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Détail
Liste
1401
p. 325-327
On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
Début :
L'application avec laquelle ils s'attachent à considerer tout [...]
Mots clefs :
Clagny, Lit, Roi, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
L'application avec laquelle:
ils s'attachent à confiderer
tout ce qui regarde les Arts
engagea Madame de Monteſpan
à faire dreſſer à Cla
gny un Lit qu'elle a fait fai--
re , & qui bien qu'il foit d'une
broderie fort relevée ,eſt
encore plus beau par un cer
tain bon goût qui marque:
celuy de la perſonne qui l'a
fait faire ,que par la richeſſe:
de l'ouvrage & la delicateſſe
Gcij
312 Suite du Voyage
du travail. Ils ont eſté ſi char
mez de ce Lit,qu'ils n'ont prefque
laiſſe paſſer aucun jour
fans l'aller voir , pendant tout
le temps qu'ils ont demeuré
en ce lieu là.
Cet ouvrage & ceux qu'ils
ont vûs à Paris & à Verſailles,
leur ont fait dire , que le ſejour
des beaux Arts estoit en Franee
, & qu'ils y estoient dans leur
perfection plus qu'en aucun lieu
de la terre ; que la Chine
Mogol , le Japon & toutes les
Indes s'y trouvoient raffemblez,
que non seulement la France
les furpaſſoit par ses Manufactures
, mais qu'outre , cela elle
,
le
des Amb. de Siam.
313
avoit chez elle tout ce qu'ily avoit
de plus beau chez toutes ces Nations.
ils s'attachent à confiderer
tout ce qui regarde les Arts
engagea Madame de Monteſpan
à faire dreſſer à Cla
gny un Lit qu'elle a fait fai--
re , & qui bien qu'il foit d'une
broderie fort relevée ,eſt
encore plus beau par un cer
tain bon goût qui marque:
celuy de la perſonne qui l'a
fait faire ,que par la richeſſe:
de l'ouvrage & la delicateſſe
Gcij
312 Suite du Voyage
du travail. Ils ont eſté ſi char
mez de ce Lit,qu'ils n'ont prefque
laiſſe paſſer aucun jour
fans l'aller voir , pendant tout
le temps qu'ils ont demeuré
en ce lieu là.
Cet ouvrage & ceux qu'ils
ont vûs à Paris & à Verſailles,
leur ont fait dire , que le ſejour
des beaux Arts estoit en Franee
, & qu'ils y estoient dans leur
perfection plus qu'en aucun lieu
de la terre ; que la Chine
Mogol , le Japon & toutes les
Indes s'y trouvoient raffemblez,
que non seulement la France
les furpaſſoit par ses Manufactures
, mais qu'outre , cela elle
,
le
des Amb. de Siam.
313
avoit chez elle tout ce qu'ily avoit
de plus beau chez toutes ces Nations.
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Résumé : On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique nouvellement fait pour le Roy, [titre d'après la table]
Le texte relate l'utilisation d'une application pour documenter les arts, qui a inspiré Madame de Montespan à faire fabriquer un lit à Clagny. Ce lit, distingué par une broderie raffinée, est noté pour le bon goût de sa commanditaire plutôt que pour la richesse de son exécution. Les visiteurs ont été si impressionnés qu'ils ont visité ce lit presque quotidiennement durant leur séjour. De plus, les œuvres observées à Paris et à Versailles les ont amenés à déclarer que la France est le berceau des beaux-arts à leur apogée. Ils ont affirmé que la France surpassait d'autres nations, telles que la Chine, le Mogol, le Japon et les Indes, non seulement par ses manufactures, mais aussi par la présence des éléments les plus beaux de ces peuples.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1402
p. 327-343
Tout ce qui s'est passé dans les trois Audiences qu'ils ont euës de Mr de Seignelay, [titre d'après la table]
Début :
Pendant le sejour qu'ils ont fait à Versailles, ils ont [...]
Mots clefs :
Audiences, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, Roi, Ambassadeurs, Versailles, Audience, Ordres, Plaisir, Flandres, Affaires
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texteReconnaissance textuelle : Tout ce qui s'est passé dans les trois Audiences qu'ils ont euës de Mr de Seignelay, [titre d'après la table]
Pendant le ſejour qu'ils ont
fait à Verſailles , ils ont eſté
pluſieurs fois chez Monfieur
le marquis de Seignelay , qui
les a eſté voir à Clagny. Il y
a eu des Audiances de ceremonie
& des entreveuës
pour parler d'affaires. Comme
pendant tout ce temps,
il s'eſt à peine paffé une heure
dans chaque journée , ſans
qu'on leur ait fait voir quelque
choſe de nouveau , il ſe
trouva que le jour deſtiné
pour la premiere Audience
Cciij
3:14 Suite du Voyage
que ce Marquis leur donna,.
l'eſtoit auſſi pour quelque
promenade qu'ils devoient
faire avant que d'y eftre conduit.
Ainſi ils en firent d'abord
quelque difficulté, ayant
de la peine à ſe refoudre à
rien faire avant cette viſite,
qui puſt leur donner quelque
plaifir. Ils firent meſme témoigner
à Monfieur de Seignelay
les ſentimens où ils
eſtoient là- deſſus. Lorſqu'ils en
eurent Audience , ils luy dirent,
qu'ily avoit longtemps qu'ils
Souhaitoient de voir arriver les
jour dans lequel ils pûffent leremercier
de tous les bons offices qu'il
des Amb. de Siam.
315
leur avoit rendus , &de tous les
ordres qu'il avoit donnez en leur
faveur , & qu'ils avoient le coeur
plein de reconnoiffance de toutes les
bontez qu'il avoit euës pour eux..
Monfieur de Seignelay repliqua
, que bien qu'il ne les eût
pas encore rvûs , il pouvoit les
affeurer qu'il avoit pris toute la
part poſſible à tout ce qui les regar--
doit, &qu'ils'y estoit employé avec
plaisir , qu'il estoit ravy d'apprendre
qu'ils euffent esté contens des
Soins qu'il avoit pris pour lesfaire
recevoir : Que toutes les raiſons
du monde l'obligeoient à les fatisfaire
en toutes choses : Que le
Roy luy avoit commandé plus
316 Suite du Voyage
d'une fois qu'on n'oubliaft rien
de ce qui pourroit leur estre
agreable qu'il foubaitioit
que tout eût efté executé ſelon les
ordres de Sa Majesté , &sespropres
inclinations.Ils répondirent,
qu'il ne devoit avoir aucune inquietude
là-deſſus , qu'ils avoient
Sujet d'eſtre contens de tous ceux
qui avoient executé ſes ardres ;
mais qu'ils l'estoient extrêmement
de Monfieur Decluzeaux Intendant
à Brest , & de Monsieur
Torf. Ils ſe loüerent fort de
ce dernier , & même à differentes
repriſes , & s'adreſſant
enfuite à Monfieur de Seignelay,
ils luy dirent, Que leRoy ne
fe
des Amb. de Siam.
317
trompant jamais dans ſon choix
pour l'execution de ſes ordres
ils s'eftimoient fort heureux d'avoir
à traiter avec un Ministre
d'une si grande prudence
& qui paroiſſoit disposé à les
aimer favorablement ; & qu'ils
ne doutoient point que cela ne
Servist beaucoup à entretenir
à augmenter la bonne amitié des
deux Rois .Monfieur de Seignelay
leur repartit , Qu'il ne dou
toit point que cette amitié ne s'augmentat
, parce qu'il sçavoit que
le Roy fon Maistre se plairoit
toûjours àfaire tout ce qui seroit
agreable au Roy de Siam , &
qu'il estoit persuadé que ce Mo-
Dd
318 Suite du Voyage
marque se feroit auſſi de son côté
un plaisir de ce que Sa Maiesté
pouvoit defirer de luy fur la Religion
Chreftienne , & fur le Commerce
de ſes Suiets. Il leur dit
enfuite , Qu'il avoit commencé à
s'intereffer pour eux afin deſuivre
les Ordres du Roy , à la confideration
du Roy leur maître; mais
que bien que tant de raiſons &son
devoir l'yengageaſſent,il s'yfentoit
encore plus porté depuis qu'il avoit
ouy dire tant de bien d'eux par le
merite de leurs propresPersonnes.
Ils marquerent une extrême
reconnoiſſance pour
des paroles ſi obligeantes , &
remercierent enſuite Mf de
des Amb. de Siam.
319
Seignelay de la bonne reception
qu'il avoit faite aux deux
Mandarins qui estoient icy il
y a deux ans , & des foins
qu'ils en avoit pris , & luy dirent
qu'ils avoient eſté tresagreables
au Roy de Siam,
Aprés cela on ſervit uneCollation
fort magnifique .
Madame la Princeffe d'Eſpi
noy , Meſdames les Ducheſſes
de Chevreuſe , de Beauvil
liers & de Mortemar , avec
Meſdames de Seignelay & des
Grignan , ſe mirent à table
avec eux , & l'honneur que
ces Dames leur firent , leur
donna beaucoup de joye .
Ddij
320 Suite du Voyage
Quoy que l'Ambaſſadeur
n'euſt vû Madame de Seignelay
que dans la fcule , &
fans qu'elle vouluſt eftre connuë
, il ne laiſſa pas de marquer
qu'il la reconnoiffoit &
luy fit là-deſſus un Compliment
fort galant , & dans le
quel il parla fort à propos de
fon merite.
Le jour que Monfieur de
Seignelay leur rendit viſite
chez eux , aprés les premiers
Complimens de part & d'autre
qui furent fait en peu de paroles
, il leur dit , Qu'il estoit
perfuadé qu'il auroit beaucoup
de plaisir à lier avec eux une
:
des Amb. de Siam . 321
longue conversation ; mais qu'il
croyoit qu'ils voudroient bien
employer ce temps à parler d'affaires,
ce qu'ils feroient s'ils eftoient
feuls. Les Ambaſſadeurs
ayant témoigné beaucoup de
joye de cette propofition ,
chacun ordonna à ſes Gens
de fe retirer ; & ceux que la
curioſité avoir fait venir à
cette Audience , ſe retirerent
auffi .
Les Ambaſſadeurs eftant
allez chez Monfieur de Seignelay
quelques jours aprés,ils ne
le trouverent point , de forte
qu'ils furent obligez de l'attendre.
Il revint ,& leur dit,
Dd iij
3.22 Suite du Voyage
4
qu'il ne ferost pas forty si leRoy
ne l'eust envoyé querir. On
s'entretint de la magnificence
de Verſailles. L'Ambaſfadeur
dit , Qu'ily avoit dans
l'Orient quelques beautez difper-
Sées ; mais qu'on ne pouvoit voir
qu'à Versailles toutes cellesqu'ilsy
admiroient , &qu'ilſembloit que
Dieu n'eust passeulement donné au
Roy une grande puiſſance & ungénie
extraordinaire , mais encore
qu'il eust pris plaisir àfaire naître
fous ſon Regne dans toutesfortes
de Profeßons des Perſonnes capables
d'executer tout ce qu'il voudroit
entreprendre de magnifique &de
د
Surprenant.Monfieur de Seigne
des Amb. de Siam. 323
lay leur dit, Que Versailles estoit
veritablement la plus belle chofe
qu'ily eust en Europe ; mais qu'avant
le Regne du Roy , aucun de
ſes Predeceffeurs n'avoit porté la
magnificence au point où ils la
voyoient ; & que ce qu'il y a-
-voit de plus admirable &de plus
incomprehensible , estoit que le
Roy avoit fait bâtir Versailles
dans le meſime temps qu'il estoit
occupé à faire fortifier un tresgrand
nombre de Places : deforte
que c'eſtoit un des moindres Ouvrages
de Sa Majesté , qui ſoustenoit
auſſipendant le cours de toutes
ces grandes dépences , une glorieuse
Guerre contre la plupart des
Dd iiij
324 Suite du Voyage
Puissances de l'Europe liquées contre
luy , qu'il avoit obligées à recevoir
la Paix. Il leur parla enfuite
du Voyage qu'ils avoient
ſouhaité de faire pour voir les
Conquétes duRoy,& leur dit,
Que Sa Majesté l'avoit diminué ,
ne les faisoit aller qu'en Flandres,
de peur que lesfatigues de ce
Voyage dans une Saiſon fâcheuse ,
ne les incommodaffent.L'Ambaffadeur
répondit , Qu'il auroit en
une confolation particuliere de pouvoir
voir toutes les Conquestes du
Roy,quoy qu'à la verité ils nefuf-
Sent pas accoûtumez aux grands
froids ; mais qu'ayant veu les Places
de Flandres , ils pourroient en
des Amb. de Siam .
325
voir davantagefile froid n'estoit
pas trop violent, &laſaiſon trop
incommode. Enfuite Monfieur
de Seignelay leur dit , Qu'il
leur conſeilloit de prendre toutes
les précautions poffible contre le
froid. Pour moy , quoyque
j'en aye pris de tres-grandes
pour porter l'hiſtoire de cette
Ambaſſade plus loin dans
cette Lettre , il m'a eſté impoſſible
d'y faire entrer tout
ce qui regarde le Voyage des
Ambaſſadeurs à Verſailles. Il
me reſte des chofes tres- particulieres
à vous dire du Chenil
, & de la grande & petite
Ecurie ; & vous trouverez
Dd iiij
2 ds
326
dans ces
articles un
détail
dont
Suite du
Voyage
perſonne n'a
point
encore parlé
, &
qui
vous
marquera la
grandeur du
Roy.J'y
joindray
tout ce
que les
Ambaſſadeurs
ont
veu ,
fait & dit à
Paris ,
depuis
leur
retour de
Verſailles
,
juſqu'à
leur
départ
pour
Flandres ; &
dans la
même
Lettre je
vous
parleray de
tout
ce qui
s'eſt
paffé
pendant
ce
Voyage, & des
receptions
qui
leur
ont
eſté
faites
dans
tous
les
Lieux où ils ont
paffé.
Vous y
verrez des
choſes
nouvelles &
tres -
avec des
deſcriptions de
Fêtes curieuſes ,
galantes .
Cependant
comme
des Amb. de Siam. 327
je ſuis exact à vous tenir ma
parole,&que dans mapremiere
Relation ( dont celle - cy
n'eſt que la ſuite ) je ne vous
ay point envoyé le Diſcours
que les Ambaſſadeurs firent
au Roy le jour qu'ils curent
Audience de Sa Majeſté pour
la premiere fois ; voicy dequoy
contentervôtre curioſité
la-deſſus.
fait à Verſailles , ils ont eſté
pluſieurs fois chez Monfieur
le marquis de Seignelay , qui
les a eſté voir à Clagny. Il y
a eu des Audiances de ceremonie
& des entreveuës
pour parler d'affaires. Comme
pendant tout ce temps,
il s'eſt à peine paffé une heure
dans chaque journée , ſans
qu'on leur ait fait voir quelque
choſe de nouveau , il ſe
trouva que le jour deſtiné
pour la premiere Audience
Cciij
3:14 Suite du Voyage
que ce Marquis leur donna,.
l'eſtoit auſſi pour quelque
promenade qu'ils devoient
faire avant que d'y eftre conduit.
Ainſi ils en firent d'abord
quelque difficulté, ayant
de la peine à ſe refoudre à
rien faire avant cette viſite,
qui puſt leur donner quelque
plaifir. Ils firent meſme témoigner
à Monfieur de Seignelay
les ſentimens où ils
eſtoient là- deſſus. Lorſqu'ils en
eurent Audience , ils luy dirent,
qu'ily avoit longtemps qu'ils
Souhaitoient de voir arriver les
jour dans lequel ils pûffent leremercier
de tous les bons offices qu'il
des Amb. de Siam.
315
leur avoit rendus , &de tous les
ordres qu'il avoit donnez en leur
faveur , & qu'ils avoient le coeur
plein de reconnoiffance de toutes les
bontez qu'il avoit euës pour eux..
Monfieur de Seignelay repliqua
, que bien qu'il ne les eût
pas encore rvûs , il pouvoit les
affeurer qu'il avoit pris toute la
part poſſible à tout ce qui les regar--
doit, &qu'ils'y estoit employé avec
plaisir , qu'il estoit ravy d'apprendre
qu'ils euffent esté contens des
Soins qu'il avoit pris pour lesfaire
recevoir : Que toutes les raiſons
du monde l'obligeoient à les fatisfaire
en toutes choses : Que le
Roy luy avoit commandé plus
316 Suite du Voyage
d'une fois qu'on n'oubliaft rien
de ce qui pourroit leur estre
agreable qu'il foubaitioit
que tout eût efté executé ſelon les
ordres de Sa Majesté , &sespropres
inclinations.Ils répondirent,
qu'il ne devoit avoir aucune inquietude
là-deſſus , qu'ils avoient
Sujet d'eſtre contens de tous ceux
qui avoient executé ſes ardres ;
mais qu'ils l'estoient extrêmement
de Monfieur Decluzeaux Intendant
à Brest , & de Monsieur
Torf. Ils ſe loüerent fort de
ce dernier , & même à differentes
repriſes , & s'adreſſant
enfuite à Monfieur de Seignelay,
ils luy dirent, Que leRoy ne
fe
des Amb. de Siam.
317
trompant jamais dans ſon choix
pour l'execution de ſes ordres
ils s'eftimoient fort heureux d'avoir
à traiter avec un Ministre
d'une si grande prudence
& qui paroiſſoit disposé à les
aimer favorablement ; & qu'ils
ne doutoient point que cela ne
Servist beaucoup à entretenir
à augmenter la bonne amitié des
deux Rois .Monfieur de Seignelay
leur repartit , Qu'il ne dou
toit point que cette amitié ne s'augmentat
, parce qu'il sçavoit que
le Roy fon Maistre se plairoit
toûjours àfaire tout ce qui seroit
agreable au Roy de Siam , &
qu'il estoit persuadé que ce Mo-
Dd
318 Suite du Voyage
marque se feroit auſſi de son côté
un plaisir de ce que Sa Maiesté
pouvoit defirer de luy fur la Religion
Chreftienne , & fur le Commerce
de ſes Suiets. Il leur dit
enfuite , Qu'il avoit commencé à
s'intereffer pour eux afin deſuivre
les Ordres du Roy , à la confideration
du Roy leur maître; mais
que bien que tant de raiſons &son
devoir l'yengageaſſent,il s'yfentoit
encore plus porté depuis qu'il avoit
ouy dire tant de bien d'eux par le
merite de leurs propresPersonnes.
Ils marquerent une extrême
reconnoiſſance pour
des paroles ſi obligeantes , &
remercierent enſuite Mf de
des Amb. de Siam.
319
Seignelay de la bonne reception
qu'il avoit faite aux deux
Mandarins qui estoient icy il
y a deux ans , & des foins
qu'ils en avoit pris , & luy dirent
qu'ils avoient eſté tresagreables
au Roy de Siam,
Aprés cela on ſervit uneCollation
fort magnifique .
Madame la Princeffe d'Eſpi
noy , Meſdames les Ducheſſes
de Chevreuſe , de Beauvil
liers & de Mortemar , avec
Meſdames de Seignelay & des
Grignan , ſe mirent à table
avec eux , & l'honneur que
ces Dames leur firent , leur
donna beaucoup de joye .
Ddij
320 Suite du Voyage
Quoy que l'Ambaſſadeur
n'euſt vû Madame de Seignelay
que dans la fcule , &
fans qu'elle vouluſt eftre connuë
, il ne laiſſa pas de marquer
qu'il la reconnoiffoit &
luy fit là-deſſus un Compliment
fort galant , & dans le
quel il parla fort à propos de
fon merite.
Le jour que Monfieur de
Seignelay leur rendit viſite
chez eux , aprés les premiers
Complimens de part & d'autre
qui furent fait en peu de paroles
, il leur dit , Qu'il estoit
perfuadé qu'il auroit beaucoup
de plaisir à lier avec eux une
:
des Amb. de Siam . 321
longue conversation ; mais qu'il
croyoit qu'ils voudroient bien
employer ce temps à parler d'affaires,
ce qu'ils feroient s'ils eftoient
feuls. Les Ambaſſadeurs
ayant témoigné beaucoup de
joye de cette propofition ,
chacun ordonna à ſes Gens
de fe retirer ; & ceux que la
curioſité avoir fait venir à
cette Audience , ſe retirerent
auffi .
Les Ambaſſadeurs eftant
allez chez Monfieur de Seignelay
quelques jours aprés,ils ne
le trouverent point , de forte
qu'ils furent obligez de l'attendre.
Il revint ,& leur dit,
Dd iij
3.22 Suite du Voyage
4
qu'il ne ferost pas forty si leRoy
ne l'eust envoyé querir. On
s'entretint de la magnificence
de Verſailles. L'Ambaſfadeur
dit , Qu'ily avoit dans
l'Orient quelques beautez difper-
Sées ; mais qu'on ne pouvoit voir
qu'à Versailles toutes cellesqu'ilsy
admiroient , &qu'ilſembloit que
Dieu n'eust passeulement donné au
Roy une grande puiſſance & ungénie
extraordinaire , mais encore
qu'il eust pris plaisir àfaire naître
fous ſon Regne dans toutesfortes
de Profeßons des Perſonnes capables
d'executer tout ce qu'il voudroit
entreprendre de magnifique &de
د
Surprenant.Monfieur de Seigne
des Amb. de Siam. 323
lay leur dit, Que Versailles estoit
veritablement la plus belle chofe
qu'ily eust en Europe ; mais qu'avant
le Regne du Roy , aucun de
ſes Predeceffeurs n'avoit porté la
magnificence au point où ils la
voyoient ; & que ce qu'il y a-
-voit de plus admirable &de plus
incomprehensible , estoit que le
Roy avoit fait bâtir Versailles
dans le meſime temps qu'il estoit
occupé à faire fortifier un tresgrand
nombre de Places : deforte
que c'eſtoit un des moindres Ouvrages
de Sa Majesté , qui ſoustenoit
auſſipendant le cours de toutes
ces grandes dépences , une glorieuse
Guerre contre la plupart des
Dd iiij
324 Suite du Voyage
Puissances de l'Europe liquées contre
luy , qu'il avoit obligées à recevoir
la Paix. Il leur parla enfuite
du Voyage qu'ils avoient
ſouhaité de faire pour voir les
Conquétes duRoy,& leur dit,
Que Sa Majesté l'avoit diminué ,
ne les faisoit aller qu'en Flandres,
de peur que lesfatigues de ce
Voyage dans une Saiſon fâcheuse ,
ne les incommodaffent.L'Ambaffadeur
répondit , Qu'il auroit en
une confolation particuliere de pouvoir
voir toutes les Conquestes du
Roy,quoy qu'à la verité ils nefuf-
Sent pas accoûtumez aux grands
froids ; mais qu'ayant veu les Places
de Flandres , ils pourroient en
des Amb. de Siam .
325
voir davantagefile froid n'estoit
pas trop violent, &laſaiſon trop
incommode. Enfuite Monfieur
de Seignelay leur dit , Qu'il
leur conſeilloit de prendre toutes
les précautions poffible contre le
froid. Pour moy , quoyque
j'en aye pris de tres-grandes
pour porter l'hiſtoire de cette
Ambaſſade plus loin dans
cette Lettre , il m'a eſté impoſſible
d'y faire entrer tout
ce qui regarde le Voyage des
Ambaſſadeurs à Verſailles. Il
me reſte des chofes tres- particulieres
à vous dire du Chenil
, & de la grande & petite
Ecurie ; & vous trouverez
Dd iiij
2 ds
326
dans ces
articles un
détail
dont
Suite du
Voyage
perſonne n'a
point
encore parlé
, &
qui
vous
marquera la
grandeur du
Roy.J'y
joindray
tout ce
que les
Ambaſſadeurs
ont
veu ,
fait & dit à
Paris ,
depuis
leur
retour de
Verſailles
,
juſqu'à
leur
départ
pour
Flandres ; &
dans la
même
Lettre je
vous
parleray de
tout
ce qui
s'eſt
paffé
pendant
ce
Voyage, & des
receptions
qui
leur
ont
eſté
faites
dans
tous
les
Lieux où ils ont
paffé.
Vous y
verrez des
choſes
nouvelles &
tres -
avec des
deſcriptions de
Fêtes curieuſes ,
galantes .
Cependant
comme
des Amb. de Siam. 327
je ſuis exact à vous tenir ma
parole,&que dans mapremiere
Relation ( dont celle - cy
n'eſt que la ſuite ) je ne vous
ay point envoyé le Diſcours
que les Ambaſſadeurs firent
au Roy le jour qu'ils curent
Audience de Sa Majeſté pour
la premiere fois ; voicy dequoy
contentervôtre curioſité
la-deſſus.
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Résumé : Tout ce qui s'est passé dans les trois Audiences qu'ils ont euës de Mr de Seignelay, [titre d'après la table]
Pendant leur séjour à Versailles, les ambassadeurs du Siam ont rencontré à plusieurs reprises le marquis de Seignelay, qui les a également reçus à Clagny. Des audiences cérémonielles et des entretiens ont été organisés pour discuter des affaires. Les ambassadeurs ont exprimé leur gratitude envers Seignelay pour ses bons offices et les ordres donnés en leur faveur. Seignelay a assuré les ambassadeurs qu'il avait agi selon les ordres du roi de France pour veiller à leur bien-être. Les ambassadeurs ont loué l'intendant Decluzeaux à Brest et Monsieur Torf, ainsi que la prudence et la disposition favorable de Seignelay, qui renforcerait l'amitié entre les deux rois. Seignelay a répondu que l'amitié entre les rois s'accroîtrait, car le roi de France se plairait toujours à faire ce qui serait agréable au roi de Siam. Il a mentionné son intervention en leur faveur pour suivre les ordres du roi et par considération pour le roi de Siam. Les ambassadeurs ont marqué leur extrême reconnaissance et ont remercié Seignelay pour la bonne réception des mandarins deux ans auparavant. Une collation magnifique a été servie, à laquelle ont participé Madame la Princesse d'Espinoy et plusieurs duchesses. Lors d'une visite de Seignelay chez les ambassadeurs, ils ont discuté d'affaires en privé après avoir renvoyé leur entourage et les curieux. Les ambassadeurs ont ensuite rendu visite à Seignelay, qui les a informés qu'il n'aurait pas été présent sans l'ordre du roi. Ils ont discuté de la magnificence de Versailles, l'ambassadeur soulignant que seules les beautés dispersées dans l'Orient ne pouvaient égaler celles de Versailles. Seignelay a expliqué que Versailles était le plus bel endroit d'Europe et que son règne avait porté la magnificence à un niveau sans précédent, tout en menant une guerre glorieuse contre plusieurs puissances européennes. Seignelay a également parlé du voyage des ambassadeurs pour voir les conquêtes du roi, réduit à la Flandre pour éviter les fatigues d'une saison difficile. Les ambassadeurs ont exprimé leur désir de voir toutes les conquêtes, malgré les froids auxquels ils n'étaient pas habitués. Seignelay leur a conseillé de prendre des précautions contre le froid. Le texte mentionne également des détails sur le voyage des ambassadeurs à Versailles, leurs activités à Paris, et les réceptions qu'ils ont reçues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1403
p. 343-348
Harangue des Ambassadeurs au Roy, [titre d'après la table]
Début :
Le Compliment fut precedé d'un prélude fort court, dans [...]
Mots clefs :
Harangue, Ambassadeurs, Premier ambassadeur, Roi, Joie, Troupes, Roi de Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangue des Ambassadeurs au Roy, [titre d'après la table]
Le Compliment fut precedé
d'un prélude fort court ,
dans lequel le premier Ambaſſadeur
( ſuivant l'uſage de
fon Païs ) demanda au Roy la
permiſſion de parler. Il commença
enſuite ſon Difcours ,
328 Suite du Voyages
&dit, Qu'ilsse prefentoient avec
d'autant plus de joye devant St
Majesté,qu' Elle en estoit Elle-mefme
comblée par la naiſſance de
Monseigneur le Duc de Berry.
Aprés cela , fon Difcours roula
fur ce que le Roy de Siam
eſtoit pleinement informé de
lagrandeur du Roy , dont il
fit une vive peinture. Il parla
des Places conquiſes par Sa
Majesté , de fes grands Travaux
dont Elle tiroit une gloire
ſi folide , & fi univerſellement
reconnuë ; & s'étendit
fur ces articles, auffi- bien que
fur le nombre & la beauté
des Troupes de ce Monarque,
des Amb. de Siam. 329
dont il loüa le Gouvernement
, en faiſant connoiſtre
qu'une ſi grande ſageſſe ne
ſe rencontroit pas toûjours
avec un ſi grand pouvoir. Il
parla enſuite des grandes qualitez
de l'Ame du Roy , du
merite des Seigneurs de ſa
Cour , de l'intelligence & de
l'eſprit de ſes miniſtres , qu'il
avoit rendus capables d'executer
ſes ordres , & à qui rien.
de ce qu'il leur commandoit
n'eſtoit impoſſible. Enfin
aprés avoir fait voir que le
Roy s'eſt acquis le nom de
Grand par fon propre merite,
par la poſſeſſion d'un Royau330
Suite du Voyage
1
me floriſſant , par le nombre
de ſes Victoires & de ſes Conquêres,
par celuy des Seigneurs
qui compoſent ſa Cour , &
dont la valeur eſt ſi connuë ,
par des Troupes toûjours victorieuſes
& toujours preftes
à vaincre, & par des Miniftres
vigilans , zelez & habiles ; il
conclut de toutes ces chofes ,
que le Roy de Siam avoit une
ſenſible joye d'apprendre la
fincere amitié qu'avoit pour
luy un monarque fi veritablement
Grand, &par luy-même,
& par tout ce qui peut marquer
la Grandeur humaine. Il
ajoûta, Que pour ce qui regardoit
des Amb, de Siam. 331
leurs Personnes , celles des
Mandarins qui les accompagnoient
ils avonoient à Sa Majesté qu'ils
avoient d'abord reffinty quelque
triſteſſe de quitter leur Patrie pour
entreprendre unfi long Voyage,parce
qu'ils ne ſont pas accoûtumez à
ces fortes de Navigations ; mais
qu'ayant l'avantage de voir de
leurs propres yeux l'éclat qui environnoit
Sa Majesté , & de reconnoiſtre
eux- mêmes que tout ce que
la Renommée publioit deſes Grandeurs
& de ses Qualitez heroïques,
estoit encore au dessous de la
verité , ce bonheur diffipoit toute
leur triſteſſe , & qu'ils goûtoient
une paix & une joye außi entiere ;
332 Suite du Voyage
que s'ils estoient auprés du Roy
leur Maître à recevoir les témoignages
lesplus touchans deſa bonté.
Ils marquerent enſuite que
le Roy de Siam avoit moins
cherché à faire de riches Preſens
auRoy , qu'à luy en faire
d'agreables , & qu'il avoit
ſeulement envoyé des choſes
qui ſe trouvoient dans les
Indes. Aprés quoy ils finirent
, en suppliant tres-humblement
Sa Maiefté de les prendre
Sous sa Royale protection tout le
temps qu'ils auroient l'honneur
de demeurer dans ſon Royaume.
d'un prélude fort court ,
dans lequel le premier Ambaſſadeur
( ſuivant l'uſage de
fon Païs ) demanda au Roy la
permiſſion de parler. Il commença
enſuite ſon Difcours ,
328 Suite du Voyages
&dit, Qu'ilsse prefentoient avec
d'autant plus de joye devant St
Majesté,qu' Elle en estoit Elle-mefme
comblée par la naiſſance de
Monseigneur le Duc de Berry.
Aprés cela , fon Difcours roula
fur ce que le Roy de Siam
eſtoit pleinement informé de
lagrandeur du Roy , dont il
fit une vive peinture. Il parla
des Places conquiſes par Sa
Majesté , de fes grands Travaux
dont Elle tiroit une gloire
ſi folide , & fi univerſellement
reconnuë ; & s'étendit
fur ces articles, auffi- bien que
fur le nombre & la beauté
des Troupes de ce Monarque,
des Amb. de Siam. 329
dont il loüa le Gouvernement
, en faiſant connoiſtre
qu'une ſi grande ſageſſe ne
ſe rencontroit pas toûjours
avec un ſi grand pouvoir. Il
parla enſuite des grandes qualitez
de l'Ame du Roy , du
merite des Seigneurs de ſa
Cour , de l'intelligence & de
l'eſprit de ſes miniſtres , qu'il
avoit rendus capables d'executer
ſes ordres , & à qui rien.
de ce qu'il leur commandoit
n'eſtoit impoſſible. Enfin
aprés avoir fait voir que le
Roy s'eſt acquis le nom de
Grand par fon propre merite,
par la poſſeſſion d'un Royau330
Suite du Voyage
1
me floriſſant , par le nombre
de ſes Victoires & de ſes Conquêres,
par celuy des Seigneurs
qui compoſent ſa Cour , &
dont la valeur eſt ſi connuë ,
par des Troupes toûjours victorieuſes
& toujours preftes
à vaincre, & par des Miniftres
vigilans , zelez & habiles ; il
conclut de toutes ces chofes ,
que le Roy de Siam avoit une
ſenſible joye d'apprendre la
fincere amitié qu'avoit pour
luy un monarque fi veritablement
Grand, &par luy-même,
& par tout ce qui peut marquer
la Grandeur humaine. Il
ajoûta, Que pour ce qui regardoit
des Amb, de Siam. 331
leurs Personnes , celles des
Mandarins qui les accompagnoient
ils avonoient à Sa Majesté qu'ils
avoient d'abord reffinty quelque
triſteſſe de quitter leur Patrie pour
entreprendre unfi long Voyage,parce
qu'ils ne ſont pas accoûtumez à
ces fortes de Navigations ; mais
qu'ayant l'avantage de voir de
leurs propres yeux l'éclat qui environnoit
Sa Majesté , & de reconnoiſtre
eux- mêmes que tout ce que
la Renommée publioit deſes Grandeurs
& de ses Qualitez heroïques,
estoit encore au dessous de la
verité , ce bonheur diffipoit toute
leur triſteſſe , & qu'ils goûtoient
une paix & une joye außi entiere ;
332 Suite du Voyage
que s'ils estoient auprés du Roy
leur Maître à recevoir les témoignages
lesplus touchans deſa bonté.
Ils marquerent enſuite que
le Roy de Siam avoit moins
cherché à faire de riches Preſens
auRoy , qu'à luy en faire
d'agreables , & qu'il avoit
ſeulement envoyé des choſes
qui ſe trouvoient dans les
Indes. Aprés quoy ils finirent
, en suppliant tres-humblement
Sa Maiefté de les prendre
Sous sa Royale protection tout le
temps qu'ils auroient l'honneur
de demeurer dans ſon Royaume.
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Résumé : Harangue des Ambassadeurs au Roy, [titre d'après la table]
Un ambassadeur de Siam prononce un discours devant un roi, débutant par une demande de permission de parler et une expression de joie pour la naissance du Duc de Berry. Il vante ensuite la grandeur du roi, mentionnant ses conquêtes, ses travaux glorieux et ses troupes. L'ambassadeur loue également le gouvernement du roi de Siam, soulignant sa sagesse et son pouvoir. Il met en avant les qualités du roi, la valeur de sa cour, l'intelligence de ses ministres et la vaillance de ses troupes. L'ambassadeur conclut en exprimant la joie du roi de Siam d'apprendre l'amitié sincère du roi. Les ambassadeurs avouent initialement une tristesse de quitter leur patrie, mais cette tristesse est dissipée par la grandeur et les qualités héroïques du roi. Ils précisent que les présents offerts au roi sont choisis pour leur agrément plutôt que pour leur richesse et demandent la protection royale pour la durée de leur séjour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1404
p. 349-356
Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Début :
Je n'ay pas crû vous devoir dire ce que contient la [...]
Mots clefs :
Constantin Phaulkon, Roi, Lettre, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Je n'ay pas crú vous devoir
dire ce que contient la
Lettre
des Amb. de Siam.
333
Lettre de Monfieur Conſtance,
lors que je vous ay marqué
que le premier Ambaſſadeur
l'avoit rendue au Roy , parce
que j'aurois interrompu cette
Relation dans un endroit qui
devoit eſtre ſuivy. Voicy le
ſujet de cette Lettre , avec
une partie des propres termes
qu'elle contient. Monſieur
Conftance marque au
Roy , Qu'ily a déja pluſieurs an
nées qu'il admire la gloire im
mortelle que Sa Majesté s'est acquiſe
par la grandeur de ſes Vertus
, &par la force deſes Armes
Ildit que cela luy a causé longa
temps une extréme impatience de
Ec
1
334 Suite du Voyage
de
trouver occafion de montrer à ce
Monarque & à tout l'Univers l'eftime
qu'il fait de la Nation Françoise
, &fon attachement inviotable
pour Sa Majesté ;& aprés
avoir parlé fort modeſtement
luy-meſme , il employe les.
termes qui ſuivent. faycrûque
jedevous me contenter d'entretenir
dans toutes les occafions le Roymon
Maistre , des belles actions de Vôtre
Majesté , & de ses grandes
qualitez dont l'éclat s'est repandu ,
dont la reputation s'est fait
connoistre parmy tous les peuples
les plus reculezdes Indes. Comme
le Roy mon Maistre , estoit déja
affez porté de luy- mesme à recher
des Amb. de Siam.
33-
cher l'amitié Royale de Vostre Ma
jeſté, je ne pouvois luy donner plus
de plaisir, ny luy faire mieux ma
cour qu'en luy parlant ſouvent de
toutes ces choses ; & ie puis affeurer
Vostre Maieste, que ç'a esté là un
des moyens les plus efficaces pour
me mettre bien dansson esprit,
m'introduire dans ſes bonnesgraces,
de la maniere dont on fait que
Sa Majesté m'honore.
Il conclut de- là qu'il eſt
obligé au Roy , & regarde
comme des bien-faits de Sa
Majesté , ce que le recit qu'il
a fait de ſes grandes actions
luy a procuré d'eſtime du
Roy ſon Maiſtre. Il dit en-
Ecija
336 Suite du Voyage
ſuite en continuant l'éloge du
Roy,Que Sa Majestén'entreprend
rien dont Elle ne vienne àbout,fur
tout quand il est queſtion de faire
du bien &de fefaire aimer ,
qu'Elle a bien veulu le luyfairefentir
par les honneurs qu'ils a recens
defa part de Mr le Chevalier de
Chaumontſon Ambaſſadeur , quoy
qu'il s'en reconnoiffe indigne.Aprés
en avoir encore exprimé ſa reconnoiffance
par quelques li
gnes, il finit par ces paroles:
je coniure Vôtre Majesté avec tou
te forte deſoûmiſſion,d'en vouloir
estre bien persuadée , & qu'il n'ya
perſonne au monde qui soubaite
avec plus de paſſion de contribuer
à la gloire de votre Majesté ,
des Amb. de Siam. 337
que celuy qui fera toute sa vie
avec un tres - profond respect
( SIRE ) de Vêtre Majesté le
tres - humble & tres - obeiſſant
Serviteur ,
Conſtance de Phaulcon.
Louvo , 14. Decembre 1685.
L'eſprit de ce Miniſtre , ſa
prudence , ſa conduite , & la
grande intelligence qu'il a
pour toutes fortes d'affaires ,
ayant caufé de l'étonnement
à tous ceux qui en ont entendu
parler , ont eſté cauſe
que quelques-uns ont marqué
1
338 suite du Voyage
dans leurs Relations manufcrites
( ce qui a eſté ſuivi dans
les imprimées ) que fes premiers
emplois ont eſté fort
bas , croyant faire par là plus
d'honneur à fon eſprit. Cependant
comme il faut toû
jours rendre juſtice à la Verité
, je dois dire icy que je
ſçay d'une Perſonne digne de
foy , & qui le connoiſt parfaitement
, que quoy que fon
merite & fon eſprit l'ayent
mis dans la haute fortune où
il eſt élevé , il n'a jamais
eu dans aucun Vaiſſeau
les emplois dont on a parlé.
Au reſte on peut juger par
des Amb. de Siam.
339
le difcernement du Roy de
Siam , combien il faut que ce
Miniſtre ait d'excellentes
qualitez , pour avoir autant
de part qu'il en a à la faveur
de ce Monarque , & à toutes
les affaires de ſon Eftat. Je
fuis ,&c.
AParis , oe 30.Novemb. 1686.
dire ce que contient la
Lettre
des Amb. de Siam.
333
Lettre de Monfieur Conſtance,
lors que je vous ay marqué
que le premier Ambaſſadeur
l'avoit rendue au Roy , parce
que j'aurois interrompu cette
Relation dans un endroit qui
devoit eſtre ſuivy. Voicy le
ſujet de cette Lettre , avec
une partie des propres termes
qu'elle contient. Monſieur
Conftance marque au
Roy , Qu'ily a déja pluſieurs an
nées qu'il admire la gloire im
mortelle que Sa Majesté s'est acquiſe
par la grandeur de ſes Vertus
, &par la force deſes Armes
Ildit que cela luy a causé longa
temps une extréme impatience de
Ec
1
334 Suite du Voyage
de
trouver occafion de montrer à ce
Monarque & à tout l'Univers l'eftime
qu'il fait de la Nation Françoise
, &fon attachement inviotable
pour Sa Majesté ;& aprés
avoir parlé fort modeſtement
luy-meſme , il employe les.
termes qui ſuivent. faycrûque
jedevous me contenter d'entretenir
dans toutes les occafions le Roymon
Maistre , des belles actions de Vôtre
Majesté , & de ses grandes
qualitez dont l'éclat s'est repandu ,
dont la reputation s'est fait
connoistre parmy tous les peuples
les plus reculezdes Indes. Comme
le Roy mon Maistre , estoit déja
affez porté de luy- mesme à recher
des Amb. de Siam.
33-
cher l'amitié Royale de Vostre Ma
jeſté, je ne pouvois luy donner plus
de plaisir, ny luy faire mieux ma
cour qu'en luy parlant ſouvent de
toutes ces choses ; & ie puis affeurer
Vostre Maieste, que ç'a esté là un
des moyens les plus efficaces pour
me mettre bien dansson esprit,
m'introduire dans ſes bonnesgraces,
de la maniere dont on fait que
Sa Majesté m'honore.
Il conclut de- là qu'il eſt
obligé au Roy , & regarde
comme des bien-faits de Sa
Majesté , ce que le recit qu'il
a fait de ſes grandes actions
luy a procuré d'eſtime du
Roy ſon Maiſtre. Il dit en-
Ecija
336 Suite du Voyage
ſuite en continuant l'éloge du
Roy,Que Sa Majestén'entreprend
rien dont Elle ne vienne àbout,fur
tout quand il est queſtion de faire
du bien &de fefaire aimer ,
qu'Elle a bien veulu le luyfairefentir
par les honneurs qu'ils a recens
defa part de Mr le Chevalier de
Chaumontſon Ambaſſadeur , quoy
qu'il s'en reconnoiffe indigne.Aprés
en avoir encore exprimé ſa reconnoiffance
par quelques li
gnes, il finit par ces paroles:
je coniure Vôtre Majesté avec tou
te forte deſoûmiſſion,d'en vouloir
estre bien persuadée , & qu'il n'ya
perſonne au monde qui soubaite
avec plus de paſſion de contribuer
à la gloire de votre Majesté ,
des Amb. de Siam. 337
que celuy qui fera toute sa vie
avec un tres - profond respect
( SIRE ) de Vêtre Majesté le
tres - humble & tres - obeiſſant
Serviteur ,
Conſtance de Phaulcon.
Louvo , 14. Decembre 1685.
L'eſprit de ce Miniſtre , ſa
prudence , ſa conduite , & la
grande intelligence qu'il a
pour toutes fortes d'affaires ,
ayant caufé de l'étonnement
à tous ceux qui en ont entendu
parler , ont eſté cauſe
que quelques-uns ont marqué
1
338 suite du Voyage
dans leurs Relations manufcrites
( ce qui a eſté ſuivi dans
les imprimées ) que fes premiers
emplois ont eſté fort
bas , croyant faire par là plus
d'honneur à fon eſprit. Cependant
comme il faut toû
jours rendre juſtice à la Verité
, je dois dire icy que je
ſçay d'une Perſonne digne de
foy , & qui le connoiſt parfaitement
, que quoy que fon
merite & fon eſprit l'ayent
mis dans la haute fortune où
il eſt élevé , il n'a jamais
eu dans aucun Vaiſſeau
les emplois dont on a parlé.
Au reſte on peut juger par
des Amb. de Siam.
