Lers.ils dînerent àTilliar,&
coucherét àBeauvais.C'eſtune
Ville fort confiderable ſur le
Therin,dansleGouvernement
de l'Iſle de France, & capitale
du petit Pays dit leBeauvoiſis .
Elle aBaillage,Prefidial &Evêché
, & fut foumiſe aux François
ſous Clovis. Tous les Autheurs
demeurent d'accord
qu'elle n'a jamais eſté priſe.
C'eſt ce qui fait que quelques-
uns la furnomment la
Pucelle. Les Anglois l'atta
desAmb. de Siam. 111
querent inutilement en 1443.
auffi bien que Charles le Temeraire,
dernier Duc deBourgogne
, en 1472. Cette Ville
eft trés- agreable , affez bien
bâtie , & entourée de foſſez
remplis de l'eau de la riviere
de Therin , dont une partie
fert aux Ouvriers qui y font
diverſes Etofes. Les rues en
font grandes & belles , & les
Etrangersy admirent le Marché
, qui paffe pour un des
plus grands &des plus beaux
du Royaume. Le Choeur de
l'Egliſe de S. Pierre ſa Cathe
drale , eſt un ouvrage admi
112 III. P. du Voyage
rable. Cette Egliſe eſt illuftre
par le Trefor des Reliques
qu'elle poſſede, par fa Bibliotheque
, & par ſon Chapitre
composé de fix Dignitez , de
quarante- deux Chanoines, de
fix demy-Prebendez, de quatre
Prebendez, de quatreMarguilleries
,& d'autres Chapelains,
Chantres, &c. Tous ces
Benefices ſont conferez par
l'Evêque. Le Doyen ſeul eſt
éleu par le Chapitre. Il y a
encore dansBeauvais fix Egli
fes Collegiales, treize Paroifſes
, & grand nombre d'autres
Maiſons Ecclefiaftiques&
desAmb. de Siam. 113
Monafteres, avec lesAbbayes
de S. Symphorien , de S. Lucien
& de S. Quentin. Le Palais
Epifcopal eſt trés-fort &
bienbâty. Le Comté de Beauvais
faiſoit autrefois parrie
de celuy de Vermandois, qui
fut uny au Comté deTroyes.
Eude I. Comte de Blois , fut
Pere d'Eude II. qui luy fucceda.
Roger fon cadet fut
Evêque de Beauvais en 996.
Il avoit eu Sancerre en Berry
pour fa part de l'heritage de
La Maiſon , & il l'échangea
avec ſon Frere pour leComté
de Beauvais, qu'il donna àfon
K
114 III. P. duVoyage
Eglife. Ainsi l'Eveſque decetteVille
eſt le veritable Comte
Patrimonial de Beauvais , &
en cette qualité il eſt le premier
des Comtes Pairs Eccle
fiaftiques , & Seigneur temporel
& fpirituel de la Ville
&du Domaine du Comré.
Toute la Bourgeoific eftoit
ſous les armes lorſque lesAm
baffadeursy entrerent , & fitoſt
qu'ils furent arrivez , ils
receurent les complimens &
les Prefens ordinaires. L'empreffement
fut grand pour les
voir fouper, & les plus belles
perfonnes de laVille s'en ef
}
des Amb. de Siam. 115
:
1
tant fait un plaifir, lesAmbaſſadeurs
s'en firent auſſi un
de les regaler de ce que lear
deſſert avoit de plus beau, &
de leur faire des honneſtetez .
Le lendemain 16. Mr de
Menars Intendant de Juſtice,
vint leur faire compliment.
Ils furent ravis de le voir,
non ſeulement à cauſe du
rang qu'il tient , & du merite
de fa perſonne , dont ils
avoient entendu parler ; mais
auſſi parcequ'il eſt parent de
Mª de Seignelay, tout ce qui
regarde eette Famille eftant
d'une grande confideration
Kij
116 III . P. du Voyage
auprés d'eux. Ils allerent enfuite
à l'Egliſe Cathedrale ,
où ils furent receus & complimentez
par le Chapitre afſemblé
, qui leur parut fort
nombreux, & dont ils furent
extrémement fatisfaits ; ce
qu'ils marquerent dans la réponſe
& dans les remercîmens
qu'ils luy firent. Ils virent
toute l'Eglife , & entrerent
dans le Choeur, qui leur
parut d'une trés-grande beauté.
Au fortir de l'Eglife , ils
trouverent les Grenadiers du
Roy, qu'ils avoient vûs le jour
precedent, lorſqu'ils estoient
des Amb. de Siam. 117
entrez dans la Ville. M Riotot
qui les commande , les
avoit fait monter à cheval,
& eſtoit à leur teſte. Il leur
fit faire des choſes que ceux
qui ne les avoient pas encore
vûës , avoient juſque-là crûës
impoſſibles , puiſque toutes
lleess éévvoolluuttiioonnss&tous lesmou.
vemens que l'Infanterie la
plus adroite & la mieux exercée
peut faire , ils les firent
à cheval , ainſi que pluſieurs
décharges de fufil ; aprés
quoy ils jetterent quantité
de Grenades . On ne peut
rien adjoûter à l'adreſſe & à
118 III. P. du Voyage
r
l'air tout martial de cette
Compagnie, ny donner trop
de loianges àM Riotot ; &
fi je ne m'étens pas d'avan
tage fur cet article , c'eſt que
je n'en ſçaurois affez dire au
gré de tous ceux qui ont efte
témoins de ce ſpectacle guerrier.
On peut aisément juger
du plaifir qu'yprirent lesAm
baſſadeurs.