Résultats : 1508 texte(s)
Détail
Liste
201
p. 196-198
AVIS QU'ON ME DONNE.
Début :
Je vous donne avis, Monsieur, pour le débit de vostre [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Titre, Maximes
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texteReconnaissance textuelle : AVIS QU'ON ME DONNE.
AVIS
QU'ON ME DONNE.
te
vous donne avis,
J\donJieur> pour le débit
de vostre Livre que vous
deveZj en corriger le Titre,
& retrancher le mot
de Galanr. C'efl un mot
suranné qui ne donne que
de vieilles idees du tcmps
C'ejldutemps pre-
Jent que vojlre Journal
çloitfairel'Hiftopre. Ne
l'appeleZj>doncplus Mercure
Galant) car si vous
riy parJepoint de Galanteriervoftre
Titre fera,
faux. Si pour le Juftiftcr
vous nous donneZ des
Peintures gracieuses, &
des Maximes delicates
sur cette Galanterie qui
regnoit au temps de
la Princesse de Cltves.
Pour qui vou!ez,-vous
donc écrire ? de qui prétendez'S-
vous ejfre lû ?
Nosjeunes Cavaliers ne
voudrontpoint lire leur
condamnation dans vos
Maximes Galantes, &
un Livregalantfera aussi
mal reçu des Dames que
lefiroitMr de Nemours
luy-mêmesilavoitveilly
jufqua preflnt avecfin
Amour rejpeéfueuxJfis
fleurettes
, fisPoints de
Venifl & fis Reingrd,
ves.
QU'ON ME DONNE.
te
vous donne avis,
J\donJieur> pour le débit
de vostre Livre que vous
deveZj en corriger le Titre,
& retrancher le mot
de Galanr. C'efl un mot
suranné qui ne donne que
de vieilles idees du tcmps
C'ejldutemps pre-
Jent que vojlre Journal
çloitfairel'Hiftopre. Ne
l'appeleZj>doncplus Mercure
Galant) car si vous
riy parJepoint de Galanteriervoftre
Titre fera,
faux. Si pour le Juftiftcr
vous nous donneZ des
Peintures gracieuses, &
des Maximes delicates
sur cette Galanterie qui
regnoit au temps de
la Princesse de Cltves.
Pour qui vou!ez,-vous
donc écrire ? de qui prétendez'S-
vous ejfre lû ?
Nosjeunes Cavaliers ne
voudrontpoint lire leur
condamnation dans vos
Maximes Galantes, &
un Livregalantfera aussi
mal reçu des Dames que
lefiroitMr de Nemours
luy-mêmesilavoitveilly
jufqua preflnt avecfin
Amour rejpeéfueuxJfis
fleurettes
, fisPoints de
Venifl & fis Reingrd,
ves.
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Résumé : AVIS QU'ON ME DONNE.
L'auteur demande de modifier le titre du livre en supprimant le mot 'Galant', jugé désuet. Il estime que 'Mercure Galant' est trompeur. Le journal contient des descriptions élégantes et des maximes sur la galanterie de l'époque de la Princesse de Clèves. Il souligne l'importance de définir le public cible, car les jeunes cavaliers et les dames pourraient mal accueillir ce type de contenu.
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202
p. 198-204
Reflexion sur cet Avis. [titre d'après la table]
Début :
Avant qu'on m'eût donné cet Avis, j'avois [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Galanterie, Titre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reflexion sur cet Avis. [titre d'après la table]
Avant quonm'eût
donné cet Avis, j'avois
déja fait reflexion que
mon Titre m'engageroit
à parler quelquefois de
Galanterie. Je m'y fuis
engagé volontiers , &C
je m'engage même d'en
parler souvent ; mais
quand je n'en parlerois
point du tout, je ne laifserois
pas d'appeller mon
Livre le Mercure Galant,
comme on appelle
le Pont neuf un Pont
qui n'est pas plus neuf,
que les derniers Mercu
res estoient Galants.
1
-
Dansle temps que le
- mot de Galant estoiten
honneur
:J
je crois que
l'usage n'en faisoit que
desapplications honorables
, & pour faire en un
-
mot l'éloge de quelqu'-
un, on disoit,c'est unga*
lant homme.A cet égard,
l'usage n'a point changé,
&l'on dit encore en tresbonne
part,c'estun galant
homme;mais c'estun
homme galant ne se dit
plus gueres sans qu'on
n'y joigne certaineidée
de fadeur& de petitesse.
J'admirecomme tout
dégénéré:je nevoudrois
pas jurer que Femme
galante n'aitesté jadis
un titre honorable.
Quoy qu'en bonne&
severe Morale, la Galantcrie
soit un dereglement
par rapport à la vertu,
elle ne laisse pas de regler
le vice; c'est- à-dire de
contenir l'Amour dans
- les bornes du respect &
de la bien-séance.
A coût prendre, on
pourroit avancer que la
Galanterie reforme plus
devices qu'elle ne détruit
de vertus, & qu'-
ainsi elle est utile &presque
necessaire à lafocieté
civile. Mais supposons
qu'elle ne soit pas necessaire
à la societé, elle l'est
du moins à tous ceux
qui veulent écrire galemment.
Pour ecriregalammentil
êtregalant. Parcette Maxime
commune je vais
convaincre d'erreur ceux
qui soûtiennent qu'il n'y
a plus parmi nous ni galanterie
ni delicatesse.
Voici mon Argument. !
Trois Auteurs differents
m'ont envoyé une
Ode & deux Madrigaux
,
qui ne peuvent
avoir cite dictez que par
le Genie de la Galanterie,
Voila donc trois hommes
galants; cela suppose
au moins autant de
femmes du même goust
àquiils ont voulu plal.,
re } trois & troisfont six,
c'est toûjours quelque
chose. Qu'on ne me dise
donc point qu'il n'y a
plus d'A mants galants.
donné cet Avis, j'avois
déja fait reflexion que
mon Titre m'engageroit
à parler quelquefois de
Galanterie. Je m'y fuis
engagé volontiers , &C
je m'engage même d'en
parler souvent ; mais
quand je n'en parlerois
point du tout, je ne laifserois
pas d'appeller mon
Livre le Mercure Galant,
comme on appelle
le Pont neuf un Pont
qui n'est pas plus neuf,
que les derniers Mercu
res estoient Galants.
1
-
Dansle temps que le
- mot de Galant estoiten
honneur
:J
je crois que
l'usage n'en faisoit que
desapplications honorables
, & pour faire en un
-
mot l'éloge de quelqu'-
un, on disoit,c'est unga*
lant homme.A cet égard,
l'usage n'a point changé,
&l'on dit encore en tresbonne
part,c'estun galant
homme;mais c'estun
homme galant ne se dit
plus gueres sans qu'on
n'y joigne certaineidée
de fadeur& de petitesse.
J'admirecomme tout
dégénéré:je nevoudrois
pas jurer que Femme
galante n'aitesté jadis
un titre honorable.
Quoy qu'en bonne&
severe Morale, la Galantcrie
soit un dereglement
par rapport à la vertu,
elle ne laisse pas de regler
le vice; c'est- à-dire de
contenir l'Amour dans
- les bornes du respect &
de la bien-séance.
A coût prendre, on
pourroit avancer que la
Galanterie reforme plus
devices qu'elle ne détruit
de vertus, & qu'-
ainsi elle est utile &presque
necessaire à lafocieté
civile. Mais supposons
qu'elle ne soit pas necessaire
à la societé, elle l'est
du moins à tous ceux
qui veulent écrire galemment.
Pour ecriregalammentil
êtregalant. Parcette Maxime
commune je vais
convaincre d'erreur ceux
qui soûtiennent qu'il n'y
a plus parmi nous ni galanterie
ni delicatesse.
Voici mon Argument. !
Trois Auteurs differents
m'ont envoyé une
Ode & deux Madrigaux
,
qui ne peuvent
avoir cite dictez que par
le Genie de la Galanterie,
Voila donc trois hommes
galants; cela suppose
au moins autant de
femmes du même goust
àquiils ont voulu plal.,
re } trois & troisfont six,
c'est toûjours quelque
chose. Qu'on ne me dise
donc point qu'il n'y a
plus d'A mants galants.
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Résumé : Reflexion sur cet Avis. [titre d'après la table]
Le texte aborde la notion de galanterie et son importance dans la société. L'auteur est amené à discuter de ce sujet en raison du titre de son livre, 'Le Mercure Galant'. Autrefois, le terme 'galant' était honorable et utilisé pour complimenter quelqu'un. Cependant, 'homme galant' peut désormais évoquer de la fadeur et de la petitesse. La galanterie, bien que moralement discutable, régule le vice en encadrant l'amour dans les limites du respect et de la bienséance. Elle est perçue comme utile et nécessaire à la société civile. L'auteur souligne que la galanterie est essentielle pour ceux qui souhaitent écrire de manière élégante. Il réfute l'idée que la galanterie et la délicatesse aient disparu, en se basant sur des œuvres littéraires récentes qui témoignent de la présence de personnes galantes.
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203
p. 205-208
LE NOUVEL ANACREON. ODE. Par Monsieur de la M...
Début :
Je cüeille mes tendres fleurettes [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE NOUVEL ANACREON. ODE. Par Monsieur de la M...
LE NOUVEL
A N A CR EO N,
ODE.
Par Monsieur de laM.
1e cueille mes tendres
fleurettes
Sansaller auJacre Val-
Ion,
Le Dieu d'Amour ases
Poëtes
Qui valent bien ceux
d'Apollon,
Je chante tout ce qu'il
minfj)ire
Et luy-méme accorde"
mon chant
Les plus tendresJOns de
ma Lyre,
rMon plus grand Maître
est mon penchant.
Des Vers façonner au
ParnaJJe
Souvent la plus grand
beauté
Ccnjerve a'autant moins
degrâce
Qujonftnttoutce quelle
acoûte.
Rarementla libre nature
S'accordeauxcontraintes
de l'art
Etjamais elle n'estplus
nfA' , 1
pure
Quou le travat'zl a moins
de part.
May qui luy
veux eflrs
jidellJ
jefuis unfliinnttrroopccoonn-.
certé
Et mes Vers aussi libres
quelle
N'ontdeprix que leur
liherté.
Oüy
,
voila dans cette
maxime
Tousmespnrinicsipyes rreéuu--
Toutce quejefensjel'exprime,
Nesens-je plus rien, je
,finis.
A N A CR EO N,
ODE.
Par Monsieur de laM.
1e cueille mes tendres
fleurettes
Sansaller auJacre Val-
Ion,
Le Dieu d'Amour ases
Poëtes
Qui valent bien ceux
d'Apollon,
Je chante tout ce qu'il
minfj)ire
Et luy-méme accorde"
mon chant
Les plus tendresJOns de
ma Lyre,
rMon plus grand Maître
est mon penchant.
Des Vers façonner au
ParnaJJe
Souvent la plus grand
beauté
Ccnjerve a'autant moins
degrâce
Qujonftnttoutce quelle
acoûte.
Rarementla libre nature
S'accordeauxcontraintes
de l'art
Etjamais elle n'estplus
nfA' , 1
pure
Quou le travat'zl a moins
de part.
May qui luy
veux eflrs
jidellJ
jefuis unfliinnttrroopccoonn-.
certé
Et mes Vers aussi libres
quelle
N'ontdeprix que leur
liherté.
Oüy
,
voila dans cette
maxime
Tousmespnrinicsipyes rreéuu--
Toutce quejefensjel'exprime,
Nesens-je plus rien, je
,finis.
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Résumé : LE NOUVEL ANACREON. ODE. Par Monsieur de la M...
Dans 'Le Nouvel Anacreon', Monsieur de la M. exprime son désir d'écrire des poèmes inspirés par la nature et ses sentiments. Il valorise la liberté et la spontanéité en poésie, rejetant les contraintes de l'art poétique. Pour lui, la beauté des vers réside dans leur liberté et non dans des efforts artificiels. Il cesse d'écrire s'il ne ressent plus rien.
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204
p. 209-212
« Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Début :
Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...]
Mots clefs :
Mercure, Amour, Campagne, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Si tous les Poëtes qui
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
ne sentent plus rien cessent
d'écrire, je prie instamment
leurs Philis de
ne les rendre jamais heureux,
car s'ils estoient
contents ilscesseroient
d'estre tendres & sensibles,
& si leur bonheur
ne les réduisoit pas toutà-
fait au silence
:J
il rendroit
au moins leur productions
froides & languissantes
; cela feroit
tort à mon Mercure.
J'ay beau m'écarter à
droite & à gauche par
des Digressions,j'en reviens
toujours à mon
Mercure.
Tout ce premierVolumecyn'est
qu'une espece
de Rondeau dont
la chûte tombe toûjours
sur mon Mercure.
J'avouë que monMercure
me tient au coeur,
& je voudrois que la
Cour, la Ville, la Campagne
,que tout le monde
enfin concourût a
l'enrichir.
Que ne sommes-nous
encore au temps de l'Astrée
, où rAlllour de
Campagne fournissoit
des Eglogues, Se l'Amour
de Ville des Elegies
passionnées.
Je ne sçay si l'Amour
de Cour a jamais produit
des Poësies véritablementtendres
; maisilest
si opposé à la franchise
de l'Amour champêtre,
que ce contraste peut
fournir au moins des Satyres
fines & des Madrigaux.
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Résumé : « Si tous les Poëtes qui ne sentent plus rien cessent [...] »
Le texte aborde la sensibilité des poètes et l'impact du bonheur sur leur écriture. L'auteur souhaite que les poètes, s'ils cessent de ressentir des émotions, ne soient jamais rendus heureux, car cela pourrait rendre leurs œuvres froides et languissantes, nuisant ainsi à la qualité de son périodique, le 'Mercure'. Il souligne l'importance et son attachement personnel à ce périodique. L'auteur compare également les différentes sources d'inspiration poétique, regrettant l'absence de poésies tendres inspirées par l'amour de cour, et envisageant plutôt des satires et des madrigaux basés sur le contraste entre l'amour champêtre et l'amour de cour. Il exprime le désir que la cour, la ville et la campagne contribuent à enrichir le 'Mercure'.
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205
p. 236-240
« Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Début :
Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...]
Mots clefs :
Énigme, Savants, Deviner, Rêver, Savoir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Je n'ay plus rien à
vous donner.Mon porte-
feuilleestvuide, &
ma disette est 11 grande
dans ces commencements-
cy ,que je n ay
pas seulement reçu une
Enigme. C'est l'essentiel
pourtant ; c est une V
piece fondamentale.
Depuis trente ans l'E.
nigmeest le sel atique
du MercureGalant, &
le genre Enigmatique
tient lieude sublimeà
bien des gens.
Les vrais sçàvants
aiment à sçavoir : les
demi-scavants aiment
à deviner,& se croyent
plus savants parce
qu'ils devinent., que
les autres ne le font
parce qu'ils sçavent.
Ils n'ont pas tant do
tort qu'on croit. Il y a
tant de sciences,(sans
compter la Medecine, )
où sçavoir& deviner,
c'est à peu prés la mesme
chose!
Revenons à l'Enigme
: comment pourrois-
jem'en passericy ?
J'ay oiii dire à une Provincialle
excessivement
spirituelle,qu'un
Mercure jans brngme
cessoitunÀlmanachsans
pridiffionssunPlaidoyer
Jans citations latines, &
une conversation sans équrvoques.
J'ay cru l'Enigme si
necessaire
, que n'en
ayant point reçu de
Province,j'ay tasché
à en faire une moymesme.
C'est la premiere
de ma vie: elle n'en
fera pas meilleure. Je
ne me sens pas grand
talent pour ces fortes
de productions obscures.
Je n'aime ni à resver
beaucoup ni à faire
trop resver les autres;
voicy mon Enigme tel
qu'elle est.
vous donner.Mon porte-
feuilleestvuide, &
ma disette est 11 grande
dans ces commencements-
cy ,que je n ay
pas seulement reçu une
Enigme. C'est l'essentiel
pourtant ; c est une V
piece fondamentale.
Depuis trente ans l'E.
nigmeest le sel atique
du MercureGalant, &
le genre Enigmatique
tient lieude sublimeà
bien des gens.
Les vrais sçàvants
aiment à sçavoir : les
demi-scavants aiment
à deviner,& se croyent
plus savants parce
qu'ils devinent., que
les autres ne le font
parce qu'ils sçavent.
Ils n'ont pas tant do
tort qu'on croit. Il y a
tant de sciences,(sans
compter la Medecine, )
où sçavoir& deviner,
c'est à peu prés la mesme
chose!
Revenons à l'Enigme
: comment pourrois-
jem'en passericy ?
J'ay oiii dire à une Provincialle
excessivement
spirituelle,qu'un
Mercure jans brngme
cessoitunÀlmanachsans
pridiffionssunPlaidoyer
Jans citations latines, &
une conversation sans équrvoques.
J'ay cru l'Enigme si
necessaire
, que n'en
ayant point reçu de
Province,j'ay tasché
à en faire une moymesme.
C'est la premiere
de ma vie: elle n'en
fera pas meilleure. Je
ne me sens pas grand
talent pour ces fortes
de productions obscures.
Je n'aime ni à resver
beaucoup ni à faire
trop resver les autres;
voicy mon Enigme tel
qu'elle est.
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Résumé : « Je n'ay plus rien à vous donner. Mon porte-feüille [...] »
Le texte évoque la difficulté de l'auteur à fournir une énigme en raison de ses ressources limitées. Les énigmes sont présentées comme un élément essentiel du Mercure Galant depuis trente ans, appréciées par ceux qui aiment deviner. L'auteur distingue les vrais savants, qui aiment savoir, des demi-savants, qui préfèrent deviner et se croient plus savants. Il reconnaît que dans certaines sciences, savoir et deviner sont presque équivalents. Une provinciale spirituelle a décrit le Mercure Galant comme un almanach sans prédictions, un plaidoyer sans citations latines, et une conversation sans équivoques. Ne recevant pas d'énigme de province, l'auteur a tenté d'en créer une lui-même, bien qu'il ne se considère pas doué pour ce type de production. Il présente finalement son énigme sans prétention, avouant ne pas aimer trop rêver ni faire rêver les autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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206
p. 245-246
« Je ne sçay si l'Enigme est bonne ou mauvaise. [...] »
Début :
Je ne sçay si l'Enigme est bonne ou mauvaise. [...]
Mots clefs :
Énigme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je ne sçay si l'Enigme est bonne ou mauvaise. [...] »
.- nefsay si l'Enigmeest
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
Fermer
207
p. 246-248
Compliment au Public. [titre d'après la table]
Début :
En finissant seroit-il bon de complimenter le public ? Non. [...]
Mots clefs :
Public, Inventer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Compliment au Public. [titre d'après la table]
.- nefsay si l'Enigmeest
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
Enfinissantseroit-il
bon de complimenter
le public ?Non. S'ilest
mecon.tent,t11qn complimentferamal
reçu,
& supposé que lePublic
fustcontent lecompliment
feroit de trop.
Je prie feulement le
Public de m'envoyer
force bons Mctnoires.J
afin qu'estantbien instruit
par luy je puisse
le bien instruire de ce
quise passe chez luy.
S'il me donne peu de
chose
,
je luy donneray
peu de chose 3 qu'il ne
s'en prenne qu'à luy
seul.
A l'égard de ce que
je puis donner de mon
fond, je feray tantost
liberal, tantost avare, tantost paresseus, tantost
laborieux, tantost
vif, tantost languif-
-
fant. En un mot, je
feray rantost bien, tantost
mal: on n'est pas
toûjours lemesme,&
les Critiquesfsont toûjours
eux-mesmes ;
voilà lemalheur.
bonne ou
mauvaise.Quoyqu'il
en soit, inventer au besoin
une mauvaise Enigme
est une faute
plus pardonnable,que
d'inventer de fausses
nouvelles quand on
n'en a plus de veritablesàdebiter.
Plustost
que de tomber dansce
dernier inconvénient
y
je vais finir mon premier
Mercure.
Enfinissantseroit-il
bon de complimenter
le public ?Non. S'ilest
mecon.tent,t11qn complimentferamal
reçu,
& supposé que lePublic
fustcontent lecompliment
feroit de trop.
Je prie feulement le
Public de m'envoyer
force bons Mctnoires.J
afin qu'estantbien instruit
par luy je puisse
le bien instruire de ce
quise passe chez luy.
S'il me donne peu de
chose
,
je luy donneray
peu de chose 3 qu'il ne
s'en prenne qu'à luy
seul.
A l'égard de ce que
je puis donner de mon
fond, je feray tantost
liberal, tantost avare, tantost paresseus, tantost
laborieux, tantost
vif, tantost languif-
-
fant. En un mot, je
feray rantost bien, tantost
mal: on n'est pas
toûjours lemesme,&
les Critiquesfsont toûjours
eux-mesmes ;
voilà lemalheur.
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Résumé : Compliment au Public. [titre d'après la table]
Le texte traite de la création de contenus, notamment des 'Enigmes' et des nouvelles. L'auteur estime que publier de fausses nouvelles est plus grave que de proposer une mauvaise énigme en l'absence d'informations véridiques. Il annonce la fin de son premier 'Mercure', une publication périodique, et refuse de complimenter le public, qu'il soit mécontent ou satisfait. L'auteur invite le public à lui envoyer des mémoires pour améliorer la qualité de ses informations et, par conséquent, de son contenu. La qualité de ses contributions dépendra donc de la quantité et de la qualité des informations reçues. L'auteur adopte une attitude fluctuante dans ses propres contributions, oscillant entre générosité et avarice, paresse et zèle, vivacité et langueur. Il conclut en soulignant que les critiques sont constantes, ce qu'il perçoit comme un malheur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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208
p. 248-251
Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
Début :
A propos, avant que de commencer, j'estois en peine [...]
Mots clefs :
Public, Dédier, Dame
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
A propos,avant que
de commencer, j'estois
en peine à qui je pourrois
dédiermon Livre.
Je fuis encore dans le
mesme embarras; pensons-
yserieusement.
Dédier des Bagatelles
aux Rois & aux
Princes, il me paroist
que c'est manquer de
respect: le dédier à des
particuliers qui ne
vous en auront nulle
obligation, c'est manquerde
bon sens; ne le
dédier à personne
)
c'est
manquer aux formalitez.
Que faire donc ?
Offriray-je le fruit de
mes veilles à quelque
Dame imaginaire come
Don Quichotte offroit
le fruit de ses Exploits
à sa Dulcinée?
M'adresseray-je à quelque
Dame d'un rare merite,
d'un clfnit distingué,
fj5 quisoitextrêmement
de mesAmies?Non.
Je dédie mon Livre au
Public; le Public a de
l'esprit; le Public a du
mérité, & je souhaite
qu'ilsoitde mes Amis.
de commencer, j'estois
en peine à qui je pourrois
dédiermon Livre.
Je fuis encore dans le
mesme embarras; pensons-
yserieusement.
Dédier des Bagatelles
aux Rois & aux
Princes, il me paroist
que c'est manquer de
respect: le dédier à des
particuliers qui ne
vous en auront nulle
obligation, c'est manquerde
bon sens; ne le
dédier à personne
)
c'est
manquer aux formalitez.
Que faire donc ?
Offriray-je le fruit de
mes veilles à quelque
Dame imaginaire come
Don Quichotte offroit
le fruit de ses Exploits
à sa Dulcinée?
M'adresseray-je à quelque
Dame d'un rare merite,
d'un clfnit distingué,
fj5 quisoitextrêmement
de mesAmies?Non.
Je dédie mon Livre au
Public; le Public a de
l'esprit; le Public a du
mérité, & je souhaite
qu'ilsoitde mes Amis.
Fermer
Résumé : Dedicace du Mercure. [titre d'après la table]
L'auteur hésite sur la dédicace de son livre. Il écarte les rois, les princes et les particuliers. Il envisage une dame imaginaire ou une amie, mais choisit finalement de le dédier au public, estimant qu'il a de l'esprit et du mérite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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209
p. 253-260
ERRATA.
Début :
La premiere faute que j'ay faite, c'est de me [...]
Mots clefs :
Errata, Livre, Mois, Promesse, Fautes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ERRATA.
Avant que de finir
tout-à-fait) je joins
mon Errata au Corps
duLivre. Ceux quien
font trop separez font
rarement lûs
, & j'ay
envie qu'on lise le
mien; je veux tout
mettre à profit.
Quand je n'auray
point de Matière, je
m'estendray sur les Errata,
sur les Avis au
Lecteur,surlaTable;
que sçay-je moy ,
juc.
qu'au Privilege, Se à
l'Approbation du Livre.
Je commenteray
tout, & pour allonger,
je commenteray
mesme jusqu'à mes
Commentaires.
E RRATA.
La premiere faute
que j'ay faite,c'est de
me trop presser de faire
imprimer 3 mais tout
le monde part pour les
vacances. On me pref
se
, on s'impatiente:
on est affamé de Mercures;
on en manque
depuis trois mois; Enfin
en voila un dont on
m'arrache les dernieres
feuilles avant qu'elles
soient corrigées. On ne
me donne pas seulement
le loisir de faire
un Errata regulier pour
y marquer les fautes en
détail) mais j'avertis en
général qu'on trouvera
des mots impropres
dans ma Prose,de mauvassesrimes
dans mes ,Y ers, & desnegligences
de stile qui paroî
r ont infuportables
auxGrammairiens puristes.
Outre les fautes
d'impression j'y reconnois
quantité de fautes,
d'agrément; & si j'ay
manqué a vous plaire
dans tous le cours de
ce volume-cy
)
je vous
en fais excuse par forme
d'Errata,vous promettant
de me corriger
dans le Volume
suivant. Si je manque
à cette promesse, j'en
demanderayexcuseencore
dans l'Errata du
fecond
, avec promesse
de le mieux faire dans
le troisiéme.Ainsid'Errata
en Errata, de prometteen
promesse,&de
mois en iilois,je souhaite
pouvoirvousamuser
pendant quarante ans.
•
J'oubliois une faute
qui sautera aux yeux
de ceux qui critiquent
le nombre des pages
dans un Livre, SC le
nombredeslignes dans
une page. Sans doute
les Caracteres de l'impression
leur paroîtront
d'une grosseur enorme.
Je leur repondray que
plusieurs personnes ont
la vue basse, j'ay fait
attention a leur commodité
; mais encore
plus a la mienne a
moy, car pouvoiraisément
remplir un Livre
avec peu d'ouvrage
c'est une commodité
essentielle a un parefseux;
j'entens les Epiloqueurs.
C'est une
honted'abreger malicieusement
un Livre
par de gros Caracteres,
par des Alinéa, par de
grands titres, par des
pages vuides. Vousoubliez
encore une manière
d'abreger. C'est
que jerendray monLivre
le moins ennuyeux
que je pouray;mais je
souhaitte que le temps
vous ennuye d'icy a la
Toussaints, car vous
n'aurez qu'au mois de
Novembre mon fécond
Mercure,je prens
mes vacances afin de
me mettre en état de
pouvoirensuite fou1*nir
ma Cariere tous les
mois exactement.
FIN.
AParisle i. Septembre
1710.
tout-à-fait) je joins
mon Errata au Corps
duLivre. Ceux quien
font trop separez font
rarement lûs
, & j'ay
envie qu'on lise le
mien; je veux tout
mettre à profit.
Quand je n'auray
point de Matière, je
m'estendray sur les Errata,
sur les Avis au
Lecteur,surlaTable;
que sçay-je moy ,
juc.
qu'au Privilege, Se à
l'Approbation du Livre.
Je commenteray
tout, & pour allonger,
je commenteray
mesme jusqu'à mes
Commentaires.
E RRATA.
La premiere faute
que j'ay faite,c'est de
me trop presser de faire
imprimer 3 mais tout
le monde part pour les
vacances. On me pref
se
, on s'impatiente:
on est affamé de Mercures;
on en manque
depuis trois mois; Enfin
en voila un dont on
m'arrache les dernieres
feuilles avant qu'elles
soient corrigées. On ne
me donne pas seulement
le loisir de faire
un Errata regulier pour
y marquer les fautes en
détail) mais j'avertis en
général qu'on trouvera
des mots impropres
dans ma Prose,de mauvassesrimes
dans mes ,Y ers, & desnegligences
de stile qui paroî
r ont infuportables
auxGrammairiens puristes.
Outre les fautes
d'impression j'y reconnois
quantité de fautes,
d'agrément; & si j'ay
manqué a vous plaire
dans tous le cours de
ce volume-cy
)
je vous
en fais excuse par forme
d'Errata,vous promettant
de me corriger
dans le Volume
suivant. Si je manque
à cette promesse, j'en
demanderayexcuseencore
dans l'Errata du
fecond
, avec promesse
de le mieux faire dans
le troisiéme.Ainsid'Errata
en Errata, de prometteen
promesse,&de
mois en iilois,je souhaite
pouvoirvousamuser
pendant quarante ans.
•
J'oubliois une faute
qui sautera aux yeux
de ceux qui critiquent
le nombre des pages
dans un Livre, SC le
nombredeslignes dans
une page. Sans doute
les Caracteres de l'impression
leur paroîtront
d'une grosseur enorme.
Je leur repondray que
plusieurs personnes ont
la vue basse, j'ay fait
attention a leur commodité
; mais encore
plus a la mienne a
moy, car pouvoiraisément
remplir un Livre
avec peu d'ouvrage
c'est une commodité
essentielle a un parefseux;
j'entens les Epiloqueurs.
C'est une
honted'abreger malicieusement
un Livre
par de gros Caracteres,
par des Alinéa, par de
grands titres, par des
pages vuides. Vousoubliez
encore une manière
d'abreger. C'est
que jerendray monLivre
le moins ennuyeux
que je pouray;mais je
souhaitte que le temps
vous ennuye d'icy a la
Toussaints, car vous
n'aurez qu'au mois de
Novembre mon fécond
Mercure,je prens
mes vacances afin de
me mettre en état de
pouvoirensuite fou1*nir
ma Cariere tous les
mois exactement.
FIN.
AParisle i. Septembre
1710.
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Résumé : ERRATA.
L'auteur publie un errata pour s'excuser des erreurs et des fautes présentes dans son ouvrage. Il attribue ces erreurs à la hâte de publication, mentionnant des mots impropres, des mauvaises rimes et des négligences de style. Il reconnaît également des fautes d'agrément et promet des améliorations pour les volumes suivants. L'auteur justifie le choix de la taille des caractères pour accommoder les lecteurs ayant une vue basse et faciliter son travail. Il s'engage à rendre son livre moins ennuyeux et annonce des vacances avant la publication du prochain volume en novembre. Le texte est daté du 1er septembre 1710 à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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210
p. 3-12
Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y a gueres de mot plus équivoque que le [...]
Mots clefs :
Mercure, Premier volume, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
MERCURE
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
GALANT.
L•nI-'jyj
a gueres de mot
plus équivoque que le
mot de Reussir, les Auteurs
l'expliquent d'une
façon ,; le Public d'une
autre. Je ne diray donc
point que mon premier
volume aitreüssi, je Ch-*
ray seulement qu'ilaesté
promptement debité ,
beaucoup lû, bien reçu
ôç bien critiqué.
J'ay reçu avec docilité
plusieursavis sur la forme
qu'on souhaiteroit à
un Journal, & dans ces
differensavis on m'en
donne des idées aussi différentes
que celles du
Dieu Mercure lefont
dans laFable. Il faudroit
que mon Mercure fûtun
Prothée; non pour 'Cchgper
aux prises de la critique
cela ne se peut ;
mais pour prendre entre
les mains de chaque Lecteurune
forme convenable
à l'idée qu'il s'en est
faite.
1-
S'il s'agissoit icy d'un
Poëme dont les regles
autorisées ne peuvent
plus estre arbitraires, on
pouroit me juger, &C je
pourois me deffendre en
citant Aristore; mais
Aristote n'a point donné
de Regles pour le Mercure
Galant, & comme
il n'y a point là dessusde
Reglesgeneralement reçues,
chacun en fait à sa
fantaisie,& chacun croit
que le Mercure doit estre
tfel qûu'il votudr.oit qu'il Sion ne suivoit lesconseils
de personne, on écriroit
fort mal; mais en
suivant les conseils de
tout le monde, onseroit
réduit à n'écrire point du
tout. C'est la Fable de
l'Asne, oùle Meusnier
& son fils suivent les avis
de tous les passans. Le
pere le doit céder au fils;
Je fils doit le céder au pe- f
re ; tous deux dessus
,
c'est le surcharger. Il ne
1
faut point aller à pied
quand on aunAsne, ni
monter dessus de peur de
le fatiguer; le porter
sur ses épaules, c'est
une folie; je concluërois
de là qu'il ne faut 4
point avoir d'Asne,
J'ay consulté le Public
dans mon premier Volume,
&je prositeray dans
le second des avis que.je
me fuis attirez en les demandantsincerement.
Je
profiteray mêmedequelques-
uns où j'ayentrevû
un peu de malignité. Par
exemple, j'abregeray cette
espece de Preface pour
contenter celuy dont la
Lettre anonime contient
sept ou huit pages à peu
prés dans ce stile.
Vousnousfatiguez^fa?
-
vosdigressionsfréquentes;
vous n'y parlez, que de
vostre Livre & de vous, C.
Il s'est trop pressé de
blâmer un stiledePreface
dans un premier Volume
que j'aydéclaré
moy-même, n'estre que
la Preface des autres; il
devoir attendre : je serois
peut estre tombé une seconde
fois dans le même
deffaut, & il auroit eü
le plaisir. de le condamner
avec raison : de peur
d'avoir tort moy, je vais
finir cette digression,&
je ne parleray plus de
mon Livre, ni de moy.,*
que quand j'en auray
bien envie.
On m'adonné un autre
conseil; mais celuylà
est un conseil d'amy;
je le fuivray avec plaisir,
c'est d'imiter autant que
je pouray l'ancien Mercure
; c'est- à - dire l'ancien
tres - ancien
:J
du
temps d'Henry IV. qui
avoit pour titre Mercure
François, l'on y trouvoit
toutes fortes d'A ctes
publics
,
des Arrests,
des Edits,des Plaidoyers;
en un mot les Extraits
des pièces les plus authentiques.
Ce Mercure
qui estoit peu estimé
il y à cent ans , a neanmoins
fourny des memoires
aux meilleurs Hiltoriensdenostre
siécle,
je l'imiteray pour estre
utile aux Historiens qui
écrirontdansles siécles
suivants.
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Résumé : Preface, Conte de l'Asne. [titre d'après la table]
Le texte 'Mercure Galant' traite de la réception du premier volume d'un journal. L'auteur, sans utiliser le terme 'réussi', souligne que son ouvrage a été rapidement vendu, beaucoup lu et bien accueilli. Il a reçu divers avis sur la forme que devrait prendre un journal, comparables aux transformations du dieu Mercure. L'auteur reconnaît l'absence de règles établies pour un journal comme le Mercure Galant, permettant à chacun de formuler des conseils variés. Il décide de consulter le public et de profiter des avis reçus, même ceux contenant une certaine malignité. L'auteur mentionne une lettre anonyme critiquant le style de la préface, qu'il décide d'abréger pour satisfaire ce lecteur. Il reçoit également un conseil d'ami de s'inspirer de l'ancien Mercure François, publié sous Henri IV, qui contenait des actes publics, des arrêts, des édits et des plaidoyers. Bien que peu estimé à l'époque, ce journal a fourni des mémoires aux historiens. L'auteur envisage d'imiter ce modèle pour être utile aux historiens futurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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211
p. 57-66
CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
Début :
Je conseille à l'Auteur de se défaire au plutost d'un [...]
Mots clefs :
Critiques, Sérieux, Style, Plaire, Plaisanterie, Réjouir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
CONSEIL
Qu'on me donne dans
une des Lettre Critiques
qui ont couru
sur mon Mercure.
Je conseille ÀPAutsurde
se défaire auplutost d'un
certain air de gayeté &
de plaisanterie dont son
stile est injecre,Il a réjouy
d'abord;maisacoupseur
il déplaira dans la suite:
le Publicse lasse bien-tost
deplaisanterie, &c. 4
Cette critique est tressensée
, car on se lassede
tout.Ainsi dés que je m'apercevray
qu'on se lasse
ra de mon stile, j'en changeray
promptement ; &
au lieu que je ne suis sericux
que dans les endroits
où il le faut estre,
je le seray par tout; je
prendray un stilesi serieusement
uniforme qu'il
m'ennuyra moy-même,
& j'en seray bien fâché.
Plût auCiel que je fusse
toujours en humeur de
me réjouïr , car il faut être
réjouy le premier pour
pouvoir réjouïr les autres.
Ouy,je fouhaiterois pouvoir
joindre à mon stile
celuy des Lettres Provinciales,
de Rablais, de Moliere.
En un mot je souhaite
de réjoüir tout le
monde,excepté ceux qui
font malignement chagrins
de voir que lesautres
se réjoüissent..
Lapluspart de ces critiques
atrabilaires ne ju.
gent de lasolidité d'un
ouvragequepar le degrq
de serieux qu'ils y trouvent,
désqu'une maxime
solide est plaisament
travestie
,
ils la méconnoissent,
mais qu'unemaxime
petite ou fausse se
presente pour ainsi dire
en habitserieux,ils la respectent.
Tout serieux
leur paroistgrand; tout
badinage leur paroist petit
: ils n'y sçavent autre
chose.Cen'est point à ces
Messieurs là que je veux
plaire
, un Livretelqu'ils
le veulent ne plairoitqu'a
eux seuls,,&jeveux plaire
à la meilleure partie,
ne pouvant plaire à tout
le monde.
Ces Critiques austeres
veulent être plus fages
que la Nature qui atache
presque toujours un goût
agreable aux nourritures
les plus solides
qu'elles produit pour les
hommes. Je veux nourrir
les esprits le plus agreablementque
jepourray.
Le serieux instruit,
j'en conviens; mais le
badinage peut instruire
réjouir: je le prefere,
& je ne prétens pas
mesme m'abstenirabsolument
de cette espece
de plaisanterie qui ne fait
queréjouïr sans instruire;
n'est-ce donc rien
que de réjouir-
Ceux qui tâchent de
suspendre par leurgayété.
les ennuis &les chagrins
dont l'esprit humain est
accablé
.> ne sont
-
ils pas
plus utiles à la societé
que ces Pleureurs de prosession
qui vous entretiennent
dans latristesse,
en vous representant vos
maux encore plus grands
qu'ils ne sont?
Examinons sérieusement
combien il est utile
de répandre la joye dans
le Public; voyez ce qu'en
'm
adit là- dessus feu Mrde
Pelisson
,
l'un des plus
beaux esprits de nostre
siecle.
Les plus grands Législateurs
en fondant des Républiques,
onteu pour but general que
les Citoyenspussent 'vivre
ensemblevertueusement, paisiblement,
c- agreablement.
Ces trois choses font donc
necessaires
, & tout ce qui
contribuë à la derniere sans
nuire aux deux autres ,
bien
loin de s'écarter de l'utilitépublique,
yvaquelquefoisparle
chemin le plusdroite&leplus
court. Par Qtemple les écrits
d'un célébréJurisconsultesont
utiles, qui le peut nier? Ils
instruisentl'Avocat pour bien
deffendre sa cause ; l'Avocat
bien instruit fait que le Juge
prononce justement; LeJuge en
rendantjustice met lesJCitoyent
en repos. Mais on voit fouirent
que les différentes mains
de tant de diversArtisans détournent
l'Art de son intention
naturelle
, & il en aryvt
comme de ces Machines belles
&bien inventéesenapparence,
qui pour estre composées de frofi
depieces, dontquelqu'unevient
toûjoursàmanquer, s'arrêtent à
toute heure,&renversent quelquefois
ce qu'elles devoientporterAu
contraire ces autres écrits
qu'on traite communement de
Bagatelles, quand ils ne serviroientpas
à reglerlesmoeurs,
ou àéclairer l'esprit, comme ils
le peuvent , comme ils le doivent,
comme ilsfontd'ordinaire
directement ou indirectement;
pour le moinssans avoir besoin
qued'euxmêmes, ils plaisent,
ils divertissent, ilssement&ils
répandentpar tout lajoye, qui
est aprés la vertu leplusgrand
de tous les tiens,
Qu'on me donne dans
une des Lettre Critiques
qui ont couru
sur mon Mercure.
Je conseille ÀPAutsurde
se défaire auplutost d'un
certain air de gayeté &
de plaisanterie dont son
stile est injecre,Il a réjouy
d'abord;maisacoupseur
il déplaira dans la suite:
le Publicse lasse bien-tost
deplaisanterie, &c. 4
Cette critique est tressensée
, car on se lassede
tout.Ainsi dés que je m'apercevray
qu'on se lasse
ra de mon stile, j'en changeray
promptement ; &
au lieu que je ne suis sericux
que dans les endroits
où il le faut estre,
je le seray par tout; je
prendray un stilesi serieusement
uniforme qu'il
m'ennuyra moy-même,
& j'en seray bien fâché.
Plût auCiel que je fusse
toujours en humeur de
me réjouïr , car il faut être
réjouy le premier pour
pouvoir réjouïr les autres.
Ouy,je fouhaiterois pouvoir
joindre à mon stile
celuy des Lettres Provinciales,
de Rablais, de Moliere.
En un mot je souhaite
de réjoüir tout le
monde,excepté ceux qui
font malignement chagrins
de voir que lesautres
se réjoüissent..
Lapluspart de ces critiques
atrabilaires ne ju.
gent de lasolidité d'un
ouvragequepar le degrq
de serieux qu'ils y trouvent,
désqu'une maxime
solide est plaisament
travestie
,
ils la méconnoissent,
mais qu'unemaxime
petite ou fausse se
presente pour ainsi dire
en habitserieux,ils la respectent.
Tout serieux
leur paroistgrand; tout
badinage leur paroist petit
: ils n'y sçavent autre
chose.Cen'est point à ces
Messieurs là que je veux
plaire
, un Livretelqu'ils
le veulent ne plairoitqu'a
eux seuls,,&jeveux plaire
à la meilleure partie,
ne pouvant plaire à tout
le monde.
Ces Critiques austeres
veulent être plus fages
que la Nature qui atache
presque toujours un goût
agreable aux nourritures
les plus solides
qu'elles produit pour les
hommes. Je veux nourrir
les esprits le plus agreablementque
jepourray.
Le serieux instruit,
j'en conviens; mais le
badinage peut instruire
réjouir: je le prefere,
& je ne prétens pas
mesme m'abstenirabsolument
de cette espece
de plaisanterie qui ne fait
queréjouïr sans instruire;
n'est-ce donc rien
que de réjouir-
Ceux qui tâchent de
suspendre par leurgayété.
les ennuis &les chagrins
dont l'esprit humain est
accablé
.> ne sont
-
ils pas
plus utiles à la societé
que ces Pleureurs de prosession
qui vous entretiennent
dans latristesse,
en vous representant vos
maux encore plus grands
qu'ils ne sont?
Examinons sérieusement
combien il est utile
de répandre la joye dans
le Public; voyez ce qu'en
'm
adit là- dessus feu Mrde
Pelisson
,
l'un des plus
beaux esprits de nostre
siecle.
Les plus grands Législateurs
en fondant des Républiques,
onteu pour but general que
les Citoyenspussent 'vivre
ensemblevertueusement, paisiblement,
c- agreablement.
Ces trois choses font donc
necessaires
, & tout ce qui
contribuë à la derniere sans
nuire aux deux autres ,
bien
loin de s'écarter de l'utilitépublique,
yvaquelquefoisparle
chemin le plusdroite&leplus
court. Par Qtemple les écrits
d'un célébréJurisconsultesont
utiles, qui le peut nier? Ils
instruisentl'Avocat pour bien
deffendre sa cause ; l'Avocat
bien instruit fait que le Juge
prononce justement; LeJuge en
rendantjustice met lesJCitoyent
en repos. Mais on voit fouirent
que les différentes mains
de tant de diversArtisans détournent
l'Art de son intention
naturelle
, & il en aryvt
comme de ces Machines belles
&bien inventéesenapparence,
qui pour estre composées de frofi
depieces, dontquelqu'unevient
toûjoursàmanquer, s'arrêtent à
toute heure,&renversent quelquefois
ce qu'elles devoientporterAu
contraire ces autres écrits
qu'on traite communement de
Bagatelles, quand ils ne serviroientpas
à reglerlesmoeurs,
ou àéclairer l'esprit, comme ils
le peuvent , comme ils le doivent,
comme ilsfontd'ordinaire
directement ou indirectement;
pour le moinssans avoir besoin
qued'euxmêmes, ils plaisent,
ils divertissent, ilssement&ils
répandentpar tout lajoye, qui
est aprés la vertu leplusgrand
de tous les tiens,
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Résumé : CONSEIL qu'on me donne dans une des Lettre Critiques qui ont couru sur mon Mercure.
L'auteur réfléchit sur le style d'écriture et la critique littéraire après avoir reçu une critique lui suggérant de renoncer à son ton gai et plaisantin. Il reconnaît la pertinence de cette critique et est prêt à adapter son style s'il observe une lassitude chez ses lecteurs. Il aspire à un style sérieux et uniforme, bien qu'il regrette de ne pas pouvoir toujours se réjouir et réjouir les autres. Il admire les styles des 'Lettres Provinciales', de Rabelais et de Molière, et souhaite réjouir tout le monde sauf ceux qui se réjouissent malicieusement du chagrin des autres. L'auteur critique les lecteurs austères qui jugent la solidité d'un ouvrage par son sérieux et méconnaissent les maximes solides travesties plaisamment. Il souhaite plaire à la 'meilleure partie' du public, pas seulement aux critiques austères. Il compare son désir de nourrir les esprits agréablement à la nature qui attache un goût agréable aux nourritures solides. Il préfère le badinage qui peut instruire et réjouir, estimant que ceux qui suspendent les ennuis par leur gaieté sont plus utiles à la société que ceux qui entretiennent la tristesse. L'auteur cite feu Monsieur de Pelisson pour souligner l'utilité de répandre la joie dans le public. Il rappelle que les grands législateurs visent à ce que les citoyens vivent vertueusement, paisiblement et agréablement. Il compare les écrits sérieux, comme ceux des jurisconsultes, aux écrits plaisants, qui peuvent directement ou indirectement plaire, divertir et répandre la joie, considérée après la vertu comme le plus grand des biens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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212
p. 67-72
CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
Début :
Ce seroit un tresor qu'un Chapitre comique qui suspendroit [...]
Mots clefs :
Comique, Jeux de mots, Chapitre, Bas comique, Quinquina
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
CHAPITRE
','
oùje voudrois bien P'
1:' réjoüir.
Ce feroit un tresor qu'-
un.Chapirre comique
qui suspendroit à coup
seur le chagrin, comme
le Quinquina suspend la
fièvre. Je vous composeray
pour le mois prochain
une prisede ce Quinquina
pour les chagrins;mais
afin qu'il puisse faire effet
sur tous les temperamens,
il faut faire entrer dans
cette composition toutes
fortes de drogues. Il y entrera
des boufonneries,
des équivoques; des jeux
de mots ; & peut-être du
bas Comique ; du Burlesque
; des Trivelinades;
des Arlequinades.
Il faut de tout cela quelques-
fois pour épanoüir
la Rate, Se le bon comique
ne fait rire que l'efprit.
Le premier Chapitre
de bas comique que je
vous donneray fera peutestre
extrait des plus ferieux
Auteurs Grecs &
Latins; on m'en a promis
bon nombre de traits
& j'enay déjà quelques.
uns,
Ceux d'entre ces Auteurs
anciens quiontdeliberé
des jeux de mots
dans leurs ouvrages, ne
dédaignoient pas apparemment
d'enrire.
Socrate rioit quelquefoisdes
plaisantes injures
que sa femme vomissoit
contre luy, & j'ay connu
un Socrate moderne, qui
par maniere de recreation
estimoit sa femme
jusqu'à l'irriter, parce
qu'elle avoit la colerecomique,
comme certains
yvrognes ont le coeur
gay.
Aprés avoir fait l'Apalogie
du bas comique, je
devrois vous en donner
icy tout du meilleur ;
mais jen'ay rien à present
dans ce genre-là, si ce
n'est une Lettre de jeux
de mots que je n'eusse jamais
osé placer dans un
Livre aussi grave qu'on
prétend que doit estre le
Mercure Galant; mais
je puis tout mettre dans
ce Chapitre-cy., car il est
privilegié: j'y proteste
contre la Critique.
11) Pour autoriser le stile
de la Lettre qui fuit,citons
icy un jeu deiiiotî,
Grec traduit d'un Au-
,
teur grave. Voicy la tra- j
duction dans ces quatre
Vers.
L'Escamoteur Doc/es"
un jourjetta la vûe
SuruneCouped'orqu'avoitLisimacus,
Aujfl-tojl que Docles
l'eutvue,
Lisimacus ne la vitplus..
','
oùje voudrois bien P'
1:' réjoüir.
Ce feroit un tresor qu'-
un.Chapirre comique
qui suspendroit à coup
seur le chagrin, comme
le Quinquina suspend la
fièvre. Je vous composeray
pour le mois prochain
une prisede ce Quinquina
pour les chagrins;mais
afin qu'il puisse faire effet
sur tous les temperamens,
il faut faire entrer dans
cette composition toutes
fortes de drogues. Il y entrera
des boufonneries,
des équivoques; des jeux
de mots ; & peut-être du
bas Comique ; du Burlesque
; des Trivelinades;
des Arlequinades.
Il faut de tout cela quelques-
fois pour épanoüir
la Rate, Se le bon comique
ne fait rire que l'efprit.
Le premier Chapitre
de bas comique que je
vous donneray fera peutestre
extrait des plus ferieux
Auteurs Grecs &
Latins; on m'en a promis
bon nombre de traits
& j'enay déjà quelques.
uns,
Ceux d'entre ces Auteurs
anciens quiontdeliberé
des jeux de mots
dans leurs ouvrages, ne
dédaignoient pas apparemment
d'enrire.
Socrate rioit quelquefoisdes
plaisantes injures
que sa femme vomissoit
contre luy, & j'ay connu
un Socrate moderne, qui
par maniere de recreation
estimoit sa femme
jusqu'à l'irriter, parce
qu'elle avoit la colerecomique,
comme certains
yvrognes ont le coeur
gay.
Aprés avoir fait l'Apalogie
du bas comique, je
devrois vous en donner
icy tout du meilleur ;
mais jen'ay rien à present
dans ce genre-là, si ce
n'est une Lettre de jeux
de mots que je n'eusse jamais
osé placer dans un
Livre aussi grave qu'on
prétend que doit estre le
Mercure Galant; mais
je puis tout mettre dans
ce Chapitre-cy., car il est
privilegié: j'y proteste
contre la Critique.
11) Pour autoriser le stile
de la Lettre qui fuit,citons
icy un jeu deiiiotî,
Grec traduit d'un Au-
,
teur grave. Voicy la tra- j
duction dans ces quatre
Vers.
L'Escamoteur Doc/es"
un jourjetta la vûe
SuruneCouped'orqu'avoitLisimacus,
Aujfl-tojl que Docles
l'eutvue,
Lisimacus ne la vitplus..
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Résumé : CHAPITRE où je voudrois bien réjoüir.
Le texte traite de la création d'un chapitre comique visant à apaiser le chagrin, similaire à l'effet du quinquina sur la fièvre. L'auteur prévoit d'y inclure diverses formes de comique, telles que des bouffonneries, des équivoques, des jeux de mots, du bas comique, du burlesque, des trivelinades et des arlequinades, afin de toucher tous les tempéraments. Le premier chapitre pourrait puiser des traits humoristiques chez les auteurs grecs et latins, qui utilisaient fréquemment des jeux de mots. Par exemple, Socrate riait des injures de sa femme, et un 'Socrate moderne' trouvait du divertissement à irriter sa femme colérique. L'auteur possède une lettre contenant des jeux de mots qu'il pourrait inclure, bien qu'il n'ait pas d'exemple de bas comique à offrir actuellement. Il cite un jeu de mots grec traduit pour justifier le style de cette lettre.
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213
p. [73]-76
LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
Début :
MONSIEUR, Vous avez assez bien peloté en attendant partie ; mais [...]
Mots clefs :
Balle, Jeu de paume, Main
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
LETTRE CRITIQUE
d'un MaitredePaulme
sur , monpremierMercure.
MONSIEUR,
Vous avez assez bien peloté
en attendant partie;
mais on dit que vostreJeu
est trop vif, & qu'au lieu
d'atendre la Balle au bond,
vous prenez tout de Volée.
En effet, avec vous la Balle
ne tombe pas à terre. Les
bons Critiques vous promenent
de coin en coin: ne
relevez point leurs coups.: *
remarquez les chasses &
vous les gagnerez en jouant
bien. A l'égard despetits
Joüeurs qui font fâchez de
vous voir la Balle à la main,
forcez au dedans; ils craignent
laBalle:ilsbaisseront
la tesse & perdront quinze.
Il y en a d'autres, qui faute
desçavoirjuger la Balle,
prennent vos coups coupez
entrebond & volée,&leurs
raisonnements se perdent
dans les filets. Défiez-vous
de cctix qui vousferventsur
.J
les deux toits; ils feignent
leur jeu en flattant le coup :
mais ils vous attaqueront
par. bricole, & prendront le
défaut, car vous ne pouvez
pas être par tout. On dit
que quelques enfants de la
Balle prennent l'avantage
sur vous quand il y a faute;
mais attendez qu'ils ayent la
Raquette à la main, ils
mettront dessous, & vous
ferez à deux de Jeu, quoy
qu'ils ayent pris leur Bisque.
Enfin Monsieur, si l'on
vous chicane trop, faites
demander fous. la Gallerie
à, ceux qui ont bien vû le
coup,ils jugeront tous que
vostre Mercure a porté, &
que vous avez gagné une
chasse au premier; mais
tirez droit au second si vous
voulez gagner la partie.
Nous mettrons tous argent
fous corde, & le public
payera les frais.
d'un MaitredePaulme
sur , monpremierMercure.
MONSIEUR,
Vous avez assez bien peloté
en attendant partie;
mais on dit que vostreJeu
est trop vif, & qu'au lieu
d'atendre la Balle au bond,
vous prenez tout de Volée.
En effet, avec vous la Balle
ne tombe pas à terre. Les
bons Critiques vous promenent
de coin en coin: ne
relevez point leurs coups.: *
remarquez les chasses &
vous les gagnerez en jouant
bien. A l'égard despetits
Joüeurs qui font fâchez de
vous voir la Balle à la main,
forcez au dedans; ils craignent
laBalle:ilsbaisseront
la tesse & perdront quinze.
Il y en a d'autres, qui faute
desçavoirjuger la Balle,
prennent vos coups coupez
entrebond & volée,&leurs
raisonnements se perdent
dans les filets. Défiez-vous
de cctix qui vousferventsur
.J
les deux toits; ils feignent
leur jeu en flattant le coup :
mais ils vous attaqueront
par. bricole, & prendront le
défaut, car vous ne pouvez
pas être par tout. On dit
que quelques enfants de la
Balle prennent l'avantage
sur vous quand il y a faute;
mais attendez qu'ils ayent la
Raquette à la main, ils
mettront dessous, & vous
ferez à deux de Jeu, quoy
qu'ils ayent pris leur Bisque.
Enfin Monsieur, si l'on
vous chicane trop, faites
demander fous. la Gallerie
à, ceux qui ont bien vû le
coup,ils jugeront tous que
vostre Mercure a porté, &
que vous avez gagné une
chasse au premier; mais
tirez droit au second si vous
voulez gagner la partie.
Nous mettrons tous argent
fous corde, & le public
payera les frais.
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Résumé : LETTRE CRITIQUE d'un Maistre de Paulme, sur mon premier Mercure.
Dans une lettre critique, un maître de Paulme compare la pratique du jeu de paume à la critique littéraire et offre des conseils stratégiques à un joueur. L'auteur loue le jeu vif et direct du destinataire, qui ne laisse pas la balle tomber à terre. Il recommande de ne pas relever les coups des bons critiques mais de bien observer les chasses pour les gagner. Contre les petits joueurs, il suggère de forcer au dedan pour les intimider. Certains adversaires, incapables de juger correctement la balle, perdent leurs raisonnements dans les filets. L'auteur met en garde contre ceux qui feignent leur jeu en flattant le coup, car ils peuvent attaquer par surprise. Il note également que certains enfants de la balle profitent des fautes pour prendre l'avantage, mais conseille d'attendre qu'ils aient la raquette à la main pour égaliser le jeu. Enfin, si les critiques sont trop sévères, il recommande de demander l'avis de ceux qui ont bien vu le coup, assurant que le public reconnaîtra la justesse du jeu et paiera les frais.
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214
p. 110-113
« On s'est plaint que mes Nouvelles estoient seiches & avortées [...] »
Début :
On s'est plaint que mes Nouvelles estoient seiches & avortées [...]
Mots clefs :
Nouvelles, Chanson
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texteReconnaissance textuelle : « On s'est plaint que mes Nouvelles estoient seiches & avortées [...] »
On s'est plaintquemesNouvelles
estoientseiches &avortédj
quo'n les vouloitétoffées,
nourries &c. J'ay déjà prosité
de cet avis, & dans la
fuite je les nourriray encore
plus de détails &de circonstances;
mais jamais de reflexionsnide
raisonnemens
politiques. Un particulier
qui ne voit que le dehors de
la machine politique sans en
connoistre les ressorts cachez,
ne peut jamais raisonner
solidement.
On s'est plaint aussi de
machanson contre lePays
Normand,dont j'ai dit:
N'en attendez ni bon njinf
ni franchise.
Je fais reparation d'honneuraux
Normands;ils excellent
en prudence & en
force d'esprit,& s'ils pêchent
un peu en sincerité, c'est
un pêché originel qui est
commun à toutes les
Nations. Ainsi dés qu'on
aura planté des vignes en
Normandie, je feray volontiersNormand,
&jeme
dédiray de tout ce que j'ay
dit dans ma Chanson.
Je me dédis aussi paravance
des choses les plus innocentes
que je pouray dire,
& dont quelqu'un se choquera
par malice.
Tout homme qui jetteraune
pierre en l'air dans
les ruës de Paris ne peur
pas jurer qu'elle ne blessera
personne, par exemple tous
les Amantsinconstants doivent
estre choquez de la
Chansonqui suit.
estoientseiches &avortédj
quo'n les vouloitétoffées,
nourries &c. J'ay déjà prosité
de cet avis, & dans la
fuite je les nourriray encore
plus de détails &de circonstances;
mais jamais de reflexionsnide
raisonnemens
politiques. Un particulier
qui ne voit que le dehors de
la machine politique sans en
connoistre les ressorts cachez,
ne peut jamais raisonner
solidement.
On s'est plaint aussi de
machanson contre lePays
Normand,dont j'ai dit:
N'en attendez ni bon njinf
ni franchise.
Je fais reparation d'honneuraux
Normands;ils excellent
en prudence & en
force d'esprit,& s'ils pêchent
un peu en sincerité, c'est
un pêché originel qui est
commun à toutes les
Nations. Ainsi dés qu'on
aura planté des vignes en
Normandie, je feray volontiersNormand,
&jeme
dédiray de tout ce que j'ay
dit dans ma Chanson.
Je me dédis aussi paravance
des choses les plus innocentes
que je pouray dire,
& dont quelqu'un se choquera
par malice.
Tout homme qui jetteraune
pierre en l'air dans
les ruës de Paris ne peur
pas jurer qu'elle ne blessera
personne, par exemple tous
les Amantsinconstants doivent
estre choquez de la
Chansonqui suit.
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Résumé : « On s'est plaint que mes Nouvelles estoient seiches & avortées [...] »
Le texte aborde plusieurs critiques concernant des nouvelles jugées incomplètes. L'auteur promet d'enrichir ces nouvelles de détails et de circonstances sans ajouter de réflexions politiques. Il souligne que seul un expert en politique peut raisonner de manière solide sur ce sujet. Une autre critique porte sur une chanson contre le Pays Normand, où l'auteur avait initialement déclaré que les Normands manquaient de sincérité. Il se rétracte ensuite, affirmant que leur manque de sincérité est un défaut commun à toutes les nations. Il reconnaît leur prudence et leur force d'esprit. L'auteur promet de se dédire à l'avance de toute parole susceptible de choquer quelqu'un par malice. Il utilise une métaphore pour illustrer cette idée : lancer une pierre en l'air dans les rues de Paris sans savoir si elle blessera quelqu'un. Il conclut en mentionnant que tous les amants inconstants seront choqués par la chanson suivante.
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215
p. 250-259
Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Début :
Henry Charles du Cambout, Evesque de Metz, Commandeur de l'ordre [...]
Mots clefs :
Évêque de Metz, Académie française, Coislin
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texteReconnaissance textuelle : Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Cambout,
Evesque de Metz,
Commandeur de l'ordre
du Saint - Esprit, & premier
Aumosnier de 5a
Majesté,qui vient d'estre
reçu à l'Académie FrançQi*
fe à la place de feu Me
leDucde Coislin son frere.
Il y vint prendre seance
le Jeudy 25. Septembre,&
prononça un Discours , dont aychoisi quelques
endroits, non comme les
plus beaux. Les autres ne le
font pas moins;mais ceuxcy
marquent les obliga-,
tions de l'Académie Françoife
envers MrsdeCoislin
donc ilell: question dans
cet Article. Mr de Merz
commença ainsi Ton Di£
cours.
.A,iefFeurs
, en maccordant
Cette place
, a laqu île je rianroisesépretendre
demememe
y ne craignez-vous point
qu onpuiUe vous accuser d'avAr
trop écouté les grands
motos qui vous parlent en ma
faveurf Mevous reprocherat'on
pas que vous avekvoulu
mefaire un merite de celuy de
mes Amètres 3 & que voué
a''V(':{ conjiderécomme un th..,
voir à leur égardJ ce qui nefioit
qu'un excès etindulgence
pour moy.,,
Grâces avos bontéz j'occupeunepUce
dans cette Assemblée
où residetcfyrit d)Armand
mon grand oncle ; de ce
Cardinal, quifousle plusjujje
des Rotsy médita vojlre irzjlitutions
régla vos Statuts
dirigea , vos Exercices
)
fondât
ce Tribunal où l'Eloquence et
la Poëjie doivent couronner à
jamaisles Sages, les Sçavants, et les Heros. Projet digne
d'untelMinistre
y
moins pour
sa propregloire que pour celle
4efin Roy et desa patrie ;
moins pour leregnesous lequel
il a vescu3 que pour tous les
régnés àvenir
Mr de Metz parla enfuite
du Chancelier Seguier
son Ayeul3 & du
Duc de Coislin son pere.
Monfrere,continua-t'il,
leur a succedé
3
jesuccede a
mon frère. Unesigrande proximité
,
le fowvenirdouloureux
desaperte,mempeschent
defuture l'usage qui mobli*
'geroitalouer mon predeces
feur. Vous le loüez njous-mef
nie
3
Afejjieurs, &son éloge.
-
fcd mieux dansnjoflrebouche
- que danslamienne. w
Cela donna lieu à Mr
l'Abbé de Choisi de rendre
justice à Mrs de Coislin
dans la réponse qu'il fitenfuite
comme Directeur. Il
peignit le caractere des
deux Neveux dans le Cardinal
de Coislin leur oncle
,
dont la dignitééminente,
dit-il
,
n'avoit point changé
la situation naturelle,& dont
la vertu toujours aimable,
toujours pure ,
toujours dans
/'innocence, riavait pû estre
alterée par la contagion du
monde ni par les charmes de la
Cour. Ony remarquera particulierement
le caraÛere des
Coiflins, -hautssansorgueilJ
fjoltssans baJJeffe
,
aujji attentifs
a ce qu'ils denjoientaux
autres qu'a ce qu'ils se de.
voient a eux-mesmes.
Achevons de mar- cCujieierlreJecacraarac&reerree,ddeess
Coiflins par ce zele
pour le Roy qui leur
cft naturel, &quianime
icy le Discours de
Mrde Metz; ç'eftdônç
Mr de Metz qui va
par ler.
Comblé des bienfaitsdu
Roy,
Roy, attachésans ce[je auprès
d'un si grand Maistre
,
j'ay
toujours offert à mongloire les
plus parfaites idées de gloire,
de grandeur, de Religion
,
de
bonté,desagésse
, &depieté;
mais ou mon 'Zcle prendra-t'il
destraits etdes couleurs qui
puissènt le representer.
O vous
Richelieu,
o vous
Seguier, dontjevois les Images
auprès de celle de cegrand
R<y,vous qui avez ouvert
cette Carriere immortelle ou
ses vertus doivent estre à jamais
celebrées3 quand Vostre
Presenceanime icy mon comage
, que ne minjpire%-'V0H$
aussivostregenie ? Seray-je
réduitadesimples voeux et
peut-on enfaire pour luy qui
ne soient en mesmetemps pour
toussessujets, &formezpar
tousses Sujets
Finissons cet Arti-;
cle, par un trait qui
finit le Discours de Mr
l'Abbé deChoisy.
FasseleCiel, dit-il, que
nouspuissions bientostemployer
nos talents àcelebreruneheureusepaix,
que cegrandPrin-
Il noflrePereaussi- bien que
nostre Roy
,
desire avec tant
d'ardeur, nonpour une gloire
mondaine dontil a esté rassasie
tant de fois; mais uniquement
pour nostrebonheur,& pour
la tranquiliteuniverjelle
Evesque de Metz,
Commandeur de l'ordre
du Saint - Esprit, & premier
Aumosnier de 5a
Majesté,qui vient d'estre
reçu à l'Académie FrançQi*
fe à la place de feu Me
leDucde Coislin son frere.
Il y vint prendre seance
le Jeudy 25. Septembre,&
prononça un Discours , dont aychoisi quelques
endroits, non comme les
plus beaux. Les autres ne le
font pas moins;mais ceuxcy
marquent les obliga-,
tions de l'Académie Françoife
envers MrsdeCoislin
donc ilell: question dans
cet Article. Mr de Merz
commença ainsi Ton Di£
cours.
.A,iefFeurs
, en maccordant
Cette place
, a laqu île je rianroisesépretendre
demememe
y ne craignez-vous point
qu onpuiUe vous accuser d'avAr
trop écouté les grands
motos qui vous parlent en ma
faveurf Mevous reprocherat'on
pas que vous avekvoulu
mefaire un merite de celuy de
mes Amètres 3 & que voué
a''V(':{ conjiderécomme un th..,
voir à leur égardJ ce qui nefioit
qu'un excès etindulgence
pour moy.,,
Grâces avos bontéz j'occupeunepUce
dans cette Assemblée
où residetcfyrit d)Armand
mon grand oncle ; de ce
Cardinal, quifousle plusjujje
des Rotsy médita vojlre irzjlitutions
régla vos Statuts
dirigea , vos Exercices
)
fondât
ce Tribunal où l'Eloquence et
la Poëjie doivent couronner à
jamaisles Sages, les Sçavants, et les Heros. Projet digne
d'untelMinistre
y
moins pour
sa propregloire que pour celle
4efin Roy et desa patrie ;
moins pour leregnesous lequel
il a vescu3 que pour tous les
régnés àvenir
Mr de Metz parla enfuite
du Chancelier Seguier
son Ayeul3 & du
Duc de Coislin son pere.
Monfrere,continua-t'il,
leur a succedé
3
jesuccede a
mon frère. Unesigrande proximité
,
le fowvenirdouloureux
desaperte,mempeschent
defuture l'usage qui mobli*
'geroitalouer mon predeces
feur. Vous le loüez njous-mef
nie
3
Afejjieurs, &son éloge.
-
fcd mieux dansnjoflrebouche
- que danslamienne. w
Cela donna lieu à Mr
l'Abbé de Choisi de rendre
justice à Mrs de Coislin
dans la réponse qu'il fitenfuite
comme Directeur. Il
peignit le caractere des
deux Neveux dans le Cardinal
de Coislin leur oncle
,
dont la dignitééminente,
dit-il
,
n'avoit point changé
la situation naturelle,& dont
la vertu toujours aimable,
toujours pure ,
toujours dans
/'innocence, riavait pû estre
alterée par la contagion du
monde ni par les charmes de la
Cour. Ony remarquera particulierement
le caraÛere des
Coiflins, -hautssansorgueilJ
fjoltssans baJJeffe
,
aujji attentifs
a ce qu'ils denjoientaux
autres qu'a ce qu'ils se de.
voient a eux-mesmes.
Achevons de mar- cCujieierlreJecacraarac&reerree,ddeess
Coiflins par ce zele
pour le Roy qui leur
cft naturel, &quianime
icy le Discours de
Mrde Metz; ç'eftdônç
Mr de Metz qui va
par ler.
Comblé des bienfaitsdu
Roy,
Roy, attachésans ce[je auprès
d'un si grand Maistre
,
j'ay
toujours offert à mongloire les
plus parfaites idées de gloire,
de grandeur, de Religion
,
de
bonté,desagésse
, &depieté;
mais ou mon 'Zcle prendra-t'il
destraits etdes couleurs qui
puissènt le representer.
O vous
Richelieu,
o vous
Seguier, dontjevois les Images
auprès de celle de cegrand
R<y,vous qui avez ouvert
cette Carriere immortelle ou
ses vertus doivent estre à jamais
celebrées3 quand Vostre
Presenceanime icy mon comage
, que ne minjpire%-'V0H$
aussivostregenie ? Seray-je
réduitadesimples voeux et
peut-on enfaire pour luy qui
ne soient en mesmetemps pour
toussessujets, &formezpar
tousses Sujets
Finissons cet Arti-;
cle, par un trait qui
finit le Discours de Mr
l'Abbé deChoisy.
FasseleCiel, dit-il, que
nouspuissions bientostemployer
nos talents àcelebreruneheureusepaix,
que cegrandPrin-
Il noflrePereaussi- bien que
nostre Roy
,
desire avec tant
d'ardeur, nonpour une gloire
mondaine dontil a esté rassasie
tant de fois; mais uniquement
pour nostrebonheur,& pour
la tranquiliteuniverjelle
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Résumé : Mr l'Evesque de Metz prend seance à l'Académie Françoise. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'admission de Cambout, évêque de Metz, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit et premier aumônier du roi, à l'Académie Française. Il succède à son frère, le duc de Coislin, le jeudi 25 septembre. Dans son discours, Cambout exprime sa gratitude et évoque les obligations de l'Académie envers la famille Coislin. Il mentionne ses ancêtres illustres, notamment le cardinal Armand de Richelieu, fondateur de l'Académie, et le chancelier Seguier, son aïeul. Cambout souligne la proximité et la succession au sein de sa famille, soulignant la difficulté de louer son prédécesseur. L'abbé de Choisy, en réponse, rend hommage aux Coislin, soulignant leur caractère noble et leur dévouement au roi. Cambout conclut en exprimant son désir de célébrer les vertus du roi et en espérant une paix heureuse pour le bonheur universel.
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216
p. 259-271
Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
Début :
A la fin de la seance on pria Mr de la Motte [...]
Mots clefs :
Bouclier, Figures, La Motte, Homère, Académie française, Bouclier d'Achille
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texteReconnaissance textuelle : Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
A la findela seance
on pria Mr de la Motte
de faire part à l'Assemblée
de quelqu'un de
ses Ouvrages. Il recita
l'un des Livres de l'Iliade
qu'il a depuis peu
traduite en Vers, si
pourtant on peutappeller
Traduction un
Ouvrage où ila beaiw
coupmis Julien. M
-IIlla'arreenndduupplluussvviiffss
les endroits où bonm
dormitat Homerm
>
&
abrégé les endroits où
Homerene dort point,
mais où les digressions
allongées pourroient
endormir ceux qui ne
se piquenr point d'estre
gavants.
L'Assemblée ne fut
pas toute,si contente
de Monsieur delaMotte
qu'elle le parut,car
quelques-uns murmurerent
tout bas de l'au.
dace d'unModerne qui
ose changer toute l'oe;
conomie d'un Bouclier
dont la description
tient tant de place dans
le chef-d'oeuvre du
PrincedesPoëtes. En
effet ceftunc témérité
Ínoüie; Mr de la Motte
l'a euë pourtant. Il na
paslaisse dans ses descriptionsnouvellesune
feule Figure de la graveure
Grecque.
Voilà donc un Bouclier
moderne tout different
de l'ancien.Faifons
en peu demotsle
paralelle de ces deux
Boucliers, & chacun
en jugera selon qu'il
fera plus ou moins prévenu-
oupour les Ânciens
ou pour les Modernes.
-
Le Poëte ancien fait
graver par un Dieu sur
le Bouclier d'un guerrier
terrible & irrité,
des Dances de Villas
geois& de Villageoises
; des Avocats qui
plaident, &: cent autres
su jets aussi peu
convenables à l'actionpresente
,
ëe au caractere
du Héros.
Le Poëte moderne
asupposé queVulcainforgeant
un Bouclier
ex piés pourAchille&
pour la guerre de
Troyes, dévoiey graver
des su jets ouieussent
rapport à cette
guerre.
Les noces de Thetis
&C de Pelée troublées
par la Discorde qui
tient en main la Pomme
d'Or.
Le
Le JugementdeParis
qui attire la colere
de Junon sur les
Troyens.
L'Enlevement d'Helene
par Pâris qui fut si
fatal à Troye.
Nostre Poëte modernes'estcontenté
de
faire parler les expressions
Lr les attitudes
des Figures gravées
dans le Bouclier d'Achille.
Homere y met des
Figures vrayeraient
parlantes. Il rapporte
leurs conversations en
Dialogue, & cela suppose
qu'on voyoit fortir
dela bouche de chaque
Figuregravée de
longs Rouleaux de papier
où leurs conversations
estoient écrites,
comme on voit dans
nos Tapisseries Gothiques.
Homcre fait plus,
il nous peint jusquau
son des voix & des
Harpes. La graveurs
des Anciensrepresentoit
donc les sons;c'est
dommagequ'un sibeau
secret sesoit perdu.
Une chose m'estonne
encore dans leBoucher
ancien. J'ay calculé à
peu prés combien pouvoient
tenir de place
toutes les Figures dont
Homere compole ses
Groupes. En donnant
à ses Figuresfeulement
un pouce de hauteur,ce
Bouclier devoit avoir
plus de trois toises de
largeur.
Le Bouclier de Mr
de la Mothe est moins
chargé d'ouvràge, &
les Figures n'y changent
point de place ni
d'attitude comme dans
Homere, qui fait du
Bouclier d'Achille un
Tableau changeant
comme ceux qu on
montre à la Foire.
NostrePoëte n'a mis
dans sa description que
ce qui pouvoitvraysemblablement
estre
gravé surun Bouclier,
en supposantmême les
Figures assez grandes,
pour estre veuës par les
Compagnonsd'Achille
; que la reprefentation
(par exemple) de
l'enlevement d'Helene
devoit exciter à la yen*
geance.
De tous les Vers que
Mr de la Motte recita ,
je n ay pu retenir exactement
queles sederniers.
Par cet Ouvrage ainsi VuFcainfait
éclater
Lagrandeur du Heros qui le
devoit porter; De sa gloire prochaine illuy
donne l'augure
Et pressi la vengeance en retrançantl'injure.
C'eut estépeu pour luy de futprendre
lesyeux,
Le beau,s'iln'est utile, est
indigne des D ieux.
on pria Mr de la Motte
de faire part à l'Assemblée
de quelqu'un de
ses Ouvrages. Il recita
l'un des Livres de l'Iliade
qu'il a depuis peu
traduite en Vers, si
pourtant on peutappeller
Traduction un
Ouvrage où ila beaiw
coupmis Julien. M
-IIlla'arreenndduupplluussvviiffss
les endroits où bonm
dormitat Homerm
>
&
abrégé les endroits où
Homerene dort point,
mais où les digressions
allongées pourroient
endormir ceux qui ne
se piquenr point d'estre
gavants.
L'Assemblée ne fut
pas toute,si contente
de Monsieur delaMotte
qu'elle le parut,car
quelques-uns murmurerent
tout bas de l'au.
dace d'unModerne qui
ose changer toute l'oe;
conomie d'un Bouclier
dont la description
tient tant de place dans
le chef-d'oeuvre du
PrincedesPoëtes. En
effet ceftunc témérité
Ínoüie; Mr de la Motte
l'a euë pourtant. Il na
paslaisse dans ses descriptionsnouvellesune
feule Figure de la graveure
Grecque.
Voilà donc un Bouclier
moderne tout different
de l'ancien.Faifons
en peu demotsle
paralelle de ces deux
Boucliers, & chacun
en jugera selon qu'il
fera plus ou moins prévenu-
oupour les Ânciens
ou pour les Modernes.
-
Le Poëte ancien fait
graver par un Dieu sur
le Bouclier d'un guerrier
terrible & irrité,
des Dances de Villas
geois& de Villageoises
; des Avocats qui
plaident, &: cent autres
su jets aussi peu
convenables à l'actionpresente
,
ëe au caractere
du Héros.
Le Poëte moderne
asupposé queVulcainforgeant
un Bouclier
ex piés pourAchille&
pour la guerre de
Troyes, dévoiey graver
des su jets ouieussent
rapport à cette
guerre.
Les noces de Thetis
&C de Pelée troublées
par la Discorde qui
tient en main la Pomme
d'Or.
Le
Le JugementdeParis
qui attire la colere
de Junon sur les
Troyens.
L'Enlevement d'Helene
par Pâris qui fut si
fatal à Troye.
Nostre Poëte modernes'estcontenté
de
faire parler les expressions
Lr les attitudes
des Figures gravées
dans le Bouclier d'Achille.
Homere y met des
Figures vrayeraient
parlantes. Il rapporte
leurs conversations en
Dialogue, & cela suppose
qu'on voyoit fortir
dela bouche de chaque
Figuregravée de
longs Rouleaux de papier
où leurs conversations
estoient écrites,
comme on voit dans
nos Tapisseries Gothiques.
Homcre fait plus,
il nous peint jusquau
son des voix & des
Harpes. La graveurs
des Anciensrepresentoit
donc les sons;c'est
dommagequ'un sibeau
secret sesoit perdu.
Une chose m'estonne
encore dans leBoucher
ancien. J'ay calculé à
peu prés combien pouvoient
tenir de place
toutes les Figures dont
Homere compole ses
Groupes. En donnant
à ses Figuresfeulement
un pouce de hauteur,ce
Bouclier devoit avoir
plus de trois toises de
largeur.
Le Bouclier de Mr
de la Mothe est moins
chargé d'ouvràge, &
les Figures n'y changent
point de place ni
d'attitude comme dans
Homere, qui fait du
Bouclier d'Achille un
Tableau changeant
comme ceux qu on
montre à la Foire.
NostrePoëte n'a mis
dans sa description que
ce qui pouvoitvraysemblablement
estre
gravé surun Bouclier,
en supposantmême les
Figures assez grandes,
pour estre veuës par les
Compagnonsd'Achille
; que la reprefentation
(par exemple) de
l'enlevement d'Helene
devoit exciter à la yen*
geance.
De tous les Vers que
Mr de la Motte recita ,
je n ay pu retenir exactement
queles sederniers.
Par cet Ouvrage ainsi VuFcainfait
éclater
Lagrandeur du Heros qui le
devoit porter; De sa gloire prochaine illuy
donne l'augure
Et pressi la vengeance en retrançantl'injure.
C'eut estépeu pour luy de futprendre
lesyeux,
Le beau,s'iln'est utile, est
indigne des D ieux.
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Résumé : Nouveau Bouclier. [titre d'après la table]
M. de la Motte a présenté une traduction en vers de l'Iliade à l'Assemblée, mais celle-ci a été critiquée pour les modifications apportées au texte original d'Homère. Il avait supprimé les passages où Homère s'endormait et abrégé les digressions longues, tout en ajoutant des éléments modernes. La description du bouclier d'Achille, un élément central du poème, a particulièrement suscité des murmures. M. de la Motte avait créé un bouclier moderne, supprimant plusieurs figures de la gravure grecque. Le bouclier ancien comportait des scènes incongrues comme des danses de villageois et des avocats plaidant, tandis que le bouclier moderne incluait des scènes pertinentes à la guerre de Troie, telles que les noces de Thétis et Pélée, le jugement de Pâris et l'enlèvement d'Hélène. Homère décrivait des figures parlantes sur le bouclier, avec des dialogues et des sons, alors que M. de la Motte se contentait de décrire les expressions et les attitudes des figures gravées. Le bouclier d'Homère était extrêmement chargé et changeant, tandis que celui de M. de la Motte était plus sobre et réaliste. Les derniers vers récités soulignaient la grandeur du héros et la vengeance à venir.
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217
p. 281-283
STANCES BOUTS RIMEZ.
Début :
... Tourterelle [...]
Mots clefs :
Stances, Bouts-rimés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES BOUTS RIMEZ.
STANCES.
BOUTSRIMEZ.
Tourterelle
Mouton
; Haneton
Hirondelle
Peroquet
Linotte 0 Marmote il Roquet
; ,
Guenuche
: Vaux Chevaux
4 Chevaux Peruche
G; :elinotCehast
- ; Barbotes
.i 1lu1- Rat
•;; Genisse Poulet
: Mulet EcrcYÎflê
Becassine
Pigeon
Esturgeon
Sardine.
J'ay choisi ex prés
des Stances pourBouts
rimez ,
afin que ceux
qui n'ont pas beaucoup
de temps a donner à la
Poësie, puissenten détacher
à leur fantaisie,
deux,trois ou quatre
Stances plus ou moins,
selon la durée de la verve
qui les prendra.
BOUTSRIMEZ.
Tourterelle
Mouton
; Haneton
Hirondelle
Peroquet
Linotte 0 Marmote il Roquet
; ,
Guenuche
: Vaux Chevaux
4 Chevaux Peruche
G; :elinotCehast
- ; Barbotes
.i 1lu1- Rat
•;; Genisse Poulet
: Mulet EcrcYÎflê
Becassine
Pigeon
Esturgeon
Sardine.
J'ay choisi ex prés
des Stances pourBouts
rimez ,
afin que ceux
qui n'ont pas beaucoup
de temps a donner à la
Poësie, puissenten détacher
à leur fantaisie,
deux,trois ou quatre
Stances plus ou moins,
selon la durée de la verve
qui les prendra.
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Résumé : STANCES BOUTS RIMEZ.
Le texte énumère des animaux et oiseaux comme la tourterelle, le mouton, le hanneton, l'hirondelle, le perroquet, la linotte, la marmotte, le roquet, la genette, les chevaux, la perruche, le geai, le chat, le rat, la génisse, le poulet, le mulet, la bécassine, le pigeon, l'esturgeon et la sardine. Ces noms sont organisés en stances pour des bouts-rimés, permettant aux poètes pressés de choisir quelques stances selon leur inspiration.
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218
p. 3-12
EPITRE aux Anonimes.
Début :
J'ay receu les vostres sur mes premiers Mercures, c'est-à-dire [...]
Mots clefs :
Anonymes, Public, Réponse, Mercure, Article, Portrait, Lettres, Amant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE aux Anonimes.
EPITRE
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
aux Anonimes. J'A Y receu les vostres
sur mes premiers Mercures,
c'est -à-dire plus
de six cents Lettres depuis
trois mois. Quand
j'aurois le loisir de répondre
à routes, la plûpart
sont Anonimes ; à1
qui pourrois-jeadresser
les miennes ? J'adressecelle-
cy à Mercure, qui la
fera tenir à tous ceux:
qui voudront me faire:
l'honneur de la lire, je :
voudrois y pouvoir mettre
des complimentspour
ceux qui m'ont complimenté,
de l'abondance
de coeur pour ceux qui
m'ont parlé sincerement,
de l'affection pour ceux
qui m'afectionnent;j'embrasse
ceux qui membrassent
, j'honore ceux
que je n'ose embrasser ,
& j'ay pour tous ceux
qui m'ont écrit, cetteet
pece de veneration qu'on
doit à ceux qui portent
la parole pour le public;
mais je dois un profond
respect au merite d'une
Anonime d'un haut rang
qui a daigné s'amuser à
répondre
,
incognito , à
LlnC; de mes questions, je
dois ignorer respe.étlie.u-
:
(emênt l'honneur que de
telles attentions font à
mon Mercure, c'estce
qui me déterminé à mettre
dans la suite à la fin
de chaque volume, un
article dereponses que
j'appelleray
, Réponses
aux Anonimes. Jejoüiray par là du priyilege
que donne le masque
dans les bals, où les
particuliers familiarisent
avecles Princes, je masqueray
mes reponfés*
quand elles ne devront,
estre entenduës que de ceux qui.m,'aurontéc1 rit-
Et j'entretiendrayainsi
discretement un cornmerce
de Lettres avec
le public dont je fuis le
tres-humble, tres-obéisfant
serviteur, Mercure.
Pour établir ce commerce
de Lettressi avantageux
pour moy, voicy
la forme que je donneray
à mes réponses; je
mettray à la teste de chaque
petit article les noms
supposez qu'on aura pris
au bas des Lettres Anonimesy
chacun s'y reconnoistra
par là & par l'endroit
de sa Lettre auquel
je répondray.
RFPONSE
à l'Amant Poëte.
-
Je vous envoye( me
dit L'Amant Poëte) un
portrait en vers de laplus
bellepersonne de Paris,
je crois les vers bons ,
triais j'ensuis l'autheur;
je croisqu'une si belle
peintureseraplaisir,mais
jesuis amant, &c. REPONSE.
Les Autheurs mêmes
trouveront vos vers
bons, mais à moins que
d'estre amant on trouvera
le portrait de cette
beauté un peu trop étendu.
Donnez-vous le plaisir
de retravaillerencore
un ouvrage qui vous occupe
si agréablement,&
vôtre portrait plaira comlmne
cceeuuxxddeessggrraannddssPPeeiinn-.
tres à ceux mêmes qui
n'en connoissent point
la ressemblance.
REPONSE
àl'inconnu de Lyon.
L'Inconnu. Si vous
*VOUsferve^ des Memoires que
je vousay envoyc% sur le procésdelapetitefille
à deuxmeres;
ilfaut passerdisceretement l'exemple
de Parer est quem
nupriæ demonftranr.
Réponse. Vous verrezdans
ce Volume-cy vostreavan- ,.
1 ture des deux meres ; mais
¡' j'ay évité la circonsatance de
&c. je perdrois cent bons
t. inlots pour éviter une indiscretion,
&de plus, l'exemple
ne conclut point. Car à
l'égard de l'enfant à deux
peres, la Loy decide Pater (si
) quemnuptioe demonstrant.
mais elle ne dit point que
5 Mater cft quam matrona demonstrat.
Voyez la page202.
Quelquesunesdecesréponses
pourront estreobscures
ou indifferentes à ceux
j|
qui n'en auront pas la clef;
!
mais je les prie de me passer
cet Article en faveur de ceux
qui travaillent pour le public
en m'envoyant des
Mémoires.
La variété des su jets, des
caracteres, des stiles, des arrangemens,
sait quelquefois
l'agrémentd'un Livre, mais
il cil: impossible que ce qui
fait plaisiràl'un,n'ennuye&
ne déplaise à plusieurs autres.
Je seray trop heureux
si chacun peut trouver icy
quelqu'endroit qui le dédommage
de s'estreennuyé
dans tout le reftc du Livre,
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Résumé : EPITRE aux Anonimes.
L'auteur de l'épître a reçu plus de six cents lettres anonymes en trois mois, mais ne peut répondre à toutes. Il décide de publier ses réponses dans un article intitulé 'Réponses aux Anonimes' à la fin de chaque volume, permettant aux correspondants de se reconnaître par des noms supposés et des références à leurs lettres. Il exprime sa gratitude et son respect pour tous les correspondants, y compris une personne de haut rang ayant répondu incognito. Parmi les réponses, l'auteur s'adresse à 'L'Amant Poëte', suggérant de retravailler son portrait en vers pour toucher un public plus large. Il mentionne également 'L'Inconnu de Lyon', qui a envoyé des mémoires sur un procès impliquant une fille ayant deux mères, sans détailler les circonstances pour éviter toute indiscrétion. L'auteur reconnaît que certaines réponses peuvent sembler obscures, mais demande de les excuser au nom de ceux qui travaillent pour le public. Il espère que chacun trouvera dans le livre un passage compensant l'ennui éventuel ressenti.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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219
p. 113-116
ARTICLE Burlesque.
Début :
Le sçavant Hipocrates a dit, dit-on, car ce n'est [...]
Mots clefs :
Hippocrate, Burlesque, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLE Burlesque.
ARTICLE
Burlefque»
Le sçavant Hipocrates
a dit,dit-on,car-ce n'est
que par oüi-dire que je
sçai ce qu'Hipocrates a
dit, suposez donc qu'Hipocrates
ait dit qu'on
doit une fois le mois s'enyvrer
pour la santédu
corps; un sage Philosophe
ne pourroit-il point
dire aussi, que pour la
santé de l'esprit il faut
extravaguer une fois par
mois. Non,l'on ne doit
jamais perdre la raison de
vue; maisonpeutlalaisfer
reposer. Elle a besoin
derepos, & chez les Sa--
ges sur tout; plus l'on cft
fage
,
plus la raison travaille,
plus elle fatigue.
Je crois que rien n'est
meilleur pour procurer
du repos à la raison que
le Burlesque,car elle ne
se mesle point de cette
façon de penser.Tâchons
donc de rire un peu pendant
que la raison repose;
mais rions innocemment
, la se peut. Il y
a des plaisanteries qui ne
blessent point les moeurs
quoi qu'elles blessent le
bon sens. Je voudrois
bien en pouvoir écrire
de celles-là
, car j'en ay
promis un Chapitre tous
les mois; mais contentez
vous d'une chanson
dans ce genre là, car je
n'ay eu que huitjours de
temps pour remplir ma
tâche.
Burlefque»
Le sçavant Hipocrates
a dit,dit-on,car-ce n'est
que par oüi-dire que je
sçai ce qu'Hipocrates a
dit, suposez donc qu'Hipocrates
ait dit qu'on
doit une fois le mois s'enyvrer
pour la santédu
corps; un sage Philosophe
ne pourroit-il point
dire aussi, que pour la
santé de l'esprit il faut
extravaguer une fois par
mois. Non,l'on ne doit
jamais perdre la raison de
vue; maisonpeutlalaisfer
reposer. Elle a besoin
derepos, & chez les Sa--
ges sur tout; plus l'on cft
fage
,
plus la raison travaille,
plus elle fatigue.
Je crois que rien n'est
meilleur pour procurer
du repos à la raison que
le Burlesque,car elle ne
se mesle point de cette
façon de penser.Tâchons
donc de rire un peu pendant
que la raison repose;
mais rions innocemment
, la se peut. Il y
a des plaisanteries qui ne
blessent point les moeurs
quoi qu'elles blessent le
bon sens. Je voudrois
bien en pouvoir écrire
de celles-là
, car j'en ay
promis un Chapitre tous
les mois; mais contentez
vous d'une chanson
dans ce genre là, car je
n'ay eu que huitjours de
temps pour remplir ma
tâche.
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Résumé : ARTICLE Burlesque.
Le texte aborde la nécessité de repos pour l'esprit, similaire au repos physique recommandé par Hippocrate. L'auteur souligne que, bien que la raison ne doive jamais être perdue, elle a besoin de repos, particulièrement chez les sages. Il propose que le burlesque, une forme de divertissement, puisse offrir ce repos à la raison sans la compromettre. L'auteur souhaite écrire des plaisanteries innocentes qui ne blessent pas les mœurs. Cependant, n'ayant eu que huit jours pour accomplir sa tâche, il se contente de présenter une chanson dans ce style.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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220
p. 252-254
Digression. [titre d'après la table]
Début :
Je voudrois bien donner au Public de petites Dissertations sur [...]
Mots clefs :
Digression, Défauts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Digression. [titre d'après la table]
Je voudrois bien donner
au Public de petites
Dissertationssur les
nouveautez de nos
Theatres : mais je
crains de blesser la sins
cerité,ou les Autheurs.
S'ils vou loient m'envoyer
eux-mesmes un
nota des deffauts de
leurs pièces
,
dont ils
me permetcroient dp
parler
)
je fournirois
moy mes remarques
surlesbeautezqu'elles
contiennent
,
& cela
feroitune vrayecritique.
Jattends le consentement
par écrit du
premier Autheur de
bonne foy qui voudra
bien convenir que sa 41
piece a des deffauts,&
qu'il a cela de commun
avec Corneille
,
Moliere,
Raciiie, & Quinaut.
au Public de petites
Dissertationssur les
nouveautez de nos
Theatres : mais je
crains de blesser la sins
cerité,ou les Autheurs.
S'ils vou loient m'envoyer
eux-mesmes un
nota des deffauts de
leurs pièces
,
dont ils
me permetcroient dp
parler
)
je fournirois
moy mes remarques
surlesbeautezqu'elles
contiennent
,
& cela
feroitune vrayecritique.
Jattends le consentement
par écrit du
premier Autheur de
bonne foy qui voudra
bien convenir que sa 41
piece a des deffauts,&
qu'il a cela de commun
avec Corneille
,
Moliere,
Raciiie, & Quinaut.
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Résumé : Digression. [titre d'après la table]
L'auteur souhaite publier des dissertations sur les nouveautés théâtrales, mais craint de blesser les auteurs. Il propose que ces derniers envoient une note des défauts de leurs pièces, permettant ainsi une critique constructive en mentionnant aussi les beautés des œuvres. Il attend l'accord écrit d'un auteur reconnaissant les défauts de sa pièce, comme ceux de Corneille, Molière, Racine et Quinault.
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221
p. 302-304
AVIS.
Début :
On donnera a présent les Mercures les premiers jours des [...]
Mots clefs :
Mercure, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
A VIS.
Ondonneraapréfent
les Mercures les
premiers joursdes
mois, trèsregulierement.
Il y aura tous les mois
à la fin de chaque Mercure,
un Arricle des
Nouvelles les plus ressentes,
afin qu'on aie
aij moins dans celleslà,
l'agrement de la
nouveauté
, qu'on ne
peut avoir dans celles
qu'on a recueillies dans
le cours du mois. Cela
produira sans doute
quelques fautes d'Impression,
car dans les
Impressions precipitées,
onn'a pas letemps*
de corriger exa&ev
ment les Epreuves.
On avertitqueceux
qui enverront des Lettres
sans en avoir affranchi
le port,ne trouveront
point dans le
Mercure les Articles
qu'ils auront envoyez,
parce qu on ne peut recevoir
que les Lettres
qui sont franches.
Ceux qui enverront
des Memoires , n'auront
qu'à les adresser
au Bureau du Mercure
Ondonneraapréfent
les Mercures les
premiers joursdes
mois, trèsregulierement.
Il y aura tous les mois
à la fin de chaque Mercure,
un Arricle des
Nouvelles les plus ressentes,
afin qu'on aie
aij moins dans celleslà,
l'agrement de la
nouveauté
, qu'on ne
peut avoir dans celles
qu'on a recueillies dans
le cours du mois. Cela
produira sans doute
quelques fautes d'Impression,
car dans les
Impressions precipitées,
onn'a pas letemps*
de corriger exa&ev
ment les Epreuves.
On avertitqueceux
qui enverront des Lettres
sans en avoir affranchi
le port,ne trouveront
point dans le
Mercure les Articles
qu'ils auront envoyez,
parce qu on ne peut recevoir
que les Lettres
qui sont franches.
Ceux qui enverront
des Memoires , n'auront
qu'à les adresser
au Bureau du Mercure
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Résumé : AVIS.
Le périodique 'Mercure' paraîtra mensuellement avec des articles récents. Chaque édition inclura une section 'Nouvelles les plus récentes' pour des informations actualisées. Les lettres non affranchies ne seront pas publiées. Les mémoires peuvent être envoyés au Bureau du Mercure. Des erreurs d'impression peuvent survenir en raison du manque de temps pour corriger les épreuves.
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222
p. 117-120
RÉPONSE
Début :
Votre lettre est pleine d'esprit, & si judicieuse [...]
Mots clefs :
Pièces, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE
RE' P O NS E
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
Vostre lettre est pleine
d'esprit, & si judicieuse
qu'elle feroit plaisir à
l'Auteurmême de la Comedie
que vous critiquez
;mais enfinc'est
toujours une critique
je me suis déja fait assez
d'ennemis par les piéces
que jay refusé de placer
dans le Mercure, je ne
veut point m'en faire par
les piéces que j'y placeray
,
& avant que d'y
mettre des critiques, je
voudroient qu'elles fussent
approuvées par les-.;
Auteursmêmes. Cescritiques,
me direz-vous, feront
donc.de purs éloges;
point du tout, & j'attens
d'un bon Auteur
tragique une critique sévere
de saTragedie nouvelle,
qu'on verra bientoit,
il m'a promis dei:
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
suivre.
- Un Ancien appelle ceux
qui critiquent lesouvrages,
tonsores, des Barbiers
,
la pluspart des Auteurs
craignent le rasoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on lesrasede
prés, qu'ilsapprennent
donc à se raser eux-mêmes,
car par soy,oupar
les autres encore faut-il
bien qu'on soit tondu.
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Résumé : RÉPONSE
L'auteur répond à une critique d'une comédie en reconnaissant sa qualité. Il exprime sa réticence à publier des critiques dans le Mercure sans l'accord des auteurs concernés, afin d'éviter de se créer des ennemis en refusant ou en acceptant des pièces. Il attend une critique sévère d'un auteur tragique sur sa nouvelle tragédie, espérant en faire un exemple. Un ancien compare les critiques à des barbiers, soulignant que les auteurs craignent souvent les critiques comme des rasages douloureux. Il suggère que les auteurs devraient apprendre à se critiquer eux-mêmes ou à accepter les critiques des autres.
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223
p. 143-144
SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
Début :
J'ai distribué en trois parties les Discours de l'Academie [...]
Mots clefs :
Discours académiques, Académie royale des médailles et inscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
SU ITE
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
de Discours -Académie
ques que j'aipromise
dans mon dernier
.Mercure.
J'ai distribué en trois
parties les Discours de
l'Academie Royale des
Médailles& deslnscriptions
, & ceux del'Academie
Royale des
Sciences
,
qui ontesté
prononcez à la S. Martin;
j'en ai mis une partie
dans le mois passé, je
vais vous en donner une
autre dans ce mois-ci
,
&vous aurez le reste dans
le mois prochainc'est
ainsi que je ferai filer les
pièces solidesqui me tomberont
entre les mains;
pendant le cours de l'année,
afin qu'il y en ait
toûjours quelqu'une dans
chaque mois.
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Résumé : SUITE de Discours Academiques que j'ai promise dans mon dernier Mercure.
Le texte annonce la publication des discours de l'Académie Royale des Médailles et des Inscriptions ainsi que ceux de l'Académie Royale des Sciences, prononcés lors de la Saint-Martin. Ces discours sont répartis en trois parties. La première partie a été publiée le mois précédent, la deuxième partie est prévue pour le mois en cours, et la troisième partie sera publiée le mois suivant. L'auteur précise qu'il continuera à publier ces pièces au fil de l'année afin qu'il y ait toujours une publication mensuelle.
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224
p. 302-304
« Au lieu de Bouts rimez simples à remplir, on propose [...] »
Début :
Au lieu de Bouts rimez simples à remplir, on propose [...]
Mots clefs :
Bouts-rimés, Chute, Rondeau, Difficultés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Au lieu de Bouts rimez simples à remplir, on propose [...] »
Aulieu de Bouts rimez
simples à remplir,
on propose ce mois-cy
Ul1 Rondeau à faire sur
une chute donnée, &
l'on en choisit une qui
puisse avoir trois significations
differentes. La
voicy
,
Filis tient çeu, c'est la difficultédesRondeaux,
maisc'en est aussi
l'agrément. On donne
deplus les Bouts rimez
du Rondeau à ceux qui
voudront avoirdeux difficultez
à vaincre. Il y a
des genies qui ne font
excitez que par les grandes
difficultez ;ceux qui,
sont plus faciles à émouvoir,
ou plus paresseux
pourronts'assujettir ou,
à la chute seule du Ron-^
deau ou aux Bouts rimez
détachez de la chute, &
faire Amplement des
Vers sur lesBouts rimez.
Voicy la tache toute entière.
simples à remplir,
on propose ce mois-cy
Ul1 Rondeau à faire sur
une chute donnée, &
l'on en choisit une qui
puisse avoir trois significations
differentes. La
voicy
,
Filis tient çeu, c'est la difficultédesRondeaux,
maisc'en est aussi
l'agrément. On donne
deplus les Bouts rimez
du Rondeau à ceux qui
voudront avoirdeux difficultez
à vaincre. Il y a
des genies qui ne font
excitez que par les grandes
difficultez ;ceux qui,
sont plus faciles à émouvoir,
ou plus paresseux
pourronts'assujettir ou,
à la chute seule du Ron-^
deau ou aux Bouts rimez
détachez de la chute, &
faire Amplement des
Vers sur lesBouts rimez.
Voicy la tache toute entière.
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Résumé : « Au lieu de Bouts rimez simples à remplir, on propose [...] »
Le texte décrit un exercice littéraire consistant à composer un rondeau à partir d'une chute donnée, ayant trois significations. La chute est 'Filis tient çeu, c'est la difficulté des Rondeaux, mais c'en est aussi l'agrément.' Les 'Bouts rimez' sont également fournis. Le texte distingue deux types de poètes : ceux attirés par les grandes difficultés et ceux préférant des exercices plus simples, qui peuvent se concentrer sur la chute ou les bouts-rimés.
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225
p. 337-338
AVIS.
Début :
Les nouvelles d'Espagne ont pris la place de plusieurs [...]
Mots clefs :
Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
AVIS.
Les nouvelles d'Espagne
ont pris la place de
plusieurs bons ouvrages
quOlY111avoltenvoyez)
& que je suis contraint
de retrancher. J'avois
aussi promis dans le Mercure
dernier plusieurs
choses que je- ne you?
donne pointimais je vous
donne une Bataille gagnée
que je ne vous avois
point promise. Ne vous
fâchez point si j'en use
ainsi dans la fuire; j'espere
vous donner des
choses qui vaudront
mieux que celles que
j'aurai promises.J'ayranc
des Relations d'Espagne
à placer, qu'à peiné me
fuis- je laissé place pour
vous avertir icyqu'on
continuera à donner regulierement
le Mercure
le premier jour de chaquemois
»
Les nouvelles d'Espagne
ont pris la place de
plusieurs bons ouvrages
quOlY111avoltenvoyez)
& que je suis contraint
de retrancher. J'avois
aussi promis dans le Mercure
dernier plusieurs
choses que je- ne you?
donne pointimais je vous
donne une Bataille gagnée
que je ne vous avois
point promise. Ne vous
fâchez point si j'en use
ainsi dans la fuire; j'espere
vous donner des
choses qui vaudront
mieux que celles que
j'aurai promises.J'ayranc
des Relations d'Espagne
à placer, qu'à peiné me
fuis- je laissé place pour
vous avertir icyqu'on
continuera à donner regulierement
le Mercure
le premier jour de chaquemois
»
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Résumé : AVIS.
L'auteur du Mercure informe que des nouvelles d'Espagne ont remplacé des ouvrages prévus, entraînant la suppression de certains contenus. Il s'excuse pour les informations manquantes et offre en compensation le récit d'une bataille gagnée. Il assure la publication régulière du Mercure le premier jour de chaque mois.
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226
p. 43-48
EGLOGUE par Mr H**.
Début :
Dans le temps où nous sommes une Eglogue amoureuse, [...]
Mots clefs :
Églogue, Esprit, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EGLOGUE par Mr H**.
E GL OG U E
par Mr H***.
Dans le temps où nous
sommes une Eglogue amoureuse,
quelque parfaite
qu'elle soit, n'est
goûtéeque de peu de
gens, parce que l'amour
d'Eglogue n'est plus en
usage. Ilfaut avoir aimé
commeon aimoit du
tempsd'Astrée ,pour
bien goûter la délicatesse
dessentimens dont l'Eglogue
de Mr H**est
remplie,comme jela place
icy malgré l'Auteur,il
m'est permis de la louer
aussi malgré lui. -
On la lut l'autre jour
dans une maisond'où elle
me vient, &de quatre
que nous estions,trois en
furent charmez; mais un
quatrièmedemeurafroid
immobile, il ne sourcilla
pas, je ne suis touché
que du parfait dit-il
y
dun air grave & dédaigneux,
& je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut insportable,c'est
qu'il y a trop d'esprit;une
femme qui avoir aussi
trop d'esprit selon nostre
Censeur , lui répondit
d'un air simple,il faut
que ce :soit. un défaut
bien choquant, Monsieur,
queledéfaut;d'avoir
trop d'esprit; car
ceux qui n'ontpoint-ce
défautlasontau desespoir
de le voir aux autres.
1 A proprement parler
il ne peut y avoir rrop
d'esprit dans les Ouvrages
même les plus amples
, pourveu qu'il y
soit si bien mis en oeuvre
, qu'il nen oste ni -
la simplicité,ni le naturel.
; J Le simple devient
puerile, dés que l'esprit
y paroist affecté oster
entierement l'esprit du
simple , c'est faire du
sublime à trop bon marché
; cacher beaucoup
d'esprit dans le simple
>
c'est la difficulté du vrai
Sublime.
Après cela
, on peut
faire cent chicannes sur
la signification
,
Se sur
l'étendue du mot d'esprit,
chacunl'explique
selon le sien;mais je crois,
à propos d'Eglogue
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'esprit dans
les sentimens du coeur'-
& quoi que le coeur seul
doive parler dans un
Dialogue amoureux, il
est certain que le coeur
d'un Berger de l'Astrée
doit s'exprimer plus finement,
que celui d'un
Berger de Village.
par Mr H***.
Dans le temps où nous
sommes une Eglogue amoureuse,
quelque parfaite
qu'elle soit, n'est
goûtéeque de peu de
gens, parce que l'amour
d'Eglogue n'est plus en
usage. Ilfaut avoir aimé
commeon aimoit du
tempsd'Astrée ,pour
bien goûter la délicatesse
dessentimens dont l'Eglogue
de Mr H**est
remplie,comme jela place
icy malgré l'Auteur,il
m'est permis de la louer
aussi malgré lui. -
On la lut l'autre jour
dans une maisond'où elle
me vient, &de quatre
que nous estions,trois en
furent charmez; mais un
quatrièmedemeurafroid
immobile, il ne sourcilla
pas, je ne suis touché
que du parfait dit-il
y
dun air grave & dédaigneux,
& je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut insportable,c'est
qu'il y a trop d'esprit;une
femme qui avoir aussi
trop d'esprit selon nostre
Censeur , lui répondit
d'un air simple,il faut
que ce :soit. un défaut
bien choquant, Monsieur,
queledéfaut;d'avoir
trop d'esprit; car
ceux qui n'ontpoint-ce
défautlasontau desespoir
de le voir aux autres.
1 A proprement parler
il ne peut y avoir rrop
d'esprit dans les Ouvrages
même les plus amples
, pourveu qu'il y
soit si bien mis en oeuvre
, qu'il nen oste ni -
la simplicité,ni le naturel.
; J Le simple devient
puerile, dés que l'esprit
y paroist affecté oster
entierement l'esprit du
simple , c'est faire du
sublime à trop bon marché
; cacher beaucoup
d'esprit dans le simple
>
c'est la difficulté du vrai
Sublime.
Après cela
, on peut
faire cent chicannes sur
la signification
,
Se sur
l'étendue du mot d'esprit,
chacunl'explique
selon le sien;mais je crois,
à propos d'Eglogue
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'esprit dans
les sentimens du coeur'-
& quoi que le coeur seul
doive parler dans un
Dialogue amoureux, il
est certain que le coeur
d'un Berger de l'Astrée
doit s'exprimer plus finement,
que celui d'un
Berger de Village.
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Résumé : EGLOGUE par Mr H**.
La critique de l'œuvre 'Eglogue' de Mr H*** met en lumière la difficulté d'apprécier les églogues amoureuses contemporaines, car l'amour tel que décrit dans ces œuvres n'est plus en vogue. Pour pleinement apprécier cette œuvre, il faut avoir connu l'amour comme à l'époque de 'L'Astrée'. Lors d'une lecture récente, trois personnes ont été charmées par l'églogue, tandis qu'une quatrième l'a critiquée pour son excès d'esprit. Une femme présente a défendu l'esprit comme une qualité. La critique explore ensuite la notion d'esprit dans les œuvres littéraires, affirmant qu'il ne peut y avoir trop d'esprit s'il est bien intégré et ne nuit ni à la simplicité ni au naturel. L'esprit affecté dans le simple devient puéril, tandis que le cacher entièrement est trop facile. Le véritable sublime réside dans l'intégration subtile de l'esprit dans le simple. Enfin, la critique conclut que l'esprit peut et doit être présent dans les sentiments du cœur, même dans un dialogue amoureux. Le cœur d'un berger de 'L'Astrée' doit s'exprimer plus finement que celui d'un berger de village.
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227
p. 117-[120]
ANONIMES. La Muse naissante. / SUR UN TOUSSEUR.
Début :
J'étois trop jeune le mois passé je ne pûs remplir [...]
Mots clefs :
Anonyme, Muse, Bouts-rimés
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANONIMES. La Muse naissante. / SUR UN TOUSSEUR.
ANONIMES:
r M La Muse naissante. *
J'étois trop jeune le
mois passé je ne pûs remplir
que la moitié de vos
bouts - rimez, mais un
mois de plus forme bien
l'esprit d'une fille. J'ay
rempli ceux-cy d'un bout à l'autre, à la verité ma
mere ma un peu aidé,
fans- cela je me ferois perdue
en tric trac, fric frac,
cric crac.
SUR UN TOUSSEUR.
Je ne connoissois pas le
Toueur d'Albicrac,
Quand ma mere me dit
en jouantau trictrac,
Voudrois - tu d'un mari
charmédesa seringue.
Purgon3 Fleurant sans
cesse occupantfa brelin-
"- gue.
Danssoncorps bien pur- -
- gfénr'onat lacissé.fric ni
A ma mere je dis, le
voudriez-vous, crac,
Non,non,car vous avez
plus desens que Pibrac.
Jamais à tel mari ne direz
tope & tingue.
Ni moi non plus vraiement,
carj'ai lû dans
Balzac.
Qu'en ménage un tousseur
fait toujours du micmac
,
Contre vos loix jamais
ma volonténe frin-
0gue,
Mais donnez - moiplûtostparjour
cent coups
de tringue,
Oùjettez-moi dans l'eau
la tête dans un sac.
r M La Muse naissante. *
J'étois trop jeune le
mois passé je ne pûs remplir
que la moitié de vos
bouts - rimez, mais un
mois de plus forme bien
l'esprit d'une fille. J'ay
rempli ceux-cy d'un bout à l'autre, à la verité ma
mere ma un peu aidé,
fans- cela je me ferois perdue
en tric trac, fric frac,
cric crac.
SUR UN TOUSSEUR.
Je ne connoissois pas le
Toueur d'Albicrac,
Quand ma mere me dit
en jouantau trictrac,
Voudrois - tu d'un mari
charmédesa seringue.
Purgon3 Fleurant sans
cesse occupantfa brelin-
"- gue.
Danssoncorps bien pur- -
- gfénr'onat lacissé.fric ni
A ma mere je dis, le
voudriez-vous, crac,
Non,non,car vous avez
plus desens que Pibrac.
Jamais à tel mari ne direz
tope & tingue.
Ni moi non plus vraiement,
carj'ai lû dans
Balzac.
Qu'en ménage un tousseur
fait toujours du micmac
,
Contre vos loix jamais
ma volonténe frin-
0gue,
Mais donnez - moiplûtostparjour
cent coups
de tringue,
Oùjettez-moi dans l'eau
la tête dans un sac.
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Résumé : ANONIMES. La Muse naissante. / SUR UN TOUSSEUR.
Le texte présente deux poèmes anonymes. Le premier, 'La Muse naissante', décrit une jeune fille aidée par sa mère pour compléter des rimes. Le second, 'Sur un tousseur', relate le refus d'une narratrice d'épouser un homme tousseur, préférant subir d'autres maux. Elle compare sa mère à Pibrac pour sa sagesse et cite Balzac.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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228
p. 121-122
RÉPONSE.
Début :
Vos Vers intitulez : l'Amant instruit par la raison, sont [...]
Mots clefs :
Amour, Raison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE.
REPONSE.
Vos Vers intitulez:
l'Amantinstruit par la
raison
,
sont les seuls qus
j'ayereceu de vous. Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raison
quiestdans votre lettre,
si la Dame dont vous
estes passionementamoureux,
ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour;qu'elleest
heureule d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer son
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconstanceestre
une preuve contre lui,
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour.
Vos Vers intitulez:
l'Amantinstruit par la
raison
,
sont les seuls qus
j'ayereceu de vous. Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raison
quiestdans votre lettre,
si la Dame dont vous
estes passionementamoureux,
ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour;qu'elleest
heureule d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer son
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconstanceestre
une preuve contre lui,
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour.
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Résumé : RÉPONSE.
L'auteur a reçu des vers intitulés 'L'Amant instruit par la raison' de son destinataire, qui seront publiés le mois suivant. La dame aimée par le destinataire ne verra pas les vers mais pourra constater son amour. Elle est malheureuse que son amant déclare son amour publiquement. L'auteur est convaincu que ses ouvrages dureront autant que l'amour du destinataire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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229
p. 124-126
RÉPONSE.
Début :
Ce coup d'essay me fait souhaiter que tous ceux [...]
Mots clefs :
Poètes, Poésie, Coup d'essai
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE.
REPONSE.
Ce coup d'essay me
fait souhaiter que tous
ceux qui ne sont pas Poëtes,
s'essayent à faire des
Vers., car ceux qui en
font naturellement de
bons, font plus Poëtes
que les autres. Vousm'avez
permis par votre lettre
de changer quelques
mots, vous trouverez icy
deux Vers de moije
conviens qu'ils sont
moins vifs que les deux
votres, mais vous conviendrez
qu'ils sont
moins libres. Il est vrai
que nous sommes en
Carnaval
.,
mais quelqu'un
pourroit lire mon
Livre en Carême.
Ce coup d'essay me
fait souhaiter que tous
ceux qui ne sont pas Poëtes,
s'essayent à faire des
Vers., car ceux qui en
font naturellement de
bons, font plus Poëtes
que les autres. Vousm'avez
permis par votre lettre
de changer quelques
mots, vous trouverez icy
deux Vers de moije
conviens qu'ils sont
moins vifs que les deux
votres, mais vous conviendrez
qu'ils sont
moins libres. Il est vrai
que nous sommes en
Carnaval
.,
mais quelqu'un
pourroit lire mon
Livre en Carême.
Fermer
Résumé : RÉPONSE.
Le texte aborde la poésie et la liberté d'expression. L'auteur encourage à écrire des vers et distingue les poètes naturels. Il mentionne une lettre modifiant certains mots et présente deux vers prudents. Il reconnaît le contexte du Carnaval mais évoque aussi la lecture possible pendant le Carême.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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230
p. 188-192
VERS en stile Marotique. Par Mr de la F. Sur la Comedie d'Amphitrion representée au Chasteau de Sceaux.
Début :
Lorsque Baron ce Protheus charmant [...]
Mots clefs :
Marotique, Style marotique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS en stile Marotique. Par Mr de la F. Sur la Comedie d'Amphitrion representée au Chasteau de Sceaux.
VERS
en stile Marotique.
ParMrde laF.
Sur la Comedie d'Amphitrion
representée au
Chasteau de Sceaux.
Lorsque Baron ce Protheus
charmant
Vient meditant sa conquestefuretive
Qui ne croit vray que
JupiterAmant
Chezalemenasousfaux
semblant arrive.
Quand il paroistavoir
de crainte vive
Le coeur saisy par ce
prompt changement,
Mesemble voir danssa
douleur naïve
Amphitriotrompécruellement.
Pareil au sien est mon
estonnement
Quand la beauté quison
ame captive
Le triste aveu luy fait
ingenuëment
Ducas à qui tantsied la
negative.
Soziamesme, infortuné
convive,
Ou Serfbattu, me touche
également i
Contre raison faut-il que
foysouscrive
Atout cCC) quoyquefeint
seulement?
Oüy, belle Alemene, ay
cru le toutvrayment,
- Devostrejeu,force persuasive,
Esprits&coeursentraisne
seurement
Etbien qu'Ovide en cecy
fable ecrive
Fable rreennddeeTz-vous à nos
yeuxeffective
Car Jner-ite[le Dieu du
firmament.
De Cleantis àson droit
attentive,
Et de la nuit si bonnementtardive,
Eusse voulu dire aussi
l'agrements;
Le coeur m'en dit; mais
Rimefugitive
Malàproposenordonne
autrement.
en stile Marotique.
ParMrde laF.
Sur la Comedie d'Amphitrion
representée au
Chasteau de Sceaux.
Lorsque Baron ce Protheus
charmant
Vient meditant sa conquestefuretive
Qui ne croit vray que
JupiterAmant
Chezalemenasousfaux
semblant arrive.
Quand il paroistavoir
de crainte vive
Le coeur saisy par ce
prompt changement,
Mesemble voir danssa
douleur naïve
Amphitriotrompécruellement.
Pareil au sien est mon
estonnement
Quand la beauté quison
ame captive
Le triste aveu luy fait
ingenuëment
Ducas à qui tantsied la
negative.
Soziamesme, infortuné
convive,
Ou Serfbattu, me touche
également i
Contre raison faut-il que
foysouscrive
Atout cCC) quoyquefeint
seulement?
Oüy, belle Alemene, ay
cru le toutvrayment,
- Devostrejeu,force persuasive,
Esprits&coeursentraisne
seurement
Etbien qu'Ovide en cecy
fable ecrive
Fable rreennddeeTz-vous à nos
yeuxeffective
Car Jner-ite[le Dieu du
firmament.
De Cleantis àson droit
attentive,
Et de la nuit si bonnementtardive,
Eusse voulu dire aussi
l'agrements;
Le coeur m'en dit; mais
Rimefugitive
Malàproposenordonne
autrement.
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Résumé : VERS en stile Marotique. Par Mr de la F. Sur la Comedie d'Amphitrion representée au Chasteau de Sceaux.
Le poème de Monsieur de la F. célèbre la comédie 'Amphitryon' représentée au château de Sceaux. Il décrit les émotions des personnages et du narrateur face aux intrigues de la pièce. Baron, comparé à Protée, médite sur sa conquête furtive, croyant que Jupiter, déguisé, arrive pour séduire Alcmène. Amphitryon, trompé, ressent une douleur naïve, partageant l'étonnement du narrateur. La beauté captive l'âme d'Amphitryon, qui avoue tristement sa négative à Sosie, également touché. Le narrateur admire le jeu persuasif d'Alcmène, qui entraîne les esprits et les cœurs. Il reconnaît la réalité de la fable d'Ovide, affirmant la présence de Jupiter, le dieu du firmament. Le poème mentionne également Cléante, attentive à ses droits, et la nuit tardive, mais la rime fugitive empêche le narrateur de développer davantage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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231
p. 208-250
Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Début :
Il paroist depuis peu un Livre qui a pour titre : [...]
Mots clefs :
Fables, Héros, Histoire, Histoire ancienne
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texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Livre qui a pour titre:
Explicationbiflorique des
Fables
y
où l'on découvre leur
origine & leur conformité
avec l'histoire ancienne, &' où
l'on rapporte les époques des
Héros,
Hérosj edes principaux événements
dont il estfait men- tion.- Si les Anciens revenoient
nous parler de
bonne foy
,
ils roien,tq,u-'iflsn'on*t pas
cru mettre dans leurs
Fables obscures toutes
les beautez que nous y
voyons. ( - - On y a trouvé tout ce
qu'on a voulu, dit l'Auteur;
le Physiçien y a ap- ;
perçu les mystere-s de la
Nature; k Politique
,
les
rafinements de la SageUey
le Philosophe
,
la Morale
laplus pure;& le Chymi- ;
fte y trouve les Secrets les :
plus importants de son;
Art,&c.; Quoyqu'on ne puissè i
;
douter que les Fables ne
renferment une partie de j
l'Histoire , il ne faut pas
1
croire cependant que tou-;
tes les circonstances yfassentallusion,
&c.i Les Poètes quiont esté.
les premiers Historiens, y
ont mêle la vérité avec les
vains oirnements de la. Fsh
ble.C'est lepremier estat,
Se pour ainsi direl'enfance
des Fables, &c.
Ccux qui dans la fuite
traitèrent des mesmes fujets
, y mêlerenc aussi plurieurs
- i circonstances par
rapport à leur Philosophie,
;'& à leur Religion; ainsi,
les mêmesFablesquin'estoient
d'abord qu'historiques
devinrent dans la
fuite, morales
,
theologiques,
& physiques
) &c.
r Les événements de ces
Fables n'ayantpas paruaux
Poètes assèz glorieux pour
les Héros qu'ils vouloient
chanter, ils y ont mêlé
millefictions pompeuses
qui ont passez pour des événementsréels.
C'est à les
développer, àles démêler,
& a voir ce qui peut y avoir
donné lieu
y que l'Auteur
de ce Livre stefi: uniquement
attaché,&c.
On peut distinguer dans
les Poëtes cinq fortes de
Fables. Les Fables historiques
font d'anciennes HLstoiresmêlées
avec plufielirs.
fiâions- telles font
celles qui nous parlent
d'Hercules, de Jason,&c.
Les Fables philosophiques
font cellesque les Anciens
ont inventées comme
des paraboles propresà envelopper
les my steres de
leur Philosophie ; comme
quand ils nousdépeignent
l'Ocean par des Fleoves &c. ,
Les allegoriques- font
aufil des paraboles où ils
cachent quelques sens myfterieux;
commecelle que
Platon racontede Porus$c
dePenie,ôcc..
Les morales font celles
qu'on a inventées pour debiter
quelques precepres
propres à regler les moeurs;
telles sonn les Fables defope,
& autres semblables
Apologues,&C..
Les Fables inventees a • plaisir font celles qui n'ont
daufre but que le divertit
sement ; comme celles de PlÎché. Generalemenc
parlant, il y atres- peu de
-Fables dans lesAnciensqui
ne renferment quelque
traitd'hiftoire^&c.
SourCe8 des Fables.
La vanité des hommes
est sans doute la premiere
source des Fables;lavérité
ne leur ayant pas tousjours
paru assez belle ni assez
amusante
,
ils ont cru que
pour paroistre elle avoit
besoin du merveilleux ôc
du sublime,&c.
Avant que l'usage des
lettres fut introduit dans la
Grece, les grands évenements
& les belles actions
n'avoient d'autres monumentsque
lamemoire des-,
hommes, ou tout au plus
quelques hiéroglyphes obscurs,
& dont le sens toûjours
ambigu pouvoit si- * gnifier tout ce qu'on vouloit
; de sorte que pour perpetuer
lesouvenirde leurs
faits éclatants, les peres les
racontoient aux enfants
lX. suivant la louable coutume
de ne dire jamais les
choses simplement aux jeunes
gens,ilsmêloient dans
le récit des avantures quel-
-
ques circonstances propres
à les y rendre attentifs, & aenfairesouvenir.Ainsise
remplissoit d'idées sublimes
la memoire & l'imagination
foible des enfants - :
,
qui 1
qui venant dans la fuite à
raconter les mesmes choses
à leur tour ,
yajoustoient
encore quelques autres circonstances,
ensorte que
quand on avoulu faire des
Annales deces Histoires,
on n'atrouvé d'autres monuments
que cette tradition
confuse & défigurée,
&c
Anciennementonavoit
coutume de loüer les Heros
après leur mort, & les
jours de leursfestes par
des Panegyriques estudiez,
r
où de jeunes Rheteuts
,
dont on vou loir éprouver
le genie par ces coups d'essay,
se donnoient une enticre
libertéde feindre ôc
d'inventer tout ce qui pouvoit
contribuer à la gloire
desHeros qu'ils representoient
non tels qu'ilsavoient
esté, mais tels qu'ils
auroient dû estre Ainsi
lorsque dans la suite on a
voulu faire l'histoirede ces
grandsHommes
, on n'a
pû travailler que sur des
memoires plus fabuleux
que verita bles, &c.
Les Voyageurs & les
Marchandsontaussi beaucoupgastél'histoire
par
leurs relations fabuleuses:
carcessortesdegensestant *
cy ordinairement ignorants
ou menteurssetrompent
eux-mêmes en voulant
tromper les autres, 'tcc.TX
'H! Ce qui a donné lieu à
la multiplication des Héros
,
c'est qu'on a partagé
entre plusieurs les actions
d'un seul sous differents
noms. Mercurepar exem-
,
ple qui s'appellpit Teutas
chez nos anciens Gaulois,
se nommoit Faune en Italie
, &: Hermés chez les
Grecs, &c.Aucontraire
on a multiplié les actions
d'un seul Heros en luy
attribuant celles de plusieurs
sous un même nom
comme dans l'histoire
d'Hercules de Thebes ou j
l'on a mêlé les voyages & 1
les actions d'HerculesPhenicien,
& de plusieurs autres
Heros de même nom,
&c.
1 Tous les hommes sestant
trouvées submergez
par les eaux du Deluge,
excepté Noé & sa famille
,
le monde ne pust estre repeuplé
que tres-longtemps
après. Mais quoyq e la
Syrie,la Palestine
,
l' Arabie,
l'Egypte, & lesautres
Pays les plus proches du
lieu où 1 Arches'arresta
furent repeuplez les premiers,&
long-tempsavant
les Provinces d'Occident,
cependant il ne laissoit pas
de s'échapper de temps en
temps quelques-uns des
plus hardis pouraller chercher
fortune ailleurs.Ceux
qui arriverent les premiers
dans la Grece, y vécurent
dans une ignorance & une
grossieretéestonnante, sans
Arts, sans Coutumes ; sans
Loix; se couvrant de seüilles
, & broutant l'herbe
commedes bestes. Quand
dans la fuite les estrangers
Egyptiens & Pheniciens
gens plus polis & plus sçavants,
y arrivèrent, ils tâchèrent
d'adoucir , l'humeur
feroce & barbare de
ces premiers habirancs
leur firent part de leurs
Couru mes &: de leurs Loix,
&leurapprirent la manierede
s'habiller, de se nourrir
& de cultiver la terre.
Cette nouvelle maniere de
vivre leur parut si belle,
que ne sçachant comment
leur,témoigner la reconnoissance
qu'ils en avoient,
ilsles prirentpour des
hommes envoyez du ciel ,
& les regarderentcomme
des Dieux à qui ils sacrifierent.
C'est ce qui a donné
lieu àla Fable qui dit que
Promethée avoir dérobe le
feu du ciel
,
c'est à
-
dire,
l'esprit divin,&c.., Ilya beaucou p d'apparence,
& la pluspart des
Sçavants en sont persuadez
, que presquetoutle
sublime & lesurnaturel
qui setrouve dans les ouvrages
fabuleux desPoëtes,
est tirédequelquescirconstances
de la vie de Noé,
: de Moyse, de Josué ,'&
de quelques autres Heros
de l'Ecriture Sainte l,AleC
quels
-1 ayant répandu le
bruit de leurs bellesactions
jusqu'en Egypte
, en Phenicie,
&: jJns plusieurs au- tres Pays, ces Peuplesidolatres,
& sur tout les Grecs
grands amateursdu sublime
& du surnaturel, ne
manquerent pas d'en emrbellir
dans la suite l'histoire
de leurs è-Iclos. Celles
d'Hercules &de Bacchus,
ont beaucoup de ressemblance
avec Josué & Moyse.
Celles de Deucalion U
deSaturne, avec Noëlle
Deluge,&c.
r'.
Pour ce quiregarde les
Arts & les Sciences,ils
substituent a tout propos
leurs Divinitez fabuleuses
a la place des anciens Patriarches
,quel'Ecriture
nous apprend en avoir esté
les premiers inventeurs. J
Jubal
,
par exemple
,
fut
l'inventeurde la Musique; : delà vicnt leur Apollon
qu'ilsfont encore inventeur
des Sciences au lieu de
Moyse. D'A bel qui le premier
a mené lavie piflorale,
ilsont fait Pan. Vulcain
pour Tubalcaïn a le
premier appris à forger le Fer. Cemesme Vulcain
qu'ils disent estre tombé
du Ciel n'est autre chose
que Moyse descendu de la
Montagne Au reste
l'histoi,r..,e des Grecs ne
commença à devenir un
peu raisonnable que du
tempsdesOlympiades, 6c
du temps d'Esdras
,
c'està-
dire,long-temps aprés
la guerre de Troye. Tout
ce qui se passa auparavant
n'estque confusion & que
chimère.
Les temps inconnus
font depuis la Creation
jusqu'au Deluge d'Ogigis.
arrive vers l'an 2240. Les
temps fabuleux renferment
ce qui s'est palle depuis
ce Deluge jusqu'à la
premiere Olympiade qui
tombe sur la 3203. Enfin
les temps historiques regardentcequis'est
écoulé
depuis l'establissement des
Olympiades, &c.
Le peu d'habileté qu'on
avoitdans l'Art de la Navigation
& dans la Geographie,
a donnélieu à
beaucoup de Fables aussibien
que le soin charitable
qu'onavoit de sauver
l'honneur des Dames galantes.
Lorsque quelques
Princesses avoit eu de la
foiblesse pourson Amant,
les flatteurs appelloient au
secours de sa reputation
quelque Divinité favorable,
qu 'on fuppofoit avoir
triomphé de son insensibilité.
Ces fortes de galanteriesestoient
mesme si honorables
,
qu'il n'y avoit
pas jusqu'aux Epoux qui
ne les favorisassent. L'histoire
deMundus & de Pauline
n'en est pas le seul
exemple,&c..
Apres avoir découvert
l'origine des Fables,
l'Autheur commence
l'histoire des Dieux.
Ilestbien difficile de
fixerl'époque del'idolatrie,&
de dire précisément
parquielle acommencé;
car qnoyque iTcrKure
nous apprenne que lesen-
:
fanes de Caïn tombèrent
dans l'idolatrie ellene.
nous dit riend'explicite
deces Idolatres.Ansi
iln'est pas moins difficile
dedéciderquel enaesté le j
premierobjet. l es uns pré-;
tendentqu'onacommencé !
paradorer lesAstres.D'autres
veulent que la plus ancienne
idolatriea esté celle
des deux Principes
,
c'està
dire de reconnoistre un
bon & un mauvais Genie
à qui on
sacrifia,àl'un
par
reconnoissance du bien
qu'on encroyoitrecevoir,
& à l'autre par la crainte
des maux qu'il pouvoit
causer,&c.. ~-t
D'autresontcruqueles
bonsAnges mediateursentre
Dieu & les hommes
avoient cft-c le premier
objet de l'idolatrie. Quoyqu'il
en soit, il est certain
quel'idolatrie ne fut pas
d'abord si grossiere qu'elle
le devint par degrez. On
n'adora au commencement
que lesAstres, &sur
tout le Soleil & la Lune
> delà on passa à l'adoration
des Elements,& ensuite à
celle des choses animées,
comme des Princes & des
autres hommes illustres
,
& enfin les choies inanimées
& mesmes les plus
viles devinrent l'objet du
culte des hommes.
Comme le nombre de
ces faux Dieux devint presque
infini, ils les diviserenten
plusieursclasses. La
premiere
premiere estoit de ceux
qu'ils appelloient majorum
gentium Dii. C'estoient des
Dieux estrangers ; comme
le Soleil & les autres Astres.
La seconde classe estoit
deceuxqu'ilsnommoient
minorumgentium & c'estoient
des Dieux dedifferents
Peuples.
On les * divisa ensuite
en grands Dieux ou Dieux
du Conseil. Les Grecs en
connoissoient douze de
cette forte; Junon, Vesta,
Minerve, Cerés
,
Diane,
Venus, Mars
,
Mercure,
Jupiter , Neptune
,
Vulcain,&
Apollon.
Les Romains y en joignirent
huit autres qu'ils
nommoienr Dieux choisis.
Sçavoir, Janus
,
Saturne, leGenie,leSoleil, la Lune,
Pluton, Bacchus, &
l'ancienneVesta
, ou la
Terre.
Ensuite venaient les
Dieux Senones, qu'on ne
croyoit pas assez grands
pour habiter dans le Ciel.
; IlYavoitaussi desDieux
communs quifavorisoient
les Partis, comme Mars,
Bellone&
Il y en avoir outre cela
dans chaque Pays qu'on
nommoit Indigetcs
, parce
qu'ils estoient rousjours
prestsàécouter.les besoins
de çeux qui avoient recoursàeux.
Il y avoir encore les
Dieux Cabbires
, comme
qui dirotc Associez. Les
Historiens en varient le
nombre.Quelques-uns n'en
admettent que deux :
sçovoir
; Jupiter & Bacc hus;
d'autresveulent qu'il y en
aie quatre qui fontCerés,
Proserpine, Pluton & Mercure.
OnenadoroitenSicile
d'une especeparticulière
qu'on nommoitPalices,&c
Enfinonconnoissoitdes
Dieux particulier, comme
les Dieux Penates,les Dieux
Lares
-%
que chacun adoroit
dans sa maison,&lesDieux
Compitales
,
qu'on adoroit
dans les Carrefours; sans
parler de la populace des
Dieux,comme les Nymphes
,les Syrenes, les. Satyres,&
c. On y peut joindre
encore des Dieux Animez
&desDieuxNaturels
Les premiers estoient ou
les Démons,ou les Ames
des grands Hommes
, ou
des Esprits bienfaisants.
Les autres n'estoient. que
les symboles fous lesquels
on adoroit ou la nature
entiere commePan ou
quelques-une de ses parties,
comme Apis,Dagon
,
&c.
Au reste pour donner
une idée generale de tous
ces Dieux, il n'ya qu'à
dire qu'ils estoientCelestes
ou Terrestres,Aquariques
-
ouInsernaux
La plupart des Dieux
n'ontcité que des hommes
illustres,&souvent plus
recommandables par leurs
vices que par leurs adions
heroïques. Coelus par
exemple
, ou Ouranos
qui estoit fils d'Agamemnon
& petit filsde Gomer,
se rendit maistre d'une
grande parrie de la Grece
par la bravoure. Il épousa
Tirée la soeur dont il eut
Titan, Hisperion Japher,
&Saturne.Celuy -cv quoyque
le plus jeune eut assez
d'esprit & d'intrigue pour
monter sur le tronc,au
préjudice deles aînez à
conditiontoutefois que
,Tiran
Titanvyr~e"Cm:1ioarn~t{rrooiittap;1 prèréssssaa
mort.Saturneayantépousé
sRahceraif(iaersàoeCuroe,lursessoolnuptedree.
toussesenfants mallies
, mais sa femme trouva le
moyen de sauver Jupiter
en substituant un autre en
sa placé, cequrobligea
Tiran à Ce revolcer contre
Saturne qui fut mis en prison.
-"
*î -t Mais Jupiter estant devenu
grand se fit des brigues,
&fit la guerre a son
oncle & aux Titans, 5z
restablis son pcrc sur le
trône; mais Saturne s'éslantbrouilléavec
Jupiter,
fut ensuite deposé par luy,
& obligé de s'enfuir en
Italie
,
ou quelque temps
aprèss'estant ligué avec les
Titans contre Jupiter, ce.
luy-cy les défit tous prés le
Tartesse & les chassa des
Gaules & des Espagnes, &
& enfin après soixante 5c
deux ans de regneil mourut
dans l'Ille de Crete, où
l'on voyoit anciennement
cette
cette Epitaphe sur son
Tombeau. Cy gist Zan que
l'on nommoitJupiter. Com-
! me il demeuroit ordinai-
I rement sur leMont Olymf
pe , on le regarda depuis
comme Dieu du Ciel. Ce
! qui a donné lieu auxPoëtes
l
de dire que Jupiter avoit
lperécipitez les Titans dans
Tartare) où Neptune les
tenoit enfermez
,
etfparcequ'il
les avoir defait prés
de Cadix qu'on regardoit
alors comme le bout du
monde. Neptune est dit
Dieu de la Mer parce qu'il
estoit Amiral de la flotte
de Jupiter.. Pluton n'a parte
pour
le
Roy des Enfers
,
que parce qu'il eut ce Pays
en partage,&qu'il faisoit
faisoit travail ler aux m
falfoit travailler -•* im<
ncs. •
Cette mesme guerre a j
donné lieu à lavable qui
.tiit que les Geans voulurent
détrôner JupiterJ
&c. 'J
La raison pourquoy on
les a fait passer pourles enfants
du Ciel & de la Terre,
c'est qu'ils estoient des- *
cendu d'Ouranus qui en
longue Grecque signifie
Ciel,& deTirée ou Titeia
qui en langue Celtique
veut dire Terre. Le
mot de Geant veut dire
pareillemment forti de
Terre, du Grec yti, terra ôc
Îd61
,
nascor.
Voilàledénouement
de toutes les Fables que
quelques-uns expliquent
autrementy disant que Saturne
est le mesme que
Noé,&queJupiter, Neptune
& Pluton n'ont esté
autres que Sem
,
Cham
Japhet, ôc que lacruauté
de Jupiter envers son pere, i
n'est qu'une imitation de 1
la curiositédeCham ou
Chanaan, mal interprétée.
Comme Mercure estoit
le plus braveSe le plus adroit
de tous les enfants de
Jupiter, ce Prince s'en fervoit
ordinairement pour
les négociations qu'il avoit
avec les Princes voisins.& 1
c'est sans doute ce qui l'a j
fait nommer Messager des
Dieux. Les Gaulois mesme
le regardaient comme l'inc?
venteur des beaux Arts.
&c.
Diodore nous apprend
que prés laVillede Memphis
est un Lac nommé
Acherusie,au delà duquel
on enterroit anciennement
les morts: de forte qu'aprés
lesavoir embaumez y
on les portoit sur le rivage
d'où l'on indiquoit aux
Juges le jour de leur passage.
Ils s'y rendoient pour
faire le Procez aux Morts
qui devoient passer
; on
examinoit la vie qu'ils
avoient mené, & s'ils es.
toient jugez dignes de fopulture
on faisoit. passer
leurs cadavres dans une
barque par un Batelier qui
en langue du Pays s'appelloit
Caron. Ceux qui estoient
jugez indignes de la <
pulture, ne passoient point
le Lac,&estoient jettez à
la voirie ou enterrez fecrettement.
Cettecoutumeestoit
aussi pratiquée a l'égard
des Princes mesmes,
ce qui ne contribuoit pas
peu à retenir les vivants
dans leur devoir. Comme
le Batelier prenoit quelque
droit pour le passage
, on
avoit coutume de mettre
une piece d'argent fous la
langue dumort. -'
Au-delà du Lac Acherusse
estoient des bois u
des bocages charmants
,
un Temple consacré à He-
CcttCyte deux autres fameux
Marais le Cocite & le Le-'
thé. Il y avoit encore prés
de là une autre Ville nommée
Achante, où un Pre..
stre versoit tous les jours
mysterieusement. de l'eau
du Nil dans un vaisseau
percé. Il y a grande apparence
que ces sepultures estoient
gardées par quelques
chiens de peur qu'on
ne vint déterrer ces Mo.
mies. Toutcelaa donné
cccasion à la Fabie des Poëtes
touchant le sejour des
Ames heureuses dans les
Champs Elisées, leur paffage
par la Barque à Caron,&
c. -:
Mais ce qui a fait appeller
Cerbere
,
le Chien
qui gardoit l'entrée de cet
Enfer, est un affreux Serpentou
Dragon qui habitoit
autrefois la Caverne
de Tenare. Parce qu'on regardoit
l'entrée de cette
1 Caverne comme la bouche
de l'Enfer, on a pris de là •
occasion de dire que ce
Dragon estoit le Portier de
ces tristes demeures. Voilà
le Chien des Enfers.
*ï& Pour ce qui est des Furies&
desParques
,
l'Autheur
en attribue l'origine
à l'imagination des Poëtes,
& dans tout le reste de son
Livre ,
il démêlesçavamment
la verité des évene.
ments historiques d'avec
les imaginations fabuleuses
qui les ont défigurez.
At. Ce Livre qui se vend à
Paris chez le Breton, au j
bout duPont- neuf, entre la
ruëDauphine & lar ruë 1
GGuenegaudd,a',étécomposé, ?
par M. L. B.
Explicationbiflorique des
Fables
y
où l'on découvre leur
origine & leur conformité
avec l'histoire ancienne, &' où
l'on rapporte les époques des
Héros,
Hérosj edes principaux événements
dont il estfait men- tion.- Si les Anciens revenoient
nous parler de
bonne foy
,
ils roien,tq,u-'iflsn'on*t pas
cru mettre dans leurs
Fables obscures toutes
les beautez que nous y
voyons. ( - - On y a trouvé tout ce
qu'on a voulu, dit l'Auteur;
le Physiçien y a ap- ;
perçu les mystere-s de la
Nature; k Politique
,
les
rafinements de la SageUey
le Philosophe
,
la Morale
laplus pure;& le Chymi- ;
fte y trouve les Secrets les :
plus importants de son;
Art,&c.; Quoyqu'on ne puissè i
;
douter que les Fables ne
renferment une partie de j
l'Histoire , il ne faut pas
1
croire cependant que tou-;
tes les circonstances yfassentallusion,
&c.i Les Poètes quiont esté.
les premiers Historiens, y
ont mêle la vérité avec les
vains oirnements de la. Fsh
ble.C'est lepremier estat,
Se pour ainsi direl'enfance
des Fables, &c.
Ccux qui dans la fuite
traitèrent des mesmes fujets
, y mêlerenc aussi plurieurs
- i circonstances par
rapport à leur Philosophie,
;'& à leur Religion; ainsi,
les mêmesFablesquin'estoient
d'abord qu'historiques
devinrent dans la
fuite, morales
,
theologiques,
& physiques
) &c.
r Les événements de ces
Fables n'ayantpas paruaux
Poètes assèz glorieux pour
les Héros qu'ils vouloient
chanter, ils y ont mêlé
millefictions pompeuses
qui ont passez pour des événementsréels.
C'est à les
développer, àles démêler,
& a voir ce qui peut y avoir
donné lieu
y que l'Auteur
de ce Livre stefi: uniquement
attaché,&c.
On peut distinguer dans
les Poëtes cinq fortes de
Fables. Les Fables historiques
font d'anciennes HLstoiresmêlées
avec plufielirs.
fiâions- telles font
celles qui nous parlent
d'Hercules, de Jason,&c.
Les Fables philosophiques
font cellesque les Anciens
ont inventées comme
des paraboles propresà envelopper
les my steres de
leur Philosophie ; comme
quand ils nousdépeignent
l'Ocean par des Fleoves &c. ,
Les allegoriques- font
aufil des paraboles où ils
cachent quelques sens myfterieux;
commecelle que
Platon racontede Porus$c
dePenie,ôcc..
Les morales font celles
qu'on a inventées pour debiter
quelques precepres
propres à regler les moeurs;
telles sonn les Fables defope,
& autres semblables
Apologues,&C..
Les Fables inventees a • plaisir font celles qui n'ont
daufre but que le divertit
sement ; comme celles de PlÎché. Generalemenc
parlant, il y atres- peu de
-Fables dans lesAnciensqui
ne renferment quelque
traitd'hiftoire^&c.
SourCe8 des Fables.
La vanité des hommes
est sans doute la premiere
source des Fables;lavérité
ne leur ayant pas tousjours
paru assez belle ni assez
amusante
,
ils ont cru que
pour paroistre elle avoit
besoin du merveilleux ôc
du sublime,&c.
Avant que l'usage des
lettres fut introduit dans la
Grece, les grands évenements
& les belles actions
n'avoient d'autres monumentsque
lamemoire des-,
hommes, ou tout au plus
quelques hiéroglyphes obscurs,
& dont le sens toûjours
ambigu pouvoit si- * gnifier tout ce qu'on vouloit
; de sorte que pour perpetuer
lesouvenirde leurs
faits éclatants, les peres les
racontoient aux enfants
lX. suivant la louable coutume
de ne dire jamais les
choses simplement aux jeunes
gens,ilsmêloient dans
le récit des avantures quel-
-
ques circonstances propres
à les y rendre attentifs, & aenfairesouvenir.Ainsise
remplissoit d'idées sublimes
la memoire & l'imagination
foible des enfants - :
,
qui 1
qui venant dans la fuite à
raconter les mesmes choses
à leur tour ,
yajoustoient
encore quelques autres circonstances,
ensorte que
quand on avoulu faire des
Annales deces Histoires,
on n'atrouvé d'autres monuments
que cette tradition
confuse & défigurée,
&c
Anciennementonavoit
coutume de loüer les Heros
après leur mort, & les
jours de leursfestes par
des Panegyriques estudiez,
r
où de jeunes Rheteuts
,
dont on vou loir éprouver
le genie par ces coups d'essay,
se donnoient une enticre
libertéde feindre ôc
d'inventer tout ce qui pouvoit
contribuer à la gloire
desHeros qu'ils representoient
non tels qu'ilsavoient
esté, mais tels qu'ils
auroient dû estre Ainsi
lorsque dans la suite on a
voulu faire l'histoirede ces
grandsHommes
, on n'a
pû travailler que sur des
memoires plus fabuleux
que verita bles, &c.
Les Voyageurs & les
Marchandsontaussi beaucoupgastél'histoire
par
leurs relations fabuleuses:
carcessortesdegensestant *
cy ordinairement ignorants
ou menteurssetrompent
eux-mêmes en voulant
tromper les autres, 'tcc.TX
'H! Ce qui a donné lieu à
la multiplication des Héros
,
c'est qu'on a partagé
entre plusieurs les actions
d'un seul sous differents
noms. Mercurepar exem-
,
ple qui s'appellpit Teutas
chez nos anciens Gaulois,
se nommoit Faune en Italie
, &: Hermés chez les
Grecs, &c.Aucontraire
on a multiplié les actions
d'un seul Heros en luy
attribuant celles de plusieurs
sous un même nom
comme dans l'histoire
d'Hercules de Thebes ou j
l'on a mêlé les voyages & 1
les actions d'HerculesPhenicien,
& de plusieurs autres
Heros de même nom,
&c.
1 Tous les hommes sestant
trouvées submergez
par les eaux du Deluge,
excepté Noé & sa famille
,
le monde ne pust estre repeuplé
que tres-longtemps
après. Mais quoyq e la
Syrie,la Palestine
,
l' Arabie,
l'Egypte, & lesautres
Pays les plus proches du
lieu où 1 Arches'arresta
furent repeuplez les premiers,&
long-tempsavant
les Provinces d'Occident,
cependant il ne laissoit pas
de s'échapper de temps en
temps quelques-uns des
plus hardis pouraller chercher
fortune ailleurs.Ceux
qui arriverent les premiers
dans la Grece, y vécurent
dans une ignorance & une
grossieretéestonnante, sans
Arts, sans Coutumes ; sans
Loix; se couvrant de seüilles
, & broutant l'herbe
commedes bestes. Quand
dans la fuite les estrangers
Egyptiens & Pheniciens
gens plus polis & plus sçavants,
y arrivèrent, ils tâchèrent
d'adoucir , l'humeur
feroce & barbare de
ces premiers habirancs
leur firent part de leurs
Couru mes &: de leurs Loix,
&leurapprirent la manierede
s'habiller, de se nourrir
& de cultiver la terre.
Cette nouvelle maniere de
vivre leur parut si belle,
que ne sçachant comment
leur,témoigner la reconnoissance
qu'ils en avoient,
ilsles prirentpour des
hommes envoyez du ciel ,
& les regarderentcomme
des Dieux à qui ils sacrifierent.
C'est ce qui a donné
lieu àla Fable qui dit que
Promethée avoir dérobe le
feu du ciel
,
c'est à
-
dire,
l'esprit divin,&c.., Ilya beaucou p d'apparence,
& la pluspart des
Sçavants en sont persuadez
, que presquetoutle
sublime & lesurnaturel
qui setrouve dans les ouvrages
fabuleux desPoëtes,
est tirédequelquescirconstances
de la vie de Noé,
: de Moyse, de Josué ,'&
de quelques autres Heros
de l'Ecriture Sainte l,AleC
quels
-1 ayant répandu le
bruit de leurs bellesactions
jusqu'en Egypte
, en Phenicie,
&: jJns plusieurs au- tres Pays, ces Peuplesidolatres,
& sur tout les Grecs
grands amateursdu sublime
& du surnaturel, ne
manquerent pas d'en emrbellir
dans la suite l'histoire
de leurs è-Iclos. Celles
d'Hercules &de Bacchus,
ont beaucoup de ressemblance
avec Josué & Moyse.
Celles de Deucalion U
deSaturne, avec Noëlle
Deluge,&c.
r'.
Pour ce quiregarde les
Arts & les Sciences,ils
substituent a tout propos
leurs Divinitez fabuleuses
a la place des anciens Patriarches
,quel'Ecriture
nous apprend en avoir esté
les premiers inventeurs. J
Jubal
,
par exemple
,
fut
l'inventeurde la Musique; : delà vicnt leur Apollon
qu'ilsfont encore inventeur
des Sciences au lieu de
Moyse. D'A bel qui le premier
a mené lavie piflorale,
ilsont fait Pan. Vulcain
pour Tubalcaïn a le
premier appris à forger le Fer. Cemesme Vulcain
qu'ils disent estre tombé
du Ciel n'est autre chose
que Moyse descendu de la
Montagne Au reste
l'histoi,r..,e des Grecs ne
commença à devenir un
peu raisonnable que du
tempsdesOlympiades, 6c
du temps d'Esdras
,
c'està-
dire,long-temps aprés
la guerre de Troye. Tout
ce qui se passa auparavant
n'estque confusion & que
chimère.
Les temps inconnus
font depuis la Creation
jusqu'au Deluge d'Ogigis.
arrive vers l'an 2240. Les
temps fabuleux renferment
ce qui s'est palle depuis
ce Deluge jusqu'à la
premiere Olympiade qui
tombe sur la 3203. Enfin
les temps historiques regardentcequis'est
écoulé
depuis l'establissement des
Olympiades, &c.
Le peu d'habileté qu'on
avoitdans l'Art de la Navigation
& dans la Geographie,
a donnélieu à
beaucoup de Fables aussibien
que le soin charitable
qu'onavoit de sauver
l'honneur des Dames galantes.
Lorsque quelques
Princesses avoit eu de la
foiblesse pourson Amant,
les flatteurs appelloient au
secours de sa reputation
quelque Divinité favorable,
qu 'on fuppofoit avoir
triomphé de son insensibilité.
Ces fortes de galanteriesestoient
mesme si honorables
,
qu'il n'y avoit
pas jusqu'aux Epoux qui
ne les favorisassent. L'histoire
deMundus & de Pauline
n'en est pas le seul
exemple,&c..
Apres avoir découvert
l'origine des Fables,
l'Autheur commence
l'histoire des Dieux.
Ilestbien difficile de
fixerl'époque del'idolatrie,&
de dire précisément
parquielle acommencé;
car qnoyque iTcrKure
nous apprenne que lesen-
:
fanes de Caïn tombèrent
dans l'idolatrie ellene.
nous dit riend'explicite
deces Idolatres.Ansi
iln'est pas moins difficile
dedéciderquel enaesté le j
premierobjet. l es uns pré-;
tendentqu'onacommencé !
paradorer lesAstres.D'autres
veulent que la plus ancienne
idolatriea esté celle
des deux Principes
,
c'està
dire de reconnoistre un
bon & un mauvais Genie
à qui on
sacrifia,àl'un
par
reconnoissance du bien
qu'on encroyoitrecevoir,
& à l'autre par la crainte
des maux qu'il pouvoit
causer,&c.. ~-t
D'autresontcruqueles
bonsAnges mediateursentre
Dieu & les hommes
avoient cft-c le premier
objet de l'idolatrie. Quoyqu'il
en soit, il est certain
quel'idolatrie ne fut pas
d'abord si grossiere qu'elle
le devint par degrez. On
n'adora au commencement
que lesAstres, &sur
tout le Soleil & la Lune
> delà on passa à l'adoration
des Elements,& ensuite à
celle des choses animées,
comme des Princes & des
autres hommes illustres
,
& enfin les choies inanimées
& mesmes les plus
viles devinrent l'objet du
culte des hommes.
Comme le nombre de
ces faux Dieux devint presque
infini, ils les diviserenten
plusieursclasses. La
premiere
premiere estoit de ceux
qu'ils appelloient majorum
gentium Dii. C'estoient des
Dieux estrangers ; comme
le Soleil & les autres Astres.
La seconde classe estoit
deceuxqu'ilsnommoient
minorumgentium & c'estoient
des Dieux dedifferents
Peuples.
On les * divisa ensuite
en grands Dieux ou Dieux
du Conseil. Les Grecs en
connoissoient douze de
cette forte; Junon, Vesta,
Minerve, Cerés
,
Diane,
Venus, Mars
,
Mercure,
Jupiter , Neptune
,
Vulcain,&
Apollon.
Les Romains y en joignirent
huit autres qu'ils
nommoienr Dieux choisis.
Sçavoir, Janus
,
Saturne, leGenie,leSoleil, la Lune,
Pluton, Bacchus, &
l'ancienneVesta
, ou la
Terre.
Ensuite venaient les
Dieux Senones, qu'on ne
croyoit pas assez grands
pour habiter dans le Ciel.
; IlYavoitaussi desDieux
communs quifavorisoient
les Partis, comme Mars,
Bellone&
Il y en avoir outre cela
dans chaque Pays qu'on
nommoit Indigetcs
, parce
qu'ils estoient rousjours
prestsàécouter.les besoins
de çeux qui avoient recoursàeux.
Il y avoir encore les
Dieux Cabbires
, comme
qui dirotc Associez. Les
Historiens en varient le
nombre.Quelques-uns n'en
admettent que deux :
sçovoir
; Jupiter & Bacc hus;
d'autresveulent qu'il y en
aie quatre qui fontCerés,
Proserpine, Pluton & Mercure.
OnenadoroitenSicile
d'une especeparticulière
qu'on nommoitPalices,&c
Enfinonconnoissoitdes
Dieux particulier, comme
les Dieux Penates,les Dieux
Lares
-%
que chacun adoroit
dans sa maison,&lesDieux
Compitales
,
qu'on adoroit
dans les Carrefours; sans
parler de la populace des
Dieux,comme les Nymphes
,les Syrenes, les. Satyres,&
c. On y peut joindre
encore des Dieux Animez
&desDieuxNaturels
Les premiers estoient ou
les Démons,ou les Ames
des grands Hommes
, ou
des Esprits bienfaisants.
Les autres n'estoient. que
les symboles fous lesquels
on adoroit ou la nature
entiere commePan ou
quelques-une de ses parties,
comme Apis,Dagon
,
&c.
Au reste pour donner
une idée generale de tous
ces Dieux, il n'ya qu'à
dire qu'ils estoientCelestes
ou Terrestres,Aquariques
-
ouInsernaux
La plupart des Dieux
n'ontcité que des hommes
illustres,&souvent plus
recommandables par leurs
vices que par leurs adions
heroïques. Coelus par
exemple
, ou Ouranos
qui estoit fils d'Agamemnon
& petit filsde Gomer,
se rendit maistre d'une
grande parrie de la Grece
par la bravoure. Il épousa
Tirée la soeur dont il eut
Titan, Hisperion Japher,
&Saturne.Celuy -cv quoyque
le plus jeune eut assez
d'esprit & d'intrigue pour
monter sur le tronc,au
préjudice deles aînez à
conditiontoutefois que
,Tiran
Titanvyr~e"Cm:1ioarn~t{rrooiittap;1 prèréssssaa
mort.Saturneayantépousé
sRahceraif(iaersàoeCuroe,lursessoolnuptedree.
toussesenfants mallies
, mais sa femme trouva le
moyen de sauver Jupiter
en substituant un autre en
sa placé, cequrobligea
Tiran à Ce revolcer contre
Saturne qui fut mis en prison.
-"
*î -t Mais Jupiter estant devenu
grand se fit des brigues,
&fit la guerre a son
oncle & aux Titans, 5z
restablis son pcrc sur le
trône; mais Saturne s'éslantbrouilléavec
Jupiter,
fut ensuite deposé par luy,
& obligé de s'enfuir en
Italie
,
ou quelque temps
aprèss'estant ligué avec les
Titans contre Jupiter, ce.
luy-cy les défit tous prés le
Tartesse & les chassa des
Gaules & des Espagnes, &
& enfin après soixante 5c
deux ans de regneil mourut
dans l'Ille de Crete, où
l'on voyoit anciennement
cette
cette Epitaphe sur son
Tombeau. Cy gist Zan que
l'on nommoitJupiter. Com-
! me il demeuroit ordinai-
I rement sur leMont Olymf
pe , on le regarda depuis
comme Dieu du Ciel. Ce
! qui a donné lieu auxPoëtes
l
de dire que Jupiter avoit
lperécipitez les Titans dans
Tartare) où Neptune les
tenoit enfermez
,
etfparcequ'il
les avoir defait prés
de Cadix qu'on regardoit
alors comme le bout du
monde. Neptune est dit
Dieu de la Mer parce qu'il
estoit Amiral de la flotte
de Jupiter.. Pluton n'a parte
pour
le
Roy des Enfers
,
que parce qu'il eut ce Pays
en partage,&qu'il faisoit
faisoit travail ler aux m
falfoit travailler -•* im<
ncs. •
Cette mesme guerre a j
donné lieu à lavable qui
.tiit que les Geans voulurent
détrôner JupiterJ
&c. 'J
La raison pourquoy on
les a fait passer pourles enfants
du Ciel & de la Terre,
c'est qu'ils estoient des- *
cendu d'Ouranus qui en
longue Grecque signifie
Ciel,& deTirée ou Titeia
qui en langue Celtique
veut dire Terre. Le
mot de Geant veut dire
pareillemment forti de
Terre, du Grec yti, terra ôc
Îd61
,
nascor.
Voilàledénouement
de toutes les Fables que
quelques-uns expliquent
autrementy disant que Saturne
est le mesme que
Noé,&queJupiter, Neptune
& Pluton n'ont esté
autres que Sem
,
Cham
Japhet, ôc que lacruauté
de Jupiter envers son pere, i
n'est qu'une imitation de 1
la curiositédeCham ou
Chanaan, mal interprétée.
Comme Mercure estoit
le plus braveSe le plus adroit
de tous les enfants de
Jupiter, ce Prince s'en fervoit
ordinairement pour
les négociations qu'il avoit
avec les Princes voisins.& 1
c'est sans doute ce qui l'a j
fait nommer Messager des
Dieux. Les Gaulois mesme
le regardaient comme l'inc?
venteur des beaux Arts.
&c.
Diodore nous apprend
que prés laVillede Memphis
est un Lac nommé
Acherusie,au delà duquel
on enterroit anciennement
les morts: de forte qu'aprés
lesavoir embaumez y
on les portoit sur le rivage
d'où l'on indiquoit aux
Juges le jour de leur passage.
Ils s'y rendoient pour
faire le Procez aux Morts
qui devoient passer
; on
examinoit la vie qu'ils
avoient mené, & s'ils es.
toient jugez dignes de fopulture
on faisoit. passer
leurs cadavres dans une
barque par un Batelier qui
en langue du Pays s'appelloit
Caron. Ceux qui estoient
jugez indignes de la <
pulture, ne passoient point
le Lac,&estoient jettez à
la voirie ou enterrez fecrettement.
Cettecoutumeestoit
aussi pratiquée a l'égard
des Princes mesmes,
ce qui ne contribuoit pas
peu à retenir les vivants
dans leur devoir. Comme
le Batelier prenoit quelque
droit pour le passage
, on
avoit coutume de mettre
une piece d'argent fous la
langue dumort. -'
Au-delà du Lac Acherusse
estoient des bois u
des bocages charmants
,
un Temple consacré à He-
CcttCyte deux autres fameux
Marais le Cocite & le Le-'
thé. Il y avoit encore prés
de là une autre Ville nommée
Achante, où un Pre..
stre versoit tous les jours
mysterieusement. de l'eau
du Nil dans un vaisseau
percé. Il y a grande apparence
que ces sepultures estoient
gardées par quelques
chiens de peur qu'on
ne vint déterrer ces Mo.
mies. Toutcelaa donné
cccasion à la Fabie des Poëtes
touchant le sejour des
Ames heureuses dans les
Champs Elisées, leur paffage
par la Barque à Caron,&
c. -:
Mais ce qui a fait appeller
Cerbere
,
le Chien
qui gardoit l'entrée de cet
Enfer, est un affreux Serpentou
Dragon qui habitoit
autrefois la Caverne
de Tenare. Parce qu'on regardoit
l'entrée de cette
1 Caverne comme la bouche
de l'Enfer, on a pris de là •
occasion de dire que ce
Dragon estoit le Portier de
ces tristes demeures. Voilà
le Chien des Enfers.
*ï& Pour ce qui est des Furies&
desParques
,
l'Autheur
en attribue l'origine
à l'imagination des Poëtes,
& dans tout le reste de son
Livre ,
il démêlesçavamment
la verité des évene.
ments historiques d'avec
les imaginations fabuleuses
qui les ont défigurez.
At. Ce Livre qui se vend à
Paris chez le Breton, au j
bout duPont- neuf, entre la
ruëDauphine & lar ruë 1
GGuenegaudd,a',étécomposé, ?
par M. L. B.
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Résumé : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Le livre 'Explication biflorique des Fables' examine l'origine et la conformité des fables avec l'histoire ancienne, ainsi que les époques des héros et des principaux événements mentionnés. L'auteur souligne que les Anciens n'ont pas intentionnellement caché des beautés dans leurs fables. Les fables ont été interprétées de diverses manières par les Physiciens, les Politiques, les Philosophes et les Chimistes, chacun y trouvant des mystères ou des secrets selon leur domaine. Elles mêlent vérité et fictions, évoluant au fil du temps pour inclure des aspects moraux, théologiques et physiques. L'auteur distingue cinq types de fables : historiques (comme celles d'Hercule et de Jason), philosophiques (utilisant des paraboles pour enseigner des mystères), allégoriques (cachant des sens mystérieux), morales (transmettant des préceptes) et celles inventées pour le divertissement. La plupart des fables anciennes contiennent des traits d'histoire. Les sources des fables incluent la vanité humaine, la nécessité de rendre les récits plus amusants et sublimes, et la tradition orale. Avant l'écriture, les événements étaient transmis oralement, enrichis de fictions pour captiver l'audience. Les panégyriques et les récits des voyageurs et marchands ont également contribué à la multiplication des fables. Les fables grecques et romaines ont souvent embelli les actions de héros comme Hercule et Bacchus, inspirées par des figures bibliques comme Noé, Moïse et Josué. Les arts et les sciences étaient souvent attribués à des divinités fabuleuses plutôt qu'à des patriarches bibliques. L'histoire grecque est devenue plus raisonnable à partir des Olympiades et du temps d'Esdras. Les temps sont classés en inconnus (jusqu'au Déluge), fabuleux (jusqu'à la première Olympiade) et historiques (après les Olympiades). La navigation et la géographie ont également influencé les fables, ainsi que le désir de protéger la réputation des dames galantes. Le texte explore ensuite les mythes grecs et leurs interprétations. Saturne, ayant épousé Rhéa, fut contraint par son père Titan de l'emprisonner. Rhéa sauva Jupiter en substituant un autre enfant à sa place, ce qui poussa Titan à se révolter contre Saturne. Jupiter, devenu adulte, fit la guerre à son oncle et aux Titans, rétablit son pouvoir et déposa Saturne, qui s'enfuit en Italie. Après une nouvelle rébellion avec les Titans, Jupiter les défit près du Tartesse et les chassa des Gaules et des Espagnes. Il régna soixante-deux ans et mourut en Crète. Les mythes expliquent que Jupiter fut considéré comme le dieu du Ciel, Neptune comme le dieu de la Mer, et Pluton comme le roi des Enfers. La guerre contre les Géants, enfants du Ciel et de la Terre, est également mentionnée. Le texte explore aussi les rôles de Mercure, considéré comme le messager des dieux et inventeur des beaux-arts chez les Gaulois. Diodore décrit des coutumes funéraires près de Memphis, où les morts étaient jugés avant d'être transportés par Caron. Ces pratiques ont inspiré des fables sur le séjour des âmes dans les Champs Élysées et le chien Cerbère gardant l'Enfer. L'auteur démêle la vérité historique des imaginations fabuleuses des poètes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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232
p. 268-270
Article burlesque.
Début :
Je vous demande excuse de n'estre pas en humeur [...]
Mots clefs :
Burlesque, Chanson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article burlesque.
JA>e>'TvéoviÓisúJdsdeemria1natdldeècèxx^J
cuse de n'estre-pas,en
humeur de rire. Je 11ç
vousdonnerayque la
Chansonsuivante pour
tout burlesque. Ce titre
est necessaire pour autoriser
un jeu de mots sur
quoy roulent les refrains.
Encore un mot de digression;
j'ay tout privi-,
lege dans cet Article, -æ
pour vous dédommager
de ce que vous ne nez
point, je ve'u:x au-moins vousennuyer. J'ayfaitdepuisdixou
douze ansplus decent
Chansons, &depuisdix
ou douze ans j'ay la patienced'en
entendre es-
, ,- tropier les airs & lesparoles.
Ce n'esepas manqued'affectionpour
mes
Ouvrages , mais j'ay
toujours esteaussi paresseux
de les écrire que de
les chanter. Je me punis
assez de ma paresse
,
ç&r ilm'en couste à chaque
Mercure plusieurs Cou-
:plets nouveaux pour en
faire passer un vieux.
cuse de n'estre-pas,en
humeur de rire. Je 11ç
vousdonnerayque la
Chansonsuivante pour
tout burlesque. Ce titre
est necessaire pour autoriser
un jeu de mots sur
quoy roulent les refrains.
Encore un mot de digression;
j'ay tout privi-,
lege dans cet Article, -æ
pour vous dédommager
de ce que vous ne nez
point, je ve'u:x au-moins vousennuyer. J'ayfaitdepuisdixou
douze ansplus decent
Chansons, &depuisdix
ou douze ans j'ay la patienced'en
entendre es-
, ,- tropier les airs & lesparoles.
Ce n'esepas manqued'affectionpour
mes
Ouvrages , mais j'ay
toujours esteaussi paresseux
de les écrire que de
les chanter. Je me punis
assez de ma paresse
,
ç&r ilm'en couste à chaque
Mercure plusieurs Cou-
:plets nouveaux pour en
faire passer un vieux.
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Résumé : Article burlesque.
L'auteur, malgré une longue expérience de l'écriture de chansons, exprime sa réticence actuelle à en composer. Il justifie un jeu de mots dans les refrains par une chanson burlesque. Il avoue écrire des chansons depuis dix ou douze ans mais manque de motivation. Il se punit de sa paresse en fournissant régulièrement des couplets au Mercure, une publication périodique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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233
p. 285-286
Piéce d'Eloquence, [titre d'après la table]
Début :
Le R.P. Porée, Professeur d'Eloquence au College de Louis [...]
Mots clefs :
Éloquence
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Piéce d'Eloquence, [titre d'après la table]
Le R. P. Porée;Profelïèur
d'Eloquence, au
Collège a de Louis
?
le
Grand
, a fait un Ditcours
Latin sur la Satyre.
Un de mes amis qui
çftoItdei'Afïèrnbiée, &
qui a une mémoire prqdigieuse
m'en a promis
un Extrait en François
que j'espere vous donner
le mois prochain.
d'Eloquence, au
Collège a de Louis
?
le
Grand
, a fait un Ditcours
Latin sur la Satyre.
Un de mes amis qui
çftoItdei'Afïèrnbiée, &
qui a une mémoire prqdigieuse
m'en a promis
un Extrait en François
que j'espere vous donner
le mois prochain.
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234
s. p.
PRÉFACE
Début :
Un de mes amis vint me dire l'autre jour que [...]
Mots clefs :
Auteur, Critique, Mercure, Louanges, Journal de Trévoux, Mercure de Trévoux, Public
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRÉFACE
PREFACE
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
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Résumé : PRÉFACE
Dans une préface, l'auteur aborde une critique publiée dans le nouveau Mercure de Trévoux à son encontre. Informé par un ami de cette critique sévère, l'auteur exprime d'abord son incrédulité, estimant que les rédacteurs du Mercure sont trop compétents pour recourir à des attaques satiriques. Cependant, après avoir pris connaissance de la préface critique, il décide de l'interpréter favorablement, malgré son style obscur et ses pensées ambiguës. L'auteur note que les auteurs du Mercure ont critiqué son premier volume tout en approuvant implicitement les suivants. La préface du Mercure de Trévoux reproche à l'auteur d'avoir traité les décès et les mariages de manière légère. Les rédacteurs du Mercure se défendent en expliquant qu'ils n'ont eu que six mois pour préparer leur préface et ont donc concentré leurs efforts sur le style plutôt que sur le fond. Ils comparent leur ouvrage aux poèmes dramatiques et espèrent que le public verra leurs nouvelles comme un correctif à celles du Mercure de Paris. L'auteur conclut en soulignant la différence entre les auteurs du Journal de Trévoux et ceux du Mercure, louant la politesse et la modération des premiers. Il mentionne également un discours sur la satire prononcé par le Père Porée, professeur d'éloquence au Collège de Louis le Grand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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235
s. p.
EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
Début :
Le Pere Porrée prend dans son Exorde un juste milieu [...]
Mots clefs :
Satire, Société, Société civile, Morale, Magistrats
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
EXTRA IZ
D'un Difcours Latin
fur la Satyre.
Le Pere Porrée prend
dans fon Exorde un juſte
12 MERCURE
milieu entre les Partifans
trop zelez de la Satire & , les
Cenfeurs outrez qui la condamnent.
Il prouve dans fon premier
Point l'utilité de la
Jans focieté civile.
{
Il prefcrit dans fon fe
cond Point , les bornes de
fa Satire , & les moyens de
s'en fervit utilement , fans
violer les loix de la focieté
civile.u
EXORDE
Les Partifans outrez de
fa Satire , difent que les
Orateurs Chreftrens prêchent
GALANT * }
chent une Morale plus incompatible
avec les moeurs
du ficcle que la Satire , &
que par confequent
, la Satire
fait plus de fruit que les
Sermons ; ils
préferent encore
la Satire aux loix écrites
qui ne font
connues que par
les Juges & les Avocats
ils preferent la Satire à la
Morale des
Philofophes qui
n'eft connue que des Sçavans
ou pluftor qui eft em
brouillée par les idées particulieres
que chaque Sçavant
fe fait des differens fiftêmes
des Philofophes. La Satire
Février
1711 . B
14 MERGURE
a fur tout cela l'avantage
d'eftre lûe & compriſe par
tout le monde , elle engage
par fes agréments les hommes
à faire des réflexions
utiles pour eux , fur les défauts
qu'ils voyent blâmer
dans les autres .
Ceux au contraire qui
condamnent la Satire la
croye tres dangereufe parce
qu'elle ne s'occupe que des
défauts d'autruy , & qu'ainfi
elle entretient la vanité , &
la malignité humaine tres
contraire aux principes du
Chriftianifme , le P. Porre
A
GALANT
prend entre ces deux extremitez
un jufte milieu qu'il
défigne parfaitement dans
la feconde Partie de fon
Difcours.
I. POINT. J
Tout ce qui contribue à
maintenir la focieté entre les
Hommes eft bon , & par
le même principe tout ce
qui tent à troubler la paix &
l'union eft mauvais.
Tous les vices & les dé
fauts des hommes nuifent à
cette union , & commeil y
en a de plufieurs fortes il y a
auffi differents moyens pour
les
reprimer.
Bij
ya
16 MERGURE
Les vols les incendies les
meurtres & les crimes femblables
, font punis par la
loy , c'eft l'affaire des Juges
de punir les coupables..
Les médifances , l'envie ,
les haines fecrettes , &c . peuvent'être
attaquées & combatues
par les Prédicateurs
& par les Livres de Morale.
Mais il eft d'autres dé
fauts contraires à la focieté ,
qui ne peuvent être corigez
que par la Satire. Il eſt des
caracteres. infuportables
dans le commerce des honGALANT.
17
neftes gens ; des indifcrets ;
des taciturnes , des grands
parleurs , des precicufes
des fanfarons, des indolents,
des difputeurs , des complai
fants fades , des efprits de
contradiction , & c .
La Juftice ne peut pas
faire le procés à ces pertur
bateurs de la focieté civile ,
il faut bien que la Satire les
puniffe , & les corrige.
H. POIN T.
la
La Satire n'eft permife ,
que lorfqu'elle n'eft animée
ni par la jaloufie , ni par
haine mais feulement par un
Biij
18 MERCURE
zele ardent & reglé pour la
perfection.
Il ne faut jamais faire de
portraits où le public puiſſe
reconnoître un homme en
particulier , mais il faut que
chaque particulier puiffe fe
reconnoître dans la peinture
generale des vices & des
ridicules de fon fiecle.
La perfection de la Satire
& même de la raillerie confifte
à la rendre fi innocente
& fi agréable qu'elle réjoüiffe
celuy même qu'elle veuc
corriger.
Il fit un crime aux Satiri
GALANT. 19
ques non feulement de nommer
, mais de défigner ceux
qu'on veut reprendre .
Si c'eft une perfection dans
les Satires d'attaquer les vices
fans nommer perfonne ,
c'en eft une dans les Panegyriques
de ne point nommer
ceux qu'on louë , mais de les
defigner fi parfaitement par
des louanges convenables ,
que tout le monde les reconnoiffe.
C'eft avec cet art que
le P. Porée defigna , noſtre
grand Monarque par un affemblage
de vertus , dont il
fit la peinture
.
20 MERCURE
Enfuite il nous fit fentir par´
une defcription ingenieu
fe du cahos & du tumulte
de la ville de Paris , l'excellence
& la fuperiorité de geniè
d'un Magiftrat , qui peut la
contenir & la regler , pour
ainfi dire , en ſe jouant.
Enfuite il donna quel
que traits de loüange , ou de
blâme à quelques Auteurs
Satiriques , par raport au
bon ou au mauvais . ufage
qu'ils avoient fait de la Satil
re.
Il ne fuffit pas dit le R. P.
Porrée que la Satire foirjufte
GALANT. 21
& moderée , il faut encore
pour eftre utile & loüable
qu'elle foit bien placée , &
par raport aux occafions
& par raport aux perfonnes ,
il fit voir en peu de mots
les occafions ou la Satire
• eft déplacée , & prouva
qu'elle eft toujours un crime
par exemple contre
Souverains , les Magiftrats ,
les
en un mot contre tous ceux
à qui nous devons du refpect
ou des égards .
D'un Difcours Latin
fur la Satyre.
Le Pere Porrée prend
dans fon Exorde un juſte
12 MERCURE
milieu entre les Partifans
trop zelez de la Satire & , les
Cenfeurs outrez qui la condamnent.
Il prouve dans fon premier
Point l'utilité de la
Jans focieté civile.
{
Il prefcrit dans fon fe
cond Point , les bornes de
fa Satire , & les moyens de
s'en fervit utilement , fans
violer les loix de la focieté
civile.u
EXORDE
Les Partifans outrez de
fa Satire , difent que les
Orateurs Chreftrens prêchent
GALANT * }
chent une Morale plus incompatible
avec les moeurs
du ficcle que la Satire , &
que par confequent
, la Satire
fait plus de fruit que les
Sermons ; ils
préferent encore
la Satire aux loix écrites
qui ne font
connues que par
les Juges & les Avocats
ils preferent la Satire à la
Morale des
Philofophes qui
n'eft connue que des Sçavans
ou pluftor qui eft em
brouillée par les idées particulieres
que chaque Sçavant
fe fait des differens fiftêmes
des Philofophes. La Satire
Février
1711 . B
14 MERGURE
a fur tout cela l'avantage
d'eftre lûe & compriſe par
tout le monde , elle engage
par fes agréments les hommes
à faire des réflexions
utiles pour eux , fur les défauts
qu'ils voyent blâmer
dans les autres .
Ceux au contraire qui
condamnent la Satire la
croye tres dangereufe parce
qu'elle ne s'occupe que des
défauts d'autruy , & qu'ainfi
elle entretient la vanité , &
la malignité humaine tres
contraire aux principes du
Chriftianifme , le P. Porre
A
GALANT
prend entre ces deux extremitez
un jufte milieu qu'il
défigne parfaitement dans
la feconde Partie de fon
Difcours.
I. POINT. J
Tout ce qui contribue à
maintenir la focieté entre les
Hommes eft bon , & par
le même principe tout ce
qui tent à troubler la paix &
l'union eft mauvais.
Tous les vices & les dé
fauts des hommes nuifent à
cette union , & commeil y
en a de plufieurs fortes il y a
auffi differents moyens pour
les
reprimer.
Bij
ya
16 MERGURE
Les vols les incendies les
meurtres & les crimes femblables
, font punis par la
loy , c'eft l'affaire des Juges
de punir les coupables..
Les médifances , l'envie ,
les haines fecrettes , &c . peuvent'être
attaquées & combatues
par les Prédicateurs
& par les Livres de Morale.
Mais il eft d'autres dé
fauts contraires à la focieté ,
qui ne peuvent être corigez
que par la Satire. Il eſt des
caracteres. infuportables
dans le commerce des honGALANT.
17
neftes gens ; des indifcrets ;
des taciturnes , des grands
parleurs , des precicufes
des fanfarons, des indolents,
des difputeurs , des complai
fants fades , des efprits de
contradiction , & c .
La Juftice ne peut pas
faire le procés à ces pertur
bateurs de la focieté civile ,
il faut bien que la Satire les
puniffe , & les corrige.
H. POIN T.
la
La Satire n'eft permife ,
que lorfqu'elle n'eft animée
ni par la jaloufie , ni par
haine mais feulement par un
Biij
18 MERCURE
zele ardent & reglé pour la
perfection.
Il ne faut jamais faire de
portraits où le public puiſſe
reconnoître un homme en
particulier , mais il faut que
chaque particulier puiffe fe
reconnoître dans la peinture
generale des vices & des
ridicules de fon fiecle.
La perfection de la Satire
& même de la raillerie confifte
à la rendre fi innocente
& fi agréable qu'elle réjoüiffe
celuy même qu'elle veuc
corriger.
Il fit un crime aux Satiri
GALANT. 19
ques non feulement de nommer
, mais de défigner ceux
qu'on veut reprendre .
Si c'eft une perfection dans
les Satires d'attaquer les vices
fans nommer perfonne ,
c'en eft une dans les Panegyriques
de ne point nommer
ceux qu'on louë , mais de les
defigner fi parfaitement par
des louanges convenables ,
que tout le monde les reconnoiffe.
C'eft avec cet art que
le P. Porée defigna , noſtre
grand Monarque par un affemblage
de vertus , dont il
fit la peinture
.
20 MERCURE
Enfuite il nous fit fentir par´
une defcription ingenieu
fe du cahos & du tumulte
de la ville de Paris , l'excellence
& la fuperiorité de geniè
d'un Magiftrat , qui peut la
contenir & la regler , pour
ainfi dire , en ſe jouant.
Enfuite il donna quel
que traits de loüange , ou de
blâme à quelques Auteurs
Satiriques , par raport au
bon ou au mauvais . ufage
qu'ils avoient fait de la Satil
re.
Il ne fuffit pas dit le R. P.
Porrée que la Satire foirjufte
GALANT. 21
& moderée , il faut encore
pour eftre utile & loüable
qu'elle foit bien placée , &
par raport aux occafions
& par raport aux perfonnes ,
il fit voir en peu de mots
les occafions ou la Satire
• eft déplacée , & prouva
qu'elle eft toujours un crime
par exemple contre
Souverains , les Magiftrats ,
les
en un mot contre tous ceux
à qui nous devons du refpect
ou des égards .
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Résumé : EXTRAIT D'un Discours Latin sur la Satyre.
Dans un discours latin sur la satire, le Père Porrée se positionne entre les partisans excessifs de la satire et ses censeurs. Il reconnaît l'utilité de la satire pour la société civile, tout en définissant ses limites et les moyens de l'utiliser de manière constructive. Les partisans de la satire la considèrent plus efficace que les sermons, les lois écrites et la morale des philosophes, car elle est accessible et compréhensible par tous. Elle incite les hommes à réfléchir sur les défauts qu'ils observent chez les autres. En revanche, les opposants la jugent dangereuse, car elle se concentre sur les défauts des autres, nourrissant ainsi la vanité et la malignité. Porrée soutient que tout ce qui maintient la société est bon, et que les vices nuisent à cette union. Les lois punissent les crimes graves, les prédicateurs et les livres de morale combattent les médisances et l'envie, mais la satire corrige les défauts qui perturbent la société civile, comme les caractères insupportables dans les relations sociales. Dans son second point, Porrée précise que la satire doit être animée par un zèle pour la perfection, sans jalousie ou haine. Elle ne doit pas nommer des individus spécifiques, mais peindre des vices de manière générale. La satire parfaite est innocente et agréable, même pour ceux qu'elle cherche à corriger. Porrée illustre ces principes par des exemples et des louanges adressées à certains auteurs satiriques, tout en soulignant l'importance de la modération et du respect dans l'usage de la satire.
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236
p. 21-24
« J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
Début :
J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...]
Mots clefs :
Préface, Satire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
J'ay jugé de l'effet que
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
fit ce Difcours fur toute
22 MERCURE
l'Affemblée
, par
l'effet
qu'en a fait fur moy le
fimple récit , il ma donné
une telle averfion pour
les Satires
déplacées ,
qu'il ma fait repentir d'a
voir
feulement
répondu
à celle qui ma ſi bruſque→
ment attaqué , quoy que
ines amis m'ayent , pour
ainfi dire , forcé de m'ap
percevoir des coups qu’-
on me portoit : je conviens
qu'il eft ridicule de
profaner
un Mercure
Ga
GALANT. 2$
lant par des querelles
d'Auteurs , c'eſt un objet
bien defagreable à montrer
au Public , qu'un
Auteur piqué , c'eft en ce
fens que l'Auteur doit
fe dérober , felon l'expreffion
du M. de Trévoux ;
mais j'ay tort de finir
ma Preface.comme je l'ay
commencée , c'eſt en
quelque façon participer
au ridicule d'une aigre
critique que de s'amuſer
à yrépondre ; & je pro24
MERCURE
teſte que quelque réponfe
qu'on puis faire à la
mienne , je n'y auray
nulle attention , car je
ne me fuis jamais fenti
de talent pour ce genre
d'écrire , dont la perfection
confifte à trouver
beaucoup
de deffauts
dans les ouvrages des
autres.
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Résumé : « J'ay jugé de l'effet que fit ce Discours sur toute [...] »
L'auteur réagit à une satire qui l'a attaqué et exprime son aversion pour ce type de critiques déplacées après avoir entendu les réactions de l'assemblée. Il regrette d'avoir répondu à cette attaque, bien que ses amis l'y aient encouragé. Il reconnaît qu'il est ridicule de transformer un journal galant en un lieu de querelles d'auteurs et que montrer un auteur piqué est désagréable pour le public. L'auteur admet qu'il a tort de terminer sa préface comme il l'a commencée, car répondre à une critique aigre participe au ridicule. Il affirme qu'il n'accordera aucune attention aux réponses à sa propre critique, car il ne se sent pas talentueux pour ce genre d'écriture, qui consiste à trouver beaucoup de défauts dans les œuvres des autres.
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237
p. 44-48
Division du Mercure [titre d'après la table]
Début :
Je souhaite pouvoir vous donner tous les mois des extraits [...]
Mots clefs :
Parties, Curieux, Livre, Division du Mercure
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texteReconnaissance textuelle : Division du Mercure [titre d'après la table]
Je foulante pouvoir
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
vous donner tous les mois
des extraits auffi curieux
que celuy- cy & que ceGALANT.
45
tuy quifuitfur les coquillages
, jay refolu dans la
fuite de raffembler tous
・ceux que j'auray en un
feul endroit du Livre ,
afin que ceux qui en font
curieuxpuiffentmefmeles
faire relier tous dans un
petit volume au bout de
l'année: ainfi je diftribueray
le Mercure en 4.
partie Lune pour toutes
les Pieces qui regarderont
les Sciences , la Litterature
, les Arts , &
146 · MERCURE
L'autre partie fera pour
les Nouvelles , les Marts,
les Mariages , &l'autre
pour les pieces de Poefies,
l'autre pourles Hifto-
C
'
riettes, Contes , & autres
amufements quifont pour
le plus grand nombre ,
Peffentiel d'un Mercure
Galant
Par cette divifion que
jobferveray autant qu'il
-fera poffible , on pourra
fame relier auffi feparement
ces quatres Parties
GALANT . 3:47
les
3
les
du Livre , chacun felon.
goust qu'il aura M
pour les Sciences , ou pour.
La Poefie , ou pour les
Nouvelles , ou pour.
Hiftoriettes , Enigmes ,
Queftion, 5.c.Mais.comme
il peut entrer dans la
compofition
d'un Mercure
une infinité de chofes
qui n'ont pas un rapport
bien juste à chacune de
ces quatres Claffes où je
reduis cette divifion , on
me pardonnera
a'en pla
48 MERCURE
cer quelques-unes ou je
pourray, même defaire
ces parties feparees plus
groffes ou plus petites ,par
rapport a la quantité €5
à lefpece des materiaux
qui me viendront.
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Résumé : Division du Mercure [titre d'après la table]
Le projet éditorial présenté vise à compiler et organiser des extraits mensuels dans un ouvrage intitulé 'Mercure Galant'. À la fin de l'année, ces extraits seront réunis en un seul volume, divisé en quatre parties distinctes. La première partie couvrira les sciences, la littérature et les arts. La deuxième partie traitera des nouvelles, des naissances et des mariages. La troisième partie sera dédiée à la poésie, tandis que la quatrième partie inclura des historiettes, des contes et d'autres amusements pour un large public. Cette structure permettra aux lecteurs d'acheter séparément les sections qui correspondent à leurs intérêts. L'auteur se réserve le droit de placer certaines contributions dans des catégories appropriées ou d'ajuster la taille des sections en fonction du contenu disponible.
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238
p. 192-193
ANONYMES. Le Limosin friand.
Début :
Quoyque les Limosins soient plus gourmands que friands, j'aime [...]
Mots clefs :
Friand, Gourmand, Mercure, Journal des savants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ANONYMES. Le Limosin friand.
ΑΝΟΝΥΜES .
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
Le Limofin friand.
Quoyque les Limofins
foient plus gourmands
que
friands , j'aime à me nour
rir , au moins l'efprit , der
friandifes
& de badinages
.
On fe plaint icy que vous
les épargnez trop dans vo
ftre dernier Mercure. Vous
n'y mettez que de grands
morceaux.
de
Loin d'icy ces Lecteurs avides
Qui ne font affamez que
morceaux folides
The C'est
GALANT. 193
Ceft ne vouloir dans un repas
Que maffifs Aloyaux , Gigots
& Chaponsgras.
Nous les voulons garnis de fines
beatilles ,
Trufles , Moufferons & Morilles.
Comme dans un feftin il eſt ,
n'en doutez pas ,
Et gourmands & friands ;
dans la litterature
Les Journaux des Sçavants
Sontfaits pour les gourmands,
Et le Mercure
Pour les friands.
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Résumé : ANONYMES. Le Limosin friand.
Un auteur anonyme critique le périodique 'Mercure' pour son manque de légèreté et de divertissement. Il compare cette situation à un repas sans fines herbes ni champignons. Il suggère que le 'Mercure' devrait plaire aux amateurs de lectures légères, contrairement aux 'Journaux des Sçavants' destinés aux lecteurs sérieux.
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239
p. 194-195
REPONSE.
Début :
Monsieur l'Anonyme friand, vous ne serez pas content ce [...]
Mots clefs :
Anonyme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE.
REPONSE.
Monfieur
l'Anonyme
friand, vous ne ferez pas
content ce mois -cy , car
malheureufement
un
Recueil de Poefies qui
tient beaucoup de place,
m'a contraint de retrancherla
petite oye de mon
Mercure. Je garde toutes
les beatilles des Anonymes
& les miennes ,
pour le mois prochain
,
Vous n'aurez icy demoy
CALANT. 195
quequelquescouplets en
l'honneur du Caffé.
Monfieur
l'Anonyme
friand, vous ne ferez pas
content ce mois -cy , car
malheureufement
un
Recueil de Poefies qui
tient beaucoup de place,
m'a contraint de retrancherla
petite oye de mon
Mercure. Je garde toutes
les beatilles des Anonymes
& les miennes ,
pour le mois prochain
,
Vous n'aurez icy demoy
CALANT. 195
quequelquescouplets en
l'honneur du Caffé.
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240
p. 40-48
EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
Début :
Comte, pour qui terminant tout procés [...]
Mots clefs :
Comte d'Ayen
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
EPITRE
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
A Monfieur le Comte
d'Ayen.
Comte , pour qui terminant
tout procés
Avec voftre Vertu Fortune
a fait la paix ;
Jaçoit qu'en vous gloire &
haute naiffance
Soit alliée à titres & puif
fance ,
Que de fplendeurs & d'honneurs
meritez ;
Si toutesfois ne font- ce ces
bluettes
FUGITIVES. 41
Qui vous ont mis en l'eftime
où vous êtes ;
Car ce n'eft pas l'or qui fur
Vous reluit
Qui vous acquiert renommée
& bon bruit ;
Que j'aye un livre où femblable
écriture
,
Il ne me chaut de belle
couverture ,
Riches fermoirs & dehorsnon
communs ,
Si le dedans font difcours
importuns ,
Vil pot pourri de Profe dé
labrée ,
Février 1711. Aa
42 PIECES
Oeuvre de Pic, ou telle autre
denrée.
Donc , qui met l'homme en
richeffe & credit ?
Richeffe d'ame & culture :
d'efprit.
Puis joignez y revenus honorables
,
Biens de fortune , titres admirables
;
Je le veux bien , cela ne fait :
nul mal ;
Mais le premier & le point
capital ,
C'eft luy fans plus ; & c'cft
par là , beau Sire ,
Que moy chetif, vous prife
& vous admire.
FUGITIVES. 43
En vous ay vû par un mer-
• veilleux cas ,
Unis & joints Virgile & Mecenas
;
De l'un , avez la grace & la
faconde ;
De l'autre , accueil & douceur
fans feconde ,
En Profe , en Vers , eftes
paffé Docteur ,
Et recitez trop mieux qu'un
Orateur..
C'en est le tout , car en chang
harmonique ,
Non moins primez qu'en '
rime
poëtique ,
Et avec los de bon harmo
niqueur, Aaij
44
PIECES
1
Auffi l'avez de bon Poëtiqueurs
Toûjours chez vous abonde
compagnie
D'efprits divins , de fuivans
d'Uranic .
Toujours y font Ciftres me--
lodieux ,
Gentils Harpeurs , & Mc
neftrels joyeux ,
Et de leur art bien fçavez les
rubriques ;
Même on m'a dit qu'aux rives
Sequaniques ,
N'a pas longtemps ,
telle chanfon ,
fonnicz
Qu'hoftes des Bois accouru
rent au fon ,
FUGITIVES . *
Si qu'cuffiez vû fauter blans
ches Dryades
,
Et de leurs lits fortir belles
Nayades.
Et fe difoient : Oh ! qu'il
chantonne bien.
Seroit - ce point Apollon
Delphien !
Venez , voyez , tant a beau
le vifage ,
Doux fes regards , & noble
le corfage ,
C'eft il, fans faute ; & Nim-
*phes d'admirer ,
Et les Silvains entr'eux de
murmurer..
Cetuy cy vient pour nos
Nimphes féduire,
46 PIECES
Se difoient ils , il les
pourroit
induire
A quelque mal avec fon
chant mignon ;
Freres , jettons en l'eau le
compagnon.
Lors le Dieu Pan fecouant
fes narines ,
Cria tout haut , des montagnes
voifines ,
De fon Ami voyant le mau
vais pas :
Ventre de bouc , qu'ay - je´
entendu là bas ?
Rentrez, coquins ; les Forêts
en tremblerent ,
Faunes cornus vers leurs
trouss'envolerent ,,
FUGITIVES . 4
Où tous tremblans furent
fe retirer ,
Et du depuis n'ont ofé fe
montrer.
Voilà comment , digne fang
de Noailles ,
Fûtes fauvé des mains de ces
canailles.
Nimphes & Dieux fur vous
veillent ici ,
Bien fçavent- ils & le fçavons
auffi ,
Que vôtre vie acquife &
confervée
Eft pour le bien des Mora
tels refervée ;
Non des mortels de meriteindigens
,
48 FUGITIVES.
Mais des mortels de vertus
refulgens.
Or rempliffez vos hautes
deftinées
,
Que tous vos ans foient bril
lantes années ;
Et cependant nous autres
gens de bien
A nôtre employ ne manquerons
en rien ,
Vous
admirans non pas
dans le filence ,
Mais par beaux vers & pieces
d'Eloquence ,
Tant que puiffions une oeúvrè
concevoir
Digne de vous & de vôtre
vouloir
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Résumé : EPITRE A Monsieur le Comte d'Ayen.
L'épître est adressée au Comte d'Ayen, loué pour avoir allié vertu et fortune. L'auteur insiste sur le fait que les honneurs et les titres sont éphémères, et que la véritable renommée découle de la richesse de l'âme et de la culture de l'esprit. Le Comte est comparé à Virgile et à Mécène, réunissant grâce, éloquence, accueil et douceur. Il excelle en prose et en vers, ainsi qu'en musique. Une scène décrit des Dryades et des Nymphes, séduites par le chant du Comte, tentant de le séduire, mais arrêtées par le dieu Pan. Cette intervention divine protège le Comte, soulignant que sa vie est préservée pour le bien des mortels vertueux. L'auteur exprime son admiration et promet de célébrer les hautes destinées du Comte à travers des œuvres dignes de lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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241
s. p.
PREFACE.
Début :
L'Auteur de Radamiste & Zenobie, Tragedie nouvelle, m'en [...]
Mots clefs :
Auteur, Tragédie, Théâtre, Critique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PREFACE.
PREFACE.
L'Auteur de Radamiste
& Zenobie,
Tragedie nouvelle, m'en
avoir promis la critique,
& l'avoit en effet commencéede
bonne foi sans
se ménager lui-même ;
mais n'ayant pas le loisir
de la finir pource moisci,
ila trouvé bon qu'on
Inic dans le Mercure les
plusvivescritiquesqu'on
pourroitm'envoyer contre
ta piece; j'admire son
courage; il en faut encore
plus pour vouloir bien
s'exposèr à la censure des
autres que pour se censurer
soi-même, lescoups
qu'on se porte à soi-même
sont toûjours flattez
,
nostre mainmollit
malgré nostreresolution
l'on craint de se blesser,
ou du moins l'on ne
choisit point les en."
droits mortels, il n'y a
que les desesperez qui se
frappent de toutes leurs
forces,r)j) ; :Í >-: Quelqu'un dira que
FAuceurhe risquepas
beaucoup ens'exposant,
& qu'au milieudes applaudissemenspublics
on
est peusensible aux traits
d'une Cririqueparticuliere,
je crois au contraire
que la prosperité rend
les hommes plus sensibles
à la correction,en
les rendant plus orgueilleux.
Un Auteur humilié
par la chute de sa Piece,
passera condamnation
sur tout ce qu'onvoudra,
pourveu qu'on ait la
bonté de loüer quelque
chose dans son malheureux
Ouvrage; mais un
Auteur enflé d'un grand
succés, croit d'abord
qu'Apollon l'a couronné
Roy des autres Auteurs,
&: brûleroit de bon coeur
la main sacrilege qui
oseroit toucher à ses laurriieerrss..*
1<-•v- i
Monsieur deCrebillon
est d'uncaractere fort opposéàcelui-
là,&dans 1ebauche
qu'ilm'a fait voir
non -
feulement il convient
de tous les de/Tautsqu'on
trouve dans sa Pie 4
ce; mais il en faitremarquer
ausquels personne
n'avoit pensé. Profitons
doncde l'occasion, pour
mettre dans mon Mercure
la premiereCritique
de Theatreque j'aye osé
hasarder; on ne trouve
pas souvent des Auteurs
qui se presentent de bonnegrace;
prositons, abusons
même du bon elprit
de celuy -cy , attaquons
- le sans quartier;
portons le fer & le
feu dans sa Tragedie: il
ne faut point épargner
un Ouvrage dont les dé.
sauts ne sçauroient diminuer
la .> reputation:
il restera toujours dans
celuy-cy assez de beautez
hors d'atteinte, pour
faire avoüer au plus
grand nombre que Rhadamifte
estune excellente
Piece de Theatre.
Vousallez voir non
pas une Critique dans les
regles,mais quelques reflexions
que Mr
a faites en galant homme
,
sans flatterie & sans
aigreur; elles sont trescensées,
tres-fines,& noblement
écrites; ilseroit
à souhaiter qu'il eust
voulu faire une Critique
à fond de la Fable, de la
constitution & deJacouot
duite de cette Tragedie;
il nous en viendra peutestre
quelqu'une.
L'Auteur de Radamiste
& Zenobie,
Tragedie nouvelle, m'en
avoir promis la critique,
& l'avoit en effet commencéede
bonne foi sans
se ménager lui-même ;
mais n'ayant pas le loisir
de la finir pource moisci,
ila trouvé bon qu'on
Inic dans le Mercure les
plusvivescritiquesqu'on
pourroitm'envoyer contre
ta piece; j'admire son
courage; il en faut encore
plus pour vouloir bien
s'exposèr à la censure des
autres que pour se censurer
soi-même, lescoups
qu'on se porte à soi-même
sont toûjours flattez
,
nostre mainmollit
malgré nostreresolution
l'on craint de se blesser,
ou du moins l'on ne
choisit point les en."
droits mortels, il n'y a
que les desesperez qui se
frappent de toutes leurs
forces,r)j) ; :Í >-: Quelqu'un dira que
FAuceurhe risquepas
beaucoup ens'exposant,
& qu'au milieudes applaudissemenspublics
on
est peusensible aux traits
d'une Cririqueparticuliere,
je crois au contraire
que la prosperité rend
les hommes plus sensibles
à la correction,en
les rendant plus orgueilleux.
Un Auteur humilié
par la chute de sa Piece,
passera condamnation
sur tout ce qu'onvoudra,
pourveu qu'on ait la
bonté de loüer quelque
chose dans son malheureux
Ouvrage; mais un
Auteur enflé d'un grand
succés, croit d'abord
qu'Apollon l'a couronné
Roy des autres Auteurs,
&: brûleroit de bon coeur
la main sacrilege qui
oseroit toucher à ses laurriieerrss..*
1<-•v- i
Monsieur deCrebillon
est d'uncaractere fort opposéàcelui-
là,&dans 1ebauche
qu'ilm'a fait voir
non -
feulement il convient
de tous les de/Tautsqu'on
trouve dans sa Pie 4
ce; mais il en faitremarquer
ausquels personne
n'avoit pensé. Profitons
doncde l'occasion, pour
mettre dans mon Mercure
la premiereCritique
de Theatreque j'aye osé
hasarder; on ne trouve
pas souvent des Auteurs
qui se presentent de bonnegrace;
prositons, abusons
même du bon elprit
de celuy -cy , attaquons
- le sans quartier;
portons le fer & le
feu dans sa Tragedie: il
ne faut point épargner
un Ouvrage dont les dé.
sauts ne sçauroient diminuer
la .> reputation:
il restera toujours dans
celuy-cy assez de beautez
hors d'atteinte, pour
faire avoüer au plus
grand nombre que Rhadamifte
estune excellente
Piece de Theatre.
Vousallez voir non
pas une Critique dans les
regles,mais quelques reflexions
que Mr
a faites en galant homme
,
sans flatterie & sans
aigreur; elles sont trescensées,
tres-fines,& noblement
écrites; ilseroit
à souhaiter qu'il eust
voulu faire une Critique
à fond de la Fable, de la
constitution & deJacouot
duite de cette Tragedie;
il nous en viendra peutestre
quelqu'une.
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Résumé : PREFACE.
La préface critique une tragédie intitulée 'Radamiste & Zenobie'. L'auteur de la tragédie a demandé des critiques pour son œuvre inachevée, démontrant ainsi son courage face à la censure. L'auteur de la préface souligne que les auteurs sont souvent plus indulgents envers leurs propres œuvres. Les auteurs en succès, orgueilleux, sont plus sensibles aux critiques que ceux ayant connu l'échec. Monsieur de Crébillon, l'auteur de la tragédie, reconnaît volontiers les défauts de son œuvre et en signale même d'autres non remarqués. La préface décide de publier une critique sévère de la pièce, malgré ses qualités. Les réflexions de Crébillon sont jugées sensées et fines, mais l'auteur de la préface regrette l'absence d'une critique plus approfondie de la fable et de la structure de la tragédie, espérant qu'il le fera à l'avenir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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242
s. p.
REFLEXIONS DE M** Sur la Tragedie de Rhadamiste & de Zenobie.
Début :
Vous me demandez, Monsieur, une Critique exacte de la Tragedie [...]
Mots clefs :
Spectateur, Amour, Caractère, Théâtre, Vertu, Scène, Auteur, Crimes, Horreur, Sentiments, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS DE M** Sur la Tragedie de Rhadamiste & de Zenobie.
REFLEXIONS
DEM **
SurlaTragedie de Rhadamiste&
deZenobie.
Vous me demandez ,
Monficur
, une Critique
exaéte de la Tragedie de
Rhadamiste* j'ay fait en la
lisant quelques Reflexions
dont j'espere quevous voudrez
bien vous contenter.
L'exposition du sujet
me paroist tres simple
pour la quantité de faits
dont elle est necessaire-
-
ment chargée
,
le recit
de Zenobie ne larenferme
pas toute entiere
Rhadamiste , vient l'achever
au sécond Aéte
,
dans le
rccit qu'il fait à Hieron
de quelques circonstances
que Zenobie ne peut pas
sçavoir :
il estoit bien
difficile d'éviter l'inconvenient
des répetitions,
en introduisant sur la
Scene deux personnes qui
racontent les mêmes faits:
l'Autcury a merveilleusement
réüssi. Rhadamiste
ne par le qu'en passant de
ceux donc Zenobie a déja
instruit sa Considence, &
seulement pour entrer avec
nettetédans ce que le Spectateur
ne sçait pas encore s'il
a donné dans cette occasion
une marque de sonhabileté,
sa délicatesse ne me paroist
pas moins grande dans le
récit qu'il fait faire à Zenobie
descruautez de Rhadamiste;
cette-Princesse garde
tous les ménagemens qu'elle
doit aux manes de son
époux ,&quand l'ordrede
son Di scours la conduit àce
moment horrible de sa vie,
où aprés avoir esté poignardée
,
elle fut jettée dans
l'Araxe; on diroit qu'elle
l'interrompt exprés pour
laisser ignorer à sa Considente
que son époux est l'Auteur
ducoup le plus barbare
que l'Histoire ait jamais
raporté; je ne sçay si ces sinesses
de l'art ont également
rciiffi dans tous les tfprKs ;
mais j'ay cru y trouver la
main de maistre.
A 'peine Zenobie a fini
son récit, qu'Arsameparoist
sur le Theatre: ce Prince
amoureux de Zenobie ne
peut plus supporter son
absence
,
&sans l'ordre
de Pharasmane son pere il
arrive dans sa Cour : Pharasmane
également charmé
de la Princesse la furprcnd
avec son fils: c'est-là que
son caractere commence à
se découvrir, peu arraché à
sesenfans par les sentimens
de la nature, rival pour eux
aussi dangereux que le plus
cruel ennemy ,
grand d'ailleurs
par son courage
, par son ambition
, & par -Ces
succés contre les Romains,
dont il n'est pas moins cnncmy
que Mithridate ,c'estce
me semble un fort beau
caractere,j'auroisvoulu seulement,
le trouver dans son
intrigue aussi fourbe ,&
aussiperside qu'il l'est dans rHIHoire;cnessèt l'artifice
n'est pas un des moindres
traits qui l'y caracterisenr,
& c'est à cetrait si négligé
dans la pieçequePharasmanme
deveoit lna coiureonn.e d'Ar-
Le second ACtc est ouvert
par Rhadamiste qui
arrive à la Cour de son
perc donc il se flatequ'il
ne sera pas. reconnu;chargé
des volontez du Senat il
vient de sa part deffendreà
Pharasmane d'aspirer à la
Couronne d'Armenie, il
opofe en fort beaux termes
les motifs qui ont engagé
les Romains à le nommer
leur A01baffadeur,&.
lesraisons qui l'ont porté à
demander cet honneur:
on y voit cette haine si violence
contre son pere , cet
amour furieux pour objet un qu'il desespere de
revoir jamais; c'est-là que
paroissent ces projets affreux
de vangeance, ces remords
pour des crimes passez
,
l'ardeur qui l'entraîne à des
crimes nouveaux: en un
mot on y trouve déja tout
son caractere qui doit se
développer par les circonstances
ou l'Auteur le place
dans le cours de la Tragédie.
C'est sur ce caractère que
je doit insister davantage,
c'est dans le contraste qu'il
fait avec celuy de Zenobie,
que l'Auteur a pris les plus
grandes beautezde sa Piece,
& sij'y trouve quelle dcffaut,
c'est sur tout dans ce
caractere que je les auray
cherchez
:
il mérite donc
une attention particuliers
que je luy donneray après
des reflexions plus generales.
Me voicy maintenant à la
Scene de l'Ambassade, elle
est bien digne d'un Ambassadeur
Romain,& Corneille
n'a pasce me femblc
fait parler Flaminius à Nicomede
avec plus de noblesse
& de dignité ; la manière
dont Pharasmane reçoit cet
Ambassadeur ne céde en
rien àcelle dont Nicomede
reçoitFlaminius: il en beau )de voir Pharasmane reprimer
l'orgueil des Romains,
jurqu'à traiter de fanfarons
ces Maistres du monde;
quel domageque l'Ambassadeurd'Armenie
rompe un
Discours qui ne finit pas à
l'honneur du Senat, on
attend une Sceneoù la grandeur
des Romains & celle
de Pharasmane soit soutenue
par les differens traits
qui les caraéterisent, & le
Spectateur ne peut souffrir
qu'un homme tel quHicron,
luy ostele plaisir d'entendre
deux Héros qui contcftent
de la grandeur, &
qui l'établissen0t sur l'opposition
de leurs interests, & de
leurs maximes: c'estencela
sur tout que la Scene entre
Nicomede & Flaminius est
admirable, en tâchant à
l'envy de diminuer la grandeur
l'un de l'autre: ils
se montrent tous deux si
grands que la Scene finit
sans que le Speétareur puisse
decider lequell'emporte ,si
l'Ambassadeurd'Arménie
estoitnecessaire icy comme
on le prétend, c'est une
necessité bien fatale à cette
Scene si digne d'une plus
belle fin.
Dans le troisiémeActe
Arsame quineconnoist pas
Rhadamistepour son frere,
vient luy demander son secours
pour Zenobie contre
les fureurs de Pharafmane , l'amour qu'il a pour cette
Princesse fait faire à ce
Prince vertueux & fidelle,
une démarche qui paroist
estre un peu contre son devoir
, le plaisir que Rhadamistesepropose
derenverfer
les projets d'amour d'un
pere qu'il deteste
, & sans
doute son penchant à prendre
des partis extrêmes,lui
font accepter avec transport
les propositions de son frere;
la haine qu'il aconçeuë contre
Pharafmane
, va jusqu'à
vouloir soustraire à son autorité
Ar same que les sentimens
de la nature &de laprobiré
ornent aux dépens de
toute sa famille. Un projet si
dénaturé révol te cette amc
si bien née, & l'exemple de
vertu que donne Arfame cn5
cette occasion, réveille des
remords dans le coeur du
plus grand des scelerats
c'est ainsi qu'en détestant
l'horrible caractere de Rhadamiste
, on admire celuy
d'Arsame qui feroit de plus
vives impressions dans le
coeur des Spéculateurs, s'ils
n'estoient pas accoutûmez
par les horreurs de son frère
à des mouvemens d'un autre
ordre.
Je passe à la Scene de la
reconnoinance, c'estàmon
avis la situation du monde
a plus interessante, ces deux
personnes
personnes autrefois si chercs
l'une à l'autre, & que l'action
la plus affreuse avoit
séparez, sont par leur réünion
un Spectacle bien
touchant à toute l'Assemblée.
Zenobie à qui la vertu
ne permet pas de méconnoistre
son époux, & dont
le bon coeur sent même du
plaisir à le retrouver ,excite
les transports de Rhadamille
; illuy promet d'effacer
tous ses forfaits à force
de vertus; les promesses
accompagnées de larmes
& de transports trouvent
grace devant le Spectateur
qui croit aux sermens de
Rhadai-nifle,&qui souhaite
de les luy voir observer;
parce que ceux en qui il
place son interest ne doivent
ny ne peuvent luy est suspeas
; si le Spectateur est
dans la suite la dupe de
ces sermens,c'est qu'en effet
il n'y a personne quinefut
trompé aux sentimens tendres,&
délicats que Rhadamiste
y fait paroistre : en
s'interessant pour luy on
0a fait que suivre le coeur
deZenobie qui s'attendrit
au Discours de son époux
tout barbare qu'elle le connoist
: je ne sçaurois trop
dire combien cette Scene
m'a paru belle Lorsque
Rhadamiste exagere l'horreur
de ses crimes à Zenobie
qui les luy pardonne, il
marque qu'illent bien vivement
une generosité si heroïque
,
il ne se trouve dans
ce moment si coupable que
parce qu'il est plus sensible à
la vertu de Zenobie
,
lorsqu'il
prétend en diminuer
l'horreur en les rapportant
tous à son amour excessif
les dispositions sont dans,
cet instant si contraires à
celles d'un scelerat qu'il ne
croit même pas qu'on ait
pu lettreautantqu'il l'a été,
le Spectateur touché de
tant de délicatesse
,
cesse de
lui imputer ses fortfaits,&
commence à les regarder
c?
comme des circonstances
malheureuses qui serviront
à son Heroîme : voilà l'efset
de cet espece de délicatesse
raisonée: elle est d'autant
plusaudessus de la simplevivacité,
quel'esprit &
le coeur en partagent également
le plaisir. >
Dans le quatrièmeActe,
Arsame vient chercher
Zenobie, allarmé de sa froideur
il s'en plaint à elle en
en amant respecteux , Zenobie
qui croit devoir du
moins payer son amour par
un aveu necessaireàson repos
luiaprend qu'elleest Zenobic,
& que l'Ambassadeur
Romain est son époux
, c'est un trait de generosité,
bien digne de cette Princesse
mais si malreçu de Rhadamiste
qu'ilestprêtd'éclater
contre elle,& contre son
frere ; le Spectateur se repent
alors de s'être interessépourlui,
il envisage de
continuels malheurs pour
Zenobie ; & fâché de voir
tant de vertus livrées à des
fureurs qu'il n'espere plus
de voir finir, il retracte
pour ainsi dire la joye que
lui a donné sa reconnaissance
, & souhaite quequelque
heureuse circonstance les separe
pour toujours, la vertu
deZenobie tire un merveilleux
lustred'une circonstancc
si désagrable d'ailleurs
pour clic; sa fermeté
,
son
courage&l'amourdu devoir
éclate dans le parti qu'elle
prend de suivre son époux.
Ils partent enfin, & Pharasmane
bien-tost averti de
leur fuite, court&s'en van;..
ge dans le fang de Rhadamiste,
qui vient rendre son
dernier soupir entre les bras
de Zenobie au milieu de toute
sa famille, Pharafmanc
qui le reconnaît fremit du
coup qu'illuy a porté; l'ignorance
ne diminuë point
assez à son gré l'horreur de
son crime, & il paraît ce
me semble bien touché d'une
mort qu'il avait autrefois
ordonnée avec tant de
barbarie; il cft bien Pere
en ce moment pour ne l'avoir
encore jamais été
, &
cet homme sur qui lanature
avoit eu jusques làsipeu
de pouvoir me paraît du
moins se démentir un peu: Quant à Rhadamiste il
meurt comme il a vécu, d'abord
il craint de répandre
le fang de son pere, & préféréla
mort à l'horreur du
parricide, c'était son, bon
intervalle qui ne dure pas
long-temps, un moment
après il accable la douleur
de son Pere loin de la respecter
, on ne devinerait
pas qu'un Fils qui craint
moins la mort que le parricide
,deust outrager un Pere
qui semontre tel pour la
premiere fois, dans ces derniers
moments où la nature
& la vertu se produisent.
plus que dans tous les ail*
très.
Un pareil caractere est
bien plein de bizarrerie, c'est
ici le lieu d'examiner s'il
convient au Theatre, Rhadamistefait
lui même son
portrait en ces termes :
Et que (fay
- je Hieron
J
furieux
,
incertain,
Criminelsans penchant
, vertueuxsans
dessein.
Jouet infortuné de ma douleur
extrême,
Dans l'état oùjefuismeconnais-
jemoi même
Mon coeur de soinsdiverssans
cesse combatu,
Ennemi duforfaitsans aimer
la vertu,
D'un amour malheureux déplorablevictime
S'abandonne au remord sans
renoncer au crime ;
Je cede au repentir, mais sans
en profiter
Et je ne me connois que pour
me detefler,cec.
S'il est vray que Rhadamisteest
criminel sans penchant,
Zenobie le connaît
mal, ou ne lui rend pas justicc
quand elle dit.
Je l'avouerai
,
sensible à sa
tcndrcjje extrême,
Je mefis un devoird'yreport«•
dre de même,
Ignorantqu'en effetsous des dehors
heureux
On peut cacher au crime un
penchant dangereux.
D'ailleurs ses crimes sont
trop noirs& en trop grand
nombre pour les rapporter
tous à sa jalousie ou aux circonstances
où il s'est trouvé;
il me semble que la fureur
qui l'anime contre son pere,
& qui peut le conduire jusqu'au
parricide, marque
un scelerat bien déterminé.
Quoi qu'il en foit la continuité
& l'uniformité de ses
remords m'étonnent; je ne
puis comprendre qu'il soit
si peu fait au crime
,
après
en avoir fait de si noirs.
Que les plus fameux criminelsayant
eu quelque fois
des retours je n'en fuis pas
surpris, ils ne franchissent
point de certaines bornes,
sans quelque effort qu'ils
doivent sentir ; mais qu'ils
detestent uniformement les
crimes dont ils ont une longue
habitude, de telle sorte
que les remords les caracterisent;
c'est ce qui me paroist
incroyable.
J avoue que les remords
que l'Auteur donne à son
Heros fondent l'interêt
que nous prenons à la Scene
de la reconnaissance ; mais
celle de la jalousie qui la
suit de près n'apprent elle
pas au Spectateur que Rhadamiste
en un phrenetique
dangereux qui a successivement
de bons & de mauvais
intervalles,avec lequel il
faut perpétuellement de
compter, qui ne merite ny
attention ny creance ny
iDtcrefi) était-ce la peine
de bâtirpourdétruire si
promptement; & ne valoiril
pas mieux réduire le mcrite
de la reconnoissance au
merveilleux de la furprifc
que fait naître larencontre
impreveüe de deux person-
- nes que de grands interests
unissent ouséparent ,il faloit
donc ou faire voir les fruits
de tant de remords,ou en
retrancher le principe, on
auroit sçeu à quoys'en tenir
avec Rhadamiste & nous
l'aurions aimé ou haï sans
risquer d'en estre un moment
la dupe: Cleoparre
ne s'estoit pas signalée par
plus de forfaits que Rhadamiste,
leur ressamblance est
assez grande en ce point,
Corneille n'a eu garde de
luy donner des remords qui
ne pouvant estre le fruit
d'une vertu qu'elle avoit
absolument étouffée,n'auroit
esté que foiblesse dans
sonesprit & qu'inconstance
dans son coeur; loinqu'ils
eussent adouci son caractère
par raport au Spectateur;ils
luy auroient osté le merveilleux
attaché aux grands
crimes : cette détestable
constance qui brave les loix
est d'autant plus grande au
Theatre qu'elle inspire plus
d'horreur.
C'est pour cela que les remords
Infructueux de Rhadamiste
rendent son caractere
petit & peu digne du
Theatre, un homme qu'on
me represente le joüet des
plus noires fureurs, & des
plus beaux sentimens, qui
n'a pas la force de secouër
l'un ou l'autre joug, un
pareil caraétere est-il digne
de l'attention publique, &
n'estil pas aussi méprisable
dans ses remords, qu'il est
detestable dans ses crimes.
Jugez, Monsieur, par
ce que je viens de vous dire
combien le caraé1;ere de
Zenobie doit briller par
opposition à celuy de Rhadamiste
: on ne peut mettre
sur le Theatre plus de generosité
,
plus de constance,
& plus de toutes ces qualitez
qui forment une Heroïne,
j'aurais seulement souhaité
que son amour pour Arfame
eut esté plus vif, sa gloire
auroit esté plus grande à
le surmonter
, ce caractère
c11 d'ailleurs plein des plus
grandes beautez : j'admire
sur tout l'aveu qu'elle fait
de son amour pour Arsame
en presence de son époux:
j'aime avoir un Auteur de
nostre siecle faire revivre la
fage hardiesse du grand
Corneille,& sij'estime beaucoup
ce qu'il a fait, j'admire
encore plus ce qu'il est capable
de faire.
DEM **
SurlaTragedie de Rhadamiste&
deZenobie.
Vous me demandez ,
Monficur
, une Critique
exaéte de la Tragedie de
Rhadamiste* j'ay fait en la
lisant quelques Reflexions
dont j'espere quevous voudrez
bien vous contenter.
L'exposition du sujet
me paroist tres simple
pour la quantité de faits
dont elle est necessaire-
-
ment chargée
,
le recit
de Zenobie ne larenferme
pas toute entiere
Rhadamiste , vient l'achever
au sécond Aéte
,
dans le
rccit qu'il fait à Hieron
de quelques circonstances
que Zenobie ne peut pas
sçavoir :
il estoit bien
difficile d'éviter l'inconvenient
des répetitions,
en introduisant sur la
Scene deux personnes qui
racontent les mêmes faits:
l'Autcury a merveilleusement
réüssi. Rhadamiste
ne par le qu'en passant de
ceux donc Zenobie a déja
instruit sa Considence, &
seulement pour entrer avec
nettetédans ce que le Spectateur
ne sçait pas encore s'il
a donné dans cette occasion
une marque de sonhabileté,
sa délicatesse ne me paroist
pas moins grande dans le
récit qu'il fait faire à Zenobie
descruautez de Rhadamiste;
cette-Princesse garde
tous les ménagemens qu'elle
doit aux manes de son
époux ,&quand l'ordrede
son Di scours la conduit àce
moment horrible de sa vie,
où aprés avoir esté poignardée
,
elle fut jettée dans
l'Araxe; on diroit qu'elle
l'interrompt exprés pour
laisser ignorer à sa Considente
que son époux est l'Auteur
ducoup le plus barbare
que l'Histoire ait jamais
raporté; je ne sçay si ces sinesses
de l'art ont également
rciiffi dans tous les tfprKs ;
mais j'ay cru y trouver la
main de maistre.
A 'peine Zenobie a fini
son récit, qu'Arsameparoist
sur le Theatre: ce Prince
amoureux de Zenobie ne
peut plus supporter son
absence
,
&sans l'ordre
de Pharasmane son pere il
arrive dans sa Cour : Pharasmane
également charmé
de la Princesse la furprcnd
avec son fils: c'est-là que
son caractere commence à
se découvrir, peu arraché à
sesenfans par les sentimens
de la nature, rival pour eux
aussi dangereux que le plus
cruel ennemy ,
grand d'ailleurs
par son courage
, par son ambition
, & par -Ces
succés contre les Romains,
dont il n'est pas moins cnncmy
que Mithridate ,c'estce
me semble un fort beau
caractere,j'auroisvoulu seulement,
le trouver dans son
intrigue aussi fourbe ,&
aussiperside qu'il l'est dans rHIHoire;cnessèt l'artifice
n'est pas un des moindres
traits qui l'y caracterisenr,
& c'est à cetrait si négligé
dans la pieçequePharasmanme
deveoit lna coiureonn.e d'Ar-
Le second ACtc est ouvert
par Rhadamiste qui
arrive à la Cour de son
perc donc il se flatequ'il
ne sera pas. reconnu;chargé
des volontez du Senat il
vient de sa part deffendreà
Pharasmane d'aspirer à la
Couronne d'Armenie, il
opofe en fort beaux termes
les motifs qui ont engagé
les Romains à le nommer
leur A01baffadeur,&.
lesraisons qui l'ont porté à
demander cet honneur:
on y voit cette haine si violence
contre son pere , cet
amour furieux pour objet un qu'il desespere de
revoir jamais; c'est-là que
paroissent ces projets affreux
de vangeance, ces remords
pour des crimes passez
,
l'ardeur qui l'entraîne à des
crimes nouveaux: en un
mot on y trouve déja tout
son caractere qui doit se
développer par les circonstances
ou l'Auteur le place
dans le cours de la Tragédie.
C'est sur ce caractère que
je doit insister davantage,
c'est dans le contraste qu'il
fait avec celuy de Zenobie,
que l'Auteur a pris les plus
grandes beautezde sa Piece,
& sij'y trouve quelle dcffaut,
c'est sur tout dans ce
caractere que je les auray
cherchez
:
il mérite donc
une attention particuliers
que je luy donneray après
des reflexions plus generales.
Me voicy maintenant à la
Scene de l'Ambassade, elle
est bien digne d'un Ambassadeur
Romain,& Corneille
n'a pasce me femblc
fait parler Flaminius à Nicomede
avec plus de noblesse
& de dignité ; la manière
dont Pharasmane reçoit cet
Ambassadeur ne céde en
rien àcelle dont Nicomede
reçoitFlaminius: il en beau )de voir Pharasmane reprimer
l'orgueil des Romains,
jurqu'à traiter de fanfarons
ces Maistres du monde;
quel domageque l'Ambassadeurd'Armenie
rompe un
Discours qui ne finit pas à
l'honneur du Senat, on
attend une Sceneoù la grandeur
des Romains & celle
de Pharasmane soit soutenue
par les differens traits
qui les caraéterisent, & le
Spectateur ne peut souffrir
qu'un homme tel quHicron,
luy ostele plaisir d'entendre
deux Héros qui contcftent
de la grandeur, &
qui l'établissen0t sur l'opposition
de leurs interests, & de
leurs maximes: c'estencela
sur tout que la Scene entre
Nicomede & Flaminius est
admirable, en tâchant à
l'envy de diminuer la grandeur
l'un de l'autre: ils
se montrent tous deux si
grands que la Scene finit
sans que le Speétareur puisse
decider lequell'emporte ,si
l'Ambassadeurd'Arménie
estoitnecessaire icy comme
on le prétend, c'est une
necessité bien fatale à cette
Scene si digne d'une plus
belle fin.
Dans le troisiémeActe
Arsame quineconnoist pas
Rhadamistepour son frere,
vient luy demander son secours
pour Zenobie contre
les fureurs de Pharafmane , l'amour qu'il a pour cette
Princesse fait faire à ce
Prince vertueux & fidelle,
une démarche qui paroist
estre un peu contre son devoir
, le plaisir que Rhadamistesepropose
derenverfer
les projets d'amour d'un
pere qu'il deteste
, & sans
doute son penchant à prendre
des partis extrêmes,lui
font accepter avec transport
les propositions de son frere;
la haine qu'il aconçeuë contre
Pharafmane
, va jusqu'à
vouloir soustraire à son autorité
Ar same que les sentimens
de la nature &de laprobiré
ornent aux dépens de
toute sa famille. Un projet si
dénaturé révol te cette amc
si bien née, & l'exemple de
vertu que donne Arfame cn5
cette occasion, réveille des
remords dans le coeur du
plus grand des scelerats
c'est ainsi qu'en détestant
l'horrible caractere de Rhadamiste
, on admire celuy
d'Arsame qui feroit de plus
vives impressions dans le
coeur des Spéculateurs, s'ils
n'estoient pas accoutûmez
par les horreurs de son frère
à des mouvemens d'un autre
ordre.
Je passe à la Scene de la
reconnoinance, c'estàmon
avis la situation du monde
a plus interessante, ces deux
personnes
personnes autrefois si chercs
l'une à l'autre, & que l'action
la plus affreuse avoit
séparez, sont par leur réünion
un Spectacle bien
touchant à toute l'Assemblée.
Zenobie à qui la vertu
ne permet pas de méconnoistre
son époux, & dont
le bon coeur sent même du
plaisir à le retrouver ,excite
les transports de Rhadamille
; illuy promet d'effacer
tous ses forfaits à force
de vertus; les promesses
accompagnées de larmes
& de transports trouvent
grace devant le Spectateur
qui croit aux sermens de
Rhadai-nifle,&qui souhaite
de les luy voir observer;
parce que ceux en qui il
place son interest ne doivent
ny ne peuvent luy est suspeas
; si le Spectateur est
dans la suite la dupe de
ces sermens,c'est qu'en effet
il n'y a personne quinefut
trompé aux sentimens tendres,&
délicats que Rhadamiste
y fait paroistre : en
s'interessant pour luy on
0a fait que suivre le coeur
deZenobie qui s'attendrit
au Discours de son époux
tout barbare qu'elle le connoist
: je ne sçaurois trop
dire combien cette Scene
m'a paru belle Lorsque
Rhadamiste exagere l'horreur
de ses crimes à Zenobie
qui les luy pardonne, il
marque qu'illent bien vivement
une generosité si heroïque
,
il ne se trouve dans
ce moment si coupable que
parce qu'il est plus sensible à
la vertu de Zenobie
,
lorsqu'il
prétend en diminuer
l'horreur en les rapportant
tous à son amour excessif
les dispositions sont dans,
cet instant si contraires à
celles d'un scelerat qu'il ne
croit même pas qu'on ait
pu lettreautantqu'il l'a été,
le Spectateur touché de
tant de délicatesse
,
cesse de
lui imputer ses fortfaits,&
commence à les regarder
c?
comme des circonstances
malheureuses qui serviront
à son Heroîme : voilà l'efset
de cet espece de délicatesse
raisonée: elle est d'autant
plusaudessus de la simplevivacité,
quel'esprit &
le coeur en partagent également
le plaisir. >
Dans le quatrièmeActe,
Arsame vient chercher
Zenobie, allarmé de sa froideur
il s'en plaint à elle en
en amant respecteux , Zenobie
qui croit devoir du
moins payer son amour par
un aveu necessaireàson repos
luiaprend qu'elleest Zenobic,
& que l'Ambassadeur
Romain est son époux
, c'est un trait de generosité,
bien digne de cette Princesse
mais si malreçu de Rhadamiste
qu'ilestprêtd'éclater
contre elle,& contre son
frere ; le Spectateur se repent
alors de s'être interessépourlui,
il envisage de
continuels malheurs pour
Zenobie ; & fâché de voir
tant de vertus livrées à des
fureurs qu'il n'espere plus
de voir finir, il retracte
pour ainsi dire la joye que
lui a donné sa reconnaissance
, & souhaite quequelque
heureuse circonstance les separe
pour toujours, la vertu
deZenobie tire un merveilleux
lustred'une circonstancc
si désagrable d'ailleurs
pour clic; sa fermeté
,
son
courage&l'amourdu devoir
éclate dans le parti qu'elle
prend de suivre son époux.
Ils partent enfin, & Pharasmane
bien-tost averti de
leur fuite, court&s'en van;..
ge dans le fang de Rhadamiste,
qui vient rendre son
dernier soupir entre les bras
de Zenobie au milieu de toute
sa famille, Pharafmanc
qui le reconnaît fremit du
coup qu'illuy a porté; l'ignorance
ne diminuë point
assez à son gré l'horreur de
son crime, & il paraît ce
me semble bien touché d'une
mort qu'il avait autrefois
ordonnée avec tant de
barbarie; il cft bien Pere
en ce moment pour ne l'avoir
encore jamais été
, &
cet homme sur qui lanature
avoit eu jusques làsipeu
de pouvoir me paraît du
moins se démentir un peu: Quant à Rhadamiste il
meurt comme il a vécu, d'abord
il craint de répandre
le fang de son pere, & préféréla
mort à l'horreur du
parricide, c'était son, bon
intervalle qui ne dure pas
long-temps, un moment
après il accable la douleur
de son Pere loin de la respecter
, on ne devinerait
pas qu'un Fils qui craint
moins la mort que le parricide
,deust outrager un Pere
qui semontre tel pour la
premiere fois, dans ces derniers
moments où la nature
& la vertu se produisent.
plus que dans tous les ail*
très.
Un pareil caractere est
bien plein de bizarrerie, c'est
ici le lieu d'examiner s'il
convient au Theatre, Rhadamistefait
lui même son
portrait en ces termes :
Et que (fay
- je Hieron
J
furieux
,
incertain,
Criminelsans penchant
, vertueuxsans
dessein.
Jouet infortuné de ma douleur
extrême,
Dans l'état oùjefuismeconnais-
jemoi même
Mon coeur de soinsdiverssans
cesse combatu,
Ennemi duforfaitsans aimer
la vertu,
D'un amour malheureux déplorablevictime
S'abandonne au remord sans
renoncer au crime ;
Je cede au repentir, mais sans
en profiter
Et je ne me connois que pour
me detefler,cec.
S'il est vray que Rhadamisteest
criminel sans penchant,
Zenobie le connaît
mal, ou ne lui rend pas justicc
quand elle dit.
Je l'avouerai
,
sensible à sa
tcndrcjje extrême,
Je mefis un devoird'yreport«•
dre de même,
Ignorantqu'en effetsous des dehors
heureux
On peut cacher au crime un
penchant dangereux.
D'ailleurs ses crimes sont
trop noirs& en trop grand
nombre pour les rapporter
tous à sa jalousie ou aux circonstances
où il s'est trouvé;
il me semble que la fureur
qui l'anime contre son pere,
& qui peut le conduire jusqu'au
parricide, marque
un scelerat bien déterminé.
Quoi qu'il en foit la continuité
& l'uniformité de ses
remords m'étonnent; je ne
puis comprendre qu'il soit
si peu fait au crime
,
après
en avoir fait de si noirs.
Que les plus fameux criminelsayant
eu quelque fois
des retours je n'en fuis pas
surpris, ils ne franchissent
point de certaines bornes,
sans quelque effort qu'ils
doivent sentir ; mais qu'ils
detestent uniformement les
crimes dont ils ont une longue
habitude, de telle sorte
que les remords les caracterisent;
c'est ce qui me paroist
incroyable.
J avoue que les remords
que l'Auteur donne à son
Heros fondent l'interêt
que nous prenons à la Scene
de la reconnaissance ; mais
celle de la jalousie qui la
suit de près n'apprent elle
pas au Spectateur que Rhadamiste
en un phrenetique
dangereux qui a successivement
de bons & de mauvais
intervalles,avec lequel il
faut perpétuellement de
compter, qui ne merite ny
attention ny creance ny
iDtcrefi) était-ce la peine
de bâtirpourdétruire si
promptement; & ne valoiril
pas mieux réduire le mcrite
de la reconnoissance au
merveilleux de la furprifc
que fait naître larencontre
impreveüe de deux person-
- nes que de grands interests
unissent ouséparent ,il faloit
donc ou faire voir les fruits
de tant de remords,ou en
retrancher le principe, on
auroit sçeu à quoys'en tenir
avec Rhadamiste & nous
l'aurions aimé ou haï sans
risquer d'en estre un moment
la dupe: Cleoparre
ne s'estoit pas signalée par
plus de forfaits que Rhadamiste,
leur ressamblance est
assez grande en ce point,
Corneille n'a eu garde de
luy donner des remords qui
ne pouvant estre le fruit
d'une vertu qu'elle avoit
absolument étouffée,n'auroit
esté que foiblesse dans
sonesprit & qu'inconstance
dans son coeur; loinqu'ils
eussent adouci son caractère
par raport au Spectateur;ils
luy auroient osté le merveilleux
attaché aux grands
crimes : cette détestable
constance qui brave les loix
est d'autant plus grande au
Theatre qu'elle inspire plus
d'horreur.
C'est pour cela que les remords
Infructueux de Rhadamiste
rendent son caractere
petit & peu digne du
Theatre, un homme qu'on
me represente le joüet des
plus noires fureurs, & des
plus beaux sentimens, qui
n'a pas la force de secouër
l'un ou l'autre joug, un
pareil caraétere est-il digne
de l'attention publique, &
n'estil pas aussi méprisable
dans ses remords, qu'il est
detestable dans ses crimes.
Jugez, Monsieur, par
ce que je viens de vous dire
combien le caraé1;ere de
Zenobie doit briller par
opposition à celuy de Rhadamiste
: on ne peut mettre
sur le Theatre plus de generosité
,
plus de constance,
& plus de toutes ces qualitez
qui forment une Heroïne,
j'aurais seulement souhaité
que son amour pour Arfame
eut esté plus vif, sa gloire
auroit esté plus grande à
le surmonter
, ce caractère
c11 d'ailleurs plein des plus
grandes beautez : j'admire
sur tout l'aveu qu'elle fait
de son amour pour Arsame
en presence de son époux:
j'aime avoir un Auteur de
nostre siecle faire revivre la
fage hardiesse du grand
Corneille,& sij'estime beaucoup
ce qu'il a fait, j'admire
encore plus ce qu'il est capable
de faire.
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Résumé : REFLEXIONS DE M** Sur la Tragedie de Rhadamiste & de Zenobie.
Le texte est une critique de la tragédie 'Rhadamiste et Zénobie'. L'auteur admire la simplicité de l'exposition du sujet malgré la complexité des faits à traiter. Il apprécie l'évitation des répétitions grâce à l'introduction de personnages relatant les mêmes événements sous différents angles. La délicatesse avec laquelle Rhadamiste et Zénobie racontent leurs histoires est soulignée, notamment la manière dont Zénobie mentionne la cruauté de Rhadamiste avec ménagement. Le caractère de Pharasmane, le père d'Arsame, se révèle progressivement, bien que l'auteur regrette que Pharasmane ne soit pas aussi fourbe et perspicace dans la pièce qu'il l'est dans l'histoire. Le second acte commence avec Rhadamiste arrivant à la cour de son père en se dissimulant. Il est chargé par le Sénat romain de défendre les droits de Pharasmane sur la couronne d'Arménie. Rhadamiste exprime sa haine pour son père et son amour désespéré pour Zénobie, révélant ainsi son caractère complexe et ses projets de vengeance. L'auteur critique la scène de l'ambassade romaine, qu'il trouve digne mais interrompue de manière regrettable par l'ambassadeur arménien. Il admire la scène où Arsame demande de l'aide pour Zénobie contre Pharasmane, soulignant la vertu et la fidélité d'Arsame. La scène de la reconnaissance entre Rhadamiste et Zénobie est particulièrement touchante. Zénobie pardonne à Rhadamiste malgré ses crimes, émouvant le spectateur par cette générosité. Cependant, Rhadamiste retombe rapidement dans sa jalousie et sa fureur, décevant le spectateur. Dans le quatrième acte, Arsame découvre la véritable identité de l'ambassadeur romain, qui est Rhadamiste. Pharasmane, informé de la fuite de Rhadamiste et Zénobie, les poursuit et trouve Rhadamiste mourant. Pharasmane est touché par cette mort, contrairement à Rhadamiste qui, dans ses derniers moments, montre une bizarrerie de caractère en oscillant entre la crainte du parricide et l'outrage envers son père. L'auteur critique le caractère de Rhadamiste, le trouvant plein de bizarrerie et d'incohérence. Il juge les remords constants de Rhadamiste incroyables pour un criminel de son envergure, suggérant que la pièce aurait gagné en cohérence en montrant les fruits de ces remords ou en les supprimant complètement. Le texte souligne également que la faiblesse et l'inconstance d'un personnage ne le rendent pas admirable sur scène, car elles enlèvent le caractère extraordinaire des grands crimes. La constance dans le mal est plus impressionnante au théâtre car elle inspire l'horreur. Les remords infructueux de Rhadamiste sont critiqués car ils le rendent petit et indigne du théâtre, incapable de surmonter ses passions ou ses crimes. En opposition, le caractère de Zénobie est loué pour sa générosité, sa constance et ses qualités héroïques. L'auteur regrette seulement que son amour pour Arsame ne soit pas plus intense, ce qui aurait accru sa gloire en le surmontant. Zénobie est admirée pour son aveu d'amour en présence de son époux, une audace comparée à celle de Corneille. L'auteur apprécie l'œuvre et admire le potentiel de l'auteur pour de futures créations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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243
s. p.
« Zenobie à Tiridates qu'il avoit engagé dans son parti ; [...] »
Début :
Zenobie à Tiridates qu'il avoit engagé dans son parti ; [...]
Mots clefs :
Théâtre, Vertu, Auteur, Scène
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Zenobie à Tiridates qu'il avoit engagé dans son parti ; [...] »
Zenobie àTiridates qu'il
avoit engagé dans son
parti;qu'ilsestoiententrezensemble
dans les
Etats de Mithridate;
que Mithridate indigné
entre son frere
, avoir
fait retombersur lefils le
crime dupere;que Mithridate
voulant détacher -
Tiridate du parti de
Pharasmane, avoit offert
à ce
Parthesafille deja
promije à Rhadamiste;
que cet Amant indigné
à
âfin tour avoit achevé
de défiler les Etats de
Mithridate qu'il en avoit
chaJJé; qu'enfùjrt
ayant forcéPollion a
luy livrer le malheureux
MithridAte, il l3avoit
faitmourir dans le temps
qu'ilpromettoitàZenovie
de la rétablir sur son
Throne pourvû qu'elle
voulutl'épouser
,
quelle
y avoit consenti dans cette
esperance ,
r/eftantpoint
instruite de ce meurtre,
qu'ensuite Rhadamiste
poursuivi de PharasmaneavoitpoignardeZenobie
~&l'avoit jettée dans
l'Araxe,~& avoitensuite
luy
-
même esté immolé
à la fureur de son pere
ce n'est pas tout ila
salu encoreque l'Auteur
aprit comment Zenobie
&Rhadamisteseretrouventenviechacunde
leur icossé& comment
Zenobie prise sur les
JHedes par Arsame a
este oemenéeien-lberit^
Voilà les faits qui
fondent laFable; voyons à prc[enrlci\in'téreft qui
doivent faire agir les
Personnages
j
Zenobie
aime ArjÁmt, elle hait
Pharafinane,tilt a un
refit depitiépour Rhadamific
,
elle alamort de
son pere àvanger. , la
memoire d)un époux: qui
l'apoignardéeà respecter
vuÀ,deteficr\ ilfaut où
quelle épouse Pharasmane
9
où quelle s'expose à
fort couroux,ellecraint
que Pharasmane ne Je
venged'ellesurson amant
elleà deplus des pretentionssur
l'Arménie, voi- *
là bien desaffaires pour
cette Princesse & pour le
spéctateur,cependant à
peine Rhadamiste paroît-
il sur la Scenequ'il
faut encore s'interesser à
la reconnaissance du ma-
~ry&de lafemme, à celle
du pere & dufils, & à
celle des deux freres. Il
n'y a point de fçayanc
Critique qui tenant son
Aristote en main n'eust
prédit lachute d'un Poimesicompliqué
;c'est cependant
cette multiplicité
d'interests qui fournit
tant de belles situations
ausquelles l'Aureur
doit succés extraordinaire
desa Piece.
J'admire avec quel arc
il a débrouillé son cahos;
en jettant tout l'embaras
de son sujet prefquc dans
un seulrécit;mais lecoup
de Maistre,c'estd'avoir
rendu ses plus belles Scenrs
presque indépendantes
de cous ces faits necessaires
seulement pour
fonder laPiece,maisdont
le Spectateur n'a pas befoin
pour en goûter les
beautés:parexemple dans
la Scene de la reconnoissance
,
dés qu'on [çait
que Rhad. a poignardé
sa femme
,
'& qu'ils se
croyent morts réciproquement,
cela suffit pour
goûter la beauté de cc
moment de surprise qui
fait unsi grand plaisir:
c'estainsi que par lafïm-f
plicité de chaque Scène
en particulier
,
il a Mrantilapiecedutortque
luy pouvoit faire un sujet
trop composé.
L'Auteur qui s'est bien
doutéqu'on ne trouveroit
pas vrai-semblable
que Rhadamiste fut inconnu
à Pharasimante &c
à Arsame,n'a pas épargné
l'art pour fonder cette
vrai-semblance; mais
elle ne s'apperçoit pas du
premier coup d'oeil, &
c'est un deffaut.
Rhadamiste, Arfame,
& Hieron,arrivent de
trois Provinces differentes
presque à la même
heure, dans le Palais de
Pharasmane où est Zenobie.
Cette rencontre
tient un peu du Roman.
Il y manque une espèce
de vrai-semblance, mais
si-tost qu'on voit tous
ces personnages en ac,"
tion ,il font tant de plai-
LÍir qu'ilsnoustransportentau-
dessusdesRcflexions,
Se quand on se
fent entraîner par le merveilleux
on regrette peu
levrai-semblable. u'~:•
- L'Auteur fait joüer à
merveille les quatre principaux
caracteres, de sa
piece, car quoy que celuy
de Rhadamiste ait
quelque affinité avec celui
de Pharasmane, en ce
qu'ils sont tous deux vicieux.
La différence des
leurs vices est aussi (ensible
, que celle qu'on remarque
entre la vertu de
Zenobie & celled'Arsanie,&
quand il oppose les
vices de Rhadamiste à la
vertu de Zenobie
,
& la
barbarie du pere à la vertu
du fils, c'est un contrafle
nouveau presque à
chaque Scene.
Jepense sur l'excellent
caractere deZenobie tout
ce qu'en a dit M** dans
sa reflexions. Quelques
personnes ont trouvé sa
vertu trop outree mais
comment en juger ?Personne
n'apûreglerencore
le point d'élévation
des vertus de Theatte,
Voudroit on une vertu
ordinaire qui, pour ainsî
dire, tenant encore à la
nature, fust toujours aux
prises avec la foiblesse humaine
? Cette sorte de
vertu est plus touchante;
mais une vertu surnaturelle
estplus admirable,
choisissez entre Racine
& Corneille.
<rç;J. M**aparfaitement
prouve que le caractere
de Rhadamiste n'efi:
point propre auTheatre,
parcequ'il est bizarement
composé de grands remords
& de grands crimes,
j'avoüë qu'on ne
peut s'interesser à un
tel homme, mais peutestre
que sans ses remords,
Rhadamiste eust
esté trop odieux pour
le Theatre, l'Autheur
sans doute
,
luy en a
donné, pour suspendre
de temps en temps la
haine& l'horreur que
son caractere inspire;mais
ces remords ne nous doivent
point interesser pour
luy, puisque la plûpart
font moins des retours de
vertuque les effets de son
amour pour Zenobie, &
loin de tenir compte à un
scelerat de ces fortes de
remords, on ne devroit
pasmême luy sçavoirgré
d'une belle action que
l'amour seul luy seroit
entreprendre, comme on
que l'Autheurmoins hati
dy qu'à son ordinaire,
n'aitosé franchir la bienseance
des moeurs paternelles
, pour achever ce
fier caractere comme il
l'avoit commencé.
Le caractere d'Arsame
ne paroistpas sibeau
dans sa première scene
que dans lasuite ,
l'amour
ne sçauroitl'excufer
d'avoir, abandonné
les lieuxcommis à ion
devoir.Dans la démarche
qu'il fait ensuite contre
son pere, l'amour affoiblit
encore sa yerir, mais
elle reprend vigueur dans
son entrevûë avec Rhadamiste,
il en fort plus
vertueux qu'il n'y étoit
entre.
Je suis charmé comme.
M** de la Scene de
l'Ambassade, & fâché
comme luy qu'Hieron
l'interrompe
,
d'autant
plus que Pharasmane
grand politique ne doit
pas donner Audience à
deux Ambassadeurs en
présencel'un de l'autre.
La Scenede la Jalousie
qui est encore plus belle
à mon gré, finit aucontraire
mieux qu'elle ne
commence, car Rhadamiste
ne doit point être
si étonné detrouver Arsame
avec Zenobie, il
ne doit être jaloux qu'au
moment qu'il voit son
secret revelé par sa femme.
Tout ce qu'elle dit
dans cette Scene me paroist
admirable d'un bout
à l'autre,& sur tout cet
endroit Vous ne connois
Jez> pas l'Epoux de Zenobie.
Quelle fait bien
sentir en ce moment!que
Rhadamisteest capable
de la poignarder une féconde
fois, qu'elle le
connoist pour tel, &
qu'envisageant tout le
peril, elle s'y expose par
devoir & par vertu; c'est
ce qui prepare parfa itement
ce beau Vers par
où elle finit: Maisj'ay
trop de vertu pour craindre
mon Epoux.
Quelques-uns de ceux
même qui ont admiré ce
grand trait, ontentendu
par le mot de vertu, Sagesse,
Fidelité conjugale;
peut-être parceque le mot
de vertu dansla bouche
d'une femme nous porte
d'abord àcette idée,mais
il est clair que le mot de
Vertu signifie en cet endroit,
courage & resolution
,
&: que le Vers où
il est placé n'est si beau
que parce qu'il renferme
toute l'idée que l'Auteur
nous a donné du caractere
de Zenobie.
Lorsque dans le V.
Acte on vient avertir
Pharasmane qu'on enleve
sa Maîtresse. Il ne devroit
point s'arrester à
parlerà Arsame, il doit
courir après leravisseur
:
c'est le premier mouvement
qu'il doit avoir
,
comme celuy d'Arsame
doit être de l'avertir qu'il
vatuerson fils.
-
A l'égard du dénouement,
il doit faire plaisir
en délivrant Zenobie
d'un jaloux furieux,&en
nous laissant entrevoir
qu'Arfame fera quelque
jour heureux.
Comme je ne me fuis
poinrengagé à faire une
Dissertation completce,
je passe encore plusieurs
beautez & peut - estre
quelques deffauts.
On en doit beaucoup
pardonner en faveur des
beauxvers, des pensees
vives, & des grands lèntimens,
& sur tout en
faveur de la difficulté des
Pieces de Theatre, dont
la plus parfaite efi, toujours
tres-defectueuse,
c'est dans ce genre d'écrire
qu'on ne doitpoint
chicaner un Auteur qui
a bien fait, sur ce qu'il
auroit pû mieux faire.
Je rapporte icy, non
comme une louange,
mais comme un simple
fait historique, à mettre
dans les registres du Parnaise,
qu'ily a eu deux
éditions de cctte Tragédieen
huitjours& que
sesrepresentations ayant
commencé long-temps
avant le Carnaval, elle
a franchi avec vigueur le
Carême entier, aparemment
qu'aprés Pâques,
nous ne la verrons expirer
que par le départ des
Officiers.
avoit engagé dans son
parti;qu'ilsestoiententrezensemble
dans les
Etats de Mithridate;
que Mithridate indigné
entre son frere
, avoir
fait retombersur lefils le
crime dupere;que Mithridate
voulant détacher -
Tiridate du parti de
Pharasmane, avoit offert
à ce
Parthesafille deja
promije à Rhadamiste;
que cet Amant indigné
à
âfin tour avoit achevé
de défiler les Etats de
Mithridate qu'il en avoit
chaJJé; qu'enfùjrt
ayant forcéPollion a
luy livrer le malheureux
MithridAte, il l3avoit
faitmourir dans le temps
qu'ilpromettoitàZenovie
de la rétablir sur son
Throne pourvû qu'elle
voulutl'épouser
,
quelle
y avoit consenti dans cette
esperance ,
r/eftantpoint
instruite de ce meurtre,
qu'ensuite Rhadamiste
poursuivi de PharasmaneavoitpoignardeZenobie
~&l'avoit jettée dans
l'Araxe,~& avoitensuite
luy
-
même esté immolé
à la fureur de son pere
ce n'est pas tout ila
salu encoreque l'Auteur
aprit comment Zenobie
&Rhadamisteseretrouventenviechacunde
leur icossé& comment
Zenobie prise sur les
JHedes par Arsame a
este oemenéeien-lberit^
Voilà les faits qui
fondent laFable; voyons à prc[enrlci\in'téreft qui
doivent faire agir les
Personnages
j
Zenobie
aime ArjÁmt, elle hait
Pharafinane,tilt a un
refit depitiépour Rhadamific
,
elle alamort de
son pere àvanger. , la
memoire d)un époux: qui
l'apoignardéeà respecter
vuÀ,deteficr\ ilfaut où
quelle épouse Pharasmane
9
où quelle s'expose à
fort couroux,ellecraint
que Pharasmane ne Je
venged'ellesurson amant
elleà deplus des pretentionssur
l'Arménie, voi- *
là bien desaffaires pour
cette Princesse & pour le
spéctateur,cependant à
peine Rhadamiste paroît-
il sur la Scenequ'il
faut encore s'interesser à
la reconnaissance du ma-
~ry&de lafemme, à celle
du pere & dufils, & à
celle des deux freres. Il
n'y a point de fçayanc
Critique qui tenant son
Aristote en main n'eust
prédit lachute d'un Poimesicompliqué
;c'est cependant
cette multiplicité
d'interests qui fournit
tant de belles situations
ausquelles l'Aureur
doit succés extraordinaire
desa Piece.
J'admire avec quel arc
il a débrouillé son cahos;
en jettant tout l'embaras
de son sujet prefquc dans
un seulrécit;mais lecoup
de Maistre,c'estd'avoir
rendu ses plus belles Scenrs
presque indépendantes
de cous ces faits necessaires
seulement pour
fonder laPiece,maisdont
le Spectateur n'a pas befoin
pour en goûter les
beautés:parexemple dans
la Scene de la reconnoissance
,
dés qu'on [çait
que Rhad. a poignardé
sa femme
,
'& qu'ils se
croyent morts réciproquement,
cela suffit pour
goûter la beauté de cc
moment de surprise qui
fait unsi grand plaisir:
c'estainsi que par lafïm-f
plicité de chaque Scène
en particulier
,
il a Mrantilapiecedutortque
luy pouvoit faire un sujet
trop composé.
L'Auteur qui s'est bien
doutéqu'on ne trouveroit
pas vrai-semblable
que Rhadamiste fut inconnu
à Pharasimante &c
à Arsame,n'a pas épargné
l'art pour fonder cette
vrai-semblance; mais
elle ne s'apperçoit pas du
premier coup d'oeil, &
c'est un deffaut.
Rhadamiste, Arfame,
& Hieron,arrivent de
trois Provinces differentes
presque à la même
heure, dans le Palais de
Pharasmane où est Zenobie.
Cette rencontre
tient un peu du Roman.
Il y manque une espèce
de vrai-semblance, mais
si-tost qu'on voit tous
ces personnages en ac,"
tion ,il font tant de plai-
LÍir qu'ilsnoustransportentau-
dessusdesRcflexions,
Se quand on se
fent entraîner par le merveilleux
on regrette peu
levrai-semblable. u'~:•
- L'Auteur fait joüer à
merveille les quatre principaux
caracteres, de sa
piece, car quoy que celuy
de Rhadamiste ait
quelque affinité avec celui
de Pharasmane, en ce
qu'ils sont tous deux vicieux.
La différence des
leurs vices est aussi (ensible
, que celle qu'on remarque
entre la vertu de
Zenobie & celled'Arsanie,&
quand il oppose les
vices de Rhadamiste à la
vertu de Zenobie
,
& la
barbarie du pere à la vertu
du fils, c'est un contrafle
nouveau presque à
chaque Scene.
Jepense sur l'excellent
caractere deZenobie tout
ce qu'en a dit M** dans
sa reflexions. Quelques
personnes ont trouvé sa
vertu trop outree mais
comment en juger ?Personne
n'apûreglerencore
le point d'élévation
des vertus de Theatte,
Voudroit on une vertu
ordinaire qui, pour ainsî
dire, tenant encore à la
nature, fust toujours aux
prises avec la foiblesse humaine
? Cette sorte de
vertu est plus touchante;
mais une vertu surnaturelle
estplus admirable,
choisissez entre Racine
& Corneille.
<rç;J. M**aparfaitement
prouve que le caractere
de Rhadamiste n'efi:
point propre auTheatre,
parcequ'il est bizarement
composé de grands remords
& de grands crimes,
j'avoüë qu'on ne
peut s'interesser à un
tel homme, mais peutestre
que sans ses remords,
Rhadamiste eust
esté trop odieux pour
le Theatre, l'Autheur
sans doute
,
luy en a
donné, pour suspendre
de temps en temps la
haine& l'horreur que
son caractere inspire;mais
ces remords ne nous doivent
point interesser pour
luy, puisque la plûpart
font moins des retours de
vertuque les effets de son
amour pour Zenobie, &
loin de tenir compte à un
scelerat de ces fortes de
remords, on ne devroit
pasmême luy sçavoirgré
d'une belle action que
l'amour seul luy seroit
entreprendre, comme on
que l'Autheurmoins hati
dy qu'à son ordinaire,
n'aitosé franchir la bienseance
des moeurs paternelles
, pour achever ce
fier caractere comme il
l'avoit commencé.
Le caractere d'Arsame
ne paroistpas sibeau
dans sa première scene
que dans lasuite ,
l'amour
ne sçauroitl'excufer
d'avoir, abandonné
les lieuxcommis à ion
devoir.Dans la démarche
qu'il fait ensuite contre
son pere, l'amour affoiblit
encore sa yerir, mais
elle reprend vigueur dans
son entrevûë avec Rhadamiste,
il en fort plus
vertueux qu'il n'y étoit
entre.
Je suis charmé comme.
M** de la Scene de
l'Ambassade, & fâché
comme luy qu'Hieron
l'interrompe
,
d'autant
plus que Pharasmane
grand politique ne doit
pas donner Audience à
deux Ambassadeurs en
présencel'un de l'autre.
La Scenede la Jalousie
qui est encore plus belle
à mon gré, finit aucontraire
mieux qu'elle ne
commence, car Rhadamiste
ne doit point être
si étonné detrouver Arsame
avec Zenobie, il
ne doit être jaloux qu'au
moment qu'il voit son
secret revelé par sa femme.
Tout ce qu'elle dit
dans cette Scene me paroist
admirable d'un bout
à l'autre,& sur tout cet
endroit Vous ne connois
Jez> pas l'Epoux de Zenobie.
Quelle fait bien
sentir en ce moment!que
Rhadamisteest capable
de la poignarder une féconde
fois, qu'elle le
connoist pour tel, &
qu'envisageant tout le
peril, elle s'y expose par
devoir & par vertu; c'est
ce qui prepare parfa itement
ce beau Vers par
où elle finit: Maisj'ay
trop de vertu pour craindre
mon Epoux.
Quelques-uns de ceux
même qui ont admiré ce
grand trait, ontentendu
par le mot de vertu, Sagesse,
Fidelité conjugale;
peut-être parceque le mot
de vertu dansla bouche
d'une femme nous porte
d'abord àcette idée,mais
il est clair que le mot de
Vertu signifie en cet endroit,
courage & resolution
,
&: que le Vers où
il est placé n'est si beau
que parce qu'il renferme
toute l'idée que l'Auteur
nous a donné du caractere
de Zenobie.
Lorsque dans le V.
Acte on vient avertir
Pharasmane qu'on enleve
sa Maîtresse. Il ne devroit
point s'arrester à
parlerà Arsame, il doit
courir après leravisseur
:
c'est le premier mouvement
qu'il doit avoir
,
comme celuy d'Arsame
doit être de l'avertir qu'il
vatuerson fils.
-
A l'égard du dénouement,
il doit faire plaisir
en délivrant Zenobie
d'un jaloux furieux,&en
nous laissant entrevoir
qu'Arfame fera quelque
jour heureux.
Comme je ne me fuis
poinrengagé à faire une
Dissertation completce,
je passe encore plusieurs
beautez & peut - estre
quelques deffauts.
On en doit beaucoup
pardonner en faveur des
beauxvers, des pensees
vives, & des grands lèntimens,
& sur tout en
faveur de la difficulté des
Pieces de Theatre, dont
la plus parfaite efi, toujours
tres-defectueuse,
c'est dans ce genre d'écrire
qu'on ne doitpoint
chicaner un Auteur qui
a bien fait, sur ce qu'il
auroit pû mieux faire.
Je rapporte icy, non
comme une louange,
mais comme un simple
fait historique, à mettre
dans les registres du Parnaise,
qu'ily a eu deux
éditions de cctte Tragédieen
huitjours& que
sesrepresentations ayant
commencé long-temps
avant le Carnaval, elle
a franchi avec vigueur le
Carême entier, aparemment
qu'aprés Pâques,
nous ne la verrons expirer
que par le départ des
Officiers.
Fermer
Résumé : « Zenobie à Tiridates qu'il avoit engagé dans son parti ; [...] »
Le texte relate une série d'événements historiques et politiques impliquant plusieurs personnages clés, notamment Zenobie, Tiridates, Mithridate, Pharasmane et Rhadamiste. Zenobie, initialement engagée par Tiridates, se retrouve impliquée dans les affaires de Mithridate. Ce dernier, indigné par les actions de son frère, accuse son propre fils du crime. Pour éloigner Tiridates de Pharasmane, Mithridate offre sa fille, déjà promise à Rhadamiste, aux Parthes. Rhadamiste, furieux, défait les États de Mithridate et le force à se rendre avant de le tuer. Zenobie, espérant retrouver son trône, accepte d'épouser Rhadamiste, ignorant qu'il a assassiné Mithridate. Plus tard, Rhadamiste, poursuivi par Pharasmane, poignarde Zenobie et la jette dans l'Araxe, avant d'être tué par son père. Le texte mentionne également que Zenobie et Rhadamiste survivent et que Zenobie est capturée par Arsame et emmenée en Ibérie. Les personnages ont des motivations et des sentiments complexes. Zenobie aime Arjánt, déteste Pharasmane et souhaite venger la mort de son père. Rhadamiste est poursuivi par Pharasmane. L'auteur admire la manière dont les situations complexes sont résolues et les scènes rendues indépendantes des faits nécessaires pour fonder la pièce. Cependant, certaines situations, comme la rencontre des personnages au palais de Pharasmane, sont difficiles à rendre crédibles. Les caractères des personnages principaux sont bien joués, avec des contrastes marqués entre les vices et les vertus. Zenobie est particulièrement admirée pour son courage et sa résolution, bien que certains trouvent sa vertu excessive. Le dénouement libère Zenobie d'un jaloux furieux et laisse entrevoir un avenir heureux avec Arsame. La tragédie a connu un succès notable, avec deux éditions en huit jours et des représentations prolongées jusqu'après Pâques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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244
p. 25-44
LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
Début :
Feu Mr de Segrais, si connu par sa belle traduction de [...]
Mots clefs :
Traduction, Virgile, Segrais, Énéide, Euridice, Géorgiques, Orphée, Public, Mort, Poète
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
LIVRES NOUVEAUX.
TraductionenVers François
desfieorgttf'MS de
Vtrgille
,
OwvrageposthumedeMonsieur
DESEGRAISI
FeuMrdeSegrais, si
connu par sa belle traduction
de l'Eneïde,avoitaussi
traduit les Georgiques du
mesme Poëte, & n'ayant
pas eu le temps de les donner
au Public, il chargea
un de ses amis du soin de
les faire iniprimer, &dy
joindre une Préfacé dont
apparemment il avoit dreffé
le projet. Le Public attendoit
avec impatience,
que cet amy rendit ce
devoir à la memoiredecet
illustre deffunt; & onavoit
d'autant plus de sujet de
l'esperer
, que feu Mr de
Segrais regardoit sa traduétion
des Georgiques comme
son meilleur Ouvrage.
Cependant celuy qu'il avoit
chargédu soin de l'impression
l'a
refusée au Public
par des raisons qu'on
ne sçait point, & il y
a
apparencequ'on en auroit
esté privé encore longtemps
,
si un autre amy à
qui Mr de Segrais avoit
permis qu'il prit une copie
de sa traduction ne l'eust
donnée aujourd'huy. Chacun
sçait quel efl: le sujet
des Georgiques de Virgile.
Il y traite des occupations
dela vie pastorale.
Je chante les beautez de la.
blonde Ceres;
Sous quelastre
y
Àdeceney on
tourne lesguerets
;
Par quels accords la vigne
„
a
l'ormeau Se marie;
Lesoin qu'on a des boeufs
,
CT de la bergerie;
L'éparzne de l'abeille,&
l'artiste travail
qui change en miel les fleurs
sans ternir leur émail.
C'estainsi que Virgile
commence, & que l'habile
Traducteur rend la pensée.
Apres que le Poëre a invo-
.qué toures les Divinitez
champestres
,
il invoque
ainsidune maniéré fine &
ddicate, l'Empereur AuguHie
quiestoit sa grande
Divinité.
Et toy
y
car il rielf pas encor
permis de dire
Quelrang t'ejlde(line dans le
celeste Empire,
Cesar sot qu'ausalut de ta
noble Cité
Tu renfermes les sins de ta
Divinité,
Ou que le front orné du myrthe
de ta mere,
Arbitre des sisons
,
la terre
te revere,
Soit que mais*e de l'ijle eu
finit l'IVrivers
Seul tu fois des Nauchers irvvoquésur
les mers,
Et que Vainqueur des flots,
pour tefaireson gendre,
Thetisvienne à tes pieds tous
ses thresors répandre;
Soitqu'enfin préferant la demeure
des Dieux,
Nouveau signe des mois , tu
•regne•dans«les C•ieux,»&c. Victorieux Cesar, sécondé
mon ardeur,
Soulage d'un regard les soins
du laboureur ;;
Entre dans ma carriere , &
souffrant quon t'implore,
Sois Dieu dés maintenant
pour quiconque t'adore.
Quoyquetout lePoème
des Georgiques soit remply
de beautez ,
il faut
pourtant avouer que rien
n'approche de l'excellent
Epifodc que le Poëte a cousu
à son quatrième Livre:
c'est celuy du Pasteur Arisiée
qui voyant perir routes
ses Abeilles, eut recours
à sa mere Cyrene pour Ravoir
d'où venoit la catase
de cette desolation, & pour
apprendre les moyens de la
reparer. Là-dcifuslaNYIn.,
phe luy conseilla d'aller
trouver Prothée, & luy
apprit que pour éluder de
luy répondre, le Dieu Ce
changeroit en plusieurs sigures
,&: que pour l'epouventer,
il prendroit successivement
la forme d'un
Lion, d'un Serpent,&c;.
mais qu'il ne falloit
-
point
le laisser échapper juiques à
ce qu'il fut revenu en son
premier estat, & qu'alors
il luy apprendroit ce qui
causoit son malheur
,
elle
l'envoyaàce Dieu marin,
qui après avoir Joue tout
le manege dont elle luy
avoitparlé
,
luy apprit que
la cau se de son mal heur
estoit la mort d'Euridice
que son amour avoit cau- sée.
Ungrand crime des D ieux
t'attire la colere,
Du malheureux Orphée ayant
cause les, pleurs,
Lefort deson Epouse a fait
tesgrands malheurs.
Irrité de sa mort, il poursuit
tonsupplice, ibJ
C'étoit en tefuyant quesa chere
Euridice5
Pressoit lherbedes Prez
:J
e:3;
ne découvritpas,
Le venimeux Serpent autheur
deson trépas.
Le Poëte raconteensuite
comment Orphée tenta la
descente des enfers pour
obtenir de Pluton le retour
de sachere Euridice, &de
quelle sorte il charma les
ombres decetristeséjour,
qui dançoient au son de sa
Lyre.
Dans le fonds du tartare on
vîtjusques aux Furies
Avec tous leurs Serpens par
Orphée attendris. *
Ixionvitsa rouë arrester à sa
voix;
Cerbere donna treve àses tristes
aboix.
Déja s'en revenant avec fit
prisonniere,
Euridice avec luy marchoit
vers la lumiere.
'( Telle de Proserpine estoit la
dure loy)
Quand son amour trop vif
luyfitmanquer de foy.
Unregard imprudent (offens-e
pardonnable
Sijamais pardonnoit l'Enfer
inexorable)
Luyfit voir Euridice abismée
'-'. enUmity
Et de ses vains travauxy
remporter lefruit.
Tout le reste de l'Episode,
le deüild'Orphée,sa
retraite sur les montagnes
où il charmoit les Tigres
& les Ours; safin tragique;
tout celaest traduit avec
beaucoup de force & d'exactitude.
-,' Feu Mr de Segrais estoit
deCaën, ôcilyavôfc fait
sesestudes au College des
Jesuites.Il s'exerçadans la
jeunesse à faire des Vers
lyriques, des Chansons
>
& quelques petites Historiettes
pour se divertir avec
ses amis.Pendant cetempslà
Mr le Comte de Fiesque
ayantété éloigné de la
Cour,se retira à Caën ,
&
ayant connu là le jeune Segraisquin'avoit
alors que
dix-neufans, il le gousta
si fort qu'ille mena avec
luy lorsqu'ilfutrappellé.
Ce fut alors qu'il acheva
deseformer,& qu'il prit
le bon goust & la politesse
qui ont paru depuis dans
ses Ouvrages. Estantentré
auprés de Mademoiselle,
le loisir de S. Fargeau où
elle fut releguée luy donna
le temps de travailler à fa*
traduction de l'Eneïde.Mademoiselle
ayant eu quelquesujet
d'estremécontente
de luy
,
il se retira chez
Me de la Fayette
,
& ce
fut là où ilcomposa laPrincesse
de Cleves
,
Ouvrage
tant loüé ôc tant critiqué:
& Zaïde,Histoire Espagnole
qui peut passer pour
le chef-d'oeuvre des Romans
qui sontécrits dans
ce genre. Comme Me de
la Fayette & Mr de la Rochefoucault
estoient en
grande relation, chacun
sçait la part que ces deux
illustres personneseurentà
la compositiondeces deux
Romans,surtout de celuy
delaPrincesse de Cleves.
L'année 1662. il fut
reçu à l'Academie Françoise:
mais s'ennuyant du
sejour de Paris quiledissipoit
trop, il se retira en
Normandie où il épo sa
une riche heritiere la parente
, & trouvant l'Academie
de Caën sans protetlcur
depuis la mort de Mr
- de Matignon
,
il en receüillit
les membres chez
luy où il fit un appartement
fort propre pour y
tenir les Assemblées. Il eue
un differend avec le fameux
Bochart qui estoit
du mesme pays, au sujet
de l'Eneïde. Celuy cy ayant
dit qu'il n'estoit pas
difficile de prouver qu'Enée
n'avoit jamais esté en
Italie, ils se firent une espece
de désy: mais le sçavant
Protestant fit sur ce
su jet une.Dissertation si
remplie d'érudition
,
&
allegua
allegua tant dAuteurs inconnus
à *Mr de Segrais
,
qu'elle demeura sans réponse.
On peut avoir tout
l'cfprit du monde
, & ce
qu'on appelle une aimable
érudition
,
sans avoir approfondi
les matieres anciennes
comme Bochart,
& ce n'est pas mesme cette
forte de science qui compose
les talents Academiques.
La traduction de l'Eneïde
quoyque l'original ait perdu
beaucoup de .feJ graces entrefis
mains
,
surpasse de bien loin
tous les Poëmes que nos Ait':
teurs ont mis aujo-ur*'av<ec plus
de confiancequedesuccès, &
il se doit contenter d'avoir
mieux trouvéle genie de Virgile
que pas un de nos Auteurs.
Je louë l'application de Mr
de Segrais à connoistre ïefyrit
du Poëte danssa Prefaceautant
que dans la version
, &'
il me semblequ'il a bien réüjft
àjuger de tout excepté des caracteres.
Ainsi parloit feu
Mr de S. Evremond dans
ses reflexions sur nos Traducteurs,
& vous sçavez
quel juge c'estoit dans ces''
matieres queM.deSaint
Evrcmond. On pourroit
pourtant dire que son jugement
se ressent un peu
du chagrin qu'il avoit contre
le peu de merite du bon.
Enée,dont il fait dans la
suite une critique impitoyable.
C'estoit, selon luy,
un pauvre Heros dans le Paganisme
,
qui pourroit estre un
grand Saint chez les Chretiens,
& plus digne Fondateur
d'unOrdre qued'unEstat.
Quoyqu'il en soit Mr
de Segrais avoit fait pluro,
sieurs autresOuvrages qu'il
a laissezàun de ses amis
pour les faire imprimer. Il
, mourut le25.de Mars1701.
âgé de 76. ans, & regretté
de tous les honnestes gens
dont il faisoit les delices.
Ce Livre se vend à Paris
chez Jacques le Febvre
dans la Grande-Salle du
Palais.Jean Musier à la descente
du Pont-Neufà l'Olivier,
& Estienne Ganeau,
ruë S. Jacques., aux Armes
de Dombes. EXTRAIT
TraductionenVers François
desfieorgttf'MS de
Vtrgille
,
OwvrageposthumedeMonsieur
DESEGRAISI
FeuMrdeSegrais, si
connu par sa belle traduction
de l'Eneïde,avoitaussi
traduit les Georgiques du
mesme Poëte, & n'ayant
pas eu le temps de les donner
au Public, il chargea
un de ses amis du soin de
les faire iniprimer, &dy
joindre une Préfacé dont
apparemment il avoit dreffé
le projet. Le Public attendoit
avec impatience,
que cet amy rendit ce
devoir à la memoiredecet
illustre deffunt; & onavoit
d'autant plus de sujet de
l'esperer
, que feu Mr de
Segrais regardoit sa traduétion
des Georgiques comme
son meilleur Ouvrage.
Cependant celuy qu'il avoit
chargédu soin de l'impression
l'a
refusée au Public
par des raisons qu'on
ne sçait point, & il y
a
apparencequ'on en auroit
esté privé encore longtemps
,
si un autre amy à
qui Mr de Segrais avoit
permis qu'il prit une copie
de sa traduction ne l'eust
donnée aujourd'huy. Chacun
sçait quel efl: le sujet
des Georgiques de Virgile.
Il y traite des occupations
dela vie pastorale.
Je chante les beautez de la.
blonde Ceres;
Sous quelastre
y
Àdeceney on
tourne lesguerets
;
Par quels accords la vigne
„
a
l'ormeau Se marie;
Lesoin qu'on a des boeufs
,
CT de la bergerie;
L'éparzne de l'abeille,&
l'artiste travail
qui change en miel les fleurs
sans ternir leur émail.
C'estainsi que Virgile
commence, & que l'habile
Traducteur rend la pensée.
Apres que le Poëre a invo-
.qué toures les Divinitez
champestres
,
il invoque
ainsidune maniéré fine &
ddicate, l'Empereur AuguHie
quiestoit sa grande
Divinité.
Et toy
y
car il rielf pas encor
permis de dire
Quelrang t'ejlde(line dans le
celeste Empire,
Cesar sot qu'ausalut de ta
noble Cité
Tu renfermes les sins de ta
Divinité,
Ou que le front orné du myrthe
de ta mere,
Arbitre des sisons
,
la terre
te revere,
Soit que mais*e de l'ijle eu
finit l'IVrivers
Seul tu fois des Nauchers irvvoquésur
les mers,
Et que Vainqueur des flots,
pour tefaireson gendre,
Thetisvienne à tes pieds tous
ses thresors répandre;
Soitqu'enfin préferant la demeure
des Dieux,
Nouveau signe des mois , tu
•regne•dans«les C•ieux,»&c. Victorieux Cesar, sécondé
mon ardeur,
Soulage d'un regard les soins
du laboureur ;;
Entre dans ma carriere , &
souffrant quon t'implore,
Sois Dieu dés maintenant
pour quiconque t'adore.
Quoyquetout lePoème
des Georgiques soit remply
de beautez ,
il faut
pourtant avouer que rien
n'approche de l'excellent
Epifodc que le Poëte a cousu
à son quatrième Livre:
c'est celuy du Pasteur Arisiée
qui voyant perir routes
ses Abeilles, eut recours
à sa mere Cyrene pour Ravoir
d'où venoit la catase
de cette desolation, & pour
apprendre les moyens de la
reparer. Là-dcifuslaNYIn.,
phe luy conseilla d'aller
trouver Prothée, & luy
apprit que pour éluder de
luy répondre, le Dieu Ce
changeroit en plusieurs sigures
,&: que pour l'epouventer,
il prendroit successivement
la forme d'un
Lion, d'un Serpent,&c;.
mais qu'il ne falloit
-
point
le laisser échapper juiques à
ce qu'il fut revenu en son
premier estat, & qu'alors
il luy apprendroit ce qui
causoit son malheur
,
elle
l'envoyaàce Dieu marin,
qui après avoir Joue tout
le manege dont elle luy
avoitparlé
,
luy apprit que
la cau se de son mal heur
estoit la mort d'Euridice
que son amour avoit cau- sée.
Ungrand crime des D ieux
t'attire la colere,
Du malheureux Orphée ayant
cause les, pleurs,
Lefort deson Epouse a fait
tesgrands malheurs.
Irrité de sa mort, il poursuit
tonsupplice, ibJ
C'étoit en tefuyant quesa chere
Euridice5
Pressoit lherbedes Prez
:J
e:3;
ne découvritpas,
Le venimeux Serpent autheur
deson trépas.
Le Poëte raconteensuite
comment Orphée tenta la
descente des enfers pour
obtenir de Pluton le retour
de sachere Euridice, &de
quelle sorte il charma les
ombres decetristeséjour,
qui dançoient au son de sa
Lyre.
Dans le fonds du tartare on
vîtjusques aux Furies
Avec tous leurs Serpens par
Orphée attendris. *
Ixionvitsa rouë arrester à sa
voix;
Cerbere donna treve àses tristes
aboix.
Déja s'en revenant avec fit
prisonniere,
Euridice avec luy marchoit
vers la lumiere.
'( Telle de Proserpine estoit la
dure loy)
Quand son amour trop vif
luyfitmanquer de foy.
Unregard imprudent (offens-e
pardonnable
Sijamais pardonnoit l'Enfer
inexorable)
Luyfit voir Euridice abismée
'-'. enUmity
Et de ses vains travauxy
remporter lefruit.
Tout le reste de l'Episode,
le deüild'Orphée,sa
retraite sur les montagnes
où il charmoit les Tigres
& les Ours; safin tragique;
tout celaest traduit avec
beaucoup de force & d'exactitude.
-,' Feu Mr de Segrais estoit
deCaën, ôcilyavôfc fait
sesestudes au College des
Jesuites.Il s'exerçadans la
jeunesse à faire des Vers
lyriques, des Chansons
>
& quelques petites Historiettes
pour se divertir avec
ses amis.Pendant cetempslà
Mr le Comte de Fiesque
ayantété éloigné de la
Cour,se retira à Caën ,
&
ayant connu là le jeune Segraisquin'avoit
alors que
dix-neufans, il le gousta
si fort qu'ille mena avec
luy lorsqu'ilfutrappellé.
Ce fut alors qu'il acheva
deseformer,& qu'il prit
le bon goust & la politesse
qui ont paru depuis dans
ses Ouvrages. Estantentré
auprés de Mademoiselle,
le loisir de S. Fargeau où
elle fut releguée luy donna
le temps de travailler à fa*
traduction de l'Eneïde.Mademoiselle
ayant eu quelquesujet
d'estremécontente
de luy
,
il se retira chez
Me de la Fayette
,
& ce
fut là où ilcomposa laPrincesse
de Cleves
,
Ouvrage
tant loüé ôc tant critiqué:
& Zaïde,Histoire Espagnole
qui peut passer pour
le chef-d'oeuvre des Romans
qui sontécrits dans
ce genre. Comme Me de
la Fayette & Mr de la Rochefoucault
estoient en
grande relation, chacun
sçait la part que ces deux
illustres personneseurentà
la compositiondeces deux
Romans,surtout de celuy
delaPrincesse de Cleves.
L'année 1662. il fut
reçu à l'Academie Françoise:
mais s'ennuyant du
sejour de Paris quiledissipoit
trop, il se retira en
Normandie où il épo sa
une riche heritiere la parente
, & trouvant l'Academie
de Caën sans protetlcur
depuis la mort de Mr
- de Matignon
,
il en receüillit
les membres chez
luy où il fit un appartement
fort propre pour y
tenir les Assemblées. Il eue
un differend avec le fameux
Bochart qui estoit
du mesme pays, au sujet
de l'Eneïde. Celuy cy ayant
dit qu'il n'estoit pas
difficile de prouver qu'Enée
n'avoit jamais esté en
Italie, ils se firent une espece
de désy: mais le sçavant
Protestant fit sur ce
su jet une.Dissertation si
remplie d'érudition
,
&
allegua
allegua tant dAuteurs inconnus
à *Mr de Segrais
,
qu'elle demeura sans réponse.
On peut avoir tout
l'cfprit du monde
, & ce
qu'on appelle une aimable
érudition
,
sans avoir approfondi
les matieres anciennes
comme Bochart,
& ce n'est pas mesme cette
forte de science qui compose
les talents Academiques.
La traduction de l'Eneïde
quoyque l'original ait perdu
beaucoup de .feJ graces entrefis
mains
,
surpasse de bien loin
tous les Poëmes que nos Ait':
teurs ont mis aujo-ur*'av<ec plus
de confiancequedesuccès, &
il se doit contenter d'avoir
mieux trouvéle genie de Virgile
que pas un de nos Auteurs.
Je louë l'application de Mr
de Segrais à connoistre ïefyrit
du Poëte danssa Prefaceautant
que dans la version
, &'
il me semblequ'il a bien réüjft
àjuger de tout excepté des caracteres.
Ainsi parloit feu
Mr de S. Evremond dans
ses reflexions sur nos Traducteurs,
& vous sçavez
quel juge c'estoit dans ces''
matieres queM.deSaint
Evrcmond. On pourroit
pourtant dire que son jugement
se ressent un peu
du chagrin qu'il avoit contre
le peu de merite du bon.
Enée,dont il fait dans la
suite une critique impitoyable.
C'estoit, selon luy,
un pauvre Heros dans le Paganisme
,
qui pourroit estre un
grand Saint chez les Chretiens,
& plus digne Fondateur
d'unOrdre qued'unEstat.
Quoyqu'il en soit Mr
de Segrais avoit fait pluro,
sieurs autresOuvrages qu'il
a laissezàun de ses amis
pour les faire imprimer. Il
, mourut le25.de Mars1701.
âgé de 76. ans, & regretté
de tous les honnestes gens
dont il faisoit les delices.
Ce Livre se vend à Paris
chez Jacques le Febvre
dans la Grande-Salle du
Palais.Jean Musier à la descente
du Pont-Neufà l'Olivier,
& Estienne Ganeau,
ruë S. Jacques., aux Armes
de Dombes. EXTRAIT
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Résumé : LIVRES NOUVEAUX. Traduction en Vers François des Georgiques de Virgille, Ouvrage posthume de Monsieur DE SEGRAIS.
Le texte présente la traduction posthume des 'Georgiques' de Virgile par Jean Régnier de La Salle, dit Monsieur de Segrais. Segrais, connu pour sa traduction de l'Énéide, avait chargé un ami de publier cette traduction, qu'il considérait comme son meilleur ouvrage. Cependant, cet ami a refusé de la publier pour des raisons inconnues. Un autre ami de Segrais a finalement rendu la traduction publique. Les 'Georgiques' traitent des occupations de la vie pastorale, des cultures agricoles, et des arts liés à la nature. Le texte décrit également la vie et la carrière de Segrais. Né à Caen, il a étudié au Collège des Jésuites et s'est adonné à la poésie lyrique et aux chansons. Il a été introduit à la cour par le Comte de Fiesque, qui l'a pris sous son aile. Segrais a traduit l'Énéide et a travaillé sur des romans comme 'La Princesse de Clèves' et 'Zaïde' en collaboration avec Madame de Lafayette et La Rochefoucauld. Il a été reçu à l'Académie française en 1662 et s'est retiré en Normandie, où il a épousé une riche héritière. Segrais a également eu un différend avec le savant Bochart concernant l'Énéide. Sa traduction de l'Énéide est louée pour sa fidélité à l'esprit de Virgile, bien que Saint-Évremond ait critiqué le personnage d'Énée. Segrais est décédé le 25 mars 1701 à l'âge de 76 ans, laissant plusieurs ouvrages à publier. Le livre est disponible à Paris chez plusieurs libraires.
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245
p. 114-116
REMARQUES.
Début :
Il a fait une traduction des Pseaumes avec de petites [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES.
REMARQUES.
Il a fait une traduction
des Pseaumes avec de petites
reflexions sur chaque
verset,&iljoignit àcetOuvrage
un autre de mesme
goust ;c'cfi: l'esprit de David,
& le dégoust du monde
: mais son talent estoit
d'écrire des Nouvelles, 6c
de petites Histoires particulières
; il a fait aussi plusieursPasquinadespendant
le temps de la derniere
guerre & les commencements
de celle-cy. On a de
luy encore plusieurs autres
Ouvrages, la Grote des
Fables,sesContes & Fables,
ses Voyages de Chaudray
,
& de Falaise, le Gagetouché,
Ildegerte.,Zulima,Abramulé,
lafausseComtesse
d'Isambert, Mylord Courtenayou
les amours d'Elisabeth,
Reined'Angleterre;
le Chevalier Balchazar,
l'histoire d'Hollande, la
conjuration des Pazzi, rfo
pe, les deux Arlequins, le
Sceau enlevé,& plusieurs
Nouvelles Afriquaines »
ainsi que pluheurs autres
Entretiens policiq es & Satyriques
: mais son meilleur
Ouvrage dans ce genre
est son Ecole du Monde.
Son stile estoic vif, hardy,
& figuré, mais dur & neg1igé
Il a fait une traduction
des Pseaumes avec de petites
reflexions sur chaque
verset,&iljoignit àcetOuvrage
un autre de mesme
goust ;c'cfi: l'esprit de David,
& le dégoust du monde
: mais son talent estoit
d'écrire des Nouvelles, 6c
de petites Histoires particulières
; il a fait aussi plusieursPasquinadespendant
le temps de la derniere
guerre & les commencements
de celle-cy. On a de
luy encore plusieurs autres
Ouvrages, la Grote des
Fables,sesContes & Fables,
ses Voyages de Chaudray
,
& de Falaise, le Gagetouché,
Ildegerte.,Zulima,Abramulé,
lafausseComtesse
d'Isambert, Mylord Courtenayou
les amours d'Elisabeth,
Reined'Angleterre;
le Chevalier Balchazar,
l'histoire d'Hollande, la
conjuration des Pazzi, rfo
pe, les deux Arlequins, le
Sceau enlevé,& plusieurs
Nouvelles Afriquaines »
ainsi que pluheurs autres
Entretiens policiq es & Satyriques
: mais son meilleur
Ouvrage dans ce genre
est son Ecole du Monde.
Son stile estoic vif, hardy,
& figuré, mais dur & neg1igé
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Résumé : REMARQUES.
Le texte présente les œuvres d'un auteur reconnu pour ses traductions et ses écrits littéraires. Il a traduit les Psaumes, accompagnés de réflexions sur chaque verset, et a écrit 'l'esprit de David & le dégoust du monde'. Son talent principal résidait dans l'écriture de nouvelles et de petites histoires. Pendant les guerres, il a composé plusieurs pasquinades. Parmi ses autres ouvrages, on trouve 'la Grote des Fables', 'ses Contes & Fables', 'ses Voyages de Chaudray & de Falaise', 'le Gagetouché', 'Ildegerte', 'Zulima', 'Abramulé', 'la fausse Comtesse d'Isambert', 'Mylord Courtenay ou les amours d'Elisabeth, Reine d'Angleterre', 'le Chevalier Balchazar', 'l'histoire d'Hollande', 'la conjuration des Pazzi', 'rfo pe', 'les deux Arlequins', 'le Sceau enlevé', et plusieurs 'Nouvelles Afriquaines'. Il a également écrit des entretiens policiers et satiriques, son meilleur ouvrage dans ce genre étant 'l'Ecole du Monde'. Son style est décrit comme vif, hardi et figuré, mais aussi dur et négligé.
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246
p. 123-126
REMARQUES.
Début :
Il est Auteur de la vie des Poëtes François, Ouvrage [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES.
REMARQUES.
Ilest Auteur de la vie
des Poëtes François
, OuvragequeMr
L. adonné
au Public depuis quelques
années, d'une manie..
, re plus complere que celuy
deMr Richeler. Nous a
vons du meme Au:heur
un nouveau Dictionnaire
de Rimes * ;un Livre intituléla
Florinc; un Recueil
de Letres de différents
Aureurs, qu'il fit imprimer
en 1689. pour servir de
modèles dans les différents
genres E piftolaires. C'est
dans les remarques sur ces
Lettres qu'il porta son jugement
sur celles de Bussy,
de feu Mr Arnauld d'Andilly,
du Chevalier d'Herbelot,
de Conrart, &c.
Celui de sesOuvrages qui
luy a attiré plus de repu ration
c'est sonDictionnaire
dela Langue Françoise ou
il a meslé beaucoup delitterature
& plusieursétymologies.
Il a si,it d'autres.
Ouvrages qui ne sont pas
imprimez, comme un Dictionnaire
burlesque & latyrique)
& une Grammaire
Françoisè & Poétique
que Mr Huet son gendre
se prepare de donner au
Public.
Feu MrRicheletestoit
fils de JeanRichelet, Seigneur
de Signi, & petit-fils
-
de Nicolas Richelet,célébre
parmi les Autheurs d&
son temps, par quantitéde
bons Ouvrages: c'estluy-i
qui a commenté les Oeuvres
de Ronsard
Ilest Auteur de la vie
des Poëtes François
, OuvragequeMr
L. adonné
au Public depuis quelques
années, d'une manie..
, re plus complere que celuy
deMr Richeler. Nous a
vons du meme Au:heur
un nouveau Dictionnaire
de Rimes * ;un Livre intituléla
Florinc; un Recueil
de Letres de différents
Aureurs, qu'il fit imprimer
en 1689. pour servir de
modèles dans les différents
genres E piftolaires. C'est
dans les remarques sur ces
Lettres qu'il porta son jugement
sur celles de Bussy,
de feu Mr Arnauld d'Andilly,
du Chevalier d'Herbelot,
de Conrart, &c.
Celui de sesOuvrages qui
luy a attiré plus de repu ration
c'est sonDictionnaire
dela Langue Françoise ou
il a meslé beaucoup delitterature
& plusieursétymologies.
Il a si,it d'autres.
Ouvrages qui ne sont pas
imprimez, comme un Dictionnaire
burlesque & latyrique)
& une Grammaire
Françoisè & Poétique
que Mr Huet son gendre
se prepare de donner au
Public.
Feu MrRicheletestoit
fils de JeanRichelet, Seigneur
de Signi, & petit-fils
-
de Nicolas Richelet,célébre
parmi les Autheurs d&
son temps, par quantitéde
bons Ouvrages: c'estluy-i
qui a commenté les Oeuvres
de Ronsard
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Résumé : REMARQUES.
Le texte présente un auteur renommé pour plusieurs ouvrages littéraires. Il est notamment connu pour 'La vie des Poëtes François', une œuvre plus complète que celle de Monsieur Richelet. Parmi ses autres publications figurent un 'Dictionnaire de Rimes', un livre intitulé 'La Florinc', et un recueil de lettres de divers auteurs imprimé en 1689, servant de modèles épistolaires. Dans les remarques sur ces lettres, il a porté des jugements sur celles de Bussy, de feu Monsieur Arnauld d'Andilly, du Chevalier d'Herbelot, de Conrart, et d'autres. Son ouvrage le plus réputé est le 'Dictionnaire de la Langue Françoise', qui inclut beaucoup de littérature et plusieurs étymologies. Il a également écrit des œuvres non imprimées, comme un 'Dictionnaire burlesque et lyrique' et une 'Grammaire Françoisè et Poétique', que Monsieur Huet, son gendre, se prépare à publier. Le texte mentionne également que feu Monsieur Richelet était le fils de Jean Richelet, Seigneur de Signi, et le petit-fils de Nicolas Richelet, célèbre pour ses nombreux bons ouvrages, notamment ses commentaires sur les œuvres de Ronsard.
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247
p. 162-163
« Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
Début :
Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
Quoi que j'eusse refolu
de ne parler encore
dans ce mois-ci
,
ni de
Questions, ni d'Anonimes,
ni d'autres Amusemens,
& de les remettre
au mois prochain, jen'ai
pû refuser à une Dame
d'une grande distinction,
d'ungoûtinfini, &d'un
mente extraordinaire,de
placer ici des questions
quelles m'aenvoyées:
ne croyez pas que cette
Dame soit la mesme, qui
aesté la Dulcinée de
mon Prédecesseur,pendant
quarante ans) &
pour laquelle il avoir
écrittrois ou quatre
cens Volumes sans l'avoir
jamais vue ; celleci
estplusvisible & plus
abfoluë5 jen'oseluy clcG
obéïr.
de ne parler encore
dans ce mois-ci
,
ni de
Questions, ni d'Anonimes,
ni d'autres Amusemens,
& de les remettre
au mois prochain, jen'ai
pû refuser à une Dame
d'une grande distinction,
d'ungoûtinfini, &d'un
mente extraordinaire,de
placer ici des questions
quelles m'aenvoyées:
ne croyez pas que cette
Dame soit la mesme, qui
aesté la Dulcinée de
mon Prédecesseur,pendant
quarante ans) &
pour laquelle il avoir
écrittrois ou quatre
cens Volumes sans l'avoir
jamais vue ; celleci
estplusvisible & plus
abfoluë5 jen'oseluy clcG
obéïr.
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Résumé : « Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
L'auteur décide de reporter certains sujets au mois suivant. Il fait exception pour une dame distinguée, dotée d'un goût et d'un esprit remarquables, qui lui a envoyé des questions. Cette dame n'est pas celle ayant inspiré son prédécesseur. L'auteur se soumet à ses demandes.
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248
p. 168-170
« L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
Début :
L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...]
Mots clefs :
Café
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texteReconnaissance textuelle : « L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
L'on m'aenvoyé des
Chansons sur le Café,
dequoi occuper la moitié
d'un Mercure
,
je
crains d'en avoirdéjà
trop mis5mais cestla
mode à present de chanter
le Café,&à Paris la
mode justifie tous lesexcés,
encore si l'on m'en
avoit envoyé quelqu'une.
sur le Thé, ou sur le
Chocolat, jaurois pû diversifier
; mais il en est
des liqueurs comme des
hommes
,
quand quelqu'un
est à la mode on
ne parle point de tous
les autres.
A propos on m'envoyc
un Sonnet pour remplir
un vuide;je n'ay pas le loisir
dem'informer s'il est
ancien ou nouveau. Il me
paroissjoly. Qujmporte^
la date n'y fait rien.
Chansons sur le Café,
dequoi occuper la moitié
d'un Mercure
,
je
crains d'en avoirdéjà
trop mis5mais cestla
mode à present de chanter
le Café,&à Paris la
mode justifie tous lesexcés,
encore si l'on m'en
avoit envoyé quelqu'une.
sur le Thé, ou sur le
Chocolat, jaurois pû diversifier
; mais il en est
des liqueurs comme des
hommes
,
quand quelqu'un
est à la mode on
ne parle point de tous
les autres.
A propos on m'envoyc
un Sonnet pour remplir
un vuide;je n'ay pas le loisir
dem'informer s'il est
ancien ou nouveau. Il me
paroissjoly. Qujmporte^
la date n'y fait rien.
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Résumé : « L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
Le texte critique la surabondance de chansons sur le café, mode parisienne actuelle. L'auteur regrette l'absence de chansons sur le thé ou le chocolat. Il reçoit un sonnet pour combler un vide, le trouve joli, mais n'a pas le temps de vérifier son ancienneté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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249
p. 3-10
Litterature. [titre d'après la table]
Début :
Il paroist depuis peu une belle Traduction de l'Illiade [...]
Mots clefs :
Rabelais, Homère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Litterature. [titre d'après la table]
LITTERATURE.
L paroist depuis peu
une belle Traduction
de l'Illiade d'Homere,
par Madame Dacier; on
ne peuttrop donner de
louanges à une Dame
qui fait tant d'honneur
à son sexe.
On a achevéd'imprimer
à Amsterdam le
nouveau Rabelais, avec
des Remarques historiques
& critiques.
Ces deux Livres dont
j'ay à parler en mesmestemps
, mefont naistre
l'idée den prometre pour
Je mois prochain mue
espece de paralelle ; je
dis, une espece: car sije
disois,un paralellevéritable
,&serieux, jem'attirerois
d'abord quelques
zélezSectateurs du divin
Homere, je serois, selon
eux., heretique en litrerature
, sij'osois penser
que Rabelais fust digne
d'entrer en paralelle avec
le Prince des Poëtes.
Commençons donc par
abjurer tous les Ridicules
qu'on pourroit me
donner là-dessus
, je declare
premierement que jeméprise une moitié du
livre de Rabelais, &
que je déteste mesme
dans l'autre le libertinage
&. les obscenitez
qui rendent cet Auteur
odieux ; je declare de
plus, que je respecte Homere,
& les vrais Sçavans
; mais ce respect
n'est point un respect de
culte & d'adoration: je
crois pouvoir sansprofanation
comparer le sublime
du Poëte Grec,
avec l'excellent Comique
de Maistre François;
plus ces deux genres so n
opposez,&plus ce paralelle
tiendra du badinage
: ce sera, si l'on
veut ,
l'Article Burlesque
de mon Mercure ,
les gens graves pourront
se dispenser de le lire, &
ceuxqui le plaignent
que depuis plusieurs
mois je deviens trop serieux
, y trouveront à
coup sur leur compte: carsije ne suis pas en
humeur d'écrire gayement
,
ils auront au
moins du Rabelais, qui
porte toûjours avec luy
un caractere de gayeté
inimitable.
J'adresse donc ici par
avance ce paralelle d'Homere
&: de Rabelais, à
ceux qui ne veulent que
du badinage, je tâcheray
de contenter pas
quelqu'autres Articles
ceux qui ne veulent que
du serieux ; mais à l'egard
de ceux qui ne fca.
vent ce qu'ils veulent
aussi ne sçay-je que leur
donner: on commence
pourtant à me fournir
d'assezbons Memoires ,
mon Mercure est une
espece d'ambigu
,
je tâche
d'y servir un peu
detout;mais rien n'attire,
rien ne rappelle ces
convives indolents , ils
sont, toûjours rassasiez
avant de se mettre à
table, les viandes solides
les dégoûtent, ils ne
touchent aux ragoûts,
que du bout du doigt,
& les repoussent aussitostavec
dédain
,
ils les
trouvent à coup sur, ou
insipides., ou trop salez,
en un mot,ils font naturellement
dégoûtez:
je souhaite pour leur (atisfaction
que le goût
leur vienne.
L paroist depuis peu
une belle Traduction
de l'Illiade d'Homere,
par Madame Dacier; on
ne peuttrop donner de
louanges à une Dame
qui fait tant d'honneur
à son sexe.
On a achevéd'imprimer
à Amsterdam le
nouveau Rabelais, avec
des Remarques historiques
& critiques.
Ces deux Livres dont
j'ay à parler en mesmestemps
, mefont naistre
l'idée den prometre pour
Je mois prochain mue
espece de paralelle ; je
dis, une espece: car sije
disois,un paralellevéritable
,&serieux, jem'attirerois
d'abord quelques
zélezSectateurs du divin
Homere, je serois, selon
eux., heretique en litrerature
, sij'osois penser
que Rabelais fust digne
d'entrer en paralelle avec
le Prince des Poëtes.
Commençons donc par
abjurer tous les Ridicules
qu'on pourroit me
donner là-dessus
, je declare
premierement que jeméprise une moitié du
livre de Rabelais, &
que je déteste mesme
dans l'autre le libertinage
&. les obscenitez
qui rendent cet Auteur
odieux ; je declare de
plus, que je respecte Homere,
& les vrais Sçavans
; mais ce respect
n'est point un respect de
culte & d'adoration: je
crois pouvoir sansprofanation
comparer le sublime
du Poëte Grec,
avec l'excellent Comique
de Maistre François;
plus ces deux genres so n
opposez,&plus ce paralelle
tiendra du badinage
: ce sera, si l'on
veut ,
l'Article Burlesque
de mon Mercure ,
les gens graves pourront
se dispenser de le lire, &
ceuxqui le plaignent
que depuis plusieurs
mois je deviens trop serieux
, y trouveront à
coup sur leur compte: carsije ne suis pas en
humeur d'écrire gayement
,
ils auront au
moins du Rabelais, qui
porte toûjours avec luy
un caractere de gayeté
inimitable.
J'adresse donc ici par
avance ce paralelle d'Homere
&: de Rabelais, à
ceux qui ne veulent que
du badinage, je tâcheray
de contenter pas
quelqu'autres Articles
ceux qui ne veulent que
du serieux ; mais à l'egard
de ceux qui ne fca.
vent ce qu'ils veulent
aussi ne sçay-je que leur
donner: on commence
pourtant à me fournir
d'assezbons Memoires ,
mon Mercure est une
espece d'ambigu
,
je tâche
d'y servir un peu
detout;mais rien n'attire,
rien ne rappelle ces
convives indolents , ils
sont, toûjours rassasiez
avant de se mettre à
table, les viandes solides
les dégoûtent, ils ne
touchent aux ragoûts,
que du bout du doigt,
& les repoussent aussitostavec
dédain
,
ils les
trouvent à coup sur, ou
insipides., ou trop salez,
en un mot,ils font naturellement
dégoûtez:
je souhaite pour leur (atisfaction
que le goût
leur vienne.
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Résumé : Litterature. [titre d'après la table]
Le texte évoque deux publications récentes : une traduction de l'Iliade d'Homère par Madame Dacier, saluée pour sa qualité, et une nouvelle édition des œuvres de Rabelais, imprimée à Amsterdam, accompagnée de remarques historiques et critiques. L'auteur prévoit de comparer ces deux œuvres dans un prochain numéro, en précisant qu'il s'agira d'un parallèle burlesque plutôt qu'une comparaison sérieuse. Il exprime son mépris pour certains passages de Rabelais et son respect pour Homère, tout en soulignant que la comparaison sera légère et amusante. L'auteur s'adresse à différents types de lecteurs : ceux qui recherchent le badinage trouveront leur compte dans le parallèle, tandis que ceux qui préfèrent le sérieux seront servis par d'autres articles. Il déplore l'indifférence de certains lecteurs, comparant son Mercure à un repas où les convives sont toujours rassasiés avant de se mettre à table et trouvent les plats soit insipides, soit trop salés. Il espère que ces lecteurs développeront un goût pour la littérature.
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250
p. 11-19
« On va imprimer en Hollande un Recüeil de Traits historiques, [...] »
Début :
On va imprimer en Hollande un Recüeil de Traits historiques, [...]
Mots clefs :
Calife, Joyau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On va imprimer en Hollande un Recüeil de Traits historiques, [...] »
On va imprimer en
Hollande un Recüeil de
Traits historiques, de
Maximes & de Contes
Arabes, tirez des pfUS
celebres Poëtes d'Orient,
comme JUir3 Koscou ,
Micaud,&c. Voicy un
de ces traits historiques
qu'on ma envoyé pour
en marquer le caractère*
C'estsur la liberalité.
MaanfilsdeZaldah, personnage
fort celebre parmi
les Arabes pour sa libéralité,
fut un des principaux Capitainesde
Mervan, dernier
Kalife de la race des Omnia*-
des: après que ce Kalifeeuc
esté deffait, les Abbafàdes
ses ennemis persecuterent
tous ceux qui avoient servi
les Omniades. Maan fc trouva
obligé, pour éviter la
colere d'Abou- Giafac Aimansot
de demeurer longr
temps caché dans Bagder.
Un jour s'ennuyant de demeurer
long
- temps enfermé
dans un même lieu, il
resolut de soi tir de laVille,
déguisé, & prit le chemin
du desert. Aprés avoirévité
les Gardes des Portes & des
chemins; je me croyais,
raconte-t-il lui-même dans
le recit qu'il fait de sesavantures
au Kihfe
,
hors du
danger d'estre reconnu,
lorsque tout d'un coup un
homme d'assez mauvaise
mine saisit la bride de mon
Chameau & m'arresta tout
court en me demandant si
jen'estoispas ccluy que le -
Kalife faisoit chercher avec
tant de diligence, promettant
une si grande somme
d'argent à celuy qui pourroit
le découvrir. Je luy répondis
que non. Quoy
vous n'êtes pas Maan? me
repliqua-t il.Moy bien surpris
, & craignantqu'il ne
m'arrivâtpis si jecontinuois
ànierqui j'estois,je pris un
joyau dallez grand prix que
j'avois sur moy,& leluy presentay,
en luy disant! Recevez
ce present demamain,
& gardez- vous bien de me
découvrir à qui quece soit.
Cet hommeconsiderant ce
joyau, me dit: voilà donc un
joyau qui m'appartient puisque
vous me l'avez donné;
mais je serois bien-aise de
sçavoir le prix de cc que je
possede:comb ien vaut iL?
Il vaut bien mille écus,répondit
Maan. Fore-bien,
ditle Soldat;mais j'ay une
autre demande à vousfaire,
dites-moy laverité:nevous
est-il jamais arrivé envostre
vie de donner en une feule
fois toutvostre bien,car je
sçay que vous passez pour
un homme extrêmement
liberal Je luy répondis que
non. Ilme demandaensuite;
n'en avez vous jamais donné
lamoitié? je luy répondis
h même chose ; & luy descendant
par degrez au tiers
& au quart,&jusqu'à la dixièmepartie
,la honte mefit
enfin luy dire qu'ilse pourvoit
bienfaire que j'en eusse
donné la dixiéme. Hé bien,
ajouta-t il
,
afin que vous
sçachiez qu'il y a des personnes
encore plus liberales
que vous: moy qui ne suis
qu'un simple Fantassin
,
&
qui netire que deux écus de
solde par mois, je vous
donne ce joyau dont le prix
passe plus de mille écus, &
je vous en fais un present,
En medisant cela il uiciettar
le joyau que je luy avois
donné & gagna pays.Jefus
extrêmement surpris de certa
avanture,& criay de toute
ma forcepour le faire
revenir sur ses pas. Je luy
disois que j'aurois mieux
aimé mille fois estredécouvert&
perdre ma teste que
derecevoir une telle confusion.
A ces paroles
, il revint
à moy.Jelepriay donc
de conserver ce joyau puifqu'il
en estoit plusdigne que
moy, Ôcdene me pas obliger
àlereprendre.Ulm'em
brassa plusieursfois, & me
dit: Vous voudriez donc me
faire passer pour un voleur
de grands chemins ; je ne
veux en aucune maniere recevoir
ce present de vous;
car je ne pourrois pas en
toute ma vie estre en estat
de vous rendre la pareille;
aprés cela nous nous séparâmes.
Maan quelque temps aprés
eut occasion de rendre
service à Almansot dans le
temps d'une sédition qui arriva
à Bagdet, où le Kalise
auroic couru grand risque
de sa personne sans son secours.
Ce service le fit renrrer
dans tes bonnes graces
d'AbouGiafar, & alors se
ressouvenant de l'action ge.. -
nereufe de ce Soldat, il le
fit chercher par tout pour
l'avancer, mais il ne sur pas
poffiblc de le trouver.
Hollande un Recüeil de
Traits historiques, de
Maximes & de Contes
Arabes, tirez des pfUS
celebres Poëtes d'Orient,
comme JUir3 Koscou ,
Micaud,&c. Voicy un
de ces traits historiques
qu'on ma envoyé pour
en marquer le caractère*
C'estsur la liberalité.
MaanfilsdeZaldah, personnage
fort celebre parmi
les Arabes pour sa libéralité,
fut un des principaux Capitainesde
Mervan, dernier
Kalife de la race des Omnia*-
des: après que ce Kalifeeuc
esté deffait, les Abbafàdes
ses ennemis persecuterent
tous ceux qui avoient servi
les Omniades. Maan fc trouva
obligé, pour éviter la
colere d'Abou- Giafac Aimansot
de demeurer longr
temps caché dans Bagder.
Un jour s'ennuyant de demeurer
long
- temps enfermé
dans un même lieu, il
resolut de soi tir de laVille,
déguisé, & prit le chemin
du desert. Aprés avoirévité
les Gardes des Portes & des
chemins; je me croyais,
raconte-t-il lui-même dans
le recit qu'il fait de sesavantures
au Kihfe
,
hors du
danger d'estre reconnu,
lorsque tout d'un coup un
homme d'assez mauvaise
mine saisit la bride de mon
Chameau & m'arresta tout
court en me demandant si
jen'estoispas ccluy que le -
Kalife faisoit chercher avec
tant de diligence, promettant
une si grande somme
d'argent à celuy qui pourroit
le découvrir. Je luy répondis
que non. Quoy
vous n'êtes pas Maan? me
repliqua-t il.Moy bien surpris
, & craignantqu'il ne
m'arrivâtpis si jecontinuois
ànierqui j'estois,je pris un
joyau dallez grand prix que
j'avois sur moy,& leluy presentay,
en luy disant! Recevez
ce present demamain,
& gardez- vous bien de me
découvrir à qui quece soit.
Cet hommeconsiderant ce
joyau, me dit: voilà donc un
joyau qui m'appartient puisque
vous me l'avez donné;
mais je serois bien-aise de
sçavoir le prix de cc que je
possede:comb ien vaut iL?
Il vaut bien mille écus,répondit
Maan. Fore-bien,
ditle Soldat;mais j'ay une
autre demande à vousfaire,
dites-moy laverité:nevous
est-il jamais arrivé envostre
vie de donner en une feule
fois toutvostre bien,car je
sçay que vous passez pour
un homme extrêmement
liberal Je luy répondis que
non. Ilme demandaensuite;
n'en avez vous jamais donné
lamoitié? je luy répondis
h même chose ; & luy descendant
par degrez au tiers
& au quart,&jusqu'à la dixièmepartie
,la honte mefit
enfin luy dire qu'ilse pourvoit
bienfaire que j'en eusse
donné la dixiéme. Hé bien,
ajouta-t il
,
afin que vous
sçachiez qu'il y a des personnes
encore plus liberales
que vous: moy qui ne suis
qu'un simple Fantassin
,
&
qui netire que deux écus de
solde par mois, je vous
donne ce joyau dont le prix
passe plus de mille écus, &
je vous en fais un present,
En medisant cela il uiciettar
le joyau que je luy avois
donné & gagna pays.Jefus
extrêmement surpris de certa
avanture,& criay de toute
ma forcepour le faire
revenir sur ses pas. Je luy
disois que j'aurois mieux
aimé mille fois estredécouvert&
perdre ma teste que
derecevoir une telle confusion.
A ces paroles
, il revint
à moy.Jelepriay donc
de conserver ce joyau puifqu'il
en estoit plusdigne que
moy, Ôcdene me pas obliger
àlereprendre.Ulm'em
brassa plusieursfois, & me
dit: Vous voudriez donc me
faire passer pour un voleur
de grands chemins ; je ne
veux en aucune maniere recevoir
ce present de vous;
car je ne pourrois pas en
toute ma vie estre en estat
de vous rendre la pareille;
aprés cela nous nous séparâmes.
Maan quelque temps aprés
eut occasion de rendre
service à Almansot dans le
temps d'une sédition qui arriva
à Bagdet, où le Kalise
auroic couru grand risque
de sa personne sans son secours.
Ce service le fit renrrer
dans tes bonnes graces
d'AbouGiafar, & alors se
ressouvenant de l'action ge.. -
nereufe de ce Soldat, il le
fit chercher par tout pour
l'avancer, mais il ne sur pas
poffiblc de le trouver.
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Résumé : « On va imprimer en Hollande un Recüeil de Traits historiques, [...] »
Un recueil de traits historiques, de maximes et de contes arabes, extraits des œuvres de poètes orientaux tels que Jussuf Koscou et Micaud, est annoncé pour impression en Hollande. Un exemple narré met en scène Maan fils de Zaldah, un capitaine célèbre pour sa générosité, au service de Mervan, dernier kalife des Omeyyades. Après la défaite de Mervan, Maan se réfugia à Bagdad pour échapper aux Abbassides. Déguisé, il tenta de quitter la ville mais fut arrêté par un soldat qui le reconnut. Pour éviter la découverte, Maan offrit un joyau au soldat, qui lui demanda s'il avait déjà distribué ses biens. Le soldat, se révélant plus généreux, rendit le joyau à Maan et lui fit un présent. Plus tard, Maan eut l'occasion d'aider Almansor, le kalife, et chercha à retrouver le soldat pour le récompenser, sans succès.
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