Résultats : 1867 texte(s)
Détail
Liste
701
p. 302-305
De Vienne le 4. Aoust.
Début :
Le jour du depart du Prince Eugene pour Baden, n'est pas [...]
Mots clefs :
Empereur, Vienne, Turcs, Roi de Suède, Régiments d'infanterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Vienne le 4. Aoust.
De Viennele4.Aoust.
Le jour du départ du Prince
Eugene pour Baden, n'est pas
encore fixé, il assiste souvent
aux Conseils secrets, qui se
tiennent à l'arrivée des Exprés
qui viennent de Baden : mais
le resultatn'en est point rendu
publique.
Les Princes Protestants ont
envoyé leurs griefs à l'Empereur,
mais il les a renvoyez
à la Diete On dit que tout
ce qui regarde les deux Electeurs
est fini, & qu'il ne reste
plus qu'à decider des pretentions
des Princes d'Italie, ainsi
on compte que tout fera terminé
le mois prochain.
On ne sçait pas bien encore
quelle route prendra le Roy
jde Suede, Suivant les dernieres
nouvelles qu'on en a cuës, il
estoit encore a Demir-Toca,
attendant les ordres &de l'argent
du Grand Seigneur, pour
se mettre en marche.
Comme les Turcs font avancer
des troupes du costé
de Belgrade, pour y camper,
l'Empereur a envoyé des ordres
en Italie, pour en faire
revenir quatre Regimens d'Infanterie,
cinq deCavalerie&
deux de Dragons, pour les
envoyer en Hongrie, où on
pretend avoir à tout événement,
40. ou 50000. hommes
, non compris les garnisons,
dans le mois de Septembre
tembre prochain,auquel tems
l'Empereur doit aller à Presbourg.
Le jour du départ du Prince
Eugene pour Baden, n'est pas
encore fixé, il assiste souvent
aux Conseils secrets, qui se
tiennent à l'arrivée des Exprés
qui viennent de Baden : mais
le resultatn'en est point rendu
publique.
Les Princes Protestants ont
envoyé leurs griefs à l'Empereur,
mais il les a renvoyez
à la Diete On dit que tout
ce qui regarde les deux Electeurs
est fini, & qu'il ne reste
plus qu'à decider des pretentions
des Princes d'Italie, ainsi
on compte que tout fera terminé
le mois prochain.
On ne sçait pas bien encore
quelle route prendra le Roy
jde Suede, Suivant les dernieres
nouvelles qu'on en a cuës, il
estoit encore a Demir-Toca,
attendant les ordres &de l'argent
du Grand Seigneur, pour
se mettre en marche.
Comme les Turcs font avancer
des troupes du costé
de Belgrade, pour y camper,
l'Empereur a envoyé des ordres
en Italie, pour en faire
revenir quatre Regimens d'Infanterie,
cinq deCavalerie&
deux de Dragons, pour les
envoyer en Hongrie, où on
pretend avoir à tout événement,
40. ou 50000. hommes
, non compris les garnisons,
dans le mois de Septembre
tembre prochain,auquel tems
l'Empereur doit aller à Presbourg.
Fermer
Résumé : De Vienne le 4. Aoust.
Le 4 août à Vienne, le départ du Prince Eugène pour Baden n'est pas encore déterminé. Il participe régulièrement aux Conseils secrets, mais les décisions ne sont pas divulguées. Les Princes Protestants ont soumis leurs plaintes à l'Empereur, qui les a redirigées vers la Diète. Les questions concernant les deux Électeurs sont supposément résolues, ne laissant que les revendications des Princes d'Italie à traiter. Une conclusion est attendue pour le mois suivant. La route du Roi de Suède reste incertaine. Il se trouvait à Demir-Toca, attendant les instructions et les fonds du Grand Seigneur. Les Turcs déplacent des troupes vers Belgrade. En réponse, l'Empereur a ordonné le rappel de plusieurs régiments d'infanterie, de cavalerie et de dragons d'Italie pour les envoyer en Hongrie. L'objectif est de rassembler 40 000 à 50 000 hommes, en plus des garnisons, d'ici septembre, lorsque l'Empereur doit se rendre à Presbourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
702
p. 312-316
Extrait de deux lettres d'Utrecht du 13. & du 14. Aoust.
Début :
Mylord Strafford est venu icy pour presser les Plenipotentiaires [...]
Mots clefs :
Angleterre, Utrecht, Reine d'Angleterre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de deux lettres d'Utrecht du 13. & du 14. Aoust.
Extraitde deux lettres d'Utrecht
du 13. Cm du 14.Aoust.
Mylord Strafford est venu
icy pour presser les Plenipotentiaires
d'Espagne & de
Portugal à- faire la
-
Paix. Ceux
de Portugal ont réponduqu'à
l'arrivée du Comte de Ribeyra.
à Madrid
, on luy avoir fait
quelques propositions
, »
sur
quoy
quoy ce Ministreavoitdepesché
à Lisbonne un Courrier
donc on attendoit la réponse.
Les Ministres d'Espagnerépondirent
de leurcosté qu'ils
attcndoient leurs infirulbons.
Ce marin 14 Mylord Straf- tford a receu par un Extraor-
>
binaire une LettredeMylord tBromley Secretaire d'Etat de
Ha Reine d'Angleterre, par la-
>quelle il luy mandeque la
[ Rcineayanccuë une attaque
> d'apoplexie, elle avoit étédeux
1 heures sans connoissance, & trevenue àforce deremedes,
;Çllc avoit eu le temps de fi---------
- - - gner laPatente de Grand Tresorier,
de laquelle Mylord
Arlay Comte d Oxfort avoit
fait sa demission del'ordre de
li Reine six jours auparavant
en faveur du Duc de Scherfbury.
Mylord Bromlay a-w
jousteque le Conseil d'Estat,
Nemine Contradicente
,
avoit
depesché un courier à l'Electeur
d'Hanover avec ces nouvelles
, le priant de passer incessamment
en Angleterre,
& qu'on avoit envoyé une Escadre
de Vaisseaux de guerre
pour l'y tranfportcr. Mylord
Straffort avoit ordredecom-
.,
muniquer ces nouvelles aux
Estats Generaux, & de les
exhorter en vertu des traiter
faits avec la Hollande, à mettre
l'Electeurd'Hanover cvl
possession de la Couronne
d'Angleterre.La manieredonc
le Secretaire d'Estat écrit, fait
voir qu'on est horsd'esperance
pour la santé de la Reine. Les
lettres de Londres du 13. confirmerent
aussi tostcettenouvelle
à Paris, où on a apprit le
1 y, que le , la Reine fut incommodée,
que le 10. au
matin elle eut une attaque
d'appplexie si violente, que
pendant plusieurs heures on la
crut motte :,
qu'elle en revint
neàncmoins^ mais qu'elle retomba&
mourut le 12. entre
$;-t&huic heures du matin.
-
Le¿ mesme jour à deuxheures
aprèsmidy,on proclama dans
lesMiëux''ordinaire!aveefde
grandes ceremonies&sans at*-
cun trouble l'ElecteurdHanbver
Roy 'det là Grande
Btétagne,&leParJemencsa4
journaaulendemain. **>VksÏ -fùunJifc
du 13. Cm du 14.Aoust.
Mylord Strafford est venu
icy pour presser les Plenipotentiaires
d'Espagne & de
Portugal à- faire la
-
Paix. Ceux
de Portugal ont réponduqu'à
l'arrivée du Comte de Ribeyra.
à Madrid
, on luy avoir fait
quelques propositions
, »
sur
quoy
quoy ce Ministreavoitdepesché
à Lisbonne un Courrier
donc on attendoit la réponse.
Les Ministres d'Espagnerépondirent
de leurcosté qu'ils
attcndoient leurs infirulbons.
Ce marin 14 Mylord Straf- tford a receu par un Extraor-
>
binaire une LettredeMylord tBromley Secretaire d'Etat de
Ha Reine d'Angleterre, par la-
>quelle il luy mandeque la
[ Rcineayanccuë une attaque
> d'apoplexie, elle avoit étédeux
1 heures sans connoissance, & trevenue àforce deremedes,
;Çllc avoit eu le temps de fi---------
- - - gner laPatente de Grand Tresorier,
de laquelle Mylord
Arlay Comte d Oxfort avoit
fait sa demission del'ordre de
li Reine six jours auparavant
en faveur du Duc de Scherfbury.
Mylord Bromlay a-w
jousteque le Conseil d'Estat,
Nemine Contradicente
,
avoit
depesché un courier à l'Electeur
d'Hanover avec ces nouvelles
, le priant de passer incessamment
en Angleterre,
& qu'on avoit envoyé une Escadre
de Vaisseaux de guerre
pour l'y tranfportcr. Mylord
Straffort avoit ordredecom-
.,
muniquer ces nouvelles aux
Estats Generaux, & de les
exhorter en vertu des traiter
faits avec la Hollande, à mettre
l'Electeurd'Hanover cvl
possession de la Couronne
d'Angleterre.La manieredonc
le Secretaire d'Estat écrit, fait
voir qu'on est horsd'esperance
pour la santé de la Reine. Les
lettres de Londres du 13. confirmerent
aussi tostcettenouvelle
à Paris, où on a apprit le
1 y, que le , la Reine fut incommodée,
que le 10. au
matin elle eut une attaque
d'appplexie si violente, que
pendant plusieurs heures on la
crut motte :,
qu'elle en revint
neàncmoins^ mais qu'elle retomba&
mourut le 12. entre
$;-t&huic heures du matin.
-
Le¿ mesme jour à deuxheures
aprèsmidy,on proclama dans
lesMiëux''ordinaire!aveefde
grandes ceremonies&sans at*-
cun trouble l'ElecteurdHanbver
Roy 'det là Grande
Btétagne,&leParJemencsa4
journaaulendemain. **>VksÏ -fùunJifc
Fermer
Résumé : Extrait de deux lettres d'Utrecht du 13. & du 14. Aoust.
Les lettres d'Utrecht des 13 et 14 août relatent des événements politiques et diplomatiques. Lord Strafford, présent à Utrecht, presse les plénipotentiaires d'Espagne et du Portugal pour conclure la paix. Les représentants portugais attendent des nouvelles du Comte de Ribeyra à Madrid, tandis que les ministres espagnols attendent des instructions de leurs supérieurs. Le 14 août, Lord Strafford reçoit une lettre de Lord Bromley, secrétaire d'État de la reine d'Angleterre, annonçant une attaque d'apoplexie subie par la reine, qui a été inconsciente pendant deux heures. Avant cet incident, la reine avait nommé le Duc de Scherfbury Grand Trésorier, succédant au Comte d'Oxfort. Lord Bromley informe également que l'Électeur d'Hanover a été convoqué en Angleterre et qu'une escadre de vaisseaux de guerre a été envoyée pour le transporter. Lord Strafford doit communiquer ces nouvelles aux États Généraux et les inciter à mettre l'Électeur d'Hanover en possession de la couronne d'Angleterre. Les lettres de Londres confirment que la reine a été incommodée le 11 août, a subi une attaque d'apoplexie le 10 août, et est décédée le 12 août. Le même jour, à 14 heures, l'Électeur d'Hanover est proclamé roi de Grande-Bretagne et d'Irlande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
703
p. 319-322
De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
Début :
A Strasbourg le 30. du passé. On a ici à vil prix le bled de [...]
Mots clefs :
Roi, Strasbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
A Strasbourg le 30. du passé.
On a icy a vil prix le bled de
nos magazins, par rapport a
la recolte abondante de cette
année, on n'en garde seulement
que pour la garnison.
Nous apprenons de Baden
duxj. que tes Conferences
s'y continuënt avec succez
& tour ce qu'on n'en dit, n'est
que par conjecture,cequi
donne de l'occupationauxMinistres
des Princes Protestants.
qui n'oublient rien pour faire
mettre ànéant letraité de RIe.
wich. L'Envoyé du Roy de
Sicile se donneaussi de grands
mouvements,pour que le Roy
son Maistre foit compris dans
Id traité,quant à ce qui regardeson
differentavecl'Empereur
:mais les Plenipotentiaires
deSa MajestéImperiale
disent qu'ils n'ont point d'ordred'entrerenmatierelà
def.
fus;&que comme tour eflt
reglé pour ce qui regarde lcs
dcux Electeurs, on nedoute
point que les Conferencesne
pcrenhnenat finidnansl.emoispro- 1. On mande de Bruxelles,que
le29 au soit la Tour neuve
¡, qu'on avoitélevée sur l'Eglise
de S. Nicolas, & où on avoic
i.lcbt..bh le carillon, tomba inopinement,
qu'ellecausa un
grand dommage aux maisons
sines, & tua beaucoupde
monde.
Onapprend des 2 Ponts que te Roy Sta~ y anc~d<~C
la Reine sonespouse, qui étoit
partie de Suede pour le venir
joindre,& qu'il avoit renvoyé
le P~Povioustouski au
Roy de Suede qui estoit en
Turquie au mois de Juin dernier
, pour le remercier de 1*
retraitte qu'il luy a donné dans
ses Estats des deux Pont
On a icy a vil prix le bled de
nos magazins, par rapport a
la recolte abondante de cette
année, on n'en garde seulement
que pour la garnison.
Nous apprenons de Baden
duxj. que tes Conferences
s'y continuënt avec succez
& tour ce qu'on n'en dit, n'est
que par conjecture,cequi
donne de l'occupationauxMinistres
des Princes Protestants.
qui n'oublient rien pour faire
mettre ànéant letraité de RIe.
wich. L'Envoyé du Roy de
Sicile se donneaussi de grands
mouvements,pour que le Roy
son Maistre foit compris dans
Id traité,quant à ce qui regardeson
differentavecl'Empereur
:mais les Plenipotentiaires
deSa MajestéImperiale
disent qu'ils n'ont point d'ordred'entrerenmatierelà
def.
fus;&que comme tour eflt
reglé pour ce qui regarde lcs
dcux Electeurs, on nedoute
point que les Conferencesne
pcrenhnenat finidnansl.emoispro- 1. On mande de Bruxelles,que
le29 au soit la Tour neuve
¡, qu'on avoitélevée sur l'Eglise
de S. Nicolas, & où on avoic
i.lcbt..bh le carillon, tomba inopinement,
qu'ellecausa un
grand dommage aux maisons
sines, & tua beaucoupde
monde.
Onapprend des 2 Ponts que te Roy Sta~ y anc~d<~C
la Reine sonespouse, qui étoit
partie de Suede pour le venir
joindre,& qu'il avoit renvoyé
le P~Povioustouski au
Roy de Suede qui estoit en
Turquie au mois de Juin dernier
, pour le remercier de 1*
retraitte qu'il luy a donné dans
ses Estats des deux Pont
Fermer
Résumé : De Strasbourg le 30. Juillet. [titre d'après la table]
À Strasbourg, le 30 du mois précédent, le blé a été vendu à bas prix en raison d'une récolte abondante. Les stocks sont principalement réservés pour la garnison. À Baden, les conférences se poursuivent avec succès, bien que les détails restent conjecturaux. Les ministres des princes protestants cherchent à annuler le traité de Ryswick. L'envoyé du roi de Sicile travaille à inclure son maître dans le traité concernant le différend avec l'empereur. Cependant, les plénipotentiaires de Sa Majesté impériale affirment ne pas avoir d'instructions pour aborder cette question, bien que les discussions sur les deux électeurs soient réglées. Les conférences devraient se conclure prochainement. À Bruxelles, le 29, la tour neuve de l'église de Saint-Nicolas s'est effondrée, causant des dommages importants aux maisons voisines et tuant de nombreuses personnes. Aux Deux-Ponts, le roi et la reine, venue de Suède, sont arrivés. Le roi a renvoyé le prince Pouvoustovski au roi de Suède, en Turquie depuis juin, pour le remercier de la retraite accordée dans ses États des Deux-Ponts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
704
p. 322-326
A S. Lucar de Carrameda, le 15. Juillet.
Début :
Il est arrivé icy il y a huit jours un grand malheur. Vous [...]
Mots clefs :
Gouverneur, Mort, Sanlúcar de Barrameda, Moines, Couvent
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A S. Lucar de Carrameda, le 15. Juillet.
A S. LUCAT de Carrameda,
£iaicii le 15 Juillet.,_.f
M,ih v •i* Il estarrivé icy il y a huit
jours un grand malheur.Vous
sçavezque dans la pluspart des
Convents d'Andalousie, les
Moines vendent de la viande,
ce qui est frustrer les droitsdu
Roy Catholique, & de presque
tout le veste il en arrive
la même chose. Le Gouverneur
nomméDon Alonzo Jacinco
Velardo, homme tort
zélé pour le service,ayantsçu
qu'au Convent des Augustins
on la vendoit aussi publique
qu'à la Boucherie,avoir envoyé
dire plusieurs fois au
Prieur de s'abstenir de cela,
qu'autrement il seroit obligé
d'ymettre luy-même ordre.
Les Moines fc souciant
fort peu des menaces du GOlit
Vwfncur> continuaient toujours
.cTfiO'îvendre.*»! Lej-Rr?
rmerdes Milionnesvoyantcela
, sir posterdes Ministres de
la rrnrç auxenvirons du Con-
Vccenur;x pour reconnoistre tous
ungqauirednofonrm, aient;*On
àuqùebiJlt
trouvadvuxHivrcs de viande.
Les Mniftrcsl'anècoient
le menoiem en prison ; IOTU
qu'unM>me qui étoit à
porte du Convent, courut a-*
préseux pour faire relâch1er ceà
garçon, à quoy ils resisterent.
CeMoineirritédevoirque
çcs:Minifîresn'imûenr.poûit
de deference pour luy, commença
à lesmaltraiter de paroles&
devoîesde fait. Un des
Ministressevoyant outrage de
lasorre,tiraun coupde pistoler
auMoine,&luy cassalacuisse,
dontil t& mort trois jours aprés;
Les Ministres prirent la
fuite pour se refugier dans
quelque Eglise; mais on ne
voulut point les recevoir. Le
lendemain un Moine du meme
Convent, parent du mort,
voyantque le Gouverneur ne faisoitpoint de diligences
pourle châtier,s'en fut chez
luy, &demandaàluy parler,
la Garde le laissa entier, & des
qu'il fut dans la chambre où
étoit le Gouverneur, il tirade
sa manche un pistoler,dont
illuilâcha le coup à bout portant
dans l'estomach. CetOfsicier
se sentant blessé, voulut;
couriraprésle meurtrier,mais !
il tomba. Le Moine tira un
autre pistolet de l'autre manche.
paflj à travers la Garde,
& se réfugia dansun Convent,
d'où il décampa ensuite. Lr.
Gouverneur n'est pas mort
encore? mais on compte qu'il
n'enéchappera pas,car il a per- ,
du la paroledepuis troisjours
£iaicii le 15 Juillet.,_.f
M,ih v •i* Il estarrivé icy il y a huit
jours un grand malheur.Vous
sçavezque dans la pluspart des
Convents d'Andalousie, les
Moines vendent de la viande,
ce qui est frustrer les droitsdu
Roy Catholique, & de presque
tout le veste il en arrive
la même chose. Le Gouverneur
nomméDon Alonzo Jacinco
Velardo, homme tort
zélé pour le service,ayantsçu
qu'au Convent des Augustins
on la vendoit aussi publique
qu'à la Boucherie,avoir envoyé
dire plusieurs fois au
Prieur de s'abstenir de cela,
qu'autrement il seroit obligé
d'ymettre luy-même ordre.
Les Moines fc souciant
fort peu des menaces du GOlit
Vwfncur> continuaient toujours
.cTfiO'îvendre.*»! Lej-Rr?
rmerdes Milionnesvoyantcela
, sir posterdes Ministres de
la rrnrç auxenvirons du Con-
Vccenur;x pour reconnoistre tous
ungqauirednofonrm, aient;*On
àuqùebiJlt
trouvadvuxHivrcs de viande.
Les Mniftrcsl'anècoient
le menoiem en prison ; IOTU
qu'unM>me qui étoit à
porte du Convent, courut a-*
préseux pour faire relâch1er ceà
garçon, à quoy ils resisterent.
CeMoineirritédevoirque
çcs:Minifîresn'imûenr.poûit
de deference pour luy, commença
à lesmaltraiter de paroles&
devoîesde fait. Un des
Ministressevoyant outrage de
lasorre,tiraun coupde pistoler
auMoine,&luy cassalacuisse,
dontil t& mort trois jours aprés;
Les Ministres prirent la
fuite pour se refugier dans
quelque Eglise; mais on ne
voulut point les recevoir. Le
lendemain un Moine du meme
Convent, parent du mort,
voyantque le Gouverneur ne faisoitpoint de diligences
pourle châtier,s'en fut chez
luy, &demandaàluy parler,
la Garde le laissa entier, & des
qu'il fut dans la chambre où
étoit le Gouverneur, il tirade
sa manche un pistoler,dont
illuilâcha le coup à bout portant
dans l'estomach. CetOfsicier
se sentant blessé, voulut;
couriraprésle meurtrier,mais !
il tomba. Le Moine tira un
autre pistolet de l'autre manche.
paflj à travers la Garde,
& se réfugia dansun Convent,
d'où il décampa ensuite. Lr.
Gouverneur n'est pas mort
encore? mais on compte qu'il
n'enéchappera pas,car il a per- ,
du la paroledepuis troisjours
Fermer
Résumé : A S. Lucar de Carrameda, le 15. Juillet.
Le 15 juillet, un incident tragique a eu lieu à £iaicii. En Andalousie, des moines vendaient illégalement de la viande, violant ainsi les droits du Roi Catholique et du clergé. Le gouverneur, Don Alonzo Jacinco Velardo, a tenté de mettre fin à cette pratique au couvent des Augustins, mais les moines ont ignoré ses avertissements. Les ministres du roi ont arrêté un garçon en possession de viande de contrebande, ce qui a provoqué la colère d'un moine. Ce dernier a agressé les ministres, entraînant une altercation au cours de laquelle un ministre a tiré sur le moine, le blessant mortellement. Les ministres se sont ensuite réfugiés dans une église. Le lendemain, un moine, parent du moine tué, a tiré sur le gouverneur, le blessant gravement. Le moine a ensuite fui vers un autre couvent. Le gouverneur est gravement blessé et son pronostic vital est engagé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
705
p. 327-330
De Marseille.
Début :
On a donné dans cette Ville pendant le mois de Juillet plusieurs [...]
Mots clefs :
Marseille, Marquis, Eaux, Reine de Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Marseille.
DeMarseille.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
Fermer
Résumé : De Marseille.
En juillet, Marseille a célébré la Reine de Pologne, la princesse Sobieski, avec plusieurs fêtes. Sa petite-fille a été remarquée lors des bals chez le Bailli de la Patta et M. Arnoult. Le Comte de Bausse a dansé avec la princesse, et le Marquis de la Bruyère, ancien Syndic des Hôtels et Procureur du pays, a été distingué par plusieurs audiences particulières avec la Reine. Le Marquis est décrit comme un gentilhomme d'esprit et connaisseur des intérêts des princes. Le Vice-Légat d'Avignon a ordonné au Marquis de se rendre à Sorgues pour accueillir la Reine lors de son passage. Par ailleurs, les eaux de Montfrin gagnent en réputation grâce à leurs vertus découvertes par le Docteur Monranier. Les Marquis de Razac et le Baron de Tournefort, Capitaines de Galères, ont recouvré la santé après une grave maladie grâce à ces eaux, attirant ainsi de nombreuses personnes de Provence et du Dauphiné.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
706
p. 330-345
Suite des Nouvelles de Paris.
Début :
L'Edit du Roy qui appelle à la succession de la Couronne [...]
Mots clefs :
Duc du Maine, Comte de Toulouse, Roi, Parlement, Archevêque de Canterbury, Batterie, Armées, Cérémonie, Notre-Dame de la Merci, Messe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de Paris.
Suite des Nouvelles de Paris. 4. L'Edit du Roy qui appelle
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
Fermer
Résumé : Suite des Nouvelles de Paris.
Le texte décrit plusieurs événements politiques et militaires. Le 2 du mois, un édit royal a été présenté au Parlement, désignant le Duc du Maine et le Comte de Toulouse comme successeurs à la couronne, après tous les Princes du Sang. Les pairs présents incluaient l'Archevêque Duc de Reims, le Duc d'Izé, le Duc de Sully, et plusieurs autres. L'édit a été lu et enregistré après les conclusions du Procureur Général. Le Maréchal de Villars a quitté sa terre de Veaux pour se rendre à Baden afin de rencontrer le Prince Eugène et régler des affaires militaires. À Barcelone, les assiégés ont tenté des opérations contre les mineurs français, mais ont subi des pertes. Les Barcelonnois ont également appelé à l'aide dans la Catalogne. À Londres, la Régence continue de fonctionner tranquillement, composée de régents nommés par le Parlement, incluant l'Archevêque de Cantorbery et le Duc de Buckingham. Le Duc de Schresbury a pris possession de la charge de Grand Trésorier. Les régents ont souscrit à une loterie pour lever des fonds. En France, un incident impliquant des Mousquetaires et le Concierge de M. de Bourvallais a été résolu par le Marquis de Vains. Une fête solennelle de l'Ordre de la Mercy a été célébrée à l'église du Marais, avec une messe en plein-chant et un sermon prononcé par l'Abbé le Paige. Enfin, Louis de Bouchez a prêté serment pour la charge de Grand Prévost, succédant à son père. Le Marquis de Lignerac a été nommé Lieutenant Général de la Province du Haut Auvergne et Grand Bailly du Haut Auvergne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
707
p. 356-363
Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy arriva à Versailles le 11. La Cour n'a jamais esté [...]
Mots clefs :
Roi, Duc d'Orléans, Duchesse de Berry, Reine d'Angleterre, Dauphin, Sa Majesté, Fontainebleau, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le Roy arriva à Versailles
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
le II. La Cour n'a jamais esté
si grosse que depuis son retour.
Le 14. Sa Majesté donna
Audiance à l'Envoyé de
Holstein Gottorp
,
qui l'eût
'enfujtc de Monseigneur le
Dauphin., de Madame laDucheflede
Berry, de Madame,
de M.le Duc d'Orléans, & de
Madame la DuchessedOrleans
Le même jour Sa Majesté
se rendit à deux heures ÔC
demie à la Chapelle accompagnée
de Madame la Duchesse.
de Berry,de Madame,de M.
le Duc d'Orléans, ils entendirent
les Vespres chantéespar
la Musique. Le 15.leRoy se
rendit aussiàla même heure
à la Chapelle accompagnéde
Madame la Duchesse de Berry;
de M. le Duc d'Orléans, de
tous les Princes & Princesses
duSang, ils entendirent les
Vespres chantées par laMusique
: ensuite on commença la
Procession. Le Roy pendant
la.marche avoit àson costé
droitM.le Cardinal de Rohan
Grand Aumônier,&àsa gauche
M. l'Abbé d'Enttagues
Aumônier, & M.leCardinal
de Polignac. Immédiatement
après le Roy suivoit Madame
la Duchesse de Berry, ayant
d'un côté M. l'Abbé de Castres,
& de l'autre M. l'Abbé
de Rouget ses Aumôniers. Ensuitevenoient
Madame la Duchesse,
Madame la Princesse
de Conty, Mademoiselle àc.
Charolois. Le Roy estoit precedé
de M. le Duc d'Orleans,
qui avoit à ses costez M. l'Abbé
deTrissan & M. l'Abbé
Malet ses Aumôniers. Devant
M.le Ducd'Orléansmarchoit
M. le Duc, M. le Comte de
Charolois.
>
M. le Prince de
Comy,M.le Prince de Dombes,
& M.le Comte d'Eu. Le
17. Madame l'Ambassadrice
d'Hollande prie le Tabouret
pour la premièrefoischezMadame
la Duchesse de Berry
,
ÔC
au souper chez le Roy. Le 17.
onapprit que la Reine d'Angleterre
estoit morte le 12.&
que le Duc d'Hanovre avoit
estéproclaméRoy de laGrande
Bretagne. Le 19 M.le Maréchal
de Villars prit congé du
Roy &assura Sa Majesté qu'il
arriveroit à Bade le 25. Le même
jourlePrevost des Marchands
accompagné des Echevins
presenta le scrutinauRoy;
M. Clement harangua S. M.
ensuiteils allerentchez M. le
Dauphin,chezMadame laDuchesse
de Berry,&: chez Madame.
Le 20. les Ambassadeurs
du Royde Sicile&
d'Hollande eurent Audiance
deMadamelaDuchessedeBerry
qu'ilscomplimentèrent.
Celuy dHollanderemit àcettePrincesse
uneLettredesEtats-
Generaux. Le mesme jourle
General desBarnabites accompagnéde20.
Religieuxde son
Ordre
Ordre eûtaussi Audiance du
Roy,de M. le Dauphin
,
&
de Madame laDuchesse de Berry
,
qui l'a donnée à tous les
Ambassadeurs dans une chambre
tenduë dedrap noir Cette
Princesse alla aprèsl'Audiance
à la Messe
,
&traversa les appartemens
portant une robe
de drap noir de neuf aulnes
de long avec un voile long de
dix aulnes, dont la queuë étoit
portée pat son Porte manteau
& quatre de ses Pages. Le 21.
M. Prior notifia à S. M. la
mort dela Reine d'Angleterre
sa maîtresse ,& luy remit une
Lettre de la Regence. Le 22. lesDeputez des Etats de Languedoc
ayants à leur teste M.
le Duc du Maunte Gouverneur
dela Province & M. le Marquis
de la Vrillesse Secretaire
d'Etatpresenterent le Cahier
auRoy :l'Evesque d'Aletharangua.
Ils allerent ensuite
chez M. te Dauphin,chezMadamela
Duchesse d-cberryc-à"
leCercleestoittrès grand; 8c
oùle meemePrelatharangua.
L'onpeut dire que ce Prelat
futapplaudi de toutela Cour.
L'apresdînée on fit joüer les j
eaux en leur faveur. Le 2.J.-,1
,• :
arrivaunCourrier deBarcelonne,&
le24Roy pritle
deüil pour la Reine d'Angleterre
,& M. le Dauphin parue
cejour-là pourla premierefois
encolo1 nne&avec l1'.épée. Lr -e
25. ily eût un concours infini
de peuple pourvoir S. M. &
voir joüer les eaux Le29 le
Roy partit pourallercoucher
à Petit-Bourg
Fermer
Résumé : Journal de ce qui s'est passé à Versailles depuis le retour de Marly jusqu'au voyage de Fontainebleau. [titre d'après la table]
Le roi arriva à Versailles le 11 mai. La cour était particulièrement nombreuse. Le 14, il reçut l'envoyé de Holstein Gottorp et assista aux vêpres avec des membres de la famille royale. Le 15, il se rendit à la chapelle avec la duchesse de Berry, le duc d'Orléans et d'autres princes. Le 17, l'ambassadrice d'Hollande demanda le tabouret pour la duchesse de Berry et la mort de la reine d'Angleterre fut annoncée, ainsi que la proclamation du duc d'Hanovre comme roi de Grande-Bretagne. Le 19, le maréchal de Villars prit congé pour se rendre à Bade. Le 20, les ambassadeurs du roi de Sicile et d'Hollande eurent audience avec la duchesse de Berry. Le 21, la mort de la reine d'Angleterre fut notifiée au roi. Le 22, les députés des États de Languedoc présentèrent leur cahier au roi. Le 24, le roi prit le deuil pour la reine d'Angleterre et le dauphin apparut en col blanc et avec l'épée. Le 25, une grande foule se rassembla pour voir le roi et les jeux d'eau. Le 29, le roi partit pour coucher à Petit-Bourg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
709
p. 38-47
EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
Début :
Le I. Decembre, le Pere de la Sante, Jesuite, l'un des Professeurs [...]
Mots clefs :
Paix, Orateur, Règne, Louis XV
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
EX' TRAIT£un Discours. Latin prononcé
au College de Louis le Grand , fur la
longue durée de la. paix dont jouit la
France ? fous le Regne de Louis XV.
LE Decembre , le Pere de lai
Sante, Jésuite, l'un des Professeurs
de Rethorique , au College de Louis le
Grand , fit l'éloge de la Paix t dont joiiit
la France depuis plusieursannées, fous le
regne de Louis XV. La salle où se pafla
cette action ,étoit magnifiquement parée.
Ce discours fut prononcé .en prescnee de
M. le Cardinal dè ;Bilïy,de quantité de
Prélats , & de personnes de distinction ,
& il répond ;pa.rfaitetnent à la reputa
tion que s'£Ét' Acquit l'Auteur par d'au-
..E'a : . ' ; "«
7 AN VIE R. 1714. 39
tres íemblables Pieces d'Eloquence , dorçt
nous avons donné l'Extrait les années
precedentes.
' L'Orateur commence par insinuer ,
que comme chaque Roi de l'auguste
Maison de Bourbon , a merité un nom
dlstinctif , qui caracterise les principaux
évenemensde íà vie , chaque Regne de
vrait auffi avoir un nom particulier qui
le distinguat des autres. Sur ce principe
'il .voudrait qu'on appellât le regne de
tìenry I V. le regne de la clemence ,
celui de Louis X IH. le regne de la jus-
.cice , celui de Louis X 1 V. Je regne
de. la victoire , enfin celui de Louis
X V. le regne de la pai.x , puiíqu'elle
est née , puisqu'elle a crû avec ce Monar
que , & que vrai.semblablement elle diu
rera autant , ou plus que si*n regne.
Ce début conduit naturellement le Pa
negyriste à la division de iòn diícours,
où il prétend faire voir la naissance , le
progrès , & la durée de la derniere paix ,
dont il mesure en quelque íorte les disselens
âges, fus ceux même du Roi. Il
montre qu'elle a commencée íôus d'heujreux
auspices , qu'elle s'est avancée par
de sages conseils , qu'elle est íondée fur
4es conditions propres à la perpetuer.
Ces trois propositions partagent l'éloge
de la paix.
^0 MERCURE DE FRANCE.
.1/
Les commencemens de cette paix sem>;
îblent d'autant plus heureux à l'Orateur ,
qu'on entra en négociation dans un.tems
où la paix étoit plus ineíperée , &où elle
pouyoit être plus glorieuse &c plus avan
tageuse à la Francç.
.Paix inesperée , vô la difference de
caractere & d'interêt des nations qui
étoient alors en .guerre , &jque l'Orateur j
Concilie toutes , en les faisant. se regarder I
c.hacune par l'endroit le plus capable de
réiinir tant de genies .opposes , & en
leur faisant trouver un interêt commua
dans cette réunion. Cet endroit a été pour
l'habile Orateur , un de ces morceaux que
l'éloquence embellit de tout ce qu'elle
peut emprunter de la beauté du style , de
k délicateíse des pensées, de la solidité
des reflexions & de la vivacité de l'acr
tion.
Paix glorieuse , parce que ce n'est
qu'après nous être glorieusement relevez
de nos pertes par la victoire de Denain ,
par le recouvrement de la plupart de
nos places de Flandre f parla prise de
quelques.unes des plus fortes Villes de ï.
l'Allemagne qu'on a procedé tout de
bon à la paix generale, Ceci donne lieu à
un magnifique éloge du Maréchal de VilJ
ANVIER i7t4. 41
lars ,& à une élegante description de la
conference qu'il eut à Rastad avec le
Prmce Eugene , dont le caractere est
heureusement pris. L'Orateur fait un
gracieux paralelle de ces deux grands
Generaux avec Scipion & Annibal réunis
pour traiter de la paix ; mais il fait voir
l'avantage jqu'ont les deux Heros mo
dernes fur les deux anciens. Ce trait est
nouveau.
Enfin , paix avantageuse , vûlebeíôin
qu'en avoient les nations d'Europe , qui
toutes y ont trouvé leur compte , comme
l'Orateur le prouve , fie vu les conjonc
tures où elle a été negociée , c'est.à.dire,
quand la France étoit íùr le point de per
dre un grand Roi , & à là veille d'une
minorité ., source seconde de troubles ,
íîir tout quand le Royaume n'est pas en
paix au dehors.
.Rien de plus intereilânt pour le Roi ,
que la conclusion de cette premiere par-
Eie. L'Orateur felicite ce Prince d'avoir
goûté les prémices de la paix aveccelles
du Trône ; en cela plus heureux qu'Au
guste , qui ne put jouir des douceurs de
la paix que íûr la fin de íòn Empire , en
core fut-ce une paix achetée au prix de
bien des cruautez , au lieu que celle ci
n'a point coûté de sang au Roi , qui l'a
vûë naî;re avec lui , & a eu le bonheur
C d'à
4* MERCURE DE FRANCE.
d'avoir ce crait de ressemblance avec 1$
Roi des Rois , donc il est la viye image
fur lacerre.
Ce premier poinc ne rapprochanc que
des objets pour la plupart éloignés , avpit
besoin de couce l'adrefle & de touce l'é
loquence de l'Orateur , pour être recíi
aussi favorablement qu'U l'a été.
Il'
Le íêcond est beaucoup plus piquant , ij[
a les gfaces de la nouveauté par la proxi
mité des choies qu'on y traite. L'Orateur
y peint les progrès merveilleux que fit
la paix , par les foins du feu Duc d'Or
leans. Il represente ce Prince comme uç
habile & grand politique , qui fait ser
vir à la paix un rare genie soutenu d'une
admirable fermeté d'ame ; genie qu'il em.
ploye à presenter íàns cesle de nouvel
les amorces de paix 5 fermeté dont il use
pour en écarter les obstacles.
Le premier article est un portrait na
turel de cet heureux genie occupé à exa
miner & £ connoître à fond les divers in
terêts des Puislances étrangeres , à pene
trer leurs yûès , à discerner le fort & le
foible de chaque nation , à les amener
toutes par differentes voyes à son but ,
à se rendre lui.même impenetrable aux
esprits les plus clair.voyans , à déguiser
JANVIER i724, 4j
iles plus importans projets fous un air
aisé, ou vert & ingenu i à couvrit ses
desseins d'un eípece de jeu i à faire du
secret fame- de ses entreprises , & à in
spirer la même dexterité, la même sageslè,
& la même aisance à. tous ceux qui le
servoient dans les négociations de paix.
Le íecond article est une peinture alle
gorique, mais des plus brillantes de la ma
noeuvre que fit cet habile Pilote qui tint
toujours ferme le gouvernail ,qui sembla
.«'être rendu maître des .vents , qui lçut le
grand art de prévenir -ou d'écarter les tem
pêtes , d'éviter ou de bxaver les écueils,
d'entretenir le calme & de conduire ion
vaiíîeau à bon port.
La mort de ce grand Prince , les lar
mes de la pieuse Princesse , son épouse ,
les regrets d'un auguste fils , si digne de
íâ tendreíïe , & si cher à toute la France,
terminent ces deux articles qui furent
maniés par le Panegyriste avec une fi
nesse d'expressions , & un goût de pen
sées , dont l'Assemblée fit l'éloge par ses
applaudissemens. Il retombe eníuite íur
l'heureux choix qu'a fait le Roi de
Monsieur le Duc, pour remplacer le Prin-
.ce-, que la France vient de perdre. Le ca
ractere de cet auguste Ministre n'e<t des
plus brillans que parce qu'il est vrai. Ou*
»tie plusieurs grandes quaU'ez dont l'ex.
C i) trait
44. MERCURE DE FRANCE. .
trait íèroit trop long , il prouve sa bonté
pour le peuple par le premier usage qu'il
a fait de sa nouvelle autorité,pour le sou
lager , son discernement pour le vrai me
rite, & son amour pour la justice, parle
soin qu'il a eu de presenter au Roi un di
gne sujet pour mettre à la tête du pre
mier Parlement du ;Royaume. Tout le
monde a reconnu avec d'autant plus de
plaisir cet illustre Magistrat au portrait
tracé par l'Orateur , qu'il l'avoit orné de
ses veritables couleurs, & qu'il l'avoit
placé dans le jour , où M. de Novion ,
bien qu'ennemi de la louange , ai meroíc
luí.meme à se reconnoître . U finit ce se
cond point par la douce esperance dont
il flatte ses Auditeurs , que Monsieur le
Duc mettra la derniere main au grand
ouvrage de la paix , si fort avancé par le:
genie & la fermeté de son Predecesseur
de glorieuse mémoire. s
[ U I.
La troisième partie ne cede en rien à
la seconde , quoi qu'elle semble beau
coup moins fournir à l'éloquence de
l'Orateur. Il y parle des fondemens fur
lesquels est appuyée la paix , & qui la
doivent rendre durable > il les reduit à
trois principaux .. i°. à l'exacte fidelité
ayee laquelle les Puissances intéressée*
JANVIER ïfî4V 4?
observent les conventions & les traitez
reglez entr'elles. i°. Aux Alliances con
tractées entre les Maisons des Souverains
& des Princes. Aux congrès pacifi
ques établis pour donner à la' paix la der
niere perfection , & en prévenir la rup
ture. . ^
Comme' nous apprenons que lé di£
cours de l'Auteur est fous la preste, 8c
va bien-tôt paroître , nous n'entrerons
point dans les preuves de ces trois arti
cles. Qu'il nous soit feulement permis.
d'ajoûter un mot fur la conclusion de toute
la Piece. C'est une idée des plus inge
nieusement imaginées Se des plus. noble
ment remplies. L'on y represente les
Plenipotentiaires des Couronnes > envoyés
à Cambray, comme d'excellens Ouvriers
qui travaillent à la structure du Temple
de la Paix, où- chacun d'eux pose fa pierre,
jusqu'à ce que ce grand ouvrage projette
par un second David , soit consommé
par le pacifique Salomon, c'est.à.dire,
par le Roi , que l'Auteur invite à conía
crer ce monument au Dieu de la paix ,
& d'y réunir par les liens sacrez de la
même Religion tous les François , &c
tous les autres Peuples , en sorte qu'il
n'y ait plus qu'une feule bergerie 6c un
seul Pasteur. Il lui fait envisager cette
double paix de l'Eglise & de l'Europe ,
com
4* MERCURE DE FRANCË^
comme un oeuvre digne de sa pieté , de'
sa prudence, de sa qualité de Roi très-
Chrétien, & de Fils aîné de l'Eglise. En--
fin il propose le desiein d'une Inscription'
que l'on pourra graver íur le frontispice
de cet auguste édifice à la gloire du Mo
narque.
Ce seroit défigurer cette inscription ,
que de vouloir la mettre ici, après l'a
voir simplement entendue' reciter. Un
mot ou transposé , ou traduit peu correc.
tement 3lui feroit perdre son prix. Noos .
renvoyons. les Lecteurs à l'imprimé des
Discours, aufli.bien que pour les aqtres.
endroits que nous n'avons osé toucher.
Il est vrai que le papier n'aura pas tout'
l'agrément de l'action vive & animée }
mais en recompense il donnera le temps
de goûter à loisir ce que le feu de l'Ora
teur dérobe quelquefois à l'attention de
l'auditeur ; d'ailleurs ce n'est que dans
une lecture qu'on admire , comme il faut,
ces traits que k Pere de la Sante a sçû
rendre inimitables ; j'entends les caracte
res. Un caractere achevé dans l'éloquen
ce , & un portrait fini dans la peinture ,
ex kent le même sentiment, je veux dire,
ce cri d'applaudiísement universel causé
par l'agréable surprise de voir la copie
heureusement semblable en tout à l'ori
ginal. Telles étoient les acclamations
qu'on
JANVIER if 14. 47
qu'on donnoit à tous Ceux qu'a touché
l'Orateur dans le Discours Latin , dont il
feroit difficile de rendre la majesté & la
pureté de stile en François.
au College de Louis le Grand , fur la
longue durée de la. paix dont jouit la
France ? fous le Regne de Louis XV.
LE Decembre , le Pere de lai
Sante, Jésuite, l'un des Professeurs
de Rethorique , au College de Louis le
Grand , fit l'éloge de la Paix t dont joiiit
la France depuis plusieursannées, fous le
regne de Louis XV. La salle où se pafla
cette action ,étoit magnifiquement parée.
Ce discours fut prononcé .en prescnee de
M. le Cardinal dè ;Bilïy,de quantité de
Prélats , & de personnes de distinction ,
& il répond ;pa.rfaitetnent à la reputa
tion que s'£Ét' Acquit l'Auteur par d'au-
..E'a : . ' ; "«
7 AN VIE R. 1714. 39
tres íemblables Pieces d'Eloquence , dorçt
nous avons donné l'Extrait les années
precedentes.
' L'Orateur commence par insinuer ,
que comme chaque Roi de l'auguste
Maison de Bourbon , a merité un nom
dlstinctif , qui caracterise les principaux
évenemensde íà vie , chaque Regne de
vrait auffi avoir un nom particulier qui
le distinguat des autres. Sur ce principe
'il .voudrait qu'on appellât le regne de
tìenry I V. le regne de la clemence ,
celui de Louis X IH. le regne de la jus-
.cice , celui de Louis X 1 V. Je regne
de. la victoire , enfin celui de Louis
X V. le regne de la pai.x , puiíqu'elle
est née , puisqu'elle a crû avec ce Monar
que , & que vrai.semblablement elle diu
rera autant , ou plus que si*n regne.
Ce début conduit naturellement le Pa
negyriste à la division de iòn diícours,
où il prétend faire voir la naissance , le
progrès , & la durée de la derniere paix ,
dont il mesure en quelque íorte les disselens
âges, fus ceux même du Roi. Il
montre qu'elle a commencée íôus d'heujreux
auspices , qu'elle s'est avancée par
de sages conseils , qu'elle est íondée fur
4es conditions propres à la perpetuer.
Ces trois propositions partagent l'éloge
de la paix.
^0 MERCURE DE FRANCE.
.1/
Les commencemens de cette paix sem>;
îblent d'autant plus heureux à l'Orateur ,
qu'on entra en négociation dans un.tems
où la paix étoit plus ineíperée , &où elle
pouyoit être plus glorieuse &c plus avan
tageuse à la Francç.
.Paix inesperée , vô la difference de
caractere & d'interêt des nations qui
étoient alors en .guerre , &jque l'Orateur j
Concilie toutes , en les faisant. se regarder I
c.hacune par l'endroit le plus capable de
réiinir tant de genies .opposes , & en
leur faisant trouver un interêt commua
dans cette réunion. Cet endroit a été pour
l'habile Orateur , un de ces morceaux que
l'éloquence embellit de tout ce qu'elle
peut emprunter de la beauté du style , de
k délicateíse des pensées, de la solidité
des reflexions & de la vivacité de l'acr
tion.
Paix glorieuse , parce que ce n'est
qu'après nous être glorieusement relevez
de nos pertes par la victoire de Denain ,
par le recouvrement de la plupart de
nos places de Flandre f parla prise de
quelques.unes des plus fortes Villes de ï.
l'Allemagne qu'on a procedé tout de
bon à la paix generale, Ceci donne lieu à
un magnifique éloge du Maréchal de VilJ
ANVIER i7t4. 41
lars ,& à une élegante description de la
conference qu'il eut à Rastad avec le
Prmce Eugene , dont le caractere est
heureusement pris. L'Orateur fait un
gracieux paralelle de ces deux grands
Generaux avec Scipion & Annibal réunis
pour traiter de la paix ; mais il fait voir
l'avantage jqu'ont les deux Heros mo
dernes fur les deux anciens. Ce trait est
nouveau.
Enfin , paix avantageuse , vûlebeíôin
qu'en avoient les nations d'Europe , qui
toutes y ont trouvé leur compte , comme
l'Orateur le prouve , fie vu les conjonc
tures où elle a été negociée , c'est.à.dire,
quand la France étoit íùr le point de per
dre un grand Roi , & à là veille d'une
minorité ., source seconde de troubles ,
íîir tout quand le Royaume n'est pas en
paix au dehors.
.Rien de plus intereilânt pour le Roi ,
que la conclusion de cette premiere par-
Eie. L'Orateur felicite ce Prince d'avoir
goûté les prémices de la paix aveccelles
du Trône ; en cela plus heureux qu'Au
guste , qui ne put jouir des douceurs de
la paix que íûr la fin de íòn Empire , en
core fut-ce une paix achetée au prix de
bien des cruautez , au lieu que celle ci
n'a point coûté de sang au Roi , qui l'a
vûë naî;re avec lui , & a eu le bonheur
C d'à
4* MERCURE DE FRANCE.
d'avoir ce crait de ressemblance avec 1$
Roi des Rois , donc il est la viye image
fur lacerre.
Ce premier poinc ne rapprochanc que
des objets pour la plupart éloignés , avpit
besoin de couce l'adrefle & de touce l'é
loquence de l'Orateur , pour être recíi
aussi favorablement qu'U l'a été.
Il'
Le íêcond est beaucoup plus piquant , ij[
a les gfaces de la nouveauté par la proxi
mité des choies qu'on y traite. L'Orateur
y peint les progrès merveilleux que fit
la paix , par les foins du feu Duc d'Or
leans. Il represente ce Prince comme uç
habile & grand politique , qui fait ser
vir à la paix un rare genie soutenu d'une
admirable fermeté d'ame ; genie qu'il em.
ploye à presenter íàns cesle de nouvel
les amorces de paix 5 fermeté dont il use
pour en écarter les obstacles.
Le premier article est un portrait na
turel de cet heureux genie occupé à exa
miner & £ connoître à fond les divers in
terêts des Puislances étrangeres , à pene
trer leurs yûès , à discerner le fort & le
foible de chaque nation , à les amener
toutes par differentes voyes à son but ,
à se rendre lui.même impenetrable aux
esprits les plus clair.voyans , à déguiser
JANVIER i724, 4j
iles plus importans projets fous un air
aisé, ou vert & ingenu i à couvrit ses
desseins d'un eípece de jeu i à faire du
secret fame- de ses entreprises , & à in
spirer la même dexterité, la même sageslè,
& la même aisance à. tous ceux qui le
servoient dans les négociations de paix.
Le íecond article est une peinture alle
gorique, mais des plus brillantes de la ma
noeuvre que fit cet habile Pilote qui tint
toujours ferme le gouvernail ,qui sembla
.«'être rendu maître des .vents , qui lçut le
grand art de prévenir -ou d'écarter les tem
pêtes , d'éviter ou de bxaver les écueils,
d'entretenir le calme & de conduire ion
vaiíîeau à bon port.
La mort de ce grand Prince , les lar
mes de la pieuse Princesse , son épouse ,
les regrets d'un auguste fils , si digne de
íâ tendreíïe , & si cher à toute la France,
terminent ces deux articles qui furent
maniés par le Panegyriste avec une fi
nesse d'expressions , & un goût de pen
sées , dont l'Assemblée fit l'éloge par ses
applaudissemens. Il retombe eníuite íur
l'heureux choix qu'a fait le Roi de
Monsieur le Duc, pour remplacer le Prin-
.ce-, que la France vient de perdre. Le ca
ractere de cet auguste Ministre n'e<t des
plus brillans que parce qu'il est vrai. Ou*
»tie plusieurs grandes quaU'ez dont l'ex.
C i) trait
44. MERCURE DE FRANCE. .
trait íèroit trop long , il prouve sa bonté
pour le peuple par le premier usage qu'il
a fait de sa nouvelle autorité,pour le sou
lager , son discernement pour le vrai me
rite, & son amour pour la justice, parle
soin qu'il a eu de presenter au Roi un di
gne sujet pour mettre à la tête du pre
mier Parlement du ;Royaume. Tout le
monde a reconnu avec d'autant plus de
plaisir cet illustre Magistrat au portrait
tracé par l'Orateur , qu'il l'avoit orné de
ses veritables couleurs, & qu'il l'avoit
placé dans le jour , où M. de Novion ,
bien qu'ennemi de la louange , ai meroíc
luí.meme à se reconnoître . U finit ce se
cond point par la douce esperance dont
il flatte ses Auditeurs , que Monsieur le
Duc mettra la derniere main au grand
ouvrage de la paix , si fort avancé par le:
genie & la fermeté de son Predecesseur
de glorieuse mémoire. s
[ U I.
La troisième partie ne cede en rien à
la seconde , quoi qu'elle semble beau
coup moins fournir à l'éloquence de
l'Orateur. Il y parle des fondemens fur
lesquels est appuyée la paix , & qui la
doivent rendre durable > il les reduit à
trois principaux .. i°. à l'exacte fidelité
ayee laquelle les Puissances intéressée*
JANVIER ïfî4V 4?
observent les conventions & les traitez
reglez entr'elles. i°. Aux Alliances con
tractées entre les Maisons des Souverains
& des Princes. Aux congrès pacifi
ques établis pour donner à la' paix la der
niere perfection , & en prévenir la rup
ture. . ^
Comme' nous apprenons que lé di£
cours de l'Auteur est fous la preste, 8c
va bien-tôt paroître , nous n'entrerons
point dans les preuves de ces trois arti
cles. Qu'il nous soit feulement permis.
d'ajoûter un mot fur la conclusion de toute
la Piece. C'est une idée des plus inge
nieusement imaginées Se des plus. noble
ment remplies. L'on y represente les
Plenipotentiaires des Couronnes > envoyés
à Cambray, comme d'excellens Ouvriers
qui travaillent à la structure du Temple
de la Paix, où- chacun d'eux pose fa pierre,
jusqu'à ce que ce grand ouvrage projette
par un second David , soit consommé
par le pacifique Salomon, c'est.à.dire,
par le Roi , que l'Auteur invite à conía
crer ce monument au Dieu de la paix ,
& d'y réunir par les liens sacrez de la
même Religion tous les François , &c
tous les autres Peuples , en sorte qu'il
n'y ait plus qu'une feule bergerie 6c un
seul Pasteur. Il lui fait envisager cette
double paix de l'Eglise & de l'Europe ,
com
4* MERCURE DE FRANCË^
comme un oeuvre digne de sa pieté , de'
sa prudence, de sa qualité de Roi très-
Chrétien, & de Fils aîné de l'Eglise. En--
fin il propose le desiein d'une Inscription'
que l'on pourra graver íur le frontispice
de cet auguste édifice à la gloire du Mo
narque.
Ce seroit défigurer cette inscription ,
que de vouloir la mettre ici, après l'a
voir simplement entendue' reciter. Un
mot ou transposé , ou traduit peu correc.
tement 3lui feroit perdre son prix. Noos .
renvoyons. les Lecteurs à l'imprimé des
Discours, aufli.bien que pour les aqtres.
endroits que nous n'avons osé toucher.
Il est vrai que le papier n'aura pas tout'
l'agrément de l'action vive & animée }
mais en recompense il donnera le temps
de goûter à loisir ce que le feu de l'Ora
teur dérobe quelquefois à l'attention de
l'auditeur ; d'ailleurs ce n'est que dans
une lecture qu'on admire , comme il faut,
ces traits que k Pere de la Sante a sçû
rendre inimitables ; j'entends les caracte
res. Un caractere achevé dans l'éloquen
ce , & un portrait fini dans la peinture ,
ex kent le même sentiment, je veux dire,
ce cri d'applaudiísement universel causé
par l'agréable surprise de voir la copie
heureusement semblable en tout à l'ori
ginal. Telles étoient les acclamations
qu'on
JANVIER if 14. 47
qu'on donnoit à tous Ceux qu'a touché
l'Orateur dans le Discours Latin , dont il
feroit difficile de rendre la majesté & la
pureté de stile en François.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'un Discours Latin prononcé au College de Louis le Grand, sur la longue durée de la paix dont jouit la France, sous le Regne de Louis XV.
En décembre, un jésuite et professeur de rhétorique au Collège de Louis le Grand prononça un discours élogieux sur la longue paix dont jouissait la France sous le règne de Louis XV. Cet événement eut lieu en présence du Cardinal de Bissy, de nombreux prélats et personnes de distinction. L'orateur suggéra que chaque règne des Bourbons devrait avoir un nom distinctif, proposant d'appeler celui de Louis XV le 'règne de la paix'. Il divisa son discours en trois parties : la naissance, le progrès et la durée de cette paix. L'orateur souligna que les négociations de paix commencèrent à un moment inattendu et particulièrement glorieux pour la France. Il mentionna la victoire de Denain et le recouvrement des places de Flandre comme préludes à la paix générale. Il fit également un parallèle entre les maréchaux Villars et le Prince Eugène, les comparant à Scipion et Hannibal. La paix était avantageuse pour toutes les nations d'Europe, qui y trouvèrent leur compte. L'orateur félicita Louis XV d'avoir goûté les prémices de la paix dès le début de son règne, le comparant à Auguste qui n'en jouit qu'à la fin de son empire. Le discours détailla ensuite les progrès de la paix sous l'influence du Duc d'Orléans, décrit comme un habile politique. Après la mort du Duc, l'orateur loua le choix du Roi de nommer le Duc de Bourbon pour le remplacer. Il mentionna trois principes de la paix : la fidélité aux conventions, les alliances entre souverains et les congrès pacifiques. Le discours se conclut par une métaphore des plénipotentiaires travaillant à la construction du 'Temple de la Paix', invitant le Roi à consacrer cet ouvrage au Dieu de la paix et à unir tous les peuples sous une même religion. L'orateur proposa une inscription pour ce monument, dont la récitation exacte est renvoyée à l'impression du discours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
710
p. 98-99
Entretiens des ombres, &c. [titre d'après la table]
Début :
ENTRETIENS DES OMBRES aux Champs Elisées, sur divers sujets d'Histoire, de [...]
Mots clefs :
Ombres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entretiens des ombres, &c. [titre d'après la table]
Entretiens des Ombrés aux. Champs
Elisées , fur divers sujets d'Hiítoire, de
Politiques de Morale .^Ouvrage traduit
de l' Allemand , par M. Valentinlungerman.
A Amsterdam , chez Herman Vytwerfï
Les six -premiers n.ois qui font le'
premier volume contiennent 614. pages.
. On attribue cet ouvrage à diversespersonnes
: les uns croyent qu'ils font de'
l'Auteur qui est nommé dans le titre
d'autres l'attribuent à une Damoiselle de
beaucoup d'esprit qui s'est cachée sous ce'
nom , &' d'autres enfin croyent y reconnoître
Un homme de Lettres qui fait ion1
iejour en Hollande. Quoiqu'il en soit de
l'Auteur de ces Entretiens qui proisfent
tous les mois , on «peut juger par son
stile qu'il a beaucoup de feu St d'agré
ment , & qu'il merite aííez le nom qu'il'
s'est donné , supposé que ce ne soit pas
le íien.
Ce Traducteur nous apprend dans lé
JANVIER 1724. &
tnier avertissement, que depuis qu'il est
naturalisé en France , il doit regarder
ce Royaume comme íâ Patrie , & en
procurer la gloire par tous les moyens
honnêtes qui font en íòn pouvoir. Ce n'est
pas d'aujourd'hui , dit. il , que fat re
marqué que Messieurs les Allemands ft
font enrichis aux dépens de la Litterature
françoise. Il ne parott pas un bon livre.
qu'ils m traduisent presque auffi.tot. Il est
temps d'user de represailles a noire' tour ,
& lorsque nous les trouverons pillables y
il ne faut pas se faire. un scrupule de pro
fiter des ouvrages qu'ils publient' en leur
langue. Il declare eníuite que son deísein
n'est pas de traduire en Notaire ,- & de
mot à mot. Il tient parole, & ion ou
vrage n'est rien moins qu'une traduct'on,.
car il n'a tout au plus pris de son origi
nal que les noms des interlocuteurs.
Elisées , fur divers sujets d'Hiítoire, de
Politiques de Morale .^Ouvrage traduit
de l' Allemand , par M. Valentinlungerman.
A Amsterdam , chez Herman Vytwerfï
Les six -premiers n.ois qui font le'
premier volume contiennent 614. pages.
. On attribue cet ouvrage à diversespersonnes
: les uns croyent qu'ils font de'
l'Auteur qui est nommé dans le titre
d'autres l'attribuent à une Damoiselle de
beaucoup d'esprit qui s'est cachée sous ce'
nom , &' d'autres enfin croyent y reconnoître
Un homme de Lettres qui fait ion1
iejour en Hollande. Quoiqu'il en soit de
l'Auteur de ces Entretiens qui proisfent
tous les mois , on «peut juger par son
stile qu'il a beaucoup de feu St d'agré
ment , & qu'il merite aííez le nom qu'il'
s'est donné , supposé que ce ne soit pas
le íien.
