Résultats : 1508 texte(s)
Détail
Liste
51
p. 221-223
« Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Début :
Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...]
Mots clefs :
Public, Amasser, Nouveauté, Particularités
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texteReconnaissance textuelle : « Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Je ne puis finir , ſans vous parler de ce qui s'eſt paffé en Allemagne. Le public en eft informe chaque ſemaine, &je ne vous en aydonné encor au- cunes nouvelles. Adire vray,
Madame,j'ay eſté bien aiſe d'a- maffer ce que j'en ay pû ap- prendre tous les jours de di- vers endroits , afin d'en faire
comme une ſuite d'Hiſtoire
plus agreable pour vous. Peut- eftre mefme y trouverez -vous de la nouveauté, parce qu'il eſt impoſſible que ceux qui écri- vent les choſes dans le temps meſme qu'elles arrivent , en foient affez bien inftruits pour les pouvoir publier dans leurs
GALANT. 161
tqu
plus exactes circonftaces.C'eſt
unfruit qu'on a beſoin de laif- ſer meurir , pour en connoiftre toute la bonté. Il faut du temps pour ſçavoir s'il n'y a rien àad- joûter à ce qui ſe debite toû- jours d'abord imparfaitement.
Les particularitez qui écha- pent aux uns , font rapportées
un peu apres par les autres , &
il yauroit de l'injuſtice àvou- loir priverle Public de la con- noiffance des choſes dont le
détail ne peut jamais venir avec les premieres nouvelles qu'on enreçoit.
Madame,j'ay eſté bien aiſe d'a- maffer ce que j'en ay pû ap- prendre tous les jours de di- vers endroits , afin d'en faire
comme une ſuite d'Hiſtoire
plus agreable pour vous. Peut- eftre mefme y trouverez -vous de la nouveauté, parce qu'il eſt impoſſible que ceux qui écri- vent les choſes dans le temps meſme qu'elles arrivent , en foient affez bien inftruits pour les pouvoir publier dans leurs
GALANT. 161
tqu
plus exactes circonftaces.C'eſt
unfruit qu'on a beſoin de laif- ſer meurir , pour en connoiftre toute la bonté. Il faut du temps pour ſçavoir s'il n'y a rien àad- joûter à ce qui ſe debite toû- jours d'abord imparfaitement.
Les particularitez qui écha- pent aux uns , font rapportées
un peu apres par les autres , &
il yauroit de l'injuſtice àvou- loir priverle Public de la con- noiffance des choſes dont le
détail ne peut jamais venir avec les premieres nouvelles qu'on enreçoit.
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Résumé : « Je ne puis finir, sans vous parler de ce qui [...] »
Le texte aborde la transmission des nouvelles concernant l'Allemagne. L'auteur souhaite rassembler diverses informations pour offrir une suite d'histoires plus agréable à la destinataire. Il insiste sur l'importance de laisser le temps aux événements de se clarifier pour en connaître toute la vérité, car les premières nouvelles sont souvent incomplètes. Les détails spécifiques peuvent être rapportés ultérieurement par d'autres sources. L'auteur estime qu'il serait injuste de priver le public des connaissances détaillées qui ne sont pas immédiatement disponibles avec les premières nouvelles.
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52
p. 255-257
Divertissemens donnez au Public. [titre d'après la table]
Début :
Je passe aux Divertissemens publics dont j'ay peu de chose [...]
Mots clefs :
Divertissements publics, Théâtre des italiens, Nouveauté, Comédiens-Français, Vieilles pièces
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texteReconnaissance textuelle : Divertissemens donnez au Public. [titre d'après la table]
Je paſſe aux Divertiſſemens publics dont j'ay-peu de choſe àvous dire , &il n'yaeu de la nouveauté que fur le Theatre nfpi
jout
Tome V.
182 LE MERCVRE des Italiens , qui nous ont don- néune Pieces fort agreable, in- titulée La PropretezRidicule. Elleeſt meſléedequelquesEn- trées qui luy donnent beau- coupd'agrément. Le caractere delaFemmequi eft proprejuf- qu'à l'excés,eſt tiré ſur de bons Originaux. On l'a déja joüée douze ou quinze fois ; & Ar- lequin , à fon ordinaire , y eſt un Perſonnage tres - divertiſ- ſant. Les Comédiens François ſe ſont contentez de faire revivre quelques vieilles Pieces qui avoient fait beaucoup de bruit dans leur temps , &on a
reveu ſur les deux Theatres,
les Viſionnaires de M des Marefts , le Iodelet Maistre de M
Scarron, & le D.Bertrand de Ci- garalde Me deCorneille le jeu- ne, qui estoit autrefois le char
GALANT. 183 me de tout Paris , & qu'on y
repreſentoit en meſme temps fur tous les Theatres.
jout
Tome V.
182 LE MERCVRE des Italiens , qui nous ont don- néune Pieces fort agreable, in- titulée La PropretezRidicule. Elleeſt meſléedequelquesEn- trées qui luy donnent beau- coupd'agrément. Le caractere delaFemmequi eft proprejuf- qu'à l'excés,eſt tiré ſur de bons Originaux. On l'a déja joüée douze ou quinze fois ; & Ar- lequin , à fon ordinaire , y eſt un Perſonnage tres - divertiſ- ſant. Les Comédiens François ſe ſont contentez de faire revivre quelques vieilles Pieces qui avoient fait beaucoup de bruit dans leur temps , &on a
reveu ſur les deux Theatres,
les Viſionnaires de M des Marefts , le Iodelet Maistre de M
Scarron, & le D.Bertrand de Ci- garalde Me deCorneille le jeu- ne, qui estoit autrefois le char
GALANT. 183 me de tout Paris , & qu'on y
repreſentoit en meſme temps fur tous les Theatres.
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Résumé : Divertissemens donnez au Public. [titre d'après la table]
Le texte évoque des spectacles théâtraux. Les Italiens ont joué 'La Propreté Ridicule', une pièce bien accueillie, mettant en scène une femme excessivement propre et Arlequin. Les Français ont repris des œuvres anciennes comme 'Les Visionnaires' et 'Le Cid'. Ce dernier a été représenté sur plusieurs théâtres.
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53
p. 2[91]-2[93]
« Puis que vous me demandez encor des Lettres en Chansons, [...] »
Début :
Puis que vous me demandez encor des Lettres en Chansons, [...]
Mots clefs :
Lettres en chansons, Envoyer, Copie, Mois prochain, Pièce d'éloquence
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texteReconnaissance textuelle : « Puis que vous me demandez encor des Lettres en Chansons, [...] »
Puis que vous me demandez encor des Lettres enChanſons,& que vous les trouvez divertiſſantes,je croy que
je pouray vous en envoyer le Mois prochain. Ie ſuis ravy que celle de Mr Galant ne vous ait pas moins plû
Siij
210 LE MERCVRE.
qu'elle a fait à tout Paris. La Copie dont je vous ay fait part , avoit paffe parmy tant de mains , qu'elle n'eſtoit pas conforme à 'l Original , & il y
avoit même quelques Couplets d'ou- bliez. Ie ſuis obligé de vous en aver- tir pour la gloire de l'Autheur. Ie ne vous dis rien des avantages que M. le Chevalierde Chaſteaurenaud a remportez ſur les Hollandois, nyde ceux que nous avons eus en Catalogne.
L'eſpere vous en entretenir le Mois prochain,&vous en mander des par- ticularitez qui n'ont point encor efté publiées. Ie vous envoyeray enmê- me temps une des plus belles Pieces d'Eloquence dont on ait oüy parler depuis pluſieurs années. Toute la Cour en convient, &toutes les Perſonnes de bon goût qui l'ont veuë,
font de ce ſentiment.
ALyon, ce 5.Aoust 1677.
FIN.
je pouray vous en envoyer le Mois prochain. Ie ſuis ravy que celle de Mr Galant ne vous ait pas moins plû
Siij
210 LE MERCVRE.
qu'elle a fait à tout Paris. La Copie dont je vous ay fait part , avoit paffe parmy tant de mains , qu'elle n'eſtoit pas conforme à 'l Original , & il y
avoit même quelques Couplets d'ou- bliez. Ie ſuis obligé de vous en aver- tir pour la gloire de l'Autheur. Ie ne vous dis rien des avantages que M. le Chevalierde Chaſteaurenaud a remportez ſur les Hollandois, nyde ceux que nous avons eus en Catalogne.
L'eſpere vous en entretenir le Mois prochain,&vous en mander des par- ticularitez qui n'ont point encor efté publiées. Ie vous envoyeray enmê- me temps une des plus belles Pieces d'Eloquence dont on ait oüy parler depuis pluſieurs années. Toute la Cour en convient, &toutes les Perſonnes de bon goût qui l'ont veuë,
font de ce ſentiment.
ALyon, ce 5.Aoust 1677.
FIN.
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Résumé : « Puis que vous me demandez encor des Lettres en Chansons, [...] »
Dans une lettre datée du 5 août 1677, l'auteur répond à une demande de lettres en chansons, qu'il prévoit d'envoyer le mois suivant. Il exprime sa satisfaction que la lettre de Monsieur Galant ait plu au destinataire autant qu'à tout Paris, malgré la circulation large de la copie partagée, qui contient des erreurs et des couplets oubliés. L'auteur mentionne également des victoires militaires du Chevalier de Chasteaurenaud contre les Hollandais et des succès en Catalogne, dont il promet de donner plus de détails le mois prochain. Enfin, il annonce l'envoi d'une pièce d'éloquence remarquable, appréciée par la Cour et les personnes de bon goût.
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54
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Le peu de temps qu'on a eu pour imprimer [...]
Mots clefs :
Fautes d'impression, Vers oublié
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AU LECTEUR.
V E peu de temps qu’on a eu pour im*
; I -/primer ce Volume, à caufe du grand,
nombre de Feftes' qui fe font rencontrées'
dans ce Mois, a efté caufe qu’il s’eft gliflc
quelques fautes d’impreflion. On croit que
je Leéteur aura affez d’efprit pourles reconnoiftre, & eftimera allez l’Autheur pour ne
ksluy pas imputer } c’eft puurquoy on ne
luyen marque que deux des principales,
la première eft dans la Page 16. Elle eft
contre le fens & la conftitution du Rondeau. Ï1 doit eftre de trois Battons ; le premier de cinq Vers, & le fécond de trois avec
le mot redoublé ; & quoy qu’il ne foit pas
jmarqué ainfî, le fens nelaifera pas dé s’y
trouver, pourveu qu’on le veuille feparer eiï
le lifant. La fécondé faute , eft le deuxieme
Vers oublié du fécond Quatrain du Sonnet
du Solitaire, Page p. ou il faut lire apres
le cinquième Vers du Sonnet*
Mesjeux apres la nutt verront naiftr^
le jour
V E peu de temps qu’on a eu pour im*
; I -/primer ce Volume, à caufe du grand,
nombre de Feftes' qui fe font rencontrées'
dans ce Mois, a efté caufe qu’il s’eft gliflc
quelques fautes d’impreflion. On croit que
je Leéteur aura affez d’efprit pourles reconnoiftre, & eftimera allez l’Autheur pour ne
ksluy pas imputer } c’eft puurquoy on ne
luyen marque que deux des principales,
la première eft dans la Page 16. Elle eft
contre le fens & la conftitution du Rondeau. Ï1 doit eftre de trois Battons ; le premier de cinq Vers, & le fécond de trois avec
le mot redoublé ; & quoy qu’il ne foit pas
jmarqué ainfî, le fens nelaifera pas dé s’y
trouver, pourveu qu’on le veuille feparer eiï
le lifant. La fécondé faute , eft le deuxieme
Vers oublié du fécond Quatrain du Sonnet
du Solitaire, Page p. ou il faut lire apres
le cinquième Vers du Sonnet*
Mesjeux apres la nutt verront naiftr^
le jour
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Résumé : AU LECTEUR.
Une note informe le lecteur de fautes d'impression dans un volume récemment imprimé. Deux erreurs principales sont signalées : une à la page 16 sur la structure du rondeau, et une autre à la page 107, où un vers du sonnet 'Le Solitaire' est omis. L'auteur espère que le lecteur les identifiera et ne lui en tiendra pas rigueur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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55
p. 1-3
« Jamais commerce n'a tant fait d'éclat que le [...] »
Début :
Jamais commerce n'a tant fait d'éclat que le [...]
Mots clefs :
Commerce, Mander, Curiosité, Personnes de bon goût
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texteReconnaissance textuelle : « Jamais commerce n'a tant fait d'éclat que le [...] »
AMAIS commerce
n'a tant fait d'éclat
que le noſtre , tout
Paris en parle , toute la France
s'en entretient , il fait dubruit
juſques dans les Païs les plus éloignez , & cependantlamé- diſance n'endit rien : il fatisfait les plus critiques , & tout le monde en ſouhaite la continuation & nous en donne
Tome VI. A
2 LE MERCVRE
publiquement des marques, &
avec des manieres fi.obligeantes , que nous manquerions de reconnoiſſance envers un.
nombre infini de Perſonnes du
plus haut merite , ſi nous interrompions un commerce qui plaît à tout cequ'il y a de plus Illuftre dans le Monde. Aprés tant d'applaudiſſemens ſi ſou- vent réïterez, je vay,Madame,
faire de nouveaux efforts,pour ne vous mander rien qui ne foit digne de voſtre curiofité,
&je fuis feur que tout ce qui aura lebonheur de vousplai- re , ſera eſtimé de toutes les
Perſonnes de bon goût. Je commence par un Madrigal dont on dit icy beaucoup de bien. Je n'en connoy pas l'Au- theur, mais fonOuvragemar- que aſſez qu'il a de l'eſprit,
GALANT. 3
fans qu'il foit neceſſaire de rien dire de plus pour le faire croire.
n'a tant fait d'éclat
que le noſtre , tout
Paris en parle , toute la France
s'en entretient , il fait dubruit
juſques dans les Païs les plus éloignez , & cependantlamé- diſance n'endit rien : il fatisfait les plus critiques , & tout le monde en ſouhaite la continuation & nous en donne
Tome VI. A
2 LE MERCVRE
publiquement des marques, &
avec des manieres fi.obligeantes , que nous manquerions de reconnoiſſance envers un.
nombre infini de Perſonnes du
plus haut merite , ſi nous interrompions un commerce qui plaît à tout cequ'il y a de plus Illuftre dans le Monde. Aprés tant d'applaudiſſemens ſi ſou- vent réïterez, je vay,Madame,
faire de nouveaux efforts,pour ne vous mander rien qui ne foit digne de voſtre curiofité,
&je fuis feur que tout ce qui aura lebonheur de vousplai- re , ſera eſtimé de toutes les
Perſonnes de bon goût. Je commence par un Madrigal dont on dit icy beaucoup de bien. Je n'en connoy pas l'Au- theur, mais fonOuvragemar- que aſſez qu'il a de l'eſprit,
GALANT. 3
fans qu'il foit neceſſaire de rien dire de plus pour le faire croire.
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Résumé : « Jamais commerce n'a tant fait d'éclat que le [...] »
Le texte évoque la renommée et l'impact d'un commerce, probablement littéraire ou artistique, à Paris, en France et dans des pays éloignés. Malgré cette notoriété, la modestie est de mise, et la distance n'est pas mise en avant. Ce commerce est apprécié par les critiques et le public, qui en souhaitent la continuation. Interrompre ce commerce serait manquer de reconnaissance envers de nombreuses personnes de mérite. Après avoir reçu de nombreux applaudissements, l'auteur s'engage à fournir de nouveaux contenus dignes de l'intérêt de la destinataire, une personne de goût. Le texte se conclut par la présentation d'un madrigal, dont l'auteur est inconnu mais dont l'œuvre est reconnue pour son esprit et son élégance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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56
p. 16-17
« Apres vous avoir divertie par des Vers dont le sens [...] »
Début :
Apres vous avoir divertie par des Vers dont le sens [...]
Mots clefs :
Énigme, Sens, Plaisir
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texteReconnaissance textuelle : « Apres vous avoir divertie par des Vers dont le sens [...] »
Après vous avoir divertie pardesVersdont le ſens n'eſt pas difficile à comprendre , il faut que je vous en envoyequi ne vous donneront pas moins de plaifir,&qui embaraſſeront agreablement voſtre eſprit.
C'eſt
GALANT. 13 C'eſt l'effet qu'ils doivent pro- duire ; & celuy qui les a faits n'auroit pas atteint le but qu'il s'eſt propoſé , s'il ne vous fai- ſoit réver quelque temps.Peut- eſtre prendrez-vous tout cela
pour un Enigme ; vous aurez
C'eſt
GALANT. 13 C'eſt l'effet qu'ils doivent pro- duire ; & celuy qui les a faits n'auroit pas atteint le but qu'il s'eſt propoſé , s'il ne vous fai- ſoit réver quelque temps.Peut- eſtre prendrez-vous tout cela
pour un Enigme ; vous aurez
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57
p. 20-23
« Je ne sçay, Madame, si en lisant ces Vers vous [...] »
Début :
Je ne sçay, Madame, si en lisant ces Vers vous [...]
Mots clefs :
Vers, Lettre R, Énigme, Difficulté
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texteReconnaissance textuelle : « Je ne sçay, Madame, si en lisant ces Vers vous [...] »
Je ne ſçay , Madame , ſi en lifant ces Vers vous en aurez
dévelopé le miſtere ; les Enig- mes font ordinairement furun
mot comme Montre , Epée,
Miroir , ou quelque autre ; &
celle-cy n'a pas meſme pour but de parler d'une ſyllabe ,
puis qu'elle ne renferme que ce que l'on peut dire de la Let
A
Bij
16 LE MERCVRE .
treR. Iamais Ouvrage n'a tant donné de peine , ou n'a du moinsdû entantdonner ; c'eſt
ſans contredit le plus beau que nous ayons de tous ceux qui mettent l'eſprit à la gefne , &
qu'on ne peut faire qu'avec une application extraordinai- re , quelque facilité qu'on ait à
écrire. Il eſt de vingt- huit Vers , & la Lettre Rs'y ren- contre preſque par tout , de maniere que chaque mot où elle entre paroiſt une Enigme particuliere à ceux qui ne fça- vent pas qu'elle fait le princi- pal ſujetde la Piece : c'eſt toû jours elle qu'on fait parler.
Voicy ce qu'elle dit dans le premier Vers de ceux que vous venez de lire.
Je suis en libertéfansfortir deprison.
GALANT. 17 Onnepeut l'accuſer dedire faux , lors qu'elle affure qu'elle
eft en liberté, puis qu'elle entre dans ce mot; &quandelle dit qu'elle ne fort point de prifon,
elle parle encor auffi juſte , les Lettres qui compoſent le mot de prison , ne formant fans elle que celuy de piſon,"de manie- niere qu'elle peur dire.
Qu'elle est en libertéfansfor- tirdeprison.
On voit dans lesvingt-ſept Vers qui reſtent , des contra- rietez ſemblables. Elles paroif- ſentſi juſtes lors qu'onrelit l'E- nigme une ſeconde fois , apres en avoir appris le ſujet , que j'ay de la peine à concevoir comment il s'eſt trouvé une
Perſonne qui ait voulu s'appli- quer aſſez fortement, & affez
long-temps, pour faire un OuBij
18 LE MERCVRE
vrage ſi remply de difficultez.
dévelopé le miſtere ; les Enig- mes font ordinairement furun
mot comme Montre , Epée,
Miroir , ou quelque autre ; &
celle-cy n'a pas meſme pour but de parler d'une ſyllabe ,
puis qu'elle ne renferme que ce que l'on peut dire de la Let
A
Bij
16 LE MERCVRE .
treR. Iamais Ouvrage n'a tant donné de peine , ou n'a du moinsdû entantdonner ; c'eſt
ſans contredit le plus beau que nous ayons de tous ceux qui mettent l'eſprit à la gefne , &
qu'on ne peut faire qu'avec une application extraordinai- re , quelque facilité qu'on ait à
écrire. Il eſt de vingt- huit Vers , & la Lettre Rs'y ren- contre preſque par tout , de maniere que chaque mot où elle entre paroiſt une Enigme particuliere à ceux qui ne fça- vent pas qu'elle fait le princi- pal ſujetde la Piece : c'eſt toû jours elle qu'on fait parler.
Voicy ce qu'elle dit dans le premier Vers de ceux que vous venez de lire.
Je suis en libertéfansfortir deprison.
GALANT. 17 Onnepeut l'accuſer dedire faux , lors qu'elle affure qu'elle
eft en liberté, puis qu'elle entre dans ce mot; &quandelle dit qu'elle ne fort point de prifon,
elle parle encor auffi juſte , les Lettres qui compoſent le mot de prison , ne formant fans elle que celuy de piſon,"de manie- niere qu'elle peur dire.
Qu'elle est en libertéfansfor- tirdeprison.
On voit dans lesvingt-ſept Vers qui reſtent , des contra- rietez ſemblables. Elles paroif- ſentſi juſtes lors qu'onrelit l'E- nigme une ſeconde fois , apres en avoir appris le ſujet , que j'ay de la peine à concevoir comment il s'eſt trouvé une
Perſonne qui ait voulu s'appli- quer aſſez fortement, & affez
long-temps, pour faire un OuBij
18 LE MERCVRE
vrage ſi remply de difficultez.
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Résumé : « Je ne sçay, Madame, si en lisant ces Vers vous [...] »
L'auteur d'une lettre discute d'une énigme poétique adressée à une dame. Cette énigme, composée de vingt-huit vers, se concentre sur la lettre 'R'. Chaque mot contenant cette lettre devient une énigme en soi. Le premier vers de l'énigme est 'Je suis en liberté sans sortir de prison.' L'auteur explique que cette affirmation est correcte car la lettre 'R' est présente dans 'liberté' mais absente dans 'pison', une version du mot 'prison' sans la lettre 'R'. Les vingt-sept vers restants contiennent des contradictions similaires qui se clarifient une fois le sujet de l'énigme connu. L'auteur admire la difficulté et la complexité de l'œuvre, soulignant l'effort et le temps nécessaires pour sa création.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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58
p. 29-31
« Les Poëtes qui ont de tout temps esté de grands [...] »
Début :
Les Poëtes qui ont de tout temps esté de grands [...]
Mots clefs :
Poètes, Menteurs, Fable
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texteReconnaissance textuelle : « Les Poëtes qui ont de tout temps esté de grands [...] »
Les Poëtes qui ont de tout temps efté de grands men- teurs , ne diſent plus que des veritez , lorſqu'ils parlent des furprenantes Conquestes du Roy 5 mais comme ils ne pour- roient rien inventer , qui eût plus de ce merveilleux,qui ap- prochede la Fable , les Siecles àvenir pourroient bien pren- dre pour des fictions tout ce qu'ils diſent aujourd'huy de plus veritable. Ce n'eſt pas
GALANT. 23
leur faute ; pourquoy le Roy fait-il de fi grandes choſes que la Poſterité aurade la peine à
les croire ?
GALANT. 23
leur faute ; pourquoy le Roy fait-il de fi grandes choſes que la Poſterité aurade la peine à
les croire ?
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59
p. 74-104
Sujets de neuf Opéra qui ont tous esté representez à Venise depuis le mois de Ianvier de la presente année, avec les Noms de ceux qui ont composé les Pieces & la Musique : la Description des Changemens de Theatre, & de toutes les Machines. [titre d'après la table]
Début :
Si le Voyage n'estoit point si long, je luy [...]
Mots clefs :
Opéra, Venise, Scène, Décoration, Ouverture, Théâtre, Machine, Changement, Enseigne, Musique, Salle, Théâtre Grimani, Acte, Ballet, Théâtre Zane
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texteReconnaissance textuelle : Sujets de neuf Opéra qui ont tous esté representez à Venise depuis le mois de Ianvier de la presente année, avec les Noms de ceux qui ont composé les Pieces & la Musique : la Description des Changemens de Theatre, & de toutes les Machines. [titre d'après la table]
Si le Voyage n'eſtoit point ſi long , je luy confeillerois d'aller tous les ans
paſſer le Carnaval à Venife ,
elle y auroit contentement , &
la diverſité des Opéra nou- veauxquis'y reprefentent ,luy
E ij
32 LE MERCURE
fourniroit ſouvent de nouveaux plaifirs. Il yen a eu cet- te année neufdiferens fur cinq Theatres. J'ay appris des par- ticularitez de quelques-uns ,
qui valentbienque je vous les faſſe ſçavoir. Elles ſervirontdu moins à vous donner quelque idée de ces grands Spectacles ,
& à vous rendre preſente en quelque forte à ce que l'éloignement des Lieux ne vous permet point de voir.
Le premier de ces Opéra a
eſté le Totila , de la compofi- tion de Mateo Neris. Ila paru fur le Theatre Grimani de S.
Jean & S. Paul , avec un fuc- cés digne de la beauté de l'Ou- vrage. Chaque Acte avoit di- vers changemens de Scenes.
L'Ouverturedu premierſe fai- foit par une petite Chambre
GALANT. 53 avec un Lit ſur lequel un En- fant dormoit. Clelie paroiſſoit auprés de luy tenant un poi- gnard qu'elle ſembloit prefſte à luy enfoncer dans le ſein. La Chambre diſparoiſſoit tout- à- coup , &le Theatre reprefen- toit unedes Places de Rome,
environnée de Palais d'une
ſtructure admirable.Totila entroit ſuivy de fes Troupes , l'E- pée & le Flambeau à la main ,
Trompetes fonnantes , avec
leurs Enſeignes. Ces Palais s'embraſoient les uns apres les autres. On en voyoit tomber les pieces à meſure quela fla- me s'y attachoit , mais avecun artifice ſi ſuprenant , &qui ap- prochoit tellementde la natu-- re , qu'il n'y avoit perſonne qui ne cruſt qu'ils brûloient veri- tablement.Ledefordre regnoit
E iij
54 LE MERCVRE partout ,&dans cette confu- fion , Marſia Fille de Servius ,
cherchant à ſe ſauver des Soldats qui la pourſuivoient , ſe jettoit parunefeneftre,&tom- boit évanoüie entre les bras de
Totila qui la recevoit. La troi- fiéme Scene avoit pourDéco- ration une Salle de l'Apparte- ment de Clelie ; & celle de la
quatriéme eſtoit une Ruë où l'on voyoit une Tour , & une des Portes de Rome en éloignement. Des Eſclaves con- duiſoient de loin unElephant d'une grandeur démeſurée. Il ſembloit tout couvert d'or ; &
ce qui cauſa autant d'admira- tion que de ſurpriſe , c'eſt que cét Elephant s'eſtant arreſté ,
s'ouvrit au fondes Trompetes,
&ſe ſepara en pluſieurs par- ties , qui firentparoiſtre Belif
GALANT.
55 faire , Lepide , Cinna , une Troupe nombreuſe de Soldats
avec leur Armes &leurs Bou
cliers , des Trompetes , &des Enſeignes dont toute laScene fut remplie. Onyvitdu moins cent cinquantePerſonnes tout àla fois. Jugez avec quel ordre ils devoient avoir efté rangez
les uns fur les autres , & avec
combien d'adreſſe il falloit
qu'oneuſt entremêlé les Boucliers, lesArmes,les Enſeignes &les Trompetes pour former le corps de ceprodigieux Ele- phant. Cét Acte finiſſoit par une Danfe de Cavaliers monzez fur de veritables Chevaux.
La premiere Scene du Se- cond ſe paſſoit dans la Court d'un Palais , qui faifoit place à
une Mer. On découvroit la
Plage, & l'armée Navale de
1
38 LE MERCVRE Totila , avec la Ville de Rome en éloignement. Des Soldats en fortoient comme en triomphe , faiſant marcher devant euxdesEſclaves &des Prifonniers , tandis que les autres rempliſſoient les Vaiſſeaux des Dépoüilles &des Tréſors dont ils s'eſtoientenrichis au Sacde
cette fameuſe Ville. Une Tempeſte accompagnée de Ton- nerres & d'Eclairs les pouſſoit contre des Ecüeils , ils s'y bri- foient & s'abifmoient les uns
apres les autres.Il n'y avoit rien de mieux repreſenté que ce Naufrage. D'effroyables cris qu'on entendoit retentir , fai- foient connoiſtre le deſeſpoir deceuxqui ſe perdoient , &on en voyoit une partie qui ſejet- tant à la nage , tâchoit de ga- gnerlebord. La derniere Sce
GALANT. 59 neavoit unBois pourDécora- tion,&elle ſe paſſoit dansune Nuit éclairée d'une Lune qui ſe couvroit peu à peu de nua- ges , & laiſſoit enfin le Ciel
entierement obſcurcy. Une Entréede Soldats attaquez/par
deuxOurs finiſoit l'Acte. BIB
LYON
Le troiſième faiſoit paro tred'abordune Plaine où l'Ar
mée des Romains eftoit campée d'un coſté , & de l'autre ondécouvroit la Ville deRome avec un Pont ſur la Brêche. DesChariots chargezdes Dépoüilles des Ennemis paf- foient fur ce pont , ils eftoient tirez par de veritables Che- vaux ,&Beliſſaire entroit en ſuite par cetteBrêche avecſes Gens montez comme luy fur des Chevaux vivans, La Scene
ſuivante ſe repreſentait dans
60 LE MERCVRE
**
une Salle d'un riche & magnifique Palais. Puis on voyoit unegrande Court qui ſe chan- geoit en un Theatre chargé d'un grand Peuple , qui s'y eſtoit placé pour voir le Tour- noy des Quatre Elemens. Ce Tournoy commençoit par la Quadrille de Junon , qui re- preſentant l'Air , y paroifſoit fur une Nuë. Cibelle comme
Déeſſe de la Terre , y ame- noit dans une Machine force
Cavaliers armez , & diſpoſez à bien ſoûtenir ſes intereſts.
La Région du Feu s'ouvroit en fuite , & on y voyoit Plu- ton qui conduiſoit ſa Troupe dans une autre Machine. Neptune prenoit le parti de l'Eau,
&fa Quadrille fortoit d'une vaſte Mer , dont l'agitation n'eſtoit pas l'objet le moins
GAL ANT. 61
1
agreable aux yeux. Je ne vous dis riendes Jouſtes qui ſe fai- foient avec une adreſſe merveilleuſe , &qui estoient ter- minées par l'arrivée de la Paix,
qui venoit en Machine comme ces autres Divinitez , &
qui mettoit d'accord tous les Combatans ; ce qui n'empé- choit pas que le Spectacle ne finît par un Combat de Vvan- dales contre les Romains , &
par un autredePaſteurs contre des Bêtes farouches.
Avoüez , Madame , que fi le Totila ſe joüoit à Paris, vous ne vous defendriez pas de quitter la Province pourquel- ques jours. Tant de beautez meriteroient bien de vous attirer, &je croy quevous n'au- riez pas moins de curiofité pour l'Astiage , qui a eſté
62 LE MERCVREle ſecond Opéra repreſenté l'Hyver dernier à Veniſe fur le meſme Theatre Grimani.
Le Sujet a eſté pris de celuy que leCavalierAppoloni avoit déja traité avec tant d'applau- diſſement , & les Décorations ont paru admirables. La pre- miere Scene eftoit le Camp d'une Armée entiere , où des
Soldats faifoient l'ouverture
par une Danſe Pyrrique , ac- compagnée d'une ſimphonie merveilleuſe. Cette Danſe
eſtoit interrompuë par l'arri- vée d'une Princeſſe ,ſuivie de
quelques Officiers Generaux
de fon Armée, tous à cheval.
Onvoyoit en ſuite une Salle richement parée, dont unEn- fer horrible prenoit la place.
Caron y paſſoit les Amesdans ſa Barque. L'Ombre de Cirene
GALANT. 63
Jar THERM LYON
ne Femme d'Aſtiage , s'offroit en ſonge à ce Prince, & tout Enfer diſparoiffoit au mo- ment de fon réveil. Une Prifon fuccedoit à ces divers
changemens , qui estoient fui- vis d'une Décoration de
dins délicieux , d'où lesTours de la Priſon ſe découvroient
Le ſecond Acte s'ouvroit par unegrandePlace ornéed'Arcs de Triomphe ; & les autres Scenes offroient une Veuë de
Maiſons, celle d'une Court, &
en ſuite tout ce que le Tem- ple de Diane peut avoir de plus pompeuxdansſa ftructu- re. Un lieu où il ſembloit que la Nature n'avoit rien laiſſe à
-defirer pour les Délices , fai- foit la premiere Décoration du Troiſieme Acte ; aprés la- - quelle onvoyoit un Salon du
i
Tome VI. F
64 LE MERCVRE Palais du Roy', qui ſe chan geoit en une efpece de Porti- que , d'où l'on avoit communi- cation au lieu où les Beſtes
eſtoient enfermées. Le dernier
changement de Theatre fai- foit voir une Salle toute brillante de Criftaux , & ce magnifique Spectacle eſtoit em- belly de deux Entrées outre
celledes Soldats quiouvroit le
premier Acte. Il yen avoitune dePages au Second, &le tout eſtoit terminé par une autre deDemons qui s'enfuyoient à
l'aſpect d'une divinité. Le Seigneur Iean Bonaventure Vi- viani , Maître de Chapelle de l'Empereur à Inſpruk , avoit pris foin de la Muſique. La compoſition en estoit merveil- leuſe , & l'execution en avoit
eſté entrepriſe par les pre
GALANT. 65 miers Muficiens de l'Europe ,
&par les plus excellés Joüeurs d'Inſtrumens de l'un &del'autre Sexe , pour leſquels on avoit fait une dépenſe prodi- gieuſe, car il yavoit telleMu- ſicienne àquil'ondonnoit plus de quatre cens Piſtoles pour ſon Carnaval. C'eſt le moyen de ne manquer pas de belles Voix; & il ne faut pas s'éton- mer apres des liberalitez fi ac- commodantes; fi tant de Per- ſonnes s'apliquentàl'envy à ſe rendre parfaites dans la Muſique.
Nicomede en Bithinie , dedié
àl'Imperatrice Eleonor , a fui- vy ces deux Opéra. Le Do- teur Matheo Giannini en
avoit fait les Vers , & il a paru fur le Theatre Zane de S.Moïſe avec un applaudiſement fi
Fij
66 LE MERCURE
general , que tous ceux qui Pontveurepreſenter,ontavoué quejamais Piece n'avoit cu ny tant d'inventions galantes &
fines , ny tant de choſes capa- bles de plaire &detoucher le.
gouft des plus délicats. Com- melesMachines que ce grand Sujet demandoit n'auroient pu s'executer dans le petit eſpace d'un Theatre ordinaire , on s'eſt contentédes Décorations
&des Changemens de Scenes qu'ony a faites les plus belles &les plus riches qu'ont ait ja- mais veuës. Le premier Acte finiffoit par un Balet de Tail- leurs de pierre. Ils tenoient chacun leur Marteaux & leurs
Ciſeaux,&faifoient leurs mouvemens en cadence autour
d'une Statuë de Nicomede,
qu'ils ſembloient achever en
GALANT. 67 dançant; mais tout celad'une maniere fi bien concertée ,
qu'on ne pouvoit rien voirde plusjufte. Une entrée de Paï- sās&de laboureurs avec leurs
Bêches &leurs Hoyaux finif- foit l'Acte ſuivant; &la fecon-
✓ de Scene du Troifiéme eſtoit
agreablement interrompuëpar uneDanſe de plufieursHéros,
qui fe ſouvenant de leurs anciennes amours , prenoient chacun un bout des cordons
de diverſes couleurs qui pen- doientauxbranches d'unMirteélevé au milieu du Theatre.
Iln'y avoit riende ſi divertif- fant que de les voir ſe mefler &ſe démefler les uns d'avec
les autres , cequ'ils faifoientde diferentes manieres , & toûjours avec une adreſſe qui at- tiroit les acclamations de tout
Fiij
68 LE MERCVRE
le monde. La Muſique de cér Opéra eſtoit du tres-excellent Cavalier Charles Groffi , Maî- tre de Chapelle de la Serenif- fime Republique..C'eſt undes Hõmesdumonde qui poffede le mieux cettte Science. Iln'a.
rien fait qui ne porte les mar- ques d'une haute capacité ,&
ſi elle a paru avec tantd'avan- tage pour luy dans l'Opéra de Nicomede , elle n'a pas eſté moins admirée dans celuyd'Io- cafte Reyne d'Armenie , qu'on adonné encor fur le meſme:
Theatre Zane avec un tresgrandfuccés. LeDocteurMo- niglia qui en avoit fait les Vers,
en a remporté beaucoup de gloire. Je ne vous diray point
toutes les beautez de cette Pie--
ce. Les Décorations ſurpre- noient, les Machines en étoient
1
GALANT. 69
admirables , la Muſique par- faite , & l'execution merveilLeufe..
Jules Cefaren Egypte , afours ny le ſujetdu cinquiémeOpé- ra qui a efté repreſenté ſur le fameux Theatre Vendramino
de S.Sauveur. Les Vers étoient
du Seigneur Buffani, & la Mu- fiquedela compoſitiondu Sei- gneur Antoine Sartorio , Maî- tre deChapelle du Duc Jean- Fredericde Brunſvic &de Lunebourg,Ducd'Hanover.Cér Opéra n'a pas eſté moins ap- plaudi que celuy & Antonin &
de Pompejan, compoſé par les meſmes Autheurs , donné fur le meſme Theatre , &chanté
par les plus excellentes Voix.
LesVers,laMufique,lesDé- corations , les Machines , tout yestoit admirable; & il n'en
70 LE MERCVRE faut point d'autre preuve que le grand concours de monde quis'yeſt toûjours trouvé pour le voir.
Il yen a eu encor deux au- tres fur un des anciens Theatres de Veniſe. Je ne vous en
puisdire ny les Sujets , ny le Nomde ceux qui ont compo- ſe les Vers & la Muſique je vous diray ſeulement que ce grand nombre de Spectacles n'a point empeſché l'Etabliſ- fement d'un Theatre tout nouveau , appellé le Theatre de SaintAnge.
C
On n'y a donné cette an- née qu'un ſeulOpéra, qui fait le neufiéme de ceux dont j'a- vois à vous parler. Il avoſt pourSujet le Raviſſement d'Helene , & eftoit chanté comme tous les autres par de tres.
GALANT. 7
d'Inci
habiles Muſiciens. La beauté
de leurs Voix répondoit par- faitement au profond ſçavoir de l'excellent SeigneurDomi- nique Freſchi, MaîtredeCha- pelle à Vicenze , qui en avoit compoſe la Muſique. Je n'ay point ſceu le Nom de l'Au theur des Vers , & tout c
qu'onm'a pûdire , c'est que la Piece eftoit remplie dens en fort grand nombre,&
fort égalemens beaux &fur- prenans. Il n'y avoit riende fi magnifique que les Décora- tions. On y admiroit ſur tout une Grote, qui faiſoit undes plus agreables ornemens du Palais d'Oenone. Elle estoit
embellie de Fontaines vives.
&de Jets d'eau naturels , & fi vous voulez bien rappeller l'image de toutes les choses.
*72 LE MERCVRE queje viensdevous ébaucher legerement , vous aurez peine à concevoir qu'on ſe refolve àfaire tantde dépenſes &tant d'appreſts pourdes Spectacles qui ne paroiſſentque pendant deux mois , & qu'une ſeule Ville puiſſe fournir afſez de Spectateurs pour ſatisfaire aux fraisdetant de diferentesPerſonnes qu'on yemploye. Aufſi nabandonne-t-on rien auPublic de cette nature qui n'a- proche de la perfection. Il n'y apoint de talent affoupi que F'émulation ne réveille. C'est
àqui emportera le prix ſur les autres. Onne ſe negligepoint,
parce qu'on craint d'être fur- monté &que ſi on laiſſoir
échaper quelque choſe de bas ou de foible , ce qu'on verroit de plus achevé,en feroit trop
د
GALANT. 73 4
alfément appercevoir les de- fauts. Lapeine ſuivroit incon- tinent , & le manque de fuc- cés de ces Ouvrages negligez en feroit perdre toute la dé- penſe. On ne les repreſente jamais qu'en Janvier & Fe- vrier , c'eſt àdire pendant tout le tempsduCarnaval. J'aypris mesmeſures pour en avoirdes nouvelles tous lesAns, afin de
vous en faire part ; & j'eſpere les avoir beaucoupplûtoſt que je ne les ay euës cette année.
Cen'eſt pas ſeulement à Ve- nife que les Opéra ſont en re- gne. Il s'en fait preſque dans toutes les Villes d'Italie , &
les Troubles de Meſſine n'ont
point empeſche qu'on n'y ait donné ce pompeux Divertif- ſement àM le Mareſchal Duc
deVivonne.C'eſt uneglorieuſe
74 LE MERCURE marquede la merveilleuſe pré- voyance du Roy , qui entre- tient ſi bien l'abondance dans
un lieu où regne la Guerre ,
queles Plaiſirs n'en ſont point
bannis.
paſſer le Carnaval à Venife ,
elle y auroit contentement , &
la diverſité des Opéra nou- veauxquis'y reprefentent ,luy
E ij
32 LE MERCURE
fourniroit ſouvent de nouveaux plaifirs. Il yen a eu cet- te année neufdiferens fur cinq Theatres. J'ay appris des par- ticularitez de quelques-uns ,
qui valentbienque je vous les faſſe ſçavoir. Elles ſervirontdu moins à vous donner quelque idée de ces grands Spectacles ,
& à vous rendre preſente en quelque forte à ce que l'éloignement des Lieux ne vous permet point de voir.
Le premier de ces Opéra a
eſté le Totila , de la compofi- tion de Mateo Neris. Ila paru fur le Theatre Grimani de S.
Jean & S. Paul , avec un fuc- cés digne de la beauté de l'Ou- vrage. Chaque Acte avoit di- vers changemens de Scenes.
L'Ouverturedu premierſe fai- foit par une petite Chambre
GALANT. 53 avec un Lit ſur lequel un En- fant dormoit. Clelie paroiſſoit auprés de luy tenant un poi- gnard qu'elle ſembloit prefſte à luy enfoncer dans le ſein. La Chambre diſparoiſſoit tout- à- coup , &le Theatre reprefen- toit unedes Places de Rome,
environnée de Palais d'une
ſtructure admirable.Totila entroit ſuivy de fes Troupes , l'E- pée & le Flambeau à la main ,
Trompetes fonnantes , avec
leurs Enſeignes. Ces Palais s'embraſoient les uns apres les autres. On en voyoit tomber les pieces à meſure quela fla- me s'y attachoit , mais avecun artifice ſi ſuprenant , &qui ap- prochoit tellementde la natu-- re , qu'il n'y avoit perſonne qui ne cruſt qu'ils brûloient veri- tablement.Ledefordre regnoit
E iij
54 LE MERCVRE partout ,&dans cette confu- fion , Marſia Fille de Servius ,
cherchant à ſe ſauver des Soldats qui la pourſuivoient , ſe jettoit parunefeneftre,&tom- boit évanoüie entre les bras de
Totila qui la recevoit. La troi- fiéme Scene avoit pourDéco- ration une Salle de l'Apparte- ment de Clelie ; & celle de la
quatriéme eſtoit une Ruë où l'on voyoit une Tour , & une des Portes de Rome en éloignement. Des Eſclaves con- duiſoient de loin unElephant d'une grandeur démeſurée. Il ſembloit tout couvert d'or ; &
ce qui cauſa autant d'admira- tion que de ſurpriſe , c'eſt que cét Elephant s'eſtant arreſté ,
s'ouvrit au fondes Trompetes,
&ſe ſepara en pluſieurs par- ties , qui firentparoiſtre Belif
GALANT.
55 faire , Lepide , Cinna , une Troupe nombreuſe de Soldats
avec leur Armes &leurs Bou
cliers , des Trompetes , &des Enſeignes dont toute laScene fut remplie. Onyvitdu moins cent cinquantePerſonnes tout àla fois. Jugez avec quel ordre ils devoient avoir efté rangez
les uns fur les autres , & avec
combien d'adreſſe il falloit
qu'oneuſt entremêlé les Boucliers, lesArmes,les Enſeignes &les Trompetes pour former le corps de ceprodigieux Ele- phant. Cét Acte finiſſoit par une Danfe de Cavaliers monzez fur de veritables Chevaux.
La premiere Scene du Se- cond ſe paſſoit dans la Court d'un Palais , qui faifoit place à
une Mer. On découvroit la
Plage, & l'armée Navale de
1
38 LE MERCVRE Totila , avec la Ville de Rome en éloignement. Des Soldats en fortoient comme en triomphe , faiſant marcher devant euxdesEſclaves &des Prifonniers , tandis que les autres rempliſſoient les Vaiſſeaux des Dépoüilles &des Tréſors dont ils s'eſtoientenrichis au Sacde
cette fameuſe Ville. Une Tempeſte accompagnée de Ton- nerres & d'Eclairs les pouſſoit contre des Ecüeils , ils s'y bri- foient & s'abifmoient les uns
apres les autres.Il n'y avoit rien de mieux repreſenté que ce Naufrage. D'effroyables cris qu'on entendoit retentir , fai- foient connoiſtre le deſeſpoir deceuxqui ſe perdoient , &on en voyoit une partie qui ſejet- tant à la nage , tâchoit de ga- gnerlebord. La derniere Sce
GALANT. 59 neavoit unBois pourDécora- tion,&elle ſe paſſoit dansune Nuit éclairée d'une Lune qui ſe couvroit peu à peu de nua- ges , & laiſſoit enfin le Ciel
entierement obſcurcy. Une Entréede Soldats attaquez/par
deuxOurs finiſoit l'Acte. BIB
LYON
Le troiſième faiſoit paro tred'abordune Plaine où l'Ar
mée des Romains eftoit campée d'un coſté , & de l'autre ondécouvroit la Ville deRome avec un Pont ſur la Brêche. DesChariots chargezdes Dépoüilles des Ennemis paf- foient fur ce pont , ils eftoient tirez par de veritables Che- vaux ,&Beliſſaire entroit en ſuite par cetteBrêche avecſes Gens montez comme luy fur des Chevaux vivans, La Scene
ſuivante ſe repreſentait dans
60 LE MERCVRE
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une Salle d'un riche & magnifique Palais. Puis on voyoit unegrande Court qui ſe chan- geoit en un Theatre chargé d'un grand Peuple , qui s'y eſtoit placé pour voir le Tour- noy des Quatre Elemens. Ce Tournoy commençoit par la Quadrille de Junon , qui re- preſentant l'Air , y paroifſoit fur une Nuë. Cibelle comme
Déeſſe de la Terre , y ame- noit dans une Machine force
Cavaliers armez , & diſpoſez à bien ſoûtenir ſes intereſts.
La Région du Feu s'ouvroit en fuite , & on y voyoit Plu- ton qui conduiſoit ſa Troupe dans une autre Machine. Neptune prenoit le parti de l'Eau,
&fa Quadrille fortoit d'une vaſte Mer , dont l'agitation n'eſtoit pas l'objet le moins
GAL ANT. 61
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agreable aux yeux. Je ne vous dis riendes Jouſtes qui ſe fai- foient avec une adreſſe merveilleuſe , &qui estoient ter- minées par l'arrivée de la Paix,
qui venoit en Machine comme ces autres Divinitez , &
qui mettoit d'accord tous les Combatans ; ce qui n'empé- choit pas que le Spectacle ne finît par un Combat de Vvan- dales contre les Romains , &
par un autredePaſteurs contre des Bêtes farouches.
Avoüez , Madame , que fi le Totila ſe joüoit à Paris, vous ne vous defendriez pas de quitter la Province pourquel- ques jours. Tant de beautez meriteroient bien de vous attirer, &je croy quevous n'au- riez pas moins de curiofité pour l'Astiage , qui a eſté
62 LE MERCVREle ſecond Opéra repreſenté l'Hyver dernier à Veniſe fur le meſme Theatre Grimani.
Le Sujet a eſté pris de celuy que leCavalierAppoloni avoit déja traité avec tant d'applau- diſſement , & les Décorations ont paru admirables. La pre- miere Scene eftoit le Camp d'une Armée entiere , où des
Soldats faifoient l'ouverture
par une Danſe Pyrrique , ac- compagnée d'une ſimphonie merveilleuſe. Cette Danſe
eſtoit interrompuë par l'arri- vée d'une Princeſſe ,ſuivie de
quelques Officiers Generaux
de fon Armée, tous à cheval.
Onvoyoit en ſuite une Salle richement parée, dont unEn- fer horrible prenoit la place.
Caron y paſſoit les Amesdans ſa Barque. L'Ombre de Cirene
GALANT. 63
Jar THERM LYON
ne Femme d'Aſtiage , s'offroit en ſonge à ce Prince, & tout Enfer diſparoiffoit au mo- ment de fon réveil. Une Prifon fuccedoit à ces divers
changemens , qui estoient fui- vis d'une Décoration de
dins délicieux , d'où lesTours de la Priſon ſe découvroient
Le ſecond Acte s'ouvroit par unegrandePlace ornéed'Arcs de Triomphe ; & les autres Scenes offroient une Veuë de
Maiſons, celle d'une Court, &
en ſuite tout ce que le Tem- ple de Diane peut avoir de plus pompeuxdansſa ftructu- re. Un lieu où il ſembloit que la Nature n'avoit rien laiſſe à
-defirer pour les Délices , fai- foit la premiere Décoration du Troiſieme Acte ; aprés la- - quelle onvoyoit un Salon du
i
Tome VI. F
64 LE MERCVRE Palais du Roy', qui ſe chan geoit en une efpece de Porti- que , d'où l'on avoit communi- cation au lieu où les Beſtes
eſtoient enfermées. Le dernier
changement de Theatre fai- foit voir une Salle toute brillante de Criftaux , & ce magnifique Spectacle eſtoit em- belly de deux Entrées outre
celledes Soldats quiouvroit le
premier Acte. Il yen avoitune dePages au Second, &le tout eſtoit terminé par une autre deDemons qui s'enfuyoient à
l'aſpect d'une divinité. Le Seigneur Iean Bonaventure Vi- viani , Maître de Chapelle de l'Empereur à Inſpruk , avoit pris foin de la Muſique. La compoſition en estoit merveil- leuſe , & l'execution en avoit
eſté entrepriſe par les pre
GALANT. 65 miers Muficiens de l'Europe ,
&par les plus excellés Joüeurs d'Inſtrumens de l'un &del'autre Sexe , pour leſquels on avoit fait une dépenſe prodi- gieuſe, car il yavoit telleMu- ſicienne àquil'ondonnoit plus de quatre cens Piſtoles pour ſon Carnaval. C'eſt le moyen de ne manquer pas de belles Voix; & il ne faut pas s'éton- mer apres des liberalitez fi ac- commodantes; fi tant de Per- ſonnes s'apliquentàl'envy à ſe rendre parfaites dans la Muſique.
Nicomede en Bithinie , dedié
àl'Imperatrice Eleonor , a fui- vy ces deux Opéra. Le Do- teur Matheo Giannini en
avoit fait les Vers , & il a paru fur le Theatre Zane de S.Moïſe avec un applaudiſement fi
Fij
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general , que tous ceux qui Pontveurepreſenter,ontavoué quejamais Piece n'avoit cu ny tant d'inventions galantes &
fines , ny tant de choſes capa- bles de plaire &detoucher le.
gouft des plus délicats. Com- melesMachines que ce grand Sujet demandoit n'auroient pu s'executer dans le petit eſpace d'un Theatre ordinaire , on s'eſt contentédes Décorations
&des Changemens de Scenes qu'ony a faites les plus belles &les plus riches qu'ont ait ja- mais veuës. Le premier Acte finiffoit par un Balet de Tail- leurs de pierre. Ils tenoient chacun leur Marteaux & leurs
Ciſeaux,&faifoient leurs mouvemens en cadence autour
d'une Statuë de Nicomede,
qu'ils ſembloient achever en
GALANT. 67 dançant; mais tout celad'une maniere fi bien concertée ,
qu'on ne pouvoit rien voirde plusjufte. Une entrée de Paï- sās&de laboureurs avec leurs
Bêches &leurs Hoyaux finif- foit l'Acte ſuivant; &la fecon-
✓ de Scene du Troifiéme eſtoit
agreablement interrompuëpar uneDanſe de plufieursHéros,
qui fe ſouvenant de leurs anciennes amours , prenoient chacun un bout des cordons
de diverſes couleurs qui pen- doientauxbranches d'unMirteélevé au milieu du Theatre.
Iln'y avoit riende ſi divertif- fant que de les voir ſe mefler &ſe démefler les uns d'avec
les autres , cequ'ils faifoientde diferentes manieres , & toûjours avec une adreſſe qui at- tiroit les acclamations de tout
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68 LE MERCVRE
le monde. La Muſique de cér Opéra eſtoit du tres-excellent Cavalier Charles Groffi , Maî- tre de Chapelle de la Serenif- fime Republique..C'eſt undes Hõmesdumonde qui poffede le mieux cettte Science. Iln'a.
rien fait qui ne porte les mar- ques d'une haute capacité ,&
ſi elle a paru avec tantd'avan- tage pour luy dans l'Opéra de Nicomede , elle n'a pas eſté moins admirée dans celuyd'Io- cafte Reyne d'Armenie , qu'on adonné encor fur le meſme:
Theatre Zane avec un tresgrandfuccés. LeDocteurMo- niglia qui en avoit fait les Vers,
en a remporté beaucoup de gloire. Je ne vous diray point
toutes les beautez de cette Pie--
ce. Les Décorations ſurpre- noient, les Machines en étoient
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GALANT. 69
admirables , la Muſique par- faite , & l'execution merveilLeufe..
Jules Cefaren Egypte , afours ny le ſujetdu cinquiémeOpé- ra qui a efté repreſenté ſur le fameux Theatre Vendramino
de S.Sauveur. Les Vers étoient
du Seigneur Buffani, & la Mu- fiquedela compoſitiondu Sei- gneur Antoine Sartorio , Maî- tre deChapelle du Duc Jean- Fredericde Brunſvic &de Lunebourg,Ducd'Hanover.Cér Opéra n'a pas eſté moins ap- plaudi que celuy & Antonin &
de Pompejan, compoſé par les meſmes Autheurs , donné fur le meſme Theatre , &chanté
par les plus excellentes Voix.
LesVers,laMufique,lesDé- corations , les Machines , tout yestoit admirable; & il n'en
70 LE MERCVRE faut point d'autre preuve que le grand concours de monde quis'yeſt toûjours trouvé pour le voir.
Il yen a eu encor deux au- tres fur un des anciens Theatres de Veniſe. Je ne vous en
puisdire ny les Sujets , ny le Nomde ceux qui ont compo- ſe les Vers & la Muſique je vous diray ſeulement que ce grand nombre de Spectacles n'a point empeſché l'Etabliſ- fement d'un Theatre tout nouveau , appellé le Theatre de SaintAnge.
C
On n'y a donné cette an- née qu'un ſeulOpéra, qui fait le neufiéme de ceux dont j'a- vois à vous parler. Il avoſt pourSujet le Raviſſement d'Helene , & eftoit chanté comme tous les autres par de tres.
GALANT. 7
d'Inci
habiles Muſiciens. La beauté
de leurs Voix répondoit par- faitement au profond ſçavoir de l'excellent SeigneurDomi- nique Freſchi, MaîtredeCha- pelle à Vicenze , qui en avoit compoſe la Muſique. Je n'ay point ſceu le Nom de l'Au theur des Vers , & tout c
qu'onm'a pûdire , c'est que la Piece eftoit remplie dens en fort grand nombre,&
fort égalemens beaux &fur- prenans. Il n'y avoit riende fi magnifique que les Décora- tions. On y admiroit ſur tout une Grote, qui faiſoit undes plus agreables ornemens du Palais d'Oenone. Elle estoit
embellie de Fontaines vives.
&de Jets d'eau naturels , & fi vous voulez bien rappeller l'image de toutes les choses.
*72 LE MERCVRE queje viensdevous ébaucher legerement , vous aurez peine à concevoir qu'on ſe refolve àfaire tantde dépenſes &tant d'appreſts pourdes Spectacles qui ne paroiſſentque pendant deux mois , & qu'une ſeule Ville puiſſe fournir afſez de Spectateurs pour ſatisfaire aux fraisdetant de diferentesPerſonnes qu'on yemploye. Aufſi nabandonne-t-on rien auPublic de cette nature qui n'a- proche de la perfection. Il n'y apoint de talent affoupi que F'émulation ne réveille. C'est
àqui emportera le prix ſur les autres. Onne ſe negligepoint,
parce qu'on craint d'être fur- monté &que ſi on laiſſoir
échaper quelque choſe de bas ou de foible , ce qu'on verroit de plus achevé,en feroit trop
د
GALANT. 73 4
alfément appercevoir les de- fauts. Lapeine ſuivroit incon- tinent , & le manque de fuc- cés de ces Ouvrages negligez en feroit perdre toute la dé- penſe. On ne les repreſente jamais qu'en Janvier & Fe- vrier , c'eſt àdire pendant tout le tempsduCarnaval. J'aypris mesmeſures pour en avoirdes nouvelles tous lesAns, afin de
vous en faire part ; & j'eſpere les avoir beaucoupplûtoſt que je ne les ay euës cette année.
Cen'eſt pas ſeulement à Ve- nife que les Opéra ſont en re- gne. Il s'en fait preſque dans toutes les Villes d'Italie , &
les Troubles de Meſſine n'ont
point empeſche qu'on n'y ait donné ce pompeux Divertif- ſement àM le Mareſchal Duc
deVivonne.C'eſt uneglorieuſe
74 LE MERCURE marquede la merveilleuſe pré- voyance du Roy , qui entre- tient ſi bien l'abondance dans
un lieu où regne la Guerre ,
queles Plaiſirs n'en ſont point
bannis.
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Résumé : Sujets de neuf Opéra qui ont tous esté representez à Venise depuis le mois de Ianvier de la presente année, avec les Noms de ceux qui ont composé les Pieces & la Musique : la Description des Changemens de Theatre, & de toutes les Machines. [titre d'après la table]
Le texte met en lumière les opéras représentés à Venise pendant le Carnaval, recommandant de s'y rendre chaque année pour apprécier la diversité des spectacles. Neuf opéras différents ont été joués dans cinq théâtres. Parmi eux, 'Totila' de Mateo Neris, représenté au théâtre Grimani de Saint-Jean et Saint-Paul, se distingue par ses changements de scènes impressionnants et ses décors sophistiqués, tels qu'une chambre avec un enfant dormant, des places de Rome en flammes, et un éléphant se transformant en soldats. D'autres opéras mentionnés incluent 'Astiage', 'Nicomède en Bithynie', 'Ioaspe Reine d'Arménie', 'Jules César en Égypte', et 'Le Ravissement d'Hélène'. Chaque opéra est loué pour ses décors, machines, musique et exécution. Le texte souligne également l'émulation et la perfection recherchée dans ces spectacles, qui attirent un grand nombre de spectateurs malgré les coûts élevés. Les artistes craignent de négliger certains aspects de leur travail par peur des critiques, ce qui peut entraîner des défauts immédiatement perçus et la perte des efforts investis. Les opéras sont généralement représentés en janvier et février. L'auteur mentionne avoir pris des mesures pour obtenir des nouvelles des opéras chaque année afin de les partager. Les opéras ne sont pas seulement populaires à Venise, mais aussi dans toutes les villes d'Italie. Même à Messine, malgré les troubles, un opéra a été donné en l'honneur du Maréchal Duc de Vivonne, démontrant la prévoyance du roi qui maintient l'abondance et les plaisirs même en temps de guerre.
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60
p. 183-184
« Voila, Madame, vous entretenir longtemps de bien des choses, sans [...] »
Début :
Voila, Madame, vous entretenir longtemps de bien des choses, sans [...]
Mots clefs :
Affaires de Catalogne, Articles, Morceaux, Nouvelles
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texteReconnaissance textuelle : « Voila, Madame, vous entretenir longtemps de bien des choses, sans [...] »
Voila , Madame , vous entretenir longtemps de biendes
Liij
128 LE MERCVRE
chofes, fans vous avoir encor
rien dit de nos Affaires de Catalogne. Vous ne devez pas eſtre ſurpriſe , ſi j'ay attendu juſqu'à aujourd'huy àvous fai- re part de ce qui s'y eft paffé depuis l'ouverture de la Cam-- pagne. Vous ſçavez que je n'ay pas accoûtume de vous parler de ces fortes d'Articles Par morceaux , & que je ne
vous endonnejamais de nou- velles que quand j'en ay affez amaflé pour en faire un corp
Liij
128 LE MERCVRE
chofes, fans vous avoir encor
rien dit de nos Affaires de Catalogne. Vous ne devez pas eſtre ſurpriſe , ſi j'ay attendu juſqu'à aujourd'huy àvous fai- re part de ce qui s'y eft paffé depuis l'ouverture de la Cam-- pagne. Vous ſçavez que je n'ay pas accoûtume de vous parler de ces fortes d'Articles Par morceaux , & que je ne
vous endonnejamais de nou- velles que quand j'en ay affez amaflé pour en faire un corp
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61
p. 239-240
« Je doy de Naples vous amener jusques au Camp où [...] »
Début :
Je doy de Naples vous amener jusques au Camp où [...]
Mots clefs :
Mois dernier, Entretenir, Lettre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je doy de Naples vous amener jusques au Camp où [...] »
Jedois de Naples vous ame- ner juſques au Camp où je laiſſay Monfieur le Mareſchal deCréquy le Mois dernier , &
vous entretenir de ce qui s'eſt paffé entre ſon Armée&celle du PrinceCharles ; mais avant
que de faire ce trajet , je croy
166 LE MERCURE
que vous ferez bien - aiſe de
voir des Vers qu'on eſtime dans le monde , &que le hazard a fait tomber entre mes
mains. Ils ſontde Monfieurde
Ramboüillet , dont je vous ay déja parlé dans cette Lettre.
Vous le connoiſſez , Madame,
vous ſçavez qu'il eſt galant, &
qu'il a beaucoup de délicatef- fedans l'Eſprit. Voicydequoy en faire demeurer d'accord
tous ceux qui
vous entretenir de ce qui s'eſt paffé entre ſon Armée&celle du PrinceCharles ; mais avant
que de faire ce trajet , je croy
166 LE MERCURE
que vous ferez bien - aiſe de
voir des Vers qu'on eſtime dans le monde , &que le hazard a fait tomber entre mes
mains. Ils ſontde Monfieurde
Ramboüillet , dont je vous ay déja parlé dans cette Lettre.
Vous le connoiſſez , Madame,
vous ſçavez qu'il eſt galant, &
qu'il a beaucoup de délicatef- fedans l'Eſprit. Voicydequoy en faire demeurer d'accord
tous ceux qui
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Résumé : « Je doy de Naples vous amener jusques au Camp où [...] »
L'auteur d'une lettre informe le destinataire des récents événements entre les armées du maréchal de Créquy et du prince Charles. Avant cela, il partage des vers attribués à Monsieur de Rambouillet, connu pour son esprit galant et délicat. Ces vers sont estimés dans le monde.
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62
p. 244-245
« Venons aux deux Armées d'Allemagne. J'en useray sur [...] »
Début :
Venons aux deux Armées d'Allemagne. J'en useray sur [...]
Mots clefs :
Article, Supprimer, Court
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texteReconnaissance textuelle : « Venons aux deux Armées d'Allemagne. J'en useray sur [...] »
Venons aux deux Armées d'Allemagne. J'en uferay fun çet Article comme j'ay fait fur celuy de Catalogne. Je laiſſeq ray les dates ,qui ne vous for roient pas mieux ſçavoir les choſes, & fuprimeray les noms de quantité de Villages ,de Ruiffeaux, & de Rivieres, que
vous ne vous mettrez peut eſtre jamais en peine de con- noître.Je cherche à eſtre court,
& à ne vous dire querce qui
Pij
170 LE MERCURE ne vous peut caufer d'embar- ras.
vous ne vous mettrez peut eſtre jamais en peine de con- noître.Je cherche à eſtre court,
& à ne vous dire querce qui
Pij
170 LE MERCURE ne vous peut caufer d'embar- ras.
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63
p. 292-295
« Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Début :
Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...]
Mots clefs :
Prix, Académie, Mois prochain, Institution des prix et des cérémonies, Génies, Supériorité d'esprit
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texteReconnaissance textuelle : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Avoüez , Madame, qu'ilya de grandes beautez dans cette Piece , que la pompe des Vers s'y trouvejointe àla folidité dur Raiſonnement , que le tour en eft noble, la liaiſon juſte , &
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
qu'une Tragédie de cette force neferoit pas indigne de paroî- tre fur nos Theatres. Cepen- dant cette Piece , toute belle qu'elle eſt , n'a point emporté le Prix , & nous devons croire qu'il s'en est fait unemeilleure puis queMeffieursdel'Acadé- mie l'ont ainſi jugé. Ces ſubli- mes Eſprits ont des lumieres infaillibles qui ne les laiſſent pointfujetàl'erreur ; & laBri- gue ne pouvant rien aupres d'eux, on doitdire deleurs Arreſts , ils font donnez , ils font
juſtes. Préparez- vous , Mada- me, à recevoir un fort grand
GALANT. 207
plaiſirle Moisprochain,quand apres vous avoir entretenu de F'Inſtitutio des Prix, &des Cerémonies qui s'obſervent le jour qu'on les donne , je vous feray partdela Piece qui a me- rité cette Année celuy des Vers , car il y en a une autre pour la Profe. Vous l'auriez cuë dés aujourd'huy , fi je l'a- vois pû recouvrer. Conimeelle F'emporte fur celle queje vous envoye , & dont je ſuis afſuré que vous ferez tres-fatisfaite ,
je ne doute point que vous ne foyez charmée de ſa lecture.
Cequi me convainc.davantage des furprenantes beautez que vous ferez obligée d'y décou- vrir , c'eſt qu'à la reſerve de deux ou trois de ces Meſſieurs
qui ont donné leurs voix àMe
de Fontenelle , peut- eſtre à
208 LE MERCVRE
cauſe que leur âge les rend moins ſenſibles aubrillant,qu'a la majestédu Vers, &à la force dela Penſée , tous les autres ſe
sõtunanimemētdéclarez pour la Piece triomphante ; tant if eft vrayquelebonſens eft toû- jours un, qu'il eſt indiſpenſa- blement le meſimepour toutes les Perſonnes extraordinairement éclairées, &qu'ilnefou- fre aucune diverſité de ſentimens dans ces Génies élevez
qui ont une ſupériorité d'Ef- prit que nous admirons , ſans
que nousy puiffions atteindre.
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Résumé : « Avoüez, Madame, qu'il y a de grandes beautez dans cette [...] »
Le texte évoque une pièce de théâtre jugée belle et digne des théâtres, mais qui n'a pas remporté le prix de l'Académie. Les membres de l'Académie, dotés de lumières infaillibles, ont préféré une autre pièce. L'auteur annonce que la pièce lauréate sera révélée le mois suivant, après une explication des cérémonies des prix. Il assure que cette pièce surpassera celle envoyée et que sa lecture sera charmante. La majorité des membres de l'Académie, à l'exception de deux ou trois plus sensibles au style de Fontenelle, ont unanimement soutenu la pièce gagnante, démontrant ainsi l'unanimité du bon sens parmi les esprits éclairés.
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64
p. 301-303
RONDEAU.
Début :
Je finis, Madame, mais ne grondez point, je vous prie, / Contre l'Amour voulez-vous vous defendre ? [...]
Mots clefs :
Amour, Tendre, Coeur
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texteReconnaissance textuelle : RONDEAU.
Je finis , Madame, mais ne gron- dez point,je vous prie , ſi je finis ſans vous tenir parole ſur un ſecond Idylle de Madame des Houlieres.
Pour vous appaiſer ,je vous envoye un ſecond Rondeau qu'elle a fait
d'un ſtile fortdifférent de celuy que vous avez déja veu. Il a fait naiſtre une grande conteftation pour (çavoir lequel des deux devoit eſtre preferé.
Vous en entendrez parler au premier jour , &vous fcaurez les ſentimens d'une infinité de perſonnes d'eſpric qua ce différent a partagées. Jugez- en cependant vous- mefme. Jevous envoye avec le nouveau celuy que vousautiez la peine d'aller chercher dans ma Lettre du Mois de Iuillet.
Onm'en avoit donné une Copie fi défigurée ,qu'il eſt bon que vous le yoyez en meilleur état ; & d'ailleurs
GALANT. 215
s'agiſſant de les comparer , il ne les faut pas éloigner l'un de l'autre.
RONDEAV.
Ontre l'Amour voulez
vous deffendre ?
-
Vous
Empeſchez-vous & de voir &d'en- tendre
Gens dont le cœur s'explique avec
esprit.
Il en estpeude ce genre maudit ,
Mais trop encorpour mettre un caur
en cendre.
Quand une fois il leur plaiftde nous rendre
D'amoureuxfoins,qu'ils prennent un
air tendre ,
On lit en vain tout ce qu'Ovide écrit
Contre l'Amour.
Dela Raiſon on ne doit rien attendre.
Trop de malheurs n'ont ſçeu que trop
apprendre Qu'elle n'est riendés que le cœur agit,
Lafeulefuite,Iris ,nous garantit ,
Tiij
216 LE MERCVRE
C'est le party leplus utile à prendre Contrel'Amour.
Pour vous appaiſer ,je vous envoye un ſecond Rondeau qu'elle a fait
d'un ſtile fortdifférent de celuy que vous avez déja veu. Il a fait naiſtre une grande conteftation pour (çavoir lequel des deux devoit eſtre preferé.
Vous en entendrez parler au premier jour , &vous fcaurez les ſentimens d'une infinité de perſonnes d'eſpric qua ce différent a partagées. Jugez- en cependant vous- mefme. Jevous envoye avec le nouveau celuy que vousautiez la peine d'aller chercher dans ma Lettre du Mois de Iuillet.
Onm'en avoit donné une Copie fi défigurée ,qu'il eſt bon que vous le yoyez en meilleur état ; & d'ailleurs
GALANT. 215
s'agiſſant de les comparer , il ne les faut pas éloigner l'un de l'autre.
RONDEAV.
Ontre l'Amour voulez
vous deffendre ?
-
Vous
Empeſchez-vous & de voir &d'en- tendre
Gens dont le cœur s'explique avec
esprit.
Il en estpeude ce genre maudit ,
Mais trop encorpour mettre un caur
en cendre.
Quand une fois il leur plaiftde nous rendre
D'amoureuxfoins,qu'ils prennent un
air tendre ,
On lit en vain tout ce qu'Ovide écrit
Contre l'Amour.
Dela Raiſon on ne doit rien attendre.
Trop de malheurs n'ont ſçeu que trop
apprendre Qu'elle n'est riendés que le cœur agit,
Lafeulefuite,Iris ,nous garantit ,
Tiij
216 LE MERCVRE
C'est le party leplus utile à prendre Contrel'Amour.
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Résumé : RONDEAU.
L'auteur s'excuse auprès d'une dame de ne pas lui fournir une seconde idylle de Madame des Houlières, mais lui envoie un second rondeau de cette dernière. Ce rondeau diffère du précédent et a suscité une controverse sur la préférence entre les deux œuvres. L'auteur promet à la dame qu'elle entendra parler de cette controverse et des diverses opinions qu'elle a suscitées. Il lui envoie également une version améliorée d'un rondeau précédent pour permettre une comparaison juste entre les deux textes. Le rondeau en question aborde l'amour et la difficulté de s'en défendre. Il souligne que même les personnes les plus spirituelles peuvent être touchées par l'amour. Le texte affirme que la raison est impuissante face aux sentiments amoureux et que la meilleure défense contre l'amour est la fuite.
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65
p. 304-306
RONDEAU.
Début :
Le bel Esprit au Siecle de Marot [...]
Mots clefs :
Bel esprit, Rondeaux
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texteReconnaissance textuelle : RONDEAU.
RONDEAV
Ebel Esprit au Siecle deMarot
Desdons du Ciel paffoit pourle
grosLot,
Des grands Seigneurs il donnoit accointance
,
Menoit par fois à noble joñiſſance ,
Etquiplus est, faisoit boüillir le Pot.
Or eft passé le temps,où d'un bon mot ,
Stance, ou Balade , on payoit son écot.
Plus n'en voyons qui prennent pour
finance
Lebel Esprit.
Aprix d'argent l'Autheur comme le
Sot , 1
Boit sa Chopine, &mange fon Gigot,
Heureux encor d'avoirtelle pitance.
Maints ont le Chefplus remply que la
panse,
Le Far estriche,& nous voyons capot
Lebel Esprit.
GALANT.
217
Faites moy ſçavoir poſitivement
ceque vous penſez de ces deux Rondeaux.
Ie trouve bien du beau dans
l'un &dans l'autre,& ne puis m'empeſcher
de dire en parlant d'Eſprit,
qu'il faut que Madame des Houlieres
en ait furieufement. Ie me fers
d'un étrange terme pour marquer l'eſtime
que j'en fais ; mais comme il
n'y en a point qui pûffent exprimer
tout ce que j'en penſe ,je m'arreſte à
celuy qui me ſemble fignifier davantage.
Ie ne manqueray point à la
faire preffer pour l'Idylle , & j'eſpere
que vous ferez fatisfaite de tout ce
que je vous amaſſe pour le Mois
prochain.
AParis ce 31.Aoust 1677.
Ebel Esprit au Siecle deMarot
Desdons du Ciel paffoit pourle
grosLot,
Des grands Seigneurs il donnoit accointance
,
Menoit par fois à noble joñiſſance ,
Etquiplus est, faisoit boüillir le Pot.
Or eft passé le temps,où d'un bon mot ,
Stance, ou Balade , on payoit son écot.
Plus n'en voyons qui prennent pour
finance
Lebel Esprit.
Aprix d'argent l'Autheur comme le
Sot , 1
Boit sa Chopine, &mange fon Gigot,
Heureux encor d'avoirtelle pitance.
Maints ont le Chefplus remply que la
panse,
Le Far estriche,& nous voyons capot
Lebel Esprit.
GALANT.
217
Faites moy ſçavoir poſitivement
ceque vous penſez de ces deux Rondeaux.
Ie trouve bien du beau dans
l'un &dans l'autre,& ne puis m'empeſcher
de dire en parlant d'Eſprit,
qu'il faut que Madame des Houlieres
en ait furieufement. Ie me fers
d'un étrange terme pour marquer l'eſtime
que j'en fais ; mais comme il
n'y en a point qui pûffent exprimer
tout ce que j'en penſe ,je m'arreſte à
celuy qui me ſemble fignifier davantage.
Ie ne manqueray point à la
faire preffer pour l'Idylle , & j'eſpere
que vous ferez fatisfaite de tout ce
que je vous amaſſe pour le Mois
prochain.
AParis ce 31.Aoust 1677.
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Résumé : RONDEAU.
Le texte explore la valeur de l'esprit et de la créativité littéraire au XVIIe siècle, contrastant un passé où ces qualités étaient récompensées avec un présent où même les auteurs doivent se contenter de modestes subsistances. Il souligne que l'esprit est souvent négligé au profit des richesses matérielles. Une lettre épistolaire accompagne cette réflexion. Un correspondant demande l'avis sur deux rondeaux et exprime son admiration pour l'esprit, notamment celui de Madame des Houlières. Il utilise un terme particulier pour exprimer son estime et promet de la soutenir pour une idylle, espérant satisfaire son interlocuteur avec les contributions pour le mois suivant. La lettre est datée du 31 août 1677 à Paris.
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66
s. p.
« Prenez-y garde, Madame. Il n'y a rien de si [...] »
Début :
Prenez-y garde, Madame. Il n'y a rien de si [...]
Mots clefs :
Louanges, Lettres, Nouvelles ordinaires, Réputation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Prenez-y garde, Madame. Il n'y a rien de si [...] »
RENEZ-Y garde , Ma- dame. Il n'y a rien de ſi propre à me gaſter ,
que les loüanges , &
vous m'en donnez de ſi flateu
ſes , qu'inſenſiblement je pour- ray en eſtre ſéduit. Si cela arri- ve, vous n'y trouverez pas voſtre compte. J'entreray dans une préſomption que vous aurez
Tome VII. A
1 LE MERCVRE
peine à vaincre , & il vous en
couſtera tout au moins des prieres pour ces Lettres dont vous me témoignez faire tant de cas.
Je veux croire que vous en eſtes
contente , parce que vous avez delabonté pour moy; mais quel- que vanité que voſtre approba- tion me donne ; je conferue af- fez de raiſon pour voir que vous cherchez à me payer du foin que je prens de vous envoyer tous les Mois avec les Nouvelles
ordinaires , ce que je puis recou- vrerde plus curieux. Je ne me pique point de les aſſaiſonner de ce tour fin &délicat qui redou- ble le prix des chofes , & vous
perdez vos obligeantes exage- rations , fi vous croyez meper- fuader. Demeurons donc , s'il vous plaiſt , dans les termesdont nous ſommes convenus. Laiſſez4
GALANT... B
moyvous écrire toûjours fans fa- çon ,& ne cherchez dans tout ce que vous recevez de moy,
que les témoignages d'un zele qui me rend plus ſenſible à l'a- vantage de vous fatisfaire , qu'à Peſperance de m'acquerir la ré- putationdebel Eſprit. Il eſt dan- gereux de l'avoir. Elle engage à
unetrop ſevere exactitude , pour ne laiffer rien paroiſtre où l'on n'ait mis la derniere main , &
cette ſujetion ſeroit fâcheuſe pour moyquelameditation em- barraffe,& qui prens toûjours la voye la plus aífée pour fortir d'affaires. Je ne ſçay ſi c'eſt eftre de mauvais goust, mais ce quieft commodemeſemble ſi ſouhaitable par tout , que je ne puis con- damner ceux qui veulent de la commodité dans l'Amour mef- me. Il s'eſt fait une petite Piece
A 2
4 LE MERCVRE
là deffus quimemet encore da- vantage dans leurs ſentimens. Je nevous puisdirede qui elle eſt:
Ellem'a eſté envoyée de Roüen,
avec priere de ne me point infor- mer du nom de l'Autheur. Le
terroir eft bon pour les Vers, &
il n'en vientgueres de méchans
de ce Païs-la. Voyez ſi je me trompe , en croyant ceux-cy af- ſez agreablement tournez pour vous plaire,
que les loüanges , &
vous m'en donnez de ſi flateu
ſes , qu'inſenſiblement je pour- ray en eſtre ſéduit. Si cela arri- ve, vous n'y trouverez pas voſtre compte. J'entreray dans une préſomption que vous aurez
Tome VII. A
1 LE MERCVRE
peine à vaincre , & il vous en
couſtera tout au moins des prieres pour ces Lettres dont vous me témoignez faire tant de cas.
Je veux croire que vous en eſtes
contente , parce que vous avez delabonté pour moy; mais quel- que vanité que voſtre approba- tion me donne ; je conferue af- fez de raiſon pour voir que vous cherchez à me payer du foin que je prens de vous envoyer tous les Mois avec les Nouvelles
ordinaires , ce que je puis recou- vrerde plus curieux. Je ne me pique point de les aſſaiſonner de ce tour fin &délicat qui redou- ble le prix des chofes , & vous
perdez vos obligeantes exage- rations , fi vous croyez meper- fuader. Demeurons donc , s'il vous plaiſt , dans les termesdont nous ſommes convenus. Laiſſez4
GALANT... B
moyvous écrire toûjours fans fa- çon ,& ne cherchez dans tout ce que vous recevez de moy,
que les témoignages d'un zele qui me rend plus ſenſible à l'a- vantage de vous fatisfaire , qu'à Peſperance de m'acquerir la ré- putationdebel Eſprit. Il eſt dan- gereux de l'avoir. Elle engage à
unetrop ſevere exactitude , pour ne laiffer rien paroiſtre où l'on n'ait mis la derniere main , &
cette ſujetion ſeroit fâcheuſe pour moyquelameditation em- barraffe,& qui prens toûjours la voye la plus aífée pour fortir d'affaires. Je ne ſçay ſi c'eſt eftre de mauvais goust, mais ce quieft commodemeſemble ſi ſouhaitable par tout , que je ne puis con- damner ceux qui veulent de la commodité dans l'Amour mef- me. Il s'eſt fait une petite Piece
A 2
4 LE MERCVRE
là deffus quimemet encore da- vantage dans leurs ſentimens. Je nevous puisdirede qui elle eſt:
Ellem'a eſté envoyée de Roüen,
avec priere de ne me point infor- mer du nom de l'Autheur. Le
terroir eft bon pour les Vers, &
il n'en vientgueres de méchans
de ce Païs-la. Voyez ſi je me trompe , en croyant ceux-cy af- ſez agreablement tournez pour vous plaire,
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Résumé : « Prenez-y garde, Madame. Il n'y a rien de si [...] »
Dans cette lettre, l'auteur exprime son embarras face aux louanges excessives de son destinataire, craignant que celles-ci ne le poussent à la présomption et à une exigence excessive de perfection. Il reconnaît la sincérité de son destinataire mais estime que celle-ci cherche à le récompenser pour les nouvelles qu'il envoie mensuellement. L'auteur refuse de se vanter de son style et préfère rester modeste, affirmant qu'il écrit sans artifice. Il met en garde contre le danger de rechercher la réputation de bel esprit, car cela impose une rigueur excessive. Il avoue préférer la commodité et la simplicité, même en amour. La lettre mentionne également une pièce poétique envoyée de Rouen, dont l'auteur souhaite rester anonyme, et loue la qualité des vers provenant de cette région.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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67
p. 90-94
« Au reste, Madame, doutez tant qu'il vous plaira que le [...] »
Début :
Au reste, Madame, doutez tant qu'il vous plaira que le [...]
Mots clefs :
Solitaire, Indifférence, Fausse provençale, Mémoires
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texteReconnaissance textuelle : « Au reste, Madame, doutez tant qu'il vous plaira que le [...] »
Au reſte , Madame , doutez
tant qu'il vousplaira que le Soli- taire dont vous avez appris l'a- vanture par ma derniere Lettre,
ait paſſe ſi aveuglementde l'Indi- férence à l'Amour , je puis vous affurer qu'il n'y a rien de plus vray que leProcés intenté par le Pere pour faire caffer fon Ma- riage. S'il y a quelquechoſe qui
C V
58 LE MERCVRE vousbleſſe dans la Perſonne qu'il avoit choiſie pour faire renon- cer ſon Fils àl'inſenſibilité , vous
ne devez point vous en pren- dre à moy , qui aimemieux vous conter les chofes dans leurs plus veritables circonstances , que de les falfifier pour les embellir. I
en arrive tous les jours de fi ex- traordinaires , que toutes vrayes qu'elles font , elles ſemblent quel- quefois s'eloigner du vray- fem- blable. Ainſi je ne doute point qu'il ne ſe trouve des Incrédules
fur l'Histoire de la Fauſſe Pro- vençale. Quoy qu'envous l'écri vant je n'aye fait que ſuivre les Memoires quim'enonteſtédon- nez , vous aurez peut-eftre pei- ne vous-meſmes à vous perfua- der qu'un Mary puiffe parler à
ſa propre Femme , & s'imaginer qu'elle ne la foit pas. Mais outre
GALANT
le LangageProvençal qui luy de voiteſtre inconnu , & les autres particularitez qui établiſſent le Fait , combien avons-nous veu deGens ſe tromper à la reffem- blance des traits L'affaire de
Martin Guerre qui a fait antre fois tant de bruit au Parlement
de Toulouſe , en eſt une preuve incontestable , & en voicy tin exemple fort récent dont je vous vayfaire ledétail en peu demors.
tant qu'il vousplaira que le Soli- taire dont vous avez appris l'a- vanture par ma derniere Lettre,
ait paſſe ſi aveuglementde l'Indi- férence à l'Amour , je puis vous affurer qu'il n'y a rien de plus vray que leProcés intenté par le Pere pour faire caffer fon Ma- riage. S'il y a quelquechoſe qui
C V
58 LE MERCVRE vousbleſſe dans la Perſonne qu'il avoit choiſie pour faire renon- cer ſon Fils àl'inſenſibilité , vous
ne devez point vous en pren- dre à moy , qui aimemieux vous conter les chofes dans leurs plus veritables circonstances , que de les falfifier pour les embellir. I
en arrive tous les jours de fi ex- traordinaires , que toutes vrayes qu'elles font , elles ſemblent quel- quefois s'eloigner du vray- fem- blable. Ainſi je ne doute point qu'il ne ſe trouve des Incrédules
fur l'Histoire de la Fauſſe Pro- vençale. Quoy qu'envous l'écri vant je n'aye fait que ſuivre les Memoires quim'enonteſtédon- nez , vous aurez peut-eftre pei- ne vous-meſmes à vous perfua- der qu'un Mary puiffe parler à
ſa propre Femme , & s'imaginer qu'elle ne la foit pas. Mais outre
GALANT
le LangageProvençal qui luy de voiteſtre inconnu , & les autres particularitez qui établiſſent le Fait , combien avons-nous veu deGens ſe tromper à la reffem- blance des traits L'affaire de
Martin Guerre qui a fait antre fois tant de bruit au Parlement
de Toulouſe , en eſt une preuve incontestable , & en voicy tin exemple fort récent dont je vous vayfaire ledétail en peu demors.
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Résumé : « Au reste, Madame, doutez tant qu'il vous plaira que le [...] »
Le texte raconte l'histoire d'un solitaire qui a subitement changé d'attitude, passant de l'indifférence à l'amour. Le père de cet individu a intenté un procès pour faire annuler le mariage. L'auteur affirme rapporter les faits sans les embellir et mentionne des événements extraordinaires, parfois incroyables, comme l'histoire de la fausse Provençale. Cette histoire, bien que vraie, a pu sembler improbable à certains. L'auteur cite l'affaire célèbre de Martin Guerre au Parlement de Toulouse pour illustrer que des erreurs de jugement peuvent survenir en raison de ressemblances physiques. Il promet de détailler un exemple récent similaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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68
p. 294-295
« Je quitte la plume, car à moins de prendre cette [...] »
Début :
Je quitte la plume, car à moins de prendre cette [...]
Mots clefs :
Journal, Lettre, Divertissements de Fontainebleau, Paquet, Énigme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je quitte la plume, car à moins de prendre cette [...] »
Jequite la plume, car àmoins.
de prendre cette réfolution
tout-a-coup , je voy bien que je ne finirois pas. J'attens le re- tour du Roy , pour vous faire unJournal entier des Divertiſ
ſemens de Fontainebleau. Je
vous le promets fi remply, qu'il fera nouveau enbeaucoupd'en- droits pour ceux-meſmes qui ont toûjours eſté ſur les lieux.
J'y joindray unAdieu auxMuses,
dont je ſuis certain que vous ferez tres-contente , auffi-bien
IGALANT. 201
que de quantité d'autres Pieces & d'agreables Hiſtoires , que la groſſeur de ma Lettre m'em- peſche de vous envoyer aujours d'huy. Pour vous conſoler de ce retardement, vous trouverez
dans mon Paquet la Seconde Partie de l'Heroine Moufque- taire. Je ſçay que c'eſt vous faire un preſent que vous ai- merez. Puis que la premiere vous a tant plû , celle-cy ne vous doit pas moins divertir.
Il y a des choſes tres- finement
tournées , & l'Autheur ne ſe
peut tirer avec plus d'eſprit qu'il fait des matieres qui font tun peu délicates. Tout ce qui regarde la Baronne de Saint Sauveur , eft fort plaiſamment écrit; &de la maniere dont les
Avantures de Chriſtine-SaintAubin ſont traitées , on n'apas
201 LE MERCVRE
à ſouhaiter qu'elles finiſſent fr- toſt. Réponſe , s'il vous plaiſt,
fur l'explication que vos Amies auront donnée à l'Enigme que jeleurpropoſe.
AParti ce 30. Sept, 1677.
de prendre cette réfolution
tout-a-coup , je voy bien que je ne finirois pas. J'attens le re- tour du Roy , pour vous faire unJournal entier des Divertiſ
ſemens de Fontainebleau. Je
vous le promets fi remply, qu'il fera nouveau enbeaucoupd'en- droits pour ceux-meſmes qui ont toûjours eſté ſur les lieux.
J'y joindray unAdieu auxMuses,
dont je ſuis certain que vous ferez tres-contente , auffi-bien
IGALANT. 201
que de quantité d'autres Pieces & d'agreables Hiſtoires , que la groſſeur de ma Lettre m'em- peſche de vous envoyer aujours d'huy. Pour vous conſoler de ce retardement, vous trouverez
dans mon Paquet la Seconde Partie de l'Heroine Moufque- taire. Je ſçay que c'eſt vous faire un preſent que vous ai- merez. Puis que la premiere vous a tant plû , celle-cy ne vous doit pas moins divertir.
Il y a des choſes tres- finement
tournées , & l'Autheur ne ſe
peut tirer avec plus d'eſprit qu'il fait des matieres qui font tun peu délicates. Tout ce qui regarde la Baronne de Saint Sauveur , eft fort plaiſamment écrit; &de la maniere dont les
Avantures de Chriſtine-SaintAubin ſont traitées , on n'apas
201 LE MERCVRE
à ſouhaiter qu'elles finiſſent fr- toſt. Réponſe , s'il vous plaiſt,
fur l'explication que vos Amies auront donnée à l'Enigme que jeleurpropoſe.
AParti ce 30. Sept, 1677.
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Résumé : « Je quitte la plume, car à moins de prendre cette [...] »
Le 30 septembre 1677, l'auteur d'une lettre annonce le report de la rédaction d'un journal complet des divertissements de Fontainebleau jusqu'au retour du roi. Il promet un récit détaillé et enrichi, même pour les personnes présentes. L'auteur mentionne l'ajout d'un 'Adieu aux Muses' et d'autres pièces et histoires agréables, mais la taille de la lettre ne permet pas de tout inclure. Pour compenser ce retard, il envoie la Seconde Partie de l''Héroïne Muette', espérant qu'elle sera appréciée autant que la première. Il loue la finesse et l'esprit avec lesquels certaines matières délicates sont traitées, notamment celles concernant la Baronne de Saint Sauveur et les aventures de Christine-Saint-Aubin. Enfin, il demande une réponse concernant l'explication d'une énigme proposée à ses amies.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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69
s. p.
Explication de l'Enigme du VII. Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Début :
Vous le voyez, Madame, qui devine une fois, ne devine [...]
Mots clefs :
Énigme, Deviner, Trictrac
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Explication de l'Enigme du VII. Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Ous le Voyez , Madame , qui devine une fois , ne devine pas toû- jours. Vos Amies que vous m'a- vez mandé avoir eu fi de peine à penétrer les obſcuritez de l'E- nigme de la Lettre R, n'ont pû déveloper celles de la derniere queje vous ay envoyée , & el- les vousobligent àm'en deman- der l'explication. Vous dites que ce qui les a empefchéesd'en Tome VIII. A
12 LE MERCVRE
venir à bout , a efté cette que- relle finie par la culebute des refſtes d'un Squelete qui fortent bruſquement de leurs creux.
Elles ne font pas les ſeules àqui cet endroit ait paru difficile à
débroüiller ; mais à cela pres,
vousm'auriez fait plaifir de me mander cequ'elles ont entendu
par les premiers Vers , & quel ſens elles ont crûpouvoirdõner àce fombre &double Parterre,
éclairé de rayons diferens , où la guerre eſt allumée entredeux Amis, &foûtenuë àgrand bruit par une troupe de Demoifelles.
Puis que vous m'affurez qu'el- les ſe rendent , il ne faut plus leur cacherque le motqu'elles ontinntilement cherché, eſt le
Trictrac. Il fournit ce double
Parzerre diverfifié de rayons ,
&un affezbon nombre de Da-
GALAN T.
mes qui ne ſe peuvent remüer fans bruit. Quant aux reſtes du Squelete, il n'est pas beſoin de vous dire que ce font lesDez,
qui eſtans faits d'os, font pouſſez aſſez bruſquement du fond des Cornets.Quoyque les Enigmes ne foient que des Jeux d'eſprit,
elles ne laiſſent pas de faire ref- ver ſouvent les plus habiles , &
il en eſt dont le ſens à trouver
cauſeroit de longs embarras , fi on estoit auſſi obſtiné àle chercher,qu'unAmantl'eſtquelque- fois à vouloir découvrir quels favorables ſentimens ſa paſſion apû faire naiſtre au cœur d'une
Belle
12 LE MERCVRE
venir à bout , a efté cette que- relle finie par la culebute des refſtes d'un Squelete qui fortent bruſquement de leurs creux.
Elles ne font pas les ſeules àqui cet endroit ait paru difficile à
débroüiller ; mais à cela pres,
vousm'auriez fait plaifir de me mander cequ'elles ont entendu
par les premiers Vers , & quel ſens elles ont crûpouvoirdõner àce fombre &double Parterre,
éclairé de rayons diferens , où la guerre eſt allumée entredeux Amis, &foûtenuë àgrand bruit par une troupe de Demoifelles.
Puis que vous m'affurez qu'el- les ſe rendent , il ne faut plus leur cacherque le motqu'elles ontinntilement cherché, eſt le
Trictrac. Il fournit ce double
Parzerre diverfifié de rayons ,
&un affezbon nombre de Da-
GALAN T.
mes qui ne ſe peuvent remüer fans bruit. Quant aux reſtes du Squelete, il n'est pas beſoin de vous dire que ce font lesDez,
qui eſtans faits d'os, font pouſſez aſſez bruſquement du fond des Cornets.Quoyque les Enigmes ne foient que des Jeux d'eſprit,
elles ne laiſſent pas de faire ref- ver ſouvent les plus habiles , &
il en eſt dont le ſens à trouver
cauſeroit de longs embarras , fi on estoit auſſi obſtiné àle chercher,qu'unAmantl'eſtquelque- fois à vouloir découvrir quels favorables ſentimens ſa paſſion apû faire naiſtre au cœur d'une
Belle
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Résumé : Explication de l'Enigme du VII. Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
L'auteur répond à une demande d'explication concernant une énigme difficile à résoudre. L'énigme mentionne une 'culbute des restes d'un squelette' et un 'double parterre éclairé de rayons différents' où la guerre est allumée entre deux amis. Le mot cherché est 'Trictrac,' un jeu de société. Le 'double parterre' représente les cases du jeu, et les 'dames' qui se déplacent avec bruit sont les pions. Les 'restes du squelette' sont les dés, qui sortent brusquement des cornets. L'auteur souligne que les énigmes, bien que des jeux d'esprit, peuvent dérouter même les plus habiles. Il compare la persévérance dans la résolution des énigmes à celle d'un amant cherchant à découvrir les sentiments de sa bien-aimée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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70
p. 70-82
L'ADIEU AUX MUSES. DISCOURS.
Début :
Quand on dit adieu au monde par la mort, c'est / Muses c'est trop resver au bord de vos Fontaines, [...]
Mots clefs :
Adieu, Muses, Vers, Poète, Auteurs, Arts, Chansons, Libraire, Livres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'ADIEU AUX MUSES. DISCOURS.
té.
Quand on dit adieu au mon- de par la mort , c'eſt ſans reſource. Iln'en est pas de meſme du ſpirituel Inconnu qui pré- tend l'avoir dit aux Muſes. Il a
un ſi beautalent pour la Poëfie,
qu'il ſe réfoudra difficilement à
tenir parole. Voyez ſi j'ay raiſon dele croire.
A
L'ADIEU
AVX MVSES.
DISCOURS.
MUses, c'esttrop rever, anbordde
Pour unfoible plaisir vouscaufezmil tepeines :
48 LE MERCVRE
Vousn'avezplus pour moy vos premie- res beautez ,
Et je renonce aux biens que vous me
prometez.
Iadis avechonneur vos charmantes retraites
Retentiſſoient du bruit des tranquiles
Poëtes ,
Quand les Maistres du Monde apres degrands exploits Concertoient avec eux àl'ombre de vos
Bois ,
Etqu'un mesme Laurier cueilly sur le Parnaffe Couronnoit tout ensemble Auguste
SonHorace.
Mais belas ,dans ce Siecle un iniuste
mépris Estde nos tristes Vers &lefruit & le
prix!
Quoy,lors quefans rien faire il m'est
permis de vivre ,
Dois-je mal- à-proposfecher àfaire un
Livre,
Quandje n'auray pourfruit de mes tra
vaux ingrats
:
Que
GALANT. 49 Que le mépris du Peuple , &la haine desFats?
Maisquandde vos attraits on a l'ame
ravie,
Qui vousfuit une fois , vousfait toute
Savie.
On a beau remontrer au Poëte Damon
Qu'on n'entendit jamais son barbare
jargon ;
Envainpourleguerir deſa fureurd'é- crire.
Onmépriſeſes Vers que luy ſeul il ad
mire,
Ases propres dépens il se fait imprimer,
Ettoûjours malgré vous il s'obſtineà
rimer.
Moy-mesme mille fois à vos ardeurs rebelle,
I'aytenté vainement de vous eſtre infidelle.
Tous les jours , dés que l'Aube anonce le Soleil,
Apollon par ces mots interrompt mon Sommeil.
Quitte, quitte du Litles delicesvulgai
res,
Tom. VIII. C
50 LE MERCVRE
Cen'estpas en dormant que se font les
Homeres,
Debout. Il n'estpas jour ,que faire fi matin ?
Vad' Horace &de Perſe éclaircir le
Latin,
Lis
gile,
relis encore &Terence &VirEtfur leurstyle heureux tâche àformer
-toastyle.
lesçay tous ces Auteurs. Les peut-on trop sçavoir?
Il i'y faut appliquer du matin jusqu'au
foir,
Tefeurerdes plaisirs où l'âge teconvie ,
Et me facrifier les beaux jours de ta
vie.
C'est ainsi,doctes Sœurs , que vos chers
Nourriffons Aleur tranquilité préferent vos Chan- fons,
On pourroitde vostre Artſoufrir l'in
quiétude ,
Sile gain balançoit l'ennuy de fon étu
des
MaisentretouslesArts qui demandens
nosfoins,
GALAN T. SI
↓
ش
Vostre Art couste le plus , &profite le moins.
Nocardqui tuë un Homme avec une
Ordonnance ,
Deſonafſaffinat reçoit la récompense,
Ettoy qui t'enrichis d'un argent fi mal du,
Paulin,je t'aypayé pour un Procés perdu.
Cependantqui ne sçait la réponse bar- bare
Quefit àl'Arioste un Mecenas avare ,
Quand cet Auteur Comique autant qu'ingénieux ,
Allaluy preſenterſon Roland Furieux?
LaGloire , direz-vous , qui vousfuit d'ordinaire,
Doitàvos Favoris tenir lieu deſalaire.
Oledigneloyerd'un pénible Métier ,
Oûfans compter letemps ,on perdjus qu'aupapier!
CetteGloirequi dupe &le Sot &l'Ha bite ,
Qwest elle que duvent quandelle est in- fertile?
Etpuislors qu'apres elleon court en in- fenfé
Cij
52 LE MERCVRE
Eft-on feur de l'atteindre apres s'estre lassé?
Licidas quife tuë à grimperauParnaſſe,
Etd'un tasde Laquaisfiflédeplace en
C
place;
Etcombien voyons-nous d'Auteurs in
fortunez,
Qu'àd'eternels affrons vous avez condamnez!
Dans un Siecle oùfleurit la puretéparfaite,
Ilfautde grands talenspour former un Poëte;
Il faut qu'au Berceau mesme Apollon
nous ait ry ,
Quedes meilleurs Auteurs wostre esprit foit nourry ,
Etque par le travail d'une longue !eEture,
2
L'Art acheve les traits qu'ébaucha la
Nature.
Aujourd'huy que l'on voit d'aſſez fameux Auteurs
Apauvrir le Libraire, &manquer d'Acheteurs,
Iray-je follemeipourprix de mon étude,
Des Livresinconus groffir la multitude?
GALANT: 53 En vain vous me flatez qu'un fuccés plusheureux
Diſſiperoit ma crainte ,& rempliroit
mes VŒUХ ,
Etque Paris un jour à mes Ocuvres propice
Forceroit la Province à me rendrejusti
ce
Quandlesfons demon Lut presque usé fous mes doigts ,
D'un Cygne agoniſantfurpaſſeroient la voix د
Etque mes Chantspolisparde laſſantes veilles
Auroient d'Apollon mesme enchanté les
oreilles,
Pourroit-je m'aſſurer que le tour de mes
Vers
Sçent plaire également àmille Esprits divers ?
Maissifermant les yeux auxpérils on s'expose
Lagloire on
pofe
lereposdequiconque comIeſuivois pour rimerun aveugle defir ,
Quelgenre de Poëme oftroit-je choi fir ?
Cij
34 LE MERCVRE Faut-il ,Auteur nouveau d'une Piece
tragique ,
Faireplaindre un Hérosfurun ton ma- gnifique,
Ettouchant lefuccés reſveur , triſte inquict ,
D'un chagrin incertain m'affliger en ef fet?
Non, mon ameau repos constamment
attachée,
D'unSentimentpareilne peut estre tou chée.
Dois-je en ſtyle amoureux ,pleurant ,
horsdeſaiſon ,
Me ou de plaindre des rigueursd'Iris , ou
Lifon Helas ! lesplus beaux Vers d'un cœur tendre&fidelle Sontun foible Secours pourvaincre une Cruelle.
Si dans une Satire abondante en bons
mot's
-Jeberneplaiſamment une foule de Sots,
Toute la Ville en cris contre moy dechai
née
Traite mesjeux d'esprit de licence effren née.
GALANT.
1
MesAmis lesplus chers n'ofentqu'avec
terreur
D'un torrent fi rapide arreſter la fureur,
Etfurle bruit qui court mes Parens en alarmes
Amafuture mort donnent déja des larmes.
CesParensennemis devos vieilles Chanfons Mefont à tout moment d'importunes
Leçons.
Quite , me diſent-ils, une étude inutile,
Et va faire au Palais une moiſſon fertile.
Vital,tu le connois, chacun parle de luys Voy ce qu'il fut jadis , ce qu'il est au- jourd'huy.
Tuſçais le peude bien qu'il eutpourſon
partage,
Sesdebtes de beaucoup paſſoient fon heritage.
Cependant qui l'a mis au rangoùtu le
vois!
C'estleBarreau.Voilal'utilité des Loix.
Mets-toy devant les yeux unſemblable
modelle ,
Cij
$6 LE MERCVRE
DesVersqui tefont tort débroüille ta
cervelle ;
Qusi pour t'attirer, le Droit manque d'apas Quite-le , maisdu moins dors , &ne
rimepas.
C'est ainsi qu'oposez au panchant qui m'entraîne ,
De mon cœur contre vous ils foûlevent Lahaine;
Ilfaut leur plaire enfin , & faire un
nouveau choix.
Adieu, Muses , adieu pourla derniere
fois.
Quand on dit adieu au mon- de par la mort , c'eſt ſans reſource. Iln'en est pas de meſme du ſpirituel Inconnu qui pré- tend l'avoir dit aux Muſes. Il a
un ſi beautalent pour la Poëfie,
qu'il ſe réfoudra difficilement à
tenir parole. Voyez ſi j'ay raiſon dele croire.
A
L'ADIEU
AVX MVSES.
DISCOURS.
MUses, c'esttrop rever, anbordde
Pour unfoible plaisir vouscaufezmil tepeines :
48 LE MERCVRE
Vousn'avezplus pour moy vos premie- res beautez ,
Et je renonce aux biens que vous me
prometez.
Iadis avechonneur vos charmantes retraites
Retentiſſoient du bruit des tranquiles
Poëtes ,
Quand les Maistres du Monde apres degrands exploits Concertoient avec eux àl'ombre de vos
Bois ,
Etqu'un mesme Laurier cueilly sur le Parnaffe Couronnoit tout ensemble Auguste
SonHorace.
Mais belas ,dans ce Siecle un iniuste
mépris Estde nos tristes Vers &lefruit & le
prix!
Quoy,lors quefans rien faire il m'est
permis de vivre ,
Dois-je mal- à-proposfecher àfaire un
Livre,
Quandje n'auray pourfruit de mes tra
vaux ingrats
:
Que
GALANT. 49 Que le mépris du Peuple , &la haine desFats?
Maisquandde vos attraits on a l'ame
ravie,
Qui vousfuit une fois , vousfait toute
Savie.
On a beau remontrer au Poëte Damon
Qu'on n'entendit jamais son barbare
jargon ;
Envainpourleguerir deſa fureurd'é- crire.
Onmépriſeſes Vers que luy ſeul il ad
mire,
Ases propres dépens il se fait imprimer,
Ettoûjours malgré vous il s'obſtineà
rimer.
Moy-mesme mille fois à vos ardeurs rebelle,
I'aytenté vainement de vous eſtre infidelle.
Tous les jours , dés que l'Aube anonce le Soleil,
Apollon par ces mots interrompt mon Sommeil.
Quitte, quitte du Litles delicesvulgai
res,
Tom. VIII. C
50 LE MERCVRE
Cen'estpas en dormant que se font les
Homeres,
Debout. Il n'estpas jour ,que faire fi matin ?
Vad' Horace &de Perſe éclaircir le
Latin,
Lis
gile,
relis encore &Terence &VirEtfur leurstyle heureux tâche àformer
-toastyle.
lesçay tous ces Auteurs. Les peut-on trop sçavoir?
Il i'y faut appliquer du matin jusqu'au
foir,
Tefeurerdes plaisirs où l'âge teconvie ,
Et me facrifier les beaux jours de ta
vie.
C'est ainsi,doctes Sœurs , que vos chers
Nourriffons Aleur tranquilité préferent vos Chan- fons,
On pourroitde vostre Artſoufrir l'in
quiétude ,
Sile gain balançoit l'ennuy de fon étu
des
MaisentretouslesArts qui demandens
nosfoins,
GALAN T. SI
↓
ش
Vostre Art couste le plus , &profite le moins.
Nocardqui tuë un Homme avec une
Ordonnance ,
Deſonafſaffinat reçoit la récompense,
Ettoy qui t'enrichis d'un argent fi mal du,
Paulin,je t'aypayé pour un Procés perdu.
Cependantqui ne sçait la réponse bar- bare
Quefit àl'Arioste un Mecenas avare ,
Quand cet Auteur Comique autant qu'ingénieux ,
Allaluy preſenterſon Roland Furieux?
LaGloire , direz-vous , qui vousfuit d'ordinaire,
Doitàvos Favoris tenir lieu deſalaire.
Oledigneloyerd'un pénible Métier ,
Oûfans compter letemps ,on perdjus qu'aupapier!
CetteGloirequi dupe &le Sot &l'Ha bite ,
Qwest elle que duvent quandelle est in- fertile?
Etpuislors qu'apres elleon court en in- fenfé
Cij
52 LE MERCVRE
Eft-on feur de l'atteindre apres s'estre lassé?
Licidas quife tuë à grimperauParnaſſe,
Etd'un tasde Laquaisfiflédeplace en
C
place;
Etcombien voyons-nous d'Auteurs in
fortunez,
Qu'àd'eternels affrons vous avez condamnez!
Dans un Siecle oùfleurit la puretéparfaite,
Ilfautde grands talenspour former un Poëte;
Il faut qu'au Berceau mesme Apollon
nous ait ry ,
Quedes meilleurs Auteurs wostre esprit foit nourry ,
Etque par le travail d'une longue !eEture,
2
L'Art acheve les traits qu'ébaucha la
Nature.
Aujourd'huy que l'on voit d'aſſez fameux Auteurs
Apauvrir le Libraire, &manquer d'Acheteurs,
Iray-je follemeipourprix de mon étude,
Des Livresinconus groffir la multitude?
GALANT: 53 En vain vous me flatez qu'un fuccés plusheureux
Diſſiperoit ma crainte ,& rempliroit
mes VŒUХ ,
Etque Paris un jour à mes Ocuvres propice
Forceroit la Province à me rendrejusti
ce
Quandlesfons demon Lut presque usé fous mes doigts ,
D'un Cygne agoniſantfurpaſſeroient la voix د
Etque mes Chantspolisparde laſſantes veilles
Auroient d'Apollon mesme enchanté les
oreilles,
Pourroit-je m'aſſurer que le tour de mes
Vers
Sçent plaire également àmille Esprits divers ?
Maissifermant les yeux auxpérils on s'expose
Lagloire on
pofe
lereposdequiconque comIeſuivois pour rimerun aveugle defir ,
Quelgenre de Poëme oftroit-je choi fir ?
Cij
34 LE MERCVRE Faut-il ,Auteur nouveau d'une Piece
tragique ,
Faireplaindre un Hérosfurun ton ma- gnifique,
Ettouchant lefuccés reſveur , triſte inquict ,
D'un chagrin incertain m'affliger en ef fet?
Non, mon ameau repos constamment
attachée,
D'unSentimentpareilne peut estre tou chée.
Dois-je en ſtyle amoureux ,pleurant ,
horsdeſaiſon ,
Me ou de plaindre des rigueursd'Iris , ou
Lifon Helas ! lesplus beaux Vers d'un cœur tendre&fidelle Sontun foible Secours pourvaincre une Cruelle.
Si dans une Satire abondante en bons
mot's
-Jeberneplaiſamment une foule de Sots,
Toute la Ville en cris contre moy dechai
née
Traite mesjeux d'esprit de licence effren née.
GALANT.
1
MesAmis lesplus chers n'ofentqu'avec
terreur
D'un torrent fi rapide arreſter la fureur,
Etfurle bruit qui court mes Parens en alarmes
Amafuture mort donnent déja des larmes.
CesParensennemis devos vieilles Chanfons Mefont à tout moment d'importunes
Leçons.
Quite , me diſent-ils, une étude inutile,
Et va faire au Palais une moiſſon fertile.
Vital,tu le connois, chacun parle de luys Voy ce qu'il fut jadis , ce qu'il est au- jourd'huy.
Tuſçais le peude bien qu'il eutpourſon
partage,
Sesdebtes de beaucoup paſſoient fon heritage.
Cependant qui l'a mis au rangoùtu le
vois!
C'estleBarreau.Voilal'utilité des Loix.
Mets-toy devant les yeux unſemblable
modelle ,
Cij
$6 LE MERCVRE
DesVersqui tefont tort débroüille ta
cervelle ;
Qusi pour t'attirer, le Droit manque d'apas Quite-le , maisdu moins dors , &ne
rimepas.
C'est ainsi qu'oposez au panchant qui m'entraîne ,
De mon cœur contre vous ils foûlevent Lahaine;
Ilfaut leur plaire enfin , & faire un
nouveau choix.
Adieu, Muses , adieu pourla derniere
fois.
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Résumé : L'ADIEU AUX MUSES. DISCOURS.
Dans ce discours d'adieu aux Muses, l'auteur exprime son désarroi face à la poésie et aux difficultés qu'elle engendre. Il commence par souligner que, contrairement à la mort, l'abandon de la poésie n'est pas définitif. L'auteur regrette les peines causées par les Muses et renonce aux biens qu'elles promettent. Il évoque une époque où les poètes étaient honorés et couronnés pour leurs œuvres, contrairement à son siècle où les vers sont méprisés. L'auteur décrit la passion inévitable pour la poésie, malgré les critiques et le mépris. Il mentionne les efforts constants nécessaires pour maîtriser les auteurs classiques et les sacrifices personnels que cela implique. Il critique également la gloire poétique, la qualifiant de dupe et d'infertile, et souligne les difficultés financières des poètes. Le texte se termine par une réflexion sur les genres poétiques : tragédie, amour, satire. L'auteur exprime son désir de repos et les pressions familiales pour abandonner la poésie au profit d'une carrière juridique. Finalement, il décide de dire adieu aux Muses pour la dernière fois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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71
p. 83-84
« La resolution ne tiendra pas, Madame, & je croy que [...] »
Début :
La resolution ne tiendra pas, Madame, & je croy que [...]
Mots clefs :
Talent, Style, Ingénieuse satire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « La resolution ne tiendra pas, Madame, & je croy que [...] »
La pas , reſolution ne tiendra
Madame , &je croy que vous n'en eſtes pas moins perfuadée que je le fuis. Tant de Gens qui ne font nullement nez Poëtes ,
s'obſtinent tous les jours à fati- guer leurs amis par de méchans
Vers ; commentun Homme qui en fait de fi bons,& quiles tour-- ne d'une maniere ſi agreable ,
GALANT. 57 voudroit- il enfevelir un talent
qui ne luy peut acquerir que de la gloire ? Si vous avez eſteſatiſ- faite , comme je n'en doute pas,
de cette ingénieuſe Satire,vous ne la ferez pas moins d'une Let- tre qui m'eſt tombée depuis trois jours entre les mains. On ne me l'a donnéeque pourm'y
faire lire une Avanture de Vendanges qu'on me permettoit d'embellir, &j'entrouve le ſtile fi pur , que je croirois ladéfigu- rer , fi j'entreprenois d'y changerla moindre choſe. Voyez-la telle qu'elle a eſtéécrite par un fort galant Homme qui a bien vouluquefon Amy men ait fair QUE
Part.
Madame , &je croy que vous n'en eſtes pas moins perfuadée que je le fuis. Tant de Gens qui ne font nullement nez Poëtes ,
s'obſtinent tous les jours à fati- guer leurs amis par de méchans
Vers ; commentun Homme qui en fait de fi bons,& quiles tour-- ne d'une maniere ſi agreable ,
GALANT. 57 voudroit- il enfevelir un talent
qui ne luy peut acquerir que de la gloire ? Si vous avez eſteſatiſ- faite , comme je n'en doute pas,
de cette ingénieuſe Satire,vous ne la ferez pas moins d'une Let- tre qui m'eſt tombée depuis trois jours entre les mains. On ne me l'a donnéeque pourm'y
faire lire une Avanture de Vendanges qu'on me permettoit d'embellir, &j'entrouve le ſtile fi pur , que je croirois ladéfigu- rer , fi j'entreprenois d'y changerla moindre choſe. Voyez-la telle qu'elle a eſtéécrite par un fort galant Homme qui a bien vouluquefon Amy men ait fair QUE
Part.
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Résumé : « La resolution ne tiendra pas, Madame, & je croy que [...] »
L'auteur refuse d'écrire des vers médiocres, malgré la tendance générale. Il reçoit une lettre décrivant une aventure de vendanges, écrite dans un style pur. Il attribue cette lettre à un homme galant qui l'a fait lire à un ami.
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72
p. 107-108
« Voyez, Madame, si je n'ay pas eu raison de ne [...] »
Début :
Voyez, Madame, si je n'ay pas eu raison de ne [...]
Mots clefs :
Énigmes, Dames, Suscription
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texteReconnaissance textuelle : « Voyez, Madame, si je n'ay pas eu raison de ne [...] »
Voyez,Madame , ſi je n'aypas eu
68 LEMERCVRE
raiſon de ne vouloir rien changer à la Lettre qui vous apprend l'Avanture des Vendangeurs. Mais à propos dE- nigmes, vous ne ſçauriez croire com- bien j'ay reçeu deBillets ſur celle du Trictrac, depuis que j'ay commencé à vous écrire. Les uns y ont fait venir unſens forcé jene ſçay comment ;les autres m'ont demandé fi ce n'eſtoit pointunplaiſir que je me donnois ſans avoir deſſein de rien éclaircir , & voi- cy ce que m'écrivent preſentement des Dames qui me feront l'honneur
de ſe nommer quand il leur plaira,
La Suſcription eſt obl
68 LEMERCVRE
raiſon de ne vouloir rien changer à la Lettre qui vous apprend l'Avanture des Vendangeurs. Mais à propos dE- nigmes, vous ne ſçauriez croire com- bien j'ay reçeu deBillets ſur celle du Trictrac, depuis que j'ay commencé à vous écrire. Les uns y ont fait venir unſens forcé jene ſçay comment ;les autres m'ont demandé fi ce n'eſtoit pointunplaiſir que je me donnois ſans avoir deſſein de rien éclaircir , & voi- cy ce que m'écrivent preſentement des Dames qui me feront l'honneur
de ſe nommer quand il leur plaira,
La Suſcription eſt obl
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Résumé : « Voyez, Madame, si je n'ay pas eu raison de ne [...] »
L'auteur d'une lettre explique pourquoi il n'a pas modifié un récit sur des vendangeurs. Il a reçu de nombreuses réponses à une énigme sur le jeu de trictrac, certaines proposant des solutions forcées, d'autres demandant des éclaircissements. Des dames anonymes écrivent à l'auteur, promettant de se nommer plus tard. La lettre commence par une suscription.
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73
p. 108-112
POUR LE GALANT AUTHEUR DU MERCURE GALANT.
Début :
Il faut avoir autant d'esprit que vous en avez, pour [...]
Mots clefs :
Énigmes, Trictrac, Architecte, Lettre, Deviner
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texteReconnaissance textuelle : POUR LE GALANT AUTHEUR DU MERCURE GALANT.
POUR 1
LE GALANT AUTHEUR.
DU
MERCURE GALANT.
ILfaut avoirautantd'esprit queVOUS en avez, Monsieur, pour tourner les
GALANT. 69
Eniges aussi bien que vous avez fait celleque nous avons veue dans vostre Lettre du Mois paffé. Quoy que tout y
foitjuste , il faut l'avouerde bonne foy,
nous avons reſvé inutilement pour en découvrir le ſens , & apres nous eftre adreſſées à plusieurs Perſonnesfort ſpi- rituelles quin'y ontpas mieux rénſſy que nous, nous avons enfin trouvé un jeune Architecte, qui a devinez que vos Vers wousdéfignoient leTrictrac. Cette mar- quedeſon esprit merite bien, Monsieur,
quevous en veüilliez rendre témoigna- gedans vostrepremiere Lettre : Iln'est pas d'ailleurs indigne d'y avoirplace. Il s'appelle M. Dury de Chantdoré ,
c'est particulierement fous ce dernier nomqu'on parle de luy. Il est Archite- Etedes Bastimens du Roy , fort connu ,
quoy que peu avancé en age, mais d'un grand merite , déja tres- consommé dans les Matématiques,dont l'étudefait
unedeses principales occupations. Il en tendparfaitement l'Architecture,&fes Avisfont recherchezdans les deſſeins les plus importans. S'il va chez-vous comineil ledoitfaire , pour sçavoir de
▼
70 LE MERCVRE vous-mesme s'il a heureuſement devinė,
ne luy ditespoint , s'il vous plaiſt , que vousayezreçeu cette Lettre. Ilseraplus agreablementSurpris deſe trouver dans la voſtre , quandil ne s'attendra point à la grace que nous vous demandons pourluy. Nous l'eſperons de vostre hon- nesteté , &nesouhaitons d'eſtre prom- prementde retour de la Campagne, que pourvous aller affurerde boucheque nous fommesvostres-humbles Servant
LE GALANT AUTHEUR.
DU
MERCURE GALANT.
ILfaut avoirautantd'esprit queVOUS en avez, Monsieur, pour tourner les
GALANT. 69
Eniges aussi bien que vous avez fait celleque nous avons veue dans vostre Lettre du Mois paffé. Quoy que tout y
foitjuste , il faut l'avouerde bonne foy,
nous avons reſvé inutilement pour en découvrir le ſens , & apres nous eftre adreſſées à plusieurs Perſonnesfort ſpi- rituelles quin'y ontpas mieux rénſſy que nous, nous avons enfin trouvé un jeune Architecte, qui a devinez que vos Vers wousdéfignoient leTrictrac. Cette mar- quedeſon esprit merite bien, Monsieur,
quevous en veüilliez rendre témoigna- gedans vostrepremiere Lettre : Iln'est pas d'ailleurs indigne d'y avoirplace. Il s'appelle M. Dury de Chantdoré ,
c'est particulierement fous ce dernier nomqu'on parle de luy. Il est Archite- Etedes Bastimens du Roy , fort connu ,
quoy que peu avancé en age, mais d'un grand merite , déja tres- consommé dans les Matématiques,dont l'étudefait
unedeses principales occupations. Il en tendparfaitement l'Architecture,&fes Avisfont recherchezdans les deſſeins les plus importans. S'il va chez-vous comineil ledoitfaire , pour sçavoir de
▼
70 LE MERCVRE vous-mesme s'il a heureuſement devinė,
ne luy ditespoint , s'il vous plaiſt , que vousayezreçeu cette Lettre. Ilseraplus agreablementSurpris deſe trouver dans la voſtre , quandil ne s'attendra point à la grace que nous vous demandons pourluy. Nous l'eſperons de vostre hon- nesteté , &nesouhaitons d'eſtre prom- prementde retour de la Campagne, que pourvous aller affurerde boucheque nous fommesvostres-humbles Servant
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Résumé : POUR LE GALANT AUTHEUR DU MERCURE GALANT.
L'auteur d'une lettre félicite le rédacteur du Mercure Galant pour son esprit et sa capacité à créer des énigmes. Après avoir cherché en vain la solution à une énigme publiée dans la lettre précédente, le rédacteur et plusieurs personnes ont finalement trouvé la réponse grâce à un jeune architecte, M. Dury de Chantdoré. Cet architecte, reconnu pour ses compétences en mathématiques et en architecture, a deviné que les vers de l'énigme désignaient le jeu de trictrac. Le rédacteur demande de ne pas révéler à M. Dury qu'il a reçu cette lettre, afin de lui faire une agréable surprise. La lettre se conclut par l'espoir de revoir bientôt le destinataire à son retour de campagne.
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74
p. 112-113
« On me fait bien de l'honneur, Madame, comme vous le [...] »
Début :
On me fait bien de l'honneur, Madame, comme vous le [...]
Mots clefs :
Auteur, Inconnu, nommer
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texteReconnaissance textuelle : « On me fait bien de l'honneur, Madame, comme vous le [...] »
Onme fait biende l'honneur,
Madame, comme vous le voyez
par le commencement de ce Billet , & cela , grace à un In- connu qui ne s'eſt point encor vouludeclarer Autheur de l'Enigme , car je me ſens obligé de vous dire qu'elle n'est pas de moy ,& de refuſer une gloire qui nem'eſt pointdeuë. le croy qu'apres la fincerité de cet aveu , vous ne douterez pas que je n'aye toûjours beaucoup de
GALANT. 71
joye à rendrejustice aux Gens d'eſprit, &que je ne me fafle un fort grand plaifir de les nommer quand je les connoy. l'ay enfin découvert que celuy qui a fait le Panegyrique des Alliez que vous avez tant eſtimé, s'appel- loit Mde Maſſeville.
Madame, comme vous le voyez
par le commencement de ce Billet , & cela , grace à un In- connu qui ne s'eſt point encor vouludeclarer Autheur de l'Enigme , car je me ſens obligé de vous dire qu'elle n'est pas de moy ,& de refuſer une gloire qui nem'eſt pointdeuë. le croy qu'apres la fincerité de cet aveu , vous ne douterez pas que je n'aye toûjours beaucoup de
GALANT. 71
joye à rendrejustice aux Gens d'eſprit, &que je ne me fafle un fort grand plaifir de les nommer quand je les connoy. l'ay enfin découvert que celuy qui a fait le Panegyrique des Alliez que vous avez tant eſtimé, s'appel- loit Mde Maſſeville.
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Résumé : « On me fait bien de l'honneur, Madame, comme vous le [...] »
L'auteur d'une lettre nie être l'auteur d'une énigme et refuse la gloire qui ne lui revient pas. Il apprécie rendre justice aux talents connus. Il révèle que M. Masseville est l'auteur d'un panégyrique des alliés apprécié par la destinataire.
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75
p. 123-130
Régal donné à Messieurs de l'Académie Françoise, par Monsieur Colbert. [titre d'après la table]
Début :
Ces Vers ont paru fort nets & fort aisez à [...]
Mots clefs :
M. Colbert, Flatterie, Éloge, Académie française, Livre
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texteReconnaissance textuelle : Régal donné à Messieurs de l'Académie Françoise, par Monsieur Colbert. [titre d'après la table]
Ces Vers ont paru fort nets & fort aiſez à tous ceuxquiles ont veus , & c'eſt une loüange où la flaterie n'a point de part.
Elle ena beaucoup à celles qui ſe donnent ordinairement aux
Grands. Les diferentes manieres dont ils peuvent faire du bien, ſont cauſe qu'on les en-
GALAN T. 79 cenſe de toutes parts. Il ſuffit qu'on ait des prétentions pour trouver matiere de loüer ; &
pour venir à fon bur, il eſt des vertus generales qui s'accom- modent ſans peine à toute for- te de ſujets. A dire vray , ces éloges vagues qui ne marquent rien de poſitif, devroient eſtre un peu ſuſpects à ceux qui ſe font honneur de les recevoir;
mais lors qu'en loüant des cho- fes de fait , on s'attache plus à
rendre juſtice à l'honeſte . Hom- me , qu'à ſe ſoûmettre ſervilement à la faveur , il n'y a point d'envie aſſez noire pour ofer blâmer ce qui ſe dit à l'avantage de ceux qui pouvant donner à leurs plaiſirs les heures où les foins de l'Etat leur permettent de ſe relâcher , prennent une conduite toute oppoſée , & ne
Diiij
80 LE MERCVRE
ſe ſervent du pouvoir qu'ils ont de faire tout ce qui leur plaiſt ,
que pour ſe rendre encor plus dignes de l'élevation où le veri- table merite les a mis. C'eſt par là qu'on a beau donner des loüanges à M' Colbert , elles ne feront jamais éclater qu'impar- faitement les rares qualitez qui les luy attirent. Tout le monde ſçait que les grandes Affaires l'occupent jour & nuit; & fon délaſſement eſtant dans l'Etude,
on peut dire qu'il fait ſon plai- fir , de ce qui feroit le travail des autres. Il aime tellement les
Gens de Lettres , qu'il ne ſe dé- robe aux foucis de ſon Miniſtere , que pour s'entretenir avec eux. Jugez par là , Madame , fi ce n'eſt pas à ſon Eſprit , plûtôt qu'à la conſideration de ſon Rang , qu'il doit la Place que
;
GALAN T. 81
Meſſieurs de l'Académie Françoiſe le prierent il ya quelques annéesde vouloir accepter dans leur Corps. Il a pour eux une eſtime ſi particuliere , que leur en voulantdonner d'autres marques que celles qu'ils en reçoi- vet lorſqu'il peut aſſiſter à leurs Séances, il leur fit dernierement
l'honneur à tous de les regaler dans ſa belle Maiſon de Sceaux.
Il les avoit conviez le jour pré- cedét par un Billet qu'ils trouve- rent chacun chez eux. M. l'Archevêque de Paris,qui cófidere
infiniment cette Illuſtre Compagnie dont il eſt , ne manqua pas à s'y rendre , & il faudroit amaffer bien du monde pour fournir autant d'Eſprit qu'ils'en trouva en peu de temps chez l'Illuſtre Miniſtre qui les atten- doit. Me l'Abbé Regnier luy Dv
82 LE MERCVRE
preſenta en arrivant, un tres- beau Livre qu'il a compofé de la Perfection du Chreftien. On
ſe mit à table. Il y en eut deux fervies en meſme temps, & le Repas fut digne de celuy qui le donnoit. Il ſe dit mille choſe
agreables pendant le Diſner,qui ne finit que pour mettre ces Meſſieurs dans une liberté plus entiere de faire paroiſtre qu'ils n'eſtoientqu'Eſprit. Aufortirde table , toute la Compagnie fut dans une autre Salle , où il ſe fit:
une agreable Converſation. Mr Quinauty lût un fort beau Son- net qu'il avoit fait en venant à
Sceaux, &M Colbertdemanda
àM l'Abbé Furetiere s'il n'avoit
rien faitde nouveau.
Elle ena beaucoup à celles qui ſe donnent ordinairement aux
Grands. Les diferentes manieres dont ils peuvent faire du bien, ſont cauſe qu'on les en-
GALAN T. 79 cenſe de toutes parts. Il ſuffit qu'on ait des prétentions pour trouver matiere de loüer ; &
pour venir à fon bur, il eſt des vertus generales qui s'accom- modent ſans peine à toute for- te de ſujets. A dire vray , ces éloges vagues qui ne marquent rien de poſitif, devroient eſtre un peu ſuſpects à ceux qui ſe font honneur de les recevoir;
mais lors qu'en loüant des cho- fes de fait , on s'attache plus à
rendre juſtice à l'honeſte . Hom- me , qu'à ſe ſoûmettre ſervilement à la faveur , il n'y a point d'envie aſſez noire pour ofer blâmer ce qui ſe dit à l'avantage de ceux qui pouvant donner à leurs plaiſirs les heures où les foins de l'Etat leur permettent de ſe relâcher , prennent une conduite toute oppoſée , & ne
Diiij
80 LE MERCVRE
ſe ſervent du pouvoir qu'ils ont de faire tout ce qui leur plaiſt ,
que pour ſe rendre encor plus dignes de l'élevation où le veri- table merite les a mis. C'eſt par là qu'on a beau donner des loüanges à M' Colbert , elles ne feront jamais éclater qu'impar- faitement les rares qualitez qui les luy attirent. Tout le monde ſçait que les grandes Affaires l'occupent jour & nuit; & fon délaſſement eſtant dans l'Etude,
on peut dire qu'il fait ſon plai- fir , de ce qui feroit le travail des autres. Il aime tellement les
Gens de Lettres , qu'il ne ſe dé- robe aux foucis de ſon Miniſtere , que pour s'entretenir avec eux. Jugez par là , Madame , fi ce n'eſt pas à ſon Eſprit , plûtôt qu'à la conſideration de ſon Rang , qu'il doit la Place que
;
GALAN T. 81
Meſſieurs de l'Académie Françoiſe le prierent il ya quelques annéesde vouloir accepter dans leur Corps. Il a pour eux une eſtime ſi particuliere , que leur en voulantdonner d'autres marques que celles qu'ils en reçoi- vet lorſqu'il peut aſſiſter à leurs Séances, il leur fit dernierement
l'honneur à tous de les regaler dans ſa belle Maiſon de Sceaux.
Il les avoit conviez le jour pré- cedét par un Billet qu'ils trouve- rent chacun chez eux. M. l'Archevêque de Paris,qui cófidere
infiniment cette Illuſtre Compagnie dont il eſt , ne manqua pas à s'y rendre , & il faudroit amaffer bien du monde pour fournir autant d'Eſprit qu'ils'en trouva en peu de temps chez l'Illuſtre Miniſtre qui les atten- doit. Me l'Abbé Regnier luy Dv
82 LE MERCVRE
preſenta en arrivant, un tres- beau Livre qu'il a compofé de la Perfection du Chreftien. On
ſe mit à table. Il y en eut deux fervies en meſme temps, & le Repas fut digne de celuy qui le donnoit. Il ſe dit mille choſe
agreables pendant le Diſner,qui ne finit que pour mettre ces Meſſieurs dans une liberté plus entiere de faire paroiſtre qu'ils n'eſtoientqu'Eſprit. Aufortirde table , toute la Compagnie fut dans une autre Salle , où il ſe fit:
une agreable Converſation. Mr Quinauty lût un fort beau Son- net qu'il avoit fait en venant à
Sceaux, &M Colbertdemanda
àM l'Abbé Furetiere s'il n'avoit
rien faitde nouveau.
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Résumé : Régal donné à Messieurs de l'Académie Françoise, par Monsieur Colbert. [titre d'après la table]
Le texte rend hommage à Jean-Baptiste Colbert, ministre français, pour ses qualités et son dévouement. Les éloges qu'il reçoit sont authentiques et non motivés par la flatterie. Colbert est admiré pour sa capacité à concilier ses devoirs d'État avec une conduite exemplaire, même dans ses moments de loisir. Il est constamment absorbé par les affaires d'État et trouve du plaisir dans l'étude et la compagnie des gens de lettres. Colbert a été invité à rejoindre l'Académie française en raison de son esprit, et non de son rang. Il montre une grande estime pour les membres de l'Académie en les invitant à sa résidence de Sceaux pour un repas et une conversation agréable. Lors de cette réunion, l'abbé Regnier a présenté un livre, et Quinault a lu un sonnet. Colbert a également demandé à l'abbé Furetière s'il avait écrit quelque chose de nouveau.
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76
p. 139-145
« Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
Début :
Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...]
Mots clefs :
Cabinet de l'Aurore, Assemblée, Abbé Tallement, M. Perrault, Esprit, Éloges, Livres, M. Colbert
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
Apres la lecture ces Vers
LYON
90 LE MERCVRE
Fon paſſa de la Salle où l'on eſtoitdans un lieu apellé le Ca- binet de l'Aurore. Ce fut là que
Monfieur Quinaut recita cinq ou fix cens Vers ſur les Peintures de cette charmante Maiſon.
M. l'Abbé Tallemant le jeune enloüa les Eaux par un Poëme dont il fit part à l'Aſſemblée. II eſt fort à lagloire deM. leJon- gleur,qui a trouvé le ſecretd'en faire venir où il n'y en a point ,
&où il n'y a pas meſime d'appa- rence qu'il y ait moyen de les conduire. M. Perraut Intendant
des Baſtimens , parla ledernier.
Il ne dit que peu de Stances ,
mais qui réveillerent les atten- tions. Les fréquens applaudiffe- mensqu'elles reçeurent, fontune preuve incontestable de leur beauté. Il n'y a point lieu d'ené- tre furpris..M² Perraut eſt ce qui
GALANT. 91
.
s'appelle unEſprit de bon gouft,
qui ne donne jamais dans le faux brillant. Il écrit , &ſçait comme on doit écrire. Il poſſe- de toutes les belles Connoiſſances , & fes Ouvrages ont toû- jours eu un fort grand fuccés.
Il ſeroit àſouhaiter que nous en cuſſions davantage, mais ſes oc- cupations ne luy permettent pas de travailler. Au fortir du
Cabinet , on alla voir les Ap- partemens,& on ſe promena en- fuite de tous côtez dans le Jardin. Ces Meſſicurs eurent par tout ſujet d'admirer ; mais quel- ques beautez qu'il découvrif- fent , rien ne leur parut fi digne de leurs éloges , que celuy qui les avoit reçeus fi obligeam- ment. Avoüez-le, Madame.Pour aimer ainſi les Gens d'eſprit , il faut eſtre parfaitement honne
92 LE MERCVRE
ſte Homme. Il faut ſe détacher
de la grandeur &dubien , pour fe regarder en Philofophe , &
chercher la veritable ſolidité
dans les Sciences. Il eſt certain
qu'on ne peut les aimer davan- tages que fait Me Colbert. Hne ſe contente pas d'eſtre de l'A- cadémie Françoiſe , il y a un nombre de ces Meſſieurs qui compoſe une autre perite Aca- démie qui s'aſſemble toutes les Semaines fous ſon Nom. C'eſt
avec eux qu'il s'entretient fort
fouvent fur les plus hautes ma- tieres.. On aveu de tout temps la plupart de ceux qui ont fait une figure conſidérable dans le monde , avoir de grandes Bi- blioteques, &donner même des Penſions à pluſieurs Perſonnes d'eſprit , mais c'eſtoient d'igno- Fans Ambitieux qui ne fai
GALANT. 93 foient l'un & l'autre que par oftentation , & qui ſe mettoient
peu en peine de voir les Livres &les Sçavans. M' Colbertn'en uſe pas de cette forte. Il ne dé- daigne point de ſe familiarifer
avec les Gens de Lettres , de
s'abaiſſer juſqu'à ceux qui ſont fort éloignez de fonRang, &de ſe dépoüiller de la Grandeur qui l'environne , pour ſe rendre en quelque façon leur égal.
Comme il a toutes les lumieres
qui peuvent luy en faire aimer l'entretien , doit on s'étonner fi
ſe rendant le Pere & le Protecteur des Sciences &des beaux
Arts , il ſeconde ſi bien le Roy qui les fait fleurir, &qui n'a pas merité le Nom de LoürsLE
GRAND par ſa ſeule valeur ,
mais encore par toutes les
actions de ſa vie
LYON
90 LE MERCVRE
Fon paſſa de la Salle où l'on eſtoitdans un lieu apellé le Ca- binet de l'Aurore. Ce fut là que
Monfieur Quinaut recita cinq ou fix cens Vers ſur les Peintures de cette charmante Maiſon.
M. l'Abbé Tallemant le jeune enloüa les Eaux par un Poëme dont il fit part à l'Aſſemblée. II eſt fort à lagloire deM. leJon- gleur,qui a trouvé le ſecretd'en faire venir où il n'y en a point ,
&où il n'y a pas meſime d'appa- rence qu'il y ait moyen de les conduire. M. Perraut Intendant
des Baſtimens , parla ledernier.
Il ne dit que peu de Stances ,
mais qui réveillerent les atten- tions. Les fréquens applaudiffe- mensqu'elles reçeurent, fontune preuve incontestable de leur beauté. Il n'y a point lieu d'ené- tre furpris..M² Perraut eſt ce qui
GALANT. 91
.
s'appelle unEſprit de bon gouft,
qui ne donne jamais dans le faux brillant. Il écrit , &ſçait comme on doit écrire. Il poſſe- de toutes les belles Connoiſſances , & fes Ouvrages ont toû- jours eu un fort grand fuccés.
Il ſeroit àſouhaiter que nous en cuſſions davantage, mais ſes oc- cupations ne luy permettent pas de travailler. Au fortir du
Cabinet , on alla voir les Ap- partemens,& on ſe promena en- fuite de tous côtez dans le Jardin. Ces Meſſicurs eurent par tout ſujet d'admirer ; mais quel- ques beautez qu'il découvrif- fent , rien ne leur parut fi digne de leurs éloges , que celuy qui les avoit reçeus fi obligeam- ment. Avoüez-le, Madame.Pour aimer ainſi les Gens d'eſprit , il faut eſtre parfaitement honne
92 LE MERCVRE
ſte Homme. Il faut ſe détacher
de la grandeur &dubien , pour fe regarder en Philofophe , &
chercher la veritable ſolidité
dans les Sciences. Il eſt certain
qu'on ne peut les aimer davan- tages que fait Me Colbert. Hne ſe contente pas d'eſtre de l'A- cadémie Françoiſe , il y a un nombre de ces Meſſieurs qui compoſe une autre perite Aca- démie qui s'aſſemble toutes les Semaines fous ſon Nom. C'eſt
avec eux qu'il s'entretient fort
fouvent fur les plus hautes ma- tieres.. On aveu de tout temps la plupart de ceux qui ont fait une figure conſidérable dans le monde , avoir de grandes Bi- blioteques, &donner même des Penſions à pluſieurs Perſonnes d'eſprit , mais c'eſtoient d'igno- Fans Ambitieux qui ne fai
GALANT. 93 foient l'un & l'autre que par oftentation , & qui ſe mettoient
peu en peine de voir les Livres &les Sçavans. M' Colbertn'en uſe pas de cette forte. Il ne dé- daigne point de ſe familiarifer
avec les Gens de Lettres , de
s'abaiſſer juſqu'à ceux qui ſont fort éloignez de fonRang, &de ſe dépoüiller de la Grandeur qui l'environne , pour ſe rendre en quelque façon leur égal.
Comme il a toutes les lumieres
qui peuvent luy en faire aimer l'entretien , doit on s'étonner fi
ſe rendant le Pere & le Protecteur des Sciences &des beaux
Arts , il ſeconde ſi bien le Roy qui les fait fleurir, &qui n'a pas merité le Nom de LoürsLE
GRAND par ſa ſeule valeur ,
mais encore par toutes les
actions de ſa vie
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Résumé : « Apres la lecture de ces Vers l'on passa de la [...] »
À Lyon, une réunion rassemble plusieurs personnalités qui récitent des poèmes et des vers. Monsieur Quinaut présente des vers sur les peintures d'une maison, tandis que l'abbé Tallemant le Jeune enchante l'assemblée avec un poème sur les eaux. Monsieur Perraut, Intendant des Bastiments, prononce des stances acclamées par l'audience, démontrant son esprit et son talent littéraire. Après la réunion, les participants visitent les appartements et le jardin, admirant les beautés des lieux. Le texte loue particulièrement Monsieur Colbert pour son amour des gens d'esprit et des sciences. Colbert, membre de l'Académie Française, se distingue par son intérêt authentique pour les lettres et les savants, contrairement à d'autres mécènes motivés par l'ostentation. Il se familiarise avec les gens de lettres, indépendamment de leur rang, et soutient les sciences et les beaux-arts, secondant ainsi le roi Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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77
p. 146-150
Deux Illustres Autheurs quittent leur occupation ordinaire pour travailler à l'Histoire. [titre d'après la table]
Début :
Le nom de Mr Boyer qui nous a donné tant [...]
Mots clefs :
Théâtre, Histoire, Auteurs, Grands hommes, Matière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Deux Illustres Autheurs quittent leur occupation ordinaire pour travailler à l'Histoire. [titre d'après la table]
Le nom de M Boyer qui nous a donné tant de belles
Tragédies , me fait ſouvenir que le Theatre eſt menacé d'une
grande perte. On tient ( &c'eſt un bruit qui ſe confirme de toutes parts ) qu'un de nos plus
GALANT. 95 Illuftres Autheurs y renonce ,
pour s'appliquer entierement à
travailler à l'Hiſtoire. Il ſemble
qu'il ne ſe ſoit attaché quelque
temps à faire les Portraits de quelques Héros de l'Antiqui- té , que pour eſſayer ſon Pin- ceau , & préparer ſes couleurs, dans le deſſein de peindre ceux d'aujourd'huy avec une plus vive reffemblance. Lagloi- re qu'ils ont de paſſer déja les Alexandres &les Achilles , réponddel admiration qui redou- blerapour eux quand le temps aura fait vieillir leurs actions.
Elles font comme ces Tableaux
des grands Maiſtres , qui de- viennent plus confiderables apres que de longues années en ont conſacré le nom. On met
parmy les Grads Hommesqua- tité de Princes, dont àles regar-
96 LE MERCVRE
der de pres , on n'a ſujetde par- ler que parce qu'ils ont veſcu avant nous. Il n'en ſera pas de meſme de noſtre incomparable Monarque. Comme il merite les plus fortes loüanges de ſon vi- vant, laplus éloignée Pofterité le regardera comme un Modele parfait de ſageſſe , de valeur , &
de vertu. Iamais Regne n'ofrit ny de fi grandes choſes , ny en fi grand nombre. Celuy qui en va écrire l'Hiſtoire , eft capable d'en foûtenir le merite. Lamatiere ne peut eſtre plus belle, ny le Conducteur plus éclairé , &
onatout ſujet de n'en rien at- tendre que de merveilleux.
Heureux celuy qui doit y travailler avec luy ! & heureux en
meſme temps les froids Ecri- vains , les méchans Poëtes , &
les ridicules , dont ce redoutable
GALAN T. 97 ble & fameux Autheur n'aura
plus le temps d'attaquer les de- fauts dans ſes charmantes Sati .
res !
Tragédies , me fait ſouvenir que le Theatre eſt menacé d'une
grande perte. On tient ( &c'eſt un bruit qui ſe confirme de toutes parts ) qu'un de nos plus
GALANT. 95 Illuftres Autheurs y renonce ,
pour s'appliquer entierement à
travailler à l'Hiſtoire. Il ſemble
qu'il ne ſe ſoit attaché quelque
temps à faire les Portraits de quelques Héros de l'Antiqui- té , que pour eſſayer ſon Pin- ceau , & préparer ſes couleurs, dans le deſſein de peindre ceux d'aujourd'huy avec une plus vive reffemblance. Lagloi- re qu'ils ont de paſſer déja les Alexandres &les Achilles , réponddel admiration qui redou- blerapour eux quand le temps aura fait vieillir leurs actions.
Elles font comme ces Tableaux
des grands Maiſtres , qui de- viennent plus confiderables apres que de longues années en ont conſacré le nom. On met
parmy les Grads Hommesqua- tité de Princes, dont àles regar-
96 LE MERCVRE
der de pres , on n'a ſujetde par- ler que parce qu'ils ont veſcu avant nous. Il n'en ſera pas de meſme de noſtre incomparable Monarque. Comme il merite les plus fortes loüanges de ſon vi- vant, laplus éloignée Pofterité le regardera comme un Modele parfait de ſageſſe , de valeur , &
de vertu. Iamais Regne n'ofrit ny de fi grandes choſes , ny en fi grand nombre. Celuy qui en va écrire l'Hiſtoire , eft capable d'en foûtenir le merite. Lamatiere ne peut eſtre plus belle, ny le Conducteur plus éclairé , &
onatout ſujet de n'en rien at- tendre que de merveilleux.
Heureux celuy qui doit y travailler avec luy ! & heureux en
meſme temps les froids Ecri- vains , les méchans Poëtes , &
les ridicules , dont ce redoutable
GALAN T. 97 ble & fameux Autheur n'aura
plus le temps d'attaquer les de- fauts dans ſes charmantes Sati .
res !
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Résumé : Deux Illustres Autheurs quittent leur occupation ordinaire pour travailler à l'Histoire. [titre d'après la table]
Le texte traite de la menace pesant sur le théâtre à cause du renoncement d'un éminent auteur dramatique, décrit comme un galant homme, qui se consacre désormais à l'écriture de l'histoire. Cet auteur, après avoir illustré des héros de l'Antiquité, se prépare à dépeindre les héros contemporains avec plus de réalisme. Ses portraits sont comparés à des tableaux de maîtres qui gagnent en valeur avec le temps. Le texte mentionne également des princes dont la réputation repose sur leur existence passée, contrastant avec le monarque contemporain, loué pour sa sagesse, sa valeur et sa vertu. Son règne est marqué par de grandes réalisations. L'auteur de cette histoire est salué pour sa capacité à en souligner le mérite. Le texte se conclut par une allusion à la fin des attaques satiriques de cet auteur contre les écrivains froids, les poètes méchants et les ridicules, désormais absorbé par son travail historique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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78
p. 164-181
Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Début :
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laisser devenir [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Devenir publique, Lettres, Tuileries, Livres, Lire, Femme, Curiosité, Public, Auteur, Louer, Galanterie, Guerre, France, Aventure, Nouvelles, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Comme mes Lettres que vous avez bien voulu laifferdevenir
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
r
4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
croye.
publiques , ont donné cours au Mercure , je croy vous devoir rendre compte d'un commencement d'Avanture qu'il a caus ſé dans les premiers jours de eeMois. Ils ont eſte ſi beaux,
i
Ev
106 LE MERCVRE
que jamais on n'a veu tant de monde aux Thuilleries. Un
Gentil - homme s'y promenoit ſeul un foir , reſvant peut-eſtre à quelque affaire de cœur,
quand il apperçeut ce quieſtoit fort capable de luy en faireune.
C'eſtoitune jeune Perſonne d'u- ne beauté ſurprenante. Elle eſtoit avec un Homme de Robe qu'il luy entendit nommer fon Coufin , en la ſuivant d'af- fez prés, comme il fit tant qu'el--- le marcha. Apres quelques tours d'Allée , elle alla s'aſſeoir
fur un Banc; & le Gentilhomme impatient de ſçavoir fi elle eſtoit auſſi ſpirituelle que belle,
ſe coula le plus promptement qu'il pût derriere une Paliſſade,
qui luy donna moyend'écouter fans eſtre apperçeu. Je vous l'a-e
voue, diſait-elle quand ils'ap
GALANT. 107
procha , la lecture a tant de charmes pour moy , qu'on ne me ſçauroit obliger plus ſenſi blement, que de me fournir de- quoy lire. J'y paſſe trois &qua- tre heures , de ſuite ſans m'en- nuyer , & les Livres ſont mon entretien ordinaire au defaut
de la Converſation. Et quels Livres , luy dit le Parent , vous divertiſſent leplus?Toutm'eft
propre, reprit elle. Hiſtoires ,
Voyages , Romans , Comédies,
je lis tout; &je vous diray mê- me, au hazard de paffer pour ri- dicule aupres de vous, qu'ilm'a pris fantaiſie depuis peu de parcourir cette Philofophie nou- velle qui fait tant debruit dans le monde. Je ſuis Femme , &
par conſequent curieuſe. Dés qu'on me parle d'une nouveau- té, je brûle d'envie de la voir,
Evj
108 LEMERCVRE
&tandis que mon Pere & ma Mere iront ſolliciter leur Procés, je prétens bien me fatisfai- re l'eſprit ſur toutes les agreables Bagatelles qui s'impriment tous les jours à Paris, car je ne croy pas que nous retournions en Bretagne avant le Careſme. Je m'imagine mabelle Parente, luy dit le Coufin, que vous ne manquerez pas à commencer par le Mercure Galant. Il n'y a point de Livre qui ſoit plus en vogue,
& il feroit honteux qu'il vous échapaſt , puis que vous faites profeffion de rout lire. Et de- quoy traite ce Mercure,luy de- manda - t-elle avec précipita- tion ?De toute forte de matieres , répondit-il. Il parle de la Guerre, &il ne ſe paſſe rien en France , & particulierement à
Paris, qui ſoit unpeu remarqua
GALANT. Log
ble, dont il n'informe le Public.
L'Autheur y meſle ce qu'il apprend de petites Avantures cauſées parl'Amour ; le tout eft diverſifié par des Pieces galan- tes de Vers & de Profe , & ce
mélange a quelque choſe d'a- greable qui fait que ceux qui approuvent le moins fon Livre,
ont toûjours la curiofité de le voir. Pour moy,j'en fuisfi fa- tisfait , que je ferois tres-faché,
qu'il ne le continuaſt pas ; ce.
qui divertit, l'emporte de beau- coup fur ce qui feroit capable d'ennuyer, & fij'y trouve quel- que choſe à redire , c'eſt qu'il louë avec profuſion, &qu'il s'é- tendunpeu trop fur les Articles de Guerre , car il perd plus de temps à décrire la priſe des Vil- les , que le Roy n'en a employé à les conquérir. Vous allez,
IIO LE MERCVRE
loin , répondit l'aimable Coufi- ne , & je ne ſçay ce que vous entendez par ce terme de pro- fuſion. Eft- ce qu'en loiiant les Gens ,l'Autheur du Mercure
neparticulariſe rien,& que fon- dant le bien qu'il en dit fur des expreſſions generales , il affure feulement qu'ils font tous d'un merite achevé , qu'aucune belle qualité ne leur manque , &
qu'il s'y trouve un affemblage de vertus ſi parfait , qu'il eſt im- poſſible d'aller au dela ? Voila ,
ce me ſemble, ce qui s'appelle- roit loüer avec profufion , quoy qu'en effet ce ne fuſt point du tout louer. Je ne ſuis point affez injuſte , repliqua- t- il , pour ac- cuſer l'Autheur dont je vous parle de loüer indiféremment tout le monde. Il éleve plus ou moins ceux qu'il a occaſion de
GALANT. III
nommer ſelon les choſes par leſquelles ils meritent d'eſtre loüez; il cite leurs Actions , fait
connoiſtre les Emplois qui leur ontdonné lieu de ſe rendre confiderables : mais comme je n'ay aucu interêt àcequi les touche,
j'aimerois mieux qu'il m'apprift quelque nouvelle agreable ,
que de me dire ce qu'ilne m'im- porte point de ſçavoir. C'eſt à
dire , mon cher Cousin , reprit la Belle en fiant , que ſi vous ou vos Amis vous aviez de longs Articles dans le Mercure , vous ne trouveriez point qu'il louaſt exceſſivement. Voila l'injustice de beaucoup de Gens. Ils vou- droient qu'il ne ſe fift rienque pour eux , & ils ne confidérent pas , quand on donne quelque ehoſe au Public,que ce Public eftantun Tout composé de di
112 LE MERCVRE
ferentes parties , il faut s'il ſe peut , trouver le moyen de con- tenter toutes fortes d'Eſprits. Je ne ſçay ceque c'eſt quele Mer- cure , mais peut-eſtre n'a- t- il
aucun Article qui ne rencontre ſes Partiſans , quand il auroit meſme quelque chose d'effecti- vement ennuyeux. Les tins s'at- tacherontaux Nouvelles ſerieuſes , les autres aux Avantures d'amour ; ceux cy cherche- ront les Vers ,ceux - là quelqu'autre Galanterie ; & com- me yous m'avez dit que c'eſt un Livre où tout cela eſt
ramaffé , j'ay peine à croire qu'on puſt former un deſſein plus capable de réüiffir. Quant auxloüanges, vouspouvez paf- fer par deſſus ſi vous enſou- frez; mais mille &mille honneſtes Gens qui font en France >
-
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4 GALANT. 113
ne meritent-ils pas qu'on parle d'eux ? & le defir de ſe rendre
digne d'eſtre loüé, ſervantquel.- quefois d'aiguillon à la Vertu ,
doit-on envierà tant de Braves
qui hazardent tous les jours leur viepour ſervir l'Etat , une récompenſe ſi legitimement deuë à leurs grandes actions ?
La Juſtice qu'aparemment leur rend le Mercure , redouble la
curioſitéque j'ay de le voir, &
je ne crains pointque le trop de Guerre m'importune. La prife de Valenciennes a couſté ſi peu de temps , que je ne m'étonne pas qu'il en faille employer da- vantageà la décrire ; mais outre que dans les Caffandres & les Cyrus j'ay tout lû juſqu'aux plus longues deſcriptions des Barailles , je ſuis perfuadéeque nous ne pouvons ſçavoir trop
114 LE MERCVRE exactementce qui ſe faitde nos jours. Les Relations les plus fi- delles oublient toûjours quel- ques circonstances, &nousn'en
voyons aucune qui n'ait ſa nou- veauté ,du moins par quel- que endroit particulier qui n'a point eſté touché dans les autres.
La nuit s'avançoit , la Belle ſe retira , & le Gentilhomme
que fon eſprit n'avoitpasmoins furpris que fa beauté , la fit fui- vre parun Laquais. Il luy envo- yades le lendemain les ſept pre- miers Tomes du Mercure Galant , avec ces Vers.
LE
MERCVRE GALANT ,
A LA BELLE INCONNUE
qui a dela curioſité pour luy.
AMyde Cupidon , Galant de Rea1.
Je parle également & d'Amour &
d'Armée,
Etviens,mais en tremblant vous conter en cejour Des Nouvelles d'amour.
Si vous me recevezſans vous mettre en
couroux ,
১
Si jeſuispar hazardle bien venu chez
vous,
Rienne peut égaler le bonheur &la
joye Deceluyqui m'envoye.
Vous l'avez avoñé,vous aimez la leEture
116 LE MERCVRE
Vous vous divertiſſez àlire une Avanture;
Mesme dans les Romans ,jeſçay que les Combats
Nevous déplaiſentpas.
Pourquoy vous déplairoy-je en mafincerité ?
Ie nedis jamais rien contre la verité;
Maissur tout aujourd'huy , sans que
l'on me renvoye ,
Ieprétensqu'on le croye.
Cette impréveuë Galanterie embaraſſaunmoment la Belle.
Elle vit bien que la converſa- tion qu'elle avoit euële ſoir pré- cedent aux Thuilleries , eſtoit
cauſedu Préſent qu'on luy fai- foit. Il ne luy déplaiſoit pas,puis qu'il fatisfaifoit l'impatience où elle eftoit de voir le Mercure. Je
ne vous puis dire ce qu'elle pen- ſa , ny par quel motif de curio- fité ou d'intrigue elle fit la Ré
E
GALANT 117 .
ponſe que yous allez voir , car je n'ay point ſceu quelle ſuite a
eul'Avanture , mais il eſt certain qu'elle ne reçeut point le Meſſage en Provinciale façon- niere , & qu'eſtant entrée dans #fon Cabinet , elle écrivit ces
deux Vers qu'elle revint donner au Porteur.
Les Nouvelles d'amourdeceluy qui t'envoye
Ne medéplairont pas,jeprétensqu'il le
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Résumé : Avantures des Thuilleries. [titre d'après la table]
Le texte décrit une aventure aux Tuileries où un gentilhomme remarque une jeune femme d'une beauté exceptionnelle en compagnie d'un homme de robe, qu'elle appelle son cousin. Intrigué, le gentilhomme se cache pour écouter leur conversation. La jeune femme exprime son amour pour la lecture, mentionnant divers genres, y compris la philosophie nouvelle. Son cousin lui suggère de lire le Mercure Galant, un journal populaire qui traite de sujets variés comme la guerre et les aventures amoureuses, apprécié pour son mélange de nouvelles et de pièces galantes. La jeune femme montre de l'intérêt pour le Mercure Galant. Son cousin explique que le journal loue souvent les gens avec profusion mais distingue les mérites de chacun. La jeune femme défend le journal, affirmant qu'il contient quelque chose pour tous les goûts et que ses louanges peuvent encourager la vertu. Elle souhaite également lire des nouvelles exactes sur les événements contemporains. Impressionné par la beauté et l'esprit de la jeune femme, le gentilhomme la fait suivre par un laquais et lui envoie les sept premiers tomes du Mercure Galant accompagnés d'un poème. La jeune femme, flattée par ce geste, répond de manière élégante, exprimant son intérêt pour les nouvelles d'amour contenues dans le journal.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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79
p. 182-184
« Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Début :
Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...]
Mots clefs :
Louanges, Mercure, Paris, Nom
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texteReconnaissance textuelle : « Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres diſpoſi- tions à faire une agreable con- noiſſance , je vous le feray ſça- voir. Cependant, Madame,vous voyez qu'on me fait un crime des loüanges queje ne croyja- mais donnerque fort juſtement;
&comme dans voſtre Campa- gne il ſe peut trover des Cen-
118 LE MERCVRE
ſeurs auffi -bien qu'icy , je vous prie de vouloir prendre mon party contre eux , & d'ajoûter aux raiſons de l'aimable Perfenne qui a défendu le Mercure ſans l'avoir veu , qu'il ne faut pas s'étonner ſi laFrance qui eſt fi peuplée , fournit tous les Mois quinze ou vingt Sujets loüables , fur toutdans un temps oùpar la force de ſes Armes elle
triomphe de la plusgrande par- tie de l'Europe liguée contre el- le ; que fila Cour & la moitié de Paris connoît ceux dont je
vous marque les Actions & les Familles , ily a une infinité de Perſonnes dans les Provinces
qui n'en ont jamais connu que le Nom , &qui me ſçavent bon gré du ſoin queje prensde leur apprendre ce qu'ils auroient peut-eſtre toûjours ignoré.
&comme dans voſtre Campa- gne il ſe peut trover des Cen-
118 LE MERCVRE
ſeurs auffi -bien qu'icy , je vous prie de vouloir prendre mon party contre eux , & d'ajoûter aux raiſons de l'aimable Perfenne qui a défendu le Mercure ſans l'avoir veu , qu'il ne faut pas s'étonner ſi laFrance qui eſt fi peuplée , fournit tous les Mois quinze ou vingt Sujets loüables , fur toutdans un temps oùpar la force de ſes Armes elle
triomphe de la plusgrande par- tie de l'Europe liguée contre el- le ; que fila Cour & la moitié de Paris connoît ceux dont je
vous marque les Actions & les Familles , ily a une infinité de Perſonnes dans les Provinces
qui n'en ont jamais connu que le Nom , &qui me ſçavent bon gré du ſoin queje prensde leur apprendre ce qu'ils auroient peut-eſtre toûjours ignoré.
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Résumé : « Si j'apprens à quoy auront abouty ces premieres dispositions [...] »
Dans une correspondance, l'auteur aborde les louanges et critiques qu'il a reçues. Il mentionne des initiatives prises pour faire connaître certaines personnes et souhaite partager les résultats. L'auteur se défend contre des accusations concernant les éloges qu'il a adressés, comparant ses censeurs à ceux qu'il pourrait rencontrer ailleurs. Il demande le soutien de son interlocutrice. L'auteur souligne que la France, en raison de sa population nombreuse et de ses succès militaires, produit chaque mois de nombreux sujets dignes d'éloges. Il note que, bien que la cour et une partie de Paris connaissent les personnes dont il parle, beaucoup de gens dans les provinces n'ont connaissance que de leurs noms. L'auteur se félicite de l'intérêt suscité en informant ces personnes sur des sujets qu'elles auraient pu ignorer.
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80
p. 184-186
Extrait de la Lettre d'un Solitaire. [titre d'après la table]
Début :
Je sçay qu'il en est qui condamnent toutes les [...]
Mots clefs :
Mercure galant, Solitude, Lire
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texteReconnaissance textuelle : Extrait de la Lettre d'un Solitaire. [titre d'après la table]
Je
E GALANT. 119
T
je
F
ſçay qu'il en eſt qui condam- nent toutes les loüangesqui ne les regardent pas ; mais ce n'eſt pas unſentiment qui ſoit gené- ralement ſuivy ; &pour en eſtre perfuadée , voyez je vous prie,
ce commencement d'une Lettre
quim'a eſté écrite de SaintMai- xent par un Inconnu. Elle eſt de celuy qui a fait le Sonnet contre l'Hypocrite , queje vous ay dit qui m'avoit eſté envoyé de Poitou.
Ie fais ma demeure dans une
Province où l'on Sçait rarement
des nouvelles du grand monde , &
ily alongtemps queje vis dans une espece defolitude , mais je n'aypû m'empeſcher de sçavoir qu'il y
avoitun Mercure Galant.I'ay bien
voulule lire , &je ne me repens point de l'avoirlú.l'ay toûjours ai
120 LE MERCVRE
mé la maniere aisée & naturelle
dont il est écrit , &jesuis bien aise,
Monfieur , de vous voir dire du
bien des Gens dont vous parlez ,
contre l'ordinaire de ceux quifont
imprimer. Cette honneſteté marque un bon cœur , & toſt ou tard .
&c.
E GALANT. 119
T
je
F
ſçay qu'il en eſt qui condam- nent toutes les loüangesqui ne les regardent pas ; mais ce n'eſt pas unſentiment qui ſoit gené- ralement ſuivy ; &pour en eſtre perfuadée , voyez je vous prie,
ce commencement d'une Lettre
quim'a eſté écrite de SaintMai- xent par un Inconnu. Elle eſt de celuy qui a fait le Sonnet contre l'Hypocrite , queje vous ay dit qui m'avoit eſté envoyé de Poitou.
Ie fais ma demeure dans une
Province où l'on Sçait rarement
des nouvelles du grand monde , &
ily alongtemps queje vis dans une espece defolitude , mais je n'aypû m'empeſcher de sçavoir qu'il y
avoitun Mercure Galant.I'ay bien
voulule lire , &je ne me repens point de l'avoirlú.l'ay toûjours ai
120 LE MERCVRE
mé la maniere aisée & naturelle
dont il est écrit , &jesuis bien aise,
Monfieur , de vous voir dire du
bien des Gens dont vous parlez ,
contre l'ordinaire de ceux quifont
imprimer. Cette honneſteté marque un bon cœur , & toſt ou tard .
&c.
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Résumé : Extrait de la Lettre d'un Solitaire. [titre d'après la table]
Un inconnu de Saint-Maixent admire le *Mercure Galant*, un périodique qu'il a récemment lu. Vivant dans une province éloignée, il apprécie son style naturel et accessible. Il loue l'honnêteté du rédacteur, qui parle bien des personnes, témoignant d'un bon cœur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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81
p. 186-189
Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Début :
Je suprime le reste, parce qu'il est trop à mon [...]
Mots clefs :
Mercure, Nouvelles, Quatrain, Vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Je ſuprime le reſte,parce qu'il eſt trop à mon avantage , mais enfin , Madame , vous voyez par là que tout le monde ne ſe chagrine pas de ce que je rens juſtice au merite. Si ce qu'il ya de plus honneſtes Gens dans les Provinces , ſe fait un
plaifir d'apprendre les Nouvel- les duMercure, je dois eſtre ſa- tisfait du ſoin qu'on prend de l'y envoyer. Une belle Dame à
qui un Homme de qualité &
d'un grand merite a donné le
nom
GALANT. 121 -
nom de Princeſſe , en fait tous
les Mois un de ſes divertiſſe
mens dans une Maiſon deCampagne où elle s'eſt retirée. Ileſt régulier àluy enfaire tenirtous les Volumes àmeſure qu'ils pa- roiſſent ; & comme il a eſtéun
des Hommes de France le
mieuxfait ,&que ſa bonne mi- ne rend encor témoignage de ce qu'il eſtoit dans ſa jeuneffe ,
l'habitude qu'il a priſe à eſtre
galant ne s'eſt pû perdre,&vous Pallez voir par ce Quatrain qu'il écrivit dans la premiere page du dernier Tome qu'il luy envoya.
Princeſſe , du Galant Mercure
Vouspouvez prendre la lecture;
Ieneforoispas malheureux ,
S'ilparloitunjour de nou's deux
Ces quatre Vers d'un Homme
Tome VIII. F
122 LE MERCVRE
conſidérable , qui ne ſe pique pointd'enfaire, ont je-ne-ſçay- quoy d'aifé & de fin qui vaut mieux que de longues Pieces où la Nature n'a point depart.
plaifir d'apprendre les Nouvel- les duMercure, je dois eſtre ſa- tisfait du ſoin qu'on prend de l'y envoyer. Une belle Dame à
qui un Homme de qualité &
d'un grand merite a donné le
nom
GALANT. 121 -
nom de Princeſſe , en fait tous
les Mois un de ſes divertiſſe
mens dans une Maiſon deCampagne où elle s'eſt retirée. Ileſt régulier àluy enfaire tenirtous les Volumes àmeſure qu'ils pa- roiſſent ; & comme il a eſtéun
des Hommes de France le
mieuxfait ,&que ſa bonne mi- ne rend encor témoignage de ce qu'il eſtoit dans ſa jeuneffe ,
l'habitude qu'il a priſe à eſtre
galant ne s'eſt pû perdre,&vous Pallez voir par ce Quatrain qu'il écrivit dans la premiere page du dernier Tome qu'il luy envoya.
Princeſſe , du Galant Mercure
Vouspouvez prendre la lecture;
Ieneforoispas malheureux ,
S'ilparloitunjour de nou's deux
Ces quatre Vers d'un Homme
Tome VIII. F
122 LE MERCVRE
conſidérable , qui ne ſe pique pointd'enfaire, ont je-ne-ſçay- quoy d'aifé & de fin qui vaut mieux que de longues Pieces où la Nature n'a point depart.
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Résumé : Vers envoyez dans un Tome du Mercure Galant. [titre d'après la table]
Le texte relate l'envoi du Mercure, une publication de nouvelles, à une dame honorable résidant dans les provinces. Cette dame, surnommée 'Princesse' par un homme de qualité, organise des divertissements mensuels dans sa maison de campagne. Cet homme, reconnu pour sa galanterie et ses bonnes mœurs, reçoit régulièrement les volumes du Mercure et a composé un quatrain pour la dame, exprimant son plaisir de lui envoyer cette lecture. Le quatrain assure que la dame peut lire le Mercure sans crainte, même si la publication parlait un jour d'eux deux. L'auteur du quatrain est décrit comme un homme considérable qui préfère des vers sincères à des pièces longues et artificielles.
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82
p. 330
« Je pourrois encor vous dire quelque chose de ce qui [...] »
Début :
Je pourrois encor vous dire quelque chose de ce qui [...]
Mots clefs :
Lettre, Énigme, Spirituelles amies
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texteReconnaissance textuelle : « Je pourrois encor vous dire quelque chose de ce qui [...] »
le pourrois encor vous dire quel- que choſe de ce qui s'eſt paffédepuis le Combat , mais l'endroit eſt beau
pour finir , vous ſçaurez le reſte une
2
GALANT 225 autre fois. Ie reſerve auſſi à vous par- ler du merite de ceux à qui le Roy a
donné depuis peu des Eveſchez &des Abbayes. Mais quelque preffé que jeſois de fermer ma Lettre , vous ne me pardonneriez pas lije nevous en- voyois une Enigme pour vos fpiri- tuelles Amies. Celle que vous allez lire aeſté faite exprés pour elles , &
doit les embarraffer , par une raiſon que je vous diray quand nous parle- ronsduMot. Elle est d'une Perſonne
du premier Rang.
pour finir , vous ſçaurez le reſte une
2
GALANT 225 autre fois. Ie reſerve auſſi à vous par- ler du merite de ceux à qui le Roy a
donné depuis peu des Eveſchez &des Abbayes. Mais quelque preffé que jeſois de fermer ma Lettre , vous ne me pardonneriez pas lije nevous en- voyois une Enigme pour vos fpiri- tuelles Amies. Celle que vous allez lire aeſté faite exprés pour elles , &
doit les embarraffer , par une raiſon que je vous diray quand nous parle- ronsduMot. Elle est d'une Perſonne
du premier Rang.
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Résumé : « Je pourrois encor vous dire quelque chose de ce qui [...] »
Dans une lettre, l'auteur évoque la beauté d'un lieu après un combat et promet des détails ultérieurs. Il mentionne des nominations ecclésiastiques par le roi. Il partage également une énigme destinée à des amies spirituelles, créée par une personne de haut rang, et explique qu'il en révélera la raison plus tard.
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83
p. 332-334
SONNET.
Début :
Si les Belles de vos Quartiers tombent dans l'embarras que / Je suis (crioit jadis Apollon à Daphné, [...]
Mots clefs :
Apollon, Luth, Dieu des vers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SONNET.
Si les Belles de vos Quartiers tombent dans l'embarras que je prévoy,
elles n'auront qu'à conſulter Apollon.
Parmyſes qualitez qui ſont en grand nombre , il a celle de Devin. Elles
fçavent ſans doute qu'il ne pût autre- fois avoir l'avantage de toucherDaph né ,mais je ne ſcay ſielles en ſcavent:
la raiſon. Elles la trouveront dans ce
Sonnet. Quoy qu'il foit badin ,il ne laiffe pas d'avoir ſa beauté , &je ne doute pointquevousn'en foyez latiss faite..
GALAN T. 227
ややややややややややLYON
SONNET
Efuis (
JE Daphne
*193*
crioit jadis Apollon à
تو
Lorsque tout hors d'haleine il conroit
apres elles Et luy contoit pourtant la longue Ki- rielle
Des rares qualitez dont il eſtoit orné. )
Ieſuis le Dieu des Vers. Ieſuis Bel- Esprit né,
(Mais les Vers n'estoient point le Charmede la Belle )
Ieſçayjoüerdu Lut , arrestez. Bagatelle,
LeLut nepouvoit rien fur ce cœur ob- Stiné.
Je connoy la vertade la moindre Ra- cine
Leſuis n'endoutezpas,DieudelaMo decine.
Kvj
228 LE MERCVRE
Daphnécouroitplus viste apres ce nom fatal..
Mais s'il euftdit , voyez quellé eſt vôtreConqueſte ,
Iefuis un jeune Dien, beau, galantli- ,
beral,
DaphnéSurmmaparole auroit tourné la Teste.
elles n'auront qu'à conſulter Apollon.
Parmyſes qualitez qui ſont en grand nombre , il a celle de Devin. Elles
fçavent ſans doute qu'il ne pût autre- fois avoir l'avantage de toucherDaph né ,mais je ne ſcay ſielles en ſcavent:
la raiſon. Elles la trouveront dans ce
Sonnet. Quoy qu'il foit badin ,il ne laiffe pas d'avoir ſa beauté , &je ne doute pointquevousn'en foyez latiss faite..
GALAN T. 227
ややややややややややLYON
SONNET
Efuis (
JE Daphne
*193*
crioit jadis Apollon à
تو
Lorsque tout hors d'haleine il conroit
apres elles Et luy contoit pourtant la longue Ki- rielle
Des rares qualitez dont il eſtoit orné. )
Ieſuis le Dieu des Vers. Ieſuis Bel- Esprit né,
(Mais les Vers n'estoient point le Charmede la Belle )
Ieſçayjoüerdu Lut , arrestez. Bagatelle,
LeLut nepouvoit rien fur ce cœur ob- Stiné.
Je connoy la vertade la moindre Ra- cine
Leſuis n'endoutezpas,DieudelaMo decine.
Kvj
228 LE MERCVRE
Daphnécouroitplus viste apres ce nom fatal..
Mais s'il euftdit , voyez quellé eſt vôtreConqueſte ,
Iefuis un jeune Dien, beau, galantli- ,
beral,
DaphnéSurmmaparole auroit tourné la Teste.
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Résumé : SONNET.
Le texte traite des qualités d'Apollon et de son échec à séduire Daphne. Apollon, dieu des vers et esprit brillant, est également un devin. Malgré ses nombreux talents, notamment poétiques, il n'a pas réussi à charmer Daphne, qui le fuyait. Apollon reconnaît l'inefficacité de ses vers pour conquérir Daphne, mais affirme connaître la vérité et les secrets de la médecine divine. Le texte suggère que Daphne aurait pu être conquise si Apollon s'était présenté différemment, soulignant l'impact de son nom fatal sur elle.
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84
s. p.
« Parmy beaucoup de choses que vous me dites qui vous [...] »
Début :
Parmy beaucoup de choses que vous me dites qui vous [...]
Mots clefs :
Lettre, Retraite, Provinciale, Estimer
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texteReconnaissance textuelle : « Parmy beaucoup de choses que vous me dites qui vous [...] »
ARMY beaucoup de choſes que vous me dites qui vous ont plû
dans ma Lettre du
Mois paſſé, je ſuis bien aife, Mar dame , que vous approuviez l'Adieuaux Muſes. Onl'a telle- ment estimé icy , que j'aurois eſté faché si vous ne m'en euffiez rien dit , & je ne ſçay ſi je n'aurois point eu peine à ne Aij
4. LE MERCVRE
vous pas traiter de Provinciale,
vous qui avez le gouſt ſi fin pour toutes chofes , &qui dans voſtre Retraite décidez avec tant d'eſprit de cequi eſt verita- blementbonoumauvais. Quoy que l'Autheur de cette inge nieuſe Satyre me ſoit encor in- connu , je me réjoüis d'autant plusde lajustice qu'on'or luyrend,
que les loüanges qu'elle luy fait recevoir de tous coſtez , l'enga- geront malgré luy ( fi pourtant il eſt auſſi fâchéqu'il le fait pa- roiſtre ) à n'abandonner pas fi- toſt ungenred'écrire , aimé par- ticulierementde tout le monde,
&qui mefle plus qu'aucun au- tre l'utile avec l'agreable , puis qu'il eſt mal-aisé d'entendrebla merdes defauts qu'on ſe repro- che à ſoy-meſme, ſans faire ef fort pour s'en corriger
dans ma Lettre du
Mois paſſé, je ſuis bien aife, Mar dame , que vous approuviez l'Adieuaux Muſes. Onl'a telle- ment estimé icy , que j'aurois eſté faché si vous ne m'en euffiez rien dit , & je ne ſçay ſi je n'aurois point eu peine à ne Aij
4. LE MERCVRE
vous pas traiter de Provinciale,
vous qui avez le gouſt ſi fin pour toutes chofes , &qui dans voſtre Retraite décidez avec tant d'eſprit de cequi eſt verita- blementbonoumauvais. Quoy que l'Autheur de cette inge nieuſe Satyre me ſoit encor in- connu , je me réjoüis d'autant plusde lajustice qu'on'or luyrend,
que les loüanges qu'elle luy fait recevoir de tous coſtez , l'enga- geront malgré luy ( fi pourtant il eſt auſſi fâchéqu'il le fait pa- roiſtre ) à n'abandonner pas fi- toſt ungenred'écrire , aimé par- ticulierementde tout le monde,
&qui mefle plus qu'aucun au- tre l'utile avec l'agreable , puis qu'il eſt mal-aisé d'entendrebla merdes defauts qu'on ſe repro- che à ſoy-meſme, ſans faire ef fort pour s'en corriger
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Résumé : « Parmy beaucoup de choses que vous me dites qui vous [...] »
L'auteur exprime sa satisfaction que la destinataire ait apprécié son 'Adieu aux Muses', une œuvre très estimée dans son entourage. Il aurait été déçu si elle n'en avait rien dit. Il admire son goût raffiné et son esprit critique, même dans sa retraite. Bien que l'auteur d'une satire ingénieuse lui soit inconnu, il se réjouit de la reconnaissance qu'elle reçoit. Il espère que cet auteur continuera à écrire, car son genre littéraire, qui combine l'utile et l'agréable, est particulièrement apprécié. Il note également qu'il est difficile d'entendre les défauts que l'on se reproche sans essayer de s'en corriger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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85
p. 15-16
« Le Génie de Mr de Fontenelle paroist si fort dans [...] »
Début :
Le Génie de Mr de Fontenelle paroist si fort dans [...]
Mots clefs :
Fontenelle, Chien, Matière
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Génie de Mr de Fontenelle paroist si fort dans [...] »
LeGéniedeM' de Fontenel
leparoiſt fi fortdans toute cette Piece , qu'il n'eſt pas beſoin de vous dire qu'il en eſt l'Au- theur. Il a cela de particulier,
quepreſquedans toutes les cho- ſes qu'ilfait , iljoint la nouveau- té de la matiere àl'agrémentde ſes Vers; & comme perſonne avant luy n'avoitfongé à com- parer un petitChien à l'Amour,
il eſt le premier qui ait donné à
unRuiffeaudelaſenſibilité pour
une Prairie. I
leparoiſt fi fortdans toute cette Piece , qu'il n'eſt pas beſoin de vous dire qu'il en eſt l'Au- theur. Il a cela de particulier,
quepreſquedans toutes les cho- ſes qu'ilfait , iljoint la nouveau- té de la matiere àl'agrémentde ſes Vers; & comme perſonne avant luy n'avoitfongé à com- parer un petitChien à l'Amour,
il eſt le premier qui ait donné à
unRuiffeaudelaſenſibilité pour
une Prairie. I
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86
p. 51-53
« Mr Petit qui a fait ces Vers, n'a pas seulement [...] »
Début :
Mr Petit qui a fait ces Vers, n'a pas seulement [...]
Mots clefs :
Mr Petit, Poésie, Maison de Rambouillet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Mr Petit qui a fait ces Vers, n'a pas seulement [...] »
Mr Petit qui a fait ces Vers,
'n'a pas ſeulement un génie ad- mirable pour la Poëfie , mais un je neſçay quel feu quibrille toû- jours ,&qui fait connoiſtre qu'il
a l'eſprit naturellement galans.
GALANT. 35 Il ſeroit difficile de l'avoir plus delicat. Sa converſation eſt tresagreable. Il dit les choſes d'une maniere qui donne de la grace àce qui n'en auroit point dans une autre bouche , & il eſt ce qui s'appelle un veritable hon- neſte - Homme. Vous jugez bien , Madame qu'avec ces qua- litez il n'a pas manqué de ſe fai- re d'illuſtres Amis qu'il a en grand nombre. Auſſi quoy qu'il foit de Roüen, &qu'ily faffe fon ordinaire demeure , il eſt fort
connu à Paris , & on ne peut
entretenir de plus longues cor- reſpondances qu'il en a euës avec la Maiſon de Ramboüillet,
qui a toûjours eſté tout eſprit.
Monfieur le Duc de Montaufier
qui eſt Gouverneur de fa Pro- vince , luy a ſouvent donné des marques avantageuſes de la con .
:-
Bvj
36 LE MERCVRE fideration qu'il a pour luy ,& il alhonneurd'eſtre allie de Perfonnes qui ont part au Mini- ftere
'n'a pas ſeulement un génie ad- mirable pour la Poëfie , mais un je neſçay quel feu quibrille toû- jours ,&qui fait connoiſtre qu'il
a l'eſprit naturellement galans.
GALANT. 35 Il ſeroit difficile de l'avoir plus delicat. Sa converſation eſt tresagreable. Il dit les choſes d'une maniere qui donne de la grace àce qui n'en auroit point dans une autre bouche , & il eſt ce qui s'appelle un veritable hon- neſte - Homme. Vous jugez bien , Madame qu'avec ces qua- litez il n'a pas manqué de ſe fai- re d'illuſtres Amis qu'il a en grand nombre. Auſſi quoy qu'il foit de Roüen, &qu'ily faffe fon ordinaire demeure , il eſt fort
connu à Paris , & on ne peut
entretenir de plus longues cor- reſpondances qu'il en a euës avec la Maiſon de Ramboüillet,
qui a toûjours eſté tout eſprit.
Monfieur le Duc de Montaufier
qui eſt Gouverneur de fa Pro- vince , luy a ſouvent donné des marques avantageuſes de la con .
:-
Bvj
36 LE MERCVRE fideration qu'il a pour luy ,& il alhonneurd'eſtre allie de Perfonnes qui ont part au Mini- ftere
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Résumé : « Mr Petit qui a fait ces Vers, n'a pas seulement [...] »
Le texte décrit Mr Petit comme un poète au génie remarquable et à l'esprit naturellement galant. Sa conversation est agréable et délicate, et il se distingue par une grâce unique dans son expression. Considéré comme un véritable honnête homme, il a acquis de nombreux amis illustres. Bien qu'il réside à Rouen, il est bien connu à Paris et entretient des correspondances prolongées avec la Maison de Rambouillet, célèbre pour son esprit. Le Duc de Montaufier, gouverneur de sa province, lui a témoigné une grande considération et honneur, l'associant à des personnes influentes dans le ministère.
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87
p. 84-86
SONNET.
Début :
Si ce qui regarde la part que j'ay au Mercure / Digne & galant Autheur du celebre Mercure, [...]
Mots clefs :
Mercure, Auteur, Lecture, Livre
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texteReconnaissance textuelle : SONNET.
Si ce quire- garde la part que j'ay au Mer- cure, pouvoit eſtre ſuprimé fans faire injustice aux Spirituels In- connus qui m'envoyent leurs Pieces fans ſe nommer, la crainte de me faire accuſer de vanité
m'empeſcheroit de vous faire voir le Sonnetqui ſuit, mais il eſt trop agreablement tournépour ne luy pas donner place icy. II m'eſt venu de Caën. Vous ſça- vez comme tout le mondey eſt poly, &vous ne ferez peut-eftre pas fâchée de connoiſtre qu'on
y eſtime les Lettres que je vous écris.
Cij
36 LE MERCVRE
SONNET.
Digne&galant Autheurdu celebre Mercure ,
De nos Belles de Caënredoutez le cou
roux ;
Elles brûlent ce Livre en peſtant contre
Vous
Pour les maux qu'a produits ſafatale
lecture.
De la Guerre, dit-on , vousfaites la
peinture Avec de certains traitsfi charmans &
fi doux,
Que l'on y voit courir les Amans , les
Ероих ;
Etc'est làlesujetqui caufe le murmure.
Quoy, direz- vous , jy mets tant de Traitez d'Amour ,
Des Madrigaux galans, les Festesde la
Cour
GALANT. 57
Tout cela nefaitrien pourſauver vostre
Livre.
Car quand un Brave y trouve un Roy d'un fi grand Cœur ,
Il ahonte d'aimer , il a honte de vivre,
S'il n'accompagnepas cet Auguste Vainqueur.
m'empeſcheroit de vous faire voir le Sonnetqui ſuit, mais il eſt trop agreablement tournépour ne luy pas donner place icy. II m'eſt venu de Caën. Vous ſça- vez comme tout le mondey eſt poly, &vous ne ferez peut-eftre pas fâchée de connoiſtre qu'on
y eſtime les Lettres que je vous écris.
Cij
36 LE MERCVRE
SONNET.
Digne&galant Autheurdu celebre Mercure ,
De nos Belles de Caënredoutez le cou
roux ;
Elles brûlent ce Livre en peſtant contre
Vous
Pour les maux qu'a produits ſafatale
lecture.
De la Guerre, dit-on , vousfaites la
peinture Avec de certains traitsfi charmans &
fi doux,
Que l'on y voit courir les Amans , les
Ероих ;
Etc'est làlesujetqui caufe le murmure.
Quoy, direz- vous , jy mets tant de Traitez d'Amour ,
Des Madrigaux galans, les Festesde la
Cour
GALANT. 57
Tout cela nefaitrien pourſauver vostre
Livre.
Car quand un Brave y trouve un Roy d'un fi grand Cœur ,
Il ahonte d'aimer , il a honte de vivre,
S'il n'accompagnepas cet Auguste Vainqueur.
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Résumé : SONNET.
L'auteur d'une lettre exprime sa crainte d'être accusé de vanité en publiant des pièces anonymes reçues de spirituels inconnus. Il décide néanmoins de partager un sonnet provenant de Caen, ville connue pour sa polyvalence et l'appréciation des lettres qu'il y écrit. Le sonnet est adressé à l'auteur du célèbre Mercure, critiquant les effets de ses écrits sur les femmes de Caen, qui brûlent son livre en raison des maux causés par sa lecture. Le sonnet souligne que l'auteur du Mercure décrit la guerre avec des traits charmants et doux, attirant ainsi les amants et les héros. Cependant, cela provoque des murmures, car les traités d'amour, les madrigaux galants et les fêtes de la cour ne suffisent pas à sauver son livre. Un lecteur brave, en trouvant un roi au grand cœur, se sent honteux d'aimer et de vivre s'il ne suit pas ce vainqueur auguste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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88
p. 87-93
De mon Desert prés de Grenoble le 27. d'Octobre 1677.
Début :
Trouvez bon que j'ajoûte à ce Sonnet la Lettre d'un / Il faut avoüer, Monsieur, que tout le monde est obligé [...]
Mots clefs :
Auteur du Mercure, Plaisirs différents, Ouvrages, Mercure galant, Monsieur le Pays, Livres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De mon Desert prés de Grenoble le 27. d'Octobre 1677.
Trouvez bon que j'ajoûte à ce Sonnet la Lettre d'un Solitaire
qui ne s'eſt pas défait de l'habi-- tude debien écrire , en ſe défaiſant de la pratique du Monde.
Elle a eſté envoyée depuis peu à un de mes Amis , &je croy que vous verrez avec plaifir la juftice qu'ony rendàM. le Pays,
pour qui je ſçay que vous avez une eſtime particuliere.
C
8 LE MERCVRE
De monDefert prés deGreno- ble le 27. d'Octobre 1677.
Illefaut mondeavouer est obligé , Monsieur à l'Autheur , que tout du Mercure Galant ; mais les Solitaires
comme moy luy ont une obligation par- ticuliere. Ne font-ils pas heureux de
pouvoir apprendre les Affaires de la
Guerre & du Grand Monde juſques au fond de leur Defert ; de pouvoir pour ainsi dire estre de la Courfans for- tir de leur Village ? Depuis ſept mois qu'il me donne tant de plaiſirs differens,
je cherche en mon esprit les moyens de l'en remercier. Mais comme je n'ay pas L'avantage de le connoistre , je ne puis,
Monfieur,m'adreſſferqu'àvous qui estes deſes Amis,pour vous prier de luyfain
re mon Compliment , & de luy envoyer mon Pacquet. Il'y trouvera deuxpetites Pieces qui ne luy seront peut- estre pas inutiles. Son deſſein eſt ſi beau
fon entrepriſe ſi louable ,que chacun
GALAN T. 59 doit contribuer de fon costéà lafaire
durer. L'ay dans cette Province deux
illustres Amis dont j'ay ſoin de recücil.
lirles Vers &les Lettres , &ceſontdes
Ouvrages qui pourroient de temps en temps enrichirle Mercure Galant.
Monfieur l'Abbé de S. F** & Monſieur le Pays ,font affez connus dans le Royaume. Quoyque lepremier n'aitja- mais pûse résoudre àfaire imprimerſes Oeuvres , on a ven de luy mille Galanteries manuscrites qui font connoistre juſquesoùvalaforce &la délicateſſe de SonEsprit. Pour Monfieur le Pays,fes Amitiez, Amours & Amourettes , ont
tant fait de bruit dans le monde , que Son Nom eftconnu de tous ceuxquiſça- vent lire. Neantmoinsquand on le connoist que par là, on ignore la plus gran- departie defon merite. Le croy que je puis direfans l'offencer , qu'il vaut enco- re mieux queſes Livres , &que tout ce qu'il a imprimé est malgré son fuccés bien éloigné de la juſteſſe de ce qu'il écrit aujourd'huy . L'Autheur du Mercure Galant en pourra juger par les deux Lettres que je luy envoye. L'en ay Cvj
60 LE MERCVRE
encore quelques autres que je luy four- niray si je vois paroiſtre celles- cy dans le premier Volume du Mercure , parce que de là je concluray qu'on les atrou- vées agreables. Cela m'obligera meſine's àpreffer Monsieur le Pays de.mefaire copier quelques-uns de fes Vers , &pent- estre que jeréveilleraysa Muſequi ſem- ble dormirpendant qu'il travaille aux Affaires d'un grand employ qui ne luy.
donne queres le loiſirdepenser aux Ba- gatellespoétiques.
qui ne s'eſt pas défait de l'habi-- tude debien écrire , en ſe défaiſant de la pratique du Monde.
Elle a eſté envoyée depuis peu à un de mes Amis , &je croy que vous verrez avec plaifir la juftice qu'ony rendàM. le Pays,
pour qui je ſçay que vous avez une eſtime particuliere.
C
8 LE MERCVRE
De monDefert prés deGreno- ble le 27. d'Octobre 1677.
Illefaut mondeavouer est obligé , Monsieur à l'Autheur , que tout du Mercure Galant ; mais les Solitaires
comme moy luy ont une obligation par- ticuliere. Ne font-ils pas heureux de
pouvoir apprendre les Affaires de la
Guerre & du Grand Monde juſques au fond de leur Defert ; de pouvoir pour ainsi dire estre de la Courfans for- tir de leur Village ? Depuis ſept mois qu'il me donne tant de plaiſirs differens,
je cherche en mon esprit les moyens de l'en remercier. Mais comme je n'ay pas L'avantage de le connoistre , je ne puis,
Monfieur,m'adreſſferqu'àvous qui estes deſes Amis,pour vous prier de luyfain
re mon Compliment , & de luy envoyer mon Pacquet. Il'y trouvera deuxpetites Pieces qui ne luy seront peut- estre pas inutiles. Son deſſein eſt ſi beau
fon entrepriſe ſi louable ,que chacun
GALAN T. 59 doit contribuer de fon costéà lafaire
durer. L'ay dans cette Province deux
illustres Amis dont j'ay ſoin de recücil.
lirles Vers &les Lettres , &ceſontdes
Ouvrages qui pourroient de temps en temps enrichirle Mercure Galant.
Monfieur l'Abbé de S. F** & Monſieur le Pays ,font affez connus dans le Royaume. Quoyque lepremier n'aitja- mais pûse résoudre àfaire imprimerſes Oeuvres , on a ven de luy mille Galanteries manuscrites qui font connoistre juſquesoùvalaforce &la délicateſſe de SonEsprit. Pour Monfieur le Pays,fes Amitiez, Amours & Amourettes , ont
tant fait de bruit dans le monde , que Son Nom eftconnu de tous ceuxquiſça- vent lire. Neantmoinsquand on le connoist que par là, on ignore la plus gran- departie defon merite. Le croy que je puis direfans l'offencer , qu'il vaut enco- re mieux queſes Livres , &que tout ce qu'il a imprimé est malgré son fuccés bien éloigné de la juſteſſe de ce qu'il écrit aujourd'huy . L'Autheur du Mercure Galant en pourra juger par les deux Lettres que je luy envoye. L'en ay Cvj
60 LE MERCVRE
encore quelques autres que je luy four- niray si je vois paroiſtre celles- cy dans le premier Volume du Mercure , parce que de là je concluray qu'on les atrou- vées agreables. Cela m'obligera meſine's àpreffer Monsieur le Pays de.mefaire copier quelques-uns de fes Vers , &pent- estre que jeréveilleraysa Muſequi ſem- ble dormirpendant qu'il travaille aux Affaires d'un grand employ qui ne luy.
donne queres le loiſirdepenser aux Ba- gatellespoétiques.
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Résumé : De mon Desert prés de Grenoble le 27. d'Octobre 1677.
Le 27 octobre 1677, un solitaire de Defert près de Grenoble adresse une lettre à l'éditeur du Mercure Galant. Il exprime sa reconnaissance pour ce périodique, qui permet aux personnes retirées du monde de suivre les actualités et les conflits. Ne pouvant remercier directement l'éditeur, il transmet ses compliments par un ami commun. La lettre inclut deux courtes pièces destinées à enrichir le Mercure Galant. L'auteur mentionne deux amis provinciaux, l'Abbé de S. F** et Monsieur le Pays, dont les œuvres pourraient enrichir le périodique. Il loue particulièrement Monsieur le Pays, affirmant que ses écrits actuels surpassent ses publications précédentes. L'auteur propose d'envoyer d'autres lettres si celles-ci sont publiées dans le premier volume du Mercure Galant, espérant encourager Monsieur le Pays à partager davantage de ses vers.
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89
p. 156-157
« Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
Début :
Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...]
Mots clefs :
Ouvrage, Vers, Netteté
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texteReconnaissance textuelle : « Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
Avoüez , Madame , que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles ne font , ſi elles eſtoient toûjours remplies de quelque Ouvrage de l'Illuſtre Perſonne àqui nousdevons ce- luy-cy. Elle fait aſſurément honneur à voſtre Beau Sexe.
Pour moy je tiens que ſon trop de merite eſt ſon ſeuldefaut, car
il me ſemble qu'eſtant auſſi-bien faite qu'elle eſt , elle ne devroit pas avoir tant d'eſprit. Il brille merveilleuſementdans ces Vers;
outre que l'expreſſion en eſt no- ble, ils fontd'une netteté achevée, &ont un touraifé &délicat qui fait qu'on entre fans peine dans la penſée , &qu'elle s'offre d'abord ſans embarras,
Pour moy je tiens que ſon trop de merite eſt ſon ſeuldefaut, car
il me ſemble qu'eſtant auſſi-bien faite qu'elle eſt , elle ne devroit pas avoir tant d'eſprit. Il brille merveilleuſementdans ces Vers;
outre que l'expreſſion en eſt no- ble, ils fontd'une netteté achevée, &ont un touraifé &délicat qui fait qu'on entre fans peine dans la penſée , &qu'elle s'offre d'abord ſans embarras,
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Résumé : « Avoüez, Madame, que mes Lettres vous plairoient encor plus qu'elles [...] »
La lettre exprime l'admiration pour une personne illustre dont les œuvres sont appréciées. L'auteur reconnaît que ses lettres gagneraient à contenir des œuvres de cette personne, qui honore le sexe féminin. Il estime que son principal défaut est son trop grand mérite. Il admire particulièrement l'esprit et la noblesse de l'expression dans ses vers, d'une netteté achevée et d'un tour raffiné.
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90
p. 207-209
« Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Début :
Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...]
Mots clefs :
Matière, Curiosité, Mois prochain, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : « Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Cequeje vous aydit des Ler- tres de Chancelier dont M. le
Procureur General a demandé
l'Enregiſtrement , devroit avoir efté précedé de ce que j'avois fait deſſein de vous dire touchant les Ceremonies qui s'ob.-
fervent à l'Ouverture du Parlement apres les Vacations. Plu- ſieurs en parlent , & peu de Gens les ont affez examinées
pour en faire un juſte Détail.. La matiere eſt belle ,& tout ce
quis'y eft paffé cette annéeme- rite voſtre curiofité ; mais je ſuis contraint d'attendre au Mois
prochain à la fatisfaire , n'ayant pas le temps de vous écrire tout ce que je voudrois ſur un ſi am.
ple ſujet. J'avois veu prendre le
GALANT. r3r
e
e
-
chemin des Quartiers d'Hyver auxEnnemis. Je croyois y met- tre auffi le Mercure, &que jene vous parlerois pendant quel- ques mois quede Galanteries,
deComedies &deBals ; mais les
François infatigables ſous un Prince qui veille fans ceſſe au bien &à la gloire de ſon Eſtar,
ne peuvent demeurer en repos enaucuntemps.Ainſi je me vois obligédeles fuivre,quoy que ce ne puiſſe eſtre que de loin , &
c'eſt par cette raiſon que je ne
pourray vous rendre un compte auffi exact que je le voudrois des ſurprenantes actions par lef- quelles ils ont finy la Campagne
Procureur General a demandé
l'Enregiſtrement , devroit avoir efté précedé de ce que j'avois fait deſſein de vous dire touchant les Ceremonies qui s'ob.-
fervent à l'Ouverture du Parlement apres les Vacations. Plu- ſieurs en parlent , & peu de Gens les ont affez examinées
pour en faire un juſte Détail.. La matiere eſt belle ,& tout ce
quis'y eft paffé cette annéeme- rite voſtre curiofité ; mais je ſuis contraint d'attendre au Mois
prochain à la fatisfaire , n'ayant pas le temps de vous écrire tout ce que je voudrois ſur un ſi am.
ple ſujet. J'avois veu prendre le
GALANT. r3r
e
e
-
chemin des Quartiers d'Hyver auxEnnemis. Je croyois y met- tre auffi le Mercure, &que jene vous parlerois pendant quel- ques mois quede Galanteries,
deComedies &deBals ; mais les
François infatigables ſous un Prince qui veille fans ceſſe au bien &à la gloire de ſon Eſtar,
ne peuvent demeurer en repos enaucuntemps.Ainſi je me vois obligédeles fuivre,quoy que ce ne puiſſe eſtre que de loin , &
c'eſt par cette raiſon que je ne
pourray vous rendre un compte auffi exact que je le voudrois des ſurprenantes actions par lef- quelles ils ont finy la Campagne
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Résumé : « Ce que je vous ay dit des Lettres de Chancelier [...] »
Le texte aborde la demande d'enregistrement des lettres de chancellerie par le procureur général et l'intention de l'auteur de discuter des cérémonies d'ouverture du Parlement après les vacances. L'auteur reconnaît l'intérêt du sujet mais doit reporter cette discussion en raison de contraintes de temps. Il mentionne également avoir observé les mouvements des ennemis vers leurs quartiers d'hiver et avait prévu de traiter des sujets légers comme les galanteries, les comédies et les bals. Cependant, les Français, dirigés par un prince vigilant, poursuivent leurs actions militaires. L'auteur se voit donc contraint de suivre ces événements, bien qu'à distance, et ne peut fournir un compte rendu aussi précis qu'il le souhaiterait des actions remarquables qui ont marqué la fin de la campagne.
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91
p. 252-254
Réponse aux Belles de Paris, de Lyon, de Noyon, & de Poitou, dont l'Autheur du Mercure a reçeu des Lettres. [titre d'après la table]
Début :
Il ne me reste plus, Madame, qu'à vous parler de [...]
Mots clefs :
Énigme, Amies, Lettre R, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse aux Belles de Paris, de Lyon, de Noyon, & de Poitou, dont l'Autheur du Mercure a reçeu des Lettres. [titre d'après la table]
Il ne me reſte plus, Madame,
qu'à vous parler de l'Enigme de ma derniere Lettre , dont il
eſt vray que vos Amies ont trouvé le mot. Celle de la
Lettre R les devoit empeſcher de croirequ'on en euſt fait une feconde fur une autre Lettre de
l'Alphabet , mais je voy bien qu'elles ne ſe laiſſent pas aifé- mentembarraſſer.Vous ne ſcau- riez vous imaginer combienj'ay reçeu d'agreables Lettres là-def fus. Je vous enferoispart,ſi elles ne m'eſtoient pas trop avanta- geuſes. J'enay unede quelques Dames de Paris , àqui je ſuis
bien fâché d'avoir à dire pour réponſe qu'elles ont perdu la difcretion , &que l'Abbé dont elles meparlent a deviné juſte.
168 LE MERCVRE
Vous voyez par làque l'Enigme a fait faire des gageures.De tres- ſpirituelles Provinciales m'ont auſſi écrit de Noyon&de Lyon;
mais ce qu'elles m'ont écrit eft fi obligeant pour moy , que je n'oſe le rendre public. Les der- nieres datent fort ingénieuſe- ment de la Ville d'V , & me
diſent qu'elles ne ſe ſont pas mal trouvées d'avoir conſulté
Apollonius au lieu d'Apollon.
S'il eſt auſſi grand Sorcier qu'- elles veulent queje le croye , je tâcheray d'y trouver accés pour ſçavoir qui sõtdeux belles Cou- fines de Poitoudont j'ay reçeu des Lettres toutes charmantes.
Je dis belles , parce qu'elles me paroiſſent trop galantes pour n'avoir pas autant de beauté qu'elles ont d'agrément à s'ex- primer. Si j'y puis reüffir , Ma- dame ,
GALAN T. 169
dame , je vous en feray le Por- trait la premiere fois que je vous écriray , &je m'imagineque je le feray afſſez reſſemblant. Je ſuis déja convaincuqu'ellesont autant d'eſprit qu'on en peut avoir , &àleur maniere d'écrire
il ne m'eſt pas difficile de con- noiſtre qu'elles fontdequalité.
qu'à vous parler de l'Enigme de ma derniere Lettre , dont il
eſt vray que vos Amies ont trouvé le mot. Celle de la
Lettre R les devoit empeſcher de croirequ'on en euſt fait une feconde fur une autre Lettre de
l'Alphabet , mais je voy bien qu'elles ne ſe laiſſent pas aifé- mentembarraſſer.Vous ne ſcau- riez vous imaginer combienj'ay reçeu d'agreables Lettres là-def fus. Je vous enferoispart,ſi elles ne m'eſtoient pas trop avanta- geuſes. J'enay unede quelques Dames de Paris , àqui je ſuis
bien fâché d'avoir à dire pour réponſe qu'elles ont perdu la difcretion , &que l'Abbé dont elles meparlent a deviné juſte.
168 LE MERCVRE
Vous voyez par làque l'Enigme a fait faire des gageures.De tres- ſpirituelles Provinciales m'ont auſſi écrit de Noyon&de Lyon;
mais ce qu'elles m'ont écrit eft fi obligeant pour moy , que je n'oſe le rendre public. Les der- nieres datent fort ingénieuſe- ment de la Ville d'V , & me
diſent qu'elles ne ſe ſont pas mal trouvées d'avoir conſulté
Apollonius au lieu d'Apollon.
S'il eſt auſſi grand Sorcier qu'- elles veulent queje le croye , je tâcheray d'y trouver accés pour ſçavoir qui sõtdeux belles Cou- fines de Poitoudont j'ay reçeu des Lettres toutes charmantes.
Je dis belles , parce qu'elles me paroiſſent trop galantes pour n'avoir pas autant de beauté qu'elles ont d'agrément à s'ex- primer. Si j'y puis reüffir , Ma- dame ,
GALAN T. 169
dame , je vous en feray le Por- trait la premiere fois que je vous écriray , &je m'imagineque je le feray afſſez reſſemblant. Je ſuis déja convaincuqu'ellesont autant d'eſprit qu'on en peut avoir , &àleur maniere d'écrire
il ne m'eſt pas difficile de con- noiſtre qu'elles fontdequalité.
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Résumé : Réponse aux Belles de Paris, de Lyon, de Noyon, & de Poitou, dont l'Autheur du Mercure a reçeu des Lettres. [titre d'après la table]
L'auteur d'une lettre discute de l''Enigme de ma dernière Lettre'. Il mentionne que les amies de la destinataire ont résolu cette énigme, malgré la difficulté posée par la lettre 'R'. L'auteur a reçu de nombreuses lettres agréables à ce sujet, y compris celles de dames parisiennes qui ont perdu leur discrétion. L'énigme a suscité des paris et des lettres de femmes spirituelles de Noyon et Lyon, bien que l'auteur ne puisse pas rendre public leur contenu. Des lettres ingénieuses proviennent également de la ville d'U. L'auteur exprime son désir de connaître deux femmes de Poitiers qui lui ont écrit des lettres charmantes. Il les décrit comme galantes et spirituelles, et il est convaincu de leur qualité. Il promet à la destinataire de lui décrire ces femmes lors de sa prochaine lettre.
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92
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
VOICY le dixième Volume du Mercure, & le dernier de [...]
Mots clefs :
Lecteur, Planches, Nouvelles, Livre, Femmes, Galanterie, Modes nouvelles, Prix, Articles, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AV LECTEUR.
OICY le dixiéme Volume du Mercure , &
le dernier de l'Année
1677. car quoy qu'il paroiſſe en Ianvier , il ne contient que les Nouvelles du MoisdeDecembre , &on ne donnera que le
premier jour de Fevrier celuy qui commencera l'Année 1678. Le
fuccés de ce Livre a estéextraordinaire. Ie ne doute point qu'il ne
foitdeûauxprodigesde cetteCam- pagne, aux Vers galans&ferieux,
&aux Pieces d'Eloquence qu'on m'a fait la grace de me donnerde
toutes parts , &c'est peut-estre le
feul Livre dont un Autheur puiffe publier le fuccés Sans paroiſtre wain , puis qu'en cela il ne love
a ij
AU LECTEUR.
que les ouvrages d'autruy. Ie me trouve meſme dans quelque obli- gation de ne pas taire l'approbation qu'on a donnée au Mercure ,
afin que ceux qui m'ont envoyé les agreables Pieces qui te composent,
connoiſſfent qu'elles ont plû par tout;
ce qu'il me feroit aisé de justifier parplus de quatre cens Lettres qui m'ont été écritesfur le plaisir que falecture acaufé. Lest certain que pours'en declarer l'ennemy, ilfau droit vouloir qu'iln'y eût ny Braves my beaux Esprits en France, &con- damner en même temps toutes les Actions de valeur , &tous les galans Ouvrages de ceux qui écrivět.
Ieſçay que leTitre afait croire d'abord que le Mercure estoitfim- plementgalant , &qu'ilne devoit tenirplace que dans la Bibliothe- que des Femmes , mais on est forty de cette erreur quand on y a ven
AU LECTEUR.
des Pieces d'éloquence, desHarangues, des Relations fidelles &exaEtes,des Sieges &des Batailles,des
Evenemens remarquables,des morceauxd'Histoire , &des Memoires
glorieux àdes Familles. Alorsil eft
devenu le Livredes Sçavans &des
Braves,aprés avoir étéle divertiſ Semet du beau Sexe;&une marque incontestable deſonſuccés, c'est qu'il a esté affez heureux pour plaire à
Monseign. leDAUPHIN , &que ce GrandPrince veut bien foufrir qu'il paroiſſe toûjours à l'avenir SousSonNom.Ainsivous verrez ce Nomauguste àla tefte de celuy qui contiendra les Nouelles de Ianvier,
&pourleredre moins indigne d'un figrandhonneur, il commencera en ce temps- lààparoître avec tous lesornemens dont un Livre de cette
nature puiſſe eſtre embelly. Onfera graver dans chaque Volume trois aij
AU LECTEUR.
ouquatre Planches,ſuivant les Sujets dont le Mercure parlera ; &
come les Enigmesfont devenuës un Ieud'esprit quiplaiſt , comme on be voit par un nombre infiny de Gens qui cherchent ày donner des Ex- plications,outre celles quiferont en Vers àl'ordinaire,on enmettra tous.
Les Moisune autre en Figures, dont on laifſfera le mot àdeviner. Ony
trouvera trois ou quatre Chansons dont les Notesferontgravées.Elles feront compofées par les meilleurs Maistres , & notées exprés pourle Mercure,defortequ'onpeut s'afſfu- rer qu'elles auront toute la grace de la nouveauté, puis queperſonne ne les aura venës avant que le Volumeoù ellesferont,foit envente.. Ceux quivoudront envoyer des Pa roles,le pourront faire,on aura ſoin deles faire noterfiellesse trouvent propres à être chantées. Ily aura FesCartes dagalanterie, la pre
AU LECTEUR.
miere qui paroiſtra , Sera l'Empire de la Poësie de M.de Fontenelle.On peut croire fur ce nom qu'elle ne manquerapas d'agrément. Ondon- nera auſſichaque Mois des Deffeins gravez des Modes nouvelles , &
quand on aura commencé , on ne
discontinueraplus,mais ilfaut éta- blirbeaucoupde chofes pour cela,&
lier commerce avec bien des Gens.
Cefera une commodité pour ceux qui aurot inventé quelque chose de nouveau, dans l'envie de contribuer
auplaisir deMgleDAUPHIN on qui auront quelque chef-d'œuvre d'Art àpropoſer au Public. Ils pourroten aporter les deſſeins,&on lesfera graver, s'ils meritent cette dépense. Ellefera grandepour tous ces embelliffemens, &devroitfaire rencherir leMercure de beaucoup
cependant come on s'attacke plus à
lagloire qu'àl'interêt,l'augmenta- tiaduprixſeratres-pen coſiderable
AU LECTEUR.
puisqu'ilneſevědrachezl'Impri- meurqueseizefols en blanc , &au Palais vintgfols en parchemin,&
vingt-cingfols en veau. LePublic areçeu ce Livreſifavorablement,
qu'il est juste de luy enmarquerde Lareconnoiffance par les nouvelles beautez qu'on luy prestera. Mais pourestre aſſuré d'en joüir , ildoit prendre garde si on ne luy vend point deMercures contrefaits. Il nesuffit pas de voiraubas qu'ils ont esté imprimez àParis ; c'est ce qu'onnemanque jamais d'ymettre pour empeſcher qu'on ne les rejet- te commefaux. Il faudra exami ners'ils auront les Lettres fleuron- nées &figurées , les vignetes , le Frontispice,&generalement toutes les Planches queje viens dedire,
qui feront àl'avenir dans les ve- ritables. Ceuxquife hazarderont àles contrefaire dans les Provin-
AU LECTEUR.
ces , s'il s'en trouve qui s'yveüit- lent expofer , comme ils lesdebite- ront fans Figures ,feront obligez d'ofter beaucoup de la matiere qui aura relation avec les Planches,&
tout le reste demeurant fant liai- fon,fera unpurgalimatias ; outre qu'un Livre contrefait eft toûjours remply de fautes, &qu'un Libraire quifonge à l'épargne,en retranche beaucoupde chofespour yemployer moins de feüilles. Il ne faut pas s'étonner ſi des Livres fidéfigurez Se donnent à meilleur marchéque les veritables,&c'est cette medio- crité de prix qui peut encorfaire voir qu'ils ne lefont pas. On prie ceux qui auront des Memoires à
dõner, de les adreſſfer au SieurBla- geart Imprimeur &Libraire , de- meurant à Paris Ruë S. Iacques, à
l'entrée de la Rue du Plâtre, &de
fairesçavoiren quel lieu on pourra
AU LECTEUR.
eftre éclaircy des circonstances das letemps quelesArticlesferont em- ployez. Pour les Histoires envoyées
pardes Particuliers,on croit devoir avertirunefois pour toutes , quefi on yretouche, c'est seulementpour les mettre dans le ſtile ferré du
Mercure,qui doit eftre lemémepar tout ou pour ofter quelquefois des chofes qui font trop libres , ou qui fatirisant trop,pourroient chagri- ner les Intéreſſez. S'ilarrive qu'on difére à mettre dans le Mois les choses qu'ondonne,ce n'est qu'àl'é- garddes Galanteries,qui n'ont au- tunbeſoin de l'ordre du temps,mais toft ou tard on y met tout ce qui est bon,ou quandonne le metpoint, ce n'estpas qu'on n'y trouve beaucoup d'eſprit,mais ily a des chofes tres- Spirituelles &tres-bie tournées qui neſont pas bonnes àimprimer. On nesçauroit avoirtrop de circonfpe-
AU LECTEUR.
LA
VILLE
Etion àrendre le Mercure digne
d'eſtre toûjours lûdans des lieux d'où lamoindrelibertéle banniroit.
Comme beaucoup de Perſonnesfont lagrace d'écrireà l'Autheur,il les priede ne point trouver mauvais s'il se diſpenſe de leurrépondre.
Outre qu'il a besoin deson temps pour travailler &pour s'informer des Nouvelles de chaque Mois, it 2006
croit répondre affez quand il met
les Ouvrages qu'ontuy envoye. Les Libraires de Provincefont avertis
qu'on leur fera bon marchéàpro portion del'éloignement des lieux,
&de ce qu'il leur pourra couster pour leport. Chacun n'aura qu'à envoyer Son Correspondant chez led.SieurBlageart, &onyféra les
Paquets tantpourles Libraires que
pour les Particuliers. Leprixdes dix Volumes de l'Année 1677.ne Serapoint augmenté. Ils contiennet lesNouvellesdesdouzeMois ,parce
AU LECTEUR.
qu'on a ramassé dans le premier celles de lanvier,de Fevrier, &de
Mars, jamais Conquérant n'ayant fait de fi grandes Conquestes que LOUIS LE GRAND dans le cours
d'une seule Année. Il n'y a point d'Histoire qui en faſſevoir de pa- veilles, fi on aégardà la forcedes Placesquinemaquoient nyd'Hommesny de Munitions.Elles auroient esté imprénables autrefois. Tant d'Actionsſurprenantes rendent ces dix Tomes considérables. Onyrend
la gloire qui est deuë à ceux qui
ont fait les Coquestes,&àceux qui les ont chantées , & on y ramaſſe mille choſes curieuses qu'on n'au- roit pû trouverenſemble si leMer- curen'avoit jamais estéfait. Les unes auroient estéſeparées;les au- tres n'estatqu'enfeüillesvolates,ſe ferviet perduës, &il y en auroit eu beaucoup quelanégligeredeles re- cuillir auroit empêchéde coſerver,
OICY le dixiéme Volume du Mercure , &
le dernier de l'Année
1677. car quoy qu'il paroiſſe en Ianvier , il ne contient que les Nouvelles du MoisdeDecembre , &on ne donnera que le
premier jour de Fevrier celuy qui commencera l'Année 1678. Le
fuccés de ce Livre a estéextraordinaire. Ie ne doute point qu'il ne
foitdeûauxprodigesde cetteCam- pagne, aux Vers galans&ferieux,
&aux Pieces d'Eloquence qu'on m'a fait la grace de me donnerde
toutes parts , &c'est peut-estre le
feul Livre dont un Autheur puiffe publier le fuccés Sans paroiſtre wain , puis qu'en cela il ne love
a ij
AU LECTEUR.
que les ouvrages d'autruy. Ie me trouve meſme dans quelque obli- gation de ne pas taire l'approbation qu'on a donnée au Mercure ,
afin que ceux qui m'ont envoyé les agreables Pieces qui te composent,
connoiſſfent qu'elles ont plû par tout;
ce qu'il me feroit aisé de justifier parplus de quatre cens Lettres qui m'ont été écritesfur le plaisir que falecture acaufé. Lest certain que pours'en declarer l'ennemy, ilfau droit vouloir qu'iln'y eût ny Braves my beaux Esprits en France, &con- damner en même temps toutes les Actions de valeur , &tous les galans Ouvrages de ceux qui écrivět.
Ieſçay que leTitre afait croire d'abord que le Mercure estoitfim- plementgalant , &qu'ilne devoit tenirplace que dans la Bibliothe- que des Femmes , mais on est forty de cette erreur quand on y a ven
AU LECTEUR.
des Pieces d'éloquence, desHarangues, des Relations fidelles &exaEtes,des Sieges &des Batailles,des
Evenemens remarquables,des morceauxd'Histoire , &des Memoires
glorieux àdes Familles. Alorsil eft
devenu le Livredes Sçavans &des
Braves,aprés avoir étéle divertiſ Semet du beau Sexe;&une marque incontestable deſonſuccés, c'est qu'il a esté affez heureux pour plaire à
Monseign. leDAUPHIN , &que ce GrandPrince veut bien foufrir qu'il paroiſſe toûjours à l'avenir SousSonNom.Ainsivous verrez ce Nomauguste àla tefte de celuy qui contiendra les Nouelles de Ianvier,
&pourleredre moins indigne d'un figrandhonneur, il commencera en ce temps- lààparoître avec tous lesornemens dont un Livre de cette
nature puiſſe eſtre embelly. Onfera graver dans chaque Volume trois aij
AU LECTEUR.
ouquatre Planches,ſuivant les Sujets dont le Mercure parlera ; &
come les Enigmesfont devenuës un Ieud'esprit quiplaiſt , comme on be voit par un nombre infiny de Gens qui cherchent ày donner des Ex- plications,outre celles quiferont en Vers àl'ordinaire,on enmettra tous.
Les Moisune autre en Figures, dont on laifſfera le mot àdeviner. Ony
trouvera trois ou quatre Chansons dont les Notesferontgravées.Elles feront compofées par les meilleurs Maistres , & notées exprés pourle Mercure,defortequ'onpeut s'afſfu- rer qu'elles auront toute la grace de la nouveauté, puis queperſonne ne les aura venës avant que le Volumeoù ellesferont,foit envente.. Ceux quivoudront envoyer des Pa roles,le pourront faire,on aura ſoin deles faire noterfiellesse trouvent propres à être chantées. Ily aura FesCartes dagalanterie, la pre
AU LECTEUR.
miere qui paroiſtra , Sera l'Empire de la Poësie de M.de Fontenelle.On peut croire fur ce nom qu'elle ne manquerapas d'agrément. Ondon- nera auſſichaque Mois des Deffeins gravez des Modes nouvelles , &
quand on aura commencé , on ne
discontinueraplus,mais ilfaut éta- blirbeaucoupde chofes pour cela,&
lier commerce avec bien des Gens.
Cefera une commodité pour ceux qui aurot inventé quelque chose de nouveau, dans l'envie de contribuer
auplaisir deMgleDAUPHIN on qui auront quelque chef-d'œuvre d'Art àpropoſer au Public. Ils pourroten aporter les deſſeins,&on lesfera graver, s'ils meritent cette dépense. Ellefera grandepour tous ces embelliffemens, &devroitfaire rencherir leMercure de beaucoup
cependant come on s'attacke plus à
lagloire qu'àl'interêt,l'augmenta- tiaduprixſeratres-pen coſiderable
AU LECTEUR.
puisqu'ilneſevědrachezl'Impri- meurqueseizefols en blanc , &au Palais vintgfols en parchemin,&
vingt-cingfols en veau. LePublic areçeu ce Livreſifavorablement,
qu'il est juste de luy enmarquerde Lareconnoiffance par les nouvelles beautez qu'on luy prestera. Mais pourestre aſſuré d'en joüir , ildoit prendre garde si on ne luy vend point deMercures contrefaits. Il nesuffit pas de voiraubas qu'ils ont esté imprimez àParis ; c'est ce qu'onnemanque jamais d'ymettre pour empeſcher qu'on ne les rejet- te commefaux. Il faudra exami ners'ils auront les Lettres fleuron- nées &figurées , les vignetes , le Frontispice,&generalement toutes les Planches queje viens dedire,
qui feront àl'avenir dans les ve- ritables. Ceuxquife hazarderont àles contrefaire dans les Provin-
AU LECTEUR.
ces , s'il s'en trouve qui s'yveüit- lent expofer , comme ils lesdebite- ront fans Figures ,feront obligez d'ofter beaucoup de la matiere qui aura relation avec les Planches,&
tout le reste demeurant fant liai- fon,fera unpurgalimatias ; outre qu'un Livre contrefait eft toûjours remply de fautes, &qu'un Libraire quifonge à l'épargne,en retranche beaucoupde chofespour yemployer moins de feüilles. Il ne faut pas s'étonner ſi des Livres fidéfigurez Se donnent à meilleur marchéque les veritables,&c'est cette medio- crité de prix qui peut encorfaire voir qu'ils ne lefont pas. On prie ceux qui auront des Memoires à
dõner, de les adreſſfer au SieurBla- geart Imprimeur &Libraire , de- meurant à Paris Ruë S. Iacques, à
l'entrée de la Rue du Plâtre, &de
fairesçavoiren quel lieu on pourra
AU LECTEUR.
eftre éclaircy des circonstances das letemps quelesArticlesferont em- ployez. Pour les Histoires envoyées
pardes Particuliers,on croit devoir avertirunefois pour toutes , quefi on yretouche, c'est seulementpour les mettre dans le ſtile ferré du
Mercure,qui doit eftre lemémepar tout ou pour ofter quelquefois des chofes qui font trop libres , ou qui fatirisant trop,pourroient chagri- ner les Intéreſſez. S'ilarrive qu'on difére à mettre dans le Mois les choses qu'ondonne,ce n'est qu'àl'é- garddes Galanteries,qui n'ont au- tunbeſoin de l'ordre du temps,mais toft ou tard on y met tout ce qui est bon,ou quandonne le metpoint, ce n'estpas qu'on n'y trouve beaucoup d'eſprit,mais ily a des chofes tres- Spirituelles &tres-bie tournées qui neſont pas bonnes àimprimer. On nesçauroit avoirtrop de circonfpe-
AU LECTEUR.
LA
VILLE
Etion àrendre le Mercure digne
d'eſtre toûjours lûdans des lieux d'où lamoindrelibertéle banniroit.
Comme beaucoup de Perſonnesfont lagrace d'écrireà l'Autheur,il les priede ne point trouver mauvais s'il se diſpenſe de leurrépondre.
Outre qu'il a besoin deson temps pour travailler &pour s'informer des Nouvelles de chaque Mois, it 2006
croit répondre affez quand il met
les Ouvrages qu'ontuy envoye. Les Libraires de Provincefont avertis
qu'on leur fera bon marchéàpro portion del'éloignement des lieux,
&de ce qu'il leur pourra couster pour leport. Chacun n'aura qu'à envoyer Son Correspondant chez led.SieurBlageart, &onyféra les
Paquets tantpourles Libraires que
pour les Particuliers. Leprixdes dix Volumes de l'Année 1677.ne Serapoint augmenté. Ils contiennet lesNouvellesdesdouzeMois ,parce
AU LECTEUR.
qu'on a ramassé dans le premier celles de lanvier,de Fevrier, &de
Mars, jamais Conquérant n'ayant fait de fi grandes Conquestes que LOUIS LE GRAND dans le cours
d'une seule Année. Il n'y a point d'Histoire qui en faſſevoir de pa- veilles, fi on aégardà la forcedes Placesquinemaquoient nyd'Hommesny de Munitions.Elles auroient esté imprénables autrefois. Tant d'Actionsſurprenantes rendent ces dix Tomes considérables. Onyrend
la gloire qui est deuë à ceux qui
ont fait les Coquestes,&àceux qui les ont chantées , & on y ramaſſe mille choſes curieuses qu'on n'au- roit pû trouverenſemble si leMer- curen'avoit jamais estéfait. Les unes auroient estéſeparées;les au- tres n'estatqu'enfeüillesvolates,ſe ferviet perduës, &il y en auroit eu beaucoup quelanégligeredeles re- cuillir auroit empêchéde coſerver,
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Résumé : AU LECTEUR.
Le texte est une lettre au lecteur introduisant le dixième et dernier volume du Mercure pour l'année 1677, paru en janvier mais contenant les nouvelles de décembre. Le succès de cette publication est attribué aux récits de la campagne, aux vers galants et féroces, ainsi qu'aux pièces d'éloquence reçues de diverses sources. L'auteur souligne que le Mercure n'est pas seulement un livre galant mais aussi un recueil de pièces d'éloquence, de harangues, de relations fidèles, de sièges, de batailles et de mémoires glorieux. Le Mercure a plu à Monseigneur le Dauphin, qui souhaite qu'il continue à paraître sous son nom. Pour honorer cet appui, le Mercure sera enrichi de planches gravées, d'énigmes, de chansons, de cartes de galanterie et de défenses des modes nouvelles. L'auteur met en garde contre les contrefaçons et invite les lecteurs à vérifier l'authenticité des volumes. Il encourage également l'envoi de mémoires et d'histoires, tout en précisant que certaines contributions peuvent être modifiées pour respecter le style du Mercure. Enfin, il informe que le prix des dix volumes de l'année 1677 ne sera pas augmenté et qu'ils contiennent les nouvelles des douze mois, soulignant les grandes conquêtes de Louis le Grand. Par ailleurs, le texte mentionne que des documents ou objets, qualifiés d'« autres », sont dispersés et en mauvais état, décrits comme « enfeüilles volates », c'est-à-dire des feuilles volantes ou des documents détachés. Ces éléments risquent de se perdre, mais un grand nombre d'entre eux pourraient être sauvés si l'on ne négligeait pas de les recueillir. Cette action de collecte est présentée comme essentielle pour conserver ces documents ou objets.
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93
p. 10-11
« La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...] »
Début :
La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...]
Mots clefs :
Netteté, Ouvrage
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texteReconnaissance textuelle : « La netteté de ces Vers vous fait assez voir qu'ils [...] »
La netteté de ces Vers vous
fait affez voir qu'ils viennent de Source. Ils font d'un Gentilhomme qui cherche la Nature
&
GALANT. 9
dans tout ce qu'il fait , & qui par là ne fait jamais rien que d'agreable. Cet Ouvrage n'é- tant pas le ſeul que vous ayez veude luy, le ſtyle vous endoit faire deviner le nom. Il y a des expreſſions heureuſes qui le di- ſtinguent affez pour ne vous donner aucune peine à le reconnoiftre.
fait affez voir qu'ils viennent de Source. Ils font d'un Gentilhomme qui cherche la Nature
&
GALANT. 9
dans tout ce qu'il fait , & qui par là ne fait jamais rien que d'agreable. Cet Ouvrage n'é- tant pas le ſeul que vous ayez veude luy, le ſtyle vous endoit faire deviner le nom. Il y a des expreſſions heureuſes qui le di- ſtinguent affez pour ne vous donner aucune peine à le reconnoiftre.
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94
p. 66-67
Les Avantures d'Armide & de Renaud, composées par M. le C. de Meré. [titre d'après la table]
Début :
C'estoit quelque chose d'admirable que les Jardins enchantez [...]
Mots clefs :
Tasse, Lecture, Imprimé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Avantures d'Armide & de Renaud, composées par M. le C. de Meré. [titre d'après la table]
C'eſtoit quelque choſed'ad- mirable que les Jardins en- chantez du Palais d'Armide ,
GALANT. 45
où il en naiſſoit en tout temps &de toutes les façons. Quoy que vous ſoyez inſtruite de tout ce qui eſt arrivé à cette belle Princeſſe par la lecture du Taſſe , liſez je vous prie ce qui en a eſté imprimé depuis peu ſous le titre des Avantures
d'Armide & de Renaud. Vous
en ſerez fatisfaite. Ce Livre eſt
ført agreable , & vous dire qu'il eſt deM. leChevalier de Meré,
c'eſt vous dire que vousy trou- verez autant de pureté de lan- gage , que de delicateſſe d'expreffion
GALANT. 45
où il en naiſſoit en tout temps &de toutes les façons. Quoy que vous ſoyez inſtruite de tout ce qui eſt arrivé à cette belle Princeſſe par la lecture du Taſſe , liſez je vous prie ce qui en a eſté imprimé depuis peu ſous le titre des Avantures
d'Armide & de Renaud. Vous
en ſerez fatisfaite. Ce Livre eſt
ført agreable , & vous dire qu'il eſt deM. leChevalier de Meré,
c'eſt vous dire que vousy trou- verez autant de pureté de lan- gage , que de delicateſſe d'expreffion
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Résumé : Les Avantures d'Armide & de Renaud, composées par M. le C. de Meré. [titre d'après la table]
Le texte présente les Jardins enchantés du Palais d'Armide, où des phénomènes extraordinaires se produisent. Il recommande la lecture des 'Avantures d'Armide & de Renaud', un ouvrage récent du Chevalier de Méré, apprécié pour la pureté de son langage et la délicatesse de ses expressions.
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95
p. 67-85
COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
Début :
Vous ne serez pas moins contente du Compliment que Mr / Le juste choix que le Roy a fait de vostre Personne [...]
Mots clefs :
Chancelier, Compliment, Faculté de droit, Université de Paris, Honneur, Campagne, Action, Académie française, M. Doujat, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
Vous ne ſerez pas moins contente du Compliment que M' Doujat eut l'honneur defai- re à Monfieur le Chancelier ,
lors qu'il le fut ſalüer pour la Faculté de Droit de l'Univerfité de Paris, dont il eſt le plus
46 LE MERCVRE ancien Docteur Régent. Il étoit accompagné de ſes Collègues,
&fut preſenté par Monfieur Pelletier Conſeiller d'Etat, comme il l'avoit eſté en pareille rencontre par M' de Lamoignon à feu Monfieur Daligre.
COMPLIMENT
A MONSIEVR
LE CHANCELIER.
MONSEIGNEUR,
Lejuſte choix que le Roy afaitde voftre Personne, pour l'élever à laplus.
haute Dignitéde la Robe, eſt ſans dou- te laplus infaillible marque d'un merite achevé. Mais c'est encore une preuve bien convainquante , que ce merite eft
GALANT. 47
generalement reconnu , de voir que les Loix, qui ordinairement font muettes au milieu des Armes, prennent d'abord un tel éclat entre vos mains, qu'on n'entend de tous coſtez que desacclama- tions &des applaudiſſemens , pour une action pacifique , dans un temps où les Triomphes de nostre invincible Monarquefont tant de bruit en tous lieux,par des miracles de guerre fi continuels &
fiſurprenans.
Onpeut bien , Monseigneur , lesap- pellerSurprenans ,puis qu'ils n'ont point d'exemple dans toute l'Antiquité,
que l'on n'agueres moins de peine àles croire apres qu'ils font arrivez, qu'à les imagineravant qu'ils arrivent. En effet , iln'y apersonne qui ſoit capable de les concevoir , que cet incomparable
Génie qui ſeul les ſçait executer. Car enfin peut-oncomprendre cetteſage con duite qui pourvoit àtout ; cette activité qui estpar tout; cette intrépidité heroï- que qui anime tout ; &enfin cette au- guste presence qui vient à bout de
tout ?
Mais peut-on affez admirer les pro
48 LE MERCVRE digesque ces grands refforts ontproduit dansle coursde cetteseule Année, qui n'est pas encore finis ? une Campagne qui en vaut pluſieurs,ſi hautement ache- vée, en la Saiſon qu'on l'ouvroit àpei- ne autrefois ; &recommencée avec un pareilfuccés, auſſi-toſt que les Ennemis ontfiny les marches & les contremar- ches qu'ils ont appellées leur Campagne:
pluſieurs Placesqu'on n'avoit osé atta- quer , ou qu'on avoit attaquées inutile- ment en divers temps, emportées dans peude jours : une Bataille gagnée par un autre Soy-mesme pendant deux Sie ges; ces Bravesde toutes Nationsfor- cez en un moment derriere leurs plus forts Remparts , auſſi-bien qu'en rafe Campagne; & leurs prodigieuses Ar- mées également défaites en combatant &fans combatre ?
4 Vostre Zelepour leſervice &pour la gloire du Roy , me fait esperer, Mon- Seigneur, que vousexcuſerezfacilement cette diſgreſſion ſur un Sujet fi agrea- ble, &où vous &les Vostres avez toujours en tant de part. Nous voyons,Monseigneur , dans
VOS
GALANT. 49 wosfages Conseils, dans vosfoins vigi- lans &fideles,&dans toute voſtre Vie,
-degrandes matieres de pluſieurs Pane- gyriques; & nous voudrions bien nous pouvoiracquiterde ce qui vous est deû en cette occafion. Mais le temps d'un Compliment , dontje vois bien que j'ay déjapassé les bornes , ne mepermet pas deſuivre cette juſte inclination ; &je connois trop ma foibleſſe ,pour meha- zarder àune fi difficile entrepriſe. Il meſuffira de dire , en paſſant, ce qui est connudetout le monde , que vous ſça- vez joindre admirablement bien des chosesqui nesetrouvent gueres d'accord que dans les Hommes extraordinaires ;
unEspritpenétrant , avec un jugement folide ; une modération fans exemple,
avec une éminente fortune ; &une pro.
bitéinfléxible,qui neconfidereperſonne quand il faut juger , avec une affabili_ té obligeante qui ne rebute personne ,
-quand ilfaut écouter.
Ainfi,Monseigneur , la justice que leRoyvientdefaire àvoſtre vertu ,
&à vos longs &importans Services,
estunmoyen aſſurépour la rendre par
Tome X. C
5o LE MERCVRE uneseule action , au reſte deſes Sujets ;
&la connoiſſance que l'on a de cette verité ,dont on voit déja les effets , ré- panddans tous les Cœurs une ioyequi n'estpas concevable.
Cependant, Monseigneur , la Faculté de Droit oſeſe flater de l'espérance que
dans cette commune allegreſſe vous au- rez la bonté de distinguer ſon zele parmyceluy des autres Corps , qui ont eu •déja,ou qui auront en ſuite l'honneur de rendre de ſemblables devoirs à Voftre
Grandeur.
Pour nous attirer cet avantage , il Suffiroit de l'attachement particulier qu'exige de nous la profeſſion des Loix,
dont vous estes l'Oracle &l'appuy tout ensemble.
Mais outre cette dépendance auſſi glorieuse que neceſſaire, aux obligations de laquelle nous tâchons de répondre paruneprofondevéneration , &pardes vœux ardens & finceres; que ne de.
vons-nous pas à V. G. pour l'inclina- tion qu'elle a toûjours témoignéede voir rétablir l'Etude de la Iurisprudence ;
qui vous est chere , parce que vous la
GALANT. SI poffedez parfaitement , & parce que vous enconnoiffez mieux que perſonne l'importance &la neceſſité ? Vous ſça- vez, Monseigneur, combien elle est dé- cheuë de sapremiere ſplendeur dans ce Royaume où on l'a venë si florifſfante pendantplusieurs Siecles.
Maintenant que vous eſtes en étar de la vanger dumépris iniurieux qu'en font ceux à qui elle est inconnuë ; que pouvons-noussouhaiter deplushonora_ ble pour V. G. &deplus utile pour le Public,fi ce n'est l'entier accompliſſe ment de vos grands &loüables def- Seins; &que pour en avoir l'effet, vous puiſſiez Servirle Roy & l'Etat dans les nobles fonctions d'une Dignité si éminenteauffi longuement que dans cel- lesde tous les autres Emplois que vous avezfi dignement remplis ?
Monfieur le Chancelier reçeut cette Députation d'une maniere toute obligeante. Le merite particulier de M' Dou- jat luy eſtoit connu,& il ſçavoit Cij
52 LE MERCVRE la reputation qu'il a permy tous ceux qui eftiment les belles Lettres. La place qu'on luy a
*donnée dans l'Académie Françoiſe en eſt une marque. Il eſt originaire de Toulouſe, defcen du d'un Loüis Doujat , qui fut pourveu le premier ily a envi- ron 160. ans de la Charge d'A- vocat General du Grand Confeil,cette Compagnie n'en ayant point eu avant luy. Un de ſes Fils ſe fit Conſeiller au
Parlement de Toulouſe , l'autre
demeura à Paris , & depuis ce temps-là il y a toûjours eu des Officiers de ce nomdans quelqu'une des Cours Souveraines
de ces deux Villes.
Apres la mort de M. du No- zet, Auditeurde Rote, M. l'Ab- bé Doujat dont je vous parle ,
fut propofé par M. de Marca
GALANT. 53
Archeveſque de Toulouſe,pour eſtre envoyé àſa place , &feu M. le Cardinal Mazarin, inſtruit
de ſa haute capacité , luy avoit faitdire qu'il ſetinſt preſt à par- tir ; mais les grandes Alliances &les correſpondances queM
deBourlemont avoient en Italie , jointes à quelques autres confiderations importantes , fi- rent tourner les chofes , fur la
priere de M' l'Eveſque de Ca- ſtres depuis Archeveſque de Toulouſe , en faveur de Monfieur ſon Frere qui s'eſt digne- ment acquité de cet Employ dans des conjonctures affez difficiles. Ce changementn'eut pas lieu de le chagriner , puis qu'il fut cauſedel'honneur qu'il reçeut d'eſtre employé par feu M le Prefident de Perigny , à
donneràMonſeigneur le DauCij
34 LE MERCVRE phin les premieres teintures de 'Hiſtoire & dela Fable. Il fut
furpris des talens extraordinai- res qui éclatoient en cejeune Prince dés l'âge de fix ans. Il s'a- giſſoit deles cultiver, & celaluy donna occafion de compoſer un Abregé de l'Hiſtoire Gré- que & Romaine ſur Velleïus Paterculus. Cet Ouvrage me- rite l'approbation que luy a
donnée le Public. Il a fait imprimer depuis ce temps- là un Recüeil en Latin de tout ce qui regarde le Droit Eccleſiaſtique particulier à la France, & enfui- te une Hiſtoire du Droit Ca.-
non. Il travaille preſentement à celle du Droit Civil qui pa- roiſtra bien- toſt, & à.des Notes fur Tite-Live pour l'uſage de Monſeigneur le Dauphin. On les imprime; & comme le Païs
GALANT. 55 Latin n'eſt pas un Païs incon- nu pour vous , je me perfuade,
Madame , que vous ne manque- rez pas de curioſité pour les voir.
lors qu'il le fut ſalüer pour la Faculté de Droit de l'Univerfité de Paris, dont il eſt le plus
46 LE MERCVRE ancien Docteur Régent. Il étoit accompagné de ſes Collègues,
&fut preſenté par Monfieur Pelletier Conſeiller d'Etat, comme il l'avoit eſté en pareille rencontre par M' de Lamoignon à feu Monfieur Daligre.
COMPLIMENT
A MONSIEVR
LE CHANCELIER.
MONSEIGNEUR,
Lejuſte choix que le Roy afaitde voftre Personne, pour l'élever à laplus.
haute Dignitéde la Robe, eſt ſans dou- te laplus infaillible marque d'un merite achevé. Mais c'est encore une preuve bien convainquante , que ce merite eft
GALANT. 47
generalement reconnu , de voir que les Loix, qui ordinairement font muettes au milieu des Armes, prennent d'abord un tel éclat entre vos mains, qu'on n'entend de tous coſtez que desacclama- tions &des applaudiſſemens , pour une action pacifique , dans un temps où les Triomphes de nostre invincible Monarquefont tant de bruit en tous lieux,par des miracles de guerre fi continuels &
fiſurprenans.
Onpeut bien , Monseigneur , lesap- pellerSurprenans ,puis qu'ils n'ont point d'exemple dans toute l'Antiquité,
que l'on n'agueres moins de peine àles croire apres qu'ils font arrivez, qu'à les imagineravant qu'ils arrivent. En effet , iln'y apersonne qui ſoit capable de les concevoir , que cet incomparable
Génie qui ſeul les ſçait executer. Car enfin peut-oncomprendre cetteſage con duite qui pourvoit àtout ; cette activité qui estpar tout; cette intrépidité heroï- que qui anime tout ; &enfin cette au- guste presence qui vient à bout de
tout ?
Mais peut-on affez admirer les pro
48 LE MERCVRE digesque ces grands refforts ontproduit dansle coursde cetteseule Année, qui n'est pas encore finis ? une Campagne qui en vaut pluſieurs,ſi hautement ache- vée, en la Saiſon qu'on l'ouvroit àpei- ne autrefois ; &recommencée avec un pareilfuccés, auſſi-toſt que les Ennemis ontfiny les marches & les contremar- ches qu'ils ont appellées leur Campagne:
pluſieurs Placesqu'on n'avoit osé atta- quer , ou qu'on avoit attaquées inutile- ment en divers temps, emportées dans peude jours : une Bataille gagnée par un autre Soy-mesme pendant deux Sie ges; ces Bravesde toutes Nationsfor- cez en un moment derriere leurs plus forts Remparts , auſſi-bien qu'en rafe Campagne; & leurs prodigieuses Ar- mées également défaites en combatant &fans combatre ?
4 Vostre Zelepour leſervice &pour la gloire du Roy , me fait esperer, Mon- Seigneur, que vousexcuſerezfacilement cette diſgreſſion ſur un Sujet fi agrea- ble, &où vous &les Vostres avez toujours en tant de part. Nous voyons,Monseigneur , dans
VOS
GALANT. 49 wosfages Conseils, dans vosfoins vigi- lans &fideles,&dans toute voſtre Vie,
-degrandes matieres de pluſieurs Pane- gyriques; & nous voudrions bien nous pouvoiracquiterde ce qui vous est deû en cette occafion. Mais le temps d'un Compliment , dontje vois bien que j'ay déjapassé les bornes , ne mepermet pas deſuivre cette juſte inclination ; &je connois trop ma foibleſſe ,pour meha- zarder àune fi difficile entrepriſe. Il meſuffira de dire , en paſſant, ce qui est connudetout le monde , que vous ſça- vez joindre admirablement bien des chosesqui nesetrouvent gueres d'accord que dans les Hommes extraordinaires ;
unEspritpenétrant , avec un jugement folide ; une modération fans exemple,
avec une éminente fortune ; &une pro.
bitéinfléxible,qui neconfidereperſonne quand il faut juger , avec une affabili_ té obligeante qui ne rebute personne ,
-quand ilfaut écouter.
Ainfi,Monseigneur , la justice que leRoyvientdefaire àvoſtre vertu ,
&à vos longs &importans Services,
estunmoyen aſſurépour la rendre par
Tome X. C
5o LE MERCVRE uneseule action , au reſte deſes Sujets ;
&la connoiſſance que l'on a de cette verité ,dont on voit déja les effets , ré- panddans tous les Cœurs une ioyequi n'estpas concevable.
Cependant, Monseigneur , la Faculté de Droit oſeſe flater de l'espérance que
dans cette commune allegreſſe vous au- rez la bonté de distinguer ſon zele parmyceluy des autres Corps , qui ont eu •déja,ou qui auront en ſuite l'honneur de rendre de ſemblables devoirs à Voftre
Grandeur.
Pour nous attirer cet avantage , il Suffiroit de l'attachement particulier qu'exige de nous la profeſſion des Loix,
dont vous estes l'Oracle &l'appuy tout ensemble.
Mais outre cette dépendance auſſi glorieuse que neceſſaire, aux obligations de laquelle nous tâchons de répondre paruneprofondevéneration , &pardes vœux ardens & finceres; que ne de.
vons-nous pas à V. G. pour l'inclina- tion qu'elle a toûjours témoignéede voir rétablir l'Etude de la Iurisprudence ;
qui vous est chere , parce que vous la
GALANT. SI poffedez parfaitement , & parce que vous enconnoiffez mieux que perſonne l'importance &la neceſſité ? Vous ſça- vez, Monseigneur, combien elle est dé- cheuë de sapremiere ſplendeur dans ce Royaume où on l'a venë si florifſfante pendantplusieurs Siecles.
Maintenant que vous eſtes en étar de la vanger dumépris iniurieux qu'en font ceux à qui elle est inconnuë ; que pouvons-noussouhaiter deplushonora_ ble pour V. G. &deplus utile pour le Public,fi ce n'est l'entier accompliſſe ment de vos grands &loüables def- Seins; &que pour en avoir l'effet, vous puiſſiez Servirle Roy & l'Etat dans les nobles fonctions d'une Dignité si éminenteauffi longuement que dans cel- lesde tous les autres Emplois que vous avezfi dignement remplis ?
Monfieur le Chancelier reçeut cette Députation d'une maniere toute obligeante. Le merite particulier de M' Dou- jat luy eſtoit connu,& il ſçavoit Cij
52 LE MERCVRE la reputation qu'il a permy tous ceux qui eftiment les belles Lettres. La place qu'on luy a
*donnée dans l'Académie Françoiſe en eſt une marque. Il eſt originaire de Toulouſe, defcen du d'un Loüis Doujat , qui fut pourveu le premier ily a envi- ron 160. ans de la Charge d'A- vocat General du Grand Confeil,cette Compagnie n'en ayant point eu avant luy. Un de ſes Fils ſe fit Conſeiller au
Parlement de Toulouſe , l'autre
demeura à Paris , & depuis ce temps-là il y a toûjours eu des Officiers de ce nomdans quelqu'une des Cours Souveraines
de ces deux Villes.
Apres la mort de M. du No- zet, Auditeurde Rote, M. l'Ab- bé Doujat dont je vous parle ,
fut propofé par M. de Marca
GALANT. 53
Archeveſque de Toulouſe,pour eſtre envoyé àſa place , &feu M. le Cardinal Mazarin, inſtruit
de ſa haute capacité , luy avoit faitdire qu'il ſetinſt preſt à par- tir ; mais les grandes Alliances &les correſpondances queM
deBourlemont avoient en Italie , jointes à quelques autres confiderations importantes , fi- rent tourner les chofes , fur la
priere de M' l'Eveſque de Ca- ſtres depuis Archeveſque de Toulouſe , en faveur de Monfieur ſon Frere qui s'eſt digne- ment acquité de cet Employ dans des conjonctures affez difficiles. Ce changementn'eut pas lieu de le chagriner , puis qu'il fut cauſedel'honneur qu'il reçeut d'eſtre employé par feu M le Prefident de Perigny , à
donneràMonſeigneur le DauCij
34 LE MERCVRE phin les premieres teintures de 'Hiſtoire & dela Fable. Il fut
furpris des talens extraordinai- res qui éclatoient en cejeune Prince dés l'âge de fix ans. Il s'a- giſſoit deles cultiver, & celaluy donna occafion de compoſer un Abregé de l'Hiſtoire Gré- que & Romaine ſur Velleïus Paterculus. Cet Ouvrage me- rite l'approbation que luy a
donnée le Public. Il a fait imprimer depuis ce temps- là un Recüeil en Latin de tout ce qui regarde le Droit Eccleſiaſtique particulier à la France, & enfui- te une Hiſtoire du Droit Ca.-
non. Il travaille preſentement à celle du Droit Civil qui pa- roiſtra bien- toſt, & à.des Notes fur Tite-Live pour l'uſage de Monſeigneur le Dauphin. On les imprime; & comme le Païs
GALANT. 55 Latin n'eſt pas un Païs incon- nu pour vous , je me perfuade,
Madame , que vous ne manque- rez pas de curioſité pour les voir.
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Résumé : COMPLIMENT A MONISEUR LE CHANCELIER.
M. Doujat, Docteur Régent de la Faculté de Droit de l'Université de Paris, a été présenté par M. Pelletier, Conseiller d'État, lors d'une cérémonie officielle. Dans son discours, M. Doujat a adressé un compliment au Chancelier de France, le félicitant pour sa nomination par le roi. Il a souligné le mérite et le talent du Chancelier pour faire briller les lois, même en période de guerre. M. Doujat a également exprimé son admiration pour les succès militaires récents du roi et a espéré que le Chancelier excuserait cette digression sur un sujet agréable. M. Doujat a vanté les qualités du Chancelier, notamment son esprit pénétrant, son jugement solide, sa modération, sa fortune éminente, sa probité et son affabilité. Il a exprimé l'espoir que le Chancelier distinguerait la Faculté de Droit parmi les autres corps qui lui rendent hommage. Le Chancelier a reçu cette députation avec obligeance, connaissant le mérite et la réputation de M. Doujat, notamment sa place à l'Académie Française. Le texte mentionne également l'origine de M. Doujat, originaire de Toulouse, et sa famille d'officiers dans les cours souveraines. Il évoque son refus d'un poste à la Rote et son travail avec le Dauphin pour lui enseigner l'histoire et la fable. M. Doujat a également publié des ouvrages sur le droit ecclésiastique et canonique, et travaille actuellement sur une histoire du droit civil et des notes sur Tite-Live pour le Dauphin.
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96
p. 89-116
Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Début :
Je sçay, Madame, que ces témoignages de joye & de [...]
Mots clefs :
Amour, Iris, Apollon, Indifférent, Conversion, Aimer, Livres, Lecture, Vers, Ecolière, Coeur, Madame, Aimable, Apprendre, Esprit, Lettre, Pétrarque, Laure, Amant, Belle
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texteReconnaissance textuelle : Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Je ſçay , Madame , que ces témoignages de joye & de ref- pect rendus à ce grand Mini- ſtre , n'auront rien de ſurpre
Cv
58 LE MERCVRE nant pour vous à qui tout fon merite eſt connu ; mais il vous
de ſera ſans doute d'apprendre la Converfion de l'Indifferent à
qui vous avez tant de fois re- proché l'air tranquille qui pa- roiſt dans toutes ſes actions , &
cette Philofophie ſoit natu- relle , ſoit artificielle dont il
ſe pique , quoy que la plupart des Gens la regardent en luy comme un défaut. Le croirezvous , Madame ? Il aime, & ap- paremment il ne ceſſera pas fi- toſt d'aimer, car quand l'Amour s'eſt une fois rendu maiſtre de
ces cœurs Philoſophes qui luy ont long-temps refifté , comme il ne ſeroit pas aſſuré d'y rentrer quand il voudroit , il n'aban- donne pas aisément la place.
Voicy ce que j'en ay pû décou- vrir. Il voyoit ſouvent une jeu-
GALANT. 59 ne & fort aimable Perfonne , &
n'avoit commencé à la voir que parce qu'elle aime les Livres &
ququ'elle a l'eſprit tres-éclairé.
Aprés luy avoir donné ſes avis ſur les lectures qu'elle
faire pour
devoz ne rien apprendre YON
Juy80%
confuſement , il s'offrit à
ſervir de Maiſtre pour l'Italien
& à force de luy faire dire ,
j'aime , dans une autre langue que la fienne , il ſouhaita d'en eſtre veritablement aimé. Ses
regards parlerent , & comme c'eſtoit un langage que la Belle n'entendoit pas , ou qu'elle fei- gnoit de ne point entendre , il ne put s'empeſcher un jour de buy reprocher ſon peu de fen- fibilité. Elle ſe défendit de ce
reproche ſur l'eſtime particu- liere qu'elle avoit pour luy.
Vous ſçavez , Madame , que Cvj
60 LE MERCVRE
l'eſtime ne ſatisfait point un Amant. Il luy declara qu'il en vouloit à ſon cœur , & qu'il ſe tiendroit malheureux tant qu'- elle luy en refuſeroit la tendref- fe. La Belle détourna ce difcours , & fit fi bien pendant quelque temps , qu'il ne pût trouver aucune occafion favorable de le pourſuivre. Il de- vint chagrin , & rêvoit aux
moyens de faire expliquer celle qu'il aimoit , quand on le vint confulter fur des Vers écrits
d'une main qui luy eſtoit in- connuë. Il eſt du meſtier , &
ceux que vous avez veus de ſa façon , vous donnent afſez lieu de croire qu'on s'en pouvoit rapporter à luy. Il prit le pa- pier qu'on luy donna, &leut ce qui fuit fans s'attacher qu'à la netteté de la Poësie.
{
GALANT. 61
Dourquoym'avoirfait confidence vous en vouliez à mon cœur?
Ilfaut que contre vous il se mette en défense,
Ie dois vous empeſcher d'en estre le vainqueur.
Ienem'estois point apperçeuë Que tous vospetits soins deuſſent m'e- tre suspects ,
Etquand j'enfaifois la revenë ,
Ieles prenoispour des reſpects.
Ah , que nem'avez vouslaiſſée ,
CruelTircis, dans cette douce erreur !
Vous me voyezembarrassée.
On l'est toûjours quand il s'agit du
cœur.
Il faut prendre party , je nedois plus attendre ,
Mais si vous m'attaquez , comment vousrepouffer ?
Quand on fent le besoin qu'on adese défendre,
Il estdéja bien tardde commencer.
62 LE MERCVRE
Ces Vers luy parurent d'un caractere doux & aife. Il le
dit d'abord à celuy qui luy en demandoit ſa penſée , & vous pouvez juger de ſa ſurpriſe quand on l'aſſura que c'eſtoit le début d'une Fille qu'il ap- prouvoit. Ce mot le frapa. II ſe ſouvint de la converſation
qu'il avoit euë avec ſa belle Ecoliere. Tout ce qu'il venoit
de lire s'y appliquoit , & cette penſée le fit entrer dans des tranſports de joye incroyables ;
mais il ceſſoit de ſe les permet- tre , fi- toſt qu'il faiſoit reflexion que ces Vers eſtoient trop bien tournez pour eftre le coupd'ef- ſay d'une Perſonne qui n'en avoit jamais fait , & qui ne ſe piquoit point du tout de s'y connoiſtre. L'incertitude luy faiſant peine, il reſolut d'en for-
GALANT. 63
tir. Il rendit viſite à la Belle, luy parla d'une nouveauté qui fai- foit bruit , leut ces Vers dont il avoit pris une copie , l'obferva en les lifant , & l'en ayant veu fourire, il l'embarafla fi fort,qu'il luy fit enfin avoüer que c'eſtoit elle qui les avoit faits. Elle ne luy fit cet aveu qu'en rougif- ſant , & en luy ordonnant de les regarder comme un fimple divertiſſement que fa Muſe naiſſante s'eſtoit permis , &
dont elle avoit voulu le rendre
Juge def- intereſſé , en luy ca- chant qu'elle s'eſtoit meflée de rimer. La referve ne l'étonna
point , il comprit ſans peine ce qu'on vouloit bien qu'il cruft,
& abandonna ſon cœur à ſa
paffion. Celle qui la cauſe en eft fort digne. Vous eſtes déja convaincuë de ſon eſprit par
64 LE MERCVRE fes Vers , &je ne la flate point en adjoûtant qu'elle eſt aſſez belle pour ſe pouvoir paffer d'eſprit , quoy qu'il ſemble que ce foit eſtre belle & fpirituelle contre les regles , que d'eſtre l'un & l'autre en meſime temps.
Si vous la voulez connoiſtre
plus particulierement , imagi- nez- vous une Brune qui a la taille tres-bien priſe , quoy que mediocre ; le plus bel œil qu'on ait jamais veu , la bouche éga- lement belle, le teint &la gorge admirables , & outre tout cela
un air doux & modefte qui ne vous la rendra nullement fufpecte de faire des Vers. Voila
fon veritable Portrait. Tout ce
qu'onluy reproche pourdéfaut,
c'eſt unpeu tropde mélancolie,
unedéfiance perpetuelle d'elle- meſme , & une_timidité qu'elle
GALAN T. 65
a peine à vaincre , meſme avec ceux dont elle ne doit rien ap- prehender. Les Vers d'une fi aimable Perſonne n'eſtoient pas de nature à demeurer ſans réponſe, &quand noſtre Amant Philoſophe n'auroit pas eſté Poëte il y avoit déja long- tems,
c'eſtoit là une occafion à le devenir. A peine deux ou trois jours s'eſtoient-ils pafſſez , que la Belle reçeut un Pacquet dans lequel elle ne trouva que cette Lettre. Elle estoit dattée du
Parnaffe & avoit pourTitre
APPOLLON,
A LA JEUNE
V
IRIS.
Os Vers aimable Iris, ont fait du
bruit icy
66 LE MERCVRE
Onvous nomme au Parnaffe une petite Muse.
Puisque voſtre début afi bien réüſſy,
Vous irez loin, ou jem'abuse.
NosPoëtes galans l'ont beaucoup ad-.
miré ,
Les Femmes Beaux Esprits ,telle que fut la Suze ,
Pourdire tout,l'ont unpeucenfuré.
Ieſuis ravyque vous soyez des noſtres.
Estre le Dieu des Vers feroit un fort biendoux ,
Si parmy les Autheurs il n'en estoit point d'autres Quedes Autheursfait comme vous.
I'ayfurles beaux Esprits unepuiſſance
9 Tentiere ,
Ils reconnoiſſent tous ma Iurisdiction.
Avous dire le vray c'est une Nation Dontje suis dégoûté d'une étrange ma- niere.
Et meſme quelquefois dans mes bruſques transports ,
GALAN T. 67
Peu s'en faut qu'à jamais je ne les
abandonne;
Mais si les beaux Esprits estoient de
jolis Corps,
Ieme plairois àl'employ qu'on me donne.
Dés que vous me ferez l'honneur de
m'invoquer ,
Fiez-vous-en à moy , je ne tarderay
guerre,
Et lorsque mon secours vousfera neceffaire ,
Affurez- vous qu'il ne vous pent
manquer.
Ie vous diray pourtant un point qui m'embarasse ;
Un certainpetit Dieu fripon ,
(Ienesçayſeulementfi vous sçavezfon
nom,
Ils'appelle l'Amour ) a pouffé son au dace
Iusqu'à meſoûtenir en face ,
Que vos Versſont deſa façon ,
Et pour vous , m'a-t-ildit , conſolez yous de grace',
-
68 LE MERCVRE
Cen'est pas vous dont elle a pris leçon.
Quoy qu'ilse pare envain de cefaux
avantage,
Il aquelqueſujet de dire ce qu'il dit ;
Vous parlez dans vos Vers un affez doux langage,
Etpeut-estre apres tout l'Amant dont ils'agit Iugeroit que ducœur ces Vers seroient l'ouvrage ,
Si parmalheur pour luy vous n'aviez
tropd'esprit.
N'allezpas de l'Amourdevenir l'Eco- liere ,
Ce Maistre dangereux conduit tout de
travers,
Vous ne feriez jamais de Piece regu
liere
Si cepetit Broisillon vous inspiroit vos
Vers.
Adieu, charmante Iris ,j'auray ſoin que la Rime د
GALAN T. 69
Quandvous compoſerez, ne vousrefu- Se rien.
Maisque cesoit moy ſeul au moins qui vous anime,
Autrement tout n'iroit pas bien.
La Belle n'eut pas de peine àdeviner qui eſtoit l'Appollon
de la Lettre , mais elle reſva quelque temps ſur unpetit ſcru- pule délicat qui luy vint. Elle n'euſt pas eſté bien- aiſe qu'on luy euſt fait l'injustice de don- ner à l'Amour tout l'honneur
des Vers qu'elle avoit faits,mais elle nepouvoit d'ailleurs pene- trer par quel intereſt ſon Amant avoit tant de peur qu'on ne les attribuât à l'Amour ; & fi elle
luy avoit defendu de croire qu'ils fufſent autre choſe qu'un jeu d'eſprit où ſon cœur n'a- voit point de part, elle trouvoit qu'il euſt pu ſe diſpenſer de
70 LE MERCVRE luy conſeiller auſſi fortement qu'il faiſoit de ne ſe ſervir ja- mais que des Leçons d'Apol- lon. C'eſtoit luy faire connoiſtre qu'il n'avoit fouhaité que foi- blement d'eſtre aimé ; &le dépit d'avoir répondu trop favo- rablement à ſa premiere decla- ration , luy faifoit relire ſa Let- tre, pour voir ſi elle n'y décou- vriroit point quelque ſens ca- ché qui pût affoiblir le repro- che qu'elle s'en faifoit , quand on luy en apporta une fecon- ded'une autre main. Elle l'ou- vrit avec précipitation, &y lût
cesVers.
GALANT. 71
.
L'AMOUR,
A LA BELLE IRIS.
A
Vez-vous lûmon nom fans chan- gerdecouleur ? :
VostreSurprise , Iris , n'est-elle pas ex- trème?
Raffurez-vous; mon nom fait toûjours plusdepeur Queien'en auroisfait moy-méme.
*
Voftre Ouvrage galant , début affez heureux,
loufie.
Entre Apollon &moy met de la'jaIl s'agit de sçavoir lequel est de nous
deux
Vostre Maistre de Poësie.
Franchement , Apollon n'est pas d'un grandSecours ,
72 LE MERCVRE
En matiere de Vers ie ne le craindrois
guere ,
Et ie le défierois defaire D'auſſi bons Ecoliers que i'enfais tous les jours.
Quels travaux affidus pour former un Poëte ,
Etquel temps ne luyfaut-ilpas ?
On est quitte avec moyde tout cet embarras ;
Qu'on aime unpeu, l'affaire est faite.
Cherchez- vous à vous épargner
Cent preceptes de l'Art , qu'il seroit longd'apprendre ?
Vne rêverie unpeu tendre ,
Enunmoment vousvatout enſeigner.
F'inſtruis d'une maniere affez courte &
facile;
Commencer par l'Esprit c'est un ſoin inutile ,
Fort longdumoins , quand mesme il
réuffit.
Ie
GALANT. 73 Ievais tout droit au Cœur , &fais plus deprofit ,
Carquandle Cœur est unefois docile,
Onfait ce qu'on veut de l'Esprit.
Quand vous fistes vos Vers, dites-le moyſans feinte,
Lesfentiez-vous couler de ſource &
Janscontraintes
Ievousles infpirois , Iris , n'endoutez.
pas..
Si fortant lentement & d'une froide
veine ,
Sillabe aprés fillabe ils marchoient avec
3. peine,
C'estoit Apollon en cecas.
Lequelavoñez- vous , Iris , pour vostre Maistre ?
Ie m'inquiete peu pour qui vous pro- nonciez;
Car enfin ie le pourrois estre - Sans que vous- meſme leſceuſſiez
Ie ne penſerois pas avoir perdu ma cause,
Tome X.
74 LE MERCVRE Quandvous décideriez, enfaveur d'un
Rival ;
Etmesme incognito, fi i'avoisfait la chofe,
Mes affaires chez-vous n'en iroientpas plus mat
Maisquand ie n'aurois point d'autre part à l'Ouvrage,
Sans contestation i'ay donnéleſuiet.
C'eſt toûjours un grand avantage,
Belle Iris, i'ensuisfatisfair.
Cette ſeconde Lettre éclaircit entierement le doute de la
Belle. Elle ne fut pas fâchéede voir que celuy qui avoit fi bien parlé pourApollon , n'euſt pas laiſſé le pauvre Amour indé- fendu , &elle vit bien qu'il ne luy avoit propoſé les raiſons de part &d'autre , que pour l'en- gager à décider lequel des deux avoit plus de part à ſes Vers,
ou de l'Eſprit , ou duCœur, La
GALANT. 75.
Queſtion eſtoit délicate. On la
preſſa long-temps de donner un Jugement. Elle ſe récuſoit toû- jours elle-meſme,&s'eſtant en- fin refoluë à prononcer , voicy un Billetqu'elle fit rendre àfon Amant pourApollon.
SireApollon, ce n'estpas une affaire Que deux ou trois Quatrainsque i'ay faitspar hazard,
Et ie croy qu'apres tout vousn'y per- driezquere Quand l'Amour Sſeut y devroit avoir
part.
Nevousalarmezpoint; s'il faut nom- mer mon Maistre ,
Ieiureray tout haut que mes Versfont devous.
Ilscouloientpourtant, entre nous,
Comme Amour dit qu'il les fait naiſtre.
Je croy , Madame , que fans enexcepterPetrarque, &Laure
:
Dij
76 LE MERCVRE d'amoureuſe memoire , voila
l'intrigue la plus poëtique dont on ait jamais entendu parler ,
car elle l'eſt des deux coſtez .
Nous ne trouvons point les Vers que la belle Laure a faits pour répõdre à ceux de Petrar- que ; mais cette Laure- cy paye ſon Petrarque en même mon- noye, & l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre s'eſt tellement augmétépar cet agreable com- merce dePoëfie, qu'ils ſemblent n'avoir plus de joye qu'en ſe voyant. Je les attens au Sacre- ment, s'ils vont jamais juſques- là; car il n'y a guere de paſſions qu'il n'affoibliſſe , & l'Amour dans l'ordinaire, demeure tellement déconcerté par le Maria- ge , qu'on a quelque raiſon d'af- furerqu'iln'a pointde plus irré- conciliable Ennemy.
Cv
58 LE MERCVRE nant pour vous à qui tout fon merite eſt connu ; mais il vous
de ſera ſans doute d'apprendre la Converfion de l'Indifferent à
qui vous avez tant de fois re- proché l'air tranquille qui pa- roiſt dans toutes ſes actions , &
cette Philofophie ſoit natu- relle , ſoit artificielle dont il
ſe pique , quoy que la plupart des Gens la regardent en luy comme un défaut. Le croirezvous , Madame ? Il aime, & ap- paremment il ne ceſſera pas fi- toſt d'aimer, car quand l'Amour s'eſt une fois rendu maiſtre de
ces cœurs Philoſophes qui luy ont long-temps refifté , comme il ne ſeroit pas aſſuré d'y rentrer quand il voudroit , il n'aban- donne pas aisément la place.
Voicy ce que j'en ay pû décou- vrir. Il voyoit ſouvent une jeu-
GALANT. 59 ne & fort aimable Perfonne , &
n'avoit commencé à la voir que parce qu'elle aime les Livres &
ququ'elle a l'eſprit tres-éclairé.
Aprés luy avoir donné ſes avis ſur les lectures qu'elle
faire pour
devoz ne rien apprendre YON
Juy80%
confuſement , il s'offrit à
ſervir de Maiſtre pour l'Italien
& à force de luy faire dire ,
j'aime , dans une autre langue que la fienne , il ſouhaita d'en eſtre veritablement aimé. Ses
regards parlerent , & comme c'eſtoit un langage que la Belle n'entendoit pas , ou qu'elle fei- gnoit de ne point entendre , il ne put s'empeſcher un jour de buy reprocher ſon peu de fen- fibilité. Elle ſe défendit de ce
reproche ſur l'eſtime particu- liere qu'elle avoit pour luy.
Vous ſçavez , Madame , que Cvj
60 LE MERCVRE
l'eſtime ne ſatisfait point un Amant. Il luy declara qu'il en vouloit à ſon cœur , & qu'il ſe tiendroit malheureux tant qu'- elle luy en refuſeroit la tendref- fe. La Belle détourna ce difcours , & fit fi bien pendant quelque temps , qu'il ne pût trouver aucune occafion favorable de le pourſuivre. Il de- vint chagrin , & rêvoit aux
moyens de faire expliquer celle qu'il aimoit , quand on le vint confulter fur des Vers écrits
d'une main qui luy eſtoit in- connuë. Il eſt du meſtier , &
ceux que vous avez veus de ſa façon , vous donnent afſez lieu de croire qu'on s'en pouvoit rapporter à luy. Il prit le pa- pier qu'on luy donna, &leut ce qui fuit fans s'attacher qu'à la netteté de la Poësie.
{
GALANT. 61
Dourquoym'avoirfait confidence vous en vouliez à mon cœur?
Ilfaut que contre vous il se mette en défense,
Ie dois vous empeſcher d'en estre le vainqueur.
Ienem'estois point apperçeuë Que tous vospetits soins deuſſent m'e- tre suspects ,
Etquand j'enfaifois la revenë ,
Ieles prenoispour des reſpects.
Ah , que nem'avez vouslaiſſée ,
CruelTircis, dans cette douce erreur !
Vous me voyezembarrassée.
On l'est toûjours quand il s'agit du
cœur.
Il faut prendre party , je nedois plus attendre ,
Mais si vous m'attaquez , comment vousrepouffer ?
Quand on fent le besoin qu'on adese défendre,
Il estdéja bien tardde commencer.
62 LE MERCVRE
Ces Vers luy parurent d'un caractere doux & aife. Il le
dit d'abord à celuy qui luy en demandoit ſa penſée , & vous pouvez juger de ſa ſurpriſe quand on l'aſſura que c'eſtoit le début d'une Fille qu'il ap- prouvoit. Ce mot le frapa. II ſe ſouvint de la converſation
qu'il avoit euë avec ſa belle Ecoliere. Tout ce qu'il venoit
de lire s'y appliquoit , & cette penſée le fit entrer dans des tranſports de joye incroyables ;
mais il ceſſoit de ſe les permet- tre , fi- toſt qu'il faiſoit reflexion que ces Vers eſtoient trop bien tournez pour eftre le coupd'ef- ſay d'une Perſonne qui n'en avoit jamais fait , & qui ne ſe piquoit point du tout de s'y connoiſtre. L'incertitude luy faiſant peine, il reſolut d'en for-
GALANT. 63
tir. Il rendit viſite à la Belle, luy parla d'une nouveauté qui fai- foit bruit , leut ces Vers dont il avoit pris une copie , l'obferva en les lifant , & l'en ayant veu fourire, il l'embarafla fi fort,qu'il luy fit enfin avoüer que c'eſtoit elle qui les avoit faits. Elle ne luy fit cet aveu qu'en rougif- ſant , & en luy ordonnant de les regarder comme un fimple divertiſſement que fa Muſe naiſſante s'eſtoit permis , &
dont elle avoit voulu le rendre
Juge def- intereſſé , en luy ca- chant qu'elle s'eſtoit meflée de rimer. La referve ne l'étonna
point , il comprit ſans peine ce qu'on vouloit bien qu'il cruft,
& abandonna ſon cœur à ſa
paffion. Celle qui la cauſe en eft fort digne. Vous eſtes déja convaincuë de ſon eſprit par
64 LE MERCVRE fes Vers , &je ne la flate point en adjoûtant qu'elle eſt aſſez belle pour ſe pouvoir paffer d'eſprit , quoy qu'il ſemble que ce foit eſtre belle & fpirituelle contre les regles , que d'eſtre l'un & l'autre en meſime temps.
Si vous la voulez connoiſtre
plus particulierement , imagi- nez- vous une Brune qui a la taille tres-bien priſe , quoy que mediocre ; le plus bel œil qu'on ait jamais veu , la bouche éga- lement belle, le teint &la gorge admirables , & outre tout cela
un air doux & modefte qui ne vous la rendra nullement fufpecte de faire des Vers. Voila
fon veritable Portrait. Tout ce
qu'onluy reproche pourdéfaut,
c'eſt unpeu tropde mélancolie,
unedéfiance perpetuelle d'elle- meſme , & une_timidité qu'elle
GALAN T. 65
a peine à vaincre , meſme avec ceux dont elle ne doit rien ap- prehender. Les Vers d'une fi aimable Perſonne n'eſtoient pas de nature à demeurer ſans réponſe, &quand noſtre Amant Philoſophe n'auroit pas eſté Poëte il y avoit déja long- tems,
c'eſtoit là une occafion à le devenir. A peine deux ou trois jours s'eſtoient-ils pafſſez , que la Belle reçeut un Pacquet dans lequel elle ne trouva que cette Lettre. Elle estoit dattée du
Parnaffe & avoit pourTitre
APPOLLON,
A LA JEUNE
V
IRIS.
Os Vers aimable Iris, ont fait du
bruit icy
66 LE MERCVRE
Onvous nomme au Parnaffe une petite Muse.
Puisque voſtre début afi bien réüſſy,
Vous irez loin, ou jem'abuse.
NosPoëtes galans l'ont beaucoup ad-.
miré ,
Les Femmes Beaux Esprits ,telle que fut la Suze ,
Pourdire tout,l'ont unpeucenfuré.
Ieſuis ravyque vous soyez des noſtres.
Estre le Dieu des Vers feroit un fort biendoux ,
Si parmy les Autheurs il n'en estoit point d'autres Quedes Autheursfait comme vous.
I'ayfurles beaux Esprits unepuiſſance
9 Tentiere ,
Ils reconnoiſſent tous ma Iurisdiction.
Avous dire le vray c'est une Nation Dontje suis dégoûté d'une étrange ma- niere.
Et meſme quelquefois dans mes bruſques transports ,
GALAN T. 67
Peu s'en faut qu'à jamais je ne les
abandonne;
Mais si les beaux Esprits estoient de
jolis Corps,
Ieme plairois àl'employ qu'on me donne.
Dés que vous me ferez l'honneur de
m'invoquer ,
Fiez-vous-en à moy , je ne tarderay
guerre,
Et lorsque mon secours vousfera neceffaire ,
Affurez- vous qu'il ne vous pent
manquer.
Ie vous diray pourtant un point qui m'embarasse ;
Un certainpetit Dieu fripon ,
(Ienesçayſeulementfi vous sçavezfon
nom,
Ils'appelle l'Amour ) a pouffé son au dace
Iusqu'à meſoûtenir en face ,
Que vos Versſont deſa façon ,
Et pour vous , m'a-t-ildit , conſolez yous de grace',
-
68 LE MERCVRE
Cen'est pas vous dont elle a pris leçon.
Quoy qu'ilse pare envain de cefaux
avantage,
Il aquelqueſujet de dire ce qu'il dit ;
Vous parlez dans vos Vers un affez doux langage,
Etpeut-estre apres tout l'Amant dont ils'agit Iugeroit que ducœur ces Vers seroient l'ouvrage ,
Si parmalheur pour luy vous n'aviez
tropd'esprit.
N'allezpas de l'Amourdevenir l'Eco- liere ,
Ce Maistre dangereux conduit tout de
travers,
Vous ne feriez jamais de Piece regu
liere
Si cepetit Broisillon vous inspiroit vos
Vers.
Adieu, charmante Iris ,j'auray ſoin que la Rime د
GALAN T. 69
Quandvous compoſerez, ne vousrefu- Se rien.
Maisque cesoit moy ſeul au moins qui vous anime,
Autrement tout n'iroit pas bien.
La Belle n'eut pas de peine àdeviner qui eſtoit l'Appollon
de la Lettre , mais elle reſva quelque temps ſur unpetit ſcru- pule délicat qui luy vint. Elle n'euſt pas eſté bien- aiſe qu'on luy euſt fait l'injustice de don- ner à l'Amour tout l'honneur
des Vers qu'elle avoit faits,mais elle nepouvoit d'ailleurs pene- trer par quel intereſt ſon Amant avoit tant de peur qu'on ne les attribuât à l'Amour ; & fi elle
luy avoit defendu de croire qu'ils fufſent autre choſe qu'un jeu d'eſprit où ſon cœur n'a- voit point de part, elle trouvoit qu'il euſt pu ſe diſpenſer de
70 LE MERCVRE luy conſeiller auſſi fortement qu'il faiſoit de ne ſe ſervir ja- mais que des Leçons d'Apol- lon. C'eſtoit luy faire connoiſtre qu'il n'avoit fouhaité que foi- blement d'eſtre aimé ; &le dépit d'avoir répondu trop favo- rablement à ſa premiere decla- ration , luy faifoit relire ſa Let- tre, pour voir ſi elle n'y décou- vriroit point quelque ſens ca- ché qui pût affoiblir le repro- che qu'elle s'en faifoit , quand on luy en apporta une fecon- ded'une autre main. Elle l'ou- vrit avec précipitation, &y lût
cesVers.
GALANT. 71
.
L'AMOUR,
A LA BELLE IRIS.
A
Vez-vous lûmon nom fans chan- gerdecouleur ? :
VostreSurprise , Iris , n'est-elle pas ex- trème?
Raffurez-vous; mon nom fait toûjours plusdepeur Queien'en auroisfait moy-méme.
*
Voftre Ouvrage galant , début affez heureux,
loufie.
Entre Apollon &moy met de la'jaIl s'agit de sçavoir lequel est de nous
deux
Vostre Maistre de Poësie.
Franchement , Apollon n'est pas d'un grandSecours ,
72 LE MERCVRE
En matiere de Vers ie ne le craindrois
guere ,
Et ie le défierois defaire D'auſſi bons Ecoliers que i'enfais tous les jours.
Quels travaux affidus pour former un Poëte ,
Etquel temps ne luyfaut-ilpas ?
On est quitte avec moyde tout cet embarras ;
Qu'on aime unpeu, l'affaire est faite.
Cherchez- vous à vous épargner
Cent preceptes de l'Art , qu'il seroit longd'apprendre ?
Vne rêverie unpeu tendre ,
Enunmoment vousvatout enſeigner.
F'inſtruis d'une maniere affez courte &
facile;
Commencer par l'Esprit c'est un ſoin inutile ,
Fort longdumoins , quand mesme il
réuffit.
Ie
GALANT. 73 Ievais tout droit au Cœur , &fais plus deprofit ,
Carquandle Cœur est unefois docile,
Onfait ce qu'on veut de l'Esprit.
Quand vous fistes vos Vers, dites-le moyſans feinte,
Lesfentiez-vous couler de ſource &
Janscontraintes
Ievousles infpirois , Iris , n'endoutez.
pas..
Si fortant lentement & d'une froide
veine ,
Sillabe aprés fillabe ils marchoient avec
3. peine,
C'estoit Apollon en cecas.
Lequelavoñez- vous , Iris , pour vostre Maistre ?
Ie m'inquiete peu pour qui vous pro- nonciez;
Car enfin ie le pourrois estre - Sans que vous- meſme leſceuſſiez
Ie ne penſerois pas avoir perdu ma cause,
Tome X.
74 LE MERCVRE Quandvous décideriez, enfaveur d'un
Rival ;
Etmesme incognito, fi i'avoisfait la chofe,
Mes affaires chez-vous n'en iroientpas plus mat
Maisquand ie n'aurois point d'autre part à l'Ouvrage,
Sans contestation i'ay donnéleſuiet.
C'eſt toûjours un grand avantage,
Belle Iris, i'ensuisfatisfair.
Cette ſeconde Lettre éclaircit entierement le doute de la
Belle. Elle ne fut pas fâchéede voir que celuy qui avoit fi bien parlé pourApollon , n'euſt pas laiſſé le pauvre Amour indé- fendu , &elle vit bien qu'il ne luy avoit propoſé les raiſons de part &d'autre , que pour l'en- gager à décider lequel des deux avoit plus de part à ſes Vers,
ou de l'Eſprit , ou duCœur, La
GALANT. 75.
Queſtion eſtoit délicate. On la
preſſa long-temps de donner un Jugement. Elle ſe récuſoit toû- jours elle-meſme,&s'eſtant en- fin refoluë à prononcer , voicy un Billetqu'elle fit rendre àfon Amant pourApollon.
SireApollon, ce n'estpas une affaire Que deux ou trois Quatrainsque i'ay faitspar hazard,
Et ie croy qu'apres tout vousn'y per- driezquere Quand l'Amour Sſeut y devroit avoir
part.
Nevousalarmezpoint; s'il faut nom- mer mon Maistre ,
Ieiureray tout haut que mes Versfont devous.
Ilscouloientpourtant, entre nous,
Comme Amour dit qu'il les fait naiſtre.
Je croy , Madame , que fans enexcepterPetrarque, &Laure
:
Dij
76 LE MERCVRE d'amoureuſe memoire , voila
l'intrigue la plus poëtique dont on ait jamais entendu parler ,
car elle l'eſt des deux coſtez .
Nous ne trouvons point les Vers que la belle Laure a faits pour répõdre à ceux de Petrar- que ; mais cette Laure- cy paye ſon Petrarque en même mon- noye, & l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre s'eſt tellement augmétépar cet agreable com- merce dePoëfie, qu'ils ſemblent n'avoir plus de joye qu'en ſe voyant. Je les attens au Sacre- ment, s'ils vont jamais juſques- là; car il n'y a guere de paſſions qu'il n'affoibliſſe , & l'Amour dans l'ordinaire, demeure tellement déconcerté par le Maria- ge , qu'on a quelque raiſon d'af- furerqu'iln'a pointde plus irré- conciliable Ennemy.
Fermer
Résumé : Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Le texte décrit la transformation amoureuse d'un homme initialement connu pour son indifférence et son détachement philosophique. Cet homme rencontre une jeune femme cultivée et aimable, ce qui marque le début de leur relation. Leur lien se renforce à travers des échanges littéraires et des poèmes. La jeune femme, après avoir écrit des vers, reçoit des lettres d'Apollon et d'Amour, chacun affirmant être l'inspirateur de ses poèmes. Après réflexion, elle reconnaît l'influence d'Apollon sur ses vers tout en admettant l'impact d'Amour. Le texte se conclut par une comparaison avec l'histoire de Pétrarque et Laure, soulignant la beauté poétique de cette intrigue amoureuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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97
p. 198-208
Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Début :
Ces pensées sont beaucoup mieux tournées dans une Langue à [...]
Mots clefs :
Gloire, Humble, Badin, Lettre, Compliment, Muse, Mercure
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texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
Ces penſées ſont beaucoup mieux tournées dans une langue à laquelle la force del'ex- preffioneſt particuliere. Vous y
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
fuppleerez, s'il vous plaiſt, Ma- dame , &pour marque de la re- connoiſſance quej'en auray , je vous envoye une ſeconde Let tre de M. Petit, écrite commela premiere àM. le Duc de S. Ai- gnan. Vous aimez tout ce qui regarde la gloire du Roy, & fon ſtile qu'il appelle badin, nedes- honnore peut-eftre pas la ma- tiere qui luy faitpeur. Lifez , je vous prie , & m'en dites voſtre penfte.
Risdo
第
F وه
132 LE MERCVRE
De Ronen le 9. Decembre, 1677.
MONSEIGNEVR,
Cen'apas esté fans ſurpriſe que j'ay veudansle dernier Tome du Mercure
les vers badins qu'ilya deux ou trois mois que je pris la liberté de vous en- voyer. Ce m'est , Monseigneur , une marque bien glorieuse &bien obligeante de l'honneurde voſtre ſouvenir; &com- me ce n'a pû estre que par vos ordres qu'ils avent en place dans ce recueilde -Pieces Galantes, je ne vous ſuispasme- diocrement obligéde la bonté quevous avezde vouloir deterrer mon nomenfeveli en Province depuis uneaffezlon- que fuitte d'années : Mais , Monfei- gneur,je suis si accoutumé àrecevo
de vous des graces que je ne me
point que
voir
merite
cet- je dois peum'étonner de -sederniera,qui m'engage plus que ja- mais àvous honnorer,&àpousserjuf- qu'où elle peut aller lapaffion touteplei pr
ne de respect avec laquelle je fuis MONSEIGNEVR,
Voffre tres humble, tres obeiffant, & tres- obligé Serviteur , PETIT.
GALANT. 133 ১
HerDuc, apres ce Compliment ,
GEEt cet humble Remerciment
Vnpenſerieux pour ma Plume Dont(vous lesçavez ) la coûtume- Eft d'écrire en style badin ,
Sansſe piquer de rien de fin ;
Trouvezbon qu'elle s'y remetta,
Etquema Muse, humble Soubrette Decelledontles chants fi douxw1
Vousfont faire mille Laloux ,
Vous entretienne à l'ordinaire , ة
Songeantquejefuis vostre Frere EnApollon, l'aymable Dieu, .. Quide centplaisirs me tient liens T
Et certesj'auroispeine àdire ,
Si le feu badin qui m'inspire ,
Metoucheonplus, ou moins au Cœur,
Que celuy du Dieu dont l'ardeur Faitdesesperer l'Idolatre 3615000 D'une Coquette acariatre ,
Qui ritdestraitsda Dieu Fripon;
Mais iln'en est plus,codition,
LesCoquettesfont fort Comme enbuitjours on prenddesVilles
(Secret denostre Mars François ,
PlusRoyluy feulque trente Rois)
dociles,
134 LE MERCVR E
Enhuit ioursfans autreremise ,
Laplus fine Coquette est priſe.
Quoyqu'ilenſoit, j'aime arimer ,
EtmaMuſe ſçait s'animer,
Quand àVous s'addreſſe ſa rime ;
Mais,n'est- cepoint commettreun crime Quede vous derober du temps
Aumilieudesplaisirs charmans Dant laplusbelle Cour du monde ,
Pour l'un &l'autre Sexe abonde ?
Danscette Cour où le Soleil
Brilleenſonſuperbe appareil,
Oùdes Beautez faites àplaire Oùdes Heros hors du vulgaire Forment un éclat quisurprend Leſçayqu'ilfaut que tout foit grand.
Etd'une splendeurſans pareille.
Ainsidonc, ce n'est pas merveille Sipar tout oùparoît Loün
On voit des brillans inovis
Voustenez-bien làvostreplace ,
Et,fansquerienvous embaraſſes Vostre plus ordinaire employ,
Eft d'admirer noſtre Grand Rey Dont le Bras,fecondantlaTefto ,
Adjoûte Conqueſte à Conqueſte. )
Tout lemonde enestétonné
SH
GALANT. 135 Désqueson Canon atonné,
LesVilles en craignent lafoudre ,
Etdepeurqu'on les mette en poudrez Surpriſes defes grands Exploits ,
Viennentserangerſousſes Lois.
Si l'on voyoit des Faitsſemblables ,
Dans l'Histoire; ceſont des Fables,
Etdes Fictions , diroit- on :
Mais, certes,lepauvreLyon ,
Etl'Aigle,battus de l'orage,
Connoiſſent trop àleurdommage,
Queces Exploitspar tout vantez,
Sont defeures realitez.
NosMuses fort embarrassées Vontau filence eſtre forcées ,
Ayant dit que ce nouveau Mars,
Paſſe de bien loin les Cefars,
LesAlexandres, les Achilles ,
Etles plus grandspreneurs de Villes,
Ellespenſent avoirtout dit ;
C'est jusqu'onva leur bel esprit.
Puisse trouvant loin de leur Compte,
Elles confeffent avec honte ,
Qu'elles n'en onpas dit affez,
Etque trop de Faits entaſſez De leur éclat les ébloüiffent ,
Etfontqueleurs rimestariffent.
136 LE MERCVRE
1
Mais,digne Duc,permettez-moy,
Dedire icy, que ce grandRoy N'a rien qui luyfoit comparable Dans l'Histoire,nydans la Fable.
Quelques-uns veulent qu'il foit né Sous un Aftre bien fortuné ,
Etfous une Etoile inuincible;
Mais c'est à ce Heros terrible
Ofter de fa Gloire un Fleuron.
SonAftre eſt, ſon cœur de Lion ;
Etfon Etoile,Sa Prüdence ,
Son grandsens &sa Vigilance.
C'eſt luy quimonte les refforts,
Quifont mouvoirtout ce grand Corps DeCombatans,fous qui tout tremble Etmesme dans le temps qu'ilſemble Que ce Herosse divertit,
SaTeste inceſſamment agit.
Ses Ordresſi justes ſedonnent,
Que lesEnnemis s'en eſtonnent ,
Et lamesmepeurqu'il leurfait.
Quandil Oula estdans le Cabinet,
Gloire avec luy raisonne,
L
Quequandilcommande en Perſonne.. Enfin, pourfinir ce Discours,
C'est leMiracle de nos jours.
Mais maMuse est bien temeraire ,
GALANT. 137
;
i
Neletrouvez-vous pas cher Frere ?
Toûjours en Apollon ,s'entend,
Caril est affez important ,
Pourle respect que je vousporte ,
D'adoucir l'endroit de laforte.
C'est trop que d'élevermes Vers
AnplusGRAND ROY de l'Univers ;
Maissije manque de prudence,
I'attens de vousquelque indulgence.
Sçachaut que de ce Demy-Dien Lahaute Gloire vous tient lieu ,
D'unplaisirsigrand, qu'ilfurpaffe Tous ceux de lapremiere Claffe .
Etque lorsque le juſte Encens Qu'on doit àfesrares talens,
Fume pour ce Prince adorable ,
Rien ne vous estplus agreable.
Ah!quen'en ay-je du meilleur !
Etque je meplairois, Seigneur ,
Afaire te Panegiryque DeceGrandRoy tout Heroïque !
Ie m'en trouve l'esprit fi plein .
Que j'ay laiſſé là le deſſein Defaire une lettre badine ;
Mais, apres tout je m'imagine Que vous me le pardonnerez ,
Etque mesme vousm'enlouerez
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Résumé : Lettre de M. Petit à Monsieur le Duc de S. Aignan. [titre d'après la table]
La correspondance entre deux individus, probablement des écrivains ou des poètes, traite de la publication de vers badins dans le Mercure. L'auteur de la première lettre, une femme, reçoit une missive de M. Petit adressée à un duc, dans laquelle M. Petit exprime sa surprise et sa gratitude pour la publication de ses vers. Il souligne l'honneur que cela représente pour lui et mentionne son habitude d'écrire dans un style badin. M. Petit exprime également son désir de continuer à honorer le duc. La lettre se termine par des compliments sur la grandeur et les conquêtes du roi, comparées à celles des héros de l'histoire et de la fable. M. Petit reconnaît la supériorité du roi et admire ses qualités de leadership et de stratégie. Il conclut en espérant que ses vers seront pardonnés pour leur style badin et en exprimant son désir de louer davantage le roi.
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98
p. 242-245
ENIGME.
Début :
Ie suis du Sexe aimé, du Sexe féminin, [...]
Mots clefs :
Académie française
99
s. p.
AVIS.
Début :
Plusieurs estans persuadez que les Extraordinaires ne sont que des [...]
Mots clefs :
Mercure, Extraordinaire, Ouvrages, Matières
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
SAVPS.
PL
Lufieurs les eftans perfuadez que
Extraordinaires ne font que desabregez de ce qui eft contenu dans les
trois derniers Volumes du Mercure
qui les précedent , on a efté prié de
faire connoiftre dans le premier Volume de chaque Mercure qui fuivra
chaque Extraordinaire , les matieres
qui compoferont ces mefmes Extraordinaires qui auront precedé le Mercure qui enparlera. On verra par là
que dans ces Livres qui paroiffent au
commencement de chaque Quartier
de l'Année, iln'y a pas uneligne tirée
de ceux qui fe diftribuent le premier
jour de chaque Mois. On en va juger
par les Ouvrages que contient lequatriéme & dernier Extraordinaire qui
aparule 15.jour deJanvier.
Il eft dedié auRoy. L'Epiftren'eft
AVIS.
point de la maniere ordinaire. Elle eſt
au milieu de toutes les Conqueftes du
Roy,gravées par M. le Paultre, reprefentées au naturel, & environnées de
Devifes & d'Infcriptions . Le Volume
contient
Un Eloge en Vers de plufieurs
Pieces faites par les meilleurs Autheurs, & imprimées dans le Mercure.
Un Edit d'Amour, de dix- neuf
Stances.
Une Fefte galante donnée par l'Amour, au fujet de la Paix.
-Des Stances Morales faites par le
Fils d'un Auditeur des Comptes.
Huit Fictions diférentes fur l'ori
gine de l'Horloge de Sable , traitées.
par métamorphofe & par invention..
La huitième en Vers par un Académicien d'Arles.
Une Lettre galante qui accompagnoit un petit Amour de cire donné
pour Etrennes.
Deux Lettres galantes de Madrid.
Une Lettre de Veniſe, oùl'on voit
AVIS.
l'origine des Mouches galantes, &-les
fentimens delafçavanteMademoiſelle
Cornaro,fur la confidence deMadame
de Cleyes à fon Mary.
Six Lettres pleines d'é ulition , de
M.l'Abbé de la Valt , fur l'ufage des
Fictions.
Une Lettre fur les indices qu'on
peur tirer pour connoiftre l'Efprit,
fur la maniere dont chacun formefon
écriture. 1
Une nouvelle Lettre en chiffre.
Des Madrigaux fur divers fujets , &
des Sonnets fur l'Amour & furl'Indiférence..
Deux Difcours à la louange des
Cheveux , pour répondre à la Satire
contre les Cheveux qui eftoit dans le
troifiéme Extraordinaire.
Quatre Traductions en Vers François , des Vers Latins de M. de Sanreuil, qui fe lifent fur la Pompe du
Pont Noftre-Dame.
Plufieurs Madrigaux fervant d'explication aux Enigmes du Cœur, de
AVIS.
la Nefle , de l'Efprit , de la Mouche
galante, de la Calote, & de quelques
Enigmes en figure. Lehrstei
Un Cadran Solaire en taille- douce,
d'une nouvelle invention , dans lequel
treize des principales Actions de Sa
Majefté font marquées par autant”
d'effets du Soleil.
Une Galanterie en forme de Confeil, fur un mal d'amour,been s
Plufieurs Ouvrages en Vers à la
gloire du Roy.
Une nouvelle Hiftoire Enigmati
que.
L'Hiftoire des Amours de Grifette,
Chate de Madame des Houlieres,
contenue en huit Pieces de Vers compofées par les plus beaux Efprits du
Siecle.
Un Difcours fur les Devifes, Emblêmes, & Revers de Medailles .
Quarante- deux Revers de Medailles
à la gloire du Roy, gravées dans une
feule Planche, & tous expliquez dan s
l'Extraordinaire par autant d'Articles
féparez.
AVIS. •
Plufieurs Questions proposées pour
le cinquième Extraordinaire, qui fera
le premier del'Année 1679. les quatre
premiers faisant l'Année complète de
1678.
Tousles Ouvrages de ce quatrième
Extraordinaire fe montent à plus de
cent cinquante Pieces tant de galanterie que d'érudition.
Ce grand nombre d'Ouvrages diférens faitvoir queles Extraordinaires
font des Recueils de tout ce que l'on
peut s'imaginer, & où l'on peut avoir
recours, fuivant les matieres dont on
veutetre éclaircy
Onne propofera pas ſeulement au
Public des Queftions galantes pour
tous les Extraordinaires , mais encor
tous les Sujets qui feront envoyez, où
l'érudition pouraparoistre.
PL
Lufieurs les eftans perfuadez que
Extraordinaires ne font que desabregez de ce qui eft contenu dans les
trois derniers Volumes du Mercure
qui les précedent , on a efté prié de
faire connoiftre dans le premier Volume de chaque Mercure qui fuivra
chaque Extraordinaire , les matieres
qui compoferont ces mefmes Extraordinaires qui auront precedé le Mercure qui enparlera. On verra par là
que dans ces Livres qui paroiffent au
commencement de chaque Quartier
de l'Année, iln'y a pas uneligne tirée
de ceux qui fe diftribuent le premier
jour de chaque Mois. On en va juger
par les Ouvrages que contient lequatriéme & dernier Extraordinaire qui
aparule 15.jour deJanvier.
Il eft dedié auRoy. L'Epiftren'eft
AVIS.
point de la maniere ordinaire. Elle eſt
au milieu de toutes les Conqueftes du
Roy,gravées par M. le Paultre, reprefentées au naturel, & environnées de
Devifes & d'Infcriptions . Le Volume
contient
Un Eloge en Vers de plufieurs
Pieces faites par les meilleurs Autheurs, & imprimées dans le Mercure.
Un Edit d'Amour, de dix- neuf
Stances.
Une Fefte galante donnée par l'Amour, au fujet de la Paix.
-Des Stances Morales faites par le
Fils d'un Auditeur des Comptes.
Huit Fictions diférentes fur l'ori
gine de l'Horloge de Sable , traitées.
par métamorphofe & par invention..
La huitième en Vers par un Académicien d'Arles.
Une Lettre galante qui accompagnoit un petit Amour de cire donné
pour Etrennes.
Deux Lettres galantes de Madrid.
Une Lettre de Veniſe, oùl'on voit
AVIS.
l'origine des Mouches galantes, &-les
fentimens delafçavanteMademoiſelle
Cornaro,fur la confidence deMadame
de Cleyes à fon Mary.
Six Lettres pleines d'é ulition , de
M.l'Abbé de la Valt , fur l'ufage des
Fictions.
Une Lettre fur les indices qu'on
peur tirer pour connoiftre l'Efprit,
fur la maniere dont chacun formefon
écriture. 1
Une nouvelle Lettre en chiffre.
Des Madrigaux fur divers fujets , &
des Sonnets fur l'Amour & furl'Indiférence..
Deux Difcours à la louange des
Cheveux , pour répondre à la Satire
contre les Cheveux qui eftoit dans le
troifiéme Extraordinaire.
Quatre Traductions en Vers François , des Vers Latins de M. de Sanreuil, qui fe lifent fur la Pompe du
Pont Noftre-Dame.
Plufieurs Madrigaux fervant d'explication aux Enigmes du Cœur, de
AVIS.
la Nefle , de l'Efprit , de la Mouche
galante, de la Calote, & de quelques
Enigmes en figure. Lehrstei
Un Cadran Solaire en taille- douce,
d'une nouvelle invention , dans lequel
treize des principales Actions de Sa
Majefté font marquées par autant”
d'effets du Soleil.
Une Galanterie en forme de Confeil, fur un mal d'amour,been s
Plufieurs Ouvrages en Vers à la
gloire du Roy.
Une nouvelle Hiftoire Enigmati
que.
L'Hiftoire des Amours de Grifette,
Chate de Madame des Houlieres,
contenue en huit Pieces de Vers compofées par les plus beaux Efprits du
Siecle.
Un Difcours fur les Devifes, Emblêmes, & Revers de Medailles .
Quarante- deux Revers de Medailles
à la gloire du Roy, gravées dans une
feule Planche, & tous expliquez dan s
l'Extraordinaire par autant d'Articles
féparez.
AVIS. •
Plufieurs Questions proposées pour
le cinquième Extraordinaire, qui fera
le premier del'Année 1679. les quatre
premiers faisant l'Année complète de
1678.
Tousles Ouvrages de ce quatrième
Extraordinaire fe montent à plus de
cent cinquante Pieces tant de galanterie que d'érudition.
Ce grand nombre d'Ouvrages diférens faitvoir queles Extraordinaires
font des Recueils de tout ce que l'on
peut s'imaginer, & où l'on peut avoir
recours, fuivant les matieres dont on
veutetre éclaircy
Onne propofera pas ſeulement au
Public des Queftions galantes pour
tous les Extraordinaires , mais encor
tous les Sujets qui feront envoyez, où
l'érudition pouraparoistre.
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Résumé : AVIS.
Le document traite des 'Extraordinaires', des publications supplémentaires au 'Mercure'. Pour clarifier leur contenu, il est décidé de publier dans chaque nouveau volume du 'Mercure' les matières des 'Extraordinaires' précédents. Le quatrième et dernier 'Extraordinaire', paru le 15 janvier, est dédié au Roi et contient une épître illustrée par les conquêtes royales gravées par M. le Paultre. Ce volume inclut divers ouvrages tels qu'un éloge en vers, un édit d'amour, une fête galante, des stances morales, des fictions sur l'origine de l'horloge de sable, des lettres galantes, des lettres érudites de l'Abbé de la Valette, une lettre sur les indices de l'écriture, des madrigaux, des discours sur les cheveux, des traductions en vers, des explications d'énigmes, un cadran solaire, des galanteries, des histoires énigmatiques, des discours sur les devises et emblèmes, et des revers de médailles à la gloire du Roi. Le document mentionne également des questions proposées pour le cinquième 'Extraordinaire' de l'année 1679, complétant l'année 1678. Ce quatrième 'Extraordinaire' comprend plus de cent cinquante pièces, illustrant la diversité et l'érudition des contenus.
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100
p. 3-11
SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
Début :
En verité, Monsieur, on est charmé de toutes les beautez [...]
Mots clefs :
Louis, Lettre, Mercure, Grisette, Mois
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
SUR
L'EXTRAORDINAIRE
DU MERCURE
Du Jhnirticr d'Octobre IGJS. EN vzerité, Monsieur ,onest
c
harme de toutes les beautez que renferme vostre Lettre
du Quartier d'Octobre.Vous
ne pouviez finir plus extraordinairement l'Année Extraordinaire du Mercure, ny commencer plus glorieusement celle cy,
qu'en donnant cet excellent
Ouvrageau Public. Ilest digne
d'estre presentéauplus Grand
Roy dela Terre. Vous y avez
ramassé pour sa gloire,tout ce
qui pouvoit la consacrer à la
Postericé. Vostre Epistre est
comme un Arc de Triomphe,
où l'on voit les Victoires qu'il
a
remportéessur ses Ennemis, &
sursoy-mesme.
La Renommée en mille lieux,
Apprend de ce Héros les exploits
glorieux;
fifœispour lesfaire entendre à la Race
future,
Ilfalloitla voix du Mercure.
Je pasle de cette belle Epistre,
à l'ingénieux Cadran, dont le
Soleil,ou plûtost Louis LE
G RAND,marquelesheures.
Le cours d'unesi belleY/V,
De tant demerveillesftjie,
Au coursde cetAstre estpareil.
Les VertusdeLOVIS, les vertus du
Soleil,
Font ce
qu'onVoitdegradau mondea
Maintenantqu'unePaixprofonde
D'unlerègne calme coftrsi &douxVa
-
LOris, Soleil,fèronttous nos
: beauxj'ours.
CePrince estunSoletlquipercales
nuagts, Et qui dissipe les vapeurs;
Qui répand IdJOJe en nos cœurs,
Et la metsur tous nos visages.
Enfinpartoutoù va ce Ife'rosglorieuxy
Ilyporte avec luy,l'éclat, & lalumiere;
Ainsi,queleSoleilse dérobe à nosJell.K''
Etqu'ilfinissesa carriere,
La Terre a
son Soleil, aujji-bien que
les Cieux.
Le Portrait de ce Grand Roy
environné de tant d'excellentes
Devises, & de Revers de Medailles,a quelquechose defurprenant, pour l'abondance, &
pour la richesse des pensées. On
pourroitappellercetteadmirable Planche, leTrésorde Loüis
le Victorieux, & le Triomphant. C'est là qu'on voir en
racourcy, tout ce qu'ila fait de
grand, & de merveilleux. Toutes ces Pieces marquent admirablement le prix de son Regne,
& de sa Vie.
Ces Médaillés,& ces Ve-rifls,
Sur les Villesqu'ilaconquises,
Font à la yeue un bel effet.
L'esprit en est charméJi-tojlquilles
remarque;
Jhlaù lors quel'on y>oit le Portrait
De cet invincible Monarque,
Onne s'etonneplusde tout ce quila
fait.
Jeneme lasse pointd'admirer
toutes ces choses, & j'ay de la
peine à en retirermaveuëpour
considerer tant de Pieces d'esprit & de galanterie, qui composent vostre Livre. Mais,Monsieur, mon admiration ne cesse
pas pourcela;J'y rencontre par
tout les miracles du Regne de
- Loüis LE GRAND. En effet
fous quel Prince les Sciences
& les Arts 0nt.ilse11:é plusflo-
rissans? A-t-on jamais veu paroistre la Galanterie &l'Amour
avec plus de politesse & de magnificence?Vostre Mercure en
fournit tous les Mois des preuves si convainquantes,qu'on
n'en peut douter. Qui n'admire
avec moy tant de Festes galantes, & deFictions ingénieuses
dont vous nous faites part? Ces
Lettres, &ces Traitez si pleins
de doctrine & d'érudition, que
vostre Mercure a
faitnaistre,&
dontil se peut dire doublement
le Pere, ne font-ce pas autant
deChefsd'oeuvres?
ContinueMufesfçd\antes>.
7-7'0.1 belles {jpgrandes Leçons;
Continuez, Musesgalantes,
Vos douces&tendres Chansons,
Apresent que LOVISrajpmble dans
la France,
L'Amourt cg-les Tlaifîrs3laTaix^çj*
l'Abondance.
Amans,du Dieu d'Amour "rene'{pn!l
drelaLoy,
Vous nepote-r,-- avoirde momens plus
propices, !'sousle regne d'un GrandRoy;
Quifait
*
deses Sujets, l'amour& les
Maisil ya toujours quelque
Grisete fiere & délicate, ( &de
cela foit ditsans faire tortà la
Chate de Madame des Houlieres; )Il y a dis-je,toûjours
quelq ue ivilne insensible qui se
gendarme contre l'Amour):
manque de le bien connoistre.
Vousqui dites,belle Severe,
£uepourfuture les Loix que l'Amour
nous prescrit,
Onpertlaraisoin,& l'esprit,
Vous en ignorez le mistere.
S'il nous enflame, ilnous e'iiaire;
S'ilnous in/jife, il nous instruit.
Enfinsoiit le jour,soit la nuit,
Ses Loix jOntdUX Amans agréables
àsuivre.
Sans elles l'on est malheureux,
Etsans ellesl'onnepeutvivre;
Maissivous n'écoutez mesvoeux,
En vainsur cesujet je Voudrois vous
instruire.
Cependant Vofire erreur estfacile à
détruire,
Puis qu'ilnefautj(uaimer^ourgoâtet
la douceur
Qu'on trouve à sifiûmettre à ce charmant Trainj<ueur.
Je croyois finir icy cette
Lettre; mais,Mon sieur, on ne
sçauroitquiter vostre Mercure.
Vostre Histoire Enigmatique
m'arreste encor,& voicy ce que
ma Muse m'a inspiré sur cette
spirituelleallégorie.
Cesdeux Grands Roys dont l'origine
Estcachée auxplus curieux,
Quisefontlaguerre en tous lieux,
Stdontledifïrentjamais neseterminer
C"7t?ys, leursFemmes,leursSujets,
Qtianddeprès on les exafninet
Cen'estque leJeu des Echets.
Peutestre que ma Mures'est
trompée en cette rencontre,
mais, il est toûjours certain
qu'elle ne se trompe point
quandellem'engage à vousdire
que jefuis, Vostre,&c.
DE MARPALU.
L'EXTRAORDINAIRE
DU MERCURE
Du Jhnirticr d'Octobre IGJS. EN vzerité, Monsieur ,onest
c
harme de toutes les beautez que renferme vostre Lettre
du Quartier d'Octobre.Vous
ne pouviez finir plus extraordinairement l'Année Extraordinaire du Mercure, ny commencer plus glorieusement celle cy,
qu'en donnant cet excellent
Ouvrageau Public. Ilest digne
d'estre presentéauplus Grand
Roy dela Terre. Vous y avez
ramassé pour sa gloire,tout ce
qui pouvoit la consacrer à la
Postericé. Vostre Epistre est
comme un Arc de Triomphe,
où l'on voit les Victoires qu'il
a
remportéessur ses Ennemis, &
sursoy-mesme.
La Renommée en mille lieux,
Apprend de ce Héros les exploits
glorieux;
fifœispour lesfaire entendre à la Race
future,
Ilfalloitla voix du Mercure.
Je pasle de cette belle Epistre,
à l'ingénieux Cadran, dont le
Soleil,ou plûtost Louis LE
G RAND,marquelesheures.
Le cours d'unesi belleY/V,
De tant demerveillesftjie,
Au coursde cetAstre estpareil.
Les VertusdeLOVIS, les vertus du
Soleil,
Font ce
qu'onVoitdegradau mondea
Maintenantqu'unePaixprofonde
D'unlerègne calme coftrsi &douxVa
-
LOris, Soleil,fèronttous nos
: beauxj'ours.
CePrince estunSoletlquipercales
nuagts, Et qui dissipe les vapeurs;
Qui répand IdJOJe en nos cœurs,
Et la metsur tous nos visages.
Enfinpartoutoù va ce Ife'rosglorieuxy
Ilyporte avec luy,l'éclat, & lalumiere;
Ainsi,queleSoleilse dérobe à nosJell.K''
Etqu'ilfinissesa carriere,
La Terre a
son Soleil, aujji-bien que
les Cieux.
Le Portrait de ce Grand Roy
environné de tant d'excellentes
Devises, & de Revers de Medailles,a quelquechose defurprenant, pour l'abondance, &
pour la richesse des pensées. On
pourroitappellercetteadmirable Planche, leTrésorde Loüis
le Victorieux, & le Triomphant. C'est là qu'on voir en
racourcy, tout ce qu'ila fait de
grand, & de merveilleux. Toutes ces Pieces marquent admirablement le prix de son Regne,
& de sa Vie.
Ces Médaillés,& ces Ve-rifls,
Sur les Villesqu'ilaconquises,
Font à la yeue un bel effet.
L'esprit en est charméJi-tojlquilles
remarque;
Jhlaù lors quel'on y>oit le Portrait
De cet invincible Monarque,
Onne s'etonneplusde tout ce quila
fait.
Jeneme lasse pointd'admirer
toutes ces choses, & j'ay de la
peine à en retirermaveuëpour
considerer tant de Pieces d'esprit & de galanterie, qui composent vostre Livre. Mais,Monsieur, mon admiration ne cesse
pas pourcela;J'y rencontre par
tout les miracles du Regne de
- Loüis LE GRAND. En effet
fous quel Prince les Sciences
& les Arts 0nt.ilse11:é plusflo-
rissans? A-t-on jamais veu paroistre la Galanterie &l'Amour
avec plus de politesse & de magnificence?Vostre Mercure en
fournit tous les Mois des preuves si convainquantes,qu'on
n'en peut douter. Qui n'admire
avec moy tant de Festes galantes, & deFictions ingénieuses
dont vous nous faites part? Ces
Lettres, &ces Traitez si pleins
de doctrine & d'érudition, que
vostre Mercure a
faitnaistre,&
dontil se peut dire doublement
le Pere, ne font-ce pas autant
deChefsd'oeuvres?
ContinueMufesfçd\antes>.
7-7'0.1 belles {jpgrandes Leçons;
Continuez, Musesgalantes,
Vos douces&tendres Chansons,
Apresent que LOVISrajpmble dans
la France,
L'Amourt cg-les Tlaifîrs3laTaix^çj*
l'Abondance.
Amans,du Dieu d'Amour "rene'{pn!l
drelaLoy,
Vous nepote-r,-- avoirde momens plus
propices, !'sousle regne d'un GrandRoy;
Quifait
*
deses Sujets, l'amour& les
Maisil ya toujours quelque
Grisete fiere & délicate, ( &de
cela foit ditsans faire tortà la
Chate de Madame des Houlieres; )Il y a dis-je,toûjours
quelq ue ivilne insensible qui se
gendarme contre l'Amour):
manque de le bien connoistre.
Vousqui dites,belle Severe,
£uepourfuture les Loix que l'Amour
nous prescrit,
Onpertlaraisoin,& l'esprit,
Vous en ignorez le mistere.
S'il nous enflame, ilnous e'iiaire;
S'ilnous in/jife, il nous instruit.
Enfinsoiit le jour,soit la nuit,
Ses Loix jOntdUX Amans agréables
àsuivre.
Sans elles l'on est malheureux,
Etsans ellesl'onnepeutvivre;
Maissivous n'écoutez mesvoeux,
En vainsur cesujet je Voudrois vous
instruire.
Cependant Vofire erreur estfacile à
détruire,
Puis qu'ilnefautj(uaimer^ourgoâtet
la douceur
Qu'on trouve à sifiûmettre à ce charmant Trainj<ueur.
Je croyois finir icy cette
Lettre; mais,Mon sieur, on ne
sçauroitquiter vostre Mercure.
Vostre Histoire Enigmatique
m'arreste encor,& voicy ce que
ma Muse m'a inspiré sur cette
spirituelleallégorie.
Cesdeux Grands Roys dont l'origine
Estcachée auxplus curieux,
Quisefontlaguerre en tous lieux,
Stdontledifïrentjamais neseterminer
C"7t?ys, leursFemmes,leursSujets,
Qtianddeprès on les exafninet
Cen'estque leJeu des Echets.
Peutestre que ma Mures'est
trompée en cette rencontre,
mais, il est toûjours certain
qu'elle ne se trompe point
quandellem'engage à vousdire
que jefuis, Vostre,&c.
DE MARPALU.
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Résumé : SUR L'EXTRAORDINAIRE DU MERCURE Du Quartier d'Octobre 1678.
Le texte est une lettre élogieuse à l'égard du 'Mercure', une publication, pour son édition exceptionnelle d'octobre 1685. L'auteur exprime une grande admiration pour la lettre du quartier d'octobre, qualifiant l'année du 'Mercure' d'extraordinaire et digne d'être présentée au plus grand roi de la Terre. Il compare cette épître à un arc de triomphe célébrant les victoires du roi Louis le Grand, soulignant ses vertus et ses exploits glorieux. La lettre met en parallèle les vertus de Louis et celles du soleil, symbolisant la paix et la prospérité apportées par le règne du roi. Elle décrit également un portrait du roi entouré de devises et de médailles, illustrant ses conquêtes et ses réalisations. L'auteur admire les sciences, les arts et la galanterie florissante sous le règne de Louis. Il mentionne diverses fêtes et fictions ingénieuses présentées dans le 'Mercure'. La lettre se termine par une allégorie sur le jeu d'échecs, comparant deux grands rois à des pièces de ce jeu. L'auteur conclut en exprimant son admiration et sa loyauté envers le 'Mercure'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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