Résultats : 17070 texte(s)
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Liste
2401
p. 339-341
SUITE des novelles d'Espagne
Début :
Les dernieres nouvelles de Gironne du 17. portent que [...]
Mots clefs :
Espagne
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texteReconnaissance textuelle : SUITE des novelles d'Espagne
SUITE
des novellesd'Espagne.
Les dernieres nouvelles
de Gironnedu17. portent
que le tempss'estant remis au
beau,Mr le Duc de Noailles
avoit fait rétablir les Batteries
quiavoientestéendommagéespar
les pluyes & les
débordemens du Ter&que
les brèches qui estoient déja
fort considerables, commençoient
d'estre en bon
estat, de sorte qu'ils cfperoicnt
donner l'assautle 22.
au plustard.
D'autres Lettres portent
que le G. Sratemberg ayant
fait démolir les fortifications
de Balaguer, se reriroit vers
Barcelone,avec environ
3000. hommes,& que Mr
de Vendôme estoit à Cervera
avec l'Armée pour lui
couper le passage.
D'autres enfin disent que
les Portugais avoient assemblezun
corps de 6000 hommes
pour surprendre Miranda
,
où ils avoient des
intelligences secrettes; mais
que le Gouverneur en ayant
esté averti, fit charger l'artillerie,
& posta une partie
de la garnisonenembuscade;
de sorte que tes ayant laissé
approcher fort prés de la
place,on en tua 7. à 800.
& plus de mille furent faits
prisonniers.
AParis ce 31. Janvier 1711.
des novellesd'Espagne.
Les dernieres nouvelles
de Gironnedu17. portent
que le tempss'estant remis au
beau,Mr le Duc de Noailles
avoit fait rétablir les Batteries
quiavoientestéendommagéespar
les pluyes & les
débordemens du Ter&que
les brèches qui estoient déja
fort considerables, commençoient
d'estre en bon
estat, de sorte qu'ils cfperoicnt
donner l'assautle 22.
au plustard.
D'autres Lettres portent
que le G. Sratemberg ayant
fait démolir les fortifications
de Balaguer, se reriroit vers
Barcelone,avec environ
3000. hommes,& que Mr
de Vendôme estoit à Cervera
avec l'Armée pour lui
couper le passage.
D'autres enfin disent que
les Portugais avoient assemblezun
corps de 6000 hommes
pour surprendre Miranda
,
où ils avoient des
intelligences secrettes; mais
que le Gouverneur en ayant
esté averti, fit charger l'artillerie,
& posta une partie
de la garnisonenembuscade;
de sorte que tes ayant laissé
approcher fort prés de la
place,on en tua 7. à 800.
& plus de mille furent faits
prisonniers.
AParis ce 31. Janvier 1711.
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Résumé : SUITE des novelles d'Espagne
En janvier 1711, des événements militaires significatifs se déroulèrent en Espagne et au Portugal. À Gérone, le Duc de Noailles, après une amélioration du temps, a restauré les batteries endommagées par les intempéries et avancé les réparations des brèches pour permettre un assaut prévu le 22 janvier. Parallèlement, le Général Starhemberg, ayant démoli les fortifications de Balaguer, se retirait vers Barcelone avec environ 3 000 hommes, tandis que Monsieur de Vendôme bloquait son chemin à Cervera avec son armée. Au Portugal, 6 000 hommes portugais tentèrent de surprendre Miranda, mais le gouverneur, alerté, avait préparé la défense. Grâce à l'artillerie et à des embuscades, environ 700 à 800 assaillants furent tués et plus de mille prisonniers capturés.
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2402
s. p.
TABLE.
Début :
Livres nouveaux, 3 & 208 Devises, 29 Nouvelles de Marine, [...]
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texteReconnaissance textuelle : TABLE.
nouveaux3 & 208
Devisès, 29
Nouvelles de Marine, 40 c~' 102
Eglogue, 43
Nouvellesd'Espagne, 66.259
262. & 339.
Hifloriette, 88
Morts, 108.-i37'& 178 Mariages,142
Anommes
,
117&129
Reponsès auxAnoniwes, 121
& 129.
Article burlefqite) 16S
Chansons, 170 & 18o
^uefiions Óf Reponses
, 175
Pièce d'Eloquence, 28y
Réceptions au Parlement, 206
Dons faits parle'Roy
,
287
Nouvelles de Turquie,293
Promotions, de Benefices,•304
Supplémentd'Anonimes,315
Enigmes, 31^
Devisès, 29
Nouvelles de Marine, 40 c~' 102
Eglogue, 43
Nouvellesd'Espagne, 66.259
262. & 339.
Hifloriette, 88
Morts, 108.-i37'& 178 Mariages,142
Anommes
,
117&129
Reponsès auxAnoniwes, 121
& 129.
Article burlefqite) 16S
Chansons, 170 & 18o
^uefiions Óf Reponses
, 175
Pièce d'Eloquence, 28y
Réceptions au Parlement, 206
Dons faits parle'Roy
,
287
Nouvelles de Turquie,293
Promotions, de Benefices,•304
Supplémentd'Anonimes,315
Enigmes, 31^
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2403
s. p.
APPROBATION.
Début :
J'ay lû par ordre Monseigneur le Chancellier, le Mercure [...]
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texteReconnaissance textuelle : APPROBATION.
APPROBATIONN:
J A'Y lû par ordre Monseigneur
le Chancellier,le
Mercure Galant des mois de
Decembre& deJanvier derniers.
A Paris ce 30. Janvier
17l1.., .:
CAPON.
J A'Y lû par ordre Monseigneur
le Chancellier,le
Mercure Galant des mois de
Decembre& deJanvier derniers.
A Paris ce 30. Janvier
17l1.., .:
CAPON.
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2404
s. p.
PRIVILEGE DU ROY.
Début :
LOUIS par la grace de Dieu, Roy de France & de Navarre : A nos amez [...]
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texteReconnaissance textuelle : PRIVILEGE DU ROY.
PRIVILEGE DV ROY.
LOUIS par la grace de Dieu, Roy de
France & de Navarre: A nos amez
& feaux Conseillers les gens tenants nos
Cours de Parlements,Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Conseil,
Prevôt deParis, Baillifs,Sénéchaux, leurs
Lieutenants Civils, & autres nos Justiciers
& Officiers qu'il appartiendraSALUT.
Ayant choisi Nôtre tres-cher
,
& bien amé
CHARLESDUFRESNY, Sieur de
Riviere, Nôtre Valet de Chambre ordinaire
; pour continuer de faire le Recueil
de plusieurs nouvelles, Relations, & Histoires
; & le faire imprimer fous le titre
de Mercure Galant; il Nous a trés-humblement
fait supplier de lui vouloir accorder
nosLettres de Privilège sur ce nécessaires.
ACESCAUSESNous lui avonspermis & permettons,
par ces Presetes,de faire Imprimer
le Livre intitulé LEMERCURE
GALANT, Contenant plusieurs Nouvelles
, Relations,Histoires,generalement
tout ce qui dépend dudit Livre, & qu'on
a coutûme d'y mettre depuis trente ans..
en telle forme,marge,caractere
,
& autant
de fois que bon lui semblera
, par tel lm"
meur & Libraire qu'il voudra choisir ,
& de le faite vendre & débiter par tout
nôtre Royaume,pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jour de
Ja ~datte des Présentes
;
Faisonsdéfenses à
toutes sortes de personnes de quelque
qualité
& condition qu'elles soient d'en introduired'Impressions
Etrangères en aucun lieu
de nôtre obéissance, & àtous Imprimeurs,
libraires, & Colporteurs & tous autres
de faire Imprimer, vendre
,. Se débiter,Se
contrefaire ledit Livre, ni Graver aucunes
Planches servant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendanr Itfdit
temps sous quelque pretexte que ce soit,
sans la permission expresse
,
& par écrit
dudit Exposant
, ou de ceux qui auront
droit de lui ,
à peine de confiscation des
Exemplaires contrefaits; de six millivres
d'amende contre chacun descontrevenants,
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiers au Dénonciateur
,
& l'autre tiers audit
Exposant
,
& de tous dépens dommages&
interests à la charge que ces Presentes seront
enregistrées tout au long sur le Registre
de la Communauté des Imprimeurs
& Libraires de Paris,& ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles; que l'impression
dudit Livre sera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
Reglemens de la Librairie; & qu'avantde
l'exposer en vente, il en fera mis deux Exemplaires
dans nôtre Bibliothèque publique
un dans celle de nôtre Château du Louvre,
&un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France
,
le Sieur
PHELIPPEAUX, Comte dePontchartrain,
Commandeur de nos Ordres,le tout
à peine de nullité desdites Presentes
,
du
contenu desquelles
,
Vous MANDONS, &
enjoignons de faire jouir & user ledit sieur
Exposant
, ou Ces ayant cause
,
pleinement
& paisiblement sans souffrir qu'il leur foit
causé aucun trouble, ou empêchement.
Voulons qu'à la copiedesPresentes qui sera
Imprimée au commencement , ou à la
fin dudit Livre, foit tenue pour bien
, ÔC
duement signifiée, & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & seaux
Conseillers & Secrétaires foy foit ajoûtée
comme à l'original. Commandons au Premier
nôtre Huissier ou Sergent de faire pour
l'execution des Presentes tous Actes requis,
& necessaires sans autres permissîons, nonobstant
Clameur de Haro, Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires:CAR
tel est nôtre plaisir. DONNE' à Versailles
le trente-unième jour d'Août, l'an de grace
mil sept cent dix, &de nôtre Règne le soixante
huit. Par le Royen son Conseil. Si- gné,DEVANOLLES.
Registré sur le Regitre num. 3. de l.
Communauté des Imprimeurs & Libraires
lu.M-Paris, page 63. num. 36.conformlmm,
aux Reglements
, & notamment à l'Ar.
vestdu H. Août 1703 AParis. ce 1. Sotempre 1710. Signé, P. de Launay. Syndic
LOUIS par la grace de Dieu, Roy de
France & de Navarre: A nos amez
& feaux Conseillers les gens tenants nos
Cours de Parlements,Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Conseil,
Prevôt deParis, Baillifs,Sénéchaux, leurs
Lieutenants Civils, & autres nos Justiciers
& Officiers qu'il appartiendraSALUT.
Ayant choisi Nôtre tres-cher
,
& bien amé
CHARLESDUFRESNY, Sieur de
Riviere, Nôtre Valet de Chambre ordinaire
; pour continuer de faire le Recueil
de plusieurs nouvelles, Relations, & Histoires
; & le faire imprimer fous le titre
de Mercure Galant; il Nous a trés-humblement
fait supplier de lui vouloir accorder
nosLettres de Privilège sur ce nécessaires.
ACESCAUSESNous lui avonspermis & permettons,
par ces Presetes,de faire Imprimer
le Livre intitulé LEMERCURE
GALANT, Contenant plusieurs Nouvelles
, Relations,Histoires,generalement
tout ce qui dépend dudit Livre, & qu'on
a coutûme d'y mettre depuis trente ans..
en telle forme,marge,caractere
,
& autant
de fois que bon lui semblera
, par tel lm"
meur & Libraire qu'il voudra choisir ,
& de le faite vendre & débiter par tout
nôtre Royaume,pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jour de
Ja ~datte des Présentes
;
Faisonsdéfenses à
toutes sortes de personnes de quelque
qualité
& condition qu'elles soient d'en introduired'Impressions
Etrangères en aucun lieu
de nôtre obéissance, & àtous Imprimeurs,
libraires, & Colporteurs & tous autres
de faire Imprimer, vendre
,. Se débiter,Se
contrefaire ledit Livre, ni Graver aucunes
Planches servant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendanr Itfdit
temps sous quelque pretexte que ce soit,
sans la permission expresse
,
& par écrit
dudit Exposant
, ou de ceux qui auront
droit de lui ,
à peine de confiscation des
Exemplaires contrefaits; de six millivres
d'amende contre chacun descontrevenants,
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiers au Dénonciateur
,
& l'autre tiers audit
Exposant
,
& de tous dépens dommages&
interests à la charge que ces Presentes seront
enregistrées tout au long sur le Registre
de la Communauté des Imprimeurs
& Libraires de Paris,& ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles; que l'impression
dudit Livre sera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
Reglemens de la Librairie; & qu'avantde
l'exposer en vente, il en fera mis deux Exemplaires
dans nôtre Bibliothèque publique
un dans celle de nôtre Château du Louvre,
&un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France
,
le Sieur
PHELIPPEAUX, Comte dePontchartrain,
Commandeur de nos Ordres,le tout
à peine de nullité desdites Presentes
,
du
contenu desquelles
,
Vous MANDONS, &
enjoignons de faire jouir & user ledit sieur
Exposant
, ou Ces ayant cause
,
pleinement
& paisiblement sans souffrir qu'il leur foit
causé aucun trouble, ou empêchement.
Voulons qu'à la copiedesPresentes qui sera
Imprimée au commencement , ou à la
fin dudit Livre, foit tenue pour bien
, ÔC
duement signifiée, & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & seaux
Conseillers & Secrétaires foy foit ajoûtée
comme à l'original. Commandons au Premier
nôtre Huissier ou Sergent de faire pour
l'execution des Presentes tous Actes requis,
& necessaires sans autres permissîons, nonobstant
Clameur de Haro, Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires:CAR
tel est nôtre plaisir. DONNE' à Versailles
le trente-unième jour d'Août, l'an de grace
mil sept cent dix, &de nôtre Règne le soixante
huit. Par le Royen son Conseil. Si- gné,DEVANOLLES.
Registré sur le Regitre num. 3. de l.
Communauté des Imprimeurs & Libraires
lu.M-Paris, page 63. num. 36.conformlmm,
aux Reglements
, & notamment à l'Ar.
vestdu H. Août 1703 AParis. ce 1. Sotempre 1710. Signé, P. de Launay. Syndic
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Résumé : PRIVILEGE DU ROY.
Le document est un privilège royal émanant de Louis, roi de France et de Navarre, accordé à Charles Dufresny, Sieur de Rivière, valet de chambre ordinaire du roi. Ce privilège autorise Dufresny à imprimer et vendre le livre 'Le Mercure Galant', contenant diverses nouvelles, relations et histoires, pour une durée de trois années consécutives à partir de la date du document. Le roi interdit l'importation de versions étrangères et la contrefaçon du livre, sous peine de confiscation et d'amende. Les exemplaires doivent être imprimés en France et deux copies doivent être déposées dans la bibliothèque publique, au château du Louvre, et auprès du chancelier de France. Le document est daté du 31 août 1710 et enregistré par la communauté des imprimeurs et libraires de Paris.
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2405
s. p.
PRÉFACE
Début :
Un de mes amis vint me dire l'autre jour que [...]
Mots clefs :
Auteur, Critique, Mercure, Louanges, Journal de Trévoux, Mercure de Trévoux, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRÉFACE
PREFACE
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
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Résumé : PRÉFACE
Dans une préface, l'auteur aborde une critique publiée dans le nouveau Mercure de Trévoux à son encontre. Informé par un ami de cette critique sévère, l'auteur exprime d'abord son incrédulité, estimant que les rédacteurs du Mercure sont trop compétents pour recourir à des attaques satiriques. Cependant, après avoir pris connaissance de la préface critique, il décide de l'interpréter favorablement, malgré son style obscur et ses pensées ambiguës. L'auteur note que les auteurs du Mercure ont critiqué son premier volume tout en approuvant implicitement les suivants. La préface du Mercure de Trévoux reproche à l'auteur d'avoir traité les décès et les mariages de manière légère. Les rédacteurs du Mercure se défendent en expliquant qu'ils n'ont eu que six mois pour préparer leur préface et ont donc concentré leurs efforts sur le style plutôt que sur le fond. Ils comparent leur ouvrage aux poèmes dramatiques et espèrent que le public verra leurs nouvelles comme un correctif à celles du Mercure de Paris. L'auteur conclut en soulignant la différence entre les auteurs du Journal de Trévoux et ceux du Mercure, louant la politesse et la modération des premiers. Il mentionne également un discours sur la satire prononcé par le Père Porée, professeur d'éloquence au Collège de Louis le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2406
s. p.
EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
Début :
Le Pere Porrée prend dans son Exorde un juste milieu [...]
Mots clefs :
Satire, Société, Société civile, Morale, Magistrats
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
EXTRA IZ
D'un Difcours Latin
fur la Satyre.
Le Pere Porrée prend
dans fon Exorde un juſte
12 MERCURE
milieu entre les Partifans
trop zelez de la Satire & , les
Cenfeurs outrez qui la condamnent.
Il prouve dans fon premier
Point l'utilité de la
Jans focieté civile.
{
Il prefcrit dans fon fe
cond Point , les bornes de
fa Satire , & les moyens de
s'en fervit utilement , fans
violer les loix de la focieté
civile.u
EXORDE
Les Partifans outrez de
fa Satire , difent que les
Orateurs Chreftrens prêchent
GALANT * }
chent une Morale plus incompatible
avec les moeurs
du ficcle que la Satire , &
que par confequent
, la Satire
fait plus de fruit que les
Sermons ; ils
préferent encore
la Satire aux loix écrites
qui ne font
connues que par
les Juges & les Avocats
ils preferent la Satire à la
Morale des
Philofophes qui
n'eft connue que des Sçavans
ou pluftor qui eft em
brouillée par les idées particulieres
que chaque Sçavant
fe fait des differens fiftêmes
des Philofophes. La Satire
Février
1711 . B
14 MERGURE
a fur tout cela l'avantage
d'eftre lûe & compriſe par
tout le monde , elle engage
par fes agréments les hommes
à faire des réflexions
utiles pour eux , fur les défauts
qu'ils voyent blâmer
dans les autres .
Ceux au contraire qui
condamnent la Satire la
croye tres dangereufe parce
qu'elle ne s'occupe que des
défauts d'autruy , & qu'ainfi
elle entretient la vanité , &
la malignité humaine tres
contraire aux principes du
Chriftianifme , le P. Porre
A
GALANT
prend entre ces deux extremitez
un jufte milieu qu'il
défigne parfaitement dans
la feconde Partie de fon
Difcours.
I. POINT. J
Tout ce qui contribue à
maintenir la focieté entre les
Hommes eft bon , & par
le même principe tout ce
qui tent à troubler la paix &
l'union eft mauvais.
Tous les vices & les dé
fauts des hommes nuifent à
cette union , & commeil y
en a de plufieurs fortes il y a
auffi differents moyens pour
les
reprimer.
Bij
ya
16 MERGURE
Les vols les incendies les
meurtres & les crimes femblables
, font punis par la
loy , c'eft l'affaire des Juges
de punir les coupables..
Les médifances , l'envie ,
les haines fecrettes , &c . peuvent'être
attaquées & combatues
par les Prédicateurs
& par les Livres de Morale.
Mais il eft d'autres dé
fauts contraires à la focieté ,
qui ne peuvent être corigez
que par la Satire. Il eſt des
caracteres. infuportables
dans le commerce des honGALANT.
17
neftes gens ; des indifcrets ;
des taciturnes , des grands
parleurs , des precicufes
des fanfarons, des indolents,
des difputeurs , des complai
fants fades , des efprits de
contradiction , & c .
La Juftice ne peut pas
faire le procés à ces pertur
bateurs de la focieté civile ,
il faut bien que la Satire les
puniffe , & les corrige.
H. POIN T.
la
La Satire n'eft permife ,
que lorfqu'elle n'eft animée
ni par la jaloufie , ni par
haine mais feulement par un
Biij
18 MERCURE
zele ardent & reglé pour la
perfection.
Il ne faut jamais faire de
portraits où le public puiſſe
reconnoître un homme en
particulier , mais il faut que
chaque particulier puiffe fe
reconnoître dans la peinture
generale des vices & des
ridicules de fon fiecle.
La perfection de la Satire
& même de la raillerie confifte
à la rendre fi innocente
& fi agréable qu'elle réjoüiffe
celuy même qu'elle veuc
corriger.
Il fit un crime aux Satiri
GALANT. 19
ques non feulement de nommer
, mais de défigner ceux
qu'on veut reprendre .
Si c'eft une perfection dans
les Satires d'attaquer les vices
fans nommer perfonne ,
c'en eft une dans les Panegyriques
de ne point nommer
ceux qu'on louë , mais de les
defigner fi parfaitement par
des louanges convenables ,
que tout le monde les reconnoiffe.
C'eft avec cet art que
le P. Porée defigna , noſtre
grand Monarque par un affemblage
de vertus , dont il
fit la peinture
.
20 MERCURE
Enfuite il nous fit fentir par´
une defcription ingenieu
fe du cahos & du tumulte
de la ville de Paris , l'excellence
& la fuperiorité de geniè
d'un Magiftrat , qui peut la
contenir & la regler , pour
ainfi dire , en ſe jouant.
Enfuite il donna quel
que traits de loüange , ou de
blâme à quelques Auteurs
Satiriques , par raport au
bon ou au mauvais . ufage
qu'ils avoient fait de la Satil
re.
Il ne fuffit pas dit le R. P.
Porrée que la Satire foirjufte
GALANT. 21
& moderée , il faut encore
pour eftre utile & loüable
qu'elle foit bien placée , &
par raport aux occafions
& par raport aux perfonnes ,
il fit voir en peu de mots
les occafions ou la Satire
• eft déplacée , & prouva
qu'elle eft toujours un crime
par exemple contre
Souverains , les Magiftrats ,
les
en un mot contre tous ceux
à qui nous devons du refpect
ou des égards .
D'un Difcours Latin
fur la Satyre.
Le Pere Porrée prend
dans fon Exorde un juſte
12 MERCURE
milieu entre les Partifans
trop zelez de la Satire & , les
Cenfeurs outrez qui la condamnent.
Il prouve dans fon premier
Point l'utilité de la
Jans focieté civile.
{
Il prefcrit dans fon fe
cond Point , les bornes de
fa Satire , & les moyens de
s'en fervit utilement , fans
violer les loix de la focieté
civile.u
EXORDE
Les Partifans outrez de
fa Satire , difent que les
Orateurs Chreftrens prêchent
GALANT * }
chent une Morale plus incompatible
avec les moeurs
du ficcle que la Satire , &
que par confequent
, la Satire
fait plus de fruit que les
Sermons ; ils
préferent encore
la Satire aux loix écrites
qui ne font
connues que par
les Juges & les Avocats
ils preferent la Satire à la
Morale des
Philofophes qui
n'eft connue que des Sçavans
ou pluftor qui eft em
brouillée par les idées particulieres
que chaque Sçavant
fe fait des differens fiftêmes
des Philofophes. La Satire
Février
1711 . B
14 MERGURE
a fur tout cela l'avantage
d'eftre lûe & compriſe par
tout le monde , elle engage
par fes agréments les hommes
à faire des réflexions
utiles pour eux , fur les défauts
qu'ils voyent blâmer
dans les autres .
Ceux au contraire qui
condamnent la Satire la
croye tres dangereufe parce
qu'elle ne s'occupe que des
défauts d'autruy , & qu'ainfi
elle entretient la vanité , &
la malignité humaine tres
contraire aux principes du
Chriftianifme , le P. Porre
A
GALANT
prend entre ces deux extremitez
un jufte milieu qu'il
défigne parfaitement dans
la feconde Partie de fon
Difcours.
I. POINT. J
Tout ce qui contribue à
maintenir la focieté entre les
Hommes eft bon , & par
le même principe tout ce
qui tent à troubler la paix &
l'union eft mauvais.
Tous les vices & les dé
fauts des hommes nuifent à
cette union , & commeil y
en a de plufieurs fortes il y a
auffi differents moyens pour
les
reprimer.
Bij
ya
16 MERGURE
Les vols les incendies les
meurtres & les crimes femblables
, font punis par la
loy , c'eft l'affaire des Juges
de punir les coupables..
Les médifances , l'envie ,
les haines fecrettes , &c . peuvent'être
attaquées & combatues
par les Prédicateurs
& par les Livres de Morale.
Mais il eft d'autres dé
fauts contraires à la focieté ,
qui ne peuvent être corigez
que par la Satire. Il eſt des
caracteres. infuportables
dans le commerce des honGALANT.
17
neftes gens ; des indifcrets ;
des taciturnes , des grands
parleurs , des precicufes
des fanfarons, des indolents,
des difputeurs , des complai
fants fades , des efprits de
contradiction , & c .
La Juftice ne peut pas
faire le procés à ces pertur
bateurs de la focieté civile ,
il faut bien que la Satire les
puniffe , & les corrige.
H. POIN T.
la
La Satire n'eft permife ,
que lorfqu'elle n'eft animée
ni par la jaloufie , ni par
haine mais feulement par un
Biij
18 MERCURE
zele ardent & reglé pour la
perfection.
Il ne faut jamais faire de
portraits où le public puiſſe
reconnoître un homme en
particulier , mais il faut que
chaque particulier puiffe fe
reconnoître dans la peinture
generale des vices & des
ridicules de fon fiecle.
La perfection de la Satire
& même de la raillerie confifte
à la rendre fi innocente
& fi agréable qu'elle réjoüiffe
celuy même qu'elle veuc
corriger.
Il fit un crime aux Satiri
GALANT. 19
ques non feulement de nommer
, mais de défigner ceux
qu'on veut reprendre .
Si c'eft une perfection dans
les Satires d'attaquer les vices
fans nommer perfonne ,
c'en eft une dans les Panegyriques
de ne point nommer
ceux qu'on louë , mais de les
defigner fi parfaitement par
des louanges convenables ,
que tout le monde les reconnoiffe.
C'eft avec cet art que
le P. Porée defigna , noſtre
grand Monarque par un affemblage
de vertus , dont il
fit la peinture
.
20 MERCURE
Enfuite il nous fit fentir par´
une defcription ingenieu
fe du cahos & du tumulte
de la ville de Paris , l'excellence
& la fuperiorité de geniè
d'un Magiftrat , qui peut la
contenir & la regler , pour
ainfi dire , en ſe jouant.
Enfuite il donna quel
que traits de loüange , ou de
blâme à quelques Auteurs
Satiriques , par raport au
bon ou au mauvais . ufage
qu'ils avoient fait de la Satil
re.
Il ne fuffit pas dit le R. P.
Porrée que la Satire foirjufte
GALANT. 21
& moderée , il faut encore
pour eftre utile & loüable
qu'elle foit bien placée , &
par raport aux occafions
& par raport aux perfonnes ,
il fit voir en peu de mots
les occafions ou la Satire
• eft déplacée , & prouva
qu'elle eft toujours un crime
par exemple contre
Souverains , les Magiftrats ,
les
en un mot contre tous ceux
à qui nous devons du refpect
ou des égards .
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Résumé : EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
Dans un discours latin sur la satire, le Père Porrée se positionne entre les partisans excessifs de la satire et ses censeurs. Il reconnaît l'utilité de la satire pour la société civile, tout en définissant ses limites et les moyens de l'utiliser de manière constructive. Les partisans de la satire la considèrent plus efficace que les sermons, les lois écrites et la morale des philosophes, car elle est accessible et compréhensible par tous. Elle incite les hommes à réfléchir sur les défauts qu'ils observent chez les autres. En revanche, les opposants la jugent dangereuse, car elle se concentre sur les défauts des autres, nourrissant ainsi la vanité et la malignité. Porrée soutient que tout ce qui maintient la société est bon, et que les vices nuisent à cette union. Les lois punissent les crimes graves, les prédicateurs et les livres de morale combattent les médisances et l'envie, mais la satire corrige les défauts qui perturbent la société civile, comme les caractères insupportables dans les relations sociales. Dans son second point, Porrée précise que la satire doit être animée par un zèle pour la perfection, sans jalousie ou haine. Elle ne doit pas nommer des individus spécifiques, mais peindre des vices de manière générale. La satire parfaite est innocente et agréable, même pour ceux qu'elle cherche à corriger. Porrée illustre ces principes par des exemples et des louanges adressées à certains auteurs satiriques, tout en soulignant l'importance de la modération et du respect dans l'usage de la satire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2407
p. 21-24
« J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
Début :
J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...]
Mots clefs :
Préface, Satire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
J'ay jugé de l'effet que
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
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Résumé : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
L'auteur réagit à une satire qui l'a attaqué et exprime son aversion pour ce type de critiques déplacées après avoir entendu les réactions de l'assemblée. Il regrette d'avoir répondu à cette attaque, bien que ses amis l'y aient encouragé. Il reconnaît qu'il est ridicule de transformer un journal galant en un lieu de querelles d'auteurs et que montrer un auteur piqué est désagréable pour le public. L'auteur admet qu'il a tort de terminer sa préface comme il l'a commencée, car répondre à une critique aigre participe au ridicule. Il affirme qu'il n'accordera aucune attention aux réponses à sa propre critique, car il ne se sent pas talentueux pour ce genre d'écriture, qui consiste à trouver beaucoup de défauts dans les œuvres des autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2408
p. 25-44
Nouvelle These soutenuë en l'Ecole de Medecine, [titre d'après la table]
Début :
Le 22. de Fevrier il y eut aux Ecoles de Medecine [...]
Mots clefs :
Mère et enfant, Membrane, Sang, Grossesse, Foetus, Nourriture, Corps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle These soutenuë en l'Ecole de Medecine, [titre d'après la table]
Leuza de Ferrier il y
eut aux Ecoles de Medecine
de Paris une nouvelle The-
Se fur la nourriture du Foetus.
Mr Falconet le fils Medecin
ordinaire du Roy &
de Mr le Chancelier , qui eft
auteur de la Thefe , en eftoit
le Prefident , & Mr deFuf
fieu Bachelier de la Faculté :
Profeffeur Royal de Botanique
au Jardin du Roy en
eftoit le Soutenant inco
: De tout ce qui fe paffe
dans le corps humain il
n'y a rien de plus merveilleux
que la maniere
C Fevrier.
26 MERCURE
dont l'Enfant fe nourrit
dans le Sein de la Mere
Il femble d'abord qu'il n'y
ait d'autre liqueur que les
fang de la Mere , qui puif
fe fervir de nourriture ab
l'Enfant, Ge fentiment quih
fe prefente naturellement
à l'efprit , a efté celuy desi
la plufpair des Anciens.)
quelques Modernes l'ont
fuivi , & ont cru pouvoir
le confirmer par des obfervations
particulieres ) :
Mais la meilleure partiet,
des Phyficiens d'aujour
d'huy , ayant découvertv
GALANT. 27
qu'une liqueur laiteufe fe
féparoit du fang de la
Mere dans le lieu où
l'Enfant fe nourrit , ont
jugé qué cette liqueur ne
pouvoit eftre deſtinée qu'à
la nourriture de l'Enfant.
Une partie de ceux qui ont
embraffé ce dernier fentiment
, croient pourtant
encore qu'il y a entre le
fang de la Mere & celuy
de l'Enfant , quelque commerce
de circulation
tant il eft vray qu'il refter
toujours quelque chofe
des anciens préjugés, bang
Cij
28 MERCURE
Dans la Thefe dont- il
s'agit , on foutient non
feulement , que le fang de
la Mere ne fert pas d'aliment
à l'Enfant , mais encore
qu'il n'y a aucune
communication de l'un à
l'autre par les vaiſſeaux du
fang Voicy les principes
fur lefquels ce fentiment
cft appuyé.
On ne peut reconnoif
tre de liqueur pour veri
table nourriture de l'Enfant
que celle dont le
pallage de la Merc à l'Enfant
eft manifefte : il faut
1
GALANT. 29
*
de plus que cette liqueur
convienne au corps qui doit
en eſtre nourri ; & cette
convenance doit fe trou .
ver dans la qualité , dins la
quantité & dans le mouvement
.
Toutes ces conditions
fe trouvent dans la liqueur
laiteufe dont- il a etté parlé
, & ne fe trouvent point
dans le fang de la Mere.
Premiere ment , on eft affuré
de l'existence de cette
liqueur , & dans certains
Animaux , comme
ceux qui ruminent
OR
Ciij
30 MERCURE
C
l'exprime en abondance
lorfqu'on preffe les Cotyledons
on appelle ainfi
dans ces Animaux les petits
refervoirs où cette liqueur
samaffe . ) D'abord
les membranes
qui envelopent
l'infant s'imbibent
par des pores imperceptibles
de cette liqueur à mefure
qu'elle s'echape ; dans
la fuite la nourriture
que
les membranes ont ainfi
requë fert à leur faire pouffer
de petites racines , qui
- s'infiuuent dans les bouches
de ces refervoirs
, pour
CALANT . 31
immediatement y puifer
ile fuc nourricier : & c'cft
que
les
de cette maniere
membranes
de L'Enfant
s'attachent
à la Mere , par
le cofté qui regarde
le dedans
: dans ce costé qui eſt
plus charnu que le refte
des membranes
& qu'on
appelle
Placenta
, les vaiffeaux
du fang de l'Enfant
qui compofent
le cordon ,
fe divifenten
une infinité
de rameaux
: c'eſt dans les
rameaux
d'un de ces vaiffeaux
nommé
la vaine
umbilicale
qu'une
partie
Cij
13.2
MERCURE
•
· le
de la liqueur laiteufe eft
portée par les petites racines
qui l'ont fucée , pour
eftre diftribuée de là dans
corps de l'Enfant
, pendant
que l'autre partie eft
portée immediatement
dans la cavité des membranes
où l'Enfant eft contenu
, qui fe nourrit parla
bouche de cette liqueur
dans laquelle il nage , dés
qu'il a affez de force pour
fucer.
Venons au fang de la
Mere ; les routes par où
lon veut le conduire dans
GALANT .
33
•
le corps de l'Enfant font
abfolument inconnues
; car
du cofté de l'Enfant on ne
fcauroit reconnoiftre aucun
vaifléau ouvert dans la
furface du Placenta , & quelque
fortement qu'onpreffe
cette partie on ne peut en
faire fortir une goutte de
fang : du cofté de la Mere,
fi les vaiffeaux du fang
s'ouvroient pour fournir
- cette prétendue nourriture
, il y auroit toûjours des
pertes continuelles au commencement
des groffeffes ;
puifque dans le tems où les
34 MERCURE
Membranes ne font point
attachées , le fang devroit
s'épancher avant que de les
pénétrer , & cet epanchement
feroit marqué par
une perte encore plus confiderable
dans ces Animaux
qui portent leurs
Petits jufqu'au terme , fans
que les membranes foient
jamais attachées : mais bien
loin que les vaiffeaux du
fang foient difpofés à s'ouvrir
au commencement des
groffetles , il paroit au contraire
par la fuppreflion
qui arrive alors des eva-
49
GALANT. 35
cuations
periodiques , que
ces vaiffeaux font plus fermez
que jamais
& c'eft
par cette raifon que ces evacuations
manquent prefque
toujours
aux Nourrices.
En fecond lieu la convenance
du fuc laiteux avec
le corps qu'il doit nourrir
, eft parfaite dans les
trois chefs qu'on a propofés
; & il en eft tout le contraire
à l'égard du fang. Ce
fuc laiteux eft doux & balfamique:
le fang de la Mere
eft chargé de principes
36
MERCURE
trop
bouillans & trop actifs
; & feroit il raifonableque
l'Enfant fuft nourri de
ce lang , dans un tems où
il cft plus tendre & plus
delicat , que lorfque la nature
ne luy donen que du
lait pour aliment ? Ce fuc
abonde en fuffifante quantité
, parceque pendant la
groffeffe tout ce qu'il y a
de laiteux dans le fang de
la Mere eft déterminé vers
l'endroit où l'Enfant fe
nourrit , & il faut bien que
cette liqueur foit l'extrait
le plus pur de tout ce qu'il
GALANT. 37
ya . de nourricier dans le
fang de la Mere , puifque
l'Enfant depuis fon premier
point jufqu'à fa naiffance
croift dans le fein de
fa Mere dix mille fois plus,
qu'il ne croift depuis qu'il
elt né jufqu'à ce qu'il parviene
à fa jufte grandeur :
le fang au contraire , en
quelque quantité qu'il foir,
ne fçauroit fournir une
nourriture qui fuffife à un
accroiffement f prodigieux
, parce qu'à peine ſur
cent de parties s'en
trouve t-il une de nouiriciere.
es
38 MERCURE
Enfin le mouvement du
fuc laiteux eft tres lent &
de forte que cettres
doux ; de forte
te liqueur
s'infinue
dans
les vaiffeaux
delicats
de
l'Enfant fans les endomma--
ger : le fang au contraire
eft porté d'un mouvement
rapide qui forceroit
aifément
tous les refforts d'une
fi foible machine
; & par
cette mefme raifon le batement
du coeur de la Mere
prendroit
bien - toſt le
deffus fur celuy du coeur de
L'Enfant
.
Un ſcavant Anatomiſte
P
GALANT . 39
ayant trouvé un Enfant
fans aucune goutte de fang
dans une Femme groffe
morre d'hemorragie
, a cru
que le fang de l'Enfant s'é
toit écoulé avec celuy de
la Mere , & que cette obfervation
démontroit le
commerce de la Circulation
entre la Mere & l'Enfant
: mais on fait voir que
cet accident peut eftre rapporté
à d'autres cauſes qu'à
cette prétendue communication
par les vaiffeaux
du fang ; & pour mettre
la choſe hors de rout équi .
7
40. MERCURE
voque , on oppofe à cette
obfervation
une experience
qui décide fans laiffer
d'ambiguité . L'experience
confifte à tirer tout le fang
d'une Chienne pleine, dans
laquelle on trouve enfuite
les petits Chiens encore
en vielavec tout leur fang :
cette experience eſtant ai
fée à faire , on invite les
incredules à la réiterer , autant
de fois qu'il fera neneflaire
pour leur convi
aticn .
La caufe qui produit
l'accouchement & les accidents
GALANT . 41
dents qui le fuivent , fourniffent
encore de nouvelles
preuves contre l'opinion
de la communication du
fang de la Mere. On met
le comble à toutes ces preuves
par la comparaiſon que
l'on fait des Animaux qui
en produifent d'autres par
le moyen des oeufs , avec
les Animaux qui produifent
des Animaux vivants.
( on appelle les premiers
Ovipares & les feconds
Vivipares ) & comme dans
les Ovipares on voit manifeftement
que le fang de
Fevrier 1711,
D
42 MERCURE
;
la Mere n'a aucune part à
la
nourriture du
petitanimal
renfermé dans l'oeuf
' il eft tres raifonnable
de
penfer qu'il en eft de meſme
dans les Vivipares . ↓
Cette
comparaison qu'on
appelle Analogic , eftant
fondée fur uniformité
que la nature obferve dans
prefque tous les ouvrages
de la mefme efpece , for-
2 me toûjours un préjugé
qui ne peut eftre detruit
que par une demonſtration
du contraire. Au- refte detbte
analogie fert à lever une
GALANT 43
ne
du fien ;
90
difficulté qui fe préfente
fur l'origine du lang de
'Enfant ; cat on peut demander
d'où vient le fang
de l'Enfant , fi la Mere
communique à l'Enfant
aucune portion
qu
mais puiſque le lang de
l'Animal renfermé dans
l'oeuf fe forme fans le fe-
Cours de celuy de la Mere
pourquoy ne fe formeroit
il pas de mefme dans
les Vivipares ? Ce qui fait
voir que dans tous les Animaux
foit Vivipares , foit
Ovipares il faus neceflai
Dij
44 MERCURE
rement qu'il y ait une goutte
de fang primordiale ,
pour ainfi dire , qui ferve
comme de levain à tout le
fang qui fe forme dans la
fuite.
C'eſt ainfi
que l'on conl'exclut
par la raiſon, par
perience & par l'analogje
que le fang de la Mere ne
fert point de nourriture à
l'Enfant.
eut aux Ecoles de Medecine
de Paris une nouvelle The-
Se fur la nourriture du Foetus.
Mr Falconet le fils Medecin
ordinaire du Roy &
de Mr le Chancelier , qui eft
auteur de la Thefe , en eftoit
le Prefident , & Mr deFuf
fieu Bachelier de la Faculté :
Profeffeur Royal de Botanique
au Jardin du Roy en
eftoit le Soutenant inco
: De tout ce qui fe paffe
dans le corps humain il
n'y a rien de plus merveilleux
que la maniere
C Fevrier.
26 MERCURE
dont l'Enfant fe nourrit
dans le Sein de la Mere
Il femble d'abord qu'il n'y
ait d'autre liqueur que les
fang de la Mere , qui puif
fe fervir de nourriture ab
l'Enfant, Ge fentiment quih
fe prefente naturellement
à l'efprit , a efté celuy desi
la plufpair des Anciens.)
quelques Modernes l'ont
fuivi , & ont cru pouvoir
le confirmer par des obfervations
particulieres ) :
Mais la meilleure partiet,
des Phyficiens d'aujour
d'huy , ayant découvertv
GALANT. 27
qu'une liqueur laiteufe fe
féparoit du fang de la
Mere dans le lieu où
l'Enfant fe nourrit , ont
jugé qué cette liqueur ne
pouvoit eftre deſtinée qu'à
la nourriture de l'Enfant.
Une partie de ceux qui ont
embraffé ce dernier fentiment
, croient pourtant
encore qu'il y a entre le
fang de la Mere & celuy
de l'Enfant , quelque commerce
de circulation
tant il eft vray qu'il refter
toujours quelque chofe
des anciens préjugés, bang
Cij
28 MERCURE
Dans la Thefe dont- il
s'agit , on foutient non
feulement , que le fang de
la Mere ne fert pas d'aliment
à l'Enfant , mais encore
qu'il n'y a aucune
communication de l'un à
l'autre par les vaiſſeaux du
fang Voicy les principes
fur lefquels ce fentiment
cft appuyé.
On ne peut reconnoif
tre de liqueur pour veri
table nourriture de l'Enfant
que celle dont le
pallage de la Merc à l'Enfant
eft manifefte : il faut
1
GALANT. 29
*
de plus que cette liqueur
convienne au corps qui doit
en eſtre nourri ; & cette
convenance doit fe trou .
ver dans la qualité , dins la
quantité & dans le mouvement
.
Toutes ces conditions
fe trouvent dans la liqueur
laiteufe dont- il a etté parlé
, & ne fe trouvent point
dans le fang de la Mere.
Premiere ment , on eft affuré
de l'existence de cette
liqueur , & dans certains
Animaux , comme
ceux qui ruminent
OR
Ciij
30 MERCURE
C
l'exprime en abondance
lorfqu'on preffe les Cotyledons
on appelle ainfi
dans ces Animaux les petits
refervoirs où cette liqueur
samaffe . ) D'abord
les membranes
qui envelopent
l'infant s'imbibent
par des pores imperceptibles
de cette liqueur à mefure
qu'elle s'echape ; dans
la fuite la nourriture
que
les membranes ont ainfi
requë fert à leur faire pouffer
de petites racines , qui
- s'infiuuent dans les bouches
de ces refervoirs
, pour
CALANT . 31
immediatement y puifer
ile fuc nourricier : & c'cft
que
les
de cette maniere
membranes
de L'Enfant
s'attachent
à la Mere , par
le cofté qui regarde
le dedans
: dans ce costé qui eſt
plus charnu que le refte
des membranes
& qu'on
appelle
Placenta
, les vaiffeaux
du fang de l'Enfant
qui compofent
le cordon ,
fe divifenten
une infinité
de rameaux
: c'eſt dans les
rameaux
d'un de ces vaiffeaux
nommé
la vaine
umbilicale
qu'une
partie
Cij
13.2
MERCURE
•
· le
de la liqueur laiteufe eft
portée par les petites racines
qui l'ont fucée , pour
eftre diftribuée de là dans
corps de l'Enfant
, pendant
que l'autre partie eft
portée immediatement
dans la cavité des membranes
où l'Enfant eft contenu
, qui fe nourrit parla
bouche de cette liqueur
dans laquelle il nage , dés
qu'il a affez de force pour
fucer.
Venons au fang de la
Mere ; les routes par où
lon veut le conduire dans
GALANT .
33
•
le corps de l'Enfant font
abfolument inconnues
; car
du cofté de l'Enfant on ne
fcauroit reconnoiftre aucun
vaifléau ouvert dans la
furface du Placenta , & quelque
fortement qu'onpreffe
cette partie on ne peut en
faire fortir une goutte de
fang : du cofté de la Mere,
fi les vaiffeaux du fang
s'ouvroient pour fournir
- cette prétendue nourriture
, il y auroit toûjours des
pertes continuelles au commencement
des groffeffes ;
puifque dans le tems où les
34 MERCURE
Membranes ne font point
attachées , le fang devroit
s'épancher avant que de les
pénétrer , & cet epanchement
feroit marqué par
une perte encore plus confiderable
dans ces Animaux
qui portent leurs
Petits jufqu'au terme , fans
que les membranes foient
jamais attachées : mais bien
loin que les vaiffeaux du
fang foient difpofés à s'ouvrir
au commencement des
groffetles , il paroit au contraire
par la fuppreflion
qui arrive alors des eva-
49
GALANT. 35
cuations
periodiques , que
ces vaiffeaux font plus fermez
que jamais
& c'eft
par cette raifon que ces evacuations
manquent prefque
toujours
aux Nourrices.
En fecond lieu la convenance
du fuc laiteux avec
le corps qu'il doit nourrir
, eft parfaite dans les
trois chefs qu'on a propofés
; & il en eft tout le contraire
à l'égard du fang. Ce
fuc laiteux eft doux & balfamique:
le fang de la Mere
eft chargé de principes
36
MERCURE
trop
bouillans & trop actifs
; & feroit il raifonableque
l'Enfant fuft nourri de
ce lang , dans un tems où
il cft plus tendre & plus
delicat , que lorfque la nature
ne luy donen que du
lait pour aliment ? Ce fuc
abonde en fuffifante quantité
, parceque pendant la
groffeffe tout ce qu'il y a
de laiteux dans le fang de
la Mere eft déterminé vers
l'endroit où l'Enfant fe
nourrit , & il faut bien que
cette liqueur foit l'extrait
le plus pur de tout ce qu'il
GALANT. 37
ya . de nourricier dans le
fang de la Mere , puifque
l'Enfant depuis fon premier
point jufqu'à fa naiffance
croift dans le fein de
fa Mere dix mille fois plus,
qu'il ne croift depuis qu'il
elt né jufqu'à ce qu'il parviene
à fa jufte grandeur :
le fang au contraire , en
quelque quantité qu'il foir,
ne fçauroit fournir une
nourriture qui fuffife à un
accroiffement f prodigieux
, parce qu'à peine ſur
cent de parties s'en
trouve t-il une de nouiriciere.
es
38 MERCURE
Enfin le mouvement du
fuc laiteux eft tres lent &
de forte que cettres
doux ; de forte
te liqueur
s'infinue
dans
les vaiffeaux
delicats
de
l'Enfant fans les endomma--
ger : le fang au contraire
eft porté d'un mouvement
rapide qui forceroit
aifément
tous les refforts d'une
fi foible machine
; & par
cette mefme raifon le batement
du coeur de la Mere
prendroit
bien - toſt le
deffus fur celuy du coeur de
L'Enfant
.
Un ſcavant Anatomiſte
P
GALANT . 39
ayant trouvé un Enfant
fans aucune goutte de fang
dans une Femme groffe
morre d'hemorragie
, a cru
que le fang de l'Enfant s'é
toit écoulé avec celuy de
la Mere , & que cette obfervation
démontroit le
commerce de la Circulation
entre la Mere & l'Enfant
: mais on fait voir que
cet accident peut eftre rapporté
à d'autres cauſes qu'à
cette prétendue communication
par les vaiffeaux
du fang ; & pour mettre
la choſe hors de rout équi .
7
40. MERCURE
voque , on oppofe à cette
obfervation
une experience
qui décide fans laiffer
d'ambiguité . L'experience
confifte à tirer tout le fang
d'une Chienne pleine, dans
laquelle on trouve enfuite
les petits Chiens encore
en vielavec tout leur fang :
cette experience eſtant ai
fée à faire , on invite les
incredules à la réiterer , autant
de fois qu'il fera neneflaire
pour leur convi
aticn .
La caufe qui produit
l'accouchement & les accidents
GALANT . 41
dents qui le fuivent , fourniffent
encore de nouvelles
preuves contre l'opinion
de la communication du
fang de la Mere. On met
le comble à toutes ces preuves
par la comparaiſon que
l'on fait des Animaux qui
en produifent d'autres par
le moyen des oeufs , avec
les Animaux qui produifent
des Animaux vivants.
( on appelle les premiers
Ovipares & les feconds
Vivipares ) & comme dans
les Ovipares on voit manifeftement
que le fang de
Fevrier 1711,
D
42 MERCURE
;
la Mere n'a aucune part à
la
nourriture du
petitanimal
renfermé dans l'oeuf
' il eft tres raifonnable
de
penfer qu'il en eft de meſme
dans les Vivipares . ↓
Cette
comparaison qu'on
appelle Analogic , eftant
fondée fur uniformité
que la nature obferve dans
prefque tous les ouvrages
de la mefme efpece , for-
2 me toûjours un préjugé
qui ne peut eftre detruit
que par une demonſtration
du contraire. Au- refte detbte
analogie fert à lever une
GALANT 43
ne
du fien ;
90
difficulté qui fe préfente
fur l'origine du lang de
'Enfant ; cat on peut demander
d'où vient le fang
de l'Enfant , fi la Mere
communique à l'Enfant
aucune portion
qu
mais puiſque le lang de
l'Animal renfermé dans
l'oeuf fe forme fans le fe-
Cours de celuy de la Mere
pourquoy ne fe formeroit
il pas de mefme dans
les Vivipares ? Ce qui fait
voir que dans tous les Animaux
foit Vivipares , foit
Ovipares il faus neceflai
Dij
44 MERCURE
rement qu'il y ait une goutte
de fang primordiale ,
pour ainfi dire , qui ferve
comme de levain à tout le
fang qui fe forme dans la
fuite.
C'eſt ainfi
que l'on conl'exclut
par la raiſon, par
perience & par l'analogje
que le fang de la Mere ne
fert point de nourriture à
l'Enfant.
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Résumé : Nouvelle These soutenuë en l'Ecole de Medecine, [titre d'après la table]
Le texte présente une thèse soutenue par Leuza de Ferrier, avec le soutien de Mr Falconet et Mr de Fussieu, aux Écoles de Médecine de Paris. Cette thèse conteste l'idée que le fœtus se nourrit du sang de la mère. Les auteurs avancent que la véritable nourriture du fœtus est une liqueur laiteuse, distincte du sang maternel. Cette liqueur est décrite comme douce, abondante et se distribuant lentement, adaptée à la délicatesse du corps fœtal. En revanche, le sang maternel est jugé trop actif et bouillant pour convenir à la nutrition du fœtus. La thèse exclut toute communication vasculaire directe entre le sang maternel et le sang fœtal. Cette affirmation est appuyée par des observations et des expériences, notamment celle consistant à retirer tout le sang d'une chienne pleine sans affecter ses petits. De plus, la comparaison avec les animaux ovipares (qui pondent des œufs) renforce l'idée que le sang maternel n'alimente pas directement le fœtus. Ces éléments soutiennent la théorie selon laquelle le fœtus se nourrit par une liqueur spécifique et non par le sang maternel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2409
p. 44-48
Division du Mercure [titre d'après la table]
Début :
Je souhaite pouvoir vous donner tous les mois des extraits [...]
Mots clefs :
Parties, Curieux, Livre, Division du Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Division du Mercure [titre d'après la table]
Je foulante pouvoir
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
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Résumé : Division du Mercure [titre d'après la table]
Le projet éditorial présenté vise à compiler et organiser des extraits mensuels dans un ouvrage intitulé 'Mercure Galant'. À la fin de l'année, ces extraits seront réunis en un seul volume, divisé en quatre parties distinctes. La première partie couvrira les sciences, la littérature et les arts. La deuxième partie traitera des nouvelles, des naissances et des mariages. La troisième partie sera dédiée à la poésie, tandis que la quatrième partie inclura des historiettes, des contes et d'autres amusements pour un large public. Cette structure permettra aux lecteurs d'acheter séparément les sections qui correspondent à leurs intérêts. L'auteur se réserve le droit de placer certaines contributions dans des catégories appropriées ou d'ajuster la taille des sections en fonction du contenu disponible.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2410
p. 49-81
EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
Début :
L'auteur, aprés quelques remarques nouvelles & judicieuses, dit que jusques [...]
Mots clefs :
Animaux, Rivière, Mer, Académie royale des sciences, Coquilles, Limaçon, Variété, Liqueurs, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
EXTRAIT
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
En février 1711, M. de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la formation et l'accroissement des coquilles des animaux terrestres et aquatiques. Il a souligné que, jusqu'alors, les hommes s'étaient contentés de collectionner les coquilles les plus rares sans chercher à comprendre les causes de la variété de leurs couleurs. Reaumur a donc étudié la nature pour expliquer ces phénomènes. Dans son discours, Reaumur a distingué deux types de croissance des coquilles : par végétation (ou intussusception) et par juxtaposition. La croissance par végétation implique que les petites parties de matière se préparent à l'intérieur du corps avant de s'y ajouter, comme la sève dans les plantes ou le sang dans les animaux. La croissance par juxtaposition se produit lorsque les parties s'ajoutent sans préparation préalable, comme dans les cristallisations ou les fels. Reaumur a choisi d'étudier les limaçons de terre pour leurs observations, car ils sont plus faciles à observer. Il a expliqué que lorsque l'animal grandit, la coquille ne peut plus le couvrir entièrement, laissant une partie de son corps nue. Cette partie nue est toujours proche de l'ouverture de la coquille. Les animaux à coquilles spiralées, comme les limaçons, ne peuvent s'étendre que du côté de la tête, tandis que ceux à coquilles en deux parties, comme les moules, peuvent s'étendre dans tout leur contour. L'accroissement des coquilles est dû à une mécanique similaire à celle des canaux conduisant l'eau. Les petites parties de matière, moins fluides, se déplacent vers les parois des canaux et s'y attachent, formant une croûte. De même, chez les animaux, les liquides circulent dans des canaux et déposent des particules qui forment la nouvelle coquille. Reaumur a mené des expériences pour prouver ses observations, comme celle où il a inséré une peau de canepin dans une coquille de limaçon pour observer la formation de la nouvelle coquille. Il a également noté que les coquilles des limaçons augmentent en taille par l'ajout de tours de spirale, mais que la largeur de chaque tour reste constante. Pour expliquer la variété des couleurs des coquilles, Reaumur a proposé que la peau de l'animal agit comme un crible qui laisse passer des particules formant la coquille. Si cette peau est percée différemment en divers endroits ou composée de différents cribles, les particules passant à travers ces cribles auront des formes ou des natures différentes. Ces particules formeront des corps réfléchissant la lumière de manière différente, créant ainsi des morceaux de coquille de diverses couleurs. Reaumur a également attribué les figures, canelures, gravures et autres caractéristiques des coquilles les plus rares aux formes et mouvements différents de l'animal. Il a conclu que ses observations et expériences confirment sa théorie sur l'accroissement des coquilles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2411
p. 82-120
ARTICLE des Morts & des Mariages, où l'on trouvera plusieurs remarques historiques.
Début :
Ferdinand Obizzi, Marquis du Saint Empire, Chambellan & Conseiller d'Etat [...]
Mots clefs :
Saintes, Mirandole, Roi, Ville de Grasse, Ville de Pas
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texteReconnaissance textuelle : ARTICLE des Morts & des Mariages, où l'on trouvera plusieurs remarques historiques.
ARTICLE
desMorts & desMa
riages , où l'on trou
vera plufieurs remar
ques biftoriques.
Ferdinand
Obizzi
Marquis
du Saint Empire
Chambellan
& Confeiller
d'Etat , Maréchal General
de Camp , Sur-Intendant
General des Ordonnances
de fa M. I. & cy- devant
Colonel & Commandant
à
Vienne
, eft mort en cette
Ville le 12. Decembre
GALANT. 83
1710. âgé de 70. ans , dont
il en avoit paffé so . au fervice
de la Maiſon d'Autriche
; ſon corps a eſté tranſporté
dans le tombeau de
ces Anceftres.Il avoit épousé
en premieres nôces Marie-
Thereſe Palfi , veuve
d'Augufte
Comte de Sin,
zendolfe
; & en fecondes
;
Anne Marie Elizabeth
Comteffe de Rathmansdorf.
II prit enfuite une
troifiéme alliance avecMarie
Claire - Apolline Comteſſe
de Staremberg
, veuve
de François LeopoldComte
84 MERCURE
臭
de Sclavata , defquelles if
n'a point eu d'Enfants . Ce
fut luy qui enleva en 1674.
le Cardinal Furftemberg.
La Marquife d'Obizzi
fa mere nous a donné
un ſecond exemple de
ces chaftetez à l'épreuve
du poignard dont Lucrece
nous fournit jadis
le premier exemple ; cela
nous fait voir qu'il nous
en viendra peut-eftre un
troifiéme dans quelques
fiécles d'icy , & que la
GALANT : 85
chafteté n'eſt pas ſi rare
qu'on
croit.
Un Gentilhomme de
Padoue fort amoureux
de cette Marquife , qui
eftoit jeune & belle
trouva le moyen d'entrer
dans fa chambrependant
qu'elle dormoit encore
au lit ; fon fils unique
âgé de cinq ans y eftoit
avec elle , mais le Gentilhomme
le transporta
dans une chambre voifine,
afin qu'il nevift pas
86 MERCURE
ce qui fe pafferoit , &
revint enfuite dans la
chambre de laMarquiſe
.
Il fe fervit d'abord des
voyes de douceur & de
perfuafion , avant que
d'en venir auxactions de
violence , & n'ayant pû
rien obtenir ni d'une façon
, ni d'autre fon
amour degenera en fureur
, & fa rage le porta
à un tel point , qu'il poignarda
cette vertueufe
Dame.
GALANT. 87.
La chofe ayant éclatté
, on arreſta le Gentilhomme
fur les foupçons
qu'on cuft contre luy.
On fçavoit qu'il avoiteu
de l'attachement pour la
Marquiſe ; l'Enfant dit
quelque chofe , des voi
fins rapporterent qu'on
avoit vû ce Gentilhomme
dans le quartier ; &
l'on trouva fur le Lit un
bouton de manchette
tout femblable à un autre
bouton , qu'il avoit
88 MERCURE
encore : Tout cela donna
de grands indices
contre lui , on l'appliqua
diverfes fois à la
queftion ordinaire &
extraordinaire , mais il
nia toûjours le fait ; enfin
aprés 15. ans de Prifon
fes amis firent fi
bien qu'ils le fauverent ,
mais quelque tems aprés
le jeune Marquis.
d'Obizzi qui eft ce mef
me Enfant dont j'ay
parlé , luy donna un
coup
GALANT. 89
coup de Pistolet dans
la tefte & vangea ainſi
la mort de fa mere.
VOICI L'EPITAPHE
Latine qu'on a miſe .
1 fur fon Tombeau.
victi
Venerare pudicitia
fimulacrum
mam,lucretiam de Dondis
ab horrologio Pranca
de ObizZonibus , Or
ciani Marchionis uxorem.
Hac inter noctis t
Fevrier
1711..
P
90 MERCURE
nebras , maritales afferent
tades , furiales recentis
Tarquini faces ,
cafto cruore extinxit . Sicque
Romanam Lucretiam
intemerati - tori
gloria vincit. Tanta fua
heroine generofis Manibus
hanc dicavit aram
civitas Patavina.
François Marie Pico ,
Prince de la Mirandole &
de Concordia , accablé de
douleur de fe voir dépouillé
de fon Patrimoine par
GALANT DI
l'Empereur , eft mort à Bologne
en Italie le mois de
Decembre 1710. Il eftoit né
le 50. Septembre 1688. fils
unique de François Pico ,
Prince de la Mirandole ,
mort le 19. Avril 1689. &
d'Anne Camille Borgheze
fille du Prince de Sulmone
Mirandola , ou Mirandole
, eft une petite
Ville d'Italie , à cinq
lieu de Mantoue avec
titre de Duché dont
la Maifon des Pies eft
en poffeffion depuis
*
Hij
92 MERGURE
l'an 1300. Cette Souveraineté
qui ne contient
pas plus de 6000 , hommes
, rapporte environ
quatre vingt-mille ducats.
La Ville de Mi-
1
randole , a une Collegiale
tres - confiderable
& foumife à l'Evefque
de Modene ; Le Palais
du Dúc , eft bien meu
blé & rempli de Peintures
exquifes de l'Ecole
de Fologne. Cette
Ville qui eft fituée en
GALANT . 93
tre le Ferrarois , le Modenois
& le Mantouan,
eft reveſtuë de ſept Baftions
Royaux , avec
un fort Chateau outre
-le fort de la Rocca ,
& enceinte d'un large
& profond Foffe remply
d'eau , & qu'on ne
peut mettre à fec.
X
La nuit du 19. au 20 .
du Mois d'Avril 1795 .
Mr de Lapara fit ouvrir
la tranchée devant
Mirandole , où Mr del
94 MERCURE
Coningfexcommanaoit
elle fe rendit le Mois
fuivant , & le Baron
d Irtrik en apporta
au
Roy la Capitulation
qui fut fignée le 1.
May. La Garniſon fut
faite prifonniere deGuer
re , & l'on trouva dans
la Place so . picces de
Canon avec quelques
Mortiers. Plus de 350.
Officiers ou Soldats fe
deguiferent en Paifans
pour éviter d'eftre fait
GALANT .
25
Prifonniers. On Y mit
Garniſon Françoiſe , &
Eſpagnole , & le Duc
Jean de la Mirandole
qui eftoit au fervice
des deux Couronnes
fut remis en poffeffion
de fon Duché dont les
Imperiaux l'avoient depouillé
. Jean , & Jean
Francois Pics Princes
de la Mirandole, fe font
rendus plus illuftres
dans la Republique des
lettres que par leur rang
96 MERCURE
& leurs exploits 5 & le
plus grand adverfaire
qu'ait jamais eu l'Af
trologue Siennois a efté
le fçavant Jean Pic de
de la Mirandole
; cependant
il ne paffa pas
la 33. année de ſon âge,
comme le luy avoit predit
Lucius Bollentius
La conjecture de cet
Aftrologue eftoit fondée
fur la complexion
bilieufe de ce Prince.
Meffire François Verjus
Evêque ar
GALANT 97
Evefque de Graffe & Abbé
de Barbery eft mort le
mois de Janvier 1711 .
REMARQUES.
Graffe eft une Ville
Epifcopale de la Hautte
Provence , fituée fur une
colline : Son Eveſché.
eft fuffragant de l'Archevefché
d'Ambrun :
Sa Cathedrale,eft dediće
àla Vierge, & fon Chapitre
compoſé d'un Archidiacre
, d'un Sacrif-
Février 1711. I
28. MERCURE
tin d'un Capifcol
,
d'un Archipreftre
, d'un,
Theologal & de fix
Chanoines
: Il y a outre
cette Cathedrale , plu
fieurs Paroiffes avec di
verfes Maifons Reli-.
gicufes. La Prevofté qui
eftoit la premiere dignité
du Chapitre , a cſté
reumie à l'Evefché depuis
environ 30. années
.
Cette ville eft fituée .
dans un Terroir le plus
IBLIOT
LYON
DE
เกาะ
ALLE
GALANT.
agreable du monde tant
par fa fertilité que par
la beauté du payfage .
Son Evefché fut d'abord
eftabli à Antibe ,
mais le mauvais air &
les courfes continuelles
des Pirates ,
obligerent
Bertrand II. fon Evef
que , de transferer fon
Siege à Graffe vers l'an
cette tranflation
1250 .
fut
confirmée par les
Papes Innocent
IV. &
Gregoire X. Il n'y a
I ij
100 MERCURE
qu'une Abbaye dans ce
Diccefe , où l'on compte
feulement 22. Paroiffes.
Quelques Hiftoriens
veulent que Graflus
Conful Romain ait
donné , on nom à Graffe
, mais ce fentiment
n'eft pas general; Quoyqu'il
en foit les Latins
la nomment Gr.nnių r.
Meffire Alexandre de
Chevriere de faint Mau .
ris , Docteur de Sorbonne
& Evefque de Saintes
GALANT . 101
eft morr le mois de Jan
vier 71. Il avoit eſté
Chanoine
Macon . Il
& Doyen de
toit frere de
Claude Jofeph de Chevriere
Comte de S. Mauris
en Maçonnois , & Seigneur
du Til & de Salagny,
du Commandeur de
faint Mauris Treforier de
l'Ordre deMalthe, àLyon ,
& de l'Abbé de S. Mauris
Chanoine , & Treforier
de l'Eglife Noble de
S. Pierre de Macon aprés
fon frere. Honoré de Chevriere
leur Pere , Comte
I iij
101 MERCURE
de S. Mauris , qui avoit
époufé en 1604. Claudine
Damas du Breuil, Branche
de l'illuftre Maifon de
Damas - Thiange , eftoit
neveu de Francois de Chevriere
defaint Mauris Seigneur
de S. Salagni , qui
fut le premier pourveu de
la charge de Juge Géné
ral des Armes & des Blafons
de France , lorfqu'elle
fut créé en 1614. & ce
fut aprés fa mort arrivée
l'an 1641. que le celebre
Pierre d'Hofier y fucceda
la mefme année .
GALANT. 103
Venons prefentement
aux particularitez
de la
Ville de Saintes .
REMARQUES
.
Saintes ou Xaintes
,
eft la ville Capitale de
Saintonge
; les Latins la
nomment
Mediolanum
Santonum ou Vrbs
a
Santoria. Elle eft à 4 .
lieux de Coignac , à 7.
de Brouages , à 11. de
la Rochelle , & à vingt
de Bordeaux , & fitué
fur la Riviere de Charente
, dans un Terroir
104 MERCURE
fi charmant que les
Romains l'avoient choi- >
fie pour y faire leur fe
jour. C'eſt ce qui fait
qu'on y voit plufieurs
antiquitez , fur- tout un
Amphitheatre long de
80.pas communs & large
de 45. Le Parterre qui
fervoit à reprefenter les
jeux & les combats :
eft prefentement
un
champs qu'on laboure ;
& toutes les autres qui
fouftenoient les bancs
GALANT. 105
L
& les fieges font encore
en bon eſtat quoy qu'el
lesne foient faites que de
petites pierres ainſi que
l'Amphitheatre.
Ce qu'on y remarque
de plus curieux eft
une Fontaine qui fortant
d'un rocher audeffous
d'une de ces voutes
, va fe perdre dans
une prairie qu'on reconnoift
avoir efté fermée
de murailles. Il y
a grande apparence que
106 MERCURE
ce lieu eſtant rempli des
eaux de cette Fontaine
on y
faifoit des Naumachies
; il y paroift
naturellement difpofé ,
à caufe qu'il fait une
petite vallée bordée de
rochers , dont l'entrée
eft occupée par l'Amphitheatre.
On voit prés
de ce lieu dans un grand
Fauxbourg , l'Abbaye
de fainte Eutrope ; dont
le clocher eft bafti de '
petites pierres , & la nef
GALANT. 107
faite d'une facon particuliere
; les Reliques de
faint Eutrope font renfermées
fous le maiftre
Autel. Ce Fauxbourg
qui eft au pied du Chafteau
de Saintes, eft elévé
fur un rocher qui le
rend imprenable de ce
cofte- la . Le pont de cette
Ville a efté baſtie
par les Romains ; on
voit à fon entrée une
haute tour & plus avant
un Arc de triomphe fait
108 MERCURE
de deux portiques ; on
y lit ces paroles écrites
en groffes Lettres CASARI
NEP. D. JULII
PONTIFICI AUGURIS.
On voit fur le revers
quelques lettres à demi
effacés. Les pierres dont
eft fait l'Arc de triomphe
font fort groffes
& pofez feulement les
unes fur les autres , fans
mortier, qui eftoit la maniere
de baftir chez les
Romains . Le pont fert
GALANT. 109
à paffer de la ville au
Fauxbourg des Dames ,
ainfi appellé d'une Abbaye
de ce nom , où les
Religieufes font d'un
rang diftingué. On remarque
valléans
une
petite
vallée à main gauche
de cette Abbaye , les
reftes d'un ancien Aqueduc
des Romains , L'Eglife
Epifcopale de cette
ville , eft ded ée à S.
Pierre ; c'eft un Chapitre
compofé d'un
110 MERCURE
.
1
Doyen , d'un Archidiacre
& de 24. Chanoines
. Cette Eglife que
Charlemagne
avoit fait
baftir a esté fort endommagée
en fon toit
& en fes voutes par les
Religionnaires
. Sa tour,
l'une des plus groffes
du Royaume
eft demeurée
dans fon entier ;
on y remarque
deux
degrez : L'ancien qui
eft à main droite en entrant
eft merveilleux
1
GALANT. III
dans fon Architecture ,
mais il ne va que jufqu'à
la voute de l'Eglife
; L'autre a 246. marches
& quand on eft en
haut , on peut voir toute
l'eftenduë de la ville ,
qui n'eft pas grande. On
remarque de la quelle
eft adoffée fur une coline
, fur laquelle on à
baſti une Citadelle , qui
ne paroift plus que par
la ruine de quelques
Baſtions. Au pied de
112 MERCURE
cette colline tou eft aujourd'huy
le convent
des Auguſtins , on avoit
autre fois bafti une autre
Citadelle , dont il
refte encore au milieu
le chaft au du Roy ,
qui fervoit ancienncment
demeure aux comtes
de faintes . On voit
fur le haut , le grand
Arfenal , ou l'on fait
plufieurs canons de fonte
le cofé de la muraille
de la ville qui eſt
proche
GALANT . 113
proche cet Arſenal
paroift avoir efté baſti
du temps des Romains ;
On le juge par des colomnes
prefque toutes
entieres qu'on y voit
encore , par des pieces
de marbres ,
&
par
quelque parties de figures
maçonnées avec cette
muraille ancienne , à la
qu'elle on a ajouté par
derriere de belles Fortifications
afin de rendre
ce cofté de la ville où
Février 1711. K
114 MERCURE
11
eftoit la Citadelle le
plus difficile à attaquer.
Antoine du Pas Marquis
de Feuquieres , Lieutenant
General des Armées
du Roy & Gouver
neur de Verdun mourut
le 27. Janvier 1711. âgé
de 61. an , laiffant pofterité
de Marie Magdelaine
Therefe Genevieve
Monchi fille de George &
de Monchi Marquis d'Hoquincourt
, Chevalier des
Ordres du Roy, & de Maric
Molé.
de
GALANT. IT'S
+
REMARQUES .
Monfieur de Feuquieres
tire l'Origine de fon illuftre
nom de la Ville de Pas en
Artois , fituée fur la riviere
d'Ori dans la Comté de
faint Pol.
En 13-0 . Jean de Pas
Seigneur de Martinfart ſe
rendit celebre fous le nom
de jeune Feuquieres ; il fit
une fin femblable à celle
d'Epaminondas
? car fe
voyant bleffé à mort , il ſe
fit porter fur un Brancard
pour reconnoistre la ville
Kij
116 MERCURE
de la Charité fur Loire ,
qu'il affiegeoit comme
Maréchal de camp du
Prince Palatin Cafimir Duc
de Deux - ponts ; & employa
les derniers moinens
de fa vie à faire emporter
cette ville d'affaut. Il
y mourut avec la gloire
d'avoir fauvé l'Armée de
fon parti , qui eftoit pourfuivie
par celle de fes En .
$
(
nemis beaucoup plus puif.
fante , & à qui cette vil'e
fervoit de pallage pour alles
joindre le Roy de Navarre
.
GALANT. N7
Voicy la Lettre que
Mr de Feuquieres à écrire
au Roy dans les derniers
momens de fa vie,
SIRE ,
Aprés avoir mis entre les
mains de Dieu ma vie que je
vais luy rendre , il ne me refte
plus rien à faire avant de la
quitter , que de me jetter aux
pieds de voſtre Majefté. Si je
croyois avoir encore plus de: 4.
heures à paffer en ce monde
je n'oferois pas prendre la liberté
que je prends. Je feay
que j'ay déplû à V M. &
118 MERCURE
quoyque je ne fache pas en
quoi,je ne m'en crois pas moins
coupable .Fefpere SIRE¸que
Dieu me pardonnera
, parceque
jefens en moy un repentir
fincere. Vous eftes l'image de
Dieu, &jofe vousfupplier de
pardonner du moins à mon
fils les fautes queje voudrois
avoir expicés de mon fang.
Ce font elles , SIRE , qui
ont donné à V. M. de l'éloignement
pour moy , & qui
font caufe que je meurs dans
mon lit , au lieu que je devrois.
facrifier à vostre fervice les
derniers momens de ma vie
GALANT. 119
les dernieres goutes de mon
fang. Comme je l'ay toûjours
fouhaité , SIRE , au nom
du Roy des Rois devant qui
je vais paroifire , daignez jetter
des yeux de compaffionfur
un fils unique que je laiffe en
ce monde fans appuy & fans
bien. Il eft innocent de mes
malheurs , & forti d'un fang
qui a toujours bien fervi V
M. Je prends confiance en la
bonté de vostre coeur , & aprés
vous avoir demandé encore
une fois pardon , je vais me
remettre entre les mains de
Dieu à qui je demande pour
120 MERCURE
Voftre Majefté toutes les profperités
que meritent vos vertus.
desMorts & desMa
riages , où l'on trou
vera plufieurs remar
ques biftoriques.
Ferdinand
Obizzi
Marquis
du Saint Empire
Chambellan
& Confeiller
d'Etat , Maréchal General
de Camp , Sur-Intendant
General des Ordonnances
de fa M. I. & cy- devant
Colonel & Commandant
à
Vienne
, eft mort en cette
Ville le 12. Decembre
GALANT. 83
1710. âgé de 70. ans , dont
il en avoit paffé so . au fervice
de la Maiſon d'Autriche
; ſon corps a eſté tranſporté
dans le tombeau de
ces Anceftres.Il avoit épousé
en premieres nôces Marie-
Thereſe Palfi , veuve
d'Augufte
Comte de Sin,
zendolfe
; & en fecondes
;
Anne Marie Elizabeth
Comteffe de Rathmansdorf.
II prit enfuite une
troifiéme alliance avecMarie
Claire - Apolline Comteſſe
de Staremberg
, veuve
de François LeopoldComte
84 MERCURE
臭
de Sclavata , defquelles if
n'a point eu d'Enfants . Ce
fut luy qui enleva en 1674.
le Cardinal Furftemberg.
La Marquife d'Obizzi
fa mere nous a donné
un ſecond exemple de
ces chaftetez à l'épreuve
du poignard dont Lucrece
nous fournit jadis
le premier exemple ; cela
nous fait voir qu'il nous
en viendra peut-eftre un
troifiéme dans quelques
fiécles d'icy , & que la
GALANT : 85
chafteté n'eſt pas ſi rare
qu'on
croit.
Un Gentilhomme de
Padoue fort amoureux
de cette Marquife , qui
eftoit jeune & belle
trouva le moyen d'entrer
dans fa chambrependant
qu'elle dormoit encore
au lit ; fon fils unique
âgé de cinq ans y eftoit
avec elle , mais le Gentilhomme
le transporta
dans une chambre voifine,
afin qu'il nevift pas
86 MERCURE
ce qui fe pafferoit , &
revint enfuite dans la
chambre de laMarquiſe
.
Il fe fervit d'abord des
voyes de douceur & de
perfuafion , avant que
d'en venir auxactions de
violence , & n'ayant pû
rien obtenir ni d'une façon
, ni d'autre fon
amour degenera en fureur
, & fa rage le porta
à un tel point , qu'il poignarda
cette vertueufe
Dame.
GALANT. 87.
La chofe ayant éclatté
, on arreſta le Gentilhomme
fur les foupçons
qu'on cuft contre luy.
On fçavoit qu'il avoiteu
de l'attachement pour la
Marquiſe ; l'Enfant dit
quelque chofe , des voi
fins rapporterent qu'on
avoit vû ce Gentilhomme
dans le quartier ; &
l'on trouva fur le Lit un
bouton de manchette
tout femblable à un autre
bouton , qu'il avoit
88 MERCURE
encore : Tout cela donna
de grands indices
contre lui , on l'appliqua
diverfes fois à la
queftion ordinaire &
extraordinaire , mais il
nia toûjours le fait ; enfin
aprés 15. ans de Prifon
fes amis firent fi
bien qu'ils le fauverent ,
mais quelque tems aprés
le jeune Marquis.
d'Obizzi qui eft ce mef
me Enfant dont j'ay
parlé , luy donna un
coup
GALANT. 89
coup de Pistolet dans
la tefte & vangea ainſi
la mort de fa mere.
VOICI L'EPITAPHE
Latine qu'on a miſe .
1 fur fon Tombeau.
victi
Venerare pudicitia
fimulacrum
mam,lucretiam de Dondis
ab horrologio Pranca
de ObizZonibus , Or
ciani Marchionis uxorem.
Hac inter noctis t
Fevrier
1711..
P
90 MERCURE
nebras , maritales afferent
tades , furiales recentis
Tarquini faces ,
cafto cruore extinxit . Sicque
Romanam Lucretiam
intemerati - tori
gloria vincit. Tanta fua
heroine generofis Manibus
hanc dicavit aram
civitas Patavina.
François Marie Pico ,
Prince de la Mirandole &
de Concordia , accablé de
douleur de fe voir dépouillé
de fon Patrimoine par
GALANT DI
l'Empereur , eft mort à Bologne
en Italie le mois de
Decembre 1710. Il eftoit né
le 50. Septembre 1688. fils
unique de François Pico ,
Prince de la Mirandole ,
mort le 19. Avril 1689. &
d'Anne Camille Borgheze
fille du Prince de Sulmone
Mirandola , ou Mirandole
, eft une petite
Ville d'Italie , à cinq
lieu de Mantoue avec
titre de Duché dont
la Maifon des Pies eft
en poffeffion depuis
*
Hij
92 MERGURE
l'an 1300. Cette Souveraineté
qui ne contient
pas plus de 6000 , hommes
, rapporte environ
quatre vingt-mille ducats.
La Ville de Mi-
1
randole , a une Collegiale
tres - confiderable
& foumife à l'Evefque
de Modene ; Le Palais
du Dúc , eft bien meu
blé & rempli de Peintures
exquifes de l'Ecole
de Fologne. Cette
Ville qui eft fituée en
GALANT . 93
tre le Ferrarois , le Modenois
& le Mantouan,
eft reveſtuë de ſept Baftions
Royaux , avec
un fort Chateau outre
-le fort de la Rocca ,
& enceinte d'un large
& profond Foffe remply
d'eau , & qu'on ne
peut mettre à fec.
X
La nuit du 19. au 20 .
du Mois d'Avril 1795 .
Mr de Lapara fit ouvrir
la tranchée devant
Mirandole , où Mr del
94 MERCURE
Coningfexcommanaoit
elle fe rendit le Mois
fuivant , & le Baron
d Irtrik en apporta
au
Roy la Capitulation
qui fut fignée le 1.
May. La Garniſon fut
faite prifonniere deGuer
re , & l'on trouva dans
la Place so . picces de
Canon avec quelques
Mortiers. Plus de 350.
Officiers ou Soldats fe
deguiferent en Paifans
pour éviter d'eftre fait
GALANT .
25
Prifonniers. On Y mit
Garniſon Françoiſe , &
Eſpagnole , & le Duc
Jean de la Mirandole
qui eftoit au fervice
des deux Couronnes
fut remis en poffeffion
de fon Duché dont les
Imperiaux l'avoient depouillé
. Jean , & Jean
Francois Pics Princes
de la Mirandole, fe font
rendus plus illuftres
dans la Republique des
lettres que par leur rang
96 MERCURE
& leurs exploits 5 & le
plus grand adverfaire
qu'ait jamais eu l'Af
trologue Siennois a efté
le fçavant Jean Pic de
de la Mirandole
; cependant
il ne paffa pas
la 33. année de ſon âge,
comme le luy avoit predit
Lucius Bollentius
La conjecture de cet
Aftrologue eftoit fondée
fur la complexion
bilieufe de ce Prince.
Meffire François Verjus
Evêque ar
GALANT 97
Evefque de Graffe & Abbé
de Barbery eft mort le
mois de Janvier 1711 .
REMARQUES.
Graffe eft une Ville
Epifcopale de la Hautte
Provence , fituée fur une
colline : Son Eveſché.
eft fuffragant de l'Archevefché
d'Ambrun :
Sa Cathedrale,eft dediće
àla Vierge, & fon Chapitre
compoſé d'un Archidiacre
, d'un Sacrif-
Février 1711. I
28. MERCURE
tin d'un Capifcol
,
d'un Archipreftre
, d'un,
Theologal & de fix
Chanoines
: Il y a outre
cette Cathedrale , plu
fieurs Paroiffes avec di
verfes Maifons Reli-.
gicufes. La Prevofté qui
eftoit la premiere dignité
du Chapitre , a cſté
reumie à l'Evefché depuis
environ 30. années
.
Cette ville eft fituée .
dans un Terroir le plus
IBLIOT
LYON
DE
เกาะ
ALLE
GALANT.
agreable du monde tant
par fa fertilité que par
la beauté du payfage .
Son Evefché fut d'abord
eftabli à Antibe ,
mais le mauvais air &
les courfes continuelles
des Pirates ,
obligerent
Bertrand II. fon Evef
que , de transferer fon
Siege à Graffe vers l'an
cette tranflation
1250 .
fut
confirmée par les
Papes Innocent
IV. &
Gregoire X. Il n'y a
I ij
100 MERCURE
qu'une Abbaye dans ce
Diccefe , où l'on compte
feulement 22. Paroiffes.
Quelques Hiftoriens
veulent que Graflus
Conful Romain ait
donné , on nom à Graffe
, mais ce fentiment
n'eft pas general; Quoyqu'il
en foit les Latins
la nomment Gr.nnių r.
Meffire Alexandre de
Chevriere de faint Mau .
ris , Docteur de Sorbonne
& Evefque de Saintes
GALANT . 101
eft morr le mois de Jan
vier 71. Il avoit eſté
Chanoine
Macon . Il
& Doyen de
toit frere de
Claude Jofeph de Chevriere
Comte de S. Mauris
en Maçonnois , & Seigneur
du Til & de Salagny,
du Commandeur de
faint Mauris Treforier de
l'Ordre deMalthe, àLyon ,
& de l'Abbé de S. Mauris
Chanoine , & Treforier
de l'Eglife Noble de
S. Pierre de Macon aprés
fon frere. Honoré de Chevriere
leur Pere , Comte
I iij
101 MERCURE
de S. Mauris , qui avoit
époufé en 1604. Claudine
Damas du Breuil, Branche
de l'illuftre Maifon de
Damas - Thiange , eftoit
neveu de Francois de Chevriere
defaint Mauris Seigneur
de S. Salagni , qui
fut le premier pourveu de
la charge de Juge Géné
ral des Armes & des Blafons
de France , lorfqu'elle
fut créé en 1614. & ce
fut aprés fa mort arrivée
l'an 1641. que le celebre
Pierre d'Hofier y fucceda
la mefme année .
GALANT. 103
Venons prefentement
aux particularitez
de la
Ville de Saintes .
REMARQUES
.
Saintes ou Xaintes
,
eft la ville Capitale de
Saintonge
; les Latins la
nomment
Mediolanum
Santonum ou Vrbs
a
Santoria. Elle eft à 4 .
lieux de Coignac , à 7.
de Brouages , à 11. de
la Rochelle , & à vingt
de Bordeaux , & fitué
fur la Riviere de Charente
, dans un Terroir
104 MERCURE
fi charmant que les
Romains l'avoient choi- >
fie pour y faire leur fe
jour. C'eſt ce qui fait
qu'on y voit plufieurs
antiquitez , fur- tout un
Amphitheatre long de
80.pas communs & large
de 45. Le Parterre qui
fervoit à reprefenter les
jeux & les combats :
eft prefentement
un
champs qu'on laboure ;
& toutes les autres qui
fouftenoient les bancs
GALANT. 105
L
& les fieges font encore
en bon eſtat quoy qu'el
lesne foient faites que de
petites pierres ainſi que
l'Amphitheatre.
Ce qu'on y remarque
de plus curieux eft
une Fontaine qui fortant
d'un rocher audeffous
d'une de ces voutes
, va fe perdre dans
une prairie qu'on reconnoift
avoir efté fermée
de murailles. Il y
a grande apparence que
106 MERCURE
ce lieu eſtant rempli des
eaux de cette Fontaine
on y
faifoit des Naumachies
; il y paroift
naturellement difpofé ,
à caufe qu'il fait une
petite vallée bordée de
rochers , dont l'entrée
eft occupée par l'Amphitheatre.
On voit prés
de ce lieu dans un grand
Fauxbourg , l'Abbaye
de fainte Eutrope ; dont
le clocher eft bafti de '
petites pierres , & la nef
GALANT. 107
faite d'une facon particuliere
; les Reliques de
faint Eutrope font renfermées
fous le maiftre
Autel. Ce Fauxbourg
qui eft au pied du Chafteau
de Saintes, eft elévé
fur un rocher qui le
rend imprenable de ce
cofte- la . Le pont de cette
Ville a efté baſtie
par les Romains ; on
voit à fon entrée une
haute tour & plus avant
un Arc de triomphe fait
108 MERCURE
de deux portiques ; on
y lit ces paroles écrites
en groffes Lettres CASARI
NEP. D. JULII
PONTIFICI AUGURIS.
On voit fur le revers
quelques lettres à demi
effacés. Les pierres dont
eft fait l'Arc de triomphe
font fort groffes
& pofez feulement les
unes fur les autres , fans
mortier, qui eftoit la maniere
de baftir chez les
Romains . Le pont fert
GALANT. 109
à paffer de la ville au
Fauxbourg des Dames ,
ainfi appellé d'une Abbaye
de ce nom , où les
Religieufes font d'un
rang diftingué. On remarque
valléans
une
petite
vallée à main gauche
de cette Abbaye , les
reftes d'un ancien Aqueduc
des Romains , L'Eglife
Epifcopale de cette
ville , eft ded ée à S.
Pierre ; c'eft un Chapitre
compofé d'un
110 MERCURE
.
1
Doyen , d'un Archidiacre
& de 24. Chanoines
. Cette Eglife que
Charlemagne
avoit fait
baftir a esté fort endommagée
en fon toit
& en fes voutes par les
Religionnaires
. Sa tour,
l'une des plus groffes
du Royaume
eft demeurée
dans fon entier ;
on y remarque
deux
degrez : L'ancien qui
eft à main droite en entrant
eft merveilleux
1
GALANT. III
dans fon Architecture ,
mais il ne va que jufqu'à
la voute de l'Eglife
; L'autre a 246. marches
& quand on eft en
haut , on peut voir toute
l'eftenduë de la ville ,
qui n'eft pas grande. On
remarque de la quelle
eft adoffée fur une coline
, fur laquelle on à
baſti une Citadelle , qui
ne paroift plus que par
la ruine de quelques
Baſtions. Au pied de
112 MERCURE
cette colline tou eft aujourd'huy
le convent
des Auguſtins , on avoit
autre fois bafti une autre
Citadelle , dont il
refte encore au milieu
le chaft au du Roy ,
qui fervoit ancienncment
demeure aux comtes
de faintes . On voit
fur le haut , le grand
Arfenal , ou l'on fait
plufieurs canons de fonte
le cofé de la muraille
de la ville qui eſt
proche
GALANT . 113
proche cet Arſenal
paroift avoir efté baſti
du temps des Romains ;
On le juge par des colomnes
prefque toutes
entieres qu'on y voit
encore , par des pieces
de marbres ,
&
par
quelque parties de figures
maçonnées avec cette
muraille ancienne , à la
qu'elle on a ajouté par
derriere de belles Fortifications
afin de rendre
ce cofté de la ville où
Février 1711. K
114 MERCURE
11
eftoit la Citadelle le
plus difficile à attaquer.
Antoine du Pas Marquis
de Feuquieres , Lieutenant
General des Armées
du Roy & Gouver
neur de Verdun mourut
le 27. Janvier 1711. âgé
de 61. an , laiffant pofterité
de Marie Magdelaine
Therefe Genevieve
Monchi fille de George &
de Monchi Marquis d'Hoquincourt
, Chevalier des
Ordres du Roy, & de Maric
Molé.
de
GALANT. IT'S
+
REMARQUES .
Monfieur de Feuquieres
tire l'Origine de fon illuftre
nom de la Ville de Pas en
Artois , fituée fur la riviere
d'Ori dans la Comté de
faint Pol.
En 13-0 . Jean de Pas
Seigneur de Martinfart ſe
rendit celebre fous le nom
de jeune Feuquieres ; il fit
une fin femblable à celle
d'Epaminondas
? car fe
voyant bleffé à mort , il ſe
fit porter fur un Brancard
pour reconnoistre la ville
Kij
116 MERCURE
de la Charité fur Loire ,
qu'il affiegeoit comme
Maréchal de camp du
Prince Palatin Cafimir Duc
de Deux - ponts ; & employa
les derniers moinens
de fa vie à faire emporter
cette ville d'affaut. Il
y mourut avec la gloire
d'avoir fauvé l'Armée de
fon parti , qui eftoit pourfuivie
par celle de fes En .
$
(
nemis beaucoup plus puif.
fante , & à qui cette vil'e
fervoit de pallage pour alles
joindre le Roy de Navarre
.
GALANT. N7
Voicy la Lettre que
Mr de Feuquieres à écrire
au Roy dans les derniers
momens de fa vie,
SIRE ,
Aprés avoir mis entre les
mains de Dieu ma vie que je
vais luy rendre , il ne me refte
plus rien à faire avant de la
quitter , que de me jetter aux
pieds de voſtre Majefté. Si je
croyois avoir encore plus de: 4.
heures à paffer en ce monde
je n'oferois pas prendre la liberté
que je prends. Je feay
que j'ay déplû à V M. &
118 MERCURE
quoyque je ne fache pas en
quoi,je ne m'en crois pas moins
coupable .Fefpere SIRE¸que
Dieu me pardonnera
, parceque
jefens en moy un repentir
fincere. Vous eftes l'image de
Dieu, &jofe vousfupplier de
pardonner du moins à mon
fils les fautes queje voudrois
avoir expicés de mon fang.
Ce font elles , SIRE , qui
ont donné à V. M. de l'éloignement
pour moy , & qui
font caufe que je meurs dans
mon lit , au lieu que je devrois.
facrifier à vostre fervice les
derniers momens de ma vie
GALANT. 119
les dernieres goutes de mon
fang. Comme je l'ay toûjours
fouhaité , SIRE , au nom
du Roy des Rois devant qui
je vais paroifire , daignez jetter
des yeux de compaffionfur
un fils unique que je laiffe en
ce monde fans appuy & fans
bien. Il eft innocent de mes
malheurs , & forti d'un fang
qui a toujours bien fervi V
M. Je prends confiance en la
bonté de vostre coeur , & aprés
vous avoir demandé encore
une fois pardon , je vais me
remettre entre les mains de
Dieu à qui je demande pour
120 MERCURE
Voftre Majefté toutes les profperités
que meritent vos vertus.
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Résumé : ARTICLE des Morts & des Mariages, où l'on trouvera plusieurs remarques historiques.
Le texte présente plusieurs événements historiques et biographies. Ferdinand Obizzi, Marquis du Saint Empire, Chambellan et Conseiller d'État, Maréchal Général de Camp, Sur-Intendant Général des Ordonnances de la Maison d'Autriche, est décédé à Vienne le 12 décembre 1710 à l'âge de 70 ans. Il avait passé 50 ans au service de la Maison d'Autriche. Son corps a été transporté dans le tombeau de ses ancêtres. Il avait épousé Marie-Therese Palfi, veuve du Comte de Sinzendorf, puis Anne Marie Elizabeth Comtesse de Rathmansdorf, et enfin Marie Claire-Apolline Comtesse de Starhemberg, veuve du Comte de Slavata, mais n'a pas eu d'enfants. En 1674, il a enlevé le Cardinal Fürstenberg. La Marquise d'Obizzi, mère de Ferdinand, a été assassinée par un gentilhomme de Padoue amoureux d'elle. Cet homme a été arrêté et emprisonné pendant 15 ans avant d'être sauvé par ses amis. Plus tard, le jeune Marquis d'Obizzi, fils de la Marquise, a vengé sa mère en tuant le gentilhomme. François Marie Pico, Prince de la Mirandole et de Concordia, est mort à Bologne en décembre 1710, accablé de douleur après avoir été dépouillé de son patrimoine par l'Empereur. Né le 50 septembre 1688, il était fils unique de François Pico et d'Anne Camille Borgheze. Mirandole est une petite ville d'Italie, possession de la Maison des Pies depuis 1300, avec un Duché rapportant environ quatre-vingt-mille ducats. En avril 1795, Mirandole a été assiégée et capturée par les troupes françaises commandées par Monsieur de Lapara et Monsieur del Coningfex. La garnison a été faite prisonnière de guerre et la ville a été mise sous occupation française et espagnole. Le Duc Jean de la Mirandole a été remis en possession de son Duché. Le texte mentionne également plusieurs décès d'hommes d'Église et de nobles, tels que Meffire François Verjus, Évêque de Graffe et Abbé de Barbery, mort en janvier 1711, et Meffire Alexandre de Chevrière de Saint Mauris, Docteur de Sorbonne et Évêque de Saintes, également décédé en janvier 1711. Enfin, la ville de Saintes, capitale de la Saintonge, est décrite avec ses antiquités romaines, notamment un amphithéâtre et un aqueduc. La ville est située sur la rivière Charente et possède une cathédrale dédiée à Saint Pierre, endommagée par les religionnaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2412
p. 120
« Le Roy a donné le Gouvernement de Verdun à Mr [...] »
Début :
Le Roy a donné le Gouvernement de Verdun à Mr [...]
Mots clefs :
Roi, Gouvernement de Verdun, Lieutenant général des armées
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné le Gouvernement de Verdun à Mr [...] »
Le Roy a donné le
Gouvernement de Verdun
à Mr le Marquis
de Goefbriand Lieutenant
General des Armées
du Roy & Chevalier
de fes Ordres.
Gouvernement de Verdun
à Mr le Marquis
de Goefbriand Lieutenant
General des Armées
du Roy & Chevalier
de fes Ordres.
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2413
p. 120-122
« Louis Frezon ancien Maistre des Comptes est mort le premier [...] »
Début :
Louis Frezon ancien Maistre des Comptes est mort le premier [...]
Mots clefs :
Maître des comptes, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Louis Frezon ancien Maistre des Comptes est mort le premier [...] »
Louis Frezon ancien
Maistre des Comptes eft
mort le premier de ce mois
dans un âgé fort avancé .
Jean François du Tillet
GALANT . 12
*
let , Chevalier Seigneur de
Lannes , & Ancien Gref
Her en chef du Parlement,
eſt mort fans poſterité le 9.
Fevrier 1711. âgé de 66.
ans.
Nicolas Charles Cefar
de Coftentin , Chevalier
Marquis de Nery , Baron
de Survilliers , Seigneur de
Tourville, & Coutainville,
& cy- devant Meftre de
Camp du Regiment Dau
phin Cavalerie eft mort le
14. de ce mois .
Jean Baptifte Coquebert
, Seigneur de Mont-
Février 1711 .
L
122 MERCURE
bret , Maiſtre des Comptes
, eft mort le 17. de ce
mois .
Maistre des Comptes eft
mort le premier de ce mois
dans un âgé fort avancé .
Jean François du Tillet
GALANT . 12
*
let , Chevalier Seigneur de
Lannes , & Ancien Gref
Her en chef du Parlement,
eſt mort fans poſterité le 9.
Fevrier 1711. âgé de 66.
ans.
Nicolas Charles Cefar
de Coftentin , Chevalier
Marquis de Nery , Baron
de Survilliers , Seigneur de
Tourville, & Coutainville,
& cy- devant Meftre de
Camp du Regiment Dau
phin Cavalerie eft mort le
14. de ce mois .
Jean Baptifte Coquebert
, Seigneur de Mont-
Février 1711 .
L
122 MERCURE
bret , Maiſtre des Comptes
, eft mort le 17. de ce
mois .
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Résumé : « Louis Frezon ancien Maistre des Comptes est mort le premier [...] »
En février 1711, plusieurs personnalités sont décédées. Louis Frezon, Maître des Comptes, est mort le 1er février à un âge avancé. Jean François du Tillet, Chevalier Seigneur de Lannes, est décédé sans descendance le 9 février à 66 ans. Nicolas Charles César de Costentin, Chevalier Marquis de Néry, est mort le 14 février. Jean Baptiste Coquebert, Seigneur de Montbret et Maître des Comptes, est décédé le 17 février.
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2414
p. 122-123
MARIAGES.
Début :
Charles-Jean-Baptiste Fleuriau, Seigneur de Morville, Conseiller au Parlement, [...]
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MARIAGES.
Charles -Jean - Baptifte
Fleuriau, Seigneur de Morville
, Confeiller au Parlement
& fils de Jofeph-
Jean - Baptifte Fleuriau
Seigneur d'Armenonville,
Confeiller d'Etat, Gouverneur
& Grand- Bailly de
Chartres , & de Jeanne Gilbert
, a épousé le 3. de ce
mois Charlotte- Elifabeth
GALANT. 123
de Vienne , fille de Louis
<de Vienne , Seigneur de
Geraudat , Confeiller de la
Grand Chambre, & de feue
Charlotte-Marguerite de
Clerembaut.
Voicy plufieurs Epitalames
fur le Mariagede
M. de Morville.
Charles -Jean - Baptifte
Fleuriau, Seigneur de Morville
, Confeiller au Parlement
& fils de Jofeph-
Jean - Baptifte Fleuriau
Seigneur d'Armenonville,
Confeiller d'Etat, Gouverneur
& Grand- Bailly de
Chartres , & de Jeanne Gilbert
, a épousé le 3. de ce
mois Charlotte- Elifabeth
GALANT. 123
de Vienne , fille de Louis
<de Vienne , Seigneur de
Geraudat , Confeiller de la
Grand Chambre, & de feue
Charlotte-Marguerite de
Clerembaut.
Voicy plufieurs Epitalames
fur le Mariagede
M. de Morville.
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Résumé : MARIAGES.
Le texte décrit le mariage de Charles-Jean-Baptiste Fleuriau, Seigneur de Morville et Conseiller au Parlement, avec Charlotte-Élisabeth Galant de Vienne. Fleuriau est le fils de Joseph-Jean-Baptiste Fleuriau et Jeanne Gilbert. La mariée est la fille de Louis de Vienne et de la défunte Charlotte-Marguerite de Clerembaut. Plusieurs épithalames ont célébré cette union.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2415
p. 123-125
EPITALAME Par M. de la F...
Début :
Pour celebrer tes nopces approuvées, [...]
Mots clefs :
Noces
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texteReconnaissance textuelle : EPITALAME Par M. de la F...
Voicy plufieurs Epitalames
fur le Mariagede
M. de Morville.
EPITAL AME
Par M. de la F.
Pour celebrer tes nopces approuvées,
J'avois forgé des Vers qui bravoient
l'examen
Lij
124 MERCURE
Dans leurs daites refrains dix
Atrophes achevées
Ramenoient avec art dixfois 10,
bymen.
En faveur de ce Dien dans une
Ode fublime ,
J'avois fi bien du Grec le beau
tourimité
Que j'aurois encouru l'eftime
Des amis de l'Antiquité.
Mais on m'a dit que de chez vous
Mème avant la fin de la fete
L'hymen fortit baiffant la tête
Avec un airplein de couroux.
Amource font là de tes coups !
T'efcortantfinement du Dieu de
l'hymenée
Tu t'introduis auprés de graves
Magiftrats
Obtiens ce que fans tuy l'on ne
t'oltroiroit
pas ,
GALANT . 125
Et dés la premierejournée
Tu le chaffes , & veux dans tes
tendres ebats
Ne devoir qu'à toyfeul la moiffon
des appas ,
Qui fous fon nom te fut abandonnée.
Maisj'aurois deu prévoir le cas,
Aux feduifans attraits dont de
Vienne eft ornée :
Sur ce je n'ay voulu mettre un
Poëme au jour,
Que l'hymen offense prendroit
pour railleries
Et puis le beau fecret de vous
faire ma cour,
Avec mafçavante induftrie
Je ne chantois qu'hymen , vous
ne fentez qu'amour.
fur le Mariagede
M. de Morville.
EPITAL AME
Par M. de la F.
Pour celebrer tes nopces approuvées,
J'avois forgé des Vers qui bravoient
l'examen
Lij
124 MERCURE
Dans leurs daites refrains dix
Atrophes achevées
Ramenoient avec art dixfois 10,
bymen.
En faveur de ce Dien dans une
Ode fublime ,
J'avois fi bien du Grec le beau
tourimité
Que j'aurois encouru l'eftime
Des amis de l'Antiquité.
Mais on m'a dit que de chez vous
Mème avant la fin de la fete
L'hymen fortit baiffant la tête
Avec un airplein de couroux.
Amource font là de tes coups !
T'efcortantfinement du Dieu de
l'hymenée
Tu t'introduis auprés de graves
Magiftrats
Obtiens ce que fans tuy l'on ne
t'oltroiroit
pas ,
GALANT . 125
Et dés la premierejournée
Tu le chaffes , & veux dans tes
tendres ebats
Ne devoir qu'à toyfeul la moiffon
des appas ,
Qui fous fon nom te fut abandonnée.
Maisj'aurois deu prévoir le cas,
Aux feduifans attraits dont de
Vienne eft ornée :
Sur ce je n'ay voulu mettre un
Poëme au jour,
Que l'hymen offense prendroit
pour railleries
Et puis le beau fecret de vous
faire ma cour,
Avec mafçavante induftrie
Je ne chantois qu'hymen , vous
ne fentez qu'amour.
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Résumé : EPITALAME Par M. de la F...
Le texte traite de plusieurs épithalames célébrant le mariage de M. de Morville. L'auteur, M. de la F., avait initialement écrit des vers pour louer cette union. Cependant, il apprend que l'hymen, le dieu du mariage, a quitté la fête de manière impolie. L'auteur attribue cet incident aux actions de l'amour, qui a su charmer des magistrats pour obtenir des faveurs. Il reconnaît également les attraits séducteurs de Vienne, ce qui l'a dissuadé de publier un poème qui pourrait offenser l'hymen. Enfin, il souligne la différence entre son propre sujet, l'hymen, et celui de l'amour, qu'il ne souhaite pas railler.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2416
p. 126-129
Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Début :
Ma Muse toûjours fort quinteuse [...]
Mots clefs :
Amour, Hymen
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texteReconnaissance textuelle : Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Autre Epitalame fur le
mefmefujet.
Par M. de Monchenet.
Ma Mufe toujours fort quinteufe
Faitaujourd'huy la precieuſe
N'ofant dit- elle de trop prés
D'un hymenflairer les apprés ,
Ny porterfes regards aufieres
~Sur d'auſſi prophanes myſtères.
Or comme hymen & fes douceurs
Sont_mets interdits aux neuf
Soeurs ,
Elle a , je crois, des raifons fortes
Pour ne pas écouter auxportes.
Comment feray-je donc Seigneur
Pour me tirer avec honneur
Du compliment qu'à l'hymenée
GALANT. 127
Je dois faire en cettejournée ?
Finvoquerois bien Apollon ,
Mais ceDieufans barbe, dit - on,
N'eft gueres le Saint qu'on reclame
Apropos d'un Epitalame ;
Si d'ailleurs j'invoquois l'amour
Seroit- ce bien le faint dujour ?
L'amoure l'hymen ce me femble
Rarement font d'accordenfemble
L'hymen marche àpas concertez
Grand amy deformalitez :
Foûjours de parens pleine efcorse
Comme s'il luifalloirmainforte.
L'amour marche feul & fans
bruit ,
Pous diriez d'un voleur denuit ,
Agile comme un petit maître
Efcaladantporte & fenêtre.
Au demeurantjolygarçon ,
Et vivant aſſezfansfaçon.
L. iiij.
428 MERCURE
L'hymen engrave perfonage
Prendfur lui lesfoins du menage,
C'eft , grace à fa droite raifon ,
Un bon Intendant de Maifon.
L'amourfait fon unique affaire
De rire & defe fatisfaire.
L'hymen orgueilleux de fes droits
Frappe enmaistre, élevefa voix,
Reçoit une faveurfecrette ,
Ainfi quel'acquit d'une dette.
L'amour plus galant , plus
adroit
La reçoit comme un paſſe- droit .
Et femble parce ftratagême
En recevant donner luy- même.
Or de ces deux divinitez
Rapprochant les extremitez.
Au lit. Seigneur , comme à la tar
ble,
Onjoueroit un rôle agréable :
Et c'est auffi ce queferez
GALANT. 119
Es bienfaifant , bien trouverez
Puifiez vousfous d'heureux auf
[Hoist pices
Goufterles parfaitesdélices. S
L'hymen accorde tout auplus.A
Acinq ou fixde fes élus =
Puifiez vous jufqu'à cent an
nies ,
Pouffant vos douces definées ,
Trouvertousjours libre d'ennuys,
Les jours aufsy courts que les
nuits.
C'eft icy ce que vousfouhaitte
Avec l'ardeur la plus parfaite,
Un membre du facri valon ,
Quelque peu chery d'Apollon .
Mais il s'agit bien de Parnaffe,
Unfoinplus chervous embaraſſe,
L'hymen vous mande en certain
lieu ,
Bon voyage , Seigneur , à Dieu.
mefmefujet.
Par M. de Monchenet.
Ma Mufe toujours fort quinteufe
Faitaujourd'huy la precieuſe
N'ofant dit- elle de trop prés
D'un hymenflairer les apprés ,
Ny porterfes regards aufieres
~Sur d'auſſi prophanes myſtères.
Or comme hymen & fes douceurs
Sont_mets interdits aux neuf
Soeurs ,
Elle a , je crois, des raifons fortes
Pour ne pas écouter auxportes.
Comment feray-je donc Seigneur
Pour me tirer avec honneur
Du compliment qu'à l'hymenée
GALANT. 127
Je dois faire en cettejournée ?
Finvoquerois bien Apollon ,
Mais ceDieufans barbe, dit - on,
N'eft gueres le Saint qu'on reclame
Apropos d'un Epitalame ;
Si d'ailleurs j'invoquois l'amour
Seroit- ce bien le faint dujour ?
L'amoure l'hymen ce me femble
Rarement font d'accordenfemble
L'hymen marche àpas concertez
Grand amy deformalitez :
Foûjours de parens pleine efcorse
Comme s'il luifalloirmainforte.
L'amour marche feul & fans
bruit ,
Pous diriez d'un voleur denuit ,
Agile comme un petit maître
Efcaladantporte & fenêtre.
Au demeurantjolygarçon ,
Et vivant aſſezfansfaçon.
L. iiij.
428 MERCURE
L'hymen engrave perfonage
Prendfur lui lesfoins du menage,
C'eft , grace à fa droite raifon ,
Un bon Intendant de Maifon.
L'amourfait fon unique affaire
De rire & defe fatisfaire.
L'hymen orgueilleux de fes droits
Frappe enmaistre, élevefa voix,
Reçoit une faveurfecrette ,
Ainfi quel'acquit d'une dette.
L'amour plus galant , plus
adroit
La reçoit comme un paſſe- droit .
Et femble parce ftratagême
En recevant donner luy- même.
Or de ces deux divinitez
Rapprochant les extremitez.
Au lit. Seigneur , comme à la tar
ble,
Onjoueroit un rôle agréable :
Et c'est auffi ce queferez
GALANT. 119
Es bienfaifant , bien trouverez
Puifiez vousfous d'heureux auf
[Hoist pices
Goufterles parfaitesdélices. S
L'hymen accorde tout auplus.A
Acinq ou fixde fes élus =
Puifiez vous jufqu'à cent an
nies ,
Pouffant vos douces definées ,
Trouvertousjours libre d'ennuys,
Les jours aufsy courts que les
nuits.
C'eft icy ce que vousfouhaitte
Avec l'ardeur la plus parfaite,
Un membre du facri valon ,
Quelque peu chery d'Apollon .
Mais il s'agit bien de Parnaffe,
Unfoinplus chervous embaraſſe,
L'hymen vous mande en certain
lieu ,
Bon voyage , Seigneur , à Dieu.
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Résumé : Autre Epitalame sur le mesme sujet. Par M. de Monchenet.
Le texte est un épithalame, un poème célébrant un mariage, écrit par M. de Monchenet. L'auteur y exprime la difficulté de composer un tel poème et invoque des divinités comme Apollon et l'Amour, tout en notant leurs incompatibilités avec le thème du mariage. Il décrit l'hymen comme un personnage sérieux et raisonnable, gérant le ménage, tandis que l'Amour est représenté comme un voleur agile et joyeux. L'auteur suggère que l'hymen et l'Amour peuvent coexister harmonieusement, offrant des délices et une vie sans ennui. Il conclut en souhaitant aux mariés une vie longue et heureuse, libre de tout ennui, et les invite à profiter pleinement de leur union. Le poème se termine par un adieu, indiquant la fin de la célébration.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2417
p. 130-135
EPITALAME par M. ** A M. DE MORVILLE.
Début :
Hier un enfant de vostre connoissance, [...]
Mots clefs :
Hymen, Beauté, Amants
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texteReconnaissance textuelle : EPITALAME par M. ** A M. DE MORVILLE.
EPITALAME
Par M. **
A M. DE MORVILLĖ.
Hier un enfant de voſtre connoiffance
,
Lesyeux en pleurs , l'air abattu
Tel que ni vous ni moy ne l'aviens
jamais vû ,
Me vintfaire une confidence.
C'en eft fait , me dit-il , nofire
amym'a quitté
Pourtrix de mes bienfaits le per
fide m'outrage.
Helas!jo lay bien merité !
Combien de fois ( tu peux m'en
rendre témoignage )
GALANT. 2131
Negligeant le fincere hommage
De mille Amans foumis, tendres
, difcrets ,
Ay-je lancé pour luy ces infaillibles
traits.
Que je gardepour mon uſage ,
Et qui luyfoùmettoient des coeurs .
que le volage
Alloit quitterl'infant d'aprés ;
Ab des ce temps je devois le
connoiftre
L'ingrat acheve fur le Maifire
Les maux qu'il a faits aux
fujets.
Dabord je ris de fa colere ,
Et ne crut rien de ce difcours ,
Le petit Dieu tient de fa mere
De nepas dire vray tousjours :
Cependant curieux , quel eft done
ce myſtere
MERCURE
Luy dis -je conte moy la chofe
fans détours
Etfoy & Amantje tejure
De partager ton injure.
( Entre nous je me doutois bien,
Amy, que je nerifquois rien ; )
Unejeune Beauté qui dans nofre
Amathonte ,
Dit- il , n'offrit jamais d'encens
Qui n'eut jamais pour nous que
des airs offenfans ,
Et qui pourtant à noftre honte
Voit voller les coeurs fur fes pas
Enfin qui plaift & n'aime pas..
Plus d'une fois ma mere en a
grondé le graces.....
Eh bien qu'a fait cette Beauté
?
Helas Le'eftpourfuivre fe . tra-
Les
GALANT 153
Que le volage m'a quitté,
Etpour comblerfa perfidie
De l'hymen, d'un cadet implo
rant le fecours
L'ingrat en un moment oublie
Queje fuis feulen droit de donner
de beaux jours .
De Vienne à ce nom feul je
- fens croiffre ma rage,
Loin de languir dans mes fers
Une fimple mortelle outrage
Le vainqueur de l'univers.
Quay luy dis-je , de Vienne eft le
nom de la Belle ?
Vatun'es pas fi malheureux: ~
Hymen a beau vanterfa conquefte
nouvelle ,
Elle & Thymen font attrapés
tous deux ;
Voila bien noftre amy , ce font
là de fes jeux :
134 MERCURE
Tu n'eus jamais de fujet plus
fidelle :
Il s'acquitte par-là de tout ce
qu'ilte doitr
Cet artifice heureux te vaut un
coeur rebelle
Qui t'alloit échapperfans ce détour
adroit.
Pouvoit-il jamais mieux faire
Surcefuperbecoeurte voyantfans
pouvoir,
Il a recours à ton frere ,
Qui feduit d'unfaux espoir
Fait tous les frais du myftere ;
Etpar l'évenement cette Beaute
fevere ,
S'engage à toy , fans s'en apper- ·
a
cevoir:
Qu'entens- ic?ah tu me rens la vie
Dit Enfantimmortel: &mou¬
vrantfon carquois
GALANT. 135
C'est tout mon bien , prens , tout
eft à ton choix.
Fait mieux luy dis- ie , & va
trouverSilvie
Seule elle peut payer tout ce que
tu me dois
Par M. **
A M. DE MORVILLĖ.
Hier un enfant de voſtre connoiffance
,
Lesyeux en pleurs , l'air abattu
Tel que ni vous ni moy ne l'aviens
jamais vû ,
Me vintfaire une confidence.
C'en eft fait , me dit-il , nofire
amym'a quitté
Pourtrix de mes bienfaits le per
fide m'outrage.
Helas!jo lay bien merité !
Combien de fois ( tu peux m'en
rendre témoignage )
GALANT. 2131
Negligeant le fincere hommage
De mille Amans foumis, tendres
, difcrets ,
Ay-je lancé pour luy ces infaillibles
traits.
Que je gardepour mon uſage ,
Et qui luyfoùmettoient des coeurs .
que le volage
Alloit quitterl'infant d'aprés ;
Ab des ce temps je devois le
connoiftre
L'ingrat acheve fur le Maifire
Les maux qu'il a faits aux
fujets.
Dabord je ris de fa colere ,
Et ne crut rien de ce difcours ,
Le petit Dieu tient de fa mere
De nepas dire vray tousjours :
Cependant curieux , quel eft done
ce myſtere
MERCURE
Luy dis -je conte moy la chofe
fans détours
Etfoy & Amantje tejure
De partager ton injure.
( Entre nous je me doutois bien,
Amy, que je nerifquois rien ; )
Unejeune Beauté qui dans nofre
Amathonte ,
Dit- il , n'offrit jamais d'encens
Qui n'eut jamais pour nous que
des airs offenfans ,
Et qui pourtant à noftre honte
Voit voller les coeurs fur fes pas
Enfin qui plaift & n'aime pas..
Plus d'une fois ma mere en a
grondé le graces.....
Eh bien qu'a fait cette Beauté
?
Helas Le'eftpourfuivre fe . tra-
Les
GALANT 153
Que le volage m'a quitté,
Etpour comblerfa perfidie
De l'hymen, d'un cadet implo
rant le fecours
L'ingrat en un moment oublie
Queje fuis feulen droit de donner
de beaux jours .
De Vienne à ce nom feul je
- fens croiffre ma rage,
Loin de languir dans mes fers
Une fimple mortelle outrage
Le vainqueur de l'univers.
Quay luy dis-je , de Vienne eft le
nom de la Belle ?
Vatun'es pas fi malheureux: ~
Hymen a beau vanterfa conquefte
nouvelle ,
Elle & Thymen font attrapés
tous deux ;
Voila bien noftre amy , ce font
là de fes jeux :
134 MERCURE
Tu n'eus jamais de fujet plus
fidelle :
Il s'acquitte par-là de tout ce
qu'ilte doitr
Cet artifice heureux te vaut un
coeur rebelle
Qui t'alloit échapperfans ce détour
adroit.
Pouvoit-il jamais mieux faire
Surcefuperbecoeurte voyantfans
pouvoir,
Il a recours à ton frere ,
Qui feduit d'unfaux espoir
Fait tous les frais du myftere ;
Etpar l'évenement cette Beaute
fevere ,
S'engage à toy , fans s'en apper- ·
a
cevoir:
Qu'entens- ic?ah tu me rens la vie
Dit Enfantimmortel: &mou¬
vrantfon carquois
GALANT. 135
C'est tout mon bien , prens , tout
eft à ton choix.
Fait mieux luy dis- ie , & va
trouverSilvie
Seule elle peut payer tout ce que
tu me dois
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Résumé : EPITALAME par M. ** A M. DE MORVILLE.
L'épître relate une conversation entre un enfant et un ami au sujet d'une trahison amoureuse. L'enfant révèle que son amant l'a quitté pour une autre personne, malgré ses nombreux efforts et sacrifices. L'amant, décrit comme volage et ingrat, a également offensé un sujet en se mariant avec Vienne, une jeune beauté d'Amathonte connue pour son comportement offensant mais aimée par beaucoup. L'ami de l'enfant explique que cette situation est en réalité une ruse pour récupérer l'amour de l'enfant. L'amant a utilisé son frère pour tromper Vienne, la poussant à s'engager avec l'enfant sans s'en rendre compte. L'enfant, ravi, remercie son ami et se prépare à retrouver Sylvie, qui seule peut compenser ce qu'il doit à son ami.
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2418
p. 135-177
Nouvelles d'Espagne.
Début :
Après la prise du Fort Rouge, Mr le Duc de Noailles [...]
Mots clefs :
Espagne, Gérone, Barcelone, Duc de Noailles, Troupes, Reine Anne, Saragosse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Espagne.
ARTICLE
des Nouvelles.
Nouvelles d'Espagne.
Aprés la prise du Fort
Rouge, Mr leDuc deNoailles
jugea à propos de faire
dreffer les batteries contre.
la Ville dont il fe feroit
rendu maiſtre en peu de
pas furve-
•
jours s'il n'eftoit
134 MERCURE
nu des orages & des pluyes
qui continuerent pendant
cinq jours en fingrande a
bondance que toutes les
Rivieres fe deborderent fi
confiderablement que les
batteries furent fort endommagées
, & qu'il fut
impoffible de faire venir
des provifions au Camp
jufqu'à ce qu'on eut reftabli
les Ponts qui avoient
efté entraifncz, ce qui avoit
beaucoup fait fouffrir les
Troupes . Mais letems s'e
ftant remis au beau , il arriva
plufieurs convois , &
Lon
GALANT . 137
on travailla avec beaucoup
de diligence à reftablir les
batteries qui commencerent
à tirer le 14.jardo nex
La nuit du 19. au 20 , un
détachement de Grenadiers
fe logea fur la breche
de la courtine de fainte Lucie
, & le Mineur s'y eftant
attaché , il continua fon
travail avec beaucoup de
fuccez jufqu'à la nuit du
22. au 23. que Mr le Duc
de Noailles fit les difpofitions
neceffaires pour donner
l'affaut.
Mrs de Tournon , Ma-
Fevrier 1711 .
M
8 MERCURE
réchal de Camp, Siougeat,
Brigadier , & d'Alba Colonel
du Regiment d'Auvergne
, qui eftoient de
tranchée , devoient déboucher
auffi toft que la mine
auroit fait fon effet , avec
douze compagnies de Grenadiers
& autant de compagnies
de Piquer. Mr
d'Alba devoit en mefme
temps attaquer le Baſtion
de fainte Marie , avec qua
tre compagnies de Grena-
•diers , quatre de Piquet , &
deux cens Sapeurs . Mr le
Marquis de Güerchi , LieuGALANT
139
tenant General à la tefte de
tout le refte des Grenadiers,
avec Mrs de Caraffa , Maréchal
de Camp , Nifas
Brigadier , & de Milon ,
Colonel de Flandre , Mr le
Comte de Muret , Lieutenant
General , avec deux
mille Fufilliers; Mr le Marquis
de Caylus , Maréchal
de Camp , Mr le Chevalier
de Guiry , Brigadier ,
& Mr de Polaftron , Colodevoient
nel de - Forez
marcher enfuite pour foutenir
, & fe pofter dans tous
les endroits qu'il feroit à
Mij
140 MERCURE
Your
propos d'occuper.
Le fignal pour donner
l'affaut eftoit qu'à la pointe
du jour on tireroit deux
coups de canon de la batterie
qui eftoit prés la Tour
de S. Jean. On mit le feu là
la mine qui fit tout l'effet
qu'on en pouvoit efperer,
car elle ouvrit une grande
breche , & applanit le chemin
pour penetrer dans la
Ville. Il y avoit quinze
pieds à y defcendre du rempart.
Nos Soldats executerent
avec vigueur les ordres
qu'ils avoient reccu, & chaGALANT.
141
cun des Corps nommez
pour cette expedition entra
par l'endroit qui luy avoi
efté marqué. De ceux qui
-pafferent par la breche , los
uns occuperent l'Eglife &
le Couvent de S. Pierre de
Galligans anciens Beneditins
, & les autres courtrent
s'emparer de la Porte
dite de fainte Marie. Coml'on
me on s'apperçut que
ne faifoit pas grand feu de
l Tour de fainte Lucie ,
nos gens poufferent juf.
ques là , & lefcaladerent ,
s'en faifirent & tuerent un
142 MERCURE
6
Capitaine & fon Lieute
nant qu'ils y trouverent
avec plufieurs foldats. Ceux
¿qui mɔntèrent au Baſtion
de Sainte Marie , le firent
savec tant de bravoure
qu'ils culbuterent bientôt
tout ce qui fe preſenta à
eux ; ayant efté joints par
d'autres Troupes que leur
-amenoit Mr d'Alba pour
les foutenir
, ils entrerent
tous enfemble l'épée à la
main dans ce Baftion ; ceux
qui le deffendoient jugerent
alors qu'ils eftoient
entierement perdus , d'auGALANT.
043
tant plus qu'un autre corps
de Troupes des noftres gagnoit
déja la place de Saint
Pierre. Ils perdirent dans
cette affaire environ cent
hommes tuez , & cent cinquante
qu'on leur fit prifonniers
, fans qu'il nous
en couftaft qu'un Lieutenant
Suiffe , & environ
trente Soldats tuez ou blef.
fez. Les Affiegez voyant
que nos gens fe renfor
çoient , & craignant qu'ils
ne fe rendiffent maiftres de
toutes leurs coupures , leurs
Ponts eftantdéja rompus ,
144 MERCURE
ils arborerent far la Tour
de Gironelle l'Etendart du
Regiment de la Ville de
Barcelone , & firent de- là
battre la chamade. On leur
répondit de la Tour de S.
Jean où l'on fit élever le
Drapeau Colonel du Regiment
de Normandie. C'e
ftoit le fignal à nos gens de
s'arrefter.
Le feu ceffa de
part
& d'autre
, & nos Troupes
re- ftoient
dans
la Ville
, occupant
un Quartier
feparé
par
un Ruiffeau
, & l'Egli fe & Cimetiere
deS.Pierre
.
La
GALANT . 145
Le Colonel Don Jacques
de Cordelles qui eftoit de
Piquet , s'avanca pour parder
à Mr le Duc de Noailles
qui eftoit déja arrivé à la
Porte de fainte Marie , &
aprés un petit entretien , il
retourna joindre fes Troupes
, & Mr de Noailles fe
retira en fon Quartier. Les
Afliegez livrerent bientoft
aprés cinq de leurs Officiers
pour orages , ce furent Don
Jacques de Cordelles , un
Colonel Palatin , le Major
du Regiment de Cantaril
Je un Major Palatin , &
Fevrier 1711.
N
146 MERCURE
un Capitaine d'Infanterie
du Regiment Italien de Fabre.
On leur envoya
de
noftre cofté Mrs le Comte
de Polaftron , de Cazalde ,
qui commande ordinairement
les Troupes Françoifes
à Rofes , & qui avoit
fuivi Mrle Duc de Noailles
au fiege , & le Major de
· la Couronne
.A quatre heurres
du foir le Comte de
Lecheraine , Maréchal de
Camp, apporta les Articles
de capitulation . Cet Officier
s'en retourna fur les
9 heures du foir , & revint
GALANT. 147
le lendemain 24. à deux
heures du matin. Aprés
une longue conference avec
Mr le Duc de Noailles,
tout fut conclu , & la capitulation
fut fignée le 25.
Auffi-toft nos Troupes
entrerent dans la Ville , &
dans le Fort du Calvaire ,
dans celuy du Chapitre , &
dans celuy de la Cité , &
l'on permit à la Garnifon
de fe retirer dans les Forts
du Conneftable
, de la Reine
Anne , & des Capucins ,
à condition qu'elle nous les
remet roit dans fix jours
Nij
148 MERCURE
fi elle n'eftoit pas fecourue.
La perte que les Ennemis
ont faite pendant le
fiege a été bien plus confiderable
que la noftre , puifqu'outre
deux cent prifonniers
que nous avons fait
fureux , ils ont eu plus de
400. hommes tuez ou blef
fez, fans y comprendre 250.
prifonniers avec un Lieutes
nant Colonel ,fept Officiers
d'un Regiment Napolitain
de Fabré , qui s'eftant approché
pour le jetter dans
la Ville , fut pourſuivi &
défait la nuit du 21. au 22,
l
GALANT. 149
**
par Mr le Comte d'Eſtaire,
Maréchal de Camp . De
noftre coſté le nombre des
morts & des bleffez ne va
pas સે 200. hommes dont
les plus confiderables font
pas
deux Capitaines.
Voicy les Articles de la
capitulation , tant pour la
Ville que pour les Forts qui
en dépendent .
I. Qu'on remettroit aux
Troupes de l'Armée de Mr
le Duc de Noailles le 25.au
matin , la Ville de Girone,
avec l'artillerie qui y eft ,
& les effets qui pourront fe
ウ
N iij
110 MERCURE
trouver dans les Magazins
de la Place , tant de guerre
que de bouche, dont il fera
fait Inventaire ledit jour
25. Janvier. Accordé.
all. Qu'on remettra pa
reillement les deux Redoutes
du Chapitre & de la
Ville , comme eftant fortifications
dépendantes de
ladite Ville. Accordé.
III. Que ledit jour 25.les
Troupes Efpagnoles & Palatines
fe retireront dans les
Forts du Conneftable , de
la Reine Anne , des Capucins
, & du Calvaire , à meGALANT.
151
fure que les Troupes de
l'Arme du Duc de Noail
les entreront ce qui fera à
huit heures du matin . Accordé.
*
IV. Que lefdites Troupes
demeureront dans lef
dits Forts jufqu'au 31. au
matin , aprés lequel jour ,
fi elles ne font pas fecourues
elles remettront lefdits
Forts aux conditions
qui s'enfuivent , entendant
par les fecours des forces
capables de venir combattre
ladite armée , & point
de Troupes qui pourroient
Niiij
152 MERCURE
s'introduire par fuprife
pour fortifier la garnifon
Accordé.
V. En attendant il y au
ra de
part &
d'autre
une
fufpention
d'armes
, & on
ne fera
aucune
démarche
qui
puiffe
tendre
à aucune
hoftilité
. Accordé
.
+
VI. Le 6. de ce mois au
matin , les équipages de la
Garnifon & la Cavalerie
Palatine confiftante en
cent cinquante Maiſtres j
avec leurs Officiers forti
ront & feront conduits.
jufqu'à Oftalrich & plus
GALANT, 153
loin s'ils le demandent.
VII Si dans les équipages
de la Garnifon & de la
Cavalerie Palatine , il fe
trouvoit des Mulets & des
Chevaux de Deferteurs , &
des prifes faités avant le
fiege ou pendant ledit fiege
, on ne pourra les reprendre
fous quelque prétexte
que l'on puiffe alle!
guer. Accordé
VIII. Si le 31 , au matin ,
comme il eft dit cy- deffus,
il n'eft point arrivé de fele
Comte de Tatcours
,
tenbach remettra au pou154
MERCURE
voir du Duc deNoailles fes
Forts qu'il doit occuper , a
fçavoir le Conneftable , la
Reine Anne, les Capucins
& le Calvaire , aux conditions
fuivantes. Accordé.
IX. Que la Garniſon
fortira avec toutes les marques
d'honneur , tambour
battant , Drapeaux déployez
, quatre pieces de
canon de fonte , fçavoir ,
deux du calibre de douze .
deux de fix , & deux mor.
tiers , au choix du Comte
de Tattenbach, Accordé.
X. Que chaque Soldar
*
GALANT. ∙155
fera muni de dix coups , &
autant pour chaque piece
d'artillerie. Accordé.
XI. Que l'on fournira
ales attelages pour tirer l'artillerie
mentionnée cydeffus
,
pour
par le chemin
le plus
court
à Barcelone
, & une
efcorte
fuffifante
pour
ladite
Garnifon
&
artillerie
. Et fup.
posé
que tous
les équipages
des
Troupes
n'ayent
pû
fortir
avec
ceux
du 26. on
fournira
les voitures
neceffaires
pour
les
tranfporter
.
Accordé
cet Article
en confideeftre
conduite
156 MERCURE
**
ration de la bonne défense de
ladite Garnifon.
XII. On fe rendra de
part & d'autre les prifone
niers qui fe font faits danis
les actions durant le fiege.
Accordé.
XIII. Que de part &
d'autre on ne pourra re
-prendre les Deferteurs ny
Soldats , ny commettre aucune
reprefaille , fous quelque
prétexte que ce puiffe
eltre. Accordé.
XIV. Que l'on accordera
douze chariots couverts-
31 jour de la fortie de la
le
GALANT. 17
Garnifon. Accordé.
XV. Que l'on donnera
à la Garnifon le jour du départ
pour cinq jours de
pain , fuivant l'eſtat qui en
fera remis. Accordé.
XVI. Qu'on donnera
au Gouverneur de la Place,
auffi -bien qu'au Major &
Aide- Major , l'efpace de
deux mois de temps pour
faire fortir leurs effets , ou
en difpofer , comme ils le
jugeront à propos , promettant
les paffeports qui
feront neceffaires. Accordé.
XVII. Qu'aucun Offi158
MERCURE
cier ne pourra eftre retenu
pour dettes en donnant
caution dans la Ville . Ac.
cordé.
XVIII . Que tous les Of
ficiers de la Veedorerie
Proveedorerie . & Tenedors
, & autres munis de
Patentes , auffi- bien que
ceux attachez aux Regis
ments qui compoſent ladite
Garnifon , Medecins ,
Chirurgiens , fortiront li
brement avec leurs familles
, comptes & effes , de
mefme que le Viguier , Juge
ordin ire , & les Affef
GALANT. 159
feurs , Gens d'artillerie &
des magazins . Accordé.
XIX . Que les emprunts
qui ont efté faits aupara
vant à raifon des Fortifications
, ou employez à d'autres
ufages , ne feront acquittez
que dans les fuites ,
fuivant la teneur des Contrats
paffez à cet effet. Accordé.
XX. Que la Garnifon
pourra laiffer dans la Place
un Directeur pour les malades
& bleffez à l'Hoſpi
tal , avec un Medecin , un
Chirurgien & un Officier
160 MERCURE
de chaque Regiment pour
en avoir foin.On leur fournira
aprés leur guerifon ce
qui leur fera neceffaire
pour les conduire juſqu'à
San Feliu de Quixols , où
ils feront embarquez fur
des Batteaux du lieu pour
eftre conduits à Barcelone.
Accordé
armes
XXI . Que les habitants
du païs qui ont efté forcez
à prendre les par or
dre du Comte de Tattenbach
, ne feront ny punis
ny recherch z . Accordé.
XXII Que les Voitures
GALANT. 161
& Mulets cenfez de la Vecdorerie
, & Proveedorerie
au nombre de quarante, ne
pourront eltre retenus
fortiront avec la Garnifon,
& les Conducteurs . Accordé.
&
XXIII. La Garnifon
ayant tout mis en ufage
pour refifter aux grandes
attaques qui leur ont efé
#
faites , on s'eft trouvé dans
la dure neceffité de contraindre
& molefter les habitants
de Girone à prendre
les armes , c'eft pourquoy
on demande qu'ils foient
Fevrier 1711.
O
162 MERCURE
compris dans cette capitulation
, pour n'eftre point
inquietez , ny recherchez
pour le paffé . Accordé.
XXIV. Que ladite Ville
de Girone , de meſme que
les Ecclefiaftiques
, joüiront
des privileges dont ils
ont joui fous les Rois d'Efpagne.
On ne peut abfolument s'engager
en general à tenir cet article
, mais onferadefon mieux
pour obtenir la grace que
demande , &
& Lon
L'on
peut s'en
·repofer fur la parole que j'en
-donne-
G
GALANT . 16 ;
XXV. On ne pourra les
obliger à porter les armes
hors de leurs murailles.Accordé.
XXVI . Que dans l'ef
pace de deux mois les habitans
qui voudront fe reti--
rer , pourront vendre les
effets qu'ils ont dans ladite
Ville , & fe retirer où bon
leur femblera . Accordé,
On eft convenu que l'on
indiquera les lieux où il y a
des mines , & qu'on les découvrira
de bonne foy.
Q ij
164 MERCURE
REMARQUES.
Girone eft une villeancienne
, connuë autrefois
fous le nom de Genande
mediocrement
ه ل ل ا
grande & de figuretrian:
gulaire, ayant une gran
de rue qui la traverfe
dans toute fa longueur:
Cette ville eft fituée fur
fa pente d'une colline ,
au bord d'une petite riviere
nommée Onhar
anciennement Onda, qui
GALANT. 165
fe jette tout prés de- la
dans le Ter ; ces deux rivieres
mefiant leurs eaux
ferventde foffé à la ville,
qui d'ailleurs eft aſſez
bien fortifiée .
Girone aeu l'honneur
de voir un Concile celebré
dans fon enceinte en
517. Elle eft le Siége d'un
Evefché fuffragant de
Tarragone , & d'une petite
Univerfité; fon Eglife
Cathedrale eft dediée
à Noftre-Dame.us
166 MERCURE
•
Cette ville a tousjours
efté fi confiderée, que du
temps des Rois d'Arragon
, leurs Amez prenoient
le titre de Comte
& de Prince de Girone.
Elle eſt capitale d'une
Viguerie de fort gran
de eftendue , qui paffe
pourlecanton le plus fertile
de la Catalogne , &
qui comprend
quantité
de belles villes , dont les
plus confiderables
font
Ampurias & Rafes.
GALANT. 167
Ptolomée & Pline parlent
de Girone comme
d'une ville fort ancienne,
& le Poëte Prudence
nous fait voir dans fon
Hymne 4. n. 29. que de
-tout temps cette ville a
efté fort petite.
Parva felicis decus exhibet
Artubus fanctis locuples
Gerunda.
Ce Poëte vouloit fans
doute parler de S. Felix ,
qui fuiant la perfecution
168 MERCURE
d'Afrique , vint fouffrir
le martyre à Girone l'an
304.
Girone eft à 7. lieuës
de la Mer Mediterranée
au Couchant , à huit de
la frontiere du Rouffillon
au Midi , & à 15. ou
16. de Barcelone au Sud-
Eſt. Dans le Fauxbourg
qui eft feparé de la ville
par un pont de pierre ,
les Efpagnols firent deux
demies Lunes dans le
tempsqu'ellefut affiegée
par
GALANT 169
par les François qui la
prirent en 1698. Elle fut
rendue la mefme année
aux Efpagnols par le
Traité de Paix conclu à
Rifvvick. Il n'y avoit
1
alors qu'un Chafteau
dans la ville , & trois
Forts fur les hauteurs
voifines; fçavoir , le Fort
Rouge, le Conneftable,
& le Fort des Capucins;
mais on en a fait depuis
plufieurs autres.
Le Ter dont les dé-
P/
Fevrier
1711.
170 MERCURE
bordemens ont fi fort in
commodé le dernier fiége
de Girone , s'appelloit
anciennement Sambroca.
Pline le nomme Ti
cer ; d'autres Tera ou Tictus
. Cette riviere prenant
fa fource dans les
monts Pirennées , entre
le mont Canigo & le col
de Nuria , coule d'abord
vers le Sud ou Eft , puis
vers le Sud-Eft , & enfin
tournant tout - à - coup
vers l'Orient, elle va paf-
•
GALANT.: 171
a
fer à Girone aprés avoir
arrosé Campredon , Roda
, & quelques autres
Villes , puis vafe décharger
dans la MerMediterranée
au deffous de Torella
36 M. le Duc de Duras a
apporté la confirmation
que
les Ennemis avoient
évacué les trois Forts qui
font fur les hauteurs deĜirone
,le 3. du paffé ſuivant
la Capitulation . Que M. le
Duc de Noailles avoit enfuite
fait remonter le long
*
Pij
172 MERCURE
du Ter une partie de fa Ca
valerie pour la faire ſubfifter
plus commodement ,
& referrer les troupes de
l'Archiduc
qui occupent
encore quelques Poftes
dans les Montagnes . Il a
auffi confirmé que M. de
Staremberg qui n'avoit
plus de communication
avecBarcelone faifoit fortifier
Solfonne , & que 200 .
Cavaliers commandez par
M. de Vallejo en avoient
furpris 600. Allemans qui
efcortoient des grains qu'ils
leurs ont enlevées avec
GALANT. 173
quelques Mulets & 6. Cavaliers
, les autres s'eftant
fauvez.
De
Sarragoffe ,
le z . Février.
Le Roy , la Reine, & te
Prince des Afturies , font arrivez
icy le 28 du paſſé,
On ne fçauroit exprimer la
joye que le Peuple fit paroiftre
à l'arrivée de leurs Majeftez
Catholiques , par des acclamations
des rejoйiſſances
qui ont duré plusieurs jours.
Mrs de Vallejo & de Bra-
Piij
74 MERCURE
samonte ont pourfuivi le General
Staremberg juſqu'au de
là de Cervera à dix lienes de
de Barcelone d'où ils ont dépéché
un Courrier qui a rapporté
qu'ils avoient fait un
grand nombre de Prifonniers,
& entr'autres un Regiment
Napolitain. Que la pluſpart
des Catalans paroiffent bien
intentionnez pour Philippe V.
leur Souverain Legitime
des Deferteurs les a-
ج و ن
que
voient affurez que le General
Staremberg ni aucun autre Officier
General n'avoit ofé entrer
dans Barcelone , de crainte
GALANT . 175
d'y augmenter le tumulte qui
s'y étoit élevé , depuis qu'on y
avoit appris la fauffeté des
nouvelles avantageufes que les
Partifans de l'Archiduc y avoient
répandues , & particu
lierement celle de la prétenduë
Victoire remportée à Villa Vi
ciofa , pour laquelle on avoit
fait chanter le Te Deum .
On a appris par des Lettres
interceptées , que leGeneral
Staremberg , en fe retirant de
Balaguer , avoit envoyé ordre
au Gouverneur qu'il y
avoit laiffé , d'enfure démokr
aupluftoft les fortifications,
Piiij
176 MERCURE
de l'aller joindre avec fa
Garnifon.
Voicy las traduction
de quelques Vers Efpagnols
qui ont eſté faits
fur lafuite dece General.
La Loy du Feu de Ccquemberg,
Eftque lefoueurquiperd
gagne,
Et que celuy qui gagne
perd.
Philippe contre Staremberg
Vient d'y perdre tout ext
腼
GALANT. 177
Espagne ,
Et c'est pour cela qu'il
Hottie pourfuit,
Staremberg vainqueur
qui s'enfuit.
Il y a des Lettres qui por
tent que les Miquelets qui
avoient fuivi le General
Staremberg, l'ont abandonné
, dés qu'ils ont appris la
reddition de Girone.
des Nouvelles.
Nouvelles d'Espagne.
Aprés la prise du Fort
Rouge, Mr leDuc deNoailles
jugea à propos de faire
dreffer les batteries contre.
la Ville dont il fe feroit
rendu maiſtre en peu de
pas furve-
•
jours s'il n'eftoit
134 MERCURE
nu des orages & des pluyes
qui continuerent pendant
cinq jours en fingrande a
bondance que toutes les
Rivieres fe deborderent fi
confiderablement que les
batteries furent fort endommagées
, & qu'il fut
impoffible de faire venir
des provifions au Camp
jufqu'à ce qu'on eut reftabli
les Ponts qui avoient
efté entraifncz, ce qui avoit
beaucoup fait fouffrir les
Troupes . Mais letems s'e
ftant remis au beau , il arriva
plufieurs convois , &
Lon
GALANT . 137
on travailla avec beaucoup
de diligence à reftablir les
batteries qui commencerent
à tirer le 14.jardo nex
La nuit du 19. au 20 , un
détachement de Grenadiers
fe logea fur la breche
de la courtine de fainte Lucie
, & le Mineur s'y eftant
attaché , il continua fon
travail avec beaucoup de
fuccez jufqu'à la nuit du
22. au 23. que Mr le Duc
de Noailles fit les difpofitions
neceffaires pour donner
l'affaut.
Mrs de Tournon , Ma-
Fevrier 1711 .
M
8 MERCURE
réchal de Camp, Siougeat,
Brigadier , & d'Alba Colonel
du Regiment d'Auvergne
, qui eftoient de
tranchée , devoient déboucher
auffi toft que la mine
auroit fait fon effet , avec
douze compagnies de Grenadiers
& autant de compagnies
de Piquer. Mr
d'Alba devoit en mefme
temps attaquer le Baſtion
de fainte Marie , avec qua
tre compagnies de Grena-
•diers , quatre de Piquet , &
deux cens Sapeurs . Mr le
Marquis de Güerchi , LieuGALANT
139
tenant General à la tefte de
tout le refte des Grenadiers,
avec Mrs de Caraffa , Maréchal
de Camp , Nifas
Brigadier , & de Milon ,
Colonel de Flandre , Mr le
Comte de Muret , Lieutenant
General , avec deux
mille Fufilliers; Mr le Marquis
de Caylus , Maréchal
de Camp , Mr le Chevalier
de Guiry , Brigadier ,
& Mr de Polaftron , Colodevoient
nel de - Forez
marcher enfuite pour foutenir
, & fe pofter dans tous
les endroits qu'il feroit à
Mij
140 MERCURE
Your
propos d'occuper.
Le fignal pour donner
l'affaut eftoit qu'à la pointe
du jour on tireroit deux
coups de canon de la batterie
qui eftoit prés la Tour
de S. Jean. On mit le feu là
la mine qui fit tout l'effet
qu'on en pouvoit efperer,
car elle ouvrit une grande
breche , & applanit le chemin
pour penetrer dans la
Ville. Il y avoit quinze
pieds à y defcendre du rempart.
Nos Soldats executerent
avec vigueur les ordres
qu'ils avoient reccu, & chaGALANT.
141
cun des Corps nommez
pour cette expedition entra
par l'endroit qui luy avoi
efté marqué. De ceux qui
-pafferent par la breche , los
uns occuperent l'Eglife &
le Couvent de S. Pierre de
Galligans anciens Beneditins
, & les autres courtrent
s'emparer de la Porte
dite de fainte Marie. Coml'on
me on s'apperçut que
ne faifoit pas grand feu de
l Tour de fainte Lucie ,
nos gens poufferent juf.
ques là , & lefcaladerent ,
s'en faifirent & tuerent un
142 MERCURE
6
Capitaine & fon Lieute
nant qu'ils y trouverent
avec plufieurs foldats. Ceux
¿qui mɔntèrent au Baſtion
de Sainte Marie , le firent
savec tant de bravoure
qu'ils culbuterent bientôt
tout ce qui fe preſenta à
eux ; ayant efté joints par
d'autres Troupes que leur
-amenoit Mr d'Alba pour
les foutenir
, ils entrerent
tous enfemble l'épée à la
main dans ce Baftion ; ceux
qui le deffendoient jugerent
alors qu'ils eftoient
entierement perdus , d'auGALANT.
043
tant plus qu'un autre corps
de Troupes des noftres gagnoit
déja la place de Saint
Pierre. Ils perdirent dans
cette affaire environ cent
hommes tuez , & cent cinquante
qu'on leur fit prifonniers
, fans qu'il nous
en couftaft qu'un Lieutenant
Suiffe , & environ
trente Soldats tuez ou blef.
fez. Les Affiegez voyant
que nos gens fe renfor
çoient , & craignant qu'ils
ne fe rendiffent maiftres de
toutes leurs coupures , leurs
Ponts eftantdéja rompus ,
144 MERCURE
ils arborerent far la Tour
de Gironelle l'Etendart du
Regiment de la Ville de
Barcelone , & firent de- là
battre la chamade. On leur
répondit de la Tour de S.
Jean où l'on fit élever le
Drapeau Colonel du Regiment
de Normandie. C'e
ftoit le fignal à nos gens de
s'arrefter.
Le feu ceffa de
part
& d'autre
, & nos Troupes
re- ftoient
dans
la Ville
, occupant
un Quartier
feparé
par
un Ruiffeau
, & l'Egli fe & Cimetiere
deS.Pierre
.
La
GALANT . 145
Le Colonel Don Jacques
de Cordelles qui eftoit de
Piquet , s'avanca pour parder
à Mr le Duc de Noailles
qui eftoit déja arrivé à la
Porte de fainte Marie , &
aprés un petit entretien , il
retourna joindre fes Troupes
, & Mr de Noailles fe
retira en fon Quartier. Les
Afliegez livrerent bientoft
aprés cinq de leurs Officiers
pour orages , ce furent Don
Jacques de Cordelles , un
Colonel Palatin , le Major
du Regiment de Cantaril
Je un Major Palatin , &
Fevrier 1711.
N
146 MERCURE
un Capitaine d'Infanterie
du Regiment Italien de Fabre.
On leur envoya
de
noftre cofté Mrs le Comte
de Polaftron , de Cazalde ,
qui commande ordinairement
les Troupes Françoifes
à Rofes , & qui avoit
fuivi Mrle Duc de Noailles
au fiege , & le Major de
· la Couronne
.A quatre heurres
du foir le Comte de
Lecheraine , Maréchal de
Camp, apporta les Articles
de capitulation . Cet Officier
s'en retourna fur les
9 heures du foir , & revint
GALANT. 147
le lendemain 24. à deux
heures du matin. Aprés
une longue conference avec
Mr le Duc de Noailles,
tout fut conclu , & la capitulation
fut fignée le 25.
Auffi-toft nos Troupes
entrerent dans la Ville , &
dans le Fort du Calvaire ,
dans celuy du Chapitre , &
dans celuy de la Cité , &
l'on permit à la Garnifon
de fe retirer dans les Forts
du Conneftable
, de la Reine
Anne , & des Capucins ,
à condition qu'elle nous les
remet roit dans fix jours
Nij
148 MERCURE
fi elle n'eftoit pas fecourue.
La perte que les Ennemis
ont faite pendant le
fiege a été bien plus confiderable
que la noftre , puifqu'outre
deux cent prifonniers
que nous avons fait
fureux , ils ont eu plus de
400. hommes tuez ou blef
fez, fans y comprendre 250.
prifonniers avec un Lieutes
nant Colonel ,fept Officiers
d'un Regiment Napolitain
de Fabré , qui s'eftant approché
pour le jetter dans
la Ville , fut pourſuivi &
défait la nuit du 21. au 22,
l
GALANT. 149
**
par Mr le Comte d'Eſtaire,
Maréchal de Camp . De
noftre coſté le nombre des
morts & des bleffez ne va
pas સે 200. hommes dont
les plus confiderables font
pas
deux Capitaines.
Voicy les Articles de la
capitulation , tant pour la
Ville que pour les Forts qui
en dépendent .
I. Qu'on remettroit aux
Troupes de l'Armée de Mr
le Duc de Noailles le 25.au
matin , la Ville de Girone,
avec l'artillerie qui y eft ,
& les effets qui pourront fe
ウ
N iij
110 MERCURE
trouver dans les Magazins
de la Place , tant de guerre
que de bouche, dont il fera
fait Inventaire ledit jour
25. Janvier. Accordé.
all. Qu'on remettra pa
reillement les deux Redoutes
du Chapitre & de la
Ville , comme eftant fortifications
dépendantes de
ladite Ville. Accordé.
III. Que ledit jour 25.les
Troupes Efpagnoles & Palatines
fe retireront dans les
Forts du Conneftable , de
la Reine Anne , des Capucins
, & du Calvaire , à meGALANT.
151
fure que les Troupes de
l'Arme du Duc de Noail
les entreront ce qui fera à
huit heures du matin . Accordé.
*
IV. Que lefdites Troupes
demeureront dans lef
dits Forts jufqu'au 31. au
matin , aprés lequel jour ,
fi elles ne font pas fecourues
elles remettront lefdits
Forts aux conditions
qui s'enfuivent , entendant
par les fecours des forces
capables de venir combattre
ladite armée , & point
de Troupes qui pourroient
Niiij
152 MERCURE
s'introduire par fuprife
pour fortifier la garnifon
Accordé.
V. En attendant il y au
ra de
part &
d'autre
une
fufpention
d'armes
, & on
ne fera
aucune
démarche
qui
puiffe
tendre
à aucune
hoftilité
. Accordé
.
+
VI. Le 6. de ce mois au
matin , les équipages de la
Garnifon & la Cavalerie
Palatine confiftante en
cent cinquante Maiſtres j
avec leurs Officiers forti
ront & feront conduits.
jufqu'à Oftalrich & plus
GALANT, 153
loin s'ils le demandent.
VII Si dans les équipages
de la Garnifon & de la
Cavalerie Palatine , il fe
trouvoit des Mulets & des
Chevaux de Deferteurs , &
des prifes faités avant le
fiege ou pendant ledit fiege
, on ne pourra les reprendre
fous quelque prétexte
que l'on puiffe alle!
guer. Accordé
VIII. Si le 31 , au matin ,
comme il eft dit cy- deffus,
il n'eft point arrivé de fele
Comte de Tatcours
,
tenbach remettra au pou154
MERCURE
voir du Duc deNoailles fes
Forts qu'il doit occuper , a
fçavoir le Conneftable , la
Reine Anne, les Capucins
& le Calvaire , aux conditions
fuivantes. Accordé.
IX. Que la Garniſon
fortira avec toutes les marques
d'honneur , tambour
battant , Drapeaux déployez
, quatre pieces de
canon de fonte , fçavoir ,
deux du calibre de douze .
deux de fix , & deux mor.
tiers , au choix du Comte
de Tattenbach, Accordé.
X. Que chaque Soldar
*
GALANT. ∙155
fera muni de dix coups , &
autant pour chaque piece
d'artillerie. Accordé.
XI. Que l'on fournira
ales attelages pour tirer l'artillerie
mentionnée cydeffus
,
pour
par le chemin
le plus
court
à Barcelone
, & une
efcorte
fuffifante
pour
ladite
Garnifon
&
artillerie
. Et fup.
posé
que tous
les équipages
des
Troupes
n'ayent
pû
fortir
avec
ceux
du 26. on
fournira
les voitures
neceffaires
pour
les
tranfporter
.
Accordé
cet Article
en confideeftre
conduite
156 MERCURE
**
ration de la bonne défense de
ladite Garnifon.
XII. On fe rendra de
part & d'autre les prifone
niers qui fe font faits danis
les actions durant le fiege.
Accordé.
XIII. Que de part &
d'autre on ne pourra re
-prendre les Deferteurs ny
Soldats , ny commettre aucune
reprefaille , fous quelque
prétexte que ce puiffe
eltre. Accordé.
XIV. Que l'on accordera
douze chariots couverts-
31 jour de la fortie de la
le
GALANT. 17
Garnifon. Accordé.
XV. Que l'on donnera
à la Garnifon le jour du départ
pour cinq jours de
pain , fuivant l'eſtat qui en
fera remis. Accordé.
XVI. Qu'on donnera
au Gouverneur de la Place,
auffi -bien qu'au Major &
Aide- Major , l'efpace de
deux mois de temps pour
faire fortir leurs effets , ou
en difpofer , comme ils le
jugeront à propos , promettant
les paffeports qui
feront neceffaires. Accordé.
XVII. Qu'aucun Offi158
MERCURE
cier ne pourra eftre retenu
pour dettes en donnant
caution dans la Ville . Ac.
cordé.
XVIII . Que tous les Of
ficiers de la Veedorerie
Proveedorerie . & Tenedors
, & autres munis de
Patentes , auffi- bien que
ceux attachez aux Regis
ments qui compoſent ladite
Garnifon , Medecins ,
Chirurgiens , fortiront li
brement avec leurs familles
, comptes & effes , de
mefme que le Viguier , Juge
ordin ire , & les Affef
GALANT. 159
feurs , Gens d'artillerie &
des magazins . Accordé.
XIX . Que les emprunts
qui ont efté faits aupara
vant à raifon des Fortifications
, ou employez à d'autres
ufages , ne feront acquittez
que dans les fuites ,
fuivant la teneur des Contrats
paffez à cet effet. Accordé.
XX. Que la Garnifon
pourra laiffer dans la Place
un Directeur pour les malades
& bleffez à l'Hoſpi
tal , avec un Medecin , un
Chirurgien & un Officier
160 MERCURE
de chaque Regiment pour
en avoir foin.On leur fournira
aprés leur guerifon ce
qui leur fera neceffaire
pour les conduire juſqu'à
San Feliu de Quixols , où
ils feront embarquez fur
des Batteaux du lieu pour
eftre conduits à Barcelone.
Accordé
armes
XXI . Que les habitants
du païs qui ont efté forcez
à prendre les par or
dre du Comte de Tattenbach
, ne feront ny punis
ny recherch z . Accordé.
XXII Que les Voitures
GALANT. 161
& Mulets cenfez de la Vecdorerie
, & Proveedorerie
au nombre de quarante, ne
pourront eltre retenus
fortiront avec la Garnifon,
& les Conducteurs . Accordé.
&
XXIII. La Garnifon
ayant tout mis en ufage
pour refifter aux grandes
attaques qui leur ont efé
#
faites , on s'eft trouvé dans
la dure neceffité de contraindre
& molefter les habitants
de Girone à prendre
les armes , c'eft pourquoy
on demande qu'ils foient
Fevrier 1711.
O
162 MERCURE
compris dans cette capitulation
, pour n'eftre point
inquietez , ny recherchez
pour le paffé . Accordé.
XXIV. Que ladite Ville
de Girone , de meſme que
les Ecclefiaftiques
, joüiront
des privileges dont ils
ont joui fous les Rois d'Efpagne.
On ne peut abfolument s'engager
en general à tenir cet article
, mais onferadefon mieux
pour obtenir la grace que
demande , &
& Lon
L'on
peut s'en
·repofer fur la parole que j'en
-donne-
G
GALANT . 16 ;
XXV. On ne pourra les
obliger à porter les armes
hors de leurs murailles.Accordé.
XXVI . Que dans l'ef
pace de deux mois les habitans
qui voudront fe reti--
rer , pourront vendre les
effets qu'ils ont dans ladite
Ville , & fe retirer où bon
leur femblera . Accordé,
On eft convenu que l'on
indiquera les lieux où il y a
des mines , & qu'on les découvrira
de bonne foy.
Q ij
164 MERCURE
REMARQUES.
Girone eft une villeancienne
, connuë autrefois
fous le nom de Genande
mediocrement
ه ل ل ا
grande & de figuretrian:
gulaire, ayant une gran
de rue qui la traverfe
dans toute fa longueur:
Cette ville eft fituée fur
fa pente d'une colline ,
au bord d'une petite riviere
nommée Onhar
anciennement Onda, qui
GALANT. 165
fe jette tout prés de- la
dans le Ter ; ces deux rivieres
mefiant leurs eaux
ferventde foffé à la ville,
qui d'ailleurs eft aſſez
bien fortifiée .
Girone aeu l'honneur
de voir un Concile celebré
dans fon enceinte en
517. Elle eft le Siége d'un
Evefché fuffragant de
Tarragone , & d'une petite
Univerfité; fon Eglife
Cathedrale eft dediée
à Noftre-Dame.us
166 MERCURE
•
Cette ville a tousjours
efté fi confiderée, que du
temps des Rois d'Arragon
, leurs Amez prenoient
le titre de Comte
& de Prince de Girone.
Elle eſt capitale d'une
Viguerie de fort gran
de eftendue , qui paffe
pourlecanton le plus fertile
de la Catalogne , &
qui comprend
quantité
de belles villes , dont les
plus confiderables
font
Ampurias & Rafes.
GALANT. 167
Ptolomée & Pline parlent
de Girone comme
d'une ville fort ancienne,
& le Poëte Prudence
nous fait voir dans fon
Hymne 4. n. 29. que de
-tout temps cette ville a
efté fort petite.
Parva felicis decus exhibet
Artubus fanctis locuples
Gerunda.
Ce Poëte vouloit fans
doute parler de S. Felix ,
qui fuiant la perfecution
168 MERCURE
d'Afrique , vint fouffrir
le martyre à Girone l'an
304.
Girone eft à 7. lieuës
de la Mer Mediterranée
au Couchant , à huit de
la frontiere du Rouffillon
au Midi , & à 15. ou
16. de Barcelone au Sud-
Eſt. Dans le Fauxbourg
qui eft feparé de la ville
par un pont de pierre ,
les Efpagnols firent deux
demies Lunes dans le
tempsqu'ellefut affiegée
par
GALANT 169
par les François qui la
prirent en 1698. Elle fut
rendue la mefme année
aux Efpagnols par le
Traité de Paix conclu à
Rifvvick. Il n'y avoit
1
alors qu'un Chafteau
dans la ville , & trois
Forts fur les hauteurs
voifines; fçavoir , le Fort
Rouge, le Conneftable,
& le Fort des Capucins;
mais on en a fait depuis
plufieurs autres.
Le Ter dont les dé-
P/
Fevrier
1711.
170 MERCURE
bordemens ont fi fort in
commodé le dernier fiége
de Girone , s'appelloit
anciennement Sambroca.
Pline le nomme Ti
cer ; d'autres Tera ou Tictus
. Cette riviere prenant
fa fource dans les
monts Pirennées , entre
le mont Canigo & le col
de Nuria , coule d'abord
vers le Sud ou Eft , puis
vers le Sud-Eft , & enfin
tournant tout - à - coup
vers l'Orient, elle va paf-
•
GALANT.: 171
a
fer à Girone aprés avoir
arrosé Campredon , Roda
, & quelques autres
Villes , puis vafe décharger
dans la MerMediterranée
au deffous de Torella
36 M. le Duc de Duras a
apporté la confirmation
que
les Ennemis avoient
évacué les trois Forts qui
font fur les hauteurs deĜirone
,le 3. du paffé ſuivant
la Capitulation . Que M. le
Duc de Noailles avoit enfuite
fait remonter le long
*
Pij
172 MERCURE
du Ter une partie de fa Ca
valerie pour la faire ſubfifter
plus commodement ,
& referrer les troupes de
l'Archiduc
qui occupent
encore quelques Poftes
dans les Montagnes . Il a
auffi confirmé que M. de
Staremberg qui n'avoit
plus de communication
avecBarcelone faifoit fortifier
Solfonne , & que 200 .
Cavaliers commandez par
M. de Vallejo en avoient
furpris 600. Allemans qui
efcortoient des grains qu'ils
leurs ont enlevées avec
GALANT. 173
quelques Mulets & 6. Cavaliers
, les autres s'eftant
fauvez.
De
Sarragoffe ,
le z . Février.
Le Roy , la Reine, & te
Prince des Afturies , font arrivez
icy le 28 du paſſé,
On ne fçauroit exprimer la
joye que le Peuple fit paroiftre
à l'arrivée de leurs Majeftez
Catholiques , par des acclamations
des rejoйiſſances
qui ont duré plusieurs jours.
Mrs de Vallejo & de Bra-
Piij
74 MERCURE
samonte ont pourfuivi le General
Staremberg juſqu'au de
là de Cervera à dix lienes de
de Barcelone d'où ils ont dépéché
un Courrier qui a rapporté
qu'ils avoient fait un
grand nombre de Prifonniers,
& entr'autres un Regiment
Napolitain. Que la pluſpart
des Catalans paroiffent bien
intentionnez pour Philippe V.
leur Souverain Legitime
des Deferteurs les a-
ج و ن
que
voient affurez que le General
Staremberg ni aucun autre Officier
General n'avoit ofé entrer
dans Barcelone , de crainte
GALANT . 175
d'y augmenter le tumulte qui
s'y étoit élevé , depuis qu'on y
avoit appris la fauffeté des
nouvelles avantageufes que les
Partifans de l'Archiduc y avoient
répandues , & particu
lierement celle de la prétenduë
Victoire remportée à Villa Vi
ciofa , pour laquelle on avoit
fait chanter le Te Deum .
On a appris par des Lettres
interceptées , que leGeneral
Staremberg , en fe retirant de
Balaguer , avoit envoyé ordre
au Gouverneur qu'il y
avoit laiffé , d'enfure démokr
aupluftoft les fortifications,
Piiij
176 MERCURE
de l'aller joindre avec fa
Garnifon.
Voicy las traduction
de quelques Vers Efpagnols
qui ont eſté faits
fur lafuite dece General.
La Loy du Feu de Ccquemberg,
Eftque lefoueurquiperd
gagne,
Et que celuy qui gagne
perd.
Philippe contre Staremberg
Vient d'y perdre tout ext
腼
GALANT. 177
Espagne ,
Et c'est pour cela qu'il
Hottie pourfuit,
Staremberg vainqueur
qui s'enfuit.
Il y a des Lettres qui por
tent que les Miquelets qui
avoient fuivi le General
Staremberg, l'ont abandonné
, dés qu'ils ont appris la
reddition de Girone.
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Résumé : Nouvelles d'Espagne.
Après la prise du Fort Rouge, le duc de Noailles décida de bombarder la ville de Girone. Des pluies intenses endommagèrent les batteries et perturbèrent l'approvisionnement du camp. Une fois le temps redevenu clément, les batteries furent réparées et les tirs reprirent le 14 février. Les grenadiers se logèrent sur une brèche et continuèrent leur travail jusqu'au 22 au 23 février, date à laquelle le duc de Noailles prépara l'assaut. Les troupes françaises attaquèrent la ville par différents points. Une mine explosa, ouvrant une grande brèche et facilitant l'entrée des soldats. Les troupes françaises occupèrent divers points stratégiques, et les défenseurs demandèrent une trêve. Le feu cessa des deux côtés, et les troupes françaises occupèrent un quartier séparé par un ruisseau. Le 24 février, la capitulation fut signée. Les troupes françaises entrèrent dans la ville et plusieurs forts. La garnison espagnole se retira dans d'autres forts, avec la condition de les remettre aux Français si elle n'était pas secourue dans les six jours. La perte ennemie fut plus importante que celle des Français, avec environ 400 hommes tués ou blessés et 250 prisonniers. Les articles de la capitulation incluaient la remise de la ville et de ses fortifications, la suspension des hostilités, et des dispositions pour le retrait de la garnison espagnole avec honneur. Les habitants de Girone furent également inclus dans la capitulation pour ne pas être inquiétés pour leur participation à la défense. Girone, située sur la pente d'une colline au bord de la rivière Onhar, est une ville fortifiée. Elle a accueilli un concile en 517 et est le siège d'un évêché suffragant de Tarragone et d'une petite université. Son église cathédrale est dédiée à Notre-Dame. La ville est la capitale d'une viguerie fertile comprenant des villes comme Ampurias et Rafes. Ptolémée, Pline et le poète Prudence mentionnent Girone comme une ville ancienne. En 1698, les Français ont assiégé et pris Girone, qui a été rendue aux Espagnols la même année par le traité de Ryswick. La ville comptait alors un château et trois forts sur les hauteurs voisines. En février 1711, le duc de Duras confirma l'évacuation des trois forts par les ennemis et les mouvements des troupes françaises et autrichiennes dans la région.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2419
p. 177-183
Nouvelles du Nord.
Début :
Le Grand-Seigneur a ordonné à tous les Bassas de [...]
Mots clefs :
Nord, Troupes, Seigneur, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles du Nord.
Nouvelles du Nord.
Le Grand - Seigneur a
ordonné à tous les Baffas
de fon Empire la levée des
Troupes , & de les faire
178 MERCURE
avancer vers Conftantinople
, & fes forces de mer
augmentent confiderablement
. L'on affure de plus
fieurs endroits de Pologne ,
que 20000. Turcs eftoient
arrivez à Bender ; que le
Roy de Suede avoit voulu
commencer les operations
de la guerre , mais que l'on
luy avoit reprefenté que
pour porter un coup plus
eertain , il falloit attendre
le Printemps .
1
Cependant le Czar as
voit donné les ordres pour
faire marcher fes Troupes.
GALANT . 179
Heftoit à Peterbourg le 7 .
de Janvier , & il devoit en
partir inceffamment pour
fe rendre à Mofcou , afin
d'eftre plus à portée pour
fe rendre plus promptement
où fa prefence feroit
neceffaire. Il craint pour
Afaf , parce qu'il conçoit
que c'est ce qui conviendroit
le mieux au Grand-
Seigneur.
Les Polonois font bien à
plaindre, de toutes parts ils
ne voyent qu'aby(mes de
malheurs , foit qu'ils fou
siennent le party du Roy
7
No MERCURE
Augufte , foit qu'ils embraffent
celuy du Roy Staniflaş
. Le party de ce der
nier qui eftoit abattu fe releve,
& groffit tous les jours
Il fe doit tenir une Conference
à Magdebourg entre
le Roy Augufte , l'Electeur
Brandebourg, & le Prin
ce de Mofcovie , fur l'em
barras des affaires prefende
tes.
L'Ambaffadeur d'Angleterre
qui eft à Conftantinople
a écrit à Vienne
que le Grand - Seigneur ef
toit dans la refolution d'ob
GALANT. 181
ferver exactement le Traité
de Carlovvits & la Paix
savec d'Empereur . Cette
- nouvelle y a réjoui la Cour
d'autant plus qu'il mande
que le Grand-Seigneur en-
2 voyera pour cela un Amballade
à l'Empereur: mais
il y a bien des gens qui
doutent de cet envoy difant
qu'au contraire qu'il
eft de la bonne politique de
7 fe mettre en eftat de deffenfe
fur les frontieres...
Il eft arrivé à la Haye un
Courrier du Roy Auguſte
à fon Envoyé Mr Gers2
MERCURE
t
dorf , pour déclarer aux
Miniftres des Alliez , qui
y font , qu'en cas qu'ils ne
veulent pas foutenir inceffamment
& fortement la
neutralité du Nord , il fera
-obligé de faire revenir les
Troupes Saxonnes qui font
dans les Pays- Bas , Sur cette
déclaration l'on a tenu des
Conferences , & l'on a affuré
My Gersdorf que l'on
donneroit inceffamment
les ordres pour faire marcher
les Troupes qui doivent
compofer l'armée qui
doit faire valoir cette neutralité.
GALANT. 183
Par le recenfement que
Pon a fait desJuifs deFrancfort
qui fe trouvent fans.
maifons & fans retraite ,
par l'incendie arrivé le 15.
de Janvier dernier , l'on a
trouvé qu'il y en a 24682 .
que les Chreftiens font o
bligez de loger. La perte
caufée par cet incendie eft
eftimée trente millions de
forins d'Allemagne , il y
a quantité de Lettres de
Change qui retournent à
protest.
Le Grand - Seigneur a
ordonné à tous les Baffas
de fon Empire la levée des
Troupes , & de les faire
178 MERCURE
avancer vers Conftantinople
, & fes forces de mer
augmentent confiderablement
. L'on affure de plus
fieurs endroits de Pologne ,
que 20000. Turcs eftoient
arrivez à Bender ; que le
Roy de Suede avoit voulu
commencer les operations
de la guerre , mais que l'on
luy avoit reprefenté que
pour porter un coup plus
eertain , il falloit attendre
le Printemps .
1
Cependant le Czar as
voit donné les ordres pour
faire marcher fes Troupes.
GALANT . 179
Heftoit à Peterbourg le 7 .
de Janvier , & il devoit en
partir inceffamment pour
fe rendre à Mofcou , afin
d'eftre plus à portée pour
fe rendre plus promptement
où fa prefence feroit
neceffaire. Il craint pour
Afaf , parce qu'il conçoit
que c'est ce qui conviendroit
le mieux au Grand-
Seigneur.
Les Polonois font bien à
plaindre, de toutes parts ils
ne voyent qu'aby(mes de
malheurs , foit qu'ils fou
siennent le party du Roy
7
No MERCURE
Augufte , foit qu'ils embraffent
celuy du Roy Staniflaş
. Le party de ce der
nier qui eftoit abattu fe releve,
& groffit tous les jours
Il fe doit tenir une Conference
à Magdebourg entre
le Roy Augufte , l'Electeur
Brandebourg, & le Prin
ce de Mofcovie , fur l'em
barras des affaires prefende
tes.
L'Ambaffadeur d'Angleterre
qui eft à Conftantinople
a écrit à Vienne
que le Grand - Seigneur ef
toit dans la refolution d'ob
GALANT. 181
ferver exactement le Traité
de Carlovvits & la Paix
savec d'Empereur . Cette
- nouvelle y a réjoui la Cour
d'autant plus qu'il mande
que le Grand-Seigneur en-
2 voyera pour cela un Amballade
à l'Empereur: mais
il y a bien des gens qui
doutent de cet envoy difant
qu'au contraire qu'il
eft de la bonne politique de
7 fe mettre en eftat de deffenfe
fur les frontieres...
Il eft arrivé à la Haye un
Courrier du Roy Auguſte
à fon Envoyé Mr Gers2
MERCURE
t
dorf , pour déclarer aux
Miniftres des Alliez , qui
y font , qu'en cas qu'ils ne
veulent pas foutenir inceffamment
& fortement la
neutralité du Nord , il fera
-obligé de faire revenir les
Troupes Saxonnes qui font
dans les Pays- Bas , Sur cette
déclaration l'on a tenu des
Conferences , & l'on a affuré
My Gersdorf que l'on
donneroit inceffamment
les ordres pour faire marcher
les Troupes qui doivent
compofer l'armée qui
doit faire valoir cette neutralité.
GALANT. 183
Par le recenfement que
Pon a fait desJuifs deFrancfort
qui fe trouvent fans.
maifons & fans retraite ,
par l'incendie arrivé le 15.
de Janvier dernier , l'on a
trouvé qu'il y en a 24682 .
que les Chreftiens font o
bligez de loger. La perte
caufée par cet incendie eft
eftimée trente millions de
forins d'Allemagne , il y
a quantité de Lettres de
Change qui retournent à
protest.
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Résumé : Nouvelles du Nord.
En 1789, des tensions politiques et militaires émergent en Europe et en Turquie. Le sultan ottoman mobilise ses troupes vers Constantinople et renforce sa flotte navale. En Pologne, 20 000 Turcs arrivent à Bender, tandis que le roi de Suède envisage des actions militaires, mais attend le printemps. Le tsar russe prépare ses troupes et se dirige vers Moscou. Les Polonais, qu'ils soutiennent Auguste ou Stanislas, font face à des difficultés. Une conférence est prévue à Magdebourg entre Auguste, l'Électeur de Brandebourg et le prince de Moscovie pour discuter des affaires en suspens. L'ambassadeur anglais à Constantinople informe Vienne que le sultan souhaite respecter le traité de Carlovitz et la paix avec l'Empereur, mais cette information est incertaine. À La Haye, Auguste menace de rappeler les troupes saxonnes des Pays-Bas si la neutralité du Nord n'est pas soutenue. Un recensement à Francfort révèle que 24 682 Juifs sont sans abri après un incendie le 15 janvier. Les chrétiens doivent les loger. Les pertes sont estimées à trente millions de forins, et de nombreuses lettres de change sont protestées.
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2420
p. 184-191
LETTRE de Dunkerque. GENEROSITÉ d'un jeune Amant.
Début :
Cleante fils aîné d'un riche Marchand de Dunquerque, estoit [...]
Mots clefs :
Amant, Dunkerque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Dunkerque. GENEROSITÉ d'un jeune Amant.
LETTRE
de Dunkerque.
GENEROSITÉ
d'un jeune Amant.
Cleante fils aîné d'un rithe
Marchand de Dunquerque
, eftoit devenu amoureux à
Paris de lajeune Mabille qui
navoit pas de bien. Son pere
luy écrivit plufieurs fois que
s'il ne revenoit , il feroit fon
cadet Dorillas heritier de tout
~fon bien . Cleante ne voulutjaGALANT.
185
mais quitter Mabille qu'il ne
l'euft épousée. Mais elle qui ne
vouloit point l'époufer que ce
pere n'y confentit , employoit à
Dunquerque desparens qu'elle
yavoit , pour tafcher de l´y refoudre,
cependant remettoit
Cleante de jour en jour ,
fans ofer luy faire connoiftre
qu'elle ne l'aimoit pas affez
pour l'épouser avec dix mille
écus , qui eftoit ce qu'il pouvoit
efperer du bien de fa mere que
fon pere ne pouvoit luy offer.
Pendant tous ces délais le pere
de Cleante meurt irrité contre
cet aifné , il donna en mourant
Février 1711 Q
186 MERCURE
a
tout au Cadet. Des queCleante
avoit fçu la maladie de fon pere
, il avoit pris la pofte. Mais
il arriva trop tard à Dunquerque
. Il n'y fut que huitjours
pourrendre les derniers de voirs.
fon pere ; enfuite ayantpris
en Lettres de Change les 30 .
mil livres qu'on n'avoit pu luy
ofter , ilrevint à Paris pour les
offrir à Mabille en arrivant
à fa porte , on luy dit qu'elle logeoit
dans une grande Maifon
qui eftoit dans la mefme rue
on ne luy dit rien autre chofe.
Il alla à cette maiſonfort
eſtonné d'un changement fi
a
GALANT 187
prompt , mais il fut bien plus
furpris encore , quand eſtant entré
dans cette porte qu'il trouva
ouverte, il vit Mabille en habit
doré , conduite par un homme
affez âgé qui luy aidoit à
monter dans un Car ffe tout
neuf.Il demanda à unLaquais
qui eftoit cet homme . On luy
repondit que c'eftoit Monfieur
qui menoit Madame difner en
famille , parce qu'il eftoit marié
depuis deux jours. Dorillas
penfa mourir de douleur. Il partit
des le lendemain pourDunquerque
. Il mitpar desespoirfes
dix mil écusfur un Vaiſſeau à
Q ij
188 MERCURE
la groffe avanture , & s'em
barqua dans le Vaiffeau. Il a
efté aſſez heureux pour gagner
en trois ans quatre cent mil livres.
Il revint l'Automne der
niere à Paris pour regler quel
ques affaires pourfon negoce. I
avoit tafché d'oublier Mabille,
mais fortant lejour de la Touf
faints du Sermon desF.fuites.
il futbienfurpris de voir Ma
bille en deueil , en affez mau .
vais équipage , & qui parroiffoit
fort afligée. Elle fut hon
teufe de le rencontrer , mais il´
voulutlaremener chez elle , ou
elle luy conta que l'hommeGALANT
. 189
d'affaire qu'elle avoit épousé
eftoit mort fort endetié , qu'il
ne luy reftoit qu'une Terre de
vingt mil écus ou environ ,fur
quoy elle avoit peine à vivre
avec deux enfans , parce qu'un
M.de..à qui elle devoit vingt
milfrancs , luy avoitfait fai-
~for cette Terre; elle verfa beaucoup
de larmes, & luy dit plu
fieurs raifons qui l'avoientfor
cé à ce mariage. Cleante enfut
fort attendri , &l'alla voir
pendant quinze jours fans luy
parler de rienzelle crut fesfeux
rallumez, & ne defefperoit pas
qu'il ne l'époufaftimais un ma190
MERCURE
tin elle le vit arriver àfa porté
avec une Chaife de pofte , il
entra dans fa Chambre , &
luy dit qu'il n'avoit resté quin
ze jours à Paris que pour degagerfa
Terre , & qu'il venoit
de payer vingt mil livres
à M.. dont la quitance & les
papiers eftoient dans unfac qu'il
mit fur la table de Mabille
aprés quoy il l'embraſſa , luy
difant qu'il ne vouloit pas qu'-
une perfonne qu'il avoit aimés,
fut tout-à -fait dans le befoin ,
qu'eftant perfuadé auffi qu'elle
ne l'avoit jamais aiméfincerement
, il nela verroit defa vie,
GALANT . 191
& ne fe marieroit jamais.
Mabille que tout cecy rendoit
immobile , n'euft pas la force
de répondre , & Cleante monta
en Chaife pour retourner à
Dunquerque. Mais en partant
il luy dit de bien obferver les
papiers qui eftoient dans lefac ,
& qu'elle y luft dans le moment
qu'ilferoit party uneLettre
qu'elley trouveroit. Mabille
refta feule les yeux en larmes
, prit lefac qu'elle trouva
fortpefant. Il y avoit dedans
&
mille Louis d'or
que
Cleante
avoit ainfi cachez , pour luy
efpargner la confufion de les
recevoir de luy.
de Dunkerque.
GENEROSITÉ
d'un jeune Amant.
Cleante fils aîné d'un rithe
Marchand de Dunquerque
, eftoit devenu amoureux à
Paris de lajeune Mabille qui
navoit pas de bien. Son pere
luy écrivit plufieurs fois que
s'il ne revenoit , il feroit fon
cadet Dorillas heritier de tout
~fon bien . Cleante ne voulutjaGALANT.
185
mais quitter Mabille qu'il ne
l'euft épousée. Mais elle qui ne
vouloit point l'époufer que ce
pere n'y confentit , employoit à
Dunquerque desparens qu'elle
yavoit , pour tafcher de l´y refoudre,
cependant remettoit
Cleante de jour en jour ,
fans ofer luy faire connoiftre
qu'elle ne l'aimoit pas affez
pour l'épouser avec dix mille
écus , qui eftoit ce qu'il pouvoit
efperer du bien de fa mere que
fon pere ne pouvoit luy offer.
Pendant tous ces délais le pere
de Cleante meurt irrité contre
cet aifné , il donna en mourant
Février 1711 Q
186 MERCURE
a
tout au Cadet. Des queCleante
avoit fçu la maladie de fon pere
, il avoit pris la pofte. Mais
il arriva trop tard à Dunquerque
. Il n'y fut que huitjours
pourrendre les derniers de voirs.
fon pere ; enfuite ayantpris
en Lettres de Change les 30 .
mil livres qu'on n'avoit pu luy
ofter , ilrevint à Paris pour les
offrir à Mabille en arrivant
à fa porte , on luy dit qu'elle logeoit
dans une grande Maifon
qui eftoit dans la mefme rue
on ne luy dit rien autre chofe.
Il alla à cette maiſonfort
eſtonné d'un changement fi
a
GALANT 187
prompt , mais il fut bien plus
furpris encore , quand eſtant entré
dans cette porte qu'il trouva
ouverte, il vit Mabille en habit
doré , conduite par un homme
affez âgé qui luy aidoit à
monter dans un Car ffe tout
neuf.Il demanda à unLaquais
qui eftoit cet homme . On luy
repondit que c'eftoit Monfieur
qui menoit Madame difner en
famille , parce qu'il eftoit marié
depuis deux jours. Dorillas
penfa mourir de douleur. Il partit
des le lendemain pourDunquerque
. Il mitpar desespoirfes
dix mil écusfur un Vaiſſeau à
Q ij
188 MERCURE
la groffe avanture , & s'em
barqua dans le Vaiffeau. Il a
efté aſſez heureux pour gagner
en trois ans quatre cent mil livres.
Il revint l'Automne der
niere à Paris pour regler quel
ques affaires pourfon negoce. I
avoit tafché d'oublier Mabille,
mais fortant lejour de la Touf
faints du Sermon desF.fuites.
il futbienfurpris de voir Ma
bille en deueil , en affez mau .
vais équipage , & qui parroiffoit
fort afligée. Elle fut hon
teufe de le rencontrer , mais il´
voulutlaremener chez elle , ou
elle luy conta que l'hommeGALANT
. 189
d'affaire qu'elle avoit épousé
eftoit mort fort endetié , qu'il
ne luy reftoit qu'une Terre de
vingt mil écus ou environ ,fur
quoy elle avoit peine à vivre
avec deux enfans , parce qu'un
M.de..à qui elle devoit vingt
milfrancs , luy avoitfait fai-
~for cette Terre; elle verfa beaucoup
de larmes, & luy dit plu
fieurs raifons qui l'avoientfor
cé à ce mariage. Cleante enfut
fort attendri , &l'alla voir
pendant quinze jours fans luy
parler de rienzelle crut fesfeux
rallumez, & ne defefperoit pas
qu'il ne l'époufaftimais un ma190
MERCURE
tin elle le vit arriver àfa porté
avec une Chaife de pofte , il
entra dans fa Chambre , &
luy dit qu'il n'avoit resté quin
ze jours à Paris que pour degagerfa
Terre , & qu'il venoit
de payer vingt mil livres
à M.. dont la quitance & les
papiers eftoient dans unfac qu'il
mit fur la table de Mabille
aprés quoy il l'embraſſa , luy
difant qu'il ne vouloit pas qu'-
une perfonne qu'il avoit aimés,
fut tout-à -fait dans le befoin ,
qu'eftant perfuadé auffi qu'elle
ne l'avoit jamais aiméfincerement
, il nela verroit defa vie,
GALANT . 191
& ne fe marieroit jamais.
Mabille que tout cecy rendoit
immobile , n'euft pas la force
de répondre , & Cleante monta
en Chaife pour retourner à
Dunquerque. Mais en partant
il luy dit de bien obferver les
papiers qui eftoient dans lefac ,
& qu'elle y luft dans le moment
qu'ilferoit party uneLettre
qu'elley trouveroit. Mabille
refta feule les yeux en larmes
, prit lefac qu'elle trouva
fortpefant. Il y avoit dedans
&
mille Louis d'or
que
Cleante
avoit ainfi cachez , pour luy
efpargner la confufion de les
recevoir de luy.
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Résumé : LETTRE de Dunkerque. GENEROSITÉ d'un jeune Amant.
La lettre relate l'histoire de Cleante, fils aîné d'un riche marchand de Dunkerque, et de son amour pour Mabille, une jeune femme sans fortune. Le père de Cleante menace de léguer son héritage à son cadet, Dorillas, si Cleante ne revient pas de Paris. Cleante refuse de quitter Mabille sans l'épouser, mais elle hésite à accepter sans le consentement du père. Pendant ces délais, le père de Cleante décède et laisse tout à Dorillas. Cleante, après avoir appris la maladie de son père, revient trop tard à Dunkerque. Il découvre ensuite que Mabille s'est mariée avec un homme plus âgé et est désormais riche. Déçu, Cleante investit dix mille écus dans un vaisseau et fait fortune en trois ans. De retour à Paris, il rencontre Mabille veuve et endettée. Touchée par sa situation, Cleante paie ses dettes et lui laisse mille Louis d'or avant de repartir pour Dunkerque, convaincu que Mabille ne l'avait jamais aimé sincèrement.
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2421
p. 192-193
ANONYMES. Le Limosin friand.
Début :
Quoyque les Limosins soient plus gourmands que friands, j'aime [...]
Mots clefs :
Friand, Gourmand, Mercure, Journal des savants
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texteReconnaissance textuelle : ANONYMES. Le Limosin friand.
ΑΝΟΝΥΜES .
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
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Résumé : ANONYMES. Le Limosin friand.
Un auteur anonyme critique le périodique 'Mercure' pour son manque de légèreté et de divertissement. Il compare cette situation à un repas sans fines herbes ni champignons. Il suggère que le 'Mercure' devrait plaire aux amateurs de lectures légères, contrairement aux 'Journaux des Sçavants' destinés aux lecteurs sérieux.
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2422
p. 194-195
REPONSE.
Début :
Monsieur l'Anonyme friand, vous ne serez pas content ce [...]
Mots clefs :
Anonyme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE.
REPONSE.
Monfieur
l'Anonyme
friand, vous ne ferez pas
content ce mois -cy , car
malheureufement
un
Recueil de Poefies qui
tient beaucoup de place,
m'a contraint de retrancherla
petite oye de mon
Mercure. Je garde toutes
les beatilles des Anonymes
& les miennes ,
pour le mois prochain
,
Vous n'aurez icy demoy
CALANT. 195
quequelquescouplets en
l'honneur du Caffé.
Monfieur
l'Anonyme
friand, vous ne ferez pas
content ce mois -cy , car
malheureufement
un
Recueil de Poefies qui
tient beaucoup de place,
m'a contraint de retrancherla
petite oye de mon
Mercure. Je garde toutes
les beatilles des Anonymes
& les miennes ,
pour le mois prochain
,
Vous n'aurez icy demoy
CALANT. 195
quequelquescouplets en
l'honneur du Caffé.
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2423
p. 195-204
CHANSON Sur le Caffé. Sur l'Air du Noël des Bourgeois de Chastres, & de Monthlery.
Début :
La Fable auroit dû faire [...]
Mots clefs :
Café, Cafetière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON Sur le Caffé. Sur l'Air du Noël des Bourgeois de Chastres, & de Monthlery.
CHANSON
Sur le
Caffér.
Sur l'Air du Noël des
Bourgeois de Chaftres,
& de
Monthlery .
La
Fable
auroit dù
faire
Une
Divinité
De l'efprit falutaire
Qu'on tire du Caffé.
Quand j'enfuis echauffe
Rij
496. MERCURE
Il me prend fantaisie
De placer ce Dieu-là
Lala,
Avec une Chanfon
Don don
Dans la Mythologie.
La divine Ambroifig
Que Jupin inventa,
Ce fut Feve choifie
Que Vulcain riffola ,
Memus la moulina
Pour rejouir la Troupe ,
Neptune l'inonda ,
GALANT. 197
La la ,
Enfin Ganimedon
Don don ,
La verfa dans la coupe's
Quoyque la Troupe
approuve
Ce jus & fon odeur , ^ \
Bachus jaloux y trouve }
Amertume noirceur ,
Il offre une liqueur
Douce , fraifche & vermeille
,
Mais on la refufa
R iij
198 MERCURE
Lala ,
Elle
endort la raifon ,
Don don ,
Le Cafféla réveille.
Quand la Troupe ce-
Lefte
Eut pris force Caffé ,
Ce qu'elle en eut de refte
Aux kumains fut donné
En nousfaifant un dọn
De ce grand specifique., .
Le Ciel nous delivra
Lala ,
BLIO
THE
LYON
GALANT.
Et de Monfieur Purgos
Don don ,
Et de fa trifte clique.
On sherche l'or pota
ble ,
VALLE
Faime mieux le Caffé,
Nef-ilpaspreferable
Puifqu'il est tout trouvé ?
D'un pauvre homme épuisé
Ilremplira les vuides ,
Son Alcalifera ,
Lala ',
Riiij
200 MERCURE
Des eftuis de Coton ,
Don don ,
Aux pointes des acides.
Philis , fans ce breuvage,
Auroit àfonreveil
Quelque vapeur fauvage,
Et le tein moins vermeil
S'il ofte le fommeil
A quelque femme éthi
que ,
En recompenfe il as
GALANT . 201
Lala ,
Pour la graffe Dondon ...
Don don ,
Vertu Soporifique
.
A l'efprit imbecile
Caffefert de fecond.
Autheur
le plus fterile
Par luy devientfecond
Par la vertu qu'il a ,
Redoublant
de memoire
,
-Un Pedant citera
Lala ,
Sans rime 5fans raifon
202 MERCURE
Don don ,
Et la Fable l'Hiftoire
Parle Caffé j'évite
L'ennuyeux compliment.
Vient-il une vifite ,
Fen offre promptement.
Un Sot en le fumant
Brille parfonfilence.
Un mot par cy par là ,
La la ,
a
Qu'ildit à un certain ton,
Don don ,
GALANT 203
Luy tient lieu d'eloquence
Sur cette Liqueur noire
&
La Cafetiere en main ;
Jepourrois àfa gloire
a
Chanter jusqu'à demams
Peut- eftre au mois prochain
Selon la reüffite
Des couplets que voilà ,
Lala
,
Et fur le mefme ton
204 MERCURE
Don don ,
Je donneray lafuite.
Sur le
Caffér.
Sur l'Air du Noël des
Bourgeois de Chaftres,
& de
Monthlery .
La
Fable
auroit dù
faire
Une
Divinité
De l'efprit falutaire
Qu'on tire du Caffé.
Quand j'enfuis echauffe
Rij
496. MERCURE
Il me prend fantaisie
De placer ce Dieu-là
Lala,
Avec une Chanfon
Don don
Dans la Mythologie.
La divine Ambroifig
Que Jupin inventa,
Ce fut Feve choifie
Que Vulcain riffola ,
Memus la moulina
Pour rejouir la Troupe ,
Neptune l'inonda ,
GALANT. 197
La la ,
Enfin Ganimedon
Don don ,
La verfa dans la coupe's
Quoyque la Troupe
approuve
Ce jus & fon odeur , ^ \
Bachus jaloux y trouve }
Amertume noirceur ,
Il offre une liqueur
Douce , fraifche & vermeille
,
Mais on la refufa
R iij
198 MERCURE
Lala ,
Elle
endort la raifon ,
Don don ,
Le Cafféla réveille.
Quand la Troupe ce-
Lefte
Eut pris force Caffé ,
Ce qu'elle en eut de refte
Aux kumains fut donné
En nousfaifant un dọn
De ce grand specifique., .
Le Ciel nous delivra
Lala ,
BLIO
THE
LYON
GALANT.
Et de Monfieur Purgos
Don don ,
Et de fa trifte clique.
On sherche l'or pota
ble ,
VALLE
Faime mieux le Caffé,
Nef-ilpaspreferable
Puifqu'il est tout trouvé ?
D'un pauvre homme épuisé
Ilremplira les vuides ,
Son Alcalifera ,
Lala ',
Riiij
200 MERCURE
Des eftuis de Coton ,
Don don ,
Aux pointes des acides.
Philis , fans ce breuvage,
Auroit àfonreveil
Quelque vapeur fauvage,
Et le tein moins vermeil
S'il ofte le fommeil
A quelque femme éthi
que ,
En recompenfe il as
GALANT . 201
Lala ,
Pour la graffe Dondon ...
Don don ,
Vertu Soporifique
.
A l'efprit imbecile
Caffefert de fecond.
Autheur
le plus fterile
Par luy devientfecond
Par la vertu qu'il a ,
Redoublant
de memoire
,
-Un Pedant citera
Lala ,
Sans rime 5fans raifon
202 MERCURE
Don don ,
Et la Fable l'Hiftoire
Parle Caffé j'évite
L'ennuyeux compliment.
Vient-il une vifite ,
Fen offre promptement.
Un Sot en le fumant
Brille parfonfilence.
Un mot par cy par là ,
La la ,
a
Qu'ildit à un certain ton,
Don don ,
GALANT 203
Luy tient lieu d'eloquence
Sur cette Liqueur noire
&
La Cafetiere en main ;
Jepourrois àfa gloire
a
Chanter jusqu'à demams
Peut- eftre au mois prochain
Selon la reüffite
Des couplets que voilà ,
Lala
,
Et fur le mefme ton
204 MERCURE
Don don ,
Je donneray lafuite.
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Résumé : CHANSON Sur le Caffé. Sur l'Air du Noël des Bourgeois de Chastres, & de Monthlery.
Le texte est une chanson sur le café, écrite sur l'air du 'Noël des Bourgeois de Chaftres et de Monthlery'. L'auteur suggère que le café pourrait être une divinité de l'esprit salutaire et imagine l'intégrer dans la mythologie. Contrairement au vin de Bacchus, le café ne nuit pas à la raison mais la réveille. La chanson décrit les bienfaits du café, soulignant sa capacité à remplir les vides d'un homme épuisé et à stimuler l'esprit. Elle met en avant que le café est préférable à la recherche de l'or potable et possède des vertus soporifiques et fécondantes pour l'esprit. La chanson se termine en mentionnant que le café évite les compliments ennuyeux et peut rendre un sot brillant par son silence. L'auteur exprime son intention de continuer à chanter les louanges du café dans des couplets futurs.
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2424
p. 204-211
Jugement d'un Duc de Normandie.
Début :
Dans le temps qu'on ne plaidoit point en Normandie, [...]
Mots clefs :
Duc de Normandie, Jugement, Moulin, Galant, Pommiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Jugement d'un Duc de Normandie.
Jugement d'un Duc de
Normandie
.
Dans le temps qu'on
ne plaidoitpoint en Normandie
, c'eft-à- dire , it
y a long- temps , un Duc.
de Normandie donnoit
Audience à la Gauloife.
fous un chefne : un ef
pece d'Avocat luy expofa
l'affaire qui fuit en
GALANT. 205
peu de mots , car en ce
tems- là les Avocats al
loient d'abord au fait.
Monfeigneur , dit celuy
- cy , voicy deux
hommes qui fe haïffent,
premierement
parce
qu'ils font freres , fecondement
parce qu'ils font
voifins.
L'un eft Meufnier
l'autre eft Fruitier , leur
pere leur a laiffé pour
tout heritage , à l'un un
champ planté de beaux
106 MERCURE
Pomiers à l'autre un
Moulin à vent qui eft
placé au bout du champ
de fon frere , & voicy le
fujet de leur querelle.
Tous les jours de grand
matin ils ſe rencontrent
fur une hauteur voifine,
où chacun d'eux va examiner
par la maniere
dont le Soleil fe leve , s'il
fera riche ou pauvre ,
c'eſt-à-dire quel temps il
ofera.Apspris
... La ils font des voeux
GALANT. 207
chacun felon fon inte
reft ; l'un prie le Ciel
d'eftre propice aux Pomiers
, l'autre le conjure
d'eftre favorable aux
Moulins: mais le Cielne
fçauroit les contenter
tous deux. Car ce qui
fait pour l'un fait contre
J'autre ; s'il s'elleve un
grand vent par exemple,
le Meufnier réjoui , s'écrie
beni ſoit le vent qui
fait tourner mon Moulin
maudit foit le vent
08 MERCURE
dit l'autre , il abbat tou
tes mes Pommes .
L'air eft-il doux &
tranquille , le Meunier
fe defefpere , & le Frui ·
tier fe réjouit enforte
que l'un des deux eſt
tousjours chagrin de fon
malheur , & jaloux du
bonheur de l'autre ; le
malheureux s'en prend
d'abord à fon Ciel , puis
il s'en prend à fon frere.
C'eft toy dit l'un , qui a
demandé du vent : c'eſt
toy
GALANT 209
toy dit l'autre, qui a prié
Dieu qu'il n'en vint
point. C'eft toy qui fais
Le
le beau temps , c'eft toy
qui nie ruine ; tu en as
menty. On s'injurie , cn
fe gourme , & voilà le
train .
Si vous ne mettez or
dre à cela Monſeigneur,
ces deux freres-la periront
, car ils fe battent
tous les jours qu'il fait
vent ; ils fe battent aufh
ous les jours qu'il n'en
Fevrier 1711 S
210 MERCURE
fait point , quand voulez
-vous qu'ils ayent la
paix.
Il faut mettre fin à
cette querelle-là , dit le
Duc ça , dites-moy
mes enfants , lequel produit
le plus du Moulin
ou des Pomiers: nous ne
fçaurions vous dire cela:
au juſte , répondit l'un
des freres , car nos heritages
nous rapportent ſelon
le vent qu'il fait .
Eh bien , continua le
GALANT . 21
Duc , j'ordonne que le
Meufnier aura moitié
dans le profit des Pomiers
, & que le Fruitier
aura moitié dans le profit
du Moulin ; afin que
quelque temps qu'il faffe,
ce que l'un perdra d'um
cofté , il le regagne de
l'autre.
Normandie
.
Dans le temps qu'on
ne plaidoitpoint en Normandie
, c'eft-à- dire , it
y a long- temps , un Duc.
de Normandie donnoit
Audience à la Gauloife.
fous un chefne : un ef
pece d'Avocat luy expofa
l'affaire qui fuit en
GALANT. 205
peu de mots , car en ce
tems- là les Avocats al
loient d'abord au fait.
Monfeigneur , dit celuy
- cy , voicy deux
hommes qui fe haïffent,
premierement
parce
qu'ils font freres , fecondement
parce qu'ils font
voifins.
L'un eft Meufnier
l'autre eft Fruitier , leur
pere leur a laiffé pour
tout heritage , à l'un un
champ planté de beaux
106 MERCURE
Pomiers à l'autre un
Moulin à vent qui eft
placé au bout du champ
de fon frere , & voicy le
fujet de leur querelle.
Tous les jours de grand
matin ils ſe rencontrent
fur une hauteur voifine,
où chacun d'eux va examiner
par la maniere
dont le Soleil fe leve , s'il
fera riche ou pauvre ,
c'eſt-à-dire quel temps il
ofera.Apspris
... La ils font des voeux
GALANT. 207
chacun felon fon inte
reft ; l'un prie le Ciel
d'eftre propice aux Pomiers
, l'autre le conjure
d'eftre favorable aux
Moulins: mais le Cielne
fçauroit les contenter
tous deux. Car ce qui
fait pour l'un fait contre
J'autre ; s'il s'elleve un
grand vent par exemple,
le Meufnier réjoui , s'écrie
beni ſoit le vent qui
fait tourner mon Moulin
maudit foit le vent
08 MERCURE
dit l'autre , il abbat tou
tes mes Pommes .
L'air eft-il doux &
tranquille , le Meunier
fe defefpere , & le Frui ·
tier fe réjouit enforte
que l'un des deux eſt
tousjours chagrin de fon
malheur , & jaloux du
bonheur de l'autre ; le
malheureux s'en prend
d'abord à fon Ciel , puis
il s'en prend à fon frere.
C'eft toy dit l'un , qui a
demandé du vent : c'eſt
toy
GALANT 209
toy dit l'autre, qui a prié
Dieu qu'il n'en vint
point. C'eft toy qui fais
Le
le beau temps , c'eft toy
qui nie ruine ; tu en as
menty. On s'injurie , cn
fe gourme , & voilà le
train .
Si vous ne mettez or
dre à cela Monſeigneur,
ces deux freres-la periront
, car ils fe battent
tous les jours qu'il fait
vent ; ils fe battent aufh
ous les jours qu'il n'en
Fevrier 1711 S
210 MERCURE
fait point , quand voulez
-vous qu'ils ayent la
paix.
Il faut mettre fin à
cette querelle-là , dit le
Duc ça , dites-moy
mes enfants , lequel produit
le plus du Moulin
ou des Pomiers: nous ne
fçaurions vous dire cela:
au juſte , répondit l'un
des freres , car nos heritages
nous rapportent ſelon
le vent qu'il fait .
Eh bien , continua le
GALANT . 21
Duc , j'ordonne que le
Meufnier aura moitié
dans le profit des Pomiers
, & que le Fruitier
aura moitié dans le profit
du Moulin ; afin que
quelque temps qu'il faffe,
ce que l'un perdra d'um
cofté , il le regagne de
l'autre.
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Résumé : Jugement d'un Duc de Normandie.
Le texte décrit un jugement rendu par un duc de Normandie à une époque où les procès n'étaient pas formels. Un avocat expose une querelle entre deux frères voisins et ennemis. Leur conflit découle de leurs héritages divergents : l'un possède un champ de pommiers, l'autre un moulin à vent situé au bout du champ de son frère. Le meunier souhaite du vent pour son moulin, tandis que le fruitier préfère un temps calme pour ses pommiers. Chaque frère accuse l'autre de provoquer des conditions météorologiques défavorables à ses intérêts. Le duc met fin à la querelle en ordonnant que le meunier partage les profits des pommiers et que le fruitier partage ceux du moulin. Ainsi, quel que soit le temps, les pertes de l'un seront compensées par les gains de l'autre.
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2425
p. 211-213
« Explication de l'Enigme, dont le mot est l'Estomac, / L'Estomac fait boüillir le pot [...] »
Début :
Explication de l'Enigme, dont le mot est l'Estomac, / L'Estomac fait boüillir le pot [...]
Mots clefs :
Estomac
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Explication de l'Enigme, dont le mot est l'Estomac, / L'Estomac fait boüillir le pot [...] »
ARTICLE
des Enigmes,
Explication de l'Enigme
, dont le mot eft
S ij
242 MERCURE
l'Eftomac, par la meſime
Dame'qui
a parodić celle
du mois precedent
..
L'Eftomac
fair bouillir
le
pot
Pour fes voisins. Il s'y
ruine.
Le palais , le gofer , luy
payent leur ecot ,
En travaillant pour la
cuifine ,
Et la poitrine eft fa voifine.
On confond l'Eftomac a
GALANT
. 265,
vec cette coquine
A qui trop parler nuit
fouvent s
Il l'entretient des fa jeuneſſes
(
De fonfexe elle a la foibleffe
,
Et quand
elle fait mal ,
S'est à luy qu'on
s'en
prend
des Enigmes,
Explication de l'Enigme
, dont le mot eft
S ij
242 MERCURE
l'Eftomac, par la meſime
Dame'qui
a parodić celle
du mois precedent
..
L'Eftomac
fair bouillir
le
pot
Pour fes voisins. Il s'y
ruine.
Le palais , le gofer , luy
payent leur ecot ,
En travaillant pour la
cuifine ,
Et la poitrine eft fa voifine.
On confond l'Eftomac a
GALANT
. 265,
vec cette coquine
A qui trop parler nuit
fouvent s
Il l'entretient des fa jeuneſſes
(
De fonfexe elle a la foibleffe
,
Et quand
elle fait mal ,
S'est à luy qu'on
s'en
prend
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Résumé : « Explication de l'Enigme, dont le mot est l'Estomac, / L'Estomac fait boüillir le pot [...] »
Le texte explique une énigme dont le mot est 'Estomac'. L'énigme est parodiée par la même dame que le mois précédent. L'Estomac fait bouillir le pot pour ses voisins, ce qui le ruine. Le palais et le gosier contribuent à la cuisine. L'Estomac est comparé à une personne à qui trop parler nuit. Il entretient cette personne de ses jeunesses et elle a la faiblesse d'un fonfexe. Lorsqu'elle fait mal, c'est à l'Estomac qu'on s'en prend.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2426
p. 213-214
Par M. Anceau.
Début :
Des voisins & de la voisine [...]
Mots clefs :
Estomac
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texteReconnaissance textuelle : Par M. Anceau.
Par M. Anceau.
Des voifins & de la
voifine
214 MERCURE
Voicy , je crois , tout le
micmac...
La jeuneſſe ſouvent fe
plaint de l'eftomac ,
La vieilleffe fouvent fe
plaint de la poitrine.
Des voifins & de la
voifine
214 MERCURE
Voicy , je crois , tout le
micmac...
La jeuneſſe ſouvent fe
plaint de l'eftomac ,
La vieilleffe fouvent fe
plaint de la poitrine.
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2427
p. 214-215
ENIGMES du mois.
Début :
Au mot de cette énigme on peut parler ainsi. [...]
Mots clefs :
Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGMES du mois.
ENIGMES
du mois.
Au mot de cette
énigme
on peut parler
ainfi
Impetueux
torrent
, qui
ccurs apres toy -mefme ,
GALANT . arg
.Et qui te fuis toy-mefine
auffi ,
Que tu me caufe de foucy.
C'eft ton rapide cours qui
fait l'amour extrême .
D'un Berger fidele €5
charmant :
Mais ton rapide cours
peut le rendre incon- ·
ftant.
du mois.
Au mot de cette
énigme
on peut parler
ainfi
Impetueux
torrent
, qui
ccurs apres toy -mefme ,
GALANT . arg
.Et qui te fuis toy-mefine
auffi ,
Que tu me caufe de foucy.
C'eft ton rapide cours qui
fait l'amour extrême .
D'un Berger fidele €5
charmant :
Mais ton rapide cours
peut le rendre incon- ·
ftant.
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2428
p. 215-216
AUTRE ENIGME.
Début :
J'agite les Vaisseaux & sur mer & sur terre. [...]
Mots clefs :
Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ENIGME.
AUTRE ENIGME.
agite les Vaiffeaux 5
jur mer & jur terre,
216 MERGURE
Je fuis trouble par le tonnerre
.
Jefais voler un Aigle a
vec rapidite ,
Et marcher la Tortue avec
tranquillité.
agite les Vaiffeaux 5
jur mer & jur terre,
216 MERGURE
Je fuis trouble par le tonnerre
.
Jefais voler un Aigle a
vec rapidite ,
Et marcher la Tortue avec
tranquillité.
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2429
p. 216
AUTRE ENIGME.
Début :
Sçachez que pour me faire on petrit nuit & jour. [...]
Mots clefs :
Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ENIGME.
AUTRE ENIGME .
Scachez que pour mefai
re on petrit nuit & jour.
Fagis avec efprit ,jefais
pourtant la befte ,
Et fijenefuispast amour
Ceft moyqui le mets dans
la tefte.
Scachez que pour mefai
re on petrit nuit & jour.
Fagis avec efprit ,jefais
pourtant la befte ,
Et fijenefuispast amour
Ceft moyqui le mets dans
la tefte.
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2430
p. 217-xi
AVANTURE du Carnaval dernier.
Début :
Plusieurs personnes d'une mesme famille s'estoient assemblées pour [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Carnaval, Cavalier, Mariage, Fidélité, Infidélité, Mère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVANTURE du Carnaval dernier.
AVANTURE
du Carnaval dernier.
Plufieurs
perfonnes
d'une mefme famille s'eftoient
affemblées pour
parler d'un mariage : la
fille dont il s'agilloit y
vint avec fa mere ; elle
eftoit habillée fort negligemment,
& cependant
elle fçavoit que le Cavalier
à qui on la deſtinoit
devoit venir fouper auffi
Fevrier 1711.
T
218 MERCURE
dans cette maiſon . On
s'eftonna de ce qu'elle ne
s'eftoit point parée , elle
dit pour les raifons qu'el
le s'eftoit rencontrée la
veille par hazard dans
une compagnie , ou cẹ
Cavalier n'avoit fait nulle
attention fur elle , &
elle qu'apparemment
n'eftoit point faite de ma
niere à luy donner de l'amour
, qu'elle taſcheroit
du moins de fe faire efti
mer de luy par fa modeCALANT.
219
ftie. On ne trouva pas
fa raifon autrement
bonne,
mais elle en avoitune
meilleure
qu'elle ne di
foit pas ; c'eftoit la perfonne
du monde qui
avoit le plus d'efprit &
de raifon , comme vous
le verrez dans la fuite,
Le Cavalier qu'on attendoit
, arriva ; c'eſtoit
un jeune homme trésaimable,
mais d'unefranchife
outrée. Il difoit tout
ce qu'il penfoit , mais il
Tij
210 MERCURE
ne difoit rien de mal à
propos , car il eſtoit tresgalant
homme , & avoit
beaucoup d'efprit, La
premiere chofe qu'il fit
en entrant ce fut de s'adreffer
à la mere , & de
luy dire qu'il venoit de
fon logis pour luy rendre
fes devoirs ; qu'il
n'avoit appris que lematin
le mariage où fon
pere vouloit l'engager.
Si j'avois fçu hier , ditil
, en faluant la fille
GALANT. 22zz I
que vous eftiez celle avec
qui je dois paffer ma
T
vie, je vouseufle prié de
me dire franchement ,
fi dans un mariage
que nos parents font
fimplement par intereſt
de famille , vous obéiffez
aufli volontiers à
voftre mere , que j'obeïs
à mon pere ; car fi cette
alliance vous faifoit la
- moindre peine , rien ne
pourroit m'y contraindre
; il faut parler fran-
T
iij
222 MERCURE
chement dans ces occa
fions. La mere prit aufſitoft
la parole , & protefta
au Cavalier que fa
fille luy obéiffoit de trésbon
coeur.Mais Mr continua-
t'elle , en le tirant
en particulier , je vous
prie deme dire avec votre
fincerité naturelle, fi
ma fille eft de voſtre
gouft . Je vois qu'on fert
le fouper , dit- il tout
haut , je m'expliqueray
au fruit , mettons- nous
GALANT. 223
&
ne
a table. On s'y mit , &
pendant tout le repas on
ne parla que de la fingularité
d'un mariage fi
brufquement réfolu La
fille ne difoit mot ,
regardoit que rarement
le Cavalier , quoyqu'elle
T'aima déja mais elle
avoit fon deffein.
Elle n'eftoit ny belle
ny laide , & mefme elle
avoit une de ces phifionomies
qui ne plaiſent
que lorsqu'on y eft ac-
Tij
224 MERCURE
couftumé. On fut longtemps
à table , le fruit
vint , les Valets furent
congediez , & la mere
fomma le Cavalier de
luy tenir parole . Il avoit
promis de parler franchement
, il le fit , &
avec toute la politeffe
imaginable il luy dit
que fon coeur n'eftoit
point touché pour la fille ,
mais il luy protefta qu'elle
pouvoit compter fur
tous les bons procedez
GALANT . 2: 5
quepourroit avoir le mary
le plus tendre. On .
plaiſanta
fort fur cette
nouvelle maniere de faire
une déclaration
d'amour
; enfin on fe fepara,
& la mere en retournant
chez eile , fit de
grands reproches à fa fille
, de ce qu'elle n'avoit
pas faitparoiftre le moindre
efprit à table. Je l'ay
fait exprés , luy dit la fille
, pour taſcher de me
-faire aimer..
226 MERCURE
La mère ne comprit
rien à ce Paradoxe, mais
cette prudente fille luy
expliquafibien le deffein
qu'elle avoit, que la mere
promit d'aider à l'executer
, c'eft ce que vous
allez voir dans la fuite.
Le lendemain le Ca-
, parce
valier rendit vifite àcelle
qu'il n'aimoit point &
qu'il eftimoit
qu'on l'avoit affuréqu'elle
eftoit eſtimable: Aprés
quelques moments de fi
GALANT. 227
lence , elle luy dit d'un
air à ne luy pas donner
grande idée de fon efprit,
que ne contant point ſur
fa tendreffe , elle luy demandoit
au moins une
preuve exceffive de fon
eftime ; c'eſtoit qu'il la
fit fa confidente , en cas
que dans la fuite il eut
de l'inclination pour
quelqué autre.Cette propofition
lui parut ridicule
& leconfirma dans l'opinion
que fa Maiſtreffe
228 MERCURE
"
eftoit un trés-petit genie
Il luy répondit qu'il ne
fe croyoit pas d'un caratere
a devenir fort fenfible
, mais qu'en cas
qu'il le devint jamais , il
fçauroit eftouffer une
paſſion par raiſon , & fe
la cacher à luy - meſme
pluftoft que d'en faire
confidence à fa femme.
Elle luy dit qu'elle vouloit
dans fon coeur au
moins la place d'un
bon amy . Ils eurent l'àGALANT.
229
deffus une longue conteftation.
Il refufoit tousjours
de luy promettre
une confidence fi extravagante
; mais elle le
preffa tant , qu'enfin il
luy promit ce qu'elle .
ſouhaittoit , & ce qu'il
avoit une fois promis ,
il le tenoit. Il la quitta
aprés luy avoir dit par
maniere deconverſation :
qu'il iroit ce foir-là au
bal , & qu'il y alloit
prefquc tous les jours.
230 MERCURE
Elle luy dit que pourelle
elle haiffoit le bal , parce
qu'elle ne fçavoit pas af
fez bien danfer.
Dés qu'il fut partielle
envoya chercher un habit
deSultanne, fçachant
qu'il devoit courir ce
foir-là en habit de Ba- ,
cha , & elle avoit niedité
de le fuivre dans tous
les bals où il iroit.
Avec la plus noble &
la plus fine taille du
monde , elle avoit touGALANT.
231
tes les
graces du gefte
,
& danfoit à ravir ; elle
avoit la gorge , le tour
duvifage & les yeux d'une
beauté parfaite , enforte
qu'avec un tréspetit
mafque dont les
yeux eftoient fort ouverts
, c'eftoit la plus
charmante
perfonne
qu'on put voir. Dés
qu'elle parut au bal, elle
yattira
les yeux de tout
lemonde, & fonBacha en
fut ébloui comme les au232
MERCURE
tres . On la prit d'abord
à danfer , elle acheva de
charmer toute l'Affemblée
, & prit pour danfer
le Bacha qui s'avançoit
plus que les autres
pour l'admirer. Aprés
qu'ils eurent danſé enfemble
, ils fe prirent de
converfation . Le Bacha
qui avoitbeaucoup d'ef
prit , fut eftonné de fes
reparties brillantes` , du
tour & de la jufteffe de
fes penfées . Il n'avoit gar
de
GALANT . 233
de de la reconnoiftre. Ilne
l'avoit encore vue ,
comme nous l'avons dit ,
que dans un negligé qui
luy avoit caché fa taille
& fon air. Elle avoit
tousjours affecté une
indolence prefque ébetée
, dont elle avoit voilé
la vivacité de fon efil
comprit.
En un mot ,
mença à l'aimer plus
qu'il ne penfoit , & fe
crut heureux d'appren
dre feulement d'elle ,
Fevrier 1711. V
234 MERCURE
qu'elle devoit courir encore
le bal la nuit fuivantedans
le mefme habit.
Le
lendemain aprés
midy il alla chez elle , il
la trouva
beaucoup plus:
negligée , & auffi indolente
qu'à l'ordinaire
mais dans les chofes,
qu'elle luy difoit , elle .
marquoit
une raiſon fi
folide , un fi bon caractere
d'efprit , & une douceur
fi aimable , qu'ilfe
GALANT. 235
.
confoloit prefque de ne
pas trouver en elle , le
brillant & les charmes
de la Sultanne. Il eftoit
pourtant extrêmement
agité, & il avoit de temps
entemps des diſtractions
qui la charmerent
. Elle
vit bien qu'il eftoit pris..
Ils ne manquerent
pas
de fe rejoindre le foir au
bal , ou une converfation
encor plus vive que celle
de la nuit precedente
,
augmenta fon amour de
V ij ·
236 MERCURE
moitié. Cependant les
réflexions qu'il faifoit
für fon mariage prirent
le deffus , & par un ef
fort de raiſon , il voulut
quitter brufquement la
Sultane. Quoy vous me
fuyez , luy dit-elle d'un
air à le rendre amoureux
s'il ne l'eut pas efté . Il retomba
fur le fiege d'où
il s'eftoit levé , & ne
-put répondre un feul
mot. Je vois bien , luy
dit - elle , que j'ay be
GALANT . 237
foin de tous mes charmes
pour vous arreſter .
Je vais donc me démafquer.
Ah , n'en faites
rien , s'écria-t'il , par un
fecond effort de raiſon ;
que deviendrois-je. H
craignit en effet de s'engager
davantage, & la
quitta dans le moment .
C'eſt peut-eftre la premiere
fois qu'une Maiftreffe
ait efté charmée
devoir fon Amant vaincre
lapaffion qu'il a pour
238 MERCURE
elle . La Sultane voyant
fuir fon Bacha , fut auſſi
contente de faraifon que
de fon amour .
Comme la fincerité
eftoit le caractere dominant
de ce Cavalier
il refolut d'ouvrir fon .
coeur à celle qu'il regardoit
déja comme ſon amie
, & de plus il avoit
promis , il n'avoit garde
d'y manquer. Des qu'il
put luy parler , il luy fit
voir le fondde foncoeur.
GALANT . 239
Elle feignit feulement
autant de jaloufie qu'il
fallait pour luy faire fen
tir qu'elle l'aimoit , &
luy montra enfuite tant
de douceur , & tant de
confiance en la fidelité
qu'il ſe haïfſoit luy-mefme
en ce moment d'avoir
efté capable de luy
faire une demi infidelité.
Elle tâchoit de le confoler,
en louant la conftance
qu'il avoit eu en refufant
de voir la Sultane
240 MERCURE
démafquée , mais elle
luy confeilla pourtant
de la voir s'il pouvoit
s
car , luy difoit-elle, c'eft
le feul moyen de vous
guerir : fans doute elle
eft moins belle fous le
mafque qu'elle ne l'eſt
dans voftre imagination
,
& fi par bonheur pour
vous , elle n'avoit nulle
beauté , vous oubliriez
bientoft fonefprit. Non,
non , luy repliqua-t'il ,
le plus feur eft de l'éviter
,
*
GALANT. ' j
ter, & je vais prier mon
pere de differer noſtre
mariage ; je vous eftime
trop pour me donner
à
vous dans l'eftat où je
fuis . Je veux aller pour
quelques jours à la campagne
ou je diffiperay à
coup leur cette idée.
Non , luy dit-elle , non ,
je vous aideray mieux
que perſonne a oublier
les charmes de la Sultane
, & j'ay tousjours en
tefte que le feul moyen
Fevrier
1711 . a
jj MERCURE
de guerir la paffion que
vous avez pour elle, c'eſt
de vous la taire voir fans
mafque , car quelqu'un
qui la connoift m'en par
la hier. On m'a dit
qu'aux yeux prés , elle
eft d'une laideur à dégouſter
de la taille & de
fon efprit.
Noftre Amant inſiſta
tousjours pour s'abſenter
, mais le pere qui fut
inftruit de tout ce qui s'e
ftoit paffé , força fon fils
GALANT. iij
a terminer dés le lendemain
..
On figna le Contrat ;
on futà l'Eglife , & l'on
revintfouper. Une Mafcarade
avec des violons ,
vint juftement comme
on fortoit de table. La
nouvelle Epoufe qui avoit
feint de fe trouver
mal en foupant , pria for
Epoux de faire les honneurs
de la Mafcarade
pendant
qu'elle iroit ſe
repofer. Elle difparut
,
a ij
iv
MERGURE
& fit une telle
diligence
à reprendre ſon
déguiſement,
qu'ellerentra
dans
la fale où l'on dançoit ,
avec une autre troupe de
Mafques qui parut fuivre
de prés la premiere.
C'eftoit
quelques amis
qu'on avoit priez de venir
danfer pour faciliter
le
dénouement de tout
сесу.
Dés que noftre Epoux
fidele apperçût celle qu'il
craignoit
tant , il voulut
GALANT. V
fuir , mais la mere le retint
, & luy dit qu'elle
avoit exprés fait prier
cette Sultanne qui eftoit
dans un bal du voifinage,
de venirdanfer
chez
ma
elle avec la troupe ;
fille continua
- t'elle
veut abfolument
vous
guérir l'efprit en la faifant
démafquer
, car elle
eft, dit-on, d'une laideur
à furprendre
. Ah ! quand
elle auroit le vifage af
freux , s'écria t'il , elle ne
a iij
wj MERGURE
me guérira point par-la
d'une maudite paffion
que tant d'autres charmes
ont fait naiftre. Je
me la fuis desja
reprefentée
plus hideufe qu'el
le ne peut eftre , & je
n'en fuis pas plus tranquille
.. Ah Madame y
pourquay m'arreftez-
Vousicy .
Pendant qu'il parloit
ainfi , la Sultanne animée
par cette Scene qu'elle
voyoit , redoubloit de
GALANT. vij
vivacité dans fon air &
dans fa danfe . Il détournoit
ſa vûë d'un objet fi
dangereux , mais elle
vint , tout en danfant
paffer malignement ſi
prés de luy , qu'il oublia,
en la voyant , fa raiſon ,
fon devoir , & la prefence
de fa belle-mere ; enfin
la Sultane , en luy
prenant la main , acheva
de le troubler ; il ne fe
poffedoit plus. Sa bellemere
le prit par def
vil MERCURE
fous le bras ; il fe laiffa
ainfi conduire dans un
cabinet , fans fçavoir of
il alloit , & la mere s'y
enferma avec eux.
La Sultane fit alors un
grand foupir , & le faifoit
naturellement , cap
elle craignoit de perdre
en fe démafquant , le
plaifir de voir fonEpoux
fi tendre. Elle l'aimoit
autant qu'il aimoit la
Sultane , fes regards languiffans
fe confondoient
GALANT. ix
avec ceux de cetAmant,
qui ne gardoit plus de
mefures. Ils fe regarderent
quelque temps fans
rien dire , pendant que
la mere tafchoit de donner
à fon Gendre l'idée
de la plus affreuſe laideur
, afin que par ce
contraſte, fa fille démafquée
luy paruft plus aimable,
La tendre Epou-
Le profita le plus longtemps
qu'elle putde l'erreur
de fon Epoux . Elle
MERCURE
ne pouvoit fe refoudre à
finir cette fcene : mais
enfin la mere ofta le
ma que de fa fille.
L'effet étonnant
que
cette furpriſe fit fur nofire
Amant Epoux , eſt
une de ces chofes qu'on
ne peut dépeindre
fans
en diminuer
la force.
Que chacun s'imagine
la
fituation
d'un parfaite
ment honnefte homme
cruellement
agité entre
L'amour
& le devoir
,
GALANT. *
qui eftime infiniment une
perfonne qui en aime
paſſionnement une autre
, & qui trouve tout
réuni dans un feul objet.
A l'égard de la femme
quel charme pour elle ,
d'avoir ſçû faire en fi
peu de temps, un Epoux
paffionné , d'un Amant
indifferent.
du Carnaval dernier.
Plufieurs
perfonnes
d'une mefme famille s'eftoient
affemblées pour
parler d'un mariage : la
fille dont il s'agilloit y
vint avec fa mere ; elle
eftoit habillée fort negligemment,
& cependant
elle fçavoit que le Cavalier
à qui on la deſtinoit
devoit venir fouper auffi
Fevrier 1711.
T
218 MERCURE
dans cette maiſon . On
s'eftonna de ce qu'elle ne
s'eftoit point parée , elle
dit pour les raifons qu'el
le s'eftoit rencontrée la
veille par hazard dans
une compagnie , ou cẹ
Cavalier n'avoit fait nulle
attention fur elle , &
elle qu'apparemment
n'eftoit point faite de ma
niere à luy donner de l'amour
, qu'elle taſcheroit
du moins de fe faire efti
mer de luy par fa modeCALANT.
219
ftie. On ne trouva pas
fa raifon autrement
bonne,
mais elle en avoitune
meilleure
qu'elle ne di
foit pas ; c'eftoit la perfonne
du monde qui
avoit le plus d'efprit &
de raifon , comme vous
le verrez dans la fuite,
Le Cavalier qu'on attendoit
, arriva ; c'eſtoit
un jeune homme trésaimable,
mais d'unefranchife
outrée. Il difoit tout
ce qu'il penfoit , mais il
Tij
210 MERCURE
ne difoit rien de mal à
propos , car il eſtoit tresgalant
homme , & avoit
beaucoup d'efprit, La
premiere chofe qu'il fit
en entrant ce fut de s'adreffer
à la mere , & de
luy dire qu'il venoit de
fon logis pour luy rendre
fes devoirs ; qu'il
n'avoit appris que lematin
le mariage où fon
pere vouloit l'engager.
Si j'avois fçu hier , ditil
, en faluant la fille
GALANT. 22zz I
que vous eftiez celle avec
qui je dois paffer ma
T
vie, je vouseufle prié de
me dire franchement ,
fi dans un mariage
que nos parents font
fimplement par intereſt
de famille , vous obéiffez
aufli volontiers à
voftre mere , que j'obeïs
à mon pere ; car fi cette
alliance vous faifoit la
- moindre peine , rien ne
pourroit m'y contraindre
; il faut parler fran-
T
iij
222 MERCURE
chement dans ces occa
fions. La mere prit aufſitoft
la parole , & protefta
au Cavalier que fa
fille luy obéiffoit de trésbon
coeur.Mais Mr continua-
t'elle , en le tirant
en particulier , je vous
prie deme dire avec votre
fincerité naturelle, fi
ma fille eft de voſtre
gouft . Je vois qu'on fert
le fouper , dit- il tout
haut , je m'expliqueray
au fruit , mettons- nous
GALANT. 223
&
ne
a table. On s'y mit , &
pendant tout le repas on
ne parla que de la fingularité
d'un mariage fi
brufquement réfolu La
fille ne difoit mot ,
regardoit que rarement
le Cavalier , quoyqu'elle
T'aima déja mais elle
avoit fon deffein.
Elle n'eftoit ny belle
ny laide , & mefme elle
avoit une de ces phifionomies
qui ne plaiſent
que lorsqu'on y eft ac-
Tij
224 MERCURE
couftumé. On fut longtemps
à table , le fruit
vint , les Valets furent
congediez , & la mere
fomma le Cavalier de
luy tenir parole . Il avoit
promis de parler franchement
, il le fit , &
avec toute la politeffe
imaginable il luy dit
que fon coeur n'eftoit
point touché pour la fille ,
mais il luy protefta qu'elle
pouvoit compter fur
tous les bons procedez
GALANT . 2: 5
quepourroit avoir le mary
le plus tendre. On .
plaiſanta
fort fur cette
nouvelle maniere de faire
une déclaration
d'amour
; enfin on fe fepara,
& la mere en retournant
chez eile , fit de
grands reproches à fa fille
, de ce qu'elle n'avoit
pas faitparoiftre le moindre
efprit à table. Je l'ay
fait exprés , luy dit la fille
, pour taſcher de me
-faire aimer..
226 MERCURE
La mère ne comprit
rien à ce Paradoxe, mais
cette prudente fille luy
expliquafibien le deffein
qu'elle avoit, que la mere
promit d'aider à l'executer
, c'eft ce que vous
allez voir dans la fuite.
Le lendemain le Ca-
, parce
valier rendit vifite àcelle
qu'il n'aimoit point &
qu'il eftimoit
qu'on l'avoit affuréqu'elle
eftoit eſtimable: Aprés
quelques moments de fi
GALANT. 227
lence , elle luy dit d'un
air à ne luy pas donner
grande idée de fon efprit,
que ne contant point ſur
fa tendreffe , elle luy demandoit
au moins une
preuve exceffive de fon
eftime ; c'eſtoit qu'il la
fit fa confidente , en cas
que dans la fuite il eut
de l'inclination pour
quelqué autre.Cette propofition
lui parut ridicule
& leconfirma dans l'opinion
que fa Maiſtreffe
228 MERCURE
"
eftoit un trés-petit genie
Il luy répondit qu'il ne
fe croyoit pas d'un caratere
a devenir fort fenfible
, mais qu'en cas
qu'il le devint jamais , il
fçauroit eftouffer une
paſſion par raiſon , & fe
la cacher à luy - meſme
pluftoft que d'en faire
confidence à fa femme.
Elle luy dit qu'elle vouloit
dans fon coeur au
moins la place d'un
bon amy . Ils eurent l'àGALANT.
229
deffus une longue conteftation.
Il refufoit tousjours
de luy promettre
une confidence fi extravagante
; mais elle le
preffa tant , qu'enfin il
luy promit ce qu'elle .
ſouhaittoit , & ce qu'il
avoit une fois promis ,
il le tenoit. Il la quitta
aprés luy avoir dit par
maniere deconverſation :
qu'il iroit ce foir-là au
bal , & qu'il y alloit
prefquc tous les jours.
230 MERCURE
Elle luy dit que pourelle
elle haiffoit le bal , parce
qu'elle ne fçavoit pas af
fez bien danfer.
Dés qu'il fut partielle
envoya chercher un habit
deSultanne, fçachant
qu'il devoit courir ce
foir-là en habit de Ba- ,
cha , & elle avoit niedité
de le fuivre dans tous
les bals où il iroit.
Avec la plus noble &
la plus fine taille du
monde , elle avoit touGALANT.
231
tes les
graces du gefte
,
& danfoit à ravir ; elle
avoit la gorge , le tour
duvifage & les yeux d'une
beauté parfaite , enforte
qu'avec un tréspetit
mafque dont les
yeux eftoient fort ouverts
, c'eftoit la plus
charmante
perfonne
qu'on put voir. Dés
qu'elle parut au bal, elle
yattira
les yeux de tout
lemonde, & fonBacha en
fut ébloui comme les au232
MERCURE
tres . On la prit d'abord
à danfer , elle acheva de
charmer toute l'Affemblée
, & prit pour danfer
le Bacha qui s'avançoit
plus que les autres
pour l'admirer. Aprés
qu'ils eurent danſé enfemble
, ils fe prirent de
converfation . Le Bacha
qui avoitbeaucoup d'ef
prit , fut eftonné de fes
reparties brillantes` , du
tour & de la jufteffe de
fes penfées . Il n'avoit gar
de
GALANT . 233
de de la reconnoiftre. Ilne
l'avoit encore vue ,
comme nous l'avons dit ,
que dans un negligé qui
luy avoit caché fa taille
& fon air. Elle avoit
tousjours affecté une
indolence prefque ébetée
, dont elle avoit voilé
la vivacité de fon efil
comprit.
En un mot ,
mença à l'aimer plus
qu'il ne penfoit , & fe
crut heureux d'appren
dre feulement d'elle ,
Fevrier 1711. V
234 MERCURE
qu'elle devoit courir encore
le bal la nuit fuivantedans
le mefme habit.
Le
lendemain aprés
midy il alla chez elle , il
la trouva
beaucoup plus:
negligée , & auffi indolente
qu'à l'ordinaire
mais dans les chofes,
qu'elle luy difoit , elle .
marquoit
une raiſon fi
folide , un fi bon caractere
d'efprit , & une douceur
fi aimable , qu'ilfe
GALANT. 235
.
confoloit prefque de ne
pas trouver en elle , le
brillant & les charmes
de la Sultanne. Il eftoit
pourtant extrêmement
agité, & il avoit de temps
entemps des diſtractions
qui la charmerent
. Elle
vit bien qu'il eftoit pris..
Ils ne manquerent
pas
de fe rejoindre le foir au
bal , ou une converfation
encor plus vive que celle
de la nuit precedente
,
augmenta fon amour de
V ij ·
236 MERCURE
moitié. Cependant les
réflexions qu'il faifoit
für fon mariage prirent
le deffus , & par un ef
fort de raiſon , il voulut
quitter brufquement la
Sultane. Quoy vous me
fuyez , luy dit-elle d'un
air à le rendre amoureux
s'il ne l'eut pas efté . Il retomba
fur le fiege d'où
il s'eftoit levé , & ne
-put répondre un feul
mot. Je vois bien , luy
dit - elle , que j'ay be
GALANT . 237
foin de tous mes charmes
pour vous arreſter .
Je vais donc me démafquer.
Ah , n'en faites
rien , s'écria-t'il , par un
fecond effort de raiſon ;
que deviendrois-je. H
craignit en effet de s'engager
davantage, & la
quitta dans le moment .
C'eſt peut-eftre la premiere
fois qu'une Maiftreffe
ait efté charmée
devoir fon Amant vaincre
lapaffion qu'il a pour
238 MERCURE
elle . La Sultane voyant
fuir fon Bacha , fut auſſi
contente de faraifon que
de fon amour .
Comme la fincerité
eftoit le caractere dominant
de ce Cavalier
il refolut d'ouvrir fon .
coeur à celle qu'il regardoit
déja comme ſon amie
, & de plus il avoit
promis , il n'avoit garde
d'y manquer. Des qu'il
put luy parler , il luy fit
voir le fondde foncoeur.
GALANT . 239
Elle feignit feulement
autant de jaloufie qu'il
fallait pour luy faire fen
tir qu'elle l'aimoit , &
luy montra enfuite tant
de douceur , & tant de
confiance en la fidelité
qu'il ſe haïfſoit luy-mefme
en ce moment d'avoir
efté capable de luy
faire une demi infidelité.
Elle tâchoit de le confoler,
en louant la conftance
qu'il avoit eu en refufant
de voir la Sultane
240 MERCURE
démafquée , mais elle
luy confeilla pourtant
de la voir s'il pouvoit
s
car , luy difoit-elle, c'eft
le feul moyen de vous
guerir : fans doute elle
eft moins belle fous le
mafque qu'elle ne l'eſt
dans voftre imagination
,
& fi par bonheur pour
vous , elle n'avoit nulle
beauté , vous oubliriez
bientoft fonefprit. Non,
non , luy repliqua-t'il ,
le plus feur eft de l'éviter
,
*
GALANT. ' j
ter, & je vais prier mon
pere de differer noſtre
mariage ; je vous eftime
trop pour me donner
à
vous dans l'eftat où je
fuis . Je veux aller pour
quelques jours à la campagne
ou je diffiperay à
coup leur cette idée.
Non , luy dit-elle , non ,
je vous aideray mieux
que perſonne a oublier
les charmes de la Sultane
, & j'ay tousjours en
tefte que le feul moyen
Fevrier
1711 . a
jj MERCURE
de guerir la paffion que
vous avez pour elle, c'eſt
de vous la taire voir fans
mafque , car quelqu'un
qui la connoift m'en par
la hier. On m'a dit
qu'aux yeux prés , elle
eft d'une laideur à dégouſter
de la taille & de
fon efprit.
Noftre Amant inſiſta
tousjours pour s'abſenter
, mais le pere qui fut
inftruit de tout ce qui s'e
ftoit paffé , força fon fils
GALANT. iij
a terminer dés le lendemain
..
On figna le Contrat ;
on futà l'Eglife , & l'on
revintfouper. Une Mafcarade
avec des violons ,
vint juftement comme
on fortoit de table. La
nouvelle Epoufe qui avoit
feint de fe trouver
mal en foupant , pria for
Epoux de faire les honneurs
de la Mafcarade
pendant
qu'elle iroit ſe
repofer. Elle difparut
,
a ij
iv
MERGURE
& fit une telle
diligence
à reprendre ſon
déguiſement,
qu'ellerentra
dans
la fale où l'on dançoit ,
avec une autre troupe de
Mafques qui parut fuivre
de prés la premiere.
C'eftoit
quelques amis
qu'on avoit priez de venir
danfer pour faciliter
le
dénouement de tout
сесу.
Dés que noftre Epoux
fidele apperçût celle qu'il
craignoit
tant , il voulut
GALANT. V
fuir , mais la mere le retint
, & luy dit qu'elle
avoit exprés fait prier
cette Sultanne qui eftoit
dans un bal du voifinage,
de venirdanfer
chez
ma
elle avec la troupe ;
fille continua
- t'elle
veut abfolument
vous
guérir l'efprit en la faifant
démafquer
, car elle
eft, dit-on, d'une laideur
à furprendre
. Ah ! quand
elle auroit le vifage af
freux , s'écria t'il , elle ne
a iij
wj MERGURE
me guérira point par-la
d'une maudite paffion
que tant d'autres charmes
ont fait naiftre. Je
me la fuis desja
reprefentée
plus hideufe qu'el
le ne peut eftre , & je
n'en fuis pas plus tranquille
.. Ah Madame y
pourquay m'arreftez-
Vousicy .
Pendant qu'il parloit
ainfi , la Sultanne animée
par cette Scene qu'elle
voyoit , redoubloit de
GALANT. vij
vivacité dans fon air &
dans fa danfe . Il détournoit
ſa vûë d'un objet fi
dangereux , mais elle
vint , tout en danfant
paffer malignement ſi
prés de luy , qu'il oublia,
en la voyant , fa raiſon ,
fon devoir , & la prefence
de fa belle-mere ; enfin
la Sultane , en luy
prenant la main , acheva
de le troubler ; il ne fe
poffedoit plus. Sa bellemere
le prit par def
vil MERCURE
fous le bras ; il fe laiffa
ainfi conduire dans un
cabinet , fans fçavoir of
il alloit , & la mere s'y
enferma avec eux.
La Sultane fit alors un
grand foupir , & le faifoit
naturellement , cap
elle craignoit de perdre
en fe démafquant , le
plaifir de voir fonEpoux
fi tendre. Elle l'aimoit
autant qu'il aimoit la
Sultane , fes regards languiffans
fe confondoient
GALANT. ix
avec ceux de cetAmant,
qui ne gardoit plus de
mefures. Ils fe regarderent
quelque temps fans
rien dire , pendant que
la mere tafchoit de donner
à fon Gendre l'idée
de la plus affreuſe laideur
, afin que par ce
contraſte, fa fille démafquée
luy paruft plus aimable,
La tendre Epou-
Le profita le plus longtemps
qu'elle putde l'erreur
de fon Epoux . Elle
MERCURE
ne pouvoit fe refoudre à
finir cette fcene : mais
enfin la mere ofta le
ma que de fa fille.
L'effet étonnant
que
cette furpriſe fit fur nofire
Amant Epoux , eſt
une de ces chofes qu'on
ne peut dépeindre
fans
en diminuer
la force.
Que chacun s'imagine
la
fituation
d'un parfaite
ment honnefte homme
cruellement
agité entre
L'amour
& le devoir
,
GALANT. *
qui eftime infiniment une
perfonne qui en aime
paſſionnement une autre
, & qui trouve tout
réuni dans un feul objet.
A l'égard de la femme
quel charme pour elle ,
d'avoir ſçû faire en fi
peu de temps, un Epoux
paffionné , d'un Amant
indifferent.
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Résumé : AVANTURE du Carnaval dernier.
Le texte raconte une aventure amoureuse et stratégique centrée autour d'un mariage arrangé. Une famille se rassemble pour discuter d'un mariage imminent. La fille, vêtue de manière négligée, explique qu'elle n'a pas pris soin de son apparence car elle a rencontré le cavalier la veille sans attirer son attention. Le cavalier arrive et avoue son honnêteté et son manque d'intérêt pour le mariage, mais promet de bien traiter la fille s'il doit l'épouser. La fille, bien que d'apparence ordinaire, est intelligente et a un plan. Elle se rend à un bal déguisée en sultane, charmant ainsi le cavalier. Ce dernier, malgré ses efforts pour résister, finit par tomber amoureux de la sultane sans reconnaître la fille. La mère de la fille organise une mascarade pour révéler la vérité. Lors de cette mascarade, la fille, toujours déguisée, danse avec le cavalier, qui est troublé par sa beauté. La mère révèle finalement l'identité de la sultane, provoquant une surprise et une révélation émotionnelle. La fille, démasquée, montre son amour et son intelligence, réussissant à conquérir le cœur du cavalier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2431
p. xi-xii
« Les Poësies suivantes sont toutes d'un mesme Autheur. On [...] »
Début :
Les Poësies suivantes sont toutes d'un mesme Autheur. On [...]
Mots clefs :
Recueil, Poésies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Poësies suivantes sont toutes d'un mesme Autheur. On [...] »
Les Poëfies fuivantes
font toutes d'un mefme
aij MERCURE
Autheur. On les a mis
enfemble afin que fi quel
qu'un veutfaire un petit
Recueil , il puiffe faire
relier lesfeuilles qui fisivent
avec quelques autres
que je mettray encore
Separement dans lesMer
cures fuivants.
font toutes d'un mefme
aij MERCURE
Autheur. On les a mis
enfemble afin que fi quel
qu'un veutfaire un petit
Recueil , il puiffe faire
relier lesfeuilles qui fisivent
avec quelques autres
que je mettray encore
Separement dans lesMer
cures fuivants.
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2432
p. 1-17
ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Début :
Descend de la double colline [...]
Mots clefs :
Dieu, Guerre, Duc de Bretagne, Dieux, Paix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
ODE
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
Sur la Naiffance de
Monfeigneur le Duc
de Bretagne en 1707 .
Defcend de la double colline
Nimphe , dont le fils amou
reux ,
Février
1711 . X
PIECES
•
Du fombre Epoux de Proferpine
Sceur fléchir le coeur rigoureux
.
Viens fervir l'ardeur qui
m'inſpire ;
Décffe , prefte moy ta Lire ,
Ou celle de ce Grec * vanté,
Dont , par le fuperbe Alexandre
Au milieu de Thebes en
cendre
,
Leféjour fut feul refpecté.
Quel Dieu propice nous
ramene ,
Pindare.
FUGITIVES.
L'efpoir que nous avions
perdu ?
Un fils de Thetis ou d'Alcmene
,, -
Par les Dieux nous cft il
rendu ?
N'en doutons point ; le Ċiel
fenfible ,
Veut réparer le coup terrible
,
Qui nous fit verfer tant de
pleurs.
Hâtez vous ,ô chafte Lucine!
Jamais plus illuftre origine
,
Ne fut digne de vos faveurs.
Xij C
7
PIECES
Peuple , voici le premier
gage ,
Des biens qui vous font
préparez ,
Cet Enfant eft l'heureux
préfage ,
I
Durepos que vous defirez .
Les premiers inftans de fa
vie ,
De la Difcorde & de l'Envie
,
Verront éteindre le flambeau
;
Il renverfera leurs Tro
phées ,
Et leurs couleuvres étouf
fées
FUUGGIITIVES.
Seront les jeux de fon berceau.
Ainfi durant la nuit obfcure
,
De Venus l'Etoile nous
luit ;
Favorable & brillante augure
,
De l'Eclat du jour qui la
fuir.
Ainfi dans le fort des tempeſtes
,
Nous voïont briller fur nos
reftes ,
Ces feux amis des Matclots,
Préfage de la Paix profonde :
X iij
PIECESC
Que le Dieu qui regne fur
l'Onde ,
Va rendre à l'Empire des
flots.:
強
Quel monftre , de carnage
avide
S'eft emparé de l'Univers ?
Quelle impitoiable Eumenide
De fes feux infecte les airs ?
Quel Dieu foufle en tous
lieux la guerre
,
Et femble à dépeupler la
terre
Exciter nos fanglantes
mains a
FUGITIVES.
7 .
Megere des Enfers bannic ,
Eit elle aujourd'huy legenie,
Qui prefide au fort des
humains ?
Arrefte , Furie implacable,
Le Ciel veut calmer fes
rigueurs ;
Les feux d'une guerre cou
> pable
N'ont trop que trop
embrafé
nos coeurs.
Aimable Paix , Vierge facrée
,
Defcends de la voûte azurée;
Viens voir les Temples
relevez
,
X
iiijj
8 PIECES
Et ramene at fein de nos
Villes
Les Dieux bien faifans &
tranquilles ,
Que nos crimes ont foulevez.
維
Mais où fuis- je ? quel trait
de flame
M'échaufe d'une fainte horreur
?
Quel Dieu fait entrer dans
mon ame ,
Une profetique fureur ?
Loin d'ici prophane vulgaire
;
FUGITIVES.
Apollon m'infpire & m'éclaire,
C'est luy , je le vois , je le
lens ;
Mon coeur cede à fa violence
:
Mortels refpectez la pres
fence ;
Prétez l'orreille à mes
accens.
Les temps prédits par la
Sibille ,
A leurs termes font par
venus ,
Nous touchons au regne
tranquille ,
To PIECES
Du vieux Saturne & de
Janus.
Voici la faifon defirée ,
Où Themis & fa foeur
Aftrée ,
Rétabli fans leurs faints
Autels ,
Vont ramener ces jours
infignes ,
Où nos vertus nous rendoient
dignes
Du commerce des Immortels.
Que vois - je ! quel nouveau
miracle ,
Tient encor , mes fens enchantez
?
FUGITIVES. *
Quel vafte , quel pompeux
Lpectacle ,
Frappe mes yeux épous
vantez ?
Un nouveau monde vient
d'éclore ,
L'Univers fe reforme ens
core ,
Dans les abîmes du Chaos ;
Et pour reparer les ruines ,
Je vois des demeures divines
,
Defcendre un peuple de
Heros.
Les elemens ceffent leur
guerre ,
PIECES
Les Cieux ont repris leur
azur
Un feu facré purge la ter
rc ,
De tout ce qu'elle avoit
d'impur.
On ne craint plus l'herbe
mortelle
;
Etle crocodile infidele
Du Nil ne trouble plus les
eaux
Les Lions dépouillent leur
rage ,
Et dans le même pâturage ,
Bondiffent avec les troupeaux.
J
FUGITIVES. 1
C'eft ainfi que la main des
Parques ,
Va nous filer le fiecle heureux
Qui du plus puiffant des
Monarques ,
Doit couronner les juftes
voeux .
Efperons des jours plus pai
fibles
,
Les Dieux ne font point
inflexibles
Puifqu'ils puniffent nos
forfaits.
Dans leurs rigueurs les plus
aufteres ,
Souvent leurs Acaux falutaires
,
14 PIECES
Sont un gage de leurs bienfaits.
Le Ciel dans une nuit
fonde
pro-
Se plaift à nous cacher fes
loix ;
Les Rois font les Mailtres
du monde ,
Les Dieux font les Maitres
des Rois ;
La valeur , le foip , la prudence
,
Des decrets de la Providen
ce .
Ne changent point l'ordre
arrefté ;
Et leur regle conſtante &
fûre
FUGITIVES . 15
Fait feule icy bas la meſure
Des biens & de l'adverfité.
Mais
que
fais - cu , Mufe infenfée
?
Ou tend ce vol ambitieux ?
Ole-tu porter ta penſée
Jufques dans le Confeil des
Dicux ?
Reprime une ardeur perilleufe
,
Ne va point d'une alle ore
güeilleufe
Chercher ta perte dans les
airs ;
Et par des routes inconnuës
,
1.6 PIECES
-4
Suivant Icare au haut des
-nuës ,
Crains de tomber au fond
des Mers.
Si pourtant quelque Esprit
timide ,
Du Pinde ignorant les détours
,
Oppofoit les regles d'Euclide
Aux defordres de mes difcours
;
Qu'il fçache qu'autrefois
Virgile
Fit même aux Mufes de Sicile
FUGITIVES . 17
Approuver de pareils tranf
ports
Et qu'enfin cet heureux dé .
lire
Des plus grands Maiftres de
la Lire
Immortalife les accords.
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Résumé : ODE Sur la Naissance de Monseigneur le Duc de Bretagne en 1707.
Le texte est une ode célébrant la naissance du Duc de Bretagne en 1707, écrite en février 1711. L'auteur commence par invoquer les muses et les dieux pour inspirer son écriture, comparant son œuvre à celle du poète antique Pindare. Il exprime l'espoir renouvelé apporté par la naissance de l'enfant, perçu comme un signe de paix et de prospérité future. Le peuple est encouragé à voir en cet enfant un présage de jours meilleurs, où la discorde et l'envie seront vaincues. L'auteur décrit une vision apocalyptique suivie d'une renaissance, où la nature et les éléments retrouvent leur harmonie. Il évoque ensuite la justice et la vertu qui doivent régner, rappelant que les dieux et la providence dirigent le destin des rois et des hommes. Conscient de l'audace de ses pensées, l'auteur se reprend et rappelle que même les grands poètes comme Virgile ont osé des transports similaires dans leurs œuvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2433
p. 17-20
L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
Début :
Amour voulant lever un Regiment, [...]
Mots clefs :
Amour, Étendard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
L'ETENDAR T.
Fable Allegorique fur le retour
de Mrle D. de B. de la Cam
pagne de Nimegue.
Amour voulant lever un
Regiment,
Février
1711. Y
18 PIECES
Battoit la caiffe autour de
fes domaines ;
Soins & Soupirs eftoient fes
Capitaines ,
Dards & Brandons faifoient
fon armement :
Un Etendart lui manquoit
feulement .
Il en cherchoit , quand nôtre
Alcide ,
Victorieux du Batave perfi
dc ,
Lui dit : Amour, daigne entendre
ma voix ;
Va de ma part trouver Adelaïde
,
Entretiens - la de mes premiers
Exploits.
FUGITIVES . 19
C'est elle feule à qui j'en
rend l'hommage ;
Vole & reviens : le Dieu fait
fon meffage
,
Et luy parlant il voit couler
foudain
Des pleurs mêlez de tendref
Le & de joye ;
Prix du Vainqueur qu'une
foigneufe main ,
Va recueillir dans un drapeau
de foye.
Amour foûrit , & le mettant
à
part :
Bon , bon , dit-il , voila mon
Eccndart.
Sous ces Drapeaux , Caporaux
ny Gendarmes ,
20 PIECES
Tours ni Remparts , rien ne
refiftera ;
Et
par hafard quand il me
manquera ,
J'ay ma reffource en ces
yeux pleins de charmes :
Noftre Heros fouvent luy
donnera
Nouveaux fujets à de pareil
les larmes..
Fable Allegorique fur le retour
de Mrle D. de B. de la Cam
pagne de Nimegue.
Amour voulant lever un
Regiment,
Février
1711. Y
18 PIECES
Battoit la caiffe autour de
fes domaines ;
Soins & Soupirs eftoient fes
Capitaines ,
Dards & Brandons faifoient
fon armement :
Un Etendart lui manquoit
feulement .
Il en cherchoit , quand nôtre
Alcide ,
Victorieux du Batave perfi
dc ,
Lui dit : Amour, daigne entendre
ma voix ;
Va de ma part trouver Adelaïde
,
Entretiens - la de mes premiers
Exploits.
FUGITIVES . 19
C'est elle feule à qui j'en
rend l'hommage ;
Vole & reviens : le Dieu fait
fon meffage
,
Et luy parlant il voit couler
foudain
Des pleurs mêlez de tendref
Le & de joye ;
Prix du Vainqueur qu'une
foigneufe main ,
Va recueillir dans un drapeau
de foye.
Amour foûrit , & le mettant
à
part :
Bon , bon , dit-il , voila mon
Eccndart.
Sous ces Drapeaux , Caporaux
ny Gendarmes ,
20 PIECES
Tours ni Remparts , rien ne
refiftera ;
Et
par hafard quand il me
manquera ,
J'ay ma reffource en ces
yeux pleins de charmes :
Noftre Heros fouvent luy
donnera
Nouveaux fujets à de pareil
les larmes..
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Résumé : L'ÉTENDART. Fable Allegorique sur le retour de Mr le D. de B. de la Campagne de Nimegue.
La fable allégorique 'L'ETENDAR T.' de février 1711 raconte le désir d'Amour de lever un régiment. Après avoir rassemblé ses troupes et préparé son armement, Amour cherche un étendard. Alcide, victorieux des Bataves, suggère à Amour de consulter Adélaïde au sujet de ses premiers exploits. Amour rencontre Adélaïde, qui verse des larmes de tendresse et de joie. Elle offre à Amour un drapeau de soie en guise de prix, qu'il accepte comme étendard. Amour affirme que sous ce drapeau, rien ne résistera et qu'il pourra toujours compter sur les charmes d'Adélaïde pour obtenir de nouvelles larmes, symbolisant ainsi l'amour et la victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2434
p. 21-26
A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
Début :
Digne & noble heritier des premieres vertus [...]
Mots clefs :
Coudray
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
A MR **** A&M
furfa Terre du Coudray!
Digne & noble heritier des
premieres vertus
Qu'on adora jadis fous
l'Empire de Rhée ,
Qui feul dans les Palais de
l'aveugle Plutus
Ofâtes introduire Aftrée..
Renoncez pour un tems aux
travaux de Themis ;.
PIECES
Venez voir ces Cofteaux enrichis
de verdure ,
Et ces Bois paternels où l'are
humble & foûmis
Laiffe encor regner la nature.
Les Hyades , Vertumne , &
l'humide Orion
Sur la terre embrafée ont
verfé leurs largefes ;
Ec Bacchus échappé des fureurs
du Lion ,
Songe à vous tenir fes
promeffes.
FUGITIVES. 23
O ! rivages cheris! vallons ai
mez des Cieux ,
Dont jamais n'approcha la
trifteffe importune ,
Et dont le Protecteur tran
quile & glorieux
Ne rougit pointde fa for
tune !
Trop heureux quidu champ
par fes peres laiffé
Peut parcourir au loin les li
mites antiques,
Sans redouter les cris de l'orphelin
chaffé
Da fein de fes Dieux do
meftiques !
24 PIECES
Sous des lambris dorcz l'ins
jufte raviffeur
Entretient le Vautour dont
il eft la victime :
Combien peu de mortels
connoiffent la douceur
D'un bonheur pur & legitime
!
Jouiffez en repos de ce bien
fortuné ,
Le calme & l'innocence y
tiennent leur empire ,
Et des foucis affreux le foufle
empoisonné
N'y corrompt point l'air
qu'on refpire.
Pan ,
FUGITIVES. 23
Pan , Diane , Apollon , les
Faunes , les Sylvains
Peuplent icy vos bois , vos
vergers, vos montagnes ;
La ville eft le féjour des profanes
humains ,
Les Dieux habitent la
campagne .
C'est là que Thomme apprend
leurs mifteres fecrets ,
Et que contre le fort muniffant
fa foibleffe , 13
Il jouit de foi même , & s'ab
breuve à longs traits a
Dans les fources de la Sageffe
.
Février
1711 :
Z
PIECES
1
1
C'eſt là que le Romain
T
dont l'éloquente voix
D'un joug prefque certain
fauva la Republique,
Fortifieroit fon coeur dans
l'étude des Loix
{
Ou du Licée ou du Portique.
Libre de foins publics qui
le faifoient rêver ,
Sa main du Confulat laiffoit
aller les rênes ,
Et courant à Tufcule il alloic
cultiver
Les fruits de l'Ecole d'Athénes.
furfa Terre du Coudray!
Digne & noble heritier des
premieres vertus
Qu'on adora jadis fous
l'Empire de Rhée ,
Qui feul dans les Palais de
l'aveugle Plutus
Ofâtes introduire Aftrée..
Renoncez pour un tems aux
travaux de Themis ;.
PIECES
Venez voir ces Cofteaux enrichis
de verdure ,
Et ces Bois paternels où l'are
humble & foûmis
Laiffe encor regner la nature.
Les Hyades , Vertumne , &
l'humide Orion
Sur la terre embrafée ont
verfé leurs largefes ;
Ec Bacchus échappé des fureurs
du Lion ,
Songe à vous tenir fes
promeffes.
FUGITIVES. 23
O ! rivages cheris! vallons ai
mez des Cieux ,
Dont jamais n'approcha la
trifteffe importune ,
Et dont le Protecteur tran
quile & glorieux
Ne rougit pointde fa for
tune !
Trop heureux quidu champ
par fes peres laiffé
Peut parcourir au loin les li
mites antiques,
Sans redouter les cris de l'orphelin
chaffé
Da fein de fes Dieux do
meftiques !
24 PIECES
Sous des lambris dorcz l'ins
jufte raviffeur
Entretient le Vautour dont
il eft la victime :
Combien peu de mortels
connoiffent la douceur
D'un bonheur pur & legitime
!
Jouiffez en repos de ce bien
fortuné ,
Le calme & l'innocence y
tiennent leur empire ,
Et des foucis affreux le foufle
empoisonné
N'y corrompt point l'air
qu'on refpire.
Pan ,
FUGITIVES. 23
Pan , Diane , Apollon , les
Faunes , les Sylvains
Peuplent icy vos bois , vos
vergers, vos montagnes ;
La ville eft le féjour des profanes
humains ,
Les Dieux habitent la
campagne .
C'est là que Thomme apprend
leurs mifteres fecrets ,
Et que contre le fort muniffant
fa foibleffe , 13
Il jouit de foi même , & s'ab
breuve à longs traits a
Dans les fources de la Sageffe
.
Février
1711 :
Z
PIECES
1
1
C'eſt là que le Romain
T
dont l'éloquente voix
D'un joug prefque certain
fauva la Republique,
Fortifieroit fon coeur dans
l'étude des Loix
{
Ou du Licée ou du Portique.
Libre de foins publics qui
le faifoient rêver ,
Sa main du Confulat laiffoit
aller les rênes ,
Et courant à Tufcule il alloic
cultiver
Les fruits de l'Ecole d'Athénes.
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Résumé : A Mr R**** sur sa Terre du Coudray.
En février 1711, une annonce publicitaire propose la vente de terres en France à un noble héritier. Le texte invite à quitter temporairement les travaux de la justice pour découvrir des paysages verdoyants et des bois paisibles. Les terres sont décrites comme des rivages et vallons protégés de la tristesse et de la fortune malveillante, offrant une vie loin des cris des orphelins. Le texte oppose la vie campagnarde à la vie urbaine, où règnent injustice et soucis. La campagne est présentée comme un lieu de douceur et d'innocence, habitée par des divinités comme Pan, Diane et Apollon. Elle permet à l'homme de s'abreuver à la sagesse et de jouir de soi-même. L'annonce évoque également un Romain dont l'éloquence sauva la République, suggérant qu'il pourrait cultiver les fruits de l'École d'Athènes à Tusculum, libéré des soucis publics.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2435
p. 27-39
LA VOLIERE. Fable Allegorique.
Début :
Qui voudra voir Cicognes attroupées, [...]
Mots clefs :
Amours, Volière, Nymphe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA VOLIERE. Fable Allegorique.
LA VOLIERE.
Fable
Allegorique.
Qui voudra voir Cicognes
attroupées ,
Doir naviger fur l'Hebre
Tracien.
Qui veut fçavoir où font
Poules jafpées ,
Vifitera le bord Numidien .
Qui fe fera d'Himette Citoyen
,
Verra foifon d'Abeilles , &
de ruches ,
Zij
28 PIECES
.
Et voyageant au Pays Indien
,
L'air trouvera tout peuplé
de Perruches ,
Car en fes loix Nature a limité
A chaque efpece un climaɛ
affecté.
Mais fi quelqu'un , de d'ef
pece emplumée
Qu'on nomme Amours , a
curiofité ,
Paris tout feul doit eftre vifité.
Ville ne fçay de tant d'Amours
femée ;
Pour ce feul point croirois
FUGITIVES: 19
qu'on l'a nommée
Paris fans pair ..... or fans
obfcurité
Expliquons nous . C'eft qu'-
en cette Cité
De cent Palais , de cent Hôtels
fournie' ,
Eft un Hôtel entre tous
exalté ,
Non pour loger richeffe , &
vanité ;
Lambris dorez , Peinture
bien finie ,
Lits de brocard , ou telle autre
manie
Mais pour loger la Nimphe
Urbánie ,
Z iij
30
PIECES
En qui reluit gentilleffe &
beauté ,
Nobleffe d'ame , hilaricux
genie,
Et un efprit pardeffus l'or
•
vanté;
En ce lieu donc , Amours de
tout plumage ,
Des bords de l'Ebre & desrives
du Tage ,
De toutes parts viennent fe
rallier ,
Tels que Pigeons volans au
Colombier ;
Il en arrive & de France &
d'Espagne ,
Et d'Italie, & du Nord, d'Allemagne
;
FUGITIVES. 31
Ceux là petits , mais alertes
& vifs ,
Ceux- cy plus grands , mais
lourds, froids, & maffifs :
Et ce qui plus l'attention réveille
,
Quand on va voir ces petits
enfançons ,
C'eft qu'ils font tous differens
à merveille ,
Car il en vient de toutes les
façons :
Amours pimpans , friſques ,
&
beaux
garçons ,
Petits Amours à face rechtgnée
,
Z iiij
32
PIECES
Amours Marquis & de haute
lignée ,
Amours de Robbe & portant
le Bonnet ,
Amours d'Epée, Amours de
Cabinet ;
D'iceux pourtant eft petite
poignée ,
Tous vont chez elle employer
leur journée ;
Amours Barbons y font
même leurs Cours ,
Et font reçus malgré leurs
longs difcours ;
Car tout fait nombre . Enfin
toute l'année ,
Dimanche ou non , s'y tient
FUGITIVES. 33
Foire d'Amours ,
Comme l'on voit en l'Automne
premiere
Feuilles à tas dans l'Ardenne
pleuvoir ,
Ou bien oiſeaux voller par
fourmilliere
Sur un grand Pin qui leur
fert de dortoir ;
Auffi voit- on , du matin juf
qu'au foir ,
Gentils Amours , oifeaux de
fa voliere ,
Pleuvoir en foule en ce joli
manoir ,
Et fait bon voir attroupez
autour
d'elle
34
PIECES
Tous ces Oifeaux leur plu
mage étaler ,
Se rengorger , piaffer , caracoller
,
Toûjours fifflans chanfons ,
& ritournelle ,
Et petits Airs , langages des
ruelles ,
Puis jeux badins , volatille
nouvelle ,
་
De gentilleffe avec eux difputer
,
Voler foupirs , & petits
foins troter
Par le logis , or fretillans de
l'aile ,
Or de la queue , or des pieds
tricoter ,
FUGITIVES
35
Danfer , baller , trépudier ,
faurer :
Oncques ne fit le vray Poli
chinele
Semblables tours ; ainfi dans
la maifon
Joyeufeté , farces , badineries
,
Inventions
, &
telles
drôleries
Hiver, Eté, font toûjours de
faifon ;
Momus luy- même avec fes
momeries
Ne nous rendroit à rire plus
enclins ,
Car en tous temps ces petits
Trivelins
36 PIECES
Vont inventant nouvelles
fingeries ,
Et prend la Nimphe au vifage
vermeil ,
A leurs ébats paffe - remps
nompareil.
Mais aprés tout un point me
fcandalife ,
Et fuis honteux , s'il faut que
je le dife ,
De voir comment ces pauvres
infenfez ,
Qui pour l'honneur d'eftre
fes domeftiques
Ont laiffé - là leurs meilleures
pratiques.
De leurs travaux font mak
recompenfez ,
FUGITIVES. 37
Car ne croyez qu'ils ayent
appanages ;
Ains ils font tous tres chichement
payez ,
Ne gagnant rien , fors quelques
arrerages
De lorgnerie , ou tels menus
fuffrages ;
Et les croit on encor falariez
Trop graffement : maints la
fervent fans gages ,
Maints la fervant font baffoüez
, honnis ,
Moquez , bernez , traitez
comme ennemis ,
Et quelquefois foufflersd'entrer
en danfe ,
38 PIECES
De liberté jamais nulle efperance
,
Mieux aimerois eftre efclave
à Thunis.
Partant , Amours , qui n'avez
point de nids ,
Cherchez ailleurs ; mal feur
cft cette hofpice ;
Dehors font beaux , & beau
le frontispice ,
Mais le dedans , autre eft la
question .
Je m'en iray fi l'on me fait
outrage ,
Me direz vous : Eh! pauvre
Alerion ,
Quand une fois on eſt dans
cette cage,
FUGITIVES. 39
On n'en fort pas , c'eſt l'antre
du Lion ;
Pour échapper de fi fortes
Baftilles ,
Vous chercheriez en vain
Porte , ou guichet ,
Tout voftre effort feroit pu
res vetilles ,
Plus fins que vous font pris
au trébuchet.
Fable
Allegorique.
Qui voudra voir Cicognes
attroupées ,
Doir naviger fur l'Hebre
Tracien.
Qui veut fçavoir où font
Poules jafpées ,
Vifitera le bord Numidien .
Qui fe fera d'Himette Citoyen
,
Verra foifon d'Abeilles , &
de ruches ,
Zij
28 PIECES
.
Et voyageant au Pays Indien
,
L'air trouvera tout peuplé
de Perruches ,
Car en fes loix Nature a limité
A chaque efpece un climaɛ
affecté.
Mais fi quelqu'un , de d'ef
pece emplumée
Qu'on nomme Amours , a
curiofité ,
Paris tout feul doit eftre vifité.
Ville ne fçay de tant d'Amours
femée ;
Pour ce feul point croirois
FUGITIVES: 19
qu'on l'a nommée
Paris fans pair ..... or fans
obfcurité
Expliquons nous . C'eft qu'-
en cette Cité
De cent Palais , de cent Hôtels
fournie' ,
Eft un Hôtel entre tous
exalté ,
Non pour loger richeffe , &
vanité ;
Lambris dorez , Peinture
bien finie ,
Lits de brocard , ou telle autre
manie
Mais pour loger la Nimphe
Urbánie ,
Z iij
30
PIECES
En qui reluit gentilleffe &
beauté ,
Nobleffe d'ame , hilaricux
genie,
Et un efprit pardeffus l'or
•
vanté;
En ce lieu donc , Amours de
tout plumage ,
Des bords de l'Ebre & desrives
du Tage ,
De toutes parts viennent fe
rallier ,
Tels que Pigeons volans au
Colombier ;
Il en arrive & de France &
d'Espagne ,
Et d'Italie, & du Nord, d'Allemagne
;
FUGITIVES. 31
Ceux là petits , mais alertes
& vifs ,
Ceux- cy plus grands , mais
lourds, froids, & maffifs :
Et ce qui plus l'attention réveille
,
Quand on va voir ces petits
enfançons ,
C'eft qu'ils font tous differens
à merveille ,
Car il en vient de toutes les
façons :
Amours pimpans , friſques ,
&
beaux
garçons ,
Petits Amours à face rechtgnée
,
Z iiij
32
PIECES
Amours Marquis & de haute
lignée ,
Amours de Robbe & portant
le Bonnet ,
Amours d'Epée, Amours de
Cabinet ;
D'iceux pourtant eft petite
poignée ,
Tous vont chez elle employer
leur journée ;
Amours Barbons y font
même leurs Cours ,
Et font reçus malgré leurs
longs difcours ;
Car tout fait nombre . Enfin
toute l'année ,
Dimanche ou non , s'y tient
FUGITIVES. 33
Foire d'Amours ,
Comme l'on voit en l'Automne
premiere
Feuilles à tas dans l'Ardenne
pleuvoir ,
Ou bien oiſeaux voller par
fourmilliere
Sur un grand Pin qui leur
fert de dortoir ;
Auffi voit- on , du matin juf
qu'au foir ,
Gentils Amours , oifeaux de
fa voliere ,
Pleuvoir en foule en ce joli
manoir ,
Et fait bon voir attroupez
autour
d'elle
34
PIECES
Tous ces Oifeaux leur plu
mage étaler ,
Se rengorger , piaffer , caracoller
,
Toûjours fifflans chanfons ,
& ritournelle ,
Et petits Airs , langages des
ruelles ,
Puis jeux badins , volatille
nouvelle ,
་
De gentilleffe avec eux difputer
,
Voler foupirs , & petits
foins troter
Par le logis , or fretillans de
l'aile ,
Or de la queue , or des pieds
tricoter ,
FUGITIVES
35
Danfer , baller , trépudier ,
faurer :
Oncques ne fit le vray Poli
chinele
Semblables tours ; ainfi dans
la maifon
Joyeufeté , farces , badineries
,
Inventions
, &
telles
drôleries
Hiver, Eté, font toûjours de
faifon ;
Momus luy- même avec fes
momeries
Ne nous rendroit à rire plus
enclins ,
Car en tous temps ces petits
Trivelins
36 PIECES
Vont inventant nouvelles
fingeries ,
Et prend la Nimphe au vifage
vermeil ,
A leurs ébats paffe - remps
nompareil.
Mais aprés tout un point me
fcandalife ,
Et fuis honteux , s'il faut que
je le dife ,
De voir comment ces pauvres
infenfez ,
Qui pour l'honneur d'eftre
fes domeftiques
Ont laiffé - là leurs meilleures
pratiques.
De leurs travaux font mak
recompenfez ,
FUGITIVES. 37
Car ne croyez qu'ils ayent
appanages ;
Ains ils font tous tres chichement
payez ,
Ne gagnant rien , fors quelques
arrerages
De lorgnerie , ou tels menus
fuffrages ;
Et les croit on encor falariez
Trop graffement : maints la
fervent fans gages ,
Maints la fervant font baffoüez
, honnis ,
Moquez , bernez , traitez
comme ennemis ,
Et quelquefois foufflersd'entrer
en danfe ,
38 PIECES
De liberté jamais nulle efperance
,
Mieux aimerois eftre efclave
à Thunis.
Partant , Amours , qui n'avez
point de nids ,
Cherchez ailleurs ; mal feur
cft cette hofpice ;
Dehors font beaux , & beau
le frontispice ,
Mais le dedans , autre eft la
question .
Je m'en iray fi l'on me fait
outrage ,
Me direz vous : Eh! pauvre
Alerion ,
Quand une fois on eſt dans
cette cage,
FUGITIVES. 39
On n'en fort pas , c'eſt l'antre
du Lion ;
Pour échapper de fi fortes
Baftilles ,
Vous chercheriez en vain
Porte , ou guichet ,
Tout voftre effort feroit pu
res vetilles ,
Plus fins que vous font pris
au trébuchet.
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Résumé : LA VOLIERE. Fable Allegorique.
La fable 'La Volière' met en scène la diversité des oiseaux et des amours à travers différentes régions du monde. Elle commence par évoquer les cigognes en Tracie, les poules en Numidie et les abeilles en Himette, soulignant que chaque espèce a un climat spécifique selon les lois de la nature. Pour observer les amours, Paris est présentée comme la ville idéale, réputée pour en abriter une grande variété. À Paris, une nymphe nommée Urbánie, connue pour sa gentillesse, sa beauté, sa noblesse d'âme et son esprit, attire des amours de diverses régions, y compris la France, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne. Ces amours, qu'ils soient petits et vifs ou grands et lourds, se rassemblent autour d'Urbánie, formant une foire perpétuelle. Ils passent leur temps à chanter, danser et jouer, apportant joie et badinage dans la maison. Cependant, la fable critique la condition des amours, qui sont mal récompensés pour leurs services. Ils sont souvent mal payés, moqués et traités comme des ennemis. La liberté leur est refusée, et il est difficile de s'échapper de cette situation. La conclusion est que, bien que l'extérieur de cette 'volière' soit attrayant, l'intérieur est oppressant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2436
p. 40-48
EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
Début :
Comte, pour qui terminant tout procés [...]
Mots clefs :
Comte d'Ayen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
EPITRE
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
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Résumé : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
L'épître est adressée au Comte d'Ayen, loué pour avoir allié vertu et fortune. L'auteur insiste sur le fait que les honneurs et les titres sont éphémères, et que la véritable renommée découle de la richesse de l'âme et de la culture de l'esprit. Le Comte est comparé à Virgile et à Mécène, réunissant grâce, éloquence, accueil et douceur. Il excelle en prose et en vers, ainsi qu'en musique. Une scène décrit des Dryades et des Nymphes, séduites par le chant du Comte, tentant de le séduire, mais arrêtées par le dieu Pan. Cette intervention divine protège le Comte, soulignant que sa vie est préservée pour le bien des mortels vertueux. L'auteur exprime son admiration et promet de célébrer les hautes destinées du Comte à travers des œuvres dignes de lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2437
p. 49-75
EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
Début :
Du faux encens dédaigneuse ennemie, [...]
Mots clefs :
Dieux, Amour, Vertu, Paix, Héros
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
EPITRE
à Madame D ****
fur le veritable Amour.
Dufaux encens dédaigneuſe
ennemie
Qui dans le vray par l'e.
xemple affermic ,
Sçavez fi bien de tout éloge
plat ,
Diftinguer l'art d'un pinceau
délicat :
Sage Uranie , en qui le don
de plaire ,
Février 1711. Bb
50 PIECES
Eft joint au don de hair le
vulgaire ,
De démêler , libre en vos
fentimens ,
Les préjugez de fes faux
jugemens ;
Et d'abhorrer ces loüanges
guindées ,
Qui n'ont d'appuy que fes
folles idées :
Si quelqu'Auteur pour vous
faire fa cour ,
S'imaginant avoir pris un
beau tour
Vous décrivoit dans fes
peintures feiches ,
" Le Dieu d'Amour , fon carFUGITIVES.
St
quois , & fes fléches :
De la raifon ennemy
langoureux
,
Et de nos fens enchanteur
doucereux ,
Vous déploiant ces lieux
communs poftiches ,
Dont l'Opera brode fes
hemiſtiches :
Sur ce tableau frivolement
conceù ,
Probablement il feroit mal
receu ,
De vous chanter en rimes
indifcretes ,
Que cet Amour ne fe plaît
qu'où vous cftes ;
Bb ij
52 PIECES
Qu'il regne en vous , qu'il
fuit par tout vos pas ,
Et qu'il languit où l'on ne
vous voit pas.
Mais fi quelqu'un plus fage
& plus habile
Vous dépeignoit d'un
crayon moins fterile
Le même Amour
, non tel
qu'on l'avoit feint
Mais en effet , tel qu'il doit
eftre peint
:
Tel qu'autrefois l'ont vŷ
nos premiers fages ,
Lors qu'au Parnaffe attirang
leurs hommages ,
FUGITIVES . 53
cux de guirlan- Le Dieu
par
des orné ,
Fût dans la Grece en triomphe
amené ;
Si pourfuivant cette noble
peinture >
Il vous traçoit d'une main
libre & feure ,
Ces vifs rayons , ces fublimes
ardeurs
Ce feu divin qu'il répand
dans les coeurs ,
Dont la fplendeur les éclaire
& les guide
Dans les fentiers de la vertu
folide :
Vous faifant voir affis à fon
côté Bb iij
54
PIECES
L'Honneur , la Paix , la Vertu
, l'Equité ;
Peut -être alors à le bannir
moins prompte
Vous fouffririez , fans rougeur
, & fans honte ,
Que ce Dieu vint embellir
vôtre Cour :
Connoiffez donc ce que c'eſt
que l'Amour ;
Et deformais l'ame débarafféc
Des préjugez d'une troupe
infenfée ,
Qui ne l'a peint que fous de
faux portraits
;
Gardons nous bien d'en
FUGITIVES .
juger fur leurs traits
De le confondre avec ce
Dieu frivole ,
De qui l'erreur nous a fait
une Idole
Et qui n'épand que des feux
criminels.
Ces deux rivaux ennemis
érernels ,
L'un fils du Ciel ; l'autre né
de la Terre ,
Se font entre eux une immortelle
guerre ;
Plus fignalez en leur divifion
,
Que les Heros de Grece ,
& d'llion.
Bb iiij
66 PIECES
Quelqu'un peut - eftre à ce
début miſtique ,
Va me traiter de cerveau
fanatique
Et me voyant monter fur
ce haut ton >
Traiter l'Amour en ftile de
Platon ,
M'objectera qu'une jeune
Heroïne ,
Mériteroit un peu moins
de doctrine .
Mais fans répondre à ce
langage vain
Laiffons - le en paix fon
Cyrus à la main :
De nos raifons l'ame peu
combatue
,
FUGITIVES . 7
Du Dieu d'Amour encen
fer la ftatuë ,
Et poursuivons nos propos
commencez .
Jadis fans choix les humains
difperfez ,
Troupe feroce & nourrie au
carnage ,
Du feul inftinct fuivoient
la loy fauvage:
Se renfermoient dans les
autres cachez ;
Et des forêts par la faim
arrachez ,
Alloient errans au gré de la
nature
Avec les Ours difputer la
pâture.
58 PIECES
De ce cahos l'Amour répara
teur
Fût de leurs loix le premier
fondateur.
Il fçait fléchir leurs humeurs
indociles..
Les réunit dans l'enceinte
des Villes.
Leur enfeigna le fecours- des
moiffons
,
Des premiers arts leur donna
des leçons ,
Chez eux logea l'amitié fecourable
,
Avec la paix fa foeur infeparable:
› Et
devant tout dans les
terreftres
lieux
FUGITIVES
. 59
Fit refpecter
l'autorité
des
Dieux .
Tel fut ici le fiecle de Ci
belle
;
Mais à ce Dieu la Terre enfin
rebelle
Se rebuta d'une fi douce
Loy ,
Et de fes mains voulut fe
faire un Roy.
Tout auffi toft , évoqué par
la haine ;
Sort de fes flancs un montre
àforme humaine ,
Refte dernier de ces affreux
Tiphons ,
Jadis formé dans des gouffres
profonds ;
PIECES
D'un foible
enfant il a le
front
timide ,
Dans fes
yeux
brille une
douceur
perfide ,
Nouveau
Prothée à
toute
heure , en
tous lieux ,
Sous un
faux
mafque il a
bufe nos
yeux.
Dabord
voilé
d'une
crainte
ingenuë ,
Humble ,
captif, il
tremble,
il
s'infinuë ,
Puis tout à
coup
imperieux
vainqueur
Porte le
trouble &
l'effroy
dans le
coeur ;
Les
trahifons , la
noire tirannie
,
FUGITIVES. GE
Le
defefpoir , la peur , l'i
gnominic ,
Et le tumulte au regard effaré
Suivent fon char de foupçons
entouré.
Ce fut fur lui que la Terre
ennemic
De fa revolte appuya l'infamic
,
Bientoft feduits par les trom
peurs appas
Les fols humains marcherent
fur fes pas.
L'Amour par lui dépouillé
de puiffance
Remonte au Ciel ſéjour de
fa naiffance ,
62
PIECES
Et las de voir l'homme
fourd à fa voix ,
Il l'abandonne à fon malheureux
choix .
Alors enflé d'une nouvelle
audace ,
L'ufurpateur prend fon
nom & fa place :
Et fous ce nom l'erreur de
toutes parts
Fait ici bas , voler fes Etendarts
.
C'eft de ce temps que nous
vîmes éclore
Tous les malheurs envoyez
par Pandore ,
La jaloufic allumant fes flambeaux
FUGITIVES. 63
Creufa dés lors mille horribles
tombeaux ;
Et des forfaits de plus d'une
Medée
Plus d'un climat vit fa rive
innondée .
Un fiecle à l'autre enviant
Les furcurs
Imagina de nouvelles horreurs
;
Chaque âge vit augmen
ter fes miferes ,
Et nos ayeux plus méchans
que leurs peres ,
Nous firent naiſtre encor
plus méchans qu'eux ,
Bientoft fuivis par de pires
neveux.
64
-PIECES
Enfin le Ciel touché de nos
difgraces
Se réfolut d'en effacer les
traces ,
Et tous les Dieux convinrent
que l'Amour
Fut renvoyé dans ce mortel
fejour :
Chacun s'en forme un agreable
augure
,
Le feul Amour,l'Amour ſcul
en murmure.
Qu'a t- il commis, pourquoi
feul immolé
D'entre les Dieux fera t- il
exilé ?
Quittera til ces demeures
heureuſes,
FUGITIVES . 65
Ces regions pures & lumineufes
,
Sejour brillant de gloire &
de clarté ,
Lieux confacrez à la felicité,
Aux doux plaiſirs enfans de
l'innocence ,
Plaifirs qu'échauffe & nourrit
fa prefence ,
Vifs fans tumulte , éternels
fans ennuy
,
Et que les Dieux ne tiennent
que de lui ?
Quoi , difoit- il , de la troupe
celefte ,
J'irai defcendre en un ſejour
funeſte ?
Février
1711.
Cc
66 PIECES
Où l'impudence étale un
front ferain ,
Où les mortels au vifage
d'airain ,
De mon fantôme eſcortant
les bannieres ,
De
l'innocence ont
rompu
les barrieres ;
Et qui d'entr'eux voudra
fuivre mes pas ?
Amour , amour ne vous allarmez
pas
Venez à moi , je connois un
azile ,
Dont les vertus ont fait leur
domicile :
Un feur rempart , un lieu de
qui jamais
FUGITIVES. 67
Nos ennemis ne troubleront
la
paix .
Celui qui regne en ce ſejour
propice ,
En a banny le coupable artifice
,
La perfidie au coup d'oeil
emprunté ,
Et la malice au rire concerté
:
Amour dit vrai, candeur hereditaire
,
Dés le berceau marqua fon
caractere ,
!
Nourry formé
par
doctes foeurs ;
les neuf
Ainfi des arts épris de leurs
douceurs Ccij
68 PIECES
Le Dieu du Pinde & la fage
Minerve ,
De leurs trefors l'ont comblé
fans referve ;
Dans ce réduit des Mufes
habité
Prefide encore une divinité :
Car la beauté dont les Dieux'
l'ont formée,
D'un moindre nom feroit
trop prohanée.
Un doux accueil , un modefte
enjouëment {
Préte à fes traits un nouvel
agrément ;
D'Enfans aîlez une troupe
fidelle ,
FUGITIVES. 69
JPlaifirs
, Amours voltigent
autour d'elle ,
Et fans effort prés d'elle
retenus ,
Pour la fervir ont oublié
Venus.
Non , non Amour ce n'eft
point à Cithere ,
Ny dans les bois qu'Amatonthe
révere ,
Qu'il faut chercher & les
jeux & les ris ? 7
Si vous voulez de vos freres
cheris ;
Revoir un jour la troupe
réünic ,
N'hefitez point , volez chez
Uranic.
70 PIECES
Mais à qui vais - je étaler ces
propos ,
Puis -je penfer qu'un Dicu
qui du cahos ,
Débarafla cette machine
ronde >
Qui voit , qui meut tous les
eftres du monde ,
De fes refforts & l'ame &
l'inftrument
Puiffe ignorer fon plus bel
ornement !
Déja porté fur les ailes
d'Eole
,
Du haut des Cieux je le vois
qui s'envole ,
Plus glorieux d'obéïr en ſa
cour >
FUGITIVES. 71
Que de regner au celefte
féjour .
Confervez bien genereufe
Uranic ,
Ce Dieu puiffant ce celeſte
genie ,
Ame du monde , Auteur
de tous les biens ,
Par qui brifant les terreftres
liens ,
D'un vol hardi nos ames
élancées ,
Jufques au Ciel élévent leurs
penſées
;
Sans fa beauté, fans fes dons
precieux ,
La vertu même eft moins
belle ànos yeux
72 PIECES
Ila produit fous d'heureux
caracteres ,
La dépouillant de fes rides
feveres ,
De qui l'afpest effrayant
les mortels ,
Leur fait fouvent deferter
fes Autels ,
De fon flambeau les flammes
immortelles ,
Jettent en nous ces vives
éteincelles
,
Dont autrefois les Heros
embrafez ,
Malgré la mort fe font
éternifez
;
Cette chaleur fi promte & fi
rapide ,
Sceut
FUGITIVES 7
Sceut échauffer un Thefée ,
un Alcide ,
Arma leurs bras pour calmer
l'Univers ,
Et pour vanger l'équité
mife aux fers .
Telle eft l'ardeur dont ce
Dieu nous enflame .
Tel eft le feu qu'il alluma
dans l'ame ,
De ce Heros aux triomphes
inftruit
>
Dont vous tenez la clarté
qui vous luit ;
}
C'est cet amour impatient
de gloire ,
Février 1711 Dd
44 PIECES
Qui tant de fois affûra la
memoire
,
Luy fic braver les feux & le
trépas ,
Luy fit chercher la guerre
& les combats :
De Jupiter allumant le tonnere
,
Brifer l'orgueil des enfans
de la terre
,
Contre leur rage armer nos
boulevarts ,
Er foudroyer leurs plus fermės
remparts.
Puiffe-t- il voir les nombreu .
ſes années
Toûjours de gloire &
d'honneurs couronnées ,
FUGITIVES 7
Et quand la Paix reviendra
parmi nous,
Se confacrer à des travaux
plus doux:
Non moins heureux fous
l'Empire de Rhée
Que quand la terre à Bellonne
eft livrée.
à Madame D ****
fur le veritable Amour.
Dufaux encens dédaigneuſe
ennemie
Qui dans le vray par l'e.
xemple affermic ,
Sçavez fi bien de tout éloge
plat ,
Diftinguer l'art d'un pinceau
délicat :
Sage Uranie , en qui le don
de plaire ,
Février 1711. Bb
50 PIECES
Eft joint au don de hair le
vulgaire ,
De démêler , libre en vos
fentimens ,
Les préjugez de fes faux
jugemens ;
Et d'abhorrer ces loüanges
guindées ,
Qui n'ont d'appuy que fes
folles idées :
Si quelqu'Auteur pour vous
faire fa cour ,
S'imaginant avoir pris un
beau tour
Vous décrivoit dans fes
peintures feiches ,
" Le Dieu d'Amour , fon carFUGITIVES.
St
quois , & fes fléches :
De la raifon ennemy
langoureux
,
Et de nos fens enchanteur
doucereux ,
Vous déploiant ces lieux
communs poftiches ,
Dont l'Opera brode fes
hemiſtiches :
Sur ce tableau frivolement
conceù ,
Probablement il feroit mal
receu ,
De vous chanter en rimes
indifcretes ,
Que cet Amour ne fe plaît
qu'où vous cftes ;
Bb ij
52 PIECES
Qu'il regne en vous , qu'il
fuit par tout vos pas ,
Et qu'il languit où l'on ne
vous voit pas.
Mais fi quelqu'un plus fage
& plus habile
Vous dépeignoit d'un
crayon moins fterile
Le même Amour
, non tel
qu'on l'avoit feint
Mais en effet , tel qu'il doit
eftre peint
:
Tel qu'autrefois l'ont vŷ
nos premiers fages ,
Lors qu'au Parnaffe attirang
leurs hommages ,
FUGITIVES . 53
cux de guirlan- Le Dieu
par
des orné ,
Fût dans la Grece en triomphe
amené ;
Si pourfuivant cette noble
peinture >
Il vous traçoit d'une main
libre & feure ,
Ces vifs rayons , ces fublimes
ardeurs
Ce feu divin qu'il répand
dans les coeurs ,
Dont la fplendeur les éclaire
& les guide
Dans les fentiers de la vertu
folide :
Vous faifant voir affis à fon
côté Bb iij
54
PIECES
L'Honneur , la Paix , la Vertu
, l'Equité ;
Peut -être alors à le bannir
moins prompte
Vous fouffririez , fans rougeur
, & fans honte ,
Que ce Dieu vint embellir
vôtre Cour :
Connoiffez donc ce que c'eſt
que l'Amour ;
Et deformais l'ame débarafféc
Des préjugez d'une troupe
infenfée ,
Qui ne l'a peint que fous de
faux portraits
;
Gardons nous bien d'en
FUGITIVES .
juger fur leurs traits
De le confondre avec ce
Dieu frivole ,
De qui l'erreur nous a fait
une Idole
Et qui n'épand que des feux
criminels.
Ces deux rivaux ennemis
érernels ,
L'un fils du Ciel ; l'autre né
de la Terre ,
Se font entre eux une immortelle
guerre ;
Plus fignalez en leur divifion
,
Que les Heros de Grece ,
& d'llion.
Bb iiij
66 PIECES
Quelqu'un peut - eftre à ce
début miſtique ,
Va me traiter de cerveau
fanatique
Et me voyant monter fur
ce haut ton >
Traiter l'Amour en ftile de
Platon ,
M'objectera qu'une jeune
Heroïne ,
Mériteroit un peu moins
de doctrine .
Mais fans répondre à ce
langage vain
Laiffons - le en paix fon
Cyrus à la main :
De nos raifons l'ame peu
combatue
,
FUGITIVES . 7
Du Dieu d'Amour encen
fer la ftatuë ,
Et poursuivons nos propos
commencez .
Jadis fans choix les humains
difperfez ,
Troupe feroce & nourrie au
carnage ,
Du feul inftinct fuivoient
la loy fauvage:
Se renfermoient dans les
autres cachez ;
Et des forêts par la faim
arrachez ,
Alloient errans au gré de la
nature
Avec les Ours difputer la
pâture.
58 PIECES
De ce cahos l'Amour répara
teur
Fût de leurs loix le premier
fondateur.
Il fçait fléchir leurs humeurs
indociles..
Les réunit dans l'enceinte
des Villes.
Leur enfeigna le fecours- des
moiffons
,
Des premiers arts leur donna
des leçons ,
Chez eux logea l'amitié fecourable
,
Avec la paix fa foeur infeparable:
› Et
devant tout dans les
terreftres
lieux
FUGITIVES
. 59
Fit refpecter
l'autorité
des
Dieux .
Tel fut ici le fiecle de Ci
belle
;
Mais à ce Dieu la Terre enfin
rebelle
Se rebuta d'une fi douce
Loy ,
Et de fes mains voulut fe
faire un Roy.
Tout auffi toft , évoqué par
la haine ;
Sort de fes flancs un montre
àforme humaine ,
Refte dernier de ces affreux
Tiphons ,
Jadis formé dans des gouffres
profonds ;
PIECES
D'un foible
enfant il a le
front
timide ,
Dans fes
yeux
brille une
douceur
perfide ,
Nouveau
Prothée à
toute
heure , en
tous lieux ,
Sous un
faux
mafque il a
bufe nos
yeux.
Dabord
voilé
d'une
crainte
ingenuë ,
Humble ,
captif, il
tremble,
il
s'infinuë ,
Puis tout à
coup
imperieux
vainqueur
Porte le
trouble &
l'effroy
dans le
coeur ;
Les
trahifons , la
noire tirannie
,
FUGITIVES. GE
Le
defefpoir , la peur , l'i
gnominic ,
Et le tumulte au regard effaré
Suivent fon char de foupçons
entouré.
Ce fut fur lui que la Terre
ennemic
De fa revolte appuya l'infamic
,
Bientoft feduits par les trom
peurs appas
Les fols humains marcherent
fur fes pas.
L'Amour par lui dépouillé
de puiffance
Remonte au Ciel ſéjour de
fa naiffance ,
62
PIECES
Et las de voir l'homme
fourd à fa voix ,
Il l'abandonne à fon malheureux
choix .
Alors enflé d'une nouvelle
audace ,
L'ufurpateur prend fon
nom & fa place :
Et fous ce nom l'erreur de
toutes parts
Fait ici bas , voler fes Etendarts
.
C'eft de ce temps que nous
vîmes éclore
Tous les malheurs envoyez
par Pandore ,
La jaloufic allumant fes flambeaux
FUGITIVES. 63
Creufa dés lors mille horribles
tombeaux ;
Et des forfaits de plus d'une
Medée
Plus d'un climat vit fa rive
innondée .
Un fiecle à l'autre enviant
Les furcurs
Imagina de nouvelles horreurs
;
Chaque âge vit augmen
ter fes miferes ,
Et nos ayeux plus méchans
que leurs peres ,
Nous firent naiſtre encor
plus méchans qu'eux ,
Bientoft fuivis par de pires
neveux.
64
-PIECES
Enfin le Ciel touché de nos
difgraces
Se réfolut d'en effacer les
traces ,
Et tous les Dieux convinrent
que l'Amour
Fut renvoyé dans ce mortel
fejour :
Chacun s'en forme un agreable
augure
,
Le feul Amour,l'Amour ſcul
en murmure.
Qu'a t- il commis, pourquoi
feul immolé
D'entre les Dieux fera t- il
exilé ?
Quittera til ces demeures
heureuſes,
FUGITIVES . 65
Ces regions pures & lumineufes
,
Sejour brillant de gloire &
de clarté ,
Lieux confacrez à la felicité,
Aux doux plaiſirs enfans de
l'innocence ,
Plaifirs qu'échauffe & nourrit
fa prefence ,
Vifs fans tumulte , éternels
fans ennuy
,
Et que les Dieux ne tiennent
que de lui ?
Quoi , difoit- il , de la troupe
celefte ,
J'irai defcendre en un ſejour
funeſte ?
Février
1711.
Cc
66 PIECES
Où l'impudence étale un
front ferain ,
Où les mortels au vifage
d'airain ,
De mon fantôme eſcortant
les bannieres ,
De
l'innocence ont
rompu
les barrieres ;
Et qui d'entr'eux voudra
fuivre mes pas ?
Amour , amour ne vous allarmez
pas
Venez à moi , je connois un
azile ,
Dont les vertus ont fait leur
domicile :
Un feur rempart , un lieu de
qui jamais
FUGITIVES. 67
Nos ennemis ne troubleront
la
paix .
Celui qui regne en ce ſejour
propice ,
En a banny le coupable artifice
,
La perfidie au coup d'oeil
emprunté ,
Et la malice au rire concerté
:
Amour dit vrai, candeur hereditaire
,
Dés le berceau marqua fon
caractere ,
!
Nourry formé
par
doctes foeurs ;
les neuf
Ainfi des arts épris de leurs
douceurs Ccij
68 PIECES
Le Dieu du Pinde & la fage
Minerve ,
De leurs trefors l'ont comblé
fans referve ;
Dans ce réduit des Mufes
habité
Prefide encore une divinité :
Car la beauté dont les Dieux'
l'ont formée,
D'un moindre nom feroit
trop prohanée.
Un doux accueil , un modefte
enjouëment {
Préte à fes traits un nouvel
agrément ;
D'Enfans aîlez une troupe
fidelle ,
FUGITIVES. 69
JPlaifirs
, Amours voltigent
autour d'elle ,
Et fans effort prés d'elle
retenus ,
Pour la fervir ont oublié
Venus.
Non , non Amour ce n'eft
point à Cithere ,
Ny dans les bois qu'Amatonthe
révere ,
Qu'il faut chercher & les
jeux & les ris ? 7
Si vous voulez de vos freres
cheris ;
Revoir un jour la troupe
réünic ,
N'hefitez point , volez chez
Uranic.
70 PIECES
Mais à qui vais - je étaler ces
propos ,
Puis -je penfer qu'un Dicu
qui du cahos ,
Débarafla cette machine
ronde >
Qui voit , qui meut tous les
eftres du monde ,
De fes refforts & l'ame &
l'inftrument
Puiffe ignorer fon plus bel
ornement !
Déja porté fur les ailes
d'Eole
,
Du haut des Cieux je le vois
qui s'envole ,
Plus glorieux d'obéïr en ſa
cour >
FUGITIVES. 71
Que de regner au celefte
féjour .
Confervez bien genereufe
Uranic ,
Ce Dieu puiffant ce celeſte
genie ,
Ame du monde , Auteur
de tous les biens ,
Par qui brifant les terreftres
liens ,
D'un vol hardi nos ames
élancées ,
Jufques au Ciel élévent leurs
penſées
;
Sans fa beauté, fans fes dons
precieux ,
La vertu même eft moins
belle ànos yeux
72 PIECES
Ila produit fous d'heureux
caracteres ,
La dépouillant de fes rides
feveres ,
De qui l'afpest effrayant
les mortels ,
Leur fait fouvent deferter
fes Autels ,
De fon flambeau les flammes
immortelles ,
Jettent en nous ces vives
éteincelles
,
Dont autrefois les Heros
embrafez ,
Malgré la mort fe font
éternifez
;
Cette chaleur fi promte & fi
rapide ,
Sceut
FUGITIVES 7
Sceut échauffer un Thefée ,
un Alcide ,
Arma leurs bras pour calmer
l'Univers ,
Et pour vanger l'équité
mife aux fers .
Telle eft l'ardeur dont ce
Dieu nous enflame .
Tel eft le feu qu'il alluma
dans l'ame ,
De ce Heros aux triomphes
inftruit
>
Dont vous tenez la clarté
qui vous luit ;
}
C'est cet amour impatient
de gloire ,
Février 1711 Dd
44 PIECES
Qui tant de fois affûra la
memoire
,
Luy fic braver les feux & le
trépas ,
Luy fit chercher la guerre
& les combats :
De Jupiter allumant le tonnere
,
Brifer l'orgueil des enfans
de la terre
,
Contre leur rage armer nos
boulevarts ,
Er foudroyer leurs plus fermės
remparts.
Puiffe-t- il voir les nombreu .
ſes années
Toûjours de gloire &
d'honneurs couronnées ,
FUGITIVES 7
Et quand la Paix reviendra
parmi nous,
Se confacrer à des travaux
plus doux:
Non moins heureux fous
l'Empire de Rhée
Que quand la terre à Bellonne
eft livrée.
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Résumé : EPITRE à Madame D**** sur le veritable Amour.
L'épître est adressée à Madame D ****, en louant son discernement et sa sagesse dans la compréhension de l'amour véritable. L'auteur dénonce les représentations superficielles et trompeuses de l'amour, souvent décrit comme un dieu langoureux et capricieux. Il oppose ce faux amour à une vision noble et vertueuse, inspirée par les anciens sages qui voyaient en l'amour un guide vers la vertu, l'honneur et la paix. L'épître retrace l'histoire de l'amour, d'abord réparateur et civilisateur, puis corrompu par la Terre, qui engendra un amour tyrannique et destructeur. Ce faux amour provoqua des malheurs et des forfaits, menant à une dégradation morale des générations. Touchés par ces disgrâces, les Dieux décidèrent de renvoyer l'amour véritable sur Terre. L'auteur invite l'amour à se réfugier auprès de Madame D ****, dont la cour est un sanctuaire de vertu et de beauté. Il loue ses qualités, soutenues par les Muses et les arts, et la décrit comme un havre de paix et de candeur. L'épître se conclut par une célébration de l'amour véritable, source de gloire et de vertu, capable d'inspirer les héros et de guider les âmes vers le bien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2438
p. 75-90
ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
Début :
Dans la route que je me trace, [...]
Mots clefs :
Homme, Vertu, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
O DE
à Monfieur le Marquis
de la F ** .
Dans la route que je me
trace
La Fare , daigne m'éclairer ,
Dd ij
76
PIECES
Toy qui dans le fentier
d'Horace
Marches fans jamais t'égarer
,
Qui par les leçons d'Arif..
tippe ,
De la fageffe de Chrifippe ,
As fçcû corriger l'âpreté :
Et qui celle qu'au temps
d'Aftrée ,
Nous montres la vertu parée
Des attraits de la volupté.
Ce feu facré que Promethée,
Ola dérober dans les Cieux,
La raifon à l'homme apportée
,
FUGITIVES 77
Le tend prefque femblable
aux Dieux ;
Se pourroit - il fage la Fare ,
Qu'un prefent fi noble , &
fi rare
,
De nos maux devint l'inftrument
!
Et qu'une lumiere divine
Put jamais eftre l'origine ,
D'un déplorable aveuglement.
Lorsqu'à l'Epoux de Penes
lope
Minerve accorde fon fe
cours ,
Les Leftrigons , & le Cy
clope , Dd iij
78 PIECES
Envain s'arment contre fes
jours ;
Aidé de cette intelligence ,
Il triomphe de la vengeance
De Neptune en vain courroucé
;
Par elle il brave les careffes
Des Sirennes enchantereffes ,
Et le breuvage de Circé .
De la vertu qui nous conferve
C'eft le fymbolique tableau,
Chaque mortela faMinerve,
Qui doit lui fervir de flam .
beau ;
Mais cette Deité propice
Marchoit toûjours devant
FUGITIVES
Uliffe ,
Lui fervant de guide & d'appuy
Au lieu que par l'homme
conduite
,
Elle ne va plus qu'à fa fuite,
Et fe précipite avec lui .
Loin que la Raifon nous éclaire
,
Et conduife nos actions ,
Nous avons trouvé l'art d'en
faire
L'Orateur de mes paffions ;
C'eft un Sophifte qui nous
jouë ,
Un vil complaifant qui nous
loue , Dd iiij .
80 PIECES
A tous les fons de l'Univers
;
Qui s'habillant du nom de
fages ,
La tiennent fans ceffe à leurs
gages ,
Pour autorifer leurs travers.
C'est elle qui nous fait
accroire ,
Que tout cede à noftre pouvoir
:
Qui nourrit noftre folle
gloire:
De l'yvreffe d'un faux fçavoir
:
Qui par cent nouveaux
Atratagêmes ,
FUGITIVES &
請
Nous maſquant fans ceffe à
nous mêmes ,
Parmi les vices nous endort:
Du furieux fait un Achille ,
Du fourbe un politique ha
bile ,
Et de l'athée un efprit fort.
Mais vous mortels qui dans
le monde ,
Croyant tenir les premiers
rangs ,
Plaignez l'ignorance profonde
De tant de Peuples differenss
Qui confondez avec la
Brutte
82 PIECES
LcHuron caché dans fa hute
Au feul inftinct prefque réduir
,
Parlez quel eft le moins
barbare ,
D'une raiſon qui nous égare,
Ou de l'instinct qui les con
duit ?
La nature en trésors fertile
Lui fait abondamment
trouver
Tout ce qui lui peut eftre
utile ,
Soigneufe de le conferver ;
Content du partage modefte
Qu'il tient de la bonté Ccleſte
›
FUGITIVES 83
Il vit fans trouble , & fans
ennuy
Et fi fon climat lui refuſe
Quelques biens dont l'Europe
abuſe ;
++
Cene font plus des biens
lic pour lui.
Couché dans un antre ruftique
,
Du Nord il brave la rigueur,
Et noftre luxe afiatique
N'a point enervé fa vigueur;
Il ne regrette point la perte
De ces arts dont la décou
verte
A l'homme a couté tant de
foins
84
PIECES
Er qui devenus néceffaires ;
N'ont fait
qu'augmenter
nos miferes ,
En multipliant nos beſoins .
&
Il méprife la vaine étude
D'un Philoſophe pointilleux
,
Qui nâgeant dans l'incer
titude
,
Vante fon fçavoir merveil
feux ;
Il ne veut d'autre connoif
fance
Que ce que la Toute- puif
fance
A bien voulu nous en don
ner ;
FUGITIVES 85
Il fçait qu'il a crée les fages
Pour profiter de fes ouvrages
,
Et non pour les examiner .
Ainfi d'une erreur dangereuſe
,
Il n'avale point le poifon
Et noftre clarreté tenebreufe
N'a point offufqué faraifon;
Il ne fe tend point à lui .
même
Le piege d'un adroit lyftème
Pour le cacher la verité :
Le crime à fes yeux paroist
crime ,
Et jamais rien d'illegitime ,
86 PIECES
Chez lui n'a pris l'air d'équité.
Maintenantfertiles contrées,
· Sages mortels , Peuples heureux
Des Nations hyperborées
Plaignez l'aveuglement af
freux ;
Vous qui dans la vaine Nobleffe
,
Dans les honneurs , dans la
moleffe,
Mettez la gloire , & les plaifirs
:
Vous de qui l'infame avarice
,
FUGITIVES
87
Promene au gré de fon caprice
,
Les infatiables defirs .
Ouy c'eft toy monftre dé
teſtable !
Fatal ennemy des humains
Qui feul du bonheur veritable
,
Al'homme asfermé les chemins
;
Pour appaiſer ſa foifardente
La Terre en tréfors abondante
Feroit germer l'or fous fes
pas ,
Il brûle d'un feu fans remede
&S PIECES
Moins riche de ce qu'il pof
fede ,
Que pauvre de ce qu'il n'a
pas.
Ahi fi d'une pauvreté dure
Nous cherchons à nous affernchir
,
Raprochons nous de la
Nature
Qui feul peut nous enrichir
;
Forçons de funeftes obſtacles
,
Refervons pour nos Tabernacles
,
Det or, ces rubis , ces métaux.
FUGITIVES 84
Où dans le fein des mers a
vides ,
Jettons ces richeffes per fides,
L'unique inftrument de nos
maux.
Ce font là les vrais facrifices
Far qui nous pouvons étouffer
Les femences de tous les vices
Qu'on voit ici bas triompher.
Otez l'intereft de la Terre ,
Vous en exilerez la Guerre,
L'honneur rentrera dans fes
droits ,
Février 1711 Ec
50 PIECES
Et plus juftes que nous ne
fommes ,
Nous verrons regner fur les
hommes
Les moeurs à la place des
Loix.
Sur tout réprimons les faillies
De noftre curiofité , in I
Source de toutes nos folies ,
Mere de noltre vanité ;
Nous errons dans d'épaiffes
Pombres, hom
Où fouvent nos lumieres
fombres
Ne fervent qu'à nous éblouir
;
à Monfieur le Marquis
de la F ** .
Dans la route que je me
trace
La Fare , daigne m'éclairer ,
Dd ij
76
PIECES
Toy qui dans le fentier
d'Horace
Marches fans jamais t'égarer
,
Qui par les leçons d'Arif..
tippe ,
De la fageffe de Chrifippe ,
As fçcû corriger l'âpreté :
Et qui celle qu'au temps
d'Aftrée ,
Nous montres la vertu parée
Des attraits de la volupté.
Ce feu facré que Promethée,
Ola dérober dans les Cieux,
La raifon à l'homme apportée
,
FUGITIVES 77
Le tend prefque femblable
aux Dieux ;
Se pourroit - il fage la Fare ,
Qu'un prefent fi noble , &
fi rare
,
De nos maux devint l'inftrument
!
Et qu'une lumiere divine
Put jamais eftre l'origine ,
D'un déplorable aveuglement.
Lorsqu'à l'Epoux de Penes
lope
Minerve accorde fon fe
cours ,
Les Leftrigons , & le Cy
clope , Dd iij
78 PIECES
Envain s'arment contre fes
jours ;
Aidé de cette intelligence ,
Il triomphe de la vengeance
De Neptune en vain courroucé
;
Par elle il brave les careffes
Des Sirennes enchantereffes ,
Et le breuvage de Circé .
De la vertu qui nous conferve
C'eft le fymbolique tableau,
Chaque mortela faMinerve,
Qui doit lui fervir de flam .
beau ;
Mais cette Deité propice
Marchoit toûjours devant
FUGITIVES
Uliffe ,
Lui fervant de guide & d'appuy
Au lieu que par l'homme
conduite
,
Elle ne va plus qu'à fa fuite,
Et fe précipite avec lui .
Loin que la Raifon nous éclaire
,
Et conduife nos actions ,
Nous avons trouvé l'art d'en
faire
L'Orateur de mes paffions ;
C'eft un Sophifte qui nous
jouë ,
Un vil complaifant qui nous
loue , Dd iiij .
80 PIECES
A tous les fons de l'Univers
;
Qui s'habillant du nom de
fages ,
La tiennent fans ceffe à leurs
gages ,
Pour autorifer leurs travers.
C'est elle qui nous fait
accroire ,
Que tout cede à noftre pouvoir
:
Qui nourrit noftre folle
gloire:
De l'yvreffe d'un faux fçavoir
:
Qui par cent nouveaux
Atratagêmes ,
FUGITIVES &
請
Nous maſquant fans ceffe à
nous mêmes ,
Parmi les vices nous endort:
Du furieux fait un Achille ,
Du fourbe un politique ha
bile ,
Et de l'athée un efprit fort.
Mais vous mortels qui dans
le monde ,
Croyant tenir les premiers
rangs ,
Plaignez l'ignorance profonde
De tant de Peuples differenss
Qui confondez avec la
Brutte
82 PIECES
LcHuron caché dans fa hute
Au feul inftinct prefque réduir
,
Parlez quel eft le moins
barbare ,
D'une raiſon qui nous égare,
Ou de l'instinct qui les con
duit ?
La nature en trésors fertile
Lui fait abondamment
trouver
Tout ce qui lui peut eftre
utile ,
Soigneufe de le conferver ;
Content du partage modefte
Qu'il tient de la bonté Ccleſte
›
FUGITIVES 83
Il vit fans trouble , & fans
ennuy
Et fi fon climat lui refuſe
Quelques biens dont l'Europe
abuſe ;
++
Cene font plus des biens
lic pour lui.
Couché dans un antre ruftique
,
Du Nord il brave la rigueur,
Et noftre luxe afiatique
N'a point enervé fa vigueur;
Il ne regrette point la perte
De ces arts dont la décou
verte
A l'homme a couté tant de
foins
84
PIECES
Er qui devenus néceffaires ;
N'ont fait
qu'augmenter
nos miferes ,
En multipliant nos beſoins .
&
Il méprife la vaine étude
D'un Philoſophe pointilleux
,
Qui nâgeant dans l'incer
titude
,
Vante fon fçavoir merveil
feux ;
Il ne veut d'autre connoif
fance
Que ce que la Toute- puif
fance
A bien voulu nous en don
ner ;
FUGITIVES 85
Il fçait qu'il a crée les fages
Pour profiter de fes ouvrages
,
Et non pour les examiner .
Ainfi d'une erreur dangereuſe
,
Il n'avale point le poifon
Et noftre clarreté tenebreufe
N'a point offufqué faraifon;
Il ne fe tend point à lui .
même
Le piege d'un adroit lyftème
Pour le cacher la verité :
Le crime à fes yeux paroist
crime ,
Et jamais rien d'illegitime ,
86 PIECES
Chez lui n'a pris l'air d'équité.
Maintenantfertiles contrées,
· Sages mortels , Peuples heureux
Des Nations hyperborées
Plaignez l'aveuglement af
freux ;
Vous qui dans la vaine Nobleffe
,
Dans les honneurs , dans la
moleffe,
Mettez la gloire , & les plaifirs
:
Vous de qui l'infame avarice
,
FUGITIVES
87
Promene au gré de fon caprice
,
Les infatiables defirs .
Ouy c'eft toy monftre dé
teſtable !
Fatal ennemy des humains
Qui feul du bonheur veritable
,
Al'homme asfermé les chemins
;
Pour appaiſer ſa foifardente
La Terre en tréfors abondante
Feroit germer l'or fous fes
pas ,
Il brûle d'un feu fans remede
&S PIECES
Moins riche de ce qu'il pof
fede ,
Que pauvre de ce qu'il n'a
pas.
Ahi fi d'une pauvreté dure
Nous cherchons à nous affernchir
,
Raprochons nous de la
Nature
Qui feul peut nous enrichir
;
Forçons de funeftes obſtacles
,
Refervons pour nos Tabernacles
,
Det or, ces rubis , ces métaux.
FUGITIVES 84
Où dans le fein des mers a
vides ,
Jettons ces richeffes per fides,
L'unique inftrument de nos
maux.
Ce font là les vrais facrifices
Far qui nous pouvons étouffer
Les femences de tous les vices
Qu'on voit ici bas triompher.
Otez l'intereft de la Terre ,
Vous en exilerez la Guerre,
L'honneur rentrera dans fes
droits ,
Février 1711 Ec
50 PIECES
Et plus juftes que nous ne
fommes ,
Nous verrons regner fur les
hommes
Les moeurs à la place des
Loix.
Sur tout réprimons les faillies
De noftre curiofité , in I
Source de toutes nos folies ,
Mere de noltre vanité ;
Nous errons dans d'épaiffes
Pombres, hom
Où fouvent nos lumieres
fombres
Ne fervent qu'à nous éblouir
;
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Résumé : ODE à Monsieur le Marquis de la F**.
Dans une lettre adressée au Marquis de la F**, l'auteur exprime son admiration pour la sagesse et la vertu, en s'inspirant de figures mythologiques et historiques. Il compare la raison au feu sacré apporté par Prométhée, se demandant si elle peut devenir un instrument de malheur. L'auteur critique la société qui utilise la raison pour justifier ses passions et ses vices, transformant ainsi la sagesse en complaisance. Il oppose les peuples civilisés, égarés par la raison, aux peuples naturels comme les Hurons, qui vivent en harmonie avec la nature et sont contents de leur sort. Ces derniers ne sont pas corrompus par les arts et les connaissances, qui ont augmenté les misères humaines. L'auteur déplore l'aveuglement des sociétés modernes, obsédées par la richesse et les honneurs, et propose de revenir à une vie plus simple et naturelle pour échapper aux vices et aux guerres. Il conclut en appelant à réprimer la curiosité, source de toutes les folies et de la vanité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2440
p. 97-103
ODE A une belle Veuve.
Début :
Quel respect imaginaire, [...]
Mots clefs :
Veuve, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE A une belle Veuve.
ODE
A une belle Veuve.
Quel refpect imaginaire ,
Pour les cendres d'un Epoux
Vous rend vous même contraire
A vos defirs les plus doux ;
Quand fa courfe fut bornéc
Par la fatale journée ;
Qui le mit dans le tombeau,
Penfez vous que l'Hymenéc
,
Février
1711. Ff
93 PIECES
Nair pas efteint ſon Alımbeau
.
Pourquoy ces fombres tenebres
,
Dans ce lugubre réduit ,
Pourquoy ces clartez funé-
2009 bres
2
Plus affreufes que la nuit ;
De ces noirs objets troublée
,
Trifte & fans ceffe immolée,
A de frivoles égards ,
Ferez vous d'un Mauzolée ,
Le plaifir de vos regards.
Voyez les Graces fidelles
BIBLIOTHE
LYON
18931
THEQUE
DE
L
FUGITIVE
Malgré vous fuivre vos
Er voltiger autour d'elles ,
L'Amour qui vous tend les
brasjevamo
Voyez ce Dieu plein de
charmes ;
Qui vous dit les yeux en
larmes
Pourquoy ces foins fuper
Alus ,
Pourquoy ces cris ces
palarmesil
Ton Epoux ne t'entend plus .
Si vôtre premiere flame,
Eut jadis un cours fi beau ,
Il doit enhardir vôtre anie ,
·Ff ij
100 PIECES I
A brûler d'un fau nouveau,
Plus d'un bonheur fi paifi
ble ,
La perte vous fut fenfible ;
Plus vous devez afpirer:
Au feul remede infaillible ,
Qui puiffe la réparer.
De la veuve de Sichée
L'Hiftoire vous a fait peur
Didon mourut attachée ,
Au Char d'un Amant trompcur
Mais l'impudente mortelle ,
N'eut à fe plaindre que
d'elle ,
Ce fut fa faute en un mot,
FUGITIVES . fot
A quoy fongeoit cette belle,
De prendre un Amant
bigot .
009
Pouvoit elle mieux atten
dre ,
De ce Heros Voyageur : Y
Qui fuyant fa Ville en
cendre
,
Et le fer du Grec vangeur
Chargé des Dieux de Pergame
Ravit fon pere à la flame
Tenant fon fils par la main
Sans prendre gårde à fa
femme
Qui le perdit en chemin.
Ff iij
102 PIECES
1
Sous un plus heureux aufpice
,
La Déeffe des Amours ,
Veut qu'un nouveau Sacri,
fice
,
Luy. confacre vos beaux
E jours
Déja le Bucher s'allume ,
L'Autel brille
* fume ,
l'Encens
La Victime s'embellit ,
L'Amour même la confume
Enfin l'Hmen
s'accomplit .
Tout confpire à l'allegreffe,
FUGITIVES. 103
De cet inftant folemnel
Une riante Jeunefle ,
Folaftre autour de l'Autel ,
Les Graces à demy nuës ]
A ces danfes ingénues ,
Meflent de tendres accens
Et fur un Trône de nues ,
Venus reçoit voftre encens
A une belle Veuve.
Quel refpect imaginaire ,
Pour les cendres d'un Epoux
Vous rend vous même contraire
A vos defirs les plus doux ;
Quand fa courfe fut bornéc
Par la fatale journée ;
Qui le mit dans le tombeau,
Penfez vous que l'Hymenéc
,
Février
1711. Ff
93 PIECES
Nair pas efteint ſon Alımbeau
.
Pourquoy ces fombres tenebres
,
Dans ce lugubre réduit ,
Pourquoy ces clartez funé-
2009 bres
2
Plus affreufes que la nuit ;
De ces noirs objets troublée
,
Trifte & fans ceffe immolée,
A de frivoles égards ,
Ferez vous d'un Mauzolée ,
Le plaifir de vos regards.
Voyez les Graces fidelles
BIBLIOTHE
LYON
18931
THEQUE
DE
L
FUGITIVE
Malgré vous fuivre vos
Er voltiger autour d'elles ,
L'Amour qui vous tend les
brasjevamo
Voyez ce Dieu plein de
charmes ;
Qui vous dit les yeux en
larmes
Pourquoy ces foins fuper
Alus ,
Pourquoy ces cris ces
palarmesil
Ton Epoux ne t'entend plus .
Si vôtre premiere flame,
Eut jadis un cours fi beau ,
Il doit enhardir vôtre anie ,
·Ff ij
100 PIECES I
A brûler d'un fau nouveau,
Plus d'un bonheur fi paifi
ble ,
La perte vous fut fenfible ;
Plus vous devez afpirer:
Au feul remede infaillible ,
Qui puiffe la réparer.
De la veuve de Sichée
L'Hiftoire vous a fait peur
Didon mourut attachée ,
Au Char d'un Amant trompcur
Mais l'impudente mortelle ,
N'eut à fe plaindre que
d'elle ,
Ce fut fa faute en un mot,
FUGITIVES . fot
A quoy fongeoit cette belle,
De prendre un Amant
bigot .
009
Pouvoit elle mieux atten
dre ,
De ce Heros Voyageur : Y
Qui fuyant fa Ville en
cendre
,
Et le fer du Grec vangeur
Chargé des Dieux de Pergame
Ravit fon pere à la flame
Tenant fon fils par la main
Sans prendre gårde à fa
femme
Qui le perdit en chemin.
Ff iij
102 PIECES
1
Sous un plus heureux aufpice
,
La Déeffe des Amours ,
Veut qu'un nouveau Sacri,
fice
,
Luy. confacre vos beaux
E jours
Déja le Bucher s'allume ,
L'Autel brille
* fume ,
l'Encens
La Victime s'embellit ,
L'Amour même la confume
Enfin l'Hmen
s'accomplit .
Tout confpire à l'allegreffe,
FUGITIVES. 103
De cet inftant folemnel
Une riante Jeunefle ,
Folaftre autour de l'Autel ,
Les Graces à demy nuës ]
A ces danfes ingénues ,
Meflent de tendres accens
Et fur un Trône de nues ,
Venus reçoit voftre encens
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Résumé : ODE A une belle Veuve.
Le poème 'ODE À une belle Veuve', daté de février 1711, s'adresse à une veuve qui, malgré ses désirs, respecte la mémoire de son époux défunt. Il évoque les souvenirs sombres et lugubres liés à la mort de son mari, contrastant avec les avances de l'amour qui tente de la séduire. La veuve est invitée à surmonter sa douleur et à aspirer à un nouveau bonheur, symbolisé par un mariage imminent. Le poème fait référence à des figures historiques comme la veuve de Sichée et Didon, soulignant les erreurs de ces dernières. Il décrit également la déesse des Amours préparant un sacrifice pour consacrer les beaux jours de la veuve. La scène finale montre une jeune fille joyeuse et les Grâces dansant autour de l'autel, tandis que Vénus reçoit l'encens, symbolisant l'accomplissement du mariage.
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2441
p. 103-107
STANCES.
Début :
Arrestez, jeune Bergere, [...]
Mots clefs :
Amant, Bergère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES.
STANCES.
Arreftez , jeune Bergere ,
Je fuis un Amant fincere ,
Un Amant vous fait il peur
Je n'ay qu'un mot à
v
dire
Ff.iiij
104 PIECES
Ec tout ce que je deſire ,
C'eft de vous tirer d'erreur
Le temps vous pourfait fans
ceffe ,
L'éclat de voſtre jeuneffe ,
Sera bientoft effacé ,
Le temps détruir toutes
chofes ,
Et l'on ne voit plus de
rofes ,
Quand le Printemps eſt paſ
fé.
Les plus fombres nuits finif-
21 fent ,
Leurs ombres s'évanoüiffent,
1
FUGITIVES . ros
Et rendent bien toft le jour s
Mais quand l'aimable jeu
neffe
A fait place à la vielleffe ,
Elle ignore le retour.
L'éclat des fleurs naturelles,
Fait l'ornement de nos Belles
,
On prife leur nouveauté ;
Mais au bout d'une journée,
Cette heureufe déftinée ,
Finit avec leur beauté !
Vos attraits belle Silvie,
Ne mettront point voſtre
for vice
106
PIECES
Hors des atteintes du fort ,
Il vous proméne fans ceffe ,
Du bel âge à la vieilleffe ;
De la vicilleffe à la mort.
-
Ainfi foyez moins volage ;
Er puis qu'avec le bel âge ,
Le plaifir paffe & s'enfuit ,
Quittez voftre indifference ,
La nuit à grands pas s'avan-
CC
Profitez du jour qui luit.
Un peu de tendre folie ,
Fait d'une Fille jolie ,
Le plaifir & le bonheur
;
Et dans le déclin de l'âge ,,
FUGITIVES. 107
Un dehors fier & fauvage.
Luy rend la gloire & l'honneur
.
Par cette leçon fidelle ,
Tircis prefloit une belle ,
D'avoir pitié de fon mal
Son Difcours la rendit fage
Mais elle n'en fit ufage ,
Qu'au profit de fon Rival .
Arreftez , jeune Bergere ,
Je fuis un Amant fincere ,
Un Amant vous fait il peur
Je n'ay qu'un mot à
v
dire
Ff.iiij
104 PIECES
Ec tout ce que je deſire ,
C'eft de vous tirer d'erreur
Le temps vous pourfait fans
ceffe ,
L'éclat de voſtre jeuneffe ,
Sera bientoft effacé ,
Le temps détruir toutes
chofes ,
Et l'on ne voit plus de
rofes ,
Quand le Printemps eſt paſ
fé.
Les plus fombres nuits finif-
21 fent ,
Leurs ombres s'évanoüiffent,
1
FUGITIVES . ros
Et rendent bien toft le jour s
Mais quand l'aimable jeu
neffe
A fait place à la vielleffe ,
Elle ignore le retour.
L'éclat des fleurs naturelles,
Fait l'ornement de nos Belles
,
On prife leur nouveauté ;
Mais au bout d'une journée,
Cette heureufe déftinée ,
Finit avec leur beauté !
Vos attraits belle Silvie,
Ne mettront point voſtre
for vice
106
PIECES
Hors des atteintes du fort ,
Il vous proméne fans ceffe ,
Du bel âge à la vieilleffe ;
De la vicilleffe à la mort.
-
Ainfi foyez moins volage ;
Er puis qu'avec le bel âge ,
Le plaifir paffe & s'enfuit ,
Quittez voftre indifference ,
La nuit à grands pas s'avan-
CC
Profitez du jour qui luit.
Un peu de tendre folie ,
Fait d'une Fille jolie ,
Le plaifir & le bonheur
;
Et dans le déclin de l'âge ,,
FUGITIVES. 107
Un dehors fier & fauvage.
Luy rend la gloire & l'honneur
.
Par cette leçon fidelle ,
Tircis prefloit une belle ,
D'avoir pitié de fon mal
Son Difcours la rendit fage
Mais elle n'en fit ufage ,
Qu'au profit de fon Rival .
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Résumé : STANCES.
Le texte est une série de stances poétiques adressées à une jeune bergère. L'auteur, se présentant comme un amant sincère, l'exhorte à apprécier sa jeunesse et sa beauté avant qu'elles ne disparaissent. Il met en garde contre le passage inexorable du temps, qui efface la jeunesse et la beauté, comparant cette transformation à la fin des nuits sombres et à la fin de la beauté des fleurs. L'auteur souligne que la jeunesse et la beauté sont éphémères, tandis que la vieillesse et la mort sont inévitables. Il encourage la jeune bergère à profiter du moment présent et à ne pas être indifférente, car la jeunesse et le plaisir passent rapidement. L'auteur conclut en racontant l'histoire de Tircis, qui a tenté de convaincre une belle de sa sincérité, mais sans succès, car elle a préféré son rival.
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2442
p. 108-110
EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
Début :
Tant que dure la présence [...]
Mots clefs :
Ombre
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
EPITRE
A Monſieur l'Abbé de
C **
Tant que dure la préfence
D'un Altre propice & doux,
J'ai fenty de ton abfence
Plus d'ennuy que de courroux
,'
Je difois je te pardonne
De préferer les beautez
De Céres & de Pomone
Au tumulte des Citez ,
Ainfi l'Amant de Glycér
Epris d'un repos obfcur
FUGITIMES . os
Cherchoit l'ombre folitaire
Des rivages de Tibur ;
Mais aujourd'hui dans mes
Plaines
Le chien bruflant de Prócris
,
De Flore aux douces haleines
Deffeiche les dons chéris.
Veux tu d'un Aftre perfide
Piquer les âpres chaleurs ,
Et dans ton jardin aride ,
Seicher ainfi que tes fleurs.
Non , non , fuis plûtoft l'exemple
De tes amis Cafaniers
110 PIECES
Et réviens chercher au temple
L'ombre de tes maronniers.
Là nous trouverons fans
peine
Avec toi le verre en main ,
Cet homme que Diogéne
Chercha filong temps en
vain ,
Et dans fa douce allégreffe ,
Dont tu fçais nous abreuver
,
Nous puiferons la fageffe
Qu'il cherchoit fans la trouver
,
A Monſieur l'Abbé de
C **
Tant que dure la préfence
D'un Altre propice & doux,
J'ai fenty de ton abfence
Plus d'ennuy que de courroux
,'
Je difois je te pardonne
De préferer les beautez
De Céres & de Pomone
Au tumulte des Citez ,
Ainfi l'Amant de Glycér
Epris d'un repos obfcur
FUGITIMES . os
Cherchoit l'ombre folitaire
Des rivages de Tibur ;
Mais aujourd'hui dans mes
Plaines
Le chien bruflant de Prócris
,
De Flore aux douces haleines
Deffeiche les dons chéris.
Veux tu d'un Aftre perfide
Piquer les âpres chaleurs ,
Et dans ton jardin aride ,
Seicher ainfi que tes fleurs.
Non , non , fuis plûtoft l'exemple
De tes amis Cafaniers
110 PIECES
Et réviens chercher au temple
L'ombre de tes maronniers.
Là nous trouverons fans
peine
Avec toi le verre en main ,
Cet homme que Diogéne
Chercha filong temps en
vain ,
Et dans fa douce allégreffe ,
Dont tu fçais nous abreuver
,
Nous puiferons la fageffe
Qu'il cherchoit fans la trouver
,
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Résumé : EPITRE A Monsieur l'Abbé de C**
L'auteur écrit à l'abbé de C** pour exprimer son ennui de son absence, qu'il attribue à une préférence pour la tranquillité des champs. Il évoque un changement de saison avec une chaleur intense et invite l'abbé à revenir pour partager une sagesse rare, sous les marronniers, comparée à celle de Diogène.
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2443
p. 111-112
EPITALAME sur le Mariage de Mademoiselle D**
Début :
Seigneur Hymen, comment l'entendez vous, [...]
Mots clefs :
Mariage, Hymen, Amour
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texteReconnaissance textuelle : EPITALAME sur le Mariage de Mademoiselle D**
EPIT ALAME
fur le Mariage de
Mademoiselle D **
Seigneur Hymen, comment
l'enténdez vous,
Difoit l'aîné des enfans de
Cythere ,
De cet objet qui fut formé
pour vous ,
Croyez vous feul eſtre dé.
pofitaire ,
Non dit l'Hymen , quoi
qu'à ne vous rien faire.
Pour mon profit vous soyez
peu zelé,
2 PIECES
Eh mon amy , lui dit l'enfant
aiflé,
Conſerve nous ainfi que ta
prunelle ,
Quand une fois l'Amour
s'eft envolé
Le pauvre Hymen ne bat
plus que d'une aifle.
fur le Mariage de
Mademoiselle D **
Seigneur Hymen, comment
l'enténdez vous,
Difoit l'aîné des enfans de
Cythere ,
De cet objet qui fut formé
pour vous ,
Croyez vous feul eſtre dé.
pofitaire ,
Non dit l'Hymen , quoi
qu'à ne vous rien faire.
Pour mon profit vous soyez
peu zelé,
2 PIECES
Eh mon amy , lui dit l'enfant
aiflé,
Conſerve nous ainfi que ta
prunelle ,
Quand une fois l'Amour
s'eft envolé
Le pauvre Hymen ne bat
plus que d'une aifle.
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2444
p. 113-118
ODE Sur un commencement d'Année.
Début :
L'Astre qui partage nos jours, [...]
Mots clefs :
Année
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texteReconnaissance textuelle : ODE Sur un commencement d'Année.
O
DEA
Sur un commencement
d'Année.
L'Aftre qui partage nos
jours ,
Et qui nous preſte ſa lu-
4
miere
Viene de terminer la carriere,
Et commencer un nouveau
cours .
Avec une viteffe extrême T
Nous avons vu l'an's'écou
ler ;
Février 1711. Gg
114 PIECES
Celui ci paffera de même
Sans qu'on puiffe le rappeller.
Tout finit , tout eft fans remede
,
Aux Loix du temps affu
jéti ,
Et par l'inftant qui lui fuccede
,
Chaque inftant eft anéantis
La plus brillante des journées
Paffe
pour
ne
plus
revenir
,
La
plus
fertile
des
années
11 FUGITIVES.
N'a commencé que pour fi
nir.
En vain par les murs qu'on
acheve ,
L'on tâche à s'immortalifer;
La vanité qui les éleve
Ne fçauroit les éternifer .
L'homme qui de tout eſt le
Maitreymi:0
Par la même Loi doit perir ;
Ici bas commencer à naiftre,
Neft que commencer à
mourir.
Pourquoi donc dans ce pèu
d'efpace Gg ij
716 PIECES
€
De tant de foins m'embarraffer
?
Pourquoi perdre le jour qui
paffe ,
Pour un autre qui doit paſſer?
Si tel eft le deftin des hommes
,
Qu'un moment peut les voir
finirs
Goutons bien l'instant où
nous fommes ,
Puifqu'il ne peut plus reve
nir.
Cet homme eft vraiment
* déplorable , citrus?
FUGITIVES.
Qui de la fortune amoureux
Serend lui même miferable ,
En travaillant pour eftre
heureux .
Infenfez ! voſtre ame fe livre
A de tumultueux projets
Vous mourez fans avoir ja
mais
Pû trouver le moment de
aplo vivre.m, qusmon I
Je fonge aux jours que j'ai
paffez ,
Sans les regreter: nimen
tanplaindregnod ! anda
Je vois ceux qui me ſongs
laiffez ,
118 PIECES
Sans les defirer ni les crain
dre.
Jak
Ne laiffons point évanouir
Des biens mis en noftre
puiffance ,
Et que l'attente d'en jouir
N'étouffe point leur joüif
fance.
Le moment paffe n'eft pluss
rien ,
Demain nous pouvons ne
plus eftre ,
Be prefent eft l'unique bien ,
Dont l'homme foit vrai
ment le Maitres
DEA
Sur un commencement
d'Année.
L'Aftre qui partage nos
jours ,
Et qui nous preſte ſa lu-
4
miere
Viene de terminer la carriere,
Et commencer un nouveau
cours .
Avec une viteffe extrême T
Nous avons vu l'an's'écou
ler ;
Février 1711. Gg
114 PIECES
Celui ci paffera de même
Sans qu'on puiffe le rappeller.
Tout finit , tout eft fans remede
,
Aux Loix du temps affu
jéti ,
Et par l'inftant qui lui fuccede
,
Chaque inftant eft anéantis
La plus brillante des journées
Paffe
pour
ne
plus
revenir
,
La
plus
fertile
des
années
11 FUGITIVES.
N'a commencé que pour fi
nir.
En vain par les murs qu'on
acheve ,
L'on tâche à s'immortalifer;
La vanité qui les éleve
Ne fçauroit les éternifer .
L'homme qui de tout eſt le
Maitreymi:0
Par la même Loi doit perir ;
Ici bas commencer à naiftre,
Neft que commencer à
mourir.
Pourquoi donc dans ce pèu
d'efpace Gg ij
716 PIECES
€
De tant de foins m'embarraffer
?
Pourquoi perdre le jour qui
paffe ,
Pour un autre qui doit paſſer?
Si tel eft le deftin des hommes
,
Qu'un moment peut les voir
finirs
Goutons bien l'instant où
nous fommes ,
Puifqu'il ne peut plus reve
nir.
Cet homme eft vraiment
* déplorable , citrus?
FUGITIVES.
Qui de la fortune amoureux
Serend lui même miferable ,
En travaillant pour eftre
heureux .
Infenfez ! voſtre ame fe livre
A de tumultueux projets
Vous mourez fans avoir ja
mais
Pû trouver le moment de
aplo vivre.m, qusmon I
Je fonge aux jours que j'ai
paffez ,
Sans les regreter: nimen
tanplaindregnod ! anda
Je vois ceux qui me ſongs
laiffez ,
118 PIECES
Sans les defirer ni les crain
dre.
Jak
Ne laiffons point évanouir
Des biens mis en noftre
puiffance ,
Et que l'attente d'en jouir
N'étouffe point leur joüif
fance.
Le moment paffe n'eft pluss
rien ,
Demain nous pouvons ne
plus eftre ,
Be prefent eft l'unique bien ,
Dont l'homme foit vrai
ment le Maitres
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Résumé : ODE Sur un commencement d'Année.
Le poème médite sur la fugacité du temps et l'inévitabilité de la mort. Il souligne la fin d'une année et le début d'une nouvelle, notant que les jours et les années passent rapidement et sans retour. Tout, y compris les réalisations humaines comme les bâtiments, est soumis aux lois du temps. L'homme, maître de tout, doit également périr. Le poème invite à profiter du moment présent, car il ne reviendra pas. Il critique ceux qui, amoureux de la fortune, travaillent pour le bonheur sans jamais le trouver. Le poète exprime son détachement des jours passés, sans regret ni désir pour les jours à venir. Il encourage à savourer les biens présents et à ne pas les laisser s'évanouir en les attendant. Le moment présent est le seul bien dont l'homme est vraiment maître.
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2445
p. 119-122
LA MARMELADE. A Madame du H**
Début :
Par les mains de Daphné des pêches aprestées [...]
Mots clefs :
Marmelade
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texteReconnaissance textuelle : LA MARMELADE. A Madame du H**
LA MARMELADE
A Madame du H **
Paroles ar les mains de Daphné
des pêches apreltées
Şansordre enla poëfle jettées,
Cuifoient à bouillons lens
fur un feu moderéb
Qu'elle même avoit préparé:
Les Amours volloient autour
d'elle ,
Ils s'en écartent rarement,
Chacun d'eux s'empre foit a
lui marquer fon zele.
L'un en paffant legerements
120 PIECES
Allumoit le feu d'un coup
d'aille ;
L'autre à l'entretenir atta
ché conftament
Le ménageoit habilement .
En femme des long- temps
faite à leur badinage ;
Daphné , d'un air ailé la
El cueilliere à la main
Gouvernoit les Mutias ) prébfidoir
à l'ouvrage
Tandis que chacun fonge
aux foins qui le partage ,
La marmelade va fon train !
Et doja du fond de l'airain ,
Un parfum préferable à ceux
que l'Arabie
Renferme
FUGITIVES. 121
Renferme en fes valtes deferts
,
A replis ondoyans s'exhale
dans les airs.
Les noyaux ajoutez , Daphné
l'ame ravie ,
210319083 2019
vifa
Voyoit
d'un
vilage
fiant
Lo fuccés dont fa peine al
loit cftre fuiviend
Quand un amour impatient
Détachant fa trouffe perfide,
Qui fur de mille coeurs le fatal
homicide
,
Sous la poëlle la fit voſler.
L'éclair que nous voyons
foudain étinceler ,
Février 1711. Hh
127 PIECES
D'un éclat moins fubit s'allume
dans la nuë ;
L'airain gemit , la flame au
travers s'infinue .
Au hazard de fes doigts tendres
& délicats ,
Daphné , comme une autre
Pallas
,
Pour enlever la poëlle entre
dans la mellée ;
Le fecours vint trop tard ,
helas !
La Marmelade fut brufléc,
A Madame du H **
Paroles ar les mains de Daphné
des pêches apreltées
Şansordre enla poëfle jettées,
Cuifoient à bouillons lens
fur un feu moderéb
Qu'elle même avoit préparé:
Les Amours volloient autour
d'elle ,
Ils s'en écartent rarement,
Chacun d'eux s'empre foit a
lui marquer fon zele.
L'un en paffant legerements
120 PIECES
Allumoit le feu d'un coup
d'aille ;
L'autre à l'entretenir atta
ché conftament
Le ménageoit habilement .
En femme des long- temps
faite à leur badinage ;
Daphné , d'un air ailé la
El cueilliere à la main
Gouvernoit les Mutias ) prébfidoir
à l'ouvrage
Tandis que chacun fonge
aux foins qui le partage ,
La marmelade va fon train !
Et doja du fond de l'airain ,
Un parfum préferable à ceux
que l'Arabie
Renferme
FUGITIVES. 121
Renferme en fes valtes deferts
,
A replis ondoyans s'exhale
dans les airs.
Les noyaux ajoutez , Daphné
l'ame ravie ,
210319083 2019
vifa
Voyoit
d'un
vilage
fiant
Lo fuccés dont fa peine al
loit cftre fuiviend
Quand un amour impatient
Détachant fa trouffe perfide,
Qui fur de mille coeurs le fatal
homicide
,
Sous la poëlle la fit voſler.
L'éclair que nous voyons
foudain étinceler ,
Février 1711. Hh
127 PIECES
D'un éclat moins fubit s'allume
dans la nuë ;
L'airain gemit , la flame au
travers s'infinue .
Au hazard de fes doigts tendres
& délicats ,
Daphné , comme une autre
Pallas
,
Pour enlever la poëlle entre
dans la mellée ;
Le fecours vint trop tard ,
helas !
La Marmelade fut brufléc,
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Résumé : LA MARMELADE. A Madame du H**
Le texte relate la préparation de la marmelade par Daphné, assistée par les Amours. Ces derniers allument et entretiennent le feu, tandis que Daphné surveille la cuisson des pêches avec une cuillère. Un parfum délicieux, surpassant ceux de l'Arabie, se répand dans l'air. Daphné admire son travail, mais un Amour impatient fait voler la poêle, provoquant un accident. Un éclair illumine la scène, et malgré les efforts de Daphné pour sauver la poêle, la marmelade est brûlée.
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2446
p. 123-131
AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
Début :
Le jour de l'Hymenée & souvent dés la veille [...]
Mots clefs :
Amour, Hymen
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
AUTRE EPITALAME
A Monfieur de M **
Par Monfieur Roy. I
Le jour de l'Hymenée , &
fouvent dés la veille.
Une Muſe fait à merveille i
Dépeindre les Epoux dans
leur naiflante ardeur.
Huit jours plus tard c'eft
trop attendre
Le couple devenu pas tendre
,
Baille au recit de fon bon-
む
heur.
Hhij
124
PIECES
Cher Morville pour toi dans
l'objet qui t'engage ,
Tu trouves chaque jour à
l'aimer davantage .
Je viens donc affez toſt chanter
Un
bonheur que le temps
doit encor
augmenter.
Le mois paffé Venus quittas
Cythere
Pour fe rendre auprés de
Themis ;
C'eft une nouveauté ; car
- Themis eft fevore ,
Venus voudroit changer
les Juges en amis ,
Themis peur de foupçon ne
la fréquente guere.
FUGITIVES. 125
Venus pour ce jour là prit
un fage maintien,
Elle affecta certain air do
referve
Sur le regard de Minerve ;
Elle compofa le fien ;
L'Amour marchoit à cofté
de fa mere
Déguilé fous les atours
De l'Hymen fon grave frere;
Mais il fautoit , danfoit toû
jours ,
Et fi ce n'eftoit pas le plus
svif des Amours ,
C'eftoit du moins l'Hymen
plus gay que l'ordinaire,
Ils entrerent à petit bruit.
Hh iij
126: PIECES
Au fonds du Temple eſt un
réduit
Où la Déeffe retirée
Jugeoit des Epoux diviſez
Voilà , dit- elle , à Citherée,
Les querelles que vous caufez.
Vous donnez aux Amans
l'efperance frivole
De ne les point quitter, d'entretenir
leur feux
Sur votrefoy l'Hymen ferre
leurs noeuds ,
Puis vous leur manquez de
parole.
Eh bien pour tous les coeurs
dont j'ai trompé les voeux
FUGITIVES . 127
J'en fçai deux,dit Venus , que
je vais rendre heureux ,
Vous & moi formerons leur
chaîne
,
Vous n'avez qu'à vouloir
voilà ce qui m'amene ,
Qu'avec plaifir je rappelle ce
temps
Où l'on vous vit regner
fous le beau nom d'Aftrée !
Il n'eftoit point alors d'u
nion alterée
Que vous rendiez d'Epour
contens !
Formons encor des noeuds
fur ce premier modele ,
Dans voſtre vertueufe Cour
Hh iii
128 PIECES
S'éleve une aimable mortelle
Celui dont elle tient le jour,
Eft voftre Miniftre fidelle.
La jeune de Vienne ; c'eſt
elle
Dont je voudrois difpofer
avec vous .
Mais , dit Themis à qui la
deſtinerons nous ?
Epoufe du Dieu Mars, vous
me parlez peut eftre
Pour vos Guerriers préfomptueux
;
La modefte raifon chez eux
n'ole paroiftre ,
Penfez vous que mon goût
fimpatife avec eux ?
Ad H
FUGITIVES . 119
Scachez auffi que ma candeur
abhore ..
Ces honneftes trompeurs
qu'on nomme courtisans.
Que de Vienne à jamais
ignore
Leurs Arts flateurs ou méprifants.
Tant mieux reprit Venus
nous n'avons plus
d'obſtacles ,
Celui que je propofe , eft un
de vos Oracles ;
Il faut vous dire tout , il eft
auffi le mien ,
Et pour vous & pour moi
parle également bien ,
130 PIECES
Pour vous , il perfuade , il
touche
Quand il s'explique en mon
nom ,
Et je crois parler raifon
Quand je parle par ſa bouche.
Lagrave Themis lui fourit :
C'eft Morville,à ces traits je
ne m'y puis méprendre;
L'Hymen qui fuit vos pas
lui peut aller aprendre
Que vos voeux , qu'aux fiens
j'ai fouferit ,
Au moins nous n'imitons ni
l'Amant , ni la Belle ,
S'ils ne devoient s'aimer
FUGITIVES. 131
d'un amour éternelle ,
Et mieux qu'on n'aime en ce
temps.ci.
Mais qui m'en répondra
l'Amour n'eft point ici.
Hymen amenezvoftre frere:
Non
, non il n'eſt pas ncceffaire,
>
Je vous en répond , moi ,
criá le petit Dieu ,
Themis le reconnut , Amour
fongez un peu
A ne pas nous en faire accroire
,
Allez , lui dit l'Amour , il y
va de ma gloire
J'en jure par de Vienne
Adicu.
A Monfieur de M **
Par Monfieur Roy. I
Le jour de l'Hymenée , &
fouvent dés la veille.
Une Muſe fait à merveille i
Dépeindre les Epoux dans
leur naiflante ardeur.
Huit jours plus tard c'eft
trop attendre
Le couple devenu pas tendre
,
Baille au recit de fon bon-
む
heur.
Hhij
124
PIECES
Cher Morville pour toi dans
l'objet qui t'engage ,
Tu trouves chaque jour à
l'aimer davantage .
Je viens donc affez toſt chanter
Un
bonheur que le temps
doit encor
augmenter.
Le mois paffé Venus quittas
Cythere
Pour fe rendre auprés de
Themis ;
C'eft une nouveauté ; car
- Themis eft fevore ,
Venus voudroit changer
les Juges en amis ,
Themis peur de foupçon ne
la fréquente guere.
FUGITIVES. 125
Venus pour ce jour là prit
un fage maintien,
Elle affecta certain air do
referve
Sur le regard de Minerve ;
Elle compofa le fien ;
L'Amour marchoit à cofté
de fa mere
Déguilé fous les atours
De l'Hymen fon grave frere;
Mais il fautoit , danfoit toû
jours ,
Et fi ce n'eftoit pas le plus
svif des Amours ,
C'eftoit du moins l'Hymen
plus gay que l'ordinaire,
Ils entrerent à petit bruit.
Hh iij
126: PIECES
Au fonds du Temple eſt un
réduit
Où la Déeffe retirée
Jugeoit des Epoux diviſez
Voilà , dit- elle , à Citherée,
Les querelles que vous caufez.
Vous donnez aux Amans
l'efperance frivole
De ne les point quitter, d'entretenir
leur feux
Sur votrefoy l'Hymen ferre
leurs noeuds ,
Puis vous leur manquez de
parole.
Eh bien pour tous les coeurs
dont j'ai trompé les voeux
FUGITIVES . 127
J'en fçai deux,dit Venus , que
je vais rendre heureux ,
Vous & moi formerons leur
chaîne
,
Vous n'avez qu'à vouloir
voilà ce qui m'amene ,
Qu'avec plaifir je rappelle ce
temps
Où l'on vous vit regner
fous le beau nom d'Aftrée !
Il n'eftoit point alors d'u
nion alterée
Que vous rendiez d'Epour
contens !
Formons encor des noeuds
fur ce premier modele ,
Dans voſtre vertueufe Cour
Hh iii
128 PIECES
S'éleve une aimable mortelle
Celui dont elle tient le jour,
Eft voftre Miniftre fidelle.
La jeune de Vienne ; c'eſt
elle
Dont je voudrois difpofer
avec vous .
Mais , dit Themis à qui la
deſtinerons nous ?
Epoufe du Dieu Mars, vous
me parlez peut eftre
Pour vos Guerriers préfomptueux
;
La modefte raifon chez eux
n'ole paroiftre ,
Penfez vous que mon goût
fimpatife avec eux ?
Ad H
FUGITIVES . 119
Scachez auffi que ma candeur
abhore ..
Ces honneftes trompeurs
qu'on nomme courtisans.
Que de Vienne à jamais
ignore
Leurs Arts flateurs ou méprifants.
Tant mieux reprit Venus
nous n'avons plus
d'obſtacles ,
Celui que je propofe , eft un
de vos Oracles ;
Il faut vous dire tout , il eft
auffi le mien ,
Et pour vous & pour moi
parle également bien ,
130 PIECES
Pour vous , il perfuade , il
touche
Quand il s'explique en mon
nom ,
Et je crois parler raifon
Quand je parle par ſa bouche.
Lagrave Themis lui fourit :
C'eft Morville,à ces traits je
ne m'y puis méprendre;
L'Hymen qui fuit vos pas
lui peut aller aprendre
Que vos voeux , qu'aux fiens
j'ai fouferit ,
Au moins nous n'imitons ni
l'Amant , ni la Belle ,
S'ils ne devoient s'aimer
FUGITIVES. 131
d'un amour éternelle ,
Et mieux qu'on n'aime en ce
temps.ci.
Mais qui m'en répondra
l'Amour n'eft point ici.
Hymen amenezvoftre frere:
Non
, non il n'eſt pas ncceffaire,
>
Je vous en répond , moi ,
criá le petit Dieu ,
Themis le reconnut , Amour
fongez un peu
A ne pas nous en faire accroire
,
Allez , lui dit l'Amour , il y
va de ma gloire
J'en jure par de Vienne
Adicu.
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Résumé : AUTRE EPITALAME. A Monsieur de M** Par Monsieur ROY.
Le poème 'Autre Épithalame' de Monsieur Roy célèbre un mariage et les sentiments amoureux des époux. La Muse loue les jeunes mariés dans leur ardeur initiale. Huit jours plus tard, le couple partage un bonheur plus serein. Venus, déesse de l'amour, consulte Thémis, déesse de la justice, pour un mariage. Venus souhaite transformer les juges en amis, mais Thémis reste prudente. Venus et l'Amour, déguisé en Hymen, se rendent dans le temple de Thémis. Thémis reproche à Venus de donner de faux espoirs aux amants. Venus propose de former un couple heureux et évoque les unions réussies sous le règne d'Astrée. Thémis exprime ses réserves sur les courtisans et les guerriers présomptueux. Venus suggère Morville comme époux pour la jeune de Vienne, fille du ministre fidèle de Thémis. Thémis reconnaît Morville comme un oracle favorable à l'amour. L'Amour assure que les vœux des époux seront éternels et que leur amour surpassera celui des amants actuels. Thémis accepte finalement, et l'Amour jure de la véracité de ses paroles.
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2447
p. 132-135
« Il y aura dans la suite un Suplément à la fin de [...] »
Début :
Il y aura dans la suite un Suplément à la fin de [...]
Mots clefs :
Roi, Armée espagnole, Duc de Noailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il y aura dans la suite un Suplément à la fin de [...] »
Il y aura dans la fuite
un Suplément à la fin de
tous les Mercures
, pour
y placer les nouvelles qui
viendront aprés l'impref
fion ; on mettra feulement
deux mots de ces
nouvelles
, dont on fera
le détail dans le mois
fuivant.
Le Roy a fait cinq Maréchaux
de Camp. On
en parlera au Mercure
SUPLEMENT 133
prochain , ainfi que des
articles fuiyants . monol
Monfieur le Duc de
Fronzac a épousé Mademoiſelle
de Noailles.
On apprend par differentes
lettres que Monfieur
le Duc de Ven
dôme s'avance vers Barcelonne
avec l'Armée
Eſpagnole , il doit eftre
joint inceffamment par
Monfieur le Duc de
Noailles , avec 26 Batail
lons & 30 Eſcadrons
134 SUPLEMENT
feulement , ayant ordre
de renvoyer le refte de
fes Troupes en Dauphi- '
né.
P
S. M. C. a fait Monfieur
le Duc de Noilles
Grand d'Espagne , de
la premiere Claffe , &
a donné la Toifon à Mr
de Bafremont & à Mr
le Comte d'Eftaire.
On vient d'apprendre
que plufieurs Vaiſſeaux
des Ennemis qui alloient
à
Barcelonne avec 4000
SUPLEMENT 135
hommes & des provifions
pour l'Archiduc ,
ont efté entierement perdus
par la tempefte , &c.
un Suplément à la fin de
tous les Mercures
, pour
y placer les nouvelles qui
viendront aprés l'impref
fion ; on mettra feulement
deux mots de ces
nouvelles
, dont on fera
le détail dans le mois
fuivant.
Le Roy a fait cinq Maréchaux
de Camp. On
en parlera au Mercure
SUPLEMENT 133
prochain , ainfi que des
articles fuiyants . monol
Monfieur le Duc de
Fronzac a épousé Mademoiſelle
de Noailles.
On apprend par differentes
lettres que Monfieur
le Duc de Ven
dôme s'avance vers Barcelonne
avec l'Armée
Eſpagnole , il doit eftre
joint inceffamment par
Monfieur le Duc de
Noailles , avec 26 Batail
lons & 30 Eſcadrons
134 SUPLEMENT
feulement , ayant ordre
de renvoyer le refte de
fes Troupes en Dauphi- '
né.
P
S. M. C. a fait Monfieur
le Duc de Noilles
Grand d'Espagne , de
la premiere Claffe , &
a donné la Toifon à Mr
de Bafremont & à Mr
le Comte d'Eftaire.
On vient d'apprendre
que plufieurs Vaiſſeaux
des Ennemis qui alloient
à
Barcelonne avec 4000
SUPLEMENT 135
hommes & des provifions
pour l'Archiduc ,
ont efté entierement perdus
par la tempefte , &c.
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Résumé : « Il y aura dans la suite un Suplément à la fin de [...] »
Un supplément du Mercure sera publié pour inclure les nouvelles arrivées après l'impression. Plusieurs événements militaires et nobles sont mentionnés. Le roi a nommé cinq maréchaux de camp, dont les détails seront publiés dans le prochain Mercure. Le duc de Fronzac a épousé Mademoiselle de Noailles. Le duc de Vendôme avance vers Barcelone avec l'armée espagnole et doit être rejoint par le duc de Noailles, qui commande 26 bataillons et 30 escadrons. Le reste des troupes sera renvoyé en Dauphiné. Le duc de Noailles a été nommé Grand d'Espagne de la première classe. La toison d'or a été attribuée à Monsieur de Bâfreumont et au comte d'Effiat. Plusieurs vaisseaux ennemis, transportant 4000 hommes et des provisions pour l'archiduc, ont été perdus lors d'une tempête.
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2448
p. 136-140
AVIS DE PRISES
Début :
Dieppe du 29 Janvier 1711. Le Capitaine Audibert de Calais [...]
Mots clefs :
Calais, Marseille, Le Havre, Dieppe, Cadix
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texteReconnaissance textuelle : AVIS DE PRISES
AVIS DE PRISES
Dieppe du 29 Janvier 1711.
Le Capitaine Audibert de
Calais , a pris un Vaiffeau
Hollandois , nommé le S.
Georges , & l'a amené à
Dieppe.
LeHavre du 29 Janvier 1711 .
Le Capitaine Tanqueray a
fait deux prifes , l'une Hollandoife
& un Brigantin Anglois
qu'il a amenées au
Havre ; l'on eftime ces deux
priſes 900000 liv.
Du trois dudit mois
SUPLEMENT - 13
Le Capitaine Dunet de
Calais a auffi amené en ce
Port une prife du Port d'environ
100 tonneaux.
Calais du . Février 1711.
Il cft échoué àla coſte de
cette Ville un Vaiffeau Danois
de 400 tonneaux.
Marſeille du 13 Fevrier 1711.
Les Gapitaines Honoré &
François Bremond Commandans
le Sanspareil & la
Moquéufe, ont pris & amenez
à Marseille une Barque
fans nom , chargée d'huile
Cadix du 18 Fevrier 1711 .
- Il a cité mené en ce Port.
Février
1711 Ti
38 SUPLEMENT
trois prifes Angloifes par les
fieurs de la Jaille & du Bois
de la Motte commandans
les Fregattes du Roy , l'Amazonne
& l'Argonaute,
Autre prife Angloife faite
par Monfieur de Ballas,
&le CapitaineGraffon, qu'ils
ont brûlée aprés en avoir retiré
le chargement ; qu'ils
ont auffi conduit à Cadix
avec une rançon de 25 liv.
fterlin d'une Barque Angloife
.
·Cadix fuite du 18 Janvier
Le Vaiffeau du Roy le Tc-
X 1
7
SUPLEMENT 139
meraire , commandé par le
fieur Lambert, a auffi amené
en ce Port deux prifes Ant
gloifes chargées de vin , de
falé , & de florence.
Calais du 8 Fevrierr 1711.
Le Capitaine Larmet à
amené en ce Port Hôtage
d'une rançon Hollandoife
de 1800 florins , & les Capitaines
Leguillon & Senecat
, y ont auffi amené un
baftiment de Gotonneaux.
Dieppe le 10 Fevrier 17 11.
Le Capitaine Fiquet commandant
une Fregatte de
I ij
BIBLIOTE
LYON
1099
740 SUPLEMENT
Dunkerque , a amené en ce
Port un Vaiffeau Corfaire
d'Oftende.
Cadix du 25
Janvier 1711 .
Vaiffeau Anglois
nommé
le Werker , pris par deux
Frégattes
du Roy.
Le fieur Limovelon com .
mandant le Vaiffeau le S.
Elprit de S. Malo , a auffi
amené en ce Port deux prifes
Angloifes &un Vaiffeau
Portugais.
A Paris ce 20 Fevrier 1711.
Dieppe du 29 Janvier 1711.
Le Capitaine Audibert de
Calais , a pris un Vaiffeau
Hollandois , nommé le S.
Georges , & l'a amené à
Dieppe.
LeHavre du 29 Janvier 1711 .
Le Capitaine Tanqueray a
fait deux prifes , l'une Hollandoife
& un Brigantin Anglois
qu'il a amenées au
Havre ; l'on eftime ces deux
priſes 900000 liv.
Du trois dudit mois
SUPLEMENT - 13
Le Capitaine Dunet de
Calais a auffi amené en ce
Port une prife du Port d'environ
100 tonneaux.
Calais du . Février 1711.
Il cft échoué àla coſte de
cette Ville un Vaiffeau Danois
de 400 tonneaux.
Marſeille du 13 Fevrier 1711.
Les Gapitaines Honoré &
François Bremond Commandans
le Sanspareil & la
Moquéufe, ont pris & amenez
à Marseille une Barque
fans nom , chargée d'huile
Cadix du 18 Fevrier 1711 .
- Il a cité mené en ce Port.
Février
1711 Ti
38 SUPLEMENT
trois prifes Angloifes par les
fieurs de la Jaille & du Bois
de la Motte commandans
les Fregattes du Roy , l'Amazonne
& l'Argonaute,
Autre prife Angloife faite
par Monfieur de Ballas,
&le CapitaineGraffon, qu'ils
ont brûlée aprés en avoir retiré
le chargement ; qu'ils
ont auffi conduit à Cadix
avec une rançon de 25 liv.
fterlin d'une Barque Angloife
.
·Cadix fuite du 18 Janvier
Le Vaiffeau du Roy le Tc-
X 1
7
SUPLEMENT 139
meraire , commandé par le
fieur Lambert, a auffi amené
en ce Port deux prifes Ant
gloifes chargées de vin , de
falé , & de florence.
Calais du 8 Fevrierr 1711.
Le Capitaine Larmet à
amené en ce Port Hôtage
d'une rançon Hollandoife
de 1800 florins , & les Capitaines
Leguillon & Senecat
, y ont auffi amené un
baftiment de Gotonneaux.
Dieppe le 10 Fevrier 17 11.
Le Capitaine Fiquet commandant
une Fregatte de
I ij
BIBLIOTE
LYON
1099
740 SUPLEMENT
Dunkerque , a amené en ce
Port un Vaiffeau Corfaire
d'Oftende.
Cadix du 25
Janvier 1711 .
Vaiffeau Anglois
nommé
le Werker , pris par deux
Frégattes
du Roy.
Le fieur Limovelon com .
mandant le Vaiffeau le S.
Elprit de S. Malo , a auffi
amené en ce Port deux prifes
Angloifes &un Vaiffeau
Portugais.
A Paris ce 20 Fevrier 1711.
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Résumé : AVIS DE PRISES
Entre le 29 janvier et le 10 février 1711, plusieurs prises de navires ont été signalées dans divers ports français. À Dieppe, le capitaine Audibert a capturé le vaisseau hollandais Saint-Georges. Au Havre, le capitaine Tanqueray a fait deux prises : un vaisseau hollandais et un brigantin anglais, estimés à 900 000 livres. À Calais, un vaisseau danois de 400 tonneaux s'est échoué. À Marseille, les capitaines Honoré et François Bremond ont amené une barque chargée d'huile. À Cadix, trois navires anglais ont été capturés par les sieurs de la Jaille et du Bois de la Motte, une barque anglaise avec une rançon de 25 livres sterling, et deux navires anglais chargés de vin, de sel et de florence par le sieur Lambert. À Calais, le capitaine Larmet a amené un hôte d'une rançon hollandaise de 1800 florins, et les capitaines Leguillon et Senecat ont amené un bâtiment de Gotton. À Dieppe, le capitaine Fiquet a capturé un vaisseau corsaire d'Ostende. À Cadix, le vaisseau anglais Werker a été pris par deux frégates du roi, et le sieur Limovelon a amené deux prises anglaises et un vaisseau portugais.
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2449
s. p.
TABLE.
Début :
Préface Discours sur la Satire, 12 Nouvelle These soutenue en [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TABLE.
TABLE.
Préface
Difcours fur la Satire ,
12
".
Nouvelle Thefe foutenue en l'Ecole
de Medecine
Divifion du Mercure
Difcours prononcé en l'Academie
25
45
des Sciences , €49
Articles des Morts avec des remarques
curieufes ;
82
Nouvelles du Nord ,
Lettre ne Dunkerque ,
Mariage avec plufieurs Epitalames
Nouvelles d'Espagne ,
BRON 122
135
117
184
Chanfon furle Caffé ,
Anonimes & réponſes, 192 194
191
Fugement d'un Duc de Normandie
, 204
217
Article des Enigmes ,
Avanture du Carnaval ,“
Pieces fugitives en vers par le
même Auteur
Ode fur la naissance de Mr le
-Duc de Bretagne,
L'Etendart on Fable allegorique,
Autre à Mr R
17
21
La volliere Fable allegorique, 27
Epitre à Mr le C. Dayen , 40
Autre Epitre à Madame D. 49
Ode à Mr le M. de la F. 75
Autre Odefur les Amours de M.
D.
Autre Ode à une belle Veuve
91
25 197
108 Epitre à Mr l'Abé D.
Epitalame fur le mariage de
Mademoiselle D.. IȚI
Odefur un commencement d'An
née ,
113
La Marmelade à Madame D.
119
Suplément.
DEL
QUE
LYON
HELIOTHER
1893
132
Préface
Difcours fur la Satire ,
12
".
Nouvelle Thefe foutenue en l'Ecole
de Medecine
Divifion du Mercure
Difcours prononcé en l'Academie
25
45
des Sciences , €49
Articles des Morts avec des remarques
curieufes ;
82
Nouvelles du Nord ,
Lettre ne Dunkerque ,
Mariage avec plufieurs Epitalames
Nouvelles d'Espagne ,
BRON 122
135
117
184
Chanfon furle Caffé ,
Anonimes & réponſes, 192 194
191
Fugement d'un Duc de Normandie
, 204
217
Article des Enigmes ,
Avanture du Carnaval ,“
Pieces fugitives en vers par le
même Auteur
Ode fur la naissance de Mr le
-Duc de Bretagne,
L'Etendart on Fable allegorique,
Autre à Mr R
17
21
La volliere Fable allegorique, 27
Epitre à Mr le C. Dayen , 40
Autre Epitre à Madame D. 49
Ode à Mr le M. de la F. 75
Autre Odefur les Amours de M.
D.
Autre Ode à une belle Veuve
91
25 197
108 Epitre à Mr l'Abé D.
Epitalame fur le mariage de
Mademoiselle D.. IȚI
Odefur un commencement d'An
née ,
113
La Marmelade à Madame D.
119
Suplément.
DEL
QUE
LYON
HELIOTHER
1893
132
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Résumé : TABLE.
Le document est une table des matières d'une publication contenant divers textes et discours. Elle commence par une préface suivie de plusieurs sections. La première section, intitulée 'Discours sur la Satire', est suivie de 'Nouvelle Thèse soutenue en l'École de Médecine' et 'Division du Mercure'. Le document inclut également des discours prononcés à l'Académie des Sciences et des articles sur des décès avec des remarques curieuses. Des nouvelles du Nord et d'Espagne sont présentes, ainsi qu'une lettre de Dunkerque et des épithalames pour un mariage. D'autres sections incluent des chansons sur le café, des énigmes, des aventures du carnaval, et diverses pièces fugitives en vers. Parmi ces pièces, on trouve des odes, des épîtres, et des fables allégoriques dédiées à différentes personnes, notamment Monsieur le Duc de Bretagne, Monsieur le C. Dayen, Madame D., et Monsieur l'Abbé D. Le document se termine par un supplément et des informations sur l'éditeur à Lyon.
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2450
s. p.
PREFACE.
Début :
L'Auteur de Radamiste & Zenobie, Tragedie nouvelle, m'en [...]
Mots clefs :
Auteur, Tragédie, Théâtre, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PREFACE.
PREFACE.
L'Auteur de Radamiste
& Zenobie,
Tragedie nouvelle, m'en
avoir promis la critique,
& l'avoit en effet commencéede
bonne foi sans
se ménager lui-même ;
mais n'ayant pas le loisir
de la finir pource moisci,
ila trouvé bon qu'on
Inic dans le Mercure les
plusvivescritiquesqu'on
pourroitm'envoyer contre
ta piece; j'admire son
courage; il en faut encore
plus pour vouloir bien
s'exposèr à la censure des
autres que pour se censurer
soi-même, lescoups
qu'on se porte à soi-même
sont toûjours flattez
,
nostre mainmollit
malgré nostreresolution
l'on craint de se blesser,
ou du moins l'on ne
choisit point les en."
droits mortels, il n'y a
que les desesperez qui se
frappent de toutes leurs
forces,r)j) ; :Í >-: Quelqu'un dira que
FAuceurhe risquepas
beaucoup ens'exposant,
& qu'au milieudes applaudissemenspublics
on
est peusensible aux traits
d'une Cririqueparticuliere,
je crois au contraire
que la prosperité rend
les hommes plus sensibles
à la correction,en
les rendant plus orgueilleux.
Un Auteur humilié
par la chute de sa Piece,
passera condamnation
sur tout ce qu'onvoudra,
pourveu qu'on ait la
bonté de loüer quelque
chose dans son malheureux
Ouvrage; mais un
Auteur enflé d'un grand
succés, croit d'abord
qu'Apollon l'a couronné
Roy des autres Auteurs,
&: brûleroit de bon coeur
la main sacrilege qui
oseroit toucher à ses laurriieerrss..*
1<-•v- i
Monsieur deCrebillon
est d'uncaractere fort opposéàcelui-
là,&dans 1ebauche
qu'ilm'a fait voir
non -
feulement il convient
de tous les de/Tautsqu'on
trouve dans sa Pie 4
ce; mais il en faitremarquer
ausquels personne
n'avoit pensé. Profitons
doncde l'occasion, pour
mettre dans mon Mercure
la premiereCritique
de Theatreque j'aye osé
hasarder; on ne trouve
pas souvent des Auteurs
qui se presentent de bonnegrace;
prositons, abusons
même du bon elprit
de celuy -cy , attaquons
- le sans quartier;
portons le fer & le
feu dans sa Tragedie: il
ne faut point épargner
un Ouvrage dont les dé.
sauts ne sçauroient diminuer
la .> reputation:
il restera toujours dans
celuy-cy assez de beautez
hors d'atteinte, pour
faire avoüer au plus
grand nombre que Rhadamifte
estune excellente
Piece de Theatre.
Vousallez voir non
pas une Critique dans les
regles,mais quelques reflexions
que Mr
a faites en galant homme
,
sans flatterie & sans
aigreur; elles sont trescensées,
tres-fines,& noblement
écrites; ilseroit
à souhaiter qu'il eust
voulu faire une Critique
à fond de la Fable, de la
constitution & deJacouot
duite de cette Tragedie;
il nous en viendra peutestre
quelqu'une.
L'Auteur de Radamiste
& Zenobie,
Tragedie nouvelle, m'en
avoir promis la critique,
& l'avoit en effet commencéede
bonne foi sans
se ménager lui-même ;
mais n'ayant pas le loisir
de la finir pource moisci,
ila trouvé bon qu'on
Inic dans le Mercure les
plusvivescritiquesqu'on
pourroitm'envoyer contre
ta piece; j'admire son
courage; il en faut encore
plus pour vouloir bien
s'exposèr à la censure des
autres que pour se censurer
soi-même, lescoups
qu'on se porte à soi-même
sont toûjours flattez
,
nostre mainmollit
malgré nostreresolution
l'on craint de se blesser,
ou du moins l'on ne
choisit point les en."
droits mortels, il n'y a
que les desesperez qui se
frappent de toutes leurs
forces,r)j) ; :Í >-: Quelqu'un dira que
FAuceurhe risquepas
beaucoup ens'exposant,
& qu'au milieudes applaudissemenspublics
on
est peusensible aux traits
d'une Cririqueparticuliere,
je crois au contraire
que la prosperité rend
les hommes plus sensibles
à la correction,en
les rendant plus orgueilleux.
Un Auteur humilié
par la chute de sa Piece,
passera condamnation
sur tout ce qu'onvoudra,
pourveu qu'on ait la
bonté de loüer quelque
chose dans son malheureux
Ouvrage; mais un
Auteur enflé d'un grand
succés, croit d'abord
qu'Apollon l'a couronné
Roy des autres Auteurs,
&: brûleroit de bon coeur
la main sacrilege qui
oseroit toucher à ses laurriieerrss..*
1<-•v- i
Monsieur deCrebillon
est d'uncaractere fort opposéàcelui-
là,&dans 1ebauche
qu'ilm'a fait voir
non -
feulement il convient
de tous les de/Tautsqu'on
trouve dans sa Pie 4
ce; mais il en faitremarquer
ausquels personne
n'avoit pensé. Profitons
doncde l'occasion, pour
mettre dans mon Mercure
la premiereCritique
de Theatreque j'aye osé
hasarder; on ne trouve
pas souvent des Auteurs
qui se presentent de bonnegrace;
prositons, abusons
même du bon elprit
de celuy -cy , attaquons
- le sans quartier;
portons le fer & le
feu dans sa Tragedie: il
ne faut point épargner
un Ouvrage dont les dé.
sauts ne sçauroient diminuer
la .> reputation:
il restera toujours dans
celuy-cy assez de beautez
hors d'atteinte, pour
faire avoüer au plus
grand nombre que Rhadamifte
estune excellente
Piece de Theatre.
Vousallez voir non
pas une Critique dans les
regles,mais quelques reflexions
que Mr
a faites en galant homme
,
sans flatterie & sans
aigreur; elles sont trescensées,
tres-fines,& noblement
écrites; ilseroit
à souhaiter qu'il eust
voulu faire une Critique
à fond de la Fable, de la
constitution & deJacouot
duite de cette Tragedie;
il nous en viendra peutestre
quelqu'une.
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Résumé : PREFACE.
La préface critique une tragédie intitulée 'Radamiste & Zenobie'. L'auteur de la tragédie a demandé des critiques pour son œuvre inachevée, démontrant ainsi son courage face à la censure. L'auteur de la préface souligne que les auteurs sont souvent plus indulgents envers leurs propres œuvres. Les auteurs en succès, orgueilleux, sont plus sensibles aux critiques que ceux ayant connu l'échec. Monsieur de Crébillon, l'auteur de la tragédie, reconnaît volontiers les défauts de son œuvre et en signale même d'autres non remarqués. La préface décide de publier une critique sévère de la pièce, malgré ses qualités. Les réflexions de Crébillon sont jugées sensées et fines, mais l'auteur de la préface regrette l'absence d'une critique plus approfondie de la fable et de la structure de la tragédie, espérant qu'il le fera à l'avenir.
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