Ce Traducteur nous apprend dans lé
JANVIER 1724. &
tnier avertissement, que depuis qu'il est
naturalisé en France , il doit regarder
ce Royaume comme íâ Patrie , & en
procurer la gloire par tous les moyens
honnêtes qui font en íòn pouvoir. Ce n'est
pas d'aujourd'hui , dit. il , que fat re
marqué que Messieurs les Allemands ft
font enrichis aux dépens de la Litterature
françoise. Il ne parott pas un bon livre.
qu'ils m traduisent presque auffi.tot. Il est
temps d'user de represailles a noire' tour ,
& lorsque nous les trouverons pillables y
il ne faut pas se faire. un scrupule de pro
fiter des ouvrages qu'ils publient' en leur
langue. Il declare eníuite que son deísein
n'est pas de traduire en Notaire ,- & de
mot à mot. Il tient parole, & ion ou
vrage n'est rien moins qu'une traduct'on,.
car il n'a tout au plus pris de son origi
nal que les noms des interlocuteurs.
Fermer
Résumé : Entretiens des ombres, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Entretiens des Ombrés aux Champs' est une traduction française d'un texte allemand réalisée par M. Valentinlungerman. Publié à Amsterdam par Herman Vytwerf, le premier volume compte 614 pages. L'auteur de l'œuvre originale est incertain : certains attribuent le texte à l'auteur nommé dans le titre, d'autres à une dame spirituelle, et d'autres encore à un homme de lettres vivant en Hollande. Le style de l'auteur est décrit comme vif et agréable. Dans un avertissement daté de janvier 1724, le traducteur, naturalisé en France, exprime son désir de contribuer à la gloire de la France par des moyens honnêtes. Il note que les Allemands enrichissent souvent leur littérature en traduisant des œuvres françaises et propose de traduire des œuvres allemandes pour en tirer profit. Le traducteur précise que sa traduction n'est pas littérale mais adaptée, conservant uniquement les noms des interlocuteurs de l'original.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
711
p. 118-119
EXPLICATION des Types & Legendes des Jettons frappez pour le premier Janvier 1724. dont la planche est ci à côté.
Début :
TRÉSOR ROYAL. LA figure d'un Fleuve, qui avec son [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des Types & Legendes des Jettons frappez pour le premier Janvier 1724. dont la planche est ci à côté.
EXPLICATION Àes-'-f^^
Légendes des Jeitms fra-ffez
.jjnmìer Janvier 1714. dont la planche
est ci k côté.
A figure d'un Fleuve , qui: ^fciòrF
JL/ Urne répand des eaux dans un grarjttt
Ballin , Legende. Recipuqùe réfertqueí^ í
// rend ce qu'il refoit.
Parties Casvelibs.
Un grand Chesne qui laisse tomber
quantité de glands , Legende : Sic manet
immortale genus. C'est ainsi que fi ntc*
fimmortalise.
Chambre aux' Déni ers.
Un Arrosoir répandu fur de jeunes
Lauriers , Legende f Certior imbre. Cet»
j>lnye ajs-tre leur vie.
Bastimens du Roy.
Apollon bâti (Tant les murailles de ThebeS,
en joiiant de la Lyre , Légende r Saxa
aurita moventur. Les Pierres enundent ,
& se meuvent d'elles.mêmes.
ÛRD5-
^ANVIÊR uitç ïi*
ÒrûinAike DES GÒER.RïS.
La tête de Meduse representée sur un
Bouclier, Legende: Contra quid postent
ruentes ! Que fourroient contre elles les
efforts ennemis !
Extraordinaire des Guerres,'.
La Massiie d'Hercule. Legendes Etianw
que per otia terret. Elle inspire la órain*
te,' même dans son repos.
Marine.
Un Vaiíseau en plaine Mer conduit
par Jes étoiles de Castor & Pollux. Legen
de : Subamico íìdere tuta. Je vogue en
partitfins cet ajìre protetteur.
Galères.'
Des Òiíèaux de Proye qui semblent
r'égayer en volant sur une mer calme.
Legende : Discuntque pei otia bellutn.
ils apprennent la guerre dans le calmt
mime.
Légendes des Jeitms fra-ffez
.jjnmìer Janvier 1714. dont la planche
est ci k côté.
A figure d'un Fleuve , qui: ^fciòrF
JL/ Urne répand des eaux dans un grarjttt
Ballin , Legende. Recipuqùe réfertqueí^ í
// rend ce qu'il refoit.
Parties Casvelibs.
Un grand Chesne qui laisse tomber
quantité de glands , Legende : Sic manet
immortale genus. C'est ainsi que fi ntc*
fimmortalise.
Chambre aux' Déni ers.
Un Arrosoir répandu fur de jeunes
Lauriers , Legende f Certior imbre. Cet»
j>lnye ajs-tre leur vie.
Bastimens du Roy.
Apollon bâti (Tant les murailles de ThebeS,
en joiiant de la Lyre , Légende r Saxa
aurita moventur. Les Pierres enundent ,
& se meuvent d'elles.mêmes.
ÛRD5-
^ANVIÊR uitç ïi*
ÒrûinAike DES GÒER.RïS.
La tête de Meduse representée sur un
Bouclier, Legende: Contra quid postent
ruentes ! Que fourroient contre elles les
efforts ennemis !
Extraordinaire des Guerres,'.
La Massiie d'Hercule. Legendes Etianw
que per otia terret. Elle inspire la órain*
te,' même dans son repos.
Marine.
Un Vaiíseau en plaine Mer conduit
par Jes étoiles de Castor & Pollux. Legen
de : Subamico íìdere tuta. Je vogue en
partitfins cet ajìre protetteur.
Galères.'
Des Òiíèaux de Proye qui semblent
r'égayer en volant sur une mer calme.
Legende : Discuntque pei otia bellutn.
ils apprennent la guerre dans le calmt
mime.
Fermer
Résumé : EXPLICATION des Types & Legendes des Jettons frappez pour le premier Janvier 1724. dont la planche est ci à côté.
En janvier 1714, diverses légendes et figures sont illustrées. Un fleuve, représenté par une urne versant de l'eau dans un grand bassin, symbolise la réciprocité. Un chêne laissant tomber des glands illustre l'immortalité de la descendance. Un arrosoir arrosant de jeunes lauriers signifie que l'eau assure leur croissance. Apollon construit les murailles de Thèbes en jouant de la lyre, montrant que les pierres se meuvent d'elles-mêmes. La tête de Méduse sur un bouclier symbolise la défense contre les efforts ennemis. La massue d'Hercule inspire la crainte même dans son repos. Un vaisseau en mer, guidé par les étoiles de Castor et Pollux, indique une navigation protégée. Des oiseaux de proie volent sur une mer calme, apprenant la guerre dans le calme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
712
p. 122-123
Turquie.
Début :
L'Envoyé du Roy de Perse à Constantinople, eut audience du Grand [...]
Mots clefs :
Perse, Grand vizir, Troupes, Roi de Perse, Géorgie, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Turquie.
Turquie.
L'Envoyé du Roy de Perse à ConfV
tantinople , eut audience du Grand'
Visir au commencement de l'autre mois*
Il se plaignit de Pentrée des Troupes du
G. S. dans la Georgie , & dans d^iutres.
Provinces de la Perse. Ce Premier Mi
nistre lui répondit que S. H. s'étoit çrûe
obligée de s'aíTurer de ces Provinces pour
. arrêter le progrès des Troupes du Czar*.
dont la grande puissance causoit de l'om
brage à la Porte. Le G. V. a asíuré cet
Envoyé que S. H. ne feroit retirer ses
troupes , que lorsque le Roy de Perse së
íèroit mis à sa discretion , & qu'il n'anïoit
plus de liaison particuliere avec S»'
Majesté Czarienne.
On aslure que l'armée Othomane , qui
est commandée par Hassan , Eacha de'
Bag ht , s'est emparée de Schirmanshacn.
&í de Hamedan , Villes coníiderables fur
la route d'Ispahan ; que l'autre armée du
Grand
S ÁNVI £R 1724. 123
Grand Seigneur , de 40000 hommes ,
commandée par le Bacha de Baslòra t
fils du Bacha Haslàn , est entrée dans la
Province dé Schiwan , & qu'elle íe dis
pose à faire le siege d'Erivan , après s'ê
tre emparée de la Ville de Gangia.
La troisième armée du G. S. comman
dée par Achmet ,. Bacha , est en Georgie
où elle a fait de très.grands progrès , &
. on croit qu'elle va marcher vers la Ca
pitale de la Perse. L'armée de l'Usurpa
teur Miry.Mamouth , n'est, dit-on , com
posée que de 30000. hommes.
Quelques lettres portent qu'une partie
des troupes du Grand Seigneur qui avoient
penetré dans la Georgie , avoient été atta
quées par celles du Roy de Perse ; que
ces dernieres avoient eu l'avantage, &
que les Turcs avoient été contraints de.
& retirer du côté de Tiflis.
On mande de Constantinople que il
le Divan prend la réíolution de declarer
la guerre à la Russie,on arborera la gran
de queue de cheval dès que le Grand Viíìr
sera prêt à partir peur aller se mettre
à la tète de l'armée qui sera, dit.on , com
posée de izocoo; hommes, outre 4 5 000.
Tartares.
On ajoute que Gianum Coggia, estr
en gr nde faveur à la Porte, qu'il a 1*
direction des aífaires de la Marine, &
qx'ii est admis au Divan.
L'Envoyé du Roy de Perse à ConfV
tantinople , eut audience du Grand'
Visir au commencement de l'autre mois*
Il se plaignit de Pentrée des Troupes du
G. S. dans la Georgie , & dans d^iutres.
Provinces de la Perse. Ce Premier Mi
nistre lui répondit que S. H. s'étoit çrûe
obligée de s'aíTurer de ces Provinces pour
. arrêter le progrès des Troupes du Czar*.
dont la grande puissance causoit de l'om
brage à la Porte. Le G. V. a asíuré cet
Envoyé que S. H. ne feroit retirer ses
troupes , que lorsque le Roy de Perse së
íèroit mis à sa discretion , & qu'il n'anïoit
plus de liaison particuliere avec S»'
Majesté Czarienne.
On aslure que l'armée Othomane , qui
est commandée par Hassan , Eacha de'
Bag ht , s'est emparée de Schirmanshacn.
&í de Hamedan , Villes coníiderables fur
la route d'Ispahan ; que l'autre armée du
Grand
S ÁNVI £R 1724. 123
Grand Seigneur , de 40000 hommes ,
commandée par le Bacha de Baslòra t
fils du Bacha Haslàn , est entrée dans la
Province dé Schiwan , & qu'elle íe dis
pose à faire le siege d'Erivan , après s'ê
tre emparée de la Ville de Gangia.
La troisième armée du G. S. comman
dée par Achmet ,. Bacha , est en Georgie
où elle a fait de très.grands progrès , &
. on croit qu'elle va marcher vers la Ca
pitale de la Perse. L'armée de l'Usurpa
teur Miry.Mamouth , n'est, dit-on , com
posée que de 30000. hommes.
Quelques lettres portent qu'une partie
des troupes du Grand Seigneur qui avoient
penetré dans la Georgie , avoient été atta
quées par celles du Roy de Perse ; que
ces dernieres avoient eu l'avantage, &
que les Turcs avoient été contraints de.
& retirer du côté de Tiflis.
On mande de Constantinople que il
le Divan prend la réíolution de declarer
la guerre à la Russie,on arborera la gran
de queue de cheval dès que le Grand Viíìr
sera prêt à partir peur aller se mettre
à la tète de l'armée qui sera, dit.on , com
posée de izocoo; hommes, outre 4 5 000.
Tartares.
On ajoute que Gianum Coggia, estr
en gr nde faveur à la Porte, qu'il a 1*
direction des aífaires de la Marine, &
qx'ii est admis au Divan.
Fermer
Résumé : Turquie.
En Turquie, l'envoyé du roi de Perse a rencontré le Grand Visir à Constantinople pour protester contre l'entrée des troupes ottomanes en Géorgie et dans d'autres provinces persanes. Le Grand Visir a justifié cette occupation par la nécessité de contrer l'avancée des troupes russes. Il a assuré que les troupes ottomanes ne se retireraient que lorsque le roi de Perse serait sous la discrétion du sultan et n'aurait plus de liens avec la Russie. L'armée ottomane, dirigée par Hassan, Eacha de Bagdad, a pris les villes de Schirmanshah et Hamedan sur la route d'Ispahan. Une autre armée de 40 000 hommes, commandée par le Bacha de Basra, a pénétré en province de Schiwan et se prépare à assiéger Erivan après avoir pris Gangia. Une troisième armée, dirigée par Achmet Bacha, opère en Géorgie et avance vers la capitale perse. L'armée de l'usurpateur Miry Mamouth est estimée à 30 000 hommes. Des rapports indiquent que des troupes ottomanes en Géorgie ont été attaquées par les forces persanes, qui ont pris l'avantage et repoussé les Turcs vers Tiflis. À Constantinople, le Divan a décidé de déclarer la guerre à la Russie. Une armée de 120 000 hommes, renforcée par 45 000 Tartares, se prépare sous le commandement du Grand Visir. Gianum Coggia, en grande faveur à la Porte, dirige les affaires de la marine et est admis au Divan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
713
p. 124-126
Nouvelles de Constantinople du mois d'Octobre 1723.
Début :
Sur la fin du mois passé une des Sultanes a mis au monde une Princesse, [...]
Mots clefs :
Ministre, Ministres, Sultane, Moscovie, Constantinople, Grand vizir, Grand seigneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Constantinople du mois d'Octobre 1723.
Nouvelles de Constantinople du mois
d'Otfobfe 172 3.
•
S Ut la fin du mois passé une des Sul-
. canes a mis au monde une Princesse»
dont la naissance a été celebrée à l'ordi
naire par le bruit du. canon du Serrail ,
de l'Arcenal,des Vaisseaux, & des Gai»
leres qui sorit dans ce Port.
M. Gritti , nouveau Bayle, ou Am
bassadeur de Veniíë qui vient relever M.
Emo , est arrivé le 7. de ce mois en ce
Port fur deux Galeres que íà Hautessé
avoit envoyées. au Tenedore , suivant le
ceremonial ordinaire pour recevoir ce
Ministre, & le transporter. en cette Ville;
les deux Vaisseaux de la République, fur
leíquels ce Ministre étoit parti de Veniíe
iront hiverner Jl Corfou , en attendant le
départ de M. Emo. M. Gritti fera in
cessamment son entrée publique en cetta
Ville , il aura. ensuite son audience du
Grand Visir , & du Grand Seigneur. M.
Emo , ancien Bayle , a étéfuivant l'uiâge
recevoir & complimenter son íucceíîèur.
fur ies Galeres du Grand Seigneur , l'a
conduit au * Baylage de Veniíe, à Peraj
•ù il l'a regalé pendant trois jours , &
s'est retiré ensuite dans une maiíon parr.
* C'est le Balais de ces Misislres...
JANVIER. 1714.: irj
tìcutìere qu'il s'étoit fait preparer avant
l'arrivée de ce nouveau Ministre s dans
laquelle il restera juíques à son départ
pour Venise.
Il n'y a eu aucune nouvelle conferent
ce entre les Ministres de la Porte , Se le
Réíident de Moícovie au sujet des affai
res de Perse, depuis celle quiavoit été
tenue le 19. Aoust: on peut juger delà
que ces conferences auront été suspendues
jusqu'à ce que M. NepluyefF, Résident
de Moícovie, ait reçu la réponse aux Let
tres que portoit le Courier qu'il avoic
dépêché en Moícovie après cette confe
rence.
Ile 17. de ce mois il est arrivé en cette
Cour un Ambassadeur de la part de Tamas
Chah , fils du Sophi qui est toujours
à Tauris avec un corps de troupes consi
derable qu'il a raroaíîe. Ce Ministre qui
avoit été retardé près de six mois fur les
frontieres pendant que l'on déliberoit à
la Porte u on- devoit le recevoir , a
vaincu cette premiere difficulté , par leí
moyen des representations du Pacha d~e
Van. Il est venu en poste accompagné
de huit ou dix personnes, & a eu son
audience dû Grand Visir peu dé jours
après son arrivée. On écrit qu'il est déja
entré en conference avec les Ministres
de cette Cour, & que le íùjet de son
Ambaila^
ii6 MERCURE DE FRANCE.
Ambaííàde est pour demander du secours
à la Porte contre Miri-Mamouth.
Les Turcs 'n'ont encore agi que fbiblement
Gu les frontieres, on eh attri
bue la cause aux divisions qu'il y a eu
entre les Comrnandans.' Ibrahim' Pacha
qui étoit Seraskier , a été dépoíe à cette
occasion , 5e cette Charge donnée à Are-
H.Mehemet Pacha qui commande en mê
me temps dans toute la Georgie.
Il est venu depuis peu de jours quel
ques Seigneurs ou principaux des peu-
{íle^ appeliez Abafla pour se mettre sous
a protection de la Torte , Se servir en
même temps d'otage de la fidelité de leurs
Chefs*
. Les pluyes frequentes qu'il fait en ce
pays dans cette saison ont fait revenir à
Fera tous les Ministres des Paiíïances
Étrangeres qui étoient dispersez dans
des maisons de plaiíànce aux environs dè
cette Ville, pour lai sler passer le temps
de la contagion', quoiqu'elle ne soi t pas.
totalement finie.
d'Otfobfe 172 3.
•
S Ut la fin du mois passé une des Sul-
. canes a mis au monde une Princesse»
dont la naissance a été celebrée à l'ordi
naire par le bruit du. canon du Serrail ,
de l'Arcenal,des Vaisseaux, & des Gai»
leres qui sorit dans ce Port.
M. Gritti , nouveau Bayle, ou Am
bassadeur de Veniíë qui vient relever M.
Emo , est arrivé le 7. de ce mois en ce
Port fur deux Galeres que íà Hautessé
avoit envoyées. au Tenedore , suivant le
ceremonial ordinaire pour recevoir ce
Ministre, & le transporter. en cette Ville;
les deux Vaisseaux de la République, fur
leíquels ce Ministre étoit parti de Veniíe
iront hiverner Jl Corfou , en attendant le
départ de M. Emo. M. Gritti fera in
cessamment son entrée publique en cetta
Ville , il aura. ensuite son audience du
Grand Visir , & du Grand Seigneur. M.
Emo , ancien Bayle , a étéfuivant l'uiâge
recevoir & complimenter son íucceíîèur.
fur ies Galeres du Grand Seigneur , l'a
conduit au * Baylage de Veniíe, à Peraj
•ù il l'a regalé pendant trois jours , &
s'est retiré ensuite dans une maiíon parr.
* C'est le Balais de ces Misislres...
JANVIER. 1714.: irj
tìcutìere qu'il s'étoit fait preparer avant
l'arrivée de ce nouveau Ministre s dans
laquelle il restera juíques à son départ
pour Venise.
Il n'y a eu aucune nouvelle conferent
ce entre les Ministres de la Porte , Se le
Réíident de Moícovie au sujet des affai
res de Perse, depuis celle quiavoit été
tenue le 19. Aoust: on peut juger delà
que ces conferences auront été suspendues
jusqu'à ce que M. NepluyefF, Résident
de Moícovie, ait reçu la réponse aux Let
tres que portoit le Courier qu'il avoic
dépêché en Moícovie après cette confe
rence.
Ile 17. de ce mois il est arrivé en cette
Cour un Ambassadeur de la part de Tamas
Chah , fils du Sophi qui est toujours
à Tauris avec un corps de troupes consi
derable qu'il a raroaíîe. Ce Ministre qui
avoit été retardé près de six mois fur les
frontieres pendant que l'on déliberoit à
la Porte u on- devoit le recevoir , a
vaincu cette premiere difficulté , par leí
moyen des representations du Pacha d~e
Van. Il est venu en poste accompagné
de huit ou dix personnes, & a eu son
audience dû Grand Visir peu dé jours
après son arrivée. On écrit qu'il est déja
entré en conference avec les Ministres
de cette Cour, & que le íùjet de son
Ambaila^
ii6 MERCURE DE FRANCE.
Ambaííàde est pour demander du secours
à la Porte contre Miri-Mamouth.
Les Turcs 'n'ont encore agi que fbiblement
Gu les frontieres, on eh attri
bue la cause aux divisions qu'il y a eu
entre les Comrnandans.' Ibrahim' Pacha
qui étoit Seraskier , a été dépoíe à cette
occasion , 5e cette Charge donnée à Are-
H.Mehemet Pacha qui commande en mê
me temps dans toute la Georgie.
Il est venu depuis peu de jours quel
ques Seigneurs ou principaux des peu-
{íle^ appeliez Abafla pour se mettre sous
a protection de la Torte , Se servir en
même temps d'otage de la fidelité de leurs
Chefs*
. Les pluyes frequentes qu'il fait en ce
pays dans cette saison ont fait revenir à
Fera tous les Ministres des Paiíïances
Étrangeres qui étoient dispersez dans
des maisons de plaiíànce aux environs dè
cette Ville, pour lai sler passer le temps
de la contagion', quoiqu'elle ne soi t pas.
totalement finie.
Fermer
Résumé : Nouvelles de Constantinople du mois d'Octobre 1723.
En octobre 1723, une sultane a donné naissance à une princesse à Constantinople, célébré par des salves de canon. M. Gritti, nouveau bailli de Venise, est arrivé le 7 octobre à bord de deux galères. Il a été accueilli selon le cérémonial habituel et sera bientôt reçu par le Grand Visir et le Grand Seigneur. M. Emo, ancien bailli, a conduit M. Gritti au baillage de Venise à Peraj et l'a hébergé pendant trois jours avant de se retirer. Depuis août, il n'y a pas eu de nouvelles conférences entre les ministres de la Porte et le résident de Moscovie concernant les affaires de Perse. Le 17 janvier 1724, un ambassadeur de Tamas Chah, fils du Sophi, est arrivé à Constantinople après un retard de six mois. Il a été reçu par le Grand Visir pour demander du secours contre Miri-Mamouth. Les Turcs ont agi faiblement aux frontières en raison de divisions entre les commandants. Ibrahim Pacha a été déposé et remplacé par Ahmet Mehmet Pacha. Quelques seigneurs des peuples Abaza sont venus se mettre sous la protection de la Porte et servir d'otages. Les pluies fréquentes ont ramené les ministres des palais étrangers à Fera.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
714
p. 126-128
Russie.
Début :
Le Grand Chancelier a fait dire aux Ministres Etrangers, que le Czar [...]
Mots clefs :
Tsar, Moscou, Ordres, Cérémonie, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Russie.
LE Grand Chancelier a fait dire aux
Ministres Étrangers , que le Czar
ayant dessein de se faire couronner inces
samment à.Moscou , il croyoit qu'aucun
, d'eux ne refuscroit de se trouver à cette
céremonie. . On
JANVIER 1724. il?
. .On a envoyé à Revel des ordres du
College de l'Amirauté pour faire équi
per les trois Vaisseaux de Guerre , & les
quatre Fregates qui avoient été destinées
pour l'Ocean , Ôc qu'on avoit fait desar
mer depuis environ deux "mois.
Les Metropolitains du pays se sont
rendus à Moscou pour se trouver à la
ceremonie du Couronnement de leurs.
Majestez Czariennes i les principaux Ge
neraux des Gofaques s'y font aussi ren
dus pour recevoir les ordres du Czar à
fen arrivée , & delà rejoindre leurs
troupes qui font campées du côté de
Pultova , où les Tartares íônt venus
camper à six lieues , au nombre de vingt
mille hommes. Oh a posté un corps
de dix mille Cosaques , & de quatre
mille Moscovites dans les environs de
cette Forteresse pour observer la conte-.
hance & les démarches de ces Tartares.
Les douze Riegimens qui devoient pasfer
en revue à Moscou , ont reçu de nou
veaux ordres de se mettre en marche ;
neuf de ces Regimens ont pris la route
de Pultova , Se trois , celle d'Astracan.
Oh apprend de Turquie que le Grand
Visir avoit fait assurer M. Dierling , Ré
sident de l'Empereur à. Constantinople,
que fa Hauteife ne feroit rien contre les
Traitez conclus avec Sa Majesté Impe
riale ,
. MERCURE DE FRANCE:
riale, qu'avec le Roy & la Républiques
de Pologne , & qu'il n'avoit raslèmblé
ses troupes que pour s'opposer aux en-:
treprisci du Czar sur la Perse.
Ministres Étrangers , que le Czar
ayant dessein de se faire couronner inces
samment à.Moscou , il croyoit qu'aucun
, d'eux ne refuscroit de se trouver à cette
céremonie. . On
JANVIER 1724. il?
. .On a envoyé à Revel des ordres du
College de l'Amirauté pour faire équi
per les trois Vaisseaux de Guerre , & les
quatre Fregates qui avoient été destinées
pour l'Ocean , Ôc qu'on avoit fait desar
mer depuis environ deux "mois.
Les Metropolitains du pays se sont
rendus à Moscou pour se trouver à la
ceremonie du Couronnement de leurs.
Majestez Czariennes i les principaux Ge
neraux des Gofaques s'y font aussi ren
dus pour recevoir les ordres du Czar à
fen arrivée , & delà rejoindre leurs
troupes qui font campées du côté de
Pultova , où les Tartares íônt venus
camper à six lieues , au nombre de vingt
mille hommes. Oh a posté un corps
de dix mille Cosaques , & de quatre
mille Moscovites dans les environs de
cette Forteresse pour observer la conte-.
hance & les démarches de ces Tartares.
Les douze Riegimens qui devoient pasfer
en revue à Moscou , ont reçu de nou
veaux ordres de se mettre en marche ;
neuf de ces Regimens ont pris la route
de Pultova , Se trois , celle d'Astracan.
Oh apprend de Turquie que le Grand
Visir avoit fait assurer M. Dierling , Ré
sident de l'Empereur à. Constantinople,
que fa Hauteife ne feroit rien contre les
Traitez conclus avec Sa Majesté Impe
riale ,
. MERCURE DE FRANCE:
riale, qu'avec le Roy & la Républiques
de Pologne , & qu'il n'avoit raslèmblé
ses troupes que pour s'opposer aux en-:
treprisci du Czar sur la Perse.
Fermer
Résumé : Russie.
En janvier 1724, le Grand Chancelier a annoncé que le tsar prévoyait de se faire couronner à Moscou et a invité les ministres étrangers à y assister. Des ordres ont été donnés pour équiper trois vaisseaux de guerre et quatre frégates à Revel. Les métropolites et les principaux généraux des Gofaques se sont rendus à Moscou pour la cérémonie. Après le couronnement, les Gofaques devaient rejoindre leurs troupes près de Pultova, où vingt mille Tartares étaient présents. Un corps de dix mille Cosaques et quatre mille Moscovites a été déployé pour surveiller les Tartares. Douze régiments ont reçu de nouveaux ordres : neuf se sont dirigés vers Pultova et trois vers Astracan. Par ailleurs, la Turquie a assuré qu'elle respecterait les traités avec l'empereur, mais se préparait à contrer les initiatives du tsar en Perse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
715
p. 128-129
Suede.
Début :
On écrit de Dantzich que M. Erdeman, Commissaire du Czar, avoit [...]
Mots clefs :
Suède, Commissaire du tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suede.
Suede..
O N écrit de Dantzich que M. Er=
deman. Commissaire du Czar, avoií
fait partir pour Peteríbourg une trèsgrande
quantité de bied , & qu'il a voie
reçu ordre depuis Quelques jours d'en
acheter encore mille Larts , & de les
faire partir auffi-tôt que la saison le pcrr
mettra.-
Les Lettres dé Curlande & de Livo
nie portent que les Bailliages de ces
Provinces devoient fournir jà leurs frais
à Sa Majesté Czarienne un nombre con
siderable de jeunes gens ; mais que cette
levée fe faisoit très.difficilement., & que
la jeunesse abandonnoit les Villages , 8c
íé fau voit vers les frontieres.
Le Comte de Ta'rlo ayant obtenu de
la derniere; Ailèmblée des Etats duRoyaume
les subsides qu'il follicitoit pour le
Roy Stanislas, est parti le premier De
cembre pour l'aller rejoindre dans le
lieu de sa Résidence.
On apprend encore de Goppenhague
qu'on y imprimoit actuellement le nou?
veau Reglement pour les Feages dupasla.
8*
JANVIER 17T4; lîjjp
ge du Sund , auquel on travailloit depuis
très-long-temps. Le bruit court qu'il est
avantageux aux négòcians étrangers.
On a arrêté pour dettes à Berlin le
Ministre de Suede à la Cour de Prusse ,
& le Senat s'est assemblé extraordinaire
ment le 20. Decembre après.midy, afin
de prendre les mesures neceíîàires pour'
Iìh procurer la liberté..
O N écrit de Dantzich que M. Er=
deman. Commissaire du Czar, avoií
fait partir pour Peteríbourg une trèsgrande
quantité de bied , & qu'il a voie
reçu ordre depuis Quelques jours d'en
acheter encore mille Larts , & de les
faire partir auffi-tôt que la saison le pcrr
mettra.-
Les Lettres dé Curlande & de Livo
nie portent que les Bailliages de ces
Provinces devoient fournir jà leurs frais
à Sa Majesté Czarienne un nombre con
siderable de jeunes gens ; mais que cette
levée fe faisoit très.difficilement., & que
la jeunesse abandonnoit les Villages , 8c
íé fau voit vers les frontieres.
Le Comte de Ta'rlo ayant obtenu de
la derniere; Ailèmblée des Etats duRoyaume
les subsides qu'il follicitoit pour le
Roy Stanislas, est parti le premier De
cembre pour l'aller rejoindre dans le
lieu de sa Résidence.
On apprend encore de Goppenhague
qu'on y imprimoit actuellement le nou?
veau Reglement pour les Feages dupasla.
8*
JANVIER 17T4; lîjjp
ge du Sund , auquel on travailloit depuis
très-long-temps. Le bruit court qu'il est
avantageux aux négòcians étrangers.
On a arrêté pour dettes à Berlin le
Ministre de Suede à la Cour de Prusse ,
& le Senat s'est assemblé extraordinaire
ment le 20. Decembre après.midy, afin
de prendre les mesures neceíîàires pour'
Iìh procurer la liberté..
Fermer
Résumé : Suede.
En janvier 1714, plusieurs événements politiques et économiques marquent la Suède et ses régions voisines. À Dantzich, M. Erdmann, commissaire du Czar, expédie une grande quantité de blé à Petersbourg et reçoit l'ordre d'en acheter davantage. En Curlande et en Livonie, les bailliages doivent fournir des jeunes pour le service du Czar, mais cette levée rencontre des difficultés en raison de la fuite des jeunes vers les frontières. Le Comte de Tarlö obtient des subsides pour le roi Stanislas et part le 1er décembre pour le rejoindre. À Copenhague, un nouveau règlement pour les péages du Sund est imprimé, avantageux pour les négociants étrangers. À Berlin, le ministre de Suède à la cour de Prusse est arrêté pour dettes, et le Sénat se réunit en urgence le 20 décembre pour prendre des mesures en vue de sa libération.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
716
p. 129-130
Pologne.
Début :
La Diette generale s'assemblera peu de temps après l'arrivée du Roy, [...]
Mots clefs :
Diète générale, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pologne.
tolognt.
LA Diette generale s'assemblera peiï'
de temps après l'arrivée du Roy -3
qu'on attend incessamment à Varsovie.
Oh compte que les Protestans du Royau
me y presenteront le Memoire qu'ils ont
dressé contre les Catholiques , poux de
mander la restitution des biens fonds
& des revenus dont ils prétendent quer
le Clergé s'est emparé. Les Evêques, &.
les Ecclesiastiques du íecond Ordre se
disposent à leur répondre , & à détruire
leurs prétentions. On croit que cette
affaire fera la principale occupation de la
Diette.
Le parts attaché au Roy fait des per
quisitions pour découvrir les Nobles qui
épousent encore les interests du Roy Staniflas
; cela fait conjecturer qu'on prendra
des meíures dans la Diette prochaine con
tre les desseins qu'ils pourroient former
en fa faveur. Le
t;6 MERCURE Î>Ì FRANCfe s
Le Roi de Pologne partit de Dresde
, pour Warsovie le 10. de ce mois. Quel
ques jours auparavant sa. Majesté donna
l'Ordre de l'Aigre-Blane au Prince de
Neustadt. C'est le premier Seigneur Ec
clesiastique auquel elle' ait accordé cette
faveur.
S M. P. a nommé le Baron Wederkorp,;
l'un de ses Chambellans , pour son En
voyé extraordinaire à la Cour de France.'
LA Diette generale s'assemblera peiï'
de temps après l'arrivée du Roy -3
qu'on attend incessamment à Varsovie.
Oh compte que les Protestans du Royau
me y presenteront le Memoire qu'ils ont
dressé contre les Catholiques , poux de
mander la restitution des biens fonds
& des revenus dont ils prétendent quer
le Clergé s'est emparé. Les Evêques, &.
les Ecclesiastiques du íecond Ordre se
disposent à leur répondre , & à détruire
leurs prétentions. On croit que cette
affaire fera la principale occupation de la
Diette.
Le parts attaché au Roy fait des per
quisitions pour découvrir les Nobles qui
épousent encore les interests du Roy Staniflas
; cela fait conjecturer qu'on prendra
des meíures dans la Diette prochaine con
tre les desseins qu'ils pourroient former
en fa faveur. Le
t;6 MERCURE Î>Ì FRANCfe s
Le Roi de Pologne partit de Dresde
, pour Warsovie le 10. de ce mois. Quel
ques jours auparavant sa. Majesté donna
l'Ordre de l'Aigre-Blane au Prince de
Neustadt. C'est le premier Seigneur Ec
clesiastique auquel elle' ait accordé cette
faveur.
S M. P. a nommé le Baron Wederkorp,;
l'un de ses Chambellans , pour son En
voyé extraordinaire à la Cour de France.'
Fermer
Résumé : Pologne.
La Diète générale de Pologne se tiendra peu après l'arrivée du roi à Varsovie. Les protestants du royaume prévoient soumettre un mémoire réclamant la restitution des biens et revenus qu'ils estiment usurpés par le clergé catholique. Les évêques et ecclésiastiques du second ordre se préparent à contester ces revendications, ce qui devrait être le principal sujet de la Diète. Parallèlement, les partisans du roi mènent des enquêtes pour identifier les nobles soutenant Stanislas, suggérant des mesures contre leurs éventuels projets en faveur de ce dernier. Le roi de Pologne a quitté Dresde pour Varsovie le 10 du mois. Auparavant, il a décerné l'Ordre de l'Aigle Blanc au Prince de Neustadt, premier seigneur ecclésiastique à recevoir cette distinction. De plus, le roi a nommé le Baron Wederkorp comme son envoyé extraordinaire à la cour de France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
717
p. 131-133
Hollande, & Pays-bas.
Début :
Leurs Hautes Puissances qui avoient chargé leur Ministre à Lisbone de traverser [...]
Mots clefs :
Empereur, Compagnie de Trieste, Indes orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Hollande, & Pays-bas.
H)lUnde >& Pays.bar,
. Leurs Haines Puilíances qui avaient
chargé leur. Ministre à Liíbonede traverfer
la négociation dxi Traité de commerce'
proposé par l'Empereur pour l'avantage'
dela Compagnie Orientale de Trieste
n'ont pu réussir. Le Roi de Portugal leur
à.fait répondre pa* le Comte de Taroncay
son 'Ambassadeur. , qu'il n'avoit aucun en-'
gagement avec la Republique de Hollan->
de qui pût l'empêcher d'user de son droit'
de Souveraineté par rapport aux Indes'
Orientales ; quil pouvoit aûslì dilpoíèr'
áu commerce de ses Etats , íèlon son bon'
plaisir r que les Tertugais ne fburnisioient
point de vaiíseaux à la Compagnie de
Trieste ornais qu'ils les lui rendoient
ainsi qu'ils pou voient juger par le Pavil
lon Imperial qu'on mettoit aux Bâtimens
aullì.tôt que la vente en étoit faite ; 8c
qu'enfin le dernier Traité de commerces
conclu avec l'Empereur , ne contenoit
íîen qui pût préjudiuer aux droits de ls*
ifp MERCURE DE FRANCE.
Republique, tant aux Indes Orientales'^
qu'ailleurs.
. Tous les Commandans des Places pos
íédées par l'Empereur dans les Païs.Bas,
ont reçu ordre de renforcer les gardes
de faire faire des patrouilles hors de leurs
Villes , avant que d'en ouvris ou d'eir
fermer les portes , de n'y laisser entrer
qu'un certain nombre de personnes à laj
fois , d'arrêter toutes celles qui leur pa
raîtront suspectes , & de faire exacte
ment visiter tous les chariots chargez de
paille ou de soin qui íè presenteront pour
entrer.
On apprend de Liege que l'Electeur de .
Cologne y étoit. arrivé le j.i. Decembre*
vers les quatre heures après.midi , accom.i
pagné du Baron' de PÌettembourg , sort
premier Ministre , & que le Cardinal de
Saxe.zeitss'étoit déclaré son competiteur
pour cet Evêché, vacant par le ministere
du Baroride Fiow,- Commandeur de l'Or-
«Ire de Malthe quiest arrivé à Liege3char.
gé des Lettres de créance de ce Cardinal.
Le 19. de ce mois on publia à la Haye
UTie nouvelle Ordonnance des Etats Gene
raux concernant les naufrages , & portant
peine de mort contre tous ceux , qui sous
Îpretexte de donner du íecours à un vaiss
eau en danger , se rendront à bord de ce
Bâtiment , sans ayoir été appelles par le
Capi.3
J A N V I E R 17** j jj
Capitaine , le Pilote , ou par l'equipage
en leur absence.
. Leurs Haines Puilíances qui avaient
chargé leur. Ministre à Liíbonede traverfer
la négociation dxi Traité de commerce'
proposé par l'Empereur pour l'avantage'
dela Compagnie Orientale de Trieste
n'ont pu réussir. Le Roi de Portugal leur
à.fait répondre pa* le Comte de Taroncay
son 'Ambassadeur. , qu'il n'avoit aucun en-'
gagement avec la Republique de Hollan->
de qui pût l'empêcher d'user de son droit'
de Souveraineté par rapport aux Indes'
Orientales ; quil pouvoit aûslì dilpoíèr'
áu commerce de ses Etats , íèlon son bon'
plaisir r que les Tertugais ne fburnisioient
point de vaiíseaux à la Compagnie de
Trieste ornais qu'ils les lui rendoient
ainsi qu'ils pou voient juger par le Pavil
lon Imperial qu'on mettoit aux Bâtimens
aullì.tôt que la vente en étoit faite ; 8c
qu'enfin le dernier Traité de commerces
conclu avec l'Empereur , ne contenoit
íîen qui pût préjudiuer aux droits de ls*
ifp MERCURE DE FRANCE.
Republique, tant aux Indes Orientales'^
qu'ailleurs.
. Tous les Commandans des Places pos
íédées par l'Empereur dans les Païs.Bas,
ont reçu ordre de renforcer les gardes
de faire faire des patrouilles hors de leurs
Villes , avant que d'en ouvris ou d'eir
fermer les portes , de n'y laisser entrer
qu'un certain nombre de personnes à laj
fois , d'arrêter toutes celles qui leur pa
raîtront suspectes , & de faire exacte
ment visiter tous les chariots chargez de
paille ou de soin qui íè presenteront pour
entrer.
On apprend de Liege que l'Electeur de .
Cologne y étoit. arrivé le j.i. Decembre*
vers les quatre heures après.midi , accom.i
pagné du Baron' de PÌettembourg , sort
premier Ministre , & que le Cardinal de
Saxe.zeitss'étoit déclaré son competiteur
pour cet Evêché, vacant par le ministere
du Baroride Fiow,- Commandeur de l'Or-
«Ire de Malthe quiest arrivé à Liege3char.
gé des Lettres de créance de ce Cardinal.
Le 19. de ce mois on publia à la Haye
UTie nouvelle Ordonnance des Etats Gene
raux concernant les naufrages , & portant
peine de mort contre tous ceux , qui sous
Îpretexte de donner du íecours à un vaiss
eau en danger , se rendront à bord de ce
Bâtiment , sans ayoir été appelles par le
Capi.3
J A N V I E R 17** j jj
Capitaine , le Pilote , ou par l'equipage
en leur absence.
Fermer
Résumé : Hollande, & Pays-bas.
Le texte décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires. Les Pays-Bas ont tenté de négocier un traité de commerce pour la Compagnie Orientale de Trieste via leur ministre à Lisbonne, mais sans succès. Le Roi de Portugal a affirmé qu'il n'avait aucun engagement avec la République de Hollande l'empêchant d'exercer sa souveraineté sur les Indes Orientales. Il a également nié fournir des vaisseaux à la Compagnie de Trieste et assuré que le dernier traité de commerce avec l'Empereur ne préjudiciait pas aux droits de la République. Dans les Pays-Bas, les commandants des places fortifiées par l'Empereur ont reçu des ordres pour renforcer la sécurité : renforcer les gardes, faire des patrouilles, limiter l'accès aux villes, arrêter les personnes suspectes et inspecter les chariots. En Allemagne, l'Électeur de Cologne est arrivé à Liège le 11 décembre avec son premier ministre, le Baron de Pettembourg. Le Cardinal de Saxe s'est déclaré compétiteur pour l'évêché de Cologne, vacant après le décès du Baron de Fiow. Enfin, une ordonnance des États Généraux concernant les naufrages a été publiée à La Haye le 19 du mois, prévoyant la peine de mort pour ceux qui monteraient à bord d'un vaisseau en danger sans y avoir été invités par le capitaine, le pilote ou l'équipage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
718
p. 133-136
Grande-Bretagne.
Début :
La tempête du 20. Septembre dernier qui a été mentionnée dans tous les Journaux, [...]
Mots clefs :
Royaume, Catholique, Parlement, Irlande, Compagnie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Grande-Bretagne.
Grande.Bretagne.
La tempête du 10. Septembre dernier
qui a été mentionnée dans tous les Jourr
naux , a fait perir plus de trente vaisseaux
Marchands aux ten virons de l'Ifle d'Antigoa.
Le 1 7. Décembre les Lords Regens fir
lent publier une Proclamation pour pn>
.roger l'Aísemblée du Parlement jusqu'au
j.o. Janvier suivant, auquel jour tous
les Membres des deux .Chambres ibnt
sommés de' se trouver à Westminster, pour
déliberer sur des affaires très.importantes.
Le 24.. Decembre les Directeurs de la
Compagnie de la Mer du Sud firent a/h>
çher que le Livre de traníport des Acr
étions de cette Compagnie seroit fermé
jusqu'au ì. i . Février prochain pour leur
donner le temps de faire la balance des
profits & des pertes de la Compagnie,
afin d'annoncer ensuite le di videnddû aux
Actionnaires pour la demi.année échue
au terme de Noël ; ils firent publier est
rnéme temps qu'ils payeroient inceflamment
leurs obligations dattéesdu 16. De
cembre 171 5. 1717. 1718. §ç 171 9. qui
font échues.
Le 8. de ce mois le Roi d'Angleterre
arriva heureusement à Margare aux heu
res
^..MERCURE BÉ FRANCl
jres du soit. Cette agréable nouvelle fut?
annoncée à Londres le 9. à dix heures dir'
.matin par une décharge generale du ca<.
lion du Parc de S. James , & de la Tour.
te 5>. íâ Majesté coucha à Chaçham ; elle
.y fit le 10. au matin la visite de seí
vaisseaux de guerre & des magazins de la
Marine t & elle arriva vers les 7. heures
du soir à Londres avec les Seigneurs de
{a. Cour , & plusieurs Ministres Etran
gers. Il y eut le soir dans toutes ies rues
des feux &c des illuminations.
On assure que les Communes du Par
lement d'Irlande ont passe' un Bill trèsrigoureux
contre les Catholiques de ce
Royaume. Par le premier article de cet
Acte , il est ordonné que tous les Archevêques
, Evêques , Vicaires Generaux ,
Doyens Jesuites', Moines , Religieux
ou autres Ecclesiastiques Reguliers Ca
tholiques , exerçant Jurisdiction Eccle
siastique, ou qui depuis le premier jour
de May 1698. ont exercé Jurisdiction
Ecclesiastique dans ce Royaume , feront
.obligez d'en íortir avant le 2 5. Mars
1724. .& que toutes les períonnes cydessus
designées , qui après ce terme in
diqué , seront trouvées dans Je Royau
me , seront jugées coupables de haute
trahison : que tout particulier qui rece
vra , soulagera , entretiendra , ou donnera
au.
JANVIER 1724. ijj
jaucune retraite , azile ou secours à aucun
de ces Ecclesiastiques proscrits , à l'ex
ception de ceuf qui ont prêté les ferment
4'abjuration , fera puiii de mort , lans
esperance de grace, &.que tout dénon
ciateur qui donnera avis du lieu où ils Ce
tiendront cachez , &c des particuliers qui
leur donneront retraite , sera récompensé
auflì.tot que son avis aura été trouvé
.Certain. Par le second article , il e.st dér
fendu à tout particulier Catholique de
recevoir en pension aucune femme ni
iîlle , à peine de 3000. livres d'amende
pour chaque contravention. Par le troir
fiéme , tout Maître d'Ecole Catholique ,
.ou Précepteur de cette Communion , mê
me dans une famille particuliere , qui
fera découvert dans Je Royaume après le
terme indiqué , fera puni de mort , ainsi.
.que le particulier qui le garderoit dans
ta. maiíon malgré la défense. Le quatriè
me ordonne que tout enfant Catholique
né hors du Royaume d'un pere Catho
lique qui aura pris les armes contre le
feu Roy Guillaume , & la Reine Marie
& qui fera ensuite retiré dans les
Etats de quelque Puisíance Catholique f
ne pourra en revenant dans ce Pays, être
reputé veritable sujet de ce Royaume f
ni jouir des Privileges accordez par les
Actes Parlementaires en. faveur des en
* •
y 3* MERCURE DE FRANCE-
-fans Protestans nez hors du Royaume.
..Comme toute personne parvenue à í' li
ge de 16. ans , est obligée fous peine de
Íirison perpetuelle., & de confiscation de
es biens , de prêter le ferment d'abjura
tion en vertu d'un A.cte du Parlement de
:1a troisième. année du Règne de la Reine
Anne , <$c que cependant on a remarqué
que cette obligation étoit .souvent élu
dée par plusieurs particuliers qui íè cas.
choient pour n'être point citez par les
Juges de paix , il est ordonné par le cin
quième arycle qu'il suffira d'afficher la
citation de ces Juges à la porte des Car.
tholiques citez, $~c que si dans le terme
prescrit ils ne íè presentent pas poux
faire le serment , ils seront punis con
formément à l'Acte dont on vient de
parler. Enfin par le sixième, il est. dit
!qne tout Protestant qui prêtera son nom.
à un Catholique pour l'acquisition de
quelque terre , fera condamné à une
amende de 3000. liv. à la confiícation des
terres acquises sous confidence, & à per
dre la jouissance des Privilegies accordez
aux Protestans.
La tempête du 10. Septembre dernier
qui a été mentionnée dans tous les Jourr
naux , a fait perir plus de trente vaisseaux
Marchands aux ten virons de l'Ifle d'Antigoa.
Le 1 7. Décembre les Lords Regens fir
lent publier une Proclamation pour pn>
.roger l'Aísemblée du Parlement jusqu'au
j.o. Janvier suivant, auquel jour tous
les Membres des deux .Chambres ibnt
sommés de' se trouver à Westminster, pour
déliberer sur des affaires très.importantes.
Le 24.. Decembre les Directeurs de la
Compagnie de la Mer du Sud firent a/h>
çher que le Livre de traníport des Acr
étions de cette Compagnie seroit fermé
jusqu'au ì. i . Février prochain pour leur
donner le temps de faire la balance des
profits & des pertes de la Compagnie,
afin d'annoncer ensuite le di videnddû aux
Actionnaires pour la demi.année échue
au terme de Noël ; ils firent publier est
rnéme temps qu'ils payeroient inceflamment
leurs obligations dattéesdu 16. De
cembre 171 5. 1717. 1718. §ç 171 9. qui
font échues.
Le 8. de ce mois le Roi d'Angleterre
arriva heureusement à Margare aux heu
res
^..MERCURE BÉ FRANCl
jres du soit. Cette agréable nouvelle fut?
annoncée à Londres le 9. à dix heures dir'
.matin par une décharge generale du ca<.
lion du Parc de S. James , & de la Tour.
te 5>. íâ Majesté coucha à Chaçham ; elle
.y fit le 10. au matin la visite de seí
vaisseaux de guerre & des magazins de la
Marine t & elle arriva vers les 7. heures
du soir à Londres avec les Seigneurs de
{a. Cour , & plusieurs Ministres Etran
gers. Il y eut le soir dans toutes ies rues
des feux &c des illuminations.
On assure que les Communes du Par
lement d'Irlande ont passe' un Bill trèsrigoureux
contre les Catholiques de ce
Royaume. Par le premier article de cet
Acte , il est ordonné que tous les Archevêques
, Evêques , Vicaires Generaux ,
Doyens Jesuites', Moines , Religieux
ou autres Ecclesiastiques Reguliers Ca
tholiques , exerçant Jurisdiction Eccle
siastique, ou qui depuis le premier jour
de May 1698. ont exercé Jurisdiction
Ecclesiastique dans ce Royaume , feront
.obligez d'en íortir avant le 2 5. Mars
1724. .& que toutes les períonnes cydessus
designées , qui après ce terme in
diqué , seront trouvées dans Je Royau
me , seront jugées coupables de haute
trahison : que tout particulier qui rece
vra , soulagera , entretiendra , ou donnera
au.
JANVIER 1724. ijj
jaucune retraite , azile ou secours à aucun
de ces Ecclesiastiques proscrits , à l'ex
ception de ceuf qui ont prêté les ferment
4'abjuration , fera puiii de mort , lans
esperance de grace, &.que tout dénon
ciateur qui donnera avis du lieu où ils Ce
tiendront cachez , &c des particuliers qui
leur donneront retraite , sera récompensé
auflì.tot que son avis aura été trouvé
.Certain. Par le second article , il e.st dér
fendu à tout particulier Catholique de
recevoir en pension aucune femme ni
iîlle , à peine de 3000. livres d'amende
pour chaque contravention. Par le troir
fiéme , tout Maître d'Ecole Catholique ,
.ou Précepteur de cette Communion , mê
me dans une famille particuliere , qui
fera découvert dans Je Royaume après le
terme indiqué , fera puni de mort , ainsi.
.que le particulier qui le garderoit dans
ta. maiíon malgré la défense. Le quatriè
me ordonne que tout enfant Catholique
né hors du Royaume d'un pere Catho
lique qui aura pris les armes contre le
feu Roy Guillaume , & la Reine Marie
& qui fera ensuite retiré dans les
Etats de quelque Puisíance Catholique f
ne pourra en revenant dans ce Pays, être
reputé veritable sujet de ce Royaume f
ni jouir des Privileges accordez par les
Actes Parlementaires en. faveur des en
* •
y 3* MERCURE DE FRANCE-
-fans Protestans nez hors du Royaume.
..Comme toute personne parvenue à í' li
ge de 16. ans , est obligée fous peine de
Íirison perpetuelle., & de confiscation de
es biens , de prêter le ferment d'abjura
tion en vertu d'un A.cte du Parlement de
:1a troisième. année du Règne de la Reine
Anne , <$c que cependant on a remarqué
que cette obligation étoit .souvent élu
dée par plusieurs particuliers qui íè cas.
choient pour n'être point citez par les
Juges de paix , il est ordonné par le cin
quième arycle qu'il suffira d'afficher la
citation de ces Juges à la porte des Car.
tholiques citez, $~c que si dans le terme
prescrit ils ne íè presentent pas poux
faire le serment , ils seront punis con
formément à l'Acte dont on vient de
parler. Enfin par le sixième, il est. dit
!qne tout Protestant qui prêtera son nom.
à un Catholique pour l'acquisition de
quelque terre , fera condamné à une
amende de 3000. liv. à la confiícation des
terres acquises sous confidence, & à per
dre la jouissance des Privilegies accordez
aux Protestans.
Fermer
Résumé : Grande-Bretagne.
Le texte relate plusieurs événements en Grande-Bretagne. Le 10 septembre, une tempête a provoqué la perte de plus de trente vaisseaux marchands près de l'île d'Antigua. Le 17 décembre, les Lords Régents ont publié une proclamation pour ajourner l'Assemblée du Parlement au 10 janvier suivant afin de délibérer sur des affaires importantes. Le 24 décembre, les Directeurs de la Compagnie de la Mer du Sud ont annoncé la fermeture du livre de transport des actions jusqu'au 1er février pour établir la balance des profits et des pertes, et payer les dividendes aux actionnaires. Ils ont également annoncé le paiement immédiat de leurs obligations échues. Le 8 janvier, le roi d'Angleterre est arrivé à Margate et a été accueilli par des célébrations à Londres le 9 janvier. En Irlande, le Parlement a adopté un bill rigoureux contre les catholiques. Ce bill ordonne l'expulsion des ecclésiastiques catholiques exerçant une juridiction ecclésiastique avant le 25 mars 1724, sous peine de haute trahison. Il interdit également aux catholiques de recevoir des femmes ou des filles en pension, d'enseigner, ou d'acquérir des terres avec l'aide de protestants, sous peine d'amendes et de confiscations. Les protestants aidant les catholiques dans ces acquisitions seront également punis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
719
p. 136-138
Espagne & Portugal.
Début :
On a défendu dans ce Royaume l'usage des dorures, tant sur les [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Troupes, Conseil, Cour, Marquis, Dorures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Espagne & Portugal.
Espagne & Portugal.
N a défendu dans ce Royaume
\î-/ l'usage des dorures , tant sor les
habits qu'aux carossej , 6c autres équi
pages
1
7 A N 'V 1^ R rjti t\r
pages ; on n'a excepté que les ornemens
des Eglises. .
On mande de Malaga que plusieurs
bâtimens en étoient partis fous l'eícorte
de deux Galeres , pour transporter fur les
côtes d'Afrique les troupes destinées à
relever la Garnison de Mellille.
le deuil , à l'occaíion de la mort de Mon
sieur le Duc d'Orleans.
Le Roy a donné la Charge de JugeÇonservateur
des Boucheries au Mar
quis d'Aranda , 'Membre du Conseil d'E
tat , Se de celui de la Chambre : celle de
Directeur des Hôpitaux & des Comedies
à Don Pascal de Villa.Campa , Conseil
ler aux mêmes Conseils , Se celle d'Ins
pecteur des Fontaines publiques à Doa
Le Roy d'Espagne que Sa Majesté Por
tugaise a prié d'être le Parain du dernier
Infant , dont la Reine est accouchée^, *
nommé le Prince du Bresil' pour le tenir
fia son nom fur les Fonts de Baptême.
Le Czar a nommé deux Officiers Ge
neraux de ses troupes pour ses Envoyez
extraordinaires en Espagne ^ Se en Por
tugal.
Le 5. Decembre le Marquis de Capichelatro
, Ambassadeur du Roy d'Espa
gne à la .Cour de Liíbone , eut sa pre-
La Cour doit prendre pour trois mois
G rniere
i.3 8 MERCURE DE FRANCE.
miere audience publique du Roy, étant
.conduit par M. le Marquis de Angeja ,
Conseiller d'Etat , & Visiteur des Finan
ces. Son cortege étoit magnifique 8c nom
breux , Se on admira la richeslè & la
beauté de ses équipages.
N a défendu dans ce Royaume
\î-/ l'usage des dorures , tant sor les
habits qu'aux carossej , 6c autres équi
pages
1
7 A N 'V 1^ R rjti t\r
pages ; on n'a excepté que les ornemens
des Eglises. .
On mande de Malaga que plusieurs
bâtimens en étoient partis fous l'eícorte
de deux Galeres , pour transporter fur les
côtes d'Afrique les troupes destinées à
relever la Garnison de Mellille.
le deuil , à l'occaíion de la mort de Mon
sieur le Duc d'Orleans.
Le Roy a donné la Charge de JugeÇonservateur
des Boucheries au Mar
quis d'Aranda , 'Membre du Conseil d'E
tat , Se de celui de la Chambre : celle de
Directeur des Hôpitaux & des Comedies
à Don Pascal de Villa.Campa , Conseil
ler aux mêmes Conseils , Se celle d'Ins
pecteur des Fontaines publiques à Doa
Le Roy d'Espagne que Sa Majesté Por
tugaise a prié d'être le Parain du dernier
Infant , dont la Reine est accouchée^, *
nommé le Prince du Bresil' pour le tenir
fia son nom fur les Fonts de Baptême.
Le Czar a nommé deux Officiers Ge
neraux de ses troupes pour ses Envoyez
extraordinaires en Espagne ^ Se en Por
tugal.
Le 5. Decembre le Marquis de Capichelatro
, Ambassadeur du Roy d'Espa
gne à la .Cour de Liíbone , eut sa pre-
La Cour doit prendre pour trois mois
G rniere
i.3 8 MERCURE DE FRANCE.
miere audience publique du Roy, étant
.conduit par M. le Marquis de Angeja ,
Conseiller d'Etat , & Visiteur des Finan
ces. Son cortege étoit magnifique 8c nom
breux , Se on admira la richeslè & la
beauté de ses équipages.
Fermer
Résumé : Espagne & Portugal.
En Espagne, l'usage des dorures a été interdit sur les habits, carrosses et équipements, sauf pour les ornements des églises. Des troupes ont été envoyées de Malaga vers les côtes d'Afrique pour renforcer la garnison de Mellille. Le deuil a été observé à la suite du décès du Duc d'Orléans. Le roi d'Espagne a nommé plusieurs personnes à des postes clés : le Marquis d'Aranda comme Juge-Conservateur des Boucheries, Don Pascal de Villa-Campa comme Directeur des Hôpitaux et des Comédies, et une personne non nommée comme Inspecteur des Fontaines publiques. Au Portugal, le roi a demandé au roi d'Espagne d'être le parrain du dernier infant, nommé Prince du Brésil. Le Czar a désigné deux officiers généraux comme envoyés extraordinaires en Espagne et au Portugal. Le Marquis de Capichelatro, ambassadeur d'Espagne à Lisbonne, a eu sa première audience publique avec le roi du Portugal, accompagné par le Marquis de Angeja. La cour portugaise doit prendre des congés pour trois mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
720
p. 144-147
« Le 5. Janvier Monsieur le Duc d'Orleans alla voir Madame la Duchesse [...] »
Début :
Le 5. Janvier Monsieur le Duc d'Orleans alla voir Madame la Duchesse [...]
Mots clefs :
Duc, Cour, Voleurs, Assassiner, Arrêter, Abbaye royale des dames religieuses de Poissy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 5. Janvier Monsieur le Duc d'Orleans alla voir Madame la Duchesse [...] »
L E j. Janvier Monsieur le Duc d'Or*
leans alla voir Madame la Ducheííe
d'Orleans , (à mere , à la Aíagdelaine
de Trenel. Cette Princesse y restera jus*
qu'au lendemain de la ceremonie qui íè
fera à S. Denis pour les obíèques de feu
S. A. R.
M. Charron , Gentilhomme ordinaire
a fait preíènt à S. M. de plusieurs Arcs ,
Flèches & Carquois , venus de Tur
quie , avec lesquels le Roy s'ererc&íòuvent
avec les Princes & Seigneurs de fa
Cour , à tirer au blanc dans la grande
Gallerie du Château de Versailles, Sa
Majesté récompeníé de quelque bijoux
ceux qui mettent le plus près du noir.
La Cour a quitté le deiiil depuis le 10.
de ce mois.
Le 26. le Maréchal de Tessé partit de.
Paris pour se rendre à la Cour d'Espa
gne.
Le 27. M. Táson fat reçu Avçjcat
General du Parlement , par le President
d'Aligre*en l'absence du Premier Pre
sident
u
JANVIER 1714. 145
Le 1 2. de ce mois i'AbW Bause , Cha
noine d'Evreux, prit pofleslìon du Prieu
ré de S. Martin des Champs , au nom du
Prince Frederic de Bouillon.
On dit qu'on a arrêté près de Nanci,
en Lorraine, les voleurs qui asiaflinerenc
au mois de Septembre.dernier , près de
Calais , les quatre Gentilhommes Anglois
, dont nous avons parlé dans ce
temps.là. On ajoute que leur Chef étoit
«n Receveur de quelques droits dans la
Lorraine , & que l'un des Officiers de
Justice qui étoient entrez dans le Châ
teau où il s'étoit retiré , avoit été tué
d'un coup de fusil par la fille de ce sce
lerat, dont les complices s' étoient dé
fendus avec beaucoup d'opiniâtreté.
. On a arrêté au Fort.l'Evêque environ
vingt joueurs qui s'y étoient aslèmblez
pour joiier au Pharaon , dans la Chambre
de quelques prisonniers arrêtez pour le
jeu.
L'Abbaye Royale des Dames Religieux
ses de Poifly, de l'Ordre de S. Domini
que , est un des plus beaux monumensde
la pieté de nos Rois î Philippe le-
Bel la fondá en 1304. & la dotta pour six'
vingt filles Nobles , & ses succeíseurs
l'ont comblée de biens Se de privileges , .
l'Eglise en est des plus belles & des plus
magnifiques, Je tonnerte l'avoit presque
G y détrui
J46 MERCURE DE FRANCE.
détruite ily^J quelques années. Il çna
«oùté quatre cent mille livres au Roy
pour la rétablir parfaitement ; il n'y '
manquoit plus que les Cloches , la bene
diction s'en fit avec beaucoup de dignité
' le ij. du mois passé.; S. M. a bien voulu
donner ion nom à la premiere , avec
l' Infante.Reine r M. le Duc de Gesvres
& Mad= la Princesse de Soubiíè y fu
rent envoyez à leur place. M. le Comte
de Clermont , Prince du Sang y tint k
seconde le . même jour , avec Made là
Marquiíe de la Vrilliere , & la troisiè
me y fur tenue' par M. Je Duc d'Antin j.
& par Madf la Marquise de Neíle , nié*
ce de Mad de Mail ly , soeur du feu
Cardinal de ce nom ' qui en est la digne
Abbesse , Sí sous le gouvernement de la
quelle on voit refleurir le bon ordre Se
la paix dans ce fameux Monastere ; beau
coup de Princesses du Sang y ont prisautrefois
le voile ; & il y a encore à prelent
nombre de Demoiselles , qui s'y dis
tinguent par leur vertu, & par l'amour
de leur Etar. Mad: l' Abbesse qui ne man
que à rien, fit servir un grand repas, &
ne entrer dans son Couvent tous ceux
çui assisterent à cette ceremonie , quoi
que ía Cloîture soit si étroitement gardée
dans cette maison , qu'elle n'y donne pas
même l'entrée à ce qui lui est le píus^
prociae v
/A'N^TÉ^t 17x4. i47
proche, montrant en cela,. & par sa vie
reguliere , l'exemple d'un grand mépris,
& d'un parfait détachement du monde.
leans alla voir Madame la Ducheííe
d'Orleans , (à mere , à la Aíagdelaine
de Trenel. Cette Princesse y restera jus*
qu'au lendemain de la ceremonie qui íè
fera à S. Denis pour les obíèques de feu
S. A. R.
M. Charron , Gentilhomme ordinaire
a fait preíènt à S. M. de plusieurs Arcs ,
Flèches & Carquois , venus de Tur
quie , avec lesquels le Roy s'ererc&íòuvent
avec les Princes & Seigneurs de fa
Cour , à tirer au blanc dans la grande
Gallerie du Château de Versailles, Sa
Majesté récompeníé de quelque bijoux
ceux qui mettent le plus près du noir.
La Cour a quitté le deiiil depuis le 10.
de ce mois.
Le 26. le Maréchal de Tessé partit de.
Paris pour se rendre à la Cour d'Espa
gne.
Le 27. M. Táson fat reçu Avçjcat
General du Parlement , par le President
d'Aligre*en l'absence du Premier Pre
sident
u
JANVIER 1714. 145
Le 1 2. de ce mois i'AbW Bause , Cha
noine d'Evreux, prit pofleslìon du Prieu
ré de S. Martin des Champs , au nom du
Prince Frederic de Bouillon.
On dit qu'on a arrêté près de Nanci,
en Lorraine, les voleurs qui asiaflinerenc
au mois de Septembre.dernier , près de
Calais , les quatre Gentilhommes Anglois
, dont nous avons parlé dans ce
temps.là. On ajoute que leur Chef étoit
«n Receveur de quelques droits dans la
Lorraine , & que l'un des Officiers de
Justice qui étoient entrez dans le Châ
teau où il s'étoit retiré , avoit été tué
d'un coup de fusil par la fille de ce sce
lerat, dont les complices s' étoient dé
fendus avec beaucoup d'opiniâtreté.
. On a arrêté au Fort.l'Evêque environ
vingt joueurs qui s'y étoient aslèmblez
pour joiier au Pharaon , dans la Chambre
de quelques prisonniers arrêtez pour le
jeu.
L'Abbaye Royale des Dames Religieux
ses de Poifly, de l'Ordre de S. Domini
que , est un des plus beaux monumensde
la pieté de nos Rois î Philippe le-
Bel la fondá en 1304. & la dotta pour six'
vingt filles Nobles , & ses succeíseurs
l'ont comblée de biens Se de privileges , .
l'Eglise en est des plus belles & des plus
magnifiques, Je tonnerte l'avoit presque
G y détrui
J46 MERCURE DE FRANCE.
détruite ily^J quelques années. Il çna
«oùté quatre cent mille livres au Roy
pour la rétablir parfaitement ; il n'y '
manquoit plus que les Cloches , la bene
diction s'en fit avec beaucoup de dignité
' le ij. du mois passé.; S. M. a bien voulu
donner ion nom à la premiere , avec
l' Infante.Reine r M. le Duc de Gesvres
& Mad= la Princesse de Soubiíè y fu
rent envoyez à leur place. M. le Comte
de Clermont , Prince du Sang y tint k
seconde le . même jour , avec Made là
Marquiíe de la Vrilliere , & la troisiè
me y fur tenue' par M. Je Duc d'Antin j.
& par Madf la Marquise de Neíle , nié*
ce de Mad de Mail ly , soeur du feu
Cardinal de ce nom ' qui en est la digne
Abbesse , Sí sous le gouvernement de la
quelle on voit refleurir le bon ordre Se
la paix dans ce fameux Monastere ; beau
coup de Princesses du Sang y ont prisautrefois
le voile ; & il y a encore à prelent
nombre de Demoiselles , qui s'y dis
tinguent par leur vertu, & par l'amour
de leur Etar. Mad: l' Abbesse qui ne man
que à rien, fit servir un grand repas, &
ne entrer dans son Couvent tous ceux
çui assisterent à cette ceremonie , quoi
que ía Cloîture soit si étroitement gardée
dans cette maison , qu'elle n'y donne pas
même l'entrée à ce qui lui est le píus^
prociae v
/A'N^TÉ^t 17x4. i47
proche, montrant en cela,. & par sa vie
reguliere , l'exemple d'un grand mépris,
& d'un parfait détachement du monde.
Fermer
Résumé : « Le 5. Janvier Monsieur le Duc d'Orleans alla voir Madame la Duchesse [...] »
En janvier 1714, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le duc d'Orléans a visité la duchesse d'Orléans, mère de la duchesse de Berry, chez la duchesse de Tremoille. M. Charron a présenté au roi des arcs et flèches turcs pour des exercices de tir à Versailles, récompensant les meilleurs tireurs avec des bijoux. La cour a quitté Versailles le 10 janvier. Le maréchal de Tessé est parti pour l'Espagne le 26 janvier, et M. Tanson a été nommé avocat général du Parlement le 27 janvier. L'abbé Bause a pris possession du prieuré de Saint-Martin-des-Champs au nom du prince Frédéric de Bouillon le 12 janvier. En Lorraine, des voleurs, dont le chef était un receveur de droits, ont été arrêtés après avoir attaqué des gentilshommes anglais près de Calais. Environ vingt joueurs ont été arrêtés pour avoir joué au Pharaon au Fort-l'Évêque. L'abbaye royale des Dames Religieuses de Poissy, fondée en 1304, a été restaurée après un incendie. La bénédiction des cloches a eu lieu le 11 décembre, en présence du roi et de plusieurs personnalités. L'abbesse, sœur du cardinal de Noailles, a montré un détachement du monde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
721
p. 49-75
RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Début :
Nous apprimes l'heureuse nouvelle le 7. de Septembre ; elle n'eut pas été plutôt [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Dijon, Ville, Instruments, Église, Vin, Tambours, Hautbois, Joie, Nuit, Musiciens, Fête, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
ME'JOVl S S ANCES faites k Òijon.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
Extrait d'une Lettre écrite de cettfi
rnu*
NOus apprîmes l'heureuse nouvelle le 77
de Septembre» elle n'eut pas été plu
tôt annoncée par une triple décharge de l' Ar
tillerie de la Ville & du Château , qu'on"
entendit de toutes parts le son des Cloches
& les acclammations des Hábitans. Il n'est'
pas possible de vous décrire les transports"
que produisit ce grand événement. On fortoit
des maisons en foule ; on couroit dé
porte en porte pour apprendre à son pa
rent , à son ami une nouvelle qu'il sçavoie
déja , & qu'il avoicla même passion de dé
biter.
Le Comte de Tavanes qui commande dans"
la Province , ne pouvoit manquer une fi'
belle occasion de- faire éclater son zele , &
l'ardeur héréditaire qu'il a pour le service
de Sa Majesté. Son spacieux Hôtel parut tout
en feu dès l'entrée de la nuit ; la porte &
h façade ornées deRstons, de Dauphins, dé
Fleurs de Lys , les bougies & les Lampions
étoient répandus par fout , & principale
ment fur la belle Terrasse fur la rrtë. Grand
feu au milieu de.Ja Place , grand festin dans
l'interieur de la maison, fonraines de via
su dedans Se au dehors de la Cour , Bal
Ì>our les personnes qualifiées , danses parmt
e Peuple &c.
Eeno#)t les «ois semaines, 4e nos princf-
. .. ' gales
ço MERCURE OE FRANCE,
pales Réjouissances , ce Seigneur a fçu va
rier tous les repas qu'il a donnés ; & lotî
tes les illuminations ; on étoit sûr de trou-
Ver toujours chez lui quelque chose de bril
lant & de nouveau nous appellerions cela.,
des Fêtes dans toutes les formes y. ce n'étoic
pourtant que lc prélude de celle qu'il taéditoit.
Le Parlement étant séparé à cause des va
cations , il ne pût se rassembler que le Sa*'
riiedi. cette illustre Compagnie parut aussi
complète que dans le tems des pleines fean—-
ces. M. de Berbiscy » Premier Président étoit
à la tê'-e ; les Huissiers le précedoient com
me à l'ordinaire , les Avocats & les Procu*
reurs en grand nombre faifoient cortège *
la Maréchaussée bordoit les rangs ; le 2>
T3eum fut chanté dans laSale du Palais.L'Abbá
Bouhîer , Doyen de la Sainte Chapelle, déíigné
pour être notre premier Evêque , offi
cia y la symphonie fut merveilleuse , la Mu
sique excellente, & M. Michel , Maître de la
même Sinte Chapelle , se surpassa.
Les Musiciens qu'il avoit. employez conti
nuèrent ce jour là à se donner mutuellement
des Concerts comme ils avoient fait les jour*
précedens ; ils- illuminèrent les lieux où il»
se régaloient ; & si l'on doit en juger par lesÉfréquentes
décha ges d'une douzaine de pe
tites piéces de Canons dont ils s'étoient pour
vus , & aiisque's on mecroit le feu toutes
les fois q 'ils celébroient lu santé du Rqi
ou de quelque Prince de la Maison Royale»-
en ne peut douter qu'ils ne s'y jíKeressaliene;
infiniment. x~ j
Le Dimanche suivant , les erdres, de las
Geur aiiivs.íûîj & cc foc alors que. la joye
, monta
JANVIE Ft. \7j<s: <v
irsonta ï son comble ; pendant trois jottrs con-:
sécutifs les Cloches sonnèrent , le Canon tli
ra j il y eut des feux devant toutes les por*
tes i des lumières fur toutes les Fenêtres ,
lès Clochers mêmes furent éclaires. Le Lun
di on rit tous les Ouvriers occupés, à sus
pendre des Guirlandes , ì attachtr des A . moi
nes > à élever des Loges de verdure de cent"
figures différentes . tout le Peuple enfin se
livrer à la joye. Nos Comédiens joiierent
pour lui gratis.
mu vM.j —— 1« , w ..y «.f'Srfi^noiv ....
les Boëtes , ni les Fusées , rri les Han-beaux,
ni tous ces autres agrémens que le coeur'
& le bon goût peuvent inspirer ; le détait
de tout cela feroit immense , & j'ai d'ailléurs
à ouvrir une scène plus grande & plus
pompeuse.
C'est M. le Premier Président du Parlement '
qui donna la première Fêre solemnelle le
Lundi m Septembre. El'e commença par une
illumination générale de tcut son quartier »
&■ particulièrement de son Hôtel , non seu
lement la fact.' , mais les Cours, Us Appartemens
& les Jardins ; il y eut un Concert
exécuté par des Musiciens du premier ordre,
un repas splendirie oû les personnes de la
première considération se trouvèrent. II fit
distribuer , ou plutôt prodiguer au Peuple
le pain , le vin & la viande . & il disposa
en differens endroits des Inlîrumens , au son
desquels on dansa jusqu'au jour. En un mor,
on peut dire qu'il n'omit rien de ce que
son inclination pouvoir, demander & s„ Dignité
permetue.
ft MERCURE^ DE FRANCE.
Le lendemain > on chanta , sur les cinq
Beures du soir, à la Sainte Chapelle , un "tt
Deum qui fut annoncé par le Ion des Clo
ches & par le bruit du Canon ; le Parlement
& la Chambre des Comptes y assistèrent en
Robes de cérémonie, avec toutes les Com
pagnies qui ont droit de s'y trouver ; M.
de Tavanes s'y rendit aussi. La plupart des
Communautés Ecclésiastiques , en consé
quence du Mandement de M. l'Evêque de
íangres , firent la même cérémonie ce jourlá.
Les Chevaliers de l'Arbalête firent chanter
le lendemain aux Carmes un Te Deum en
Musique, au bruit des. Boètes •• & quoique là
Ville eut renouvelle le soir ses Illuminations
& ses Feux , ils remportèrent íur tous les
autres , en- éclairant leurs Maisons , jus
qu'aux Jardins , de Bougies , de Lampions-,
&c. & ils donnèrent un grand Repas.
les dehors de leur magnifique Collège fu
ient ornés & éclairés avec gout > mais Ië
plus bel aspect fut celui du seu qu'ils allu
mèrent au milieu de leur grande Cour en
tourée de Bâtimens à tross étages , dont les
Fenêtres étoient également chargées de lu.
mieres. Ge qu'ils eurent de plus singulier %
fut une Armée de nouvelle levée , ce fiic
une Milice brillante, qui fit plusieurs évolutions
dans cette Cour , s'y rangea en bataille > &
y fit des décharges. Oh eut le plaisir de
voir pendant trois jours /Cette belle jeunefle
parcourir les lieux les plus apparens de la
Ville , portant 3e maniant les_armes avec au-
Leí Jésuites se distinguèrent
jÁNVfER- 171^.
te 14. les Bouchers qui ont toujours pr-i»
parc aux Réjouissances publiques > mêlèrent
les Musettes aux Tambours . les uns passè
rent la journée- fous les armes ; les autres
ayant choisi deux jeunes filles , les habillè
rent en Bergères , & au son des Instrumens,
les conduisirent en grand cortège chez la
Comte de Tavanes , à qui elles eurent l'honneur.
de présenter un Agneau , orné de ru^
bans & de guirlandes , qui. fut très- gracieu
sement & très- noblement reçu. Us s'apliquerent
ensuite à embellis les Loges qu'ils svoient
déja construites , à tapifler leurs Boutiques
à décorer d'arbustes , de Festons , de Gui
dons & d'armoiries les Ponts qu'ils avoient
jettes fur leur ruë , & qu'ils illuminoient tous
ícs soirs
Cependant dés Veaux & des Moutons en
tiers se rotissoient au milieu des Places aux
dépens des mêmes Bouchers ; les Hautbois
& les Tambours retentissoient de toutes parts»
les Tables étoient dressées , & parurent trèsbien
servies. M. de Tavanes voulut être té
moin de leurs plaisirs ; Madame de Tavanes
y mit le comble , en les animant elle-mê*
me , & c'est principalement à fa présence &
à îexcellent vin qu'elle envoyoit avec pro
fusion , que ceux qui se donnoient en spec
tacle durent la vivacité de leurs Réjoúi£
sances.
M. Baudor, notre Vicomte- Mayeur , qui
fa vigilance portoit de cous côtés , crut que
la Police même étoit intéressée à entretenir
cette ardeur » son bon vin de Champagne &
de Bourgogne le suivoit par tout , & c'est"
de cette source féconde que coulèrent tane'
d'heureux impromptus à fa louange &c
MERCURE t)Ê FRANCE.
Ce même jour 14. Septembre fut marqliér
par Tune des plus belles Fêtes: que nous
ayons vûës ; je veux parler de celre- d& M. le*
Comte deTavanes; comme il delìroit que touc
répondit à la grandeur de ses idées, íbri Hôtels
tout vaste qu'il est , lui parut trop resserré,-
& il se détermina pour le jeu de l'Arquebuse.
C'est un Bâtiment de 30. toises d'éten
due , íìtué à la Porte de la Ville , Sí
Composé de deux grandes Galeries l'une fut
l'autre , terminées par deux Pavillons quartés.
On y anive par une avenue de ioo.'
pas de longueur , bordée de chaque côté par
deux raogs d'arbres 1 avec un fossé , fur le*
bords duquel règnent des charmiiles à hau
teur d'apui;on entre par une grande porte de fer
placée au milieu de la galerie d'en bai, q^ur
du côté du Jardin est ouverte en peristile.
Ce Jardin est un quarré long , clos de mu«
railles couvertes par tout d'une palissade cîe
Charmes de s ro. pieds d'élévation 5 bV
est coupé en deux portions égales par un
canal , & acompagné de deux grandes allées*
d'Arbres en Berceau , dont le rang exté
rieur a son apui de Charmilles ausli-bien'
que l'avenaë. Les retours qui font au bout
des Allées forment quatre beaux quarrés
pareillerríent enfermés- d'Arbres & de Char
milles ; derrière le canal de cent toises de
longueur , est une esplanade qui fait face â
une niche adossée au mur de' clôture , per
cée par les côtés , & couverte d'une demiè
coupole , fous laquelle est le Buste de M. le
Duc. La distance entre les Allées & lesr
murs de côté est d'environ quarante pas ,
& c'est dans ces vuides qu'on a coutume
de placer les buts pour l'exeicice de l'Ar
quebuse». Devant
JAtfVfER. 1729. ff
Devant la Porte de fer, dans ('endroit ouV"
l'avenuë forme une demi- lune, on avoir
élevé fur des Pillièrs de 1 f. pieds de hau
teur un Edifice de charpente , dont l'Enta-*
blement étoit orné des Ecussons des Armes*
du Roi , de la Reine , de Monseigneur les
Dauphin & du Duc de Bourbon ;-ces Arnioiries
étoient ornées de fleurs , dont 1er
Guirlandes defeendoient jusqu'à terre , St
tournoient autour des Pillieis de l'Edifice.
Sur la Plate forme étoit un petit Acrotêre'
ou Piédestal & cinq Piramides soutenues par
des Dauphins , décorées de Devises & de
Cartouches ; la plus haute de ces Piramides'
portoit un Soleil rempli d'artifice ; les qua
tre autres Piramides étoient surmontées d'au-'
tant de Grenades.
Quatre rangs de Terrines on de lampions
f;arnissoient toute la longueur de l' A venue j
e premier rang étoit posé sur le terrain ,
Te fécond à hauteur d'ápuî"; dans le Jardins'
il y en avoit trois étages 5 !es premiers étoient
rangés le long du canal , les seconds fur les
Charmilles d'apui , & les troisièmes fur les
palissades. Tout fut allumé avec une promtitude
inconcevable ; la Niche parut toute
hérissée de.Bougies ; ses deux côtés- en étoient
pareillement garnis pour termii.er les Allées,
ainsi que toutes les Fenêtres de- la Gallerie
& des Pavillons & le Cordon du Bâtiment
des quatre faces 5 c'étoit un coup d'ceif
charmant , & aussi surprenant de loin qu'il'
paroissoit galant & magnifique de près; la
réflexion de Peau faifoit fur tout un effet
admirable, en multipliant les objets.
Cependant l'illustre Compagnie s'étant as
semblée dans la Gallerie haute ,; on lui donrià*
une
■f4 MERCURE DE FRANCÊ.
une Cantate à grand Choeur , dont les sca
roles avoient été composées par le P. Adam,"
de la Compagnie de Jésus , & la Musique
par le S. Leplivet. Ce Divertissement duraune
heure , & fut reçû avec beaucoup de
satisfaction.
A peine étoit-il fini qu'or» donna le signât
pour tirer le Feu d'artifice par une salve de
vingt pieces de Canon rangées au bas des»
Pilliers de l'Edifice ; aussi tôt Madame l'Intendante
, au bruit des timbales & des trom-:
pettes , mit le feu à la mèche , & fit partirun
Dauphin enflams , qui courant avecrapidité
à l'une des faces , communiqua sesflammes
à trois autres Dauphins qui s'éle
vèrent en même-tem:s des trois autres faces,-
& y revinrent avec la même impétuosité p
tout s'enflamma- à leur retour ; ce ne fut plus
que tonnerre & que feu ; les Serpentau*
Voioient fur la terre , les Fusées s'élevoienc
dans l'air &c. Le Ciel devint en mêmetems
fort obscur, & son obscurité contri
bua encore à rendre le feu- plus éclatant St
^Illumination plus brillante.- On ne vit ja«*
mais rien en ce genre de mieux exécuté, &£■
de plus iultement. applaudi.
On servit ensuite le souper. Il y avoît
quatre Tables , une de 40. Couverts dans
l'un des Pavillons , trois de 30. Couverts cha
cune dans la Gallerie d'en haut , toutes
quatre servies avec un ordre, une abondan
ce . une délicatesse , une propreté qui paíîê
toute expression } cent sortes de ragoûts
nouveaux & recherchés , viandes exquises ,
Vins de tous les Climats , liqueurs de tou
tes les sortes ; on epargnok aux Convives la
peine de demander ï on prívcnoit , on devinoie
JANVIER. 1730.
ío'it les souhaits. Ce qu'on admira fur tout
ce fut le Fruit, & principalement celui qui
étoit destiné pour les Dames ; il n'est pas
possible d'imaginer comment on avoit pè
ramatìér tant de fruits délicieux , tant de
confitures exquises ; l'-ceil , l' odorat , le
gouc , tout y étoit satisfait. 80. pieces de
porcelaines & de cristaux qui contenoient ce
Dessert j rangées avec une simétrie & un art
infini , faisojent dire à tout le monde que
c'étoit dommage d'y toucher. Un de nos
Poètes qui a assisté à toute cette Fête l'a
dépeinte par les Vers que voici :
Vulcain, sans doute, avoit cùniuit les feux;
Apollon avoit fait les Vers & la Musique i
JBacchus se trouva bienheureux
Pe faire les honneurs d'un Busftt magnifique;
Diane & Pan qni fournirent les mets ,
jivoient épuisé les Forés Si
Cornus mime d' intelligence,
~ùt ee Banquet superbe avoit fris Vintindanee
,
Pour donner tant de fleurs , pour donner tant
de fruits ,
fleurs de toutes faisons , fruits d'Eté , fruits
d?Automne ,
flore avec son Zephir , Vertumne avec Ptu
tnone
Avoient pasié plut d'une nuit.
Le Peuple eut part à la somptuosité d«
M. de Tavanes ; on lui fit de grandes distri
butions depwn &dc viande» ; pour le vmi
3 8 MERCURE DE FRANCE,
il n'y avoit qu'à prendre, on en avoit 3iC~
posé six fontaines en six endroits differens./
deux A côté des Pilaltres qui font le com-
.mencement de l' Avenue , les quatre autre*
au commencement Si au bout des Allées da
Jardin ; outre cette profusion , on en donnait
„«ncore à tous ceux qui en demandoient %
de forte qu'il n'étoit pas plus rare que l'eatt
,jqui remplit le canal.
Dès qu'on eut fait guelqu&s tours de proçtnenade
pour voir ^Illumination de plus près»
& ce nombre infini de gens de tous étages,
.:qui dansoient en vingt endroits difíerens j,
au son des tambours & des -hautbois ; on
enleva les Tables , & le Comte de Tavanes
-remontant à la GaUerie , ouvrit un Bal , où
les RafraîchiíTemens furent prodigués ; ce
,Bal dura lì long-tems que le Soleil en vint
éclairer une partie. • *
Le Jeudi t 5 Septembre , les Chevaliers
du Jeu de l' Arquebuse , precedés de leurs
.trompettes & de leurs timballes > allèrent
prendre M. le Comte de Saulx , qu'ils ont
l'honneur d'avoir pour Capitaine , & i'ao
xompagnerent aux Jacobins , où en pré
sence de M. le Comte de Tavanes son pere^
& de M. Baudot , Vicomte - Mayeur , Se
•Chef des Armes , il fit chanter avec matnificence
un Te Deum par un grand nombre
e Musiciens ; il se trouva aussi quelques
-jours après au grand repas qui fut donné
dans u;i Salon de verdure , élevé exprès à
«ôté du .canal dont -on a parlé:; tous les
Bâtimens & le Jardin même furent illumi
nés.
Le i4. les Trésoriers de France celebre-
SH|t Jeux Fête ; ïk n'eoeploycreBi pas cette
: • grande
f AN VIE R. 1730. 59
grande foule de Musiciens qui se trouvè
rent aux autres solemnirez ; leur Chapelle
•n'auroit pas pû les con tenir ; mais ils a voient
,d£S voix & des Instrumens d'élite , & s'il*
■n'eurenf pas la gloire de la magnificence»
jls eurent celle du goût & de ia délica
tesse. _ Ô
, í-e Dimanche pg. fut marqué par une Pro
cession generale du Clergé Séculier & Ré
gulier de la Ville , à laquelle lev Doyen de
Ja Sainte Chapelle présida ; le Parlement r
assista en Robes rouges , & M. de Tavanejs
marcha conjointement cn habit de ceremo-
,»ie.
Les Chevaliers de l'Arc firent les hon»
jieurs du lendemain ; le Te D eu m à grand
choeur qu'ils chantèrent aux Cordeliers , lc
repas qui succéda , & la parure des lieuy
où ils tiennent leur Assemblée ont fait hon
neur à la Ville.
M M. de la Chamòre des Comptes qui
■n'avoiént Ras moins cfe zele & d'empresse
ment .que les autres Corps, choisirent le u.
du mime mois , & la Sainte Chapelle pour
ie lieu de leur Cérémonie; la face de l'Eglisc
fut dscorée & éclairée , la Nef & les
deux Tribunes furent tapissées comme aux
jours les plus folemnels 5 on éleva dans ce
Choeur jusqu'aux premières Galleries trois
rangs de festons de verdures &c.
L'Autel étoit paré des ornemens les plus
précieux j l'Mumination repondoit à la pa
rure j car outre le grand nombre de cierges
dont le Maître- Autel étoit chargé , outre
la multitude de Lustres qui étoient diíhi»
Jbuez dans toute l'étenduè de l'Eglise , les
deux Galleries da Choeur, le* deu*. Tribu
nes
v
MERCURE DE FRANCF.
mes & la Balustrade qui règne le long des
tìtales étoient bordées de Bougies. Les pre
mières Galleries de la Nef étoient garnies
d'une infinité de Pots à feu , où pour évi
ter l'incommodité de la fumée > il n'étoie.
Srefque entré que de Ja cire. C'-e'toit un brilint
inconcevable . & toutes ces lumières que
ia tapisserie & renfoncement des Galleries
faisoienc sortir , parurent d'un gout nou
veau , qui satisfit; également & ceux qui se
piquent, de se connoître en ces choses , 8c
ceux qui ne s'y connoissent pas.
•M M. de la Chambre des Comptes vinrent
à l'Eglise» precedez de leurs Huissiers , &
suivis d'un grand nombre deComptables qu'ils
avoient appeíiés à la Cérémonie. Le Comte
de Tavanes qui s'étoit rendu dans leur Salle
d'Assemblée . marchoit entre le Premier 8e
l'ancien Président . precedé de la Maréchausfée
& de ses Gardes. On entra au bruic
des timbales & des trompettes , & M. Mi
chel donna un troisième TeDeum, qui quoi
que d'un gouc diffèrent» ne parut pas.moins
beau que les deux autres > la Musique
fut exécutée avec la derniere précision j
on ne s'étoit pas contenté des Musiciens
de la Ville , quoiqu'ils soient très - nom.
breux > on en avoir fait venir d'Etrangers,
M. le Doyen de la Sainte Chapelle fitl'Office
, & on finit par la Prière pour le Roi &
pour le Dauphin.
Le ii, notre Vicomte- Mayeur , qui avoir,
envoyé de grandes aumônes aux Hôpitaux,
aux Prisonniers , aux Pauvres honteux , &
même aux Religieux Mendians j se rendicavec
toute la Magistrature & les Officiers
des Paioifics chez M. le Comte de Tavanes >
: •• pour
JANVIER. i7?o. 6i
Çavtt raccompagner au Te Deum de la Villes
oici Tordre de la marche.
Les deux Sergens de Bande , revêtus de
leurs casaques d'écarlate , galonées d'argent,
la hallebarde à la main. Les Sergens des
sept Paroisses, tous en uniforme i luivoienc
deux à deux , pareillement avec des halle
bardes qu'ils porcoient fur Tépaule. Les Offi
ciers de la Milice Bourgeoise » distingues
suivant leurs Paroisses , ayant chacun leurs
Tambours leur Fifre , leurs Hautbois 8c
leur Drapeau. Les Capitaines , Lieutenans ,
Majors & Dizeniers marchoient lts premiers,
avec TEiponton ; les Apointtz étoitnt derjiere
avec la Pertuiíàne. Nous appelions
Apointez certains 'Officiers subalternes qui
fervent fous les Dizeniers. Ils faiíoient un
Corps d'environ roo. hommes , tous trèslestes
& ttès proprement habillez. Les Trem
pettes de la Ville , puis les Gardes de M. de
Tavanes d'un côté , & les Sergens de Mairie
de l'autre. M. de Tavanes vêtu d'un habit de
drap «i'or , avec un manteau noir , doublé pajeillement
de drap d'or , étoit acompagné de
M- le Maire, qui étoit revêtu de fa Robe de
.velours violet ,, doublée de velours cramoisi,
bordée d'une fourure blanche ; les Echevins
avoient aussi leurs Robes de cérémonie, de
moire violette. Le Procureur Syndic étoit à
la fuite avec la même parure , en tête de
les Substituts , &de tout ce qui compose le
Corps dé Ville. La marche étoit fermée par
un Détachement des Sergens des Paroisles ,
pour empêcher la foule.
La grande Porte des Jacobins étoît -ornée
de tapis , de festons &c. & éclairée de bou
ffies ; leur vaste £oui l'itoit des deux cô-
D «B
<Í2 MERCURE DE FRANCE,
tez par des Terrines & des Pots à feu »
Portail étoit aussi illumine ,& on avoit éle
vé fur la principale Porte le tableau d'un
Peintre fameux .représentant le Dauphin de
Viennois, qui cède fa Principauté au Ros
PhiKpcs VI. Tout étoit éclairé en Lustres
& en Girandoles dans i'Eglise. Le Grand-
Autel i de même que ceux des Chapelles ,
étoit fi chargé de cierges , qu'on n'auroit ja
mais p& en augmenter le nombre ; les hauts
fieges du Choeur étoient pareillement cou
ronnez de cierges > mêlez de Grenadiers 8f
"d'Orangers On enrra dans I'Eglise au (on
des Cloches & des Trompettes , & au bruit
d'une décharge genevale de 1" Artillerie de la
Ville & du Château. M., le Comte de Ta>.
vanes prit fa place fur un Prie-Djeu qu'on
lui avoit préparé a ia droite du Chceur.
M. le Vicomte- Mayeur étoit ì droite daps
les hauts fieges , ayant devant lui un tapis
de velours cramoisi ayee deux carreaux ;
tout ce qui compofoit l'Hòtel de Ville ft
"plaça à droite & à gauche dans les mêmes
fieges qu'occupent ordinairement les Reli»
gieux.
Les Pères Jacobins , les uns revêtus de
Chapes , les autres en Tuniques , entonne»
rent le Te Dtum , qui fut chanté par les
mêmes Musiciens qui avoient exécuté celui
de la Chambre des Comptes , & qu'on avoit
placez fur un Amphithéâtre dressé au mi
lieu de I'Eglise , & tout illuminé. La fin d*
la Cérémonie fut marquée comme le com
mencement par le bruit des Instrumens , le foa
des Cloches & par une salve de l' Artillerie.
De I'Eglise des Jacobins on marcha à la
fliçc Royale ; cite a la figure d'un Arc „
donc
JANVIER. 17 î o. *ï
Sont la Maison du Roi fait la corde > le de
mi cercle est composé de 41. Portiques d'une
tr.es b;-lie exécution , & surmontez d'une Ba
lustrade de pierre fort bien travaillée , la
quelle règne auili sur les murs de la Terîasle
du «Louvre. On .avoir, élevé í'Edifice
destiné pour le Feu entre les deux rnës qui
aboutissent à la Place Royale. •
Cet Edifice «toit un Arc de triomphe â
quatre Portiqaes de .a. y. piés de hauteur st*r
10 de laigtur ,, dont les quaire angles exté
rieurs étoient coupez pour -recevoir des Pi
lastres d'Ordre Ionique & autant de col orn
ées isolées à .Baies & Chapiteaux dorez ,
posées iur des Piédestaux élevez fur de*
.Zocles. L' entablement répondoit à Tordre ,
Sc le milieu des Architraves étoit eouvetï
de Cartouches aux Armes de Sa Majesté.
Sur cec Entablement regnoit une Balustrade
avec quatre auctes Piédestaux à l'aplomb
des colomnes qui portoient des urnes feintes
de porphire. Sur la première Plateforme étoit
élevé un .Zocle de sept pieds & demi de
hauteur , & de douze de diamètre , qui formoit
la seconde Plateforme , de laquelle
sortoit un Baldaquin circulaire , & d'Ordre
Corinthien, à huit colomnes grouppées , dont
les Bases & les Chapiteaux étoient pareil
lement dorez , & qui portoient huit Dau
phins surmontez d'un Soleil. Sous le Dôme
étoient placées plusieurs Statues ; celle de la
Félicité qui fe faisoit un plaisir de donner un
Dauphin à la France , celle de Ja France
-qui le recevort avec respect , celle de la
Ville de Dijon qui y applaudissent avec ad
miration. Au dessus de ces Figures voioit le
Génie de la France» qui femoit des lau-
D ij riers
*4 MERCURE DE FRANCE;
ciers fur le nouveau Prince. Toutes les par»
ties de cet Edifice étoient peintes en marr
bre & ornées de Devises & d'Inscriptions,
En arrivant: à la Place s toutes les Trou
pes formèrent un grand cercle autour du '
Théâtre > laissant entre ' elles & ce même
Théâtre un assez grand espace pour que le
Comte de Tavanes & tous ceux qui com
posent la Magistrature, fisient les trois tours
ordinaires avant que de mettre le feu aux
mèches. Plus de cinquante instrumens de
toutes les façons , place* fur la Terrafle qui
ferme le logis du Roi, se mêlèrent au bruit
des tambours , des hautbois & des Fifres •
qui étoient i la tête des Troupes.
Après les trois tours , M. le Comte de
Tavanes & M. le Vicomte- Mayeur , mirent
le feu aux deux mèches qu'on avoit prepar
rées ; le feu se communiqua par tout dans
l'instant , les Fusées, les Lances à feu , les
Saucissons , les Soleils , les Dragons > les
Grenades éclatèrent de toutes parts , & don
nèrent lieu à cet autre Enthousiasme Pojétjque.
■
La veille pendant mon repos
0n m avoit transporté dam Piste de Lemnosi
Là , du milieu des fournaises ardentes
Coulaient des torrens de métaux ,
Et les enclumes gémissantes
Tlioient fous tesson des marteaux.
Ze Cycbpe attentif k l'ordre de son Maître ,
Mêle avec le charbon le souphre & le salpêtre.
Joint au feu , joint au vent h huit & le
fracas ,
Et
Janvier. 1730. g)
$f itút te qui du foudre anime les éclats i
Mais il n'y mêle peint la mort éf les allar*
mes ,
Jl ne le trempe peint dans le sang , dans let
larmes ;
L'ouvrage n est point fait pour nuire (y peut
troubler i
U est fait pour surprendre , il est fait pour
briller,
Ên effet > quoique le vacarme fût grand ,
te qu'il redoublât encore par l'écho de cette
Place spacieuse , quoique les flammes nous
enyelopaflTent de tous côtez , non feulement
nous n'eûmeS point de mal , mais on n'eut
pas même |a moindre peur.
Le feu fini , on continua 1* marche jus
qu'à l'Hôtel de Ville » qui étoit entièrement
illuminé ; fur la Porte on avoit placé le por
trait du Roi fous un Dais. Cependant on
avoit distribué du pain à plusieurs reprises
pendant la journée , les Fontaines de via
li'avoicnt ceflé de couler. Un festin splen
dide attendoit la Compagnie , pour laquelle
on avoit préparé trois Tables dans la grande
Salle de cet Hôtel , une au fond où e'toic
M. de Tavanes avec M. le Vicomte- Mayeuc
& les personnes les plus qualifiées , les deux
autres en long & à côté pour les Eche
vins , les Citoyens & les Etrangers qui
avoient été invites j il y eut plusieurs íer~
vices differens , tous également bien four
nis , & ceux qui aiment l'abondance eu
rent autant de lieu d'être satisfaits que ceux
qui ne demandent que de la propreté & de
D iij la
€6 MERCURE DE FRANCE:
fa delicateste. M. de Tavanes porta la santi'
du Roi , de la Reine , du Dauphin & de M.
• Jc Duc, & ces santez furent accompagnéesde
plusieurs salves.
Les Instrumens qu'on avoit placez fur la
gallerie du Logis du Roi , donnèrent pendant
plus d'une heure une simphonie vive & har
monieuse > les illuminations étoient generáles.-
De quelque côté qu'on tournât dans la Ville,
dans lés rues les plus étroites, dans les quar
tiers les plus éloignez, on ne voyoir que lu
mières , figurées de cent manières différentes
chacun se faisoit honneur de renchérir sur ses
voisins.
Le plus grand spectacle parut dans la Place
Royale ; le Théâtre avoit changé de face, au
lieu de Feux d'artifice PEdifice de charpente
parut chargé dé Lampions Se de Pots à feu;
Ce n'étoit plus des Portiques ni des Balda
quins de marbres-, c'étoient des Portiques &
de? Baldaquins de lumières» Cette Illumina
tion avoir d'ailleurs des accompagnement
merveilleux i les deux Fontaines de vin qui
coulèrent le jour & la nuit , étoient ornées
de lumières & de feuillages : on avoit porté
une gran le quantité de Pots à feu fur la haute
Tour du Louvre , qui est la piece la plus éle
vée de la Ville & qui s'apperçoit de plus d*une
lieue : toute la façade de ce Palais étoit illu
minée , tout le tour de la Place décoré d'un
cordon de verdure qui descendoit en festons
aux côtez des Portiques; deux rangs de ter
rines garnissoient les Ceintres & la Bilustrade
dont ils font couronnez, des Pots à feu ex
traordinaires & placez de distante en distan
ce , en relevoient encore l'éclat ; les rues,
& fur tout les deux grandes rues qui traver
sent
JANVIER; 1730. 6%
íént la Place Royale > avoient une apparence
d'autant plus riche & plus agréable , que tou
tes les fenêtres y sont de même symétrie Sc
qu'elles étoient e'galement éclairées ;on avoit
encore an point 3e vûë' qui l'emportoit fur
tout cela ; le somptueux Portail de l'Eglise de
S. Michel , de dirserens ordres d' Architecture
l'un fur l'autre , étoit totalement illuminé ; la
plateforme étoic bordée de Pot? à feu , les galleries
da milieu & routes les ouvertures des
Tours e» étoient remplies.
Pour peu qu'on s'avaneic dans la Place de
S. Etienne, qui n'eíì qu'à quelque? pas dff
l'autre, on trouvoit d'autres ctartez; on voyoit
en perspective la maison de M. le Vicomte-
Mayeur au bout de la grande ruë qui entre
dans cette Place : pendant tout le jour on y.
avoit fourni du pain & fait couler nnc Fon»
«aine de vin ; fur tout la populace s'étoit fort"
amafée d'un jeune enfant habillé en Bacchus
, qui passa plusieurs heures aflîs fur la
tonneau d'où jaillissoit la Fontaine : pendant
ía nuit on ne reconnut plus ni maison ni porte,
on ne vie qu'une lumière universelle qui en»
velopoit & absorboit entièrement les autre*
objets-.
Toute la Ville à la fin se rassembla dans la
Place , tout y dansoit, touty fautoit; les Instrumens
ne Cessèrent qu'au jour , & on ne cessa
de danser tant qu'ils continuèrent ; enfin certe
nuit si charmante fut pour nous un augure du
bonheur que la naissance du Prince nous pro
met » ce qu'un autre de nos Poètes a tâché
d'exprimer ainsi :
Après une trop longue & trop cruelle absence ,
La Félicité de retour ,
T> iiij E*
rf$ MERCURE DE FRANCE.
En accordant un Dauphin k la Francs
Nous marque qu'elle veut y fix-erfon fejottrí.
Recevons cejirefent de ses mains btenfaìjhnti^t
Ne doutons plus de son secours ;
Si les nuits font pour nous fi belles, fi brillant ex>
§luels seront. déformais, nos jours f
Cependant lés Officiers dé notre Milice Bout>
geoise ne crurent pas avoir marqué leur joye
assez vivement. Le if.de Septembre ils firens
chanter dans TEglise des Jacobins , un Te
Deum aufli magnifique que celui de la Ville »
M. de Tavanne leur fit l'honneur d'y affilier;
M. Ie Vicomte-Mayeur se mit à leur tête. Lx
Troupe n'étoit composée précisément que des
Capitaines, Lieutenans , Enseignes, Major*
& Dizeniers des Paroisses , précédez des Sergens
& des Tambours.. La marche parut d'au
tant plus pompeuse . qu'à commencer par le
Maire, tous les Officiers jusqu'au dernier *
avoient des habits uniformes , la veste galon
née, le justaucorps d'un beau Camelot écarlate,
le chapeau bordé . avec le plumet blanc Se
la coquarde de même ; ils allèrent ensuite au
Jeu de 1* Arbalète . dont ils avoient illuminé
les Bâtimens-&- les Jardins d'une manière trèsriante
& t ès-agréable. La Salle haute & la
Gallerie d'en bas, quoique très-érendi ë , ne le
furent pas trop pout les tables ; M. le Vicomte-
Mayeur tint la première . M. le Comte de Tavanes
n'ayant pû s'y trouver, à cause de I" il—
lustre Compagnie, à qui ce soir là même il
dpnnoit à manger ; mais il s'y rendit fur les
onze heures da soir , & fa présence redoubla
la joye qui ctoit déja bien vive ; on recom
mença
Janvier.
. Aença, au bruit des Canons > â boire la santé
du Roi , de la Reine , de Monseigneur le Dau
phin & de M. le Duc.
Les Bénédictins avoient fait ce même jour
une Procession íbíemnelie & chanté le Te Deum
& l'Exaudiat, avec beaucoup de pompe; 8c
pour rendre leur joye plus sensible ■ ils firent
aux pauvres_ de grandes distributions de paio ,
de vin , de viande & d'argent.
J'ajoûterai que notre Université se trouva
chez les Jacobins pour une pareille cérémo
nie le 8. du- mois a Octobre ; comme elle ne
.fait que de naître» elle a encore tout son
premier zele & toute son ardeur pour le Roi >
toute sa reconnoissance pour M. le Duc, son>
Protecteur. Le Doyen de la Sainte Chapelle ,
Chancelier, se trouva à cette solemnité » con
duit par les Massiers & les Bedeaux , les-Profesteurs
l'accompagnoient en Robes rouges ,
les Ag^regez en Robes noires avec le Chape
ron d'écarlate; ils ne cédèrent en rien à ceux
.qui avoient paru devant eux- dans la même
Eglise. Tous les Corps de Métiers générale
ment quelconques ont rempli les mêmes de
voirs avec un empreíîement & une joye que
je ne puis vous représenter.
La Cérémonie de nos Marchands eut quel
que chose de noble ; la belle Eglise de Notre-
Dame , où ils se rendirent » étoit tapissée ,
ornée & illuminée à faire plaisir; leur* Musique
fut d'un très-bon gout , & les Instrumens en
rehauflèrent le prix ; le Canon n'y manqua
point» &' pendant toute k nuit' suivante ils
étalèrent, à l'envi les uns des autres , tout ce
eui pouvoit rendre leurs maisons plus ornées
Se plus brillantes.
M, de laBfifïe, Inondant de. Bourgogne. *
7o MERCURE DE FR ANCE,
■
n'ayant pû être de retour à Dijon que le ifl.
Septembre , il fixa fa Fête au Dimanche t.
Octobre. M. l'Intendant occupe la Maison Ab
batiale de S Bénigne ; il y a devant la porte
une petite Place qtiarrée.des plus jolies; la
Cour est en arc & d'une étendue plus que rai
sonnable ; les Appartemens font beaux & bien
.suivis. Le Jardin est orné d'un très- beau Par
terre &r de quelques Bassins ; il est terminé par
sept Portiques d'un treiflage très riche , dont
il y en a trois, qui ont plus d'élévation que:
les autres, & qui font décorez de Statués
de part & d'autre font plantez des arbres &
sù-dclïous des Charmilles à hauteur d'apui ;
à droite: derrière ces Charmilles , s'élève
une Ternste qui donne fur l'aliée; à gauche
ce font des Bâtimens couverts de verdure , au
bout desquels on a ménagé une issue pour
monter à la grande Terratle qui tient toutela
largeur- du Jardin : du coté de la Mailorv
cette Terratle est cachée par les- Portiques i.
de l'autre côté elle donne fur le folïé de la,
Ville entre deux Bastions qui la débordent ,
& die a un aspect très gracieux , dont le prin
cipal point de vùë.dt le Jeu de l' Arquebuse 8s.
la Chartreuse.
On s'aflëmbU d'assez bonne heure , & cha
cun s'amusa jusqu'à six heures du soir., la,-
Compagnie attirée par le son des Instrumens,.
fè ren.iit dans la première Salle : on préludí .
par des Concertos; on vint ensuite au Di
vertissement particulier , dont les parole»,
avoient été faites exprès pour lé fuiet , & la
Musique compjsée par le sieur Bourgeois.
La Place que j'ai décrite étoit entourée delanternes;
elle tiroit un grand jour & des
maisons fitutes à 1'oposite , où on n'avoú rienentièrement
illuminé , & de la façade du Palais
Abbatial gui répondoit à tout cela. Le Peu
ple y avoit son Concert & ses Inlhumens ,
Sc des Fontaines de vin qui couloient fans
cesse. Une double ceinture de bougies regnoit
jdans toute l'écenduë de la cour. -Les Bassins
& le Parterre du Jardin éroient profilez &
bordez de Lampions i la petite Terrasie & les
Charmilles écoient chargées de terrines \ les
sept Portiques étoient en bougies qui en
avoient pris les ceintres. C'étoit proprement
un Jardin de lumières1, dont les éclats éblouis
sants avoient été substituez á la place des Buis»
des Charmilles & des Treillages.-
Un très beau Feu d'artifice , placé fur le
chemin couvert-, en vûë de la grande Terrasse
dévoie faire partie de cette Fête ; on s'occupa
encore de lTlluìnínation , qui du haut de cette
Terrassé, faiíbk un spectacle nouveau & rra-
Paiterre lumineux, un Portail & des Tour*
enflammées ; du côté dé la Campagne on
avoit en face le Jeu de l'Arquebuse , d©ac
les Bâtimens étoient éclairez , & fur les co
tez deux, grands Bastions bordez dé lumieKS'
& garnis d'artillerie qui commença à se faine
entendre ; après quoi Madame la Comtesse
dé Tavane & Madame la Marquise de Chajoû
, après avoir long- temps disputé de po
litesse , firent enfin partir en commun un
«Dragon enflammé, qui étoit venu prendre leurs
ordres fur la Terrasse ; i! ne ìes eut pas plutôt
portez fur le Théâtre » que les Piramides s'al-
Jumerent , les Moulinets tournèrent , les Fu
sées partirent, les Lances à feu fuivireiKi ce--
iUc UQ feu continuel & un bruit étonnant ;
Ptj, lie»'»
yi MFRCUHE DE FRANCE,
rien n'étoit plus beau que de voir lts Grenade»,
vomir des milliers de Serpenteaux fur la Po
pulace > qui n'est jamais trop près à son gré ;
mais rien n'étoit plus plaisant que les mouvemens
qu'elle se donnoic pour les éviter ;
ces feux voioient de cent manières différentes-,
les uns sembloient se plonger & se précipiter
fur la terre , les autres sprès cent tours 8c cene
retours remontoient avec vivacité au lieu d'oà
is étoient sortis, la plupart serpentoient vé
ritablement & poursui voient ceux qui vouloient
s'en détourner ; fur la fin on jetta quel*-
ques douzaines de Fusées choisies , qui rem
plirent l'Air de gerbes & d'étoiles.
M. l'Intendant donna ensuite à souper à prèsde
cent personnes distinguées. Quand ily en
auroit eu le double on se seroit loué de l'a>
bondjncej la propreté & la délicatesse en fu
rent Rassortiment. Après le souper il y eut un .
Bal magnifique»
I,a Fête de M"S les Elus a mis , pour ainfidire.
le sceau à- toutes les autres Réjouissance*,
elle a réuni en quelque forte: toutes les Fêtes
qui a voient precedé.Je n'entrerai là dessus dans
aucun détail , ma Lettre n'ttant déja que trop
longue , & le Mercure en ayant déja parlé dans
le premier volume de Décembre, page ^S6é,
Je ne puis, cependant me dispenser de vous
parlei enco e de deux traits qui regardent d'autres
nerfonneí , & qui .méritent de n'être pas
oubliez , & je finis par 'à ma Narration.
Une vingraine de Bourgeois , las d'être
Confondus lans la foule, ont eu recours à une •
nouvelle invention pour fe tirer du nair. Ils
avoient élevé fur quatre roues un Char Ba
chique de i». pieds de long fur 8 de large,
fetm« 4"unc kftrriMC d'envùoo i, pieds de haa-
■-4,..
JANVIER. t7ío, jf
teur , ornée de Tapis & de Peintures. II étoir
couvert d'une riche ImpeiialcenbcrCcau.íoutenuë
par desColomnes cntouréts de Pampre^
à laquelle étoient suspendus plufieurs Lustres.
&• dont les pentes écoient décorées de Tableaux
& d'Ecussons de différentes Armoiries. Les
Hautbois 6c les Ballons étoient plaaz fur le
devant du Ghar $ une table bien servie &
bien arrêtée , chargée de bougies & d'une
grande quantité de plats cris-bien remplis, .&
un Buffet ou plutôt une Boutique de verres
& de bouteilles , ne faiioit pas la moindre par
tie du spectacle. Toute cette Machine étoit
traînée par huit puissants chevaux, enduits,
par quatre Postillons & precedée par un Tin*,
bilier 6c par deux.Trompettes. â cheval, escor
tée par une Compagnie de Gardes à pied, &C'
environnée de flambeaux..
On a voit pris pour quartier d'aflemblée la'
Porte Guillaume , qui est celle par où noussortons
pour aller à Paris. Elle étoit illuminée
de haut en ba^ ; Us Ceintrts , les Pilast.es , les •
cotez , marquez , pour ainsi dire d'aprez. de
Lampions & de Terrines ; toutes lts fenêtres
de la longue rue- qui y aboutit , avoitnt auífi'
leurs lumières , ce qui joint -rJx,Lanternrs<les
rues qu'on allume tous les soirs , vendoit une
clarté égale à. celle du jour. La marche com.»
menca fur les sept heures du soir & elle con
tinua jusqu'à minuit : on s'arrêta dans la Place
Royale & dans tous les lieux où font placez
les Hôtels de ceux qui ent quelque autorité
dans la Ville : là les cris de joye redoubloient ,
r Jes Instrumens se mêloient , la petite Artillerie
se faisoit entendre, mais la poudre n'etoit pas •
|a munition dont un coníumoit le plus.
Uflc.nwlwwdec»nrjaiiu de peuple suivit ce
festia ;
7+ MERCURE DE FRANCE,
festin ambulant pendant toute la nuit , marr
quant par ses acclamacions le gré qu'elle fçavoic
à ceux à qui leur zele íèul avoit inspiré ce'
dessein. Les personnes, les plus considérablesy
applaudirent & les reçurent avecaccueil.lorsqu'ilsse
présentèrent devant leurs Hôtels: touslés
Habitans s'empressèrent de leur faire hon
neur > en chargeant leurs fenêtres de lumières ,>
en jettant des Musées & faisant tirer des Boëtes
& du Canons enfin cette Réjouissance parti
culière devint en un instant une Fête generale
par la part que tout le monde y voulut pren«-
dre. L'autre trait est un peu plus grave.
Les Enfans deChoeur de la Sainte Chapelle,,
à'qui on avoic accordé un jour dè congé , afinqu'ils
se ressentissent- de la joye Duplique, de
mandèrent è le palier Jans un Hérmitage situé,
à une portée de mmisqa<.'t de la Ville , & dont
la Chamelle déiiée soas le noa*de,S. Martin
a set vt autrefois d'Eglise au Village de Fon
taine . lieu de la naissance de S. Bernard. Onne
pen-tra point leur dessein, & on ne les
soupçonna pas de songer â autre chose qu'à'
'une simple promenade : ils avoient néanmoins
des pensées plus sérieuses. Avec le secours de
l'Harmite , ils trouvèrent le secret d'aproprier
là Chapelle, d'en illuminer les dehors & lesdedans
, même de couronner les murs du Jar
din de Lampes à plusieurs lumignons , qui ré
pandirent un éclat d'autant plus étonnant qu'on ■
n'en connoissoit point la cause. Cette clarté
subite , jointe aux Cantiques & aux Motets de
leur composition , qu'ils chantèrent avec une
dévotion touchante & avec beaucoup d'ait,.
charmèrent tout le monde ; on prit part à des
Prières que Dieu exaucera fans doute , puis
qu'elles lui ont été adtefsecs par l'iaaocence
JANVIER. i7? oi 7t
& par le bon coeur. Nos Musiciens & Simphonistfs
qui avoient été invitez secrètement1,,
iè firent un meiite de les leconder. II y eusensuite
un petit régal » où l' enjouement ne nui
sit point à Immodestie, ni la modtíìie à l'enjouëment;
on chanta en panie diverses Cban»
Ions lur la naiflance du Dauphin j le bruit du -
Canon se mêla- au son des Instrumens & ì
l'harmonie des voix , 8c tout s'y paíla d'une
manière fi tendre & fi convenable > que je me
serois íait un reproche de ne vous en avoir
ras rendu cofnpte. Je n'âi plus , pour finir,
heureusement , qu'à ajouter ici le voeu gênerai
de tous nos Citoyens.» vous y soulcriuL de
bon coeur.
Grand Dieu , prene^ soin de la Mere ,
Conservez, nous £r l' Enfant & i* Pert i ;
Qtie pendant des siécles entiers >
lis règnent toiu les trois dans une paix pro
fonde : .
Vous les ave^donne^ pourdt bonheur du mondtì ■
Ghf'ils en joiiijfent Us, premiers.
Fermer
Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Djon. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville.
Le texte relate les célébrations qui ont suivi une nouvelle importante annoncée le 7 septembre. Cette nouvelle fut accueillie avec enthousiasme, des salves d'artillerie et des cloches sonnèrent, et les habitants exprimèrent leur joie. Le Comte de Tavanes, commandant de la province, organisa des festivités dans son hôtel, décoré de symboles royaux et illuminé. Des feux d'artifice, des fontaines de vin, des bals et des danses furent organisés. Pendant les semaines suivantes, les réjouissances se poursuivirent avec des illuminations et des repas somptueux chez le Comte de Tavanes. Le Parlement, réuni après les vacances, organisa une cérémonie avec un Te Deum chanté par l'Abbé Bouhier. Les musiciens et les communautés ecclésiastiques participèrent également aux célébrations. Le dimanche suivant, des loges de verdure furent érigées, et les comédiens jouèrent gratuitement pour le peuple. Les festivités inclurent des illuminations, des feux d'artifice et des danses. Le Premier Président du Parlement organisa une fête solennelle avec illumination, concert, repas somptueux et distributions de nourriture au peuple. Le lendemain, un Te Deum fut chanté à la Sainte Chapelle, avec la participation du Parlement et des compagnies autorisées. Les Chevaliers de l'Arbalête organisèrent également une cérémonie avec un Te Deum et des illuminations. Les Jésuites, les Bouchers et d'autres corporations participèrent aux réjouissances avec des défilés, des musiques et des décorations. Le 14 septembre, une fête mémorable fut organisée par le Comte de Tavanes au jeu de l'Arquebuse. Le bâtiment fut décoré de symboles royaux et illuminé. Une cantate fut interprétée, suivie d'un feu d'artifice spectaculaire. Un souper somptueux fut servi avec une grande variété de mets et de boissons. Les festivités se poursuivirent avec des illuminations et des danses jusqu'au matin. Le texte décrit également les festivités organisées à Dijon en septembre 1730. Les événements commencèrent par une nuit de festivités somptueuses organisées par M. de Tavanes, avec des distributions de viande et des fontaines de vin dans divers endroits de la ville. Le lendemain, les Chevaliers du Jeu de l'Arquebuse accompagnèrent M. le Comte de Saulx aux Jacobins pour un Te Deum, suivi d'un grand repas dans un salon de verdure illuminé. Le 14 septembre, les Trésoriers de France célébrèrent leurs jeux et fêtes avec des musiciens d'élite. Le dimanche suivant, une procession générale du clergé séculier et régulier eut lieu, présidée par le Doyen de la Sainte-Chapelle, avec la participation du Parlement en robes rouges et de M. de Tavanes en habit de cérémonie. Les Chevaliers de l'Arc organisèrent des honneurs le lendemain, avec un Te Deum aux Cordeliers et un repas somptueux. La Chambre des Comptes choisit le 21 septembre pour sa cérémonie à la Sainte-Chapelle, décorée et illuminée de manière grandiose. Le 22 septembre, le Vicomte-Mayeur conduisit la magistrature au Te Deum de la ville, suivi d'un feu d'artifice spectaculaire à la Place Royale. La ville était entièrement illuminée, et un festin splendide fut servi à l'Hôtel de Ville, avec des salves et des symphonies en l'honneur du Roi, de la Reine, du Dauphin et du Duc. Le texte mentionne également les festivités organisées à Dijon en janvier 1730 pour célébrer la naissance du Dauphin. La ville était illuminée de manière somptueuse, avec des décorations de verdure, des terrines, des pots à feu et des fenêtres éclairées. La Place Royale et l'église Saint-Michel étaient particulièrement mises en valeur. La Place Saint-Étienne offrait également des spectacles, avec des distributions de pain et de vin, et un enfant habillé en Bacchus. Toute la ville se rassembla pour danser et célébrer jusqu'au matin. Les officiers de la milice bourgeoise organisèrent un Te Deum à l'église des Jacobins, suivis d'un jeu de l'arbalète illuminé. Les Bénédictins firent une procession et distribuèrent des aumônes aux pauvres. L'Université et les corps de métiers participèrent également aux cérémonies avec pompe et joie. M. de la Billiarderie, Intendant de Bourgogne, organisa une fête à la Maison Abbatiale de Saint-Bénigne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
722
p. 73-81
A Sedan, [titre d'après la table]
Début :
Les Réjouissances à Sedan furent annoncées par deux décharges de l'Artillerie de la Ville [...]
Mots clefs :
Dames, Réjouissances, Sedan, Dauphin, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Sedan, [titre d'après la table]
Les Réjouissances à Sedan furent annoncées*
par deux. décharges de ls Artillerie de la Ville •
& du Château, l'une le Samedy au soir pre
mier Octobre, la seconde le Dimanche à lapoirte
du jour. L'Arrès midi on chanta un<
Te Deum, & on fit ensuite une Procession Sokmnellé
au bruit d'une triple décharge de tou
te T Artillerie & de la Mousqueterie ; on avoir
bordé les Rainparts de toute la. Garnison , tant
Infanterieque Dragons, & la Bourgeoisie avoir,
été commandée , & y faisoit les mimes fgafetmiH
yue les Troupes réglées. .
f€ MERCURE DE FRANCE.
- La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise,,
«omposée de trois cens hommes , s'est fur touc
distinguée; le nom seul annonce quelque chose
de galant & de brillant, austi ayoienc-ils tous
lès livrées de leurs Maîttefles qui étaient fur
les Remparts.
Après le Te Deum , on alluma un Peu trèsélevé
avec les cérémonies ordinaires , la Gar
nison étant sous les armes , & àTentrée de la
nuit , on mit le feu à un Artifice, dont la dis
position étoíc ingénieusement imaginée ; l'Edifice
étoit construit au milieu de la grande Place
sur un Rocher extrêmement élevé , Sc jettaiw
i'eau en arc par quatre muflíS ; cette eau tomboit
dans un Réservoir , d'où elle sortoit en
abondance tout à.Penrour & faisoit une Nape
d'eau de toute la circonférence ; là Charpente
de l'Eiifite étoit cachée par des arbres entiers
qu'on y avoit plantez, ce qui en faisoit un
Baquet frais & enchanté, tel que les Poëces
dépeignent celui du Bain dé Diane.
L' Artifice n'avoit rien de particulier que la
quantité & lî promptitude de l'execution*,
mais ce qu'il y avoit de plus agréable est qu'à
mesure que 1* Air étoit éclairé, on voyoit
les quatre A^cs. d'eau briller des couleurs les
plus vives , tel que celui dé l' Arc- en-Ciel ; ce
mêl.inge des Elemens concourok à faire un
très-bcau spectacle.
A peine' I Artifice fut-il fini, que toute Iá
Ville fut illuminée de Lampions,les Feux furent
en même temps allumez devant chaque parte
& les tables dressées dans les rues-; les Officiers
«le Ville ont bien marqué en cette octasioh
qu'ils étoientles Pères du Peuplrj indépendam
ment des Fontaines de vin qui couloient de
TO"tes p»t« t ik mfàvMi&m du pain > du
jANvrER. tri<r. tr
vin & de la viande à toute la populace , St au*
Heu de donner un Festin à l'Hotel de Ville aux!
dépens du Public, chacun de ces Magistratsdonna
chez foi un Repas splendide , où tout?
eequ'il y avoir dans la Ville.au- dessus du Com
mun , fut invité.-
Le Commandant rassembla' cependant tour
tes les Dames chez lui après le soupé. Elles»
trouvèrent le Frontispice & la façade de l'Hôtel
illuminez de flambeaux de poing 8c de Lam*
I>ions & ornez de Cartouches des Armes de
eurs Majeslez &du Dauphin. Trois grandes
Salles extrêmement éclairées , servirent de Scè
ne. Les deux premières étoient destinées- à I*
danse i & dans la troisième on avoit servi un/
magnifique Ambigu , où toute l'Assemblée allai
se délaslcr & reprendre des forces pour daníèr
de nouveau.
Plusieurs bandes de Masques se succédèrent
les unes aux autres avec des habits somptueux1
& galants. On ne connoît point ici les Do--
mino , ce déguisement répand une uniformité'
ennuyeuse dans une Assemblée, tout s'y res
semble & s'y confond. Nos Mascarades , au
contraire, croient variées & caractérisées.
Ce qu'il y a de remarquable est que les Mas
ques ne dansèrent aucune des danses ordinai
res : on avoit pris foin de donner â l'Orquestr©
des Airs inventez exprès pour la-Fête, & chaque
Mascarade figuroit une danse nouvelle , de
sorte que l'oreille & les yeux furent égalemenp
satisfaits parl'agréable variété. Les Dames des»
Villes voisines qui avoient été invitées â cette
brillante Fête, y concoururent par les déguifemens
qu'elles imaginèrent & par les dansesqu'elles
exécutèrent.
Les jours suiyans furent distinguez par de
ROU>
1% MERCURE m FRANCE.
Nouveaux Spectacles qui méritent d'être rap
portez par leur singularité* Les Ouvriers des
Manufactures qui font en grand nombre à Se
dan , habillèrent un Enfant en Dauphin. Et
firent chanter une grande Meffe & unZV Deumt
Voici l'ordre de ía Cérémonie.. _ ,
Deux Compagnies de Milice Bourgeoise
commençoient la marche. Ils avoient ï leur
- tête des Violons , des Hautbois , & des Tam
bours au centre qui se répondoitnt alternatif
vement. Ensuite marchoit une Compagnie de;
Houssarts vêtus magnifiquement de bien mon
tez. Ils étoient précédez de Trompettes, & Tim
bales-. Gette Compagnie écoit suivie de vingt
Gardes da Corps à cheval en habits bleus uni
formes; le Carrosse où étoit l'Enfant repré
sentant le Dauphin > marchoit immédìatementf
apres; il étok accompagné de Pages, de Valets
de Pied & de huit Coureurs-, & entouré de
douze Heraults,dont six étoient à cheval, an«ez:
de pied en cap à l'antique , & Its chevaux bar
dez.. Ils aboient la visière baiíîée Si les Masses
d'Armes ou les Lances à la main.-
Dans le même Carrosse étoient trois jeunes
Demoiselles richement vêtues , représentant
Mes Dames de France, & une quatrième repré
sentant Madame de Vantadour. Le' Carrosse
étoit surmonté d'une Couronne fermée de quaire
Dauphins.
Les Dames du Palais suivoient dans une
Calèche galamment ornée,- enfin le Cortège
étoit terminé par deux "autres Compagnies a vec
des Violons 8c Tambours, dan»ia même dis
position que les premières.
Ceifut en cet ordre qu'ils marchèrent pour
fè rendre à l'Eelise; on avoit placé au milie»
du Choeur un Carreau pour le Dauphin. Les.
Gardes.
-
AN"VIER. tjjo\ 7
©ardes fáisoiem un demi cercle à l'èntour de
les Cuirassiers à pied , armez de toutes pieces y
étcient aux quatre coins du Coeur & aux
deux cotez de r Autel comme desHeraults d' Ar*
mes. L" Aumônier étoit derrière le Fauteuil qui
prescntoit au Prince le Livre & lui marquoit
toutes les parties de l'Office.
Au sortir de l'Eglise le Cortège passa par Iei
Çrincipales rues , à l'entrée desquelles toute
Infanterie faisoít une décharge de Mousque*
terie & un Officier des Gardes du Corps jettoit
de l'árgent au Peuple.
Cette Cérémonie a été repetée jusqu'à quatre?
fois par differens Corps d'Ouvriers-, qui à;
l'envi l'un de l'autre . encheristoient fur la ma
gnificence &r fur le nombre.
Le Corps de la Manufacture Royale de DrapSa
aussi signalé fbn zele par un "Te Vcum , Se
un Feu de joye. Deux Fontaines de vin in«
dustrieusement pratiquées , ont coulé' pendant'
leur Festin autour de l'Hôtel de Ville , où ils-
**étoient rassemblez, &r oà étoient invitez l'Ëtat
Major & les Chefs des Compagnies. Le*
gout de l'illumination répondoit â la magni
ficence de la Fête-
Les Officiers de la Garnison (Régiment di
Vilon Mandais ) ont couronné toutes ces FêteJ
par un Spectacle de leur métiers & ils l'oiit
exécuté d'une manière qutmarque leur eirpe»-
ailleurs.. : '
Ils ont formé deux partis peur se battre à
coups de Fusées. Les Dames fé divisèrent aussi'
en deux Partis, & chaque Reine choisit les
Champions qui dévoient entrer en lice.
Le ^.Octobre à fix heures du soir les Chcses
de
ítì MÊRCURE I>Ê; FRANCÊ;
de chaque Parti allèrent marquer les deiHif
Camps.Ils partagèrent l'avantage du vent, afin?
que l'un1 des Partis ne pue se plaindre d'être
offusqué de la fumée."
11$ firent rendre deux cordes à douze pas
l'une de l'autre > ils convinrent que l'approche
en seroit deffenduë , & qu'ils s'en tiendroient
â se lancer leur Artifice d'un Camp à l'autre.-
A huit h'euïes les Gombattans parurent au
liombre de quarante ; Ils étoient menez au
Combat chacun par leur Dame , dont ils port'oient
les Livrées s ils conduisirent les Damesaux
Balcons d'où elles dévoient voir le Com
bat & décider de la victoire. Ensuite ils se ren»
dirent sur le Champ de bataille. Cinquante
Soldats de chaque coté étoient fous les armes
pour empêcher le Peuple de s'exposer au feirc
tes Tambou-rs & Fifres étoient des deux côte*
pour animer les Gombattans.
A huit heuTes 8c demie les Dames donneïent
le signai s les Tambours battirent la char
ge, & le feu commença par quelques escar
mouches; ensuite il fut si violent de part 8e
d'autre, qu'il étoit difficile dé juger lequel desdeux
Partis dsvoit l'emporter j enfin après
trois quarts d'hevtre d'un feu vif , égal & con
tinuel , il arriva comme à la Bataille de Phatsale
, que le hazard décida ce que les Dieux
n'osoient juger.. Le feu prit au Parc de l'Areillerie
de l'un des Partis & brûla en un instant
quatre mille Fusées, Pétards ou Serpenteaux ,
qui étoit environ le quart de leur~Artifice.
Après cet accident il fallut céder,, mais auparavant.
çeux de ce Parti voulurent marquer
par leur courage qu'ils étoient dignes d'un fore
plus heureux. Us se présentèrent à la barrier&ì
•Ofps découvert & essuyerenc le feu enneráÛ
pendant
JANVIER. 1730; 81
j ant près d'un quart d'heure, fans autrf
deffenfe que leur intrépidité} enfin le Parti op»
polé ayant épuisé ses Munitions , ils furent ac
cueillis par leurs Dames,qui attachèrent à leurs
chapeaux des Cocardes Simboliques avec une
branche de Laurier.
Les malheureux furent prévenus par les Da
mes qui avoient pris leur parti , elles leur don»
nerent des Dragones vertes en signe d'espérance:
& .une branche de Mirthe . qui est l'arbre con
sacré à l'amour.
On étoit convenu avant le Combat que le*
Vainqueurs donneroient le Bal aux Dames , c«
qui rendoit ceCartel plus noble & plus galant»
c'est le seul desavantage qu'ont eu â essuyer
ceux du Parti malheureux ; mais ils en ont été
amplement dédommagez par le témoignage
que les Dames ont rendu à leur valeur & par
Je Mirthe dont elles les ont couronnez.
par deux. décharges de ls Artillerie de la Ville •
& du Château, l'une le Samedy au soir pre
mier Octobre, la seconde le Dimanche à lapoirte
du jour. L'Arrès midi on chanta un<
Te Deum, & on fit ensuite une Procession Sokmnellé
au bruit d'une triple décharge de tou
te T Artillerie & de la Mousqueterie ; on avoir
bordé les Rainparts de toute la. Garnison , tant
Infanterieque Dragons, & la Bourgeoisie avoir,
été commandée , & y faisoit les mimes fgafetmiH
yue les Troupes réglées. .
f€ MERCURE DE FRANCE.
- La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise,,
«omposée de trois cens hommes , s'est fur touc
distinguée; le nom seul annonce quelque chose
de galant & de brillant, austi ayoienc-ils tous
lès livrées de leurs Maîttefles qui étaient fur
les Remparts.
Après le Te Deum , on alluma un Peu trèsélevé
avec les cérémonies ordinaires , la Gar
nison étant sous les armes , & àTentrée de la
nuit , on mit le feu à un Artifice, dont la dis
position étoíc ingénieusement imaginée ; l'Edifice
étoit construit au milieu de la grande Place
sur un Rocher extrêmement élevé , Sc jettaiw
i'eau en arc par quatre muflíS ; cette eau tomboit
dans un Réservoir , d'où elle sortoit en
abondance tout à.Penrour & faisoit une Nape
d'eau de toute la circonférence ; là Charpente
de l'Eiifite étoit cachée par des arbres entiers
qu'on y avoit plantez, ce qui en faisoit un
Baquet frais & enchanté, tel que les Poëces
dépeignent celui du Bain dé Diane.
L' Artifice n'avoit rien de particulier que la
quantité & lî promptitude de l'execution*,
mais ce qu'il y avoit de plus agréable est qu'à
mesure que 1* Air étoit éclairé, on voyoit
les quatre A^cs. d'eau briller des couleurs les
plus vives , tel que celui dé l' Arc- en-Ciel ; ce
mêl.inge des Elemens concourok à faire un
très-bcau spectacle.
A peine' I Artifice fut-il fini, que toute Iá
Ville fut illuminée de Lampions,les Feux furent
en même temps allumez devant chaque parte
& les tables dressées dans les rues-; les Officiers
«le Ville ont bien marqué en cette octasioh
qu'ils étoientles Pères du Peuplrj indépendam
ment des Fontaines de vin qui couloient de
TO"tes p»t« t ik mfàvMi&m du pain > du
jANvrER. tri<r. tr
vin & de la viande à toute la populace , St au*
Heu de donner un Festin à l'Hotel de Ville aux!
dépens du Public, chacun de ces Magistratsdonna
chez foi un Repas splendide , où tout?
eequ'il y avoir dans la Ville.au- dessus du Com
mun , fut invité.-
Le Commandant rassembla' cependant tour
tes les Dames chez lui après le soupé. Elles»
trouvèrent le Frontispice & la façade de l'Hôtel
illuminez de flambeaux de poing 8c de Lam*
I>ions & ornez de Cartouches des Armes de
eurs Majeslez &du Dauphin. Trois grandes
Salles extrêmement éclairées , servirent de Scè
ne. Les deux premières étoient destinées- à I*
danse i & dans la troisième on avoit servi un/
magnifique Ambigu , où toute l'Assemblée allai
se délaslcr & reprendre des forces pour daníèr
de nouveau.
Plusieurs bandes de Masques se succédèrent
les unes aux autres avec des habits somptueux1
& galants. On ne connoît point ici les Do--
mino , ce déguisement répand une uniformité'
ennuyeuse dans une Assemblée, tout s'y res
semble & s'y confond. Nos Mascarades , au
contraire, croient variées & caractérisées.
Ce qu'il y a de remarquable est que les Mas
ques ne dansèrent aucune des danses ordinai
res : on avoit pris foin de donner â l'Orquestr©
des Airs inventez exprès pour la-Fête, & chaque
Mascarade figuroit une danse nouvelle , de
sorte que l'oreille & les yeux furent égalemenp
satisfaits parl'agréable variété. Les Dames des»
Villes voisines qui avoient été invitées â cette
brillante Fête, y concoururent par les déguifemens
qu'elles imaginèrent & par les dansesqu'elles
exécutèrent.
Les jours suiyans furent distinguez par de
ROU>
1% MERCURE m FRANCE.
Nouveaux Spectacles qui méritent d'être rap
portez par leur singularité* Les Ouvriers des
Manufactures qui font en grand nombre à Se
dan , habillèrent un Enfant en Dauphin. Et
firent chanter une grande Meffe & unZV Deumt
Voici l'ordre de ía Cérémonie.. _ ,
Deux Compagnies de Milice Bourgeoise
commençoient la marche. Ils avoient ï leur
- tête des Violons , des Hautbois , & des Tam
bours au centre qui se répondoitnt alternatif
vement. Ensuite marchoit une Compagnie de;
Houssarts vêtus magnifiquement de bien mon
tez. Ils étoient précédez de Trompettes, & Tim
bales-. Gette Compagnie écoit suivie de vingt
Gardes da Corps à cheval en habits bleus uni
formes; le Carrosse où étoit l'Enfant repré
sentant le Dauphin > marchoit immédìatementf
apres; il étok accompagné de Pages, de Valets
de Pied & de huit Coureurs-, & entouré de
douze Heraults,dont six étoient à cheval, an«ez:
de pied en cap à l'antique , & Its chevaux bar
dez.. Ils aboient la visière baiíîée Si les Masses
d'Armes ou les Lances à la main.-
Dans le même Carrosse étoient trois jeunes
Demoiselles richement vêtues , représentant
Mes Dames de France, & une quatrième repré
sentant Madame de Vantadour. Le' Carrosse
étoit surmonté d'une Couronne fermée de quaire
Dauphins.
Les Dames du Palais suivoient dans une
Calèche galamment ornée,- enfin le Cortège
étoit terminé par deux "autres Compagnies a vec
des Violons 8c Tambours, dan»ia même dis
position que les premières.
Ceifut en cet ordre qu'ils marchèrent pour
fè rendre à l'Eelise; on avoit placé au milie»
du Choeur un Carreau pour le Dauphin. Les.
Gardes.
-
AN"VIER. tjjo\ 7
©ardes fáisoiem un demi cercle à l'èntour de
les Cuirassiers à pied , armez de toutes pieces y
étcient aux quatre coins du Coeur & aux
deux cotez de r Autel comme desHeraults d' Ar*
mes. L" Aumônier étoit derrière le Fauteuil qui
prescntoit au Prince le Livre & lui marquoit
toutes les parties de l'Office.
Au sortir de l'Eglise le Cortège passa par Iei
Çrincipales rues , à l'entrée desquelles toute
Infanterie faisoít une décharge de Mousque*
terie & un Officier des Gardes du Corps jettoit
de l'árgent au Peuple.
Cette Cérémonie a été repetée jusqu'à quatre?
fois par differens Corps d'Ouvriers-, qui à;
l'envi l'un de l'autre . encheristoient fur la ma
gnificence &r fur le nombre.
Le Corps de la Manufacture Royale de DrapSa
aussi signalé fbn zele par un "Te Vcum , Se
un Feu de joye. Deux Fontaines de vin in«
dustrieusement pratiquées , ont coulé' pendant'
leur Festin autour de l'Hôtel de Ville , où ils-
**étoient rassemblez, &r oà étoient invitez l'Ëtat
Major & les Chefs des Compagnies. Le*
gout de l'illumination répondoit â la magni
ficence de la Fête-
Les Officiers de la Garnison (Régiment di
Vilon Mandais ) ont couronné toutes ces FêteJ
par un Spectacle de leur métiers & ils l'oiit
exécuté d'une manière qutmarque leur eirpe»-
ailleurs.. : '
Ils ont formé deux partis peur se battre à
coups de Fusées. Les Dames fé divisèrent aussi'
en deux Partis, & chaque Reine choisit les
Champions qui dévoient entrer en lice.
Le ^.Octobre à fix heures du soir les Chcses
de
ítì MÊRCURE I>Ê; FRANCÊ;
de chaque Parti allèrent marquer les deiHif
Camps.Ils partagèrent l'avantage du vent, afin?
que l'un1 des Partis ne pue se plaindre d'être
offusqué de la fumée."
11$ firent rendre deux cordes à douze pas
l'une de l'autre > ils convinrent que l'approche
en seroit deffenduë , & qu'ils s'en tiendroient
â se lancer leur Artifice d'un Camp à l'autre.-
A huit h'euïes les Gombattans parurent au
liombre de quarante ; Ils étoient menez au
Combat chacun par leur Dame , dont ils port'oient
les Livrées s ils conduisirent les Damesaux
Balcons d'où elles dévoient voir le Com
bat & décider de la victoire. Ensuite ils se ren»
dirent sur le Champ de bataille. Cinquante
Soldats de chaque coté étoient fous les armes
pour empêcher le Peuple de s'exposer au feirc
tes Tambou-rs & Fifres étoient des deux côte*
pour animer les Gombattans.
A huit heuTes 8c demie les Dames donneïent
le signai s les Tambours battirent la char
ge, & le feu commença par quelques escar
mouches; ensuite il fut si violent de part 8e
d'autre, qu'il étoit difficile dé juger lequel desdeux
Partis dsvoit l'emporter j enfin après
trois quarts d'hevtre d'un feu vif , égal & con
tinuel , il arriva comme à la Bataille de Phatsale
, que le hazard décida ce que les Dieux
n'osoient juger.. Le feu prit au Parc de l'Areillerie
de l'un des Partis & brûla en un instant
quatre mille Fusées, Pétards ou Serpenteaux ,
qui étoit environ le quart de leur~Artifice.
Après cet accident il fallut céder,, mais auparavant.
çeux de ce Parti voulurent marquer
par leur courage qu'ils étoient dignes d'un fore
plus heureux. Us se présentèrent à la barrier&ì
•Ofps découvert & essuyerenc le feu enneráÛ
pendant
JANVIER. 1730; 81
j ant près d'un quart d'heure, fans autrf
deffenfe que leur intrépidité} enfin le Parti op»
polé ayant épuisé ses Munitions , ils furent ac
cueillis par leurs Dames,qui attachèrent à leurs
chapeaux des Cocardes Simboliques avec une
branche de Laurier.
Les malheureux furent prévenus par les Da
mes qui avoient pris leur parti , elles leur don»
nerent des Dragones vertes en signe d'espérance:
& .une branche de Mirthe . qui est l'arbre con
sacré à l'amour.
On étoit convenu avant le Combat que le*
Vainqueurs donneroient le Bal aux Dames , c«
qui rendoit ceCartel plus noble & plus galant»
c'est le seul desavantage qu'ont eu â essuyer
ceux du Parti malheureux ; mais ils en ont été
amplement dédommagez par le témoignage
que les Dames ont rendu à leur valeur & par
Je Mirthe dont elles les ont couronnez.
Fermer
Résumé : A Sedan, [titre d'après la table]
En octobre 1729, Sedan organisa des festivités mémorables. Les réjouissances commencèrent par deux décharges d'artillerie, suivies d'un Te Deum et d'une procession accompagnée de salves d'artillerie et de mousqueterie. La garnison, l'infanterie, les dragons et la bourgeoisie participèrent activement. La Compagnie de la Jeunesse Bourgeoise, forte de trois cents hommes, se distingua particulièrement. Après le Te Deum, un grand feu d'artifice fut allumé sur la place principale, orné de jets d'eau et de décors évoquant le bain de Diane. La ville fut ensuite illuminée, et des tables furent dressées dans les rues avec des fontaines de vin et des provisions. Les officiers de la ville montrèrent leur sollicitude envers le peuple. Des mascarades somptueuses se succédèrent, avec des danses nouvelles et des costumes variés. Les dames des villes voisines contribuèrent à la fête par leurs déguisements et leurs danses. Les jours suivants, de nouveaux spectacles furent organisés. Les ouvriers des manufactures habillèrent un enfant en dauphin et organisèrent une messe et un Te Deum. Une procession solennelle, incluant des compagnies de milice bourgeoise, des hussards, des gardes du corps et des dames du palais, se rendit à l'église où une cérémonie fut célébrée. Différents corps d'ouvriers répétèrent cette cérémonie, rivalisant de magnificence. La Manufacture Royale de Draps organisa également un Te Deum et un feu de joie, avec des fontaines de vin. Les officiers de la garnison conclurent les festivités par un spectacle où deux partis s'affrontèrent à coups de fusées. Les dames choisirent les champions et assistèrent au combat depuis des balcons. Un incendie accidentel décida de l'issue du combat, et les vainqueurs offrirent un bal aux dames. Les perdants furent récompensés par des cocardes symboliques et des branches de laurier ou de myrte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
723
p. 81-91
Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
Début :
VOEU ROYAL, fait par LOUIS XIII, & par la Reine ANNE D'AUTRICHE [...]
Mots clefs :
Voeu, Dauphin, Naissance du Dauphin, Compagnie des Pénitents bleus de Toulouse, Louis XII, Reine Anne d'Autriche, Voeu royal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
VOEV ROY JL, f'ait par Louis XIII»
& par la Reine Anne d'Autriche
son augufle Epouse p exécuté & renoua
velli À 7'onloitz.e, par la Compagnie
Royale de M" les Pénitens Bleus, £
Voccasion de l'heureuse Naissance de
Monseigneur le Dauphin, le
3 e. Septembre , le premier & le deux
Oftobre 1720. Brochure in-S. de lí,
pages. A Ttuloufì , de l' Imprimerie de
Nicolas Caranove , s la Bible d'Or ,
M. D C C X X I X,
LA Royale Compagnie des Penitens Bleus ,
érigée à Toulouse , est composée des Períonnes
les plus qualifiées de la Ville & de 1*
Pioa
«î MERCURE ©E FRANOE.
Province. Elle donna des marques éclatante»
de son zele Sc de son attachement à la Perfonne
sacrée du -Roi , lors du .rétablissement de
Ja santé de S. M. par une Fête solemnelLe donc
3e détail se trouve dans notre Journal du mois
■d'Octobte 171 1. La .Naissance du Dauphin.
,a fourni à cette Compagnie une nouvelle oc
casion de signaler ce zele.. Ce qu'elle a exécuté
fur ce íujet , fait la matière du Livre dont
nous avons à rendre compte; jamais occupa.
,tion ne peut nous être plus agréable.
> Le 17. Septembre , la Compagnie ayant été
extraordinairemsnt aslemblée â l'occasion de
i'heureufe nouvelle qui avoit été annoncée la
veille , M- Cortade , Docteur ès Droits , Avo
cat au Parlement , Synilic de cette Compagnie»
prononça un fort beau & éloquent Discours
fur ce grand sujet, Nous en rapporterons ici
■quelques traits. •
» Monseigneur sle Dauphin est né, & il
»est né Jans le sein de la Paix , il est né d'un
*• Roi pacifique , le premier de nos Rois qui a
•>vû fa Minorité paisible, & l'Europe entière
» jouir aussi long-temps d'une profonde paix.
« Quel heureux présage pour Je Prince qui
«vient de naître! Monseigneur ís Dau-
■ phi n est né , & il est né d'une pieuse Reine ,
» douce de toutes les vertus 4 il faltoit > fans
m doute, un Tr-ône proportionné à tous les
» dons dont le Ciel l'a comblée, pour cou-
»» ronner fa vertu , pour la gloire d'une Nation
m illustre Sc pour faire le bonheur de la nótre.
» Qu'il est consolant pour now qu'en execu,
».tant&en renouvellantleVoeude Loun XIII,
« de glorieuse mémoire , à la Naissance de cha-
•» que Successeur à la Couronne , d'avoir à ren-
• die grâces à Dieu d'un Evénement qui assure
JANVIER. ï7?o; S3
»1e bonheur d'une Nation la plus digne d'être
» heureuse , au moins par ion respect & par sa
r> fidélité pour ses Souverains.
■ Le Prince qui vient de naître, &r qui est
» l'objet de notre joye , apprendra un jour le
••Voeu que nous allons raire, & que Loui*
» le Just£ nous a chargez de renouveller pour
5= fa conservation,
» Puiflent nos arriere-Petits-Fils , voir dans
•'Monseigneur ie D auph in , un Roi juste,
» religieux , pacifique . & mème si la nécessité
•> l'y oblige , un Roi victorieux ; & pour sou-
»»haiter â ce Prince tous les bonheurs à la fois,
»» fasse le Ciel que le Fils aîné d'un Roi & d'une
••Reine que Dieu a formez félon son coeur;
** fasse le Ciel que l'Héritier de leuv Couronne
*» soit l'heritier de leurs vertus. ;
L'Orateur finit par ces paroles:
«Pour moi, Messisurs , qui fuis d,'avance
*■ instruit de vos intentions & devos sentime ns,
'■**& notre Compagnie Royale étant elle-même
instruite de ses engagemens &de ses devoir»,
*• il ne me reste qu'à la requérir d'exécuter & de
"renouveller le Voeu fait par Louis XIII.& par
«la Reine Anne d'Autrichi , son auguste
'•m Epouse, &■ de prendre à ce sujet la délibéra-
>• tion ordinaire en cette importante occafior.'
Jamais Discours ne fut plus applaudi en
toutes manières , 8c ne mérita mieux de l'être.
A peine M. le Syndic eut cessé de parler , qu'U
fut unanimement , 8e par une acclamation gé
nérale , délibéré que pour rendre grâces à Dit u
de l'heureule Naissance du Dauphin , & pour
-exécuter & renouveller leVceu fait par Louis
XI II. de glorieuse mémoire, & par la Reine
Anne d'Autriche , son auguste Epouse, il
y auroit Oraison de Quarante heure* -k
MERCURE DE FRANCE;
septembre & les deux jours suivans , pour
îdemander à Dieu , &ç. Que le premier jQur le
Te Dtum seroit íblemnellemenc chanté après
íe Voeu fait . & pour çet effet M le Comte de
Bioulle , Meítre de Camp de la ;CoIonejle
" iGenerale de la Cavalerie > Chevalier de Saint
.Louis, ancien Prieur de la Compagnie, fut
nommé Premier Commissaire pour avoir Thon»
Jieur de faire & de renouvelle* le Voeu de
Louis XIII. au nom de la Compagnie. Et à
.■cause de ('absence de l' Archevêque deToulouíe
, à qui il appartient de droit jde recevoir le
voeu, l' Abbé Dejan, Chanoine de PEglife de
S. Sernin , fut nommé pour faire cette fonc
tion & pour officier durant les Prières de 40.
Jieures. On délibéra suffi fur les marques de
de joye qui dévoient suivre le Te Deum , Sc
,que toutes les Compagnies Supérieures seíoient
invitées d'assister au Voeu & au Te Deum*
Voici en abrégé de quelle manière cette Dé
libération fut exécutée. La Chapelle Royale
ctoit ornée de.ces belles & magnifiques Ta-
-pisseries qui ont appartenu à la Reine Margue
rite, qui en fit présent à un Jïvêque deRieux.
,de la Maison de Bertier Les trois Autels étoienx
.éclairez de plus de 100. flambeaux de cire
.blanche.
Le Cordon qui règne autour de la Chapelle
Royale , qui est une des plus belles & donjt
Je Plan est des plus réguliers qu'il y ait en
Europe , étoit couvejt de Laurier avec beau
coup d'art , &r en relevant la blancheur dej
Trumeaux > ornes d'une belle Architecture &
.d'une riche Sculpture > ce Cordon , dis-je,
formoit un coup d' oeil merveilleux. Ces Tru
meaux , fur lesquels font représentées les yer«-
tut & J^urs attributs , font de 1» main du sieur
JANVIER. 1730.
iî'Arcîs , célèbre Sculpteur & un des Membres
de l' Académie Royale de Sculpture , c'est un
Ouvrage très-estimé des Connoisseurs , & qui
tient un rang distingué dans le grand nombre
qu'on en voit dans la .Ville de Toulouse.
Les Portraits du Roi & de la Reine entoures
de flambeaux de cire blanche , furent placez
dans la Chapelle Royale , à une distance con
venable s & au milieu on avoit élevé un riche
Ecusson des Armes de Monseigneur lu
DAURHiN.lemêmequi futfait lorsqu'on exécuta
le Voeu pour la première fois car ordre de
Louis XIII.
Le Vestibule étoit auflì orné de riches Ta
pisseries & d'un grand nombre de bougies.,
posées fur des Girandoles , ainsi que tout l'interieur
des Galeries & les Coridors de la Cha
pelle Royale, dottt les Portes , íur lclquellcs il
y avoit des Arcs de Triomphe , étoient auífi
magnifiquement décorées , ainsi que les Murs,
qui étoient préparez pour une grande illumi-,
cation. '
Les Prières de quarante heures & le Voeu
furent annoncez la veille 19. Septembre après
midi par le son des Cloches , par le bruit des
Tambours & des Trompettes & par plusieurs
salves de la Moufqueterie du Guet , lesquelles
furent souvent réitérées avant & aptès les
premières Vêpres & la Bénédiction du Très-
Saint Sacrement ; ces démonstrations de joye
furent continuées pendant la nuit, ainsi que les
Fanfares , & on tira un grand nombre de Boè
tes & de Fusées-
Le Vendredy marin 50. Septembre , Fêté de
S. Jérôme, l'un des Patrons de la Compagnie ;
on fit dans la Chapelle Royale l'ouverture des
Prières de quarante heures.avec les cérémonies
E acr
«tf MERCURE DE FRANCE,
accoutumées. La Noblesse en très-grand nom
bre & un Peuple infini y affilièrent ; pendanp
qu'on celebroit des Messes aux trois Autels de
la Chapelle Royale, les Aumôniers de la Com7
pagnie distribuoient des aumônes aux pauvres;
malades & aux Prisonniers,
L 'après midi les Compagnies qui avoient
ité invitées pour affilier au Voeu &au Te Tieum,
íçavoir > la Chambre des Vacations > les Tré
soriers de France , TUniversité . le Senechal &
& les Capitouls , se rendirent en grand nombre
& en habits de cérémonie , dans la Chapelle
Royale. Les Capitouls étoient revêtus de leur
Manteau Comtal, & accompagnez des Officier j
de la Ville & de leur grand Cortège.
Le concours des personnes de la première
distinction, de tout sexe, & de la Noblesse, tant
de la Ville que de la Campagne & des Pro
vinces voisines , qui étoient venues avec emr
pressement pour assister au Voeu , fut extrordinaire.
Les Vêpres furent chantées avec beau
coup de solemnité & à plusieurs choeurs » eri
faux-bourdon , qui est une Musique propre Sc
particulière à 1a Chapelle Royale.
Les Vêpres finies , M. le Comte de Bioulle,
premier Commissaire , accompagné de M. Ie
Baron de Ferrand , Sous- Prieur j de M. de Pio
let , Président , Trésorier General de France ,
Censeur; de M. Puiol, Conseiller au Parlement
Consulteur, & de M. Cortade , Docteur ès
Droits & Avocat au Parlement, Syndic de la
Compagnie , seconds Commissaires nez ; de
M. le Comte de Pibrac , de M. le Marquis de
Pinsaguel, & d'un grand nombre d'autres.
Confrères , tous revêtus de leurs habits de
Pénitent, descendirent de la Tribune à la Chaflcjlc}
le Comte de Bioulle porcoic lcCiergs
JANVIER. 1730. 87
duVoeu.du poids de sept livres, orné de Fleurs
de Lys d'or , des Armes du Roi , de Monsei-
.cneur le Dauphin , d'L L. couronnées Sc
de Dauphins^ ce Cierge étoit garni de Velours
avec des Crépines d'or,à laiiautéur de la maint
les quatre seconds .Commissaires portoient ua
court Bâton de couleur bleuë , orné de Fleurs
de Lys d'argenti les autres Confrères portoienc
,des flambeaux de cire blanche , & quatre d'entr'eux
portant des Bâtons de cérémonie , fer-
:moicnt la marche. Les Commissaires étant ar»
rivezà l'Autel après M. l'Abbé Dejean , Offi-
.ciant , qui étoit en Chape de Moëre d'argent»
assis dans un Fauteuil doré.à côtelé l'Evangile,
ils se mirent â genotix.sur Ja première marche
de l' Autel, & après s'être prosternez, le Comte
de Bioulle , premier Comirissaire, prononça
à haute voix lefToeu qui fuit.
Notre Confrérie Royale S' étant toujours par
ticulièrement intereffée en tout ce qui regarde
les avantages de la sacrée Personne du Roi & de
la Famille Roy »le^ & ayant méme lieu de croire
que Dieu a eu égard à ses voeux & à ses_prieres
par les BtnediBions que le Ciel a répandues dan*
Ja'Naiffance & la conservation du Koï, heureu
sement régnant, & depuis feu de jours en Vheureufe
Naissance de Monseigneur .le Dau
phin , notre Compagnie Royale désirant d'ete
témoigner sa recçnnoiffance publique ><& -vou
lant faire tous ses pieux efforts pour ottenir
du Ciel la conservation de la sacrée Personne
du Roi , de la Reine , & en particulier de
Monsegneur le Dauphin , & de toute la
Famille Royale , elle a résolu de vouer & de
promettre , comme en effet elle voue & promet
far ma bouche , en qualité d'ancien Prieur &
E ij de
'fi MERCURE DE FRANCE.
de premier Commissaire , a Dieu & à la sainte
Vierge notre Protectrice & de la France , *
St Jérôme , à S. Louis , à sainte Magielaint ,
nos Patrons , à toute la Cour Céleste , & à vous
Monsieur, de faire exposer le Très Saint Sacre
ment dans notre Chapelle Royale durant trois
jours consécutifs^ & de faire célébrer autant de
Messes qu'il se pourra pendant çes trois jours
k cette intention, d' aller Samedi prochain en
Procession à l 'Eglise Abbatiale de S. Sernin, pour
implorer le secours des Saints , dont les sacrées
Reliques reposent dans cette Eglise , & de dire
jt genoux cinqfois le Pater & cinq fois /'Ave
Maria > tous let Vendredis , dans notre Chapelle , ■
en présence du Tres-Saint Sacrement , âpres les
Prières accoutumées l?ro Rege > é1 {« durant
dix année? à compter de ce jour jo. Septembre
I72-9- *
A quoiM.l'Abbé Dejean,Officiant,répondit :
J'accepte , Monsieur ', le Voeu que vous venez,
défaire au nom de la Compagnie Royale, Ó?
f#r le ^ele & la ferveur que'je vois paroitrtj
dans toute cette illustre & Royale Compagnie ,
j'espete avfc constance que notre Voeu ser&
exaucé , & par l' honneur que j'ai de recevoir
eeVoeuen ï absence Je M. l' Archevêque deTÔulf>
use , notre Confrère , & en qualité d'ancien
S.eus-Prieur de la Compagnie , j'y joindrai mes
Prières & les Saints Sacrifices pour obtenir du
Ciel son accomplissement.
. Le Comte deBioulle, premier Commissaire.
& les Commissaires nez , s'.ctant ensuite levez,
ils remontèrent à la Tribune dans le même
ordre qu'Us en étoient descendus , & le Comte
de Bioulle ayant pris la première place, & les;
autres Officiers & Confrères celles qui leur
conviennent » l'Abbé Dejean , pfficiant, enton-
S*
Janvier. ty}<í. Ì9
ja le Te Deum , qui fut chanté en Musique
&enSimphonie par beaucoup deVoix Si d'Instrumens
; il étoit de la composition de M. Va
lette , Maître de Musique de l'Eglise Abbatiale
de S Sernin , & il fut beaucoup applaudi.
, Après le Te Deum , on réitéra les salves
de Mousqueteric avant & après la Bénédic
tion du très- saint Sacrement, & vers les
septheuresi l'Ilhimination commença des deux
côtez de la grande rue des Penitcns Bleu»
dans toute son étendue ; cette rue est d'une
largeur extraordinaire , & toutes les Maisons
font d'une même élévation , ce qui favori*
soit beaucoup l'Illumination ; la Grande Por
te , les Combles & les Murs de la Cha»
pelle Royale étoient illuminez par un nom
bre infini d^. Globes de feu & de Falots
aux Armes du Roi , de la Reine & de Mon
seigneur le Dauphiìt , & aux Armes de la
Chapelle Royale, qui- sont un Lion d'or,,
sur un Chams d'Azur , avec ces mots San*.
me, Domine.
• Les Chanoines Réguliers de Saint Antoine,
?-fl'ociez ,á la .Compagnie Royalç , qui ont
leur Maison dans la grande Rue des PenitensBleus,
Maison Jorit la façade est tiès-belle,
l'illuminerent magnifiquement le même soir.
Sur les neuf heures , le Comte de Bioulle
, premier Commissaire , encore revêtu da
son habit de Pénitent, ainsi que les Com
missaires nez, alluma le feu qui ayoit été
préparé , tenant à la main un flambeau de
cire blanche , peint en bleu , &: oiné de
Fleurs de Lys d'or. Dès que le feu fut allu
mé , on fit plusieurs salves de Moufquete»
rie , & toute la Ruë, où il y avoit tm peu
ple infini , retentit des acclammations rené*
E iij K'CS
y<j MERCURE DE FRANCE.
iées de Vive le Rei , vive la Reine , vivt
Monseigneur le Dauphin. Les salves de Mousqueterie
furent suivies du son des trom
pettes , hautbois & tambours , qui ne fu
rent interrompus que par le grand uombre
de Boëtès & de Fusées qu'on tira pendant
la nuit.
Un long discours ne suffíroit pas pour
rapporter ici tous les pieux & differens exer
cices auxquels les Confrères de cette Roya
le Compagnie furent occupez pendant les
deux jours suivants. On n'a jamais vû paroi*
tre un plus grand zele , & donner plus d'é
dification. Les Prières de 401 heures furent
terminées le Dimanche au soir par la Bé
nédiction du. très-saint Sacrement , au bruit
- de la Mousqueterie & des Fapseres.
Les Confrères , & particulièrement les
Officiers de la Compagnie , qui avoient ma
gnifiquement illuminé Jeurs Hôtels le soir du
voeu , & pendant la première nuit , conti
nuèrent les Illuminations pendant les deusnuits
suivantes. Enfin la Compagnie Royale
n'a rien négligé pour que Tordre & la ma
gnificence de cette Fête pût être digne d'un
£ heureux événement. M. le Syndic , qui est
l'ame & le principal mobile de tout ce qui
fe fait dans cette Compagnie . ne s'est pas
contenté d'exercer en cette rencontre sonheureux
talent de la composition & de la
parole , il a aussi employé son génie uni
versel pour faire bien exécuter la délibéra
tion de la Compagnie , & on peut dire qu'il;
s'est surpafle .lui même en cette importante
occasion.
II nous reste à" ajouter ici deux ou trois
ft.errurqu.es historiques au sujet de cette
Corn-.
JANVIER. jjía 94
Compagnie , & de la Chapelle Royale.
Le Roi Louis XIII. lui fit l'honneur de voi*.
loir être inscrit sur ses Registres le tj. No
vembre iézi. Louis XIV. de glorieuse me«
moire , lui fit le même honneur le 19. Oo
tobre i6;9. M. Je Duc de Bourgogne le 16,
Février 1701. & M. le Duc de Berry le 17V
février de la même année.
Le 16. Octobre r«}t. Louis XIII. qui le
jo. Mars iíiï. avoit posé la première pierre
de la Chapelle Royale , fit dans la tribune
de cette Chapelle un voeu solemnel avec la
Reine, son Auguste Epouse , & toute la
Compagnie Royale, aííèmblée par ordre de
Leurs Majestez' , pour supplier la Divine
Bonté de donner un successeur au Roi. Ce
Voeu fut renouvellé annuellement jusqu'à la
Naissance de Louis XI V, & ensuite exécuté
& accompli pour & au nom de Leurs Ma
jestez , par ordre du Roi , au mois de Sep
tembre 16 j 8.
Ge Voeu solemnel fut encore exécuté 8c
renouvelle en x66i. à la Naissance du Dau
phin 3 fils de Louis XIV. & au mois d'Aoûe
ií8i. après la Naissance de M. le Duc de
Bourgogne , pere du Roi heureusement ré
gnant i ainsi que le 8. 9. & 10. Août 1704»
après la Naissance de M. le Duc de BretaH
gne, frère aîné de Sa Majesté. Fasse le Ciel
qu'il soie encore renouvellé à l'oecasion du
premier Prince > qui naîtra du nouveau
Dauphin.
& par la Reine Anne d'Autriche
son augufle Epouse p exécuté & renoua
velli À 7'onloitz.e, par la Compagnie
Royale de M" les Pénitens Bleus, £
Voccasion de l'heureuse Naissance de
Monseigneur le Dauphin, le
3 e. Septembre , le premier & le deux
Oftobre 1720. Brochure in-S. de lí,
pages. A Ttuloufì , de l' Imprimerie de
Nicolas Caranove , s la Bible d'Or ,
M. D C C X X I X,
LA Royale Compagnie des Penitens Bleus ,
érigée à Toulouse , est composée des Períonnes
les plus qualifiées de la Ville & de 1*
Pioa
«î MERCURE ©E FRANOE.
Province. Elle donna des marques éclatante»
de son zele Sc de son attachement à la Perfonne
sacrée du -Roi , lors du .rétablissement de
Ja santé de S. M. par une Fête solemnelLe donc
3e détail se trouve dans notre Journal du mois
■d'Octobte 171 1. La .Naissance du Dauphin.
,a fourni à cette Compagnie une nouvelle oc
casion de signaler ce zele.. Ce qu'elle a exécuté
fur ce íujet , fait la matière du Livre dont
nous avons à rendre compte; jamais occupa.
,tion ne peut nous être plus agréable.
> Le 17. Septembre , la Compagnie ayant été
extraordinairemsnt aslemblée â l'occasion de
i'heureufe nouvelle qui avoit été annoncée la
veille , M- Cortade , Docteur ès Droits , Avo
cat au Parlement , Synilic de cette Compagnie»
prononça un fort beau & éloquent Discours
fur ce grand sujet, Nous en rapporterons ici
■quelques traits. •
» Monseigneur sle Dauphin est né, & il
»est né Jans le sein de la Paix , il est né d'un
*• Roi pacifique , le premier de nos Rois qui a
•>vû fa Minorité paisible, & l'Europe entière
» jouir aussi long-temps d'une profonde paix.
« Quel heureux présage pour Je Prince qui
«vient de naître! Monseigneur ís Dau-
■ phi n est né , & il est né d'une pieuse Reine ,
» douce de toutes les vertus 4 il faltoit > fans
m doute, un Tr-ône proportionné à tous les
» dons dont le Ciel l'a comblée, pour cou-
»» ronner fa vertu , pour la gloire d'une Nation
m illustre Sc pour faire le bonheur de la nótre.
» Qu'il est consolant pour now qu'en execu,
».tant&en renouvellantleVoeude Loun XIII,
« de glorieuse mémoire , à la Naissance de cha-
•» que Successeur à la Couronne , d'avoir à ren-
• die grâces à Dieu d'un Evénement qui assure
JANVIER. ï7?o; S3
»1e bonheur d'une Nation la plus digne d'être
» heureuse , au moins par ion respect & par sa
r> fidélité pour ses Souverains.
■ Le Prince qui vient de naître, &r qui est
» l'objet de notre joye , apprendra un jour le
••Voeu que nous allons raire, & que Loui*
» le Just£ nous a chargez de renouveller pour
5= fa conservation,
» Puiflent nos arriere-Petits-Fils , voir dans
•'Monseigneur ie D auph in , un Roi juste,
» religieux , pacifique . & mème si la nécessité
•> l'y oblige , un Roi victorieux ; & pour sou-
»»haiter â ce Prince tous les bonheurs à la fois,
»» fasse le Ciel que le Fils aîné d'un Roi & d'une
••Reine que Dieu a formez félon son coeur;
** fasse le Ciel que l'Héritier de leuv Couronne
*» soit l'heritier de leurs vertus. ;
L'Orateur finit par ces paroles:
«Pour moi, Messisurs , qui fuis d,'avance
*■ instruit de vos intentions & devos sentime ns,
'■**& notre Compagnie Royale étant elle-même
instruite de ses engagemens &de ses devoir»,
*• il ne me reste qu'à la requérir d'exécuter & de
"renouveller le Voeu fait par Louis XIII.& par
«la Reine Anne d'Autrichi , son auguste
'•m Epouse, &■ de prendre à ce sujet la délibéra-
>• tion ordinaire en cette importante occafior.'
Jamais Discours ne fut plus applaudi en
toutes manières , 8c ne mérita mieux de l'être.
A peine M. le Syndic eut cessé de parler , qu'U
fut unanimement , 8e par une acclamation gé
nérale , délibéré que pour rendre grâces à Dit u
de l'heureule Naissance du Dauphin , & pour
-exécuter & renouveller leVceu fait par Louis
XI II. de glorieuse mémoire, & par la Reine
Anne d'Autriche , son auguste Epouse, il
y auroit Oraison de Quarante heure* -k
MERCURE DE FRANCE;
septembre & les deux jours suivans , pour
îdemander à Dieu , &ç. Que le premier jQur le
Te Dtum seroit íblemnellemenc chanté après
íe Voeu fait . & pour çet effet M le Comte de
Bioulle , Meítre de Camp de la ;CoIonejle
" iGenerale de la Cavalerie > Chevalier de Saint
.Louis, ancien Prieur de la Compagnie, fut
nommé Premier Commissaire pour avoir Thon»
Jieur de faire & de renouvelle* le Voeu de
Louis XIII. au nom de la Compagnie. Et à
.■cause de ('absence de l' Archevêque deToulouíe
, à qui il appartient de droit jde recevoir le
voeu, l' Abbé Dejan, Chanoine de PEglife de
S. Sernin , fut nommé pour faire cette fonc
tion & pour officier durant les Prières de 40.
Jieures. On délibéra suffi fur les marques de
de joye qui dévoient suivre le Te Deum , Sc
,que toutes les Compagnies Supérieures seíoient
invitées d'assister au Voeu & au Te Deum*
Voici en abrégé de quelle manière cette Dé
libération fut exécutée. La Chapelle Royale
ctoit ornée de.ces belles & magnifiques Ta-
-pisseries qui ont appartenu à la Reine Margue
rite, qui en fit présent à un Jïvêque deRieux.
,de la Maison de Bertier Les trois Autels étoienx
.éclairez de plus de 100. flambeaux de cire
.blanche.
Le Cordon qui règne autour de la Chapelle
Royale , qui est une des plus belles & donjt
Je Plan est des plus réguliers qu'il y ait en
Europe , étoit couvejt de Laurier avec beau
coup d'art , &r en relevant la blancheur dej
Trumeaux > ornes d'une belle Architecture &
.d'une riche Sculpture > ce Cordon , dis-je,
formoit un coup d' oeil merveilleux. Ces Tru
meaux , fur lesquels font représentées les yer«-
tut & J^urs attributs , font de 1» main du sieur
JANVIER. 1730.
iî'Arcîs , célèbre Sculpteur & un des Membres
de l' Académie Royale de Sculpture , c'est un
Ouvrage très-estimé des Connoisseurs , & qui
tient un rang distingué dans le grand nombre
qu'on en voit dans la .Ville de Toulouse.
Les Portraits du Roi & de la Reine entoures
de flambeaux de cire blanche , furent placez
dans la Chapelle Royale , à une distance con
venable s & au milieu on avoit élevé un riche
Ecusson des Armes de Monseigneur lu
DAURHiN.lemêmequi futfait lorsqu'on exécuta
le Voeu pour la première fois car ordre de
Louis XIII.
Le Vestibule étoit auflì orné de riches Ta
pisseries & d'un grand nombre de bougies.,
posées fur des Girandoles , ainsi que tout l'interieur
des Galeries & les Coridors de la Cha
pelle Royale, dottt les Portes , íur lclquellcs il
y avoit des Arcs de Triomphe , étoient auífi
magnifiquement décorées , ainsi que les Murs,
qui étoient préparez pour une grande illumi-,
cation. '
Les Prières de quarante heures & le Voeu
furent annoncez la veille 19. Septembre après
midi par le son des Cloches , par le bruit des
Tambours & des Trompettes & par plusieurs
salves de la Moufqueterie du Guet , lesquelles
furent souvent réitérées avant & aptès les
premières Vêpres & la Bénédiction du Très-
Saint Sacrement ; ces démonstrations de joye
furent continuées pendant la nuit, ainsi que les
Fanfares , & on tira un grand nombre de Boè
tes & de Fusées-
Le Vendredy marin 50. Septembre , Fêté de
S. Jérôme, l'un des Patrons de la Compagnie ;
on fit dans la Chapelle Royale l'ouverture des
Prières de quarante heures.avec les cérémonies
E acr
«tf MERCURE DE FRANCE,
accoutumées. La Noblesse en très-grand nom
bre & un Peuple infini y affilièrent ; pendanp
qu'on celebroit des Messes aux trois Autels de
la Chapelle Royale, les Aumôniers de la Com7
pagnie distribuoient des aumônes aux pauvres;
malades & aux Prisonniers,
L 'après midi les Compagnies qui avoient
ité invitées pour affilier au Voeu &au Te Tieum,
íçavoir > la Chambre des Vacations > les Tré
soriers de France , TUniversité . le Senechal &
& les Capitouls , se rendirent en grand nombre
& en habits de cérémonie , dans la Chapelle
Royale. Les Capitouls étoient revêtus de leur
Manteau Comtal, & accompagnez des Officier j
de la Ville & de leur grand Cortège.
Le concours des personnes de la première
distinction, de tout sexe, & de la Noblesse, tant
de la Ville que de la Campagne & des Pro
vinces voisines , qui étoient venues avec emr
pressement pour assister au Voeu , fut extrordinaire.
Les Vêpres furent chantées avec beau
coup de solemnité & à plusieurs choeurs » eri
faux-bourdon , qui est une Musique propre Sc
particulière à 1a Chapelle Royale.
Les Vêpres finies , M. le Comte de Bioulle,
premier Commissaire , accompagné de M. Ie
Baron de Ferrand , Sous- Prieur j de M. de Pio
let , Président , Trésorier General de France ,
Censeur; de M. Puiol, Conseiller au Parlement
Consulteur, & de M. Cortade , Docteur ès
Droits & Avocat au Parlement, Syndic de la
Compagnie , seconds Commissaires nez ; de
M. le Comte de Pibrac , de M. le Marquis de
Pinsaguel, & d'un grand nombre d'autres.
Confrères , tous revêtus de leurs habits de
Pénitent, descendirent de la Tribune à la Chaflcjlc}
le Comte de Bioulle porcoic lcCiergs
JANVIER. 1730. 87
duVoeu.du poids de sept livres, orné de Fleurs
de Lys d'or , des Armes du Roi , de Monsei-
.cneur le Dauphin , d'L L. couronnées Sc
de Dauphins^ ce Cierge étoit garni de Velours
avec des Crépines d'or,à laiiautéur de la maint
les quatre seconds .Commissaires portoient ua
court Bâton de couleur bleuë , orné de Fleurs
de Lys d'argenti les autres Confrères portoienc
,des flambeaux de cire blanche , & quatre d'entr'eux
portant des Bâtons de cérémonie , fer-
:moicnt la marche. Les Commissaires étant ar»
rivezà l'Autel après M. l'Abbé Dejean , Offi-
.ciant , qui étoit en Chape de Moëre d'argent»
assis dans un Fauteuil doré.à côtelé l'Evangile,
ils se mirent â genotix.sur Ja première marche
de l' Autel, & après s'être prosternez, le Comte
de Bioulle , premier Comirissaire, prononça
à haute voix lefToeu qui fuit.
Notre Confrérie Royale S' étant toujours par
ticulièrement intereffée en tout ce qui regarde
les avantages de la sacrée Personne du Roi & de
la Famille Roy »le^ & ayant méme lieu de croire
que Dieu a eu égard à ses voeux & à ses_prieres
par les BtnediBions que le Ciel a répandues dan*
Ja'Naiffance & la conservation du Koï, heureu
sement régnant, & depuis feu de jours en Vheureufe
Naissance de Monseigneur .le Dau
phin , notre Compagnie Royale désirant d'ete
témoigner sa recçnnoiffance publique ><& -vou
lant faire tous ses pieux efforts pour ottenir
du Ciel la conservation de la sacrée Personne
du Roi , de la Reine , & en particulier de
Monsegneur le Dauphin , & de toute la
Famille Royale , elle a résolu de vouer & de
promettre , comme en effet elle voue & promet
far ma bouche , en qualité d'ancien Prieur &
E ij de
'fi MERCURE DE FRANCE.
de premier Commissaire , a Dieu & à la sainte
Vierge notre Protectrice & de la France , *
St Jérôme , à S. Louis , à sainte Magielaint ,
nos Patrons , à toute la Cour Céleste , & à vous
Monsieur, de faire exposer le Très Saint Sacre
ment dans notre Chapelle Royale durant trois
jours consécutifs^ & de faire célébrer autant de
Messes qu'il se pourra pendant çes trois jours
k cette intention, d' aller Samedi prochain en
Procession à l 'Eglise Abbatiale de S. Sernin, pour
implorer le secours des Saints , dont les sacrées
Reliques reposent dans cette Eglise , & de dire
jt genoux cinqfois le Pater & cinq fois /'Ave
Maria > tous let Vendredis , dans notre Chapelle , ■
en présence du Tres-Saint Sacrement , âpres les
Prières accoutumées l?ro Rege > é1 {« durant
dix année? à compter de ce jour jo. Septembre
I72-9- *
A quoiM.l'Abbé Dejean,Officiant,répondit :
J'accepte , Monsieur ', le Voeu que vous venez,
défaire au nom de la Compagnie Royale, Ó?
f#r le ^ele & la ferveur que'je vois paroitrtj
dans toute cette illustre & Royale Compagnie ,
j'espete avfc constance que notre Voeu ser&
exaucé , & par l' honneur que j'ai de recevoir
eeVoeuen ï absence Je M. l' Archevêque deTÔulf>
use , notre Confrère , & en qualité d'ancien
S.eus-Prieur de la Compagnie , j'y joindrai mes
Prières & les Saints Sacrifices pour obtenir du
Ciel son accomplissement.
. Le Comte deBioulle, premier Commissaire.
& les Commissaires nez , s'.ctant ensuite levez,
ils remontèrent à la Tribune dans le même
ordre qu'Us en étoient descendus , & le Comte
de Bioulle ayant pris la première place, & les;
autres Officiers & Confrères celles qui leur
conviennent » l'Abbé Dejean , pfficiant, enton-
S*
Janvier. ty}<í. Ì9
ja le Te Deum , qui fut chanté en Musique
&enSimphonie par beaucoup deVoix Si d'Instrumens
; il étoit de la composition de M. Va
lette , Maître de Musique de l'Eglise Abbatiale
de S Sernin , & il fut beaucoup applaudi.
, Après le Te Deum , on réitéra les salves
de Mousqueteric avant & après la Bénédic
tion du très- saint Sacrement, & vers les
septheuresi l'Ilhimination commença des deux
côtez de la grande rue des Penitcns Bleu»
dans toute son étendue ; cette rue est d'une
largeur extraordinaire , & toutes les Maisons
font d'une même élévation , ce qui favori*
soit beaucoup l'Illumination ; la Grande Por
te , les Combles & les Murs de la Cha»
pelle Royale étoient illuminez par un nom
bre infini d^. Globes de feu & de Falots
aux Armes du Roi , de la Reine & de Mon
seigneur le Dauphiìt , & aux Armes de la
Chapelle Royale, qui- sont un Lion d'or,,
sur un Chams d'Azur , avec ces mots San*.
me, Domine.
• Les Chanoines Réguliers de Saint Antoine,
?-fl'ociez ,á la .Compagnie Royalç , qui ont
leur Maison dans la grande Rue des PenitensBleus,
Maison Jorit la façade est tiès-belle,
l'illuminerent magnifiquement le même soir.
Sur les neuf heures , le Comte de Bioulle
, premier Commissaire , encore revêtu da
son habit de Pénitent, ainsi que les Com
missaires nez, alluma le feu qui ayoit été
préparé , tenant à la main un flambeau de
cire blanche , peint en bleu , &: oiné de
Fleurs de Lys d'or. Dès que le feu fut allu
mé , on fit plusieurs salves de Moufquete»
rie , & toute la Ruë, où il y avoit tm peu
ple infini , retentit des acclammations rené*
E iij K'CS
y<j MERCURE DE FRANCE.
iées de Vive le Rei , vive la Reine , vivt
Monseigneur le Dauphin. Les salves de Mousqueterie
furent suivies du son des trom
pettes , hautbois & tambours , qui ne fu
rent interrompus que par le grand uombre
de Boëtès & de Fusées qu'on tira pendant
la nuit.
Un long discours ne suffíroit pas pour
rapporter ici tous les pieux & differens exer
cices auxquels les Confrères de cette Roya
le Compagnie furent occupez pendant les
deux jours suivants. On n'a jamais vû paroi*
tre un plus grand zele , & donner plus d'é
dification. Les Prières de 401 heures furent
terminées le Dimanche au soir par la Bé
nédiction du. très-saint Sacrement , au bruit
- de la Mousqueterie & des Fapseres.
Les Confrères , & particulièrement les
Officiers de la Compagnie , qui avoient ma
gnifiquement illuminé Jeurs Hôtels le soir du
voeu , & pendant la première nuit , conti
nuèrent les Illuminations pendant les deusnuits
suivantes. Enfin la Compagnie Royale
n'a rien négligé pour que Tordre & la ma
gnificence de cette Fête pût être digne d'un
£ heureux événement. M. le Syndic , qui est
l'ame & le principal mobile de tout ce qui
fe fait dans cette Compagnie . ne s'est pas
contenté d'exercer en cette rencontre sonheureux
talent de la composition & de la
parole , il a aussi employé son génie uni
versel pour faire bien exécuter la délibéra
tion de la Compagnie , & on peut dire qu'il;
s'est surpafle .lui même en cette importante
occasion.
II nous reste à" ajouter ici deux ou trois
ft.errurqu.es historiques au sujet de cette
Corn-.
JANVIER. jjía 94
Compagnie , & de la Chapelle Royale.
Le Roi Louis XIII. lui fit l'honneur de voi*.
loir être inscrit sur ses Registres le tj. No
vembre iézi. Louis XIV. de glorieuse me«
moire , lui fit le même honneur le 19. Oo
tobre i6;9. M. Je Duc de Bourgogne le 16,
Février 1701. & M. le Duc de Berry le 17V
février de la même année.
Le 16. Octobre r«}t. Louis XIII. qui le
jo. Mars iíiï. avoit posé la première pierre
de la Chapelle Royale , fit dans la tribune
de cette Chapelle un voeu solemnel avec la
Reine, son Auguste Epouse , & toute la
Compagnie Royale, aííèmblée par ordre de
Leurs Majestez' , pour supplier la Divine
Bonté de donner un successeur au Roi. Ce
Voeu fut renouvellé annuellement jusqu'à la
Naissance de Louis XI V, & ensuite exécuté
& accompli pour & au nom de Leurs Ma
jestez , par ordre du Roi , au mois de Sep
tembre 16 j 8.
Ge Voeu solemnel fut encore exécuté 8c
renouvelle en x66i. à la Naissance du Dau
phin 3 fils de Louis XIV. & au mois d'Aoûe
ií8i. après la Naissance de M. le Duc de
Bourgogne , pere du Roi heureusement ré
gnant i ainsi que le 8. 9. & 10. Août 1704»
après la Naissance de M. le Duc de BretaH
gne, frère aîné de Sa Majesté. Fasse le Ciel
qu'il soie encore renouvellé à l'oecasion du
premier Prince > qui naîtra du nouveau
Dauphin.
Fermer
Résumé : Voeu Royal pour la Naissance du Dauphin, [titre d'après la table]
En 1729, la Compagnie Royale des Pénitents Bleus de Toulouse a célébré la naissance du Dauphin avec une série d'événements solennels. Le 17 septembre, lors d'une assemblée extraordinaire, M. Cortade, Docteur ès Droits, a prononcé un discours mettant en avant la naissance du Dauphin dans un contexte de paix et de piété. Il a rappelé le vœu fait par Louis XIII et la Reine Anne d'Autriche. La Compagnie a alors décidé d'organiser des prières de quarante heures et un Te Deum pour remercier Dieu. Les célébrations ont inclus des ornements somptueux dans la Chapelle Royale, des distributions d'aumônes, et la participation de la noblesse et du peuple. Le 20 septembre, après les vêpres, le Comte de Bioulle a renouvelé le vœu au nom de la Compagnie, promettant des prières et des messes pour la conservation du Roi, de la Reine et du Dauphin. L'Abbé Dejan a accepté ce vœu et a assuré ses prières pour son accomplissement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
724
p. 94
EXPLICATION du premier Logogryphe.
Début :
Saint Louis est au Ciel, & Louis sur la terre [...]
Mots clefs :
Louis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION du premier Logogryphe.
EXPLICATION du premier Le»
gogrypbe.
S Aine Louis est au Ciel, & Louis sur 1*
terre
Fait trembler mille Nations ;
Quoiqu'il ne faffe point la guerre »
J'entends vanter par tout ses belles actions,
Peut-on trop admirer le bonheur de la
France ,
Dans la Paix & dans l' Abondance,
Sans qu'il en coure un seul Louis !
On voit croîere à la Cour les Roses & les
Lis.
Au contentement de moiï Maître ,
Un charmant Dauphin vient de naître í-
Je voudiois qu'il pût dire en ma saveur un
oui ,
Ou qu'il apprit combien je fais de voeux
pour lui-
Par M"" Angélique Dorvilliers
de Vernon..
gogrypbe.
S Aine Louis est au Ciel, & Louis sur 1*
terre
Fait trembler mille Nations ;
Quoiqu'il ne faffe point la guerre »
J'entends vanter par tout ses belles actions,
Peut-on trop admirer le bonheur de la
France ,
Dans la Paix & dans l' Abondance,
Sans qu'il en coure un seul Louis !
On voit croîere à la Cour les Roses & les
Lis.
Au contentement de moiï Maître ,
Un charmant Dauphin vient de naître í-
Je voudiois qu'il pût dire en ma saveur un
oui ,
Ou qu'il apprit combien je fais de voeux
pour lui-
Par M"" Angélique Dorvilliers
de Vernon..
Fermer
Résumé : EXPLICATION du premier Logogryphe.
Le poème 'gogrypbe' d'Angélique Dorvilliers de Vernon célèbre le roi Louis, respecté par de nombreuses nations sans guerre. Il vante la paix et l'abondance en France, symbolisées par les roses et les lys à la cour. La naissance d'un dauphin apporte une joie supplémentaire. L'auteur souhaite que le dauphin reconnaisse ses vœux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
725
p. 111-114
Description de la Fête des Ambassadeurs d'Espagne, [titre d'après la table]
Début :
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'artifice qui doit être tiré à Paris sur la [...]
Mots clefs :
Fête, Feux d'artifice, Ambassadeurs, Naissance du Dauphin, Ambassadeurs d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description de la Fête des Ambassadeurs d'Espagne, [titre d'après la table]
Description de la Fête & du Feu
d'artifice qui doit être tiré à Paris fur la
Rivière , au sujet de la Naissance de Mon
seigneur le Dauphin, par ordre de S. MC.
Philippe V. Et par les foins de leurs Ex
cellences M. le Marquis de Santa-Cruz,
& M. de Barrenechea , Ambassadeurs Ex
traordinaires & Plénipotentiaires du Roi
d'Espagne , le 2 4. Janvier i7jo. in-Of
avec figures. A Paris, chez. Pierre
Gandoúin, Qítay des Auguflins , à la Belle
Image > 1730. Brochure de 31. pages,
3. livres.
_ . Cette Description est de M./' Abbé Langlet
du Frefiioy , connu déja par plusieurs
Ouvrages Dogmatiques & Historiques,
& fur tout par la Méthode pour étudier
f ij rtíìf
mi MERCURE DE FRANCE.
V ffistoire\<p'il a publiée l'année derniere
tn 4> volumes /jï-4. C'est un Ouvrage
qu'il a accordé à l'amitié 5 M M. les
Ambassadeurs d'Espagne , l'ayant honoré
de la leur depuis qu'ils sont en France.
Quoique l'Auteur n'ait pas tourné ses
e'tudesdu côté de cetce force d'Ouvrages,
on n'a pas laisse de l'approuver & de le
regarder comme une piece excellente en
ce genre , tant pour l'élegance que pour
ies traits curieux & singuliers qu'on y
trouve. Il a crû, fans doute, que pour
en ôter la secheccfle propre aux Descrip
tions , il dcyoit y semer quelques faits
historiques très-interessans, 8c Passaisonner
meme de quelques Pieces de Vers
François, qui servit à expliquer les Ins
criptions Latines que M. VAbbi Lanqlct
. a -données , & qui sont des application^
heureuses de divers endroits des anciens
Poètes, au sujet de cette illustre Fête. Il
a pris même occasion delà de faire des
Eloges sages de véritables des deux Rois
Sí même des deux Reines de ces deux
Nations , & de placer quelques pensées
brillantes, mais simples dans leurs ex
pressions.
On trouve aussi dans cetce Description
Iís Vers que M. de la Serre s homme de
beaucoup d'esprit & de sçavoir , a faits ,
jla'priere d« M M. les Ambassadeurs d'Es-
P3S"Ç
Janvier-. 17 3». n*
pagne, pour servir au Ballet en Musique
que Leurs Excellences onefait représenter
dans cectd occasions Cette fête qui devoit
se donner dès le mois de Décembre t
a e'té reculée par divers accidens.ElIe avoir
été depuis promise au 1 4. ensuite au x 1 .
&enfinell« s'est donnée le 2 4-de ce mois*
La Fête a surpassé de beaucoup la magni
ficence & le brillant qui est répandu dans
cette Description. Ge petit Ouvrage doic
être regardé. comme un morceau précieux
& comme un monument éternel de latendresse
paternelle da Roi Catholique
poor le Roi son neveu.
Comme nous donnerons une Relatiort
de cette Fête^nous ne nous arrêterons pas
plus long-temps à cette Description; mais
pour donner une idée de Ia> Versification
de l' Auteur, voici par où cette Piece est
terminée. C'est une imitation de Pfopercc*-
S'il est des Dieux fur la Terre ,
H en est dedans, les Cieux t
Ceux- cy lancent le Tonnerre ,
Seuls ils exaucent nos voeux.
II faut» Mortels , leur en faire ,.
Pour que de notre Hémisphère ,
ïls éloignent tout brouillard ,
Les vents , la plùye & l'orage }
Devroient-ils un peu plus tard, s
En envoyer davantage.
f iij . U
iû MERCtTRE DÈ FRANCÊ;
II faut donc pour cette Fête,
Aux Dieux , sans autre façon í
Présenter notre Requête ,
Les priant d'y mettre > Bon.
Mais Bon depuis le quinzième
De Janvier jusqu'au trentième.
On en doit tout espérer ;
C'est pour eux fiipeu de chose ,
Qu'ils daigneront l'accordêr í .
C'est fur quoi je me repose*
d'artifice qui doit être tiré à Paris fur la
Rivière , au sujet de la Naissance de Mon
seigneur le Dauphin, par ordre de S. MC.
Philippe V. Et par les foins de leurs Ex
cellences M. le Marquis de Santa-Cruz,
& M. de Barrenechea , Ambassadeurs Ex
traordinaires & Plénipotentiaires du Roi
d'Espagne , le 2 4. Janvier i7jo. in-Of
avec figures. A Paris, chez. Pierre
Gandoúin, Qítay des Auguflins , à la Belle
Image > 1730. Brochure de 31. pages,
3. livres.
_ . Cette Description est de M./' Abbé Langlet
du Frefiioy , connu déja par plusieurs
Ouvrages Dogmatiques & Historiques,
& fur tout par la Méthode pour étudier
f ij rtíìf
mi MERCURE DE FRANCE.
V ffistoire\<p'il a publiée l'année derniere
tn 4> volumes /jï-4. C'est un Ouvrage
qu'il a accordé à l'amitié 5 M M. les
Ambassadeurs d'Espagne , l'ayant honoré
de la leur depuis qu'ils sont en France.
Quoique l'Auteur n'ait pas tourné ses
e'tudesdu côté de cetce force d'Ouvrages,
on n'a pas laisse de l'approuver & de le
regarder comme une piece excellente en
ce genre , tant pour l'élegance que pour
ies traits curieux & singuliers qu'on y
trouve. Il a crû, fans doute, que pour
en ôter la secheccfle propre aux Descrip
tions , il dcyoit y semer quelques faits
historiques très-interessans, 8c Passaisonner
meme de quelques Pieces de Vers
François, qui servit à expliquer les Ins
criptions Latines que M. VAbbi Lanqlct
. a -données , & qui sont des application^
heureuses de divers endroits des anciens
Poètes, au sujet de cette illustre Fête. Il
a pris même occasion delà de faire des
Eloges sages de véritables des deux Rois
Sí même des deux Reines de ces deux
Nations , & de placer quelques pensées
brillantes, mais simples dans leurs ex
pressions.
On trouve aussi dans cetce Description
Iís Vers que M. de la Serre s homme de
beaucoup d'esprit & de sçavoir , a faits ,
jla'priere d« M M. les Ambassadeurs d'Es-
P3S"Ç
Janvier-. 17 3». n*
pagne, pour servir au Ballet en Musique
que Leurs Excellences onefait représenter
dans cectd occasions Cette fête qui devoit
se donner dès le mois de Décembre t
a e'té reculée par divers accidens.ElIe avoir
été depuis promise au 1 4. ensuite au x 1 .
&enfinell« s'est donnée le 2 4-de ce mois*
La Fête a surpassé de beaucoup la magni
ficence & le brillant qui est répandu dans
cette Description. Ge petit Ouvrage doic
être regardé. comme un morceau précieux
& comme un monument éternel de latendresse
paternelle da Roi Catholique
poor le Roi son neveu.
Comme nous donnerons une Relatiort
de cette Fête^nous ne nous arrêterons pas
plus long-temps à cette Description; mais
pour donner une idée de Ia> Versification
de l' Auteur, voici par où cette Piece est
terminée. C'est une imitation de Pfopercc*-
S'il est des Dieux fur la Terre ,
H en est dedans, les Cieux t
Ceux- cy lancent le Tonnerre ,
Seuls ils exaucent nos voeux.
II faut» Mortels , leur en faire ,.
Pour que de notre Hémisphère ,
ïls éloignent tout brouillard ,
Les vents , la plùye & l'orage }
Devroient-ils un peu plus tard, s
En envoyer davantage.
f iij . U
iû MERCtTRE DÈ FRANCÊ;
II faut donc pour cette Fête,
Aux Dieux , sans autre façon í
Présenter notre Requête ,
Les priant d'y mettre > Bon.
Mais Bon depuis le quinzième
De Janvier jusqu'au trentième.
On en doit tout espérer ;
C'est pour eux fiipeu de chose ,
Qu'ils daigneront l'accordêr í .
C'est fur quoi je me repose*
Fermer
Résumé : Description de la Fête des Ambassadeurs d'Espagne, [titre d'après la table]
En 1730, une brochure intitulée 'Description de la Fête & du Feu d'artifice' a été publiée à Paris pour célébrer la naissance du Dauphin, sur ordre de Philippe V, roi d'Espagne. La fête, organisée par les ambassadeurs espagnols M. le Marquis de Santa-Cruz et M. de Barrenechea, a eu lieu le 24 janvier 1730 sur la rivière à Paris. L'ouvrage, rédigé par l'Abbé Langlet du Fresnoy, est apprécié pour son élégance et ses détails curieux. Il inclut des faits historiques et des poèmes français expliquant les inscriptions latines. La fête, initialement prévue pour décembre, a été reportée à plusieurs reprises en raison de divers accidents. Elle a finalement eu lieu le 24 janvier et a été jugée magnifique, symbolisant l'affection paternelle du roi d'Espagne pour son neveu. La brochure contient également des vers de M. de la Serre, composés à la demande des ambassadeurs espagnols pour un ballet musical.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
726
p. 125-126
JETTONS FRAPPÉS pour le premier jour de Janvier 1730. avec l'explication des Types &c.
Début :
I. TRESOR ROYAL. Le Soleil parcourant les Signes du Zodiaque. Legende. Ordine cuique suo. [...]
Mots clefs :
Jetons, Trésor royal, Parties casuelles, Chambre aux deniers, Extraordinaire des guerres, Ordinaire des guerres, Bâtiments du roi, Artillerie, Galères, Maison de la reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : JETTONS FRAPPÉS pour le premier jour de Janvier 1730. avec l'explication des Types &c.
ÌETTONS FR AFP E'S pour le
premier jour de Janvier 1730. avtc
l'explication des Types &c.
r. Trésor Royal.
Lc Soleil parcourant les Signes du Zo
diaque. Légende. Ordinc cuique suo.
II. Parties Casuelles.
Un Laurier & la Foudre qui tombe
d^ns le lointain. Légende. Solvic formidîne
cafus.
III. Chambre aux Deniers.-
Une Fortune avec un bandeau ôté de
dessus ses yeux & pendant \ laquelle
répand des pieces d'argent. Legìnde»-
Nec infeia-.
IV. Extraordinaires besGuerres.
•' Des Trompettes ornées de leurs Ban»
detojes. Légende. Pacem non Bella cienti-
V. Ordinaire des Guerres.
Un esiain d'Abeilles , qui environ
nent leur Roi. Légende. Major mole
animus.
lis MERCURE DE FRANCE.
VI. Basti ïíÊfJS du Roy.
Uri diamant taillé eh brillant , & ri
chement monté. Légende. Natura micat
& ane.
VIL Artillerie.
La Renommée tenant fa trompette., d*ô iì
pend une Banderole aux Armes du Dau-4
phin 5 plus des Feux & des Canons.
Légende. Regalis nuncia partus.
VIII. Marine.
Une Aigle qui donne la chasse à des.
Oiíeaux de proye. Légende. Majoribus
apt*.
IX. Galères;
Des Syrenes à la tète d'un Promontoire.
Légende. Délectant atque timentur.
X. Maxsok de la Reine.
Une Vigne chargée de quatre grap
pes , dont une est très-remarquable. Lí*
gendi. Nec vota fefellit.
premier jour de Janvier 1730. avtc
l'explication des Types &c.
r. Trésor Royal.
Lc Soleil parcourant les Signes du Zo
diaque. Légende. Ordinc cuique suo.
II. Parties Casuelles.
Un Laurier & la Foudre qui tombe
d^ns le lointain. Légende. Solvic formidîne
cafus.
III. Chambre aux Deniers.-
Une Fortune avec un bandeau ôté de
dessus ses yeux & pendant \ laquelle
répand des pieces d'argent. Legìnde»-
Nec infeia-.
IV. Extraordinaires besGuerres.
•' Des Trompettes ornées de leurs Ban»
detojes. Légende. Pacem non Bella cienti-
V. Ordinaire des Guerres.
Un esiain d'Abeilles , qui environ
nent leur Roi. Légende. Major mole
animus.
lis MERCURE DE FRANCE.
VI. Basti ïíÊfJS du Roy.
Uri diamant taillé eh brillant , & ri
chement monté. Légende. Natura micat
& ane.
VIL Artillerie.
La Renommée tenant fa trompette., d*ô iì
pend une Banderole aux Armes du Dau-4
phin 5 plus des Feux & des Canons.
Légende. Regalis nuncia partus.
VIII. Marine.
Une Aigle qui donne la chasse à des.
Oiíeaux de proye. Légende. Majoribus
apt*.
IX. Galères;
Des Syrenes à la tète d'un Promontoire.
Légende. Délectant atque timentur.
X. Maxsok de la Reine.
Une Vigne chargée de quatre grap
pes , dont une est très-remarquable. Lí*
gendi. Nec vota fefellit.
Fermer
Résumé : JETTONS FRAPPÉS pour le premier jour de Janvier 1730. avec l'explication des Types &c.
Le document de 1730 décrit les emblèmes et légendes associés aux différentes parties du Trésor Royal. Le Trésor Royal est représenté par le Soleil parcourant les Signes du Zodiaque, avec la légende 'Ordinæ cuique suo' (Chacun à son ordre). Les Parties Casuelles montrent un Laurier et la Foudre tombant au loin, avec la légende 'Solvic formidîne cafus' (La foudre redoutable est apaisée). La Chambre aux Deniers présente une Fortune avec un bandeau ôté de ses yeux, répandant des pièces d'argent, avec la légende 'Nec infeia-' (Ni trompeuse). Les Extraordinaires des Guerres sont illustrés par des Trompettes ornées de leurs banderoles, avec la légende 'Pacem non Bella cienti-' (Les guerres ne cherchent pas la paix). L'Ordinaire des Guerres montre un essaim d'abeilles entourant leur Roi, avec la légende 'Major mole animus' (Un grand esprit dans un petit corps). Les Bâtiments du Roy sont représentés par un diamant taillé en brillant et richement monté, avec la légende 'Natura micat & ane' (La nature brille et s'anime). L'Artillerie est illustrée par La Renommée tenant sa trompette, avec des Feux et des Canons, et la légende 'Regalis nuncia partus' (Messager royal de la naissance). La Marine montre une Aigle chassant des oiseaux de proie, avec la légende 'Majoribus apt*' (Apte aux plus grands). Les Galères présentent des Sirènes à la tête d'un Promontoire, avec la légende 'Délectant atque timentur' (Elles charment et effraient). Enfin, la Maison de la Reine est représentée par une Vigne chargée de quatre grappes, avec la légende 'Nec vota fefellit' (Les vœux ne sont pas déçus).
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
727
p. 154
RUSSIE.
Début :
Deux Negocians qui se sont rendus d'Archangel à Moscow, ont proposé au [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
R V s s i E.
T^v Eux Negocians qui se sont rendus d* At>
\_J changel à Moscow , ont proposé au
Czar de faire aux frais de leur Compagnie un
■Canal de communication depuis la Mer CasÍiienne
jusqu'à Archangel > à condition qu'on
eur accordera un Privilège exclusif, pour faire
le Commerce de 'outes sortes de Marchandises
dans la Moscovie : S. M. Cz. a donné ordre
à quelques Conseillers de son Conseil , d'exa
miner leur projet & d'en faire leur rapport,
T^v Eux Negocians qui se sont rendus d* At>
\_J changel à Moscow , ont proposé au
Czar de faire aux frais de leur Compagnie un
■Canal de communication depuis la Mer CasÍiienne
jusqu'à Archangel > à condition qu'on
eur accordera un Privilège exclusif, pour faire
le Commerce de 'outes sortes de Marchandises
dans la Moscovie : S. M. Cz. a donné ordre
à quelques Conseillers de son Conseil , d'exa
miner leur projet & d'en faire leur rapport,
Fermer
728
p. 154
SUEDE.
Début :
On apprend de Stokolm, que le Ministre du Czar a reçeu une remise considerable, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
S u e D .t.
ON aprend de Stokolm , que le Ministre
du Czar a reçeu une remise considérable^
.pour donner une Fête à l' occasion des Fian
çailles de S. M. Cz.
ON aprend de Stokolm , que le Ministre
du Czar a reçeu une remise considérable^
.pour donner une Fête à l' occasion des Fian
çailles de S. M. Cz.
Fermer
729
p. 155-157
FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Début :
L'Hôtel destiné pour cette Fête, étoit decoré de 25. Arcades, dont 5. remplissoient [...]
Mots clefs :
Fête, Naissance du Dauphin, Arcades, Lampions, Tables, Bal, Roi de Suède, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
f ESTE donnée k Stolkbolvt , par lé
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Comte de Çasteja , Ministre Plénipo
tentiaire de France en Suéde , pour la
Naifance du Daïï.p h i n.
L 'Hôtel destiné pour cette Fête , étoit dé
coré de x$. Arcades , dont y. remplissoient
íaface, & 7- chacune des deux aîles ; il y avoic
frois Arcades à chacun des bouts des deux
aîles. Toutes ces Arcades -çtoient élevées de
puis le Rez- de-Chaussée jusqu'à la Corniche
du Bâtiment composé de deux étages. Le^
fenêtres de chaque étage , se trouvoient i
J'aplomb des Arcades. Elles étoient peintes;
en bleu , semé de Fleur de Lys d'or . donc
chacune étoit éclairée par derrière avec des
Lampions , au nombre de douze mille- Le»
Piédestaux des Pilastres , étoient garnis dif
féremment par d'autres Lampions. Au milieu
de chaque Pilastre , étoient les Armes du Roy.
II y avoit un cordon de Lampions beaucoup
Íilus gros que les autres, aux endroits qui
éparoient les fenêtres les unes des autres.
Toutes ces fenêtres étoient remplies de grands
Chandeliers à trois branches , formez par des
Lampions; & pour garantir l'Illumination des
injures du tems, la Cour étoit entièrement
couverre d'une toile â l'ipreuve de la píuye.
Tous les Àppartemens de cet Hôtel étoient
meublés magnifiquement > les Sales des Res
de Chaussée, furent destinées pour les Tar
bles & les Buffets i trois des Sales du premier
«tage étoient pour le Bal > deux pour le Jeu ,
& l'autre pour le Buffet • où étoient les rafraîchiffemens.
g.i;,ê MERCURE DE FRANCE.
la fêce commença k 7 du mois dernier par
jun dîné , auquel le Comte de Castqja avoit iqyhé
tous les SénateurSjles Ministres étrangers,
ks Présidens des CollegeSjSr d'autres Officiers
les plus considérables , qui s'y trouvèrent au
nombre de quarante. ,Ce dîné dura depuis une
;heure après midi jusqu'à six heures du soir.La
Table fut ser.vie avec autant de délicatefle .que
d'abondance. On y but.auíon des Trompetés
& des Timbales , les santez du Roy , de la
Reine & de Monseigneur le Dauphin, celle du
Ray & de la Reine de Suéde , du Langrave de
Helîe, & beaucoup d'autres qui furent souvení
réïterées.On servit â la fin du repas.lesjLiqueius
les plus exquises.
Le lendemain 8 Décembre il y eut une se
conde fête . qui commença à six heures du soir,
par un grand Bal. II fut ouvert par le Ministre.
d'Angleterre qui en e'toit le Roy , & par la fille
du Comte de Horn , premier Ministre de Sue«
de , qui en étoit la Reine 5 à la fin du premier
Menuet le Roy de Suéde arriva.; il dansa d'a
bord avec la iReine du Bal ; il prit ensuite la
Comtesse de Casteja. Sa Majesté resta au Bal jus
qu'à neuf heures; dès qu'elle se fut retirée oa
íprvit deux Tables de trente- cinq couverts cha
cune , qui furent renouvellées quatre fois > de
deux heures en deux heures pour de nou
veaux Conviez qui se succédèrent les uns aux
autres. II y avoit outre cela dans les mêmes
Sales plusieurs petues Tables s qui furent re
nouvellées de même que les deux grandes ; de
forte que ce furent quatre soupez différents de
spixante & dix personnes chacune, pour les
deux grandes, Tables, & de presque un pareil
nombre pour les petites. .Ces Tables furenc
remplies successivement par toutes ks Dames
T A N VIE R. 1730. ^ f 57
èe la Cour , par les Sénateurs , les Ministres
Etrangers , les Préfidens des Collèges , les Gé
néraux des Troupes, les Lieutenans Généraux,
les Majors , les Colonels , les Chambelans , les
Gentilhommes de la Cour , par tous les Offi
ciers du Régiment des -G ardes, par plusieurs
Lieutenans-Colonels- Majors & autres gens de
condition , par tous les Collèges de la Chancelerie
, & par une partie des Conseillers & Offi
ciers des autres Collèges qui y avoient tous été
invitez avec leur femme & leur famille,
Ces Tables furent servies avec la même abon
dance & la même délicatesse que celle du jour
précédent , & on servit en même - tems une
grande quantité de Confitures , d'Oranges, des
Vins de Liqueurs & toutes sortes de rafraîchissemens
à tout le monde. Le Bal dura toute
h nuit , aussi- bien que l'IIIumination. Les Fon
taines de Vin »'que l'on avoit placées dans les
Arcades de l'Hotel, ne cessèrent de couler pen
dant tout ce temps- là.
II n'y a pas d'exemple en Suéde d'une pareil
le Féte,& où l'on aictégalé en même temps un
fi grand nombre de personnes s & malgré le
monde prodigieux qui s'y trouva» il n'y arriva
aucun désordre.
Il n'y eut point de Feu d'artifice > n'ayant ja
mais été permis d'en faire à Stockholm , par la
crainte du feu . toutes les Maisons de cette Vil
le étant bâties de bois , & on y porte la pré
caution fi loin à cet égard , qu'il y est deffendu
de se servir de Flambeaux la nuit} on ne s'y sert
que de Lanternes.
Fermer
Résumé : FESTE donnée à Stolkholm, par le Comte de Casteja, Ministre Plenipotentiaire de France en Suede, pour la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate une fête organisée par le Comte de Castéja, ministre plénipotentiaire de France en Suède, en l'honneur de la naissance du Dauphin. La célébration se déroula dans un hôtel richement décoré d'arcades ornées de lampions et de fenêtres peintes en bleu semé de fleurs de lys. Les appartements étaient somptueusement meublés, avec des salles dédiées aux tables, aux buffets et aux jeux. La première journée de la fête, le 7 décembre, débuta par un dîner auquel étaient conviés des sénateurs, des ministres étrangers, des présidents de collèges et d'autres officiers. Le dîner, servi avec délicatesse et abondance, s'étendit de une heure après midi à six heures du soir. Des toasts furent portés au Roi, à la Reine, au Dauphin, ainsi qu'à des personnalités suédoises et étrangères. Le lendemain, 8 décembre, une seconde fête eut lieu, commençant à six heures du soir par un grand bal ouvert par le ministre d'Angleterre et la fille du Comte de Horn. Le Roi de Suède participa au bal, dansant avec la Reine du bal et la Comtesse de Castéja. Après son départ à neuf heures, des tables furent dressées pour les convives, renouvelées toutes les deux heures. Les tables furent occupées par des dames de la cour, des sénateurs, des ministres étrangers, des généraux et d'autres officiers. La fête se poursuivit toute la nuit, avec des fontaines de vin dans les arcades de l'hôtel. Cette célébration, sans précédent en Suède, rassembla un grand nombre de personnes sans désordre. Aucun feu d'artifice n'eut lieu en raison des risques d'incendie dans la ville de Stockholm, construite en bois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
730
p. 158-159
ITALIE.
Début :
On apprend de Rome que la veille de Noël les Cardinaux qui étoient restez au Palais [...]
Mots clefs :
Turcs, Soldats, Rivière, Pape
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
Italie.
s~\ N apprend de Rome que la veille de Noël
V^/ les Cardinaux qui étoient restez au Palais
du Vatican , pour assister à l'Office de la nuit ,
furent traitez magnifiquement ; ils entendirent
pnfuite les Matines & la Mejse de Minuit, que
- J A N VI E R. 17 3.0. 1 5*
Je Pape célébra pontificalement, ainsi que celle
íiu jour de la t ète. Entre les deux grandes Mes
ses Sa Sainteté en dit une basle,pendant laquel
le elle lacra le Père Manara, Barnabite ,de Savoye
, nouvel Evêque d'AIexandriedelaPaille.
Une Compagnie de Marchands de diverses
Villes d'Italie ont fait présenter par le Baron
Tinti un Proiet pour faire creuser un Canal, par
le moyen duquel les eaux de l'Adige s'ecou-
Jerontplus alternent, & cette Rivière devien
dra navigable jusqu'à Ostiglia;ce qui íeroit fa-
Vofableau commerce de Trieste, parce quon y
pourroit transporter par tau des Marchandi
ses de plusieurs Villes d'Italie, ils demandent
que pour les dédommager des dépenses qu'ifs
auront faites pour ce Canal, on leur accorde
pendant dix années les péages qu'on levé fur
cette Rivière.
On écrit de Florence que deux Galiotes dçs
Côtes de Barbarie ont fait depuis peu une des
cente du côté de Recoieggio; & lur le point da
jour les Turcs qui étoient restez lur ces deux
Bâtimens ayant feint de se battre & tiré plusieurs
coups de Fusil , des gens du pais & plusieurs
Soldats de la Garnison de lJorto-Vecchio ac
coururent sur ce rivage pour être spectateurs
du combat. Sept Soldats qui s'étoient trop
avancez furent envelopez & faits esclaves par
les Turcs qui étoient à terre,
s~\ N apprend de Rome que la veille de Noël
V^/ les Cardinaux qui étoient restez au Palais
du Vatican , pour assister à l'Office de la nuit ,
furent traitez magnifiquement ; ils entendirent
pnfuite les Matines & la Mejse de Minuit, que
- J A N VI E R. 17 3.0. 1 5*
Je Pape célébra pontificalement, ainsi que celle
íiu jour de la t ète. Entre les deux grandes Mes
ses Sa Sainteté en dit une basle,pendant laquel
le elle lacra le Père Manara, Barnabite ,de Savoye
, nouvel Evêque d'AIexandriedelaPaille.
Une Compagnie de Marchands de diverses
Villes d'Italie ont fait présenter par le Baron
Tinti un Proiet pour faire creuser un Canal, par
le moyen duquel les eaux de l'Adige s'ecou-
Jerontplus alternent, & cette Rivière devien
dra navigable jusqu'à Ostiglia;ce qui íeroit fa-
Vofableau commerce de Trieste, parce quon y
pourroit transporter par tau des Marchandi
ses de plusieurs Villes d'Italie, ils demandent
que pour les dédommager des dépenses qu'ifs
auront faites pour ce Canal, on leur accorde
pendant dix années les péages qu'on levé fur
cette Rivière.
On écrit de Florence que deux Galiotes dçs
Côtes de Barbarie ont fait depuis peu une des
cente du côté de Recoieggio; & lur le point da
jour les Turcs qui étoient restez lur ces deux
Bâtimens ayant feint de se battre & tiré plusieurs
coups de Fusil , des gens du pais & plusieurs
Soldats de la Garnison de lJorto-Vecchio ac
coururent sur ce rivage pour être spectateurs
du combat. Sept Soldats qui s'étoient trop
avancez furent envelopez & faits esclaves par
les Turcs qui étoient à terre,
Fermer
Résumé : ITALIE.
En 1730, à Rome, la veille de Noël, les cardinaux ont été reçus au Palais du Vatican et ont assisté aux Matines et à la Messe de Minuit célébrées par le Pape. Le jour de Noël, le Pape a célébré une grande messe et a consacré le Père Manara, Barnabite de Savoie, nouvel évêque d'Alexandrie de la Paille. À Mantoue, une compagnie de marchands italiens, représentée par le Baron Tinti, a proposé de creuser un canal pour rendre la rivière Adige navigable jusqu'à Ostiglia, facilitant ainsi le commerce avec Trieste. Ils ont demandé en échange les péages levés sur cette rivière pendant dix ans pour couvrir leurs dépenses. Par ailleurs, à Florence, deux galiotes des Côtes de Barbarie ont effectué une descente près de Recoieggio. Les Turcs à bord de ces navires ont simulé un combat, attirant des spectateurs locaux et des soldats. Sept soldats, trop avancés, ont été capturés et réduits en esclavage par les Turcs présents sur la terre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
731
p. 159-168
RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Début :
Les nouvelles de la naissance du DAUPHIN n'étant arrivées à Malte que le 31. Octobre, [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Arc de triomphe, Roi, Reine, Fête, Messe, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
R&50V ISJN CES faites À Malte.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
Extrait de diverses Lettres.
LEs nouvelles de la naissance du Daiiphtm
n'étant arrivées à Malte que le 5 %. Octobre»
on commença dçs ce même jour les prépara-
H ij tifs
téo MERCURE DE FRANCE,
tifs des Fêtes que la Religion, & plusieurs per
sonnes considérables de l'Ordre dévoient don
ner à cette occasion. LeBailly d' Avenes de Bo
cage, chargé des affaires du Roy en cette Iíle.est.
íe premier qui s'est distingue'. II fit dresser de
vant son Hôtel un Arc de triomphe de trenrç
pieds de hauteur, lequel occupoit toute la lar
geur de la ruç.Les 4 Colomnes Isolées de la Far
çade étoient ornées de festons , de feuillages
*& de fleurs. L'Attique qui surmontoit cet Arc
étoit orné de la même manière , & on y'voyoit
îes armes du Roy, de la Reine & duDAUPHiK,
avec cette Inscription ;
EX FOECUNDITATE RE©IA FELICI
TAS POPULI.
La Fête commença le soir du n Novembre
par une illumination, compoíee de quantité de
grands Lampions , couverts de papier tranfpa-
.'rent , où les armes du Roy , de la Reine & du
Dauphin étoient peintes séparément & placées
alternativement fur les Corniches & fur les
autres faillies de l'Arc de triomphe , ainsi que
fur les Portes les Fenêtes de 1' Hôtel du Bailly
d'Avernes,&fur celles des Maisons opposées :
rinfcrrption parut alors en lettres de feu.
A vingt pas de distance de l'Arc de triomphe
©n avoit élevé deux Piramides à jour.de vingr-
3uatre pieds de hauteur, garnies de haut en bas
e. quantité de Lampions , & surmontées par *
Globes lumineux. Ces Piramides jetcoient fur
l'Arc de Triomphe & aux environs un éclat
surprenant. Pendant cette illumination on eqr
tendoit une belle symphonie qui étoit placée
ïans u" Balcon assez près de l'Arc de triomphe.
On accouroit en foule à ce Spectacle; on fut
surcoût
JANVIER. 1730. U*
surtout charmée d'un beau Portrait du Roy ,
peint de grandeur naturelle, que M. le Baiíljr
a voie fait placer à l' entrée de son Hôtel sous un
Dais de Velours cramoisi , éclairé de quantité
de Flambeaux de cire blanche.
Le Dimanche 1 j. M. le Bailly fit chanter une
Messe solennelle à plusieurs Choeurs de Musi
que , dans l' Eglise des Jésuites , à laquelle le
Grand-Maure assista , accompagné des Grands
Croix, des Chevaliers , Officiers ,& autres
fiîembíes de l'Ordre qui yavoîentété invitez,-
L'Eglise écoit parée & éclairée extraordinai
rement. Un Portrait du Roy y étoitexpolésous
u a Pais magnifique. On avoit élevé audessus
As la grande Porte les Armes de Sa Majesté, dé
la Reine & du Dauphin, dans des Cartouches,
©tnez de Festons , de Feuillages & de Fleurs ;
& audessous on lisoit ce verset du Pseaume 71,
en lçttres d'or : Ueus' jttdicium tuum Régi d*9
Ô> justitiam tuxm filio Régis.
, . La Messe finie , l' Abbé Signoret fous Prieur
de l'Eglise de S. Jean qui l'avoit célébrée , en
tonna le Te Vùum , qui fut chanté par la Musioue
. aux Fanfares des Trompettes , des Timballes
& au bruit de J' Artillerie de nos Cava
liers , & de celle de tous les Bâtimens François
qiii se trouvèrent dans ce Port. Le Domine fol-
•vum sac Regem , fut chanté de la même ma
nière. Ensuite le Bailly de Bocage,accompagné
du Bailly de la Salle & du Bailly de Froulay ,
General des Galères , tous trois dé la Langue
de France, s'avancèrent à la porte de l'Eglise
f>our remercier le Grand - Maître & toutes
es personnes de l'Ordre ;qui avoient assisté à
«sotte cérémonie. Il s'étoit célébré depuis la
pointe du jour des Messes en plusieurs Eglises
e/ans la méúrte intent ion.
H iij U
îgi MERCURE DE FRANCE.^
te Bailly donna ensuite un splendide dîné,
qui fut servi sur deux Tables de quinze cou
verts chacune. Sur la fin du repas , les santez
du Roy, de la Reine, du Dauphin & du Grand-
Maître furent bues au bruit de l' Artillerie &
des Fanfares.Une Fontaine de vin à quatre jets
&extréirieinent ornée amusa le peuple jusqu'à
la nuit. On lisoit ces Vers au deslus de la Fon
taine :
"Emanure salent Tontes cum murmure Vtm~
phas ,
Hic sons fef'v» murmure vi-va fluit.
Currite jam populi , calices potate fréquentes t
Hec non Çolemnem , nunc ctlebrate diem i
JVjw ftecunda dédit D E L f H 1 Zt V M G Mi»
nobis 5 -
Ei nos DÈLPÍíISO Gaudia noflra danus.
On auroit peine à exprimer I'allegrefie du
peuple St à décrire les diverses Danses des Ma
telots Provençaux, des Maltois &c celles même
des Barbaresques. Le bruit confus des differens
Irstrumens de ces Nations , mêlez aux cris re
doublez de VIVE LE ROY , ne laissoit rien à
délirer au Ministre de Sa Majesté, qui excitoìc
lui- même la joye publique en plusieurs maniè
res , surtout par des envois de vivres & d'au
tres rafraîchiffemens , & en assistant abondam-
.nient les pauvres. II a eu la satisfaction de voir
que malgré ce mélange de Nations, la tran
quillité a toujours été paifaite dans cette soíemnité.
L'illumination recommença le soir comme la
nuit précédente , & fut continuée le troisième
jour presque jusqu'au lever du Soleil. L'Eglife
&
JaMVier: 17*0. i£i
Ùí le Collège des Jésuites furent aussi illumi
nez > ainsi que les Maisons des Chevaliers de la
Ration & celles de tous les François établis a
îrfalte. L'affluence a toujours été égale pendane
ces trois jours dans la maison du Bailly de Bo
cage, où l'on trouvoit toutes sortes de rafraî-
-chissemens , particulièrement des Glaces , des
Confitures & des Pares douces , qui sont trcs
en usage dans ce pais- ci»
Les Réjouissances qui ont été faites ici par
l'Ordre de S. Jean de Jérusalem, ont durétro»
jours consécutifs. Elles commencèrent le Di
manche ío Novembre par une Messe folemnelle
, célébrée pontificalement dans l'Eglise
de S.Jean, par le Piieutde cette Eglise, St chan
tée par une excellente Musque. S. A. Eminentissime
M, le Grand-Maine , y aslìila avec tout
le Corps de la Religion. Après la Méfie, le Te
reum fut chanté par la mème Musique, an
bruit d? plusieurs salves de toute l'Arùllerie de
Terre & de Mer.
Le G.- M. donna ensuite un superbe dîné ï
seize Grands-Croix , François , Allemands ,
Italiens, Espagnols, & Portugais : Le foison
tira un très-beau feu d'Artifice.
Le Lundi , les trois Langues de France firent
chanter une grande Messe & un Te Deam dans.
l'Eglise de S Jean , la Musique fut encore au- .
dessus de celle de la veille , le G. M. à la teste
de tout l'Ordre y assista; les Procureurs des
Langues présentèrent un magnifique bouque t
à S.A.E. & le soir il y eut encore un Feu d'Ar
tifice tiré devant le Palais. On exécuta ensuite
un très-beau Concert dans la Salle de l' Au
berge de France, ornée avec la derniere magni
ficence » & enrichie d'un Portrait du Roi placé "
t H iiij lous
1
r<?4 MERCURE' '-DE FRANCE.;
sous un Dais superbe. Le Concert étoít còirifosé
des meilleures voix . & de plus décent
Instrument. Le Conseil entier & toute la Reli-
Ijion s'y trouva ; on y laissa entrer les Maltois
es plus a.p païens , ce qui fit un concours de
Îrès de deux mille personnes. Les Paroles Itaennes
de ce Concert font de M. Cinnttr , Bajon
Maltois y elles furent fort applaudies.
Le Mardi , I" Auberge d'Arragon & le grand
Prieuré de Castille , firent chanter un Te Deum
dans F Eglise de S. Jean . auquel le Prieur de
cette Eglise , malgré son âge & fes infirmitezi,
continua d'orEcier pontificalement comme les
jours precedensi
La Langue Françoise donna ensuite à dîner î
plus de cent personnes de distinction. Il y eut
trois grandes Tables , dont la première étoit
remphe ptt le Conseil , parles trois premiers
Officiers, du G. M. & par quelques Chevaliers
qui en faifoient les honneurs. La seconde & latroisième
súrent occupées, par les Procureurs dé
toutes les sept Langues & par d'autres Cheva
liers. Les santez du Roi , de la Reine , du Dau«!
phin & du G. M» furent buës.au bruit de quatre
salves de Canons , les trois premières de n'w
coups chacune , & la derniere de dix- neuf
coups. La même chose suc observée au dîné
du G. M.
. Le soir les crois Langues de France firent
une grande Cocagne dans la Place de la Conservatorie
, laquelle fut livrée au Peuple suivant
ia coutume. Tous les ans le Lundi gras le
G. M. donne une pareille Fête. L» cocagne
Consiste en une grande abondance d'Ag
neaux, de Cochons de lait , de Poulets d'In
des > de Lapins , de Chapons , de Pigeons»
&c rôtis , avec quantité de fromages de Jam
bons»
JANVfER. *7?o. i6f
feons . &c. dont le Peuple est regalé. Celle
iiont il est ici question , coníìstoit en une grande
Piramide de Charpente , aussi haute que le toit
des Maisons de la Place ; elle étoic ornée de
feuillages , décorée de Peinture , d'Emblèmes,
&c. & garnie depuis le pied jusqu'au sommet,
de toute sorte de viandes rôties de la qualité
qu'on a dit , & de plusieurs autres choses pour
compoler un Regale parfait. La Compagnie
du G. M. entourait la Piramide , au haut dé
Jaquelle étoic arboré lin Drapeau. Au premier
bruit des Trompettes qui sonnèrent la charge»
une troupe d' Assaillans donna l'assaut, & on
vit fur tout les Matelots montrer une agilité
merveilleuse pour avoir la gloire de rapporter
le Drapeau , celui qui s'en rendit le Maître
reçut quelques sequins pour le prix de íbà
adresse , les autres furerrt dédommagez par le
pillage des viandes , c'étoit un spectacle di
vertissant de voir cette foule d'AffailIans grim
per fur la Piramide , qui n'en pouvoir contenir
qu'un certain nombre , ce qui causoit des chu
tes , des cùkbutes , & une divertissante con
fusion. On avoit rempli de feuillages toute la
Circonférence jusqu'à une certaine hauteur ,
afin que personne ne fut blessé en tombant-
Il y eut ensuite un Feu d'Artifice tiré devant
le Palais, & un grand Bal â l'Aiberge de
ïrance , qui s'est distingué par la profusion des
rafraîchissemèns , par l'illuinination dè la Sale,,
par le choix dès Ihstrumens , & par le boa
accueil fait à tous ceux qui se sont presenteí *
les Baillis de Bocage & de Froulay firent les
honneurs de ce Bal.
Pendant ces trois jours consécutifs , ia Reli*
gion , M. T Evêque & tous les Maltslis ont faife
de très-belles illuminations : Les trois Langue!
H v on*
jgg MERCURE DE FRANCE.
cnt saïc couler des Fontaines de vin : mais Ii
Langue de France a fait toutes choses par pro
fusion. Elle a fait distribuer de grandes chaiitez,
non seuleraenc à tous les Pauvres manrdians
, mais particulièrement aux Pauvres hon
teux , & à toutes les Familles qui lont dans
le besoin.
Je crois , au reste , que dan? cette folemnité
il s'est tiré plus de deux mille coups de Canon,
car on n'a pas cessé de tirer , soit des Fortifi
cations , soit des Bâtimens de Mer , pendant
les grandes Messes , & les Te Veum , faus
compter les salves qui ont été faites durant les
festins , &c.
Entre toutes les Fêtes qui ont été données
ici à l'oecasion de la Naissance du Dauphin j
celle que le Bailly de Froulay , General des
Armées Navales de la Religion , donna le 14.
Novembre , a été fans contredit la plus bril
lant, & la plus au gout de tout le monde.
■ Elie commença par une illumination des
Galères , la plus ample, & la mieux exécutée
qu'on eut encore vûëd,ms cette Iíles les tentes,
les flamfS . & les pavois , y paroissoient toutes
en feu , les rames étendues étoient garnies de
lampions jusqu'à l'extiêmité. On avoit élevé
sur la Poupe de la Capitane à la Place da
Srand Fanal , les Armes du Dauphin fur le
evant d'une michine de 14 pieds de hauteur ,
au bas on li'oit ecte Inscription » Du tiii
PBUT avnos. Les Armoiries étoient couvertes
d'une tenture de damis cranv iíì & »lus de
700 Li niions glacez dans cette machine de
voir nt les éclairer.
Les GMiièS étoient rangées fur une même
ligne rjtre la poi ite de S. Ange Sí celle d< l'Isle
de h Sangle , tk lorsque tout suc allumé le
Grand,
JANVIER. 1730. 167
Grand- Maître qui étoit à sonSe'veder du Port»
donna un signal auquel la tenture de damas
tomba , & les Armes du Dauphin parurent
très-bri!lantes. Les Galères les saluèrent de
trois salves reales con secu ives , de la voix . de
la Moufqueterie , &du Canon ; dans les intervales
des salves on entendoit les Fanfares des
Trompettes , ies Timbales , les Hautbois &
plusieurs autres Inilrumens , placez fous Je
Belveder du Grand- Maître.
Les salves finies, on vit paroître une Ga*
liotte à 18 rames , illuminée d'un côté , & qui
debouchoitde derrière la pointe de Vlûe; aussi
tôt tous les Cliques & les Felonques des Ga
lères , aussi illuminées , allèrent la reconnoître,
la Galiotte prit bientôt chafle , les Felouques
la suivirent , & dès qu'elles en furent à portée,
le combat commença par des décharges réci
proques de moufqueterie & par des grenade9
qui bruloient mèms dans la Mer. La Galiotte
preiïée par les Caiqr.es fut forcée de passer fous
le balcon du Grand M.îcre, où le Feu fut beau
coup plus vif, elle s'ouvrit ensuite un passage,
& fit force de rames pour fuir du côté du Pa
lais de Sichi- Les Caiques & les Felouques !a
íuivoient de près , & lui jettoient fans celïë
des feux ; elle fut encore jointe, ce qui l'obligea
de passer fous la pointe de S. 4ng e, & fort près
des Galères , lesquelles lui lâchèrent quelques
coups de Canon , dont son-principal mâtpamt
abatu : Alors les Caiques l'environnerent, l'abordage
fut vif, & ranimosité qui parut de
part & d'autre représenta parfaitement bien un
Véritable combar. Enfin on vit le feu prendre
à la Galiotte qni fut consumée au milieu du
Port. Pendant tout ce jeu qui fut très-bien exé
cuté , les Galeries tiroient continuellement
H vj des
Vs8 MERCURH DE PRANCE.
des Fusées , des Pots à feu & d'autres Artifices
Il parut ensuite un gran.i Soleil au haut du.
mât de la Capitane qui servit designai aux au
tres Galères pour exécuter quantité de roues ,
de fontaines de feu » & d'autres Artifices. En
fin deux Girandoles de Fusées parties de la
proiie de la Capitane> remplirent Pair de leur*
feux , lesquels étant joints à ceux de quantité
de tonneaux gaudronnez , qui bruloient au
tour des pointes de S. Ange & de l'ifle > & qui
íè repetoient dans la Mer , la faisoientparoître
toute en feu. Le tout ensemble forma un des
plus beaux spectacles qu'on puiflè voir en ce
genre.
Après ce divertissement > M. le General de
Froulay , donna dans son Palais un magnifique
souper aux Chevaliers de toutes les Nations.
Les santez duRoy, de la Reine » du Dauphin
& des autres Potentats Catholiques de l'Europe
y furent célébrées au bruit du Canon du Châ
teau & des Galères. Après le louper on palla
dans la Salle du Bal , où se trouvèrent quatre
jeunes Maltois , du Corps des Galères , & au
tant de filles qu'ils avoient épousées le matin »
&que le General avoit dotées. Pendant le Bal
qui dura jusqu'au jour , on servit toutes sortes
de rafraîchissement. Et pendant toute cette
Sête , il y eut fur le Quay plusieurs Fontaines,
de vin pour les Equipages & pour les Forçats»,
plusieurs desquels furent mis en liberté.
Fermer
Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Malte. Extrait de diverses Lettres.
Les festivités à Malte pour célébrer la naissance du Dauphin débutèrent le 5 octobre 1729, après l'annonce de la nouvelle. Le Bailly d'Avernes de Bocage, représentant du roi, organisa diverses réjouissances, incluant un arc de triomphe décoré des armes du roi, de la reine et du Dauphin. Le 11 novembre, une illumination fut réalisée avec des lampions représentant les armes royales, et deux pyramides lumineuses furent érigées. Le 12 novembre, une messe solennelle fut célébrée dans l'église des Jésuites en présence du Grand-Maître et des membres de l'Ordre. Un portrait du roi fut exposé, et des salves d'artillerie furent tirées, suivies d'un dîner offert par le Bailly, avec des danses et des distributions de vivres. Les célébrations se poursuivirent avec des messes, des Te Deum, des feux d'artifice et des concerts. Le Grand-Maître organisa un dîner pour les Grands-Croix et un feu d'artifice. Les Langues de France, d'Arragon et de Castille organisèrent également des messes et des dîners. Une grande cocagne fut organisée sur la place de la Conservatorie, offrant une abondance de nourriture au peuple, accompagnée d'illuminations et de fontaines de vin. Le Bailly de Froulay organisa une illumination des galères le 14 novembre, avec des salves de canon et des combats simulés entre une galiotte et des caiques. Les festivités inclurent des illuminations, des concerts et des distributions de vivres aux pauvres. Plus de deux mille coups de canon furent tirés durant ces trois jours de célébrations. Le spectacle pyrotechnique des galères fut particulièrement impressionnant, avec un combat naval simulé culminant par l'incendie d'une galiote. Les galères tirèrent continuellement des fusées et des pots à feu, créant une scène spectaculaire où la mer semblait en feu. Après le divertissement, le général de Froulay offrit un somptueux souper aux Chevaliers de toutes les nations dans son palais. Les santés du Roi, de la Reine, du Dauphin et des autres potentats catholiques d'Europe furent célébrées au son du canon. Suivant le souper, les invités se rendirent dans la salle de bal où se trouvaient quatre jeunes Maltais du corps des galères et leurs épouses, mariées le matin même et dotées par le général. Le bal dura jusqu'au matin, accompagné de rafraîchissements. Sur le quai, plusieurs fontaines de vin furent installées pour les équipages et les forçats, certains d'entre eux étant libérés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
732
p. 168-169
ESPAGNE.
Début :
On mande de Seville que le premier de ce mois, les Ministres Plenipotentiaires du [...]
Mots clefs :
Roi, Alliance, Traité de paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
Es p a c n e.
ON mande de Seville que le premier de ce
mois , les Ministres Plénipotentiaires du
S.oi Très Chrétienne S. M. Catholique , & du
Roy d'Angleterre ». y firent, l'échange des iatir.
> ikations
JANVTER". 1730: Y**1
ftcations du Traité de Paix , d'union , d'amitié
& d'alliance deffensive , conclu dans la méme
Ville le 9 du mois de Novembre dernier , onattend
dans quelques jours un pareil acte d'é
change de ratification de la part des Etats Gé
néraux des Provinces unies, dont l' Ambassa
deur Extraordinaire &Plènipotentiare a accédé
à ce Traité le i 1 du même mois.
On a appris de Lisbonne que le iî Novem
bre un Vaisseau chargé pour le compte des Fer--
miers du Tabac, fut entièrement brûlé, ri per
sonnes y ont péri. II s'apelloit le S. Gabriel.
Le 5» de ce mois , le Marquis de Erancaí
Ambassadeur du Roy Très Chrétien , termina
les Fêtes qu'il a données à SeviUe , à l occasion
de la Naissance dû Dauphin , par un très- beau
Feu d'Artifice qui fut tiré vis-â-vis le Collège
Royal de S. Felme , en présence de Leurs Maiestez
& des Princes & Princesses de la Famille
Royale qui étoient aux fenêtres du Palais dé
í'Arcaçar.
Le 10. on publia dans les Places & Carre-*
fours de Madrid , avec lés cérémonies accou
tumées , le Traite.de Paix , d'union , d' amitié
& d'alliance défensive , conclu ì SeviUe le j.
Novembre dernier .entre le Roy Tr. Ch. le Roi
d'Espagne , le Roi d'Angleterre & les Etats
Généraux des Provinces Unies. Lé soir & le*
deux nuits suivantes il y eut des Feux, des
Hluminations & d'autres marques de réjouit
Ëtnce dans toutes les-rues de la Ville.
ON mande de Seville que le premier de ce
mois , les Ministres Plénipotentiaires du
S.oi Très Chrétienne S. M. Catholique , & du
Roy d'Angleterre ». y firent, l'échange des iatir.
> ikations
JANVTER". 1730: Y**1
ftcations du Traité de Paix , d'union , d'amitié
& d'alliance deffensive , conclu dans la méme
Ville le 9 du mois de Novembre dernier , onattend
dans quelques jours un pareil acte d'é
change de ratification de la part des Etats Gé
néraux des Provinces unies, dont l' Ambassa
deur Extraordinaire &Plènipotentiare a accédé
à ce Traité le i 1 du même mois.
On a appris de Lisbonne que le iî Novem
bre un Vaisseau chargé pour le compte des Fer--
miers du Tabac, fut entièrement brûlé, ri per
sonnes y ont péri. II s'apelloit le S. Gabriel.
Le 5» de ce mois , le Marquis de Erancaí
Ambassadeur du Roy Très Chrétien , termina
les Fêtes qu'il a données à SeviUe , à l occasion
de la Naissance dû Dauphin , par un très- beau
Feu d'Artifice qui fut tiré vis-â-vis le Collège
Royal de S. Felme , en présence de Leurs Maiestez
& des Princes & Princesses de la Famille
Royale qui étoient aux fenêtres du Palais dé
í'Arcaçar.
Le 10. on publia dans les Places & Carre-*
fours de Madrid , avec lés cérémonies accou
tumées , le Traite.de Paix , d'union , d' amitié
& d'alliance défensive , conclu ì SeviUe le j.
Novembre dernier .entre le Roy Tr. Ch. le Roi
d'Espagne , le Roi d'Angleterre & les Etats
Généraux des Provinces Unies. Lé soir & le*
deux nuits suivantes il y eut des Feux, des
Hluminations & d'autres marques de réjouit
Ëtnce dans toutes les-rues de la Ville.
Fermer
Résumé : ESPAGNE.
En janvier 1730, à Séville, les ministres plénipotentiaires du roi Très Chrétien et du roi d'Angleterre ont échangé les ratifications du traité de paix, d'union, d'amitié et d'alliance défensive signé le 9 novembre précédent. Les États Généraux des Provinces Unies sont également attendus pour adhérer au traité, leur ambassadeur ayant déjà approuvé le 11 novembre. À Lisbonne, le 11 novembre, le vaisseau Saint-Gabriel, chargé pour les fermiers du tabac, a été détruit par un incendie sans perte humaine. Le 5 janvier, le marquis de Françay, ambassadeur du roi Très Chrétien, a conclu les festivités pour la naissance du Dauphin par un feu d'artifice à Séville, en présence des majestés et des princes de la famille royale. Le 10 janvier, le traité de paix a été publié à Madrid avec des cérémonies traditionnelles, suivi de réjouissances publiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
733
p. 169-170
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Sur la fin du mois dernier, près de 160 Vaisseaux Marchands sont partis de differens [...]
Mots clefs :
Commerce, Traité de paix, Brouillard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
Grande B r. s ta gine»
SUr la fin du mois dernier , près de irfo Vaisa
seaux Marchands font partis de disserens*
Bores 4e ce Royaume pour aller dans les Pays.
Etrangeis*
i7<5 MERCURE DE FRANCE.
Étrangers , ce qu'on n'avoit pas vû depuis píttlîeuis~
années.
Le t. Janvier , il arriva à Londres un Cou
rier dépêché de Seville avec les Cedules du
Roi d'Espagne que la Compagnie de la Mer du
Sud attendòit pour continuer son Commerce ,
& pour faire partir le nouveau Vaiiïèau qu'elle
fait construire» j
Le Comte de Stair . ci-devanr Ambassadeur
de France , a été nommé par le»Roi Admirai
d' Ecosse avec mille liv. sterlings d'apointemens.
Le 17. il y eut à Londres' un brouillard fí
-épais 1 que vers les quatre heures après midi
on fut obligé d'allumer des Lanternes & des
Flambeaux pour aller dans les ruës : il arriva
plusieurs accidens fur la Tamise , & un Gen
tilhomme qui se promenoit dans le Parc de
5. James, ne voyant plus à le conduire ,
tomba dans le Canal , où il se seroit noyé in
failliblement . fi deux Soldats qui étoienc au
près , ne l'euííent secouru.
Le 18. on publia dans les Places , Carre»
fours, & aurres lieux accoutumez, le Traité
de Paix d'union , d'amitié & d'alliance défen
sive, conclu à Seville , le 9. du mois de No
vembre dernier.
SUr la fin du mois dernier , près de irfo Vaisa
seaux Marchands font partis de disserens*
Bores 4e ce Royaume pour aller dans les Pays.
Etrangeis*
i7<5 MERCURE DE FRANCE.
Étrangers , ce qu'on n'avoit pas vû depuis píttlîeuis~
années.
Le t. Janvier , il arriva à Londres un Cou
rier dépêché de Seville avec les Cedules du
Roi d'Espagne que la Compagnie de la Mer du
Sud attendòit pour continuer son Commerce ,
& pour faire partir le nouveau Vaiiïèau qu'elle
fait construire» j
Le Comte de Stair . ci-devanr Ambassadeur
de France , a été nommé par le»Roi Admirai
d' Ecosse avec mille liv. sterlings d'apointemens.
Le 17. il y eut à Londres' un brouillard fí
-épais 1 que vers les quatre heures après midi
on fut obligé d'allumer des Lanternes & des
Flambeaux pour aller dans les ruës : il arriva
plusieurs accidens fur la Tamise , & un Gen
tilhomme qui se promenoit dans le Parc de
5. James, ne voyant plus à le conduire ,
tomba dans le Canal , où il se seroit noyé in
failliblement . fi deux Soldats qui étoienc au
près , ne l'euííent secouru.
Le 18. on publia dans les Places , Carre»
fours, & aurres lieux accoutumez, le Traité
de Paix d'union , d'amitié & d'alliance défen
sive, conclu à Seville , le 9. du mois de No
vembre dernier.
Fermer
Résumé : GRANDE BRETAGNE.
À la fin du mois précédent, plusieurs navires marchands ont quitté le Royaume depuis Irfo Vaisa pour des pays étrangers, un événement rare depuis plusieurs années. Le 1er janvier, un courrier est arrivé à Londres depuis Séville, apportant des cédules du roi d'Espagne destinées à la Compagnie de la Mer du Sud pour poursuivre son commerce et lancer un nouveau vaisseau en construction. Le comte de Stair, ancien ambassadeur de France, a été nommé amiral d'Écosse avec une rémunération de mille livres sterling. Le 17 janvier, un épais brouillard à Londres a nécessité l'allumage de lanternes et de flambeaux pour la circulation. Plusieurs accidents se sont produits sur la Tamise, et un gentilhomme a failli se noyer dans un canal du parc de Saint James avant d'être secouru par deux soldats. Le 18 janvier, le traité de paix d'union, d'amitié et d'alliance défensive, conclu à Séville le 9 novembre précédent, a été publié dans les lieux publics.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
734
p. 177-182
« Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Début :
Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...]
Mots clefs :
Roi, Intendant, Reine, Concert, Opéra, Nominations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
Le Roi a accordé une place de Con
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
seiller au Conseil Royal des Finances ,
à M. de Lamoignon de Courson , Con
seiller d'Etat. Sa Majesté a nommé Con
seillers d'Etat M. Lebret , Premier Pré
sident du Parlement d'Aix , & Intendant
de ProvenceSc du Commerce, &c M. Lek
calopier , Intendant de Champagne.
Les Prêtres de la Mission comment
eerent le 3. dans l'Eglise de la Paroisse
de Versailles la Fête qu'ils ont conti
nuée les deux jours suivans avec beau
coup de folemnité 8c de magnificence ,
pour célébrer la Béatification du Bienheureux
Vincent de Paul , leur Fonda
teur en France. L'Evêque de Xaintes &
l'Evêque de Rennes y ont officié ces
trois jours. Le 4. Janvier , la Reine
accompagnée des Dame$ de fa Cour , ■
alla y entendre la Grande Messe
Le Roi a donné l'Evêché de Mirepoix
au Père Boyer , Religieux Theatin.
Le
I7S MERCURE DE FR ANCE.
Le 8 . de ce mois , l' Abbé de Verta»
•mon de Chavagnac , nommé par le Roi
à l'Evêché de Montauban , fut sacré
dans la Chapelle de l'Archevêché par
l' Archevêque de Paris , aslìsté des Evêrxjues
de Soirîons & de Tarbes.
Le premier de ce mois , le Roi
nomma le sieur Perrin , Docteur en Mé
decine de la Faculté de Montpellier ,
en considération de ses services , Méde
cin Real de ses Galères , à la place du
sieur Pelifleri , qui se retire avec une
pension de izqo. sur les Invalides.
L'Abbé Segui , Auteur du Panégyri
que de S. Louis , dont on a vû avec
plaisir l'Extrait dans le Mercure d'Octopre
, fit à S. Sulpice , le 1 7. de ce mois i
celui du Patron de cette Eglise , devant
une très nombreuse Assemblée , avec un
applaudissement gênerai. Nous tâcherons
d'en donner un Extrait.
Le Maréchal d'Uxelles , Ministre d'E
tat , s'est retiré à cause de son âge
avancé.
On a eu avis de Toulon que dixhuit
Captifs Flamands , rachetés à Al
ger par les Pères Mathurins de l'Ordre
'de la Sainte Trinité , y font débarqués
le 19, Décembre dernier , pour se
tendre à Paris , & de là dans leur Pays.
Les autres Députés du raêmc Ordre font
arrivés
JANVIER. 1730. 179
arrivés à Cadix , pour traiter aussi de la
rançon des François détenus au Royau
me de Maroc.
On apprend de Toulouse que le 8. Jan
vier , l' Académie des Jeux Floraux s'étant
assemblée publiquement , suivanç
l'ufage, M. de Rabaudy , Viguicr *de
Toulouse , l'un des Académiciens ÔÇ
Modérateur de .cette Compagnie, pro
nonça , avec beaucoup de succès , un
Discours fur la Naissance de Monsei
gneur le Dauphin.
Le premier Janvier , les vingt-quatre
Violons de la Chambre du Roi jouè
rent pendant le dîner de S. M. une fuite
d'Airs de la composition de M. Destou
ches , Sur-Intendant de la Musique du
Roi , qui furent parfaitement bien exé
cutés , & très-aplaudis.
. Le 4. il y eut Concert devant la Reine
dans les grands Apartemens. M. Defrouches
fit chanter le second Acte de
Topera à'Atys.
Le 9. on continua le même Opéra
par le quatrième & cinquième Acte. La
P"e Enemens la cadete , chanta le Rôle,
de Cy belle , la D1Ie Lenner , celui de
Sangaride , le S' Dangerville fit le Rôle
.de Qelemts, , & le Sr Cochereau , celui
RAtys, Le tout fut parfaitement bien
-exécuté , Si tous les Acteurs s'attirèrent
beaucouD
>ïo MERCURE DE FRANCE.
í>eaucoup d'applaudistemens.
Le ii. on concerta dans les grands Appartemens
cn présence de la Reine , & on
exécuta une Pastorale en un Acte,intitulcc
ISAmour mutuel, dont les paroles font de
M., Gaukier , & la Musique de M. da
Tartre , connu par d'autres Ouvrages
<jui ont eu du succès. L'autre partie de
cette Pastorale fut chantée le 16. dans les
mêmes Appartemens.
, Le 1%. on chanta le Prologue & Ic
premier Acte de l'Opera de Thésée ,
dont l'exccution fut parfaite , & très-:
applaudie. On continua le 30. le mê*
me Opéra par le second & troiíìe'me
Acte.
Le 4. il y eut Concert François aa
Château des Thuileries ; on y chanta
la Cantate à? Europe & Jupiter S & un
Motet de M. de la Lande , précédé de
plusieurs Piéces de symphonie. Le mê
me Concert a continué tous les Mer
credis du mois.
Le 18. la D1,e Petitpas , l'une des
Actrices de l'Opera , chanta pour la
première fois une Cantatille nouvelle ,
intitulée La Confiance , de la composi
tion de M. le Maire , qui fut très- bien
chantée & applaudie ; elle fut précédée
du Divertissement de la Beauté couron
née , de M. Moutet , qui est toujours
írès-goâté. Lt
1
JANVIER. 1719: itr.
Le 9. la Lottcrie pour le rembourse
ment des Rentes de l'Hôtel de Ville fut
tirée en présence du Prévôt des Mar
chands ôc des Echevins , en la manière
accoutumée. Le fonds de ce premier
mois de cette année s'est trouvé monter
à la somme de 1278990. laquelle a été
distribuée aux Rentiers pour les lots
qui leur font échus , conformément à la
Liste générale qui en a été rendue pur
blíque.
Le 16. du mois dernier , les Députés
des Etacs de Bretagne eurent audiance pu
blique du Roi3 présentés par le Comte
de Toulouse , Gouverneur de la Provintc
, ôc par le Comce de Saint Florentin,
Secrétaire d'Etat , & conduits par le
Marquis de Brezé , Grand - Maître des
Cérémonies , & par M. Desgranges ,
Maître des Cérémonies. La Députation
étoit composée de l'Evêque de Saint
firjeu , pour le Clergé , qui porta U
{>arole ; du Comte de Guebriant , pour
a Noblesse -, de M. de Boisbely , Che-
.valier de l'Ordre de Saint Michel , &C
Lieutenant Général de l'Amirauté de
Morlaix , pour le Tiers-Etat ; du Comte
de Coetlogon , Procureur General Syn
dic ; & de M. de la Boissiere , Trésorier
Général des Etats de la Province. Ces
Députés furent ensuite conduits à l'Aul
dianes
ifz MERCURE DE FRANCE;
diance de la Reine & à celle de Mon
seigneur lç Dauphin & de Mesdames
de France.
Le Roi a pommé Intendant de la Gé
néralisé de Champagne , M. de Vastan ,
qui fera remplacé dans l' Intendance de
•la Généralité de Caen , par M. le Peletier
de Beaupré, Maître des Re
quêtes,.
Le 19. M. Bernage de Saint Maurice,
Maître des Requêtes , & Intendant du
Languedoc , à qui le Roi avoit accordé
dès le mois de Décembre 1724. la
Charge de Grand-Croix , Secrétaire &
Grefríer de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , prêta serment de fidé
lité entre le maúis de S. M. pour cette
Charge»
Fermer
Résumé : « Le Roi a accordé une place de Conseiller au Conseil Royal des Finances, [...] »
En janvier 1730, plusieurs nominations et événements notables ont marqué la cour royale. Le Roi a nommé M. de Lamoignon de Courson Conseiller au Conseil Royal des Finances et a désigné M. Lebret et M. Lekalopier comme Conseillers d'État. Les Prêtres de la Mission ont célébré la béatification du Bienheureux Vincent de Paul à Versailles, avec la participation des évêques de Saintes et de Rennes. La Reine a assisté à la Grande Messe le 4 janvier. Le Père Boyer a été nommé à l'Évêché de Mirepoix, et l'Abbé de Vertamon de Chavagnac a été sacré évêque de Montauban. Le Roi a également nommé le sieur Perrin Médecin Royal des Galères, remplaçant le sieur Pelifleri. L'Abbé Segui a prononcé un panégyrique à Saint-Sulpice. Le Maréchal d'Uxelles s'est retiré en raison de son âge avancé. Dix-huit captifs flamands ont été rachetés et sont arrivés à Toulon. Des députés de l'Ordre de la Sainte Trinité sont arrivés à Cadix pour négocier la rançon des Français détenus au Maroc. À Toulouse, l'Académie des Jeux Floraux a célébré la naissance du Dauphin. Les Violons de la Chambre du Roi ont joué des airs composés par M. Destouches, et plusieurs opéras ont été représentés en présence de la Reine. Le Roi a nommé M. de Vastan Intendant de la Généralité de Champagne et M. le Peletier de Beaupré à l'Intendance de Caen. Enfin, M. Bernage de Saint Maurice a prêté serment pour la charge de Grand-Croix de l'Ordre de Saint Louis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
735
p. 304-318
RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
Début :
Quoique Marseille, à l'imitation des plus considerables Villes du Royaume, ait [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Marseille, Cathédrale, Peuple, Tambours, Naissance du Dauphin, Fête, Bal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
R E'J OV ISSANCE S de la Ville de
Marseille.
QUoique Marseille , à l'imîtatíon des plus
considérables Villes du Royaume > ait
íait de fort belles choses à l'occafion de la
Naissance du Dauphin , indépendemment de
ce qui s'est passé dans la même Ville de 1%
part des Citadelles , du Corps des Galères
& de Y Arcenal , dont nous avons rendu comp
te en son tens. Marseille, dis- je, n'a pas
imité ces Villes du premier Ordre dans le
foin qu'elles ont pris de nous envoyer des
Descriptions de leurs Fêtes , pour les. inférer1
dans un Livre qui contient l"Histoire Jour
nalière de la Nation , & qui est particulière
ment dessiné à conserver le dépôt de ces forte»
FEVR I Ë R. trtà. }o5
de momimens. C'est ce qui fait que nouj par*
Ions si tard de ce qui s'eit fait dans cette celebreVille,&
que nous ne pourrons le faire que
fore brièvement , par les circonstances úù\
nous nous trouvons. Nous ferions même tout
à fait hors d'état de rendre ce compte au
Public , fi le hazard ne s'en étoit enfin mêlé*
en faisant tomber entre nos mains , au moié
de Février . le Mémoire imprimé à Marseille
des Réjouissances qui ont été faites dans cette
Ville, en Septembre. Nous allons donner utl
Extrait de ce Mémoire;
Le i7. Septembre au soir , quatre Trom
pettes à cheval » précédez d'un Timballier ,
accompagnez de plusieurs Tambours & Fifres*
tous avec les couleurs de la Ville , publièrent
dans tontes les Places publiques ['Ordonnan
te des Echevins, portant qu'on fermeroit les
Boutiques pendant trois jours i qu'on illumineroit
toutes les Maisons , &t qu'on feroie
des feux devant les portes. Le bruit des trom-*
pettes , des tambours & de toutes lss clo
ches de la Ville qui sonnèrent en mime terni,
anima le Peuple déja disposé à la joye- Totíí
retentit de cris& d'acclamations réitérés.
Dès le matin du iS. les Galères qui celébroient
ce jour là leur derniere Fête , furent
ornées de leurs Etendarts &c. Plus de cent
Vaisseaux & autres Bâtimens qui étoient dans
le Port arborèrent leurs Pavillons, ce quí
fit une variété aussi agréable que surprenante»
Le Peuple dansoit cèpendant au son des tam
bours dans toutes les Places ; on avoit placé
devant l'Hôtel de Ville & au Cours quatrd
Fontaines de vin<
Le Marquis de Pilles , Gouverneur* Viguief
de Marseille, & les Echevins en Roberou
3 o-6 MERCURE DE' FRANCE,
ge , suivis d'un nombreux cortège > se rendîi
rent ce même matin à TEglise Cathédrale
pour assister à la Messe solëmnelle que M%
FEvêque célébra pontificalement ; elle succhantée
en Musique ; on tira à l'élevation n.
pieces de Canon que les Echevins avoiene
fait mettre fur la Plateforme qui regarde la
Mer près la Cathédrale.
Ce jour là M. l'£vêque donna à diner k
cent pauvres dans la Cour de l'Evêché , fie
distribuer des- aumônes à tous ceux qui se pré
sentèrent à la porte pendant ces trois jours de
Fête, & il n'oublia pas les pauvres honteux
auxquels ce Prélat fit des libéralisez par le
Canal des Curez. C'est ainsi que celui qui dans
des jours de deifíl & de désolation n'abandonna
jamais les pauvres , les a traitez dans ces
jours dejoye & de jubilation.
Sur les 4. heures du soir , les Officiers mu
nicipaux & les principaux Citoyens se ren
dirent à l'Hâtel de Ville pour accompagnes
les Magistrats au Te Deum ; une troupe de
plus de mille jeunes garçons portant des
Guidons & des Banderolies aux Armes da
Roi & de Monseigneur le Dauphin commençoient
la marche. Les trompettes & les tim
bales précedoient un Corps d'Infanterie tiré'
des Arts & Métiers , divisé en 4. Compagniesde
cent hommes chacune , avec leurs dîfferens
Drapeaux , & com mandé par les 4. Ca«-
pitaines de la Ville.
Ces nouveaux Soldats étoient proprement
habillez, & avoient des Cocardes > donc les
couleurs distinguoient les différentes Compatnies.
Leurs rangs étoient mêlez de Hautbois*
e Fifres & de Tambours. Une bande de Vio
lons suivoic Les Gardes de Police » la livré*
de
FEVRIER. 1730. 307
de la Ville , celle du Gouvernfur-Viguier Sa
les Halebardiers préeedoient les Echevins. Ler
Marquis de Piles éroit à la droite des deux
premiers , & les deux autres avoient à leur
gauche l'Orateur de la Ville. Une siiite nom
breuse de personnes distinguées fermoit cette,
marche ; un Peuple infini bordoit tous les .
passages. En arrivant à la Cathédrale on fit
une décharge de toute la Mousqueterie & de
aï. pieces de Canon. Les Echevins se pla
cèrent dans le Choeur , où les Officiers de la
Senechauffée s'étoient déja rendus. M. l'Evêque
officiant pontificalement entonna le
Te Deum,<\m fut chanté par la Musique au
bruit des Canons & de toute la Mousque<
terie.
, On, commença ensuite la Procession géné
rale , âlaquelle tout le Clergé séculier & ré
gulier aíîìíta í on y porta la Statue de la trèssainte
Vierge , les Châsses de Saint Lazare 8c
de Saint Cannât , & les Reliques de Saint Vie*
tor , Martyr de Marseille; M. l'Evêque err
habits pontificaux , le Gouverneur Viguier &
les Echevins y assistèrent avec toute leur
fuite. A mesure que les Reliques sortoient de
l'Eglise elles furent íaLuées du Canon & dà
la Mousqueterie , e'ies le furent de cent Boè
tes dans toutes les Places publiques . St on
fit le même salut en rentrant j M. l'Evêque'
donna la Bénédiction du Très- Saint Sacre
ment au bruit du Canon & de la Mousque
terie. v.
Au sortir de la Cathédrale , on marcha versr
la Place Neuve , où l'on avoit dressé lJ Appa
reil d'un grand Feu de joye , orné de Porti
ques, d'Emblèmes &c. Plus de cent flambcauxdfr
cire blanche écìairoient la marcha-
£ v routes
^oS MERCURE DE FRANCE;
toutes les Maisons" étoient illuminées , de*
feux brûloient devant les portes , la Cita
delle , le Fort Saint Jean , celui de Notre-
Dame de la Garde , l'Arfenal , les Tours de
l' Abbaye de Saint Victor > la Rive- Neuve »
les Galères, le Port> tout étoit éclairé ,8e
la Ville entière paroisloit être dans un em
brasement gênerai ; les quatre Compagnies
rangées autour de la Place firent une salve
de Mousqueteric , suivie de celle de itic.
Boëtes. Après que le Marquis de Pilles & le*
Echevins eurent allumé le feu de joye > on
tira en même tems une prodigieuse quantité
de Fusées.
Le Corps de Ville se rendir ensuite à l'Hôref
de Ville par le Quay du Port* alors les Ga
lères firent trois décharges de leurs Canons
Sc des Coursiers > l'Arccnal fit tirer des Biëtes
, les Vaisseaux du Port , la Citadelle , le
Fort Saint Jean , celui de Notre-Dame de la
Garde firent autant de décharges de toute
leur Artillerie , & des Gerbes de Fusées rem
plirent le Port d'une pluye de feu à trois
différentes reprises.
. La Façade de l'Hôtel de Vil'e , fi estimée des
Connoisseurs * si remarquable par ses riches
f*) Le Chevalier Bernin ayant vú à Rome
U dejfein. entier de l'Hôtel de Ville de Mar
seille de la main de Fugeft avoua qu'il navoit
encore rien vû en ce genre d'un plus grand
goût ì ér H admira fur tout la Fa f ad?. 11 y »
une belle description d- cette Façade dans un
M. rcure de l' année iéSi à VOccasion de l*
Herbe illumination qui y parut dins la Vètt
tu* donna Marseille pour célébrer la Naissance:
•iu Due de Bourgogne f père d» Roi. Cette F*.
etobeL
EE VRI ER. 1750. 309
I ímbèllissemens & par la beauté de son Ar-
* chitecture , sur tout par cet incomparable
j morceau de sculpture qui contient les Armes
du Roi , Chef-d'oeuvre du fameux Pierre
I Puget, Marseillois , qui a donné les desseins
de tout le Bâtiment 5 cette Façade , dis-je, at
tira cc four li l' admiration publique» Plus d'un
million de lumières arrangées avec cimétriei
cn fit voir non- seulement toutes lesbeautez,
mais en marqua encore les ornemens les plus
déliez des diflíercns ordres dont elle est com
posée , en les profilant.
Les Echevins se dépouillant , pour ainff
dire , de la qualité de Magistrats pour ren
trer dans celle de simples Citoyens , voulu
rent témoigner leur zele particulier &• personel
, & donneient en leur nom des Fêtes
qui se firent remarquer* M. Ravel , premier
Echevin , donna un souper à tout le Corps
de Ville ; la Maison étoit artistement illumi
née ; les Boëtes furent tirées à chaque santé
Royale. Au sortir de table » la Compagnie alla
au Bal que les Echevins donnoient dans la
Salle de la Loge ( c'est le lieu où* s'affemblenc
tous les Negocians ; cette Salle qui a 90,
pieds de longueur fur 4? de largeur étoit
richement ornée & éclairée par quantité de
lustres de cristal & par des flambeaux por
tez par des Bras » les Portraits du Roi & de
la Reine étoient placez fous un Dais de ve
lours Cramoisi , enrichi de galons , de crepifade
étoit alors dans toute fa beauté , & on
Ciseau du célèbre Puget , font un contraste de~
[agréable.
E vj
jio MERCURE DE FRANCE,
nés & de franges d'or. Les Violons étoîrtic:
placez fur des Amphithéâtres aux deux boucs,
de la Salle ; differens Buffets étoient remplis
de toute forte de Rafraîchissemens ; on pré
senta indifféremment â tout le monde & en
profusion des confitures , des liqueurs & des
eaux glacées de toute efpece. La Salle fut
aífez grande pour y danlèr en trois differens
endroits, Le Bal dura jusqu'à 7. heures du
matin.
Le second jour les Pauvres ressentirent les
effets de l'attention des Echevins. Sur les 9.
heures du matin une Compagnie de Bouchers
habillez en Gladiateurs , quynarchoient avec
des Tambours , escorta deux Boeufs qu'on
avoir égorgez & qui étoienc ornez de Guirlan
des ; ils furent portez chacun par quatre de
ces Gladiateurs à la Place Neuve où on les
rôtit tous entiers ; peu de gens fe refusèrent
à ce fpeótacle ; fur les 4. heures du soir ces
Boeufs furent portez devant l'Hôcel de Ville,
dépecez & distribuez. On y donna deux mille
pains, les Fontaines de vin coulant toujours»
outre cela on fit distribuer des charitez à un
grand nombre de personnes , qui fans ce
secours n'auroient pas participé a la joye pu
blique.
Sur le sòir, les quatre Compagnies dont on
a parlé , s'étant renduës devant l'Hôrel de Vil
le , & toute la Ville étant déja éclairée Comme
el le l'étoit le jour précédent ; le Marquis de
Pilles & les fc chevins , allèrent en Cc-rrmonie
a'iumer un Feu de ioye dressé â la Place de
Linche , au bruit réitéré de la Moufqueterie ,
des Boëtes , & de trois décharges que les Vais
seaux du Port firent de leurs Calons , on y tira.
ua grand nombre de fusée».. Le Corps.de TUfe
FEVRíER. 1730. 31*
alla ensuite chez M. Martin , second Echevin ,
1 qui à ion tour lui donnoit à souper ; sa Maison
tut éclairée avec distinction , les samez Royales
& de Monseigneur le Dauphin furent laluées
au bruit de toutes les Boëtes.
Cependant les Echevins avoient fait élever
un Arc de Triomphe au milieu. du Couis , en
tre les deux grands Bassins de marbre blanc ;
cet Edifice compoíé. de deux Ordres , avoic
depuis le Zocle jusqu'au Eronton qui le couronnort
5-4. piés de hauteur, fus jtf. de largeur.
Les deux principales Faces étoient tournées
l'une vers la Porte Royale > & l'autre vers la
Porte de Rome. II y avoit au milieu de chaque
Eace une grande ouverture ceintrée de 57. piés
de hauteur > fur 10. de largeur.
Le premier Ordre étoit posé fur un Zocle de
marbre brun de j. piés de hauteur , d'où s'éle-,
voient 4- Pilastres saillants d'un marbre jaspé ,
dont les Bases & les Chapiteaux étoient d'or
feint , portant une Corniche qui fer voit d'Im
poste à l'ouverture de l'Arc : les Pihsires les
plus proches dé cette ouverture formoient un',
Avant Corps ,. & des Piédestaux de marbre
blanc ornez de moulúresd'or qui s'élevo:ent
du Zocle y étoient adossés ^ I'entre-dr ux des;
Pilastres étoit rempli de Cartouches , dont les
bordures étoient d'or fur un fond de marbregris
dont tout f Edifice étoit bâti , & l'Entablement
étoit de marbreblanc, excepté laFrize
de lapis , enrichie de tous les orr.emens cpnvenables.
Les Cartouches portoient des Em
blèmes & des Devises.
Des Pilastres couplés & faillànts .. dont les
Bases & Chapiteaux étoient anifi d'or , for
moient le second Ordre qui étoit orné d'une:
Ceiniche de majbie blanc , d'oûí'élevoit un
Etontoite
i t £ MHÏICÛRÊ DÊ FRANCË. ^
Fronton triangulaire . dont le Timpan étoít de
rnarbre noir? les entre-deux de ces Pilastres
étoient remplis de Cartouches ausli remplis
íFEmblêmes & de Devises, & les Cartouches
étoient suspendus à des Festons, attachés à des
masques bronzés & aux volutes des Chapi
teaux.
Dans la Face opposée à la Porte Royale, orr
Voyoit dans le Frontispice les Atmes du Roy
soutenues par deux grands Génies ; & dans
• un riche Cartouche qui forrnoit la clef de
l'ArCjonlisoit cette Inscription en Lettres d'orí
Vublict IttitU Uonumentum tdajsilia civitas
fostiit , M. DCd XXIX.
Sur le sommet du Frontort qui cóuronnóît
tout l' Edifice, s'élevoit sur un Piédestal de
rnarbre une belle 8c grande Figure de Femme ,
Symbole de la Ville de Marseille , qui tenoie
le Portrait de Monseigneur le Dauphin , avec
ces mots qu'on li 1 oie dans un Cadre d'or fur
le Piédestal : Mitjftlia voti compts*
Sut deux autres Piédestaux , à côté de la Fi
gure de Marseille , on voyoit à droite la Re!i-<
gion habillée en Vestale , tenant un Vase d'or
qui exhaloit des Parfums , & à gauche la Justi
ce tenant la Balance d'une main & un Faisceau
d'armesde l'autre ; fur la Corniche de l' Arrierë-
Corps du premier Ordre , d'un côté on voyoit
- Apollon , & de l'autre Minerve , avec tous
leurs Attributs j & devant les Pilastres de
1" Avant Corps fur les Piédestaux qui s'éls-
Voient dt! 2ocle » orí voyoit d'un cô^é Mercure
Dieu du Commerce , tenant une Bourse rem
plie, & de l'autre Thetis tenant un Vaisseau ì
Voiles enflées , ayant à ses pieds des Coquil
lages , des Perles , du Corail , &c.
Tous les Cartouches étoient , comme on l'a
dit ,
fEVRTÊR; 1716;
dît ) remplis de Peintures symboliques , ceusí
des Pilastres supérieurs contenoient ces quatres
Emblèmes.
La première , un Aigle volant & un Aiglon
un peu mains élevé,avec ces mots : Superas docet
ire pir auras»
La seconde , Alcide dans le berceau étouf
fant deux Serpens: Nunc Alcides mox Her
cules,
La troisième , une Corne d'abondance t pré-*
sentant trois Roses & un Lys au-dessus beau
coup plus élevé: Vives jam copia Cornu.
La quatrième » un,Dauphin couronné sor
tant de la mer , environné d'une multitude
d'autres Poissons : Parriìs regnabit in undisj
Sur le Piédestal d'où s'élevoit la Figure de
Mercure, cn'avoit peint dans un Cadre d'or*
une Ancre où étoit entortillé un Dauphin avec
ees mots : Firmat & ornât ; & fur celui d'od;
s'élevoic Thttis on avoit peint la Planette de'
Jupiter & un de ses Satellites : Monsirat miner'
ignis iter.
Dans les Cartouches qui au-dessus de Mer
cure & de Thí cís rempliflòitnt les entre-deux
des Pilastres du premier Ordre , en voyois
ces deux autres Emblèmes.
Trois Homme» regardant un Arc en- Ciel'
& tournant le dos à un Soleil levant : Dat
signa & foedtra pacis Un Soleil naissant &
trois Etoiles qui commençoient à diíparoître í
Majora dabit Soi lum'ma terris^
Dans ta face de 1* Arc de Triomphe, tour-'
liée vers la Porte de Rome , on liíoit au fron
tispice qui étoit de marbre noir cette Infcrip-f
tion en lettres d'or : Serenijsime Galliar. Delfhino
natoprid, non. sept, conjf. N Joan.'B.n'velj
Francis. Martin, J*c, Remuant , Joa». Roman-.
M.DCC XXlXt
Sas
MERCURE DE FRANCE;
Sur la des de l" Arc , un riche Cartouche ,
contenoit ce Distique aussi en lectre d'or.
Expe&ate diò , per te Gens í rancie» neèìit*-
Perpétuas paci Utituque moras.
Sur le Timpan on voyoic s'élever trois gran
des Figures fur leurs Piédestaux, richementpeintes,;
celle du milieu qui paroiíToit fur le
sommet, reprefentoit la France, tenant d'une
màin les Armes de Monseigneur le Dauphin
& de l'autre des liens ou Guirlandes de fleurs.
avec lesquels elie tenoit comme enchaînées la
Paix & la Joye, représentées par les deux au
tres Figures qui étoient à fes côrëi. La Paixqui
étoic à droite avoit à ses pieds trois Gé
nies , dont un lui prefentoit un Rameau d'O--
livier , l'autre une Gorne d'abondance , 8c le
troisième paroilíoit occupé à briser des lances
& des flèches; la joye qui dtoir à gauche,
tenoit à la main un Caducée, & avnit à fespieds
des Feux d'artifice & toutes fortes d'ínstrumens
de Musique.
Sur les Piedestaux^qui s'éíevoierrt du Zocle,.
adossez, au Pilastre du premier ordre, on voyoic
de chaque côté une grande Figure. A droite
celle du Maréchal Duc de Viílars, Gouver
neur de Provence ,■ armé d'une Cuiralîe &-
d:un Bouclier, tenant à la main le Bâton de
commandcment-Un petit-Génie à ses pieds por
tait l'Ecu de les Aimes, 8í au dessous dansune
Bordure i'or on lisoit ces Vers fur le
piédestal de la Figure-
"La Guerre au plus haut point avait porté ma
gloire ,
C'est h mes foins qu'on dut la Faix i
Mais son plus fur garand & le plu: plein d'at~
traits x
FEVRIER. 1730. 31J
Man/jttoit à m» double victoire ,
XJ'ti Héros en naissant y met les derniers traits.
La Figure du côté gauche representoit en-'
core Marseille en Nymphe & dans une attitu^
de majestuejfe,regardant le Portrait deMonseifneur
le Dauphin que la France présentoir dit
auc du Timpan, auquel elle adressoic ces Vers*
Moi qui dans des teins s moins heureux ,
Met 1 ois ma gloire a n avoir point de Maître ,
Au bonheur d'obéir au Roi qui vous fit naître »•
Jt borne aujourd'hui tous mes voeux ,
Comme il est mon Héros vous devez, un jour Vêt rt;
Mais le plus tard fera le mieux.'
Deux grands Génies qu^ s'élevoíent fur Ia>
Corniche du premier ordre, tenoient chacur»
irn Cartouche; on avoit peint dans l'un une colomne
soutenant une partie d'un Edifice avec'
ces mots; Columenque decufque :8c dans l'au
tre des illuminations & des Feux d'artifice
a'vec ces mots.. Veiïora ardetitiùs.
Dans deux autres Cartouches placez audessous
dans les entre- colonnemens de-ce pre
mier ordre, on voyoit dans l'un des Oliviers
qui reçoivent les rayons du Soleil levant, avec
ces mots : Oleas foecundat ab ortu :' & dans
1 autre un Vaisseau , fur la poupe duquel paroissoit
Arion jouant de la Lyre , & fur l'eau,
un Dauphin avec ces mots : Cantu precibujque
VocatHs.
Les Cartouches placez des deux côte* dans
les entre- deux des Pilastres supérieurs contenoient
4. autres Emblèmes. La première des
deux qui écoienc fous la figure de la Joye,.
«ost
;i£ MËRCURË DE Ï*RANÍCE.
étoit un Soleil levant regardé par un Lyórí ,
tin Aigle & un Léopard : Unum fusficitmt omiies:
& l'autre étoit un Dauphin sur la íurface
de la Mer : Mole mìnìr fed Majejìate vcrendús.
La première de celles qui étoient placées de
l'autre côté fous la Figure de la Joye , vepre*
sentoit deux Bergers tendans lès mains vers
le Ciel, à la vue d'une pluye qui tombe , &
la Terre couverte de fleurs desséchées : Preci*
bus alcftia: l'autre faisoit voir trois'Etoiles*
deux ensemble & une plus éloignée j & toutes
trois touchées par les rayons du Soleil nais
sant : Pttlchrior exibit fí fr&eeffere minâtes.
Cet Arc de Triomphe , qui par la beauté du
dessein , la magnificence de sa structure & le
succès de l'execution , avoit déja attiré tous
les regards , les fixi entièrement lorsque le i<u
Septembre au soir il fut éclairé d'une multitude
infinie de Lampions», qui joints à s'illumina-,
tion de tòutes les maisons du Cours , qui font
toutes d'une même hauteur & Architecture,
avec des Balcons, dissipèrent entièrement les
ténèbres. Les 4. Compagnies entrèrent dans
íè Cours par l' Avenue qui est du côté de la
Porte Royale , passèrent fous l'Arc de Triom
phe , firent une salve devant ce Monument &
allèrent se ranger en bon ordre autour de la
Place S, Louis , où le Feu de joye étoit dressé.
Lorsque le Gouverneur- Viguier & les Eche
vins l' eurent allumé, il sortit des 8. Colomnes
posées autour des Portiques de l'Edifice du
Feu & des Caisses placées fur les Corniches
de l'Arc de Triomphe, un fi grand nombre de
fusées, que se croisant ensemble elles firenï
paroître comme une voute de feu , qui occupoit
ce qu'il y a d'espace entre la Place sainÉ
louis & celle de l'Arc de Triomphe. On en
tendit
FEVRÍÉR. T730. itfy
iendit alors une salve de toute la Mousquets
rie , celle de zoo. Boëces, te plus de 500. coups
de Canons que tirèrent les Vaisseaux. Ce bruie
joint à celui des Trompettes , des Timbales 8C
des Tambours > au son des Hautbois & des
Violons , & aux acclamations de tout un grand
Peuple; tout cela fit un effet surprenant.
Le Corps de Ville se rendit ensuite cheA
M. Ramusat , premier Echevin nouvean, qui
f avoit invité pour ce loir-là , sa Maison étoit
ingénieusement éclairée , il y eut y o- Boëtes ti
rées à chaque Santé Royale que l'on but.Aprèí
le Repâs on alla au Concert que les Echevins
donnèrent dans la Salle de la Loge > elle étoit
ornée comme on l'a dit. Le Concert étoit com
posé des meilleurs Instrumens & des p'us belles
voix de l'Academie de Musique & de l' Opérai
11 y eut une affluence infinie de monde. Au
Concert succéda le Bal qui dura jusqu'à neuf
heures du matin, & on diítribua des Confitures
& des Rafraîchissemens comme le premier iour«
M. Roman > Echevin , qui pendant ces trois
jours n'avoit pu donner fa Fête en particulier,
invita le Corps de Ville à souper le premier/
d'Octobre. La situation avantageuse de sa matson
fit encore plus remarquejr son illumina
tion. Les Boëtes se firent entendre . le Repas
fut suivi du Bal, & fa Fête fut cofhme une
extension des Réjouissances publiques. La pro
preté 5 la délicareflè & Tabondance régnèrent
dans tous les repas donnez par les Echevins.
Les Intendans de la Santé ont aussi marqué
leur joye par une Fête particulière;- ils prièrent
les Echevins d'assister au Te Deum qu'ils firent
chanter dans la Chapelle des Infirmeries.» on
alluma ensuite un Feu de joye qu'ils a voient
fait préparer hors des Enceintes ; on fie une
iiì MERCURE m FR ÂlSsCÉ.
décharge de cent cinquante Boëtes > & orir tirai
plusieurs Gerbes de Fusées , toute la façade du
Bureau de la Santé qu'on avoit ornée d'Em
blèmes, &c. étoit parfaitement illuminée, de
même 'que la Porte du grand Pavillon des In
firmeries & les Portes de la double enceinte.'
Ils se rendirent ensuite en un Pavillon voisin ,•
«û l'on servit un Ambigu, & on tira cinquante
Boëtes à chaque Santé Royale
Marseille.
QUoique Marseille , à l'imîtatíon des plus
considérables Villes du Royaume > ait
íait de fort belles choses à l'occafion de la
Naissance du Dauphin , indépendemment de
ce qui s'est passé dans la même Ville de 1%
part des Citadelles , du Corps des Galères
& de Y Arcenal , dont nous avons rendu comp
te en son tens. Marseille, dis- je, n'a pas
imité ces Villes du premier Ordre dans le
foin qu'elles ont pris de nous envoyer des
Descriptions de leurs Fêtes , pour les. inférer1
dans un Livre qui contient l"Histoire Jour
nalière de la Nation , & qui est particulière
ment dessiné à conserver le dépôt de ces forte»
FEVR I Ë R. trtà. }o5
de momimens. C'est ce qui fait que nouj par*
Ions si tard de ce qui s'eit fait dans cette celebreVille,&
que nous ne pourrons le faire que
fore brièvement , par les circonstances úù\
nous nous trouvons. Nous ferions même tout
à fait hors d'état de rendre ce compte au
Public , fi le hazard ne s'en étoit enfin mêlé*
en faisant tomber entre nos mains , au moié
de Février . le Mémoire imprimé à Marseille
des Réjouissances qui ont été faites dans cette
Ville, en Septembre. Nous allons donner utl
Extrait de ce Mémoire;
Le i7. Septembre au soir , quatre Trom
pettes à cheval » précédez d'un Timballier ,
accompagnez de plusieurs Tambours & Fifres*
tous avec les couleurs de la Ville , publièrent
dans tontes les Places publiques ['Ordonnan
te des Echevins, portant qu'on fermeroit les
Boutiques pendant trois jours i qu'on illumineroit
toutes les Maisons , &t qu'on feroie
des feux devant les portes. Le bruit des trom-*
pettes , des tambours & de toutes lss clo
ches de la Ville qui sonnèrent en mime terni,
anima le Peuple déja disposé à la joye- Totíí
retentit de cris& d'acclamations réitérés.
Dès le matin du iS. les Galères qui celébroient
ce jour là leur derniere Fête , furent
ornées de leurs Etendarts &c. Plus de cent
Vaisseaux & autres Bâtimens qui étoient dans
le Port arborèrent leurs Pavillons, ce quí
fit une variété aussi agréable que surprenante»
Le Peuple dansoit cèpendant au son des tam
bours dans toutes les Places ; on avoit placé
devant l'Hôtel de Ville & au Cours quatrd
Fontaines de vin<
Le Marquis de Pilles , Gouverneur* Viguief
de Marseille, & les Echevins en Roberou
3 o-6 MERCURE DE' FRANCE,
ge , suivis d'un nombreux cortège > se rendîi
rent ce même matin à TEglise Cathédrale
pour assister à la Messe solëmnelle que M%
FEvêque célébra pontificalement ; elle succhantée
en Musique ; on tira à l'élevation n.
pieces de Canon que les Echevins avoiene
fait mettre fur la Plateforme qui regarde la
Mer près la Cathédrale.
Ce jour là M. l'£vêque donna à diner k
cent pauvres dans la Cour de l'Evêché , fie
distribuer des- aumônes à tous ceux qui se pré
sentèrent à la porte pendant ces trois jours de
Fête, & il n'oublia pas les pauvres honteux
auxquels ce Prélat fit des libéralisez par le
Canal des Curez. C'est ainsi que celui qui dans
des jours de deifíl & de désolation n'abandonna
jamais les pauvres , les a traitez dans ces
jours dejoye & de jubilation.
Sur les 4. heures du soir , les Officiers mu
nicipaux & les principaux Citoyens se ren
dirent à l'Hâtel de Ville pour accompagnes
les Magistrats au Te Deum ; une troupe de
plus de mille jeunes garçons portant des
Guidons & des Banderolies aux Armes da
Roi & de Monseigneur le Dauphin commençoient
la marche. Les trompettes & les tim
bales précedoient un Corps d'Infanterie tiré'
des Arts & Métiers , divisé en 4. Compagniesde
cent hommes chacune , avec leurs dîfferens
Drapeaux , & com mandé par les 4. Ca«-
pitaines de la Ville.
Ces nouveaux Soldats étoient proprement
habillez, & avoient des Cocardes > donc les
couleurs distinguoient les différentes Compatnies.
Leurs rangs étoient mêlez de Hautbois*
e Fifres & de Tambours. Une bande de Vio
lons suivoic Les Gardes de Police » la livré*
de
FEVRIER. 1730. 307
de la Ville , celle du Gouvernfur-Viguier Sa
les Halebardiers préeedoient les Echevins. Ler
Marquis de Piles éroit à la droite des deux
premiers , & les deux autres avoient à leur
gauche l'Orateur de la Ville. Une siiite nom
breuse de personnes distinguées fermoit cette,
marche ; un Peuple infini bordoit tous les .
passages. En arrivant à la Cathédrale on fit
une décharge de toute la Mousqueterie & de
aï. pieces de Canon. Les Echevins se pla
cèrent dans le Choeur , où les Officiers de la
Senechauffée s'étoient déja rendus. M. l'Evêque
officiant pontificalement entonna le
Te Deum,<\m fut chanté par la Musique au
bruit des Canons & de toute la Mousque<
terie.
, On, commença ensuite la Procession géné
rale , âlaquelle tout le Clergé séculier & ré
gulier aíîìíta í on y porta la Statue de la trèssainte
Vierge , les Châsses de Saint Lazare 8c
de Saint Cannât , & les Reliques de Saint Vie*
tor , Martyr de Marseille; M. l'Evêque err
habits pontificaux , le Gouverneur Viguier &
les Echevins y assistèrent avec toute leur
fuite. A mesure que les Reliques sortoient de
l'Eglise elles furent íaLuées du Canon & dà
la Mousqueterie , e'ies le furent de cent Boè
tes dans toutes les Places publiques . St on
fit le même salut en rentrant j M. l'Evêque'
donna la Bénédiction du Très- Saint Sacre
ment au bruit du Canon & de la Mousque
terie. v.
Au sortir de la Cathédrale , on marcha versr
la Place Neuve , où l'on avoit dressé lJ Appa
reil d'un grand Feu de joye , orné de Porti
ques, d'Emblèmes &c. Plus de cent flambcauxdfr
cire blanche écìairoient la marcha-
£ v routes
^oS MERCURE DE FRANCE;
toutes les Maisons" étoient illuminées , de*
feux brûloient devant les portes , la Cita
delle , le Fort Saint Jean , celui de Notre-
Dame de la Garde , l'Arfenal , les Tours de
l' Abbaye de Saint Victor > la Rive- Neuve »
les Galères, le Port> tout étoit éclairé ,8e
la Ville entière paroisloit être dans un em
brasement gênerai ; les quatre Compagnies
rangées autour de la Place firent une salve
de Mousqueteric , suivie de celle de itic.
Boëtes. Après que le Marquis de Pilles & le*
Echevins eurent allumé le feu de joye > on
tira en même tems une prodigieuse quantité
de Fusées.
Le Corps de Ville se rendir ensuite à l'Hôref
de Ville par le Quay du Port* alors les Ga
lères firent trois décharges de leurs Canons
Sc des Coursiers > l'Arccnal fit tirer des Biëtes
, les Vaisseaux du Port , la Citadelle , le
Fort Saint Jean , celui de Notre-Dame de la
Garde firent autant de décharges de toute
leur Artillerie , & des Gerbes de Fusées rem
plirent le Port d'une pluye de feu à trois
différentes reprises.
. La Façade de l'Hôtel de Vil'e , fi estimée des
Connoisseurs * si remarquable par ses riches
f*) Le Chevalier Bernin ayant vú à Rome
U dejfein. entier de l'Hôtel de Ville de Mar
seille de la main de Fugeft avoua qu'il navoit
encore rien vû en ce genre d'un plus grand
goût ì ér H admira fur tout la Fa f ad?. 11 y »
une belle description d- cette Façade dans un
M. rcure de l' année iéSi à VOccasion de l*
Herbe illumination qui y parut dins la Vètt
tu* donna Marseille pour célébrer la Naissance:
•iu Due de Bourgogne f père d» Roi. Cette F*.
etobeL
EE VRI ER. 1750. 309
I ímbèllissemens & par la beauté de son Ar-
* chitecture , sur tout par cet incomparable
j morceau de sculpture qui contient les Armes
du Roi , Chef-d'oeuvre du fameux Pierre
I Puget, Marseillois , qui a donné les desseins
de tout le Bâtiment 5 cette Façade , dis-je, at
tira cc four li l' admiration publique» Plus d'un
million de lumières arrangées avec cimétriei
cn fit voir non- seulement toutes lesbeautez,
mais en marqua encore les ornemens les plus
déliez des diflíercns ordres dont elle est com
posée , en les profilant.
Les Echevins se dépouillant , pour ainff
dire , de la qualité de Magistrats pour ren
trer dans celle de simples Citoyens , voulu
rent témoigner leur zele particulier &• personel
, & donneient en leur nom des Fêtes
qui se firent remarquer* M. Ravel , premier
Echevin , donna un souper à tout le Corps
de Ville ; la Maison étoit artistement illumi
née ; les Boëtes furent tirées à chaque santé
Royale. Au sortir de table » la Compagnie alla
au Bal que les Echevins donnoient dans la
Salle de la Loge ( c'est le lieu où* s'affemblenc
tous les Negocians ; cette Salle qui a 90,
pieds de longueur fur 4? de largeur étoit
richement ornée & éclairée par quantité de
lustres de cristal & par des flambeaux por
tez par des Bras » les Portraits du Roi & de
la Reine étoient placez fous un Dais de ve
lours Cramoisi , enrichi de galons , de crepifade
étoit alors dans toute fa beauté , & on
Ciseau du célèbre Puget , font un contraste de~
[agréable.
E vj
jio MERCURE DE FRANCE,
nés & de franges d'or. Les Violons étoîrtic:
placez fur des Amphithéâtres aux deux boucs,
de la Salle ; differens Buffets étoient remplis
de toute forte de Rafraîchissemens ; on pré
senta indifféremment â tout le monde & en
profusion des confitures , des liqueurs & des
eaux glacées de toute efpece. La Salle fut
aífez grande pour y danlèr en trois differens
endroits, Le Bal dura jusqu'à 7. heures du
matin.
Le second jour les Pauvres ressentirent les
effets de l'attention des Echevins. Sur les 9.
heures du matin une Compagnie de Bouchers
habillez en Gladiateurs , quynarchoient avec
des Tambours , escorta deux Boeufs qu'on
avoir égorgez & qui étoienc ornez de Guirlan
des ; ils furent portez chacun par quatre de
ces Gladiateurs à la Place Neuve où on les
rôtit tous entiers ; peu de gens fe refusèrent
à ce fpeótacle ; fur les 4. heures du soir ces
Boeufs furent portez devant l'Hôcel de Ville,
dépecez & distribuez. On y donna deux mille
pains, les Fontaines de vin coulant toujours»
outre cela on fit distribuer des charitez à un
grand nombre de personnes , qui fans ce
secours n'auroient pas participé a la joye pu
blique.
Sur le sòir, les quatre Compagnies dont on
a parlé , s'étant renduës devant l'Hôrel de Vil
le , & toute la Ville étant déja éclairée Comme
el le l'étoit le jour précédent ; le Marquis de
Pilles & les fc chevins , allèrent en Cc-rrmonie
a'iumer un Feu de ioye dressé â la Place de
Linche , au bruit réitéré de la Moufqueterie ,
des Boëtes , & de trois décharges que les Vais
seaux du Port firent de leurs Calons , on y tira.
ua grand nombre de fusée».. Le Corps.de TUfe
FEVRíER. 1730. 31*
alla ensuite chez M. Martin , second Echevin ,
1 qui à ion tour lui donnoit à souper ; sa Maison
tut éclairée avec distinction , les samez Royales
& de Monseigneur le Dauphin furent laluées
au bruit de toutes les Boëtes.
Cependant les Echevins avoient fait élever
un Arc de Triomphe au milieu. du Couis , en
tre les deux grands Bassins de marbre blanc ;
cet Edifice compoíé. de deux Ordres , avoic
depuis le Zocle jusqu'au Eronton qui le couronnort
5-4. piés de hauteur, fus jtf. de largeur.
Les deux principales Faces étoient tournées
l'une vers la Porte Royale > & l'autre vers la
Porte de Rome. II y avoit au milieu de chaque
Eace une grande ouverture ceintrée de 57. piés
de hauteur > fur 10. de largeur.
Le premier Ordre étoit posé fur un Zocle de
marbre brun de j. piés de hauteur , d'où s'éle-,
voient 4- Pilastres saillants d'un marbre jaspé ,
dont les Bases & les Chapiteaux étoient d'or
feint , portant une Corniche qui fer voit d'Im
poste à l'ouverture de l'Arc : les Pihsires les
plus proches dé cette ouverture formoient un',
Avant Corps ,. & des Piédestaux de marbre
blanc ornez de moulúresd'or qui s'élevo:ent
du Zocle y étoient adossés ^ I'entre-dr ux des;
Pilastres étoit rempli de Cartouches , dont les
bordures étoient d'or fur un fond de marbregris
dont tout f Edifice étoit bâti , & l'Entablement
étoit de marbreblanc, excepté laFrize
de lapis , enrichie de tous les orr.emens cpnvenables.
Les Cartouches portoient des Em
blèmes & des Devises.
Des Pilastres couplés & faillànts .. dont les
Bases & Chapiteaux étoient anifi d'or , for
moient le second Ordre qui étoit orné d'une:
Ceiniche de majbie blanc , d'oûí'élevoit un
Etontoite
i t £ MHÏICÛRÊ DÊ FRANCË. ^
Fronton triangulaire . dont le Timpan étoít de
rnarbre noir? les entre-deux de ces Pilastres
étoient remplis de Cartouches ausli remplis
íFEmblêmes & de Devises, & les Cartouches
étoient suspendus à des Festons, attachés à des
masques bronzés & aux volutes des Chapi
teaux.
Dans la Face opposée à la Porte Royale, orr
Voyoit dans le Frontispice les Atmes du Roy
soutenues par deux grands Génies ; & dans
• un riche Cartouche qui forrnoit la clef de
l'ArCjonlisoit cette Inscription en Lettres d'orí
Vublict IttitU Uonumentum tdajsilia civitas
fostiit , M. DCd XXIX.
Sur le sommet du Frontort qui cóuronnóît
tout l' Edifice, s'élevoit sur un Piédestal de
rnarbre une belle 8c grande Figure de Femme ,
Symbole de la Ville de Marseille , qui tenoie
le Portrait de Monseigneur le Dauphin , avec
ces mots qu'on li 1 oie dans un Cadre d'or fur
le Piédestal : Mitjftlia voti compts*
Sut deux autres Piédestaux , à côté de la Fi
gure de Marseille , on voyoit à droite la Re!i-<
gion habillée en Vestale , tenant un Vase d'or
qui exhaloit des Parfums , & à gauche la Justi
ce tenant la Balance d'une main & un Faisceau
d'armesde l'autre ; fur la Corniche de l' Arrierë-
Corps du premier Ordre , d'un côté on voyoit
- Apollon , & de l'autre Minerve , avec tous
leurs Attributs j & devant les Pilastres de
1" Avant Corps fur les Piédestaux qui s'éls-
Voient dt! 2ocle » orí voyoit d'un cô^é Mercure
Dieu du Commerce , tenant une Bourse rem
plie, & de l'autre Thetis tenant un Vaisseau ì
Voiles enflées , ayant à ses pieds des Coquil
lages , des Perles , du Corail , &c.
Tous les Cartouches étoient , comme on l'a
dit ,
fEVRTÊR; 1716;
dît ) remplis de Peintures symboliques , ceusí
des Pilastres supérieurs contenoient ces quatres
Emblèmes.
La première , un Aigle volant & un Aiglon
un peu mains élevé,avec ces mots : Superas docet
ire pir auras»
La seconde , Alcide dans le berceau étouf
fant deux Serpens: Nunc Alcides mox Her
cules,
La troisième , une Corne d'abondance t pré-*
sentant trois Roses & un Lys au-dessus beau
coup plus élevé: Vives jam copia Cornu.
La quatrième » un,Dauphin couronné sor
tant de la mer , environné d'une multitude
d'autres Poissons : Parriìs regnabit in undisj
Sur le Piédestal d'où s'élevoit la Figure de
Mercure, cn'avoit peint dans un Cadre d'or*
une Ancre où étoit entortillé un Dauphin avec
ees mots : Firmat & ornât ; & fur celui d'od;
s'élevoic Thttis on avoit peint la Planette de'
Jupiter & un de ses Satellites : Monsirat miner'
ignis iter.
Dans les Cartouches qui au-dessus de Mer
cure & de Thí cís rempliflòitnt les entre-deux
des Pilastres du premier Ordre , en voyois
ces deux autres Emblèmes.
Trois Homme» regardant un Arc en- Ciel'
& tournant le dos à un Soleil levant : Dat
signa & foedtra pacis Un Soleil naissant &
trois Etoiles qui commençoient à diíparoître í
Majora dabit Soi lum'ma terris^
Dans ta face de 1* Arc de Triomphe, tour-'
liée vers la Porte de Rome , on liíoit au fron
tispice qui étoit de marbre noir cette Infcrip-f
tion en lettres d'or : Serenijsime Galliar. Delfhino
natoprid, non. sept, conjf. N Joan.'B.n'velj
Francis. Martin, J*c, Remuant , Joa». Roman-.
M.DCC XXlXt
Sas
MERCURE DE FRANCE;
Sur la des de l" Arc , un riche Cartouche ,
contenoit ce Distique aussi en lectre d'or.
Expe&ate diò , per te Gens í rancie» neèìit*-
Perpétuas paci Utituque moras.
Sur le Timpan on voyoic s'élever trois gran
des Figures fur leurs Piédestaux, richementpeintes,;
celle du milieu qui paroiíToit fur le
sommet, reprefentoit la France, tenant d'une
màin les Armes de Monseigneur le Dauphin
& de l'autre des liens ou Guirlandes de fleurs.
avec lesquels elie tenoit comme enchaînées la
Paix & la Joye, représentées par les deux au
tres Figures qui étoient à fes côrëi. La Paixqui
étoic à droite avoit à ses pieds trois Gé
nies , dont un lui prefentoit un Rameau d'O--
livier , l'autre une Gorne d'abondance , 8c le
troisième paroilíoit occupé à briser des lances
& des flèches; la joye qui dtoir à gauche,
tenoit à la main un Caducée, & avnit à fespieds
des Feux d'artifice & toutes fortes d'ínstrumens
de Musique.
Sur les Piedestaux^qui s'éíevoierrt du Zocle,.
adossez, au Pilastre du premier ordre, on voyoic
de chaque côté une grande Figure. A droite
celle du Maréchal Duc de Viílars, Gouver
neur de Provence ,■ armé d'une Cuiralîe &-
d:un Bouclier, tenant à la main le Bâton de
commandcment-Un petit-Génie à ses pieds por
tait l'Ecu de les Aimes, 8í au dessous dansune
Bordure i'or on lisoit ces Vers fur le
piédestal de la Figure-
"La Guerre au plus haut point avait porté ma
gloire ,
C'est h mes foins qu'on dut la Faix i
Mais son plus fur garand & le plu: plein d'at~
traits x
FEVRIER. 1730. 31J
Man/jttoit à m» double victoire ,
XJ'ti Héros en naissant y met les derniers traits.
La Figure du côté gauche representoit en-'
core Marseille en Nymphe & dans une attitu^
de majestuejfe,regardant le Portrait deMonseifneur
le Dauphin que la France présentoir dit
auc du Timpan, auquel elle adressoic ces Vers*
Moi qui dans des teins s moins heureux ,
Met 1 ois ma gloire a n avoir point de Maître ,
Au bonheur d'obéir au Roi qui vous fit naître »•
Jt borne aujourd'hui tous mes voeux ,
Comme il est mon Héros vous devez, un jour Vêt rt;
Mais le plus tard fera le mieux.'
Deux grands Génies qu^ s'élevoíent fur Ia>
Corniche du premier ordre, tenoient chacur»
irn Cartouche; on avoit peint dans l'un une colomne
soutenant une partie d'un Edifice avec'
ces mots; Columenque decufque :8c dans l'au
tre des illuminations & des Feux d'artifice
a'vec ces mots.. Veiïora ardetitiùs.
Dans deux autres Cartouches placez audessous
dans les entre- colonnemens de-ce pre
mier ordre, on voyoit dans l'un des Oliviers
qui reçoivent les rayons du Soleil levant, avec
ces mots : Oleas foecundat ab ortu :' & dans
1 autre un Vaisseau , fur la poupe duquel paroissoit
Arion jouant de la Lyre , & fur l'eau,
un Dauphin avec ces mots : Cantu precibujque
VocatHs.
Les Cartouches placez des deux côte* dans
les entre- deux des Pilastres supérieurs contenoient
4. autres Emblèmes. La première des
deux qui écoienc fous la figure de la Joye,.
«ost
;i£ MËRCURË DE Ï*RANÍCE.
étoit un Soleil levant regardé par un Lyórí ,
tin Aigle & un Léopard : Unum fusficitmt omiies:
& l'autre étoit un Dauphin sur la íurface
de la Mer : Mole mìnìr fed Majejìate vcrendús.
La première de celles qui étoient placées de
l'autre côté fous la Figure de la Joye , vepre*
sentoit deux Bergers tendans lès mains vers
le Ciel, à la vue d'une pluye qui tombe , &
la Terre couverte de fleurs desséchées : Preci*
bus alcftia: l'autre faisoit voir trois'Etoiles*
deux ensemble & une plus éloignée j & toutes
trois touchées par les rayons du Soleil nais
sant : Pttlchrior exibit fí fr&eeffere minâtes.
Cet Arc de Triomphe , qui par la beauté du
dessein , la magnificence de sa structure & le
succès de l'execution , avoit déja attiré tous
les regards , les fixi entièrement lorsque le i<u
Septembre au soir il fut éclairé d'une multitude
infinie de Lampions», qui joints à s'illumina-,
tion de tòutes les maisons du Cours , qui font
toutes d'une même hauteur & Architecture,
avec des Balcons, dissipèrent entièrement les
ténèbres. Les 4. Compagnies entrèrent dans
íè Cours par l' Avenue qui est du côté de la
Porte Royale , passèrent fous l'Arc de Triom
phe , firent une salve devant ce Monument &
allèrent se ranger en bon ordre autour de la
Place S, Louis , où le Feu de joye étoit dressé.
Lorsque le Gouverneur- Viguier & les Eche
vins l' eurent allumé, il sortit des 8. Colomnes
posées autour des Portiques de l'Edifice du
Feu & des Caisses placées fur les Corniches
de l'Arc de Triomphe, un fi grand nombre de
fusées, que se croisant ensemble elles firenï
paroître comme une voute de feu , qui occupoit
ce qu'il y a d'espace entre la Place sainÉ
louis & celle de l'Arc de Triomphe. On en
tendit
FEVRÍÉR. T730. itfy
iendit alors une salve de toute la Mousquets
rie , celle de zoo. Boëces, te plus de 500. coups
de Canons que tirèrent les Vaisseaux. Ce bruie
joint à celui des Trompettes , des Timbales 8C
des Tambours > au son des Hautbois & des
Violons , & aux acclamations de tout un grand
Peuple; tout cela fit un effet surprenant.
Le Corps de Ville se rendit ensuite cheA
M. Ramusat , premier Echevin nouvean, qui
f avoit invité pour ce loir-là , sa Maison étoit
ingénieusement éclairée , il y eut y o- Boëtes ti
rées à chaque Santé Royale que l'on but.Aprèí
le Repâs on alla au Concert que les Echevins
donnèrent dans la Salle de la Loge > elle étoit
ornée comme on l'a dit. Le Concert étoit com
posé des meilleurs Instrumens & des p'us belles
voix de l'Academie de Musique & de l' Opérai
11 y eut une affluence infinie de monde. Au
Concert succéda le Bal qui dura jusqu'à neuf
heures du matin, & on diítribua des Confitures
& des Rafraîchissemens comme le premier iour«
M. Roman > Echevin , qui pendant ces trois
jours n'avoit pu donner fa Fête en particulier,
invita le Corps de Ville à souper le premier/
d'Octobre. La situation avantageuse de sa matson
fit encore plus remarquejr son illumina
tion. Les Boëtes se firent entendre . le Repas
fut suivi du Bal, & fa Fête fut cofhme une
extension des Réjouissances publiques. La pro
preté 5 la délicareflè & Tabondance régnèrent
dans tous les repas donnez par les Echevins.
Les Intendans de la Santé ont aussi marqué
leur joye par une Fête particulière;- ils prièrent
les Echevins d'assister au Te Deum qu'ils firent
chanter dans la Chapelle des Infirmeries.» on
alluma ensuite un Feu de joye qu'ils a voient
fait préparer hors des Enceintes ; on fie une
iiì MERCURE m FR ÂlSsCÉ.
décharge de cent cinquante Boëtes > & orir tirai
plusieurs Gerbes de Fusées , toute la façade du
Bureau de la Santé qu'on avoit ornée d'Em
blèmes, &c. étoit parfaitement illuminée, de
même 'que la Porte du grand Pavillon des In
firmeries & les Portes de la double enceinte.'
Ils se rendirent ensuite en un Pavillon voisin ,•
«û l'on servit un Ambigu, & on tira cinquante
Boëtes à chaque Santé Royale
Fermer
Résumé : RÉJOUISSANCES de la Ville de Marseille.
En septembre, Marseille a célébré la naissance du Dauphin avec des festivités grandioses. Bien que la ville n'ait pas initialement fourni de descriptions pour un livre historique, un mémoire imprimé retrouvé en février 1730 a permis de rendre compte des événements. Les réjouissances ont débuté le 17 septembre avec des trompettes, tambours et cloches annonçant la fermeture des boutiques et l'illumination des maisons. Le 18 septembre, les galères et vaisseaux étaient ornés, et le peuple dansait dans les places publiques. Le Marquis de Pilles, gouverneur de Marseille, et les échevins ont assisté à une messe solennelle à la cathédrale, suivie d'un Te Deum et d'une procession générale avec des reliques. La ville était illuminée, et des feux de joie étaient allumés. Les échevins ont organisé des fêtes, des soupers et des bals, et ont distribué des aumônes aux pauvres. Un arc de triomphe décoré d'emblèmes et de devises a été érigé sur le Cours. Les festivités incluaient des feux d'artifice et des salves de mousqueterie. L'arc de triomphe présentait diverses figures allégoriques et emblèmes symboliques. Sur la corniche, une figure tenait une balance et un faisceau d'armes, flanquée d'Apollon et de Minerve. Devant les pilastres, Mercure, dieu du Commerce, tenait une bourse remplie, et Thétis tenait un vaisseau à voiles enflées, entourée de coquillages, de perles et de corail. Les cartouches étaient remplis de peintures symboliques. Les emblèmes incluaient un aigle et un aiglon avec l'inscription 'Superas docet ire piras', Alcide étouffant deux serpents avec 'Nunc Alcides mox Hercules', une corne d'abondance avec 'Vives jam copia Cornu', et un dauphin couronné sortant de la mer avec 'Parvis regnabit in undis'. Sur les piédestaux, des figures de Mercure et Thétis étaient accompagnées d'emblèmes supplémentaires comme des hommes regardant un arc-en-ciel et un soleil levant avec 'Dat signa & foedera pacis', et un soleil naissant avec 'Majora dabit Sol lumina terris'. L'arc de triomphe portait une inscription en lettres d'or dédiée au dauphin, avec des distiques en latin. Sur le tympan, la France était représentée tenant les armes du dauphin et des guirlandes de fleurs, enchaînant la Paix et la Joie. La Paix était accompagnée de génies offrant un rameau d'olivier et une corne d'abondance, tandis que la Joie tenait un caducée et des feux d'artifice. Des figures du maréchal Duc de Villars et de Marseille en nymphe étaient également présentes, avec des vers dédiés à leur gloire et à leur loyauté. Les festivités incluaient des concerts, des bals et des feux d'artifice, avec des réjouissances publiques et des fêtes privées organisées par les échevins et les intendants de la santé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
736
p. 318-320
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
Début :
Les Jesuites de la Ville de Rennes furent assez heureux pour annoncer les premiers [...]
Mots clefs :
Église, Réjouissances, Naissance du Dauphin, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes*
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
À Rennes, les Jésuites ont annoncé la naissance du Dauphin par des salves de canons sur les bords de la Vilaine. Le 8 septembre, des démonstrations de joie ont continué, avec un sermon élogieux du Père Eon. Une fête plus grandiose a été organisée le 10 septembre. Elle a débuté à 16 heures par une salve d'artillerie et des fanfares. Une grande foule s'est rassemblée à l'église des Jésuites, un chef-d'œuvre architectural financé par les nobles et bourgeois de Rennes. L'église était magnifiquement illuminée avec des lampions et des hiéroglyphes en l'honneur du Roi, de la Reine et du Dauphin. Les tours et la lanterne étaient ornées de pots à feu et de globes lumineux, accompagnés de musique. Des fusées ont été lancées pour disperser les ténèbres. L'illumination a duré quatre jours, offrant un spectacle magnifique à la ville et aux environs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
737
p. 320-322
CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
Début :
Chantons du nouveau Dauphin, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Gloire, Rennes, Fête des jésuites, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
A l'ouverture des Classes, les Profefîeurj
célébrèrent à l'envi la glorieuse Naissance du
Dauphin j ils exprimèrent en Vers ou en Prose
tout ce que le coeur put leur inspirer de voeux.
& de présages à la gloire du Prince nouveau né,
Chantée a la Fête desjesìtitet de Rentes,
#">Hantons du nouveau Dauphin ,
Nous voyons s'accomplir enfin ,
Nos voeux, notre espérance ,
Que chacun d'un si beau destin S
Applaudislè à la France.
Aussi tôt qu'il a vû le jour «
Une vive allégresse,
Et de la Ville & de la Cour i
A banni la tristeííe ,
Tout François en cet heureux jour,,
fuit l'auâere sagesse
CHANSON,
De*
FEVRIER. 173e.
Des biens que nous en attendons ,
Quelle preuve éclatante ,
Déja dans la nuit des priions ,
Cette Aurore naifíante,
Porte de ses premiers rayons ,
La lueur bienfaisante.
II naît au milieu de la Paix,
Quel favorable augure !
Pour le bonheur de ses fuiets »
Qu'en pouvons- nous conclure ,
Que tous ses jours par des bienfaits 3
Seront conte? , j'en jure.
Il aura l'air , la majesté ,
De son auguste Père,
La .douceur & la pieté
De son aimable Mere :
. Dieux , pour notre félicité ,
En pouviesyous P^us
_
V Amour est , dit-on , en courroux^
Eh , qui pourroit le croire »
Au Piince > des attraits plus doux, -
Assurent la victoire :
Mars ne sera-t-il point jaloux ,
Quelque jour de fa gloire.
Les Jeux Si les Ris à l'iiistanr,
$î* MERCURE DE FRANCE.
iCette Troupe volage,
Au Berceau de ['illustre Ensanc ,
•Coururent faire hommage,
lis feropt son amusement*
Mais pendant 'ion bas âge.
Quand li raison éclairera
Ses premières années ,
A ses yeux on dévoilera ,
Ses hautes destinées ,
Son Pere seul le guidera,
Aux routes fortunées.
Pour faire couler dans son coeur ,
Une ardeur héroïque,
Qu'il ne Use jamais d'Auteur,
Ni de vieille Chronique,
Car dans fa maison la valeur ,
S'apprend par la pratique.
Mais s'il veut frapper l'Univers»
De l'éclat de fa gloire ,
/Voler chez cent Peuples divers ,
Qu'il lise bien l'Histoire
D'un Roi plus grand dans les revers f
Qu'au sein de la victoire.
D. R. J.
On trouvera l^ir noté avec la Chanson
sage 367.
célébrèrent à l'envi la glorieuse Naissance du
Dauphin j ils exprimèrent en Vers ou en Prose
tout ce que le coeur put leur inspirer de voeux.
& de présages à la gloire du Prince nouveau né,
Chantée a la Fête desjesìtitet de Rentes,
#">Hantons du nouveau Dauphin ,
Nous voyons s'accomplir enfin ,
Nos voeux, notre espérance ,
Que chacun d'un si beau destin S
Applaudislè à la France.
Aussi tôt qu'il a vû le jour «
Une vive allégresse,
Et de la Ville & de la Cour i
A banni la tristeííe ,
Tout François en cet heureux jour,,
fuit l'auâere sagesse
CHANSON,
De*
FEVRIER. 173e.
Des biens que nous en attendons ,
Quelle preuve éclatante ,
Déja dans la nuit des priions ,
Cette Aurore naifíante,
Porte de ses premiers rayons ,
La lueur bienfaisante.
II naît au milieu de la Paix,
Quel favorable augure !
Pour le bonheur de ses fuiets »
Qu'en pouvons- nous conclure ,
Que tous ses jours par des bienfaits 3
Seront conte? , j'en jure.
Il aura l'air , la majesté ,
De son auguste Père,
La .douceur & la pieté
De son aimable Mere :
. Dieux , pour notre félicité ,
En pouviesyous P^us
_
V Amour est , dit-on , en courroux^
Eh , qui pourroit le croire »
Au Piince > des attraits plus doux, -
Assurent la victoire :
Mars ne sera-t-il point jaloux ,
Quelque jour de fa gloire.
Les Jeux Si les Ris à l'iiistanr,
$î* MERCURE DE FRANCE.
iCette Troupe volage,
Au Berceau de ['illustre Ensanc ,
•Coururent faire hommage,
lis feropt son amusement*
Mais pendant 'ion bas âge.
Quand li raison éclairera
Ses premières années ,
A ses yeux on dévoilera ,
Ses hautes destinées ,
Son Pere seul le guidera,
Aux routes fortunées.
Pour faire couler dans son coeur ,
Une ardeur héroïque,
Qu'il ne Use jamais d'Auteur,
Ni de vieille Chronique,
Car dans fa maison la valeur ,
S'apprend par la pratique.
Mais s'il veut frapper l'Univers»
De l'éclat de fa gloire ,
/Voler chez cent Peuples divers ,
Qu'il lise bien l'Histoire
D'un Roi plus grand dans les revers f
Qu'au sein de la victoire.
D. R. J.
On trouvera l^ir noté avec la Chanson
sage 367.
Fermer
Résumé : CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
Le texte célèbre la naissance du Dauphin, héritier du trône de France. À l'ouverture des Classes, les professeurs ont exprimé leurs vœux et leurs présages en faveur du nouveau prince. La naissance du Dauphin a suscité une grande allégresse tant à la cour qu'à la ville, mettant fin à la tristesse. Une chanson composée pour l'occasion souligne les bienfaits attendus de ce nouvel héritier, né en temps de paix, et prédit qu'il héritera de la majesté de son père et de la douceur de sa mère. Les dieux sont appelés à favoriser ce prince, dont les attraits doucereux pourraient même apaiser Mars, le dieu de la guerre. Les muses, représentées par la troupe volage de Mercure, rendent hommage au berceau du prince et promettent de l'amuser pendant son bas âge. Plus tard, son père le guidera vers des destinées héroïques, en lui inculquant la valeur par la pratique plutôt que par les livres. Pour briller par sa gloire, il est conseillé au Dauphin de lire l'histoire d'un roi qui a su triompher dans les revers autant que dans les victoires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
738
p. 323-328
EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
Début :
Le Pere Coriou, Professeur de Rethorique au College des Jesuites de la Ville de Rennes [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Jésuites, Discours, Orateur, Vertus, Larmes, Princes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
E XTR AlT d'un Discours prononcé h
' Rennes fur la Naissance du Dauph i n.
LE Pere Coriou , Professeur de Rethorique
au Collège des Jésuites de la Ville de Rennés
, n'a semblé différer de célébrer I'heuteuse
Naissance d'un Dauphin, qu'afin de re
veiller la joye publique par les motifs les plus
interessans pouj la France.
Le Programme étoit conçu en ces termes.:
Telfhinum Varentìbus, Parentes Delphino gratulahìtur
Orator, Le dessein étoit naturel,
mais il fut traité d'une façon qui le rendit, fìnr
gulier à son ingénieux Auteur.
L'Orateur dans son Exorde , conduisoit Iei
ris & les grâces au berceau de l'Auguste En
fant, rien ne s'y offre que d'aimable & d«
propre à fixer les regards. L'amour des Pranr
çois se mêle à cette troupe badine. Les Zephirs
raccompagnent » re:pcctent & augmen
tent le sommeil du Dauphin. II viendra un
tems où la valeur & la gloire ne troubleront
.que trop son repos. L'Exorde étoit terminé
{>ar un Compliment à l'Illustre Chef du Par
ement de Bretagne, qui honoroit l'Oraceur
de fa présence.
L'Orateur entra dans fa première Partie, en
marquant que les Enfans des Rois naissent à &
yerité dans les larmes comme les autres , mais
que la Grandeur , la Majesté , 1 allégresse sui
vent de près les premiers instants de leur séjour
sur la terre. Nafcuxtur ut ateris ìmperent hotninil/
tts ìnter ques fe'dent ut Patres , t minent
Ht foles , coluntur ut numina.
. Ensuite il félicita le Roy & la Reine d'ayoir
un Dauphin, puisque cetoe Naissance* dis.
- - '■ 1 F sijpe
3a4 MERCURE DE FRANGE,
sipe toutes les inquiétudes du Roy, puisqu'elle
donne un nouvel accroissement à l'autorité de
la Reine.
i'9-, Qu'il est douloureux à un Grand Roy
de se voir privé d' un héritier de son Thrône! A
quoi même les Peuples rie sont-ils pas exposés
dans défi critiques conjonctures i L'áge de nos
'Pères ne nous -en est qu'un" trop fidèle garand.
les Guerres intestines ou Etrangères dont il?
furent les victimes , l'ambition , la perfidie >
qu'allumèrent les intérêts divisés , font sentir
Je déplorable état d'un Royaume dont le Mo
narque n'a point de Fils auquel il transmette
sa Couronne. La France n'a plus à redouter
de pareils malheurs. Le Dauphin , heureux
présage du calme . écarte en naisíant toutes les;
tempêtes que nous pouvions redotiter.
Les larmes que nous versâmes fur la perte
de "nos Princes, font taries dans un jour £
forrttné. L'Orateur exposa ici les justes dou
leurs qui saisirent tous les François à la mort
des Princes. Leurs caractères étoient maniés
4e plus délicatement. Celui du feu Roy plus
Çrand dans ses revers qu'au milieu de l'éclat
de ses prospérités , couronnoit ces magnifiques
-éloges.
Après tant d'alarmes , un Astre nouveau
s'élève, & nous fournit les plus heureux au
gures pour rendre la fortune tributaire à ses
armes , donner la loy aux Nations jalouses ,
faire trembler les Rois , affermir son Trône par
de nouvelles conquêtes . ce fera un "jour l'occupation
du Dauphin. Les Augustes , les Tites,
les Alexandres , les Henrys & les Louis , feront
ses modelés ; mais s'il se peut , il les surpas
sera.
- j>. L'autorité de la Reine s'accroît à la
• Náïflanc*
FEVRIER. 1730."
íîíaissance d'un Dauphin. II a été l'objet de ses
demandes & de ses soupirs. L'Orateur congra
tula la Bretagne, d'avoir trouvé dans sainte
Anne un de ses Anges turelaires , qui ait porté
au Trône de TEternel l'encens de ses prières »
pour obtenir un bien si précieux; quoiqu'ajottta
t il , il n'est aucun Temple dans la France
qui n'ait retenti des Voeux qu'on y a addressé,de
concert avec les désirs de la Reine. II prit à té
moin les aziles secrets où elle presentoit au
Tout- puissant ses prières les plus ferventes , '
les Vierges consacrées à Dieu , les pauvres qui
ont intcrrefle le Ciel à combler les Voeux de
leur Bienfaitrice. Il invita ses Auditeurs i
contempler cette Princesse aux pieds de sainte
iGenevieve > y répandant d'abord ses larmes
& ses désirs , Sc peu après > les tendres gages
de fa reconnoiffance.
Il fit voir par le détail de ses hautes qualitez,,
que la Reine leur doit Péclat du rang qu'elle
occupe. Aujourd'hui comme une autre Cor*
-nelie» elle montre dans son Dauphin le plus
précieux de ses Trésors. Ce fera aussi le Tré
sor de tous les malheureux. Le coeur de la
Reine compatira à toutes les misères , & le
Dauphin à qui elle ies postera , suffira pour les
bannir dans tous les Etats. C'est à cet usage,
que la Reine consacrera l'accroiilèment nou-
.Veau de son autorité.
De cette première Partie , l'Orateur conclut
que les François retrouvent à Ja 'Naissance du
Dauphin leur bonheur , uni à celui du Roy St
de la Reine.
L'Orateur commençoit la seconde Partie, en
disant que le Dauphin ne devoit •point enviée
aux anciens Héros la Noblesse de leur origine,
■wrexcellencc des Maîtres fous qui ils s'étoiene
F ij fuîmes.
■%*6 MERCURE DE FRANCE,
formez. Le Roy son Pere lui apprendra l'art de
régner . la Reine sa Mere sera son Modelé dans
ice qu'il doit à la Religion.
i°. C'est beaucoup de fournir le Sang des
Rois , c'est plus de former un Roy. C'est le
double bien que Louis XV. transporte à son
Dauphin. Autrefois il mit les délices à cultiver
des Fleurs ; il s'en présente une à ia culture
qui aura tous ses foins.
G'eít sous un tel Maître que le Dauphin ap
prendra à mériter l'amour des Peuples , à es
suyer leurs larmes , à procurer leur félicité >
à en devenir le Pere-
C'est fous un tel Maître qu'il apprendra à
donner des Batailles & à y vaincre. Les autres
n'apprennent à commander qu'à leurs dépens ,
pu par une longue expérience. Les Bourbons
naissent Héros & triomphateurs.
, C'est sous un tel Maîrre qu'il apprendra à
préférer les vertus pacifiques aux vertus GuerrieresL,
. . Déja la paix est née avec le Roy son
Pere, il s'emprefiera comme lui d'accroître
son Temple.
Ênfin , point de vertus héroïques dont le
Dauphin ne trouve en son Pere l'éclatant mo
delé ; Hector, Achille, César ou Alexandre
Îeuyent servir de Guides aux autres Princes ,
,oúis est le seul que le Dauphin doive consul
ter , puisqu'il a tout ce qui fait & les Grandi
Rois & les bons Rois.
i°. La tendre pieté de la Reine n'est pas une
leçon moins précieuse pour le Dauphin. Au
trefois Saùl demanda à David quelle étoit fa
Famille. A peine Peut- il fçu , qu'il connut que
le jeune David devoit être l'appui de la Reli
gion en Israël : II suffit de seavoir que le Dau
phin a pour Mere la plus religieuse Prineeiie,
FEVRIER. Ï730'. jl?
p«ur augurer quel sera son zele pour la Reli
gion de ies Pères.
L'Orateur exposa avec rout l'art possible les
exemples de pieté que la Reine fait briller aux
yeux de íës Sujets , & avec quelle ardeur elle
conservera pour le Ciel le Héros qu'elle en a
reçu.
Il marqua ensuite que les Nations Etrangères
préparent leurs Princes à l'exercice des vertus
par des Symboles qui leur en retracent la prati-
!^ue dès l'enfance j le Dauphin n'a besoin pour
è former à la prêté , que des foins d'une
Reine dont le coeur est l'Autel même de-la
Religion. II fit le parallèle d'Annibal présenté
aux Autels, & dont la consécration n'eut dèslors
rien que de funeste gux Romains , & ce
lui *du Dauphin offert au Seigneur , & en qui
la Religion dès ee moment a reconnu son ap
pui & son vengeur.
L'Orateur conclut cette seconde Partie, en
recueillant les avantages que l'éducatton pa
ternelle & maternelle vont Ini procurer. II la
termine par les Voeux les plus touchants pour
•la conservation d'un fi cher Dépôt. I! n'a rien
de plus grand à désirer à son Héros naiíìànt ,
que de ressembler à Louis & à Marie , vivat
dignus Pâtre , vivat digvus Matre , vivat
utrique fimilis.
L'accompagnement de la Harangue répon-.'
dok au sujet. La Salle étoit décorée de super*
bes Tapisseries , fur lesquelles éroient dans un
riche enfoncement les Portraits du Roy & de
la Reine , & l'Ecusson du Dauphin. Ils étoienc
couronnés d'un Dais , & éclairés par une in
finité de lumières. Plusieurs Lustres & Giran
doles éroient placés de distance en distance.
L' Assemblée étoit des plus choisies. M. de Bril-
F iij lac
fttt MERCURE'DE FRANCE.
lac, Premier Président , s'y trouva â la tête de?
plusieurs Presidens. à Mortier & Conseillers
du Parlement.
Le Discours fini , on donna à l'Orateur les
applaudillemens que déja plusieurs fois pen-' ^i
dant l'adtion , l'admiration unanime n'avoic
pû suspendre. On fut agréablement frappé en'
sortant-, de trouver toute la Cour du Collège'
illuminée } chaque Croisée étoic chargée de
Piramides de Lampions, ou chargée de Pots
à Feu , ou d'Ecuílons aux Armes du Roy , de'
là Reine & du Dauphin. Un grand Bûcher
étoit préparé au milieu de la Cour. Cent Ecoî
lîers richement habillés 7 & portant chacun un-
Drapeau j firent autour diverses évolutions ,
& deux des plus qualifiés y mirent le feu au
bruit des Tambours & dés Trompettes. Les<
Boëtes tirèrent avec un fracas qui n'avoit rien
que de superbe ; les Fusées se mêlèrent dans les
airs, 3i firent disparoître pendant quelques)
heures , les ténèbres de la nuit. Le Public pa*
nu charmés du Spectacle, & ranima à cette
nouvelle Fête les premiers sentimensde joye
tìjue la Naissance du Dauphin avoic causé 3 f
avoit quelques mois.
' Rennes fur la Naissance du Dauph i n.
LE Pere Coriou , Professeur de Rethorique
au Collège des Jésuites de la Ville de Rennés
, n'a semblé différer de célébrer I'heuteuse
Naissance d'un Dauphin, qu'afin de re
veiller la joye publique par les motifs les plus
interessans pouj la France.
Le Programme étoit conçu en ces termes.:
Telfhinum Varentìbus, Parentes Delphino gratulahìtur
Orator, Le dessein étoit naturel,
mais il fut traité d'une façon qui le rendit, fìnr
gulier à son ingénieux Auteur.
L'Orateur dans son Exorde , conduisoit Iei
ris & les grâces au berceau de l'Auguste En
fant, rien ne s'y offre que d'aimable & d«
propre à fixer les regards. L'amour des Pranr
çois se mêle à cette troupe badine. Les Zephirs
raccompagnent » re:pcctent & augmen
tent le sommeil du Dauphin. II viendra un
tems où la valeur & la gloire ne troubleront
.que trop son repos. L'Exorde étoit terminé
{>ar un Compliment à l'Illustre Chef du Par
ement de Bretagne, qui honoroit l'Oraceur
de fa présence.
L'Orateur entra dans fa première Partie, en
marquant que les Enfans des Rois naissent à &
yerité dans les larmes comme les autres , mais
que la Grandeur , la Majesté , 1 allégresse sui
vent de près les premiers instants de leur séjour
sur la terre. Nafcuxtur ut ateris ìmperent hotninil/
tts ìnter ques fe'dent ut Patres , t minent
Ht foles , coluntur ut numina.
. Ensuite il félicita le Roy & la Reine d'ayoir
un Dauphin, puisque cetoe Naissance* dis.
- - '■ 1 F sijpe
3a4 MERCURE DE FRANGE,
sipe toutes les inquiétudes du Roy, puisqu'elle
donne un nouvel accroissement à l'autorité de
la Reine.
i'9-, Qu'il est douloureux à un Grand Roy
de se voir privé d' un héritier de son Thrône! A
quoi même les Peuples rie sont-ils pas exposés
dans défi critiques conjonctures i L'áge de nos
'Pères ne nous -en est qu'un" trop fidèle garand.
les Guerres intestines ou Etrangères dont il?
furent les victimes , l'ambition , la perfidie >
qu'allumèrent les intérêts divisés , font sentir
Je déplorable état d'un Royaume dont le Mo
narque n'a point de Fils auquel il transmette
sa Couronne. La France n'a plus à redouter
de pareils malheurs. Le Dauphin , heureux
présage du calme . écarte en naisíant toutes les;
tempêtes que nous pouvions redotiter.
Les larmes que nous versâmes fur la perte
de "nos Princes, font taries dans un jour £
forrttné. L'Orateur exposa ici les justes dou
leurs qui saisirent tous les François à la mort
des Princes. Leurs caractères étoient maniés
4e plus délicatement. Celui du feu Roy plus
Çrand dans ses revers qu'au milieu de l'éclat
de ses prospérités , couronnoit ces magnifiques
-éloges.
Après tant d'alarmes , un Astre nouveau
s'élève, & nous fournit les plus heureux au
gures pour rendre la fortune tributaire à ses
armes , donner la loy aux Nations jalouses ,
faire trembler les Rois , affermir son Trône par
de nouvelles conquêtes . ce fera un "jour l'occupation
du Dauphin. Les Augustes , les Tites,
les Alexandres , les Henrys & les Louis , feront
ses modelés ; mais s'il se peut , il les surpas
sera.
- j>. L'autorité de la Reine s'accroît à la
• Náïflanc*
FEVRIER. 1730."
íîíaissance d'un Dauphin. II a été l'objet de ses
demandes & de ses soupirs. L'Orateur congra
tula la Bretagne, d'avoir trouvé dans sainte
Anne un de ses Anges turelaires , qui ait porté
au Trône de TEternel l'encens de ses prières »
pour obtenir un bien si précieux; quoiqu'ajottta
t il , il n'est aucun Temple dans la France
qui n'ait retenti des Voeux qu'on y a addressé,de
concert avec les désirs de la Reine. II prit à té
moin les aziles secrets où elle presentoit au
Tout- puissant ses prières les plus ferventes , '
les Vierges consacrées à Dieu , les pauvres qui
ont intcrrefle le Ciel à combler les Voeux de
leur Bienfaitrice. Il invita ses Auditeurs i
contempler cette Princesse aux pieds de sainte
iGenevieve > y répandant d'abord ses larmes
& ses désirs , Sc peu après > les tendres gages
de fa reconnoiffance.
Il fit voir par le détail de ses hautes qualitez,,
que la Reine leur doit Péclat du rang qu'elle
occupe. Aujourd'hui comme une autre Cor*
-nelie» elle montre dans son Dauphin le plus
précieux de ses Trésors. Ce fera aussi le Tré
sor de tous les malheureux. Le coeur de la
Reine compatira à toutes les misères , & le
Dauphin à qui elle ies postera , suffira pour les
bannir dans tous les Etats. C'est à cet usage,
que la Reine consacrera l'accroiilèment nou-
.Veau de son autorité.
De cette première Partie , l'Orateur conclut
que les François retrouvent à Ja 'Naissance du
Dauphin leur bonheur , uni à celui du Roy St
de la Reine.
L'Orateur commençoit la seconde Partie, en
disant que le Dauphin ne devoit •point enviée
aux anciens Héros la Noblesse de leur origine,
■wrexcellencc des Maîtres fous qui ils s'étoiene
F ij fuîmes.
■%*6 MERCURE DE FRANCE,
formez. Le Roy son Pere lui apprendra l'art de
régner . la Reine sa Mere sera son Modelé dans
ice qu'il doit à la Religion.
i°. C'est beaucoup de fournir le Sang des
Rois , c'est plus de former un Roy. C'est le
double bien que Louis XV. transporte à son
Dauphin. Autrefois il mit les délices à cultiver
des Fleurs ; il s'en présente une à ia culture
qui aura tous ses foins.
G'eít sous un tel Maître que le Dauphin ap
prendra à mériter l'amour des Peuples , à es
suyer leurs larmes , à procurer leur félicité >
à en devenir le Pere-
C'est fous un tel Maître qu'il apprendra à
donner des Batailles & à y vaincre. Les autres
n'apprennent à commander qu'à leurs dépens ,
pu par une longue expérience. Les Bourbons
naissent Héros & triomphateurs.
, C'est sous un tel Maîrre qu'il apprendra à
préférer les vertus pacifiques aux vertus GuerrieresL,
. . Déja la paix est née avec le Roy son
Pere, il s'emprefiera comme lui d'accroître
son Temple.
Ênfin , point de vertus héroïques dont le
Dauphin ne trouve en son Pere l'éclatant mo
delé ; Hector, Achille, César ou Alexandre
Îeuyent servir de Guides aux autres Princes ,
,oúis est le seul que le Dauphin doive consul
ter , puisqu'il a tout ce qui fait & les Grandi
Rois & les bons Rois.
i°. La tendre pieté de la Reine n'est pas une
leçon moins précieuse pour le Dauphin. Au
trefois Saùl demanda à David quelle étoit fa
Famille. A peine Peut- il fçu , qu'il connut que
le jeune David devoit être l'appui de la Reli
gion en Israël : II suffit de seavoir que le Dau
phin a pour Mere la plus religieuse Prineeiie,
FEVRIER. Ï730'. jl?
p«ur augurer quel sera son zele pour la Reli
gion de ies Pères.
L'Orateur exposa avec rout l'art possible les
exemples de pieté que la Reine fait briller aux
yeux de íës Sujets , & avec quelle ardeur elle
conservera pour le Ciel le Héros qu'elle en a
reçu.
Il marqua ensuite que les Nations Etrangères
préparent leurs Princes à l'exercice des vertus
par des Symboles qui leur en retracent la prati-
!^ue dès l'enfance j le Dauphin n'a besoin pour
è former à la prêté , que des foins d'une
Reine dont le coeur est l'Autel même de-la
Religion. II fit le parallèle d'Annibal présenté
aux Autels, & dont la consécration n'eut dèslors
rien que de funeste gux Romains , & ce
lui *du Dauphin offert au Seigneur , & en qui
la Religion dès ee moment a reconnu son ap
pui & son vengeur.
L'Orateur conclut cette seconde Partie, en
recueillant les avantages que l'éducatton pa
ternelle & maternelle vont Ini procurer. II la
termine par les Voeux les plus touchants pour
•la conservation d'un fi cher Dépôt. I! n'a rien
de plus grand à désirer à son Héros naiíìànt ,
que de ressembler à Louis & à Marie , vivat
dignus Pâtre , vivat digvus Matre , vivat
utrique fimilis.
L'accompagnement de la Harangue répon-.'
dok au sujet. La Salle étoit décorée de super*
bes Tapisseries , fur lesquelles éroient dans un
riche enfoncement les Portraits du Roy & de
la Reine , & l'Ecusson du Dauphin. Ils étoienc
couronnés d'un Dais , & éclairés par une in
finité de lumières. Plusieurs Lustres & Giran
doles éroient placés de distance en distance.
L' Assemblée étoit des plus choisies. M. de Bril-
F iij lac
fttt MERCURE'DE FRANCE.
lac, Premier Président , s'y trouva â la tête de?
plusieurs Presidens. à Mortier & Conseillers
du Parlement.
Le Discours fini , on donna à l'Orateur les
applaudillemens que déja plusieurs fois pen-' ^i
dant l'adtion , l'admiration unanime n'avoic
pû suspendre. On fut agréablement frappé en'
sortant-, de trouver toute la Cour du Collège'
illuminée } chaque Croisée étoic chargée de
Piramides de Lampions, ou chargée de Pots
à Feu , ou d'Ecuílons aux Armes du Roy , de'
là Reine & du Dauphin. Un grand Bûcher
étoit préparé au milieu de la Cour. Cent Ecoî
lîers richement habillés 7 & portant chacun un-
Drapeau j firent autour diverses évolutions ,
& deux des plus qualifiés y mirent le feu au
bruit des Tambours & dés Trompettes. Les<
Boëtes tirèrent avec un fracas qui n'avoit rien
que de superbe ; les Fusées se mêlèrent dans les
airs, 3i firent disparoître pendant quelques)
heures , les ténèbres de la nuit. Le Public pa*
nu charmés du Spectacle, & ranima à cette
nouvelle Fête les premiers sentimensde joye
tìjue la Naissance du Dauphin avoic causé 3 f
avoit quelques mois.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate un discours prononcé par le Père Coriou, professeur de rhétorique au Collège des Jésuites de Rennes, à l'occasion de la naissance du Dauphin. Le discours, intitulé 'Telfhinum Varentibus, Parentes Delphino gratulatur Orator', visait à célébrer cet événement joyeux pour la France. L'orateur commence par évoquer les grâces et les zéphyrs accompagnant le sommeil du Dauphin, contrastant avec les futurs défis de la valeur et de la gloire. Il adresse ensuite un compliment à l'Illustre Chef du Parlement de Bretagne présent. Dans la première partie, l'orateur souligne que les enfants des rois naissent dans les larmes mais sont rapidement entourés de grandeur et de majesté. Il félicite le roi et la reine pour la naissance du Dauphin, qui apaise les inquiétudes du roi et renforce l'autorité de la reine. Il rappelle les douleurs passées lors de la perte des princes et les dangers pour la France en l'absence d'héritier. La naissance du Dauphin est perçue comme un présage de calme et de prospérité. L'orateur exprime ensuite ses vœux pour que le Dauphin surpasse les grands souverains du passé et affermisse le trône par de nouvelles conquêtes. Il souligne l'augmentation de l'autorité de la reine et son rôle de protectrice des malheureux. Dans la seconde partie, l'orateur affirme que le Dauphin n'a pas besoin d'envier les héros anciens, car il sera formé par le roi son père et la reine sa mère. Il met en avant les vertus du roi et de la reine comme modèles pour le Dauphin, soulignant la piété et la religiosité de la reine. Il conclut en exprimant des vœux pour la conservation et l'éducation du Dauphin, afin qu'il ressemble à Louis XV et à Marie. Le discours est accompagné de décorations somptueuses et d'un spectacle pyrotechnique, illustrant la joie et l'enthousiasme suscités par la naissance du Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
739
p. 361-363
Prix donné au Palinod de Roüen. [titre d'après la table]
Début :
On nous écrit de Roüen, que le 8. du mois de Decembre dernier, on lut, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Prix académique, Assemblée du Palinod
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prix donné au Palinod de Roüen. [titre d'après la table]
On nous écrit de Rouen , que le Si
da mois de Décembre dernier , on lut
selon la- coutume, dans l'AíTemblée du-
Palinod, les Pieces de Poésie qui avoient
été envoyées de çûfserens eàdroits ^fa^iè
ft à MERClTRE DE FRÀNCÊ.
ìt Prix Académique avoit été adjugé a
M. de Becthomas , fils de M. Bois-le-
Vicomte , Conseiller au Parlement , Autheur
de la Piece que voici, au sujet de
ht Naissance du D ab p h in.
*>
yivite ffelices , securi vivite Galli't
Dttlcì* florenti , Lodoix , dabit otia regn»,
Firmabit patrie, soboles pâtre digna salut em*
Jam data frogenies , tdtro cui régna coronas
Ëxtera submittant , qaam G alliea sceptra ma
rierent y -
Masctila fimineìs manions fi Galìia tangì
Sceptra superba finat, Tripljces , tria fidera
natt,
Sunt decus imperiï; solii sed déficit h&ret y.
Aime Deus > gentis spesdeficit : Annue votis }»
Annue regali puerum de sanguine isurgat
Auguftus prinetps ,-populo qui jura ■volenti
Dividat , ér patrittm tra&et non degener enfitm
Ac nevus txoritur fer rum , per oppida plaît*
fus:
Jngeminanf Utt Regalia nomina votes»
Scilicet optati partús rumore secundo ,
tama volant late populos afflavit ovantes*
flaudite , felicès, securi plaudite Galli :'
Farta quies vobis ; veftros quoque Uta nepotes
Sida manet. Solio fedent , uternumaue jedebit
jHclyt* Borbohi»U« proies / qui rìafcitur
Boa.-
FEVRTER. 1750: &f
éoRBONiUS , fuccedet Avis : natalia monflrant
Tempora quantus erit : fofitis concordia beSis
uíptavit placidum tantis natalibus orbem.
Trincipis ad cunas concors Europa volavit
Arma, fimnl, bellique minas pofitura ; Quiefcitï
Arbiter eft, Lodoix , DelphinTJS foederis Obseli
Cresce , Puer; tibi s&cla fittant felicia ; Regum
Cum Lodoix dicetttr Avus , RegHmque Ma
ria.
Filin, Sponfa , Parena Pat rit. die arts Amore s,
da mois de Décembre dernier , on lut
selon la- coutume, dans l'AíTemblée du-
Palinod, les Pieces de Poésie qui avoient
été envoyées de çûfserens eàdroits ^fa^iè
ft à MERClTRE DE FRÀNCÊ.
ìt Prix Académique avoit été adjugé a
M. de Becthomas , fils de M. Bois-le-
Vicomte , Conseiller au Parlement , Autheur
de la Piece que voici, au sujet de
ht Naissance du D ab p h in.
*>
yivite ffelices , securi vivite Galli't
Dttlcì* florenti , Lodoix , dabit otia regn»,
Firmabit patrie, soboles pâtre digna salut em*
Jam data frogenies , tdtro cui régna coronas
Ëxtera submittant , qaam G alliea sceptra ma
rierent y -
Masctila fimineìs manions fi Galìia tangì
Sceptra superba finat, Tripljces , tria fidera
natt,
Sunt decus imperiï; solii sed déficit h&ret y.
Aime Deus > gentis spesdeficit : Annue votis }»
Annue regali puerum de sanguine isurgat
Auguftus prinetps ,-populo qui jura ■volenti
Dividat , ér patrittm tra&et non degener enfitm
Ac nevus txoritur fer rum , per oppida plaît*
fus:
Jngeminanf Utt Regalia nomina votes»
Scilicet optati partús rumore secundo ,
tama volant late populos afflavit ovantes*
flaudite , felicès, securi plaudite Galli :'
Farta quies vobis ; veftros quoque Uta nepotes
Sida manet. Solio fedent , uternumaue jedebit
jHclyt* Borbohi»U« proies / qui rìafcitur
Boa.-
FEVRTER. 1750: &f
éoRBONiUS , fuccedet Avis : natalia monflrant
Tempora quantus erit : fofitis concordia beSis
uíptavit placidum tantis natalibus orbem.
Trincipis ad cunas concors Europa volavit
Arma, fimnl, bellique minas pofitura ; Quiefcitï
Arbiter eft, Lodoix , DelphinTJS foederis Obseli
Cresce , Puer; tibi s&cla fittant felicia ; Regum
Cum Lodoix dicetttr Avus , RegHmque Ma
ria.
Filin, Sponfa , Parena Pat rit. die arts Amore s,
Fermer
Résumé : Prix donné au Palinod de Roüen. [titre d'après la table]
En décembre précédent, un événement académique a eu lieu à Rouen lors de la lecture des pièces de poésie à l'Assemblée du Palais. Un prix académique a été décerné à M. de Becthomas, fils de M. Bois-le-Vicomte, Conseiller au Parlement. La pièce primée célèbre la naissance du Dauphin. Le poème exprime des vœux de bonheur et de sécurité pour la France sous le règne de Louis, espérant la consolidation de la patrie et la continuité de la lignée royale. Il mentionne la fin des menaces féminines et la stabilité des trois sceptres, symbolisant la puissance impériale. Le texte se conclut par des vœux pour la prospérité et la paix, espérant que le Dauphin grandira pour devenir un prince auguste et juste, apportant bonheur et stabilité au peuple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
740
p. 377-378
RUSSIE
Début :
On mande de Moscou, que quatre Marchands d'Ispahan y étoient arrivez depuis [...]
Mots clefs :
Moscou, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE
Russie
ON mande da Moscou > que quatre Mar-»
chands d'Ispahan y étoient arrivez depuis
peu pour s'y établir , & que les effets qu'ils y
jtvoient aportez consistoient en bijoux & au*
tres marchandises précieuses. Ils ont demandé
la permission de prendre intérêt dans les prin
cipales Compagnies du commerce de ce pays »
& principalement dans celle du commerce de
la Chine , où tous les Negociáns Etrangers
fiourront à présent prendre part . en vertu de
a nouvelle Ordonnance que le Czar a fait pu
blier.
. Le 11. Janvier , premier jour de l'an , selort
H ííij l'an378
MÉRCURÈ DÉ FRANCE,
í'ançien stile , le Czar , la Princeíïe Dolho-r
iucki sa fiancée , & les Princesses du Sang , re
çurent les complimens de tous les Seigneurs
& Dames de la Cour , à Moscou , sur la nou
velle année.
On mande aussi de Moscou du 18. Janvier »
«jue la Cérémonie du Mariage du Czar se fer oie
avant la fin de ce mois-là i & on apprend de
Peteríbourg que la plupart ^es .prisonniers des
prisons de cette ville avoient été mis en liberté
a l'occasion de ce futurMariage>â condition de
travailler aux Digues de la Neva pendant
J'hyver.
Il est arrivé à Moscou un Envoyé Extraor
dinaire du Prince Thamas , fils du dernier Roy
de Perse , avec une suite de trente à quaran-ce
Persans.
ON mande da Moscou > que quatre Mar-»
chands d'Ispahan y étoient arrivez depuis
peu pour s'y établir , & que les effets qu'ils y
jtvoient aportez consistoient en bijoux & au*
tres marchandises précieuses. Ils ont demandé
la permission de prendre intérêt dans les prin
cipales Compagnies du commerce de ce pays »
& principalement dans celle du commerce de
la Chine , où tous les Negociáns Etrangers
fiourront à présent prendre part . en vertu de
a nouvelle Ordonnance que le Czar a fait pu
blier.
. Le 11. Janvier , premier jour de l'an , selort
H ííij l'an378
MÉRCURÈ DÉ FRANCE,
í'ançien stile , le Czar , la Princeíïe Dolho-r
iucki sa fiancée , & les Princesses du Sang , re
çurent les complimens de tous les Seigneurs
& Dames de la Cour , à Moscou , sur la nou
velle année.
On mande aussi de Moscou du 18. Janvier »
«jue la Cérémonie du Mariage du Czar se fer oie
avant la fin de ce mois-là i & on apprend de
Peteríbourg que la plupart ^es .prisonniers des
prisons de cette ville avoient été mis en liberté
a l'occasion de ce futurMariage>â condition de
travailler aux Digues de la Neva pendant
J'hyver.
Il est arrivé à Moscou un Envoyé Extraor
dinaire du Prince Thamas , fils du dernier Roy
de Perse , avec une suite de trente à quaran-ce
Persans.
Fermer
Résumé : RUSSIE
Le document relate plusieurs événements récents en Russie. Quatre marchands d'Ispahan sont arrivés à Moscou pour s'y établir, apportant des bijoux et d'autres marchandises précieuses. Ils ont sollicité une participation aux principales compagnies de commerce, notamment celle du commerce de la Chine, désormais ouverte aux négociants étrangers grâce à une nouvelle ordonnance du Czar. Le 11 janvier, jour du Nouvel An selon le calendrier julien, le Czar, le prince Dolhoriucki, sa fiancée et les princesses du sang ont reçu les vœux des seigneurs et dames de la cour à Moscou. Le 18 janvier, il a été annoncé que la cérémonie de mariage du Czar se tiendrait avant la fin du mois. À Saint-Pétersbourg, la plupart des prisonniers ont été libérés pour travailler sur les digues de la Neva pendant l'hiver. Par ailleurs, un envoyé extraordinaire du prince Thamas, fils du dernier roi de Perse, est arrivé à Moscou accompagné d'une suite de trente à quarante Persans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
741
p. 378-383
EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
Début :
Le 9. du mois de Novembre, j'ai fait chanter la Messe & le Te Deum en Musique dans [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Réjouissances, Lumières, Armes, Fleurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
EXTRAIT d'une Lettre de M. Delijle;
i écrits de Peterjbourg le 3 . Janvier
1730.
LE 9. du mois de Novembre, j'ai fait char*-
ter la Messe & 1; Te Veum en Musique dans
j'Eglise^ Catholique , en action de grâces de
j'heureux Accouchement de la Reine, & de
]a Naissance de Monseigneur le Dauphin. J'y
avois invité non seulement tous les François
qui font dans cette ville , mais encore toutes
les personnes de distinction qu'il y a ici > com
me Officiers Généraux, Amiraux, Vice- Ami
raux, Contre- Amiraux , les principaux Mem
bres des différents Collèges , les principaux
Marchands , & tous les Académiciens. Toutes
ces personnes invitées se sont ensuite rendues le
même soir dans la maison de l' Académie oú
est l'Observatoire , & dans laquelle je demeu
re.
FEVRIER. 1750; J79
ré. Cette maison qui est isolée , est avantageu
sement située au milieu de la ville , à la pointe
de l'ifle appellée Vasile OHrou ; elle est com
posée de deux grands Corps de logis , au mi
lieu desquels est élevé l'Obscrvatoire. Toute
:1a maison, percée de plus de cent fenêtres ,
^étoic éclairée d'illuminations par des Pìramides
de lumières posées en dedans de chaque
fenêcie , suivant l'usage du pays- J'avois auífi
fait préparer un grand nombre de terrines pour
illuminer en dehors la tour de l'Obscrvatoire»
dans trois rangs , les uns au dessus des autres \
il y avoit une fort grosse boule transparente ,
qui devoir terminer cette illumination de ï*
Tour , & qui étant élevée tout au haut de
l'Obscrvatoire , à plus de deux cens pieds de
.hauteur > pouvoit être vûe de toute la ville
& des environs , & y montrer fur un fond
obscur les Fleurs de Lys des Armes de France
illuminées ; mais la grande tempête & le venc
-qu'il fit toute cette nuit à Peteríbourg, ne
permirent pas cette illumination de la Tour.
D; plein pied à mon Appartement est une
:grande Salle que j'avois fait préparer pour la
Fête; elle ctoit ornée des plus belles Tapisse
ries de haute & basse Lisse , au dessus desquel
les regnoit tout autour de la Salle une large
bande d' Etoffé bleue' , couverte de figures , de
Dauphins & de Lys de France. La voûte étoic
soutenue par huit Colomnes, autour desquel-
,fcs j'avois fait attacher en spirales des bran
ches d'arbres qui faisoient l'esset des Colonnes
torscs. Cette Salle étoit illuminée , de même
que le reste de la ftiaison , en Pîramides de
lumières dedans l'embrasure de chaque fenêtrer
Outre cela dans les deux fonds , par les
quels cette Salle est contiguê au reste de la
*. , H y Maison,
38o MERCURE DÉ FRANCE.
Maison , & dans lesquels il n'y a point de fé>
Jiêtres , il y avoir fur le mur quatre autres
plus grandes Piramides de lumières > & entre
ces Piramides , fur chaque fond , on voyoit
en haut comme dans un enfoncement un
grand Tableau transparent , sur lequel étoient
peintes des Devises qui convenoient au sujet.
Celui de ces Tableaux qui étoît le premier vû
en entrant , reprefentoic le sujet de la Fête.
Les deux Anges qui servent de Support aux
Armes de France , y étoient représentez en
pied s & au lieu de sòûtenir l'Ecuífon , ils recevoient
des Cieux un Enfant richement ernr
mailloté &accollé de l'Ordre du S. Esprit,
avec cette Inscription : C&lesti tr,unere Ui»
Gallia. La Traduction en Rulìe étoit au bas.
Du côté opposé > sur un Tableau de même
grandeur , étoit représente' un Dauphin au
tour du Sceptre Royal de France , lequel fer
retminoit en Ancre , avec cette Inscription*;
Spet fausta futuri , la Traduction en Ruflè
étoit au bas. Au fond de la Salle il y avoit
«ne grande Table de cent Couverts , dressée
en fer â cheval, & aux deux côtez vers le
bas , deux autres Tables de if. Couverts cha
cune; enfin vers le plus bas de la Table étoir
Choeurs , entre lesquels on passoit fous un
Berceau de vetdure , pour entrer dans la Salle.
Cette entrée étoit gardée par deux grands Gre
nadiers de la Garde de S. M. il y en avoit iSautres
à rentrée de la maison & de mon ap
partement. Entre l'Amphitheatre des Musi
ciens & les Tables il y avoit encorô un fore
grand espace vuide pour la Danse , fans in
commoder le Service des Tables , pour lequeî
il y avoit deux grands Buffets dressez aux deux
cote?
FEVRIER, ma. jSi
çâtez de la Salle. J'avois fait servir sur les
Tables une Collation en Ambigu , laquelle
faifoic un fore bel effet par le grand nombre
de bougies qui étoient fur ces Tables dans
des flambeaux de cristal. Toutes les Piramides
qui étoient aussi de cristal éroient ornées de
fleurs naturelles & artificielles ; toutes les
viandes étóient jonchées de Bouquets de lau
riers naturels . dorez 8r argentez par les extremitez
; j'avois auíïi fait représenter fur cette
Collation , autant que l'on avoit pû , des figu
res de Dauphins & dè Fleurs de-Lys , fur le»
Tourtes , les Pàtez , & dans les Candits.
Il y avoit au haut de la plus grande Piramide
, qui étoit placée au milieu de h plus
frande Table, un groupe de plusieurs figures
e relief, en cire , de près d*un pied de hau
teur , dorées , & les Draperies argentées. La
principale figure étoit debout , & represen
toit la France , ayant le Manteau Royal , 8c la
Couronne de Fiance. Elle tenoit fur fes bras
un Enfant nud , qui representoit le Dauphin.
Au bas étoit un petit Amour , qui mettant les
pieds fur un Carreau semé de Fleurs de-Lys ,
cherchoit à s'élever pour présenter à l'aucuste
Enfant la Couronne du Dauphin , 8t
fc Cordon de l'Ordre dû S. Efprir,. Ce groupe
qui étoit artistement entouré des plus belles
Tleurs naturelles & artificielles , étoit sur
monté d'une Arcade de feuilles de Lauriers ,
dorées 8r argentées. Au haut de cette Arcade
étoit une grande Fleur-de- Lys de Sucre caniîî
transparante > qui à la clarté des lumières paroissoit
d'or. Aux deux côtez , fur les pince»
du Fer à cheval , étoient deux autres figures
de même matière, dorées & argentées de la
»é.me manière j l'une representoit la Paix, 8c
H vj l'awî*
3 8 1 MERCURE DE FRAtíCE;
l'autre l' Abondance, avec léurs attributs, pour
marquerque cette Naissance étoit arrivée dans,
la Paix & l'Abondance. J'avois aussi fait met
tre fur la Tapisserie du fond de la Salle les
Portraits du Roy & de lá Reine. Enfirt
fur le bas de la Nappe du milieu de la grande
Table , on voyoit les Armes du Dauphin ,
peintes en grand. Voilà quelle étoit la disposi
tion de la Salle, dont on ne fit Touverturc
qu'après que toute la Compagnie sc'fû't assem
blée dans mon Appartement.
Les Amiraux & autres Officiers Généraux,
à mesure qu'ils arrivoient par eau dans leurs
Barques, etoient annoncez par les Timballes
& les Trompettes', & étoient reçus , les Gre
nadiers étant fous les armes , & leur Lieute»
nant à leur tête. Lorsque la Compagnie fut
doute aflemblée, & qu'au sortir de mon Ap
partement elle entra dans la Salle où 'les Musi
ciens la reçurent pat un Concert de tous leurs
înstrumens ; elle y fut agréablement surprise
de l'éclat de toutes les lumières & de la belle
■disposition de la Salle , que chacun prit plaisir
de voir plus d'un quart d'heureavant que de sb
mettre à table. Chacun s'étant ensuite placé
suivant son.rang , & les Dames ayant été eon*.
duites par les personnes les plus distinguées ,
le Repas fut accompagné de la- Musique , qui
joiia les plus belles Sonnâtes , & autres Airs
choisis. L'on y but les Santez de Leurs Ma
lestez & de Monseigneur lè Dauphin au son
des Timballes & des Trompettes , & ensuite
toutes les autres Santez , suivant la coutume
du pays, comme celles du haut Ministère,. de
Ï Amirauté, & de la Généralité , des fidèles
Serviteurs , des Absents , &c, J'y fis servît
avec profusion ks meilleurí vins du Rhin , de
Bouc»
FEVRIER. *7%tí. i%$
Bourgogne & de Canarie , faisant donner à
chacun celuy qu'il souhaittoit , & autant qu'il
cn vouloir. Après la Collation le Bal fut ou
vert par M. le General Major Tessin, Envoyé
du Duc de Holstein , qui dansa avec la fille
Je l'Arniral Sivcrs. On dansa non-seulemenc
dans la grande Salle , mais aussi dans les au*
tres Chambres de mon Appartement , & je fis
servir pendant le Bal tous les Rafraîchissemtns
que l'on souhaittoit- J'y avois aufli fait dresser
des tables pour ceux qui vouloient fumer ou
chanter , ou boire de la Ponche, à la manière
Angloife , afin que rien ne manquât dans cette
Fête , qui a dure jusqu'au lendemain huit heu
res du matin , avec une telle satisfaction de
tout le monde , que plusieurs personnes ont
allure qu'il n'y avoic point encore eu jufqu'aîors
à Peterfbourg une Fête plus belle & mieu*
ordonnée.
M. Delijle-, Astronome , de l'Academie
Royale des Sciences de Paris » Lecteur &
Professeur au Collège Royal de France, de
la Société Royale de Londres, & de celle de
Prusse, alla à Peterfbourg il y a quatre ans,
avec la permission du Roy , pour y travailler
avec plusieurs autres Sçavans, à un Observa
toire & à une A cademie des Sciences que le feu-
Czar avoit commencé d'y établi»
i écrits de Peterjbourg le 3 . Janvier
1730.
LE 9. du mois de Novembre, j'ai fait char*-
ter la Messe & 1; Te Veum en Musique dans
j'Eglise^ Catholique , en action de grâces de
j'heureux Accouchement de la Reine, & de
]a Naissance de Monseigneur le Dauphin. J'y
avois invité non seulement tous les François
qui font dans cette ville , mais encore toutes
les personnes de distinction qu'il y a ici > com
me Officiers Généraux, Amiraux, Vice- Ami
raux, Contre- Amiraux , les principaux Mem
bres des différents Collèges , les principaux
Marchands , & tous les Académiciens. Toutes
ces personnes invitées se sont ensuite rendues le
même soir dans la maison de l' Académie oú
est l'Observatoire , & dans laquelle je demeu
re.
FEVRIER. 1750; J79
ré. Cette maison qui est isolée , est avantageu
sement située au milieu de la ville , à la pointe
de l'ifle appellée Vasile OHrou ; elle est com
posée de deux grands Corps de logis , au mi
lieu desquels est élevé l'Obscrvatoire. Toute
:1a maison, percée de plus de cent fenêtres ,
^étoic éclairée d'illuminations par des Pìramides
de lumières posées en dedans de chaque
fenêcie , suivant l'usage du pays- J'avois auífi
fait préparer un grand nombre de terrines pour
illuminer en dehors la tour de l'Obscrvatoire»
dans trois rangs , les uns au dessus des autres \
il y avoit une fort grosse boule transparente ,
qui devoir terminer cette illumination de ï*
Tour , & qui étant élevée tout au haut de
l'Obscrvatoire , à plus de deux cens pieds de
.hauteur > pouvoit être vûe de toute la ville
& des environs , & y montrer fur un fond
obscur les Fleurs de Lys des Armes de France
illuminées ; mais la grande tempête & le venc
-qu'il fit toute cette nuit à Peteríbourg, ne
permirent pas cette illumination de la Tour.
D; plein pied à mon Appartement est une
:grande Salle que j'avois fait préparer pour la
Fête; elle ctoit ornée des plus belles Tapisse
ries de haute & basse Lisse , au dessus desquel
les regnoit tout autour de la Salle une large
bande d' Etoffé bleue' , couverte de figures , de
Dauphins & de Lys de France. La voûte étoic
soutenue par huit Colomnes, autour desquel-
,fcs j'avois fait attacher en spirales des bran
ches d'arbres qui faisoient l'esset des Colonnes
torscs. Cette Salle étoit illuminée , de même
que le reste de la ftiaison , en Pîramides de
lumières dedans l'embrasure de chaque fenêtrer
Outre cela dans les deux fonds , par les
quels cette Salle est contiguê au reste de la
*. , H y Maison,
38o MERCURE DÉ FRANCE.
Maison , & dans lesquels il n'y a point de fé>
Jiêtres , il y avoir fur le mur quatre autres
plus grandes Piramides de lumières > & entre
ces Piramides , fur chaque fond , on voyoit
en haut comme dans un enfoncement un
grand Tableau transparent , sur lequel étoient
peintes des Devises qui convenoient au sujet.
Celui de ces Tableaux qui étoît le premier vû
en entrant , reprefentoic le sujet de la Fête.
Les deux Anges qui servent de Support aux
Armes de France , y étoient représentez en
pied s & au lieu de sòûtenir l'Ecuífon , ils recevoient
des Cieux un Enfant richement ernr
mailloté &accollé de l'Ordre du S. Esprit,
avec cette Inscription : C&lesti tr,unere Ui»
Gallia. La Traduction en Rulìe étoit au bas.
Du côté opposé > sur un Tableau de même
grandeur , étoit représente' un Dauphin au
tour du Sceptre Royal de France , lequel fer
retminoit en Ancre , avec cette Inscription*;
Spet fausta futuri , la Traduction en Ruflè
étoit au bas. Au fond de la Salle il y avoit
«ne grande Table de cent Couverts , dressée
en fer â cheval, & aux deux côtez vers le
bas , deux autres Tables de if. Couverts cha
cune; enfin vers le plus bas de la Table étoir
Choeurs , entre lesquels on passoit fous un
Berceau de vetdure , pour entrer dans la Salle.
Cette entrée étoit gardée par deux grands Gre
nadiers de la Garde de S. M. il y en avoit iSautres
à rentrée de la maison & de mon ap
partement. Entre l'Amphitheatre des Musi
ciens & les Tables il y avoit encorô un fore
grand espace vuide pour la Danse , fans in
commoder le Service des Tables , pour lequeî
il y avoit deux grands Buffets dressez aux deux
cote?
FEVRIER, ma. jSi
çâtez de la Salle. J'avois fait servir sur les
Tables une Collation en Ambigu , laquelle
faifoic un fore bel effet par le grand nombre
de bougies qui étoient fur ces Tables dans
des flambeaux de cristal. Toutes les Piramides
qui étoient aussi de cristal éroient ornées de
fleurs naturelles & artificielles ; toutes les
viandes étóient jonchées de Bouquets de lau
riers naturels . dorez 8r argentez par les extremitez
; j'avois auíïi fait représenter fur cette
Collation , autant que l'on avoit pû , des figu
res de Dauphins & dè Fleurs de-Lys , fur le»
Tourtes , les Pàtez , & dans les Candits.
Il y avoit au haut de la plus grande Piramide
, qui étoit placée au milieu de h plus
frande Table, un groupe de plusieurs figures
e relief, en cire , de près d*un pied de hau
teur , dorées , & les Draperies argentées. La
principale figure étoit debout , & represen
toit la France , ayant le Manteau Royal , 8c la
Couronne de Fiance. Elle tenoit fur fes bras
un Enfant nud , qui representoit le Dauphin.
Au bas étoit un petit Amour , qui mettant les
pieds fur un Carreau semé de Fleurs de-Lys ,
cherchoit à s'élever pour présenter à l'aucuste
Enfant la Couronne du Dauphin , 8t
fc Cordon de l'Ordre dû S. Efprir,. Ce groupe
qui étoit artistement entouré des plus belles
Tleurs naturelles & artificielles , étoit sur
monté d'une Arcade de feuilles de Lauriers ,
dorées 8r argentées. Au haut de cette Arcade
étoit une grande Fleur-de- Lys de Sucre caniîî
transparante > qui à la clarté des lumières paroissoit
d'or. Aux deux côtez , fur les pince»
du Fer à cheval , étoient deux autres figures
de même matière, dorées & argentées de la
»é.me manière j l'une representoit la Paix, 8c
H vj l'awî*
3 8 1 MERCURE DE FRAtíCE;
l'autre l' Abondance, avec léurs attributs, pour
marquerque cette Naissance étoit arrivée dans,
la Paix & l'Abondance. J'avois aussi fait met
tre fur la Tapisserie du fond de la Salle les
Portraits du Roy & de lá Reine. Enfirt
fur le bas de la Nappe du milieu de la grande
Table , on voyoit les Armes du Dauphin ,
peintes en grand. Voilà quelle étoit la disposi
tion de la Salle, dont on ne fit Touverturc
qu'après que toute la Compagnie sc'fû't assem
blée dans mon Appartement.
Les Amiraux & autres Officiers Généraux,
à mesure qu'ils arrivoient par eau dans leurs
Barques, etoient annoncez par les Timballes
& les Trompettes', & étoient reçus , les Gre
nadiers étant fous les armes , & leur Lieute»
nant à leur tête. Lorsque la Compagnie fut
doute aflemblée, & qu'au sortir de mon Ap
partement elle entra dans la Salle où 'les Musi
ciens la reçurent pat un Concert de tous leurs
înstrumens ; elle y fut agréablement surprise
de l'éclat de toutes les lumières & de la belle
■disposition de la Salle , que chacun prit plaisir
de voir plus d'un quart d'heureavant que de sb
mettre à table. Chacun s'étant ensuite placé
suivant son.rang , & les Dames ayant été eon*.
duites par les personnes les plus distinguées ,
le Repas fut accompagné de la- Musique , qui
joiia les plus belles Sonnâtes , & autres Airs
choisis. L'on y but les Santez de Leurs Ma
lestez & de Monseigneur lè Dauphin au son
des Timballes & des Trompettes , & ensuite
toutes les autres Santez , suivant la coutume
du pays, comme celles du haut Ministère,. de
Ï Amirauté, & de la Généralité , des fidèles
Serviteurs , des Absents , &c, J'y fis servît
avec profusion ks meilleurí vins du Rhin , de
Bouc»
FEVRIER. *7%tí. i%$
Bourgogne & de Canarie , faisant donner à
chacun celuy qu'il souhaittoit , & autant qu'il
cn vouloir. Après la Collation le Bal fut ou
vert par M. le General Major Tessin, Envoyé
du Duc de Holstein , qui dansa avec la fille
Je l'Arniral Sivcrs. On dansa non-seulemenc
dans la grande Salle , mais aussi dans les au*
tres Chambres de mon Appartement , & je fis
servir pendant le Bal tous les Rafraîchissemtns
que l'on souhaittoit- J'y avois aufli fait dresser
des tables pour ceux qui vouloient fumer ou
chanter , ou boire de la Ponche, à la manière
Angloife , afin que rien ne manquât dans cette
Fête , qui a dure jusqu'au lendemain huit heu
res du matin , avec une telle satisfaction de
tout le monde , que plusieurs personnes ont
allure qu'il n'y avoic point encore eu jufqu'aîors
à Peterfbourg une Fête plus belle & mieu*
ordonnée.
M. Delijle-, Astronome , de l'Academie
Royale des Sciences de Paris » Lecteur &
Professeur au Collège Royal de France, de
la Société Royale de Londres, & de celle de
Prusse, alla à Peterfbourg il y a quatre ans,
avec la permission du Roy , pour y travailler
avec plusieurs autres Sçavans, à un Observa
toire & à une A cademie des Sciences que le feu-
Czar avoit commencé d'y établi»
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. Delisle, écrite de Petersbourg le 3. Janvier 1730.
Le 9 novembre 1730, M. Delijle organisa une messe et un Te Deum en musique dans l'église catholique de Peterjbourg pour célébrer l'accouchement heureux de la Reine et la naissance de Monseigneur le Dauphin. Il invita tous les Français résidant dans la ville ainsi que des personnes de distinction, y compris des officiers généraux, des amiraux, des membres des collèges, des marchands et des académiciens. Le soir même, ces invités se rendirent à la maison de l'Académie, où se trouve l'Observatoire et où réside M. Delijle. La maison, située au milieu de la ville sur l'île de Vasile Ostrou, est composée de deux grands corps de logis avec l'Observatoire au centre. Elle était illuminée par des pyramides de lumières à chaque fenêtre et des terrines pour éclairer la tour de l'Observatoire. Cependant, une grande tempête empêcha l'illumination complète de la tour. Une grande salle, située au même niveau que l'appartement de M. Delijle, était préparée pour la fête. Elle était ornée de tapisseries, de bandes bleues avec des figures, des dauphins et des lys de France. La voûte était soutenue par huit colonnes décorées de branches d'arbres. La salle était illuminée par des pyramides de lumières et des tableaux transparents avec des devises appropriées au sujet de la fête. La salle contenait une grande table de cent couverts en fer à cheval, flanquée de deux autres tables de cinquante couverts chacune. Entre les chœurs de musiciens et les tables, un espace était réservé pour la danse. La collation servie était richement décorée avec des bougies, des pyramides de cristal ornées de fleurs, et des viandes jonchées de bouquets de laurier. Un groupe de figures en cire représentait la France tenant le Dauphin, entouré de symboles de paix et d'abondance. Les invités, annoncés par des timballes et des trompettes, furent reçus par des grenadiers. Après un concert des musiciens, ils prirent place selon leur rang. Le repas fut accompagné de musique, et des santés furent portées au son des timballes et des trompettes. Après la collation, un bal fut ouvert par M. le Général Major Tessin, et dura jusqu'au lendemain matin. La fête fut jugée par plusieurs comme étant la plus belle et la mieux ordonnée jamais vue à Peterjbourg. M. Delijle, astronome de l'Académie Royale des Sciences de Paris, lecteur et professeur au Collège Royal de France, membre de la Société Royale de Londres et de celle de Prusse, se rendit à Peterjbourg il y a quatre ans pour travailler à un observatoire et à une académie des sciences.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
742
p. 386-387
ESPAGNE
Début :
On a apris de Seville, que les Fêtes que le Corps de Ville devoit celebrer pour [...]
Mots clefs :
Course de Taureaux, Fête, Naissance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
Espagne
ON a aprís deSeville , que íes Fêtes qui
le Corps de Ville dévoie célébrer pour
l'heureux Accouchement de la Reine, & la
Naissance de l'Infante Dona Maria Antoinet
te Ferdinante, commencèrent le n- Janvier
au matin , dans la Place de S. François , qu'on
avoit ornée de magnifiques Tapisseries , par la
Course de dix Taureaux qui furent attaquez
par des homme à pied , & par quelques
Cavaliers armez de lances ; les uns & les au
tres s'en acquittèrent avec beaucoup d'adresse;
Vers ies deux heuras aprés Midy , le Roy
& la Re ie , accompagnez du Prince & de la
Princeiï* des Aíturies , des Infants Don Car*
los-, Do i Philippe & Don Louis , & de l'In
fante Dona Marie Thérèse , se rendirent aux
balcons de l'Hôtel de Ville , suivies des OrTíciers
de leurs Maisons , des Dames de la Cour,
& escortées par les Gardes d-u Corps & fa
Compagnie des Hallebardiers de la Garde : les
Regimens des Gardes Espagnoles &Walones
ètoient en haye & fous les armes. Aussi tôt
que Leurs Majestez parurent on commença la
Course des Cannes, huic Quadrilles composées
chacune de quatre Cavalia.s.&r diílíng.uées par
la couleur des habits &par les Devises , étant
entrées dans la Place , se divisèrent en deux
Corps ou Escadrons, dont le premier avoit
four Parrain Don Rodolphe Acquaviva » &
autre le Marquis de Monte-Suertí. Le premier
Parrain étoit suivi de vingt-quatre Laquais
vêtus en Esclaves Negxes , avec des chaînes,
FEVRIER. i7$ o; îtij
des grelots & des menotes dorées , des brode
quins & des turbans. Le second avoit à sa
suite un pareil nombre de Laquais vêtus en
Hussarts , avec des bonnets d'hermine & des
sabres : outre cette fuite chaque Parrain avoit
encore huit Laquais de fa livrée très » bien'
montez , & cette Marche étoit terminée par/
seize chevaux de main des Cavaliers qui cemÎosorent
les Quadrilles , conduits par leurs'
aquais , de différentes livrées , & precedezí
les uns & les autres de Clairons & de Ti'rrw
baies.
Les Parrains ayant donné se lignai, les Qua
drilles coururent les Cannes avec beaucoup
d'agilité & d'adreiTe : ensuite les Cavaliers fi
rent faire l'exercice à leurs chevaux , & I»
Fête fut terminée ce jour-là par une Course
de sept Taureaux.
Le lendemain matin il y eut Une Course
d'onze Taureaux . & l'après-midy te Roy &
la Reine , les Princes & Princesses de la Fa
mille Roïile , étant retournez à l'Hôte! de"
Ville avec la même fuite que le jour précé
dent, Don Niçois de Toledo , Don Simondé
Legorbura , & Don Antoine de Bertendona
, tous trois natifs de Seville, & suivis
chacun de cinquante. Laquais de leur livrée ,
entrèrent dans la Place , où ils attaquèrent
Siuinze Taureaux avec tant de vivacité, que
è Roy voyant le danger où ils s'exposoient ,
leur ordonna de fe retirer ; cette seconde Fête
fut terminée par sept autres Taureaux, que de
jeunes gens du peuple actaquerent à piea.S.M.
a été si satisfaite de l'adrelìè des trois Cava
liers dont on vient de parler , qu'elle les a
fait ses Ecuyers , avec les mêmes appointemens
dont jouissent ceux qui font en charge"
depuis plusieurs années.
ON a aprís deSeville , que íes Fêtes qui
le Corps de Ville dévoie célébrer pour
l'heureux Accouchement de la Reine, & la
Naissance de l'Infante Dona Maria Antoinet
te Ferdinante, commencèrent le n- Janvier
au matin , dans la Place de S. François , qu'on
avoit ornée de magnifiques Tapisseries , par la
Course de dix Taureaux qui furent attaquez
par des homme à pied , & par quelques
Cavaliers armez de lances ; les uns & les au
tres s'en acquittèrent avec beaucoup d'adresse;
Vers ies deux heuras aprés Midy , le Roy
& la Re ie , accompagnez du Prince & de la
Princeiï* des Aíturies , des Infants Don Car*
los-, Do i Philippe & Don Louis , & de l'In
fante Dona Marie Thérèse , se rendirent aux
balcons de l'Hôtel de Ville , suivies des OrTíciers
de leurs Maisons , des Dames de la Cour,
& escortées par les Gardes d-u Corps & fa
Compagnie des Hallebardiers de la Garde : les
Regimens des Gardes Espagnoles &Walones
ètoient en haye & fous les armes. Aussi tôt
que Leurs Majestez parurent on commença la
Course des Cannes, huic Quadrilles composées
chacune de quatre Cavalia.s.&r diílíng.uées par
la couleur des habits &par les Devises , étant
entrées dans la Place , se divisèrent en deux
Corps ou Escadrons, dont le premier avoit
four Parrain Don Rodolphe Acquaviva » &
autre le Marquis de Monte-Suertí. Le premier
Parrain étoit suivi de vingt-quatre Laquais
vêtus en Esclaves Negxes , avec des chaînes,
FEVRIER. i7$ o; îtij
des grelots & des menotes dorées , des brode
quins & des turbans. Le second avoit à sa
suite un pareil nombre de Laquais vêtus en
Hussarts , avec des bonnets d'hermine & des
sabres : outre cette fuite chaque Parrain avoit
encore huit Laquais de fa livrée très » bien'
montez , & cette Marche étoit terminée par/
seize chevaux de main des Cavaliers qui cemÎosorent
les Quadrilles , conduits par leurs'
aquais , de différentes livrées , & precedezí
les uns & les autres de Clairons & de Ti'rrw
baies.
Les Parrains ayant donné se lignai, les Qua
drilles coururent les Cannes avec beaucoup
d'agilité & d'adreiTe : ensuite les Cavaliers fi
rent faire l'exercice à leurs chevaux , & I»
Fête fut terminée ce jour-là par une Course
de sept Taureaux.
Le lendemain matin il y eut Une Course
d'onze Taureaux . & l'après-midy te Roy &
la Reine , les Princes & Princesses de la Fa
mille Roïile , étant retournez à l'Hôte! de"
Ville avec la même fuite que le jour précé
dent, Don Niçois de Toledo , Don Simondé
Legorbura , & Don Antoine de Bertendona
, tous trois natifs de Seville, & suivis
chacun de cinquante. Laquais de leur livrée ,
entrèrent dans la Place , où ils attaquèrent
Siuinze Taureaux avec tant de vivacité, que
è Roy voyant le danger où ils s'exposoient ,
leur ordonna de fe retirer ; cette seconde Fête
fut terminée par sept autres Taureaux, que de
jeunes gens du peuple actaquerent à piea.S.M.
a été si satisfaite de l'adrelìè des trois Cava
liers dont on vient de parler , qu'elle les a
fait ses Ecuyers , avec les mêmes appointemens
dont jouissent ceux qui font en charge"
depuis plusieurs années.
Fermer
Résumé : ESPAGNE
En Espagne, des fêtes ont été organisées à Séville pour célébrer l'accouchement de la Reine et la naissance de l'Infante Dona Maria Antoinette Ferdinande. Les festivités ont débuté le 1er janvier sur la Place de S. François, décorée de tapisseries. La journée a commencé par une course de dix taureaux attaqués par des hommes à pied et des cavaliers armés de lances. L'après-midi, le Roi, la Reine et la famille royale se sont rendus aux balcons de l'Hôtel de Ville, escortés par les Gardes du Corps et la Compagnie des Hallebardiers. La course des cannes a suivi, impliquant huit quadrilles de cavaliers. Chaque quadrille était dirigé par un parrain et suivi de laquais et de chevaux de main. Après les courses des cannes, les cavaliers ont fait exercer leurs chevaux, et la fête s'est terminée par une course de sept taureaux. Le lendemain, une course de onze taureaux a eu lieu le matin, suivie d'une autre course l'après-midi. Trois cavaliers sévillans ont attaqué seize taureaux, impressionnant le Roi qui les a nommés écuyers. La fête s'est conclue par une course de sept taureaux attaqués par des jeunes du peuple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
743
p. 388
PORTUGAL.
Début :
Il est entré dans le Port de Lisbonne dans le courant de l'année derniere 534. Navires [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PORTUGAL.
Portugal;
ÍL est entré dans le Port de Lisbonne daná
le courant de Tannée derniere f 34. Navi
res Marchands ; sçavoir 74. François , 361.
Anglois , y compris les Paquebots , çt. Hollàndois
, 16. Espagnols , 8. Impériaux , m
Suédois, 6. Danois, 10. Hamboufgois, $»
rvlaItois,i. Génois, un Navire de Lubec,-8ff
71* Portugais.
ÍL est entré dans le Port de Lisbonne daná
le courant de Tannée derniere f 34. Navi
res Marchands ; sçavoir 74. François , 361.
Anglois , y compris les Paquebots , çt. Hollàndois
, 16. Espagnols , 8. Impériaux , m
Suédois, 6. Danois, 10. Hamboufgois, $»
rvlaItois,i. Génois, un Navire de Lubec,-8ff
71* Portugais.
Fermer
744
p. 388-389
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Il s'est formé à Londres une Compagnie qui a obtenu des Lettres Patentes pour faire fabriquer [...]
Mots clefs :
Roi, Seigneurs, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
Grande Brïtagbí.
I' L s'est formé à Londres une Compagnie qta
a obtenu des Lettres Patentes pour faire ira-
Briquer des Tapifleries de Hautélisse , sem-»
biables à celles dé Bruxelles.
On assure qu'on doit présenter un Bill au
Parlement , poúr fixer les gages des domese
tiques i & poUr empêcher que les jeunes
gens les mieux fairs ne quittent les campai
gnes pour venir servir dans la ViHev
î>eux Officiers , dont l'un est Major Gd> .
rierat , & l'autre Lieutenant dans le Régi»,
ment de* Gardes , 'ayant pris querelle ait
Bal du Théâtre du Marché au foin , altèrent
Çgs jours passez lè battre en duel à Hideparc,
Í1s se tirèrent d'abord deux coups de pistolet?
chacun fa.ns se blesser ; & étant descendus de
cheval pour mettre I'épée à la main , ils furenc
séparez par la Garde du Parc. í)eux Officiers!
Generauj; qui font leurs amis communs , ons .
promis au Roy de les réconcilier^
Les Seigneurs ont présenté une Adresse a»
Roy í pour remercier Sa Majesté de ce c^u'ella'
a bien voulu leur communiquer le Traité de
à
FEVRIER. T7?e». )*9
Paix , d'union & d'alliance deffensive , conclut
à Seville le >. Novembre dernier , Sc pouf
l'assurer qu'après l'avoir examiné , ils ont
trouvé qu'il contenoit toutes les stipulation*
neceílàires pour le maintien & la fureté dç
l'honneur , de la dignité , des droits &r pofíesfions
de cette Couronne, & que toutes les
précautions nécessaires y font prises pour l'avantage
dur commerce de ce Royaume , & la
réparation des pertes que les Marchands Anglois
ont fouffertes pendant le temps des hoftïlitez.
La resolution de présenter cette Adresse'
au Roy , avoit passé le jour précédent à la>
pluralité de soixante- dix - neuf voix contre?
trente 5 mais deux jours après vingt quatra
des Seigneurs , qui s'y étoient opposez, pro
testèrent contre elle , & firent enregistrer leu*
protestation.
I' L s'est formé à Londres une Compagnie qta
a obtenu des Lettres Patentes pour faire ira-
Briquer des Tapifleries de Hautélisse , sem-»
biables à celles dé Bruxelles.
On assure qu'on doit présenter un Bill au
Parlement , poúr fixer les gages des domese
tiques i & poUr empêcher que les jeunes
gens les mieux fairs ne quittent les campai
gnes pour venir servir dans la ViHev
î>eux Officiers , dont l'un est Major Gd> .
rierat , & l'autre Lieutenant dans le Régi»,
ment de* Gardes , 'ayant pris querelle ait
Bal du Théâtre du Marché au foin , altèrent
Çgs jours passez lè battre en duel à Hideparc,
Í1s se tirèrent d'abord deux coups de pistolet?
chacun fa.ns se blesser ; & étant descendus de
cheval pour mettre I'épée à la main , ils furenc
séparez par la Garde du Parc. í)eux Officiers!
Generauj; qui font leurs amis communs , ons .
promis au Roy de les réconcilier^
Les Seigneurs ont présenté une Adresse a»
Roy í pour remercier Sa Majesté de ce c^u'ella'
a bien voulu leur communiquer le Traité de
à
FEVRIER. T7?e». )*9
Paix , d'union & d'alliance deffensive , conclut
à Seville le >. Novembre dernier , Sc pouf
l'assurer qu'après l'avoir examiné , ils ont
trouvé qu'il contenoit toutes les stipulation*
neceílàires pour le maintien & la fureté dç
l'honneur , de la dignité , des droits &r pofíesfions
de cette Couronne, & que toutes les
précautions nécessaires y font prises pour l'avantage
dur commerce de ce Royaume , & la
réparation des pertes que les Marchands Anglois
ont fouffertes pendant le temps des hoftïlitez.
La resolution de présenter cette Adresse'
au Roy , avoit passé le jour précédent à la>
pluralité de soixante- dix - neuf voix contre?
trente 5 mais deux jours après vingt quatra
des Seigneurs , qui s'y étoient opposez, pro
testèrent contre elle , & firent enregistrer leu*
protestation.
Fermer
Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, une compagnie londonienne a reçu des lettres patentes pour produire des tapisseries de haute qualité, rivales de celles de Bruxelles. Un projet de loi vise à réguler les salaires des domestiques et à dissuader les jeunes talents de quitter les campagnes pour la ville. À Hyde Park, un major et un lieutenant du régiment des Gardes se sont affrontés en duel après une dispute au bal du Théâtre du Marché au foin. Ils ont échangé des coups de pistolet sans se blesser et ont été séparés par la Garde du Parc. Leurs amis communs ont promis au roi de les réconcilier. Les Seigneurs ont adressé une lettre au roi pour le remercier du traité de paix, d'union et d'alliance défensive signé à Séville le 1er novembre précédent. Ce traité garantit l'honneur, la dignité, les droits et possessions de la couronne, ainsi que la protection du commerce et la réparation des pertes des marchands anglais durant les hostilités. La résolution d'adresser cette lettre a été adoptée par 79 voix contre 35, mais 24 Seigneurs ont ensuite protesté contre cette décision.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
745
p. 390-403
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Début :
Les préparatifs immenses & la dépense veritablement Royale de cette superbe Fête, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Feu d'artifice, Paris, Roi d'Espagne, Spectacle, Jardin, Hôtel de Bouillon, Musique, Ambassadeurs d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
DESCRIPTION de la Fête & du
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fermer
Résumé : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Une fête somptueuse fut organisée à Paris pour célébrer la naissance du Dauphin d'Espagne. Cette célébration, ordonnée par le roi d'Espagne et orchestrée par les ambassadeurs espagnols, les marquis de Santa-Cruz et de Barrenechea, visait à exprimer la joie et les sentiments affectueux du roi d'Espagne envers son neveu, le roi de France. La fête se déroula sur la rivière entre le Pont Neuf et le Pont Royal, malgré les obstacles saisonniers. Les préparatifs furent immenses et la dépense royale. L'Hôtel de Bouillon, situé sur le quai des Théatins, servit de scène principale. Sa façade était illuminée avec sept portiques de lumières, des inscriptions latines célébrant l'union entre la France et l'Espagne, et des emblèmes peints en camaïeux. La rivière fut transformée en un vaste jardin illuminé, avec des rochers symbolisant les Pyrénées, des cascades d'eau imitées par des jets d'argent, et des figures marines. Deux bateaux ornés de temples octogones et de musiciens naviguaient sur la rivière. Le spectacle inclut un combat de monstres marins, des feux d'artifice formant des montagnes de feu, et des jets d'eau brillants. Le spectacle se conclut par une salve de canon, révélant un soleil levant et un arc-en-ciel avec la déesse Iris, symbolisant l'alliance entre les deux royaumes. L'ensemble de l'organisation fut dirigée par le peintre et architecte florentin Servandoni. Par ailleurs, une autre fête fut organisée dans un grand salon de l'Hôtel de Bouillon, destiné à un festin. Cette salle, percée de sept portes et ornée de huit cabinets pour les buffets, était éclairée par de nombreux lustres et girandoles. Le sculpteur et décorateur Titoisy réalisa des bas-reliefs représentant des divinités comme Bacchus et l'Abondance. Les convives, placés à six tables de cinquante couverts chacune, dégustèrent des mets en abondance et en magnificence. Après le festin, ils assistèrent à un concert exécutant le cinquième acte de l'opéra de Phaëton, suivi d'un bal jusqu'à sept heures du matin. Les rafraîchissements furent servis en abondance et avec délicatesse, sans désordre malgré la foule. Les ministres ayant organisé la fête reçurent des éloges pour leur dignité et leurs bonnes manières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
745
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
746
p. 403-405
VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
Début :
Hier dans ces Grottes profondes, [...]
Mots clefs :
Feu d'artifice, Naissance du Dauphin, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
VERS LIBRES,
Surje Feu d' Artifice tiré fur l'Eau , par
ordre du Roy d'Espagne , & les foins,,
de MM. les Ambassadeurs à la Cour
de France.
r dans ces Grottes profondes,
D'où la Seine épanche ses Ondes ,
CQui chaque jour la gloire & l'honncur de no*
' champs ,
De la B onde Cerés augmentent les prefens )
Ëífe appella les Dieux soumis à son Empire ;
Nayades, Nimphes &Tritons ,
Sont assis dans leur rang fur des sièges de joncs:
Un mal commun à tous , en ces lieux nous at
tire :
Vous le fçavez , l'hyver, dit la Reine des flots,,
De nos jours tous les ans vient troubler le re
pos,
Ce- n'est plus à présent un tranqui I Zephire,.
Ç£ui folâtre & qui rit sur le sein de mes eaux*.
Non. l' Aquilon bien- tôt, toujours prompt £
me nuire ,
Arrêtera mon corn» & rompra mes roseaux.
1 y Ceffi
'404 MÊRCURE DE FRANCTj .
. C'elt sut ce point » tritons , qu'il faut qu'orïdélibère.
Mettons nous à l'abrides coups de fa coîere j
Voyons par quels moyens on peut s'en ga
rantir i
Ou par quels dons enfin nous pourrons la fle«*
chir ; •
la tristesse à ces mots se peint sur le visage,
Les Nayadea alors regardent le Rivage,
* Où quand le Ciel donnoit des jours purs &
serains >
Elles alloient au son d'un instrument cham
pêtre ,
A l'ombre de quelque vieux hêtre ,
Datiser avec les Dieux Silvains.-
les Nimphes de leurs yeux laissent couler des;
larmes j
t es Tritons affligez n'y trouventplus les char--
mes
Qui sçureht asservir leurs coeurs ;
Ainsi chacun se llvroit aUx douleurs.
Quand une'Nimphe accourt : helasl en Cetteplace
>
Que fahes- vous í'uh mal bien plus grand hotts
menace j. .
Venez , Reine des flots, arrêtez les desseins »
Que forment contre nous des aveugles Hu
mains.
Allons , courons punir une main sacrilège ,
Dit ia Seine . . . elle part en ce même momèhrí
les Nimphes, les Tritons, composent son cor"
■ ' C'est:
• f EV RIE,R. i-fìó. 40í
C'est ainsi qu'en la voie dans le vaste Océan ,
'truand elle offre à ce Dieu les Eaux de son
Hmpire.
Elle approche. .. elle voit. . > & son courrou»
expire.
Sur sa Suite surprise elle jette les yeux j
Enfin elle applaudit d'un rire gracieux »
Elle voit les Jardins dignes de la Nature >
Une Nayade y court sécher sa chevelure >
l'une y cueille à lafois & des fruits & des
fleurs ,
L'autre ne songe plus aux cruelles rigueurs
Que l' Amant fougueux d'Orithie >
Leur prépare dans fa furie.
L'autre fous ces Rochers va chercher le repos i
Tandis que l'une ici contemple cet Ouvrage >
Ett l'autre des Poissons en embrassant le dos >
Coupe rapidement les flots.
Les Himphes . à l'envi , courent fur le Rivages
Élies dansent d'un pas leger ,
-Âu doux chant des Triions qui font retens
tir Pair»
Alors la Seine les appelle 3,
Courez à I'Ocean, chers Tritons, leur dit-elle;
Que ses Dieux fur ces bords se rendent avec
voUî* ! >
Allez encore au Tage , à cet ami fidèle >
Apprendre les apprêts d'une fête fi belle >
Qu'il vienne paitager les plaisirs avec nous-,-
UAbbi Bonnoi de Mably.
Surje Feu d' Artifice tiré fur l'Eau , par
ordre du Roy d'Espagne , & les foins,,
de MM. les Ambassadeurs à la Cour
de France.
r dans ces Grottes profondes,
D'où la Seine épanche ses Ondes ,
CQui chaque jour la gloire & l'honncur de no*
' champs ,
De la B onde Cerés augmentent les prefens )
Ëífe appella les Dieux soumis à son Empire ;
Nayades, Nimphes &Tritons ,
Sont assis dans leur rang fur des sièges de joncs:
Un mal commun à tous , en ces lieux nous at
tire :
Vous le fçavez , l'hyver, dit la Reine des flots,,
De nos jours tous les ans vient troubler le re
pos,
Ce- n'est plus à présent un tranqui I Zephire,.
Ç£ui folâtre & qui rit sur le sein de mes eaux*.
Non. l' Aquilon bien- tôt, toujours prompt £
me nuire ,
Arrêtera mon corn» & rompra mes roseaux.
1 y Ceffi
'404 MÊRCURE DE FRANCTj .
. C'elt sut ce point » tritons , qu'il faut qu'orïdélibère.
Mettons nous à l'abrides coups de fa coîere j
Voyons par quels moyens on peut s'en ga
rantir i
Ou par quels dons enfin nous pourrons la fle«*
chir ; •
la tristesse à ces mots se peint sur le visage,
Les Nayadea alors regardent le Rivage,
* Où quand le Ciel donnoit des jours purs &
serains >
Elles alloient au son d'un instrument cham
pêtre ,
A l'ombre de quelque vieux hêtre ,
Datiser avec les Dieux Silvains.-
les Nimphes de leurs yeux laissent couler des;
larmes j
t es Tritons affligez n'y trouventplus les char--
mes
Qui sçureht asservir leurs coeurs ;
Ainsi chacun se llvroit aUx douleurs.
Quand une'Nimphe accourt : helasl en Cetteplace
>
Que fahes- vous í'uh mal bien plus grand hotts
menace j. .
Venez , Reine des flots, arrêtez les desseins »
Que forment contre nous des aveugles Hu
mains.
Allons , courons punir une main sacrilège ,
Dit ia Seine . . . elle part en ce même momèhrí
les Nimphes, les Tritons, composent son cor"
■ ' C'est:
• f EV RIE,R. i-fìó. 40í
C'est ainsi qu'en la voie dans le vaste Océan ,
'truand elle offre à ce Dieu les Eaux de son
Hmpire.
Elle approche. .. elle voit. . > & son courrou»
expire.
Sur sa Suite surprise elle jette les yeux j
Enfin elle applaudit d'un rire gracieux »
Elle voit les Jardins dignes de la Nature >
Une Nayade y court sécher sa chevelure >
l'une y cueille à lafois & des fruits & des
fleurs ,
L'autre ne songe plus aux cruelles rigueurs
Que l' Amant fougueux d'Orithie >
Leur prépare dans fa furie.
L'autre fous ces Rochers va chercher le repos i
Tandis que l'une ici contemple cet Ouvrage >
Ett l'autre des Poissons en embrassant le dos >
Coupe rapidement les flots.
Les Himphes . à l'envi , courent fur le Rivages
Élies dansent d'un pas leger ,
-Âu doux chant des Triions qui font retens
tir Pair»
Alors la Seine les appelle 3,
Courez à I'Ocean, chers Tritons, leur dit-elle;
Que ses Dieux fur ces bords se rendent avec
voUî* ! >
Allez encore au Tage , à cet ami fidèle >
Apprendre les apprêts d'une fête fi belle >
Qu'il vienne paitager les plaisirs avec nous-,-
UAbbi Bonnoi de Mably.
Fermer
Résumé : VERS LIBRES, Sur le Feu d'Artifice tiré sur l'Eau, par ordre du Roy d'Espagne, & les soins de M M. les Ambassadeurs à la Cour de France.
Le texte relate une scène mythologique où la Seine, personnifiée, convoque les Nayades, les Nymphes et les Tritons pour discuter des perturbations causées par l'hiver. La Reine des flots déplore les actions de l'Aquilon, qui troublent ses eaux et menacent ses roseaux. Les Nymphes et les Tritons se souviennent des jours paisibles où ils se divertissaient sur le rivage. Une Nymphe annonce ensuite une menace plus grave : des humains préparent un feu d'artifice sur l'eau, sur ordre du roi d'Espagne et en présence des ambassadeurs à la cour de France. Furieuse, la Seine décide de punir cette offense, mais en chemin, elle découvre des jardins magnifiques et des Nayades profitant de la nature. Apaisée, elle appelle les Tritons à annoncer les préparatifs d'une fête à l'Océan et au Tage. Les Nymphes et les Tritons, ravis, dansent au chant des Tritons, tandis que la Seine les invite à se rendre à l'Océan pour la fête.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
747
p. 410-411
Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Début :
Ensuite le Roi se leva, se découvrit, se recouvrit aussi-tôt, & fit couvrir le Duc de [...]
Mots clefs :
Duc, Prince, Duc de Lorraine, Comte de Blâmont, Roi, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le 27. du mois dernier, le Duc de Lorraine
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
Fermer
Résumé : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le Duc de Lorraine, connu sous le nom du Comte de Blamont, quitta Luneville le 27 du mois précédent avec six berlines et 40 chevaux de poste. Il séjourna au Château du Prince de Lambesc avant d'arriver au Palais Royal à Paris le 1er du mois suivant. Il rencontra le Roi et la Reine à Versailles avec le Duc d'Orléans. Le 29, il dîna avec le Cardinal de Fleury et accompagna le Roi à la chasse le lendemain. Il assista à des représentations théâtrales et chassa à nouveau avec le Roi le 5. Le 7, il soupa à Marly et passa la nuit à Versailles. Le 8, il visita la ménagerie et Saint-Cyr. Le 9, il assista à des jeux d'eau et visita le manège avant de revenir à Paris pour voir une opéra. Durant son séjour, il visita de nombreux sites remarquables à Versailles et à Paris, tels que la Grande Galerie, Trianon, Marly, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Cloud, Meudon, la Muette, l'Hôtel des Invalides, l'Observatoire, la Sorbonne, la Bibliothèque du Roi, la Galerie des Plans, l'Académie Royale de Peinture et Sculpture, et la Monnaie des Médailles. Il exprima sa satisfaction face à ces visites et observa la frappe de médailles et de jetons en or et en argent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
748
p. 411-415
Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Début :
Le 11. S. A R. Madame la Duchesse d'Orleans, dont tout le monde connoît la bonté du [...]
Mots clefs :
Prince, Fête, Palais royal, Duc de Lorraine, Duc d'Orléans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Le 11. S. A ft. Madame la Duchesse d'Or
léans , dont tout le monde connoît la bonté du
coeur , & la noblesse des stntimens , ayant été
bien ajse de procurer au Duc de Lorraine , son
Neveu, pendant lesejour-que ce Prince a fait
à Paris incognito , fous le nom de Comte de
Blamont , quelque divertissement , ainsi qu'aux
Princesses d'Orléans ses Filles , donna un Bal
magnifique au Palais Royal. S. A. R avore
fait préparer 1c $rand Salon de son Apparte
ment;
4 i4 MERCURE DE FRANCE,
.nient avec des Gradins à crois étages tout afltour
pour les Dames & Seigneurs qui dévoient
être feulement Spectateurs , & quantité de
fieges pour les personnes qui dévoient danferi
Ce Salon étoit orné de Lustres , de Girando
les , & de Bras garnis de bougies. On n'aura
pas de peine à se persuader que l' Assemblée
«toit des plus brillante* » puisqu'un très grand
nombre de Seigneurs & Dames de la Cour ,
& de la Ville , de la première distinction , la
composoienc L'éclat de quantité de belles
pei sonnes , la magnificence des Habits , & Je
vif brillant des Pierreries dont toutes les Da
ines étoient parées » faifoit un effet surprenant.
Ce Bal sans Masque» commença à six heu tes
.du soir, par une excellente Simphonie» com*
posée de tout ce qu'il y a de plus habile á Paíis,
& finit â onze heures. Mademoiselle dé
Beaujollois en fit l'ouverture par lèJ caractères
de la Danse « qu'elle dansa avec le Duc de là
Tremoille , dans la plus grande perfection *
& avec toute l'intelligence , la justesse . & là
grâce possible , de meme que Mademoiselle
de Chartres dans tòut ce qu'elle dansa. La
plupart des Seigneurs & Dames dansèrent en
suite plusieurs différentes Danses , Contre
danses , &Ci
Au reste toute l' Assemblée fut extrêmement
édifiée & pleinement satisfaite de la bonté, des
attentions > & des politesses continuelles de
S A. R. Cette Princesse avoit donné dasi bons
ordres , que quoique l'Assemblée fut des plus
nombreuses , tout s'est passé avec la plus gran
de magnificence , & fans la moindre confusion.
Oíi distribua toute sorte de Fruits , & des Rifraichisíemens
dans la plus grande abondance,
servis par les Officiers de Si A.R. quiaveedes
manières
FEVRIER. 1730. 4T 5
manières polies prevcnoient tout le monde*
Le Duc de Lorraine qui a affilié à ce Bal in
cognito , a été charmé de cette belle & illustre
Assemblée 1 des Danses, de l'ordié, du bon
goût, Sec.
Le 14, S. A. R. se rendit l'après midi^n son
Château de Bagnolet , pour donner encore au
Duc de Lorraine ( qui s'y étoit rendu le mêmè
jour ) une nouvelle Fête ; ce Prince à son ar
rivée sa promena quelque tems dans le Parc ,
ou S. A.R. se promenoir alors ; cette Princelïe
étoit accompagnée de Mesdemoiselles de
Beaujollois & de Chartres , de la Marquise de
Conflans , leur Gouvernante,- & de plufieurs
autres Dames de fa Cour. Ce Parc qui eíì
très spaci«ux , est planté avec autant degouc
que desimetrie. Les Eaux jouèrent pendaHt la
promenade. La Duchesse de Nevers , à préftns
Dame d'Honneur de S. A R.. & la Marquise
de Clermont sa Dame d'Atour , restèrent pen
dant la promenade dans les Appartements dit
Château , pour recevoir les Seigneurs 8c ks
Dames qui arrivoient de Paris pour prendre
part à la fête. Il y eut avant le Bal vingt Ta
bles de Quadrille &: de Piquer. Après la Pro
menade, S. A. R. rentra au Châ:eau , elle
joua au Quadrille , & le Duc de Lorraine au
Piquet. Après le Jeu on se rendit sur le Per
ron, pour voir l'IUumination de la Cour Roya
le, éclairée par qu-antité de Lustres arpentez,
qui produisoiènt une clarté des plus brillantes.'
L'Avant Cour qui est très- spacieuse, étoit auíìì
Hluminée d'un nombre prodigieux de Lam
pions , de«même que plusieurs Piramides de'
charpente, autour desquelles on avoit placé»1
avec simetrie, une très - grande quantité de
Lampion».
4 f 4 MÉRClTRÊ DÈ FRANCS
Á huit heures , on passa dans îe grand Safony
éclairé par quantité de Lustres & de Girandolesè
On y commença le Bal , qui fut ouvert1
par un Menuet à quatre > dansé par Mesdernoifes
de Beaujollois & de Chartres , 8f par',
lés Ducs de la Tremoille & de Bouflery, après
3UOÎ on dansa différentes Danses & Contreanses
qui furent exécutées dans la plus grande
perfection.
A côté du Salon du Bal, ou avoit préparé
une Sale à manger , parfaitement bien éclai-;
rée » dans laquelle on trouva trois grandes Ta
bles , oû l'on servit un Ambigu , composé de?
toutes sortes de Pâtez froids , Jambons & au
tres viandes convenables , avec autant de dé-»
lîcatesse que de- profusion . & de toutes fortes;
de Fruits 8c de Pâtisseries legeres. II y a voit
dans une Sale à côté, on magnifique Buffet
garni de toutes sortes de Vins ,£aux glacées r-
Vins de Liqueurs & tous les rafraîchislemens'
qu'on pouvoit souhaiter , 8í qu'on servit i
rout le monde eri abondance jusqu'à deUx heu-^
res du matin, après quoi S- A. R. jugea i
propos de se retirer pour donner le temps au ,
Duc de Lorraine, qui devoit parEir le lende
main, de prendre quelque icpos.^ -
On a ouMié de dire que S. A, R. toujours
attentive à tout ce qui pouvoit rendre la Fête1
plus variée & plus brrlfante > avoit donné or
dre défaire venir plusieurs exceilens Danseurs'
Provençaux, qui danserem pluííetìrs Esitrées
grotesques & champêtres , d'une manière trèsvive
& très singulière , pendant qu'une parcier
des Daraes-étoîent allées quitter leurs habits
de Villé, fans rien changes à leur Coëfure,
póur prendre des Domina , dont on avoit eu
soir* de préparer un grand nombre.* afin qu«
ce»
FEVRIER. 1730. 4-tj
mes mêmes Dames , habillées plus légèrement
pussent danser plus à leur aise > & auífi pour
varier les différentes couleurs des Etoffes. Les
Seigneurs n'ont point changé d'habit , & enfin
toute cette belle Assemblée se retira très-safìsfaite
d'avoir pû prendre parc à une fi ga
lante & magnifique Fête.
Le même jour i r. le Duc de Lorraine partit
pour retourner dans ses Etats, après avoir pris
congé du Roi. S.M. lui a fait présent d'une
très- riche Tenture de Tapisserie, rehaussée d'or,
faite fur les DefTeins de Raphaël, à la Manu*
facture Royale des Gobelins.
Le Duc de Lorraine, pendant son séjour à
Paris , a occupé le grand Appartement du Pa»
lais Royal. Une Table d'environ if. Couvert»
a toujours été servie,soir &matiniavec la plus ■
grande fomp tuoíîré & la plus grande délica
tesse, par les Officiers du Duc d'Orléans. 11
y a eu d'auttes Tables très -bien servies pour
fa Suite.
Tous les Spectales où ce Prince a assisté , &
où fa présence a attiré un très grand concours,
ont reçu des marques de fa libéralité. Ses gran*
des qualité* & ses manières nobles & géné
reuses ont paru dans toutes les occasions.
Les Officiers du Duc d'Orléans qui ont ser
vi auprès de fa personne, ont reçu des Diamans
brillans & d'autres Bijoux d un pris
considérable.
léans , dont tout le monde connoît la bonté du
coeur , & la noblesse des stntimens , ayant été
bien ajse de procurer au Duc de Lorraine , son
Neveu, pendant lesejour-que ce Prince a fait
à Paris incognito , fous le nom de Comte de
Blamont , quelque divertissement , ainsi qu'aux
Princesses d'Orléans ses Filles , donna un Bal
magnifique au Palais Royal. S. A. R avore
fait préparer 1c $rand Salon de son Apparte
ment;
4 i4 MERCURE DE FRANCE,
.nient avec des Gradins à crois étages tout afltour
pour les Dames & Seigneurs qui dévoient
être feulement Spectateurs , & quantité de
fieges pour les personnes qui dévoient danferi
Ce Salon étoit orné de Lustres , de Girando
les , & de Bras garnis de bougies. On n'aura
pas de peine à se persuader que l' Assemblée
«toit des plus brillante* » puisqu'un très grand
nombre de Seigneurs & Dames de la Cour ,
& de la Ville , de la première distinction , la
composoienc L'éclat de quantité de belles
pei sonnes , la magnificence des Habits , & Je
vif brillant des Pierreries dont toutes les Da
ines étoient parées » faifoit un effet surprenant.
Ce Bal sans Masque» commença à six heu tes
.du soir, par une excellente Simphonie» com*
posée de tout ce qu'il y a de plus habile á Paíis,
& finit â onze heures. Mademoiselle dé
Beaujollois en fit l'ouverture par lèJ caractères
de la Danse « qu'elle dansa avec le Duc de là
Tremoille , dans la plus grande perfection *
& avec toute l'intelligence , la justesse . & là
grâce possible , de meme que Mademoiselle
de Chartres dans tòut ce qu'elle dansa. La
plupart des Seigneurs & Dames dansèrent en
suite plusieurs différentes Danses , Contre
danses , &Ci
Au reste toute l' Assemblée fut extrêmement
édifiée & pleinement satisfaite de la bonté, des
attentions > & des politesses continuelles de
S A. R. Cette Princesse avoit donné dasi bons
ordres , que quoique l'Assemblée fut des plus
nombreuses , tout s'est passé avec la plus gran
de magnificence , & fans la moindre confusion.
Oíi distribua toute sorte de Fruits , & des Rifraichisíemens
dans la plus grande abondance,
servis par les Officiers de Si A.R. quiaveedes
manières
FEVRIER. 1730. 4T 5
manières polies prevcnoient tout le monde*
Le Duc de Lorraine qui a affilié à ce Bal in
cognito , a été charmé de cette belle & illustre
Assemblée 1 des Danses, de l'ordié, du bon
goût, Sec.
Le 14, S. A. R. se rendit l'après midi^n son
Château de Bagnolet , pour donner encore au
Duc de Lorraine ( qui s'y étoit rendu le mêmè
jour ) une nouvelle Fête ; ce Prince à son ar
rivée sa promena quelque tems dans le Parc ,
ou S. A.R. se promenoir alors ; cette Princelïe
étoit accompagnée de Mesdemoiselles de
Beaujollois & de Chartres , de la Marquise de
Conflans , leur Gouvernante,- & de plufieurs
autres Dames de fa Cour. Ce Parc qui eíì
très spaci«ux , est planté avec autant degouc
que desimetrie. Les Eaux jouèrent pendaHt la
promenade. La Duchesse de Nevers , à préftns
Dame d'Honneur de S. A R.. & la Marquise
de Clermont sa Dame d'Atour , restèrent pen
dant la promenade dans les Appartements dit
Château , pour recevoir les Seigneurs 8c ks
Dames qui arrivoient de Paris pour prendre
part à la fête. Il y eut avant le Bal vingt Ta
bles de Quadrille &: de Piquer. Après la Pro
menade, S. A. R. rentra au Châ:eau , elle
joua au Quadrille , & le Duc de Lorraine au
Piquet. Après le Jeu on se rendit sur le Per
ron, pour voir l'IUumination de la Cour Roya
le, éclairée par qu-antité de Lustres arpentez,
qui produisoiènt une clarté des plus brillantes.'
L'Avant Cour qui est très- spacieuse, étoit auíìì
Hluminée d'un nombre prodigieux de Lam
pions , de«même que plusieurs Piramides de'
charpente, autour desquelles on avoit placé»1
avec simetrie, une très - grande quantité de
Lampion».
4 f 4 MÉRClTRÊ DÈ FRANCS
Á huit heures , on passa dans îe grand Safony
éclairé par quantité de Lustres & de Girandolesè
On y commença le Bal , qui fut ouvert1
par un Menuet à quatre > dansé par Mesdernoifes
de Beaujollois & de Chartres , 8f par',
lés Ducs de la Tremoille & de Bouflery, après
3UOÎ on dansa différentes Danses & Contreanses
qui furent exécutées dans la plus grande
perfection.
A côté du Salon du Bal, ou avoit préparé
une Sale à manger , parfaitement bien éclai-;
rée » dans laquelle on trouva trois grandes Ta
bles , oû l'on servit un Ambigu , composé de?
toutes sortes de Pâtez froids , Jambons & au
tres viandes convenables , avec autant de dé-»
lîcatesse que de- profusion . & de toutes fortes;
de Fruits 8c de Pâtisseries legeres. II y a voit
dans une Sale à côté, on magnifique Buffet
garni de toutes sortes de Vins ,£aux glacées r-
Vins de Liqueurs & tous les rafraîchislemens'
qu'on pouvoit souhaiter , 8í qu'on servit i
rout le monde eri abondance jusqu'à deUx heu-^
res du matin, après quoi S- A. R. jugea i
propos de se retirer pour donner le temps au ,
Duc de Lorraine, qui devoit parEir le lende
main, de prendre quelque icpos.^ -
On a ouMié de dire que S. A, R. toujours
attentive à tout ce qui pouvoit rendre la Fête1
plus variée & plus brrlfante > avoit donné or
dre défaire venir plusieurs exceilens Danseurs'
Provençaux, qui danserem pluííetìrs Esitrées
grotesques & champêtres , d'une manière trèsvive
& très singulière , pendant qu'une parcier
des Daraes-étoîent allées quitter leurs habits
de Villé, fans rien changes à leur Coëfure,
póur prendre des Domina , dont on avoit eu
soir* de préparer un grand nombre.* afin qu«
ce»
FEVRIER. 1730. 4-tj
mes mêmes Dames , habillées plus légèrement
pussent danser plus à leur aise > & auífi pour
varier les différentes couleurs des Etoffes. Les
Seigneurs n'ont point changé d'habit , & enfin
toute cette belle Assemblée se retira très-safìsfaite
d'avoir pû prendre parc à une fi ga
lante & magnifique Fête.
Le même jour i r. le Duc de Lorraine partit
pour retourner dans ses Etats, après avoir pris
congé du Roi. S.M. lui a fait présent d'une
très- riche Tenture de Tapisserie, rehaussée d'or,
faite fur les DefTeins de Raphaël, à la Manu*
facture Royale des Gobelins.
Le Duc de Lorraine, pendant son séjour à
Paris , a occupé le grand Appartement du Pa»
lais Royal. Une Table d'environ if. Couvert»
a toujours été servie,soir &matiniavec la plus ■
grande fomp tuoíîré & la plus grande délica
tesse, par les Officiers du Duc d'Orléans. 11
y a eu d'auttes Tables très -bien servies pour
fa Suite.
Tous les Spectales où ce Prince a assisté , &
où fa présence a attiré un très grand concours,
ont reçu des marques de fa libéralité. Ses gran*
des qualité* & ses manières nobles & géné
reuses ont paru dans toutes les occasions.
Les Officiers du Duc d'Orléans qui ont ser
vi auprès de fa personne, ont reçu des Diamans
brillans & d'autres Bijoux d un pris
considérable.
Fermer
Résumé : Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Le 11 février 1730, la Duchesse d'Orléans organisa un bal somptueux au Palais Royal en l'honneur du Duc de Lorraine, son neveu, qui séjournait à Paris incognito sous le nom de Comte de Blamont. Le grand salon de l'appartement de la Duchesse fut aménagé avec des gradins pour les spectateurs et des sièges pour les danseurs. Le salon était illuminé par des lustres, girandoles et bougies, et accueillit de nombreux seigneurs et dames de la cour et de la ville. Le bal, sans masque, débuta à six heures du soir par une symphonie interprétée par les meilleurs musiciens de Paris et se termina à onze heures. Mademoiselle de Beaujollois et Mademoiselle de Chartres ouvrirent le bal avec des danses exécutées avec perfection et grâce, suivies par divers seigneurs et dames dansant des danses et contredanses. La Duchesse d'Orléans fut louée pour sa bonté, ses attentions et ses politesses, et les ordres qu'elle donna assurèrent une organisation magnifique et sans confusion. Des fruits et des rafraîchissements furent servis en abondance par les officiers de la Duchesse. Le 14 février, la Duchesse se rendit à son château de Bagnolet pour offrir une nouvelle fête au Duc de Lorraine. Après une promenade dans le parc, ils jouèrent aux cartes. Le soir, une illumination éclaira la cour royale et l'avant-cour. Le bal commença à huit heures dans le grand salon éclairé par des lustres et girandoles. Mademoiselle de Beaujollois, Mademoiselle de Chartres, le Duc de la Tremoille et le Duc de Boufflers ouvrirent le bal avec un menuet à quatre. Un salon adjacent servit de salle à manger avec des tables offrant des pâtisseries, jambons et autres viandes, ainsi qu'un buffet avec vins, liqueurs et rafraîchissements. La Duchesse fit venir des danseurs provençaux pour exécuter des danses grotesques et champêtres, permettant aux dames de changer leurs habits pour des dominos. Le Duc de Lorraine quitta Paris le même jour après avoir pris congé du Roi, qui lui offrit une riche tenture de tapisserie des Gobelins. Pendant son séjour, le Duc occupa un grand appartement au Palais Royal où une table était toujours servie avec somptuosité. Il fit preuve de libéralité lors des spectacles qu'il fréquenta et offrit des diamants et bijoux à ses hôtes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
749
p. 567-569
COUPLETS.
Début :
Ce n'est point à la Trompette, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COUPLETS.
COUPLETS.
CE n'eft point à la
Trompette
A chanter notre Dauphin ,
C'eſt à vous , tendre Muſette ;
Chantez fon heureux deftin.
Sorti du plus beau Sang du Monde ,
Il nous promet un Héros ;
Né dans la paix la plus profonde ,
Il nous annonce le
repos.
Refrein.
Chantez , chantez , tendre Mufette
Notre bonheur & fon deftin.
Qu'après vous , l'écho répete ;
Vive , vive notre Dauphin.
柒
Dans les jours de fa colere ;
Le Ciel nous avoit punis ;
568 MERCURE DE FRANCE,
Sa main jufte , mais fevere ,
Avoit moiffonné nos Lys .
Par un retour de la clémence ,
Le Ciel à feché nos pleurs ;
Donner un Dauphin à la France ,
C'eft réparer tous nos malheurs.
Chantez , chantez , &c .
2
Tout Peuple , à l'envi , celebre
Le fort du Dauphin nouveau
Par divers prodiges l'Ebre
Vient éclairer fon Berceau.
Sur cet Enfant le Tibre arrête
Ses plus amoureux regards ,
Et pour lui fe met plus en fête ,
Qu'à la naiffance des Cefars ,
Chantez , chantez , &c.
Venez , aimable Jeuneſſe ,
Témoigez-lui votre amour ;
Notre âge nous intereffe
A lui faire notre cour.
Tous doivent chanter fa Naiffance
Le Dauphin eft né pour tous.
Moins éloignez de fon Enfance ,
Il eft encor plus né pour nous.
Chantez , chantez , &c.
Dans
MARS. 1730. 559
*
Dans ce jour qui nous rappelle
La Naiffance de Louis ,
Faifons voir un même zele ,
Pour le Pere & pour le Fils.
L'un fans prendre en main fon Tonnerre ;
A furpaffé les Vainqueurs ;
L'autre fans regner fur la Terre ,
Regne en naiffant fur tous les coeurs.
Chantez , chantez, tendre Muſette ,
Notre bonheur & leur deftin ;
Qu'après vous l'Echo repete ,
Vive Louis & fon Dauphin.
>
* Cette petite Fête Paſtorale ſe donna le 【e.
Février , jour de la Naiſſance du Roi. Réciterent
les Idles , André de Creil , Louis de Maupeou
de Bruyeres , Eugene Blondel d'Aubert
Vincent Maynon. Chants. Chantala Mufette ,
Louis Marie de la Salle . Accompagnérent avec
des Inftrumens de Mufique , Gabriël de Trellon,
Michel Larcher , Pierre Couet.
CE n'eft point à la
Trompette
A chanter notre Dauphin ,
C'eſt à vous , tendre Muſette ;
Chantez fon heureux deftin.
Sorti du plus beau Sang du Monde ,
Il nous promet un Héros ;
Né dans la paix la plus profonde ,
Il nous annonce le
repos.
Refrein.
Chantez , chantez , tendre Mufette
Notre bonheur & fon deftin.
Qu'après vous , l'écho répete ;
Vive , vive notre Dauphin.
柒
Dans les jours de fa colere ;
Le Ciel nous avoit punis ;
568 MERCURE DE FRANCE,
Sa main jufte , mais fevere ,
Avoit moiffonné nos Lys .
Par un retour de la clémence ,
Le Ciel à feché nos pleurs ;
Donner un Dauphin à la France ,
C'eft réparer tous nos malheurs.
Chantez , chantez , &c .
2
Tout Peuple , à l'envi , celebre
Le fort du Dauphin nouveau
Par divers prodiges l'Ebre
Vient éclairer fon Berceau.
Sur cet Enfant le Tibre arrête
Ses plus amoureux regards ,
Et pour lui fe met plus en fête ,
Qu'à la naiffance des Cefars ,
Chantez , chantez , &c.
Venez , aimable Jeuneſſe ,
Témoigez-lui votre amour ;
Notre âge nous intereffe
A lui faire notre cour.
Tous doivent chanter fa Naiffance
Le Dauphin eft né pour tous.
Moins éloignez de fon Enfance ,
Il eft encor plus né pour nous.
Chantez , chantez , &c.
Dans
MARS. 1730. 559
*
Dans ce jour qui nous rappelle
La Naiffance de Louis ,
Faifons voir un même zele ,
Pour le Pere & pour le Fils.
L'un fans prendre en main fon Tonnerre ;
A furpaffé les Vainqueurs ;
L'autre fans regner fur la Terre ,
Regne en naiffant fur tous les coeurs.
Chantez , chantez, tendre Muſette ,
Notre bonheur & leur deftin ;
Qu'après vous l'Echo repete ,
Vive Louis & fon Dauphin.
>
* Cette petite Fête Paſtorale ſe donna le 【e.
Février , jour de la Naiſſance du Roi. Réciterent
les Idles , André de Creil , Louis de Maupeou
de Bruyeres , Eugene Blondel d'Aubert
Vincent Maynon. Chants. Chantala Mufette ,
Louis Marie de la Salle . Accompagnérent avec
des Inftrumens de Mufique , Gabriël de Trellon,
Michel Larcher , Pierre Couet.
Fermer
Résumé : COUPLETS.
Le poème célèbre la naissance du Dauphin, fils du roi de France, en invitant la musette à chanter son bonheur et son destin heureux. Le Dauphin, issu du 'plus beau Sang du Monde', est annoncé comme un héros prometteur de paix. Le refrain répète l'invitation à chanter ces thèmes. La France, autrefois punie par le Ciel, voit ses malheurs réparés par cette naissance. Divers prodiges et fleuves, comme l'Èbre et le Tibre, célèbrent cet événement. La jeunesse est encouragée à témoigner son amour au Dauphin, né pour tous et particulièrement pour les jeunes. Le poème conclut par une célébration conjointe du roi Louis et de son fils, soulignant que le roi a surpassé les vainqueurs sans prendre en main son tonnerre, et que le Dauphin règne déjà sur les cœurs à sa naissance. La fête pastorale a eu lieu en février, jour de la naissance du roi, et a été récitée par plusieurs personnes, accompagnée de chants et d'instruments de musique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
750
p. 583
AFRIQUE.
Début :
On apprend par les Lettres du 18. Janvier de Miquenez que le nouveau Roi de Maroc [...]
Mots clefs :
Roi de Maroc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AFRIQUE.
AFRIQUE.
N apprend par les Lettres du 18. Janvier
Muley Abdala , étoit paifible poffeffeur de tous
les Etats du feu Roi , fon pere , & qu'il avoit
fait publier un Decret , par lequel il permet aux
Religieux Miffionnaires Déchauffés de l'Ordre
de Saint François de demeurer dans fes Etats,
particulierement dans les Villes de Fez , Salé &
Tetuan , qu'il avoit pris fous fa protection l'Hôpital
de Miquenez , & permis qu'il y eut toujours
16. Religieux & un Chirurgien Chrétien pour
affifter les Eſclaves Eſpagno.s qui y font malades,
avec ordre aux Blanc's & aux Noirs , fes Sujets
N apprend par les Lettres du 18. Janvier
Muley Abdala , étoit paifible poffeffeur de tous
les Etats du feu Roi , fon pere , & qu'il avoit
fait publier un Decret , par lequel il permet aux
Religieux Miffionnaires Déchauffés de l'Ordre
de Saint François de demeurer dans fes Etats,
particulierement dans les Villes de Fez , Salé &
Tetuan , qu'il avoit pris fous fa protection l'Hôpital
de Miquenez , & permis qu'il y eut toujours
16. Religieux & un Chirurgien Chrétien pour
affifter les Eſclaves Eſpagno.s qui y font malades,
avec ordre aux Blanc's & aux Noirs , fes Sujets
Fermer
Résumé : AFRIQUE.
Muley Abdala, successeur pacifique du roi d'Afrique, a autorisé les missionnaires franciscains à résider dans ses États, notamment à Fez, Salé et Tétouan. Il a placé l'hôpital de Miquinez sous sa protection et ordonné la présence de seize religieux et d'un chirurgien pour soigner les esclaves espagnols. Le décret concerne également les sujets blancs et noirs de Muley Abdala.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer