans à s'aller promener.
Les jeunes Chanoineſſes demeurent
chez les Anciennes ,
que l'on appelle Aînées , &
leur payent penſion. Il y en a
quatre qui prennent connoifſance
des affaires , & auſquelles
l'on s'adreſſe quand il n'y
a pas d'Abbeffe . Čes Chanoineffes
qui ſortoient de l'Office,
receurent en Corps les
10 IV. P. du Voyage
Ambaſſadeurs à la porte de
leur Convent ; la nouveauté
de leurs habits les ſurprit d'abord.
On les conduifit dans la
maiſon de la plus ancienne ,
où ils confidererent fort ces
habits qui ont quelque chofe
de tres-agreable & de tres
majestueux. Ils dirent qu'ils
n'en avoient point encore veu de
plus beaux , & que les habits
blancs convenoient mieux aux
Dames que ceux de toute autre
couleur , enfin ce blanc leur
plût tout-à-fait , parce que
leur Talapoins font veſtus de
blanc. On leur expliqua tou
des Amb. de Siam. 11
tes les regles de ce Convent
qu'ils trouverent fort commodes.
Ils dirent que ces Chanoineſſes
avoient des avantages
bien plus confiderables que les autres
Religieuses , & que si elles
estoient en leur Pais , elles feroient
mariées ſi-toſt qu'elles auroient
l'âge ou le mariage ſe permet.
Ces Chanoineſſes voulurent
les regaler , mais ils ne
prirent que du Thé, parce que
l'heure de leur dîner approchoit.
Ils s'arrêterent pour cet
effetà unVillage nomé Creon,
où le Maiſtre d'Hoſtel qui a
foin de leur Table , les ſervir
12 IV. P du Voyage
à l'ordinaire, c'eſt à dire qu'ils
y trouverent un repas auffi
ſomptueux que dans les meilleures
Villes. On prit enſuite
le chemin de Doüay. C'eſt
une Ville trés-forte ſur la riviere
de Scarpe. On croit
qu'elle estoit la Capitale du
Pays des Cattuaques , dont
parle Cefar dans ſes Commentaires
; & qu'Aſcanalde,
Officier du RoyClovis,y fonda
l'Egliſe de Noftre- Dame,
dans le cinquiéme fiecle. Elle.
a deux Collegiales . Il y aUniverſité
, qui y fut fondée en
1563. par Philippes II. Roy
des Anb. de Siam. 13
d'Eſpagne, à l'inſtance du Pape
Pie IV. Le Roy la prit en
1667. & elle luy fut cedée l'année
ſuivante par laPaix d'Aixla-
Chapelle.
Comme M² de Ma
A
2 IV. P. du Voyage
galotti , Gouverneur de cette
Place , leur avoit parlé des
Chanoineſſes de Denin , qui
ſont ſur le chemin de Doüay
où ils alloient , ils s'arreſterent
à cette Abbaye pour les
voir. Le Chapitre de Denin
a eſté fondé par Saint Aldebert
Comte d'Oftre-van , &
Sainte Reine ſa Femme , qui
eſtoit Niepce du Roy Pepin.
Ils eurent dix filles qui toutes
ont eſté canoniſées. L'ainée
nommée Renfroye a eſté la
premiere Abbeffe , & eft Patronne
de Denin. Ils donnerent
tous leurs biens à leurs
des Amb. de Siam. 3
filles , qui furent les premieres
Chanoineſſes , mais dans la
ſuitte du temps , on a perdu
une partie du bien , & la Souveraineté
du Comté d'Oftrevan
qui eſt au Roy , comme
Cotede Hainaut. Les Chanoineſſes
confervent ſeulement le
titre de Comteſſes d'Oſtrevan.
LeChapitre eſt compoféde 18.
Dames Chanoineſſes. Il n'y a
preſentement que 14. places
remplies par Meſd. de Tenre
monde , de Marq, de la Pierre,
de la Hamet , de Merigny , de
Bouvigny,de Nedonchel,de la
Sies , de Mache ,de Naudion,
Aij
4 IV P. du Voyage
de Lans , de Vaudregrac , de
Pergues -Vignacourt , & du
Bellay. Il n'y a que cette derniere
qui ſoit Françoiſe. Les
autres font des meilleures
Maiſons des Païs-bas & de
Picardie , & elles font toutes
preuve de Nobleſſe de 8. quartiers
, avec beaucoup plus d'exactitude
que les Chevaliers
de Malthe . Les quatre autres
places font vacantes. Le Service
ſe fait avec une entiere
regularité , & l'on y dit l'Office
Romain. Les habits des
Chanoineſſes font blancs, une
jupe blanche , avec une bordes
Amb. de Siam. 5
dure de petit gris en bas , un
furplis de toile fine , dont les
manehes &le corps font faits
comme des corps de robe ,
bordé de velours noir , & un
grandmanteau doublé d'Hermine
toute blanche ; celuy de
l'Abbeſſe eſt moucheté . Elles
ont deux voiles de gaze blanche,
mais eftroits& plus courts
que
que ceux des Religieuſes des
Convents , & un petit couvrechef.
Tous les voiles font
d'une toile claire & empefée,
qui fait comme une maniere
de couronne. Les jours de Feftes
folemnelles , elles portent
A iij
6 IV. P. du Voyage
de grandes manches auffi longues
& larges que celles de
P'habit de S.Benoiſt. Chacune
eft coëffée ſous ſon voile comme
il luy plaiſt , mais fans rubans
; elles ont de petits mouchoirs
de toile de ſoye. Il n'y
a point preſentement d'Abbeffe,
& le Roy par des confiderations
particulieres , a
conſenty que les Dames ne
procedaſſent à aucune élection.
Le revenu qui appartient
à l'Abbeffe , doit eftre
employé à payer les dettes qui
ont eſté faites pendant les
Guerres. Quand l'Abbeſſe eſt
des Amb. de Siam. 7
morte , & qu'il en faut élire
une nouvelle , c'eſt toûjours
une des Dames de la maiſon .
L'Intendant & le Gouverneur
de la Province ſe doivent
trouver à l'élection . Chaque
Chanoineſſe a trois voix qu'elle
donne à qui elle veut. On
en élit trois , & le Roy choifit
celle qu'il luy plaift. Elle
ne fait aucun voeu non ,plus
que les autres Chanoineſſes.
Lors qu'elles viennent à ſemarier
, elles ne font que remerqu'on
leur a fait. Les mariacier
le Chapitre de l'honneur
ges ne ſe font jamais dans la
Aiiij
8 IV. P. du Voyage
Maiſon. Quand ces Dames
font leurs preuves , on fait jurer
dans l'Egliſe un Gentilhomme
que les quartiers de
la nouvelle Chanoineſſe ſont
nobles , & qu'il les connoiſt ,
aprés quoy elle ſe met à genoux
,& demande pour l'amour
de Dieu , de la Vierge ,
& de Sainte Remfroye , le
pain de la Maiſon qu'on luy
accorde , & on luy met deux
grands pains entre les mains
qu'elle fait diftribuer
Pauvres . Les Dames font
quatre années d'école aprés
leur reception. C'eſt ce qu'on
aux
A
des Amb. de Siam. 9
appelle faire Rigoureuse dans
lesChapitres d'Hommes.Pendant
ces quatre ans , elles ne
peuvent ny manquer au
Choeur , ny fortir la Maiſon.
Aprés cela elles ont deux mois
tous les ans à s'aller promener.
Les jeunes Chanoineſſes demeurent
chez les Anciennes ,
que l'on appelle Aînées , &
leur payent penſion. Il y en a
quatre qui prennent connoifſance
des affaires , & auſquelles
l'on s'adreſſe quand il n'y
a pas d'Abbeffe . Čes Chanoineffes
qui ſortoient de l'Office,
receurent en Corps les
10 IV. P. du Voyage
Ambaſſadeurs à la porte de
leur Convent ; la nouveauté
de leurs habits les ſurprit d'abord.
On les conduifit dans la
maiſon de la plus ancienne ,
où ils confidererent fort ces
habits qui ont quelque chofe
de tres-agreable & de tres
majestueux. Ils dirent qu'ils
n'en avoient point encore veu de
plus beaux , & que les habits
blancs convenoient mieux aux
Dames que ceux de toute autre
couleur , enfin ce blanc leur
plût tout-à-fait , parce que
leur Talapoins font veſtus de
blanc. On leur expliqua tou
des Amb. de Siam. 11
tes les regles de ce Convent
qu'ils trouverent fort commodes.
Ils dirent que ces Chanoineſſes
avoient des avantages
bien plus confiderables que les autres
Religieuses , & que si elles
estoient en leur Pais , elles feroient
mariées ſi-toſt qu'elles auroient
l'âge ou le mariage ſe permet.
Ces Chanoineſſes voulurent
les regaler , mais ils ne
prirent que du Thé, parce que
l'heure de leur dîner approchoit.
Ils s'arrêterent pour cet
effetà unVillage nomé Creon,
où le Maiſtre d'Hoſtel qui a
foin de leur Table , les ſervir
12 IV. P du Voyage
à l'ordinaire, c'eſt à dire qu'ils
y trouverent un repas auffi
ſomptueux que dans les meilleures
Villes. On prit enſuite
le chemin de Doüay. C'eſt
une Ville trés-forte ſur la riviere
de Scarpe. On croit
qu'elle estoit la Capitale du
Pays des Cattuaques , dont
parle Cefar dans ſes Commentaires
; & qu'Aſcanalde,
Officier du RoyClovis,y fonda
l'Egliſe de Noftre- Dame,
dans le cinquiéme fiecle. Elle.
a deux Collegiales . Il y aUniverſité
, qui y fut fondée en
1563. par Philippes II. Roy
des Anb. de Siam. 13
d'Eſpagne, à l'inſtance du Pape
Pie IV. Le Roy la prit en
1667. & elle luy fut cedée l'année
ſuivante par laPaix d'Aixla-
Chapelle.
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Résumé : Les Ambassadeurs vont à l'Abbaye de Dénin. Description de cette Abbaye, & ce qui s'y passe. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam à l'abbaye de Denin, située sur le chemin de Douai. Cette abbaye, fondée par Saint Aldebert et Sainte Reine, nièce du roi Pépin, abritait dix religieuses toutes canonisées. La première abbesse, Renfroye, est la patronne de Denin. Les chanoinesses de l'abbaye, au nombre de quatorze, proviennent des meilleures familles des Pays-Bas et de Picardie et doivent prouver une noblesse de huit quartiers. Leur habit est blanc, avec des accessoires spécifiques pour les jours de fêtes solennelles. Actuellement, l'abbaye n'a pas d'abbesse, et le roi a interdit toute élection. Les chanoinesses suivent un régime de vie régulier, incluant des périodes d'école et de promenade. Lors de leur réception, elles doivent prouver leur noblesse et distribuer du pain aux pauvres. Les ambassadeurs furent impressionnés par leurs habits et leurs règles de vie, les trouvant avantageuses comparées à d'autres religieuses. Après leur visite à Denin, les ambassadeurs se rendirent à Douai, une ville forte située sur la rivière Scarpe. Douai est connue pour son université, fondée en 1563 par Philippe II d'Espagne et cédée à la France en 1668.
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407
p. 13-34
Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs estoient encore à deux lieuës de cette grande [...]
Mots clefs :
Douai, Roi, Ville, Ambassadeurs, Pièces, Repaire, Monsieur de Pommereuil, Alliance, Dames, Fonderie, Jésuites, Spectacle, Entrée, Canon, Renommée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs eſtoient
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
Fermer
Résumé : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, escortés par la cavalerie et les gardes à cheval de Monsieur de Pommereuil, firent une entrée solennelle dans une grande ville par la porte Notre-Dame. Les rues étaient bordées de soldats et de spectateurs, tandis que les fenêtres étaient occupées par des notables. À leur arrivée à l'hôtel préparé pour leur logement, Monsieur de Pommereuil leur rendit visite avec son état-major et présenta les magistrats et divers corps, dont Monsieur Becquet, premier pensionnaire de la ville. Monsieur Becquet souligna les ordres du roi pour rendre les honneurs dus aux ambassadeurs d'un grand monarque asiatique et exprima la joie de la ville de les recevoir. Il rappela également les exploits héroïques du roi de France, notamment sa capacité à vaincre ses ennemis et à apporter la paix en Europe. L'ambassadeur de Siam répondit en affirmant que la grandeur et la puissance du roi de France, ainsi que la magnificence de Versailles, avaient confirmé les récits entendus. L'université les harangua en latin, et l'ambassadeur offrit un mot en latin sur la musique. Le soir, ils furent divertis par des dames et des musiciens envoyés par Monsieur de Pommereuil. Le lendemain, ils visitèrent la fonderie et l'arsenal, admirant les canons, mortiers et autres équipements militaires. Ils assistèrent également à une démonstration de tir à la batterie de l'école des cadets d'artillerie. Après une collation chez Monsieur du Repaire, ils furent invités par les Jésuites à un spectacle célébrant l'alliance entre la France et le Siam. Les ambassadeurs exprimèrent leur satisfaction et leur admiration pour l'éducation dispensée par les Jésuites.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
408
p. 34-58
Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 13. ils partirent pour aller coucher à Cambray, [...]
Mots clefs :
Cambrai, Ville, Comte de Monbron, Roi, Citadelle, Place, Médaille, Peuples, Harangue, Ambassadeurs, Archevêque, Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le lendemain 13. ils partirentpour
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
aller coucher àCambray
, & leur fortie fut auffi
éclatante qu'avoit eſté leur en
des Amb. de Siam. 35
:
trée. Cambray eſt une des plus
fortes Villes de l'Europe. Elle
eſt grande , belle , bien bâtie
, & fituée fur l'Elcaut qui
la traverſe d'un coſté. Elle
a double Citadelle. L'Egliſe
Metropolitaine de Notre-
Dame eſt tres - magnifique .
Son Chapitre eft compoſé de
48. Chanoines , & de 95. Eccleſiaſtiques
qui fervent dans
cette Eglife. L'Eveſché qui
avoit efté uny à celuy d'Arras
juſqu'à l'an 1095. fut erigé en
Archeveſché en 1559. par le
Pape Paul II. On tient que
Clodion conquit cette Villa
36 IV. P. du Voyage
en 445. Apres avoir eſté le
partage de Charles le Chauve
en 843. elle devint le ſujet de
la Guerre entre les Rois de
France , les Empereurs & les
Comtes de Flandre. Baudoüin
I. Comte de Flandre , l'ayant
prife & donnée à fon Fils Raoul
, les Empereurs ne laiſſerent
point de la declarer Cité
libre , fans que les François
cedaffent leurs droits . Charles
Quint ne voulut point s'en
tenir à la neutralité que le Roy
François I. luy avoit accordée.
Cet Empereur la prit en 1543 .
&fit bâtir une Citadelle aux
des Amb de Siam. 37
dépens des Habitans , auf
quels il fit croire que c'eſtoit
pour empêcher que les François
ne s'en emparaffent. Le
Duc d'Alençon Frere du Roy
Henry III . ayant eſté fait
Comte de Flandre, fut auffi
Maiſtre de Cambray. Il remit
cette Place à Jean de Montluc
Seigneur de Balagny , qui
prit le party de la ligue , &
fit enſuite ſa Paix avec le Roy
Henry IV. qui le fit Prince de
Cambray , & Marefchal de
France. Ce fut fur luy que les
Eſpagnols ſurprirent cette
Ville en 1595. Ils la fortifie38
IV. P. du Voyage
:
rent , y entretinrentunegroffe
Garnifon , & elle paffoit
pour une Place imprenable ,
mais elle ne l'a pas efté
pour LOUIS LE GRAND ,
qui apres avoir pris la Ville en
peu de jours, força laCitadelleà
ſe rendre le 16. Mars 1677.
La grande Citadelle qui eſt ſur
un lieu éminent , commande
toute la Ville , & a ſes foſſez
taillez dans le roc. Ceux qui
entourent les murailles de la
Ville ſont profonds & larges,
& ces murailles ſont reveſtuës
de bons Baſtions . Cambray
eſt defendu par un Fort du
des Amb. de Siam. 39
côté de la Riviere , & comme
la Ville eſt dans un Pays afſez
bas de ce côté-là , on en
pourroit inonder les environs
eny lâchant les Ecluſes ; les
autres Forts ſont auſſi tresimportans
. De grandes & belles
ruës aboutiſſent à la Place
où eſt la Maiſon de Ville .
C'eſt un magnifique Bâtiment
orné d'une Horloge tres-curieuſe
, que les Eſtrangers y
vont admirer. Male Comte
de Monbron , Gouverneur de
cette Place, envoya la Cavale.
rie au devant des Ambaffadeurs
juſques à moitié che
40 IV . P. du Voyage
mın de Valencienues. Ils trou
verent en approchant de la
Ville une fort grande quantité
de Peuple , & M. le Comte
de Monbron qui les attendoit
à la porte. Ils entreren
au bruit du Canon , & au tra
vers de l'Infanterie de laGar
nifon qui formoit deux haye
juſqu'à leur logis , au devan
duquel toute cette Infanterie
fit une décharge fi-tôt qu'ils
y furent arrivés. Ma le Comte
de Monbron s'y rendit peu
de temps aprés , & leur preſenta
Mdu Magiftrat , &
M Defgruſeliers , premier
Confeiller
des Amb. de Siam. 41
Conſeiller Penfionnaire , en
Robe , & Bonnet de velours
noir , qui leur fit le diſcours
fuivant.
MESSEIGNEURS,
L'honneur que la France vient
de recevoir par l' Ambaffade que le
trés-puiffantRoy de Siam a envoyée
à nostre invincible Monarque, fait
bien voir que l'éclat de fes Vertus
héroïques a prévalufur celuy defes
trésors & de ses finances. En effet,
la charmante conduite que Sa Ma
jefté tient pour gouvernerses peuples
, donne de l'admiration à toute
la terre , & ce n'est pas fans fujet
que le Roy vostre Maistre a voulu
Sefaire instruire de fes belles maxi-
D
42 IV. P. du Voyage
mes pour s'en fervir à l'égard de
fes Sujets , & les rendre heureux
par l'administration de la Iustice.
Cette Ambaſſade, Meßeigneurs, eft
d'autant plus celebre qu'elle s'eft
faite de la part du plus puiſſant
Roy de l'orient , au plus glorieux
Monarque de l'Europe ; &fi l'on
confulte l'Histoire , il ne s'est rien
vû de pareil depuis plusieurs fiecles,
fi ce n'est lorſque Charlemagne
, premier Empereur du Nom
François , ayant humilié l'infolence
l'impieté des Lombards, &affeuré
le Souverain Pontife Adrien I.
dansfon Pontificat, receut de luy la
Couronne Imperiale,&peu de temps
aprés les Ambaſſades des Rois de
Perse & de Fez , Celle que vos
Excellences viennent de faire , s'a
dreſſe à Louis le Grand, digne he-
7
des Amb. de Siam. 43.
ritier des Vertas de ce faint Empereur
, pour avoir donné la paixó
le repos à toute la Chreftienté , &
chaßé de ses Estats les Heresies de
Luther & de Calvin .
Heureux les Peuples qui vivent
Sous cette agreable domination ,
plus heureux encore ceux du grand
Roy de Siam , si profitant des travaux
& des lumieres que vos Excellences
leur donneront, ils parviennent
àla connoiſſance du grandRoy
du Ciel & de la Terre, &joüiffent
du bonheur d'estre gouvernez avec
La mefme douceur, que la bonté de
nostre grand Roy fait goûter àses
fidelles Sujets. C'est à cette fin que
nous leur adreſſons leſouhait duPoëte,
Vivite fælices, quibus eſt fortuna peracta,
Vobis parta quics eft, nullum jam æquor arang
dum,
/
Di
44 IV. P. du Voyage
Loüiffez , Peuples de Siam, de la
douceur du repos, puisque vos illuftres
Ambassadeurs vont repaffer les
mers pourvous porter les belles maximes
d'y parvenir & vous rendre
keureux dans la fuite de tous les
temps. C'est leſouhait que font avec
beaucoup de respect &de tendreſſe,
à vos Excellences , le Magistrat &
Peuple de la Ville de Cambray.
Cette harangue fut ſuivie
du preſent d'une Medaille
d'or du poids de vingt-ſept
piſtoles , dont la face droite
repreſente le Roy avec ces
mots Ludovico Victore
Pacis datore. La Ville de Cambray
paroift au revers avec
د
desAmb. de Siam. 45
ces paroles dulcius vivimus.
Toutes ces Lettres font numerales
hormis la lettre S , &
font enſemble l'an 1678. qui
fuit celle de la reduction de
cette Place en l'obeïſſance du
Roy , & dans laquelle ces
Peuples comencerent à reſſentir
les douceurs du Gouvernement
de Sa Majesté , ainſi
qu'ils le publient par le revers
de la Medaille qu'ils ont
eux-meſmes fait frapper.Cette
Medaille avoit eſté preſentée
au Roy en 1678. au
nom de la Ville de Cambray
par M Defgrufeliers , qui
r
46 IH. P. du Voyage
bien qu'il en ſoit l'Autheur ,
n'a cherché qu'à exprimer les
fentiments du Peuple. Lors
qu'ik la preſenta aux Ambaffadeurs
, il leur dit que cette
Medaille fervoit de preuve incontestable
de la fatisfaction que
Le Peuple de Cambray avoit
d'eftre au nombre des Sujets du
Roy, & qu'ils souhaitoient que
tous les Peuples du Monde en
puffent estre informés.
Le Diſtique ſuivant eſtoit
dansl'envelope de laMedaille.
Vicifti , Princeps , Vrbi pacemque dediſti
Qui Rex &Pater es , dulcius eße dabis.
des Amb. de Siam. 47
,
On preſenta enfuite aux
Ambaſſadeurs trois pieces de
toile tres-fine , de la fabrique
de Cambray & nommée
dans le Commerce , Toile de
Cambray depuis pluſieurs Siecles.
L'Ambaſſadeur répondit
que le Roy leur avoit fait
rendre de grands honneurs , en
les faiſant recevoir magnifiquement
dans tous les lieux où ils
avoient paffé ; qu'on leur avoit
montré par fon ordre toutes ses
Maiſons Royales , & tout ce
que ce Monarque a de plus curieux
; qu'on leur avoit fait voir
une partie de ſes Conquestes , où
48 IV . P. du Voyage
l'on n'avoit rien oublié pour leur
marquer l'estime qu'on a pour
le Roy leur Maître , à qui ils
feroient à leur retour un recit
fidelle de tous les honneurs qu'ils
avoient receus , & qu'ils n'oublieroient
pas de luy remettre entre
les mains la Medaille repre-
Sentant Sa Majesté, &la Ville
de Cambray , afin que la memoire
en fûtconfervée chez eux
pendant tous les Siecles à venir.
Ils ajoûterent qu'ils eftimoient
cette Medaille plus d'un million,
&aprés avoir remercié Ms
duMagiftrat, de l'exactitude
avec laquelle ils leur rendoier
tant
des Amb. de Siam. 49
d'honneurs , le premier Ambaffadeur
demanda une Co
pie de la harangue qui leur
venoit d'eſtre faite , afin , ditil
, qu'ils la puſſent admirer avec
reflexion . M l'Archevef
que de Cambray les vint
voir le meſme ſoir , ils en témoignerent
beaucoup de
joye , parce qu'ils avoient
oüy parler de ſon grand merite
, & qu'ils ont beaucoup
de confideration pour les perſonnes
de ſon caractere. Ils
avoient avec eux deux Interpretes,
dont l'un s'eſt mis depuis
pluſieurs années dans la
E
So IV. P. du Voyage
Miffion qui s'eſt établie à
Siam ; il eſt déja dans les
Ordres ; il parle bien François
, & encore mieux Latin
&ſe nomme M Antoine.M
l'Archeveſque de Cambray
qui en avoit oüy dire beaucoup
de bien, l'émena ſouper
avec luy,&le fit coucher dans
l'Archeveſché. Il luy demanda
quantité de choſes touchant
le Royaume de Siam,
&fut tres-content de ſes réponſes
. Ce Prélat luy donna
un Chapelet avec des Medailles
d'or.
Aprés qu'il eut quitté les
des Amb. de Siam. st
Ambaſſadeurs, M¹ le Comte
de Monbron leur demanda
l'ordre , & ils donnerent
pour mot , Fidelle à fon
choix , ce qui marque que
ce Comte fert le Roy avec
beaucoup d'ardeur & de
fidelité , & qu'il ne dément
point la bonne opinion que
Sa Majefté a euë de luy, en
commençant à reconnoiſtre
ſon merite& ſes ſervices, dans
un âge ou beaucoup d'autres
ne font pas en eſtat de recevoir
ſi- toſt de ſi glorieuſes
recompenfes . Il ſoupa le foir
avec les Ambaſſadeurs , &
Eij
52 IV. P. duVoyage
quoy que toute la Ville fou
haitaſt de les voir manger , la
curioſité des Dames fut ſeule
fatisfaite.
Le lendemain matin , M
le Comte de Monbron leur
envoya quatre Carroffes. Ils
ſe mirent dedans. Lorſqu'ils
furent fortis de la Ville, ils
trouverent des Chevaux que
ce même Comte leur avoit
fait tenir preſts. Ils monterent
deſſus, &viſirerent les
Fortifications avec M de
Monbron & l'Ingenieur qui
tenoit le Plan. On leur fie
voir toutes les Fortifications,
desAmb. de Siam. 53
tous les ouvrages avancez, &
meſme ceux qui n'eſtoient
que commencez. Ils ſe recrierent
de nouveau ſur la grandeur
du Roy , ayant vû non
ſeulement des Ouvriers par
tout , mais auffi en grand
nombre , & travaillant à de
grands ouvrages. Ils remonterent
enfuite en carroffe , &
allerent à la Citadelle, où M
duTilleul qui en eſt Gouverneur
, les attendoit avec les
Officiers majors. Ils y furent
receus comme ils l'avoient
eſté dans les autres Citadelles.
La Compagnie des Cadets
r
E iij
34 IV. P. duVoyage
eſtoit en bataille . L'Ambaf
fadeur qui avoit déja pris
beaucoup de plaifir à en voir
en d'autres Villes , dit que fi
Le Roy estoit plus grand en puiffance
que les autres Monarques,
il l'estoit auſſi en vertu ; qu'il
donnoit du pain à la jeuneNobleſſe
dés l'enfance , & qu'il en
donnoit à ceux qui devenoient
des , foit par de groſſes re
compenses ,foit par des places
dans le lieu qu'il avoit étably
pour les loger ; & qu'ainsi ils
estoient affeurez d'avoir dequoy
vivre, &dans leur jeunesse, &
dans leur vieilleffe. Ils firent le
:
des Amb. de Siam. 55
tour de la Citadelle, & admirerent
la hauteur & la profondeur
des Bastions, ne pouvant
comprendre comment
on avoit pû ſe rendre maiftre
d'une Place fi forte. Le
premier Ambaſſadeur dit que
s'il estoit dans une Place pareille
avec des Troupes Françoiſes,
il ne croyoit pas qu'onfongeast
àl'attaquer. Pendant qu'ils eftoient
ſur les ramparts de la
Citadelle, on fit venir ſur l'EC
planade qui eſt entre la Ville
& la Citadelle , une Compagnie
de Cadets . Ils firent l'exercice;
mais comme le jour
E iiij
56 IV. P. du Voyage
commençoit à finir , & qu'ils
avoient refolu d'aller voir
M l'Archeveſque , l'Ambaffadeur
dit qu'il estoit accoutumé
à voir de la Noblesse &des
Troupes , mais qu'il ne verroit
pas par tout des Archevesques
comme celuy de Cambray. Ils
allerent dans fon Eglife , où
ils le trouverent à la teſte de
ſon Chapitre. Aprés le compliment
de ce Corps, lesAmbaſſadeurs
ne voulurent point
avancer que M'l'Archevefque
ne paſſaſt devant eux, &
luy dirent qu'ils avoient oüy
parlerdefa pieté&desagran
des Amb. de Siam. 57
deur, de toutes manieres. Ce Prélat
leur fit voir tout ce qu'il
y avoit de plus curieux dans
fon Eglife , & leur en fit entendre
la Muſique & les Orgues.
Il voulut enfuire les reconduire
juſques à la porte,
quoyque les Ambaſſadeurs
s'efforçaſſent de ren empefcher
, ne croyant pas qu'il ſe
dûſt donner ces ſoins.Quand
ils furent de retour chez eux,
le Major alla prendre le mot
& on luy donna , Il achevera
fon Ouvrage. Ce mot regarde
le Roy & Me le Comte de
Monbron; & ce n'eft pas à
58 IV. P. du Voyage
moy à raiſonner là- deſſus .
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Résumé : Leur Entrée à Cambray avec les honneurs qu'ils y ont reçus, les Harangues des Magistrats, & tout ce qu'ils ont vû, fait, & dit. [titre d'après la table]
Le 13, les ambassadeurs quittèrent Cambray après une entrée triomphale. Cambray, une des villes les plus fortes d'Europe, est située sur l'Escaut et possède une double citadelle. L'église métropolitaine de Notre-Dame est majestueuse, avec un chapitre composé de 48 chanoines et 95 ecclésiastiques. L'archevêché, autrefois uni à celui d'Arras jusqu'en 1095, fut érigé en 1559 par le pape Paul IV. La ville a une histoire riche et mouvementée. Elle fut conquise par Clodion en 445 et devint un enjeu de conflits entre les rois de France, les empereurs et les comtes de Flandre. Baudouin Ier de Flandre la prit et la donna à son fils Raoul, mais les empereurs la déclarèrent cité libre. Charles Quint la conquit en 1543 et y fit construire une citadelle. Le duc d'Alençon, frère du roi Henri III, fut maître de Cambray et la remit à Jean de Montluc, qui prit le parti de la Ligue avant de faire la paix avec Henri IV. Les Espagnols surprirent la ville en 1595 et la fortifièrent. Louis XIV la conquit en 1677, forçant la citadelle à se rendre le 16 mars. Cambray est défendue par des fortifications impressionnantes, y compris des fossés taillés dans le roc et des bastions. La ville accueillit les ambassadeurs de Siam avec une grande cérémonie, incluant un discours et des présents, comme une médaille d'or et de la toile fine. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications et exprimèrent leur admiration pour la puissance et la vertu du roi de France. Ils rencontrèrent également l'archevêque de Cambray, qui leur montra les curiosités de son église.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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409
p. 58-78
Peronne. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent le lendemain 15. avec tous les honneurs que [...]
Mots clefs :
Péronne, Ville, Ambassadeurs, Ordre, Major, Marquis, Hôtel, Lieutenant, Roi, Porte, Honneur, Drapeaux, Aubé, Hoquincour, Régiment, Milice, Logis, Prince, Hôtel de ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Peronne. [titre d'après la table]
Ils partirent le lendemain
is. avec tous les honneurs que
je vous ay ſouvent repetez,
&prirent le chemin de Peronne
. Ils dînerent à Fain.
Peronne eſt une Place trésforte
, & paffe pour une des
Clefs de la France. Elle eft
en Picardie ſur la riviere de
Somme. Outre les Ouvrages
qui la deffendent, ce qui contribuë
à la rendre forte , ce
font les Marais qui l'environnent.
Les Eſpagnols ont
tâché ſouvent de la furprendre
, & ils n'ont pû en venir
des Amb. de Siam. 59
à bout. On attendoit les
Ambaſſadeurs dans cetteVille-
là avec beaucoup d'impatience
, & quoy qu'il n'y
ait point de Garnison , tout
y avoit l'air guerrier. Les
Habitans ne peuvent oublier
les Exercices Militaires,
auſquels ils ont toûjours paru
fi habiles , quoy que les
Conqueſtes de Sa Majefté les
ayent mis à couverr des alarmes
, dont ils n'ont jamais
eſté épouvantez , ayant herité
de la valeur , & de l'intrepidité
de leurs peres. Trente
&un drapeaux avoient eſté
bo IV. P. du Voyage
mis dés le matin aux feneſtres
de l'Hôtel de Ville pour annoncer
au Peuple la venuë
des Ambafſadeurs , l'on avoit
donné ordre de tenir toutes
les Boutiques fermées; enfin
tout avoit eſté diſpoſé pour
une reception auffi galante
que guerriere par les ſoins de
M de Ville , & par le zele
de M Aubé Major. C'eſt
Gentilhomme qui s'aquite
fi bien de tout ce qui regarde
cette dignité , qu'il a déja
eſté choiſy pluſieurs fois
pour la remplir , tanr Mrs de
Ville ont de plaifir à le voir
un
des Amb. de Siam. 61
leur teſte. Auſſi peut- on
dire qu'un homme de ce caractere
ſe diftingue toûjours
dans tout ce qu'il fait. Me le
Marquis d'Hoquincourt ,
Gouverneur de Peronne
voit expliqué à M's de Ville
les intentions du Roy ,
c'eſt ce qui les rendoit ſi ze-
د
a-
&
du
lez. Ce Marquis eftant accompagné
deM de la Brouë
Lieutenant de Roy
Commandant du Château ,
de l'Estat Major de la Place ,
& de beaucoup de Nobleſſe
de ſon Gouvernement , ſe
rendit à la porte de la Ville ,
62 IV. P du Voyage
ainſi que Mrs les Majeur &
Eſchevins , où ils attendirent
les Ambaſſadeurs. Lors
qu'ils furent arrivez au Pontlevis
de la Ville , M² le Marquis
d'Hoquincour leur preſenta
ſes Clefs par trois fois ,
& M Aubé leur preſenta
auſſi les ſiennes que Sa Majeſté
veut bien confier au
Majeur de la Ville. Ce Privilege
luy eft glorieux , & merire
d'eſtre remarqué. Les Ambaſſadeurs
entrerent enſuitte
au bruit du Canon & du Carillon
des Cloches , & pafferent
au travers de ſeize Comdes
Amb. de Siam. 63
&
pagnies du Regiment de la
Milice qui formoient deux
hayes juſques à l'Hôtel qui
leur avoit eſté preparé. Les
Officiers de ce Regiment
les ſaluerent de la pique ,
les Enſeignes avec leurs
Drapeaux. La Garde de leur
Logis eſtoit de cinquante
Mouſquetaires détachez,commandez
par le plus ancien
Capitaine , un Lieutenant ,
& l'Enſeigne Colonelle avec
le Drapeau de la Pucelle. On
avoit mis au deſſus de la porte
de ce meſme Logis , les
Armes du Roy de Siam , en64
IV. P. duVoyage
vironnées de Lauriers , & de
fleurs. Peu de temps apres
que les Ambaſſadeurs furent
arrivez, M le Marquis d'Hoquincourt
, toûjurs accompagné
de meſme qu'il l'avoit
eſté à la porte de la Ville ,
vint les ſaluer. Mts de Ville
s'étant auſſi rendus au meſme
lieu , M Aubé Majeur qui
eſtoit à leur teſte , leur fit
compliment au nom de ce
Corps , & s'expliqua en ces
termes.
MESSEIGNEVRS,
LesMagistratsde Peronne viendes
Amb. de Siam: 65
nent paroiſtre devantvous, ilsfoubaiteroient
de pouvoir affez bien
répondre aux volontez du Roy leur
Maistre , pour vous recevoir avec
toute la magnificence que vous meritez.
Dieu qui tient les coeurs des
Koisdansses mains, afait un miracle
d'avoir uny deux grands Rois
d'uneétroite amitié, malgré le grand
éloignement de leurs Etats , & les
vaſtes mers qui lesfeparent. Ilfemble
qu'il vienne d'en faire encore
un nouveau , en faveur de noftre
chere Ville de Peronne, puiſque nous
voyons vos Excellences dans ses
murs ; & cette ville toute remplie
qu'elle est de la gloire que nosPe
res luy ont acquiſe dans les fiecles
paſſez, avoit encore beſoin de cette
beureuſe journée pour celle de leurs
fucceffeurs, qui affeurent vos Excel-
F
66 IV. P. du Voyage
lences par la bouche de leurs Magiftrats
, du profond respect qu'ils
ont pour vous, & des voeux qu'ils
feront afin que cette union dure
éternellement.
L'Interprete demanda à
Mr Aubé s'il avoit une copie
de fon difcours. Il luy
répondit que oüy , parcequ'il
ſçavoit que les Ambaſſadeurs
en avoient demandé dans
pluſieurs Villes où ils avoient
paffé ; & l'Interprete l'ayant
receuë des mains de ce premier
Magiftrat, la lût, &l'expliqua
enfuite aux Ambaſſadeurs.
Le premier Ambaſſades
Amb. de Siam. 67
deur répondit , Qu'ils estoient
bien obligez à M les Magiftrats
de Peronne , de l'honneur
qu'ils leur rendoient; Qu'ils s'en
Jouviendroient quand ilsſeroient
de retour dans les Etats du Roy
leur Maistre : Que l'Alliance
qui venoit d'eſtre contractée entre
les deuxRois, dureroit autant
que le Soleil &la Lune ; Qu'ils
Je recommandoient à leurs prieres
, & qu'ils croyoient qu'ily
auroit un jour beaucoup de
Chreftiens dans le Royaume de
Siam , & que les François deviendroient
Siamois, & les Siamois
François. Le Chapitre &
Fij
68 IV. P. du Voyage
leBailliage vinrent enfuite les
complimenter. Le Bailliage
avoit àſa teſte M. Vaillant,
Lieutenant general,& leChapitre
M l'Abbé le Veftier,
Docteur de la Maiſon & Societé
de Navarre , & Doyen
du Chapitre de Peronne. Il
eſtoit accompagné de plus
de trente Chanoines, &du
Clergé de ſes quatre Paroifſes.
Voicy de quelle maniere
il parla.
MONSEIGNEVR,
Si tous les peuplesſont dans l'admiration
des rares qualitezde l'andesAmb.
de Siam. 69
guste Monarque dont voſtre Excellence
representefi dignement la per-
Sonne ; s'ils ne peuvent affez élever
la ſageſſe qui regle toutes les
actions, &particulierement le zele
qui luy a fait rechercher l'amitié de
noftre invincible Monarque , avec
quelles marques d'estime &de vineration
ne devons-nous pas recevoir
les Ambaſſadeurs d'un Prince
fi accomply? Quelle joye ne devonsnous
pas faire paroiſtre du bonheur
que nous avons de poffeder les Ministres
d'un Prince si recommandable
&fi cher à toute l'Eglife, dont
il veut bien eftre le protecteurdans
les Royaumes les plus éloignez ?Illustres
Ambaßadeurs , que le Ciel
beniffe les démarches que vousfaites
pour la gloire d'un si grand &
d'un fi aimable Prince : Que la
70 IV. P. du Voyage
bienveillance dont vous voulezbien
honorer les Ministres du Trés -haut,
vous foit à jamais une femence
d'immortalité : Enfin , que vostre
prudence, voſtre ſageffe &toutes les
béroïques qualitez qui vous font
estimer & cherir de LOVIS LE
GRAND & de tous ses peuples,
foient un jour couronnées desſplendeurs
de la Sageffe Eternelle, de fes
trésors infinis , & de ses richeſſes
inépuisables. Ce font, Monseigneur,
les voeux & les plus ardans defirs
de toute cette Compagnie , & en
particulier de celuy qui a l'honneur
de parler icy pour elle.
Pendant que les Ambaffadeurs
eftoient occupés à
écouter ces harangues , & à
des Amb de Siam. 71
yfaire des réponſes auſſi ſpirituelles
qu'obligeantes , le
Major , & l'aide Major du
Regiment de Milice , firen .
faire un mouvement aux
Troupes qui vinrent en bon
ordre dans la Place , où ils les
mirent en Bataille , devant
l'Hôtel des Ambaſſadeurs . Le
Lieutenant Colonel eſtoit à
la teſte à cauſe de l'indiſpoſition
du Colonel , une partie
des Capitaines faiſoit un
front; les Lieutenans eſtoient
dans les diviſions ,& la queuë
eſtoit fermée par le reſte des
Capitaines , ils avoient tous
72 IV P. duVoyage
des plumes blanches. L'ordre
ayant eſté donné enſuite pour
lesvins de preſent, ils furent
portés dans des Cannes par
douze Huiffiers de Ville , qui
avoient à leur teſte les Avocats
& Procureurs du Roy de
l'Hôtel de Ville precedez du
Major , & de l'aide Major de
la Milice avec les trente Drapeaux
des Arts , & Métiers
qui estoient portez par leurs
Enſeignes , au fon d'un fort
grand nombre de Tambours,
le Mareſchal des Logis étoit
à la queuë . Ils entrerent en
cet ordre chés les Ambaſſadeurs,
des Amb de Siam. 73
deurs , auſquels l'Avocat de
la Ville fit compliment , &
preſenta les Vins. L'Ambaffadeur
répondit qu'ils estoient
obligés à Mas de Peronne de
leurhonneſteté, qu'ils voudroient
trouver occafion de les fervir, &
qu'ils n'avoientpas attendu moins
d'honneur qu'ils en recevoient
Sur le recit qu'on leur avoit fait
de Peronne , qu'ils n'oubliroient
jamais. Ces Meſſieurs s'étant
enfuite retirés dans le même
ordre à l'Hôtel de Ville , les
Arquebuſes à croc du Befroy
tirerent , ce qui fit fortir les
Ambaſſadeurs qui furent fur-
G
74 IV. P. du Voyage
pris de voir le Bataillon, dont
ils furent ſaluez de nouveau
de la pique ; aprés quoy les
Arqucbuſes à croc recommencerent
à tirer pour ſatisfaire
leur curiofité. Ils rentrerent
enfuite chez eux , où
Mele Marquis d'Hoquincour
alla leur demander l'ordre
. L'Ambaſſadeur donna
pour mot la Pucelle , & dit
que ce mot estoit affez beau &
affezglorieux à la Ville , pour
n'en pas donner un autre. On
fçait que la Ville de Peronne
n'a jamais efté priſe , quoyqu'elle
ait eſté attaquée en
des Amb. de Siam. 75
1536. par une puiſſanteArmée
que commandoit le Comte
Henry de Naſſau, ſous Charles-
Quint ; les Habitans de
Peronne la repouſſerent vigoureuſement
, après avoir
eſſuyé pluſieurs aſſauts. Les
cloches carillonnerent pendant
tout le ſoir, & toutes les
feneftres de la Ville ſe trouverent
illuminées , & les ruës
remplies de feux par les ordres
& par les loins de M
Aubé. L'Apartement desAmbaſſadeurs
eſtant ſur le derriere
de l'Hoſtel où ils ef
toient logez , M Torf les
r
Dij
76 IV. P. du Voyage
avertit de l'état brillant où
eſtoit la Ville. Ils voulurent
la voir , & fortirent juſque
dans la Place ; ce qui leur fit
dire qu'ils voyoient par là qu'on
n'oublioit rien pour faire honneur
au Roy leurMaistre. Comme
ils ne ſejournerent point
à Peronne, la foule ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, que la curioſité d'une
grande partie des Dames ne
pût eſtre ſatisfaire. L'Ambaffadeur
ayant demandé le
Plan de laVille à M. le Marquis
d'Hoquincour, il le luy
fit donner parM.Tifon, Ing
r
des Amb. de Siam. ララン
genieur de Sa Majesté , de la
refidence de Peronne , avec
lequel il l'examina. Le lendemain
le Bataillon s'eſtant
remis en deux hayes, comme
le jour precedent, dés fix heures
du matin , les Ambaffadeurs
partirent à ſept au travers
de cette double haye.