339
le difcernement du Roy de
Siam , combien il faut que ce
Miniſtre ait d'excellentes
qualitez , pour avoir autant
de part qu'il en a à la faveur
de ce Monarque , & à toutes
les affaires de ſon Eftat. Je
fuis ,&c.
AParis , oe 30.Novemb. 1686.
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Résumé : Lettre de M. Constance au Roy, [titre d'après la table]
Dans une lettre datée du 14 décembre 1685, Monsieur Constance adresse au roi de France des louanges pour sa gloire et ses vertus, exprimant son attachement à la nation française. Il mentionne avoir vanté les actions et qualités du roi auprès du roi de Siam, ce qui lui a valu la faveur de ce dernier. Constance conclut en affirmant sa dévotion et son désir de servir la gloire du roi. Le narrateur du texte souligne les qualités de Constance, notamment sa prudence, sa conduite et son intelligence. Il dément les rumeurs selon lesquelles Constance aurait occupé des postes subalternes, affirmant qu'il n'a jamais eu de tels emplois. Le narrateur souligne également la faveur dont jouit Constance auprès du roi de Siam, témoignant de ses excellentes qualités. Le texte se termine par la date du 30 novembre 1686.
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1405
p. 356-[357]
Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Début :
Je croyois vous envoyer une Planche où je fais graver le Trône du [...]
Mots clefs :
Trône du roi, Roi, Planche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
E croyois vous envoyer une Planche
où je fais graver le Trônedu Roy ,
avec les places marquées de tous
ceux qui avoient rangà la premiere
Audiance que Sa Majesté donna aux
Ambassadeursde Siam; mais cette
Planche n'ayantpû estre achevée,je
vous l'envoyray dans ma troiſiéme
Lettre on Journalde cette Ambassa
de. Vous y verrez toutes les Figures
qui accompagnoient ou pluſtoſt qui
formoient ce ſuperbe Trône , & qui
s'étendoient de chaque costébeaucoup
par de-là des neufmarches qu'ilfal.
loit monterpour approcher du Roy.
où je fais graver le Trônedu Roy ,
avec les places marquées de tous
ceux qui avoient rangà la premiere
Audiance que Sa Majesté donna aux
Ambassadeursde Siam; mais cette
Planche n'ayantpû estre achevée,je
vous l'envoyray dans ma troiſiéme
Lettre on Journalde cette Ambassa
de. Vous y verrez toutes les Figures
qui accompagnoient ou pluſtoſt qui
formoient ce ſuperbe Trône , & qui
s'étendoient de chaque costébeaucoup
par de-là des neufmarches qu'ilfal.
loit monterpour approcher du Roy.
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Résumé : Trosne de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Une gravure représentant le trône du roi, avec les places des ambassadeurs de Siam, devait être envoyée mais n'a pas été achevée à temps. Le trône est décrit comme grand et s'étendant au-delà des neuf marches. Sa magnificence est accentuée par les figures l'accompagnant. La gravure sera envoyée ultérieurement.
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1406
s. p.
« On a mis dans la premiere Relation que le Tournoy où Henry II. [...] »
Début :
On a mis dans la premiere Relation que le Tournoy où Henry II. [...]
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texteReconnaissance textuelle : « On a mis dans la premiere Relation que le Tournoy où Henry II. [...] »
On a mis dans la premiere Rela
tion que le Tournoy où Henry II.fut
tuè , s'estoit fait sur le Pont Noftre
Dame , au lieu de la Place des Tournelles
; & que Berny appartenoit à
l'Abbaye de Sainte Geneviève. C'est
à celle de S. Germain des Prez qu'il
appartient.
tion que le Tournoy où Henry II.fut
tuè , s'estoit fait sur le Pont Noftre
Dame , au lieu de la Place des Tournelles
; & que Berny appartenoit à
l'Abbaye de Sainte Geneviève. C'est
à celle de S. Germain des Prez qu'il
appartient.
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1407
s. p.
TABLE DES MATIERES contenuës en ce Volume.
Début :
Paroles & actions du premier Ambassadeur, I. jusqu'à 10 [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE DES MATIERES contenuës en ce Volume.
TABLE DES MATIERES
contenuës en ce Volume.
Aroles & actions du premier Ambaſſadeur ,
Pro1. 10
Deſcription de S. Cir & ce que les Ambaſſadeurs
en on dit ,
Deſcription des Invalides ,
10
14-
27
Viſite renduë par M. Colbert de Croiſſy aux
Ambaſſadeurs avec toute leur Converſation, 21
Opera & ce qu'ils en on dit ,
Deſcription de l'Obſervatoire, & de tout ce qu'il
contient de curieux , & de Machines ,avec les
choſes remarquables dites par les Ambaſſadeurs.
29
Ce qu'ils ont veu & dit le jour qu'ils ont eſté
aux Chartreux.
66
72
Ils vont chez M. de Montaris voir ſes Pierreries,
ſes Médailles, & fes Tableaux.
Deſcription du Chaſteau & lardin de Clagny, 80
Les Ambaſſadeurs ſurpris de l'eſprit , & de la
beauté de M. le Comte de Toulouſe ,
Deſcription du Baffin d'Apollon ,
94
وا
Promenade des Ambaſſadeurs ſur le Canal avec
ſadeſcription, 92
Deſcription de la Ménagerie, de ſon Bâtiment &
95 detoutes ſes Cours ,
Defeription de Trianon & de ſes Jardins. 100
Deſcription de l'Orangerie , 103.
TA BLE .
Parterre de l'Orangerie , 1:6
Groupe de Dominico Guidi , 120
Potager,& fes 21. Jardins , 121
Mail& piece d'eau apellée des Suiſſes . 115
Points de veuë du petit Parc , 116
Parterre qui eſt au deſſus de l'Orangerie& fes
Figures de bronze , $129
Figures de marbre , 130
Labirinthe & ſes Fontaines , 131
Salledu Bal , 137
Girandole , 139
Gallerie d'eau , 140
Colomnade , 142
Baffins de Saturne & de Bachus , 148
Réponſe du premier Ambaſſadeur ſur toutes les
beautez d'un des coſtez du petit Parc , 160
Salle du Conſeil ou des Feſtins, 161
L'Encelade , 16.4
Bains d'Apollon , 165
Montagne d'eau ou Fonraine de l'Etoile , 172
Theatre d'eau , 174
Marais d'eau , 179
Les trois Fontaines , 182
Footaines de Cerés & de Flore , 183
Picce de Neptune & Fontaine du Dragon , 186
ArcdeTriomphe, 188
Allée d'eau ou allée de Gaſcades , 193
Fontaine de la Piramide , 194
Parterre du Nort, & ſes figures de Marbre. 198
Groupes deMilon &d'Andromede , 200
Baffinde Latone , 201
Figures Antique autour du fer à Cheval , 201
Grands Canaux avec tout ce qui les doit orner
quand ils feront achevez , 204
TABLE .
Iardin ,
כ
Deſcription & longueurs de toutes les facesdu
Chaſteau de Versailles qui donnent fur le
207
Remerciement des Ambaſſadeurs à M. le Fevre,
Intendant des Baſtimens du Roy , 213
Deſcription des cinq Reſervoirs de la bute de
Monbauron , & de l'Aqueduc de la montagne
S
de Picardie, 214
6
د
Deſcription du Chaſteau des Peintures, des lardins
, & des Fontaines du Château de Marly ,
1
コ
و
0
220
Ils font reçûs à S. Germain en Laye par M. le
Marquis de Monchevreüil ,
Deſcriptionde la machine de Marly qui conduit
245
2
la Riviere de Seine à Verſailles , 248
8
Pepiniere , 257
S Les Ambaſſadeurs vont au Diner du Roy ; & ce
0
qui s'y paſſe , 258
I
Deſcription de la Galerie ,& du grand Aparte-
4 ment du Roy , 261
5
PetitApartement du Roy , 267
1
Cabinet des Curiofitez ou des Bijoux , 268
4 Grand Escalier , 293
و
Audience donnée par Madame la Dauphine ,
2
avec le Compliment que les Ambaſſadeurs
3 ont fait à cette Princeſſe, 295
6
Audiences données par Madame la Ducheſſe, &
00
8
Madame de Bourbon , 300
3480
3
4
Madame la Dauphine diſtribuë une partie des
Preſens quelle a receus de la Princeſſe
8
Reyne , 301
DO
Cabinetdes Curiofitez de Monſeigneur le Dau-
כו
phin , 302
1
Les Ambaſſadeurs voyent le Roy en allant à la
er
4
TABLE.
Chapelle, & entendent enfuite la Meſſe de Sa
Majesté , 305
Ilsretournent une ſeconde fois voir les Apartemens
, 309
On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique
nouvellement fait pour le Roy, 311
Tout ce qui s'eſt paflédans les trois Audiences
qu'ils ont euës de M. de Seignelay. 313
Harangue des Ambaſſadeurs an Roy. 327
Lettre de M. Conſtance auRoy ,
333
Trône de Sa Majesté ,
: 335
contenuës en ce Volume.
Aroles & actions du premier Ambaſſadeur ,
Pro1. 10
Deſcription de S. Cir & ce que les Ambaſſadeurs
en on dit ,
Deſcription des Invalides ,
10
14-
27
Viſite renduë par M. Colbert de Croiſſy aux
Ambaſſadeurs avec toute leur Converſation, 21
Opera & ce qu'ils en on dit ,
Deſcription de l'Obſervatoire, & de tout ce qu'il
contient de curieux , & de Machines ,avec les
choſes remarquables dites par les Ambaſſadeurs.
29
Ce qu'ils ont veu & dit le jour qu'ils ont eſté
aux Chartreux.
66
72
Ils vont chez M. de Montaris voir ſes Pierreries,
ſes Médailles, & fes Tableaux.
Deſcription du Chaſteau & lardin de Clagny, 80
Les Ambaſſadeurs ſurpris de l'eſprit , & de la
beauté de M. le Comte de Toulouſe ,
Deſcription du Baffin d'Apollon ,
94
وا
Promenade des Ambaſſadeurs ſur le Canal avec
ſadeſcription, 92
Deſcription de la Ménagerie, de ſon Bâtiment &
95 detoutes ſes Cours ,
Defeription de Trianon & de ſes Jardins. 100
Deſcription de l'Orangerie , 103.
TA BLE .
Parterre de l'Orangerie , 1:6
Groupe de Dominico Guidi , 120
Potager,& fes 21. Jardins , 121
Mail& piece d'eau apellée des Suiſſes . 115
Points de veuë du petit Parc , 116
Parterre qui eſt au deſſus de l'Orangerie& fes
Figures de bronze , $129
Figures de marbre , 130
Labirinthe & ſes Fontaines , 131
Salledu Bal , 137
Girandole , 139
Gallerie d'eau , 140
Colomnade , 142
Baffins de Saturne & de Bachus , 148
Réponſe du premier Ambaſſadeur ſur toutes les
beautez d'un des coſtez du petit Parc , 160
Salle du Conſeil ou des Feſtins, 161
L'Encelade , 16.4
Bains d'Apollon , 165
Montagne d'eau ou Fonraine de l'Etoile , 172
Theatre d'eau , 174
Marais d'eau , 179
Les trois Fontaines , 182
Footaines de Cerés & de Flore , 183
Picce de Neptune & Fontaine du Dragon , 186
ArcdeTriomphe, 188
Allée d'eau ou allée de Gaſcades , 193
Fontaine de la Piramide , 194
Parterre du Nort, & ſes figures de Marbre. 198
Groupes deMilon &d'Andromede , 200
Baffinde Latone , 201
Figures Antique autour du fer à Cheval , 201
Grands Canaux avec tout ce qui les doit orner
quand ils feront achevez , 204
TABLE .
Iardin ,
כ
Deſcription & longueurs de toutes les facesdu
Chaſteau de Versailles qui donnent fur le
207
Remerciement des Ambaſſadeurs à M. le Fevre,
Intendant des Baſtimens du Roy , 213
Deſcription des cinq Reſervoirs de la bute de
Monbauron , & de l'Aqueduc de la montagne
S
de Picardie, 214
6
د
Deſcription du Chaſteau des Peintures, des lardins
, & des Fontaines du Château de Marly ,
1
コ
و
0
220
Ils font reçûs à S. Germain en Laye par M. le
Marquis de Monchevreüil ,
Deſcriptionde la machine de Marly qui conduit
245
2
la Riviere de Seine à Verſailles , 248
8
Pepiniere , 257
S Les Ambaſſadeurs vont au Diner du Roy ; & ce
0
qui s'y paſſe , 258
I
Deſcription de la Galerie ,& du grand Aparte-
4 ment du Roy , 261
5
PetitApartement du Roy , 267
1
Cabinet des Curiofitez ou des Bijoux , 268
4 Grand Escalier , 293
و
Audience donnée par Madame la Dauphine ,
2
avec le Compliment que les Ambaſſadeurs
3 ont fait à cette Princeſſe, 295
6
Audiences données par Madame la Ducheſſe, &
00
8
Madame de Bourbon , 300
3480
3
4
Madame la Dauphine diſtribuë une partie des
Preſens quelle a receus de la Princeſſe
8
Reyne , 301
DO
Cabinetdes Curiofitez de Monſeigneur le Dau-
כו
phin , 302
1
Les Ambaſſadeurs voyent le Roy en allant à la
er
4
TABLE.
Chapelle, & entendent enfuite la Meſſe de Sa
Majesté , 305
Ilsretournent une ſeconde fois voir les Apartemens
, 309
On leur fait voir à Clagny un Lit magnifique
nouvellement fait pour le Roy, 311
Tout ce qui s'eſt paflédans les trois Audiences
qu'ils ont euës de M. de Seignelay. 313
Harangue des Ambaſſadeurs an Roy. 327
Lettre de M. Conſtance auRoy ,
333
Trône de Sa Majesté ,
: 335
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Résumé : TABLE DES MATIERES contenuës en ce Volume.
Le document est une table des matières relatant les activités et observations d'un groupe d'ambassadeurs lors de leur visite en France. Les ambassadeurs visitent plusieurs sites remarquables, tels que les Invalides, l'Observatoire et la Ménagerie. Ils rencontrent des personnalités notables, comme M. Colbert de Croissy et M. de Montarsis, et admirent des collections de pierreries, médailles et tableaux. Ils explorent également des jardins et des châteaux, notamment ceux de Clagny, Trianon et Versailles, où ils sont impressionnés par l'architecture, les sculptures et les fontaines. Les ambassadeurs assistent à des événements royaux, comme un dîner du Roi et une messe à la Chapelle. Ils reçoivent des audiences de Madame la Dauphine, Madame la Duchesse et Madame de Bourbon, et rendent visite à des cabinets de curiosités et de bijoux. Le document se conclut par une harangue des ambassadeurs au Roi et une lettre de M. Constance au Roi.
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1408
s. p.
Extrait du Privilege du Roy.
Début :
Par Grace & Privilege du Roy, donné à Chaville, le 18. Juillet 1683. Signé, Par [...]
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texteReconnaissance textuelle : Extrait du Privilege du Roy.
F)ArGracc & Privilegedu Roy, donné à
Jf Cha'Ville, le IS: JuiÛet I6t3. Signé, Par
li.: Roy en Con Confeil, JuN~!EllES. Il efl:·.
perinis au Sieur DANNEAU, Ecuyer, Siellr
Devizé, de continuer de faire impri1ner, vendre
& debiter le Ljvrc intitulé, MER CURH
GA LA NT, contenant plulicurs Relations,
i':Jjfl:oires , & gencralemenr tout cc: qui dépend
dudit livre, par tel Imprimeur qu'il
voudra choifir; Et dcfcufes font frutr.s à tous·
Imprimeurs & Libraires, & tous autres, de
f.iirc imprimer, vendre: & debiter ledit Livre,
ny graver aucltnes Pl11nches fc:r.,,ant à l'ornerru=
nt d'iceluy > ny meune de le donner à
lire, pendant le temps & efpace de dix années
entieres, le tout à peine de fix mille livres
d''amc:nde contre les Co11trevc:nans, ainû que
pJns au long il efi poné c:fdires Lc:t:tres.
Rcgiftré fur le Livre dè la CommnnautE,·
aux èharges & conditions portées , le loi.
Septembre 1~8,. Signé, ANG(lT, Syndic.
LeditSic:urD1v1za' a ccdé fon droit cl~
p,réfenr Privilege à C. Blagean, lmprimeULlibraire,
pour en joiiii iirivant l.'acco.rd faiç,
CllU1Cli:l.
Jf Cha'Ville, le IS: JuiÛet I6t3. Signé, Par
li.: Roy en Con Confeil, JuN~!EllES. Il efl:·.
perinis au Sieur DANNEAU, Ecuyer, Siellr
Devizé, de continuer de faire impri1ner, vendre
& debiter le Ljvrc intitulé, MER CURH
GA LA NT, contenant plulicurs Relations,
i':Jjfl:oires , & gencralemenr tout cc: qui dépend
dudit livre, par tel Imprimeur qu'il
voudra choifir; Et dcfcufes font frutr.s à tous·
Imprimeurs & Libraires, & tous autres, de
f.iirc imprimer, vendre: & debiter ledit Livre,
ny graver aucltnes Pl11nches fc:r.,,ant à l'ornerru=
nt d'iceluy > ny meune de le donner à
lire, pendant le temps & efpace de dix années
entieres, le tout à peine de fix mille livres
d''amc:nde contre les Co11trevc:nans, ainû que
pJns au long il efi poné c:fdires Lc:t:tres.
Rcgiftré fur le Livre dè la CommnnautE,·
aux èharges & conditions portées , le loi.
Septembre 1~8,. Signé, ANG(lT, Syndic.
LeditSic:urD1v1za' a ccdé fon droit cl~
p,réfenr Privilege à C. Blagean, lmprimeULlibraire,
pour en joiiii iirivant l.'acco.rd faiç,
CllU1Cli:l.
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Résumé : Extrait du Privilege du Roy.
Le 15 juillet 1673, le roi en conseil accorda un privilège royal à Jean de Cha'Ville, destiné au Sieur DANNEAU, Ecuyer, Sieur de Vizé. Ce privilège autorisait DANNEAU à imprimer, vendre et distribuer le livre 'MER CURIEUSE LA NATURE'. Il lui permettait également de choisir l'imprimeur de son choix et interdisait à toute autre personne de reproduire, vendre ou distribuer ce livre, ainsi que d'en graver les planches, pour une durée de dix ans. Toute violation de cet interdit entraînait une amende de six mille livres. Le privilège fut enregistré le 10 septembre 1683 par le syndic ANG(lT). Par la suite, le Sieur de Vizé céda ses droits à C. Blagean, imprimeur-libraire, conformément à un accord conclu.
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1409
s. p.
« On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant le [...] »
Début :
On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant le [...]
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texteReconnaissance textuelle : « On donnera toûjours un Volume nouveau du Mercure Galant le [...] »
N donnera toujours un Volume
nouveau nouveau du Mercure. Galant le
premier jour de chaque Mois , & on
levendra , Trente fols relié en Veau,
& Vingt-cinq fols en Parchemin.
nouveau nouveau du Mercure. Galant le
premier jour de chaque Mois , & on
levendra , Trente fols relié en Veau,
& Vingt-cinq fols en Parchemin.
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1410
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
La troisiéme Partie du Voyage des Ambassadeurs de Siam en [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs, Description, Roi, Voyage, Siam, Public, Esprit, Versailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU LECTEUR
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
.
L
A troisième Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France vient d'eftre donnée au Public
avec ce Volume . Elle a pour
Fitre , Troifiéme Partie du Voyage
des Ambaffadeurs de Siam en
France, contenant la fuite de la
Defcription de Verfailles , celle
des Chevaux qui font dans les
deux Ecuries du Roy , ce qui
s'eft paffe dans les Vifites qui
leur ont efté rendues , les experiences
de la pefanteur de l'Air
faites devant eux, la Defcription
de la Galerie de Sceaux , & les
á ij
AU LECTEUR .
Receptions avec les Harangues
'qu'on leur a faites dans plufieurs
Villes de Flandres. Versailles
s'eftant trouvé décrit avec beaucoup
d'exactitude dans leVolume qui
précedé celuy- cy , & le Public ayant
fouhaité que ce qui manquoit à cette
Defcription , fe trouvaft dans cette
troifiéme Partie avec la mefme regularité
, on a fatisfait à fon em
preffement. On a mefme fait plus,
puis qu'en décrivant les Ecuries ,
qui font l'étonnement de tous ceux
qui les voyent, & particulierement
des Eirangers , on a fait voir ce
qu'elles contiennent de Chevaux , de
quels pays ils viennent , & à quels
ufages ils font employez Il y a
long- temps qu'on afpiroit aprés une
Relation entiere de Versailles , mais
te grand nombre de chofes qu'il y
AU LECTEUR.
avoit à décrire étonnoit ; cependant
en voila une que ceux qui auront
les deux Volumes qui en parlent ,
pourront fe vanter d'avoir entiere.
On peut dire que c'est aux Ambaffadeurs
de Siam à qui le Public
doit cet Ouvrage , puis que la ma-.
niere curicufe avec laquelle ils regardent,
mefurent toutes chofes,&
les éclairciffemens qu'ils demandent,
ont fait que l'on a appris ce qu'il
auroit efte dificile de fçavoir , à
caufe du grand nombre de differentes
perfonnes qui peuvent donner
ces explications. On ne dit rien des
autres chofes curieufes que cette
mefme Partie contient , mais feulement
que les Ambaffadeurs n'ont
jamais fait voir tant d'efprit que
dans le Voyage de Flandres , qu'on
* trouvera décrit. On fçait déja
AU LECTEUR .
que les Mots qu'ils ont donnez , lors
que les Gouverneurs & les Majors.
des Places font venus prendre Lor
dre d'eux , ont efté admirez de toute
la Cour , qui a voulu les fçavoir 3,
mais s'ils ont efte trouvez fi beaux
fans eftre accompagnez des raifons
qui les ont obligez à les donner , &
qu'on trouvera dans la Defcription,
de leur Voyrge , que ne doivent- ils
point paroiftre alors à ceux qui examineront
avec quelle justeffe , &
quelle prudence ils les ont donnez !
On croit avoir efté aſſez bien informé
de ce qu'ils ont dit , pour n'avoir
rien oublié de tout ce qui cft
digne d'eftre remarqué , & l'on a pris
ce foin , parce que la plupart de
ces chofes tombent fur le Roy, &
que les louanges de cette nature font
moins fufpectes , qus celles que le
AU LECTEUR .
avec
zele d'un Sujet fait donner. On
voit outre cela dans cette Relation
plufieurs Harangues qui ont efté
faites aux Ambassadeurs
leurs réponſes , & une Defcription
hiftorique de toutes les Villes où ils
ontpaffe On avertit que
Pon trouvera
dans ce Volume une Eftampe qui
reprefente le Trofne du Roy, de lamanere
qu'il eftoit le jour que les Ambaffadeurs
curent leur premiere Audience
de Sa Majesté . On en voit
beaucoup d'autres qui n'approchent
en aucune chofe de la verité ; au
lieu que celle- cy a efté deſſinée d'aprés
le Trofne mefme. Il y a plus
ony voit les rangs de tous les Princes
, & de tous les Grands Officiers
qui estoient aux coftez & derriere le
Roy , ainfi que ceux des Ambaffa
deurs , & des perfonnes qui les ac
RADORKM
AU LECTEUR.
compagnoient ; & comme la confu
fion empefcheroit de les diftinguer
s'ily avoit tant de Figures dans une
Planche , & mefme que l'explica
tion qui marque la raison de la pluf
·part de ces rangs n'y pourroit entrer,
on s'eft fervy d'un Alphabet ,
& de plufieurs chiffres , pour donner
une parfaite intelligence de toutes
ces choſes.
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Résumé : AU LECTEUR.
Le texte décrit la troisième partie du récit du voyage des ambassadeurs de Siam en France. Il inclut une description détaillée de Versailles, des écuries royales et des chevaux qu'elles abritent. Les ambassadeurs ont également assisté à diverses expériences scientifiques. La galerie de Sceaux et les réceptions avec des harangues dans plusieurs villes de Flandres sont également mentionnées. En réponse au souhait du public, la description de Versailles a été complétée avec précision. La curiosité et les questions des ambassadeurs ont permis de recueillir des informations détaillées sur divers sujets. Leur voyage en Flandres est souligné pour leur esprit et leur prudence. Le volume contient des harangues, des réponses des ambassadeurs, et des descriptions historiques des villes visitées. Une estampe représente le trône du roi lors de la première audience des ambassadeurs, accompagnée d'une explication des rangs des princes et des grands officiers présents.
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1411
p. 310-312
ENIGME.
Début :
Sans contredit les Enfers m'ont fait naistre [...]
Mots clefs :
Petite vérole
1412
p. 312-313
AUTRE ENIGME.
Début :
Malgré mon teint obscur dont noire est la couleur, [...]
Mots clefs :
Fer à repasser le linge
1413
s. p.
A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
Début :
MONSEIGNEUR, S'il n'y a rien de plus difficile [...]
Mots clefs :
Monseigneur, Roi, Siège, Prince, Ennemis, Place, Vie, Temps, Ordres, Âge, Lieux, Monarque, Places, Guerre, Troupes, Combat, Reine, Admiration, Actions, Attaque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
ASON ALTESSE ROYALE
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
201
و
MONSEIGNEUR
:
0
LE DUC
D'ORLEANS
FRERE UNIQUE DU ROY
M ONSEIGNEUR,
م
S'il n'y a rien de plus
difficile àfaire que les EpiEPISTRE
.
Stres de la nature de celle
que j'ofe entreprendre ,
c'eſt ſur tout lors qu'onse
propose de donner quelque
idée d'une Vie toute glorieuse
, & qui s'est formée
Sur un Modelle où les
plushautes Vertus se trouvent
dans leur plus brillant
éclat. Quoy que les
bonnes inclinations qu'un
Prince fait voir si - toft
qu'il fort de l'Enfance ,
Semblent devoir faire croire
que la ſuite répondra à de Mon
EPISTRE .
fi beaux commencemens ,
'Histoire ne laiſſe pas de
nous fournir de grands
exemples du contrairs.
Mais , MONSEIGNEUR ,
on n'a pas douté un moment
que le temps ne donnaft
de la force aux vertus
naiſſantes deVoftreAlteffe
Royale , quand on vous a
veu pour la feuë Reyne vostre
Mere un respect 15
une tendreffe qui caufoient
de la joye & de l'admiration
à tous ceux qui avoient
EPISTRE.
P'honneur de vous aprocher.
V. A. R. n'estoit jamais
plus contente , que lors qu'-
Elle estoit avec cette Princeffe.
Vous quittiez fouvent
les plaiſirs qui ont accoutumé
d'attacher les Per-
Sonnes d'un age peu avancé
, pour ſuivre cette vertueuse
Reyne dans les lieux
où sa pieté la conduiſoit..
Vostre chagrin paroiſſoit
fenſible, lors que vous croyiez
luy avoir déplû en quelque
chofe ; & dés queV. A. R.
EPISTRE .
eut remarqué que cettefage
Princeffe fouhaitoit que
vous vous attachaßiez au
Roy, ces voeux furent außitoſt
remplis ; mais , MONSEIGNEUR
, comme vous ne
faites en cela que ſuivre
voſtre penchant naturel , il
a toûjours paru depuis ce
temps-là que rien ne pouvoit
alterer la reſpectueuse
amitié que vous aviez pour
un Monarque quieft devenu
les delices defes Peuples,
& l'admiration de toute la
EPISTRE.
Terre ; le temps n'a fait
qu'augmenter cette union ,
& la tendreſſe vous ayant
joint au Roy ainfi que le
Sang, tout a marqué la
parfaite intelligence dans
laquelle vous vivez. Lors
qu'il s'estagy des divertiffemens
que l'age autorise , &
des Spectacles qu'unSouverain
doit donner pour la
gloire deſon Etat , & pour
occuper la plus vive Feuneſſe
de fa Cour, qui ſans
ces plaisirs neceſſaires auroit
EPISTRE.
pû en chercher d'autres
moins permis on vous a vûs
briller enfemble , &vous
faire reconnoiſtre par voſtre
bonne grace & par vostre
bon air, toutes les fois que
l'usage observé dans ces
fortes de Spectacles demandoit
que vous fußiez caché.
Quandde cesfeux on apaffé
à quelque divertiſſement
Martial , on vous a veus
dans ces Festes guerrieres
dans ces Carrousels commander
l'un l'autre les
EPISTRE .
premieres Quadrilles.Enfin
lors qu'il s'estagy de veritables
fatigues , & de perils
eff ctifs, on peut dire,MONSEIGNEUR
, que vous n'avez
pas feulement accom
pagnéleRoy, mais que vous
avez toujours esté ſonOm
bre,s'ilm' eftpermisdeparler
ainsi, à moins que V.A.R.
n'ait quitté cet Augufte
Frere pour aller vaincre
fes Ennemis en prenant
des Places, ou en gagnant
des Batailles. Le doy parler
EPISTRE.
de cette union , puis que d'e
toutes les merveilles de ce
floriffantEtat, c'est ceque le
Roy deSiam ale plus admiré.
Les Relations conviennent
toutes que lors que ce
Monarque l'eut apprise, il
ditqu'il nes'étonnoitplusdes
prosperitez de la France ,
ny du malheur de quelques
Roisfes voifins, dont la di
viſion de la Famille Royale
avoit cauſe laruine. Enfin
ce Prince en parla d'une
maniere quifit paroiſtre que
EPISTRE.
cestoit la seule chose qui
manquoit au bonheur deSa
Vie , esque s'il euſt eu quelques
Souhaits à former , ils
ne pouvoient estre quesur
une choſe dans laquelle il
faisoit confifter leſouverain
bonheurd'unEtat. LesAmbaffadeurs
de ce Monarque
ne luy diront pas seulement
ce qu'ils ont veu de cetteunion;
mais aprés luy avoir
confirmé tout ce que la Renommée
a prisſoin de luy aprendre
des merveilles de la
i
Vie
EPISTRE.
Viedu Roy , ils parleront de
V. A. R. Ils enfont charmez
, & voicy la troiſiéme
Relation , où l'on peut voir
de quelle maniere ils ont expliqué
ce qu'ils en penſent.
Vostre bonté , MONSEIGNEUR,
leur a paru dans
les choses obligeantes queV.
AR a bien voulu leur dire,
Vostre magnificence a brillé
à leurs yeux dans vos Palais
&&dans vos Festes , &
ils ont paßé pendant leur
Voyage de Flandre dans
EPISTRE.
quelques - uns des lieux où
V. A. R. a fait marcher la
Victoireàses coſtez. Mais
comme ils n'ont vũ qu'une
partie de ce que vous avez
conquis pour le Roy , je ne
Sçaurois m'empescher de
marquer icy tout ce que vous
avez fait lors que vous avez
commandé en Chef les
Armées d'un FrereAuguste
qui vous est plus cher que
vous- même. QuandceMonarque
entreprit la glorieu-
Se Guerre qui vangea tant
EPISTRE.
de Rois , en humiliant une
Puissance inferieure à ces
Souverains , & qui s'en di-
Soit lArbitre. SaMajesté
commença pardesEntrepri-
Ses dont tous les Siecles paf-
Sezne luy fourniffoient aucun
exemple. Elle ouvrit la
Campagne par quatre Sieges
àla fois , &vous euftes
Pavantage , MONSEL
GNEUR, de triompher le
premier en forçant la Ville
d'Orsoy de ſe rendre à dif
cretion ; de forte qu'on ne
Tij
EPISTRE .
1
peut s'entretenir de cette fameuse
Guerre qu'aprés avoir
admiré le Roy dans
tout ce qu'il a fait pour la
Soûtenir außi glorieusement
qu'il l'avoit commencée , on
ne paſſe aux Actions du
Prince à qui est deuë la
conqueste de cette Place.Elle
couta peu de temps & peu
d'hommes ; & cependant ,
MONSEIGNEUR , le Roy ,
&V. A.R toûjours inſepables
, ſur tout dans le
peril , vous courustes risque
EPISTRE .
L
de la Vie. Sa Majestévoulant
tout voir , & donner
par ttoouuttſeess ordres elle-mefme
, alloit tantoft àun Siege
& tantoſt à l'autre. Ainfi
on peut dire qu' Ellé estoiten
meſme temps devant les
quatre Places aßiegées. Ce
Monarque estant un jour
venu dans vostre Camp ,
vous allaſtes enſemble voir
quelques attaques . Vous
bravaſtes le peril , & demeuraſtes
quelque tempsen
un lieu où M. le Chevalier
EPISTRE .
preff aftes
d Arquin,qui vousſuivoit,
fut tué d'un coup de Canon
avant que vous fußiezhors
deſa portée. Ce Siege fut
bien-toft finy, mais la maniere
dont vous preffaftes
cette Place , & voſtre inébranlable
fermetéfirent connoiſtre
que vous eſtiez capable
des plus hautes entreprifes.
Le Roy enfut bien per
Suadé, puis qu'aprés cette
conqueſte il choisit V. A. R.
pour faire le Siege de Zutphen,
Placeforte , & Capi
EPISTRE .
tale d'une Province. L'impatiente
ardeur que vous
fiftes alors paroistre fut une
preuve incontestable es de
voſtre valeur , & du desir
que vous aviez d'acquerir
de la gloire. Vous partiſtes
à trois heures du matin , &
demeurastes quatorze heures
àcheval. Enfin , MONSEIGNEUR,
vous n'arrestates
qu'àla veuë de laPlace,
où vous deviez cueillir des
Lauriers, &fi elle avoit esté
plus éloignée, l'ardeur quié
EPSSTRE .
chaufoit votre courage,vous
auroit empeſché desentirles
fatiques ausquelles l'homme
le plus robuſte auroit dûfuccomber
Vous allastes reconnoiſtre
la Place jusqu'à la
portée du Mousquet. Vous
marquâtes l'endroit où vous
vouliez que la Tranchée
fust ouverte , es les lieux
où l'on devoit drefferles Bateries
; vous poursuiviſtes le
Siege avec vigueur ,
triomphant &des ruſes que
les Ennemis mirent en ufaEPISTRE.
ام
ge, &de toute la valeur
qu'ils firent paroiſtre , vous
réduiistes ſous l'obeiffance
du Roy unePlace forte par
elle-mesme,&par une nombreuse
Garnison , &munie
de tout ce qui pouvoitfervir
àune longue défense;mais
vostre pieté vous empefcha
d'y entrer , avant que d'y
avoir rétably le culte des
Autels , eny faisant celebrer
laMeffe.
L'année ſuivante le Roy
ayant aßiegeMastric, donEPISTRE.
naà V. A. R. l'attaque dis
Fort de Veich. Ce ne devoit
estre qu'unefaufſe Attaque,
mais vous la poufſfaſtes avec
tant de chaleur le jour que
vos Troupes donnerent pour
favorifer la veritable , que
vousfiſtesrompre les Palif-
Sades,&emporterla Demylune
; deforte quefi on eust
préparé des échelles , on se
Seroit rendu Maistre de la
Place par escalade , tant
vous ſcavez inſpirer d'ardeur
aux Troupes qui com-
د.
EPISTRE.
battent ſous vos ordres .
Pendant le cours de cette
Guerre , V. A. R. prit encore
deux Places importantes,
5gagna une Bataille qui
en afſeura beaucoup autres.
Bouchain fut la premiere
qui connut que vous n'attaquezjamais
fans triompher.
Aprés avoir reconnu
vous- mefmes les endroits les
plus avantageux , vous ré-
Solûtes d'ataquer deux Baſtions
. L'un estoit convert
par un Ouvrage à corne,
>
EPISTRE .
LaCourtine qui estoit entre
ces deux Bastions estoitaußi
couverte d'une Demy-lune ,
&pour diviſerle feu desAffiegezpar
une diverſion neceffaire,
&faciliterles Travaux
de cette attaque qui
embrafſoit plusieurs grands
Ouvrages , V. A. R. jugea
àpropos d'en faire commencer
une du costé de la baffe-
Ville.
Vous estiez appliqué à
ce Siege , lors que le Roy
vous envoya avertir, fuivant
EPISTRE.
vant la parole qu'il vous
avoit donnée , Qu'il voyoit
quelque apparence deBataille
,& qu'il croyoit que
le Prince d'Orange expoſeroit
plûtoſt cinquante
mille hommes, que d'eſtre
témoin de la priſe de Bouchain.
Vous marchastes
außi- toft,laiſſant vos ordres
pour la continuation du Siege.
Vous trouvaſtes leRoy
en Bataille en presence des
Ennemis, &vous vousmi
tes àla teſte de l'aifle gauche
ū
EPISTRE .
que vous deviez commander.
Le Prince d'Orange
ayant évitéle Combat, vous
retournaſtes au Camp , 5
tout remply encore de l'ardeur
dont vous eſtiez animé
, vous ordonnaſtes qu'on
emportaft tous les Dehors
de Bouchain l'épée à la
main, ce qui fut executé,
laPlace ſe rendit bien- toft
aprés. Tant que ce Siege
dura, V. A. R. paffa toutes
les nuits à cheval. Elle viſitoit
les Attaques , les BateEPISTRE.
ries , & les Gardes des Lignes.
Elle entroit dans tous
les détails , & envoyoit
fans ceffe des rafraichiffemens
aux Soldats pour les
encourager au travail.
Fedeurois parlericy d'une
Conqueſte bien plus importante
, &dire ce que V. A.
R. fit devant Saint Omer
mais comme on en peut jugerpar
les Sieges des Places
que vous avez prifes ,dont
Je viens d'ébaucher quelques
Actions, je ne parleray
EPISTRE.
plus que de la Bataille de
Caffel ; elle est remplie de
trop de circonstances glorieuses
àV. A. R. pourn'en
marquerpas au moins quelques-
unes . L'Armée ennemie
estoit plus forte que celle
du Roy,elle estoit postée dans
des lieux naturellementfortifiez.
Des hayes vives &
des foſſez pleins d'eau luy
fervoient de rempart, elle
n'estoit point obligée de di
viſerſes forces comme vous,
MONSEIGNEUR , qui de
EPISTRE .
viez laiffer des Troupes
dans la Tranchée de Saint-
Omer,& dans les postes que
que vous aviez gagnez autour
de cette Place. Cependant
voyant la neceßité , ou
de combattre , ou d'eſtre contraint
à lever le Siege que
vous aviez ſi heureuſement
commencé, vous ne balançastes
point,quoy que leConfeildeGuerre
euft de lapeine
àSerefoudre au Combat,
dites, Que vous ne vouliez
pas eſtre obligé à lever le
EPISTRE.
Siege , & que fous voſtre
Commandement les Armes
du Roy receuffent un
affront qui ne leur eſtoit
point encorearrivé depuis
le commencement de la
Guerre. Vous vous avançaftes
enfuitepour reconnoiſtre
les Ennemis , & donnastes
des ordres pour les
aller attaquer. Ce fut - là
que vous remplistes les devoirs
& d'un brave Capitaine
, & d'un General experimenté
Vous exhortaftes
EPISTRE.
les Soldats, vous leur inspiraſtes
de l'ardeur , & vous
les menaſtes à la charge.
Ainsi vostre esprit esvostre
coeur n'agirent pas moins
que vostre bras. Dés que les
Ennemis faisoient quelque
mouvement , vous donniez
de nouveaux ordres , & vous
fuftes toûjours defangfroid
au milieu des dangers ,Sans
paroiſtre un seul moment
embaraßé. Lefeu des Ennemis
ne vous étonna point;
vous vistes pluſieurs de vos
A
EPISTRE.
Officiers bleffez autour de
vous ; vous eustes mesme un
cheval bleßé , & receustes
un coup de Mousquet dans
vos Armes. Tout cela ne
vous empécha point de chargerſouvent
à la teste des
EscadronsedesBataillons,
d'estre toûjours au plus fort
de la mêlée , & de remener
vous-mesme au Combat,des
Troupes qui avoient plié.
Le lendemain la douceur
ayant pris la place du feu
qui brilloit dans vos yeux
EPISTRE..
ود
le jour du Combat ,le foin
que vous fiftes prendre des
Bleſſez,vous rendit l'amour
des Vaincus dont vous
aviez esté la terreur , comme
vous devinſtes l'admiration
des Vainqueurs..
Mais, MONSEIGNEUR, ce
n'est pas affez , qu'aprés a
voir fait voir voſtre ſage
conduite dans un âge où la
prudence eft fi peu ordinatre
àla jeunesse , jaye fait une
legere peinture d'une partie
de vos éclatantes Actions ;
aa
EPISTRE.
Jedois ajoûter icy que nousne
voyons point de Souverains
, meſmeparmy les plus
puiſſans Monarques , qui
ayent porté la magnificence
außi loin que V. A. R. Vos
Superbes Bastimens , vos
Meubles magnifiques, &la
riche abondance de vosPierrerits
, tout marque le Sang
dont vous fortez. Cependant,
MONSEIGNEUR,tant
dechoſes n'empeſchent point
que la Nobleffe infortunée
ne trouve un azile auprés
EPSSTRE.
de vous , es que beaucoup
d'illustres Malheureux ne
foient tous les ans vangez
par vos bienfaits des injuſtices
de la fortune. Si l'on
joint à toutes ces dépenses
les grandes &galantes Feſtes
que vous donnez ſouvent
, on connoistra, MONSEIGNEUR
, que vous fçavezfoûtenir
de toutes manieres
l'éclat de vostre augufterang;
außı perſonne n'en
connoift-il mieux la grandeur
,&les droits queV.A
EPISTRE .
R. Maisquoy que vous les
Coûteniez ſi dignement ,
vous avez une bonté naturelle
, qui ſans vous faire
defcendre de vostre rang
vous attire tous les coeurs.
Iusqu où ne va- t- elle point
pour les auguſtes Perfonnes
qui vous touchent ? Quels
Soins ne prenez - vous pas
de l'éducation d'un Prince,
dont l'efprit a brillé avant
l'âge , &à qui vous donnez
ſi ſouvent d'utiles leçons.?
Quelle tendreffe n'avez-
VOUS
EPISTRE.
C
pas pour la Reyne d'Eſpagne
, & pour Madame la
DucheffeRoyalede Savoye,
vos augustes Filles ! On en
peut juger par l'empreſſo
ment que vous avez à leur
apprendre de vos nouvelles ,
& à recevoir des leurs , &
par les Preſens que vous
leur faites continuellement;
de forte que si elles ne tenoient
point la vie de vous ,
vous paroiftriez peut- estre
trop galant à leur égard.
Mais , MONSEIGNEUR
ee
EPISTRE.
on peut dire quesi l'avan
tage eft grandde vous avoir
pour Pere , il y en a außi
beaucoup à vous avoir pour
Maistre. Ceux qui ont
I'honneur de vous fervir ,
trouvent unProtecteurdans
V. A. R. Vous avez la
bonté d'entrer jusque dans
le détail de leurs affaires.
S'ils ont des proces que vous
trouviez juftes , vous les
faites recommander ; &sit
faut obtenir du Roy quetque
grace en leur faveur .
EPISTR E.
V. A. R. ne dédaigne
point de parler pour eux.
Enfin ,MONSEIGNEUR ,
-Si on vous rend quelque
Service diftingué , vous
accablez de bienfaits ceux
dont vous le recevez .Mais,
MONSEIGNEUR , je
voy qu'il faut que je finiffe
malgré l'abondance de
la matiere qui me reste ,
& que pour ne point pas-
Ser tes bornes d'une Epiſtre
, j'ajoûteſeulement icy
EPISTRE.
que je suis avec le plus profond
respect,
MONSEIGNEUR,
De Voſtre Alteſſe Royale
Le tres -humble & tres
obeïllant Serviteur
DEVIZE .
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Résumé : A SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE DUC D'ORLEANS FRERE UNIQUE DU ROY.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc d'Orléans, frère unique du roi, et met en lumière les vertus et les exploits du Duc. L'auteur reconnaît la difficulté de décrire une vie aussi glorieuse et vertueuse, tout en soulignant que les bonnes inclinations d'un prince peuvent se manifester dès l'enfance, bien que l'histoire offre des exemples contraires. Le Duc d'Orléans est loué pour son respect et sa tendresse envers la reine, sa mère, ainsi que pour son attachement au roi. Il a souvent préféré la compagnie de la reine aux plaisirs habituels de son âge, et son chagrin était visible lorsqu'il croyait lui avoir déplu. La reine souhaitait qu'il se rapproche du roi, ce qui fut réalisé. Leur relation est marquée par une respectueuse amitié et une parfaite intelligence, renforcée par des divertissements et des spectacles où ils brillaient ensemble. Lors des divertissements martiaux, le Duc et le roi se distinguaient dans les carrousels et les fêtes guerrières. Leur union a été admirée par le roi de Siam, qui y voyait une clé du bonheur et de la prospérité de l'État français. L'épître détaille également les exploits militaires du Duc, notamment lors de la guerre contre une puissance inférieure. Le Duc a joué un rôle crucial dans la prise de plusieurs places fortes, comme Orsoy, Zutphen, et Bouchain, montrant un courage et une détermination exceptionnels, souvent au péril de sa vie. Il a également participé à la bataille de Cassel, où il a mené les troupes avec ardeur et stratégie. Sa conduite sage et brave a été saluée par tous. Enfin, l'épître souligne la magnificence du Duc, visible dans ses bâtiments superbes, ses meubles magnifiques, et la richesse de ses pierreries, tout en notant que ces richesses n'entravent pas sa noblesse et sa générosité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1414
p. 1-4
PRELUDE. [titre d'après la table]
Début :
Vous devez estre persuadée, Madame, que puis que je vous [...]
Mots clefs :
Matière, Ambassadeurs, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRELUDE. [titre d'après la table]
Ous devez eſtre perfuadée
, Madame ,
que puis que je vous
écris juſques à trois fois ſur
la meſme matiere , je ſuis
A
2 III. P. duVoyage
pleinement convaincu, que
non ſeulement mes Lettres
vous ont eſté agreables , mais
qu'elles ont eu auſſi l'avantage
de plaire à ceux qui les ont
leuës aprés vous. Il eſt vray
qu'elles ſeroient imparfaites,
&qu'elles ne paſſeroient que
pour des Fragmens , ſi je n'a
chevois pas le Journal dont
vous avez vû les deux premie.
res Parties . Je vais continüer
par les choſes qui me reſtent
à vous dire deVerſailles,aprés
quoy je vous marqueray ce
que les Ambaſſadeurs ont
fait à Paris juſques au jour
des Amb. de Siam. 3
qu'ils en font partis pour aller
en Flandre vifiter lesConqueſtes
de Sa Majesté , & je
finiray par une Relation de
tout ce Voyage Ainſi vous
voyez quettout fera nouveau
dans ma Lettre,& que la matiere
qui regarde les deux
precedentes n'y ſera point
rebatuë .
Tout ce que je vous ay
dit dans ma derniere que les
Ambaſſadeurs avoient veu à
Verſailles, leur avoit marqué
la grandeur du Roy d'une
manière qui les avoit extrémement
étonnez , quoy qu'il
A ij
4 III.P.du Voyage
paruſt qu'ils ſe fuſſent attendus
à voir tout ce qu'on ſe
peut imaginer de ſurprenant.
, Madame ,
que puis que je vous
écris juſques à trois fois ſur
la meſme matiere , je ſuis
A
2 III. P. duVoyage
pleinement convaincu, que
non ſeulement mes Lettres
vous ont eſté agreables , mais
qu'elles ont eu auſſi l'avantage
de plaire à ceux qui les ont
leuës aprés vous. Il eſt vray
qu'elles ſeroient imparfaites,
&qu'elles ne paſſeroient que
pour des Fragmens , ſi je n'a
chevois pas le Journal dont
vous avez vû les deux premie.
res Parties . Je vais continüer
par les choſes qui me reſtent
à vous dire deVerſailles,aprés
quoy je vous marqueray ce
que les Ambaſſadeurs ont
fait à Paris juſques au jour
des Amb. de Siam. 3
qu'ils en font partis pour aller
en Flandre vifiter lesConqueſtes
de Sa Majesté , & je
finiray par une Relation de
tout ce Voyage Ainſi vous
voyez quettout fera nouveau
dans ma Lettre,& que la matiere
qui regarde les deux
precedentes n'y ſera point
rebatuë .
Tout ce que je vous ay
dit dans ma derniere que les
Ambaſſadeurs avoient veu à
Verſailles, leur avoit marqué
la grandeur du Roy d'une
manière qui les avoit extrémement
étonnez , quoy qu'il
A ij
4 III.P.du Voyage
paruſt qu'ils ſe fuſſent attendus
à voir tout ce qu'on ſe
peut imaginer de ſurprenant.
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Résumé : PRELUDE. [titre d'après la table]
L'auteur écrit à une destinataire de haut rang pour confirmer la réception et l'appréciation de ses lettres précédentes. Il souligne que ses lettres seraient incomplètes sans le journal qu'elle a déjà consulté. Il prévoit de continuer en décrivant les événements à Versailles, les activités des ambassadeurs à Paris jusqu'au jour des ambassadeurs de Siam, leur départ pour la Flandre, et une relation complète de tout le voyage. L'auteur assure que sa lettre contiendra des informations nouvelles et ne répétera pas les matières des lettres précédentes. Il rappelle également que les ambassadeurs ont été extrêmement étonnés par la grandeur du roi lors de leur visite à Versailles, bien qu'ils se soient attendus à voir des choses surprenantes.
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1415
p. 4-6
Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Début :
Cependant leur étonnement redoubla lors que Mr de Seignelay [...]
Mots clefs :
Pierreries, Roi, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, Perles, Indes
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texteReconnaissance textuelle : Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Cependant leur étonnement
redoubla lors que M' de Seignelay
leur montra les Pierreries
de Sa Majefté- Ils dirent
à l'égard des Perles,Qu'il
yen avoit d'auſſi belles aux Indes,
mais ils ajoûterent qu'ils avoient
veu ce qu'ily avoit de plus belles
Pierrerie en la Chine, auJapon,
preſque dans toutes les Indes ,
qu'excepté celles du Mogol,
qu'ils n'avoientpas venës,& qui
n'estoient peut- estre pas fibelles ,
ils n'en avoient point veu de la
des Amb. de Siam. s
grandeur , de l'épaisseur , de la
netteté , & de la perfection de
celles du Roy, ny enfi grandnom
bre ; mais que comme les Pierreries
ſontune des principales parties
de la magnificence d'un grand Roy ,
elles ne pouvoient manquer à un
Prince que le Cielavoit prisplaifir
à combler de toutes fortes de
grandeurs. Outre les Pierreries
que Mª de Seignelay leur
montra , il y en avoit un fort
grand nombre ſur l'habit que
le Roy avoit mis ce jour- là,
entre leſquelles eſtoient foixante
& dix gros Diamans
hors de prix. Il ſeroit difficile
A iij
6 III. P. du Voyage
de pouvoir marquer pour
combien de millions il y en
a dans la Maiſon Royale.
Monseigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine , qui
en avoient déja beaucoup ,
ont eu celles de la feuëReine,
&Monfieur, qui eſt lePrince
du monde le plus magnifique
en Pierreries , & qui s'y connoiſt
parfaitement, a herité
de toutes celles de la feuë
Reine Mere , le Roy ne s'ef
tant refervé queles Perles.
redoubla lors que M' de Seignelay
leur montra les Pierreries
de Sa Majefté- Ils dirent
à l'égard des Perles,Qu'il
yen avoit d'auſſi belles aux Indes,
mais ils ajoûterent qu'ils avoient
veu ce qu'ily avoit de plus belles
Pierrerie en la Chine, auJapon,
preſque dans toutes les Indes ,
qu'excepté celles du Mogol,
qu'ils n'avoientpas venës,& qui
n'estoient peut- estre pas fibelles ,
ils n'en avoient point veu de la
des Amb. de Siam. s
grandeur , de l'épaisseur , de la
netteté , & de la perfection de
celles du Roy, ny enfi grandnom
bre ; mais que comme les Pierreries
ſontune des principales parties
de la magnificence d'un grand Roy ,
elles ne pouvoient manquer à un
Prince que le Cielavoit prisplaifir
à combler de toutes fortes de
grandeurs. Outre les Pierreries
que Mª de Seignelay leur
montra , il y en avoit un fort
grand nombre ſur l'habit que
le Roy avoit mis ce jour- là,
entre leſquelles eſtoient foixante
& dix gros Diamans
hors de prix. Il ſeroit difficile
A iij
6 III. P. du Voyage
de pouvoir marquer pour
combien de millions il y en
a dans la Maiſon Royale.
Monseigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine , qui
en avoient déja beaucoup ,
ont eu celles de la feuëReine,
&Monfieur, qui eſt lePrince
du monde le plus magnifique
en Pierreries , & qui s'y connoiſt
parfaitement, a herité
de toutes celles de la feuë
Reine Mere , le Roy ne s'ef
tant refervé queles Perles.
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Résumé : Mr de Seignelay fait voir aux Ambassadeurs les Pierreries du Roy, & ce qu'ils en disent. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam ont exprimé leur admiration pour les pierreries du roi de France. Ils ont reconnu la beauté des perles, comparables à celles des Indes, mais ont souligné la supériorité des joyaux français en termes de grandeur, épaisseur, netteté et perfection. Les pierreries du roi étaient nombreuses et faisaient partie de sa magnificence royale. Outre celles présentées par M. de Seignelay, le roi portait soixante-dix gros diamants précieux sur son habit. La valeur des pierreries dans la Maison Royale était immense et difficile à estimer. Le Dauphin, la Dauphine et Monsieur possédaient également de nombreuses pierreries, tandis que le roi s'était réservé les perles.
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1416
p. 6-11
Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Il y a tant de choses surprenantes à voir à Versailles, [...]
Mots clefs :
Grand commun, Roi, Étage, Étages
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texteReconnaissance textuelle : Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Il y a tant de choſes furprenantes
à voiràVersailles,
qu'on ne mena point les
des Amb. de Siam. 7
Ambaſſadeurs dans le grand
Commun ,mais ce Bâtiment
eſt ſi vaſte , ſi élevé , & fe
fait remarquer de tant d'endroits,
qu'ils ne laiſſerent pas
de le voir en paſſant , & fans
y entrer,& ce qui leur en parut
leur fit dire , Qu'il y avoit
un fort grand nombre de puiſſans
Souverains dont les Palais estoient
beaucoup moins vaſtes , &moins
apparens. On l'appelle grand
Commun, parce que bien qu'il
enferme un grand nombre
d'Offices & de Cuiſines pour
les Officiers qui ont bouche
à Cour , ce que l'on appelle
A iiij
8 III.P.du Voyage
le petit Commun n'y eſt point
compris , non plus que la
Bouche du Roy , laquelle n'eſt
jamais hors du lieu où loge
Sa Majefté. Le grand Commun
eſt derriere l'aifle en
entrant à gauche de l'avantcourt
, & vis- à- vis la grande
aifle. C'eſt un grand corps de
Baſtiment iſolé , & quarré
long par fon plan d'environ
quarante-huit toiſes de long
fur cinquante toiſes de large,
quirenferme une court prefque
quarrée. L'étage au rezde
chauffée eſt voûté, & renferme
les Cuiſines, Dépenſes
1
des Amb. de Siam. 9
!
& Offices, & au deſſus le premier
étage ſe communique
par un Balcon de pierre en
faillie au pourtour de la court.
Ce Balcon eft fermé par une
Balustrade de fer. Il y a def
ſus un grand étage quarré,
en forte que ce Baftiment a
trois étages couronnez de
ſon Entablement dans le
comble qui eſt brifé. Il y a
trois étages en Galetas. Tout
ce Baſtiment eſt double d'u
ne toiſe d'épaiſſeur dans toute
ſon étenduë , & renferme
plus de fix cens pieces fermant
à clef , en y compre10
III . P. du Voyage
nant les Entre foles . La décoration
eft deBoffages & de
Tables de brique , & les milieux
de chaque face , tant
dedans que dehors, font marquez
parun avant- corps couronné
d'un fronton avec les
Armes du Roy. Au deſſous
de chaque fronton font des
bas-reliefs qui reprefentent
les quatre Saiſons de l'année,
fous quatre Divinitez qui
tiennent des fruits & des
fleurs que produifent les Saifons.
On doit demeurer d'accord
que tout ce qui marque
des Amb.de Siam. 11
la grandeur du Roy à Verfailles
, doit eſtre d'une gran
de magnificence , puiſqu'on
ne met pas le grand Commun
au rang des chofes
qu'on faitvoir aux Etrangers ,
quoy que les Ambaſſadeurs ,
comme je viens de vous le
marquer , l'ayent trouvé
plus beau que les Palais de
beaucoup de Souverains.
à voiràVersailles,
qu'on ne mena point les
des Amb. de Siam. 7
Ambaſſadeurs dans le grand
Commun ,mais ce Bâtiment
eſt ſi vaſte , ſi élevé , & fe
fait remarquer de tant d'endroits,
qu'ils ne laiſſerent pas
de le voir en paſſant , & fans
y entrer,& ce qui leur en parut
leur fit dire , Qu'il y avoit
un fort grand nombre de puiſſans
Souverains dont les Palais estoient
beaucoup moins vaſtes , &moins
apparens. On l'appelle grand
Commun, parce que bien qu'il
enferme un grand nombre
d'Offices & de Cuiſines pour
les Officiers qui ont bouche
à Cour , ce que l'on appelle
A iiij
8 III.P.du Voyage
le petit Commun n'y eſt point
compris , non plus que la
Bouche du Roy , laquelle n'eſt
jamais hors du lieu où loge
Sa Majefté. Le grand Commun
eſt derriere l'aifle en
entrant à gauche de l'avantcourt
, & vis- à- vis la grande
aifle. C'eſt un grand corps de
Baſtiment iſolé , & quarré
long par fon plan d'environ
quarante-huit toiſes de long
fur cinquante toiſes de large,
quirenferme une court prefque
quarrée. L'étage au rezde
chauffée eſt voûté, & renferme
les Cuiſines, Dépenſes
1
des Amb. de Siam. 9
!
& Offices, & au deſſus le premier
étage ſe communique
par un Balcon de pierre en
faillie au pourtour de la court.
Ce Balcon eft fermé par une
Balustrade de fer. Il y a def
ſus un grand étage quarré,
en forte que ce Baftiment a
trois étages couronnez de
ſon Entablement dans le
comble qui eſt brifé. Il y a
trois étages en Galetas. Tout
ce Baſtiment eſt double d'u
ne toiſe d'épaiſſeur dans toute
ſon étenduë , & renferme
plus de fix cens pieces fermant
à clef , en y compre10
III . P. du Voyage
nant les Entre foles . La décoration
eft deBoffages & de
Tables de brique , & les milieux
de chaque face , tant
dedans que dehors, font marquez
parun avant- corps couronné
d'un fronton avec les
Armes du Roy. Au deſſous
de chaque fronton font des
bas-reliefs qui reprefentent
les quatre Saiſons de l'année,
fous quatre Divinitez qui
tiennent des fruits & des
fleurs que produifent les Saifons.
On doit demeurer d'accord
que tout ce qui marque
des Amb.de Siam. 11
la grandeur du Roy à Verfailles
, doit eſtre d'une gran
de magnificence , puiſqu'on
ne met pas le grand Commun
au rang des chofes
qu'on faitvoir aux Etrangers ,
quoy que les Ambaſſadeurs ,
comme je viens de vous le
marquer , l'ayent trouvé
plus beau que les Palais de
beaucoup de Souverains.
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Résumé : Description du grand Commun du Roy. [titre d'après la table]
Lors de leur visite à Versailles, les ambassadeurs de Siam ont été impressionnés par le grand Commun, bien qu'il ne leur ait pas été spécifiquement montré. Ils ont noté que ce bâtiment, isolé et carré, mesurait environ quarante-huit toises de long sur cinquante toises de large et abritait une cour presque carrée. Il comportait trois étages principaux et trois étages en galetas, totalisant plus de six cents pièces fermées à clé. La décoration comprenait des boiseries, des tables de brique, des avant-corps avec des frontons et des armes royales, ainsi que des bas-reliefs représentant les quatre saisons sous des divinités tenant des fruits et des fleurs. Malgré son importance, le grand Commun n'est pas habituellement présenté aux étrangers. Cependant, les ambassadeurs de Siam l'ont trouvé plus beau que les palais de nombreux souverains.
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1417
p. 11-18
Description du Chenil. [titre d'après la table]
Début :
On les mena au Chenil qui sert de Logement au [...]
Mots clefs :
Chenil, Grand veneur, Cour, Cours, Corps de logis, Jardin, Cour octogone, Bâtiment, Balustrade, Chiens
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texteReconnaissance textuelle : Description du Chenil. [titre d'après la table]
Veneur.
Ce Baſtiment eſt diffiçile
à décrire parce que tour
yeſt extraordinaire , & qu'au
lieu d'avoir ſa principale por
12 III. P. du Voyage
te en face du Baftiment , on
y entre par les coſtez . Ainſi
je dois prendre pour vous le
décrire une maniere toute
opoſée à celle qu'on a coûtume
de ſuivre dans ces fortes
de Deſcriptions. Il eſt ſitué
devant le Manege , derriere
la grande Ecurie. Cependant
il n'y a point d'entrée
de ce coſtélà, mais au devant
du principal Corps de Logis ,
on voit un Jardin fermé d'une
Balustrade , & qui occupant
toute la face du Baſtiment ,
retourne des deux coſtez fur
les aifles où il s'étend. Ce
L des Amb.de Siam. 13
Corps de Logis eſt d'environ
30. toifes de longueur ,
fur huit d'épaiſſeur. Il eſt
compoſé d'un étage au rez
de Chauffée , & d'un autre
au deſſus en Attique ſans
comble apparent, mais cou
ronnéd'une Balustrade avec
des Vaſes. Comme cette face
de derriere regarde le Château
de Versailles , & que ce
Baſtiment eſt ſitué entre
deux allées d'arbres , on n'a
qu'à ſuivre des deux coſtez
le mur du Jardin , le long de
ces Arbres , dont chaque
rang eſt dans une avenue
14 III. P. du Voyage
differente de Versailles , &
l'on trouve deux Portes qui
donnent dans deux petites
Courts , par leſquelles on entre
dans la grande. Elle eſt
octogone , & a huit pans ,
ſçavoir quatre grands , &
quatre petits ; des quatre
grands l'un eſt occupé par le
grand Corps de Logis dont
je viens de vous parler , &
celuy qui luy eſt opoſé par
une grille , du milieu de laquelle
on entre dans une
court dont je parleray dans
la fuite. Le long des deux autres
grands pans font deux
des Amb. de Siam. 15
moyennes courts dont je
vous ay déja parlé , & par
leſquelles on paſſe pour entrer
dans cette court octogone
, dont les quatre petits
pans ſont percez de quatre
portes ceintrées en ance de
panier , par deux deſquelles
on entre dans le Jardin , &
par les deux autres dans deux
autres courts qui ſe communiquent
à deux autres par
deſſus deux aiſles de Bafti
ment qui les ſeparent , & qui
regnent le long de la court ,
dans laquelle je vous ay dit
qu'on entroit par le pande
16 III.P. duVoyage
la court octogone , qui eſt
vis à vis la façade du Baſti.
ment . Cette court a une fortie
pour les Chiens , & cette
ſortie qui eſt en face du
Corps de Logis auroit pû
ſervir de principale entrée ,
s'il y avoit un chemin de ce
coſté là. Ces cinq courts qui
font les dernieres , & qui ſeroient
les premieres , fi la
grande entrée avoit eſté par
là , ont pluſieurs de leurs
coſtez remplis de Baſtimens
qui renferment les Logemens
des Officiers de la Venerie
, les Ecuries pour les
des Amb. de Siam 17
Coureurs , & les Chenils
pour les differentes Meutes
de Chiens du Roy. Rien n'eſt
plus extraordinaire ny mieux
entendu que tout ce qui regarde
cet Hoſtel , dont l'en .
clos, outre tous les Bâtimens,
contient huit courts & un
Jardin , & ce qu'il y a d'a
greable , c'eſt que tout ſe
voit du milieu de la court
octogone, & qu'eſtant percée
dans ſes huit pans , on n'a
qu'à choiſir l'endroit où l'on
veut aller , pour s'y trouver
bien-toft. Le genie d'un Architecte
paroiſt beaucoup en
B
18 III. P. duVoyage
ces fortes de chofes , & qui
conque les peut inventer fait
voir qu'il a un grand gouft
d'Architecture .
Ce Baſtiment eſt diffiçile
à décrire parce que tour
yeſt extraordinaire , & qu'au
lieu d'avoir ſa principale por
12 III. P. du Voyage
te en face du Baftiment , on
y entre par les coſtez . Ainſi
je dois prendre pour vous le
décrire une maniere toute
opoſée à celle qu'on a coûtume
de ſuivre dans ces fortes
de Deſcriptions. Il eſt ſitué
devant le Manege , derriere
la grande Ecurie. Cependant
il n'y a point d'entrée
de ce coſtélà, mais au devant
du principal Corps de Logis ,
on voit un Jardin fermé d'une
Balustrade , & qui occupant
toute la face du Baſtiment ,
retourne des deux coſtez fur
les aifles où il s'étend. Ce
L des Amb.de Siam. 13
Corps de Logis eſt d'environ
30. toifes de longueur ,
fur huit d'épaiſſeur. Il eſt
compoſé d'un étage au rez
de Chauffée , & d'un autre
au deſſus en Attique ſans
comble apparent, mais cou
ronnéd'une Balustrade avec
des Vaſes. Comme cette face
de derriere regarde le Château
de Versailles , & que ce
Baſtiment eſt ſitué entre
deux allées d'arbres , on n'a
qu'à ſuivre des deux coſtez
le mur du Jardin , le long de
ces Arbres , dont chaque
rang eſt dans une avenue
14 III. P. du Voyage
differente de Versailles , &
l'on trouve deux Portes qui
donnent dans deux petites
Courts , par leſquelles on entre
dans la grande. Elle eſt
octogone , & a huit pans ,
ſçavoir quatre grands , &
quatre petits ; des quatre
grands l'un eſt occupé par le
grand Corps de Logis dont
je viens de vous parler , &
celuy qui luy eſt opoſé par
une grille , du milieu de laquelle
on entre dans une
court dont je parleray dans
la fuite. Le long des deux autres
grands pans font deux
des Amb. de Siam. 15
moyennes courts dont je
vous ay déja parlé , & par
leſquelles on paſſe pour entrer
dans cette court octogone
, dont les quatre petits
pans ſont percez de quatre
portes ceintrées en ance de
panier , par deux deſquelles
on entre dans le Jardin , &
par les deux autres dans deux
autres courts qui ſe communiquent
à deux autres par
deſſus deux aiſles de Bafti
ment qui les ſeparent , & qui
regnent le long de la court ,
dans laquelle je vous ay dit
qu'on entroit par le pande
16 III.P. duVoyage
la court octogone , qui eſt
vis à vis la façade du Baſti.
ment . Cette court a une fortie
pour les Chiens , & cette
ſortie qui eſt en face du
Corps de Logis auroit pû
ſervir de principale entrée ,
s'il y avoit un chemin de ce
coſté là. Ces cinq courts qui
font les dernieres , & qui ſeroient
les premieres , fi la
grande entrée avoit eſté par
là , ont pluſieurs de leurs
coſtez remplis de Baſtimens
qui renferment les Logemens
des Officiers de la Venerie
, les Ecuries pour les
des Amb. de Siam 17
Coureurs , & les Chenils
pour les differentes Meutes
de Chiens du Roy. Rien n'eſt
plus extraordinaire ny mieux
entendu que tout ce qui regarde
cet Hoſtel , dont l'en .
clos, outre tous les Bâtimens,
contient huit courts & un
Jardin , & ce qu'il y a d'a
greable , c'eſt que tout ſe
voit du milieu de la court
octogone, & qu'eſtant percée
dans ſes huit pans , on n'a
qu'à choiſir l'endroit où l'on
veut aller , pour s'y trouver
bien-toft. Le genie d'un Architecte
paroiſt beaucoup en
B
18 III. P. duVoyage
ces fortes de chofes , & qui
conque les peut inventer fait
voir qu'il a un grand gouft
d'Architecture .
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Résumé : Description du Chenil. [titre d'après la table]
Le bâtiment du Veneur à Versailles se situe entre le Manège et la grande écurie. L'accès se fait par les côtés plutôt que par la façade principale. Le bâtiment principal mesure environ 30 toises de long et 8 de large, avec un rez-de-chaussée et un étage en attique couronné d'une balustrade ornée de vases. Le jardin, fermé par une balustrade, s'étend sur toute la face du bâtiment et les ailes. L'entrée principale se fait par deux petites cours menant à une cour octogonale à huit pans. Quatre grands pans sont occupés par le bâtiment principal, une grille et deux moyennes cours d'accès. Les quatre petits pans comportent des portes menant au jardin et à d'autres cours. Ces cours abritent des bâtiments pour les logements des officiers de la vénerie, des écuries pour les coureurs et des chenils pour les meutes du roi. L'ensemble comprend huit cours et un jardin, tous visibles depuis le centre de la cour octogonale. L'organisation et la fonctionnalité des espaces témoignent du génie architectural du site.
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1418
p. 18-20
Officiers de la Venerie. [titre d'après la table]
Début :
Aprés vous avoir décrit le Chenil, il faut vous parler [...]
Mots clefs :
Vénerie, Grand veneur, Officiers, Lieutenant, Gentilhommes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Officiers de la Venerie. [titre d'après la table]
Aprés vous
avoir décrit le Chenil , il faut
vous parler des Officiers de
la Venerie , afin de vous faire
connoiftre de combien de
perſonnes à peu prés M'le
Grand Veneur pouvoit eſtre
accompagné lors qu'il receut
les Ambaſfadeurs. Il ya
un Lieutenant ordinaire de
la Venerie , quatre Lieute
nans fervants par quartier ,
quatre autres Lieutenans or
dinaires , qui doivent eſtro
des Amb.de Siam. 19
toûjours preſts à ſervir un
Sous Lieutenant ; trente-huit
Gentilhommes de la Venerie
; quatre autres Gentilhommes
ordinaires ; plus de
cent Valets de Chiens des
Fouriers , des Pages , des Piqueurs
& Controleurs avec
un nombre infiny d'autres
Officiers ſervant aux diffe.
rentes fortes de Chaſſes , &
une Compagnie d'Archers ,
& Gardes à Cheval. Tous
les Habits des Officiers de la
Venerie font garnis d'un
meſme galon plus ou moins
riche , ſuivant les degrez de
Aij
20 111. P. du Voyage
leur Charge.
avoir décrit le Chenil , il faut
vous parler des Officiers de
la Venerie , afin de vous faire
connoiftre de combien de
perſonnes à peu prés M'le
Grand Veneur pouvoit eſtre
accompagné lors qu'il receut
les Ambaſfadeurs. Il ya
un Lieutenant ordinaire de
la Venerie , quatre Lieute
nans fervants par quartier ,
quatre autres Lieutenans or
dinaires , qui doivent eſtro
des Amb.de Siam. 19
toûjours preſts à ſervir un
Sous Lieutenant ; trente-huit
Gentilhommes de la Venerie
; quatre autres Gentilhommes
ordinaires ; plus de
cent Valets de Chiens des
Fouriers , des Pages , des Piqueurs
& Controleurs avec
un nombre infiny d'autres
Officiers ſervant aux diffe.
rentes fortes de Chaſſes , &
une Compagnie d'Archers ,
& Gardes à Cheval. Tous
les Habits des Officiers de la
Venerie font garnis d'un
meſme galon plus ou moins
riche , ſuivant les degrez de
Aij
20 111. P. du Voyage
leur Charge.
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Résumé : Officiers de la Venerie. [titre d'après la table]
Le texte décrit les officiers de la vénerie et leurs rôles lors des réceptions d'ambassadeurs. Le Grand Veneur était assisté de divers lieutenants, gentilshommes, valets et autres officiers. Les habits des officiers portaient un galon dont la richesse dépendait du grade. Une compagnie d'archers et de gardes à cheval complétait cette troupe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1419
p. 20-23
Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Duc de la Roche foucaut estoit accompagné de la [...]
Mots clefs :
François VII de La Rochefoucauld, Roi, Chiens, Curée, Chevaux, Chasse
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texteReconnaissance textuelle : Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
M² le Duc de
la Roche foucaut eſtoit accompagné
de la plus grande
partie de cette Nobleſſe , lors
qu'il receut lesAmbaſſadeurs
à la porte de ſon Logement.
Ils y entrerent , & en admirerent
la magnificence & le
bon ordre. Ils remarquerent
une Tapifſſerie qui repreſente
'Hiſtoire de Leandre & de
Hero , & la trouverent fort
belle . Mª de la Roche- foucaut
leur fit voir enſuite les
Equipages du Roy , & les
Ecuries où la propreté avec
laquelle on tient cent cin.
des Amb de Siam. 21
quante Chevaux qui ne font
que pour la Chaſſe du Cerf,
leur fit donner de grandes
loüanges à ceux qui en ont
le ſoin. De la ils entrerent
dans la court où ſont les Loges
des Chiens , dont ils virentdeux
à trois cens ſur de
la paille fraiſche. Ils examinerent
la fimetrie des Baftimens
, & dirent , Qu'à tous
momens ils voyoient de nouveaux
miracles , & que l'homme ſeul
ne pouvoit concevoir la moitié de
ce qu'ils avoient veu. Mr. de la
Rochefoucaut fit fortir les
chiens ,& on leur fit faire la
22 III.P. du Voyage.
curée devant les Ambaffadeurs
, pour leſquels on apporta
des Fauteüils , où ils ſe
mirent. Ce Duc avoit fait
auffi aprêter une magnifique
Colation. Elle fut accompa
gnée de toutes fortes de liqueurs
, dont ils bûrent ſeulement.
Comme ils avoient
ſceu ſa naiſſance , le rang
confiderable de ſa Charge, &
l'eſtime particuliere dont le
Roy l'honore, ils dirent qu'ils
connoiffoient bien l'amitié & la
confideration qu'on avoir pour le
Roy de Siam , puis qu'un auſſi
grand Seigneur que M² de la
des Amb de Siam. 23
Rochefoucaut , distingué par tant
d'endroits , ſe donnoit la peine de
leur montrer luy- mesme tout ce
qu'il avoit eu la bonté de leur
faire voir. Ils joignirent à cela
de grands remerciemens de
la maniere dumonde la plus
honneſte.
la Roche foucaut eſtoit accompagné
de la plus grande
partie de cette Nobleſſe , lors
qu'il receut lesAmbaſſadeurs
à la porte de ſon Logement.
Ils y entrerent , & en admirerent
la magnificence & le
bon ordre. Ils remarquerent
une Tapifſſerie qui repreſente
'Hiſtoire de Leandre & de
Hero , & la trouverent fort
belle . Mª de la Roche- foucaut
leur fit voir enſuite les
Equipages du Roy , & les
Ecuries où la propreté avec
laquelle on tient cent cin.
des Amb de Siam. 21
quante Chevaux qui ne font
que pour la Chaſſe du Cerf,
leur fit donner de grandes
loüanges à ceux qui en ont
le ſoin. De la ils entrerent
dans la court où ſont les Loges
des Chiens , dont ils virentdeux
à trois cens ſur de
la paille fraiſche. Ils examinerent
la fimetrie des Baftimens
, & dirent , Qu'à tous
momens ils voyoient de nouveaux
miracles , & que l'homme ſeul
ne pouvoit concevoir la moitié de
ce qu'ils avoient veu. Mr. de la
Rochefoucaut fit fortir les
chiens ,& on leur fit faire la
22 III.P. du Voyage.
curée devant les Ambaffadeurs
, pour leſquels on apporta
des Fauteüils , où ils ſe
mirent. Ce Duc avoit fait
auffi aprêter une magnifique
Colation. Elle fut accompa
gnée de toutes fortes de liqueurs
, dont ils bûrent ſeulement.
Comme ils avoient
ſceu ſa naiſſance , le rang
confiderable de ſa Charge, &
l'eſtime particuliere dont le
Roy l'honore, ils dirent qu'ils
connoiffoient bien l'amitié & la
confideration qu'on avoir pour le
Roy de Siam , puis qu'un auſſi
grand Seigneur que M² de la
des Amb de Siam. 23
Rochefoucaut , distingué par tant
d'endroits , ſe donnoit la peine de
leur montrer luy- mesme tout ce
qu'il avoit eu la bonté de leur
faire voir. Ils joignirent à cela
de grands remerciemens de
la maniere dumonde la plus
honneſte.
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Résumé : Reception faite par Mr le Duc de la Rochefoucault aux Ambassadeurs, les Chevaux & les Chiens qu'ils virent au Chenil, & la Curée faite devant eux. [titre d'après la table]
Le Duc de la Rochefoucault reçut les ambassadeurs de Siam à l'entrée de son logement, entouré de nombreux nobles. Les ambassadeurs furent impressionnés par la magnificence et l'ordre des lieux, notant particulièrement une tapisserie illustrant l'histoire de Léandre et Héro. Le Duc leur fit visiter les équipages du roi et les écuries, où ils découvrirent cent cinquante chevaux destinés à la chasse au cerf. Ils apprécièrent la propreté des lieux et la qualité des soins apportés aux animaux. Ils visitèrent également les loges des chiens, où deux à trois cents chiens reposaient sur de la paille fraîche. Les ambassadeurs exprimèrent leur admiration pour la fierté des bâtiments et les miracles observés. Le Duc organisa une curée de chiens à leur intention, et ils assistèrent à la scène depuis des fauteuils. Une collation somptueuse fut servie, accompagnée de diverses liqueurs. Connaissant la naissance et le rang élevé du Duc, ainsi que l'estime du roi à son égard, les ambassadeurs reconnurent l'amitié et la considération portées au roi de Siam et exprimèrent leur gratitude de manière honnête.
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1420
p. 23-32
Description de la Grande & Petite Ecurie du Roy à Versailles. [titre d'après la table]
Début :
Ils virent un autre jour la grande & la petite Ecurie. [...]
Mots clefs :
Écuries, Chevaux, Petite écurie, Grande écurie, Cour, Porte, Étage, Décoration, Pierres, Corps
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texteReconnaissance textuelle : Description de la Grande & Petite Ecurie du Roy à Versailles. [titre d'après la table]
Ils virent un autre jour
la grande & la petite Ecurie.
Ce font deux grands corps de
Baſtiment ſeparez l'un de
l'autre , regardant le Chafteau
en face. Ils ſont ſituez
entre les trois avenuës qui
forment une patte d'Oye ,
par laquelle on arrive àVer-
:
24 III. P. du Voyage
failles. Ces Ecuries font partie
de la cloſture de la grande
Avant- court , ou Place d'armes.
Elles conſiſtent chacune
en cinq courts , dont la
grande plus étroite à l'entrée
que dans le fond , n'eſt fermée
devant que par unegril.
le de trente-deux toiſes de
long,& les Pavillons de neuf
toiſes , qui flanquent les aîles
de trente- ſept toiſfes de long ,
retournent vers le fond de la
court , pour la terminer en
demy - lune par deux portions
de cercles d'ouverture,
de trente- quatre qui ſe vont
joindre
des Amb. de Siam. 25
joindre à un grand Avantcorps
où eſt la principale
Porte. Aprés font les deux
moyennes Cours entourées
de baſtimens de 20 toiſes ſur
douze. Aux coſtez du dehors
paroiffent les deux petites
Cours pour les fumiers , de
20 toiſes de long fur 9. de
large, fermées pardevant d'un
mur de cloſture , de la hauteur
du premier étage. Toute
la decoration du dehors n'eſt
que de bofſages ou de pierres
de refand. Les croisées
des rez de chauffée ſont
bombées , &priſes dans des
C
26 III. P. du Voyage
arcades , & celles du premier
étage font quarrées, longues
en hauteur. Ily a des tables
de briques dans les trumeaux
des aifles . Les combles font
d'une belle proportion,&les
lucarnes qui éclairent l'étage
en galetas , font de plomb.
Dans ces Edifices font logez
tous les Officiers des Ecuries,
&plufieurs autres perfonnes .
Ces BBaaſlttiimmens font affez bas
pour ne point empêcher la
veue du Chaſteaui ; ainfi
le niveau des faiftes ré
pond à peu prés au pavé de
marbre de la petite Court
ວ
1
desAmb. de Siam. 27
outre qu'il n'y a point de
ſouches de cheminées apparentes
au dehors . Le plandes
Grilles eft auffi ceintré , enforte
que de quelque afpect
qu'on regarde les Ecuries, on
voit les quatre Pavillons des
aiſles. Voila ce qui concerne
la decoration des dehors
qu'elles ont commune.Quant
à la diftribution du plan , il
eſt different en ce que ces
deux Ecuries ont leur uſage
particulier. La plus grade renferme
les Chevaux de main.
De la grande Arcade qui
eſt au fond de la court &
Cij
28. III. P. du Voyage
dans le milieu de l'avantcorps,
on entre dans ungrand
Manege couvert, de 20 toiſes
ſur huit , aux coſtez duquel
font deux Ecuries. Derriere
l'Ecurie eſt un grand
Manege pour les Jouftes &
Tournois , au devant duquel
eſt le Chenil . La ſculpture de
l'Avant-corps du milieu renferme
de grands Bas-reliefs,
des Trophées d'armes , des
Harnois & autres ouvrages
de cette nature ; & dans les
Pilaſtres de la Grille de devant,
font les Epées du Grand
Ecuyer.
des Amb . de Siam. 29
Quant à la petite Ecurie,
les Remiſes des Carroſſes ſont
dans les arcades de la demylune
du fond de la court, au
nombre de huit à neuf de
chaque coſté. De la porte de
l'Avant- corps du milieu , on
entre dans la plus large Ecurie
à deux rangs , chacun de
25 Chevaux , entre leſquels
on paſſe ; & au bout eſt une
grande Coupe ou Voûte
ſpherique , de 12 toiſes de
diamétre, qui ſepare les deux
autres Ecuries où les Chevaux
de chacune ſont ſur deux
rangs de34Chevaux chacun,
C.iij
30 III. P. du Voyage
:
Les Rateliers font le long des
pilliers qui la ſeparent en
deuxberceaux, & laiſſent encore
affez d'eſpace derriere
les Chevaux pour y pouvoir
aller en carroffe ; & en
retour, au bout de celles-cy,
font deux Ecuries à un rang,
chacun de 47 Chevaux. Le
Dôme eſt porté ſur 4 pendentifs
; il eſt voûté de pierres,
&éclairé par un jour au milieu,
dont le chaſſis de fer un
peu ceintré , porte les vîtres .
Derriere cette Ecurie eft
encore une entrée principale
au milieu d'un grandAvant
des Amb. de Siam. 31
corps environné d'un fronton
triangulaire , dans lequel
eſt un Bas- relief qui repreſente
Alexandre qui dompte
Bucephale. Ce Bas-relief eft
de M Girardon .
Derriere cette Ecurie font
deux autres grandes Ecuries
de 54 Chevaux chacune ; &
dans la court qui eſt interposée
entre cette augmentation
& le corps de la petite
Ecurie, eſt un petit Manege.
Outre ces Ecuries il y a
une court derriere , où eſt
l'Infirmerie des Chevaux ; ce
font de petites Ecuries de 2 .
Cij
32 III. P. du Voyage
de 4. & de 6 Chevaux. Je
vous ay déja marqué dans
quelqu'une de mes Lettres,
que ces Ecuries ſont du deffein
de M Manſard. Il receut
tant de loüanges,quand
elles furent achevées , qu'il
feroit inutile de luy en donner
icy.
la grande & la petite Ecurie.
Ce font deux grands corps de
Baſtiment ſeparez l'un de
l'autre , regardant le Chafteau
en face. Ils ſont ſituez
entre les trois avenuës qui
forment une patte d'Oye ,
par laquelle on arrive àVer-
:
24 III. P. du Voyage
failles. Ces Ecuries font partie
de la cloſture de la grande
Avant- court , ou Place d'armes.
Elles conſiſtent chacune
en cinq courts , dont la
grande plus étroite à l'entrée
que dans le fond , n'eſt fermée
devant que par unegril.
le de trente-deux toiſes de
long,& les Pavillons de neuf
toiſes , qui flanquent les aîles
de trente- ſept toiſfes de long ,
retournent vers le fond de la
court , pour la terminer en
demy - lune par deux portions
de cercles d'ouverture,
de trente- quatre qui ſe vont
joindre
des Amb. de Siam. 25
joindre à un grand Avantcorps
où eſt la principale
Porte. Aprés font les deux
moyennes Cours entourées
de baſtimens de 20 toiſes ſur
douze. Aux coſtez du dehors
paroiffent les deux petites
Cours pour les fumiers , de
20 toiſes de long fur 9. de
large, fermées pardevant d'un
mur de cloſture , de la hauteur
du premier étage. Toute
la decoration du dehors n'eſt
que de bofſages ou de pierres
de refand. Les croisées
des rez de chauffée ſont
bombées , &priſes dans des
C
26 III. P. du Voyage
arcades , & celles du premier
étage font quarrées, longues
en hauteur. Ily a des tables
de briques dans les trumeaux
des aifles . Les combles font
d'une belle proportion,&les
lucarnes qui éclairent l'étage
en galetas , font de plomb.
Dans ces Edifices font logez
tous les Officiers des Ecuries,
&plufieurs autres perfonnes .
Ces BBaaſlttiimmens font affez bas
pour ne point empêcher la
veue du Chaſteaui ; ainfi
le niveau des faiftes ré
pond à peu prés au pavé de
marbre de la petite Court
ວ
1
desAmb. de Siam. 27
outre qu'il n'y a point de
ſouches de cheminées apparentes
au dehors . Le plandes
Grilles eft auffi ceintré , enforte
que de quelque afpect
qu'on regarde les Ecuries, on
voit les quatre Pavillons des
aiſles. Voila ce qui concerne
la decoration des dehors
qu'elles ont commune.Quant
à la diftribution du plan , il
eſt different en ce que ces
deux Ecuries ont leur uſage
particulier. La plus grade renferme
les Chevaux de main.
De la grande Arcade qui
eſt au fond de la court &
Cij
28. III. P. du Voyage
dans le milieu de l'avantcorps,
on entre dans ungrand
Manege couvert, de 20 toiſes
ſur huit , aux coſtez duquel
font deux Ecuries. Derriere
l'Ecurie eſt un grand
Manege pour les Jouftes &
Tournois , au devant duquel
eſt le Chenil . La ſculpture de
l'Avant-corps du milieu renferme
de grands Bas-reliefs,
des Trophées d'armes , des
Harnois & autres ouvrages
de cette nature ; & dans les
Pilaſtres de la Grille de devant,
font les Epées du Grand
Ecuyer.
des Amb . de Siam. 29
Quant à la petite Ecurie,
les Remiſes des Carroſſes ſont
dans les arcades de la demylune
du fond de la court, au
nombre de huit à neuf de
chaque coſté. De la porte de
l'Avant- corps du milieu , on
entre dans la plus large Ecurie
à deux rangs , chacun de
25 Chevaux , entre leſquels
on paſſe ; & au bout eſt une
grande Coupe ou Voûte
ſpherique , de 12 toiſes de
diamétre, qui ſepare les deux
autres Ecuries où les Chevaux
de chacune ſont ſur deux
rangs de34Chevaux chacun,
C.iij
30 III. P. du Voyage
:
Les Rateliers font le long des
pilliers qui la ſeparent en
deuxberceaux, & laiſſent encore
affez d'eſpace derriere
les Chevaux pour y pouvoir
aller en carroffe ; & en
retour, au bout de celles-cy,
font deux Ecuries à un rang,
chacun de 47 Chevaux. Le
Dôme eſt porté ſur 4 pendentifs
; il eſt voûté de pierres,
&éclairé par un jour au milieu,
dont le chaſſis de fer un
peu ceintré , porte les vîtres .
Derriere cette Ecurie eft
encore une entrée principale
au milieu d'un grandAvant
des Amb. de Siam. 31
corps environné d'un fronton
triangulaire , dans lequel
eſt un Bas- relief qui repreſente
Alexandre qui dompte
Bucephale. Ce Bas-relief eft
de M Girardon .
Derriere cette Ecurie font
deux autres grandes Ecuries
de 54 Chevaux chacune ; &
dans la court qui eſt interposée
entre cette augmentation
& le corps de la petite
Ecurie, eſt un petit Manege.
Outre ces Ecuries il y a
une court derriere , où eſt
l'Infirmerie des Chevaux ; ce
font de petites Ecuries de 2 .
Cij
32 III. P. du Voyage
de 4. & de 6 Chevaux. Je
vous ay déja marqué dans
quelqu'une de mes Lettres,
que ces Ecuries ſont du deffein
de M Manſard. Il receut
tant de loüanges,quand
elles furent achevées , qu'il
feroit inutile de luy en donner
icy.
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Résumé : Description de la Grande & Petite Ecurie du Roy à Versailles. [titre d'après la table]
Le texte décrit les grandes et petites écuries du Château, deux bâtiments distincts situés face au château et séparés par trois avenues formant une patte d'oie. Ces écuries font partie de la clôture de la grande avant-cour ou place d'armes. Chaque écurie comprend cinq cours : une grande cour, deux moyennes et deux petites. La grande cour est fermée par une grille et mesure trente-deux toises de long, tandis que les pavillons mesurent neuf toises et se retournent vers le fond de la cour pour la terminer en demi-lune. Les bâtiments sont décorés de bossages ou de pierres de refend, avec des croisées bombées au rez-de-chaussée et carrées au premier étage. Les combles sont proportionnés et les lucarnes en plomb éclairent l'étage en galetas. La grande écurie abrite les chevaux de main et comprend un manège couvert, deux écuries, un grand manège pour les joutes et tournois, et un chenil. La petite écurie, quant à elle, possède des remises pour les carrosses et plusieurs écuries pour les chevaux disposés en rangs. Les rateliers sont placés le long des piliers, permettant le passage des carrosses. Derrière la petite écurie se trouve une entrée principale avec un fronton triangulaire et un bas-relief représentant Alexandre domptant Bucéphale, œuvre de Girardon. Les écuries sont conçues par Mansard et ont reçu de nombreuses louanges à leur achèvement.
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1421
p. 32-36
Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Mots clefs :
Chevaux, Ambassadeurs, Poil, Jacques-Louis de Beringhen, Roi, Rang, Perle, Rubans, Tête, Chevaux de carrosse, Petite écurie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs ont eſté
voir ces Ecuries. Ils entrerent
dans la Petite par la grille, &
furent receus à la porte de
l'Ecurie par Male Marquis de
Beringhen, Premier Ecuyer
du Roy, receu en ſurvivance.
Il eſtoit ſuivy de M. de Ca
des Amb. de Siam.
3.3
banac , & de deux autres Efcuyers
, du Gouverneur des
Pages , avec la plus grande
partie de cette Nobleffe , le
reſte eſtant au rendez-vous
de Chaſſe de Monſeigneur
Il y avoit auſſi beaucoup de
Valets- de- pied , & un nombre
preſque infiny de perſonnes
de Livrée , quoyqu'il
en fuſt demeuré plufieurs
dans tous les rangs .
Aprés que les Ambaſſadeurs
& M de Beringhen ſe furent
ſaluez , & que les complimens
de civilité eurent eſté
faits , on entra dans le dou
34 III. P. du Voyage
ble rang, où l'on fit voir d'abord
aux Ambaſſadeurs cinq
Attelages à dix Chcvaux, entre
leſquels ils remarquerent,
Ceux d'Eſpagne , de poil
noir.
Les Brandebourgs , de poil
bay, qui viennent de la Pruffe
Ducale,&dont M l'Electeur
de Brandebourg fit prefent
au Roy il y a environ cinq
ans .
Les gris de perle , qui font
de trés-nobles Chevaux, fortis
du haras du Comte d'Oldembourg.
Les Tygres , qui viennent
des Amb de Siam. 35
du coſté de Pologne.
Les feüilles-mortes, qui font
d'un poil trés - rare & tresbeaux
, & qui viennent du
meſme pays que les gris de
perle.
Les Ambaſſadeurs n'admirerent
pas ſeulement la fierté
de tous ces Chevaux , mais
encore la beauté & la diver
ſité de leur poil. Ils pafferent
de là au rang des Montures
de Monſeigneur , où ils virent
un fort grand nombre
de trés-beaux Chevaux, tant
de France , que d'Angleterre.
Ils eftoient tous en bridons
36 III . P. du Voyage
blancs, avec des rubans couleur
de feu à la teſte , ainſi
que les Chevaux de carroſſe,
qu'ils avoient déja vûs , &
dont les queuës eſtoient pareillement
garnies de rubans.
Ceux qu'ils virent aprés cela
en avoient auſſi , j'entens les
Chevaux de carroſſe, les autres
n'en ayant qu'à la teſte.
voir ces Ecuries. Ils entrerent
dans la Petite par la grille, &
furent receus à la porte de
l'Ecurie par Male Marquis de
Beringhen, Premier Ecuyer
du Roy, receu en ſurvivance.
Il eſtoit ſuivy de M. de Ca
des Amb. de Siam.
3.3
banac , & de deux autres Efcuyers
, du Gouverneur des
Pages , avec la plus grande
partie de cette Nobleffe , le
reſte eſtant au rendez-vous
de Chaſſe de Monſeigneur
Il y avoit auſſi beaucoup de
Valets- de- pied , & un nombre
preſque infiny de perſonnes
de Livrée , quoyqu'il
en fuſt demeuré plufieurs
dans tous les rangs .
Aprés que les Ambaſſadeurs
& M de Beringhen ſe furent
ſaluez , & que les complimens
de civilité eurent eſté
faits , on entra dans le dou
34 III. P. du Voyage
ble rang, où l'on fit voir d'abord
aux Ambaſſadeurs cinq
Attelages à dix Chcvaux, entre
leſquels ils remarquerent,
Ceux d'Eſpagne , de poil
noir.
Les Brandebourgs , de poil
bay, qui viennent de la Pruffe
Ducale,&dont M l'Electeur
de Brandebourg fit prefent
au Roy il y a environ cinq
ans .
Les gris de perle , qui font
de trés-nobles Chevaux, fortis
du haras du Comte d'Oldembourg.
Les Tygres , qui viennent
des Amb de Siam. 35
du coſté de Pologne.
Les feüilles-mortes, qui font
d'un poil trés - rare & tresbeaux
, & qui viennent du
meſme pays que les gris de
perle.
Les Ambaſſadeurs n'admirerent
pas ſeulement la fierté
de tous ces Chevaux , mais
encore la beauté & la diver
ſité de leur poil. Ils pafferent
de là au rang des Montures
de Monſeigneur , où ils virent
un fort grand nombre
de trés-beaux Chevaux, tant
de France , que d'Angleterre.
Ils eftoient tous en bridons
36 III . P. du Voyage
blancs, avec des rubans couleur
de feu à la teſte , ainſi
que les Chevaux de carroſſe,
qu'ils avoient déja vûs , &
dont les queuës eſtoient pareillement
garnies de rubans.
Ceux qu'ils virent aprés cela
en avoient auſſi , j'entens les
Chevaux de carroſſe, les autres
n'en ayant qu'à la teſte.
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Résumé : Les Ambassadeurs receus à la Petite Ecurie par Mr le Marquis de Beringhen, avec le nombre & le Pays de tous les Chevaux qu'ils y ont veu. [titre d'après la table]
Les Ambassadeurs de Siam visitèrent les écuries royales, accueillis par le Marquis de Beringhen, Premier Écuyer du Roi, et d'autres Écuyers ainsi que la noblesse. La visite fut marquée par la présence de nombreux valets et personnes en livrée. Après les salutations, les Ambassadeurs admirèrent cinq attelages de dix chevaux chacun, incluant des chevaux d'Espagne, des Brandebourgs de Prusse, des gris de perle du Comte d'Oldembourg, des Tygres de Pologne et des feuilles-mortes du même Comte. Ils notèrent la fierté, la beauté et la diversité des chevaux. Ensuite, ils furent conduits au rang des montures de Monseigneur, où ils virent des chevaux français et anglais ornés de bridons blancs et de rubans rouges, ainsi que des chevaux de carrosse garnis de rubans aux queues.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1422
p. 36-42
Description de la Scellerie de Monseigneur le Dauphin, & tout ce qu'elle contient. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent ensuite à la Sellerie de Monseigneur, dans laquelle [...]
Mots clefs :
Chevaux, Sellerie du dauphin, Selles, Poteaux, Monture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description de la Scellerie de Monseigneur le Dauphin, & tout ce qu'elle contient. [titre d'après la table]
Ils allerent enſuite à la Sellerie
de Monſeigneur , dans
laquelle ſont cinq grandes
Armoires à deux batans .
Dans celle du milieu , &
qu'on trouve en face , font
toutes les Lances , les Dards,
des Amb. de Siam. 37
toutes les Brides d'argent &
de vermeil doré , & tout ce
qu'il y a de plus riche dans
ces fortes de harnois .
Celles qui font à droite&
à gauche de cette Armoire,
font remplies de Houſſes, de
Croupes & de Chaperons de
Piſtolets, trés-riches . Au haut
des meſmes Armoires font
encore quantité de Selles enrichies
de toutes fortes de
broderies.
Dans la quatriéme Armoire
, & qui eſt à droite , font
toutes les Selles à l'Angloiſe,
avec leurs petites Houſſes ;
38 III. P. du Voyage
elles font auffi propres que
riches).
Dans la cinquiéme,&qu'on
trouve à gauche, font toutes
les Houffes en fouliers . Elles
font d'une trés - grande richeſſe
, & fervent pour les
Cavalcades & promenades
avec les Dames .
Dans le pourtour du reſte
de la Sellerie , font des poteaux
triangulaires , ſur lefquels
les Selles des Chevaux
de Monſeigneur font toujours
en êtar , & fur le bout
de chaque poteau eſt le nom
du Cheval , auquel doit fervir
la Selle .
des Amb. de Siam, 39
Au deſſous de ces poteaux
régne encore un cordon d'autres
poteaux ronds, en forme
de cordon , ſur leſquels on
met les Brides dans le même
ordre,&come elles ne ſuffifent
pas pour les remplir, on voit
fur ceux qui reſtent quantité
de Harnois neufs qu'on tient
tout prefts , pour le beſoin
que lesChevaux de monture
de Monſeigneur en peuvent
avoir. Il y a encore une autre
Sellerie pour les Chevaux
de fuite.
- Les Ambaſſadeurs admirerent
trois choſes dans ces
40 III P. duVoyage
Selleries, ſur leſquelles ils s'expliquerent
, ſçavoir le grand
nombre de ces Equipages de
Chevaux, leur richeffe, & le
bon ordre dans lequel ils font
tenus .
Ils furent enſuite conduits
dans le rang des Attelages ,
qu'ils n'avoient pas encor vû.
Ce rang eſtoit tout remply de
trés-beauxChevaux. Leurgradeur
& leur épaiffeur les furprirent
tellementqu'ils en mefurerent
quelques-uns, &particulierement
de ceux de l'Attelage
qui ne fert qu'aux Entrées
des Ambaſſadeurs , avec
des Amb . de Siam. 41
un Carroſſe trés-riche , qui
n'eſt deſtiné qu'à ce ſeul uſage.
Le dedans eft d'un velours
cramoiſi , brodé d'or , d'un
trés-beau travail. Le dehors
eſt peint & doré dans tous
les endroits qui peuventfouffrir
la peinture & la dorure.
L'attelage de ce Carroſſe eſt
de douze Chevaux.
Les autres qu'ils meſurerent,
& qu'ils trouverent trésbeaux
& trés-grands , furent
les Chevaux du Corps , qui
font gris & pommelez .
Ils paſſerent de là dans d'autres
rangs, puis ils s'arrêterent
D
42 III. P. du Voyage
à confiderer le Dôme dont je
vous ay déja parlé , & ils le
trouverent auſſi hardy que
beau .
:
Aprés qu'ils eurent paffé
dans tous les rangs d'attelages
, on les mena dans ceux
des montures de Sa Majesté,
où tous les Chevaux estoient
auſſi en bridons & en rubans.
de pareille longueur que
celuy deMonſeigneur,& tient
48 places : la plupart de ces
Chevaux de monture ſont de
France & d'Angleterre.
de Monſeigneur , dans
laquelle ſont cinq grandes
Armoires à deux batans .
Dans celle du milieu , &
qu'on trouve en face , font
toutes les Lances , les Dards,
des Amb. de Siam. 37
toutes les Brides d'argent &
de vermeil doré , & tout ce
qu'il y a de plus riche dans
ces fortes de harnois .
Celles qui font à droite&
à gauche de cette Armoire,
font remplies de Houſſes, de
Croupes & de Chaperons de
Piſtolets, trés-riches . Au haut
des meſmes Armoires font
encore quantité de Selles enrichies
de toutes fortes de
broderies.
Dans la quatriéme Armoire
, & qui eſt à droite , font
toutes les Selles à l'Angloiſe,
avec leurs petites Houſſes ;
38 III. P. du Voyage
elles font auffi propres que
riches).
Dans la cinquiéme,&qu'on
trouve à gauche, font toutes
les Houffes en fouliers . Elles
font d'une trés - grande richeſſe
, & fervent pour les
Cavalcades & promenades
avec les Dames .
Dans le pourtour du reſte
de la Sellerie , font des poteaux
triangulaires , ſur lefquels
les Selles des Chevaux
de Monſeigneur font toujours
en êtar , & fur le bout
de chaque poteau eſt le nom
du Cheval , auquel doit fervir
la Selle .
des Amb. de Siam, 39
Au deſſous de ces poteaux
régne encore un cordon d'autres
poteaux ronds, en forme
de cordon , ſur leſquels on
met les Brides dans le même
ordre,&come elles ne ſuffifent
pas pour les remplir, on voit
fur ceux qui reſtent quantité
de Harnois neufs qu'on tient
tout prefts , pour le beſoin
que lesChevaux de monture
de Monſeigneur en peuvent
avoir. Il y a encore une autre
Sellerie pour les Chevaux
de fuite.
- Les Ambaſſadeurs admirerent
trois choſes dans ces
40 III P. duVoyage
Selleries, ſur leſquelles ils s'expliquerent
, ſçavoir le grand
nombre de ces Equipages de
Chevaux, leur richeffe, & le
bon ordre dans lequel ils font
tenus .
Ils furent enſuite conduits
dans le rang des Attelages ,
qu'ils n'avoient pas encor vû.
Ce rang eſtoit tout remply de
trés-beauxChevaux. Leurgradeur
& leur épaiffeur les furprirent
tellementqu'ils en mefurerent
quelques-uns, &particulierement
de ceux de l'Attelage
qui ne fert qu'aux Entrées
des Ambaſſadeurs , avec
des Amb . de Siam. 41
un Carroſſe trés-riche , qui
n'eſt deſtiné qu'à ce ſeul uſage.
Le dedans eft d'un velours
cramoiſi , brodé d'or , d'un
trés-beau travail. Le dehors
eſt peint & doré dans tous
les endroits qui peuventfouffrir
la peinture & la dorure.
L'attelage de ce Carroſſe eſt
de douze Chevaux.
Les autres qu'ils meſurerent,
& qu'ils trouverent trésbeaux
& trés-grands , furent
les Chevaux du Corps , qui
font gris & pommelez .
Ils paſſerent de là dans d'autres
rangs, puis ils s'arrêterent
D
42 III. P. du Voyage
à confiderer le Dôme dont je
vous ay déja parlé , & ils le
trouverent auſſi hardy que
beau .
:
Aprés qu'ils eurent paffé
dans tous les rangs d'attelages
, on les mena dans ceux
des montures de Sa Majesté,
où tous les Chevaux estoient
auſſi en bridons & en rubans.
de pareille longueur que
celuy deMonſeigneur,& tient
48 places : la plupart de ces
Chevaux de monture ſont de
France & d'Angleterre.
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Résumé : Description de la Scellerie de Monseigneur le Dauphin, & tout ce qu'elle contient. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs visitèrent la sellerie de Monseigneur, qui comprend cinq grandes armoires. La première armoire centrale contient des lances, des dards, des brides précieuses et d'autres objets des ambassadeurs de Siam. Les armoires adjacentes abritent des housses, des croupes et des chaperons de pistolets ornés. Les armoires supérieures renferment des selles brodées. La quatrième armoire contient des selles à l'anglaise avec leurs housses, et la cinquième des houppes en soie pour les cavalcades. Autour de la sellerie, des poteaux triangulaires supportent les selles des chevaux de Monseigneur, tandis que des poteaux ronds accueillent les brides et des harnais neufs. Une autre sellerie est dédiée aux chevaux de fuite. Les ambassadeurs admirèrent la richesse et l'ordre des équipements. Ils furent ensuite conduits aux attelages, impressionnés par les chevaux de l'attelage des ambassadeurs, attelés à un carrosse richement décoré. Ils admirèrent aussi les chevaux du corps, gris et pommelés, et le dôme, jugé hardi et beau. Enfin, ils virent les montures de Sa Majesté, toutes en bridons et rubans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1423
p. 42-46
Description de la Scellerie du Roy. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent aprés dans la Sellerie du Roy ; elle est grande [...]
Mots clefs :
Sellerie du roi, Housses, Montures, Armoires, Broderie, Équipages, Chevaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description de la Scellerie du Roy. [titre d'après la table]
Ils allerent aprés dans la
Sellerie duRoy ; elle eſtgran
des Amb. de Siam. 43.
de& fort belle,& toute lambriffée
de Menuiferie. Il y a
quantité d'Armoires trésgrandes
qui en occupent toute
une face. Dans celle du
milieu font les Houſſes en
Souliers, qui font trés-belles,
trés-magnifiques , & en tresgrand
nombre. Il y en a
une fort remarquable, & routà-
fait finguliere. Le fonds eft
d'un velours violet , enrichy
d'un travail d'Acier , plus
beau & plus délicat que la
plus belle & plus fine broderie.
Dans les autres Armoires
Dij
44 III. P. du Voyage
font les Houſſes en bottines ,
avec les fourreaux & les cuftodes
de Pistolets extrêmement
riches, & dont le nombre
est fort grand.
Dans une autre font les
Houſſes en broderie, qui fervent
aux Dames lors qu'elles
montent àCheval.
-. La derniere eſt remplie de
Houſſes , de Croupes & d'Equipages
à la Perſane. Le
refte du contour de la Sellerie
eſt garny de Porte-felles
triangulaires, fur leſquels font
les Selles des montures , avec
le nom desChevaux auſquels
des Amb. de Siam . 45
elles ſervent. Les Rateliers
font au deſſous & tout tournez
; ils font remplis d'une
grande quantité de Brides
garnies d'argent& d'or moulu,
qui ſervent aux montures,
fans compter un fort grand
nombre d'autres Brides toûjours
en état de ſervir. Ily a
encore deux autres Selleries,
dont je ne parle point. On y
met tous les Equipages du
reſte des Chevaux qui font
à la petite Ecurie. LesAmbaffadeurs
virent auſſi les montures
de tous les Officiers à
qui leRoy en fournit; lesChe
46 III. P. duVoyage
vaux Perfans, & les Chevaux
découplez, dont on fit méme
fortir quelques-uns ainſi qu'ils
le ſouhaiterent, afin qu'ils les
puſſent mieux voir .
Sellerie duRoy ; elle eſtgran
des Amb. de Siam. 43.
de& fort belle,& toute lambriffée
de Menuiferie. Il y a
quantité d'Armoires trésgrandes
qui en occupent toute
une face. Dans celle du
milieu font les Houſſes en
Souliers, qui font trés-belles,
trés-magnifiques , & en tresgrand
nombre. Il y en a
une fort remarquable, & routà-
fait finguliere. Le fonds eft
d'un velours violet , enrichy
d'un travail d'Acier , plus
beau & plus délicat que la
plus belle & plus fine broderie.
Dans les autres Armoires
Dij
44 III. P. du Voyage
font les Houſſes en bottines ,
avec les fourreaux & les cuftodes
de Pistolets extrêmement
riches, & dont le nombre
est fort grand.
Dans une autre font les
Houſſes en broderie, qui fervent
aux Dames lors qu'elles
montent àCheval.
-. La derniere eſt remplie de
Houſſes , de Croupes & d'Equipages
à la Perſane. Le
refte du contour de la Sellerie
eſt garny de Porte-felles
triangulaires, fur leſquels font
les Selles des montures , avec
le nom desChevaux auſquels
des Amb. de Siam . 45
elles ſervent. Les Rateliers
font au deſſous & tout tournez
; ils font remplis d'une
grande quantité de Brides
garnies d'argent& d'or moulu,
qui ſervent aux montures,
fans compter un fort grand
nombre d'autres Brides toûjours
en état de ſervir. Ily a
encore deux autres Selleries,
dont je ne parle point. On y
met tous les Equipages du
reſte des Chevaux qui font
à la petite Ecurie. LesAmbaffadeurs
virent auſſi les montures
de tous les Officiers à
qui leRoy en fournit; lesChe
46 III. P. duVoyage
vaux Perfans, & les Chevaux
découplez, dont on fit méme
fortir quelques-uns ainſi qu'ils
le ſouhaiterent, afin qu'ils les
puſſent mieux voir .
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Résumé : Description de la Scellerie du Roy. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam ont visité la sellerie du roi, un espace grand et somptueux entièrement lambrissé. Cette sellerie contient plusieurs armoires immenses. La première armoire abrite des housses pour souliers, dont une en velours violet orné de travail d'acier délicat. Les autres armoires contiennent des housses pour bottines, des fourreaux et des étuis à pistolets richement décorés, ainsi que des housses en broderie pour dames montant à cheval. La dernière armoire est remplie de housses, de croupes et d'équipements à la persane. La sellerie est également garnie de porte-felles triangulaires supportant des selles accompagnées des noms des chevaux. En dessous, des rateliers contiennent des brides en argent et or moulu, ainsi que d'autres brides prêtes à l'emploi. Le texte mentionne deux autres selleries où sont entreposés les équipements des autres chevaux de la petite écurie. Les ambassadeurs ont également vu les montures des officiers fournis par le roi, ainsi que des chevaux persans et des chevaux découverts, certains ayant été sortis à leur demande pour une meilleure observation.
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1424
p. 46-48
Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
Début :
On compte plus de six cens Chevaux, dans tous les [...]
Mots clefs :
Petite écurie, Calèches, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
On
compte plus de fix cens Chevaux,
dans tous les lieux qui
forment la petite Ecurie. Le
nombre des Carroſſes , Calefches
& Souflets , & Calefches
nommées Diligentes à cauſe
de leur viteſſe , eſt grand à
proportion , & tout cela eft
fort riche. Il y en a pour
le Roy , pour Monſeigneur ,
pourMonseigneur le Duc de
ourgogne& pour leur fuite.
des Amb. de Siam. 47
Entre lesCaleſches, on envoit
une pour le Roy àtrois bancs,
dans laquelle il y a place pour
ſeize perſonnes. Ily a aufli un
Carroſſe de parade pour Sa
Majesté , d'une magnificence
extraordinaire,toutbrodé dedans
& dehors, dont le train
eſt trés- beau , & les harnois
extrémement riches. Elle
a encore beaucoup d'autres
Carroffes en divers endroits
, & particulierement
dans les Remiſes de Paris & de
Vincennes . Les Ambaſſadeurs
aprés avoir écouté avec attention
tout ce qu'on leur dit
48 III P. du Voyage
ſur la petite Ecurie , & s'eſtre
informez de pluſieurs chofes,
fortirent en admirant toûjours
la grandeur du Roy . Ils
remercierent en fortant Me le
Marquis de Beringhen, de la
peine qu'il s'eſtoit donnée, &
luy firent de grandes honnê .
tetez.
compte plus de fix cens Chevaux,
dans tous les lieux qui
forment la petite Ecurie. Le
nombre des Carroſſes , Calefches
& Souflets , & Calefches
nommées Diligentes à cauſe
de leur viteſſe , eſt grand à
proportion , & tout cela eft
fort riche. Il y en a pour
le Roy , pour Monſeigneur ,
pourMonseigneur le Duc de
ourgogne& pour leur fuite.
des Amb. de Siam. 47
Entre lesCaleſches, on envoit
une pour le Roy àtrois bancs,
dans laquelle il y a place pour
ſeize perſonnes. Ily a aufli un
Carroſſe de parade pour Sa
Majesté , d'une magnificence
extraordinaire,toutbrodé dedans
& dehors, dont le train
eſt trés- beau , & les harnois
extrémement riches. Elle
a encore beaucoup d'autres
Carroffes en divers endroits
, & particulierement
dans les Remiſes de Paris & de
Vincennes . Les Ambaſſadeurs
aprés avoir écouté avec attention
tout ce qu'on leur dit
48 III P. du Voyage
ſur la petite Ecurie , & s'eſtre
informez de pluſieurs chofes,
fortirent en admirant toûjours
la grandeur du Roy . Ils
remercierent en fortant Me le
Marquis de Beringhen, de la
peine qu'il s'eſtoit donnée, &
luy firent de grandes honnê .
tetez.
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Résumé : Autres particularitez concernant la mesme Ecurie. [titre d'après la table]
Le texte présente la petite écurie royale, qui abrite plus de six cents chevaux répartis dans divers lieux. Elle possède également un grand nombre de carrosses, calèches et soufflets, dont des 'diligentes' rapides. Ces véhicules sont destinés au roi, à Monseigneur, au Duc de Bourgogne, à leur suite et aux ambassadeurs de Siam. Parmi les calèches, une est envoyée au roi avec trois bancs, pouvant accueillir seize personnes. Un carrosse de parade pour Sa Majesté est remarquable par sa magnificence et ses ornements brodés, ainsi que par son train et ses harnais extrêmement riches. D'autres carrosses sont dispersés dans les remises de Paris et de Vincennes. Les ambassadeurs, après avoir écouté les explications sur la petite écurie et s'être informés de plusieurs détails, quittèrent les lieux en admirant la grandeur du roi. Ils remercièrent le Marquis de Beringhen pour ses efforts et lui témoignèrent de grandes marques de respect.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1425
p. 48-58
Les Ambassadeurs sont receus à la Grande Ecurie par Mr le Comte de Brionne, avec le détail de tout ce qui regarde cette Ecurie, & les Chevaux qu'on y voit, & qu'on fit monter devant les Ambassadeurs, & tout ce qui s'est fait & dit pendant le temps qu'ils y ont demeuré. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le même jour à la grande Ecurie. Mr le [...]
Mots clefs :
Grande écurie, Henri de Lorraine, Comte de Brionne, Chevaux, Pages, Ambassadeurs, Écuyers, Livrée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont receus à la Grande Ecurie par Mr le Comte de Brionne, avec le détail de tout ce qui regarde cette Ecurie, & les Chevaux qu'on y voit, & qu'on fit monter devant les Ambassadeurs, & tout ce qui s'est fait & dit pendant le temps qu'ils y ont demeuré. [titre d'après la table]
Ils allerent le même jour
à la grande Ecurie. Mle
Comte de Brionne , receu en
furvivance de la Charge de
Grand Ecuyer , que poffede
Me le Comte d'Armagnanc
fon pere, les y reçut. Il eſtoit
accompagné de ſes Ecuyers,
Sousdes
Amb. de Siam. 49
Sous-Ecuyers , Gouverneurs,
des Pages, de pluſieurs autres
Officiers , de so à 60 Pages&
Valets de pieds ; d'un trésgrand
nombre d'autres gens
de Livrée , ſervant aux Carroffes
& aux Chevaux , &
d'autres qui ont diverſes
fonctions dans les Ecuries.
Ils furent d'autant plus furpris
de voir tant de perſonnes
vêtues de Livrée, qu'-
ils en venoient de voir à la
petite Ecurie , un nombre
qui leur avoit paru infiny.
Cependant ils auroient eſté
moins étonnez , s'ils avoient
E
50 III. P. du Voyage
ſçû que plufieurs Voyageurs
ont remarqué &même fait
imprimer dans les Livres de
Voyage qu'ils ont donnez au
Public, qu'il y a peu de Souverains
en Europe , meſme
parmy les plus puiſſans, dont
laMaiſon ſoit composée d'autant
d'Officiers que le Roy
de France a ſeulement de perfonnes
de Livrée à fon fervice.
Les Ambaſſadeurs remarquerent
d'abord la be auté
du Bâtiment, dont ils s'entre
tinrent avec Mr le Comte
deBrionne. Ils firent le tour
des Ecuries , & virent plus de
:
des Amb. de Siam. 51
deux cens Chevaux de Manege,
attachez aux rateliers avec
des bridons à l'Angloiſe . Ces
Chevaux avoient des rubans
comme ceux de la petite Ecu
rie . Parmy ce nombre il y en
avoit beaucoup des Haras du
Roy d'Eſpagne, d'autres d'Italie
, & des Barbes de different
poil , des plus beaux
qu'il y ait au monde , que Sa
Majesté entretient, tant pour
ſa perſonne dans le temps de
Guerre, que pour faire aprendre
à ſes Pages à monter à
Cheval. Ils virent enſuite
cent trés - beaux Coureurs
E ij
52 III . P. du Voyage
Anglois, que leRoy entretient
pour la Chaſſe ; aprés quoy
M le Comte de Brionne
voulut leur donner le plaifir
de faire monter devant eux
quelques Chevaux de Manege.
Comme ce plaiſir devoit
durer longtemps,on fit affeoir
les Ambaſſadeurs. M du Plef
fis , Ecuyer du Roy , qui eſt
un des plus habiles dont on
ait encore ouy parler ; & M
Denos dont la reputation eſt
auffi beaucoup connue, firent
feller enyiron quarante Chevaux
avec de trés- riches Seltes
. Ils en firent monter cinq
des Amb. de Siam. 53
ou fix par des Pages, qui hors
de la prefence de leursMaîtres
auroient pû paſſfer eux-mefmes
pour de grands Maiſtres .
Les Ambaſſadeurs furent furpris
de voir des Chevaux qui
ſemblét n'avoir d'autrevolonté
que celle d'obeir au Cavalier
qui les monte , & de
plaire à ceux devant qui ils
paroiffent. M du Queſmy &
M Marbeuf, Pages du Roy,
y firent remarquer leur adrefſe
; le premier, ſur un Cheval
de galopade , qui ſembloit
n'eſtre fait que pour le
plaiſir & la feureté del'hom-
E iij
54 III. P. du Voyage
me ; & l'autre ſur un desplus
rudes Sauteurs qui ſe voyent.
Ce dernier par ſes fauts redoublez
, & d'une hauteur prodigieuſe
, ne ſurprit pas feulement
l'attente des Ambaſſadeurs,
mais fit paroiftre prefque
impoffible l'art de fe pouvoir
tenir deſſus , & celuy de
l'avoir pû mettre à un air fi
relevé ; de forte que leur êtonnemét
euſt preſque fait croire
qu'ils penſoient que les hõmes
eſtoient colez aux Chevaux.
Enfin ils plaignirent fort ceux
qui montoient les Sauteurs.
Mª de la Chenaye fils d'un
des Amb. de Siam. 55
des Gouverneurs des Pages
du Roy , & Ecolier de Monſieur
du Pleſſis , fit voir par
deux Chevaux de galopade &
de volte qu'il monta ; que ce
n'eſt pas fans raiſon qu'on
donne tant de loüanges à ſa
juſteſſe & à ſa bonne grace,
& qu'il eſt digne Ecolier d'un
fi grandMaiſtre
Les Ambaſſadeurs furent fi
fatisfaits de ce qu'ils virent ,
qu'ils témoignerent qu'ils auroient
beaucoup de joye fi avant
leur départ , ils pouvoient jouïr
encore une fois du mesme plaisir,
dirent à M's les Ecuyers
Eiiij
56 III. P. du Voyage
qu'ils avoient de bons Diſciples,
& qu'on nese pouvoit mieux
divertir qu'ils venoient de faire.
Ils finirent par lesCoureurs
que commande M. de Boifeuil,
ce qui les ſurprit aprés
la quantité deChevaux qu'ils
avoient déja vûs.
On leur montra auſſi la
Sellerie ; je ne vous en dis
rien , parceque je viens de
vous en décrire deux. Vous
pouvez par là vous reprefenter
cette derniere ; elle eft
au Roy , & toutes les chofes
qui appartiennent à ceMonarque
ſont également belles,
des Amb. de Siam. 57
c'est-à-dire ſelon leur nature.
Je ne vous dis rien non plus
des Infirmeries des Chevaux,
que les Ambaſſadeurs virent.
J'adjoûteray feulement qu'eftant
entrez dans la grande
Ecurie ſur les quatre heures
aprés midy, ils n'en fortirent
qu'à la nuit , dans un temps
que les jours eſtoient encore
affez longs. Ils eftoient ravis
de voir l'adreſſe des hommes,
la docilité des Chevaux les
plus fiers ; & par deffus tout
cela ils eftoient charmez des
honnêtetez de Mle Comte
de Brionne , à qui en fortant
58 III . P. du Voyage
ils firent mille honnêtetez &
mille remercimens .
à la grande Ecurie. Mle
Comte de Brionne , receu en
furvivance de la Charge de
Grand Ecuyer , que poffede
Me le Comte d'Armagnanc
fon pere, les y reçut. Il eſtoit
accompagné de ſes Ecuyers,
Sousdes
Amb. de Siam. 49
Sous-Ecuyers , Gouverneurs,
des Pages, de pluſieurs autres
Officiers , de so à 60 Pages&
Valets de pieds ; d'un trésgrand
nombre d'autres gens
de Livrée , ſervant aux Carroffes
& aux Chevaux , &
d'autres qui ont diverſes
fonctions dans les Ecuries.
Ils furent d'autant plus furpris
de voir tant de perſonnes
vêtues de Livrée, qu'-
ils en venoient de voir à la
petite Ecurie , un nombre
qui leur avoit paru infiny.
Cependant ils auroient eſté
moins étonnez , s'ils avoient
E
50 III. P. du Voyage
ſçû que plufieurs Voyageurs
ont remarqué &même fait
imprimer dans les Livres de
Voyage qu'ils ont donnez au
Public, qu'il y a peu de Souverains
en Europe , meſme
parmy les plus puiſſans, dont
laMaiſon ſoit composée d'autant
d'Officiers que le Roy
de France a ſeulement de perfonnes
de Livrée à fon fervice.
Les Ambaſſadeurs remarquerent
d'abord la be auté
du Bâtiment, dont ils s'entre
tinrent avec Mr le Comte
deBrionne. Ils firent le tour
des Ecuries , & virent plus de
:
des Amb. de Siam. 51
deux cens Chevaux de Manege,
attachez aux rateliers avec
des bridons à l'Angloiſe . Ces
Chevaux avoient des rubans
comme ceux de la petite Ecu
rie . Parmy ce nombre il y en
avoit beaucoup des Haras du
Roy d'Eſpagne, d'autres d'Italie
, & des Barbes de different
poil , des plus beaux
qu'il y ait au monde , que Sa
Majesté entretient, tant pour
ſa perſonne dans le temps de
Guerre, que pour faire aprendre
à ſes Pages à monter à
Cheval. Ils virent enſuite
cent trés - beaux Coureurs
E ij
52 III . P. du Voyage
Anglois, que leRoy entretient
pour la Chaſſe ; aprés quoy
M le Comte de Brionne
voulut leur donner le plaifir
de faire monter devant eux
quelques Chevaux de Manege.
Comme ce plaiſir devoit
durer longtemps,on fit affeoir
les Ambaſſadeurs. M du Plef
fis , Ecuyer du Roy , qui eſt
un des plus habiles dont on
ait encore ouy parler ; & M
Denos dont la reputation eſt
auffi beaucoup connue, firent
feller enyiron quarante Chevaux
avec de trés- riches Seltes
. Ils en firent monter cinq
des Amb. de Siam. 53
ou fix par des Pages, qui hors
de la prefence de leursMaîtres
auroient pû paſſfer eux-mefmes
pour de grands Maiſtres .
Les Ambaſſadeurs furent furpris
de voir des Chevaux qui
ſemblét n'avoir d'autrevolonté
que celle d'obeir au Cavalier
qui les monte , & de
plaire à ceux devant qui ils
paroiffent. M du Queſmy &
M Marbeuf, Pages du Roy,
y firent remarquer leur adrefſe
; le premier, ſur un Cheval
de galopade , qui ſembloit
n'eſtre fait que pour le
plaiſir & la feureté del'hom-
E iij
54 III. P. du Voyage
me ; & l'autre ſur un desplus
rudes Sauteurs qui ſe voyent.
Ce dernier par ſes fauts redoublez
, & d'une hauteur prodigieuſe
, ne ſurprit pas feulement
l'attente des Ambaſſadeurs,
mais fit paroiftre prefque
impoffible l'art de fe pouvoir
tenir deſſus , & celuy de
l'avoir pû mettre à un air fi
relevé ; de forte que leur êtonnemét
euſt preſque fait croire
qu'ils penſoient que les hõmes
eſtoient colez aux Chevaux.
Enfin ils plaignirent fort ceux
qui montoient les Sauteurs.
Mª de la Chenaye fils d'un
des Amb. de Siam. 55
des Gouverneurs des Pages
du Roy , & Ecolier de Monſieur
du Pleſſis , fit voir par
deux Chevaux de galopade &
de volte qu'il monta ; que ce
n'eſt pas fans raiſon qu'on
donne tant de loüanges à ſa
juſteſſe & à ſa bonne grace,
& qu'il eſt digne Ecolier d'un
fi grandMaiſtre
Les Ambaſſadeurs furent fi
fatisfaits de ce qu'ils virent ,
qu'ils témoignerent qu'ils auroient
beaucoup de joye fi avant
leur départ , ils pouvoient jouïr
encore une fois du mesme plaisir,
dirent à M's les Ecuyers
Eiiij
56 III. P. du Voyage
qu'ils avoient de bons Diſciples,
& qu'on nese pouvoit mieux
divertir qu'ils venoient de faire.
Ils finirent par lesCoureurs
que commande M. de Boifeuil,
ce qui les ſurprit aprés
la quantité deChevaux qu'ils
avoient déja vûs.
On leur montra auſſi la
Sellerie ; je ne vous en dis
rien , parceque je viens de
vous en décrire deux. Vous
pouvez par là vous reprefenter
cette derniere ; elle eft
au Roy , & toutes les chofes
qui appartiennent à ceMonarque
ſont également belles,
des Amb. de Siam. 57
c'est-à-dire ſelon leur nature.
Je ne vous dis rien non plus
des Infirmeries des Chevaux,
que les Ambaſſadeurs virent.
J'adjoûteray feulement qu'eftant
entrez dans la grande
Ecurie ſur les quatre heures
aprés midy, ils n'en fortirent
qu'à la nuit , dans un temps
que les jours eſtoient encore
affez longs. Ils eftoient ravis
de voir l'adreſſe des hommes,
la docilité des Chevaux les
plus fiers ; & par deffus tout
cela ils eftoient charmez des
honnêtetez de Mle Comte
de Brionne , à qui en fortant
58 III . P. du Voyage
ils firent mille honnêtetez &
mille remercimens .
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Résumé : Les Ambassadeurs sont receus à la Grande Ecurie par Mr le Comte de Brionne, avec le détail de tout ce qui regarde cette Ecurie, & les Chevaux qu'on y voit, & qu'on fit monter devant les Ambassadeurs, & tout ce qui s'est fait & dit pendant le temps qu'ils y ont demeuré. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs du Siam se rendirent à la grande Ecurie, où ils furent accueillis par le comte de Brionne, Grand Ecuyer, entouré de nombreux officiers, pages, valets et autres personnes en livrée. Ils furent impressionnés par le grand nombre de personnes en livrée, ayant déjà observé un nombre important à la petite Ecurie. Ils admirèrent la beauté du bâtiment et visitèrent les écuries, où ils découvrirent plus de deux cents chevaux de manège, provenant notamment des haras du roi d'Espagne, d'Italie et des Barbes. Ils remarquèrent également cent beaux coureurs anglais destinés à la chasse. Le comte de Brionne leur offrit une démonstration de dressage avec des chevaux montés par des écuyers habiles et des pages. Les ambassadeurs furent impressionnés par la docilité des chevaux et l'adresse des cavaliers, en particulier les pages du roi. Ils exprimèrent leur satisfaction et leur désir de revivre cette expérience avant leur départ. Ils admirèrent également la sellerie et les infirmeries des chevaux. Ils quittèrent la grande Ecurie à la nuit, après avoir passé l'après-midi à admirer l'adresse des hommes et la docilité des chevaux, tout en étant charmés par les honnêtetés du comte de Brionne.
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1425
1426
p. 58-59
Les Ambassadeurs vont pour la seconde fois voir la Maison de Monsieur à S. Cloud. [titre d'après la table]
Début :
Le jour qu'ils partirent de Versailles pour retourner à [...]
Mots clefs :
Monsieur, Maison de Saint-Cloud, Appartements, Paris
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs vont pour la seconde fois voir la Maison de Monsieur à S. Cloud. [titre d'après la table]
Le jour qu'ils partirent de
Verſailles pour retourner à
Paris , ils demanderent en
chemin, qu'on les fift paffer par
S. Cloud , afin qu'ils pûffent
voir encore la Maison de Monfieur,
qui leur avoit paru fi bel.
le le jour qu'ils curentAudiance
deMonfieur le Duc de Chartres,
&de Mademoiselle. Comme
ce jeune Prince n'y logeoit
pas alors, il ne s'y trouva aucune
perſonne de marque,
queM Aubert Introducteur
des Ambaſſadeurs auprés de
des Amb de Siam. 59
rerent ,
S. A. R. qni prit le ſoin de
leur faire voir tous les Appartemens
, & de faire jouër
toutes les eaux. Ils les admi
& fur tout la Caſcade
& le grand Jer. Les Appartemens
leur parurent plus
beaux que le premier jour,
&la nuit ſeule les pût arracher
d'un lieu fi delicieux ;
deſorte qu'ils arriverent fort
tard à Paris.
Verſailles pour retourner à
Paris , ils demanderent en
chemin, qu'on les fift paffer par
S. Cloud , afin qu'ils pûffent
voir encore la Maison de Monfieur,
qui leur avoit paru fi bel.
le le jour qu'ils curentAudiance
deMonfieur le Duc de Chartres,
&de Mademoiselle. Comme
ce jeune Prince n'y logeoit
pas alors, il ne s'y trouva aucune
perſonne de marque,
queM Aubert Introducteur
des Ambaſſadeurs auprés de
des Amb de Siam. 59
rerent ,
S. A. R. qni prit le ſoin de
leur faire voir tous les Appartemens
, & de faire jouër
toutes les eaux. Ils les admi
& fur tout la Caſcade
& le grand Jer. Les Appartemens
leur parurent plus
beaux que le premier jour,
&la nuit ſeule les pût arracher
d'un lieu fi delicieux ;
deſorte qu'ils arriverent fort
tard à Paris.
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Résumé : Les Ambassadeurs vont pour la seconde fois voir la Maison de Monsieur à S. Cloud. [titre d'après la table]
Lors d'un voyage de Versailles à Paris, les voyageurs s'arrêtèrent à Saint-Cloud pour revoir la Maison de Monsieur. Ils rencontrèrent Monsieur Aubert, qui leur fit visiter les appartements et les fontaines. Ils quittèrent les lieux tard dans la nuit, arrivant ainsi très tard à Paris.
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1427
p. 59-62
Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils allerent accompagnez des Mandarins, à la Maison [...]
Mots clefs :
Mont-Louis, Jésuites, Pères, Père de La Chaise, Roi, Plaisir, Évêque de Beauvais
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain ils allerent
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
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Résumé : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain, les ambassadeurs de Siam, accompagnés de mandarins, se rendirent à la Maison des Pères Jésuites, appelée Monloüis, située au-delà du bourg Saint-Antoine. Après une promenade, ils furent invités à un dîner somptueux, qu'ils jugèrent d'une magnificence et d'une propreté inégalables. Le Père de La Chaise, confesseur du roi, les accueillit et leur fit visiter les lieux. Un concert de voix et d'instruments anima le repas. Les ambassadeurs admirèrent Paris depuis la hauteur du lieu, appréciant sa beauté et ses aspects mémorables. L'évêque de Beauvais, présent ce jour-là, prit plaisir à converser avec eux. Vers cinq heures du soir, après avoir remercié le Père de La Chaise et les autres Pères pour leur accueil, les ambassadeurs remontèrent en carrosse. Les Pères Jésuites exprimèrent leur désir de faire plaisir aux ambassadeurs pour reconnaître les bonnes dispositions du roi de Siam et de ses ministres envers les missionnaires de leur Compagnie.
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1428
p. 62-63
Ils vont entendre les Orgues à S. Mederic. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs en s'en retournant entrerent dans S. Mederic, [...]
Mots clefs :
Orgues, Saint-Merri, Saint Médéric, Foule, Peuple
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texteReconnaissance textuelle : Ils vont entendre les Orgues à S. Mederic. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs en s'en
retournant entrerent dans S.
Mederic , pour entendre les
Orgues de cette Eglife, qui
ont la reputationd'eſtre auſſi
bonnes que l'Organiſte eft
habile . Elles leur donnerent
des Amb. de Siam. 63
beaucoup de plaifir, mais ils
y en auroient encore pris d'avantage
, fans la foule extraordinaire
de peuple qui s'y
rencontra .
retournant entrerent dans S.
Mederic , pour entendre les
Orgues de cette Eglife, qui
ont la reputationd'eſtre auſſi
bonnes que l'Organiſte eft
habile . Elles leur donnerent
des Amb. de Siam. 63
beaucoup de plaifir, mais ils
y en auroient encore pris d'avantage
, fans la foule extraordinaire
de peuple qui s'y
rencontra .
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1429
p. 63-64
Ce qui s'est passé au retour de Monloüis. [titre d'après la table]
Début :
Lorsqu'ils furent retournez à leur Hostel, ils trouverent la [...]
Mots clefs :
Personnes de qualité, Premier ambassadeur
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé au retour de Monloüis. [titre d'après la table]
Lorſqu'ils furent retour
nez à leur Hoſtel , ils trouverent
la Salle où ils mangent
remplie d'un trés-grand nom
bre de perſonnes de qualité.
On ſervit le Soupé une heure
aprés ; mais ils avoient fait
un trop grand repas à Monloüis
, pour en pouvoir faire
un ſecond dans la meſme
journée. Cependant le premier
Ambaſſadeur , auffi ga
64 III. P. du Voyage
lant qu'honneſte, dit qu'il fal
loitſe mettre à table, afin de ne
pas renvoyer une fi belle Compagnie
qui leur avoit fait l'honneur
de venir exprés pour les
voir. Il vint donc fouper à
l'ordinaire , mais on connut
bien que c'eſtoit par complaiſance
, puiſqu'il ne mangea
point.
nez à leur Hoſtel , ils trouverent
la Salle où ils mangent
remplie d'un trés-grand nom
bre de perſonnes de qualité.
On ſervit le Soupé une heure
aprés ; mais ils avoient fait
un trop grand repas à Monloüis
, pour en pouvoir faire
un ſecond dans la meſme
journée. Cependant le premier
Ambaſſadeur , auffi ga
64 III. P. du Voyage
lant qu'honneſte, dit qu'il fal
loitſe mettre à table, afin de ne
pas renvoyer une fi belle Compagnie
qui leur avoit fait l'honneur
de venir exprés pour les
voir. Il vint donc fouper à
l'ordinaire , mais on connut
bien que c'eſtoit par complaiſance
, puiſqu'il ne mangea
point.
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Résumé : Ce qui s'est passé au retour de Monloüis. [titre d'après la table]
À leur retour à l'auberge, ils trouvèrent la salle à manger remplie de personnes de qualité. Après un repas copieux à Monloüis, ils ne pouvaient en faire un second. L'ambassadeur, par politesse, participa au souper sans manger.
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1430
p. 64-68
Audience donnée aux Ambassadeurs par Madame la Princesse de Carignan. [titre d'après la table]
Début :
Comme ils avoient esté aux Audiances des Princes & Princesses [...]
Mots clefs :
Audience, Ambassadeurs, Princes, Princesses, Louise-Christine de Savoie-Carignan, Écuyer, Gentilshommes, Mesdemoiselles de Soissons
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texteReconnaissance textuelle : Audience donnée aux Ambassadeurs par Madame la Princesse de Carignan. [titre d'après la table]
Comme ils avoient eſté
aux Audiances des Princes &
Princeſſes du Sang , ſuivant
le rang que leur donne la
naiſlance , ils n'avoient encore
pû aller chez Madame
laPrinceſſe deCarignan, pardes
Amb . de Siam. 65
ceque ce n'eſtoit qu'à leur ſecond
Voyage de Verſailles
qu'ils avoient eu Audiance de
Madame la Dauphine & des
autres Princes & Princeſſes ,
dont je vous ay parlé. Ils allerent
chez Madame de Carignan
avec leurs Bonnets de
Ceremonie, qui font les marques
de leur dignité. Mª de
Bonneuil Introducteur des
Ambaſſadeurs, & M Girault
les y conduiſirent. Ils furent
receus à la deſcente de leur
Carroſſe par l'Ecuyer de cette
Princeffe,accompagné de pluſieurs
Gentilhommes, & aprés
F
66 III . P. du Voyage
les complimens qui ſe font
ordinairementdepart&d'autre,
en de pareilles occafions,
ceux qui les avoient receus
monterent avec eux. On leur
fit traverſer pluſieurs Salles
remplies de monde , & ils
trouverent à la porte de la
chambre de Madame de Carignan
Meſdamoiſelles de
Soiffons qui les receurent &
les conduiſirent juſqu'à la
ruelle du Lit de cette Princeſſe.
Les Ambaſſadeurs aprés
les trois reverences qu'ils ont
accoûtumé de faire , & dont
je vous ay ſouvent parlé, s'é
des Amb. de Siam. 67
tant affis vis-à-vis de Madame
de Carignan , qui estoit
fur fon Lit , le premier Ambaſſadeur
luy fit un compliment
dans lequel il marqua
l'ordre qu'il avoit de voir tous
les Princes & Princeſſes de fon
rang , & le plaisir qu'il avoit à
l'executer. Cette Princeffe
ayant répondu à ce compli
ment , leur parla de la longueur
de leur Voyage , & de
quelques endroits de Paris, &
aprés une converſation d'un
demy quart-d'heure , ils fortirent
, & furent encore accompagnez
juſques hors la
Fij
68 III. P. duVoyage
porte de la chambre , par
Meſdemoiselles de Soiffons ;
en cet endroit les Ambaſladeurs
leur firent un compliment
pour les remercier. Elles
rentrerent , & les Ambaſſadeurs
pourſuivirent leur chemin
, toûjours accompagnez
de l'Ecuyer& des Gentilhommes
qui les avoient reçûs , &
qui les reconduifirent juſqu'à
leur Carroffe, où les Ambaſſadeurs
les remercierent.
aux Audiances des Princes &
Princeſſes du Sang , ſuivant
le rang que leur donne la
naiſlance , ils n'avoient encore
pû aller chez Madame
laPrinceſſe deCarignan, pardes
Amb . de Siam. 65
ceque ce n'eſtoit qu'à leur ſecond
Voyage de Verſailles
qu'ils avoient eu Audiance de
Madame la Dauphine & des
autres Princes & Princeſſes ,
dont je vous ay parlé. Ils allerent
chez Madame de Carignan
avec leurs Bonnets de
Ceremonie, qui font les marques
de leur dignité. Mª de
Bonneuil Introducteur des
Ambaſſadeurs, & M Girault
les y conduiſirent. Ils furent
receus à la deſcente de leur
Carroſſe par l'Ecuyer de cette
Princeffe,accompagné de pluſieurs
Gentilhommes, & aprés
F
66 III . P. du Voyage
les complimens qui ſe font
ordinairementdepart&d'autre,
en de pareilles occafions,
ceux qui les avoient receus
monterent avec eux. On leur
fit traverſer pluſieurs Salles
remplies de monde , & ils
trouverent à la porte de la
chambre de Madame de Carignan
Meſdamoiſelles de
Soiffons qui les receurent &
les conduiſirent juſqu'à la
ruelle du Lit de cette Princeſſe.
Les Ambaſſadeurs aprés
les trois reverences qu'ils ont
accoûtumé de faire , & dont
je vous ay ſouvent parlé, s'é
des Amb. de Siam. 67
tant affis vis-à-vis de Madame
de Carignan , qui estoit
fur fon Lit , le premier Ambaſſadeur
luy fit un compliment
dans lequel il marqua
l'ordre qu'il avoit de voir tous
les Princes & Princeſſes de fon
rang , & le plaisir qu'il avoit à
l'executer. Cette Princeffe
ayant répondu à ce compli
ment , leur parla de la longueur
de leur Voyage , & de
quelques endroits de Paris, &
aprés une converſation d'un
demy quart-d'heure , ils fortirent
, & furent encore accompagnez
juſques hors la
Fij
68 III. P. duVoyage
porte de la chambre , par
Meſdemoiselles de Soiffons ;
en cet endroit les Ambaſladeurs
leur firent un compliment
pour les remercier. Elles
rentrerent , & les Ambaſſadeurs
pourſuivirent leur chemin
, toûjours accompagnez
de l'Ecuyer& des Gentilhommes
qui les avoient reçûs , &
qui les reconduifirent juſqu'à
leur Carroffe, où les Ambaſſadeurs
les remercierent.
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Résumé : Audience donnée aux Ambassadeurs par Madame la Princesse de Carignan. [titre d'après la table]
Lors de leur second voyage à Versailles, les ambassadeurs de Siam furent reçus par Madame la Princesse de Carignan. Ils portaient leurs bonnets de cérémonie et furent introduits par Madame de Bonneuil et Monsieur Girault. À leur arrivée, ils furent accueillis par l'écuyer de la princesse et plusieurs gentilshommes. Après les compliments d'usage, ils traversèrent des salles remplies de monde, guidés par Mesdemoiselles de Soiffons, jusqu'à la ruelle du lit de la princesse. Ils effectuèrent les trois révérences habituelles et s'assirent face à la princesse. Le premier ambassadeur lui adressa un compliment, exprimant l'ordre qu'il avait de rencontrer les princes et princesses de son rang. La princesse répondit en parlant de la longueur de leur voyage et de certains endroits de Paris. Après une conversation d'un demi-quart d'heure, les ambassadeurs prirent congé et furent reconduits jusqu'à la porte de la chambre par Mesdemoiselles de Soiffons. Ils remercièrent ces demoiselles avant de poursuivre leur chemin, accompagnés par l'écuyer et les gentilshommes, jusqu'à leur carrosse.
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1431
p. 68-70
Visite & conversation de Me de Sully. [titre d'après la table]
Début :
Pendant le séjour qu'ils ont fait à Paris, depuis leur retour [...]
Mots clefs :
Duchesse de Sully, Paris, Premier ambassadeur, Conversation, Hôtel de Sully
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texteReconnaissance textuelle : Visite & conversation de Me de Sully. [titre d'après la table]
Pendant le féjour qu'ils ont
fait à Paris, depuis leur retour
de Verſailles juſqu'à leur dé
partpour Flandres, ils ont re
des Amb. de Siam. 69
çûplaſieurs viſites des perfonnes
de la premiere qualité, &
entr'autres de Madame la Duchefſe
du Sully , qui leur dit ,
qu'elle avoit oüy dire tant de
bien d'eux, que quand elle devroit
leur estre incommode, elle ne pouvoit
s'empeſcher d'avoir l'hon
neur de les voir. Le premier
Ambaſſadeur répondit , que
lesſeules bontezqu'on avoit pour
eux, leur attiroient cet honneur.
Enſuite on lia une converſation
affez longue ſur ce qui
regarde la France, & particulierement
Paris ; & le premier
Ambaſſadeur marqua , qu'il
70 III . P. du Voyage
ſeſouvenoit d'avoir vù le jour
de ſon Entrée l'Hostel de Sully
dans la rüe S. Antoine. La converſation
fut longue, & il eft
aisé de s'imaginer qu'elle ne
pouvoit languir entre des perfonnes
d'efprit. Les Ambaffadeurs
ont fait voir depuis
qu'ils font en France , qu'ils
en ont beaucoup , & il y a
longtemps que celuy deMadame
deSully eft connu.
fait à Paris, depuis leur retour
de Verſailles juſqu'à leur dé
partpour Flandres, ils ont re
des Amb. de Siam. 69
çûplaſieurs viſites des perfonnes
de la premiere qualité, &
entr'autres de Madame la Duchefſe
du Sully , qui leur dit ,
qu'elle avoit oüy dire tant de
bien d'eux, que quand elle devroit
leur estre incommode, elle ne pouvoit
s'empeſcher d'avoir l'hon
neur de les voir. Le premier
Ambaſſadeur répondit , que
lesſeules bontezqu'on avoit pour
eux, leur attiroient cet honneur.
Enſuite on lia une converſation
affez longue ſur ce qui
regarde la France, & particulierement
Paris ; & le premier
Ambaſſadeur marqua , qu'il
70 III . P. du Voyage
ſeſouvenoit d'avoir vù le jour
de ſon Entrée l'Hostel de Sully
dans la rüe S. Antoine. La converſation
fut longue, & il eft
aisé de s'imaginer qu'elle ne
pouvoit languir entre des perfonnes
d'efprit. Les Ambaffadeurs
ont fait voir depuis
qu'ils font en France , qu'ils
en ont beaucoup , & il y a
longtemps que celuy deMadame
deSully eft connu.
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Résumé : Visite & conversation de Me de Sully. [titre d'après la table]
Pendant leur séjour à Paris, après leur retour de Versailles et avant leur départ pour la Flandre, les ambassadeurs de Siam ont reçu plusieurs visites de personnalités influentes, dont Madame la Duchesse du Sully. Cette dernière a exprimé son admiration pour les ambassadeurs, déclarant qu'elle avait entendu beaucoup de bien à leur sujet et souhaitait les rencontrer malgré l'inconfort que cela pourrait lui causer. L'ambassadeur principal a répondu que seules les bontés qu'on leur témoignait leur valaient cet honneur. La conversation a porté sur la France et particulièrement sur Paris. L'ambassadeur a mentionné avoir vu l'Hôtel de Sully lors de son entrée dans la rue Saint-Antoine. La discussion a été longue et animée, reflétant l'esprit des personnes présentes. Les ambassadeurs ont démontré leur intelligence et leur esprit durant leur séjour en France, et la visite de Madame de Sully est bien connue depuis longtemps.
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1432
p. 70-72
Honnesteté du premier Ambassadeur pour Me la Maréchale de Crequy. [titre d'après la table]
Début :
La trop grande foule de Peuple qui venoit à tous les [...]
Mots clefs :
Premier ambassadeur, Madame la Maréchale de Créquy, Marquise de Créquy, Madame de Lavardin, Henri-Charles de Beaumanoir, Louise-Anne de Noailles, Foule, Peuple
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texteReconnaissance textuelle : Honnesteté du premier Ambassadeur pour Me la Maréchale de Crequy. [titre d'après la table]
La trop grande foule de
Peuple qui venoit à tous les
repas pour les voir dîner ,
ayant eſté cauſe que l'on ordonnoit
de temps en temps,
:
des Amb. de Siam. 71
qu'on ne laiſſaſt entrerperfonne
afin qu'ils puſſent prendre
unpeu de repos , un ſoir qu'-
on avoit donné cét ordre, on
leurdit queMe laMaréchale,
Me laMarquise de Crequy, avec
lesquelles estoitMe de Lavardin,
demandoient à les voir fouper.
Ils connoiffoient déja Mede
Lavardin, parcequeM de Lavardin
eſt Lieutenant deRoy
de Bretagne où ils avoient
paffé , & qu'ils avoient de
grands ſujets de ſe loüer de
ce Marquis. On leur expliqua
aufli le rang de Mela
Maréchale & de Me la Mar
72 III. P. du Voyage
quiſe de Crequy , & ils dirent,
que les ordres n'estoient pointfaits
pour elles, &que laFemme d'un
homme qui entroit enConquerant
dans les plus fortes Places , devoit
avoir la liberté d'entrerpar
tour. Comme la foule n'incommoda
point pendant le
Loup
ouper , la converſation fut
fort agreable.
Peuple qui venoit à tous les
repas pour les voir dîner ,
ayant eſté cauſe que l'on ordonnoit
de temps en temps,
:
des Amb. de Siam. 71
qu'on ne laiſſaſt entrerperfonne
afin qu'ils puſſent prendre
unpeu de repos , un ſoir qu'-
on avoit donné cét ordre, on
leurdit queMe laMaréchale,
Me laMarquise de Crequy, avec
lesquelles estoitMe de Lavardin,
demandoient à les voir fouper.
Ils connoiffoient déja Mede
Lavardin, parcequeM de Lavardin
eſt Lieutenant deRoy
de Bretagne où ils avoient
paffé , & qu'ils avoient de
grands ſujets de ſe loüer de
ce Marquis. On leur expliqua
aufli le rang de Mela
Maréchale & de Me la Mar
72 III. P. du Voyage
quiſe de Crequy , & ils dirent,
que les ordres n'estoient pointfaits
pour elles, &que laFemme d'un
homme qui entroit enConquerant
dans les plus fortes Places , devoit
avoir la liberté d'entrerpar
tour. Comme la foule n'incommoda
point pendant le
Loup
ouper , la converſation fut
fort agreable.
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Résumé : Honnesteté du premier Ambassadeur pour Me la Maréchale de Crequy. [titre d'après la table]
Une foule perturbait les ambassadeurs de Siam lors des repas. Des ordres interdisaient l'entrée, mais la Maréchale et la Marquise de Crequy, accompagnées de Madame de Lavardin, furent reçues. Les ambassadeurs connaissaient Madame de Lavardin pour ses mérites en Bretagne. La conversation se déroula sans encombre.
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1433
p. 72-74
Visite renduë par Mr le Duc de la Feüillade. [titre d'après la table]
Début :
La Cour estant alors sur le point de partir pour Fontainebleau, [...]
Mots clefs :
Duc de La Feuillade, François III d'Aubusson, Partir, Recevoir
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texteReconnaissance textuelle : Visite renduë par Mr le Duc de la Feüillade. [titre d'après la table]
La Cour eſtant alors fur le
point de partir pour Fontainebleau,
M le Duc de la Feuillade
vint rendre viſite aux Ambaffadeurs.
Il leur dit , qu'il
n'avoit pas voulu partir fans
prendre congé d'eux , & les remercia
des Amb. de Siam, 73
mercia dela maniere dont ils
avoient receu fon fils & fa
fille, lors qu'ils estoient venus
les voir. Il y eut de grandes
honnêtetez de part & d'autres
, & leur converſation fut
pleine de reparties vives.
Ceux qui connoiffent le premier
Ambaſſadeur & M de
laFeüillade, peuvent aiſement
ſe l'imaginer. Comme ceDuc
les avoit eſté recevoir de la
part du Roy le jour de leur
Entrée , qu'il les avoit accompagnez
, & conduits à
l'Audiance de ſa Majesté, ils
voulurent le diftinguer en
G
74 III. P. du Voyage
le reconduifant juſqu'au bas
dudégré. Il refufa autant qu'il
luy fut poffible de recevoir
cét honneur , & s'arreſta jufqu'à
quatre fois,pour marquer
qu'ils ne devoient pas aller
plus avant ; mais leur civilité
L'emporta ſur la priere qu'il
leur fit de ne pas defcendre.
point de partir pour Fontainebleau,
M le Duc de la Feuillade
vint rendre viſite aux Ambaffadeurs.
Il leur dit , qu'il
n'avoit pas voulu partir fans
prendre congé d'eux , & les remercia
des Amb. de Siam, 73
mercia dela maniere dont ils
avoient receu fon fils & fa
fille, lors qu'ils estoient venus
les voir. Il y eut de grandes
honnêtetez de part & d'autres
, & leur converſation fut
pleine de reparties vives.
Ceux qui connoiffent le premier
Ambaſſadeur & M de
laFeüillade, peuvent aiſement
ſe l'imaginer. Comme ceDuc
les avoit eſté recevoir de la
part du Roy le jour de leur
Entrée , qu'il les avoit accompagnez
, & conduits à
l'Audiance de ſa Majesté, ils
voulurent le diftinguer en
G
74 III. P. du Voyage
le reconduifant juſqu'au bas
dudégré. Il refufa autant qu'il
luy fut poffible de recevoir
cét honneur , & s'arreſta jufqu'à
quatre fois,pour marquer
qu'ils ne devoient pas aller
plus avant ; mais leur civilité
L'emporta ſur la priere qu'il
leur fit de ne pas defcendre.
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Résumé : Visite renduë par Mr le Duc de la Feüillade. [titre d'après la table]
La Cour se préparait à partir pour Fontainebleau lorsque le Duc de la Feuillade rendit visite aux ambassadeurs de Siam. Il les remercia pour l'accueil réservé à son fils et à sa fille lors de leur précédente visite. La rencontre fut marquée par des échanges courtois et des reparties vives, illustrant la vivacité des deux interlocuteurs. Le Duc de la Feuillade avait accueilli les ambassadeurs au nom du roi lors de leur entrée et les avait accompagnés à l'audience royale. En signe de reconnaissance, les ambassadeurs souhaitèrent le reconduire jusqu'au bas des marches. Le Duc refusa poliment cet honneur à plusieurs reprises, mais la civilité des ambassadeurs prévalut sur ses protestations.
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1434
p. 74-76
Autres visites. [titre d'après la table]
Début :
Mr Aubert, Introducteur des Ambassadeurs auprés de Monsieur, qu'ils [...]
Mots clefs :
Monsieur Aubert, Visites, Estomac, Oiseaux, Nids, Fortifier
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texteReconnaissance textuelle : Autres visites. [titre d'après la table]
M Aubert , Introducteur
des Ambaſſadeurs auprés de
Monfieur , qu'ils avoient invité
à venir dîner avec eux ,
lors qu'ils pafferent àS. Cloud,
eſtant venu leur rendre viſite,
ils ne cefferent point de parler
de ce Prince & de ſes
desAmb. de Siam. 75
manieres obligeantes. Ils dirent
qu'ils avoient apporté
quantité de choſes de leur Pays,
qui par beaucoup d'experiences
avoient eſté reconnües fort propres
à conferver la fanté,&fur tout
'à fortifier l'estomach , &qu'ils
en offriroient àfon AlreſſeRoyale
, s'ils ofoient prendre cette
liberté, non pas à cause de lava
leur de ces chofes , mais à caufe
de leur utilité.
Parmy ce qu'ils ont apporté
il y a des Nids d'Oiseaux qui
ne font formez que de filets
de Poiffon ; que les Oiseaux
en tirent dans le temps qu'ils
Gij
76 III. P. du Voyage
veulent faire leurs Nids ; ils
pretendent que rien n'eſt
meilleur que ces Nids pour
fortifier l'eſtomach.
des Ambaſſadeurs auprés de
Monfieur , qu'ils avoient invité
à venir dîner avec eux ,
lors qu'ils pafferent àS. Cloud,
eſtant venu leur rendre viſite,
ils ne cefferent point de parler
de ce Prince & de ſes
desAmb. de Siam. 75
manieres obligeantes. Ils dirent
qu'ils avoient apporté
quantité de choſes de leur Pays,
qui par beaucoup d'experiences
avoient eſté reconnües fort propres
à conferver la fanté,&fur tout
'à fortifier l'estomach , &qu'ils
en offriroient àfon AlreſſeRoyale
, s'ils ofoient prendre cette
liberté, non pas à cause de lava
leur de ces chofes , mais à caufe
de leur utilité.
Parmy ce qu'ils ont apporté
il y a des Nids d'Oiseaux qui
ne font formez que de filets
de Poiffon ; que les Oiseaux
en tirent dans le temps qu'ils
Gij
76 III. P. du Voyage
veulent faire leurs Nids ; ils
pretendent que rien n'eſt
meilleur que ces Nids pour
fortifier l'eſtomach.
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Résumé : Autres visites. [titre d'après la table]
M. Aubert, introducteur des ambassadeurs, a été invité à dîner par ces derniers à Saint-Cloud. Les ambassadeurs ont loué les manières du prince et proposé d'offrir à Sa Majesté Royale des articles bénéfiques pour la santé, notamment des nids d'oiseaux formés de filets de poisson, reconnus pour fortifier l'estomac.
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1435
p. 76-85
Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Comme rien n'égale la curiosité de ces Ambassadeurs, ils [...]
Mots clefs :
Louis Hubin, Pesanteur de l'air, Mercure, Verre, Eau, Tuyau, Air grossier, Récipient, Expériences, Cylindre, Machine, Violence
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texteReconnaissance textuelle : Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Comme rien n'égale la
curioſité de cesAmbafladeurs,
ils voulurent voir les experiences
de la peſanteur de l'air
pour lesquellesM. Hubin , Emailleur
du Roy, a beaucoup
de reputation. Il ſe rendit
pour cet effet à l'Hôtel des
Ambaſſadeurs, où il fit apporter
toutes les chofes neceffaires
pour faire ces fortes d'experiences.
Il commença par le
Seyphon ordinaire , puis par
in
4
4
desAmb. de Siam. 77
le Seyphoncomposé deM¹ de
Comiers , où la ſeule peſanteur
de l'air éleve continuellement
un jet d'Eau dans un
Cylindre de verre de pluſieurs
pieds de hauteur. Ils examinerent
longtemps cette Machine
, & firent paroiſtre que
c'eſtoit avec plaifir .
Mr Hubin leur expliqua
enfuite pourquoy ayant mis
du Duvet dans deux Cylindres
de verre, il tomboit précipitamment
dans celuy duquel
il avoit épuisé l'air groffier.
Il leur dit , que fi en fecoüant
ce Cylindre l'Eau venoit
Giij
78 III. P. du Voyage
àfraper contre l'autre bout du
Cylindre , qui est en piramide à
l'endroit où il a estéſcelléhermetiquement,
la pointe du Cylindrefe
cafferoit ; ce que le premierAmbaſſadeur
ayant fouhaité
de voir , Mª Hubin en
fit auffi-tôt l'experience.
Il leur montra encore qu
une larme de verre ſolide, de
la groffeur d'une Olive, fouffroit
des coups de marteau.
Cette experience les ſurprit ;
cependant le premier Ambaffadeur
fit briſer avec un
grand éclat cette larme de
verre en la preſſant fur fon
des Amb de Siam. 79
poing ; & ce qui l'étonna
encore d'avantage, fut de voir
qu'en frottant avec le pouce
de l'autre main, comme pour
écrafer ces milions de petites
parties de verre , il n'en fen
tit aucune pointe.
Ils virent enſuite troisTuyaux
de differentes longueurs
pleins de Mercure , lesquels
eſtant élevez à plomb , le
bout fermé en haut, & ayant
leurs bouches ouvertes &
plongées dans le Mercure ſtagnant,
dans unBaffin de terre
, s'y vuiderent tous trois
juſqu'àla hauteur de 28 pou-
Giiij
80 III. P. du Voyage
ces ou environ, où cette hauteur
du Mercure eſtoit ſoûtenuë
par la peſanteur de l'air
externe, incubant lur leMercure
du Vaſe. Ils virent avec
admiration , qu'en penchant
les Tuyaux le Mercure y remontoit
juſqu'à la hauteur
perpendiculaire d'environ 28
pouces, &ils furent fortfurpris,
qu'en tirant unTuyau
hors du Mercure ſtagnant ,
l'air qui y fut introduit par
la pefanteur , pouffa avec
violence tout le Mercure
qui estoit contenu dans le
Tuyau , & alla fraper avec
des Amb. de Siam. 81
bruit le fond ſuperieur du
meſme Tuyau.
Ils admirerent aprés cela la
Machine du vuide dans le
vuide, où par un ſeul trou
d'épingle , fait à la veſſie qui
bouche l'orifice ſuperieur,un
tuyau plein de Mercure ſe
vuide, & le Mercure monte
en meſme temps avec violence
dans le tuyau interne
de verre, qui estoit vuide de
l'air groffier.
Ils prirent plaiſir à voir
uneBoule de marbre, qui demeura
ſuſpendue dans l'eau
parlaſeulepeſanteurde l'eau,
82 III. P. du Voyage
quoyqu'elle y fuſt plongée
affez avant.
Mr Hubin prit enſuite ſa
Machine appelée communément
du vuide , par laquelle
ayant pompé l'air groffier du
Recipient de verre, il fit voir
que le tuyau plein de Mercure,
qui estoit unBarometre
mis à plomb dans le Recipient,
ſe vuidoit, n'eſtant plus
foûtenu par la peſanteur de
l'air ; & qu'au contraire l'eau
contenüe dans une bouteille,
dans le col de laquelle estoit
cimenté un petit tuyau à
pluſieurs troux lateraux , en
des Amb. de Siam. 83
fortoit en pluſieurs jets, parce
que la peſanteur de l'air externe
n'y eftant plus, les parties
de l'air contenues dans
cette eau , agiffant par leur
vertu élastique ou refforts, la
poufſoit au dehors avec violence.
Par la meſme raiſon
l'Eſprit de vin qui estoit dans
un godet , s'enfloit & boüilloit
de meſme que s'il y avoit
eu un grand feu deſſous,
parceque les parties d'air conrenües
dans l'Eſprit de vin,
n'eſtant plus preffées par la
peſanteur de l'autre air faifant
reffort, jettent & écar
84 III. P. du Voyage
tent ce qu'ils ont au deſſus ;
& par la mefme raifon , une
veflie bien liée , & dans laquelle
on a laiſſe environ la
groſſeur d'un oeuf d'air commun,
éleva un poids de vingt
livres, en s'enflant par les refforts
de l'air inclus, à meſure
qu'on pompoit l'air groffier
du Recipient. Enfin M'Hubin
mit un Chat dans ſon
Recipient de verre, & à mefure
qu'il en pompoit l'air
groffier, le Chat s'enfloit, &
ouvrant la gueule, il eſtoit
preſt d'expirer , mais l'Ambaſſadeur
luy ſauva lavie.
des Amb. de Siam. 85
Le Pere Tachart ", Jeſuite ,
qui eſt de retour de Siam avec
deux autres Peres du nombre
de ceux qui doivent faire ce
Voyage , furent prefens à ces
experiences, & donnerent de
grandes loüanges àM Hubin
qui en receut auffi des Ambaſfadeurs,
accompagnées de
beaucoup d'honneſtetez .
curioſité de cesAmbafladeurs,
ils voulurent voir les experiences
de la peſanteur de l'air
pour lesquellesM. Hubin , Emailleur
du Roy, a beaucoup
de reputation. Il ſe rendit
pour cet effet à l'Hôtel des
Ambaſſadeurs, où il fit apporter
toutes les chofes neceffaires
pour faire ces fortes d'experiences.
Il commença par le
Seyphon ordinaire , puis par
in
4
4
desAmb. de Siam. 77
le Seyphoncomposé deM¹ de
Comiers , où la ſeule peſanteur
de l'air éleve continuellement
un jet d'Eau dans un
Cylindre de verre de pluſieurs
pieds de hauteur. Ils examinerent
longtemps cette Machine
, & firent paroiſtre que
c'eſtoit avec plaifir .
Mr Hubin leur expliqua
enfuite pourquoy ayant mis
du Duvet dans deux Cylindres
de verre, il tomboit précipitamment
dans celuy duquel
il avoit épuisé l'air groffier.
Il leur dit , que fi en fecoüant
ce Cylindre l'Eau venoit
Giij
78 III. P. du Voyage
àfraper contre l'autre bout du
Cylindre , qui est en piramide à
l'endroit où il a estéſcelléhermetiquement,
la pointe du Cylindrefe
cafferoit ; ce que le premierAmbaſſadeur
ayant fouhaité
de voir , Mª Hubin en
fit auffi-tôt l'experience.
Il leur montra encore qu
une larme de verre ſolide, de
la groffeur d'une Olive, fouffroit
des coups de marteau.
Cette experience les ſurprit ;
cependant le premier Ambaffadeur
fit briſer avec un
grand éclat cette larme de
verre en la preſſant fur fon
des Amb de Siam. 79
poing ; & ce qui l'étonna
encore d'avantage, fut de voir
qu'en frottant avec le pouce
de l'autre main, comme pour
écrafer ces milions de petites
parties de verre , il n'en fen
tit aucune pointe.
Ils virent enſuite troisTuyaux
de differentes longueurs
pleins de Mercure , lesquels
eſtant élevez à plomb , le
bout fermé en haut, & ayant
leurs bouches ouvertes &
plongées dans le Mercure ſtagnant,
dans unBaffin de terre
, s'y vuiderent tous trois
juſqu'àla hauteur de 28 pou-
Giiij
80 III. P. du Voyage
ces ou environ, où cette hauteur
du Mercure eſtoit ſoûtenuë
par la peſanteur de l'air
externe, incubant lur leMercure
du Vaſe. Ils virent avec
admiration , qu'en penchant
les Tuyaux le Mercure y remontoit
juſqu'à la hauteur
perpendiculaire d'environ 28
pouces, &ils furent fortfurpris,
qu'en tirant unTuyau
hors du Mercure ſtagnant ,
l'air qui y fut introduit par
la pefanteur , pouffa avec
violence tout le Mercure
qui estoit contenu dans le
Tuyau , & alla fraper avec
des Amb. de Siam. 81
bruit le fond ſuperieur du
meſme Tuyau.
Ils admirerent aprés cela la
Machine du vuide dans le
vuide, où par un ſeul trou
d'épingle , fait à la veſſie qui
bouche l'orifice ſuperieur,un
tuyau plein de Mercure ſe
vuide, & le Mercure monte
en meſme temps avec violence
dans le tuyau interne
de verre, qui estoit vuide de
l'air groffier.
Ils prirent plaiſir à voir
uneBoule de marbre, qui demeura
ſuſpendue dans l'eau
parlaſeulepeſanteurde l'eau,
82 III. P. du Voyage
quoyqu'elle y fuſt plongée
affez avant.
Mr Hubin prit enſuite ſa
Machine appelée communément
du vuide , par laquelle
ayant pompé l'air groffier du
Recipient de verre, il fit voir
que le tuyau plein de Mercure,
qui estoit unBarometre
mis à plomb dans le Recipient,
ſe vuidoit, n'eſtant plus
foûtenu par la peſanteur de
l'air ; & qu'au contraire l'eau
contenüe dans une bouteille,
dans le col de laquelle estoit
cimenté un petit tuyau à
pluſieurs troux lateraux , en
des Amb. de Siam. 83
fortoit en pluſieurs jets, parce
que la peſanteur de l'air externe
n'y eftant plus, les parties
de l'air contenues dans
cette eau , agiffant par leur
vertu élastique ou refforts, la
poufſoit au dehors avec violence.
Par la meſme raiſon
l'Eſprit de vin qui estoit dans
un godet , s'enfloit & boüilloit
de meſme que s'il y avoit
eu un grand feu deſſous,
parceque les parties d'air conrenües
dans l'Eſprit de vin,
n'eſtant plus preffées par la
peſanteur de l'autre air faifant
reffort, jettent & écar
84 III. P. du Voyage
tent ce qu'ils ont au deſſus ;
& par la mefme raifon , une
veflie bien liée , & dans laquelle
on a laiſſe environ la
groſſeur d'un oeuf d'air commun,
éleva un poids de vingt
livres, en s'enflant par les refforts
de l'air inclus, à meſure
qu'on pompoit l'air groffier
du Recipient. Enfin M'Hubin
mit un Chat dans ſon
Recipient de verre, & à mefure
qu'il en pompoit l'air
groffier, le Chat s'enfloit, &
ouvrant la gueule, il eſtoit
preſt d'expirer , mais l'Ambaſſadeur
luy ſauva lavie.
des Amb. de Siam. 85
Le Pere Tachart ", Jeſuite ,
qui eſt de retour de Siam avec
deux autres Peres du nombre
de ceux qui doivent faire ce
Voyage , furent prefens à ces
experiences, & donnerent de
grandes loüanges àM Hubin
qui en receut auffi des Ambaſfadeurs,
accompagnées de
beaucoup d'honneſtetez .
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Résumé : Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, intéressés par les expériences sur la pesanteur de l'air, invitèrent M. Hubin, un émailleur du roi connu pour ses démonstrations. Hubin se rendit à l'Hôtel des Ambassadeurs avec le matériel nécessaire et commença par montrer un siphon ordinaire, puis un siphon conçu par M. de Comiers, où la pesanteur de l'air élève un jet d'eau dans un cylindre de verre. Les ambassadeurs examinèrent cette machine avec plaisir. Hubin expliqua ensuite pourquoi du duvet tombait rapidement dans un cylindre où l'air avait été épuisé. Il démontra également qu'une larme de verre solide pouvait résister aux coups de marteau sans se briser, mais se cassait facilement sous la pression d'un poing. Les ambassadeurs furent surpris de constater que les fragments de verre ne formaient pas de pointes. Hubin présenta trois tuyaux de différentes longueurs remplis de mercure, qui se vidaient jusqu'à une hauteur de 28 pouces due à la pesanteur de l'air. Les ambassadeurs admirèrent comment le mercure remontait à cette hauteur et était expulsé violemment lorsqu'un tuyau était retiré du mercure stagnant. Ils virent aussi la machine du vide dans le vide, où un tuyau plein de mercure se vidait par un trou d'épingle, et une boule de marbre suspendue dans l'eau par la seule pesanteur de l'eau. Hubin utilisa ensuite sa machine à vide pour montrer que l'air pompé d'un récipient permettait au mercure de se vider et à l'eau de jaillir en plusieurs jets. Il démontra également que l'esprit de vin bouillait sans feu et qu'une vessie pouvait soulever un poids de vingt livres en s'enflant. Enfin, Hubin mit un chat dans un récipient de verre, qui s'enfloa et faillit expirer avant d'être sauvé par un ambassadeur. Le Père Tachart et deux autres jésuites, de retour de Siam, assistèrent à ces expériences et louèrent Hubin, qui reçut également des éloges des ambassadeurs.
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1436
p. 85-88
Porcelaines d'Orleans imitant les veritables, presentées aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Me Perrot Dame de la Verrerie d'Orleans, qui estoit venuë [...]
Mots clefs :
Marie Clouet, Bernard Perrot, Verrerie d'Orléans, Dame, Ouvrages, Porcelaines, Cristaux
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texteReconnaissance textuelle : Porcelaines d'Orleans imitant les veritables, presentées aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
M Perrot Dame de la Verrerie
d'Orleans, qui estoit venuë
avec M'Hubin , fut reconnue
des Ambaſſadeurs ,
parcequ'en venant à Paris , ils
avoient eu la curioſité de voir
la Verrerie d'Orleans , où Ms
86 III. P. du Voyage
Perrot leur avoit fait admirer
en ſes Ouvrages , tout
ce que cet Art produit de
plus rare & de plus beau en
Porcelaines.
Ces forres de Porcelaines
imitent fi bien celles d'Orient,
que pluſieurs perfonnes ont
eſté trompées à la veuë , en
Criſtaux , Emaux , Agathes ,
Girafols & Lapis , de même
qu'en Rouge des Anciens , &
en couleur de rubis , & enfin
en toutes fortes de Pierres
artificielles , & qui approchent
fi fort des Pierres precieuſes
par leur dureté, leur vif éclat
desAmb. de Siam. 87
& leur netteté, que d'habiles
connoiffeurs ypourroient ef
tre furpris. Ces Criſtaux ont
beaucoup d'avantage fur les
autres . Ils fouffrent le feu, &
peuvent paffer la Ligne fans
s'écailler ; cequi a eſtééprouvé
lorſque les premiersMandarins
, qui font venus en
France retournerent à Siam.
Me Perrot fit un petit preſent
de ces Ouvrages aux Ambaffadeurs,&
ils curent la bonté
de les accepter.
Ne foyez point furpriſe ,
fi j'ay nommé, Madame
Perrot Dame de la Verrerie ,
88 HI. P. du Voyage
puiſque le lieu où la Verrerie
d'Orleans a eſté bâtie eſt un
Fief noble , & qu'il porte ce
nom par Lettres Patentes du
Roy.
d'Orleans, qui estoit venuë
avec M'Hubin , fut reconnue
des Ambaſſadeurs ,
parcequ'en venant à Paris , ils
avoient eu la curioſité de voir
la Verrerie d'Orleans , où Ms
86 III. P. du Voyage
Perrot leur avoit fait admirer
en ſes Ouvrages , tout
ce que cet Art produit de
plus rare & de plus beau en
Porcelaines.
Ces forres de Porcelaines
imitent fi bien celles d'Orient,
que pluſieurs perfonnes ont
eſté trompées à la veuë , en
Criſtaux , Emaux , Agathes ,
Girafols & Lapis , de même
qu'en Rouge des Anciens , &
en couleur de rubis , & enfin
en toutes fortes de Pierres
artificielles , & qui approchent
fi fort des Pierres precieuſes
par leur dureté, leur vif éclat
desAmb. de Siam. 87
& leur netteté, que d'habiles
connoiffeurs ypourroient ef
tre furpris. Ces Criſtaux ont
beaucoup d'avantage fur les
autres . Ils fouffrent le feu, &
peuvent paffer la Ligne fans
s'écailler ; cequi a eſtééprouvé
lorſque les premiersMandarins
, qui font venus en
France retournerent à Siam.
Me Perrot fit un petit preſent
de ces Ouvrages aux Ambaffadeurs,&
ils curent la bonté
de les accepter.
Ne foyez point furpriſe ,
fi j'ay nommé, Madame
Perrot Dame de la Verrerie ,
88 HI. P. du Voyage
puiſque le lieu où la Verrerie
d'Orleans a eſté bâtie eſt un
Fief noble , & qu'il porte ce
nom par Lettres Patentes du
Roy.
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Résumé : Porcelaines d'Orleans imitant les veritables, presentées aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Madame Perrot, Dame de la Verrerie d'Orléans, fut reconnue par les ambassadeurs de Siam lors de leur visite à Paris. Ces ambassadeurs avaient déjà visité la Verrerie d'Orléans et admiré les œuvres de Madame Perrot, qui produisaient des porcelaines imitant fidèlement celles d'Orient. Les créations de Madame Perrot incluaient également des cristaux, émaux, agates, girafols et lapis, ainsi que des imitations de pierres précieuses comme le rouge des anciens et les rubis. Ces cristaux avaient l'avantage de résister au feu et de ne pas s'écailler lorsqu'ils passaient la ligne, une qualité éprouvée lors du retour des premiers mandarins en Siam. Madame Perrot offrit un petit présent de ces œuvres aux ambassadeurs, qui l'acceptèrent avec gratitude. La Verrerie d'Orléans est un fief noble portant ce nom par lettres patentes du roi.
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1437
p. 88-92
Description de la Galerie de Sceaux. [titre d'après la table]
Début :
Lorsque les Ambassadeurs allerent la premiere fois à Sceaux, ils [...]
Mots clefs :
Galerie de Sceaux, Ambassadeurs, Sceaux, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, Portes, Décoration, Tableaux, Mansard, Charles Le Brun
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description de la Galerie de Sceaux. [titre d'après la table]
Lorſque les Ambaſſadeurs
allerent la premiere fois à
Sceaux, ils virent une Galerie
que M de Seignelay faifoit
bâtir dans ſon Jardin , &
qui n'eſtoit pas encore achevée.
Elle leur parut ſi belle
qu'ils témoignerent grande
envie de la revoir , quand le
bâtiment feroit finy. Il ſe
trouva fait , lors qu'ils étoient
fur le point de partir pour
:
des Amb. de Siam. 89
Flandre , de forte que la faifon
eftant encore belle , ils
allerent à Sceaux avant leur
départ. Voicy en quoy confifte
cette Galerie. C'eſt un
grand Bâtiment en aifle iſolés
ſeparé du Château en entrant
à main-gauche. Il a de lon
gueur 44. toiſes ſur s. dans
oeuvre & 6. ſous clef. Il eſt
flanqué au dehors par trois
avant- corps à chaque grande
face , au milieu deſquelles
font trois portes ceintrées.
Ces avant-corps font ornez
de frontons triangulaires , &
aux deux bouts il y a de pay
H
4
90 111 P. du Voyage
reilles portes de dix pieds &
demy de largeur , fur envi
ron le double de leur hauteur.
La face qui regarde le
Midy a dix grandes croiſées,
outre ces trois portes. La décoration
exterieure eſt de pierre
de refand, lecomble de cette
Galerie eſt brifé ; la decoration
du dedans eſt un lambris
de Quadres qui renfer
ment des Tableaux&des panneaux
de glaces . La voute en
ance de pannier , eft portée
par une corniche ornée de
Iculpture ; cette Galerie eft
pavée the marbre noir &
des Amb. de Siam. 91
blanc , & du deſſein de Mr
Manfard ; c'eſt un des plus
beaux ,&des plus vaſtes morceaux
d'Architecture qu'il
foit poſſible de voir. Les
Ambaſſadeurs s'y promenerent
long-temps , & quoy
quelle ne fuſtpas encore toutà-
fait meublée , ils ne laiſſerent
pas d'y remarquer de
tres belles chofes , ils recon
murent des Tableaux , dont
ils avoient veu de pareils à
Fontainebleau , ainſi que plufieurs
ouvrages deM le Brun.
M de Seignelay eſtoit alors
àFontainebleau , & perſonne
Hij
92 III. P. du Voyage
n'avoit eſté averty à Sceaux
que les Ambaſſadeurs y dufſent
aller ; cependant on les
y reçût tres-bien , & l'on fit
joüer toutes les eaux , aufquelles
ils prirent beaucoup
de plaifir , quoy qu'ils les
euſſent déja veuës.
allerent la premiere fois à
Sceaux, ils virent une Galerie
que M de Seignelay faifoit
bâtir dans ſon Jardin , &
qui n'eſtoit pas encore achevée.
Elle leur parut ſi belle
qu'ils témoignerent grande
envie de la revoir , quand le
bâtiment feroit finy. Il ſe
trouva fait , lors qu'ils étoient
fur le point de partir pour
:
des Amb. de Siam. 89
Flandre , de forte que la faifon
eftant encore belle , ils
allerent à Sceaux avant leur
départ. Voicy en quoy confifte
cette Galerie. C'eſt un
grand Bâtiment en aifle iſolés
ſeparé du Château en entrant
à main-gauche. Il a de lon
gueur 44. toiſes ſur s. dans
oeuvre & 6. ſous clef. Il eſt
flanqué au dehors par trois
avant- corps à chaque grande
face , au milieu deſquelles
font trois portes ceintrées.
Ces avant-corps font ornez
de frontons triangulaires , &
aux deux bouts il y a de pay
H
4
90 111 P. du Voyage
reilles portes de dix pieds &
demy de largeur , fur envi
ron le double de leur hauteur.
La face qui regarde le
Midy a dix grandes croiſées,
outre ces trois portes. La décoration
exterieure eſt de pierre
de refand, lecomble de cette
Galerie eſt brifé ; la decoration
du dedans eſt un lambris
de Quadres qui renfer
ment des Tableaux&des panneaux
de glaces . La voute en
ance de pannier , eft portée
par une corniche ornée de
Iculpture ; cette Galerie eft
pavée the marbre noir &
des Amb. de Siam. 91
blanc , & du deſſein de Mr
Manfard ; c'eſt un des plus
beaux ,&des plus vaſtes morceaux
d'Architecture qu'il
foit poſſible de voir. Les
Ambaſſadeurs s'y promenerent
long-temps , & quoy
quelle ne fuſtpas encore toutà-
fait meublée , ils ne laiſſerent
pas d'y remarquer de
tres belles chofes , ils recon
murent des Tableaux , dont
ils avoient veu de pareils à
Fontainebleau , ainſi que plufieurs
ouvrages deM le Brun.
M de Seignelay eſtoit alors
àFontainebleau , & perſonne
Hij
92 III. P. du Voyage
n'avoit eſté averty à Sceaux
que les Ambaſſadeurs y dufſent
aller ; cependant on les
y reçût tres-bien , & l'on fit
joüer toutes les eaux , aufquelles
ils prirent beaucoup
de plaifir , quoy qu'ils les
euſſent déja veuës.
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Résumé : Description de la Galerie de Sceaux. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam visitèrent Sceaux et découvrirent une galerie en construction dans le jardin de M. de Seignelay. Impressionnés, ils souhaitèrent la revoir une fois achevée. La galerie, terminée avant leur départ pour la Flandre, est un grand bâtiment isolé de 44 toises de longueur et 6 toises de hauteur. Elle possède trois avant-corps sur chaque grande face, ornés de frontons triangulaires et de portes cintrées. La façade sud comporte dix grandes croisées et trois portes. La décoration extérieure est en pierre de refend, tandis que l'intérieur est orné de lambris avec des tableaux et des panneaux de glaces. La voûte, en anse de panier, est portée par une corniche sculptée. Le sol est pavé de marbre noir et blanc, selon un design de Monsieur Mansart. Les ambassadeurs apprécièrent la galerie malgré son ameublement incomplet et remarquèrent de beaux tableaux, dont certains similaires à ceux de Fontainebleau et des œuvres de Le Brun. En l'absence de M. de Seignelay, ils furent bien accueillis et admirèrent les jeux d'eau du jardin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1438
p. 92-94
Comparaison des Royaumes de France, & de la Chine [titre d'après la table]
Début :
Cela leur donna occasion de parler des beautez de la [...]
Mots clefs :
France, Chine, Comparaison , Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Comparaison des Royaumes de France, & de la Chine [titre d'après la table]
Cela leur
donna occafion de parler des
beautez de la France. Le fe
cond Ambaſſadeur dit que le
Roy de Siam avoit laiſfé àfon
choix , de venir en France , ou
de retourner à la Chine , où
il avoit déja esté Ambaſſadeur
; mais qu'encore que le
voyagefût beaucoup plus long&
:
des Amb. de Siam. 93
plus dangereux , il avoit mieux
aimé venir voir cette France
que l'on vantoit tant , & il en
parla d'une maniere qui fit
connoiſtre que la France étoit
beaucoup plus conſiderable
que l'Empire de la Chine. Je
vous ay déja marqué que cét
Ambaſſadeur est un homme
fort fincere , & qui en diſant
ſon ſentiment n'a point d'égard
au Païs où il eſt. Il ajoûta
à ce que je vous ay déja
dit , de la comparaiſon qu'il
a faite de la France & de la
Chine , qu'à l'égard d'appreſter
les viandes , &du nombre des
plats & des ſervices , ces deux
L
94 III P. duVoyage
puiſſans Etats avoient affez de
raport , mais qu'à l'égard des
ceremonies des Audiences publiques
, celles qui avoient effé obfervées
à l'Audience qu'ils avoient
evë duRoy estoient beau
soup plus grandes & plus re
marquables. Il dit enfin , que fi
bes Chinois avoient d'auffi bel-
Les choses qu'ily en a en Franve
, it estoit perfuadé qu'ils les
feroient voir.
donna occafion de parler des
beautez de la France. Le fe
cond Ambaſſadeur dit que le
Roy de Siam avoit laiſfé àfon
choix , de venir en France , ou
de retourner à la Chine , où
il avoit déja esté Ambaſſadeur
; mais qu'encore que le
voyagefût beaucoup plus long&
:
des Amb. de Siam. 93
plus dangereux , il avoit mieux
aimé venir voir cette France
que l'on vantoit tant , & il en
parla d'une maniere qui fit
connoiſtre que la France étoit
beaucoup plus conſiderable
que l'Empire de la Chine. Je
vous ay déja marqué que cét
Ambaſſadeur est un homme
fort fincere , & qui en diſant
ſon ſentiment n'a point d'égard
au Païs où il eſt. Il ajoûta
à ce que je vous ay déja
dit , de la comparaiſon qu'il
a faite de la France & de la
Chine , qu'à l'égard d'appreſter
les viandes , &du nombre des
plats & des ſervices , ces deux
L
94 III P. duVoyage
puiſſans Etats avoient affez de
raport , mais qu'à l'égard des
ceremonies des Audiences publiques
, celles qui avoient effé obfervées
à l'Audience qu'ils avoient
evë duRoy estoient beau
soup plus grandes & plus re
marquables. Il dit enfin , que fi
bes Chinois avoient d'auffi bel-
Les choses qu'ily en a en Franve
, it estoit perfuadé qu'ils les
feroient voir.
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Résumé : Comparaison des Royaumes de France, & de la Chine [titre d'après la table]
Un ambassadeur de Siam discute des beautés de la France avec des interlocuteurs. Il révèle que son roi avait le choix entre venir en France ou retourner en Chine, préférant la France malgré la longueur et les dangers du voyage. L'ambassadeur vante la grandeur et la considération supérieure de la France par rapport à l'Empire de la Chine. Il décrit la France comme ayant des cérémonies d'audiences publiques plus grandes et plus remarquables que celles observées en Chine. Il note également des similitudes entre les deux pays dans la préparation des viandes et le nombre de plats servis. L'ambassadeur, sincère et franc, conclut en exprimant sa conviction que les Chinois apprécieraient les beautés de la France s'ils les voyaient.
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1439
p. 94-97
Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain, qui estoit la veille de leur départ pour [...]
Mots clefs :
Lagny fils, Charles Le Brun, Roi, Fontainebleau, Présents
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texteReconnaissance textuelle : Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
Le lendemain , qui estoit
la veille de leur départ pour
Flandres , Me de Lagnyle Fils,
dont les foins & l'habileté
font fi utilles à Mas de la
Compagnie d'Orient , porta
des Amb. de Siam. 95
de la part du Roy aux trois
Ambaſſadeurs fix longuesVeftes,
les unes de brocart d'or,
& les autres d'argent , avec
autant de Bonnets , de maniere
que chaque Amballa
deur avoit deux Bonners &
deux Veſtes , l'une doublée
d'Hermine , & l'autre de Marthe.
Ily avoit auſſi des Man
chons , & meſme des rubans
pour les pendre. Ce prefent
eſtoit pour les garantir du
froid pendant le voyage qu'ils
alloient faire . Les Ambaffadeurs
demanderent où eftoit
alors le Roy, on leur répondit
96 III . P. du Voyage
que Sa Majesté estoit à Fontainebleau
. Ils s'informerent de
quel coſté eſtoit Fontainebleau
, & ils ne l'eurent pas
plûtoſt appris , qu'ils ſe tournerent
du côté qu'on venoit
de leur marquer , & firent
trois profondes inclinations
les mains jointes , comme
pour remercier le Roy de ce
preſent. Ils firent enfuite de
grandes honnefterez à M de
Lagny , qu'ils retinrent à dif
ner , ainſi qu'à M le Brun
qu'ils firent ausſi diner avec
cux en luy donnant toû-
و
jours de grandes loüanges, &
l'appellant
des Amb. de Siam. 97
し
l'appellant le Roy des Peintres
, & le Pere des Arts.
la veille de leur départ pour
Flandres , Me de Lagnyle Fils,
dont les foins & l'habileté
font fi utilles à Mas de la
Compagnie d'Orient , porta
des Amb. de Siam. 95
de la part du Roy aux trois
Ambaſſadeurs fix longuesVeftes,
les unes de brocart d'or,
& les autres d'argent , avec
autant de Bonnets , de maniere
que chaque Amballa
deur avoit deux Bonners &
deux Veſtes , l'une doublée
d'Hermine , & l'autre de Marthe.
Ily avoit auſſi des Man
chons , & meſme des rubans
pour les pendre. Ce prefent
eſtoit pour les garantir du
froid pendant le voyage qu'ils
alloient faire . Les Ambaffadeurs
demanderent où eftoit
alors le Roy, on leur répondit
96 III . P. du Voyage
que Sa Majesté estoit à Fontainebleau
. Ils s'informerent de
quel coſté eſtoit Fontainebleau
, & ils ne l'eurent pas
plûtoſt appris , qu'ils ſe tournerent
du côté qu'on venoit
de leur marquer , & firent
trois profondes inclinations
les mains jointes , comme
pour remercier le Roy de ce
preſent. Ils firent enfuite de
grandes honnefterez à M de
Lagny , qu'ils retinrent à dif
ner , ainſi qu'à M le Brun
qu'ils firent ausſi diner avec
cux en luy donnant toû-
و
jours de grandes loüanges, &
l'appellant
des Amb. de Siam. 97
し
l'appellant le Roy des Peintres
, & le Pere des Arts.
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Résumé : Presens portés aux Ambassadeurs par Mr de Lagny fils, & ce qui se passe en cette occasion, avec les honnestetés qu'ils luy font ainsi qu'à Mr le Brun. [titre d'après la table]
La veille du départ des ambassadeurs pour la Flandre, Monsieur de Lagny, fils, remit des présents du roi aux trois ambassadeurs de Siam. Ces présents incluaient des vêtements longs en brocart d'or et d'argent, des bonnets, des manchons et des rubans. Chaque ambassadeur reçut deux bonnets et deux vestes, l'une doublée d'hermine et l'autre de martre, pour les protéger du froid. Les ambassadeurs demandèrent où se trouvait le roi et apprirent qu'il était à Fontainebleau. Ils se tournèrent dans cette direction et firent trois profondes inclinations pour le remercier. Ils rendirent ensuite hommage à Monsieur de Lagny et à Monsieur Le Brun, qu'ils invitèrent à dîner. Ils louèrent abondamment Monsieur Le Brun, le qualifiant de 'Roi des Peintres' et de 'Père des Arts'.
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1440
p. 97-104
Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent le Lundy 14. d'Octobre, & allerent disner à S. [...]
Mots clefs :
Flandre, Saint-Denis, Roi, Abbaye, Corps, Bénédictins, Ouverture, Ambassadeurs, Tombeaux, Pierreries
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texteReconnaissance textuelle : Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Ils partirent le Lundy 14. d'Otobre
,& allerent diſner à S.
Denis,Ville de l'Iſle de France
à deux lieuës de Paris . Vous
ſçavez qu'elle eſt tres-confiderable
par une Abbaye de
Benedictins , qui eſt le lieu de
la Sepulture de nos Rois. Il
y a pluſieurs autres Eglifes
dans laVille , Paroiffes&Monaſteres.
Le Roy Henry I. y
fit aſſembler un grand nom
bredePrelats en 1053. pour ſe
trouver à l'ouverture de la
Chaſſe de S. Denys , fur ce
I
98 III. P. du Voyage
qu'il s'eſtoir émeu quelque
temps auparavant une fameuſe
diſpure , entre les Religieux
de cette Abbaye , & ceux de
S. Himmeran de Ratisbonne.
Ces derniers avoient fait
courir le bruit qu'ils avoient
le Corps de S. Denys Arcopagire
, & qu'il leur avoit été
donné par le Roy Arnoul.
L'ouverture de la Chaffe du
Saint ayant eſté faite en prefence
de ces Prelats affemblez
, on y trouva fon Corps
tout entier , à la referve d'un
bras , que le Pape Estienne
III. avoit emporté à Rome!)
I
1
des Amb.de Siam. 99
Quoy que les Ambaſſadeurs
ne deuſſent s'arreſter à
S. Denis que pour y diſner ,
ils ne laifferent pas de voir le
Trefor & les Tombeaux de
ceux de nos Rois , dont les
Corps ſont dans l'Egliſe de
l'Abbaye. Je ne vous repete
point ce que c'eſt que leTrefor
; il y a peu de perſonnes
enFrance qui ne l'ayentveu,
&d'ailleurs on a fait imprimer
pluſieurs Livres , qui ne
font remplis que de ce qu'il
contient. Les Ambaſſadeurs
s'attacherent particulierement
à regarder les Pierreries. Ils
Fij
100 III . P. du Voyage
en examinerent pluſieurs ,&
mirent meſme de la lumiere
derriere quelques-unes , qui
eftoient enchaſſées de maniere
qu'elles pouvoient eſtre
veuës des deux coſtez , & ils
en trouverent une que la lumiere
ainſi miſe faiſoit paroiſtre
d'une autre couleur.
Il y a quantité de choſes dans
ce Treſor que nous ſommes
obligez de reverer , & que la
Religion nous rend precieufes
, mais comme elles ne devoient
pas les toucher , on
peut dire qu'ils en virent
quantité , auſquelles ils ne
des Amb. de Siam. 101
s'arrêterent pas. On remarqua
même qu'encore que le beau
travail , l'or & les pierreries ,
les attachaffent beaucoup , ils
font tellement frappez de
tout ce qui a du raport au
Roy , qu'ils regarderent avec
beaucoup plus d'attention ,
& de plaifir les Ornemens
Royaux qui ſont conſervez
dans le meſme lieu qui enferme
le Trefor. Les figures
qui ornent les Tombeaux des
Rois , leur parurent merveilleuſes.
Ils en trouverent les
Bas- reliefs fort beaux , mais
fur toutceux qui font autour
I iij
102 111. P. du Voyage
du Tombeau de François I.
où l'on voit pluſieurs Batailles.
Cet ouvrage qui a des
beautez pour toutes les perſonnes
qui le voyent , en a
beaucoup davantage pour
ceux qui ont une parfaite
connoiſſance des beaux Arts .
Ils confidererent attentivement
le Tombeau de feu
Mr de Turenne & quoy
qu'il leur parût par luy-même
tres-digne de leur curiofité,
ils en admirerent encore
moins la magnificence qu'ils
ne firent la reconnoiffance
du Roy qui paroiffoit avec
des Amb.de Siam. 103
tant d'éclat pour un illuftre
Sujet, dans ce monumentque
Sa Majefté avoit fait élever à
ſes dépens. Ils dirent , que ce
Monarque prenoit tant de plaifor
à faire du bien , & à bonorer
le vray merite , qu'il n'épar
gnoit rien pour faire vivre la
memoire de ceux qui n'avoient
point épargnéleursang pour luy,
que cette maniere d'agir excitant
l'ardeur de tous fes braves
Sujets , il eſtoit impoffible qu'il
ne fût toujours vainqueur. Ils
examinerent la hauteur , la
longueur , & la largeur de
l'Eglife , & fortirent apres
I iiij
104 III. P. duVoyage
avoir remercié les Peres Benedictins
qui avoient pris
ſoin de leur faire voir toutes
ces chofes
,& allerent diſner à S.
Denis,Ville de l'Iſle de France
à deux lieuës de Paris . Vous
ſçavez qu'elle eſt tres-confiderable
par une Abbaye de
Benedictins , qui eſt le lieu de
la Sepulture de nos Rois. Il
y a pluſieurs autres Eglifes
dans laVille , Paroiffes&Monaſteres.
Le Roy Henry I. y
fit aſſembler un grand nom
bredePrelats en 1053. pour ſe
trouver à l'ouverture de la
Chaſſe de S. Denys , fur ce
I
98 III. P. du Voyage
qu'il s'eſtoir émeu quelque
temps auparavant une fameuſe
diſpure , entre les Religieux
de cette Abbaye , & ceux de
S. Himmeran de Ratisbonne.
Ces derniers avoient fait
courir le bruit qu'ils avoient
le Corps de S. Denys Arcopagire
, & qu'il leur avoit été
donné par le Roy Arnoul.
L'ouverture de la Chaffe du
Saint ayant eſté faite en prefence
de ces Prelats affemblez
, on y trouva fon Corps
tout entier , à la referve d'un
bras , que le Pape Estienne
III. avoit emporté à Rome!)
I
1
des Amb.de Siam. 99
Quoy que les Ambaſſadeurs
ne deuſſent s'arreſter à
S. Denis que pour y diſner ,
ils ne laifferent pas de voir le
Trefor & les Tombeaux de
ceux de nos Rois , dont les
Corps ſont dans l'Egliſe de
l'Abbaye. Je ne vous repete
point ce que c'eſt que leTrefor
; il y a peu de perſonnes
enFrance qui ne l'ayentveu,
&d'ailleurs on a fait imprimer
pluſieurs Livres , qui ne
font remplis que de ce qu'il
contient. Les Ambaſſadeurs
s'attacherent particulierement
à regarder les Pierreries. Ils
Fij
100 III . P. du Voyage
en examinerent pluſieurs ,&
mirent meſme de la lumiere
derriere quelques-unes , qui
eftoient enchaſſées de maniere
qu'elles pouvoient eſtre
veuës des deux coſtez , & ils
en trouverent une que la lumiere
ainſi miſe faiſoit paroiſtre
d'une autre couleur.
Il y a quantité de choſes dans
ce Treſor que nous ſommes
obligez de reverer , & que la
Religion nous rend precieufes
, mais comme elles ne devoient
pas les toucher , on
peut dire qu'ils en virent
quantité , auſquelles ils ne
des Amb. de Siam. 101
s'arrêterent pas. On remarqua
même qu'encore que le beau
travail , l'or & les pierreries ,
les attachaffent beaucoup , ils
font tellement frappez de
tout ce qui a du raport au
Roy , qu'ils regarderent avec
beaucoup plus d'attention ,
& de plaifir les Ornemens
Royaux qui ſont conſervez
dans le meſme lieu qui enferme
le Trefor. Les figures
qui ornent les Tombeaux des
Rois , leur parurent merveilleuſes.
Ils en trouverent les
Bas- reliefs fort beaux , mais
fur toutceux qui font autour
I iij
102 111. P. du Voyage
du Tombeau de François I.
où l'on voit pluſieurs Batailles.
Cet ouvrage qui a des
beautez pour toutes les perſonnes
qui le voyent , en a
beaucoup davantage pour
ceux qui ont une parfaite
connoiſſance des beaux Arts .
Ils confidererent attentivement
le Tombeau de feu
Mr de Turenne & quoy
qu'il leur parût par luy-même
tres-digne de leur curiofité,
ils en admirerent encore
moins la magnificence qu'ils
ne firent la reconnoiffance
du Roy qui paroiffoit avec
des Amb.de Siam. 103
tant d'éclat pour un illuftre
Sujet, dans ce monumentque
Sa Majefté avoit fait élever à
ſes dépens. Ils dirent , que ce
Monarque prenoit tant de plaifor
à faire du bien , & à bonorer
le vray merite , qu'il n'épar
gnoit rien pour faire vivre la
memoire de ceux qui n'avoient
point épargnéleursang pour luy,
que cette maniere d'agir excitant
l'ardeur de tous fes braves
Sujets , il eſtoit impoffible qu'il
ne fût toujours vainqueur. Ils
examinerent la hauteur , la
longueur , & la largeur de
l'Eglife , & fortirent apres
I iiij
104 III. P. duVoyage
avoir remercié les Peres Benedictins
qui avoient pris
ſoin de leur faire voir toutes
ces chofes
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Résumé : Depart des Ambassadeurs pour Flandre, & ce qui se passe à Saint Denis. [titre d'après la table]
Le 14 octobre, des voyageurs se rendirent à Saint-Denis, ville de l'Île-de-France située à deux lieues de Paris. Saint-Denis est connue pour son abbaye bénédictine, lieu de sépulture des rois de France, ainsi que pour ses nombreuses églises, paroisses et monastères. En 1053, le roi Henri Ier y convoqua des prélats pour ouvrir la châsse de Saint Denis et résoudre une dispute entre les religieux de cette abbaye et ceux de Saint Emmeran de Ratisbonne concernant la possession du corps de Saint Denis. Lors de leur visite, les ambassadeurs du Siam, initialement prévus pour déjeuner, explorèrent le trésor et les tombeaux royaux de l'abbaye. Ils admirèrent les pierreries, les ornements royaux, les figures et les bas-reliefs des tombeaux, notamment celui de François Ier, représentant plusieurs batailles. Ils examinèrent aussi le tombeau du maréchal de Turenne, appréciant la reconnaissance royale manifestée par ce monument. Les ambassadeurs notèrent la grandeur de l'église et remercièrent les pères bénédictins pour leur accueil.
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1441
p. 104-110
Ils couchent à Beaumont. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le mesme jour coucher à Beaumont. C'est [...]
Mots clefs :
Beaumont, Villes, Table, Comté, Ambassadeurs, Honneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils couchent à Beaumont. [titre d'après la table]
Ils allerent le meſme
jour coucher à Beaumont.
C'eſt une ville dans l'Iſle de
France avec titre de Comté.
Sa ſituation eſt ſur le panchant
d'une Colline qui s'ézend
juſqu'au bord de la Riviere
d'Oyſe , qu'on y paſſe
fur un beau Pont. Au haut
de cette Colline eſt un Châ
teau ruïné. La Ville n'a de
remarquable qu'une belle ruë
& la Paroiffe avec Doyenné.
La Maiſon des anciens Com.
des Amb. de Siam. 105
tes de Beaumont ſur Oyſe , a
eſté autrefois fort renommée.
Ce Comté fût réüny à la
Couronne en 1371. par la mort
de Philippes Duc d'Orleans
qui ne laiſſa point de poſterité.
Il eſtoit Frere du Roy
Jean qui le luy avoit donné,&
qui l'avoit eu par Traité paffé
avecCharles II . dit le Mauvais
, petit Fils de Loüis de
France Comte d'Evreux , auquel
Philippe le Hardy fon
Pere l'avoit donné.
Comme j'ay beaucoup de
choſes à vous dire des Places
que le Roy a conquiſes , &
106 III . P. du Voyage
que le voyage des Ambaſſadeurs
en Flandre n'a eſté entrepris
que pour les voir , je
ne vous parleray que legere
ment des Villes où ils n'ont
eſté , que parce qu'il falloir
qu'ils ypaflaffent pour arriver
àcelles où la curioſité les at
tiroit. Beaumont eſt de co
nombre. Ainſi j'ajoûteray ſeu
lement à ce que je viens de
vous en dire , que lesAmbaft
fadeurs y furent haranguez
par Mis de Ville , qui leur fi
rentles Prefens de vin acсой-
tumez , les Preſens font tou
jours les mêmes dans toutes
des Amb. de Siam. 107
د
les Villes , & ne changent
point. On peut y augmenter
quelque choſe quand quelque
raifon particuliere engage
à cela
rés dans la ſuite , mais ces
Preſens n'eſtant jamais conſiderables
, chez les autres
Nations, nonplus qu'en Fran
ce , doivent moins eftre regardez
comme des prefens,
que comme des marques d'un
hommage qu'on rend à ceux
àqui on les offre , & c'eſt en
quoy ils meritent qu'on les
confidere. Je vous diray encore
avant que de pouffer
comme vous ver108
III. P. du Voyage
✓cette Relation plus loin , que
ſoit dans les Villes , foit dans
les Villages, la Table des Ambaſſadeurs
a toûjours eſté fervie
comme elle l'eſt à Paris ,
par le Maître d'Hôtel qui en
a le ſoin , & par les mêmes
Officiers, fans que la difficulté
de trouver à la Campagne
tout ce qu'on ſouhaite , &
mefme l'embaras d'une marche
continuelle , ayent ſervy
de pretexte pour la ſervir
avec moins de magnificence;
de forte que dans les Villes
où ces Ambaſſadeurs ont paf
fé , lors qu'ils ont eſté man-
:
des Amb. de Siam. 109
ger chez quelques Gouverneurs
ou autres Commandans
, ce n'a eſté que dans le
deſſein de leur faire honneur ,
puiſque leur table ayant eſté
ſervie par tout avec autant
d'abondance que de propreté
, on peut dire qu'ils ont
eux-meſmes tenu table dans
tous les lieux où ils ont pafſé
, & qu'on eſt venu beaucoup
plus ſouvent manger
chez eux , qu'ils n'ont efté
chez les Commandans des
lieux où ils ont fait quelque
ſejour. Ils étoient même toûjours
les premiers à prier
110 III . P. du Voyage
qu'on vinſt manger avec eux,
afin de faire honneur à la
Table de Sa Majefté.
jour coucher à Beaumont.
C'eſt une ville dans l'Iſle de
France avec titre de Comté.
Sa ſituation eſt ſur le panchant
d'une Colline qui s'ézend
juſqu'au bord de la Riviere
d'Oyſe , qu'on y paſſe
fur un beau Pont. Au haut
de cette Colline eſt un Châ
teau ruïné. La Ville n'a de
remarquable qu'une belle ruë
& la Paroiffe avec Doyenné.
La Maiſon des anciens Com.
des Amb. de Siam. 105
tes de Beaumont ſur Oyſe , a
eſté autrefois fort renommée.
Ce Comté fût réüny à la
Couronne en 1371. par la mort
de Philippes Duc d'Orleans
qui ne laiſſa point de poſterité.
Il eſtoit Frere du Roy
Jean qui le luy avoit donné,&
qui l'avoit eu par Traité paffé
avecCharles II . dit le Mauvais
, petit Fils de Loüis de
France Comte d'Evreux , auquel
Philippe le Hardy fon
Pere l'avoit donné.
Comme j'ay beaucoup de
choſes à vous dire des Places
que le Roy a conquiſes , &
106 III . P. du Voyage
que le voyage des Ambaſſadeurs
en Flandre n'a eſté entrepris
que pour les voir , je
ne vous parleray que legere
ment des Villes où ils n'ont
eſté , que parce qu'il falloir
qu'ils ypaflaffent pour arriver
àcelles où la curioſité les at
tiroit. Beaumont eſt de co
nombre. Ainſi j'ajoûteray ſeu
lement à ce que je viens de
vous en dire , que lesAmbaft
fadeurs y furent haranguez
par Mis de Ville , qui leur fi
rentles Prefens de vin acсой-
tumez , les Preſens font tou
jours les mêmes dans toutes
des Amb. de Siam. 107
د
les Villes , & ne changent
point. On peut y augmenter
quelque choſe quand quelque
raifon particuliere engage
à cela
rés dans la ſuite , mais ces
Preſens n'eſtant jamais conſiderables
, chez les autres
Nations, nonplus qu'en Fran
ce , doivent moins eftre regardez
comme des prefens,
que comme des marques d'un
hommage qu'on rend à ceux
àqui on les offre , & c'eſt en
quoy ils meritent qu'on les
confidere. Je vous diray encore
avant que de pouffer
comme vous ver108
III. P. du Voyage
✓cette Relation plus loin , que
ſoit dans les Villes , foit dans
les Villages, la Table des Ambaſſadeurs
a toûjours eſté fervie
comme elle l'eſt à Paris ,
par le Maître d'Hôtel qui en
a le ſoin , & par les mêmes
Officiers, fans que la difficulté
de trouver à la Campagne
tout ce qu'on ſouhaite , &
mefme l'embaras d'une marche
continuelle , ayent ſervy
de pretexte pour la ſervir
avec moins de magnificence;
de forte que dans les Villes
où ces Ambaſſadeurs ont paf
fé , lors qu'ils ont eſté man-
:
des Amb. de Siam. 109
ger chez quelques Gouverneurs
ou autres Commandans
, ce n'a eſté que dans le
deſſein de leur faire honneur ,
puiſque leur table ayant eſté
ſervie par tout avec autant
d'abondance que de propreté
, on peut dire qu'ils ont
eux-meſmes tenu table dans
tous les lieux où ils ont pafſé
, & qu'on eſt venu beaucoup
plus ſouvent manger
chez eux , qu'ils n'ont efté
chez les Commandans des
lieux où ils ont fait quelque
ſejour. Ils étoient même toûjours
les premiers à prier
110 III . P. du Voyage
qu'on vinſt manger avec eux,
afin de faire honneur à la
Table de Sa Majefté.
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Résumé : Ils couchent à Beaumont. [titre d'après la table]
Le texte relate le séjour des ambassadeurs de Siam à Beaumont-sur-Oyse, une ville de l'Île-de-France dotée du titre de comté. Beaumont est située sur une colline descendant jusqu'à la rivière Oise, traversée par un pont. La ville est connue pour une belle rue et son église avec un doyenné. La maison des anciens comtes et ambassadeurs de Siam y était autrefois renommée. Le comté fut réuni à la couronne en 1371 à la mort de Philippe, duc d'Orléans, frère du roi Jean, qui l'avait reçu par traité avec Charles II, dit le Mauvais. Les ambassadeurs furent accueillis par les notables de la ville, qui leur offrirent des présents de vin, traditionnels dans toutes les villes visitées. Ces présents, bien que modestes, étaient perçus comme des marques d'hommage. Durant leur voyage, la table des ambassadeurs fut servie avec la même qualité qu'à Paris, par le maître d'hôtel et ses officiers, malgré les difficultés logistiques. Les ambassadeurs invitèrent souvent les gouverneurs et commandants locaux à manger avec eux pour honorer la table de Sa Majesté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1442
p. 110-118
On trouvera une Description Historique de toutes les Places, dont les noms suivent avec un détail des honneurs que les Ambassadeurs y ont receus, & de tout ce qu'ils y ont vû, fait & dit, qu'on n'a pas jugé à propos de repeter à chaque article de Ville. / Beauvais. [titre d'après la table]
Début :
Le 15. ils dînerent à Tilliar, & coucherent à Beauvais. C'est une [...]
Mots clefs :
Beauvais, Ville, Comté, Fort, Église, Chapitre, Prébendes
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texteReconnaissance textuelle : On trouvera une Description Historique de toutes les Places, dont les noms suivent avec un détail des honneurs que les Ambassadeurs y ont receus, & de tout ce qu'ils y ont vû, fait & dit, qu'on n'a pas jugé à propos de repeter à chaque article de Ville. / Beauvais. [titre d'après la table]
Lers.ils dînerent àTilliar,&
coucherét àBeauvais.C'eſtune
Ville fort confiderable ſur le
Therin,dansleGouvernement
de l'Iſle de France, & capitale
du petit Pays dit leBeauvoiſis .
Elle aBaillage,Prefidial &Evêché
, & fut foumiſe aux François
ſous Clovis. Tous les Autheurs
demeurent d'accord
qu'elle n'a jamais eſté priſe.
C'eſt ce qui fait que quelques-
uns la furnomment la
Pucelle. Les Anglois l'atta
desAmb. de Siam. 111
querent inutilement en 1443.
auffi bien que Charles le Temeraire,
dernier Duc deBourgogne
, en 1472. Cette Ville
eft trés- agreable , affez bien
bâtie , & entourée de foſſez
remplis de l'eau de la riviere
de Therin , dont une partie
fert aux Ouvriers qui y font
diverſes Etofes. Les rues en
font grandes & belles , & les
Etrangersy admirent le Marché
, qui paffe pour un des
plus grands &des plus beaux
du Royaume. Le Choeur de
l'Egliſe de S. Pierre ſa Cathe
drale , eſt un ouvrage admi
112 III. P. du Voyage
rable. Cette Egliſe eſt illuftre
par le Trefor des Reliques
qu'elle poſſede, par fa Bibliotheque
, & par ſon Chapitre
composé de fix Dignitez , de
quarante- deux Chanoines, de
fix demy-Prebendez, de quatre
Prebendez, de quatreMarguilleries
,& d'autres Chapelains,
Chantres, &c. Tous ces
Benefices ſont conferez par
l'Evêque. Le Doyen ſeul eſt
éleu par le Chapitre. Il y a
encore dansBeauvais fix Egli
fes Collegiales, treize Paroifſes
, & grand nombre d'autres
Maiſons Ecclefiaftiques&
desAmb. de Siam. 113
Monafteres, avec lesAbbayes
de S. Symphorien , de S. Lucien
& de S. Quentin. Le Palais
Epifcopal eſt trés-fort &
bienbâty. Le Comté de Beauvais
faiſoit autrefois parrie
de celuy de Vermandois, qui
fut uny au Comté deTroyes.
Eude I. Comte de Blois , fut
Pere d'Eude II. qui luy fucceda.
Roger fon cadet fut
Evêque de Beauvais en 996.
Il avoit eu Sancerre en Berry
pour fa part de l'heritage de
La Maiſon , & il l'échangea
avec ſon Frere pour leComté
de Beauvais, qu'il donna àfon
K
114 III. P. duVoyage
Eglife. Ainsi l'Eveſque decetteVille
eſt le veritable Comte
Patrimonial de Beauvais , &
en cette qualité il eſt le premier
des Comtes Pairs Eccle
fiaftiques , & Seigneur temporel
& fpirituel de la Ville
&du Domaine du Comré.
Toute la Bourgeoific eftoit
ſous les armes lorſque lesAm
baffadeursy entrerent , & fitoſt
qu'ils furent arrivez , ils
receurent les complimens &
les Prefens ordinaires. L'empreffement
fut grand pour les
voir fouper, & les plus belles
perfonnes de laVille s'en ef
}
des Amb. de Siam. 115
:
1
tant fait un plaifir, lesAmbaſſadeurs
s'en firent auſſi un
de les regaler de ce que lear
deſſert avoit de plus beau, &
de leur faire des honneſtetez .
Le lendemain 16. Mr de
Menars Intendant de Juſtice,
vint leur faire compliment.
Ils furent ravis de le voir,
non ſeulement à cauſe du
rang qu'il tient , & du merite
de fa perſonne , dont ils
avoient entendu parler ; mais
auſſi parcequ'il eſt parent de
Mª de Seignelay, tout ce qui
regarde eette Famille eftant
d'une grande confideration
Kij
116 III . P. du Voyage
auprés d'eux. Ils allerent enfuite
à l'Egliſe Cathedrale ,
où ils furent receus & complimentez
par le Chapitre afſemblé
, qui leur parut fort
nombreux, & dont ils furent
extrémement fatisfaits ; ce
qu'ils marquerent dans la réponſe
& dans les remercîmens
qu'ils luy firent. Ils virent
toute l'Eglife , & entrerent
dans le Choeur, qui leur
parut d'une trés-grande beauté.
Au fortir de l'Eglife , ils
trouverent les Grenadiers du
Roy, qu'ils avoient vûs le jour
precedent, lorſqu'ils estoient
des Amb. de Siam. 117
entrez dans la Ville. M Riotot
qui les commande , les
avoit fait monter à cheval,
& eſtoit à leur teſte. Il leur
fit faire des choſes que ceux
qui ne les avoient pas encore
vûës , avoient juſque-là crûës
impoſſibles , puiſque toutes
lleess éévvoolluuttiioonnss&tous lesmou.
vemens que l'Infanterie la
plus adroite & la mieux exercée
peut faire , ils les firent
à cheval , ainſi que pluſieurs
décharges de fufil ; aprés
quoy ils jetterent quantité
de Grenades . On ne peut
rien adjoûter à l'adreſſe & à
118 III. P. du Voyage
r
l'air tout martial de cette
Compagnie, ny donner trop
de loianges àM Riotot ; &
fi je ne m'étens pas d'avan
tage fur cet article , c'eſt que
je n'en ſçaurois affez dire au
gré de tous ceux qui ont efte
témoins de ce ſpectacle guerrier.
On peut aisément juger
du plaifir qu'yprirent lesAm
baſſadeurs.
coucherét àBeauvais.C'eſtune
Ville fort confiderable ſur le
Therin,dansleGouvernement
de l'Iſle de France, & capitale
du petit Pays dit leBeauvoiſis .
Elle aBaillage,Prefidial &Evêché
, & fut foumiſe aux François
ſous Clovis. Tous les Autheurs
demeurent d'accord
qu'elle n'a jamais eſté priſe.
C'eſt ce qui fait que quelques-
uns la furnomment la
Pucelle. Les Anglois l'atta
desAmb. de Siam. 111
querent inutilement en 1443.
auffi bien que Charles le Temeraire,
dernier Duc deBourgogne
, en 1472. Cette Ville
eft trés- agreable , affez bien
bâtie , & entourée de foſſez
remplis de l'eau de la riviere
de Therin , dont une partie
fert aux Ouvriers qui y font
diverſes Etofes. Les rues en
font grandes & belles , & les
Etrangersy admirent le Marché
, qui paffe pour un des
plus grands &des plus beaux
du Royaume. Le Choeur de
l'Egliſe de S. Pierre ſa Cathe
drale , eſt un ouvrage admi
112 III. P. du Voyage
rable. Cette Egliſe eſt illuftre
par le Trefor des Reliques
qu'elle poſſede, par fa Bibliotheque
, & par ſon Chapitre
composé de fix Dignitez , de
quarante- deux Chanoines, de
fix demy-Prebendez, de quatre
Prebendez, de quatreMarguilleries
,& d'autres Chapelains,
Chantres, &c. Tous ces
Benefices ſont conferez par
l'Evêque. Le Doyen ſeul eſt
éleu par le Chapitre. Il y a
encore dansBeauvais fix Egli
fes Collegiales, treize Paroifſes
, & grand nombre d'autres
Maiſons Ecclefiaftiques&
desAmb. de Siam. 113
Monafteres, avec lesAbbayes
de S. Symphorien , de S. Lucien
& de S. Quentin. Le Palais
Epifcopal eſt trés-fort &
bienbâty. Le Comté de Beauvais
faiſoit autrefois parrie
de celuy de Vermandois, qui
fut uny au Comté deTroyes.
Eude I. Comte de Blois , fut
Pere d'Eude II. qui luy fucceda.
Roger fon cadet fut
Evêque de Beauvais en 996.
Il avoit eu Sancerre en Berry
pour fa part de l'heritage de
La Maiſon , & il l'échangea
avec ſon Frere pour leComté
de Beauvais, qu'il donna àfon
K
114 III. P. duVoyage
Eglife. Ainsi l'Eveſque decetteVille
eſt le veritable Comte
Patrimonial de Beauvais , &
en cette qualité il eſt le premier
des Comtes Pairs Eccle
fiaftiques , & Seigneur temporel
& fpirituel de la Ville
&du Domaine du Comré.
Toute la Bourgeoific eftoit
ſous les armes lorſque lesAm
baffadeursy entrerent , & fitoſt
qu'ils furent arrivez , ils
receurent les complimens &
les Prefens ordinaires. L'empreffement
fut grand pour les
voir fouper, & les plus belles
perfonnes de laVille s'en ef
}
des Amb. de Siam. 115
:
1
tant fait un plaifir, lesAmbaſſadeurs
s'en firent auſſi un
de les regaler de ce que lear
deſſert avoit de plus beau, &
de leur faire des honneſtetez .
Le lendemain 16. Mr de
Menars Intendant de Juſtice,
vint leur faire compliment.
Ils furent ravis de le voir,
non ſeulement à cauſe du
rang qu'il tient , & du merite
de fa perſonne , dont ils
avoient entendu parler ; mais
auſſi parcequ'il eſt parent de
Mª de Seignelay, tout ce qui
regarde eette Famille eftant
d'une grande confideration
Kij
116 III . P. du Voyage
auprés d'eux. Ils allerent enfuite
à l'Egliſe Cathedrale ,
où ils furent receus & complimentez
par le Chapitre afſemblé
, qui leur parut fort
nombreux, & dont ils furent
extrémement fatisfaits ; ce
qu'ils marquerent dans la réponſe
& dans les remercîmens
qu'ils luy firent. Ils virent
toute l'Eglife , & entrerent
dans le Choeur, qui leur
parut d'une trés-grande beauté.
Au fortir de l'Eglife , ils
trouverent les Grenadiers du
Roy, qu'ils avoient vûs le jour
precedent, lorſqu'ils estoient
des Amb. de Siam. 117
entrez dans la Ville. M Riotot
qui les commande , les
avoit fait monter à cheval,
& eſtoit à leur teſte. Il leur
fit faire des choſes que ceux
qui ne les avoient pas encore
vûës , avoient juſque-là crûës
impoſſibles , puiſque toutes
lleess éévvoolluuttiioonnss&tous lesmou.
vemens que l'Infanterie la
plus adroite & la mieux exercée
peut faire , ils les firent
à cheval , ainſi que pluſieurs
décharges de fufil ; aprés
quoy ils jetterent quantité
de Grenades . On ne peut
rien adjoûter à l'adreſſe & à
118 III. P. du Voyage
r
l'air tout martial de cette
Compagnie, ny donner trop
de loianges àM Riotot ; &
fi je ne m'étens pas d'avan
tage fur cet article , c'eſt que
je n'en ſçaurois affez dire au
gré de tous ceux qui ont efte
témoins de ce ſpectacle guerrier.
On peut aisément juger
du plaifir qu'yprirent lesAm
baſſadeurs.
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Résumé : On trouvera une Description Historique de toutes les Places, dont les noms suivent avec un détail des honneurs que les Ambassadeurs y ont receus, & de tout ce qu'ils y ont vû, fait & dit, qu'on n'a pas jugé à propos de repeter à chaque article de Ville. / Beauvais. [titre d'après la table]
Le texte relate une visite à Beauvais, une ville située sur la rivière Therin, dans le Gouvernement de l'Isle de France et capitale du Beauvoisis. Beauvais est une ville importante dotée d'un Baillage, d'un Prévôt et d'un Évêché. Elle a été soumise aux Français sous le règne de Clovis et n'a jamais été conquise, ce qui lui a valu le surnom de 'Pucelle'. La ville a résisté à des attaques des Anglais en 1443 et de Charles le Téméraire en 1472. Beauvais est agréable, bien construite et entourée de fossés remplis d'eau. Elle est renommée pour son marché, l'un des plus grands et des plus beaux du royaume, ainsi que pour sa cathédrale Saint-Pierre, riche en reliques et en manuscrits. La ville compte également plusieurs églises collégiales, paroisses et monastères. Le comté de Beauvais était autrefois lié au comté de Vermandois et de Troyes. En 996, Roger, évêque de Beauvais, a échangé des terres pour obtenir le comté, qui est ainsi devenu patrimonial de l'évêché. Lors de la visite des ambassadeurs de Siam, la bourgeoisie était en armes et les ambassadeurs ont été reçus avec des compliments et des présents. Ils ont visité la cathédrale et ont été impressionnés par les grenadiers du roi, qui ont démontré leurs compétences militaires.
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1442
1443
p. 118-121
Breteuïl. [titre d'après la table]
Début :
Ils partirent ce jour là pour aller coucher à Breteüil, & [...]
Mots clefs :
Breteuil, Roi, Ville, Normandie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Breteuïl. [titre d'après la table]
Ils partirent ce jour là pour
aller coucher à Breteüil , &
ils y furent receus ſuivant la
grandeur du lieu. Je croy que
pour parler de ces fortes de
receptions, il fuffit de louer
des Amb. de Siam. 119
le zéle des Habitans. Breteüil
eſt une petite Ville dans la
haute Normandie , fur la riviere
d'Iton , entre l'Aigle,
Evreux&Verneuil. Henry II .
Duc de Normandie & Roy
d'Angleterre, l'ayant donnée
àRobert de Montfort,Amicie
ſa Soeur la vendit en 1210,
àPhilippes Auguſte , Roy de
France. Charles Roy de Navarre
, dont cette Ville eſtoir
devenue le partage, la ceda
en 1410. au Roy Charles VI.
qui luy donna d'autres terres.
Le divertiſſement que prirent
en ce lieu là lesAmbaf
120 III. P du Voyage
ſadeurs, fut de jetter des Gre
nades qu'ils avoient apportées
de Beauvais , où ils les
demanderent lorſqu'ils virent
faire l'Exercice anx Grenadiers.
Le dix - ſeptiéme ils dînerent
dans un Château , qui
appartient à M Deſcerteaux
Gendre de Me la Nourrice
du Roy, &qur eft fur le chemin
qui conduit à Amiens.
Ce lieu leur parut fort agreable.
Ils tirerent au Blanc dans
le Jardin , avec des Fufils &
des Piſtolets . La Nobleffe
des Environs vint les voir di
ner,
1
des Amb de Siam. 121
ner , & en reçût beauccup
d'honneſtetez .
aller coucher à Breteüil , &
ils y furent receus ſuivant la
grandeur du lieu. Je croy que
pour parler de ces fortes de
receptions, il fuffit de louer
des Amb. de Siam. 119
le zéle des Habitans. Breteüil
eſt une petite Ville dans la
haute Normandie , fur la riviere
d'Iton , entre l'Aigle,
Evreux&Verneuil. Henry II .
Duc de Normandie & Roy
d'Angleterre, l'ayant donnée
àRobert de Montfort,Amicie
ſa Soeur la vendit en 1210,
àPhilippes Auguſte , Roy de
France. Charles Roy de Navarre
, dont cette Ville eſtoir
devenue le partage, la ceda
en 1410. au Roy Charles VI.
qui luy donna d'autres terres.
Le divertiſſement que prirent
en ce lieu là lesAmbaf
120 III. P du Voyage
ſadeurs, fut de jetter des Gre
nades qu'ils avoient apportées
de Beauvais , où ils les
demanderent lorſqu'ils virent
faire l'Exercice anx Grenadiers.
Le dix - ſeptiéme ils dînerent
dans un Château , qui
appartient à M Deſcerteaux
Gendre de Me la Nourrice
du Roy, &qur eft fur le chemin
qui conduit à Amiens.
Ce lieu leur parut fort agreable.
Ils tirerent au Blanc dans
le Jardin , avec des Fufils &
des Piſtolets . La Nobleffe
des Environs vint les voir di
ner,
1
des Amb de Siam. 121
ner , & en reçût beauccup
d'honneſtetez .
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Résumé : Breteuïl. [titre d'après la table]
Le texte décrit un voyage d'ambassadeurs de Siam en France, notamment à Breteuil, une petite ville de Haute-Normandie située sur la rivière d'Iton, entre L'Aigle, Évreux et Verneuil. Breteuil possède une histoire riche : Henry II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, l'avait donnée à Robert de Montfort, et Amicie, sa sœur, la vendit en 1210 à Philippe Auguste, roi de France. En 1410, Charles, roi de Navarre, céda la ville au roi Charles VI en échange d'autres terres. Lors de leur séjour, les ambassadeurs furent accueillis avec enthousiasme par les habitants. Ils se divertirent en lançant des grenades apportées de Beauvais. Le 17, ils dînèrent dans un château appartenant à M. Descerteaux, gendre de la nourrice du roi, situé sur le chemin d'Amiens. Ils apprécièrent ce lieu et tirèrent au blanc dans le jardin avec des fusils et des pistolets. La noblesse locale vint les voir dîner et leur montra de nombreuses marques de respect.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1444
p. 121-131
Amiens. [titre d'après la table]
Début :
Ils arriverent à Amiens le soir de ce même jour, & ils [...]
Mots clefs :
Amiens, Ville, Roi, Armes, Canon, Coups, Porte, Évêché, Église cathédrale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Amiens. [titre d'après la table]
Ils arriverent à Amiens le
ſoir de ce même jour , & ils
y trouverent la Bourgeoifie
fous les Armes. Ils furent
receus au bruit de 20 volées
de Canon . C'eſt le nombre
de coups qui eſtoit porté par
les ordres du Roy. Ainfi
quand je parleray du Canon
qu'on a tiré dans toutes les
Villes où ils ont paffé , vous
vous ſouviendrez que l'on a
toûjours tiré 20 coups , ſoit
en entrant , ſoit en fortant.
C'eſt un uſage étably , &
L
122 III. P. du Voyage
toutes les fois que des Am
baſſadeurs entrent dans des
Citadelles , ou qu'ils en fortent
, on tire ce même nombre
de coups , les Citadelles
ayant eſté miſes fur le pied
des Places dont elles portent
le nom.
Amiens eft la Capitale de
Picardie. C'eſt une Ville
confiderable & fort ancienne
fur la Riviere de Somme.
Pluſieurs Empereurs , ſçavoir
Conftantin , Conftans , Julien,
Valentinien, Valens,Gratien
& Theodofe, la choifirent
pour le lieu de leur ſe
des Amb. de Siam. 123.
jour dans les Gaules. Cefar
y avoit fait auparavant un
Magaſin pour ſon Armée , &
Antonin le Debonnaire &
Marc Aurele fon fils avoient
contribué à l'orner. Edoüard
III . Roy d'Angleterre, y rendit
hommage au Roy Philippes
de Valois le fixieme Juin
1329. pour le Duché de
Guyenne & le Comté de
Ponthieu , en prefence des
Roys d'Aragon , de Navarre,
de Boheme & de Majorque.
Les Eſpagnols la furprirent
par ſtratagême en 1597. &
Henry IV. qui la reprit peu
Lij
124 III. P. du Voyage
de temps aprés , y fit bâtir
une Citadelle, qui paffe pour
une des plus regulieres de
l'Europe . La Ville eſt fort
renommée, a de grandes ruës,
de belles Maiſons, & des Places
qu'on eftime , parmy lefquelles
font celles des Fleurs,
& du grand Marché. Les
Ramparts y font une promenade
agreable , à cauſe des
allées d'Arbres qu'on y a plantez
. Il y a Generalité , Prefidial
& Bailliage . L'Evêché
eft fuffragant de Reims . L'Egliſe
Cathedrale de Noftre-
Dame eſt une des plus belles
des Amb. de Siam. 125
& des mieux ornées du
Royaume. On y conferve
le Chef de faint Jean-Baptiste .
Vvalon de Sarton Gentilhomme
de Picardie , qui s'étoit
croisé pour le voyage
d'Outre-mer , s'eſtant trouvé
en 1204. à la priſe de Conſtantinople,
en remporta cette
précieuſe Relique , qu'il
donna à l'Egliſe d'Amiens,
où il avoit un Frere Chanoine.
Ily a encore dans la Ville
d'autres belles Eglifes , avec
diverſes Maiſons Ecclefiaftiques
& Religieufes , & un
College de Jefuites.
Liij
126 III. P. du Voyage
Les Bourgeois , qui comme
je viens de vous marquer
eftoient ſous les Armes , conduifirent
les Ambaſſadeurs
Tambour battant juſqu'à la
porte du lieu qui avoit eſté
deſtiné pour leur logement.
On y poſa une Garde peu de
temps aprés. M. Fournier
Premier d'Amiens , accompagné
des Echevins , precedez
&ſuivis de tous les Officiers
de la Ville , leur vint faire
compliment , & offrir les
Prefens ordinaires . Il fit d'abord
un éloge du Roy de
Siam, & dit qu'ils refpectoient
des Amb. de Siam. 127
ce Monarque dans la perſonne
de ſes Ambassadeurs , & que le
bon accücil que Sa Majesté leur
avoit fait fuffiſoit pour leurfaire
connoiſtre la grandeur de leur
merite , dont ils avoient déja
oüy parler si avantageuſement.
Ilparla enfuite de l'abondance
de biens que le Commerce
produit , & fouhaita une longue
& heureuſe vie au Roy
de Siam , beaucoup de profperité
à tout fon Eftat , & la
joye d'un heureux retour à
leurs Excellences. Les Ambaſſadeurs
les remercierent avec
l'eſprit &l'honneſteté qui
Liiij
128 III. P. du Voyage
leur eſt ordinaire , & mar
querent qu'ils ſe ſouviendroient
de leur bonne reception.
Je vous ay dit que Mle
Premier d'Amiens porta la
parole. Ce nom de Premier
peut vous être nouveau. Nous
diſons icy Prevoſt des Marchands
; en d'autres Villes on
dit Premier , en d'autres
Mayeur, & il y en a qui employent
encore d'autres noms,
pour marquer la premiere dignité
de leur Ville. Ainſi
ſous quelques noms que je
vous parle de ceux qui au
des Amb. de Siam. 129
ront porté la parole , vous
devez croire qu'elle aura eſté
portée par celuy qui eſt à la
tête du Corps de Ville , à
moins que par quelques raifons
particulieres la Ville n'en
nomme d'autres ; ce qui arrive
quelquefois dans les Païs d'Eftats,
& ce qui ſe fit à Arras,
comme vous le verrez dans
la fuite.
Le lendemain 18. les
Compagnies deBourgeois ef
tant encore ſous les Armes ,
conduifirent les Ambaffadeurs
à l'Egliſe Cathedrale ,
afin d'arrêter une foule ing
130 III P. du Voyage
croyable de Peuple qui s'empreſſoit
pour les voir. Tout
leClergé les reçût, & les conduifit
juſqu'au Choeur, aprés
leur avoir fait compliment.
Lors qu'ils eurent conſideré
l'admirable ſtructure de cette
Eglife , ils pafferent à l'Evêché,
dont ils traverſerent tous
les Appartemens accompagnez
de Me l'Evêque , quiles
entretint toûjours avec l'efprit
dont il a ſi ſouvent don.
né d'éclatantes marques , &
par ſes diſcours publics , &
par ſes Ouvrages imprimez ,
Au fortir de l'Evêché les Am,
des Amb . de Siam. 131
baſſadeurs voulurent retourner
à l'Eglife , afin d'en examiner
encore toutes les beautez
, & fur tout la hauteur &
la delicateſſe de la Voûte ;
& ils dirent , que c'estoit une
des plus belles choses qu'ils euffent
veuës en France. Ils monterent
enfuite en Carroffe, &
fortirent de la Ville au bruit
du Canon des Ramparts , &
de celuy de la Citadelle.
ſoir de ce même jour , & ils
y trouverent la Bourgeoifie
fous les Armes. Ils furent
receus au bruit de 20 volées
de Canon . C'eſt le nombre
de coups qui eſtoit porté par
les ordres du Roy. Ainfi
quand je parleray du Canon
qu'on a tiré dans toutes les
Villes où ils ont paffé , vous
vous ſouviendrez que l'on a
toûjours tiré 20 coups , ſoit
en entrant , ſoit en fortant.
C'eſt un uſage étably , &
L
122 III. P. du Voyage
toutes les fois que des Am
baſſadeurs entrent dans des
Citadelles , ou qu'ils en fortent
, on tire ce même nombre
de coups , les Citadelles
ayant eſté miſes fur le pied
des Places dont elles portent
le nom.
Amiens eft la Capitale de
Picardie. C'eſt une Ville
confiderable & fort ancienne
fur la Riviere de Somme.
Pluſieurs Empereurs , ſçavoir
Conftantin , Conftans , Julien,
Valentinien, Valens,Gratien
& Theodofe, la choifirent
pour le lieu de leur ſe
des Amb. de Siam. 123.
jour dans les Gaules. Cefar
y avoit fait auparavant un
Magaſin pour ſon Armée , &
Antonin le Debonnaire &
Marc Aurele fon fils avoient
contribué à l'orner. Edoüard
III . Roy d'Angleterre, y rendit
hommage au Roy Philippes
de Valois le fixieme Juin
1329. pour le Duché de
Guyenne & le Comté de
Ponthieu , en prefence des
Roys d'Aragon , de Navarre,
de Boheme & de Majorque.
Les Eſpagnols la furprirent
par ſtratagême en 1597. &
Henry IV. qui la reprit peu
Lij
124 III. P. du Voyage
de temps aprés , y fit bâtir
une Citadelle, qui paffe pour
une des plus regulieres de
l'Europe . La Ville eſt fort
renommée, a de grandes ruës,
de belles Maiſons, & des Places
qu'on eftime , parmy lefquelles
font celles des Fleurs,
& du grand Marché. Les
Ramparts y font une promenade
agreable , à cauſe des
allées d'Arbres qu'on y a plantez
. Il y a Generalité , Prefidial
& Bailliage . L'Evêché
eft fuffragant de Reims . L'Egliſe
Cathedrale de Noftre-
Dame eſt une des plus belles
des Amb. de Siam. 125
& des mieux ornées du
Royaume. On y conferve
le Chef de faint Jean-Baptiste .
Vvalon de Sarton Gentilhomme
de Picardie , qui s'étoit
croisé pour le voyage
d'Outre-mer , s'eſtant trouvé
en 1204. à la priſe de Conſtantinople,
en remporta cette
précieuſe Relique , qu'il
donna à l'Egliſe d'Amiens,
où il avoit un Frere Chanoine.
Ily a encore dans la Ville
d'autres belles Eglifes , avec
diverſes Maiſons Ecclefiaftiques
& Religieufes , & un
College de Jefuites.
Liij
126 III. P. du Voyage
Les Bourgeois , qui comme
je viens de vous marquer
eftoient ſous les Armes , conduifirent
les Ambaſſadeurs
Tambour battant juſqu'à la
porte du lieu qui avoit eſté
deſtiné pour leur logement.
On y poſa une Garde peu de
temps aprés. M. Fournier
Premier d'Amiens , accompagné
des Echevins , precedez
&ſuivis de tous les Officiers
de la Ville , leur vint faire
compliment , & offrir les
Prefens ordinaires . Il fit d'abord
un éloge du Roy de
Siam, & dit qu'ils refpectoient
des Amb. de Siam. 127
ce Monarque dans la perſonne
de ſes Ambassadeurs , & que le
bon accücil que Sa Majesté leur
avoit fait fuffiſoit pour leurfaire
connoiſtre la grandeur de leur
merite , dont ils avoient déja
oüy parler si avantageuſement.
Ilparla enfuite de l'abondance
de biens que le Commerce
produit , & fouhaita une longue
& heureuſe vie au Roy
de Siam , beaucoup de profperité
à tout fon Eftat , & la
joye d'un heureux retour à
leurs Excellences. Les Ambaſſadeurs
les remercierent avec
l'eſprit &l'honneſteté qui
Liiij
128 III. P. du Voyage
leur eſt ordinaire , & mar
querent qu'ils ſe ſouviendroient
de leur bonne reception.
Je vous ay dit que Mle
Premier d'Amiens porta la
parole. Ce nom de Premier
peut vous être nouveau. Nous
diſons icy Prevoſt des Marchands
; en d'autres Villes on
dit Premier , en d'autres
Mayeur, & il y en a qui employent
encore d'autres noms,
pour marquer la premiere dignité
de leur Ville. Ainſi
ſous quelques noms que je
vous parle de ceux qui au
des Amb. de Siam. 129
ront porté la parole , vous
devez croire qu'elle aura eſté
portée par celuy qui eſt à la
tête du Corps de Ville , à
moins que par quelques raifons
particulieres la Ville n'en
nomme d'autres ; ce qui arrive
quelquefois dans les Païs d'Eftats,
& ce qui ſe fit à Arras,
comme vous le verrez dans
la fuite.
Le lendemain 18. les
Compagnies deBourgeois ef
tant encore ſous les Armes ,
conduifirent les Ambaffadeurs
à l'Egliſe Cathedrale ,
afin d'arrêter une foule ing
130 III P. du Voyage
croyable de Peuple qui s'empreſſoit
pour les voir. Tout
leClergé les reçût, & les conduifit
juſqu'au Choeur, aprés
leur avoir fait compliment.
Lors qu'ils eurent conſideré
l'admirable ſtructure de cette
Eglife , ils pafferent à l'Evêché,
dont ils traverſerent tous
les Appartemens accompagnez
de Me l'Evêque , quiles
entretint toûjours avec l'efprit
dont il a ſi ſouvent don.
né d'éclatantes marques , &
par ſes diſcours publics , &
par ſes Ouvrages imprimez ,
Au fortir de l'Evêché les Am,
des Amb . de Siam. 131
baſſadeurs voulurent retourner
à l'Eglife , afin d'en examiner
encore toutes les beautez
, & fur tout la hauteur &
la delicateſſe de la Voûte ;
& ils dirent , que c'estoit une
des plus belles choses qu'ils euffent
veuës en France. Ils monterent
enfuite en Carroffe, &
fortirent de la Ville au bruit
du Canon des Ramparts , &
de celuy de la Citadelle.
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Résumé : Amiens. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs arrivèrent à Amiens le soir même de leur départ et furent accueillis par la bourgeoisie armée. Leur entrée fut marquée par 20 coups de canon, une tradition pour l'arrivée ou le départ des ambassadeurs dans les citadelles. Amiens, capitale de la Picardie, est une ville ancienne et importante située sur la rivière Somme. Plusieurs empereurs romains et rois, comme Édouard III, y ont séjourné ou rendu hommage. En 1597, la ville fut surprise par les Espagnols avant d'être reprise par Henri IV, qui y fit construire une citadelle. Amiens est célèbre pour ses grandes rues, ses belles maisons et ses places, notamment celles des Fleurs et du Grand Marché. La cathédrale Notre-Dame, où est conservé le chef de saint Jean-Baptiste, est particulièrement remarquable. Les bourgeois, dirigés par M. Fournier, Premier d'Amiens, offrirent des présents aux ambassadeurs et les complimentèrent sur la grandeur de leur monarque. Le lendemain, les ambassadeurs visitèrent la cathédrale et l'évêché, admirant l'architecture et étant reçus par le clergé et l'évêque. Ils quittèrent la ville au son du canon des remparts et de la citadelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1445
p. 131-136
Doulens. [titre d'après la table]
Début :
Suivant la route qui avoit esté arrêtée, on devoit aller [...]
Mots clefs :
Doullens, Roi, Ville, Ambassadeurs, Voyage, Citadelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Doulens. [titre d'après la table]
Suivant la route qui avoit
eſté arrêtée , on devoit aller
coucher d'Amiens à Arras ;
mais le temps ſe trouva fi
132 III P.duVoyage
mauvais & les chemins fi
د
rompus , qu'on jugea à propos
d'aller dîner & coucher à
Dourlans. Ainſi quand cette
Ville- là ne ſe ſeroit pas fi
bien acquittée de ſon devoir
que les autres , on n'auroit pas
fujet de s'en plaindre. Čependant
les Ambaſſadeurs ont
eu tout lieu d'en eſtre contens.
Dourlans eſt une Place
forte en Picardie vers les Frontieres
d'Artois, fur la Riviere
d'Authie. Elle fut autrefois
aux Comtes de Ponthieu .
Guillaume II . marié en 1195.
àAlix de France, fille duRoy
des Amb. de Siam. 133
-
Loüis VII . eut Marie Comteſſe
de Ponthieu, qui donna
fon droit ſur Dourlans au
Roy Loüis VIII. Charles VII .
Paliena à Philippes le Bon
Duc de Bourgogne , par le
Traité d'Arras de l'an 1435..
& il fut racheté en 1463. Antoine
de Bayencourt ayant eu
- la Ville de Dourlans en Don,
le Procureur du Roy la fit
faifir en 1559. & enfuite réünir
à la Couronne , comme
eſtant du Domaine Royal .
Les Ambaſſadeurs en arrivant
virent d'abord un gros Efcadron
, que M Sero Lieuter
134 III. P.duVoyage
nant de Roy fit aller au de
vant d'eux. On les receut
au bruit du Canon ; la Garde
ſe trouva poſtée devant leur
Logis , & ils furent complimentez
au nom de la Ville,
qui leur envoya les Prefens
accoûtumez . Ils donnerent
ce foir là pour mot , Profperité
de Voyage. Ce mot convenoit
bien, en ce que cette
Ville eſtant la premierePlace
forte où ils avoient trouvé
Garniſon , il ſembloit que
leur Voyage commençaſt par
là. Ils auroient autrefois trouvé
Amiens bien remply de
1
des Amb. de Siam. 135
Troupes ; mais depuis que les
Conquestes du Roy ont reculé
ſes Frontieres , ce Monarque
a l'avantage d'avoir
mis preſque dans le coeur de
fon Royaume des Places fortes
, leſquelles par cette raifon
n'ont plus beſoin d'eftre
gardées . Les Ambaffadeurs
viſiterent les Ramparts
avec beaucoup d'exactitude ,
auffi-bien que la Citadelle.
Ils marquerent toute la con.
fideration poffible pour Me
la Lieutenante de Roy, dont
le Mary ſoupa avec eux , &
firent aux Dames qui les vi
136 III. P. du Voyage
rent manger, les civilitez qui
leur ont acquis tant de bienveillance
par tout où ils ont
paſſé.
eſté arrêtée , on devoit aller
coucher d'Amiens à Arras ;
mais le temps ſe trouva fi
132 III P.duVoyage
mauvais & les chemins fi
د
rompus , qu'on jugea à propos
d'aller dîner & coucher à
Dourlans. Ainſi quand cette
Ville- là ne ſe ſeroit pas fi
bien acquittée de ſon devoir
que les autres , on n'auroit pas
fujet de s'en plaindre. Čependant
les Ambaſſadeurs ont
eu tout lieu d'en eſtre contens.
Dourlans eſt une Place
forte en Picardie vers les Frontieres
d'Artois, fur la Riviere
d'Authie. Elle fut autrefois
aux Comtes de Ponthieu .
Guillaume II . marié en 1195.
àAlix de France, fille duRoy
des Amb. de Siam. 133
-
Loüis VII . eut Marie Comteſſe
de Ponthieu, qui donna
fon droit ſur Dourlans au
Roy Loüis VIII. Charles VII .
Paliena à Philippes le Bon
Duc de Bourgogne , par le
Traité d'Arras de l'an 1435..
& il fut racheté en 1463. Antoine
de Bayencourt ayant eu
- la Ville de Dourlans en Don,
le Procureur du Roy la fit
faifir en 1559. & enfuite réünir
à la Couronne , comme
eſtant du Domaine Royal .
Les Ambaſſadeurs en arrivant
virent d'abord un gros Efcadron
, que M Sero Lieuter
134 III. P.duVoyage
nant de Roy fit aller au de
vant d'eux. On les receut
au bruit du Canon ; la Garde
ſe trouva poſtée devant leur
Logis , & ils furent complimentez
au nom de la Ville,
qui leur envoya les Prefens
accoûtumez . Ils donnerent
ce foir là pour mot , Profperité
de Voyage. Ce mot convenoit
bien, en ce que cette
Ville eſtant la premierePlace
forte où ils avoient trouvé
Garniſon , il ſembloit que
leur Voyage commençaſt par
là. Ils auroient autrefois trouvé
Amiens bien remply de
1
des Amb. de Siam. 135
Troupes ; mais depuis que les
Conquestes du Roy ont reculé
ſes Frontieres , ce Monarque
a l'avantage d'avoir
mis preſque dans le coeur de
fon Royaume des Places fortes
, leſquelles par cette raifon
n'ont plus beſoin d'eftre
gardées . Les Ambaffadeurs
viſiterent les Ramparts
avec beaucoup d'exactitude ,
auffi-bien que la Citadelle.
Ils marquerent toute la con.
fideration poffible pour Me
la Lieutenante de Roy, dont
le Mary ſoupa avec eux , &
firent aux Dames qui les vi
136 III. P. du Voyage
rent manger, les civilitez qui
leur ont acquis tant de bienveillance
par tout où ils ont
paſſé.
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Résumé : Doulens. [titre d'après la table]
Le texte relate le voyage d'ambassadeurs qui, en raison de mauvaises conditions météorologiques et de chemins détériorés, se dirigèrent vers Dourlans plutôt qu'Arras. Dourlans, une place forte en Picardie située près des frontières de l'Artois sur la rivière Authie, possède une histoire riche. Elle appartenait autrefois aux Comtes de Ponthieu et passa ensuite à divers rois et ducs, notamment Louis VII, Louis VIII et Charles VII. En 1435, elle fut cédée au Duc de Bourgogne par le Traité d'Arras, puis rachetée en 1463. Antoine de Bayencourt en reçut la ville en don, mais elle fut réintégrée au domaine royal en 1559. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par un escadron de cavalerie, des salves de canon et une garde postée devant leur logis. Ils reçurent des présents et des compliments de la ville. Ils visitèrent les remparts et la citadelle avec attention et montrèrent respect et civilité envers les autorités locales et les dames présentes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1446
p. 136-185
Arras [titre d'après la table]
Début :
Le 19. ils disnerent à Sarbret, & ce qu'il y a de surprenant, [...]
Mots clefs :
Arras, Ville, Roi, Ambassadeurs, Comté, France, Dames, Ambassadeur, L'Arbret, Aix-Noulette, Temps, Église cathédrale, Place, Officiers, Actions, Armes, Magnificence, Fortifications, Régiment, Villeneuve, Gloire, Guerre, Prince, Citadelle, Mains, Lieutenant, Honneurs, Capitaine, Monarque, Merveilles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arras [titre d'après la table]
Le 19. ils difnerent à Sarbret
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
, & ce qu'il y a de furprenant
, c'eſt qu'encore qu'il
n'y euſt en cet endroit qu'une
ſeule maiſon , deſtinée ſeulement
pour la Poſte , & dans
laquelle il n'y a que des chevaux
, les Ambaſſadeurs y
furent ſervis avec la meſme
magnificence qu'à Paris , ce
qur
qui dans un petit lieu , où
l'on ne peut rien trouver
ſembla tenir de l'enchante-
2
des Amb. de Siam. 137
ment. Les Services paroiffoient
preſque auffi grands que la
Maiſon , ce qui fit dire au
premier Ambaſſadeur que tout
contribuoit à faire voir la magnificence
du Roy. Ils partirent
enfuite pour Arras , Capitale
de l'Artois fur la riviere de
Scarpe. C'eſt une Ville dont
les Fortifications font tresregulieres.
Elle est fort ancienne
, & eftoit la premiere
du Comté de Flandre, quand
Charles leChauvé ladonna en
dotàJudith ſa fille , que Baudoüin
ditBras de fer,Comte de
Flandre épouſa en 863. Elle fut
M
138 III. P. dùVoyage
réunie à la France avec tout
l'Artois en 1180. par le mariage
de Philippe Augufte , avec
Iſabelle de Hainaut , Fille de
Baudoüin V. Le Chapitre de
l'Eglife Cathedrale de Nôtre-
Dame eſt compoſé de 40.
Chanoines , & de 52. Chapelains.
L'Evêque d'Arras eft
Suffragant de Cambray. Il y
a encore d'autres belles Eglifes
, la celebre Abaye de S.
Vaft , & unCollege de Jefuites.
Cette Ville fut livrée à
Maximilien I. en 1493. & enfin
ſoûmiſe aux François en
1640.
des Amb. de Siam. 139.
Les Ambaſſadeurs arriverent
fur les trois heures àune
demie licuë de cette Place . La
Cavalerie qui estoit allée au
devant d'eux , lesy attendoit.
Elle estoit compofée de douze
Compagnies du Regiment
de Conigſmark de 40.Maîtres
chacune. M' Mullor premier
Major du Regiment les commandoit.
Lorſque les Ambaffadeurs
approcherent , il les
fit ſaluer de l'épée par toute
cette Cavalerie , qui preceda
enfuite leur Caroffe. Ils trouverent
à la Bariere de la Contreſcarpe
, Male Comte de
Mij
140 III . P. du Voyage
1
Villeneuve Lieutenant de
Roy d'Aras , & qui commande
en l'abſence deM leComte
de Nancré qui en eſtGouverneur.
Il eſtoit accompagné
de tous les Officiers Majors. Il
leur témoigna la joye qu'il
avoit de pouvoir leur rendre
tous les honneurs que Sa Majeſté
luy avoit ordonné de
leur faire. Ils répondirent à ce
compliment de la maniere la
plus honneſte , & qui pouvoit
mieux marquer leur reconnoiſſance
Ils entrerent enfuite
dans la Ville au bruit
du Canon, & au travers d'une
des Amb. de Siam , 14
double haye d'Infanterie.Elle
eſtoit compoſée du Regiment
de Phiffer , qui avoit la droite,
& de 4 Compagnies du Regiment
de Stoup le jeune ,
qui estoit à gauche , à la tête
deſquelles eſtoit M. Lifler Capitaine
du Regiment. Les
Ambaſſadeurs faluerent toutes
les Dames qui estoient aux
feneftres pour les voir paffer.
Toute l'Infanterie les ſalua
de la pique. Pendant cetems
le carillon de la Ville ſe faifoit
entendre , & l'on fonna
une Cloche appellée Ioyeuse ,
parce qu'on ne la ſonne ja
142 III. P. du Voyage
mais que pour des ſujets de
réjoüiſlance. Quand la tête
de la Cavalerie eût atteint la
queuë de la Garde , à la teſte
de laquelle estoit M Courteft
Capitaine de Phiffer , elle
s'ouvrit , & forma deux hayes
pour laiſſer paffer leurs Caroffes
. M le Comte de Villeneuve
les reçut à la porte de
leur logis , & les conduifit
dans leur chambre , où il
entra feul avec M Torf , &
les Officiers Majors. On lia
converfation en attendant
Mrs les Magiſtrats. Les Ambaſſadeurs
ſe ſervirent de ce
desAmb. de Siam. 143
temps pour demander combien
il y avoit de feux &
d'Habitans dans Arras , & de
quelle grandeur eſtoit la Ville,
dont ils marquerent ſouhaiter
le Plan. Le Pere Recteur
des Jefuites vint pendant ce
temps- là , & leur témoigna ſa
reconnoiſſance que toute la
Compagnie avoit du bon
accüeil que le Roy de Siam
faiſoit aux Jeſuites dans fon
Royaume. L'Ambaſſadeur
luy répondit que le Roy fon
Maître les estimoit beaucoup ,
qu'ils n'en pouvoiët douter, puis
qu'il en demandoit encore. Mrs
144 III. P. du Voyage
du Magiſtrat eftant enſuite
arrivez , les Ambaſſadeurs ſe
leverent de leurs fauteüils , &
apres qu'ils les eurent ſaluez
à leur maniere pour repondre
à leur falut , Mª Palifor
d'Incourt Confeiller de Ville ,
& Deputé General & ordinaire
des Etats d'Artois pour
te tiers Etat , leur parla de cetle
forte .
MESSEIGNEVRS,
Cette Ville d' Arras a toûjours esté
Si jalouſe d'exécuter les ordres du
Roy , qu'elle les a toûjours receus
avec autant d'empreffement que de
Soumiffion. Ceux que Sa Majesté
nous
des Amb.de Siam. 145
nous donne aujourd'huy de vous
honorer avec une distinction toute
finguliere, font fi precis &fi pofitifs
, que nous avons juſte ſujet de
craindre que nos efforts ne soient
auſſi vains là deſſus, que nos volontezfont
finceres & toutes remplies
de ce zéle qui a toûjours fait toute
l'ame&tout l'esprit de nostre obéiffance.
En effet, Meſſeigneurs , ce
grand Roy ne pouvoit pas publier
avec plus d'éclat l'estime qu'il fait
de vostre Monarque & de vos Per-
Sonnes, qui charmez de la gloire
qu'il s'est acquiſe dans les expeditions
de la Guerre , &de laſageſſe
de ſa conduite dans la Paix, avez
bien voulu traverſer tant de mers
&fuivre, pour ainsi dire, le cours
du Soleil , pour voir un Prince quż
par la rapidité defes Victoires Sçait
N
146 III. P. du Voyage
le mieux imiter le mouvement de
ce bel Astre , qu'il prend pour fa
Deviſe. Vous reſſemblez en cela à
l'excellente Princeffe Nicaulis Reine
d'Egypte & d'Ethiopie, laquelle
ayant entendu parler de la vertu &
de la sagesse de Salomon, defira de
voir de ses propres yeux ,fi ce que
la Renommée publivit de luy estoit
veritable ; elle ne craignit point
pour cet effet d'entreprendre un long
voyage ; & aprés avoir esté remplie
d'étonnement de voir dans ce Prince
une capacitéfi extraordinaire, &
tant de merveilles dansfon Royau
me , elle ne pût s'empêcher de s'écrier,
Probavi quod media pars
mihi nuntiata non fuerit , major
eft fapientia tua & opera tua ,
quam rumor quem audivi. Ainsi,
Meßeigneurs , nous ne doutons pas
3
1
des Amb. de Siam. 147
qu'aprés que vous aurez admiré
l'esprit de Loüis le Grand , qui est
le Salomon de nostre fiecle, dans la
grandeur & la magnificence deſes
Bâtimens , dans l'oeconomie de sa
Maison, dans le bel ordre de fes
Troupes nombreuſes tant sur mer
quesur terre , dans le nombre infiny
deſesſurprenantes Conquestes , dans
la regularité des Fortifications de
fes Places, & en un mot, dans tout
le reste deſa conduite, vous ne rapportiezfidellement
à voſtre Souverain
Seigneur , que le bonheur de
nostre augusteMonarquefurpaſſede
beaucoup tout ce que vous vous en
estiezimaginé, &qu'il faut l'avoir
vû pour le pouvoir croire. Au reſte,
Meſſeigneurs , nous ne pouvons
mieux répondre aux commandemens
de Sa Majesté , qu'en vous
Nij
148 III . P. du Voyage
Suppliant trés-humblement de nous
honorer des vostres , & d'agréer ces
petits Prefens que nous vous apportons
pour marque qu'il n'y a rien
dans la Ville qui ne foit entierement
à voſtre diſpoſition , & que
nous sommes avec tout le respect
dont nous sommes capables,
MESSEIGNEVRS,
Vos tres humbles &
tres- obéïffans Serviteurs ,
Les Mayeur & Eſchevins
de la Ville d'Arras ..
1
L'Ambaſſadeur répondit,
Que le Roy fon Maistre estoit
un grand Monarque , qui ayant
entendu parler de la grandeur
desAmb de Siam. 149
du Roy de France , defes Conquestes,
&deſes manieres toutes
genereuſes , avoit envoyé il y a
quelques années des Ambaſſadeurs
pour luy demander fon
amitié ; mais que ces Ambaſſadeurs
ayant vray-femblablement
pery, puiſqu'on n'en avoit point
entendu parler, Sa Majesté Siamoiſe
impatiente de voirfon defir
accomply, les avoit de nouveau
envoyezenFrance, non pour aucun
interest ny pour traiterd'affaires
, puisque l'on doit estre
affez perfuadé que ces deux
grands Rois n'en ont point à
démefler enſemble ; mais uni-
Niij
150 III . P. du Voyage
quement pour l'honorer & pour
luy marquer avec quel empreffement
le Roy de Siam recherche
fon amitié. Ils adjoûterent,
qu'ils avoient beaucoup d'obligation
au Roy de la reception
qu'il avoit ordonné qu'on leur
fift dans toutes les Villes où ils
avoient paßé , & qu'ils remer
cioient en particulierMrs d'Arras
, de l'honneur & des Prefens
qu'ils leur faisoient. Cette réponſe
fit connoiſtre qu'ils
avoient compris le ſens de la
Harangue, puiſque l'Hiſtoire
nous apprend que la Reine de
Saba n'eſtoit venuë voir Sa-
1
des Amb. de Siam. 151
lomon que pouffée du defir
de reconnoiſtre en luy toutes
les merveilles que la Renommée
en publioit, & non pour
traiter avec luy d'aucunes
affaires . M de Ville eftant
fortis , M le Comte de Villeneuve
leur demanda l'ordre
, & ils donnerent pour
mot , qui m'attaque fe pert. Il
eſt à propos de marquer icy
une choſe qui vous fera connoiſtre
les raiſons qu'ils ont
cuës de donner par tout les
mots qui ont eſte ſi approuvez
, & qui leur ont fait meriter
tant de loüanges. En
Niiij
152 III. P. du Voyage
approchant de chaque Ville,
ils s'informoient de l'hiſtoire
de la Ville où ils alloient , de
l'état de la Place , des Sieges
qu'elle avoit ſoûtenus, & du
merite , de la qualité & des
actions du Gouverneur ; & de
toutes ces chofes , ainſi que
de ce qui leur arrivoit , &
de ce qu'ils voyoient dans la
Place, ils formoient les mots
que pour leur faire plus
d'honneur & marquer plus
de déference , les Commandans
leur demandoient. C'eſt
pourquoy ils donnerent celuy
de qui m'attaque se pert,
des Amb. de Siam. 153
ayant appris que de nombreuſes
Armées remplies de
Troupes de differentes Na--
tions,&commandées par des
Chefs d'une grande experience
, & d'une haute reputation
, avoient eſté contraints
de lever le Siege de devant
Arras. Le concours du peuple
fut grand pour les voir
ſouper ; mais comme ils auroient
eſté trop incommodez
, on ne laiſſa entrer que
les premieres perſonnes de la
Ville , & les principales Dames,
auſquelles ils firent tout
le bon accüeil imaginable.
154 III . P. du Voyage
Ils donnerent à la plus confiderable
ce que leur Deffert
avoit de plus beau , pour le
diftribuer aux autres ; ce
qu'ils ont fait fort ſouvent
en de pareilles occaſions .
Ils ne fortirent point le
lendemain matin , mais ils
reçûrent les viſites de M. le
Comte de Villeneuve Lieutenant
de Roy , de M² Bifſetz
Major de la Place , des
principaux Officiers de la
Garnifon , & de quelques
Mrs du Confeil. La plupart
de la Nobleſſe des environs
d'Arras vint auſſi les falier.i
des Amb. de Siam. iss
Onleur propoſa de leur faire
entendre l'aprés- dînée ce qui
fut chanté à Sceaux devant
le Roy , lorſque Sa Majefté
fit l'honneur àMª de Seignelay
d'aller voir cette belle
Maiſon , à quoy ils confentirent.
On ne laiſſa entrer
que les Dames pour les voir
dîner. Sur les deux heures
Me le Comte de Villeneuve
les vint prendre dans quatre
Carroffes , pour les mener à
la Citadelle , où Mª de la
Pleigniere qui en eſt Gouverneur
, les fit recevoir au
bruit du Canon. Ils paffer
156 III. P. du Voyage
rent au travers de deux hayes
d'Infanterie , & les Officiers
les falüerent de la Pique. II
leur fit voir les Fortifications
de la Place ; ils les examinerent
toutes , & demanderent
le nom de chaque piece. Ils
virent auſſi faire l'Exercice à
un Bataillon de Picardie qui
eftoit ſous les Armes , à quoy
ils prirent beaucoup de plaifir
. On leur fit voir enſuite
l'Arcenal , & tout ce qu'il y
a de remarquable dans cette
Citadelle ; aprés quoy on leur
fervit une magnifiqueCollation
, où l'on bût de quandesAnb.
de Siam. 157
zité de differentes Liqueurs.
Les Dames les plus diftinguées
de la Ville s'eſtoient
renduës dans la Citadelle ,
pour les voir plus commodément.
Ils les regalerent
de Confitures , & trouverent
qu'Arras ne manquoit pas de
beautez . La Santé du Roy
ne fut pas oubliée , & quelques
Dames la bûrent auffi.
Cette Affemblée n'eſtoitcompoſée
que de Gens de marque
, puiſqu'outre les Dames
il n'y avoit d'Hommes que
les Officiers de la Garniſon,
tant de la Ville , que de
158 IHI. P. du Voyage
la Citadelle . L'Ambaſſadeur
ayant apperçu un Plan qui
eſtoit attaché à la Tapiſſerie,
demanda quel Plan c'eſtoit.
On luy répondit , que s'eftoit
celuy de la Citadelle ; &
il le demanda à Mª de la
Pleigniere, qui le luy donna.
Comme ils avoient encore
beaucoup de choſes à
voir pendant le reſte de l'aprés-
dînée , ils ſortirent aufſi
- tôt que la Collation fut
finie , aprés avoir remercié
Mª de la Pleigniere en termes
fort obligeans, & le Canonſe
fit entendre à leur for
des Amb . de Siam. 159
tie de la même maniere qu'il
avoit fait lorſqu'ils eftoient
entrez. Ils allerent de là à
F'Eglife Cathedrale , où tout
le Peuple eſtoit accouru en
foule ; ils furent reçûs au
grand Portail par tout leChapitre
en corps , ce qui marquoit
quelque choſe de venerable
& d'augufte. Il avoit
à ſa tête M. le Févre
Prevoſt , Chanoine & Theologal
de cette Cathedrale ,
que nous avons veu Aumônier
& Predicateur de la Reine.
Voicy en quels termes
it parla aux Ambaſſadeurs .
160 III. P. du Voyage
MESSEIGNEURS ,
Puisque Sa Majesté vous envoye
furfes Frontieres pour vous rendre
Spectateurs de ſes Conquestes , que
la Renommée a portées jusqu'au
bout du Monde , ce qui vous afait
traverſer tant de Mers pour venir
admirer ce Salomon de nôtre Siecle
, nous ofons vous afſeurer que
la Ville d'Arras est un des plus
beaux &un des plus anciens Fleurons
de sa Couronne , & qu'il n'a
point dans tous ſes Estats de Province
plus memorable que celle
d'Artois , puisqu'elle a toûjours esté
regardée comme l'oeil & la clefde
toute la Flandre. En effet , Cefar
même n'a point balancé de paſſer
les Alpes , & de faire voir l'Aigle
Romaine aux Portes de cette CapidesAmb.
de Siam. 161
tale , dont le Siege luy cousta si
cher, qu'il avoue dansſes Commentaires
, que dans toutes les autres
attaques il avoit combattu pour la
gloire , mais qu'il avoit dans cellecy
deffendu fa propre vie , tant il
avoit trouvé de courage & de reſiſtance
dans lesPeuples qui la deffendoient.
On en voit encore les
glorieux restes , dans ce fameux
Camp * qui nous environne , où
ce grand Capitaine fut obligé de
demeurer fort long-temps , ne pou
vant vaincre cette genereuse opiniaſtreté
des Artefiens , qui arresta
le cours de ſes Victoires , &qui luy
fit acheter fi cherement la gloire
qu'il en remporta.
Cette Comté fameuse ayant par la
viciffitude des Temps & la revo-
*Le Camp de Cefar prés de l'Abbaye d'Eſtrun
162 III . P. duVoyage
lution des Guerres changé deMaitre
, & passé des mains des Ro
mains , dans celles des François,نم
de Payenne estant devenue Chrétienne,
fut l'Appanage de nos Princes
du Sang. Le grand faint Louys
enfit un Present à Robertfon Frere
; luy laiſſant pour partage les
Fleurs-de-Lys fans nombre , * it
luy fit comprendre qu'il ne devoit
point donner de bornes àson courage
sous un si glorieux Eftendart.
C'est ce Robert d'Artois qui paffantfur
le ventre à tant d'Infideles,
dont il achevoit la deffaiteà la
Mazoure dans l'Egypte , en devint
enfin la Victime , se croyant trop
heureux de verſertoutsonfangpour
la querelle du Sauveur du Monde ,
dont il vouloit arracher le facré
* Qui font les Armes encore aujourd'huy de
cetteProvince,
des Amb. de Siam. 163
Sepulchre des mains des Ottomans,
àla pointe deson épée.
Maissi cette Ville d'Arras s'est
distinguéepar les actions heroïques
qui se sont paßées au pied deses
murailles, &parses Princes qui se
font transportez chez les Nations
tesplus reculées pourysignaler leur
valeur , elle n'est pas moins recommandable
par ce fameux Traité de
Paix d'Arras en 1435.qui mit fin
à tant de differens, &à unesifanglante
guerre qui s'estoit allumée
dans toute l'Europe , ou le Duc de
Bourgogne fut en perſonne avec la
Ducheffefon Epouse Infante de Por
tugal. Ce Traitéy attira tout ce qu'il
yavoit de gens plus confiderables &
plus nobles fur la terre , les Legats
du Pape Eugene IV. ceux du Concile
de Bafle,&de l'Anti-Pape Fe
O ij
164 III. P. du Voyage
lix. L'EmpereurSigismond, lesRois
de Caſtille, d'Arragon, de Navarre,
de Naple , de Sicile & de Chypre,
de Dannemark & de Pologne, yenu.
voyerent leurs Ambaſſadeurs , qui .
jaloux de la gloire de leurs Nations
, affectoient une magnificence
extraordinaire . Ceux de France &
d'Angleterre encherirentfur les au
tres par la pompe de leurs Equipages
, les Ducs de Bourbon & de
Vendofme, avec les Conneſtable &
Chancelier, les Marcſchaux deRieux.
& de la Fayette, Adam de Cambray
Premier President au Parlement de
Paris,tous accompagnez d'une infinité
de Nobleffe de la Nation, qui
par leur politeffe & leur lustre don
nerent une haute idée de la leur.
Ce fut dans cetteAſſemblée que le..
Roy de France &le Duc de BourdesAmb.
de Siam. 165
gogne jetterent les fondemens d'une
Paix fincere, dont les fuites ont
esté trés- avantageuses à toute l'Europe
, qui fut jurée folemnellement
dans cette Eglise Cathedrale.
Voilà, Meffſeigneurs , l'éclat que
ba Ville d'Arras a tiré de la Paix
comme de la Guerre ; & cette Capitale
ayant depuis tombé tantôt.
dans les mains de Lauys XI. tantôt
dans celles de l'Empereur Maximilien
, qui faisoient à l'envy
leurs efforts pout s'en rendre les
Maistres , elle fut ensuite la dépofitaire
des cendres des Heros les.
plus distinguez dans la Guerre ;
puisque le Duc de Parme &le Maréchal
de Gaffion fant ensevelis.
dans l'enceinte de ses murailles,
comme si c'estoit le deftin à cette
Ville martiale de garder les précieux.
166 III. P. du Voyage
reftes de la bravoure& de la ge
nerosité qui fut le partage de ces
deux grands Capitaines.
Enfin Louys le lufte fut le dernier
Prince qui s'en afſeura la conqueste
par ses Armes victorieuses .
Elle ne balança pas d'ouvrir fis
Portes à un Roy qui devoit finir
fes miferes auffi- tôt qu'elle deviendroit
sasujette ; &pour en écarter
àjamais la tempeste qui la me
naçoit , LOVIS LE GRAND
en a reculé si loin la Frontiere de
fes Estats , qu'elte en est aujour
d'huy le centre , au lieu qu'elle en
estoit autrefois l'extremité : fi bien
que comme le grand Pompée fe
vantoit d'avoir fait parsa victoire
de l'Asie mineure , le milieu de
l'Empire Romain , qu'elle bornoiz
auparavant ; auffi l'on peut dire
des Amb. de Siam. 167
que la fameuse Ville d'Arras doit
aux Armesde LOVIS LE GRAND
l'avantage d'estre aujour'dbuy le
coeur de la France , dont elle estoit
cy - devant la teste.
Mais il manquoit àfagloire d'avoir
pour témoins deses antiquitez,
deses Fortifications , &defes
fertiles Campagnes , les Peuples les
plus reculez , quipour admirer toutes
ces merveilles ont traversé
toute la distance qui ſeparele Gange
d'avec la Mer Occidentale ,
qui vivant dans des Climats où
le Soleil commence sa course , font
venus jusqu'à ceux où ce grand
Aftre la finit ; en forte que l'on
peut dire de chacun de vous, Mef-
Seigneurs, ce que nous liſons dans
LeRoyProphete, quand il nous veut
donner une idée de fon mouve168
III . P. du Voyage
ment : * Exultavit ut gigas ad
currendam viam à ſummo Cælo
egreffio ejus , & occurfus ejus,
uſque ad fummum ejus.
Heureuſe Province , d'avoir receu
des Ambassadeurs Estrangers,
également venerables par le Prince
qu'ils reprefentent , &par l'importance
de leur ministere , qui n'ont
point apprehendé de faire un Voyage
de fix mille lieües pour ſe ménager
une Alliance avec LOVIS
LE GRAND. Ils pourront apprendre
au Roy de Siam toutes les
chofes quise font paßées sous fon
Regne , les grandes & fameuses
Victoires qu'il a remportées , les
Provinces qu'il a conquiſes , les
Citadelles qu'il a fait élever au
milien des Eaux , les Marais qu'il
*Pfal.. 44
desAmb de Siam. 169
deſſechez, le fecret qu'il a trouvé
de faire une Digue à la Mer,
pour arreſter l'impetuosité de ses ondes
qui n'avoient point encore più
trouver d'obstacle à leur rapidité.
Sans doute , Meſſeigneurs , le Roy
de Siam furpris de tant de merveilles
, se fera de LOVIS LE
GRAND une idée bien au deſſus
de celle que sa reputation luy avoit
donnée. Vôtre Roy que vous nommez
chez vous le Seigneur des Seigneurs
, & la seule cause du bon
heur deses Peuples , fera bien aiſe
d'apprendre de vous que vom avez
trouvé les François pleins de refpect
& de foimiſſion pour leur
Prince. Puiſſi z vous l'affeurer qu'il
n'est pas moins l'exemple , que le
Souverain de fes Sujets , &qu'il les
gouverne encore plus parses vertus,
P
1
170 III. P. du Voyage
que parses Loix. Peut- estre qu'en
luy representant l'Architecture &م
la beauté de cette Cathedrale , ore
reposent les cendres de Monfieur le
Comte de Vermandois , qui marchant
fur les traces de fon auguste Pere ,
aujourd'huy le plus grand des Rois ,
commençoit à ſe ſignaler déja dans la
Guerre ( C'est le précieux dépost que
Sa Majesté nous a confié depuis trois
ans dans ce Temple , où les ceremonies
de l'Eglife Chrétienne se celebrent
avec tant d'exactitude, & qui
depuis plus de treize Siecles a toujours
efté deffervie par tant de Saints
Evêques par tant de Chanoines,
d'un merite fi diftingué ) Peut- estre,
dis - je , que par un miracle qui n'a
point encore paru dans nosjours , le
Ciclouvrira fon coeur , & le faisant
fortir avec ses sujets des tenebres
des Amb. de Siam. 171
qui les aveuglent , il luy donnera
l'envie d'imiter LOVIS LE
GRAND dans sa Religion , comme
dans sa Domination : fi bienque
faisant tous deux une Alliance de
picté , comme de commerce ilsferont
tous deux également heureux
dans ce Monde , &pourront ajous.
ter à la Couronne qu'ils poſſedent
déjafur la Terre , celle de l'Eternité.
,
CetteHarangue ayant eſté
interpretée , l'Ambaſſadeur
répondit , Voftre Harangue ,
Monfieur , roule fur deux chefs,
fur la gloire de Loüis XIV. &
fur le defir que vous avez ainſi
que Sa Majesté , de noftre con-
Pij
172 III. P. du Voyage
version. A l'égard du premier,
on ne peut estre mieux perfuadé
que nous leſommes, des grandes
actions de ce Monarque , dont
la reputation nous a fait venir
de fi loin. Nous ne doutons pas
non plus defa magnificence &
de fa grandeur, puisque nous en
avons fait une experience ſenſible
à ſa Cour &furfes Frontieres.
A l'égard du ſecond point
qui regarde nostre converſion à
la Foy Catholique Romaine, nous
avons des Evesques en noftre
Royaume , qui pourront nous en
inftruire. Il remercia enfuite
tout le Corps du Chapitre,
des Amb. de Siam. 173
de l'honneur qu'il leur faifoit
; aprés quoy ils regarderent
l'Egliſe tant par dehors
que par dedans. Ils entrerent
dans le Choeur , dont ils admirerent
l'Architecture , &
particulierement les petits pilliers
qui ſoûtiennent un auffi
grand Vaiſſeau. On les conduifit
vers la Tombe de M
le Comte de Vermandois , &
on leur dit , qu'il eſtoit grand
Admiral, legitimé de France, &
Frere de Madame la Princeffe de
Conty. L'on s'apperceut alors
qu'ils ſe mirent tous trois fur
ce Tombeau, qu'ils porterent
Piij
174 III . P. du Voyage
leurs mains à leurs yeux , &
qu'ils les frotterent ; & l'on
apprit que c'eſt une maniere
uſitée chez eux pour témoigner
leur deüil. Ils prirent
beaucoup de plaisir à entendre
les Orgues de cette Cathedrale
, qui font fort bonnes
; & fortirent de cette
Egliſe aprés avoir fait de
nouveaux remercîmens au
Prevoſt & aux Chanoines .
Apres cela ils allerent au
Magaſin d'Armes, qu'ils trouverent
en trés-bon état. C'eſt
l'effet des ſoins du Miniſtre
qui s'en meſle. Ils virent auffi
desAmb . de Siam , 175
la celebre Abbaye de Saint-
Vaaſt , & furent receus à la
Porte par le Grand Prieur ,
qui eſtoit à la teſte de fa
Communauté , & qui leur fit
un compliment affez court.
Il le finit en diſant , qu'ils les
recevoient avec tous les honneurs
qu'il eſtoit en leur pouvoir de
leurfaire, puiſque la haute eftime
que Sa Majesté faisoit du
Monarque qui les luy avoit envoyez,
&la confideration particuliere
qu'Elle avoit pour leurs
Excellences , estoit la régle du
profond respect avec lequel ils
ſe preſentoient à eux, en leur
Piiij
176 III. P. du Voyage
offrant très-humblement leMonastere
& tout ce qui en dépendoit.
Ils répondirent qu'ils eftoient
bien perfuadez que les
honneurs que ces Religieux leur
rendoient, estoient une continiation
des effets de la bonté du
Roy à leur égard , & que c'eftoit
à Sa Majesté à qui ils en
avoient toute l'obligation ; mais
qu'ils vouloient pourtant leur en
avoir aufſi. Enfuite ils les
remercierent de la maniere
honneſte dont ils en uſoient;
aprés quoy ils entrerent dans
l'Eglife , & s'arreſterent dans
la Nef pour en confiderer la
des Amb. de Siam. 177
ſtructure ; ce qu'ils firent fort
attentivement. Puis ils entrerent
au Choeur , & s'attacherent
à regarder la ſculpture
des Chaiſes, qui eſt trés-belle
&fort eſtimée . On leur montra
leTombeau du RoyThierry
de la premiere Race , & Fondateur
de ce Convent ; & on
leur dit qu'il ne s'en faloit que
8 années qu'il ne fuft mort ily
a mille ans. L'Ambaſſadeur
demanda comment il eſtoit poffible
qu'ily eust un Roy de France
enterré dans cette Abbaye depuis
fi longtemps , &qu'ily en
cust fi peu , que ce Pays ap
178 III. P. du Voyage
partenoit à la France , Arras
ayant esté pris par le feu Roy.
Le Grand Prieur leur expliqua
en peu de mots , comment
tout le Pays-bas eſtoit
une partie du Royaume de
France ; qu'il n'en avoit eſté
ſeparé que trés-peu de temps,
ſçavoir depuis l'an 1525. jufques
en l'an 1640. & qu'à
l'exception de ce temps-là,
les Rois de France en avoient
toûjours eſté reconnus pour
legitimes Souverains . On les
mena au fortir de l'Eglife ,
dans les Cloiftres, & dans un
Refectoire. De là ils repaffe
des Amb. de Siam. 179
rent par l'Eglife , & eftant à
la porte , l'Ambaſſadeur fit
tout ce qu'il pût pour empeſcher
le Grand Prieur de le
conduire juſqu'à fon carroffe
; mais il crut eſtre obligé
de l'y voir monter. Je ne
vous parleray point des complimens
de remercîment que
firent les Ambaſſadeurs , & je
les retrancheray meſme en
beaucoup d'endroits, puiſque
leur civilité eſt aſſez connuë
pour ne pas douter qu'ils n'en
ayent donné des marques à
toutes les perſonnes qui ont
pris la peine de leur montrer
quelque choſe.
180 III. P. du Voyage
Au fortir de l'Abbaye de
Saint Vaaft , ils allerent au
Concert dont on leur avoit
parlé le matin , & dont Madame
de Préfontaine, femme
du Prefident du Confeil d'Artois
, faifoit les honneurs
Elle les reçût accompagnée
des principales Dames de la
Ville. Les Muficiens estoient
dans une fort grande Salle,
dans laquelle il ſe trouva une
grande affluence de monde,
quelque ordre qu'on cût apporté
pour empêcher la foule.
Ils furent fort fatisfaits
de ce Concert , & le témoides
Amb . de Siam. 181
gnerent à Madame de Préfontaine
, en luy faiſant leurs
remerciemens . Ils retournerent
enſuite chez eux , où ils
trouverent leur Garde ſous
les Armes ; car on avoit mis
à la porte de leur Logement
une Compagnie Suiſſe , avec
un Capitaine & un Lieutenant.
Elle fortoit du Corps
de garde pour ſe mettre en
hayequand les Ambaſſadeurs
devoient fortir , & battoit
lorſqu'ils fortoient & qu'ils
rentroient. Aufli - tôt qu'ils
furent arrivez chez eux , Mr
Biſſetz leur porta le Plan de
182 III. P.du Voyage
la Ville que le premier Am
baffadeur luy avoit deman-
-dé , & qu'il examina d'une
maniere qui marquoit qu'il
commençoit à devenir ſçavant
dans nos Fortifications .
Ce même Major leur demanda
le mot , & ils donnerent
Actions éclatantes , par
rapport à ce ce qu'on leur
avoit dit, qu'aux deux Sieges
d'Arras il y avoit eu beaucoup
d'actions remarquables,
& particulierement au ſecond
, où les Afliegeans avoient
ſouvent eſté repouffez.
On leur avoit même
4
des Amb. de Siam. 183
montré les endroits où les
actions de vigueur s'eftoient
-faites . Le premier Ambaffadeur
demanda à M Biffetz
, s'il estoit François ; &
comme on luy eut répondu ,
que oüy , &qu'il estoit Major
de la Place , il luy dit , qu'en
fon Pays on avoit la barbe &
les cheveux comme luy. M
Biſſetz luy répondit , que s'il
n'eſtoit point François , il voudroit
estre Siamois . Comme
il y avoit beaucoup de Dames
à Arras qui n'avoient
encore pû les voir , il s'en
trouva beaucoup ce foir-là à
r
184 III. P.du Voyage
leur ſoûpé , où tout ſe paſſa
à lordinaire .
Le lendemain 21. M le
Lieutenant de Roy & Ms les
Officiers Majors , ſe rendirent
à leur lever ; & les Ambaſſadeurs
aprés les avoir remerciez
avec des expreffions
pleines de reconnoiffance ,
monterent en Carroſſe à huit
heures préciſes du matin ; &
toutes les Troupes eſtant
fous les Armes comme à leur
arrivée , ils fortirent au bruit
du Canon & du Carillon de
la Ville. Mes du Magiſtrat
le firent joüer trois fois le
desAmb. de Siam. 185
jour pendant tout le temps
que ces Ambaſſadeurs féjournerent
à Arras , ſçavoir une
heure au matin , une hcure à
midy , & une heure. le ſoir,
ainſi qu'à leur entrée & à leur
fortie . Ils allerent ce jour-là
21. dîner à Aiffe , qui eſt un
petit Village entre Arras &
Bethune.
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Résumé : Arras [titre d'après la table]
Le 19, les ambassadeurs de Siam arrivèrent à Sarbret, où ils furent reçus avec magnificence malgré l'absence de commodités. Ils se dirigèrent ensuite vers Arras, capitale de l'Artois, située sur la rivière de Scarpe. Arras est une ville ancienne, ayant été donnée en dot par Charles le Chauve à Judith, épouse de Baudouin Bras de Fer en 863, et réunie à la France en 1180 par le mariage de Philippe Auguste avec Isabelle de Hainaut. La ville possède des fortifications régulières et plusieurs édifices religieux notables, dont la cathédrale Notre-Dame et l'abbaye de Saint-Vaast. Les ambassadeurs furent accueillis par une cavalerie composée de douze compagnies du régiment de Conigsmark et reçus par le comte de Villeneuve, lieutenant du roi d'Arras. Ils entrèrent dans la ville au bruit du canon et au travers d'une haie d'infanterie. Les magistrats de la ville leur adressèrent un discours, soulignant la loyauté d'Arras envers le roi de France et l'estime portée aux ambassadeurs. Ces derniers répondirent en exprimant leur gratitude et en soulignant que leur visite n'avait pas de but diplomatique, mais visait à honorer le roi de France. Les ambassadeurs visitèrent la citadelle d'Arras, où ils assistèrent à un exercice militaire et reçurent une collation. Ils se rendirent également à la cathédrale Notre-Dame, où ils furent accueillis par le chapitre. Leur séjour à Arras fut marqué par des réceptions et des visites officielles, témoignant de l'importance accordée à leur mission. Les ambassadeurs assistèrent à un concert à Arras, accueillis par Madame de Préfontaine, épouse du Président du Conseil d'Artois, et les principales dames de la ville. Malgré les mesures pour éviter la foule, une grande affluence se rassembla dans la salle. Les ambassadeurs apprécièrent le concert et exprimèrent leur satisfaction à Madame de Préfontaine. De retour chez eux, ils trouvèrent une compagnie suisse en garde à leur porte. Le Major Bissetz leur apporta un plan de la ville, que le premier ambassadeur examina avec intérêt, démontrant ses connaissances en fortifications. Bissetz demanda le mot de passe, et les ambassadeurs mentionnèrent les actions militaires remarquables lors des sièges d'Arras. Le lendemain, les ambassadeurs furent salués par le Lieutenant du Roi et les officiers majors avant de quitter Arras en carrosse, escortés par les troupes et accompagnés par le canon et le carillon de la ville. Ils se rendirent à Aisse pour dîner.
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1447
p. 185-193
Bethune. [titre d'après la table]
Début :
Aprés un Repas aussi magnifique qu'on l'eût pû faire [...]
Mots clefs :
Béthune, Régiment, Ville, Fort, Lieutenant, Capitaine, Place, Roi
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texteReconnaissance textuelle : Bethune. [titre d'après la table]
Aprés un Repas auffi magnifique
qu'on l'eût pû faire
dans la plus grande &la plus
abondante Ville du Royaume
, ils partirent pour aller
coucher à Bethune. C'eſt
une Place du Pays - Bas dans
186 III . P. du Voyage
l'Artois , affez bien fortifiée.
Elle eſt ſur la petite Riviere
de Biette. Les François la
prirent en 1645. & elle leur
fut cedée en 1659. par leTraité
de la Paix des Pyrenées.
Elle a eu des Seigneurs particuliers
. Robert VII. Seigneur
de Bethune & deTenremonde
, maria Mahaud fa
Fille unique avec Guy de
Dampierre , Comte de Flandres
, dont elle cut Robert
VIII. dit de Bethune , Comte
de Flandres. Le Regiment
de Cavalerie de Chartres qui
eſtoit enGarniſon àBethune,
des Amb. de Siam. 187
fit un détachement pour aller
au devant des Ambafladeurs
, & le refte eſtant demeuré
en bataille ſur la Contreſcarpe,
les falua l'épée à la
main lorſqu'ils pafferent. Mr
de Limbeuf Lieutenant de
Roy de cette Place , les reçut
à la Porte de la Ville. Le
Regiment de Baffigny d'Infanterie
commandé par M
de Chanterene Lieutenant
Colonel, en l'absence de M
le Comte de Mailly qui en
eft Colonel , formoit deux
hayes juſqu'au Château où ils
logerent. M² de Chanter
12
r
Qij
188 III . P. du Voyage
3
rene tenoit la droite du pre
mier rang , & le premier Capitaine
la gauche. LesAmbaſſadeurs
qui en furent
falüez , ainſi que de tous
les autres Capitaines , trouverent
à la porte de leur Logis
une Garde du même Regiment
, avec un Capitaine,
un Lieutenant, un Enſeigne,
& deux Sergens. Auffi-tôt
qu'ils furent arrivez , ils reçûrent
les complimens de la
Ville , & les Prefens ordinaites
. Ils fortirent enfuite à
pied , pour voir le Regiment
que je vous ay dit qui s'eſtoit
e
desAmb. de Siam. 189
mis en bataille fur la Place ,
& demanderent qu'on luy
fiſt faire l'exercice au Tambour
; ce qui fut aufli - tôt
executé. Ils témoignerent
en eſtre fort fatisfaits , & aprés
pluſieurs queſtions qu'ils
firent , ils voulurent ſavoir
de combien d'Hommes ce
Regiment estoit compofé.
Onles fatisfit fur toutes leurs
demandes, & ils loüerent la
propreté de ce Regiment qui
eſtoit fort leſte. Tous lesSoldats
avoient des Chapeaux
neufs , & bordez d'or. Leurs
Bandolieres , Ceinturons , &
190 III. P. du Voyage
cordons de Poires , eſtoient
auffi fort propres ; le tour
garny de force Rubans, couleur
de feu & blancs . Leurs
Epées eſtoient toutes de même
maniere , & tous les Officiers
avoient des Habits fort
riches , & également ornez .
Aprés cela les Ambaſſadeurs
allerent fur les ramparts, dont
ils firent le tour à pied , &
aprés en avoir examiné toutes
les Fortifications , ils rentrerent
au Château où ils eftoient
logez. Ils en fortirent,
quelque temps aprés pour en
faire le tour ſur la Terraffe,
des Amb. de Siam. 191
Σ
r
& admirerent la ſituation de
laVille, qu'ils trouverent trésbelle
& fort à leur gré. M
de Limbeuf alla enfuite prendre
le mot , & ils donnerent
la valeur & la vigilance, parcequ'ils
avoient fceu que M
le Mareſchal de Crequy eftoit
Gouverneur de la Ville ,
& qu'il avoit pris des Places
importantes en commandant
en chef les Armées du Roy ;
ce qui ne ſe peut faire fans
vigilance & fans valeur. Ils
arreſterent le ſoir M de
Chanterene à ſouper, avec le
Capitaine qui commandoit
192 III . P. duVoyage
la Garde devant leur logis.
M de Chanterene fit venir
des Violons qui joüerent
pendant tout le Repas.
Quantité de Dames qui s'y
trouverent , & dont beaucoup
leur parurent belles, en
reçûrent autant de loüanges
que de Fruits & de Confitures
. On leur fit le lendemain
à leur départ les mêmes honneurs
qu'on leur avoit faits à
leur arrivée , & ils fortirent
de la Ville au bruit du Canon
comme ils y estoient entrez,
aprés avoir remercié avec les
termes obligeans qui leur font
des Amb . de Siam. 193
finaturels , M'le Lieutenant
de Roy , & les Officiers des
Troupes.
qu'on l'eût pû faire
dans la plus grande &la plus
abondante Ville du Royaume
, ils partirent pour aller
coucher à Bethune. C'eſt
une Place du Pays - Bas dans
186 III . P. du Voyage
l'Artois , affez bien fortifiée.
Elle eſt ſur la petite Riviere
de Biette. Les François la
prirent en 1645. & elle leur
fut cedée en 1659. par leTraité
de la Paix des Pyrenées.
Elle a eu des Seigneurs particuliers
. Robert VII. Seigneur
de Bethune & deTenremonde
, maria Mahaud fa
Fille unique avec Guy de
Dampierre , Comte de Flandres
, dont elle cut Robert
VIII. dit de Bethune , Comte
de Flandres. Le Regiment
de Cavalerie de Chartres qui
eſtoit enGarniſon àBethune,
des Amb. de Siam. 187
fit un détachement pour aller
au devant des Ambafladeurs
, & le refte eſtant demeuré
en bataille ſur la Contreſcarpe,
les falua l'épée à la
main lorſqu'ils pafferent. Mr
de Limbeuf Lieutenant de
Roy de cette Place , les reçut
à la Porte de la Ville. Le
Regiment de Baffigny d'Infanterie
commandé par M
de Chanterene Lieutenant
Colonel, en l'absence de M
le Comte de Mailly qui en
eft Colonel , formoit deux
hayes juſqu'au Château où ils
logerent. M² de Chanter
12
r
Qij
188 III . P. du Voyage
3
rene tenoit la droite du pre
mier rang , & le premier Capitaine
la gauche. LesAmbaſſadeurs
qui en furent
falüez , ainſi que de tous
les autres Capitaines , trouverent
à la porte de leur Logis
une Garde du même Regiment
, avec un Capitaine,
un Lieutenant, un Enſeigne,
& deux Sergens. Auffi-tôt
qu'ils furent arrivez , ils reçûrent
les complimens de la
Ville , & les Prefens ordinaites
. Ils fortirent enfuite à
pied , pour voir le Regiment
que je vous ay dit qui s'eſtoit
e
desAmb. de Siam. 189
mis en bataille fur la Place ,
& demanderent qu'on luy
fiſt faire l'exercice au Tambour
; ce qui fut aufli - tôt
executé. Ils témoignerent
en eſtre fort fatisfaits , & aprés
pluſieurs queſtions qu'ils
firent , ils voulurent ſavoir
de combien d'Hommes ce
Regiment estoit compofé.
Onles fatisfit fur toutes leurs
demandes, & ils loüerent la
propreté de ce Regiment qui
eſtoit fort leſte. Tous lesSoldats
avoient des Chapeaux
neufs , & bordez d'or. Leurs
Bandolieres , Ceinturons , &
190 III. P. du Voyage
cordons de Poires , eſtoient
auffi fort propres ; le tour
garny de force Rubans, couleur
de feu & blancs . Leurs
Epées eſtoient toutes de même
maniere , & tous les Officiers
avoient des Habits fort
riches , & également ornez .
Aprés cela les Ambaſſadeurs
allerent fur les ramparts, dont
ils firent le tour à pied , &
aprés en avoir examiné toutes
les Fortifications , ils rentrerent
au Château où ils eftoient
logez. Ils en fortirent,
quelque temps aprés pour en
faire le tour ſur la Terraffe,
des Amb. de Siam. 191
Σ
r
& admirerent la ſituation de
laVille, qu'ils trouverent trésbelle
& fort à leur gré. M
de Limbeuf alla enfuite prendre
le mot , & ils donnerent
la valeur & la vigilance, parcequ'ils
avoient fceu que M
le Mareſchal de Crequy eftoit
Gouverneur de la Ville ,
& qu'il avoit pris des Places
importantes en commandant
en chef les Armées du Roy ;
ce qui ne ſe peut faire fans
vigilance & fans valeur. Ils
arreſterent le ſoir M de
Chanterene à ſouper, avec le
Capitaine qui commandoit
192 III . P. duVoyage
la Garde devant leur logis.
M de Chanterene fit venir
des Violons qui joüerent
pendant tout le Repas.
Quantité de Dames qui s'y
trouverent , & dont beaucoup
leur parurent belles, en
reçûrent autant de loüanges
que de Fruits & de Confitures
. On leur fit le lendemain
à leur départ les mêmes honneurs
qu'on leur avoit faits à
leur arrivée , & ils fortirent
de la Ville au bruit du Canon
comme ils y estoient entrez,
aprés avoir remercié avec les
termes obligeans qui leur font
des Amb . de Siam. 193
finaturels , M'le Lieutenant
de Roy , & les Officiers des
Troupes.
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Résumé : Bethune. [titre d'après la table]
Après un repas somptueux, les ambassadeurs se rendirent à Béthune, une ville fortifiée de l'Artois située sur la rivière de Biette. Les Français s'emparèrent de Béthune en 1645 et elle leur fut cédée en 1659 par le traité des Pyrénées. La ville eut des seigneurs particuliers, dont Robert VII de Béthune, qui maria sa fille unique à Guy de Dampierre, Comte de Flandres. À leur arrivée, les ambassadeurs furent accueillis par le régiment de cavalerie de Chartres et le régiment d'infanterie de Bassigny, commandé par M. de Chanterene. Ils furent logés au château et reçurent des honneurs militaires, incluant une démonstration de l'exercice du régiment. Les ambassadeurs admirèrent la propreté et la discipline des soldats, ainsi que la richesse de leurs uniformes. Ils visitèrent également les fortifications de la ville et apprécièrent sa situation. Le soir, ils invitèrent M. de Chanterene et le capitaine de la garde à souper, accompagné de musique et de la présence de nombreuses dames. Le lendemain, ils quittèrent Béthune avec les mêmes honneurs qu'à leur arrivée, remerciant les officiers des troupes.
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1448
p. 193-199
Aire. [titre d'après la table]
Début :
Le 22. ils partirent pour aller coucher à Aire, & [...]
Mots clefs :
Aire, Fort, François de Calvo, Ville, Place
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Aire. [titre d'après la table]
Le 22. ils partirent pour
aller coucher à Aire &
mangerent auparavant à Bethune
, afin de ne ſe point arrêter
en chemin. Aire eſt dans
l'Artois fur les Frontieres de
Flandre . La Riviere de Lys
ſepare la Ville en deux.
C'eſt une Place extremement
forte avec un fort bon
Chaſteau. Les ruës en ſont
grandes , & l'on y voit de
belles Eglifes . La principale
eſt celle de S. Pierre qui eſt
R
194 III. P. duVoyage
Collegiale & fort ancienne.
Quatorze Prebendes y furent
fondées pour des Chanoines
en 1064. par Baudoüin de l'Iſle,
Comte de Flandre , & Philippe
d'Alface en augmenta le nombre
en 1186.Cette ville fut priſe
par les François en 1641. & repriſe
bien- toſt aprés par les Efpagnols
. Le Roy s'en rendit
Maiſtre en 1676. apres cinq
jours de tranchée ouverte . Les
Ambaſſadeurs trouverent affez
loin de la Place un Eſcadron
de Cravates , qui apres
les avoir faluez , les accompagna
juſques à la porte de la
Ville , où eſtoit M² de Calvo,
des Amb. de Siam. 195
au
qui mit pied à terre ſi toſt
qu'il les apperçût. Apres des
complimens reciproques , ils
entrerent dans la Ville
bruit du Canon , & pafferent
entre deux rangs d'Infanterie
qui estoit en haye juſques à
la porte du lieu , deſtiné pour
les loger , aprés quoy toute
cette Infanterie ſe mit en bataille.
Auſſi-tôt qu'ils furent
arrivez , M's du Magiſtrat
vinrent faire leur compliment,
& apporterent les Preſens accoûtumez
. M de Calvo leur
vint rendre viſite , & leur demanda
le Mot , ils donnerent
Rij
196 III. P. du Voyage
bien attaqué , mieux defendu ,
parce que Mr de Calvo ayant
eſté vigoureuſement attaqué
dans Maſtric , il s'étoit encore
mieux défendu , ayant fait
lever le Siege aux Troupes qui
l'avoient fort avancé. Ils allerent
le lendemain au Fort
de S. François avec M¹ de
Calvo. Ils y entrerent au bruit
duCanon;l'Infaterie étoit ſous
les armes pour les recevoir.
Ce Fort eft tres-beau & a
cinqBaſtions, ils virent l'Inondation
& les Ecluſes , ce qui
leur plût tellement , qu'ils dirent
, qu'ilssouhaiteroient avoir
د
des Amb. de Siam. 197
un ſemblable Fort aux Indes.
Ils firent le tour de la Place
avec Mode Calvo , admirant
toûjours la magnificence , &
la grande dépence du Roy.
Ils remarquerent qu'il y avoit
des ouvriers par tout , & dirent
qu'il fembloit que le Roy
voulût faire autant de Places
neuves , qu'il avoit fait de Conquestes.
Eſtant retournez à Aire,
M de S. Lo Major de la Place
, alla ſur le ſoir leur demander
le Mot , & ils donnerent,
Ma valeur est comme aux
Indes , parce que la levée du
Siege de Maſtric ,y a fait con
Riij
198 III. P. du Voyage
noître la valeur de M.de Calvo.
Ils retinrent ce ſoir là Mde
S. Lo à ſouper , & ils ne partirent
d'Aire que le 24. aprés
avoir dîné de bonne heure . Je
ne vous dis point que pendant
les 4. Repas qu'ils y ont faits,
toutes les principales Dames
de laVille les ontvûs manger,
&je ne vous repete nyles Preſens
qu'on leur a faits, ny leurs
civilitez , c'eſt ce que
pouvez aifément vous imaginer.
Je ne vous dis point non
plus qu'ils viſiterent tout ce
qu'il ya de remarquable dans
la Ville , & toutes les fortifi
vous
des Amb. de Siam. 199
cations , puiſque c'étoit le but
de leur voyage. Ils fortirent
fort fatisfaits de cette Place ,
toute la Garniſon eftant fous
les armes , & le Canon ayant
marqué leur fortie.
aller coucher à Aire &
mangerent auparavant à Bethune
, afin de ne ſe point arrêter
en chemin. Aire eſt dans
l'Artois fur les Frontieres de
Flandre . La Riviere de Lys
ſepare la Ville en deux.
C'eſt une Place extremement
forte avec un fort bon
Chaſteau. Les ruës en ſont
grandes , & l'on y voit de
belles Eglifes . La principale
eſt celle de S. Pierre qui eſt
R
194 III. P. duVoyage
Collegiale & fort ancienne.
Quatorze Prebendes y furent
fondées pour des Chanoines
en 1064. par Baudoüin de l'Iſle,
Comte de Flandre , & Philippe
d'Alface en augmenta le nombre
en 1186.Cette ville fut priſe
par les François en 1641. & repriſe
bien- toſt aprés par les Efpagnols
. Le Roy s'en rendit
Maiſtre en 1676. apres cinq
jours de tranchée ouverte . Les
Ambaſſadeurs trouverent affez
loin de la Place un Eſcadron
de Cravates , qui apres
les avoir faluez , les accompagna
juſques à la porte de la
Ville , où eſtoit M² de Calvo,
des Amb. de Siam. 195
au
qui mit pied à terre ſi toſt
qu'il les apperçût. Apres des
complimens reciproques , ils
entrerent dans la Ville
bruit du Canon , & pafferent
entre deux rangs d'Infanterie
qui estoit en haye juſques à
la porte du lieu , deſtiné pour
les loger , aprés quoy toute
cette Infanterie ſe mit en bataille.
Auſſi-tôt qu'ils furent
arrivez , M's du Magiſtrat
vinrent faire leur compliment,
& apporterent les Preſens accoûtumez
. M de Calvo leur
vint rendre viſite , & leur demanda
le Mot , ils donnerent
Rij
196 III. P. du Voyage
bien attaqué , mieux defendu ,
parce que Mr de Calvo ayant
eſté vigoureuſement attaqué
dans Maſtric , il s'étoit encore
mieux défendu , ayant fait
lever le Siege aux Troupes qui
l'avoient fort avancé. Ils allerent
le lendemain au Fort
de S. François avec M¹ de
Calvo. Ils y entrerent au bruit
duCanon;l'Infaterie étoit ſous
les armes pour les recevoir.
Ce Fort eft tres-beau & a
cinqBaſtions, ils virent l'Inondation
& les Ecluſes , ce qui
leur plût tellement , qu'ils dirent
, qu'ilssouhaiteroient avoir
د
des Amb. de Siam. 197
un ſemblable Fort aux Indes.
Ils firent le tour de la Place
avec Mode Calvo , admirant
toûjours la magnificence , &
la grande dépence du Roy.
Ils remarquerent qu'il y avoit
des ouvriers par tout , & dirent
qu'il fembloit que le Roy
voulût faire autant de Places
neuves , qu'il avoit fait de Conquestes.
Eſtant retournez à Aire,
M de S. Lo Major de la Place
, alla ſur le ſoir leur demander
le Mot , & ils donnerent,
Ma valeur est comme aux
Indes , parce que la levée du
Siege de Maſtric ,y a fait con
Riij
198 III. P. du Voyage
noître la valeur de M.de Calvo.
Ils retinrent ce ſoir là Mde
S. Lo à ſouper , & ils ne partirent
d'Aire que le 24. aprés
avoir dîné de bonne heure . Je
ne vous dis point que pendant
les 4. Repas qu'ils y ont faits,
toutes les principales Dames
de laVille les ontvûs manger,
&je ne vous repete nyles Preſens
qu'on leur a faits, ny leurs
civilitez , c'eſt ce que
pouvez aifément vous imaginer.
Je ne vous dis point non
plus qu'ils viſiterent tout ce
qu'il ya de remarquable dans
la Ville , & toutes les fortifi
vous
des Amb. de Siam. 199
cations , puiſque c'étoit le but
de leur voyage. Ils fortirent
fort fatisfaits de cette Place ,
toute la Garniſon eftant fous
les armes , & le Canon ayant
marqué leur fortie.
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Résumé : Aire. [titre d'après la table]
Le 22, un groupe se rendit à Aire, en Artois, près des frontières de la Flandre, traversée par la rivière Lys. Aire est une place forte avec un château robuste, des rues larges et de belles églises, dont la principale est la collégiale Saint-Pierre, fondée en 1064 et augmentée en 1186. La ville fut prise par les Français en 1641, reprise par les Espagnols, puis reconquise par le roi en 1676 après cinq jours de tranchée ouverte. À leur arrivée, les ambassadeurs furent escortés par des cavaliers et accueillis par M. de Calvo. Ils entrèrent en ville au bruit du canon, escortés par l'infanterie, et reçurent des présents du magistrat. Le lendemain, ils visitèrent le fort de Saint-François, admirant ses cinq bastions et les travaux en cours. Ils dînèrent tôt et partirent le 24, après avoir reçu divers présents et civilités des dames de la ville et avoir visité toutes les fortifications.
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1449
p. 199-207
S. Omer. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le 24. coucher à S. Omer. Il est en Artois sur [...]
Mots clefs :
Saint-Omer, Ville, Évêque, Raouffet, Roi, Bataille, Compliment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : S. Omer. [titre d'après la table]
Ils allerent le 24. coucher
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
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Résumé : S. Omer. [titre d'après la table]
En 1677, des ambassadeurs de Siam visitèrent la ville de Saint-Omer, située en Artois sur la rivière de l'Aa. Cette ville est protégée par des marais d'un côté et un coteau défendu par un château fortifié avec des bastions et des fossés. Saint-Omer fut prise par Monsieur après la bataille de Cassel. La ville fut fondée par Théroüane en 660 et entourée de murailles par Baudouin II en 902. Au siècle précédent, Théroüane fut détruite et deux évêchés furent créés, dont celui de Saint-Omer, suffragant de Cambrai. Les ambassadeurs furent accueillis par M. Raouffet, lieutenant du roi, et reçus avec des honneurs militaires. Ils visitèrent l'église cathédrale et l'abbaye de Saint-Bertin, impressionnés par la grandeur des lieux. Ils furent également reçus par l'évêque de Saint-Omer et l'évêque d'Ipres. La visite se conclut par des dîners magnifiques et des concerts, les ambassadeurs exprimant leur satisfaction et leur admiration pour la magnificence et la bravoure de Monsieur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1450
p. 207-215
Calais. [titre d'après la table]
Début :
Ils dînerent à Regouge qui est un petit Village sur [...]
Mots clefs :
Calais, Fort, Ville, Roi, Place, Port, Porte, Ambassadeurs, Canon, Citadelle
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texteReconnaissance textuelle : Calais. [titre d'après la table]
Ils dînerent à
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
Regouge qui est un petit Vi
208 III. P du Voyage
lage ſur le chemin de Calais ,
&arriverent le ſoir à la Ville
de ce nom. C'eſt un Port de
Mer dans la partie de la Picardie,
appellée Païs reconquis.
La Ville eſt bien bâtie & beaucoup
peuplée , & a de fort belles
ruës. Ily en a une qui commence
à la Porte de Terce, &
qui traverſant la grande Place
où eſt la Maiſon de Ville , aboutit
au Port. C'eſt la plus
confiderable . On voit dans
Calais le Palais de l'Auditoire
la Tour du Guet , de magnifiques
Eglifes , plufieurs Monafteres
, & divers Forts . Edes
Anb. de Siam. 209
doüard III. Roy d'Angleterre
emporta cette Ville ſur les
François en 1347. aprés un
Siege de plus de dix mois. Les
Anglois la conſerverent jufques
en 1558. que le Duc de
Guiſe l'affiegea , & la prit dix
jours apres . L'Archiduc Albert
d'Autriche que le Roy
d'Eſpagne avoit fait Gouverneur
des Pays -bas , la reptit en
1596. & deux ans aprés , elle
fut renduë au Roy Henry IV.
par le Traité de Vervins . Depuis
ce temps-là , elle a eſté
fortifiée tres - regulierement ,
& eſt devenue une des plus
S
210 III. P. du Voyage
importantes Places du Royaume.
Les Ambaſſadeurs y furent
receus au bruit du Canon
& le Major qui commandoit
les Troupes , leur fit compliment
à la porte. Ils paſſerent
àtravers pour ſe rendre aulogis
qui leur avoit efté preparé
, &trouverent à la porte de
leur logement une Compagnie
de so. Hommes , avec unCapitaine
, un Lieutenant , & un
Enſeigne. Apres que Mrs du
Magiſtrat ſe furent acquitez
de leur compliment , en leur
offrant les Preſens de la Ville,
leMajor leur vint demander le
desAmb. de Siam . 211
mot , & celuy qu'il receut
fut , où la valeur reſiſte , la ruſe
fuccombe , parce qu'ils avoient
ſceu qu'on avoit tenté pluſieurs
fois de ſurprendre cette
Place , & que de telles entrepriſes
avoient toûjours
manqué de fuccez .
La pluye qui tomba le
lendemain en abondance, ne
les empeſcha point de viſiter
toutes les Fortifications de la
Ville, avec l'Ingenieur qui en
avoit le Plan , & de l'examiner
en meſme temps. Ils s'attacherent
fort à confiderer le
glacis qui regardeGravelines,
S ij
212 III. P. du Voyage
qu'ils trouverent tres-beau ,
ainſi que celuy d'où l'on peut
voir les Châteaux de Douvres
& les Dunes. Le Port leur parut
également beau &grand...
Il eſt fort feur & feparé en
deux bras pour recevoir les
Vaiſſeaux qu'on y voit toû--
jours en fort grand nombre.
Ils font deffendus par unFort
nommé le Fort de Risban, qui
eft à gauche du Port, & que
les Ambaſſadeurs examinerent
avec grand foin. Ils allerent
auffi à la Citadelle à
laquelle le Roy a fait beaucoup
travailler. Elle est fort
des Amb.de Siam. 213
grande & entourée de foſſez
profonds , & de marais qui
font tous remplis de l'eaude
la mer. Toutes les commoditez
qu'on peut ſouhaiter dans
une Place de guerre, font dans
cette Citadelle , & l'on peut
dire que cette Ville - là tire
encore beaucoup de force du
zéle & de la valeur de fes
Habitans, qui ont donné fort
ſouvent des marques de leur
affection pour la France. Les
Ambaſſadeurs qui avoient
efté receus au bruit du canon
du Fort par M. Vignon
qui en eſt Gouverneur , &
214 III . P. du Voyage
qui leur avoit rendu tous les
honneurs qu'ils pouvoient
attendre , ne le furent pas
moins bien à la Citadelle par
M. de Bouteville Lieutenant
de Roy , & tout s'y paſſa pour
les honneurs & pour l'examen
de la Place, comme dans
les autres Citadelles dont je
vous ay déja parlé. Lorſqu'ils
pafferent devant la Maiſon
de Ville , on tira du canon
qui estoit devant le Corps de
garde de la Place. Ils donnerent
ce foir-là pour mot , il
eſt revenu pour triompher, parce
que le Roy avoit eſté fort
des Amb . de Siam. 215
malade à Calais , & qu'il a
toujours triomphé depuis cette
maladie.
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Résumé : Calais. [titre d'après la table]
Le texte relate un voyage vers Calais, une ville portuaire en Picardie, célèbre pour ses rues et ses fortifications. Calais a été conquise par Édouard III d'Angleterre en 1347 après un siège de dix mois et est restée sous contrôle anglais jusqu'en 1558, date à laquelle le Duc de Guise la reprit. L'Archiduc Albert d'Autriche la reconquit en 1596, mais elle fut rendue à Henri IV par le Traité de Vervins en 1598. Depuis, Calais a été régulièrement fortifiée et est devenue une place stratégique du royaume. Les ambassadeurs de Siam y furent reçus avec des honneurs militaires, notamment des salves de canon. Ils visitèrent les fortifications, examinant le glacis vers Gravelines, les Châteaux de Douvres, le Port et le Fort de Risban. La Citadelle, renforcée par le roi, est entourée de fossés et de marais marins et est bien équipée pour la défense. Les habitants de Calais sont reconnus pour leur zèle et leur valeur. Les ambassadeurs reçurent également des honneurs à la Citadelle et passèrent devant la Maison de Ville, où des salves de canon furent tirées. Leur mot du jour fut 'il est revenu pour triompher', en référence à la guérison du roi après une maladie à Calais.
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