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1
p. 54
« J'avois déja veu ce Placet, dit la Duchesse, & je vous [...] »
Début :
J'avois déja veu ce Placet, dit la Duchesse, & je vous [...]
Mots clefs :
Corneille, Mercure, Lire
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texteReconnaissance textuelle : « J'avois déja veu ce Placet, dit la Duchesse, & je vous [...] »
J’avois déjà veu ce Placer,
dit la Duchelfe, & je voudrois que Moniteur le Chevalierledonnait àfonAmy
pour le mettre dans fon
Mercure, car le grand Corneille'fera toujours inimitable, & les moindres chofes de luy font à conferver.
Le Chevalier s’eftant chargé de ce qu’on fouhaitoit,
con tinua de lire ce qui fuit
dit la Duchelfe, & je voudrois que Moniteur le Chevalierledonnait àfonAmy
pour le mettre dans fon
Mercure, car le grand Corneille'fera toujours inimitable, & les moindres chofes de luy font à conferver.
Le Chevalier s’eftant chargé de ce qu’on fouhaitoit,
con tinua de lire ce qui fuit
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2
p. 54-55
« Les Bals estant les divertissemens qui suivent ordinairement la Comédie, [...] »
Début :
Les Bals estant les divertissemens qui suivent ordinairement la Comédie, [...]
Mots clefs :
Bals, Divertissements, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : « Les Bals estant les divertissemens qui suivent ordinairement la Comédie, [...] »
Les Bals eftans lesdivertilfemensqui fuivent ordinairement la Comédie, je
croy qu’ils peuvent icy tenir leur place. Je ne parleray pas de tous ceux qui
meriteroient qu’on en dit
quelque chofe, parce que
n’ayant pas encor deffein
de pourfuivre le Mercure
dans les temps qu’ils fe
font donnez, je n’ay pas
pris tous les foins neceffaires pour fçavoir ce qu’il en
faudrait dire; c’eft pourquoy je me contenteray de
parler des fuivans
croy qu’ils peuvent icy tenir leur place. Je ne parleray pas de tous ceux qui
meriteroient qu’on en dit
quelque chofe, parce que
n’ayant pas encor deffein
de pourfuivre le Mercure
dans les temps qu’ils fe
font donnez, je n’ay pas
pris tous les foins neceffaires pour fçavoir ce qu’il en
faudrait dire; c’eft pourquoy je me contenteray de
parler des fuivans
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3
p. 202-203
« Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Début :
Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...]
Mots clefs :
Mercure, Public, Livre
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texteReconnaissance textuelle : « Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Le Chevalier s’arrêta en
cet endroit pour reprendre
haleine , & chacun raifonna fur ce qu’il venoit d’entendre. La Marquife die
q u ’elle avoit appris les
noms de plus de douze
Officiers Generaux qui avoient efté oubliez dans
plufieurs Liftes qui en avoient couru, & qu’elle
avoit remarqué un grand
nombre de particularitez
touchant le Siégé & la prife
G A L A N T , xoj
Je Valenciennes, dont le
Public n’avoir point efté
inftruit. D ’autres dirent
que fans le Mercure ils
n ’auroient pas fçeu les
noms d’une partie de ceux
que le Roy avoit fi bien
re'compenfcz, & que ce
Livre fervoit à ramaffer
bien des chofes qui pour
la gloire de ce Grand Monarque ne dévoient pas
eftre ignorées. Le Chevalier ayant témoigné qu’il
n’avoit plus que trois ou
quatre pages à lire, on luy
prefta filence, & il acheva
de cette forte
cet endroit pour reprendre
haleine , & chacun raifonna fur ce qu’il venoit d’entendre. La Marquife die
q u ’elle avoit appris les
noms de plus de douze
Officiers Generaux qui avoient efté oubliez dans
plufieurs Liftes qui en avoient couru, & qu’elle
avoit remarqué un grand
nombre de particularitez
touchant le Siégé & la prife
G A L A N T , xoj
Je Valenciennes, dont le
Public n’avoir point efté
inftruit. D ’autres dirent
que fans le Mercure ils
n ’auroient pas fçeu les
noms d’une partie de ceux
que le Roy avoit fi bien
re'compenfcz, & que ce
Livre fervoit à ramaffer
bien des chofes qui pour
la gloire de ce Grand Monarque ne dévoient pas
eftre ignorées. Le Chevalier ayant témoigné qu’il
n’avoit plus que trois ou
quatre pages à lire, on luy
prefta filence, & il acheva
de cette forte
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Résumé : « Le Chevalier s'arresta en cet endroit pour reprendre haleine [...] »
Le Chevalier fit une pause après avoir lu un texte. La Marquise mentionna avoir découvert les noms de plus de douze Officiers Généraux oubliés et des détails sur le siège de Valenciennes. D'autres affirmèrent que le Mercure, un livre rappelant des faits glorieux, était indispensable pour connaître certains officiers récompensés par le Roi. Le Chevalier acheva ensuite sa lecture.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 206-208
Conversation qui sert de Conclusion à ce Volume. [titre d'après la table]
Début :
Il est vray, dit la Duchesse quand le Chevalier eut [...]
Mots clefs :
Mercure, Conversation, Auteur, Instruire, Envoyer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Conversation qui sert de Conclusion à ce Volume. [titre d'après la table]
une Nomination étrangère.
Il eft vray, dit la Duchefle
quand le Chevalier eut achevé
de lire, qu’on aprend dans le
Mercure mille petites chofes
GA L A N T. 2,07
particulières qu’on ne pourroic
mettre autre-part}
fie ce que je
viens d’entendre m’oblige'encore plus fortement à me déclarer pour ce Livre, que je n’avois fait auparavant. Mais dites. moy, je vous prie, continuat-elle en s’adrefl'ant au Chevalier , comment faudra-t-il faire
pour inftruire l’Autheur de certaines choies qu’il ne pourra fçavoir, à moins de quelques Avis
particuliers? 11 ne faudra , répondit lcChevalicr, qu’envoyer
les Mémoires qu’on voudra luy
faire tenir, dans la Salle neuve • *
du Palais, à l’image S.Loüis.
Mais,interrompit la Marquilè
en hauflant la voix, d’où vient
qu’il n’a point parlé des Modes
nouvelles? C’eft, luy repartit le
208 LE MERC. GAL.
Chevalier, parce que le temps
de jubilé n’elloit pas propre
pour cette matière j mais vous
ferez fatisfaitelà-deflùsdans le
premier Volume, où l’Autheur
doit mettre une Galanterie affez agréable qui commence à
courir dans le monde, intitulée
la M aladie de T jlmotir, Corn-
. me il eftoit déjà tard , on ne
joüa point, & la Compagnie fe
fepara apres avoir finy laConverfation par où elle avoir efté
commencée, c’eft à dire par les
IS ou velles de la Guerre.
Il eft vray, dit la Duchefle
quand le Chevalier eut achevé
de lire, qu’on aprend dans le
Mercure mille petites chofes
GA L A N T. 2,07
particulières qu’on ne pourroic
mettre autre-part}
fie ce que je
viens d’entendre m’oblige'encore plus fortement à me déclarer pour ce Livre, que je n’avois fait auparavant. Mais dites. moy, je vous prie, continuat-elle en s’adrefl'ant au Chevalier , comment faudra-t-il faire
pour inftruire l’Autheur de certaines choies qu’il ne pourra fçavoir, à moins de quelques Avis
particuliers? 11 ne faudra , répondit lcChevalicr, qu’envoyer
les Mémoires qu’on voudra luy
faire tenir, dans la Salle neuve • *
du Palais, à l’image S.Loüis.
Mais,interrompit la Marquilè
en hauflant la voix, d’où vient
qu’il n’a point parlé des Modes
nouvelles? C’eft, luy repartit le
208 LE MERC. GAL.
Chevalier, parce que le temps
de jubilé n’elloit pas propre
pour cette matière j mais vous
ferez fatisfaitelà-deflùsdans le
premier Volume, où l’Autheur
doit mettre une Galanterie affez agréable qui commence à
courir dans le monde, intitulée
la M aladie de T jlmotir, Corn-
. me il eftoit déjà tard , on ne
joüa point, & la Compagnie fe
fepara apres avoir finy laConverfation par où elle avoir efté
commencée, c’eft à dire par les
IS ou velles de la Guerre.
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Résumé : Conversation qui sert de Conclusion à ce Volume. [titre d'après la table]
Lors d'une conversation, la Duchesse, le Chevalier et la Marquise discutent d'un livre récemment lu. La Duchesse, après avoir reçu des informations supplémentaires, exprime son soutien à l'ouvrage. Elle demande au Chevalier comment informer l'auteur de certains détails qu'il ne pourrait pas connaître sans avis particuliers. Le Chevalier propose d'envoyer des mémoires à l'image de Saint-Louis dans la salle neuve du Palais. La Marquise interrompt pour s'enquérir de l'absence des modes nouvelles dans le livre. Le Chevalier explique que le sujet ne convenait pas au moment du jubilé, mais que le premier volume traitera d'une galanterie intitulée 'la Maladie de l'esprit'. La conversation se conclut par des nouvelles de la guerre, après quoi la compagnie se sépare.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1-5
Avant propos. [titre d'après la table]
Début :
Je vous ay promis, Madame, de vous mander le premier [...]
Mots clefs :
Paris, Nouvelles, Mercure, Lettre
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texteReconnaissance textuelle : Avant propos. [titre d'après la table]
E vous ay promis,
B Madame, de vous
manderle premier
jour de chaque Mois tout
ce qui feferoit pafTé déplus
curieux à Paris pendant le
Mois precedent, & tout ce
Tome z. A
K.
z LE
qu’on y
refte du
Pais Etrangers. J’ay fait
plus que vous n’attendiez
demoy, & vousavez reçeu
le premier d’Avril, non pas
une Lettre, mais le premier
Tome du Nouveau Mercure Galant, dans lequel
vous avez appris non feulcmenttout ce queParis a produit de plus remarquable
depuis le premier Ianvier
de l’année courante; mais
encor toutes les Nouvelles
quifont venues de mille endroits diférens. Ilne s’agit
MERCURE
auroit appris du
Royaume, & des
— J’ay fait
galant. 3
doncprefentement, que de
vous écrire tout ce qui s’eft
pafle depuis le commencement d’Avril-, maisque vous
mander de divertiftant, &
que peut-il s’eftre fait de
cette nature pendant un
Mois de Carefme, dont les
jours ont efté particulièrement deftinez à la Dévotion? Chacun s’eft privé des
DivertifTemens quil avoir
accouftumé de prendre.
Les Ouvrages Galans n’ont
point efté de faifon-, on a
peu fait de Mariages. Les
Modes nouvelles n’ont
Ai)
4 LE MERCURE
point paru, & elles font demeurées dans l’efprit des
Coquettes, dansla telle des
Marchands , & dans les
mains de leurs Ouvriers.
Pendant que chacun s’eftoit interdit tout ce qui
pouvoir contribuer à luy
donner du plaifir, la Dévotion dujubiléa régné dans
tout Paris ; celle de la
Reyne, & de Monfeigneur
le Dauphin a édifié tout le
monde, & l’exemple de
Moniteur de Paris, & des
plus grands Magillrats qui
ont vifité foixanteEglifes à
galant. 5
pied avec une pieté qui ne
peut atfezeftre eftimée,a
une nouvelle ardeur
nui travailloient à
leur falut avec le plus de
zele
B Madame, de vous
manderle premier
jour de chaque Mois tout
ce qui feferoit pafTé déplus
curieux à Paris pendant le
Mois precedent, & tout ce
Tome z. A
K.
z LE
qu’on y
refte du
Pais Etrangers. J’ay fait
plus que vous n’attendiez
demoy, & vousavez reçeu
le premier d’Avril, non pas
une Lettre, mais le premier
Tome du Nouveau Mercure Galant, dans lequel
vous avez appris non feulcmenttout ce queParis a produit de plus remarquable
depuis le premier Ianvier
de l’année courante; mais
encor toutes les Nouvelles
quifont venues de mille endroits diférens. Ilne s’agit
MERCURE
auroit appris du
Royaume, & des
— J’ay fait
galant. 3
doncprefentement, que de
vous écrire tout ce qui s’eft
pafle depuis le commencement d’Avril-, maisque vous
mander de divertiftant, &
que peut-il s’eftre fait de
cette nature pendant un
Mois de Carefme, dont les
jours ont efté particulièrement deftinez à la Dévotion? Chacun s’eft privé des
DivertifTemens quil avoir
accouftumé de prendre.
Les Ouvrages Galans n’ont
point efté de faifon-, on a
peu fait de Mariages. Les
Modes nouvelles n’ont
Ai)
4 LE MERCURE
point paru, & elles font demeurées dans l’efprit des
Coquettes, dansla telle des
Marchands , & dans les
mains de leurs Ouvriers.
Pendant que chacun s’eftoit interdit tout ce qui
pouvoir contribuer à luy
donner du plaifir, la Dévotion dujubiléa régné dans
tout Paris ; celle de la
Reyne, & de Monfeigneur
le Dauphin a édifié tout le
monde, & l’exemple de
Moniteur de Paris, & des
plus grands Magillrats qui
ont vifité foixanteEglifes à
galant. 5
pied avec une pieté qui ne
peut atfezeftre eftimée,a
une nouvelle ardeur
nui travailloient à
leur falut avec le plus de
zele
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Résumé : Avant propos. [titre d'après la table]
La lettre promet à une dame de lui envoyer mensuellement des nouvelles intéressantes de Paris et des étrangers y résidant. L'auteur a déjà envoyé le premier tome du Nouveau Mercure Galant, relatant des événements remarquables de Paris et des nouvelles de divers endroits depuis le 1er janvier. En avril, peu d'événements divertissants ont eu lieu en raison du Carême, une période de dévotion. Les ouvrages galants, mariages et nouvelles modes ont été rares. La dévotion du jubilé a dominé Paris, avec des exemples notables de piété de la Reine et du Dauphin, ainsi que de hauts magistrats visitant des églises à pied. Cette période de piété a inspiré une nouvelle ardeur chez ceux qui travaillaient à leur salut avec zèle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 20-57
LA MALADIE DE L'AMOUR.
Début :
L'Amour ne faisant pas moins parler de luy que la Mort / Les Graces venoient de laisser l'Amour entre les bras du [...]
Mots clefs :
Amour, Grâces, Destin, Beautés, Jeunesse, Maladie, Remèdes, Bonheur, Vénus, Hyménée , Plaisirs, Mercure, Éloignement, Temps, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA MALADIE DE L'AMOUR.
L'Amour ne faifant pas moins parler de luy que la Mort, adonnélieu depuis quelque temps à la Piece
ſuivante. Elle faitdu bruit,ellea ſes Partiſans,vousjugerez s'ils ont raiſon d'en dire du
bien.. LA MALADIE
DE L'AMOVR.
L
Es Graces venoient de
laiſſer l'Amour entre les
bras du Sommeil , &fe mocquoientde la ſtupiditéde ce Dieu, qui ayant l'avantage de poſſeder tousles joursles plus belles perſonnes du monde ,
ne leurdit iamais une parole ,
tant il a peurdedes-obligerle filence qui le loge dans ſon Palais , quandelles virent ar- river inopinément l'Amour.
lavoitfonBandeau àla main,
&laiſſoit voir autant de colere dansſesyeux, que d'aba- tementſur ſon viſage.
16 LE MERCURE
Non, dit- il,en entrant ie n'enreviendray pas,
lel'ay iuré,iabandone lemode,
Fuyons des lieux où l'iniuftice abonde,
C'est trop avoir comerce avecdes
Ingrats.
Pourprix de mes lõguesfatigues Alesſervirdas leurs intrigues,
Ozer tenir de moy mille infolens
propos?
Chercherfans ceſſe àmefaire in.
cartade,
Ien'enpuisplus,i'enſuis malade,
Promptement , un Lit de repos.
Les Graces qui n'ont iamais
plus de joye que quand elles font avec l'Amour , ne furent
point pareſſeuſes à le fatisfai- re. Elles luy dreſſerent un lit
de roſes , & le dépouillerent
GALANT.17 - de fon Carquois, dont il brifa les flêches devant elles. Il ſe
coucha en ſuite , & en ayant receu mille careſſes par lef- quelles elles tâcherent à le conſoler de ſon chagrin ;
Recouvrons le repos que trop
d'embarras m'oſte,
Cherchons,dit- il, cherchonsde la
tranquillité:
Si iesouffre c'est voſtre faute ,
Et mon malheur ne vient que de
voſtrefierté.
Partout ou vous mevoulezfuivre ,
Comme vous y menez &les Ris
&les leux,
Ie ne voy que des Gens affez con- tensdevivre
Lecœur embraséde mesfeux ;
Mais l'ordre du Destin qui vous
18 LE MERCURE fitimmortelles,
Vous faisant demeurer toûjours icunes &belles ,
CePrivilegegaste tout ,
Ilfait que vous n'aimez àvoir
quevosſemblables ;
Etquand iepense ailleurs vous rendreunpeu traitables,
Ien'ensçauroisveniràbout.
MilleAmantes ont beau chercher
defeurs remedes Aux maux que vous pourriez m'aideràdétourner,
Vousdédaignez les Vieilles &les
Laides
Chezqui ietâcheàvous mener;
Et cependantfans vous quepuis- iefeulpour elles ?
Ilm'enfaut tont les jours effuyer
:
cent querelles :
L'ay tortquandpardégoût on leur
manque defoy ,
GALANT. 19
!
lefuis traité d'injuste &d'aveugle&de traiſtre ,
Et tout cela , parce qu'avecque
moy 1 Auprésd'ellesiamaisvousnevou.
lezparoiſtre.
N
Lesgraces dirent mille choſes obligeantes à l'amour pourſe juſtifier auprés deluy,&rejer- terent leur manque de complaiſance ſur l'impoſſibilité qu'il y a de preſter quelque agrément à des Beautez déja furannées ; car pour les laides,
dirent- elles , vous ſçavez que nous ne les fuyons pas toutes.
Il yen a quelques-unes ſur le chapitre deſquelles vous avez aſſez àvousloüerde nos foins.
Nous demeurős d'accord que quand vous les allez engager
20 LE MERCURE
:
4
à reconnoître voſtre pouvoir,
nous ne vous accompagnons pas ſeules , & que vous faites en forte que la Jeuneſſe ſe trouve avec nous ; mais de
grace , ceſſez de nous rendre
reſponſables de vos chagrins;
les plus grands que vous ayez viennentdu coſté des Hommes , & ce ſont pourvous de
terribles eſprits à gouverner.
Il est vray,dit l' Amourqu'ils me cauſent despeines,
Qui m'accablent àtous momës,
Ienepuis nyferrer , ny relâcher
leurs chaînes,
Queie n'aye àsouffrir de leurs déréglemens.
:
Si trop de reſiſtance àleur flame
opposée Leur fait perdre l'espoir d'une Conqueste aisée,
GALANT. 2[
Ieneſuis qu'unTyran dont- ilfaut s'affranchir ;
Etfi laBelle àqui ie les engage Se laiſſe unpeu trop toſt fléchir,
Iamais elle n'a dû meriter leur
hommage.
Ainsi d'unfaux déguisement
Couvranttoutes leurs injaſtices,
Lorsque iem'accommode à leur
temperament,
Ilsseplaignent infolemment Qu'ils sont contraints defuture
mescaprices.
Qu'ils soient fourbes , ſan foy ,
trompeurs , audacieux,
Bizares,inconstans, emportez,fu- -
rieux,
De leurs defauts c'est moyseul -qu'ils accuſent,
Moy qui cherchepartout la con- corde&la paix,
22 LE MERCURE
Etquicentfois ay cõblédebiensfarts Ces lâches, ces ingratsqui de mon nomabusent.
C'en est fait, ma reſolution eſt
priſe , ie romps pour toûjours avec eux; & puis que les pei- nes qu'ils ſe font eux- mêmes leur font oublier lesavantages qu'ils reçoivent de moy , ie m'en vengeray hautement, en ne retournant iamais ſur la
terre. Aces mots il demanda
qu'on le laiſſat repoſer pour ſe remettre des fatigues qu'il avoit euës avec les hommes; &
comme les maux des Dieux
s'en vont auſſi promptement
qu'ils viennent , & que leur gueriſon dépend toûjours de leur volonté, lesGraces ne ſe
GALANT. 23
1
mirent pas en peinedu reme- de qu'il falloir apparter à la maladie dontil s'eſtoit plaint,
&elles le laiſſerent dormir
juſqu'au lendemain , qu'elles nemanquerent pasdeſe trou- verà ſon réveil. Ce repos qu'il avoit pris extraordinairement
(car il luy eſt fort nouveau
d'en prendre) luyavoit mis ſur leteint une fraîcheur qui les
ébloüit. Il leur parut plus po- relé qu'il n'avoit accoûtumé
- del'eſtre,&elles le trouverent
ſi beau, qu'elles ne pouvoient ſe laſſer de luy en faire paroître leur admiration .
Ahquelbonheur, dit- il, de pouvoiràfon aiſe
Dormir ainſi tranquillement !
Ie puis d'un doux loisir profuer
pleinement ,
24 LE MERCURE
Sansqu'ilfoitsurprenant que le
:: repos me plause,
?
:
Vnlong trava Idemande un long
delaffement Que n'ay jepointfouffert , pen.
dant quesur laterre L'offrois en vain la Paix qui doit
Suivre l'Amour !
Toûjours dispute,toûjours guerre:
L'étois àtout calmeremployénuit
&iour ;
Maisqu'avons- nous , immortels
que noussommes,
Anous inquieter, comme le monde ira ?
Quant àmoydeformais , prenne Soinqui voudra
Des affaires du cœur des homes,
;
İyrenonce,fansmoyſoit aiméqui
pourra.
Cefont des importuns qu'on ne
peutSatisfaire,
Et
GALANT. 25 7
Et qui d'un sentiment toûjours contraire au mien,
Trouvant ce qu'ils n'ont pas dignefeul de leurplaire ,
Veulent tout &ne veulent rien.
Trois jours s'écoulerent de
cette forte , pendant leſquels lesGraces tinrent fidelle compagnie à l'Amour. Comme ce n'est qu'un enfant, elles avoiét
le plaifir de le pouvoir baifer
ſans ſcrupule , & c'eſt entre- elles à qui l'auroit plus ſou- vent entre lesbras. Cependant Vénus qui avoit fait un voyage en terre , en eſtoit revenuë toute indignée , de ce qu'au lieudeshonneurs qu'elle avoit
accouſtumé d'y recevoir , elle avoit trouvé ſes Temples de
ferts.
Tome 2. B
26 LE MERCURE
Parcetteoyfivetéquepretendezvousfaire,
Dit-elleàsonfils triſtement ?
Magloire vous est-elle aujour.
d'huy lipeuchere,
Quevous puissiezvoirvôtre mere
Qu'àl'envytoutle mondeoutrageimpunément ?
Ladifcorde en ma placeen terre reverée,
Par voſtre éloignement joüit de meshonneurs :
Temevoyfans encens quand elle estadorée;
Etparses discoursfuborneurs,
Ellea tant fait partout quema
honteestjurée.
C'est trop , nesouffrez pasqu'elle mepousse àbout ,
Remettez les mortels dans leurs
premieres chatnes ;
S'il vous en coûtequelquespeines,
と
GALANT. 27
Par elles il est beau d'estre maistre
detout.
Venus eut beau faire des remontrances, l'Amour s'obſtina
àvouloireſtre malade, &pre- tendit que les hommes ne va- loient pas qu'il ſe privat pour euxdu repos quiluyeſtoit ne- ceffaire. Il s'en accommodoit
lemieux dumonde, &il n'avoit jamais rien trouvé de fi
doux que de paſſer les iours entiers, comme il fa foit , à fo lâtrer avec les Graces qui ne le
quitoient point. Mercure qui le cherchoit pour luy rendre comptede ce qui s'eſtoit paſſé fur la terre depuis ſon départ ,
le trouva qui ſe divertiſſoit avec elles &le voyant aſſis fur
les genoux del'une,tandis que l'autre luy tenoit les mains;
Bij
28 LE MERCURE
Ah vrayement,lay dit ilie vous
Lçayfort bongré Detout cejoly badınage ,
Detels amusemens conviennentà
voſtre âge ,
Maispourvous eſtre icy du mon- deretiré,
Vous avezfait un beau ménage.
Depuis qu'il vous a plû de vous
en éloigner,
Sçavez vous qu'iln'est rien qui n'ait changé de face ?
L'intereſtſeul en vôtre place
S'est acquis le droit de regner.
Il corrompt l'ame la plusſaine :
Ce n'est qu'emportement trouble, quefureur ,
, que
3
Chacun ne respire que haine ,
Les moins méchansfontfurpris de L'erreur
Quivers la difcorde les mene,
Tout s'y laiſſe entrainer , on s'at
GALANT. 29
taque, onsenuit.
Vouloir eftre obligeant, c'estfui- vre unechimere
Quedans les cerveaux creuxle
mauvais goût produit.
Comme on n'a nal defir de plaire,
On est pour lebeausexe , infolent,
temerare,
Et la civilité que tout le monde
:
fuit,
Cherchant employ par tout ne trouve rien àfaire.
L'Avarice eſt le mal leplus commundetous ,
L'épargne est en credit , plus de Modes nouvelles ,
Plus d'ornemens, plus de bijoux.
On nevoit qu'envieux , dont les
efprit jaloux
Semblentſe nourrir de querelles.
Personne ne fait plus ny Vers , uy Billets doux,
Biij
30 LE MERCVRE Plus d'agreables bagatelles ;
Onne donne ny Bals , nygalants Rendez-vous,
Et tous les homes pourles belles Sont devenus devrais hiboux.
Que ie ſuis ravy de cedeſor- dre , dit l'Amour tout réjouy !
Voilaun renverſementquime charme. Les hommes vont
connoiſtre ce que ie vaux, par les malheurs où les plongera mon éloignement. Mais,dites- moy ie vous prie que fait l'A- mitié ? At'on conſervé quel que reſpect pourelle?Et l'Hy menée avec qui i'eſtois ſi ſou- vent broüillé , fait-il mieux ſes
affaires ſeul qu'il ne les faiſoit
avec moy ?
L'Amitié, dit Mercure, avoulu
S'ingerer
GALANT.31
DEL
Defaire en terre vêtre office ;
Elleentretient les nœuds qu'on luy donneàferrer,
Mais le moindre debat la fait
presque expirer,
Et contrel'intereſt, pourpeu qu'il l'affoibliffe,
YON
Satiedeurnesçauroitdurer.
Quantàl'Hymen,parvôtre ab- fence
C'eſtpis centfois quecen'estoit
Acause du dégoût de l'indif ference [alliance,
Avecquidetout temps elleafait
vouséclatoit;
Toûjours quelque divorce entre
Maispourveu qu'on s'armâtd'un peudepatience,
Apresavoirgrondé, rompul'in- telligence ,
Vous vous raccommodiez, & tout
: feremettoit.
Biiij
32 LE MERCURE Apreſent que la Politique Portefans vous les gens às'unir pourtoûjours,
Dés qu'ons'estengagél'onn'aplus de beaux jours ;
Chacun en mots dolens
malheurs'explique ,
de fon
Etles regretsfont laseule Musiique,
Quichez les marieza cours.
Vous en riez ? Voila bien dequoy
rive.
Prenez-le ſur un autre ton ;
Sivous neretournez exercervôtre
empire,
Lemondesevaperdre, chacun
ensoupire,
Comme on faisoit du temps de Phaëton.
N'importe , repartit l'Amour ,
c'eſt ce que ie demande , ie ne
GALANT. 33
ſçaurois trop punir des fantaſ- ques, qui me faiſant trop inju- ſtement autheur de tous les
maux qu'ils fouffrent par leurs folies, n'ont aucune reconnoifſance des plaiſirs que ie leur procure. Le reposm'a'a fait goû- ter icy desdouceurs que ie n'a- voisiamais éprouvées , & iene meſens pas en humeur d'y re- noncer. Mercure le laiſſa dans
ceſentiment, &quelque temps s'eſtant encor paffé ſans que Venus pût obtenir de luy qu'il changeât de reſolution , un iour qu'il étoit fort en trainde rire , il entendit du bruit qui P'obligea à tourner la tête pour ſçavoir qui le venoit troubler dans ſa Retraite. Lecroiriezvous , luy dirent les Graces ,
c'eſt la Raiſon, vôtre plus irre
Bv
34. LE MERCURE
conciliable ennemie , quide- mande à vous parler.
Voilade mes ingrats oùvalamé- diſance,
S'écria-t'il touten courroux ;
Parce qu'illeurplaîtd'êtrefous,
D'aimerlahonteuse licence ,
Quin'est propre qu'aux loupsgaroux,
Ils nesçauroientsouffrir, fanss'en:
faire une offence ,
Qu'avecque la Raiſon iefois d'intelligence Pour mieuxfairegoûtermescharmes les plus doux ;
C'est elle cependant qu'à mefui- vrei'invite,
Partout ou iaydeffein de merendrevainqueur,
L'empruntefes couleurspourpein..
dre lemerite
GALANT.
35 Quidoit toucher unnoble cœur.
C'est alors qu'à mes traits se li- vrant avecjoye Ce cœurs'en laiſſepenetrer ,
Ie lay dois trop pour neme pas
montrer,
LaRaiſon me demande , ilfaut
queie la voye,
Dépêchez, qu'on lafaſſe entrer.
Acesmotsil courut au devant
d'elle , & témoigna parl'ac- cüeil le plus obligeant l'eſtime particuliere qu'il en faiſoit. La Raiſon receut ſes careſſes avec
plaifir , & le regardant d'un œil plus ſatisfait qu'elle n'avoit paru l'avoir en entrant :
Parcerestede bienveillance,
Luydit-elle , accordezàmes empreſſemens
36 LE MERCURE
Lebonheur de vostre presence,
Vous devez cette complaisance Al'appuy que ie donne àtous vos Sentimens.
Vousfçavezqueiamais ienevous fus contraire,
Que 'iay toûjours cherché l'union
avec vous,
Etqu'où nous terminons enſemble quelque affaire.
On se trouve affez bien denous.
Etouffez un chagrin qui nepeut
quemenuire.
Nos communs interêts nous y doi-
: vent porter :
L'un & l'autre, partout où vous
m'ofez conduire ,
Nous avons quelque appuy toûjoursànousprester ,
Vous meservez àm'introduire,
Etievousſirs àvousfaire écouter.
Depuis que les mortels ne vouS.
GALANT. 37
ontpluspourguide,
Vous desgroffieretez l'ennemy déclaré,
Il n'est rienſi défiguré,
I'ay beau chercherà leur tenir
labride,
Iene trouve par tout qu'orgueil
démesuré,
Quefaste insupportable, ou bêtise
timide;
Si ie quite un brutal ie rencontre
unstupide,
Pointde cœurgenereux point d'efprit éclairé.
Vousſeul à tant de maux pouvez donnerremede ,
Parvous lafiertés'adoucit,.
Parvous àſepolir ,ſans emprun- terd'autreaide ,
Leplus farouche reüſſit .
Revenez- donc au monde , oùpar vostre presence
38 LE MERCURE
Vous remettrez foudain la concorde&lapaix ,
l'ySoûtiendraypartout laforcede
vos traits,
Et nous en bannirons l'audace &
l'inſolence,
Si nous ne nousquittons iamais.
La propoſition ne déplût pas à l'Amour ; mais comme il fut
quelquetemps fans répondre,
la perfuafion qui eſtoit de -
meurée à la porte, crût qu'il eſtoit temps qu'elle parlat ; &
l'Amour ne la vit pas plûtoſt s'avancer , que prevenant ce qu'elle pouvoit avoir à luydi- re ; Arreſtez , luy cria-t'il de loin , ce ſeroit faire tort à l'union qui a eſtédetout temps entre la Raifon&moy,quede
croire qu'elle ait beſoin de vo
GALANT. 39
ſtre ſecours pour me faire en- trer dans ſes ſentimens. Il eſt
de certains Amours évaporez qui ne s'en accommoderoient
pas ; mais pour moy qui ſuis ennemydudéreglemét ( quoy que s'en ſoient voulu imagi- ner les hommes ) ie n'ay point
demeilleure amie que la Raifon. Il eut à peine achevé ces mots , qu'il apperçeutlaGloi- re , qui eſtant accouſtumée à
eſtre receuë par tout àbras ouverts , crut qu'il feroit inutile
de faire demander ſi l'entrée
buy ſeroit permiſe. L'Amour prit plaifir à la voir marcher d'un pas auſſi majestueux que fa mine eſtoit altiere. Il la receutfort civilement ; & apres
qu'elle eut répondu à ſes pre- mieres honneſtetez.
40 LE MERCURE Paroùpeut on avoir merité, luy
ditelle,
Que vous vous obſtiniez dans ce honteux repos ?
Il n'a iamais esté d'absence fi
cruelle:
Finiſſez là, chacun àl'envy voas
rappelle,
Eti'ay beſoindevous pourfaire
desHeros.
Pour les Exploits d'éclat quelque prixque l'étale,
Lavaleurſans Amourest aveugle,
brutale,
Etſemblemoins cueillir qu'arra- cherdes lauriers.
Dansle métier de Mars l'Amour
eft neceffaire,
Etc'est lefeul defir deplaire,
Qui fait lesplusfameux Guerriers.
4
GALANT. 41 L'Amour ſe trouva agreable- ment flaté de ce que la Gloire
luy dit,& il révoit à la réponſe qu'il luy devoit faire, quand il vitentrer tout à la fois,la Beauté , la Conſtance , la Galante
rie,& les Plaiſirs qui luy firent mille plaintes de ce que fon éloignement leur faiſoit ſouf- frir. La Beauté exagera com- bien il luy eſtoit honteux de
n'avoir aucun avantage ſur la laideur,&de n'être plus confiderée de perſonne , parce que
perſonne ne ſongeoit plus à
aimer. Mais ce qui commença d'ébranler l'Amour , ce fur ce
queluydirent les Plaiſirs , qui ſe voyoient malheureuſement exilez par le retranchement
des Feſtes galantes , & de tout
ce qui pouvoit contribuer au
42 LE MERCURE
divertiſſement des belles, tous
les jeunes gens eſtans tombez depuis ſon départdans une fa- le débauche , qui ne leur laif- ſoit trouverde lajoye quedans la ſeule brutalité. Ils parlerent fi fortement , & ils furent fi
bien ſecondez par les autres qui avoient le même intereſt qu'eux de faire revenir l'A- mour en terre , que ſe laiſſant
toucheràleurs prieres ;
C'estfait , vous l'emportez,leur dit-il,iemerends,
Quoyqu'endouceurpourmoy cet- teretraite abonde,
Ilfaut aller revoir mes injustes.
tyrans,
Er tâcher de mettre ordre à tous
les differens Que mon éloignement a caufé
GALANT. 43 dans lemonde ;
Puisqu'on le veut ainsi,igretourneavecvouS ,
Mais à condition qu'un traitementplus doux Effacerade moy ce que l'on afait croire,
Etquepour empêcher mille brutalitez
QuijettentsurmonNomunetâ- chetrop noire,
Partout ouieſeray, la Raison &
laGloire
Iront toûjours à mes costez.
Le party fut accepté, &il plut tellement aux Graces,qu'elles
jugerent de ne plus abandon- ner l'Amour.
ſuivante. Elle faitdu bruit,ellea ſes Partiſans,vousjugerez s'ils ont raiſon d'en dire du
bien.. LA MALADIE
DE L'AMOVR.
L
Es Graces venoient de
laiſſer l'Amour entre les
bras du Sommeil , &fe mocquoientde la ſtupiditéde ce Dieu, qui ayant l'avantage de poſſeder tousles joursles plus belles perſonnes du monde ,
ne leurdit iamais une parole ,
tant il a peurdedes-obligerle filence qui le loge dans ſon Palais , quandelles virent ar- river inopinément l'Amour.
lavoitfonBandeau àla main,
&laiſſoit voir autant de colere dansſesyeux, que d'aba- tementſur ſon viſage.
16 LE MERCURE
Non, dit- il,en entrant ie n'enreviendray pas,
lel'ay iuré,iabandone lemode,
Fuyons des lieux où l'iniuftice abonde,
C'est trop avoir comerce avecdes
Ingrats.
Pourprix de mes lõguesfatigues Alesſervirdas leurs intrigues,
Ozer tenir de moy mille infolens
propos?
Chercherfans ceſſe àmefaire in.
cartade,
Ien'enpuisplus,i'enſuis malade,
Promptement , un Lit de repos.
Les Graces qui n'ont iamais
plus de joye que quand elles font avec l'Amour , ne furent
point pareſſeuſes à le fatisfai- re. Elles luy dreſſerent un lit
de roſes , & le dépouillerent
GALANT.17 - de fon Carquois, dont il brifa les flêches devant elles. Il ſe
coucha en ſuite , & en ayant receu mille careſſes par lef- quelles elles tâcherent à le conſoler de ſon chagrin ;
Recouvrons le repos que trop
d'embarras m'oſte,
Cherchons,dit- il, cherchonsde la
tranquillité:
Si iesouffre c'est voſtre faute ,
Et mon malheur ne vient que de
voſtrefierté.
Partout ou vous mevoulezfuivre ,
Comme vous y menez &les Ris
&les leux,
Ie ne voy que des Gens affez con- tensdevivre
Lecœur embraséde mesfeux ;
Mais l'ordre du Destin qui vous
18 LE MERCURE fitimmortelles,
Vous faisant demeurer toûjours icunes &belles ,
CePrivilegegaste tout ,
Ilfait que vous n'aimez àvoir
quevosſemblables ;
Etquand iepense ailleurs vous rendreunpeu traitables,
Ien'ensçauroisveniràbout.
MilleAmantes ont beau chercher
defeurs remedes Aux maux que vous pourriez m'aideràdétourner,
Vousdédaignez les Vieilles &les
Laides
Chezqui ietâcheàvous mener;
Et cependantfans vous quepuis- iefeulpour elles ?
Ilm'enfaut tont les jours effuyer
:
cent querelles :
L'ay tortquandpardégoût on leur
manque defoy ,
GALANT. 19
!
lefuis traité d'injuste &d'aveugle&de traiſtre ,
Et tout cela , parce qu'avecque
moy 1 Auprésd'ellesiamaisvousnevou.
lezparoiſtre.
N
Lesgraces dirent mille choſes obligeantes à l'amour pourſe juſtifier auprés deluy,&rejer- terent leur manque de complaiſance ſur l'impoſſibilité qu'il y a de preſter quelque agrément à des Beautez déja furannées ; car pour les laides,
dirent- elles , vous ſçavez que nous ne les fuyons pas toutes.
Il yen a quelques-unes ſur le chapitre deſquelles vous avez aſſez àvousloüerde nos foins.
Nous demeurős d'accord que quand vous les allez engager
20 LE MERCURE
:
4
à reconnoître voſtre pouvoir,
nous ne vous accompagnons pas ſeules , & que vous faites en forte que la Jeuneſſe ſe trouve avec nous ; mais de
grace , ceſſez de nous rendre
reſponſables de vos chagrins;
les plus grands que vous ayez viennentdu coſté des Hommes , & ce ſont pourvous de
terribles eſprits à gouverner.
Il est vray,dit l' Amourqu'ils me cauſent despeines,
Qui m'accablent àtous momës,
Ienepuis nyferrer , ny relâcher
leurs chaînes,
Queie n'aye àsouffrir de leurs déréglemens.
:
Si trop de reſiſtance àleur flame
opposée Leur fait perdre l'espoir d'une Conqueste aisée,
GALANT. 2[
Ieneſuis qu'unTyran dont- ilfaut s'affranchir ;
Etfi laBelle àqui ie les engage Se laiſſe unpeu trop toſt fléchir,
Iamais elle n'a dû meriter leur
hommage.
Ainsi d'unfaux déguisement
Couvranttoutes leurs injaſtices,
Lorsque iem'accommode à leur
temperament,
Ilsseplaignent infolemment Qu'ils sont contraints defuture
mescaprices.
Qu'ils soient fourbes , ſan foy ,
trompeurs , audacieux,
Bizares,inconstans, emportez,fu- -
rieux,
De leurs defauts c'est moyseul -qu'ils accuſent,
Moy qui cherchepartout la con- corde&la paix,
22 LE MERCURE
Etquicentfois ay cõblédebiensfarts Ces lâches, ces ingratsqui de mon nomabusent.
C'en est fait, ma reſolution eſt
priſe , ie romps pour toûjours avec eux; & puis que les pei- nes qu'ils ſe font eux- mêmes leur font oublier lesavantages qu'ils reçoivent de moy , ie m'en vengeray hautement, en ne retournant iamais ſur la
terre. Aces mots il demanda
qu'on le laiſſat repoſer pour ſe remettre des fatigues qu'il avoit euës avec les hommes; &
comme les maux des Dieux
s'en vont auſſi promptement
qu'ils viennent , & que leur gueriſon dépend toûjours de leur volonté, lesGraces ne ſe
GALANT. 23
1
mirent pas en peinedu reme- de qu'il falloir apparter à la maladie dontil s'eſtoit plaint,
&elles le laiſſerent dormir
juſqu'au lendemain , qu'elles nemanquerent pasdeſe trou- verà ſon réveil. Ce repos qu'il avoit pris extraordinairement
(car il luy eſt fort nouveau
d'en prendre) luyavoit mis ſur leteint une fraîcheur qui les
ébloüit. Il leur parut plus po- relé qu'il n'avoit accoûtumé
- del'eſtre,&elles le trouverent
ſi beau, qu'elles ne pouvoient ſe laſſer de luy en faire paroître leur admiration .
Ahquelbonheur, dit- il, de pouvoiràfon aiſe
Dormir ainſi tranquillement !
Ie puis d'un doux loisir profuer
pleinement ,
24 LE MERCURE
Sansqu'ilfoitsurprenant que le
:: repos me plause,
?
:
Vnlong trava Idemande un long
delaffement Que n'ay jepointfouffert , pen.
dant quesur laterre L'offrois en vain la Paix qui doit
Suivre l'Amour !
Toûjours dispute,toûjours guerre:
L'étois àtout calmeremployénuit
&iour ;
Maisqu'avons- nous , immortels
que noussommes,
Anous inquieter, comme le monde ira ?
Quant àmoydeformais , prenne Soinqui voudra
Des affaires du cœur des homes,
;
İyrenonce,fansmoyſoit aiméqui
pourra.
Cefont des importuns qu'on ne
peutSatisfaire,
Et
GALANT. 25 7
Et qui d'un sentiment toûjours contraire au mien,
Trouvant ce qu'ils n'ont pas dignefeul de leurplaire ,
Veulent tout &ne veulent rien.
Trois jours s'écoulerent de
cette forte , pendant leſquels lesGraces tinrent fidelle compagnie à l'Amour. Comme ce n'est qu'un enfant, elles avoiét
le plaifir de le pouvoir baifer
ſans ſcrupule , & c'eſt entre- elles à qui l'auroit plus ſou- vent entre lesbras. Cependant Vénus qui avoit fait un voyage en terre , en eſtoit revenuë toute indignée , de ce qu'au lieudeshonneurs qu'elle avoit
accouſtumé d'y recevoir , elle avoit trouvé ſes Temples de
ferts.
Tome 2. B
26 LE MERCURE
Parcetteoyfivetéquepretendezvousfaire,
Dit-elleàsonfils triſtement ?
Magloire vous est-elle aujour.
d'huy lipeuchere,
Quevous puissiezvoirvôtre mere
Qu'àl'envytoutle mondeoutrageimpunément ?
Ladifcorde en ma placeen terre reverée,
Par voſtre éloignement joüit de meshonneurs :
Temevoyfans encens quand elle estadorée;
Etparses discoursfuborneurs,
Ellea tant fait partout quema
honteestjurée.
C'est trop , nesouffrez pasqu'elle mepousse àbout ,
Remettez les mortels dans leurs
premieres chatnes ;
S'il vous en coûtequelquespeines,
と
GALANT. 27
Par elles il est beau d'estre maistre
detout.
Venus eut beau faire des remontrances, l'Amour s'obſtina
àvouloireſtre malade, &pre- tendit que les hommes ne va- loient pas qu'il ſe privat pour euxdu repos quiluyeſtoit ne- ceffaire. Il s'en accommodoit
lemieux dumonde, &il n'avoit jamais rien trouvé de fi
doux que de paſſer les iours entiers, comme il fa foit , à fo lâtrer avec les Graces qui ne le
quitoient point. Mercure qui le cherchoit pour luy rendre comptede ce qui s'eſtoit paſſé fur la terre depuis ſon départ ,
le trouva qui ſe divertiſſoit avec elles &le voyant aſſis fur
les genoux del'une,tandis que l'autre luy tenoit les mains;
Bij
28 LE MERCURE
Ah vrayement,lay dit ilie vous
Lçayfort bongré Detout cejoly badınage ,
Detels amusemens conviennentà
voſtre âge ,
Maispourvous eſtre icy du mon- deretiré,
Vous avezfait un beau ménage.
Depuis qu'il vous a plû de vous
en éloigner,
Sçavez vous qu'iln'est rien qui n'ait changé de face ?
L'intereſtſeul en vôtre place
S'est acquis le droit de regner.
Il corrompt l'ame la plusſaine :
Ce n'est qu'emportement trouble, quefureur ,
, que
3
Chacun ne respire que haine ,
Les moins méchansfontfurpris de L'erreur
Quivers la difcorde les mene,
Tout s'y laiſſe entrainer , on s'at
GALANT. 29
taque, onsenuit.
Vouloir eftre obligeant, c'estfui- vre unechimere
Quedans les cerveaux creuxle
mauvais goût produit.
Comme on n'a nal defir de plaire,
On est pour lebeausexe , infolent,
temerare,
Et la civilité que tout le monde
:
fuit,
Cherchant employ par tout ne trouve rien àfaire.
L'Avarice eſt le mal leplus commundetous ,
L'épargne est en credit , plus de Modes nouvelles ,
Plus d'ornemens, plus de bijoux.
On nevoit qu'envieux , dont les
efprit jaloux
Semblentſe nourrir de querelles.
Personne ne fait plus ny Vers , uy Billets doux,
Biij
30 LE MERCVRE Plus d'agreables bagatelles ;
Onne donne ny Bals , nygalants Rendez-vous,
Et tous les homes pourles belles Sont devenus devrais hiboux.
Que ie ſuis ravy de cedeſor- dre , dit l'Amour tout réjouy !
Voilaun renverſementquime charme. Les hommes vont
connoiſtre ce que ie vaux, par les malheurs où les plongera mon éloignement. Mais,dites- moy ie vous prie que fait l'A- mitié ? At'on conſervé quel que reſpect pourelle?Et l'Hy menée avec qui i'eſtois ſi ſou- vent broüillé , fait-il mieux ſes
affaires ſeul qu'il ne les faiſoit
avec moy ?
L'Amitié, dit Mercure, avoulu
S'ingerer
GALANT.31
DEL
Defaire en terre vêtre office ;
Elleentretient les nœuds qu'on luy donneàferrer,
Mais le moindre debat la fait
presque expirer,
Et contrel'intereſt, pourpeu qu'il l'affoibliffe,
YON
Satiedeurnesçauroitdurer.
Quantàl'Hymen,parvôtre ab- fence
C'eſtpis centfois quecen'estoit
Acause du dégoût de l'indif ference [alliance,
Avecquidetout temps elleafait
vouséclatoit;
Toûjours quelque divorce entre
Maispourveu qu'on s'armâtd'un peudepatience,
Apresavoirgrondé, rompul'in- telligence ,
Vous vous raccommodiez, & tout
: feremettoit.
Biiij
32 LE MERCURE Apreſent que la Politique Portefans vous les gens às'unir pourtoûjours,
Dés qu'ons'estengagél'onn'aplus de beaux jours ;
Chacun en mots dolens
malheurs'explique ,
de fon
Etles regretsfont laseule Musiique,
Quichez les marieza cours.
Vous en riez ? Voila bien dequoy
rive.
Prenez-le ſur un autre ton ;
Sivous neretournez exercervôtre
empire,
Lemondesevaperdre, chacun
ensoupire,
Comme on faisoit du temps de Phaëton.
N'importe , repartit l'Amour ,
c'eſt ce que ie demande , ie ne
GALANT. 33
ſçaurois trop punir des fantaſ- ques, qui me faiſant trop inju- ſtement autheur de tous les
maux qu'ils fouffrent par leurs folies, n'ont aucune reconnoifſance des plaiſirs que ie leur procure. Le reposm'a'a fait goû- ter icy desdouceurs que ie n'a- voisiamais éprouvées , & iene meſens pas en humeur d'y re- noncer. Mercure le laiſſa dans
ceſentiment, &quelque temps s'eſtant encor paffé ſans que Venus pût obtenir de luy qu'il changeât de reſolution , un iour qu'il étoit fort en trainde rire , il entendit du bruit qui P'obligea à tourner la tête pour ſçavoir qui le venoit troubler dans ſa Retraite. Lecroiriezvous , luy dirent les Graces ,
c'eſt la Raiſon, vôtre plus irre
Bv
34. LE MERCURE
conciliable ennemie , quide- mande à vous parler.
Voilade mes ingrats oùvalamé- diſance,
S'écria-t'il touten courroux ;
Parce qu'illeurplaîtd'êtrefous,
D'aimerlahonteuse licence ,
Quin'est propre qu'aux loupsgaroux,
Ils nesçauroientsouffrir, fanss'en:
faire une offence ,
Qu'avecque la Raiſon iefois d'intelligence Pour mieuxfairegoûtermescharmes les plus doux ;
C'est elle cependant qu'à mefui- vrei'invite,
Partout ou iaydeffein de merendrevainqueur,
L'empruntefes couleurspourpein..
dre lemerite
GALANT.
35 Quidoit toucher unnoble cœur.
C'est alors qu'à mes traits se li- vrant avecjoye Ce cœurs'en laiſſepenetrer ,
Ie lay dois trop pour neme pas
montrer,
LaRaiſon me demande , ilfaut
queie la voye,
Dépêchez, qu'on lafaſſe entrer.
Acesmotsil courut au devant
d'elle , & témoigna parl'ac- cüeil le plus obligeant l'eſtime particuliere qu'il en faiſoit. La Raiſon receut ſes careſſes avec
plaifir , & le regardant d'un œil plus ſatisfait qu'elle n'avoit paru l'avoir en entrant :
Parcerestede bienveillance,
Luydit-elle , accordezàmes empreſſemens
36 LE MERCURE
Lebonheur de vostre presence,
Vous devez cette complaisance Al'appuy que ie donne àtous vos Sentimens.
Vousfçavezqueiamais ienevous fus contraire,
Que 'iay toûjours cherché l'union
avec vous,
Etqu'où nous terminons enſemble quelque affaire.
On se trouve affez bien denous.
Etouffez un chagrin qui nepeut
quemenuire.
Nos communs interêts nous y doi-
: vent porter :
L'un & l'autre, partout où vous
m'ofez conduire ,
Nous avons quelque appuy toûjoursànousprester ,
Vous meservez àm'introduire,
Etievousſirs àvousfaire écouter.
Depuis que les mortels ne vouS.
GALANT. 37
ontpluspourguide,
Vous desgroffieretez l'ennemy déclaré,
Il n'est rienſi défiguré,
I'ay beau chercherà leur tenir
labride,
Iene trouve par tout qu'orgueil
démesuré,
Quefaste insupportable, ou bêtise
timide;
Si ie quite un brutal ie rencontre
unstupide,
Pointde cœurgenereux point d'efprit éclairé.
Vousſeul à tant de maux pouvez donnerremede ,
Parvous lafiertés'adoucit,.
Parvous àſepolir ,ſans emprun- terd'autreaide ,
Leplus farouche reüſſit .
Revenez- donc au monde , oùpar vostre presence
38 LE MERCURE
Vous remettrez foudain la concorde&lapaix ,
l'ySoûtiendraypartout laforcede
vos traits,
Et nous en bannirons l'audace &
l'inſolence,
Si nous ne nousquittons iamais.
La propoſition ne déplût pas à l'Amour ; mais comme il fut
quelquetemps fans répondre,
la perfuafion qui eſtoit de -
meurée à la porte, crût qu'il eſtoit temps qu'elle parlat ; &
l'Amour ne la vit pas plûtoſt s'avancer , que prevenant ce qu'elle pouvoit avoir à luydi- re ; Arreſtez , luy cria-t'il de loin , ce ſeroit faire tort à l'union qui a eſtédetout temps entre la Raifon&moy,quede
croire qu'elle ait beſoin de vo
GALANT. 39
ſtre ſecours pour me faire en- trer dans ſes ſentimens. Il eſt
de certains Amours évaporez qui ne s'en accommoderoient
pas ; mais pour moy qui ſuis ennemydudéreglemét ( quoy que s'en ſoient voulu imagi- ner les hommes ) ie n'ay point
demeilleure amie que la Raifon. Il eut à peine achevé ces mots , qu'il apperçeutlaGloi- re , qui eſtant accouſtumée à
eſtre receuë par tout àbras ouverts , crut qu'il feroit inutile
de faire demander ſi l'entrée
buy ſeroit permiſe. L'Amour prit plaifir à la voir marcher d'un pas auſſi majestueux que fa mine eſtoit altiere. Il la receutfort civilement ; & apres
qu'elle eut répondu à ſes pre- mieres honneſtetez.
40 LE MERCURE Paroùpeut on avoir merité, luy
ditelle,
Que vous vous obſtiniez dans ce honteux repos ?
Il n'a iamais esté d'absence fi
cruelle:
Finiſſez là, chacun àl'envy voas
rappelle,
Eti'ay beſoindevous pourfaire
desHeros.
Pour les Exploits d'éclat quelque prixque l'étale,
Lavaleurſans Amourest aveugle,
brutale,
Etſemblemoins cueillir qu'arra- cherdes lauriers.
Dansle métier de Mars l'Amour
eft neceffaire,
Etc'est lefeul defir deplaire,
Qui fait lesplusfameux Guerriers.
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GALANT. 41 L'Amour ſe trouva agreable- ment flaté de ce que la Gloire
luy dit,& il révoit à la réponſe qu'il luy devoit faire, quand il vitentrer tout à la fois,la Beauté , la Conſtance , la Galante
rie,& les Plaiſirs qui luy firent mille plaintes de ce que fon éloignement leur faiſoit ſouf- frir. La Beauté exagera com- bien il luy eſtoit honteux de
n'avoir aucun avantage ſur la laideur,&de n'être plus confiderée de perſonne , parce que
perſonne ne ſongeoit plus à
aimer. Mais ce qui commença d'ébranler l'Amour , ce fur ce
queluydirent les Plaiſirs , qui ſe voyoient malheureuſement exilez par le retranchement
des Feſtes galantes , & de tout
ce qui pouvoit contribuer au
42 LE MERCURE
divertiſſement des belles, tous
les jeunes gens eſtans tombez depuis ſon départdans une fa- le débauche , qui ne leur laif- ſoit trouverde lajoye quedans la ſeule brutalité. Ils parlerent fi fortement , & ils furent fi
bien ſecondez par les autres qui avoient le même intereſt qu'eux de faire revenir l'A- mour en terre , que ſe laiſſant
toucheràleurs prieres ;
C'estfait , vous l'emportez,leur dit-il,iemerends,
Quoyqu'endouceurpourmoy cet- teretraite abonde,
Ilfaut aller revoir mes injustes.
tyrans,
Er tâcher de mettre ordre à tous
les differens Que mon éloignement a caufé
GALANT. 43 dans lemonde ;
Puisqu'on le veut ainsi,igretourneavecvouS ,
Mais à condition qu'un traitementplus doux Effacerade moy ce que l'on afait croire,
Etquepour empêcher mille brutalitez
QuijettentsurmonNomunetâ- chetrop noire,
Partout ouieſeray, la Raison &
laGloire
Iront toûjours à mes costez.
Le party fut accepté, &il plut tellement aux Graces,qu'elles
jugerent de ne plus abandon- ner l'Amour.
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Résumé : LA MALADIE DE L'AMOUR.
Le texte relate une conversation entre l'Amour et les Grâces, suivie par l'intervention de Vénus et Mercure. L'Amour, épuisé par les ingratitudes et les comportements injustes des hommes, décide de se retirer et de se reposer. Les Grâces, inquiètes, lui préparent un lit de roses et tentent de le consoler. L'Amour exprime son désir de tranquillité et critique les hommes pour leur inconstance et leur ingratitude, refusant de revenir sur terre et préférant rester avec les Grâces. Vénus, furieuse de voir ses temples profanés, tente de convaincre son fils de revenir, mais sans succès. Mercure informe l'Amour des changements sur terre, où l'intérêt et la discorde règnent. L'Amour se réjouit de ces malheurs, trouvant son repos doux et agréable. La Raison intervient alors et demande à l'Amour de revenir pour rétablir l'ordre et la justice. Parallèlement, une conversation critique l'absence de l'Amour, qui a laissé le monde dans le chaos. La Raison et la Gloire rappellent l'importance de l'Amour, soulignant que sans lui, les exploits héroïques sont vains et que la valeur sans amour est aveugle et brutale. La Beauté, la Constance, la Galanterie et les Plaisirs se plaignent également de leur souffrance due à l'absence de l'Amour, qui a conduit à une débauche brutale parmi les jeunes gens. Touché par ces plaintes, l'Amour accepte de revenir à condition que la Raison et la Gloire l'accompagnent pour éviter les brutalités et les mauvaises interprétations. Les Grâces approuvent cette décision, promettant de ne plus abandonner l'Amour.
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7
s. p.
A MONSEIGNEUR LE DUC DE St AIGNAN, PAIR DE FRANCE.
Début :
Monseigneur, C'est estre bien hardy de vous adresser une Epistre [...]
Mots clefs :
Épître, Mercure, Matières, Réception, Récit, Spectacle
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texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE DUC DE St AIGNAN, PAIR DE FRANCE.
A MONSEIGNEUR
LE DUC
DEST. AIGNAN
PAIR DE FRANCE.
M
ONSEIGNEUR,
C'est estre bien hardy de vous adrefferune Epiſtre àvous quifai
tes tous les jours des Lettres admirables , &qui écrivez avec une délicateſſe dontfipeude Perſonnes peuvent approcher. Cen'est point auſſi comme beleſprit que jeprens cette liberté. Les matieres dont
traitele Mercureluy ontdéjadonnéentrée preſque dans toutes les Cours de l'Europe. Ie cherche àl'y fairerecevoiragreablement , &je n'enpuis trouver un moyen plus
粉
EPITRE.
feur, quede luy faireportervostre Illustre Nom. Ce Nom est connu
par tout,MONSEIGNEUR , iln'y apoint de lieu , quelque reculéqu'il ſoit où l'on demande qui vous éſtes,
&je nepuis douter quele Mercure n'y trouve une tres-favorable rece- ption , ſi vous mepermettez depu- blier que le deſſein vous en aplû;
quefalecture vous a diverty, &
que c'est particulierementſurvo- tre approbation que je mesuis en- hardyàlepoursuivre.Dequelpoids nefera- t-ellepoint aupresdes Cri- tiques, cette glorieuse approbation dontvousfouffrez queje meflate?
Dira-t'on quevous manquezde lu- mieres pour juger ſainement des chofes , Vous , MONSEIGNEUR ,
qui estes reconnu de tout le monde pourun esprit tout éclairé,quipof- Sedez éminemment ce qu'il y ade plus belles Connoiſſances , & dont les jugemens reglent ſi ſouvent ceuxde l'AcademieFrançoise,éta-
EPITRE.
blie pour mettre la Languedansſa
plus exacte pureté? Ne croyezpas ,
MONSEIGNEUR , quecejuſte témoignage que je rends de vous à la verité ,ſoit un commencement des loüanges queje meprepare à vous
donner. La matiere eſt un peu trop
ample , &de quelque coſté que je me tournaſſe je m'en trouverois bien- tost accabié. En effet , que
n'aurois-jepoint àdire de cette inSigne Valeur dont vous avez tant
defois donné deſi éclatantes mar.
ques ? Elleparoiſtra afſſez ailleurs
dans le ſimple Récit queje me re- Serveàfaire de vos grandes Acti- ons , &j'adjoûterayſeulement icy qu'elle ne vous estpas moins unbien hereditaire, que cette merveilleuse
adreſſe de corps que vous avez
toûjours euë en partage. Nous le
voyonspar la Charge de Mestre
de Campde la Cavalerie Legere
qui ne s'est jamais donnée qu'aux
vrais Braves , &dans laquelle
EPITRE.
feuMonsieurle Cote de S.Aignan voſtre Pere s'acquit autrefois une
fi haute reputation ; & du co- ſté de l'adreſſe , nefut-ilpaslefe- condAffaillant sousle Princede Conty au grand Carouſel de Loüis XIII , comme vous l'avez esté Sous leRoy àceluy dont ilplût àSa Majesté deſe donner le magnifi- que Divertiſſement. Avec quel avantagen'yparustes-vouspas,&
quelsyeux manquâtes-vous d'at- tirer dans une occasion fi propre àfaire voir la grace touteparti- culiere que vous avez dans ces no- bles Exercices qui font ſi ne- ceffaires aux Perſonnes de vostre rang , &dont ily a eu mesme des Filsde Roisqui n'ont pas quelque
fois dédaigné devenirprendre des Leçosſoûs nos meilleurs Maistres .
Yen a t-il aucun où vousn'excelbiez ?ouplutôt,MONSEIGNEVR,
nepeut-on pas direque vous estes
universel , & que la Galanterie
EPITRE.
est tellement née avec vous, que
vous n'ignorez riede ce qui lapeut rendre confiderable? Ilne voussuf fit pas desçavoir executer. Combiende Spectacles inventez en un
momentpourle Roy, où vous avez fait admirerà toute la Cour la
promptevivacitéde ce merveilleux Génie qu'on nesçauroit aſſez estimer On s'yfouvient
plaisirde celuydel'ifle Enchantea encor avecTRBADE OF
voir fans Yo Spectacle Spectacle qu'on n'a pû furprise,&dont l'invention nedemandoitpas moins une Ame toute guerriere , qu'un efprit veritable- ment galant. Mais àquoy mar.
restay-je,MONSEIGNEVR ? L'estime & la confiance dont le Roy vous a toûjours honoré, nefont-el- lespaslamarque laplus indubi- tablede cemerite extraordinaire
quiparleſi avantageusementpour
vous. En vous confiant laPlace dont
il vous a fait Gouverneur , ilvous amisentre les mains unedes Clefs
EPITRE.
deſon Royaume ; &ce grand Dépostne justifie- t-ilpas avec toute la gloire qui vous est devë combien vos longs ſervices l'ont persuadé fortement de voštrefidelité ? Voila
beaucoup de chofes , MONSEIG- NEVR , qui feroient un long Pa- negyrique pour un autre ; onferoit aſſurément épuisé , &fi onadjoû- toit en finiſſant qu'on en auroit encor bien d'autres àdire,ceſeroit uneflaterie quiferviroit d'embel- liſſement àla Lettre , &ces au- tres choses ne seroient que ce qui auroit esté déja dit ; maisiln'en est pas ainſi de vous, &le Mercu- revafaire voirpar l'Article qui vous regarde , que si j'ay fait icy une legere ébauchede vostre Por- trait , ç'a esté Seulement pour prendre l'occaſion de faire connoi- Stre àtout le monde avec combien
de paſſion &de reſpest jeſuis ,
ONSEIGNEUR,
Voſtre tres-humble & tres- obeïffant Serviteur. D
LE DUC
DEST. AIGNAN
PAIR DE FRANCE.
M
ONSEIGNEUR,
C'est estre bien hardy de vous adrefferune Epiſtre àvous quifai
tes tous les jours des Lettres admirables , &qui écrivez avec une délicateſſe dontfipeude Perſonnes peuvent approcher. Cen'est point auſſi comme beleſprit que jeprens cette liberté. Les matieres dont
traitele Mercureluy ontdéjadonnéentrée preſque dans toutes les Cours de l'Europe. Ie cherche àl'y fairerecevoiragreablement , &je n'enpuis trouver un moyen plus
粉
EPITRE.
feur, quede luy faireportervostre Illustre Nom. Ce Nom est connu
par tout,MONSEIGNEUR , iln'y apoint de lieu , quelque reculéqu'il ſoit où l'on demande qui vous éſtes,
&je nepuis douter quele Mercure n'y trouve une tres-favorable rece- ption , ſi vous mepermettez depu- blier que le deſſein vous en aplû;
quefalecture vous a diverty, &
que c'est particulierementſurvo- tre approbation que je mesuis en- hardyàlepoursuivre.Dequelpoids nefera- t-ellepoint aupresdes Cri- tiques, cette glorieuse approbation dontvousfouffrez queje meflate?
Dira-t'on quevous manquezde lu- mieres pour juger ſainement des chofes , Vous , MONSEIGNEUR ,
qui estes reconnu de tout le monde pourun esprit tout éclairé,quipof- Sedez éminemment ce qu'il y ade plus belles Connoiſſances , & dont les jugemens reglent ſi ſouvent ceuxde l'AcademieFrançoise,éta-
EPITRE.
blie pour mettre la Languedansſa
plus exacte pureté? Ne croyezpas ,
MONSEIGNEUR , quecejuſte témoignage que je rends de vous à la verité ,ſoit un commencement des loüanges queje meprepare à vous
donner. La matiere eſt un peu trop
ample , &de quelque coſté que je me tournaſſe je m'en trouverois bien- tost accabié. En effet , que
n'aurois-jepoint àdire de cette inSigne Valeur dont vous avez tant
defois donné deſi éclatantes mar.
ques ? Elleparoiſtra afſſez ailleurs
dans le ſimple Récit queje me re- Serveàfaire de vos grandes Acti- ons , &j'adjoûterayſeulement icy qu'elle ne vous estpas moins unbien hereditaire, que cette merveilleuse
adreſſe de corps que vous avez
toûjours euë en partage. Nous le
voyonspar la Charge de Mestre
de Campde la Cavalerie Legere
qui ne s'est jamais donnée qu'aux
vrais Braves , &dans laquelle
EPITRE.
feuMonsieurle Cote de S.Aignan voſtre Pere s'acquit autrefois une
fi haute reputation ; & du co- ſté de l'adreſſe , nefut-ilpaslefe- condAffaillant sousle Princede Conty au grand Carouſel de Loüis XIII , comme vous l'avez esté Sous leRoy àceluy dont ilplût àSa Majesté deſe donner le magnifi- que Divertiſſement. Avec quel avantagen'yparustes-vouspas,&
quelsyeux manquâtes-vous d'at- tirer dans une occasion fi propre àfaire voir la grace touteparti- culiere que vous avez dans ces no- bles Exercices qui font ſi ne- ceffaires aux Perſonnes de vostre rang , &dont ily a eu mesme des Filsde Roisqui n'ont pas quelque
fois dédaigné devenirprendre des Leçosſoûs nos meilleurs Maistres .
Yen a t-il aucun où vousn'excelbiez ?ouplutôt,MONSEIGNEVR,
nepeut-on pas direque vous estes
universel , & que la Galanterie
EPITRE.
est tellement née avec vous, que
vous n'ignorez riede ce qui lapeut rendre confiderable? Ilne voussuf fit pas desçavoir executer. Combiende Spectacles inventez en un
momentpourle Roy, où vous avez fait admirerà toute la Cour la
promptevivacitéde ce merveilleux Génie qu'on nesçauroit aſſez estimer On s'yfouvient
plaisirde celuydel'ifle Enchantea encor avecTRBADE OF
voir fans Yo Spectacle Spectacle qu'on n'a pû furprise,&dont l'invention nedemandoitpas moins une Ame toute guerriere , qu'un efprit veritable- ment galant. Mais àquoy mar.
restay-je,MONSEIGNEVR ? L'estime & la confiance dont le Roy vous a toûjours honoré, nefont-el- lespaslamarque laplus indubi- tablede cemerite extraordinaire
quiparleſi avantageusementpour
vous. En vous confiant laPlace dont
il vous a fait Gouverneur , ilvous amisentre les mains unedes Clefs
EPITRE.
deſon Royaume ; &ce grand Dépostne justifie- t-ilpas avec toute la gloire qui vous est devë combien vos longs ſervices l'ont persuadé fortement de voštrefidelité ? Voila
beaucoup de chofes , MONSEIG- NEVR , qui feroient un long Pa- negyrique pour un autre ; onferoit aſſurément épuisé , &fi onadjoû- toit en finiſſant qu'on en auroit encor bien d'autres àdire,ceſeroit uneflaterie quiferviroit d'embel- liſſement àla Lettre , &ces au- tres choses ne seroient que ce qui auroit esté déja dit ; maisiln'en est pas ainſi de vous, &le Mercu- revafaire voirpar l'Article qui vous regarde , que si j'ay fait icy une legere ébauchede vostre Por- trait , ç'a esté Seulement pour prendre l'occaſion de faire connoi- Stre àtout le monde avec combien
de paſſion &de reſpest jeſuis ,
ONSEIGNEUR,
Voſtre tres-humble & tres- obeïffant Serviteur. D
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE DUC DE St AIGNAN, PAIR DE FRANCE.
L'épître est adressée à Monseigneur le Duc d'Aignan, pair de France. L'auteur s'excuse de son audace à écrire à une personne reconnue pour rédiger des lettres admirables et avec une grande délicatesse. Il mentionne que les sujets traités dans le Mercure de France ont déjà gagné une entrée dans presque toutes les cours d'Europe et espère obtenir une réception favorable en associant le nom illustre du Duc d'Aignan. L'auteur souligne la reconnaissance mondiale du nom du Duc et son espoir que le Mercure trouvera une réception favorable grâce à l'approbation du Duc. L'auteur loue les lumières et les connaissances éminentes du Duc, ainsi que ses jugements qui régissent souvent ceux de l'Académie française. Il mentionne la valeur et les grandes actions du Duc, héritées de son père, et son adresse exceptionnelle, notamment dans des charges militaires prestigieuses. Le Duc est également reconnu pour son excellence dans les exercices nobles et sa capacité à inventer des spectacles pour le roi. L'épître se conclut par une expression de respect et de passion de l'auteur envers le Duc, soulignant que le Mercure présentera une ébauche de son portrait pour faire connaître au monde entier son admiration et son respect.
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8
p. 182-184
« Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Début :
Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...]
Mots clefs :
Louanges, Mercure, Paris, Nom
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texteReconnaissance textuelle : « Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres diſpoſi- tions à faire une agreable con- noiſſance , je vous le feray ſça- voir. Cependant, Madame,vous voyez qu'on me fait un crime des loüanges queje ne croyja- mais donnerque fort juſtement;
&comme dans voſtre Campa- gne il ſe peut trover des Cen-
118 LE MERCVRE
ſeurs auffi -bien qu'icy , je vous prie de vouloir prendre mon party contre eux , & d'ajoûter aux raiſons de l'aimable Perfenne qui a défendu le Mercure ſans l'avoir veu , qu'il ne faut pas s'étonner ſi laFrance qui eſt fi peuplée , fournit tous les Mois quinze ou vingt Sujets loüables , fur toutdans un temps oùpar la force de ſes Armes elle
triomphe de la plusgrande par- tie de l'Europe liguée contre el- le ; que fila Cour & la moitié de Paris connoît ceux dont je
vous marque les Actions & les Familles , ily a une infinité de Perſonnes dans les Provinces
qui n'en ont jamais connu que le Nom , &qui me ſçavent bon gré du ſoin queje prensde leur apprendre ce qu'ils auroient peut-eſtre toûjours ignoré.
&comme dans voſtre Campa- gne il ſe peut trover des Cen-
118 LE MERCVRE
ſeurs auffi -bien qu'icy , je vous prie de vouloir prendre mon party contre eux , & d'ajoûter aux raiſons de l'aimable Perfenne qui a défendu le Mercure ſans l'avoir veu , qu'il ne faut pas s'étonner ſi laFrance qui eſt fi peuplée , fournit tous les Mois quinze ou vingt Sujets loüables , fur toutdans un temps oùpar la force de ſes Armes elle
triomphe de la plusgrande par- tie de l'Europe liguée contre el- le ; que fila Cour & la moitié de Paris connoît ceux dont je
vous marque les Actions & les Familles , ily a une infinité de Perſonnes dans les Provinces
qui n'en ont jamais connu que le Nom , &qui me ſçavent bon gré du ſoin queje prensde leur apprendre ce qu'ils auroient peut-eſtre toûjours ignoré.
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Résumé : « Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Dans une correspondance, l'auteur aborde les louanges et critiques qu'il a reçues. Il mentionne des initiatives prises pour faire connaître certaines personnes et souhaite partager les résultats. L'auteur se défend contre des accusations concernant les éloges qu'il a adressés, comparant ses censeurs à ceux qu'il pourrait rencontrer ailleurs. Il demande le soutien de son interlocutrice. L'auteur souligne que la France, en raison de sa population nombreuse et de ses succès militaires, produit chaque mois de nombreux sujets dignes d'éloges. Il note que, bien que la cour et une partie de Paris connaissent les personnes dont il parle, beaucoup de gens dans les provinces n'ont connaissance que de leurs noms. L'auteur se félicite de l'intérêt suscité en informant ces personnes sur des sujets qu'elles auraient pu ignorer.
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9
p. 186-189
Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Début :
Je suprime le reste, parce qu'il est trop à mon [...]
Mots clefs :
Mercure, Nouvelles, Quatrain, Vers
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texteReconnaissance textuelle : Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Je ſuprime le reſte,parce qu'il eſt trop à mon avantage , mais enfin , Madame , vous voyez par là que tout le monde ne ſe chagrine pas de ce que je rens juſtice au merite. Si ce qu'il ya de plus honneſtes Gens dans les Provinces , ſe fait un
plaifir d'apprendre les Nouvel- les duMercure, je dois eſtre ſa- tisfait du ſoin qu'on prend de l'y envoyer. Une belle Dame à
qui un Homme de qualité &
d'un grand merite a donné le
nom
GALANT. 121 -
nom de Princeſſe , en fait tous
les Mois un de ſes divertiſſe
mens dans une Maiſon deCampagne où elle s'eſt retirée. Ileſt régulier àluy enfaire tenirtous les Volumes àmeſure qu'ils pa- roiſſent ; & comme il a eſtéun
des Hommes de France le
mieuxfait ,&que ſa bonne mi- ne rend encor témoignage de ce qu'il eſtoit dans ſa jeuneffe ,
l'habitude qu'il a priſe à eſtre
galant ne s'eſt pû perdre,&vous Pallez voir par ce Quatrain qu'il écrivit dans la premiere page du dernier Tome qu'il luy envoya.
Princeſſe , du Galant Mercure
Vouspouvez prendre la lecture;
Ieneforoispas malheureux ,
S'ilparloitunjour de nou's deux
Ces quatre Vers d'un Homme
Tome VIII. F
122 LE MERCVRE
conſidérable , qui ne ſe pique pointd'enfaire, ont je-ne-ſçay- quoy d'aifé & de fin qui vaut mieux que de longues Pieces où la Nature n'a point depart.
plaifir d'apprendre les Nouvel- les duMercure, je dois eſtre ſa- tisfait du ſoin qu'on prend de l'y envoyer. Une belle Dame à
qui un Homme de qualité &
d'un grand merite a donné le
nom
GALANT. 121 -
nom de Princeſſe , en fait tous
les Mois un de ſes divertiſſe
mens dans une Maiſon deCampagne où elle s'eſt retirée. Ileſt régulier àluy enfaire tenirtous les Volumes àmeſure qu'ils pa- roiſſent ; & comme il a eſtéun
des Hommes de France le
mieuxfait ,&que ſa bonne mi- ne rend encor témoignage de ce qu'il eſtoit dans ſa jeuneffe ,
l'habitude qu'il a priſe à eſtre
galant ne s'eſt pû perdre,&vous Pallez voir par ce Quatrain qu'il écrivit dans la premiere page du dernier Tome qu'il luy envoya.
Princeſſe , du Galant Mercure
Vouspouvez prendre la lecture;
Ieneforoispas malheureux ,
S'ilparloitunjour de nou's deux
Ces quatre Vers d'un Homme
Tome VIII. F
122 LE MERCVRE
conſidérable , qui ne ſe pique pointd'enfaire, ont je-ne-ſçay- quoy d'aifé & de fin qui vaut mieux que de longues Pieces où la Nature n'a point depart.
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Résumé : Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Le texte relate l'envoi du Mercure, une publication de nouvelles, à une dame honorable résidant dans les provinces. Cette dame, surnommée 'Princesse' par un homme de qualité, organise des divertissements mensuels dans sa maison de campagne. Cet homme, reconnu pour sa galanterie et ses bonnes mœurs, reçoit régulièrement les volumes du Mercure et a composé un quatrain pour la dame, exprimant son plaisir de lui envoyer cette lecture. Le quatrain assure que la dame peut lire le Mercure sans crainte, même si la publication parlait un jour d'eux deux. L'auteur du quatrain est décrit comme un homme considérable qui préfère des vers sincères à des pièces longues et artificielles.
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10
s. p.
A MONSEIGNEUR LE CHANCELIER.
Début :
MONSEIGNEUR, Il ne me suffit pas que le Mercure [...]
Mots clefs :
Mercure, Conseils, Département de la guerre, Zèle
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texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE CHANCELIER.
A MONSEIGNEUR
L E
Il ne me faffit pas que le
Mercure ait déjà pris foin de
publier avec quelle joye tout
le monde a veu vosgrands Services récompenfe\ par le nou~
âij
E P I ST RE.
•veau Titre d'honneur que'vous
venez. d'acquérirj Jeprens la
liberté de m'adrcjjèr aujourd'hui a Kous-mefine, &de méfier ma voix aux acclamations
de toute la Erance, dontlesfouhaits vous avaient placé dans
le Rang illufire que vous occupe7xy dés le moment quil a deû
efire remply. Ce fentiment,
MO NSE IG HEV R, a efié
figeneral, quil ne s'efl offert
aucune occafion de Texpliquer,
qu on ne l'ait avidement embraffée. Toutes les Harangues
quifie fontfaites à l Ouverture
des Cours Souveraines, n
’ont
eu pour objet que ce rare mé-
E P I S T R. E.
rite qui a fait tomberfur Vous
le choix de noftre Augufie Monarquepour lapremiers Charge
de l Etat. Comme il ny en a
point de plus importantes , elle
demandait un Homme extraordinaire, en qui une longue expérience jointe à la plus haute
capacité 3 ne laijfafi àf'ouhaiter
aucune des éminentes Qualité^
quiJe doivent rencontrer dans
un grand ëÿfiage Minifire 3 &
a qui la confier plus juflement
qu
’à Vous , M 0 N S E IG NEZl R, qui aveyfil dignement foutenu tous les Emplois
qui peuvent fervir de degre^
a l élévation où tous efies?
a jy
E P I S T R E.
Cette continuelle application â
niflere 3 cette prudence contout ce qui a efié de vofire Miinfyiüible le fuccés de tout ce
du Grand Prince qui a daigné ,
JeJervir de vos Confeils 3 enfin
toutes les Allions de vofire Vie
les écouter pour vous trouver
digne de la gloire quevot.s recevez Elle efl lafuite, ou plutôt la confirmation de cette
entière confiance que Sa Ma-
Ennemis ïeftoientà celuyd'Arras ? Comme ilnous efiait d une
très-grande importance de le
confieraer, ilfallait y fiire entrer du Secours. Vofire Corn-
epistre.
mifflon efioit ample pour tout
ce que vousjugeriez necefaire
au bien de l Etat, & vous pourveuves avec tant de ponctualité &deprudence auxprejfans
befoins des Ajfiege^ &des Generaux de l Armée, que la Place
futfecouru'è & les Ennemis défaits. On ne pouvaitmoins attendre de vojl e vple apres les
grandsfervices que vous aviet^
déjà rendus aufeu Ry, qui en
commença la récompenfe en
vous faifant revenir d'Italie,
pour vousfaire Secrétaire d’Etat. Je ne parle point, MONSE1GNEVR, de ces maniérés
honnefles & obligeantes qui
FMHS
blement cette neufiéme Partie
—
gnere^pas de recevoirfavorablement cette neufiéme Partie
du Mercure} &que vous autres.
E P I S T R E.
la bonté de foufrir que je me
dije mec autantde zele que de
MONSEIGNEUR,
Vcftre très.humble & trèsobeïffant Serviteur,
D
L E
Il ne me faffit pas que le
Mercure ait déjà pris foin de
publier avec quelle joye tout
le monde a veu vosgrands Services récompenfe\ par le nou~
âij
E P I ST RE.
•veau Titre d'honneur que'vous
venez. d'acquérirj Jeprens la
liberté de m'adrcjjèr aujourd'hui a Kous-mefine, &de méfier ma voix aux acclamations
de toute la Erance, dontlesfouhaits vous avaient placé dans
le Rang illufire que vous occupe7xy dés le moment quil a deû
efire remply. Ce fentiment,
MO NSE IG HEV R, a efié
figeneral, quil ne s'efl offert
aucune occafion de Texpliquer,
qu on ne l'ait avidement embraffée. Toutes les Harangues
quifie fontfaites à l Ouverture
des Cours Souveraines, n
’ont
eu pour objet que ce rare mé-
E P I S T R. E.
rite qui a fait tomberfur Vous
le choix de noftre Augufie Monarquepour lapremiers Charge
de l Etat. Comme il ny en a
point de plus importantes , elle
demandait un Homme extraordinaire, en qui une longue expérience jointe à la plus haute
capacité 3 ne laijfafi àf'ouhaiter
aucune des éminentes Qualité^
quiJe doivent rencontrer dans
un grand ëÿfiage Minifire 3 &
a qui la confier plus juflement
qu
’à Vous , M 0 N S E IG NEZl R, qui aveyfil dignement foutenu tous les Emplois
qui peuvent fervir de degre^
a l élévation où tous efies?
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E P I S T R E.
Cette continuelle application â
niflere 3 cette prudence contout ce qui a efié de vofire Miinfyiüible le fuccés de tout ce
du Grand Prince qui a daigné ,
JeJervir de vos Confeils 3 enfin
toutes les Allions de vofire Vie
les écouter pour vous trouver
digne de la gloire quevot.s recevez Elle efl lafuite, ou plutôt la confirmation de cette
entière confiance que Sa Ma-
Ennemis ïeftoientà celuyd'Arras ? Comme ilnous efiait d une
très-grande importance de le
confieraer, ilfallait y fiire entrer du Secours. Vofire Corn-
epistre.
mifflon efioit ample pour tout
ce que vousjugeriez necefaire
au bien de l Etat, & vous pourveuves avec tant de ponctualité &deprudence auxprejfans
befoins des Ajfiege^ &des Generaux de l Armée, que la Place
futfecouru'è & les Ennemis défaits. On ne pouvaitmoins attendre de vojl e vple apres les
grandsfervices que vous aviet^
déjà rendus aufeu Ry, qui en
commença la récompenfe en
vous faifant revenir d'Italie,
pour vousfaire Secrétaire d’Etat. Je ne parle point, MONSE1GNEVR, de ces maniérés
honnefles & obligeantes qui
FMHS
blement cette neufiéme Partie
—
gnere^pas de recevoirfavorablement cette neufiéme Partie
du Mercure} &que vous autres.
E P I S T R E.
la bonté de foufrir que je me
dije mec autantde zele que de
MONSEIGNEUR,
Vcftre très.humble & trèsobeïffant Serviteur,
D
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE CHANCELIER.
La lettre célèbre l'obtention d'un nouveau titre d'honneur par un dignitaire. L'auteur exprime la joie de toute la France pour les services rendus par le destinataire, qui a été récompensé pour son mérite exceptionnel. Ce titre était attendu et avait été mentionné lors des ouvertures des cours souveraines. Le destinataire a été choisi pour la première charge de l'État, une position cruciale nécessitant une grande expérience et capacité. L'auteur loue sa prudence et son application, notamment dans la défense d'Arras contre les ennemis. Il rappelle également ses services passés, comme la réorganisation de l'armée et la nomination à des postes clés. La lettre se termine par une expression de dévouement et de respect.
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11
p. 84-86
SONNET.
Début :
Si ce qui regarde la part que j'ay au Mercure / Digne & galant Autheur du celebre Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Auteur, Lecture, Livre
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texteReconnaissance textuelle : SONNET.
Si ce quire- garde la part que j'ay au Mer- cure, pouvoit eſtre ſuprimé fans faire injustice aux Spirituels In- connus qui m'envoyent leurs Pieces fans ſe nommer, la crainte de me faire accuſer de vanité
m'empeſcheroit de vous faire voir le Sonnetqui ſuit, mais il eſt trop agreablement tournépour ne luy pas donner place icy. II m'eſt venu de Caën. Vous ſça- vez comme tout le mondey eſt poly, &vous ne ferez peut-eftre pas fâchée de connoiſtre qu'on
y eſtime les Lettres que je vous écris.
Cij
36 LE MERCVRE
SONNET.
Digne&galant Autheurdu celebre Mercure ,
De nos Belles de Caënredoutez le cou
roux ;
Elles brûlent ce Livre en peſtant contre
Vous
Pour les maux qu'a produits ſafatale
lecture.
De la Guerre, dit-on , vousfaites la
peinture Avec de certains traitsfi charmans &
fi doux,
Que l'on y voit courir les Amans , les
Ероих ;
Etc'est làlesujetqui caufe le murmure.
Quoy, direz- vous , jy mets tant de Traitez d'Amour ,
Des Madrigaux galans, les Festesde la
Cour
GALANT. 57
Tout cela nefaitrien pourſauver vostre
Livre.
Car quand un Brave y trouve un Roy d'un fi grand Cœur ,
Il ahonte d'aimer , il a honte de vivre,
S'il n'accompagnepas cet Auguste Vainqueur.
m'empeſcheroit de vous faire voir le Sonnetqui ſuit, mais il eſt trop agreablement tournépour ne luy pas donner place icy. II m'eſt venu de Caën. Vous ſça- vez comme tout le mondey eſt poly, &vous ne ferez peut-eftre pas fâchée de connoiſtre qu'on
y eſtime les Lettres que je vous écris.
Cij
36 LE MERCVRE
SONNET.
Digne&galant Autheurdu celebre Mercure ,
De nos Belles de Caënredoutez le cou
roux ;
Elles brûlent ce Livre en peſtant contre
Vous
Pour les maux qu'a produits ſafatale
lecture.
De la Guerre, dit-on , vousfaites la
peinture Avec de certains traitsfi charmans &
fi doux,
Que l'on y voit courir les Amans , les
Ероих ;
Etc'est làlesujetqui caufe le murmure.
Quoy, direz- vous , jy mets tant de Traitez d'Amour ,
Des Madrigaux galans, les Festesde la
Cour
GALANT. 57
Tout cela nefaitrien pourſauver vostre
Livre.
Car quand un Brave y trouve un Roy d'un fi grand Cœur ,
Il ahonte d'aimer , il a honte de vivre,
S'il n'accompagnepas cet Auguste Vainqueur.
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Résumé : SONNET.
L'auteur d'une lettre exprime sa crainte d'être accusé de vanité en publiant des pièces anonymes reçues de spirituels inconnus. Il décide néanmoins de partager un sonnet provenant de Caen, ville connue pour sa polyvalence et l'appréciation des lettres qu'il y écrit. Le sonnet est adressé à l'auteur du célèbre Mercure, critiquant les effets de ses écrits sur les femmes de Caen, qui brûlent son livre en raison des maux causés par sa lecture. Le sonnet souligne que l'auteur du Mercure décrit la guerre avec des traits charmants et doux, attirant ainsi les amants et les héros. Cependant, cela provoque des murmures, car les traités d'amour, les madrigaux galants et les fêtes de la cour ne suffisent pas à sauver son livre. Un lecteur brave, en trouvant un roi au grand cœur, se sent honteux d'aimer et de vivre s'il ne suit pas ce vainqueur auguste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 207-209
« Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Début :
Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...]
Mots clefs :
Matière, Curiosité, Mois prochain, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : « Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Cequeje vous aydit des Ler- tres de Chancelier dont M. le
Procureur General a demandé
l'Enregiſtrement , devroit avoir efté précedé de ce que j'avois fait deſſein de vous dire touchant les Ceremonies qui s'ob.-
fervent à l'Ouverture du Parlement apres les Vacations. Plu- ſieurs en parlent , & peu de Gens les ont affez examinées
pour en faire un juſte Détail.. La matiere eſt belle ,& tout ce
quis'y eft paffé cette annéeme- rite voſtre curiofité ; mais je ſuis contraint d'attendre au Mois
prochain à la fatisfaire , n'ayant pas le temps de vous écrire tout ce que je voudrois ſur un ſi am.
ple ſujet. J'avois veu prendre le
GALANT. r3r
e
e
-
chemin des Quartiers d'Hyver auxEnnemis. Je croyois y met- tre auffi le Mercure, &que jene vous parlerois pendant quel- ques mois quede Galanteries,
deComedies &deBals ; mais les
François infatigables ſous un Prince qui veille fans ceſſe au bien &à la gloire de ſon Eſtar,
ne peuvent demeurer en repos enaucuntemps.Ainſi je me vois obligédeles fuivre,quoy que ce ne puiſſe eſtre que de loin , &
c'eſt par cette raiſon que je ne
pourray vous rendre un compte auffi exact que je le voudrois des ſurprenantes actions par lef- quelles ils ont finy la Campagne
Procureur General a demandé
l'Enregiſtrement , devroit avoir efté précedé de ce que j'avois fait deſſein de vous dire touchant les Ceremonies qui s'ob.-
fervent à l'Ouverture du Parlement apres les Vacations. Plu- ſieurs en parlent , & peu de Gens les ont affez examinées
pour en faire un juſte Détail.. La matiere eſt belle ,& tout ce
quis'y eft paffé cette annéeme- rite voſtre curiofité ; mais je ſuis contraint d'attendre au Mois
prochain à la fatisfaire , n'ayant pas le temps de vous écrire tout ce que je voudrois ſur un ſi am.
ple ſujet. J'avois veu prendre le
GALANT. r3r
e
e
-
chemin des Quartiers d'Hyver auxEnnemis. Je croyois y met- tre auffi le Mercure, &que jene vous parlerois pendant quel- ques mois quede Galanteries,
deComedies &deBals ; mais les
François infatigables ſous un Prince qui veille fans ceſſe au bien &à la gloire de ſon Eſtar,
ne peuvent demeurer en repos enaucuntemps.Ainſi je me vois obligédeles fuivre,quoy que ce ne puiſſe eſtre que de loin , &
c'eſt par cette raiſon que je ne
pourray vous rendre un compte auffi exact que je le voudrois des ſurprenantes actions par lef- quelles ils ont finy la Campagne
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Résumé : « Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Le texte aborde la demande d'enregistrement des lettres de chancellerie par le procureur général et l'intention de l'auteur de discuter des cérémonies d'ouverture du Parlement après les vacances. L'auteur reconnaît l'intérêt du sujet mais doit reporter cette discussion en raison de contraintes de temps. Il mentionne également avoir observé les mouvements des ennemis vers leurs quartiers d'hiver et avait prévu de traiter des sujets légers comme les galanteries, les comédies et les bals. Cependant, les Français, dirigés par un prince vigilant, poursuivent leurs actions militaires. L'auteur se voit donc contraint de suivre ces événements, bien qu'à distance, et ne peut fournir un compte rendu aussi précis qu'il le souhaiterait des actions remarquables qui ont marqué la fin de la campagne.
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13
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
VOICY le dixième Volume du Mercure, & le dernier de [...]
Mots clefs :
Lecteur, Planches, Nouvelles, Livre, Femmes, Galanterie, Modes nouvelles, Prix, Articles, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AV LECTEUR.
OICY le dixiéme Volume du Mercure , &
le dernier de l'Année
1677. car quoy qu'il paroiſſe en Ianvier , il ne contient que les Nouvelles du MoisdeDecembre , &on ne donnera que le
premier jour de Fevrier celuy qui commencera l'Année 1678. Le
fuccés de ce Livre a estéextraordinaire. Ie ne doute point qu'il ne
foitdeûauxprodigesde cetteCam- pagne, aux Vers galans&ferieux,
&aux Pieces d'Eloquence qu'on m'a fait la grace de me donnerde
toutes parts , &c'est peut-estre le
feul Livre dont un Autheur puiffe publier le fuccés Sans paroiſtre wain , puis qu'en cela il ne love
a ij
AU LECTEUR.
que les ouvrages d'autruy. Ie me trouve meſme dans quelque obli- gation de ne pas taire l'approbation qu'on a donnée au Mercure ,
afin que ceux qui m'ont envoyé les agreables Pieces qui te composent,
connoiſſfent qu'elles ont plû par tout;
ce qu'il me feroit aisé de justifier parplus de quatre cens Lettres qui m'ont été écritesfur le plaisir que falecture acaufé. Lest certain que pours'en declarer l'ennemy, ilfau droit vouloir qu'iln'y eût ny Braves my beaux Esprits en France, &con- damner en même temps toutes les Actions de valeur , &tous les galans Ouvrages de ceux qui écrivět.
Ieſçay que leTitre afait croire d'abord que le Mercure estoitfim- plementgalant , &qu'ilne devoit tenirplace que dans la Bibliothe- que des Femmes , mais on est forty de cette erreur quand on y a ven
AU LECTEUR.
des Pieces d'éloquence, desHarangues, des Relations fidelles &exaEtes,des Sieges &des Batailles,des
Evenemens remarquables,des morceauxd'Histoire , &des Memoires
glorieux àdes Familles. Alorsil eft
devenu le Livredes Sçavans &des
Braves,aprés avoir étéle divertiſ Semet du beau Sexe;&une marque incontestable deſonſuccés, c'est qu'il a esté affez heureux pour plaire à
Monseign. leDAUPHIN , &que ce GrandPrince veut bien foufrir qu'il paroiſſe toûjours à l'avenir SousSonNom.Ainsivous verrez ce Nomauguste àla tefte de celuy qui contiendra les Nouelles de Ianvier,
&pourleredre moins indigne d'un figrandhonneur, il commencera en ce temps- lààparoître avec tous lesornemens dont un Livre de cette
nature puiſſe eſtre embelly. Onfera graver dans chaque Volume trois aij
AU LECTEUR.
ouquatre Planches,ſuivant les Sujets dont le Mercure parlera ; &
come les Enigmesfont devenuës un Ieud'esprit quiplaiſt , comme on be voit par un nombre infiny de Gens qui cherchent ày donner des Ex- plications,outre celles quiferont en Vers àl'ordinaire,on enmettra tous.
Les Moisune autre en Figures, dont on laifſfera le mot àdeviner. Ony
trouvera trois ou quatre Chansons dont les Notesferontgravées.Elles feront compofées par les meilleurs Maistres , & notées exprés pourle Mercure,defortequ'onpeut s'afſfu- rer qu'elles auront toute la grace de la nouveauté, puis queperſonne ne les aura venës avant que le Volumeoù ellesferont,foit envente.. Ceux quivoudront envoyer des Pa roles,le pourront faire,on aura ſoin deles faire noterfiellesse trouvent propres à être chantées. Ily aura FesCartes dagalanterie, la pre
AU LECTEUR.
miere qui paroiſtra , Sera l'Empire de la Poësie de M.de Fontenelle.On peut croire fur ce nom qu'elle ne manquerapas d'agrément. Ondon- nera auſſichaque Mois des Deffeins gravez des Modes nouvelles , &
quand on aura commencé , on ne
discontinueraplus,mais ilfaut éta- blirbeaucoupde chofes pour cela,&
lier commerce avec bien des Gens.
Cefera une commodité pour ceux qui aurot inventé quelque chose de nouveau, dans l'envie de contribuer
auplaisir deMgleDAUPHIN on qui auront quelque chef-d'œuvre d'Art àpropoſer au Public. Ils pourroten aporter les deſſeins,&on lesfera graver, s'ils meritent cette dépense. Ellefera grandepour tous ces embelliffemens, &devroitfaire rencherir leMercure de beaucoup
cependant come on s'attacke plus à
lagloire qu'àl'interêt,l'augmenta- tiaduprixſeratres-pen coſiderable
AU LECTEUR.
puisqu'ilneſevědrachezl'Impri- meurqueseizefols en blanc , &au Palais vintgfols en parchemin,&
vingt-cingfols en veau. LePublic areçeu ce Livreſifavorablement,
qu'il est juste de luy enmarquerde Lareconnoiffance par les nouvelles beautez qu'on luy prestera. Mais pourestre aſſuré d'en joüir , ildoit prendre garde si on ne luy vend point deMercures contrefaits. Il nesuffit pas de voiraubas qu'ils ont esté imprimez àParis ; c'est ce qu'onnemanque jamais d'ymettre pour empeſcher qu'on ne les rejet- te commefaux. Il faudra exami ners'ils auront les Lettres fleuron- nées &figurées , les vignetes , le Frontispice,&generalement toutes les Planches queje viens dedire,
qui feront àl'avenir dans les ve- ritables. Ceuxquife hazarderont àles contrefaire dans les Provin-
AU LECTEUR.
ces , s'il s'en trouve qui s'yveüit- lent expofer , comme ils lesdebite- ront fans Figures ,feront obligez d'ofter beaucoup de la matiere qui aura relation avec les Planches,&
tout le reste demeurant fant liai- fon,fera unpurgalimatias ; outre qu'un Livre contrefait eft toûjours remply de fautes, &qu'un Libraire quifonge à l'épargne,en retranche beaucoupde chofespour yemployer moins de feüilles. Il ne faut pas s'étonner ſi des Livres fidéfigurez Se donnent à meilleur marchéque les veritables,&c'est cette medio- crité de prix qui peut encorfaire voir qu'ils ne lefont pas. On prie ceux qui auront des Memoires à
dõner, de les adreſſfer au SieurBla- geart Imprimeur &Libraire , de- meurant à Paris Ruë S. Iacques, à
l'entrée de la Rue du Plâtre, &de
fairesçavoiren quel lieu on pourra
AU LECTEUR.
eftre éclaircy des circonstances das letemps quelesArticlesferont em- ployez. Pour les Histoires envoyées
pardes Particuliers,on croit devoir avertirunefois pour toutes , quefi on yretouche, c'est seulementpour les mettre dans le ſtile ferré du
Mercure,qui doit eftre lemémepar tout ou pour ofter quelquefois des chofes qui font trop libres , ou qui fatirisant trop,pourroient chagri- ner les Intéreſſez. S'ilarrive qu'on difére à mettre dans le Mois les choses qu'ondonne,ce n'est qu'àl'é- garddes Galanteries,qui n'ont au- tunbeſoin de l'ordre du temps,mais toft ou tard on y met tout ce qui est bon,ou quandonne le metpoint, ce n'estpas qu'on n'y trouve beaucoup d'eſprit,mais ily a des chofes tres- Spirituelles &tres-bie tournées qui neſont pas bonnes àimprimer. On nesçauroit avoirtrop de circonfpe-
AU LECTEUR.
LA
VILLE
Etion àrendre le Mercure digne
d'eſtre toûjours lûdans des lieux d'où lamoindrelibertéle banniroit.
Comme beaucoup de Perſonnesfont lagrace d'écrireà l'Autheur,il les priede ne point trouver mauvais s'il se diſpenſe de leurrépondre.
Outre qu'il a besoin deson temps pour travailler &pour s'informer des Nouvelles de chaque Mois, it 2006
croit répondre affez quand il met
les Ouvrages qu'ontuy envoye. Les Libraires de Provincefont avertis
qu'on leur fera bon marchéàpro portion del'éloignement des lieux,
&de ce qu'il leur pourra couster pour leport. Chacun n'aura qu'à envoyer Son Correspondant chez led.SieurBlageart, &onyféra les
Paquets tantpourles Libraires que
pour les Particuliers. Leprixdes dix Volumes de l'Année 1677.ne Serapoint augmenté. Ils contiennet lesNouvellesdesdouzeMois ,parce
AU LECTEUR.
qu'on a ramassé dans le premier celles de lanvier,de Fevrier, &de
Mars, jamais Conquérant n'ayant fait de fi grandes Conquestes que LOUIS LE GRAND dans le cours
d'une seule Année. Il n'y a point d'Histoire qui en faſſevoir de pa- veilles, fi on aégardà la forcedes Placesquinemaquoient nyd'Hommesny de Munitions.Elles auroient esté imprénables autrefois. Tant d'Actionsſurprenantes rendent ces dix Tomes considérables. Onyrend
la gloire qui est deuë à ceux qui
ont fait les Coquestes,&àceux qui les ont chantées , & on y ramaſſe mille choſes curieuses qu'on n'au- roit pû trouverenſemble si leMer- curen'avoit jamais estéfait. Les unes auroient estéſeparées;les au- tres n'estatqu'enfeüillesvolates,ſe ferviet perduës, &il y en auroit eu beaucoup quelanégligeredeles re- cuillir auroit empêchéde coſerver,
OICY le dixiéme Volume du Mercure , &
le dernier de l'Année
1677. car quoy qu'il paroiſſe en Ianvier , il ne contient que les Nouvelles du MoisdeDecembre , &on ne donnera que le
premier jour de Fevrier celuy qui commencera l'Année 1678. Le
fuccés de ce Livre a estéextraordinaire. Ie ne doute point qu'il ne
foitdeûauxprodigesde cetteCam- pagne, aux Vers galans&ferieux,
&aux Pieces d'Eloquence qu'on m'a fait la grace de me donnerde
toutes parts , &c'est peut-estre le
feul Livre dont un Autheur puiffe publier le fuccés Sans paroiſtre wain , puis qu'en cela il ne love
a ij
AU LECTEUR.
que les ouvrages d'autruy. Ie me trouve meſme dans quelque obli- gation de ne pas taire l'approbation qu'on a donnée au Mercure ,
afin que ceux qui m'ont envoyé les agreables Pieces qui te composent,
connoiſſfent qu'elles ont plû par tout;
ce qu'il me feroit aisé de justifier parplus de quatre cens Lettres qui m'ont été écritesfur le plaisir que falecture acaufé. Lest certain que pours'en declarer l'ennemy, ilfau droit vouloir qu'iln'y eût ny Braves my beaux Esprits en France, &con- damner en même temps toutes les Actions de valeur , &tous les galans Ouvrages de ceux qui écrivět.
Ieſçay que leTitre afait croire d'abord que le Mercure estoitfim- plementgalant , &qu'ilne devoit tenirplace que dans la Bibliothe- que des Femmes , mais on est forty de cette erreur quand on y a ven
AU LECTEUR.
des Pieces d'éloquence, desHarangues, des Relations fidelles &exaEtes,des Sieges &des Batailles,des
Evenemens remarquables,des morceauxd'Histoire , &des Memoires
glorieux àdes Familles. Alorsil eft
devenu le Livredes Sçavans &des
Braves,aprés avoir étéle divertiſ Semet du beau Sexe;&une marque incontestable deſonſuccés, c'est qu'il a esté affez heureux pour plaire à
Monseign. leDAUPHIN , &que ce GrandPrince veut bien foufrir qu'il paroiſſe toûjours à l'avenir SousSonNom.Ainsivous verrez ce Nomauguste àla tefte de celuy qui contiendra les Nouelles de Ianvier,
&pourleredre moins indigne d'un figrandhonneur, il commencera en ce temps- lààparoître avec tous lesornemens dont un Livre de cette
nature puiſſe eſtre embelly. Onfera graver dans chaque Volume trois aij
AU LECTEUR.
ouquatre Planches,ſuivant les Sujets dont le Mercure parlera ; &
come les Enigmesfont devenuës un Ieud'esprit quiplaiſt , comme on be voit par un nombre infiny de Gens qui cherchent ày donner des Ex- plications,outre celles quiferont en Vers àl'ordinaire,on enmettra tous.
Les Moisune autre en Figures, dont on laifſfera le mot àdeviner. Ony
trouvera trois ou quatre Chansons dont les Notesferontgravées.Elles feront compofées par les meilleurs Maistres , & notées exprés pourle Mercure,defortequ'onpeut s'afſfu- rer qu'elles auront toute la grace de la nouveauté, puis queperſonne ne les aura venës avant que le Volumeoù ellesferont,foit envente.. Ceux quivoudront envoyer des Pa roles,le pourront faire,on aura ſoin deles faire noterfiellesse trouvent propres à être chantées. Ily aura FesCartes dagalanterie, la pre
AU LECTEUR.
miere qui paroiſtra , Sera l'Empire de la Poësie de M.de Fontenelle.On peut croire fur ce nom qu'elle ne manquerapas d'agrément. Ondon- nera auſſichaque Mois des Deffeins gravez des Modes nouvelles , &
quand on aura commencé , on ne
discontinueraplus,mais ilfaut éta- blirbeaucoupde chofes pour cela,&
lier commerce avec bien des Gens.
Cefera une commodité pour ceux qui aurot inventé quelque chose de nouveau, dans l'envie de contribuer
auplaisir deMgleDAUPHIN on qui auront quelque chef-d'œuvre d'Art àpropoſer au Public. Ils pourroten aporter les deſſeins,&on lesfera graver, s'ils meritent cette dépense. Ellefera grandepour tous ces embelliffemens, &devroitfaire rencherir leMercure de beaucoup
cependant come on s'attacke plus à
lagloire qu'àl'interêt,l'augmenta- tiaduprixſeratres-pen coſiderable
AU LECTEUR.
puisqu'ilneſevědrachezl'Impri- meurqueseizefols en blanc , &au Palais vintgfols en parchemin,&
vingt-cingfols en veau. LePublic areçeu ce Livreſifavorablement,
qu'il est juste de luy enmarquerde Lareconnoiffance par les nouvelles beautez qu'on luy prestera. Mais pourestre aſſuré d'en joüir , ildoit prendre garde si on ne luy vend point deMercures contrefaits. Il nesuffit pas de voiraubas qu'ils ont esté imprimez àParis ; c'est ce qu'onnemanque jamais d'ymettre pour empeſcher qu'on ne les rejet- te commefaux. Il faudra exami ners'ils auront les Lettres fleuron- nées &figurées , les vignetes , le Frontispice,&generalement toutes les Planches queje viens dedire,
qui feront àl'avenir dans les ve- ritables. Ceuxquife hazarderont àles contrefaire dans les Provin-
AU LECTEUR.
ces , s'il s'en trouve qui s'yveüit- lent expofer , comme ils lesdebite- ront fans Figures ,feront obligez d'ofter beaucoup de la matiere qui aura relation avec les Planches,&
tout le reste demeurant fant liai- fon,fera unpurgalimatias ; outre qu'un Livre contrefait eft toûjours remply de fautes, &qu'un Libraire quifonge à l'épargne,en retranche beaucoupde chofespour yemployer moins de feüilles. Il ne faut pas s'étonner ſi des Livres fidéfigurez Se donnent à meilleur marchéque les veritables,&c'est cette medio- crité de prix qui peut encorfaire voir qu'ils ne lefont pas. On prie ceux qui auront des Memoires à
dõner, de les adreſſfer au SieurBla- geart Imprimeur &Libraire , de- meurant à Paris Ruë S. Iacques, à
l'entrée de la Rue du Plâtre, &de
fairesçavoiren quel lieu on pourra
AU LECTEUR.
eftre éclaircy des circonstances das letemps quelesArticlesferont em- ployez. Pour les Histoires envoyées
pardes Particuliers,on croit devoir avertirunefois pour toutes , quefi on yretouche, c'est seulementpour les mettre dans le ſtile ferré du
Mercure,qui doit eftre lemémepar tout ou pour ofter quelquefois des chofes qui font trop libres , ou qui fatirisant trop,pourroient chagri- ner les Intéreſſez. S'ilarrive qu'on difére à mettre dans le Mois les choses qu'ondonne,ce n'est qu'àl'é- garddes Galanteries,qui n'ont au- tunbeſoin de l'ordre du temps,mais toft ou tard on y met tout ce qui est bon,ou quandonne le metpoint, ce n'estpas qu'on n'y trouve beaucoup d'eſprit,mais ily a des chofes tres- Spirituelles &tres-bie tournées qui neſont pas bonnes àimprimer. On nesçauroit avoirtrop de circonfpe-
AU LECTEUR.
LA
VILLE
Etion àrendre le Mercure digne
d'eſtre toûjours lûdans des lieux d'où lamoindrelibertéle banniroit.
Comme beaucoup de Perſonnesfont lagrace d'écrireà l'Autheur,il les priede ne point trouver mauvais s'il se diſpenſe de leurrépondre.
Outre qu'il a besoin deson temps pour travailler &pour s'informer des Nouvelles de chaque Mois, it 2006
croit répondre affez quand il met
les Ouvrages qu'ontuy envoye. Les Libraires de Provincefont avertis
qu'on leur fera bon marchéàpro portion del'éloignement des lieux,
&de ce qu'il leur pourra couster pour leport. Chacun n'aura qu'à envoyer Son Correspondant chez led.SieurBlageart, &onyféra les
Paquets tantpourles Libraires que
pour les Particuliers. Leprixdes dix Volumes de l'Année 1677.ne Serapoint augmenté. Ils contiennet lesNouvellesdesdouzeMois ,parce
AU LECTEUR.
qu'on a ramassé dans le premier celles de lanvier,de Fevrier, &de
Mars, jamais Conquérant n'ayant fait de fi grandes Conquestes que LOUIS LE GRAND dans le cours
d'une seule Année. Il n'y a point d'Histoire qui en faſſevoir de pa- veilles, fi on aégardà la forcedes Placesquinemaquoient nyd'Hommesny de Munitions.Elles auroient esté imprénables autrefois. Tant d'Actionsſurprenantes rendent ces dix Tomes considérables. Onyrend
la gloire qui est deuë à ceux qui
ont fait les Coquestes,&àceux qui les ont chantées , & on y ramaſſe mille choſes curieuses qu'on n'au- roit pû trouverenſemble si leMer- curen'avoit jamais estéfait. Les unes auroient estéſeparées;les au- tres n'estatqu'enfeüillesvolates,ſe ferviet perduës, &il y en auroit eu beaucoup quelanégligeredeles re- cuillir auroit empêchéde coſerver,
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Résumé : AU LECTEUR.
Le texte est une lettre au lecteur introduisant le dixième et dernier volume du Mercure pour l'année 1677, paru en janvier mais contenant les nouvelles de décembre. Le succès de cette publication est attribué aux récits de la campagne, aux vers galants et féroces, ainsi qu'aux pièces d'éloquence reçues de diverses sources. L'auteur souligne que le Mercure n'est pas seulement un livre galant mais aussi un recueil de pièces d'éloquence, de harangues, de relations fidèles, de sièges, de batailles et de mémoires glorieux. Le Mercure a plu à Monseigneur le Dauphin, qui souhaite qu'il continue à paraître sous son nom. Pour honorer cet appui, le Mercure sera enrichi de planches gravées, d'énigmes, de chansons, de cartes de galanterie et de défenses des modes nouvelles. L'auteur met en garde contre les contrefaçons et invite les lecteurs à vérifier l'authenticité des volumes. Il encourage également l'envoi de mémoires et d'histoires, tout en précisant que certaines contributions peuvent être modifiées pour respecter le style du Mercure. Enfin, il informe que le prix des dix volumes de l'année 1677 ne sera pas augmenté et qu'ils contiennent les nouvelles des douze mois, soulignant les grandes conquêtes de Louis le Grand. Par ailleurs, le texte mentionne que des documents ou objets, qualifiés d'« autres », sont dispersés et en mauvais état, décrits comme « enfeüilles volates », c'est-à-dire des feuilles volantes ou des documents détachés. Ces éléments risquent de se perdre, mais un grand nombre d'entre eux pourraient être sauvés si l'on ne négligeait pas de les recueillir. Cette action de collecte est présentée comme essentielle pour conserver ces documents ou objets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 198-208
Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Début :
Ces pensées sont beaucoup mieux tournées dans une Langue à [...]
Mots clefs :
Gloire, Humble, Badin, Lettre, Compliment, Muse, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Ces penſées ſont beaucoup mieux tournées dans une langue à laquelle la force del'ex- preffioneſt particuliere. Vous y
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
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Résumé : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
La correspondance entre deux individus, probablement des écrivains ou des poètes, traite de la publication de vers badins dans le Mercure. L'auteur de la première lettre, une femme, reçoit une missive de M. Petit adressée à un duc, dans laquelle M. Petit exprime sa surprise et sa gratitude pour la publication de ses vers. Il souligne l'honneur que cela représente pour lui et mentionne son habitude d'écrire dans un style badin. M. Petit exprime également son désir de continuer à honorer le duc. La lettre se termine par des compliments sur la grandeur et les conquêtes du roi, comparées à celles des héros de l'histoire et de la fable. M. Petit reconnaît la supériorité du roi et admire ses qualités de leadership et de stratégie. Il conclut en espérant que ses vers seront pardonnés pour leur style badin et en exprimant son désir de louer davantage le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
s. p.
AVIS.
Début :
Plusieurs estans persuadez que les Extraordinaires ne sont que des [...]
Mots clefs :
Mercure, Extraordinaire, Ouvrages, Matières
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
SAVPS.
PL
Lufieurs les eftans perfuadez que
Extraordinaires ne font que desabregez de ce qui eft contenu dans les
trois derniers Volumes du Mercure
qui les précedent , on a efté prié de
faire connoiftre dans le premier Volume de chaque Mercure qui fuivra
chaque Extraordinaire , les matieres
qui compoferont ces mefmes Extraordinaires qui auront precedé le Mercure qui enparlera. On verra par là
que dans ces Livres qui paroiffent au
commencement de chaque Quartier
de l'Année, iln'y a pas uneligne tirée
de ceux qui fe diftribuent le premier
jour de chaque Mois. On en va juger
par les Ouvrages que contient lequatriéme & dernier Extraordinaire qui
aparule 15.jour deJanvier.
Il eft dedié auRoy. L'Epiftren'eft
AVIS.
point de la maniere ordinaire. Elle eſt
au milieu de toutes les Conqueftes du
Roy,gravées par M. le Paultre, reprefentées au naturel, & environnées de
Devifes & d'Infcriptions . Le Volume
contient
Un Eloge en Vers de plufieurs
Pieces faites par les meilleurs Autheurs, & imprimées dans le Mercure.
Un Edit d'Amour, de dix- neuf
Stances.
Une Fefte galante donnée par l'Amour, au fujet de la Paix.
-Des Stances Morales faites par le
Fils d'un Auditeur des Comptes.
Huit Fictions diférentes fur l'ori
gine de l'Horloge de Sable , traitées.
par métamorphofe & par invention..
La huitième en Vers par un Académicien d'Arles.
Une Lettre galante qui accompagnoit un petit Amour de cire donné
pour Etrennes.
Deux Lettres galantes de Madrid.
Une Lettre de Veniſe, oùl'on voit
AVIS.
l'origine des Mouches galantes, &-les
fentimens delafçavanteMademoiſelle
Cornaro,fur la confidence deMadame
de Cleyes à fon Mary.
Six Lettres pleines d'é ulition , de
M.l'Abbé de la Valt , fur l'ufage des
Fictions.
Une Lettre fur les indices qu'on
peur tirer pour connoiftre l'Efprit,
fur la maniere dont chacun formefon
écriture. 1
Une nouvelle Lettre en chiffre.
Des Madrigaux fur divers fujets , &
des Sonnets fur l'Amour & furl'Indiférence..
Deux Difcours à la louange des
Cheveux , pour répondre à la Satire
contre les Cheveux qui eftoit dans le
troifiéme Extraordinaire.
Quatre Traductions en Vers François , des Vers Latins de M. de Sanreuil, qui fe lifent fur la Pompe du
Pont Noftre-Dame.
Plufieurs Madrigaux fervant d'explication aux Enigmes du Cœur, de
AVIS.
la Nefle , de l'Efprit , de la Mouche
galante, de la Calote, & de quelques
Enigmes en figure. Lehrstei
Un Cadran Solaire en taille- douce,
d'une nouvelle invention , dans lequel
treize des principales Actions de Sa
Majefté font marquées par autant”
d'effets du Soleil.
Une Galanterie en forme de Confeil, fur un mal d'amour,been s
Plufieurs Ouvrages en Vers à la
gloire du Roy.
Une nouvelle Hiftoire Enigmati
que.
L'Hiftoire des Amours de Grifette,
Chate de Madame des Houlieres,
contenue en huit Pieces de Vers compofées par les plus beaux Efprits du
Siecle.
Un Difcours fur les Devifes, Emblêmes, & Revers de Medailles .
Quarante- deux Revers de Medailles
à la gloire du Roy, gravées dans une
feule Planche, & tous expliquez dan s
l'Extraordinaire par autant d'Articles
féparez.
AVIS. •
Plufieurs Questions proposées pour
le cinquième Extraordinaire, qui fera
le premier del'Année 1679. les quatre
premiers faisant l'Année complète de
1678.
Tousles Ouvrages de ce quatrième
Extraordinaire fe montent à plus de
cent cinquante Pieces tant de galanterie que d'érudition.
Ce grand nombre d'Ouvrages diférens faitvoir queles Extraordinaires
font des Recueils de tout ce que l'on
peut s'imaginer, & où l'on peut avoir
recours, fuivant les matieres dont on
veutetre éclaircy
Onne propofera pas ſeulement au
Public des Queftions galantes pour
tous les Extraordinaires , mais encor
tous les Sujets qui feront envoyez, où
l'érudition pouraparoistre.
PL
Lufieurs les eftans perfuadez que
Extraordinaires ne font que desabregez de ce qui eft contenu dans les
trois derniers Volumes du Mercure
qui les précedent , on a efté prié de
faire connoiftre dans le premier Volume de chaque Mercure qui fuivra
chaque Extraordinaire , les matieres
qui compoferont ces mefmes Extraordinaires qui auront precedé le Mercure qui enparlera. On verra par là
que dans ces Livres qui paroiffent au
commencement de chaque Quartier
de l'Année, iln'y a pas uneligne tirée
de ceux qui fe diftribuent le premier
jour de chaque Mois. On en va juger
par les Ouvrages que contient lequatriéme & dernier Extraordinaire qui
aparule 15.jour deJanvier.
Il eft dedié auRoy. L'Epiftren'eft
AVIS.
point de la maniere ordinaire. Elle eſt
au milieu de toutes les Conqueftes du
Roy,gravées par M. le Paultre, reprefentées au naturel, & environnées de
Devifes & d'Infcriptions . Le Volume
contient
Un Eloge en Vers de plufieurs
Pieces faites par les meilleurs Autheurs, & imprimées dans le Mercure.
Un Edit d'Amour, de dix- neuf
Stances.
Une Fefte galante donnée par l'Amour, au fujet de la Paix.
-Des Stances Morales faites par le
Fils d'un Auditeur des Comptes.
Huit Fictions diférentes fur l'ori
gine de l'Horloge de Sable , traitées.
par métamorphofe & par invention..
La huitième en Vers par un Académicien d'Arles.
Une Lettre galante qui accompagnoit un petit Amour de cire donné
pour Etrennes.
Deux Lettres galantes de Madrid.
Une Lettre de Veniſe, oùl'on voit
AVIS.
l'origine des Mouches galantes, &-les
fentimens delafçavanteMademoiſelle
Cornaro,fur la confidence deMadame
de Cleyes à fon Mary.
Six Lettres pleines d'é ulition , de
M.l'Abbé de la Valt , fur l'ufage des
Fictions.
Une Lettre fur les indices qu'on
peur tirer pour connoiftre l'Efprit,
fur la maniere dont chacun formefon
écriture. 1
Une nouvelle Lettre en chiffre.
Des Madrigaux fur divers fujets , &
des Sonnets fur l'Amour & furl'Indiférence..
Deux Difcours à la louange des
Cheveux , pour répondre à la Satire
contre les Cheveux qui eftoit dans le
troifiéme Extraordinaire.
Quatre Traductions en Vers François , des Vers Latins de M. de Sanreuil, qui fe lifent fur la Pompe du
Pont Noftre-Dame.
Plufieurs Madrigaux fervant d'explication aux Enigmes du Cœur, de
AVIS.
la Nefle , de l'Efprit , de la Mouche
galante, de la Calote, & de quelques
Enigmes en figure. Lehrstei
Un Cadran Solaire en taille- douce,
d'une nouvelle invention , dans lequel
treize des principales Actions de Sa
Majefté font marquées par autant”
d'effets du Soleil.
Une Galanterie en forme de Confeil, fur un mal d'amour,been s
Plufieurs Ouvrages en Vers à la
gloire du Roy.
Une nouvelle Hiftoire Enigmati
que.
L'Hiftoire des Amours de Grifette,
Chate de Madame des Houlieres,
contenue en huit Pieces de Vers compofées par les plus beaux Efprits du
Siecle.
Un Difcours fur les Devifes, Emblêmes, & Revers de Medailles .
Quarante- deux Revers de Medailles
à la gloire du Roy, gravées dans une
feule Planche, & tous expliquez dan s
l'Extraordinaire par autant d'Articles
féparez.
AVIS. •
Plufieurs Questions proposées pour
le cinquième Extraordinaire, qui fera
le premier del'Année 1679. les quatre
premiers faisant l'Année complète de
1678.
Tousles Ouvrages de ce quatrième
Extraordinaire fe montent à plus de
cent cinquante Pieces tant de galanterie que d'érudition.
Ce grand nombre d'Ouvrages diférens faitvoir queles Extraordinaires
font des Recueils de tout ce que l'on
peut s'imaginer, & où l'on peut avoir
recours, fuivant les matieres dont on
veutetre éclaircy
Onne propofera pas ſeulement au
Public des Queftions galantes pour
tous les Extraordinaires , mais encor
tous les Sujets qui feront envoyez, où
l'érudition pouraparoistre.
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Résumé : AVIS.
Le document traite des 'Extraordinaires', des publications supplémentaires au 'Mercure'. Pour clarifier leur contenu, il est décidé de publier dans chaque nouveau volume du 'Mercure' les matières des 'Extraordinaires' précédents. Le quatrième et dernier 'Extraordinaire', paru le 15 janvier, est dédié au Roi et contient une épître illustrée par les conquêtes royales gravées par M. le Paultre. Ce volume inclut divers ouvrages tels qu'un éloge en vers, un édit d'amour, une fête galante, des stances morales, des fictions sur l'origine de l'horloge de sable, des lettres galantes, des lettres érudites de l'Abbé de la Valette, une lettre sur les indices de l'écriture, des madrigaux, des discours sur les cheveux, des traductions en vers, des explications d'énigmes, un cadran solaire, des galanteries, des histoires énigmatiques, des discours sur les devises et emblèmes, et des revers de médailles à la gloire du Roi. Le document mentionne également des questions proposées pour le cinquième 'Extraordinaire' de l'année 1679, complétant l'année 1678. Ce quatrième 'Extraordinaire' comprend plus de cent cinquante pièces, illustrant la diversité et l'érudition des contenus.
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16
p. 3-11
SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
Début :
En verité, Monsieur, on est charmé de toutes les beautez [...]
Mots clefs :
Louis, Lettre, Mercure, Grisette, Mois
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texteReconnaissance textuelle : SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
SUR
L'EXTRAORDINAIRE
DU MERCURE
Du Jhnirticr d'Octobre IGJS. EN vzerité, Monsieur ,onest
c
harme de toutes les beautez que renferme vostre Lettre
du Quartier d'Octobre.Vous
ne pouviez finir plus extraordinairement l'Année Extraordinaire du Mercure, ny commencer plus glorieusement celle cy,
qu'en donnant cet excellent
Ouvrageau Public. Ilest digne
d'estre presentéauplus Grand
Roy dela Terre. Vous y avez
ramassé pour sa gloire,tout ce
qui pouvoit la consacrer à la
Postericé. Vostre Epistre est
comme un Arc de Triomphe,
où l'on voit les Victoires qu'il
a
remportéessur ses Ennemis, &
sursoy-mesme.
La Renommée en mille lieux,
Apprend de ce Héros les exploits
glorieux;
fifœispour lesfaire entendre à la Race
future,
Ilfalloitla voix du Mercure.
Je pasle de cette belle Epistre,
à l'ingénieux Cadran, dont le
Soleil,ou plûtost Louis LE
G RAND,marquelesheures.
Le cours d'unesi belleY/V,
De tant demerveillesftjie,
Au coursde cetAstre estpareil.
Les VertusdeLOVIS, les vertus du
Soleil,
Font ce
qu'onVoitdegradau mondea
Maintenantqu'unePaixprofonde
D'unlerègne calme coftrsi &douxVa
-
LOris, Soleil,fèronttous nos
: beauxj'ours.
CePrince estunSoletlquipercales
nuagts, Et qui dissipe les vapeurs;
Qui répand IdJOJe en nos cœurs,
Et la metsur tous nos visages.
Enfinpartoutoù va ce Ife'rosglorieuxy
Ilyporte avec luy,l'éclat, & lalumiere;
Ainsi,queleSoleilse dérobe à nosJell.K''
Etqu'ilfinissesa carriere,
La Terre a
son Soleil, aujji-bien que
les Cieux.
Le Portrait de ce Grand Roy
environné de tant d'excellentes
Devises, & de Revers de Medailles,a quelquechose defurprenant, pour l'abondance, &
pour la richesse des pensées. On
pourroitappellercetteadmirable Planche, leTrésorde Loüis
le Victorieux, & le Triomphant. C'est là qu'on voir en
racourcy, tout ce qu'ila fait de
grand, & de merveilleux. Toutes ces Pieces marquent admirablement le prix de son Regne,
& de sa Vie.
Ces Médaillés,& ces Ve-rifls,
Sur les Villesqu'ilaconquises,
Font à la yeue un bel effet.
L'esprit en est charméJi-tojlquilles
remarque;
Jhlaù lors quel'on y>oit le Portrait
De cet invincible Monarque,
Onne s'etonneplusde tout ce quila
fait.
Jeneme lasse pointd'admirer
toutes ces choses, & j'ay de la
peine à en retirermaveuëpour
considerer tant de Pieces d'esprit & de galanterie, qui composent vostre Livre. Mais,Monsieur, mon admiration ne cesse
pas pourcela;J'y rencontre par
tout les miracles du Regne de
- Loüis LE GRAND. En effet
fous quel Prince les Sciences
& les Arts 0nt.ilse11:é plusflo-
rissans? A-t-on jamais veu paroistre la Galanterie &l'Amour
avec plus de politesse & de magnificence?Vostre Mercure en
fournit tous les Mois des preuves si convainquantes,qu'on
n'en peut douter. Qui n'admire
avec moy tant de Festes galantes, & deFictions ingénieuses
dont vous nous faites part? Ces
Lettres, &ces Traitez si pleins
de doctrine & d'érudition, que
vostre Mercure a
faitnaistre,&
dontil se peut dire doublement
le Pere, ne font-ce pas autant
deChefsd'oeuvres?
ContinueMufesfçd\antes>.
7-7'0.1 belles {jpgrandes Leçons;
Continuez, Musesgalantes,
Vos douces&tendres Chansons,
Apresent que LOVISrajpmble dans
la France,
L'Amourt cg-les Tlaifîrs3laTaix^çj*
l'Abondance.
Amans,du Dieu d'Amour "rene'{pn!l
drelaLoy,
Vous nepote-r,-- avoirde momens plus
propices, !'sousle regne d'un GrandRoy;
Quifait
*
deses Sujets, l'amour& les
Maisil ya toujours quelque
Grisete fiere & délicate, ( &de
cela foit ditsans faire tortà la
Chate de Madame des Houlieres; )Il y a dis-je,toûjours
quelq ue ivilne insensible qui se
gendarme contre l'Amour):
manque de le bien connoistre.
Vousqui dites,belle Severe,
£uepourfuture les Loix que l'Amour
nous prescrit,
Onpertlaraisoin,& l'esprit,
Vous en ignorez le mistere.
S'il nous enflame, ilnous e'iiaire;
S'ilnous in/jife, il nous instruit.
Enfinsoiit le jour,soit la nuit,
Ses Loix jOntdUX Amans agréables
àsuivre.
Sans elles l'on est malheureux,
Etsans ellesl'onnepeutvivre;
Maissivous n'écoutez mesvoeux,
En vainsur cesujet je Voudrois vous
instruire.
Cependant Vofire erreur estfacile à
détruire,
Puis qu'ilnefautj(uaimer^ourgoâtet
la douceur
Qu'on trouve à sifiûmettre à ce charmant Trainj<ueur.
Je croyois finir icy cette
Lettre; mais,Mon sieur, on ne
sçauroitquiter vostre Mercure.
Vostre Histoire Enigmatique
m'arreste encor,& voicy ce que
ma Muse m'a inspiré sur cette
spirituelleallégorie.
Cesdeux Grands Roys dont l'origine
Estcachée auxplus curieux,
Quisefontlaguerre en tous lieux,
Stdontledifïrentjamais neseterminer
C"7t?ys, leursFemmes,leursSujets,
Qtianddeprès on les exafninet
Cen'estque leJeu des Echets.
Peutestre que ma Mures'est
trompée en cette rencontre,
mais, il est toûjours certain
qu'elle ne se trompe point
quandellem'engage à vousdire
que jefuis, Vostre,&c.
DE MARPALU.
L'EXTRAORDINAIRE
DU MERCURE
Du Jhnirticr d'Octobre IGJS. EN vzerité, Monsieur ,onest
c
harme de toutes les beautez que renferme vostre Lettre
du Quartier d'Octobre.Vous
ne pouviez finir plus extraordinairement l'Année Extraordinaire du Mercure, ny commencer plus glorieusement celle cy,
qu'en donnant cet excellent
Ouvrageau Public. Ilest digne
d'estre presentéauplus Grand
Roy dela Terre. Vous y avez
ramassé pour sa gloire,tout ce
qui pouvoit la consacrer à la
Postericé. Vostre Epistre est
comme un Arc de Triomphe,
où l'on voit les Victoires qu'il
a
remportéessur ses Ennemis, &
sursoy-mesme.
La Renommée en mille lieux,
Apprend de ce Héros les exploits
glorieux;
fifœispour lesfaire entendre à la Race
future,
Ilfalloitla voix du Mercure.
Je pasle de cette belle Epistre,
à l'ingénieux Cadran, dont le
Soleil,ou plûtost Louis LE
G RAND,marquelesheures.
Le cours d'unesi belleY/V,
De tant demerveillesftjie,
Au coursde cetAstre estpareil.
Les VertusdeLOVIS, les vertus du
Soleil,
Font ce
qu'onVoitdegradau mondea
Maintenantqu'unePaixprofonde
D'unlerègne calme coftrsi &douxVa
-
LOris, Soleil,fèronttous nos
: beauxj'ours.
CePrince estunSoletlquipercales
nuagts, Et qui dissipe les vapeurs;
Qui répand IdJOJe en nos cœurs,
Et la metsur tous nos visages.
Enfinpartoutoù va ce Ife'rosglorieuxy
Ilyporte avec luy,l'éclat, & lalumiere;
Ainsi,queleSoleilse dérobe à nosJell.K''
Etqu'ilfinissesa carriere,
La Terre a
son Soleil, aujji-bien que
les Cieux.
Le Portrait de ce Grand Roy
environné de tant d'excellentes
Devises, & de Revers de Medailles,a quelquechose defurprenant, pour l'abondance, &
pour la richesse des pensées. On
pourroitappellercetteadmirable Planche, leTrésorde Loüis
le Victorieux, & le Triomphant. C'est là qu'on voir en
racourcy, tout ce qu'ila fait de
grand, & de merveilleux. Toutes ces Pieces marquent admirablement le prix de son Regne,
& de sa Vie.
Ces Médaillés,& ces Ve-rifls,
Sur les Villesqu'ilaconquises,
Font à la yeue un bel effet.
L'esprit en est charméJi-tojlquilles
remarque;
Jhlaù lors quel'on y>oit le Portrait
De cet invincible Monarque,
Onne s'etonneplusde tout ce quila
fait.
Jeneme lasse pointd'admirer
toutes ces choses, & j'ay de la
peine à en retirermaveuëpour
considerer tant de Pieces d'esprit & de galanterie, qui composent vostre Livre. Mais,Monsieur, mon admiration ne cesse
pas pourcela;J'y rencontre par
tout les miracles du Regne de
- Loüis LE GRAND. En effet
fous quel Prince les Sciences
& les Arts 0nt.ilse11:é plusflo-
rissans? A-t-on jamais veu paroistre la Galanterie &l'Amour
avec plus de politesse & de magnificence?Vostre Mercure en
fournit tous les Mois des preuves si convainquantes,qu'on
n'en peut douter. Qui n'admire
avec moy tant de Festes galantes, & deFictions ingénieuses
dont vous nous faites part? Ces
Lettres, &ces Traitez si pleins
de doctrine & d'érudition, que
vostre Mercure a
faitnaistre,&
dontil se peut dire doublement
le Pere, ne font-ce pas autant
deChefsd'oeuvres?
ContinueMufesfçd\antes>.
7-7'0.1 belles {jpgrandes Leçons;
Continuez, Musesgalantes,
Vos douces&tendres Chansons,
Apresent que LOVISrajpmble dans
la France,
L'Amourt cg-les Tlaifîrs3laTaix^çj*
l'Abondance.
Amans,du Dieu d'Amour "rene'{pn!l
drelaLoy,
Vous nepote-r,-- avoirde momens plus
propices, !'sousle regne d'un GrandRoy;
Quifait
*
deses Sujets, l'amour& les
Maisil ya toujours quelque
Grisete fiere & délicate, ( &de
cela foit ditsans faire tortà la
Chate de Madame des Houlieres; )Il y a dis-je,toûjours
quelq ue ivilne insensible qui se
gendarme contre l'Amour):
manque de le bien connoistre.
Vousqui dites,belle Severe,
£uepourfuture les Loix que l'Amour
nous prescrit,
Onpertlaraisoin,& l'esprit,
Vous en ignorez le mistere.
S'il nous enflame, ilnous e'iiaire;
S'ilnous in/jife, il nous instruit.
Enfinsoiit le jour,soit la nuit,
Ses Loix jOntdUX Amans agréables
àsuivre.
Sans elles l'on est malheureux,
Etsans ellesl'onnepeutvivre;
Maissivous n'écoutez mesvoeux,
En vainsur cesujet je Voudrois vous
instruire.
Cependant Vofire erreur estfacile à
détruire,
Puis qu'ilnefautj(uaimer^ourgoâtet
la douceur
Qu'on trouve à sifiûmettre à ce charmant Trainj<ueur.
Je croyois finir icy cette
Lettre; mais,Mon sieur, on ne
sçauroitquiter vostre Mercure.
Vostre Histoire Enigmatique
m'arreste encor,& voicy ce que
ma Muse m'a inspiré sur cette
spirituelleallégorie.
Cesdeux Grands Roys dont l'origine
Estcachée auxplus curieux,
Quisefontlaguerre en tous lieux,
Stdontledifïrentjamais neseterminer
C"7t?ys, leursFemmes,leursSujets,
Qtianddeprès on les exafninet
Cen'estque leJeu des Echets.
Peutestre que ma Mures'est
trompée en cette rencontre,
mais, il est toûjours certain
qu'elle ne se trompe point
quandellem'engage à vousdire
que jefuis, Vostre,&c.
DE MARPALU.
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Résumé : SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
Le texte est une lettre élogieuse à l'égard du 'Mercure', une publication, pour son édition exceptionnelle d'octobre 1685. L'auteur exprime une grande admiration pour la lettre du quartier d'octobre, qualifiant l'année du 'Mercure' d'extraordinaire et digne d'être présentée au plus grand roi de la Terre. Il compare cette épître à un arc de triomphe célébrant les victoires du roi Louis le Grand, soulignant ses vertus et ses exploits glorieux. La lettre met en parallèle les vertus de Louis et celles du soleil, symbolisant la paix et la prospérité apportées par le règne du roi. Elle décrit également un portrait du roi entouré de devises et de médailles, illustrant ses conquêtes et ses réalisations. L'auteur admire les sciences, les arts et la galanterie florissante sous le règne de Louis. Il mentionne diverses fêtes et fictions ingénieuses présentées dans le 'Mercure'. La lettre se termine par une allégorie sur le jeu d'échecs, comparant deux grands rois à des pièces de ce jeu. L'auteur conclut en exprimant son admiration et sa loyauté envers le 'Mercure'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 216-220
BRUNAUT, MATOU BANAL DES environs d'Argentan, A L'AIMABLE GRISETE, CHATE DE MADAME DES HOULIERES,
Début :
C'est une étrange chose que l'amour. Il ne cause pas / Attendant l'autre jour une tendre aventure, [...]
Mots clefs :
Chatte, Mercure, Amant, Pièces galantes
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texteReconnaissance textuelle : BRUNAUT, MATOU BANAL DES environs d'Argentan, A L'AIMABLE GRISETE, CHATE DE MADAME DES HOULIERES,
C'est une étrange chofe
que l'amour. Il ne cauſe pas.
216 MERCVRE
feulement du fracas parmy
les Hommes, il tourmente
jufqu'aux Animaux, &l'aimable Chate Grifete pour
laquelle tant de beaux Efprits ont fait les galantes
Pieces que vous avez leuës
dans l'Extraordinaire du
Quartier d'Octobre, n'a pas
borné fes conqueftes à Paris. Le bruit de fon mérite
a efté plus loin, & voicy ce
qu'on luy écrit d'aupres
d'Argentan. La Lettre eft
au nom du Matou Brunaut,
àqui M' d'Abloville a prêté
ces Vers.
BRVNAVT
GALANT. 217
5252552225222523
BR V NAVT,
MATOU BANAL DES
environs d'Argentan,
A L'AIMABLE
GRISETE.
CHATE DE MADAME
DES HOULIERES,
A
Ttendant l'autre jour une
tendre avanture,
Affis aupres d'une Maſure,
oùje traitois d'heures tous lesmo
mens
Qui retardoient lafin de mes tour
mens,
Grifete, j'appris duMercure
Vos aimables miaulemens.
Avril1679. T
ན
218 MERCVRE
S&
Ils mefirent bientoft abandonner la
place, ces si
Et malgréla neige &la glace,
Concevoir le deffein de me rendre à
Paris. 800Set $25
M
In Chat qui pour vous voir veut
quiterfon Pats,and rahzinK
Par lafaifon qu'ilfait, méritequelque grace,
Voudriez- vous luy marquer du
mépris?
25
Itfuis de qualités je nefens point
le Drille,
On peutfans vanité compter ma Famille
dans
-DesChats Héros de Pere en Fits,
Les Rodilards, les Rominagrobis,
De tout temps ont passé pour eftre
fort habiles
Afaire laguerre aux Souris.
GALANT 219
NulleChate ences lieux ne m'aparu
Tygraffes
Si la beauté,fi la tendreſſe,
Pouvoientme contenter, mon fort
feroit biendoux, p md5
Maisdes Chats baftis comme nous,
Demandent de l'efprit, de la délicateffe,
Et tout cela n'eftque chez vous.
$2
Tatam'allarmepeu; quoyqu'ilfcaché
bien dire,
Bien raifonner, bien rimer,
écrire,
bien
Iln'eft, engros comme endétail,
Bonqu'à faire un Chat de Serrail,
Sonconfeil vaut beaucoup, mais c'eft
lors qu'on veutrire,
Peude chofequefon travail.
Tij
220 MERCVRE
S&
Tous les autres Matous de vostre
voifinage
Amon abord changeront de langages
Entr'autres Dom Gris & Mitins
Certain Renault, certain Blondin,
Renonceront pour jamais au fromagen
Quandje voudray prendre mon
air mutin.
Cecyn'eftpoint par Gafconnades
S'ils veulent avec moy venir à la
gourmade,
Ils verrontcomeun ChatNormad
Qui s'eftdeclare voftre Amant,
Scait mettre enjeu l'eftafilade,
Pourpoffeder un objetfi charmant
que l'amour. Il ne cauſe pas.
216 MERCVRE
feulement du fracas parmy
les Hommes, il tourmente
jufqu'aux Animaux, &l'aimable Chate Grifete pour
laquelle tant de beaux Efprits ont fait les galantes
Pieces que vous avez leuës
dans l'Extraordinaire du
Quartier d'Octobre, n'a pas
borné fes conqueftes à Paris. Le bruit de fon mérite
a efté plus loin, & voicy ce
qu'on luy écrit d'aupres
d'Argentan. La Lettre eft
au nom du Matou Brunaut,
àqui M' d'Abloville a prêté
ces Vers.
BRVNAVT
GALANT. 217
5252552225222523
BR V NAVT,
MATOU BANAL DES
environs d'Argentan,
A L'AIMABLE
GRISETE.
CHATE DE MADAME
DES HOULIERES,
A
Ttendant l'autre jour une
tendre avanture,
Affis aupres d'une Maſure,
oùje traitois d'heures tous lesmo
mens
Qui retardoient lafin de mes tour
mens,
Grifete, j'appris duMercure
Vos aimables miaulemens.
Avril1679. T
ན
218 MERCVRE
S&
Ils mefirent bientoft abandonner la
place, ces si
Et malgréla neige &la glace,
Concevoir le deffein de me rendre à
Paris. 800Set $25
M
In Chat qui pour vous voir veut
quiterfon Pats,and rahzinK
Par lafaifon qu'ilfait, méritequelque grace,
Voudriez- vous luy marquer du
mépris?
25
Itfuis de qualités je nefens point
le Drille,
On peutfans vanité compter ma Famille
dans
-DesChats Héros de Pere en Fits,
Les Rodilards, les Rominagrobis,
De tout temps ont passé pour eftre
fort habiles
Afaire laguerre aux Souris.
GALANT 219
NulleChate ences lieux ne m'aparu
Tygraffes
Si la beauté,fi la tendreſſe,
Pouvoientme contenter, mon fort
feroit biendoux, p md5
Maisdes Chats baftis comme nous,
Demandent de l'efprit, de la délicateffe,
Et tout cela n'eftque chez vous.
$2
Tatam'allarmepeu; quoyqu'ilfcaché
bien dire,
Bien raifonner, bien rimer,
écrire,
bien
Iln'eft, engros comme endétail,
Bonqu'à faire un Chat de Serrail,
Sonconfeil vaut beaucoup, mais c'eft
lors qu'on veutrire,
Peude chofequefon travail.
Tij
220 MERCVRE
S&
Tous les autres Matous de vostre
voifinage
Amon abord changeront de langages
Entr'autres Dom Gris & Mitins
Certain Renault, certain Blondin,
Renonceront pour jamais au fromagen
Quandje voudray prendre mon
air mutin.
Cecyn'eftpoint par Gafconnades
S'ils veulent avec moy venir à la
gourmade,
Ils verrontcomeun ChatNormad
Qui s'eftdeclare voftre Amant,
Scait mettre enjeu l'eftafilade,
Pourpoffeder un objetfi charmant
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Résumé : BRUNAUT, MATOU BANAL DES environs d'Argentan, A L'AIMABLE GRISETE, CHATE DE MADAME DES HOULIERES,
Le texte raconte l'histoire de Brunaut, un chat habitant près d'Argentan, qui s'éprend de Grifete, une célèbre chatte parisienne. Inspiré par les récits de ses exploits et de sa beauté, Brunaut décide de partir pour Paris malgré le froid hivernal. Dans une lettre, Brunaut vante ses propres qualités et celles de sa famille, connue pour ses compétences en chasse aux souris. Il admire Grifete non seulement pour sa beauté et sa tendresse, mais aussi pour son esprit et sa délicatesse. Brunaut exprime sa volonté de se battre contre d'autres chats pour prouver son amour et sa bravoure. Il conclut en affirmant que son dévouement et ses compétences en font un amant digne de Grifete.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 258
VI.
Début :
A La plume on connoist l'Autheur, / Messieurs du Fey, le Sage de Falaise, [...]
Mots clefs :
Auteur, Mercure, Lanterne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VI.
V I.
La plume on connoift l ' Autheur,
Le Gafconfe trouve à laBourde;
Mais Mercure, ce Dieu Voleur,
Eftfacile à conoiftre à ſa Lanterneſourde.
LA TESTE ROUSSE , du Pélican
de la Ruedes Arcis.
Meffieurs du Fey , le Sage de Falaife
, & Gauret, ont auffi expliqué
La mefme Enigme.
La plume on connoift l ' Autheur,
Le Gafconfe trouve à laBourde;
Mais Mercure, ce Dieu Voleur,
Eftfacile à conoiftre à ſa Lanterneſourde.
LA TESTE ROUSSE , du Pélican
de la Ruedes Arcis.
Meffieurs du Fey , le Sage de Falaife
, & Gauret, ont auffi expliqué
La mefme Enigme.
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19
p. 263-265
V.
Début :
Pendant ce dernier Carnaval, [...]
Mots clefs :
Carnaval, Déguisement, Divertissement, Dieu, Lanterne, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : V.
V.
PEndan Endant ce dernier Carnaval,
Il prit envie aux Dieux d'aller courir le
Bai,
Déguifez (cela vafans dire)
"
264
Extraordinaire-
Mais déguifez tous fi grotesquement,
Qu'eux- mefmes du déguisement:
Ne purent s'empefcher de rire.
A
Jupiter eftoit en Bourgeois ,
Avec un Habit noir, un Collet à Dentelle;
Momus eftoit enVillageois,
Et. Phébus en Joueur de Vielle;
N'estoient - ils pas bien déguiſez tous
trois?
Jupiter voulut que
Mercure
Fuft de ce Divertiſſement.
On l'avertit, il s'en vint promptement:
Il cherchoit un Habillement,
Quand Momus avec luy dit qu'il feroit
gageure,
Que malgré fon déguisement
On le reconnoiftroit , rien qu'à voirfon
allure.
Vous vous trompez, luy dit ce Dieu ga--
lant;
Vous leverrez dans un moment.
Ilretournafon Pourpoint de peliffe,
Il
du Mercure Galant. 265
Il mit un Bonnet de Dragon;
Ilprit la Culotte d'un Suife,
Qui luy venoit jufqu'au talon;
'D'Encre ilfe barbouilla tout le bas du
vifage,
Son Bonnet cachoit tout le haut,
Ilportoit la Lanterne, ou le Flambeau
plûtoft.
C'eftoit- là toutfon Equipage,
Et c'eftoit autant qu'il enfaut
Pourne fe pas faire connoiftre.
Par tout les Dieux furent reçûs,
Partout ils furent reconnus,
Mercurefeul ne le put jamais eftre.
Le Rival du Charbonnier
de Rheims .
PEndan Endant ce dernier Carnaval,
Il prit envie aux Dieux d'aller courir le
Bai,
Déguifez (cela vafans dire)
"
264
Extraordinaire-
Mais déguifez tous fi grotesquement,
Qu'eux- mefmes du déguisement:
Ne purent s'empefcher de rire.
A
Jupiter eftoit en Bourgeois ,
Avec un Habit noir, un Collet à Dentelle;
Momus eftoit enVillageois,
Et. Phébus en Joueur de Vielle;
N'estoient - ils pas bien déguiſez tous
trois?
Jupiter voulut que
Mercure
Fuft de ce Divertiſſement.
On l'avertit, il s'en vint promptement:
Il cherchoit un Habillement,
Quand Momus avec luy dit qu'il feroit
gageure,
Que malgré fon déguisement
On le reconnoiftroit , rien qu'à voirfon
allure.
Vous vous trompez, luy dit ce Dieu ga--
lant;
Vous leverrez dans un moment.
Ilretournafon Pourpoint de peliffe,
Il
du Mercure Galant. 265
Il mit un Bonnet de Dragon;
Ilprit la Culotte d'un Suife,
Qui luy venoit jufqu'au talon;
'D'Encre ilfe barbouilla tout le bas du
vifage,
Son Bonnet cachoit tout le haut,
Ilportoit la Lanterne, ou le Flambeau
plûtoft.
C'eftoit- là toutfon Equipage,
Et c'eftoit autant qu'il enfaut
Pourne fe pas faire connoiftre.
Par tout les Dieux furent reçûs,
Partout ils furent reconnus,
Mercurefeul ne le put jamais eftre.
Le Rival du Charbonnier
de Rheims .
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Résumé : V.
Lors du dernier Carnaval, les Dieux décidèrent de se déguiser de manière grotesque pour participer au bal. Jupiter se déguisa en bourgeois avec un habit noir et un col à dentelle, Momus en villageois, et Phébus en joueur de vielle. Jupiter invita Mercure à se joindre à eux, mais Momus paria que Mercure serait reconnu malgré son déguisement. Mercure accepta le défi et se déguisa avec un pourpoint de pelisse, un bonnet de dragon, une culotte de suisse, et se barbouilla le visage d'encre. Il porta également une lanterne. Tous les autres Dieux furent reconnus, sauf Mercure, qui parvint à rester méconnaissable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 274
V.
Début :
Contre vos promesses, Mercure, [...]
Mots clefs :
Promesses, Mercure, Énigmes, Écriture, Lanterne, Mystère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : V.
V.
Cont
Ontre vos promeffes, Mercure,
De ne pas propofer deuxfois
D'Enigmes fur les mots dont on cuft fair
le choix,
Nous trouvons pourtant l'Ecriture
Dans la premiere de ce mois;
Et mefme encor chacun murmure,
Que vous donnaftes la lecture
D'une Lanterne en l'an fix cens quatrevingt-
trois;
Mais enfin voicy le miftere,
Woftre deffein eftoit de nous embarraffer
A rechercher des Mots d'un autre caractere
Que ceux où dans ce temps nous aurions:
pûpenfer.
Cont
Ontre vos promeffes, Mercure,
De ne pas propofer deuxfois
D'Enigmes fur les mots dont on cuft fair
le choix,
Nous trouvons pourtant l'Ecriture
Dans la premiere de ce mois;
Et mefme encor chacun murmure,
Que vous donnaftes la lecture
D'une Lanterne en l'an fix cens quatrevingt-
trois;
Mais enfin voicy le miftere,
Woftre deffein eftoit de nous embarraffer
A rechercher des Mots d'un autre caractere
Que ceux où dans ce temps nous aurions:
pûpenfer.
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21
p. 100
II.
Début :
Mercure est un Galant Garçon [...]
Mots clefs :
Homme à cheval, Truite, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : II.
IL MErcure efi un Galant Garçon
De nom donnerchair &poijfen;
Pour nout bien régaler il nepouvaitmieux
faire;
Cela s'appelle chere entiere.
La Truite efl le premier plat,
C'eflunmorceau fort délicAt.
-A luy seul auffl je marrefie,
Et laisse-la l'Homme à Cheval,
yMes dents neferont pointde mal
sî l'Homme non plus qu'à la Beste.
D1iersy.ilib.
De nom donnerchair &poijfen;
Pour nout bien régaler il nepouvaitmieux
faire;
Cela s'appelle chere entiere.
La Truite efl le premier plat,
C'eflunmorceau fort délicAt.
-A luy seul auffl je marrefie,
Et laisse-la l'Homme à Cheval,
yMes dents neferont pointde mal
sî l'Homme non plus qu'à la Beste.
D1iersy.ilib.
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22
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Ce Mercure est divisé en deux Volumes, parce que la [...]
Mots clefs :
Mercure, Histoire, Nouvelles, Public, Pièces, Ouvrages, Relation, Paris, Volumes, Particuliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU
LECTEUR.
E
Mercure eft divifé
enn deux
Volumes
,parce
que la matiere qui le
remplit , n'auroit pu entrer
toute entiere dans un feul.
Quelques Particuliers , car
je feron tort au Public , fi
Tofois len accufer ,fe font
plaintsfouvent de ce que les
fecondesParties n'entroient
pas dans les
premieres, comme
fi deux Volumes d'une
â ij
Au LECTEUR.
feul. Ils
doit
égale groffeur , pouvoient
eftre reduits en un f
apportent pour raifon , que
lors que cette abondance de
matiere ferencontre, on
retrancher quelques Pieces
galantes & d'érudition. Il
y a deux réponses à cela ;
l'une , qu'ilfaut que le premier
Volume ait toujours
fon mélange ordinaire, parce
que le but que l'on a dans
cet Ouvrage eftant de le
vendre propre à toutes fortes
de perfonnes, il faut des
Au
LECTEUR.
Vers , des
Galanteries , e
des
Pieces
détachées pour
ceux qui
n'aiment pas les
Nouvelles des
Pieces d'érudition
pour les
Sçavans ,
& des
Nouvelles pour ceux
que ces fortes de
chofes ne
touchent
point.
Ainfi cha
cun eft content , ou doit le
fre du
moins en
partie; câr
les
Galans ne
voudroient
que des Vers 65 des
Hiftorres,
& les
Nouvell ftes que
des
Nouvelles
Maisquand
on
voudroit
fatisfaire ceuse
á j
Au LECTEUR .
qui demandent qu'on retranche
quelques Ouvrages
galans, lors qu'il fe rencontre
des fujets de fecondes
Parties , afin de les faire
entrer dans la premiere , le
pourroit on, e le quart tout
au plus d'un Volume qu'on
trouveroita retrancher ,
fourniroit il affez de place
pour en faire entrer un en
tier dansle mefm Volume?
On a tache de les contenter
"'il y a un mois ou deux, en
mettant la Relation du
Au
LECTEUR.
Voyage de M. le Chevalier
de
Chaumont à Siam , dans
le
Mercure; mais comme il
fut impoßible de la faire entrer
entiere , il falut avoir
recours à un fecond Volu
me que l'on vouloit éviter ;
ce qui a donné lieu au Public
de fe
plaindre de ce que
la Relation n'eftoit pas tou
te dans un feul Volume.
Cela eft cauſe qu'on s'arreflera
a lavis duplus grand
nombre
quand il fe
trouvera affez de belle maAu
LECTEUR.
&
tiere pour faire une feconde
Partie , on fatisfera le Pu
blic là- deffus. Ces feconds
Tomes font des Ouvrages
d'un grand travail ,
contiennent des détails fr
recherchez & fi curieux ,
que la pofterité ne les trouvera
pas ailleurs . Le Siege
de Vienne , l'Hiftoire du
Siege de Luxembourg , la
Relation de tout ces qui
s'eft fait devant Gennes
par l'Armée Navale du
Roy , le Mariage de MonAu
LECTEUR.
feigneur le
Dauphin , &
celuy de la
Reine
d'Efpagne
, font des
Morceaux
d'Hiftoire
traitez à fond ,
le
Public a
paru
ravy de
les
avoir
feparez,
pour n'efire
point
embarasse à les
chercher
parmy
Nouvelles du
Mercure Si
'ce qu'il en
couste à
quelques
Particuliers pour
avoir les
fecondes
Parties les
fait
parler , on peut leur
répondre
que l'on n'en
profite pas,
que les
Recherches
qu'on eft
1
les
autres
Au LECTEUR .
obligé de faire pour ces for
tes d'Ouvrages reviennent
à beaucoup , & que ceux
qui les font imprimer dans
les Pays Etrangersfur les
Exemplaires de Paris , &
quiles diftribuent dans tou
te l'Europe , en ont feuls
tout le profit ; de forte
qu'on ne les fait qu'afin
d'avoir le plaifir de foute
nir la gloire du Mercure ,
& pour montrer qu'il ne luy
échape rien. La feconde
Partie qu'on donne aujourAu
LECTEUR.
& buy a pourTitre ,
Voya
ge des
Ambaffadeurs
de
Siam en
France ,
contenant
laReception qui leur
a efté faite dans les
Villes
où ils ont paffé , leur Entrée
à Paris , les
Ceremonies
obfervées
dans
l'Audience
qu'ils ont euë du
Roy & de la
MaifonRoya
le , les
Complimens
qu'ils
ont faits , la
Defcription
des
Lieux où ils ont eſté ,
& ce qu'ils ont dit de remarquable
fur
tout ce
Au LECTEUR..
qu'ils ont vu. Ce Titre marque
affez les chofes curieufes
quece Volumerenferme,
& quand il n'y auroit rien
des Ambaffadeurs
de Siams
les Defcriptions
feules des
endroits de Paris où ils ont
efté, peuvent apprendre des
chofes dont jamais perfonne
ne s'est avifé de parler.
LECTEUR.
E
Mercure eft divifé
enn deux
Volumes
,parce
que la matiere qui le
remplit , n'auroit pu entrer
toute entiere dans un feul.
Quelques Particuliers , car
je feron tort au Public , fi
Tofois len accufer ,fe font
plaintsfouvent de ce que les
fecondesParties n'entroient
pas dans les
premieres, comme
fi deux Volumes d'une
â ij
Au LECTEUR.
feul. Ils
doit
égale groffeur , pouvoient
eftre reduits en un f
apportent pour raifon , que
lors que cette abondance de
matiere ferencontre, on
retrancher quelques Pieces
galantes & d'érudition. Il
y a deux réponses à cela ;
l'une , qu'ilfaut que le premier
Volume ait toujours
fon mélange ordinaire, parce
que le but que l'on a dans
cet Ouvrage eftant de le
vendre propre à toutes fortes
de perfonnes, il faut des
Au
LECTEUR.
Vers , des
Galanteries , e
des
Pieces
détachées pour
ceux qui
n'aiment pas les
Nouvelles des
Pieces d'érudition
pour les
Sçavans ,
& des
Nouvelles pour ceux
que ces fortes de
chofes ne
touchent
point.
Ainfi cha
cun eft content , ou doit le
fre du
moins en
partie; câr
les
Galans ne
voudroient
que des Vers 65 des
Hiftorres,
& les
Nouvell ftes que
des
Nouvelles
Maisquand
on
voudroit
fatisfaire ceuse
á j
Au LECTEUR .
qui demandent qu'on retranche
quelques Ouvrages
galans, lors qu'il fe rencontre
des fujets de fecondes
Parties , afin de les faire
entrer dans la premiere , le
pourroit on, e le quart tout
au plus d'un Volume qu'on
trouveroita retrancher ,
fourniroit il affez de place
pour en faire entrer un en
tier dansle mefm Volume?
On a tache de les contenter
"'il y a un mois ou deux, en
mettant la Relation du
Au
LECTEUR.
Voyage de M. le Chevalier
de
Chaumont à Siam , dans
le
Mercure; mais comme il
fut impoßible de la faire entrer
entiere , il falut avoir
recours à un fecond Volu
me que l'on vouloit éviter ;
ce qui a donné lieu au Public
de fe
plaindre de ce que
la Relation n'eftoit pas tou
te dans un feul Volume.
Cela eft cauſe qu'on s'arreflera
a lavis duplus grand
nombre
quand il fe
trouvera affez de belle maAu
LECTEUR.
&
tiere pour faire une feconde
Partie , on fatisfera le Pu
blic là- deffus. Ces feconds
Tomes font des Ouvrages
d'un grand travail ,
contiennent des détails fr
recherchez & fi curieux ,
que la pofterité ne les trouvera
pas ailleurs . Le Siege
de Vienne , l'Hiftoire du
Siege de Luxembourg , la
Relation de tout ces qui
s'eft fait devant Gennes
par l'Armée Navale du
Roy , le Mariage de MonAu
LECTEUR.
feigneur le
Dauphin , &
celuy de la
Reine
d'Efpagne
, font des
Morceaux
d'Hiftoire
traitez à fond ,
le
Public a
paru
ravy de
les
avoir
feparez,
pour n'efire
point
embarasse à les
chercher
parmy
Nouvelles du
Mercure Si
'ce qu'il en
couste à
quelques
Particuliers pour
avoir les
fecondes
Parties les
fait
parler , on peut leur
répondre
que l'on n'en
profite pas,
que les
Recherches
qu'on eft
1
les
autres
Au LECTEUR .
obligé de faire pour ces for
tes d'Ouvrages reviennent
à beaucoup , & que ceux
qui les font imprimer dans
les Pays Etrangersfur les
Exemplaires de Paris , &
quiles diftribuent dans tou
te l'Europe , en ont feuls
tout le profit ; de forte
qu'on ne les fait qu'afin
d'avoir le plaifir de foute
nir la gloire du Mercure ,
& pour montrer qu'il ne luy
échape rien. La feconde
Partie qu'on donne aujourAu
LECTEUR.
& buy a pourTitre ,
Voya
ge des
Ambaffadeurs
de
Siam en
France ,
contenant
laReception qui leur
a efté faite dans les
Villes
où ils ont paffé , leur Entrée
à Paris , les
Ceremonies
obfervées
dans
l'Audience
qu'ils ont euë du
Roy & de la
MaifonRoya
le , les
Complimens
qu'ils
ont faits , la
Defcription
des
Lieux où ils ont eſté ,
& ce qu'ils ont dit de remarquable
fur
tout ce
Au LECTEUR..
qu'ils ont vu. Ce Titre marque
affez les chofes curieufes
quece Volumerenferme,
& quand il n'y auroit rien
des Ambaffadeurs
de Siams
les Defcriptions
feules des
endroits de Paris où ils ont
efté, peuvent apprendre des
chofes dont jamais perfonne
ne s'est avifé de parler.
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Résumé : AU LECTEUR.
La lettre au lecteur explique la division du 'Mercure' en deux volumes en raison de l'abondance de matière. Certains lecteurs regrettent que les secondes parties ne soient pas incluses dans les premières, mais l'auteur justifie cette décision par la diversité des intérêts des lecteurs. Les premiers volumes contiennent des vers, des galanteries, des pièces d'érudition et des nouvelles, tandis que les seconds volumes incluent des sujets importants comme le voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. Les secondes parties offrent également des détails curieux et recherchés, tels que le siège de Vienne, l'histoire du siège de Luxembourg, et le mariage du Dauphin. L'auteur souligne que ces publications représentent un travail considérable et que les profits bénéficient principalement aux imprimeurs étrangers. La seconde partie actuelle se concentre sur le voyage des ambassadeurs de Siam en France, incluant leur réception, leur entrée à Paris, et les cérémonies observées lors de leur audience avec le roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 76-85
Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Comme rien n'égale la curiosité de ces Ambassadeurs, ils [...]
Mots clefs :
Louis Hubin, Pesanteur de l'air, Mercure, Verre, Eau, Tuyau, Air grossier, Récipient, Expériences, Cylindre, Machine, Violence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Comme rien n'égale la
curioſité de cesAmbafladeurs,
ils voulurent voir les experiences
de la peſanteur de l'air
pour lesquellesM. Hubin , Emailleur
du Roy, a beaucoup
de reputation. Il ſe rendit
pour cet effet à l'Hôtel des
Ambaſſadeurs, où il fit apporter
toutes les chofes neceffaires
pour faire ces fortes d'experiences.
Il commença par le
Seyphon ordinaire , puis par
in
4
4
desAmb. de Siam. 77
le Seyphoncomposé deM¹ de
Comiers , où la ſeule peſanteur
de l'air éleve continuellement
un jet d'Eau dans un
Cylindre de verre de pluſieurs
pieds de hauteur. Ils examinerent
longtemps cette Machine
, & firent paroiſtre que
c'eſtoit avec plaifir .
Mr Hubin leur expliqua
enfuite pourquoy ayant mis
du Duvet dans deux Cylindres
de verre, il tomboit précipitamment
dans celuy duquel
il avoit épuisé l'air groffier.
Il leur dit , que fi en fecoüant
ce Cylindre l'Eau venoit
Giij
78 III. P. du Voyage
àfraper contre l'autre bout du
Cylindre , qui est en piramide à
l'endroit où il a estéſcelléhermetiquement,
la pointe du Cylindrefe
cafferoit ; ce que le premierAmbaſſadeur
ayant fouhaité
de voir , Mª Hubin en
fit auffi-tôt l'experience.
Il leur montra encore qu
une larme de verre ſolide, de
la groffeur d'une Olive, fouffroit
des coups de marteau.
Cette experience les ſurprit ;
cependant le premier Ambaffadeur
fit briſer avec un
grand éclat cette larme de
verre en la preſſant fur fon
des Amb de Siam. 79
poing ; & ce qui l'étonna
encore d'avantage, fut de voir
qu'en frottant avec le pouce
de l'autre main, comme pour
écrafer ces milions de petites
parties de verre , il n'en fen
tit aucune pointe.
Ils virent enſuite troisTuyaux
de differentes longueurs
pleins de Mercure , lesquels
eſtant élevez à plomb , le
bout fermé en haut, & ayant
leurs bouches ouvertes &
plongées dans le Mercure ſtagnant,
dans unBaffin de terre
, s'y vuiderent tous trois
juſqu'àla hauteur de 28 pou-
Giiij
80 III. P. du Voyage
ces ou environ, où cette hauteur
du Mercure eſtoit ſoûtenuë
par la peſanteur de l'air
externe, incubant lur leMercure
du Vaſe. Ils virent avec
admiration , qu'en penchant
les Tuyaux le Mercure y remontoit
juſqu'à la hauteur
perpendiculaire d'environ 28
pouces, &ils furent fortfurpris,
qu'en tirant unTuyau
hors du Mercure ſtagnant ,
l'air qui y fut introduit par
la pefanteur , pouffa avec
violence tout le Mercure
qui estoit contenu dans le
Tuyau , & alla fraper avec
des Amb. de Siam. 81
bruit le fond ſuperieur du
meſme Tuyau.
Ils admirerent aprés cela la
Machine du vuide dans le
vuide, où par un ſeul trou
d'épingle , fait à la veſſie qui
bouche l'orifice ſuperieur,un
tuyau plein de Mercure ſe
vuide, & le Mercure monte
en meſme temps avec violence
dans le tuyau interne
de verre, qui estoit vuide de
l'air groffier.
Ils prirent plaiſir à voir
uneBoule de marbre, qui demeura
ſuſpendue dans l'eau
parlaſeulepeſanteurde l'eau,
82 III. P. du Voyage
quoyqu'elle y fuſt plongée
affez avant.
Mr Hubin prit enſuite ſa
Machine appelée communément
du vuide , par laquelle
ayant pompé l'air groffier du
Recipient de verre, il fit voir
que le tuyau plein de Mercure,
qui estoit unBarometre
mis à plomb dans le Recipient,
ſe vuidoit, n'eſtant plus
foûtenu par la peſanteur de
l'air ; & qu'au contraire l'eau
contenüe dans une bouteille,
dans le col de laquelle estoit
cimenté un petit tuyau à
pluſieurs troux lateraux , en
des Amb. de Siam. 83
fortoit en pluſieurs jets, parce
que la peſanteur de l'air externe
n'y eftant plus, les parties
de l'air contenues dans
cette eau , agiffant par leur
vertu élastique ou refforts, la
poufſoit au dehors avec violence.
Par la meſme raiſon
l'Eſprit de vin qui estoit dans
un godet , s'enfloit & boüilloit
de meſme que s'il y avoit
eu un grand feu deſſous,
parceque les parties d'air conrenües
dans l'Eſprit de vin,
n'eſtant plus preffées par la
peſanteur de l'autre air faifant
reffort, jettent & écar
84 III. P. du Voyage
tent ce qu'ils ont au deſſus ;
& par la mefme raifon , une
veflie bien liée , & dans laquelle
on a laiſſe environ la
groſſeur d'un oeuf d'air commun,
éleva un poids de vingt
livres, en s'enflant par les refforts
de l'air inclus, à meſure
qu'on pompoit l'air groffier
du Recipient. Enfin M'Hubin
mit un Chat dans ſon
Recipient de verre, & à mefure
qu'il en pompoit l'air
groffier, le Chat s'enfloit, &
ouvrant la gueule, il eſtoit
preſt d'expirer , mais l'Ambaſſadeur
luy ſauva lavie.
des Amb. de Siam. 85
Le Pere Tachart ", Jeſuite ,
qui eſt de retour de Siam avec
deux autres Peres du nombre
de ceux qui doivent faire ce
Voyage , furent prefens à ces
experiences, & donnerent de
grandes loüanges àM Hubin
qui en receut auffi des Ambaſfadeurs,
accompagnées de
beaucoup d'honneſtetez .
curioſité de cesAmbafladeurs,
ils voulurent voir les experiences
de la peſanteur de l'air
pour lesquellesM. Hubin , Emailleur
du Roy, a beaucoup
de reputation. Il ſe rendit
pour cet effet à l'Hôtel des
Ambaſſadeurs, où il fit apporter
toutes les chofes neceffaires
pour faire ces fortes d'experiences.
Il commença par le
Seyphon ordinaire , puis par
in
4
4
desAmb. de Siam. 77
le Seyphoncomposé deM¹ de
Comiers , où la ſeule peſanteur
de l'air éleve continuellement
un jet d'Eau dans un
Cylindre de verre de pluſieurs
pieds de hauteur. Ils examinerent
longtemps cette Machine
, & firent paroiſtre que
c'eſtoit avec plaifir .
Mr Hubin leur expliqua
enfuite pourquoy ayant mis
du Duvet dans deux Cylindres
de verre, il tomboit précipitamment
dans celuy duquel
il avoit épuisé l'air groffier.
Il leur dit , que fi en fecoüant
ce Cylindre l'Eau venoit
Giij
78 III. P. du Voyage
àfraper contre l'autre bout du
Cylindre , qui est en piramide à
l'endroit où il a estéſcelléhermetiquement,
la pointe du Cylindrefe
cafferoit ; ce que le premierAmbaſſadeur
ayant fouhaité
de voir , Mª Hubin en
fit auffi-tôt l'experience.
Il leur montra encore qu
une larme de verre ſolide, de
la groffeur d'une Olive, fouffroit
des coups de marteau.
Cette experience les ſurprit ;
cependant le premier Ambaffadeur
fit briſer avec un
grand éclat cette larme de
verre en la preſſant fur fon
des Amb de Siam. 79
poing ; & ce qui l'étonna
encore d'avantage, fut de voir
qu'en frottant avec le pouce
de l'autre main, comme pour
écrafer ces milions de petites
parties de verre , il n'en fen
tit aucune pointe.
Ils virent enſuite troisTuyaux
de differentes longueurs
pleins de Mercure , lesquels
eſtant élevez à plomb , le
bout fermé en haut, & ayant
leurs bouches ouvertes &
plongées dans le Mercure ſtagnant,
dans unBaffin de terre
, s'y vuiderent tous trois
juſqu'àla hauteur de 28 pou-
Giiij
80 III. P. du Voyage
ces ou environ, où cette hauteur
du Mercure eſtoit ſoûtenuë
par la peſanteur de l'air
externe, incubant lur leMercure
du Vaſe. Ils virent avec
admiration , qu'en penchant
les Tuyaux le Mercure y remontoit
juſqu'à la hauteur
perpendiculaire d'environ 28
pouces, &ils furent fortfurpris,
qu'en tirant unTuyau
hors du Mercure ſtagnant ,
l'air qui y fut introduit par
la pefanteur , pouffa avec
violence tout le Mercure
qui estoit contenu dans le
Tuyau , & alla fraper avec
des Amb. de Siam. 81
bruit le fond ſuperieur du
meſme Tuyau.
Ils admirerent aprés cela la
Machine du vuide dans le
vuide, où par un ſeul trou
d'épingle , fait à la veſſie qui
bouche l'orifice ſuperieur,un
tuyau plein de Mercure ſe
vuide, & le Mercure monte
en meſme temps avec violence
dans le tuyau interne
de verre, qui estoit vuide de
l'air groffier.
Ils prirent plaiſir à voir
uneBoule de marbre, qui demeura
ſuſpendue dans l'eau
parlaſeulepeſanteurde l'eau,
82 III. P. du Voyage
quoyqu'elle y fuſt plongée
affez avant.
Mr Hubin prit enſuite ſa
Machine appelée communément
du vuide , par laquelle
ayant pompé l'air groffier du
Recipient de verre, il fit voir
que le tuyau plein de Mercure,
qui estoit unBarometre
mis à plomb dans le Recipient,
ſe vuidoit, n'eſtant plus
foûtenu par la peſanteur de
l'air ; & qu'au contraire l'eau
contenüe dans une bouteille,
dans le col de laquelle estoit
cimenté un petit tuyau à
pluſieurs troux lateraux , en
des Amb. de Siam. 83
fortoit en pluſieurs jets, parce
que la peſanteur de l'air externe
n'y eftant plus, les parties
de l'air contenues dans
cette eau , agiffant par leur
vertu élastique ou refforts, la
poufſoit au dehors avec violence.
Par la meſme raiſon
l'Eſprit de vin qui estoit dans
un godet , s'enfloit & boüilloit
de meſme que s'il y avoit
eu un grand feu deſſous,
parceque les parties d'air conrenües
dans l'Eſprit de vin,
n'eſtant plus preffées par la
peſanteur de l'autre air faifant
reffort, jettent & écar
84 III. P. du Voyage
tent ce qu'ils ont au deſſus ;
& par la mefme raifon , une
veflie bien liée , & dans laquelle
on a laiſſe environ la
groſſeur d'un oeuf d'air commun,
éleva un poids de vingt
livres, en s'enflant par les refforts
de l'air inclus, à meſure
qu'on pompoit l'air groffier
du Recipient. Enfin M'Hubin
mit un Chat dans ſon
Recipient de verre, & à mefure
qu'il en pompoit l'air
groffier, le Chat s'enfloit, &
ouvrant la gueule, il eſtoit
preſt d'expirer , mais l'Ambaſſadeur
luy ſauva lavie.
des Amb. de Siam. 85
Le Pere Tachart ", Jeſuite ,
qui eſt de retour de Siam avec
deux autres Peres du nombre
de ceux qui doivent faire ce
Voyage , furent prefens à ces
experiences, & donnerent de
grandes loüanges àM Hubin
qui en receut auffi des Ambaſfadeurs,
accompagnées de
beaucoup d'honneſtetez .
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Résumé : Detail de toutes les experiences de la pesanteur de l'Air faites devant les Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, intéressés par les expériences sur la pesanteur de l'air, invitèrent M. Hubin, un émailleur du roi connu pour ses démonstrations. Hubin se rendit à l'Hôtel des Ambassadeurs avec le matériel nécessaire et commença par montrer un siphon ordinaire, puis un siphon conçu par M. de Comiers, où la pesanteur de l'air élève un jet d'eau dans un cylindre de verre. Les ambassadeurs examinèrent cette machine avec plaisir. Hubin expliqua ensuite pourquoi du duvet tombait rapidement dans un cylindre où l'air avait été épuisé. Il démontra également qu'une larme de verre solide pouvait résister aux coups de marteau sans se briser, mais se cassait facilement sous la pression d'un poing. Les ambassadeurs furent surpris de constater que les fragments de verre ne formaient pas de pointes. Hubin présenta trois tuyaux de différentes longueurs remplis de mercure, qui se vidaient jusqu'à une hauteur de 28 pouces due à la pesanteur de l'air. Les ambassadeurs admirèrent comment le mercure remontait à cette hauteur et était expulsé violemment lorsqu'un tuyau était retiré du mercure stagnant. Ils virent aussi la machine du vide dans le vide, où un tuyau plein de mercure se vidait par un trou d'épingle, et une boule de marbre suspendue dans l'eau par la seule pesanteur de l'eau. Hubin utilisa ensuite sa machine à vide pour montrer que l'air pompé d'un récipient permettait au mercure de se vider et à l'eau de jaillir en plusieurs jets. Il démontra également que l'esprit de vin bouillait sans feu et qu'une vessie pouvait soulever un poids de vingt livres en s'enflant. Enfin, Hubin mit un chat dans un récipient de verre, qui s'enfloa et faillit expirer avant d'être sauvé par un ambassadeur. Le Père Tachart et deux autres jésuites, de retour de Siam, assistèrent à ces expériences et louèrent Hubin, qui reçut également des éloges des ambassadeurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
s. p.
AVIS.
Début :
Comme les Festes solemnelles qui ont esté faites dans toute [...]
Mots clefs :
Guérison du roi, Histoire journalière, Historien, Nouvelles ordinaires, Fêtes, Ambassade de Siam, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : AVIS.
COmme les Fejees folemnelles
qui ont efiéfaites dans
toute lu Prance , pour marquer
sh lufoye que U guérifin du Ry
a caufée a tous les Peuples,
j/ ont ypour ainfîdire ^efié jufqua
ïinfiny fil a efté impoffble de
les faire entrer toutes dans trois
ou quatre Volumes
3
€) on, l'a pu
d autant moins 5 qu ilarme en^^
core tous lesjours des Mémoires
des Provinces les plus éloignées^
ainfi l on efi obligé de différerpuff
a.1).
AVIS.
qu’au mois prochain à donner h c
refie de ces fiâmes réjoüiflances. fi ilnefieroitpas jufte que lavenir n
rien trouvafique la moitiédam s‘
rHiftoire journalière que venih
ferment les Mercures 3 & Ion da
auroit lieu de croire qu il ny
roit quune partie de la France
quifeferoit impofie ce pieux de^p
voir, quoy que le ze le ardentch
de l'autre naît pas paru avectâ
moins d'éclat. Quelques
- uns aui
croyent que parce que l'on ne^
prie plus , on doit cefier de direct
quon a prié. Mais ces raifins^u
nefiont pointpour un Hifiorien,
( es puis quon en trouve qui ne
AVIS.
le commencentaujourdihuy des Hi-
25. foires de ce qui s efi pafe il ‘ll mille y a ans , onpeut donner ce qui
75 s eft pafé ily a un mois. D'aiF ” leurs, outre lajuflice quon ren^
)n draa ceux qui ont fait éclater
t-hur %ele pour le Roy , 8 qui
iauraient fajet de fe plaindre on ne parloit point d'eux, tchacun ne peut efperer
que du
^plaifir en apprenant ce que les
S autresontfait,)puis
que lapluf
art de ces Fefies ont efléGagnées accom- de ftperbes
ornement ^rur dembedifèment des Egli
ses
, dont on ne s efloit point
i ncoreawiféen France, 6 quun
A V I S.
zele de rendreplus d'honneur dl
Dieu, @ de prier pour le Royy
avec plus de pompe, a fait im^
tenter. Les réjoüijfances qui ont^
efiéfaites aufinir des Eglifes, g
font encore une purtie de ces Fe^
fies. On achèvera le mois prc a
chain de donner tout ce
détaif
Onyferaentrerce quiilya encor c
à dire’de Paris du refie de^
France,0 1 on
ménagera lesM
fis dunemaniéré.quele Mercfi
ne
laijfera pas d efire remply de
Nouvelles ordinaires. On aur^
fait desfécondes Parties de tel
tes ces
Fefies ,
mais on n a.fi
voulu en
charger le Publieyp
s,
I
aîcs- quatre Volumes que ton:
dotent de luy donner de l Am-
^afiade de Siam, quoy que ces
MquatreVolumesfientdune très-
^grande utilité, puis quils ap-
Eprennent à connoifire ce quil y
r0 a deplus beau €) deplus curieux:
ii\
€n France , dont on na^voit en-
0i cote fait qu ébaucher la déferle
?
^tion,.
qui ont efiéfaites dans
toute lu Prance , pour marquer
sh lufoye que U guérifin du Ry
a caufée a tous les Peuples,
j/ ont ypour ainfîdire ^efié jufqua
ïinfiny fil a efté impoffble de
les faire entrer toutes dans trois
ou quatre Volumes
3
€) on, l'a pu
d autant moins 5 qu ilarme en^^
core tous lesjours des Mémoires
des Provinces les plus éloignées^
ainfi l on efi obligé de différerpuff
a.1).
AVIS.
qu’au mois prochain à donner h c
refie de ces fiâmes réjoüiflances. fi ilnefieroitpas jufte que lavenir n
rien trouvafique la moitiédam s‘
rHiftoire journalière que venih
ferment les Mercures 3 & Ion da
auroit lieu de croire qu il ny
roit quune partie de la France
quifeferoit impofie ce pieux de^p
voir, quoy que le ze le ardentch
de l'autre naît pas paru avectâ
moins d'éclat. Quelques
- uns aui
croyent que parce que l'on ne^
prie plus , on doit cefier de direct
quon a prié. Mais ces raifins^u
nefiont pointpour un Hifiorien,
( es puis quon en trouve qui ne
AVIS.
le commencentaujourdihuy des Hi-
25. foires de ce qui s efi pafe il ‘ll mille y a ans , onpeut donner ce qui
75 s eft pafé ily a un mois. D'aiF ” leurs, outre lajuflice quon ren^
)n draa ceux qui ont fait éclater
t-hur %ele pour le Roy , 8 qui
iauraient fajet de fe plaindre on ne parloit point d'eux, tchacun ne peut efperer
que du
^plaifir en apprenant ce que les
S autresontfait,)puis
que lapluf
art de ces Fefies ont efléGagnées accom- de ftperbes
ornement ^rur dembedifèment des Egli
ses
, dont on ne s efloit point
i ncoreawiféen France, 6 quun
A V I S.
zele de rendreplus d'honneur dl
Dieu, @ de prier pour le Royy
avec plus de pompe, a fait im^
tenter. Les réjoüijfances qui ont^
efiéfaites aufinir des Eglifes, g
font encore une purtie de ces Fe^
fies. On achèvera le mois prc a
chain de donner tout ce
détaif
Onyferaentrerce quiilya encor c
à dire’de Paris du refie de^
France,0 1 on
ménagera lesM
fis dunemaniéré.quele Mercfi
ne
laijfera pas d efire remply de
Nouvelles ordinaires. On aur^
fait desfécondes Parties de tel
tes ces
Fefies ,
mais on n a.fi
voulu en
charger le Publieyp
s,
I
aîcs- quatre Volumes que ton:
dotent de luy donner de l Am-
^afiade de Siam, quoy que ces
MquatreVolumesfientdune très-
^grande utilité, puis quils ap-
Eprennent à connoifire ce quil y
r0 a deplus beau €) deplus curieux:
ii\
€n France , dont on na^voit en-
0i cote fait qu ébaucher la déferle
?
^tion,.
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Résumé : AVIS.
En France, la guérison du roi a été célébrée par de nombreuses festivités, dont la liste complète est impossible à inclure dans quelques volumes. Des mémoires des provinces éloignées continuent d'arriver, retardant ainsi la publication. Un avis annonce la sortie prochaine d'un résumé des réjouissances. Certaines personnes estiment que les prières pour le roi doivent se poursuivre, bien que moins fréquemment. Le texte insiste sur l'importance de documenter les événements récents, même mineurs, pour l'histoire. Les célébrations ont inclus des processions et des réjouissances dans les églises, marquant un zèle renouvelé pour honorer Dieu et prier pour le roi. Le mois prochain, un détail complet des festivités sera publié, débutant par Paris et s'étendant à toute la France. Les volumes déjà publiés contiennent des informations précieuses sur les beautés et les curiosités de la France, bien que leur description soit encore incomplète.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
s. p.
AVIS DU LIBRAIRE AU LECTEUR de la Campagne.
Début :
La longue maladie de celuy qui vendoit le Mercure avant [...]
Mots clefs :
Lecteur de la campagne, Mercure, Libraire, Campagne
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texteReconnaissance textuelle : AVIS DU LIBRAIRE AU LECTEUR de la Campagne.
AVIS DU LIBRAIRE
AU LECTEUR
de la Campagne.
~LAAlolno,n,og-uueemmaallaaddiiee de cceeluy luy
qui vendoit le Adercureavantmoy,
en ayantJouventfait
retarderledébitdepuis uneannéey
&reculésur tout les Envois
quifefaifoient a laCampagnes
j'avertis tous ceux quisouhaiteront
tavoir> que nonfeulement
je tacberay de restablir les chofli
par mes foins> en forte que le
Mercure Je trouvera imprime
4CH commencement de !chaqu'(
mois
j
mais que je feray mesme
autant quiIfepourra les paquets
pour la Campagne avant que
l'on commence à debiter le Mercure
à Ta-ris. Comme ils feront
plu)keurs jours en chemin^ Paris ne laissera pas d'avoir le Mercure
long-temps avant quifoit
arrive dans les Villes eloigntes
maisaussî lesVillesne lèsreceliront
pas si tard quellesfaisoientauparavant.
Ceneflpas
que ceux quiPleferontenvoyer
par leurs Amis,, ne le puissent
recevoir toujoursfort tard par-,
deux raisons., L'une ejl que cey
Amisnontpas pinde levenir*
prendre fttoft qu'il est imprimey
outre qu'il le fera toujours quelques
jours avant qu'on tn fafsi
le débit; & l'autre que ne
l'envoyant qu'après
qu'ifs
l'ont
leu ;eux @J' quelques autres * 1 ils le pressent
3
ils rejettent faute sur le Libraire
3 en disant
que la vente n-enitcorn-,
mencéque fortavant dans lé
mois. Je^fetay moy même les
f r < paquets3~&lesferay porter à la
Tofle & aux Àdejjagerssans,
aucunintérêt. Jefèraylamême
llhofe generalement de tous lel
Livres nouveaux iu'o.n mt
demandera>foït que je les debitc;
ou qu'ils appartiennent à d'autres
Libraires,fan* en prendre
pour cela davantag(e :que5le prix fixé,
par les Libraires qui les
vendront.Quand ilJe rencontrera
qu'on demandera ces Livres
a la fin du mois, on les
joindra au Mercures afin de les
envoyer dans le mesmepaquet.
Tout cela fera execute avec une
exallitude dont on aura tout
lieu d'eftrr content. Jeprieseulementqu'on
ait foin d'affranchirlesLettres
de port, & de
le faire marquer sur lefdittst
Lettres.*
AU LECTEUR
de la Campagne.
~LAAlolno,n,og-uueemmaallaaddiiee de cceeluy luy
qui vendoit le Adercureavantmoy,
en ayantJouventfait
retarderledébitdepuis uneannéey
&reculésur tout les Envois
quifefaifoient a laCampagnes
j'avertis tous ceux quisouhaiteront
tavoir> que nonfeulement
je tacberay de restablir les chofli
par mes foins> en forte que le
Mercure Je trouvera imprime
4CH commencement de !chaqu'(
mois
j
mais que je feray mesme
autant quiIfepourra les paquets
pour la Campagne avant que
l'on commence à debiter le Mercure
à Ta-ris. Comme ils feront
plu)keurs jours en chemin^ Paris ne laissera pas d'avoir le Mercure
long-temps avant quifoit
arrive dans les Villes eloigntes
maisaussî lesVillesne lèsreceliront
pas si tard quellesfaisoientauparavant.
Ceneflpas
que ceux quiPleferontenvoyer
par leurs Amis,, ne le puissent
recevoir toujoursfort tard par-,
deux raisons., L'une ejl que cey
Amisnontpas pinde levenir*
prendre fttoft qu'il est imprimey
outre qu'il le fera toujours quelques
jours avant qu'on tn fafsi
le débit; & l'autre que ne
l'envoyant qu'après
qu'ifs
l'ont
leu ;eux @J' quelques autres * 1 ils le pressent
3
ils rejettent faute sur le Libraire
3 en disant
que la vente n-enitcorn-,
mencéque fortavant dans lé
mois. Je^fetay moy même les
f r < paquets3~&lesferay porter à la
Tofle & aux Àdejjagerssans,
aucunintérêt. Jefèraylamême
llhofe generalement de tous lel
Livres nouveaux iu'o.n mt
demandera>foït que je les debitc;
ou qu'ils appartiennent à d'autres
Libraires,fan* en prendre
pour cela davantag(e :que5le prix fixé,
par les Libraires qui les
vendront.Quand ilJe rencontrera
qu'on demandera ces Livres
a la fin du mois, on les
joindra au Mercures afin de les
envoyer dans le mesmepaquet.
Tout cela fera execute avec une
exallitude dont on aura tout
lieu d'eftrr content. Jeprieseulementqu'on
ait foin d'affranchirlesLettres
de port, & de
le faire marquer sur lefdittst
Lettres.*
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Résumé : AVIS DU LIBRAIRE AU LECTEUR de la Campagne.
Un libraire informe ses lecteurs de la reprise des envois du Mercure, retardés depuis une année. Il anticipe les expéditions pour la campagne avant la vente à Paris et assure que les villes éloignées recevront le Mercure plus tôt qu'auparavant, bien que Paris reste prioritaire. Le libraire déconseille l'envoi par des amis pour éviter des retards. Il s'engage à expédier les paquets et les nouveaux livres sans frais supplémentaires, même s'ils proviennent d'autres libraires. Les livres commandés en fin de mois seront joints au Mercure pour un envoi commun. Le libraire garantit l'exécution précise de ces engagements et demande que les lettres soient affranchies et marquées comme telles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 393
AVIS
Début :
Le Mercure de Fevrier ne se debitera que le premier Jeudy de Carême, à cause [...]
Mots clefs :
Avis, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS
Le Mercure de Fevrier ne fe debitera
que le premier Jeudy de Carême, à cau
fe des Jours Gras & du Mercredy des
Cendres qui occupent tout le monde.
que le premier Jeudy de Carême, à cau
fe des Jours Gras & du Mercredy des
Cendres qui occupent tout le monde.
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27
p. 386
« Le Mercure d'Avril se devitera le 6.de May. [...] »
Début :
Le Mercure d'Avril se devitera le 6.de May. [...]
Mots clefs :
Débiter, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : « Le Mercure d'Avril se devitera le 6.de May. [...] »
Le Mercure d'Avril se devitera le 6.de May.
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28
s. p.
« Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Début :
Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...]
Mots clefs :
Mercure, Frais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
om
Omine il eft impoffible dans la conjoncture prefente de ne pas groffir
le Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix. Ainfi les
volumes quiferont reliez en veau ſe vendront dorefnavant 38. fols. Quant
aux volumes qui feront reliez en parche
min , on n'en payera que trente- cinq.
Les Relations fe vendront autant que
les Mercures.
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
Omine il eft impoffible dans la conjoncture prefente de ne pas groffir
le Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix. Ainfi les
volumes quiferont reliez en veau ſe vendront dorefnavant 38. fols. Quant
aux volumes qui feront reliez en parche
min , on n'en payera que trente- cinq.
Les Relations fe vendront autant que
les Mercures.
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
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Résumé : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
En 1709, les prix des publications 'Mercure' et 'Relations' augmentent en raison des coûts de production. Les volumes en veau coûtent 38 sols, ceux en parchemin 35 sols. Les 'Relations' sont au même prix que les 'Mercures'. Les publications sont disponibles chez Michel Brunet au Mercure Galant. Un privilège royal est mentionné.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
s. p.
« Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Début :
Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...]
Mots clefs :
Mercure, Prix
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
c Ommeilest
impossibledansla ceaJ
joncture presente de ne pas
gross
le Mercure,ce qui en augmente considi
rablement les frais, on ne peut se difpe
fer d'en augmenter aussi le prix. Ainsi1
volumes qui feront reliez en veaufeverq
dront doresnavant38. sols. Quann
aux volumes qui feront reliez en
parcheo
min, on n'en payera que trente-cia.
Les Relations sevendront autant qifl 1les Mercures.
ChezMICHEL BRUNET, grands
Salle du Palais, au Mercure
Galant.
M.DCCX.
Aveç Privilege du Roy.
impossibledansla ceaJ
joncture presente de ne pas
gross
le Mercure,ce qui en augmente considi
rablement les frais, on ne peut se difpe
fer d'en augmenter aussi le prix. Ainsi1
volumes qui feront reliez en veaufeverq
dront doresnavant38. sols. Quann
aux volumes qui feront reliez en
parcheo
min, on n'en payera que trente-cia.
Les Relations sevendront autant qifl 1les Mercures.
ChezMICHEL BRUNET, grands
Salle du Palais, au Mercure
Galant.
M.DCCX.
Aveç Privilege du Roy.
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30
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
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Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
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31
s. p.
PLACET AU ROY. POUR LE PRIVILEGE du Mercure Galant.
Début :
Plaise au Roy, par Brevet, vouloir autoriser, [...]
Mots clefs :
Roi, Apollon, Mercure, Privilège
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texteReconnaissance textuelle : PLACET AU ROY. POUR LE PRIVILEGE du Mercure Galant.
PLACET
AUROY.
POUR LE PRIVILEGE
du Mercure Galant.
Plaije auRoy,parBrt
'Vtt, vouloirautoriser,
LePrivilege ancien que
fay de tamufer.
Tlai/e à ma Mufe au/fi
d'être badine&fage.
Plaist à moy3 me bornant
auprudentbadinagef
De nepasressemblerà ces
fouxferieux,
Qui veulentpenetrerjufqu'auxfecretsdesDieux.
De louersansjlater3 de
blâmersans médire,
D*êtrelibresansmoubier
,Polnt ridicule enfaisant
rtre
Etserieuxsansennuyer.
Enunmotplaife au Roy,
quejetâche a luyplaire,
Maissur tout plaise au
Boy mon desir de bien
faire.
slassè auRoy mon Mer
cure,& de-las'enjitivra
Qtiauxgens de bon cJPrit
mon Mercureplaira.
Ilaplûà saMajesté
de m'accorder le Privilege
que je luy demandois
; plaise à Apollon
m'inspirer quelques vers
dignes de ma reconnois
sance & de mon zele.
Hier me promenant
dans les Bosquets de
Marly, je les pris pour
ceux du Parnasse. Je crus
y voir Apollon, je m'imaginay
estre Mercure,
& voicy la Scene qui fè
passa entre Apollon &
moy.
AUROY.
POUR LE PRIVILEGE
du Mercure Galant.
Plaije auRoy,parBrt
'Vtt, vouloirautoriser,
LePrivilege ancien que
fay de tamufer.
Tlai/e à ma Mufe au/fi
d'être badine&fage.
Plaist à moy3 me bornant
auprudentbadinagef
De nepasressemblerà ces
fouxferieux,
Qui veulentpenetrerjufqu'auxfecretsdesDieux.
De louersansjlater3 de
blâmersans médire,
D*êtrelibresansmoubier
,Polnt ridicule enfaisant
rtre
Etserieuxsansennuyer.
Enunmotplaife au Roy,
quejetâche a luyplaire,
Maissur tout plaise au
Boy mon desir de bien
faire.
slassè auRoy mon Mer
cure,& de-las'enjitivra
Qtiauxgens de bon cJPrit
mon Mercureplaira.
Ilaplûà saMajesté
de m'accorder le Privilege
que je luy demandois
; plaise à Apollon
m'inspirer quelques vers
dignes de ma reconnois
sance & de mon zele.
Hier me promenant
dans les Bosquets de
Marly, je les pris pour
ceux du Parnasse. Je crus
y voir Apollon, je m'imaginay
estre Mercure,
& voicy la Scene qui fè
passa entre Apollon &
moy.
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Résumé : PLACET AU ROY. POUR LE PRIVILEGE du Mercure Galant.
L'auteur demande au roi un privilège pour le Mercure Galant, souhaitant un ton badin et sage. Il veut louer sans flatter, blâmer sans médire, être libre sans ridicule et sérieux sans ennui. Le roi accorde le privilège. Inspiré par Marly, l'auteur imagine une rencontre avec Apollon, se voyant comme Mercure.
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32
s. p.
MERCURE ET APOLLON.
Début :
Dans un Bois Apollon [...]
Mots clefs :
Mercure, Apollon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MERCURE ET APOLLON.
MERCURE,
ET APOLLON.
Dans un BoisApollon
revoit profondementy
SaLyresursonbraspenchoit
negligemment.
Mercure la ruoit/adejire,
Ilmédite un larcins quel
enferalefruit?
Ils'avance à petit bruit,
Voilasa mainsur la Lyre;
Mais Apollon séveille3
& luyprenant la main9
Arrefie3 quel efiton dep
(ein ?
Mondelein?je voulois
chanterce Royfifage,
Ce Roy dont les 'vertus
font refietter les Loix.
Alors d'un airsevere A*
pollon tenviflge :
Comment doncpetit personnage
>
Dît-UyCeifbien à toy dattentersur
mes droits:
Cesi bien à toy vraiment
(Toserchanterles Roy,
Dieu des Marchandsfo
rains, va borne ton au..
dace
Atrafiquertant bien que
mal
Faiftnt courir déplacé en
place
Le Sonnet &le Adadrij
gai
)
Ensidele Marchandfais
ton LivreJournal
9 SanstromperniJurfaire*
ornesta Marchandisè,
SoisplaisantJitupeux st
tu veuxmoralise>
Sauve-toy par leferieux
Lorjque tu ne pourras
mieuxfaire
Guy
y
l'on te permettra
memed'êtreennujeux,
Tant-p*upour toy ceftton
affaires
Maùsi ton vol audacieux
VajufouauxRots oujuf*
quauxDieux
Etsi tu prens l'tffir en
portanttes Nouvelles
Legrand DieuJupiter te
rognera lesailes.
Par ce ton menaçAntJ
Mercure ejl allarmé,
Honteux, confus
9
isse dl.
monte
Et tâchant de cacherfk
honte
AbaissesurJesyeux Jorz
bonnet emplumé.,
,Tournc le aos1Tve~utfuïr;
mais audace nouvelle,
Vnredoublementde Z-Jcte
Lefait encore insister.
Non Apolion, dit-il9je
nepuis resister
Parquelques Vers ilfaut
queje mefatisface9
LeRoy mafaitunegrâce.
Jepuissans témérité
Chanter au moinssabonté?
Je dois par reconnoieaizce.
Tais-toy, dit Apolton
le rejpect
)
lefitence,
Sont les Remerciemcns
qu'onexigedetoy,
Faire du bien gratis,c'est
leplaifrduRoy.
ET APOLLON.
Dans un BoisApollon
revoit profondementy
SaLyresursonbraspenchoit
negligemment.
Mercure la ruoit/adejire,
Ilmédite un larcins quel
enferalefruit?
Ils'avance à petit bruit,
Voilasa mainsur la Lyre;
Mais Apollon séveille3
& luyprenant la main9
Arrefie3 quel efiton dep
(ein ?
Mondelein?je voulois
chanterce Royfifage,
Ce Roy dont les 'vertus
font refietter les Loix.
Alors d'un airsevere A*
pollon tenviflge :
Comment doncpetit personnage
>
Dît-UyCeifbien à toy dattentersur
mes droits:
Cesi bien à toy vraiment
(Toserchanterles Roy,
Dieu des Marchandsfo
rains, va borne ton au..
dace
Atrafiquertant bien que
mal
Faiftnt courir déplacé en
place
Le Sonnet &le Adadrij
gai
)
Ensidele Marchandfais
ton LivreJournal
9 SanstromperniJurfaire*
ornesta Marchandisè,
SoisplaisantJitupeux st
tu veuxmoralise>
Sauve-toy par leferieux
Lorjque tu ne pourras
mieuxfaire
Guy
y
l'on te permettra
memed'êtreennujeux,
Tant-p*upour toy ceftton
affaires
Maùsi ton vol audacieux
VajufouauxRots oujuf*
quauxDieux
Etsi tu prens l'tffir en
portanttes Nouvelles
Legrand DieuJupiter te
rognera lesailes.
Par ce ton menaçAntJ
Mercure ejl allarmé,
Honteux, confus
9
isse dl.
monte
Et tâchant de cacherfk
honte
AbaissesurJesyeux Jorz
bonnet emplumé.,
,Tournc le aos1Tve~utfuïr;
mais audace nouvelle,
Vnredoublementde Z-Jcte
Lefait encore insister.
Non Apolion, dit-il9je
nepuis resister
Parquelques Vers ilfaut
queje mefatisface9
LeRoy mafaitunegrâce.
Jepuissans témérité
Chanter au moinssabonté?
Je dois par reconnoieaizce.
Tais-toy, dit Apolton
le rejpect
)
lefitence,
Sont les Remerciemcns
qu'onexigedetoy,
Faire du bien gratis,c'est
leplaifrduRoy.
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Résumé : MERCURE ET APOLLON.
Le texte relate une rencontre entre Apollon et Mercure dans un bois. Apollon, jouant de la lyre, est interrompu par Mercure qui tente de voler son instrument. Apollon réveillé, attrape la main de Mercure et l'interroge. Mercure explique vouloir chanter les vertus d'un roi. Apollon, sévère, rappelle à Mercure ses droits divins et lui conseille de se concentrer sur ses domaines, comme le commerce et la morale. Il met en garde Mercure contre les conséquences de ses actions, évoquant l'intervention de Jupiter. Mercure, alarmé, essaie de se justifier en mentionnant une grâce royale. Apollon insiste sur le respect et la déférence, soulignant que faire du bien gratuitement est le plaisir du roi.
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33
p. 167-168
SUR MON MERCURE GALANT.
Début :
Mercure vôle à tire d'ailes [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR MON MERCURE GALANT.
SUR.
MONMERCURE
GALANT.
Mercure vole à tire
d'ailes
Pour mapporter du bout
de l'univers
Des jeux galants es des
nouvelles
> Du vrAY, dufaux3 de la
prose & J des vers enfais le choix en invoquant
Minerve
JVLais pour entrertn verve
Je l'invoque en vain
Je n'attends ce feu divin
Que du Dieu du vin.
MONMERCURE
GALANT.
Mercure vole à tire
d'ailes
Pour mapporter du bout
de l'univers
Des jeux galants es des
nouvelles
> Du vrAY, dufaux3 de la
prose & J des vers enfais le choix en invoquant
Minerve
JVLais pour entrertn verve
Je l'invoque en vain
Je n'attends ce feu divin
Que du Dieu du vin.
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34
p. 209-212
« Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Début :
Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...]
Mots clefs :
Mercure, Amour, Campagne, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Si tous les Poëtes qui
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
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Résumé : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Le texte aborde la sensibilité des poètes et l'impact du bonheur sur leur écriture. L'auteur souhaite que les poètes, s'ils cessent de ressentir des émotions, ne soient jamais rendus heureux, car cela pourrait rendre leurs œuvres froides et languissantes, nuisant ainsi à la qualité de son périodique, le 'Mercure'. Il souligne l'importance et son attachement personnel à ce périodique. L'auteur compare également les différentes sources d'inspiration poétique, regrettant l'absence de poésies tendres inspirées par l'amour de cour, et envisageant plutôt des satires et des madrigaux basés sur le contraste entre l'amour champêtre et l'amour de cour. Il exprime le désir que la cour, la ville et la campagne contribuent à enrichir le 'Mercure'.
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35
p. 261-262
« J'ay promis ce Supplement, & j'en donneray un [...] »
Début :
J'ay promis ce Supplement, & j'en donneray un [...]
Mots clefs :
Nouvelles, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay promis ce Supplement, & j'en donneray un [...] »
Jay
promis ceSupplement,
& j'en don*
neray un à la fin de chaque
Mercure. L'usage
m en parois commode,
car j'y pourray mettre
generalement toutes
les Nouvelles &
tous les Avis qui me
viendront sur la fin des
Mois. Vous aurez dans
celuy-cy presque toutes
les Nouvelles du
mois d'Aoust que j'abrege
le plus que je
puis, estant surchargé
de Nouvelles à cause
des trois Mois en un ;
comme je l'ay déjà dir.
J'auray encore lesNouvelles
de deux Mois en
un, dans mon premier
Mercure.
promis ceSupplement,
& j'en don*
neray un à la fin de chaque
Mercure. L'usage
m en parois commode,
car j'y pourray mettre
generalement toutes
les Nouvelles &
tous les Avis qui me
viendront sur la fin des
Mois. Vous aurez dans
celuy-cy presque toutes
les Nouvelles du
mois d'Aoust que j'abrege
le plus que je
puis, estant surchargé
de Nouvelles à cause
des trois Mois en un ;
comme je l'ay déjà dir.
J'auray encore lesNouvelles
de deux Mois en
un, dans mon premier
Mercure.
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36
p. 3-12
Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y a gueres de mot plus équivoque que le [...]
Mots clefs :
Mercure, Premier volume, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
MERCURE
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
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Résumé : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Le texte 'Mercure Galant' traite de la réception du premier volume d'un journal. L'auteur, sans utiliser le terme 'réussi', souligne que son ouvrage a été rapidement vendu, beaucoup lu et bien accueilli. Il a reçu divers avis sur la forme que devrait prendre un journal, comparables aux transformations du dieu Mercure. L'auteur reconnaît l'absence de règles établies pour un journal comme le Mercure Galant, permettant à chacun de formuler des conseils variés. Il décide de consulter le public et de profiter des avis reçus, même ceux contenant une certaine malignité. L'auteur mentionne une lettre anonyme critiquant le style de la préface, qu'il décide d'abréger pour satisfaire ce lecteur. Il reçoit également un conseil d'ami de s'inspirer de l'ancien Mercure François, publié sous Henri IV, qui contenait des actes publics, des arrêts, des édits et des plaidoyers. Bien que peu estimé à l'époque, ce journal a fourni des mémoires aux historiens. L'auteur envisage d'imiter ce modèle pour être utile aux historiens futurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 3-12
EPITRE aux Anonimes.
Début :
J'ay receu les vostres sur mes premiers Mercures, c'est-à-dire [...]
Mots clefs :
Anonymes, Public, Réponse, Mercure, Article, Portrait, Lettres, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE aux Anonimes.
EPITRE
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
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Résumé : EPITRE aux Anonimes.
L'auteur de l'épître a reçu plus de six cents lettres anonymes en trois mois, mais ne peut répondre à toutes. Il décide de publier ses réponses dans un article intitulé 'Réponses aux Anonimes' à la fin de chaque volume, permettant aux correspondants de se reconnaître par des noms supposés et des références à leurs lettres. Il exprime sa gratitude et son respect pour tous les correspondants, y compris une personne de haut rang ayant répondu incognito. Parmi les réponses, l'auteur s'adresse à 'L'Amant Poëte', suggérant de retravailler son portrait en vers pour toucher un public plus large. Il mentionne également 'L'Inconnu de Lyon', qui a envoyé des mémoires sur un procès impliquant une fille ayant deux mères, sans détailler les circonstances pour éviter toute indiscrétion. L'auteur reconnaît que certaines réponses peuvent sembler obscures, mais demande de les excuser au nom de ceux qui travaillent pour le public. Il espère que chacun trouvera dans le livre un passage compensant l'ennui éventuel ressenti.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 302-304
AVIS.
Début :
On donnera a présent les Mercures les premiers jours des [...]
Mots clefs :
Mercure, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
A VIS.
Ondonneraapréfent
les Mercures les
premiers joursdes
mois, trèsregulierement.
Il y aura tous les mois
à la fin de chaque Mercure,
un Arricle des
Nouvelles les plus ressentes,
afin qu'on aie
aij moins dans celleslà,
l'agrement de la
nouveauté
, qu'on ne
peut avoir dans celles
qu'on a recueillies dans
le cours du mois. Cela
produira sans doute
quelques fautes d'Impression,
car dans les
Impressions precipitées,
onn'a pas letemps*
de corriger exa&ev
ment les Epreuves.
On avertitqueceux
qui enverront des Lettres
sans en avoir affranchi
le port,ne trouveront
point dans le
Mercure les Articles
qu'ils auront envoyez,
parce qu on ne peut recevoir
que les Lettres
qui sont franches.
Ceux qui enverront
des Memoires , n'auront
qu'à les adresser
au Bureau du Mercure
Ondonneraapréfent
les Mercures les
premiers joursdes
mois, trèsregulierement.
Il y aura tous les mois
à la fin de chaque Mercure,
un Arricle des
Nouvelles les plus ressentes,
afin qu'on aie
aij moins dans celleslà,
l'agrement de la
nouveauté
, qu'on ne
peut avoir dans celles
qu'on a recueillies dans
le cours du mois. Cela
produira sans doute
quelques fautes d'Impression,
car dans les
Impressions precipitées,
onn'a pas letemps*
de corriger exa&ev
ment les Epreuves.
On avertitqueceux
qui enverront des Lettres
sans en avoir affranchi
le port,ne trouveront
point dans le
Mercure les Articles
qu'ils auront envoyez,
parce qu on ne peut recevoir
que les Lettres
qui sont franches.
Ceux qui enverront
des Memoires , n'auront
qu'à les adresser
au Bureau du Mercure
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Résumé : AVIS.
Le périodique 'Mercure' paraîtra mensuellement avec des articles récents. Chaque édition inclura une section 'Nouvelles les plus récentes' pour des informations actualisées. Les lettres non affranchies ne seront pas publiées. Les mémoires peuvent être envoyés au Bureau du Mercure. Des erreurs d'impression peuvent survenir en raison du manque de temps pour corriger les épreuves.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 3-11
ÉTRENNES DE MERCURE.
Début :
Dans un Sallon du Firmament [...]
Mots clefs :
Étrennes, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉTRENNES DE MERCURE.
E'TRENNES
DE
MERCURE.
D
ansun Sallon du Firmament
Où les Dieuxàffemblcz,
tenoientappartement>
On vit entrer Le Dieu
Mercure,
Qui d'unMarchand Forain
avoitprislafigure.
Dieutegard, dit Momusy
quas-tu dans ton
Balot,
Des Etrennes,sans doute?
Ouy,dit le Mercelot.
Fort bien. Tu nous <uts
donc étaler enparoles
Tout ce quun Mercelot
étale en babioles;
Ouvrgesdélicats, Bijoux
de Cabinet,
Orpur bien travaillé/ep
à direunSonnet,
Des Brillans endajfeZs
en naïve Epigrame,
-
:.Amours d'argent massif
dansunEpithalame
Eloges tout sucrez
, &
friands Madrigaux, Portraitsvrais oufardez
fatjriojues Tableaux,
Des Odes de clinquant,
des Tambours,des
Trompettes,
Nipes d'Eglogues,des
Houlettes,
Petits Chiens9 &petits
Montons,
Flûtes, Flageolets
,
geolets &
JHufettesy
Lyres d'adulateurs*
chantantfor tons les
tons.
Chut, dit le Mercelotr
un brillant étalage
JÎ plus que l'on ne peut
Je n'A.)etnpgrieafgrqeusoc dainsrmses
Que fideles petits Miroirsy
vit
Quifont voirles défunts,,
Fj
y
dit le Dieu comique.
Vnfidtle Miroir est un
garde-boutique;
jî Paris tu vendras bien
mieux
Lunettes à tromper les
jeux,
PourlesPrudesdutemps,
Eventails àlorgnettes,
Des Besicles pour leurs
Maris,
Rubllns à parer les Coquettes,
Noeudsgalands pour les
Favoris,
Noeuds coulans, &poignardspour
les Amans
trahis.
Veux-tusi ur,reprit Mercure,
Je n'ay que des riens.Je te
jure.
Petits Riens de hasard,
qu'on va mettre au
rabais:
Heureusement, les Ba.
gatelles
AuPArnaïe commeau
Palais
Plaisentquand ellessont
nouvelles,
Enfemme,en belesprit,
jeunesse & nouveaute,
Tiennent souvent lien de
D'accort,mais nouveauté
pour les Dieux est
usée,
De leurgoustsurle Beau
la pointeesle'mo'-ijjée;
Car ils en ont tant vû.
ça fais - donc de tOIJ;"
mieux,
Ondoitdes Et.rennesaux
Dieux
Dés le temps des Romains
, à ce que dit il-lieoire
JD'ejïreEtrenne^jlsfai*
Joientgloire,
Et par conséquentd'e'~
trenner9
Chezles Dieux recevoir
ne vapointsans donner.
Mercure,sois-doncmagnifique
Et déployé icy ta BoutH
que.
Tout beau! du peu que
j'ay j'en veuxfaire à
deux fois,
Tel quifait aujourd'huy
despresens à mains
pleinesy
Seroit moins libéral en
donnant des Etrennes,
S'il devoitcomme moyles
donner to/;* les mois,
DE
MERCURE.
D
ansun Sallon du Firmament
Où les Dieuxàffemblcz,
tenoientappartement>
On vit entrer Le Dieu
Mercure,
Qui d'unMarchand Forain
avoitprislafigure.
Dieutegard, dit Momusy
quas-tu dans ton
Balot,
Des Etrennes,sans doute?
Ouy,dit le Mercelot.
Fort bien. Tu nous <uts
donc étaler enparoles
Tout ce quun Mercelot
étale en babioles;
Ouvrgesdélicats, Bijoux
de Cabinet,
Orpur bien travaillé/ep
à direunSonnet,
Des Brillans endajfeZs
en naïve Epigrame,
-
:.Amours d'argent massif
dansunEpithalame
Eloges tout sucrez
, &
friands Madrigaux, Portraitsvrais oufardez
fatjriojues Tableaux,
Des Odes de clinquant,
des Tambours,des
Trompettes,
Nipes d'Eglogues,des
Houlettes,
Petits Chiens9 &petits
Montons,
Flûtes, Flageolets
,
geolets &
JHufettesy
Lyres d'adulateurs*
chantantfor tons les
tons.
Chut, dit le Mercelotr
un brillant étalage
JÎ plus que l'on ne peut
Je n'A.)etnpgrieafgrqeusoc dainsrmses
Que fideles petits Miroirsy
vit
Quifont voirles défunts,,
Fj
y
dit le Dieu comique.
Vnfidtle Miroir est un
garde-boutique;
jî Paris tu vendras bien
mieux
Lunettes à tromper les
jeux,
PourlesPrudesdutemps,
Eventails àlorgnettes,
Des Besicles pour leurs
Maris,
Rubllns à parer les Coquettes,
Noeudsgalands pour les
Favoris,
Noeuds coulans, &poignardspour
les Amans
trahis.
Veux-tusi ur,reprit Mercure,
Je n'ay que des riens.Je te
jure.
Petits Riens de hasard,
qu'on va mettre au
rabais:
Heureusement, les Ba.
gatelles
AuPArnaïe commeau
Palais
Plaisentquand ellessont
nouvelles,
Enfemme,en belesprit,
jeunesse & nouveaute,
Tiennent souvent lien de
D'accort,mais nouveauté
pour les Dieux est
usée,
De leurgoustsurle Beau
la pointeesle'mo'-ijjée;
Car ils en ont tant vû.
ça fais - donc de tOIJ;"
mieux,
Ondoitdes Et.rennesaux
Dieux
Dés le temps des Romains
, à ce que dit il-lieoire
JD'ejïreEtrenne^jlsfai*
Joientgloire,
Et par conséquentd'e'~
trenner9
Chezles Dieux recevoir
ne vapointsans donner.
Mercure,sois-doncmagnifique
Et déployé icy ta BoutH
que.
Tout beau! du peu que
j'ay j'en veuxfaire à
deux fois,
Tel quifait aujourd'huy
despresens à mains
pleinesy
Seroit moins libéral en
donnant des Etrennes,
S'il devoitcomme moyles
donner to/;* les mois,
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Résumé : ÉTRENNES DE MERCURE.
Le texte relate l'entrée de Mercure, déguisé en marchand forain, dans un salon où les dieux sont réunis. Momus, un autre dieu, l'interroge sur le contenu de son baluchon. Mercure révèle qu'il contient des étrennes, des objets variés et délicats tels que des bijoux, des sonnets, des épigrammes, des portraits, des odes, des flûtes et des miroirs. Momus suggère de vendre des objets plus adaptés aux dieux, comme des lunettes trompeuses, des éventails, des rubans et des poignards. Mercure insiste sur la nouveauté de ses objets, affirmant que les dieux apprécient surtout cela. Il rappelle la coutume romaine des étrennes et assure qu'il saura faire preuve de générosité malgré la modestie de ses offrandes. Momus l'encourage à déployer sa boutique magnifiquement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
s. p.
PRÉFACE
Début :
Un de mes amis vint me dire l'autre jour que [...]
Mots clefs :
Auteur, Critique, Mercure, Louanges, Journal de Trévoux, Mercure de Trévoux, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRÉFACE
PREFACE
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
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Résumé : PRÉFACE
Dans une préface, l'auteur aborde une critique publiée dans le nouveau Mercure de Trévoux à son encontre. Informé par un ami de cette critique sévère, l'auteur exprime d'abord son incrédulité, estimant que les rédacteurs du Mercure sont trop compétents pour recourir à des attaques satiriques. Cependant, après avoir pris connaissance de la préface critique, il décide de l'interpréter favorablement, malgré son style obscur et ses pensées ambiguës. L'auteur note que les auteurs du Mercure ont critiqué son premier volume tout en approuvant implicitement les suivants. La préface du Mercure de Trévoux reproche à l'auteur d'avoir traité les décès et les mariages de manière légère. Les rédacteurs du Mercure se défendent en expliquant qu'ils n'ont eu que six mois pour préparer leur préface et ont donc concentré leurs efforts sur le style plutôt que sur le fond. Ils comparent leur ouvrage aux poèmes dramatiques et espèrent que le public verra leurs nouvelles comme un correctif à celles du Mercure de Paris. L'auteur conclut en soulignant la différence entre les auteurs du Journal de Trévoux et ceux du Mercure, louant la politesse et la modération des premiers. Il mentionne également un discours sur la satire prononcé par le Père Porée, professeur d'éloquence au Collège de Louis le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 192-193
ANONYMES. Le Limosin friand.
Début :
Quoyque les Limosins soient plus gourmands que friands, j'aime [...]
Mots clefs :
Friand, Gourmand, Mercure, Journal des savants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANONYMES. Le Limosin friand.
ΑΝΟΝΥΜES .
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
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Résumé : ANONYMES. Le Limosin friand.
Un auteur anonyme critique le périodique 'Mercure' pour son manque de légèreté et de divertissement. Il compare cette situation à un repas sans fines herbes ni champignons. Il suggère que le 'Mercure' devrait plaire aux amateurs de lectures légères, contrairement aux 'Journaux des Sçavants' destinés aux lecteurs sérieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 83-84
L'ANONIME BURLESQUE, Sur l'Air, Reveillez-vous belle endormie.
Début :
Reveillez-vous, Seigneur Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ANONIME BURLESQUE, Sur l'Air, Reveillez-vous belle endormie.
L'ANONIME
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
Fermer
43
p. 84-86
Réponse.
Début :
Selon l'étoffe qu'on lui donne, [...]
Mots clefs :
Mercure, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse.
Réponse.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
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44
p. 86-87
AUTRE ANONYME PLAINTIF.
Début :
Comme un triste berger, pour sa cruelle Aminte. [...]
Mots clefs :
Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ANONYME PLAINTIF.
AUTRE ANONYME
PLAINTIF. C'Omme un triste ber-
- ger, pour la cruelle
chaAmnintet.ersa
plainte.
Si /<?/&- les échos d'alentour
Sont sourds aux fons
plantifs que forme
son amour.
uiirji l'Auteur gronde
6" murmure
Quand l'echo du Mereu-,
re (siJ'ourd.
PLAINTIF. C'Omme un triste ber-
- ger, pour la cruelle
chaAmnintet.ersa
plainte.
Si /<?/&- les échos d'alentour
Sont sourds aux fons
plantifs que forme
son amour.
uiirji l'Auteur gronde
6" murmure
Quand l'echo du Mereu-,
re (siJ'ourd.
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45
p. 87-88
« L'Auteur tout fier de sa parure, [...] »
Début :
L'Auteur tout fier de sa parure, [...]
Mots clefs :
Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Auteur tout fier de sa parure, [...] »
VAuteur toutfier desa
parure,
En se presentant au
Mercure,
Comme la coquette au
miroir,
Dans le moment voudroit
s'y voir.
parure,
En se presentant au
Mercure,
Comme la coquette au
miroir,
Dans le moment voudroit
s'y voir.
Fermer
46
p. 95-96
« Il me vient d'arriver quelques nouvelles que je ne [...] »
Début :
Il me vient d'arriver quelques nouvelles que je ne [...]
Mots clefs :
Parties, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Il me vient d'arriver quelques nouvelles que je ne [...] »
Il me vient d'arriver
quelques nouvelles que
je ne puis plus placer
icy,parce que la seconde
Partie, que j'ay
deftinéeaux nouvelles,
n'est pas à la fin du
Mercure, c'est un desfaut,
& l'ordre que je
croy le plus convenable
, & que j'observeray
dans la fuite.
Litterature. 1. Partie.
Amusemens. 11. Partie.
Pieces Fugitives, III.
Partie.
Nouvelles. IV. Partie.
quelques nouvelles que
je ne puis plus placer
icy,parce que la seconde
Partie, que j'ay
deftinéeaux nouvelles,
n'est pas à la fin du
Mercure, c'est un desfaut,
& l'ordre que je
croy le plus convenable
, & que j'observeray
dans la fuite.
Litterature. 1. Partie.
Amusemens. 11. Partie.
Pieces Fugitives, III.
Partie.
Nouvelles. IV. Partie.
Fermer
47
p. 29-33
Réponse de Mercure sur la Requeste de Monsieur Estienne.
Début :
En mon Bureau, lisois avec besicles [...]
Mots clefs :
Muse, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse de Mercure sur la Requeste de Monsieur Estienne.
Réponse de Mercure sur
la Requeste de Monsieur
Estienne.
En mon Bureau, lisois
avec besicles
Requeste en Vers, Re.
queste par Articles,
Dont chaque article aq,'
oit écrit au bas
Monsieur Estienne, eh !
nemimprimez, pas.
Lors une ivluft & modeste&
timide,
Consine ou Soeur
,
de la
Mused'Ovide,
En rougissantvint me
diretoutbas,
Seigneur Mercure, eh !
ne m'imprimezpas.
e)Ë~
Muse, luj dis-je, onpeut
-
voussatisfaire,
QuunfroidAuteur vienne
dire au contraire,
Imprimez- moy; cesi là
monembarras,
J'ayme bienmieux
,
eh!
ne m'imprimez pas.
Voyons pourtant quelle
Musevous estes,
Chanteriez-vous Amour
ensesgoguettes,
Ou bien Bacchus éguayant
un repas ?
Peut-estre,mais chut, ne
rnlmprlmez,pas.
J'ayfait ces Vers,continua
la Musl,
Que vous li(eZ: don ttout
Paris s'amuse;
Je les dictay3 mais les
dictaytoutbas
A cil qui dit, chut, ne
m'1imprimez pas.
Beaucoup me plaistpareille
retenuë,
Luy dis-je
y
maissi-tost Il qu'on vousavûë
Onestpartropferu devos
appas
Pour enson coeur ne vous
imprimer pas.
Je vois en vous,certain
feu qui petille
,
Vous mepiaisez, par fyotre
humeurgentille,
Priez, criez, ne mécha•
perezpas,
Must,
mafoy vouspoejjè*
rezle pas.
la Requeste de Monsieur
Estienne.
En mon Bureau, lisois
avec besicles
Requeste en Vers, Re.
queste par Articles,
Dont chaque article aq,'
oit écrit au bas
Monsieur Estienne, eh !
nemimprimez, pas.
Lors une ivluft & modeste&
timide,
Consine ou Soeur
,
de la
Mused'Ovide,
En rougissantvint me
diretoutbas,
Seigneur Mercure, eh !
ne m'imprimezpas.
e)Ë~
Muse, luj dis-je, onpeut
-
voussatisfaire,
QuunfroidAuteur vienne
dire au contraire,
Imprimez- moy; cesi là
monembarras,
J'ayme bienmieux
,
eh!
ne m'imprimez pas.
Voyons pourtant quelle
Musevous estes,
Chanteriez-vous Amour
ensesgoguettes,
Ou bien Bacchus éguayant
un repas ?
Peut-estre,mais chut, ne
rnlmprlmez,pas.
J'ayfait ces Vers,continua
la Musl,
Que vous li(eZ: don ttout
Paris s'amuse;
Je les dictay3 mais les
dictaytoutbas
A cil qui dit, chut, ne
m'1imprimez pas.
Beaucoup me plaistpareille
retenuë,
Luy dis-je
y
maissi-tost Il qu'on vousavûë
Onestpartropferu devos
appas
Pour enson coeur ne vous
imprimer pas.
Je vois en vous,certain
feu qui petille
,
Vous mepiaisez, par fyotre
humeurgentille,
Priez, criez, ne mécha•
perezpas,
Must,
mafoy vouspoejjè*
rezle pas.
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Résumé : Réponse de Mercure sur la Requeste de Monsieur Estienne.
Le texte relate une conversation entre Mercure et une muse, apparentée à la Muse d'Ovide, au sujet de la publication de ses vers. La muse, timide, demande à Mercure de ne pas imprimer ses œuvres. Mercure, après avoir lu la requête, exprime son embarras face à des auteurs indécis. Il interroge la muse sur le contenu de ses vers, se demandant s'ils traitent de l'amour ou de Bacchus. La muse révèle qu'elle a écrit des vers appréciés à Paris, mais dictés à quelqu'un qui lui déconseille la publication. Mercure admire sa retenue mais souligne que, une fois connue, elle pourrait susciter le désir de publication. Il perçoit en elle un feu intérieur et une humeur gentille, et lui assure qu'il ne la forcera pas à publier ses vers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 49-123
Les Fourmis.
Début :
Vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, Monsieur [...]
Mots clefs :
Fourmis, Mercure, Fourmilière, Soleil, Curiosité, Expérience, Terre, Grain, Génie, Grenier, Société, Maison, Sagesse, Pinces, Travaux, Particules, Temps
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texteReconnaissance textuelle : Les Fourmis.
Les Fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
Fermer
Résumé : Les Fourmis.
L'auteur reçoit une lettre l'interrogeant sur ses observations concernant les fourmis. Il regrette de ne pas pouvoir fournir une description complète et précise, faute de temps et de bons microscopes. Il promet de partager davantage d'informations à l'avenir. L'auteur a observé les fourmis lors d'un séjour solitaire à la campagne, où il a été inspiré par leur activité pour surmonter son ennui. Il décrit leur habitat dans une caisse à fleurs abandonnée, où elles ont établi plusieurs fourmilières. Intrigué par leur comportement, il a décidé de les étudier plutôt que de cultiver des fleurs. Les fourmis travaillent sans relâche, même la nuit, et exposent leur blé au clair de lune pour éviter les oiseaux. L'auteur a protégé les fourmis en effrayant les pigeons et en les chassant. Les fourmis ont progressivement recommencé à exposer leur blé au soleil pendant la journée, montrant une adaptation prudente. L'auteur détaille l'organisation interne de la fourmilière, la gestion du blé, et les mesures prises pour éviter la germination et la détérioration des grains. Il justifie les choix des fourmis concernant l'utilisation de terre sèche plutôt que du sable ou des particules de brique. Les fourmis montrent une grande sagesse et prévoyance dans leurs actions, adaptant leurs comportements aux conditions météorologiques. Elles choisissent toujours les meilleurs grains et savent s'accommoder en cas de disette. L'auteur a caché des provisions dans une chambre pour observer le comportement des fourmis. Malgré leurs efforts, les fourmis n'ont pas découvert immédiatement les provisions, ce qui a permis à l'auteur d'observer leurs stratégies de recherche de nourriture. Les fourmis parcourent de longues distances pour trouver des grains, même s'ils n'étaient pas toujours de leur goût. Elles ne reviennent jamais sans quelque chose, même si ce n'était qu'un brin de terre sèche. Les fourmis transportent des grains lourds sur de longues distances et surmontent des obstacles, comme grimper sur des murs. Elles travaillent souvent en groupe pour aider celles qui sont en difficulté. L'auteur a observé une petite fourmi particulièrement déterminée à transporter un grain de blé gros, malgré plusieurs chutes. Les fourmis ont des stratégies pour se protéger de la pluie, comme utiliser un morceau d'ardoise pour couvrir leur fourmilière. L'auteur mentionne des observations faites par Mr. de la Loubere à Siam, où les fourmis s'établissent sur les arbres pour éviter les inondations. L'auteur a tenté d'établir une quatrième fourmilière en déplaçant des fourmis d'une autre fourmilière, mais sans succès. Les fourmis ont reconstruit leur ancienne fourmilière malgré les efforts de l'auteur pour les en empêcher. Les fourmis établissent des colonies et respectent des lois inviolables, comme ne jamais entrer dans une fourmilière étrangère. Elles sont très protectrices de leur territoire et punissent sévèrement toute intrusion. Les fourmis collaborent étroitement pour les travaux extérieurs, mais chaque fourmilière gère ses tâches intérieures de manière autonome. Elles n'exercent pas l'hospitalité mais sont très solidaires entre elles, aidant dans les travaux extérieurs et partageant les ressources. Les fourmis entretiennent un petit commerce entre elles, échangeant des grains et d'autres ressources. Elles n'ont pas d'ennemis majeurs, à l'exception des oiseaux et des petits vermisseaux, qu'elles parviennent à repousser ou à tuer. Leur discipline est sévère, et elles punissent celles qui manquent à leurs devoirs, parfois jusqu'à les tuer. Les fourmis vivent en communauté où tout est commun, contrairement aux abeilles ou à d'autres animaux. Elles travaillent toujours pour le bien de la société et non pour elles-mêmes. Leur industrie et leur soin leur permettent de réparer rapidement tout dommage subi. Le mercure est mentionné comme un poison mortel pour elles, mais l'auteur suggère avoir trouvé un moyen de les protéger contre ce poison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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49
p. 75-77
« Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Début :
Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...]
Mots clefs :
Histoire, Historiette, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Cette Réparation qui
doit commencerainteresser
le Lesseur, va prtl
duireunesuited'évenemenssinguliers&
interessants
,
dont on vous dOR
neraune partie dans le
moisprochain,&lereste
dans lemoissuivant
L*tmpojjîbiltté de mettre
dans un seul Mercure
une longue histoirefait icy
parnecessitéune interruption
f5 unesuspension de
curiositépareille à celles
gque'onoirnte-na-geeoxit-perxperéss
avec art dans nos plus
beaux Rorpans, & après
tout il n'y a pas si loin
d'un Mercure à l'autre,
qu'ily d/voitdul premier
Tome au douzièmedans,
les Romans de la Calprenelle
,dont on n'a.
voitquelquefois la fuite
quau bout de plusieurs
années. Il est, vray que
nos Lecteurssontplus impatiens
que ceux de ce
temps-la, & moinscurieux
d'avanturesserieuses
, maispourles dedommagerd'avoirattendu
la
suite de cette Histoire, on
y joindra, chaque mois
quelque petiteHistoriette
comique, quisera sélon
l'usage du Theatre, la
farce après la pieceserieuse.
doit commencerainteresser
le Lesseur, va prtl
duireunesuited'évenemenssinguliers&
interessants
,
dont on vous dOR
neraune partie dans le
moisprochain,&lereste
dans lemoissuivant
L*tmpojjîbiltté de mettre
dans un seul Mercure
une longue histoirefait icy
parnecessitéune interruption
f5 unesuspension de
curiositépareille à celles
gque'onoirnte-na-geeoxit-perxperéss
avec art dans nos plus
beaux Rorpans, & après
tout il n'y a pas si loin
d'un Mercure à l'autre,
qu'ily d/voitdul premier
Tome au douzièmedans,
les Romans de la Calprenelle
,dont on n'a.
voitquelquefois la fuite
quau bout de plusieurs
années. Il est, vray que
nos Lecteurssontplus impatiens
que ceux de ce
temps-la, & moinscurieux
d'avanturesserieuses
, maispourles dedommagerd'avoirattendu
la
suite de cette Histoire, on
y joindra, chaque mois
quelque petiteHistoriette
comique, quisera sélon
l'usage du Theatre, la
farce après la pieceserieuse.
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Résumé : « Cette separation qui doit commencer à interesser le Lecteur, va [...] »
Le texte annonce une série d'événements en deux parties, la première publiée le mois prochain, la seconde le mois suivant. Une histoire comique mensuelle sera ajoutée pour maintenir l'intérêt des lecteurs, impatients et préférant les aventures sérieuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 81-84
« Mr M. D. M. fonde ainsi sçavamment plusieurs plusieurs conjectures [...] »
Début :
Mr M. D. M. fonde ainsi sçavamment plusieurs plusieurs conjectures [...]
Mots clefs :
Article, Mercure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Mr M. D. M. fonde ainsi sçavamment plusieurs plusieurs conjectures [...] »
Mr M. D. M. fonde
ainsifçavammcnt plusieurs
conjectures tresvrai-
semblables, sur les
inscriptions de ces pierres
antiques) mais la
necessité d'abréger m'a
fait préferer les traits
historiques qui sont à la
portée de tout le monde,
à ces Explications, qui
perdent beaucoup de
leur mérité auprès de
ceux qui ne sont pas sçavants
dans l'antiquité.
Gerce mefine necessité
dabreger m'empesche
aussi de m'estendre autant
que je le voudrais
sur la Dissertation suivante,
dont j'aurois peutestre
deu parlerd'abord,
parce qu'elle a esté prononcée
a l'Académie,
mais elle n'esttombée
entre mesmains que la
derniere,&c d'ailleurs
ces deux sçavants Académiciens
ont une réputation
qui les met au
dessus de la ceremonie.
Il n'y a point de primauté
dans mon Mercure;
j'y place les pieces comme
elles me viennent;
&C non pas selon la diftination
du mérité ni des
personnes, & j'y placerois
sans scrupule le
mariage d'un Duc après
celuy d'un Bourgeois.
Le hasard,&les sujetions
décidentsouvent de l'ordre
d'un volume qui
s'imprimetousjours impromptu
; & où l'Autheur
ne peut avoir le
loisîr de faire sur un article
mille reflexions
3
comme celuy qui n'a
que cet article en teste,
parce qu'il ne prend in- teres1t qu'à cel1 uy-l1a\ .
ainsifçavammcnt plusieurs
conjectures tresvrai-
semblables, sur les
inscriptions de ces pierres
antiques) mais la
necessité d'abréger m'a
fait préferer les traits
historiques qui sont à la
portée de tout le monde,
à ces Explications, qui
perdent beaucoup de
leur mérité auprès de
ceux qui ne sont pas sçavants
dans l'antiquité.
Gerce mefine necessité
dabreger m'empesche
aussi de m'estendre autant
que je le voudrais
sur la Dissertation suivante,
dont j'aurois peutestre
deu parlerd'abord,
parce qu'elle a esté prononcée
a l'Académie,
mais elle n'esttombée
entre mesmains que la
derniere,&c d'ailleurs
ces deux sçavants Académiciens
ont une réputation
qui les met au
dessus de la ceremonie.
Il n'y a point de primauté
dans mon Mercure;
j'y place les pieces comme
elles me viennent;
&C non pas selon la diftination
du mérité ni des
personnes, & j'y placerois
sans scrupule le
mariage d'un Duc après
celuy d'un Bourgeois.
Le hasard,&les sujetions
décidentsouvent de l'ordre
d'un volume qui
s'imprimetousjours impromptu
; & où l'Autheur
ne peut avoir le
loisîr de faire sur un article
mille reflexions
3
comme celuy qui n'a
que cet article en teste,
parce qu'il ne prend in- teres1t qu'à cel1 uy-l1a\ .
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Résumé : « Mr M. D. M. fonde ainsi sçavamment plusieurs plusieurs conjectures [...] »
Le texte évoque la décision de Mr. M. D. M. de se concentrer sur des traits historiques accessibles à tous plutôt que sur des conjectures savantes concernant des inscriptions antiques, en raison de contraintes d'abréviation. Cette contrainte l'empêche également de développer une dissertation prononcée à l'Académie, qu'il aurait souhaité aborder en premier. Il souligne que deux savants académiciens, en raison de leur réputation, sont exemptés des formalités. Dans son Mercure, il publie les pièces au fur et à mesure de leur réception, sans égard à leur mérite ou à l'importance des personnes. L'ordre des articles est souvent déterminé par le hasard et les contraintes de publication, ne lui permettant pas de réfléchir longuement sur chaque sujet.
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