M le Gouverneur , M le
Lieutenant de Roy , & M's
de Ville les attendoient à la
Porte de la Ville , où ils leur
firent de nouveaux complimens
; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez ,
fortirent au carillon des clo-
Giij
178 IV.P. du Voyage
ches & au bruit du canon,&
allerent dîner à Feſnes , d'où
ils prirent la route de Saint-
Quentin.
is. avec tous les honneurs que
je vous ay ſouvent repetez,
&prirent le chemin de Peronne
. Ils dînerent à Fain.
Peronne eſt une Place trésforte
, & paffe pour une des
Clefs de la France. Elle eft
en Picardie ſur la riviere de
Somme. Outre les Ouvrages
qui la deffendent, ce qui contribuë
à la rendre forte , ce
font les Marais qui l'environnent.
Les Eſpagnols ont
tâché ſouvent de la furprendre
, & ils n'ont pû en venir
des Amb. de Siam. 59
à bout. On attendoit les
Ambaſſadeurs dans cetteVille-
là avec beaucoup d'impatience
, & quoy qu'il n'y
ait point de Garnison , tout
y avoit l'air guerrier. Les
Habitans ne peuvent oublier
les Exercices Militaires,
auſquels ils ont toûjours paru
fi habiles , quoy que les
Conqueſtes de Sa Majefté les
ayent mis à couverr des alarmes
, dont ils n'ont jamais
eſté épouvantez , ayant herité
de la valeur , & de l'intrepidité
de leurs peres. Trente
&un drapeaux avoient eſté
bo IV. P. du Voyage
mis dés le matin aux feneſtres
de l'Hôtel de Ville pour annoncer
au Peuple la venuë
des Ambafſadeurs , l'on avoit
donné ordre de tenir toutes
les Boutiques fermées; enfin
tout avoit eſté diſpoſé pour
une reception auffi galante
que guerriere par les ſoins de
M de Ville , & par le zele
de M Aubé Major. C'eſt
Gentilhomme qui s'aquite
fi bien de tout ce qui regarde
cette dignité , qu'il a déja
eſté choiſy pluſieurs fois
pour la remplir , tanr Mrs de
Ville ont de plaifir à le voir
un
des Amb. de Siam. 61
leur teſte. Auſſi peut- on
dire qu'un homme de ce caractere
ſe diftingue toûjours
dans tout ce qu'il fait. Me le
Marquis d'Hoquincourt ,
Gouverneur de Peronne
voit expliqué à M's de Ville
les intentions du Roy ,
c'eſt ce qui les rendoit ſi ze-
د
a-
&
du
lez. Ce Marquis eftant accompagné
deM de la Brouë
Lieutenant de Roy
Commandant du Château ,
de l'Estat Major de la Place ,
& de beaucoup de Nobleſſe
de ſon Gouvernement , ſe
rendit à la porte de la Ville ,
62 IV. P du Voyage
ainſi que Mrs les Majeur &
Eſchevins , où ils attendirent
les Ambaſſadeurs. Lors
qu'ils furent arrivez au Pontlevis
de la Ville , M² le Marquis
d'Hoquincour leur preſenta
ſes Clefs par trois fois ,
& M Aubé leur preſenta
auſſi les ſiennes que Sa Majeſté
veut bien confier au
Majeur de la Ville. Ce Privilege
luy eft glorieux , & merire
d'eſtre remarqué. Les Ambaſſadeurs
entrerent enſuitte
au bruit du Canon & du Carillon
des Cloches , & pafferent
au travers de ſeize Comdes
Amb. de Siam. 63
&
pagnies du Regiment de la
Milice qui formoient deux
hayes juſques à l'Hôtel qui
leur avoit eſté preparé. Les
Officiers de ce Regiment
les ſaluerent de la pique ,
les Enſeignes avec leurs
Drapeaux. La Garde de leur
Logis eſtoit de cinquante
Mouſquetaires détachez,commandez
par le plus ancien
Capitaine , un Lieutenant ,
& l'Enſeigne Colonelle avec
le Drapeau de la Pucelle. On
avoit mis au deſſus de la porte
de ce meſme Logis , les
Armes du Roy de Siam , en64
IV. P. duVoyage
vironnées de Lauriers , & de
fleurs. Peu de temps apres
que les Ambaſſadeurs furent
arrivez, M le Marquis d'Hoquincourt
, toûjurs accompagné
de meſme qu'il l'avoit
eſté à la porte de la Ville ,
vint les ſaluer. Mts de Ville
s'étant auſſi rendus au meſme
lieu , M Aubé Majeur qui
eſtoit à leur teſte , leur fit
compliment au nom de ce
Corps , & s'expliqua en ces
termes.
MESSEIGNEVRS,
LesMagistratsde Peronne viendes
Amb. de Siam: 65
nent paroiſtre devantvous, ilsfoubaiteroient
de pouvoir affez bien
répondre aux volontez du Roy leur
Maistre , pour vous recevoir avec
toute la magnificence que vous meritez.
Dieu qui tient les coeurs des
Koisdansses mains, afait un miracle
d'avoir uny deux grands Rois
d'uneétroite amitié, malgré le grand
éloignement de leurs Etats , & les
vaſtes mers qui lesfeparent. Ilfemble
qu'il vienne d'en faire encore
un nouveau , en faveur de noftre
chere Ville de Peronne, puiſque nous
voyons vos Excellences dans ses
murs ; & cette ville toute remplie
qu'elle est de la gloire que nosPe
res luy ont acquiſe dans les fiecles
paſſez, avoit encore beſoin de cette
beureuſe journée pour celle de leurs
fucceffeurs, qui affeurent vos Excel-
F
66 IV. P. du Voyage
lences par la bouche de leurs Magiftrats
, du profond respect qu'ils
ont pour vous, & des voeux qu'ils
feront afin que cette union dure
éternellement.
L'Interprete demanda à
Mr Aubé s'il avoit une copie
de fon difcours. Il luy
répondit que oüy , parcequ'il
ſçavoit que les Ambaſſadeurs
en avoient demandé dans
pluſieurs Villes où ils avoient
paffé ; & l'Interprete l'ayant
receuë des mains de ce premier
Magiftrat, la lût, &l'expliqua
enfuite aux Ambaſſadeurs.
Le premier Ambaſſades
Amb. de Siam. 67
deur répondit , Qu'ils estoient
bien obligez à M les Magiftrats
de Peronne , de l'honneur
qu'ils leur rendoient; Qu'ils s'en
Jouviendroient quand ilsſeroient
de retour dans les Etats du Roy
leur Maistre : Que l'Alliance
qui venoit d'eſtre contractée entre
les deuxRois, dureroit autant
que le Soleil &la Lune ; Qu'ils
Je recommandoient à leurs prieres
, & qu'ils croyoient qu'ily
auroit un jour beaucoup de
Chreftiens dans le Royaume de
Siam , & que les François deviendroient
Siamois, & les Siamois
François. Le Chapitre &
Fij
68 IV. P. du Voyage
leBailliage vinrent enfuite les
complimenter. Le Bailliage
avoit àſa teſte M. Vaillant,
Lieutenant general,& leChapitre
M l'Abbé le Veftier,
Docteur de la Maiſon & Societé
de Navarre , & Doyen
du Chapitre de Peronne. Il
eſtoit accompagné de plus
de trente Chanoines, &du
Clergé de ſes quatre Paroifſes.
Voicy de quelle maniere
il parla.
MONSEIGNEVR,
Si tous les peuplesſont dans l'admiration
des rares qualitezde l'andesAmb.
de Siam. 69
guste Monarque dont voſtre Excellence
representefi dignement la per-
Sonne ; s'ils ne peuvent affez élever
la ſageſſe qui regle toutes les
actions, &particulierement le zele
qui luy a fait rechercher l'amitié de
noftre invincible Monarque , avec
quelles marques d'estime &de vineration
ne devons-nous pas recevoir
les Ambaſſadeurs d'un Prince
fi accomply? Quelle joye ne devonsnous
pas faire paroiſtre du bonheur
que nous avons de poffeder les Ministres
d'un Prince si recommandable
&fi cher à toute l'Eglife, dont
il veut bien eftre le protecteurdans
les Royaumes les plus éloignez ?Illustres
Ambaßadeurs , que le Ciel
beniffe les démarches que vousfaites
pour la gloire d'un si grand &
d'un fi aimable Prince : Que la
70 IV. P. du Voyage
bienveillance dont vous voulezbien
honorer les Ministres du Trés -haut,
vous foit à jamais une femence
d'immortalité : Enfin , que vostre
prudence, voſtre ſageffe &toutes les
béroïques qualitez qui vous font
estimer & cherir de LOVIS LE
GRAND & de tous ses peuples,
foient un jour couronnées desſplendeurs
de la Sageffe Eternelle, de fes
trésors infinis , & de ses richeſſes
inépuisables. Ce font, Monseigneur,
les voeux & les plus ardans defirs
de toute cette Compagnie , & en
particulier de celuy qui a l'honneur
de parler icy pour elle.
Pendant que les Ambaffadeurs
eftoient occupés à
écouter ces harangues , & à
des Amb de Siam. 71
yfaire des réponſes auſſi ſpirituelles
qu'obligeantes , le
Major , & l'aide Major du
Regiment de Milice , firen .
faire un mouvement aux
Troupes qui vinrent en bon
ordre dans la Place , où ils les
mirent en Bataille , devant
l'Hôtel des Ambaſſadeurs . Le
Lieutenant Colonel eſtoit à
la teſte à cauſe de l'indiſpoſition
du Colonel , une partie
des Capitaines faiſoit un
front; les Lieutenans eſtoient
dans les diviſions ,& la queuë
eſtoit fermée par le reſte des
Capitaines , ils avoient tous
72 IV P. duVoyage
des plumes blanches. L'ordre
ayant eſté donné enſuite pour
lesvins de preſent, ils furent
portés dans des Cannes par
douze Huiffiers de Ville , qui
avoient à leur teſte les Avocats
& Procureurs du Roy de
l'Hôtel de Ville precedez du
Major , & de l'aide Major de
la Milice avec les trente Drapeaux
des Arts , & Métiers
qui estoient portez par leurs
Enſeignes , au fon d'un fort
grand nombre de Tambours,
le Mareſchal des Logis étoit
à la queuë . Ils entrerent en
cet ordre chés les Ambaſſadeurs,
des Amb de Siam. 73
deurs , auſquels l'Avocat de
la Ville fit compliment , &
preſenta les Vins. L'Ambaffadeur
répondit qu'ils estoient
obligés à Mas de Peronne de
leurhonneſteté, qu'ils voudroient
trouver occafion de les fervir, &
qu'ils n'avoientpas attendu moins
d'honneur qu'ils en recevoient
Sur le recit qu'on leur avoit fait
de Peronne , qu'ils n'oubliroient
jamais. Ces Meſſieurs s'étant
enfuite retirés dans le même
ordre à l'Hôtel de Ville , les
Arquebuſes à croc du Befroy
tirerent , ce qui fit fortir les
Ambaſſadeurs qui furent fur-
G
74 IV. P. du Voyage
pris de voir le Bataillon, dont
ils furent ſaluez de nouveau
de la pique ; aprés quoy les
Arqucbuſes à croc recommencerent
à tirer pour ſatisfaire
leur curiofité. Ils rentrerent
enfuite chez eux , où
Mele Marquis d'Hoquincour
alla leur demander l'ordre
. L'Ambaſſadeur donna
pour mot la Pucelle , & dit
que ce mot estoit affez beau &
affezglorieux à la Ville , pour
n'en pas donner un autre. On
fçait que la Ville de Peronne
n'a jamais efté priſe , quoyqu'elle
ait eſté attaquée en
des Amb. de Siam. 75
1536. par une puiſſanteArmée
que commandoit le Comte
Henry de Naſſau, ſous Charles-
Quint ; les Habitans de
Peronne la repouſſerent vigoureuſement
, après avoir
eſſuyé pluſieurs aſſauts. Les
cloches carillonnerent pendant
tout le ſoir, & toutes les
feneftres de la Ville ſe trouverent
illuminées , & les ruës
remplies de feux par les ordres
& par les loins de M
Aubé. L'Apartement desAmbaſſadeurs
eſtant ſur le derriere
de l'Hoſtel où ils ef
toient logez , M Torf les
r
Dij
76 IV. P. du Voyage
avertit de l'état brillant où
eſtoit la Ville. Ils voulurent
la voir , & fortirent juſque
dans la Place ; ce qui leur fit
dire qu'ils voyoient par là qu'on
n'oublioit rien pour faire honneur
au Roy leurMaistre. Comme
ils ne ſejournerent point
à Peronne, la foule ſe trouva
ſi grande pour les voir fouper
, que la curioſité d'une
grande partie des Dames ne
pût eſtre ſatisfaire. L'Ambaffadeur
ayant demandé le
Plan de laVille à M. le Marquis
d'Hoquincour, il le luy
fit donner parM.Tifon, Ing
r
des Amb. de Siam. ララン
genieur de Sa Majesté , de la
refidence de Peronne , avec
lequel il l'examina. Le lendemain
le Bataillon s'eſtant
remis en deux hayes, comme
le jour precedent, dés fix heures
du matin , les Ambaffadeurs
partirent à ſept au travers
de cette double haye.
M le Gouverneur , M le
Lieutenant de Roy , & M's
de Ville les attendoient à la
Porte de la Ville , où ils leur
firent de nouveaux complimens
; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez ,
fortirent au carillon des clo-
Giij
178 IV.P. du Voyage
ches & au bruit du canon,&
allerent dîner à Feſnes , d'où
ils prirent la route de Saint-
Quentin.
Fermer
Résumé : Peronne. [titre d'après la table]
Le texte relate l'arrivée des ambassadeurs de Siam à Peronne, une ville fortifiée en Picardie située sur la rivière de Somme. Entourée de marais, Peronne a résisté à plusieurs tentatives de prise par les Espagnols. Les habitants, familiers des exercices militaires, étaient impatients d'accueillir les ambassadeurs. Pour l'occasion, trente-et-un drapeaux étaient exposés à l'Hôtel de Ville et les boutiques étaient fermées. Les ambassadeurs ont été reçus par le marquis d'Hoquincourt, gouverneur de Peronne, et le maire Aubé, qui leur ont remis les clés de la ville. Ils ont été escortés par seize compagnies de la milice et logés dans un hôtel spécialement préparé, avec une garde de cinquante mousquetaires. Le marquis d'Hoquincourt et les magistrats de Peronne ont prononcé des discours de bienvenue, soulignant l'amitié entre les rois de France et de Siam. Les ambassadeurs ont répondu en exprimant leur gratitude et en espérant une alliance durable. Le chapitre et le bailliage ont également adressé leurs compliments. Pendant leur séjour, des mouvements militaires ont été effectués et des vins ont été offerts aux ambassadeurs. La ville était illuminée, permettant aux ambassadeurs d'admirer les festivités. Le lendemain, ils ont quitté Peronne sous les honneurs militaires et se sont dirigés vers Saint-Quentin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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410
p. 78-95
Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Début :
C'est une Ville sur la Somme, Capitale du Pays de [...]
Mots clefs :
Saint-Quentin, Ville, Roi, Gouverneur, Chevaliers de la couronne, Ambassadeurs, Abancourt, Bourgeois, Décharge, Carrosse, Place, France, Pradel, Arquebuses, Fenêtres, Cavalerie, Somme, Vermandois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
C'eſt une Ville ſur
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
la Somme , Capitale du Pays
de Vermandois en Picardie.
Elle eft grande & bien peuplée
, & on y fait diverſes
Manufactures . Elle a eſté aux
Comtes de Vermandois , &
le Roy Philippe Auguſte
l'ayant réünie à la Couronne
, elle fut depuis engagée
aux Ducs de Bourgogne;
mais elle en a toûjours eſté
retirée avec les autres Villes
fur la Somme, Philibert Ema
des Amb. de Siam. 79
nuel Duc de Savoye , Gouverneur
des Pays-bas, l'ayant
affiegée pour Philippe II.
Roy d'Eſpagne, le Conneſtable
de Montmorency y jetta
quelque ſecours. Il fut attaqué
dans ſa retraite , & fait
prifonnier avec les Ducs de
Montpenfier & de Longueville
, Loüis de Gonzague,
depuis Duc de Nevers , le
Maréchal de S. André , dix
Chevaliers de l'Ordre, & trois
cens Gentilshommes. Cette
Bataille qui fut donnée le 10.
Aouſt 1557. coûta beaucoup
de fang aux François. Jean
Giiij
80 IV. P.du Voyage
de Bourbon, Duc d'Anguien,
fut trouvé parmy les morts.
Les Ennemis , ſans fonger à
profiter de l'avantage qu'ils
venoient de remporter, s'arrefterent
au Siege de Saint-
Quentin, où le Roy Philippes
vint le 27. d'Aouſt. L'Amiral
Coligny qui deffendoit cette
Place , ayant trop tardé à
capituler , la fit ſauter par
cinq bréches , & fut fait prifonnier.
Elle fut rendue à
la France en 1559. par la Paix
de Cateau - Cambreſis . M
d'Abancourt , Lieutenant de
Roy de cette Ville , en fit
r
des Amb. de Siam . 81
les honneurs, en l'absence de
M le Marquis de Pradel ,
Lieutenant general des Armées
du Roy , qui en eft
Gouverneur. Il fortit de Saint
Quentin , dans un Carroſſe
precedé d'une partie des Gardes
de M. de Pradel , tous
bien montez , ainſi que les
Chevaliers de la Couronne,
& de la Jeuneffe , qui l'accompagnoient.
Ils avoient
des Plumes blanches, & eftoient
tous fort leſtement
veſtus , & conduits par leurs
Capitaines. Il y avoit auffi
plus de deux cens notables
82 IV . P. du Voyage
Bourgeois , qui avoient en
teſte Mfs Boutillier &Tabary
, anciens Mayeurs de la
Ville. Ils allerent plus de deux
lieuës au devant des Ambaffadeurs
. M d'Abancourt defcendit
de carroſſe dés qu'il
les eut apperceus , ainſi que
Mt Ainet , Roy de la Couronne
. Cette Compagnie &
celle de la Jeuneſſe , font
composées des jeunes gens
de la Ville , qui s'accoutumant
de bonne heure dans
les Exercices guerriers, ſe difputent
ſouvent des Prix les
uns aux autres , & ces Prix
des Amb. de Siam. 83
font donnez à ceux qui font
voir le plus d'adreſſe. Toutes
ces Troupes, ainſi que les Archers
de la Maréchauffée, faluërent
les Ambaſſadeurs par
une décharge de leurs piftolets,
puis les Chevaliers de la
Couronne environerent leur
Carroſſe l'épée à la main.
Celuy de M d'Abancourt
alloit devant, & eſtoit précedé
de la Maréchauffée. Lors
qu'on fut arrivé à la Porte
de la Ville, le canon des ramparts
ſalüa , comme il avoit
fait par tout ailleurs. LesAmbaſſadeurs
paſſerent au tra
84 III. P. du Voyage
vers d'une double haye de
Bourgeois , dont les ruës eftoient
bordées depuis les
premieres maiſons du Fauxbourg
juſqu'au lieu qui leur
avoit eſté préparé pour leur
logement, & qui estoit gardé
par les deux Compagnies des
Canonniers & Arquebufiers.
Ce logis eftoit fort ſpatieux,
& M de Ville avoient pris
foin de le faire meubler. Ils
avoient fait mettre au deſſus
de la Porte les Armes du Roy
de Siam , qui brilloient extrémement
par les ornemens
dont elles eftoient environ
des Amb. de Siam. 85
nées . LesAmbaſſadeurs eſtant
arrivez à la porte de ce logis,
on fit une décharge de quarante
Arquebuſes à croc , qui
eſtoient aux feneſtres de la
Maiſon de Ville, vis-à-vis de
l'Hoſtel qu'on avoit fait préparer
pour eux ; de forte qu'ils
les entendirent & les virent
de leurs feneftres . Peu de
temps aprés les Mayeur &
Eſchevins en Corps, précedez
de leurs quatre Huiffiers à
longues robbes , & fuivis de
huit autres de robbe courte,
qui portoient lesVins de prefent,
vinrent les complimen
86 IV. P. du Voyage
r
ter. La parole fut portée par
M Rohart , Advocat , &
Mayeur de la Ville. L'Ambaſſadeur
répondit qu'ils eftoient
fort redevables àM*s de
Saint-Quentin des honnestetez
qu'ils leur faisoient,&de l'esti
me qu'ils marquoient pour le
Roy de Siam: Qu'ils auroient
voulu avoir occafion de fervir
la Ville , en revanche de l'honneur
qu'ils en recevoient ; &
qu'ils s'eſtonnoient de voir de ſi
belle Cavalerie , & de fi belle
Infanterie , dans une Place où
il n'y avoit point de Garnison.
L'Infanterie ayant enſuite
des Amb. de Siam. 87
paffé devant leur logis , où
elle fit une décharge, lesAmbaſſadeurs
prierent Mas de
Ville de la renvoyer , & leur
firent de nouveaux remercîmens.
Enſuite le Chapitre
Royal de Saint-Quentin les
vint ſaluër en Corps , & leur
fit auſſi ſes Preſens en particulier
; ce qui merite d'eftre
remarqué , puiſque ce n'eſt
pas une choſe ordinaire aux
Chapitres. M. l'Abbé Gobinet
, Eſcolaſtre & Docteur
en Theologie , parla en l'abfence
de M. de Maupeou,
Doyen , nommé à l'Eveſché
88 IV. P. du Voyage
de Caſtre . L'Ambaſſadeur ré
pondit , qu'ils estoient fort obli
gezà cette Compagnie des honneſtetez
qu'elle venoit leurfaire
; qu'ils sçavoient de quelle
importance estoit le Chapitre de
Saint-Quentin , puiſqu'il avoit
l'honneur d'avoir un des plus
grands Rois de la terre pourfon
premier Chanoine , & qu'il eftoit
Gardien depuis pluſieurs fiecles
du Corps d'un glorieux
Martyr , & qui avoit tant
fouffert; que la modeſtie qu'il
voyoit paroiſtre ſur le visage de
tous les Chanoines , leur estoit
une preuve évidente de la bondes
Amb . de Siam. 89
téde laReligion Chreftienne; que
le Roy de Siam leur Maistre,
qui avoit une eſtime trés-particuliere
pour le Roy de France,
confideroit tous ceux de ſa Religion,
protegeoit dasfonRoyaume
, les Evesques , les Prestres,
les Miffionnaires, pour lefquels
il avoit fait bastir des
Eglifes. Il leur demanda qu'ils
vouluſſent bien prier pour le
Peuple de Siam ; & tous les
Chanoines eſtant enſuite pafſez
devant luy , il les falia
tous chacun en particulier.
Aprés cela ils receurent les
complimens de Mts du Bail
H
90 IV. P. du Voyage
lage , de la Prevoſté, de l'Election
& du Grenier à Sel,
qui tous enſemble ne firent
qu'un Corps. Ces complimens
eſtant achevez, Mª d'Abancourt
leur demanda l'ordre,
& l'Ambaſſadeur donna
pour mot, Plus chargé de lauriers
que d'années, faiſant alluſion
aux grands ſervices de
M. le Marquis de Pradel ,
Gouverneur de S. Quentin,
qui a receu beaucoup de
bleſſeures pendant les Campagnes
qu'il a faites. Mrs de
Ville firent illuminer le ſoir
les feneftres de leur Hoſtel,
r
desAmb. de Siam. gr
qui donnoient vis-à-vis de
celuy où les Ambaſſadeurs
eſtoient logez ; ce qui éclairoit
la grande Place, qui eft
une des plus ſpacieuſes , des
plus regulieres & des plus
belles de France. Toute la
Ville fut auffi illuminée , les
ordres ayant eſté donnez de
mettre des lanternes à toutes
les feneftres .On foupa à l'ordinaire.
L'Afſſemblée fut remarquable
, & les Ambaſſadeurs
trouverentque le nombre
des Dames eſtoit grand
à S. Quentin , & qu'il y en
avoir beaucoup de belles,
Hij
92 IV. P. du Voyage
On leur donna les Violons
aprés foupé, & quand ils eurent
joüé longtemps , ils ſe
mêlerent aux Trompettes des
Chevaliers de la Couronne,
avec lesquels ils s'eſtoient
concertez ; & les plaiſirs de
cette ſoirée finirent par le
bruit de la décharge d'un
grand nombre d'Arquebuſes
à croc , qui estoient à l'Hoftel
de Ville. Le lendemain 17.
quelques Mandarins &quelques
Secretaires allerent par
ordre des Ambaſſadeurs, à la
grande Eglife , afin de leur
faire rapport de ce qu'ils ver
des Amb de Siam. 93
1
roient pour l'écrire enfuite,
comme ils ont fait dans tous
les lieux où ils ont eſté. Ils
trouverent cetre Eglife trésbelle
, tant pour ſa grandeur
que pour ſa conſtruction. Sur
les neuf heures du matin les
Ambaſſadeurs ayant achevé
de déjeuner , les Mayeur &
Eſchevins leur vinrent encore
faire compliment par
la bouche de M Rochart.
L'Ambaſladeur leur marqua
avec les termes les plus ohligeans
& les plus forts, qu'on
ne pouvoit eſtre plus content
qu'ils l'eſtoient de la
94 IV. P. du Voyage
Ville & de luy. Comme ils
avoient defiré d'entendre les
Cloches de la grande Eglife
avant leur départ, ils ſe mirent
à la feneſtre , & on les
fit ſonner à volée, & enſuite
carillonner. Ils furent aprés
falüez des Arquebuſes de
'Hoſtel de Ville , qu'ils avoient
déja veuës & entenduës
avec plaifir, & partirent
precedez des Chevaliers de la
Couronne avec leurs Etendarts
, leurs Trompettes , &
tout ce qui peut marquer des
Troupes reglées , dont ils avoient
l'air. Il y avoit auffi
desAmb. de Siam. 95
plus de deux cens Bourgeois
à cheval', & toute cette Cavalerie
eſtant jointe à la mareſchauffée
, paroiſſoit fort
nombreuſe. Ils pafferent entre
deux hayés de Bourgeois
ſous les armes , ainſi qu'ils
avoient fait en entrant. Le
canon tira à leur fortie , &
la Cavalerie qui les accompagnoit
, ne les quitta qu'à
plus de deux lieuës de laVil-
Ie.
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Résumé : Saint-Quentin. [titre d'après la table]
Le texte présente la ville de Saint-Quentin, située sur la Somme et capitale du Pays de Vermandois en Picardie. Cette ville est notable pour sa taille, sa population et ses diverses manufactures. Historiquement, Saint-Quentin a appartenu aux Comtes de Vermandois avant d'être intégrée à la Couronne par le roi Philippe Auguste. Par la suite, elle a été engagée aux Ducs de Bourgogne. En 1557, la ville a été assiégée par Philibert Emmanuel, Duc de Savoie, agissant pour le compte de Philippe II, roi d'Espagne. Lors de la bataille du 10 août 1557, plusieurs nobles français, dont le Connétable de Montmorency, furent capturés. Saint-Quentin fut restituée à la France en 1559 par la Paix de Cateau-Cambrésis. Le texte mentionne également la visite des ambassadeurs de Siam à Saint-Quentin. La ville leur réserva un accueil solennel, avec des honneurs militaires et des réceptions officielles. Les ambassadeurs furent impressionnés par la beauté et l'organisation de la ville. Ils reçurent des compliments du maire, des échevins et du chapitre royal de Saint-Quentin. La ville fut illuminée en leur honneur, et une assemblée remarquable eut lieu, suivie de musique et de salves d'arquebuses. Le lendemain, les ambassadeurs visitèrent la grande église de la ville avant de partir, escortés par une cavalerie nombreuse et des troupes régulières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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411
p. 95-104
La Fére. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le jour mesme coucher à la Fére, forte Place [...]
Mots clefs :
La Fère, Ville, Place, Roi, Marcognet, Ambassadeur, Rivière, Saint-Firmin, Espagnols, Vice-sénéchal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Fére. [titre d'après la table]
Ils allerent le jour meſme
coucher à la Fére, forte Place
en Picardie ſur la riviere
d'Oyſe. Elle eſt ſituée dans
un pays fort marécageux , &
96 IV. P. du Voyage
entourée de pluſieurs Baftions
& de bons remparts.
Ils font reveſtus de fortes
murailles de brique, & la riviere
en lave le pied. Elle s'y
diviſe en diverſes branches.
Il y a un Château, & la Ville
eft entre deux grands Fauxbourgs
, qu'on appelle de S.
Firmin & de Noſtre-Dame .
Elle tomba ſous la Domination
des Eſpagnols, fur la fin
du dernier fiecle, par la perfidie
de Colas Vice-Seneſchal
de Montelimar. Le marquis
de maignelay , qui en eſtoit
Gouverneur pour la Ligue,
avoir
des Amb . de Siam. 97
avoit promis au Roy Henry
IV. de rentrer dans ſon devoir
, & lors qu'il eſtoit preſt
de tenir parole , il fut affaffiné
au milieu de la Ville, par
ce Vice-Seneſchal à qui le
Duc deMayenne en donna
le Gouvernement. Ce nouveauGouverneur
s'eſtant mis
enfuite du party des Eſpagnols,
leur livra la Fére, & ils
luy en laiſſerent le Domaine
ſous le titre de Comté. Elle
fut bloquée ſur la fin de 1596.
par l'Armée du Roy. On en
commença le Siege au mois
de Mars de l'année ſuivante,
I
98 IV. P. du Voyage
& elle fut renduë aux Fran
çois dans le mois de May.
Colas qui figna à la Capitulation,
y prit le titre de Com
te de la Fére.
LesAmbaſſadeurs trouve
rent à une lieuë de cette
Ville-là , M de la Fontaine,
Major de la Place , que M
Marcognet qui y commande
, avoit envoyé au devant
d'eux avec cent Chevaux.
La Compagnie de la Jeuneſſe
les attendoit ſous les armes,
hors des Portes de la Ville.
M Marcognet les complimenta
à l'entrée du Fauxdes
Amb. de Siam. 99
bourg de S. Firmin , & leur
dit , qu'il venoit affeurer leurs
Excellences de la joye que luy
donnoit l'honneur qu'il avoit de
les recevoir , & leur dire que
les Peuples de la Fere la partageoient
avec luy. Il ajoûta ,
qu'il avoit ordre du Roy de leur
faire voir la Place, les Fortifi
cations, les Magaſins, l'Arcenal
& tout ce qu'il y a de plus curieux
, enforte qu'ils y
deroient, & qu'il ne feroitqu'obéir.
L'Ambaſſadeur , aprés
avoir répondu à fon compliment
en termes fort obligeans
, le pria particulierecomman
Lij
100 IV. P. du Voyage
ment de leur faire voir les
Fortifications & le Plan de la
Place , & le remercia en baiffant
le corps & les bras hors
de fon Carroffe. Ils trouverent
dans le Fauxbourg les
Troupes de la Garniſon & la
Milice de la Ville , qui bordoit
les rües juſqu'au lieu
préparé pour les loger , &
furent receus au bruit du canon.
M de Saint-Canal, l'un
des Capitaines de la Garnifon
, avoit monté la Garde
avec cinquante Hommes, devant
le logis où ils allerent
deſcendre. Ils furent haran
des Amb . de Siam. 101
guez à la Porte de la Ville
par M le Procureur du Roy,
àla teſte de la Juſtice; &lors
qu'ils furent entrez dans la
Ville , Ms les Magiſtrats les
complimenterent. M l'Evef.
que de Laon, Duc & Pair de
France , ſuivy de tout fon
Chapitre, alla leur rendre vifite
chez eux, en habit de ceremonie.
Les Ambaſſadeurs
de prierent à fouper, ainſi que
M Marcognet. Les Dames
feules les virent manger , &
en receurent beaucoup de civilitez
, de fruits & de confitures.
M² Marcognet ayant
I nj
102 IV . P. du Voyage
demandé l'ordre avant le
Soupé, l'Ambaſſadeur donna
pour mot , Iefuis aux Indes,
diſant qu'il avoit obſervé qu'il
estoit dans une Ville toute environnée
d'eau , & qui avoit
du rapport à celle de Siam. Le
Plan de la Place luy ayant
paru forr beau, il le demanda
avec des manieres fi obligeantes
qu'il euſt eſté difficile
de refuſer de le ſatisfaire.
Le lendemain aumatin
M Marcognet eſtant allé
à fon lever, l'Ambaſſadeur
luy montra le Plan qu'il avoit
fait mettre à la ruelle de fon
des Amb. de Siam:
103
lit avec ſon ſabre, & luy dit
qu'ilfaisoit tant de cas du prefent
qu'il avoit bien voulu luy
en faire , qu'il le mettoit avec
ce qu'il avoit de plus pretieux.
Ils partirent à huit heures du
matin , au bruit du canon,
ainſi qu'ils eſtoient entrez .
La Garnifon & les Bourgeois
eftoient encore ſous les armes
. Ils allerent dîner à
Croucy-le-Chaſteau , où M²
de Launay, qui a eſté Exemt
des Gardes du Corps du Roy,
les falüa . Comme ils avoient
ſceu que c'eſtoit un Homme
qui avoittres-bien ſervi,ils lui
I iiij
104 IV. P. du Voyage
r
firent de grandes honneftetez
, & firent l'honneur à M
de Launay fon Fils, de le retenir
à manger avec eux. Ils
prirent enfuite le chemin de
Soiffons .
coucher à la Fére, forte Place
en Picardie ſur la riviere
d'Oyſe. Elle eſt ſituée dans
un pays fort marécageux , &
96 IV. P. du Voyage
entourée de pluſieurs Baftions
& de bons remparts.
Ils font reveſtus de fortes
murailles de brique, & la riviere
en lave le pied. Elle s'y
diviſe en diverſes branches.
Il y a un Château, & la Ville
eft entre deux grands Fauxbourgs
, qu'on appelle de S.
Firmin & de Noſtre-Dame .
Elle tomba ſous la Domination
des Eſpagnols, fur la fin
du dernier fiecle, par la perfidie
de Colas Vice-Seneſchal
de Montelimar. Le marquis
de maignelay , qui en eſtoit
Gouverneur pour la Ligue,
avoir
des Amb . de Siam. 97
avoit promis au Roy Henry
IV. de rentrer dans ſon devoir
, & lors qu'il eſtoit preſt
de tenir parole , il fut affaffiné
au milieu de la Ville, par
ce Vice-Seneſchal à qui le
Duc deMayenne en donna
le Gouvernement. Ce nouveauGouverneur
s'eſtant mis
enfuite du party des Eſpagnols,
leur livra la Fére, & ils
luy en laiſſerent le Domaine
ſous le titre de Comté. Elle
fut bloquée ſur la fin de 1596.
par l'Armée du Roy. On en
commença le Siege au mois
de Mars de l'année ſuivante,
I
98 IV. P. du Voyage
& elle fut renduë aux Fran
çois dans le mois de May.
Colas qui figna à la Capitulation,
y prit le titre de Com
te de la Fére.
LesAmbaſſadeurs trouve
rent à une lieuë de cette
Ville-là , M de la Fontaine,
Major de la Place , que M
Marcognet qui y commande
, avoit envoyé au devant
d'eux avec cent Chevaux.
La Compagnie de la Jeuneſſe
les attendoit ſous les armes,
hors des Portes de la Ville.
M Marcognet les complimenta
à l'entrée du Fauxdes
Amb. de Siam. 99
bourg de S. Firmin , & leur
dit , qu'il venoit affeurer leurs
Excellences de la joye que luy
donnoit l'honneur qu'il avoit de
les recevoir , & leur dire que
les Peuples de la Fere la partageoient
avec luy. Il ajoûta ,
qu'il avoit ordre du Roy de leur
faire voir la Place, les Fortifi
cations, les Magaſins, l'Arcenal
& tout ce qu'il y a de plus curieux
, enforte qu'ils y
deroient, & qu'il ne feroitqu'obéir.
L'Ambaſſadeur , aprés
avoir répondu à fon compliment
en termes fort obligeans
, le pria particulierecomman
Lij
100 IV. P. du Voyage
ment de leur faire voir les
Fortifications & le Plan de la
Place , & le remercia en baiffant
le corps & les bras hors
de fon Carroffe. Ils trouverent
dans le Fauxbourg les
Troupes de la Garniſon & la
Milice de la Ville , qui bordoit
les rües juſqu'au lieu
préparé pour les loger , &
furent receus au bruit du canon.
M de Saint-Canal, l'un
des Capitaines de la Garnifon
, avoit monté la Garde
avec cinquante Hommes, devant
le logis où ils allerent
deſcendre. Ils furent haran
des Amb . de Siam. 101
guez à la Porte de la Ville
par M le Procureur du Roy,
àla teſte de la Juſtice; &lors
qu'ils furent entrez dans la
Ville , Ms les Magiſtrats les
complimenterent. M l'Evef.
que de Laon, Duc & Pair de
France , ſuivy de tout fon
Chapitre, alla leur rendre vifite
chez eux, en habit de ceremonie.
Les Ambaſſadeurs
de prierent à fouper, ainſi que
M Marcognet. Les Dames
feules les virent manger , &
en receurent beaucoup de civilitez
, de fruits & de confitures.
M² Marcognet ayant
I nj
102 IV . P. du Voyage
demandé l'ordre avant le
Soupé, l'Ambaſſadeur donna
pour mot , Iefuis aux Indes,
diſant qu'il avoit obſervé qu'il
estoit dans une Ville toute environnée
d'eau , & qui avoit
du rapport à celle de Siam. Le
Plan de la Place luy ayant
paru forr beau, il le demanda
avec des manieres fi obligeantes
qu'il euſt eſté difficile
de refuſer de le ſatisfaire.
Le lendemain aumatin
M Marcognet eſtant allé
à fon lever, l'Ambaſſadeur
luy montra le Plan qu'il avoit
fait mettre à la ruelle de fon
des Amb. de Siam:
103
lit avec ſon ſabre, & luy dit
qu'ilfaisoit tant de cas du prefent
qu'il avoit bien voulu luy
en faire , qu'il le mettoit avec
ce qu'il avoit de plus pretieux.
Ils partirent à huit heures du
matin , au bruit du canon,
ainſi qu'ils eſtoient entrez .
La Garnifon & les Bourgeois
eftoient encore ſous les armes
. Ils allerent dîner à
Croucy-le-Chaſteau , où M²
de Launay, qui a eſté Exemt
des Gardes du Corps du Roy,
les falüa . Comme ils avoient
ſceu que c'eſtoit un Homme
qui avoittres-bien ſervi,ils lui
I iiij
104 IV. P. du Voyage
r
firent de grandes honneftetez
, & firent l'honneur à M
de Launay fon Fils, de le retenir
à manger avec eux. Ils
prirent enfuite le chemin de
Soiffons .
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Résumé : La Fére. [titre d'après la table]
Le texte décrit la ville de La Fère, une forte place en Picardie située sur la rivière d'Oyse, dans une région marécageuse. La ville est entourée de bastions et de remparts, protégée par des murailles de brique, et la rivière se divise en plusieurs branches. La Fère comprend un château et est située entre deux grands faubourgs, Saint-Firmin et Notre-Dame. À la fin du XVIe siècle, La Fère tomba sous la domination des Espagnols après la trahison de Colas, Vice-Seneschal de Montelimar. Le marquis de Maignelay, gouverneur pour la Ligue, avait promis au roi Henri IV de se rallier, mais fut assassiné par Colas, qui livra ensuite la ville aux Espagnols. L'armée du roi bloqua La Fère en fin d'année 1596 et la ville se rendit en mai 1597. Colas obtint le titre de comte de La Fère après la capitulation. Plus tard, les ambassadeurs de Siam furent accueillis à une lieue de La Fère par M. de la Fontaine, Major de la Place, envoyé par M. Marcognet, commandant de la ville. Ils furent reçus par la compagnie de la Jeunesse sous les armes et complimentés par M. Marcognet. Les ambassadeurs visitèrent les fortifications, les magasins et l'arsenal de la ville, accompagnés par les troupes de la garnison et la milice. Ils furent également reçus par les magistrats et l'évêque de Laon, qui leur rendit visite en habit de cérémonie. Les ambassadeurs et M. Marcognet soupèrent ensemble, et les ambassadeurs reçurent de nombreuses civilités. Le lendemain, ils partirent pour Croucy-le-Château, où ils furent reçus par M. de Launay, avant de continuer leur chemin vers Soiffons.
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412
p. 104-125
Soissons. [titre d'après la table]
Début :
Cette Ville est en Picardie sur la riviere d'Aisne, qui la [...]
Mots clefs :
Soissons, Ville, Porte, Intendant, Ambassadeurs, Compagnies, Personnes, Armes, Maire, Palais, Heures, Compagnie, Gouverneurs, Roi, Magnificence, Officiers, Qualité, Canon, Palais épiscopal, Bourgeoisie
413
p. 125-126
Villers-Cotrets. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent ce jour-là coucher à Villers-cottrets ; ils [...]
Mots clefs :
Villers-Cotterêts, Maison de Monsieur, Grosse pluie, Grands vents
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texteReconnaissance textuelle : Villers-Cotrets. [titre d'après la table]
Ils allerent ce jour- là coucher
à Villers- cottrets ; ils
y arriverent fort tard, & pendant
une groſſe pluye , de
grands vents & un temps fort
fombre ; de forte qu'il leur
fût impoſſible d'aller viſiter
la Maiſon de Monfieur. Le
Concierge leur vint offrir le
Château pour y loger ; mais
le reſpect les empefcha d'accepter
cette offre. Ils marquerent
beaucoup de cha
Liij
126 IV. P. du Voyage
grin de ne le pouvoir voir,&
dirent qu'ils estoient perfuadez
que les moindres choses qui appartenoient
àMonfieur, devoient
estrefort magnifiques.
