Résultats : 231 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
51
p. 62-65
Nominations, & c. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a fait Conseiller d'Etat, Semestre, Mr Trudaine [...]
Mots clefs :
Duc, Prince, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nominations, & c. [titre d'après la table]
d'Etat, Semestre
,
Mr Trudaine
Intendant de Bourgogne
,& M1 Bignon Prévoit
des Marchands est monté
au rang des Conseillers
d'Erat Ordinaires, par la
more de Mr Phelyppeaux.
Le 19.AoustMr le
Prevost des Marchands, &
les Echevins allerent poster
le Scrutin au Royà Fontainebleau,
pour l'Election
de deux nouveaux Echevins.
Il fut pre senté à Sa
Majesté par MrLanglois
de la FortelleConseiller ap
Parlement. Les nouveaux
Echevins qui sont Mr
Tardif Conseiller de Ville,
& Mr Presti Bourgeois
prêtèrent ferment 9 de fidelité
entre les mains du Roy;ils
furent conduits par Mr des
Granges Maistre des Ceremonies.
Le Corps de Ville
eut ensuite l'honneur de
saluer Monseigneur le Dauphin,
Madame la Dauphine,
Monseigneur le Ducde
Berry, MadameJa Duchesse
de Berry ,& Madame.
Le4, Septembre Mrs les
Députezdes Etats de Languedoc
allerent à Versailles
complimenter Monseigneur
le Duc de Bretagne, b & Monfeigncur le Duc
d'Anjou. Ils furent pre sentez
par Mr des Granges
Maistre des Ceremonies.
Le Roy a donnéla Charge
de Capitaine des Gardes
du Corps vacante par la
mort de Mr le Maréchal de
SoufRees, à Mr le Duc de
Charost Lieutenant General
des Armées de Sa
Majesté. Cette Charge avoic
autre fois esté possedée par
Loüis de Bethune Duc de
Charost son ayeul.
Le premier jour de Septembre
la Princesse
, veuve
du feu Prince de Naflaw
Stadhouder hereditaire de
Frise& deGroningue, accoucha
d'un Prince ,ce qui
fera différer ladécision du
Procès qu'il yavoit entre le
pere de ce jeune Prince, l'Eleveur de Brandebourg,
& les autres prétendants à
la succession du feu Prince
d'Orangè.
,
Mr Trudaine
Intendant de Bourgogne
,& M1 Bignon Prévoit
des Marchands est monté
au rang des Conseillers
d'Erat Ordinaires, par la
more de Mr Phelyppeaux.
Le 19.AoustMr le
Prevost des Marchands, &
les Echevins allerent poster
le Scrutin au Royà Fontainebleau,
pour l'Election
de deux nouveaux Echevins.
Il fut pre senté à Sa
Majesté par MrLanglois
de la FortelleConseiller ap
Parlement. Les nouveaux
Echevins qui sont Mr
Tardif Conseiller de Ville,
& Mr Presti Bourgeois
prêtèrent ferment 9 de fidelité
entre les mains du Roy;ils
furent conduits par Mr des
Granges Maistre des Ceremonies.
Le Corps de Ville
eut ensuite l'honneur de
saluer Monseigneur le Dauphin,
Madame la Dauphine,
Monseigneur le Ducde
Berry, MadameJa Duchesse
de Berry ,& Madame.
Le4, Septembre Mrs les
Députezdes Etats de Languedoc
allerent à Versailles
complimenter Monseigneur
le Duc de Bretagne, b & Monfeigncur le Duc
d'Anjou. Ils furent pre sentez
par Mr des Granges
Maistre des Ceremonies.
Le Roy a donnéla Charge
de Capitaine des Gardes
du Corps vacante par la
mort de Mr le Maréchal de
SoufRees, à Mr le Duc de
Charost Lieutenant General
des Armées de Sa
Majesté. Cette Charge avoic
autre fois esté possedée par
Loüis de Bethune Duc de
Charost son ayeul.
Le premier jour de Septembre
la Princesse
, veuve
du feu Prince de Naflaw
Stadhouder hereditaire de
Frise& deGroningue, accoucha
d'un Prince ,ce qui
fera différer ladécision du
Procès qu'il yavoit entre le
pere de ce jeune Prince, l'Eleveur de Brandebourg,
& les autres prétendants à
la succession du feu Prince
d'Orangè.
Fermer
Résumé : Nominations, & c. [titre d'après la table]
Le document décrit plusieurs événements officiels et cérémoniels. Monsieur Trudaine, Intendant de Bourgogne, et Monsieur Bignon ont été nommés Conseillers d'État Ordinaires, remplaçant Monsieur Phelyppeaux. Le 19 août, le Prévôt des Marchands et les Échevins se rendirent à Fontainebleau pour élire deux nouveaux Échevins, Monsieur Tardif et Monsieur Presti, qui prêtèrent serment de fidélité au Roi. Ils saluèrent ensuite les membres de la famille royale. Le 4 septembre, les députés des États de Languedoc félicitèrent les Ducs de Bretagne et d'Anjou à Versailles. Le Roi nomma Monsieur le Duc de Charost Capitaine des Gardes du Corps, une charge précédemment détenue par son aïeul. Le 1er septembre, la Princesse veuve du Prince de Nassau accoucha d'un prince, retardant ainsi la décision d'un procès concernant la succession du Prince d'Orange entre l'Électeur de Brandebourg et d'autres prétendants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
52
p. 31-44
« D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Début :
D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...]
Mots clefs :
Grand vizir, Moscovites, Traité de paix, Tsar, Roi de Suède, Prince, Seigneur, Tartares, Ambassadeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
D'autres Lettres portent
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
Fermer
Résumé : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Le texte décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires impliquant le Czar, le Grand Visir, le Roi de Suède et d'autres acteurs. Le Czar a quitté son armée pour se rendre à Carlsbad en Bohême afin de rejoindre son fils, le Prince de Moscovie. Le Grand Visir a ordonné à Hassan Bacha, Gouverneur de Romélie, d'escorter le Roi de Suède avec une armée de plus de quarante mille hommes, renforcée par des Tartares et des troupes polonaises et suédoises. Cette escorte doit accompagner le Roi de Suède jusqu'en Pologne et en Poméranie si nécessaire. L'ambassadeur de Hollande a informé le Kiaïa du Grand Vizir que cette escorte pourrait rencontrer des résistances, notamment de l'armée destinée à maintenir la neutralité du Nord de l'Allemagne. Hassan Bacha a reçu l'ordre d'ouvrir le passage par la force si besoin. Des lettres de Moscou rapportent des salves de canon célébrant la conclusion d'une paix perpétuelle avec les Turcs. À Varsovie, il est signalé que le Czar est arrivé à Zolkiew et doit se rendre en Prusse et en Poméranie, tandis que le Roi de Suède est en route pour retourner dans ses États via la Hongrie. Un traité de paix entre les Turcs et les Moscovites est présenté, incluant des clauses telles que la restitution d'Asaph, la démolition de nouvelles forteresses, la neutralité du Czar dans les affaires polonaises, la liberté des marchands, la libération des prisonniers turcs, le retour du Roi de Suède dans ses États, et la cessation des hostilités. Le Czar doit fournir des otages et payer un tribut aux Tartares. Le traité a été ratifié par le Grand Seigneur et renvoyé au Grand Visir, mais des négociations supplémentaires sont en cours concernant le Roi de Suède. Les Tartares continuent leurs raids le long du Niester, et le Czar refuse d'exécuter certaines parties du traité jusqu'à ce que le Roi de Suède quitte les États du Grand Seigneur. Un ambassadeur du Grand Seigneur est arrivé pour discuter du renouvellement de la trêve et de la paix avec la République, accompagné de députés du Roi de Suède et du Palatin de Kiovie. Les Moscovites ont pris des quartiers en Volhynie, malgré les conditions du traité, suggérant des incertitudes quant à la durabilité de la paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
53
p. 21-31
« On a appris de Leipsik que le Duc Antoine Ulric [...] »
Début :
On a appris de Leipsik que le Duc Antoine Ulric [...]
Mots clefs :
Tsar, Prince, Princesse, Moscovites, Vizir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris de Leipsik que le Duc Antoine Ulric [...] »
On a appris de Leipsîk
que le Duc Antoine Ulric
de Wolsembuttel y étoit
, arrivé le 19. & que le lendemain
il en étoit party
pour Torgau, ou la Duchesse
sa belle fille & la
Princesse fille de cette Duchesse
étoient arrivées par
une autre route; que deux
jours auparavant le Prince
de Moscovie étoit aussï
passé par la premiere de ces
Villes pouraller au devant
du Czar son pere qui étoit
party de Catelsbade pour
aller aussi à Torgau,où
le Mariage du Prince son
fils avec la Princesse de
Wolfembuttel, devoit estre
cclebré.
Par les Lettres de Dresde
du 18. on a sçu quele Czar
y étoit arrivé le 18. qu'il
avoit donné l'ordre de Saint
André au Prince de Furstemberg
Gouverneur
-
de
FEtectorac de Saxe; que le
21.ils'étoit embarqué sur
l'Elbe, & que le 22 il étoit
arrivé à Torgau; que le
mesme jour 21. le Prince
de Moscovie son fils, le
DucAntoine Ulric de Wolfemburtel
,
le Prince herediraire
son fils, avec la Priaccflè
son épouse & laPrincesse
leur fille allerent à
Lichtenberg rendre visite à
rEkaricc: Douairiere de
Saxe, d'oùils sestoient rendus
à Torgau le 22. que
le Dimanche 25.le Mariage
du Prince de Moscovie
avec la Princesse Char lote-
Christine-Sophie de Wolfenbuttel
y sur celebré par
un Prestre Moscovite, suivant
les Rites de l'Eglise
Grecque; que le Prince fut
conduit par le Czar son
Pere, & la Princesse par le
Duc Antoine Ulric son
grand Pcrc ; que le soir il
y eut un tres grand festin
auquel le Prince de Moscovie
occupa la premiere place
ayant
ayant le Czar son Pcre à sa
droite, la Princesse son épou
se à sa gauche; que les
Princes & Princesses de la
maison de Wolfenbuttel
furent placez selon leur
rang ,
ainsi que plusieurs
autres Princes Moscovites
e., Allemans.
Les Lettres de Vienne du
17. Octobre portent que
l'Imperatrice épouse du feu
Empereur Joseph parue
en public le 11. sa Maison
ayant esté formée; qu'elle
alla à la Chapelle du
Palais avec un grand Cortege
de Seigneurs & de
Dames;que le Comte de
W ndischgratsaporta le16.
la premiere nouvelle de
l'Election faite à Francfort
le 12. en faveur de l'Archiduc;
que les Etats d'Autriche
avoient nommé trois
Seigneurs de leur Corps
pour aller en Italie luy
reprefentcr que si l'on continuë
d'exiger d'eux des
sommes tre considerables
pour les faire passer dans des
Pays Etrangers
, toutes celles
qu'ils ont données pendant
le séjourquel'Archiduc
a fait à Barcelonne y ayant
passé, & la derniere qui est
de trois millions de florins
ayant servy aux frais de son
Voyage, ils feront contraints
dabandonner leur
pays & de se retirer ailleurs;
qu'on ne doutoit plus quele
Couronnement de l'Archiduc
ne fc fist à Francfort, les
Electeurs n'ayant pas voulu
consentir qu'il se sit à Ausbourg
;que les avis d'Hongrie
portoient que la Conta-
,
gion y avoir fait de si grands
ravages que plusieurs Villagesétoient
entierement dépeuple;
qu'outre cela il y
avoir une mortalité de ber.
tail si extraordinaire, qu'il
y avoit des personnes qui
en avoient deux cens pieces,
auxquelles il n'en étoit resté
que deux ou trois; & qu'il
y avoit en plusieurs endroits
ijnc si grande quantité de
souris dans les Terres qui
mangeoient lesgrains qu'on
avoit Cernez) qu'il y avoic
tour lieu d'apréhender une
grande famine;que les Lettres
de Constantinople portoient
que le Gouverneur
d'Asaph ayant été sommé ,
de rendre la Place conformement
au Traité que le
Czar avoit concluavec le
çrand Visir,il avoit deman-
- dé un dclay de trois mois;
, qu'il avoit refusé de démolir
les Forts qui font auvoisinage
,
fous prétexte qu'ayant
été construits au dépens
du Clergé, il ne pouvoir les
remettre aux Ennemis de
leur Religion; que le Czar
avoit déclaré qu'il n'executeroit
le Traité qu'après
» que le Roy de Suede seroit
sorti des Etats du Grand
Seigneur quoy- que cet Article
n'y sur pas înlcic
; que
le Sultan avoir été fort irrité
de cette déclaration,&
qu'on croyoit quecesretardemens
& les instances du
Kan desTarrares qui se
* plaignoitdesHostilitezque
Jes Mosovites avoienr exercées
contre les Cosaques
qui étoient sous sa protection
, pourvoient causer une
nouvelle rupture avec le
.Czar ; qu'on blasmoit la
conduite du grand Visir,
de ce qu'il avoir precipitemment
conclu un Traité sans
prendre toutes les furetez
necessaires pou: l'execution,
de ivunierc qu1oritie doutoit
pas qu'il ne fût ~chose.
que le Duc Antoine Ulric
de Wolsembuttel y étoit
, arrivé le 19. & que le lendemain
il en étoit party
pour Torgau, ou la Duchesse
sa belle fille & la
Princesse fille de cette Duchesse
étoient arrivées par
une autre route; que deux
jours auparavant le Prince
de Moscovie étoit aussï
passé par la premiere de ces
Villes pouraller au devant
du Czar son pere qui étoit
party de Catelsbade pour
aller aussi à Torgau,où
le Mariage du Prince son
fils avec la Princesse de
Wolfembuttel, devoit estre
cclebré.
Par les Lettres de Dresde
du 18. on a sçu quele Czar
y étoit arrivé le 18. qu'il
avoit donné l'ordre de Saint
André au Prince de Furstemberg
Gouverneur
-
de
FEtectorac de Saxe; que le
21.ils'étoit embarqué sur
l'Elbe, & que le 22 il étoit
arrivé à Torgau; que le
mesme jour 21. le Prince
de Moscovie son fils, le
DucAntoine Ulric de Wolfemburtel
,
le Prince herediraire
son fils, avec la Priaccflè
son épouse & laPrincesse
leur fille allerent à
Lichtenberg rendre visite à
rEkaricc: Douairiere de
Saxe, d'oùils sestoient rendus
à Torgau le 22. que
le Dimanche 25.le Mariage
du Prince de Moscovie
avec la Princesse Char lote-
Christine-Sophie de Wolfenbuttel
y sur celebré par
un Prestre Moscovite, suivant
les Rites de l'Eglise
Grecque; que le Prince fut
conduit par le Czar son
Pere, & la Princesse par le
Duc Antoine Ulric son
grand Pcrc ; que le soir il
y eut un tres grand festin
auquel le Prince de Moscovie
occupa la premiere place
ayant
ayant le Czar son Pcre à sa
droite, la Princesse son épou
se à sa gauche; que les
Princes & Princesses de la
maison de Wolfenbuttel
furent placez selon leur
rang ,
ainsi que plusieurs
autres Princes Moscovites
e., Allemans.
Les Lettres de Vienne du
17. Octobre portent que
l'Imperatrice épouse du feu
Empereur Joseph parue
en public le 11. sa Maison
ayant esté formée; qu'elle
alla à la Chapelle du
Palais avec un grand Cortege
de Seigneurs & de
Dames;que le Comte de
W ndischgratsaporta le16.
la premiere nouvelle de
l'Election faite à Francfort
le 12. en faveur de l'Archiduc;
que les Etats d'Autriche
avoient nommé trois
Seigneurs de leur Corps
pour aller en Italie luy
reprefentcr que si l'on continuë
d'exiger d'eux des
sommes tre considerables
pour les faire passer dans des
Pays Etrangers
, toutes celles
qu'ils ont données pendant
le séjourquel'Archiduc
a fait à Barcelonne y ayant
passé, & la derniere qui est
de trois millions de florins
ayant servy aux frais de son
Voyage, ils feront contraints
dabandonner leur
pays & de se retirer ailleurs;
qu'on ne doutoit plus quele
Couronnement de l'Archiduc
ne fc fist à Francfort, les
Electeurs n'ayant pas voulu
consentir qu'il se sit à Ausbourg
;que les avis d'Hongrie
portoient que la Conta-
,
gion y avoir fait de si grands
ravages que plusieurs Villagesétoient
entierement dépeuple;
qu'outre cela il y
avoir une mortalité de ber.
tail si extraordinaire, qu'il
y avoit des personnes qui
en avoient deux cens pieces,
auxquelles il n'en étoit resté
que deux ou trois; & qu'il
y avoit en plusieurs endroits
ijnc si grande quantité de
souris dans les Terres qui
mangeoient lesgrains qu'on
avoit Cernez) qu'il y avoic
tour lieu d'apréhender une
grande famine;que les Lettres
de Constantinople portoient
que le Gouverneur
d'Asaph ayant été sommé ,
de rendre la Place conformement
au Traité que le
Czar avoit concluavec le
çrand Visir,il avoit deman-
- dé un dclay de trois mois;
, qu'il avoit refusé de démolir
les Forts qui font auvoisinage
,
fous prétexte qu'ayant
été construits au dépens
du Clergé, il ne pouvoir les
remettre aux Ennemis de
leur Religion; que le Czar
avoit déclaré qu'il n'executeroit
le Traité qu'après
» que le Roy de Suede seroit
sorti des Etats du Grand
Seigneur quoy- que cet Article
n'y sur pas înlcic
; que
le Sultan avoir été fort irrité
de cette déclaration,&
qu'on croyoit quecesretardemens
& les instances du
Kan desTarrares qui se
* plaignoitdesHostilitezque
Jes Mosovites avoienr exercées
contre les Cosaques
qui étoient sous sa protection
, pourvoient causer une
nouvelle rupture avec le
.Czar ; qu'on blasmoit la
conduite du grand Visir,
de ce qu'il avoir precipitemment
conclu un Traité sans
prendre toutes les furetez
necessaires pou: l'execution,
de ivunierc qu1oritie doutoit
pas qu'il ne fût ~chose.
Fermer
Résumé : « On a appris de Leipsik que le Duc Antoine Ulric [...] »
Le texte relate divers événements politiques et sociaux en Europe. À Leipzig, le duc Antoine Ulric de Wolfenbüttel est arrivé le 19 et a quitté la ville le lendemain pour Torgau, où la duchesse, sa belle-fille, et la princesse, fille de cette duchesse, étaient déjà présentes. Deux jours auparavant, le prince de Moscovie avait traversé Leipzig pour rejoindre le tsar, son père, à Torgau, où devait se célébrer le mariage du prince avec la princesse de Wolfenbüttel. À Dresde, le tsar est arrivé le 18 et a décerné l'ordre de Saint-André au prince de Fürstenberg, gouverneur de Tectorac de Saxe. Le 21, il s'est embarqué sur l'Elbe et est arrivé à Torgau le 22. Le même jour, le prince de Moscovie, le duc Antoine Ulric, le prince héritier, la princesse son épouse et leur fille ont rendu visite à la reine douairière de Saxe à Lichtenberg, avant de se rendre à Torgau. Le 25, le mariage du prince de Moscovie avec la princesse Charlotte-Christine-Sophie de Wolfenbüttel a été célébré par un prêtre moscovite selon les rites de l'Église grecque. Le prince a été conduit par le tsar, son père, et la princesse par le duc Antoine Ulric, son grand-père. Un grand festin a suivi, où le prince de Moscovie a occupé la première place, avec le tsar à sa droite et la princesse à sa gauche. Les lettres de Vienne du 17 octobre mentionnent que l'impératrice, épouse du défunt empereur Joseph, est apparue en public le 11. Le comte de Windischgrätz a apporté la nouvelle de l'élection de l'archiduc à Francfort le 12. Les États d'Autriche ont nommé trois seigneurs pour représenter l'archiduc en Italie et ont exprimé leurs préoccupations face aux sommes considérables exigées pour les frais de voyage. Les lettres d'Hongrie rapportent des ravages causés par la contagion, avec des villages dépeuplés et une mortalité extraordinaire chez le bétail. Une invasion de souris menace les récoltes, augmentant le risque de famine. À Constantinople, le gouverneur d'Asaph a demandé un délai pour rendre la place conformément au traité conclu entre le tsar et le grand vizir. Le tsar a déclaré qu'il n'exécuterait le traité qu'après le départ du roi de Suède des États du Grand Seigneur, ce qui a irrité le sultan. La conduite du grand vizir est critiquée pour avoir conclu un traité sans prendre les précautions nécessaires. Une nouvelle rupture avec le tsar est envisagée en raison des hostilités exercées par les Moscovites contre les Cosaques sous la protection du kan des Tartares.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
54
p. 107-118
Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Début :
Vous venez de voir l'origine des Empereurs ; voicy les [...]
Mots clefs :
Couronnement, Empereur, Aix-la-Chapelle, Prince, Roi des Romains, Pape
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
Fermer
Résumé : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Le texte décrit les cérémonies de couronnement des Empereurs du Saint-Empire romain germanique, qui doivent être couronnés trois fois pour être en pleine possession de leur état. Le premier couronnement se déroule à Aix-la-Chapelle, où l'Empereur reçoit la couronne de Charlemagne et les ornements royaux gardés par le magistrat de Nuremberg. En cas de guerre, de maladies contagieuses ou d'autres raisons jugées valables par le Collège des Électeurs, ce couronnement peut se dérouler dans une autre ville d'Allemagne. Par exemple, l'Empereur Joseph a été couronné à Augsbourg, et son père, l'Empereur Léopold, à Francfort. Le droit de couronner l'Empereur à Aix-la-Chapelle appartient à l'Électeur de Cologne. Cependant, des disputes ont surgi lorsque le couronnement se faisait dans une autre ville. Une transaction a été conclue entre les Électeurs de Mayence et de Cologne, stipulant que l'alternance des couronnements dépend du lieu choisi. Le second couronnement se déroule à Milan avec la couronne de fer, faisant de l'Empereur le roi de Lombardie. Le troisième couronnement, à Rome par le Pape, est nécessaire pour que le Prince soit reconnu comme Empereur et le premier des Souverains de la Chrétienté. Avant ce couronnement, il porte le titre d'Élu Empereur des Romains. Charles Quint est le dernier Empereur à avoir été couronné en Italie. Les Empereurs suivants ont revendiqué tous les droits impériaux, y compris le droit des premières prières, qui consiste à nommer au premier canonicat vacant dans les cathédrales. Lorsque l'Empereur Joseph a été élu roi des Romains et couronné roi de Germanie, son père, l'Empereur Léopold, a consulté des experts pour savoir s'il pouvait exercer ce droit, mais aucune décision formelle n'a été prise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
55
p. 3-14
A Torgau le 27. Octobre.
Début :
Le Czar arriva icy samedy dernier. Sa majesté alla à pied [...]
Mots clefs :
Torgau, Mariage, Tsar, Cour, Prince, Princesse, Maréchaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Torgau le 27. Octobre.
A Torgau le 17.Octobre.
Le Czararriva icy samedy
dernier. Sa Majestéalla dpied
à la Cour;leCzarowitzson
fils alla au-devant de luy, &
l'accompagna à l'appartement
qu'on luy avoit préparé. S.A.
le Ducdntoine7JlrlckaUt luy
rendrevisite. Monfèignejir U
Ducse retira ensuite gr le
C-çar alla voir la Duchesse
Louise, parce que la Reine
n'étoit pas encore habillée. Il
trouva auprés de la Duchesse,
la Princessefiancéeau C%arr.
OWtlz. Je dois vous dire, Madame
, que le Czar ejlun
Princegrand, tres bienfait,&
fortgracieux. Ilporteses cheveux
quisontbruns &frisez.
Il a unegrande barbe à la Po-
Jonoifl; ses habitsfont à la
Françoise5 mais plus modestes
qu'éclatans. Il a toûjours une
Canne à la main, eil al'air
d'ungrand Capitaine, comme
il est en effet. Il parlesouvent
à son Grand Chanchelier le
Comte Galouski, & aux
Princes & Generaux Moscosuites
: iln'estpas unmoment
çtj'tf Ilparle Bas Aiemand IJ
mieux qu'il ne croit luy même.
La DuchéeLouise le sçait
fort bien entretenir. Il y a
toujours dans ses Apartemrnts,
des Bouffonsy & desmoindres
ofo~~MM~jW~~ avec les
Princes, Généraux, CM autres
Seigneurs. S. M.>Czarienne
nesoupa point Samedy. A la
sortie de la Comedie, d<tns le
temps qu'on servoitsa Table,
elle entra dansson Abattement,
mit un Manteausursa teste) e alla pajjer la nuit dans une
Mai[inde la Ville
,
où l'on
ne s'attendaitpasd'avoir l'honneur
de recevoir un si grand
Prince. Il fait presqueregu~
lierement quatre repas chaque
jour; il mange deuxfois avec
la Reine, e deux foischez
UY-
Le Mariage se fit hier
Dimanche. Tous les Princes
&toutesles Princepesdinerent
en particulier, &•je rendirent
enfuite auprès de la Reine.
La Cour étoit magnifique.
La nouvelle épouse avoit un
habit de Moire d'argent, brodé
aujji d'argent, & fort ricbe;
Un Manteau Royal de la
mesme coulenr, ses cheveux
lien tressez, co une Couronne
couleur de Cramoisysur 1.
teste, toutegarnie de Diamants,
Le C^aroypit^ avoit un habit
blancfortbeau, broded'or; &
le Czar avoit un habit rouge
dont les boutonnières étoient de
Galon d'argent.
Les Maréchaux vinrent
avertir à trois heures que tout
étoit prest, & toute l'ajfembleç
se rendit dans 14 grande Salle
ou l'on avoitdressé un Autel.
Le vieux Duc mena la Princese.
sa petite fille, & trois
Dames de la Reineportèrent lit
queue de son Manteau.
Le C^ar accompagna l,
Reine, & le Czarowitz 14
Duchcfe Laüise. Dés qu'ils
surentarrivez
,
le Prestre Grec
qui étoit babille à peu prés de
mesmeque les Catholiques,
dcma la Benediction; il changea,
les Bagues, & demanda
en latin aufutur époux & à
lafuture épouse, s'ilsvoulount
se prendre pour Mary &pour
Femme. Il mit ensuite un
Bonnet Ducal
, ou Couronne
de velours Cramoisi, sur la
teste du Prince; mais celle
de laPrincefe s*étanttrouvée
trop étroite, le Czarordonna
àson Grand Chancellier de la
tenirsur la tefie de cette Princesse.
Le Czar se promena
toujours pendant cette Ceremo-
~3~* lors qu'ellefutachevée,
ilselicita les nouveaux époux,
On retourna ensuite chez la
Reine, dans lemesme ordre
qu'on en étoit sorti, & toute
la Cour fit Compliment ati
Prince& àla Princesse. Le
Czar donna pendant tout le
jour de grandes marques de
joye,ilécrivit à la Ptincejjè
sonépouse quiétoitàThorn erf
Pologneypour luy notifier ce
Mariage.
1
Onservit un grandsouper
a huit heures, sur un, Table
eu ilyavoitdouze Couverts.
Le Czarowitzfut placé dans
le milieu ayant a sa droite lé
Czarson Perecm la Princesse
son eooufe à sa gauche. Le
DucAntoineVlrick étoit à
la droite du Czar, & la
Reine à lagauche de la nouvelle
époufiy le Due Louis, à Iai
gauche de la Reine,ainsi que li
Prince Dolorouki, à l'un des
bouts "de la Table
:
le Prince
Turbetti étoit vis-à-vis de 1.
Reine, le Prince Courquin.,
vis-à-vis de la Primcesse, le
General Prusse vis-à-vis le
Duc AmoineUlrich., qui
avoit àsa droite la Duchesse
JLouife;Cm le Comte Galonski,
à l'autre bout de 1. Table.
Apres le souper, onse rendit
dans la Salle où l'on avoit
fait la Ceremonie. Onydansa
d'abord plusieurs danses Polonoiss.
Le Czarowitz dansa
lepremier; le vieux Duc dansa
après luy, puis le C%ary &
ensuite tous les Princes- Adofce*
vîtes. Ces danses durèrent
long-temps; le C^AY sortoit
quelques sois de la Salle, (y*
alors tout étoit dans l'inaflions
quelquesfois les Bouffons dAn.
soient seuls
,
puis se fatjbierib
donner de grands verres pour
boire à la santé de la Compagnie.
Le Czarowitz dansa
quelques Menuets; le Bal
finit par une danseAngloise.
1,1etotton-e heures lorjvjuc
l'on conduisit les nouveaux
époux à leur Apartement. Le
Czarowitz allase desbabiller
dantunautre Apartement, ~&
quand on eut deshabillé la
Princesse ,le C=t.:tr entraavec
toute la Cour. Le Prince son
filsavoituneRobbedeChambre
rougrsemée defleurs d'çr.
LaPrincesse en avaitune blAss.
chesemée defleurs au naturel
,
~& brodées.
Aprés que le C-çar eut
donnésa Benediction au Prince
son fils, illefit entrerdans le
Lit d'un costé, pendant que Io,
Princessey entroit de l'autre,
laReine Cm la DuchesseLoüise
étant auprés d'elle,ensuite
dequoychacunseretira.
P. S.
Le Duc AntoineUlrick
tria dit qu'il seroitdeVendredy
en huit jours à Gorde qu'il ira
ensuite avec le Czarowitzà
Francfort
- njoir le nouvel
Empereur} ~& que le Czar
pnaiert,iorùalJaeudy pour i. Pomera-
pénibClaem.pagne tfi fort
Le Czararriva icy samedy
dernier. Sa Majestéalla dpied
à la Cour;leCzarowitzson
fils alla au-devant de luy, &
l'accompagna à l'appartement
qu'on luy avoit préparé. S.A.
le Ducdntoine7JlrlckaUt luy
rendrevisite. Monfèignejir U
Ducse retira ensuite gr le
C-çar alla voir la Duchesse
Louise, parce que la Reine
n'étoit pas encore habillée. Il
trouva auprés de la Duchesse,
la Princessefiancéeau C%arr.
OWtlz. Je dois vous dire, Madame
, que le Czar ejlun
Princegrand, tres bienfait,&
fortgracieux. Ilporteses cheveux
quisontbruns &frisez.
Il a unegrande barbe à la Po-
Jonoifl; ses habitsfont à la
Françoise5 mais plus modestes
qu'éclatans. Il a toûjours une
Canne à la main, eil al'air
d'ungrand Capitaine, comme
il est en effet. Il parlesouvent
à son Grand Chanchelier le
Comte Galouski, & aux
Princes & Generaux Moscosuites
: iln'estpas unmoment
çtj'tf Ilparle Bas Aiemand IJ
mieux qu'il ne croit luy même.
La DuchéeLouise le sçait
fort bien entretenir. Il y a
toujours dans ses Apartemrnts,
des Bouffonsy & desmoindres
ofo~~MM~jW~~ avec les
Princes, Généraux, CM autres
Seigneurs. S. M.>Czarienne
nesoupa point Samedy. A la
sortie de la Comedie, d<tns le
temps qu'on servoitsa Table,
elle entra dansson Abattement,
mit un Manteausursa teste) e alla pajjer la nuit dans une
Mai[inde la Ville
,
où l'on
ne s'attendaitpasd'avoir l'honneur
de recevoir un si grand
Prince. Il fait presqueregu~
lierement quatre repas chaque
jour; il mange deuxfois avec
la Reine, e deux foischez
UY-
Le Mariage se fit hier
Dimanche. Tous les Princes
&toutesles Princepesdinerent
en particulier, &•je rendirent
enfuite auprès de la Reine.
La Cour étoit magnifique.
La nouvelle épouse avoit un
habit de Moire d'argent, brodé
aujji d'argent, & fort ricbe;
Un Manteau Royal de la
mesme coulenr, ses cheveux
lien tressez, co une Couronne
couleur de Cramoisysur 1.
teste, toutegarnie de Diamants,
Le C^aroypit^ avoit un habit
blancfortbeau, broded'or; &
le Czar avoit un habit rouge
dont les boutonnières étoient de
Galon d'argent.
Les Maréchaux vinrent
avertir à trois heures que tout
étoit prest, & toute l'ajfembleç
se rendit dans 14 grande Salle
ou l'on avoitdressé un Autel.
Le vieux Duc mena la Princese.
sa petite fille, & trois
Dames de la Reineportèrent lit
queue de son Manteau.
Le C^ar accompagna l,
Reine, & le Czarowitz 14
Duchcfe Laüise. Dés qu'ils
surentarrivez
,
le Prestre Grec
qui étoit babille à peu prés de
mesmeque les Catholiques,
dcma la Benediction; il changea,
les Bagues, & demanda
en latin aufutur époux & à
lafuture épouse, s'ilsvoulount
se prendre pour Mary &pour
Femme. Il mit ensuite un
Bonnet Ducal
, ou Couronne
de velours Cramoisi, sur la
teste du Prince; mais celle
de laPrincefe s*étanttrouvée
trop étroite, le Czarordonna
àson Grand Chancellier de la
tenirsur la tefie de cette Princesse.
Le Czar se promena
toujours pendant cette Ceremo-
~3~* lors qu'ellefutachevée,
ilselicita les nouveaux époux,
On retourna ensuite chez la
Reine, dans lemesme ordre
qu'on en étoit sorti, & toute
la Cour fit Compliment ati
Prince& àla Princesse. Le
Czar donna pendant tout le
jour de grandes marques de
joye,ilécrivit à la Ptincejjè
sonépouse quiétoitàThorn erf
Pologneypour luy notifier ce
Mariage.
1
Onservit un grandsouper
a huit heures, sur un, Table
eu ilyavoitdouze Couverts.
Le Czarowitzfut placé dans
le milieu ayant a sa droite lé
Czarson Perecm la Princesse
son eooufe à sa gauche. Le
DucAntoineVlrick étoit à
la droite du Czar, & la
Reine à lagauche de la nouvelle
époufiy le Due Louis, à Iai
gauche de la Reine,ainsi que li
Prince Dolorouki, à l'un des
bouts "de la Table
:
le Prince
Turbetti étoit vis-à-vis de 1.
Reine, le Prince Courquin.,
vis-à-vis de la Primcesse, le
General Prusse vis-à-vis le
Duc AmoineUlrich., qui
avoit àsa droite la Duchesse
JLouife;Cm le Comte Galonski,
à l'autre bout de 1. Table.
Apres le souper, onse rendit
dans la Salle où l'on avoit
fait la Ceremonie. Onydansa
d'abord plusieurs danses Polonoiss.
Le Czarowitz dansa
lepremier; le vieux Duc dansa
après luy, puis le C%ary &
ensuite tous les Princes- Adofce*
vîtes. Ces danses durèrent
long-temps; le C^AY sortoit
quelques sois de la Salle, (y*
alors tout étoit dans l'inaflions
quelquesfois les Bouffons dAn.
soient seuls
,
puis se fatjbierib
donner de grands verres pour
boire à la santé de la Compagnie.
Le Czarowitz dansa
quelques Menuets; le Bal
finit par une danseAngloise.
1,1etotton-e heures lorjvjuc
l'on conduisit les nouveaux
époux à leur Apartement. Le
Czarowitz allase desbabiller
dantunautre Apartement, ~&
quand on eut deshabillé la
Princesse ,le C=t.:tr entraavec
toute la Cour. Le Prince son
filsavoituneRobbedeChambre
rougrsemée defleurs d'çr.
LaPrincesse en avaitune blAss.
chesemée defleurs au naturel
,
~& brodées.
Aprés que le C-çar eut
donnésa Benediction au Prince
son fils, illefit entrerdans le
Lit d'un costé, pendant que Io,
Princessey entroit de l'autre,
laReine Cm la DuchesseLoüise
étant auprés d'elle,ensuite
dequoychacunseretira.
P. S.
Le Duc AntoineUlrick
tria dit qu'il seroitdeVendredy
en huit jours à Gorde qu'il ira
ensuite avec le Czarowitzà
Francfort
- njoir le nouvel
Empereur} ~& que le Czar
pnaiert,iorùalJaeudy pour i. Pomera-
pénibClaem.pagne tfi fort
Fermer
Résumé : A Torgau le 27. Octobre.
Le 17 octobre à Torgau, le tsar arriva le samedi précédent et fut accueilli par le tsarévitch, son fils, qui l'accompagna à son appartement. Le duc Antoine Ulrich lui rendit visite. Le tsar rencontra ensuite la duchesse Louise, car la reine n'était pas encore habillée. Il y trouva la princesse fiancée au tsar. Le tsar est décrit comme un homme grand, bien fait et gracieux, avec des cheveux bruns et frisés, une grande barbe à la polonaise, et des habits à la française mais modestes. Il conversait souvent avec son grand chancelier, le comte Galouski, ainsi qu'avec les princes et généraux moscovites. Le mariage eut lieu le dimanche. Les princes et princesses dînèrent en privé avant de se rendre auprès de la reine. La nouvelle épouse portait un habit de moire d'argent brodé d'or et un manteau royal de la même couleur, avec une couronne cramoisie garnie de diamants. Le tsarévitch portait un habit blanc brodé d'or, et le tsar un habit rouge avec des boutonnières en galon d'argent. La cérémonie se déroula dans une grande salle où un autel avait été dressé. Le vieux duc mena la princesse, et trois dames de la reine portèrent la queue de son manteau. Le tsar accompagna la reine, et le tsarévitch la duchesse Louise. Le prêtre grec donna la bénédiction, échangea les bagues, et demanda aux futurs époux s'ils voulaient se prendre pour mari et femme. Il mit ensuite une couronne de velours cramoisi sur la tête du prince, mais celle de la princesse étant trop étroite, le tsar ordonna à son grand chancelier de la tenir. Après la cérémonie, un grand souper fut servi à huit heures avec douze couverts. Le tsarévitch fut placé au milieu, avec à sa droite le tsar son père et à sa gauche la princesse son épouse. Le duc Antoine Ulrich était à la droite du tsar, et la reine à la gauche de la nouvelle épouse. Après le souper, on se rendit dans la salle de la cérémonie pour danser. Le bal se termina par une danse anglaise à une heure du matin. Les nouveaux époux furent conduits à leur appartement, où le tsar donna sa bénédiction avant que chacun ne se retire. Le duc Antoine Ulrich annonça qu'il serait à Gorde dans huit jours, puis irait avec le tsarévitch à Francfort pour voir le nouvel empereur, et que le tsar partirait le jeudi suivant pour la Poméranie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
56
p. 91-100
Heraults d'Armes.
Début :
L'employ des Heraults d'Armes consistoit à aller dénoncer la guerre, [...]
Mots clefs :
Roi, Prince, Armes, Mort, Hérauts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Heraults d'Armes.
Heraults d'Armes.
L'employ des Heraults
d'Armes consïstoit à aller
dénoncerla guerre
,
fommer les Villes de se rendre,
& dresserun fidèleProcez
vei bal(commeilsle peuvent encore à present) de
tout ce qu'ils ont fait ôc
dit, ôc detoutcequileur
a
esté respondu. Ils publioient la paix comme ils
dénonçoient la guerre ;
faisoient défenses à tous)
mesme aux Princes, de
l'enfraindre ,à peine d'estre déclarez traistres ôc
perturbateurs du repos public, anfracteurs de la foy
donnée, & criminels de
leze Majesté& ceux qui
contrevenoient à la Paix,
ilslescitoient& mettoient
au Ban, comme par un
dernier remede
,
portant
avec foy le fer & le feu. Anciennement quand ils pur
blioient la Paix, ils estoient
couronnez de guirlandes
d'olivier, & en portoient
des rameaux en leurmain,
& laVilleou laCité-où elle
estoit publiée leur dévoie
un marc d'or, ce qui s'observe encore en ce temps.
Quelquefoisilssignisioient
les pardons ôc les graces
que les Rois ôc les Princes
accordoient aux Sujets qui
estoient tombez dans det
-
fautes cosiderables.
1
Ils sont employez aux
sacre & couronnement de
nos Rois. Ils y
font les cris
-& proclamations ordinaires ;
précedent le Roy allant àl'Offrandeyfont -
employez- à faire les largesses;Au sacre du Roy
Philippe le Bel, Gauthier
de Troye
,
son Hérault
d'Arme, fut habillé des habits que le Roy laissa pour
prendre ceux de la solemnité du sacre
)
& tous les
veftements- Royaux fourrez d'hermine qui cou-
vroient la personne du Roy
en son sacre ( exceptéla
Couronne d'or, le sceptre
& lamain d'yvoire ) appartenoient aux Officiers
d'armes;il en estoit de
mesme aux Couronnements des Reines.
Aux mariages & cérémonies nuptiales ils tenoient leurs rang &eC.
toient lesMessagers,& le
plus souvent en portoient
les premieres paroles,aussi
tous les manteaux Royaux,
ou ceux des Princes &
Princesses, où leur cotte
d'armes estoient déployées
leurappartcnoient anciennement
Aux baptesmes des Ensans des Rois & Princes,
ils déployoient leur cotte
d'armes, les vases
,
éguieres, saliere, bassin à laver,
les manteaux & langes de
parade, labassinoire,dais,
& oreillers des enfans baptisez leur appartenoient,
& après le baptesme ils
jettoient par les ruës des
pieces d'or au peupJe, ôc
crioient par trois fois, largesse, largesse
,
largesse
de
de la part du très-noble
Roy de France
3
pour ce
que Dieu luy a
donné lignée.
Aux festins Royaux que
les Roysfaisoient aux quatre bonnes Festes de l'année, où ils tenoient Cour
pleniere & grand tinel,
ils appelloient le grand
Maistre, le grand Pannetier, le grand Bouteiller
,
Ôc autres anciens Officiers
de la Maison Royale, pour
venir faire leurs offices en
& ce jour ils avoient largesseenriere & nouveaux
habillements, & la coupe
d'or dans laquelle le Roy
beuvoit
,
leur appartenoir.
Ils n'assistoient pas seulement à toutes ces cérémonies desprincesvivante,
mais encore les accompagnoient en leurs obseques
& funerailles ;
d'abord ils
faisoient tendre laSalle de
drap noir, faisoient couvrir le lit
,
&, après avoir
tout ordonné ils se tenoienc
comme les Officiers d'armes le font encore jour &
nuit assis auprès du lit de
parade où est le corps du
défunt, pour presenter
l'aspersoir aux Princes, aux
Prélats,Cours souveraines,
& autres grands Seigneurs,
pour jetter de l'eau benite
sur le lit mortuaire.Enfuite le jour de la pompe funebre ils marchoient en longs
habits de duëil, un peu devant le chef du convoy
& estant arrivez à l'Eglise :
ils enfermoient dans le
tombeau toutes les marques d'honneur, comme la
Couronne, le Sceptre, la
Main de ILIIIice) le Colier
des Ordres, le Casque, l)E..
cu, l'Epéc,les Gantelets,
les Eperons, la Cotte- d'armes, les Estendarts, les Enfeignes, & les Bannieres; &
après que le grand Maistre de 'France.,mettant son
ballon dans la fosse, avoic
prononcé tour bas le Prince est mort, ils crioient à
voix haute par trois fois, le
Prince est mort, priez Dieu
pour son ame.
L'employ des Heraults
d'Armes consïstoit à aller
dénoncerla guerre
,
fommer les Villes de se rendre,
& dresserun fidèleProcez
vei bal(commeilsle peuvent encore à present) de
tout ce qu'ils ont fait ôc
dit, ôc detoutcequileur
a
esté respondu. Ils publioient la paix comme ils
dénonçoient la guerre ;
faisoient défenses à tous)
mesme aux Princes, de
l'enfraindre ,à peine d'estre déclarez traistres ôc
perturbateurs du repos public, anfracteurs de la foy
donnée, & criminels de
leze Majesté& ceux qui
contrevenoient à la Paix,
ilslescitoient& mettoient
au Ban, comme par un
dernier remede
,
portant
avec foy le fer & le feu. Anciennement quand ils pur
blioient la Paix, ils estoient
couronnez de guirlandes
d'olivier, & en portoient
des rameaux en leurmain,
& laVilleou laCité-où elle
estoit publiée leur dévoie
un marc d'or, ce qui s'observe encore en ce temps.
Quelquefoisilssignisioient
les pardons ôc les graces
que les Rois ôc les Princes
accordoient aux Sujets qui
estoient tombez dans det
-
fautes cosiderables.
1
Ils sont employez aux
sacre & couronnement de
nos Rois. Ils y
font les cris
-& proclamations ordinaires ;
précedent le Roy allant àl'Offrandeyfont -
employez- à faire les largesses;Au sacre du Roy
Philippe le Bel, Gauthier
de Troye
,
son Hérault
d'Arme, fut habillé des habits que le Roy laissa pour
prendre ceux de la solemnité du sacre
)
& tous les
veftements- Royaux fourrez d'hermine qui cou-
vroient la personne du Roy
en son sacre ( exceptéla
Couronne d'or, le sceptre
& lamain d'yvoire ) appartenoient aux Officiers
d'armes;il en estoit de
mesme aux Couronnements des Reines.
Aux mariages & cérémonies nuptiales ils tenoient leurs rang &eC.
toient lesMessagers,& le
plus souvent en portoient
les premieres paroles,aussi
tous les manteaux Royaux,
ou ceux des Princes &
Princesses, où leur cotte
d'armes estoient déployées
leurappartcnoient anciennement
Aux baptesmes des Ensans des Rois & Princes,
ils déployoient leur cotte
d'armes, les vases
,
éguieres, saliere, bassin à laver,
les manteaux & langes de
parade, labassinoire,dais,
& oreillers des enfans baptisez leur appartenoient,
& après le baptesme ils
jettoient par les ruës des
pieces d'or au peupJe, ôc
crioient par trois fois, largesse, largesse
,
largesse
de
de la part du très-noble
Roy de France
3
pour ce
que Dieu luy a
donné lignée.
Aux festins Royaux que
les Roysfaisoient aux quatre bonnes Festes de l'année, où ils tenoient Cour
pleniere & grand tinel,
ils appelloient le grand
Maistre, le grand Pannetier, le grand Bouteiller
,
Ôc autres anciens Officiers
de la Maison Royale, pour
venir faire leurs offices en
& ce jour ils avoient largesseenriere & nouveaux
habillements, & la coupe
d'or dans laquelle le Roy
beuvoit
,
leur appartenoir.
Ils n'assistoient pas seulement à toutes ces cérémonies desprincesvivante,
mais encore les accompagnoient en leurs obseques
& funerailles ;
d'abord ils
faisoient tendre laSalle de
drap noir, faisoient couvrir le lit
,
&, après avoir
tout ordonné ils se tenoienc
comme les Officiers d'armes le font encore jour &
nuit assis auprès du lit de
parade où est le corps du
défunt, pour presenter
l'aspersoir aux Princes, aux
Prélats,Cours souveraines,
& autres grands Seigneurs,
pour jetter de l'eau benite
sur le lit mortuaire.Enfuite le jour de la pompe funebre ils marchoient en longs
habits de duëil, un peu devant le chef du convoy
& estant arrivez à l'Eglise :
ils enfermoient dans le
tombeau toutes les marques d'honneur, comme la
Couronne, le Sceptre, la
Main de ILIIIice) le Colier
des Ordres, le Casque, l)E..
cu, l'Epéc,les Gantelets,
les Eperons, la Cotte- d'armes, les Estendarts, les Enfeignes, & les Bannieres; &
après que le grand Maistre de 'France.,mettant son
ballon dans la fosse, avoic
prononcé tour bas le Prince est mort, ils crioient à
voix haute par trois fois, le
Prince est mort, priez Dieu
pour son ame.
Fermer
Résumé : Heraults d'Armes.
Les Hérauts d'Armes étaient des officiers chargés de missions cérémonielles et diplomatiques. Leur rôle principal consistait à annoncer la guerre et à sommer les villes de se rendre, ainsi qu'à publier la paix et à en interdire la violation sous peine de trahison et de perturbation de l'ordre public. Ils dressaient des procès-verbaux fidèles de leurs actions et des réponses reçues. Lors de la proclamation de la paix, ils étaient couronnés de guirlandes d'olivier et recevaient un marc d'or. Les Hérauts d'Armes participaient également aux sacres et couronnements des rois, ainsi qu'aux mariages et cérémonies nuptiales des princes. Ils annonçaient les largesses royales lors des baptêmes des enfants de rois et princes, et distribuaient des pièces d'or au peuple. Lors des festins royaux, ils appelaient les officiers de la maison royale à accomplir leurs fonctions et portaient la coupe d'or du roi. Enfin, ils accompagnaient les princes dans leurs obsèques et funérailles, préparant la salle de deuil, présentant l'aspersoir aux dignitaires, et enfermant les insignes royaux dans le tombeau après la proclamation de la mort du prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
57
p. 133-144
Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Début :
Prince que de ses mains sacrées [...]
Mots clefs :
Paix, France, Deuil, Prince, Vie, Mort, Dauphin, Dauphine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
LedeüildelaFrance.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
',. - ODE.
Par Mr de la A/Lotte,
Pr INCE que de ses
'-
- mainssacrées*
A formé la Religion,
Loin de toy les douleurs
outrées,
* Le commencement de cette Odea,
tfté fait après la rr:Oi"t de-Madame la
Dauphine
,
& adressé à Monfeignsur
le Dauphin avantque la France ïetyt
f€Pdl4,
-. -
Fruits amers dela Passion.
Tes yeux pleuroient encore un Pere,
Et des jours d'une Epouse
chere
Tu viens devoir trancher
lefil
:
Mais de la Foy,sublime
Eleve
,1
-
Dans l'instant qui te les
enleve
,
Tu vois la fin de leurexil.
L'un & l'autre a
fourny
sa course,
Prescrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappelez à leur
source,
Dieu leur ouvre un sein
paternel.
Jamais nostre mort n'est
trop prompte,
Quand les jours que le Ciel
nous compte
A ses yeuxsontassez remplis;
Il mesure nos destinées,
Non, par le nombre des
annees, - Mais par les devoirs accomplis.
- Ainsi l'Auteur de ta naiC
sance,
L'amour del'Empire François,
Fuc- donné par la Providence
Pour modelle aux enfansdes Rois.
RefpeétueuxJfidele &tendre
,
Tous ses jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'est un Pere cou1
ronné ;
D'un zele auiïï rare que
,
juste
, -
11cft long-tempsl'exemple
2uguffe
Et meurt , quand l'exem-
-
ple est donné.
Ainsi
-
cette Epousè cherie
Que
Que tu pris des mains de la
Paix,
A de sa nouvelle patrie,
Comblé les plus ardents
souhaits.
C'estoit sa tendresse feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imiter.
Quel est l'éloge digne
d'elle?
Tes pleurs. Sa vie estassez
belle,
Puisqu'elle a
sçû les meriter.
Mais, cherPrince,si tli.
nous aimes,
Commande à
ton csr-u-r
-tes yeux;
Songes que par nos pertes
mesmes
Tu nous deviens plus précieux.
- Que pour nous ton amour
redouble;
A la nature qui Ce trouble,
Que cet amour fasse la Loy;
Un plus grand objett'inte-
-
resTe,
Craint en allarmantsa tendresse
, D'exposer ton Pere & ton
-
Roy. -
O Ciel! quelles plaintes
soudaines !
Quels cris ! tous les yeux
sonten pleurs!
Le fang s'est glacé dans
mes veines;
Je crains dapprendre nos
malheurs.
L'esperance est-elle ravie!
Te perdons-nous; & pour
ta vie
Fais-je icy des vœux superflus?
Aux larmes que je voy
répandre,
Prince,je le dois tendre;trop en-
Je te console, & tu n'es plus!
i
C'en est fait; une mort fatale
A l'Epouse a
rejoint l'Epoux;
Je voy la couche nuptiale
Se changer *
en tombeau pour
vous. Au séjour des divinesflâmes
Tandis que s'envolent vos a-pmes,
Vos cendres vont se réünir.
O ciel! eft- ce grace ou vengeance ?
Fil-ce hasterleurrécompense,
Ou te haster de nous punir?
Je le voy trop ta main severe
Punit notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté;
Tu punis un peuple volage,
Vain des succès deson courage
Ou par les revers abbattu;
Un peuple, l'esclave duvice,
Qui pour tout reste de justice,
Sçait loüer encor la vertu.
Nous élevons presque des Temples
AuPrince que tu nous ravis,
Contents de loüer ses exemples,
Mieuxloüez s'ils'estoientsuivis.
L'humanité compatissante,
La justice perseverante,
Le zèle ardent de tes Autels.
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit laPuiC.
sance
Comtableauxbesoins desmortels.
Digne chef d'oeuvre de ~14
Grace!
Combiendevertusenluy feûtj
C'est en luyquepournostre
race
Devoit revivre son ayeul.
Jaloux d'un Heroisme utile,
Il eût pleuré le jour sterile
Que ses dons n'auroient pû
marquer. -
Prince; ainsi la Francetelouê,
Ainsi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'oset'invoquer.
Ouy
,
sans qu'un miracle
m'atteste
Ta nouvelle félicité,
Je tecroy de la cour celestle
,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là
,
notre interest t'inspire,
Faisque LOU I Sde cet empire
,
Soit encore long-temps l'appuy;
Obtienspqu'au gré de nostre en-
Dieumesme commande à la
Vie
-D'étendre ses bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes;
De la Paix haste le lien:
Assez long-temps les mains
chrestiennes
Ontrespandu le sangchrestien.
Que la Paternelle tendresse
Pour tes fils encor t'interesse
C'estl'espoir d'un peuple allarmé:
Que tes vertus en eux renaissent
:
Et que pour t'imiter, ils croissent
Sous les yeux qui t'avoient formé.
Pour qui se r'ouvre encor la
tombe?
Chaque instant aigrit nostre
fort;
Avec les époux le fils tombe !
Arresteinsatiable Mort.
Ettoy qui rends les faits cé-
-
lebres
IVole
,
repands ces sons suncbres
Dont ma lire a
frappé les airs:
Que jusques aux dernieres races Cemonument denosdisgraces
Attendrissetout l'univers.
Fermer
Résumé : Le deüil de la France. ODE. Par Mr de la Motte.
Le poème 'LedeüildelaFrance' de Monsieur de la A/Lotte est écrit après la mort de Madame la Dauphine et adressé à Monseigneur le Dauphin, avant un malheur qui frappe la France. Le texte évoque la formation de la religion par des mains sacrées et l'absence de douleurs excessives. Le poème décrit la douleur du Dauphin, qui pleure encore son père et doit faire face à la mort de son épouse. Cependant, il entrevoit la fin de leur exil et leur retour à leur source divine. Dieu, selon le poème, mesure les destinées non par le nombre des années, mais par les devoirs accomplis. Le Dauphin est présenté comme un modèle pour les enfants des rois, respectueux, fidèle et tendre. L'épouse du Dauphin est décrite comme ayant comblé les souhaits de sa nouvelle patrie et possédant une tendresse féconde qui devait enrichir le monde de princes pour imiter le Dauphin. Le poète exprime sa douleur face à la perte du Dauphin et de son épouse, se demandant si l'espérance est ravie et s'il fait des vœux superflus. Le texte mentionne également la punition divine pour l'indocilité du peuple et la perte d'un prince vertueux. Le poète invoque le Dauphin pour qu'il intercesse auprès de Dieu afin que Louis règne encore longtemps et que la paix soit rétablie. Le poème se termine par une supplique pour arrêter la mort et pour que les vertus du Dauphin renaissent en ses fils.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
58
p. 314-323
Nouvelles Extraites de plusieurs Lettres.
Début :
Le Roy donna le 15. une Audiance de Congé en [...]
Mots clefs :
Roi, Duc, Prince, Nouvelles, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Extraites de plusieurs Lettres.
NOUVELLES
Extraits de plusieurs Lettres.
Le Roy donnale15.une
Audience de
-,
CongéenPublic au Marquis de Gerpc-
^villcr,Envoyé Extraordinaire deS. A. R; Monsieur
Je Duc de Lorraine. Il était
accompagné de Mr Barrois,EnvoyéExtraordinaire de ce Prince, & cond uit
par le Baron de Breteuil, Introducteur des Ambassadeurs, qui avoir été le prendre à Paris dans lesCarosses
,.
*
L
-
de SaMajesté. Il eut ensuite audiance de Monseigneur
le Duc de Berry, de Madame
,
de Monsieur le Duc
d'Orléans,& de Madame
la Duchesse d'Orleans.
Le Prince Charles prêta
ferment entre lesmains de
Sa Majestéle 14 decemois
pour la Charge de Grand
Ecuyer de France, dont Mr
le Comte d'Armagnac son
pere, avaitremis entre les
mains de Sa Ma jesté, sa démission volontaire pour la
survivance; & Mr le Prince
deLambescprêta le même
jour entre les mains du Roy
1
le ferment pour leGouvernement d'Anjou qu'avoit
Mr le ComteBrionne son
pere,filsaîné du Comte
d'Armagnac, & qu'il a
fait
,palier à luy avec l'agrément
de Sa Majesté, comme ila
,fait passer la survivance de
grandEcuyer au Prince
.Charles.
Un Détachement de la
garnison de Brisaca envelopé & fait prisonniers soixante Houssards, eX. l'on a
défait
dans laForest de Niderhurt,
le reste du parti ennemy de
quatre cens hommes qui
avoir esté défait à Rumersheim.
Le 2.9. de Fevrier les Seigneurs après avoir presenté
une Adresse à la Reine Anne, 1
s'ajournerentjusqu'au 8. dece mois. Le même jour les
Communes dresserent un
estat des resolutions prises
pour le Traité de la Barrière
de 1709.
Le 1. de ce mois les Communes ont examiné le rapport des Comptes publics, ;
& on declara que le sieur
AdamCardonnel Secrétaire
de Milord Marlborough
,
estoit coupable de malversation pecuniaire; il fut ordonné à la pluralité des voix
qu'il feroit chassé de la
Chambre.
Le sieur de Borselem, Envoyé des Etats generaux,
arriva à Londres le 29. Fevrier & il eut hier sa premiereaudiance de la Reine.
Le Chevalier Lorenzo
Thiepolo Ambassadeur de
Venise, a reçu nouvelle par
un Courier extraordinaire
qu'il avoit estéélû Procurateur de S. Marc,àla place
du ficur Marcello,
-
accèdedepuis peu
Oq jçiurs. ,"
On çlit que le Czar qui.
estoit encore à Petersbourg
le9 mQÎs de.r^içr,aapRfis P^#R.Ç?8Wr^
d'Azaph,queleGouverneur a
executé ses ordres,
enrendant cejte Place aux
Turcs, aprés avoir démoli
les nouvelles Fartifications;
on a
envoyé les Chrestiens
de cette ViJIç à Moscow.
Le Kam des Tartares ca
arrivé de Constantinople à
Bender. Il
a reçu de grands
honneurs à Constantino-
ple-, à son arrivée & à son
départ. Il a eu ptu&urs'
Conferences icy avec le
Roy de Suede, &aprés
avoir fait declarer la guerre
contre les Moscovites, ila
ordonné en partantpour la
Crimée, qu'on fust prcfta.
marcher avec les Tartares
du Budziac.
Le sieur Lhoski General
des Hussarts
,
mourut hier
d'un coup de sabre qu'il a
reçu dans un combatparticulier contre le Colonel Betoni, Colonel Hongrois.
Ilyaune Ordonnancenou-
vellement publiée contre les'
combats particuliers. ",.It
Extraits de plusieurs Lettres.
Le Roy donnale15.une
Audience de
-,
CongéenPublic au Marquis de Gerpc-
^villcr,Envoyé Extraordinaire deS. A. R; Monsieur
Je Duc de Lorraine. Il était
accompagné de Mr Barrois,EnvoyéExtraordinaire de ce Prince, & cond uit
par le Baron de Breteuil, Introducteur des Ambassadeurs, qui avoir été le prendre à Paris dans lesCarosses
,.
*
L
-
de SaMajesté. Il eut ensuite audiance de Monseigneur
le Duc de Berry, de Madame
,
de Monsieur le Duc
d'Orléans,& de Madame
la Duchesse d'Orleans.
Le Prince Charles prêta
ferment entre lesmains de
Sa Majestéle 14 decemois
pour la Charge de Grand
Ecuyer de France, dont Mr
le Comte d'Armagnac son
pere, avaitremis entre les
mains de Sa Ma jesté, sa démission volontaire pour la
survivance; & Mr le Prince
deLambescprêta le même
jour entre les mains du Roy
1
le ferment pour leGouvernement d'Anjou qu'avoit
Mr le ComteBrionne son
pere,filsaîné du Comte
d'Armagnac, & qu'il a
fait
,palier à luy avec l'agrément
de Sa Majesté, comme ila
,fait passer la survivance de
grandEcuyer au Prince
.Charles.
Un Détachement de la
garnison de Brisaca envelopé & fait prisonniers soixante Houssards, eX. l'on a
défait
dans laForest de Niderhurt,
le reste du parti ennemy de
quatre cens hommes qui
avoir esté défait à Rumersheim.
Le 2.9. de Fevrier les Seigneurs après avoir presenté
une Adresse à la Reine Anne, 1
s'ajournerentjusqu'au 8. dece mois. Le même jour les
Communes dresserent un
estat des resolutions prises
pour le Traité de la Barrière
de 1709.
Le 1. de ce mois les Communes ont examiné le rapport des Comptes publics, ;
& on declara que le sieur
AdamCardonnel Secrétaire
de Milord Marlborough
,
estoit coupable de malversation pecuniaire; il fut ordonné à la pluralité des voix
qu'il feroit chassé de la
Chambre.
Le sieur de Borselem, Envoyé des Etats generaux,
arriva à Londres le 29. Fevrier & il eut hier sa premiereaudiance de la Reine.
Le Chevalier Lorenzo
Thiepolo Ambassadeur de
Venise, a reçu nouvelle par
un Courier extraordinaire
qu'il avoit estéélû Procurateur de S. Marc,àla place
du ficur Marcello,
-
accèdedepuis peu
Oq jçiurs. ,"
On çlit que le Czar qui.
estoit encore à Petersbourg
le9 mQÎs de.r^içr,aapRfis P^#R.Ç?8Wr^
d'Azaph,queleGouverneur a
executé ses ordres,
enrendant cejte Place aux
Turcs, aprés avoir démoli
les nouvelles Fartifications;
on a
envoyé les Chrestiens
de cette ViJIç à Moscow.
Le Kam des Tartares ca
arrivé de Constantinople à
Bender. Il
a reçu de grands
honneurs à Constantino-
ple-, à son arrivée & à son
départ. Il a eu ptu&urs'
Conferences icy avec le
Roy de Suede, &aprés
avoir fait declarer la guerre
contre les Moscovites, ila
ordonné en partantpour la
Crimée, qu'on fust prcfta.
marcher avec les Tartares
du Budziac.
Le sieur Lhoski General
des Hussarts
,
mourut hier
d'un coup de sabre qu'il a
reçu dans un combatparticulier contre le Colonel Betoni, Colonel Hongrois.
Ilyaune Ordonnancenou-
vellement publiée contre les'
combats particuliers. ",.It
Fermer
Résumé : Nouvelles Extraites de plusieurs Lettres.
Le texte décrit plusieurs événements politiques et militaires. Le roi a reçu le Marquis de Gerpviller, envoyé du Duc de Lorraine, accompagné de Monsieur Barrois et introduit par le Baron de Breteuil. Le Prince Charles a prêté serment pour la charge de Grand Écuyer de France, succédant à son père, le Comte d'Armagnac. Le Prince de Lambesc a également prêté serment pour le gouvernement d'Anjou, succédant à son père, le Comte de Brionne. Un détachement de la garnison de Brisach a capturé soixante hussards et défait un parti ennemi de quatre cents hommes dans la forêt de Niderhurt. Le 29 février, les Seigneurs ont présenté une adresse à la Reine Anne et se sont ajournés jusqu'au 8 mars. Les Communes ont examiné les comptes publics et déclaré le sieur Adam Cardonnel, secrétaire de Milord Marlborough, coupable de malversation, le chassant de la Chambre. Le sieur de Borselem, envoyé des États généraux, est arrivé à Londres et a eu sa première audience avec la Reine. Le Chevalier Lorenzo Thiepolo a été élu Procureur de Saint-Marc. Le Czar a ordonné la reddition de la place d'Azaph aux Turcs. Le Khan des Tartares a reçu des honneurs à Constantinople et a déclaré la guerre contre les Moscovites. Le sieur Lhoski, Général des Hussarts, est mort des suites d'un combat particulier contre le Colonel Betoni. Une ordonnance a été publiée contre les combats particuliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
59
p. 150-191
MORTS.
Début :
Loüise-Marie-Elisabeth, Princesse d'Angleterre, mourut de la petite verole, [...]
Mots clefs :
Roi, Angleterre, Écosse, Prince, Duc, Fils, Fille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Loiïise-Marie-Elisabeth,
Princessèd'Angleterre,
mourut de la petite verole,
à
saint Germain en Laye,
le 18.Avril1711. âgée de 10.
ans moins deux mois &
quelques jours.
La Maison de Stuart est
originaire & descenduë des
anciens Rois d'Ecosse.Kenneth, troisiéme du nom,
Roy d'Ecosse,épousa une
fille de Guillaume premier,
Duc deNormandie,de la-
quelle il eut deux fils
:
Maleome second , Roy d'Ecossè) qui continua la branche des Rois d'Ecosse jusques- à Alexandre troisiéme en 1186. & Ferquharc,
second fils de Kenneth,
eut pour son appanage le
pays de Lochabet
,
fous le
titre, de Thane. C'est de lui
qu'estdescendue la Maison
de Stuart, dont l'arrierepetit-fils Vvalterfut le premier qui prit le surnom de
Stuart, & fut créé grand
Senechal d'Ecosse en 1086.
& ont conservé cette qua-
lité pendant plusieurs génerations. Jacques Stuart,
grand Senechal d'Ecosse,
fut un des Regens du
Royaume après la mort du
Roy Alexandre troisième
,
qui fut tué en 1 302. en unè bataille
contre les Anglois,
Vvalter Sruarr, troisiéme
du nom, son fils, & aussi
grand Senechal d'Ecosse;
epousa Marie Bruce, fille
du Roy Robert premier. Il
mourut en 1327. De leur mariage il sortit RobertSruarr:)
second du nom, Roy d'Ecosse, qui mourut en 159Ov
& fut pere de Robert troi^.
siéme du nom, qui étoit le
cinquième ayeulde la Reine d'Ecosse Marie Stuart
,
qui épousa en premicres
noces François second Roy
deFrance, & en secondés
noces Henry-Stuart, Duc
d'Albanie,Seigneur d'Arnhùy^ son parent,quià caufc d'elle fut Royd'Ecosse.
Ce Prince fut- si malheur
reux,que ses sujetsconspirerentcontre lui, lesquels
ayant mis des poudres dans
le château d'Edimbourg,
le firent fauter la nuit du
10. Fevrier 1567. La Priru
cesse sa veuve en eut tant dedéplaisir,qu'elle en garda le triste souvenir pen- dant le reste de sa vie, qui
fut partagée de tousles malheurs qui peuventaccabler,
une Princesse, dont la vertu
a
été un modele de patience dans les souffrancès que
luiafait éprouver &fjbuf~:
frir la Reine d'Angleterre
Elisàbeth sa cousine
,
qui l'a
ténue prisonniere pendant
dix-huit ans, où ellea été
traitée contre la dignité
d'une si grande Princesse
,
comme la plus malLeureusedetoutes les femmes?
luy ayant fait finir sa vie par
la main d'un bourreau le 18.
Fevrier 1587. quilui coupa la
têteau château deFondrainga,yç,par unejalousie quela
Reine d'Angleterre sa cousine avoit conçue contr'elle.
Il n'ya qu'à lire ce que le P.
Hilarion de laCoste, Religieux Minime, en a
écrit, &
Florimond de Raymond
dans son traite du Schisme
d'Angletereen a
détaillé les
particularitez tout au long.
Il sortit de son second ma-
riage avec Henry Stuart
Duc d'Albanie, Seigneur
d'Arnlay,à caused'elleRoy
d'Ecossè, un fils
,
qui fut
- Jacques sîxiéme du nom,
- Roy d'Ecossè,qui succeda
au Royaume d'Angleterre àlaReine Elisabeth, Il fut
premier du nom,Royd'Angleterre. C'est lui qui a
commence la branche-des
Stuarts Rois d'Angleterre.;
ainsïil aété le premierqui ir.çré'Ro-y d'Angleterre,
d'Ecosse ôcd'Irlande,ayant
joint en sa personne ces.
trois Royaumes ensemble
tels qu'ils font encore aujourd'hui
: mais il n'a pas
rétabli le bonheur de sa
Maison fous l'abri de ces
trois Couronnes, puisque
ses successeurs y ont vêcu
trés-malheureusement.
Il épousa Anne, fille de
Federic second Roy de Danemark. Illaissa de ce mariage un fils& une fille: le
fils fut Charles premier,
Roy d'Angleterre qui suit;
& la fille a
été Elisabeth
d'Angleterre, femme de
Federic cinq, Comte Palatin du Rhin, Duc de Ba-
viere, Electeur de l'Empire,dont la posterité est tombée dans la maison d'Hanoüer, qui comme Protestante sur choisie pour succeder à la Couronne d'Angleterre.
Charles premier,fils de
Jacques premier, Roy de la
grande Bretagne, ou d'Angleterre ,d'Ecosse & d'Irlande,connuë à presentfous
le titre de Royaume de la
grande Bretagne,succeda
a
son pere en 1625. mais ce
Prince, quoique trés-bon,
fut si fort maltraité de Ces
sujets., qu'ils confpirerenc
contre lui
,
qui lui ayant
suscité des crimes, l'arrêterent en Ecosse, & fous la
conduited'Olivier Cronvel conspirerent sa ruïne,
& ayant été conduit à Londres
,
établirent une Chambre de Justice, Ôc par un
horrible attentat le condamnèrent à mort. Il eut la
tête tranchée en public le
,
neuvième jour de Fevrier
1649.
Ce Prince avoit épousé
en 1625. Henriette-Marie de
France, fille du Roy Henry
quatre & de Marie de Médicis. Il en eut Charlessecond, Roy de
la grande Bretagne,quifuit
Jacques Duc d'Yorc, depuis Roy de la grande Bretagne après son
-
frere, dont
je parlerai ci-apres.
Henriette-Maried'Angleterre
,
femme de Guillaume de NaŒau, Prince
d'Orange, dont je parlerai aussi ci-aprés.
Henriette-Anned'Anglererre,femme de Philippe de France, Duc d'Or.
leans, morre en1670. agee
de
devingt-six ans, qui alaissé
des enfans.
- La mort du Roy Charles premier, époux de Henriette-Marie de France, ôc
pere de tous ces infortunez
enfans, les dérangea tous.
La Reine leur mere se retira en France dés l'an 1644.
cinq ans avant la mort de
son époux. Quantà ses
enfans, ils se trouverent
dispersez & cachez; & aprés plusieurs révolutions,
Charlessecond fut reconnu
& couronné à Londres Iv
trois May 1661. Rov de la
grandeBretagne, & il a
régné jusqu'au 16. Fevrier
1685 qu'il mourut sans posterité de Catherine de Portugal, fille unique de Jean
quatriéme, Roy de Portugal, & de Loüise de Gusman; après la mort duquel
Charles second
,
Jacques
Duc d'Yorc fut reconnu
Roy de la grandeBretagne,
comme je le dirai ci-aprés.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc, d'Albanie,
&c. frere unique du Roy
Charles second,servit en
France,oùilfutLieute-
nant general des armées
navales du Roy. Estant Duc
d'Yorcilépousaen 1660.
Anne Hyde, fille de Milord
Edoüard Hyde, grand
Chancelier d'Angleterre. Il
eut de ce mariage nombre
d'enfans, & entr'autres
deux Princesses, Marie, &
Anne, dont je parlerai aprés
leur pere, & qui ont eu
beaucoup de part aux af-,
faires de leurs temps.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc,épousa en secondes noces en 1673. Marie-Eleonore d'Est, fille de
François Duc de Modene.
Il succeda au Roy Charles
fecond son frere auxRoyaumes d'Angletere, d'Ecosse & d'Irlande, ( autrement
dit de la grande Bretagne)
sous le nom de Jacques second. Il fut couronné le
jour de saint Georges, 23.
Avril1685. mais ce Prince,
auiti malheureux que ses
ancêtres du nom de Stuart,
a
éprouvél'inconstance de
ses peuples, & de son neveu
propre qui s'éleva contre
lui, qui fut le Duc de Montmouth
,
fils naturel du Roy
Charlessecond son frere.
Il a
enfinété obligé de ceder à la force, &dese retirer en France sur la fin de
i688.Wec beaucoup de peines & de dangers, par les
cabales du Prince d'Orange
son neveu & son cendre. LaReine son épouse ie sauva
aussi furtivement avec le
Prince de Galles son fils,
où ils ont été reçus par le
le Roy Louis XIV.tréscourtoisement, qui leur a
donné, pour demeure le
Château de saint Germain
en Laye,où le Roy Jacques
second est mort le 16. Septembre 1701. d'où son corps
a
été apporté à Parissen l'Egti(e des Benedictins Anglois, au fauxbourg saint
Jacques, où sa memoire est
révérée commed'un Prince
bienheureux,
Du mariage du Roy
Charles second & de la Reine Marie
-
Eleonore d'Est
il en est sorti plusieursensans. Il n'en a
survêcu que
deux: Jacques-FrançoisEdouard Prince de Galles,
qui nâquit enAngleterre le
20. Juin 1688.& quifut en-
levé par sa mere
,
qui fuyoit
la persecution
,
assisté du
Comte depuis Duc de Lauzun ;
lequel après lamort
de son pere a
été reconnu
en France Roy dela grande
Bretagne fous le nom de
Jacquestroisiéme.EtLoüise-MarieElisabeth d'Angleterre, dont la mort donne lieu à cet article.
Marie d'Angleterre,
Princessed'Yorc,fille aînée.
de Jacques Duc d'Yorc,
depuis Roy d'Angleterre
& de Anne Hyde sa premiere femme
:
elle épousa.
en 1677. Guillaumede Nar:,
sau Prince d'Orange, son
cousin
-
germain. Les An..
glois firent un traité avec
lui en 1688. & l'attirerent en
Angleterre, pour se soustraire de l'obeissance qu'ils
devoient à leur Roy legitime. Il y arriva avec la flote
Hollandoise
,
& débarqua
à Torbay le
1 5. Novembre
de lamêmeannée, se joignit ,
aux Anglois, qui con-r
spirérent d'enlever le Roy,
qui fut enfin contraint de
ceder à la force, ôç de fc
retirer en France avec la
Reine
Reine son épouse par des
routes différentes
:
ainsi le
gendre & neveudétrôna
son beaupere &
son oncle.
Ce Prince & la Princesse
son épouse furent proclamez Rois d'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande le 13.
Fevrier 1689. & couronnez
le 21.
Avrilsuivant. La Reine Marie n'a vécudepuis
son couronnement que jusqu'au 2.8. Décembre 1694.
qui est cinq ans, sept mois
& sept jours, quelle mourut
uns
posterité, âgée de
trente-deux ans. Le Prince
son époux régna, ~n!j~
qu'au 19. Mars IJQI., qu'il
mourut à Kensington,&
fut enterré le 16.Avrilà
Veiftminfter. <;
La seconde fille du pre-,.
mier lit du Roy Jacques
second, auparavant
d'Yorc,est Anne d'Angle-,;
terre, Princesse dfYorç, ô$
de sa premiers semmçA
ne Hyde. Elleepousa Ge<^.
ges fil Prince de Dai*enw£*
de Federic troifiéirïef
Roy de Danemarc
,
& de
Sophie-Amélie de kune-,
bourg. ApfÇf la morfc de
Guillaume de Nassau, Prince d'Orange, ôc Roy de I*
grande Bretagne, elle fut
reconnue Reine le 19. Mars,
1702. & proclamée des l'aprésdînée devant le Palais
de [aine James, & aux autres endroits publics: elle
fut couronnée le 4 May
suivant. A l'égard du Prince Georges
son
époux, il
fut déclaré grand Amiral
d'Angleterre, & est mort
depuis sans posterité. La
Reine Anne regne aujourd'hui feule & tranquille en
Angleterre.
Ainsi, par le recit que
je viens de faire on voit
que la Maison deStuart
est une Maison sortiedes
Roisd'Ecosse; qu'elle est
rentrée sur le trône par rextiné\:ion de la brançhc aînéeàlaquelleelle
s'estralliée;qu'ellearégné en Ecosse par plu..,
sieurs générations, puis
a
joint ce Royaume à celui d'Angleterre, par la
mort de la Reine Elisabeth. Or cetteMaison a
regné depuis, mais trésmalheureusement. Ily a
beaucoup de branches de
cette Maison qui, comme Princes de laMaison
de Stuart, portent tous
pour leurs armes d'or à
la face échiquetée de
trois trajets d'argent èc
d'azur.
Henry de Lorraine,
Comte de Brione, Chevalier de l'Ordre du S. Esprit,
fils aîné de Loüis de Lorraine, Comte d'Armagnac,
Scc grand Senechal héréditaire de Bourgogne,Gouverneur pour SaMajesté de
la Province d'Anjou, Pair,
& grand Ecuyer de France,
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit
; & de Catherine de
NeuleyfilledefeuM.le
MaréchalDuc deVilleroy,
mourut à Verseilles le f,
jour d'Avril. Il étoit reçuen
survivance dés le ij. Fevrier
1677. delaCharge de grand
Ecuyer,duGouvernement
du pays d'Anjou: né dans
lamême année &au même
mois que Monseigneurpre-
îftiêtDauphin,le quinze
Nô\tèmbtt' 166ï. Dés sa
ividréieuâcffe ce futun
des Seigneurs des plus attachez auprès de sa personne 3& des plus accomplis. Il s'étoit distingué dans
tous les exercices convenables à un jeune Prince. Il
remporta deux fois de suite
le prix des courses en 1686. Ilavoitépousé le 13. Décembre1689. Mademoiselle
d'E^ktey, fille de Loüis
d'Epinay,Marquis de Bron,
& de feuë Marie-Françoise
du Cousin de S. Denis de
laquelle ila le Prince de
Lambefc^qu'il avoit marie
depuis deux ans àMademoisèlle de Duras, fille de
Jacques
- Henry Duc de
Duras,,
-mort depuis plusieurs années; & de Mademoifeile de la Mark, aujourd'hui Duchesse de Doras, qui a encore Mademoiselle de Duras.
,
Le Comte de Vandeüil
,est mort à la Source, prés
d'Orléans, le cinq du mois
d'Avril, dans sa vingt- fijûéme année. Il étoit filsaî-
né de MessireFrançois Clerembaud, Marquisde Vandeüil
,
& de Marie-Anne de
Rangeüil, fille de M. le
: Marquis deRangeüilMaréchal deCamp, & CatherinedeBeaufort. M.le Marquis deVandeüilavoit commencé à servir en 16 52. Il
Je trouvaà la bataille de S.
Godar en Hongrie,où il
étoit allé chercher occasion
de fè distinguer. Quand la
guerre recommença en
France il revint dans son
pays, s'est trouve à l'affaire
de Senes, à Steinquerque
'à Leuse, où il commandolt
lacavalerie fous M. le Duc
du Maine, & la commanda
en chefquand ce Prince fut
partidel'armée. Le Roy lui
fit l'honneur de lui confier
la personné de Monseigneur, pour lui faire faire
sa premiere campagne à
Philisbourg. 11 a eu l'honneur en dernierlieu de conduire le Roy d'Espagne en
Espagne, avec M.le Maréchal de Noailles.
Il étoit Lieutenant general des armées du Roy,
Lieutenant de sesGardesdu
Corps; en quelle qualité Il
a
commandé la Maison du
Roy pendant cinq ans. Il
étoit Gouverneur de Pecquais
,
dont il demanda la
survivance pour ion filsaîjné ,qui n'avoit que quinze
ans, laquelle grace SaMajesté lui accorda en recompense de seslongs services,
Jk le fit Chevalier de l'Or-
-<ire de S. Louis.
:..
Il avoit e'poufé^MarieAnne de Rangeüil, doiJ:il
avoit eu quatre enfans: 1ainé, qui vient de mourir, ôc
trois autres) quisont actuel-
lemént au service.
M. leComte de Vandeüil
âvoit commencé à servir à
l'âge de quinze ans, en en-
,trant dans les Mousquetaires, au sortir des Pages de la Chambre. Il fut
ensuite Aide de Camp de
M. le Maréchal de Villecray
,
puis Capitaine de cavalerie dans le regimerit de
Bar. A près la bataille de Rajiiilly il acheta le regiment
idc Monseigneur le Dauphin, cavalerie, se trouva
£
la bataille de Turin, où il
se distingua à la tête de son
regiment, depuis à
celle de
Malplaquet, témoignant
dans les actionsles plus perilleusesune intrépiditéaccompagnee d'une grande
prelencedespris.
Il étoit Gouverneur de
Pecquais en Languedoc,
&grand Baillifd'Orléans.
La maison de Vandeüil
tire son nom de la Terre
& Seigneurie de Vandeüil,
située sur la riviered'Oise,
prés S. Quentin, dont les
ancêtres de cette maison
étoient Seigneurs. Le premier de cette maison dont
on ait connossances'appelloit Clerembauld, Chcva,,.-"
lier Seigneur de Vajideiiil,
qui vivait en ito96. ce qui. se
voit dans les auteurs qui
ont é'c'Èit de la premiere
Croisade, & dansl'histoire
de la maison deBechune,.
par André duChêne, liv.
-+.,
page284. & suivantes, où
l'on voit danciens [ceans:
dans lesquels font les rna-,
mes armes queportent aujourd'hui Messieurs deVaivdeüil. La branche aînéede
cette maison finit par Jeaiv;
JQDame de Vandeüil 8(,
autresJcxtçsi Fille de Cletrembauld
,
troisiéme du - -
laquelleépousaMa-
~thieu iç Roye second du
tnoro, Seigneurde la Ferté
en Pontieu ,&lui apporta,
CII docçfttjr'mtrçs biens la
Terrede Vandeüil.
:
Pourplus grande preuve del'ancienneté de cette
unaifoo. il est en remarque
dans l'histoire dela guerre teinte, intitulée la Franciade
'Qricmtdle, au fol. 40. qu'un
Clerembauld de Vandeüil
fut arrêté prisonnier etanç Àh suite de Hugues le
Grand
,
Frere duRoy de
France, par le Lieutenant
de Nicephore Empereur,
sur lequel Alexis Comnenne usurpa l'Empire. Godefroy de Boüillon, Duc de
Lorraine, ayant envoyé des
ambassadeurs pour lesommer de rendre le Prince
Hugues, &les Gentilshommes prisonniers avec lui,
en ayant fait refus, Godefroy de Boüillons'étant
campé avec toute son armée devant Constantinople,obligea l'Empereur de
lui renvoyer le Prince, &
tous
tous lesGentilshommesde
sa Compagnie.
Clerembaudde Vandeüil,
Seigneur & Châtelain de
Vandeüil, prés la Fereen
Picardie,vivoit en l'an 1225.
il n'eut de son mariage que
deux filles, sçavoir Jeanne
& Melisende de Vandeüil.
Il avoit pour frere cadet
Guide Vandeüil, Seigneur
d'Aubigny. Jeanne de Vandeüil épousa Matthieu de
Roye
,
Sieur de Duri, la
Ferté y
saintValery, Diancourt.
Marie de Roye, fille de
Matthieu de Roye, & de
Jeanne de Vandeüil,épousa
Guillaume de Bethune
, Chevalier Seigneur de
Locres. Jean de Bethune
Chevalier, Seigneur de
Vandeüil,&c. épousa Jeanne deCoucy,Vicomtesse de
Meaux. Jeanne dela Bar,
Dame de Vandeüil, Oisy
, Condé, &c. Vicomtesse de
Soissons ôc de Marle,épousa.
Loüis de Luxembourg.
Comte de S. Paul, Ligni,
Roussi- le-Château, ôcc.
Marie,Soissons,&Connétable de France. Pierre de
Luxembourg, Comte de
S Pàul, &c. Sieur de Vandeüil,épousaMarguerite de
Savoye. Marie de Luxembourg
»
fille de Pierre de
Luxembourg, Comte de
S. Paul, & Sieur de Vandeüil, épousaFrançois de
Bourbon, Comte de Vandôme.
Messîre Nicolas le Camus, Chevalier Seigneur
dè la Grange du Milieu,
Bligny,Vvittemberg, &c.
Conseiller -
du Royen tous
ses Conseils
,
premier Pre-
sident de sa Cour des Aydes
à condition de survivance
, Maître des Requêteshonoraire de son Hôtel, mourut de l'opération de la taille
le15. Avril1711. âgé de
ans.
Il étoit fils de M. le premier President de la Cour
des Aydes, qui remplit ce
poste avec tant de dignité
& d'applaudissemensdepuis
plusieurs années. Feu M. le
Lieutenant Civil le Camus,
& M.le Cardinal le Camus
Evêque de Grenoble, étoient freres de M. Jp pre-
- mier President ,qui a eu
deux autres enfans
;
donc
l'un, nommé M.le Camus
de la Grange, est mort Intendant à Pau. Il a encore
une fille, mariée à M. le
Marquis de Flammanville,
Lieutenant general des armées du Roy, ci-devant
Capitaine des Gensdarmes
Bourguignons. La maison
de Camus le Beaulieu tire
son origine du Lionnois, &
est une des plus anciennes
de cetteProvince.
DameMarie-Genevieve
Larcher
,
veuve de Messire
Edoüard Colbert, Chevalier Marquis de Villacerf
& de Pajens, Seigneur de
saint Mesmin, Courlange,
&c. Conseiller du Royen
son Conseil d'Etat, premier.
Maître d'Hôtel de la feuë
Reine, & de Madame la
Duchesse de Bourgogne,
Surintendant & Ordonnateur general des Bâtimens
du Roy, Arts & Manufactures de Sa Majesté, mourut le 17. Avril, âgée de 7O
ans,Madame de Villacerfé-
toit fille au President JLar*
cher: elle a eu plusieurs
freres, dont l'un aété
Maître des Requêtes, &
Intendant en Champagne, & l'autre Chevalier
deMalte. *-
Charles le Nonr.anr,
ancien Secretaire du Roy,
&l'un desFermiers generaux de Sa Majcfté
,
mourut le vingt-huit Mars mil
sept cent douze.
Loiïise-Marie-Elisabeth,
Princessèd'Angleterre,
mourut de la petite verole,
à
saint Germain en Laye,
le 18.Avril1711. âgée de 10.
ans moins deux mois &
quelques jours.
La Maison de Stuart est
originaire & descenduë des
anciens Rois d'Ecosse.Kenneth, troisiéme du nom,
Roy d'Ecosse,épousa une
fille de Guillaume premier,
Duc deNormandie,de la-
quelle il eut deux fils
:
Maleome second , Roy d'Ecossè) qui continua la branche des Rois d'Ecosse jusques- à Alexandre troisiéme en 1186. & Ferquharc,
second fils de Kenneth,
eut pour son appanage le
pays de Lochabet
,
fous le
titre, de Thane. C'est de lui
qu'estdescendue la Maison
de Stuart, dont l'arrierepetit-fils Vvalterfut le premier qui prit le surnom de
Stuart, & fut créé grand
Senechal d'Ecosse en 1086.
& ont conservé cette qua-
lité pendant plusieurs génerations. Jacques Stuart,
grand Senechal d'Ecosse,
fut un des Regens du
Royaume après la mort du
Roy Alexandre troisième
,
qui fut tué en 1 302. en unè bataille
contre les Anglois,
Vvalter Sruarr, troisiéme
du nom, son fils, & aussi
grand Senechal d'Ecosse;
epousa Marie Bruce, fille
du Roy Robert premier. Il
mourut en 1327. De leur mariage il sortit RobertSruarr:)
second du nom, Roy d'Ecosse, qui mourut en 159Ov
& fut pere de Robert troi^.
siéme du nom, qui étoit le
cinquième ayeulde la Reine d'Ecosse Marie Stuart
,
qui épousa en premicres
noces François second Roy
deFrance, & en secondés
noces Henry-Stuart, Duc
d'Albanie,Seigneur d'Arnhùy^ son parent,quià caufc d'elle fut Royd'Ecosse.
Ce Prince fut- si malheur
reux,que ses sujetsconspirerentcontre lui, lesquels
ayant mis des poudres dans
le château d'Edimbourg,
le firent fauter la nuit du
10. Fevrier 1567. La Priru
cesse sa veuve en eut tant dedéplaisir,qu'elle en garda le triste souvenir pen- dant le reste de sa vie, qui
fut partagée de tousles malheurs qui peuventaccabler,
une Princesse, dont la vertu
a
été un modele de patience dans les souffrancès que
luiafait éprouver &fjbuf~:
frir la Reine d'Angleterre
Elisàbeth sa cousine
,
qui l'a
ténue prisonniere pendant
dix-huit ans, où ellea été
traitée contre la dignité
d'une si grande Princesse
,
comme la plus malLeureusedetoutes les femmes?
luy ayant fait finir sa vie par
la main d'un bourreau le 18.
Fevrier 1587. quilui coupa la
têteau château deFondrainga,yç,par unejalousie quela
Reine d'Angleterre sa cousine avoit conçue contr'elle.
Il n'ya qu'à lire ce que le P.
Hilarion de laCoste, Religieux Minime, en a
écrit, &
Florimond de Raymond
dans son traite du Schisme
d'Angletereen a
détaillé les
particularitez tout au long.
Il sortit de son second ma-
riage avec Henry Stuart
Duc d'Albanie, Seigneur
d'Arnlay,à caused'elleRoy
d'Ecossè, un fils
,
qui fut
- Jacques sîxiéme du nom,
- Roy d'Ecossè,qui succeda
au Royaume d'Angleterre àlaReine Elisabeth, Il fut
premier du nom,Royd'Angleterre. C'est lui qui a
commence la branche-des
Stuarts Rois d'Angleterre.;
ainsïil aété le premierqui ir.çré'Ro-y d'Angleterre,
d'Ecosse ôcd'Irlande,ayant
joint en sa personne ces.
trois Royaumes ensemble
tels qu'ils font encore aujourd'hui
: mais il n'a pas
rétabli le bonheur de sa
Maison fous l'abri de ces
trois Couronnes, puisque
ses successeurs y ont vêcu
trés-malheureusement.
Il épousa Anne, fille de
Federic second Roy de Danemark. Illaissa de ce mariage un fils& une fille: le
fils fut Charles premier,
Roy d'Angleterre qui suit;
& la fille a
été Elisabeth
d'Angleterre, femme de
Federic cinq, Comte Palatin du Rhin, Duc de Ba-
viere, Electeur de l'Empire,dont la posterité est tombée dans la maison d'Hanoüer, qui comme Protestante sur choisie pour succeder à la Couronne d'Angleterre.
Charles premier,fils de
Jacques premier, Roy de la
grande Bretagne, ou d'Angleterre ,d'Ecosse & d'Irlande,connuë à presentfous
le titre de Royaume de la
grande Bretagne,succeda
a
son pere en 1625. mais ce
Prince, quoique trés-bon,
fut si fort maltraité de Ces
sujets., qu'ils confpirerenc
contre lui
,
qui lui ayant
suscité des crimes, l'arrêterent en Ecosse, & fous la
conduited'Olivier Cronvel conspirerent sa ruïne,
& ayant été conduit à Londres
,
établirent une Chambre de Justice, Ôc par un
horrible attentat le condamnèrent à mort. Il eut la
tête tranchée en public le
,
neuvième jour de Fevrier
1649.
Ce Prince avoit épousé
en 1625. Henriette-Marie de
France, fille du Roy Henry
quatre & de Marie de Médicis. Il en eut Charlessecond, Roy de
la grande Bretagne,quifuit
Jacques Duc d'Yorc, depuis Roy de la grande Bretagne après son
-
frere, dont
je parlerai ci-apres.
Henriette-Maried'Angleterre
,
femme de Guillaume de NaŒau, Prince
d'Orange, dont je parlerai aussi ci-aprés.
Henriette-Anned'Anglererre,femme de Philippe de France, Duc d'Or.
leans, morre en1670. agee
de
devingt-six ans, qui alaissé
des enfans.
- La mort du Roy Charles premier, époux de Henriette-Marie de France, ôc
pere de tous ces infortunez
enfans, les dérangea tous.
La Reine leur mere se retira en France dés l'an 1644.
cinq ans avant la mort de
son époux. Quantà ses
enfans, ils se trouverent
dispersez & cachez; & aprés plusieurs révolutions,
Charlessecond fut reconnu
& couronné à Londres Iv
trois May 1661. Rov de la
grandeBretagne, & il a
régné jusqu'au 16. Fevrier
1685 qu'il mourut sans posterité de Catherine de Portugal, fille unique de Jean
quatriéme, Roy de Portugal, & de Loüise de Gusman; après la mort duquel
Charles second
,
Jacques
Duc d'Yorc fut reconnu
Roy de la grandeBretagne,
comme je le dirai ci-aprés.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc, d'Albanie,
&c. frere unique du Roy
Charles second,servit en
France,oùilfutLieute-
nant general des armées
navales du Roy. Estant Duc
d'Yorcilépousaen 1660.
Anne Hyde, fille de Milord
Edoüard Hyde, grand
Chancelier d'Angleterre. Il
eut de ce mariage nombre
d'enfans, & entr'autres
deux Princesses, Marie, &
Anne, dont je parlerai aprés
leur pere, & qui ont eu
beaucoup de part aux af-,
faires de leurs temps.
Jacques d'Angleterre,
Duc d'Yorc,épousa en secondes noces en 1673. Marie-Eleonore d'Est, fille de
François Duc de Modene.
Il succeda au Roy Charles
fecond son frere auxRoyaumes d'Angletere, d'Ecosse & d'Irlande, ( autrement
dit de la grande Bretagne)
sous le nom de Jacques second. Il fut couronné le
jour de saint Georges, 23.
Avril1685. mais ce Prince,
auiti malheureux que ses
ancêtres du nom de Stuart,
a
éprouvél'inconstance de
ses peuples, & de son neveu
propre qui s'éleva contre
lui, qui fut le Duc de Montmouth
,
fils naturel du Roy
Charlessecond son frere.
Il a
enfinété obligé de ceder à la force, &dese retirer en France sur la fin de
i688.Wec beaucoup de peines & de dangers, par les
cabales du Prince d'Orange
son neveu & son cendre. LaReine son épouse ie sauva
aussi furtivement avec le
Prince de Galles son fils,
où ils ont été reçus par le
le Roy Louis XIV.tréscourtoisement, qui leur a
donné, pour demeure le
Château de saint Germain
en Laye,où le Roy Jacques
second est mort le 16. Septembre 1701. d'où son corps
a
été apporté à Parissen l'Egti(e des Benedictins Anglois, au fauxbourg saint
Jacques, où sa memoire est
révérée commed'un Prince
bienheureux,
Du mariage du Roy
Charles second & de la Reine Marie
-
Eleonore d'Est
il en est sorti plusieursensans. Il n'en a
survêcu que
deux: Jacques-FrançoisEdouard Prince de Galles,
qui nâquit enAngleterre le
20. Juin 1688.& quifut en-
levé par sa mere
,
qui fuyoit
la persecution
,
assisté du
Comte depuis Duc de Lauzun ;
lequel après lamort
de son pere a
été reconnu
en France Roy dela grande
Bretagne fous le nom de
Jacquestroisiéme.EtLoüise-MarieElisabeth d'Angleterre, dont la mort donne lieu à cet article.
Marie d'Angleterre,
Princessed'Yorc,fille aînée.
de Jacques Duc d'Yorc,
depuis Roy d'Angleterre
& de Anne Hyde sa premiere femme
:
elle épousa.
en 1677. Guillaumede Nar:,
sau Prince d'Orange, son
cousin
-
germain. Les An..
glois firent un traité avec
lui en 1688. & l'attirerent en
Angleterre, pour se soustraire de l'obeissance qu'ils
devoient à leur Roy legitime. Il y arriva avec la flote
Hollandoise
,
& débarqua
à Torbay le
1 5. Novembre
de lamêmeannée, se joignit ,
aux Anglois, qui con-r
spirérent d'enlever le Roy,
qui fut enfin contraint de
ceder à la force, ôç de fc
retirer en France avec la
Reine
Reine son épouse par des
routes différentes
:
ainsi le
gendre & neveudétrôna
son beaupere &
son oncle.
Ce Prince & la Princesse
son épouse furent proclamez Rois d'Angleterre,
d'Ecosse & d'Irlande le 13.
Fevrier 1689. & couronnez
le 21.
Avrilsuivant. La Reine Marie n'a vécudepuis
son couronnement que jusqu'au 2.8. Décembre 1694.
qui est cinq ans, sept mois
& sept jours, quelle mourut
uns
posterité, âgée de
trente-deux ans. Le Prince
son époux régna, ~n!j~
qu'au 19. Mars IJQI., qu'il
mourut à Kensington,&
fut enterré le 16.Avrilà
Veiftminfter. <;
La seconde fille du pre-,.
mier lit du Roy Jacques
second, auparavant
d'Yorc,est Anne d'Angle-,;
terre, Princesse dfYorç, ô$
de sa premiers semmçA
ne Hyde. Elleepousa Ge<^.
ges fil Prince de Dai*enw£*
de Federic troifiéirïef
Roy de Danemarc
,
& de
Sophie-Amélie de kune-,
bourg. ApfÇf la morfc de
Guillaume de Nassau, Prince d'Orange, ôc Roy de I*
grande Bretagne, elle fut
reconnue Reine le 19. Mars,
1702. & proclamée des l'aprésdînée devant le Palais
de [aine James, & aux autres endroits publics: elle
fut couronnée le 4 May
suivant. A l'égard du Prince Georges
son
époux, il
fut déclaré grand Amiral
d'Angleterre, & est mort
depuis sans posterité. La
Reine Anne regne aujourd'hui feule & tranquille en
Angleterre.
Ainsi, par le recit que
je viens de faire on voit
que la Maison deStuart
est une Maison sortiedes
Roisd'Ecosse; qu'elle est
rentrée sur le trône par rextiné\:ion de la brançhc aînéeàlaquelleelle
s'estralliée;qu'ellearégné en Ecosse par plu..,
sieurs générations, puis
a
joint ce Royaume à celui d'Angleterre, par la
mort de la Reine Elisabeth. Or cetteMaison a
regné depuis, mais trésmalheureusement. Ily a
beaucoup de branches de
cette Maison qui, comme Princes de laMaison
de Stuart, portent tous
pour leurs armes d'or à
la face échiquetée de
trois trajets d'argent èc
d'azur.
Henry de Lorraine,
Comte de Brione, Chevalier de l'Ordre du S. Esprit,
fils aîné de Loüis de Lorraine, Comte d'Armagnac,
Scc grand Senechal héréditaire de Bourgogne,Gouverneur pour SaMajesté de
la Province d'Anjou, Pair,
& grand Ecuyer de France,
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit
; & de Catherine de
NeuleyfilledefeuM.le
MaréchalDuc deVilleroy,
mourut à Verseilles le f,
jour d'Avril. Il étoit reçuen
survivance dés le ij. Fevrier
1677. delaCharge de grand
Ecuyer,duGouvernement
du pays d'Anjou: né dans
lamême année &au même
mois que Monseigneurpre-
îftiêtDauphin,le quinze
Nô\tèmbtt' 166ï. Dés sa
ividréieuâcffe ce futun
des Seigneurs des plus attachez auprès de sa personne 3& des plus accomplis. Il s'étoit distingué dans
tous les exercices convenables à un jeune Prince. Il
remporta deux fois de suite
le prix des courses en 1686. Ilavoitépousé le 13. Décembre1689. Mademoiselle
d'E^ktey, fille de Loüis
d'Epinay,Marquis de Bron,
& de feuë Marie-Françoise
du Cousin de S. Denis de
laquelle ila le Prince de
Lambefc^qu'il avoit marie
depuis deux ans àMademoisèlle de Duras, fille de
Jacques
- Henry Duc de
Duras,,
-mort depuis plusieurs années; & de Mademoifeile de la Mark, aujourd'hui Duchesse de Doras, qui a encore Mademoiselle de Duras.
,
Le Comte de Vandeüil
,est mort à la Source, prés
d'Orléans, le cinq du mois
d'Avril, dans sa vingt- fijûéme année. Il étoit filsaî-
né de MessireFrançois Clerembaud, Marquisde Vandeüil
,
& de Marie-Anne de
Rangeüil, fille de M. le
: Marquis deRangeüilMaréchal deCamp, & CatherinedeBeaufort. M.le Marquis deVandeüilavoit commencé à servir en 16 52. Il
Je trouvaà la bataille de S.
Godar en Hongrie,où il
étoit allé chercher occasion
de fè distinguer. Quand la
guerre recommença en
France il revint dans son
pays, s'est trouve à l'affaire
de Senes, à Steinquerque
'à Leuse, où il commandolt
lacavalerie fous M. le Duc
du Maine, & la commanda
en chefquand ce Prince fut
partidel'armée. Le Roy lui
fit l'honneur de lui confier
la personné de Monseigneur, pour lui faire faire
sa premiere campagne à
Philisbourg. 11 a eu l'honneur en dernierlieu de conduire le Roy d'Espagne en
Espagne, avec M.le Maréchal de Noailles.
Il étoit Lieutenant general des armées du Roy,
Lieutenant de sesGardesdu
Corps; en quelle qualité Il
a
commandé la Maison du
Roy pendant cinq ans. Il
étoit Gouverneur de Pecquais
,
dont il demanda la
survivance pour ion filsaîjné ,qui n'avoit que quinze
ans, laquelle grace SaMajesté lui accorda en recompense de seslongs services,
Jk le fit Chevalier de l'Or-
-<ire de S. Louis.
:..
Il avoit e'poufé^MarieAnne de Rangeüil, doiJ:il
avoit eu quatre enfans: 1ainé, qui vient de mourir, ôc
trois autres) quisont actuel-
lemént au service.
M. leComte de Vandeüil
âvoit commencé à servir à
l'âge de quinze ans, en en-
,trant dans les Mousquetaires, au sortir des Pages de la Chambre. Il fut
ensuite Aide de Camp de
M. le Maréchal de Villecray
,
puis Capitaine de cavalerie dans le regimerit de
Bar. A près la bataille de Rajiiilly il acheta le regiment
idc Monseigneur le Dauphin, cavalerie, se trouva
£
la bataille de Turin, où il
se distingua à la tête de son
regiment, depuis à
celle de
Malplaquet, témoignant
dans les actionsles plus perilleusesune intrépiditéaccompagnee d'une grande
prelencedespris.
Il étoit Gouverneur de
Pecquais en Languedoc,
&grand Baillifd'Orléans.
La maison de Vandeüil
tire son nom de la Terre
& Seigneurie de Vandeüil,
située sur la riviered'Oise,
prés S. Quentin, dont les
ancêtres de cette maison
étoient Seigneurs. Le premier de cette maison dont
on ait connossances'appelloit Clerembauld, Chcva,,.-"
lier Seigneur de Vajideiiil,
qui vivait en ito96. ce qui. se
voit dans les auteurs qui
ont é'c'Èit de la premiere
Croisade, & dansl'histoire
de la maison deBechune,.
par André duChêne, liv.
-+.,
page284. & suivantes, où
l'on voit danciens [ceans:
dans lesquels font les rna-,
mes armes queportent aujourd'hui Messieurs deVaivdeüil. La branche aînéede
cette maison finit par Jeaiv;
JQDame de Vandeüil 8(,
autresJcxtçsi Fille de Cletrembauld
,
troisiéme du - -
laquelleépousaMa-
~thieu iç Roye second du
tnoro, Seigneurde la Ferté
en Pontieu ,&lui apporta,
CII docçfttjr'mtrçs biens la
Terrede Vandeüil.
:
Pourplus grande preuve del'ancienneté de cette
unaifoo. il est en remarque
dans l'histoire dela guerre teinte, intitulée la Franciade
'Qricmtdle, au fol. 40. qu'un
Clerembauld de Vandeüil
fut arrêté prisonnier etanç Àh suite de Hugues le
Grand
,
Frere duRoy de
France, par le Lieutenant
de Nicephore Empereur,
sur lequel Alexis Comnenne usurpa l'Empire. Godefroy de Boüillon, Duc de
Lorraine, ayant envoyé des
ambassadeurs pour lesommer de rendre le Prince
Hugues, &les Gentilshommes prisonniers avec lui,
en ayant fait refus, Godefroy de Boüillons'étant
campé avec toute son armée devant Constantinople,obligea l'Empereur de
lui renvoyer le Prince, &
tous
tous lesGentilshommesde
sa Compagnie.
Clerembaudde Vandeüil,
Seigneur & Châtelain de
Vandeüil, prés la Fereen
Picardie,vivoit en l'an 1225.
il n'eut de son mariage que
deux filles, sçavoir Jeanne
& Melisende de Vandeüil.
Il avoit pour frere cadet
Guide Vandeüil, Seigneur
d'Aubigny. Jeanne de Vandeüil épousa Matthieu de
Roye
,
Sieur de Duri, la
Ferté y
saintValery, Diancourt.
Marie de Roye, fille de
Matthieu de Roye, & de
Jeanne de Vandeüil,épousa
Guillaume de Bethune
, Chevalier Seigneur de
Locres. Jean de Bethune
Chevalier, Seigneur de
Vandeüil,&c. épousa Jeanne deCoucy,Vicomtesse de
Meaux. Jeanne dela Bar,
Dame de Vandeüil, Oisy
, Condé, &c. Vicomtesse de
Soissons ôc de Marle,épousa.
Loüis de Luxembourg.
Comte de S. Paul, Ligni,
Roussi- le-Château, ôcc.
Marie,Soissons,&Connétable de France. Pierre de
Luxembourg, Comte de
S Pàul, &c. Sieur de Vandeüil,épousaMarguerite de
Savoye. Marie de Luxembourg
»
fille de Pierre de
Luxembourg, Comte de
S. Paul, & Sieur de Vandeüil, épousaFrançois de
Bourbon, Comte de Vandôme.
Messîre Nicolas le Camus, Chevalier Seigneur
dè la Grange du Milieu,
Bligny,Vvittemberg, &c.
Conseiller -
du Royen tous
ses Conseils
,
premier Pre-
sident de sa Cour des Aydes
à condition de survivance
, Maître des Requêteshonoraire de son Hôtel, mourut de l'opération de la taille
le15. Avril1711. âgé de
ans.
Il étoit fils de M. le premier President de la Cour
des Aydes, qui remplit ce
poste avec tant de dignité
& d'applaudissemensdepuis
plusieurs années. Feu M. le
Lieutenant Civil le Camus,
& M.le Cardinal le Camus
Evêque de Grenoble, étoient freres de M. Jp pre-
- mier President ,qui a eu
deux autres enfans
;
donc
l'un, nommé M.le Camus
de la Grange, est mort Intendant à Pau. Il a encore
une fille, mariée à M. le
Marquis de Flammanville,
Lieutenant general des armées du Roy, ci-devant
Capitaine des Gensdarmes
Bourguignons. La maison
de Camus le Beaulieu tire
son origine du Lionnois, &
est une des plus anciennes
de cetteProvince.
DameMarie-Genevieve
Larcher
,
veuve de Messire
Edoüard Colbert, Chevalier Marquis de Villacerf
& de Pajens, Seigneur de
saint Mesmin, Courlange,
&c. Conseiller du Royen
son Conseil d'Etat, premier.
Maître d'Hôtel de la feuë
Reine, & de Madame la
Duchesse de Bourgogne,
Surintendant & Ordonnateur general des Bâtimens
du Roy, Arts & Manufactures de Sa Majesté, mourut le 17. Avril, âgée de 7O
ans,Madame de Villacerfé-
toit fille au President JLar*
cher: elle a eu plusieurs
freres, dont l'un aété
Maître des Requêtes, &
Intendant en Champagne, & l'autre Chevalier
deMalte. *-
Charles le Nonr.anr,
ancien Secretaire du Roy,
&l'un desFermiers generaux de Sa Majcfté
,
mourut le vingt-huit Mars mil
sept cent douze.
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte relate plusieurs décès et événements historiques liés à la Maison de Stuart, une dynastie originaire des anciens rois d'Écosse. Louise-Marie-Élisabeth, princesse d'Angleterre, est décédée de la petite vérole à Saint-Germain-en-Laye le 18 avril 1711, à l'âge de dix ans. La Maison de Stuart a vu plusieurs de ses membres occuper des positions de pouvoir en Écosse et en Angleterre. Kenneth III, roi d'Écosse, a épousé une fille de Guillaume Ier, duc de Normandie, et leur descendance a continué à régner en Écosse jusqu'à Alexandre III. La branche des Stuart, issue de Ferquharc, a vu Walter Stuart devenir le premier à porter ce nom et être créé grand sénéchal d'Écosse en 1086. Jacques Stuart, grand sénéchal, a été régent du Royaume après la mort d'Alexandre III en 1302. Walter Stuart, troisième du nom, a épousé Marie Bruce, fille du roi Robert Ier. Leur fils, Robert Stuart, a été roi d'Écosse et père de Robert III, qui était l'arrière-grand-père de Marie Stuart. Marie Stuart, reine d'Écosse, a épousé François II de France et Henri Stuart, duc d'Albanie. Elle a été emprisonnée par Élisabeth Ire d'Angleterre et exécutée le 18 février 1587. Jacques VI d'Écosse, fils de Marie Stuart, a succédé à Élisabeth Ire sur le trône d'Angleterre, devenant Jacques Ier. Il a épousé Anne de Danemark et a eu deux enfants : Charles Ier et Élisabeth d'Angleterre. Charles Ier a été exécuté le 9 février 1649 après une conspiration. Son fils, Charles II, a régné jusqu'en 1685. Jacques II, frère de Charles II, a succédé au trône mais a été contraint de s'exiler en France en 1688. Il est mort à Saint-Germain-en-Laye le 16 septembre 1701. Marie d'Angleterre, princesse d'York, a épousé Guillaume d'Orange et a été proclamée reine d'Angleterre en 1689. Elle est décédée sans postérité en 1694. Anne d'Angleterre, sœur de Marie, a épousé Georges de Danemark et a régné seule après la mort de Guillaume d'Orange en 1702. Le texte mentionne également la mort de Henry de Lorraine, comte de Brione, et du comte de Vandeuil, tous deux chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. La famille de Vandeuil tire son nom de la Terre et Seigneurie de Vandeuil, située sur la rivière d'Oise près de Saint-Quentin. Le premier ancêtre connu, Clerembauld, vivait en 1096 et est mentionné dans des écrits sur la première Croisade. La branche aînée de cette maison s'est éteinte avec Jeanne de Vandeuil, qui épousa Mathieu de Roye. Le comte de Vandeuil a commencé sa carrière militaire à l'âge de quinze ans en entrant dans les Mousquetaires, a servi comme Aide de Camp du Maréchal de Villecray, et a été Capitaine de cavalerie dans le régiment de Bar. Il s'est distingué lors des batailles de Turin et de Malplaquet et était Gouverneur de Pecquais en Languedoc et Grand Baillif d'Orléans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
60
p. 197-204
L'AMOUR ET LA HAINE, MAUVAIS PEINTRES L'UN ET L'AUTRE. Trait historique d'un Prince Arabe.
Début :
Boudabat, Prince Arabe, étoit homme de beaucoup d'esprit ; il [...]
Mots clefs :
Peintre, Amour, Haine, Portrait, Prince, Princesse, Défauts, Beauté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR ET LA HAINE, MAUVAIS PEINTRES L'UN ET L'AUTRE. Trait historique d'un Prince Arabe.
L'AMOUR
ET LA HAINE
MAUVAIS PEINTRES
sbshot
L'UN ET L'AUTRE.
Trait hiftorique d'un Prince
stomer Arabe, opna
BOudabat, Prince Arabe , étoit hommesde
beaucoup d'efprit ; il
avoit tout le goût imaginable pour les beaux
R iij
198 MERCURE
arts : mais il étoit aveuglément amoureux d'une Greque fort laide , &
n'aimoit gueres fa femme, quoy qu'elle fût la
plus belle Princeſſe de
l'Orient. Il voulut un
jour les faire peindretoutes deux , & penfa faire
tourner la tête à un excellent Peintre. Il fit recommencer cent fois ces
deux portraits. Celui de
La femme lui paroiſſoit
toujours trop flaté , &
GALANT 199
celui de fa ' maîtreffe ,
•quelque flaté qu'il fuft,
lui paroiffoit indigne de
Toriginal ; il en faifoit
reformer tous les traits
Fun aprés l'autre , felon
que fon imagination en
étoit frapée en forte qu'
infenfiblement le Peintre fit de fa laide maîtreffe une Venus. Rien
n'y manquoit que la reffemblance. Faites le toujours beau, difoit lePrin
ce, il fera bien facile enR. iiij
200 MERCURE
Сер
fuite de lui donner la
reffemblance, deux coups
de pinceau feront l'affai1re. Par exemple , difoitil , en faifant parcourir
Kaux yeux du Peintre les
traits les plus marquez
dans le vifage de fa maîtreffe , marquez bien ce
petit pli qui eft à côté de
la bouche de ma Dame,
marquez legerementcette petite élevation fur le
milieu du nez , grandiffez un peu la bouche;
GALANT00201
cet oeil eft à la verité un
peutrop grand, appetif
fez- le. LePeintre obeilfant reformoit ainfi petit
à petit les traits flatez ;
lawreffemblance venoit
au portrait mais la laideur venoit auffi , & le
Prince n'étoit plus content du Peintre , ni du
portrait.
Quand il s'agiffoit du
portrait de la femme ,
C'étoit des difficultez
toutes oppofées ; car le
5
202 MERCURE
Prince , en voulant dizminuer les beautez diminuoit la reflemblance. Enfin unjour le Peintre pouffé à bout lui dit :
6
Seigneur : je perds ici le
temps & la patience ;
carilfaudroit, pour vous
contenter , que je fille
le portrait devotrefentme fi laid , & celui de
vôtre maîtreffe fi beau,
que cela juſtifiât vôtre
amour. Je crois que tu
as raiſon , répondit le
GALANT 1203
a
Prince qui entendoit
raillerie , laiffons là les
deux portraits oils feroient tort à ma reputation ou à la tienne. Le
Peintre lui répondit : Ce
fera mieux fait , Seigneur car mon pinceau
ne peut pas fuivre vôtre imagination , it eft
fait pour fuivre la mienne. Si vous étiez Peintre, vous pourriez peutêtre faire un beau portrait de vôtre maîtreffe;
204 MERCURE
& fi j'étois mari de votre femme , j'en ferois
peut-être un portrait en
laid qui ne laifseroit pas
de lui ressembler.as
Unfaifeur de portraits
eft auffi embarassé qu'un
bon critique d'ouvrages
d'efprit ; onne peutgueres marquer les défauts
d'un ouvrage fans déplaire à l'auteur , ni en
louer les beautez fans
déplaire à fes rivaux
ET LA HAINE
MAUVAIS PEINTRES
sbshot
L'UN ET L'AUTRE.
Trait hiftorique d'un Prince
stomer Arabe, opna
BOudabat, Prince Arabe , étoit hommesde
beaucoup d'efprit ; il
avoit tout le goût imaginable pour les beaux
R iij
198 MERCURE
arts : mais il étoit aveuglément amoureux d'une Greque fort laide , &
n'aimoit gueres fa femme, quoy qu'elle fût la
plus belle Princeſſe de
l'Orient. Il voulut un
jour les faire peindretoutes deux , & penfa faire
tourner la tête à un excellent Peintre. Il fit recommencer cent fois ces
deux portraits. Celui de
La femme lui paroiſſoit
toujours trop flaté , &
GALANT 199
celui de fa ' maîtreffe ,
•quelque flaté qu'il fuft,
lui paroiffoit indigne de
Toriginal ; il en faifoit
reformer tous les traits
Fun aprés l'autre , felon
que fon imagination en
étoit frapée en forte qu'
infenfiblement le Peintre fit de fa laide maîtreffe une Venus. Rien
n'y manquoit que la reffemblance. Faites le toujours beau, difoit lePrin
ce, il fera bien facile enR. iiij
200 MERCURE
Сер
fuite de lui donner la
reffemblance, deux coups
de pinceau feront l'affai1re. Par exemple , difoitil , en faifant parcourir
Kaux yeux du Peintre les
traits les plus marquez
dans le vifage de fa maîtreffe , marquez bien ce
petit pli qui eft à côté de
la bouche de ma Dame,
marquez legerementcette petite élevation fur le
milieu du nez , grandiffez un peu la bouche;
GALANT00201
cet oeil eft à la verité un
peutrop grand, appetif
fez- le. LePeintre obeilfant reformoit ainfi petit
à petit les traits flatez ;
lawreffemblance venoit
au portrait mais la laideur venoit auffi , & le
Prince n'étoit plus content du Peintre , ni du
portrait.
Quand il s'agiffoit du
portrait de la femme ,
C'étoit des difficultez
toutes oppofées ; car le
5
202 MERCURE
Prince , en voulant dizminuer les beautez diminuoit la reflemblance. Enfin unjour le Peintre pouffé à bout lui dit :
6
Seigneur : je perds ici le
temps & la patience ;
carilfaudroit, pour vous
contenter , que je fille
le portrait devotrefentme fi laid , & celui de
vôtre maîtreffe fi beau,
que cela juſtifiât vôtre
amour. Je crois que tu
as raiſon , répondit le
GALANT 1203
a
Prince qui entendoit
raillerie , laiffons là les
deux portraits oils feroient tort à ma reputation ou à la tienne. Le
Peintre lui répondit : Ce
fera mieux fait , Seigneur car mon pinceau
ne peut pas fuivre vôtre imagination , it eft
fait pour fuivre la mienne. Si vous étiez Peintre, vous pourriez peutêtre faire un beau portrait de vôtre maîtreffe;
204 MERCURE
& fi j'étois mari de votre femme , j'en ferois
peut-être un portrait en
laid qui ne laifseroit pas
de lui ressembler.as
Unfaifeur de portraits
eft auffi embarassé qu'un
bon critique d'ouvrages
d'efprit ; onne peutgueres marquer les défauts
d'un ouvrage fans déplaire à l'auteur , ni en
louer les beautez fans
déplaire à fes rivaux
Fermer
Résumé : L'AMOUR ET LA HAINE, MAUVAIS PEINTRES L'UN ET L'AUTRE. Trait historique d'un Prince Arabe.
Le texte raconte l'histoire du prince arabe Boubdat, passionné par les arts et éperdument amoureux d'une Grecque laide, au détriment de sa femme, la plus belle princesse de l'Orient. Boubdat commande les portraits de ses deux compagnes à un peintre. Insatisfait des résultats, il demande des retouches incessantes. Pour la Grecque, il exige qu'elle soit représentée plus belle, au point que le peintre crée une Vénus sans ressemblance. Pour sa femme, il demande de diminuer ses beautés, altérant également la ressemblance. Exaspéré, le peintre avoue l'impossibilité de contenter le prince, qui abandonne le projet. Le peintre conclut que son art ne peut suivre l'imagination du prince et que chacun doit se contenter de ses propres limites.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
61
p. 212-242
HISTOIRE de Zaczer & de Bouladabas.
Début :
Zaczer fils de Sam Prince Persan, ayant fait une partie [...]
Mots clefs :
Zaczer, Bouladabas, Chasse, Kaboul, Prince, Amants, Princesse, Perse, Fête galante, Orient, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE de Zaczer & de Bouladabas.
HISTOIRE
de Zaczer & de
Bouladabas.
ZAczer fils de Sam
Prince Perſan , ayant fait If
une partie de chaffe , c'eſtà- dire un petit voyage de
quelques femaines , pour
chaffer dans le Kalleſtan,
qui eft la Province de Kabul aux Indes , qui confine avec la Perfe du cofé du Nord. Mecherab
Gouverneur de cette Pro-
GALANT 213
vince alla au devant du
fils de Sam pour luy faire honneur , & fut tellement charmé des belles
& grandes qualitez de ce
jeunePrince , que retournant dans fa famille il ne
pouvoit ceffer d'en parler , & fur ce recit une
de fes filles nommée Bouladabas en devint amou-,
reufe ; elle envoya quel-
-unes de fes filles
ſous prétexte de cueillir
des fleurs autour d'une
ques
214 MERCURE
fontaine où elle fceut que
Zaczer alloit fe rafraif
chir pendantla chaffe.
Zaczer ayant apperceu
ces filles , ne manqua pas
de les aborder , de s'informer qui elles eftoient.
Elles prirent occaſion de
luy dire tant de bien de
leur jeune maiſtreſſe ,
qu'il conceut dès ce jourlà beaucoup d'eftime
pour elle , & fut impatient de retourner le lendemain pour voir files
GALANT. 215
cueilleufes de fleurs ne
reviendroient point à la
fontaine : elles ne manquerent pas d'y revenir ,
& Zaczel paffa avec elles
tout le temps de la chaſſe,
& devint amoureux de
Bouladabas fur l'idée que
ces filles luy en donnerent , comme elle eftoit
devenue amoureufe de
luy fur les recits que fon
pere en faifoit tous les
jours.
Il faut remarquer que
216 MERCURE
Zaczer avoit une de ces
phifionomies qui ne plaifent pas d'abord , mais
qui fe font aimer dans la
fuite par l'efprit & par les
fentiments qui les animent; cependant les filles
de Bouladabas luy en
avoient fait un Adonis ;
& d'un autre coſté en
faifant à Zaczer le por
trait de leur maiftreffe ,
chacune d'elles y adjouſ
toit tousjours quelque
trait de beauté pour éncherir
GALANT. 217
3
cherir fur fa compagne ,
& cela formoit dans l'imagination de Zaczer
une beauté , finon plus
grande au moins toute
differente de celle de Bouladabas. Ces deux Amants furent quelque
temps fans pouvoir trouyer les moyens de ſe voir,
& ne pouvant appuyer
leur amour que fur l'idée
qu'ils s'eſtoient formée
l'un del'autre, ils auroient
juré que ce qu'ils aiOctobre. 1712. T
218 MERCURE
moient reffembloit parfaitement à l'image où
leur amour les avoit accouſtumeż. ‹ Un jour
Bouladabas ayant trouvé moyen de fe dérober
aux foins de ceux qui la
gardoient , vintà la fontaine , & y arriva quelques heures avant Zaczer. Pendant que fes filles l'entretenoient àa l'ordinaire des charmes de
celuy qu'elle alloit voir ,
elle fut long - temps ré-
GALANT. 219
veuſe , & rompit enfuite
le filence pour leur dire
qu'elle craignoit deux
chofes dans cette entre
veuë : la premiere de ne
pas paroistre auxyeux de
Zaczer digne du portrait
qu'elles luy avoient fait
d'elle; & la feconde, de ne
pas trouver Zaczer fi aimable qu'elle fe l'eftoit
imaginé : Etfi l'un de ces
deux malheurs m'arrive,
leur difoit- eller, que deviendray- je après toutes
Tij
220 MERCURE
ces avances que nous nous
fommes faites indifcretement fans nous efire veus.
Une de fes filles luy dit
qu'en effet il eftoit fouvent dangereux de prévenir trop avantageufement, & que c'eſtoit mefmeunepolitique des fem- .
mes jaloufes de profner
exceffivement les beautez qu'onannonçoit dans
le monde , afin qu'on les
trouvaſt moins belles : je
ne crains point cela pour
GALANT. 221
vous , Madame , continua - elle , moy je le
crains , interrompt Bouladabas , mais , Madame , reprit la fille qui eftoit vive &
ingenieuſe ,
faites une chofe , je nefuis
point encore venue à la
fontaine avec mes compagnes, ainfi Zaczer ne m'a
point encore veuë , je fuis
"brune comme vous , &je
puis reffembler àpeu près
en laid auportrait qu'on
luy a fait , je vais me
Tiij
222 MERCURE
parerde vospierreries , &
faire icy vofire perfonnage , cela produira plufleurs bons effets. Premierement ma vene détruira
dans fon imagination ce
phantofme de beauté qu'il
s'est fait ,
craignez la comparaifon ,
ce ne fera plus qu'à moy
dont vous
qu'il vous comparera
quand vous vous ferez
connoiftre à luy dans la
fuite , commejefuis infiniment moins belle que
. GALANT. 223
vous , &que l'idée qu'il
s'eft faite , cette premiere
furprife le difpofera à une
feconde tres- avantageuſe
pour vous.
Une autre raifon encore que cette fille réprefenta à Bouladabas , fut
que cette fuppofition lụy
donneroit lieu d'exaininer incognito & à loifir , fi
Zaczer eftoit digne de
l'idée qu'elle avoit de luy
Bouladabas accepta le
parti pour une troifiéme
Tiiij
224 MERCURE
raifon encore : j'éprouveraypar là , dit- elle , s'il
m'auroit aimée naturellement fans la prévention.
>
qu'on luy a donnée pour
moy , ma delicateſſe fe-·
roit bien plus touchée de cet
amour & s'il venoit à
t'aimerparhazardje n'en
ferois point jaloufe , cela
me prouveroit que nous
n'eftions pas deftinez l'un
pour l'autre. A peine
cette converfation fut- elle
finié , qu'on entendit de
GALANT. 225
loin le bruit de la chaffe ,
la fauffe Bouladabas eut
à peine le temps de ſe parer , que Zaczer parut
feul , percer le bois avec
impatience pour venir
joindre les filles. Elles
coururent toutes au devant de luy , & la fauſſe
Bouladabas reſta ſur un
fiege de verdure & de
fleurs , accompagnée de
la veritable , qu'on annonça à Zaczer comme
une parente de Boulada-
226 MERCURE
bas dont elle s'eftoit fait
accompagner. La fauffe
Bouladabas fe leva à l'arrivée de Zaczer , qui tout
plein de fa beauté divine
&imaginaire , accouroit
avec ardeur ; mais cette
ardeur fut bien rallentie
quand il vit une perfonne
qui n'eftoit en effet que
mediocrement belle , &
qui luy parut encore fort
au deffous de ce qu'elle
eftoit ; il refta immobile
&prefque muet, l'amour
GALANT. 227
de Bouladabas fut encore
plus refroidi que le fien ,
car Zaczer , comme nous
avons dit. ,
n'avoit pas
pour luy le premier abord ; toutes les graces
qui euffent pûanimer fon
vilage eftoient effacées
par la froideur & la furprife dont il avoit eſté
frappé : en un mot Bouladabas , bien loin de le
trouver aimable , ne fongea qu'à abbreger l'entreveue, & fit fouvenir la
228 MERCURE
fauſſe Bouladabas qu'il
falloit retourner au plus
viſte , de peur qu'on ne
s'apperceuſt au Palais de
fon Pere qu'elle en eſtoit
fortie ; on parla de ſe ſeparer , & Zaczer ne s'en
plaignit que par politeſſe.
Dansce moment les filles
de Bouladabas connurent
le tort qu'ils avoient eu
de prévenir ces Amants
trop
P'un
avantageuſement
pour l'autre ; car felon toutes les apparences
GALANT. 229
fi Zaczer avoit veu Bouladabas naturellement
d'abord en Princeſſe, leur
amour ſe fuſt peut - eſtre
efteint tout-à- fait , au
lieu que comme vous allez voir , la froideur de
cette premiere entreveuë
ne fervit qu'à rallumer
plus vivement un fond
d'amour qu'ils avoient
réellement pour le merite
l'un de l'autre.
Dans le temps que les
compliments de ſepara-
230 MERCURE
tion fe faifoient , Zaczer
qui avoit eu preſque tousjours les yeux baiffez ,
les jetta fur Bouladabas ;
& fon imagination n'eſtant plus occupée d'aucune fauffe image , la
beautéde Bouladabas s'en
empara , le premier coup
d'oeil le frappa fi vive
ment, que fa phifionomie
en fut ranimée , & Bou
ladabas qui s'apperçut
qu'elle plaifoit , commença à le trouver moins
GALANT 231 4
1
choquant , elle cuft bien
voulu refter encore , mais
Zaczer partit bruſquement,"& Bouladabas s'en
retourna avec fes filles.
La raiſon qui fit partir
Zaczer fi brufquement ,
fut une raifon de delicateffe & de conftance.
orientale , il craignit que
celle qu'il ne croyoit qu'
une parente de Bouladabas , ne luy pluſt trop ,
& ne s'eftant pas encore
apperceu qu'il l'aimoit
232 MERCURE
désja , il vouloit conferver l'amour qui luy ref
toit pour le merite de
Bouladabas , dont il ne
pouvoit douter , parce
qu'il eftoit conneu dans
toute la Perfe , & ce
>
jeune Prince qui s'eſtoit
dévoué hautement à cette Princeffe , avant que
de l'avoir veuë , voulant
fouftenir par honneur
le party qu'il avoit prit
revint le lendemain à
la fontaine , où la Princeffe
GALANT. 233
ceffe devoit revenir , il
s'imaginoit craindre d'y
retrouver fa parente
mais dans le fond du
cœur il n'y venoit que
pour elle , & il eut une
joye fecrette , lorſque
Bouladabas fous le nom
de parente parut fans
la Princeffe , qui l'avoit
chargée luy difoit- elle de:
venir luy témoigner la
douleur qu'elle avoit de
n'avoir pu s'y trouver
ce jour- là , Zaczer luy
Octobre. 1712 Y
234 MERCURE
répondit d'un air tres
content , qu'il en eftoit
fafché , & elle luy dit
que Bouladabas l'avoit
chargée de venir luy
parler d'elle le plus
long- temps qu'elle pourroit cette converfation
fut longue , & Zaczer
ne la pouvoit finir ; elle
roula toutefur la conftance , & Bouladabas le
mettoit exprés fur ce fujet , pour connoître s'il
en eftoit capable. Zac-
GALANT. 235
zer eut, tant de pouvoir,
fur luy- mefme dans cette
entreveuë , que jamais il
ne luy eſchapa aucun
mot qui luy marquaft fon
amour , au contraire , il
juroit qu'il feroit toufjours fidelle à Bouladabas , mais en jurant fidelité à celle qu'il croyoit ne
pas voir, il foupiroit pour
celle qu'il voyoit : quel
plaifir pour Bouladabas
de fe voir ainfi doublement aimée. Celjeu
L3
V ij
236 MERCURE
continua quelques jours ,
& la Princeffe ne paroiffant point , Bouladabas
pouffa l'épreuve de la conftance de Zaczer jufqu'à
luy declarer qu'elle l'aimoit ; & qu'eftant auffi
grande Princeffe que fa
parente, &beaucoup plus
riche , il auroit dû penſer
à l'époufer. Que ne ſouffrit point Zaczer dans cet
te épreuve , il alloit peut-
}
eftre fuccomber : mais
Bouladabas craignant de
"
GALANT. 237
pour tousle voir infidelle, le prévint
par un dépit & un adieu
qu'elle luy dit
jours ; & fans luy donner
le temps de luy répondre,
elle luy dit ſeulement que
Bouladabas viendroit elle- mefme le lendemain
pour le recompenfer defa
conſtance.
Zaczerrefta au mefme
endroit où on l'avoit laiffé , fans avoir la force ni
de parler ni de ſe ſouſtenir , & fe laiffa tomber
238 MERCURE
fur un gazon où il feroit
refté long-temps , fi fes
gens ne fuſſent venus le
joindre : il fe trouva mal
& on l'emporta chez luy,
où il paſſa la nuit dans un
eftat fi violent qu'il prit
le party de ne fe jamais
marier , ne voulant pas
3
donner à Bouladabas un
coeur fi rempli d'amour
pour une autre , ni épou¬
fer cette autre en manquant de fidelité à Boula
dabas min 51 38
GALANT. 239
Le lendemain , Zaczer.
feur de trouver Boulada--
bas au rendez- vous , y retourna à deffein de luy
avoüer de bonne foy les
raifon's qu'il avoit de ne
jamais voir ni elle ni fa
parente. Quel fpectacles
pourluy ! lorfque le lendomain la Princeffe parut
de loin magnifiquement
parée, avec plufieurs Maures qui la portoient ſur un
Palanquin de fleurs , entourée d'un grand nom
240 MERCURE
bre de filles tenant des
guirlandes , & de quantité de petits enfants repreſentants les Amours ;
en un mot avec tout l'appareil d'uneFeſte galante,
qui a pourbutle mariage.
Plufieurs Cavaliers parez
comme pour un Tournoy fe détacherent de la
Troupe; &le pere deBouladabas à leur tefte vint
offrir fa fille à Zaczer , qui
eftoit preſt à la refuſer &
àfuir. Lorfquevoyant de
plus
GALANT. 241
plus près la Princeffe qui
s'avançoit , il vit à ſa place celle dont il eftoit fi
amoureux. Quelle fut fa
furpriſe je croy qu'une
peinture de tout ce quife
paſſa en ce moment , ne
feroit qu'affoiblir celle
que chacun s'en peut faire. Bouladabas dit à Zaccer quefon pere avoit eſté
touché de fa conſtance ,
& avoit voulu venir la
couronner luy - meſme ,
les noces fe celebrerent
Octobre.
1712. X
242 MERCURE
peu après , & au bout
de neuf mois fortit de ce
mariage le fameux Roftam furnommé Oaſtam
le plus vaillant guerrier
que les Perfans ayent jamais eu , & qui fert encore aujourd'huy de modelle à tous les grands
hommes de l'Orient
de Zaczer & de
Bouladabas.
ZAczer fils de Sam
Prince Perſan , ayant fait If
une partie de chaffe , c'eſtà- dire un petit voyage de
quelques femaines , pour
chaffer dans le Kalleſtan,
qui eft la Province de Kabul aux Indes , qui confine avec la Perfe du cofé du Nord. Mecherab
Gouverneur de cette Pro-
GALANT 213
vince alla au devant du
fils de Sam pour luy faire honneur , & fut tellement charmé des belles
& grandes qualitez de ce
jeunePrince , que retournant dans fa famille il ne
pouvoit ceffer d'en parler , & fur ce recit une
de fes filles nommée Bouladabas en devint amou-,
reufe ; elle envoya quel-
-unes de fes filles
ſous prétexte de cueillir
des fleurs autour d'une
ques
214 MERCURE
fontaine où elle fceut que
Zaczer alloit fe rafraif
chir pendantla chaffe.
Zaczer ayant apperceu
ces filles , ne manqua pas
de les aborder , de s'informer qui elles eftoient.
Elles prirent occaſion de
luy dire tant de bien de
leur jeune maiſtreſſe ,
qu'il conceut dès ce jourlà beaucoup d'eftime
pour elle , & fut impatient de retourner le lendemain pour voir files
GALANT. 215
cueilleufes de fleurs ne
reviendroient point à la
fontaine : elles ne manquerent pas d'y revenir ,
& Zaczel paffa avec elles
tout le temps de la chaſſe,
& devint amoureux de
Bouladabas fur l'idée que
ces filles luy en donnerent , comme elle eftoit
devenue amoureufe de
luy fur les recits que fon
pere en faifoit tous les
jours.
Il faut remarquer que
216 MERCURE
Zaczer avoit une de ces
phifionomies qui ne plaifent pas d'abord , mais
qui fe font aimer dans la
fuite par l'efprit & par les
fentiments qui les animent; cependant les filles
de Bouladabas luy en
avoient fait un Adonis ;
& d'un autre coſté en
faifant à Zaczer le por
trait de leur maiftreffe ,
chacune d'elles y adjouſ
toit tousjours quelque
trait de beauté pour éncherir
GALANT. 217
3
cherir fur fa compagne ,
& cela formoit dans l'imagination de Zaczer
une beauté , finon plus
grande au moins toute
differente de celle de Bouladabas. Ces deux Amants furent quelque
temps fans pouvoir trouyer les moyens de ſe voir,
& ne pouvant appuyer
leur amour que fur l'idée
qu'ils s'eſtoient formée
l'un del'autre, ils auroient
juré que ce qu'ils aiOctobre. 1712. T
218 MERCURE
moient reffembloit parfaitement à l'image où
leur amour les avoit accouſtumeż. ‹ Un jour
Bouladabas ayant trouvé moyen de fe dérober
aux foins de ceux qui la
gardoient , vintà la fontaine , & y arriva quelques heures avant Zaczer. Pendant que fes filles l'entretenoient àa l'ordinaire des charmes de
celuy qu'elle alloit voir ,
elle fut long - temps ré-
GALANT. 219
veuſe , & rompit enfuite
le filence pour leur dire
qu'elle craignoit deux
chofes dans cette entre
veuë : la premiere de ne
pas paroistre auxyeux de
Zaczer digne du portrait
qu'elles luy avoient fait
d'elle; & la feconde, de ne
pas trouver Zaczer fi aimable qu'elle fe l'eftoit
imaginé : Etfi l'un de ces
deux malheurs m'arrive,
leur difoit- eller, que deviendray- je après toutes
Tij
220 MERCURE
ces avances que nous nous
fommes faites indifcretement fans nous efire veus.
Une de fes filles luy dit
qu'en effet il eftoit fouvent dangereux de prévenir trop avantageufement, & que c'eſtoit mefmeunepolitique des fem- .
mes jaloufes de profner
exceffivement les beautez qu'onannonçoit dans
le monde , afin qu'on les
trouvaſt moins belles : je
ne crains point cela pour
GALANT. 221
vous , Madame , continua - elle , moy je le
crains , interrompt Bouladabas , mais , Madame , reprit la fille qui eftoit vive &
ingenieuſe ,
faites une chofe , je nefuis
point encore venue à la
fontaine avec mes compagnes, ainfi Zaczer ne m'a
point encore veuë , je fuis
"brune comme vous , &je
puis reffembler àpeu près
en laid auportrait qu'on
luy a fait , je vais me
Tiij
222 MERCURE
parerde vospierreries , &
faire icy vofire perfonnage , cela produira plufleurs bons effets. Premierement ma vene détruira
dans fon imagination ce
phantofme de beauté qu'il
s'est fait ,
craignez la comparaifon ,
ce ne fera plus qu'à moy
dont vous
qu'il vous comparera
quand vous vous ferez
connoiftre à luy dans la
fuite , commejefuis infiniment moins belle que
. GALANT. 223
vous , &que l'idée qu'il
s'eft faite , cette premiere
furprife le difpofera à une
feconde tres- avantageuſe
pour vous.
Une autre raifon encore que cette fille réprefenta à Bouladabas , fut
que cette fuppofition lụy
donneroit lieu d'exaininer incognito & à loifir , fi
Zaczer eftoit digne de
l'idée qu'elle avoit de luy
Bouladabas accepta le
parti pour une troifiéme
Tiiij
224 MERCURE
raifon encore : j'éprouveraypar là , dit- elle , s'il
m'auroit aimée naturellement fans la prévention.
>
qu'on luy a donnée pour
moy , ma delicateſſe fe-·
roit bien plus touchée de cet
amour & s'il venoit à
t'aimerparhazardje n'en
ferois point jaloufe , cela
me prouveroit que nous
n'eftions pas deftinez l'un
pour l'autre. A peine
cette converfation fut- elle
finié , qu'on entendit de
GALANT. 225
loin le bruit de la chaffe ,
la fauffe Bouladabas eut
à peine le temps de ſe parer , que Zaczer parut
feul , percer le bois avec
impatience pour venir
joindre les filles. Elles
coururent toutes au devant de luy , & la fauſſe
Bouladabas reſta ſur un
fiege de verdure & de
fleurs , accompagnée de
la veritable , qu'on annonça à Zaczer comme
une parente de Boulada-
226 MERCURE
bas dont elle s'eftoit fait
accompagner. La fauffe
Bouladabas fe leva à l'arrivée de Zaczer , qui tout
plein de fa beauté divine
&imaginaire , accouroit
avec ardeur ; mais cette
ardeur fut bien rallentie
quand il vit une perfonne
qui n'eftoit en effet que
mediocrement belle , &
qui luy parut encore fort
au deffous de ce qu'elle
eftoit ; il refta immobile
&prefque muet, l'amour
GALANT. 227
de Bouladabas fut encore
plus refroidi que le fien ,
car Zaczer , comme nous
avons dit. ,
n'avoit pas
pour luy le premier abord ; toutes les graces
qui euffent pûanimer fon
vilage eftoient effacées
par la froideur & la furprife dont il avoit eſté
frappé : en un mot Bouladabas , bien loin de le
trouver aimable , ne fongea qu'à abbreger l'entreveue, & fit fouvenir la
228 MERCURE
fauſſe Bouladabas qu'il
falloit retourner au plus
viſte , de peur qu'on ne
s'apperceuſt au Palais de
fon Pere qu'elle en eſtoit
fortie ; on parla de ſe ſeparer , & Zaczer ne s'en
plaignit que par politeſſe.
Dansce moment les filles
de Bouladabas connurent
le tort qu'ils avoient eu
de prévenir ces Amants
trop
P'un
avantageuſement
pour l'autre ; car felon toutes les apparences
GALANT. 229
fi Zaczer avoit veu Bouladabas naturellement
d'abord en Princeſſe, leur
amour ſe fuſt peut - eſtre
efteint tout-à- fait , au
lieu que comme vous allez voir , la froideur de
cette premiere entreveuë
ne fervit qu'à rallumer
plus vivement un fond
d'amour qu'ils avoient
réellement pour le merite
l'un de l'autre.
Dans le temps que les
compliments de ſepara-
230 MERCURE
tion fe faifoient , Zaczer
qui avoit eu preſque tousjours les yeux baiffez ,
les jetta fur Bouladabas ;
& fon imagination n'eſtant plus occupée d'aucune fauffe image , la
beautéde Bouladabas s'en
empara , le premier coup
d'oeil le frappa fi vive
ment, que fa phifionomie
en fut ranimée , & Bou
ladabas qui s'apperçut
qu'elle plaifoit , commença à le trouver moins
GALANT 231 4
1
choquant , elle cuft bien
voulu refter encore , mais
Zaczer partit bruſquement,"& Bouladabas s'en
retourna avec fes filles.
La raiſon qui fit partir
Zaczer fi brufquement ,
fut une raifon de delicateffe & de conftance.
orientale , il craignit que
celle qu'il ne croyoit qu'
une parente de Bouladabas , ne luy pluſt trop ,
& ne s'eftant pas encore
apperceu qu'il l'aimoit
232 MERCURE
désja , il vouloit conferver l'amour qui luy ref
toit pour le merite de
Bouladabas , dont il ne
pouvoit douter , parce
qu'il eftoit conneu dans
toute la Perfe , & ce
>
jeune Prince qui s'eſtoit
dévoué hautement à cette Princeffe , avant que
de l'avoir veuë , voulant
fouftenir par honneur
le party qu'il avoit prit
revint le lendemain à
la fontaine , où la Princeffe
GALANT. 233
ceffe devoit revenir , il
s'imaginoit craindre d'y
retrouver fa parente
mais dans le fond du
cœur il n'y venoit que
pour elle , & il eut une
joye fecrette , lorſque
Bouladabas fous le nom
de parente parut fans
la Princeffe , qui l'avoit
chargée luy difoit- elle de:
venir luy témoigner la
douleur qu'elle avoit de
n'avoir pu s'y trouver
ce jour- là , Zaczer luy
Octobre. 1712 Y
234 MERCURE
répondit d'un air tres
content , qu'il en eftoit
fafché , & elle luy dit
que Bouladabas l'avoit
chargée de venir luy
parler d'elle le plus
long- temps qu'elle pourroit cette converfation
fut longue , & Zaczer
ne la pouvoit finir ; elle
roula toutefur la conftance , & Bouladabas le
mettoit exprés fur ce fujet , pour connoître s'il
en eftoit capable. Zac-
GALANT. 235
zer eut, tant de pouvoir,
fur luy- mefme dans cette
entreveuë , que jamais il
ne luy eſchapa aucun
mot qui luy marquaft fon
amour , au contraire , il
juroit qu'il feroit toufjours fidelle à Bouladabas , mais en jurant fidelité à celle qu'il croyoit ne
pas voir, il foupiroit pour
celle qu'il voyoit : quel
plaifir pour Bouladabas
de fe voir ainfi doublement aimée. Celjeu
L3
V ij
236 MERCURE
continua quelques jours ,
& la Princeffe ne paroiffant point , Bouladabas
pouffa l'épreuve de la conftance de Zaczer jufqu'à
luy declarer qu'elle l'aimoit ; & qu'eftant auffi
grande Princeffe que fa
parente, &beaucoup plus
riche , il auroit dû penſer
à l'époufer. Que ne ſouffrit point Zaczer dans cet
te épreuve , il alloit peut-
}
eftre fuccomber : mais
Bouladabas craignant de
"
GALANT. 237
pour tousle voir infidelle, le prévint
par un dépit & un adieu
qu'elle luy dit
jours ; & fans luy donner
le temps de luy répondre,
elle luy dit ſeulement que
Bouladabas viendroit elle- mefme le lendemain
pour le recompenfer defa
conſtance.
Zaczerrefta au mefme
endroit où on l'avoit laiffé , fans avoir la force ni
de parler ni de ſe ſouſtenir , & fe laiffa tomber
238 MERCURE
fur un gazon où il feroit
refté long-temps , fi fes
gens ne fuſſent venus le
joindre : il fe trouva mal
& on l'emporta chez luy,
où il paſſa la nuit dans un
eftat fi violent qu'il prit
le party de ne fe jamais
marier , ne voulant pas
3
donner à Bouladabas un
coeur fi rempli d'amour
pour une autre , ni épou¬
fer cette autre en manquant de fidelité à Boula
dabas min 51 38
GALANT. 239
Le lendemain , Zaczer.
feur de trouver Boulada--
bas au rendez- vous , y retourna à deffein de luy
avoüer de bonne foy les
raifon's qu'il avoit de ne
jamais voir ni elle ni fa
parente. Quel fpectacles
pourluy ! lorfque le lendomain la Princeffe parut
de loin magnifiquement
parée, avec plufieurs Maures qui la portoient ſur un
Palanquin de fleurs , entourée d'un grand nom
240 MERCURE
bre de filles tenant des
guirlandes , & de quantité de petits enfants repreſentants les Amours ;
en un mot avec tout l'appareil d'uneFeſte galante,
qui a pourbutle mariage.
Plufieurs Cavaliers parez
comme pour un Tournoy fe détacherent de la
Troupe; &le pere deBouladabas à leur tefte vint
offrir fa fille à Zaczer , qui
eftoit preſt à la refuſer &
àfuir. Lorfquevoyant de
plus
GALANT. 241
plus près la Princeffe qui
s'avançoit , il vit à ſa place celle dont il eftoit fi
amoureux. Quelle fut fa
furpriſe je croy qu'une
peinture de tout ce quife
paſſa en ce moment , ne
feroit qu'affoiblir celle
que chacun s'en peut faire. Bouladabas dit à Zaccer quefon pere avoit eſté
touché de fa conſtance ,
& avoit voulu venir la
couronner luy - meſme ,
les noces fe celebrerent
Octobre.
1712. X
242 MERCURE
peu après , & au bout
de neuf mois fortit de ce
mariage le fameux Roftam furnommé Oaſtam
le plus vaillant guerrier
que les Perfans ayent jamais eu , & qui fert encore aujourd'huy de modelle à tous les grands
hommes de l'Orient
Fermer
Résumé : HISTOIRE de Zaczer & de Bouladabas.
L'histoire narre les amours entre Zaccher, fils du prince persan Sam, et Bouladabas, fille du gouverneur Mecherab du Kallestan. Zaccher, de retour d'une chasse, est captivé par les qualités de Bouladabas, dont il entend parler par son gouverneur. Les servantes de Bouladabas, envoyées cueillir des fleurs, rencontrent Zaccher et lui vantent les mérites de leur maîtresse, éveillant ainsi son intérêt. Les deux amants, sans se connaître, développent une passion basée sur des descriptions idéalisées. Bouladabas, craignant de ne pas correspondre à l'image que Zaccher s'est faite d'elle, envoie une de ses servantes se faire passer pour elle lors de leur première rencontre. Cette ruse échoue, car Zaccher est déçu par la fausse Bouladabas. Cependant, lors d'une seconde rencontre, Zaccher découvre la véritable Bouladabas et en tombe amoureux. Bouladabas, de son côté, apprécie Zaccher après avoir observé sa constance. Leur amour est mis à l'épreuve par des séparations et des malentendus. Malgré ces obstacles, ils finissent par se marier. Leur union donne naissance à Rostam, un célèbre guerrier persan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
62
p. 207-224
Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
Début :
Muses, prenez vos plus brillans atours, [...]
Mots clefs :
Muses, Dauphin, Prince, Marquis de Brancas, Cour, Rencontre , Majesté, Hommage, Repentir, Réconciliation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
PourM. le Dauphin, ausujet
d'une avanture entre luy
& le petit Marquis de
Brancas.
mures,Prenez
vos plus
brillans atours,
Vos patins neufs, vos habits
des bons jours,
Vos beaux pendants, soyez
proprettes & blanches,
Telle qu'un jour de Feste
ou deDimanche.
Il faut partir dés demain
pour la Cour,
Un jeune Prince aussi beau
que l'amour
Enfant , des Dieux, par ses
graces, exige
De tous les coeurs un juste
hommage-lige;
Chacun s'empresse à luy
rendre le sien,
Portez luy viste &levostre
& le mien.
C'est ce Dauphin,seul
gage
gage ouinousrcite,
D'un pere helas ! que le
courroux celeste
Malgré les cris des peuples
gemissans,
Nous enleva dans la fleur
de ses ans.
Fasse le Ciel, appaifant sa
colere,
Qu'un jour le fils nous remplace
le pere,
Nous ne pouvons souhaitter
aujourd'huy, ;;
Rien de plus doux ny pour
nous , ny pour luy.
Mais arresté
, que vois-je
icy ma Mufe
,
Vous qui d'abord estonnée
& confuse,
Et dans le coeur murmurant
contre moy Vousdeffendiez d'a,cceprer
cet employ
Au tendre nom du Dau..
phin de la France,
Vous reprenez toute vostre
assurance,
Et semblez mesmeà vôtre
air vif& gay,
Ne demander qu'à partir
sans délay.
Je vois le point, & je crois
vous entendre,
Pour un enfant dans l'âge
le plus tendre,
Et qui ne compte encore
que trois moissons,
Me dites-vous, faut-iltant
de façons?
Muse, tout doux,qui vous
laisseroit faire
Vous me feriez à la Cour
quelque affaire;
Je crois vous voir prompte
à vous oublier,
D'un pas leger & d'un air
familier
Vers le Dauphin pour debut
d'ambassade
Les bras , ouverts courir à
l'embrassade.
Autant en fit dans un fern-J
blable cas
Jeune Marquis que vous ne
valez pas.
Autant en fit & compta
sans son hoste,
Retenez-en Muse, & n'y
faites faute,
Toute l'Histoire. AuPrince
certain jour
Ce jeune enfant alloit faire
: sa cour.
Sa cour, que dis- je, helas !
c'est un langage
Dont à trois ans on ignore
l'usage.
Sans tant tourner disons
qu'ill'alloit voir
Plus par instinct mesme
que par devoir.
Le coeur qui fut son guide
&son genie
Ne connoist point tant de
ceremonie.
Depuis long temps flaté
deceplaisir,
- Le pauvre enfant brusloit
d'un vray desir
De voir le Prince, & disoit
à toute heure,
Quand le verrai- je ? il se
tourmente, il pleure,
Il veut le voir; soyez sage
&demain,
Luy disoit on,vous le verrez
soudain.
Il s'appaifoir, une telle promesse
Plus letouchoit que bonbons
ny carresse.
Arriveenfin ce jour tant
souhaitté,
Long-temps promis, te souvent acheté,
D'attendre au moins un
moment qu'on l'instruise :
Point denouvelle,il faut
qu'on l'y conduise.
Sans differer
,
enfin pour
faire court,
On l'y conduit,ou plutôt
il y court.
En le voyant il ne se sent
pas d'aise,
Il vole à luy, iauce à son
col, le baise
Detout soncoeur; quin'en
,
feroit autant?
Si l'on osoit,n'en faites rien
pourtant,
Un tel debut quoyqu'assez
pardonnable ,
Muse,n'eut pas un succez
favorable.
Bientost le Prince estant
debarrassé
Des petits bras qui l'avoient
embrassé,
Sur l'embrasseur jette une
oeillade;
Et reculant quatre pas en
arriere,
Son petit coeur, mais noble
& qui se sent,
Est tout émû de ce trait
indecent.
Que fera-t il? il s'agite, il
secouë
Avec depit ce baiser de sa
Jouë;
Et de sa main il semble
s'efforcer
S'il est possible au moins
de l'effacer.
A tous ces traits d'un courroux
roux respectable,
Que dit, que fit
, que devint
le coupable,
Coupable, oüy qu'il soit
ainsinommé, [
Mais feulement pour avoir
trop aimé.
Le pauvre enfant dans une
allarmeextreme
Se fit d'abord son procez
à luy mesme, -
Ses yeux baissez,immobile,
- - interdit,
Il reconnut sa faute, il en
rougit,
Son repentir repara son
1 1.
audace,
Par son res pect il mérite sa
grâce,
Et s'approchant humblement
du Dauphin
Il fit sa paix en luy baisant
la main:
De tout cecy vous parois-
,
sez surprise,
Et vostreesprit raisonnant
à sa guise,
Se dit tout bas, Prince tant
c
foitil grande
Sijeune encor envieroit-il sonrang»
Dés son berceau touchant
,.
à laCouronne
Diftinguc.-exill!éclat qui
rr
l'environne,
Et de Louis présomptif
successeur
De son destin comme il a
la grandeur;
Muse, il la sent, s'il ne sçait
la connoistre
, Dans les Heros que pour
regner fit naistre
Des grands Bourbons la
Royalle Maison,
Le fang inspire & prévient
la raison,
Le noble instinct qui dans
leur coeur domine,
Rappelle en eux leurceleste
origine,
Et de ce sangreceu de tant deRoys
La majesté reclame tous
fès droits.
Allez donc, Muses, & deformais
infiruite
Sur ces leçons reglez vostreconduite,
De cesoleil [DUS l'enfance
éclipsé,
N'approchez point d'un air
trop empressé,
Sans affecter des airs de
confiance,
Qu'une modeste & naïve
asseurance
Gagne le Prince & puisse
de la part
Vous attirer quelque tendre
regard:
Haranguez peu, mais que
vostre visage,
De vostre coeur exprime
le langage,
Je ne dis pas qu'un petit
compliment
Assaisonné du sel de l'enjoüement,
N'eust qon merite & mesme
ne pust plaire;
Mais l'embarras, Muse, est
de le bien faire,
Le tout defpend des momens
& du tour,
Vous l'apprendrez des
Rhereurs de la Cour;
Point ne connois pour l'art
de la parole
De plus adroite & plus
subtile école.
Le beau par ler vint au
monde en ce lieu,
Et Compliment est leur
Croix de ParDieu.
L'air du pays qui de luymesme
inspire,
Vous dictera ce que vous
devez dire.
Si cependant vous doutez
du succez
Retranchez , - vous à faire
dessouhaits;
C'est un encens qui fut
toujours de mise,
Mais faites-les en Muse
bien apprise,
Vous trouverez de quoy
dans le Dauphin,
Et surson compte on en
feroit sans fin.
Souhaittez - luy les vertus
de son Pere,
Adjoustez y les graces de
sa Mere,
L'ame &le coeur du Dauphin
son ayeul,
De Louis tout, il comprend
tout luy seul.
Luy fouhaitter qu'àLouis
il ressemble,
C'est le doüer de tous les
dons ensemble.
S'il demandoit, comme il
faut toutprévoir,
Pourquoy ne suis-je moymesme
allé le voir?
Vous luy direz àl'oreille,
mon Prince,
Je croi qu'il a quelque affaire
en province,
Mais en tour cas à luy ne
tiendra point.
Que ne soyez obëi sur ce
point.
d'une avanture entre luy
& le petit Marquis de
Brancas.
mures,Prenez
vos plus
brillans atours,
Vos patins neufs, vos habits
des bons jours,
Vos beaux pendants, soyez
proprettes & blanches,
Telle qu'un jour de Feste
ou deDimanche.
Il faut partir dés demain
pour la Cour,
Un jeune Prince aussi beau
que l'amour
Enfant , des Dieux, par ses
graces, exige
De tous les coeurs un juste
hommage-lige;
Chacun s'empresse à luy
rendre le sien,
Portez luy viste &levostre
& le mien.
C'est ce Dauphin,seul
gage
gage ouinousrcite,
D'un pere helas ! que le
courroux celeste
Malgré les cris des peuples
gemissans,
Nous enleva dans la fleur
de ses ans.
Fasse le Ciel, appaifant sa
colere,
Qu'un jour le fils nous remplace
le pere,
Nous ne pouvons souhaitter
aujourd'huy, ;;
Rien de plus doux ny pour
nous , ny pour luy.
Mais arresté
, que vois-je
icy ma Mufe
,
Vous qui d'abord estonnée
& confuse,
Et dans le coeur murmurant
contre moy Vousdeffendiez d'a,cceprer
cet employ
Au tendre nom du Dau..
phin de la France,
Vous reprenez toute vostre
assurance,
Et semblez mesmeà vôtre
air vif& gay,
Ne demander qu'à partir
sans délay.
Je vois le point, & je crois
vous entendre,
Pour un enfant dans l'âge
le plus tendre,
Et qui ne compte encore
que trois moissons,
Me dites-vous, faut-iltant
de façons?
Muse, tout doux,qui vous
laisseroit faire
Vous me feriez à la Cour
quelque affaire;
Je crois vous voir prompte
à vous oublier,
D'un pas leger & d'un air
familier
Vers le Dauphin pour debut
d'ambassade
Les bras , ouverts courir à
l'embrassade.
Autant en fit dans un fern-J
blable cas
Jeune Marquis que vous ne
valez pas.
Autant en fit & compta
sans son hoste,
Retenez-en Muse, & n'y
faites faute,
Toute l'Histoire. AuPrince
certain jour
Ce jeune enfant alloit faire
: sa cour.
Sa cour, que dis- je, helas !
c'est un langage
Dont à trois ans on ignore
l'usage.
Sans tant tourner disons
qu'ill'alloit voir
Plus par instinct mesme
que par devoir.
Le coeur qui fut son guide
&son genie
Ne connoist point tant de
ceremonie.
Depuis long temps flaté
deceplaisir,
- Le pauvre enfant brusloit
d'un vray desir
De voir le Prince, & disoit
à toute heure,
Quand le verrai- je ? il se
tourmente, il pleure,
Il veut le voir; soyez sage
&demain,
Luy disoit on,vous le verrez
soudain.
Il s'appaifoir, une telle promesse
Plus letouchoit que bonbons
ny carresse.
Arriveenfin ce jour tant
souhaitté,
Long-temps promis, te souvent acheté,
D'attendre au moins un
moment qu'on l'instruise :
Point denouvelle,il faut
qu'on l'y conduise.
Sans differer
,
enfin pour
faire court,
On l'y conduit,ou plutôt
il y court.
En le voyant il ne se sent
pas d'aise,
Il vole à luy, iauce à son
col, le baise
Detout soncoeur; quin'en
,
feroit autant?
Si l'on osoit,n'en faites rien
pourtant,
Un tel debut quoyqu'assez
pardonnable ,
Muse,n'eut pas un succez
favorable.
Bientost le Prince estant
debarrassé
Des petits bras qui l'avoient
embrassé,
Sur l'embrasseur jette une
oeillade;
Et reculant quatre pas en
arriere,
Son petit coeur, mais noble
& qui se sent,
Est tout émû de ce trait
indecent.
Que fera-t il? il s'agite, il
secouë
Avec depit ce baiser de sa
Jouë;
Et de sa main il semble
s'efforcer
S'il est possible au moins
de l'effacer.
A tous ces traits d'un courroux
roux respectable,
Que dit, que fit
, que devint
le coupable,
Coupable, oüy qu'il soit
ainsinommé, [
Mais feulement pour avoir
trop aimé.
Le pauvre enfant dans une
allarmeextreme
Se fit d'abord son procez
à luy mesme, -
Ses yeux baissez,immobile,
- - interdit,
Il reconnut sa faute, il en
rougit,
Son repentir repara son
1 1.
audace,
Par son res pect il mérite sa
grâce,
Et s'approchant humblement
du Dauphin
Il fit sa paix en luy baisant
la main:
De tout cecy vous parois-
,
sez surprise,
Et vostreesprit raisonnant
à sa guise,
Se dit tout bas, Prince tant
c
foitil grande
Sijeune encor envieroit-il sonrang»
Dés son berceau touchant
,.
à laCouronne
Diftinguc.-exill!éclat qui
rr
l'environne,
Et de Louis présomptif
successeur
De son destin comme il a
la grandeur;
Muse, il la sent, s'il ne sçait
la connoistre
, Dans les Heros que pour
regner fit naistre
Des grands Bourbons la
Royalle Maison,
Le fang inspire & prévient
la raison,
Le noble instinct qui dans
leur coeur domine,
Rappelle en eux leurceleste
origine,
Et de ce sangreceu de tant deRoys
La majesté reclame tous
fès droits.
Allez donc, Muses, & deformais
infiruite
Sur ces leçons reglez vostreconduite,
De cesoleil [DUS l'enfance
éclipsé,
N'approchez point d'un air
trop empressé,
Sans affecter des airs de
confiance,
Qu'une modeste & naïve
asseurance
Gagne le Prince & puisse
de la part
Vous attirer quelque tendre
regard:
Haranguez peu, mais que
vostre visage,
De vostre coeur exprime
le langage,
Je ne dis pas qu'un petit
compliment
Assaisonné du sel de l'enjoüement,
N'eust qon merite & mesme
ne pust plaire;
Mais l'embarras, Muse, est
de le bien faire,
Le tout defpend des momens
& du tour,
Vous l'apprendrez des
Rhereurs de la Cour;
Point ne connois pour l'art
de la parole
De plus adroite & plus
subtile école.
Le beau par ler vint au
monde en ce lieu,
Et Compliment est leur
Croix de ParDieu.
L'air du pays qui de luymesme
inspire,
Vous dictera ce que vous
devez dire.
Si cependant vous doutez
du succez
Retranchez , - vous à faire
dessouhaits;
C'est un encens qui fut
toujours de mise,
Mais faites-les en Muse
bien apprise,
Vous trouverez de quoy
dans le Dauphin,
Et surson compte on en
feroit sans fin.
Souhaittez - luy les vertus
de son Pere,
Adjoustez y les graces de
sa Mere,
L'ame &le coeur du Dauphin
son ayeul,
De Louis tout, il comprend
tout luy seul.
Luy fouhaitter qu'àLouis
il ressemble,
C'est le doüer de tous les
dons ensemble.
S'il demandoit, comme il
faut toutprévoir,
Pourquoy ne suis-je moymesme
allé le voir?
Vous luy direz àl'oreille,
mon Prince,
Je croi qu'il a quelque affaire
en province,
Mais en tour cas à luy ne
tiendra point.
Que ne soyez obëi sur ce
point.
Fermer
Résumé : Pour M. le Dauphin, au sujet d'une avanture entre luy & le petit Marquis de Brancas.
La lettre invite la Muse à se préparer pour une visite à la cour du Dauphin. La Muse doit se vêtir de ses plus beaux atours pour rencontrer le Dauphin, un jeune prince décrit comme un enfant des dieux par sa beauté et ses grâces. Le Dauphin est présenté comme le seul héritier d'un père enlevé prématurément, et le texte exprime l'espoir que le fils puisse un jour remplacer le père. La Muse, d'abord hésitante, se montre ensuite enthousiaste à l'idée de partir. Le narrateur la met en garde contre un comportement trop familier, rappelant l'exemple du petit Marquis de Brancas. À trois ans, cet enfant avait couru embrasser le Dauphin de manière inappropriée et avait été réprimandé par une œillade du Dauphin. Le narrateur conseille à la Muse de se comporter avec modestie et assurance, en évitant les compliments excessifs. Il suggère de souhaiter au Dauphin les vertus de son père, les grâces de sa mère, et l'âme de son aïeul. Le texte se termine par une recommandation de prudence et de respect envers le Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
63
p. 271-284
SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Stokholm du 15. Novembre portent, que suivant [...]
Mots clefs :
Lettres, Espagne, Prince, Moscovites, Prusse, Royaume, Suédois, Barcelone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
SUPPLEMENT
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
aux Nouvelles.
Les Lettres de Stokholm
du 15. Novembre
portent, que suivant les
ordres du Roy de Suede.
la Princesse Ulrique sa
soeur s'efloit chargée de la
Regence durant son abfcnee,
& qu'elle en avoic
pris possession le 10. sefêtanttrouvée
ce jour-là pour
la premiere fois au Con[ei!;,
qu'il y avoit esté resolu de
convoquer une Diete genérale
des Etats du Royaume,
& qu'on avoit expedié
pour cette convocation des
Lettres circulaires, dans
lesquelles on marque qu'on
y de libereroit sur les remedes
qu'on pouvoir apporter
au mauvais eut où le
Royaume le trouvoit; sur
les mesures les plus convenables
pourtraiter & conclurre
la Paix avec les ennemis
; & enfin pour envoyer
une Dépuration solemnelleau
Roy de Suéde
eh Turquie, tuy representer
le veritable état de son
Royaume,ôc recevoir ses
ordres; qu'on avoit receu
une Relation de Pererfbourg
de ce qui s'caort
passé en Finlande jusqu'au
8. Octobre,trés differente
de celle qu'on publiait. Elle
porte que le premier O&obre
l'Amiral Apraxin avoit
marché avec l'Armée vers
Trawasthus, que les Suedois
avoient abandonné,
aprèsavoir jetté leurs Canons
dans la Riviere
, &
ils s'estoient retirez au-delà
de la riviere de Pelken,
qui seslargit en forme de
Lac, où ils Ce retrancherent
&jetterent des batteries.
Les Moscovites les fuivirent,
&camperent vis àvis
durant quatre jours. Ils
firent aussi des Batteries,
& preparerent des Pontons,
sur lesquels le Prince
de Galliezen s'embarqua
avec six cens hommes
choisis, & il alla le 7. mettre
pied à terre à demie
lieuë de lava la gauche des
Suedois. Ils se deffendirenc
courageusement, neanmoins
après un combat de
trois heures, ils furent obligez
de ceder au nombre
superieur des Moscovites :
les Suedois perdirent dans
cette action cinq cens soixante
hommes
,
& deux
cens quarante faits Prisonniers
, sept gros Canons, d'autres plus petits,& plusieurs
Drapeaux ; que les
Moscovites avoient perda
cent vingt hommes, de
plus de cinq çens blessez.
On mande de Pomeranie
que les Trou pes Saxonnes
qui en sont sorties, ont fait
dans leur marche de si
grands desordres , qu'un
Officier du Roy de Prusse
en a fait arrester six-vingt
hommes, afin d'obtenir sàtisfaction
des dommages
qu'elles ont causez.
Les Lettres de Berlin da
12. portent que le Sieur
GolowKinAmbassadeur du
Czar prés du Roy dePrusse
,
luy avoit presenté un
Memoire par lequel leCzar
s'excuse de ratifier IeTrairé
conclu avec le PrinceMenzikow,
touchant le sequestre
de la Pomeranie
,
4
moins qu'on ne change
trois Articles duTraitéconclu
entre le Roy de Prusse
& le Prince Administrateur
de Holstein Gottorp
qu'ilprétendluy estre pré-,
judiciables,&à ses Alliez..
On écrit de Vienne que
lesEtats dela Basse Aurrichecontinuënt
leurs Délir^-
berations sur le subside
d'un million & demid'éeus
qu'on leur demande,
& qu'on necroit pas qu'ils
puissent fournir;qu'on voie
en cette Ville la copie d'une
Lettre que l'Archiduc
écrivit au Czar le 4. Novembre.
Elle contient des
plaintes de ce que le Prince
MenziKow avoit sans aucun
droit exigé deux cens
mille écus de la Ville de
Hambourg, trois cens trente
trois mille trois cens
trente trois écus de celle de
Lubex
, outre un present
de cinqmille ducats, & de
ce qu'ilavoitobligé par
executionmilitaire,les peuples
du païs de MecKelbourg
à porter des vivresà
son Camp devant Stetin,
ce que la petite Ville de
Male ayant refusée
,
elle
avoir esté prised'assaut&
pillée ; qu'il n'avoit pu se
dispenser comme Chef de
l'Empire, de luy en porter
ses plaintes, & d'emploïer
ses bons offices pour faire
restituer à ces Villes & à
ces peu ples ce qui leur a
.cl}é enlevé ; que la connoissance
qu'il avoit de la
justice & de la grandeur
d'ame du Czar ne luy permettoit
pas de douter qu'il
ne fit faire cette restitution-,
& qu'il n'empeschât
à l'avenir de pareilles violences.
On mande de Madrid
que le Roy a donnéle Gouvernement
de Roses dans
le Lampourdan,àDonAntonio
Marin de Guerrea,
Marêchalde Camp;quele
Marquis de Morous Ambassadeur
du Roy de Sicile
y estoit arrivé. Les Lettres
de
deCatalogne portentque
lesTroupesEspagnolles qui
servoientauxPaïs Bascommençoient
à arriver dans
cette Principauté; qu'on
préparoit toutes choses
pour faire le siege de Barcelone,
& que plusieurs des
principaux habitansayant
appris qu'on équipoit àCadis
une Escadre pour FaCsieger
aussi par Mer, & ne
voulant pas y demeurer
enfermez, s'estoient embarquez
secrettement
,
&
s'estoientretirez à Gennes.
D'autres avisdeCatalogne
portent que les habitant
de Barcelone manquoient
de viande, & qu'ils commençoient
à avoir disette
de pain, ce qui avoit causé
une émotion du peuple,
dans laquelle quelques personnes
avoient estetuées;
qu'on continuoit dans le
Camp les préparatifs ne..
cessaires pour le siege de
cette ville-là, & que l'on
n'attendoit que la jonction
des Troupes d'Estramadure,
dont la plus grande partie
étoit encore sur la frontiere
de Catalogne,&l'arrivée
de l'Escadre,qui outre
les vivres & les munitions
donc elle est chargée,
a encore embarquée des
Troupes à Cadis, à Cartagene,
&sur lescostes du
I" oyaume de Valence.
On mande de la Haye
que le Duc d'Ossonne y avoit
envoyé le Comte de
Pinto son frere pour visiter
le Palais d'Espagne & le
faire reparer;que le Traité
de Commerce entre l'Espagne
& l'Angleterre avoic
estésigné le 9. de ce mois;
qu'on n'attendoit que leretour
des Couriers de Madrid&
deLisbonne pour
conclurre les Traitez entre
l'Espagne & le Portugal, &
entre l'Espagne & cet Etat;'
On écrit de Bruxelles
que les Etats de Brabaftr*
de Flandres,&deHaynaut
estoient sur le point de terminer
leurs differens avec
le Roy de Prusse pour les
quatre-vingt mille écus
qu'il leur demande.
On a apprisde DunKerque
que le premier de ce
mois on y avoit fait fauter
les deux*
Fermer
Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Le document est un supplément aux Nouvelles contenant des lettres de Stockholm datées du 15 novembre. La princesse Ulrique, sœur du roi de Suède, a pris possession de la régence le 10 novembre. Une diète générale des États du Royaume a été convoquée pour discuter des remèdes aux problèmes du royaume, des mesures pour conclure la paix avec les ennemis, et pour envoyer une députation solennelle au roi de Suède en Turquie. En Finlande, une bataille a eu lieu où les Moscovites ont vaincu les Suédois, causant des pertes importantes à ces derniers. En Poméranie, les troupes saxonnes ont causé des désordres, entraînant l'arrestation de soixante hommes par un officier prussien. À Berlin, l'ambassadeur du czar a présenté un mémoire au roi de Prusse, excusant le czar de ratifier un traité concernant la Poméranie sans modification de trois articles. À Vienne, les États de Basse-Autriche délibèrent sur un subside d'un million et demi d'écus. Une lettre de l'archiduc au czar se plaint des exactions du prince Menzikow dans les villes de Hambourg et Lübeck, ainsi que des violences commises dans le pays de Mecklembourg. De Madrid, il est rapporté que le roi a nommé Don Antonio Marin de Guerrea gouverneur de Roses dans le Roussillon, et que le marquis de Morous, ambassadeur du roi de Sicile, est arrivé. En Catalogne, les troupes espagnoles se préparent à assiéger Barcelone, et plusieurs habitants se sont enfuis en apprenant l'arrivée d'une escadre à Cadix. Des troubles ont éclaté à Barcelone en raison de la disette de pain. À La Haye, le duc d'Ossonne a envoyé le comte de Pinto pour réparer le palais d'Espagne, et un traité de commerce entre l'Espagne et l'Angleterre a été signé. Les États de Brabant, de Flandre et de Hainaut sont sur le point de régler leurs différends avec le roi de Prusse concernant une somme de quatre-vingt mille écus. Enfin, à Dunkerque, deux fautes ont été commises le premier du mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
64
p. 84-99
Nouvelles.
Début :
Les lettres de Berlin portent que les preliminaires touchant les [...]
Mots clefs :
Général, Prince, Armée, Troupes, Holstein, Suède, France, Fortifications, Assemblée de Brunswick, Vienne, Berlin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles.
Nouvelles,
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
Les lettres de Berlin portent
que les preliminaires
touchant les Estats de Holstein
- Gotrorp y avoient
été reglez de la maniere
suivante. Que Tonningen
fera ravitaillé de quinze en
quinze jours; que les autres
points seront renvoyez à
l'assemblée de Brunsvvich
,
ôc que durant le cours des
negociations le Prince Administrateur
,
qui est encore
à Lubek avec la Princesse
son épouse, ne sollicitera
point le secours de la
Suede, ni d'aucune autrç
Puissance.Celles de Stralzund
portent que les troupes
Suedoises qui yavoient
été embarquées avoient
fait voile vers la Suede
ainsi , que le General Meyerfeldt
Gouverneur de Pomeranie.
Que le General
Ducker, Gouverneur de
Stralzund ,en devoir partir
incessamment, ayant été
mandé par la Regence de
Stokolm, pour s'informer
de l'état auquel se trouvoient
les affaires de Pomeranie,
& que le Major general
Lubindevoit venir
commander en sa place.
Les lettres de Suede portent
qu'on y fait de grands
preparatifs, & qu'on y leve
de tous cotez des troupes
pour former une armée capable
de s'opposer aux entreprises
des Danois & des
Moscovites,qui continuent
de fortifier en Finlande les
places qu'ils y ont occupées;
& qu'on y rassembloit
tous les prisonniers Moscovices,
parmi lesquels il y a
plusieurs Officiers de distinction,
pour les échanger
avec les troupes de l'armée
du General Steinbock,
qui sont encor retenuës das
leHolstein. On mande de
Leopold, que le grand General
de la Couronne avoit
fait p artir avec les Envoyez
Turc &Tartare le Sieur de
la Meer Colonel Saxon,
avec des lettres du Roy Auguste
pourle Kan des Tartares,
& il lui a ordonné
de demeurer auprés de ce
Prince en qualité de Rendent;
que le grand General
avoit detaché le Colonel
Kalinovvski, avec cinquante
compagnies des
troupes de la Couronne,
pour aller renforcer celles
qui sont en Ukraine, &
pourvoirles villes de Niemirovv
& de Bialacerkievv
d'artillerie, de munitions,
ôc detoutes les autres choses
necessaires
> que le regimcw:
giment Saxon deSecken--
dorf, qui étoit dans le Palatinat
de Cracovie, où il
faisoit de grands desordres,
est allé prendre ses quartiers
d'hyver dans le Comté
de Sepufe en Hongrie. Les
lettres de Hongrie confirment
que les Tartares fc
font retirez, & que l'armée
Ochomane s'étoit mise
en marche vers le Danube
; ce qui a fait cesse*r la
crainte où l'on est de la
guerre avec les Turcs: ce
qu'on craint toûjours, sçachant
que leur armée n'avoir
pas traverse le Danube,
& qu'elle avoit été distribuée
en quartier d'hyver
au-deçà de ce fleuve, en
Vvalaquie Ôc en Moldavie:
que les Turcscontinuoient
de faire des nouvelles levées,
d'augmenter les fortifications
de Choczin, &
d'y faire de grands magasins,
ainsi qu'en d'autres
lieux; & que le grand General
a été averti de plufleurs
endroits de se tenir
sur ses gardes. On mande
de Hambourg
, que le Roy
de DanemarK avoit permis
de faire entrer dans Tonningena,
de quinze en quinze
jours, des provisions suffisantes
pour la subsistance
de la garnison & des habitans
: mais qu'il pretendoit
demeurer en possession des
Estats du Duc de Holstein-
Gottorp, jusqu'a ce que
cette affaire ait été reglée
dans l'assemblée de Brunsvvich,
qui doit commencer
le 14. de ce mois. On
écrit de Berlin, que le Rc.y
de Prusse avoit donné au
General Natzmar la charge
de Colonel des gardes
du corps, vacante par le
decés du GeneralTettau,
mort depuis peu de jours,
& qu'il avoit fait le Major
general Lilien Commandant
de Berlin.
On mande de Vienne,
qu'étant dans l'incertitude
du succés des conferences
de Rastadt, cette Cour continuë
de solliciter la Diete
Se lee Princes de l'Empire
de faire les preparatifs necessaires
pour la continuation
de la guerre ; qu'on travallaii
à lever des recrues,
& chercher les moyens de
trouver de l'argent
; que
les Estats de la basse Autriche
avoient declaré qu'il
leur etoit impossible de
fournir toutes les sommes
qui leur avoient été demandées,
à cause du pitoyable
état où le pays est
reduit par la guerre & par
la contagion ; que le Comte
Othon-Henry de Sinzendorf,
aîné de cette maison,
étoit mort dans son châteaud'Eckenberg
en Moravie,
sans Jaiilir d'en sans mâles ;
& par consequent son frere
, grandChambellan de
l'Archiduc, heritc de tous
ses biens.
On écrit de Londres,
que les Commissaires François
devoient s'assembler
dans peu avec ceux d'Angleterre,
qui ont été nommez
pour travailler à regler
les difficultez qui restent
sur le traité de commerce
avec la France;que
le Sieur d'Iberville, Envoyé
extraordinaire de France,
avoit eu le 31. Décembre sa
premiere audiance de la
Reine; que le courier envoyé
en France étoit arrivé
avec la ratification du traité
fait pour le commerce
des lettres; de forte qu'on
recevra les lettres de part
& d'autre par Douvres &
Calais: que les Commissaires
avoient été nommez -
pour visiter & faire le plan
desterresqu'ils jugeront
necessaires pour les fortifications
de Portmouth, de
Chattam & de Harvvich.
Que le Sieur Voisley, qui
doit aller en Portugal en
qualité d'Envoyé extraordinaire
, avoir reçû ses int
structions pour partir aprés
F
les fêtes, & que Milord
Bingley, qui doit aller en
Espagne en la même qualité,
ne partiroit qu'aprés
l'arrivée de Milord Lexington,
qui doir arriver ici
dans quinze jours.
Les lettres de Cologne du
5. Janvier portent que le
Prince de Holstein
,
qui
commande un regimentau
service de l'Archiduc, det:
cendant le Rhin le premier
de ce mois avec une escorte
de trente hommes, avoit
ers attaqué au dessus de
Bonne par un parti François
çois de trois cens homlleS;
& qu'aprés quelque resistance,
le Prince fut obligé
de se sauver au -
delà du
Rhin: mais que ses bagages
,
ses équipages & sa
vaisselle d'argent avoient
été pris par les François,
qui ont fait un butin de plus
de cent mille florins; qu'ils
avoient pris la Princesse son
épouse & le Prince son fils,
qu'ils avoient renvoyez.
Les dernieres lettres de
Fribourg portent que le
Chevalier d'Hasfeld
,
qui y
commande, avoitdetaché
le 2 4,
Décembre le Sieur
Ceberet avec dix compagnies
de grenadiers, & quarante
hommes de chacun
des douze bataillons de sa
garnison
, pour aller attaquer
le bourg deNeustadt,
à quatre lieuës de la droite
deVillingen, où il yavoit
trois cens hommes qui empêchoient
une partie de la
Forêt Noire de contribuer.
Le Sieur Ceberet y arriva
le 25. & fit attaquer par trois
endroits le bourg, qui fut
forcé aprés une assez belle
resistance:plusieurs des en- i
nemis furenttuez, le Conu
mandant ôc environ cent
soldats oût^éte' faits prisonniers,
&le reste avoit pris
la fuite.:
Fermer
Résumé : Nouvelles.
Les nouvelles de Berlin rapportent que les préliminaires concernant les États de Holstein-Gottorp ont été réglés. Tonningen sera ravitaillé tous les quinze jours, et les autres points seront discutés lors de l'assemblée de Brunswick. Le Prince Administrateur, actuellement à Lübeck avec la Princesse, ne sollicitera pas le secours de la Suède ou d'autres puissances durant les négociations. Les lettres de Stralsund indiquent que les troupes suédoises ont quitté la ville pour la Suède. Le Général Meyerfeldt, Gouverneur de Poméranie, et le Général Ducker, Gouverneur de Stralsund, ont été appelés à Stockholm pour des informations sur l'état des affaires en Poméranie. Le Major général Lubin doit prendre le commandement à la place de Ducker. Les nouvelles de Suède mentionnent des préparatifs militaires importants pour former une armée capable de résister aux Danois et aux Moscovites, qui fortifient leurs positions en Finlande. La Suède rassemble également des prisonniers moscovites pour les échanger avec des troupes retenues au Holstein. Les lettres de Léopold rapportent que le grand Général de la Couronne a envoyé le Sieur de la Meer, Colonel Saxon, auprès du Khan des Tartares avec des lettres du Roi Auguste. Le Colonel Kalinovski a été détaché avec des troupes pour renforcer les positions en Ukraine et fournir des munitions aux villes de Niemirov et de Bialacerkiev. Le régiment Saxon de Seckendorf, ayant causé des désordres en Palatinat de Cracovie, a été déplacé en Hongrie. Les nouvelles de Hongrie confirment le retrait des Tartares et la marche de l'armée ottomane vers le Danube, réduisant la crainte d'une guerre avec les Turcs. Cependant, les Turcs continuent de renforcer leurs fortifications et de faire des levées de troupes. Les lettres de Hambourg indiquent que le Roi de Danemark a permis l'entrée de provisions à Tonningen tous les quinze jours, mais il entend rester en possession des États du Duc de Holstein-Gottorp jusqu'à la résolution de l'affaire à l'assemblée de Brunswick. Les nouvelles de Berlin mentionnent que le Roi de Prusse a nommé le Général Natzmar Colonel des gardes du corps et le Major général Lilien Commandant de Berlin. Les lettres de Vienne rapportent que la Cour continue de préparer la guerre en raison de l'incertitude des conférences de Rastadt. Les États de la basse Autriche déclarent leur incapacité à fournir les sommes demandées en raison des ravages de la guerre et de la contagion. Le Comte Othon-Henry de Sinzendorf est décédé sans héritier mâle, laissant son frère héritier de ses biens. Les nouvelles de Londres indiquent que les Commissaires français et anglais doivent se réunir pour régler les difficultés restantes sur le traité de commerce. Le Sieur d'Iberville, Envoyé extraordinaire de France, a eu sa première audience de la Reine. Des Commissaires ont été nommés pour les fortifications de Portsmouth, Chatham et Harwich. Le Sieur Voisley doit partir pour le Portugal et Milord Bingley pour l'Espagne après l'arrivée de Milord Lexington. Les lettres de Cologne rapportent qu'un parti français a attaqué le Prince de Holstein près de Bonne, capturant ses bagages et sa vaisselle d'argent, et prenant la Princesse et le Prince son fils, qui ont ensuite été renvoyés. Les dernières lettres de Fribourg mentionnent que le Chevalier d'Hasfeld a détaché des troupes pour attaquer le bourg de Neustadt, où plusieurs ennemis ont été tués ou capturés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
65
p. 151-168
NOUVELLES.
Début :
Les Lettres de Hambourg du premier Mars portent que la [...]
Mots clefs :
Hambourg, Madrid, Troupes, Guerre, Place, Roi du Danemark, Marquis de Valdecañas, Général, Duc de Popoli, Prince, Pièces de canon, Roi de Prusse, Portugal, Hollande
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES.
NOUVELLES.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
Les Lettres de Hambourg
du premier Mars portent que
la maladie contagieufe dimi-
N iiij
*; * MERCURE
"
nuoit fort, & qu'on efpere.
que le Commerce fera bientoft
entierement rétabli avec
les Etats voisins ; que les Danois
rafoient les Lignes
& les autres ouvrages qu'il
avoient faits pour le blocus
de Tonningen. Que le Colonel
Wolf, qui commandoit
dans cette Place , eftoit allé à
Stokholm pour rendre compte
au jeune Duc de Holſtein-
Gottorp , de tout ce qui s'y
étoit paffé & de l'extrême neneceflité
qui l'a obligé de la
rendre par Capitulation au
Roy de Dannemark. La GarGALANT
133
nifon qui en eft fortie a efté
conduite à Eutin. Les malades
font reftez dans la Place
juſqu'à leur entiere guerifon ,
avec un Commiffaire pour en
prendre foin , & les Troupes
Danoifes qui en formoient le
blocus fe font mifes en matche
pour aller aux quartiers
d'hyver qui leur ont efté affi
gnez . Deux bataillons Danois
font entrez en garnifon
dans Tonningen , où l'on
conduit à prefent des provifions
en abondance . Les Of
ficiers Danois travaillent avec
empreſſement à faire leurs re114
MERCURE
crues , & à fe pourvoir de
chevaux de remonte. Ils ont
ordre de fe tenir preſts à marcher
au premier commandement
, & on établit de grands
Magafins à Segoberg ; ce qui
donne lieu de croire que le
Roy de Dannemark a deſſein
de faire le fiege de Wilmat.
Celles de Berlin portent que
le Roy de Pruffe ayant appris
la reddition de Tonningen ,
avoit tenu un grand Confeil ;
qu'il faifoit continuer fes
levées : qu'il avoit fait le Baron
de Loben Lieutenant General ,
fon grand Chambellan , & le
GALANT $ s $
fieur de Cameck , fon grand
Treforier ; que le fieur Lintelo
, envoyé des Etats Generaux
des Provinces unies , luy
avoit prefenté un Memoire
touchant quelques Places que
les Troupes avoient occupées
dans les Pays - Bas.
Les Lettres de Conftantinople
du 16. Janvier portent
que l'Ambaffadeur de France
avoit cu Audiance du grand
Vifir le 6. qu'il avoit complimenté
fur fon arrivéc &
fur fon élevation à la dignité
de premier Miniftre de l'Empire
Othoman : que l'Ambaf
56 MERCURE
fadeur de la Grande Bretagne
avoit cu Audiance fur le même
fujet le 8. le Baile de Venife
le 13. & l'Ambaffadeur
.
de Hollande le 15. Que les
Envoyez du Sultan & du Kan
des Tartares qui étoient allez
en Pologne , n'eftoient
pas
encore revenus. Que les
Commiffaires deftinez pour
regler les Limites de l'Ukraine
& les dépendances
d'Azak
avec les Commiffaires
Polonois
& Mofcovites
, eftoient
partis depuis quelques jours
pour le rendre fur la Frontiere.
Qu'on continuoit
à
GALANT , 117
D'autres
faire de grands preparatifs de
guerre par Mer & Terre
par
fans qu'on fçû à quoy ils
eftoient deftinez.
Lettres du 20. confirment que
les troubles d'Afe cftoient ap
paifez par la défaite des rebelles
. Que le Bacha d'Alepayant
affemblé fes Troupes & celles
des environs , avoit attaqué
leur armée , en avoit taillé en
pieces la plus grande partic , &
avoit fait empaler cent quarante
des principaux auteurs
de la revolte & rétabli le calme
en ces Pays là.
Les avis de Madrid portent que
iss MERCURE
a
fitoft que le Roy cut appris
que la Reine étoit expirée , il
feretira avec le Prince & les
deux Infants au Palais du Duc
de Medina- Celi . Sa Majesté
a refolu de ne point retourner
au Palais , on a fait quelques
changemens à celuy de Medina
Celi pour le rendre plus
commode. Elle a laiffé pour
quinze jours le foin du Gouvernement
au Cardinal Def-
Giudice , comme il l'avoit reglé
avant le decés de la Reine .
La Princeffe des Urfins a efté
déclarée Gouvernante
du
Prince & des deux Infants.
GALANT. 139
Le Prince Pio , Marquis de
Caftel -Rodrigo qui depuis
quelques jours eft arrivé de Si .
cile , a efté fait Capitaine Ge
neral & Gouverneur de Madrid
& de fon Territoire avec
douze mille écus d'appointement
, il aura fous luy quatre
cens hommes , pour veiller à
la fureté & à la tranquilité de la
Ville , avec quatre Officiers de
Juftice qui lui feront fubordonnez
, & qui jugeront envingt-
quatre heures les caufes
des malfaiteurs
Les Lettres du Camp devant
Barcelonne portent qu'on
160 MERCURE
continuoitde de barquer vers
l'embouchure du l'Obregat
les Troupes & les provifions
, & que le Marquis de
Valdecannas y avoit auffi mit
sy
pied à terre , & qu'il devoit
commander en chef dans les
Vigueries de Tarragone , de
Monblanc & de Tortofe , que
200. rebelles s'étant fortifiez
à Saint Paul fur la cofte , entre
Mataro & Blancs , le
Duc de Popoli y envoya un
détachement avec quatre
picces de canon fous 1 cmmandement
de Don- Gabriel
Cano, Maréchal de Camp. II
fic
GALANT. 161.
fit battre la Place le 12. & le
13. Février ; & la bréché é
tant faite , les Affiegez furent
obligez de fe rendre à difcre
tion , offrant pour fauver leur
vie de faire rendre tous les
Officiers qui fe trouvoient prifonniers
à Cardone . On leur
avoit envoyé de Barcelone
une Galiote chargée d'un
fecours de Troupes , de
munitions de guerre & de
vivres ; mais elle fut prife par
les Galeres du Roy. Le Comte
de Montemar avec fon détach
ment a battu les rebelles
en diver fes occafions enforte
Ma's 1714.
16 MERCURE
qu'ils commencent à le foumettre
à l'obeïffance de Sa
Majesté. On a envoyé au
Camp fous une bonne efcorte
trente mille Pistoles pour
payer les Troupes, avec ordre
de preffer les preparatifs du
Siege de Barcelone , auquel
le Duc de Popoli comman
dera .
Le Comte de Fiennes commandera
du cofté de Girone.
Le Marquis de Valdecannas
du cofté de Tarragonne, & le
Marquis de Thouy du coſté
de Lerida :de maniere que l'attaque
de la Place fe fera tranGALANT
163
quillement fans qu'elle puiffe
cftre fecourue ni par Terre ny
par Mer.
On mande de Cadix que
le 21. Février l'Amiral General
Don . Andres de Pez avoit
fait voile pour aller joindre
la Flote fur les Coftes de Ca
talogne , avec trois Vaiffeaux
de guerre dont un eſt monté
de loixante- dix pieces de canon
& un autre de cinquante ,
qu'on avoit fait embarquer
onze cent foldats choifis , &
une grande quantite d'orge &
d'avoine , pour la fubfiftance
de la Cavalerie de l'Armée :
Oij
164 MERCURE
qu'il étoit entré dans la
Baye un Vaiffeau François ,
un Anglois , un Suedois &
deux de Bifcaye , l'un defquels
avoit efté attaqué vers les
Berlingues fur les coftes de
Portugal par deux Corſaires
Turcs de quarante & de cinquante
pieces de canon : mais
que leur ayant montré un
Paffeport de France , & fait
paroistre un paffager François,
ils l'avoient laille paffer , &
luy avoient donné du biſcuit ,
pour lequel on leur rendit du
goudron.
On écrit de Londres que
GALANT. 169
le General Hill a reçû ordre
de partir inceffamment pour
retourner à Dunkerque done
il cft Commandant , afin de
mettre la Garnifon en état
d'abandonner cette
auffi toft que les Fortifications
auront efté entierement démolies
& de marcher vers
Place
Gand & Bruges , afin de renforcer
les Garnifons de ces
Villes que la Reine prétend
garder , jufqu'à ce que los
Hollandois foient convenus
par un Traité avec l'Empereur
de luy remettre les Pays - Bas
Espagnols. Le ficur Keith ,
166 MERCURE
fils du Chevalier . Guillaume
Keith a efté fait Intendanc
General de la Colonie de Ma
ryland , dont le fieur Hart a
efté fait Gouverneur. Ils ne
doivent partir pour aller prendre
poffeffion de ces charges
qu'aprés l'arrivée de l Evêque
de Londres pour nommer à
plufieurs Benefices vacants en
cePaïs là , qui dépendent de fon
Evêché. On charge un Vaiffeau
fur la Tamife , pour porter
cent cinquante tonneaux
de provifions à la Garnifon
de Gibraltar qui en manque.
Oa fait la recherche des Frans
GALANT . 167
çois refugiez qui ont des penfions
furl Irlande , & on les oblige
à donner un état de leurs
biens & de leurs familles . On
mande de Lisbone que le Roy
de Portugal avoit nommé le
jeune Comte Ribeyra fon
Ambaffadeur auprés du Roy
Tres-Chreftien , & que le
fieur de Laval , Envoyé de Sa
Majesté Britannique en Por
tugal s'étoit embarqué fur le
Vaiffeau de guerre le Ludlow-
Caſtle, & avoit fait voilele.12.
Janvier pour retourner à Lon
dres ; que le fieur Worley qui
lui doit fucceder en la même
蕊
168 MERCURE
qualité , cft retenu par les
vents contraires à la Rade de
l'Ifle de Wight.
Les Lettres de Hollande
portent qu'on eft fort inquiet
touchant les prétentions du
Roy de Pruffe , fur les Terres
de la fucceffion de la Maifon
d'Orange . Ce Prince voulant
occuper la Baronie de Herftal
au Pays de Liege ; fes
Troupes ont trouvez que cclles
des Hollandois s'étoient
poſtées dans l'Hoftel de Ville,
& elles fe font retranchées aux
avenues des principales, ruës.
Fermer
Résumé : NOUVELLES.
Le 1er mars, les nouvelles de Hambourg indiquent une diminution de la maladie contagieuse, permettant une reprise prochaine du commerce avec les États voisins. Les Danois ont levé le blocus de Tonningen, où les garnisons danoises ont pris possession de la place et des provisions sont acheminées. Les officiers danois se préparent à une possible attaque de Wilmat. À Berlin, le roi de Prusse, informé de la reddition de Tonningen, a tenu un conseil et poursuivi ses levées. Il a nommé le baron de Loben lieutenant général et le seigneur de Cameck grand trésorier. L'envoyé des Provinces-Unies a présenté un mémoire concernant des places occupées dans les Pays-Bas. À Constantinople, les ambassadeurs de France, de Grande-Bretagne, de Venise et de Hollande ont été reçus par le grand vizir. Des commissaires sont partis régler les limites de l'Ukraine et les dépendances d'Azov avec les commissaires polonais et moscovites. Des préparatifs de guerre sont en cours par mer et par terre. En Asie, les troubles ont été apaisés par la défaite des rebelles, avec le bacha d'Alep ayant rassemblé ses troupes pour attaquer les rebelles. À Madrid, le roi s'est retiré avec le prince et les deux infants au palais du duc de Medina-Celi après le décès de la reine. La princesse des Ursins a été nommée gouvernante du prince et des deux infants, et le prince Pio a été nommé capitaine général et gouverneur de Madrid. Les troupes et provisions continuent d'être acheminées vers l'embouchure de l'Obregat pour le siège de Barcelone. Les rebelles ont été battus et contraints de se rendre. À Cadix, l'amiral général Don Andrés de Pez a fait voile pour rejoindre la flotte sur les côtes de Catalogne avec des vaisseaux de guerre et des soldats. Un vaisseau français a été attaqué par des corsaires turcs mais a pu passer après avoir montré un passeport français. À Londres, le général Hill a reçu l'ordre de retourner à Dunkerque pour démolir les fortifications et renforcer les garnisons de Gand et Bruges. Le seigneur Keith a été nommé intendant général de la colonie de Maryland, et un vaisseau est chargé de porter des provisions à la garnison de Gibraltar. En Hollande, des inquiétudes sont exprimées concernant les prétentions du roi de Prusse sur les terres de la succession de la maison d'Orange. Les troupes prussiennes et hollandaises se sont affrontées à Liège.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
66
p. 300-302
Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Début :
Suivant les avis que nous avons de Baden, les Conferences [...]
Mots clefs :
Prince, États, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Extrait d'une Lettre de la Haye
dît 8. Aoust.
; Suivant les avis que nous
avons de Baden
,
les Conferencess'y
continuentavec succez.
Tout ce qui concerne les
deuxElecteurs touchant larestitution
de leurs Etats, avec
leurs meubles ,bijoux,pierreries
, argent ,
artillerie, 6C
autres munitionsde guerre,
& de bouche,est reglé. Or
t/y attendoit plus que l'arrivéedu
Prince Eugene & du
Maréchal de Villars
, pour
mettre la derniere main à la
Pa:x.
On voit icydepuis quelques
jours desGardes duCorps
du Roy de Prusse, ce qui donne
lieu au bruit qui court, que
ce Prince en icy incognito, &
qu'il se trouva à l'Assemblée
des Etats Generaux qui se tint
ces jours passez, & qui dura
fort avant dans la nuit.
L'armement de Vaisseaux
qu'on fait en plusieurs de nos
Parts est pour aller à la Mer
du Sud; ils ont receu leurs
expéditions de l'Amirauté, 6c
doivent partir incessamment.
Le Prince de Saxe n'cft pas
encore arrivédans cette Ville.
Onécrit qu'il a retardé son
voyage sur l'avis qu'il a eu de
l'arrivée du Roy Sraniflas à la
Principauté des deux Ponts.
dît 8. Aoust.
; Suivant les avis que nous
avons de Baden
,
les Conferencess'y
continuentavec succez.
Tout ce qui concerne les
deuxElecteurs touchant larestitution
de leurs Etats, avec
leurs meubles ,bijoux,pierreries
, argent ,
artillerie, 6C
autres munitionsde guerre,
& de bouche,est reglé. Or
t/y attendoit plus que l'arrivéedu
Prince Eugene & du
Maréchal de Villars
, pour
mettre la derniere main à la
Pa:x.
On voit icydepuis quelques
jours desGardes duCorps
du Roy de Prusse, ce qui donne
lieu au bruit qui court, que
ce Prince en icy incognito, &
qu'il se trouva à l'Assemblée
des Etats Generaux qui se tint
ces jours passez, & qui dura
fort avant dans la nuit.
L'armement de Vaisseaux
qu'on fait en plusieurs de nos
Parts est pour aller à la Mer
du Sud; ils ont receu leurs
expéditions de l'Amirauté, 6c
doivent partir incessamment.
Le Prince de Saxe n'cft pas
encore arrivédans cette Ville.
Onécrit qu'il a retardé son
voyage sur l'avis qu'il a eu de
l'arrivée du Roy Sraniflas à la
Principauté des deux Ponts.
Fermer
Résumé : Extrait d'une Lettre de la Haye du 8. Aoust.
Le 8 août, les conférences de paix à Baden avancent favorablement. Les discussions sur la restitution des États des deux Électeurs, incluant leurs biens mobiliers, bijoux, pierreries, argent, artillerie et autres munitions, sont conclues. L'arrivée du Prince Eugène et du Maréchal de Villars est imminente pour finaliser la paix. À La Haye, la présence de Gardes du Corps du Roi de Prusse suscite des rumeurs sur une visite incognito du Prince de Prusse aux États Généraux. Parallèlement, plusieurs ports préparent des vaisseaux pour une expédition vers la Mer du Sud, avec des expéditions de l'Amirauté déjà reçues. Le Prince de Saxe n'est pas encore à La Haye, son voyage étant retardé par l'arrivée du Roi Stanislas à la Principauté des Deux Ponts.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
67
p. 151-152
De Perse.
Début :
Les Lettres d'Isaphan portent qu'on esperoit d'y rendre inutiles les projets du Prince [...]
Mots clefs :
Troupes, Sultan, Prince, Perse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Perse.
\D E P E R S E .
LEs Lettres d'Ispahan portent qu'on espe*
roit d'y rendre inutiles les projets du Prin
ce- Thamas, qui en se rendant seudataire du
Grand Mogol, en cas qu'il puifle re- ' onter
fur le Trône de ses ancêtres , a engagé ce
Prince à mettre fur pied deux Armées trésnombreuses
, qui doivent marcher au Printems
prochain vers les Frontières de Perse;
On espère auísr que le Grand Seigneur envoyera
une Ambassade au Grand Mogol , pour
le détourner de faire aucune entreprise sur la
Perse , & pour lui proposer quelque accommo
dement en faveur du Prince Thamas, auquel
oh assure qu'il a donné une £e ses filles en
Mariage.
Le.Commercc d'Ispahan est entièrement ín--
terrompuî >
1?* MERCURE DE FRANCÉ.
tersotnpa ; la misère du Peuple y estextrêmè «
& personne n'ose entreprendre d'y envoyer
des Marchandises , ni d'en faire venir , à cause'
du grand nombre de brigands qui font fur les
chemins , & qui piíient les Caravann'es. QuoiÎue
les Magazins des Negocians d'Europe'
oient vuides , & que leuis Facteurs foienc
présentement inutiles , le Sultan Acheraf con
tinue cependant de leur faire payer très- sou
vent des taxes considérables pour fe conserver
deux Généraux de ses troupes , dont il auroic
touc à craindre s'il ne contentoit pas leur ava
rice. Les Troupes du Sultan Acheraf sont en'
quartiers dans les environs d'Ifpahan , & elles
peuvent se rafferabler en deux foij vingt- qua«*
tíe heures, pour former une Armée de cirv:
quante à soixante- mille hommes.
LEs Lettres d'Ispahan portent qu'on espe*
roit d'y rendre inutiles les projets du Prin
ce- Thamas, qui en se rendant seudataire du
Grand Mogol, en cas qu'il puifle re- ' onter
fur le Trône de ses ancêtres , a engagé ce
Prince à mettre fur pied deux Armées trésnombreuses
, qui doivent marcher au Printems
prochain vers les Frontières de Perse;
On espère auísr que le Grand Seigneur envoyera
une Ambassade au Grand Mogol , pour
le détourner de faire aucune entreprise sur la
Perse , & pour lui proposer quelque accommo
dement en faveur du Prince Thamas, auquel
oh assure qu'il a donné une £e ses filles en
Mariage.
Le.Commercc d'Ispahan est entièrement ín--
terrompuî >
1?* MERCURE DE FRANCÉ.
tersotnpa ; la misère du Peuple y estextrêmè «
& personne n'ose entreprendre d'y envoyer
des Marchandises , ni d'en faire venir , à cause'
du grand nombre de brigands qui font fur les
chemins , & qui piíient les Caravann'es. QuoiÎue
les Magazins des Negocians d'Europe'
oient vuides , & que leuis Facteurs foienc
présentement inutiles , le Sultan Acheraf con
tinue cependant de leur faire payer très- sou
vent des taxes considérables pour fe conserver
deux Généraux de ses troupes , dont il auroic
touc à craindre s'il ne contentoit pas leur ava
rice. Les Troupes du Sultan Acheraf sont en'
quartiers dans les environs d'Ifpahan , & elles
peuvent se rafferabler en deux foij vingt- qua«*
tíe heures, pour former une Armée de cirv:
quante à soixante- mille hommes.
Fermer
Résumé : De Perse.
Le texte décrit des tensions politiques et économiques en Perse et en Inde. Le Prince Thamas, allié au Grand Mogol, a préparé deux armées pour une possible offensive contre la Perse au printemps. Les autorités persanes espèrent qu'une ambassade du Grand Seigneur dissuadera le Grand Mogol et proposera un accord en faveur de Thamas, qui épouserait une fille du Grand Seigneur. À Ispahan, le commerce est interrompu en raison de la misère du peuple et de la présence de brigands sur les routes, dissuadant les marchands d'envoyer ou de recevoir des marchandises. Malgré les magasins vides et les facteurs inutiles, le Sultan Acheraf impose des taxes élevées pour maintenir deux généraux. Les troupes du Sultan sont stationnées près d'Ispahan et peuvent rapidement former une armée de 40 000 à 60 000 hommes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
68
p. 170-176
MORTS, ET MARIAGES des Pays Etrangers.
Début :
Le Prince Thomas Emmanuel de Savoye, Comte de Soissons, Chevalier de la Toison [...]
Mots clefs :
Prince, Princesse, Palais, Famille, Chevaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, ET MARIAGES des Pays Etrangers.
MORTS, ET MARIAGES
des Pays Etrangers.
LE Prince Thomas Emmanuel deSavoyer,
Comte de Soissons, Chevalier de la Toison
d or , Mar échal de Camp , General des Armées
de l' Empereur , & Colonel d'un Régiment de
Cuií ailiers
Janvier. r7?ôv ta
Cuirassier», au Service de Sa Majesté Impériale,
mourut de la petite Vérole à Vienne , Je 18. dit
mois dernier , dans la 43". année de Ion âge,
étant né le 8. Décembre 1687. II avoit épousé le
14- Octobre 171$. la Princesse Thérèse Anne
Félicité, Fille du Prince Jean Adam André
de Lichcenstein , dont il a eu le 23. Décembre
ï7'4- le Prince Eugène Jean de Soislons, la
Corps de ce Prince fut inhumé le 30. lans cé
rémonie, dans Yb.^lise de S. Ertienne. *■
La Marquise DuúaHere d'Anspach, de 1*
Famille des Princes de Wirtemberg Stugard en'
Franconìe, y est morte âgée de $6 -n?.
Le jv de ce mois , une Femme nommée
Elizabeth Pieters , veuve de Reynitr Bemcl»
man, mourut à Amsterdam , âgée de \ 1 1 ans;
Le Duc Jean Ernest de Saxe , Hifbutg Haulèn
, l'áîné de la branche Ernestine, est mors
ì LeypsicK , dans la 17-. année de ion âge.
On apprend de Vienne , que le nombre de*
morts, tant de cette Ville que des Fauxbourgs »'
pendant l'année derniere, monte à 8; 83. Sçavoir
, tf7c. hommes, 18 ií- semmes, 204.1*
enfans mâles, & r 8 r f. filles. Le nombre de*
enfans baptisez pendant la meme arnee , eit de
' suivant les Extraits baptistaires mortuai
res , depuis le 11. Décembre 1718. juiqu'aú
13. Decembré 1719. on a baptise à Londres &f
à Westminster 8736. g \rçons , & 8324 files,
en tout 19721- de loue que le rombre des
morts de cette année , excède celui <u l'année
précédente de 1911 On a remarqué fur le
nombre des personnes mortes , qu'il s'en trou
ve 1073 f. au-dessous de deux ans , &• 143. de
90 ans & au-dessus. Les maladies qui en ont
emporté plus des deux tkts , sent les con-
■ y uliia»s
rfa MERCURE flE FRAtíCE.
gisions! les fluxions , & diverses fortes eíe
fièvres . la consomption & la petite vérole.
II eíl mort à Amsterdam pendant Patinée
derniere. j£i8. personnes, ce qui fait if4<«
moins qu'en 1718. qu?il en mourut 111Ó4.
Le 11.. Décembre dernier. Fête de S. André,
jour destiné pout la célébration des FiancuilleSdu
Czar , la Clarine Douairière , les Princefles
du Sang , & les -autres personnes de distinction
qui avoient été invitées à cette Cérémonie, se
rendirent au Palais vers les deux heures après
midi j les Dames furent conduites-dans les Apr
partemens à la droite de la grande Salle, &
les Seigneurs dans les Anti-Chambres de S.Mt
Gz. La grande Salle destinée pour cette Céré
monie , étoit magnifiquement ornée ; on avoir,
placé au milieu un grand Tapis de Soye de
Perse. Vis à- vis de ce Tapis , au haut bout
de la Salle , il y- avoit une table couverte dé
drap d'or ; fur cette table étoit un Bassin d'or ,
dans lequel étoit la sainte Croix , & deux Plats
d'or > destinez pour la bénédiction des Bagues;
li y avoit vis-à vis de la Table , fur le Tapis
un Dais de drap d'argent brodé d'or , soutenu
par six Majors Généraux. A la droite de ce
Dais-, fur un autre Tapis de Soye , étoit un
Fauteuil pour le Czar, & â. gauche, aussi fur
un Tapis & fur une même ligne, deux aurres
Fauteuils- de Velours vert ohamaré d'or , pout
la Czarine Douairière &1pour la Princesse fu
ture E oouse du Czar. A côté de res Fauteuils
un peu en arriére , il v avoit quatre Chaises
pour les quatre Princeííès du Sang, & plusieurs
autres Chaises ensuite pour les Princesses Mere
& Soeur de la Princesse , 8e pour les autre*
Princesses- de la Famille Dolgorucki.
•Agrès que tout, le monde fut assemblé au
Palais.
Janvier. 1730. 17$:
Malais > le Prince Dolgorucki, Grand- Cham
bellan du Czar & frère de la Princesse fiancée;
se rendit en qualité de principal Commissaire
du Czar , pour cet Acte , avec une nombreuse
suite de Carrosses & de Domestiques de S. Mi
Cz. au Palais de Golowiesch, où étoit la Prin
cesse & toutes les Princefles de la Famille Dol
gorucki; il déclara à la Princesse qu'il étoit
chargé de la conduire au Palais de S. M.Cz.
& apiès l'avoir priée de s'y rendre , il lui
donna la main & la conduisit au Carroíîé i
après quoi la marche commenta dans Tordre
suivant :
Deux Carroflès du Czar à six chevaux , ave£
les Chambellans de S M. Cz. un autre .Car
rosse du Czar >. aussi à six chevaux , dans leques
étoit le Grand-Chambellan seul. Qyjtre Cou
reurs du Czar. Deux Fooriers de ia Cour , ì
cheval. M. Coícheíef , Ecuyer du C2ar, à che
val 5 seul. La Garde des Grenadiers de la Prin
cesse ». à cheval. Quatre Postillons de S. M!
Cz. Un carosse à" six chevaux , dans lequel
étoit S. A. avec la Princesse fa mère & la
Princesse fa soeur : six Pages du Czar étoienc
montez fur le devant du Carrosle : ua
Page de la Chambre marchoit derrière ì
cheval ; & six Heyduques avec les Valetsde-
Pied de S» M. Cz. tous avec de magni
fiques Livres > alloient aux deux cotez. Plufieurs
autres Carrosses fuivoient, dans lesquels
étoient les Princeflés de la Famille Dolgorucki,
les Dames de. la Cour de S. A. Les Carrosses
de parade fumaient la marche..
Lorsque ce Cortège fut près du Palais du
Czar, le Maréchal de la Cour & le Grand-
Maître des Cérémonies, ayant à la main leurs
Bi.gns de CetemoniejSc accompagne* des Seigneurs>
J7 4 MFRCURÊ DÈ FRANCE,
1
gneurs de la Cour , allèrent dans l'Appaftë*
tnent des Dames, & prièrent la Czarìnt Douai* .
riere, les Princesses du Sang & les autres Da
mes , de se rendre dans la Salle des Fiançailles;
Après quoi le Maréchal de la Cour & le Grandi
Maître des Cérémonies allèrent au-devant dë
la Princesse pour la recevoir & la conduire:
dans la même Salle. Le Prince Dolgoruckij
Grand-Chambellan , donna la main à cette
Princesse à la descente du Carrosse ík Raccom
pagna iusqu'à la Salle : Aussi-tôt que la Prin
cesse fui entrée dans la Salle ■ on entendit uri
agréable Concert de Musique? après qu'elle
tut pris fa place; le Grand-Chambellan , le?
Chambellans & autres Seigneurs , conduit*
par le NÍaréchal de la Cour & par le Grand-
Miîcre des Cérémonies , allèrent prendre lé
Czar aux fanfares des Trompettes) ce Prince j
accompagné du Prince Grégoire AlexiowitZ
Dolgorucki , du Velt Maréchal , Prince Dolf;
oruki , du Baron d'Osterman, Vice Chanceier
, & de tous les Grands de fa Cour , sá
lendit aussi dans la même Salle.
Aussi tôt que S. M. Cz fe fut placée dans
son Fauteuil, la Princesse, conduite par le
Grand-Chambellan, se rendit sous le Dais;
le Czar s'y rendit aussi , étant conduit par lé
Baron d'Osterman , & se mit à la droite de la
Princesse. L' Archevêque de Novogrod fit en
suite une Prière , & s'étant approché de la
Table , il mit les deux Bagues dans les deux
Plats d'or , les bénit, suivant le Rit del'Eglisé
Grecque . & les délivra aux Fiancez , sçavotr,
celle de la Princesse à S. M. Cz. & celle du
Czar à la Princesse. Après quelques autres
Prières, le Czar & la Princefle s'étant remis
â leurs places, reçurent les complimens de
féliciràtL n
JANVIER. ir?o: i7f
sélicitation des Seigneurs &: Dames > qui eu
rent l'honneur de leui baiser la main. On 61
ëâ même- temps une triple décharge du Canon
dés Remparts , aux fanfares des Trompettes »
&c Après cette Cérémonie , le Czar , accom
pagné de la Czarine Douairière» des Princesses
du Sang & des Princeííes de la Famille Dolgoruclìi
, conduisit la Princesse fiancée dans
son Appartement , poUT y voir tirer un Feu
d'artifice qui réussit très-bien. Il y eut aussi de
fort belles Illuminations. Toute la Compagnie
étant ensuite retournée dans la grande Salle r
il y eut Jeu & Bal , qui ne dura qu'une demie
heure, arce que la Princesse fiancée s'étoit bieffée
au pied. Après qu'il fi.t fini , la Princesse
fiancée retourna dans son Palais dans u«
Carrosse à huit chevaux , conduits par six Pos
tillons avec six Pages . huit Heydtrques , huie
Chevaliers- Gardes à cheval 1 &r le même Cor
tège avec lequel elle s'étoit rendue au Palais
du Czar. La Princesse étoit feule dans ce Car
rosse , & on battit la caisse à son départ.
on écrit de Moscou , que tout le monde
convient que le Czar n'avoit pu faire un choix
qui fût plus universellement applaudi , à cause
ou mérite, de la bonté du coeur & de la
modestie de la futureCzarine.CesLettres ajou
tent que dans le Discours que le Velt-Marcchal
Dolgorucki fit le 30. Novembre à cette
Princesse , il lui dit entre autres choses : Hier
vous íliéï ma Nièce y aujourd'hui vous allej^
être ma Souveraine i vous voyez, par là com
ment les affaires humaines peuvent changer dit
soir au lendemain : que l' éclat da nouveau rang
que vout alleç tenir , ne vous ébloiiijfe pas &
ne vous f*sse pas perdre cette noble modestie n*i
HO lit
\jè mercure de francë:
vous y a élevée. Noire Famille est ajfez pour
vût; des biens de la fortune ; elle n'a besoin derien
: ainsi oubliez, que votts en êtes ,
frenex. à tâche de n'employer le crédit que -voue
fourrez avoir qu'à faire du bien, à ceux quih
méritent le plus , fans avoir égard au non*
qu'ils portent.^
des Pays Etrangers.
LE Prince Thomas Emmanuel deSavoyer,
Comte de Soissons, Chevalier de la Toison
d or , Mar échal de Camp , General des Armées
de l' Empereur , & Colonel d'un Régiment de
Cuií ailiers
Janvier. r7?ôv ta
Cuirassier», au Service de Sa Majesté Impériale,
mourut de la petite Vérole à Vienne , Je 18. dit
mois dernier , dans la 43". année de Ion âge,
étant né le 8. Décembre 1687. II avoit épousé le
14- Octobre 171$. la Princesse Thérèse Anne
Félicité, Fille du Prince Jean Adam André
de Lichcenstein , dont il a eu le 23. Décembre
ï7'4- le Prince Eugène Jean de Soislons, la
Corps de ce Prince fut inhumé le 30. lans cé
rémonie, dans Yb.^lise de S. Ertienne. *■
La Marquise DuúaHere d'Anspach, de 1*
Famille des Princes de Wirtemberg Stugard en'
Franconìe, y est morte âgée de $6 -n?.
Le jv de ce mois , une Femme nommée
Elizabeth Pieters , veuve de Reynitr Bemcl»
man, mourut à Amsterdam , âgée de \ 1 1 ans;
Le Duc Jean Ernest de Saxe , Hifbutg Haulèn
, l'áîné de la branche Ernestine, est mors
ì LeypsicK , dans la 17-. année de ion âge.
On apprend de Vienne , que le nombre de*
morts, tant de cette Ville que des Fauxbourgs »'
pendant l'année derniere, monte à 8; 83. Sçavoir
, tf7c. hommes, 18 ií- semmes, 204.1*
enfans mâles, & r 8 r f. filles. Le nombre de*
enfans baptisez pendant la meme arnee , eit de
' suivant les Extraits baptistaires mortuai
res , depuis le 11. Décembre 1718. juiqu'aú
13. Decembré 1719. on a baptise à Londres &f
à Westminster 8736. g \rçons , & 8324 files,
en tout 19721- de loue que le rombre des
morts de cette année , excède celui <u l'année
précédente de 1911 On a remarqué fur le
nombre des personnes mortes , qu'il s'en trou
ve 1073 f. au-dessous de deux ans , &• 143. de
90 ans & au-dessus. Les maladies qui en ont
emporté plus des deux tkts , sent les con-
■ y uliia»s
rfa MERCURE flE FRAtíCE.
gisions! les fluxions , & diverses fortes eíe
fièvres . la consomption & la petite vérole.
II eíl mort à Amsterdam pendant Patinée
derniere. j£i8. personnes, ce qui fait if4<«
moins qu'en 1718. qu?il en mourut 111Ó4.
Le 11.. Décembre dernier. Fête de S. André,
jour destiné pout la célébration des FiancuilleSdu
Czar , la Clarine Douairière , les Princefles
du Sang , & les -autres personnes de distinction
qui avoient été invitées à cette Cérémonie, se
rendirent au Palais vers les deux heures après
midi j les Dames furent conduites-dans les Apr
partemens à la droite de la grande Salle, &
les Seigneurs dans les Anti-Chambres de S.Mt
Gz. La grande Salle destinée pour cette Céré
monie , étoit magnifiquement ornée ; on avoir,
placé au milieu un grand Tapis de Soye de
Perse. Vis à- vis de ce Tapis , au haut bout
de la Salle , il y- avoit une table couverte dé
drap d'or ; fur cette table étoit un Bassin d'or ,
dans lequel étoit la sainte Croix , & deux Plats
d'or > destinez pour la bénédiction des Bagues;
li y avoit vis-à vis de la Table , fur le Tapis
un Dais de drap d'argent brodé d'or , soutenu
par six Majors Généraux. A la droite de ce
Dais-, fur un autre Tapis de Soye , étoit un
Fauteuil pour le Czar, & â. gauche, aussi fur
un Tapis & fur une même ligne, deux aurres
Fauteuils- de Velours vert ohamaré d'or , pout
la Czarine Douairière &1pour la Princesse fu
ture E oouse du Czar. A côté de res Fauteuils
un peu en arriére , il v avoit quatre Chaises
pour les quatre Princeííès du Sang, & plusieurs
autres Chaises ensuite pour les Princesses Mere
& Soeur de la Princesse , 8e pour les autre*
Princesses- de la Famille Dolgorucki.
•Agrès que tout, le monde fut assemblé au
Palais.
Janvier. 1730. 17$:
Malais > le Prince Dolgorucki, Grand- Cham
bellan du Czar & frère de la Princesse fiancée;
se rendit en qualité de principal Commissaire
du Czar , pour cet Acte , avec une nombreuse
suite de Carrosses & de Domestiques de S. Mi
Cz. au Palais de Golowiesch, où étoit la Prin
cesse & toutes les Princefles de la Famille Dol
gorucki; il déclara à la Princesse qu'il étoit
chargé de la conduire au Palais de S. M.Cz.
& apiès l'avoir priée de s'y rendre , il lui
donna la main & la conduisit au Carroíîé i
après quoi la marche commenta dans Tordre
suivant :
Deux Carroflès du Czar à six chevaux , ave£
les Chambellans de S M. Cz. un autre .Car
rosse du Czar >. aussi à six chevaux , dans leques
étoit le Grand-Chambellan seul. Qyjtre Cou
reurs du Czar. Deux Fooriers de ia Cour , ì
cheval. M. Coícheíef , Ecuyer du C2ar, à che
val 5 seul. La Garde des Grenadiers de la Prin
cesse ». à cheval. Quatre Postillons de S. M!
Cz. Un carosse à" six chevaux , dans lequel
étoit S. A. avec la Princesse fa mère & la
Princesse fa soeur : six Pages du Czar étoienc
montez fur le devant du Carrosle : ua
Page de la Chambre marchoit derrière ì
cheval ; & six Heyduques avec les Valetsde-
Pied de S» M. Cz. tous avec de magni
fiques Livres > alloient aux deux cotez. Plufieurs
autres Carrosses fuivoient, dans lesquels
étoient les Princeflés de la Famille Dolgorucki,
les Dames de. la Cour de S. A. Les Carrosses
de parade fumaient la marche..
Lorsque ce Cortège fut près du Palais du
Czar, le Maréchal de la Cour & le Grand-
Maître des Cérémonies, ayant à la main leurs
Bi.gns de CetemoniejSc accompagne* des Seigneurs>
J7 4 MFRCURÊ DÈ FRANCE,
1
gneurs de la Cour , allèrent dans l'Appaftë*
tnent des Dames, & prièrent la Czarìnt Douai* .
riere, les Princesses du Sang & les autres Da
mes , de se rendre dans la Salle des Fiançailles;
Après quoi le Maréchal de la Cour & le Grandi
Maître des Cérémonies allèrent au-devant dë
la Princesse pour la recevoir & la conduire:
dans la même Salle. Le Prince Dolgoruckij
Grand-Chambellan , donna la main à cette
Princesse à la descente du Carrosse ík Raccom
pagna iusqu'à la Salle : Aussi-tôt que la Prin
cesse fui entrée dans la Salle ■ on entendit uri
agréable Concert de Musique? après qu'elle
tut pris fa place; le Grand-Chambellan , le?
Chambellans & autres Seigneurs , conduit*
par le NÍaréchal de la Cour & par le Grand-
Miîcre des Cérémonies , allèrent prendre lé
Czar aux fanfares des Trompettes) ce Prince j
accompagné du Prince Grégoire AlexiowitZ
Dolgorucki , du Velt Maréchal , Prince Dolf;
oruki , du Baron d'Osterman, Vice Chanceier
, & de tous les Grands de fa Cour , sá
lendit aussi dans la même Salle.
Aussi tôt que S. M. Cz fe fut placée dans
son Fauteuil, la Princesse, conduite par le
Grand-Chambellan, se rendit sous le Dais;
le Czar s'y rendit aussi , étant conduit par lé
Baron d'Osterman , & se mit à la droite de la
Princesse. L' Archevêque de Novogrod fit en
suite une Prière , & s'étant approché de la
Table , il mit les deux Bagues dans les deux
Plats d'or , les bénit, suivant le Rit del'Eglisé
Grecque . & les délivra aux Fiancez , sçavotr,
celle de la Princesse à S. M. Cz. & celle du
Czar à la Princesse. Après quelques autres
Prières, le Czar & la Princefle s'étant remis
â leurs places, reçurent les complimens de
féliciràtL n
JANVIER. ir?o: i7f
sélicitation des Seigneurs &: Dames > qui eu
rent l'honneur de leui baiser la main. On 61
ëâ même- temps une triple décharge du Canon
dés Remparts , aux fanfares des Trompettes »
&c Après cette Cérémonie , le Czar , accom
pagné de la Czarine Douairière» des Princesses
du Sang & des Princeííes de la Famille Dolgoruclìi
, conduisit la Princesse fiancée dans
son Appartement , poUT y voir tirer un Feu
d'artifice qui réussit très-bien. Il y eut aussi de
fort belles Illuminations. Toute la Compagnie
étant ensuite retournée dans la grande Salle r
il y eut Jeu & Bal , qui ne dura qu'une demie
heure, arce que la Princesse fiancée s'étoit bieffée
au pied. Après qu'il fi.t fini , la Princesse
fiancée retourna dans son Palais dans u«
Carrosse à huit chevaux , conduits par six Pos
tillons avec six Pages . huit Heydtrques , huie
Chevaliers- Gardes à cheval 1 &r le même Cor
tège avec lequel elle s'étoit rendue au Palais
du Czar. La Princesse étoit feule dans ce Car
rosse , & on battit la caisse à son départ.
on écrit de Moscou , que tout le monde
convient que le Czar n'avoit pu faire un choix
qui fût plus universellement applaudi , à cause
ou mérite, de la bonté du coeur & de la
modestie de la futureCzarine.CesLettres ajou
tent que dans le Discours que le Velt-Marcchal
Dolgorucki fit le 30. Novembre à cette
Princesse , il lui dit entre autres choses : Hier
vous íliéï ma Nièce y aujourd'hui vous allej^
être ma Souveraine i vous voyez, par là com
ment les affaires humaines peuvent changer dit
soir au lendemain : que l' éclat da nouveau rang
que vout alleç tenir , ne vous ébloiiijfe pas &
ne vous f*sse pas perdre cette noble modestie n*i
HO lit
\jè mercure de francë:
vous y a élevée. Noire Famille est ajfez pour
vût; des biens de la fortune ; elle n'a besoin derien
: ainsi oubliez, que votts en êtes ,
frenex. à tâche de n'employer le crédit que -voue
fourrez avoir qu'à faire du bien, à ceux quih
méritent le plus , fans avoir égard au non*
qu'ils portent.^
Fermer
Résumé : MORTS, ET MARIAGES des Pays Etrangers.
Le texte relate divers événements de mort et de mariage dans des pays étrangers. Le Prince Thomas Emmanuel de Savoie, Comte de Soissons, est décédé de la variole à Vienne le 18 janvier 1720 à l'âge de 43 ans. Il avait épousé la Princesse Thérèse Anne Félicité de Liechtenstein en 1715, avec qui il eut un fils, le Prince Eugène Jean de Soissons, né en 1714. La Marquise Duüahere d'Anspach, de la famille des Princes de Wurtemberg, est morte à 56 ans. À Amsterdam, Elizabeth Pieters, veuve de Reynier Bemclman, est décédée à 111 ans. Le Duc Jean Ernest de Saxe, Hifbutg Haulèn, est mort à Leipzig à l'âge de 17 ans. À Vienne, le nombre de décès en 1719 s'élève à 8 833, incluant 1 776 hommes, 1 811 femmes, 2 041 garçons et 1 827 filles. À Londres et Westminster, 19 721 enfants ont été baptisés en 1719. Le texte décrit également les préparatifs et le déroulement du mariage du Czar avec la Princesse Dolgorucki. La cérémonie a eu lieu en janvier 1730, avec une procession solennelle et des festivités incluant un concert, des prières, des félicitations, un feu d'artifice et des illuminations. La Princesse, après la cérémonie, a été conduite dans son appartement pour voir le feu d'artifice, suivie d'un jeu et d'un bal. Le choix du Czar a été universellement applaudi en raison des qualités de la future Czarine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
69
p. 376-377
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On apprend de Constantinople, qu'on y avoit reçu avis, que le Prince Thamas [...]
Mots clefs :
Prince, Sultan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
T xj r Q_u ie et Perse.
ON apprend de Constantinople, qu'on y
avoit reçu avis , que le Prince Thamas
ayant été joint par quelques troupes de Maymud
, l'un des principaux Seigneurs de la
Province de Candahar , avoit défait en trois
combats la principale armée du Sultan Achec
F E V R I Ë R. I7îq. 377
raf ; qu'il s'étoìt rendu maître quelques jours
après de BenJer- Abassi ; que par la prise de
Cette Pbce importante , le reste des troupe*
. du Sultan Acheraf n'avoit plus de communia
cation avec la ville d'Ispahan , dont le Prince
Thamas avoir résolu de former le siège , aussi-,
tôt qu'il auroitreçu les secours que se Grandi
Mogol lui envoyé. Ces nouvelles, dont le GrJ
Vizir a reçu h confirmation, l'ont obligé d'as
sembler extraordJtairement le Divan , pou*
délibérer si on donneroit du secours au Sultan
Acheraf ; niais les avis ont été partagez ; il est
Cependant arrivé à Constantinople un Envoyé
Extraordinaire du Prince Thamas,qui a obtenu
que la Porte reíteroit neutre.
On a appris depuis que le Prince Thamas
i'étoit emparé de Cafoin 8r de quelques autres
Places ; que les troupes du Mogol étoient en
trées en Perse, &que le Sultan Acheraf a voit
été obligé de se retirer à Ispahan , où on ne
croyoit pas qu'il fut en état de soutenir un
- Siège.
ON apprend de Constantinople, qu'on y
avoit reçu avis , que le Prince Thamas
ayant été joint par quelques troupes de Maymud
, l'un des principaux Seigneurs de la
Province de Candahar , avoit défait en trois
combats la principale armée du Sultan Achec
F E V R I Ë R. I7îq. 377
raf ; qu'il s'étoìt rendu maître quelques jours
après de BenJer- Abassi ; que par la prise de
Cette Pbce importante , le reste des troupe*
. du Sultan Acheraf n'avoit plus de communia
cation avec la ville d'Ispahan , dont le Prince
Thamas avoir résolu de former le siège , aussi-,
tôt qu'il auroitreçu les secours que se Grandi
Mogol lui envoyé. Ces nouvelles, dont le GrJ
Vizir a reçu h confirmation, l'ont obligé d'as
sembler extraordJtairement le Divan , pou*
délibérer si on donneroit du secours au Sultan
Acheraf ; niais les avis ont été partagez ; il est
Cependant arrivé à Constantinople un Envoyé
Extraordinaire du Prince Thamas,qui a obtenu
que la Porte reíteroit neutre.
On a appris depuis que le Prince Thamas
i'étoit emparé de Cafoin 8r de quelques autres
Places ; que les troupes du Mogol étoient en
trées en Perse, &que le Sultan Acheraf a voit
été obligé de se retirer à Ispahan , où on ne
croyoit pas qu'il fut en état de soutenir un
- Siège.
Fermer
Résumé : TURQUIE ET PERSE.
Le prince Thamas, appuyé par les troupes de Maymud, seigneur de Candahar, a vaincu l'armée du sultan Acheraf lors de trois batailles. Il a ensuite pris le contrôle de Benjer-Abassi, isolant ainsi les forces restantes du sultan d'Ispahan. Thamas prévoit de mettre le siège devant Ispahan après avoir reçu des renforts du Grand Mogol. À Constantinople, le Grand Vizir a convoqué le Divan pour discuter d'un éventuel soutien au sultan Acheraf, mais les opinions étaient divisées. Un envoyé de Thamas a obtenu la neutralité de la Porte ottomane. Thamas a également conquis d'autres places, dont Cafoin, et les troupes mogoles ont pénétré en Perse. Le sultan Acheraf s'est retiré à Ispahan, où sa capacité à résister à un siège est incertaine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
70
p. 410-411
Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Début :
Ensuite le Roi se leva, se découvrit, se recouvrit aussi-tôt, & fit couvrir le Duc de [...]
Mots clefs :
Duc, Prince, Duc de Lorraine, Comte de Blâmont, Roi, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le 27. du mois dernier, le Duc de Lorraine
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
étant parti de Luneville avec six Berlines
& 4o. Chevaux de poste, coucha le
lendemain au Château de.à30. lieuës
de Paris, appartenant au Prince de Lambesc, il en partir le 29. & arriva le loir au Palais
Royal, dans les Caroffes du Duc d'Or-
Jeans, son cousin germain, qui avoit été audevant
de lui jusqu'à Claye.
Ce Prince qui a toujours été ici incognito,
fous le nom du Comte de Blamont, alla le
lendemain à Versailles avec le Duc d'Orleans,
vit le Roi & la Reine, & revint le même
jour à Paris.
La nuit du 29, au 30. après avoir soupé
avec le Duc d'O rleans & un grand nombre
<ie Seigneurs, vit le Bal de l'Opera de la
.Loge du Palais Royal, d'où il vit aussi la
Représentation del'Operad'Hesîone le lurlendemain.
Le 1, de ce mois, le Duc de Lorraine retourna
àVersailles, Se à trois heures aprèsmidi
il prêta foi & hommage au Roi pour
le Duché de Bar & autres domaines mouvans
de la Couronne, en execution du Traité
de Riswik
,
&en la même maniere qu'avoit
fait le Duc de Lorraine, sonPere, le 1f.dL1
mois de Novembre 1699.
Le Roi étoit dans sa Chambre assis dans un
fauteuil
1
& couvert. Le Duc de Lorraine y
étant
étant entré, fit trois reverences en s'approchant
de Sa Majesté, qui ne se leva & ne
se découvrir pas. Le Duc de Lorraine quitta
son Epée
,
son Chapeau & ses gants , que
reçût le Premier Gentilhomme de la Chambre
,
& il se mit à genoux sur un Carreau
qui étoit aux pieds du Roi. S. M. lui une
les mains jointes entre les fiennes
,
pendant
que le Chancelier de France lut le ferment
à haute voix *, M. Chauvelin,Garde des
Sceaux de Franc, Ministre & Secretaire d'Etat
,
& le Comte de Maurepas ,
Secretaire
d'Etat, étant présens
,
Se le Duc promit de
l'observer.
(*) Teneur du ferment. Monsieur, VOU,
rendez au Roi la foi & hommage, lige que
vous lui devez, commeà votre Souverain Seigneur
jà. cause du Duché de Bar, pour lei
Terres dudit Duché qui sont mouvantes de
sa Couronne, & pour les autres Terres qui
vous appartiennent en propriété dans l'étendue
du chemin depuis Metz jusqu'enAlsace, dont la Souveraineté appartient à S. M. en
conséquence du Traité de Paix , fait & conelu
à RifvvickC'T"e. Vous jurez , promettez è
S. M. de lui rendre la fidelité, service (jp
obéissance que vous êtes tenu de lui rendre
9 cause desdites Terres, & de le servir de
votre personne & de vos biens, envers tous &
contre tous,sansnul excepter, en toutes les
guerres que lui & ses successeurs Rois pourroient
ci-après avoir contre les ennemis de f.
Couronne, pour quelque cause que ce soit , ainsî que vous y étes obligé pour raison desdites
Terres, & ne permetrezqu'enicelles il
fùoit fait aucune chose au préjudice deS. M. de son Etats Vous lejurez&promettez.
Enluke
Ensuite le Roi se leva , se décou vrit , fè
recouvrit aussi-tôt , & fit couvrir le Duc dé
Lorraine. Le Duc d'Orléans , le Duc de Bour
bon , le Comte de Charoloiy , le Comte de
Clermont , le Prince de Conty , le Prince de
Bombes , le Comte d'Eu & le Comte deTouiouse
qur étoient auprès du Roi , se cou
vrirent auslî un moment après. Le Duc da
Lorraine s'etant retiré, S. M. rentra dans son
Cabinet. •' ^.
Le Duc de Lorraine retourna à Paris le
même jour > après avoir dîné chez le Car
dinal de Fleury. Le lendemain , il alla â la
Chaste avec le Roi dans la Forêt de S. Ger
main en Laye , & fut ensuite traité dans lé
Château par le Duc de Noailles qui en est
Gouverneur.
Le 5. ce Prince accompagna le Roi à la
Chasiè du Cerf.
Le 41. il alla à la Comédie Françoise volt
la Tragédie à' Electre , & la petite Comédie du
florentin-
Le s- il vit l'Opera de Thésée.
Le <• il alla diner à Arcueil cheí le Prince
de Guise , le soir à la Comédie Italienne , &
après son souper au Bal de l'Opera.
Le 7. après avoir été a la chasse avec lé
Roi , & joué ensuite à la partie du Lans
quenet de S. M. ce Prince soupa, à Marli ,
ehez le Duc de Noailles qui le traita magniifiquement
, & alla coucher à Versailles , dans
l' Appartement du Duc d'OrleanSi
Le lendemain il vit les Apvartemens du
Château , alla tirer dans le Parc , & vint j
déjeuner à la Ménagerie , où il fut traité par
le Duc de Noailles. Il alla ensuite à S. Cyr»
pour yoit U Maison , d'où il revint à Vers.
F E VRÏ E R. 1/30. 41I
Ailles pour voir le Cabinet des Médailles-»
les Pierres gravées , & les autres Monument
rares de ce célèbre Cabinet, que ce Prince
examina ayec beaucoup d'attention ; il sou
pa chez le Prince Charles de Lorraine.
Le 9. le Duc de Lorraine vit joùer le*
eaux , alla ensuite au Manège voir les Pa*
ges monter à Cheval , dina chez le Prince
Charles ?& revint à Paris pour voir l'Opera.
Ce Prince a vû avec beaucoup de satisfac
tion à Versailles les Tableaux , les Antiques de
la Grande Galleric & des Jardins , & tout ce
qu'il y a de magnifique & de Curieux dans ce
superbe Château ; à la Ménagerie, à Trianon^
à Marly , à Saint Germain en Laye , à Saint
Cloud , à Meudon , à la Muette > &c. Il a vû ì
Paris ce qu'il y a de plus remarquable ;THôtel
Royal des Invalides , f Observatoire , la Sorbonne
, la Bibliothèque du Roy , la Gallerie
des Plans,, l' Académie Royale de Peinture 8c
Sculptuie , la Monnoye des Médailles , &c.
U vit avec beaucoup de satisfaction le Cabinet
où font conservex dans un grand ordre, un
nombre prodigieux de Quarrez & de Poin
çons. M. de Cotte , Directeur de la Monnoye
des Médailles , fit frapper en fa présence des
Médailles & des Jetions , en or & en argení.
Fermer
Résumé : Foy & hommage prêté par le Duc de Lorraine, & sejour de ce Prince à la Cour, [titre d'après la table]
Le Duc de Lorraine, connu sous le nom du Comte de Blamont, quitta Luneville le 27 du mois précédent avec six berlines et 40 chevaux de poste. Il séjourna au Château du Prince de Lambesc avant d'arriver au Palais Royal à Paris le 1er du mois suivant. Il rencontra le Roi et la Reine à Versailles avec le Duc d'Orléans. Le 29, il dîna avec le Cardinal de Fleury et accompagna le Roi à la chasse le lendemain. Il assista à des représentations théâtrales et chassa à nouveau avec le Roi le 5. Le 7, il soupa à Marly et passa la nuit à Versailles. Le 8, il visita la ménagerie et Saint-Cyr. Le 9, il assista à des jeux d'eau et visita le manège avant de revenir à Paris pour voir une opéra. Durant son séjour, il visita de nombreux sites remarquables à Versailles et à Paris, tels que la Grande Galerie, Trianon, Marly, Saint-Germain-en-Laye, Saint-Cloud, Meudon, la Muette, l'Hôtel des Invalides, l'Observatoire, la Sorbonne, la Bibliothèque du Roi, la Galerie des Plans, l'Académie Royale de Peinture et Sculpture, et la Monnaie des Médailles. Il exprima sa satisfaction face à ces visites et observa la frappe de médailles et de jetons en or et en argent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
71
p. 411-415
Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Début :
Le 11. S. A R. Madame la Duchesse d'Orleans, dont tout le monde connoît la bonté du [...]
Mots clefs :
Prince, Fête, Palais royal, Duc de Lorraine, Duc d'Orléans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Le 11. S. A ft. Madame la Duchesse d'Or
léans , dont tout le monde connoît la bonté du
coeur , & la noblesse des stntimens , ayant été
bien ajse de procurer au Duc de Lorraine , son
Neveu, pendant lesejour-que ce Prince a fait
à Paris incognito , fous le nom de Comte de
Blamont , quelque divertissement , ainsi qu'aux
Princesses d'Orléans ses Filles , donna un Bal
magnifique au Palais Royal. S. A. R avore
fait préparer 1c $rand Salon de son Apparte
ment;
4 i4 MERCURE DE FRANCE,
.nient avec des Gradins à crois étages tout afltour
pour les Dames & Seigneurs qui dévoient
être feulement Spectateurs , & quantité de
fieges pour les personnes qui dévoient danferi
Ce Salon étoit orné de Lustres , de Girando
les , & de Bras garnis de bougies. On n'aura
pas de peine à se persuader que l' Assemblée
«toit des plus brillante* » puisqu'un très grand
nombre de Seigneurs & Dames de la Cour ,
& de la Ville , de la première distinction , la
composoienc L'éclat de quantité de belles
pei sonnes , la magnificence des Habits , & Je
vif brillant des Pierreries dont toutes les Da
ines étoient parées » faifoit un effet surprenant.
Ce Bal sans Masque» commença à six heu tes
.du soir, par une excellente Simphonie» com*
posée de tout ce qu'il y a de plus habile á Paíis,
& finit â onze heures. Mademoiselle dé
Beaujollois en fit l'ouverture par lèJ caractères
de la Danse « qu'elle dansa avec le Duc de là
Tremoille , dans la plus grande perfection *
& avec toute l'intelligence , la justesse . & là
grâce possible , de meme que Mademoiselle
de Chartres dans tòut ce qu'elle dansa. La
plupart des Seigneurs & Dames dansèrent en
suite plusieurs différentes Danses , Contre
danses , &Ci
Au reste toute l' Assemblée fut extrêmement
édifiée & pleinement satisfaite de la bonté, des
attentions > & des politesses continuelles de
S A. R. Cette Princesse avoit donné dasi bons
ordres , que quoique l'Assemblée fut des plus
nombreuses , tout s'est passé avec la plus gran
de magnificence , & fans la moindre confusion.
Oíi distribua toute sorte de Fruits , & des Rifraichisíemens
dans la plus grande abondance,
servis par les Officiers de Si A.R. quiaveedes
manières
FEVRIER. 1730. 4T 5
manières polies prevcnoient tout le monde*
Le Duc de Lorraine qui a affilié à ce Bal in
cognito , a été charmé de cette belle & illustre
Assemblée 1 des Danses, de l'ordié, du bon
goût, Sec.
Le 14, S. A. R. se rendit l'après midi^n son
Château de Bagnolet , pour donner encore au
Duc de Lorraine ( qui s'y étoit rendu le mêmè
jour ) une nouvelle Fête ; ce Prince à son ar
rivée sa promena quelque tems dans le Parc ,
ou S. A.R. se promenoir alors ; cette Princelïe
étoit accompagnée de Mesdemoiselles de
Beaujollois & de Chartres , de la Marquise de
Conflans , leur Gouvernante,- & de plufieurs
autres Dames de fa Cour. Ce Parc qui eíì
très spaci«ux , est planté avec autant degouc
que desimetrie. Les Eaux jouèrent pendaHt la
promenade. La Duchesse de Nevers , à préftns
Dame d'Honneur de S. A R.. & la Marquise
de Clermont sa Dame d'Atour , restèrent pen
dant la promenade dans les Appartements dit
Château , pour recevoir les Seigneurs 8c ks
Dames qui arrivoient de Paris pour prendre
part à la fête. Il y eut avant le Bal vingt Ta
bles de Quadrille &: de Piquer. Après la Pro
menade, S. A. R. rentra au Châ:eau , elle
joua au Quadrille , & le Duc de Lorraine au
Piquet. Après le Jeu on se rendit sur le Per
ron, pour voir l'IUumination de la Cour Roya
le, éclairée par qu-antité de Lustres arpentez,
qui produisoiènt une clarté des plus brillantes.'
L'Avant Cour qui est très- spacieuse, étoit auíìì
Hluminée d'un nombre prodigieux de Lam
pions , de«même que plusieurs Piramides de'
charpente, autour desquelles on avoit placé»1
avec simetrie, une très - grande quantité de
Lampion».
4 f 4 MÉRClTRÊ DÈ FRANCS
Á huit heures , on passa dans îe grand Safony
éclairé par quantité de Lustres & de Girandolesè
On y commença le Bal , qui fut ouvert1
par un Menuet à quatre > dansé par Mesdernoifes
de Beaujollois & de Chartres , 8f par',
lés Ducs de la Tremoille & de Bouflery, après
3UOÎ on dansa différentes Danses & Contreanses
qui furent exécutées dans la plus grande
perfection.
A côté du Salon du Bal, ou avoit préparé
une Sale à manger , parfaitement bien éclai-;
rée » dans laquelle on trouva trois grandes Ta
bles , oû l'on servit un Ambigu , composé de?
toutes sortes de Pâtez froids , Jambons & au
tres viandes convenables , avec autant de dé-»
lîcatesse que de- profusion . & de toutes fortes;
de Fruits 8c de Pâtisseries legeres. II y a voit
dans une Sale à côté, on magnifique Buffet
garni de toutes sortes de Vins ,£aux glacées r-
Vins de Liqueurs & tous les rafraîchislemens'
qu'on pouvoit souhaiter , 8í qu'on servit i
rout le monde eri abondance jusqu'à deUx heu-^
res du matin, après quoi S- A. R. jugea i
propos de se retirer pour donner le temps au ,
Duc de Lorraine, qui devoit parEir le lende
main, de prendre quelque icpos.^ -
On a ouMié de dire que S. A, R. toujours
attentive à tout ce qui pouvoit rendre la Fête1
plus variée & plus brrlfante > avoit donné or
dre défaire venir plusieurs exceilens Danseurs'
Provençaux, qui danserem pluííetìrs Esitrées
grotesques & champêtres , d'une manière trèsvive
& très singulière , pendant qu'une parcier
des Daraes-étoîent allées quitter leurs habits
de Villé, fans rien changes à leur Coëfure,
póur prendre des Domina , dont on avoit eu
soir* de préparer un grand nombre.* afin qu«
ce»
FEVRIER. 1730. 4-tj
mes mêmes Dames , habillées plus légèrement
pussent danser plus à leur aise > & auífi pour
varier les différentes couleurs des Etoffes. Les
Seigneurs n'ont point changé d'habit , & enfin
toute cette belle Assemblée se retira très-safìsfaite
d'avoir pû prendre parc à une fi ga
lante & magnifique Fête.
Le même jour i r. le Duc de Lorraine partit
pour retourner dans ses Etats, après avoir pris
congé du Roi. S.M. lui a fait présent d'une
très- riche Tenture de Tapisserie, rehaussée d'or,
faite fur les DefTeins de Raphaël, à la Manu*
facture Royale des Gobelins.
Le Duc de Lorraine, pendant son séjour à
Paris , a occupé le grand Appartement du Pa»
lais Royal. Une Table d'environ if. Couvert»
a toujours été servie,soir &matiniavec la plus ■
grande fomp tuoíîré & la plus grande délica
tesse, par les Officiers du Duc d'Orléans. 11
y a eu d'auttes Tables très -bien servies pour
fa Suite.
Tous les Spectales où ce Prince a assisté , &
où fa présence a attiré un très grand concours,
ont reçu des marques de fa libéralité. Ses gran*
des qualité* & ses manières nobles & géné
reuses ont paru dans toutes les occasions.
Les Officiers du Duc d'Orléans qui ont ser
vi auprès de fa personne, ont reçu des Diamans
brillans & d'autres Bijoux d un pris
considérable.
léans , dont tout le monde connoît la bonté du
coeur , & la noblesse des stntimens , ayant été
bien ajse de procurer au Duc de Lorraine , son
Neveu, pendant lesejour-que ce Prince a fait
à Paris incognito , fous le nom de Comte de
Blamont , quelque divertissement , ainsi qu'aux
Princesses d'Orléans ses Filles , donna un Bal
magnifique au Palais Royal. S. A. R avore
fait préparer 1c $rand Salon de son Apparte
ment;
4 i4 MERCURE DE FRANCE,
.nient avec des Gradins à crois étages tout afltour
pour les Dames & Seigneurs qui dévoient
être feulement Spectateurs , & quantité de
fieges pour les personnes qui dévoient danferi
Ce Salon étoit orné de Lustres , de Girando
les , & de Bras garnis de bougies. On n'aura
pas de peine à se persuader que l' Assemblée
«toit des plus brillante* » puisqu'un très grand
nombre de Seigneurs & Dames de la Cour ,
& de la Ville , de la première distinction , la
composoienc L'éclat de quantité de belles
pei sonnes , la magnificence des Habits , & Je
vif brillant des Pierreries dont toutes les Da
ines étoient parées » faifoit un effet surprenant.
Ce Bal sans Masque» commença à six heu tes
.du soir, par une excellente Simphonie» com*
posée de tout ce qu'il y a de plus habile á Paíis,
& finit â onze heures. Mademoiselle dé
Beaujollois en fit l'ouverture par lèJ caractères
de la Danse « qu'elle dansa avec le Duc de là
Tremoille , dans la plus grande perfection *
& avec toute l'intelligence , la justesse . & là
grâce possible , de meme que Mademoiselle
de Chartres dans tòut ce qu'elle dansa. La
plupart des Seigneurs & Dames dansèrent en
suite plusieurs différentes Danses , Contre
danses , &Ci
Au reste toute l' Assemblée fut extrêmement
édifiée & pleinement satisfaite de la bonté, des
attentions > & des politesses continuelles de
S A. R. Cette Princesse avoit donné dasi bons
ordres , que quoique l'Assemblée fut des plus
nombreuses , tout s'est passé avec la plus gran
de magnificence , & fans la moindre confusion.
Oíi distribua toute sorte de Fruits , & des Rifraichisíemens
dans la plus grande abondance,
servis par les Officiers de Si A.R. quiaveedes
manières
FEVRIER. 1730. 4T 5
manières polies prevcnoient tout le monde*
Le Duc de Lorraine qui a affilié à ce Bal in
cognito , a été charmé de cette belle & illustre
Assemblée 1 des Danses, de l'ordié, du bon
goût, Sec.
Le 14, S. A. R. se rendit l'après midi^n son
Château de Bagnolet , pour donner encore au
Duc de Lorraine ( qui s'y étoit rendu le mêmè
jour ) une nouvelle Fête ; ce Prince à son ar
rivée sa promena quelque tems dans le Parc ,
ou S. A.R. se promenoir alors ; cette Princelïe
étoit accompagnée de Mesdemoiselles de
Beaujollois & de Chartres , de la Marquise de
Conflans , leur Gouvernante,- & de plufieurs
autres Dames de fa Cour. Ce Parc qui eíì
très spaci«ux , est planté avec autant degouc
que desimetrie. Les Eaux jouèrent pendaHt la
promenade. La Duchesse de Nevers , à préftns
Dame d'Honneur de S. A R.. & la Marquise
de Clermont sa Dame d'Atour , restèrent pen
dant la promenade dans les Appartements dit
Château , pour recevoir les Seigneurs 8c ks
Dames qui arrivoient de Paris pour prendre
part à la fête. Il y eut avant le Bal vingt Ta
bles de Quadrille &: de Piquer. Après la Pro
menade, S. A. R. rentra au Châ:eau , elle
joua au Quadrille , & le Duc de Lorraine au
Piquet. Après le Jeu on se rendit sur le Per
ron, pour voir l'IUumination de la Cour Roya
le, éclairée par qu-antité de Lustres arpentez,
qui produisoiènt une clarté des plus brillantes.'
L'Avant Cour qui est très- spacieuse, étoit auíìì
Hluminée d'un nombre prodigieux de Lam
pions , de«même que plusieurs Piramides de'
charpente, autour desquelles on avoit placé»1
avec simetrie, une très - grande quantité de
Lampion».
4 f 4 MÉRClTRÊ DÈ FRANCS
Á huit heures , on passa dans îe grand Safony
éclairé par quantité de Lustres & de Girandolesè
On y commença le Bal , qui fut ouvert1
par un Menuet à quatre > dansé par Mesdernoifes
de Beaujollois & de Chartres , 8f par',
lés Ducs de la Tremoille & de Bouflery, après
3UOÎ on dansa différentes Danses & Contreanses
qui furent exécutées dans la plus grande
perfection.
A côté du Salon du Bal, ou avoit préparé
une Sale à manger , parfaitement bien éclai-;
rée » dans laquelle on trouva trois grandes Ta
bles , oû l'on servit un Ambigu , composé de?
toutes sortes de Pâtez froids , Jambons & au
tres viandes convenables , avec autant de dé-»
lîcatesse que de- profusion . & de toutes fortes;
de Fruits 8c de Pâtisseries legeres. II y a voit
dans une Sale à côté, on magnifique Buffet
garni de toutes sortes de Vins ,£aux glacées r-
Vins de Liqueurs & tous les rafraîchislemens'
qu'on pouvoit souhaiter , 8í qu'on servit i
rout le monde eri abondance jusqu'à deUx heu-^
res du matin, après quoi S- A. R. jugea i
propos de se retirer pour donner le temps au ,
Duc de Lorraine, qui devoit parEir le lende
main, de prendre quelque icpos.^ -
On a ouMié de dire que S. A, R. toujours
attentive à tout ce qui pouvoit rendre la Fête1
plus variée & plus brrlfante > avoit donné or
dre défaire venir plusieurs exceilens Danseurs'
Provençaux, qui danserem pluííetìrs Esitrées
grotesques & champêtres , d'une manière trèsvive
& très singulière , pendant qu'une parcier
des Daraes-étoîent allées quitter leurs habits
de Villé, fans rien changes à leur Coëfure,
póur prendre des Domina , dont on avoit eu
soir* de préparer un grand nombre.* afin qu«
ce»
FEVRIER. 1730. 4-tj
mes mêmes Dames , habillées plus légèrement
pussent danser plus à leur aise > & auífi pour
varier les différentes couleurs des Etoffes. Les
Seigneurs n'ont point changé d'habit , & enfin
toute cette belle Assemblée se retira très-safìsfaite
d'avoir pû prendre parc à une fi ga
lante & magnifique Fête.
Le même jour i r. le Duc de Lorraine partit
pour retourner dans ses Etats, après avoir pris
congé du Roi. S.M. lui a fait présent d'une
très- riche Tenture de Tapisserie, rehaussée d'or,
faite fur les DefTeins de Raphaël, à la Manu*
facture Royale des Gobelins.
Le Duc de Lorraine, pendant son séjour à
Paris , a occupé le grand Appartement du Pa»
lais Royal. Une Table d'environ if. Couvert»
a toujours été servie,soir &matiniavec la plus ■
grande fomp tuoíîré & la plus grande délica
tesse, par les Officiers du Duc d'Orléans. 11
y a eu d'auttes Tables très -bien servies pour
fa Suite.
Tous les Spectales où ce Prince a assisté , &
où fa présence a attiré un très grand concours,
ont reçu des marques de fa libéralité. Ses gran*
des qualité* & ses manières nobles & géné
reuses ont paru dans toutes les occasions.
Les Officiers du Duc d'Orléans qui ont ser
vi auprès de fa personne, ont reçu des Diamans
brillans & d'autres Bijoux d un pris
considérable.
Fermer
Résumé : Fête au Palais Royal & à Bagnolet, [titre d'après la table]
Le 11 février 1730, la Duchesse d'Orléans organisa un bal somptueux au Palais Royal en l'honneur du Duc de Lorraine, son neveu, qui séjournait à Paris incognito sous le nom de Comte de Blamont. Le grand salon de l'appartement de la Duchesse fut aménagé avec des gradins pour les spectateurs et des sièges pour les danseurs. Le salon était illuminé par des lustres, girandoles et bougies, et accueillit de nombreux seigneurs et dames de la cour et de la ville. Le bal, sans masque, débuta à six heures du soir par une symphonie interprétée par les meilleurs musiciens de Paris et se termina à onze heures. Mademoiselle de Beaujollois et Mademoiselle de Chartres ouvrirent le bal avec des danses exécutées avec perfection et grâce, suivies par divers seigneurs et dames dansant des danses et contredanses. La Duchesse d'Orléans fut louée pour sa bonté, ses attentions et ses politesses, et les ordres qu'elle donna assurèrent une organisation magnifique et sans confusion. Des fruits et des rafraîchissements furent servis en abondance par les officiers de la Duchesse. Le 14 février, la Duchesse se rendit à son château de Bagnolet pour offrir une nouvelle fête au Duc de Lorraine. Après une promenade dans le parc, ils jouèrent aux cartes. Le soir, une illumination éclaira la cour royale et l'avant-cour. Le bal commença à huit heures dans le grand salon éclairé par des lustres et girandoles. Mademoiselle de Beaujollois, Mademoiselle de Chartres, le Duc de la Tremoille et le Duc de Boufflers ouvrirent le bal avec un menuet à quatre. Un salon adjacent servit de salle à manger avec des tables offrant des pâtisseries, jambons et autres viandes, ainsi qu'un buffet avec vins, liqueurs et rafraîchissements. La Duchesse fit venir des danseurs provençaux pour exécuter des danses grotesques et champêtres, permettant aux dames de changer leurs habits pour des dominos. Le Duc de Lorraine quitta Paris le même jour après avoir pris congé du Roi, qui lui offrit une riche tenture de tapisserie des Gobelins. Pendant son séjour, le Duc occupa un grand appartement au Palais Royal où une table était toujours servie avec somptuosité. Il fit preuve de libéralité lors des spectacles qu'il fréquenta et offrit des diamants et bijoux à ses hôtes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
72
p. 654-671
EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Début :
Il y a quelques mois qu'on a imprimé les deux Harangues dont nous [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Harangues, Dauphin, Professeurs de rhétorique, Collège Louis le Grand, Roi, Prince, Peuples, Orateur, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
EXTRAIT de deux Harangues Latines
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
Fermer
Résumé : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Le texte relate deux harangues prononcées par les professeurs de rhétorique du Collège Louis-le-Grand à l'occasion de la naissance du Dauphin, fils de Louis XV. La première harangue, prononcée par le Père Charles Porée le 14 septembre 1729, félicite le roi pour la naissance de son fils, soulignant l'importance de transmettre le nom et les biens à un héritier mâle. Le Père Porée compare la succession des Bourbons à celle des Césars, mettant en avant la continuité et la gloire de la dynastie française. Il évoque également la joie des parents royaux et les avantages politiques et religieux de la naissance du Dauphin, qui assure la tranquillité du royaume et de l'Europe. La seconde harangue, prononcée par le Père Xavier de la Sante le 15 décembre suivant, se concentre sur les promesses que le Dauphin représente pour la France. Le Père de la Sante souligne que le Dauphin, en tant que fils d'un roi Bourbon et d'un roi Très-Chrétien, garantit le bonheur du royaume et un soutien à la religion. Il rappelle les vertus des grands rois de la maison des Bourbons, comme Louis IX et Henri IV, et les espérances qu'ils ont suscitées pour le peuple français. Le texte décrit les qualités et les actions des rois de la dynastie des Bourbons, mettant particulièrement en lumière la bonté et la justice de Louis XIII, fils d'Henri IV. Ce monarque a établi la tranquillité en France, étouffé les dissensions domestiques et fait respecter la puissance française à l'étranger. Son règne aurait été le plus glorieux si ce n'était pour ses prédécesseurs et successeurs plus grands que lui. L'orateur loue également Louis XIV, surnommé Louis le Grand, pour ses actions héroïques et son influence positive, même après sa mort. Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, s'efforce de conserver la paix et de gouverner selon les maximes de son aïeul. Il est loué pour son rôle de médiateur en Europe et son attachement à la religion. Le texte souligne l'attachement des Bourbons à la religion, mentionnant Saint Louis, Henri IV et Louis XIV pour leurs efforts contre l'hérésie. Louis XV est décrit comme un monarque pieux, respectueux des choses saintes et attentif aux intérêts de la religion. L'orateur exprime l'espoir que le Dauphin, fils de Louis XV, héritera des vertus de ses ancêtres et contribuera au bonheur de la France et à la défense des autels. Les Français, la Cour et les peuples promettent leur amour et leur soutien au Dauphin, avec des prières et des fêtes en son honneur. L'orateur compare l'affection portée au Dauphin à celle accordée aux précédents Dauphins et promet au fils de Louis XV les mêmes honneurs et affection. Il prédit que le Dauphin régnera de manière heureuse et confiante, avec le soutien de son père.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
73
p. 744-749
Le Belier, Conte, [titre d'après la table]
Début :
LE BELIER, Conte. Par M. le Comte Antoine Hamilton. A Paris, ruë S. Jacques [...]
Mots clefs :
Conte, Prose, Prince, Goût
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Belier, Conte, [titre d'après la table]
LE BELIER , Conte. Par M. le Comte
Antoine Hamilton. A Paris , rue S. Facques
, chez F. Fr. Joffe 1730. in 12. de
330. pages.
Dans un Avis au Lecteur , le Libraire
s'exprime ainfi La profonde érudition
du Comte Antoine Hamilton , la délica
teffe de fon génie & la douceur de fes
moeurs l'ont rendu également cher aux
Sçavans & aux gens du monde. Un grand
Seigneur
AVRIL 1730. 749
Seigneur François ayant pris alliance dans
fa Maiſon , occafionna fes premiers voyages
à la Cour de France. Les Revolutions
d'Angleterre fous Jacques II . y fixerent
prefque fon féjour . Les Traductions des
Contes Perfans , Arabes & Turcs étoient
entre les mains de toutes les Dames de la
Cour & de la Ville ; il railloit les premieres
fur l'attachement qu'elles avoient pour
une lecture fi peu inftructive , mais avec
les ménagemens convenables pour ne pas
bleffer leur amour propre. Un jour on le
défia de faire quelque chofe dans le goût
de ces Ouvrages ; le Comte Hamilton ,
dont le génie pouvoit tout ce qu'il vouloit
, fit voir en peu de jours qu'il fçavoit
badiner avec les Mufes .
Madame la Comteffe de G ... fa foeur ,
avoit acquis depuis quelque tems une
mazure , avec un affez petit terrain , dans
le Parc de cette Maifon Royale qui fait
l'admiration de tout l'Univers , cette mazure
, qu'on nommoit Moulineau , devint
un lieu charmant par les foins vigilans ,
la magnificence & le goût de la Comteffe
de G ... on changea le nom de Moulineau
en celui de Ponthalie. C'eft à l'occafion
de l'étimologie de Ponthalie que,
le
Comte Antoine a fait le Belier ; il y a mille
petits faits déguifés dans cet Ouvrage
qu'il faut laiffer demafquer à qui le pourra
746 MERCURE DE FRANCE
ra; quand on ne devineroit rien , le Conte
n'en feroit pas moins bon ; l'Auteur fçait
badiner legerement , louer avec délicateffe
& critiquer finement.
Ce Manufcrit m'étant tombé dans les
mains ( c'eſt toujours le Libraire qui parle)
j'ai crû que le Public me fçauroit bon gré
de lui donner un Ouvrage qui dans fon
genre n'en a point de fuperieur , felon le
fentiment des gens de goût que j'ai con- .
fultés ,& s'il a le même fuccès que les Mé
moires du Comte de Grammont , qui font du
même Auteur , & le feul Ouvrage qui ait
encore paru de lui imprimé ( c'eft encore
le Libraire qui parle ) je ne ferai point
trompé dans mes efperances.
Dans ce Conte dont les 39. premieres
pages font en Vers , après une Deſcription
de Moulineau , on trouve ce Portrait :
Mais de ces lieux tout l'ornement
Etoit certaine jeune Armide ,
Faite par tel enchantement ,
Que fes regards portoient fans guide
Au fonds des coeurs l'embrafement ;
L'aimer pourtant étoit folie ,
Car l'infenfible Nymphe Alie ,.
Bien loin de vouloir fecourir
Ne cherchoit qu'à faire mourir ;
Tout l'art du Druide ſon Pere
Et
AVRIL. 1730. 747
Et fes enchantemens divers
S'étoient épuisés pour en faire
La merveille de l'Univers.
Depuis ce tems-là chaque Belle
A fuivi ce brillant modele ;
Mais nos modernes Déités
Heritieres de fes beautés ,
"
Et de fa fraîcheur immortelle ,
Par malheur ont emprunté d'elle
Les rigueurs & les cruautés.
Mille Amans : Ciel + quelle foibleflet
Surs de mourir , vouloient la voir ;
La fage & prudente vieilleffe
Y venoit languir fans efpoir ,
Et la floriffante jeuneffe
N'en avoit pas pour juſqu'au foir ;
Rien n'échapoit à la tigreffe ,
Tous les lieux d'alentour étoient tendus de nair
Et l'on voyoit périr fans ceffe
Quelqu'Amant
fec que la tendreffe
Avoit réduit au defefpoir.
Avant de quitter la Poëfie pour prendre
la Profe , l'Auteur fait cette tranfition .
Mais changeons de ftile , il eft tems
Que votre oreille ſe repoſe
Et que les vulgaires accens
Qui
748 MERCURE DE FRANCE
Qui chantoient les évenemens
Faffent place à la fimple Profe.
Le Cheval aîlé court les champs ,
Se cabre , & prend le frein aux dents,
Lors d'une main trop incertaine
Un Auteur par de vains élans ,
'Au milieu des airs fe
promene ;
Mais quand fous quelque efpece vaine à
Réduit au trot il bat des flancs ,
Et bronche au milieu de la Plaine
Il est tout des plus fatiguans.
Un Lecteur qui le fouffre à peine ,
S'endort fur fes pas chancelans ,
Et quels que foient leurs ornemens
Dans un récit de longue haleine
Les vers font toujours ennuyans.
Chez l'importune Poëfie
D'un Conte on ne voit
pas
la fin ;
Car quoiqu'elle marche à grand train ,
A chaque moment elle oublie
Ou fes Lecteurs ou fon deffein
Et fans fe douter qu'elle ennuye
Elle va l'Hiperbole en main ,
Orner un Palais , un Jardin ,
Ou relever en broderie
Tout ce qu'elle trouve en chemin.
Pour donner un petit échantillon de
cette Profe , nous tranfcrirons ici la Déclaration
AVRIL 1730. 749
claration du Prince de Noify à Alie , dont
les Portraits feroient dignes du pinceau de
l'Albane , par le charme & les graces que
l'habile Ecrivain a fçû leur donner .
>> Si vous n'êtes pas la Reine des Dieux
» ou la Mere des Amours, lui dit - il, apre-
» nez moi , je vous prie , qui eft la mortelle
» qui a tant d'éclat & tant de majefté , pour
» n'adorer plus qu'elle fur la terre. Et
» vous , lui répliqua Alie , fi vous n'êtes
» point un de ces Amours dont vous ve-
» nez de parler , qui pouvez- vous être ?
» Mais qui que vous foyez , non -feule-
» ment je reçois vos hommages , mais je
» vous promets de n'en recevoir jamais
» d'autres , pourvû que vous ne foyez pas
» le Prince de Noify ...Le Prince dit tout
» ce que l'amour refpectueux & le plus.
» tendre infpire dans ces occafions ; & la
» belle Alie tout ce que l'innocence dans
» un coeur extrêmement attendri permet
» de répondre,
Antoine Hamilton. A Paris , rue S. Facques
, chez F. Fr. Joffe 1730. in 12. de
330. pages.
Dans un Avis au Lecteur , le Libraire
s'exprime ainfi La profonde érudition
du Comte Antoine Hamilton , la délica
teffe de fon génie & la douceur de fes
moeurs l'ont rendu également cher aux
Sçavans & aux gens du monde. Un grand
Seigneur
AVRIL 1730. 749
Seigneur François ayant pris alliance dans
fa Maiſon , occafionna fes premiers voyages
à la Cour de France. Les Revolutions
d'Angleterre fous Jacques II . y fixerent
prefque fon féjour . Les Traductions des
Contes Perfans , Arabes & Turcs étoient
entre les mains de toutes les Dames de la
Cour & de la Ville ; il railloit les premieres
fur l'attachement qu'elles avoient pour
une lecture fi peu inftructive , mais avec
les ménagemens convenables pour ne pas
bleffer leur amour propre. Un jour on le
défia de faire quelque chofe dans le goût
de ces Ouvrages ; le Comte Hamilton ,
dont le génie pouvoit tout ce qu'il vouloit
, fit voir en peu de jours qu'il fçavoit
badiner avec les Mufes .
Madame la Comteffe de G ... fa foeur ,
avoit acquis depuis quelque tems une
mazure , avec un affez petit terrain , dans
le Parc de cette Maifon Royale qui fait
l'admiration de tout l'Univers , cette mazure
, qu'on nommoit Moulineau , devint
un lieu charmant par les foins vigilans ,
la magnificence & le goût de la Comteffe
de G ... on changea le nom de Moulineau
en celui de Ponthalie. C'eft à l'occafion
de l'étimologie de Ponthalie que,
le
Comte Antoine a fait le Belier ; il y a mille
petits faits déguifés dans cet Ouvrage
qu'il faut laiffer demafquer à qui le pourra
746 MERCURE DE FRANCE
ra; quand on ne devineroit rien , le Conte
n'en feroit pas moins bon ; l'Auteur fçait
badiner legerement , louer avec délicateffe
& critiquer finement.
Ce Manufcrit m'étant tombé dans les
mains ( c'eſt toujours le Libraire qui parle)
j'ai crû que le Public me fçauroit bon gré
de lui donner un Ouvrage qui dans fon
genre n'en a point de fuperieur , felon le
fentiment des gens de goût que j'ai con- .
fultés ,& s'il a le même fuccès que les Mé
moires du Comte de Grammont , qui font du
même Auteur , & le feul Ouvrage qui ait
encore paru de lui imprimé ( c'eft encore
le Libraire qui parle ) je ne ferai point
trompé dans mes efperances.
Dans ce Conte dont les 39. premieres
pages font en Vers , après une Deſcription
de Moulineau , on trouve ce Portrait :
Mais de ces lieux tout l'ornement
Etoit certaine jeune Armide ,
Faite par tel enchantement ,
Que fes regards portoient fans guide
Au fonds des coeurs l'embrafement ;
L'aimer pourtant étoit folie ,
Car l'infenfible Nymphe Alie ,.
Bien loin de vouloir fecourir
Ne cherchoit qu'à faire mourir ;
Tout l'art du Druide ſon Pere
Et
AVRIL. 1730. 747
Et fes enchantemens divers
S'étoient épuisés pour en faire
La merveille de l'Univers.
Depuis ce tems-là chaque Belle
A fuivi ce brillant modele ;
Mais nos modernes Déités
Heritieres de fes beautés ,
"
Et de fa fraîcheur immortelle ,
Par malheur ont emprunté d'elle
Les rigueurs & les cruautés.
Mille Amans : Ciel + quelle foibleflet
Surs de mourir , vouloient la voir ;
La fage & prudente vieilleffe
Y venoit languir fans efpoir ,
Et la floriffante jeuneffe
N'en avoit pas pour juſqu'au foir ;
Rien n'échapoit à la tigreffe ,
Tous les lieux d'alentour étoient tendus de nair
Et l'on voyoit périr fans ceffe
Quelqu'Amant
fec que la tendreffe
Avoit réduit au defefpoir.
Avant de quitter la Poëfie pour prendre
la Profe , l'Auteur fait cette tranfition .
Mais changeons de ftile , il eft tems
Que votre oreille ſe repoſe
Et que les vulgaires accens
Qui
748 MERCURE DE FRANCE
Qui chantoient les évenemens
Faffent place à la fimple Profe.
Le Cheval aîlé court les champs ,
Se cabre , & prend le frein aux dents,
Lors d'une main trop incertaine
Un Auteur par de vains élans ,
'Au milieu des airs fe
promene ;
Mais quand fous quelque efpece vaine à
Réduit au trot il bat des flancs ,
Et bronche au milieu de la Plaine
Il est tout des plus fatiguans.
Un Lecteur qui le fouffre à peine ,
S'endort fur fes pas chancelans ,
Et quels que foient leurs ornemens
Dans un récit de longue haleine
Les vers font toujours ennuyans.
Chez l'importune Poëfie
D'un Conte on ne voit
pas
la fin ;
Car quoiqu'elle marche à grand train ,
A chaque moment elle oublie
Ou fes Lecteurs ou fon deffein
Et fans fe douter qu'elle ennuye
Elle va l'Hiperbole en main ,
Orner un Palais , un Jardin ,
Ou relever en broderie
Tout ce qu'elle trouve en chemin.
Pour donner un petit échantillon de
cette Profe , nous tranfcrirons ici la Déclaration
AVRIL 1730. 749
claration du Prince de Noify à Alie , dont
les Portraits feroient dignes du pinceau de
l'Albane , par le charme & les graces que
l'habile Ecrivain a fçû leur donner .
>> Si vous n'êtes pas la Reine des Dieux
» ou la Mere des Amours, lui dit - il, apre-
» nez moi , je vous prie , qui eft la mortelle
» qui a tant d'éclat & tant de majefté , pour
» n'adorer plus qu'elle fur la terre. Et
» vous , lui répliqua Alie , fi vous n'êtes
» point un de ces Amours dont vous ve-
» nez de parler , qui pouvez- vous être ?
» Mais qui que vous foyez , non -feule-
» ment je reçois vos hommages , mais je
» vous promets de n'en recevoir jamais
» d'autres , pourvû que vous ne foyez pas
» le Prince de Noify ...Le Prince dit tout
» ce que l'amour refpectueux & le plus.
» tendre infpire dans ces occafions ; & la
» belle Alie tout ce que l'innocence dans
» un coeur extrêmement attendri permet
» de répondre,
Fermer
Résumé : Le Belier, Conte, [titre d'après la table]
Le texte présente le conte 'Le Bélier', écrit par le Comte Antoine Hamilton et publié à Paris en 1730. Le libraire met en avant l'érudition, le génie et les mœurs douces de Hamilton, qui lui ont valu l'estime des savants et des gens du monde. Après avoir voyagé en France et s'être installé en Angleterre, Hamilton s'est distingué par ses traductions de contes persans, arabes et turcs, très populaires à la cour. Un jour, défié de créer un ouvrage similaire, Hamilton compose 'Le Bélier' en quelques jours, démontrant ainsi son talent. L'histoire se déroule à Ponthalie, une propriété transformée par la Comtesse de G... à partir d'une ancienne masure appelée Moulineau. Le conte commence en vers, décrivant la beauté et les dangers de la jeune Armide, une nymphe cruelle qui attire les amants vers une mort certaine. Le texte passe ensuite à la prose, critiquant la poésie pour sa tendance à ennuyer les lecteurs dans les longs récits. Le conte inclut également des portraits charmants, comme celui du Prince de Noisy déclarant son amour à Alie. Le libraire espère que cet ouvrage connaîtra le même succès que les 'Mémoires du Comte de Grammont' de Hamilton.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
74
p. 808-809
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On a eu avis de la résolution prise par le Grand-Seigneur de faire une ensreprise sur [...]
Mots clefs :
Prince, Sultan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
Na eu avis de la réfolution prife par le
Grand- Seigneur de faire une ensrepriſe fur
P'Ifle de Corfou , appartenant à la République de
Venife , & qu'on arme à ce fujet une Flotte à
Conftantinople.
On a eu auffi avis de Smirne , qu'on y avoit
reçû la nouvelle que le Prince Thamas , fils du
dernier Roi de Perfe , s'étoit rendu maître d'Ifpaham
, & qu'on ne parloit plus à Conſtantinople
du départ des Troupes que le G. S. devoit
envoyer en Perfe pour fecourir le Sultan Acheraf
& par les dernieres Lettres de Conftantinople on
a appris que le Prince Thamas ayant défait l'Armée
du Sultan Acheraf en trois rencontres, avoit
formé le fiége d'Ifpaham & s'en étoit rendu maître;
qu'enfuite il avoit pris plufieurs autres Villes
confiderables, & qu'on ne doutoit plus qu'il n'entreprît
de reprendre les autres Villes conquifes
par les Puiffances Etrangeres pendant les troubles
du Pays. Ces Lettres ajoûtent qu'on avoit reçû la
nouvelle de la mort du Sultan Acheraf , & qu'à
cette occafion le Grand-Vifir avoit fait affembler
le Divan.
D'autres Lettres qu'on reçoit dans le moment ,
portent que le 26. Fevrier dernier le Grand- Vifir
avoit reçu la nouvelle de la priſe d'Iſpaħam
par l'armée du Prince Thamas , que ce Prince y
avoit fait une entrée triomphante & avoit été
proclamé Souverain de cette partie de la Perfe
aux
AVRIL 1730. 809
#
aux acclamations réiterées des peuples extremement
fatisfaits de fe voir délivrés de l'oppreffion
& de la tyrannie du Sultan Acheraf , qui s'eft retiré
fecretement de la Ville trois jours avant la
prife , avec le refte de fon parti , pour ſe fauver
du côté de la Géorgie , où l'on croit qu'il a été
affaffiné. , & on ajoûte que le bruit de fa mort
avoit déterminé le Grand-Vizir à renvoyer l'Envoyé
qui étoit à Gonftantinoplc de la part de coc JifU1paceur.
Grand- Seigneur de faire une ensrepriſe fur
P'Ifle de Corfou , appartenant à la République de
Venife , & qu'on arme à ce fujet une Flotte à
Conftantinople.
On a eu auffi avis de Smirne , qu'on y avoit
reçû la nouvelle que le Prince Thamas , fils du
dernier Roi de Perfe , s'étoit rendu maître d'Ifpaham
, & qu'on ne parloit plus à Conſtantinople
du départ des Troupes que le G. S. devoit
envoyer en Perfe pour fecourir le Sultan Acheraf
& par les dernieres Lettres de Conftantinople on
a appris que le Prince Thamas ayant défait l'Armée
du Sultan Acheraf en trois rencontres, avoit
formé le fiége d'Ifpaham & s'en étoit rendu maître;
qu'enfuite il avoit pris plufieurs autres Villes
confiderables, & qu'on ne doutoit plus qu'il n'entreprît
de reprendre les autres Villes conquifes
par les Puiffances Etrangeres pendant les troubles
du Pays. Ces Lettres ajoûtent qu'on avoit reçû la
nouvelle de la mort du Sultan Acheraf , & qu'à
cette occafion le Grand-Vifir avoit fait affembler
le Divan.
D'autres Lettres qu'on reçoit dans le moment ,
portent que le 26. Fevrier dernier le Grand- Vifir
avoit reçu la nouvelle de la priſe d'Iſpaħam
par l'armée du Prince Thamas , que ce Prince y
avoit fait une entrée triomphante & avoit été
proclamé Souverain de cette partie de la Perfe
aux
AVRIL 1730. 809
#
aux acclamations réiterées des peuples extremement
fatisfaits de fe voir délivrés de l'oppreffion
& de la tyrannie du Sultan Acheraf , qui s'eft retiré
fecretement de la Ville trois jours avant la
prife , avec le refte de fon parti , pour ſe fauver
du côté de la Géorgie , où l'on croit qu'il a été
affaffiné. , & on ajoûte que le bruit de fa mort
avoit déterminé le Grand-Vizir à renvoyer l'Envoyé
qui étoit à Gonftantinoplc de la part de coc JifU1paceur.
Fermer
Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En avril 1730, des informations ont été reçues sur des actions militaires et politiques en Méditerranée orientale. Le Grand Seigneur a décidé d'attaquer l'île de Corfou, appartenant à la République de Venise, et une flotte est en cours d'armement à Constantinople. Parallèlement, des nouvelles de Smirne rapportent que Thamas, fils du dernier roi de Perse, a pris le contrôle d'Ispahan après avoir vaincu l'armée du sultan Acheraf en trois batailles. Thamas a ensuite assiégé et conquis Ispahan ainsi que plusieurs autres villes importantes. La mort du sultan Acheraf a été annoncée, et le Grand-Vizir a convoqué le Divan. Des lettres ultérieures confirment la prise d'Ispahan par Thamas, qui y a été proclamé souverain et acclamé par la population. Le sultan Acheraf s'est enfui en Géorgie, où il aurait été assassiné, ce qui a conduit le Grand-Vizir à rappeler l'envoyé de l'empereur de Perse à Constantinople.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
75
p. 809-812
RUSSIE.
Début :
La Czarine arriva à Moscou le 19. Fevrier à 2. heures après midi. Dès le matin on fit deux [...]
Mots clefs :
Tsarine, Princesse, Conseil, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
A Czarine arriva à Mofcou le 19. Fevrier à
2. heures après midi . Dès le matin on fit deux
détachemens , l'un du Régiment des Gardes à
cheval & l'autre du Régiment des Gardes Infanterie
, pour aller au-devant de S.-M. Cz. avec
les Députez des trois Etats , qui à une lieuë de
Mofcou lui préfenterent les Clefs de la Ville & du
Château , le Sceptre & la Couronne. Toutes les
rues fur fon paffage étoient tapiffées ; la Bourgeoifie
fous les armes & la Garnifon formoient
une double haye depuis la porte de la Trinité jufqu'à
la grande Eglife , à la porte de làquelle cette
Princeffe fut reçue par l'Archevêque de Novogorod
, accompagné de plufieurs Evêques , Abbez &
autres Ecclefiaftiques de diftinction . Après le Te
Deum, qui fut chanté par la Mufique , la Czarine
fe rendit au Château , où elle fut reçue par la Du--
cheffe de Mekelbourg , fa foeur. Le foir elle reçut
les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs de la Cour.
Cette Princeffe a figné un Decret par lequel !
elle continue tous les Officiers du feu Czar dans
les fonctians de leurs Charges , à la réſerve du
Procureur General Jagozinski , qui a été arrêté
pour avoir voulu exciter une fédition en faveur
H de
810 MERCURE DE FRANCE
de la Princaffe Elifabeth , tante du feu Czar.
Le 26.Février, la Czarine fit fon entrée publique
à Mofcou. Une Compagnie de Grenadiers des
Gardes à cheval commençoit la marche : elle étoit
fuivie de 21. Caroffes à huit chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour& de la principale Nobleffe
à cheval. Les Membres du Haut - Conſeil &
les principaux Boyars marchoient enfuite dans des
Caroffes à fix chevaux : le Caroffe de , Ceremonie
de la Czarine venoit après ; il étoit fuivi d'autres
Caroffes dans lefquels étoient plufieurs Dames
qui font venues de Curlande avec cette Princeffe.
A quelque diftance , un Détachement des Chevaliers
Gardes marchoit devant le Caroffe de
S. M. Cz. attelé de huit chevaux , richement caparaçonnez
, & entouré de Valets de Pied , de
Maures & de Heiduques. Le Prince Bafile Dol--
horuski, le Prince Michel Michalowitz Gallitzin &
le Major General Leontioff , étoient à cheval aux
Portieres du Caroffe de S.M.Cz.un autre Détachement
des Chevaliers- Gardes fermoit la marche.
On avoit élevé trois Arcs de Triomphe dans la
Ville , au premier defquels la Czarine fut complimentée
par les Magiftrats en corps & par les
principaux Habitans ; au fecond , par la Nobleffe
& au troifiéme par le Clergé. La Czarine étant
arrivée à l'Eglife Cathédrale , l'Archevêque de
Novogorod la complimenta , après quoi on chan--
ta le Te Deum , au bruit des falves réiterées de
P'Artillerie & des acclamations du Peuple. S. M.
Cz. après avoir vifité quelques Eglifes , fe rendit
au Château du Crenelin , où elle a réfolu.de faire.
fa réfidence. Les principaux Seigneurs & Dames
de la Cour , eurent l'honneur de la complimenter
& de lui baifer la main.
Le 28. le Senat s'étant affemblé , la nouvelle-
Czarine s'y étant renduë , lui fit un Diſcours ,
conte
AVRIL. 1730. 811
contenant en fubftance qu'elle le remercioit du
foin qu'il avoit pris de remplir le Trône vacant
felon les Lolx & les Conftitutions anciennes de
la Monarchie , & des égards qu'il a eûs à cette
occafion pour fa perfonne ; qu'elle promet de
maintenir de tout fon pouvoir les prérogatives ,
les Privileges & la dignité du Sénat ; qu'elle affure
que tous fes fideles Sujets jouiront d'un gouvernement
doux & paifible , auffi long- temps qu'il
plaira à Dieu de lui conferver la vie : qu'elle promet
de plus qu'elle maintiendra & foutiendra fortement
la Religion Chrétienne Grecque , avec
toutes les ceremonies avec lesquelles elle a été introduite
dans la Ruffie , &c. & qu'elle protegera
les autres Religions que fes Ancêtres ont bienvoulu
tolerer dans leurs Etats , & c.
Avant le départ de la Czarine de Mittau , cette
Princeffe avoit figné une Déliberation qui lui
avoit été préfentée par les Députez du Haut-
Confeil , contenant divers articles , fuivant lefquels
la puiffance fouveraine étoit partagée entre
elle & de Haut- Confeil ; quelques Seigneurs ayant
délibéré entre eux fur cette nouvelle forme de
gouvernement établie par le Confeil , & reconnu
que le Gouvernement Monarchique étoit le feul
qui convint à la Ruffie , demanderent le 8. Marsune
Audience publique à la Czarine. S. M. Cz.
en fit donner avis au Haut-Confeil , qui s'étant
affemblé dans la grande Salle d'Audience , fut témoin
des repréfentations que le Feld- Maréchal
Trubetzkoy & le Knés Alexis Czerkaski , Sénateur
, à la tête de 390. Gentilshommes , firent à
la Czarine contre les conditions qu'elle avoit
agréés ; ils la prierent enfuite de vouloir accepter
la fouveraineté en entier & avec la même autorité
que fes Prédeceffeurs l'avoient poffedée . S. M. Cz.
leur répondit que s'étant engagée par fa figna:ure
Hvja · à
812 MERCURE DE FRANCE
à des conventions contraires , elle devoit fçavoir
files Membres du Haut-Confeil confentoient
qu'elle acceptât les offres de fon Peuple. La plupart
de ceux qui compofoient ce Confeil ayant
marqué par une inclination de tête qu'ils y donnoient
leur confentement , la Czarine accepta la
fouveraineté , & le Grand- Chancelier ayant rapporté
les Articles qu'elle avoit fignez , on les dé→
chira fur le champ ; après quoi S. M. fit un Difcours
, tant pour témoigner fa reconnoiffance aux
Députez de la Nobleffe ,que pour les affurer qu'elle
feroit une veritable mere de la Patrie , & qu'elle
accorderoit à fes Sujets toutes les graces qu'ils
pourroient légitimement efperer.
La fille du Prince Menfikoff , que le feu Czar
avoit eu deffein d'époufer , eft morte au commencement
du mois dernier , & la Princeffe Dolhorucki
, qui a eu l'honneur d'être fiancée avec ce
Prince , s'eft retirée dans une Terre avec le Prince
Dolhorucki fon Pere. La Czarine vient d'accor
der une penfion confiderable à cette Princeffe.
On a envoyé ordre aux Commiffaires de l'Amirauté
de Petersbourg , de faire équiper inceffamment
irois Vaiffeaux de guerre de ..40. Pieces
de Canon , qu'on doit envoyer en France & en
Efpagne avec des Marchandiſes de Ruſſie.
On a donné ordre aux Intendans des Mines
d'Olonitz, d'envoyer des gens experimentez dans
le travail des Mines à Derbent , parce qu'on a
réfolu de mettre en valeur les Mines d'or & d'ar
gent qu'on a découvertes près des Côtes de la
Mer Cafpienne.
A Czarine arriva à Mofcou le 19. Fevrier à
2. heures après midi . Dès le matin on fit deux
détachemens , l'un du Régiment des Gardes à
cheval & l'autre du Régiment des Gardes Infanterie
, pour aller au-devant de S.-M. Cz. avec
les Députez des trois Etats , qui à une lieuë de
Mofcou lui préfenterent les Clefs de la Ville & du
Château , le Sceptre & la Couronne. Toutes les
rues fur fon paffage étoient tapiffées ; la Bourgeoifie
fous les armes & la Garnifon formoient
une double haye depuis la porte de la Trinité jufqu'à
la grande Eglife , à la porte de làquelle cette
Princeffe fut reçue par l'Archevêque de Novogorod
, accompagné de plufieurs Evêques , Abbez &
autres Ecclefiaftiques de diftinction . Après le Te
Deum, qui fut chanté par la Mufique , la Czarine
fe rendit au Château , où elle fut reçue par la Du--
cheffe de Mekelbourg , fa foeur. Le foir elle reçut
les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs de la Cour.
Cette Princeffe a figné un Decret par lequel !
elle continue tous les Officiers du feu Czar dans
les fonctians de leurs Charges , à la réſerve du
Procureur General Jagozinski , qui a été arrêté
pour avoir voulu exciter une fédition en faveur
H de
810 MERCURE DE FRANCE
de la Princaffe Elifabeth , tante du feu Czar.
Le 26.Février, la Czarine fit fon entrée publique
à Mofcou. Une Compagnie de Grenadiers des
Gardes à cheval commençoit la marche : elle étoit
fuivie de 21. Caroffes à huit chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour& de la principale Nobleffe
à cheval. Les Membres du Haut - Conſeil &
les principaux Boyars marchoient enfuite dans des
Caroffes à fix chevaux : le Caroffe de , Ceremonie
de la Czarine venoit après ; il étoit fuivi d'autres
Caroffes dans lefquels étoient plufieurs Dames
qui font venues de Curlande avec cette Princeffe.
A quelque diftance , un Détachement des Chevaliers
Gardes marchoit devant le Caroffe de
S. M. Cz. attelé de huit chevaux , richement caparaçonnez
, & entouré de Valets de Pied , de
Maures & de Heiduques. Le Prince Bafile Dol--
horuski, le Prince Michel Michalowitz Gallitzin &
le Major General Leontioff , étoient à cheval aux
Portieres du Caroffe de S.M.Cz.un autre Détachement
des Chevaliers- Gardes fermoit la marche.
On avoit élevé trois Arcs de Triomphe dans la
Ville , au premier defquels la Czarine fut complimentée
par les Magiftrats en corps & par les
principaux Habitans ; au fecond , par la Nobleffe
& au troifiéme par le Clergé. La Czarine étant
arrivée à l'Eglife Cathédrale , l'Archevêque de
Novogorod la complimenta , après quoi on chan--
ta le Te Deum , au bruit des falves réiterées de
P'Artillerie & des acclamations du Peuple. S. M.
Cz. après avoir vifité quelques Eglifes , fe rendit
au Château du Crenelin , où elle a réfolu.de faire.
fa réfidence. Les principaux Seigneurs & Dames
de la Cour , eurent l'honneur de la complimenter
& de lui baifer la main.
Le 28. le Senat s'étant affemblé , la nouvelle-
Czarine s'y étant renduë , lui fit un Diſcours ,
conte
AVRIL. 1730. 811
contenant en fubftance qu'elle le remercioit du
foin qu'il avoit pris de remplir le Trône vacant
felon les Lolx & les Conftitutions anciennes de
la Monarchie , & des égards qu'il a eûs à cette
occafion pour fa perfonne ; qu'elle promet de
maintenir de tout fon pouvoir les prérogatives ,
les Privileges & la dignité du Sénat ; qu'elle affure
que tous fes fideles Sujets jouiront d'un gouvernement
doux & paifible , auffi long- temps qu'il
plaira à Dieu de lui conferver la vie : qu'elle promet
de plus qu'elle maintiendra & foutiendra fortement
la Religion Chrétienne Grecque , avec
toutes les ceremonies avec lesquelles elle a été introduite
dans la Ruffie , &c. & qu'elle protegera
les autres Religions que fes Ancêtres ont bienvoulu
tolerer dans leurs Etats , & c.
Avant le départ de la Czarine de Mittau , cette
Princeffe avoit figné une Déliberation qui lui
avoit été préfentée par les Députez du Haut-
Confeil , contenant divers articles , fuivant lefquels
la puiffance fouveraine étoit partagée entre
elle & de Haut- Confeil ; quelques Seigneurs ayant
délibéré entre eux fur cette nouvelle forme de
gouvernement établie par le Confeil , & reconnu
que le Gouvernement Monarchique étoit le feul
qui convint à la Ruffie , demanderent le 8. Marsune
Audience publique à la Czarine. S. M. Cz.
en fit donner avis au Haut-Confeil , qui s'étant
affemblé dans la grande Salle d'Audience , fut témoin
des repréfentations que le Feld- Maréchal
Trubetzkoy & le Knés Alexis Czerkaski , Sénateur
, à la tête de 390. Gentilshommes , firent à
la Czarine contre les conditions qu'elle avoit
agréés ; ils la prierent enfuite de vouloir accepter
la fouveraineté en entier & avec la même autorité
que fes Prédeceffeurs l'avoient poffedée . S. M. Cz.
leur répondit que s'étant engagée par fa figna:ure
Hvja · à
812 MERCURE DE FRANCE
à des conventions contraires , elle devoit fçavoir
files Membres du Haut-Confeil confentoient
qu'elle acceptât les offres de fon Peuple. La plupart
de ceux qui compofoient ce Confeil ayant
marqué par une inclination de tête qu'ils y donnoient
leur confentement , la Czarine accepta la
fouveraineté , & le Grand- Chancelier ayant rapporté
les Articles qu'elle avoit fignez , on les dé→
chira fur le champ ; après quoi S. M. fit un Difcours
, tant pour témoigner fa reconnoiffance aux
Députez de la Nobleffe ,que pour les affurer qu'elle
feroit une veritable mere de la Patrie , & qu'elle
accorderoit à fes Sujets toutes les graces qu'ils
pourroient légitimement efperer.
La fille du Prince Menfikoff , que le feu Czar
avoit eu deffein d'époufer , eft morte au commencement
du mois dernier , & la Princeffe Dolhorucki
, qui a eu l'honneur d'être fiancée avec ce
Prince , s'eft retirée dans une Terre avec le Prince
Dolhorucki fon Pere. La Czarine vient d'accor
der une penfion confiderable à cette Princeffe.
On a envoyé ordre aux Commiffaires de l'Amirauté
de Petersbourg , de faire équiper inceffamment
irois Vaiffeaux de guerre de ..40. Pieces
de Canon , qu'on doit envoyer en France & en
Efpagne avec des Marchandiſes de Ruſſie.
On a donné ordre aux Intendans des Mines
d'Olonitz, d'envoyer des gens experimentez dans
le travail des Mines à Derbent , parce qu'on a
réfolu de mettre en valeur les Mines d'or & d'ar
gent qu'on a découvertes près des Côtes de la
Mer Cafpienne.
Fermer
Résumé : RUSSIE.
Le texte décrit l'arrivée et l'accession au trône de la nouvelle czarine en Russie. Le 19 février, elle arrive à Moscou où elle est accueillie par des détachements des régiments des Gardes à cheval et des Gardes Infanterie, ainsi que par les députés des trois états qui lui remettent les clefs de la ville et du château, le sceptre et la couronne. Les rues sont décorées et la bourgeoisie ainsi que la garnison forment une double haie jusqu'à la grande église. Après un Te Deum, elle se rend au château où elle est reçue par la duchesse de Meckelbourg, sa sœur. Le soir, elle reçoit les compliments des ministres étrangers et des seigneurs de la cour. La czarine signe un décret confirmant tous les officiers du précédent tsar dans leurs fonctions, à l'exception du procureur général Jagozinski, arrêté pour avoir tenté de fomenter une sédition en faveur de la princesse Élisabeth, tante du défunt tsar. Le 26 février, elle fait son entrée publique à Moscou, accompagnée d'une procession solennelle incluant des carrosses, des nobles et des détachements des Chevaliers Gardes. Elle est acclamée par les magistrats, la noblesse et le clergé, et se rend à l'église cathédrale où un Te Deum est chanté. Elle visite ensuite quelques églises avant de se rendre au château du Kremlin, où elle décide de résider. Le 28 février, la czarine s'adresse au Sénat, remerciant les sénateurs pour leur rôle dans la transition et promettant de maintenir les prérogatives et les privilèges du Sénat. Elle assure également un gouvernement doux et paisible, et la protection de la religion chrétienne grecque ainsi que des autres religions tolérées dans l'État. Avant son départ de Mittau, la czarine avait signé une délibération proposée par les députés du Haut-Conseil, partageant la puissance souveraine entre elle et le Haut-Conseil. Cependant, le 8 mars, des seigneurs demandent une audience publique pour lui proposer d'accepter la souveraineté en entier. Après avoir obtenu le consentement du Haut-Conseil, elle accepte la souveraineté et fait un discours de reconnaissance et d'assurance à la noblesse. Le texte mentionne également la mort de la fille du prince Menfikoff et le retrait de la princesse Dolhorucki dans une terre avec son père. La czarine accorde une pension à cette princesse. Enfin, des ordres sont donnés pour équiper des vaisseaux de guerre et exploiter les mines d'or et d'argent près des côtes de la mer Caspienne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
76
p. 821-823
MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
Début :
Le Corps du Czar Pierre II. fut inhumé le 22 Février, dans le Tombeau des Czars, qui [...]
Mots clefs :
Roi, Tsar, Prince, Pape, Épouse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
MORTS , NAISSANCES
des Pays Etrangers.
Liz Ferrier , dans le Tombeau des Czars, qui
E Corps du Czar Pierre II . fut inhumé le
eft dans l'Eglife de S. Michel de Mofcou.
On mande de Rome que le 25. Février au foir,
1le Corps du feu Pape fut porté de la Chapelle du
S. Sacrement , où il étoit en dépôt , au Choeur
de l'Eglife de S. Pierre , où on fit fes Obfeques
avec les ceremonies accoûtumées . M. Simonetti
Archevêque Titulaire de Nicofie , fit la Bediction
du Cercueil de Cyprès , dans lequel le Corps
fut mis. L'Abbé Acquaviva , mit à fes pieds , felón
la coûtume , trois Bourfes remplies , l'une
de Médailles d'or , une autre de Médailles d'argent
& la troifiéme de Médailles de cuivre. Le
Cardinal Finif ayant demandé la Mitre du feu
Pape, on lui en remit une autre & on la donna à
ce Cardinal. Toutes les ceremonies des Obfeques
étant finies , le Corps du Pape fut inhumé devant
le Choeur des Muficiens , vis- à - vis le Tombeau
du Pape Innocent VIII .
Therefe Cunegonde Sobieski , fille de Jean III.
Roi
822 MERCURE DE FRANCE
Roi de Pologne , mort le 17. Juin 1696. & de
Marie Cazimire Louife de la Grange d'Arquien,
morte à Blois le 30. Janvier 1716. Electrice
Douairiere de Baviere , qui faifoit fon féjour à
Venife depuis environ un an , y mourut d'une
colique la nuit du 10 au 11. Mars , dans la 55 .
année de fon âge , étant née le 4. Mars 1676.
Le feu Electeur de Baviere Maximilien - Marie
Emanuel , mort le 26. Fevrier 1726. l'avoit époufée
en fecondes Noces le 2. Janvier 1695. & il a
eu d'elle huit Princes & une Princeffe dont il ne
refte que Charles Albert Caetan , à préfent Electeur
de Baviere , Ferdinand- Marie , Clement-
Augufte , Electeur de Cologne , & Jean Theodore
, Evêque de Ratisbonne , & Marie-Anne- Caroline
, qui fit profeflion dans le Monaftere de
S. Jacob de l'Ordre de fainte Claire , le 29. Octobre
1719. Le 13. le corps de l'Electrice Douairiere
de Baviere fut expolé dans l'Eglife Collegiale
de S. Simon , d'où il fera tranfporté à Munich.
On vient d'apprendre qu'il y étoit arrivé
& qu'on faifoit dans la Capitale de grands préparatifs
pour les obfeques.
Charles Langrave de Heffe- Caffel mourut à
Caffel le 23. du mois dernier , vers les fix heures
du foir , âgé de 75. ans , fept mois & dix jours ,
étant né le 13. Août 1654. Ce Prince avoit époufé
le 21. May 1671. Marie Amelie , fille de Jacques,
Duc de Curlande , dont il a cu quinze enfans
fçavoir , onze Princes & quatre Princeffes ; l'aîné
des Princes qui vivent actuellement eft le Roi de
Suede , qui a époufé en fecondes noces Ulrique
Eleonore , foeur du feu Roi de Suede , Charles
XII. dont il n'a point d'enfans ; les freres du
Roi de Suede font le Prince Guillaume de Heffe-
Caffel , Lieutenant General de la Cavalerie Hollandoife
, Gouverneur de Maeftricht qui a >
époufé
AVRIL . 1730. 823
époufé Dorothée Guillelmine , fille du Duc de
Saxe Zeits , Maximilien qui a épousé Frederique
Charlotte de Heffe Darmstadt , George que le
Roi de Pologne fit Chevalier de l'Aigle Blanc en
Juillet 1723. Charles qui entra au fervice du Roi
T. Ch. en Mars 1721. & fut fait Lieutenant General
de fes Armées le 18. du même mois , &
Guillaume qui en Octobre 1721. fut fait Colonel
du Regiment de Cavalerie que le Roi de Suede
entretient au fervice des Etats Generaux ; des
quatre Princeffes filles du Landgrave , il ne refte
que Sophie Charles , mariée au Duc Frederic
Guillaume de Meckelbourg Schwerin , & Marie
Louiſe , veuve du Prince de Naflau Dietz , Stadhouder
de Frife & de Groningue.
Le Cardinal Benoît Pamphile mourut à Rome
le 25. Mars , âgé de 77. ans prefque accomplis ,
étant né le premier Avril 1653. Il étoit petit
neveu du Pape Innocent X. oncle paternel du
Prince Pamphile , & l'unique créature qui reftat
du Pontificat d'Innocent XI . qui le fit Cardinal
le premier Septembre 1681. Il étoit Prefet de la
fignature de Grace & de la Bibliotheque du Vatican
, Archiprêtre,de l'Eglife de S. Jean de Latran
& Titulaire du grand Prieuré de Rome.
Le 14. Avril , la Comteffe Douairiere de Waldgrave
, mere du Comte de ce nom , Ambaffadeur
du Roi d'Angleterre à la Cour de l'Empereur ,
mourut à Londres d'une attaque d'apoplexie ;
elle étoit fille naturelle du Roi Jacques II. & de
My Lady Arabelle Churchill , four du feu Duc
de Marlborough. Le Lord Henry Waldgrave
dont elle étoit veuve , eft mort en France où il
avoit fuivi le Roi Jacques.
Le 22. du mois dernier , la Princeffe Epoufe
du Prince de Piémont , accoucha à Turin d'une
Princeffe.
des Pays Etrangers.
Liz Ferrier , dans le Tombeau des Czars, qui
E Corps du Czar Pierre II . fut inhumé le
eft dans l'Eglife de S. Michel de Mofcou.
On mande de Rome que le 25. Février au foir,
1le Corps du feu Pape fut porté de la Chapelle du
S. Sacrement , où il étoit en dépôt , au Choeur
de l'Eglife de S. Pierre , où on fit fes Obfeques
avec les ceremonies accoûtumées . M. Simonetti
Archevêque Titulaire de Nicofie , fit la Bediction
du Cercueil de Cyprès , dans lequel le Corps
fut mis. L'Abbé Acquaviva , mit à fes pieds , felón
la coûtume , trois Bourfes remplies , l'une
de Médailles d'or , une autre de Médailles d'argent
& la troifiéme de Médailles de cuivre. Le
Cardinal Finif ayant demandé la Mitre du feu
Pape, on lui en remit une autre & on la donna à
ce Cardinal. Toutes les ceremonies des Obfeques
étant finies , le Corps du Pape fut inhumé devant
le Choeur des Muficiens , vis- à - vis le Tombeau
du Pape Innocent VIII .
Therefe Cunegonde Sobieski , fille de Jean III.
Roi
822 MERCURE DE FRANCE
Roi de Pologne , mort le 17. Juin 1696. & de
Marie Cazimire Louife de la Grange d'Arquien,
morte à Blois le 30. Janvier 1716. Electrice
Douairiere de Baviere , qui faifoit fon féjour à
Venife depuis environ un an , y mourut d'une
colique la nuit du 10 au 11. Mars , dans la 55 .
année de fon âge , étant née le 4. Mars 1676.
Le feu Electeur de Baviere Maximilien - Marie
Emanuel , mort le 26. Fevrier 1726. l'avoit époufée
en fecondes Noces le 2. Janvier 1695. & il a
eu d'elle huit Princes & une Princeffe dont il ne
refte que Charles Albert Caetan , à préfent Electeur
de Baviere , Ferdinand- Marie , Clement-
Augufte , Electeur de Cologne , & Jean Theodore
, Evêque de Ratisbonne , & Marie-Anne- Caroline
, qui fit profeflion dans le Monaftere de
S. Jacob de l'Ordre de fainte Claire , le 29. Octobre
1719. Le 13. le corps de l'Electrice Douairiere
de Baviere fut expolé dans l'Eglife Collegiale
de S. Simon , d'où il fera tranfporté à Munich.
On vient d'apprendre qu'il y étoit arrivé
& qu'on faifoit dans la Capitale de grands préparatifs
pour les obfeques.
Charles Langrave de Heffe- Caffel mourut à
Caffel le 23. du mois dernier , vers les fix heures
du foir , âgé de 75. ans , fept mois & dix jours ,
étant né le 13. Août 1654. Ce Prince avoit époufé
le 21. May 1671. Marie Amelie , fille de Jacques,
Duc de Curlande , dont il a cu quinze enfans
fçavoir , onze Princes & quatre Princeffes ; l'aîné
des Princes qui vivent actuellement eft le Roi de
Suede , qui a époufé en fecondes noces Ulrique
Eleonore , foeur du feu Roi de Suede , Charles
XII. dont il n'a point d'enfans ; les freres du
Roi de Suede font le Prince Guillaume de Heffe-
Caffel , Lieutenant General de la Cavalerie Hollandoife
, Gouverneur de Maeftricht qui a >
époufé
AVRIL . 1730. 823
époufé Dorothée Guillelmine , fille du Duc de
Saxe Zeits , Maximilien qui a épousé Frederique
Charlotte de Heffe Darmstadt , George que le
Roi de Pologne fit Chevalier de l'Aigle Blanc en
Juillet 1723. Charles qui entra au fervice du Roi
T. Ch. en Mars 1721. & fut fait Lieutenant General
de fes Armées le 18. du même mois , &
Guillaume qui en Octobre 1721. fut fait Colonel
du Regiment de Cavalerie que le Roi de Suede
entretient au fervice des Etats Generaux ; des
quatre Princeffes filles du Landgrave , il ne refte
que Sophie Charles , mariée au Duc Frederic
Guillaume de Meckelbourg Schwerin , & Marie
Louiſe , veuve du Prince de Naflau Dietz , Stadhouder
de Frife & de Groningue.
Le Cardinal Benoît Pamphile mourut à Rome
le 25. Mars , âgé de 77. ans prefque accomplis ,
étant né le premier Avril 1653. Il étoit petit
neveu du Pape Innocent X. oncle paternel du
Prince Pamphile , & l'unique créature qui reftat
du Pontificat d'Innocent XI . qui le fit Cardinal
le premier Septembre 1681. Il étoit Prefet de la
fignature de Grace & de la Bibliotheque du Vatican
, Archiprêtre,de l'Eglife de S. Jean de Latran
& Titulaire du grand Prieuré de Rome.
Le 14. Avril , la Comteffe Douairiere de Waldgrave
, mere du Comte de ce nom , Ambaffadeur
du Roi d'Angleterre à la Cour de l'Empereur ,
mourut à Londres d'une attaque d'apoplexie ;
elle étoit fille naturelle du Roi Jacques II. & de
My Lady Arabelle Churchill , four du feu Duc
de Marlborough. Le Lord Henry Waldgrave
dont elle étoit veuve , eft mort en France où il
avoit fuivi le Roi Jacques.
Le 22. du mois dernier , la Princeffe Epoufe
du Prince de Piémont , accoucha à Turin d'une
Princeffe.
Fermer
Résumé : MORTS, NAISSANCES des Pays Etrangers.
Le texte mentionne plusieurs décès et naissances de personnalités étrangères. Liz Ferrier a été inhumée dans l'église de Saint-Michel à Moscou, où repose également le corps du tsar Pierre II. À Rome, le corps du pape décédé a été transféré à la chapelle du Saint-Sacrement et inhumé devant le chœur des musiciens, face au tombeau du pape Innocent VIII. La princesse Thérèse Cunégonde Sobieski, fille du roi Jean III de Pologne et de Marie Casimire Louise d'Arquien, est décédée à Venise à l'âge de 55 ans. Elle était veuve de l'électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel et mère de plusieurs enfants, dont l'électeur Charles Albert de Bavière. Le landgrave Charles de Hesse-Cassel est mort à Cassel à l'âge de 75 ans, laissant onze fils et quatre filles. Le cardinal Benoît Pamphile est décédé à Rome à l'âge de 77 ans. Il était petit-neveu du pape Innocent X et avait occupé plusieurs postes ecclésiastiques. La comtesse douairière de Walgrave, fille naturelle du roi Jacques II et de Lady Arabelle Churchill, est morte à Londres d'une attaque d'apoplexie. Enfin, la princesse épouse du prince de Piémont a accouché d'une princesse à Turin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
77
p. 1134-1146
REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Début :
Je croyois, Monsieur, qu'il suffisoit que la Médaille de François I. encore [...]
Mots clefs :
Médaille, Devises, François I, Gouverneur, Symboles, Salamandre, Prince, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
REMARQUES fur la Médaille de
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
François Duc de Valois , Comte d'Angoulême
&c. dont il eft parlé dans le Mercure
de Juin 1727. Vol. 2. page 1364.
addreffées à M. le Marquis de Pierrepont..
J
5.
E croyois , Monfieur , qu'il fuffifoit
que la Médaille de François I. encore
Enfant , au revers de la Salamandre dont
je conferve l'original , & dont je vous
envoyai le deffein avec ma 2. Lettre fur
le Voyage de Baffe Normandie , eut parû
gravée dans le Mercure pour m'exemter
de faire là -deffus aucune recherche , perfuadé
que vous prendriez foin de nous expliquer
cette efpece d'Enigme , du moins
qu'elle reveilleroit l'attention de quelque
Homme de Lettres qui pourroit inftruire
le Public. Ennuyé de ne rien voir paroître
fur ce fujet , j'ai employé quelque petit
loifir pour l'examiner , & voici à quoi
fe réduit tout ce que j'ai trouvé qu'on
peut dire fur cette Médaille .
La prévention generale veut que la Salamandre
ne fût le fymbole ou la deviſe
de François I. que depuis que ce Prince
parvint à la Couronne de France ; on
I. Vol voit
JUIN. 1730. 1135
voit effectivement ce fymbole fur la plûpart
des grands Edifices conftruits par fes
ordres durant fon Regne , & fur plufieurs
de fes Médailles . Je ne me fouviens pas
de l'avoir vû employée fur aucun Monument
avant cette Epoque , à l'exception
de notre Médaille frappée en l'année
M. D. IV. qui étoit la ro. de la vie de
ce même Prince , nommé alors François,
Duc de Valois , Comte d'Angoulême.
Le premier Auteur que j'ai confulté
pour fçavoir fi cette prévention étoit bien
fondée , eft Mezeray , & j'ai trouvé qu'elle
ne peut pas fubfifter avec le témoignage
de cet Hiftorien.
» François I. n'étant encore que Duc
» de Valois , dit Mezeray , page 1042. du
» 2. T. le Roi Louis XII . lui donna Ar-
» tus de Gouffier pour fon Gouverneur.
» C'étoit le Seigneur le plus fage & le
>> plus Chrétien de toute la Cour , qui
>> reconnoiffant que le naturel de fon nou
» riffon étoit excellent , mais femblable
>> aux terres franches qui produifent bien-
>> tôt des orties & des chardons fi elles ne
» font cultivées , n'omit aucun foin pour
planter dans un fi bon fonds toutes les
» vertus que doit avoir un grand Prince.
» Or , pour lui faire connoître qu'il de-
» voit appliquer la vivacité de fon génie
aux bonnes chofes , non pas à la vanité,
I. Vol. D iiij
ni
1136 MERCURE DE FRANCE
>> ni à la violence , où elle eût pû ſe por-
» ter auffi bien qu'aux belles actions , il
» lui choifit la Devife de la Salamandre
» qui fe nourrit dans les flammes , mais
» qui tempere fa trop grande activité par
» fa froideur , comme le fignifient ces
» paroles qui l'accompagnent : NOTRISCO
EL BUONO STINGUO ET REO. Au
» refte , il n'eft pas vrai que la Salaman-
» dre cherche le feu pour s'en nourrir
> ni même qu'elle puiffe durer long- tems
dans un grand brafier ; mais il eft conf-
» tant qu'elle eft fi froide , qu'elle peut
éteindre un petit feu .
Mezeray ne fe contente pas de rappor
ter ce fait , il le prouve , & le rend certain
, en rapportant auffi à la fin du Regne
de François I. toutes les Médailles
frappées pour ce grand Prince , qui font
venues à fa connoiffance . Elles font au
nombre de XXVII. la premiere eft juſtement
celle dont il s'agit ici , au revers de
la Salamandre dans le feu , avec une pareille
Legende pour le fens car le graveur
a manqué d'exactitude dans quelques
Lettres , il s'eft beaucoup plus mé
pris dans l'année qui ne peut pas
être
M. CCCC. IIII . comme il le marque ,
mais M. CCCCC. IIII . Au furplus ,
*
* Notrifco e bueno fringe el reo ,M. CCCC.111 .
I. Vol MezeJUIN.
1730. 1137
Mezeray n'a point fait graver la tête du
Prince , alors Duc de Valois , & âgé feulement
de 10. ans , ce qui étoit le plus
curieux. Il n'avoit apparemment pas vû
la Médaille en original. Ainfi , Monfieur,
la mienne qui fert d'ailleurs à corriger
les fautes duGraveur,en devient plus confiderable;
& c'eft , comme vous voyez , la
premiere qui ait été frappée pour ce Prince
, avec le fymbole inventé ( felon Mezeray
) par le Seigneur de Gouffier , plus
de dix ans avant qu'il montât fur le Trône.
Ce n'eft donc pas en qualité de Roi de
France que ce fymbole a été donné d'abord
à François I. Il y a plus. * Paradin
veut qu'il ait appartenu auparavant à
Charles , Comte d'Angoulême fon pere ;
mais il n'en donne aucune preuve. Il me
fouvient , ajoûte- t'il , avoir vû une Médaille
en bronze dudit feu Roi François ,
peint en jeune Adoleſcent , au revers de
laquelle étoit cette Devife de la Salamandre
enflammée , avec ce mot Italien
Nodrifco il buono , & pengo il reo.
Voilà , Monfieur , encore notre Mé--
* La Salamandre avec des flammes de feu 97
étoit la Devise du feu noble & magnifique
Roi François , & auffi auparavant de Charles,
Comte d'Angoulême fon pere. JE NOURRIS ET
FTEINS. Paradin. Devifes Héroïques &c. Paris
1622. in- 8.
I..Vol. D v dáille,
1138 MERCURE
DE FRANCE
daille du jeune Duc de Valois , Comte
de
d'Angoulême , que Paradin ne cite que
mémoire , & dont il rapporte la Devife à
fa maniere. Cette Piéce , comme l'on voit,
étoit déja rare en 1622.tems de l'impreffion
du Livre de cet Auteur , qui cite auffi
une riche tapifferie de Fontainebleau
chargée du même fymbole de la Salamandre
, & accompagnée de ce Diſtique :
Urſus atrox , Aquilæque leves , & tortilis Anguis
Cefferunt flammæ jam , Salamandra , tuæ.
C'eſt une allufion aux expeditions glorieufes
de François I. en Suiffe , en Allemagne
& dans le Milanois. Au refte , Paradin
n'eft pas le feul qui fait remonter
ce fameux fymbole jufqu'au pere de
François I. Jean le Laboureur dans fes
Tombeaux illuftres , après avoir parlé de
la Cerémonie du tranfport du coeur de
ce Prince aux Celeftins de Paris , ajoûte
, le S' d'Hemery d'Amboife lui donne la
Salamandre pour devife , & dit que le Roi
François fon fils la porta après lui.
Le même , le Laboureur en rapportant
auffi ce qui fe paffa le 22. May
1547. lorfque le coeur de ce Monarque
fut pareillement porté aux Celeftins, ob-
* Charles de Valois , Duc d'Orleans , Comte
d'Angouléme.
I. Vol.
ferve
JUIN. 1730 . 1139
1
ferve que fa Devife fut une Salamandre
dans les flammes , avec ce mot , Nutrifco
& extinguo. Quelques - uns l'ont , dit- il ,
interprêté avoir été le fymbole de vertu &
generofité de ce Roi en quelque entreprise que
cefût ; d'autres , entre lesquels eft Paul Jove,
difent que ce fut une Devife amoureuse pour
montrer qu'il brûloit du feu d'amour ..
& qu'il fe nourriffoit du feu de cet amour.
Le même Auteur dit auffi qu'il y ajoûta ce
mot Italien , mi nutriſco .
Il y a lieu d'être furpris que le P. Daniel
qui a pû être inftruit de toutes ces
chofes , qui cite même Paradin fur ce fu-
>
jet , ait
écrit
fi
affirmativement
que
François
I. prit
pour
fymbole
une
Salamandre
avec
ces
mots
de
fon
invention
: NUTRISCO
ET
EXTINGU
O.
Deux
chofes
extrêmement
douteufes
, fçavoir
que
ce
Prince
ait
choifi
lui
- même
ce
fymbole
, &
qu'il
foit
auffi
l'inventeur
de
la
Devife
, comme
le veut
le
P.
Daniel
. La
Médaille
qui
donne
lieu
à mes
Remarques
détruit
abfolument
cette
idée
; elle
eft
frappée
pour
ce
même
Prince
, elle
contient
le
même
fymbole
mais
le
Prince
n'avoit
alors
.
comme
on
l'a
déja
dit
, que
10.
ans
;
il
n'étoit
pas
en
âge
de
fe
choifir
un
fymbole
, encore
moins
d'inventer
là- deffus
des
paroles
convenables
; la
Deviſe
eſt
d'ailleurs
differente
fur
ce
Monument
>
,
I. Vol. D vj
incon1140
MERCURE DE FRANCE
inconteftable de celle dont parle le Pere
Daniel.
Cet Auteur ajoûte qu'il a peine à penetrer
le fens & la finefle des deux mots
de la Devife en queſtion ; il croit cependant
que le Prince vouloit faire comprendre
que comme cet animal , ainſi qu'on le dit
vit au milieu du feu , de même il étoit à l'é
preuve des plus rudes revers de la Fortune..
Enfin le P. Daniel qui avoit vû dans Paradin
ce qui eft dit de la Médaille du jeu
ne Duc de Valois au revers de la Salamandre
, avec la Devife Italienne : No-
2.
DRISCO IL BUONO ET SPENGO IL
REO , explique ainfi cette autre Devife :
Par où il marquoit , dit- il , fa bonté & fon
équité qui le rendoient liberal envers les gens
de bien , & lui faifoient punir les mechans,
Ma ſurpriſe augmente à cette autre interpretation
, qui prouve au moins que
le P. Daniel n'a pas fait attention aux
paroles expreffes de l'Auteur qu'il cite ,
que j'ai rapportées cy-devant , & que je
fuis obligé de repeter ici : Il me fouvient
avoir vu une Médaille en bronze dudit
feu Roi François peint en jeune Adoleſcent,
au revers de laquelle & c. Je vous laiffe ,
Monfieur , juger fi ce jeune Adolefcent ,
dont je vous ai marqué l'âge précis par
ma Médaille , étoit en état de punir les
méchans & de marquer fa liberalité en-
I. Vol.
vers;
JUIN. 1730. 1140
vers les gens de bien . La même raifon veut
qu'il n'étoit pas plus capable alors de don--
ner à cet Emblême une Deviſe Italienne
qu'une Devife Latine . Car le P. Daniel
ajoûte que l'Ame Latine fut apparemment
faite d'après l'Italienne qui fut abbregée
par ce Prince même , ou par quelqu'autre
qui ne fçavoit pas mieux le Latin que lui ;
car le Nutrifco n'est pas un mot Latin.
C'eft , ce me femble , tout ce qu'on peut
accorder là- deffus ; Nutrifco n'eft pas un
mot Latin ; cela eft certain ; mais tout le refte
paroît un peu hazardé. Quoiqu'il en foit ,
il doit du moins refulter de ces Obferva
tions que ce n'eft point François I. foit
comme Duc de Valois , foit comme Roi
de France , qui a inventé le fymbole & la
Devife de la Salamandre , que ce fymbole
paroît pour la premiere fois fur une Médaille
de ce Prince , frappée dans fon bas
âge , & dix ou douze ans avant fon ave
nement à la Couronne & enfin qu'à
moins qu'on ne produife une Médaille
ou quelqu'autre Monument inconteſtablequi
porte le même fymbole , fait pour
Charles de Valois , Comte d'Angoulême ,
ce que Paradin , le Laboureur & Damboife
ont avancé la- deffus fe trouve dénué
* Il faut entendre celle dont parle Paul Jo--
ve , cité par Paradin.
I. vol.
de
1142 MERCURE DE FRANCE
de preuves , & avancé fans fondement.
Dans ces circonftances , je ne vois
Monfieur , aucun inconvenient de nous
en rapporter à Mezeray , Auteur plus
exact , & d'un plus grand poids que les
trois dont je viens de parler , & de donner
l'invention de ce fymbole & des paroles
qui l'accompagnent à Artus de Gouffier,
Gouverneur du Prince , dans l'intention
& par les raifons marquées dans l'Hif
toire. C'eft , fans doute , ce fage Gouverneur
qui a fait frapper la Médaille
je poſſede , dont l'Epoque & l'âge du
Prince démontrent que c'eft la premiere
qui ait été faite pour lui ; elle confirme auffi
mes Remarques fur ce fujet.
que
Il paroît par plufieurs autres Médailles
frappées depuis que ce Prince fut monté
fur le Trône , qu'il aima particulierement
ce fymbole qui lui venoit d'une perfonne
cherie & refpectable . J'en rapporterai
feulement quatre du nombre de celles
que j'ai déja dit avoir été gravées & expliquées
dans Mezeray , fçavoir la 6. fur
le revers de laquelle eft une Salamandre
couronnée dans les flammes , Nutrifco &
extinguo , je m'y nourris & je l'éteins. La
23. une F couronnée , la Salamandre au
pied de cette Lettre , & pour Devife : Opera
Domini magna , frappée par les Echevins
de Paris , en mémoire du Bâtiment
I. Vol. de
JUIN 1730. 1143
24.
de l'Hôtel de Ville. La la Salamandre
dans le feu , & couronnée ; le champ de la
Médaille eft femé de la lettre F & de feurs
de Lys , avec ces mots : Extinguo , nutrior.
Et la 25. la Salamandre couchée au milieu
des flammes , les diffipe ou les amortit
par fon haleine , tournant la tête vers
une Couronne qui eft au - deffus , pour
marquer la grandeur du courage du Roi;
Pour Legende ces deux Vers autour :
Diſcutit hæc flammam ; Francifcus robore men
tis
Omnia pervicit , rerum immerſabilis undis.
Ces quatre Médailles ont été frappées
en or , & fe trouvent encore en certains
Cabinets ; elles prouvent la variation qu'il
y a eu dans l'application du fymbole de
la Salamandre , & dans les paroles qui
Font accompagné , fuivant les tems & les
differentes vûës des perfonnes qui l'ont
employé depuis le premier Inventeur. Aut
furplus , ne faifons point de procès ou
de mauvaiſe chicane à ceux qui ont eftropié
quelque mot Italien, en gravant ou en
imprimant la Devife en queftion , comme
je l'ai remarqué au commencement ?
on n'étoit pas fi exact en ce tems là . Cela
ne fait rien au fond du fujet , & ne diminuë
en rien le mérite du monument
1. Vol. ori144
MERCURE DE FRANCE
original qui eft gravé dans le Mercure.
Peut être , Monfieur , ne ferez-vous pas
fâché qu'en finiffant j'ajoûte un mot en
faveur du perfonnage , à qui Mezeray en
attribue l'invention. Artus de Gouffier ,
Comte d'Estampes & de Caravas , Seigneur
de Boify, &c. étoit iffu d'une illuf
tre & ancienne Maifon de la Province de
Poitou , laquelle a été feconde en grands
Hommes. Il étoit fils de Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Boify , Baron de
Roanés , de Maulevrier, de Bonnivet, &c .
Premier Chambellan du Roy , Gouverneur
de Languedoc & de Touraine , &o .
Gouverneur du Roy Charles VIII . & de
Philippe de Montmorency.
François I. dont il fut Gouverneur , lecombla
de biens & d'honneurs ; il lui donna
la Charge de Grand- Maître de France,
& le Gouvernement de Dauphiné , le fit
fon principal Miniftre , & l'honora de
plufieurs Ambaffades importantes , dont
la principale fût vers les Electeurs de
Empire , après la mort de l'Empereur
Maximilien , pour déterminer leurs fuffrages
en faveur du Roy fon Maître.
Quelque temps auparavant Charles V.
Roy d'Espagne , qui fût depuis Empereur
, ayant propofé un accommodement,
le Roy nomma de fa part , pour Chef de
la Negociation , Artus de Gouffier , & le
I. Vol.. Roi.
JUIN. 1730. 1145
Roy d'Eſpagne Antoine de Crouy , Seigneur
de Chierres , qui avoit auffi été ſon
Gouverneur. Ces Seigneurs s'affemblerent
à Noyon , & firent le Traité qui porte
ce nom dans l'Hiftoire , lequel fut ratifié
par les deux Rois . La France ne profita
pas long- temps du Miniftere d'un homme
fi fage , & Artus de Gouffier n'eut pas
le déplaifir de voir les difgraces de l'Etat.
Il mourut en l'année 1519. laiffant un fils
unique , Claude de Gouffier , qui fut
Duc de Roanés , Pair de France , par
érection de 1566. Comte de Caravas , &c.
Grand-Ecuyer de France , & dont la pofterité
a formé plufieurs branches , & c.
Deux Freres d'Artus de Gouffier ,
Adrien & Guillaume de Gouffier , furent
élevez à des Charges & à des Dignitez
confiderables ; le premier fut Evêque
d'Alby , puis Cardinal , Legat'en France ,
& Grand- Aumônier. Le fecond eft celebre
dans l'Hiftoire fous le nom d'Amiral
de Bonnivet , s'étant fort fignalé par mer
& par terre. Il fut auffi Gouverneur de
Dauphiné & de Guyenne.
Deux autres Freres furent diftinguez
dans l'Eglife , fçavoir Pierre de Gouf-
* Doublet , dit le nouvel Hiftorien de S. Denys,
nous a confervé l'Epitaphe de Pierre de Gouf
fier , mort en 1516. gravée sur une Tombe d'ar
doife , qui fe voyoit autrefois dans le Choeur de
I. Vola S
1146 MERCURE DE FRANCE
fier , Abbé de S. Denys , & de S. Pierre
fur Dive , & Aimar , qui fut Evêque de
Coutances , puis d'Alby , Abbé de Lagny
, & enfin fucceffeur de fon frere en
l'Abbaye de faint Denys .
Un cinquième Frere , Guillaume de
Gouffier , Seigneur de Bonnivet , puis de
Thois ,par fon fecond mariage fait la Branche
des Seigneurs & Marquis de Bonnivet.
Il fe diftingua dans les guerres d'Italie, &
fut tué à la journée de Pavie en 1524.
Je paffe les autres illuftrations & les
grandes alliances de cette Maifon , qui
fubfifte encore aujourd'huy dans les per
fonnes du Marquis de Thoy , pere du
Marquis de Gouffier , du Comte de Roanés
, & du Marquis de Bonniver. Je ne
diray rien non plus de fes differentes
Branches de Caravas , d'Efpagny , de Brazeux
, de Heilly , &c. me contentant de
remarquer que la Duché de Roanés eft
fortie de cette illuftre Maifon par le mariage
de Charlotte de Gouffier , Ducheffe
de Roanés , qui épouſa en 1667. François
d'Aubuffon de la Feuillade , Pair & Maréchal
de France , & c.
Je fuis , Monfieur , & c.
A Paris , le 2. Fanvier 1729.
8. Denys , avec fes Armes qui font d'or à trois
Jumelles de fable.
Le Marquis de Thoy eft depuis decedé le z
Bars 1729.
Fermer
Résumé : REMARQUES sur la Médaille de François Duc de Valois, Comte d'Angoulême &c. dont il est parlé dans le Mercure de Juin 1727. Vol. 2. page 1364. addressés à M. le Marquis de Pierrepont.
Le texte aborde la médaille de François I, alors Duc de Valois et Comte d'Angoulême, et son symbole de la salamandre. L'auteur, attendant sa publication dans le Mercure de Juin 1727, a décidé de l'examiner lui-même. Contrairement à la croyance générale, la salamandre était déjà le symbole de François avant son accession au trône, apparaissant sur une médaille frappée en 1504. L'historien Mezeray rapporte que ce symbole a été choisi par Artus de Gouffier, gouverneur de François, pour lui enseigner la modération et l'application de son génie aux bonnes causes. La devise associée, 'Nutrisco et extinguo' (Je nourris et j'éteins), confirme cette origine. Mezeray affirme que cette médaille est la première frappée pour François, avant son règne. D'autres auteurs comme Paradin mentionnent ce symbole, mais sans preuves solides. L'auteur conclut que le symbole et la devise ont été inventés par Gouffier et non par François lui-même, qui n'avait que 10 ans à l'époque. Plusieurs médailles ultérieures montrent des variations de ce symbole et de sa devise. L'auteur souligne l'importance de ne pas juger les erreurs mineures de gravure ou d'impression, car elles n'affectent pas la valeur historique du monument. Le texte traite également de la famille Gouffier et de ses membres influents sous le règne de François I. Artus de Gouffier, Gouverneur de François I, reçut de nombreux honneurs et charges, dont celle de Grand-Maître de France et le Gouvernement de Dauphiné. Il fut également principal ministre et ambassadeur auprès des Électeurs de l'Empire pour influencer leurs suffrages en faveur de François I. Charles V, futur Empereur, proposa un accommodement, et François I nomma Artus de Gouffier et Antoine de Crouy pour négocier le Traité de Noyon. Artus de Gouffier mourut en 1519, laissant un fils unique, Claude de Gouffier, Duc de Roanés et Pair de France. Deux frères d'Artus, Adrien et Guillaume, occupèrent des postes importants : Adrien devint Cardinal et Grand-Aumônier, tandis que Guillaume, connu sous le nom d'Amiral de Bonnivet, se distingua par ses exploits militaires. Deux autres frères, Pierre et Aimar, furent également notables dans l'Église. Guillaume de Gouffier, Seigneur de Bonnivet, fut tué à la bataille de Pavie en 1524. La famille Gouffier subsiste encore aujourd'hui à travers plusieurs branches, dont le Marquis de Thoy, le Comte de Roanés et le Marquis de Bonniver.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
78
p. 1402-1427
Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Début :
Le 27. Juin, l'Opera Comique fit l'ouverture de son Theatre à la Foire [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Foire Saint-Laurent, Comédie, Vaudeville, Vizir, Sagesse, Prince, Jardin, Amants, Amour, Vertu, Fille, Sagesse, Bonheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 27. Juin , P'Opera Comique fir
l'ouverture de fon Theatre à la Foire
S. Laurent par une Piéce nouvelle en Vaudeville
, intitulée Zemine & Almanfor
fuivie des Routes du Monde ; ces deux
Piéces font précedées d'un Prologue qui a
pour titre L'Induftrie. Le tout orné de
Divertiffemens , de Danfes & c.
La Scene du Prologue fe paffe devant le
Palais de l'Industrie , dont la moitié du Bâtiment
paroît moitié gothique & moitié
II. Vol
moderne
JUIN. 1730. 1403
-
à
moderne. Pierrot & Jacot defcendent
dans un char. Jacot fe plaint de la voiture
, & dit qu'il n'aime pas à fe voir dans
un char volant neuf cens piés au deffus
des ornieres ; Je vois bien , lui répond
Pierrot , que tu ne te plais pas voyager
côte à côte des nuages. Cependant , mon cher
petit frere Jacot , puifque je t'aifait recevoir
depuis peu par mon crédit à l'Opera Comique,
ilfaut bien que tu te faffes à la fatigue ; car
vois- tu , nous devons effuyer les mêmes corvées
que les Divinités de l'Opera,
Sur l'Air , Ramonez ci &c.
Attachés à des ficelles ,
Il nous faut , volant comme elles ,
Mais avec moins de fracas ,
Ramoner ci , ramoner là , la , la , la ,
La Couliffe du haut en bas.
Jacot demande à fon frere quel eft le
Palais qui fe préfente à fes yeux , & dans
quel deffein un Enchanteur de leurs amis
vient de les y tranſporter ; Pierrot lui
répond que ce Palais , quoique délabré, eft
le féjour de la Nouveauté , dont ils ont
grand befoin pour leur Théatre , & tandis
qu'il reſte à la porte , il envoye Jacot
pour découvrir s'il n'en eft point quelqu'autre
qui foit ouverte. L'Antiquité fort
du Château , & parle Gaulois à Pierrot ,
II. Vol.
qui
1404 MERCURE DE FRANCE
qui rebuté de fon langage l'appelle radoteufe
: elle le frappe avec fa béquille , &
le laiffe là . Pierrot la pourfuit ; il eſt arrêté
par la Chronologie , qui lui reproche
le crime qu'il commet en ne refpectant
pas la venerable Antiquité . Pierrot lui
demande quel eft fon emploi ; la Chronologie
lui décline fon nom & fes titres.
Pierrot la. prie de lui donner des nouvelles
de la Nouveauté ; la Chronologie , loin
de lui répondre jufte , commence toutes
fes Phrafes par des Epoques , & veut l'entretenir
des Olimpiades de l'Egire de Mahomet
& autres dates celebres ; cela impatiente
Pierrot ; il la chaffe, & dit , l'Enchanteur
m'a joué d'un tour ; il me promet
de me transporter au Palais de la Nouveauté
... j'y trouve d'abord une vieille Decrépite
, & enfuite une faifeufe d'Almanachs.
Dans ce moment l'Industrie avance ; Pierrot
la prend pour la Nouveauté ; elle le
défabule , & lui dit que la Nouveauté eſt
morte depuis plus de quatre
mille ans
qu'elle n'en eft que la copie , que le Public
tombe quelquefois dans l'erreur fur
fon compte , & prend l'induftrie pour la
Nouveauté. Je renouvelle , ajoûte l'Induftrie
, non feulement les habits & les meubles,
mais je rajeunis les vieux Ouvrages d'efprit,
& chante fur l'Air , Robin turelure & c.
II. Vol. Dans
JUIN.
1405 1730.
· Dans un moderne morceau ,
Je joins par une coûture
De Terence un fin lambeau ...
Pierrot.
Ture lure.
Chacun voit la rentraiture .
L'Induftrie , ironiquement.
Robin , turelurelure.
Alors Pierrot lui expofe les befoins de
l'Opera Comique , qui manque de Piéces
nouvelles ; l'Induftrie lui préfente un
Drame intitulé Zemine & Almanfor , Sujet
tiré de l'Hiftoire de Tartarie , dont Bourfaut
a pris fon dénouement d'Ejope à la
Cour. Le Public n'a pas approuvé cette
reffemblance , quoique fondée fur une autorité
irrécufable , & cela , fans doute, par
ce qu'il a plus vu la Comédie d'Efope à
la Cour qu'il n'a lû l'Hiftoire de Tartarie.
Pierrot marque fon inquiétude à l'Induftrie
, qui lui réplique qu'il fait le Public
plus méchant qu'il n'eft , qu'il s'eft
bien accommodé de tous les Ocdipes &
de toutes les Mariannes qu'on lui a re
tournées de cent façons.
Lefecond Drame offert par l'Induftrie,
eft intitulé les Routes du Monde. Jacot
II. Vol. G IC
1406 MERCURE DE FRANCE
revient dans cet inftant , & excuſe ſon
retardement par le plaifir qu'il a eu à voir
repeter un Balet Comique ; l'Induſtrie
leur apprend que c'eft une Fête qu'on prépare
pour elle , & qu'ils peuvent voir.
Elle eft executée fur le champ par les Chevaliers
de l'Induſtrie , figurés par des
Zanis Italiens. Voici les paroles du Vaudeville
de ce Divertiffement.
VAUDEVILLE.
Dans les Jardins de l'Induſtrie
Phoebus & la Galanterie
S'en vont cueillant foir & matin , tin tin tin tią
Mais en vain leur adreffe trie , ho ho ho !
Ce n'eft jamais du fruit nouveau.
On voudroit connoître une Belle ,
A fon Epoux toujours fidelle ,
Et voir l'Epoux auffi conftant , tan tan tan
Un ménage de ce modele , ho ho ho
Ce feroit là du fruit nouveau.
Dès la bavetté on fonge à plaire ;
La fille en fçait plus que
fa mere ,
Qui pourtant jeune a coqueté , té té té ;
Et dans les Jardins de Cithere , ho ho ho !
On trouve peu de fruit nouveau.
I I. Vol. Un
JUIN. 1730.
1407
Un Cadet de race Gaſcone ,
Qui n'emprunte pas & qui donne ,
Et qui convient qu'on l'a battu , tu tu tu
Sur les Rives de la Garone , ho ho ho,
Ce feroit là du fruit nouveau.
Un Grand du mérite idolâtre ,
Géometre vif & folâtre ,
Actrice vouée à Yeſtá , ta ta ta ,
Par ma foi fur plus d'un Théatre , ho ho he
Ce ſeroit là du fruit nouveau.
Ce Prologue eft fuivi de Zemine & Al
manfor , en un Acte. La premiere Scene
fe paffe entre Pierrot , Confident d'Almanfor
, Vizir & fils de Timurcan , Roi
'd'Aſtracan , mais crû fils de l'Emir Abe
nazar , & Lira , Suivante de Zemine , fille
de l'Emir Abenazar , & cruë fille du Roi
Timurcan. Voici le premier Couplet que
chante Pierrot , fur l'Air , Chers amis , que
mon ame eft ravie :
Oüi , Lira , fi tu tiens ta promeffe ,
Par l'Hymen j'efpere que dans peu
Tu verras couronner notre feu ; a
Du Monarque enfin touché de leur tendreffe ,
Nos Amans ont obtenu l'aveu ;
Le Vizir mon Maître époufe la Princeffe ;
II. Vol.
Gij L'a
1408 MERCURE DE FRANCE
L'amitié du bon Roi d'Aftracan
L'éleve juſqu'au premier rang.
Lira répond à Pierrot que Zemine fa
Maitreffe ne craindra donc plus la prédiction
d'une Devinereffe qui lui a depuis
peu annoncé qu'elle alloit être mariée au
fils d'un Souverain. Pierrot applaudit au
bonheur de fon Maître , qui , quoique
jeune,le furpaffe en prudence & en valeur;
il n'oublie pas dans fon Eloge qu'il n'eft
pourtant pas de meilleure maifon que lui,
& qu'ils ont gardé enfemble les moutons.
Lira lui demande par quel hazard Almanfor
eft devenu fi grand Seigneur ; je vais
te le dire , répond Pierrot Un jour que
notre grand Roi Timurcan chaffoit autour
de chez nous , il rencontra le petit Almanfor
qui lifoit l'Hiftoire de Tartarie en faisant
paître fon troupeau , il s'amusa à caufer avec
lui ; il le trouva gentil , bien avifé , & le
prit en affection. Sur ces entrefaites mourut
Kalem , pere du jeune Berger , que Timurcan'
fit auffi-tôt venir à la Cour. Il le fit
élever en Prince , & l'envoya enfuite dans
fes Armées , où il fe diftingua bientôt. IL
joignit même dans peu de temps les talens
du Miniftere au mérite guerrier , & devint
Grand-Vizir par le fecours de fa . feule
vertu. L'année derniere , comme il revenoit
de la frontiere , il paſſa par notre Village
II. Vol.
aveg
JUIN. 1730 . 1409
3
avec une troupe degens de guerre ,
il
m'apperçut
dans la foule, & me dit : Eh ! te voilà,
mon pauvre Pierrot , approche , approche ...
il chante :
Je lui tirai ma reverence 2
Enfuite je lâchai ces mots :
Ces Moutons gaillards & difpos
Que mene là Votre Excellence ,
Ne fe laifferoient pas , je penfe
Manger la laine fur le dos.
,
Il rit de ce trait de malice qui lui rappelloit
fa premiere condition , & changea
la mienne , en m'emmenant avec lui. On
} débite , interrompt Lira s qu'il eft fort
defintereffe ; Pierrot lui avoue qu'il a eu
long tems cette opinion , mais qu'il en
eft defabuſe , depuis que déjeunant avec
Jacot , Secretaire du Prince Alinguer , il
a entendu Almanfor qui enfermé dans un
cabinet , faifoit cette exclamation : Air ,
L'autre jour ma Cloris.
O précieux Tréfor !
Si jamais dans fa courfe
On arrête Almanfor ,
Tu feras fa reffource ;
O Tréfor mes amours
Je t'aimerai toujours.
-II. Vol. Lira G iij
1410 MERCURE DE FRANCE
Lira conclud que le Vizir amaffe des remedes
contre la défaveur , & que l'on
agit prudemment dans l'incertitude de
fon fort : Oui , vraiment , répond Pierrot
, & chante fur l'Air : Adieu panier.
Quand on a rempli fes pochetes ,
Si l'on eft chaffé par malheur , -
En fuyant , on dit de bon coeur
Adieu panier , vendanges font faites.-
A ces mots , Zemine arrive éplorée , &
leur dit que la prophetie de la Devinereffe
va s'accomplir , que l'inconnu fixé
depuis peu à la Cour d'Aftracan vient de
lui déclarer fon amour , & de lui apprendre
en même tems qu'il étoit fils du Monarque
de la Ruffie : Helas , s'écrie - t'elle,
Alinguer eft fils d'un Roi puiſſant , Alman--
for fimple Sujet ne tiendra pas contre lui !
fur l'Air : Pour paſſer doucement la vie.
Il a le mérite en partage ;
Mais le mérite par malheur
Ne trouve pas fon avantage
A luter contre la Grandeur.
Lira apperçoit de loin Timurcan qui
fe promene ; Zemine va le joindre pour
le toucher en fa faveur ; Pierrot refte feul
avec Lira , & lui expofe la crainte que
II. Vol. fait
JUIN. 1730. 141
fait naître dans fon efprit le haut rang du
Rival de fon Maître . Il exige un aveu
décifif pour lui ; Lira en le flattant lui déclare
pourtant qu'elle prétend fuivre le
fort de Zemine. Jacot paroît , & contefte
avec Pierrot fur les amours d'Alinguer ;
il prétend que ce Prince époufera Zemine
, & que lui , en qualité de Secretaire ,
deviendra le mari de Lira ; elle les quitte
en leur déclarant qu'elle époufera celui
des deux dont le Maitre obtiendra fa
Maitreffe. Les deux confidens rivaux reftent
enfemble , & continuent leur dif
pute ; ils y mêlent des difcours fur la fortune
& le tréfor caché du Vizir , qui
font interrompus par l'arrivée du Roi &
du Prince Alinguer. Pierrot & Jacot fe
retirent. Alinguer demande Zemine en
mariage ; le Roi lui apprend qu'elle n'eft
pas heritiere de fon Royaume , qu'il a
un fils que des raifons politiques l'ont
empêché jufqu'ici de faire paroître ;
Alinguer répond en Amant genereux ,
qu'il n'exige point d'autre dot que la
perfonne de Zemine ; le Roi lui objecte fa
parole donnée au Vizir Almanfor , & fait
le Panegyrique de fes vertus. Alinguer
piqué , ofe le contredire , & lui dit que
ce Miniftre , dont il vante fi fort le défintéreffement,
a un tréfor confiderable qu'il
dérobe à fa connoiffance , & dont , fans
II. Vol.
Giiij doute
1412 MERCURE DE FRANCE
doute , il doit faire un ufage crimine!. H
jette de violens foupçons dans l'efprit de
Timurcan , & offre de lui produire un
témoin fidele qui le conduira à l'endroit
où font enfermées les richeffes fecretes
d'Almanfor. Le Roi ébranlé confent à
cette vifite , & fort avec le Prince de
Ruffie.
Le Théatre change , & repréfente une
Salle de la Maifon du Vizir , où l'on ne
voit rien qui ne foit d'une grande fimplicité
. Almanfor y eft avec Zemine , à
qui il exalte fon bonheur & fon amour ;
Pierot vient leur annoncer gayement l'arrivée
du Roi , qui va , dit- il , unir Almanfor
& la Princeffe , ce qui lui procu
rera l'avantage d'époufer Lira. Le Roi
entre furieux , & reproche au Vizir fon
prétendu tréfor ; Jacot arrive , & montre
à Timurcan le Cabinet où l'on doit le
trouver. On l'ouvre par ordre de Timurcan
, & l'on n'y trouve que la houlete
& l'habit que portoit Almanfor quand il
étoit Berger : Je les gardois , dit - il , pour
me rappeller ma naiſſance , & pour les reprendre
, Seigneur , fi vous m'ôtiez votre
faveur & c.
La vertu d'Almanfor ayant éclaté dans
fon plus grand jour , le Roi lui apprend
qu'il eft fon fils ; cette découverte favorable
pour la gloire d'Almanſor , attriſte
II. Vol. fon
JUIN 1730. 1413
fon amour ; Zemine qui reconnoît qu'il
eft fon frere , partage fa douleur , & fe
plaint avec refpect au Roi d'Aftracan de
ce qu'il a permis qu'elle aime le Prince
Almanfor. Timurcan termine leur trou
ble , & comble leur joye , en leur appre
nant qu'ils nneeffoonntt point unis par le fang,
&
que
Zemine
eft
fille
de l'Emir
Abena
zar. Almanfor
remercie
le Roi
de ces
heu
reux
éclairciffemens
, & chante
ce Cou
plet
:
Le grand Nom que je tiens de vous
Flatte l'amour qui me domine
Il me devient d'autant plus doux
Qu'il fait plus d'honneur à Zemine
Ah ! dit Zemine à Almanfor ::
Seigneur , de vos tranfports je juge par moimême
;
Vous avez herité de mon noble défir ;
Fille de Timurcan , quel étoit mon plaifir
D'élever mon Berger à la grandeur fuprême
Pierot obtient Eira , & chaffe Jacot . La
Piéce finit par une Fête champêtre , execurée
par les Habitans du Village où a été
élevé Almanfor..
La feconde Piéce , auffi d'un Acte , compofée
de Scenes détachées , eft allegorique
& morale , tant par les idées que par quel-
II Vol. ques
1414 MERCURE DE FRANCE
د
ques- uns de fes perfonages ; elle eft inti ,
tulée les Routes du monde. Le . Théatre re
préfente dans les aîles les Jardins d'Hebé,
& dans le fond trois Portiques qui commencent
les trois chemins que prennent
les hommes en fortant de la Jeuneffe. Le
Portique du milieu eft étroit , compofé de
Rochers couverts de ronces avec cette
Infcription : Le chemin de la Vertu . Le
fecond , à droite , plus large ( ainfi que le
troifiéme qui eft à gauche ) eft orné de
tous les fimboles des honneurs & des richeffes
, & a pour titre , Le chemin de la
Fortune. Le troifiéme , intitulé Le chemin
de la Volupté , paroît chargé des attributs
des Plaiſirs , du Jeu , de l'Amour &
de Bacchus. La Scene ouvre par Leandre,
conduit par le Tems.
Leandre , Air : Amis , fans regreter Pa--
ris &c.
O Saturne , Doyen des Dieux
Des Peres le moins tendre ...
O Tems , dites -moi dans quels lieux
Vous conduifez Leandre ?
Le Tems , Air : Contre mon gré je cheriss
Peau :
Je vais vous expliquer cela ;
Voyez ces trois Portiques là ,
Du monde ils commencent les routes
11. Vol. On
JUIN. 1415 1730.
On doit ( telle eft la loi du fort )
Paffer fous l'une de ces Voutes
Quand des Jardins d'Hebé l'on fort.
Leandre.
Depuis que je vis dans ces Jardins , je
n'avois point encore apperçû ces trois
Portiques .
Le Tems.
Je le crois bien ; vous ne pouviez les
voir fans moi .
Air : Quand le péril eft agréable .
Ici dans une Paix profonde ,-
Les Jeunes Gens font jour & nuit ;
C'eſt le Tems feul qui les conduit
Près des routes du monde.
Mais je ne leur fais pas toujours comme
à vous , l'honneur de me rendre viſible.
Leandre confiderant les Portiques.
Que ces Portiques là fe reffemblent peu!
Le Tems.
Les chemins aufquels ils conduifent
font encore plus differens.-
Leandre montrant le Portique de la Fertu,
Air: Fe fuis la fleur des garçons du Village.
II. Vol. G-vis Que
1416 MERCURE DE FRANCE
Que ce chemin me paroît effroyable !
Mes yeux en font épouvantés !
Le Tems.
I eft pourtant à la plus adorable.
De toutes les Divinités.
r
Leandre , Air Philis , en cherchant for
Amant.
Eh ! quelle eft donc la Déïté
Par qui peut être fréquenté
Ce paffage étroit , peu battu ,
Paf tout de ronces revêtu ?
Le Tems.
C'eft la Vertu .
La Vertu
Leandre étonné.
Le Tems , Air : Sois complaifant , & cà
De la vertu la demeure épouvante ,
De fon chemin l'entrée eft rebutante
Mais
La fortiè en eft brillante ; -
C'eft la Gloire & fon Palais.
Le Portique, à droite, enrichi d'or & de
pierreries ,mene au Temple de la Fortune;:
II. Val par
JUIN. 1730 1417
par cette Porte on voit paffer , Air : J'ai
fait fouvent réfoner ma Mufette.
Le Peuple altier , dangereux , formidable
Des Conquerans & des Agioteurs ;
Ces derniers - ci ( le fait eft incroyable )
Ont avec eux compté quelques Auteurs.
Leandre , Air : Voyelles anciennes.
Ce chemin ne me tente pas
Le Tems.
C'eft pourtant le plus magnifique .
Leandre montrant le Portique de la Volupté
Cet autre a pour moi plus d'appas .
Quel eft donc ce galand Portique ?
Le Tems
C'eft celui de la Volupté ;
Tous les plaifirs en font l'enſeigne
Des trois c'eſt le plus fréquenté ,
Quoique très -fouvent on s'en plaigne .
Leandre.
Je ne vois là que des violons , des ver
res , des bouteilles , des cartes & des dez :
Le Tems.
C'eft ce qui fait qu'on y met la preffe..
O
ça , nous allons 繄 nous féparer ; mais
II. Vol avant
1418 MERCURE DE FRANCE
avant que je vous quitte , il faut que je
vous donne un avis falutaire ; ayez grand
foin de fuir la Débauche qui rode fans
ceffe autour de ces Portiques ...
Leandre.
Oh ! la Débauche m'a toujours fait horreur
; elle ne me féduira pas.
Le Tems , Air : Baifez moi donc , me di
foit Blaife.
Vous êtes dans l'erreur , Leandre ;
Craignez de vous laiffer furprendre ;
Fuyez cette Sirene là ;
Déguifant fon effronterie ,
Devant vous elle paroîtra
Sous le nom de Galanterie.
Leandre.
Je fuis bien aile de fçavoir cela.-
Adieu .....
Le Tems..
Leandre le retenant.
Encore un moment .... Air : Il faut
que je file file.
Sur un point qui m'embaraffe
Je voudrois vous confulter
11.-Vol.-
JUIN
1730. 1419
Le Tems voulant toujours s'en aller.
Cela ne fe peut ....
Leandre l'arrêtant encore.
De
grace ››
Daignez encor m'écouter ...
Le Tems.
C'eft trop demeurer en place 5 .
Suis-je fait pour y refter ?
Le Tems toujours paffe paffe ,
Rien ne fçauroit l'arrêter.
On a donné cette Scene - ci entiere , patce
qu'on ne pouvoit gueres expofer plus
fuccinctement le fujet de la Piéce.Leandre
refté feul , delibere fur le chemin qu'il doit
choifir ; mais , dit- il , Air : Les filles de
Nanterre.
Suis- je donc à moi-même ,
Et Maître de mes voeux ?
On eft à ce qu'on aime
Quand on eft amoureux.
Oui , c'est à l'aimable Angelique à difpo
fer de mon fort ; allons la chercher , & prenons
enfemble des mefures pour fléchir fon
Tuteur qui s'oppose à notre hymen.
Dans le moment qu'il veut partir , il eſt
arrêté par la Débauche , qui fous le nom
1.1. Volg
det
1420 MERCURE DE FRANCE
de Galanterie s'efforce de l'attirer à elle ;
Leandre refifte à fes difcours fuborneurs,
& la quitte. Elle le fuit , voyant paroître
une mere coquette avec ſa fille , en diſant
qu'elle n'a que faire là . Araminte , mere
de Lolotte , eft fort parée : elle a du rouge,
des mouches , des fleurs & des diamans- :
fa fille eft en fimple grifette & en linge
uni. Araminte prêche Lolotte , & veut la
faire entrer dans le chemin de la Vertu ;
Lolotte y repugne , & fe deffend avec opi
niâtreté.
Araminte , Air Je ne fuis né ni Roi ni
Prince.
Votre coeur en fecret murmure
De n'avoir point une parure ,
A faire briller vos appas ;
Vous n'avez point de modeſtie .
Lolotte.
Eh ! pourquoi n'en aurois -je pas ?
Sans ceffe je vous étudie ?
Araminte , Air : Ma raifon s'en va beau
train .
1
Vous me repondez , je crois ...
Lolotte.
Je répons ce que je dois ;
N'ai - je pas raifon
II. Vol.
De
JUI N. 1730. 1421
De trouver fort bon
Ce qu'en vous je contemple
Araminte.
Oh ! ne fuivez que ma leçon ...
Lolotte..
Je fuivrai votre exemple , lon la
Je fuivrai votre exemple,
La conteftation d'Araminte & de Lolotte
finit par le parti que prend la mere d'être
la conductrice de fa fille dans la route des
plaifirs où elles entrent enſemble. La Debauche
reparoît , & dit : Je fçavois bien le
chemin que cette petite fille là prendroit.
Mais j'apperçois mes deux voifines. C'est
la Sageffe & la Richeffe qui fortent l'une
du Portique de la Vertu & l'autre de celui
de la Fortune , & s'efforcent de s'attirer des
Chalans. La bonne Marchandife que vous
criez là toutes deux , leur dit ironiquement.
la Sageffe, Air : Vous qui vous macquez par
vos ris.
Elle eft d'un fort bon acabit.
La Richeffe
Nous fçavons l'une & l'autre
Tout le bien que le monde dit
Déeffe , de la vôtre ...
II. Vol. ·LA
1422 MERCURE DE FRANCELa
Débauche.
Mais elle n'eft point de débit ,
Et nous vendons la nôtre.
Therefe , jeune perfonne bien élevée ,
refufe les offres de la Richeffe , refifte aux
attraits de la Débauche , & fuit la Sageffe
qui la conduit dans le chemin de la Vertu.
La voilà bien charmée de nous avoir enlevé
une petite fille , dit la Richeffe Bon , répond
la Débauche , nous lui en fouflons
bien d'autres. Un jeune heritier en grand
deuil & en pleureufes furvient : Dépensez,
lui crie la Débauche , amaffez , lui dit la
Richeffe , Air : Le Cotillon de Thalie.
A préfent Phomme në fçait plus
Compter les vertus
Que par les écus
Comme votre pere
Il faut faire ,
Toujours courir fus ,
Aux Jacobus ,
Aux Carolus.
A préfent l'homme ne fçait plus &c.
›
L'Heritier , tout bien confideré , fe livre
à la Débauche , fuivant la loüable
coûtume de bien des Mineurs. Guillot
Payfan , remplace l'Heritier ; mais comme
II. Vol.
il
JUIN. 1730 1423
il n'a rien , il dit qu'il veut commencer
fa carriere par le chemin de la Fortune.
Mais , lui dit la Débauche , Air : Attendez
moi fous l'Orme.
Mais la Richeffe exige"
Un travail dur & long ;
A cent foins elle oblige ..
La Richeffe.
Dans le Commerce , bon ,
La finance moins fouche
Procure un gain plus promt ;:
Un Créfus , fur fa couche ,
Croît comme un champignon .
La Débauche détermine la Richeffe à
favorifer promtement Guillot , & à le luf
remettre opulent ; Guillot toujours avide
de nouveaux dons , demande qu'on ajoûte
s'il fe peut , une promte nobleffe à fa
promte richeffe : on lui accorde fa Requête.
Ho ! ho ! dit-il , Air : Nos plaifirs
feront peu
durables.
Quan plaifi ! quan bone avanturé ,
Au mitan de ma parenté ,
Qu'eft jufqu'au cou dans la roture !!
Je frai tou feul de qualité..
Guillot , après une promeffe de vivre
très noblement dès qu'il feroit riche , &
II. Vol.
le
1424 MERCURE DE FRANCE
le feul Gentilhomme de fa famille , entre
vîte dans le Portique de la Fortune , guidé
par la Richeffe. La Débauche le fuit
un moment pour l'encourager encore
dans fes bons deffeins.
Angelique arrive avec fon Tuteur , qui
lui propofe trois maris contre fon inclination
. L'amour interrompt ce fâcheux
entretien , chaffe le Tuteur & confeille à
Angelique d'époufer Léandre qu'elle
aime. Mais vous n'y pensez pas , dit- elle
au petit Dieu ; ce mariage fait fans l'aven
de mon Tuteur, m'écarteroit du chemin de
la vertu. Vous n'y pense pas vous même
lui répond le fils de Venus , ce font les
triftes Mariages faits fans l'aveu de l'amour
qui écartent du chemin de la vertu. L'irré
folution d'Angelique eft vaincuë par
Léandre qui lui apporte le confentement
de fa famille pour leur Hymen. La Débauche
revient à la charge & s'oppose à
l'union légitime des deux Amans ; ils la
rebutent elle appelle à fon fecours les
Plaifirs libertins qui fortent par Troupesdes
Portiques de la Fortune & de la Vo
lupté. Ils danfent & font briller leurs
charmes dangereux aux yeux de Léandre
& d'Angelique. La Sageffe & les Plaifirs
innocens fortent par le Portique de la
Vertu. Les Plaifirs libertins étonnez , leur
;
II. Vol. cedent
JUIN. 1730. 1425
cedent le paffage qu'ils prétendoient leur
fermer.
La Sageffe , aux deux Amans.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs ;
Défiez- vous de vos défirs ;
Que devant la Raiſon ils gardent le filence.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs.
La Débauche , aux mêmes.
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire ,
Folâtrez , mocquez- vous dans le fein du repos ,
Des fecours de l'honneur , des Faveurs de la
gloire ,
Et de l'Exemple des Héros ;
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire,
L'Amour , aux mêmes .
Air : du Roy de Cocagne.
Gardez-vous d'écouter la Débauche
Qui porte un Mafque trompeur ;
Sur fes pas on prend toujours à gauche
Et l'on fuit le vrai bonheur.
Non , non , jamais il ne fut fon partage ;
Et lon , lan , la ,
Ce n'eft pas là ,
11. Vol. Qu'on
426 MERCURE DE FRANCE
Qu'on trouve cela ,
Craignez la fin du voyage.
La Sageffe.
Heureux qui fuit dès fa jeuneffe,
Du vice le Sentier battu
Et qui formé par la vertu ,
Se fait mener par la Sageffe !
Elle fçait le payer enfin
De la fatigué du chemin.
La Débauche.
;
N'écoutez pas la voix févere ;
Qui condamne l'amufement
Voulez- vous voiager gaiment ?
Que le plaifir feul vous éclaire.
Si vous fuivez ce Pelerin ,
Vous irez droit au bon chemin.
Lolotte.
Autrefois , dit -on , l'art de, plaire ,
Coutoit bien des foins & du temps ,
Et l'on mettoit douze ou quinze ans ,
Pour fe rendre au Port de Cithere ;
Mais à prefent on eft plus fin
On fcait accourcir le chemin .
La Sageffe.
Vous qui du Dieu de la Bouteille ,
II. Vel.
Suivez
JUI N. 1739. 1427
Suivez affidument les pas ,
Que vous vous plaindrez des appas
Qui vous amufent fous la Treille !
Lorfqu'on cherche toujours le vin
On trouve la Goutte en chemin.
La Débauche.
Maris , fi vous trouvez vos femmes
Tête à tête avec leurs Galans ,
N'allez pas faire les méchans ,
Et manquer de refpect aux Dames ;
Sans dire mot , d'un air benin ,
Paffez , paffez votre chemin.
La Sageffe , aux Spectateurs.
Meffieurs , nous avons pour vous plaire ‚ ·
Employé nos petits talens ,
Et
;
pour vous rendre plus conten's
Nous allons tâcher de mieux faire
De nos Jeux , puiffions nous demain ,
Vous voir reprendre le chemin.
Léandre & Angélique conduits par
'Amour & la Sageffe , entrent dans le
chemin de la Vertu ; la Débauche accompagnée
des plaifirs libertins , fe retire
fous les Portiques de la Fortune & de la
Volupté.
l'ouverture de fon Theatre à la Foire
S. Laurent par une Piéce nouvelle en Vaudeville
, intitulée Zemine & Almanfor
fuivie des Routes du Monde ; ces deux
Piéces font précedées d'un Prologue qui a
pour titre L'Induftrie. Le tout orné de
Divertiffemens , de Danfes & c.
La Scene du Prologue fe paffe devant le
Palais de l'Industrie , dont la moitié du Bâtiment
paroît moitié gothique & moitié
II. Vol
moderne
JUIN. 1730. 1403
-
à
moderne. Pierrot & Jacot defcendent
dans un char. Jacot fe plaint de la voiture
, & dit qu'il n'aime pas à fe voir dans
un char volant neuf cens piés au deffus
des ornieres ; Je vois bien , lui répond
Pierrot , que tu ne te plais pas voyager
côte à côte des nuages. Cependant , mon cher
petit frere Jacot , puifque je t'aifait recevoir
depuis peu par mon crédit à l'Opera Comique,
ilfaut bien que tu te faffes à la fatigue ; car
vois- tu , nous devons effuyer les mêmes corvées
que les Divinités de l'Opera,
Sur l'Air , Ramonez ci &c.
Attachés à des ficelles ,
Il nous faut , volant comme elles ,
Mais avec moins de fracas ,
Ramoner ci , ramoner là , la , la , la ,
La Couliffe du haut en bas.
Jacot demande à fon frere quel eft le
Palais qui fe préfente à fes yeux , & dans
quel deffein un Enchanteur de leurs amis
vient de les y tranſporter ; Pierrot lui
répond que ce Palais , quoique délabré, eft
le féjour de la Nouveauté , dont ils ont
grand befoin pour leur Théatre , & tandis
qu'il reſte à la porte , il envoye Jacot
pour découvrir s'il n'en eft point quelqu'autre
qui foit ouverte. L'Antiquité fort
du Château , & parle Gaulois à Pierrot ,
II. Vol.
qui
1404 MERCURE DE FRANCE
qui rebuté de fon langage l'appelle radoteufe
: elle le frappe avec fa béquille , &
le laiffe là . Pierrot la pourfuit ; il eſt arrêté
par la Chronologie , qui lui reproche
le crime qu'il commet en ne refpectant
pas la venerable Antiquité . Pierrot lui
demande quel eft fon emploi ; la Chronologie
lui décline fon nom & fes titres.
Pierrot la. prie de lui donner des nouvelles
de la Nouveauté ; la Chronologie , loin
de lui répondre jufte , commence toutes
fes Phrafes par des Epoques , & veut l'entretenir
des Olimpiades de l'Egire de Mahomet
& autres dates celebres ; cela impatiente
Pierrot ; il la chaffe, & dit , l'Enchanteur
m'a joué d'un tour ; il me promet
de me transporter au Palais de la Nouveauté
... j'y trouve d'abord une vieille Decrépite
, & enfuite une faifeufe d'Almanachs.
Dans ce moment l'Industrie avance ; Pierrot
la prend pour la Nouveauté ; elle le
défabule , & lui dit que la Nouveauté eſt
morte depuis plus de quatre
mille ans
qu'elle n'en eft que la copie , que le Public
tombe quelquefois dans l'erreur fur
fon compte , & prend l'induftrie pour la
Nouveauté. Je renouvelle , ajoûte l'Induftrie
, non feulement les habits & les meubles,
mais je rajeunis les vieux Ouvrages d'efprit,
& chante fur l'Air , Robin turelure & c.
II. Vol. Dans
JUIN.
1405 1730.
· Dans un moderne morceau ,
Je joins par une coûture
De Terence un fin lambeau ...
Pierrot.
Ture lure.
Chacun voit la rentraiture .
L'Induftrie , ironiquement.
Robin , turelurelure.
Alors Pierrot lui expofe les befoins de
l'Opera Comique , qui manque de Piéces
nouvelles ; l'Induftrie lui préfente un
Drame intitulé Zemine & Almanfor , Sujet
tiré de l'Hiftoire de Tartarie , dont Bourfaut
a pris fon dénouement d'Ejope à la
Cour. Le Public n'a pas approuvé cette
reffemblance , quoique fondée fur une autorité
irrécufable , & cela , fans doute, par
ce qu'il a plus vu la Comédie d'Efope à
la Cour qu'il n'a lû l'Hiftoire de Tartarie.
Pierrot marque fon inquiétude à l'Induftrie
, qui lui réplique qu'il fait le Public
plus méchant qu'il n'eft , qu'il s'eft
bien accommodé de tous les Ocdipes &
de toutes les Mariannes qu'on lui a re
tournées de cent façons.
Lefecond Drame offert par l'Induftrie,
eft intitulé les Routes du Monde. Jacot
II. Vol. G IC
1406 MERCURE DE FRANCE
revient dans cet inftant , & excuſe ſon
retardement par le plaifir qu'il a eu à voir
repeter un Balet Comique ; l'Induſtrie
leur apprend que c'eft une Fête qu'on prépare
pour elle , & qu'ils peuvent voir.
Elle eft executée fur le champ par les Chevaliers
de l'Induſtrie , figurés par des
Zanis Italiens. Voici les paroles du Vaudeville
de ce Divertiffement.
VAUDEVILLE.
Dans les Jardins de l'Induſtrie
Phoebus & la Galanterie
S'en vont cueillant foir & matin , tin tin tin tią
Mais en vain leur adreffe trie , ho ho ho !
Ce n'eft jamais du fruit nouveau.
On voudroit connoître une Belle ,
A fon Epoux toujours fidelle ,
Et voir l'Epoux auffi conftant , tan tan tan
Un ménage de ce modele , ho ho ho
Ce feroit là du fruit nouveau.
Dès la bavetté on fonge à plaire ;
La fille en fçait plus que
fa mere ,
Qui pourtant jeune a coqueté , té té té ;
Et dans les Jardins de Cithere , ho ho ho !
On trouve peu de fruit nouveau.
I I. Vol. Un
JUIN. 1730.
1407
Un Cadet de race Gaſcone ,
Qui n'emprunte pas & qui donne ,
Et qui convient qu'on l'a battu , tu tu tu
Sur les Rives de la Garone , ho ho ho,
Ce feroit là du fruit nouveau.
Un Grand du mérite idolâtre ,
Géometre vif & folâtre ,
Actrice vouée à Yeſtá , ta ta ta ,
Par ma foi fur plus d'un Théatre , ho ho he
Ce ſeroit là du fruit nouveau.
Ce Prologue eft fuivi de Zemine & Al
manfor , en un Acte. La premiere Scene
fe paffe entre Pierrot , Confident d'Almanfor
, Vizir & fils de Timurcan , Roi
'd'Aſtracan , mais crû fils de l'Emir Abe
nazar , & Lira , Suivante de Zemine , fille
de l'Emir Abenazar , & cruë fille du Roi
Timurcan. Voici le premier Couplet que
chante Pierrot , fur l'Air , Chers amis , que
mon ame eft ravie :
Oüi , Lira , fi tu tiens ta promeffe ,
Par l'Hymen j'efpere que dans peu
Tu verras couronner notre feu ; a
Du Monarque enfin touché de leur tendreffe ,
Nos Amans ont obtenu l'aveu ;
Le Vizir mon Maître époufe la Princeffe ;
II. Vol.
Gij L'a
1408 MERCURE DE FRANCE
L'amitié du bon Roi d'Aftracan
L'éleve juſqu'au premier rang.
Lira répond à Pierrot que Zemine fa
Maitreffe ne craindra donc plus la prédiction
d'une Devinereffe qui lui a depuis
peu annoncé qu'elle alloit être mariée au
fils d'un Souverain. Pierrot applaudit au
bonheur de fon Maître , qui , quoique
jeune,le furpaffe en prudence & en valeur;
il n'oublie pas dans fon Eloge qu'il n'eft
pourtant pas de meilleure maifon que lui,
& qu'ils ont gardé enfemble les moutons.
Lira lui demande par quel hazard Almanfor
eft devenu fi grand Seigneur ; je vais
te le dire , répond Pierrot Un jour que
notre grand Roi Timurcan chaffoit autour
de chez nous , il rencontra le petit Almanfor
qui lifoit l'Hiftoire de Tartarie en faisant
paître fon troupeau , il s'amusa à caufer avec
lui ; il le trouva gentil , bien avifé , & le
prit en affection. Sur ces entrefaites mourut
Kalem , pere du jeune Berger , que Timurcan'
fit auffi-tôt venir à la Cour. Il le fit
élever en Prince , & l'envoya enfuite dans
fes Armées , où il fe diftingua bientôt. IL
joignit même dans peu de temps les talens
du Miniftere au mérite guerrier , & devint
Grand-Vizir par le fecours de fa . feule
vertu. L'année derniere , comme il revenoit
de la frontiere , il paſſa par notre Village
II. Vol.
aveg
JUIN. 1730 . 1409
3
avec une troupe degens de guerre ,
il
m'apperçut
dans la foule, & me dit : Eh ! te voilà,
mon pauvre Pierrot , approche , approche ...
il chante :
Je lui tirai ma reverence 2
Enfuite je lâchai ces mots :
Ces Moutons gaillards & difpos
Que mene là Votre Excellence ,
Ne fe laifferoient pas , je penfe
Manger la laine fur le dos.
,
Il rit de ce trait de malice qui lui rappelloit
fa premiere condition , & changea
la mienne , en m'emmenant avec lui. On
} débite , interrompt Lira s qu'il eft fort
defintereffe ; Pierrot lui avoue qu'il a eu
long tems cette opinion , mais qu'il en
eft defabuſe , depuis que déjeunant avec
Jacot , Secretaire du Prince Alinguer , il
a entendu Almanfor qui enfermé dans un
cabinet , faifoit cette exclamation : Air ,
L'autre jour ma Cloris.
O précieux Tréfor !
Si jamais dans fa courfe
On arrête Almanfor ,
Tu feras fa reffource ;
O Tréfor mes amours
Je t'aimerai toujours.
-II. Vol. Lira G iij
1410 MERCURE DE FRANCE
Lira conclud que le Vizir amaffe des remedes
contre la défaveur , & que l'on
agit prudemment dans l'incertitude de
fon fort : Oui , vraiment , répond Pierrot
, & chante fur l'Air : Adieu panier.
Quand on a rempli fes pochetes ,
Si l'on eft chaffé par malheur , -
En fuyant , on dit de bon coeur
Adieu panier , vendanges font faites.-
A ces mots , Zemine arrive éplorée , &
leur dit que la prophetie de la Devinereffe
va s'accomplir , que l'inconnu fixé
depuis peu à la Cour d'Aftracan vient de
lui déclarer fon amour , & de lui apprendre
en même tems qu'il étoit fils du Monarque
de la Ruffie : Helas , s'écrie - t'elle,
Alinguer eft fils d'un Roi puiſſant , Alman--
for fimple Sujet ne tiendra pas contre lui !
fur l'Air : Pour paſſer doucement la vie.
Il a le mérite en partage ;
Mais le mérite par malheur
Ne trouve pas fon avantage
A luter contre la Grandeur.
Lira apperçoit de loin Timurcan qui
fe promene ; Zemine va le joindre pour
le toucher en fa faveur ; Pierrot refte feul
avec Lira , & lui expofe la crainte que
II. Vol. fait
JUIN. 1730. 141
fait naître dans fon efprit le haut rang du
Rival de fon Maître . Il exige un aveu
décifif pour lui ; Lira en le flattant lui déclare
pourtant qu'elle prétend fuivre le
fort de Zemine. Jacot paroît , & contefte
avec Pierrot fur les amours d'Alinguer ;
il prétend que ce Prince époufera Zemine
, & que lui , en qualité de Secretaire ,
deviendra le mari de Lira ; elle les quitte
en leur déclarant qu'elle époufera celui
des deux dont le Maitre obtiendra fa
Maitreffe. Les deux confidens rivaux reftent
enfemble , & continuent leur dif
pute ; ils y mêlent des difcours fur la fortune
& le tréfor caché du Vizir , qui
font interrompus par l'arrivée du Roi &
du Prince Alinguer. Pierrot & Jacot fe
retirent. Alinguer demande Zemine en
mariage ; le Roi lui apprend qu'elle n'eft
pas heritiere de fon Royaume , qu'il a
un fils que des raifons politiques l'ont
empêché jufqu'ici de faire paroître ;
Alinguer répond en Amant genereux ,
qu'il n'exige point d'autre dot que la
perfonne de Zemine ; le Roi lui objecte fa
parole donnée au Vizir Almanfor , & fait
le Panegyrique de fes vertus. Alinguer
piqué , ofe le contredire , & lui dit que
ce Miniftre , dont il vante fi fort le défintéreffement,
a un tréfor confiderable qu'il
dérobe à fa connoiffance , & dont , fans
II. Vol.
Giiij doute
1412 MERCURE DE FRANCE
doute , il doit faire un ufage crimine!. H
jette de violens foupçons dans l'efprit de
Timurcan , & offre de lui produire un
témoin fidele qui le conduira à l'endroit
où font enfermées les richeffes fecretes
d'Almanfor. Le Roi ébranlé confent à
cette vifite , & fort avec le Prince de
Ruffie.
Le Théatre change , & repréfente une
Salle de la Maifon du Vizir , où l'on ne
voit rien qui ne foit d'une grande fimplicité
. Almanfor y eft avec Zemine , à
qui il exalte fon bonheur & fon amour ;
Pierot vient leur annoncer gayement l'arrivée
du Roi , qui va , dit- il , unir Almanfor
& la Princeffe , ce qui lui procu
rera l'avantage d'époufer Lira. Le Roi
entre furieux , & reproche au Vizir fon
prétendu tréfor ; Jacot arrive , & montre
à Timurcan le Cabinet où l'on doit le
trouver. On l'ouvre par ordre de Timurcan
, & l'on n'y trouve que la houlete
& l'habit que portoit Almanfor quand il
étoit Berger : Je les gardois , dit - il , pour
me rappeller ma naiſſance , & pour les reprendre
, Seigneur , fi vous m'ôtiez votre
faveur & c.
La vertu d'Almanfor ayant éclaté dans
fon plus grand jour , le Roi lui apprend
qu'il eft fon fils ; cette découverte favorable
pour la gloire d'Almanſor , attriſte
II. Vol. fon
JUIN 1730. 1413
fon amour ; Zemine qui reconnoît qu'il
eft fon frere , partage fa douleur , & fe
plaint avec refpect au Roi d'Aftracan de
ce qu'il a permis qu'elle aime le Prince
Almanfor. Timurcan termine leur trou
ble , & comble leur joye , en leur appre
nant qu'ils nneeffoonntt point unis par le fang,
&
que
Zemine
eft
fille
de l'Emir
Abena
zar. Almanfor
remercie
le Roi
de ces
heu
reux
éclairciffemens
, & chante
ce Cou
plet
:
Le grand Nom que je tiens de vous
Flatte l'amour qui me domine
Il me devient d'autant plus doux
Qu'il fait plus d'honneur à Zemine
Ah ! dit Zemine à Almanfor ::
Seigneur , de vos tranfports je juge par moimême
;
Vous avez herité de mon noble défir ;
Fille de Timurcan , quel étoit mon plaifir
D'élever mon Berger à la grandeur fuprême
Pierot obtient Eira , & chaffe Jacot . La
Piéce finit par une Fête champêtre , execurée
par les Habitans du Village où a été
élevé Almanfor..
La feconde Piéce , auffi d'un Acte , compofée
de Scenes détachées , eft allegorique
& morale , tant par les idées que par quel-
II Vol. ques
1414 MERCURE DE FRANCE
د
ques- uns de fes perfonages ; elle eft inti ,
tulée les Routes du monde. Le . Théatre re
préfente dans les aîles les Jardins d'Hebé,
& dans le fond trois Portiques qui commencent
les trois chemins que prennent
les hommes en fortant de la Jeuneffe. Le
Portique du milieu eft étroit , compofé de
Rochers couverts de ronces avec cette
Infcription : Le chemin de la Vertu . Le
fecond , à droite , plus large ( ainfi que le
troifiéme qui eft à gauche ) eft orné de
tous les fimboles des honneurs & des richeffes
, & a pour titre , Le chemin de la
Fortune. Le troifiéme , intitulé Le chemin
de la Volupté , paroît chargé des attributs
des Plaiſirs , du Jeu , de l'Amour &
de Bacchus. La Scene ouvre par Leandre,
conduit par le Tems.
Leandre , Air : Amis , fans regreter Pa--
ris &c.
O Saturne , Doyen des Dieux
Des Peres le moins tendre ...
O Tems , dites -moi dans quels lieux
Vous conduifez Leandre ?
Le Tems , Air : Contre mon gré je cheriss
Peau :
Je vais vous expliquer cela ;
Voyez ces trois Portiques là ,
Du monde ils commencent les routes
11. Vol. On
JUIN. 1415 1730.
On doit ( telle eft la loi du fort )
Paffer fous l'une de ces Voutes
Quand des Jardins d'Hebé l'on fort.
Leandre.
Depuis que je vis dans ces Jardins , je
n'avois point encore apperçû ces trois
Portiques .
Le Tems.
Je le crois bien ; vous ne pouviez les
voir fans moi .
Air : Quand le péril eft agréable .
Ici dans une Paix profonde ,-
Les Jeunes Gens font jour & nuit ;
C'eſt le Tems feul qui les conduit
Près des routes du monde.
Mais je ne leur fais pas toujours comme
à vous , l'honneur de me rendre viſible.
Leandre confiderant les Portiques.
Que ces Portiques là fe reffemblent peu!
Le Tems.
Les chemins aufquels ils conduifent
font encore plus differens.-
Leandre montrant le Portique de la Fertu,
Air: Fe fuis la fleur des garçons du Village.
II. Vol. G-vis Que
1416 MERCURE DE FRANCE
Que ce chemin me paroît effroyable !
Mes yeux en font épouvantés !
Le Tems.
I eft pourtant à la plus adorable.
De toutes les Divinités.
r
Leandre , Air Philis , en cherchant for
Amant.
Eh ! quelle eft donc la Déïté
Par qui peut être fréquenté
Ce paffage étroit , peu battu ,
Paf tout de ronces revêtu ?
Le Tems.
C'eft la Vertu .
La Vertu
Leandre étonné.
Le Tems , Air : Sois complaifant , & cà
De la vertu la demeure épouvante ,
De fon chemin l'entrée eft rebutante
Mais
La fortiè en eft brillante ; -
C'eft la Gloire & fon Palais.
Le Portique, à droite, enrichi d'or & de
pierreries ,mene au Temple de la Fortune;:
II. Val par
JUIN. 1730 1417
par cette Porte on voit paffer , Air : J'ai
fait fouvent réfoner ma Mufette.
Le Peuple altier , dangereux , formidable
Des Conquerans & des Agioteurs ;
Ces derniers - ci ( le fait eft incroyable )
Ont avec eux compté quelques Auteurs.
Leandre , Air : Voyelles anciennes.
Ce chemin ne me tente pas
Le Tems.
C'eft pourtant le plus magnifique .
Leandre montrant le Portique de la Volupté
Cet autre a pour moi plus d'appas .
Quel eft donc ce galand Portique ?
Le Tems
C'eft celui de la Volupté ;
Tous les plaifirs en font l'enſeigne
Des trois c'eſt le plus fréquenté ,
Quoique très -fouvent on s'en plaigne .
Leandre.
Je ne vois là que des violons , des ver
res , des bouteilles , des cartes & des dez :
Le Tems.
C'eft ce qui fait qu'on y met la preffe..
O
ça , nous allons 繄 nous féparer ; mais
II. Vol avant
1418 MERCURE DE FRANCE
avant que je vous quitte , il faut que je
vous donne un avis falutaire ; ayez grand
foin de fuir la Débauche qui rode fans
ceffe autour de ces Portiques ...
Leandre.
Oh ! la Débauche m'a toujours fait horreur
; elle ne me féduira pas.
Le Tems , Air : Baifez moi donc , me di
foit Blaife.
Vous êtes dans l'erreur , Leandre ;
Craignez de vous laiffer furprendre ;
Fuyez cette Sirene là ;
Déguifant fon effronterie ,
Devant vous elle paroîtra
Sous le nom de Galanterie.
Leandre.
Je fuis bien aile de fçavoir cela.-
Adieu .....
Le Tems..
Leandre le retenant.
Encore un moment .... Air : Il faut
que je file file.
Sur un point qui m'embaraffe
Je voudrois vous confulter
11.-Vol.-
JUIN
1730. 1419
Le Tems voulant toujours s'en aller.
Cela ne fe peut ....
Leandre l'arrêtant encore.
De
grace ››
Daignez encor m'écouter ...
Le Tems.
C'eft trop demeurer en place 5 .
Suis-je fait pour y refter ?
Le Tems toujours paffe paffe ,
Rien ne fçauroit l'arrêter.
On a donné cette Scene - ci entiere , patce
qu'on ne pouvoit gueres expofer plus
fuccinctement le fujet de la Piéce.Leandre
refté feul , delibere fur le chemin qu'il doit
choifir ; mais , dit- il , Air : Les filles de
Nanterre.
Suis- je donc à moi-même ,
Et Maître de mes voeux ?
On eft à ce qu'on aime
Quand on eft amoureux.
Oui , c'est à l'aimable Angelique à difpo
fer de mon fort ; allons la chercher , & prenons
enfemble des mefures pour fléchir fon
Tuteur qui s'oppose à notre hymen.
Dans le moment qu'il veut partir , il eſt
arrêté par la Débauche , qui fous le nom
1.1. Volg
det
1420 MERCURE DE FRANCE
de Galanterie s'efforce de l'attirer à elle ;
Leandre refifte à fes difcours fuborneurs,
& la quitte. Elle le fuit , voyant paroître
une mere coquette avec ſa fille , en diſant
qu'elle n'a que faire là . Araminte , mere
de Lolotte , eft fort parée : elle a du rouge,
des mouches , des fleurs & des diamans- :
fa fille eft en fimple grifette & en linge
uni. Araminte prêche Lolotte , & veut la
faire entrer dans le chemin de la Vertu ;
Lolotte y repugne , & fe deffend avec opi
niâtreté.
Araminte , Air Je ne fuis né ni Roi ni
Prince.
Votre coeur en fecret murmure
De n'avoir point une parure ,
A faire briller vos appas ;
Vous n'avez point de modeſtie .
Lolotte.
Eh ! pourquoi n'en aurois -je pas ?
Sans ceffe je vous étudie ?
Araminte , Air : Ma raifon s'en va beau
train .
1
Vous me repondez , je crois ...
Lolotte.
Je répons ce que je dois ;
N'ai - je pas raifon
II. Vol.
De
JUI N. 1730. 1421
De trouver fort bon
Ce qu'en vous je contemple
Araminte.
Oh ! ne fuivez que ma leçon ...
Lolotte..
Je fuivrai votre exemple , lon la
Je fuivrai votre exemple,
La conteftation d'Araminte & de Lolotte
finit par le parti que prend la mere d'être
la conductrice de fa fille dans la route des
plaifirs où elles entrent enſemble. La Debauche
reparoît , & dit : Je fçavois bien le
chemin que cette petite fille là prendroit.
Mais j'apperçois mes deux voifines. C'est
la Sageffe & la Richeffe qui fortent l'une
du Portique de la Vertu & l'autre de celui
de la Fortune , & s'efforcent de s'attirer des
Chalans. La bonne Marchandife que vous
criez là toutes deux , leur dit ironiquement.
la Sageffe, Air : Vous qui vous macquez par
vos ris.
Elle eft d'un fort bon acabit.
La Richeffe
Nous fçavons l'une & l'autre
Tout le bien que le monde dit
Déeffe , de la vôtre ...
II. Vol. ·LA
1422 MERCURE DE FRANCELa
Débauche.
Mais elle n'eft point de débit ,
Et nous vendons la nôtre.
Therefe , jeune perfonne bien élevée ,
refufe les offres de la Richeffe , refifte aux
attraits de la Débauche , & fuit la Sageffe
qui la conduit dans le chemin de la Vertu.
La voilà bien charmée de nous avoir enlevé
une petite fille , dit la Richeffe Bon , répond
la Débauche , nous lui en fouflons
bien d'autres. Un jeune heritier en grand
deuil & en pleureufes furvient : Dépensez,
lui crie la Débauche , amaffez , lui dit la
Richeffe , Air : Le Cotillon de Thalie.
A préfent Phomme në fçait plus
Compter les vertus
Que par les écus
Comme votre pere
Il faut faire ,
Toujours courir fus ,
Aux Jacobus ,
Aux Carolus.
A préfent l'homme ne fçait plus &c.
›
L'Heritier , tout bien confideré , fe livre
à la Débauche , fuivant la loüable
coûtume de bien des Mineurs. Guillot
Payfan , remplace l'Heritier ; mais comme
II. Vol.
il
JUIN. 1730 1423
il n'a rien , il dit qu'il veut commencer
fa carriere par le chemin de la Fortune.
Mais , lui dit la Débauche , Air : Attendez
moi fous l'Orme.
Mais la Richeffe exige"
Un travail dur & long ;
A cent foins elle oblige ..
La Richeffe.
Dans le Commerce , bon ,
La finance moins fouche
Procure un gain plus promt ;:
Un Créfus , fur fa couche ,
Croît comme un champignon .
La Débauche détermine la Richeffe à
favorifer promtement Guillot , & à le luf
remettre opulent ; Guillot toujours avide
de nouveaux dons , demande qu'on ajoûte
s'il fe peut , une promte nobleffe à fa
promte richeffe : on lui accorde fa Requête.
Ho ! ho ! dit-il , Air : Nos plaifirs
feront peu
durables.
Quan plaifi ! quan bone avanturé ,
Au mitan de ma parenté ,
Qu'eft jufqu'au cou dans la roture !!
Je frai tou feul de qualité..
Guillot , après une promeffe de vivre
très noblement dès qu'il feroit riche , &
II. Vol.
le
1424 MERCURE DE FRANCE
le feul Gentilhomme de fa famille , entre
vîte dans le Portique de la Fortune , guidé
par la Richeffe. La Débauche le fuit
un moment pour l'encourager encore
dans fes bons deffeins.
Angelique arrive avec fon Tuteur , qui
lui propofe trois maris contre fon inclination
. L'amour interrompt ce fâcheux
entretien , chaffe le Tuteur & confeille à
Angelique d'époufer Léandre qu'elle
aime. Mais vous n'y pensez pas , dit- elle
au petit Dieu ; ce mariage fait fans l'aven
de mon Tuteur, m'écarteroit du chemin de
la vertu. Vous n'y pense pas vous même
lui répond le fils de Venus , ce font les
triftes Mariages faits fans l'aveu de l'amour
qui écartent du chemin de la vertu. L'irré
folution d'Angelique eft vaincuë par
Léandre qui lui apporte le confentement
de fa famille pour leur Hymen. La Débauche
revient à la charge & s'oppose à
l'union légitime des deux Amans ; ils la
rebutent elle appelle à fon fecours les
Plaifirs libertins qui fortent par Troupesdes
Portiques de la Fortune & de la Vo
lupté. Ils danfent & font briller leurs
charmes dangereux aux yeux de Léandre
& d'Angelique. La Sageffe & les Plaifirs
innocens fortent par le Portique de la
Vertu. Les Plaifirs libertins étonnez , leur
;
II. Vol. cedent
JUIN. 1730. 1425
cedent le paffage qu'ils prétendoient leur
fermer.
La Sageffe , aux deux Amans.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs ;
Défiez- vous de vos défirs ;
Que devant la Raiſon ils gardent le filence.
N'écoutez que l'innocence ,
Ne fuivez que fes plaifirs.
La Débauche , aux mêmes.
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire ,
Folâtrez , mocquez- vous dans le fein du repos ,
Des fecours de l'honneur , des Faveurs de la
gloire ,
Et de l'Exemple des Héros ;
Ne fongez qu'à rire & qu'à boire,
L'Amour , aux mêmes .
Air : du Roy de Cocagne.
Gardez-vous d'écouter la Débauche
Qui porte un Mafque trompeur ;
Sur fes pas on prend toujours à gauche
Et l'on fuit le vrai bonheur.
Non , non , jamais il ne fut fon partage ;
Et lon , lan , la ,
Ce n'eft pas là ,
11. Vol. Qu'on
426 MERCURE DE FRANCE
Qu'on trouve cela ,
Craignez la fin du voyage.
La Sageffe.
Heureux qui fuit dès fa jeuneffe,
Du vice le Sentier battu
Et qui formé par la vertu ,
Se fait mener par la Sageffe !
Elle fçait le payer enfin
De la fatigué du chemin.
La Débauche.
;
N'écoutez pas la voix févere ;
Qui condamne l'amufement
Voulez- vous voiager gaiment ?
Que le plaifir feul vous éclaire.
Si vous fuivez ce Pelerin ,
Vous irez droit au bon chemin.
Lolotte.
Autrefois , dit -on , l'art de, plaire ,
Coutoit bien des foins & du temps ,
Et l'on mettoit douze ou quinze ans ,
Pour fe rendre au Port de Cithere ;
Mais à prefent on eft plus fin
On fcait accourcir le chemin .
La Sageffe.
Vous qui du Dieu de la Bouteille ,
II. Vel.
Suivez
JUI N. 1739. 1427
Suivez affidument les pas ,
Que vous vous plaindrez des appas
Qui vous amufent fous la Treille !
Lorfqu'on cherche toujours le vin
On trouve la Goutte en chemin.
La Débauche.
Maris , fi vous trouvez vos femmes
Tête à tête avec leurs Galans ,
N'allez pas faire les méchans ,
Et manquer de refpect aux Dames ;
Sans dire mot , d'un air benin ,
Paffez , paffez votre chemin.
La Sageffe , aux Spectateurs.
Meffieurs , nous avons pour vous plaire ‚ ·
Employé nos petits talens ,
Et
;
pour vous rendre plus conten's
Nous allons tâcher de mieux faire
De nos Jeux , puiffions nous demain ,
Vous voir reprendre le chemin.
Léandre & Angélique conduits par
'Amour & la Sageffe , entrent dans le
chemin de la Vertu ; la Débauche accompagnée
des plaifirs libertins , fe retire
fous les Portiques de la Fortune & de la
Volupté.
Fermer
Résumé : Zemine & Almansor, Pieces Comiques, Extrait, / Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 27 juin, l'Opéra Comique ouvre son théâtre à la Foire Saint-Laurent avec deux pièces en vaudeville : 'Zemine & Almanfor' et 'Les Routes du Monde'. Ces pièces sont précédées d'un prologue intitulé 'L'Industrie', orné de divertissements et de danses. La scène du prologue se déroule devant le Palais de l'Industrie, dont la moitié du bâtiment est gothique et l'autre moitié moderne. Pierrot et Jacot descendent dans un char, et Jacot exprime son inconfort face à la hauteur. Pierrot lui rappelle qu'ils doivent endurer les mêmes corvées que les divinités de l'Opéra. Pierrot et Jacot discutent ensuite du Palais de la Nouveauté, que Pierrot décrit comme le refuge de la nouveauté nécessaire à leur théâtre. Ils rencontrent l'Antiquité, qui parle gaulois et frappe Pierrot avec sa béquille. La Chronologie apparaît ensuite, reprochant à Pierrot de ne pas respecter l'Antiquité. Pierrot, impatient, la chasse et rencontre l'Industrie, qu'il prend d'abord pour la Nouveauté. L'Industrie explique qu'elle est la copie de la Nouveauté et présente deux drames : 'Zemine & Almanfor' et 'Les Routes du Monde'. Dans 'Zemine & Almanfor', Pierrot, confident d'Almanfor, et Lira, suivante de Zemine, discutent de leur bonheur imminent. Zemine arrive, inquiète de la prophétie d'une devineresse. Timurcan, le roi d'Astracan, révèle qu'Almanfor est son fils et que Zemine est la fille de l'Emir Abenazar. La pièce se termine par une fête champêtre. 'Les Routes du Monde' est une pièce allégorique et morale, composée de scènes détachées. Elle représente les jardins d'Hébé et trois portiques symbolisant les chemins que prennent les hommes en sortant de la jeunesse. Le premier portique, étroit et couvert de ronces, est dédié à la Vertu. Le second, orné de symboles de richesse et d'honneurs, est appelé 'Le chemin de la Fortune'. Le troisième, intitulé 'Le chemin de la Volupté', est associé aux plaisirs, au jeu, à l'amour et à Bacchus. Leandre, guidé par le Temps, exprime son aversion pour le chemin de la Vertu et son attirance pour celui de la Volupté. Le Temps lui explique les dangers de la Débauche, qui peut se déguiser en Galanterie. Leandre décide de chercher Angélique, qu'il aime, malgré l'opposition de son tuteur. La Débauche, déguisée en Galanterie, tente de séduire Leandre. Araminte, une mère coquette, essaie de convaincre sa fille Lolotte de suivre le chemin de la Vertu, mais échoue et finit par la conduire vers les plaisirs. La Sageffe et la Richeffe, représentant la vertu et la fortune, tentent d'attirer des followers. Thérèse, une jeune fille, refuse les offres de la Richeffe et suit la Sageffe. La Débauche et la Richeffe tentent ensuite de corrompre un jeune héritier et Guillot Payfan, ce dernier étant finalement conduit vers la fortune. Angélique, aimée de Leandre, est confrontée à un choix de mariage par son tuteur. L'Amour intervient pour les réunir, malgré l'opposition de la Débauche et des plaisirs libertins. La Sageffe et les plaisirs innocents finissent par chasser les plaisirs libertins, permettant à Leandre et Angélique de suivre le chemin de la Vertu. La pièce se termine par un appel à suivre l'innocence et à se méfier des désirs et des plaisirs trompeurs, soulignant l'importance de la vertu et de la sagesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
79
p. [1479]-1484
LA DOUCEUR, ODE.
Début :
Vertu que l'Arbitre du Monde, [...]
Mots clefs :
Douceur, Coeurs, Prince, Bourbons, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA DOUCEUR, ODE.
LA DOUCEUR,
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
O DE.
Ertu que l'Arbitre du Monde ,
Préfere à tant d'autres vertus
>
Qui tiens dans une paix profonde ,
Les coeurs par des Traits abbatus ,
Fille du Ciel , Douceur charmante
Aux Chanfons , que pour toi j'enfante ,
Viens mêler tes charmes puiffants :
A ij
Que
+480 MERCURE DE FRANCE
Que fur ma Lyre harmonieuſe ,
Une tendreffe précieuſe ,
Immortalife mes accens.
L'Efperance par toi conduite ,
Rentre chez les triftes Humains :
Quels biens n'as- tu pas à ta fuite ?
Tu les répands à pleines mains.
Tu nous donnes les récompenfes ,
Et quand tu punis les offenſes ,
On aime ta féverité.
Parmi les bienfaits que tu places ,
Les refus tiennent lieu de graces ;
Tout part de la même bonté.
Ainfi lorfqu'au Printems de l'âge ,
Par d'inévitables attraits ,
Une Beauté brillante & fage ,
Aux jeunes coeurs lance fes Traits
De fa candeur infinuante ,
Ses Amans , Troupe impatiente ,
Refpectent l'accueil gracieux :
A l'Amour fon ame rebelle ,
Vers l'Amitié tendre & fidele ,
Tourne la douceur de ſes yeux.
Loin de moi , Fierté fourcilleufe ;
Qui des plus intimes amis.
JUILLET. 1730. 148 *
Par une hauteur pointilleuſe ,
Fais d'implacables ennemis :
Je laiffe à des ames vulgaires
Tes faveurs toujours mercenaires
C'eſt un appas trop dangereux :
Avec dédain , je les néglige ,
Les refpects que ton fafte exige ,
Me font un tribut onereux.
Dans une puiffance modefte ;
Qui craint d'étaler ſon pouvoir ,
Je reconnoîs l'Eſprit celefte ;
Tout m'avertit de mon devoir.
Mais d'une humeur fiere & hautaine
Je hais l'affectation vaine ,
Qui me refuſe ſes regards :
Je ris d'une grandeur farouche ,
Qui dédaigne d'ouvrir la bouche ,
Pour applaudir à mes égards.
Mortels , devenez plus traitables ,
Et nous tombons à vos genoux :
Oui , vous nous êtes fecourables ,
Mais , vous , que feriez - vous fans nous ?
Ecartez ces fombres nuages ,
Qui de vos auguftes viſages ,
Banniffent la férenité ;
A iij
Et
1482 MERCURE DE FRANCE
Et par des hommages finceres ,
Vous verrez nos coeurs moins féveres ,
Reprendre leur vivacité ,
A ceux mêmes qu'un fort fantafque
'Affervit à nos volontez ,
Epargnons du moins la bourrafque ,
De nos caprices indomptez.
Que notre bras , qui les châtie ,
Dans le temps qu'il les humilie
Les traite comme nos égaux :
Fuyons ces aigreurs offençantes
Et ces paroles foudroyantes ,
Qui ne font qu'irriter leurs maux.
Non , rien n'arrofe mieux la terre ,
Que l'eau qui coule fans fracas :
L'Onde qu'enfante le Tonnerre ,
Caufe toûjours d'affreux dégats ;
Tout cede au caprice terrible ,
Tout hait la rigueur inflexible ,
D'un furieux , d'un emporté :
Mais les coeurs avec confiance ,
Suivent l'aimable violence ,
D'une paiſible autorité.
Qu'apperçois-je ? Mars & Bellone ,
Egorgent
JUILLET. 1730. 1483
"
gorgent les Romains tremblans :
Les Lauriers qu'Augufte moiffonne ,
Ne font que des Lauriers fanglants ;
Sous fon bras , les Villes rangées ,
Pleurent , dans le fang fubmergées ,
Leurs plus fideles deffenfeurs ,
Et fon triomphe imaginaire ,
N'eft qu'un fpectacle fanguinaire
Où je vois d'affreufes couleurs.
C'eft toi , Douceur compatiffante
Qui viens arrêter tant d'excès : -
De la victoire menaçante ,
Tu bornes les cruels fuccès :
Par tes foins l'Abondance heureufe
Bientôt de l'ardeur belliqueufe ,
Va réparer les vains exploits :
Déja le Vainqueur redoutable ,
Prête ſa main infatigable ,
Pour foufcrire à tes faintes Loix
Ah ! pour la veritable gloire ,
Ne ceffons jamais d'être ardens
Et ne vivons pas dans l'Hiftoire ,
Pour effrayer nos deſcendans .
Ceft là que , devant tous les hommes ,
Nous paroîtrons tels que nous fommes ,
A iiij Affables
1484 MERCURE DE FRANCE
'Affables , durs , mauvais ou bons ;
Que dans cet avenir immenſe ,
Par des actions de clemence ,
Les Humains connoiffent nos nóms.
FRANCE, c'eft par là que l'on vante ,
L'augufte Sang de tes BOURBONS :
L'aimable Vertu que je chante ,
Eft l'ame de leurs actions.
Que cette bonté magnanime ,
Pour ton PRINCE à jamais anime ;
La tendreffe de fes Sujets ;
Et que les Filles de Mémoire ,
Forment , pour celebrer ſa gloire ;
Tous les jours de nouveaux projets .
DE LA RUE , ancien Profeffeur de
Rhéthorique.
Fermer
Résumé : LA DOUCEUR, ODE.
Le poème 'La Douceur', publié dans le Mercure de France en juillet 1730, célèbre la vertu de la douceur. Cette qualité est présentée comme une fille du ciel, capable de charmer les cœurs et de répandre des bienfaits. La douceur est décrite comme une force qui guide l'espérance et qui, même en punissant, est aimée pour sa sévérité juste. Elle s'oppose à la fierté et à l'affectation vaine, et est associée à une puissance modeste et céleste. Le poème encourage les mortels à être plus conciliants et à éviter les aigreurs offensantes. La douceur est comparée à une eau qui arrose la terre sans fracas, contrairement à la violence destructrice. Elle est également capable d'arrêter les excès de la guerre et de promouvoir la véritable gloire à travers des actions de clémence. Le texte se conclut par une louange à la vertu des Bourbons, dont la bonté et la tendresse envers leurs sujets sont célébrées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
80
p. 1635-1636
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On apprend de Constantinople que le Grand-Seigneur qui étoit malade depuis près d'un [...]
Mots clefs :
Turquie, Perse, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
N apprend de Conftantinople que le Grand-
Seigneur qui étoit malade depuis près d'un
ań , fe porte bien mieux.
Les préparatifs de guerre continuent toujours ,
& on affure qu'en cas qu'on ne puiffe pas convenir
d'un Traité de pacification avec le nouveau
Roi de Perfe , Mehemet , Prince hereditaire du
Trône Ottoman , ira en Perfe pour y faire fa
premiere Campagne , fous la conduite de deux-
Seraskiers qui commanderont l'Armée de S. H. ¹
Le Prince Selim , qui n'a encore que quinze ans
doit faire cette année le voyage de la Mecque.
"
On ne confirme point que le Sultan Acheraf
fe foit fauvé à Conftantinople , comme on l'avoit
dit; mais on affure que le parti de cet Ufurpateur
n'eft plus du tout à craindre , car les Lettres que
plufieurs Négocians Turcs ont reçues d'Iſpaham
portent qu'après la défaite d'Acheraf & la prife
de cette Capitale de la Perfe , le Sultan Schah
Thamas étoit allé affieger la Ville de Schiras , fi
renommée par fes vins exquis , qu'il en avoit
formé le fiege avec une Armée de près de 50000 .
hommes ; que la Garnifon s'opiniâtrant à faire
une vigoureufe refiftance , il avoit fait élever un
échafaut qui pouvoit être vu des habitans , qu'y
ayant fait monter le Sultan Acheraf , qu'un des
Lieutenans Generaux du Prince Thamas avoit
arrêté à l'entrée de la Georgie , il l'avoit fait
écorcher vif avec des étrilles de chevaux , qu'enfuite
16.36 MERCURE DE FRANCE
fuite il avoit fait mettre la tête au bout d'une
pique à la vue des Remparts ; que la Garnifon
ayant refufé de fe rendre malgré la mort de fon
Protecteur , le Prince Thamas avoit fait donner
un affaut general fi furieux & fi bien conduit .
que fes Troupes s'étoient emparées de la Place
& avoient paffé la Garnifon au fil de l'épée ;
qu'un frere de ce Prince qui dans les dernieres.
revolutions s'étoit attaché au parti d'Acheraf
ayant eu le bonheur d'échaper au maffacre general
, s'étoit fauvé , & qu'on croyoit qu'il avoit
pris la route de Conftantinople ; que depuis la
conquête de Schiras , les autres Villes occupées .
par les Rebelles s'étoient foumifes au Vainqueur,
de forte que le parti des Agahans, peuples les plus
belliqueux de la Perfe , qui s'étoient attachés à
Miryweitz , & enfuite à Acheraf , étoit entierement
détruit & diffipé.
c'eft que
Par une autre Lettre de Conftantinople du 13 .
Mai dernier , on mande que depuis que le Grand-
Vizir a conferé avec l'Ambaffadeur de Thamas ›
Schah , on a fufpendu les préparatifs qui avoient
été commencés , en attendant l'arrivée d'un Ambaffadeur
Extraordinaire , qui eft , dit-on , en
chemin, chargé de pleins pouvoirs pour conclure
un Traité. folide entre les deux Puiffances. Ce
qu'il y a de bien certain ,
le nouveau
Roi de Perfe eft paifible poffeffeur d'Ifpaham , &
qu'il a entierement triomphe de fon Ennemi . Les
Povinces voifines de cette Capitale ſe font fou--
s prefqu'en même-tems , & les plus éloignées
fon difpofées à les imiter , ce Prince ayant pour
lui le coeur de tous les Perfans. Ces difpofitions
pourroient bien fortifier l'opinion generale des
Turcs , que de tout tems les entreprifes qu'ils ont
faites en Perfe leur ont été fatales , & les determiner
à faire un Accomodement avec le legitime
heritier de cette Coulonne,
N apprend de Conftantinople que le Grand-
Seigneur qui étoit malade depuis près d'un
ań , fe porte bien mieux.
Les préparatifs de guerre continuent toujours ,
& on affure qu'en cas qu'on ne puiffe pas convenir
d'un Traité de pacification avec le nouveau
Roi de Perfe , Mehemet , Prince hereditaire du
Trône Ottoman , ira en Perfe pour y faire fa
premiere Campagne , fous la conduite de deux-
Seraskiers qui commanderont l'Armée de S. H. ¹
Le Prince Selim , qui n'a encore que quinze ans
doit faire cette année le voyage de la Mecque.
"
On ne confirme point que le Sultan Acheraf
fe foit fauvé à Conftantinople , comme on l'avoit
dit; mais on affure que le parti de cet Ufurpateur
n'eft plus du tout à craindre , car les Lettres que
plufieurs Négocians Turcs ont reçues d'Iſpaham
portent qu'après la défaite d'Acheraf & la prife
de cette Capitale de la Perfe , le Sultan Schah
Thamas étoit allé affieger la Ville de Schiras , fi
renommée par fes vins exquis , qu'il en avoit
formé le fiege avec une Armée de près de 50000 .
hommes ; que la Garnifon s'opiniâtrant à faire
une vigoureufe refiftance , il avoit fait élever un
échafaut qui pouvoit être vu des habitans , qu'y
ayant fait monter le Sultan Acheraf , qu'un des
Lieutenans Generaux du Prince Thamas avoit
arrêté à l'entrée de la Georgie , il l'avoit fait
écorcher vif avec des étrilles de chevaux , qu'enfuite
16.36 MERCURE DE FRANCE
fuite il avoit fait mettre la tête au bout d'une
pique à la vue des Remparts ; que la Garnifon
ayant refufé de fe rendre malgré la mort de fon
Protecteur , le Prince Thamas avoit fait donner
un affaut general fi furieux & fi bien conduit .
que fes Troupes s'étoient emparées de la Place
& avoient paffé la Garnifon au fil de l'épée ;
qu'un frere de ce Prince qui dans les dernieres.
revolutions s'étoit attaché au parti d'Acheraf
ayant eu le bonheur d'échaper au maffacre general
, s'étoit fauvé , & qu'on croyoit qu'il avoit
pris la route de Conftantinople ; que depuis la
conquête de Schiras , les autres Villes occupées .
par les Rebelles s'étoient foumifes au Vainqueur,
de forte que le parti des Agahans, peuples les plus
belliqueux de la Perfe , qui s'étoient attachés à
Miryweitz , & enfuite à Acheraf , étoit entierement
détruit & diffipé.
c'eft que
Par une autre Lettre de Conftantinople du 13 .
Mai dernier , on mande que depuis que le Grand-
Vizir a conferé avec l'Ambaffadeur de Thamas ›
Schah , on a fufpendu les préparatifs qui avoient
été commencés , en attendant l'arrivée d'un Ambaffadeur
Extraordinaire , qui eft , dit-on , en
chemin, chargé de pleins pouvoirs pour conclure
un Traité. folide entre les deux Puiffances. Ce
qu'il y a de bien certain ,
le nouveau
Roi de Perfe eft paifible poffeffeur d'Ifpaham , &
qu'il a entierement triomphe de fon Ennemi . Les
Povinces voifines de cette Capitale ſe font fou--
s prefqu'en même-tems , & les plus éloignées
fon difpofées à les imiter , ce Prince ayant pour
lui le coeur de tous les Perfans. Ces difpofitions
pourroient bien fortifier l'opinion generale des
Turcs , que de tout tems les entreprifes qu'ils ont
faites en Perfe leur ont été fatales , & les determiner
à faire un Accomodement avec le legitime
heritier de cette Coulonne,
Fermer
Résumé : TURQUIE ET PERSE.
Le texte aborde les relations politiques et militaires entre la Turquie et la Perse. À Constantinople, le Grand-Seigneur, malade depuis un an, montre des signes de rétablissement. Les préparatifs de guerre se poursuivent, et une campagne en Perse pourrait être menée par le prince héritier ottoman Mehemet, sous la direction de deux Seraskiers, si un traité de paix avec le nouveau roi de Perse, Mehemet, n'est pas conclu. Le prince Selim, âgé de quinze ans, doit effectuer le pèlerinage à La Mecque. Le sultan Acheraf, après sa défaite et la prise d'Ispahan par le sultan Schah Thamas, a été écorché vif. La garnison de Schiras a résisté avant d'être vaincue. Un frère du prince Thamas s'est réfugié à Constantinople. Depuis la conquête de Schiras, les villes rebelles se sont soumises, affaiblissant le parti des Agahans. Une lettre du 13 mai indique que les préparatifs de guerre ont été suspendus après une conférence entre le Grand-Vizir et l'ambassadeur de Thamas Schah. Un ambassadeur extraordinaire est en route pour négocier un traité entre les deux puissances. Le nouveau roi de Perse contrôle désormais Ispahan et reçoit le soutien du peuple perse, ce qui pourrait influencer les Turcs à chercher un accommodement avec l'héritier légitime du trône perse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
81
p. 1659-1660
PAYS-BAS.
Début :
M. Wanderborgt, Directeur General des Monnoyes, a obtenu de la Regence des [...]
Mots clefs :
Pays-Bas, Empereur, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS-BAS .
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
Fermer
Résumé : PAYS-BAS.
En 1660, plusieurs événements politiques et religieux marquent les Pays-Bas. Wanderborgt, Directeur Général des Monnoyes, obtient l'autorisation de la Régence des Pays-Bas pour frapper de nouveaux ducats d'or au coin de l'Empereur, une pratique interrompue depuis le gouvernement de l'Infante Isabelle. L'Évêque et Prince de Liège publie une ordonnance le 30 juin, interdisant à ses sujets de payer des arriérés ou des loyers aux sujets de l'Empereur dans les Pays-Bas, en réponse aux saisies ordonnées par l'Archiduchesse Gouvernante. Le Baron de Saxenhaven, Conseiller Privé et Grand-Chambellan de l'Électeur de Mayence, arrive à Duffeldorp pour recevoir l'hommage des Duchés de Bergue et de Julliers au nom de l'Électeur de Mayence, héritier présomptif après la mort de l'Électeur Palatin. Le 16 juillet, la fête annuelle du Saint Sacrement des Miracles est célébrée à Bruxelles avec solennité, une tradition instaurée 200 ans auparavant par Marie Reine de Hongrie, sœur de l'Empereur Charles V et Gouvernante des Pays-Bas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
82
p. 1805-1810
« J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
Début :
J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...]
Mots clefs :
Attila, Roi des Huns, Médaille, Cheval, Légende, Goths, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
J. G. ECCARDI Obfervatio de Nummis
ATTILE Hunnorum Regis . Remarques
de Jean- George Eccard ,fur les Medailles
d'Attila Roi des Huns .
Une Médaille d'Attila rapportée par le
P. Bandouri , Benedictin , dans fon bas Empire
, a donné lieu à M. Eccard , Hiftoriographe
& Bibliotequaire du Roi George
d'Angleterre , Electeur d'Hanover , & c.
de faire les Remarques dont il s'agit ici.
>
•
Il obferve d'abord que c'eft mal à propos
que quelques Auteurs , & furtout les
plus modernes , ont dépeint Attila avec
de noires couleurs ; felon eux ce Conquerant
étoit feroce ,-barbare , & extrê
mement cruel . Un Ecrivain ancien & contemporain
nous le repréfente , au contraire
comme un Prince d'un naturel doux
& de très - bonnes moeurs . Il eft vrai , dit
M. Eccard , que les Romains l'ayant extrêmement
irrité, & lui ayant fouvent tendu
des embuches , Attila mit tout en ufage,
pour le venger & c'eft cette vengeance
pouffée un peu loin qui lui a acquis la mauvaife
réputation dont notre Auteur tâche
de le laver. Il aura peut- être de la peine à
réuffit ; car il faut avouer que le préjugé
eft grand & déja ancien au fujet de ce
Prince. Un habile Hiſtorien ( M. l'Abbé
de Vertot, Hift. de Malte , Liv. VI. ) pour
nous donner une jufte idée du fameux
у
Ta1806
MERCURE DE FRANCE
Tamerlan , dit qu'on peut regarder ce
Conquerant Tartare comme un autre Attila,
comme un fleau de Dieu & c.
Quoiqu'il en foit , cette idée de ferocité
& de barbarie qu'on s'eft faite de la
perfonne d'Attila , a paffé jufques fur fes
Médailles ; ce qui paroît qui paroît principalement
fur celle du Cabinet de Jean André Bofius
, grand bronze , où l'on voit d'un
côté la tête de ce Prince reprefenté vultu
truculento , comme parle notre Auteur , &
la barbe fort longue , avec cette Legen
de, ATTILA REX , & fur le Revers la
Ville d'Aquilée avec fon nom AQUILEIA.
Mais M. Eccard foutient que les meilleurs
Antiquaires ont toujours crû cette
Médaille fauffe & fuppofée.
Il parle enfuite de deux autres Médailles
prétendues d'Attila par J.Jacques Chiflet
, & par lui rapportées , comme ayant
été trouvées dans la terre à Besançon ;
elles font d'argent : d'un côté on voit le
bufte d'un Prince encore jeune , ayant
des aîles aux épaules ; & pour Legende
ATEULA. Au Revers un Cheval, la tête
levée , avec une corne au milieu ; fur le
dos un Bâton augural , & entre les pieds
du Cheval un Pentagone : dans l'Exergue
la Lune dans fon décours , avec ce
mot VLATOS .
Notre Antiquaire fait mention d'une .
troiAOUST.
1730. 1807
rroifiéme Médaille prefque femblable
qui lui a été communiquée par un Sçavant
de fes amis ( Reverendiſſ. Abbas Lucenfis
Gerhardus ) dont la Legende de la
Tête eft AT IU LA, & il n'oublie pas celle
que rapporte le P. Bandouri , dont la Legende
eft ATEUL. ayant fur le Revers
un Cheval fans corne & fans lituus , avec
ce mot , comme à celles de Befançon
VLATOS.
Du Cange & Mezabarbe en ont donné
une autre de bronze , où l'on voit d'un côté
la tête nuë d'un jeune homme avec ce
mot ATILA. Au Revers un Lion , fans.
Legende. Mezabarbe affure en avoir vû
une autre auffi de bronze , où du côté de
la Tête on lifoit ATHIL. au Revers un
Cheval fans Legende.
Si on en croit le P. Bandouri , toutes
ces Médailles font du fameux Attila ; Beger
, au contraire , les attribue à Vlacus .
Ateulus , Prince Celte ; mais fes preuves
ont paru foibles à M. Eccard , qui croit
avec Cambden qu'elles ont été frappées
pour un Prince Breton , fentiment fuivi
Gibſon dans fes Additions à l'Ouvra
de Cambden fur la Grande Bretagne,
& confirmé par de pareilles Médailles qui
ont été trouvées dans le même Pays : outre
que l'argent pur dont -elles font fabriquées
ne convient point au fiecle de
par
gc
barbaric
1808 MERCURE DE FRANCE
barbarie du Vainqueur des Romains
tems auquel on fe fervoit d'une matiere
bien inferieure pour la fabrique des Monnoyes.
Nous ne ferons qu'efleurer les autres
preuves qui concourent à donner ces Médailles
au Prince Breton ; le Pentagone
qu'on y voit êtoit une figure facrée chez
les Celtes , & le fimbole du bonheur
d'où vient qu'encore aujourd'hui dans la
haute Allemagne on appelle cette Figure
mifterieufe Druttenfuſſ. c'eſt- à - dire , Pied
des Druides ou des Prêtres Celtiques. L'épi
qu'on voit fur les Médailles de Cambden
& de Gibfon font un fimbole de la Grande
Bretagne , qui fe trouve auffi fur pluſieurs
Médailles de Cunobellinus , Roi Breton
ainfi que la Lune , autre figne de bonheurs
le Lituus , ou Bâton augural défigne
la Religion , & on trouve le Cheval
prefque fur toutes les Médailles Celtiques
& Britanniques , parcequ'on en nouriffoit
beaucoup dans l'un & dans l'autre Pays.
A l'égard de la Figure aîlée , elle convient
parfaitement , & s'accorde avec la Figure
de la Victoire Britannique VICTORIA
BRITANNICA , fi connue par les Médailles
d'Antonin Pie , de Commode , de
Severe , de Geta & c . Dion dans la Vie de
Neron remarque d'ailleurs que la Victoire
étoit particulierement adorée chez les
Brea
A O UST. 1730. 1809
·
Bretons fous le nom d'Adrafte ; il rapporte
même une Priere addreffée à cette Divinité
par Boodix ou Bundovix , Amazone
* Britannique . Cette derniere preuve
eft fort étendue dans notre Auteur ; mais
en voilà affez pour appuyer un fentiment
qui eft avancé avec beaucoup d'apparence
& de folidité.
M. Eccard après avoir exercé fa critique
fur des Médailles trop legerement
attribuées à Attila , en produit une de ce
Conquerant tirée de fon Cabinet dont il
nous garantit la verité en ces termes :
Attila Numus fi unquamgenuinus extitit ,
nos poffidere certum eft . Elle eft de petit
bronze ; d'un côté ce Prince eft repréfenté
fans barbe avec un air & un regard fort
doux , la tête couverte d'une efpece de
Thiare , qui eft un peu défigurée ſur la
Médaille ; ce qui paroît du corps eft habillé
d'une maniere barbare , corpus paludamento
barbarico veftitum eft ; fur le Re-
* Nous avons employé le terme d'Amazonne
Britannique après M. Eccardo M M. de Lipfic.
Ce terme qui a quelque chofe d'extraordinaire
n'eft point dans le Grec de Dion.ni dans la vers
fion de Xilandre que nous avons confultés; mais
l'Héroïne dont il eft ici queftion le méritoit fans
doute : fon avanture fait un des plus beaux
morceaux de l'Hiftorien Grec
propofons de la prefenter unur à nos Lecteurs
nous nous
F vers
1810 MERCURE DE FRANCE
vers il n'y a autre chofe que ces deux
mots en caracteres fort nets & bien confervés
, A DULA (REX ; ils font enfermés
, auffi bien que la Figure du premier
côté de la Médaille,dans une couronne de
laurier. A bien confiderer l'image & l'ha
billement de ce Prince , on y trouve quelchofe
de reffemblant à Baduila ou Toque
tila , Roi des Goths ; mais cela n'empê
che pas M. Eccard de foûtenir que la Médaille
eft veritablement d'Attilla . Cette
reffemblance , dit- il , vient de l'ufage
dans lequel étoit ce Frince , qui aimoit
les moeurs & la Langue des Goths , de
s'habiller à la Gothique , trouvant cette
manieré plus commode , & fi l'on veut
plus galante , elegantiùs , que celle de fon
Pays , comme les Goths eux - mêmes
avoient emprunté l'habit des Getes après
leur avoir fuccedé , en les chaffant des
Regions qu'ils avoient occupées fur le Danube
, ainfi que M. Eccard s'engage de
le faire voir ailleurs.
ATTILE Hunnorum Regis . Remarques
de Jean- George Eccard ,fur les Medailles
d'Attila Roi des Huns .
Une Médaille d'Attila rapportée par le
P. Bandouri , Benedictin , dans fon bas Empire
, a donné lieu à M. Eccard , Hiftoriographe
& Bibliotequaire du Roi George
d'Angleterre , Electeur d'Hanover , & c.
de faire les Remarques dont il s'agit ici.
>
•
Il obferve d'abord que c'eft mal à propos
que quelques Auteurs , & furtout les
plus modernes , ont dépeint Attila avec
de noires couleurs ; felon eux ce Conquerant
étoit feroce ,-barbare , & extrê
mement cruel . Un Ecrivain ancien & contemporain
nous le repréfente , au contraire
comme un Prince d'un naturel doux
& de très - bonnes moeurs . Il eft vrai , dit
M. Eccard , que les Romains l'ayant extrêmement
irrité, & lui ayant fouvent tendu
des embuches , Attila mit tout en ufage,
pour le venger & c'eft cette vengeance
pouffée un peu loin qui lui a acquis la mauvaife
réputation dont notre Auteur tâche
de le laver. Il aura peut- être de la peine à
réuffit ; car il faut avouer que le préjugé
eft grand & déja ancien au fujet de ce
Prince. Un habile Hiſtorien ( M. l'Abbé
de Vertot, Hift. de Malte , Liv. VI. ) pour
nous donner une jufte idée du fameux
у
Ta1806
MERCURE DE FRANCE
Tamerlan , dit qu'on peut regarder ce
Conquerant Tartare comme un autre Attila,
comme un fleau de Dieu & c.
Quoiqu'il en foit , cette idée de ferocité
& de barbarie qu'on s'eft faite de la
perfonne d'Attila , a paffé jufques fur fes
Médailles ; ce qui paroît qui paroît principalement
fur celle du Cabinet de Jean André Bofius
, grand bronze , où l'on voit d'un
côté la tête de ce Prince reprefenté vultu
truculento , comme parle notre Auteur , &
la barbe fort longue , avec cette Legen
de, ATTILA REX , & fur le Revers la
Ville d'Aquilée avec fon nom AQUILEIA.
Mais M. Eccard foutient que les meilleurs
Antiquaires ont toujours crû cette
Médaille fauffe & fuppofée.
Il parle enfuite de deux autres Médailles
prétendues d'Attila par J.Jacques Chiflet
, & par lui rapportées , comme ayant
été trouvées dans la terre à Besançon ;
elles font d'argent : d'un côté on voit le
bufte d'un Prince encore jeune , ayant
des aîles aux épaules ; & pour Legende
ATEULA. Au Revers un Cheval, la tête
levée , avec une corne au milieu ; fur le
dos un Bâton augural , & entre les pieds
du Cheval un Pentagone : dans l'Exergue
la Lune dans fon décours , avec ce
mot VLATOS .
Notre Antiquaire fait mention d'une .
troiAOUST.
1730. 1807
rroifiéme Médaille prefque femblable
qui lui a été communiquée par un Sçavant
de fes amis ( Reverendiſſ. Abbas Lucenfis
Gerhardus ) dont la Legende de la
Tête eft AT IU LA, & il n'oublie pas celle
que rapporte le P. Bandouri , dont la Legende
eft ATEUL. ayant fur le Revers
un Cheval fans corne & fans lituus , avec
ce mot , comme à celles de Befançon
VLATOS.
Du Cange & Mezabarbe en ont donné
une autre de bronze , où l'on voit d'un côté
la tête nuë d'un jeune homme avec ce
mot ATILA. Au Revers un Lion , fans.
Legende. Mezabarbe affure en avoir vû
une autre auffi de bronze , où du côté de
la Tête on lifoit ATHIL. au Revers un
Cheval fans Legende.
Si on en croit le P. Bandouri , toutes
ces Médailles font du fameux Attila ; Beger
, au contraire , les attribue à Vlacus .
Ateulus , Prince Celte ; mais fes preuves
ont paru foibles à M. Eccard , qui croit
avec Cambden qu'elles ont été frappées
pour un Prince Breton , fentiment fuivi
Gibſon dans fes Additions à l'Ouvra
de Cambden fur la Grande Bretagne,
& confirmé par de pareilles Médailles qui
ont été trouvées dans le même Pays : outre
que l'argent pur dont -elles font fabriquées
ne convient point au fiecle de
par
gc
barbaric
1808 MERCURE DE FRANCE
barbarie du Vainqueur des Romains
tems auquel on fe fervoit d'une matiere
bien inferieure pour la fabrique des Monnoyes.
Nous ne ferons qu'efleurer les autres
preuves qui concourent à donner ces Médailles
au Prince Breton ; le Pentagone
qu'on y voit êtoit une figure facrée chez
les Celtes , & le fimbole du bonheur
d'où vient qu'encore aujourd'hui dans la
haute Allemagne on appelle cette Figure
mifterieufe Druttenfuſſ. c'eſt- à - dire , Pied
des Druides ou des Prêtres Celtiques. L'épi
qu'on voit fur les Médailles de Cambden
& de Gibfon font un fimbole de la Grande
Bretagne , qui fe trouve auffi fur pluſieurs
Médailles de Cunobellinus , Roi Breton
ainfi que la Lune , autre figne de bonheurs
le Lituus , ou Bâton augural défigne
la Religion , & on trouve le Cheval
prefque fur toutes les Médailles Celtiques
& Britanniques , parcequ'on en nouriffoit
beaucoup dans l'un & dans l'autre Pays.
A l'égard de la Figure aîlée , elle convient
parfaitement , & s'accorde avec la Figure
de la Victoire Britannique VICTORIA
BRITANNICA , fi connue par les Médailles
d'Antonin Pie , de Commode , de
Severe , de Geta & c . Dion dans la Vie de
Neron remarque d'ailleurs que la Victoire
étoit particulierement adorée chez les
Brea
A O UST. 1730. 1809
·
Bretons fous le nom d'Adrafte ; il rapporte
même une Priere addreffée à cette Divinité
par Boodix ou Bundovix , Amazone
* Britannique . Cette derniere preuve
eft fort étendue dans notre Auteur ; mais
en voilà affez pour appuyer un fentiment
qui eft avancé avec beaucoup d'apparence
& de folidité.
M. Eccard après avoir exercé fa critique
fur des Médailles trop legerement
attribuées à Attila , en produit une de ce
Conquerant tirée de fon Cabinet dont il
nous garantit la verité en ces termes :
Attila Numus fi unquamgenuinus extitit ,
nos poffidere certum eft . Elle eft de petit
bronze ; d'un côté ce Prince eft repréfenté
fans barbe avec un air & un regard fort
doux , la tête couverte d'une efpece de
Thiare , qui eft un peu défigurée ſur la
Médaille ; ce qui paroît du corps eft habillé
d'une maniere barbare , corpus paludamento
barbarico veftitum eft ; fur le Re-
* Nous avons employé le terme d'Amazonne
Britannique après M. Eccardo M M. de Lipfic.
Ce terme qui a quelque chofe d'extraordinaire
n'eft point dans le Grec de Dion.ni dans la vers
fion de Xilandre que nous avons confultés; mais
l'Héroïne dont il eft ici queftion le méritoit fans
doute : fon avanture fait un des plus beaux
morceaux de l'Hiftorien Grec
propofons de la prefenter unur à nos Lecteurs
nous nous
F vers
1810 MERCURE DE FRANCE
vers il n'y a autre chofe que ces deux
mots en caracteres fort nets & bien confervés
, A DULA (REX ; ils font enfermés
, auffi bien que la Figure du premier
côté de la Médaille,dans une couronne de
laurier. A bien confiderer l'image & l'ha
billement de ce Prince , on y trouve quelchofe
de reffemblant à Baduila ou Toque
tila , Roi des Goths ; mais cela n'empê
che pas M. Eccard de foûtenir que la Médaille
eft veritablement d'Attilla . Cette
reffemblance , dit- il , vient de l'ufage
dans lequel étoit ce Frince , qui aimoit
les moeurs & la Langue des Goths , de
s'habiller à la Gothique , trouvant cette
manieré plus commode , & fi l'on veut
plus galante , elegantiùs , que celle de fon
Pays , comme les Goths eux - mêmes
avoient emprunté l'habit des Getes après
leur avoir fuccedé , en les chaffant des
Regions qu'ils avoient occupées fur le Danube
, ainfi que M. Eccard s'engage de
le faire voir ailleurs.
Fermer
Résumé : « J. G. ECCARDI Observatio de Nummis ATTILAE Hunnorum Regis. Remarques [...] »
Le texte 'Obfervatio de Nummis' de Jean-George Eccard aborde les médailles attribuées à Attila, roi des Huns. Eccard conteste la vision moderne d'Attila comme un conquérant féroce et barbare, préférant suivre les descriptions des écrivains anciens qui le présentent comme un prince doux et de bonnes mœurs. Cette réputation négative serait le résultat de la vengeance d'Attila contre les Romains, qui lui tendaient souvent des pièges. Eccard analyse plusieurs médailles prétendument d'Attila. La première, en bronze, montre Attila avec une barbe longue et est considérée comme fausse par les antiquaires. Deux autres médailles, en argent et trouvées à Besançon, représentent un prince jeune avec des ailes et un cheval avec une corne. D'autres médailles portent des légendes variées comme 'ATEULA' ou 'ATILA'. Le texte discute des attributions de ces médailles, certaines étant attribuées à Vlacus Ateulus, un prince celte, tandis qu'Eccard les attribue à un prince breton. Les symboles sur les médailles, comme le pentagone et le cheval, sont des figures sacrées chez les Celtes. Eccard conclut en présentant une médaille d'Attila en petit bronze, où le roi est représenté sans barbe et avec un regard doux, habillé à la manière gothique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
83
p. 1856-1864
La Tragédie de Maurice, &c. & Ballet, [titre d'après la table]
Début :
Le 2 Août, on representa au College de Louis le Grand, pour la Distribution [...]
Mots clefs :
Théâtre, Ballet, Ridicule, Dieu, Armée, Mort, Collège de Louis le Grand, Histoire, Tyran, Prince, Tragédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Tragédie de Maurice, &c. & Ballet, [titre d'après la table]
Le 2 Août , on reprefenta au College
de Louis le Grand , pour la Diftribution
des Prix , fondé par S. M. la Tragédie
de Maurice , Empereur d'Orient cette
Tragédie fut fuivie d'un Ballet . Nous allons
donner de l'une & de l'autre un Extrait
le plus fuccinct qu'il nous fera
poffible.
Argument de la Tragédie.
Maurice
AOUST. 1730. 1857
Maurice agité de remords pour avoir
laiffé périr dans les fers un nombre confiderable
de fes fujets , qu'il n'avoit tenu
qu'à lui de racheter , fe reconnoît coupable
devant Dieu , & le prie de lui faire
expier fon crime dans ce monde plutôt
que dans l'autre. Sa priere eft exaucée ;
Dieu lui fait voir fon châtiment en fonge ;
il confeffe humblement qu'il l'a merité.
Il est déthrôné par Phocas ; & prêt à
mourir il prononce fouvent ces paroles ,
qui furent les dernieres de ſa vie : Vous
êtes jufte , Seigneur , & votre Jugement eft
équitable.
La Scene eft à Conftantinople , dans le
Palais Imperial.
ACTE I.
Maurice avoit fait arrêter Germain , Beau
Pere de fon fils Theodore , fur une Lettre anonyme
, par laquelle on lui offroit l'Empire ; mais
ayant vú en fonge un ufurpateur qui vouloit lui
arracher le Sceptre , & la lettre Ph. étant
gravée fur le front du coupable , fes foupçons
tombent fur Philipiccus , fon beau- frere ; il fait
remettre Germain en liberté , & ordonne qu'on
lui amene Philipiccus ; celui- ci fe contente de
faire parler fon innocence dans le tems que Mau
rice l'accable de fanglans reproches . Ce dernier
accufé eft encore juftifié par la nouvelle que
PEmpereur apprend de la révolte de Phocas , l'un
des Officiers Generaux de fon Armée. Il veug
aller
H
1858 MERCURE DE FRANCE
aller reprimer les Rebelles ; Philippicus l'en détourne
, en lui reprefentant le danger évident
où il s'expoferoit ; cependant il va raffembler ce
qui refte de fujets fideles à Maurice pour le mettre
en état de diffiper les Factieux . Maurice effrayé
du fonge qu'il a fait ; & voyant bien que
Dieu eft prêt à le punir de fon crime , fonge
plutôt à fauver fes Enfans qu'à fe fauver lui-même
; il leur ordonne d'aller chercher un azile fous
la conduite de Prifcus , Gouverneur de Juftin ,
fon fils. Theodofe , fon autre fils , refuſe d'obéïr
, & veut périr en deffendant le Trône & la
vie de fon Pere ; l'Empereur confie à Prifcus le
fecond de fes Enfans , & va fe mettre à la tête
de quelques Troupes que Philippicus à ramaffées
pour combattre les révoltez .
ACTE I I..
Maurice ayant été lâchement abandonné des
Troupes qu'il croyoit lui être fideles , Germain
irrité de fon emprifonnement , fe flate que Phocas
n'a confpiré que pour le mettre fur le Trône
; il introduit ce traître dans le Palais . Alcime ,
Officier de l'Armée , & Confident de Phocas
vient annoncer à Germain la défaite & la prife
de Maurice & de Theodore , fon fils aîné. Germain
voudroit qu'on leur eut laiffé la liberté de
fuïr ; il craint que leur préfence n'intereffe les
Peuples en leur faveur ; Alcime ſoutient au contraire
que
la fuite les auroit pû mettre en état
de remonter fur le Trône. On préfente à Phocas
Maurice chargé de fers ; Germain , par un reſte
de vertu , ne peut en foûtenir la vûë , & fe reti
re. Phocas s'efforce envain d'engager Maurice à
lui livrer fon fecond fils Juftin , fous prétexte.
de le mettre à couvert de la fureur du peuple ; co
pere
A O UST . 1730. 1859
ce
Pere infortuné ne donne pas dans un piége fi
groffier ; on amene Theodore à Phocas
Prince fier & intrépide détefte la perfidie de Ger
main , & reproche à Phocas d'avoir confpiré
pour le mettre fur le Trône. Phocas lui fait entendre
en termes équivoques , qu'il n'ôtera jamais
la Couronne à Maurice , pour la mettre
fur la tête d'un autre. L'Empereur & fon fils
s'étant retirez , il ouvre fon coeur à Alcime , &
lui déclare qu'il n'a travaillé que pour lui - mêil
l'envoye recevoir en fon nom le ferment
de l'Armée , & fort pour aller donner ordre à
la recherche de Juftin , frere de Theodore.
me ;
ACTE I I I..
pour faire rentrer Philippicus n'oublie rien
Germain dans fon devoir ; ce dernier offre le
Trône Imperial à fon Gendre Theodore , qui le
refufe genereufement comme appartenant à fon
pere ; il fait entendre à Germain que Phocas ne
l'a ufurpé que pour lui - même. Germain ne le
peut croire ; cependant il fort avec Philippicus
pour penetrer avec lui un deffein dont il commence
à fe défier. Prifcus , dont Phocas a enfin
découvert la retraite , eft amené au Palais , avec
fon fils Heraclius , à qui il a donné le nom &
l'habit de Juftin , pour fauver ce jeune Prince
aux dépens de la vie de fon propre fils . Les difcours
du faux Juftin épouventent Phocas , qu'on
fuppofe n'avoir jamais vu le fecond fils de Maurice
; il efpere abbattre ce noble orgüeil , en luž
montrant Maurice chargé de fers ; Prifcus tâ
che envain de détourner une entr'vûë qui doit
trahir fon fecret. Heureufement pour lui Phocas
fe retire , & ce n'eft qu'en fon abfence que
Murice reconnoît le genereux artifice de Prif-
Hij cus i
1860 MERCURE DE FRANCE
cus ; il veut genereulement en avertir Phocas ;
mais l'un & l'autre le prient fi ardemment de
laiffer le Tyran dans l'erreur , qu'il y confent ,
dans la crainte d'expofer infructueufement Heraclius
au reffentiment de Phocas , qui ne manqueroit
pas de fe venger fur le Pere & fur le Fils
d'un fi genereux artifice. Prifcus ordonne qu'on
enferme fon fils , & va retrouver le veritable
Justin,
ACTE I V,
Germain ne doutant plus que Phocas ne
yeuille s'emparer du Trône au lieu de lui , fe
réfout à le perdre ; il a un entretien avec cet
ambitieux concurrent , où ce dernier s'explique
affez ouvertement, Germain s'emporte , & fort
pour courir à la vengeance , en fe joignant à
Philippicus. Alcime confeille à Phocas de le faire
obferver & arrêter s'il fe peut ; mais Phocas occupé
des frayeurs que la fierté d'Heraclius lui a
infpirée, le veut entretenir ; il croit le faire trembler
, & tremble lui -même ; il fe réfout à le
faire périr , mais Heraclius furvenant , lui déclare
qu'il n'eft point fon fils. Phocas ordonne
qu'on cherche le vrai Juftin. Ce dernier s'étant
échappé des mains de Prifcus , vient redemander
fon Pere & reprendre fon nom qu'Heraclius lui
a dérobé. Tout femble flatter la fureur de Phocas
, lorfqu'il apprend que Theodore a briſé ſes
fers ; il veut s'en venger par la mort de Juftin ;
mais l'avis foudain qu'il reçoit , que Germain
foutenu de Philippicus & de Prifcus a foulevé le
peuple , & vient l'inveſtir dans le Palais , l'oblige
fufpendre fa fanglante execution,
ACTE
A OUST . 1730. 1861
ACTE V..
Phocas triomphant de Germain , qui vient
d'être tué , & de Theodore qui a été bleffé , veut
faire périr Philippicus & Prifcus ; mais comme
ces deux Generaux font refpectés de l'Armée ;
Alcime lui fait voir à quel danger il s'expoferoit
s'il leur faifoit donner la mort . Phocas ordonne
qu'on les amene devant lui avec Heraclius ; il fe
réfout à facrifier à fa sûreté Maurice & fes
deux enfans . Philippicus , Prifcus , & Heraclius
paroiffent devant Phocas ; ils ne daignent pas
écouter les flatteufes promeffes qu'il leur fait , &
demandent pour toute grace qu'on leur faffe
voir leur Empereur. Phocas y confent , & fort
pour aller entretenir les Chefs de l'Armée , qui
fe font affemblés , & qui lui demandent la grace
de ces trois Prifonniers ; Maurice eft amené
chargé de fers ; quel fpectacle pour ces trois fideles
fujets ! le fon de la Trompette leur annonce
la proclamation de Phocas ; on les fépare de
Maurice ; ce déplorable Prince demeure feul . On
aporte leTrône Imperial où Phocas fe doit placer
à fes yeux ; Maurice s'humilie devant Dieu ,
confeffe qu'il a merité le fort dont la justice Paccable
; il demande au Ciel vengeur , pour toute
grace , que fes Enfans ne foyent pas enveloppés
dans fa ruïne. Phocas n'eft pas plutôt affis fur le
Trône , qu'il commande qu'on enleve Theodore
& Juftin pour leur donner la mort. Theodore
déja bleffé expire aux yeux de fon malheureux
Pere , Juftin eft arraché d'entre les bras de Maurice,
Le Tyran envoye Maurice à la mort , quoique
le Peuple & l'Armée lui laiffent la liberté de
vivre ; le Heros allant à la mort , prédit à Phocas
le châtiment que le Ciel vengeur réſerve à
Hiij tous
& -
1862 MERCURE DE FRANCE
tous fes crimes. L'ufurpateur en eft fi épouvanté
, que le Sceptre lui tombe des mains , c'eft
ainfi qu'il commence à recevoir la peine dûë à
fon parricide. Le Théatre fut fermé par un éloge
du Roy.
Cette Tragédie fut fuivie du Ballet
dont nous allons parler. Le ridicule
des hommes en fit le fujet : en voici la
Divifion. Ce ridicule , exprimé par la
Danfe , fe fait connoître dans le Balet en
quatre manieres , qui en font le partage.
1º . Dans leurs Caracteres . 2 ° . Dans leurs
Entreprises. 3. Dans leurs Déguisemens.
4 Dans leurs Amuſemens. Ce ridicule a
trop d'étenduë pour pouvoir être contenu
dans un feul Ballet ; on s'eft contenté
de le borner à ces quatre parties ; la Fable
& l'Hiftoire y ont été employées avec
beaucoup d'art.
Minerve defcend du Ciel avec plufieurs Génies
férieux pour corriger les deffauts des hommes
; elle n'y réuffit prefque point , ce qui l'oblige
de ceder la place à Momus. Ce dernier
contrefait le ridicule de plufieurs perfonnes qui
commencent à fe corriger. Ce premier fuccès enhardit
ce Dieu de la cenfure , & lui fait former
le deffein de donner le ridicule des hommes en
fpectacle.
Les Amateurs d'eux - mêmes font la premiere
Entrée ; la feconde eft compofée des foupçonneux
, & la troifiéme des préfomptueux. La Fable
de Narciffe fonde la premiere. Denis le Tyran
AOUST. 1730. 1863
ran de Siracuſe , amene la feconde , & Mydas ,
Roi de Phrigie , eft à la tête des préfomptueux ,
pour avoir préferé la Flute de Pan à la Lyre
d'Apollon.
Anthée voulant éprouver les forces contre le
fils de Jupiter , fonde la premiere Entrée de la
feconde Partie , fçavoir , l'Entreprife au- deffus
des forces. L'Entreprise au- deffus des moyens
fait la feconde Entrée , l'Hiftoire qui y donne
lieu , eft celle de Pyrrhus , Roy d'Epire , qui for
me le deffein de conftruire un Pont d'environ
dix-fept lieuës fur la Mer Adriatique . Bavins ,
Mavius , & autres Poëtes femblables , font plufieurs
tentatives pour occuper le Parnaffe ; ce qui
amene la troifiéme Entrée , qui a pour
treprise au- deffus des talens .
titre : Enveut
Pâris , qui , couvert d'une peau de Lion ,
combattre Menelas , à qui il n'échappe que par
une honteuſe fuite , établit la premiere Entrée ,
qui a pour titre la Lâcheté mafquée . La feconde
qui eft la Fidelité fimulée , eft marquée par un
Monument élevé à la memoire de Nabopharzan,
par ordre de fon Epouſe qui ne l'avoit jamais
aimé. La troifiéme Entrée , qui eft la Débauche
cachée , eft peinte par ce trait d'Hiftoire des
Etruciens paroiffent accompagnez des Vertus pendant
le jour , l'Abftinence & la Temperance leur
fervent un repas frugal , fur le modele de celui
du fameux Curius ; mais à peine la nuit eft - elle
arrivée que ces faux Curius font une Bacchanale,
dans laquelle les Vices danfent à la place des
Vertus.
:
La vaine Parure , la Curiofité frivole & les
Idées chimériques , forment les trois Entrées de
cette derniere Partie. De jeunes Sibarites établiffent
la premiere. Des Athéniens , qui s'étant affemblez
pour entendre difcourir leurs plus cele-
Hij bres
1864 MERCURE DE FRANCE
bres Orateurs fur des affaires importantes , les
quittent pour voir des Joueurs de Gobelets , fondent
la feconde. Quelques traits bizarrès du fameux
Chevalier de la Manche , donnent lieu à la
troifléme , &c. Minerve voyant l'utilité des leçons
de Momus , fe réconcilie avee lui ; ce qui
fait le Balet general & l'Epilogue du deffein .
de Louis le Grand , pour la Diftribution
des Prix , fondé par S. M. la Tragédie
de Maurice , Empereur d'Orient cette
Tragédie fut fuivie d'un Ballet . Nous allons
donner de l'une & de l'autre un Extrait
le plus fuccinct qu'il nous fera
poffible.
Argument de la Tragédie.
Maurice
AOUST. 1730. 1857
Maurice agité de remords pour avoir
laiffé périr dans les fers un nombre confiderable
de fes fujets , qu'il n'avoit tenu
qu'à lui de racheter , fe reconnoît coupable
devant Dieu , & le prie de lui faire
expier fon crime dans ce monde plutôt
que dans l'autre. Sa priere eft exaucée ;
Dieu lui fait voir fon châtiment en fonge ;
il confeffe humblement qu'il l'a merité.
Il est déthrôné par Phocas ; & prêt à
mourir il prononce fouvent ces paroles ,
qui furent les dernieres de ſa vie : Vous
êtes jufte , Seigneur , & votre Jugement eft
équitable.
La Scene eft à Conftantinople , dans le
Palais Imperial.
ACTE I.
Maurice avoit fait arrêter Germain , Beau
Pere de fon fils Theodore , fur une Lettre anonyme
, par laquelle on lui offroit l'Empire ; mais
ayant vú en fonge un ufurpateur qui vouloit lui
arracher le Sceptre , & la lettre Ph. étant
gravée fur le front du coupable , fes foupçons
tombent fur Philipiccus , fon beau- frere ; il fait
remettre Germain en liberté , & ordonne qu'on
lui amene Philipiccus ; celui- ci fe contente de
faire parler fon innocence dans le tems que Mau
rice l'accable de fanglans reproches . Ce dernier
accufé eft encore juftifié par la nouvelle que
PEmpereur apprend de la révolte de Phocas , l'un
des Officiers Generaux de fon Armée. Il veug
aller
H
1858 MERCURE DE FRANCE
aller reprimer les Rebelles ; Philippicus l'en détourne
, en lui reprefentant le danger évident
où il s'expoferoit ; cependant il va raffembler ce
qui refte de fujets fideles à Maurice pour le mettre
en état de diffiper les Factieux . Maurice effrayé
du fonge qu'il a fait ; & voyant bien que
Dieu eft prêt à le punir de fon crime , fonge
plutôt à fauver fes Enfans qu'à fe fauver lui-même
; il leur ordonne d'aller chercher un azile fous
la conduite de Prifcus , Gouverneur de Juftin ,
fon fils. Theodofe , fon autre fils , refuſe d'obéïr
, & veut périr en deffendant le Trône & la
vie de fon Pere ; l'Empereur confie à Prifcus le
fecond de fes Enfans , & va fe mettre à la tête
de quelques Troupes que Philippicus à ramaffées
pour combattre les révoltez .
ACTE I I..
Maurice ayant été lâchement abandonné des
Troupes qu'il croyoit lui être fideles , Germain
irrité de fon emprifonnement , fe flate que Phocas
n'a confpiré que pour le mettre fur le Trône
; il introduit ce traître dans le Palais . Alcime ,
Officier de l'Armée , & Confident de Phocas
vient annoncer à Germain la défaite & la prife
de Maurice & de Theodore , fon fils aîné. Germain
voudroit qu'on leur eut laiffé la liberté de
fuïr ; il craint que leur préfence n'intereffe les
Peuples en leur faveur ; Alcime ſoutient au contraire
que
la fuite les auroit pû mettre en état
de remonter fur le Trône. On préfente à Phocas
Maurice chargé de fers ; Germain , par un reſte
de vertu , ne peut en foûtenir la vûë , & fe reti
re. Phocas s'efforce envain d'engager Maurice à
lui livrer fon fecond fils Juftin , fous prétexte.
de le mettre à couvert de la fureur du peuple ; co
pere
A O UST . 1730. 1859
ce
Pere infortuné ne donne pas dans un piége fi
groffier ; on amene Theodore à Phocas
Prince fier & intrépide détefte la perfidie de Ger
main , & reproche à Phocas d'avoir confpiré
pour le mettre fur le Trône. Phocas lui fait entendre
en termes équivoques , qu'il n'ôtera jamais
la Couronne à Maurice , pour la mettre
fur la tête d'un autre. L'Empereur & fon fils
s'étant retirez , il ouvre fon coeur à Alcime , &
lui déclare qu'il n'a travaillé que pour lui - mêil
l'envoye recevoir en fon nom le ferment
de l'Armée , & fort pour aller donner ordre à
la recherche de Juftin , frere de Theodore.
me ;
ACTE I I I..
pour faire rentrer Philippicus n'oublie rien
Germain dans fon devoir ; ce dernier offre le
Trône Imperial à fon Gendre Theodore , qui le
refufe genereufement comme appartenant à fon
pere ; il fait entendre à Germain que Phocas ne
l'a ufurpé que pour lui - même. Germain ne le
peut croire ; cependant il fort avec Philippicus
pour penetrer avec lui un deffein dont il commence
à fe défier. Prifcus , dont Phocas a enfin
découvert la retraite , eft amené au Palais , avec
fon fils Heraclius , à qui il a donné le nom &
l'habit de Juftin , pour fauver ce jeune Prince
aux dépens de la vie de fon propre fils . Les difcours
du faux Juftin épouventent Phocas , qu'on
fuppofe n'avoir jamais vu le fecond fils de Maurice
; il efpere abbattre ce noble orgüeil , en luž
montrant Maurice chargé de fers ; Prifcus tâ
che envain de détourner une entr'vûë qui doit
trahir fon fecret. Heureufement pour lui Phocas
fe retire , & ce n'eft qu'en fon abfence que
Murice reconnoît le genereux artifice de Prif-
Hij cus i
1860 MERCURE DE FRANCE
cus ; il veut genereulement en avertir Phocas ;
mais l'un & l'autre le prient fi ardemment de
laiffer le Tyran dans l'erreur , qu'il y confent ,
dans la crainte d'expofer infructueufement Heraclius
au reffentiment de Phocas , qui ne manqueroit
pas de fe venger fur le Pere & fur le Fils
d'un fi genereux artifice. Prifcus ordonne qu'on
enferme fon fils , & va retrouver le veritable
Justin,
ACTE I V,
Germain ne doutant plus que Phocas ne
yeuille s'emparer du Trône au lieu de lui , fe
réfout à le perdre ; il a un entretien avec cet
ambitieux concurrent , où ce dernier s'explique
affez ouvertement, Germain s'emporte , & fort
pour courir à la vengeance , en fe joignant à
Philippicus. Alcime confeille à Phocas de le faire
obferver & arrêter s'il fe peut ; mais Phocas occupé
des frayeurs que la fierté d'Heraclius lui a
infpirée, le veut entretenir ; il croit le faire trembler
, & tremble lui -même ; il fe réfout à le
faire périr , mais Heraclius furvenant , lui déclare
qu'il n'eft point fon fils. Phocas ordonne
qu'on cherche le vrai Juftin. Ce dernier s'étant
échappé des mains de Prifcus , vient redemander
fon Pere & reprendre fon nom qu'Heraclius lui
a dérobé. Tout femble flatter la fureur de Phocas
, lorfqu'il apprend que Theodore a briſé ſes
fers ; il veut s'en venger par la mort de Juftin ;
mais l'avis foudain qu'il reçoit , que Germain
foutenu de Philippicus & de Prifcus a foulevé le
peuple , & vient l'inveſtir dans le Palais , l'oblige
fufpendre fa fanglante execution,
ACTE
A OUST . 1730. 1861
ACTE V..
Phocas triomphant de Germain , qui vient
d'être tué , & de Theodore qui a été bleffé , veut
faire périr Philippicus & Prifcus ; mais comme
ces deux Generaux font refpectés de l'Armée ;
Alcime lui fait voir à quel danger il s'expoferoit
s'il leur faifoit donner la mort . Phocas ordonne
qu'on les amene devant lui avec Heraclius ; il fe
réfout à facrifier à fa sûreté Maurice & fes
deux enfans . Philippicus , Prifcus , & Heraclius
paroiffent devant Phocas ; ils ne daignent pas
écouter les flatteufes promeffes qu'il leur fait , &
demandent pour toute grace qu'on leur faffe
voir leur Empereur. Phocas y confent , & fort
pour aller entretenir les Chefs de l'Armée , qui
fe font affemblés , & qui lui demandent la grace
de ces trois Prifonniers ; Maurice eft amené
chargé de fers ; quel fpectacle pour ces trois fideles
fujets ! le fon de la Trompette leur annonce
la proclamation de Phocas ; on les fépare de
Maurice ; ce déplorable Prince demeure feul . On
aporte leTrône Imperial où Phocas fe doit placer
à fes yeux ; Maurice s'humilie devant Dieu ,
confeffe qu'il a merité le fort dont la justice Paccable
; il demande au Ciel vengeur , pour toute
grace , que fes Enfans ne foyent pas enveloppés
dans fa ruïne. Phocas n'eft pas plutôt affis fur le
Trône , qu'il commande qu'on enleve Theodore
& Juftin pour leur donner la mort. Theodore
déja bleffé expire aux yeux de fon malheureux
Pere , Juftin eft arraché d'entre les bras de Maurice,
Le Tyran envoye Maurice à la mort , quoique
le Peuple & l'Armée lui laiffent la liberté de
vivre ; le Heros allant à la mort , prédit à Phocas
le châtiment que le Ciel vengeur réſerve à
Hiij tous
& -
1862 MERCURE DE FRANCE
tous fes crimes. L'ufurpateur en eft fi épouvanté
, que le Sceptre lui tombe des mains , c'eft
ainfi qu'il commence à recevoir la peine dûë à
fon parricide. Le Théatre fut fermé par un éloge
du Roy.
Cette Tragédie fut fuivie du Ballet
dont nous allons parler. Le ridicule
des hommes en fit le fujet : en voici la
Divifion. Ce ridicule , exprimé par la
Danfe , fe fait connoître dans le Balet en
quatre manieres , qui en font le partage.
1º . Dans leurs Caracteres . 2 ° . Dans leurs
Entreprises. 3. Dans leurs Déguisemens.
4 Dans leurs Amuſemens. Ce ridicule a
trop d'étenduë pour pouvoir être contenu
dans un feul Ballet ; on s'eft contenté
de le borner à ces quatre parties ; la Fable
& l'Hiftoire y ont été employées avec
beaucoup d'art.
Minerve defcend du Ciel avec plufieurs Génies
férieux pour corriger les deffauts des hommes
; elle n'y réuffit prefque point , ce qui l'oblige
de ceder la place à Momus. Ce dernier
contrefait le ridicule de plufieurs perfonnes qui
commencent à fe corriger. Ce premier fuccès enhardit
ce Dieu de la cenfure , & lui fait former
le deffein de donner le ridicule des hommes en
fpectacle.
Les Amateurs d'eux - mêmes font la premiere
Entrée ; la feconde eft compofée des foupçonneux
, & la troifiéme des préfomptueux. La Fable
de Narciffe fonde la premiere. Denis le Tyran
AOUST. 1730. 1863
ran de Siracuſe , amene la feconde , & Mydas ,
Roi de Phrigie , eft à la tête des préfomptueux ,
pour avoir préferé la Flute de Pan à la Lyre
d'Apollon.
Anthée voulant éprouver les forces contre le
fils de Jupiter , fonde la premiere Entrée de la
feconde Partie , fçavoir , l'Entreprife au- deffus
des forces. L'Entreprise au- deffus des moyens
fait la feconde Entrée , l'Hiftoire qui y donne
lieu , eft celle de Pyrrhus , Roy d'Epire , qui for
me le deffein de conftruire un Pont d'environ
dix-fept lieuës fur la Mer Adriatique . Bavins ,
Mavius , & autres Poëtes femblables , font plufieurs
tentatives pour occuper le Parnaffe ; ce qui
amene la troifiéme Entrée , qui a pour
treprise au- deffus des talens .
titre : Enveut
Pâris , qui , couvert d'une peau de Lion ,
combattre Menelas , à qui il n'échappe que par
une honteuſe fuite , établit la premiere Entrée ,
qui a pour titre la Lâcheté mafquée . La feconde
qui eft la Fidelité fimulée , eft marquée par un
Monument élevé à la memoire de Nabopharzan,
par ordre de fon Epouſe qui ne l'avoit jamais
aimé. La troifiéme Entrée , qui eft la Débauche
cachée , eft peinte par ce trait d'Hiftoire des
Etruciens paroiffent accompagnez des Vertus pendant
le jour , l'Abftinence & la Temperance leur
fervent un repas frugal , fur le modele de celui
du fameux Curius ; mais à peine la nuit eft - elle
arrivée que ces faux Curius font une Bacchanale,
dans laquelle les Vices danfent à la place des
Vertus.
:
La vaine Parure , la Curiofité frivole & les
Idées chimériques , forment les trois Entrées de
cette derniere Partie. De jeunes Sibarites établiffent
la premiere. Des Athéniens , qui s'étant affemblez
pour entendre difcourir leurs plus cele-
Hij bres
1864 MERCURE DE FRANCE
bres Orateurs fur des affaires importantes , les
quittent pour voir des Joueurs de Gobelets , fondent
la feconde. Quelques traits bizarrès du fameux
Chevalier de la Manche , donnent lieu à la
troifléme , &c. Minerve voyant l'utilité des leçons
de Momus , fe réconcilie avee lui ; ce qui
fait le Balet general & l'Epilogue du deffein .
Fermer
Résumé : La Tragédie de Maurice, &c. & Ballet, [titre d'après la table]
Le 2 août 1730, la tragédie 'Maurice, Empereur d'Orient' a été représentée au Collège de Louis le Grand pour la distribution des prix. Cette tragédie, suivie d'un ballet, raconte l'histoire de Maurice, empereur de Constantinople, tourmenté par des remords pour avoir laissé périr de nombreux sujets qu'il aurait pu sauver. Il prie Dieu de lui faire expier son crime dans ce monde plutôt que dans l'autre. Sa prière est exaucée, et il est déchu de son trône par Phocas, qui le fait emprisonner. Maurice meurt en confessant la justice de Dieu. L'intrigue se déroule en cinq actes. Dans le premier acte, Maurice, après avoir fait arrêter Germain, le beau-père de son fils Theodore, sur la base d'une lettre anonyme, découvre que Philippicus, son beau-frère, est le véritable coupable. Il libère Germain et prépare une armée pour réprimer la révolte de Phocas. Maurice, effrayé par un songe, décide de sauver ses enfants plutôt que lui-même. Theodore refuse de fuir et veut défendre le trône. Dans le deuxième acte, Maurice est abandonné par ses troupes et capturé par Phocas. Germain, irrité par son emprisonnement, introduit Phocas dans le palais. Alcime, confident de Phocas, annonce la défaite de Maurice et de Theodore. Phocas tente de faire livrer Justin, le fils cadet de Maurice, mais ce dernier refuse de tomber dans le piège. Dans le troisième acte, Philippicus et Germain découvrent les intentions de Phocas. Priscus, gouverneur de Justin, sauve le jeune prince en le faisant passer pour son propre fils, Heraclius. Phocas, trompé, ne reconnaît pas Justin. Dans le quatrième acte, Germain, réalisant les ambitions de Phocas, se joint à Philippicus pour le combattre. Phocas, effrayé par la fierté d'Heraclius, décide de le faire périr. Justin, échappant à Priscus, réclame son père et son nom. Phocas, apprenant la révolte de Germain soutenue par Philippicus et Priscus, suspend l'exécution de Justin. Dans le cinquième et dernier acte, Phocas triomphe de Germain et de Theodore, mais épargne Philippicus et Priscus en raison de leur respect au sein de l'armée. Maurice, amené chargé de fers, confesse ses fautes et demande que ses enfants soient épargnés. Phocas fait exécuter Theodore et Justin sous les yeux de Maurice, qui prédit à Phocas un châtiment divin. Le théâtre se ferme par un éloge du roi. La tragédie est suivie d'un ballet satirique sur le ridicule des hommes, divisé en quatre parties : leurs caractères, leurs entreprises, leurs déguisements et leurs amusements. Minerve et Momus tentent de corriger les défauts humains, mais sans grand succès. Le ballet se conclut par une réconciliation entre Minerve et Momus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
84
p. 1895-1896
Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Début :
Le 14. du même mois, le R. P. Grand Prieur de l'Abbaye de S. Germain, donna aussi un Mandement [...]
Mots clefs :
Prince, Princesse, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Le 14. du même mois , le R. P. Grand - Prieur
de l'Abbaye de S. Germain , donna auffi un Mandement
digue de la grandur du ' Sujet & de fa
pieté. En voici la teneur :
CLAUDE DU PRE' , Grand - Prieur de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez , immédiate
au S. Siege , & Vicaire General de S. B.
M. le Cardinal de Biffy , Evêque de Meaux
Commandeur de l'Ordre du S. Efprit , Abbé
Commandataire de cette l'Abaye , & c.
La Race fainte fe multiplie , la Pofterité nombreuſe
du Jufte eft un gage de la protection du
Tout- Puiffant , une récompenfe rendue à la vertu ,
de celui qui le craint & qui le fert avec fidelité .
Verité juftifiée par l'évenement. Elle s'accomplit
dans la Perfonne facrée du grand & Religieux
Monarque qui nous gouverne. Le Seigneur a beni
les premieres années de fon Alliance glorieufe.
Nous avons renconnu dans la Naiffance des trois
auguftes Princeffes , plus encore dans celle de
Monfeigneur LE DAUPHIN , les preuves
les plus marquées d'une Providence infiniment attentive
aux voeux du Roy , de la Reine , de toute
la Nation ; aujourd'hui nous voyons avec la joye
la plus vive , que le Seigneur mefurant fes faveurs
fur la pieté & la Religion de ce grand Prince ,
continue à le combler de nouvelles benedictions .
Le bonheur des Peuples qui rend S M. fenfible à
de tels bienfaits , nous engage à redoubler nos
voeux & nos prieres. L'augufte & vertueuſe Princeffe
, qui par l'affemblage des dons les plus précieux
de la Nature & de la grace , concourt à
rendre notre felicité durable & conſtante , mérite
ce jufte tribut. Prions pour la confervation d'une
fanté fi chere à la France , prions pour le fuccès
de fon heureufe délivrance . Puiffe -t- elle à jamais
être l'objet de l'amour & de la veneration des
Peuples
1896 MERCURE DE FRANCE
Peuples. , croître en mille mille generation .
Puiffe fa glorieufe Pofterité , fi fainte dans fa
Souche , fi augufte dans fa Tige , fi féconde en
Heros & en Maîtres du Monde dans fon étenduë
, n'avoir d'autre terme , que la fin des temps.
A CES CAUSES , en conformité des intentions
de Sa Majeſté , &c.
de l'Abbaye de S. Germain , donna auffi un Mandement
digue de la grandur du ' Sujet & de fa
pieté. En voici la teneur :
CLAUDE DU PRE' , Grand - Prieur de
l'Abbaye Royale de S. Germain des Prez , immédiate
au S. Siege , & Vicaire General de S. B.
M. le Cardinal de Biffy , Evêque de Meaux
Commandeur de l'Ordre du S. Efprit , Abbé
Commandataire de cette l'Abaye , & c.
La Race fainte fe multiplie , la Pofterité nombreuſe
du Jufte eft un gage de la protection du
Tout- Puiffant , une récompenfe rendue à la vertu ,
de celui qui le craint & qui le fert avec fidelité .
Verité juftifiée par l'évenement. Elle s'accomplit
dans la Perfonne facrée du grand & Religieux
Monarque qui nous gouverne. Le Seigneur a beni
les premieres années de fon Alliance glorieufe.
Nous avons renconnu dans la Naiffance des trois
auguftes Princeffes , plus encore dans celle de
Monfeigneur LE DAUPHIN , les preuves
les plus marquées d'une Providence infiniment attentive
aux voeux du Roy , de la Reine , de toute
la Nation ; aujourd'hui nous voyons avec la joye
la plus vive , que le Seigneur mefurant fes faveurs
fur la pieté & la Religion de ce grand Prince ,
continue à le combler de nouvelles benedictions .
Le bonheur des Peuples qui rend S M. fenfible à
de tels bienfaits , nous engage à redoubler nos
voeux & nos prieres. L'augufte & vertueuſe Princeffe
, qui par l'affemblage des dons les plus précieux
de la Nature & de la grace , concourt à
rendre notre felicité durable & conſtante , mérite
ce jufte tribut. Prions pour la confervation d'une
fanté fi chere à la France , prions pour le fuccès
de fon heureufe délivrance . Puiffe -t- elle à jamais
être l'objet de l'amour & de la veneration des
Peuples
1896 MERCURE DE FRANCE
Peuples. , croître en mille mille generation .
Puiffe fa glorieufe Pofterité , fi fainte dans fa
Souche , fi augufte dans fa Tige , fi féconde en
Heros & en Maîtres du Monde dans fon étenduë
, n'avoir d'autre terme , que la fin des temps.
A CES CAUSES , en conformité des intentions
de Sa Majeſté , &c.
Fermer
Résumé : Autre sur le même sujet du Grand-Prieur de l'Abbaye S. Germain, [titre d'après la table]
Le 14 du même mois, Claude du Pré, Grand-Prieur de l'Abbaye Royale de Saint-Germain-des-Prés, Vicaire Général du Cardinal de Bissy, Évêque de Meaux, et Commandeur de l'Ordre du Saint-Esprit, a émis un mandement. Ce document souligne la grandeur et la piété du sujet, en mettant en avant la multiplication de la race sainte comme signe de la protection divine et récompense de la vertu. Le monarque régnant illustre cette vérité par la naissance de trois princesses et du Dauphin au début de son règne, preuves de la Providence divine. Le bonheur des peuples, sensible aux bienfaits du roi, incite à redoubler les vœux et les prières. La princesse, par ses dons naturels et spirituels, contribue à la félicité durable de la nation. Les prières visent la conservation de sa santé et le succès de son heureuse délivrance. On souhaite que sa postérité soit sainte, auguste et féconde en héros et maîtres du monde, jusqu'à la fin des temps. Ce mandement est émis en conformité avec les intentions de Sa Majesté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
85
p. 2056-2057
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend de Brieg en Silesie que le 22. Juillet on y avoit roué & ensuite brûlé vif [...]
Mots clefs :
Prince, Duc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N apprend de Bricg en Silefie que le 227
Juillet on y avoit roué & enfuite, brûlé vif
un Incendiaire qui avoit mis onze fois le feu à
la petite Ville de Pitfcheu .
On écrit de Triefte que la nouvelle Foire avoit
eu tout le fuccès qu'on pouvoit defirer , & que
le concours des Marchands Etrangers y avoit été
très confiderable.
Le Prince de Lobkowits a eu avis de Silefie
que
la petite Ville de Sagan qui lui appartenoit ,
avoit été réduite en cendres , à l'exception du
Château , de deux Eglifes & de vingt Maifons,
Le Roi de Danemarck a promis au Duc d'Holftein-
Ploen de faire fortir de fon Duché les trou
pes
SEPTEMBRE. 1730. 2057
pes Danoifes qui y font en quartier depuis deur
ans , & il lui a permis en même - tems de lever
une Compagnie pour fa garde , & d'en choisir les
Officiers dans les Troupes de S. M. Danoife.
Le Duc Charles Leopold de Meckelbourg a
fait notifier à toute la Nobleffe de fon Duché de
Meckelbourg qu'il avoit réfolu de tenir à Sternberg
une Affemblée des Etats à la fin du mois
prochain. Ce Prince a écrit, dit- on, à l'Empereur,
une Lettre de foumiffion.
Il arriva à Schwerin fur la fin du mois dernier
un Trompette des Troupes de la Commiffion
qui remit à ce Prince une Lettre des Generaux ,
par laquelle on le prie de congédier dans un
certain tems les Milices qu'il a levées depuis fon
retour dans le Duché , & de réduire le nombre
de fes Chaffeurs fur l'ancien pied . On lui a fait
entendre que s'il perfifte à les conferver ,
on blo
quera la Ville de Schwerin avec affez de Trou
pes pour empêcher qu'il n'y puiffe rien entrer ni
en fortir. On ajoute que les Troupes d'execution
fe font depuis emparées des Villages de Lanckau
& de Stneck qui font près de cette Ville , & elles
ont pofé des Gardes avancées dans les Prairies
des environs .
N apprend de Bricg en Silefie que le 227
Juillet on y avoit roué & enfuite, brûlé vif
un Incendiaire qui avoit mis onze fois le feu à
la petite Ville de Pitfcheu .
On écrit de Triefte que la nouvelle Foire avoit
eu tout le fuccès qu'on pouvoit defirer , & que
le concours des Marchands Etrangers y avoit été
très confiderable.
Le Prince de Lobkowits a eu avis de Silefie
que
la petite Ville de Sagan qui lui appartenoit ,
avoit été réduite en cendres , à l'exception du
Château , de deux Eglifes & de vingt Maifons,
Le Roi de Danemarck a promis au Duc d'Holftein-
Ploen de faire fortir de fon Duché les trou
pes
SEPTEMBRE. 1730. 2057
pes Danoifes qui y font en quartier depuis deur
ans , & il lui a permis en même - tems de lever
une Compagnie pour fa garde , & d'en choisir les
Officiers dans les Troupes de S. M. Danoife.
Le Duc Charles Leopold de Meckelbourg a
fait notifier à toute la Nobleffe de fon Duché de
Meckelbourg qu'il avoit réfolu de tenir à Sternberg
une Affemblée des Etats à la fin du mois
prochain. Ce Prince a écrit, dit- on, à l'Empereur,
une Lettre de foumiffion.
Il arriva à Schwerin fur la fin du mois dernier
un Trompette des Troupes de la Commiffion
qui remit à ce Prince une Lettre des Generaux ,
par laquelle on le prie de congédier dans un
certain tems les Milices qu'il a levées depuis fon
retour dans le Duché , & de réduire le nombre
de fes Chaffeurs fur l'ancien pied . On lui a fait
entendre que s'il perfifte à les conferver ,
on blo
quera la Ville de Schwerin avec affez de Trou
pes pour empêcher qu'il n'y puiffe rien entrer ni
en fortir. On ajoute que les Troupes d'execution
fe font depuis emparées des Villages de Lanckau
& de Stneck qui font près de cette Ville , & elles
ont pofé des Gardes avancées dans les Prairies
des environs .
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1730, en Allemagne, un incendiaire ayant mis onze fois le feu à la ville de Pitfcheu a été roué et brûlé vif. La foire de Triefte a connu un grand succès avec une forte présence de marchands étrangers. La ville de Sagan, appartenant au Prince de Lobkowitz, a été détruite par un incendie, sauf le château, deux églises et vingt maisons. Le Roi de Danemark a promis au Duc d'Holstein-Plön de retirer les troupes danoises de son duché après deux ans de présence et lui a permis de lever une compagnie pour sa garde, composée d'officiers des troupes danoises. Le Duc Charles Léopold de Meckelbourg a annoncé une assemblée des États à Sternberg et a écrit une lettre de soumission à l'Empereur. À Schwerin, un trompette a remis au Duc une lettre des généraux lui demandant de congédier les milices levées récemment et de réduire le nombre de chasseurs. En cas de refus, la ville serait bloquée par des troupes, qui ont déjà occupé les villages de Lanckau et Stneck et placé des gardes avancées dans les prairies environnantes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
86
p. 2076-2077
MORTS, NAISSANCES, & Mariages des Païs Etrangers.
Début :
On apprend de Lisbonne qu'Isabelle Pereira, Domestique du Commandant de cette Ville, [...]
Mots clefs :
Princesse, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES, & Mariages des Païs Etrangers.
MORTS ,
NAISSANCES,
Mariages des Païs Etrangers.
étoit
N apprend de Lisbonne qu'Ifabelle Pereira ;
morte à Caftello Mendo , âgée de IIO ans.
La Princeffe Epouſe du Prince Royal de Saxe ,
accoucha à Dreſde le 25 Août vers les dix heures
& demie du matin d'un fecond Prince , qui
fut baptifé le lendemain , & nommé Augufte-
Albert - François - Xavier , ayant été tenu für les
Fonts au nom de l'Empereur , du Roi de France
& de la Reine de Portugal. On fit à cette occafion
une triple falve de l'Artillerie des Remparts
& c.
Le 18 Juillet , le Duc d'Holftein Ploen , épouſa
Coppenhague la fille du Comte de Reventlau .
La Celebration du mariage fe fit dans la Chapelle
du Palais en préſence du Roi , de la Reine
de Danemarck, du Prince Royal & de la Princefle
fon Epoufe,
Le
3:
SEPTEMBRE. 1730. 2077
Le 28 Août , la Cerémonie du mariage du Duc
Ferdinand de Curlande avec la Princeffe , fille de
la Ducheffe Douairiere de Veiffenfels , fe fit à
Dama.
NAISSANCES,
Mariages des Païs Etrangers.
étoit
N apprend de Lisbonne qu'Ifabelle Pereira ;
morte à Caftello Mendo , âgée de IIO ans.
La Princeffe Epouſe du Prince Royal de Saxe ,
accoucha à Dreſde le 25 Août vers les dix heures
& demie du matin d'un fecond Prince , qui
fut baptifé le lendemain , & nommé Augufte-
Albert - François - Xavier , ayant été tenu für les
Fonts au nom de l'Empereur , du Roi de France
& de la Reine de Portugal. On fit à cette occafion
une triple falve de l'Artillerie des Remparts
& c.
Le 18 Juillet , le Duc d'Holftein Ploen , épouſa
Coppenhague la fille du Comte de Reventlau .
La Celebration du mariage fe fit dans la Chapelle
du Palais en préſence du Roi , de la Reine
de Danemarck, du Prince Royal & de la Princefle
fon Epoufe,
Le
3:
SEPTEMBRE. 1730. 2077
Le 28 Août , la Cerémonie du mariage du Duc
Ferdinand de Curlande avec la Princeffe , fille de
la Ducheffe Douairiere de Veiffenfels , fe fit à
Dama.
Fermer
Résumé : MORTS, NAISSANCES, & Mariages des Païs Etrangers.
En 1730, Isabelle Pereira est décédée à Lisbonne à 110 ans. À Dresde, la princesse épouse du prince royal de Saxe a donné naissance à Auguste-Albert-François-Xavier. Le duc d'Holstein-Ploen a épousé la fille du comte de Reventlau à Copenhague. Le duc Ferdinand de Courlande a célébré son mariage à Dama.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
87
p. 2307-2310
LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Début :
Crussol, notre aimable Confrere, [...]
Mots clefs :
Collège Louis le Grand, Naissance du duc d'Anjou, Prince, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Nous avons crû que le Public verroit
avec plaifir la Piece fuivante , dont la
naïveté ingenieufe a été fort goutée à la
Cour. Elle a été faite par le Pere de la
Sante , l'un des Profeffeurs de Rhétorique,
du College de Louis le Grand , au nom
des jeunes Seigneurs Penfionnaires dans)
ce College.
LETTRE des Penfionnaires du College.
de Louis le Grand , aujeune Marquis de
Cruffol , à Versailles , fur la Fête qui ſe
fit dans ce College , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
CRuffol , noti notre aimable Confrere
Sois en Cour notre Député ;
Comme la Reine cinq fois mere
Te voit d'un oeil plein de bonté ,
I ij
Va
2308 MERCURE DE FRANCE
Va lui demander audiance ,
Sur cette Lettre de Créance ;
Et puis fans autre compliment ,
Racontes-lui naïvement ,
La fubite métamorphofe ,
D'Apollon en Artificier :
Car tel fut ici le Métier ,
Qu'il fit le jour de ſainte Roſe , * )
Jour qui vit un nouveau Fleuron ,
Naître à la Couronne de France.
Et paroître un beau Rejetton ,
De nos Lys feconde efperance.
Le foir de ce jour fortuné
Notre Parnaffe illuminé ,
Offrit un fi charmant ſpectacle ,
Qu'il tenoit prefque du Miracle.
Auffi ce Prince , dans fon temps ,
En doit-il faire d'éclatans ,
Dont nous trouvons l'heureux préſage ,
Dans fon Nom , dans fon Apanage.
D'abord la Fête commença ,
Par le fon guerrier des Trompettes ,
Bont mainte Fanfare annonça ,
(
Un Feu de trois heures complettes.
Pendant que cent bouches de fer ,
Vomiffoient des flammes tonnantes ,
Mille Serpens joüoient en l'air ,
Letrentiémejour d'Août 1730 ,
ATCE
OCTOBRE . 1730. 2309
Avec mille Etoiles volantes.
Enfin les feux hauts , les feux bas ,
Faifoient enſemble un tel fracas ,
Qu'on eût dit que le Mont Parnaffe ,
Du Mont Etna prenoit la place ,
Et que par un nouveau deſtin ,
Apollon devenoit Vulcain.
Pour nous qui fûmes de la Fête ;
Tant que tout ce grand feu dura
Nous difions : quand à notre tête ,
Un jour ce Bourbon marchera ,
Encouragez par fa prefence ,
Et fuivant à l'envi ſes pas ,
Oh ! quel feu ne ferons- nous pas
Sur les ennemis de la France !
Un Aftrologue , cependant ,
Mais Aftrologue veritable ,
Qui jamais ne débita Fable ,
A tout Paris ſe fait garant ,
Qu'étant né dans le mois d'Augufte ,
Prince doux , pacifique & juſte ,
Notre Duc aimera la Paix ,
Qu'aime Louis pour les Sujets.
Mais il y joint pour Horoſcope ,
Que fi quelque Prince en Europe ,
S'avife de reveiller Mars ,
I1 peut compter, fans rien furfaire ,
Que dans les Fils & dans le Pere ,
I iij I1
2310 MERCURE DE FRANCE
Il trouvera de vrais Céfars.
Pour gages fûrs, de leur victoire ,
L'Aftrologue , qu'on en peut croire ,
Sur des preuves dignes de foi ,
Donne , outre leurs vertus guerrieres ,
Les voeux ardens & les prieres ,
De l'Augufte Epouſe du Roi.
Nous en faifons auffi pour
Et comptons que Sa Majefté ,
Obtiendra par fa pieté ,
elle ,
Plus que nous par tout notre zele.
Que n'obtient pas du Roi des Rois ,
Un grand coeur foumis à fes -loix ?
Pour toi , qui de fi près contemples ,
De la Reine les grands exemples ,
Ami , tâche de profiter.
De ce qu'on en peut imiter
Et fuppléant à la diſtance ,
Qui nous dérobe fa prefence ,
'Affure- la très- humblement
De notre parfait dévoûment.
Pour cette fin , par ces Prefentes ,
Qui te ferviront de Patentes ,
Nous te nommons Ambaffadeur ,
Et nous fommes tous de grand coeur
Cher Cruffol , tes amis finceres ,
Tes Serviteurs & tes Confreres ,
Ce premier Septembre , à Paris ,
Au College du Grand Louis.
avec plaifir la Piece fuivante , dont la
naïveté ingenieufe a été fort goutée à la
Cour. Elle a été faite par le Pere de la
Sante , l'un des Profeffeurs de Rhétorique,
du College de Louis le Grand , au nom
des jeunes Seigneurs Penfionnaires dans)
ce College.
LETTRE des Penfionnaires du College.
de Louis le Grand , aujeune Marquis de
Cruffol , à Versailles , fur la Fête qui ſe
fit dans ce College , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc d'Anjou.
CRuffol , noti notre aimable Confrere
Sois en Cour notre Député ;
Comme la Reine cinq fois mere
Te voit d'un oeil plein de bonté ,
I ij
Va
2308 MERCURE DE FRANCE
Va lui demander audiance ,
Sur cette Lettre de Créance ;
Et puis fans autre compliment ,
Racontes-lui naïvement ,
La fubite métamorphofe ,
D'Apollon en Artificier :
Car tel fut ici le Métier ,
Qu'il fit le jour de ſainte Roſe , * )
Jour qui vit un nouveau Fleuron ,
Naître à la Couronne de France.
Et paroître un beau Rejetton ,
De nos Lys feconde efperance.
Le foir de ce jour fortuné
Notre Parnaffe illuminé ,
Offrit un fi charmant ſpectacle ,
Qu'il tenoit prefque du Miracle.
Auffi ce Prince , dans fon temps ,
En doit-il faire d'éclatans ,
Dont nous trouvons l'heureux préſage ,
Dans fon Nom , dans fon Apanage.
D'abord la Fête commença ,
Par le fon guerrier des Trompettes ,
Bont mainte Fanfare annonça ,
(
Un Feu de trois heures complettes.
Pendant que cent bouches de fer ,
Vomiffoient des flammes tonnantes ,
Mille Serpens joüoient en l'air ,
Letrentiémejour d'Août 1730 ,
ATCE
OCTOBRE . 1730. 2309
Avec mille Etoiles volantes.
Enfin les feux hauts , les feux bas ,
Faifoient enſemble un tel fracas ,
Qu'on eût dit que le Mont Parnaffe ,
Du Mont Etna prenoit la place ,
Et que par un nouveau deſtin ,
Apollon devenoit Vulcain.
Pour nous qui fûmes de la Fête ;
Tant que tout ce grand feu dura
Nous difions : quand à notre tête ,
Un jour ce Bourbon marchera ,
Encouragez par fa prefence ,
Et fuivant à l'envi ſes pas ,
Oh ! quel feu ne ferons- nous pas
Sur les ennemis de la France !
Un Aftrologue , cependant ,
Mais Aftrologue veritable ,
Qui jamais ne débita Fable ,
A tout Paris ſe fait garant ,
Qu'étant né dans le mois d'Augufte ,
Prince doux , pacifique & juſte ,
Notre Duc aimera la Paix ,
Qu'aime Louis pour les Sujets.
Mais il y joint pour Horoſcope ,
Que fi quelque Prince en Europe ,
S'avife de reveiller Mars ,
I1 peut compter, fans rien furfaire ,
Que dans les Fils & dans le Pere ,
I iij I1
2310 MERCURE DE FRANCE
Il trouvera de vrais Céfars.
Pour gages fûrs, de leur victoire ,
L'Aftrologue , qu'on en peut croire ,
Sur des preuves dignes de foi ,
Donne , outre leurs vertus guerrieres ,
Les voeux ardens & les prieres ,
De l'Augufte Epouſe du Roi.
Nous en faifons auffi pour
Et comptons que Sa Majefté ,
Obtiendra par fa pieté ,
elle ,
Plus que nous par tout notre zele.
Que n'obtient pas du Roi des Rois ,
Un grand coeur foumis à fes -loix ?
Pour toi , qui de fi près contemples ,
De la Reine les grands exemples ,
Ami , tâche de profiter.
De ce qu'on en peut imiter
Et fuppléant à la diſtance ,
Qui nous dérobe fa prefence ,
'Affure- la très- humblement
De notre parfait dévoûment.
Pour cette fin , par ces Prefentes ,
Qui te ferviront de Patentes ,
Nous te nommons Ambaffadeur ,
Et nous fommes tous de grand coeur
Cher Cruffol , tes amis finceres ,
Tes Serviteurs & tes Confreres ,
Ce premier Septembre , à Paris ,
Au College du Grand Louis.
Fermer
Résumé : LETTRE des Pensionnaires du College de Louis le Grand, au jeune Marquis de Crussot, à Versailles, sur la Fête qui se fit dans ce College, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou.
Le texte est une lettre des pensionnaires du Collège de Louis le Grand adressée au jeune Marquis de Cruffol. Elle est écrite à l'occasion de la fête célébrant la naissance de Monseigneur le Duc d'Anjou, le 23 août 1730. Les pensionnaires demandent à Cruffol de représenter leurs intérêts à la cour et de raconter à la Reine la métamorphose d'Apollon en artificier, symbolisant les feux d'artifice tirés lors de la fête. La célébration a inclus des fanfares de trompettes et des feux d'artifice spectaculaires. Un astrologue prédit que le Duc d'Anjou aimera la paix mais sera prêt à défendre la France si nécessaire. Les pensionnaires expriment leurs vœux pour la victoire et la paix, et nomment Cruffol ambassadeur auprès de la Reine. La lettre se termine par des marques de dévouement et d'amitié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
88
p. 2482-2490
Le Prince de Noisi, Comedie nouvelle, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedi, 4 de ce mois, les Comédiens François donnerent la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Prince, Druide, Chasseur, Amour, Sang, Ennemi, Mort, Bonheur, Comédie, Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Prince de Noisi, Comedie nouvelle, [titre d'après la table]
Le Samedi , 4 de ce mois , les Comé
diens François donnerent la premiere repréfentation
du Prince de Noyfi, Comédie
en Profe , en trois Actes , avec un Prologue
& trois Intermedes . Le Sr Dufrene &
les Dues Labat & Dangeville la jeune , y
jouent avec beaucoup d'aplaudiffemens
les principaux Rôles. Cette derniere eft
NOVEMBRE . 1730. 2483
en garçon, fous le nom de Poinçon , & la
fineffe de fon jeu , jointe aux agrémens &
à l'air charmant de fa perfonne , font admirer
fes heureux talens , dans un âge
fi peu avancé. Elle danfe un pas de
deux avec autant de jufteffe que de vivacité
avec la Dile Labat , dont on connoît
les graces & la nobleffe.
Voici l'Extrait de cette Piéce que nous
abregeons. Elle eft de M. d'Aiguebere ,
Auteur des Trois Spectacles.
Le Prologue n'a point d'autre objet
que le ridicule de certaines gens qui fut
le feul titre d'une Piéce prétendent en
juger fouverainement , ou qui fur la fimple
lecture de la Fable ou de l'Hiſtoire ou
le fujet a été pris , s'imaginent qu'on
n'en doit rien retrancher , non pas même
les abfurdités. Telle eft la Comteffe de
ce Prologue ; elle croit trouver dans la
Piéce du Prince de Noifi un coûteau
qui écrit de lui même des chiens d'argent
qui jappent & des ftatues qui gémiffent.
On y agite quelques autres
queftions ; un des Acteurs foûtient que
les Piéces d'agrément font préferables à
toutes les autres , & que le Milantrope
l'ennuye par la feule raifon qu'il n'y a
point de divertiffement. Le plus fenfé des
interlocuteurs eft un Commandeur qui
G vj la
2484 MERCURE DE FRANCE
fe mocquant de ceux qui jugent d'une
Piéce avant que de l'avoir vûë , prononce
ainfi fur le Prince de Noifi : Puiſque
vous le voulez , je vais vous fatisfaire , &
voici mon avis. Les Acteurs entrent fur le
Théatre : la Piéce va commencer ; allons tous
prendre nos places , & joindre notre jugement
à celui du Public.
Le Théatre repréſente au premier Acte
les Jardins du Chef des Druides ; on voit
au milieu la ſtatuë de Cleopain. Ce Chef
des Druides fait entendre à fa fille Alie
qu'il a enlevé à Merlin le glaive enchantéqu'il
déroba autrefois à la belle Philoclée;
que ce fer merveilleux , entr'autres vertus,
poffede celle d'écrire de lui- même tout
ce qu'on veut fçavoir par fon fecours , &
que l'ayant interrogé fur fon fort , il lui
a tracé fur le champ cette réponſe :
Si tu veux à ta fille affurer d'heureux jours ,
De Philoclée implore le fecours..
Le Druide ajoûte qu'il a envoyé confulter
Philoclée ; un Druide lui en vient
apporter cette réponſe :
Avant que pour la belle Alie-
Un Epoux foit choifi ,
Il faut pour affurer le bonheur de fa vie
Qu'on ait yerfé le fang du Prince de Noifi.
Cef
NOVEMBRE. 1730. 248 §
Çet Oracle allarme le Druide plus que
jamais. Le Prince de Noifi eft fils de Merlin
, fon plus redoutable Ennemi ; il jure
de ne rien oublier pour le faire périr . En
attendant cette mort qui doit préceder
l'hymen de fa fille , il l'exhorte à défendre
fon coeur de tout engagement ; il luf
parle d'un Géant qui eft capable de tout
entreprendre pour l'obtenir de gré ou de
force ; & comme le petit Poinçon , fils de
la Fée Melizande eft le plus vigilant des
tous les Génies , il le fait fortir du fein
de la ftatue où il étoit renfermé , & luf
commet la garde de la belle Alie.
Poinçon remercie le Chef des Druides.
de l'avoir tiré d'une prifon où il s'ennuyoit
; mais il trouve le nouvel emplor
qu'il lui donne beaucoup plus difficile
que le premier ; voici comme il s'explique
: Ce nouvel emploi eft bien different de
celui que vous m'ôtez : là je n'avois qu'une
Statue à garder , ici c'est une jeune Beaute
qui malgré fon petit air froid , me paroît
trés vivante & c.
Le Chef des Druides ſe retire. Poinçon
raille Alie fur l'indifference dont elle fait
profeffion , & qu'elle croit toujours gar
der. Une Sylphide vient prendre Alie
pour la conduire auprès de fes compagnes
qui l'attendent pour l'habiller . Poincon
demeure feul pour découvrir fi la
Pr
2486 MERCURE DE FRANCE
prétendue indifferente dont la garde lui
eft commife n'auroit point quelque Amant
fecret. Le Géant Moulineau fe préſente
le premier ; Poinçon le reçoit bien mal
& lui dit enfin Monfieur Moulineau ,
vous êtes trop hideux , trop brutal & trop
Géant pour ma charmante petite Maîtreffe :
pour moi ,je me mocque de tous les Moulineaux
du monde , & malgré votre air rebarbatif
& votre longue face ... Le Géant
veut écraser Poinçon ; mais ce petit gardien
fe rend invifible.
Le fecond Amant qui fe préfente eft
mieux reçû : c'eft le Prince de Noifi en
chaffeur ; il demande à Poinçon pour toute
grace , de lui permettre de voir un
moment la belle Alie qu'il a idolatrée au
moment qu'il l'a vûë pour la premiere
fois pourfuivant une biche. Poinçon fe
laiffe attendrir ; il dit au Prince de Noifi
qu'il ne tiendra qu'à lui de voir fa belle
Maitreffe à la Fête duGuy où elle doit danfer.
On vient celebrer cette Fête.
Alie & Poinçon commencent le fecond
Acte. Alie paroît fort rêveufe , ce qui fait
dire à Poinçon : vous verrez que le Chaffeur
n'a pointperdu fon tems . Alie laiffe échaper
un foupir : Fort bien , dit Poinçon , voilà
le mot qui dénoia la langue de l'Amour encore
au berceau. Alie lui difant qu'il a bien
vû comme elle a pris la fuite à l'approche
NOVEMBRE. 1730. 2487
che du Chaffeur , il lui répond ingénieu
fement : ma foi , ma chere Maîtreffe , voulez
vous que je vous parle franchement ?
femme qui fuit trop vite , ou qui s'arrête
trop long tems fait penfer la même chofe . Alie
avoue à Poinçon qu'elle n'eft pas infenfi- (
ble pour cet aimable Chaſſeur ; mais elle
ajoûte que fidelle à fa gloire , elle ne le
verra de fa vie. Elle fuit , le voyant approcher
; mais il l'arrête malgré toute fa
réfolution .
Alie après s'être long- tems 'deffendue
contre l'amour que le Chaffeur lui témoigne
, lui dit pour achever de lui ôter
toute efperance : Seigneur , car enfin puifque
vous ofez me déclarer votre amour , je
dois vous nommer ainsi , & vous êtes fans
doute d'une naiſſance illuftre , ceffez de'm'adreffer
un difcours que je ne puis entendre
& triomphez d'un amour qui ne peut que
vous être funefte & c. Un Oracle fatal m'a
défendu de prendre aucun engagement , que le
fang d'un ennemi de mon pere n'ait été versé,
& celui qui doit périr voit encore la lumière.
Le Chaffeur s'offre à immoler ce fatal
ennemi ; Alie lui nomme le Prince de
Noifi ; le Prince de Noifi , qui eft ce Chaf
feur même , veut s'immoler au bonheur
prétendu d'Alie : elle lui retient le bras
& lui fait connoître fon amour par ces
mots
2488 MERCURE DE FRANCE
mots qui lui échapent : mon amour vous
deffend de mourir & c. Cette fituation a
paru belle ; mais on auroit fouhaité qu'elle
eût été un peu plus filée &c ..
Le Chef des Druides vient annoncer
le Divertiffement de cet Acte qui ne
vient qu'à la fuite d'un Tournois qui fe
fait derriere le Théatre à la gloire d'Alie.
Nous paffons ici une feconde Scene de
Moulineau , qui ne rabat rien de fa pre..
miere férocité .
Au troifiéme Acte , le Druide feul réfléchit
fur la profonde mélancolie où la
fille lui paroît plongée depuis quelques
heures. Poinçon parle en termes équivoques
au Druide qui s'en va plus tranquille
qu'il n'eft venu.
Poinçon
dit à part foi qu'il n'a rien à
fe reprocher
dans tout ce qu'il vient de dire au Pere d'Alie
, & que s'il a pris les chofes
dans un fens contraire
, il ne doit
s'en prendre
qu'à fon peu de pénétration
.
Alie vient témoigner la peine que lui
cauſe l'absence du Prince de Noil ; elle
n'attribuë fon éloignement qu'à fon inconftance
ou à fa mort ; Poinçon la raffure
; mais fon Pere vient la frapper d'un
coup mortel en lui apprenant que le
Prince de Noifi , leur implacable ennemi
vient d'être bleffé mortellement au Tour
,
nois
NOVEMBRE. 1730. 2489
:
mois : Alie à cette funefte nouvelle ne peut
plus retenir fes regrets , ni renfermer fon
amour. Le Druide frappé de la douleur
de fa Fille , & de la funefte réfolution
qu'elle prend de ne point furvivre à la
perte d'un fi parfait Amant , accuſe l'Oracle
de l'avoir trompé, quand il lui a fait
entendre que le bonheur de fa fille dépendoit
de répandre le fang du Prince de
Noifi ; mais fa douleur eft bientôt changée
en joye par l'arrivée de Philoclée „ qui
fui parle ainfi Souverain Chef des Druides
, vos redoutables cris font parvenus jufqu'à
moi : mon Oracle ne vous a point trompé
; il demandoit le fang du Prince de Noifi,
ce genéreux Amant vient d'y fatisfaire dans
le Tournois , & fi vous le voulez le refte va
s'accomplir ; uniffez Alie à ce Prince que
le Ciel lui deftine , & que je viens d'arracher
des bras de la mort . Elle ajoûte qu'à
peine ce Prince a - t'il été gueri de fes bleffures,
qu'il eft allé combatre le Géant Moulineau
qui venoit affieger ce Palais. Le
Prince de Noifi revient victorieux du
Géant , & fon hymen avec la belle Alic
fe conclud. On vient célébrer ce grand
jour , & la Piéce finit par cette troifiéme
Fête. Voici un Couplet de chacun des
trois Divertiffemens..
2490 MERCURE DE FRANCE
Une
Bergere.
Epris d'une flamme nouvelle
Mon Berger évite mes yeux ;
J'éprouve une peine mortelle ,
Don précieux ,
Ramene l'infidelle ,
Et tu combleras tous mes veux.
Un Chevalier.
"
Que fert d'obtenir l'honneur
Du prix qu'on donne au courage ,
Si l'objet qui nous engage ,
Loin d'approuver notre ardeur ,
Nomme un autre Vainqueur.
Poinçon au Parterre.
Un Auteur qui cherche à vous plaire ,
De mille foins eſt tourmenté ;
Le goût éclairé du Partère
Sans ceffe le tient agité ;
Mais il ne faut qu'un doux moment
Pour finir fon tourment .
diens François donnerent la premiere repréfentation
du Prince de Noyfi, Comédie
en Profe , en trois Actes , avec un Prologue
& trois Intermedes . Le Sr Dufrene &
les Dues Labat & Dangeville la jeune , y
jouent avec beaucoup d'aplaudiffemens
les principaux Rôles. Cette derniere eft
NOVEMBRE . 1730. 2483
en garçon, fous le nom de Poinçon , & la
fineffe de fon jeu , jointe aux agrémens &
à l'air charmant de fa perfonne , font admirer
fes heureux talens , dans un âge
fi peu avancé. Elle danfe un pas de
deux avec autant de jufteffe que de vivacité
avec la Dile Labat , dont on connoît
les graces & la nobleffe.
Voici l'Extrait de cette Piéce que nous
abregeons. Elle eft de M. d'Aiguebere ,
Auteur des Trois Spectacles.
Le Prologue n'a point d'autre objet
que le ridicule de certaines gens qui fut
le feul titre d'une Piéce prétendent en
juger fouverainement , ou qui fur la fimple
lecture de la Fable ou de l'Hiſtoire ou
le fujet a été pris , s'imaginent qu'on
n'en doit rien retrancher , non pas même
les abfurdités. Telle eft la Comteffe de
ce Prologue ; elle croit trouver dans la
Piéce du Prince de Noifi un coûteau
qui écrit de lui même des chiens d'argent
qui jappent & des ftatues qui gémiffent.
On y agite quelques autres
queftions ; un des Acteurs foûtient que
les Piéces d'agrément font préferables à
toutes les autres , & que le Milantrope
l'ennuye par la feule raifon qu'il n'y a
point de divertiffement. Le plus fenfé des
interlocuteurs eft un Commandeur qui
G vj la
2484 MERCURE DE FRANCE
fe mocquant de ceux qui jugent d'une
Piéce avant que de l'avoir vûë , prononce
ainfi fur le Prince de Noifi : Puiſque
vous le voulez , je vais vous fatisfaire , &
voici mon avis. Les Acteurs entrent fur le
Théatre : la Piéce va commencer ; allons tous
prendre nos places , & joindre notre jugement
à celui du Public.
Le Théatre repréſente au premier Acte
les Jardins du Chef des Druides ; on voit
au milieu la ſtatuë de Cleopain. Ce Chef
des Druides fait entendre à fa fille Alie
qu'il a enlevé à Merlin le glaive enchantéqu'il
déroba autrefois à la belle Philoclée;
que ce fer merveilleux , entr'autres vertus,
poffede celle d'écrire de lui- même tout
ce qu'on veut fçavoir par fon fecours , &
que l'ayant interrogé fur fon fort , il lui
a tracé fur le champ cette réponſe :
Si tu veux à ta fille affurer d'heureux jours ,
De Philoclée implore le fecours..
Le Druide ajoûte qu'il a envoyé confulter
Philoclée ; un Druide lui en vient
apporter cette réponſe :
Avant que pour la belle Alie-
Un Epoux foit choifi ,
Il faut pour affurer le bonheur de fa vie
Qu'on ait yerfé le fang du Prince de Noifi.
Cef
NOVEMBRE. 1730. 248 §
Çet Oracle allarme le Druide plus que
jamais. Le Prince de Noifi eft fils de Merlin
, fon plus redoutable Ennemi ; il jure
de ne rien oublier pour le faire périr . En
attendant cette mort qui doit préceder
l'hymen de fa fille , il l'exhorte à défendre
fon coeur de tout engagement ; il luf
parle d'un Géant qui eft capable de tout
entreprendre pour l'obtenir de gré ou de
force ; & comme le petit Poinçon , fils de
la Fée Melizande eft le plus vigilant des
tous les Génies , il le fait fortir du fein
de la ftatue où il étoit renfermé , & luf
commet la garde de la belle Alie.
Poinçon remercie le Chef des Druides.
de l'avoir tiré d'une prifon où il s'ennuyoit
; mais il trouve le nouvel emplor
qu'il lui donne beaucoup plus difficile
que le premier ; voici comme il s'explique
: Ce nouvel emploi eft bien different de
celui que vous m'ôtez : là je n'avois qu'une
Statue à garder , ici c'est une jeune Beaute
qui malgré fon petit air froid , me paroît
trés vivante & c.
Le Chef des Druides ſe retire. Poinçon
raille Alie fur l'indifference dont elle fait
profeffion , & qu'elle croit toujours gar
der. Une Sylphide vient prendre Alie
pour la conduire auprès de fes compagnes
qui l'attendent pour l'habiller . Poincon
demeure feul pour découvrir fi la
Pr
2486 MERCURE DE FRANCE
prétendue indifferente dont la garde lui
eft commife n'auroit point quelque Amant
fecret. Le Géant Moulineau fe préſente
le premier ; Poinçon le reçoit bien mal
& lui dit enfin Monfieur Moulineau ,
vous êtes trop hideux , trop brutal & trop
Géant pour ma charmante petite Maîtreffe :
pour moi ,je me mocque de tous les Moulineaux
du monde , & malgré votre air rebarbatif
& votre longue face ... Le Géant
veut écraser Poinçon ; mais ce petit gardien
fe rend invifible.
Le fecond Amant qui fe préfente eft
mieux reçû : c'eft le Prince de Noifi en
chaffeur ; il demande à Poinçon pour toute
grace , de lui permettre de voir un
moment la belle Alie qu'il a idolatrée au
moment qu'il l'a vûë pour la premiere
fois pourfuivant une biche. Poinçon fe
laiffe attendrir ; il dit au Prince de Noifi
qu'il ne tiendra qu'à lui de voir fa belle
Maitreffe à la Fête duGuy où elle doit danfer.
On vient celebrer cette Fête.
Alie & Poinçon commencent le fecond
Acte. Alie paroît fort rêveufe , ce qui fait
dire à Poinçon : vous verrez que le Chaffeur
n'a pointperdu fon tems . Alie laiffe échaper
un foupir : Fort bien , dit Poinçon , voilà
le mot qui dénoia la langue de l'Amour encore
au berceau. Alie lui difant qu'il a bien
vû comme elle a pris la fuite à l'approche
NOVEMBRE. 1730. 2487
che du Chaffeur , il lui répond ingénieu
fement : ma foi , ma chere Maîtreffe , voulez
vous que je vous parle franchement ?
femme qui fuit trop vite , ou qui s'arrête
trop long tems fait penfer la même chofe . Alie
avoue à Poinçon qu'elle n'eft pas infenfi- (
ble pour cet aimable Chaſſeur ; mais elle
ajoûte que fidelle à fa gloire , elle ne le
verra de fa vie. Elle fuit , le voyant approcher
; mais il l'arrête malgré toute fa
réfolution .
Alie après s'être long- tems 'deffendue
contre l'amour que le Chaffeur lui témoigne
, lui dit pour achever de lui ôter
toute efperance : Seigneur , car enfin puifque
vous ofez me déclarer votre amour , je
dois vous nommer ainsi , & vous êtes fans
doute d'une naiſſance illuftre , ceffez de'm'adreffer
un difcours que je ne puis entendre
& triomphez d'un amour qui ne peut que
vous être funefte & c. Un Oracle fatal m'a
défendu de prendre aucun engagement , que le
fang d'un ennemi de mon pere n'ait été versé,
& celui qui doit périr voit encore la lumière.
Le Chaffeur s'offre à immoler ce fatal
ennemi ; Alie lui nomme le Prince de
Noifi ; le Prince de Noifi , qui eft ce Chaf
feur même , veut s'immoler au bonheur
prétendu d'Alie : elle lui retient le bras
& lui fait connoître fon amour par ces
mots
2488 MERCURE DE FRANCE
mots qui lui échapent : mon amour vous
deffend de mourir & c. Cette fituation a
paru belle ; mais on auroit fouhaité qu'elle
eût été un peu plus filée &c ..
Le Chef des Druides vient annoncer
le Divertiffement de cet Acte qui ne
vient qu'à la fuite d'un Tournois qui fe
fait derriere le Théatre à la gloire d'Alie.
Nous paffons ici une feconde Scene de
Moulineau , qui ne rabat rien de fa pre..
miere férocité .
Au troifiéme Acte , le Druide feul réfléchit
fur la profonde mélancolie où la
fille lui paroît plongée depuis quelques
heures. Poinçon parle en termes équivoques
au Druide qui s'en va plus tranquille
qu'il n'eft venu.
Poinçon
dit à part foi qu'il n'a rien à
fe reprocher
dans tout ce qu'il vient de dire au Pere d'Alie
, & que s'il a pris les chofes
dans un fens contraire
, il ne doit
s'en prendre
qu'à fon peu de pénétration
.
Alie vient témoigner la peine que lui
cauſe l'absence du Prince de Noil ; elle
n'attribuë fon éloignement qu'à fon inconftance
ou à fa mort ; Poinçon la raffure
; mais fon Pere vient la frapper d'un
coup mortel en lui apprenant que le
Prince de Noifi , leur implacable ennemi
vient d'être bleffé mortellement au Tour
,
nois
NOVEMBRE. 1730. 2489
:
mois : Alie à cette funefte nouvelle ne peut
plus retenir fes regrets , ni renfermer fon
amour. Le Druide frappé de la douleur
de fa Fille , & de la funefte réfolution
qu'elle prend de ne point furvivre à la
perte d'un fi parfait Amant , accuſe l'Oracle
de l'avoir trompé, quand il lui a fait
entendre que le bonheur de fa fille dépendoit
de répandre le fang du Prince de
Noifi ; mais fa douleur eft bientôt changée
en joye par l'arrivée de Philoclée „ qui
fui parle ainfi Souverain Chef des Druides
, vos redoutables cris font parvenus jufqu'à
moi : mon Oracle ne vous a point trompé
; il demandoit le fang du Prince de Noifi,
ce genéreux Amant vient d'y fatisfaire dans
le Tournois , & fi vous le voulez le refte va
s'accomplir ; uniffez Alie à ce Prince que
le Ciel lui deftine , & que je viens d'arracher
des bras de la mort . Elle ajoûte qu'à
peine ce Prince a - t'il été gueri de fes bleffures,
qu'il eft allé combatre le Géant Moulineau
qui venoit affieger ce Palais. Le
Prince de Noifi revient victorieux du
Géant , & fon hymen avec la belle Alic
fe conclud. On vient célébrer ce grand
jour , & la Piéce finit par cette troifiéme
Fête. Voici un Couplet de chacun des
trois Divertiffemens..
2490 MERCURE DE FRANCE
Une
Bergere.
Epris d'une flamme nouvelle
Mon Berger évite mes yeux ;
J'éprouve une peine mortelle ,
Don précieux ,
Ramene l'infidelle ,
Et tu combleras tous mes veux.
Un Chevalier.
"
Que fert d'obtenir l'honneur
Du prix qu'on donne au courage ,
Si l'objet qui nous engage ,
Loin d'approuver notre ardeur ,
Nomme un autre Vainqueur.
Poinçon au Parterre.
Un Auteur qui cherche à vous plaire ,
De mille foins eſt tourmenté ;
Le goût éclairé du Partère
Sans ceffe le tient agité ;
Mais il ne faut qu'un doux moment
Pour finir fon tourment .
Fermer
Résumé : Le Prince de Noisi, Comedie nouvelle, [titre d'après la table]
Le 4 novembre 1730, les Comédiens Français ont présenté pour la première fois 'Le Prince de Noifi', une comédie en prose en trois actes avec un prologue et trois intermèdes. Les rôles principaux étaient interprétés par le Sieur Dufrene, les Dames Labat et Dangeville la jeune, cette dernière jouant un rôle masculin sous le nom de Poinçon. Sa performance, alliée à son charme et à sa vivacité, a été acclamée. La pièce, écrite par M. d'Aiguebere, critique les jugements hâtifs sur les œuvres théâtrales. Le prologue se moque de ceux qui prétendent juger une pièce sans l'avoir vue ou qui s'imaginent qu'il ne faut rien retrancher, même les absurdités. L'intrigue se déroule dans les jardins du chef des Druides, où une statue de Cléopâtre est présente. Le Druide révèle à sa fille Alie qu'il a volé un glaive enchanté à Merlin, capable d'écrire des réponses. Un oracle prédit que le bonheur d'Alie dépend de la mort du Prince de Noifi, fils de Merlin. Le Druide décide de protéger Alie en la confiant à Poinçon, un génie vigilant. Plusieurs personnages tentent de séduire Alie, notamment le Géant Moulineau et le Prince de Noifi déguisé en chasseur. Alie, malgré ses résistances, finit par avouer son amour pour le Prince. Après un tournoi, le Prince est blessé mais survit, tue le Géant et épouse Alie. La pièce se conclut par une fête célébrant leur union.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
89
p. 2496-2506
LETTRE écrite de Constantinople le 15. Septembre 1730. sur l'état present des affaires de Perse.
Début :
Schah Thamas, Roi de Perse, fils & successeur de Schah Hussein, ayant rassemblé une armée [...]
Mots clefs :
Roi de Perse, Ambassadeur, Constantinople, Armée, Troupes, Prince, Ministre, Schah
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Constantinople le 15. Septembre 1730. sur l'état present des affaires de Perse.
LETTRE écrite de Conftantinople le 15 .
Septembre 1730. fur l'état prefent
des affaires de Perfe
Chah Thamas , Roi de Perfe , fils & fucceffeur
de Schah Huffein , ayant raffemblé une armée
de 40. mille hommes & livré plufieurs combats
à l'Ufurpateur Acheraf , toujours avec quelque
avantage , s'avança enfin vers Iſpaham , ou
Acheraf fe trouvant extrêmement refferré & hors
d'état de fe deffendre , manquant de vivres & de
troupes,fans efpoir d'aucun fecours, fe fauva enfin
dans une Fortereffe auprès de la Ville de Schiras.
Schab
NOVEMBRE . 1730. 2497
Schah Thamas entra en triomphe dans Iſpaham
avec une partie de fon armée , & l'autre
partie pourfuivit Acheraf , qui fut affiegé dans
la Fortereffe où il s'étoit réfugié, & obligé de fe
rendre & ſe livrer entre les mains du Vainqueur :
de- là les Troupes Perfanes allerent affieger Schi
ras, & expoferent Acheraf chargé de chaînes à la
vue des habitans. Quoique les Affiegez fuflent
épouventez de cet objet , ils ne voulurent cependant
écouter aucunes propofitions , & ils aimerent
mieux s'expoſer à la mort que de capituler , enforte
que les Affiegeans furent obligez d'emporter
cette Place de force ; ils s'en rendirent les maîtres
en peu de jours , & ce fut dans cette Ville
que le Rebelle Acheraf reçut le châtiment de fa
révolte & de fon ufurpation. Il fut conduit dans
la Place publique , nud , chargé de chaînes , & fut
expofé à la vue du Peuple fur un échaffaut. Là on
fit la lecture du Procés qui lui avoit été fait ,
du jugement que le Roi avoit prononcé contre
lui , par lequel il étoit condamné à être écorché
vif avec des Etrilles de cheval . L'éxecution de cer
Arrêt fut terrible , les Bourreaux lui déchirerent
la peau & la chair jufqu'à ce qu'il eut rendu le dernier
foupir. Après la mort on lui coupa la tête
qui fut portée à Ifpaham à Schah Thamas. Son
corps fut dépecé, jetté dans la campagne & aban ,
donné aux bêtes féroces.
fie
&
Après cette expedition l'Armée de Perfe, grofpar
de nouvelles troupes , pourfuivit le cours
de fes victoires , & reprit fans obſtacle toute la
Province de Chirvan , & les Villes de Couchon ,
Caffan , Sava , Cafbin , Ternan & Bender , avec
tous les Pays & toutes les Places ufurpées par
Acheraf , & plufieurs autres qui appartenoient à
ce Rebelle , comme Schiras , le Fort de Cafchan,
Kalafy , & plufieurs autres Places . Les autres
H Pays
2498 MERCURE DE FRANCE
Pays & Villes de la Perfe , comme la Georgie
qui en étoit tributaire , occupez par le Grand Seigneur
, font demeurez jufques à preſent ſous l'obéiffance
de Sa Hauteffe.
Chah Sefy , frere du Roi de Perſe , fut fait
prifonnier dans le temps que le Roi fon pere vivoit
encore ; ce fut Schah Thamas, fon frère , qui
regne aujourd'hui , qui le fit empriſonner par jaloufie
, Chah Sefy trouva moyen de fe fauver &
de fe réfugier dans la maifon d'un Armenien en
qui il avoit une entiere confiance ; il y demeura
caché pendant quelque tems ; mais dans la fuite
cet Armenien craignant qu'on ne le découvrît ,
& voulant mettre Chah Sefy en fureté , s'adrefla
à un autre Arménien fon ami , qui demeuroit
dans la Province de l'Arabiſtan ; il lui confia fon
fecret , lui fit connoître le Prince qu'il tenoit caché
chez lui , le defir qu'il avoit de le fouftraire
aux recherches qu'on en faifoit & pria en même
temps cet ami de le recevoir chez lui. L'Armé--
nien d'Arabistan confentit à la propofition & celui
d'Ifpaham ayant fait traveftir Chah Sefy en
Muletier , il le fit fortir fecretement de la Ville
accompagné d'un Valet affidé qui fe mit à la fuite
des Mulets qu'il avoit coûtume d'envoyer dans
les Villages circonvoifins pour fes proviſions de
bois & de paille. Ce Prince étant paffé par ce
moyen dans l'Arabiſtan, y fut reçu, comme on le
lui avoit fait efperer , par celui à qui il avoit été
recommandé , & fon arrivée ayant été fçûë des
principaux habitans de cette Province , ' ils lui
rendirent les honneurs dûs à fon le
rang > reçurent
comme fils de Roi , & le mirent à la tête de
12 mille hommes pour deffendre leur Province
de l'invafion dont elle étoit menacée de la part
d'Acheraf. La confiance que ces Peuples témoi
gnerent d'abord à Chah Sefy ne fut pas de lon-
*
gue
>
NOVEMBRE. 1730. 2499
gue durée , ils le foupçonnerent bien - tôt de vouloir
fe rendre maître de leur Pays , à la faveur
des troupes qu'ils lui avoient données , au lieu
de fonger à le deffendre contre Acheraf , & dans
cette penfée ils réfolurent de l'affaffiner; ce Prince
fut averti de leur deffein ; & pour garantir la vie
du danger dont elle étoit menacée , il réfolut de
prendre la fuite , déguifé fous les habits d'un de
fes domeftiques , à qui il dit qu'il avoit des affaires
très importantes à ménager à la faveur de ce
déguiſement , lui ordonnant de refter dans fon
Appartement fans fe montrer , & lui promettant
qu'il feroit de retour le foir même. Le Prince fe
fauva ainfi fans être reconnu , & peu de temps
après ceux qui vinrent dans fon Appartement
pour le tuer,affaffinerent cruellement fon Domef
tique, craignant qu'il ne les découvrît.
Chah Sefy étant ainfi forti de la Province de
l'Arabiſtan , & n'ofant pas fe confier à ſon frere
qui étoit déja monté fur le Trône , forma le deffein
de recourir à la protection du G. S. il alla
à Bagdat ou Babilone , & s'étant fait connoître
au l'acha, il en fut reçû très-honorablement, avec
promeffe qu'il lui donneroit une entiere affiftance,
& qu'il ménageroit fes interêts auprès de Sa Hau
teffe. Cependant il lui fournit de l'argent & tout
• ce qui lui étoit néceffaire fuivant fon rang;en même
tems ce Pacha en'donna' avis à la Porte , &
demanda des ordres pour faire transferer ce Prince
à Conftantinople.
Le G. S. fit une réponſe favorable, & en confequence
Chah Sefy fut conduit à Conftantinople.
où il eft actuellement très - honoré , & où il reçoit
des fecours confiderables pour fon entretien
& pour celui de 60. perfonnes qui font à ſa ſuite.
Il à un Tain , * pour 100. perfonnes par jour ,
* Tain, certaine ſomme aſſignée par jour.
Hi
ds
2500 MERCURE DE FRANCE
outre tous les vivres neceffaires pour l'entretien
de fa Table & de fa Maifon , pour fon Ecurie &
pour fix Caiques ou Felouques , fon logement
lui fut affigné à Calcedoine , où il est toujours
avec une Garde de 20. Janniffaires , commandez
par un Officier. Il eut dernierement une Audiance
du G.V.qui lui donna des Veſtes & des Peliffes magnifiques
, & plufieurs autres prefens , entre auties
un très- beau Cheval de l'Ecurie du G. S. avec de
riches harnois de la valeur d'environ 30. Bourfes.
L'Ambaffadeur de Schah Thamas, Roi de Perfe,
étant arrivé à Scutari , la Porte lui envoya le 18.
Juin 2. Galeres fur lesquelles s'étant embarqué
avec toute fa fuite , elles entrerent dans le Port
au bruit d'une quantité prodigieufe de Canon, &
allerent débarquer l'Ambaffadeur à l'Echelle de
la Doüanne , où s'étant repofé pendant quelque
tenips , le Chaoux Bachy y arriva pour le conduire
au logement qui lui étoit préparé , & pour
regler la Marche de fon Entrée qui fut faite dans
l'ordre fuivant :
On voyoit d'abord un grand nombre de Janniflaires
marchant fur deux lignes avec leurs Bonnets
de ceremonie ; ils étoient fuivis d'un grand
nombre de perfonnes de la Maiſon du G. V.
toutes vétues fort proprement : 120. Chaoux
à cheval venoient enfuite avec plufieurs Agas ; 12.
Perfans à pied avec des Cottes d'émail , portant
de longues Lances qu'ils manioient avec beaucoup
d'agilité , fervoient comme d'avant-garde à
l'Ambaffadeur qui marchoit d'abord aprés eux à
la gauche du Chaoux Bachy. Il avoit une Robbe
de drap d'or doublée de Marthe zibeline, unTurban
à la mode de Perfe , d'une Etoffe d'or à fleurs
de diverfes couleurs , parmi lesquelles le blanc
dominoit. C'eſt un homme d'environ 40. ans ,
ayant une barbe noire & un afpect affez gravé ,
30.
NOVEMBRE. 1730. 2501.
30. Perfans à cheval , tous jeunes & bien vêtus ,
marchoient après lui , & la Marche étoit fermé
par plus de 300. perfonnes de fa fuite ; les uns
armez d'armes à feu & les autres de Sabres &
d'Arcs , de Fleches & de Lances , & au milieu de
cette foule marchoient 10. Chevaux chargez de
Caiffes fort belles en dehors , dans lesquelles on
prétend qu'étoient contenus les Prefens deſtinez
pour le G. S. le G. V. & les autres Miniftres de
la Porte.
Le 3. Juillet il alla rendre au G. V. une vifite
privée , c'eſt-à - dire , avec très -peu de fuite , mais
la Chambre d'Audiance dans laquelle il fut reçû ,
étoit beaucoup plus parée qu'à l'ordinaire ; on y
voyoit fur les Couffins & fur les Sophas beaucoup
de Montres d'or , des Sabres & des Poignards de
grande valeur , prefque tous couverts de Pierreries
, outre 14. Pendules magnifiques par la beauté
de l'Ouvrage & la richeffe des ornemens,
Après le Compliment ordinaire , il rendit au
Vifir une Lettre de fon Maître , & lui expofa le
fujet de fa Miffion ; il lui dit que le Roi de Perfe
fouhaitoit d'avoir avec la Porte une Paix ferme
& durable , mais qu'il falloit que l'on commençât
par lui rendre toutes les Places dont le G. S.
s'étoit emparé en Perfe , & tous les Perfans qui
avoient été faits Efclaves dans la derniere guerre ;
cette vifite fe termina par des réponſes vagues &
generales.
Quelques jours après la Porte ayant reçû avis
que les Perfans avoient commencé des Actes
d'hoftilité & qu'ils s'étoient rendus maîtres d'Amadan,
Le G.V.qui avoit déja tenu deux Confeils
avec les principaux Miniftres dans le Serrail du
Capitan Pacha, en fit convoquer un autre à Fondukly
( lieu fitué en Europe , à l'entrée du Canal
de la Mer noire) il y fit appeller l'Ambaffadeur de
Hij Perfe
2502 MERCURE DE FRANCE
Perfe , auquel il dit , que puifque Schah Thamás
avoit commencé les hoftilitez dans le tems même
qu'il avoit envoyé un Ambaffadeur pour négocier
la Faix , il ne pouvoit plus écouter aucune
propofition , & qu'il falloit au contraire fe préparer
à la guerre , puifqu'il n'avoit point les pouvoirs
néceffaires pour traiter & conclure un accommodement
fur les propofitions qu'il avoit faites
à fon arrivée.L'Ambaffadeur répondit qu'il ne
pouvoit pas fe perfuader que ces nouvelles fuffent
veritables; mais qu'en fuppofant même qu'elles le
fuffent , il étoit certain que les hoftilitez n'avoient
point été commencées par l'ordre de fon Maître;
mais que c'étoit peut- être un foulevement imprévu
du Peuple irrité par le fouvenir des tyrannies
& des cruautez qui avoient été exercées dans
la derniere guerre ; que pour lui il n'avoit d'autre
pouvoir & d'autre commiffion que ce qu'il avoit
expofé dans fa premiere vifite , & dont il ne pouvoit
pas s'éloigner ; que tout ce qu'il pouvoit
fuggerer à la Porte , c'étoit d'expedier fur le
champ quelque perfonne de confiance avec des
pouvoirs de traiter avec le Roi de Perfe ; qu'il
s'offroit lui-même d'envoyer une perfonne de fa
part avec des Lettres pour tâcher de parvenir à la
Paix , efperant que dans 60. jours on pourroit
recevoir les Réponſes , ce qui fut ainfi réſolu.
L'Ambaffadeur étant retourné chez lui , il fut
mis d'abord fous la garde de 4. Compagnies de
Janniffaires , fans avoir la liberté de fortir , nonplus
que les perfonnes de fa fuite , excepté quelques-
uns de fes plus bas Officiers. Quelques jours
après la guerre fut publiée , & on déclara publiquement
les prétentions du Roi de Perfe ; on ajouta
que le G. V. iroit hyverner à Alep , le Janniffaire
Aga , à Erzeron , & le Topigi Bachy , ou
Grand - Maître d'Artillerie à Ardebil ; on expeNOVEMBRE
. 1730. 2503
pedia en même-temps un grand nombre d'Ouvriers
à Coigny pour réparer le Serrail de cette
Ville , éloigné de feize journées de Conftan
tinople , où le G. S. iroit paffer l'hyver : le
Capitan Pacha fut nommé Caimacan de Conftantinople
, & les Pavillons des principaux Commandans
furent expofez à la Place de l'Hyppodrome
& aux autres endroits accoûtumez . Le Reys
Effendi fit fçavoir aux Ambaffadeurs de France ,
d'Angleterre & de Hollande , que fuivant l'ufage
ordinaire ils pourroient faire préparer chacun un
de leurs Drogmans pour fuivre le G. V. on fit
faire la même déclaration aux Réfidens de Mofcovie
, aufquels le Reys Effendy déclara de plus
qu'ils devoient fuivre perfonnellement le G. S.
On tira des Magazins de Top- hana 150. Canons
de campagne & 80. Canons de batterie , &
on en fit l'épreuve les 20. 21. & 22. Juin . On
voyoit dans toutes les rues de Conftantinople
vendre en grande quantité des Armes à feu &
de toutes autres fortes d'Armes , on y travailla à
des Pavillons neufs , & on y prépara, en un mot ,
tout ce qui eft neceffaire pour une armée . On a
depuis publié des ordres pour faire lever fur les
Arts & Métiers la taxe qu'ils ont accoûtumé de
payer en tems de guerre.
On prépare en toute diligence deux Vaiffeaux
de guerre pour les envoyer à Alexandrette,
chargez de Poudre , de Balles , de Canons , de
Boulets & de toutes fortes de munitions de guerre,
pour être tranſportez dans tous les endroits où
on en aura befoin , & on prépare auffi pour le
même fujet plufieurs Saiques pour aller faire le
même tranſport dans la Mer Noire à Trébiſonde.
On dit ici publiquement, que la vafte Province
de Candahar , Pays des Aghuans , d'où Acheraf
tiroit fon origine , s'eft volontairement foumis
H iiij કે
2504 MERCURE DE FRANCE
à Schah Thamas après la défaite d'Aſcheraf.
>
L'Ambaffadeur de Perfe eut le 25. une Audiance
du G. S. qui outre le Caftan ordinaire ,
lui fit prefent d'une Vefte fourrée de Marthe
Zibeline . On diftribua 16 Caftans aux principales
perfonnes de fa fuite ; & l'Ambaſſadeur préfenta
de la part de Schah Thamas , au G. S. un
Bouclier , & un Candgiar ou Poignard de grande
valeur , une Bourfe de drap d'or cachetée , dont
on ne fçait pas le contenu & plufieurs piéces
d'Etoffe d'or , d'argent & de foye , d'un travail
recherché & curieux.
x
Le matin du 27. les Queues de Cheval furent
expofées dans les lieux ordinaires , comme au dehors
de la porte du Serrail du G.S. & de celui du
G. V. & des autres Pachas , deftinez pour aller à
cette guerre ; ces Queues qui font les Etendarts
des Turcs , confiftent en une longue Perche
plantée en terre , au haut de laquelle eft un
Pommeau doré,duquel pend une queue de Cheval.
Le 31 Juillet , les Queues de Cheval furent
portées publiquement & avec ceremonie , du Serrail
à l'Echelle de Baktche Kapouci, fur une Galere
que remorquoient plufieurs Mahones. La
marche fut réglée dans l'ordre fuivant. 40. Spahis
ou Cavaliers marchoient à la tête avec des Plumets,
portant des Armes à feu & des Sabres . 50. Tartares
venoient enfuite à Cheval , armez d'Arcs & de
Fléches ; 200 jeunes gens à Cheval marchoient
enfuite , portant des Piques , au haut defquelles
étoient des Banderolles un Officier des Janiffaires
, à pied , venoit après , portant une Queuë
de Cheval. Il étoit fuivi de 19 autres à Cheval
portant chacun une Queue , mais plus petites
que celle qui étoit portée par l'Officier à pied .
80. hommes marchoient enfuite , armez differemment
; ils compofoient la garde du G.V. qui
;
>
eft
NOVEMBRE . 1730. 2509.
eft Pacha à 3.Queues. On voyoit après 10.Chevaux
de main , tres -richement harnachez.
Le Kiaya ou Lieutenant duVifir , faivoit à Cheval
, entouré de plus de 40 Tchohadas ; il étoit
fuivi de 100 Itch Alagars , richement habillez ,
venoient enfuite 36 perfonnes à Cheval, fonnant
de la Trompette , & joüant du Timpanon , du
Tambour & d'autres Inftrumens Turcs . La Marche
étoit terminée par 40 Chameaux , chargez
des Pavillons des principaux Commandans . ,
Quand ils furent arrivez à l'Echelle de Baktche
Kapouci , le Kiaya s'étant embarqué fur la Galere
avec la garde du Vifir , les Queues de Cheval
, les Joueurs d'Inftrumens qui ne difcontinuoient
pas leur fanfarre , & les Tchohadais , il
paffa à Scurary , & fut falué à fon pailage de
plufieurs coups de Canons ; tout le refte de fa
fuite s'embarqua fur les Mahones.
Dans les journées précédentes on avoit ap
plani quelques Campagnes & brûlé quelques Vi
gnes entre Scutary & Calcedoine , pour y faire
camper l'armée. Le 2 du mois d'Aouft , on vit
pendant toute la journée un grand nombre de
Mahones,de Barqués & d'autres Bâtimens ,tranf
porter de Conftantinople au Camp de Scutari utk
grand nombre de Troupes , & le Camp fe forma
au delà du Serrail du G. S. à Calcedoine ,
heure de chemin de Scutary .
à une
Le G. S. étant arrivé au Camp le 3. du mois
d'Aouft , defcendit de Cheval à fon Pavillon Impérial
& pafla fur le foir dans fon Serrail , o
il avait été précédé de fon Harem ou Maifons
des Daines , qui y avoit été porté par 11.
Caïques , couverts de drap touge. On permit à
Ambaffadeur de Perfe d'aller voir cette marche
Scutary , d'où il retourna fur le champ dans
l'endroit où il eſt logé , toujours avec la même
Hy garde
2 506 MERCURE DE FRANCE
garde de Janiffaires ; quelques- uns des Miniftres
Etrangers allerent à Scutary , dans des maifons
particulieres pour voir paffer le G.S. & fon Cortege.
La Cour du G. S. fe tient dans le Camp
où font tous les Miniftres.
Le Caïmacam a déja commencé d'exercer fon
autorité à Conftantinople , & le Capitan Pacha
a fubftitué le Terfana Eminy pour exercer fon
autorité dans l'Arfenal. Les Miniftres des Princes
Etrangers ont fait faire compliment au G.V.
au Kiaya, au Reys Effendi, & ont fait auffi complimenter
le Capitan Pacha fur fa Charge de
Caimacan .
Le 8 d'Aouft , les Ambaffadeurs de Ragufe
avec une fuite de 8 perfonnes , allerent au Camp
baifer la Vefte au G. V. comme Rayas ou Tributaires
de la Porte , & en rapporterent trois
Caftans.
Le 12 , un des deux Vaiffeaux dont on a parlé,
destiné pour Alexandrette , partit de ce Port ,
chargé de munitions de guerre. L'Armée groffit
tous les jours , & il y arrive journellement une
grande quantité de Chameaux , de Chevaux & de
Mulets.
Nous fommes aujourd'hui au 15 du mois de
Sept. fans que l'on fçache encore fi l'Armée partira.
Le G.S. continue fon féjour dans le Serrail
du Scutary , & toute la Cour demeure au Camp.
Septembre 1730. fur l'état prefent
des affaires de Perfe
Chah Thamas , Roi de Perfe , fils & fucceffeur
de Schah Huffein , ayant raffemblé une armée
de 40. mille hommes & livré plufieurs combats
à l'Ufurpateur Acheraf , toujours avec quelque
avantage , s'avança enfin vers Iſpaham , ou
Acheraf fe trouvant extrêmement refferré & hors
d'état de fe deffendre , manquant de vivres & de
troupes,fans efpoir d'aucun fecours, fe fauva enfin
dans une Fortereffe auprès de la Ville de Schiras.
Schab
NOVEMBRE . 1730. 2497
Schah Thamas entra en triomphe dans Iſpaham
avec une partie de fon armée , & l'autre
partie pourfuivit Acheraf , qui fut affiegé dans
la Fortereffe où il s'étoit réfugié, & obligé de fe
rendre & ſe livrer entre les mains du Vainqueur :
de- là les Troupes Perfanes allerent affieger Schi
ras, & expoferent Acheraf chargé de chaînes à la
vue des habitans. Quoique les Affiegez fuflent
épouventez de cet objet , ils ne voulurent cependant
écouter aucunes propofitions , & ils aimerent
mieux s'expoſer à la mort que de capituler , enforte
que les Affiegeans furent obligez d'emporter
cette Place de force ; ils s'en rendirent les maîtres
en peu de jours , & ce fut dans cette Ville
que le Rebelle Acheraf reçut le châtiment de fa
révolte & de fon ufurpation. Il fut conduit dans
la Place publique , nud , chargé de chaînes , & fut
expofé à la vue du Peuple fur un échaffaut. Là on
fit la lecture du Procés qui lui avoit été fait ,
du jugement que le Roi avoit prononcé contre
lui , par lequel il étoit condamné à être écorché
vif avec des Etrilles de cheval . L'éxecution de cer
Arrêt fut terrible , les Bourreaux lui déchirerent
la peau & la chair jufqu'à ce qu'il eut rendu le dernier
foupir. Après la mort on lui coupa la tête
qui fut portée à Ifpaham à Schah Thamas. Son
corps fut dépecé, jetté dans la campagne & aban ,
donné aux bêtes féroces.
fie
&
Après cette expedition l'Armée de Perfe, grofpar
de nouvelles troupes , pourfuivit le cours
de fes victoires , & reprit fans obſtacle toute la
Province de Chirvan , & les Villes de Couchon ,
Caffan , Sava , Cafbin , Ternan & Bender , avec
tous les Pays & toutes les Places ufurpées par
Acheraf , & plufieurs autres qui appartenoient à
ce Rebelle , comme Schiras , le Fort de Cafchan,
Kalafy , & plufieurs autres Places . Les autres
H Pays
2498 MERCURE DE FRANCE
Pays & Villes de la Perfe , comme la Georgie
qui en étoit tributaire , occupez par le Grand Seigneur
, font demeurez jufques à preſent ſous l'obéiffance
de Sa Hauteffe.
Chah Sefy , frere du Roi de Perſe , fut fait
prifonnier dans le temps que le Roi fon pere vivoit
encore ; ce fut Schah Thamas, fon frère , qui
regne aujourd'hui , qui le fit empriſonner par jaloufie
, Chah Sefy trouva moyen de fe fauver &
de fe réfugier dans la maifon d'un Armenien en
qui il avoit une entiere confiance ; il y demeura
caché pendant quelque tems ; mais dans la fuite
cet Armenien craignant qu'on ne le découvrît ,
& voulant mettre Chah Sefy en fureté , s'adrefla
à un autre Arménien fon ami , qui demeuroit
dans la Province de l'Arabiſtan ; il lui confia fon
fecret , lui fit connoître le Prince qu'il tenoit caché
chez lui , le defir qu'il avoit de le fouftraire
aux recherches qu'on en faifoit & pria en même
temps cet ami de le recevoir chez lui. L'Armé--
nien d'Arabistan confentit à la propofition & celui
d'Ifpaham ayant fait traveftir Chah Sefy en
Muletier , il le fit fortir fecretement de la Ville
accompagné d'un Valet affidé qui fe mit à la fuite
des Mulets qu'il avoit coûtume d'envoyer dans
les Villages circonvoifins pour fes proviſions de
bois & de paille. Ce Prince étant paffé par ce
moyen dans l'Arabiſtan, y fut reçu, comme on le
lui avoit fait efperer , par celui à qui il avoit été
recommandé , & fon arrivée ayant été fçûë des
principaux habitans de cette Province , ' ils lui
rendirent les honneurs dûs à fon le
rang > reçurent
comme fils de Roi , & le mirent à la tête de
12 mille hommes pour deffendre leur Province
de l'invafion dont elle étoit menacée de la part
d'Acheraf. La confiance que ces Peuples témoi
gnerent d'abord à Chah Sefy ne fut pas de lon-
*
gue
>
NOVEMBRE. 1730. 2499
gue durée , ils le foupçonnerent bien - tôt de vouloir
fe rendre maître de leur Pays , à la faveur
des troupes qu'ils lui avoient données , au lieu
de fonger à le deffendre contre Acheraf , & dans
cette penfée ils réfolurent de l'affaffiner; ce Prince
fut averti de leur deffein ; & pour garantir la vie
du danger dont elle étoit menacée , il réfolut de
prendre la fuite , déguifé fous les habits d'un de
fes domeftiques , à qui il dit qu'il avoit des affaires
très importantes à ménager à la faveur de ce
déguiſement , lui ordonnant de refter dans fon
Appartement fans fe montrer , & lui promettant
qu'il feroit de retour le foir même. Le Prince fe
fauva ainfi fans être reconnu , & peu de temps
après ceux qui vinrent dans fon Appartement
pour le tuer,affaffinerent cruellement fon Domef
tique, craignant qu'il ne les découvrît.
Chah Sefy étant ainfi forti de la Province de
l'Arabiſtan , & n'ofant pas fe confier à ſon frere
qui étoit déja monté fur le Trône , forma le deffein
de recourir à la protection du G. S. il alla
à Bagdat ou Babilone , & s'étant fait connoître
au l'acha, il en fut reçû très-honorablement, avec
promeffe qu'il lui donneroit une entiere affiftance,
& qu'il ménageroit fes interêts auprès de Sa Hau
teffe. Cependant il lui fournit de l'argent & tout
• ce qui lui étoit néceffaire fuivant fon rang;en même
tems ce Pacha en'donna' avis à la Porte , &
demanda des ordres pour faire transferer ce Prince
à Conftantinople.
Le G. S. fit une réponſe favorable, & en confequence
Chah Sefy fut conduit à Conftantinople.
où il eft actuellement très - honoré , & où il reçoit
des fecours confiderables pour fon entretien
& pour celui de 60. perfonnes qui font à ſa ſuite.
Il à un Tain , * pour 100. perfonnes par jour ,
* Tain, certaine ſomme aſſignée par jour.
Hi
ds
2500 MERCURE DE FRANCE
outre tous les vivres neceffaires pour l'entretien
de fa Table & de fa Maifon , pour fon Ecurie &
pour fix Caiques ou Felouques , fon logement
lui fut affigné à Calcedoine , où il est toujours
avec une Garde de 20. Janniffaires , commandez
par un Officier. Il eut dernierement une Audiance
du G.V.qui lui donna des Veſtes & des Peliffes magnifiques
, & plufieurs autres prefens , entre auties
un très- beau Cheval de l'Ecurie du G. S. avec de
riches harnois de la valeur d'environ 30. Bourfes.
L'Ambaffadeur de Schah Thamas, Roi de Perfe,
étant arrivé à Scutari , la Porte lui envoya le 18.
Juin 2. Galeres fur lesquelles s'étant embarqué
avec toute fa fuite , elles entrerent dans le Port
au bruit d'une quantité prodigieufe de Canon, &
allerent débarquer l'Ambaffadeur à l'Echelle de
la Doüanne , où s'étant repofé pendant quelque
tenips , le Chaoux Bachy y arriva pour le conduire
au logement qui lui étoit préparé , & pour
regler la Marche de fon Entrée qui fut faite dans
l'ordre fuivant :
On voyoit d'abord un grand nombre de Janniflaires
marchant fur deux lignes avec leurs Bonnets
de ceremonie ; ils étoient fuivis d'un grand
nombre de perfonnes de la Maiſon du G. V.
toutes vétues fort proprement : 120. Chaoux
à cheval venoient enfuite avec plufieurs Agas ; 12.
Perfans à pied avec des Cottes d'émail , portant
de longues Lances qu'ils manioient avec beaucoup
d'agilité , fervoient comme d'avant-garde à
l'Ambaffadeur qui marchoit d'abord aprés eux à
la gauche du Chaoux Bachy. Il avoit une Robbe
de drap d'or doublée de Marthe zibeline, unTurban
à la mode de Perfe , d'une Etoffe d'or à fleurs
de diverfes couleurs , parmi lesquelles le blanc
dominoit. C'eſt un homme d'environ 40. ans ,
ayant une barbe noire & un afpect affez gravé ,
30.
NOVEMBRE. 1730. 2501.
30. Perfans à cheval , tous jeunes & bien vêtus ,
marchoient après lui , & la Marche étoit fermé
par plus de 300. perfonnes de fa fuite ; les uns
armez d'armes à feu & les autres de Sabres &
d'Arcs , de Fleches & de Lances , & au milieu de
cette foule marchoient 10. Chevaux chargez de
Caiffes fort belles en dehors , dans lesquelles on
prétend qu'étoient contenus les Prefens deſtinez
pour le G. S. le G. V. & les autres Miniftres de
la Porte.
Le 3. Juillet il alla rendre au G. V. une vifite
privée , c'eſt-à - dire , avec très -peu de fuite , mais
la Chambre d'Audiance dans laquelle il fut reçû ,
étoit beaucoup plus parée qu'à l'ordinaire ; on y
voyoit fur les Couffins & fur les Sophas beaucoup
de Montres d'or , des Sabres & des Poignards de
grande valeur , prefque tous couverts de Pierreries
, outre 14. Pendules magnifiques par la beauté
de l'Ouvrage & la richeffe des ornemens,
Après le Compliment ordinaire , il rendit au
Vifir une Lettre de fon Maître , & lui expofa le
fujet de fa Miffion ; il lui dit que le Roi de Perfe
fouhaitoit d'avoir avec la Porte une Paix ferme
& durable , mais qu'il falloit que l'on commençât
par lui rendre toutes les Places dont le G. S.
s'étoit emparé en Perfe , & tous les Perfans qui
avoient été faits Efclaves dans la derniere guerre ;
cette vifite fe termina par des réponſes vagues &
generales.
Quelques jours après la Porte ayant reçû avis
que les Perfans avoient commencé des Actes
d'hoftilité & qu'ils s'étoient rendus maîtres d'Amadan,
Le G.V.qui avoit déja tenu deux Confeils
avec les principaux Miniftres dans le Serrail du
Capitan Pacha, en fit convoquer un autre à Fondukly
( lieu fitué en Europe , à l'entrée du Canal
de la Mer noire) il y fit appeller l'Ambaffadeur de
Hij Perfe
2502 MERCURE DE FRANCE
Perfe , auquel il dit , que puifque Schah Thamás
avoit commencé les hoftilitez dans le tems même
qu'il avoit envoyé un Ambaffadeur pour négocier
la Faix , il ne pouvoit plus écouter aucune
propofition , & qu'il falloit au contraire fe préparer
à la guerre , puifqu'il n'avoit point les pouvoirs
néceffaires pour traiter & conclure un accommodement
fur les propofitions qu'il avoit faites
à fon arrivée.L'Ambaffadeur répondit qu'il ne
pouvoit pas fe perfuader que ces nouvelles fuffent
veritables; mais qu'en fuppofant même qu'elles le
fuffent , il étoit certain que les hoftilitez n'avoient
point été commencées par l'ordre de fon Maître;
mais que c'étoit peut- être un foulevement imprévu
du Peuple irrité par le fouvenir des tyrannies
& des cruautez qui avoient été exercées dans
la derniere guerre ; que pour lui il n'avoit d'autre
pouvoir & d'autre commiffion que ce qu'il avoit
expofé dans fa premiere vifite , & dont il ne pouvoit
pas s'éloigner ; que tout ce qu'il pouvoit
fuggerer à la Porte , c'étoit d'expedier fur le
champ quelque perfonne de confiance avec des
pouvoirs de traiter avec le Roi de Perfe ; qu'il
s'offroit lui-même d'envoyer une perfonne de fa
part avec des Lettres pour tâcher de parvenir à la
Paix , efperant que dans 60. jours on pourroit
recevoir les Réponſes , ce qui fut ainfi réſolu.
L'Ambaffadeur étant retourné chez lui , il fut
mis d'abord fous la garde de 4. Compagnies de
Janniffaires , fans avoir la liberté de fortir , nonplus
que les perfonnes de fa fuite , excepté quelques-
uns de fes plus bas Officiers. Quelques jours
après la guerre fut publiée , & on déclara publiquement
les prétentions du Roi de Perfe ; on ajouta
que le G. V. iroit hyverner à Alep , le Janniffaire
Aga , à Erzeron , & le Topigi Bachy , ou
Grand - Maître d'Artillerie à Ardebil ; on expeNOVEMBRE
. 1730. 2503
pedia en même-temps un grand nombre d'Ouvriers
à Coigny pour réparer le Serrail de cette
Ville , éloigné de feize journées de Conftan
tinople , où le G. S. iroit paffer l'hyver : le
Capitan Pacha fut nommé Caimacan de Conftantinople
, & les Pavillons des principaux Commandans
furent expofez à la Place de l'Hyppodrome
& aux autres endroits accoûtumez . Le Reys
Effendi fit fçavoir aux Ambaffadeurs de France ,
d'Angleterre & de Hollande , que fuivant l'ufage
ordinaire ils pourroient faire préparer chacun un
de leurs Drogmans pour fuivre le G. V. on fit
faire la même déclaration aux Réfidens de Mofcovie
, aufquels le Reys Effendy déclara de plus
qu'ils devoient fuivre perfonnellement le G. S.
On tira des Magazins de Top- hana 150. Canons
de campagne & 80. Canons de batterie , &
on en fit l'épreuve les 20. 21. & 22. Juin . On
voyoit dans toutes les rues de Conftantinople
vendre en grande quantité des Armes à feu &
de toutes autres fortes d'Armes , on y travailla à
des Pavillons neufs , & on y prépara, en un mot ,
tout ce qui eft neceffaire pour une armée . On a
depuis publié des ordres pour faire lever fur les
Arts & Métiers la taxe qu'ils ont accoûtumé de
payer en tems de guerre.
On prépare en toute diligence deux Vaiffeaux
de guerre pour les envoyer à Alexandrette,
chargez de Poudre , de Balles , de Canons , de
Boulets & de toutes fortes de munitions de guerre,
pour être tranſportez dans tous les endroits où
on en aura befoin , & on prépare auffi pour le
même fujet plufieurs Saiques pour aller faire le
même tranſport dans la Mer Noire à Trébiſonde.
On dit ici publiquement, que la vafte Province
de Candahar , Pays des Aghuans , d'où Acheraf
tiroit fon origine , s'eft volontairement foumis
H iiij કે
2504 MERCURE DE FRANCE
à Schah Thamas après la défaite d'Aſcheraf.
>
L'Ambaffadeur de Perfe eut le 25. une Audiance
du G. S. qui outre le Caftan ordinaire ,
lui fit prefent d'une Vefte fourrée de Marthe
Zibeline . On diftribua 16 Caftans aux principales
perfonnes de fa fuite ; & l'Ambaſſadeur préfenta
de la part de Schah Thamas , au G. S. un
Bouclier , & un Candgiar ou Poignard de grande
valeur , une Bourfe de drap d'or cachetée , dont
on ne fçait pas le contenu & plufieurs piéces
d'Etoffe d'or , d'argent & de foye , d'un travail
recherché & curieux.
x
Le matin du 27. les Queues de Cheval furent
expofées dans les lieux ordinaires , comme au dehors
de la porte du Serrail du G.S. & de celui du
G. V. & des autres Pachas , deftinez pour aller à
cette guerre ; ces Queues qui font les Etendarts
des Turcs , confiftent en une longue Perche
plantée en terre , au haut de laquelle eft un
Pommeau doré,duquel pend une queue de Cheval.
Le 31 Juillet , les Queues de Cheval furent
portées publiquement & avec ceremonie , du Serrail
à l'Echelle de Baktche Kapouci, fur une Galere
que remorquoient plufieurs Mahones. La
marche fut réglée dans l'ordre fuivant. 40. Spahis
ou Cavaliers marchoient à la tête avec des Plumets,
portant des Armes à feu & des Sabres . 50. Tartares
venoient enfuite à Cheval , armez d'Arcs & de
Fléches ; 200 jeunes gens à Cheval marchoient
enfuite , portant des Piques , au haut defquelles
étoient des Banderolles un Officier des Janiffaires
, à pied , venoit après , portant une Queuë
de Cheval. Il étoit fuivi de 19 autres à Cheval
portant chacun une Queue , mais plus petites
que celle qui étoit portée par l'Officier à pied .
80. hommes marchoient enfuite , armez differemment
; ils compofoient la garde du G.V. qui
;
>
eft
NOVEMBRE . 1730. 2509.
eft Pacha à 3.Queues. On voyoit après 10.Chevaux
de main , tres -richement harnachez.
Le Kiaya ou Lieutenant duVifir , faivoit à Cheval
, entouré de plus de 40 Tchohadas ; il étoit
fuivi de 100 Itch Alagars , richement habillez ,
venoient enfuite 36 perfonnes à Cheval, fonnant
de la Trompette , & joüant du Timpanon , du
Tambour & d'autres Inftrumens Turcs . La Marche
étoit terminée par 40 Chameaux , chargez
des Pavillons des principaux Commandans . ,
Quand ils furent arrivez à l'Echelle de Baktche
Kapouci , le Kiaya s'étant embarqué fur la Galere
avec la garde du Vifir , les Queues de Cheval
, les Joueurs d'Inftrumens qui ne difcontinuoient
pas leur fanfarre , & les Tchohadais , il
paffa à Scurary , & fut falué à fon pailage de
plufieurs coups de Canons ; tout le refte de fa
fuite s'embarqua fur les Mahones.
Dans les journées précédentes on avoit ap
plani quelques Campagnes & brûlé quelques Vi
gnes entre Scutary & Calcedoine , pour y faire
camper l'armée. Le 2 du mois d'Aouft , on vit
pendant toute la journée un grand nombre de
Mahones,de Barqués & d'autres Bâtimens ,tranf
porter de Conftantinople au Camp de Scutari utk
grand nombre de Troupes , & le Camp fe forma
au delà du Serrail du G. S. à Calcedoine ,
heure de chemin de Scutary .
à une
Le G. S. étant arrivé au Camp le 3. du mois
d'Aouft , defcendit de Cheval à fon Pavillon Impérial
& pafla fur le foir dans fon Serrail , o
il avait été précédé de fon Harem ou Maifons
des Daines , qui y avoit été porté par 11.
Caïques , couverts de drap touge. On permit à
Ambaffadeur de Perfe d'aller voir cette marche
Scutary , d'où il retourna fur le champ dans
l'endroit où il eſt logé , toujours avec la même
Hy garde
2 506 MERCURE DE FRANCE
garde de Janiffaires ; quelques- uns des Miniftres
Etrangers allerent à Scutary , dans des maifons
particulieres pour voir paffer le G.S. & fon Cortege.
La Cour du G. S. fe tient dans le Camp
où font tous les Miniftres.
Le Caïmacam a déja commencé d'exercer fon
autorité à Conftantinople , & le Capitan Pacha
a fubftitué le Terfana Eminy pour exercer fon
autorité dans l'Arfenal. Les Miniftres des Princes
Etrangers ont fait faire compliment au G.V.
au Kiaya, au Reys Effendi, & ont fait auffi complimenter
le Capitan Pacha fur fa Charge de
Caimacan .
Le 8 d'Aouft , les Ambaffadeurs de Ragufe
avec une fuite de 8 perfonnes , allerent au Camp
baifer la Vefte au G. V. comme Rayas ou Tributaires
de la Porte , & en rapporterent trois
Caftans.
Le 12 , un des deux Vaiffeaux dont on a parlé,
destiné pour Alexandrette , partit de ce Port ,
chargé de munitions de guerre. L'Armée groffit
tous les jours , & il y arrive journellement une
grande quantité de Chameaux , de Chevaux & de
Mulets.
Nous fommes aujourd'hui au 15 du mois de
Sept. fans que l'on fçache encore fi l'Armée partira.
Le G.S. continue fon féjour dans le Serrail
du Scutary , & toute la Cour demeure au Camp.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Constantinople le 15. Septembre 1730. sur l'état present des affaires de Perse.
En septembre 1730, Chah Thamas, roi de Perse et fils de Schah Huffein, rassembla une armée de 40 000 hommes pour affronter l'usurpateur Acheraf. Après plusieurs victoires, Acheraf, manquant de vivres et de troupes, se réfugia dans une forteresse près de Schiras. Chah Thamas entra triomphalement à Ispahan et captura Acheraf, qui fut exécuté à Schiras. L'armée perse reprit ensuite plusieurs provinces et villes, dont Chirvan, Couchon, Cassan, Sava, Cafbin, Ternan et Bender. Chah Sefy, frère de Chah Thamas, s'était évadé de prison et avait trouvé refuge chez un Arménien. Déguisé en muletier, il se rendit en Arabistan où il reçut le soutien des habitants pour défendre la province contre Acheraf. Soupçonné de vouloir s'emparer du pouvoir, Chah Sefy dut fuir et se réfugia à Bagdad, puis à Constantinople, où il reçut une pension et une garde. L'ambassadeur de Chah Thamas arriva à Scutari et fut conduit à Constantinople avec une escorte solennelle. Il rencontra le Grand Vizir et demanda la restitution des places et des esclaves perses. La Porte ottomane, informée des hostilités perses, se prépara à la guerre. L'ambassadeur fut placé sous garde et des préparatifs militaires furent entrepris à Constantinople, incluant la préparation de canons, de munitions et de navires de guerre. Le 25, l'ambassadeur de Perse fut reçu en audience par le Grand Seigneur (G.S.), qui lui offrit une veste fourrée de martre zibeline et distribua 16 caftans à des personnalités importantes. L'ambassadeur présenta au G.S. divers objets précieux. Le 27 et le 31 juillet, des cérémonies militaires eurent lieu à Constantinople, incluant des processions et des expositions d'étendards turcs. Des campagnes furent planifiées et des troupes furent transportées à Scutari. Le G.S. arriva au camp de Scutari le 3 août, précédé par son harem. L'ambassadeur de Perse observa la marche et retourna à son logement sous escorte. Des visites diplomatiques et des préparatifs militaires continuèrent, avec l'arrivée de nouveaux soldats et de munitions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
90
p. 2519
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Début :
Le Pere Ignace de Laubrussel, Jesuite, Confesseur de la Princesse des Asturies, qui avoit [...]
Mots clefs :
Prince, Danemark, Mort, Cardinal
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
LE
E Pere Ignace de Laubruffel , Jefuite , Confeffeur
de la Princeffe des Afturies , qui avoit
été Précepteur du feu Roi d'Efpagne Don Louis I.
du Prince des Afturies & des Infants , mourut au
Port de fainte Marie le 9. du mois dernier , âgé
de 64. ans.
On a appris d'Odenfé , dans l'Ile de Fyonic
ou de Funen , que le 11. du mois dernier , l'Anniverfaire
de la Naiſſance du Koi de Dannemarck
fut celebrée , non par des divertiffemens , mais
par des Prieres publiques pour le rétabliffement
de fa fanté. Le foir , quoique S. M. fut tres-foible
, on tint cependant le Confeil Privé dans fa
Chambre , où le Roi donna l'Ordre de l'Elephant
à M. de Pleffen , Grand- Chambellan du feu Prince
Charles. Vers les dix heures du foir , S. M. eut
une foibleffe , après laquelle ce Prince entra en
agonie, & mourut le 12. à deux heures du matin,
âgé de 58. ans & ' un jour , étant né le 11. Octobre
2520 MERCURE DE FRANCE
bre 1672. Ce Prince, qui fe nommoit Frederic IV.
du nom , étoit fils de Chriftian V. Roi de Dannemarc
& de Norwegue , auquel il fucceda le 25 .
Août 1699. & de Charlotte - Amelie de Heffe. Il
avoit époufé Louife , fille de Guftave Adolphe ,
Duc de Meckelbourg Guftrou , laquelle mourut
le 15. Mars 1721. & dont il a eu un Prince né
en 1697. mort en 1698. Chriſtian, Prince Royal,
à prefent Roi de Dannemarc , qui eft né le 10.
Décembre 1699. Frederic- Charles , né en 1701 .
mort en 1702. George , né en 1703. mort en
1704. & Charlotte- Amelie , Princeffe de Dannemarc
, née le 6. Octobre 1706. Il avoit épousé en
fecondes Nôces le 4. Avril 1721. Anne - Sophie
de Reventlaw , Ducheffe de Slefwick , fille du feu
Comte de Reventlaw, Chancelier de Dannemarc.
Il a eu de ce fecond Mariage Chriſtine- Amelie ,
née le 23. Octobre 1723. morte le 8. Janvier
1724. & Frederic- Chrétien , né le premier Juin
1726. mort le 15. May 1727. Le nouveau Roi
Chriftian VI . du nom, a épousé le 7. Août 172 1 .
Sophie-Magdelaine , fille de Chrétien Henry ,
Marquis de Brandebourg Culmbach Bareith, dor
il a eu Frederic , né le 31. Mars 1723. & Louif
née le 19. Octobre 1726.
Le Cardinal Charles Colligola de Spolette ,
Cardinal du Titre de fainte Marie in Campitello,
mourut le 19.d'Octobre d'une pleurefie dans la 49 .
année de fon âge ; il étoit Tréforier General de la
Chambre Apoftolique lorfque le feu Pape le fir
Cardinal dans le Confiftoire du 9.Décembre 1726.
mais ayant été réſervé in petto , il ne fut déclaré
que dans celui du 30. Avril 1728.
LE
E Pere Ignace de Laubruffel , Jefuite , Confeffeur
de la Princeffe des Afturies , qui avoit
été Précepteur du feu Roi d'Efpagne Don Louis I.
du Prince des Afturies & des Infants , mourut au
Port de fainte Marie le 9. du mois dernier , âgé
de 64. ans.
On a appris d'Odenfé , dans l'Ile de Fyonic
ou de Funen , que le 11. du mois dernier , l'Anniverfaire
de la Naiſſance du Koi de Dannemarck
fut celebrée , non par des divertiffemens , mais
par des Prieres publiques pour le rétabliffement
de fa fanté. Le foir , quoique S. M. fut tres-foible
, on tint cependant le Confeil Privé dans fa
Chambre , où le Roi donna l'Ordre de l'Elephant
à M. de Pleffen , Grand- Chambellan du feu Prince
Charles. Vers les dix heures du foir , S. M. eut
une foibleffe , après laquelle ce Prince entra en
agonie, & mourut le 12. à deux heures du matin,
âgé de 58. ans & ' un jour , étant né le 11. Octobre
2520 MERCURE DE FRANCE
bre 1672. Ce Prince, qui fe nommoit Frederic IV.
du nom , étoit fils de Chriftian V. Roi de Dannemarc
& de Norwegue , auquel il fucceda le 25 .
Août 1699. & de Charlotte - Amelie de Heffe. Il
avoit époufé Louife , fille de Guftave Adolphe ,
Duc de Meckelbourg Guftrou , laquelle mourut
le 15. Mars 1721. & dont il a eu un Prince né
en 1697. mort en 1698. Chriſtian, Prince Royal,
à prefent Roi de Dannemarc , qui eft né le 10.
Décembre 1699. Frederic- Charles , né en 1701 .
mort en 1702. George , né en 1703. mort en
1704. & Charlotte- Amelie , Princeffe de Dannemarc
, née le 6. Octobre 1706. Il avoit épousé en
fecondes Nôces le 4. Avril 1721. Anne - Sophie
de Reventlaw , Ducheffe de Slefwick , fille du feu
Comte de Reventlaw, Chancelier de Dannemarc.
Il a eu de ce fecond Mariage Chriſtine- Amelie ,
née le 23. Octobre 1723. morte le 8. Janvier
1724. & Frederic- Chrétien , né le premier Juin
1726. mort le 15. May 1727. Le nouveau Roi
Chriftian VI . du nom, a épousé le 7. Août 172 1 .
Sophie-Magdelaine , fille de Chrétien Henry ,
Marquis de Brandebourg Culmbach Bareith, dor
il a eu Frederic , né le 31. Mars 1723. & Louif
née le 19. Octobre 1726.
Le Cardinal Charles Colligola de Spolette ,
Cardinal du Titre de fainte Marie in Campitello,
mourut le 19.d'Octobre d'une pleurefie dans la 49 .
année de fon âge ; il étoit Tréforier General de la
Chambre Apoftolique lorfque le feu Pape le fir
Cardinal dans le Confiftoire du 9.Décembre 1726.
mais ayant été réſervé in petto , il ne fut déclaré
que dans celui du 30. Avril 1728.
Fermer
Résumé : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Le texte mentionne le décès de plusieurs personnalités étrangères. Le Père Ignace de Laubruffel, jésuite et confesseur de la princesse des Asturies, est mort au Port de Sainte-Marie à l'âge de 64 ans. Le roi Frédéric IV du Danemark, fils de Christian V et de Charlotte-Amélie de Hesse, est décédé le 12 octobre 1672 à 58 ans après une agonie. Il avait succédé à son père le 25 août 1699 et avait plusieurs enfants, dont le prince royal Christian, alors roi de Danemark. Le cardinal Charles Colligola de Spolette, tréforier général de la Chambre apostolique, est mort le 19 octobre à 49 ans des suites d'une pleurésie. Il avait été créé cardinal en décembre 1726, mais sa nomination avait été réservée et déclarée seulement en avril 1728.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
91
p. 2965
MARIAGES des Païs Etrangers.
Début :
Le Mariage du Duc de Guastella, avec la Princesse Marie Eléonore de Holstein-Weissembourg [...]
Mots clefs :
Princesse, Baron, Prince, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES des Païs Etrangers.
MARIAGES
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
Fermer
Résumé : MARIAGES des Païs Etrangers.
Le texte décrit deux mariages de princes étrangers. Le premier est celui du Duc de Guaftella avec la Princesse Marie Eléonore de Holftein-Weiffembourg, approuvé par l'Empereur à Vienne. Le second concerne le mariage du Prince héritier de Sultzbach avec la Princesse de Heffe-Rheinfels, fille de la Reine de Sardaigne et sœur du Duc de Bourbon. Le Baron de Sthall, conseiller privé de l'Électeur Palatin, a représenté le Prince de Sultzbach à Turin. Le 8 du mois, les articles de mariage ont été signés en présence du Roi, de la Reine de Sardaigne et des principaux seigneurs de la cour. Le 9, le Baron a offert des bijoux à la Princesse. Le mariage a eu lieu le 20, bénit par l'Archevêque de Turin, suivi d'un festin et d'un bal. Le 21, la Princesse de Sultzbach a pris congé du Roi et est partie pour Manheim le 22.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
92
p. 390-391
MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
Début :
Le 20. Janvier à midi et demi, Antoine Farnese, Duc [...]
Mots clefs :
Parme, Duc de Modène, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
MORTS
Les
? MARIAGES
des Pais Etrangers.
E 20. Janvier à midi et demi , Antoine Farnese
, Duc de Parme , mourut dans cette Ville
d'une pleuresie, après quelques jours de maladie ,
dans la 52. année de son âge , étant né le 29.
Novembre 1679. Ce Prince avoit succedé à son
frere le 26 Fevrier 1727. et il avoit épousé le
3 Fevrier 1728. Henriette d'Est , fille du Duc
de Modene. Le Duc de Parme dès le second
jour de sa maladie reçut ses sacremens avec autant
de pieté que de resignation à la volonté de
Dieu , et la veille de sa mort il fit un testament
par lequel en déclarant que la Duchesse de Parme
étoit grosse , il l'a nommée Regente de ses
Etats , avec un Conseil de Regence , composé de
einq personnes , du nombre desquelles sont l'E
vêque de Parme et le Secretaire d'Etat. Depuis la
mort de ce Prince , on a publié la nouvelle de
la grossesse de la Duchesse , son Epouse.
Pendant l'année derniere il est mort à Vienne
et dans ses Faubourgs 2382 hommes , 1849
femmes , 2189 enfans mâles et 2073 filles . Le
nombre des enfans nés pendant la même année
monte à 4474 .
Le Comte de Spilemberg , Ministre du Duc
de Guastalla , est arrivé à la Cour de Vienne
avec
FEVRIER. 1731. 391
avec des pleins pouvoirs pour conclure le ma→
riage de ce Prince avec la Princesse d'Holstein.
Les
? MARIAGES
des Pais Etrangers.
E 20. Janvier à midi et demi , Antoine Farnese
, Duc de Parme , mourut dans cette Ville
d'une pleuresie, après quelques jours de maladie ,
dans la 52. année de son âge , étant né le 29.
Novembre 1679. Ce Prince avoit succedé à son
frere le 26 Fevrier 1727. et il avoit épousé le
3 Fevrier 1728. Henriette d'Est , fille du Duc
de Modene. Le Duc de Parme dès le second
jour de sa maladie reçut ses sacremens avec autant
de pieté que de resignation à la volonté de
Dieu , et la veille de sa mort il fit un testament
par lequel en déclarant que la Duchesse de Parme
étoit grosse , il l'a nommée Regente de ses
Etats , avec un Conseil de Regence , composé de
einq personnes , du nombre desquelles sont l'E
vêque de Parme et le Secretaire d'Etat. Depuis la
mort de ce Prince , on a publié la nouvelle de
la grossesse de la Duchesse , son Epouse.
Pendant l'année derniere il est mort à Vienne
et dans ses Faubourgs 2382 hommes , 1849
femmes , 2189 enfans mâles et 2073 filles . Le
nombre des enfans nés pendant la même année
monte à 4474 .
Le Comte de Spilemberg , Ministre du Duc
de Guastalla , est arrivé à la Cour de Vienne
avec
FEVRIER. 1731. 391
avec des pleins pouvoirs pour conclure le ma→
riage de ce Prince avec la Princesse d'Holstein.
Fermer
Résumé : MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
Le 20 janvier à midi et demi, Antoine Farnèse, Duc de Parme, décéda à l'âge de 52 ans des suites d'une pleurésie. Né le 29 novembre 1679, il succéda à son frère le 26 février 1727 et épousa Henriette d'Este le 3 février 1728. Avant sa mort, il reçut les sacrements et rédigea un testament nommant la Duchesse régente en raison de sa grossesse, confirmée après sa mort. Il institua également un Conseil de Régence de cinq personnes, incluant l'Évêque de Parme et le Secrétaire d'État. En 1730, à Vienne, 2382 hommes, 1849 femmes, 2189 garçons et 2073 filles décédèrent, tandis que 4474 enfants naquirent. Par ailleurs, le Comte de Spilemberg, Ministre du Duc de Guastalla, arriva à la Cour de Vienne avec des pleins pouvoirs pour conclure le mariage du Prince avec la Princesse d'Holstein.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
93
p. 1599-1604
DANNEMARCK. RELATION du Sacre du Roi et de la Reine de Dannemarck.
Début :
Le Sacre de Leurs Majestez Danoises ayant été fixé au 6. Juin, la Cour se rendit quelques [...]
Mots clefs :
Sacre, Maison royale, Prince, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK. RELATION du Sacre du Roi et de la Reine de Dannemarck.
DANNEMARCK.
RELATION du Sacre du Roi et de
la Reine de Dannemarck.
>
E Sacre de Leurs Majestez Danoises ayant été
au 6. se rendit fixé
jours auparavant à Fridericsbourg , Maison
Royale, distante de Copenhague de 4. milles , où
la Ceremonie devoit se faire .
Le 5. L. M. firent leurs dévotions et commu
nierent dans la Chapelle , ensuite le Roi de Dan
nemarck fit plusieurs Promotions ; sçavoir :
Dans l'Ordre de l'Elephant.
Le dernier des Marckgraves de Culmbach ,
frere de la Reine.
1600 MERCURE DE FRANCE
Le Prince de Hesse - Philipstadt , Lieutenant Ge
neral au service de France.
Meckelbourg - Strelitz . Le Duc de
Le Duc de Saxe-Mersbourg.
Le Comte de Rantzow de Fuhmen , Chef du
Commissariat de Terre et de Mer.
M. Lerche , Grand - Maître des Ceremonies .
M. Blome , Ministre d'Etat.
M. Wolf- Blome , Conseiller Privé Titulaire.
Nouveaux Chevaliers dans l'Ordre
Danebrog
L'Amiral Rosempalm.
M: Gram , Maréchal de la Cour.
M. Numersen , Major-General.
M. Ratlow , Maître des Chasses en Jutland.
Le Comte de Zinzindorff.
M. Ahlfeldt , de Jersbeck..
Nouveaux Conseillers Privez.
M. le Comte de Guldenstein .
M. le Comte Knut , Chambellan de S. M. Da
noise.
M. de Gersdorff , aussi Chambellan du Roi.
M. de Vieteck.
Nouveaux Chambellansi
Le Comte Shack.
M. de Holsten , Grand- Bally de Zetlande et de
Copenhague .
M. Plessen , Maître des Chasses.
Nouveau Conseiller Privé des Conferences.
Le Comte de Sponeck , Lieutenant General et
Gouverneur de Copenhague,
Lla Vol Nou
JUIN. 1731. 1601
Nouveau Lieutenant General.
M. Roinling.
Nouveaux Majors Generaux.
Mrs Galkouski , Colonel de Cavalerie.
Walter , Colonel des Gardes à pied.
Prétorius , Colonel d'Infanterie.
Arnskiold , Colonel d'Artillerie..
Le 6. Juin à 11. heures du matin , le Roi , pré
cedé de toute sa Livrée , des Pages , des Officiers
de sa Maison , des Conseillers , d'Etat , des Con
seillers de Conference , des Comtes , des Cheva
liers des deux Ordres , Elephant et Danebrock,
des Ministres d'Etat , des deux Margraves de Cu
lemback , ainsi que des Ducs de Sunderbourg et
de Glucksbourg , de la Maison de Holstein , se
rendit processionellement de son Appartement à
la Chapelle , marchant sous un Dais porté par
quatre Chevaliers de l'Elephant , ayant à leur cô
té chacun un Chambellan. Il traversa ainsi la
cour du Château entre une double haye d'un dé
tachement de 140. Gardes du Corps , lesquels
étoient à pied et en bottes , avec le Mousqueton ,
les Officiers à la tête , l'épée à la main . Le che
min étoit couvert de drap rouge et orné de très
belles Tapisseries.
Ce Prince étoit vétu de Satin blanc à l'ancien
ne mode, avec des Trousses de même, ayant par
dessus le Manteau Royal de Velours pourpre ,
chargé de Couronnes en broderie d'or et doublé
d'hermine , dont le Grand- Chambellan Plessen et
le Comte d'Altembourg , Vice- Chambellan
portoient la queue, S. M. avoit la Couronne en
tête , tenant le Sceptre d'une main et de l'autre la
Boule d'or, surmontée d'une Croix ; aux deux cô
>
II. Vol.
tez
1601 MERCURE DE FRANCE
tez du Dais marchoit un Détachement de la nou
velle Compagnie de Trabans de la Garde , cou
verts de leur Casaque , ayant la Hallebarde sur
l'épaule.
Le Roifut reçu à Pentrée de la Chapelle par les
Evêques de Copenhague , d'Ahlborg en Jutland ,
et de Christiania en Norvege ; ces deux derniers
comme Assistans. Elle se plaça sur le Trône qui
lui avoit été préparé au bas de la Chapelle , en face
de l'Autel ; ce Trône consistant en une espece de
Dôme fort élevé , soutenu par quatre Colonnes ,
étoit revétu de velours cramoisi , enrichi de Cou
ronnes en broderie , de galons et de franges d'or,
et couvroit deux Chaises à bras à l'antique. Celle
de la droite , garnie d'étoffe d'or , et l'autre d'é
toffe d'argent , toutes les deux posées sur une Es
trade couverte d'un velours cramoisi , ayant à côté
deux Lions d'argent et un troisiéme devant , la
tête tournée devant l'Autel .
A peine le Roi fut placé sur la Chaise à droite ,
que la Reine entra et fut reçûe de la même ma
niere, précedée de la Livrée et des principaux Offi
ciers de sa Maison , de six Dames , toutes fem
mes de Chevaliers de l'Elephant , de la Comtesse
d'Altembourg, née Princesse de Hesse, de la Mar
grave de Culemback , mere de la Reine, et de leur
A. R. la Princesse Sophie , et Madame la Princesse
Charlotte. Elle marchoit sous un Dais porté par
quatre Chevaliers de l'Elephant et quatre Cham
bellans. Un Détachement de Trabans marchant
aux deux côtez du Dais.
Cette Princesse , coëffée en cheveux , à boucles
pendantes, la Couronne en tête , vétuë d'une Rob
be de Cour d'étoffe d'argent , et par -dessus le
Manteau Royal , dont la Comtesse de Hardeck ,
Grande- Maîtresse de sa Maison , et la Comtesse
11. Voln de
JUINA
1603 1731.
de Holsten, cy-devant Grande - Chanceliere, por
toient la queue , s'alla placer sur le Trône , et les
autres Dames , dans les places qui leur étoient
destinées .
A la droite et à côté de l'Autel , il y avoit une
Loge pour les deux Princesses de Culmback er
pour ceux de la Maison de Holstein , dont il n'y
avoit de présens que les Ducs de Sunderbourg et
de Glucksbourg . De cette Loge jusqu'au Trône,
regnoit une file de places occupées par les Che
waliers de l'Ordre de l'Elephant , avec des Rubans
bleus , à la tête de laquelle étoient le Grand - Ma
réchal et le Maréchal particulier de la Cour , te
nant en main le Bâton de leur Charge ; les Che
valiers Danebrog , avec leurs Cordons blancs
étoient placez derriere cette file , les deux Secre
taires d'Etat , et plusieurs Officiers Generaux de
Terre et de Mer , tous debout ; le Grand- Cham →
bellan Plessen , étoit à côté et un peu derriere le
Roi sur l'Estrade , avec le Comte d'Altembourg,
Ensuite , mais plus bas , le Comte de Holsten ,
cy- devant Grand -Chancelier , auprès duquel et
un peu derriere , étoient les Capitaines des Tra
bans , le Commandant des Gardes à cheval , et
ceux des Régimens des Grenadiers du Corps et
Gardes à pied , tous les quatre en habit d'ordon
nance. Un Détachement de Trabans , la Halle
barde à la main, occupoient le derriere du Trône,'
→
A la gauche et à côté de l'Autel étoit une Loge
pour L. A R. la Princesse Charlotte et la Prin
cesse Sophie , ainsi que pour le Margrave. Une
autre Loge à côté pour laComtesse d'Altembourg
et les deux Grandes- Maîtresses de la Maison de
L. A R. et enfin une troisiéme Loge pour les Fil
les d'Honneur des trois Princesses . De cette trois
siéme Loge jusqu'au Trône , le terrain étoit oc
IT, Vol. cupé
1604 MERCURE DE FRANCE
cupé par les autres Dames et par les Chevaliers
de l'Elephant , qui avoient porté le Dais de la
Reine. Toutes les places étoient de plein pied
dans le bas de la Chapelle,
La Ceremonie commença par une Musique qui
fut suivie d'un très long Sermon , lequel étoit
interrompu , par intervalles , de Prieres que com
mençoit l'Evêque de Copenhague , ayant à ses
côtez les Evêques d'Ahlbourg et de Christiania.
Ensuite,de quoi le Roi descendit de son Trône,
s'avança vers l'Autel , se mit à genoux , et après
avoir déposé son Sceptre et la Boule d'or , reçut
l'Onction au front , à la poitrine et à la main
droite.
Après cette Onction qui fut faite par l'Evêque
de Copenhague , et quelques Prieres chantées enª
Musique , ce Prélat recommença un nouveau Ser
mon , en s'adressant à la Reine. Après quoi cette
Princesse reçu l'Onction en la même maniere
que le Roi , mais seulement au front et à la poi
trine. Un Te Deum, chanté en Musique, termina
la Ceremonie : Le Roi et la Reine se retirerent à
leurs Appartemens dans le même ordre qu'ils
étoient venus.
L'ordre de cette Fête et la magnificence des ha
bits en faisoient le plus beau spectacle. L. M. D.
après s'être reposées un peu de tems , se mirent
à table à quatre heures ; L. A. R. Madame la
Princesse Charlotte et Madame la Princesse So
phie , avec Madame là Margrave , furent les seu
les qui y furent admises. Il y avoit dans d'autres
Chambres plusieurs differentes Tables pour les
Princes , les Dames , les Ministres d'Etat , les
Cordons bleus , les Cordons blancs , les Envoyez,
Résidens et Secretaires Etrangers , &c.
RELATION du Sacre du Roi et de
la Reine de Dannemarck.
>
E Sacre de Leurs Majestez Danoises ayant été
au 6. se rendit fixé
jours auparavant à Fridericsbourg , Maison
Royale, distante de Copenhague de 4. milles , où
la Ceremonie devoit se faire .
Le 5. L. M. firent leurs dévotions et commu
nierent dans la Chapelle , ensuite le Roi de Dan
nemarck fit plusieurs Promotions ; sçavoir :
Dans l'Ordre de l'Elephant.
Le dernier des Marckgraves de Culmbach ,
frere de la Reine.
1600 MERCURE DE FRANCE
Le Prince de Hesse - Philipstadt , Lieutenant Ge
neral au service de France.
Meckelbourg - Strelitz . Le Duc de
Le Duc de Saxe-Mersbourg.
Le Comte de Rantzow de Fuhmen , Chef du
Commissariat de Terre et de Mer.
M. Lerche , Grand - Maître des Ceremonies .
M. Blome , Ministre d'Etat.
M. Wolf- Blome , Conseiller Privé Titulaire.
Nouveaux Chevaliers dans l'Ordre
Danebrog
L'Amiral Rosempalm.
M: Gram , Maréchal de la Cour.
M. Numersen , Major-General.
M. Ratlow , Maître des Chasses en Jutland.
Le Comte de Zinzindorff.
M. Ahlfeldt , de Jersbeck..
Nouveaux Conseillers Privez.
M. le Comte de Guldenstein .
M. le Comte Knut , Chambellan de S. M. Da
noise.
M. de Gersdorff , aussi Chambellan du Roi.
M. de Vieteck.
Nouveaux Chambellansi
Le Comte Shack.
M. de Holsten , Grand- Bally de Zetlande et de
Copenhague .
M. Plessen , Maître des Chasses.
Nouveau Conseiller Privé des Conferences.
Le Comte de Sponeck , Lieutenant General et
Gouverneur de Copenhague,
Lla Vol Nou
JUIN. 1731. 1601
Nouveau Lieutenant General.
M. Roinling.
Nouveaux Majors Generaux.
Mrs Galkouski , Colonel de Cavalerie.
Walter , Colonel des Gardes à pied.
Prétorius , Colonel d'Infanterie.
Arnskiold , Colonel d'Artillerie..
Le 6. Juin à 11. heures du matin , le Roi , pré
cedé de toute sa Livrée , des Pages , des Officiers
de sa Maison , des Conseillers , d'Etat , des Con
seillers de Conference , des Comtes , des Cheva
liers des deux Ordres , Elephant et Danebrock,
des Ministres d'Etat , des deux Margraves de Cu
lemback , ainsi que des Ducs de Sunderbourg et
de Glucksbourg , de la Maison de Holstein , se
rendit processionellement de son Appartement à
la Chapelle , marchant sous un Dais porté par
quatre Chevaliers de l'Elephant , ayant à leur cô
té chacun un Chambellan. Il traversa ainsi la
cour du Château entre une double haye d'un dé
tachement de 140. Gardes du Corps , lesquels
étoient à pied et en bottes , avec le Mousqueton ,
les Officiers à la tête , l'épée à la main . Le che
min étoit couvert de drap rouge et orné de très
belles Tapisseries.
Ce Prince étoit vétu de Satin blanc à l'ancien
ne mode, avec des Trousses de même, ayant par
dessus le Manteau Royal de Velours pourpre ,
chargé de Couronnes en broderie d'or et doublé
d'hermine , dont le Grand- Chambellan Plessen et
le Comte d'Altembourg , Vice- Chambellan
portoient la queue, S. M. avoit la Couronne en
tête , tenant le Sceptre d'une main et de l'autre la
Boule d'or, surmontée d'une Croix ; aux deux cô
>
II. Vol.
tez
1601 MERCURE DE FRANCE
tez du Dais marchoit un Détachement de la nou
velle Compagnie de Trabans de la Garde , cou
verts de leur Casaque , ayant la Hallebarde sur
l'épaule.
Le Roifut reçu à Pentrée de la Chapelle par les
Evêques de Copenhague , d'Ahlborg en Jutland ,
et de Christiania en Norvege ; ces deux derniers
comme Assistans. Elle se plaça sur le Trône qui
lui avoit été préparé au bas de la Chapelle , en face
de l'Autel ; ce Trône consistant en une espece de
Dôme fort élevé , soutenu par quatre Colonnes ,
étoit revétu de velours cramoisi , enrichi de Cou
ronnes en broderie , de galons et de franges d'or,
et couvroit deux Chaises à bras à l'antique. Celle
de la droite , garnie d'étoffe d'or , et l'autre d'é
toffe d'argent , toutes les deux posées sur une Es
trade couverte d'un velours cramoisi , ayant à côté
deux Lions d'argent et un troisiéme devant , la
tête tournée devant l'Autel .
A peine le Roi fut placé sur la Chaise à droite ,
que la Reine entra et fut reçûe de la même ma
niere, précedée de la Livrée et des principaux Offi
ciers de sa Maison , de six Dames , toutes fem
mes de Chevaliers de l'Elephant , de la Comtesse
d'Altembourg, née Princesse de Hesse, de la Mar
grave de Culemback , mere de la Reine, et de leur
A. R. la Princesse Sophie , et Madame la Princesse
Charlotte. Elle marchoit sous un Dais porté par
quatre Chevaliers de l'Elephant et quatre Cham
bellans. Un Détachement de Trabans marchant
aux deux côtez du Dais.
Cette Princesse , coëffée en cheveux , à boucles
pendantes, la Couronne en tête , vétuë d'une Rob
be de Cour d'étoffe d'argent , et par -dessus le
Manteau Royal , dont la Comtesse de Hardeck ,
Grande- Maîtresse de sa Maison , et la Comtesse
11. Voln de
JUINA
1603 1731.
de Holsten, cy-devant Grande - Chanceliere, por
toient la queue , s'alla placer sur le Trône , et les
autres Dames , dans les places qui leur étoient
destinées .
A la droite et à côté de l'Autel , il y avoit une
Loge pour les deux Princesses de Culmback er
pour ceux de la Maison de Holstein , dont il n'y
avoit de présens que les Ducs de Sunderbourg et
de Glucksbourg . De cette Loge jusqu'au Trône,
regnoit une file de places occupées par les Che
waliers de l'Ordre de l'Elephant , avec des Rubans
bleus , à la tête de laquelle étoient le Grand - Ma
réchal et le Maréchal particulier de la Cour , te
nant en main le Bâton de leur Charge ; les Che
valiers Danebrog , avec leurs Cordons blancs
étoient placez derriere cette file , les deux Secre
taires d'Etat , et plusieurs Officiers Generaux de
Terre et de Mer , tous debout ; le Grand- Cham →
bellan Plessen , étoit à côté et un peu derriere le
Roi sur l'Estrade , avec le Comte d'Altembourg,
Ensuite , mais plus bas , le Comte de Holsten ,
cy- devant Grand -Chancelier , auprès duquel et
un peu derriere , étoient les Capitaines des Tra
bans , le Commandant des Gardes à cheval , et
ceux des Régimens des Grenadiers du Corps et
Gardes à pied , tous les quatre en habit d'ordon
nance. Un Détachement de Trabans , la Halle
barde à la main, occupoient le derriere du Trône,'
→
A la gauche et à côté de l'Autel étoit une Loge
pour L. A R. la Princesse Charlotte et la Prin
cesse Sophie , ainsi que pour le Margrave. Une
autre Loge à côté pour laComtesse d'Altembourg
et les deux Grandes- Maîtresses de la Maison de
L. A R. et enfin une troisiéme Loge pour les Fil
les d'Honneur des trois Princesses . De cette trois
siéme Loge jusqu'au Trône , le terrain étoit oc
IT, Vol. cupé
1604 MERCURE DE FRANCE
cupé par les autres Dames et par les Chevaliers
de l'Elephant , qui avoient porté le Dais de la
Reine. Toutes les places étoient de plein pied
dans le bas de la Chapelle,
La Ceremonie commença par une Musique qui
fut suivie d'un très long Sermon , lequel étoit
interrompu , par intervalles , de Prieres que com
mençoit l'Evêque de Copenhague , ayant à ses
côtez les Evêques d'Ahlbourg et de Christiania.
Ensuite,de quoi le Roi descendit de son Trône,
s'avança vers l'Autel , se mit à genoux , et après
avoir déposé son Sceptre et la Boule d'or , reçut
l'Onction au front , à la poitrine et à la main
droite.
Après cette Onction qui fut faite par l'Evêque
de Copenhague , et quelques Prieres chantées enª
Musique , ce Prélat recommença un nouveau Ser
mon , en s'adressant à la Reine. Après quoi cette
Princesse reçu l'Onction en la même maniere
que le Roi , mais seulement au front et à la poi
trine. Un Te Deum, chanté en Musique, termina
la Ceremonie : Le Roi et la Reine se retirerent à
leurs Appartemens dans le même ordre qu'ils
étoient venus.
L'ordre de cette Fête et la magnificence des ha
bits en faisoient le plus beau spectacle. L. M. D.
après s'être reposées un peu de tems , se mirent
à table à quatre heures ; L. A. R. Madame la
Princesse Charlotte et Madame la Princesse So
phie , avec Madame là Margrave , furent les seu
les qui y furent admises. Il y avoit dans d'autres
Chambres plusieurs differentes Tables pour les
Princes , les Dames , les Ministres d'Etat , les
Cordons bleus , les Cordons blancs , les Envoyez,
Résidens et Secretaires Etrangers , &c.
Fermer
Résumé : DANNEMARCK. RELATION du Sacre du Roi et de la Reine de Dannemarck.
Le texte décrit le sacre du roi et de la reine de Dannemarck, qui s'est déroulé le 6 juin 1731 à Fridericsbourg, à quatre milles de Copenhague. La veille, les souverains ont effectué leurs dévotions et communié dans la chapelle royale. Le roi a également procédé à plusieurs promotions dans les ordres de l'Élephant et du Danebrog, ainsi qu'à la nomination de nouveaux conseillers privés, chambellans et officiers militaires. Le jour du sacre, à 11 heures du matin, le roi s'est rendu processionnellement à la chapelle, vêtu de satin blanc et du manteau royal pourpre. Il était accompagné de sa livrée, des pages, des officiers de sa maison, des conseillers d'État et des chevaliers des ordres de l'Élephant et du Danebrog. La chapelle était décorée de drap rouge et de tapisseries. La reine a suivi, précédée de sa livrée et des principaux officiers de sa maison, vêtue d'une robe de cour en étoffe d'argent et du manteau royal. La cérémonie a débuté par un sermon, suivi de l'onction du roi et de la reine par l'évêque de Copenhague. Un Te Deum a conclu la cérémonie, après quoi les souverains se sont retirés dans leurs appartements. Après un repos, les souverains ont pris leur repas à quatre heures en compagnie de la princesse Charlotte, de la princesse Sophie et de la margrave. D'autres tables étaient préparées pour les princes, les dames, les ministres d'État, les chevaliers des ordres et les représentants étrangers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
94
p. 2170-2179
Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
Début :
SETHOS, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotes de l'ancienne Egypte [...]
Mots clefs :
Ancienne Égypte, Prince, Reine, Académies, Éducation, Peinture, Carthage, Observatoire des prêtres thébains, Phéniciens, Esclaves
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
SETHOS , Histoire ou Vie tirée des Monumens
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
anecdotes de l'ancienne Egypte
traduite d'un Manuscrit Grec . A Paris ,
chez les Freres Guerin , Quay des Augustins
, et rue S. Jacques , 1731. trois Volumes
in 12. de plus de 400 , pages chacun
sans la Préface , l'Epitre et les Additions,
Cartes d'Egypte , d'Affrique , &c.
Le nom de M. l'Abbé Terrasson
qui n'est pas à la tête du livre , se trouve
dans le Privilege . Nous ne prétendons
pas donner au Public dans le mois de
Septembre , la premiere nouvelle d'un
Ouvrage , qui a été fort répandu dès les
premiers jours de Juillet : mais les trois
volumes in 12.dont il est composé , ne nous
ont pas permis plutôt d'en faire quelque
rapport au Public . C'est un ouvrage de
fiction à peu près dans le goût de Telema
que,ou des Voyages de Cyrus. Mais au lieu
que ces deux-cy se bornent en quelque
sorte à l'idée d'une éducation ; ce sujet
particulier ne remplit que le premier volume
de Sethos . Ce jeune Prince est fils
d'Osoroth , Roi de Memphis , Prince âgé
et indolent. Sethos dès le premier livre
perd
SEPTEMBRE . 1731. 2171
L
perd Nephté sa mere , Reine admirable
par sa vertu et par sa sagesse . Le Grand
Prêtre en la presentant au Senat , qui ju
geoit les morts en Egypte , fait d'elle un
Eloge Funebre , dont tous les lecteurs
ont été également frappez. Nephté en
mourant , avoit laissé pour Gouverneur
à son fils unique , âgé de huit ans , un excellent
homme , nommé Amedés , qui
conduit toute l'éducation de Sethos . Outre
le soin qu'il en prend par lui - même ,
il le fait profiter de l'éducation publique
des Egyptiens. A cette occasion , l'Auteur
fait dans le second livre une description
historique des Académies de Memphis. Il
donne là un leger crayon de toutes les
sciences qui ont rendu cette Nation si
fameuse , et il joint à ce narré d'excellens
avis pour tous ceux qui sont chargez de
l'instruction de la jeunesse , ou qui veulent
s'instruire eux - mêmes. Il insinuë , suivant
le principe déja exposé dans la Préface
, que les Sciences sont une des plus
grandes sources des vertus humaines et
civiles , non -seulement par l'occupation
qui est un obstacle au déreglement des
moeurs , mais encore par les préceptes et
par les exemples que la lecture nous
fournit. La Reine Daluca , qui épouse
Osoroth après la mort de Nephté , et qui
Fij vouloit
2172 MERCURE DE FRANCE
› vouloit perdre Sethos pour faire place
à l'aîné des deux Enfans qu'elle eût de
lui , songea d'abord à corrompre la Cour,
dans le dessein de faire passer son projet.
Elle ne trouva point de plus sûr moyen
pour introduire cette corruption , que de
décréditer ces Académies , et de jetter
les jeunes Seigneurs dans l'oisiveté et dans
le goût des amusemens frivoles. Elle Y
réussit dont les femmes de sa cour par
l'Auteur fait une peinture qui s'est attiré
une appro bation generale.
с
genereux ,
,
et mê-
Après huit ans de cette éducation pu
blique et particuliere , Amedés concevant
que son disciple avoit besoin d'un
mérite plus qu'ordinaire pour surmonter
les entreprises de ses ennemis domestiques
, conçoit le dessein
me perilleux , de lui procurer l'initiation.
C'étoit alors l'école des vertus les plus
héroïques, Les épreuves du corps qu'il
falloit subir , demandoient un courage
extrême , et les épreuves de l'ame exigeoient
une docilité qui faisoient de l'aspirant
un homme nouveau L'autheur fait
de ces pratiques un tableau qu'on n'a
vû encore nulle part , et où la fiction ne
sert que d'ornement à un fond vrai
mais qui n'a été sçû jusqu'à present que
de ceux qui ont une grande connoissance
9
de
SEPTEMBRE. 1737. 2173
de l'Antiquité.Ces exercices exposez dans
le troisième livre finissent à l'égard de
Sethos , par trois questions qu'on lui
propose sur l'héroïsme : les réponses qu'il
y donne font , pour ainsi dire , la base de
tout le reste de sa vie. Il satisfait à ces
questions dans le quatriéme livre à l'occasion
de l'histoire de deux freres , fils du
Prince de Carthage , qui avoit promis sa
succession à celui des deux qui feroit
dans le cours de trois années l'action la
plus héroïque . Sethos ayant décidé que
la premiere vertu du Heros , est un amour
zelé du genre humain , se consacre luimême
au service des hommes en general:
et en conséquence de cette résolution , it
employe le long exil où le jette la persécution
de Daluca , à faire chez des peuples
inconnus les voyages utiles pour eux,
qui font le sujet du second volume.
Le cinquiéme livre le premier des
trois qui composent ce volume , contient
le détail d'une guerre que le Roi de Thebes
fait au Roy de Memphis. L'artificieuse
Daluca veut se servir de cette
guerre pour faire perir Sethos . Elle arrache
, pour ainsi dire , le consentement
du Roy pour la nomination d'un General
indigne , nommé Thoris , auquel elle
communique ses intentions. Le Roy se
Fiij. COR
2174 MERCURE DE FRANCE
}
contente de soustraire son fils à l'obéïssance
d'un tel chef , et de ne lui donner
aucun autre Commandant qu'Amedés.
Le jeune Prince part pour Captos que le
Roy de Thebes menaçoit d'un Siége.
Mais avant qu'il fût formé , Sethos profite
du Privilege commun à tous les initiez
, pour visiter secretement sous la
conduite des Prêtres , les curiositez principales
du Royaume de Thebes. On trou
ve ici en abregé les singularitez dù Nil .
Sethos termine cette petite course par la
visite de l'Observatoire des Prêtres Thebains.
Il prend là des connoissances utiles
et nécessaires à une grande navigation ,
où il conduira bien- tôt les Phéniciens , et
qu'il montrera le premier aux hommes.
Revenu à Captos , les essais de son intelligence
et de son courage en fait de guerre
, sont des actions merveilleuses ; et
quoi qu'il ne combattit encore que comme
volontaire , il s'attire l'admiration
des assiegez et même des assiegeans . Enfin
pourtant le traître Thoris pressé d'ailleurs
les lettres de la Reine , et sçapar
chant qu'Amedés ne permettoit point au
jeune Prince de sortir de la place , imagine
un moyen de faire entrer à la faveur
d'une attaque de nuit , les ennemis dans
la Ville , qu'il défendoit lui- même au - de-
,
hors
SEPTEMBRE. 1731. 2179
porte
:
,
›
hors. Les ennemis néanmoins n'entrerent
pas mais Sethos et Amedés lui-même
combattant avec les Assiegez dans une
alors ouverte se trouverent sortis
eux-mêmes dans le fort de l'action , et
séparez l'un de l'autre. Sethos fut griévement
blessé , fut pris par des Soldats
Ethiopiens , et porté dans une Ville voisine
, où les Pheniciens avoient un établissement
considérable. Les Ethiopiens
qui ne le connoissoient pas ; vendirent ce
Prince aux Pheniciens qui ne le reconnurent
pas non plus . Ce jeune Prince
commençoit à se rétablir , lorsque la publication
d'une Lettre du Roy son Pere ,
par laquelle il offroit la moitié de son
Royaume au Roy de Thebes pour racheter
son fils , si on le trouvoit , arriva jusques
dans la chambre où il étoit couché.
Sethos qu'on croyoit déja par tout avoir
été tué se confirma à la vûë de cette rancon
énorme , dans la reserve qu'il avoit
gardée jusqu'alors sur sa condition : et il
pria lui-même les Pheniciens de le conduire
jusqu'à la flote qu'ils avoient sur la
mer rouge , et qui alloit mettre à la voile
pour un voyage de long cours.
Dans le sixième livre , Sethos déguisé
sous le nom de Cherés , se distingue d'apar
ses connoissances auprès d'Ors-
Fiiij tarte
bord
2176 MERCURE DE FRANCE
tarte , Commandant de cette Flotte, où il
venoit d'entrer Esclave .. Il se signala encore
davantage dans un combat naval , que
les Pheniciens donnerent contre la Flotte
des Rois de la Taprobane. Ces Rois s'opposoient
aux Pheniciens qui venoient deffendre
leur Colonie établie dans cette Isledepuis
quelque - temps ; et on les soupçonnoit
de l'avoir exterminée . Astrate
après une victoire sur Mer , qui étoit dûë
en sa plus grande partie aux conseils et
au courage de Cherés , débarqua la nuit
pour achever la déstruction des insulaires
: mais se trouvant au point du jour à
la vûë de leur camp , les Rois lui députent
un Heraut pour lui demander une
conférence dans la plaine. Que là on lui
exposeroit le sujet de la Guerre qu'ils faisoient
à Pheletés, chef de la Colonie Phenicienne
; s'ils acceptoient pour Arbitredu
differend qu'ils avoient avec la Phenicie
, l'Egyptien même qu'Aytarte avoit
amené , et dont quelques Prisonniers
qu'ils avoient faits dans le combat de la
veille , leur avoient parlé avec de grands
éloges. Astrate ayant accordé au Heraut
cette demande ; on apprit dans la conférence
, que Pheletés avoit fait égorger en
une nuit le Gouverneur et la Garnison de
Galiba , ville maritime de la Taprobane
Qu
SEPTEMBRE . 1731 2177
où l'on avoit reçû les Pheniciens : ce qui
obligeoit les Rois d'assieger cette Ville
pour la reprendre. Cherés interrogé sur
cette question , prend hautement le parti
des insulaires
Pheniciens mêmes , le combat et la victoire
de la Ville . Pheletés qui assistoit à
cette conférence , commençoit à se deffendre
d'une maniere injurieuse pour
Cherés , lorsqu'Astrate montra une lettre
patente du Roy de Phenicie. Il étoit dit:
dans cette lettre , que le Roy ne sçachant
que confusément la cause de cette guerre ,.
envoyoit Astrate pour défendre la Colo--
nie si les Rois de l'Isle lui vouloient ôter
l'établissement qu'on lui avoit accordé :
autrefois. Il lui donnoit en même temps
la place de Pheletés , qui n'étoit agréable :
ny aux Pheniciens ny aux Insulaires , et
joignoit à l'égard de ce dernier , un ordre
de lui faire son Procez , s'il avoit fait aux
Rois ses amis et ses alliez , quelque offen--
se capitale. Pheletés entendant ces paroles
, sort brusquement de la tente , et se
jette dans la Mer : après quoi la Ville de
Galiba fut rendue à ses légitimes posses--
seurs et la Paix. rétablie entre les deux
Peuples.
et désavoie au nom des
Mais avant que la conférence se romapît
, Cherés proposa aux deux Nations
Fy Pen
2178 MERCURE DE FRANCE
l'entreprise de faire le tour de l'Affrique
par son extrêmité méridionale. Ilinsinua
qu'il avoit sur ce sujet des connoissances
particulieres dont il ne pouvoit pas dire
la source. C'étoient les Notions Geographiques
que les Prêtres de Thebes lui
avoient données. Il demanda à chacun
des deux Peuples six grands Vaisseaux , et
quelques autres plus petits , qui leur por
teroient de ses nouvelles pendant sa course
, et qui rapporteroient les provisions
dont il auroit besoin. Le credit que
Cherés s'étoit acquis , et l'esperance d'un
commerce avantageux fit consentir l'Assemblée
à ce dessein. Cherés commence
icy à devenir Chef et Commandant et
l'on verra dans toute la suite , que la réputation
de sa vertu , de son intelligence
et de son courage le rendra le Maître dans
tous les lieux où il arrivera.
›
:
Le sixième livre contient encore la route
qu'il fait le premier par la pleine Mer à
Menuthias , aujourd'huy Madagascar . I}
soûmet sans effusion de sang les Sauvages
de cette Isle , qui n'avoient aucune
forme de gouvernement , par une conquête
qui les rend plus heureux qu'ils ne
Fétoient avant son arrivée : et il leur
donne pour maîtres sous des conditions:
équitables , les Rois de la Taprobane,
Cheréa
SEPTEMBRE 1731. 2179
Cherés est plus severe à l'égard des Antropophages
, qui possedoient sur les cô
tes orientales de l'Affrique , les mines de
Sophir , ou Ophir , sans connoître leurs
richesses. Mais leur coûtumé étoit de
manger les hommes que les tempêtes ou
les naufrages jettoient sur leurs côtes. Ils
parurent d'abord se soûmetrre à un vain
queur bien-faisant. Mais s'étant revoltez
ensuite , et ayant fait massacrer avant un
combat qu'ils livrerent à Cherés , tous les
prisonniers qu'ils destinoient à leurs nourritures
; le vainqueur fit mettre en croix
le long du rivage tous les chefs , et condamna
tous les habitans à ouvrir les mines,
dont il donna la possession aux Pheni--
ciens..Il n'oublia pas néanmoins de faire
à l'égard de ces Esclaves , des loix qui
changerent leur punition en un travail
reglé et suportable:
Ce fût là enfin que Cherés se disposa
à découvrir le passage de la mer orientale
à la mer occidentale de l'Affriques pas
sage que l'on avoit souhaitté jusqu'alors.
sans aucun espoir. L'Auteur entre par- là
dans le septiéme livre que nous renvoyons;
avec les trois suivans au mois prochain
Fermer
Résumé : Sethos, Histoire ou Vie, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Sethos, Histoire ou Vie tirée des Monumens anecdotiques de l'ancienne Egypte' a été traduit d'un manuscrit grec et publié à Paris en 1731 par les Frères Guerin. Il se compose de trois volumes in-12, chacun contenant plus de 400 pages, sans compter la préface, l'épître et les additions. Le nom de l'abbé Terrasson apparaît dans le privilège, mais pas à la tête du livre. L'histoire relate la vie de Sethos, fils d'Osoroth, roi de Memphis, et de la reine Nephté. Après la mort de Nephté, Sethos est élevé par Amedés, un gouverneur sage et vertueux. Le second volume décrit les académies de Memphis et les sciences qui ont rendu l'Égypte célèbre, soulignant l'importance des sciences pour les vertus humaines et civiles. La reine Daluca, nouvelle épouse d'Osoroth, cherche à éliminer Sethos pour favoriser ses propres enfants. Elle tente de discréditer les académies et de corrompre la cour. Amedés, pour protéger Sethos, décide de lui faire subir l'initiation, un processus exigeant des épreuves physiques et morales. Après son initiation, Sethos se consacre au service de l'humanité et entreprend des voyages utiles. Le cinquième volume relate une guerre entre le roi de Thèbes et le roi de Memphis, où Daluca tente de faire périr Sethos en nommant un général indigne. Sethos, malgré les trahisons, se distingue par son courage et son intelligence. Capturé et vendu comme esclave, Sethos se retrouve sur un navire phénicien sous le nom de Cherés. Il se distingue lors d'un combat naval et aide à résoudre un conflit entre les Phéniciens et les rois de la Taprobane. Il propose ensuite une expédition pour faire le tour de l'Afrique par son extrémité méridionale, utilisant les connaissances géographiques acquises auprès des prêtres de Thèbes. Le sixième volume décrit les aventures de Cherés en Afrique, où il soumet les habitants de Madagascar et des côtes orientales de l'Afrique, mettant fin à leurs pratiques anthropophages et établissant des lois équitables. Il découvre finalement le passage entre la mer orientale et la mer occidentale de l'Afrique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
95
p. 2661
ESPAGNE.
Début :
L'Infant Don Carlos partit de Seville le 20 Octobre ; il est accompagné du Comte de [...]
Mots clefs :
Grand d'Espagne de la premiere classe, Prince, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
'Infant Don Carlos partit de Seville le 20
Octobre ; il est accompagné du Comte de
Sant Estevan , Chevalier de l'Ordre du S. Esprit ,
Grand d'Espagne de la premiere Classe , en qualité
de son Gouverneur , de Grand - Maître de sa
Maison et de Ministre Plénipotentiaire de
S. M. Cath. Le Duc de Tursis Doria a nommé
Grand Chambellan et Grand Echanson de ce
Prince le Prince Corsini , Neveu du Pape , son
Grand Ecuyer , le Com : e Ugolini , son premier
Ecuyer , le Duc d'Arion , son premier Gentilhomme
de la Chambre , le Marquis de Villaverde
, le Marquis Giustiniani et Don Joseph
Castellar ses Majordômes de Semaine , Don
Joseph de Miranda , et Don Pedre Gasca , Gentils-
hommes de sa Chambre , Don Joseph Joachin
de Montalegre , son Secretaire d'Etat , et
Don Lelio Caraffe , Capitaine de la Compagnie
de ses Gardes du Corps.
>
>
La route de cePrince avant que d'arriver à Perpignan,
sera de 47. jours. Le Prince , la Princesse
des Asturies , et l'Infant Don Philippe l'ont accompagné
jusqu'à trois lieues de Seville , et le
lendemain le Marquis Scotti alla à Carmona de
la part du Roi et de la Reine , pour sçavoir des
nouvelles de la santé de ce Prince,
'Infant Don Carlos partit de Seville le 20
Octobre ; il est accompagné du Comte de
Sant Estevan , Chevalier de l'Ordre du S. Esprit ,
Grand d'Espagne de la premiere Classe , en qualité
de son Gouverneur , de Grand - Maître de sa
Maison et de Ministre Plénipotentiaire de
S. M. Cath. Le Duc de Tursis Doria a nommé
Grand Chambellan et Grand Echanson de ce
Prince le Prince Corsini , Neveu du Pape , son
Grand Ecuyer , le Com : e Ugolini , son premier
Ecuyer , le Duc d'Arion , son premier Gentilhomme
de la Chambre , le Marquis de Villaverde
, le Marquis Giustiniani et Don Joseph
Castellar ses Majordômes de Semaine , Don
Joseph de Miranda , et Don Pedre Gasca , Gentils-
hommes de sa Chambre , Don Joseph Joachin
de Montalegre , son Secretaire d'Etat , et
Don Lelio Caraffe , Capitaine de la Compagnie
de ses Gardes du Corps.
>
>
La route de cePrince avant que d'arriver à Perpignan,
sera de 47. jours. Le Prince , la Princesse
des Asturies , et l'Infant Don Philippe l'ont accompagné
jusqu'à trois lieues de Seville , et le
lendemain le Marquis Scotti alla à Carmona de
la part du Roi et de la Reine , pour sçavoir des
nouvelles de la santé de ce Prince,
Fermer
Résumé : ESPAGNE.
Le 20 octobre, l'Infant Don Carlos quitta Séville, accompagné du Comte de Sant Estevan, Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit et Grand d'Espagne de la première Classe. Ce dernier exerçait les fonctions de Gouverneur, Grand-Maître de la Maison et Ministre Plénipotentiaire de Sa Majesté Catholique. Le Duc de Tursis Doria nomma plusieurs dignitaires pour le Prince : le Prince Corsini comme Grand Chambellan et Grand Échanson, le Comte Ugolini comme Grand Écuyer, le Duc d'Arion comme premier Gentilhomme de la Chambre, et les Marquis de Villaverde, Giustiniani et Don Joseph Castellar comme Majordômes de Semaine. D'autres personnalités, telles que Don Joseph de Miranda et Don Pedre Gasca, furent nommées Gentilshommes de la Chambre, Don Joseph Joachin de Montalegre comme Secrétaire d'État, et Don Lelio Caraffe comme Capitaine de la Compagnie des Gardes du Corps. Le trajet du Prince jusqu'à Perpignan durerait 47 jours. L'Infant fut accompagné jusqu'à trois lieues de Séville par le Prince des Asturies, la Princesse des Asturies et l'Infant Don Philippe. Le lendemain, le Marquis Scotti se rendit à Carmona au nom du Roi et de la Reine pour prendre des nouvelles de la santé du Prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
96
p. 2893-2908
RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Début :
Le Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'Ondre de 3. Loüis, Lieutenant General des armées [...]
Mots clefs :
Prince, Province, Officiers, Perpignan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
RELATION du Passage de l'Infans
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
Fermer
Résumé : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Le texte relate le passage de Don Carlos, fils de France, à travers la province du Roussillon. Le Marquis de Gailus, Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis, Lieutenant Général des armées du roi et commandant en chef de la province, reçut des ordres de la Cour le 8 novembre 1731. Ces ordres stipulaient que Don Carlos devait être reçu avec les honneurs dus à sa qualité de fils de France. Le Marquis de Gailus prépara la route de Seville à Barcelone, prévoyant une arrivée à Perpignan vers le 15 décembre. Il supervisa la réparation des chemins, notamment le Col du Pertus, et organisa les logements et les vivres. Malgré l'arrivée anticipée de Don Carlos, les préparatifs furent suffisants. Le Marquis de Gailus inspecta personnellement les lieux et organisa les logements au Boulou, un village en mauvais état. Il choisit les maisons nécessaires et fit les aménagements requis en peu de temps. Le 26 décembre, Don Carlos arriva escorté par ses gardes et fut accueilli par le Marquis de Gailus et la noblesse locale. Le passage se déroula sans difficulté, et le Marquis de Gailus offrit ses services et ses équipements. À Perpignan, le Marquis de Gailus organisa une réception solennelle avec des salves de canon et des troupes alignées. Il céda son hôtel à Don Carlos et logea les membres de sa suite. Les préparatifs incluaient des repas somptueux et des illuminations pour éviter les désordres. Le Marquis de Gailus reçut les compliments des différents corps de la ville et présenta sa famille à Don Carlos. Le séjour du prince se déroula dans des conditions de confort et de sécurité optimales. Le Prince fut accueilli avec une grande pompe et des festivités somptueuses. Il dîna en public et participa à une chasse, démontrant son adresse et son inclination pour cet exercice. À son retour, son hôtel était illuminé de manière spectaculaire, avec des lustres, girandoles et bras disposés avec soin. La terrasse était ornée de lauriers et de fleurs, et la façade de l'hôtel était décorée d'un arc de triomphe conçu par M. Boutiller Dauroy, orné de trophées, médaillons et armoiries. Les festivités incluaient des danses et des bals organisés par les consuls de la ville, ainsi que des concerts et des soupers publics. Le Prince visita également la citadelle, où il fut salué par les troupes et l'artillerie. Les nobles locaux, notamment la Marquise de Cailus et le Marquis de Cailus, jouèrent un rôle clé dans l'organisation des réceptions et des repas, qui furent servis avec une grande magnificence et délicatesse. Le Prince exprima sa satisfaction et envoya un compte rendu à la Reine d'Espagne, sa mère. Le Prince quitta Perpignan le 29 décembre après avoir été salué par les troupes et l'artillerie. Le Marquis de Cailus, accompagné de la noblesse locale, le suivit jusqu'à Fitou, où il fut accueilli par le Marquis de Lafare. Tout au long de son séjour, le Prince fut entouré de marques de respect et de magnificence, notamment des illuminations, des salves d'artillerie et des réceptions somptueuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
97
p. 2908-2913
LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
Début :
L'Infant Don Carlos, qui arriva le 27 de Novembre à Perpignan, et qui y séjourna le 28, [...]
Mots clefs :
Prince, Régiment, Garde, Consuls
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre
1731. contenant le détail du voya❤
ge de DON CARLOS , depuis Perpignan
jusqu'à Montpellier.
'Infant Don Carlos , qui arriva le 27 de No-
L'efabre àPerpignan, et qui y séjourna le 28,
entra en Langnedoc le 29. vers les onze heures du
matin , et fut reçu aux Cabanes de Fitou , premieres
Maisons qui se rencontrent sur le chemin ,
par M.le Marquis de la Fare, Commandant, et par
M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de la
Province. Le Prince descendit -là , à une petite
Chapelle , parce que M. de Fitou , Seigneur de
cet endroit , dont la femme étoit accouchée. la
veille d'une fille , avoit envoyé un Courier à M.
de Cailus , à Perpignan , pour l'engager à obtenir
de S.A.R, qu'elle fit à cette enfant l'honneur de
la tenir sur les Fonts de Baptême ; ce que ce Prince
a fait avec beaucoup de bonté , et après la ceremonie
, il a fait donner au Pere un present .de
la valeur de trois mille Hyres , et cent Pistolles
au Curé.
L'Infant dina en ce lieu - là ; les Officiers que
M. l'Archevêque de Narbonne avoit prêtez à M.
le Marquis de la Fare, parce qu'à peine son équipage
avoit il eu le temps d'arriver ce jour-là à
Sigean , servirent une grande Table à toute sa
Suite
Ce Prince continuă sa foute l'après dînée, jus-
I.Vol. ques
DECEMBRE. 1931. 2909.
ques à Sigean , et chassa en chemin ; ce qui joint
a la longueur de la journée , fit qu'il n'y arriva
que la nuit. M. de la Fare n'avoir pu faire trouver
là que les deux Compagnies de Grenadiers
du Regiment de Talard , qui ont servi de garde
pour cette couchée .
Le lendemain za , S. A. R. se mit en marche,
dès sept heutes du matin , et arriva à Narbonnet
sur les onze heures. Il fur reçu à la porte par les
Consuls , au bruit de tout le Canon. Il trouva
ensuite sous les armes la Compagnie d'Halebardiers
, qui compose la garnison ordinaire , et le
Regiment de Médoc qui formoit une double Haye
jusqu'à l'Archevêché,où une Garde de 1so ham
mes , commandez par deux Capitaines , deux
Lieutenans et deux Enseignes , avec un Drapeau ,
Pattendoit , conformément aux Ordres du Roys
M. l'Archevêque de Narbonne se trouva à la
descente du Carosse, Ge: Prince étant monté dans
le grand appartement de ce Palais . qu'il trouva
fort beau , y reçut les présens de la Ville, se mig
Table et dîna en public. M. l'Archevêque fit
servir dans un appartement séparé, plusieurs Tasi
bles , pour toute sa suite.
· S. A. R. partit à deux heures après midi de
Narbonne , au bruit du Ganon , et le Régiment
de Médoc sousdes armes sur son chemin , pour
aller coucher à Béziers . Elle cyy arriva à l'entrée da
la nuit, Les Consuls l'attendoient à la porte, er la
reçurent au bruit de quantité de Boëtes , L'Ine
fant logea à l'Evêché , et y trouva une Garde pas
teille à celle du matin , du second Bataillon du
Regiment du Maine, S.. A. R. reçut une demis
Keure après les presens de la Ville. Elle admit en
suite le Chapitre de la Cathedrale , à la tête dun
quel-M. P'Evêque de Béziers harangua , et le Pré-
Kaidial
2920 MERCURE DE FRANCE
sidial aussi qui eut l'honneur de lui faire son com→›
pliment , par la bouche du Jage-Mage. Après le
soupé , l'Infant assista à un Concert qui lui avoit
été préparé dans un autre appartement , et il en
parut tres-content.
Le samedi premier de Decembre , ce Prince ar
riva sur le midi à Pezenas. Il trouva les Consuls à
la porte et une Garde du premier Bataillon dù
Regiment de Talard . Il reçut avant son dîné les
présens de la Ville. Comme S. A. R. aime fort à
tirer du Gibier , M. de la Fare en avoit fait rassembler
plusieurs pieces, dans le Parc de la Grange
des Prex , où ce Prince passa quelque temps
et il en tua la plus grande partie.
Le Dimanche deux Decembre , l'Infant ayant
voulu faire absolument la journée de Pezenas à
Montpellier, quoiqu'il y ait huit grandes lieuës ,
en partit extrémement matin , et s'arrêta au
Bourg de Loupian, où il trouva encore une Garde
, pareille aux précedentes , du premier Batail-
Jon du Régiment de Talard , qui avoit été envoyé
exprès dans les Cazernes de Meze. Comme
le Gibier de cette Terre est assez bien conservé ,
le Prince s'amusa encore une heure ou deux à y
tirer. Le Marquis de Montault , Seigueur de ce
lieu , s'y étoit rendu pour en faire les honneurs ,
et y avoit fait rassembler le plus de Gibier qui
Jui avoit été possible.
*.M. de la Faré fit servir à tout le Cortege une
grande alte , après laquelle on se remit en mar
che jusqu'à Montpelliet.
S. A. R. est descendu à la Maison du Roy ;
ou loge le premier President de la Chambre des
Comptes et Cour des Aydes de Languedoc , ou
le Roy d'Espagne son pere , et la Reine sa premiere
Epouse , avoient logé lorsque LL. MM
1. Vol……. passereng
DECEMBRE . 1731. 2911
L
passerent par cette Province. Le, Premier Prési
dent n'a rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre
cette Maison commode , non seulement à §.
A.R. mais aux Principaux Seigneurs qui sont indispensablement
obligez', par leurs Charges , de
coucher dans la même Maison où est logé l'Infant.
>
Ce Prince a fait son entree dans cette Ville par
la Place du Pérou , où est la Statue-Equestre de
Louis LE GRAND son bis-ayeul , qu'il a trouvée
fort belle, Outre la Harangue des Consuls à
la Porte , et les presens de Ville dans la Maison
du Roy , il a reçu les Complimens du Clergé
par la bouche de M. l'Abbé de Belleval , Grand
Prevôt de l'Eglise Cathedrale ; ceux de la Chambre
des Comptes er Cour des Aydes , par celle du
Premier Président. M. le Vicomte Daumelas a
porté la parole pour les Trésoriers de France ,
et M. de Massillan, Juge-Mage, a eu aussi l'honneur
de le complimenter , ainsi que le Corps des
-deux Facultez de Droit et de Médecine.
-Le Regiment de Tessé reçut le Prince de la même
façon que celui de Médoc fit à Narbonne
toute l'Artillerie de la Citadelle , à laquelle étoit
joint un grand nombre de Boëttes , placées sur
Je Pérou , fit une longue salve.
Le Chevalet ( a ) qui est un grand divertisse
ment pour les peuples de ces païs-cy , est allé à
plus de demi lieuë au devant de l'Infant , qui
en a paru fort satisfait. Si ce Prince avoit fait
quelque séjour, on lui auroit donné plusieurs autres
divertissemens , qu'ona été obligé de supprimer.
Toutes les Villes de cette Province ou l'In
(a) Voyez le Mercure
I. Vol. Kij
fant
2912 MERCURE DE FRANCE
fant à couche , ont été illuminées , sur tout la
Maison qui avoit été choisie pour le loger, et les
rues ont éié tendues et tapissées , &c.
Malgré la sécheresse de l'année et la marche
précipitée de ce Prince , M. l'Intendant avoit sibien
disposé toutes choses , que les subsistances
ont été tres -abondantes pour les Hommes et
pour les Chevaux, et hors le logement de Sigean,
qui encore n'a pas été des plus mauvais , il serdir
difficile de traverser aussi rapidement aucun païs
fet d'y trouver autant de commoditez.
La suite de l'Infant est composée d'environ
250 personnes. Pour M. le Comte de S. Estevan ,
il est trop connu à la Cour de France pour un
-Seigneur et pour un Ministre des plus accomplis,
pour qu'on puisse rien ajouter icy à son égard.
Les Equipages sont composés d'environ mille
‹ tant Chevaux que Mulets : il est étonnant qu'ils
soient en si bon état , après avoir fait une si longne
route.p
Nous partirons demain matin , Lundy 3 Decembre
, pour Nismes et après demain on arri-
* vera à Tarascon , où se trouvera M. le Bret , pre-
* mier Président du Parlement d'Aix , Intendant de
Provence et . Commandant. Suivant la derniere
route qui a été arrêtée , en séjournant un jour à
Marseille et un jour à Toulon, S. A. R. arrivera
le 14 de ce mois à Antibes.
S. A R. vient de se déterminer dans le mo◄
'ment , (c'est-à-dire , le Dimanche au soir , z. Decembre)
à séjourner icy demain , >
Au reste , l'Infant Don Carlos est un très -beau
Prince , affable, populaire, genereux ; parlant bon
et marquant en tout autant de vivacité
que de lumieres d'esprit et de goût. Les Peuples de
ces Provinces en sont charmez. Ils ont reconnu
1.Vol.
·
en
DECEMBRE. 1731. 2913
en lui la bonté du naturel, et les grandes qualitez
du Sang des Bourbons ; et ils ont témoigné leur
tendre zele , par les transports de joye et les acclamations
les plus éclatantes.
1731. contenant le détail du voya❤
ge de DON CARLOS , depuis Perpignan
jusqu'à Montpellier.
'Infant Don Carlos , qui arriva le 27 de No-
L'efabre àPerpignan, et qui y séjourna le 28,
entra en Langnedoc le 29. vers les onze heures du
matin , et fut reçu aux Cabanes de Fitou , premieres
Maisons qui se rencontrent sur le chemin ,
par M.le Marquis de la Fare, Commandant, et par
M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de la
Province. Le Prince descendit -là , à une petite
Chapelle , parce que M. de Fitou , Seigneur de
cet endroit , dont la femme étoit accouchée. la
veille d'une fille , avoit envoyé un Courier à M.
de Cailus , à Perpignan , pour l'engager à obtenir
de S.A.R, qu'elle fit à cette enfant l'honneur de
la tenir sur les Fonts de Baptême ; ce que ce Prince
a fait avec beaucoup de bonté , et après la ceremonie
, il a fait donner au Pere un present .de
la valeur de trois mille Hyres , et cent Pistolles
au Curé.
L'Infant dina en ce lieu - là ; les Officiers que
M. l'Archevêque de Narbonne avoit prêtez à M.
le Marquis de la Fare, parce qu'à peine son équipage
avoit il eu le temps d'arriver ce jour-là à
Sigean , servirent une grande Table à toute sa
Suite
Ce Prince continuă sa foute l'après dînée, jus-
I.Vol. ques
DECEMBRE. 1931. 2909.
ques à Sigean , et chassa en chemin ; ce qui joint
a la longueur de la journée , fit qu'il n'y arriva
que la nuit. M. de la Fare n'avoir pu faire trouver
là que les deux Compagnies de Grenadiers
du Regiment de Talard , qui ont servi de garde
pour cette couchée .
Le lendemain za , S. A. R. se mit en marche,
dès sept heutes du matin , et arriva à Narbonnet
sur les onze heures. Il fur reçu à la porte par les
Consuls , au bruit de tout le Canon. Il trouva
ensuite sous les armes la Compagnie d'Halebardiers
, qui compose la garnison ordinaire , et le
Regiment de Médoc qui formoit une double Haye
jusqu'à l'Archevêché,où une Garde de 1so ham
mes , commandez par deux Capitaines , deux
Lieutenans et deux Enseignes , avec un Drapeau ,
Pattendoit , conformément aux Ordres du Roys
M. l'Archevêque de Narbonne se trouva à la
descente du Carosse, Ge: Prince étant monté dans
le grand appartement de ce Palais . qu'il trouva
fort beau , y reçut les présens de la Ville, se mig
Table et dîna en public. M. l'Archevêque fit
servir dans un appartement séparé, plusieurs Tasi
bles , pour toute sa suite.
· S. A. R. partit à deux heures après midi de
Narbonne , au bruit du Ganon , et le Régiment
de Médoc sousdes armes sur son chemin , pour
aller coucher à Béziers . Elle cyy arriva à l'entrée da
la nuit, Les Consuls l'attendoient à la porte, er la
reçurent au bruit de quantité de Boëtes , L'Ine
fant logea à l'Evêché , et y trouva une Garde pas
teille à celle du matin , du second Bataillon du
Regiment du Maine, S.. A. R. reçut une demis
Keure après les presens de la Ville. Elle admit en
suite le Chapitre de la Cathedrale , à la tête dun
quel-M. P'Evêque de Béziers harangua , et le Pré-
Kaidial
2920 MERCURE DE FRANCE
sidial aussi qui eut l'honneur de lui faire son com→›
pliment , par la bouche du Jage-Mage. Après le
soupé , l'Infant assista à un Concert qui lui avoit
été préparé dans un autre appartement , et il en
parut tres-content.
Le samedi premier de Decembre , ce Prince ar
riva sur le midi à Pezenas. Il trouva les Consuls à
la porte et une Garde du premier Bataillon dù
Regiment de Talard . Il reçut avant son dîné les
présens de la Ville. Comme S. A. R. aime fort à
tirer du Gibier , M. de la Fare en avoit fait rassembler
plusieurs pieces, dans le Parc de la Grange
des Prex , où ce Prince passa quelque temps
et il en tua la plus grande partie.
Le Dimanche deux Decembre , l'Infant ayant
voulu faire absolument la journée de Pezenas à
Montpellier, quoiqu'il y ait huit grandes lieuës ,
en partit extrémement matin , et s'arrêta au
Bourg de Loupian, où il trouva encore une Garde
, pareille aux précedentes , du premier Batail-
Jon du Régiment de Talard , qui avoit été envoyé
exprès dans les Cazernes de Meze. Comme
le Gibier de cette Terre est assez bien conservé ,
le Prince s'amusa encore une heure ou deux à y
tirer. Le Marquis de Montault , Seigueur de ce
lieu , s'y étoit rendu pour en faire les honneurs ,
et y avoit fait rassembler le plus de Gibier qui
Jui avoit été possible.
*.M. de la Faré fit servir à tout le Cortege une
grande alte , après laquelle on se remit en mar
che jusqu'à Montpelliet.
S. A. R. est descendu à la Maison du Roy ;
ou loge le premier President de la Chambre des
Comptes et Cour des Aydes de Languedoc , ou
le Roy d'Espagne son pere , et la Reine sa premiere
Epouse , avoient logé lorsque LL. MM
1. Vol……. passereng
DECEMBRE . 1731. 2911
L
passerent par cette Province. Le, Premier Prési
dent n'a rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre
cette Maison commode , non seulement à §.
A.R. mais aux Principaux Seigneurs qui sont indispensablement
obligez', par leurs Charges , de
coucher dans la même Maison où est logé l'Infant.
>
Ce Prince a fait son entree dans cette Ville par
la Place du Pérou , où est la Statue-Equestre de
Louis LE GRAND son bis-ayeul , qu'il a trouvée
fort belle, Outre la Harangue des Consuls à
la Porte , et les presens de Ville dans la Maison
du Roy , il a reçu les Complimens du Clergé
par la bouche de M. l'Abbé de Belleval , Grand
Prevôt de l'Eglise Cathedrale ; ceux de la Chambre
des Comptes er Cour des Aydes , par celle du
Premier Président. M. le Vicomte Daumelas a
porté la parole pour les Trésoriers de France ,
et M. de Massillan, Juge-Mage, a eu aussi l'honneur
de le complimenter , ainsi que le Corps des
-deux Facultez de Droit et de Médecine.
-Le Regiment de Tessé reçut le Prince de la même
façon que celui de Médoc fit à Narbonne
toute l'Artillerie de la Citadelle , à laquelle étoit
joint un grand nombre de Boëttes , placées sur
Je Pérou , fit une longue salve.
Le Chevalet ( a ) qui est un grand divertisse
ment pour les peuples de ces païs-cy , est allé à
plus de demi lieuë au devant de l'Infant , qui
en a paru fort satisfait. Si ce Prince avoit fait
quelque séjour, on lui auroit donné plusieurs autres
divertissemens , qu'ona été obligé de supprimer.
Toutes les Villes de cette Province ou l'In
(a) Voyez le Mercure
I. Vol. Kij
fant
2912 MERCURE DE FRANCE
fant à couche , ont été illuminées , sur tout la
Maison qui avoit été choisie pour le loger, et les
rues ont éié tendues et tapissées , &c.
Malgré la sécheresse de l'année et la marche
précipitée de ce Prince , M. l'Intendant avoit sibien
disposé toutes choses , que les subsistances
ont été tres -abondantes pour les Hommes et
pour les Chevaux, et hors le logement de Sigean,
qui encore n'a pas été des plus mauvais , il serdir
difficile de traverser aussi rapidement aucun païs
fet d'y trouver autant de commoditez.
La suite de l'Infant est composée d'environ
250 personnes. Pour M. le Comte de S. Estevan ,
il est trop connu à la Cour de France pour un
-Seigneur et pour un Ministre des plus accomplis,
pour qu'on puisse rien ajouter icy à son égard.
Les Equipages sont composés d'environ mille
‹ tant Chevaux que Mulets : il est étonnant qu'ils
soient en si bon état , après avoir fait une si longne
route.p
Nous partirons demain matin , Lundy 3 Decembre
, pour Nismes et après demain on arri-
* vera à Tarascon , où se trouvera M. le Bret , pre-
* mier Président du Parlement d'Aix , Intendant de
Provence et . Commandant. Suivant la derniere
route qui a été arrêtée , en séjournant un jour à
Marseille et un jour à Toulon, S. A. R. arrivera
le 14 de ce mois à Antibes.
S. A R. vient de se déterminer dans le mo◄
'ment , (c'est-à-dire , le Dimanche au soir , z. Decembre)
à séjourner icy demain , >
Au reste , l'Infant Don Carlos est un très -beau
Prince , affable, populaire, genereux ; parlant bon
et marquant en tout autant de vivacité
que de lumieres d'esprit et de goût. Les Peuples de
ces Provinces en sont charmez. Ils ont reconnu
1.Vol.
·
en
DECEMBRE. 1731. 2913
en lui la bonté du naturel, et les grandes qualitez
du Sang des Bourbons ; et ils ont témoigné leur
tendre zele , par les transports de joye et les acclamations
les plus éclatantes.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
La lettre du 2 décembre 1731 relate le voyage de l'Infant Don Carlos depuis Perpignan jusqu'à Montpellier. Don Carlos arriva à Perpignan le 27 novembre et entra en Languedoc le 29 novembre. À son arrivée aux Cabanes de Fitou, il fut accueilli par le Marquis de la Fare et l'Intendant de la Province, M. de Bernage de Saint-Maurice. Il baptisa une enfant née la veille et fit des dons au père et au curé. Après avoir dîné sur place, il poursuivit son voyage jusqu'à Sigean, où il arriva de nuit. Le lendemain, il se rendit à Narbonne, où il fut reçu par les Consuls et les autorités locales. Il visita ensuite Béziers, Pezenas, et Loupian, où il chassa et fut accueilli par les autorités locales. Le 2 décembre, il arriva à Montpellier et logea à la Maison du Roy. Il reçut les compliments des autorités locales et des corps constitués. La suite de l'Infant, composée d'environ 250 personnes et 1000 chevaux et mulets, était en bon état malgré la longue route. Don Carlos est décrit comme un prince affable, populaire et généreux, apprécié par les populations locales. Il prévoit de continuer son voyage vers Nîmes, Tarascon, Marseille, Toulon, et Antibes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
98
p. 2738-2761
EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Début :
On continue à faire dans ce College tous les ans avec un succès constant [...]
Mots clefs :
Collège de Louis le Grand, Plaidoyers, Père de la Santé, Délibération, Luxe, Rhétorique, Duel, Combat, Citoyens, Oisiveté, Indépendance, Prince, Discours, France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
EXTRAIT des Plaidoyers prononcer
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
an College de Louis le Grand.
Ο
N continue à faire dans ce College
tous les ans avec un succès constant
des Plaidoyers François , qui pour l'or- dinaire se font sur des sujets propres à
former l'esprit et le cœur de la jeune
Noblesse qu'on y éleve .
Le Pere de la Sante , Jesuite , l'un des
Professeurs de Rhétorique , en fit réciter
un le 27. d'Août dernier , dont nous allons donner l'Extrait , et dont voici le
sujet tel qu'il étoit dans le Programme
imprimé.
II. Vol. DE-
DECEMBRE. 1732. 2739
DELIBERATION concernant la
jeune Noblesse d'un Etat. Sujet traité
en forme de Plaidoyer François , par
les Rhétoriciens du College de Louis
LE GRAND.
Le jeune Casimir , Prince des plus verò
tueux qu'ait eûs la Pologne , indigné des désordres qui commençoient à s'introduire parmi la jeune Noblesse de sa Cour , pressa
fortement le Roy son pere de réprimer cette
licence par des Loix salutaires. Le Roy
Casimir III. surnommé le Grand , établit
pour cet effet une Commission , à la tête de
laquelle il mit le Prince son fils , avec plein.
pouvoir de regler tout ce qu'il jugeroit de
plus convenable au bien public , après avoir
entendu les discours et pris les avis des Commissaires.
Casimir nomme pour la discussion de cette
importante affaire,quelques Seigneurs des plus
reglez et des mieux instruits de la conduite
des jeunes gens ; il leur ordonne de proposer
en sa présence ce qui leur semble le plus
répréhensible , et même d'indiquer les moyens
qui leur paroissent les plus capables d'ar
rêter le cours du mal ; il leur promet au
nom du Roy une place plus ou moins distinguée dans le Conseil d'Etat , suivant
Putilité plus ou moins grande de la découII. Vol A v verte
2740 MERCURE DE FRANCE
verte qu'ils feront et de la Loy qu'ils suggereront en cette Seance.
Le premier qui parle , porte sa plainte contre le Luxe ou les folles dépenses.
Le second contre le Duel on le faux
point d'honneur.
Le troisieme , contre l'oisiveté ou la fai
neantise.
Le quatrième , contre l'indépendance des
jeunes Seigneurs.
Chacun d'eux prétend que le desordre qu'il
releve, mérite le plus l'attention du Prince ,
et la séverité des Loix. Casimir dresse les
articles de la Loy , décide sur l'ordre qu'on
·garderà dans l'execution, et regle le rang que
les quatre Commissaires tiendront dans le
Conseil d'Etat. Tel est l'objet de cette déliberation et dujugement qui la doit suivre.
Casimir , dans un Discours Préliminaire , fait voir quelle doit être la vigilance d'un Prince sur tous les Membres d'un Etat et particulierement sur la
conduite de la jeune Noblesse , dont les
exemples sont d'une utile ou dangereuse
consequence, parce que donnant des Maîtres au Peuple , elle doit aussi lui donner des modelles. Il invite les Seigneurs
qui composent son Conseil à l'éclairer de
leurs lumieres dans la délibération qui
doit préceder le Reglement general.
II. Vol. Ex-
DECEMBRE. 1732. 2741
}
EXTRAIT DU I. DISCOURS.
Contre le Luxe.
Les Partisans du Luxe employent deux
prétextes pour colorer leurs folles dépenses ; 1. elles sont , disent- ils , nécessaires pour soutenir leur rang. 2 ° . Elles
contribuent même à la gloire et à l'utilité de la Nation. Le jeune Orateur employe deux veritez pour réfuter ces deux
prétextes ; 1º . le Luxe , bien loin de
mettre la jeune Noblesse en état de soutenir son rang , ruine les esperances des
plus grandes Maisons. 2 ° . Le Luxe , bien
loin d'être glorieux et utile à la Nation
épuise les plus sures ressources.
Premiere Partie.
Sur quoi est fondée l'esperance d'une
grande Maison sur opulence qu'elle
possede ou qu'elle attend. Le Luxe épuise
l'une et met hors d'état d'acquerir l'autre. Sur le mérite de ceux qui la compo-.
sent ? Un homme livré au luxe n'a gueres d'autre mérite que celui de bien arranger un repas , et d'autre talent que
celui de se ruiner avec éclat sur les places distinguées qu'elle peut occuper ? mais
ou ces places sont venales , et alors ces
II. Vol. A vj jeunes
2742 MERCURE DE FRANCE
jeunes dissipateurs trouveront-ils de quoi
les acheter ? ou c'est la liberalité du Prince
qui en fait la récompense de la capacité
et de l'application d'un sujet habile et
laborieux ; sont- ils de ce caractere sur
les alliances honorables qu'elle peut former mais où les trouver ? parmi des
égaux ? qui d'entre eux voudra courir les
risques de voir des biens , le fruit de ses
sueurs , devenir la proye d'un prodigue
qui en a déja tant dissipé ... pour soutenir une maison chancelante; il faudra
donc la dégrader , et mêlant un sang
illustre avec celui de quelqu'une de ces
familles ennoblies par une rapide et suspecte opulence , acheter des biens aux dépens de l'honneur , et former des nœuds
peu sortables , qui font la honte des Nobles et le ridicule des Riches ... Qu'estce qui a forcé tant de familles illustres
tombées par l'indigence dans une espece
de roture , à s'ensevelir dans le sombre
réduit d'une Campagne ignoré ? quest- ce
qui a confondu avec les fils des Artisans
les descendans de tant de Héros , dont
les mains enchaînées par la pauvreté , ne
peuvent plus manier d'autre fer que celui
des vils instrumens de leur travail ! remontons à la source : c'est un Pere ou un
Ayeul prodigue qui a donné dans tous les
II. Vol. travers
DECEMBRE. 1732. 2743
travers du faste. Posterité nombreuse que
vous êtes à plaindre ! faut- il qu'un Pere
dissipateur enfante tant de miseres et dé
sole tant de miserables ? .. Le luxe n'est .
pas moins préjudiciable à l'Etat dont il
épuise les ressources.
Seconde Partie.
Il est certaines occasions d'éclat qui authorisent une magnificence extraordinaire: elle est alors légitime pour le particu .
lier , et glorieuse pour la nation. Mais
que ces mêmes Seigneurs n'écoutant que
leur passion pour le luxe , dissipent en
dépenses frivoles et le bien qu'ils ont , et
celui qu'ils doivent , et celui qu'ils esperent ; c'est un abus criminel , c'est une injustice criante contre les droits du Prince,
de leurs créanciers , de leurs enfans et de
la nation entiere , dont elle ruine le commerce , et dont par - là elle épuise les ressources.
"
Il est certains besoins qui obligent le
Prince à demander des secours pour la
conservation de tout le corps de l'Etat :
si les particuliers prodiguent leurs fonds ,
comment préteront ils leur ministere au maintien de tout ce corps ? le commerce
nesera-t-il pas détruit,quand le marchand,
faute d'être payé, sera hors d'état de payer
II. Fol lui
2744 MERCURE DE FRANCE
lui-même , et quand obligé de faire une
banqueroute imprévue , il fera succomber ses correspondants sous ses ruines ,
comment pourvoira un dissipateur à l'éducation de ses enfans , dont il risque sur
une carte la fortune et la subsistance ? les
domestiques d'un tel maître , renvoyez
sans gages après plusieurs années de services , ne sont-ils pas réduits à la plus déplorable mendicité...Quelle inhumanité,
quede se repaître les yeux des larmes ameresque l'on fait verser à tant de misérables ?
Que ne trempe-t-il ses mains parricides
dans leur sang? que ne leur arrache- t il la
vie , puisqu'il les prive de toutes ses douceurs.
Ce furent ces considérations qui firent
autrefois proscrire le luxe de toutes les Républiques bien réglées , comme une des
principales sources du renversement des
Empires...L'Orateur conclut à réprimer
par une severité sans adoucissement une
licence qui est sans bornes ; et à faire , s'il
le faut , un malheureux pour le mettre
hors d'état d'en faire des millions d'autres.
EXTRAIT DU II. DISCOURS.
Contre le Duel.
Le duel , disent ses partisans , est une
II. Vol. voie
DECEMBRE. 1732. 2745
-voie glorieuse pour réparer l'honneur outragé et c'est , ajoutent- ils, un moyen des
plus éficaces pour former des braves à
l'Etat. Pour détruire ces deux idées chimériqués , l'Orateur en établit deux réelles , par lesquelles il prouve 1 ° . que le
duel à plus de quoi deshonorer un ´homme que de quoi lui faire honneur. 2°.Que
l'Etat y perd beaucoup plus qu'il n'y gagne.
Premiere Partie.
La premiere proposition doit paroître
aux duelistes paradoxe , on en établit la
verité sur les causes et les suites du duel.
Les unes et les autres deshonorent la raison , et doivent le faire regarder comme
une insigne folie et comme l'opprobre de
l'humanité.
De quelles sources partent d'ordinaire
ces combats singuliers ? consultons les acteurs de ces scenes tragiques ; c'est selon
eux courage, intrépidité, grandeur d'ame.
Consultons l'expérience , c'est fureur ,
emportement , petitesse d'esprit qui ne.
peut digerer une raillerie , ce sont tous les
vices qui font les lâches. Tel voudroit passer pour un Achille , qui n'est au fond
qu'un Thersite decidé. On brave le peril
quand il est éloigné; approche-t- il ? la pa- 11. Vol. leur
2746 MERCURE DE FRANCE
leur peinte sur le visage des champions
annonce le trouble de leur esprit. Les uns
cherchent un lieu écarté, pour n'avoir aucun témoin qui les censure , les autres
cherchent un lieu frequenté pour avoir
des amis officieux qui les separent. Les
separe-t-on ! on blâme en public comme
un mal dont on doit se plaindre , ce qu'en
secret on regarde comme un bien dont on
se felicite. A- t -on eu du dessous dans le
combat? les glaives étoient inégaux , un
hazard imprévu a decidé la querelle &c.
D'autres vont au combat avec moins
de lâcheté y vont- ils avec moins de folie ? Quel sujet les arme communément ?
un étranger paroît dans la ville ; il passe
pour brave , on veut être son ennemi. Il
faut du sang pour cimenter la connoissance, et pour paroître brave devenir inhu
main. Cent autres sujets plus legers armcnt cent autres combatans plus coupables. Quelles horreurs ! deux rivaux se
font un divertissement de ces combats
sanguinaires on en a vu autrefois s'enfermerdans des tonneaux où ils ne pouvoient
reculer et là renouveller les scenes effrayantes des cruels Andabates , qui se portoient
des coups à l'aveugle , comme pour ne pas
voi la mortq'ils s'entredonnoient Onen
a vu d'autres s'embrasser avant que de
II. Vol. s'égorger
DECEMBRE. 1732: 27+7 27+7
s'égorger , et le symbole de l'amitié devenir le signal d'un assassinat.
Je n'attaque jamais le premier, dira quelqu'un: Je vous loue; mais pourquoi vous
attaque-t-on ? que n'êtes vous plus humain , plus poli , plus complaisant ? On
m'attaque sans raison : pourquoi accepter
le cartel ? n'est- il point d'autre voye pour
vous faire justice ? mais si je refuse , je suis deshonoré ; ouy , si vous n'êtes scrupuleux que sur l'article du duel... mais l'usa
ge le veut dites l'abus. Si vous vous trouviés dans ces contrées barbares, où la loi de
l'honneur veut qu'on se jette dans la flamme du bucher , sur lequel se consume le
corps mort d'un ami , croiriez- vous pouvoir sans folie vous assujettir à une si étran
ge coutume ? ... mais je compte icy donner la mort et non pas la recevoir. Combien d'autres l'ont reçue en comptant la,
donner ? Du moins avoués, ou que vous la
craignez , et deslors vous êtes lâche , ou
que vous la cherchez de sang froid , et
deslors vous êtes insensé , et que vous y
exposant contre les loix de la conscience ,
vous êtes impie.
Quant aux effets du duel, il n'y a qu'à jetter les yeux sur ses suites infamantes.L'indignation du Prince, la perte de la liberté,
de la noblesse,des biens, de la vie; l'indiII. Vol. gence
2748 MERCURE DE FRANCE
gence , l'inominie qu'il attire sur la posterité du coupable , tout cela ne suffit il
pas pour faire voir combien le duël flétrit
l'honneur du Vivant et du Mort, du vainqueur et du vaincu : mais quel tort ne faitil pas à l'Etat ? c'est ce qui reste à exami- ner.
Seconde Partie.
Prétendre le duel forme des Braves que
à l'Etat , c'est ne pas avoir une juste idée
de la veritable bravoure. Elle consiste dans
un courage intrépide animépar le devoir,
soutenu par la justice , armé par le zele
pour la deffense de la Patrie . La valeur
des Duelistes a- t'elle ces caracteres ? Au
lieu de produire dans l'ame cette fermeté
tranquille qu'inspire la bonté du parti
pour lequel on combat , elle n'y enfante.
que le trouble et ces violens transports
qui suivent toujours les grands crimes. Au
lieu d'allumer dans le cœur et dans les
yeux ce beau feu qui fait reconnoître les
Heros , elle répand sur le visage une sombre fureur qui caracterise les assassins.
Le Duel est une espece d'image de la
Guerre civile ; le nombre des combattans
en fait presque l'unique difference. Il est
moindre dans le Duel , mais le péril n'en
est que plus certain. Ignorent-ils donc
II. Vol. qu'ils
DECEMBR E. 1732. 2749
qu'ils doivent leur sang au service du
Prince ? Leur est-il permis d'en disposer
au gré de leur haine ? et tourner leurs armes contre les Citoyens , n'est- ce pas les
tourner contre le sein de la Patrie , leur
Mere commune.
En vain veulent - ils s'authoriser par
l'exemple des anciens Heros. Leurs combats singuliers n'étoient rien moins que
des Duels , puisqu'ils ne s'agissoit point
entr'eux de vanger des injures particulieres , mais d'épargner pour l'interêt de
la Patrie le sang de la multitude. Tel fut
le combat des trois Horaces , et des trois
Curiaces. Les Romains qui lui ont donné
de si justes éloges , étoient les ennemis
les plus déclarez du Duel. On sçait combien l'ancienne Rome cherissoit le sang
de ses Citoyens de là ces Couronnes civiques pour quiconque avoit sauvé la vie
à un de ses Enfans : de là ces peines décernées contre tout Citoyen convaincu d'en
avoir appellé un autre dans la lice sanglan
te; on cessoit dès- lors d'être Citoyen , et
la profession de Dueliste conduisoit au
rang d'esclave gladiateur.
Les Maures dans un siecle plus barbare
avoient conçû une telle horreur pour ces
sortes de combats , qu'ils ne les permettoient qu'aux valets chargés du bagage de
II. Vol.
l'Ar-
2750 MERCURE DE FRANCE
l'Armée quel modele pour nos Duelistes ?
:
C'est donc ce monstre qu'il faut exterminer de la Pologne par une loy aussi severe dans son exécution , qu'immuable
dans sa durée. Punir certains crimes , c'est
prévenir la tentation de les commettre.
Une punition sévere dispense d'une punition fréquente. Après tout , le plus sûr
moyen d'abolir le duel dépend des particuliers. Qu'ils écoutent la raison aidée de
l'honneur et de la foi ; qu'ils soient hommes et Chrétiens , et ils cesseront d'être
Duelistes.
EXTRAIT DU III. DISCOURS,
Contre P'Oisiveté
L'Oisiveté fait trop d'heureux en idée
pour ne point avoir de Partisans. Que ne
doit pas craindre l'Etat d'un vice qui est
la source de tous les autres. Plus elle a
d'attraits qui la rendent dangereuse , plus
on doit empêcher qu'elle ne devienne
commune ; pour mieux connoîtte ce qu'on
doit en penser , il faut voir ce qu'on en
peut craindre. 10. Un homme oisif est un
citoyen inutile à la République. 20. il ne
peut lui être inutile sans devenir bien- tôt
pernicieux.
II. Vol. Pre-
DECEMBRE. 1732. 2758
Premiere Partie.
Je ne suis , dit un oisif , coupable d'au
eun vice qui me deshonore : je le veux
pourroit- on lui répondre ; mais votre fai
néantise ne vous rend- elle pas capable de
tous les vices ? Vous n'entrés dans aucune
Societé mauvaise ; à la bonne heure : mais
quel rang tenez- vous dans la Societé.humaine ? Vous n'êtes point un méchant
homme , soit : mais êtes- vous un homme?
Membres d'une même famille, Sujets d'un
même Roi , Parties d'une même Societé
nous avons des devoirs à remplir à leur
égard un oisif peut - il s'en acquitter ?
?
Comment veut-on qu'un jeune effeminé , toujours occupé à ne rien faire , ou
à faire des riens , soutienne le crédit de sa
famille pourra- t'il acquerir de la réputa
tion dans un Etat ? elle est le prix du
travail ; rendre des services aux amis atta
chez à sa maison ? il n'interromproit pas son repos pour ses interêts , le sacrifierat'il aux interêts d'autrui ? Eterniser les
vertus de ses peres , et le souvenir de leurs
travaux il faudroit une noble émulation , la mollesse en a éteint le feu dans
son cœur sa famille se flattoit qu'il seI. Vol. roit
#752 MERCURE DE FRANCE
roit son appui à peine sçait- il qu'il en est
membre.
:
Est- il plus utile à la Société civile ? la
Noblesse doit être comme l'ame de tout
ce corps de citoyens : le goût d'un Seigneur qui gouverneune Province en donne à tous ceux qui l'habitent : les Sciences , les beaux Arts , tout s'anime à sa
vûë , tout prend une forme riante : à sa
place substituer un homme oisif; quel
changement ! tout languit , tout s'endort
avec lui ; non- seulement il ne fait aucun
bien , mais il rend inutile le bien qu'on
avoit fait.
Que peuvent attendre le Prince et l'Etat , d'un homme qui se regarde comme
l'unique centre où doivent aboutir tous
ses sentimens , et toutes ses pensées ? quel
poste important lui confiera- t'on ? Sçaurat'il remettre ou entretenir dans une Province le bon ordre , prévoir et réprimer
les mauxque l'on craint ? quel embarras !
il ne craint d'autre mal que le sacrifice
de son repos. Chargera t'on ses foibles
mains de cette balance redoutable , qui
pese les interêts des hommes ? quel fardeau ! il faut s'en décharger dans une
main étrangere aux dépens de son honneur
et de nos fortunes. Lui confiera- t'on la
conduite des armées ? quel tumulte ! La
II. Vol. Guerre
DECEMBRE. 1732. 1732. 2753
Guerre s'accommoda t'elle jamais avec la
mollesse ? Ainsi l'oisif devient, tout à la
fois la honte de sa famille qu'il dégrade ,
de la Societé qu'il deshonore , de l'Etat
qu'il trahit : mais son portrait n'est encore qu'ébauché , il ne peut être citoyen.
inutile sans devenir citoyen perni
cieux.
>
Seconde Partie.
Dès que le poison de l'oisiveté s'est glis
sé dans un jeune cœur , il en glace toute
l'ardeur , il dérange tous ses ressorts , il
arrête tous ses mouvemens vers le bien
il en fait le theatre de ses passions et le
jouer des passions d'autrui. C'est par là
que l'oisiveté devient funeste aux jeunes
Seigneurs , et ne les rend presque jamais
inutiles qu'elle ne les rende en même
tems pernicieux à l'Etat.
Se refuser au bien , c'est presque tou
jours se livrer au mal. Qu'une Maison , où
ces Heros de la mollesse trouvent accès
est à plaindre que de vices , un seul vice
n'y fera t'il pas entrer ! ces discours ne feront ils point baisser les yeux à la sage
Retenue , à la timide Pudeur ? La Tem
pérance et la Sobrieté seront-elles respectées dans ses repas ? mais surtout , que ne
II.Vol. doin
4754 MERCURE DE FRANCE
doit pas craindre la République en général ?
Semblables à ces Insectes odieux , qui
ne subsistent qu'aux dépens de la république laborieuse des Abeilles , et la troublent sans cesse dans ses travaux utiles
ils vivent délicieusement dans le sein et
aux frais de la Patrie , et se servent souvent de leur aiguillon contre elle. Ils boivent les sucurs des citoyens laborieux , et
s'enyvrent quelquefois de leur sang.
Ce qui doit armer le plus les loix contre l'Oisiveté , c'est qu'elle réunit ce que
les trois autres vices qui entrent en concurrence avec elle ont de plus odieux . Un
jeune oisif qui confie le soin de sa maison
à un perfide Intendant dont il n'éxige
presque aucun compte , ne perd- il pas
souvent plus de biens par sa négligence ,
que le prodigue n'en dissipe par son luxe ? Ne le verra- t- on pas secouer bien-tôt
le joug de la contrainte qui gêne son humeur , et voulant donner à tous la loy ,
ne la recevoir que de son caprice ? L'amour des oisifs pour la vie douce est un
préservatif contre la tentation du duel ;
mais la seule idée que l'on a conçue de
leur peu de courage, n'engagera-t'elle pas
de jeunes Duelistes à les attaquer , ne futII. Vol. ce
DECEMBRE. 1732 2755
ce que pour se faire une réputation aux
dépens de la leur.
L'Orateur conclut à bannir de toutes
charges ceux qui seront convaincus de ce
vice , et à les noter par quelque punition
qui caracterise leur défaut.
EXTRAIT DU IV. DISCOURS.
Contre l'Indépendance.
L'ame du bon gouvernement c'est le
bon ordre ; le bon ordre ne subsiste que
par la subordination. L'Indépendance en
sappe tous les fondemens ; quand elle se
trouve dans les jeunes Seigneurs , 1º elle
les accoûtume à braver l'autorité ; 20 elle
les porte à prétendre mêmeau droit d'impunité.
Premiere Partie.
Pour connoître le danger de l'indépen
dance, il faut voir comment elle se forme
dans la jeune Noblesse , et jusqu'où elle
peut étendre ses progrès contre l'autorité
légitime. La naissance et l'éducation , voilà
ses sources. Comment éleve- t'on les jeunes Seigneurs ? L'or sous lequel ils rampent dans l'enfance éblouit leurs yeux ; le
faste qui les environne enfle leur esprit ;
les plaisirs qu'on leur procure corrom- II. Vol.
B pent
2755 MERCURE DE FRANCE
pent leur cœur : mollesse d'éducation qui
fait les délices de l'enfance , et prépare
les révoltes de la jeunesse.
,
La raison est à peine éclose , qu'ils ferment les yeux à sa lumiere , et les oreilles
à sa voix. Les Maîtres veulent- ils les rap.
peller aux devoirs? les flatteurs les en écartent , et leur apprennent qu'ils sont plus
nés pour commander que pour obéïr ; à
force de donner la loy, on s'habituë à ne la
plus recevoir. Veut-on s'opposer au mal ,
et les confier à des Maîtres plus amis du
devoir que de la fortune ? ils ne plient
que pour se redresser bien- tôt avec plus
de force dès qu'ils en auront la li
berté.
Quel bonheur pour un jeune Indépen
dant , s'il a auprès de lui un Mentor qui
craignant beaucoup moins pour la vie
que pour l'innocence de son Telemaque ,
aime mieux se précipiter avec lui du haut
d'un affreux Rocher , que de le voir se
précipiter dans l'abîme du vice ! Mais
trouve-t'on beaucoup de Gouverneurs de
ce caractere ? Combien flattent leur Eleve dans ses desirs , se mettent de moitié
avec lui pour ses plaisirs ; et devant être
ses maîtres , deviennent ses esclaves ! détestable éducation qui d'un indépendant
fait quelquefois un scelerat.
II. Vol.
L'In-
DECEMBRE.
873202757
L'Indépendance conduit à la révolte ,
l'Eleve intraitable devient fils rebelle ;
combien en a-t'on vû braver l'autorité
paternelle , outrager la Nature , et d'indépendans qu'ils étoient , n'avoir besoin
que de changer de nom pour devenir dénaturés ? Mauvais fils sera- t'il bon sujet ?
peut- on s'en flatter surtout dans un
Royaume électif, où l'on est quelquefois
tenté , de faire avec audace , ' ce qu'on croit
pouvoir faire avec avantage ?
,
La plus florissante République de la
terre , Rome la maîtresse du monde pres- -qu'entier , se vit sur le point d'être saccagée et réduite en cendres. Qui alluma
l'incendie ? une cabale de jeunes factieux ,
conduits par Catilina , et possedés du
démon de l'indépendance. Que de sang
ne fallut- il pas répandre pour éteindre ce
feu ? Autorité domestique et publique
loix divines et humaines , tout est sacrifié
à l'impérieux désir de se rendre indépendant. La loi violée s'arme- t'elle du glaive
pour vanger ces attentats ? Après avoir bravé ses réglemens , ils bravent ses menaces , et s'arrogent le droit d'impunité.
Seconde Partie.
Si l'on en croit les jeunes Seigneurs indépendans , leur jeunesse et leur condi11. Vol.
Bij tion
4758 MERCURE DE FRANCE
tion les mettent à couvert des loix et do
la punition qu'elles prescrivent.
La jeunesse est l'âge où le feu des passions s'allume ; c'est donc aussi le tems.
où l'on doit s'appliquer à l'éteindre. Fautil attendre que l'incendie ait pris des forces et se soit communiqué ? trop de severité , il est vrai , révolte et fait hair le
devoir , mais tropd'indulgence enhardit ,
et fait violer la loi.
- La Noblesse est l'état où les exemples
sont plus contagieux ; mais c'est donc
aussi l'etat où les punitions sont plus
- nécessaires. Les sujets d'un moindre étage regardent ces jeunes Seigneurs autant
comme leurs modéles que comme leurs
maîtres. Un coupable de la sorte impuni
fait un million de coupables dans l'espé
rance de l'impunité.
Aussi Rome et Sparte punissoient- elles
séverement l'indépendance et le mépris
des loix dans les jeunes gens de qualité.
Deux Chevaliers Romains furent autrefois dégradés de leur ordre , et mis au
rang des Plebéïens , pour n'avoir pas assez promptement obéï à un Proconsul.
peu de roture parut alors un excellent
remède contre le vertige de l'indépendance. Comme l'élévation du rang produit les fumées de l'orgueil , l'humilia
Un
tion les dissipe
DECEMBRE. 1732 2750
EXTRAIT DU V. DISCOURS.
Fait par le Prince après les Plaidoyers:
Casimir après avoir entendu les discours
des Parties , fait sentir le fort et le foible
des raisons alleguées , et en ajoute plu
sieurs nouvelles dont le détail seroit long.
Il établit pour principe que le premier
desordre contre lequel doive sévir le Législateur , est celui qui porte un plus
grand préjudice au plus grand nombre des
sujets ; c'est à dire , celui qui est le plus
considérable en lui- même et le plus étendu
dans ses suites. Sur ce principe il éxamine
les quatres desordres proposez , et les balance long-tems par une infinité de preu
ves que nous sommes fâchez d'omettre
mais que ne nous permet pas la brièveté
que nous nous sommes prescrite dans les
extraits. Il résulte de cet examen que les
jeunes Seigneurs independans sont les
plus coupables , sur tout parce qu'ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, c'est- à- dire l'obéïssance et la soumission : et nous pouvons , dit le Juge , espe- rer de mettre un frein à l'amour des folles
dépenses , à la manie du faux point-d'hon- neur , à l'indolence et à l'oisiveté des faineans par de bons et salutaires Edits : mais
II. Vol. Biij pour
260 MERCURE DE FRANCE
2
,
cepenpour l'indépendant , si son caprice le porte à être dissipateur , dueliste , et indolent de profession , en vertu de son systeme et de ses principes d'indépendance , il
se maintiendra en possession de ces trois
desordres , et ses maximes favorites nous
répondent par avance qu'il comptera pour
rien la loi que nous allons porter contre
lui et contre ses consorts. Portons - la
dant cette loi , &c.
Là- dessus le Prince prononce , 1° contre
l'Indépendance , 2 ° contre l'Oisiveté , 3 ° .
contre le Duel , 4° contre le Luxe , et il
rend raison de l'ordre qu'il observe en ce
Jugement. Ensuite il porte differentes loix
qu'il croit les plus propres à remedier à
chaque desordre , et telles à peu près qu'Athenes en porta contre l'Indépendance ,
Lacedemone contre l'Oisiveté , Rome
contre le Luxe , et la France avec une partie de l'Europe contre le Duel.
Enfin M. d'Aligre qui avoit été complimenté par M. le Pelletier de Rosambo sur
la noblesse et la dignité avec laquelle il
avoit présidé à ce Jugement , le felicita à
son tour de la finesse et de la délicatesse
d'esprit qui avoit éclaté dans son discours ;
il fit aussi compliment à M. de Bussy sur
son éloquence et sur son talent à parler
en public; à M. Petit, sur son beau feu
II. Vol. d'imagina
DECEMBRE. 1732. 2761
d'imagination ; à M. de Verac sur l'élegance de son Plaidoyer et les graces de sa prononciation . L'illustre Assemblée souscrivit sans peine à la justice de ces éloges.
Fermer
Résumé : EXTRAIT des Plaidoyers prononcez au College de Louis le Grand.
Le texte relate un plaidoyer prononcé au Collège de Louis le Grand, où les élèves de rhétorique abordent des sujets destinés à former l'esprit et le cœur de la jeune noblesse. Le sujet choisi est la délibération concernant la jeune noblesse d'un État, inspirée par le prince Casimir de Pologne. Indigné par les désordres parmi la noblesse, Casimir demande à son père, le roi Casimir III, d'établir une commission pour réprimer ces excès. Le roi nomme des seigneurs pour discuter des problèmes et proposer des lois. Les quatre principaux désordres identifiés sont le luxe, le duel, l'oisiveté et l'indépendance des jeunes seigneurs. Chaque orateur argue que son désordre mérite la plus grande attention et sévérité. Casimir dresse ensuite les articles de la loi, décide de l'ordre d'exécution et règle le rang des commissaires dans le Conseil d'État. Dans le premier discours, contre le luxe, l'orateur réfute les prétextes des partisans du luxe, affirmant que celui-ci ruine les grandes maisons et épuise les ressources de la nation. Il souligne que le luxe empêche la jeune noblesse de soutenir son rang et est préjudiciable à l'État. Le luxe est décrit comme une injustice criante contre les droits du prince, des créanciers, des enfants et de la nation entière. Dans le deuxième discours, contre le duel, l'orateur démontre que le duel déshonore plus qu'il n'honore et que l'État y perd plus qu'il n'y gagne. Il critique les motivations des duels, souvent basées sur la fureur et la petitesse d'esprit, et non sur le véritable courage. Le duel est comparé à une forme de guerre civile et est jugé impie et insensé. L'orateur conclut en appelant à la répression sévère de ces désordres pour le bien public. Le texte aborde également l'oisiveté, décrite comme la source de nombreux autres vices. Un homme oisif est inutile à la République et devient rapidement pernicieux. L'oisiveté est comparée à un poison qui glace l'ardeur des jeunes cœurs et les rend funestes à l'État. Les oisifs vivent aux dépens de la patrie et troublent les travaux utiles des citoyens laborieux. L'indépendance est également critiquée. Elle s'enracine dans une éducation malsaine qui enseigne aux jeunes nobles à commander plutôt qu'à obéir. Cette indépendance conduit à la révolte et au mépris des lois. Les jeunes indépendants se croient au-dessus des lois et des punitions. Le texte cite l'exemple de la République romaine, où l'indépendance a failli la détruire. Les punitions sévères sont nécessaires pour dissuader les jeunes nobles de leur comportement rebelle. Enfin, le texte mentionne un discours du Prince qui examine quatre désordres : l'indépendance, l'oisiveté, le duel et le luxe. Il conclut que les jeunes seigneurs indépendants sont les plus coupables car ils violent la loi fondamentale de l'ordre politique, l'obéissance et la soumission. Le Prince prononce des lois contre ces quatre maux, en commençant par l'indépendance. Le document mentionne également des compliments échangés lors d'un jugement. M. d'Aligre a été félicité pour la noblesse et la dignité avec lesquelles il a présidé au jugement. Il a ensuite complimenté plusieurs personnes pour leurs talents respectifs. L'assemblée a approuvé ces éloges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
99
p. 162-167
FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le premier de ce mois, le Roi et la Reine, Monseigneur le Dauphin, [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Duc, Comte, Mort, Prince, Cour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FKA C*E,' 5 '
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions.
Nouvelle: de la Çour , de Iari: , Ü‘? u
E premier (le ce mais»; le Roi 9€ l3
Reine , Monseigneur-lçwlÿauplgin ,
(Monseigneur le Duc d’Anjou, et Mes
a-’ 4 4
v JANVIER. 1733." p13,
flamçs de France , reçûren: les comph
Qmens sur la nouvelle année , des Princes
Let Princesses du Sang , des Seigneurs et.
Dames de la- Cour , et les respects du
‘Corps de Ville , &c. Après quoi le Roi
actompagnê du Duc d’OrIear_1s , du Duc
deiiîourbon , du Comte deîixaroiois, dû
Comte de Clvrmonr, du Duc du Màine;
du Comte d’Eu ,. du Comte- de. Toulou
ze , et des Chëvaiicrs , Conæmandeurs et
Officiers des Ordres qui ÿêtoienr assem
blez dans le Cabinet de S. M. se rendit à
la‘. Chrpeilz‘ du Château de VzrsailleæLe
Prince de Conry en Hxbit de, Novice
marchoiriimmédiatezwientaprès les grancls
‘Officiers a et le Cardinal de Poligziac, en
- Chape de Cardinai, (‘ierriere S. M. Le
Roi devangqui les deux Huissiers de
'11 Chambre portoient leurs Masses , êroit
Lcn Manteau , le Collier de POrdre _pu‘
‘d'ami; ; àinsi ‘Êquéïcs Chevaliers. Le Roi
étant entré dans la Chapcile , on ‘com‘
gnrnçq ‘le Kent‘ Cramer’. après l; uel le
ÇgÇarAinaI de Polignacÿ qui avoit r'-te nom
Commahndçu; çlePOrdrc dès le :6
Mai :1728. prêta Serment, et fut reçû ‘par
_S. M.‘ Le lggjiliîînrenäifit ‘qnsuiteiia Grand‘:
‘Massé qui fut‘ ‘célebrêe par îjïAbbë B595.
En , Cbapelaîn ordinaire de "Ïâfïiaîâeîfe
ÿï. èäwxnu.:.-.«f52h3a5és....getH,.vai.M319_ i Pæuèe‘
I
1E4 MERCURE m; FIRTANCE
Après la Messe , le Roi donna le Collier.‘ i
tic POrdre au Prince de Conty s après
Quoi S. M. fut reconduite dans son Ap-p
partement avec les cerémonies accoûtu
_mées. La Reine , accompagnée des Dames
de sa Cour , entendit la même Messe dan:
"sa Tribune. '
(
' Le Roia donné au Prince de Conti , le
3
' ‘Régiment de Cavalerie, vacant par là,
mort du Duc dïflincour.
i‘ Le r2 de ce mois, PEvêque Comte de
Noyon , et le Duc de Rufiec , Pairs de
France , prirent séance au Parlement avec,
‘les cerémonies accoûtumées.
Le 26. de ce mois, Plîvëque de Vencb
Îfut élû à l’Académie Françoise, à la pla
‘ ce vacante par la mort de. l’Evêq_ue d”:
_Metz-. - v '
Le Chapitre de ‘PEglTse Métropolitaine
fêtant assemblé le gode ce mois , élut
PAbbé (PI-larcourt , Chanoine de la m6‘
‘me Fglise, pour remplir laDignirê de
_Doyen,.vàcante par la mort de Pflbbb
Zde‘JG4on3t1a;.u‘ldte.s; nxoisjM_ . Rat; Rec. teït.
. -
_ .,
à JANVIER. ‘:733’. r83
“de PUnivci-sité,’ accompagnéides Doyen;
des Faculrez ct ‘des Procurcurs des Nat
ftions , aHa à Marly, où il! eut Phonneur
‘suivant Pancicn usage , de présentez; un
Cierge au Roy et à. Ia Reine. ‘ ’
Le lendemain, Te Pcre Vicäire Gcncê
‘ral d'es Religieux de la Mercy , accom’.
‘ Pagnê de troisRcÏigicux du Convent‘
‘du Marais,‘ eut aussi Phdnneur dé pré.
jsentcr un Cicrge à l'a Reine, pour sa"
‘tisfnire ä une des conditions de leur‘
établissement ,_ fait àParis en 16:5. par‘
la Reine Marie de Médicis‘. ' ' x
"hic premier Janvier i1 y eut à Vëfäaifè
Te Concert dçs Vingr-quartè pendant R:
dîner du Roi chez la Reine; on y éxécuü
ta une suite d’Airs d’e Fa composition Je
‘M. Uestoucfies , Sur-intendant de la Mu-g‘
' ‘sîquc du Roi en Semestre.
.. .3
jee} çfie Ÿsil‘ y eut Concert chez Fa
‘Rëïn. LoîfïïôñvçhÿhtàicPïoibgùc et les
‘kuaïiâïÿnäyêëâficîu’ Ballet "des Elemm: ',.
1 Un: lès principaux Rôles furent chantez:
‘par les Dflîs Antier , Cburvasicr et Leu-s
net , Ct par les Srs dflkngerville , Petitq
(otgt Guedon. _ _ ' _
"Î I6 r": et l5: i4 , dàns Ieïsaïon de lazRèei-l
Proiéguç crfcs trois premiers AC
.- - u _ .,
166 M ERCURE DE FRANCE
.tes de Thesée à les ÿdeux derniers furent
‘continuez à Marly le i7. Les Rôles de
.Medc'e et (Tlîglé , furent chantez par les
Dlles Duhamel et Courvasier , et les Srs
'd'A’ngerville et Petitrot firent ceux d'5
gée et de Thesée.
, Le x9‘, laeReine entendit le Prologue
et le premier Acte cPAmadi: d: Grâce ,
qu’en continua le 241 et le a4.
_ Le 2.6 , le Prologue ‘et le premier Acte
de Semimmi; , qu'on continua le 2.8 et le
«.3: , et APexêcution fit beaucoup de
plaisir. _
Le 29 Janvier Iesgïhé-arres ayant été
fermez à l'occasion du‘ Service qui fut fait
fi Notre- Dame pour le»feu Roi de Sar
fldaigne Ÿictor-Amedîe ,il y eut Concert
I _S_pi,ritu_el au Château des Thuiileries , on
‘y chanta un "Moter à grand Choeur de
_M. de la Lande , Bmti 0mm! ,qu’on n’a
voit pas encore éxecutéfl et qiiiufiir trèî
goûtez; après plusieurs Pièces d; simphoa
înie ,3 joüÔes parles SrszBlaver érleiçlerc...
‘le. Concert fur :41: de M. de ltaerLmainndé:epa{rplreê,c1e2d;‘e d'une
' excellente Piece de simphonie, et d’u_n
Carillon fu nebre. p
q Le a 4.:Janvlgt_ j la Irortèlrziegde
‘essais. si“. jladsâ e étëÿliiîgfiëleiläàægïä:
, J A NVîî E R. 1753. "r61
Ù
boursement des Actions , fut tirée en la.
‘maniere accoûtumêe , à PHôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros ga;
gitans des Actions ettdixiêmes d'Actions
qui doivent être remboursées , a été ren
due‘ publique , faisant en tout le nombre
de 314 Actions.
Fermer
Résumé : FRANCE, Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En janvier 1733, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 1er janvier, le Roi, la Reine, ainsi que divers princes et princesses du sang reçurent les vœux de la nouvelle année. Le Roi, accompagné de plusieurs ducs et comtes, assista à une messe célébrée par l'abbé Bossu à la chapelle du Château de Versailles. Le Cardinal de Polignac, nommé commandeur de l'Ordre en mai 1728, prêta serment. Après la messe, le Roi remit le Collier de l'Ordre au Prince de Conti, qui reçut également le 3e Régiment de Cavalerie. Le 12 janvier, l'évêque comte de Noyon et le duc de Ruffec prirent séance au Parlement. Le 26 janvier, l'évêque de Vence fut élu à l'Académie Française, et l'abbé Pilharcourt fut élu doyen du chapitre de l'Église métropolitaine. Le 1er janvier, un concert des Vingt-quatre Violons eut lieu pendant le dîner du Roi chez la Reine, interprétant des airs composés par M. Le Boucher, surintendant de la musique du Roi. Divers concerts et représentations théâtrales se déroulèrent à Marly et aux Tuileries, incluant des œuvres comme 'Les Éléments' et 'Sémiramis'. Le 29 janvier, un concert spirituel fut donné aux Tuileries en mémoire du roi de Sardaigne Victor-Amédée. Enfin, le 31 janvier, la loterie des essais fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
100
p. 230-246
REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
Début :
Je ne m'attendois à rien moins qu'à rentrer en dispute avec M. L. B. au [...]
Mots clefs :
Alexandre, Ovinius, Lampride, Prince, Guerre, Association, Sévère, Allemands, Sarmates, Médailles, Auguste, Soldats, Empereur, Circonstances, Particule vel, Inscription
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
REPLIQUE à la Lettre de M. L. B.
d'Auxerre , inserée dans le Mercure du
mois d'Août dernier , au sujet d'une Inscription
.
J
E ne m'attendois à rien moins qu'à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de l'Inscription d'Auxerre , et je
croïois notre différend enticrement terminé,
quand la Lettre qu'il vient de don-
-ner dans le Mercure du mois d'Août , m'a
fait connoître que son silence n'étoit que
pour mieux préparer ses armes , et pour
me combattre avec plus d'avantage . En
effet cette Lettre est bien differente des
deux autres ; la premiere n'étoit qu'un
impromptu du lendemain , même de la découverte
du Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , avant que d'avoir eu le
loisir de feuilleter les immenses Recueils
d'Inscriptions ; c'est - à - dire , qu'il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
pareille matiere , peuvent servir à mettre la
vérité
FEVRIER. * 1733 . 231
*
vérité dans un plus grand jour ; mais aujourd'hui
c'est après un intervale considerable
, et depuis une lecture attentive de
Lampride , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroît - il encore
; appuyé d'un suffrage glorieux et
puissant. Pour le coup , peu s'en est fallu
que M.L.B.n'ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d'un respect infini et
infini et légitime
pour l'Illustre Magistrat à qui il addresse
sa Lettre et dont il emprunte du
secours , j'ai craint long - temps de combattre
des sentimens que je dois respecter
, et j'aurois toujours gardé le silence , si
je n'avois fait réfléxion depuis, que la part
que ce grand homme semble prendre dans
notre dispute , n'est qu'un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps et s'en
divertir. C'est donc à M. L. B. seul que je
réponds icy, et tout ce que je dirai ne regarde
que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires , en rapportant
les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
Auteurs de l'Histoire Auguste dont Lampride
est du nombre. J'ai écrit , dis- je , et
* Monsieur Boubier , Président au Parlement
de Dijon.
B vj
M.
232 MERCURE DE FRANCE
.
J
>
M.L. B. en convient en partie , que ce
Recueil étoit l'Ouvrage d'un Compilateur
demi Sçavant , qui avoit écrit sans choix ,
sans ordre , et mêlé ensemble les Narrations
des Autcurs , dont son Receuil porte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu
qu'on étoit toujours en droit de révoquer en
doute ce que ces Auteurs avancent quand il
ne se trouve pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu à ML. B. en rappertant
ces paroles, de supprimer les derniers
mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné à ma pensée une
étenduë que je n'ai jamais songé à lui
donner, et qui la rend vicieuse . M² L. B.
en a profité , et il a fait valoir cet avantage
autant qu'il a pû , mais en rétablissant
la proposition dans les termes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s'écrier
et de la trouver si extraordinaire ?
N'est -elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d'elle- même de
l'opinion désavantageuse qu'ont eu de
l'Histoire Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé . Je n'ai pas
prétendu dire , au reste , qu'il fut nécessaire
que les faits alléguez dans cette Histoire
se trouvassent nommément exprimez
ailleurs;c'est assez pour y ajouter foy,
qu'on les y trouve d'une maniere implicite
FEVRIER. 1733. 233
plicite et générale , et ce sentiment n'a
rien que de naturel . Pour développer ceci
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira contre Alexandre , et
qu'Ovinius voulut se faire Empereur ; (car
pour le dire en passant , et comme je le
montrerai plus bas , il s'en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnage.fabuleux:
c'est son association seule que j'attaque.
) Ces faits , dis - je , n'ont rien qui
m'empêche de les croire , après avoir lû
dans les Auteurs contemporains que pendant
le Regne d'Alexandre il y eut plusieurs
séditions contre ce Prince. Multa
seditionesfacte sunt à multis . Dion. J'ai même
en quelque maniere obligation à Lampride
de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Revolte , et de me les faire
Gonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Alexandre , loin de
punir Ovinius , associe ce Sénateur à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire , m'assurent que ce Prince scut
punir ceux qui oserent s'élever contre
lui. Supplicioque affecti funt. Herod. J'ai
alors raison de douter de l'autorité de
Lampride.
Pour faire connoître plus particulierement
cet Auteur , il est necessaire de remarquer
quelques - uns de ses deffauts ; et
sans
234 MERCURE DE FRANCE
-
sans le suivre dans toutes les Vies des Em
pereurs qui portent son nom , je ne m'attacherai
qu'à celle d'Alexandre . A peine
Lampride sçait il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n'est qu'en doutant
qu'il l'appelle Mammée . Alexander igitur
cui Mammea mater fuit , nam et ita dicitur
à plerisque. Peut - on dire qu'Encolpius et
les autres Courtisans d'Alexandre , dont
Lampride avoit les Memoires devant les
yeux ignorassent le nom de cette Princesse
ou pourquoi Lampride ne suit - il
plus icy ses originaux ? c'est à Mr L. B. à
nous l'apprendre . Selon le même Auteur
, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres : Si quidem solus inventus
sit , qui tumultuan er legiones exautoraverit.
Qui voudroit l'en croire sur sa pa
role; se trouveroit bien embarassé en isant
Suerone. Cet Auteur nous marque
expressément que Jules Cesar dans la
Guerre contre Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuviéme Légion qui s'étoit
révoltée. Et nonam quidem Legionem apud
Placentiam cum ignominia missam fecit 69 .
Qu'Auguste en fit autant à la dixiéme.
Decimam Legion.m contumacius parentem
cum ignominia dimisit. 24. Enfin , que
Galba ôta non- seulement les Aigles aux
Classiaires , dont Néron avoit composé
•
แล
FEVRIER. 1733. 235
un Corps de Troupes réglées , et les obligea
de rentrer dans leurs premieres fonctions
, mais même sur ce qu'ils se plaignoient
avec trop de hauteur , qu'il les
décima , fed decimavit etiam. 12. Lampride
nous dit encore qu'Alexandre , à l'imitation
d'Adrien , eut la pensée de faire
adorer J. C. dans l'Empire . Christo Templum
voluit eumque inter Divos recipere
quod et Adrianus ; et cependant Tertullien
qui vivoit sous Sévere , et qui par
conséquent étoit beaucoup moins éloigné
d'Adrien , que Lampride , nous dit au
contraire , que ce fut Tibere qui conçut
ce dessein : Tiberius ergo annunciatum sibi
ex Syria Palestina , que illius ( J. C. ) Divinitatis
revelara , detulit ad Senatum cum
prerogativa suffragii sui. Mais que dire de
la maniere dont Aléxandre parle de Caracalle
dans son Remerciment au Sénat ?
Ce Prince , comme on le verra plus bas,
se disoit fils de ce dernier Empereur ; et
cependant il le blame publiquement d'avoir
affecté , en prenant le nom d'Antonin
, un titre qui ne lui convenoit pas :
Affecratum in Bassiano . Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoient
donné le jour ? Enfin rien n'est plus plaisant
que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donne à ce Prince , des
Per
236 MERCURE DE FRANCE
•
Personnes mortes long - temps auparavant
, tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué par Cujas
, lib. 7.Observ .
Je pourrois remarquer une infinité de
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que j'ai dit . Je
viens à l'association d'Ovinius pour en faire
connoître la supposition ; j'ai dit , après
Mr de Tillemont , qu'il s'y trouvoit des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable.
L'objection a paruë pressante à M' L.
B. il étoit naturel de s'en débarasser ; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant
que ces circonstances tiennent seulement
du Comique, et que des circonstances pour être
Comiques , n'empêchent point le fonds de l'évenement
d'être réel. C'est ce que je nie dans
un fait de l'importance de celui que nous
examinons. En voici la preuve : Selon M²
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en étoit aimé , puisque
ce fut cet amour qu'ils lui portoient qui
causa sa mort dans la suite . Aléxandre
qui redoutoit leur Puissance , entre dans
leurs vûës , associe Ovinius à l'Empire ,
mais seulement en apparence et pour
montrer à ces Troupes que le sujet qu'ils
avoient choisi pour lui opposer , n'étoit
pas digne du où ils le vouloient fai- rang
re
FEVRIER. 1733 . 237
rc monter . Mais , dira-t- on à Mr L. B. la
politique d'Alexandre se dément bien- tôts
car enfin cet air Comique dans les circonstances
de cette association auroit bientôt
ouvert les yeux aux Soldats , ils auroient
pénétré le dessein d'Alexandre , et
ce Prince par là se seroit trouvé dans le
danger qu'il vouloit éviter. L'exemple de
Septime Sévére qu'il allégue , est bien different.
Lorsque ce Prince , pour mieux combattre
Pescennius , amusa Albin , en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d'Angletere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloit prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les bras. Il n'y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite
dont il trouvoit un modele dans Auguste
par la maniere dont il en avoit agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovinius
est sans Soldats , sans Troupes reglées
; à peine commence- t- il à se former
un parti pour s'élever au Trône . Quoiqu'en
veuille dire M L.B.rien ne pouvoit
forcer Alexandre d'avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafiné
et si dangereux. Je ne sçai si je njaimerois
pas presqu'autant l'explication qu'Erasme
a donnée à cette action d'Aléxandre
238 MERCURE DE FRANCE.
dre dans ses Apothegmes , lib. 6. Selon
lui, Alexandre tout plein de bonté et tout
Philosophe , voulut corriger l'ambition
d'Ovinius ; il ne l'engagea à venir à l'Armée
avec lui que pour lui faire connoître
que la condition qu'il ambitionnoit tant ,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu'il ne se l'étoit imaginé. Sic illi commostravit
quod essetgerere imperium. Ce qu'il
y a de plaisant dans cette explication d'Erasme
, c'est qu'elle se trouve authorisée
par Lampride , qui nous dit qu'Aléxandre
remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d'un fardeau aussi
pesant que celui de gouverner la République.
Eiqué gratias egit quod curam
Reip. sponte reciperet.
Pour seconde preuve contre l'association
d'Ovinius ; j'ai dit , qu'il n'y avoit
aucune apparence qu'Alexandre eut voulu
se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant le commandement des
Troupes qu'il envoyoit contre les Barba
res , et M² L. B. avouë que ç'auroit été le
comble de l'imprudence. Aussi pour parer
cette objection , qui peut passer comme
le centre de toutes les autres , Mr L. B. a
pris le parti d'expliquer le Texte de Lampride
, autrement que tous ceux qui l'ont
traduit jusques icy . Voicy le Passage Latin:
Et
FEVRIER. 1732 . 239
Et cum expeditio Barbarica esset nuntiata ,
vel ipsum , si vellet , ire , vel ut secum proficisceretur
, hortatus est.
Mr L. B. prétend que dans ce Passage
la particule vel est mise pour et , et que
par conséquent ,au lieu d'entendre qu'Aléxandre
offrit à Ovinius de le mener à la
Guerre , s'il n'aimoit mieux y aller seul . Il
faut traduire qu'Alexandre invita Ovinius
à aller à la Guerre contre les Barbares , et
même à faire le voyage avec lui. Je sçais
que la particule vel n'est pas toujours disjonctive
, qu'elle est copulative quelquefois
; mais je sçais bien aussi que c'est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut l'expliquer raisonnablement.
Quel est donc le sens le plus naturel
, et qui se présente le premier à l'esprit
dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui qu'y trouve Mr L. B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Traducteurs?
Je laisse cela à décider au Lecteur
, mais j'ose assurer que l'explication
de M' L. B. est forcée , et que la particule
vel , comme il l'entend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme , et n'est
plus qu'une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et que Mr L B. doit encore
mieux sçavoir que moi , de ne point
cher126
MERCURE DE FRANCE
chercher un sens éloigné et difficile , quand
il s'en offre un simple et naturel .
Pour affermir davantage l'association,
d'Ovinius ,Mr L.B s'étend fort au long sur
le temps de cette association . Mais tout ce
qu'il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait , il ne m'importe pas en
quel temps il aa pu arriver. J'ai dit seulement
que ce n'avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans , comme M²
L. B. l'avoit avancé ; il a été obligé d'en
convenir, et de dire qu'il n'avoit erré que
pour avoir voulu isuivre M de Tillemont
; mais comme il donne une autre
Epoque à cette association ,
il me permettra
de l'examiner.
Lampride écrit qu'Alexandre étant à
Antioche , trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et s'éleverent tumultueusement
contre lui ; que là- dessus ce Prince
leur dit que ce n'étoit point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient enseigné
à faire usage de leurs voix ; mais
contre les Sarmates , les Allemans , les
Perses. M' L. B. saisit le Passage et met
l'association d'Ovinius dans une Guerre
qu'il prétend qu'Alexandre eut contre les
SarFEVRIER.
1733. 241
Sarmates , et qu'il place dans l'ordre où
ces Peuples sont nommez , et dans les six
premieres années du Regne d'Alexandre.
J'avoue mon peu de pénétration , je no
vois rien- icy qui prouve qu'Aléxandre ait
eu Guerre contre les Sarmates , et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la derniere Guerre d'Espagne
l'âge du Roy avoit permis à ce Prince de
se trouver à la tête de ses Troupes, et que
sur le point de quelque Action , il les eut
fait souvenir de la valeur qu'elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les Anglois
, les Hollandois ; en concluroit - on
que ce Prince auroit cu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l'on doit raisonner de la même
maniere , sur la Harangue d'Alexandre .
Cet Empereur alors marchoit en Perse ,
comme Lampride le dit lui- même ; et
jusqu'à cette Guerre, son Regne avoit été
paisible du côté des Etrangers. Igitur cum
ad hunc modum * septem annos quod quidem
ad se attineret, sine querela cùjusquam Imperium
gubernasset, ecce tibi octavo anno , & c.
Car il paroît par toutes les Médailles.
d'Alexandre , qui portent la
temps où elles ont été frappées, et sur les
marque
du
* Suivant la correction du P. Pagi : Dissert.
Hypat. pag. 177 .
quelles
242 MERCURE DE FRANCE
>
quelles il est fait mention de Victoires
soit dans le Type , soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu'après la Déclaration de la
Guerre de Perse , arrivée sur la fin de l'an
227 ou au commencement de 228 , comme
l'a démontré le P. Pagi , que les Généraux
de ce Prince eurent quelques avantages
en Mauritanie , en Illyrie et en Arménie
, puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la viiⓇ année de la
Puissance Tribunicienne d'Alexandre , et
que par conséquent elles ont été frappées
au plutôt en 288. c'est - à - dire , à peu
près dans le même temps qu'Alexandre
étoit à Antioche . Alexandre donc ne fait
icy que ce qu'auroit fait le Roy ; l'un et
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédecesseurs ; et une marque
qu'Alexandre n'entend point parler de
celles qui le regardent , c'est qu'il cite les
Perses contre lesquels , comme je l'ai dit,
il marchoit alors , dans la seule Expedition
qu'il ait faite contr'eux.
Si cependant ML. B. soutient que les
Sarmates ont quelque rapport avec Aléxandre
, je lui répondrai que cette Guerre
n'est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage ; et qu'au contraire , c'est la même.
Les
FEVRIER. 1733. 243
;
Les Sarmates occupoient tout le Païs qui
compose la Pologne et la Prusse d'à- d'à- present
ils étoient par - là trop voisins de
I'Illyrie , pour ne pas croire que ce furent
ces Peuples qui apparemment s'étoient
joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et des autres étoient les
mêmes , et ils voulurent profiter de l'absence
d'Alexandre, pour ravager les Terres
de l'Empire , ce qui obligea l'Empereur
en marchant contre Artaxercés d'envoïer
des Troupes contr'eux. Comparante
jam se ut fluvios transgrederetur... Quosdam
etiam exercitus in regiones alias transtulit
, ut inde Barbarorum incursiones facilius
arcerentur. Herodien .
J'ai promis à M' L. B. de lui montrer
que les Ovinius me sont connus ; je tiens
ma parole. Outre l'Ovinius Camillus de
Lampride , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. ad S. C. Tertull. qu'il cite : Il y a
un Ovinius Paternus qui fut Consul sous
Alexandre même en 233. un Lucius Ovinius
Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l'an 237.ct l'on trouve en 317. sous Constantin
, un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Septimius Bassus,
long- temps devant ceux- cy , une Inscription
de Gruter ( CCLXI 4.)nous fait mention
244 MERCURE DE FRANCE
tion d'un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoit sous
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F. Ter.Rufus, et d'un L.Ovinius
Amandus , dont les noms se trouvent
dans le même Gruter ( DLXVII. 3. )
et dans Reinesius ( XII. 110, ) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains , puisqueVarron
qui fleurissoit dans les dernieres
années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica , des
noms qui tirent leur origine des Troupeaux
, fait mention de celui d'Ovinius.
Nomina multa habemus ab utroque pecore , à
majore et à minore , à minore Porcius , Ovinius
, Caprilius. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , à
qui voudroit en prendre la peine , mais
n'en voilà que trop pour montrer que M²
L. B. n'a pas eu raison de dire , que ce nom
ne se rencontre gueres ailleurs qu'en ces deux
endroits qu'il a cités.
Je finirois icy , sans une réfléxion qu'on
me permettra d'ajouter , quoiqu'elle ne
regarde pas mon adversaire seul. Mª L.B.
en parlant d'Alexandre , l'appelle' toujours
Alexandre Severe , et il suit en cela un
sage , qui ,pour être autorisé, n'en est pas
moins vicicux. Le nom de Sévere que
portoit Alexandre , n'étoit pas, quoiqu'en
veuille
FEVRIER. 1733 245
euille dire Lampride , une Epithete qui
lui fut donnée à cause de son exactitude
à faire observer la Discipline Militaire.
Nam et Severus est appellatus à Militibus
ob Austeritatem . C'étoit chez lui un nom
de famille , qu'il tenoit de Septime Sévere
et d'Antonin Caracalle , appellé de
même Severe , comme on le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
AYT, K. M. ATP. CEYHPOC. ANTONEINос.
П. П. Аléxandre se disoit fils de ce
dernier. Admonete quamprimum illum , dit
ce Prince en parlant d'Artaxercés : Trophæorum
qua plurima adversus Barbaros Severo
atque Antonino parente meo ducibus.
excitastis. Herodien . Ce qui est confirmé
par les Inscriptions.
•
IMP. CAES DIVI
SEVERI. PII, NEPOTI. DIVI
ANTONINI. MAG. PII. FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO
PIO , &c.
Gruter MLXXVIII , 7. et 8,
C'est donc Severe - Alexandre qu'il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille , et conformément à toutes les
C Més
246 MERCURE DE FRANCE
Médailles Latines et Grecques , où l'on
lit : IMP. SEV ALEXANDER AUG.
AY.K. CEOYHPOC . AAEZANA. aussi-bien
que dans les Inscriptions que je viens de
rapporter.
D. P.
A Orleans , le 10 Octobre 1732.
d'Auxerre , inserée dans le Mercure du
mois d'Août dernier , au sujet d'une Inscription
.
J
E ne m'attendois à rien moins qu'à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de l'Inscription d'Auxerre , et je
croïois notre différend enticrement terminé,
quand la Lettre qu'il vient de don-
-ner dans le Mercure du mois d'Août , m'a
fait connoître que son silence n'étoit que
pour mieux préparer ses armes , et pour
me combattre avec plus d'avantage . En
effet cette Lettre est bien differente des
deux autres ; la premiere n'étoit qu'un
impromptu du lendemain , même de la découverte
du Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , avant que d'avoir eu le
loisir de feuilleter les immenses Recueils
d'Inscriptions ; c'est - à - dire , qu'il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
pareille matiere , peuvent servir à mettre la
vérité
FEVRIER. * 1733 . 231
*
vérité dans un plus grand jour ; mais aujourd'hui
c'est après un intervale considerable
, et depuis une lecture attentive de
Lampride , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroît - il encore
; appuyé d'un suffrage glorieux et
puissant. Pour le coup , peu s'en est fallu
que M.L.B.n'ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d'un respect infini et
infini et légitime
pour l'Illustre Magistrat à qui il addresse
sa Lettre et dont il emprunte du
secours , j'ai craint long - temps de combattre
des sentimens que je dois respecter
, et j'aurois toujours gardé le silence , si
je n'avois fait réfléxion depuis, que la part
que ce grand homme semble prendre dans
notre dispute , n'est qu'un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps et s'en
divertir. C'est donc à M. L. B. seul que je
réponds icy, et tout ce que je dirai ne regarde
que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires , en rapportant
les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
Auteurs de l'Histoire Auguste dont Lampride
est du nombre. J'ai écrit , dis- je , et
* Monsieur Boubier , Président au Parlement
de Dijon.
B vj
M.
232 MERCURE DE FRANCE
.
J
>
M.L. B. en convient en partie , que ce
Recueil étoit l'Ouvrage d'un Compilateur
demi Sçavant , qui avoit écrit sans choix ,
sans ordre , et mêlé ensemble les Narrations
des Autcurs , dont son Receuil porte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu
qu'on étoit toujours en droit de révoquer en
doute ce que ces Auteurs avancent quand il
ne se trouve pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu à ML. B. en rappertant
ces paroles, de supprimer les derniers
mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné à ma pensée une
étenduë que je n'ai jamais songé à lui
donner, et qui la rend vicieuse . M² L. B.
en a profité , et il a fait valoir cet avantage
autant qu'il a pû , mais en rétablissant
la proposition dans les termes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s'écrier
et de la trouver si extraordinaire ?
N'est -elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d'elle- même de
l'opinion désavantageuse qu'ont eu de
l'Histoire Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé . Je n'ai pas
prétendu dire , au reste , qu'il fut nécessaire
que les faits alléguez dans cette Histoire
se trouvassent nommément exprimez
ailleurs;c'est assez pour y ajouter foy,
qu'on les y trouve d'une maniere implicite
FEVRIER. 1733. 233
plicite et générale , et ce sentiment n'a
rien que de naturel . Pour développer ceci
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira contre Alexandre , et
qu'Ovinius voulut se faire Empereur ; (car
pour le dire en passant , et comme je le
montrerai plus bas , il s'en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnage.fabuleux:
c'est son association seule que j'attaque.
) Ces faits , dis - je , n'ont rien qui
m'empêche de les croire , après avoir lû
dans les Auteurs contemporains que pendant
le Regne d'Alexandre il y eut plusieurs
séditions contre ce Prince. Multa
seditionesfacte sunt à multis . Dion. J'ai même
en quelque maniere obligation à Lampride
de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Revolte , et de me les faire
Gonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Alexandre , loin de
punir Ovinius , associe ce Sénateur à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire , m'assurent que ce Prince scut
punir ceux qui oserent s'élever contre
lui. Supplicioque affecti funt. Herod. J'ai
alors raison de douter de l'autorité de
Lampride.
Pour faire connoître plus particulierement
cet Auteur , il est necessaire de remarquer
quelques - uns de ses deffauts ; et
sans
234 MERCURE DE FRANCE
-
sans le suivre dans toutes les Vies des Em
pereurs qui portent son nom , je ne m'attacherai
qu'à celle d'Alexandre . A peine
Lampride sçait il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n'est qu'en doutant
qu'il l'appelle Mammée . Alexander igitur
cui Mammea mater fuit , nam et ita dicitur
à plerisque. Peut - on dire qu'Encolpius et
les autres Courtisans d'Alexandre , dont
Lampride avoit les Memoires devant les
yeux ignorassent le nom de cette Princesse
ou pourquoi Lampride ne suit - il
plus icy ses originaux ? c'est à Mr L. B. à
nous l'apprendre . Selon le même Auteur
, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres : Si quidem solus inventus
sit , qui tumultuan er legiones exautoraverit.
Qui voudroit l'en croire sur sa pa
role; se trouveroit bien embarassé en isant
Suerone. Cet Auteur nous marque
expressément que Jules Cesar dans la
Guerre contre Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuviéme Légion qui s'étoit
révoltée. Et nonam quidem Legionem apud
Placentiam cum ignominia missam fecit 69 .
Qu'Auguste en fit autant à la dixiéme.
Decimam Legion.m contumacius parentem
cum ignominia dimisit. 24. Enfin , que
Galba ôta non- seulement les Aigles aux
Classiaires , dont Néron avoit composé
•
แล
FEVRIER. 1733. 235
un Corps de Troupes réglées , et les obligea
de rentrer dans leurs premieres fonctions
, mais même sur ce qu'ils se plaignoient
avec trop de hauteur , qu'il les
décima , fed decimavit etiam. 12. Lampride
nous dit encore qu'Alexandre , à l'imitation
d'Adrien , eut la pensée de faire
adorer J. C. dans l'Empire . Christo Templum
voluit eumque inter Divos recipere
quod et Adrianus ; et cependant Tertullien
qui vivoit sous Sévere , et qui par
conséquent étoit beaucoup moins éloigné
d'Adrien , que Lampride , nous dit au
contraire , que ce fut Tibere qui conçut
ce dessein : Tiberius ergo annunciatum sibi
ex Syria Palestina , que illius ( J. C. ) Divinitatis
revelara , detulit ad Senatum cum
prerogativa suffragii sui. Mais que dire de
la maniere dont Aléxandre parle de Caracalle
dans son Remerciment au Sénat ?
Ce Prince , comme on le verra plus bas,
se disoit fils de ce dernier Empereur ; et
cependant il le blame publiquement d'avoir
affecté , en prenant le nom d'Antonin
, un titre qui ne lui convenoit pas :
Affecratum in Bassiano . Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoient
donné le jour ? Enfin rien n'est plus plaisant
que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donne à ce Prince , des
Per
236 MERCURE DE FRANCE
•
Personnes mortes long - temps auparavant
, tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué par Cujas
, lib. 7.Observ .
Je pourrois remarquer une infinité de
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que j'ai dit . Je
viens à l'association d'Ovinius pour en faire
connoître la supposition ; j'ai dit , après
Mr de Tillemont , qu'il s'y trouvoit des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable.
L'objection a paruë pressante à M' L.
B. il étoit naturel de s'en débarasser ; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant
que ces circonstances tiennent seulement
du Comique, et que des circonstances pour être
Comiques , n'empêchent point le fonds de l'évenement
d'être réel. C'est ce que je nie dans
un fait de l'importance de celui que nous
examinons. En voici la preuve : Selon M²
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en étoit aimé , puisque
ce fut cet amour qu'ils lui portoient qui
causa sa mort dans la suite . Aléxandre
qui redoutoit leur Puissance , entre dans
leurs vûës , associe Ovinius à l'Empire ,
mais seulement en apparence et pour
montrer à ces Troupes que le sujet qu'ils
avoient choisi pour lui opposer , n'étoit
pas digne du où ils le vouloient fai- rang
re
FEVRIER. 1733 . 237
rc monter . Mais , dira-t- on à Mr L. B. la
politique d'Alexandre se dément bien- tôts
car enfin cet air Comique dans les circonstances
de cette association auroit bientôt
ouvert les yeux aux Soldats , ils auroient
pénétré le dessein d'Alexandre , et
ce Prince par là se seroit trouvé dans le
danger qu'il vouloit éviter. L'exemple de
Septime Sévére qu'il allégue , est bien different.
Lorsque ce Prince , pour mieux combattre
Pescennius , amusa Albin , en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d'Angletere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloit prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les bras. Il n'y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite
dont il trouvoit un modele dans Auguste
par la maniere dont il en avoit agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovinius
est sans Soldats , sans Troupes reglées
; à peine commence- t- il à se former
un parti pour s'élever au Trône . Quoiqu'en
veuille dire M L.B.rien ne pouvoit
forcer Alexandre d'avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafiné
et si dangereux. Je ne sçai si je njaimerois
pas presqu'autant l'explication qu'Erasme
a donnée à cette action d'Aléxandre
238 MERCURE DE FRANCE.
dre dans ses Apothegmes , lib. 6. Selon
lui, Alexandre tout plein de bonté et tout
Philosophe , voulut corriger l'ambition
d'Ovinius ; il ne l'engagea à venir à l'Armée
avec lui que pour lui faire connoître
que la condition qu'il ambitionnoit tant ,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu'il ne se l'étoit imaginé. Sic illi commostravit
quod essetgerere imperium. Ce qu'il
y a de plaisant dans cette explication d'Erasme
, c'est qu'elle se trouve authorisée
par Lampride , qui nous dit qu'Aléxandre
remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d'un fardeau aussi
pesant que celui de gouverner la République.
Eiqué gratias egit quod curam
Reip. sponte reciperet.
Pour seconde preuve contre l'association
d'Ovinius ; j'ai dit , qu'il n'y avoit
aucune apparence qu'Alexandre eut voulu
se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant le commandement des
Troupes qu'il envoyoit contre les Barba
res , et M² L. B. avouë que ç'auroit été le
comble de l'imprudence. Aussi pour parer
cette objection , qui peut passer comme
le centre de toutes les autres , Mr L. B. a
pris le parti d'expliquer le Texte de Lampride
, autrement que tous ceux qui l'ont
traduit jusques icy . Voicy le Passage Latin:
Et
FEVRIER. 1732 . 239
Et cum expeditio Barbarica esset nuntiata ,
vel ipsum , si vellet , ire , vel ut secum proficisceretur
, hortatus est.
Mr L. B. prétend que dans ce Passage
la particule vel est mise pour et , et que
par conséquent ,au lieu d'entendre qu'Aléxandre
offrit à Ovinius de le mener à la
Guerre , s'il n'aimoit mieux y aller seul . Il
faut traduire qu'Alexandre invita Ovinius
à aller à la Guerre contre les Barbares , et
même à faire le voyage avec lui. Je sçais
que la particule vel n'est pas toujours disjonctive
, qu'elle est copulative quelquefois
; mais je sçais bien aussi que c'est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut l'expliquer raisonnablement.
Quel est donc le sens le plus naturel
, et qui se présente le premier à l'esprit
dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui qu'y trouve Mr L. B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Traducteurs?
Je laisse cela à décider au Lecteur
, mais j'ose assurer que l'explication
de M' L. B. est forcée , et que la particule
vel , comme il l'entend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme , et n'est
plus qu'une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et que Mr L B. doit encore
mieux sçavoir que moi , de ne point
cher126
MERCURE DE FRANCE
chercher un sens éloigné et difficile , quand
il s'en offre un simple et naturel .
Pour affermir davantage l'association,
d'Ovinius ,Mr L.B s'étend fort au long sur
le temps de cette association . Mais tout ce
qu'il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait , il ne m'importe pas en
quel temps il aa pu arriver. J'ai dit seulement
que ce n'avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans , comme M²
L. B. l'avoit avancé ; il a été obligé d'en
convenir, et de dire qu'il n'avoit erré que
pour avoir voulu isuivre M de Tillemont
; mais comme il donne une autre
Epoque à cette association ,
il me permettra
de l'examiner.
Lampride écrit qu'Alexandre étant à
Antioche , trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et s'éleverent tumultueusement
contre lui ; que là- dessus ce Prince
leur dit que ce n'étoit point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient enseigné
à faire usage de leurs voix ; mais
contre les Sarmates , les Allemans , les
Perses. M' L. B. saisit le Passage et met
l'association d'Ovinius dans une Guerre
qu'il prétend qu'Alexandre eut contre les
SarFEVRIER.
1733. 241
Sarmates , et qu'il place dans l'ordre où
ces Peuples sont nommez , et dans les six
premieres années du Regne d'Alexandre.
J'avoue mon peu de pénétration , je no
vois rien- icy qui prouve qu'Aléxandre ait
eu Guerre contre les Sarmates , et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la derniere Guerre d'Espagne
l'âge du Roy avoit permis à ce Prince de
se trouver à la tête de ses Troupes, et que
sur le point de quelque Action , il les eut
fait souvenir de la valeur qu'elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les Anglois
, les Hollandois ; en concluroit - on
que ce Prince auroit cu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l'on doit raisonner de la même
maniere , sur la Harangue d'Alexandre .
Cet Empereur alors marchoit en Perse ,
comme Lampride le dit lui- même ; et
jusqu'à cette Guerre, son Regne avoit été
paisible du côté des Etrangers. Igitur cum
ad hunc modum * septem annos quod quidem
ad se attineret, sine querela cùjusquam Imperium
gubernasset, ecce tibi octavo anno , & c.
Car il paroît par toutes les Médailles.
d'Alexandre , qui portent la
temps où elles ont été frappées, et sur les
marque
du
* Suivant la correction du P. Pagi : Dissert.
Hypat. pag. 177 .
quelles
242 MERCURE DE FRANCE
>
quelles il est fait mention de Victoires
soit dans le Type , soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu'après la Déclaration de la
Guerre de Perse , arrivée sur la fin de l'an
227 ou au commencement de 228 , comme
l'a démontré le P. Pagi , que les Généraux
de ce Prince eurent quelques avantages
en Mauritanie , en Illyrie et en Arménie
, puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la viiⓇ année de la
Puissance Tribunicienne d'Alexandre , et
que par conséquent elles ont été frappées
au plutôt en 288. c'est - à - dire , à peu
près dans le même temps qu'Alexandre
étoit à Antioche . Alexandre donc ne fait
icy que ce qu'auroit fait le Roy ; l'un et
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédecesseurs ; et une marque
qu'Alexandre n'entend point parler de
celles qui le regardent , c'est qu'il cite les
Perses contre lesquels , comme je l'ai dit,
il marchoit alors , dans la seule Expedition
qu'il ait faite contr'eux.
Si cependant ML. B. soutient que les
Sarmates ont quelque rapport avec Aléxandre
, je lui répondrai que cette Guerre
n'est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage ; et qu'au contraire , c'est la même.
Les
FEVRIER. 1733. 243
;
Les Sarmates occupoient tout le Païs qui
compose la Pologne et la Prusse d'à- d'à- present
ils étoient par - là trop voisins de
I'Illyrie , pour ne pas croire que ce furent
ces Peuples qui apparemment s'étoient
joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et des autres étoient les
mêmes , et ils voulurent profiter de l'absence
d'Alexandre, pour ravager les Terres
de l'Empire , ce qui obligea l'Empereur
en marchant contre Artaxercés d'envoïer
des Troupes contr'eux. Comparante
jam se ut fluvios transgrederetur... Quosdam
etiam exercitus in regiones alias transtulit
, ut inde Barbarorum incursiones facilius
arcerentur. Herodien .
J'ai promis à M' L. B. de lui montrer
que les Ovinius me sont connus ; je tiens
ma parole. Outre l'Ovinius Camillus de
Lampride , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. ad S. C. Tertull. qu'il cite : Il y a
un Ovinius Paternus qui fut Consul sous
Alexandre même en 233. un Lucius Ovinius
Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l'an 237.ct l'on trouve en 317. sous Constantin
, un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Septimius Bassus,
long- temps devant ceux- cy , une Inscription
de Gruter ( CCLXI 4.)nous fait mention
244 MERCURE DE FRANCE
tion d'un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoit sous
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F. Ter.Rufus, et d'un L.Ovinius
Amandus , dont les noms se trouvent
dans le même Gruter ( DLXVII. 3. )
et dans Reinesius ( XII. 110, ) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains , puisqueVarron
qui fleurissoit dans les dernieres
années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica , des
noms qui tirent leur origine des Troupeaux
, fait mention de celui d'Ovinius.
Nomina multa habemus ab utroque pecore , à
majore et à minore , à minore Porcius , Ovinius
, Caprilius. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , à
qui voudroit en prendre la peine , mais
n'en voilà que trop pour montrer que M²
L. B. n'a pas eu raison de dire , que ce nom
ne se rencontre gueres ailleurs qu'en ces deux
endroits qu'il a cités.
Je finirois icy , sans une réfléxion qu'on
me permettra d'ajouter , quoiqu'elle ne
regarde pas mon adversaire seul. Mª L.B.
en parlant d'Alexandre , l'appelle' toujours
Alexandre Severe , et il suit en cela un
sage , qui ,pour être autorisé, n'en est pas
moins vicicux. Le nom de Sévere que
portoit Alexandre , n'étoit pas, quoiqu'en
veuille
FEVRIER. 1733 245
euille dire Lampride , une Epithete qui
lui fut donnée à cause de son exactitude
à faire observer la Discipline Militaire.
Nam et Severus est appellatus à Militibus
ob Austeritatem . C'étoit chez lui un nom
de famille , qu'il tenoit de Septime Sévere
et d'Antonin Caracalle , appellé de
même Severe , comme on le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
AYT, K. M. ATP. CEYHPOC. ANTONEINос.
П. П. Аléxandre se disoit fils de ce
dernier. Admonete quamprimum illum , dit
ce Prince en parlant d'Artaxercés : Trophæorum
qua plurima adversus Barbaros Severo
atque Antonino parente meo ducibus.
excitastis. Herodien . Ce qui est confirmé
par les Inscriptions.
•
IMP. CAES DIVI
SEVERI. PII, NEPOTI. DIVI
ANTONINI. MAG. PII. FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO
PIO , &c.
Gruter MLXXVIII , 7. et 8,
C'est donc Severe - Alexandre qu'il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille , et conformément à toutes les
C Més
246 MERCURE DE FRANCE
Médailles Latines et Grecques , où l'on
lit : IMP. SEV ALEXANDER AUG.
AY.K. CEOYHPOC . AAEZANA. aussi-bien
que dans les Inscriptions que je viens de
rapporter.
D. P.
A Orleans , le 10 Octobre 1732.
Fermer
Résumé : REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
L'auteur répond à une lettre de M. L. B. d'Auxerre, publiée dans le Mercure d'août précédent, concernant une inscription. Il exprime sa surprise de devoir réagir, pensant leur différend résolu. La dernière lettre de M. L. B. est plus élaborée, basée sur une lecture de Lampride et soutenue par un magistrat illustre. L'auteur examine l'autorité de Lampride, considéré comme un compilateur demi-savant par Casaubon, Saumaise et M. de Tillemont. Il souligne que les récits de Lampride doivent être vérifiés par d'autres sources. M. L. B. a omis une partie de la pensée de l'auteur, conduisant à une mauvaise interprétation. L'auteur discute des faits historiques mentionnés par Lampride, comme les conspirations contre Alexandre Sévère et les erreurs de Lampride concernant des événements et des personnages. Il critique Lampride pour ses inexactitudes et ses contradictions avec d'autres auteurs contemporains. L'auteur conteste l'association d'Ovinius avec Alexandre Sévère, arguant que les circonstances décrites par Lampride sont improbables et tiennent plus de la fable que de la réalité historique. Il réfute les explications de M. L. B. sur cette association, les trouvant peu convaincantes et contraires à la logique historique. Le texte discute également d'une controverse historique concernant Alexandre Sévère et une harangue attribuée à cet empereur. Alexandre Sévère aurait rappelé à ses troupes leurs victoires passées contre les Sarmates, les Allemans et les Perses, mais l'auteur conteste l'idée qu'Alexandre ait mené une guerre contre les Sarmates. Il compare cette situation à une hypothétique guerre en Espagne, où un roi rappelant des victoires passées ne prouverait pas qu'il a mené des guerres contre ces peuples. L'auteur affirme qu'Alexandre marchait alors en Perse et que son règne avait été paisible jusqu'à cette guerre. Il soutient que les médailles d'Alexandre mentionnent des victoires uniquement après la déclaration de la guerre contre la Perse, vers la fin de l'an 227 ou le début de 228. Les Sarmates, voisins de l'Illyrie, auraient profité de l'absence d'Alexandre pour ravager les terres de l'Empire, l'obligeant à envoyer des troupes contre eux. Enfin, l'auteur mentionne plusieurs personnes portant le nom d'Ovinius, démontrant que ce nom est ancien et courant chez les Romains. Il corrige également l'usage du nom 'Alexandre Sévère', expliquant que 'Sévère' est un nom de famille et non une épithète donnée pour sa discipline militaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer