Résultats : 9 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 125-134
JUGEMENT du Procés de la petite fille à deux meres, dont j'ai parlé dans le Mercure de Novembre. De Lion ce 20 Fevrier.
Début :
De Lion ce 20 Fevrier. Il seroit inutile de vous envoyer un dispositif [...]
Mots clefs :
Procès, Lyon, Enfant, Mères, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : JUGEMENT du Procés de la petite fille à deux meres, dont j'ai parlé dans le Mercure de Novembre. De Lion ce 20 Fevrier.
IIIe PARTIE
DU MERCURE.
HISTORIETTES
& autres Amusemens.
JUGEMENT du
Procés de la petitefille
à deuxmeres
,
dont
j'aiparlédansle Mercure
de Novembre.
De Lion ce 20 Fevrier.
'i Ilseroitinutiledevous
envoyer un dispositifennuïeux
de la Sentenceren
duë au sujet de la petite
fille à deux meres ,
suffit
de vous dire que la mere
mariéea estéreceuë à
prouver les faits par elle
articulezauprocés ;sçavoirquelle
avoit esté
grosse
,
quelle avoit à
laitél'enfant,&c. mais
par provision l'enfant a
estéremis entre les mains
de la merefille, qui le reclamoit,
& cela termine
le procés ; parce que la
mere mariée ditqu'ellen'a
pas le moyen depoursuivre,
& l'on Ifllit dans
la Ville, qu'outre qu'elle
riapas de preuvessuffisantes,
le pere qui estoit
si curieux d'avoir ligneé,,
n'aplusdegoustpourun
enfantéquivoque;&ainsi
l'on croit que leschoses
en demeureront là : au
reste
, vous m'avcZ-J demandé
avec instance les
particularitéssecrettesde
ce que vous appcfteZ-J dans
vostre Mercure. La circonfiance
la plus étcnante
de toute l'Histoire
,
l'on a vû la timide
Angelique cacher
en tremblant les suites de
son mariage secret, &on
la voit à present reclamer
publiquement le témoin
desa faute. Ellenecraint
plus de publier sa honte;
ce changement ne paroît
pas vrai-semblable, &c.
Je vous envoye, MonsieuryUsratjonssecrettes
qui rendentcet éclat vraipmblahLs,
y vousajufie-,
rez ces vevïtez^ak refle de
l'Histoire. Jesuis, &c.
FIN
De l'Histoire de Cleonte
& d*Angclique*
Angeliquenavoit aucunes eu aucunes nnoouuvveelllleess de ffbann
cherCleonte,depuis qu'el
le l'avoit vû partir pour
aller obtenir de son pere
la permission d'achever
ce mariage dont le commencement
avoitesté
trop précipité; Cleonte
en partant de Lion estoit
rempli d'amour & de
reconnoissance ; mais
tout cela se refroidit un
peu sur les chemins ; il y
a cent lieuës de Lion à
Paris, peu de jeunes
Cleontes peuvent porter
Ci loin un violent
amour sans en rien perdre
, &surtout un amour
heureux, celui-ci
aimoit pourtant encore
Angelique en arrivant à
Paris J mais il y trouva
son pere mort, il salut
heriter de cent mil écus ;
il fut sioccupé du plaisir
&de soins de cette grosse
succession,quiln'eut pas
leloisirde penser davantageàAngelique.
-
Aprés un oubli de quelques
années --;. Cleonte
tombamalade de la maladiedontil
mourut,&
avant sa more un de ses
amis lui aprit qu'il estoit
ressé à la pauvre Angélique
un gage vivant de
l'amour qu'elle avoiteu
pour lui ; il eftoiç honneste
homme à l'inconscontance
prés, & de plus
il alloitmourir ; il écrivitde
sa mainune espece
de Testament,par lequel
il époufoit Angelique
,
en laissant vingt mille
livres, dont la mere joüira
jusqu'a la majorité de
l'enfant, & de plus, une
forte pension à la mere
sa vie durant.
Cleonte mourut ensuite,
& surcette nouvelle,
Angelique fut agitée de
divers mouvemens,elle
apprend que son cher
Cleonte est mort ; mais
elle lavoit cru inconstant;
c'est encore pis
pour une femme; joignez
à cela le mariage posthume
qui reparc son
honneur, elle doit estre
un peu consolée ; quoi
qu'il en fair, ces raisons
l'ont obligée à reclamer
la petite fille, & à faire
cet éclat qui ne paroissoit
pas vrai-semblable dans
une fille sage & modèle.
DU MERCURE.
HISTORIETTES
& autres Amusemens.
JUGEMENT du
Procés de la petitefille
à deuxmeres
,
dont
j'aiparlédansle Mercure
de Novembre.
De Lion ce 20 Fevrier.
'i Ilseroitinutiledevous
envoyer un dispositifennuïeux
de la Sentenceren
duë au sujet de la petite
fille à deux meres ,
suffit
de vous dire que la mere
mariéea estéreceuë à
prouver les faits par elle
articulezauprocés ;sçavoirquelle
avoit esté
grosse
,
quelle avoit à
laitél'enfant,&c. mais
par provision l'enfant a
estéremis entre les mains
de la merefille, qui le reclamoit,
& cela termine
le procés ; parce que la
mere mariée ditqu'ellen'a
pas le moyen depoursuivre,
& l'on Ifllit dans
la Ville, qu'outre qu'elle
riapas de preuvessuffisantes,
le pere qui estoit
si curieux d'avoir ligneé,,
n'aplusdegoustpourun
enfantéquivoque;&ainsi
l'on croit que leschoses
en demeureront là : au
reste
, vous m'avcZ-J demandé
avec instance les
particularitéssecrettesde
ce que vous appcfteZ-J dans
vostre Mercure. La circonfiance
la plus étcnante
de toute l'Histoire
,
l'on a vû la timide
Angelique cacher
en tremblant les suites de
son mariage secret, &on
la voit à present reclamer
publiquement le témoin
desa faute. Ellenecraint
plus de publier sa honte;
ce changement ne paroît
pas vrai-semblable, &c.
Je vous envoye, MonsieuryUsratjonssecrettes
qui rendentcet éclat vraipmblahLs,
y vousajufie-,
rez ces vevïtez^ak refle de
l'Histoire. Jesuis, &c.
FIN
De l'Histoire de Cleonte
& d*Angclique*
Angeliquenavoit aucunes eu aucunes nnoouuvveelllleess de ffbann
cherCleonte,depuis qu'el
le l'avoit vû partir pour
aller obtenir de son pere
la permission d'achever
ce mariage dont le commencement
avoitesté
trop précipité; Cleonte
en partant de Lion estoit
rempli d'amour & de
reconnoissance ; mais
tout cela se refroidit un
peu sur les chemins ; il y
a cent lieuës de Lion à
Paris, peu de jeunes
Cleontes peuvent porter
Ci loin un violent
amour sans en rien perdre
, &surtout un amour
heureux, celui-ci
aimoit pourtant encore
Angelique en arrivant à
Paris J mais il y trouva
son pere mort, il salut
heriter de cent mil écus ;
il fut sioccupé du plaisir
&de soins de cette grosse
succession,quiln'eut pas
leloisirde penser davantageàAngelique.
-
Aprés un oubli de quelques
années --;. Cleonte
tombamalade de la maladiedontil
mourut,&
avant sa more un de ses
amis lui aprit qu'il estoit
ressé à la pauvre Angélique
un gage vivant de
l'amour qu'elle avoiteu
pour lui ; il eftoiç honneste
homme à l'inconscontance
prés, & de plus
il alloitmourir ; il écrivitde
sa mainune espece
de Testament,par lequel
il époufoit Angelique
,
en laissant vingt mille
livres, dont la mere joüira
jusqu'a la majorité de
l'enfant, & de plus, une
forte pension à la mere
sa vie durant.
Cleonte mourut ensuite,
& surcette nouvelle,
Angelique fut agitée de
divers mouvemens,elle
apprend que son cher
Cleonte est mort ; mais
elle lavoit cru inconstant;
c'est encore pis
pour une femme; joignez
à cela le mariage posthume
qui reparc son
honneur, elle doit estre
un peu consolée ; quoi
qu'il en fair, ces raisons
l'ont obligée à reclamer
la petite fille, & à faire
cet éclat qui ne paroissoit
pas vrai-semblable dans
une fille sage & modèle.
Fermer
Résumé : JUGEMENT du Procés de la petite fille à deux meres, dont j'ai parlé dans le Mercure de Novembre. De Lion ce 20 Fevrier.
