VERS LIBRES,
Surje Feu d' Artifice tiré fur l'Eau , par
ordre du Roy d'Espagne , & les foins,,
de MM. les Ambassadeurs à la Cour
de France.
r dans ces Grottes profondes,
D'où la Seine épanche ses Ondes ,
CQui chaque jour la gloire & l'honncur de no*
' champs ,
De la B onde Cerés augmentent les prefens )
Ëífe appella les Dieux soumis à son Empire ;
Nayades, Nimphes &Tritons ,
Sont assis dans leur rang fur des sièges de joncs:
Un mal commun à tous , en ces lieux nous at
tire :
Vous le fçavez , l'hyver, dit la Reine des flots,,
De nos jours tous les ans vient troubler le re
pos,
Ce- n'est plus à présent un tranqui I Zephire,.
Ç£ui folâtre & qui rit sur le sein de mes eaux*.
Non. l' Aquilon bien- tôt, toujours prompt £
me nuire ,
Arrêtera mon corn» & rompra mes roseaux.
1 y Ceffi
'404 MÊRCURE DE FRANCTj .
. C'elt sut ce point » tritons , qu'il faut qu'orïdélibère.
Mettons nous à l'abrides coups de fa coîere j
Voyons par quels moyens on peut s'en ga
rantir i
Ou par quels dons enfin nous pourrons la fle«*
chir ; •
la tristesse à ces mots se peint sur le visage,
Les Nayadea alors regardent le Rivage,
* Où quand le Ciel donnoit des jours purs &
serains >
Elles alloient au son d'un instrument cham
pêtre ,
A l'ombre de quelque vieux hêtre ,
Datiser avec les Dieux Silvains.-
les Nimphes de leurs yeux laissent couler des;
larmes j
t es Tritons affligez n'y trouventplus les char--
mes
Qui sçureht asservir leurs coeurs ;
Ainsi chacun se llvroit aUx douleurs.
Quand une'Nimphe accourt : helasl en Cetteplace
>
Que fahes- vous í'uh mal bien plus grand hotts
menace j. .
Venez , Reine des flots, arrêtez les desseins »
Que forment contre nous des aveugles Hu
mains.
Allons , courons punir une main sacrilège ,
Dit ia Seine . . . elle part en ce même momèhrí
les Nimphes, les Tritons, composent son cor"
■ ' C'est:
• f EV RIE,R. i-fìó. 40í
C'est ainsi qu'en la voie dans le vaste Océan ,
'truand elle offre à ce Dieu les Eaux de son
Hmpire.
Elle approche. .. elle voit. . > & son courrou»
expire.
Sur sa Suite surprise elle jette les yeux j
Enfin elle applaudit d'un rire gracieux »
Elle voit les Jardins dignes de la Nature >
Une Nayade y court sécher sa chevelure >
l'une y cueille à lafois & des fruits & des
fleurs ,
L'autre ne songe plus aux cruelles rigueurs
Que l' Amant fougueux d'Orithie >
Leur prépare dans fa furie.
L'autre fous ces Rochers va chercher le repos i
Tandis que l'une ici contemple cet Ouvrage >
Ett l'autre des Poissons en embrassant le dos >
Coupe rapidement les flots.
Les Himphes . à l'envi , courent fur le Rivages
Élies dansent d'un pas leger ,
-Âu doux chant des Triions qui font retens
tir Pair»
Alors la Seine les appelle 3,
Courez à I'Ocean, chers Tritons, leur dit-elle;
Que ses Dieux fur ces bords se rendent avec
voUî* ! >
Allez encore au Tage , à cet ami fidèle >
Apprendre les apprêts d'une fête fi belle >
Qu'il vienne paitager les plaisirs avec nous-,-
UAbbi Bonnoi de Mably.