à Villers- cottrets ; ils
y arriverent fort tard, & pendant
une groſſe pluye , de
grands vents & un temps fort
fombre ; de forte qu'il leur
fût impoſſible d'aller viſiter
la Maiſon de Monfieur. Le
Concierge leur vint offrir le
Château pour y loger ; mais
le reſpect les empefcha d'accepter
cette offre. Ils marquerent
beaucoup de cha
Liij
126 IV. P. du Voyage
grin de ne le pouvoir voir,&
dirent qu'ils estoient perfuadez
que les moindres choses qui appartenoient
àMonfieur, devoient
estrefort magnifiques.
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Résumé : Villers-Cotrets. [titre d'après la table]
Des voyageurs arrivèrent tard à Villers-Cottrets par mauvais temps, avec pluie, vents violents et obscurité. Ils ne purent visiter la maison de Monsieur. Le concierge leur proposa de loger au château, mais ils déclinèrent par respect. Ils regrettèrent de ne pas voir les lieux et admirèrent les objets de Monsieur.
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414
p. 126-127
Nanteüil, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 21. ils dînerent à Nanteüil, où le peu [...]
Mots clefs :
Nanteuil-le-Haudouin, Maison, Marquis de Coeuvres
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texteReconnaissance textuelle : Nanteüil, [titre d'après la table]
Le lendemain 21. ils dînerent
à Nanteüil , où le
peu de temps qu'ils avoient,
ne leur permit de voir que
les dehors de la belle Maiſon
de M le Marquis de Coeuvres.
Ils les virent avec beaucoup
de plaifir , & parlerent
meſme longtemps de ce qui
regarde cette Famille ,le Fils
aîné de cette maiſon ayant
épousé la Soeur de M l'Abbé
desAmb. de Siam. 127
de Lionne, dont la naiſſance
& la pieté ſont connues à
Siam , & qui par un pur zéle
de la gloire de Dieu, a re.
noncé aux biens & aux honneurs
dont le Fils d'un grand
Miniſtre pouvoit eſtre en eftat
de joüir dans le monde.
à Nanteüil , où le
peu de temps qu'ils avoient,
ne leur permit de voir que
les dehors de la belle Maiſon
de M le Marquis de Coeuvres.
Ils les virent avec beaucoup
de plaifir , & parlerent
meſme longtemps de ce qui
regarde cette Famille ,le Fils
aîné de cette maiſon ayant
épousé la Soeur de M l'Abbé
desAmb. de Siam. 127
de Lionne, dont la naiſſance
& la pieté ſont connues à
Siam , & qui par un pur zéle
de la gloire de Dieu, a re.
noncé aux biens & aux honneurs
dont le Fils d'un grand
Miniſtre pouvoit eſtre en eftat
de joüir dans le monde.
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Résumé : Nanteüil, [titre d'après la table]
Le 21, des individus dînèrent à Nanteuil et admirèrent la maison du Marquis de Coeuvres. Ils discutèrent de la famille Coeuvres, dont le fils aîné avait épousé la sœur de l'Abbé des Ambassadeurs de Siam, M. de Lionne. Ce dernier est reconnu au Siam pour sa naissance et sa piété, ayant renoncé aux biens et honneurs mondains par zèle pour la gloire de Dieu.
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415
p. 127-130
Dammartin. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le mesme soir coucher à Dammartin. C'est [...]
Mots clefs :
Dammartin, Comte de Dammartin, Comtesse de Dammartin, Comté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dammartin. [titre d'après la table]
Ils allerent le meſme ſoir
coucher à Dammartin. C'eſt
un Bourg ſitué prés deParis,
avec titre de Comté. Il a une
Eglife Collegiale. Le merite
des Comtes qui en ont porté
le nom , l'ont rendu celebre
. Manaffes Comte de
Dammartin , qui vivoit en
L iiij
128 IV. P. du Voyage
1028. a eu une illuftre pofterité
, qui a continüé juſqu'à
Renaud de Trie I. du nom,
Comte de Dammartin , Flis
d'Alix de Dammartin , & de
Jean Sieur de Trie. Ce Comté
ayant enfuite paffé en differentes
Familles , vint en.
1439. dans celle de Chabanes
par le mariage de Marguerite
de Nanteüil , fille unique
& heritiere de Renaud ,
& de Marie Fayel , Comteffe
de Dammartin , avec Antoine
de Chabannes Grand
Maiſtre de France. Antoi
nette leur Perite- fille , Comdes
Amb. de Siam. 120
teſſe de Dammartin , épouſa
René d'Anjou, Sieur de Me
zieres. De ce mariage vint
Françoiſe Comteffe de Dammartin,
mariée en premieres
nôces à Philippes de Boulainvilliers,
& en ſecondes, à Jean
Sieur de Rambures . Les Enfans
du premier lit vendirent
le Comté de Dammartin à
Anne de MontmorencyConneſtable
de France ; & ceux
du ſecond le remirent au
Duc de Guiſe. Aprés un long
different entre l'une & l'autre
Maiſon , il fut adjugé au
Conneſtable,& confifqué au
i30 IV. P. du Voyage
Roy en 1632. par la mort du
Mareſchal de Montmorency.
Les Ambaſſadeurs furent
complimentez à Dammartin
& receurent les Preſens qu'on
fait ordinairement en ce lieu
là.
coucher à Dammartin. C'eſt
un Bourg ſitué prés deParis,
avec titre de Comté. Il a une
Eglife Collegiale. Le merite
des Comtes qui en ont porté
le nom , l'ont rendu celebre
. Manaffes Comte de
Dammartin , qui vivoit en
L iiij
128 IV. P. du Voyage
1028. a eu une illuftre pofterité
, qui a continüé juſqu'à
Renaud de Trie I. du nom,
Comte de Dammartin , Flis
d'Alix de Dammartin , & de
Jean Sieur de Trie. Ce Comté
ayant enfuite paffé en differentes
Familles , vint en.
1439. dans celle de Chabanes
par le mariage de Marguerite
de Nanteüil , fille unique
& heritiere de Renaud ,
& de Marie Fayel , Comteffe
de Dammartin , avec Antoine
de Chabannes Grand
Maiſtre de France. Antoi
nette leur Perite- fille , Comdes
Amb. de Siam. 120
teſſe de Dammartin , épouſa
René d'Anjou, Sieur de Me
zieres. De ce mariage vint
Françoiſe Comteffe de Dammartin,
mariée en premieres
nôces à Philippes de Boulainvilliers,
& en ſecondes, à Jean
Sieur de Rambures . Les Enfans
du premier lit vendirent
le Comté de Dammartin à
Anne de MontmorencyConneſtable
de France ; & ceux
du ſecond le remirent au
Duc de Guiſe. Aprés un long
different entre l'une & l'autre
Maiſon , il fut adjugé au
Conneſtable,& confifqué au
i30 IV. P. du Voyage
Roy en 1632. par la mort du
Mareſchal de Montmorency.
Les Ambaſſadeurs furent
complimentez à Dammartin
& receurent les Preſens qu'on
fait ordinairement en ce lieu
là.
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Résumé : Dammartin. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'histoire du comté de Dammartin, un bourg près de Paris, célèbre grâce à ses comtes. Au XIIIe siècle, Manaffes fut comte de Dammartin. Sa lignée perdura jusqu'à Renaud de Trie, fils d'Alix de Dammartin et de Jean Sieur de Trie. En 1439, le comté entra dans la famille de Chabanes par le mariage de Marguerite de Nanteüil, héritière de Renaud, avec Antoine de Chabannes. Leur petite-fille, Antoinette, épousa René d'Anjou. Leur fille, Françoise, se maria d'abord à Philippe de Boulainvilliers, puis à Jean Sieur de Rambures. Les enfants du premier lit vendirent le comté à Anne de Montmorency, tandis que ceux du second lit le remirent au duc de Guise. Après un différend, le comté fut adjudiqué à Montmorency et confisqué au roi en 1632 à la mort du maréchal de Montmorency. Les ambassadeurs furent reçus à Dammartin et y reçurent des présents.
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416
p. 130-132
Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
Début :
Si-tost qu'ils furent de retour à Paris, & qu'ils se virent [...]
Mots clefs :
Paris, Roi, Remercier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
Si-toſt qu'ils furent de retour
à Paris , & qu'ils ſe virent
dans l'Apartement qu'ils
ont toûjours occupé à l'HôteldesAmbaſſadeurs
Extraordinaires,
ils ſe tournerent du
coſté de Verſailles , & firent
trois profondes inclinations
pour remercier leRoy, ſuivant
l'uſage de leur Pays. On leur
des Amb. de Siam, 131
demanda s'ils n'avoient point
eſté incommodez pendant
leur Voyage , &s'ils n'avoient
point ſenty de froid , & ils
répondirentqu'ils avoient toujours
eftéà couvert des vertus du
Roy. M Torf partit dés le
lendemain pour aller enCour
rendre compte de ceVoyage.
Les Ambaſſadeurs luy direne
que leur respect les empefchoit
de le prier de remercier le Roy
de leurpart ; mais qu'il les obligeroit
s'il remercioitM de Seignelay,
des ordres qu'il avoit
donnez pour leur reception dans
toutes les Villes de Flandres,
132 IV. P. du Voyage
jusqu'à ce qu'ils euſſent l'avantage
de l'en remercier eux-mesmes.
à Paris , & qu'ils ſe virent
dans l'Apartement qu'ils
ont toûjours occupé à l'HôteldesAmbaſſadeurs
Extraordinaires,
ils ſe tournerent du
coſté de Verſailles , & firent
trois profondes inclinations
pour remercier leRoy, ſuivant
l'uſage de leur Pays. On leur
des Amb. de Siam, 131
demanda s'ils n'avoient point
eſté incommodez pendant
leur Voyage , &s'ils n'avoient
point ſenty de froid , & ils
répondirentqu'ils avoient toujours
eftéà couvert des vertus du
Roy. M Torf partit dés le
lendemain pour aller enCour
rendre compte de ceVoyage.
Les Ambaſſadeurs luy direne
que leur respect les empefchoit
de le prier de remercier le Roy
de leurpart ; mais qu'il les obligeroit
s'il remercioitM de Seignelay,
des ordres qu'il avoit
donnez pour leur reception dans
toutes les Villes de Flandres,
132 IV. P. du Voyage
jusqu'à ce qu'ils euſſent l'avantage
de l'en remercier eux-mesmes.
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Résumé : Arrivée des Ambassadeurs à Paris, & les remerciemens qu'ils font au Roy, à la maniere de leur Pays. [titre d'après la table]
À Paris, les ambassadeurs du Siam inclinèrent trois fois vers Versailles pour remercier le roi. Ils affirmèrent être protégés par ses vertus. Le lendemain, M. Torf informa la cour. Les ambassadeurs demandèrent à remercier M. de Seignelay pour leur accueil en Flandres.
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417
p. 132-151
Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Début :
Je croyois ne devoir plus vous parler d'aucune des Villes [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Gravelines, Lille, Ville, Harangues, Roi, Ambassadeurs, Lieutenant, Compliment, Joie, Invincible monarque, Magistrat, Échevins, Amitié, Vin, Seigneurs, Troupes, Fortifications, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Je croyois ne devoir plus
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
Fermer
Résumé : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam dans plusieurs villes de Flandre. À Gravelines, les ambassadeurs furent accueillis par M. Benoist, lieutenant du roi. Les troupes présentes comprenaient le régiment de Forezt, commandé par M. de Cleran, ainsi que les compagnies de Meusnier et de Manuel du régiment d'Erlac. Les magistrats et le peuple exprimèrent leur joie et leur reconnaissance. Les ambassadeurs admirèrent les troupes et demandèrent à voir les fortifications, mais en raison du mauvais temps, ils se contentèrent d'examiner le plan de la place. Ils furent également impressionnés par les dames présentes. À Dunkerque, les ambassadeurs furent conduits à l'Hôtel de Ville où ils reçurent les compliments du magistrat. Ils visitèrent les ouvrages de la marine et les fortifications avant de partir pour Ypres via le canal de Bergues. Le magistrat de Dunkerque leur offrit du vin de Champagne. À Lille, les ambassadeurs furent accueillis par les principaux officiers de la garnison et reçurent une harangue de M. de Broide, seigneur de Gondecourt. La ville fut illuminée pendant leur séjour. Ils visitèrent plusieurs églises et l'hôpital Comtesse, fondé par une comtesse de Flandres. La prieure de l'hôpital leur offrit des bouquets de fleurs en soie et leur demanda de se souvenir d'elle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
418
p. 151-157
Harangue que Mr de Brisacier Superieur du Seminaire des Missions Estrangeres, fit aux Ambassadeurs lors qu'il alla au devant d'Eux à Fontainebleau, & qui avoit esté obmise dans la premiere des quatre Relations, qui composent l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Début :
Aprés avoir finy la Relation de leur Voyage de Flandre, [...]
Mots clefs :
Harangue, Jacques-Charles de Brisacier, Séminaire des Missions étrangères, Fontainebleau, Mérite, Sagesse, Religion chrétienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangue que Mr de Brisacier Superieur du Seminaire des Missions Estrangeres, fit aux Ambassadeurs lors qu'il alla au devant d'Eux à Fontainebleau, & qui avoit esté obmise dans la premiere des quatre Relations, qui composent l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Aprés avoir finy la Relation
de leurVoyage de Flandre
, je croy ne devoir point
entrer dans d'autres matieres,
avant que de vous avoir fait
part d'une Harangue dont
je vous ay déja parlé . C'eſt
celle que M de Brifacier, Superieur
du Seminaire des
Miſſions Etrangeres , leur fit
à Fontainebleau , où il alla
au devant d'eux , à cauſe de
l'obligation que les Miffionnaires
ont au Roy de Siam.
Voicy les termes dont il ſe
fervit.
Niiij
152 IV. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Dans les honneurs extraordinaires
que nôtre Puiſſant Monarque
veut qu'on rende par tout à vos
Excellences , ne dédaignez pas les
foibles marques de respect que vous
donne par mon miniftere une Maifon
peu confiderable par elle- même,
mais remplie de veneration pour
vôtre Grand Ray, & de consideration
pour vos Illustres personnes.
Les augustes qualitez du Souverain
qui vous envoye , la haute idée
qu'il a conceuë des Grandeurs
رص
des Vertus de Louisle Grand, le
bon traitement qu'il a fait jusqu'à
present à tous les François , la protection
qu'il a toûjours donnée à
nos Vicaires Apostoliques &à leurs
Miſſionnaires, la distinction avec
des Amb. de Siam. 153
laquelle il a receu l'Ambassadeur
de France , la liberté qu'il a fait
publier àses sujets d'embraſſer le
Christianisme , les privileges qu'il
a accordez à ceux qui voudroient
la profeſſer, la disposition où il est
luy-même de s'éclaircir de la profondeurde
nosMysteres,&de laſainteté
de nôtre Morale ; enfin la confiance
finguliere qu'il a bien voulu
marquer aux Directeurs de nôtre
Maison , en les honorant de fes ordres
pour prendre soin , non seulement
des Ouvrages qu'il afait faire
dans ce Royaume, mais aussi defes
Premiers Ambassadeurs , deſes Envoyez,
de vous mêmes ; tout cela,
dis-je, qui vous est mieux connu
qu'à personne du monde, nous met
dans l'heureux engagement de prévenirpar
une députation particu154
IV. P. du Voyage
liere les acclamations publiques qui
vous attendent à la Cour; & nous
fatisfafons autant à notre inclination
qu'à nôtre devoir, lorſque pour
respecter vôtre caractere & vôtre
merite, nous venons quelques journées
au devant de vous.
On ne peut affez vous dire, Meffeigneurs,
combien vous vous eſtes
déja acquis de reputation auprés
de tous ceux qui ont eu lajoye de
vous voir paſſer dans nos Villes ;
le bruitse répand de toutes parts ,
qu'ilferoit difficile d'ajoûter quelque
chose à la politeſſe de vôtre
esprit, à la ſageſſe de vos réponſes,
&à l'agrement de vos manieres ;
& nous avons impatience que nôtre
Monarque couronne parson approbation
Royale , l'applaudiſſement
univerfel de ses Peuples. S'il est
des Amb. de Siam. 155
Satisfait de vous , vous serez encore
plus contents de luy , & vous
avoñerez avec plaisirdésque vous
L'aurez connu , qu'il est digne de
l'estime d'un Prince aussi éclairé
qu'est le vôtre, & qu'il merite bien
qu'on vienne le voir, & l'admirer
des extrémitezde la terre. Quelque
grand qu'ilsoit par l'étendue
de ſes Etats , par la multitude de
SesSujets, par la beauté defes Villes,
parlafeconditédeſes campagnes,
parle nombre deses maisons , par
la magnificence deſes Palais , par
la pompe deſa Cour, par les forces
deſesArmées de Terre &de Mer,
&parles richeſſesdeſes Pierreries,
deses Meubles & de ses Finances
, il vous paroiſtra encore plus
élevéparsa Pieté&parsa Grandeur
d'Ame , que parsa Couronne
756 IV . P. du Voyage
& par son Trône ; & vous serez
ravis de justifier par votre propre
experience , le juſte difcernement de
vôtre Prince qui a sceu distinguerde
fi loinle merite incomparable dunôtre
, & qui luy a donné dans fon
esprit la preference au deſſus des autres
Potentats de l'Vnivers. Ce dif.
cernement & cette preference qui
établiſſent également la gloire des
deux Rois , contribuent avec éclat à
la vostre, Meſſeigneurs ; l'un vouS
áhonoré par la ſageſſe de ſon choix,
l'autre vous honorera bien toſtparſes
carreſſes , & parson eftime ; & le
feul souhait qui me reste à former
pour vous , c'est que jouissant d'une
parfaite santé durant tout le séjour
que vous ferez en nostre France ,
vous puissiez retourner heureuſement
dans vostre Patrie , comblez de grades
Amb de Siam. 157
tes &d'honneurs, remporter avec
vous au fond de l'ame, autant de ref
peit & d'amour pour la Religion
Chreſtinne , que doit en inspirer la
pieté jointe à la Majesté , dans la
personne facrée de Louis le Grand,
qui tout glorieux qu'il est dans la
Paix &dans la Guerre, faitsa principale
gloire, de foûteniravec dignité
l'auguſte Titre de Roy très- Chreftien,
& de Fils aisné de l'Eglife.
de leurVoyage de Flandre
, je croy ne devoir point
entrer dans d'autres matieres,
avant que de vous avoir fait
part d'une Harangue dont
je vous ay déja parlé . C'eſt
celle que M de Brifacier, Superieur
du Seminaire des
Miſſions Etrangeres , leur fit
à Fontainebleau , où il alla
au devant d'eux , à cauſe de
l'obligation que les Miffionnaires
ont au Roy de Siam.
Voicy les termes dont il ſe
fervit.
Niiij
152 IV. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Dans les honneurs extraordinaires
que nôtre Puiſſant Monarque
veut qu'on rende par tout à vos
Excellences , ne dédaignez pas les
foibles marques de respect que vous
donne par mon miniftere une Maifon
peu confiderable par elle- même,
mais remplie de veneration pour
vôtre Grand Ray, & de consideration
pour vos Illustres personnes.
Les augustes qualitez du Souverain
qui vous envoye , la haute idée
qu'il a conceuë des Grandeurs
رص
des Vertus de Louisle Grand, le
bon traitement qu'il a fait jusqu'à
present à tous les François , la protection
qu'il a toûjours donnée à
nos Vicaires Apostoliques &à leurs
Miſſionnaires, la distinction avec
des Amb. de Siam. 153
laquelle il a receu l'Ambassadeur
de France , la liberté qu'il a fait
publier àses sujets d'embraſſer le
Christianisme , les privileges qu'il
a accordez à ceux qui voudroient
la profeſſer, la disposition où il est
luy-même de s'éclaircir de la profondeurde
nosMysteres,&de laſainteté
de nôtre Morale ; enfin la confiance
finguliere qu'il a bien voulu
marquer aux Directeurs de nôtre
Maison , en les honorant de fes ordres
pour prendre soin , non seulement
des Ouvrages qu'il afait faire
dans ce Royaume, mais aussi defes
Premiers Ambassadeurs , deſes Envoyez,
de vous mêmes ; tout cela,
dis-je, qui vous est mieux connu
qu'à personne du monde, nous met
dans l'heureux engagement de prévenirpar
une députation particu154
IV. P. du Voyage
liere les acclamations publiques qui
vous attendent à la Cour; & nous
fatisfafons autant à notre inclination
qu'à nôtre devoir, lorſque pour
respecter vôtre caractere & vôtre
merite, nous venons quelques journées
au devant de vous.
On ne peut affez vous dire, Meffeigneurs,
combien vous vous eſtes
déja acquis de reputation auprés
de tous ceux qui ont eu lajoye de
vous voir paſſer dans nos Villes ;
le bruitse répand de toutes parts ,
qu'ilferoit difficile d'ajoûter quelque
chose à la politeſſe de vôtre
esprit, à la ſageſſe de vos réponſes,
&à l'agrement de vos manieres ;
& nous avons impatience que nôtre
Monarque couronne parson approbation
Royale , l'applaudiſſement
univerfel de ses Peuples. S'il est
des Amb. de Siam. 155
Satisfait de vous , vous serez encore
plus contents de luy , & vous
avoñerez avec plaisirdésque vous
L'aurez connu , qu'il est digne de
l'estime d'un Prince aussi éclairé
qu'est le vôtre, & qu'il merite bien
qu'on vienne le voir, & l'admirer
des extrémitezde la terre. Quelque
grand qu'ilsoit par l'étendue
de ſes Etats , par la multitude de
SesSujets, par la beauté defes Villes,
parlafeconditédeſes campagnes,
parle nombre deses maisons , par
la magnificence deſes Palais , par
la pompe deſa Cour, par les forces
deſesArmées de Terre &de Mer,
&parles richeſſesdeſes Pierreries,
deses Meubles & de ses Finances
, il vous paroiſtra encore plus
élevéparsa Pieté&parsa Grandeur
d'Ame , que parsa Couronne
756 IV . P. du Voyage
& par son Trône ; & vous serez
ravis de justifier par votre propre
experience , le juſte difcernement de
vôtre Prince qui a sceu distinguerde
fi loinle merite incomparable dunôtre
, & qui luy a donné dans fon
esprit la preference au deſſus des autres
Potentats de l'Vnivers. Ce dif.
cernement & cette preference qui
établiſſent également la gloire des
deux Rois , contribuent avec éclat à
la vostre, Meſſeigneurs ; l'un vouS
áhonoré par la ſageſſe de ſon choix,
l'autre vous honorera bien toſtparſes
carreſſes , & parson eftime ; & le
feul souhait qui me reste à former
pour vous , c'est que jouissant d'une
parfaite santé durant tout le séjour
que vous ferez en nostre France ,
vous puissiez retourner heureuſement
dans vostre Patrie , comblez de grades
Amb de Siam. 157
tes &d'honneurs, remporter avec
vous au fond de l'ame, autant de ref
peit & d'amour pour la Religion
Chreſtinne , que doit en inspirer la
pieté jointe à la Majesté , dans la
personne facrée de Louis le Grand,
qui tout glorieux qu'il est dans la
Paix &dans la Guerre, faitsa principale
gloire, de foûteniravec dignité
l'auguſte Titre de Roy très- Chreftien,
& de Fils aisné de l'Eglife.
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Résumé : Harangue que Mr de Brisacier Superieur du Seminaire des Missions Estrangeres, fit aux Ambassadeurs lors qu'il alla au devant d'Eux à Fontainebleau, & qui avoit esté obmise dans la premiere des quatre Relations, qui composent l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
M. de Brifacier, supérieur du Séminaire des Missions Étrangères, prononce une harangue à l'attention des ambassadeurs du roi de Siam à Fontainebleau. Il se rend sur place pour accueillir les ambassadeurs en raison des obligations des missionnaires envers le roi de Siam. M. de Brifacier exprime un profond respect et une vénération pour le roi de Siam et ses ambassadeurs, soulignant les honneurs extraordinaires que le roi de France leur accorde. Il met en avant les qualités du roi de France, Louis le Grand, et les bonnes relations entre les deux royaumes. Il mentionne notamment la protection accordée aux missionnaires et la liberté de pratiquer le christianisme en Siam. M. de Brifacier exprime également l'impatience du roi de France de rencontrer les ambassadeurs pour leur montrer sa magnificence et sa piété. Il conclut en souhaitant aux ambassadeurs une parfaite santé durant leur séjour en France et un retour heureux dans leur patrie, enrichis de respect et d'amour pour la religion chrétienne.
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418
419
p. 157-162
Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs n'avoient mené à leur Voyage de Flandre [...]
Mots clefs :
Mandarins, Séminaire des Missions étrangères, Bibliothèque de Saint-Victor, Savonnerie, Tapis de la Savonnerie, Chambre de la Tournelle, Collège de Louis le Grand, Roi, Maison, Église, Jardin royal des plantes, Jacques-Charles de Brisacier, Éléphant de Versailles
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texteReconnaissance textuelle : Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
LesAmbaſſadeurs n'avoiet
mené à leurVoyage de Flandre
que quatre des fix Mandarins
qui font venus de Siam
avec eux , pour rendre leur
Ambaſſade plus celebre, & ils
en avoient laiſſfé deux à Pa
758 IV. P. du Voyage
ris, afin de faire avancer pendant
ce Voyage, tous les Ouvrages
qu'ils faifoient faire
pour le Roy de Siam. Mode
Veneroni, Interprete du Roy
en Langue Italienne, eut ſoin
de les accompagner chez tous
les Ouvriers ,& de les mener
enpluſieurs endroits de Paris
dignes de leur curioſité.
Ils allerent dîner au Seminaire
des Miſſions Etrangeres
, où ils furent extrémement
édifiez de la modeſtie
de tous ceux qui compoſent
cette Maiſon. Ils mangerent
dans le Refectoire , & pendes
Amb. de Siam. 159
dant le dîner , qui fut fort
beau, on fût les Régles de
cette Maiſon. Ils remercierent
M Brifacier qui les a
voit invitez à ceRepas, ainſi
que tous ceux qui forment
ee Lieu fi faint , & dont l'Eglife
tire tant d'avantages.
Ils allerent le meſme jour à
la Savonnerie voir les Tapis
qu'on y fait pour le Roy de
Siam . On leur fit voir auffi
le Jardin Royal des Plantes,
qui eſt dans le Fauxbourg S.
Victor ; & on leur montra
tout ce qu'il y a de plus curieux,&
tout ce que ce lieu
160 IV. P. duVoyage
doit depuis quelques années
àM de Louvois. Ils reconnurent
beaucoup de Plantes
de Siam, & examinerent pluſieurs
Squelettes, & entre autres
celuy de l'Elephant de
Verfailles. Ils allerent auſſi à
S. Victor , dont ils virent la
fameuſe Bibliotheque , & les
Ornemens de l'Eglife . Ils faluërent
M le Preſident de
Bailleul , qui leur fit tous les
honneurs qu'il auroit rendus
aux Ambaſſadeurs meſmes .
On les mena au Palais , &
quoyque ce fuſt pendant les
Vacations , ils ne laiſſerent
des Amb. de Siam. 161
pas de voir des chofes dignes
de leur curiofité . Male Preſident
de Mefmes, qui tenoit
la Tournelle Civile , envoya
les Huiffiers pour leur faire
faire place. Il les fit affeoir
fur les bancs d'enhaut ; &
M. de Veneroni leur expliqua
la maniere dont on plaide
en France. Ils entendirent
trois Plaidoyez , & dirent
que dans le Royaume de
Siam chacun plaidoit luy-mefme
sa cause. Ils allerent auſſi
au College de Loüis le Grand,
où ils furent extrémement
furpris de voir un fi grand
0
162 IV. P. du Voyage
nombre d'Ecoliers , & parti
culierement d'Enfans de qualité,
qui les venoient faluër,
&des Princes meſmes.
mené à leurVoyage de Flandre
que quatre des fix Mandarins
qui font venus de Siam
avec eux , pour rendre leur
Ambaſſade plus celebre, & ils
en avoient laiſſfé deux à Pa
758 IV. P. du Voyage
ris, afin de faire avancer pendant
ce Voyage, tous les Ouvrages
qu'ils faifoient faire
pour le Roy de Siam. Mode
Veneroni, Interprete du Roy
en Langue Italienne, eut ſoin
de les accompagner chez tous
les Ouvriers ,& de les mener
enpluſieurs endroits de Paris
dignes de leur curioſité.
Ils allerent dîner au Seminaire
des Miſſions Etrangeres
, où ils furent extrémement
édifiez de la modeſtie
de tous ceux qui compoſent
cette Maiſon. Ils mangerent
dans le Refectoire , & pendes
Amb. de Siam. 159
dant le dîner , qui fut fort
beau, on fût les Régles de
cette Maiſon. Ils remercierent
M Brifacier qui les a
voit invitez à ceRepas, ainſi
que tous ceux qui forment
ee Lieu fi faint , & dont l'Eglife
tire tant d'avantages.
Ils allerent le meſme jour à
la Savonnerie voir les Tapis
qu'on y fait pour le Roy de
Siam . On leur fit voir auffi
le Jardin Royal des Plantes,
qui eſt dans le Fauxbourg S.
Victor ; & on leur montra
tout ce qu'il y a de plus curieux,&
tout ce que ce lieu
160 IV. P. duVoyage
doit depuis quelques années
àM de Louvois. Ils reconnurent
beaucoup de Plantes
de Siam, & examinerent pluſieurs
Squelettes, & entre autres
celuy de l'Elephant de
Verfailles. Ils allerent auſſi à
S. Victor , dont ils virent la
fameuſe Bibliotheque , & les
Ornemens de l'Eglife . Ils faluërent
M le Preſident de
Bailleul , qui leur fit tous les
honneurs qu'il auroit rendus
aux Ambaſſadeurs meſmes .
On les mena au Palais , &
quoyque ce fuſt pendant les
Vacations , ils ne laiſſerent
des Amb. de Siam. 161
pas de voir des chofes dignes
de leur curiofité . Male Preſident
de Mefmes, qui tenoit
la Tournelle Civile , envoya
les Huiffiers pour leur faire
faire place. Il les fit affeoir
fur les bancs d'enhaut ; &
M. de Veneroni leur expliqua
la maniere dont on plaide
en France. Ils entendirent
trois Plaidoyez , & dirent
que dans le Royaume de
Siam chacun plaidoit luy-mefme
sa cause. Ils allerent auſſi
au College de Loüis le Grand,
où ils furent extrémement
furpris de voir un fi grand
0
162 IV. P. du Voyage
nombre d'Ecoliers , & parti
culierement d'Enfans de qualité,
qui les venoient faluër,
&des Princes meſmes.
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Résumé : Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
En 1758, quatre mandarins de Siam accompagnèrent des ambassadeurs en Flandre, laissant deux autres à Paris pour superviser des travaux destinés au roi de Siam. Mode Veneroni, interprète du roi, les guida auprès des ouvriers et dans divers lieux parisiens. Ils dînèrent au Séminaire des Missions Étrangères, appréciant la modestie des membres et les règles de la maison. Ils remercièrent M. Brifacier pour l'invitation. Les mandarins visitèrent la Savonnerie pour voir les tapis fabriqués pour le roi de Siam, le Jardin Royal des Plantes, et la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Victor. Ils reconnurent plusieurs plantes de Siam et examinèrent divers squelettes, dont celui de l'éléphant de Versailles. Ils rencontrèrent M. le Président de Bailleul, qui leur fit tous les honneurs. Au Palais, ils assistèrent à des plaidoiries et furent surpris par la manière dont on plaidait en France. Ils visitèrent également le Collège de Louis-le-Grand, impressionnés par le grand nombre d'écoliers, notamment des enfants de qualité et des princes.
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419
Les Mandarins restés à Paris pour affaires pendant le Voyage de Flandres, vont au Seminaire des Missions Estrangeres, à la Savonerie, au Jardin Royal, à la Bibliotheque de S. Victor, à la Chambre de la Tournelle & au College de Louis le Grand, avec tout ce qui se passe en ces lieux-là. [titre d'après la table]
420
p. 162-180
Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours aprés que les Ambassadeurs furent de retour de [...]
Mots clefs :
Monsieur, Madame, Dauphin, Dauphine, Saint-Cloud, Fête, Salon, Chambre, Ambassadeurs, Temps, Heures, Personnes, Collation, Girandoles, Tables, Appartements, Qualité, Lustres, Duchesses, Cour
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours aprés que les
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
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Résumé : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours après le retour des ambassadeurs de Flandre, ceux-ci furent invités à une fête organisée par Monseigneur dans sa maison de Saint-Cloud. La fête se déroula à l'intérieur du château, sous la supervision du Premier Gentilhomme de la Chambre et du Capitaine des Gardes. Le Comte de Tonnerre, Premier Gentilhomme de la Chambre, donna les ordres nécessaires pour éviter toute confusion. Les festivités commencèrent à trois heures de l'après-midi. Le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame accueillirent les invités, qui traversèrent des salles magnifiquement décorées de tapisseries et de meubles récemment arrivés d'Allemagne. Ils se dirigèrent vers le petit Salon de Diane pour un concert, suivi d'une collation de fruits rares. Les appartements furent ensuite éclairés avec des lustres, girandoles, chandeliers et flambeaux en argent. Après le concert, l'assemblée se rendit dans le Salon pour le bal, inauguré par le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame. Les ambassadeurs de Siam, placés près des duchesses, furent invités à se détendre par Monseigneur. Le bal fut suivi d'une collation de fruits, limons, oranges, confitures et pâtisseries. Des tables chargées de porcelaines remplies de chocolat, thé et café furent ensuite apportées. Pendant le bal, des officiers servirent des boissons, et une salle de jeux fut mise à disposition pour ceux qui ne souhaitaient pas danser. Monseigneur joua au reversi. À la fin du bal, l'assemblée se dirigea vers l'orangerie éclairée, puis vers la salle de comédie où fut représentée 'Bajazet' de Racine. Les ambassadeurs apprécièrent la pièce et en discutèrent avec les princes. Après la comédie, les invités traversèrent l'orangerie et le grand Salon pour entrer dans le petit appartement de Madame, où un buffet somptueux fut servi. Les ambassadeurs furent conduits à une table magnifiquement dressée. Tous les invités, y compris les spectateurs, furent splendidement régalés. La fête se termina peu avant minuit, avec une illumination spectaculaire des extérieurs du château. Les ambassadeurs retournèrent à Paris, impressionnés par la magnificence et la grandeur de Monseigneur.
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421
p. 180-184
Present fait aux Ambassadeurs par Mr le President de Fourcy. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain de cette Fête, Mr le President de Fourcy [...]
Mots clefs :
Henri de Fourcy, Plan de Paris, Plan, Paris, Président, Prévôt des marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Present fait aux Ambassadeurs par Mr le President de Fourcy. [titre d'après la table]
Le lendemain de cette Fête,
Mr le Preſident de Fourcy
Prevoſt des Marchands , qui
avoit ouy dire que les Ambaffadeurs
fouhaitoient avoir
des Amb. de Siam. 181.
un Plan de Paris, leur envoya
celuy que feu M'Blondel a
levé , qui eſt le plus beau , le
plus correct & le plus nouveau
que nous ayons. Il l'avoit
fait imprimer ſur du Satin
blanc au lieu de Papier.
Ce Plan eſtoit doublé d'un
tres- riche Brocard d'or , derriere
lequel pendoit un tafetas
vert qui retournoit par
deſſus pour le cacher quand
on vouloit le couvir. La gorge,
& le rouleau qui estoient
en haut & en bas eſtoient
de Sculpture dorée , & tous
couverts de Fleurs de Lys,
182 IV. P. du Voyage
L'Ambaſſadeur à qui ce pre
fent fut tres- agreable , ſe fit
aufli-tôt montrer pluſieurs
endroits de Paris. Il en reconnut
beaucoup où il avoit eſté,
& s'eftant fait expliquer en
quoy conſiſtoient ceux qu'il
n'avoit pas vûs, on peut dire
qu'en ce peu de temps , il
connut mieux cette grande
Ville que beaucoup d'autres
qui ont eſté pluſieurs mois à
étudier ce Plan. Il fit de
grands remerciments à ceux
qui le luy avoient preſenté ,
& les pria de dire à M. le
Prevoſt des Marchands , que
des Amb. de Siam. 183.
quand il luy auroit donné des
treſors , il luy auroit beaucoup
moins fait de plaisir qu'en luy
faiſant preſent de ce Plan ; qu'il
s'en souviendroit toute sa vie ,
qu'il le donneroit au Roy fon
Maistre , & qu'il croyoit que
de tout ce qu'il luy portoit, c'estoit
une des choses qui luy plairoit
davantage. Il fit enſuite donner
quelque argent , non pas
à ceux qui luy avoient preſenté
ce Plan , mais à ceux
qui l'avoient apporté ;& pendant
fon Voyage de Flandre,
il a ſouvent fait de pareilles
liberalitez. Tout ceux qui ſe
184 IV. P. dis Voyage
P
trouverent auprés de luy lors
qu'on luy fit ce preſent , ne
purent
purent s'empêcher de louer
galante magnificence
M. le Preſident de Fourcy ,
qui auroit pû envoyer ce Plan
imprimé fur du Papier,& fans
aucun ornement. Le même
Mr de Fourcy ayant appris
que l'Ambaſſadeur ſouhaitoit
avoir un abregé de l'Etat de
la Ville de Paris , luy en fit
faire un qu'il luy envoya
quelques jours aprés .
Mr le Preſident de Fourcy
Prevoſt des Marchands , qui
avoit ouy dire que les Ambaffadeurs
fouhaitoient avoir
des Amb. de Siam. 181.
un Plan de Paris, leur envoya
celuy que feu M'Blondel a
levé , qui eſt le plus beau , le
plus correct & le plus nouveau
que nous ayons. Il l'avoit
fait imprimer ſur du Satin
blanc au lieu de Papier.
Ce Plan eſtoit doublé d'un
tres- riche Brocard d'or , derriere
lequel pendoit un tafetas
vert qui retournoit par
deſſus pour le cacher quand
on vouloit le couvir. La gorge,
& le rouleau qui estoient
en haut & en bas eſtoient
de Sculpture dorée , & tous
couverts de Fleurs de Lys,
182 IV. P. du Voyage
L'Ambaſſadeur à qui ce pre
fent fut tres- agreable , ſe fit
aufli-tôt montrer pluſieurs
endroits de Paris. Il en reconnut
beaucoup où il avoit eſté,
& s'eftant fait expliquer en
quoy conſiſtoient ceux qu'il
n'avoit pas vûs, on peut dire
qu'en ce peu de temps , il
connut mieux cette grande
Ville que beaucoup d'autres
qui ont eſté pluſieurs mois à
étudier ce Plan. Il fit de
grands remerciments à ceux
qui le luy avoient preſenté ,
& les pria de dire à M. le
Prevoſt des Marchands , que
des Amb. de Siam. 183.
quand il luy auroit donné des
treſors , il luy auroit beaucoup
moins fait de plaisir qu'en luy
faiſant preſent de ce Plan ; qu'il
s'en souviendroit toute sa vie ,
qu'il le donneroit au Roy fon
Maistre , & qu'il croyoit que
de tout ce qu'il luy portoit, c'estoit
une des choses qui luy plairoit
davantage. Il fit enſuite donner
quelque argent , non pas
à ceux qui luy avoient preſenté
ce Plan , mais à ceux
qui l'avoient apporté ;& pendant
fon Voyage de Flandre,
il a ſouvent fait de pareilles
liberalitez. Tout ceux qui ſe
184 IV. P. dis Voyage
P
trouverent auprés de luy lors
qu'on luy fit ce preſent , ne
purent
purent s'empêcher de louer
galante magnificence
M. le Preſident de Fourcy ,
qui auroit pû envoyer ce Plan
imprimé fur du Papier,& fans
aucun ornement. Le même
Mr de Fourcy ayant appris
que l'Ambaſſadeur ſouhaitoit
avoir un abregé de l'Etat de
la Ville de Paris , luy en fit
faire un qu'il luy envoya
quelques jours aprés .
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Résumé : Present fait aux Ambassadeurs par Mr le President de Fourcy. [titre d'après la table]
Le lendemain de la Fête, Monsieur le Président de Fourcy, Prévost des Marchands, reçut la demande des Ambassadeurs pour un plan de Paris. Il leur envoya un plan récent et précis, réalisé par feu Monsieur Blondel, imprimé sur du satin blanc et doublé de brocart d'or. Ce plan était protégé par un tafetas vert et orné de sculptures dorées et de fleurs de lys. L'Ambassadeur, très satisfait, se fit montrer plusieurs lieux de Paris et reconnut des endroits déjà visités. Il exprima sa gratitude et promit de donner ce plan au Roi de Siam, le qualifiant de cadeau exceptionnel. Il fit également distribuer de l'argent aux porteurs du plan. La générosité et la magnificence de Monsieur de Fourcy furent louées, car il aurait pu envoyer un plan plus simple. Quelques jours plus tard, Monsieur de Fourcy fit préparer et envoyer un abrégé de l'état de la Ville de Paris à l'Ambassadeur.
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422
p. 184-187
Ils vont à la Comedie de l'Avare, & à l'Opera d'Armide, & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Début :
Comme chacun s'empressoit à leur donner des divertissements aprés [...]
Mots clefs :
Opéra, Comédie, Avare, Armide, Française, Palais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à la Comedie de l'Avare, & à l'Opera d'Armide, & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Comme chacun s'empref
ſoit à leur donner des divertiſſements
aprés leur retour
des Amb. de Siam. 185
de Flandre, & qu'on leur offroit
l'Opera & la Comedie ,
ils allerent à l'Avare , & ce
qu'il y eut de ſurprenant ,
c'eſt que l'Ambaſſadeur dit
pendant la Piece , qu'il gageroit
que la caſſette où estoit l'argent
de l'Avare feroit priſe, &
que l'Avare feroit trompé; ce
qui eſtant arrivé ſelon ſa
pensée, dût luy faire beaucoup
de plaiſir, & fit connoiſtre
dans le meſme temps
combien la penetration de
fon eſprit eſt grande pour
les chofes qui font de fon
ufage.
186 IV . P. du Voyage
- Ils allerent le lendemain
voir l'Opera d'Armide , que
MadeVeneroni leur expliqua
ainſi qu'il avoit fait la Comedie
le jour precedent. L'Ambaffadeur
voulut eſtre éclaircy
de tout le Sujet ; & fur les
enchantemens que faifoitArmide
pour engager Renaud
à l'aimer , il demanda fi Armide
estoit Françoise; & quand
on luy eut repondu que non,
& qu'elle estoit Niéce d'Hidraot
Roy de Damas, il reparrit,
Si elle euft efté Françoise, elle
n'auroit pas eu beſoin de magie
pourse faire aimer, car les Fran
desAmb. de Siam. 187
coiſes charment par elles meſmes .
Cet Opera luy plut extraor
dinairement ; & quand il vit
le Palais d'Armide ruiné &
brûlé , il dit, Sortons, le Palais
eſt tombé , nous ne pouvons plus
coucher icy.
ſoit à leur donner des divertiſſements
aprés leur retour
des Amb. de Siam. 185
de Flandre, & qu'on leur offroit
l'Opera & la Comedie ,
ils allerent à l'Avare , & ce
qu'il y eut de ſurprenant ,
c'eſt que l'Ambaſſadeur dit
pendant la Piece , qu'il gageroit
que la caſſette où estoit l'argent
de l'Avare feroit priſe, &
que l'Avare feroit trompé; ce
qui eſtant arrivé ſelon ſa
pensée, dût luy faire beaucoup
de plaiſir, & fit connoiſtre
dans le meſme temps
combien la penetration de
fon eſprit eſt grande pour
les chofes qui font de fon
ufage.
186 IV . P. du Voyage
- Ils allerent le lendemain
voir l'Opera d'Armide , que
MadeVeneroni leur expliqua
ainſi qu'il avoit fait la Comedie
le jour precedent. L'Ambaffadeur
voulut eſtre éclaircy
de tout le Sujet ; & fur les
enchantemens que faifoitArmide
pour engager Renaud
à l'aimer , il demanda fi Armide
estoit Françoise; & quand
on luy eut repondu que non,
& qu'elle estoit Niéce d'Hidraot
Roy de Damas, il reparrit,
Si elle euft efté Françoise, elle
n'auroit pas eu beſoin de magie
pourse faire aimer, car les Fran
desAmb. de Siam. 187
coiſes charment par elles meſmes .
Cet Opera luy plut extraor
dinairement ; & quand il vit
le Palais d'Armide ruiné &
brûlé , il dit, Sortons, le Palais
eſt tombé , nous ne pouvons plus
coucher icy.
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Résumé : Ils vont à la Comedie de l'Avare, & à l'Opera d'Armide, & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Lors de leur visite en France, les ambassadeurs de Siam furent invités à divers divertissements, notamment des représentations à l'Opéra et au théâtre. Ils assistèrent à la pièce 'L'Avare' de Molière, où l'ambassadeur prédit avec justesse le vol de la cassette contenant l'argent de l'Avare, démontrant ainsi sa perspicacité. Le lendemain, ils virent l'opéra 'Armide', expliqué par M. Veneroni. L'ambassadeur s'intéressa particulièrement aux enchantements d'Armide et demanda si elle était française, suggérant que les femmes françaises n'auraient pas besoin de magie pour charmer. Il fut impressionné par l'opéra et fit une remarque humoristique lorsque le palais d'Armide fut détruit, déclarant qu'ils ne pouvaient plus y dormir.
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423
p. 187-189
L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Début :
Le jour suivant ils allerent chez Mr Jaugeon, voir un [...]
Mots clefs :
Jacques Jaugeon, Jeu du monde, Ambassadeur, Terre, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Le jour ſuivant ils allerent
chez M Jaugeon , voir un
Jeu appelé leu du Monde, qui
eſt de la longueur d'un Billard
, & fur lequel on voit
une Carte de la Terre. L'Ambaſſadeur
en fit luy-meſme
la deſcription , & montra
toutes les Parties de l'Europe,
& le chemin qu'on pou
ij
188 IV. P. du Voy
voit prendre pour aller par
terre de Paris àSiam . Il examina
la grandeur de la France
, & le peu d'eſtenduë du
Pays de ceux qui ont voulu
s'ériger en Arbitres des Rois .
Il dit que ce Ieu estoit fort ingenieux,
&que c'estoit le moyen
d'apprendre la Geographie en
trés-peu de temps. Il joüa une
Partie avec M Jaugeon , &
ce dernier la perdit , quoyqu'il
fuſt le maiſtre & l'Inventeur
du Jeu. L'Ambaſſadeur
dit enſuite, que s'il avoit
àfon retour les vents auffifa
vorables qu'il avoit conduit a
des Amb. de Siam, 189
droitement fon petit Vaisseau, il
arriveroit en peu de temps à
Siam . Il fit encore le tour du
Jeu , qu'il décrivit de nouveau
; & remercia enſuite
M Jaugeon , qui luy fit
voir pluſieurs Deſſeins de fon
Invention .
chez M Jaugeon , voir un
Jeu appelé leu du Monde, qui
eſt de la longueur d'un Billard
, & fur lequel on voit
une Carte de la Terre. L'Ambaſſadeur
en fit luy-meſme
la deſcription , & montra
toutes les Parties de l'Europe,
& le chemin qu'on pou
ij
188 IV. P. du Voy
voit prendre pour aller par
terre de Paris àSiam . Il examina
la grandeur de la France
, & le peu d'eſtenduë du
Pays de ceux qui ont voulu
s'ériger en Arbitres des Rois .
Il dit que ce Ieu estoit fort ingenieux,
&que c'estoit le moyen
d'apprendre la Geographie en
trés-peu de temps. Il joüa une
Partie avec M Jaugeon , &
ce dernier la perdit , quoyqu'il
fuſt le maiſtre & l'Inventeur
du Jeu. L'Ambaſſadeur
dit enſuite, que s'il avoit
àfon retour les vents auffifa
vorables qu'il avoit conduit a
des Amb. de Siam, 189
droitement fon petit Vaisseau, il
arriveroit en peu de temps à
Siam . Il fit encore le tour du
Jeu , qu'il décrivit de nouveau
; & remercia enſuite
M Jaugeon , qui luy fit
voir pluſieurs Deſſeins de fon
Invention .
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Résumé : L'Ambassadeur joue au jeu appellé du Monde, il gagne le Maître, & l'Inventeur de ce Jeu, & ce qu'il en dit. [titre d'après la table]
Le lendemain, l'ambassadeur et son groupe visitèrent M. Jaugeon pour observer le 'Jeu du Monde', une table représentant une carte de la Terre de la longueur d'un billard. L'ambassadeur décrivit le jeu et montra les différentes parties de l'Europe ainsi que le chemin terrestre de Paris à Siam. Il examina la taille de la France et la petite étendue du pays des arbitres des rois. Il trouva le jeu ingénieux et utile pour apprendre la géographie rapidement. L'ambassadeur joua une partie avec M. Jaugeon, qui perdit malgré son rôle d'inventeur. L'ambassadeur exprima ensuite son souhait de bénéficier des vents favorables qui l'avaient conduit à Siam et fit à nouveau le tour du jeu. Il remercia M. Jaugeon pour lui avoir montré plusieurs de ses inventions.
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424
p. 189-214
Tout ce qui s'est passé au Seminaire des Missions Etrangeres, le jour que les Ambassadeurs y ont esté regalez, avec les cinq Harangues qui leur ont esté faites dans ce Seminaire. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs ayant témoigné plusieurs fois à Mr l'Abbé [...]
Mots clefs :
Séminaire des Missions étrangères, Ambassadeurs, Harangues, Séminaire, Roi de Siam, Admirer, Vrai dieu, Compliments, Joie, Personnes, Monde, Langue, Artus de Lionne, Abbé, Compliment, Hébreu, Hommes, Maison, Devoir, Mérite
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé au Seminaire des Missions Etrangeres, le jour que les Ambassadeurs y ont esté regalez, avec les cinq Harangues qui leur ont esté faites dans ce Seminaire. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs ayant
témoigné pluſieurs fois à M
l'Abbé de Lionne , & à r
de Brifacier, Superieur du Seminaire
des miſſions Eftrangeres
, le deſir qu'ils avoient
depuis longtemps de leur
rendre viſite dans leur mаі
fon, en fixerent enfin le jour
190 IV. P. du Voyage
au 10. Decembre . Comme le
premier Ambaſſadeur eſtoit
allé ce jour là ſeul avec M
Torf à Versailles , pour conferer
avec Mle Marquis de
Seignelay, on alla fur les trois
heures aprés midy, propoſer
aux deux autres de venir voir
la Maiſon des Incurables. Ils
répondirent ſans hefiter qu'ils
ne vouloient point ſe partager ce
jour-là , qu'ils ne fortiroient que
pour aller au Seminaire, o que
s'ils avoient ſuivy leur inclination
, ils ſe ſeroient acquittez
beaucoup pluſtoſt de ce devoir .
Si-tôt qu'on apprit qu'ils ardes
Amb . de Siam. 191
rivoient , on alla les recevoir
à la defcente de leur Carroffes
, & on les conduiſit dans
un lieu où M l'Abbé de
Choiſi leur preſenta du Thé
dans les petits Vaſes d'or &
d'argent , que M Conſtance
luy a donnez à Siam , & fit
brûler du bois d'Aquila qui
parfuma l'air enun moment.
Il eſtoit fix heures lorſque le
Premier Ambaſſadeur revint
de Verſailles ; il les trouva
en converſation avec M'PEvêque
Duc de Laon , qu'ils
avoient veu à la Fére où , ce
Prelat estoit allé exprés pour
192 IV.P.du Voyage
les ſaluer au retour de leur
Voyage deFlandre.M leMarquis
de Coeuvres ſon Frere,
qu'ils ſçavoient eſtre le beaufrere
deM l'Abbé deLionne,
eſtoit auſſi avec eux, ainſi que
-M¹ d'Aligre, Ms lesAbbez le
Pelletier & de Neſmond , les
Peres Couplet & Spinola Jefuîtes
, &quelques autres perſonnes
de merite que l'on
avoit eu ſoin d'inviter.
La converſation ayant eſté
interrompuë, il ſe fit d'abord
un peu de filence , & M² de
Brifacier accompagné des
Eccleſiaſtiques de fa maiſon,
prit
des Amb. de Siam. 193
prit cet intervalle pour faire
un compliment fort court ,
qui prepara l'eſprit des Ambaſſadeurs
à en entendre quatre
autres en diverſesLangues.
Voicy les termes de ce com
pliment.
MESSEIGNEVRS,
Vn meriteauſſi univerſel & auſſi
univerſellement reconnu que levôtre,
devroit estre publié en toutes for
tes de Langues , & nous souhaiterions
pouvoir aſſembler icy les differentes
Nations de l'Europe ,pour honorer
par leur bouche vôtre Grand
Roy dans vos Excellences , de mème
que ce puiſſant Prince a honoré
R
194 IV. P. duVoyage
à Siampar la deputation des divers
Peuples de l'Orient nôtre Incompaparable
Monarque dans la personne
defon Ambassadeur extraordinaire.
Mais fansformerde vains deſirs &
Sans rien emprunter des Royaumes
étrangers , fouffrez, Meffeigneurs ,
que plusieurs Prestres de cette Maifon
, qui vous vont complimenter
aprés moy ,se partagent entre eux
pour lover en plus d'une maniere
les talents& la conduiteque tout le
monde admire en vous , &qu'ils employent
ce que l'Hebreu a desçavant,
ce que leGrec a de poly , ce que le Latin
a de grave , & ce que le Siamois
doit avoir d'agréable à vôtre égard,
pour rendre Séparement & diverſement
à vos Eminentes qualitezles
profonds refpects qui leur font dûs ,
pour repondre à l'honneur de vôdes
Amb. de Siam. 195
tre visite , & aux marques de vos
bontez par les témoignages finceres
d'une estime & d'une reconnoiſſance
éternelle.
Ils furent enſuite compli
mentez en Hebreu au nom
des Penſionnaires du Seminaire
, & à la fin de chaque
compliment , on liſoit la traduction
Siamoiſe qui en a
voit eſté faite , partie par le
ſieur Antoine Pinto , Acolyte
du Seminaire de Siam , & partie
par le ſieur Gervaiſe , l'un
des Ecclefiaftiques François ,
que feu Me l'Eveſque d'Heliopolis
avoit menez avec luy
Rij
196 IV. P. du Voyage
dans fon dernier voyage aux
Indes. Voicy la traduction
de ce compliment Hebreu
en nôtre Langue.
MESSEIGNEVRS ,
Cette maison reçoit aujourd'huy un
honneur qu'elle n'eût jamais ofé efperer.
Elle est établie pour envoyer
des hommes Apostoliques dans les
Royaumes les plus éloignez, & c'est
ce qu'elle a toûjours fait depuis fon
établiſſement. Mais qu'elle dût recevoirjamais
trois Illuftres Ambaffadeurs
venus des extremitez de la
terre , c'est ce qu'elle apeine à croire ,
quand même elle le voit. Dans l'excez
delajoye qui la transporte , elle.
ne peut , Meſſeigneurs , que vous
des Amb. de Siam. 197
:
conjurer d'être tres-perfuadez de ſa
reconnoiſſance respectueuse , & de
Pardeur continuelle qu'elle a à prier
Le Dieu du Ciel & de la Terre , qu'il
ajoûte aux biens dont il a déja comblé
vos Excellences la parfaite connoiſſance
de celuy qui les leur afaits .
L'Hebreu fut ſuivy du
Grec , & on leur fit ce troifiéme
compliment au nom de
ceux qu'on éleve dans cette
Maiſon pour les Miſſions étrangeres
. Voicy comme il a
eſté rendu en nôtre Langue,
MESSEIGNEURS,
Entre toutes les Perſonnes qui de-
Riij
198 IV. P. du Voyage
meurent dans cetteMaison que vous
avezbien voulu honorer aujourd'hui
devotre prefence, nous croyons que
nul n'a reſſenti plus de joye quenous
qui y sommes pour nous rendre dignes
depoffer dans votre Païs,quand
nos Supericurs voudrontbien nous y
envoyer. Ce qui nousy porte , c'est le
defir de procurer au Royaume de
Siam qui a toutes les autres richeßes,
daseule qui luy manque , &fans laquelle
toutes les autres luy seroient
inutiles , c'est la connoiffance & l'aour
du vray Dieu, Createur du Ciel
& de la Terre ; & rien ne pourroit
nous donner plus de joye & d'efpevance
de réüſſir dans ce deffein que
toutes ces excellentes qualitez que
la France admire en vos perſonnes.
Cette douceur & cette affabilité que
Vous aveztémoignée envers tout le
des Amb. de Siam. 199
monde, ne nous laiſſe pas lieu de douter
que les Peuples de Siam ne reçoi
ventfavorablement ceux qui confacreront
leur vie & leurs travaux
pour leur porter les lumieres de l'Evangile
de I. C. & cette merveilleuſe
penetration d'esprit que vous
avez faitparoître en toutes fortes de
rencontres nous fait concevoir la facilité
, avec laquelle ces mêmes Peuplesse
laiſſeront perfuader des veritez
que nous deprons leur enfeigner.
Votre équité , vôtre modération
, vôtreſageſſe , &toutes vos autres
vertus jointes à celles- cy , nous
rempliſſent de veneration pour vos
Excellentces , aussi bien que de joye
en nous mêmes ; & nous portent
avec encore plus d'ardeur à demander
inceffamment au vray Dieu tout
puiſſant,&infinimentbon, de vous
>
Rimj
200 IV P. du Voyage
conferver toûjoursdans uneparfaite
Santé, de vous accorder un heureux
retour dans votre Patrie ,& la joye
de retrouver'le Roy de Siam comblé
d'un nouvel excés de gloire. Mais
fur tout, nous ne ceſſerons jamais de
demander à ce Dieu éternel , & qui
diſpoſe des coeurs des hommes comme
il luy plaiſt , qu'il vousfaffe la grace
dele connoître&de l'aimer ,&d'étre
éternellement comblez de joye
avec luy.
Aprés cela , ils furent com
plimentez en Latin au nom
des Eccleſiaſtiques du Seminaire
qui doivent partir avant
les Ambaſſadeurs. Comme la
Langue Latine eſt entenduë
preſque de tout le monde,j'ay
des Amb. de Siam. 201
crû devoir mettre ce compli
compil
ment tel qu'il a eſté pronon
cé.
Viex hâcdomoquam nuncveftrâ
preſentiâfummoperè illuf
tratis, Viri Excellentiffimi, Siamum
vobiscum profecturi sunt , eandemquè
Claffem , vel fortè etiam eandemNavim
confcenfuri, precipuam
fibi hodiè , tùm erga Excellentias
veftras Reverentiam , tum pre cateris
latitiam exhibendam effe ar
bitrantur. Habent etenim in hodierno
, quo nos afficitis , honore , velut
pignus quoddam future veftra in
ipsos benignitatis : dulciffima converfationis
in via : fortiffime tuitionis
in Patria : ubique benevolentia
fingularis. Latantur autem
202 IV. P. du Voyage
maximè , cum mente pertractant,
jam-jamquepreripiunt, quam egregia,
quàm grandia de vobis vel invitis
, in Regno Siamensi poterunt
nuntiare ; palàm nempè faciendo
meritis extollendo laudibus quicquid
alioquin veftra modeftia reticuiffet
: fummam , quam apud nos
oftendiftis , ingenj magnitudinem,
-aquabilitatem animi, in tuendo Siamenfi
nomine dignitatem : ut fuiftis
in tractandis negotijs folertes ,
in extricandis difficultatibus dexteri,
in folvendis quæftionibus prudentes,
in reſponſis mille, velferid,
vel jocosè dandis , prout res poftulabat,
femperparatiffimi : ut noftis
denique vivere cum Optimatibus
comitèr , cum Plebeijs humaniter,
cum Regijs Ministris ſapienter, cum
Principibus dignè & magnifice, &
desAmb. de Siam. 203
(quod omnium fummum eft | LVDOVICI
MAGNI laudem &gratiam
demereri . Ita ut duobus tantum
Gens Siamensis & Gallica jam
inter se diſtare videantur , Patriâ
fcilicet &Religione ; quarum altera,
perfædus initum inter potentiffimos
Reges, deinceps communis erit,
altera verò ( faxit Deus Optimus
Maximus ) prorsus una.
M l'Abbé de Lionne finit
en Siamois, au nom des Ouvriers
Apoftoliques qui travaillent
à Siam , & dans les
Royaumes voiſins . Voicy ce
qu'il dit en certe Langue.
Vſqu'icy, MESSEIGNEVRS,
j'ay vû avec une extrême joie,
204 IV. P. du Voyage
L'empressement extraordinaire que
toute la France a fait paroître à vous
témoigner l'estime,le refpest l'admiration
qu'elle a pour le très-Puif-
Sant Roy, votre Maître, &pour vous
en particulier , qui foûtenez icy fi
excellemment faDignité. Voicy l'unique
occasion où j'aye pû mêler ma
voix aux applaudſſemens publics,&
vous marquer quelque chose de mes
Sentimensfur cesujet. l'ofe dire qu'ils
Surpaffint ceux de tout le reſte des
hommes; &pour en convenir, vous
n'avez qu'à faire reflexion aux vaifons
fingulieres & personnelles que
j'ay de parler ainsi. Les autres connoiſſent
à la verité le Roy de Siam ,
Sur ce que la Renommée a publiéde
fes grandes qualitez ; mais quoiqu'-
elle ait dit du rang éminent qu'il
tient entre tous les Princes de l'o-
4
desAmb. de Siam. 205
1
ment ,
vient , de la richeſſe de ſes tresors .
de la penetration étonnante deſon efprit,
de la ſageſſe de ſon Gouvernede
l'application infatigable
qu'ildonne aux affaires de son Etat,
deson difcernement &de son amour
pour le veritable merite , de cette
merveilleuse ardeur qu'il a de tout
connoître & de tout sçavoir, de cette
affabilité qui , sans rien diminuer
de sa grandeur , luy apprend à se
proportionner à toutle monde, &qui
attire chez lay ce prodigieux nom.
bre d'Etrangers ; & ce qui nous touche
de plus prés , de cette bontépar
ticuliere qu'il a pour les Ministres
du Vray Dieu ; tout cela, dis-je, quelque
grand qu'il soit , n'est- il pas
encore au deſſous de ce que découvrent
dansſa perſonne Royale, tous ceux qui
ont le bonheur de l'approcher , & ce
206 IV. P. du Voyage
que j'y ay découvert tant de fois
moy- même ? Il en est ainsi à proporsion
des jugemens avantageux que
l'on a portez icy de vos Excellences.
On a admiré , par exemple , & l'on
n'oubliera jamais la juſteſſe&lasubtilité
de vos reponses ; cependant on
na souvent connu que la moindre
partie de leur beautè , elles en perdoient
beaucoup dans le paſſage d'une
langue à l'autre , & moy-méme
j'avois une espece d'indignation de
me voir dans l'impoſſibilité de leur
donner tout leur agrément & toute
Leur force. On a admiré ce fond de
politeſſe , qui vous rend capables
d'entrer (i aiſement dans les manieres
particulieres de chaque Nation,
quelques differentes que toutes les
Nations foient entre elles. On a admiré
cette prodigieuse égalité d'ame
• des Amb de Siam. 207
& cette Paix qui ne se trouble jamais
de rien ; on a admiré enfin cent
autres qualitez excellentes qui éclatent
tous les jours dans vos perſonnes
; cependant ceux qui en ont
esté touchez, ne vous ont vû que
comme en paſſant; qu'auroit- ce esté,
s'ils avoient eu le moyen de vous
confiderer plus à loiſir&deplus près ?
Les ordres du tres-Grand Roy de
Siam m'ont procure cét avantage ,
lorſqu'il a joint à tous les témoignages
de bonté qu'il m'avoit déja donnez
, celuy de ſouhaiter que je vous
accompagnaſſe en France . Vous y avez
ajouſté mille marques touchanres
de vôtre amitié , & la Nature
Seule qui inſpire à tous les hommes
la reconnoiſſance , suffiroit pour me
donner les fentimens les plus reſpectueux
pour votre Grand Prince,les
208 IV . P.du Voyage
plus tendres pour vos personnes , &
les plus Zelez pour votre Nation :
mais Dieu , dont la Providence conduit
tout avec une fageffe & une
bonte admirable, a pris foin luy-meme
de fortifier infiniment ces fentimens
dans mon coeur , en me confirmant
dans le defſſein de paſſer ma
vie avec vous, &de la consacrer à
vôtre ſervice, pour tâcher de contri
buer à vôtre bonheur eternel.
La lecture de tous ces
Complimens eftant finie , te
premier Ambaſſadeur dit ,
qu'ils estoient trés - obligez au
Seminaire des honneſtetez qu'il
leurfaifoit ; qu'ils luy donnoient
avec plaifir par leur viſite une
nouvelle marque de leur eftimes
des Amb. de Siam. 209
que le Roy leur Maistre , leur
avoit ordonné de prendre confiance
en ceux qui gouvernoient
cette Maison ; qu'ils rendroient
un compte exact à Sa Majesté,
des ſervices importans qu'ils recevoient
d'eux tous les jours depuis
leur arrivée à Paris ; qu'ils
n'avoient eſté en aucun lieuplus
volontiers que chez eux ; &que
s'ilspouvoient quelque jour dans
Ieur Pays donner à leurs Miffionnaires
des témoignages effectifs
de leur affection & de leur
reconnoiffance, ils le feroient avec
la plus grande joye du monde.
Apeine eut-il ceffé de par-
S
210 IV. P. du Voyage
/
ler, qu'on vint avertir que la
Table eſtoit ſervie . C'eſtoit
uneTable ovale à vingt couverts,
placez dans un Refectoire
qui estoit fort éclairé
de bougies. Le Repas fut un
Ambigu , où il y eut , pour
marque de distinction
double Service devant les
,
un
Ambaſſadeurs , & où l'abondance,
la delicateffe &la propreté
parurent également par
tout. La dépenſe en fut faite
par une Perſonne de pieté,
qui ayant appris l'honneur
que les Ambaſſadeurs vouloient
faire au Seminaire de
des Amb. de Siam . 211
le vifiter , & l'embarras où ſe
trouvoit le Superieur fur la
maniere de les recevoir ( parcequ'il
ne croyoit pas que
ſelon leurs idées il convinſt à
l'humilité de ſa profeffion,
ny à la pauvreté de ſa Maifon
, de faire un Repas qui
répondiſt à la grandeur de
leur caractere , & au merite
de leurs perſonnes ) le pri
de ne ſe mettre en peine de
rien , & fe chargea genereufement
de pourvoir à tout.
Chaque Ambaſſadeur & chaque
Mandarin avoit derriere
luy un Homme appliqué u-
Sij
212 IV. P. du Voyage
niquement à le ſervir , & on
donna de ſi bons ordres pour
tout le reſte, que tout ſe paffa
fans confufion & fans bruit.
Ainſi la tranquilité qui regna
toûjours , fit affez voir qu'on
eſtoit dans une Communauté
reglée. M¹ deBrifacier qui
n'ignoroit pas combien les
Ambaſſadeurs font choquez
des dépenses que font des
Preftres , jugea qu'il eſtoit à
propos de leur declarer de
bonne foy la chofe comme
elle eſtoit , & de leur dire,
pour les prévenir, en les conduiſant
au Refectoire,que s'ils
des Amb. de Siam. 213
trouvoient dans la Collation
qu'on leur alloit faire , quelque
forte de magnificence , ils n'en
devoient pas estre ſcandalisez
comme d'un excezcondamnable
dans une Maison Eccleſiaſtique,
mais qu ils devoient pluſtoſt l'agréer
comme un effet loüable du
Zele d'une Perſonne dont il n'avoit
pas crû devoir borner la generofité
dans une occafion, où il
ne penſoit pas qu'on pûst trop
faire pour eux. Pendant que
les Maiſtres estoient àTable,
on en ſervit une autre à fix
couverts , dans un lieu tout
proche , pour les Interpretes
274 IV. P. du Voyage
& les Secretaires . Les Gens
mangerent enfuite , & avant
dix heures les Ambaſſadeurs
ſe retirerent dans leur Hoſtel
avec de grandes marques de
fatisfaction .
témoigné pluſieurs fois à M
l'Abbé de Lionne , & à r
de Brifacier, Superieur du Seminaire
des miſſions Eftrangeres
, le deſir qu'ils avoient
depuis longtemps de leur
rendre viſite dans leur mаі
fon, en fixerent enfin le jour
190 IV. P. du Voyage
au 10. Decembre . Comme le
premier Ambaſſadeur eſtoit
allé ce jour là ſeul avec M
Torf à Versailles , pour conferer
avec Mle Marquis de
Seignelay, on alla fur les trois
heures aprés midy, propoſer
aux deux autres de venir voir
la Maiſon des Incurables. Ils
répondirent ſans hefiter qu'ils
ne vouloient point ſe partager ce
jour-là , qu'ils ne fortiroient que
pour aller au Seminaire, o que
s'ils avoient ſuivy leur inclination
, ils ſe ſeroient acquittez
beaucoup pluſtoſt de ce devoir .
Si-tôt qu'on apprit qu'ils ardes
Amb . de Siam. 191
rivoient , on alla les recevoir
à la defcente de leur Carroffes
, & on les conduiſit dans
un lieu où M l'Abbé de
Choiſi leur preſenta du Thé
dans les petits Vaſes d'or &
d'argent , que M Conſtance
luy a donnez à Siam , & fit
brûler du bois d'Aquila qui
parfuma l'air enun moment.
Il eſtoit fix heures lorſque le
Premier Ambaſſadeur revint
de Verſailles ; il les trouva
en converſation avec M'PEvêque
Duc de Laon , qu'ils
avoient veu à la Fére où , ce
Prelat estoit allé exprés pour
192 IV.P.du Voyage
les ſaluer au retour de leur
Voyage deFlandre.M leMarquis
de Coeuvres ſon Frere,
qu'ils ſçavoient eſtre le beaufrere
deM l'Abbé deLionne,
eſtoit auſſi avec eux, ainſi que
-M¹ d'Aligre, Ms lesAbbez le
Pelletier & de Neſmond , les
Peres Couplet & Spinola Jefuîtes
, &quelques autres perſonnes
de merite que l'on
avoit eu ſoin d'inviter.
La converſation ayant eſté
interrompuë, il ſe fit d'abord
un peu de filence , & M² de
Brifacier accompagné des
Eccleſiaſtiques de fa maiſon,
prit
des Amb. de Siam. 193
prit cet intervalle pour faire
un compliment fort court ,
qui prepara l'eſprit des Ambaſſadeurs
à en entendre quatre
autres en diverſesLangues.
Voicy les termes de ce com
pliment.
MESSEIGNEVRS,
Vn meriteauſſi univerſel & auſſi
univerſellement reconnu que levôtre,
devroit estre publié en toutes for
tes de Langues , & nous souhaiterions
pouvoir aſſembler icy les differentes
Nations de l'Europe ,pour honorer
par leur bouche vôtre Grand
Roy dans vos Excellences , de mème
que ce puiſſant Prince a honoré
R
194 IV. P. duVoyage
à Siampar la deputation des divers
Peuples de l'Orient nôtre Incompaparable
Monarque dans la personne
defon Ambassadeur extraordinaire.
Mais fansformerde vains deſirs &
Sans rien emprunter des Royaumes
étrangers , fouffrez, Meffeigneurs ,
que plusieurs Prestres de cette Maifon
, qui vous vont complimenter
aprés moy ,se partagent entre eux
pour lover en plus d'une maniere
les talents& la conduiteque tout le
monde admire en vous , &qu'ils employent
ce que l'Hebreu a desçavant,
ce que leGrec a de poly , ce que le Latin
a de grave , & ce que le Siamois
doit avoir d'agréable à vôtre égard,
pour rendre Séparement & diverſement
à vos Eminentes qualitezles
profonds refpects qui leur font dûs ,
pour repondre à l'honneur de vôdes
Amb. de Siam. 195
tre visite , & aux marques de vos
bontez par les témoignages finceres
d'une estime & d'une reconnoiſſance
éternelle.
Ils furent enſuite compli
mentez en Hebreu au nom
des Penſionnaires du Seminaire
, & à la fin de chaque
compliment , on liſoit la traduction
Siamoiſe qui en a
voit eſté faite , partie par le
ſieur Antoine Pinto , Acolyte
du Seminaire de Siam , & partie
par le ſieur Gervaiſe , l'un
des Ecclefiaftiques François ,
que feu Me l'Eveſque d'Heliopolis
avoit menez avec luy
Rij
196 IV. P. du Voyage
dans fon dernier voyage aux
Indes. Voicy la traduction
de ce compliment Hebreu
en nôtre Langue.
MESSEIGNEVRS ,
Cette maison reçoit aujourd'huy un
honneur qu'elle n'eût jamais ofé efperer.
Elle est établie pour envoyer
des hommes Apostoliques dans les
Royaumes les plus éloignez, & c'est
ce qu'elle a toûjours fait depuis fon
établiſſement. Mais qu'elle dût recevoirjamais
trois Illuftres Ambaffadeurs
venus des extremitez de la
terre , c'est ce qu'elle apeine à croire ,
quand même elle le voit. Dans l'excez
delajoye qui la transporte , elle.
ne peut , Meſſeigneurs , que vous
des Amb. de Siam. 197
:
conjurer d'être tres-perfuadez de ſa
reconnoiſſance respectueuse , & de
Pardeur continuelle qu'elle a à prier
Le Dieu du Ciel & de la Terre , qu'il
ajoûte aux biens dont il a déja comblé
vos Excellences la parfaite connoiſſance
de celuy qui les leur afaits .
L'Hebreu fut ſuivy du
Grec , & on leur fit ce troifiéme
compliment au nom de
ceux qu'on éleve dans cette
Maiſon pour les Miſſions étrangeres
. Voicy comme il a
eſté rendu en nôtre Langue,
MESSEIGNEURS,
Entre toutes les Perſonnes qui de-
Riij
198 IV. P. du Voyage
meurent dans cetteMaison que vous
avezbien voulu honorer aujourd'hui
devotre prefence, nous croyons que
nul n'a reſſenti plus de joye quenous
qui y sommes pour nous rendre dignes
depoffer dans votre Païs,quand
nos Supericurs voudrontbien nous y
envoyer. Ce qui nousy porte , c'est le
defir de procurer au Royaume de
Siam qui a toutes les autres richeßes,
daseule qui luy manque , &fans laquelle
toutes les autres luy seroient
inutiles , c'est la connoiffance & l'aour
du vray Dieu, Createur du Ciel
& de la Terre ; & rien ne pourroit
nous donner plus de joye & d'efpevance
de réüſſir dans ce deffein que
toutes ces excellentes qualitez que
la France admire en vos perſonnes.
Cette douceur & cette affabilité que
Vous aveztémoignée envers tout le
des Amb. de Siam. 199
monde, ne nous laiſſe pas lieu de douter
que les Peuples de Siam ne reçoi
ventfavorablement ceux qui confacreront
leur vie & leurs travaux
pour leur porter les lumieres de l'Evangile
de I. C. & cette merveilleuſe
penetration d'esprit que vous
avez faitparoître en toutes fortes de
rencontres nous fait concevoir la facilité
, avec laquelle ces mêmes Peuplesse
laiſſeront perfuader des veritez
que nous deprons leur enfeigner.
Votre équité , vôtre modération
, vôtreſageſſe , &toutes vos autres
vertus jointes à celles- cy , nous
rempliſſent de veneration pour vos
Excellentces , aussi bien que de joye
en nous mêmes ; & nous portent
avec encore plus d'ardeur à demander
inceffamment au vray Dieu tout
puiſſant,&infinimentbon, de vous
>
Rimj
200 IV P. du Voyage
conferver toûjoursdans uneparfaite
Santé, de vous accorder un heureux
retour dans votre Patrie ,& la joye
de retrouver'le Roy de Siam comblé
d'un nouvel excés de gloire. Mais
fur tout, nous ne ceſſerons jamais de
demander à ce Dieu éternel , & qui
diſpoſe des coeurs des hommes comme
il luy plaiſt , qu'il vousfaffe la grace
dele connoître&de l'aimer ,&d'étre
éternellement comblez de joye
avec luy.
Aprés cela , ils furent com
plimentez en Latin au nom
des Eccleſiaſtiques du Seminaire
qui doivent partir avant
les Ambaſſadeurs. Comme la
Langue Latine eſt entenduë
preſque de tout le monde,j'ay
des Amb. de Siam. 201
crû devoir mettre ce compli
compil
ment tel qu'il a eſté pronon
cé.
Viex hâcdomoquam nuncveftrâ
preſentiâfummoperè illuf
tratis, Viri Excellentiffimi, Siamum
vobiscum profecturi sunt , eandemquè
Claffem , vel fortè etiam eandemNavim
confcenfuri, precipuam
fibi hodiè , tùm erga Excellentias
veftras Reverentiam , tum pre cateris
latitiam exhibendam effe ar
bitrantur. Habent etenim in hodierno
, quo nos afficitis , honore , velut
pignus quoddam future veftra in
ipsos benignitatis : dulciffima converfationis
in via : fortiffime tuitionis
in Patria : ubique benevolentia
fingularis. Latantur autem
202 IV. P. du Voyage
maximè , cum mente pertractant,
jam-jamquepreripiunt, quam egregia,
quàm grandia de vobis vel invitis
, in Regno Siamensi poterunt
nuntiare ; palàm nempè faciendo
meritis extollendo laudibus quicquid
alioquin veftra modeftia reticuiffet
: fummam , quam apud nos
oftendiftis , ingenj magnitudinem,
-aquabilitatem animi, in tuendo Siamenfi
nomine dignitatem : ut fuiftis
in tractandis negotijs folertes ,
in extricandis difficultatibus dexteri,
in folvendis quæftionibus prudentes,
in reſponſis mille, velferid,
vel jocosè dandis , prout res poftulabat,
femperparatiffimi : ut noftis
denique vivere cum Optimatibus
comitèr , cum Plebeijs humaniter,
cum Regijs Ministris ſapienter, cum
Principibus dignè & magnifice, &
desAmb. de Siam. 203
(quod omnium fummum eft | LVDOVICI
MAGNI laudem &gratiam
demereri . Ita ut duobus tantum
Gens Siamensis & Gallica jam
inter se diſtare videantur , Patriâ
fcilicet &Religione ; quarum altera,
perfædus initum inter potentiffimos
Reges, deinceps communis erit,
altera verò ( faxit Deus Optimus
Maximus ) prorsus una.
M l'Abbé de Lionne finit
en Siamois, au nom des Ouvriers
Apoftoliques qui travaillent
à Siam , & dans les
Royaumes voiſins . Voicy ce
qu'il dit en certe Langue.
Vſqu'icy, MESSEIGNEVRS,
j'ay vû avec une extrême joie,
204 IV. P. du Voyage
L'empressement extraordinaire que
toute la France a fait paroître à vous
témoigner l'estime,le refpest l'admiration
qu'elle a pour le très-Puif-
Sant Roy, votre Maître, &pour vous
en particulier , qui foûtenez icy fi
excellemment faDignité. Voicy l'unique
occasion où j'aye pû mêler ma
voix aux applaudſſemens publics,&
vous marquer quelque chose de mes
Sentimensfur cesujet. l'ofe dire qu'ils
Surpaffint ceux de tout le reſte des
hommes; &pour en convenir, vous
n'avez qu'à faire reflexion aux vaifons
fingulieres & personnelles que
j'ay de parler ainsi. Les autres connoiſſent
à la verité le Roy de Siam ,
Sur ce que la Renommée a publiéde
fes grandes qualitez ; mais quoiqu'-
elle ait dit du rang éminent qu'il
tient entre tous les Princes de l'o-
4
desAmb. de Siam. 205
1
ment ,
vient , de la richeſſe de ſes tresors .
de la penetration étonnante deſon efprit,
de la ſageſſe de ſon Gouvernede
l'application infatigable
qu'ildonne aux affaires de son Etat,
deson difcernement &de son amour
pour le veritable merite , de cette
merveilleuse ardeur qu'il a de tout
connoître & de tout sçavoir, de cette
affabilité qui , sans rien diminuer
de sa grandeur , luy apprend à se
proportionner à toutle monde, &qui
attire chez lay ce prodigieux nom.
bre d'Etrangers ; & ce qui nous touche
de plus prés , de cette bontépar
ticuliere qu'il a pour les Ministres
du Vray Dieu ; tout cela, dis-je, quelque
grand qu'il soit , n'est- il pas
encore au deſſous de ce que découvrent
dansſa perſonne Royale, tous ceux qui
ont le bonheur de l'approcher , & ce
206 IV. P. du Voyage
que j'y ay découvert tant de fois
moy- même ? Il en est ainsi à proporsion
des jugemens avantageux que
l'on a portez icy de vos Excellences.
On a admiré , par exemple , & l'on
n'oubliera jamais la juſteſſe&lasubtilité
de vos reponses ; cependant on
na souvent connu que la moindre
partie de leur beautè , elles en perdoient
beaucoup dans le paſſage d'une
langue à l'autre , & moy-méme
j'avois une espece d'indignation de
me voir dans l'impoſſibilité de leur
donner tout leur agrément & toute
Leur force. On a admiré ce fond de
politeſſe , qui vous rend capables
d'entrer (i aiſement dans les manieres
particulieres de chaque Nation,
quelques differentes que toutes les
Nations foient entre elles. On a admiré
cette prodigieuse égalité d'ame
• des Amb de Siam. 207
& cette Paix qui ne se trouble jamais
de rien ; on a admiré enfin cent
autres qualitez excellentes qui éclatent
tous les jours dans vos perſonnes
; cependant ceux qui en ont
esté touchez, ne vous ont vû que
comme en paſſant; qu'auroit- ce esté,
s'ils avoient eu le moyen de vous
confiderer plus à loiſir&deplus près ?
Les ordres du tres-Grand Roy de
Siam m'ont procure cét avantage ,
lorſqu'il a joint à tous les témoignages
de bonté qu'il m'avoit déja donnez
, celuy de ſouhaiter que je vous
accompagnaſſe en France . Vous y avez
ajouſté mille marques touchanres
de vôtre amitié , & la Nature
Seule qui inſpire à tous les hommes
la reconnoiſſance , suffiroit pour me
donner les fentimens les plus reſpectueux
pour votre Grand Prince,les
208 IV . P.du Voyage
plus tendres pour vos personnes , &
les plus Zelez pour votre Nation :
mais Dieu , dont la Providence conduit
tout avec une fageffe & une
bonte admirable, a pris foin luy-meme
de fortifier infiniment ces fentimens
dans mon coeur , en me confirmant
dans le defſſein de paſſer ma
vie avec vous, &de la consacrer à
vôtre ſervice, pour tâcher de contri
buer à vôtre bonheur eternel.
La lecture de tous ces
Complimens eftant finie , te
premier Ambaſſadeur dit ,
qu'ils estoient trés - obligez au
Seminaire des honneſtetez qu'il
leurfaifoit ; qu'ils luy donnoient
avec plaifir par leur viſite une
nouvelle marque de leur eftimes
des Amb. de Siam. 209
que le Roy leur Maistre , leur
avoit ordonné de prendre confiance
en ceux qui gouvernoient
cette Maison ; qu'ils rendroient
un compte exact à Sa Majesté,
des ſervices importans qu'ils recevoient
d'eux tous les jours depuis
leur arrivée à Paris ; qu'ils
n'avoient eſté en aucun lieuplus
volontiers que chez eux ; &que
s'ilspouvoient quelque jour dans
Ieur Pays donner à leurs Miffionnaires
des témoignages effectifs
de leur affection & de leur
reconnoiffance, ils le feroient avec
la plus grande joye du monde.
Apeine eut-il ceffé de par-
S
210 IV. P. du Voyage
/
ler, qu'on vint avertir que la
Table eſtoit ſervie . C'eſtoit
uneTable ovale à vingt couverts,
placez dans un Refectoire
qui estoit fort éclairé
de bougies. Le Repas fut un
Ambigu , où il y eut , pour
marque de distinction
double Service devant les
,
un
Ambaſſadeurs , & où l'abondance,
la delicateffe &la propreté
parurent également par
tout. La dépenſe en fut faite
par une Perſonne de pieté,
qui ayant appris l'honneur
que les Ambaſſadeurs vouloient
faire au Seminaire de
des Amb. de Siam . 211
le vifiter , & l'embarras où ſe
trouvoit le Superieur fur la
maniere de les recevoir ( parcequ'il
ne croyoit pas que
ſelon leurs idées il convinſt à
l'humilité de ſa profeffion,
ny à la pauvreté de ſa Maifon
, de faire un Repas qui
répondiſt à la grandeur de
leur caractere , & au merite
de leurs perſonnes ) le pri
de ne ſe mettre en peine de
rien , & fe chargea genereufement
de pourvoir à tout.
Chaque Ambaſſadeur & chaque
Mandarin avoit derriere
luy un Homme appliqué u-
Sij
212 IV. P. du Voyage
niquement à le ſervir , & on
donna de ſi bons ordres pour
tout le reſte, que tout ſe paffa
fans confufion & fans bruit.
Ainſi la tranquilité qui regna
toûjours , fit affez voir qu'on
eſtoit dans une Communauté
reglée. M¹ deBrifacier qui
n'ignoroit pas combien les
Ambaſſadeurs font choquez
des dépenses que font des
Preftres , jugea qu'il eſtoit à
propos de leur declarer de
bonne foy la chofe comme
elle eſtoit , & de leur dire,
pour les prévenir, en les conduiſant
au Refectoire,que s'ils
des Amb. de Siam. 213
trouvoient dans la Collation
qu'on leur alloit faire , quelque
forte de magnificence , ils n'en
devoient pas estre ſcandalisez
comme d'un excezcondamnable
dans une Maison Eccleſiaſtique,
mais qu ils devoient pluſtoſt l'agréer
comme un effet loüable du
Zele d'une Perſonne dont il n'avoit
pas crû devoir borner la generofité
dans une occafion, où il
ne penſoit pas qu'on pûst trop
faire pour eux. Pendant que
les Maiſtres estoient àTable,
on en ſervit une autre à fix
couverts , dans un lieu tout
proche , pour les Interpretes
274 IV. P. du Voyage
& les Secretaires . Les Gens
mangerent enfuite , & avant
dix heures les Ambaſſadeurs
ſe retirerent dans leur Hoſtel
avec de grandes marques de
fatisfaction .
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Résumé : Tout ce qui s'est passé au Seminaire des Missions Etrangeres, le jour que les Ambassadeurs y ont esté regalez, avec les cinq Harangues qui leur ont esté faites dans ce Seminaire. [titre d'après la table]
Le 10 décembre, les ambassadeurs de Siam visitèrent le Séminaire des Missions Étrangères. Initialement, ils souhaitaient rencontrer l'abbé de Lionne et M. de Brifacier, mais ces derniers étaient occupés à Versailles. À leur retour, les ambassadeurs furent accueillis par l'abbé de Choisi, qui leur offrit du thé et brûla du bois d'Aquila pour parfumer l'air. Ils rencontrèrent également plusieurs personnalités, dont le duc de Laon et le marquis de Coeuvres. M. de Brifacier, accompagné d'ecclésiastiques, prononça un compliment préparatoire, suivi de compliments en hébreu, grec, latin et siamois. Chaque compliment soulignait l'honneur de recevoir les ambassadeurs et exprimait des vœux de santé et de succès pour leur mission. Le compliment en latin fut prononcé en entier, tandis que les autres furent traduits en siamois par Antoine Pinto et Gervaise. L'abbé de Lionne conclut en siamois, exprimant la joie de la France et son admiration pour le roi de Siam et les ambassadeurs. Il souligna les qualités exceptionnelles des ambassadeurs et leur capacité à représenter dignement leur roi. Les ambassadeurs exprimèrent leur gratitude pour l'accueil et les honneurs reçus, promettant de rendre compte au roi de Siam des services rendus par le Séminaire. Lors du repas, les missionnaires témoignèrent de leur affection et de leur reconnaissance. La table, ovale et pouvant accueillir vingt convives, était placée dans un réfectoire bien éclairé. Le repas, qualifié d'ambigu, se distinguait par un double service pour les ambassadeurs et se caractérisait par son abondance, sa délicatesse et sa propreté. La dépense fut prise en charge par une personne pieuse, qui avait appris la visite des ambassadeurs et l'embarras du supérieur du séminaire concernant la manière de les recevoir. Chaque ambassadeur et mandarin avait un serviteur dédié, et tout se déroula sans confusion ni bruit, démontrant l'ordre de la communauté. Monsieur de Brifacier expliqua aux ambassadeurs que la magnificence du repas était due à la générosité d'une personne et non à un excès condamnable. Pendant que les maîtres étaient à table, un autre repas fut servi aux interprètes et secrétaires. Les ambassadeurs se retirèrent satisfaits avant dix heures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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425
p. 214-219
Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Début :
Mrs du Seminaire des Missions Etrangeres estant bien aises de [...]
Mots clefs :
Antonio Pinto, Roi, Thèse, Sorbonne, Séminaire des Missions étrangères, Jacques-Charles de Brisacier, Honneur, Permission
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Mdu Seminaire des Mifſions
Etrangeres eſtant bien
aiſes de faire connoiſtre à
tout le monde , pour l'honneur
de la Nation Siamoife,
de quoy font capables les
eſprits de Siam dans les Sciences,
avoient conçu le deſſein
de faire foûtenir en Sorbonne
le S Antoine Pinto, né à Siam
d'un pere deBengale & d'une
des Amb. de Siam 215
mere du pays . Leurs amis
auffi bien que les Ambaffadeurs,
approuverent ce deffein
, & on leur confeilla de
faire demander au Roy la
permiſſion de luy dédier la
Theſe de cet Etranger. Mr
l'Archeveſque de Paris eut la
bonté d'accorder en cela fa
mediation au Superieur du
Seminaire ,& fe chargea volontiers
de faire agréer la
choſe . Ce Prélat donna rendez-
vous à Verſailles à M.
l'Abbé de Lionne , àM l'Abbé
Roze qui devoit faire fon
Aulique , à M. de Brifacier,
r
216 IV.P. du Voyage
&au ſieur Pinto, le Vendre
dy 27. de Decembre , pour
preſenter la Theſe à Sa Majeſté.
Elle marqua l'heure aprés
fon dîner, & dés qu'Elle
fortit de table, M de Brifacier
luy dit en montrant le
S Pinto qui tenoit à la main
une Theſe de ſatin, avec une
dentelle d'or & d'argent autour
, SIRE , c'est un Ecclefiaftique
Siamois , qui élevé
inftruit depuis l'âge de neuf ans
par vos Sujets dans vostre College
de Mapran, par reconnoiffance
pour ſa Nation, que vous comblez
icy de graces &d'honneurs,
نب
des Amb. de Siam. 217
pour nos Miſſions que vous
continiezdefoûtenir par vostre
protection &par vos bienfaits,
ofe vous preſenterſa These avec
la permiſſion que VostreMajesté
a bien voulu nous en donner.
Le Roy interrompit en cet
endroit , & dit , Ie la reçois
trés-volontiers. M. deBrifacier
reprit , Il n'est rien, SIRE, que
nous n'eufſſions voulu faire en
cette occafion , pour marquer
mieux à Vostre Majesté nos profonds
respects ; mais nous avons
Sçû que V. M. jugeoit à propos
que des Miſſionnaires ſe distinguaffent
pluſtoft par l'humilité
T
218 IV. P. du Voyage
&par la modestie , que par la
dépense &par l'éclat. Le Roy
prit encore icy la parole pour
dire fort obligeamment, le
ſerois fâché que vous euffiezfait
ddaavvaannttaaggee. Mª de Brifacier
pourfuivit , Nous nous refervons
, SIRE , à reconnoiſtre en
filence au pied des Autels vos
bontezRoyales. C'est là que depuis
plus d'un mois nous demandons
à Dieu avec instance,
par des Sacrifices &des Prieres
particulieres la prompte guerifon
de V. M. & c'est là que deformais
nous rendrons à ce mefme
Dieu de trés-humbles actions.
des Amb. de Siam. 219
de graces pour la parfaiteſanté
où nous avons l'honneur & le
plaisir de la voir. Sa Majeſté
repliqua d'un air plein de
douceur & de bonté , Vous
me ferez plaisir de prier pour
moy; & aprés qu'Elle eut regardé
fon Portrait , qu'Elle
trouva bien , on luy fit une
profonde reverence , & on fe
retira .
Etrangeres eſtant bien
aiſes de faire connoiſtre à
tout le monde , pour l'honneur
de la Nation Siamoife,
de quoy font capables les
eſprits de Siam dans les Sciences,
avoient conçu le deſſein
de faire foûtenir en Sorbonne
le S Antoine Pinto, né à Siam
d'un pere deBengale & d'une
des Amb. de Siam 215
mere du pays . Leurs amis
auffi bien que les Ambaffadeurs,
approuverent ce deffein
, & on leur confeilla de
faire demander au Roy la
permiſſion de luy dédier la
Theſe de cet Etranger. Mr
l'Archeveſque de Paris eut la
bonté d'accorder en cela fa
mediation au Superieur du
Seminaire ,& fe chargea volontiers
de faire agréer la
choſe . Ce Prélat donna rendez-
vous à Verſailles à M.
l'Abbé de Lionne , àM l'Abbé
Roze qui devoit faire fon
Aulique , à M. de Brifacier,
r
216 IV.P. du Voyage
&au ſieur Pinto, le Vendre
dy 27. de Decembre , pour
preſenter la Theſe à Sa Majeſté.
Elle marqua l'heure aprés
fon dîner, & dés qu'Elle
fortit de table, M de Brifacier
luy dit en montrant le
S Pinto qui tenoit à la main
une Theſe de ſatin, avec une
dentelle d'or & d'argent autour
, SIRE , c'est un Ecclefiaftique
Siamois , qui élevé
inftruit depuis l'âge de neuf ans
par vos Sujets dans vostre College
de Mapran, par reconnoiffance
pour ſa Nation, que vous comblez
icy de graces &d'honneurs,
نب
des Amb. de Siam. 217
pour nos Miſſions que vous
continiezdefoûtenir par vostre
protection &par vos bienfaits,
ofe vous preſenterſa These avec
la permiſſion que VostreMajesté
a bien voulu nous en donner.
Le Roy interrompit en cet
endroit , & dit , Ie la reçois
trés-volontiers. M. deBrifacier
reprit , Il n'est rien, SIRE, que
nous n'eufſſions voulu faire en
cette occafion , pour marquer
mieux à Vostre Majesté nos profonds
respects ; mais nous avons
Sçû que V. M. jugeoit à propos
que des Miſſionnaires ſe distinguaffent
pluſtoft par l'humilité
T
218 IV. P. du Voyage
&par la modestie , que par la
dépense &par l'éclat. Le Roy
prit encore icy la parole pour
dire fort obligeamment, le
ſerois fâché que vous euffiezfait
ddaavvaannttaaggee. Mª de Brifacier
pourfuivit , Nous nous refervons
, SIRE , à reconnoiſtre en
filence au pied des Autels vos
bontezRoyales. C'est là que depuis
plus d'un mois nous demandons
à Dieu avec instance,
par des Sacrifices &des Prieres
particulieres la prompte guerifon
de V. M. & c'est là que deformais
nous rendrons à ce mefme
Dieu de trés-humbles actions.
des Amb. de Siam. 219
de graces pour la parfaiteſanté
où nous avons l'honneur & le
plaisir de la voir. Sa Majeſté
repliqua d'un air plein de
douceur & de bonté , Vous
me ferez plaisir de prier pour
moy; & aprés qu'Elle eut regardé
fon Portrait , qu'Elle
trouva bien , on luy fit une
profonde reverence , & on fe
retira .
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Résumé : Ce qui s'est passé lorsqu'Antonio Pinto, né à Siam, presenta au Roy la These qu'il a dediée à sa Majesté, & qu'il a soutenue en Sorbonne. [titre d'après la table]
Le Séminaire des Missions Étrangères a initié un projet visant à valoriser les compétences scientifiques des Siamois en soutenant la thèse d'Antoine Pinto à la Sorbonne. Pinto, né d'un père bengali et d'une mère siamoise, a reçu l'approbation des ambassadeurs de Siam et de leurs alliés pour ce projet. Ces derniers ont sollicité la permission du roi de lui dédier la thèse. L'archevêque de Paris a facilité cette demande et a organisé une rencontre à Versailles le 27 décembre. Lors de cette rencontre, M. de Brifacier a présenté Pinto au roi, mettant en avant son éducation en France et la reconnaissance de la nation siamoise. Le roi a accepté la thèse et a exprimé son souhait que les missionnaires se distinguent par l'humilité. Les ambassadeurs ont remercié le roi et ont prié pour sa santé, à quoi le roi a répondu favorablement avant que la délégation ne se retire.
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426
p. 219-227
Ce qui se passa le jour même en Sorbonne à l'égard des Ambassadeurs, tout ce qu'ils y ont vû, & ce qu'ils ont dit. [titre d'après la table]
Début :
Le jour que cette These fut soûtenuë en Sorbonne, les [...]
Mots clefs :
Sorbonne, Siam, Religion chrétienne, Docteurs, Siamois, Religion, Reconnaissance, Église, Salle
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui se passa le jour même en Sorbonne à l'égard des Ambassadeurs, tout ce qu'ils y ont vû, & ce qu'ils ont dit. [titre d'après la table]
Le jour que cette Theſe fut
foûtenuë en Sorbonne , les
Ambaſſadeurs y allerent, tant
par cette raifon que pour voir
un lieu ſi renommé par toute
la terre. Ils y arriverent fur
Tij
220 IV. P. du Voyage
les deux heures aprés midy,
&furent receus en deſcendant
de Carroſſe par des anciens
Docteurs de la maifon
qui lesconduiſirent dans une
chambre contiguë à la Sale
où le Siamois devoit foûtenir.
Le plus ancien des Docteurs
leur fit compliment , & leur
marqua que la Sorbonne fe
croyoit obligée de remercier le
Roy de Siam en leurs perſonnes,
de la protection qu'il a la bonté
de donner en ſon Royaume à
quelques Docteurs du College de
Sorbonne ,& à quelques Miffionnaires
qui estoientpartis d'Eu
des Amb. de Siam, 221
rope pour aller aux Indes , à
deffein d'y annoncer la Religion
Chrétienne. Il ajoûta qu'il prioit
leurs Excellences , d'avoir la bontéde
témoigner au Roy de Siam
la reconnoiſſance qu'auroit toujours
la Sorbonne de la bien-veillance
, qu'iltémoignoit à ces Do-
Eteurs Miſſionnaires. L'Ambaffadeur
répondit , que leRoy
leur Maître continuëroit de permettre
à chacun le libre Exercice
de la Religion qu'il profeffoit
& principalement de la
Religion Chrétienne ; qu'il permettroitqu'elle
fût annoncée àfes
Sujets ,&qu'ils enfiffent même
Tij
222 IV. P. du Voyage
profeffion ; qu'il eſtimoit particu
lierement les Miſſionnaires , &
les appuyoit de ſon authorité
Royale dans leurs fonctions Apoftoliques,
&qu'ils ne manque
roient pas à leur retour de luy témoigner
la reconnoiſſance, que la
Sorbonne en avoit , & les remerciemens
qu'elle luy en fai
foit. On les conduiſit enfuire
à l'Eglife. Ils en examinerent
l'Architecture qu'ils trouverent
belle , & les Autels magnifiques
. Ils admirerent en
fortant le veſtibule qui regarde
fur la court , & la belle
fimetrie de tout le bâtiment.
des Amb. de Siam. 22.3
Apres cela on les fit monter
à la Bibliotheque ; ils furent
d'abord furprisàla veuë d'un
fi grand vaiſſeau , & fi élevé ,
& remply juſques au haut
d'une fi grande quantité de
Livres , imprimez ou manufcrits
. Me le Bibliothequaire
fit voir à l'Ambaſſadeur un
Tite-live manufcrit , remply
de tres -belles mignatures, qui
reprefentent les Sieges & les
Combats des Romains. L'Ambaffideur
le feuillera , & le
onfidera avec plaisir ,&pen
dant ce remps , le Bibliothequaire
prefenta aux deux au
Tiny
224 IV.P.duVoyage
dit , un Altres
, & particulierement au
ſecond Ambaffadeur qui a
beaucoup voyagé , ainſi que
je vous l'ay déja dit
coran bien écrit en Arabe fur
du papier de la Chine. Ils s'arrêterent
beaucoup à quelques
Livres Modernes qui reprefentoient
les Triomphes de
Sa Majefté. L'Ambaſſadeur
conſidera auſſi quelquesGlobes
; il marqua du doigt fur
celuyde la terre le chemin de
Siam,& nomma les Illes qui
en ſont les plus proches. IP
parcourut enfuire le Globe
Celeſte, noma pluſieurs Etoi
des Amb. de Siam. 225
les en fa langue , & fit paroître
qu'il les connoiffoit , &
leur ſituation. Apres avoir
parcouru la Bibliotheque , ils
defcendirent dans la Sale où
ſe devoit faire l' Acte , & avant
que de s'affcoir , ils ſaluerent
le Portrait du Roy qui estoit
poſé fous un dais ; ils ſaluerent
enfuite le Prefident , &
laCompagnie ,&ne fortirent
qu'à la fin de l'Acte du Siamois
qui fut loïé par le Prefident
de l'Acte , & fort exhorté
à continuer ſes études..
Ce Preſident infera dans fon
diſcours les Loüanges desAm
226 IV . P. du Voyage
baffadeurs qui eſtant ſurpris
du bruit que firent les applau
diſſemens que le Siamois receur
, demanderent fi l'on
n'étoit pas content. On leur
expliqua ce que c'eſtoit que
Ies bâtemens de mains qu'ils
entendoient , & ils furent ravis
de voir qu'un Homme de
leur Nation euſt paru dans
une fi belle Aſſemblée , &
dans un Corps auſſi ſçavane
que celuy de Sorbonne. Ils
furent reconduits par quelques
Docteurs juſqu'à leur
Carroffe , & ils les remercierent
de leur bonne reception,
des Amb. de Siam. 227
& de l'honneur qu'on leur
avoit fair.
foûtenuë en Sorbonne , les
Ambaſſadeurs y allerent, tant
par cette raifon que pour voir
un lieu ſi renommé par toute
la terre. Ils y arriverent fur
Tij
220 IV. P. du Voyage
les deux heures aprés midy,
&furent receus en deſcendant
de Carroſſe par des anciens
Docteurs de la maifon
qui lesconduiſirent dans une
chambre contiguë à la Sale
où le Siamois devoit foûtenir.
Le plus ancien des Docteurs
leur fit compliment , & leur
marqua que la Sorbonne fe
croyoit obligée de remercier le
Roy de Siam en leurs perſonnes,
de la protection qu'il a la bonté
de donner en ſon Royaume à
quelques Docteurs du College de
Sorbonne ,& à quelques Miffionnaires
qui estoientpartis d'Eu
des Amb. de Siam, 221
rope pour aller aux Indes , à
deffein d'y annoncer la Religion
Chrétienne. Il ajoûta qu'il prioit
leurs Excellences , d'avoir la bontéde
témoigner au Roy de Siam
la reconnoiſſance qu'auroit toujours
la Sorbonne de la bien-veillance
, qu'iltémoignoit à ces Do-
Eteurs Miſſionnaires. L'Ambaffadeur
répondit , que leRoy
leur Maître continuëroit de permettre
à chacun le libre Exercice
de la Religion qu'il profeffoit
& principalement de la
Religion Chrétienne ; qu'il permettroitqu'elle
fût annoncée àfes
Sujets ,&qu'ils enfiffent même
Tij
222 IV. P. du Voyage
profeffion ; qu'il eſtimoit particu
lierement les Miſſionnaires , &
les appuyoit de ſon authorité
Royale dans leurs fonctions Apoftoliques,
&qu'ils ne manque
roient pas à leur retour de luy témoigner
la reconnoiſſance, que la
Sorbonne en avoit , & les remerciemens
qu'elle luy en fai
foit. On les conduiſit enfuire
à l'Eglife. Ils en examinerent
l'Architecture qu'ils trouverent
belle , & les Autels magnifiques
. Ils admirerent en
fortant le veſtibule qui regarde
fur la court , & la belle
fimetrie de tout le bâtiment.
des Amb. de Siam. 22.3
Apres cela on les fit monter
à la Bibliotheque ; ils furent
d'abord furprisàla veuë d'un
fi grand vaiſſeau , & fi élevé ,
& remply juſques au haut
d'une fi grande quantité de
Livres , imprimez ou manufcrits
. Me le Bibliothequaire
fit voir à l'Ambaſſadeur un
Tite-live manufcrit , remply
de tres -belles mignatures, qui
reprefentent les Sieges & les
Combats des Romains. L'Ambaffideur
le feuillera , & le
onfidera avec plaisir ,&pen
dant ce remps , le Bibliothequaire
prefenta aux deux au
Tiny
224 IV.P.duVoyage
dit , un Altres
, & particulierement au
ſecond Ambaffadeur qui a
beaucoup voyagé , ainſi que
je vous l'ay déja dit
coran bien écrit en Arabe fur
du papier de la Chine. Ils s'arrêterent
beaucoup à quelques
Livres Modernes qui reprefentoient
les Triomphes de
Sa Majefté. L'Ambaſſadeur
conſidera auſſi quelquesGlobes
; il marqua du doigt fur
celuyde la terre le chemin de
Siam,& nomma les Illes qui
en ſont les plus proches. IP
parcourut enfuire le Globe
Celeſte, noma pluſieurs Etoi
des Amb. de Siam. 225
les en fa langue , & fit paroître
qu'il les connoiffoit , &
leur ſituation. Apres avoir
parcouru la Bibliotheque , ils
defcendirent dans la Sale où
ſe devoit faire l' Acte , & avant
que de s'affcoir , ils ſaluerent
le Portrait du Roy qui estoit
poſé fous un dais ; ils ſaluerent
enfuite le Prefident , &
laCompagnie ,&ne fortirent
qu'à la fin de l'Acte du Siamois
qui fut loïé par le Prefident
de l'Acte , & fort exhorté
à continuer ſes études..
Ce Preſident infera dans fon
diſcours les Loüanges desAm
226 IV . P. du Voyage
baffadeurs qui eſtant ſurpris
du bruit que firent les applau
diſſemens que le Siamois receur
, demanderent fi l'on
n'étoit pas content. On leur
expliqua ce que c'eſtoit que
Ies bâtemens de mains qu'ils
entendoient , & ils furent ravis
de voir qu'un Homme de
leur Nation euſt paru dans
une fi belle Aſſemblée , &
dans un Corps auſſi ſçavane
que celuy de Sorbonne. Ils
furent reconduits par quelques
Docteurs juſqu'à leur
Carroffe , & ils les remercierent
de leur bonne reception,
des Amb. de Siam. 227
& de l'honneur qu'on leur
avoit fair.
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Résumé : Ce qui se passa le jour même en Sorbonne à l'égard des Ambassadeurs, tout ce qu'ils y ont vû, & ce qu'ils ont dit. [titre d'après la table]
Le jour de la soutenance de thèse à la Sorbonne, les ambassadeurs siamois assistèrent à l'événement et découvrirent ce lieu prestigieux. Arrivés deux heures après midi, ils furent accueillis par des docteurs anciens de la Sorbonne, qui les menèrent dans une chambre adjacente à la salle de soutenance. Le doyen remercia le roi de Siam pour la protection accordée aux docteurs et missionnaires du Collège de Sorbonne aux Indes, et exprima la reconnaissance de la Sorbonne pour la bienveillance royale envers ces missionnaires. L'ambassadeur répondit que le roi de Siam continuerait de permettre le libre exercice de toutes les religions, y compris la religion chrétienne, et soutiendrait les missionnaires. Les ambassadeurs visitèrent ensuite l'église et la bibliothèque, admirant l'architecture, les livres, et divers ouvrages, dont un manuscrit de Tite-Live et des livres modernes représentant les triomphes du roi de France. Ils examinèrent également des globes terrestres et célestes, et l'ambassadeur montra ses connaissances en astronomie. Après la visite, ils assistèrent à la soutenance, saluèrent le portrait du roi, le président et la compagnie, puis quittèrent la salle. Le président loua leur intérêt et admiration. Les docteurs reconduisirent les ambassadeurs à leur carrosse, qui les remercièrent pour l'accueil et l'honneur reçu.
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427
p. 227-231
Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Début :
Ils avoient esté quelques jours au paravant au College de [...]
Mots clefs :
Haranguer, Langues, Collège de Louis le Grand, Marquis, Chevalier, Comte
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texteReconnaissance textuelle : Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Ils avoient eſté quelques
jours au paravant au College
de Loüis le Grand , où ils furent
receus par tour ce qu'il
y avoit dans ce College d'enfans
de la premiere qualité de
ce Royaume,&desPaïs étrangers
, qui les complimente
rent en 24. Langues differentes
. Voicy les noms de cette
jeune Nobleffe, & les Langues
dont elle s'eſt ſervie pour ces
divers compliments.
Monfieur le Comte de Sophia
en Polonois.
228 IV.P.duVoyage
M le Chevalier de Boüil
Ion en Arabe.
Le Seigneur Foſcarini en
Italien.
M le Comte de Luna en
Espagnol.
M l'Abbé de Coet-logon
en Latin.
M le Chevalier de ColbertCroiſſy
en Stamois.
M. de Bontemps en Montaneft
de Canada.
Mr le Prince de Montmorency
en Flamand.
Me le Marquis deBordage
en Egyptien.
M l'Abbé Colbert de
2
des Amb. de Siam. 219
Maulevrier en Chinois.
M le Comte de Bouillon
en Grec vulgaire.
M de Gluë en Hollandois.
Lord Hovvar en Anglois.
M le Marquis de S. Vallier
en Algonquin.
M. Galion en Portugais.
Γ
M Ceberet en Galibi.
M le Chevalier de Roye
en Danois.
Mele Prince Emanuel de
Lorraine en Hebreu.
M le Chevalier de Ville
roy en François.
M le Marquis de la Force
enAlbanois.
230 IV. P. duVoyage
Me le Marquis de Cau
mont en Allemand.
Me l'Abbé de Villeroy en
Siriaque.
Male Marquis de Boeſſe
en Bas-Breton .
M de Caſtelnau en Turca
Ils répondirent à tous ces
Compliments d'une maniere
fort fpirituelle , & fort obligeante
, & tout- à-fait avanrageuſe
à la Nation de ceux
qui les haranguoient. On les
conduifit dans une Galerie
qui donne fur la Court pour
leur faire voir les Ecoliers du
College qu'on fit fortir de
desAmb. de Siam. 238
toutes les Claſſes. Ils furent
furpris d'en voir le nombre
monter à plus de trois mille
qui rempliſſoient toute la
court ,& ils prirent beaucoup
de plaifir aux applaudiffements
qu'ils leur donnerent
felon leur coûtume en ces
fortes d'occaſions , qui eſt de
louhaitter tous enſemble , &
àpleine voix une longue vie,
à tous ceux qui leur font donner
quelque congé extraordinaire
, où dont ils l'efperent.
jours au paravant au College
de Loüis le Grand , où ils furent
receus par tour ce qu'il
y avoit dans ce College d'enfans
de la premiere qualité de
ce Royaume,&desPaïs étrangers
, qui les complimente
rent en 24. Langues differentes
. Voicy les noms de cette
jeune Nobleffe, & les Langues
dont elle s'eſt ſervie pour ces
divers compliments.
Monfieur le Comte de Sophia
en Polonois.
228 IV.P.duVoyage
M le Chevalier de Boüil
Ion en Arabe.
Le Seigneur Foſcarini en
Italien.
M le Comte de Luna en
Espagnol.
M l'Abbé de Coet-logon
en Latin.
M le Chevalier de ColbertCroiſſy
en Stamois.
M. de Bontemps en Montaneft
de Canada.
Mr le Prince de Montmorency
en Flamand.
Me le Marquis deBordage
en Egyptien.
M l'Abbé Colbert de
2
des Amb. de Siam. 219
Maulevrier en Chinois.
M le Comte de Bouillon
en Grec vulgaire.
M de Gluë en Hollandois.
Lord Hovvar en Anglois.
M le Marquis de S. Vallier
en Algonquin.
M. Galion en Portugais.
Γ
M Ceberet en Galibi.
M le Chevalier de Roye
en Danois.
Mele Prince Emanuel de
Lorraine en Hebreu.
M le Chevalier de Ville
roy en François.
M le Marquis de la Force
enAlbanois.
230 IV. P. duVoyage
Me le Marquis de Cau
mont en Allemand.
Me l'Abbé de Villeroy en
Siriaque.
Male Marquis de Boeſſe
en Bas-Breton .
M de Caſtelnau en Turca
Ils répondirent à tous ces
Compliments d'une maniere
fort fpirituelle , & fort obligeante
, & tout- à-fait avanrageuſe
à la Nation de ceux
qui les haranguoient. On les
conduifit dans une Galerie
qui donne fur la Court pour
leur faire voir les Ecoliers du
College qu'on fit fortir de
desAmb. de Siam. 238
toutes les Claſſes. Ils furent
furpris d'en voir le nombre
monter à plus de trois mille
qui rempliſſoient toute la
court ,& ils prirent beaucoup
de plaifir aux applaudiffements
qu'ils leur donnerent
felon leur coûtume en ces
fortes d'occaſions , qui eſt de
louhaitter tous enſemble , &
àpleine voix une longue vie,
à tous ceux qui leur font donner
quelque congé extraordinaire
, où dont ils l'efperent.
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Résumé : Ils sont haranguez en 24 Langues au College de Louis le Grand ; noms de ceux qui les ont haranguez, & des 24 Langues. [titre d'après la table]
Un groupe de jeunes nobles visita le Collège de Louis le Grand. Quelques jours auparavant, ils avaient été accueillis par les élèves du collège, issus des plus hautes familles du royaume et de pays étrangers. Ces élèves les complimentèrent dans 24 langues différentes. Parmi les nobles, le Comte de Sophia reçut des compliments en polonais, le Chevalier de Bouillon en arabe, le Seigneur Foscarini en italien, et ainsi de suite pour chaque noble dans une langue spécifique. Les visiteurs répondirent de manière spirituelle et obligeante. Ils furent ensuite conduits dans une galerie pour voir les écoliers du collège, au nombre de plus de trois mille, répartis dans toutes les classes. Les visiteurs furent surpris par ce nombre et prirent plaisir aux applaudissements des écoliers, qui leur souhaitèrent une longue vie selon leur coutume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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428
p. 231-235
Ils vont à l'Hôtel de Guise, où ils sont regalez d'un fort beau concert. [titre d'après la table]
Début :
Ces Ambassadeurs allerent le même jour à l'Hôtel de [...]
Mots clefs :
Hôtel de Guise, Concert, Mademoiselle de Guise, Ambassadeurs, Naissance, Meubles, Princesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à l'Hôtel de Guise, où ils sont regalez d'un fort beau concert. [titre d'après la table]
Ces Ambaſſadeurs allerent
le même jour à l'Hôtel de
232 IV. P. duVoyage
Guiſe , on voulut d'abord
leur faire entendre un fort
beau Concert. Ils demanderent
fi Mademoiſelle de Guiſe
eſtoit dans l'Hôtel , &comme
on leur eût répondu que
oiy , ils répondirent qu'ils
n'entendroient & ne verroient
rien , qu'ils n'euſſent eu l'hon
neur de la faluer , ils furent
conduits dans l'Appartement
de cette Princefle , à laquelle
ils marquerent dans le complimentqu'ils
luy firent qu'ils
auroient crû commettre une grande
faute , s'ils estoient entrez
dans cet Hôtel,fans luyrendre
desAmb. deSiam. 233
ce qu'ils devoient à une perſonne
de sa naiſſance. Ils vifiterent
tous les Appartements fans
eftre incommodés par la foule
qui fe trouva ce jour-là à l'Hôtel
de Guiſe , tant les ordres
qu'on avoit donnez pour cela,
furent bien executez. Ils
admirerent la magnificence
des meubles , & la beauté de
l'Hôtel , & dirent qu'il eſtoit
digne de la grande Princeße qui
l'habitoit. Quoy que cet Hôtel
fut déja vaſte &beau,Mademoifelle
de Guiſe qui eft
toute magnifique , y a fait
beaucoup travailler , & l'on
V
L
\
234 IV. P. du Voyage
fçait que de tout temps , on a
parlé de la ſumptuoſité des
meubles de la Maiſon de
Guife , & de fes richesTapif
feries . Les Ambaſſadeurs , apres
avoir vû toutes ces chofes
, furent conduits dans le
lieu où ſe devoitfaire le Con
cert. Il n'eſtoit compofé que
de la Muſique de cette Princeffe
, qui foûtienten tout la
gradeur de fa naiſſance,& qui
la marque par des chofes que
beaucoup de Souverains ne
font pas. Les Ambaffadeurs
témoignerent pluſieurs fois à
Mademoiselle de Guiſe pens
des Amb de Siam. 235
dant le Concert , le plaifir
qu'ils y prenoient , & fortirent
charmez des honneſtetés
de cette Princeffe , & de
tout ce qu'ils avoient vû &
entendu.
le même jour à l'Hôtel de
232 IV. P. duVoyage
Guiſe , on voulut d'abord
leur faire entendre un fort
beau Concert. Ils demanderent
fi Mademoiſelle de Guiſe
eſtoit dans l'Hôtel , &comme
on leur eût répondu que
oiy , ils répondirent qu'ils
n'entendroient & ne verroient
rien , qu'ils n'euſſent eu l'hon
neur de la faluer , ils furent
conduits dans l'Appartement
de cette Princefle , à laquelle
ils marquerent dans le complimentqu'ils
luy firent qu'ils
auroient crû commettre une grande
faute , s'ils estoient entrez
dans cet Hôtel,fans luyrendre
desAmb. deSiam. 233
ce qu'ils devoient à une perſonne
de sa naiſſance. Ils vifiterent
tous les Appartements fans
eftre incommodés par la foule
qui fe trouva ce jour-là à l'Hôtel
de Guiſe , tant les ordres
qu'on avoit donnez pour cela,
furent bien executez. Ils
admirerent la magnificence
des meubles , & la beauté de
l'Hôtel , & dirent qu'il eſtoit
digne de la grande Princeße qui
l'habitoit. Quoy que cet Hôtel
fut déja vaſte &beau,Mademoifelle
de Guiſe qui eft
toute magnifique , y a fait
beaucoup travailler , & l'on
V
L
\
234 IV. P. du Voyage
fçait que de tout temps , on a
parlé de la ſumptuoſité des
meubles de la Maiſon de
Guife , & de fes richesTapif
feries . Les Ambaſſadeurs , apres
avoir vû toutes ces chofes
, furent conduits dans le
lieu où ſe devoitfaire le Con
cert. Il n'eſtoit compofé que
de la Muſique de cette Princeffe
, qui foûtienten tout la
gradeur de fa naiſſance,& qui
la marque par des chofes que
beaucoup de Souverains ne
font pas. Les Ambaffadeurs
témoignerent pluſieurs fois à
Mademoiselle de Guiſe pens
des Amb de Siam. 235
dant le Concert , le plaifir
qu'ils y prenoient , & fortirent
charmez des honneſtetés
de cette Princeffe , & de
tout ce qu'ils avoient vû &
entendu.
Fermer
Résumé : Ils vont à l'Hôtel de Guise, où ils sont regalez d'un fort beau concert. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam visitèrent l'Hôtel de Guise, où ils demandèrent à rencontrer Mademoiselle de Guise avant d'assister à un concert. Ils exprimèrent leur respect et admiration pour sa naissance. Ils visitèrent ensuite les appartements sans être gênés par la foule, grâce à des ordres bien exécutés. Ils admirèrent la magnificence des meubles et la beauté de l'hôtel, le jugeant digne de la princesse. Mademoiselle de Guise, connue pour sa magnificence, avait entrepris des travaux pour embellir l'hôtel déjà vaste et beau. Les ambassadeurs assistèrent à un concert composé de la musique de la princesse, qu'ils apprécièrent grandement. Ils témoignèrent à plusieurs reprises leur plaisir et sortirent charmés par les honnêtetés de la princesse et par tout ce qu'ils avaient vu et entendu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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429
p. 235-249
Ils vont faire compliment à Monsieur le Prince, sur la mort de feu Monsieur le Prince. Détail de toute la conversation qu'ils ont eue avec son Altesse Serenissime. [titre d'après la table]
Début :
Ces Ambassadeurs s'estant fait faire des habits noirs pour [...]
Mots clefs :
Monsieur le Prince, Louis II de Bourbon-Condé, Henri-Jules de Bourbon-Condé, Roi de Siam, Mort, Deuil, Visite, Rois, Témoigner, Vérité, Père, Entretenir, Joie, Tristesse, Perte, France, Chantilly, Mauvais chemins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont faire compliment à Monsieur le Prince, sur la mort de feu Monsieur le Prince. Détail de toute la conversation qu'ils ont eue avec son Altesse Serenissime. [titre d'après la table]
Ces Ambaſſadeurs s'eſtant
fait faire des habits noirs
pour ſe mettre en deüil , à
cauſe de la mort de Monfieur
le Prince , quoyque l'ufage
de leur Païs ne foit pas
de porter de ces fortes d'habirs,
crûrent devoir aller faire
leurs complimens de condoleance
à Monfieur le Duc,
à preſent Monfieur le Prince.
Vij
236 IV. P. du Voyage
fonAlteffe Sereniffime leur
donna ladroite .On leur avoit
préparé trois fauteüils, où ils
s'affirent. Ils dirent , qu'ils
avoient toujours conçu, que toutes
les foisqu'ils pourroient avoir
Phonneur de voir ce Prince, ce
feroitpour eux un tres-grandfujet
de joye , & que cependant
ta viſite qu'ils luy rendoient
toit une viſite de tristeſſe , puisqu'ils
venoient particulierement
pourluy témoigner la part qu'ils
avoient prife à la perte qu'il
avoitfaite. Monfieur le Prince
répondit , qu'il leur estoit exef
trêmement obligé de lapart qu'ils
desAmb. de Siam. 237
prenoient à fon affliction ; que
quoyque feu Monsieur le Prince
SonPere ne les eust pas vûs, cependant
il les estimoit beaucoup
par tout ce qu'on luy avoit rapporté
qu'ils avoient dit ,
qu'ils avoient fait depuis qu'ils
eſtoient arrivez en France ,qu'il
fçavoitqu'il ſouhaitoit de les recevoir
à Chantilly , & de leur
témoigner par la maniere dont
il les auroit traitez, la confideration
qu'il avoit pour eux, &
fon estime pour le Roy, leur
Maistre. Les Ambaſſadeurs
répondirent , qu'ils pouvoient
L'affeurer de la douleur qu'au
238 IV. P. du Voyage
roit le Roy de Siam , quand
il sçauroit la mort de Monfieur
le Prince ; que c'estoit , non
Seulement une perte pour la
France , mais aussi pour tous les
Rois , amis de la France ,
même pour le monde entier, qui
perdoit un deses plus grands ornemens
; qu'ils n'estoient pas
feulement certains de la douleur
qu'auroit le Roy de Siam , à
cauſe de l'amitiéqu'il avoit pour
le Roy,&pour toute la Famille
Roiale; mais qu'ils appuyoient
eette certitude , fur ce qu'il y a
déja quelques années, qu'un faux
bruit s'estant répandu jusqu'à
des Amb, de Siam. 239
Siam , de la mort de Monfieur
le Prince , ils avoient vû que
le Roy de Siam y avoit effé extrémement
ſenſible ,& que ne
s'eſtant pas trouvé en ce tempslà
dans l'occaſion d'envoyer une
Ambaſſade en France , il avoit
ordonné àfon premier Miniftre
d'écrire aux Ministres du Roy,
pour témoigner à Sa Majesté
combien il avoit esté touché de
la perte que Sa Majesté &toute
la France avoit faite à la
mort d'un ſi grand Prince ; Que
lors que Mr le Chevalier de
Chaument estoit arrivé à Siam,
le Roy leur Maître avoit recen
240 IV. P. diu Voyage
beaucoup de jove d'apprendre que
cette nouvelle estoit fauffe. II
ajoûta , qu'ils s'est moient malheureux
d'eſtre obligez de porter
avec trop de verité une fi triste
nouvelle à Siam. Monfieur le
Prince répondit , qu'il estoit
trés -fenſible à l'honneur que le
Roy de Siam luy faisoit, en prenant
tant depart à ce qui regar
doit feu Monfieur fon Pere ; que
Monsieur le Prince avoit toute
forte d'estime pour le Roy de
Siam, & qu'il se feroit fait un
plaifir trés-particulier de les entretenir
à fond, & en détail des
grandes qualitez de ce Monar
ques
des Amb. de Siam. 241
que ; que l'idée qu'il en avoit
luy avoit fait souhaiter d'apprendre
de plus en plus ce qui le
regardoit , & qu'il avoit eſté
prevenu par la mort. LesAmbaſſadeurs
repliquerent , que
cette mort fi precipitée leur avoit
d'autant plus causé de tristeſſe,
que divers accidens imprevûs
avoient rompu pluſieurs fois les
meſures qu'ils avoient piſes pour
luy rendre leurs devoirs : Que
le jour même qu'ils devoient ar
river à Chantilly , ils avoient
appris que Monfieur le Prince en
estoit party pourse rendre àFon
cainebleau, à cause de la mala
242 IV P du Voyage
die de Madame la Ducheffe de
Bourbon ; Que voulant aller à
Fontainebleau, on leur avoit dit
qu'ilferoit plus agreable àMonfieur
le Prince qu'ils attendiffent
àfon retour ; &qu'enfin la mort
de ce grand Prince arrivée les
mettoit pour jamais hors d'estat
d'avoir cet honneur. Monfieur
le Prince, aprés leur avoir dit
que Monfieur ſon Pere auroit
eu auſſi beaucoup de
joye de les voir, leur demanda
comment ils eſtoient contens
du Voyage qu'ils ve
noient de faire. Il ajoûta
qu'il craignoit que les mau-
1
des Amb de Siam. 243
vais temps , les mauvais chemins
& le froid même , ne
leur cuffent causé beaucoup
d'incommodité , & que cela
n'euſt empéché qu'ils n'eufſent
eu la fatisfaction qu'ils
pouvoient attendre , de ce
qu'on leur avoit fait voir. Ils
répondirent , qu'il y avoit eu
àla verité quelques mauvais
chemins ; mais que pour lefroid
il avoit esté fort moderé; cequ'ils
attribuoient au grand me.
rite du Roy , er à la puiſſance
de la bonté particuliere dont fon
Alteſſe les honoroit ; que d'ail
Leurs , les grandes & belles
Xij
244 IV. P. du Voyage
chofes qu'ils avoient vûes enfi
grand nombre , ne leur avoient
presque laiſſé le temps de penfer
qu'à ce qu'ils voyoient ,
qu'enfin les bons ordres que
le Roy avoitfait donner le
Join qu'on avoit pris d'eux ,leur
avoient rendu ce Voyage trésagreable
& nullement incommode.
Monfieur le Prince leur
demanda ce qui leur avoit plû
davantage Ils répondirent ,
qu'ils avoient admiré le prodigieux
nombre de Places & de
ddee FFoorrttiiffiiccaattiioonnss,, &le bon or
dre qu'on y obfervoit , & qu'entre
lis VillesDunkerque &Lif-
L
desAmb. de Siam 245
les avoient frapez davantage .
Monfieur le Prince leur demanda
encore, ſi c'eſtoit de
cette maniere qu'on fortifioit
Ies Places de Siam. Ils dirent
qu'il y avoit quelque chose de
Semblable, &qu'ily avoit auf-
Si quelque chose de different ;
qu'ily avoit plusieurs endroits
que les Rivieres & les grandes
Eaux fortifioientbeaucoup par
elles mesmes, & d'autres , comme
Banco , Porcelouc , & quelques
autres Villes qui estoient
affezfortifiéesſelon les manieres
d'Europe , quoyqu'il n'y euft
pas un fi grand nombre de For-
X jij
246 IV. P. du Voyage
tifications, mais qu'en ces matie
res, on do't avoir beaucoup d'égard
à la maniere dont lesEnnemis
peuvent attaquer ,
que c'eſt ſur cela qu'on employe
icy beaucoup de Fortifications
qui ne paroiffent pas si necef
faires à Siam. Monfieur le
Prince leur dit, que paſſant
àlaVille de Condé, ils avoient
donné un mot qui marquoit l'eftime
qu'ilsfaisoientdeMonfieur
Son Pere, &que luy ayantluy
mefme rapporté ce mot, il l'avoit
eu pour fort agreable. Ce
Prince ajoûta , qu'ayant connu
leurmerite qui feroitſouhai-
:
desAmb. de Siam. 247
ter de les voir ſouvent ,
d'entretenir commerce avec eux,
ily avoit lieu de s'affliger de
ce que la distance des lieux ne
laiſſoitpas mesme l'efperance de
les pouvoir revoir. Ils répartirent
, qu'à la verité l'éloignement
estoit grand , mais que
l'amitié qui estoit entre les deux
Rois , prenant de jour en jour
de nouveaux accroiffemens , il
n'estoit pas à desesperer que le
Roy leurMaître ne les honor
encore quelque jour de ses commandemens
de fes ordres.
Monfieur le Prince leur dit
encore , qu'il auroit bien fou
X iiij
248 IV.P. du Voyage
haité de leur marquer la confi
deration qu'il avoit pour eux ,
en leur rendant quelqueſervice,
à quoy l'Ambaſſadeur répondit,
que la bonté qu'il leur
avoit témoignée, auroit fait que
s'ils en cuffent eu beſoin, ils auroient
pris la liberté de recourir
àluy ; mais que le Roy avoit
prévenu tous leurs defirs ; qu'ils
ne laiſſoient pas d'avoir pour
luy toute la reconnoiſſance poffible,
& qu'ils le prioient de
contribuer toûjours dans lafuite,
àà entretenir l'union entre les
deux Rois, & de leur conferver
fa bienveillance. Aprés cela,
or
desAmb. de Siam. 249
ils ſe leverent , & Monfieur
le Prince les accompagna
juſqu'à l'entrée de fon appartement.
Ils alterent de là
rendre viſite à Madame la
Princeſſe , à laquelle ils témoignerent
leur douleur fur
la mort de Monfieur le
Prince.
fait faire des habits noirs
pour ſe mettre en deüil , à
cauſe de la mort de Monfieur
le Prince , quoyque l'ufage
de leur Païs ne foit pas
de porter de ces fortes d'habirs,
crûrent devoir aller faire
leurs complimens de condoleance
à Monfieur le Duc,
à preſent Monfieur le Prince.
Vij
236 IV. P. du Voyage
fonAlteffe Sereniffime leur
donna ladroite .On leur avoit
préparé trois fauteüils, où ils
s'affirent. Ils dirent , qu'ils
avoient toujours conçu, que toutes
les foisqu'ils pourroient avoir
Phonneur de voir ce Prince, ce
feroitpour eux un tres-grandfujet
de joye , & que cependant
ta viſite qu'ils luy rendoient
toit une viſite de tristeſſe , puisqu'ils
venoient particulierement
pourluy témoigner la part qu'ils
avoient prife à la perte qu'il
avoitfaite. Monfieur le Prince
répondit , qu'il leur estoit exef
trêmement obligé de lapart qu'ils
desAmb. de Siam. 237
prenoient à fon affliction ; que
quoyque feu Monsieur le Prince
SonPere ne les eust pas vûs, cependant
il les estimoit beaucoup
par tout ce qu'on luy avoit rapporté
qu'ils avoient dit ,
qu'ils avoient fait depuis qu'ils
eſtoient arrivez en France ,qu'il
fçavoitqu'il ſouhaitoit de les recevoir
à Chantilly , & de leur
témoigner par la maniere dont
il les auroit traitez, la confideration
qu'il avoit pour eux, &
fon estime pour le Roy, leur
Maistre. Les Ambaſſadeurs
répondirent , qu'ils pouvoient
L'affeurer de la douleur qu'au
238 IV. P. du Voyage
roit le Roy de Siam , quand
il sçauroit la mort de Monfieur
le Prince ; que c'estoit , non
Seulement une perte pour la
France , mais aussi pour tous les
Rois , amis de la France ,
même pour le monde entier, qui
perdoit un deses plus grands ornemens
; qu'ils n'estoient pas
feulement certains de la douleur
qu'auroit le Roy de Siam , à
cauſe de l'amitiéqu'il avoit pour
le Roy,&pour toute la Famille
Roiale; mais qu'ils appuyoient
eette certitude , fur ce qu'il y a
déja quelques années, qu'un faux
bruit s'estant répandu jusqu'à
des Amb, de Siam. 239
Siam , de la mort de Monfieur
le Prince , ils avoient vû que
le Roy de Siam y avoit effé extrémement
ſenſible ,& que ne
s'eſtant pas trouvé en ce tempslà
dans l'occaſion d'envoyer une
Ambaſſade en France , il avoit
ordonné àfon premier Miniftre
d'écrire aux Ministres du Roy,
pour témoigner à Sa Majesté
combien il avoit esté touché de
la perte que Sa Majesté &toute
la France avoit faite à la
mort d'un ſi grand Prince ; Que
lors que Mr le Chevalier de
Chaument estoit arrivé à Siam,
le Roy leur Maître avoit recen
240 IV. P. diu Voyage
beaucoup de jove d'apprendre que
cette nouvelle estoit fauffe. II
ajoûta , qu'ils s'est moient malheureux
d'eſtre obligez de porter
avec trop de verité une fi triste
nouvelle à Siam. Monfieur le
Prince répondit , qu'il estoit
trés -fenſible à l'honneur que le
Roy de Siam luy faisoit, en prenant
tant depart à ce qui regar
doit feu Monfieur fon Pere ; que
Monsieur le Prince avoit toute
forte d'estime pour le Roy de
Siam, & qu'il se feroit fait un
plaifir trés-particulier de les entretenir
à fond, & en détail des
grandes qualitez de ce Monar
ques
des Amb. de Siam. 241
que ; que l'idée qu'il en avoit
luy avoit fait souhaiter d'apprendre
de plus en plus ce qui le
regardoit , & qu'il avoit eſté
prevenu par la mort. LesAmbaſſadeurs
repliquerent , que
cette mort fi precipitée leur avoit
d'autant plus causé de tristeſſe,
que divers accidens imprevûs
avoient rompu pluſieurs fois les
meſures qu'ils avoient piſes pour
luy rendre leurs devoirs : Que
le jour même qu'ils devoient ar
river à Chantilly , ils avoient
appris que Monfieur le Prince en
estoit party pourse rendre àFon
cainebleau, à cause de la mala
242 IV P du Voyage
die de Madame la Ducheffe de
Bourbon ; Que voulant aller à
Fontainebleau, on leur avoit dit
qu'ilferoit plus agreable àMonfieur
le Prince qu'ils attendiffent
àfon retour ; &qu'enfin la mort
de ce grand Prince arrivée les
mettoit pour jamais hors d'estat
d'avoir cet honneur. Monfieur
le Prince, aprés leur avoir dit
que Monfieur ſon Pere auroit
eu auſſi beaucoup de
joye de les voir, leur demanda
comment ils eſtoient contens
du Voyage qu'ils ve
noient de faire. Il ajoûta
qu'il craignoit que les mau-
1
des Amb de Siam. 243
vais temps , les mauvais chemins
& le froid même , ne
leur cuffent causé beaucoup
d'incommodité , & que cela
n'euſt empéché qu'ils n'eufſent
eu la fatisfaction qu'ils
pouvoient attendre , de ce
qu'on leur avoit fait voir. Ils
répondirent , qu'il y avoit eu
àla verité quelques mauvais
chemins ; mais que pour lefroid
il avoit esté fort moderé; cequ'ils
attribuoient au grand me.
rite du Roy , er à la puiſſance
de la bonté particuliere dont fon
Alteſſe les honoroit ; que d'ail
Leurs , les grandes & belles
Xij
244 IV. P. du Voyage
chofes qu'ils avoient vûes enfi
grand nombre , ne leur avoient
presque laiſſé le temps de penfer
qu'à ce qu'ils voyoient ,
qu'enfin les bons ordres que
le Roy avoitfait donner le
Join qu'on avoit pris d'eux ,leur
avoient rendu ce Voyage trésagreable
& nullement incommode.
Monfieur le Prince leur
demanda ce qui leur avoit plû
davantage Ils répondirent ,
qu'ils avoient admiré le prodigieux
nombre de Places & de
ddee FFoorrttiiffiiccaattiioonnss,, &le bon or
dre qu'on y obfervoit , & qu'entre
lis VillesDunkerque &Lif-
L
desAmb. de Siam 245
les avoient frapez davantage .
Monfieur le Prince leur demanda
encore, ſi c'eſtoit de
cette maniere qu'on fortifioit
Ies Places de Siam. Ils dirent
qu'il y avoit quelque chose de
Semblable, &qu'ily avoit auf-
Si quelque chose de different ;
qu'ily avoit plusieurs endroits
que les Rivieres & les grandes
Eaux fortifioientbeaucoup par
elles mesmes, & d'autres , comme
Banco , Porcelouc , & quelques
autres Villes qui estoient
affezfortifiéesſelon les manieres
d'Europe , quoyqu'il n'y euft
pas un fi grand nombre de For-
X jij
246 IV. P. du Voyage
tifications, mais qu'en ces matie
res, on do't avoir beaucoup d'égard
à la maniere dont lesEnnemis
peuvent attaquer ,
que c'eſt ſur cela qu'on employe
icy beaucoup de Fortifications
qui ne paroiffent pas si necef
faires à Siam. Monfieur le
Prince leur dit, que paſſant
àlaVille de Condé, ils avoient
donné un mot qui marquoit l'eftime
qu'ilsfaisoientdeMonfieur
Son Pere, &que luy ayantluy
mefme rapporté ce mot, il l'avoit
eu pour fort agreable. Ce
Prince ajoûta , qu'ayant connu
leurmerite qui feroitſouhai-
:
desAmb. de Siam. 247
ter de les voir ſouvent ,
d'entretenir commerce avec eux,
ily avoit lieu de s'affliger de
ce que la distance des lieux ne
laiſſoitpas mesme l'efperance de
les pouvoir revoir. Ils répartirent
, qu'à la verité l'éloignement
estoit grand , mais que
l'amitié qui estoit entre les deux
Rois , prenant de jour en jour
de nouveaux accroiffemens , il
n'estoit pas à desesperer que le
Roy leurMaître ne les honor
encore quelque jour de ses commandemens
de fes ordres.
Monfieur le Prince leur dit
encore , qu'il auroit bien fou
X iiij
248 IV.P. du Voyage
haité de leur marquer la confi
deration qu'il avoit pour eux ,
en leur rendant quelqueſervice,
à quoy l'Ambaſſadeur répondit,
que la bonté qu'il leur
avoit témoignée, auroit fait que
s'ils en cuffent eu beſoin, ils auroient
pris la liberté de recourir
àluy ; mais que le Roy avoit
prévenu tous leurs defirs ; qu'ils
ne laiſſoient pas d'avoir pour
luy toute la reconnoiſſance poffible,
& qu'ils le prioient de
contribuer toûjours dans lafuite,
àà entretenir l'union entre les
deux Rois, & de leur conferver
fa bienveillance. Aprés cela,
or
desAmb. de Siam. 249
ils ſe leverent , & Monfieur
le Prince les accompagna
juſqu'à l'entrée de fon appartement.
Ils alterent de là
rendre viſite à Madame la
Princeſſe , à laquelle ils témoignerent
leur douleur fur
la mort de Monfieur le
Prince.
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Résumé : Ils vont faire compliment à Monsieur le Prince, sur la mort de feu Monsieur le Prince. Détail de toute la conversation qu'ils ont eue avec son Altesse Serenissime. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, vêtus de noir en signe de deuil pour la mort de Monsieur le Prince, rendirent visite à son fils, désormais Monsieur le Prince. Ils exprimèrent leur tristesse et leur soutien, malgré les coutumes de leur pays qui ne prévoyaient pas de tels habits. Monsieur le Prince les remercia et souligna l'estime qu'il avait pour eux, bien qu'il n'ait pas connu leur père. Les ambassadeurs assurèrent que le roi de Siam serait profondément affecté par cette perte, rappelant un précédent épisode où un faux bruit de la mort du prince avait suscité une grande émotion à Siam. Ils regrettèrent de ne pas avoir pu rendre hommage au prince défunt en raison de divers imprévus. Monsieur le Prince exprima son désir de mieux connaître le roi de Siam et ses qualités. Les ambassadeurs discutèrent également des fortifications en France et à Siam, notant des similitudes et des différences. Ils admirèrent particulièrement les places fortifiées de Dunkerque et Lille. La visite se conclut par des échanges sur les relations diplomatiques et l'amitié entre les deux royaumes, avec des promesses de maintenir et renforcer cette union. Les ambassadeurs se rendirent ensuite chez Madame la Princesse pour lui témoigner leur douleur.
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430
p. 249-[2]59
Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Début :
Vous avez oüy parler du Te Deum de la composition [...]
Mots clefs :
Jean-Baptiste Lully, Te Deum, Pères, France, Cérémonie, Ambassadeur, Personnes, Prince, Musique, Couvent des Feuillants
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texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Vous avez oüy parler du
Te Deum de la compofition
de Me de Lully , qui s'eſt
chanté aux Feüillans , pour
rendre graces à Dieu du retour
de la ſanté de Sa Majefté.
Six de ces Peres ayant
efté députez pour prier les
250 IV. P. du Vovaze
Ambaſſadeurs d'aſſiſter àa
cette Ceremonie , fe rendirent
à l'Hoſtel où ils eftoient
logez ; & aprés qu'ils eurent
fait leur compliment, &marqué
le ſujet qui les amenoit,
l'Ambaſſadeur leur répondit
Qu'ils avoient de fi grands
defi justes sujets de s'informer
de laſantéduRoy, qu ils avoient
fçû que Sa Majesté ſe portoit
bien ; mais qu'ils estoient ravis
de l'apprendre par des perſonnes
ne diſoient jamais que la
verité;Qu'ils iroient avec plaifir
chez eux, afin que cettefan
té leurfustconfirméepar la voix
desAmb. de Siam. 251
des Peuples, pour avoir le plaifir
de voir ces Peres , &pour entendre
la Muſique de Mr de
Lully, dont ils avoient déja efté
charmez en d'autres occafions.
Le jour de la Ceremonie, les
Ambafladeurs furent receus
la premiere Porte des Feüil
lans par pluſieurs de ces Religieux
qui les conduifirent
dans une Sale fort propre ,
auprés d'un grand feu, où les
Peres les plus diftinguez du
Convent par leur merite &
par leur employ , les attendoient.
Aprés les premiers
complimens de part & d'au252
IV. P. du Voyage
tre , les Ambaſſfadeurs le leverent
pour voir lesTableaux
qui estoient autour de la Salle,
parmy leſquels on voyoit
ceux de Henry III. de Henry
IV. de Loüis XIII . & de Loüis
le Grand, peints de leur hauteur;
& ce fur à ces Tableaux
qu'ils s'arreſterent, auffi bien
qu'à celuy de Monfieur, qu'ils
reconnurent d'abord , quoyqu'il
fuſt peint il y a plus de
vingt ans. Comme ils s'attacherent
à regarder le Portrait
de Henty III . on leur
dit, qu'il avoit eſté Roy de Pologne
; ce qui ſurprit fort
des Amb . de Siam. 253
l'Ambaſſadeur , qui répondit
Qu'il ne pouvoit concevoir ce
qu'on luy difoit , puiſqu'il n'eftoit
pas vray -femblable qu'on
quittaſt un Royaume comme la
France , pour quelque Royaume
que ce fuft ; deforte qu'il falut
luy expliquer que Henry
IHI. n'eſtoit pas encore Roy
de France, lorſqu'il fut nommé
à la Couronne de Pologne
, qui ſe donne par élection
; mais qu'il revint prendre
celle de France , fi- toft
qu'il y fut appellé par droit
de fucceflion. Une perſonne
de la compagnie luy ayant
254 IV. P. du Voyage
dit lorſqu'il eſtoit attaché a
confiderer le Portrait deHenry
IV. Que s'il n'avoit pas cefsé
d'eftre Huguenot, il n'auroit
pas esté Roy de France , ilrépondit
que c'estoit le Sang, &
non la Religion , qui donnoit la
Couronne de France. Il demanda
par quelle raiſon les quatre
Rois dont il voyoit les
Portraits , avoient des habits
fi differens les uns des autres;
& quelqu'un ayant reparty,
que les François aimoient un peu
le changement en habits , il répondit,
que c'estoit moins une
marque d'inconstance que parcedesAmb.
de Siam. 255
qu'ils cherchoient la perfection
en toutes choses, &que ces changemens
estoient des effais pour la
trouver ; mais quependant qu'on
les voyoit avec tant de fortes
d'habillemens, on ne devoit point
trouver à redire à ceux dont les
autres Nations ſe ſervoient. Ils
retournerent enſuite auprés
du feu , où M le Prince&
Mela Princeſſe de Mekelbourg
eſtant arrivez , ils eurent
une affez longue converſation
, cette Princeſſe
leur ayant fait diverſes
queſtions pleines d'eſprit.
Pluſieurs Perſonnes de la
256 IV. P. du Voyage
premiere qualité qui vinrent
dans cette Sale pour ſe chaufer,
entrerent auſſi en converſation
avec eux ,& ils la foûtinrent
avec beaucoup d'efprit.
Me l'Envoyé de Mantouë
leur parla long-temps .
Monfieur le Prince deConty
qui vouloit voir la Ceremonie
ſans ſe faire connoître ,
parût dans le meſme lieu ainſi
que Ma le grand Prieur ,& fe
fit diftinguer par ſon grand
air. L'Ambaſſadeur marqua
qu'il auroit ſouhaitté de luy parler,
mais qu'il n'ofoit par respect
commencer la conversation avec
des Amb. de Siam . 257
un grand Prince , àmoins qu'il
ne luy parlaſt le premier. Elle ſe
lia neantmoins , mais elle ne
fut pas particuliere. Peu de
temps aprés , chacun fut conduit
aux places qui avoient
elté refervées pour tant d'Illuftres
Perſonnes , les Princes
en bas , & les Ambaſſadeurs
aux feneſtres de la Galerie qui
donnent dans l'Eglife. Ils regarderent,
& écouterent avec
une extréme attention , ils remarquerent
les differentes expreffions
de la Muſique , &
pendantle Domine falvum fac
Regem , qu'on leur expliqua ,
Y
258 IV.P.du Voyage
il ſembloit qu'ils priaffent
auſſi pour le Roy. La Ceremonie
eſtant achevée , ils furent
reconduits dans la même
Sale , où on les avoit d'abord
amenés pour ſe chauffer
, & l'Ambaſſadeur pour
montrer aux Peres l'effet que
ce qu'il venoit de voir avoit
fait fur luy , porta fa main à
ſes yeux , à ſes oreilles ,& fur
fon coeur , & dit queses yeux
avoient efté enchantés , ſes oreilles
charmées , &fon coeur touché.
Il répondit avec une prefence
, & une vivacité d'efprit
inconcevable àbeaucoup
:
des Amb. de Siam. 159
de perſonnes qui luy parle.
rent. Les Peres les firent en
fuite paffer dans une Salle où
ils trouverent une Collation
ſervie. On les pria de ſi bonne
grace de ſe mettre à table,
qu'ils fe crurent obligez d'avoir
cette complaifance pour
ceux qui les en prefferent. Ils
fortirent quelque temps aprés,
& furent reconduits par les
Peres juſques à la porte de la
ruë.
Te Deum de la compofition
de Me de Lully , qui s'eſt
chanté aux Feüillans , pour
rendre graces à Dieu du retour
de la ſanté de Sa Majefté.
Six de ces Peres ayant
efté députez pour prier les
250 IV. P. du Vovaze
Ambaſſadeurs d'aſſiſter àa
cette Ceremonie , fe rendirent
à l'Hoſtel où ils eftoient
logez ; & aprés qu'ils eurent
fait leur compliment, &marqué
le ſujet qui les amenoit,
l'Ambaſſadeur leur répondit
Qu'ils avoient de fi grands
defi justes sujets de s'informer
de laſantéduRoy, qu ils avoient
fçû que Sa Majesté ſe portoit
bien ; mais qu'ils estoient ravis
de l'apprendre par des perſonnes
ne diſoient jamais que la
verité;Qu'ils iroient avec plaifir
chez eux, afin que cettefan
té leurfustconfirméepar la voix
desAmb. de Siam. 251
des Peuples, pour avoir le plaifir
de voir ces Peres , &pour entendre
la Muſique de Mr de
Lully, dont ils avoient déja efté
charmez en d'autres occafions.
Le jour de la Ceremonie, les
Ambafladeurs furent receus
la premiere Porte des Feüil
lans par pluſieurs de ces Religieux
qui les conduifirent
dans une Sale fort propre ,
auprés d'un grand feu, où les
Peres les plus diftinguez du
Convent par leur merite &
par leur employ , les attendoient.
Aprés les premiers
complimens de part & d'au252
IV. P. du Voyage
tre , les Ambaſſfadeurs le leverent
pour voir lesTableaux
qui estoient autour de la Salle,
parmy leſquels on voyoit
ceux de Henry III. de Henry
IV. de Loüis XIII . & de Loüis
le Grand, peints de leur hauteur;
& ce fur à ces Tableaux
qu'ils s'arreſterent, auffi bien
qu'à celuy de Monfieur, qu'ils
reconnurent d'abord , quoyqu'il
fuſt peint il y a plus de
vingt ans. Comme ils s'attacherent
à regarder le Portrait
de Henty III . on leur
dit, qu'il avoit eſté Roy de Pologne
; ce qui ſurprit fort
des Amb . de Siam. 253
l'Ambaſſadeur , qui répondit
Qu'il ne pouvoit concevoir ce
qu'on luy difoit , puiſqu'il n'eftoit
pas vray -femblable qu'on
quittaſt un Royaume comme la
France , pour quelque Royaume
que ce fuft ; deforte qu'il falut
luy expliquer que Henry
IHI. n'eſtoit pas encore Roy
de France, lorſqu'il fut nommé
à la Couronne de Pologne
, qui ſe donne par élection
; mais qu'il revint prendre
celle de France , fi- toft
qu'il y fut appellé par droit
de fucceflion. Une perſonne
de la compagnie luy ayant
254 IV. P. du Voyage
dit lorſqu'il eſtoit attaché a
confiderer le Portrait deHenry
IV. Que s'il n'avoit pas cefsé
d'eftre Huguenot, il n'auroit
pas esté Roy de France , ilrépondit
que c'estoit le Sang, &
non la Religion , qui donnoit la
Couronne de France. Il demanda
par quelle raiſon les quatre
Rois dont il voyoit les
Portraits , avoient des habits
fi differens les uns des autres;
& quelqu'un ayant reparty,
que les François aimoient un peu
le changement en habits , il répondit,
que c'estoit moins une
marque d'inconstance que parcedesAmb.
de Siam. 255
qu'ils cherchoient la perfection
en toutes choses, &que ces changemens
estoient des effais pour la
trouver ; mais quependant qu'on
les voyoit avec tant de fortes
d'habillemens, on ne devoit point
trouver à redire à ceux dont les
autres Nations ſe ſervoient. Ils
retournerent enſuite auprés
du feu , où M le Prince&
Mela Princeſſe de Mekelbourg
eſtant arrivez , ils eurent
une affez longue converſation
, cette Princeſſe
leur ayant fait diverſes
queſtions pleines d'eſprit.
Pluſieurs Perſonnes de la
256 IV. P. du Voyage
premiere qualité qui vinrent
dans cette Sale pour ſe chaufer,
entrerent auſſi en converſation
avec eux ,& ils la foûtinrent
avec beaucoup d'efprit.
Me l'Envoyé de Mantouë
leur parla long-temps .
Monfieur le Prince deConty
qui vouloit voir la Ceremonie
ſans ſe faire connoître ,
parût dans le meſme lieu ainſi
que Ma le grand Prieur ,& fe
fit diftinguer par ſon grand
air. L'Ambaſſadeur marqua
qu'il auroit ſouhaitté de luy parler,
mais qu'il n'ofoit par respect
commencer la conversation avec
des Amb. de Siam . 257
un grand Prince , àmoins qu'il
ne luy parlaſt le premier. Elle ſe
lia neantmoins , mais elle ne
fut pas particuliere. Peu de
temps aprés , chacun fut conduit
aux places qui avoient
elté refervées pour tant d'Illuftres
Perſonnes , les Princes
en bas , & les Ambaſſadeurs
aux feneſtres de la Galerie qui
donnent dans l'Eglife. Ils regarderent,
& écouterent avec
une extréme attention , ils remarquerent
les differentes expreffions
de la Muſique , &
pendantle Domine falvum fac
Regem , qu'on leur expliqua ,
Y
258 IV.P.du Voyage
il ſembloit qu'ils priaffent
auſſi pour le Roy. La Ceremonie
eſtant achevée , ils furent
reconduits dans la même
Sale , où on les avoit d'abord
amenés pour ſe chauffer
, & l'Ambaſſadeur pour
montrer aux Peres l'effet que
ce qu'il venoit de voir avoit
fait fur luy , porta fa main à
ſes yeux , à ſes oreilles ,& fur
fon coeur , & dit queses yeux
avoient efté enchantés , ſes oreilles
charmées , &fon coeur touché.
Il répondit avec une prefence
, & une vivacité d'efprit
inconcevable àbeaucoup
:
des Amb. de Siam. 159
de perſonnes qui luy parle.
rent. Les Peres les firent en
fuite paffer dans une Salle où
ils trouverent une Collation
ſervie. On les pria de ſi bonne
grace de ſe mettre à table,
qu'ils fe crurent obligez d'avoir
cette complaifance pour
ceux qui les en prefferent. Ils
fortirent quelque temps aprés,
& furent reconduits par les
Peres juſques à la porte de la
ruë.
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Résumé : Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Le texte décrit une cérémonie organisée pour célébrer le rétablissement de la santé du roi, au cours de laquelle fut chanté le Te Deum composé par Jean-Baptiste Lully. Six pères Feuillants furent chargés d'inviter les ambassadeurs de Siam à cette cérémonie. L'ambassadeur siamois manifesta sa joie d'apprendre la bonne santé du roi et son désir de participer à la cérémonie pour apprécier la musique de Lully. Le jour de la cérémonie, les ambassadeurs furent accueillis par les pères Feuillants et conduits dans une salle où ils admirèrent des portraits de rois français, notamment Henri III, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Les ambassadeurs posèrent des questions sur ces portraits, s'intéressant particulièrement au fait qu'Henri III ait été roi de Pologne. Ils discutèrent également des différences dans les habits royaux, soulignant la recherche de perfection dans les changements de mode. Pendant la cérémonie, les ambassadeurs observèrent attentivement et prièrent pour le roi. Après la cérémonie, ils furent reconduits dans une salle où une collation leur fut offerte. L'ambassadeur siamois exprima son enchantement en portant la main à ses yeux, ses oreilles et son cœur, indiquant qu'il avait été profondément touché par l'expérience. Les ambassadeurs quittèrent ensuite les lieux, reconduits par les pères Feuillants jusqu'à la porte de la rue.
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431
p. [2]59-261
Ils vont voir plusieurs belles Maisons à Paris. [titre d'après la table]
Début :
Un autre jour ils allerent voir la maison de Mr de [...]
Mots clefs :
Belles maisons, Relief, Places fortes, Palais des Tuileries, Paris, Maison de Monsieur de Louvois
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texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir plusieurs belles Maisons à Paris. [titre d'après la table]
Un autre jour ils allerent
voir la maifon de M. de
Louvois àParis , & trouverent
que tout y estoit fi bien en-
Yij
260 IV.P. du Voyage
r
tendu , tant pour le bâtiment
que pour les meubles , qu'ils
dirent que l'esprit & la conduite
du Maistre paroifſſoit en
toutes choses. Ils allerent enfuite
chez Madame Colbert,
qu'ils ne trouverent pas : M
de Seignelay logeant dans le
même Hôtel , ils virent ſon
Cabinet, dont ils admirerent
les Tableaux. Ils virent en
s'en retournant la maiſon de
M de S. Poange , qu'ils trouverent
la plus agreable qu'ils
euffent encore veuë. M fon
fils lesy receut , & leur donna
une galanteCollation, ou
1
desAmb. de Siam. 261
pluſieurs fortes de liqueurs
Ieur furent ſervies. On leur
a fait voir les Places fortes qui
appartiennent au Roy , qui
font en relief au Palais des
Thuileries , & ils reconnurent
d'abord toutes celles où ils
sont eſté.
voir la maifon de M. de
Louvois àParis , & trouverent
que tout y estoit fi bien en-
Yij
260 IV.P. du Voyage
r
tendu , tant pour le bâtiment
que pour les meubles , qu'ils
dirent que l'esprit & la conduite
du Maistre paroifſſoit en
toutes choses. Ils allerent enfuite
chez Madame Colbert,
qu'ils ne trouverent pas : M
de Seignelay logeant dans le
même Hôtel , ils virent ſon
Cabinet, dont ils admirerent
les Tableaux. Ils virent en
s'en retournant la maiſon de
M de S. Poange , qu'ils trouverent
la plus agreable qu'ils
euffent encore veuë. M fon
fils lesy receut , & leur donna
une galanteCollation, ou
1
desAmb. de Siam. 261
pluſieurs fortes de liqueurs
Ieur furent ſervies. On leur
a fait voir les Places fortes qui
appartiennent au Roy , qui
font en relief au Palais des
Thuileries , & ils reconnurent
d'abord toutes celles où ils
sont eſté.
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Résumé : Ils vont voir plusieurs belles Maisons à Paris. [titre d'après la table]
Lors d'une visite à Paris, plusieurs personnes admirèrent la maison de M. de Louvois et ses meubles. Ils ne trouvèrent pas Madame Colbert mais rencontrèrent M. de Seignelay et ses tableaux. Ils visitèrent ensuite la maison de M. de Saint-Poange, jugée la plus agréable, et reçurent une collation. Enfin, ils reconnurent les places fortes du roi au Palais des Tuileries.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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432
p. 261-268
Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
On les a aussi menés à l'Imprimerie du Roy, dont Mr [...]
Mots clefs :
Imprimerie du roi, Sébastien Mabre-Cramoisy, Ambassadeur, France, Roi, Caractères, Travail, Feuilles, Imprimerie, Presses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
On les a auſſi menés à l'Imprimerie
du Roy , dont M
Mabre - Cramoify eft Direteur.
Il y avoit fait mettre
pluſieurs brafiers , afin qu'il
s'y répandiſt par tout un air
chaud. Il les conduifit d'abord
au lieu où ſont les caf262
IV . P. du Voyage
fes des Compoſteurs , pour
leur faire voir comment on
aflemble les caracteres . Ils
furent furpris de la viteſſe a
vec laquelle les Ouvriers levo
ent les lettres , & particulierement
les petites;car l'Ambaſſadeur
fit de luy-meſme
la difference des gros & des
petits caracteres qu'il confronta
les uns contre les autres.
Il demanda à MF Cramoiſy
de quel metal ces lettres
estoient ,&fi on les faisoit en
France. Lors qu'il eut fatisfait
à ces demandes , l'Ambaſſadeur
pourſuivit en difant que
des Amb. de Siam. 263
l'on trouvoit toutes choses en
France , & qu'elle pouvoit fo
paſſer de tous les autres Païs.
M. CrCramoiſy fit enſuite lier
des pages , & meſme impofer
une Forme devant eux, & les
mena aufli- toft dans la Salle
où font les Preſſes au nombre
de douze , toutes roulantes.
Leur ſurpriſe augmenta d'abord
, & l'Ambaſſadeur dit en
entrant à m' Cramoify , & en
s'arreſtant à confiderer les
mouvements des 24. hommes
qui faifoient aller les Preſſes,
qu'il croyoit voir des Soldats
rangez en bataille. M Cramoi-
!
264 IV. P. du Voyage
ſy luy répondit , que s'ils n'étoientpas
Soldats, ils employoient
leur die auſſi utilement pour le
fervice du Roy ; que le plus
grand travail de l'Imprimerie
h'avoit preſentement pour but
que la gloire de Sa Majesté,
qu'à bien examinerles chofes , il
n'y avoit pas moins de merite à
apprendre aux Nations les plus
éloignées , & à la pofterité même
, les grandes actions de Sa
Majesté , qu'à prendre des Villes
, & à gagner des Batailles.
L'Ambaſſadeur luy répondit
qu'il ne s'étonnoit pas de voir
tant de Travailleurs , & qu'il
ny
des Amb. de Siam. 265
n'y en pourroit jamais avoir af-
Sez, pour publier les grandeurs
inoüies du Roy & de la France.
Ils s'attacherent enſuite à examiner
le travail de chaque
Preſſe , & l'Ambaſſadeur fit
pluſieurs queſtions à m ' Cramoiſy
ſur l'ancre & fur les balles,&
luydemanda pourquoy
le papier eſtoit moüillé, aprés
quoy il mania beaucoup de
choſes pour les mieux connoître.
Le ſecond Ambaſſadeur
prit un bareau, tira cinq
ou fix feuilles , & parut fort
furpris , de ce que les feuilles
qu'il avoit tirées , eſtoient ve-
Z
266 IV. P. du Voyage
nuës toutes pareilles aux autres.
Ils entrerent apres dans
le Magazin , oùM Cramoiſy
leur fit entendre comment on
étend les feuilles mouillées ,
comment on les affemble ,
aprés qu'on les a ſechées , &
la maniere dont on fait des
corps complets de Livres. Ils
les pria enfuite de monter
dans un petit Cabinet , où il
leur fit voir les Poinçons des
CaracteresGrecs du Roy,que
François I. a fait faire,&qui
font tres-beaux. M. Cramoiſy
leur montra auffi des Cara-
Eteres Arabes nouvellement
des Amb. de Siam. 267
fondus , ſur quoy le premier
Ambaſſadeur luy dit qu'on
pourroit donc faire des Caracteres
Siamois , & avoir une Im
primerie à Siam ? Il luy répondit
que oüy , &qu'il ne falloit
que le vouloir. L'Ambaſſadeur
leva auſſi- tôt les yeux auCiel,
& fit une maniere de cry. M
Cramoiſy demanda à l'Inter
prete ce que l'Ambaſſadeur
diſoit , & il luy répondit qu'il
avoit dit , ô France , France!
Ils fortirent enſuite de l'Im.
primerie apres avoir remer
cié M Cramoiſy , qui leur
dit en les reconduiſant , qu'il
Zij
268 IV. P. du Voyage
s'eſtimoit heureux que defigrands
Seigneursfuſſent venus defi loin
voirfon travail, &qu'ilsy euffent
pris duplaisir..
du Roy , dont M
Mabre - Cramoify eft Direteur.
Il y avoit fait mettre
pluſieurs brafiers , afin qu'il
s'y répandiſt par tout un air
chaud. Il les conduifit d'abord
au lieu où ſont les caf262
IV . P. du Voyage
fes des Compoſteurs , pour
leur faire voir comment on
aflemble les caracteres . Ils
furent furpris de la viteſſe a
vec laquelle les Ouvriers levo
ent les lettres , & particulierement
les petites;car l'Ambaſſadeur
fit de luy-meſme
la difference des gros & des
petits caracteres qu'il confronta
les uns contre les autres.
Il demanda à MF Cramoiſy
de quel metal ces lettres
estoient ,&fi on les faisoit en
France. Lors qu'il eut fatisfait
à ces demandes , l'Ambaſſadeur
pourſuivit en difant que
des Amb. de Siam. 263
l'on trouvoit toutes choses en
France , & qu'elle pouvoit fo
paſſer de tous les autres Païs.
M. CrCramoiſy fit enſuite lier
des pages , & meſme impofer
une Forme devant eux, & les
mena aufli- toft dans la Salle
où font les Preſſes au nombre
de douze , toutes roulantes.
Leur ſurpriſe augmenta d'abord
, & l'Ambaſſadeur dit en
entrant à m' Cramoify , & en
s'arreſtant à confiderer les
mouvements des 24. hommes
qui faifoient aller les Preſſes,
qu'il croyoit voir des Soldats
rangez en bataille. M Cramoi-
!
264 IV. P. du Voyage
ſy luy répondit , que s'ils n'étoientpas
Soldats, ils employoient
leur die auſſi utilement pour le
fervice du Roy ; que le plus
grand travail de l'Imprimerie
h'avoit preſentement pour but
que la gloire de Sa Majesté,
qu'à bien examinerles chofes , il
n'y avoit pas moins de merite à
apprendre aux Nations les plus
éloignées , & à la pofterité même
, les grandes actions de Sa
Majesté , qu'à prendre des Villes
, & à gagner des Batailles.
L'Ambaſſadeur luy répondit
qu'il ne s'étonnoit pas de voir
tant de Travailleurs , & qu'il
ny
des Amb. de Siam. 265
n'y en pourroit jamais avoir af-
Sez, pour publier les grandeurs
inoüies du Roy & de la France.
Ils s'attacherent enſuite à examiner
le travail de chaque
Preſſe , & l'Ambaſſadeur fit
pluſieurs queſtions à m ' Cramoiſy
ſur l'ancre & fur les balles,&
luydemanda pourquoy
le papier eſtoit moüillé, aprés
quoy il mania beaucoup de
choſes pour les mieux connoître.
Le ſecond Ambaſſadeur
prit un bareau, tira cinq
ou fix feuilles , & parut fort
furpris , de ce que les feuilles
qu'il avoit tirées , eſtoient ve-
Z
266 IV. P. du Voyage
nuës toutes pareilles aux autres.
Ils entrerent apres dans
le Magazin , oùM Cramoiſy
leur fit entendre comment on
étend les feuilles mouillées ,
comment on les affemble ,
aprés qu'on les a ſechées , &
la maniere dont on fait des
corps complets de Livres. Ils
les pria enfuite de monter
dans un petit Cabinet , où il
leur fit voir les Poinçons des
CaracteresGrecs du Roy,que
François I. a fait faire,&qui
font tres-beaux. M. Cramoiſy
leur montra auffi des Cara-
Eteres Arabes nouvellement
des Amb. de Siam. 267
fondus , ſur quoy le premier
Ambaſſadeur luy dit qu'on
pourroit donc faire des Caracteres
Siamois , & avoir une Im
primerie à Siam ? Il luy répondit
que oüy , &qu'il ne falloit
que le vouloir. L'Ambaſſadeur
leva auſſi- tôt les yeux auCiel,
& fit une maniere de cry. M
Cramoiſy demanda à l'Inter
prete ce que l'Ambaſſadeur
diſoit , & il luy répondit qu'il
avoit dit , ô France , France!
Ils fortirent enſuite de l'Im.
primerie apres avoir remer
cié M Cramoiſy , qui leur
dit en les reconduiſant , qu'il
Zij
268 IV. P. du Voyage
s'eſtimoit heureux que defigrands
Seigneursfuſſent venus defi loin
voirfon travail, &qu'ilsy euffent
pris duplaisir..
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Résumé : Ce qu'ils ont vû & dit à l'Imprimerie du Roy. [titre d'après la table]
Des ambassadeurs de Siam ont visité l'Imprimerie du Roy, dirigée par M. Cramoisy. Ils ont été conduits dans divers ateliers pour observer le processus d'impression. Les ambassadeurs ont été impressionnés par la rapidité avec laquelle les ouvriers assemblaient les caractères et ont posé des questions sur le métal utilisé et la fabrication des lettres en France. M. Cramoisy leur a montré comment les pages étaient liées et imprimées, et ils ont été surpris par l'efficacité des presses et des ouvriers. Les ambassadeurs ont ensuite examiné le travail des presses et posé des questions sur les mécanismes. Ils ont également visité le magasin où les feuilles étaient étendues et assemblées pour former des livres. M. Cramoisy leur a présenté des poinçons de caractères grecs et arabes, et un ambassadeur a exprimé son intérêt pour la création de caractères siamois. La visite s'est conclue par des remerciements et des compliments de part et d'autre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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433
p. 268-271
Ce qui s'est passé à l'égard d'un Domestique que le Premier Ambassadeur vouloit châtier de quelque faute qu'il avoit commise. [titre d'après la table]
Début :
Comme il est impossible que parmy un grand nombre de [...]
Mots clefs :
Domestique, Punir, Faute, Plaindre, Réputation, Domestiques, Ambassadeur, France, Châtiment
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à l'égard d'un Domestique que le Premier Ambassadeur vouloit châtier de quelque faute qu'il avoit commise. [titre d'après la table]
Comme il eſt impoffible
que parmy un grand nombre
de Domeſtiques, il n'y en
ait quelqu'un qui faſſe quelque
faute , les Ambaſſadeurs
curent ſujet de ſe plaindre
d'un des leurs , & pour cer
effet le premier Ambaſſadeur
fit aſſembler dans fa chambre
les deux autres Ambaffadeurs
, les fix Mandarins ,
& tous ſes Domeſtiques. Aprés
avoir fair une forte re
des Amb. de Siam. 269
montrance , il voulut commencer
le châtiment de celuy
dont il ſe plaignoit. M Torf
l'arreſta , & luy dit , qu'il ne
luyavoit encore rien demandé,
&qu'il le prioit de ne rienfaire
au malheureux qu'il vouloit
punır , ajoûtant , que la faute
qu'il avoit commiſe , n'estoit ny
friponnerie ny autre chose de
cette nature , & qu'elle estoit
pardonnable. Il luydit encore
qu'ils remportoient unefigrande
réputation de France , qu'ils devoient
estre fatisfaits , & ne
point faire d'éclat contre aucun
de leurs gens ,dont perſonne ne
Z iij
270 IV. P. du Voyage
s'estoit plaint. L'Ambaſſadeur
luy répondit , que la réputation
qu'ils remportoient estoit
cauſe qu'ils devoient ſe plaindre
davantage de celuy qu'il
croyoit devoir punir. Si un
Peintre, dit-il, qui aprés avoir
travaillépendant une année entiere
à un beau Tableau auroit
pris plaisir à le finir, voyoit
fonTableau gâté par quelqu'un
deſes gens, qui auroit donné un
coup de broffe au travers, n'auroit-
il pas grand fujet de s'en
plaindre, &de le punir ? Celuy
que je veux châtier à commis
la mesme faute à notre égard.
1
des Amb de Siam. 271
د
ne
Si nous sommes affez heureux
pour remporter de France la reputation
que vous dites
doit- il pas nous eſtre bien facheux
que fur le point de
partir ,aprés avoir fait tout
nous avons pû pour la
ce que
meriter , un miserable vienne
gâter l'Ouvrage que nous avons
achevé avec tant de ſoin ?
Cette réponſe fut admirée ,
& le Coupable ne fut point
puny.
que parmy un grand nombre
de Domeſtiques, il n'y en
ait quelqu'un qui faſſe quelque
faute , les Ambaſſadeurs
curent ſujet de ſe plaindre
d'un des leurs , & pour cer
effet le premier Ambaſſadeur
fit aſſembler dans fa chambre
les deux autres Ambaffadeurs
, les fix Mandarins ,
& tous ſes Domeſtiques. Aprés
avoir fair une forte re
des Amb. de Siam. 269
montrance , il voulut commencer
le châtiment de celuy
dont il ſe plaignoit. M Torf
l'arreſta , & luy dit , qu'il ne
luyavoit encore rien demandé,
&qu'il le prioit de ne rienfaire
au malheureux qu'il vouloit
punır , ajoûtant , que la faute
qu'il avoit commiſe , n'estoit ny
friponnerie ny autre chose de
cette nature , & qu'elle estoit
pardonnable. Il luydit encore
qu'ils remportoient unefigrande
réputation de France , qu'ils devoient
estre fatisfaits , & ne
point faire d'éclat contre aucun
de leurs gens ,dont perſonne ne
Z iij
270 IV. P. du Voyage
s'estoit plaint. L'Ambaſſadeur
luy répondit , que la réputation
qu'ils remportoient estoit
cauſe qu'ils devoient ſe plaindre
davantage de celuy qu'il
croyoit devoir punir. Si un
Peintre, dit-il, qui aprés avoir
travaillépendant une année entiere
à un beau Tableau auroit
pris plaisir à le finir, voyoit
fonTableau gâté par quelqu'un
deſes gens, qui auroit donné un
coup de broffe au travers, n'auroit-
il pas grand fujet de s'en
plaindre, &de le punir ? Celuy
que je veux châtier à commis
la mesme faute à notre égard.
1
des Amb de Siam. 271
د
ne
Si nous sommes affez heureux
pour remporter de France la reputation
que vous dites
doit- il pas nous eſtre bien facheux
que fur le point de
partir ,aprés avoir fait tout
nous avons pû pour la
ce que
meriter , un miserable vienne
gâter l'Ouvrage que nous avons
achevé avec tant de ſoin ?
Cette réponſe fut admirée ,
& le Coupable ne fut point
puny.
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Résumé : Ce qui s'est passé à l'égard d'un Domestique que le Premier Ambassadeur vouloit châtier de quelque faute qu'il avoit commise. [titre d'après la table]
Un incident impliquant des ambassadeurs français et des mandarins en Siam est relaté. Un ambassadeur français souhaitait punir un domestique pour une faute. Il convoqua les autres ambassadeurs, les mandarins et ses domestiques dans sa chambre, fit une remontrance et s'apprêta à châtier le domestique. Le mandarin M. Torf intervint, demandant de ne pas punir le domestique, estimant la faute pardonnable et soulignant la réputation des ambassadeurs en France. L'ambassadeur répliqua en comparant la faute à une œuvre gâchée. Torf répondit qu'il était regrettable qu'un incident survienne au moment de leur départ. Sa réponse fut admirée, et le domestique ne fut pas puni.
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434
p. 271-274
Ce qui s'est passé au Val-de-Grace le jour qu'ils y ont esté. [titre d'après la table]
Début :
Le Val-de-Grace estant un Ouvrage digne de la magnificence [...]
Mots clefs :
Abbaye du Val-de-Grâce, Duchesse d'Épernon, Marie du Cambout, Magnificence, Reine, Monastère, Beauté, Religieuses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé au Val-de-Grace le jour qu'ils y ont esté. [titre d'après la table]
Le Val-de-Grace eftant
un Ouvrage digne de la magnificence
de la grande
Reine qui l'a fait bâtir , &
Ziij
272 IV . P. du Voyage
les Amhafſadeurs ayant mar
qué beaucoup d'empreffement
pour le voir , on n'a
pas manqué de fatisfaire leur
curiofité. Ils y firent compliment
à Madame la Duchefſe
d'Epernon, cette illuftre
Veuve , qui s'eſt retirée
dans ce Monaftere , pour y
vivre en retraite . Ils admirerent
la beauté de l'Eglife , &
celle de tout le Bâtiment, &
dirent qu'ils n'avoient rien vû
de plus beau en France. Ils examinerent
l'Autel, qu'ils trouverent
d'une grande magnificence,&
monterent auxOr
des Amb. de Siam. 273
gues. Le Coeur de la Reine
Mere , & ceux de tous les
Enfans du Roy qui font
morts, eſtant dans ce monaftere
, les Religieuſes montrerent
aux Ambaſſadeurs les
Couronnes qui les couvrent;
elles leur firent beaucoup de
plaifir , rien ne leur ayant
donné plus de joye que lors
qu'ils ont vû en quelque en--
droit, des chofes qui regardoient
les perſonnes Royales .
Ces Religieufes chanterent
devant eux le Domine falvum
fac Regem. Ils furent furpris
de la beauté&de la douceur
274 IV. P. du Voyage
de leurs voix , & demanderent
à les voir , mais elles ne
voulurent point lever leurs
voîles , ce qui plut fort aux
Ambaſfadeurs , qui marquerent
eucore plus d'eſtime
pour elles. Madame d'Epernon
fit des Preſens de devotion
aux Catholiques.
un Ouvrage digne de la magnificence
de la grande
Reine qui l'a fait bâtir , &
Ziij
272 IV . P. du Voyage
les Amhafſadeurs ayant mar
qué beaucoup d'empreffement
pour le voir , on n'a
pas manqué de fatisfaire leur
curiofité. Ils y firent compliment
à Madame la Duchefſe
d'Epernon, cette illuftre
Veuve , qui s'eſt retirée
dans ce Monaftere , pour y
vivre en retraite . Ils admirerent
la beauté de l'Eglife , &
celle de tout le Bâtiment, &
dirent qu'ils n'avoient rien vû
de plus beau en France. Ils examinerent
l'Autel, qu'ils trouverent
d'une grande magnificence,&
monterent auxOr
des Amb. de Siam. 273
gues. Le Coeur de la Reine
Mere , & ceux de tous les
Enfans du Roy qui font
morts, eſtant dans ce monaftere
, les Religieuſes montrerent
aux Ambaſſadeurs les
Couronnes qui les couvrent;
elles leur firent beaucoup de
plaifir , rien ne leur ayant
donné plus de joye que lors
qu'ils ont vû en quelque en--
droit, des chofes qui regardoient
les perſonnes Royales .
Ces Religieufes chanterent
devant eux le Domine falvum
fac Regem. Ils furent furpris
de la beauté&de la douceur
274 IV. P. du Voyage
de leurs voix , & demanderent
à les voir , mais elles ne
voulurent point lever leurs
voîles , ce qui plut fort aux
Ambaſfadeurs , qui marquerent
eucore plus d'eſtime
pour elles. Madame d'Epernon
fit des Preſens de devotion
aux Catholiques.
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Résumé : Ce qui s'est passé au Val-de-Grace le jour qu'ils y ont esté. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs visitèrent le Val-de-Grâce, un édifice construit par une reine. Ils furent satisfaits de découvrir ce lieu et rendirent hommage à la Duchesse d'Epernon, une veuve illustre résidant dans ce monastère. Ils admirèrent la beauté de l'église et du bâtiment, les jugeant les plus beaux de France. Ils examinèrent l'autel, qu'ils trouvèrent magnifique, et montèrent aux orgues. Les religieuses leur montrèrent les couronnes couvrant les cœurs de la Reine Mère et des enfants du roi décédés, ce qui les réjouit. Les religieuses chantèrent le 'Domine salvum fac Regem', les surprenant par la beauté de leurs voix. Les ambassadeurs demandèrent à voir les religieuses, mais celles-ci refusèrent de lever leurs voiles, augmentant ainsi l'estime des ambassadeurs à leur égard. Madame d'Epernon offrit des présents de dévotion aux catholiques.
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435
p. 274-277
Ils vont à un Concert où ils avoient esté invitez. [titre d'après la table]
Début :
L'esprit des Ambassadeurs, & les choses obligeantes qu'ils [...]
Mots clefs :
Concert d'instruments, Jacques Gallot, France, Ambassadeur, Profession, Instruments, Luth
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à un Concert où ils avoient esté invitez. [titre d'après la table]
L'eſprit des Ambaſſadeurs,
& les chofes obligeantes qu'-
ils ont dites à toutes les perſonnes
d'un merite diftingué
qui leur ont rendu viſite, ont
eſté cauſe que la plus part
des plus illuſtres leur ont fait
connoître que rien ne
des Amb. de Siam. 275
manque à la France pour les
plaiſirs&pour les beauxArts.
M. Galot , ſi fameux pour le
Lut , ayant joué devant eux,
l'Ambaſſadeur luy dit , que
depuis qu'il estoit en France il
avoit entendu joüerpluſieursfois
de cet Instrument, mais qu'il ne
croyoit pas avoir oùy perſonne
qui en eust si bien joué que luy.
Quelques jours aprés , le même
M Galor l'invita à un
Concert d'Inftruments , qui
devoit eſtre compoſé, des plus
illuſtres de leur profeffion.
L'Ambaſſadeur promit d'aller
à ceConcertque M¹ Galot
276 IV. P. duVoyage
donna dans la ruë de Seine,
àl'Hôtel d'Arras chez M Au
bry , qui voulut bien eſtre du
nombre des Concertants , à
cauſe des Illuftres Auditeurs ,
quoyqu'il ne foit pas de cette
profeffion. L'Aſſemblée y fut
plus choiſie que nombreuſe ,
&dans un lieu fort propre , &
fort éclairé . Le Concert fut
trouvé tres -beau ; auſſi eſtoitil
des plus illuftres de France
dans leur Art . Quand il fut
finy , M Galot joüa ſeul du
Lut , & l'Ambaſſadeur luy dit,
qu'encore qu'il crût que rien ne
pouvoit eſtre ajoûté àla beauté
desAmb, de Siam. 277
du Concert, ily avoit des delicateſſes
dans ce qu'il jouvitfeul,
qui ne devoient pas estre confondües
parmy le grand nombre
d'Instruments , parce qu'on en
perdoit beaucoup.
& les chofes obligeantes qu'-
ils ont dites à toutes les perſonnes
d'un merite diftingué
qui leur ont rendu viſite, ont
eſté cauſe que la plus part
des plus illuſtres leur ont fait
connoître que rien ne
des Amb. de Siam. 275
manque à la France pour les
plaiſirs&pour les beauxArts.
M. Galot , ſi fameux pour le
Lut , ayant joué devant eux,
l'Ambaſſadeur luy dit , que
depuis qu'il estoit en France il
avoit entendu joüerpluſieursfois
de cet Instrument, mais qu'il ne
croyoit pas avoir oùy perſonne
qui en eust si bien joué que luy.
Quelques jours aprés , le même
M Galor l'invita à un
Concert d'Inftruments , qui
devoit eſtre compoſé, des plus
illuſtres de leur profeffion.
L'Ambaſſadeur promit d'aller
à ceConcertque M¹ Galot
276 IV. P. duVoyage
donna dans la ruë de Seine,
àl'Hôtel d'Arras chez M Au
bry , qui voulut bien eſtre du
nombre des Concertants , à
cauſe des Illuftres Auditeurs ,
quoyqu'il ne foit pas de cette
profeffion. L'Aſſemblée y fut
plus choiſie que nombreuſe ,
&dans un lieu fort propre , &
fort éclairé . Le Concert fut
trouvé tres -beau ; auſſi eſtoitil
des plus illuftres de France
dans leur Art . Quand il fut
finy , M Galot joüa ſeul du
Lut , & l'Ambaſſadeur luy dit,
qu'encore qu'il crût que rien ne
pouvoit eſtre ajoûté àla beauté
desAmb, de Siam. 277
du Concert, ily avoit des delicateſſes
dans ce qu'il jouvitfeul,
qui ne devoient pas estre confondües
parmy le grand nombre
d'Instruments , parce qu'on en
perdoit beaucoup.
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Résumé : Ils vont à un Concert où ils avoient esté invitez. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, lors de leur visite en France, ont exprimé leur admiration pour les plaisirs et les beaux-arts français. Lors d'une rencontre, M. Galot, célèbre luthiste, a joué devant eux, suscitant leur admiration. Quelques jours plus tard, M. Galot a invité l'ambassadeur à un concert réunissant les plus illustres musiciens de France, organisé à l'Hôtel d'Arras chez M. Aubry. L'assemblée était sélectionnée et le lieu bien éclairé. Le concert a été jugé très beau. Après le concert, M. Galot a joué seul du luth, et l'ambassadeur a souligné les délicatesses de sa performance, qui se distinguaient parmi les nombreux instruments.
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436
p. 277-279
Present fait par Monsieur au Premier Ambassadeur. [titre d'après la table]
Début :
L'Ambassadeur ayant envoyé à Monsieur plusieurs choses utiles pour [...]
Mots clefs :
Présent, Monsieur, Portrait, Prince, Boîte, Diamants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Present fait par Monsieur au Premier Ambassadeur. [titre d'après la table]
L'Ambaſſadeut ayant envoyé
à Monfieur pluſieurs
choſes utiles pour ſa ſanté ,
ainſi que je vous l'ay appris
dans ma lettre precedente, ce
Prince genereux luy envoya
quelques jours aprés par M
AubertIntroducteur des Ambaffadeurs
auprés de ſa Perſonne',
un preſent auſſi galant
que riche. C'eſtoit ung
;
r
278 IV. P. du Voyage
boëtte de chagrin toute gar
nie d'or ,& d'une tres-grande
beauté. On crût d'abord que
le preſent conſiſtoit en cette
feule boëtte. Cependant elle
en renfermoit trois autres
d'or, dans leſquelles on trouva
trois fort belles bagues. Il
y en avoit une de diamans ,
&une autre d'emeraudes : elles
eſtoient accompagnées
d'un Portrait de Monfieur ,
entouré de diamans. Ce preſent
n'eſtoit que pour le premier
Ambaſſadeur. Il dit à
M' Aubert , que quoy que tout
ce que Monsieur luy envoyoit
des Amb. de Siam. 279
ast tres-riche , & tres-bean , il
ſtimoit beaucoup plusfon Portrait
que tout le reſte , & que
rien neluy devoit estre plus precieux
que le Portrait d'un grand
Prince , Frere d'un grand Roy,
d'un Conquerant ; qu'on auroit
à Siam la mesme veneration
pour ce Portrait , qu'on avoit icy
pour l'Original , qu'il le porteroit
toute sa vie àson bras , &
que toute sa pofterité le conferveroit
éternellement , comme une
marque de l'honneur qu'un fi
grand Prince luy avoit fait,
des bontés qu'il avoit euës pour
luy.
à Monfieur pluſieurs
choſes utiles pour ſa ſanté ,
ainſi que je vous l'ay appris
dans ma lettre precedente, ce
Prince genereux luy envoya
quelques jours aprés par M
AubertIntroducteur des Ambaffadeurs
auprés de ſa Perſonne',
un preſent auſſi galant
que riche. C'eſtoit ung
;
r
278 IV. P. du Voyage
boëtte de chagrin toute gar
nie d'or ,& d'une tres-grande
beauté. On crût d'abord que
le preſent conſiſtoit en cette
feule boëtte. Cependant elle
en renfermoit trois autres
d'or, dans leſquelles on trouva
trois fort belles bagues. Il
y en avoit une de diamans ,
&une autre d'emeraudes : elles
eſtoient accompagnées
d'un Portrait de Monfieur ,
entouré de diamans. Ce preſent
n'eſtoit que pour le premier
Ambaſſadeur. Il dit à
M' Aubert , que quoy que tout
ce que Monsieur luy envoyoit
des Amb. de Siam. 279
ast tres-riche , & tres-bean , il
ſtimoit beaucoup plusfon Portrait
que tout le reſte , & que
rien neluy devoit estre plus precieux
que le Portrait d'un grand
Prince , Frere d'un grand Roy,
d'un Conquerant ; qu'on auroit
à Siam la mesme veneration
pour ce Portrait , qu'on avoit icy
pour l'Original , qu'il le porteroit
toute sa vie àson bras , &
que toute sa pofterité le conferveroit
éternellement , comme une
marque de l'honneur qu'un fi
grand Prince luy avoit fait,
des bontés qu'il avoit euës pour
luy.
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Résumé : Present fait par Monsieur au Premier Ambassadeur. [titre d'après la table]
L'Ambassadeur a reçu de Monsieur plusieurs objets pour sa santé, comme indiqué dans une lettre précédente. En retour, Monsieur a envoyé à l'Ambassadeur un présent via M. Aubert, l'Introducteur des Ambassadeurs. Ce présent comprenait une boîte en chagrin garnie d'or, contenant trois boîtes en or avec trois belles bagues (dont une en diamants et une en émeraudes) et un portrait de Monsieur orné de diamants. L'Ambassadeur a exprimé à M. Aubert que, bien que les présents fussent très riches et beaux, il estimait davantage le portrait de Monsieur. Il a souligné que rien ne lui était plus précieux que le portrait d'un grand Prince, frère d'un grand Roi et conquérant. Il a ajouté que ce portrait serait vénéré à Siam comme l'original l'était en France, et qu'il le porterait toute sa vie à son bras, ainsi que sa postérité le conserverait éternellement comme marque de l'honneur et des bontés de Monsieur.
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437
p. 280-281
Me de Nemours leur va rendre visite. [titre d'après la table]
Début :
Madame la Duchesse de Nemours, aussi connuë par son esprit [...]
Mots clefs :
Duchesse de Nemours, Marie de Nemours, Esprit, Ambassadeur, Principauté de Neuchâtel, Manchon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Me de Nemours leur va rendre visite. [titre d'après la table]
Madame la Ducheſſe de
Nemours , auffi connuë par
fon eſprit que par fa grande
naiſſance ,&qui a toûjours eu
une eſtime particuliere pour
les perſonnes d'un merite diftingué
, voulut aller voir les
Ambaſſadeurs fur la ſeule reputation
qu'ils s'eſtoiét acqui.
ſe. Il arriva ce jour-là ce qui
n'eſtoit point encore arrivé
depuis qu'ils eſtoient en France.
Les affaires de leur départ
ayant occupé leurs Interpretes
à la Ville , perſonne n'en
pût ſervir. Cependant cette
Princeffe & l'Ambaſſadeur ne
des Amb. de Siam, 281
laiſſerent pas de deviner une
partie de ce qu'ils vouloient
dire , tant les perfonnes d'efprit
ont de penetration. On
en vit des marques quelques
jours aprés . Cette Princeffe
ayant connu que l'Ambaſſadeur
avoit trouvé beau un
manchon de peau d'oiſeau
qui luy venoit de ſa Principauté
de Neuf- Chaftel , elle
l'envoya prier de l'accepter..
Nemours , auffi connuë par
fon eſprit que par fa grande
naiſſance ,&qui a toûjours eu
une eſtime particuliere pour
les perſonnes d'un merite diftingué
, voulut aller voir les
Ambaſſadeurs fur la ſeule reputation
qu'ils s'eſtoiét acqui.
ſe. Il arriva ce jour-là ce qui
n'eſtoit point encore arrivé
depuis qu'ils eſtoient en France.
Les affaires de leur départ
ayant occupé leurs Interpretes
à la Ville , perſonne n'en
pût ſervir. Cependant cette
Princeffe & l'Ambaſſadeur ne
des Amb. de Siam, 281
laiſſerent pas de deviner une
partie de ce qu'ils vouloient
dire , tant les perfonnes d'efprit
ont de penetration. On
en vit des marques quelques
jours aprés . Cette Princeffe
ayant connu que l'Ambaſſadeur
avoit trouvé beau un
manchon de peau d'oiſeau
qui luy venoit de ſa Principauté
de Neuf- Chaftel , elle
l'envoya prier de l'accepter..
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Résumé : Me de Nemours leur va rendre visite. [titre d'après la table]
La Duchesse de Nemours, célèbre pour son esprit et sa haute naissance, rencontra les ambassadeurs de Siam. Malgré l'absence d'interprètes, ils parvinrent à se comprendre. Plus tard, la Duchesse offrit à l'ambassadeur un manchon en peau d'oiseau de sa principauté de Neufchâtel, qu'il avait admiré.
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438
p. 281-287
Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours avant que les Ambassadeurs eussent leur Audience de [...]
Mots clefs :
Versailles, Appartement, Roi, Majesté, Appartements, Duc de Noailles, Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Deux jours avant que les
Ambaſſadeurs euſſent leurAudience
de congé , ils allerentà
Verſailles , parce qu'il y avoit
ce foir-làAppartement,&que
Aa
282 IV. P. duVoyage
n'ayant vû le Roy au milieu
de ſes Sujets, qu'environnéde
l'éclat du Trône , il falloit
qu'ils le viſſent au milieu de
ces mêmes Sujets , ne paroître
pas moins grandpar ſa bonté
qu'il l'eſt par ſes vertus , par
fon rang , & par fes grandes
actions. Ce jour-là eſtant deſtiné
entierement pour voir
Sa Majesté , & pour revoir les
Appartements de Verſailles ,
ils furent conduits au dîner
du Roy , qui leur dit , qu'il
estoit fâché que fon indiſpoſition
l'euftfait differerfi long-temps à
les voir ,&que fans cela , il
desAmb. deSiam. 283
les auroit même vûs plusieurs
fois. L'Ambaſſadeur répondit,
que quoy qu'il fuft extrémement
fâché d'avoir esté privé de ce
plaisir & de cet honneur , le
parfait rétabliſſement de la fanté
de Sa Majesté l'en confoloit.
Le Roy ne luy parla pas davantage
pendant le dîner ,
mais Sa Majeſté en ditbeaucoup
de choſes avantageuſes.
Ils allerent l'aprés-dînée en
attendant l'heure des Appartements
, ſe promener dans la
Galerie , qu'ils avoient demandé
à revoir. Ils l'admirerent
de nouveau , &s'attache
Aa ij
284 IV. P. du Voyage
rent fort à confiderer le Roy,
lors qu'à l'ouverture de ſa premiere
Campagne de Hollande
, il donne ſes ordres pour
quatre Sieges à la fois..Ils examinerent
les Salons qui font
aux deux bouts ,& qu'ils n'avoient
pas encore vûs , parce
que la Peinture n'en eſtachevée
que depuis deux mois.
L'un eft appellé le Salon de la
Guerre , & l'autre celuy de la
Paix , & l'on y voit tout ce
que l'un& l'autre peut reprefenter;
ils font de me leBrun,
c'eſt affés en.dire.
Us allerent le ſoir auxAp
des Amb. de Siam. 287
(
partemens , & quoy qu'il les
cuſſent déja vûs deux fois
pendant le jour , les lumieres
les rendit fi brillans , qu'ils
leur parurent encore plus riches
&plus beaux. Le Roy y
eſtoit avec tout ce que la Cour
a de plus diſtingué. Ils virent
joüer Sa Majesté qui cût la
bonté de leur parler pluſieurs
fois. Elle s'expliquoit à M
le Duc de Noüailles , ce Duc
rediſoit à M Torf ce que le
Roy luy avoit dit , & M Torf
à l'interprete , & les réponfes
eſtoient faites de la même
maniere à Sa Majesté. Ils
286 IV. P. du Voyage
parlerent encore au Roy dans
un autre endroit pendant la
Simphonie , & firent connoître
que les effets qu'ils voyoient
de la bontédu Roy au
milieu de ſaCour, meritoient
d'eſtre admirez aussi-bien que
tout ce qu'il a fait de grand.
Quelqu'un ayant voulu engager
l'Ambaſſadeur à regarder
les divers jeux , dont les
Appartements eftoient remplis,
il dit qu'il ne vouloit rien
voir , &qu'où le Roy estoit , il
n'avoitpoint d'yeux pourle reſte.
On les menadans la chambre
ou la colation eſt toûjours
des Amb. de Siam. 287
preparée les jours d'Appartemens
; ils pritent beaucoup
de plaisir à la voir ,&en mangerent.
Ils receurent de fi
grandes honneſterés deM. le
Duc de Nouailles , qu'ils fortirent
charmez de ſes manie
res obligeantes , dont ils parlerent
long-temps en chemin,
étant revenus la meſme nuit
coucher à Paris .
Ambaſſadeurs euſſent leurAudience
de congé , ils allerentà
Verſailles , parce qu'il y avoit
ce foir-làAppartement,&que
Aa
282 IV. P. duVoyage
n'ayant vû le Roy au milieu
de ſes Sujets, qu'environnéde
l'éclat du Trône , il falloit
qu'ils le viſſent au milieu de
ces mêmes Sujets , ne paroître
pas moins grandpar ſa bonté
qu'il l'eſt par ſes vertus , par
fon rang , & par fes grandes
actions. Ce jour-là eſtant deſtiné
entierement pour voir
Sa Majesté , & pour revoir les
Appartements de Verſailles ,
ils furent conduits au dîner
du Roy , qui leur dit , qu'il
estoit fâché que fon indiſpoſition
l'euftfait differerfi long-temps à
les voir ,&que fans cela , il
desAmb. deSiam. 283
les auroit même vûs plusieurs
fois. L'Ambaſſadeur répondit,
que quoy qu'il fuft extrémement
fâché d'avoir esté privé de ce
plaisir & de cet honneur , le
parfait rétabliſſement de la fanté
de Sa Majesté l'en confoloit.
Le Roy ne luy parla pas davantage
pendant le dîner ,
mais Sa Majeſté en ditbeaucoup
de choſes avantageuſes.
Ils allerent l'aprés-dînée en
attendant l'heure des Appartements
, ſe promener dans la
Galerie , qu'ils avoient demandé
à revoir. Ils l'admirerent
de nouveau , &s'attache
Aa ij
284 IV. P. du Voyage
rent fort à confiderer le Roy,
lors qu'à l'ouverture de ſa premiere
Campagne de Hollande
, il donne ſes ordres pour
quatre Sieges à la fois..Ils examinerent
les Salons qui font
aux deux bouts ,& qu'ils n'avoient
pas encore vûs , parce
que la Peinture n'en eſtachevée
que depuis deux mois.
L'un eft appellé le Salon de la
Guerre , & l'autre celuy de la
Paix , & l'on y voit tout ce
que l'un& l'autre peut reprefenter;
ils font de me leBrun,
c'eſt affés en.dire.
Us allerent le ſoir auxAp
des Amb. de Siam. 287
(
partemens , & quoy qu'il les
cuſſent déja vûs deux fois
pendant le jour , les lumieres
les rendit fi brillans , qu'ils
leur parurent encore plus riches
&plus beaux. Le Roy y
eſtoit avec tout ce que la Cour
a de plus diſtingué. Ils virent
joüer Sa Majesté qui cût la
bonté de leur parler pluſieurs
fois. Elle s'expliquoit à M
le Duc de Noüailles , ce Duc
rediſoit à M Torf ce que le
Roy luy avoit dit , & M Torf
à l'interprete , & les réponfes
eſtoient faites de la même
maniere à Sa Majesté. Ils
286 IV. P. du Voyage
parlerent encore au Roy dans
un autre endroit pendant la
Simphonie , & firent connoître
que les effets qu'ils voyoient
de la bontédu Roy au
milieu de ſaCour, meritoient
d'eſtre admirez aussi-bien que
tout ce qu'il a fait de grand.
Quelqu'un ayant voulu engager
l'Ambaſſadeur à regarder
les divers jeux , dont les
Appartements eftoient remplis,
il dit qu'il ne vouloit rien
voir , &qu'où le Roy estoit , il
n'avoitpoint d'yeux pourle reſte.
On les menadans la chambre
ou la colation eſt toûjours
des Amb. de Siam. 287
preparée les jours d'Appartemens
; ils pritent beaucoup
de plaisir à la voir ,&en mangerent.
Ils receurent de fi
grandes honneſterés deM. le
Duc de Nouailles , qu'ils fortirent
charmez de ſes manie
res obligeantes , dont ils parlerent
long-temps en chemin,
étant revenus la meſme nuit
coucher à Paris .
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Résumé : Ils vont à Versailles, pour y voir le soir tenir Appartement. [titre d'après la table]
Deux jours avant leur audience de congé, les ambassadeurs visitèrent Versailles pour voir le roi et les appartements. Ils souhaitaient observer le roi dans l'éclat de son trône et au milieu de ses sujets pour constater sa grandeur par sa bonté et ses vertus. Ils assistèrent au dîner du roi, qui regretta de ne pas les avoir vus plus tôt en raison de son indisposition. L'ambassadeur exprima son réconfort face au rétablissement du roi. Pendant le dîner, le roi parla favorablement de l'ambassadeur. L'après-midi, les ambassadeurs se promenèrent dans la Galerie, admirèrent le roi donnant des ordres pour une campagne en Hollande, et examinèrent les Salons de la Guerre et de la Paix, récemment achevés. Le soir, ils assistèrent aux appartements, où les lumières rendirent les lieux brillants. Le roi, entouré de la cour, joua et parla aux ambassadeurs, qui admirèrent sa bonté. Ils refusèrent de regarder les jeux, préférant se concentrer sur le roi. Ils prirent plaisir à la collation et reçurent des honneurs de M. le Duc de Noüailles avant de retourner à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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439
p. 287-316
Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Début :
Ils retournerent à Versailles deux jours aprés pour prendre leur [...]
Mots clefs :
Versailles, Roi, Ambassadeurs, Audience de congé, Audiences, Harangues, Prince, Maître, Duc, France, Majesté, Qualités, Duc, Congé, Apprendre, Admiration, Honneur, Audience, Vertus, Amitié, Ordres, Orient, Roi de Siam, Ciel, Retour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Ils retournerent àVerſailles
deux jours aprés pour prendre
leur Audience de congé
dn Roy. L'Ambaſſadeur &
M le Duc de la Feuillade eurent
une converſation fort
288 IV.P.duVoyage
vive fur les Figures debronze
qui font en France ,&fur celles
de divers metaux , qu'on
dit qui font à Siam , & ce Duc
fit connoître que perſonne ne
luy peut rien apprendre fur
ce qui regarde la fonte des
metaux. La converſation
ayant changé de ſujet , l'Am
baſſadeur dit que toutes les fors
qu'il avoit esté à Versailles , il
avoit eu le coeur plein de joye
en pensant qu'il alloit voir te
Roy ,qu'à fon retour il eſtoit
chagrin , & que fa tristeſſe ſe
diffipoit, dans la pensée qu'il re-
Derroit encore Sa Majesté, mais
que
des Amb. de Siam. 283
que lors qu'il faisoit reflexion que
cet eſpoir ne luy seroit plus permis
, il eſtoit dans un abatement
inconcevable , qu'il falloit
qu'il mist toute ſa confolation
dans le plaifirqu'il auroit bientoft
de raconter au Roy de Siam
les magnificences , les bontés,&
les vertus du Roy , &que fi
aprés cela , on le renvoyoit en
France , ily viendroit volontiers
luy &toute fa famille , poury
paſſer autant d'années qu'ilplai
roit au Roy ſon Maistre.
** Je ne vous repete point les
Ceremonies qui ont eſté obſervées
à cette Audience de
Bb
29 IV.P. du Voyage
2
1
11
congé , puiſqu'elles ont eſté
les meſmes que celles de la
premiere Audience , & que le
Roy l'a donnée dans le même
lieu, ſur le même Trône , &
accompagné des mêmes perfonnes.
Apres que l'Ambaſſadeur
eûtfair fon compliment
en Siamois , Me l'Abbé de
Lionne l'expliqua ainfiennôtre
Langue.
GRAND ROY,
NOVS venons icy pour
demander à vôtre Majesté ta
permiffion de nous en retourner
da
des Amb. de Siam. 297
est
vers leRoy nôtre Maître. L'im
patience où nous ſcavons qu'il
d'apprendre le ſuccés de nôtre
Ambaſſade , les merveilles
que nous avons à luy racconter,
les gages precieux que nous luy
portons de l'estime finguliere
que vôtre Majesté a pour luy ,
fur tout , l'affeurance que
nous luy devons donner de la
Royale amitié qu'Elle contracte
pourjamais avec luy ; tout cela
beaucoup plus encore que les Vents
de la ſaiſon , nous invite enfin
àpartir, pendant que les bons
traitemens que nous recevons icy
de toutes parts par les ordres de
Bb ij
292 IV. P. du Voyage
vôtre Majesté, seroient capables
de nousfaire oublier notrePatrie,
si nous l'ofons dire, les ordres
mesme de notre Prince ; mais
fur le point de nous éloigner
de vostre Perſonne Royale , nous
n'avons point de paroles qui
puiffent exprimer les ſentimens
de respect, d'admiration & de
reconnoiſſance , dont nous fommes
penetrez. Nous nous estions
bien attendus à trouver dans
voſtreMajesté des grandeurs &
des qualitez extraordinaires ;
L'effety a pleinement répondu ,
a même ſurpaffé de beaucoup
noftre attente , mais nous
des Amb. de Siam. 193
fommes obligezde l'avoüer, nous
n'avions pas crú y trouver l'accés
, la douceur, l'affabilité que
nousy avons rencontrée ; nous
ne jugions pas mêmes que des
qualitezqui paroiſſent ſi opposées
, puffent compatir dans une
même personne , & qu'on pust
accorder enſemble tant deMajesté
&tant de bonté. Nous nefommesplusfurpris
que vos Peuples,
trop heureux de vivre fous vôtre
Empire, faffent paroiftre par
tout l'amour & la tendreſſe
qu'ils ont pour vostre RoyalePer-
Sonne. Pour nous , grand Roy,
comblezde vos biens faits, char
Bb iij
294 IV.P.du Voyage
mez de vos vertus , touchez
jusqu'aufonddu coeur de vos bon
tez , ſaiſis d'étonnement à la
veuë de vôtre haute fageffe , &
de tous les miracles de vostre
Régne ; noſtre vie nous paroist
trop courte , & le monde entier
trop petit , pour publier ce que
nous en penfons : Noftre memoire
auroit peine à retenir tant de
chofes ; c'est ce qui nous a fait
recueillirdans des Regiſtres fidelles
tout ceque nous avons pûramaſſer,
&nous le terminerons
par une protestation fincere, que
quoyque nous en diſions beaucoup,
il nous en a encore plus échapé
desAmb. de Siam. 295
Ces Memoires feront confacrez
à la poſterité, & mis en dépost
entre les monumens les plus rares
& les plus precieux de l'Etat.
LeRoy noftre Maistre les
envoyera pourprefens aux Prin
cesſes Alliez, &par la l'Orient
Sçaura bien- toft, &tous les Siecles
à venir apprendront les
vertus incomprehenſibles de Loüis
leGrand. Nous porterons enfin
l'heureuſe nouvelle de la ſanté
parfaite de vostre Majesté ,
lefoin que le Ciel apris de continüer
le cours d'une vie qui ne
devroit jamais finir.
Bb iiij
296 IV. P. du Voyage
CetteHarangue receut de
fi grands applaudiſſemens ,
que des perſonnes à qui l'on
ne peut rien refuſer, en ayant
demandé des copies , il s'en
fit un fort grand nombre, de
forte que la Cour en fut remplie
dés ce même jour. En
vous marquant que tout s'eſt
paſſé dans cette Audience de
congé, avec les meſmes ceremonies
que dans la premiere,
je dois vous dire que Me le
Marquisde laSalleMaîtrede la
Garderobe, eſtoit ſur le Trône
derriere le Roy, avecMi le
des Amb de Siam. 297
Grand Maître de la Garderobe
, & les perſonnes que
je vous ay déja nommez , à
qui leurs Charges donnent
cét honneur. Les Ambaſladeurs
eurent ſeize autres Audiences
le meſme jour , à
commencer par celle de Monſeigneur.
Voicy le compli
ment qu'ils luy firent.
TRES-GRAND PRINCE ,
Les ordres du Roy nôtre Maile
temps propre à la Navigation
, nous obligent enfin à
tre ,
1
venir prendre congé de vous.
ف
298 IV. P. du Voyage
Nous compterons éternellement
entre les avantages extraordinaires
que nous avons trouvez
en cette Ambaſſade , l'honneur
que nous avons eu de connoître
par nous-mêmes , & de pouvoir
faire connoîtreà tout l'Orient un
Prince fi accompli , fi genereux ,
fi bien-faiſant , si propre àfe ga
gner tous les coeurs , fi digne enfin
d'estre le Fils de LOVIS
LE GRAND. Que de joye
nous allons donner au Roy nôtre
Maître,quand nous luy apprendrons
plus à fond quelle est
voſtre grandeur d'ame , quelle est
L'étendue de vostre genie : en un
desAmb. de Siam. 299
mot tout ce que vous estes , &
quels font les Enfants que le
Dieu du Ciel vous a donnez,
qui font autant de precieux gages
, que l'amitié que nous fommes
venus contracter avec la
Francefubfistera durant tous les
Siècles.
Ils parlerent ainſi àMadame
laDauphine.
TRES-GRANDE PRINCESSE ,
Il est temps que nous portions
à la Princeſſe Reine , qui nous
avoit fait l'honneur de nous chargerdefes
ordres auprés de vous ,
300 IV. P du oyage
les nouvelles qu'elle defire fans
doute avec ardeur. Celles que
nous avons à luy apprendre, luy
feront fi agreables, que nous confeffons
, qu'il nousferoit difficile
de nepas reſſentirquelque empres
fement de les luy porter. Nous
n'oublirons pas de luy marquer
les nouvelles faveurs que le Ciel
prendplaisir àrépandrefur voftre
Auguste Alliance avec le
Fils unique de LOVIS LE
GRAND. Nous en avons
eſté témoins , &nous en avons
reffenty les premiers une joye extréme.
Mais nous rempliransfon
eſprit & toute la Cour de Siam
des Amb. de Siam. 301
d'admiration , quand nous raconterons
les merveilleuses qualitez
que toute l'Europe admire
en vous , & que vous foûtenez
par un air de Majesté , qui decouvre
d'abord à ceux- meſmes
qui ne vous connoistroient pas
encore , tout ce que vous estes.
Cefera pour la Princeffe Reyne
nne fatisfaction que nous ne
pouvons exprimer , d'apprendre
qu'elle est dans l'estime
l'amitié d'une Princeffefi élevée
fi accomplie.
dans
* Je vous envoye les autres
Harangues dans l'ordre qu'
elles furent faites.
1
302 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE
GRAND PRINCE quifes
rez un jour la gloire
Fornement de tout l'Univers,
Nous allons préparer dans l'Orient
les voyes à la Renommée,
qui y portera dans peu d'années
le recit de vos Victoires de
vos grandes Actions. Si nous
vivons encore alors , le témoi
gnage que nous rendions de ce
que nous avons découvert en
vous , fera croire tout ce qui
des Amb. de Siam. 303
dans vos exploits, poura paroître
incroyable. Nous l'avons vû ,
dirons nous , ce Prince encore
Enfant, & dés ce temps là toute
fon Ame paroiffant fur fon
front & dansses yeux , nous le
jugions capable de faire un jour
tout ce qu'il fait aujourd'huy.
Ce qui comblera de joye leRoy
noftre Maitre,fera l'affeurance
que nous luy donnerons , que le
Royaume de Siam trouvera en
vous un ferme appuy de l'amitié
que nous sommes venus contrac
ter avec la France.
304 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
GRANDPRINCE, qui ferez
éprouver un jour aux
Ennemis de la France , la force
de vostre bras , & la grandeur
de vostre courage , ce que nous
dirons au Roy noſtre Maître,des
grandes efperances que vous donnez,
& des marques d'efprit,
de generofité de grandeur, qui
brillent en vous au travers des
nuages de l'Enfance , luy fera
ſouhaiterd'entendre bien-toſtparler
de vos glorieux exploits.
des Amb. de Siam. 305
Nous ferons ravis plus que tout
le reste des hommes de les apprendre
, parceque nous nous
fouviendrons de l'honneur que
nous avons eu de vous faluer
de la part du Roy nostre Maistre,
&de vous prefenter par nous
meſmes nos profonds reſpects.
A MONSEIGNEUR ,
LE DUC DE BERRY .
GRAND PRINCE à qui
le Ciel referve des Victoires
& des Conquêtes , Nous aurons
l'avantage de porter au Roy
Cc
306 IV. P. du Voyage
VOUS
noftre Maître la premiere nouvelle
qu'il ait jamais receüe de
& nous le remplirons
de joge en luy marquant le bonheur
que nous avons eu de
vous voir naître ,& l'heureux
préfageque l'on a tiréde cetteAmbaſſade
pour vostre Grandeurfuture.
Noussouhaitons que vostre
reputation nous ſuive de prés ,
paffe bien-toſt les Mers aprés
nous , pour répandre l'allegreſſe
dans une Cour & dans
Royaume , où vousferezparfaitement
honoré.
un
;
des Amb. de Siam. 307
১
A MONSIEUR ,
TRES-GRAND PRINCE .
Nous diſpoſant à retourner
vers le Roy noftre Maistre , nous
venons vous afſurer que nous
remportons avec nous une profonde
reconnoiffance pour les bontez
que vous nous avez fait
P'honneur de nous témoigner,
une idée la plus haute& laplus
excellente qu'on puiſſe avoir de
toutes les qualitez heroïques qui
brillent en vostre personne ,
qui vous font admirer dans l'VCcij
308 IV . P. du Voyage
nivers. Nous nous estimonsheureux
de ce que nous allons contribuer
à augmenter cette admiration
, non-feulement à la Cours
& dans le Royaume de Siam ,
mais encore dans toutes les Cours,
dans tous les Royaumes de
L'Orient , où le bruit de cetteAmbaſſade
s'est déja ſans doute répandu
, & ou le recit que nous
feronsde tout cequi s'y eft paffé,
& de tout ce que nous avsns
vû , ne manquera pas auſſi deſe
répandre . Vostre Illustre Nom
occupera dans nos Relations la
place qui luy est deüe , comme il
L'occupe dés-a-preſent dans nos
des Amb. de Siam. 309
efprits & dans nos coeurs par la
respect & la veneration que nous
conſerverons éternellement pour
vostre Auguste Personne.
A MADAME.
GRANDE PRINCESSE.
د
LeSéjourque nous avonsfait
en France nous a donné lieu
d'augmenter la haute effime, dont
nous estions déja prevenus pour
toutes les grandes qualitez qu'on
admire en vous . Ce n'estpas un
petit ſujet de conſolation pour
nous , que le long voyage que
310 IV. P. du Voyage
nous avons entrepris en Europe,
er que nôtre retour dans l'Afie
puiffent estre utiles à votre
gloire , en nous fourniſſant l'occafion
de repandre de plus enplus
vôtre nom juſques dans les
Royaumes les plus éloignez.
Nous publironsfur tout dans le
ce que nous connoiſſons
de vos grandeurs , & du merite
éclatant qui vous distingue ,
bien-tôt vous tiendrezle mesme
rang dans l'estime du Roy notre
Maître , &de la Princeffe
Reyne , que vous tenez icy dans
l'esprit & dans le coeur de
LOVIS LE GRAND.
nôtre
2
des Amb. de Siam. zit
A MONSIEUR
LE DUC 1
DE CHARTRES.
GRAND PRINCE,
Rien ne pouvoit estre plus
agreable pour nous dans notre
retour aupres du Roy nostre
Maître , que d'avoir à luy
dire , en luy rendant compte
du floriſſant estat , ou nous
le
, que
avons trouvé la Maison Royanous
avons admire
en vous des qualitez beaucoup
au - deffus de vostre âge ,
beaucoup au - dessus des bom312
IV. P. du Voyage
mes , & qu'on ne peut voir
fans étonnement la vivacité de
vôtre esprit , la nobleffe de vos
Sentimens , l'élevation de vostre
courage , & toutes les marques
que vous donnez d'une
grande ame. Nous lui ferons
connoître que c'est avec justice
que la France a déja concen de
vous de tres -hautes efperances ,
qu'il peut s'aſſurer de trouver
un jour en voſtre perfonne,
un amy auffi genercux que tout
I'Univers y trouvera un Prince
Grand & Magnanime.
desAmb. de Siam. 313
1
A MADEMOISELLE .
GRANDE PRINCESSE ,
Vos vertus & vos rares
qualitez qui croiffent de jour
en jour , ont auffi fait croître
dans nos efprits , le respect
l'admiration que nous avons
conceue dés la premiere fois
que nous avons eu l'honneurde
vous rendre nos devoirs. C'est
dans cesſentimens que nouspar
tons & que nous allons vous
faire connoître en tous lieux,
principalemet àlaCour de Siam
Dd
314 IV . P. du Voyage
où vousserez regardée désor
mais comme l'exemple & le
modelle de toutes lesjeunesPrinceffes
.
Ils firent auſſi compliment
le meſme jour à Mademoiſelle
d'Orleans , à Madame la
Princeffe, à Monfieur le Duc,
à Madame la Princeſſe de
Conty& à Monfieur lePrince
de Conty. Il vous eft aisé
de connoiſtre par les Complimens
que vous venez de
lire , ceux qui ont eſté faits
aux Princes & Princeſſes que
je viens de vous nommer.
des Amb de Siam. 315
Toutes les réponſes faites aux
uns&aux autres, ont eſté fur
des marques d'affection pour
le Roy de Siam , & d'eſtime
pour les Ambaſſadeurs. Ils
allerent le mefme jour pren
dre congé de Me de Crouffy,
& ce Miniſtre continüa de
leur parler en faveur de la
Religion Chreftienne , comme
il avoit déja fait dans
pluſieurs autres Audiences,
d'une maniere ſi éloquente
&fi perfuafive, qu'il s'eſt toûjours
attiré l'admiration de
tous ceux qui s'y font trouvé
prefens. Ils allerent auſſi
Ddij
316 IV. P. du Voyage
chezM. de Seignelay,& lors
qu'ils commençoient à luy
faire compliment, il leur en
fit un luy-meſme,fur lareputation
qu'ils remportoient
de France ; aprés quoy ils
parlerent d'affaires.
deux jours aprés pour prendre
leur Audience de congé
dn Roy. L'Ambaſſadeur &
M le Duc de la Feuillade eurent
une converſation fort
288 IV.P.duVoyage
vive fur les Figures debronze
qui font en France ,&fur celles
de divers metaux , qu'on
dit qui font à Siam , & ce Duc
fit connoître que perſonne ne
luy peut rien apprendre fur
ce qui regarde la fonte des
metaux. La converſation
ayant changé de ſujet , l'Am
baſſadeur dit que toutes les fors
qu'il avoit esté à Versailles , il
avoit eu le coeur plein de joye
en pensant qu'il alloit voir te
Roy ,qu'à fon retour il eſtoit
chagrin , & que fa tristeſſe ſe
diffipoit, dans la pensée qu'il re-
Derroit encore Sa Majesté, mais
que
des Amb. de Siam. 283
que lors qu'il faisoit reflexion que
cet eſpoir ne luy seroit plus permis
, il eſtoit dans un abatement
inconcevable , qu'il falloit
qu'il mist toute ſa confolation
dans le plaifirqu'il auroit bientoft
de raconter au Roy de Siam
les magnificences , les bontés,&
les vertus du Roy , &que fi
aprés cela , on le renvoyoit en
France , ily viendroit volontiers
luy &toute fa famille , poury
paſſer autant d'années qu'ilplai
roit au Roy ſon Maistre.
** Je ne vous repete point les
Ceremonies qui ont eſté obſervées
à cette Audience de
Bb
29 IV.P. du Voyage
2
1
11
congé , puiſqu'elles ont eſté
les meſmes que celles de la
premiere Audience , & que le
Roy l'a donnée dans le même
lieu, ſur le même Trône , &
accompagné des mêmes perfonnes.
Apres que l'Ambaſſadeur
eûtfair fon compliment
en Siamois , Me l'Abbé de
Lionne l'expliqua ainfiennôtre
Langue.
GRAND ROY,
NOVS venons icy pour
demander à vôtre Majesté ta
permiffion de nous en retourner
da
des Amb. de Siam. 297
est
vers leRoy nôtre Maître. L'im
patience où nous ſcavons qu'il
d'apprendre le ſuccés de nôtre
Ambaſſade , les merveilles
que nous avons à luy racconter,
les gages precieux que nous luy
portons de l'estime finguliere
que vôtre Majesté a pour luy ,
fur tout , l'affeurance que
nous luy devons donner de la
Royale amitié qu'Elle contracte
pourjamais avec luy ; tout cela
beaucoup plus encore que les Vents
de la ſaiſon , nous invite enfin
àpartir, pendant que les bons
traitemens que nous recevons icy
de toutes parts par les ordres de
Bb ij
292 IV. P. du Voyage
vôtre Majesté, seroient capables
de nousfaire oublier notrePatrie,
si nous l'ofons dire, les ordres
mesme de notre Prince ; mais
fur le point de nous éloigner
de vostre Perſonne Royale , nous
n'avons point de paroles qui
puiffent exprimer les ſentimens
de respect, d'admiration & de
reconnoiſſance , dont nous fommes
penetrez. Nous nous estions
bien attendus à trouver dans
voſtreMajesté des grandeurs &
des qualitez extraordinaires ;
L'effety a pleinement répondu ,
a même ſurpaffé de beaucoup
noftre attente , mais nous
des Amb. de Siam. 193
fommes obligezde l'avoüer, nous
n'avions pas crú y trouver l'accés
, la douceur, l'affabilité que
nousy avons rencontrée ; nous
ne jugions pas mêmes que des
qualitezqui paroiſſent ſi opposées
, puffent compatir dans une
même personne , & qu'on pust
accorder enſemble tant deMajesté
&tant de bonté. Nous nefommesplusfurpris
que vos Peuples,
trop heureux de vivre fous vôtre
Empire, faffent paroiftre par
tout l'amour & la tendreſſe
qu'ils ont pour vostre RoyalePer-
Sonne. Pour nous , grand Roy,
comblezde vos biens faits, char
Bb iij
294 IV.P.du Voyage
mez de vos vertus , touchez
jusqu'aufonddu coeur de vos bon
tez , ſaiſis d'étonnement à la
veuë de vôtre haute fageffe , &
de tous les miracles de vostre
Régne ; noſtre vie nous paroist
trop courte , & le monde entier
trop petit , pour publier ce que
nous en penfons : Noftre memoire
auroit peine à retenir tant de
chofes ; c'est ce qui nous a fait
recueillirdans des Regiſtres fidelles
tout ceque nous avons pûramaſſer,
&nous le terminerons
par une protestation fincere, que
quoyque nous en diſions beaucoup,
il nous en a encore plus échapé
desAmb. de Siam. 295
Ces Memoires feront confacrez
à la poſterité, & mis en dépost
entre les monumens les plus rares
& les plus precieux de l'Etat.
LeRoy noftre Maistre les
envoyera pourprefens aux Prin
cesſes Alliez, &par la l'Orient
Sçaura bien- toft, &tous les Siecles
à venir apprendront les
vertus incomprehenſibles de Loüis
leGrand. Nous porterons enfin
l'heureuſe nouvelle de la ſanté
parfaite de vostre Majesté ,
lefoin que le Ciel apris de continüer
le cours d'une vie qui ne
devroit jamais finir.
Bb iiij
296 IV. P. du Voyage
CetteHarangue receut de
fi grands applaudiſſemens ,
que des perſonnes à qui l'on
ne peut rien refuſer, en ayant
demandé des copies , il s'en
fit un fort grand nombre, de
forte que la Cour en fut remplie
dés ce même jour. En
vous marquant que tout s'eſt
paſſé dans cette Audience de
congé, avec les meſmes ceremonies
que dans la premiere,
je dois vous dire que Me le
Marquisde laSalleMaîtrede la
Garderobe, eſtoit ſur le Trône
derriere le Roy, avecMi le
des Amb de Siam. 297
Grand Maître de la Garderobe
, & les perſonnes que
je vous ay déja nommez , à
qui leurs Charges donnent
cét honneur. Les Ambaſladeurs
eurent ſeize autres Audiences
le meſme jour , à
commencer par celle de Monſeigneur.
Voicy le compli
ment qu'ils luy firent.
TRES-GRAND PRINCE ,
Les ordres du Roy nôtre Maile
temps propre à la Navigation
, nous obligent enfin à
tre ,
1
venir prendre congé de vous.
ف
298 IV. P. du Voyage
Nous compterons éternellement
entre les avantages extraordinaires
que nous avons trouvez
en cette Ambaſſade , l'honneur
que nous avons eu de connoître
par nous-mêmes , & de pouvoir
faire connoîtreà tout l'Orient un
Prince fi accompli , fi genereux ,
fi bien-faiſant , si propre àfe ga
gner tous les coeurs , fi digne enfin
d'estre le Fils de LOVIS
LE GRAND. Que de joye
nous allons donner au Roy nôtre
Maître,quand nous luy apprendrons
plus à fond quelle est
voſtre grandeur d'ame , quelle est
L'étendue de vostre genie : en un
desAmb. de Siam. 299
mot tout ce que vous estes , &
quels font les Enfants que le
Dieu du Ciel vous a donnez,
qui font autant de precieux gages
, que l'amitié que nous fommes
venus contracter avec la
Francefubfistera durant tous les
Siècles.
Ils parlerent ainſi àMadame
laDauphine.
TRES-GRANDE PRINCESSE ,
Il est temps que nous portions
à la Princeſſe Reine , qui nous
avoit fait l'honneur de nous chargerdefes
ordres auprés de vous ,
300 IV. P du oyage
les nouvelles qu'elle defire fans
doute avec ardeur. Celles que
nous avons à luy apprendre, luy
feront fi agreables, que nous confeffons
, qu'il nousferoit difficile
de nepas reſſentirquelque empres
fement de les luy porter. Nous
n'oublirons pas de luy marquer
les nouvelles faveurs que le Ciel
prendplaisir àrépandrefur voftre
Auguste Alliance avec le
Fils unique de LOVIS LE
GRAND. Nous en avons
eſté témoins , &nous en avons
reffenty les premiers une joye extréme.
Mais nous rempliransfon
eſprit & toute la Cour de Siam
des Amb. de Siam. 301
d'admiration , quand nous raconterons
les merveilleuses qualitez
que toute l'Europe admire
en vous , & que vous foûtenez
par un air de Majesté , qui decouvre
d'abord à ceux- meſmes
qui ne vous connoistroient pas
encore , tout ce que vous estes.
Cefera pour la Princeffe Reyne
nne fatisfaction que nous ne
pouvons exprimer , d'apprendre
qu'elle est dans l'estime
l'amitié d'une Princeffefi élevée
fi accomplie.
dans
* Je vous envoye les autres
Harangues dans l'ordre qu'
elles furent faites.
1
302 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DE BOURGOGNE
GRAND PRINCE quifes
rez un jour la gloire
Fornement de tout l'Univers,
Nous allons préparer dans l'Orient
les voyes à la Renommée,
qui y portera dans peu d'années
le recit de vos Victoires de
vos grandes Actions. Si nous
vivons encore alors , le témoi
gnage que nous rendions de ce
que nous avons découvert en
vous , fera croire tout ce qui
des Amb. de Siam. 303
dans vos exploits, poura paroître
incroyable. Nous l'avons vû ,
dirons nous , ce Prince encore
Enfant, & dés ce temps là toute
fon Ame paroiffant fur fon
front & dansses yeux , nous le
jugions capable de faire un jour
tout ce qu'il fait aujourd'huy.
Ce qui comblera de joye leRoy
noftre Maitre,fera l'affeurance
que nous luy donnerons , que le
Royaume de Siam trouvera en
vous un ferme appuy de l'amitié
que nous sommes venus contrac
ter avec la France.
304 IV. P. du Voyage
A MONSEIGNEUR
LE DUC D'ANJOU.
GRANDPRINCE, qui ferez
éprouver un jour aux
Ennemis de la France , la force
de vostre bras , & la grandeur
de vostre courage , ce que nous
dirons au Roy noſtre Maître,des
grandes efperances que vous donnez,
& des marques d'efprit,
de generofité de grandeur, qui
brillent en vous au travers des
nuages de l'Enfance , luy fera
ſouhaiterd'entendre bien-toſtparler
de vos glorieux exploits.
des Amb. de Siam. 305
Nous ferons ravis plus que tout
le reste des hommes de les apprendre
, parceque nous nous
fouviendrons de l'honneur que
nous avons eu de vous faluer
de la part du Roy nostre Maistre,
&de vous prefenter par nous
meſmes nos profonds reſpects.
A MONSEIGNEUR ,
LE DUC DE BERRY .
GRAND PRINCE à qui
le Ciel referve des Victoires
& des Conquêtes , Nous aurons
l'avantage de porter au Roy
Cc
306 IV. P. du Voyage
VOUS
noftre Maître la premiere nouvelle
qu'il ait jamais receüe de
& nous le remplirons
de joge en luy marquant le bonheur
que nous avons eu de
vous voir naître ,& l'heureux
préfageque l'on a tiréde cetteAmbaſſade
pour vostre Grandeurfuture.
Noussouhaitons que vostre
reputation nous ſuive de prés ,
paffe bien-toſt les Mers aprés
nous , pour répandre l'allegreſſe
dans une Cour & dans
Royaume , où vousferezparfaitement
honoré.
un
;
des Amb. de Siam. 307
১
A MONSIEUR ,
TRES-GRAND PRINCE .
Nous diſpoſant à retourner
vers le Roy noftre Maistre , nous
venons vous afſurer que nous
remportons avec nous une profonde
reconnoiffance pour les bontez
que vous nous avez fait
P'honneur de nous témoigner,
une idée la plus haute& laplus
excellente qu'on puiſſe avoir de
toutes les qualitez heroïques qui
brillent en vostre personne ,
qui vous font admirer dans l'VCcij
308 IV . P. du Voyage
nivers. Nous nous estimonsheureux
de ce que nous allons contribuer
à augmenter cette admiration
, non-feulement à la Cours
& dans le Royaume de Siam ,
mais encore dans toutes les Cours,
dans tous les Royaumes de
L'Orient , où le bruit de cetteAmbaſſade
s'est déja ſans doute répandu
, & ou le recit que nous
feronsde tout cequi s'y eft paffé,
& de tout ce que nous avsns
vû , ne manquera pas auſſi deſe
répandre . Vostre Illustre Nom
occupera dans nos Relations la
place qui luy est deüe , comme il
L'occupe dés-a-preſent dans nos
des Amb. de Siam. 309
efprits & dans nos coeurs par la
respect & la veneration que nous
conſerverons éternellement pour
vostre Auguste Personne.
A MADAME.
GRANDE PRINCESSE.
د
LeSéjourque nous avonsfait
en France nous a donné lieu
d'augmenter la haute effime, dont
nous estions déja prevenus pour
toutes les grandes qualitez qu'on
admire en vous . Ce n'estpas un
petit ſujet de conſolation pour
nous , que le long voyage que
310 IV. P. du Voyage
nous avons entrepris en Europe,
er que nôtre retour dans l'Afie
puiffent estre utiles à votre
gloire , en nous fourniſſant l'occafion
de repandre de plus enplus
vôtre nom juſques dans les
Royaumes les plus éloignez.
Nous publironsfur tout dans le
ce que nous connoiſſons
de vos grandeurs , & du merite
éclatant qui vous distingue ,
bien-tôt vous tiendrezle mesme
rang dans l'estime du Roy notre
Maître , &de la Princeffe
Reyne , que vous tenez icy dans
l'esprit & dans le coeur de
LOVIS LE GRAND.
nôtre
2
des Amb. de Siam. zit
A MONSIEUR
LE DUC 1
DE CHARTRES.
GRAND PRINCE,
Rien ne pouvoit estre plus
agreable pour nous dans notre
retour aupres du Roy nostre
Maître , que d'avoir à luy
dire , en luy rendant compte
du floriſſant estat , ou nous
le
, que
avons trouvé la Maison Royanous
avons admire
en vous des qualitez beaucoup
au - deffus de vostre âge ,
beaucoup au - dessus des bom312
IV. P. du Voyage
mes , & qu'on ne peut voir
fans étonnement la vivacité de
vôtre esprit , la nobleffe de vos
Sentimens , l'élevation de vostre
courage , & toutes les marques
que vous donnez d'une
grande ame. Nous lui ferons
connoître que c'est avec justice
que la France a déja concen de
vous de tres -hautes efperances ,
qu'il peut s'aſſurer de trouver
un jour en voſtre perfonne,
un amy auffi genercux que tout
I'Univers y trouvera un Prince
Grand & Magnanime.
desAmb. de Siam. 313
1
A MADEMOISELLE .
GRANDE PRINCESSE ,
Vos vertus & vos rares
qualitez qui croiffent de jour
en jour , ont auffi fait croître
dans nos efprits , le respect
l'admiration que nous avons
conceue dés la premiere fois
que nous avons eu l'honneurde
vous rendre nos devoirs. C'est
dans cesſentimens que nouspar
tons & que nous allons vous
faire connoître en tous lieux,
principalemet àlaCour de Siam
Dd
314 IV . P. du Voyage
où vousserez regardée désor
mais comme l'exemple & le
modelle de toutes lesjeunesPrinceffes
.
Ils firent auſſi compliment
le meſme jour à Mademoiſelle
d'Orleans , à Madame la
Princeffe, à Monfieur le Duc,
à Madame la Princeſſe de
Conty& à Monfieur lePrince
de Conty. Il vous eft aisé
de connoiſtre par les Complimens
que vous venez de
lire , ceux qui ont eſté faits
aux Princes & Princeſſes que
je viens de vous nommer.
des Amb de Siam. 315
Toutes les réponſes faites aux
uns&aux autres, ont eſté fur
des marques d'affection pour
le Roy de Siam , & d'eſtime
pour les Ambaſſadeurs. Ils
allerent le mefme jour pren
dre congé de Me de Crouffy,
& ce Miniſtre continüa de
leur parler en faveur de la
Religion Chreftienne , comme
il avoit déja fait dans
pluſieurs autres Audiences,
d'une maniere ſi éloquente
&fi perfuafive, qu'il s'eſt toûjours
attiré l'admiration de
tous ceux qui s'y font trouvé
prefens. Ils allerent auſſi
Ddij
316 IV. P. du Voyage
chezM. de Seignelay,& lors
qu'ils commençoient à luy
faire compliment, il leur en
fit un luy-meſme,fur lareputation
qu'ils remportoient
de France ; aprés quoy ils
parlerent d'affaires.
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Résumé : Ils retournerent deux jours aprés à Versailles, pour leur Audiance de congé. Ils en eurent dix-sept le même jour. Tout ce qui s'est passé à ces Audiances avec toutes les Harangues. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam retournèrent à Versailles deux jours après leur première audience pour prendre congé du roi. Lors de cette audience, l'ambassadeur et le duc de la Feuillade discutèrent des figures de bronze en France et des métaux utilisés à Siam. Le duc affirma sa maîtrise en fonte des métaux. La conversation porta ensuite sur les émotions de l'ambassadeur, qui exprima sa joie à l'idée de voir le roi et sa tristesse à l'idée de partir, mais aussi sa détermination à raconter les magnificences et les vertus du roi de France au roi de Siam. L'audience de congé se déroula avec les mêmes cérémonies que la première audience. L'ambassadeur fit un compliment en siamois, traduit par l'abbé de Lionne. Il demanda la permission de retourner auprès de leur roi, exprimant l'impatience de ce dernier d'apprendre le succès de l'ambassade et les merveilles à raconter. Les ambassadeurs soulignèrent les qualités extraordinaires du roi de France, sa majesté, sa douceur et son affabilité, et exprimèrent leur admiration et leur reconnaissance. Après cette harangue, qui reçut de grands applaudissements, les ambassadeurs eurent seize autres audiences le même jour, commençant par celle de Monseigneur. Ils adressèrent des compliments à divers membres de la famille royale, louant leurs qualités et exprimant leur admiration. Ils promirent de rapporter ces compliments et ces admiractions à leur roi et de publier les vertus du roi de France dans l'Orient. Les ambassadeurs rencontrèrent également Mademoiselle d'Orléans, Madame la Princesse, Monsieur le Duc, Madame la Princesse de Conti et Monsieur le Prince de Conti. Les compliments échangés reflétaient l'affection pour le roi de Siam et l'estime pour les ambassadeurs. Le même jour, ils prirent congé de Monsieur de Croissy, qui parla de la religion chrétienne de manière éloquente et persuasive, suscitant l'admiration des présents. Ils se rendirent également chez Monsieur de Seignelay, qui les complimenta sur la réputation qu'ils emportaient de France avant de discuter d'affaires.
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440
p. 316-319
Le Pere de la Chaise vient dire adieu aux Ambassadeurs, & tout ce qui s'est passé en cette occasion, avec les presens faits par ce Pere. [titre d'après la table]
Début :
Ils demeurerent encore trois jours à Paris, aprés avoir eu [...]
Mots clefs :
Père de La Chaise, Congé, Ambassadeur, Pierre Mignard, Portrait du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Pere de la Chaise vient dire adieu aux Ambassadeurs, & tout ce qui s'est passé en cette occasion, avec les presens faits par ce Pere. [titre d'après la table]
Ilsdemeurerentencore trois
jours à Paris, aprés avoir cu
leur Audience de congé. Le
Pere de la Chaiſe leur vint
dire adieu, & dit à l'Ambaſ
ſadeur , qu'aprés avoir connu -
Sfoonn. eeffpprriitt, s'estre accoutumé
à le voir , fon départ faisoite de
la peine à ceux qui l'avoient
entretena. L'Ambaſſadeur re
μια
des Amb. de Siam. 317
partit avec beaucoup demodeftie,
que cela vemoit des bontez
qu'on avoit pour luy. Enfuite
il parla des obligations
qu'il avoit à tout l'Ordre qui
les avoit fi bien receus pendant
le Voyage de Flandre,
&remerciale PeredelaChaiſe
des Preſens qu'il luy avoit
faits. Ce Pere luy a donné
une Copie en miniature du
Portrait du Roy àcheval, fait
par Me Mignard , pluſieurs
Tableaux travaillez avec de
la foye , beaucoup de riches
Bourſes, & quantité d'autres
Ouvrages de cette nature.
Dd iij
318 IV. P.du Voyage
Lorſque le Pere de la Chaife
fortit, les Ambaſſadeurs vouhurent
le reconduire ; il s'y
oppoſa fi fortement , qu'ils
furent contraints de demeu
' rer à la porte de leur chambre.
L'Ambaſſadeur le laiſſa
-avancer, & alla enfuite juf
qu'à la porte de la Salle Le
Pere de la Chaise s'en eftant
apperceu , l'arreſta encore.
L'Ambaffadeur feignitude
s'en retourner , & pouffant
juſqu'au bout des rufes auffi
galantes que civiles , il trouva
moyen de reconduire ce
Pere juſqu'au bas du degré
1
des Amb. de Siam. 319
Cette ſpirituelle honneſteté
fuy attira l'applaudiſſement
de tous ceux qui virent ces
agreables manieres d'agir.
jours à Paris, aprés avoir cu
leur Audience de congé. Le
Pere de la Chaiſe leur vint
dire adieu, & dit à l'Ambaſ
ſadeur , qu'aprés avoir connu -
Sfoonn. eeffpprriitt, s'estre accoutumé
à le voir , fon départ faisoite de
la peine à ceux qui l'avoient
entretena. L'Ambaſſadeur re
μια
des Amb. de Siam. 317
partit avec beaucoup demodeftie,
que cela vemoit des bontez
qu'on avoit pour luy. Enfuite
il parla des obligations
qu'il avoit à tout l'Ordre qui
les avoit fi bien receus pendant
le Voyage de Flandre,
&remerciale PeredelaChaiſe
des Preſens qu'il luy avoit
faits. Ce Pere luy a donné
une Copie en miniature du
Portrait du Roy àcheval, fait
par Me Mignard , pluſieurs
Tableaux travaillez avec de
la foye , beaucoup de riches
Bourſes, & quantité d'autres
Ouvrages de cette nature.
Dd iij
318 IV. P.du Voyage
Lorſque le Pere de la Chaife
fortit, les Ambaſſadeurs vouhurent
le reconduire ; il s'y
oppoſa fi fortement , qu'ils
furent contraints de demeu
' rer à la porte de leur chambre.
L'Ambaſſadeur le laiſſa
-avancer, & alla enfuite juf
qu'à la porte de la Salle Le
Pere de la Chaise s'en eftant
apperceu , l'arreſta encore.
L'Ambaffadeur feignitude
s'en retourner , & pouffant
juſqu'au bout des rufes auffi
galantes que civiles , il trouva
moyen de reconduire ce
Pere juſqu'au bas du degré
1
des Amb. de Siam. 319
Cette ſpirituelle honneſteté
fuy attira l'applaudiſſement
de tous ceux qui virent ces
agreables manieres d'agir.
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Résumé : Le Pere de la Chaise vient dire adieu aux Ambassadeurs, & tout ce qui s'est passé en cette occasion, avec les presens faits par ce Pere. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs restèrent trois jours à Paris après leur audience de congé. Le Père de la Chaise leur rendit visite pour leur dire adieu, exprimant la tristesse de leur départ. L'ambassadeur exprima sa gratitude pour l'accueil reçu en Flandre et remercia le Père de la Chaise pour les présents, notamment une copie miniature du portrait du roi à cheval par Me Mignard, des tableaux ornés de feuilles d'or, des bourses riches et divers ouvrages. Lors du départ du Père de la Chaise, les ambassadeurs souhaitèrent le reconduire, mais il s'y opposa. Après une série de gestes courtois, l'ambassadeur parvint à le reconduire jusqu'au bas des marches, démontrant ainsi politesse et respect. Cette scène fut saluée par tous les témoins.
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441
p. 319
Les Ambassadeurs vont prendre congé du même Pere. [titre d'après la table]
Début :
L'Ambassadeur alla ensuite chez le Pere de la Chaise, [...]
Mots clefs :
Père de La Chaise, Congé, Secret
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs vont prendre congé du même Pere. [titre d'après la table]
L'Ambaffadeur alla enfuite
chez le Pere de la Chaife,
pour prendre congé de luy,
& ce qui s'y paſſa fut fecrer.
chez le Pere de la Chaife,
pour prendre congé de luy,
& ce qui s'y paſſa fut fecrer.
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442
p. 319-320
Ils vont à la Comedie de l'Inconnu. [titre d'après la table]
Début :
La derniere Comedie qu'ils ont veuë, a esté celle de l'Inconnu. [...]
Mots clefs :
Comédie, La Grange, Ornements, Troupe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à la Comedie de l'Inconnu. [titre d'après la table]
La derniere Comedie qu'ils
ont veuë, a eſté celle de l'In
connu. Ils prirent beaucoup
de plaifir aux ornemens dont
cette Piece eft remplie , &
ſceurent en démefler le ſujer.
Mr de la Grange les remer
cia de ce que leur Troupe
avoit eſté la premiere & la
Dd iiij
320 IV. P. du Voyage
T
derniere honorée de leur pre
fence ; & marqua la joye
qu'ils devoient avoir de rem
porter une reputation ſi univerſelle
, & d'avoir plû dans
une Cour qui fert de modele
à toutes les autres , & où
l'on a bien- toſt découvert le
faux merite . Il dit encore
beaucoup d'autres choſes qui
feroient trop longues à rapporter.
ont veuë, a eſté celle de l'In
connu. Ils prirent beaucoup
de plaifir aux ornemens dont
cette Piece eft remplie , &
ſceurent en démefler le ſujer.
Mr de la Grange les remer
cia de ce que leur Troupe
avoit eſté la premiere & la
Dd iiij
320 IV. P. du Voyage
T
derniere honorée de leur pre
fence ; & marqua la joye
qu'ils devoient avoir de rem
porter une reputation ſi univerſelle
, & d'avoir plû dans
une Cour qui fert de modele
à toutes les autres , & où
l'on a bien- toſt découvert le
faux merite . Il dit encore
beaucoup d'autres choſes qui
feroient trop longues à rapporter.
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Résumé : Ils vont à la Comedie de l'Inconnu. [titre d'après la table]
Les spectateurs ont assisté à la pièce 'l'Inconnu' et ont apprécié les ornements et le sujet. Monsieur de la Grange a remercié les acteurs pour leur présence, soulignant que leur troupe avait été la première et la dernière à être honorée. Il a exprimé sa joie de voir leur réputation universelle et leur succès dans une cour modèle où le faux mérite est rapidement démasqué.
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443
p. 320-323
Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Début :
J'ay oublié de vous dire qu'ils ont admiré au Cercle [...]
Mots clefs :
Cercle royal, Cire, Personnes, France, Ambassadeurs, Antoine Benoist
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Jay oublié de vous dire
qu'ils ont admiré au Cercle
Royal toutes les Perſonnes
illuſtres qu'ils avoient déja
veuës à la Cour. En entrant
des Amb. de Siam. 321
qui
dans la Sale où les deux Cer
cles ſont diſpoſez , fçavoir
celuy de France & celuy de
Conſtantinople : Ils crurent
d'abord qu'il y avoit quelque
forte d'enchantement
leur faifoit trouver en un même
lieu tant de differentes
fortes de perſonnes habillées
ſuperbement , &dans des attitudes
fi naturelles. Le premier
Ambaſſadeur ne pouvant
ajoûter foy à ſes yeux ,
porta pluſieurs fois ſes mains
fur les habits , pour ſçavoir
ce que pouvoit eſtre. On luy
firenfuitte remarquer dans le
322 IV. P. du Voyage 1
même lieu les Portraits des
Ambaſſadeurs des Nations éloignées
, qui font venus en
France depuis dix ou douze
ans , avec lesquels on a mis
le Doge de Gennes , & les
quatre Senateurs qui l'accompagnerent.
Ils examinerent
toutes les Figures avec une
tres-grande attention , & té
moignerent qu'ils feroient
bien aiſes d'eſtre dans ce nombre
, ce qui a eſté cauſe que
le ſieurBenoiſt a repreſenté en
cire & en peinture les trois
Ambaſſadeurs que l'on voit
au Cercle , habillez comme
des Amb. de Siam. 323
ils eftoient le jour de leur pre
miere Audience.
qu'ils ont admiré au Cercle
Royal toutes les Perſonnes
illuſtres qu'ils avoient déja
veuës à la Cour. En entrant
des Amb. de Siam. 321
qui
dans la Sale où les deux Cer
cles ſont diſpoſez , fçavoir
celuy de France & celuy de
Conſtantinople : Ils crurent
d'abord qu'il y avoit quelque
forte d'enchantement
leur faifoit trouver en un même
lieu tant de differentes
fortes de perſonnes habillées
ſuperbement , &dans des attitudes
fi naturelles. Le premier
Ambaſſadeur ne pouvant
ajoûter foy à ſes yeux ,
porta pluſieurs fois ſes mains
fur les habits , pour ſçavoir
ce que pouvoit eſtre. On luy
firenfuitte remarquer dans le
322 IV. P. du Voyage 1
même lieu les Portraits des
Ambaſſadeurs des Nations éloignées
, qui font venus en
France depuis dix ou douze
ans , avec lesquels on a mis
le Doge de Gennes , & les
quatre Senateurs qui l'accompagnerent.
Ils examinerent
toutes les Figures avec une
tres-grande attention , & té
moignerent qu'ils feroient
bien aiſes d'eſtre dans ce nombre
, ce qui a eſté cauſe que
le ſieurBenoiſt a repreſenté en
cire & en peinture les trois
Ambaſſadeurs que l'on voit
au Cercle , habillez comme
des Amb. de Siam. 323
ils eftoient le jour de leur pre
miere Audience.
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Résumé : Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Lors d'une visite au Cercle Royal, des ambassadeurs de Siam ont été impressionnés par la diversité et la beauté des tenues des personnes présentes, qu'ils ont d'abord prises pour un enchantement. Le premier ambassadeur a touché les habits pour vérifier leur réalité. On leur a ensuite montré des portraits d'ambassadeurs de nations éloignées, ainsi que du Doge de Gênes et de ses sénateurs. Les ambassadeurs de Siam ont exprimé le souhait de figurer parmi ces portraits. En conséquence, le sieur Benoist a réalisé des représentations en cire et en peinture des trois ambassadeurs de Siam, tels qu'ils apparaissaient lors de leur première audience.
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444
p. 323-324
Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Comte de la Feüillade les vint voir la veïlle [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Médaille, Ambassadeurs, Roi de Siam, Livre, Velours, Broderie, Couvert, Portrait du roi
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texteReconnaissance textuelle : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
M le Comte de la Feüil
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
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Résumé : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Le Comte de la Feüil remit aux ambassadeurs des médailles et des livres. Le roi de Siam reçut une médaille d'or avec son portrait et une figure représentant sa gloire. Les ambassadeurs reçurent des médailles en argent ou de même taille, accompagnées de livres en velours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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445
p. 324-325
Ils vont à l'Hostel de la Feüillade, où le Comte de ce nom leur fait voir de tres-beaux meubles. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent ce jour même à l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Hôtel de la Feuillade, Meubles
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texteReconnaissance textuelle : Ils vont à l'Hostel de la Feüillade, où le Comte de ce nom leur fait voir de tres-beaux meubles. [titre d'après la table]
Ils allerent ce jour même à
l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne
des Amb. de Siam. 325
trouverent point Male Ma
rêchal, maisM leComte de la
Feüillade fon fils les reçut , &
leur fit voir des meubles tresriches,
auſquels de laFeuil
lade fait travailler depuis pluſieurs
années.
l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne
des Amb. de Siam. 325
trouverent point Male Ma
rêchal, maisM leComte de la
Feüillade fon fils les reçut , &
leur fit voir des meubles tresriches,
auſquels de laFeuil
lade fait travailler depuis pluſieurs
années.
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446
p. 325-326
Ils vont voir une seconde fois le Monument que Mr de la Feuillade a fait élever à la gloire du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Ils passerent de-là dans la Place des Victoires, où [...]
Mots clefs :
Duc de La Feuillade, François III d'Aubusson, Place des victoires, Ornements, Figure du roi, Dorer, Monument
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texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir une seconde fois le Monument que Mr de la Feuillade a fait élever à la gloire du Roy. [titre d'après la table]
Ils paſſerentdelà
dans la Place des Victoires,
où ils virent des embelliffements
que Mr de la Feuillade
a fait faire à la figure da
Roy , en faiſant dorer tous
les ornements de ce magnifique
Ouvrage. L'Ambaffadeur
dit, que quand il ne feroit
pas à admirerppaarrsa beauté par
fon travail,&parsa richesse
526 IV. P. duVoyage
il le feroit à cause du grandRoy
qu'il reprefente , & qu'on devroit
auſſi le conſiderer beaucoup
par le zele de celuy qui l'a fait
élever.
dans la Place des Victoires,
où ils virent des embelliffements
que Mr de la Feuillade
a fait faire à la figure da
Roy , en faiſant dorer tous
les ornements de ce magnifique
Ouvrage. L'Ambaffadeur
dit, que quand il ne feroit
pas à admirerppaarrsa beauté par
fon travail,&parsa richesse
526 IV. P. duVoyage
il le feroit à cause du grandRoy
qu'il reprefente , & qu'on devroit
auſſi le conſiderer beaucoup
par le zele de celuy qui l'a fait
élever.
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447
p. 326
Mr de la Feuillade va leur dire adieu. [titre d'après la table]
Début :
Le soir Mr de la Feuillade alla dire adieu aux Ambassadeurs, [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Ambassadeurs, Siamois, Français
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texteReconnaissance textuelle : Mr de la Feuillade va leur dire adieu. [titre d'après la table]
Le foirM de la Feuil
lade alla dire adieu aux Ambaffadeurs
, & dans les compliments
qu'ils ſe firent , il
leur dit , que qui n'estoit pas bon
Siamois , n'estoit pas bon François.
lade alla dire adieu aux Ambaffadeurs
, & dans les compliments
qu'ils ſe firent , il
leur dit , que qui n'estoit pas bon
Siamois , n'estoit pas bon François.
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448
p. 326
Mrs de Bonneuil & Girault vont prendre congé d'Eux. [titre d'après la table]
Début :
Mr de Bonneuïl, & Mr Girault ayant esté les voir sur le [...]
Mots clefs :
Monsieur de Bonneuil, Monsieur Girault, Partir
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texteReconnaissance textuelle : Mrs de Bonneuil & Girault vont prendre congé d'Eux. [titre d'après la table]
Me de Bonneuil ,&M Gi
rault ayant eſté les voir ſur le
point de leur départ , Ambaſſadeur
leur dit je parts , &
jay le coeur fi troublé , que je
nesçaurois parler.
rault ayant eſté les voir ſur le
point de leur départ , Ambaſſadeur
leur dit je parts , &
jay le coeur fi troublé , que je
nesçaurois parler.
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449
p. 326-327
Leur maniere de dire adieu au Roy dans l'Hôtel des Ambassadeurs mêmes. [titre d'après la table]
Début :
Avant que de partir, les trois Ambassadeurs & les six [...]
Mots clefs :
Adieu, Roi, Hôtel des ambassadeurs
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texteReconnaissance textuelle : Leur maniere de dire adieu au Roy dans l'Hôtel des Ambassadeurs mêmes. [titre d'après la table]
Avant que
desAmb. de Siam. 327
de partir , les trois Ambaſſadeurs
& les fix Mandarins ſe
tournerent du côté de Verfailles
, ſe mirent ſur une mê
me ligne , joignirent les
mains , les éleverent à leur
front ,& firent trois profondes
inclinations , pour remercier
leRoy , & enſuite ils embrafferent
depuis leur chambre
julqu'à leur Carroſſe toutes
les perſonnes un peu diftinguées,
qui eſtoient venuës
pour leur dire adieu.
desAmb. de Siam. 327
de partir , les trois Ambaſſadeurs
& les fix Mandarins ſe
tournerent du côté de Verfailles
, ſe mirent ſur une mê
me ligne , joignirent les
mains , les éleverent à leur
front ,& firent trois profondes
inclinations , pour remercier
leRoy , & enſuite ils embrafferent
depuis leur chambre
julqu'à leur Carroſſe toutes
les perſonnes un peu diftinguées,
qui eſtoient venuës
pour leur dire adieu.
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450
p. 327-330
Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Chevalier de Chaumont, les accompagna jusqu'à leur [...]
Mots clefs :
Départ, Voyage, Paris, France, Relation, Roi, Ambassadeurs, Storf, Monsieur de Ville, Chevalier de Chaumont, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Mle
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
Chevalier de Chaumont , les
accompagna juſqu'à leurCartofle,&
les vit partir , l'Am
328 IV . P. du Voyage
baffadeur parut fort touche.
Ils feront traités juſques à
Breft par M. de Ville , qui eſt
le Maître d'Hôtel que leRoy
leur a donné , de forte qu'en
quelque lieu que ce foit , ils
feront fervis de la meſme forte
qu'ils l'ont eſté à Paris , &
dans leVoyage qu'ils ont fait
en France , oula inagnificence
a toûjours efté égale. Je finis
cette Relation à leur départ
part de Paris, parce qu'ils vont
àBreft par le meſme chemin
qu'ils en font venus , & que
dans ma premiere Relation ,
je vous ay parlé de tout ce
'des Amb. de Siam, 329
qui regarde cette route. On
avoit eu deſſein de les faire
pafſer en Normandie , afinde
leur faire voir de nouvelles
Villes , mais les chemins n'étant
pas ſi praticables , & le
temps de l'embarquement
preffant , on a craint quelque
retardement qui les empefchaft
de faire voile au premier
vent favorable.
M. Torf , Gentilhomme
ordinaire de la Maiſon du
Roy, & dont je vous ay fouventparlédans
ces quatreRelations
, les doit conduire à
Breſt , où il a eſté les prendre.
Ee
330 IV. P. du Voyage
On ne peut mieux s'acquitten
que luy de ces fortes de fon-
Stions , & la maniere dont il
a remply cette derniere, marque
le bon choix du Roy. II
a fatisfait Sa Majesté , & les
Ambaſſadeurs , & l'on peut
dire qu'en faiſant ſon devoir,
il a trouvé moyen d'obligert
toute la France pendantneuf
mois.
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Résumé : Ce qui s'est passé au moment de leur départ. [titre d'après la table]
Le texte relate le départ des ambassadeurs de Siam de Paris, escortés par le Chevalier de Chaumont. M. de Ville, Maître d'Hôtel du Roi, garantit qu'ils seront traités avec le même soin qu'à Paris durant leur voyage en France. Leur itinéraire de retour à Brest suit le même chemin qu'à l'aller. Initialement, il était prévu de leur faire visiter la Normandie, mais des routes impraticables et l'urgence de l'embarquement ont rendu ce projet impossible. M. Torf, Gentilhomme ordinaire de la Maison du Roi, est chargé de les accompagner à Brest. Ses compétences ont été saluées par le Roi et les ambassadeurs, et il a su se rendre utile en France durant neuf mois.
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