Le texte décrit un procès impliquant Angelique et son enfant, né d'une relation secrète avec Cleonte. Deux mères se disputent la garde : la mère biologique, Angelique, et la mère adoptive. Angelique n'a pas pu prouver sa grossesse et l'allaitement, ce qui a conduit à la garde de l'enfant par la mère adoptive. Angelique a abandonné le procès, probablement en raison du manque de preuves et du désintérêt de Cleonte. La relation entre Angelique et Cleonte a commencé par un mariage secret, mais Cleonte a changé d'avis en route vers Paris, où il a hérité d'une fortune et oublié Angelique. Des années plus tard, malade, Cleonte a reconnu Angelique et leur fille dans un testament, leur laissant une somme d'argent et une pension. Après sa mort, Angelique a réclamé l'enfant, déclenchant le procès.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 135-143
CHANSON contre le Caffé. Sur le même Air des Bourgeois de Chastres & de Mont-l'hery.
Début :
Quelle bizarre verve [...]
Mots clefs :
Liqueur, Café
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON contre le Caffé. Sur le même Air des Bourgeois de Chastres & de Mont-l'hery.
CHANSON
contre le Caffé.
Sur le même Air des
Bourgeois de Chastres
&deMont-l'hery.
f]¡ucUe bigarre verve
M'avoirdoncéchauffe?
En dépit de Minervefay
chantéle Caffe:
Les Dieux ont rebute
Cette boijonbrûlante ;,
L'amertume qu'elle a
la, la,
Nfpeut quecheZj Pluton
don, don,
Meriterqu'on la chante,
Dansles enfers Orfée
Entrantfortaltéré,
Grogonnemal coefée,
apportaleCaffé;
LeChantrej~ Voyant la liqueur noire,
Que medonnez-vous là ?
la, lae
Pour chanter la chanson,
don, don,
C'est du vinqu'ilfaut
boire.
Vive lefeu bachique
Qui nous rend tous
Joyeux;
Cassémélancolique!
Le tien ejl dangereux,
Cyeji unfeu tenebreux,
Feunoir, &feufansfame,
Sournois il nous rendra
la, la,
C'estunfumeuxcharbon,
don,don,
Qui nous noircira l'âme.
Ilprendsurlanature.
Plus d'un Docteur l'a
dità
On paye avec ujure
Ce qu'il donne à crédit,
Oncroitquil nousfournit
Espritsen abondance;
Mais dans ces moments
là>
la la}
C'est nostre proprefond,
donydon,
Que le traistredepense.
Lesçavant Hipocrate
Ditquecette liqueur
Enresserrant larate
oJe la belle humeur,
Auxenvirons du coeur
Dissipant la tendresse
Detous ces quartiers là
la,la,
En cbassantCupidon)
don, don,
Il bannitl'allagresse,
Lorsque Bachuspropice
M'atroublé le cerrveltu,
Le Caffè parmalice
Vient tirerle rideau,
Jevoyoois tout en beau
Cette liqueur cruelle,
Parla vertu qu'elle a
la,la,
Réveillant maraifln,
don,don,
Mafaitpester contr' lle.
Celuyqui s'habituë
Au breuvage enfumé
Quandfin heure est venue
Ce/Je d'estre animé
D'un imbecile ila
Le langage& la mine
Le Casséseul pourra,
la,la,
Decestupide oiJOn,
don, don,
Remonter la machine.
Il .,-,- excite la bile ;" '!
Etson activités,
Rend lafemmeindocile
Avec malignit'e*t--.
LtiDémoriâù Caffe,
S'e'tabhjfanten France,
Femellesrassembla
l&y l&y
Entrelies ce Demon
don, don,
Souffla la médisance.
Ilcftde ce breuvage
Ainsiquedesamours,
Toujours on en dit rage
Etl'on en prend toujours;
Tel tout haut les blâma
Quitoutbas leurfitgrâce.
pour vousprouvercela,',' la,la,
De ce CafféDemon,
don9dony
Je vaisprendre unetasse.
contre le Caffé.
Sur le même Air des
Bourgeois de Chastres
&deMont-l'hery.
f]¡ucUe bigarre verve
M'avoirdoncéchauffe?
En dépit de Minervefay
chantéle Caffe:
Les Dieux ont rebute
Cette boijonbrûlante ;,
L'amertume qu'elle a
la, la,
Nfpeut quecheZj Pluton
don, don,
Meriterqu'on la chante,
Dansles enfers Orfée
Entrantfortaltéré,
Grogonnemal coefée,
apportaleCaffé;
LeChantrej~ Voyant la liqueur noire,
Que medonnez-vous là ?
la, lae
Pour chanter la chanson,
don, don,
C'est du vinqu'ilfaut
boire.
Vive lefeu bachique
Qui nous rend tous
Joyeux;
Cassémélancolique!
Le tien ejl dangereux,
Cyeji unfeu tenebreux,
Feunoir, &feufansfame,
Sournois il nous rendra
la, la,
C'estunfumeuxcharbon,
don,don,
Qui nous noircira l'âme.
Ilprendsurlanature.
Plus d'un Docteur l'a
dità
On paye avec ujure
Ce qu'il donne à crédit,
Oncroitquil nousfournit
Espritsen abondance;
Mais dans ces moments
là>
la la}
C'est nostre proprefond,
donydon,
Que le traistredepense.
Lesçavant Hipocrate
Ditquecette liqueur
Enresserrant larate
oJe la belle humeur,
Auxenvirons du coeur
Dissipant la tendresse
Detous ces quartiers là
la,la,
En cbassantCupidon)
don, don,
Il bannitl'allagresse,
Lorsque Bachuspropice
M'atroublé le cerrveltu,
Le Caffè parmalice
Vient tirerle rideau,
Jevoyoois tout en beau
Cette liqueur cruelle,
Parla vertu qu'elle a
la,la,
Réveillant maraifln,
don,don,
Mafaitpester contr' lle.
Celuyqui s'habituë
Au breuvage enfumé
Quandfin heure est venue
Ce/Je d'estre animé
D'un imbecile ila
Le langage& la mine
Le Casséseul pourra,
la,la,
Decestupide oiJOn,
don, don,
Remonter la machine.
Il .,-,- excite la bile ;" '!
Etson activités,
Rend lafemmeindocile
Avec malignit'e*t--.
LtiDémoriâù Caffe,
S'e'tabhjfanten France,
Femellesrassembla
l&y l&y
Entrelies ce Demon
don, don,
Souffla la médisance.
Ilcftde ce breuvage
Ainsiquedesamours,
Toujours on en dit rage
Etl'on en prend toujours;
Tel tout haut les blâma
Quitoutbas leurfitgrâce.
pour vousprouvercela,',' la,la,
De ce CafféDemon,
don9dony
Je vaisprendre unetasse.
Fermer
Résumé : CHANSON contre le Caffé. Sur le même Air des Bourgeois de Chastres & de Mont-l'hery.
La chanson critique sévèrement le café, le qualifiant de boisson amère et dangereuse. Les dieux et même Pluton le rejettent. Orphée, assoiffé, préfère le vin pour chanter. Le café est décrit comme un feu ténébreux et sournois qui noircit l'âme et affecte négativement la nature humaine. Bien que certains pensent qu'il stimule l'esprit, il épuise les ressources personnelles. Hippocrate observe que le café resserre la rate, dissipe la tendresse autour du cœur et bannit l'allégresse, contrairement au vin qui trouble agréablement l'esprit. Le café rend les gens imbéciles, excite la bile et rend les femmes indociles. En France, il est associé à la médisance et aux amours. Malgré les critiques, sa consommation persiste, et même ceux qui le blâment en secret en apprécient les effets. Pour prouver ses dires, l'auteur décide de boire une tasse de café.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 143-144
« Je demande encor quartier aux Anonimes jusqu'au mois prochain, [...] »
Début :
Je demande encor quartier aux Anonimes jusqu'au mois prochain, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je demande encor quartier aux Anonimes jusqu'au mois prochain, [...] »
Jedemande encor quartier
aux Anonimes jusqu'aumoisprochain,
en
faveur du Recueil de
Poèïîes qui occupe la place
des Articles burlesques,
Bouts-rimez,Ques
tions, Se autres badinages,
dont je tâcheray de,
varier les especes, quand
jen'auray point depieces
plus serieuses pour
remplir ma tâche;
aux Anonimes jusqu'aumoisprochain,
en
faveur du Recueil de
Poèïîes qui occupe la place
des Articles burlesques,
Bouts-rimez,Ques
tions, Se autres badinages,
dont je tâcheray de,
varier les especes, quand
jen'auray point depieces
plus serieuses pour
remplir ma tâche;
Fermer
4
p. 162-163
« Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
Début :
Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
Quoi que j'eusse refolu
de ne parler encore
dans ce mois-ci
,
ni de
Questions, ni d'Anonimes,
ni d'autres Amusemens,
& de les remettre
au mois prochain, jen'ai
pû refuser à une Dame
d'une grande distinction,
d'ungoûtinfini, &d'un
mente extraordinaire,de
placer ici des questions
quelles m'aenvoyées:
ne croyez pas que cette
Dame soit la mesme, qui
aesté la Dulcinée de
mon Prédecesseur,pendant
quarante ans) &
pour laquelle il avoir
écrittrois ou quatre
cens Volumes sans l'avoir
jamais vue ; celleci
estplusvisible & plus
abfoluë5 jen'oseluy clcG
obéïr.
de ne parler encore
dans ce mois-ci
,
ni de
Questions, ni d'Anonimes,
ni d'autres Amusemens,
& de les remettre
au mois prochain, jen'ai
pû refuser à une Dame
d'une grande distinction,
d'ungoûtinfini, &d'un
mente extraordinaire,de
placer ici des questions
quelles m'aenvoyées:
ne croyez pas que cette
Dame soit la mesme, qui
aesté la Dulcinée de
mon Prédecesseur,pendant
quarante ans) &
pour laquelle il avoir
écrittrois ou quatre
cens Volumes sans l'avoir
jamais vue ; celleci
estplusvisible & plus
abfoluë5 jen'oseluy clcG
obéïr.
Fermer
Résumé : « Quoi que j'eusse resolu de ne parler encore dans [...] »
L'auteur décide de reporter certains sujets au mois suivant. Il fait exception pour une dame distinguée, dotée d'un goût et d'un esprit remarquables, qui lui a envoyé des questions. Cette dame n'est pas celle ayant inspiré son prédécesseur. L'auteur se soumet à ses demandes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 163-166
I. QUESTION.
Début :
S'il vaudroit mieux ne point voir celle qu'on [...]
Mots clefs :
Âge, Aimer, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : I. QUESTION.
QUESTION.
S'il vaudroit mieux ne
point voir celle qu'on
aime,que de la voir indifférente
à nostre Amour.
II,QUESTION.
Jusqu'à quel âge l'Amour
doit l'emporter sur
la Raison;cest-à-dire à
quel âge on doit commencer
d'aimer
-
fagemène.
III. QUESTION.
S'il est raisonnable
de haïr celle qui nous a
charlué, quand elle nous
méprise.
IV. QUESTION.
Lequel estle moins fâcheux
d'aimer une periorïne
dont le coeur est
déjà touché d'une autre
passion, ou une dont le
acoevur eost iincrap.able d'en
V.QUESTION.
S'il vaut mieux estre;
aimé, que d'estre aimable.
S'il vaudroit mieux ne
point voir celle qu'on
aime,que de la voir indifférente
à nostre Amour.
II,QUESTION.
Jusqu'à quel âge l'Amour
doit l'emporter sur
la Raison;cest-à-dire à
quel âge on doit commencer
d'aimer
-
fagemène.
III. QUESTION.
S'il est raisonnable
de haïr celle qui nous a
charlué, quand elle nous
méprise.
IV. QUESTION.
Lequel estle moins fâcheux
d'aimer une periorïne
dont le coeur est
déjà touché d'une autre
passion, ou une dont le
acoevur eost iincrap.able d'en
V.QUESTION.
S'il vaut mieux estre;
aimé, que d'estre aimable.
Fermer
Résumé : I. QUESTION.
Le texte explore cinq questions philosophiques sur l'amour et les émotions. Il examine si préférer ne pas voir une personne indifférente est mieux, jusqu'à quel âge l'amour doit primer sur la raison, la rationalité de haïr après un mépris, les désagréments d'aimer une personne engagée ou incapable d'aimer, et s'il est préférable d'être aimé ou aimable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 166-168
CHANSON sur le Caffé. Sur l'Air, Réveillez-vous, belle endormie.
Début :
Divin Caffé, tous les Poëtes, [...]
Mots clefs :
Café
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON sur le Caffé. Sur l'Air, Réveillez-vous, belle endormie.
CHANSON
sur leCaffe.
Sur l'Air, Réveillez-vous,
-
belle endormie. Divin caffé, tous les Poètes,
Chaque jour routent tes
bienfaits
;
-
Mais pourquoi par des Chansonnettes
).VeVl/ttent-ils point tes attraits?
Je veux romprel'ingrat silence
Des hostes du SacréVallon>
Fais parler ma reconnaissance,
Et vient meservird'Apollon.
Tu sçais animer l'éloquence
,
Tu frais reveillerles esprits
5 Etsouvent ta vive influence
produit le feu de nos écrits.
si la migraine ose paroistre
Avec son funeste bandeau ;
C'estpartoiquejevoisrenaistre
L'heureufl paix dans mon cerveau,
Tout danstoijusqu'a la fumée,
Produit des effets merveilleux
Jesens cette nuë embaumée;
Fortifer mes foibles yeux.
Loin d'ici lejus que Pomone,
EtBachus vient nousprésenter ;
La raison que le Cassé donne,
Ils ne Peuvent que nous l'oster.
DisparoissezLiqueursbruslantes
c!0! portez l'incendie au Cæltr:
Du Cassé les forces plus lentes
N'ont qu'une benigne chaleur,
Tous les jours l'Aurore nouvelle
Me verra cette coupe en main,
Par ce jusla Parque cruelle
sçaura respectermondessein,
sur leCaffe.
Sur l'Air, Réveillez-vous,
-
belle endormie. Divin caffé, tous les Poètes,
Chaque jour routent tes
bienfaits
;
-
Mais pourquoi par des Chansonnettes
).VeVl/ttent-ils point tes attraits?
Je veux romprel'ingrat silence
Des hostes du SacréVallon>
Fais parler ma reconnaissance,
Et vient meservird'Apollon.
Tu sçais animer l'éloquence
,
Tu frais reveillerles esprits
5 Etsouvent ta vive influence
produit le feu de nos écrits.
si la migraine ose paroistre
Avec son funeste bandeau ;
C'estpartoiquejevoisrenaistre
L'heureufl paix dans mon cerveau,
Tout danstoijusqu'a la fumée,
Produit des effets merveilleux
Jesens cette nuë embaumée;
Fortifer mes foibles yeux.
Loin d'ici lejus que Pomone,
EtBachus vient nousprésenter ;
La raison que le Cassé donne,
Ils ne Peuvent que nous l'oster.
DisparoissezLiqueursbruslantes
c!0! portez l'incendie au Cæltr:
Du Cassé les forces plus lentes
N'ont qu'une benigne chaleur,
Tous les jours l'Aurore nouvelle
Me verra cette coupe en main,
Par ce jusla Parque cruelle
sçaura respectermondessein,
Fermer
Résumé : CHANSON sur le Caffé. Sur l'Air, Réveillez-vous, belle endormie.
Le texte célèbre les vertus du café, une boisson prisée des poètes. L'auteur exprime sa gratitude pour les bienfaits du café, qui stimule l'éloquence et clarifie l'esprit. Le café est également loué pour son aptitude à soulager la migraine et à restaurer la sérénité mentale. À la différence du tabac ou de l'alcool, le café est présenté comme ayant des effets positifs et apaisants. L'auteur déclare qu'il consommera du café quotidiennement pour prolonger sa vie, en accord avec les desseins de la Parque, divinité du destin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
7
p. 168-170
« L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
Début :
L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...]
Mots clefs :
Café
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
L'on m'aenvoyé des
Chansons sur le Café,
dequoi occuper la moitié
d'un Mercure
,
je
crains d'en avoirdéjà
trop mis5mais cestla
mode à present de chanter
le Café,&à Paris la
mode justifie tous lesexcés,
encore si l'on m'en
avoit envoyé quelqu'une.
sur le Thé, ou sur le
Chocolat, jaurois pû diversifier
; mais il en est
des liqueurs comme des
hommes
,
quand quelqu'un
est à la mode on
ne parle point de tous
les autres.
A propos on m'envoyc
un Sonnet pour remplir
un vuide;je n'ay pas le loisir
dem'informer s'il est
ancien ou nouveau. Il me
paroissjoly. Qujmporte^
la date n'y fait rien.
Chansons sur le Café,
dequoi occuper la moitié
d'un Mercure
,
je
crains d'en avoirdéjà
trop mis5mais cestla
mode à present de chanter
le Café,&à Paris la
mode justifie tous lesexcés,
encore si l'on m'en
avoit envoyé quelqu'une.
sur le Thé, ou sur le
Chocolat, jaurois pû diversifier
; mais il en est
des liqueurs comme des
hommes
,
quand quelqu'un
est à la mode on
ne parle point de tous
les autres.
A propos on m'envoyc
un Sonnet pour remplir
un vuide;je n'ay pas le loisir
dem'informer s'il est
ancien ou nouveau. Il me
paroissjoly. Qujmporte^
la date n'y fait rien.
Fermer
Résumé : « L'on m'a envoyé des Chansons sur le Café, [...] »
Le texte critique la surabondance de chansons sur le café, mode parisienne actuelle. L'auteur regrette l'absence de chansons sur le thé ou le chocolat. Il reçoit un sonnet pour combler un vide, le trouve joli, mais n'a pas le temps de vérifier son ancienneté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 170-172
SONNET d'un Solitaire.
Début :
Passer quelques heures à lire, [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET d'un Solitaire.
SONNET
d'un Solitaire.
PaJer quelques heures à
lire,
Estmon plus doux amusement
Je mefais un plaisirdécrire
Et non pas un attachement.
Jeperds legoustde la Satire,
L'Art de loüer maligne-*
à* ment
Cede ausecret depouvoir
dire
Des veritez, obligeam-,
ment*
J'aime la vertu sans rudejjes
J'aime le plaisirsans molkjjew
J'aime la vie & n'en.
crainspas lafin.
d'un Solitaire.
PaJer quelques heures à
lire,
Estmon plus doux amusement
Je mefais un plaisirdécrire
Et non pas un attachement.
Jeperds legoustde la Satire,
L'Art de loüer maligne-*
à* ment
Cede ausecret depouvoir
dire
Des veritez, obligeam-,
ment*
J'aime la vertu sans rudejjes
J'aime le plaisirsans molkjjew
J'aime la vie & n'en.
crainspas lafin.
Fermer
9
p. 193-248
HISTORIETTE presque toute veritable.
Début :
Dans une Ville de Province, deux Dames voisines se haïssoient [...]
Mots clefs :
Femme, Vertu, Voisines, Cavalier, Mari, Veuve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTORIETTE presque toute veritable.
HISTORIETTE
presque toute veritable.
Dans
une Ville de
Province, deux Dames
voisines se haîffoient)
parce que leurs caracteres
estoientopposez.L'une
que j'appelleray Cephise,
estoitjeune, enjouée
,
tres-vertueuse
mais trop vive , pour s'ajf
sujettir aux bienseances
qui doivent accompagner
la vertu.
,
L'autre Dame avoit
au contraire tant de delicatesse
sur ces bienfeait
ces,qu'elle eut, en un
besoin, sacrifié la vertu
même à la vanité de paroistre
plus scrupuleuse
que les voisines. C'estoit
en médisantde leur conduite
qu'elle donnoit de
l'éclat à la tienne, &
Cephise estoit celle de les
voisines qu'elle attaquoit
le plus cruellement par
sess medisances.
Cephise avoit épousé
depuis peu de temps un
fort galant homme, qui
charmé de son enjouement
,&Cperliiadé de sa
vertu, ne la contraignoit
en rien: maisDorimene
qui dominoit dans toutes
les maifbm où l'on
vouloit bien la souffrir
faisoit des remontrances
sèveres non-seulement
à la femme sur les petites
imprudences qui luy échappoient,
mais encore
au mary sur ce qu'il donnoit
trop de liberté à sa
femme.
Les remontrances que
Dorimenefaisoit à cette
jeune personne la piquoient
encore plus que
tout le mal qu'elle pouvoit
dire d'elle. Unjour
elle pensoit à s'en venger
, lorsquune Couturièrequi
les habilloittoutes
deux vint luy conter
pour la réjouir une nouvveelllleeintrigue
d'un Cavalierarrivé
dans la Ville
depuis quelques jours.
Lisette
)
c'estoit le nom
de la Couturiere, ne
manquoit pas d'esprit
& elle estoit à peu prés
de l'humeur de Cephise.
Cellede Dorimeneluy
déplaisoit fort. Dorimene
payoit avec chagrin,
& <jueïeloit volontiers
ses ouvrières:deplus.,
elle avoit souvent ennuyé
Lisette du recit de
les bonnes avions
,
elle
en faisoitl'élogeà ses donieftiques-
ii-iefi-ilc,quand
elle ne sçavoit plus à qui
les conter.
Dorimene estoit veuvedepuis
unan,&assez
richepouravoir plû à un
jeune Avanturier , qui
avoit feint pour elle une
belle passion. Cette severeveuve
l'avoit rebuté
pendant quelques jours,
mais enfin le trouvant à
son gré elle luyavoit fait
eipqrerquelle l'epouse
-JOit quand les deux années
de fou veuvage femoient
accomplies:cependantelle
ne vouloit
paspermettre qu'il la vit
ayant ce temps- là à
moins que ce ne fut
tres-secretement.
-
CCfat,a peu preset
que Lisette raconta àCeptriCb
ellevenoit de rapprendre
d'une femme
qui avoit ménagé chez
„nHeJila campagne cette
avanture au Cavalier. --
Cephise mena promener
Lisette avec elle
pour avoir le loisir de le
faire redire vingt fois la
mesme croie ; elle ne
pouvoit se lasser de l'entendre,
ni croirecequ'elle
entendoit. Mais lorsqu'elle
en fut bien persuadée,
elle ne respira
plus que le plaisir de [e
venger en se rejoüissant.
Cette jeune folatre imagine
cent plaisanteries à
faire sur l'intrigue de la
veuve,ilfalloitensçavoir
des circonstances plus
particulières ,&CLifctte
à qui Cephise fit esperer
recompense, promit
de suivre de prés cette
affaire.Ellesétoient dans
un jardin ouvert pour
les honnestes gens de la
Ville, elles [e promenoient
dans une allée détournée,
Cephise estoit
veituë tres -
négligemment
,
& enveloppée
dans une echarpe noire
;Lisètte qui estoit
ce jour-là fort ajustée,
luy dit en riant,Madame,
si tout le monde
ne se connoissoit pas
dans une petite Ville,
son me seroit peut-estre
l'honneur de me prendre
pour vostreMaistres
se. Cephise ne fit point
d'attention à ce discours,
parce qu'elle examinoit
un jeune homme fort
bienfait qu'elle ne connoissoit
point pourestre
de la Ville. Lisetteestoit
trés-jolie. Ce Cavalier
qui cherchoit avanture,
avoit envie de l'aborder.
Dés que Cephise l'eut
fait remarquer à Lisette,
t:llc le. reconnut pour
l'Amant de Dorimene,
-carelle l'avoit vu entrer
un jour chez cette Dame
,comme elle en sortoit.
Cephise qui avoit
l'imagination vive,forma
son projet dans le
moment ,
elle le communique
à Lisette qui
enchérit encore sur l'idée
de Cephise : enfin
aprés avoir fait quelques
tours d'allée tousjours
suivies de l'Avanturier,
elles se placèrent sur un
banc,où il vintaussitost
s'asseoir à cofté de Lisette.
Après quelques regards
de part & d'autre,
leCavalier luy adres
sa la parole: la fortune,
luy dit-il, m'est bien favorable
!quel bonheurà
un hommeestranger
dans cette Ville, d'y
trouver d'abord cequ'il
y a de plus aimable. Lisette
répondit à cette galanterie
d'une maniéré à
s'en attirer une seconde
& la conversation dura,
autant qu'il fallut pour
faire consentir Lisette
avec bienseance à l'offre
qu'il luy fit de la remener
à son logis, ce quelle
n'auroit pas souffert,
disoit-elle, si son mary
n'eust pas esté absent :
elle luy fit ensuite le portrait
d'un mary haïssable.
Elle prit enfin avec
luy le nom & le rôlle de
Cephise
,
pendant que
Çephise la suivoit respectueusementcommeune
fille de chambre
,
& ils
arrivèrent ainsi au logis
de Cephise. Le Cavalier
tout occupé des charmes
de celle qu'il conduisoit,
arriva à la porte sans s'estre
encor apperçu qu'il
citait dans la ruë de Dorimene;
il fut estonné de
se trouver à portéed'en
direvû, mais heureusement
il estoit fort tart.
Il avoit demandé permission
à Lisette de la
venir voir le lendemain:
elle luy permit, à condition
qu'il y viendrait
à la mesme heure sur la
brune, car, disoit-elle,
j'ay une voiline trés-médisante,
& je ferois perduë
si elle voyoit entrer
un jeune homme chez
moyen l'absencedemon
mary. Vous jugez bien
que cette précaution de
Lisetteplus fort au Cavalier.
Il estoit ravi de
faire connoissanceavec
cette jeune beautépour
se dédommager de sa
complaisance interessée
pour la veuve, maisil.
estoit dangereux de la
rendre jalouse. Il fut
donc charméde l'air mysterieux
stericux dont Lisettè
commençoit à lier merce; com- il 111crce ; il la ttrroouuvvooiitt
charmante, il en avoit
esté bien reçu. Elle pouvoit
à la verité luy parroistre
suspecte ducofté
de la regularité, mais
celle de Dorimene estoit
si triste, qu'un tel contraste
leréjoüissoit; il aimoit
la varieté.Enfinil
sseerreetitriaracchheezzlluuyyfoforrtt
content de sa soirée.
Dés qu'il fut parti ;
Cephise éclata derire.
N'ay-je pas bien jolie
mon rôle,luy dit Lisette
; à merveille repartit
Cephise. Tu coucheras
icy ce [air, il ne manquera
pas demain de revenir;
tu prendras mon
plus bel habit, & moy
qui luis pour luy ta fille
de chambre, je l'introduiray
dans mon appartement
où tu le recevras.
Mon mary ne reviendra
que dans deuxjours, Se
pour lors nostre projet
ièra en estat de pouvoir
luy estre communiquée.
Cephise avoit sa vengeance
en teste, &C de
plus ces fortes d'amusements
estoient du goust
d'une jeune folastre
qui sans faire , aucune reflexion
surlaconsequence
des choses, se reposoit
sur l'innocence de les intentions.
Nostre Galand ne manqua
pas de revenir le lendemain,
enveloppe dans
unmanteau,de peurque
Dorimene ne put le reconnoistre
en cas qu'elle
l'apperçeust
,
& il ne
pouvoit pas manquer
d'estre apperçu de celle
dont la plus agreable occupationestoit
d'expier
les actions de sa voisine.
L'heure de la visite,
la circonstance du mary
absent
,
&C l'air mysterieux
dont on introduisit
sans lumiere nostre
homme à bonne fortune
luyfirent croire que ce
Galand estoit pour Cephise.
Elle en eut autant
de joye que si ç'eutesté
pourelle.Que! plaisirde
pouvoir perdre de réputation
sa voisine
,
quand
il luy en prendroit fantaisse.
A l'égard de nostre
Amant, il fut surpris de
voir Lisette 11 richement
vestuë, & dans un appartement
magnifique.
Elle ajousta à cela une
fierté si adroitement ménagée,
qu'elle le rendit
des ce soir-là veritablement
amoureux,&c'est
ce qu'on vouloit pour
tirer de luy des particularitez
qui puisent prouver
la galanterie de la
veuve. Toute l'entrevûë
du lendemain fut employée
par Lisette à faire
esperer des faveurs au
Galant s'il vouloit sacrifier
Dorimene. On luy
permettoit bien ce feindre
de l'aimer
,
& ., de
donner ses soins à celle
qui pouvoit faire sa fortune
,
mais on vouloit
avoir le coeur & la confiance.
En un mot Lisette
fit tant que le Cavalier
promit dapporterle lendemain
des Lettres passionnées
de Dorimene;
c'est tout ce qu'on souhaitoit.
On ne vouloit
disoit-on, , que les lire &
les luy rendre dans le
moment.
Les choses en estoient
là lorsqu'un contre-tems
fascheux pensa tout gaster.
Le mary enarrivant
de la campagne estoit
descendu decarossechez
un amyquil'yavoit mené.
Il revenoit seul chez
luylorsqu'il vit un jeune
homme entrer sous une
porte, prendre dans le
plus beau tems du monde
un manteau que luy
apportoit un Laquais,
& oster un plumet qui
estoit
estoit à ion chapeau.
Cet air de mystere à
l'heure qu'ilestoit, donna
de la curiosité au
mary ; il fuit de loin;
il observe, & voyant
qu'on entre dans sa ruë,
qui estoit aussi celle de
Dorimene
,
il pense
d'abord à elle; ce feroit
une plaisante avanture
,
disoit-il en luymesme,
si ce Galand-cy
estoit sur le conte de nostrevoisine.
Quellesur-
2prise, quand il voit qu'il
estsurlesien. On entre
chez sa femme ; ilapperçoit,
malgrél'obscurité,
une espece de fille de
chambre qui introduit
le Cavalier &referme la
porte. Il l'ouvre doucement
avec son passe-partout;
le Galand a déja
gagné un petit degré; il
le fuit au bruit; monte
aprés luy jusqu'à une
garderobe de l'appar-
-tement de sa femme.
Il a avoüé depuis que
malgré la confiance qu'il
avoit en elle, il fut si vivement
frappé de jalousie
qu'il ne se possedoit
plus. Cephise en habit
de fille de chambre aprés
avoir fait entrer le Cavalier
dans le cabinet
où l'attendoit Lisette
, entendit marcher derriere
elle. Elle court au
bruit & repousse rudement
son mary sans feavoirquic'estoit.
Ilvoyoit
à la lueur des bougies
qui étoient dans ce cabinet
dont la porte estoit
restée entrouverte: que
voyoit-il, justeciel, celle
qu'il croyoit sa femme
par l'habit, se laissoit baiserlamain
par ce Cavalier.
Il estoit si troublé
qu'il crut encore voir
plus qu'il ne voyoit. Il
resta immobile d'estonnement
& de douleur,
car ce n'estoit pas un
mary emporté. Sa femme
qui le reconnut dans
ce moment, fit un éclat
de rirecomme une petite
fole quelle estoit ;
elle l'elnbraife en luy disant
tout bas de ne pas
faire de bruit. Il commence
à lareconnoistre,
& cela redouble son
embarras. Sa femme
l'embrasse d'uncosté,il
croit la voir de l'autre
avec celuy qui le deshonore
: enfin elle l'entraisne
dehors en achevant
de le détromper
& folaftrant tousjours
avec luy
, ne sçauriezvous,
luy dit-elle, voir
tranquillement vostre
femmeavec sonGaland?
je vous ay pris en flagrant
delit de jalousie,
jene vous pardonneray
qu'àune condition,c'est
que vousm'aiderez àme
venger des aigres remontrances
que Dorimene
me fait tous les
jours, je veux luyen faire
de mieuxfondées.
Elle luy explique son
projet où le mary charmé
de s'estre trompé,
entra de tout son coeur.
Elle luy dit que lisette
devoit tirer ce incline
soir du Cavalier
,
des
Lettres de la veuve ,
& -
qu'ellealloitvoir à quoy
en estoient les choses,
Pendant ce temps-là,
continua-t-elle
,
allez
disposesDorimene a venùtantost
souperavec
nous. Allez
, je vous envoyeray
avertir quand
nostre Avantuiersera
parti : maisgardez-vous
derientémoignerencore
a Dorimene , ce a- table queje veux me ré:
jouir,enbûvant à sesinclinations
,
& nous la
confondronsau dessert,
en presence de quelques,
amies qui depuis vostre.
départ viennent tous les,
loirs.fouper-,avec moy
pour me consoler de v«
stre absence.
Lemaryalla dans ce
moment chezDorimene
qui fut ravie de le
voir de retour. Après les
premiers compliments,
la conversation devint
agreable; raillerie fine
de part & d'autre, chacun
avoit son point de
veuë;l'unestoit fort par
tout ce qu'ilsçavoit, &
l'autresorte aussi par les
choses
;
qu'elle croyoit
sçavoir elle attaque le
mary sur la confiance
1
aveugle quil avoit en la
femme; effectivement
luy disoit-elle d'un ton
doucereux & malin,il
est des vertus si solides
qu'elles se conservent
mesme au milieu de la
coquetterielaplus enjouée
; comme il en est,
repliqua-t-il, desi fragiles
qu'ellesne peuvent le
conserverà l'abri de la
prudence laplus austere.
Aprés plusieurs traits
dont les derniersestoient
tousjours les plusvifs, il
en échapa au mary quelqu'un
si piquant, que la
veuve pour ss'eenn venger
lascha un mot sur ce
qu'elleavoit vû en son
absence.Le mary feignit
d'en estre allarmé? &C la
conjura trés-serieusementdesexpliquer.
La
prude feignant de son
costé d'estre fafchée d'en
avoir trop dit, je vous
tairois le reste, continuat-
elle
,
si je pouvoisen
conscience vous cacher
un desordre que vous
pourrez empescher. Plus
la charitable veuve taschoit
de prouver aumary
son deshonneur,plus
il feignoit d'entreren fureur
contre sa femme
y il imagina sur l'heure
ce que vous allez, voir,
&commençaain/î fOli
jeu. Ah Madame! s'écria-
t-il tout-à-coup
,
comme s'ileust esté penetré
de douleur, ne
m'abandonnez pas en
cette occasion, vous venez
de merendre un service
de véritable amie,
enm'apprenant que je
fuis le plus malheureux
hommedumonde, achevez
la bonne oeuvre que
vous avez commencé, il
s'agit de corriger ma
semis-le., de la convertir
& non pas de la perdre,
je ne veux point éclatet,
je ne me possederoispas
allez II j'allois seul luy
parler, suivez-moy Madame,
ayez la charité de
me suivre
,
& de luy
faire pour moy une correction
si terrible, que
lahonte&: le dépit qu'elle
en aura la rende sage
à l'avenir,il est sur qu'elle
vous craint plus que
moy, vous la verrez joumise
&confonduë par la
haute idée qu'elle a de
vostre caractère.
-
La veuve charmée de
se voir tant d'autorité sur
son ennemie triomphoit
par avance, & suivit
nostre faux jaloux qui
l'amena chez luy dans le
moment. Il entra le premier
, la priant de rester
dans une salle baffe, &C
courut avertir sa femme
du nouveau desseinqu'il
avoit conceu.Deuxmots
la mirent au fait, & il
revint aussi-tost vers Dorimene
, comme troublé
, comme agité d'une
rage qu'il vouloit modérer
par raison. Ah ma
2r;j
chere Dame, s'écriat-
il en l'embrassant presque
, ayez pitié de moy,
le Galand estlà haut avec
ma femme. Il reste
un rrîoment comme eltourdy
du coup, & feignant
ensuite de reprendre
courage: mais
,
luy
dit-il, le Ciel fait tout
pour le mieux ; c'est
peut-estre un bien pour
moyde pouvoir surprendre
ainsi ma femme,
pour l'humilierdavantage,
tage , pour la convaincre
, pour la confondre ;
montons par ce petit degré.
Ils montèrent ensemble
dans la garderobe
dont nous avons parlé,
& d'où la bonne Dame
apperçutd'abord ion
Amant. Elle crut le
tromper le mary la tenant
par le bras l'entrainoit
tousjours vers la
chambre où estoit la lumiere.
Elle reconnoift le
traistre un frisson la
prend; elle reste immobile.
Le hazard fit
encore pour l'accabler
davantage, que le Cavalier
voulant enfin tirer
de Lisette les faveurs
quelleluylaissoit esperer,
redoubloit à haute
voix ses ferments d'amour
pour elle, & de
mépris pour sa veuve.
Oüy
,
disoit-il d'un ton
passionné
,
oiiy
,
charmante
Cephise, je meprise
allez Dorimene
pour ne la jamais voir sielle
ne me faisoit pas ma
fortune. Cependant le
mary malin luy disoit:il
n'aime que ma femme
,
vous l'entendez: ne fuisje
pas le plus malheureux
de tous les maris. Il
l'entrainoit
'-;
tousjours
vers la chambre
,
Dorimenemalgré
sa douteux
, ne laissoit pas d'estre
un peu consolée pan
celle du mary, & par la
confufîou qu'allait avoir
son ennemie : mais cette
petite consolation s'évanoüit
dés qu'elle eut apperçu
la Couturière dans
les habits de Cephisè, &
Cephile elle-mesme entrer
avec deux ou trois
amies. Le Cavalier gagnela
porte, &laveuve
reste accablée de honte
& de douleur: à peine
a-t-elle la force defuir;le
mary ,
la femme & les,
amies la reconduisirent
chez elle avec les railleries
les plus piquantes,
luy conseillant de ne se
niellerjamais de faire
des reprimandes à plus
sage qu'elle.
On dit que la veuve
n'en fut pasquitte pour
cette avanie,&que TAvanturier
tousjours aimable,
quoyqu'infidele,
trouva le moyen de se
raccommoder. Elle eust
la foiblesse de l'épouser
dans une autre Ville, où
elle fut contrainte d'aller
habiter, parce que
les railleries & les vaudevilles
la chasserent de
celle où cette Histoire
s'est passé. On dit mesme
quece jeune ingrat
l'ayant fort maltraitée
aprés quelques mois
-
de
mariage, elle plaide encore
à present pour parvenir
à séparation.
presque toute veritable.
Dans
une Ville de
Province, deux Dames
voisines se haîffoient)
parce que leurs caracteres
estoientopposez.L'une
que j'appelleray Cephise,
estoitjeune, enjouée
,
tres-vertueuse
mais trop vive , pour s'ajf
sujettir aux bienseances
qui doivent accompagner
la vertu.
,
L'autre Dame avoit
au contraire tant de delicatesse
sur ces bienfeait
ces,qu'elle eut, en un
besoin, sacrifié la vertu
même à la vanité de paroistre
plus scrupuleuse
que les voisines. C'estoit
en médisantde leur conduite
qu'elle donnoit de
l'éclat à la tienne, &
Cephise estoit celle de les
voisines qu'elle attaquoit
le plus cruellement par
sess medisances.
Cephise avoit épousé
depuis peu de temps un
fort galant homme, qui
charmé de son enjouement
,&Cperliiadé de sa
vertu, ne la contraignoit
en rien: maisDorimene
qui dominoit dans toutes
les maifbm où l'on
vouloit bien la souffrir
faisoit des remontrances
sèveres non-seulement
à la femme sur les petites
imprudences qui luy échappoient,
mais encore
au mary sur ce qu'il donnoit
trop de liberté à sa
femme.
Les remontrances que
Dorimenefaisoit à cette
jeune personne la piquoient
encore plus que
tout le mal qu'elle pouvoit
dire d'elle. Unjour
elle pensoit à s'en venger
, lorsquune Couturièrequi
les habilloittoutes
deux vint luy conter
pour la réjouir une nouvveelllleeintrigue
d'un Cavalierarrivé
dans la Ville
depuis quelques jours.
Lisette
)
c'estoit le nom
de la Couturiere, ne
manquoit pas d'esprit
& elle estoit à peu prés
de l'humeur de Cephise.
Cellede Dorimeneluy
déplaisoit fort. Dorimene
payoit avec chagrin,
& <jueïeloit volontiers
ses ouvrières:deplus.,
elle avoit souvent ennuyé
Lisette du recit de
les bonnes avions
,
elle
en faisoitl'élogeà ses donieftiques-
ii-iefi-ilc,quand
elle ne sçavoit plus à qui
les conter.
Dorimene estoit veuvedepuis
unan,&assez
richepouravoir plû à un
jeune Avanturier , qui
avoit feint pour elle une
belle passion. Cette severeveuve
l'avoit rebuté
pendant quelques jours,
mais enfin le trouvant à
son gré elle luyavoit fait
eipqrerquelle l'epouse
-JOit quand les deux années
de fou veuvage femoient
accomplies:cependantelle
ne vouloit
paspermettre qu'il la vit
ayant ce temps- là à
moins que ce ne fut
tres-secretement.
-
CCfat,a peu preset
que Lisette raconta àCeptriCb
ellevenoit de rapprendre
d'une femme
qui avoit ménagé chez
„nHeJila campagne cette
avanture au Cavalier. --
Cephise mena promener
Lisette avec elle
pour avoir le loisir de le
faire redire vingt fois la
mesme croie ; elle ne
pouvoit se lasser de l'entendre,
ni croirecequ'elle
entendoit. Mais lorsqu'elle
en fut bien persuadée,
elle ne respira
plus que le plaisir de [e
venger en se rejoüissant.
Cette jeune folatre imagine
cent plaisanteries à
faire sur l'intrigue de la
veuve,ilfalloitensçavoir
des circonstances plus
particulières ,&CLifctte
à qui Cephise fit esperer
recompense, promit
de suivre de prés cette
affaire.Ellesétoient dans
un jardin ouvert pour
les honnestes gens de la
Ville, elles [e promenoient
dans une allée détournée,
Cephise estoit
veituë tres -
négligemment
,
& enveloppée
dans une echarpe noire
;Lisètte qui estoit
ce jour-là fort ajustée,
luy dit en riant,Madame,
si tout le monde
ne se connoissoit pas
dans une petite Ville,
son me seroit peut-estre
l'honneur de me prendre
pour vostreMaistres
se. Cephise ne fit point
d'attention à ce discours,
parce qu'elle examinoit
un jeune homme fort
bienfait qu'elle ne connoissoit
point pourestre
de la Ville. Lisetteestoit
trés-jolie. Ce Cavalier
qui cherchoit avanture,
avoit envie de l'aborder.
Dés que Cephise l'eut
fait remarquer à Lisette,
t:llc le. reconnut pour
l'Amant de Dorimene,
-carelle l'avoit vu entrer
un jour chez cette Dame
,comme elle en sortoit.
Cephise qui avoit
l'imagination vive,forma
son projet dans le
moment ,
elle le communique
à Lisette qui
enchérit encore sur l'idée
de Cephise : enfin
aprés avoir fait quelques
tours d'allée tousjours
suivies de l'Avanturier,
elles se placèrent sur un
banc,où il vintaussitost
s'asseoir à cofté de Lisette.
Après quelques regards
de part & d'autre,
leCavalier luy adres
sa la parole: la fortune,
luy dit-il, m'est bien favorable
!quel bonheurà
un hommeestranger
dans cette Ville, d'y
trouver d'abord cequ'il
y a de plus aimable. Lisette
répondit à cette galanterie
d'une maniéré à
s'en attirer une seconde
& la conversation dura,
autant qu'il fallut pour
faire consentir Lisette
avec bienseance à l'offre
qu'il luy fit de la remener
à son logis, ce quelle
n'auroit pas souffert,
disoit-elle, si son mary
n'eust pas esté absent :
elle luy fit ensuite le portrait
d'un mary haïssable.
Elle prit enfin avec
luy le nom & le rôlle de
Cephise
,
pendant que
Çephise la suivoit respectueusementcommeune
fille de chambre
,
& ils
arrivèrent ainsi au logis
de Cephise. Le Cavalier
tout occupé des charmes
de celle qu'il conduisoit,
arriva à la porte sans s'estre
encor apperçu qu'il
citait dans la ruë de Dorimene;
il fut estonné de
se trouver à portéed'en
direvû, mais heureusement
il estoit fort tart.
Il avoit demandé permission
à Lisette de la
venir voir le lendemain:
elle luy permit, à condition
qu'il y viendrait
à la mesme heure sur la
brune, car, disoit-elle,
j'ay une voiline trés-médisante,
& je ferois perduë
si elle voyoit entrer
un jeune homme chez
moyen l'absencedemon
mary. Vous jugez bien
que cette précaution de
Lisetteplus fort au Cavalier.
Il estoit ravi de
faire connoissanceavec
cette jeune beautépour
se dédommager de sa
complaisance interessée
pour la veuve, maisil.
estoit dangereux de la
rendre jalouse. Il fut
donc charméde l'air mysterieux
stericux dont Lisettè
commençoit à lier merce; com- il 111crce ; il la ttrroouuvvooiitt
charmante, il en avoit
esté bien reçu. Elle pouvoit
à la verité luy parroistre
suspecte ducofté
de la regularité, mais
celle de Dorimene estoit
si triste, qu'un tel contraste
leréjoüissoit; il aimoit
la varieté.Enfinil
sseerreetitriaracchheezzlluuyyfoforrtt
content de sa soirée.
Dés qu'il fut parti ;
Cephise éclata derire.
N'ay-je pas bien jolie
mon rôle,luy dit Lisette
; à merveille repartit
Cephise. Tu coucheras
icy ce [air, il ne manquera
pas demain de revenir;
tu prendras mon
plus bel habit, & moy
qui luis pour luy ta fille
de chambre, je l'introduiray
dans mon appartement
où tu le recevras.
Mon mary ne reviendra
que dans deuxjours, Se
pour lors nostre projet
ièra en estat de pouvoir
luy estre communiquée.
Cephise avoit sa vengeance
en teste, &C de
plus ces fortes d'amusements
estoient du goust
d'une jeune folastre
qui sans faire , aucune reflexion
surlaconsequence
des choses, se reposoit
sur l'innocence de les intentions.
Nostre Galand ne manqua
pas de revenir le lendemain,
enveloppe dans
unmanteau,de peurque
Dorimene ne put le reconnoistre
en cas qu'elle
l'apperçeust
,
& il ne
pouvoit pas manquer
d'estre apperçu de celle
dont la plus agreable occupationestoit
d'expier
les actions de sa voisine.
L'heure de la visite,
la circonstance du mary
absent
,
&C l'air mysterieux
dont on introduisit
sans lumiere nostre
homme à bonne fortune
luyfirent croire que ce
Galand estoit pour Cephise.
Elle en eut autant
de joye que si ç'eutesté
pourelle.Que! plaisirde
pouvoir perdre de réputation
sa voisine
,
quand
il luy en prendroit fantaisse.
A l'égard de nostre
Amant, il fut surpris de
voir Lisette 11 richement
vestuë, & dans un appartement
magnifique.
Elle ajousta à cela une
fierté si adroitement ménagée,
qu'elle le rendit
des ce soir-là veritablement
amoureux,&c'est
ce qu'on vouloit pour
tirer de luy des particularitez
qui puisent prouver
la galanterie de la
veuve. Toute l'entrevûë
du lendemain fut employée
par Lisette à faire
esperer des faveurs au
Galant s'il vouloit sacrifier
Dorimene. On luy
permettoit bien ce feindre
de l'aimer
,
& ., de
donner ses soins à celle
qui pouvoit faire sa fortune
,
mais on vouloit
avoir le coeur & la confiance.
En un mot Lisette
fit tant que le Cavalier
promit dapporterle lendemain
des Lettres passionnées
de Dorimene;
c'est tout ce qu'on souhaitoit.
On ne vouloit
disoit-on, , que les lire &
les luy rendre dans le
moment.
Les choses en estoient
là lorsqu'un contre-tems
fascheux pensa tout gaster.
Le mary enarrivant
de la campagne estoit
descendu decarossechez
un amyquil'yavoit mené.
Il revenoit seul chez
luylorsqu'il vit un jeune
homme entrer sous une
porte, prendre dans le
plus beau tems du monde
un manteau que luy
apportoit un Laquais,
& oster un plumet qui
estoit
estoit à ion chapeau.
Cet air de mystere à
l'heure qu'ilestoit, donna
de la curiosité au
mary ; il fuit de loin;
il observe, & voyant
qu'on entre dans sa ruë,
qui estoit aussi celle de
Dorimene
,
il pense
d'abord à elle; ce feroit
une plaisante avanture
,
disoit-il en luymesme,
si ce Galand-cy
estoit sur le conte de nostrevoisine.
Quellesur-
2prise, quand il voit qu'il
estsurlesien. On entre
chez sa femme ; ilapperçoit,
malgrél'obscurité,
une espece de fille de
chambre qui introduit
le Cavalier &referme la
porte. Il l'ouvre doucement
avec son passe-partout;
le Galand a déja
gagné un petit degré; il
le fuit au bruit; monte
aprés luy jusqu'à une
garderobe de l'appar-
-tement de sa femme.
Il a avoüé depuis que
malgré la confiance qu'il
avoit en elle, il fut si vivement
frappé de jalousie
qu'il ne se possedoit
plus. Cephise en habit
de fille de chambre aprés
avoir fait entrer le Cavalier
dans le cabinet
où l'attendoit Lisette
, entendit marcher derriere
elle. Elle court au
bruit & repousse rudement
son mary sans feavoirquic'estoit.
Ilvoyoit
à la lueur des bougies
qui étoient dans ce cabinet
dont la porte estoit
restée entrouverte: que
voyoit-il, justeciel, celle
qu'il croyoit sa femme
par l'habit, se laissoit baiserlamain
par ce Cavalier.
Il estoit si troublé
qu'il crut encore voir
plus qu'il ne voyoit. Il
resta immobile d'estonnement
& de douleur,
car ce n'estoit pas un
mary emporté. Sa femme
qui le reconnut dans
ce moment, fit un éclat
de rirecomme une petite
fole quelle estoit ;
elle l'elnbraife en luy disant
tout bas de ne pas
faire de bruit. Il commence
à lareconnoistre,
& cela redouble son
embarras. Sa femme
l'embrasse d'uncosté,il
croit la voir de l'autre
avec celuy qui le deshonore
: enfin elle l'entraisne
dehors en achevant
de le détromper
& folaftrant tousjours
avec luy
, ne sçauriezvous,
luy dit-elle, voir
tranquillement vostre
femmeavec sonGaland?
je vous ay pris en flagrant
delit de jalousie,
jene vous pardonneray
qu'àune condition,c'est
que vousm'aiderez àme
venger des aigres remontrances
que Dorimene
me fait tous les
jours, je veux luyen faire
de mieuxfondées.
Elle luy explique son
projet où le mary charmé
de s'estre trompé,
entra de tout son coeur.
Elle luy dit que lisette
devoit tirer ce incline
soir du Cavalier
,
des
Lettres de la veuve ,
& -
qu'ellealloitvoir à quoy
en estoient les choses,
Pendant ce temps-là,
continua-t-elle
,
allez
disposesDorimene a venùtantost
souperavec
nous. Allez
, je vous envoyeray
avertir quand
nostre Avantuiersera
parti : maisgardez-vous
derientémoignerencore
a Dorimene , ce a- table queje veux me ré:
jouir,enbûvant à sesinclinations
,
& nous la
confondronsau dessert,
en presence de quelques,
amies qui depuis vostre.
départ viennent tous les,
loirs.fouper-,avec moy
pour me consoler de v«
stre absence.
Lemaryalla dans ce
moment chezDorimene
qui fut ravie de le
voir de retour. Après les
premiers compliments,
la conversation devint
agreable; raillerie fine
de part & d'autre, chacun
avoit son point de
veuë;l'unestoit fort par
tout ce qu'ilsçavoit, &
l'autresorte aussi par les
choses
;
qu'elle croyoit
sçavoir elle attaque le
mary sur la confiance
1
aveugle quil avoit en la
femme; effectivement
luy disoit-elle d'un ton
doucereux & malin,il
est des vertus si solides
qu'elles se conservent
mesme au milieu de la
coquetterielaplus enjouée
; comme il en est,
repliqua-t-il, desi fragiles
qu'ellesne peuvent le
conserverà l'abri de la
prudence laplus austere.
Aprés plusieurs traits
dont les derniersestoient
tousjours les plusvifs, il
en échapa au mary quelqu'un
si piquant, que la
veuve pour ss'eenn venger
lascha un mot sur ce
qu'elleavoit vû en son
absence.Le mary feignit
d'en estre allarmé? &C la
conjura trés-serieusementdesexpliquer.
La
prude feignant de son
costé d'estre fafchée d'en
avoir trop dit, je vous
tairois le reste, continuat-
elle
,
si je pouvoisen
conscience vous cacher
un desordre que vous
pourrez empescher. Plus
la charitable veuve taschoit
de prouver aumary
son deshonneur,plus
il feignoit d'entreren fureur
contre sa femme
y il imagina sur l'heure
ce que vous allez, voir,
&commençaain/î fOli
jeu. Ah Madame! s'écria-
t-il tout-à-coup
,
comme s'ileust esté penetré
de douleur, ne
m'abandonnez pas en
cette occasion, vous venez
de merendre un service
de véritable amie,
enm'apprenant que je
fuis le plus malheureux
hommedumonde, achevez
la bonne oeuvre que
vous avez commencé, il
s'agit de corriger ma
semis-le., de la convertir
& non pas de la perdre,
je ne veux point éclatet,
je ne me possederoispas
allez II j'allois seul luy
parler, suivez-moy Madame,
ayez la charité de
me suivre
,
& de luy
faire pour moy une correction
si terrible, que
lahonte&: le dépit qu'elle
en aura la rende sage
à l'avenir,il est sur qu'elle
vous craint plus que
moy, vous la verrez joumise
&confonduë par la
haute idée qu'elle a de
vostre caractère.
-
La veuve charmée de
se voir tant d'autorité sur
son ennemie triomphoit
par avance, & suivit
nostre faux jaloux qui
l'amena chez luy dans le
moment. Il entra le premier
, la priant de rester
dans une salle baffe, &C
courut avertir sa femme
du nouveau desseinqu'il
avoit conceu.Deuxmots
la mirent au fait, & il
revint aussi-tost vers Dorimene
, comme troublé
, comme agité d'une
rage qu'il vouloit modérer
par raison. Ah ma
2r;j
chere Dame, s'écriat-
il en l'embrassant presque
, ayez pitié de moy,
le Galand estlà haut avec
ma femme. Il reste
un rrîoment comme eltourdy
du coup, & feignant
ensuite de reprendre
courage: mais
,
luy
dit-il, le Ciel fait tout
pour le mieux ; c'est
peut-estre un bien pour
moyde pouvoir surprendre
ainsi ma femme,
pour l'humilierdavantage,
tage , pour la convaincre
, pour la confondre ;
montons par ce petit degré.
Ils montèrent ensemble
dans la garderobe
dont nous avons parlé,
& d'où la bonne Dame
apperçutd'abord ion
Amant. Elle crut le
tromper le mary la tenant
par le bras l'entrainoit
tousjours vers la
chambre où estoit la lumiere.
Elle reconnoift le
traistre un frisson la
prend; elle reste immobile.
Le hazard fit
encore pour l'accabler
davantage, que le Cavalier
voulant enfin tirer
de Lisette les faveurs
quelleluylaissoit esperer,
redoubloit à haute
voix ses ferments d'amour
pour elle, & de
mépris pour sa veuve.
Oüy
,
disoit-il d'un ton
passionné
,
oiiy
,
charmante
Cephise, je meprise
allez Dorimene
pour ne la jamais voir sielle
ne me faisoit pas ma
fortune. Cependant le
mary malin luy disoit:il
n'aime que ma femme
,
vous l'entendez: ne fuisje
pas le plus malheureux
de tous les maris. Il
l'entrainoit
'-;
tousjours
vers la chambre
,
Dorimenemalgré
sa douteux
, ne laissoit pas d'estre
un peu consolée pan
celle du mary, & par la
confufîou qu'allait avoir
son ennemie : mais cette
petite consolation s'évanoüit
dés qu'elle eut apperçu
la Couturière dans
les habits de Cephisè, &
Cephile elle-mesme entrer
avec deux ou trois
amies. Le Cavalier gagnela
porte, &laveuve
reste accablée de honte
& de douleur: à peine
a-t-elle la force defuir;le
mary ,
la femme & les,
amies la reconduisirent
chez elle avec les railleries
les plus piquantes,
luy conseillant de ne se
niellerjamais de faire
des reprimandes à plus
sage qu'elle.
On dit que la veuve
n'en fut pasquitte pour
cette avanie,&que TAvanturier
tousjours aimable,
quoyqu'infidele,
trouva le moyen de se
raccommoder. Elle eust
la foiblesse de l'épouser
dans une autre Ville, où
elle fut contrainte d'aller
habiter, parce que
les railleries & les vaudevilles
la chasserent de
celle où cette Histoire
s'est passé. On dit mesme
quece jeune ingrat
l'ayant fort maltraitée
aprés quelques mois
-
de
mariage, elle plaide encore
à present pour parvenir
à séparation.
Fermer
Résumé : HISTORIETTE presque toute veritable.
L'historiette se déroule dans une ville de province où deux voisines, Cephise et Dorimene, se haïssent en raison de leurs caractères opposés. Cephise, jeune et enjouée, est vertueuse mais trop vive. Dorimene, quant à elle, sacrifie la vertu à la vanité de paraître scrupuleuse et médit constamment de Cephise, qui a récemment épousé un homme charmant et tolérant. Dorimene fait des remontrances sévères à Cephise et à son mari sur la liberté accordée à la jeune femme. Un jour, la couturière Lisette, qui habille les deux dames, raconte à Cephise une intrigue impliquant un cavalier récemment arrivé en ville. Cephise voit là une opportunité de se venger de Dorimene. Elle imagine une plaisanterie et, avec l'aide de Lisette, tend un piège au cavalier. Ce dernier, croyant courtiser Cephise, se rend chez elle et est accueilli par Lisette déguisée en Cephise. Le mari de Cephise, de retour inattendu, surprend la scène et croit voir sa femme avec un amant. Cephise, déguisée en fille de chambre, le rassure et lui explique son plan de vengeance contre Dorimene. Le mari, charmé par la ruse, accepte de l'aider. Ils invitent Dorimene à souper et, au dessert, révèlent la supercherie en présence d'amies de Dorimene. Le mari de Cephise, feignant la colère, demande des explications à Dorimene sur les médisances qu'elle a faites en son absence. Dorimene, cherchant à se venger, laisse échapper un mot compromettant, mais le mari et Cephise réussissent à la confondre. Parallèlement, un homme jaloux et malheureux demande à une amie de l'aider à corriger sa femme, qu'il accuse d'infidélité. Il souhaite que cette amie, respectée et crainte par sa femme, lui fasse une sévère réprimande. L'amie accepte et suit l'homme dans sa maison. L'homme informe ensuite sa femme de la présence de l'amie et de son intention de surprendre sa femme en flagrant délit d'infidélité. La femme, accompagnée de l'amie, découvre son amant en compagnie de la servante Lisette, déguisée en Cephise. La situation devient embarrassante lorsque l'amant exprime publiquement son mépris pour la veuve Dorimene. La veuve, accablée de honte et de douleur, est finalement reconduite chez elle par le mari, la femme et leurs amies, qui la raillent et la conseillent de ne plus se mêler des affaires des autres. Après cette avanie, la veuve se réconcilie avec l'aventurier infidèle et l'épouse dans une autre ville pour échapper aux railleries. Cependant, après quelques mois de mariage, elle est maltraitée et cherche actuellement à obtenir une séparation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer