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Détail
Liste
751
p. 583-586
RUSSIE.
Début :
Le 21. Janvier, Mirsa Ibrahim, Envoyé Extraordinaire du Prince Thamas, fils du dernier [...]
Mots clefs :
Moscou, Tsar, Princesse
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
›
Lar fils du der-
E 21. Janvier , Mirfa Ibrahim , Envoyé Ex
nier Roi de Perfe , fit fon Entrée publique à Mofcou
, avec une fuite de 30. à 40. perfonnes , dans
le nombre deſquelles il y a deux proches parens
de ce Prince.
On a appris de Mofcou que le 17. Janvier, le
Czar accompagné de la Princeffe Dolhorucki
des Miniftres Etrangers & des Seigneurs de fa
Cour , alla avec une fuite de plus de cinq cent
Trainaux à Jouorof, qui eft éloigné de cette Capitale
de fix Verftes , où il y eut une grande
Chaffe
384 MERCURE DE FRANCE .
Chaffe , dans laquelle on tua plus de trois cent
pieces de gibier.
A fon retour , S. M. Cz . fe trouva très -abbatuë
, & avec un grand mal de tête ; de ſorte
qu'elle fut obligée de fe mettre au lit ; le lende
main la petite Verole commença à paroître , &
elle continua depuis à fortir fi heureuſe.nent que
les Medecins de la Cour affurerent le 26. que le
Czar étoit hors de danger ; mais la nuit ſuivante
il furvint une fievre avec un trafport au cerveau
fi violent , que ce Prince mourut la nuit du 29.
au 30. à minuit & demi , âgé de 14. ans 3. mois
& 7. jours , étant né à Petersbourg , le 23. Octobre
1715.
*
Il avoit été proclamé Czar & Souverain de
Mofcovie & de toute la Ruffie le 1-8. May 1727.
fuivant le teftament de la Czarine Catherine
feconde femme du Czar Pierre I. fon Aycul ,
laquelle étoit morte le jour précedent ; il avoit
été fiancé le 6. Juin de la même année avec Ma
rie Allexandrewna , fille ainée du Prince Menzikoff
, fon premier Miniftre ; mais le Confeil de
Regence , jaloux de la trop grande autorité de ce
Miniftre , détermina le Czar à le faire arrêter le
19. Septembre fuivant , & à le releguer dans une
Fortereffe en Siberie , avec la Princeffe fa fille.
Au commencement de l'année 1728. le Czár
quitta le féjour de Petersbourg pour fe rendre à
Mofcou , Capitale de fes Etats , ou ayant fait fon
Entrée le 15. Fevrier de la même année , il fut
couronné le 7. Mars fuivant. La Princefe Natalie
Alexiowna , fa foeur unique , qu'il aimoit
beaucoup, y mourut le 2.Decembre fuivant dans
la 15 année de fon âge ; ils étoient les deux
feuls enfans vivans d'Alexis Petrowits , Czarowits
fils unique du Czar Pierre I. qui mourut
dans la difgrace de fon Pere , le 26. Juillet 1718.
âgé
3
MARS. 1༡༢ : 185
agé de 29. ans ou environ , & de Charlotte Chrif
tine Sophie de Brunfwick Wolfembutel , Soeur
de l'Imperatrice , laquelle mourut à Petersbourg
ke 1. Novembre 1715. âgée de 21. ans.
Le Czar Pierre II. qui vient de mourir avoit
été fiancé pour la feconde fois le 11. Decembre
dernier avec Catherine Alexiwna , fille ainée d'Alexis
Gregorowitz , Prince Dolhorucki , Minif
tre & Confeil er actuel d'Etat , Grand-Maître de
la Cour , & Chevalier de l'Ordre de Saint André
, & qui avoit été Gouverneur de S. M. Cz.
Dans le moment de la mort du Czar , les Mi
niftres du Haut - Confeil & les Feldts- Maréchaux
s'étant affemblés dans le Palais , & ayant fait appeller
le Senat & toute la Generalité , la Princeffe
Anne Juanowns, Ducheffe Douairiere de Curlande
, fut reconnue d'un accord unanime Souve
raine de toute la Ruffie , conformément aux vo
lontés du feu Czar , & fa proclamation en qualité
de Czarine fut faite vers les dix heures du matin
, à la tête des Troupes , au bruit des Canons
& au fon des Cloches.
.
Cette Princeffe née en 1693. eft la feconde
fille du Czar Jean Alexiowits , frere ainé du Czar
Pierre I. & qui avoit regné avec lui jufqu'au 31 .
Janvier 1696. qu'il mourut, laiffant de Profcovic
Fæderowna Soltikow , fa femme , trois filles encore
vivantes qui font Catherine , mariée le 19.
Avril 1716. à Charles Leopol , Duc de Mekelbourg
Swevin , Anne qui vient d'être procla
mée Czarine , mariée le 13. Novembre 1710. à
Frederic Guillaume , Duc de Curlande , dont elle
eft veuve depuis le 21. Janvier 1711. & Profcovie
née en 1695. qui eft retirée dans un Couvent.
Le Czar a recommandé en mourant aux Mi
niftres du Haut-Confeil la Princeffe Dolhorucki ,
386 MERCURE DE FRANCE.
fa fiancée , la Princeffe Elifabeth , fa tante , le Duc
d'Holstein & le Duc de Mekelbourg , leur té
moignant qu'il fouhaitoit qu'on executât à leur
égard tout ce qui a été ordonné par le Teftament
du Czar Pierre I. touchant le payement de leurs
penfions.
Le Prince Bafile Lukowits Dolhorucki partit
de Mofcou le 28. Janvier en pofte pour aller à
Mittau porter à la Ducheffe Douairiere de Curlande
la nouvelle de fa proclamation . Il étoit accompagné
du Prince Trubetzkoy , Major General
, de M. Leontioff , auffi Major General , &
de M. Jerepkin , Capitaine des Gardes .
On a appris depuis que le Prince Dolhorucki
étoit arrivé le 5. Fevrier au foir à Mittau , & que
la Ducheffe Douairiere de Curlande , nouvelle
Czarine , en étoit partie le 9. pour ſe rendre à
Mofcou.
›
Lar fils du der-
E 21. Janvier , Mirfa Ibrahim , Envoyé Ex
nier Roi de Perfe , fit fon Entrée publique à Mofcou
, avec une fuite de 30. à 40. perfonnes , dans
le nombre deſquelles il y a deux proches parens
de ce Prince.
On a appris de Mofcou que le 17. Janvier, le
Czar accompagné de la Princeffe Dolhorucki
des Miniftres Etrangers & des Seigneurs de fa
Cour , alla avec une fuite de plus de cinq cent
Trainaux à Jouorof, qui eft éloigné de cette Capitale
de fix Verftes , où il y eut une grande
Chaffe
384 MERCURE DE FRANCE .
Chaffe , dans laquelle on tua plus de trois cent
pieces de gibier.
A fon retour , S. M. Cz . fe trouva très -abbatuë
, & avec un grand mal de tête ; de ſorte
qu'elle fut obligée de fe mettre au lit ; le lende
main la petite Verole commença à paroître , &
elle continua depuis à fortir fi heureuſe.nent que
les Medecins de la Cour affurerent le 26. que le
Czar étoit hors de danger ; mais la nuit ſuivante
il furvint une fievre avec un trafport au cerveau
fi violent , que ce Prince mourut la nuit du 29.
au 30. à minuit & demi , âgé de 14. ans 3. mois
& 7. jours , étant né à Petersbourg , le 23. Octobre
1715.
*
Il avoit été proclamé Czar & Souverain de
Mofcovie & de toute la Ruffie le 1-8. May 1727.
fuivant le teftament de la Czarine Catherine
feconde femme du Czar Pierre I. fon Aycul ,
laquelle étoit morte le jour précedent ; il avoit
été fiancé le 6. Juin de la même année avec Ma
rie Allexandrewna , fille ainée du Prince Menzikoff
, fon premier Miniftre ; mais le Confeil de
Regence , jaloux de la trop grande autorité de ce
Miniftre , détermina le Czar à le faire arrêter le
19. Septembre fuivant , & à le releguer dans une
Fortereffe en Siberie , avec la Princeffe fa fille.
Au commencement de l'année 1728. le Czár
quitta le féjour de Petersbourg pour fe rendre à
Mofcou , Capitale de fes Etats , ou ayant fait fon
Entrée le 15. Fevrier de la même année , il fut
couronné le 7. Mars fuivant. La Princefe Natalie
Alexiowna , fa foeur unique , qu'il aimoit
beaucoup, y mourut le 2.Decembre fuivant dans
la 15 année de fon âge ; ils étoient les deux
feuls enfans vivans d'Alexis Petrowits , Czarowits
fils unique du Czar Pierre I. qui mourut
dans la difgrace de fon Pere , le 26. Juillet 1718.
âgé
3
MARS. 1༡༢ : 185
agé de 29. ans ou environ , & de Charlotte Chrif
tine Sophie de Brunfwick Wolfembutel , Soeur
de l'Imperatrice , laquelle mourut à Petersbourg
ke 1. Novembre 1715. âgée de 21. ans.
Le Czar Pierre II. qui vient de mourir avoit
été fiancé pour la feconde fois le 11. Decembre
dernier avec Catherine Alexiwna , fille ainée d'Alexis
Gregorowitz , Prince Dolhorucki , Minif
tre & Confeil er actuel d'Etat , Grand-Maître de
la Cour , & Chevalier de l'Ordre de Saint André
, & qui avoit été Gouverneur de S. M. Cz.
Dans le moment de la mort du Czar , les Mi
niftres du Haut - Confeil & les Feldts- Maréchaux
s'étant affemblés dans le Palais , & ayant fait appeller
le Senat & toute la Generalité , la Princeffe
Anne Juanowns, Ducheffe Douairiere de Curlande
, fut reconnue d'un accord unanime Souve
raine de toute la Ruffie , conformément aux vo
lontés du feu Czar , & fa proclamation en qualité
de Czarine fut faite vers les dix heures du matin
, à la tête des Troupes , au bruit des Canons
& au fon des Cloches.
.
Cette Princeffe née en 1693. eft la feconde
fille du Czar Jean Alexiowits , frere ainé du Czar
Pierre I. & qui avoit regné avec lui jufqu'au 31 .
Janvier 1696. qu'il mourut, laiffant de Profcovic
Fæderowna Soltikow , fa femme , trois filles encore
vivantes qui font Catherine , mariée le 19.
Avril 1716. à Charles Leopol , Duc de Mekelbourg
Swevin , Anne qui vient d'être procla
mée Czarine , mariée le 13. Novembre 1710. à
Frederic Guillaume , Duc de Curlande , dont elle
eft veuve depuis le 21. Janvier 1711. & Profcovie
née en 1695. qui eft retirée dans un Couvent.
Le Czar a recommandé en mourant aux Mi
niftres du Haut-Confeil la Princeffe Dolhorucki ,
386 MERCURE DE FRANCE.
fa fiancée , la Princeffe Elifabeth , fa tante , le Duc
d'Holstein & le Duc de Mekelbourg , leur té
moignant qu'il fouhaitoit qu'on executât à leur
égard tout ce qui a été ordonné par le Teftament
du Czar Pierre I. touchant le payement de leurs
penfions.
Le Prince Bafile Lukowits Dolhorucki partit
de Mofcou le 28. Janvier en pofte pour aller à
Mittau porter à la Ducheffe Douairiere de Curlande
la nouvelle de fa proclamation . Il étoit accompagné
du Prince Trubetzkoy , Major General
, de M. Leontioff , auffi Major General , &
de M. Jerepkin , Capitaine des Gardes .
On a appris depuis que le Prince Dolhorucki
étoit arrivé le 5. Fevrier au foir à Mittau , & que
la Ducheffe Douairiere de Curlande , nouvelle
Czarine , en étoit partie le 9. pour ſe rendre à
Mofcou.
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Résumé : RUSSIE.
Le 21 janvier, Mirfa Ibrahim, envoyé du dernier roi de Perse, arriva à Moscou avec une suite de 30 à 40 personnes, incluant deux proches parents du prince. Le 17 janvier, le Czar, accompagné de la princesse Dolhorucki, des ministres étrangers et des seigneurs de la cour, se rendit à Jouorof pour une grande chasse, au cours de laquelle plus de trois cents pièces de gibier furent tuées. À son retour, le Czar se sentit très fatigué et souffrit d'un mal de tête, ce qui le contraignit à se mettre au lit. Le lendemain, des symptômes de petite vérole apparurent, mais les médecins assurèrent le 26 janvier que le Czar était hors de danger. Cependant, la nuit suivante, une fièvre violente avec un transport au cerveau survint, et le Czar mourut la nuit du 29 au 30 janvier à minuit et demi, à l'âge de 14 ans, 3 mois et 7 jours. Il avait été proclamé Czar et souverain de Moscovie et de toute la Russie le 18 mai 1727, suivant le testament de la czarine Catherine, seconde femme du Czar Pierre Ier. Il avait été fiancé le 6 juin 1727 à Marie Alexandrewna, fille du prince Menzikoff, mais ce dernier fut arrêté et exilé en Sibérie avec sa fille en septembre 1727. Le Czar quitta Saint-Pétersbourg pour Moscou au début de l'année 1728 et y fut couronné le 7 mars. Sa sœur unique, la princesse Natalie Alexiowna, mourut le 2 décembre 1727 à l'âge de 15 ans. Le Czar Pierre II avait été fiancé une seconde fois le 11 décembre précédent avec Catherine Alexiwna, fille du prince Dolhorucki. À la mort du Czar, les ministres et les feld-maréchaux réunis au palais proclamèrent la princesse Anne Juanowns, duchesse douairière de Curlande, souveraine de toute la Russie conformément aux volontés du feu Czar. Née en 1693, elle était la seconde fille du Czar Jean Alexiowits, frère aîné du Czar Pierre Ier. Le prince Dolhorucki partit pour Mittau afin d'informer la duchesse douairière de Curlande de sa proclamation, et elle quitta Mittau le 9 février pour se rendre à Moscou.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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752
p. 586-591
DANNEMARC.
Début :
Le Roi a envoyé ordre à son Ministre à la Haye de suspendre toutes négociations avec [...]
Mots clefs :
Dauphin, Ambassadeur, Illuminations, Devises, Soleil, Fête, Comte de Plélo
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARC.
DANNEM AR C.
LERoia envoyé ordre à fon Miniftre à fà
Haye de fufpendre toutes négociations avec
les Députés des Etats Generaux , au fujet du commerce
que fes Sujets font de fon aveu dans les Indes
Orientales , & de déclarer à L. H. P. qu'elles
n'avoient droit par aucun Traité de reclamer
contre ce commerce , que tous les Sujets des
Puiffances de l'Europe peuvent faire felon le droit
des gens , s'il n'y a des ftipulations particulieres
qui les en excluent .
Les Fêtes publiques que le Comte de Plelo ,
Ambaffadeur Extraordinaire de France , a donné
à Copenhague pour la Naiffance du DAUPHIN ,
ont duré quatre jours. L'ouverture s'en fit le 12 .
Février , par un Difcours de l'Abbé Goffet , fon
Aumônier, fur cet heureux Evenement, lequel fut
fort
MARS. 1730. 587.
>
fort applaudi; on chanta enfuite une Meffe Solemnelle
& le Te Deum , au bruit des Trompettes
des Timballes & d'une nombreuſe Simphonie ;
$. Exc. donna ce premier jour un magnifique·
Repas à toutes les perfonnes de diftinction , qui
avoient affifté à cette Ceremonie,
+
:
Le 13. plus de 200. perfonnes invitées à fouper
, fe rendirent à fon Hôtel fur les 7. heures
du foir. Il y eut Jeu jufqu'à 9. heures , enfuite
on fe mit à table après avoir tiré les places au
fort , pour éviter toute diftinction fur les rangs
& fur la difference des Tables. Il y en avoit une
de 90. Couverts , deux de 40. & trois autres
moindres , toutes fervies avec la même abondance
, la même délicateffe & la même attention.
Les principales Familles Françoifes , tant Catholiques
que Réformez , furent invitées à une Table
que tenoit l'Abbé Goffet , qui étoit de so.
Couverts , laquelle fut fervie en même-temps
que celle des Seigneurs qui étoient de cette magnifique
Fête les Santez des Souverains , cellede
Monfeigneur le Dauphin & des Familles Roya
les de France & de Dannemarc , furent celebrées
de bout , au bruit des Trompettes , des Timbales
& d'une Simphonie qui ne ceffa point pendant
tout le fouper, Le Fruit de toutes les Tables étoit
de la façon de M. Siegel , Officier de S. M. Dan.
Il fit par fa beautê le fujet & l'admiration de
toute l'Affemblée. On y voyoit differentes figures
ayant rapport au fujet de la Fête. Dans quelques
unes , le Portrait du Roi & de la Reine de France
au naturel ; en d'autres , Monfeigneur le Dauphin
dans le berceau , avec pufieurs Deviſes affortiffantes
à fon heureuſe Naiffance ; une des
principales Pieces repréſentoit les douze anciens
Gouvernemens de France , avec les Armes de
chaque Province. Après le Soupé , dont tout le
monne
88 MERCURE DE FRANCE.
monde parut fort content , M. l'Ambaffadeur
Quvrit le Bal avec Madame la Grande-Chanceliere
, & on continua à danſer juſqu'à 5. heures
& demie du matin , que tout le monde ſe retira.
Le 14. S. Ex. fit diftribuer des aumônes confiderables
, tant en vivres qu'en argent , à près de
200. Pauvres . On donna à chacun trois livres de
pain , deux livres de viande & 30. fols en argent.
Cette diftribution ſe fit fans avoir égard à la difference
de Religion.
Le 15. fur les fept heures du foir , l'Hôtel de
S. Ex. fut illuminé , tant en dehors qu'en dedans,
cette Illumination qui étoit d'un goût parfait &
admirable , dura toute la nuit. Elle repréfentoit à
l'entrée un fuperbe Palais , dont l'Architecture ,
les Ornemens & les Devifes toutes fpirituelles &
fort ingenieufes , faifoient allufion à la Naiffance.
de M. le Dauphin. A 7. heures & demie, M.l'Ambaffadeur
& Madame l'Ambaffadrice , fortirent
en Caroffe avec plufieurs perfonnes de qualité ,
pour voir l'Illumination. Lorfque L. Ex . furent
rentrées , M. l'Ambaffadeur ouvrit le Bal , qui
dura jufqu'à 9. heures.. On fervit alors le fouper
fur quatre Tables , où toutes les Dames fe placerent.
& où elles furent fervies par les Cavaliers.
Le même foir , M. de la Porte , Medecin François
, à la fuite de M. l'Ambaffadeur , avoit une
Table dans fon Appartement , où plufieurs per
fonnes de fa Profeſſion furent invitées avec quelques
Familles Françoifes qui n'avoient pû profiter
le premier jour des politeffes & des bontez de¹
M. l'Ambaffadeur à leur égard. Après le Repas
on ouvrit la porte aux Mafques : il en entra près
de 700. qui remplirent trois grandes Pieces , où ils
danferent. Il y eut toute la nuit un Buffet plein
de Rafraîchiffemens pour eux , & dans une autre
Chambre une Table toujours fervie avec toutes
Lortes
MARS. 1730. 589
fortes de Liqueurs froides & chaudes pour les
perfonnes invitées.
Au refte l'Illumination qui a réuſſi à merveille,
& qui fut encore favorifée de la plus belle nuit
qu'on pût fouhaiter , n'étoit point dans le gout
de celles de France ; les grands vents qui regnent
ici prefque continuellement , fur tout dans cette
faifon , ne permettoient pas qu'on mît les Lampions
à découvert ; c'étoit donc un grand Edifice
de Charpente , formée en Avant- Corps devant
l'Hôtel de l'Ambaffadeur , & couvrant la largeur
des cinq Croifees du milieu depuis le haut juſqu'en
bas; les intervalles des Pieces de Charpente, lefquelles
étoient très-vaftes,étoient recouverts , auffi-bien
que tout l'Edifice en general , de grands Tableaux .
de papier huilé , fur lefquels il y avoit differentes
Peintures. Les trois autres Croifées de chaque côté
étoient auffi pareillement ornées de Peinture
& l'Illumination étoit derriere , c'eſt - à- dire à
l'Avant-Corps , entre la Maifon & la Charpente
& aux Croifées , dans les embrafures interieures
des fenêtres ; le tout repréſentoit un Palais enchanté
avec beaucoup d'ornemens d'Architecture
& autres embelliffemens , parmi lefquels le Soleil
& les Dauphins dominoient fur tout. Le tour
étoit couronné en haut par un Soliel levant extrémement
brillant , avec cette Infcription ; Tote
furgit Lux aurea mundo.
Avant l'execution2, on craignoit pour le fuccès
de ce Spectacle , mais on fut agréablement furpris
de voir que rien n'étoit plus joli , ni plus
gracieux. L'Avant-Corps tout en feu & les oppoitions
fombres & de clartez ménagées dans le
refte du Bâtiment , faifoient une varieté char
mante. Outre cela ill yyavoit encore aux deux coins
de la Maifon , deux Pavillons , ou plutôt deux
Grottes illuminées , & dans chacune un Dau-
"
phin
590 MERCURE DE FRANCE:
phin , des nafeaux duquel jailliffoient des Fontaines
de vin de la hauteur de 14. pieds , ce qui fe
marioit fort agréablement avec le refte du Spectacle
; l'Illumination & les Fontaines continuerent
ainfi jufqu'au jour.
Les couches de la Comteffe de Plelo , la maladie
du Roi de Dannemarck , celle du Comte de Plelo,
la mort du jeune Prince Charles , fils de S. M. D.
ont été caufe que cette Fête a été donnée fi tard.
Devifes placées en differens endroits
de l'Illumination.
Le Soleil éclairant le Globe François : Ques
afpicit fovet.
Le Soleil en haut de l'Illumination : Toto furgit
Lux aurea mundo.
Le Soleil Levant. Acceſſu ſingula gaudenti
Le même. Non occultè crefcet .
Le même. Spes, largus , donare novas.
Le même. Spes totius orbis.
L'Etoile du matin . Diem prafignat ab ortu.
Les Etoiles , comme Lucifer , Venus , &c. qui
précedent le Lever du Soleil , & qui cedent aux
premiers Rayons de cet Aftre , par allufion à
Mefdames de France & à Monfeigneur le Dauphin.
Pracedunt at cadant.
Des Lys éclairez par le Soleil. Hinc vita , Colorque.
Le même Emblême. Hoc afpirante perennants
Le même Foventur ab alto.
Le même. Sole novo recreata nitent .
Des Lys fous le Soleil avec leurs rejettons. Alit
& auget.
Un Lys fous le Soleil avec un rejetton. Nec
Phabo gratior ullus.
Le même. Nullo fe tantum tellus jactavit
alumno.
Le
MARS.
173.00
Le même. Crefcit nova gloria terra..
590
Un Dauphin fur les Ondes. Non nifi gratus
adeft .
Cupidon fur le dos d'un Dauphin , tenant d'une
main fes Nageoires , & de l'autre un Lys en
forme de Sceptre. Sie Mare , fic Terras,
Un Dauphin avec l'Amour fur fon dos. Amor
eminet undis.
Le Dauphin , Conftellation celefte , au milieu
d'un Ciel ferain . Perpetuos nec parturit imbresa
Le même. Data lumina reddo.
Une Perle dans fa Coquille. Ex mora splen
didior.
Une mere Perle avec plufieurs Perles au dedans
Quantum è prole decus.
L'Alcyon faifant fon nid fur la Mer calme
Miratur natura filens.
Un Aigle portant fon Aiglon vers le Soleil
pour l'éprouver. Latatur genuiffe parem.
L'Arc-en- Ciel , figne de réconciliation. Diff
giant metus.
Une branche d'Olivier , dont il fort un rejet
ton. Nec fallit termes Oliva.
La Fortune fur le Globe François, Hic amica
fedes.
Le Dauphin ,
Conftellation celefte, & un Dau
phin fur les Ondes. Orbi dant figna quietis.
Il faut remarquer qu'il y a plusieurs de ces
Devifes , dont le corps eft le même ou approchant
, mais les Païfages & les autres accompa
gnemens étoient tous variez.
LERoia envoyé ordre à fon Miniftre à fà
Haye de fufpendre toutes négociations avec
les Députés des Etats Generaux , au fujet du commerce
que fes Sujets font de fon aveu dans les Indes
Orientales , & de déclarer à L. H. P. qu'elles
n'avoient droit par aucun Traité de reclamer
contre ce commerce , que tous les Sujets des
Puiffances de l'Europe peuvent faire felon le droit
des gens , s'il n'y a des ftipulations particulieres
qui les en excluent .
Les Fêtes publiques que le Comte de Plelo ,
Ambaffadeur Extraordinaire de France , a donné
à Copenhague pour la Naiffance du DAUPHIN ,
ont duré quatre jours. L'ouverture s'en fit le 12 .
Février , par un Difcours de l'Abbé Goffet , fon
Aumônier, fur cet heureux Evenement, lequel fut
fort
MARS. 1730. 587.
>
fort applaudi; on chanta enfuite une Meffe Solemnelle
& le Te Deum , au bruit des Trompettes
des Timballes & d'une nombreuſe Simphonie ;
$. Exc. donna ce premier jour un magnifique·
Repas à toutes les perfonnes de diftinction , qui
avoient affifté à cette Ceremonie,
+
:
Le 13. plus de 200. perfonnes invitées à fouper
, fe rendirent à fon Hôtel fur les 7. heures
du foir. Il y eut Jeu jufqu'à 9. heures , enfuite
on fe mit à table après avoir tiré les places au
fort , pour éviter toute diftinction fur les rangs
& fur la difference des Tables. Il y en avoit une
de 90. Couverts , deux de 40. & trois autres
moindres , toutes fervies avec la même abondance
, la même délicateffe & la même attention.
Les principales Familles Françoifes , tant Catholiques
que Réformez , furent invitées à une Table
que tenoit l'Abbé Goffet , qui étoit de so.
Couverts , laquelle fut fervie en même-temps
que celle des Seigneurs qui étoient de cette magnifique
Fête les Santez des Souverains , cellede
Monfeigneur le Dauphin & des Familles Roya
les de France & de Dannemarc , furent celebrées
de bout , au bruit des Trompettes , des Timbales
& d'une Simphonie qui ne ceffa point pendant
tout le fouper, Le Fruit de toutes les Tables étoit
de la façon de M. Siegel , Officier de S. M. Dan.
Il fit par fa beautê le fujet & l'admiration de
toute l'Affemblée. On y voyoit differentes figures
ayant rapport au fujet de la Fête. Dans quelques
unes , le Portrait du Roi & de la Reine de France
au naturel ; en d'autres , Monfeigneur le Dauphin
dans le berceau , avec pufieurs Deviſes affortiffantes
à fon heureuſe Naiffance ; une des
principales Pieces repréſentoit les douze anciens
Gouvernemens de France , avec les Armes de
chaque Province. Après le Soupé , dont tout le
monne
88 MERCURE DE FRANCE.
monde parut fort content , M. l'Ambaffadeur
Quvrit le Bal avec Madame la Grande-Chanceliere
, & on continua à danſer juſqu'à 5. heures
& demie du matin , que tout le monde ſe retira.
Le 14. S. Ex. fit diftribuer des aumônes confiderables
, tant en vivres qu'en argent , à près de
200. Pauvres . On donna à chacun trois livres de
pain , deux livres de viande & 30. fols en argent.
Cette diftribution ſe fit fans avoir égard à la difference
de Religion.
Le 15. fur les fept heures du foir , l'Hôtel de
S. Ex. fut illuminé , tant en dehors qu'en dedans,
cette Illumination qui étoit d'un goût parfait &
admirable , dura toute la nuit. Elle repréfentoit à
l'entrée un fuperbe Palais , dont l'Architecture ,
les Ornemens & les Devifes toutes fpirituelles &
fort ingenieufes , faifoient allufion à la Naiffance.
de M. le Dauphin. A 7. heures & demie, M.l'Ambaffadeur
& Madame l'Ambaffadrice , fortirent
en Caroffe avec plufieurs perfonnes de qualité ,
pour voir l'Illumination. Lorfque L. Ex . furent
rentrées , M. l'Ambaffadeur ouvrit le Bal , qui
dura jufqu'à 9. heures.. On fervit alors le fouper
fur quatre Tables , où toutes les Dames fe placerent.
& où elles furent fervies par les Cavaliers.
Le même foir , M. de la Porte , Medecin François
, à la fuite de M. l'Ambaffadeur , avoit une
Table dans fon Appartement , où plufieurs per
fonnes de fa Profeſſion furent invitées avec quelques
Familles Françoifes qui n'avoient pû profiter
le premier jour des politeffes & des bontez de¹
M. l'Ambaffadeur à leur égard. Après le Repas
on ouvrit la porte aux Mafques : il en entra près
de 700. qui remplirent trois grandes Pieces , où ils
danferent. Il y eut toute la nuit un Buffet plein
de Rafraîchiffemens pour eux , & dans une autre
Chambre une Table toujours fervie avec toutes
Lortes
MARS. 1730. 589
fortes de Liqueurs froides & chaudes pour les
perfonnes invitées.
Au refte l'Illumination qui a réuſſi à merveille,
& qui fut encore favorifée de la plus belle nuit
qu'on pût fouhaiter , n'étoit point dans le gout
de celles de France ; les grands vents qui regnent
ici prefque continuellement , fur tout dans cette
faifon , ne permettoient pas qu'on mît les Lampions
à découvert ; c'étoit donc un grand Edifice
de Charpente , formée en Avant- Corps devant
l'Hôtel de l'Ambaffadeur , & couvrant la largeur
des cinq Croifees du milieu depuis le haut juſqu'en
bas; les intervalles des Pieces de Charpente, lefquelles
étoient très-vaftes,étoient recouverts , auffi-bien
que tout l'Edifice en general , de grands Tableaux .
de papier huilé , fur lefquels il y avoit differentes
Peintures. Les trois autres Croifées de chaque côté
étoient auffi pareillement ornées de Peinture
& l'Illumination étoit derriere , c'eſt - à- dire à
l'Avant-Corps , entre la Maifon & la Charpente
& aux Croifées , dans les embrafures interieures
des fenêtres ; le tout repréſentoit un Palais enchanté
avec beaucoup d'ornemens d'Architecture
& autres embelliffemens , parmi lefquels le Soleil
& les Dauphins dominoient fur tout. Le tour
étoit couronné en haut par un Soliel levant extrémement
brillant , avec cette Infcription ; Tote
furgit Lux aurea mundo.
Avant l'execution2, on craignoit pour le fuccès
de ce Spectacle , mais on fut agréablement furpris
de voir que rien n'étoit plus joli , ni plus
gracieux. L'Avant-Corps tout en feu & les oppoitions
fombres & de clartez ménagées dans le
refte du Bâtiment , faifoient une varieté char
mante. Outre cela ill yyavoit encore aux deux coins
de la Maifon , deux Pavillons , ou plutôt deux
Grottes illuminées , & dans chacune un Dau-
"
phin
590 MERCURE DE FRANCE:
phin , des nafeaux duquel jailliffoient des Fontaines
de vin de la hauteur de 14. pieds , ce qui fe
marioit fort agréablement avec le refte du Spectacle
; l'Illumination & les Fontaines continuerent
ainfi jufqu'au jour.
Les couches de la Comteffe de Plelo , la maladie
du Roi de Dannemarck , celle du Comte de Plelo,
la mort du jeune Prince Charles , fils de S. M. D.
ont été caufe que cette Fête a été donnée fi tard.
Devifes placées en differens endroits
de l'Illumination.
Le Soleil éclairant le Globe François : Ques
afpicit fovet.
Le Soleil en haut de l'Illumination : Toto furgit
Lux aurea mundo.
Le Soleil Levant. Acceſſu ſingula gaudenti
Le même. Non occultè crefcet .
Le même. Spes, largus , donare novas.
Le même. Spes totius orbis.
L'Etoile du matin . Diem prafignat ab ortu.
Les Etoiles , comme Lucifer , Venus , &c. qui
précedent le Lever du Soleil , & qui cedent aux
premiers Rayons de cet Aftre , par allufion à
Mefdames de France & à Monfeigneur le Dauphin.
Pracedunt at cadant.
Des Lys éclairez par le Soleil. Hinc vita , Colorque.
Le même Emblême. Hoc afpirante perennants
Le même Foventur ab alto.
Le même. Sole novo recreata nitent .
Des Lys fous le Soleil avec leurs rejettons. Alit
& auget.
Un Lys fous le Soleil avec un rejetton. Nec
Phabo gratior ullus.
Le même. Nullo fe tantum tellus jactavit
alumno.
Le
MARS.
173.00
Le même. Crefcit nova gloria terra..
590
Un Dauphin fur les Ondes. Non nifi gratus
adeft .
Cupidon fur le dos d'un Dauphin , tenant d'une
main fes Nageoires , & de l'autre un Lys en
forme de Sceptre. Sie Mare , fic Terras,
Un Dauphin avec l'Amour fur fon dos. Amor
eminet undis.
Le Dauphin , Conftellation celefte , au milieu
d'un Ciel ferain . Perpetuos nec parturit imbresa
Le même. Data lumina reddo.
Une Perle dans fa Coquille. Ex mora splen
didior.
Une mere Perle avec plufieurs Perles au dedans
Quantum è prole decus.
L'Alcyon faifant fon nid fur la Mer calme
Miratur natura filens.
Un Aigle portant fon Aiglon vers le Soleil
pour l'éprouver. Latatur genuiffe parem.
L'Arc-en- Ciel , figne de réconciliation. Diff
giant metus.
Une branche d'Olivier , dont il fort un rejet
ton. Nec fallit termes Oliva.
La Fortune fur le Globe François, Hic amica
fedes.
Le Dauphin ,
Conftellation celefte, & un Dau
phin fur les Ondes. Orbi dant figna quietis.
Il faut remarquer qu'il y a plusieurs de ces
Devifes , dont le corps eft le même ou approchant
, mais les Païfages & les autres accompa
gnemens étoient tous variez.
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Résumé : DANNEMARC.
Le texte décrit deux événements distincts. Premièrement, le roi de Dannemarc a ordonné à son ministre de suspendre toutes négociations avec les députés des États Généraux concernant le commerce des sujets du roi dans les Indes Orientales. Il a également stipulé que les puissances européennes peuvent commercer selon le droit des gens, sauf en cas de stipulations particulières. Deuxièmement, le comte de Ploërmel, ambassadeur extraordinaire de France à Copenhague, a organisé des fêtes publiques pour célébrer la naissance du dauphin de France. Ces festivités ont duré quatre jours, débutant le 12 février. Le premier jour, un discours de l'abbé Goffet a été suivi d'une messe solennelle et du Te Deum, accompagné de musique. Un repas somptueux a été offert à des personnes de distinction. Le 13 février, plus de 200 invités ont participé à un souper où les places étaient tirées au sort pour éviter toute distinction de rang. Les familles françaises, tant catholiques que réformées, étaient présentes. Les santés des souverains et du dauphin ont été célébrées. Après le souper, un bal a été ouvert par l'ambassadeur et a duré jusqu'à cinq heures et demie du matin. Le 14 février, l'ambassadeur a distribué des aumônes à près de 200 pauvres, sans distinction de religion. Le 15 février, l'hôtel de l'ambassadeur a été illuminé toute la nuit, représentant un palais enchanté avec des devises spirituelles. Un bal a été ouvert par l'ambassadeur et son épouse, suivi d'un souper servi par des cavaliers. Un médecin français a également organisé un repas pour des personnes de sa profession et des familles françaises. Des masques ont dansé toute la nuit, et des rafraîchissements étaient disponibles. L'illumination, bien que différente des fêtes françaises en raison des vents, a été un succès et a duré jusqu'au matin. Les couches de la comtesse de Ploërmel, la maladie du roi de Danemark, celle du comte de Ploërmel, et la mort du jeune prince Charles ont retardé la célébration. Diverses devises étaient placées dans l'illumination, faisant référence au soleil, aux lys, aux dauphins, et à des symboles de réconciliation et de prospérité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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753
p. 595
GRANDE BRETAGNE.
Début :
MR Keene, chargé des Affaires du Roi à la Cour du Roi d'Espagne, a envoyé à [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
Mla Cour du Roi d'Efpagne , a envoyé à
R Keene , chargé des Affaires du Roi à
Londres la Scedule de S. M. Cath. pour la confirmation
du Traité de l'Affieute & les ordres
neceffaires pour la reftitution des prifes qui peuvent
avoir été faites injuftement fur les Anglois
dans les Indes Occidentales ; le Vaiffeau de Guerre
la Leurette , qui eft à Portſmouth , doit partir
dans peu pour porter ces ordres aux Gouverneurs
Eſpagnols.
Mla Cour du Roi d'Efpagne , a envoyé à
R Keene , chargé des Affaires du Roi à
Londres la Scedule de S. M. Cath. pour la confirmation
du Traité de l'Affieute & les ordres
neceffaires pour la reftitution des prifes qui peuvent
avoir été faites injuftement fur les Anglois
dans les Indes Occidentales ; le Vaiffeau de Guerre
la Leurette , qui eft à Portſmouth , doit partir
dans peu pour porter ces ordres aux Gouverneurs
Eſpagnols.
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754
p. 599-604
« Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
Début :
Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...]
Mots clefs :
Concert, Cardinal de Fleury, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
E premier du mois dernier , la Maifon de Na
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
varre préfenta un cierge au Cardinal de Fleuri
qui en eft Superieur , & M. Choplet , Coadjuteur
du Grand- Maître , fit à S. E. ce compli
-ment ::
MONSEIGNEUR ,
I
La Maison de Navarre , en préfentant ce
Cierge à V. E. vient lui renouveller les afftrances
de fon profond respect & de fa parfaite
foumiffion quelques relevées que foient les dignités
qui environnent votre perfonne , ce n'eft'
Pasig HY
600 MERCURE DE FRANCE.
نم
pas , Monfeigneur , ce qui demande notre plus
< grande venération ; elles font l'éloge & la gloi
re de la main reconnoiffante qui vous en a res
vétu ; l'objet principal de nos hommages font
ces qualités perfonnelles que toute l'Europe
admire en vous , Monfeigneur , cette pieté fincere
, ce zele pour la gloire du Seigneur , ce
parfait defintereffement , cette vigilance pour
la confervation de la perfonne facrée de S. M.
cette attention continuelle à procurer la feli
cité des peuples , cette droiture qui vous a
merité la confiance des Têtes couronnées ,
qui vous rend l'Arbitre de leurs differens . Tous
ces traits , Monseigneur , forment en vous un
Miniftre felon le coeur de Dieu , cheri de fon
Roi , honoré des Souverains , respecté des
Grands , adoré des Peuples ' , auffi pouvons -
nous affurer , Monſeigneur , que votre Ministere
fera un des beaux endroits de l'Hiftoire du
Prince qui nous gouverne aves tant de fageffe
, & que la pofterité ne fe croira heureufe
qu'autant qu'on s'efforcera de vous imiter ;
puiffe le Ciel vous prolonger au delà des bor
nes ordinaires une vie fi précieufe ; nous ne
cefferons de demander à Dieu cette faveur , &
nous le prierons , Monfeigneur , de nous l'accorder
aux dépens même de nos jours .
Le Prince de Montauban , le Duc de Richelieu,
le Duc de Retz & le Marquis de Beringhen ont
été faits Chevaliers de Saint Louis dans une promotion
particuliere que le Roi a faire depuis peu.
M. Henaut de Montigny , Ancien Officier
d'Artillerie , vient d'être nommé à la place de
Lieutenant General Commandant l'Artillerie en
Bretagne , vacante par le decès de M. de Boifricher.
Y IG
MAR S. 1730. 601
Le premier Mars , il y eut un Concert François
au Château des Thuilleries ; on y chanta la
Cantate de Bacchus par M.Burette ; la Dle Petitpas
chanta un Air Italien qui fit beaucoup de
plaifir,& on finit par un Motet de M. de Lalande.
Le même Concert a continué le 8. & le 15. du .
même mois.
Le 25. jour de la Fête de l'Annonciation de la
Vierge , il y eut Concert fpirituel , on y chanta
le Magnificat , Motet de M. du Bouffet ; la Dile
Le Maure chanta feule un petit Motet du même
Auteur qui fut très- applaudi. Le Sr Mayffonaffe,
nouveau Muficien Haute- Conte , chanta pour
la premiere fois feul un Motet qui fit plaifir . Le
Concert fut terminé par le Confitemini , Moter
de M. de Lalande , qui fut très- bien executé.
& dans lequel les Des Erremens , Le Maure &
Petitpas , chanterent differens Recits. Le même
Concert fpirituel doit continuer juſques & compris
le Dimanche de Quasimodo.
Le premier de ce mois , M. Deftouches , Sur-
Intendant de la Mufique du Roi , fit chanter devant
la Reine,aux grands Appartemens, la feconde .
Entrée du Ballet des Elemens , intitulée L'Eau..
La Dlle Erremens chanta le Rôle de Leucofie
& le Sr Guedon , celui d'Arion . Ce Concert fut
terminé par la Cantate de La Mufette , de M..
Clerambaut , chantée par la Dlle Le Maure ..
Le 6. on chanta le troifiéme Acte du même
Ballet ; le Rôle d'Emilie fut chanté par la D lie
Erremens , & celui de Valere par le Sr Dangerville
; i
; ils firent tous les deux beaucoup de plaifir.
Le 8. on executa le dernier Acte , le Rôle de
Pomone fut chanté avec de grands applaudiffe-,
mens par la Dle Le Maure , & les S's Guedon &
Chaffe executerent parfaitement bien ceux de
Hvj Vertumne & de Pan..
602 MERCURE DE FRANCE :
Le is on chanta le Prologue & le premier
Acte de l'Opera d'é qu'on continua le is . par
le fecond & le troiîîéme Acte.
Le 20. & le 22. on chanta le quatriéme & le
cinquiéme Acte du même Opera ; le Rôle d'iffé
fut executé avec fuccès par la Dlle Antier , à la
referve de la derniere Scene du cinquiéme Acte,.
qui fut chantée par la Dle Lenner dont le talent
pour le chant s'accroît tous les jours ; elle avoit.
chanté auparavant le Prologue avec un gout &.
une précifion qui lui attirerent des louanges infinies.
Ces deux Opera ont eu une execution parfaite
; la Reine a eu la bonté d'en marquer fa fatisfaction
à M. Deftouches qui en eft l'Auteur
Le 8. la Lotterie pour le remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville fut tirée en préfence
du Prevôt des Marchands & des Echevins en la
maniere accoutumée. Le fonds de ce mois s'eft:
trouvé monter à la fomme de 1345062. livres ,.
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus , conformément à la
Lifte generale qui en a été rendue publique.
Le 9. de ce mois on celébra au College Maza-
*in l'Anniverſaire du Cardinal de cu zom , Fondateur
, avec les cerémonies ordinaires ; la Grand'
Meffe fut celebrée par le Grand- Maître , & chantée
par les Ecclefiaftiques du College. Plufieurs
perfonnes de diftinction fe trouverent à co Service.
Le Cardinal de Biffy partit de Paris le 3. de ce
mois pour aller à Rome , & entrer au Conclave
pour l'élection d'un nouveau Pape. Le Cardinal
de Rohan partit le 12. pour le même ſujet.
Le 14. Mars , M. Hallot , Chanoine de l'Eglife
Collegiale du S. Sepulchre de Caën , Profeffeur
Royal d'Eloquence , & Ancien Recteur de
Université , prononça un Difcours public fur la
Naillance
MARS. 1730.
60%
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin , dans la
grande Ecole des Arts , où affifterent M. l'Evê
que de Bayeux & M. de Vaſtan , Intendant de la
Generalité de Caën , avec un grand nombre de
perfonnes de diftinction. Le Difcours fut trèsapplaudi.
Le 17. du mois dernier , M. Lemau de Lajaiffe,
Ancien Officier de la Maifon d'Orleans , & dans
POrdre de S. Lazare , préſenta au Roi une Carte
Generale de la Monarchie & du Militaire de
France , Ancien & Moderne , dont S.. M. parut
très-fatisfaite. C'eft un Ouvrage qu'on pourra
regarder comme unique dans fon efpece &
qui paroît auffi utile & agréable qu'il eft immenfe
; on le grave actuellement avec privilege ;
nous en parlerons plus au long.
>
M. le Pelletier des Forts ayant demandé au Roi
la permiffion de remettre la Charge de Controôleur
General des Finances , S. M. a nommé pour
le remplacer M. Orry , Intendant de Lifle. Le
Roi a donné l'Intendance de Lifle à M. de Granville
, qui étoit Intendant d'Auvergne, & celle- ci
à M. Trudaine , Maître des Requêtes.
Les Députés des Etats d'Artois eurent audience
du Roi , le 19. préfentés par le Prince Charles
de Lorraine , Gouverneur de la Province , &
par M. d'Angervilliers , Miniftre & Secretaire
d'Etat ; ils y furent conduits en la maniere accoutumee
par le Marquis de Dreux , Grand-Maî
tre des Cerémonies , & par M. Defgranges
Maître des Cerémonies. La Députation étoit
compofée de l'Abbé Boiflot , Abbé de Rozieres ,
Grand-Vicaire & Premier Archidiacre du Diocèfe
d'Arras , qui porta la parole , pour le Clergé
, du Comte d'Henu , pour la Nobleffe , & de
M. Goudemez , Avocat & Ancien Echevin de la
Ville d'Arras , pour le Tiers -Etat.
On
604 MERCURE DE FRANCE.
On fera peut- être bien aife de fçavoir que
Charles Houllier , Chaircuitier , à l'Aport de
Paris , attenant la Pantoufle , vend du bon
boudin de S. Germain , de gros cervelas pour
porter en campagne , des langues de moutons
fourrées , de veritables pieds à la Sainte Menoul
, du vrai Jambon de Mayence.
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Résumé : « Le premier du mois dernier, la Maison de Navarre présenta un cierge au Cardinal de Fleuri [...] »
En mars, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 1er mars, la Maison de Navarre a offert un cierge au Cardinal de Fleury, supérieur de la Maison, et M. Choplet, coadjuteur du Grand-Maître, a renouvelé les marques de respect et de soumission envers le Cardinal. Le texte met en avant les qualités du Cardinal, telles que sa piété sincère, son zèle pour la gloire du Seigneur, son désintéressement, sa vigilance pour la conservation de la personne sacrée du roi, et son attention à la félicité des peuples. Sa droiture lui a valu la confiance des têtes couronnées et le respect des grands. Plusieurs événements culturels et religieux ont également marqué ce mois. Le 1er mars, un concert français a été donné au Château des Tuileries, avec des performances de la cantate de Bacchus par M. Burette et des airs italiens par la demoiselle Petitpas. Le 25 mars, pour la fête de l'Annonciation de la Vierge, des concerts spirituels ont été organisés, avec des motets de M. du Bouffet et M. de Lalande. Des nominations et promotions ont été annoncées, notamment celles du Prince de Montauban, du Duc de Richelieu, du Duc de Retz et du Marquis de Beringhen, faits Chevaliers de Saint Louis. M. Henaut de Montigny a été nommé Lieutenant Général Commandant l'Artillerie en Bretagne. Le 8 mars, la lotterie pour le remboursement des rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins, avec un fonds de 1 345 062 livres distribuées aux rentiers. Le 9 mars, l'anniversaire du Cardinal de Noailles a été célébré au Collège Mazarin. Les Cardinaux de Bissy et de Rohan sont partis pour Rome afin de participer à l'élection d'un nouveau Pape. Le 14 mars, M. Hallot a prononcé un discours public pour la naissance du Dauphin à l'École des Arts. M. Lemau de Lajaiffe a présenté au roi une carte générale de la monarchie et du militaire de France, ancienne et moderne, qui a été bien accueillie. Des changements dans les charges administratives ont également été annoncés, notamment la nomination de M. Orry comme Contrôleur Général des Finances et de M. de Granville comme Intendant de Lille. Les députés des États d'Artois ont eu audience auprès du roi, présentés par le Prince Charles de Lorraine et M. d'Angervilliers.
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755
p. 604-606
RÉJOUISSANCES de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre écrite le 1. Mars.
Début :
Les Réjoüissances qui ont été faites à Aix, Capitale de la Provence, à l'occasion de la [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Aix-en-Provence
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texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre écrite le 1. Mars.
REJOUISSANCES de la Ville d'Aix.
Extrait d'une Lettre écrite le 1. Mars.
Es Réjouiffances qui ont été faites à Aix ,
Les ont
Naiffance du Dauphin , méritent bien qu'on ne
les oublie pas dans le Mercure. Je fuis même furpris
de la negligence de nos Concitoyens , & de
ce qu'ils n'en ont pas envoyé la relation dans le
tems. Je n'aurois pas crû qu'il fut refervé à moi
d'y fuppléer.
A peine eut-on appris cette heureuſe nouvelle,
qu'on fe prépara à donner des marques d'une
joye univerfelle. Le Parlement rendit un Arrêt
pour confacrer , pour ainfi dire , par fon autorité
les Réjouiffances publiques , & pour en regler la
forme , fuivant les exemples qu'on en trouve dans
fes Regiftres. I ordonna entr'autres chofes des
Illuminations à toutes les Maifons , des Feux de
joye devant les portes , & que toutes les Boutiques
feroient fermées pendant trois jours.
Le 18. Septembre , jour de Dimanche , le Par--
tement affifta en Robes rouges au Te Deum , qui
fut chanté en Mufique dans l'Eglife Métropoliraine
de S. Sauveur. La compagnie étoit des plus
nombreufes , malgré le tems des Vacations ; la
Chambre des Comptes , les Tréforiers de France
& les Officiers de la Senechauffée y affifterent en
Robes
MARS. 1730. 605
Robes de cerémonie , & les Confuls d'Aix en
chaperon. Il y eut dans cette vafte Eglife un, concours
extraordinaire de peuple. Les Confuls fe
rendirent enfuite à la Place des Prêcheurs , où ils
allumerent le Feu de joye qui y avoit été pré→
paré ; deux Compagnies de Milice Bourgeoife ,
commandées par des Capitaines de Quartier ,
firent plufieurs décharges de Moufqueterie au
tour du Feu.
- L'Illumination fuivit de près , elle fut uni!
verfelle dans toute la Ville , & elle produifit un
effet furprenant , & qu'on ne fçauroit bien décrire.
Tout le monde fçait que la Ville d'Aix
fe diftingue beaucoup par la beauté & par la ré
gularité de fes Edifices , qu'elle eft ornée de plufeurs
Places publiques & d'un Cours qui attire
Padmiration des Etrangers ; l'Illumination donnoit
dans le calme de la nuit un nouveau relief à
la beauté des Bâtimens.
Le Palais & l'Hôtel de Ville étoient illuminés
avec beaucoup d'art & de goût ; mais rien n'ap
prochoit pour la décoration & pour l'éclat de la
maniere dont fut éclairé à l'exterieur & dans
l'interieur l'Hôtel de M. Lebret , Confeiller d'E
tat , Premier Préſident du Parlement , Intendant
& Commandant dans cette Province ; des Fontaines
de vin ne cefferent de couler à la Porte de
fon Hôtel , & attirerent un grand concours de
peuple. Il donna ce même foir un magnifique
repas tous les membres du Parlement , aux Confuls
& à la Nobleffe de la Ville & des environs ,
il y eut cinq tables fervies en même-tems avec
autant d'ordre , que de délicateffe , de profufion
& de fomptuofité. Les fantés de leurs Majeſtés &
du Dauphin y furent bues folemnellement
avec la joye qu'inſpiroit un évenement fi heureux.
& fi fort fouhaité.
"
N
706 MERCURE DE FRANCE:
M. Lebret avoit envoyé la veille des aumones
confiderables à tous les Hôpitaux & aux Reli→
gieux mandians , afin qu'il n'y eut perfonne dans
la Ville qui ne fe reffentit de la joye publique &
qui n'eut le moyen d'y participer. Îl continua
pendant huit jours entiers à donner à manger aux
perfonnes les plus diftinguées dans tous les differens
Ordres.
M. d'Albertas , Premier Préſident de la Chambre
des Comptes & de la Cour des Aydes , donna
le Dimanche , jour du Te Deum , un magnifique
foupé à fa compagnie.
Parmi divers particuliers qui fe font diftingués
dans cette occafion , on ne fçauroit oublier le
Marquis de Villeneuve- Thomas , qui donna pendant
trois jours des Fêtes magnifiques , & fit cou
ler des Fontaines de vin à fa porte , fans parler
d'une abondante diftribution de pain , de viande,
d'argent même en faveur des pauvres , & des aumônes
abondantes données aux Hôpitaux. Un
magnifique repas , auquel toutes les Dames & la
meilleure Compagnie de la Ville ſe trouverent
fuivi d'un Bal , termina toutes les Fêtes de ce
Marquis , qui ont été celebrées par plufieurs de
nos Poëtes.
Le 22. du même mois , M. Alpheran , Prieur
de l'Eglife S. Jean de Jerufalem , ou de Malte, fir
chanter un Te Deum , auquel affifterent tous les
Commandeurs & Chevaliers de l'Ordre qui fe
trouverent dans la Ville. Il y eut enfuite un Feu
de joye , une Illumination fuperbe & très -ingé
nieufe , & un grand foupé que le Prieur donna
à fon Clergé & à plufieurs perfonnes de dif
tinction.
Extrait d'une Lettre écrite le 1. Mars.
Es Réjouiffances qui ont été faites à Aix ,
Les ont
Naiffance du Dauphin , méritent bien qu'on ne
les oublie pas dans le Mercure. Je fuis même furpris
de la negligence de nos Concitoyens , & de
ce qu'ils n'en ont pas envoyé la relation dans le
tems. Je n'aurois pas crû qu'il fut refervé à moi
d'y fuppléer.
A peine eut-on appris cette heureuſe nouvelle,
qu'on fe prépara à donner des marques d'une
joye univerfelle. Le Parlement rendit un Arrêt
pour confacrer , pour ainfi dire , par fon autorité
les Réjouiffances publiques , & pour en regler la
forme , fuivant les exemples qu'on en trouve dans
fes Regiftres. I ordonna entr'autres chofes des
Illuminations à toutes les Maifons , des Feux de
joye devant les portes , & que toutes les Boutiques
feroient fermées pendant trois jours.
Le 18. Septembre , jour de Dimanche , le Par--
tement affifta en Robes rouges au Te Deum , qui
fut chanté en Mufique dans l'Eglife Métropoliraine
de S. Sauveur. La compagnie étoit des plus
nombreufes , malgré le tems des Vacations ; la
Chambre des Comptes , les Tréforiers de France
& les Officiers de la Senechauffée y affifterent en
Robes
MARS. 1730. 605
Robes de cerémonie , & les Confuls d'Aix en
chaperon. Il y eut dans cette vafte Eglife un, concours
extraordinaire de peuple. Les Confuls fe
rendirent enfuite à la Place des Prêcheurs , où ils
allumerent le Feu de joye qui y avoit été pré→
paré ; deux Compagnies de Milice Bourgeoife ,
commandées par des Capitaines de Quartier ,
firent plufieurs décharges de Moufqueterie au
tour du Feu.
- L'Illumination fuivit de près , elle fut uni!
verfelle dans toute la Ville , & elle produifit un
effet furprenant , & qu'on ne fçauroit bien décrire.
Tout le monde fçait que la Ville d'Aix
fe diftingue beaucoup par la beauté & par la ré
gularité de fes Edifices , qu'elle eft ornée de plufeurs
Places publiques & d'un Cours qui attire
Padmiration des Etrangers ; l'Illumination donnoit
dans le calme de la nuit un nouveau relief à
la beauté des Bâtimens.
Le Palais & l'Hôtel de Ville étoient illuminés
avec beaucoup d'art & de goût ; mais rien n'ap
prochoit pour la décoration & pour l'éclat de la
maniere dont fut éclairé à l'exterieur & dans
l'interieur l'Hôtel de M. Lebret , Confeiller d'E
tat , Premier Préſident du Parlement , Intendant
& Commandant dans cette Province ; des Fontaines
de vin ne cefferent de couler à la Porte de
fon Hôtel , & attirerent un grand concours de
peuple. Il donna ce même foir un magnifique
repas tous les membres du Parlement , aux Confuls
& à la Nobleffe de la Ville & des environs ,
il y eut cinq tables fervies en même-tems avec
autant d'ordre , que de délicateffe , de profufion
& de fomptuofité. Les fantés de leurs Majeſtés &
du Dauphin y furent bues folemnellement
avec la joye qu'inſpiroit un évenement fi heureux.
& fi fort fouhaité.
"
N
706 MERCURE DE FRANCE:
M. Lebret avoit envoyé la veille des aumones
confiderables à tous les Hôpitaux & aux Reli→
gieux mandians , afin qu'il n'y eut perfonne dans
la Ville qui ne fe reffentit de la joye publique &
qui n'eut le moyen d'y participer. Îl continua
pendant huit jours entiers à donner à manger aux
perfonnes les plus diftinguées dans tous les differens
Ordres.
M. d'Albertas , Premier Préſident de la Chambre
des Comptes & de la Cour des Aydes , donna
le Dimanche , jour du Te Deum , un magnifique
foupé à fa compagnie.
Parmi divers particuliers qui fe font diftingués
dans cette occafion , on ne fçauroit oublier le
Marquis de Villeneuve- Thomas , qui donna pendant
trois jours des Fêtes magnifiques , & fit cou
ler des Fontaines de vin à fa porte , fans parler
d'une abondante diftribution de pain , de viande,
d'argent même en faveur des pauvres , & des aumônes
abondantes données aux Hôpitaux. Un
magnifique repas , auquel toutes les Dames & la
meilleure Compagnie de la Ville ſe trouverent
fuivi d'un Bal , termina toutes les Fêtes de ce
Marquis , qui ont été celebrées par plufieurs de
nos Poëtes.
Le 22. du même mois , M. Alpheran , Prieur
de l'Eglife S. Jean de Jerufalem , ou de Malte, fir
chanter un Te Deum , auquel affifterent tous les
Commandeurs & Chevaliers de l'Ordre qui fe
trouverent dans la Ville. Il y eut enfuite un Feu
de joye , une Illumination fuperbe & très -ingé
nieufe , & un grand foupé que le Prieur donna
à fon Clergé & à plufieurs perfonnes de dif
tinction.
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Résumé : RÉJOUISSANCES de la Ville d'Aix. Extrait d'une Lettre écrite le 1. Mars.
Le 1er mars 1730, la ville d'Aix a célébré la naissance du Dauphin par des réjouissances publiques. Le Parlement d'Aix a organisé ces festivités, incluant des illuminations, des feux de joie et la fermeture des boutiques pendant trois jours. Le 18 septembre, un Te Deum a été chanté à l'église métropolitaine de Saint-Sauveur en présence du Parlement, de la Chambre des Comptes, des Trésoriers de France, des officiers de la Sénéchaussée et des consuls d'Aix. Après la cérémonie, les consuls ont allumé un feu de joie sur la Place des Prêcheurs, accompagné de salves de mousqueterie par des compagnies de milice bourgeoise. L'illumination de la ville a été universelle et spectaculaire, mettant en valeur la beauté des édifices aixois. Le Palais et l'Hôtel de Ville étaient particulièrement bien illuminés. L'Hôtel de M. Lebret, Conseiller d'État et Premier Président du Parlement, s'est distingué par sa décoration extérieure et intérieure. Des fontaines de vin ont coulé à sa porte, attirant une grande foule. M. Lebret a également offert un repas somptueux aux membres du Parlement, aux consuls et à la noblesse, et a distribué des aumônes aux hôpitaux et aux religieux mendiants. D'autres personnalités, comme M. d'Albertas et le Marquis de Villeneuve-Thomas, ont organisé des festivités magnifiques, incluant des soupers, des bals et des distributions de vivres et d'argent aux pauvres. Le 22 septembre, M. Alpheran, Prieur de l'Église Saint-Jean de Jérusalem, a fait chanter un Te Deum suivi d'un feu de joie, d'une illumination et d'un souper.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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756
p. 606-612
A Poitiers, [titre d'après la table]
Début :
Mrs du Corps de Ville de Poitiers qui attendoient avec impatience les ordres de faire éclater leur joye [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Roi, Poitiers, Armes du Roi, Dauphin, Régiment, Compagnie des arts et métiers, Trompette, Devise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Poitiers, [titre d'après la table]
Mrs du Corps deVille de Poitiers qui attendoient
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
avec impatience les ordres de faire éclater leur joye
à l'heureufe
MAR S. 1736.
607
>
Pheureuſe Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
qui met le comble aux defirs de la France , & rem
plit les voeux de tous les peuples , les reçûrent le
12. Septembre. M. Babinet , Maire , & Mrs. les
Echevins les communiquerent à M. de Bauffan
Intendant de la Province, qui venoit de recevoir
les mêmes ordres , le Te Deum fut indiqué par
M. l'Evêque au 22. & le Feu de joye au même
jour. Mrs du Corps de Ville firent travailler aux
préparatifs d'un Feu dont la décoration repré →
fentoit le Temple de la Felicité. Il étoit à l'Italienne,
à quatre faces , de 18. piés en quarré , &
de 19. d'élevation , terminé par une Plate- forme
couronnée d'un appui de 3. piés de haut. On
voyoit au milieu une Piramide fur fon Piédeſtal
de 22. piés de hauteur , peinte en marbre blanc
& jafpé , ornée dans la bafe d'Armoiries , de
Fleurs de Lys & de Dauphins. Chaque face du
Temple formoit un Arc de Triomphe , orné do
deux colomnes en marbre jafpé fur leurs Piédeftaux
en marbre blanc , le tout d'Ordre Dorique.
Les Bafes & Chapiteaux & les ornemens de
la Frife étoient en or ; le milieu de la Corniche
portoit une figure peinte fur l'appui qui couronnoit
la Plate-forme.
La face du côté de l'Hôtel de Ville repréſentoit
un Arc de Triomphe confacré au Roi , avec
cette Infcription : Regi Major Urbis & Ediles
pofuêre, mife au haut du Piédeſtal de la Piramide
avec les Armes de France. La figure du milieu
repréfentoit la Felicité couronnée de fleurs , une
main appuyée fur une Médaille où étoit peint le
Portrait du Roi , avec l'Infcription : Ludovicus
Decimus Quintus Francia Navarra Rex
ayant dans fon giron des fruits , des fleurs , des
perles , des pierreries & une Bourfe panchée d'ou
Le répandoient des Pieces de Monnoye & des
pierreries.
Los
608 MERCURE DE FRANCE .
Les côtés de l'appui de la Plate-forme étoient
ornés d'efpace en efpace de Feftons pendans de
Aeurs & de fruits , & d'autres de branches d'oliviers.
Au -deffous du Chapiteau de chaque colomne
étoit attaché un Médaillon , avec une Deviſe
en camayeux.
Le corps de la premiere Devife repréſentoit le
Roi fur fon Trône , ayant à fes côtés un jeune
enfant , repréfentant le Dauphin , & pour Inf
cription , ces mots tirés du 131. Pleaume : Filii
tui in aternum fedebunt fuper fedem tuam .
La feconde Devife repréfentoit plufieurs jeunes
Oliviers , avec l'Infcription tirée du Pfeaume 127 .
Sicut novella olivarum .
La troifiéme face étoit dédiée à la Reine , avec
cette Infcription Regina , & les Armes de France
& celles de la Reine.
La figure du milieu repréfentoit Junon couronnée
, tenant un Sceptre d'une main & de l'autre
des Couronnes. Cette Deeffe , qui felon les
Poëtes , diftribuoit les honneurs , les richeffes , la
gloire , &c. & qui préfidoit aux Mariages , paroiffoit
préfenter à Monfeigneur le Dauphin , les
Couronnes qui lui font dues. L'appui de la Plateforme
étoit orné de feftons compofez de Sceptres
& de Couronnes.
La premiere Devife , un Sep de Vigne chargé
de raifins , avec cette Infcription tirée du Pfeaume
127. Sicut vitis abundans . La feconde , un
Grenadier & des Grenades , Felix prole fuâ . Les
deux autres faces étoient dediées à Monfeigneur
le Dauphin , avec l'Infcription , Sereniffimo Delphino
, & les Armes du Dauphin fermées d'une
Couronne de Dauphin à 3. branches.
La figure d'une de ces faces repréfentoit Minerve.
Les côtez de l'Appui étoient ornez de
quatre Médailles de nos Rois , dont Minerve
femblait
MARS. 1730. 809
fembloit tracer à Monfeigneur le Dauphin les
vertus heroiques , la fainteté de S. Louis , la va→
leur d'Henry IV . la juftice de Louis XIII . & la
gloire de Louis le Grand , peintes en Camayeux.
La premiere Devife , un Soleil formant un Parelie
, avec l'Infcription De lumine lucet. La ſeconde
Devife , deux grands Aigles fuivis d'un Aiglon
qui apprend à s'approcher du Soleil . Neque
imbellem progenerant aquila columbam.
La figure du milieu de l'autre face , repréfen
toit Apollon la Lyre à la main & des Livres à fes
pieds , qui comme Dieu des Sciences & des Arts,
femble demander la protection de Monfeigneur
le Dauphin , afin qu'ils fleuriffent à l'avenir comme
ils font fous le regne du Roy. Les côtez de
P'Appui étoient ornez de Feftons , compofez
d'Inftrumens fervant aux Arts Liberaux . La premiere
Devife, un Soleil Levant qui fait éclore ies
Aeurs d'un Parterre , avec cette Infcription , Re-
Treat ortu. La feconde , le Sceptre de France
avec la Fleur de Lys, & ces mots tirez du chapi
tre 48. de la Genefe , Nec auferetur sceptrum
de Juda.
La Compagnie d'Arts & Métiers fut comman
Hêe le 17. & le 20. le Régiment de Milice Bourgeoife
& la Cavalerie , prirent les armes , & le
Corps de Ville fit une nouvelle Ordonnance pour
les Illuminations & la propreté des rues . le 21 .
dès le matin la Cloche de l'Hôtel de Ville fut fonnée
la joye parut de toutes parts , & on entendit
de tous côtez des réjouiffances & des accla
mations generales. fur les 7. heures du foir le
Major de la Milice fit battre aux champs , les
Canons furent tirez , toutes les Cloches fonnerent
, & la Ville fut illuminée .
Le 22 . à 4. heures du matin ou fit une falve
de tous les Canons de la Ville & de nombre de
Boëtes
610 MERCURE DE FRANCE .
1
Boëtes ; les Cloches continuerent de forner , &
tous les peuples manifefterent leur joye par des
acclamations redoublées de Vivé le Roi , vive la
Reine , vive Monfeigneur le Dauphin. Sur les
8. heures les Maire & Echevins , Bourgeois &
Officiers fe rendirent à l'Hôtel de Ville ; ils. y fu
rent reçûs au bruit des acclamations mêlées du
fon des Tambours , Trompettes & Hautbois de
la Ville , & par la Compagnie des Arts & Métiers
en habit de ceremonie.
Le Maire de la Ville , toûjours plein de zele
pour le fervice du Roi , parla avec beaucoup d'éloquence
fur les avantages que la Ville devoit attendre
de la grace particuliere que Dieu vient
d'accorder à la France , &c. Enfuite le Corps de
Ville fe rendit en l'Eglife Cathédrale , precedé
des Gardes de S. A. S. le Prince de Conty , des
Gardes & Gagiftes de l'Hôtel de Ville , vétus de
leurs cafaques , la Compagnie des Arts & Métiers,
les Trompettes & Hautbois de la Ville les préce
doient le Régiment de la Milice Bourgeoife &
la Cavalerie ayant leurs armès hautes bordoient
les rues. La Compagnie des Arts & Métiers entra
avec le Corps de Ville au fon des Tambours
& des Trompettes dans l'Eglife de S. Pierre , dont
le Frontifpice étoit tendu & orné des Armes du
Roi , de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin
en Broderie. Les Murs & les Piliers couverts de
Tapifferies & de Tableaux d'efpace en efpace. Le
Préfidial qui avoit à fa tête M. de Bauffan , Inrendant
& en place de l'autre côté du Corps de
Ville. M. de Foudras , Coadjuteur , officia pontificalement
au Te Deum chanté en Mufique au
bruit de differentes falves de Canons & de Boëtes,
auquel M. l'Evêque affifta . Le Régiment de Richelieu
, qui étoit en bataille fur la Place près de
Eglife, y répondit par trois décharges de Mouf
queterie
MARS. 1730. 611
queterie , & tous les Habitans par les démonftrations
d'une grande joye. Le Corps de Ville fut
régalé fplendidement à dîner avec plufieurs autres
perfonnes de diftinction chez le Maire.
:
Sur les 6. heures , les Maire , Echevins , Bourgeois
& Officiers du Corps de Ville , ſe rendirent
en l'Hôtel de Ville qui étoit illuminé en dedans
& en dehors par des Flambeaux , Bougies , Lampions
& Luftres on avoit placé à la principale.
porte de l'Hôtel de Ville & dans les Cours , plufeurs
Fontaines de vin qui coulerent tout le jour,
ainfi que celles qu'on avoit établies aux quatre
Avenues de la Place Royale & à l'Hôtel de M. le
Maire.Ledeffus de la potte de l'Hôtel deVille étoit
couvert d'un grand nombre deFlambeaux , Bougies
& Lampions, qui formoient lesArmes du Roi , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin.
A 7. heures , M. l'Intendant fe rendit à l'Hôtel
de Ville; le Major fit défiler le Régiment par
Compagnies , qui fe mit en bataille fur la Place
Royale , du côté droit qu'occupoit la Cavalerie
les deux Bataillons du Régiment de Richelieu .
étoient en bataille de l'autre côté , M. de Bauffan
à la droite de M. le Maire & le Corps de Ville ,
fe rendirent à la Place Royale , précedez des Gardes
, &c. les Trompettes & Hautbois , avec la
Compagnie des Arts & Métiers , les Maffiers &
Portiers La Compagnie des Arts & Métiers fit .
P'enceinte du Feu ; M. l'Intendant & le Corps de
Ville en firent trois fois le tour. Les Gardes de
PHôtel de Ville prefenterent des Flambeaux à
M. l'Intendant , à M. le Maire , à M. le Lieutenant
Colonel du Régiment de Richelieu , à
Mrs Poignand de Lorgere & Forien, plus anciens
Pairs & Echevins ; ils allumerent le Feu , au bruit
des Canons , des Tambours Hautbois & Trompettes
. M. l'Intendant & Mrs de l'Hôtel de Ville
Le
612 MERCURE
DE FRANCE
.
fe rendirent au Logis de M. Rigoumier, Echevin,
LaSymphonie étoit placée fur un desAmphithéatres
qu'on avoit fait conftruire autour de la Place
Royale. Le devant du Logis de M. Rigoumier
étoit illuminé de Flambeaux , Bougies & Lampions
, qui par leurs difpofitions repréfentoient
les Armes du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin ; Madame l'Intendante , accompagnée
d'un grand nombre de Dames de
condition , s'y étoit rendue , Mrs de Ville leur
frent fervir quantité de Rafraîchiffemens & les
régalerent d'uneSymphonie à laquelle répondirent
les Trompettes , Fifres & Tambours. Le Feu
d'artifice commença fur les 7. heures & demie
& fut varié par differentes figures , d'une grande
quantité de Gerbes , de Flambeaux , de Pots à
Feu , de Soleils , & de tout ce que l'art peut inventer
; un prodigieux mêlange de Fufées de
toutes efpeces partoient continuellement de ce
Feu, qui dura près de 2. heures pendant lefquelles
il fut fait trois décharges de l'Artillerie . Après
le Feu, M.le Maire , toûjours animé de la même
ardeur donna un magnifique foupé au Corps de
Ville & aux Officiers de la Milice Bourgeoife; les
Officiers du Régiment de Richelieu & plufieurs
perfonnes de confideration refterent chez M. l'Intendant
, qui fit fervir plufieurs tables , avec´autant
de gout que de magnificence , &c. Les Habitans
commencerent leurs Illuminations auffi-
τότ que l'artifice eut été tiré , les ruës furent remplies
de feux , toutes les fenêtres couvertes de
Lampions & d'autres lumieres ; les rues pleines
d'un Peuple infini retentirent pendant toute la
nuit de cris d'allegreffe.
Fermer
Résumé : A Poitiers, [titre d'après la table]
En septembre 1736, Poitiers a célébré la naissance du Dauphin avec des festivités organisées par les autorités locales, dirigées par M. Babinet, Maire, et les Échevins, ainsi que M. de Bauffremont, Intendant de la Province. Les célébrations ont culminé le 22 septembre avec un Te Deum et un feu de joie. Le Corps de Ville a préparé un feu d'artifice sous la forme d'un Temple de la Félicité, mesurant 18 pieds de côté et 19 pieds de hauteur, orné de colonnes, de fleurs de lys et de dauphins. Chaque face du temple représentait un arc de triomphe avec des inscriptions et des figures symboliques. Les préparatifs incluaient des illuminations et des festivités publiques. Le 21 septembre, la cloche de l'Hôtel de Ville a sonné, annonçant les réjouissances. Le 22 septembre, une salve de canons et des acclamations ont marqué la journée. Le Maire et les Échevins se sont rendus à l'église cathédrale pour le Te Deum, accompagnés par diverses compagnies militaires et civiles. Après la cérémonie, un dîner somptueux a été offert aux membres du Corps de Ville. En soirée, un feu d'artifice a été tiré sur la Place Royale, précédé d'une procession incluant l'Intendant et les autorités locales. Le spectacle pyrotechnique a duré près de deux heures, accompagné de décharges d'artillerie. Après le feu d'artifice, le Maire a offert un souper aux membres du Corps de Ville et aux officiers. Les habitants ont illuminé leurs fenêtres et les rues, célébrant toute la nuit avec des cris de joie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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757
p. 615-634
ARREST, ORDONNANCE, &c.
Début :
Louis, par la grace de Dieu, Roi de France, &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevôt [...]
Mots clefs :
Arrêts, Ordonnance, Roi, Compagnie des Indes, Procureur général, Expédition, Droits, Syndics, Actions, Parlement
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texteReconnaissance textuelle : ARREST, ORDONNANCE, &c.
ARRESTS ,
ORDONNANCE , & c.
Ouis, par la grace de Dieu , Roi de France ;
Louis,par &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevêt
, Chevalier , Seigneur de Gagemon , ancien
Capitaine au Regiment de Dragons d'Orleans , &
Chevalier de l'Ordre militaire de S. Louis , nous
a très-humblement fait expofer, qu'ayant l'honneur
d'appartenir , à titre de coufin , à deffunte
notre très-chere & très-amée coufine , Madame
Eleonore , Ducheffe de Brunfvik- Lunebourg ,
Ayeule maternelle de notre-très cher frere le
Roi de la Grande Bretagne , & de notre trèschere
Soeur la Reine de Pruffe , auxquels , comme
heritiers de cette Princeffe , la Terre & Seigneurie
d'Ollebreufe , fituée dans notre Royaume,
au Pays d'Aunis , appartient aujourd'hui ;
c'eft par cette confideration , & pour remettre ladite
Terre d'Ollebreufe dans la famille de cette
Princeffe , qu'il a plû à notre très- cher frere le
Į Roi
66 MERCURE DE FRANCE .
1
>
Roi de la Grande Bretagne & à notre très- chere
Sour la Reine de Pruffe, d'en faire don à l'expofant
par deux Brevets fignés de leurs mains , l'un
datté au Palais de Saint James le Novembre
1728. & l'autre à Berlin le 14.Decembre fuivant;
mais l'Expofant ne pouvant profiter de cette liberalité
, ni l'accepter fans notre permiffion , nous
avons bien voulu la lui accorder , ainſi qu'il eſt
justifié par la lettre de M. le Garde des Sceaux ,
& Secretaire d'Etat , dattée à Compiegne le 20,
May de la prefente année 1729, en confequence
de laquelle l'Expofant ayant accepté ladite Terre
d'Ollebreufe , après que les Miniftres de notre
très-cher frere le Roi de la Grande Bretagne ,
& de notre très - chere Soeur la Reine de Pruffe
ont eu depofé lefdits Brevets de don , chez le
Prevôt , Notaires à Paris , il nous a preſenté ſa
Requête, tendante à ce qu'il nous plût approuver
& confirmer ladite acception , à laquelle Requête
ayant joint l'expedition de ladite acceptation &
defdits Brevets de don ; enſemble les Lettres originales
à lui écrites par deffunte notre très - chere
& très-amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik- Lunebourg , par lesquelles elle
a reconnu & qualifié l'Expofant , fon coufin , &
autres pieces juftificatives. Nous , par l'Arrêt de
notre Confeil d'Etat , rendu , Nous y étant , le
17. Septembre de la prefente année 1729. approuvant
& confirmant le don fait de ladite Terre ·
Olebreufe à l'Expofant par lefdits Brevets de
don , lui avons permis de prendre poffeffion de
ladite Terre , pour en jouir en toute proprieté &
en percevoir les fruits & revenus , tant ceux échus
pendant l'année 1728. & la prefente , que ceux
qui échoiront à l'avenir , avec deffenfes de le troubier
, fes heritiers ou ayans caufe , dans ladite
proprieté , poffeffion & joüiffance , & ordonne
que
MARS. . 1730. 617
-
que fur ledit Arrêt toutes Lettres Patentes ne
ceffaires feroient expediées , lesquelles Lettres
l'Expofant nous a fupplié de lui accorder ; &
voulant le traitter favorablement, en confideration
de la memoire de deffunte notre très chere &
très amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik-Lunebourg , à laquelle il avoit l'honneur
d'apartenir,à titre de coufin , & des fervices
qu'il nous a rendus en qualité de Capitaine dans
le Regiment de Dragons d'Orleans. A ces cauſes,
de l'avis de notre Confeil , & conformément
l'Arrêt d'icelui , dudit jour 17. Septembre 1729.
ci attaché fous le contrefcel de notre Chancellerie
, Nous , par ces prefentes fignées de notre
main , en approuvant & confirmant le don fait
à l'Expofant de ladite Terre d'Ollebreuſe , par
lefdits Brevets des Novembre & quatorze Decembre
1728. avons permis & permettons audit
Expofant de prendre poffeffion de ladite Terre ,
pour en jouir en toute proprieté , & en percevoir
les fruits & revenus tant ceux échus pendant
l'année 1728. & la prefente , que ceux qui échoiront
à l'avenir ; faifons deffenfes de troubler ledit
Expofant , fes heritiers ou ayans cauſe dans
ladite propriecé , poffeffion & jouillance : Si vous
mandons que ces prefentes vous ayez à faire enregiftrer
, & du contenu en icelles faire jouir &
ufer ledit Expofant pleinement & paiſiblement
nonobftant tous Edits , Declarations & autres
difpofitions à ce contraires , auxquelles nous
avons, en tant que de befoin, derogé & derogeons
ces prefentes ; car tel eſt notre plaifir . Donné
a Verfailles & c .
par
>
Tout ce qui eft énoncé dans l'Acte ci- deffus
établit pour M M. Prevôt , fortis d'une très-ancienne
nobleffe , une illuftration qui eft unique.
Mlle d'Ollebreuſe , devenue Ducheffe de Brunf
I ij
wik
9
618 MERCURE DE FRANCE.
vik , a reporté dans fa famille avec la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , le prix de la vertu &
de fes grandes & rares qualités , elle les a decorées
d'une alliance affez étroite avec deux Maifons
fouveraines , qui par le progrès d'un fang
déja affermi fur tant de Trônes , affure encore
pour la fuite une pofterité Royale des plus nombreufes
, & le fils de M. Alexandre Prevoft , Seigneur
de Gagemon , âgé de treize à quatorze
ans , élevé parmi ces grands avantages de fa Maifon
, & aujourd'hui Seigneur d'Ollebreuſe , peut
concevoir pour lui & pour les fiens l'efperance
d'apartenir un jour à la plus grande partie des
Puiffances de l'Europe.
M. Louis Armand Prevoft , Marquis de l'Etoriere
, Meftre de Camp d'Infanterie , Chevalier
de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , a été
fondé d'une procuration fpeciale de M. Alexandre
Prevoft , Seigneur de Gagemon ; en vertu
de laquelle , & conjointement avec M. Jean Reck,
Envoyé du Roi d'Angleterre , Electeur d'Hannover
à la Diette de l'Empire , à Ratisbonne
étant alors à Paris , & avec M. Jean le Chambrier
, Miniftre du Roi de Pruffe auprès du Roi,
tous deux chargés des ordres précis de leurs
Maîtres , a obtenu la permiffion d'accepter en
faveur de M, Prevolt , Seigneur de Gagemon
fon iffu de germain , les dons de la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , lefquels dons lui ont
été faits , à titre de coufin , tant par le Roi d'Angleterre
que par la Reine de Pruffe , comme heritiers
de feue Madame Eleonore , Ducheffe de
Brunfyik-Lunebourg , leur ayeule maternelle , &
dont il a l'honneur d'être parent très- proche ;
les Lettres Patentes fur Arrêt du Confeil , &
fcellées du grand Sceau , en ont été expediées
le 6. Octobre 1729. & enregistrées au Parlement
le 14 Decembre de la même année, ARMARS.
r736 ;
3 ARREST du 28. Novembre, qui ordonne que
les Piéces de trente deniers n'auront plus cours
que pour vingt-quatre deniers , les demis à proportion
; & que celles de vingt-un deniers feront
données & reçûes dans tous les payemens
pour le même prix de vingt-quatre deniers.
AUTRE du 6. Decembre , qui proroge l'exe
aution de celui du 5. Decembre 1728. jufques &
compris le dernier Decembre 1730. paffé lequel
tems le prix des anciennes efpeces & matieres d'or
& d'argent fera réduit ainfi qu'il l'eut dû être au
premier Janvier prochain.
AUTRE du 20. Decembre , qui difpenfe du
fervice de la Milice ceux qui aquereront des
Maîtriſes créées par les Edits des mois de No
yembre 1722. & Juin 1725.
'AUTRE du même jour , qui révoque celui du
18. Octobre dernier , & ordonne que les Droits
d'Entrée fur les Cacaos de l'Ile de Caraques feront
perçus fur le pied qu'ils font fixés par l'Arrêt
du 12. May 1693. & que les Cacaos prove
hans des Ifles & Colonies Françoifes acquiteront
les Droits reglés par les Lettres Patentes du mois
Avril 1717. &c.
AUTRE du 31. Decembre , qui ordonne que
ceux qui remettront aux Hôtels des monnoyes,
en Piaftres ou autres matieres d'or & d'argent ,'
venant des Pays Etrangers , jufqu'à concurrence
de dix mille livres , continueront d'être payés
jufqu'au premier Juillet prochain des quatre de
niers pour livre attribués aux Changeurs .
I iij
AU
620 MERCURE DE FRANCE.
AUTRE du 3. Janvier , qui proroge pendant
le courant de l'année 1730. la moderation accordée
par celui du 4. Janvier 1729. des Droits
de marc d'or , Sceau , enregistrement chez les
Gardes des Rôles , frais de reception & inſtallation
des Offices vacans ou de nouvelle création,
qui feront levés aux Revenus Cafuels.
ン
AUTRE du 21. Janvier au fujet des Billets que
l'on pourra prendre pour la Loterie établie pour
le remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville,
par laquelle le Roi ordonne que les Proprietaires
de Contracts de mille livres en capital & au - def
fus , ne pourront prendre de Billets au - deffous de
vingt fois , & que les Rentiers dont les Contracts
feront au-deffous de mille livres de capital , &
dont les Billets fetont par conféquent au-deffous
de vingt fols , ne pourront prendre qu'un Billet
pour chacun de leurs Contracts. Deffend auffi Sa
Majefté à aucuns Rentiers de prendre des Billets
au-deffus de vingt livres , à quelque fomme que
puiffe monter le capital de leurs Contracts , le
tout à peine de perdre leur mife , qui demeurera
jointe au fonds de ladite Loterie au profit des autres
Rentiers & c.
AUTRE du 31. Janvier , qui ordonne que les
Charbons de Terre , venant d'Angleterre , d'Ecoffe
& d'Irlande , ne payeront pendant un an ,
commencer du premier Fevrier prochain
que douze fols par Baril du poids de deux cens
cinquante livres, poias de marc.
J
AUTRE du 31. Janvier , qui décharge de la
Collecte des Tailles le nommé Naudin , Revendeur
de Sel à petites mefurès dans la Ville de Montreuil
- Bellay.
AUMARS.
1730. 621
ARREST du Parlement , qui déclare abufifs
quatre Brefs ou Décrets au fujet de la Légende
de Gregoire V I I.
Ce jour , les Gens du Roy font entrez , & M.
Pierre Gilbert de Voifins , Avocat dudit Seigneur
Roy , portant la parole , ont dit :
Meffieurs , après l'Arrêt folemnel que la Cour
rendit au mois de Juillet dernier fur nos Conclufions,
à l'occafion de l'Office de Gregoire VII ,
nous avions lieu de croire que nous n'aurions
plus d'autre devoir à remplir fur cet objet , &
que la Cour de Rome nous en laifferoit infenfiblement
perdre la mémoire.
Mais nous reconnoiffons avec douleur combien
nos efperances ont été trompées , à la vue d'un
Bref publié à Rome que nous avons entre les
mains , & dont on peut dire qu'il réduit en pra
tique la doctrine répandue dans l'Office de Gregoire
VII. en caffant par l'autorité Pontificale
tous Edits , Arrêts , Ordonnances , & autres Actes
émanez à ce fujet des Puiffances Séculieres
même Souveraines ; ce Bref entreprend de foûmettre
au Sacerdoce l'empire temporel des Souverains
; il exerce une autorité fuprême fur des
Actes revêtus du caractere de leur pouvoir ; il
attaque leur indépendance jufques dans fes fondemens
, & tend à leur ôter la voye de la défendre.
S'il eft un droit inféparable de la puiffance tem
porelle , émanée immédiatement de Dieu , c'eft
celui de fe maintenir par des voyes auffi indépendantes
que fon pouvoir même. Quand l'autre
Puiflance veut l'affujettir , elle ne peut fe refuſer
une legitime défenfe . Mais plus Pentrepriſe fera
foûtenue d'un caractere augufte & venerable, plus
elle fçaura garder,en fe maintenant, une conduite
mefurée .
I iuj C'eft
621 MERCURE DE FRANCE.
C'eft fur ces grandes confidérations qu'est fon-
'dé l'Arrêt
que la Cour a rendu le 20. Juillet dernier.
Que pouvions -nous faire de moins que de
vous demander ce qu'il prononce ? aurions - nous
gardé le filence , & euffions-nous été capables
d'oublier jufqu'à ce point l'exemple & les maximes
de nos Peres ?
Que Rome eût placé un de fes Pontifes dans le
catalogue des Saints ; qu'elle eût loué dans fon
Office des vertus Chrétiennes & Ecclefiaftiques
des travaux Apoftoliques pour l'extirpation des
hérefies , pour le rétabliffement de la difcipline ,
& pour la réforme des moeurs notre miniftere
n'eût point eû à s'élever. Mais ce qui a dû l'exciter
, c'eft de voir fous le titre d'un Office Ecclefiaftique
, publier l'empire de la Cour de Rome
fur le temporel & fur la Majefté des Souverains.
>
En nous élevant contre cet Office nous n'avons
point cherché à attaquer la Puillance dont
il pouvoit être émané. On ne nous a point vâ
mettre en question le pouvoir dont elle eft en
poffeffion dans l'Eglife , de décerner un culte &
des prieres confacrées à la memoire de ceux
qu'elle juge dignes de la vénération des Fideles .
Avec la même retenuë votre Arrêt s'eſt borné à
fupprimer une Feuille qui bleffoit ce qu'il y a de
plus inviolable parmi nous , & à prendre de juftes
précautions pour empêcher qu'à l'avenir on
ne pût introduire , à l'infçu des Magiſtrats , des
nouveautez fi dangereufes.
Un Arrêt fi fage & fi mefuré devient cependant
aujourd'hui l'objet d'une entrepriſe fur la
Puiffance Séculiere , puifqu'on ne fçauroit méconnoître
qu'il eft compris & défigné dans le
Bref. Nous n'avons , Meffieurs , dans cette occafion
d'autre interêt à vous propofer que celui de
mos Loix & de nos maximes ; elles trouvent toujours
MARS. 17307 623
jours en elles -mêmes des reffources pour fe main
tenir.
Pour ufer de la voye qu'elles nous ouvrent
nous avons l'honneur de demander à la Cour
d'être reçûs'appellans comme d'abus de ce Bref
& qu'en prononçant fur fon abus manifefte , il
foit défendu de le recevoir , de lè diftribuer , &
d'en faire aucun ufage. C'eſt le remede le plus
ordinaire & le plus fimple que nos moeurs ayent
introduit les occafions de ce genre.
pour
Il a paru fur la même matiere d'autres Brefs
contre des Mandemens de quelques Prélats du
Royaume. Nous les remettons tous fous les yeux
de la Cour & comme il ne nous eft pas permis
de garder le filence , fur tout ce qui peut intereffer
directement ou indirectement l'autorité du
Roy & les maximes de la France , notre miniftere
vous demande auffi de déclarer abufifs cès
Brefs dont la feule lecture fuffit pour juftifier les
Conclufions que nous prenons à ce fujet.
Pour ne rien obmettre des vues que notre devoir
nous infpire , il nous refte à vous propofer
d'ordonner que l'Arrêt du 20. Juillet , par lequel
la Cour a pris les plus fages précautions pour
prévenir les conféquences de l'Office de Gregoire
VII . foit executé felon fa forme & teneur : en y
ajoûtant des défenfes générales de recevoir aucuns
Brefs ou autres Actes de la Cour de Rome ,
moins qu'ils ne foient revêtus de Lettres Patentes
du Roy , excepté les Expéditions ordinaires qui
regardent les Particuliers.
de nou-
Ces défenfes fondées fur nos libertez & fur les
Loix du Royaume , fubfiftent toujours de droit
parmi nous : mais fuivant les conjonctures fouvent
la Cour a pris ſoin de les prononcer
veau. Elles font en même tems un préſervatif &
uine proteftation folemnelle contre ce qui peut
ΤΥ furvenir
624 MERCURE DE FRANCE.
furvenir , & on en tire l'avantage d'être en droit
de le négliger.
C'eft avec regret qu'on fe voit forcé à renouveller
ces précautions fous un des plus faints
Pontifes que l'Eglife ait vû élevés fur la Chaire
de faint Pierre. Digne des tems Apoftoliques , il
nous retrace l'image de fes premiers Prédéceffeurs.
Si le danger d'une opinion qué des fiécles plus
récents ont vû naître dans la Cour de Rome
tient encore aujourd'hui la France attentive à s'en
préferver , elle n'en demeure que plus fidellement
attachée aux véritables droits du faint Siège. Elle
les revere fur la foi des verités les plus certaines
& les plus refpectables de la Religion : elle en fait
le principal fondement de fa doctrine ; & fi elle
perfifte inviolablement dans fes maximes , c'eſt
qu'elle trouve dans les mêmes fources ce qui fert
a les foûtenir.
Nous laiffons , Meffieurs , à la Cour les exemplaires
des Brefs , & les Conclufions que nous
avons cru devoir prendre.
Les Gens du Roi retirez.
Veu l'Imprimé du Decret ou Bref du Pape , intitulé
, Declaratio Nullitatis , Edictorum , Mandatorum
, Praceptorum , Ordinationum , aliorumque
Geftorum per Magiftratus feu Officiales
Miniftros Saculares vel alias à Laïca Poteftate
ejufve nomine adverfus Decretum extenfionis
Officii Santi Gregorii Papa feptimi ad
univerfos Chrifti Fideles qui Horas Canonicas
tenentur à SS. D. N. Benedido , Divinâ Providentiâ
, Papa XIII . nuper_editum cum illorum
omnium revocatione , caffatione & abolitione
daté du 19. Decembre 1729. avec la publication
faite à Rome le même jour. Veu auffi trois autres
Brefs ou Decrets datez des 17. Septembre , 8.
Octobre
MARS. 1730. 625
.
Octobre & 6. Decembre 1729. ayant chacun
pour titre , Revocatio & annullatio Ordinationum
contentarum in quibufdam foliis Gallico
idiomate impreffis fub titulo : Mandement , &c .
Veu pareillement l'Arrêt de la Cour du 20. Juillet
1729. & les Arrêts des 15. May 1647. 9.
May 1703. premier Avril 1710. & 16. Decembre
1716. enfemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roy , la matiere miſe en
déliberation. La Cour reçoit le Procureur General
du Roy appellant comme d'abus deſdits Brefs
ou Decrets ; faifant droit fur ledit appel , dit
qu'il y a abus. En conféquence , enjoint à tous
ceux qui en ont ou pourront en avoir des exemplaires
, de les apporter au Greffe de la Cour pour
y être fupprimez. Fait très-expreffes inhibitions-
& défenfes à toutes fortes de perfonnes , de quelqualité
& condition qu'elles foient , de recevoir
faire lire , publier , imprimer , diftribuer , ni autrement
mettre à execution , directement ni indirectement
, de quelque maniere & fous quelque
prétexte que ce puiffe être, lefdits Brefs ou De- ' .
crets , ni pareillement aucunes Bulles , Brefs ou
autres Expeditions émanées de la Cour de Rome
fans Lettres Patentes du Roy enregistrées en la
Cour , pour en ordonner la publication , à l'ex-'
ception néanmoins des Brefs de Pénitencerie
Provifions de Bénéfices & autres Expeditions ordinaires
concernant les affaites des Particuliers
lefquelles s'obtiennent en Cour de Rome , fuivant
les Ordonnances & Ufages du Royaume, Fait
auffi défenſes à tous Libraires , Imprimeurs , Colporteurs
& autres , d'imprimer ou faire imprimer
, vendre , débiter ou autrement diftribuer
aucunes Bulles , Brefs ou autres Expeditions de
Cour de Rome , fans Lettres Parentés du Roy enregiſtrées
en la Cour , qui en ordonnent la Pu-
I vj
blication >
•
627 MERCURE DE FRANCE:
›
blication , à peine de 500. livres d'amende , mé
me de déchéance de leur Maîtriſe & Vacation
& autres plus grandes peines , s'il y échet ; au fur--
plus ordonne que l'Arrêt du 20. Juillet 1729. fera
executé felon fa forme & teneur fait défenfes
d'y contrevenir - fous les peines y contenues ::
Ordonne en outre que le prefent Arrêt ſera inſcrit
dans le Régiftre de la Communauté des Libraires
& Imprimeurs de cette Ville de Paris
envoyé dans les Bailliages & Senéchauffées du
Reffort , pour y être lû , publié & enregistré , &
affiché par tout où befoin fera. Enjoint aux Sub
ftituts du Procureur Général du Roy d'y tenir la
main , & dans certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 23. Fevrier 1730. Signé
YSABEA U.
ARREST du 14. Fevrier , qui déclare ce-
Jui du 12. Avril 1723. & autres rendus pour les.
Manufactures d'Elbeuf , Louviers , Dernetal &
Orival , communs pour la Manufacture des Frocs
de Bolbec..
AUTRE du même jour , qui proroge jufqu'au
dernier Avril 1730. le délay accordé par l'Arrêt
du 23. Août 1729. pour le Contrôle des Actes
de Foy & Hommage.
AUTRE du même jour , qui ordonne qu'à
Commencer du 19. Mars 1730. jufqu'à la fin du
Bail de Carlier , il ne fera perçû fur les Sardines
venant de la Province de Bretagne en Anjou
que 4. livres 15. fols 6. deniers par Barrique du
poids de trois cens livres , pour tous Droits d'En
trée , d'Abord & de Confommation.
ARREST du Parlement , qui ordonne qu'un
Libelle
23
MARS. 173.0. 627
Libelle fera laceré & brûlé. Ce jour , les Geas
du Roi font entrez , & Maître Pierre Gilbert de
Voifins , Avocat dudit Seigneur Roi portant la
parole , ont dit :
Meffieurs , la lecture du Libelle que nous dé
ferons à la Cour lui fera connoître aiſément'
quelles en font les confequences pernicieufes , &'
combien il y a lieu de le réprimer.
C'eſt un imprimé fans aveu fous le titre de Remontrances
addreffées à Monfieur l'Archevêque
de Paris , par les Fideles de fon Diocèſe. Ainfi
un Auteur anonime du fond de fon obſcurité ,
entreprend de faire parler un peuple entier , &
fous prétexte de lui prêter fes paroles , effaye en
effet de lui infpirer les fentimens & fes maximes
féditieufes.
Loin d'appercevoir dans cet ouvrage la retenuë
& le refpect dont l'Auteur devoit au moins affecter
de conferver l'apparence , on n'y voit que
témerité , qu'emportement & que fcandale. Il
ne fe contente pas de fe déclarer contre l'Ordonnance
de Monfieur l'Archevêque de Paris du 29°
Septembre dernier , il attaque en même-temps
fa perfonne & la droiture de fes intentions . Nous
vous plaindrions , dit le Libelle , Si vous n'êtiez
que féduit. Mais nôtre foi ... s'eft apperçue
du piege qu'on lui veut tendre , &c. Affectations,
déguifemens , mauvaiſe foi , fauffes infinuations,
détours artificieux ; ce font les expreffions injurieufes
qu'on y trouve à chaque page contre ce
Prélat.
Les Evêques de France en general font encore
moins épargnez . Sans égard ni pour leur dignité .
ni pour leurs perfonnes , on met en oeuvre les
couleurs les plus noires pour les décrier. Il n'eft
point d'invectives ni de traits envenimez qu'on ne
raffemble contr'eux . Pour comble d'attentat on
ofe
625 MERCURE DE FRANCE .
ofe s'élever contre le Corps même de l'Epiſcopat ,
& il femble qu'on aſpire à le rendre odieux &
méprifable.
A ce caractere fe reconnoît d'abord un Libelle
diffamatoire , qui par fa nature exige toute la fe→
verité des Loix.
Prévenu d'ailleurs par l'excès de fa paffion
l'Auteur s'abandonne à des déclamations contre
la Conftitution Unigenitus , qui ont été tant de
fois condamnées par vos Arrêts . Il s'éleve encore
davantage contre les explications folemnelles de
1720. que feu Monfieur le Cardinal de Noailles a
lui- même publiées. Il les traite d'ouvrage tiffu
des plus indignes artifices , & il reproche à Monfieur
l'Archevêque de Paris d'en copier les mife-.
rables défaites : oubliant en cet endroit les éloges
qu'il donne ailleurs à Monfieur le Cardinal de
Noailles , & cenfurant fa conduite pour décrier
celle de fon fucceffeur.
ع ق م
Mais ce qui merite fur tout d'attention la plus.
ferieufe de la Cour , c'eft le danger des faux principes
qu'on ne craint point de mettre au jour dans
ce Libelle. Sans parler de la témérité & de l'artifice
avec lefquels il s'explique fur les faits qui
regardent les anciens troubles de l'Arianifme
l'Auteur avance fans détour qu'il eft des occafions
où le Pasteur doit obéir à fes oüailles ,
le Corps de l'Epifcopat fe foumettre à quelques ,
unsde fes membres . Il eft faux , dit-il ailleurs
qu'en toute circonflance l'autorité ( du Chef&
du Corps des Pasteurs ) doivent rendre notre
foumiffion tranquille & exempte de fcrupule.
Après tout , dit-il encore & fe font fes propres
termes pourquoi ne défendrions - nous pas la
verité contre le Pape & contre tous les Evêques,
s'ils la combattoient en effet ? S'expliquer ainfi ,
c'eſt annoncer ouvertement que le Corps de l'Epifcopat
MARS. 1730. 629
pifcopat peut tomber dans l'erreur & l'enfeigner
qu'il peut être inftruit , corrigé , jugé même par
le peuple. C'eſt le but que l'Auteur femble s'être
propofé dans fon ouvrage. Et peut -on s'empêcher
de reconnoître que c'eft travailler à détruire toute
fubordination & toute Hierarchie Ecclefiaftique ,
ou plutôt à renverfer les fondemens de l'autorité
infaillible de l'Eglife , en introduiſant dans for
fein les principes des Sectes qui s'en font féparées
dans les derniers fiecles ?
Que ferviroit-il de s'étendre davantage fur un
Libelle qui contient des principes dont on ne
fçauroit étouffer trop promptement les fémences
dangereufes C'eft l'objet des Conclufions que
nous laiffons à la Cour avec l'ouvrage dont notre
miniftere lui demande la condamnation la plus
rigoureufe.
Les Gens du Roy retirez :
Vu le Libelle intitulé : Remontrances des Fideles
du Diocefe de Paris , à Monseigneur leur
Archevêque , au fujet de fon Ordonnance du 29.
Septembre 1719. & à la fin , A Paris ce 26 Octo
bre 1729. Enſemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roi. La matière mife en
déliberation :
La Cour a ordonné & ordonne que ledit Libelle
fera laceré & brûlé dans la Cour du Palais ,
au pied du grand efcalier d'icelui, par l'Executeur
de la Haute Juftice ; fait très -expreffes inhibitions
& défenfes à tous Imprimeurs & Libraires , Colporteurs
& autres , de l'imprimer , vendre , dé
biter ou autrement diftribuer ; enjoint à ceux qui
en ont ou pourroient avoir des Exemplaires , de
les apporter inceffamment au Greffe de la Cour ,
pour y être fupprimez ; ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roi , il fera informé
pardevant Maître Philibert Lorenchet Confeiller
pour
630 MERCURE DE FRANCE:
"'
pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville, & à la pourfuite & diligence des
Subftituts du Procureur General du Roi , pardevant
les Lieutenans Criminels , ou autres Officiers
des Bailliages & Sénechauffées des Lieux pour les
témoins qui y feroient entendus , contre les Auteurs
dudit Libelle , & ceux qui l'auroient imprimé
, vendu , débité ou autrement diftribué , pour
les informations faites rapportées & communiquées
au Procureur General du Roi être ordonné
ce que de raifon Ordonne en outre que copies
collationnées du prefent Arrêt feront envoyées.
aux Bailliages & Sénechauffées du Reffort , pour
y être lûes , publiées & enregistrées , & affichées
par tout où befoin fera ; Enjoint aux Subftituts
du Procureur General du Roi d'y tenir la main &
d'en certifier la Cour dans un mois . Fait en Parlement
le 23. Fevrier 1730. Signé , YSABEAU.
Et le 23. Fevrier 1730. onze heures du matin,
à la levée de la Cour , le Libelle " mentionné
a été laceré & jetté au feu par l'Executeur de
La Haute-Jufice , au bas du grand Efcalier du
Palais , en prefence de nous Marie Dagobert
Tfabeau , l'un des trois premiers & principaux
Commis pour la Grand Chambre , affifté de deux
Huiffiers de ladite Cour. Signé , YSABEAU.
ORDONNANCE DU ROY , du 2 5. Fevrier ,
pour faire faire par les Intendans , ou ceux qui
feront par eux commis une Revûë generale des
Troupes de Milice.
"
ARREST du 7. Mars, qui autorife les Syndics
& Directeurs de la Compagnie des Indes , à établir
une Loterie pour rembourfer au Public , fur
le pied de Trois mille livres , trois cens trente
Actions par mois , voici la teneur de l'Arrêt. Sur
la
MARS. 1730 631
la Requête prefentée au Roi , en fon Confeil , par
les Syndics & Directeurs de la Compagnie des
Indes , contenant , qu'ils voyent avec peine les
variations qui arrivent de temps en temps fur le
prix des Actions de ladite Compagnie , & que
pour obvier à cet inconvenient , qui allarme un
grand nombre de Familles qui ont été obligées
de placer en Actions les fonds provenans des rembourfemens
qui leur ont été faits , ils fe propofent
de foûtenir le prix de l'Action fur un pied
proportionné à fon revenu , par le moyen d'une
Loterie , s'il plaift à Sa Majefté les y autorifer.-
Vu ladite Requête & le plan de ladite Loterie :
Ouy le rapport du Sieur le Peletier Conſeiller
ordinaire au Confeil Royal , Controlleur generaf
des Finances , Sa Majeſté étant en fon Conſeil , a
erdonné & ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER.
Les Syndics & Directeurs de la Compagnie
des Indes auront la faculté d'établir une Loterie
pour retirer du Public Trois cens trente Actions
tous les mois.
I I.
Lefdites Trois cens trente Actions feront payées
fur le pied de Trois mille livres l'Action .
I I I.
Ceux qui voudront mettre à cette Loterie ,
payeront dix livres pour chaque Billet ; & la
Loterie fera fermée , quand le nombre de quarante
neuf mille cinq cens Billets aura été rempli.
I V.
La Loteric fera tirée le cinquième jour de cha
que mois , dans la Salle de l'Hôtel de la Compagnie
des Indes , en prefence des Sieurs Infpecteurs,
Syndics & Directeurs de ladite Compagnie,
& de ceux des Intereffez qui voudront s'y trouver.
V
632 MERCURE DE FRANCE.
V.
Chacun des trois cens trente premiers Billets
qui fortiront de la roue , operera le payement
comptant d'une Action fur le pied de Trois mille
livres , fur laquelle fomme il fera retenu dix liv.
pour les frais : Et fera par le Secretaire de la Compagnie
tenu un Regiſtre paraphé par l'un des S
Infpecteurs , où feront enregistrez les numero des
Billets à mesure qu'ils feront appellez ; lequel
Registre demeurera au Secretariat ,
pour y avoir
recours en cas de befoin .
V I.
Les deniers feront reçûs par les perfonnes qui
feront à ce prépofées par déliberation de ladite
Compagnie , du nom defquelles le Public fera
averti par des Affiches .
VII .
Les Regiftres qui feront tenus pour cette recette
, feront cotez & paraphez par l'un desdits
Sicurs Infpecteurs , ou par l'un des Syndics &
Directeurs de ladite Compagnie ; dans lefquels
Registres les Receveurs écriront le numero du
Billet , & le nom du Proprietaire d'icelui .
VIII.
Les Dividendes échûs ou à écheoir dans le cou
rant de la demi- année, feront joints aux Actions,
où il fera retenu fur les Trois mille livres la fomme
de foixante-quinze livies pour la valeur du Dividende.
I X.
Ladite Loterie aura lieu à commencer du premier
Avril prochain , & fera continuée de mois
en mois fans interruption , &c.
AUTRE du même jour, par lequel il eft dit que
le Roi étant informé que le Commerce des Actions
de la Compagnie des Indes,qui s'eft fait par vente
à
MARS. 17 ; 6 : 613
à Prime ou à marché ferme , a donné lieu à des
engagemens ufuraires & illici tes ; à quoi Sa Majefté
voulant pourvoir , fait deffenfes à toutes.
perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles
foient , de contracter à l'avenir aucuns engagemens
pour fournir ou recevoir à terme desActions
de la Compagnie des Indes , fous le nom de Pri
me , marché ferme ou autrement , à peine , de
nullité defdits engagemens , & de trois mille livres
d'amende , tant contre le vendeur que contre
l'acheteur. Veut S. M. qu'il ne puiffe être fait
à l'avenir aucune vente defdites Actions qu'en les
delivrant réellement & en recevant la valeur comptant.
Veut auffi S. M. que les engagemens contractez
jufqu'à ce jour , foit à Prime , foit à mar
ché ferme ou autrement , & qui n'ont point encore
été confommez , demeurent nuls & réfo us ,
& qu'en confequence les Proprietaires des Actions
vendues à Prime ne puiffent les retirer du
dépôt , qu'en rendant à l'acheteur , foit en efpeces
, foit en Actions fur le pied du cours qu'elles
auront le jour de la publication du prefent Arrêt,
les fommes qu'ils auront reçues pour lefdites
Primes : Et à l'égard des ventes faites à marché
ferme, les vendeurs & les acheteurs retireront refpectivement
les Actions qu'ils ont déposées , &c. ,
SENTENCE DE POLICE du 2. Decembre
qui condamne les nommez Legrand & femme le
Baigue , Boulangers , en trois cens livres d'amende
, pour avoir contreven u aux Ordonnances qui
reglent ce qui doit être obfervě par les Boulanger
qui occupent des Piaces dans les Halles
& Marchez .
AUTRE du 9. Decembre , qui condamne les
nommez Potonnier & le Clerc , Joueufes de Profeffion
624 MERCURE DE FRANCE : 834
feflion , en mille livres d'amende chacune , pour
avoir donné à jouer au Jeu de Pharaon.
AUTRE du même jour , qui condamne les
nommez Aubri , Duguy & Maurice , pour avoir
alteré les Chandelles des Lanternes publiques .
AUTRE du 18. Fevrier , qui enjoint à toutes
perfonnes de faire ramoner exactement leurs
Cheminees , pour prévenir les Incendies.
F
JUGEMENT rendu le 18. Février , par
M. Herault , Lieutenant General de Police , &
Mrs les Confeillers au Siege Préfidial du Châtelet,
qui condamne Martin Baudrier, ' dit Defchaifes
,à être attaché au Carcan en la Place de Greve
, & y demeurer depuis midi jufqu'à deux heu
tes , ayant Ecriteau devant & derriere portant ces
mots : Colporteur d'Ouvrages imprimez &prohibez,
& banni pour trois ans du reffort des
Parlements de Paris & de Rouen.
ORDONNANCE , & c.
Ouis, par la grace de Dieu , Roi de France ;
Louis,par &c. Salut. Notre amé & féal Alexandre Prevêt
, Chevalier , Seigneur de Gagemon , ancien
Capitaine au Regiment de Dragons d'Orleans , &
Chevalier de l'Ordre militaire de S. Louis , nous
a très-humblement fait expofer, qu'ayant l'honneur
d'appartenir , à titre de coufin , à deffunte
notre très-chere & très-amée coufine , Madame
Eleonore , Ducheffe de Brunfvik- Lunebourg ,
Ayeule maternelle de notre-très cher frere le
Roi de la Grande Bretagne , & de notre trèschere
Soeur la Reine de Pruffe , auxquels , comme
heritiers de cette Princeffe , la Terre & Seigneurie
d'Ollebreufe , fituée dans notre Royaume,
au Pays d'Aunis , appartient aujourd'hui ;
c'eft par cette confideration , & pour remettre ladite
Terre d'Ollebreufe dans la famille de cette
Princeffe , qu'il a plû à notre très- cher frere le
Į Roi
66 MERCURE DE FRANCE .
1
>
Roi de la Grande Bretagne & à notre très- chere
Sour la Reine de Pruffe, d'en faire don à l'expofant
par deux Brevets fignés de leurs mains , l'un
datté au Palais de Saint James le Novembre
1728. & l'autre à Berlin le 14.Decembre fuivant;
mais l'Expofant ne pouvant profiter de cette liberalité
, ni l'accepter fans notre permiffion , nous
avons bien voulu la lui accorder , ainſi qu'il eſt
justifié par la lettre de M. le Garde des Sceaux ,
& Secretaire d'Etat , dattée à Compiegne le 20,
May de la prefente année 1729, en confequence
de laquelle l'Expofant ayant accepté ladite Terre
d'Ollebreufe , après que les Miniftres de notre
très-cher frere le Roi de la Grande Bretagne ,
& de notre très - chere Soeur la Reine de Pruffe
ont eu depofé lefdits Brevets de don , chez le
Prevôt , Notaires à Paris , il nous a preſenté ſa
Requête, tendante à ce qu'il nous plût approuver
& confirmer ladite acception , à laquelle Requête
ayant joint l'expedition de ladite acceptation &
defdits Brevets de don ; enſemble les Lettres originales
à lui écrites par deffunte notre très - chere
& très-amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik- Lunebourg , par lesquelles elle
a reconnu & qualifié l'Expofant , fon coufin , &
autres pieces juftificatives. Nous , par l'Arrêt de
notre Confeil d'Etat , rendu , Nous y étant , le
17. Septembre de la prefente année 1729. approuvant
& confirmant le don fait de ladite Terre ·
Olebreufe à l'Expofant par lefdits Brevets de
don , lui avons permis de prendre poffeffion de
ladite Terre , pour en jouir en toute proprieté &
en percevoir les fruits & revenus , tant ceux échus
pendant l'année 1728. & la prefente , que ceux
qui échoiront à l'avenir , avec deffenfes de le troubier
, fes heritiers ou ayans caufe , dans ladite
proprieté , poffeffion & joüiffance , & ordonne
que
MARS. . 1730. 617
-
que fur ledit Arrêt toutes Lettres Patentes ne
ceffaires feroient expediées , lesquelles Lettres
l'Expofant nous a fupplié de lui accorder ; &
voulant le traitter favorablement, en confideration
de la memoire de deffunte notre très chere &
très amée coufine , Madame Eleonore Ducheffe
de Brunfvik-Lunebourg , à laquelle il avoit l'honneur
d'apartenir,à titre de coufin , & des fervices
qu'il nous a rendus en qualité de Capitaine dans
le Regiment de Dragons d'Orleans. A ces cauſes,
de l'avis de notre Confeil , & conformément
l'Arrêt d'icelui , dudit jour 17. Septembre 1729.
ci attaché fous le contrefcel de notre Chancellerie
, Nous , par ces prefentes fignées de notre
main , en approuvant & confirmant le don fait
à l'Expofant de ladite Terre d'Ollebreuſe , par
lefdits Brevets des Novembre & quatorze Decembre
1728. avons permis & permettons audit
Expofant de prendre poffeffion de ladite Terre ,
pour en jouir en toute proprieté , & en percevoir
les fruits & revenus tant ceux échus pendant
l'année 1728. & la prefente , que ceux qui échoiront
à l'avenir ; faifons deffenfes de troubler ledit
Expofant , fes heritiers ou ayans cauſe dans
ladite propriecé , poffeffion & jouillance : Si vous
mandons que ces prefentes vous ayez à faire enregiftrer
, & du contenu en icelles faire jouir &
ufer ledit Expofant pleinement & paiſiblement
nonobftant tous Edits , Declarations & autres
difpofitions à ce contraires , auxquelles nous
avons, en tant que de befoin, derogé & derogeons
ces prefentes ; car tel eſt notre plaifir . Donné
a Verfailles & c .
par
>
Tout ce qui eft énoncé dans l'Acte ci- deffus
établit pour M M. Prevôt , fortis d'une très-ancienne
nobleffe , une illuftration qui eft unique.
Mlle d'Ollebreuſe , devenue Ducheffe de Brunf
I ij
wik
9
618 MERCURE DE FRANCE.
vik , a reporté dans fa famille avec la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , le prix de la vertu &
de fes grandes & rares qualités , elle les a decorées
d'une alliance affez étroite avec deux Maifons
fouveraines , qui par le progrès d'un fang
déja affermi fur tant de Trônes , affure encore
pour la fuite une pofterité Royale des plus nombreufes
, & le fils de M. Alexandre Prevoft , Seigneur
de Gagemon , âgé de treize à quatorze
ans , élevé parmi ces grands avantages de fa Maifon
, & aujourd'hui Seigneur d'Ollebreuſe , peut
concevoir pour lui & pour les fiens l'efperance
d'apartenir un jour à la plus grande partie des
Puiffances de l'Europe.
M. Louis Armand Prevoft , Marquis de l'Etoriere
, Meftre de Camp d'Infanterie , Chevalier
de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , a été
fondé d'une procuration fpeciale de M. Alexandre
Prevoft , Seigneur de Gagemon ; en vertu
de laquelle , & conjointement avec M. Jean Reck,
Envoyé du Roi d'Angleterre , Electeur d'Hannover
à la Diette de l'Empire , à Ratisbonne
étant alors à Paris , & avec M. Jean le Chambrier
, Miniftre du Roi de Pruffe auprès du Roi,
tous deux chargés des ordres précis de leurs
Maîtres , a obtenu la permiffion d'accepter en
faveur de M, Prevolt , Seigneur de Gagemon
fon iffu de germain , les dons de la Terre &
Seigneurie d'Ollebreufe , lefquels dons lui ont
été faits , à titre de coufin , tant par le Roi d'Angleterre
que par la Reine de Pruffe , comme heritiers
de feue Madame Eleonore , Ducheffe de
Brunfyik-Lunebourg , leur ayeule maternelle , &
dont il a l'honneur d'être parent très- proche ;
les Lettres Patentes fur Arrêt du Confeil , &
fcellées du grand Sceau , en ont été expediées
le 6. Octobre 1729. & enregistrées au Parlement
le 14 Decembre de la même année, ARMARS.
r736 ;
3 ARREST du 28. Novembre, qui ordonne que
les Piéces de trente deniers n'auront plus cours
que pour vingt-quatre deniers , les demis à proportion
; & que celles de vingt-un deniers feront
données & reçûes dans tous les payemens
pour le même prix de vingt-quatre deniers.
AUTRE du 6. Decembre , qui proroge l'exe
aution de celui du 5. Decembre 1728. jufques &
compris le dernier Decembre 1730. paffé lequel
tems le prix des anciennes efpeces & matieres d'or
& d'argent fera réduit ainfi qu'il l'eut dû être au
premier Janvier prochain.
AUTRE du 20. Decembre , qui difpenfe du
fervice de la Milice ceux qui aquereront des
Maîtriſes créées par les Edits des mois de No
yembre 1722. & Juin 1725.
'AUTRE du même jour , qui révoque celui du
18. Octobre dernier , & ordonne que les Droits
d'Entrée fur les Cacaos de l'Ile de Caraques feront
perçus fur le pied qu'ils font fixés par l'Arrêt
du 12. May 1693. & que les Cacaos prove
hans des Ifles & Colonies Françoifes acquiteront
les Droits reglés par les Lettres Patentes du mois
Avril 1717. &c.
AUTRE du 31. Decembre , qui ordonne que
ceux qui remettront aux Hôtels des monnoyes,
en Piaftres ou autres matieres d'or & d'argent ,'
venant des Pays Etrangers , jufqu'à concurrence
de dix mille livres , continueront d'être payés
jufqu'au premier Juillet prochain des quatre de
niers pour livre attribués aux Changeurs .
I iij
AU
620 MERCURE DE FRANCE.
AUTRE du 3. Janvier , qui proroge pendant
le courant de l'année 1730. la moderation accordée
par celui du 4. Janvier 1729. des Droits
de marc d'or , Sceau , enregistrement chez les
Gardes des Rôles , frais de reception & inſtallation
des Offices vacans ou de nouvelle création,
qui feront levés aux Revenus Cafuels.
ン
AUTRE du 21. Janvier au fujet des Billets que
l'on pourra prendre pour la Loterie établie pour
le remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville,
par laquelle le Roi ordonne que les Proprietaires
de Contracts de mille livres en capital & au - def
fus , ne pourront prendre de Billets au - deffous de
vingt fois , & que les Rentiers dont les Contracts
feront au-deffous de mille livres de capital , &
dont les Billets fetont par conféquent au-deffous
de vingt fols , ne pourront prendre qu'un Billet
pour chacun de leurs Contracts. Deffend auffi Sa
Majefté à aucuns Rentiers de prendre des Billets
au-deffus de vingt livres , à quelque fomme que
puiffe monter le capital de leurs Contracts , le
tout à peine de perdre leur mife , qui demeurera
jointe au fonds de ladite Loterie au profit des autres
Rentiers & c.
AUTRE du 31. Janvier , qui ordonne que les
Charbons de Terre , venant d'Angleterre , d'Ecoffe
& d'Irlande , ne payeront pendant un an ,
commencer du premier Fevrier prochain
que douze fols par Baril du poids de deux cens
cinquante livres, poias de marc.
J
AUTRE du 31. Janvier , qui décharge de la
Collecte des Tailles le nommé Naudin , Revendeur
de Sel à petites mefurès dans la Ville de Montreuil
- Bellay.
AUMARS.
1730. 621
ARREST du Parlement , qui déclare abufifs
quatre Brefs ou Décrets au fujet de la Légende
de Gregoire V I I.
Ce jour , les Gens du Roy font entrez , & M.
Pierre Gilbert de Voifins , Avocat dudit Seigneur
Roy , portant la parole , ont dit :
Meffieurs , après l'Arrêt folemnel que la Cour
rendit au mois de Juillet dernier fur nos Conclufions,
à l'occafion de l'Office de Gregoire VII ,
nous avions lieu de croire que nous n'aurions
plus d'autre devoir à remplir fur cet objet , &
que la Cour de Rome nous en laifferoit infenfiblement
perdre la mémoire.
Mais nous reconnoiffons avec douleur combien
nos efperances ont été trompées , à la vue d'un
Bref publié à Rome que nous avons entre les
mains , & dont on peut dire qu'il réduit en pra
tique la doctrine répandue dans l'Office de Gregoire
VII. en caffant par l'autorité Pontificale
tous Edits , Arrêts , Ordonnances , & autres Actes
émanez à ce fujet des Puiffances Séculieres
même Souveraines ; ce Bref entreprend de foûmettre
au Sacerdoce l'empire temporel des Souverains
; il exerce une autorité fuprême fur des
Actes revêtus du caractere de leur pouvoir ; il
attaque leur indépendance jufques dans fes fondemens
, & tend à leur ôter la voye de la défendre.
S'il eft un droit inféparable de la puiffance tem
porelle , émanée immédiatement de Dieu , c'eft
celui de fe maintenir par des voyes auffi indépendantes
que fon pouvoir même. Quand l'autre
Puiflance veut l'affujettir , elle ne peut fe refuſer
une legitime défenfe . Mais plus Pentrepriſe fera
foûtenue d'un caractere augufte & venerable, plus
elle fçaura garder,en fe maintenant, une conduite
mefurée .
I iuj C'eft
621 MERCURE DE FRANCE.
C'eft fur ces grandes confidérations qu'est fon-
'dé l'Arrêt
que la Cour a rendu le 20. Juillet dernier.
Que pouvions -nous faire de moins que de
vous demander ce qu'il prononce ? aurions - nous
gardé le filence , & euffions-nous été capables
d'oublier jufqu'à ce point l'exemple & les maximes
de nos Peres ?
Que Rome eût placé un de fes Pontifes dans le
catalogue des Saints ; qu'elle eût loué dans fon
Office des vertus Chrétiennes & Ecclefiaftiques
des travaux Apoftoliques pour l'extirpation des
hérefies , pour le rétabliffement de la difcipline ,
& pour la réforme des moeurs notre miniftere
n'eût point eû à s'élever. Mais ce qui a dû l'exciter
, c'eft de voir fous le titre d'un Office Ecclefiaftique
, publier l'empire de la Cour de Rome
fur le temporel & fur la Majefté des Souverains.
>
En nous élevant contre cet Office nous n'avons
point cherché à attaquer la Puillance dont
il pouvoit être émané. On ne nous a point vâ
mettre en question le pouvoir dont elle eft en
poffeffion dans l'Eglife , de décerner un culte &
des prieres confacrées à la memoire de ceux
qu'elle juge dignes de la vénération des Fideles .
Avec la même retenuë votre Arrêt s'eſt borné à
fupprimer une Feuille qui bleffoit ce qu'il y a de
plus inviolable parmi nous , & à prendre de juftes
précautions pour empêcher qu'à l'avenir on
ne pût introduire , à l'infçu des Magiſtrats , des
nouveautez fi dangereufes.
Un Arrêt fi fage & fi mefuré devient cependant
aujourd'hui l'objet d'une entrepriſe fur la
Puiffance Séculiere , puifqu'on ne fçauroit méconnoître
qu'il eft compris & défigné dans le
Bref. Nous n'avons , Meffieurs , dans cette occafion
d'autre interêt à vous propofer que celui de
mos Loix & de nos maximes ; elles trouvent toujours
MARS. 17307 623
jours en elles -mêmes des reffources pour fe main
tenir.
Pour ufer de la voye qu'elles nous ouvrent
nous avons l'honneur de demander à la Cour
d'être reçûs'appellans comme d'abus de ce Bref
& qu'en prononçant fur fon abus manifefte , il
foit défendu de le recevoir , de lè diftribuer , &
d'en faire aucun ufage. C'eſt le remede le plus
ordinaire & le plus fimple que nos moeurs ayent
introduit les occafions de ce genre.
pour
Il a paru fur la même matiere d'autres Brefs
contre des Mandemens de quelques Prélats du
Royaume. Nous les remettons tous fous les yeux
de la Cour & comme il ne nous eft pas permis
de garder le filence , fur tout ce qui peut intereffer
directement ou indirectement l'autorité du
Roy & les maximes de la France , notre miniftere
vous demande auffi de déclarer abufifs cès
Brefs dont la feule lecture fuffit pour juftifier les
Conclufions que nous prenons à ce fujet.
Pour ne rien obmettre des vues que notre devoir
nous infpire , il nous refte à vous propofer
d'ordonner que l'Arrêt du 20. Juillet , par lequel
la Cour a pris les plus fages précautions pour
prévenir les conféquences de l'Office de Gregoire
VII . foit executé felon fa forme & teneur : en y
ajoûtant des défenfes générales de recevoir aucuns
Brefs ou autres Actes de la Cour de Rome ,
moins qu'ils ne foient revêtus de Lettres Patentes
du Roy , excepté les Expéditions ordinaires qui
regardent les Particuliers.
de nou-
Ces défenfes fondées fur nos libertez & fur les
Loix du Royaume , fubfiftent toujours de droit
parmi nous : mais fuivant les conjonctures fouvent
la Cour a pris ſoin de les prononcer
veau. Elles font en même tems un préſervatif &
uine proteftation folemnelle contre ce qui peut
ΤΥ furvenir
624 MERCURE DE FRANCE.
furvenir , & on en tire l'avantage d'être en droit
de le négliger.
C'eft avec regret qu'on fe voit forcé à renouveller
ces précautions fous un des plus faints
Pontifes que l'Eglife ait vû élevés fur la Chaire
de faint Pierre. Digne des tems Apoftoliques , il
nous retrace l'image de fes premiers Prédéceffeurs.
Si le danger d'une opinion qué des fiécles plus
récents ont vû naître dans la Cour de Rome
tient encore aujourd'hui la France attentive à s'en
préferver , elle n'en demeure que plus fidellement
attachée aux véritables droits du faint Siège. Elle
les revere fur la foi des verités les plus certaines
& les plus refpectables de la Religion : elle en fait
le principal fondement de fa doctrine ; & fi elle
perfifte inviolablement dans fes maximes , c'eſt
qu'elle trouve dans les mêmes fources ce qui fert
a les foûtenir.
Nous laiffons , Meffieurs , à la Cour les exemplaires
des Brefs , & les Conclufions que nous
avons cru devoir prendre.
Les Gens du Roi retirez.
Veu l'Imprimé du Decret ou Bref du Pape , intitulé
, Declaratio Nullitatis , Edictorum , Mandatorum
, Praceptorum , Ordinationum , aliorumque
Geftorum per Magiftratus feu Officiales
Miniftros Saculares vel alias à Laïca Poteftate
ejufve nomine adverfus Decretum extenfionis
Officii Santi Gregorii Papa feptimi ad
univerfos Chrifti Fideles qui Horas Canonicas
tenentur à SS. D. N. Benedido , Divinâ Providentiâ
, Papa XIII . nuper_editum cum illorum
omnium revocatione , caffatione & abolitione
daté du 19. Decembre 1729. avec la publication
faite à Rome le même jour. Veu auffi trois autres
Brefs ou Decrets datez des 17. Septembre , 8.
Octobre
MARS. 1730. 625
.
Octobre & 6. Decembre 1729. ayant chacun
pour titre , Revocatio & annullatio Ordinationum
contentarum in quibufdam foliis Gallico
idiomate impreffis fub titulo : Mandement , &c .
Veu pareillement l'Arrêt de la Cour du 20. Juillet
1729. & les Arrêts des 15. May 1647. 9.
May 1703. premier Avril 1710. & 16. Decembre
1716. enfemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roy , la matiere miſe en
déliberation. La Cour reçoit le Procureur General
du Roy appellant comme d'abus deſdits Brefs
ou Decrets ; faifant droit fur ledit appel , dit
qu'il y a abus. En conféquence , enjoint à tous
ceux qui en ont ou pourront en avoir des exemplaires
, de les apporter au Greffe de la Cour pour
y être fupprimez. Fait très-expreffes inhibitions-
& défenfes à toutes fortes de perfonnes , de quelqualité
& condition qu'elles foient , de recevoir
faire lire , publier , imprimer , diftribuer , ni autrement
mettre à execution , directement ni indirectement
, de quelque maniere & fous quelque
prétexte que ce puiffe être, lefdits Brefs ou De- ' .
crets , ni pareillement aucunes Bulles , Brefs ou
autres Expeditions émanées de la Cour de Rome
fans Lettres Patentes du Roy enregistrées en la
Cour , pour en ordonner la publication , à l'ex-'
ception néanmoins des Brefs de Pénitencerie
Provifions de Bénéfices & autres Expeditions ordinaires
concernant les affaites des Particuliers
lefquelles s'obtiennent en Cour de Rome , fuivant
les Ordonnances & Ufages du Royaume, Fait
auffi défenſes à tous Libraires , Imprimeurs , Colporteurs
& autres , d'imprimer ou faire imprimer
, vendre , débiter ou autrement diftribuer
aucunes Bulles , Brefs ou autres Expeditions de
Cour de Rome , fans Lettres Parentés du Roy enregiſtrées
en la Cour , qui en ordonnent la Pu-
I vj
blication >
•
627 MERCURE DE FRANCE:
›
blication , à peine de 500. livres d'amende , mé
me de déchéance de leur Maîtriſe & Vacation
& autres plus grandes peines , s'il y échet ; au fur--
plus ordonne que l'Arrêt du 20. Juillet 1729. fera
executé felon fa forme & teneur fait défenfes
d'y contrevenir - fous les peines y contenues ::
Ordonne en outre que le prefent Arrêt ſera inſcrit
dans le Régiftre de la Communauté des Libraires
& Imprimeurs de cette Ville de Paris
envoyé dans les Bailliages & Senéchauffées du
Reffort , pour y être lû , publié & enregistré , &
affiché par tout où befoin fera. Enjoint aux Sub
ftituts du Procureur Général du Roy d'y tenir la
main , & dans certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 23. Fevrier 1730. Signé
YSABEA U.
ARREST du 14. Fevrier , qui déclare ce-
Jui du 12. Avril 1723. & autres rendus pour les.
Manufactures d'Elbeuf , Louviers , Dernetal &
Orival , communs pour la Manufacture des Frocs
de Bolbec..
AUTRE du même jour , qui proroge jufqu'au
dernier Avril 1730. le délay accordé par l'Arrêt
du 23. Août 1729. pour le Contrôle des Actes
de Foy & Hommage.
AUTRE du même jour , qui ordonne qu'à
Commencer du 19. Mars 1730. jufqu'à la fin du
Bail de Carlier , il ne fera perçû fur les Sardines
venant de la Province de Bretagne en Anjou
que 4. livres 15. fols 6. deniers par Barrique du
poids de trois cens livres , pour tous Droits d'En
trée , d'Abord & de Confommation.
ARREST du Parlement , qui ordonne qu'un
Libelle
23
MARS. 173.0. 627
Libelle fera laceré & brûlé. Ce jour , les Geas
du Roi font entrez , & Maître Pierre Gilbert de
Voifins , Avocat dudit Seigneur Roi portant la
parole , ont dit :
Meffieurs , la lecture du Libelle que nous dé
ferons à la Cour lui fera connoître aiſément'
quelles en font les confequences pernicieufes , &'
combien il y a lieu de le réprimer.
C'eſt un imprimé fans aveu fous le titre de Remontrances
addreffées à Monfieur l'Archevêque
de Paris , par les Fideles de fon Diocèſe. Ainfi
un Auteur anonime du fond de fon obſcurité ,
entreprend de faire parler un peuple entier , &
fous prétexte de lui prêter fes paroles , effaye en
effet de lui infpirer les fentimens & fes maximes
féditieufes.
Loin d'appercevoir dans cet ouvrage la retenuë
& le refpect dont l'Auteur devoit au moins affecter
de conferver l'apparence , on n'y voit que
témerité , qu'emportement & que fcandale. Il
ne fe contente pas de fe déclarer contre l'Ordonnance
de Monfieur l'Archevêque de Paris du 29°
Septembre dernier , il attaque en même-temps
fa perfonne & la droiture de fes intentions . Nous
vous plaindrions , dit le Libelle , Si vous n'êtiez
que féduit. Mais nôtre foi ... s'eft apperçue
du piege qu'on lui veut tendre , &c. Affectations,
déguifemens , mauvaiſe foi , fauffes infinuations,
détours artificieux ; ce font les expreffions injurieufes
qu'on y trouve à chaque page contre ce
Prélat.
Les Evêques de France en general font encore
moins épargnez . Sans égard ni pour leur dignité .
ni pour leurs perfonnes , on met en oeuvre les
couleurs les plus noires pour les décrier. Il n'eft
point d'invectives ni de traits envenimez qu'on ne
raffemble contr'eux . Pour comble d'attentat on
ofe
625 MERCURE DE FRANCE .
ofe s'élever contre le Corps même de l'Epiſcopat ,
& il femble qu'on aſpire à le rendre odieux &
méprifable.
A ce caractere fe reconnoît d'abord un Libelle
diffamatoire , qui par fa nature exige toute la fe→
verité des Loix.
Prévenu d'ailleurs par l'excès de fa paffion
l'Auteur s'abandonne à des déclamations contre
la Conftitution Unigenitus , qui ont été tant de
fois condamnées par vos Arrêts . Il s'éleve encore
davantage contre les explications folemnelles de
1720. que feu Monfieur le Cardinal de Noailles a
lui- même publiées. Il les traite d'ouvrage tiffu
des plus indignes artifices , & il reproche à Monfieur
l'Archevêque de Paris d'en copier les mife-.
rables défaites : oubliant en cet endroit les éloges
qu'il donne ailleurs à Monfieur le Cardinal de
Noailles , & cenfurant fa conduite pour décrier
celle de fon fucceffeur.
ع ق م
Mais ce qui merite fur tout d'attention la plus.
ferieufe de la Cour , c'eft le danger des faux principes
qu'on ne craint point de mettre au jour dans
ce Libelle. Sans parler de la témérité & de l'artifice
avec lefquels il s'explique fur les faits qui
regardent les anciens troubles de l'Arianifme
l'Auteur avance fans détour qu'il eft des occafions
où le Pasteur doit obéir à fes oüailles ,
le Corps de l'Epifcopat fe foumettre à quelques ,
unsde fes membres . Il eft faux , dit-il ailleurs
qu'en toute circonflance l'autorité ( du Chef&
du Corps des Pasteurs ) doivent rendre notre
foumiffion tranquille & exempte de fcrupule.
Après tout , dit-il encore & fe font fes propres
termes pourquoi ne défendrions - nous pas la
verité contre le Pape & contre tous les Evêques,
s'ils la combattoient en effet ? S'expliquer ainfi ,
c'eſt annoncer ouvertement que le Corps de l'Epifcopat
MARS. 1730. 629
pifcopat peut tomber dans l'erreur & l'enfeigner
qu'il peut être inftruit , corrigé , jugé même par
le peuple. C'eſt le but que l'Auteur femble s'être
propofé dans fon ouvrage. Et peut -on s'empêcher
de reconnoître que c'eft travailler à détruire toute
fubordination & toute Hierarchie Ecclefiaftique ,
ou plutôt à renverfer les fondemens de l'autorité
infaillible de l'Eglife , en introduiſant dans for
fein les principes des Sectes qui s'en font féparées
dans les derniers fiecles ?
Que ferviroit-il de s'étendre davantage fur un
Libelle qui contient des principes dont on ne
fçauroit étouffer trop promptement les fémences
dangereufes C'eft l'objet des Conclufions que
nous laiffons à la Cour avec l'ouvrage dont notre
miniftere lui demande la condamnation la plus
rigoureufe.
Les Gens du Roy retirez :
Vu le Libelle intitulé : Remontrances des Fideles
du Diocefe de Paris , à Monseigneur leur
Archevêque , au fujet de fon Ordonnance du 29.
Septembre 1719. & à la fin , A Paris ce 26 Octo
bre 1729. Enſemble les Conclufions par écrit du
Procureur General du Roi. La matière mife en
déliberation :
La Cour a ordonné & ordonne que ledit Libelle
fera laceré & brûlé dans la Cour du Palais ,
au pied du grand efcalier d'icelui, par l'Executeur
de la Haute Juftice ; fait très -expreffes inhibitions
& défenfes à tous Imprimeurs & Libraires , Colporteurs
& autres , de l'imprimer , vendre , dé
biter ou autrement diftribuer ; enjoint à ceux qui
en ont ou pourroient avoir des Exemplaires , de
les apporter inceffamment au Greffe de la Cour ,
pour y être fupprimez ; ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roi , il fera informé
pardevant Maître Philibert Lorenchet Confeiller
pour
630 MERCURE DE FRANCE:
"'
pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville, & à la pourfuite & diligence des
Subftituts du Procureur General du Roi , pardevant
les Lieutenans Criminels , ou autres Officiers
des Bailliages & Sénechauffées des Lieux pour les
témoins qui y feroient entendus , contre les Auteurs
dudit Libelle , & ceux qui l'auroient imprimé
, vendu , débité ou autrement diftribué , pour
les informations faites rapportées & communiquées
au Procureur General du Roi être ordonné
ce que de raifon Ordonne en outre que copies
collationnées du prefent Arrêt feront envoyées.
aux Bailliages & Sénechauffées du Reffort , pour
y être lûes , publiées & enregistrées , & affichées
par tout où befoin fera ; Enjoint aux Subftituts
du Procureur General du Roi d'y tenir la main &
d'en certifier la Cour dans un mois . Fait en Parlement
le 23. Fevrier 1730. Signé , YSABEAU.
Et le 23. Fevrier 1730. onze heures du matin,
à la levée de la Cour , le Libelle " mentionné
a été laceré & jetté au feu par l'Executeur de
La Haute-Jufice , au bas du grand Efcalier du
Palais , en prefence de nous Marie Dagobert
Tfabeau , l'un des trois premiers & principaux
Commis pour la Grand Chambre , affifté de deux
Huiffiers de ladite Cour. Signé , YSABEAU.
ORDONNANCE DU ROY , du 2 5. Fevrier ,
pour faire faire par les Intendans , ou ceux qui
feront par eux commis une Revûë generale des
Troupes de Milice.
"
ARREST du 7. Mars, qui autorife les Syndics
& Directeurs de la Compagnie des Indes , à établir
une Loterie pour rembourfer au Public , fur
le pied de Trois mille livres , trois cens trente
Actions par mois , voici la teneur de l'Arrêt. Sur
la
MARS. 1730 631
la Requête prefentée au Roi , en fon Confeil , par
les Syndics & Directeurs de la Compagnie des
Indes , contenant , qu'ils voyent avec peine les
variations qui arrivent de temps en temps fur le
prix des Actions de ladite Compagnie , & que
pour obvier à cet inconvenient , qui allarme un
grand nombre de Familles qui ont été obligées
de placer en Actions les fonds provenans des rembourfemens
qui leur ont été faits , ils fe propofent
de foûtenir le prix de l'Action fur un pied
proportionné à fon revenu , par le moyen d'une
Loterie , s'il plaift à Sa Majefté les y autorifer.-
Vu ladite Requête & le plan de ladite Loterie :
Ouy le rapport du Sieur le Peletier Conſeiller
ordinaire au Confeil Royal , Controlleur generaf
des Finances , Sa Majeſté étant en fon Conſeil , a
erdonné & ordonne ce qui fuit.
ARTICLE PREMIER.
Les Syndics & Directeurs de la Compagnie
des Indes auront la faculté d'établir une Loterie
pour retirer du Public Trois cens trente Actions
tous les mois.
I I.
Lefdites Trois cens trente Actions feront payées
fur le pied de Trois mille livres l'Action .
I I I.
Ceux qui voudront mettre à cette Loterie ,
payeront dix livres pour chaque Billet ; & la
Loterie fera fermée , quand le nombre de quarante
neuf mille cinq cens Billets aura été rempli.
I V.
La Loteric fera tirée le cinquième jour de cha
que mois , dans la Salle de l'Hôtel de la Compagnie
des Indes , en prefence des Sieurs Infpecteurs,
Syndics & Directeurs de ladite Compagnie,
& de ceux des Intereffez qui voudront s'y trouver.
V
632 MERCURE DE FRANCE.
V.
Chacun des trois cens trente premiers Billets
qui fortiront de la roue , operera le payement
comptant d'une Action fur le pied de Trois mille
livres , fur laquelle fomme il fera retenu dix liv.
pour les frais : Et fera par le Secretaire de la Compagnie
tenu un Regiſtre paraphé par l'un des S
Infpecteurs , où feront enregistrez les numero des
Billets à mesure qu'ils feront appellez ; lequel
Registre demeurera au Secretariat ,
pour y avoir
recours en cas de befoin .
V I.
Les deniers feront reçûs par les perfonnes qui
feront à ce prépofées par déliberation de ladite
Compagnie , du nom defquelles le Public fera
averti par des Affiches .
VII .
Les Regiftres qui feront tenus pour cette recette
, feront cotez & paraphez par l'un desdits
Sicurs Infpecteurs , ou par l'un des Syndics &
Directeurs de ladite Compagnie ; dans lefquels
Registres les Receveurs écriront le numero du
Billet , & le nom du Proprietaire d'icelui .
VIII.
Les Dividendes échûs ou à écheoir dans le cou
rant de la demi- année, feront joints aux Actions,
où il fera retenu fur les Trois mille livres la fomme
de foixante-quinze livies pour la valeur du Dividende.
I X.
Ladite Loterie aura lieu à commencer du premier
Avril prochain , & fera continuée de mois
en mois fans interruption , &c.
AUTRE du même jour, par lequel il eft dit que
le Roi étant informé que le Commerce des Actions
de la Compagnie des Indes,qui s'eft fait par vente
à
MARS. 17 ; 6 : 613
à Prime ou à marché ferme , a donné lieu à des
engagemens ufuraires & illici tes ; à quoi Sa Majefté
voulant pourvoir , fait deffenfes à toutes.
perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles
foient , de contracter à l'avenir aucuns engagemens
pour fournir ou recevoir à terme desActions
de la Compagnie des Indes , fous le nom de Pri
me , marché ferme ou autrement , à peine , de
nullité defdits engagemens , & de trois mille livres
d'amende , tant contre le vendeur que contre
l'acheteur. Veut S. M. qu'il ne puiffe être fait
à l'avenir aucune vente defdites Actions qu'en les
delivrant réellement & en recevant la valeur comptant.
Veut auffi S. M. que les engagemens contractez
jufqu'à ce jour , foit à Prime , foit à mar
ché ferme ou autrement , & qui n'ont point encore
été confommez , demeurent nuls & réfo us ,
& qu'en confequence les Proprietaires des Actions
vendues à Prime ne puiffent les retirer du
dépôt , qu'en rendant à l'acheteur , foit en efpeces
, foit en Actions fur le pied du cours qu'elles
auront le jour de la publication du prefent Arrêt,
les fommes qu'ils auront reçues pour lefdites
Primes : Et à l'égard des ventes faites à marché
ferme, les vendeurs & les acheteurs retireront refpectivement
les Actions qu'ils ont déposées , &c. ,
SENTENCE DE POLICE du 2. Decembre
qui condamne les nommez Legrand & femme le
Baigue , Boulangers , en trois cens livres d'amende
, pour avoir contreven u aux Ordonnances qui
reglent ce qui doit être obfervě par les Boulanger
qui occupent des Piaces dans les Halles
& Marchez .
AUTRE du 9. Decembre , qui condamne les
nommez Potonnier & le Clerc , Joueufes de Profeffion
624 MERCURE DE FRANCE : 834
feflion , en mille livres d'amende chacune , pour
avoir donné à jouer au Jeu de Pharaon.
AUTRE du même jour , qui condamne les
nommez Aubri , Duguy & Maurice , pour avoir
alteré les Chandelles des Lanternes publiques .
AUTRE du 18. Fevrier , qui enjoint à toutes
perfonnes de faire ramoner exactement leurs
Cheminees , pour prévenir les Incendies.
F
JUGEMENT rendu le 18. Février , par
M. Herault , Lieutenant General de Police , &
Mrs les Confeillers au Siege Préfidial du Châtelet,
qui condamne Martin Baudrier, ' dit Defchaifes
,à être attaché au Carcan en la Place de Greve
, & y demeurer depuis midi jufqu'à deux heu
tes , ayant Ecriteau devant & derriere portant ces
mots : Colporteur d'Ouvrages imprimez &prohibez,
& banni pour trois ans du reffort des
Parlements de Paris & de Rouen.
Fermer
Résumé : ARREST, ORDONNANCE, &c.
Le texte relate une série d'événements et de décisions juridiques concernant la transmission de la Terre et Seigneurie d'Ollebreuse. Alexandre Prévôt, Chevalier et Seigneur de Gagemon, a reçu en donation cette terre par le Roi de Grande-Bretagne et la Reine de Prusse, héritiers de la défunte Duchesse Éléonore de Brunswick-Lunebourg, dont Prévôt est le cousin. Cette donation a été confirmée par le Roi de France, Louis, par un arrêt du Conseil d'État du 17 septembre 1729, permettant à Prévôt de prendre possession de la terre et d'en percevoir les revenus. Les lettres patentes ont été expédiées le 6 octobre 1729 et enregistrées au Parlement le 14 décembre 1729. Le texte mentionne également plusieurs autres arrêts et ordonnances, notamment concernant la valeur des pièces de monnaie, la prorogation de certaines exemptions fiscales, et des régulations sur les droits de douane et les loteries. Un arrêt du Parlement déclare abusifs des brefs ou décrets concernant la légende de Grégoire VII, soulignant l'indépendance des puissances séculières face à l'autorité pontificale. En mars 1730, les Syndics et Directeurs de la Compagnie des Indes ont présenté une requête au Roi pour stabiliser le prix des actions de la Compagnie, fluctuant fréquemment. Ils proposent d'établir une loterie pour fixer le prix de l'action à trois mille livres, proportionné à son revenu. Le Roi, après avoir examiné la requête et le plan de la loterie, a ordonné la mise en place de cette loterie. Les points essentiels de l'arrêt royal incluent l'organisation d'une loterie mensuelle pour retirer trois cent trente actions, payées trois mille livres chacune. Les billets de loterie coûtent dix livres chacun, et la loterie sera close à quarante-neuf mille cinq cents billets. Le tirage aura lieu le cinquième jour de chaque mois à l'Hôtel de la Compagnie des Indes. Les gagnants recevront une action moins dix livres de frais, avec un registre tenu par le secrétaire de la Compagnie. Les dividendes seront ajoutés aux actions, avec une retenue de soixante-quinze livres pour la valeur du dividende. La loterie débutera le premier avril 1730 et se poursuivra mensuellement sans interruption. Le Roi a également interdit les engagements à terme pour les actions de la Compagnie des Indes, sous peine de nullité et d'amende, et les ventes doivent se faire en délivrant réellement les actions et en recevant la valeur comptant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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758
p. 634-635
ADDITION.
Début :
Le Roi a accordé au Marquis de Berenghen, Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieutenant [...]
Mots clefs :
Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION.
ADDITION. '
É Roi a accordé au Marquis de Berenghen
Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieurenant
General au Gouvernement de Bourgogne ,
& le Gouvernement des Villes & Citadelle de
Châlons fur Saone , dont le Maréchal d'Huxelles
a donné fa démiffion .
Jacques de Caflagnet- Tilladet , Marquis de
Firmacon , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
General des Armées de S. M. Lieutenant'
General de la Province de Rouffillon , où il commandoit
, & Oouverneur de Mont -Louis , mourut
à Leictoure vers le milieu de Mars ,
71. ans.
âgée
de
M. Pierre-Paul de Riquer , Comte de Caraman, "
LienMARS.
173.0
635
Lieutenant General des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
cy-devant Lieutenant - Colonel du Regiment des
Gardes Françoifes , &
Gouverneur de Courtray ,
mourut à Paris le 25. de Mars ; âgé de 84. ans.
É Roi a accordé au Marquis de Berenghen
Premier Ecuyer de S. M. la Charge de Lieurenant
General au Gouvernement de Bourgogne ,
& le Gouvernement des Villes & Citadelle de
Châlons fur Saone , dont le Maréchal d'Huxelles
a donné fa démiffion .
Jacques de Caflagnet- Tilladet , Marquis de
Firmacon , Chevalier des Ordres du Roi , Lieutenant
General des Armées de S. M. Lieutenant'
General de la Province de Rouffillon , où il commandoit
, & Oouverneur de Mont -Louis , mourut
à Leictoure vers le milieu de Mars ,
71. ans.
âgée
de
M. Pierre-Paul de Riquer , Comte de Caraman, "
LienMARS.
173.0
635
Lieutenant General des Armées du Roi , Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
cy-devant Lieutenant - Colonel du Regiment des
Gardes Françoifes , &
Gouverneur de Courtray ,
mourut à Paris le 25. de Mars ; âgé de 84. ans.
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Résumé : ADDITION.
Le roi a nommé le Marquis de Berenghen Lieutenant Général en Bourgogne et Gouverneur de Châlons-sur-Saône, succédant au Maréchal d'Huxelles. Jacques de Caslagnet-Tilladet, Marquis de Firmacon, est décédé à Lectoure à 71 ans. Pierre-Paul de Riquer, Comte de Caraman, est décédé à Paris à 84 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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759
p. 654-671
EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Début :
Il y a quelques mois qu'on a imprimé les deux Harangues dont nous [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Harangues, Dauphin, Professeurs de rhétorique, Collège Louis le Grand, Roi, Prince, Peuples, Orateur, Bonheur
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
EXTRAIT de deux Harangues Latines
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
AVRIL 1730. 655
>
›
3
La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
fur la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin , prononcées au College de
Louis le Grand par les Profeffeurs de
Rhetorique.
Ly a quelques mois qu'on a imprimé
les deux Harangues dont nous
donnons ici l'Extrait ; l'une fut prononcée
par le P.Charles Porée le 14.Septembre
1729 vers le commencement desVacances,
l'autre par le P.Xavier de la Sante le 15. Decembre
fuivant , quelque tems après qu'on
eut repris les exercices ordinaires du College.
Le premier crut ne pouvoir mieux
finir fon année , & le fecond mieux commencer
la fienne , qu'en félicitant le Public
fur un évenement fi intereffant pour
la France & pour toute l'Europe. Nous
croyons faire plaifir à nos Lecteurs en leur
donnant un Abregé de ces deux Difcours,
qui répondent parfaitement à la réputation
des Auteurs.
La
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La Harangue du P. Porée commence
par feliciter le Roi de la Naiffance de
fon augufte Fils. Il n'eft point d'homme ,
dit l'Orateur , de quelque condition qu'il
foit , qui ne fouhaite de laiffer fon nom
ou fes biens à un fils plutôt qu'à une ou
à plufieurs filles ; celles ci perdent ce
nom en entrant dans d'autres familles
où il meurt bientôt avec elles. Il fe perpetuë
dans la perfonne d'un fils
en fe
perpetuant il devient plus illuftre , & acquiert
une efpece d'immortalité , dont
l'efperance feule flatte un pere qui s'ima
gine devoir vivre en quelque forte éternellement
dans une nombreuſe pofterité.
Mais qui doit être plus touché de ce
plaifir qu'un Prince , un Monarque , un
Roi de France , & un Roi de la Maiſon
des Bourbons ? nom fi ancien , fi glorieux
que tant de Grands Hommes ont porté
& honoré. Par une fucceffion non interrompue
, il vient de Louis IX . jufqu'à
Louis XV, il a été illuftré par tous les
genres de mérite ; il a étendu fa domination
dans un Royaume voiſin , d'où il fe
fait refpecter jufques dans le nouveau
monde ; il eft confacré par la Religion &
placé jufques dans le Ciel , où nous lui
rendons de juftes hommages. Tel eft le
nom que Louis tranfmet à fon fils : un
jour celui-ci en foutiendra la gloire , &
656 MERCURE
DE FRANCE
રે
la fera paffer à une longue fuite de Heros .
Il n'en fut pas ainfi du nom des Cefars;
depuis le Grand Jules il ne fubfifta que
par l'adoption , par l'élection , fouvent
même par l'ufurpation ; il périt dès qu'il
fut élevé fur le Trône ; quand il devint le
nom des Empereurs , il paffa à des Etrangers
, & ceffa d'être celui d'une même
famille.
Tout peré aime encore à laiffer un fils
heritier de fes biens , quelques médiocres
, quelque peu confiderables
qu'ils
foient ; on femble alors les quitter fans
c'eft les perdre deux
regret , au lieu que
fois , que de les voir paffer en d'autres
mains. Quel eft donc le bonheur de Louis ,
à qui le Ciel accorde un fils , auquel il
pourra remettre , non pas fimplement un
riche heritage , non pas des titres glorieux
, mais le plus beau Royaume , le
plus floriffant , le plus ancien de l'Europe
! Augufte n'eut pas cet avantage ; il
etendit les bornes de l'Empire ; mais il
fut obligé de fe chercher un heritier hors
de fa Maiſon ; il s'entendit appeller Pere
de la Patrie par tous les Citoyens ; mais
jamais il n'entendit fortir ce doux nom
de pere de la bouche d'un fils . La même
confolation fut refufée non-feulement aux
Nerons , aux Caligula , aux Domitiens ,
humain
il étoit de l'interêt du genre
que
de
AVRIL
1730.
657
de tels monftres périffent tout entiers ;
mais elle fut refufée aux Tites & aux
Trajans , ces Princes adorables qui faifoient
les délices de l'Univers.
Notre Roi plus heureux que tous ces
Empereurs a déja merité d'être appellé le
Pere de fon Peuple , comme un très- petit
nombre d'entr'eux ; il eſt déja comme
quelques-uns pere de plufieurs Princeffes;
mais ce qui n'arriva à aucun d'eux , aujourd'hui
il fe voit pere d'un fils ; & à
quel âge a- t'il ce bonheur ? Remontons
dans les fiécles paffés ; parcourons la fuite
de tous nos Rois ; jettons les yeux fur
toutes les Cours Etrangeres, ici nous trouverons
des Princes qui envient le fort de
Louis , là nous n'en trouverons point qui
ait eu fi tôt le même bonheur,
Les meres ne font pas moins charmées
d'avoir un fils que les peres mêmes ; l'amour
qu'elles ont pour leurs Epoux eft
la meſure de la joye que leur cauſe la
Naiffance d'un fils qui le repréſente d'une
maniere plus parfaite que des tableaux
muets. Cette raifon generale convient
encore mieux à une grande Reine qui revere
toûjours la perfonne de fon Roi dans
celle de fon Epoux , & dont la tendreffe
eft temperée par le refpect . Quelque
grand , quelque fincere que foit l'amour
de part & d'autre , les dehors en font
B Lou
658 MERCURE DE FRANCE
toujours reglés par la dignité des auguftes
Epoux , & la majefté tempere une vivacité
permife à des perfonnes privées. Le
Dauphin repréſentera à fa mere tous les
traits de Louis ; mais dépouillés de cette
vive lumiere qui fait qu'on n'ofe fixer
trop long- tems fur lui fes regards ; elle
pourra le contempler à loifir , lui prodiguer
fes careffes , à peu près comme nos
yeux qui ne fçauroient foutenir la clarté
du Soleil , contemplent avec plaifir ſon
image , s'il vient à fe peindre dans une
Nuée brillante.
D'autres raifons que l'Orateur touche
avec beaucoup de délicateffe , c'eft que
la Naiffance du Dauphin affure à la Reine
le coeur de fon augufte Epoux , & augmente
en quelque forte fon autorité. A
la verité , elle n'avoit pas befoin de cel
gage pour s'attacher le coeur d'un Prince
, dont toutes les inclinations font reglées
par la raifon , tous les goûts fubordonnés
au devoir , tous les defirs moderés
par la fageffe ; il avoit reçû avec
joye les trois Princeffes que la Reine lui
avoit données jufqu'ici ; il les accable tous
les jours des careffes qu'elles peuvent attendre
du pere le plus tendre. Ce n'eſt
pas qu'il ne defirât un heritier de fes Etats
auffi ardemment que fes Peuples le fouhaitoient
, mais il l'attendoit plus patiemment,
AVRIL. 1730. 659
tiemment , & avec une plus grande foumiffion
aux ordres du Ciel. Quelle joye
pour notre Reine d'avoir enfin comblé
des voeux fi juftes & fi fages !
Quelle joye d'avoir donné à toute la
France ce qui faifoit l'objet de fon attente
, & de l'avoir ainfi payée avec uſure
de tout ce qu'elle en a reçû ! Il eſt vrai
que fa vertu eft au - deffus des honneurs
que nous lui rendons ; mais fon grand .
coeur n'a voulu les recevoir que pour
faire notre bonheur ; elle fe les reproche
roit ſi ſon élevation n'étoit utile qu'à ellemême
; par le Dauphin qu'elle donne à
la France , elle lui rend plus qu'elle ne
lui a donné ; elle en a reçû la Couronne
& elle donne un Prince qui la foutiendra
un jour glorieufement.
La feconde Partie eft adreffée au Dauphin
mème , que le R. P. Porée félicite
fur fon bonheur. Pour en tirer des préfages
certains , il ne lui eft pas neceffaire
de recourir aux chimeres de l'Aftrologie
, à de vaines fupputations , & du moment
de fa naiffance , & du cours des
Aftres ; il n'a pas recours aux Fables des
Poëtes , adoptées quelquefois par les Orateurs
en femblables occafions. Des raifons
plus folides fur lefquelles il fe fonde
font les Royales qualités du pere ,
qui ne promettent pas moins qu'un He
Bij LOS
660 MERCURE DE FRANCE.
ros ; l'ordre de fa naiffance qui le fait feul
heritier de tout le Royaume ; la maniere
dont il a été obtenu du Ciel . L'Orateur
dans ce dernier article nous repréſente le
voyage que la pieté fit entreprendre l'année
derniere à la Reine. Il ne nous eft
pas
permis de toucher au Portrait qu'il fait
du Roi , nous craindrions de le defigurer
en quelque forte. Renvoyant donc
pour cette partie à la Piece même , nous
paffons à la troifiéme , où le R. P. Porée
félicite les Peuples d'un évenement qui
les intereffoit infiniment.
III. Il remarque d'abord qu'il eft bien
rare qu'on puiffe feliciter le Peuple fur
l'accompliffement de fes voeux ; ce font
ordinairement des voeux temeraires ou
nuifibles , il ne voit jamais les premiers
accomplis ; fi les autres le font quelquefois
, ce n'eft que pour fon malheur. Il
n'en eft pas ainfi de ceux que nous formions
pour la naiffance d'un Dauphin ;
rien n'étoit plus fage , & ne devoit nous
être plus avantageux ; notre impatience
même , quoiqu'elle fut trop vive , &
qu'elle allat à nous faire abfolument defefperer
ce que nous n'avions pas obtenu
tout d'un coup , avoit quelque choſe de
raifonnable , fufques dans fa bizarrerie.
C'eft que nous fouhaitions non- feule- ,
ment de voir à notre Roi un heritier de ,
fes
1
AVRIL. 1730. 661
fes Etats , mais encore de le lui voir naî
tre dans fa jeuneffe , afin que ce Prince
pût être élevé fous fes yeux , afin qu'il
pût par fes grands exemples s'inftruire
long- tems dans l'art de regner. Nous
fçavons que toutes les minorités des Rois
ne font pas auffi tranquilles que l'a
été celle de Louis XV. Il eft difficile que
des Princes aufquels pour premiere leçon
on apprend qu'ils font maîtres de ceux
qui les inftruiſent , profitent bien de l'éducation
qu'on leur donne. Il faudroit
pour cela naître avec un caractere ferieux ,
amateur de l'ordre , avec une fageffe naturelle
, & dans la plus tendre enfance
n'avoir rien de la legereté de cet âge ; il
faudroit être tel , en un mot , que Louis
le Grand & fon digne fucceffeur.
Enfin ce qui intereffoit non - feulement
les François , mais tous les Peuples de
l'Europe , & leur faifoit formes les mêmes
voeux qu'à nous , c'eft qu'un Dauphin
de France femble affurer la tranquillité
de tous les Etats voifins auffibien
que la notre. Cette tranquillité fait
l'unique objet des foins de notre jeune
Monarque ; après un David guerrier ,
nous avons en lui un pacifique Salomon.
Le fage Miniftre auquel il donne toute
fa confiance , & qu'il appelle à tous fes
Confeils , eft un Ange de paix ; le fils
B iij qu'il
>
:
662 MERCURE DE FRANCE
1
le
partage
qu'il vient d'obtenir du Ciel peut être
appellé en quelque forte le Prince de la
Paix ; cet augufte enfant diffipe les allarmes
que nous pourrions avoir de ces
guerres qui fe font pour la fucceffion &
des grands Royaumes , Guerres
veritablement plus que civiles dont
nous avons un exemple dans ce qui s'eft
paffé dans l'Europe au commencement
de ce Siecle. Le R. P. Porée en fait une
deſcription vive & frappante , qu'on lira
avec d'autant plus de plaifir , que la naiffance
du Dauphin nous empêche de crain.
dre rien de Temblable..
II. DISCOURS..
R.P. La Harangue du R. P. De la Sante eft
moins fur la Naiffance du Dauphin qu'un
préfage de ce que doit être ce Prince ,
qui croft pour la fortune la plus brillante
& pour la felicité des Peuples. S'il
avoit voulu fe borner à celebrer cet heureux
évenement , il n'auroit pas attendu
fi long- tems ; mais fon Collegue l'ayant
fait avec fuccès , il a crû devoir donner
un autre tour à fon Difcours. Dans la
premiere Partie il montre ce que le Dauphin
promet à la France ; dans la feconde
, ce que la France promer au Dauphin
.
I. Pour fçavoir , dit l'Orateur , les ma
gnifiques
AVRIL. 1730.
663
,
gnifiques efperances que nous pouvons
concevoir de cet augufte Enfant , il nous
fuffit de faire reflexion qu'il eft fils d'un
Roi Bourbon & fils d'un Roi Très-
Chrétien . Ces deux titres nous apprennent
ce que nous devons en attendre
Fun nous affure du bonheur du Royaume
, l'autre nous promet un appui pour
la Religion.
Le P. De la Sante commence la
preuve de la premiere Propofition par un
éloge des Bourbons qu'il fait avec autant
d'art que le R. P. Porée , quoique le tour
en foit different. L'efprit du Lecteur aime
à trouver le même morceau d'Eloquence,
traité par deux grands Maîtres qui ne fe
copient pas l'un l'autre . On peut encore
voir le même éloge dans la troifiéme Harangue
du P. Coffart , Jefuite & prédeceffeur
de ces deux Peres dans l'emploi
qu'ils rempliffent fi dignement.
Enfuite defcendant dans le détail , if
parcourt tous les grands Rois qu'a don
nés cette maifon ,. & commence par Louis
IX. qui en eft la tige . Quel Monarque
s'appliqua jamais avec plus de zele à pro
curer le bonheur de fes Peuples , c'eſt-àdire
, à pacifier les troubles domeftiques
à repouffer les Ennemis Etrangers , à adminiftrer
la juftice à fes Sujets & à l'éta
blir folidement par les Ordonnances les
plus
B. iiij.
664 MERCURE DE FRANCE
plus fages. Pour faire toutes ces chofes
avec le fuccés qu'il eut , il falloit être le
Pere de fes Peuples , plutôt que leur Roi;
fe regarder comme leur Pafteur plutôt
que comme leur Chef. Pour foûtenir les
traverfes qu'il effuya pendant fa vie , il
falloit une vertu plus qu'humaine ; la
conftance des Heros ne va pas jufques là:
il falloit être un Saint.
L'Orateur paffe auffi- tôt à Henri le
Grand , Prince veritablement digne de ce
nom , dans quelque point de vue qu'on
l'envifage ; conquerant d'un Royaume fur
lequel il avoit feul un droit inconteftable
, à confiderer avec quelle bonté il
gouvernoit fes Peuples , avec quelle affection
& quel zele on lui obéïffoit , il fembloit
qu'il ne dût le Sceptre ni à ſa naiſfance
, ni à fon épée , mais à un choix libre
qui lui donnoit tous les coeurs .
Cette même bonté , cette facilité fut
le caractere qui diftingua le fils d'Henri
le Grand ; ce Monarque fit affeoir fur fon
Trône la Juftice & la Pieté ; la Sageffe
préfida à tous fes Confeils , aucun Roi
n'a été plus heureux dans le choix de fes
Miniftres ; fon Regne établit la tranquillité
au dedans de la France , étoufa jufqu'aux
femences des diffenfions domeftiques
, fit refpecter notre puiffance à des
voifins jaloux , & feroit peut-être le plus
glorieux
AVRIL. 1730.
865
'glorieux de tous les Regnes , fi ce Prince
n'avoit eu un prédeceffeur & un fucceffeur
,tous deux plus grands que lui.
Ici l'Orateur fait un portrait achevé de
Louis le Grand , ce Heros fi noblement
łoüé pendant la vie , & ce qui eft moins
équivoque , encore mieux loué après fa
mort par les regrets , non des feuls François
, mais des Nations étrangeres & ennemies.
Nous craindrions d'affoiblir cet
éloge fi nous nous contentions d'en rap--
porter quelques traits ; il faut le voir tout
entier dans la Piece.
L'arriere- petit- fils de ce Prince fait au
jourd'hui fon unique étude de conferver
la paix qu'il avoit glorieufement établie
fur la fin de fon Regne. Louis XV. fe
propofe de gouverner for Royaume felon
les maximes de Louis XIV. & met
fa félicité dans celle des Peuples. Le bonheur
de ce Monarque c'eft que le bruit
des armes n'a pas troublé les jeux de fon
enfance; fa gloire, c'eft qu'à la fleur de fes
années , & dans la plus tendre jeuneffe
-il fe voit l'arbitre de la paix , & choifi
pour Médiateur par tous les Princes de
l'Europe. Dans ces divers caracteres , l'adreffe
de l'Orateur confifte à ne point
laiffer perdre de vûë fon principal objet.
C'eft ce que fait le P. De la Sante , en
rappellant fans ceffe l'idée du nouveau
Bv Dauphin
666 MERCURE DE FRANCE
Dauphin dans les Portraits qu'il fait de
fes Ayeux.
Il parle enfuite de l'attachement que tous
les Rois Bourbons ont témoigné pour la
Religion , & prouve que le nom de Rois
Très-Chrétiens n'a pas été en eux un vain
titre.. Ici comme dans la premiere induction
, il commence par S. Louis ; tout le
monde fçait le zele qu'il témoigna pour
l'extirpation de l'herefie des Albigeois ;:
ce zele le tranfporta deux fois au - delà
des mers , plutôt pour la propagation de
la Foi , qu'en vûe d'étendre fon Empire,
ou pour fatisfaire un efprit d'inquiétude :
qui fut l'ame de la plupart des projets de
cette nature ..
Henri IV. avoit eu le malheur de fe
laiffer aller au parti de l'Herefie ; il ne
fut pas plutôt fur le Trône qu'il l'abjura:
fincerement , & la & la preuve de cette fincerité
, c'eft ce qu'il fit pour ramener à la
verité ceux du parti qu'il avoit abandonné.
On fçait que ce Prince d'un coeur veritablement
droit , témoignoit plus de
joye lorfqu'on lui apprenoit que quelqu'un
des Chefs de la Religion Protef
tante étoit retourné au ſein de l'Eglife ,
que lorsqu'on lui annonçoit que quelque
Ligueur étoit rentré dans fon obéillance..
Le plus bel Ouvrage de Louis le Jufte
eft l'abaiffement de ce même parti ; la
prife
AVRIL 1730. 667
prife de La Rochelle qui réduifit les fac
tieux à leur devoir,fera toujours regardée
dans nos Faftes comme la plus glorieufe
action d'un Regne conftamment glorieux;
la confommation de ce grand Ouvrage
étoit refervée à fon fils , heritier de fa pieté
& de fon zele pour la foi. Louis le
Grand a enfin détruit dans fon Royaume
le Calvinisme , la feule herefie qui eut été
tolerée depuis la fondation de la Monarchie
par Clovis le premier Roi Très - Chrétien
.
Enfin ce même efprit de Religion a paſfé
dans le Monarque qui nous gouverne,
ce jeune Prince femble avoir été nourri
par la pieté, il en a fuccé le lait dès l'enfance
; fon refpect pour les chofes faintes a
éclaté en lui dès fes premieres années ; on
l'admire encore dans le feu d'une brillante
jeuneffe ; il paroît moins attentif à
faire refpecter la Majefté Royale qu'à fou
tenir dans fes Etats les interêts de la Reli
gion.
Tels font les Ayeux de notre Dauphin,
reprend l'Orateur , pouvons - nous douter
qu'il ne croiffe pour le bonheur de la
France , pour la deffenfe des Autels En
vain on diroit que tous les fils n'heritent
des vertus de leurs peres ,que lesVefpa
fiens n'ont pas toujours desTites pour fucceffeurs
; quand nous voyons que ce dou
BВ vj
pas
ble
668 MERCURE DE FRANCE
ble efprit de juftice & de pieté , d'amour
du bien public & de zele pour les interêts
de l'Eglife, s'eft perpetué dans tous les
Rois Bourbons pendant un fr long eſpace
d'années , nous pouvons nous tenir affurez.
qu'il ne fe démentira pas dans le
Prince qui vient de naître , & qu'il formera
fon caractere.
II. Partie.
Les François promettent au Dauphin
leur amour & leurs voeux dans fon enfance
; la Cour dont il fera les délices
pendant la jeuneffe , lui promet toutes
fortes de complaifances & d'agrémens;
enfin dès-à-prefent les Peuples lui voüent
pour le temps de la vieilleffe , leur obéïffance
& leurs fervices. Plaiſe an Ciel que
nos defirs foient accomplis dans tous ces
points ! qu'il arrive à une heureuſe vieil
Leffe , pendant laquelle il donnera la Loi,
& qu'il ne la donne pas avant ce temps !
Mais que dis -je , reprend l'Orateur ,
lui promettons pas feulement
notre amour & nos voeux ; dès ce jour il
a le coeur de tous les François , il a déja
reçu les hommages de tous les Ordres de
nous ne
Etat. Les Prélats qui font la plus noble
portion du premier de ces Ordres , fe
font diftinguez parmi tous les autres ; ils
ne fe font pas contentez de porter leurs
voeux
AVRIL 1730 . 669
voeux au pied du Trône & au Berceau
de l'augufte Enfant ; ils les ont confacrez
par la Religion , & rendus ainfi plus efficaces
; ils ont fanctifié ceux de tous les
Peuples en ordonnant des Prieres folemnelles
pour la profperité du Dauphin.
Qu'il a été heureux en particulier pour le
Paſteur du premier Troupeau du Royaume
, notre illuftre Archevêque , que le
premier exercice de fon miniftere qu'il ait
fait en cette Ville, ait été de recevoir fon
Roi , & de joindre fes actions de graces
à celles de ce Monarque ! Delà le P. de
La Sante prend occafion de faire un compliment
également jufte & ingenieux au
Prélat , qui étoit prefent.
Les Fêtes qui ont été faites dans toute
la France font une partie des hommages
qui ont été rendus au Dauphin . Par
là les Villes entieres , les Seigneurs du
Royaume , les Princes Etrangers par leurs
Ambaffadeurs , marquent les fouhaits
qu'ils font pour ce Prince. Le Peuple
même par la part qu'il a prife à ces Réjoüiffances
, par l'aimable folie à laquelle
il s'eft livré en cette occafion , lui témoi
gne fon amour & fon zele..
Qui voudra fçavoir les fentimens que
l'on aura pour le Dauphin de France , les
devoirs que lui rendront les François ,
lorſque dans un âge plus avancé , il fera
Pornement
670 MERCURE DE FRANCE
Pornement de la Cour n'a qu'à fe reffou
venir de l'affection des Peuples , du refpect
des Grands pour le premier Dauphin
, fils de Louis XIV. qu'il fe rappelle
la confiance qu'on avoit dans le Duc de
Bourgogne; la veneration qu'on avoit pour
lui & du vivant de fon Pere , & encore
plus lorfqu'il fut devenu l'Heritier immediat
de la Couronne . L'Orateur promet
avec affurance au Fils de Louis XV.
les mêmes honneurs , la même affection ,
la même foumiffion. Dans cette condition
, pourfuit - il , plus glorieufe que celle
de plufieurs Souverains , il apprendra à
commander , il s'inftruira par les exemples
& les Confeils de fon Pere dans l'Art de
regner.
Nous pouvons , ajoûte- t- il , lui pro
mettre qu'il regnera effectivement unt
jour , mais de la maniere la plus heureufe
& la plus confolante ; c'eft que , comme
un Poëte le difoit du fils d'un Empereur
Romain , dans un âge déja avancé , il parragera
l'autorité avec fon Pere , déja vieux.
Ce que difoit par pure flatterie ce vain
Panegyrifte , & ce qui ne pouvoit s'accomplir
qu'en accordant des fiecles entiers
à cet Empereur , nous pouvons le
dire de Louis avec confiance . Tout femble
lui promettre une longue vie & une
fanté conftante; c'eft le Prix que la Pro
vidence
AVRIL 1730. 671"
vidence a établi ici-bas pour la fageffe &
pour la vertu. Avant même qu'il foit fort
avancé en âge , fon augufte Fils aura toute
la maturité neceffaire au commandement.
Le Roi pourra le charger d'une partie des
affaires , moins pour s'en débarraffer, que
pour lui marquer la confiance..
Quelque temps avant que ces Pieces ayent
été imprimées, les R. P. Jefuites, toujours prêts
à fignaler leur zele pour la Maiſon Royale
avoient fait paroître un Recueil contenant
plufieurs Pieces de Vers François & La- `
tins , qui étoient toutes d'un excellent gout ,
chacune dans fon genre.
Fermer
Résumé : EXTRAIT de deux Harangues Latines sur la Naissance de Monseigneur le Dauphin, prononcées au College de Louis le Grand par les Professeurs de Rhetorique.
Le texte relate deux harangues prononcées par les professeurs de rhétorique du Collège Louis-le-Grand à l'occasion de la naissance du Dauphin, fils de Louis XV. La première harangue, prononcée par le Père Charles Porée le 14 septembre 1729, félicite le roi pour la naissance de son fils, soulignant l'importance de transmettre le nom et les biens à un héritier mâle. Le Père Porée compare la succession des Bourbons à celle des Césars, mettant en avant la continuité et la gloire de la dynastie française. Il évoque également la joie des parents royaux et les avantages politiques et religieux de la naissance du Dauphin, qui assure la tranquillité du royaume et de l'Europe. La seconde harangue, prononcée par le Père Xavier de la Sante le 15 décembre suivant, se concentre sur les promesses que le Dauphin représente pour la France. Le Père de la Sante souligne que le Dauphin, en tant que fils d'un roi Bourbon et d'un roi Très-Chrétien, garantit le bonheur du royaume et un soutien à la religion. Il rappelle les vertus des grands rois de la maison des Bourbons, comme Louis IX et Henri IV, et les espérances qu'ils ont suscitées pour le peuple français. Le texte décrit les qualités et les actions des rois de la dynastie des Bourbons, mettant particulièrement en lumière la bonté et la justice de Louis XIII, fils d'Henri IV. Ce monarque a établi la tranquillité en France, étouffé les dissensions domestiques et fait respecter la puissance française à l'étranger. Son règne aurait été le plus glorieux si ce n'était pour ses prédécesseurs et successeurs plus grands que lui. L'orateur loue également Louis XIV, surnommé Louis le Grand, pour ses actions héroïques et son influence positive, même après sa mort. Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, s'efforce de conserver la paix et de gouverner selon les maximes de son aïeul. Il est loué pour son rôle de médiateur en Europe et son attachement à la religion. Le texte souligne l'attachement des Bourbons à la religion, mentionnant Saint Louis, Henri IV et Louis XIV pour leurs efforts contre l'hérésie. Louis XV est décrit comme un monarque pieux, respectueux des choses saintes et attentif aux intérêts de la religion. L'orateur exprime l'espoir que le Dauphin, fils de Louis XV, héritera des vertus de ses ancêtres et contribuera au bonheur de la France et à la défense des autels. Les Français, la Cour et les peuples promettent leur amour et leur soutien au Dauphin, avec des prières et des fêtes en son honneur. L'orateur compare l'affection portée au Dauphin à celle accordée aux précédents Dauphins et promet au fils de Louis XV les mêmes honneurs et affection. Il prédit que le Dauphin régnera de manière heureuse et confiante, avec le soutien de son père.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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760
p. 671-678
Fête sur le même sujet au College de Moulins, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 30. Janvier dernier, il y eut dans le College de Moulins une Fête pour la [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, College de Moulins, Fête, Orateur, Peuple, Devises, Harangue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fête sur le même sujet au College de Moulins, &c. [titre d'après la table]
Le 30. Janvier dernier , il y eut dans
le College de Moulins une Fête pour la
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
& cette Fête mérite un des premiers rangs
parmi celles qui le font faites , pour
bon gout & l'efprit qui y regnoit . Ce fut
à l'occafion de la Harangue du Pere Du
parc , Regent de Rhétorique. Il la préparoit
depuis long - temps ; mais pour la
prononcer il falloit le concours de certaines
circonftances qui ne ſe réunirent
que le 30. de Janvier.. კი .
La Salle étoit magnifiquement ornée ;
de très- beaux Luftres garnis de bougies
l'éclairoient comme en plein midi ; les
Portraits de toute la Famille Royale y
étoient
672 MERCURE DE FRANCE
étoient expofez dans un bel arrangement.
Mais ce qu'il y avoit de plus fingulier ,
c'eft que des Devifes très- ingenieufes y
étoient mêlées , & avoient un rapport ef
fentiel au fujet de la Harangue , à fa principale
divifion & à fes fubdivifions , enforte
qu'à mesure que l'Orateur parloit ,
les yeux trouvoient dans ces Deviſes des
images liées ingenieufement avec les idées
que l'Orateur préfentoit à l'efprit par
oreilles .
les
M. de Vannolle , Intendant , M. l'Abbé
d'Harcourt , M. l'Abbé de Vannolle , &
tout ce qu'il y avoit de gens confiderables
dans la Ville , ayant pris leurs places , on
diftribua à tout le monde deux Recueils,
dont l'un contenoit les Pieces de Vers que
les Régens du College avoient compofées
fur la Naiffance du Dauphin , preſque
toutes d'un très -bon gout. L'autre contenoit
les Explications des Devifes , mifes
en Vers par les Ecoliers de Rhétorique
; mais le tour des Vers & leur netteté
prouve que le Régent y avoit eu au moins
quelque part.
La Harangue fut parfaitement bien
prononcée , avec une aifance qui marque
un homme né pour parler en public. Le
deffein de la Piece étoit de montrer que
le Dauphin ne pouvoit pas naître dans
des circonstances plus heureuſes, ni pour
luiAVRIL.
1730. 673
lui -même , & ce fut le fujet de la premiere
Partie ; ni pour toute la France ,
& ce fut la matiere de la feconde.
L'Orateur s'ouvrit dans la premiere
Partie un vafte champ & fécond en caracteres
& en traits tirez de l'Hiftoire de
France.
Il montra d'abord les avantages du
Dauphin qui apprendroit à regner fous
les yeux du Roy fon Pere , dont il décrivit
les grandes qualitez ; il commence,
dit l'Orateur , comme Titus , il contínue
comme Augufte , il regne comme Trajan ,
il fe prépare aux combats par de nobles
exercices comme Henry le Grand ... Lo
Dauphin recevra les vertueufes inftructions
d'une Reine , dont la pieté eft encore
au-deffus de fon rang fublime; elle lui
rappellera le fouvenir de fes illuftres.
Ayeux & des grandes vertus qui ont
formé leurs caracteres . Ici l'Orateur parcourut
en maître les grands Rois de la
troifiéme Race , & toucha legerement
les qualitez qui les ont caracterifez . Là ,
Louis XII. Henry IV. Louis le Grand ,
& fur tout faint Louis , furent dignement
loüez . Il trouva auffi dequoi propofer au
Dauphin dans la Maifon de Lechfinski.
L'Orateur paffa enfuite à la difpofition
des efprits à l'égard du Dauphin , ſecond
avantage de fa Naiffance . Quelle impatience
674 MERCURE DE FRANCÉ
tience dans les Peuples ! quels voeux n'ont
ils pas fait pour l'obtenir ! Quelle crainte
ne leur caufoit pas le retardement de
cette heureuſe Naiffance ! Quels ardents
fouhaits un Roi & une Reine , ornez de
tant de grandes vertus , n'excitoient- ils
pas pour un Fils qui réuniroit les rares
qualitez de l'un & de l'autre !
Le troifiéme avantage que trouve le
Dauphin dans les circonftances de fa
Naiffance , c'eſt l'état floriffant & pacifique
du Royaume. Pour le prouver , l'Orateur
compara la France aux Royaumes voifins ,
& cela lui fournit des Reflexions délicates
& vrayes enfuite il la compara
avec elle-même fous nos plus grands Rois,
fous Charlemagne , fous Philippe Augufte ,
&c.... Il en décrivit la puiffance , l'étenduë
, la fertilité , &c .... La nobleſſe,
la juftice , la Religion , les Sciences , les
Beaux Arts , vinrent à leur tour , & reçurent
de grands traits & des couleurs animées
; mais un des plus grands avantages
de la France eft qu'il y ait fous le Roi
un Miniftre le plus fage de tous ceux qui
ont jamais occupé cette place. L'Orateur
fit à cette occafion un parallele hiftorique
qui fut extrémement applaudi & regardé
comme un de ces morceaux lumineux ,
qui quand ils feroient feuls , rendroient
un Ouvrage excellent.. Trois Miniftres
dit-il,
AVRIL. 1730. 675
dit-il , ont fauvé de grands maux à la
France , Richelieu , en réſiſtant avec force
, Mazarin , en cedant avec adreffe , le
Cardinal de Fleury, en les prévenant avec
prudence. Le premier infpiroit la terreurs
le fecond la hardieffe & la confiance ; le
dernier l'amour & le refpect.
Dans la feconde Partie l'Orateur fait
voir que le Dauphin ne pouvoit naître
dans des circonftances plus heureuſes ,
1º.pour la confolation du Roi & de la Reine;
2 ° . pour la joye des Peuples ; 30. pour
l'affermiffement de l'Etat. Cette fubdivifion
eft priſe de la Lettre même du Roi
à M. l'Archevêque de Paris..
Quel plaifir , en effet, a un Roi de Fran
ee , de fe voir un Heritier Tout lui
manque au comble même de la gloire &
de la puiffance , s'il lui manque un Dau
phin ; & quelqu'éclatant que fût le Trôneoù
la Reine étoit montée , quelque tendreffe
que
le Roi eût pour elle , tendreffe
marquée dans mille & mille rencontres
elle n'étoit point entierement heureuſe.
C'est ce qui parut , fur tout lorsque cette
vertueufe Princeffe alla rendre avec tant
de pieté des actions de graces dans la Cathédrale
de Paris , où la joye de fon coeur
éclatoit dans les yeux & dans toute fon
augufte perfonne.
Enfuite l'Orateur décrivit la joye des
peuples
676 MERCURE DE FRANCE
peuples qui avoit déja paffé les bornes ,
forfque le Roi fe crut obligé d'en moderer
les excès . Ce fut là une defcrip
tion pompeufe des Feux d'artifice , des
Fontaines de vin , des Ares de Triomphe ,
& c. & les Auditeurs eurent le plaifir de
fe voir rappeller à la memoiré par des
expreffions élegantes , les Réjoüiffances
de la Ville de Moulins , dont ils avoient
été les Auteurs & les Spectateurs ; Ce
qui produifit dans l'Affemblée un certain
plaifir qu'on fent mieux qu'on ne l'exprime
. Les Feux d'artifice , les Fontaines
de vin qui avoient coulé , le grand Arc
de Triomphe , l'Illumination de la façade
de l'Hôtel de Ville , les Inferiptions , les
Devifes , les autres ornemens que M. de
la Serre , Maire de la Ville , y avoit fait
étaler avec beaucoup de gout , le grand
repas de M. l'Intendant , rien ne fut oublié
dans cette magnifique Deſcription .
La troifiéme Subdivifion renfermoit les
preuves de l'affermiffement de l'Etat par
la Naiffance du Dauphin.
L'Orateur finit par une récapitulation
de tout ce qu'il avoit dit ; il le raffembla
en peu de mots , & y ajoûta un éloge
fin & bien tourné , de M. l'Intendant .
DEVISES .
Premiere Devife. Un Soleil naiffant , &
au .
AVRIL . 1730. 677
au- deffous la Terre , Sibi fulget & orbi.
2 Devife. Un Vaiffeau guidé par l'Etoile
Polaire , Refpice ; tuta via eft.
3. Un Lys au milieu d'un Parterre
dont il efface toutes les fleurs par fon
éclat & par fa hauteur , avec ces paroles
de Virgile , Unum illud praque omnibus
ипит.
4. Un Alcyon dans fon nid fur une
Mer tranquille , Illo nafcente quiefcunt.
se . Une Poule qui fe voit avec complaifance
, fuivie d'un jeune Coq & de
trois petites Poules , avec ces mots de
Virgile , Mea magna potentia folus.
6. Un Parterre de fleurs qui femblent
renaître à la naiffance du Soleil , Te nafcente
renafcimur omnes.
7. Un Soleil au milieu du Monde ;
qui éclaire les Planettes & la Terre , Quis
fulgor ab uno !
8. En l'honneur de M. le Cardinal de
Fleury. C'eft un Parterre femé de Rofes
& de Lys , Stant bene purpureis Lilia mixta
Rofis.
9. Pour M. l'Intendant. Un Vaiffeau
qui par fon heureuſe arrivée au Port , met
toute la Ville dans la joye , Venitfeliciter
urbi.
M. de Vannolle vint prendre poffeffion
de l'Intendance du Bourbonnois à la
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
La
678 MERCURE DE FRANCE
La 10. Un Cafque chargé de tous fes
ornemens , avec ces paroles de Virgile ,
Decus & Tutamen.
On a voulu exprimer par là que la Ville
de Moulins étant la Capitale du Bourbonnois
, d'où la Famille regnante a pris
fon nom , la Naiffance d'un Dauphin eft
pour cette Ville un ornement & un appui .
11. Un Dauphin portant fur fon dos
Arion , qui joue de fa Lyre , Quam dulcia
premia Cantus !
On a eu deffein de marquer par ·là que
les Ecoliers qui ont fait ces Devifes , font
affez récompenfez par l'honneur d'avoir
travaillé pour le Dauphin.
A la fortie de cette Harangue les Auditeurs
trouverent la Cour du College
toute illuminée , les Fenêtres & les portes
, tout brilloit d'une infinité de Lampions
; mais fur tout la grande porte faifoit
un effet furprenant. Depuis le rezde-
chauffée elle étoit environnée de filets
de lumieres qui formoient des Deffeins
d'Architecture & s'élevoient jufqu'à une
très-grande hauteur .
le College de Moulins une Fête pour la
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
& cette Fête mérite un des premiers rangs
parmi celles qui le font faites , pour
bon gout & l'efprit qui y regnoit . Ce fut
à l'occafion de la Harangue du Pere Du
parc , Regent de Rhétorique. Il la préparoit
depuis long - temps ; mais pour la
prononcer il falloit le concours de certaines
circonftances qui ne ſe réunirent
que le 30. de Janvier.. კი .
La Salle étoit magnifiquement ornée ;
de très- beaux Luftres garnis de bougies
l'éclairoient comme en plein midi ; les
Portraits de toute la Famille Royale y
étoient
672 MERCURE DE FRANCE
étoient expofez dans un bel arrangement.
Mais ce qu'il y avoit de plus fingulier ,
c'eft que des Devifes très- ingenieufes y
étoient mêlées , & avoient un rapport ef
fentiel au fujet de la Harangue , à fa principale
divifion & à fes fubdivifions , enforte
qu'à mesure que l'Orateur parloit ,
les yeux trouvoient dans ces Deviſes des
images liées ingenieufement avec les idées
que l'Orateur préfentoit à l'efprit par
oreilles .
les
M. de Vannolle , Intendant , M. l'Abbé
d'Harcourt , M. l'Abbé de Vannolle , &
tout ce qu'il y avoit de gens confiderables
dans la Ville , ayant pris leurs places , on
diftribua à tout le monde deux Recueils,
dont l'un contenoit les Pieces de Vers que
les Régens du College avoient compofées
fur la Naiffance du Dauphin , preſque
toutes d'un très -bon gout. L'autre contenoit
les Explications des Devifes , mifes
en Vers par les Ecoliers de Rhétorique
; mais le tour des Vers & leur netteté
prouve que le Régent y avoit eu au moins
quelque part.
La Harangue fut parfaitement bien
prononcée , avec une aifance qui marque
un homme né pour parler en public. Le
deffein de la Piece étoit de montrer que
le Dauphin ne pouvoit pas naître dans
des circonstances plus heureuſes, ni pour
luiAVRIL.
1730. 673
lui -même , & ce fut le fujet de la premiere
Partie ; ni pour toute la France ,
& ce fut la matiere de la feconde.
L'Orateur s'ouvrit dans la premiere
Partie un vafte champ & fécond en caracteres
& en traits tirez de l'Hiftoire de
France.
Il montra d'abord les avantages du
Dauphin qui apprendroit à regner fous
les yeux du Roy fon Pere , dont il décrivit
les grandes qualitez ; il commence,
dit l'Orateur , comme Titus , il contínue
comme Augufte , il regne comme Trajan ,
il fe prépare aux combats par de nobles
exercices comme Henry le Grand ... Lo
Dauphin recevra les vertueufes inftructions
d'une Reine , dont la pieté eft encore
au-deffus de fon rang fublime; elle lui
rappellera le fouvenir de fes illuftres.
Ayeux & des grandes vertus qui ont
formé leurs caracteres . Ici l'Orateur parcourut
en maître les grands Rois de la
troifiéme Race , & toucha legerement
les qualitez qui les ont caracterifez . Là ,
Louis XII. Henry IV. Louis le Grand ,
& fur tout faint Louis , furent dignement
loüez . Il trouva auffi dequoi propofer au
Dauphin dans la Maifon de Lechfinski.
L'Orateur paffa enfuite à la difpofition
des efprits à l'égard du Dauphin , ſecond
avantage de fa Naiffance . Quelle impatience
674 MERCURE DE FRANCÉ
tience dans les Peuples ! quels voeux n'ont
ils pas fait pour l'obtenir ! Quelle crainte
ne leur caufoit pas le retardement de
cette heureuſe Naiffance ! Quels ardents
fouhaits un Roi & une Reine , ornez de
tant de grandes vertus , n'excitoient- ils
pas pour un Fils qui réuniroit les rares
qualitez de l'un & de l'autre !
Le troifiéme avantage que trouve le
Dauphin dans les circonftances de fa
Naiffance , c'eſt l'état floriffant & pacifique
du Royaume. Pour le prouver , l'Orateur
compara la France aux Royaumes voifins ,
& cela lui fournit des Reflexions délicates
& vrayes enfuite il la compara
avec elle-même fous nos plus grands Rois,
fous Charlemagne , fous Philippe Augufte ,
&c.... Il en décrivit la puiffance , l'étenduë
, la fertilité , &c .... La nobleſſe,
la juftice , la Religion , les Sciences , les
Beaux Arts , vinrent à leur tour , & reçurent
de grands traits & des couleurs animées
; mais un des plus grands avantages
de la France eft qu'il y ait fous le Roi
un Miniftre le plus fage de tous ceux qui
ont jamais occupé cette place. L'Orateur
fit à cette occafion un parallele hiftorique
qui fut extrémement applaudi & regardé
comme un de ces morceaux lumineux ,
qui quand ils feroient feuls , rendroient
un Ouvrage excellent.. Trois Miniftres
dit-il,
AVRIL. 1730. 675
dit-il , ont fauvé de grands maux à la
France , Richelieu , en réſiſtant avec force
, Mazarin , en cedant avec adreffe , le
Cardinal de Fleury, en les prévenant avec
prudence. Le premier infpiroit la terreurs
le fecond la hardieffe & la confiance ; le
dernier l'amour & le refpect.
Dans la feconde Partie l'Orateur fait
voir que le Dauphin ne pouvoit naître
dans des circonftances plus heureuſes ,
1º.pour la confolation du Roi & de la Reine;
2 ° . pour la joye des Peuples ; 30. pour
l'affermiffement de l'Etat. Cette fubdivifion
eft priſe de la Lettre même du Roi
à M. l'Archevêque de Paris..
Quel plaifir , en effet, a un Roi de Fran
ee , de fe voir un Heritier Tout lui
manque au comble même de la gloire &
de la puiffance , s'il lui manque un Dau
phin ; & quelqu'éclatant que fût le Trôneoù
la Reine étoit montée , quelque tendreffe
que
le Roi eût pour elle , tendreffe
marquée dans mille & mille rencontres
elle n'étoit point entierement heureuſe.
C'est ce qui parut , fur tout lorsque cette
vertueufe Princeffe alla rendre avec tant
de pieté des actions de graces dans la Cathédrale
de Paris , où la joye de fon coeur
éclatoit dans les yeux & dans toute fon
augufte perfonne.
Enfuite l'Orateur décrivit la joye des
peuples
676 MERCURE DE FRANCE
peuples qui avoit déja paffé les bornes ,
forfque le Roi fe crut obligé d'en moderer
les excès . Ce fut là une defcrip
tion pompeufe des Feux d'artifice , des
Fontaines de vin , des Ares de Triomphe ,
& c. & les Auditeurs eurent le plaifir de
fe voir rappeller à la memoiré par des
expreffions élegantes , les Réjoüiffances
de la Ville de Moulins , dont ils avoient
été les Auteurs & les Spectateurs ; Ce
qui produifit dans l'Affemblée un certain
plaifir qu'on fent mieux qu'on ne l'exprime
. Les Feux d'artifice , les Fontaines
de vin qui avoient coulé , le grand Arc
de Triomphe , l'Illumination de la façade
de l'Hôtel de Ville , les Inferiptions , les
Devifes , les autres ornemens que M. de
la Serre , Maire de la Ville , y avoit fait
étaler avec beaucoup de gout , le grand
repas de M. l'Intendant , rien ne fut oublié
dans cette magnifique Deſcription .
La troifiéme Subdivifion renfermoit les
preuves de l'affermiffement de l'Etat par
la Naiffance du Dauphin.
L'Orateur finit par une récapitulation
de tout ce qu'il avoit dit ; il le raffembla
en peu de mots , & y ajoûta un éloge
fin & bien tourné , de M. l'Intendant .
DEVISES .
Premiere Devife. Un Soleil naiffant , &
au .
AVRIL . 1730. 677
au- deffous la Terre , Sibi fulget & orbi.
2 Devife. Un Vaiffeau guidé par l'Etoile
Polaire , Refpice ; tuta via eft.
3. Un Lys au milieu d'un Parterre
dont il efface toutes les fleurs par fon
éclat & par fa hauteur , avec ces paroles
de Virgile , Unum illud praque omnibus
ипит.
4. Un Alcyon dans fon nid fur une
Mer tranquille , Illo nafcente quiefcunt.
se . Une Poule qui fe voit avec complaifance
, fuivie d'un jeune Coq & de
trois petites Poules , avec ces mots de
Virgile , Mea magna potentia folus.
6. Un Parterre de fleurs qui femblent
renaître à la naiffance du Soleil , Te nafcente
renafcimur omnes.
7. Un Soleil au milieu du Monde ;
qui éclaire les Planettes & la Terre , Quis
fulgor ab uno !
8. En l'honneur de M. le Cardinal de
Fleury. C'eft un Parterre femé de Rofes
& de Lys , Stant bene purpureis Lilia mixta
Rofis.
9. Pour M. l'Intendant. Un Vaiffeau
qui par fon heureuſe arrivée au Port , met
toute la Ville dans la joye , Venitfeliciter
urbi.
M. de Vannolle vint prendre poffeffion
de l'Intendance du Bourbonnois à la
Naiffance de Monfeigneur le Dauphin ,
La
678 MERCURE DE FRANCE
La 10. Un Cafque chargé de tous fes
ornemens , avec ces paroles de Virgile ,
Decus & Tutamen.
On a voulu exprimer par là que la Ville
de Moulins étant la Capitale du Bourbonnois
, d'où la Famille regnante a pris
fon nom , la Naiffance d'un Dauphin eft
pour cette Ville un ornement & un appui .
11. Un Dauphin portant fur fon dos
Arion , qui joue de fa Lyre , Quam dulcia
premia Cantus !
On a eu deffein de marquer par ·là que
les Ecoliers qui ont fait ces Devifes , font
affez récompenfez par l'honneur d'avoir
travaillé pour le Dauphin.
A la fortie de cette Harangue les Auditeurs
trouverent la Cour du College
toute illuminée , les Fenêtres & les portes
, tout brilloit d'une infinité de Lampions
; mais fur tout la grande porte faifoit
un effet furprenant. Depuis le rezde-
chauffée elle étoit environnée de filets
de lumieres qui formoient des Deffeins
d'Architecture & s'élevoient jufqu'à une
très-grande hauteur .
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Résumé : Fête sur le même sujet au College de Moulins, &c. [titre d'après la table]
Le 30 janvier dernier, le Collège de Moulins a célébré la naissance du Dauphin lors d'une fête remarquable pour son bon goût et son esprit. Cette célébration a eu lieu à l'occasion de la harangue du Père Du Parc, régent de Rhétorique, qu'il avait préparée depuis longtemps. La salle était magnifiquement ornée, éclairée par de beaux lustres et décorée des portraits de la famille royale. Des devises ingénieuses, en lien avec le sujet de la harangue, étaient également présentes. Des personnalités notables, dont M. de Vannolle, Intendant, et plusieurs abbés, étaient présentes. Deux recueils ont été distribués : l'un contenant des pièces de vers composées par les régents du Collège pour la naissance du Dauphin, et l'autre des explications des devises en vers, rédigées par les écoliers de Rhétorique avec l'aide du régent. La harangue, parfaitement prononcée, soulignait que le Dauphin ne pouvait naître dans des circonstances plus heureuses, ni pour lui-même ni pour la France. L'orateur a décrit les avantages du Dauphin, qui apprendrait à régner sous l'œil du roi son père, et les vertus de la reine. Il a également évoqué l'impatience et les vœux des peuples pour la naissance du Dauphin, ainsi que l'état florissant et pacifique du royaume. La harangue se divisait en deux parties : la première montrait les avantages pour le Dauphin et la France, et la seconde soulignait la consolation du roi et de la reine, la joie des peuples et l'affermissement de l'État. L'orateur a conclu par une récapitulation et un éloge de M. l'Intendant. Des devises symboliques, comme un soleil naissant ou un vaisseau guidé par l'étoile polaire, étaient présentes pour illustrer les thèmes de la harangue. À la fin de la harangue, la cour du Collège était illuminée, créant un effet surprenant avec des filets de lumières formant des dessins architecturaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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761
p. 682-697
SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
Début :
Au mois de Juin dernier, les Beys qui s'étoient retirez au Saïdy, dans [...]
Mots clefs :
Rebelles, Égypte, Le Caire, Troupes, Hommes, Pacha , Beys, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait
d'une Lettre écrite du Caire le 30.
Août 1729.
Aqui
U mois de Juin dernier , les Beys
qui s'étoient retirez au Saïdy , dans
la haute Egypte , lors de la deffaite totale
de Cherkes Mehemet Bey , arrivée en
1725. commencerent à donner des foupçons
aux Commandans du Païs , dont
Zulficar Bey eft le principal Chef , par
les intelligences qu'ils avoient dans la
Ville du Caire , ce qui fit redoubler les
attentions à chaffer ou à faire executer les
Rebelles qui reftoient dans la Ville ; ceux
qui purent éviter de perir par le Sabre
prirent le parti de s'aller joindre à ceux
de la haute Egypte , dont le nombre s'accrut
confiderablement ce qui donna
beaucoup d'inquiétude à nos Commandans
, & les détermina enfin à envoyer
un Corps de 3000. hommes pour tâcher
de les réduire , ou de les difperfer.
,
Ceux de la haute Egypte ne s'endormirent
pas de leur côté, ils s'étoient précautionnez
long- temps auparavant en fe
joignant aux Arabes , dont un des Beys.
Rebelles avoit époufé une Princeffe , fille
d'un des principaux Emirs de cette Nation,
AVRIL. 1730. 683
A
tion , ce qui leur donna le courage de
s'opposer au Corps de Troupes dont on
vient de parler. Le 5. Juillet dernier , co
Corps commença à fe mettre en marche.
Les Rebelles marcherent prefque en même
temps , ils fe rencontrerent bientôt ,
& camperent les uns devant les autres
fans coup ferir.
Quelquesjours après , Soliman Bey, Chef
des Rebelles , envoya dire à Ofman Bey ,
Commandant des Troupes du Caire , qu'il
n'étoit pas bien aife de combattre contre
Les freres , que la Religion Mufulmane ,
dont ils étoient tous , le lui deffendoit
ce qui ayant été pris par Ofman Bey pour
une marque de foibleffe , il fe détermina
au combat qui fut donné le 13. Juillet ,
mais il eut le malheur d'y fuccomber avec
le plus grand nombre des fiens , dont
plus de 350. pafferent du côté des Rebelles.
Dans la mêlée Soliman Bey atteignit
Ofman Bey d'un coup de Lance , &
s'en rendit enfuite bientôt le maître ; il
lui reprocha fes cruautez & les mauvaiſes
manieres que ceux de fon parti avoient
eues avec lui , après quoi il lui coupa luimême
la tête d'un coup de Sabre. Les
autres Beys & ceux qui font échapez
dont le nombre eft fort petit , font prefque
tous bleffez , celui des morts eft trèsconfiderable.
Cij Deux
684 MERCURE DE FRANCE
Deux jours après cette défaite , Cherkez
Mehemet Bey ,qui étoit fugitif depuis fa
déroute de 1725. rentra dans le Royaume
& joignit les Beys du Saïdy , ce qui a
beaucoup renforcé ce Parti ; ayant fait
cette jonction à la tête de 400. Maugre
bins ou Africains de Barbarie , ce renfort
fit prendre la réfolution aux Beys d'écrire
à ceux du Caire , qu'ils euffent à ne
plus envoyer de Troupes contre eux ,
étant bien réfolus d'aller au-devant pour
les combattre , ce qui obligea les Beys.
du Caire à prendre mieux leurs meſures,
ne doutant pas fur cette fierté qu'il n'y
eût dans la Ville quelqu'un qui les trahiffoit.
Ils ne furent pas long- temps à décou
vrir que c'étoit le Pacha d'Egypte lui ,
même , qui abufant de l'autorité dont il
eft revêtu , favorifoit les Rebelles , furquoi
ils s'affemblerent & prirent la réſolution
de le deftituer , ce qu'ils executerent
de cette maniere le 19. Juillet. Tous
les Beys & autres Puiffances du Pays ,
s'étant affemblez à Carameidam , * ils
firent prier le Pacha d'y venir pour conferer
enfemble fur les moyens de faire
cefler les troubles caufez par les Rebel
les ; le Pacha fe rendit à l'Affemblée ;
mais il n'y fut pas plutôt arrivé qu'on
* La Place Noire lieu oùse font les Executions:
lui
AVRIL 1730. 683
lui déclara la réſolution qu'on venoit de
prendre de le deftituer , ce qui fut executé
fur le champ ; il n'en parut point ému ,
on croit même qu'il n'eft pas fâché de
cette deftitution dans les conjonctures prefentes
. Cependant le Pacha affectant toûtjours
un air tranquille , s'adreffa au Tefterdar
ou Tréforier General , préſent à
cette Aſſemblée , à qui il dit , c'eſt donc
à vous à être Kaimakan ou Lieutenant
General du Gouvernement , ce que celuicy
refufa. Alors Zulficar Bey , qui eſt tout
puiffant dans le Parti , dit qu'ils avoient
réfolu d'élire MehemetBey, fils deDervich
Bey pour Kaimakan,à quoi lePacha confentit
; il lui vétitleCaftant ouRobe d'honneur
& lui fit prefent d'une belle Vefte doublée
d'une riche Peau , après quoi le Pacha fe
retira dans la maifon qu'on lui avoit préparée
, où il doit refter fous bonne garde,
en attendant les ordres de la Porte ; il
a reçû depuis bien des mortifications
de la des Puiffances du Pays , jufqu'à
confentir qu'on coupât la tête à trois de
fes Gens , qui étoient ſuſpects au Parti
dominant.
part
Au refte , cette deftitution a fait un
grand changement dans le Pays , ceux.de
la Ville en paroiffent plus tranquilles ,
& ceux de la Campagne ne remuent plus
eependant les Beys d'ici préparent un
Ciij Corps
686 MERCURE DE FRANCE
Corps de 6000. hommes pour l'envoyer
contre les Rebelles , qu'on dit s'être
retranchez dans la haute Egypte , attendant
de pied ferme ceux qui doivent aller
les attaquer. On ne le pourra que par eau,
car nous fommes dans le temps de la
croiffance du Nil . Comme ces Comman
dans ont épuisé leurs fonds , & que pour
la continuation de la guerre , la folde des
6000. hommes & les autres dépenses , il
leur faut plus d'un million cinq cens mille
livres , ils tyrannifent le Peuple & taxent
tous les Marchands , ce qui fait crier hautement
contre leur Gouvernement.
Le 28. nous apprîmes qu'un Corps des
Rebelles s'étoit avancé jufqu'à deux journées
du Caire ; à cette nouvelle on s'affembla
& on confia les poftes du dehors
de la Ville à divers Seigneurs , qui avec
leurs Troupes , fe chargerent de les garder
, & comme on eft toûjouts perfuadé
que le Pacha favorife les Rebelles ,
on
alla lui ordonner de la part des Commandans
, de fortir de fa demeure pour
être conduit à la Prifon de Jofeph , fituée
dans le Château ; c'eft le lieu ordinaire
où l'on execute les Pachas lorsqu'il y a
des ordres de la Porte pour les faire mourir.
Le Pacha parut confterné, & dit qu'il
n'avoit rien fait qui méritât la mort , mais
que fi on devoit l'executer , il falloit
que
AVRIL 1730. 687
que ce fût à la porte de l'Hôtel des Jan- ,
niffaires , comme étant de leur Corps ; il
y fut conduit fur le chimp ; Zulficar Bey
ordonna qu'il y refteroit fous la garde..
d'un Bey ; dès que ce Bey fut arrivé à la
porte des Jannillaires pour y executer les ,
ordres de Zulficar , l'un des anciens Kia- :
hias ou Lieutenans des Janniffaires , fe
leva & dit en s'adreffant à tout le Corps ,
permettrez vous , mes freres , qu'on nous
faffe un tel affront , & ne fommes- nous
pas affez puiffants pour garder nous- mê- ,
mes un Pacha ; ces paroles prononcées :
avec force par un ancien Oficier du
Corps , firent une telle impreffion qu'on
envoya dire fur le champ au Bey de fe
retirer, ce que celui- cy nè fè fit pas dire .
deux fois.
qu'il
Le 29. Zulficar fit fortir toutes fes fem
mes de fa maiſon & tout ce qu'il avoit
de plus précieux , & fit travailler à des
affuts deCanon pour pouvoir monter ceux
avoit fait venir d'Alexandrie des
deux Barques Tripolines qu'il avoit confifquées
, & fait vendre à l'enchere , fur
ce que ceux de Tripoly avoient donné
retraite à Cherkez Mehemet Bey. On ne
put rien apprendre des Rebelles de tout
ce jour là , tous les poftes du dehors continuant
à être gardez .
Le 30. il partit d'ici un détachement
Ciiij de
688 MERCURE DE FRANCE
de 5oo. hommes , commandez par un
Bey , pour aller reconnoître les ennemis ,
qu'on affuroit n'être plus qu'à deux journées
d'ici , & en même- temps un autre
Bey alla fe pofter avec des Troupes &
des Canons fur une élévation qui commande
le Château & une partie de la
Ville ; les poftes continuerent à être exactement
gardez .
›
Le 31. il y eut une petite allarme aur
fujet des 5oo. hommes qu'on avoit envoyez
pour reconnoître les Ennemis , on
affuroit qu'ils avoient été battus & taillez
en pieces ; cependant on continua à envoyer
des Troupes & des Munitions aux
divers Officiers qui occupoient les dehors
de la Ville. Le même jour ceux- cy , peu
accoûtumez aux travaux de la guerre ,
envoyerent dire à Zulficar & à Youffep
Kiahia Officiers dans le Corps des
Azabs , qu'ils euffent à fortir du Caire ,
pour les venir joindre & aller enfemble
attaquer les Rebelles; ceux - cy répondirent
qu'ils ne pouvoient fortir que dans deux
ou trois jours ; on affure qu'ils fe méfient
de ceux qui ont fait cette demande , les
croyant d'intelligence avec les Rebelles .
Le premier Août , les 500. hommes en- ၂၁ ဝ .
voyez pour reconnoître les Ennemis ,
s'en retournerent épouvantez d'une ca-
* Azabs , Corps de Milice,
nonade
.
AVRIL 1730. 689
nonade dont ils furent régalez à leur approche
, ce qui les dérouta totalement.
Le même jour on vint affurer le Bey
Commandant , que les Rebelles n'avoient
tout au plus que 200. hommes de bonnes
Troupes , & 3. à 400. Arabes fort mal
équipez , ce qu'on prit grand foin de publier
pour donner du courage aux Troupes.
Le même jour il arriva au Caire un
Tartare , dépêché par un Aga de la Porte
, arrivé de Conftantinople à Damiette ,
qu'on difoit porteur de la confirmation
du Pacha deftitué. On ne voulut pas
permettre à ce Courier de voir le Pacha
toûjours prifonnier chez les Janniffaires;
le. Kiahia ou Lieutenant de ce Pacha
ayant demandé de pouvoir refter dans la
maifon qu'il occupoit auparavant , pour
avoir foin de fes femmes & de fa famille,
on le lui accorda , mais auffi - tôt qu'il y
fut entré , on lui donna des Gardes , de
forte que ce Lieutenant devint auffi
Prifonnier.
a;
Cependant l'Aga des Janniffaires , pour
calmer la Populace , fit crier par toute
la Ville que la paix & la tranquillité
étoient rétablies , qu'il n'y avoit plus rien
à craindre , & qu'on pouvoit ouvrir les
Boutiques. Mais on continua d'arrêter
tous les Bâtimens trouvez fur le Nil , pour
C v tranf
690 MERCURE DE FRANCE
tranfporter des Munitions de guerre &
de bouche à ceux qui font au bout du
vieux Caire , fur la même Riviere , pour
fervir à réduire les Rebelles.
,
Le 2. on envoya un Commandement à
Damiette pour y arrêter l'Aga , Porteur
de la confirmation du Pacha & les
6000. hommes deftinez pour aller at
taquer les Rebelles partirent. Le Procès
Verbal qu'on a coûtume de dreffer contre
le Pacha lorfqu'on le deftituë , pour envoyer
à la Porte , n'étoit pas encore fi
gné de toutes les Puiffances , mais il le
fut le 3. & on l'envoya à Conftantinople
on apprit ce jour là que les 6000. hommes
avoient fait une marche de 8. heures
confécutives , après quoi ils avoient
fait alte pour laiffer paffer les chaleurs
, & que les Rebelles attendoient
toujours de pied ferme. On apprit auffi
qu'il y avoit trois Beys du parti des Rebelles
dans la Ville , & on arrêta un homme
qui leur portoit des Provifions , mais
ayant fait inveftir la maifon indiquée ,
on ne les y trouva pas , ce qui inquiete
fort le Commandant, perfuadé qu'ils font
cachez dans cette grande Ville , où ils fomentent
les troubles .
Le 4. le bruit fe répandit que les Rebelles
en étoient venus aux mains avec
les 6000. hommes envoyez de la Ville
&
AVRIL 1730. 691
&
que ceux- cy
les avoient deffaits , &
on affure que Soliman Bey étoit mort les
armes à la main , & que Cherkes Mehemet
Bey avoit pris la fuite. Un Chef des
Arabes du parti de Zulficar , arriva en
même- temps & confirma cette nouvelle.
On crut au Caire qu'il apportoit la tête
de Soliman Bey & celle des fix autres
Grands de fon parti ; cet Arabe fut fort
bien reçû du Bey , qui lui fit prefent d'une
belle Peliffe de Samour , d'un Cheval
& d'un Village ; il fit diftribuer deux
poignées de Sequins aux Gens de fa fuite.
Sur cette nouvelle le Commandant rappella
le Bey qui étoit de garde fur la hauteur
qui domine le Château , lequel aban
donna auffi-tôt fon pofte & rentra dans
la Ville avec tous fes Gens. Le Peuple
plaignit extrémement le fort de Soliman
Bey , qui étoit adoré à cauſe de ſes bonnes
qualitez , & les Religieux Latins le
regretterent comme leur plus grand' Protecteur
dans le Pays .
Le 5. une partie des Troupes envoyées
contre les Rebelles rentra dans la Ville
avec quelques - uns des Commandans ; on
publia qu'il n'y avoit eu qu'un petit
choc , & que les Rebelles n'étant pas les:
plus forts , s'étoient retranchez entre deux
Montagnes qui les rendoient maîtres du
paffage , & on affura que Soliman Bey
692 MERCURE DE FRANCE
-1
& Cherkez étoient encore en vie & toujours
très-unis , que la prétenduë tête
qu'on avoit apportée de Soliman Bey ,
étoit celle de Marram Aly Bey , autre
Chef des Rebelles , lequel ayant eu fon
cheval tué fous lui , fut pris & eut la tête
coupée..
>
Le 6. les nouvelles varierent , on confirma
la mort de Soliman Bey , & la
deffaite des Rebelles
ajoûtant que
Cherkez Mehemet Bey , ayant été pourfuivi
, s'étoit refugié dans un Village avec
environ 400. hommes de Troupes ; làdeffus
Zulficar Bey fortit pour faire défiler
les Troupes qui étoient rentrées du
côté de ce Village pour l'inveftir & fe
rendre maître de Cherkez . Ce même jour
on amena Cara Muftapha , Chaoux des
Janniffaires , du parti des Rebelles , lequel
ayant été interrogé par le Bey Commandant
, ne daigna pas lui répondre .
Il fut conduit à l'Hôtel des Janniffaires
& interrogé par les Officiers de fon Corps,
il s'obſtina à ne vouloir rien déclarer
fur quoi on lui fit couper la tête .
Le 7. le Commandant fortit encore de
la Ville pour achever de faire repaffer la
Riviere aux Troupes commandées pour
prendre Cherkez , & en même- temps on
X fit voiturer des Munitions de guerre &
de bouche.
Le
AVRIL 1730. 693
Le 8. on continua d'affurer que SolimanBey
n'étoit pas mort, que dans la derniere
affaire qui s'eft paffée , une balle de
Moufquet ne lui avoit fait qu'éfleurer le
nez , & qu'il étoit toûjours avec Cherkez,
& en état de fe bien deffendre ; cependant
la politique des Commandans continuoit
de le faire paffer pour mort dans
le public , & l'autre Bey rencoigné dans
un Village , prêt à fe rendre ; ce qui eſt,
dit-on , bien different de la verité .
Le 9. on fit fortir le Pacha de l'Hôtel
des Janniffaires & on le renvoya dans fa
premiere maiſon , où il eft toûjours gardé ;
on continue de garder exactement les
Poftes du dedans de la Ville.
Le 10. on apprit que Cherkez s'étoit
retiré dans le Village de Manouri , fitué
dans la Behera , prefque au milieu du
chemin de Roffette à Alexandrie , &
qu'ayant fait alliance avec les Arabes de
cette Contrée , il s'étoit , pour ainfi dire ,
rendu le maître de cette Prefqu'Ifle , d'où
oncroyoit qu'il feroit difficile de le chaffer.
Le 11. le Bey Commandant , taxa toutes
les Boutiques de la Ville à un Sequin
chacune , ce qui doit lui rendre près de
vingt mille Sequins , outre cela il envoya
de temps - en-temps faire des emprunts
aux Habitans les plus aifez du Caire , ce
qui n'augmente pas la confiance , & na
link
694
MERCURE DE FRANCE
lui attire pas l'amitié du Peuple.
Le 12. on apprit que Cherkez & fes
amis avoient abandonné leurs poftes de
la Montagne , & qu'ils avoient parcouru
divers Villages de la Behere , qu'ils avoient
mis à contribution .
Le 13. Aly Bey , Commandant des Troupes
de la Ville , fut renforcé par un petit
Détachement que Zulficar lui envoya.
Ce même jour on fit la ceremonie accoûtumée
de couper le Nil, qui étoit venu
au point fixe de fa croiffance , depuis:
il a encore augmenté ; deforte que les
terres vont dans peu de temps être inondées
, ce qui pourra favorifer Cher
kez dans fa retraite , s'il a ce deffein- là.
>
Le 14. Cherkez Bey s'avança au Fioume,.
canton de la Behere , avec les Troupes
où , en chemin faifant , il fut , dit -on ,
attaqué par le Kiimakan d'un Village ,
qui lui tua une trentaine d'hommes : enfuite
de quoi il arriva au Fioume , où il
fe délaffi pendant deux jours fans être
inquieté de perfonne.
Le 15. Aly Bey envoya dire qu'il s'en
retournoit , ne fe fentant pas affez fort
pour attaquer Cherkez , qui , fuivant les
apparences , ne cherche qu'à fatiguer ceux
qui vont pour le combattre , & ce jour
là il commença d'entrer partie des Troupes
d'Aly Bey dans la Ville.
Lo
"AVRIL 1730.
695
Le 16. il arriva un Courier de la Mec
que, avec avis que la Caravane arrivetoit
dans une quinzaine de jours , il donna
auffi pour nouvelle que Mehemet Pacha
, cy-devant Pacha du Caire & preſentement
de Gedda , étoit mort à la Mecque
, en moins de trois jours , ce qu'on
affure être le motif du Voyage de Janem
Koaga à la Mecque , qui avoit , dit-on
ordre de la Porte, d'empoifonner ce Vizir.
Aly Bey arriva ce jour-là avec le refte de
fes Troupes , mais il campa dehors.
Le 17. on apprit que Cherkez Bey étoit
venu camper à deux journées du Caire
au même endroit où il avoit été ci -de-
,
vant battu , fur quoi Aly Bey envoya dire
qu'il ne vouloit plus entrer , mais qu'il
vouloit aller combattre Cherkez &
qu'on eut à lui envoyer des Troupes ; à
quoi on s'appliqua pendant toute la jour
née. On affure que la diverfion qu'avoit
fait Cherkez de courir vers Alexandrie
où les Troupes du Caire le fuivirent ,
n'étoit pas fans deffein , puifque Soliman
Bey qui avoit été bleffé dans la premiere:
Bataille s'étoit retiré dans un Village pour
fe faire guerir , & afin qu'on ne foupçonnât
rien de ce qui fe paffoit, Cherkez
avoit attiré bien loin les Troupes du Caire
& c.
· Le 18. le Kaïmakan fit appeller en plein
Divan
696 MERCURE DE FRANCE
Divan les Vizirs Aly & Uffein Qurb bigi
de Rofferte , aufquels il revêtit le Caftan
de Bey. Le Parti regnant a fait cependant
tout ce qu'il a pû pour remettre Dekir
Pacha en place ; mais celui- ci a remercié,
& delà , on conjecture avec fondement
que le Procès Verbal contre ce Pacha n'a
pas encore été envoyé à la Porte. Aly Bey
partit avec de nouvelles Troupes pour
aller combattre Cherkez ; mais on apprehende
l'inondation ne feconde pas
fon deffein. Zulficar Bey a mis la tête de
Cherkez Bey à prix , offrant de donner
dix mille fequins à ceux qui l'ameneront
en vie , & deux mille fequins à ceux qui
apporteront fa tête feulement.
que
J
Le 19. Uffein , un des nouveaux Beys,
fortit de la Ville avec 400. hommes de
Milice & alla camper hors du Vieux
Caire , fans qu'on ait fçû dans quel deffein
; les uns croyent que c'eft pour garder
les avenues , & les autres pour être
plus à portée de donner du fecours à Aly
Bey.
Le 20. on apprit que apprit que Cherkez avoit
décampé de l'endroit où il étoit , & qu'il
s'étoit mis en marche pour aller dans la
Haute Egypte , ce qui a fair refoudre Aly
Bey de s'en retourner . On affure que Cher
kez , en chemin faifant , arrête tous les
Batteaux qui tranfportent des grains au
1
Caire
AVRIL 1730. 697
Caire , & qu'il revend enfuite à fort bon
compte. Comme on ne parle en aucune
maniere plus de Soliman Bey , cela fait
croire qu'il eft effectivement mort . Uffein
Bey rentra ce jour là dans la Ville ; mais
les Troupes refterent dehors .
Le 21. les Beys & les autres Puiffances
de la Ville allerent complimenter les deux
nouveaux Beys , aufquels le Pacha n'a
pas voulu envoyer le Pavillon , fuivant
Fufage ; car quoique celui- ci foit deftitué,
il faut que le Pavillon leur foit envoyé
par
l'Homme direct du Grand - Seigneur.
On a réfolu d'envoyer les Kaïmakans dans
la Haute Egypte , chacun dans leur Village
, pour voir s'ils pourront y arriver
fans empêchement , après quoi le Bey ,
Gouverneur de cette Province , s'y rendra
auffi , mais fi au contraire les Kaïmakans
font obligés de s'en retourner , on
formera une nouvelle Thegeride ou Camp
volant pour réduire ceux qui s'oppofent.
à la tranquillité du Pays.
d'une Lettre écrite du Caire le 30.
Août 1729.
Aqui
U mois de Juin dernier , les Beys
qui s'étoient retirez au Saïdy , dans
la haute Egypte , lors de la deffaite totale
de Cherkes Mehemet Bey , arrivée en
1725. commencerent à donner des foupçons
aux Commandans du Païs , dont
Zulficar Bey eft le principal Chef , par
les intelligences qu'ils avoient dans la
Ville du Caire , ce qui fit redoubler les
attentions à chaffer ou à faire executer les
Rebelles qui reftoient dans la Ville ; ceux
qui purent éviter de perir par le Sabre
prirent le parti de s'aller joindre à ceux
de la haute Egypte , dont le nombre s'accrut
confiderablement ce qui donna
beaucoup d'inquiétude à nos Commandans
, & les détermina enfin à envoyer
un Corps de 3000. hommes pour tâcher
de les réduire , ou de les difperfer.
,
Ceux de la haute Egypte ne s'endormirent
pas de leur côté, ils s'étoient précautionnez
long- temps auparavant en fe
joignant aux Arabes , dont un des Beys.
Rebelles avoit époufé une Princeffe , fille
d'un des principaux Emirs de cette Nation,
AVRIL. 1730. 683
A
tion , ce qui leur donna le courage de
s'opposer au Corps de Troupes dont on
vient de parler. Le 5. Juillet dernier , co
Corps commença à fe mettre en marche.
Les Rebelles marcherent prefque en même
temps , ils fe rencontrerent bientôt ,
& camperent les uns devant les autres
fans coup ferir.
Quelquesjours après , Soliman Bey, Chef
des Rebelles , envoya dire à Ofman Bey ,
Commandant des Troupes du Caire , qu'il
n'étoit pas bien aife de combattre contre
Les freres , que la Religion Mufulmane ,
dont ils étoient tous , le lui deffendoit
ce qui ayant été pris par Ofman Bey pour
une marque de foibleffe , il fe détermina
au combat qui fut donné le 13. Juillet ,
mais il eut le malheur d'y fuccomber avec
le plus grand nombre des fiens , dont
plus de 350. pafferent du côté des Rebelles.
Dans la mêlée Soliman Bey atteignit
Ofman Bey d'un coup de Lance , &
s'en rendit enfuite bientôt le maître ; il
lui reprocha fes cruautez & les mauvaiſes
manieres que ceux de fon parti avoient
eues avec lui , après quoi il lui coupa luimême
la tête d'un coup de Sabre. Les
autres Beys & ceux qui font échapez
dont le nombre eft fort petit , font prefque
tous bleffez , celui des morts eft trèsconfiderable.
Cij Deux
684 MERCURE DE FRANCE
Deux jours après cette défaite , Cherkez
Mehemet Bey ,qui étoit fugitif depuis fa
déroute de 1725. rentra dans le Royaume
& joignit les Beys du Saïdy , ce qui a
beaucoup renforcé ce Parti ; ayant fait
cette jonction à la tête de 400. Maugre
bins ou Africains de Barbarie , ce renfort
fit prendre la réfolution aux Beys d'écrire
à ceux du Caire , qu'ils euffent à ne
plus envoyer de Troupes contre eux ,
étant bien réfolus d'aller au-devant pour
les combattre , ce qui obligea les Beys.
du Caire à prendre mieux leurs meſures,
ne doutant pas fur cette fierté qu'il n'y
eût dans la Ville quelqu'un qui les trahiffoit.
Ils ne furent pas long- temps à décou
vrir que c'étoit le Pacha d'Egypte lui ,
même , qui abufant de l'autorité dont il
eft revêtu , favorifoit les Rebelles , furquoi
ils s'affemblerent & prirent la réſolution
de le deftituer , ce qu'ils executerent
de cette maniere le 19. Juillet. Tous
les Beys & autres Puiffances du Pays ,
s'étant affemblez à Carameidam , * ils
firent prier le Pacha d'y venir pour conferer
enfemble fur les moyens de faire
cefler les troubles caufez par les Rebel
les ; le Pacha fe rendit à l'Affemblée ;
mais il n'y fut pas plutôt arrivé qu'on
* La Place Noire lieu oùse font les Executions:
lui
AVRIL 1730. 683
lui déclara la réſolution qu'on venoit de
prendre de le deftituer , ce qui fut executé
fur le champ ; il n'en parut point ému ,
on croit même qu'il n'eft pas fâché de
cette deftitution dans les conjonctures prefentes
. Cependant le Pacha affectant toûtjours
un air tranquille , s'adreffa au Tefterdar
ou Tréforier General , préſent à
cette Aſſemblée , à qui il dit , c'eſt donc
à vous à être Kaimakan ou Lieutenant
General du Gouvernement , ce que celuicy
refufa. Alors Zulficar Bey , qui eſt tout
puiffant dans le Parti , dit qu'ils avoient
réfolu d'élire MehemetBey, fils deDervich
Bey pour Kaimakan,à quoi lePacha confentit
; il lui vétitleCaftant ouRobe d'honneur
& lui fit prefent d'une belle Vefte doublée
d'une riche Peau , après quoi le Pacha fe
retira dans la maifon qu'on lui avoit préparée
, où il doit refter fous bonne garde,
en attendant les ordres de la Porte ; il
a reçû depuis bien des mortifications
de la des Puiffances du Pays , jufqu'à
confentir qu'on coupât la tête à trois de
fes Gens , qui étoient ſuſpects au Parti
dominant.
part
Au refte , cette deftitution a fait un
grand changement dans le Pays , ceux.de
la Ville en paroiffent plus tranquilles ,
& ceux de la Campagne ne remuent plus
eependant les Beys d'ici préparent un
Ciij Corps
686 MERCURE DE FRANCE
Corps de 6000. hommes pour l'envoyer
contre les Rebelles , qu'on dit s'être
retranchez dans la haute Egypte , attendant
de pied ferme ceux qui doivent aller
les attaquer. On ne le pourra que par eau,
car nous fommes dans le temps de la
croiffance du Nil . Comme ces Comman
dans ont épuisé leurs fonds , & que pour
la continuation de la guerre , la folde des
6000. hommes & les autres dépenses , il
leur faut plus d'un million cinq cens mille
livres , ils tyrannifent le Peuple & taxent
tous les Marchands , ce qui fait crier hautement
contre leur Gouvernement.
Le 28. nous apprîmes qu'un Corps des
Rebelles s'étoit avancé jufqu'à deux journées
du Caire ; à cette nouvelle on s'affembla
& on confia les poftes du dehors
de la Ville à divers Seigneurs , qui avec
leurs Troupes , fe chargerent de les garder
, & comme on eft toûjouts perfuadé
que le Pacha favorife les Rebelles ,
on
alla lui ordonner de la part des Commandans
, de fortir de fa demeure pour
être conduit à la Prifon de Jofeph , fituée
dans le Château ; c'eft le lieu ordinaire
où l'on execute les Pachas lorsqu'il y a
des ordres de la Porte pour les faire mourir.
Le Pacha parut confterné, & dit qu'il
n'avoit rien fait qui méritât la mort , mais
que fi on devoit l'executer , il falloit
que
AVRIL 1730. 687
que ce fût à la porte de l'Hôtel des Jan- ,
niffaires , comme étant de leur Corps ; il
y fut conduit fur le chimp ; Zulficar Bey
ordonna qu'il y refteroit fous la garde..
d'un Bey ; dès que ce Bey fut arrivé à la
porte des Jannillaires pour y executer les ,
ordres de Zulficar , l'un des anciens Kia- :
hias ou Lieutenans des Janniffaires , fe
leva & dit en s'adreffant à tout le Corps ,
permettrez vous , mes freres , qu'on nous
faffe un tel affront , & ne fommes- nous
pas affez puiffants pour garder nous- mê- ,
mes un Pacha ; ces paroles prononcées :
avec force par un ancien Oficier du
Corps , firent une telle impreffion qu'on
envoya dire fur le champ au Bey de fe
retirer, ce que celui- cy nè fè fit pas dire .
deux fois.
qu'il
Le 29. Zulficar fit fortir toutes fes fem
mes de fa maiſon & tout ce qu'il avoit
de plus précieux , & fit travailler à des
affuts deCanon pour pouvoir monter ceux
avoit fait venir d'Alexandrie des
deux Barques Tripolines qu'il avoit confifquées
, & fait vendre à l'enchere , fur
ce que ceux de Tripoly avoient donné
retraite à Cherkez Mehemet Bey. On ne
put rien apprendre des Rebelles de tout
ce jour là , tous les poftes du dehors continuant
à être gardez .
Le 30. il partit d'ici un détachement
Ciiij de
688 MERCURE DE FRANCE
de 5oo. hommes , commandez par un
Bey , pour aller reconnoître les ennemis ,
qu'on affuroit n'être plus qu'à deux journées
d'ici , & en même- temps un autre
Bey alla fe pofter avec des Troupes &
des Canons fur une élévation qui commande
le Château & une partie de la
Ville ; les poftes continuerent à être exactement
gardez .
›
Le 31. il y eut une petite allarme aur
fujet des 5oo. hommes qu'on avoit envoyez
pour reconnoître les Ennemis , on
affuroit qu'ils avoient été battus & taillez
en pieces ; cependant on continua à envoyer
des Troupes & des Munitions aux
divers Officiers qui occupoient les dehors
de la Ville. Le même jour ceux- cy , peu
accoûtumez aux travaux de la guerre ,
envoyerent dire à Zulficar & à Youffep
Kiahia Officiers dans le Corps des
Azabs , qu'ils euffent à fortir du Caire ,
pour les venir joindre & aller enfemble
attaquer les Rebelles; ceux - cy répondirent
qu'ils ne pouvoient fortir que dans deux
ou trois jours ; on affure qu'ils fe méfient
de ceux qui ont fait cette demande , les
croyant d'intelligence avec les Rebelles .
Le premier Août , les 500. hommes en- ၂၁ ဝ .
voyez pour reconnoître les Ennemis ,
s'en retournerent épouvantez d'une ca-
* Azabs , Corps de Milice,
nonade
.
AVRIL 1730. 689
nonade dont ils furent régalez à leur approche
, ce qui les dérouta totalement.
Le même jour on vint affurer le Bey
Commandant , que les Rebelles n'avoient
tout au plus que 200. hommes de bonnes
Troupes , & 3. à 400. Arabes fort mal
équipez , ce qu'on prit grand foin de publier
pour donner du courage aux Troupes.
Le même jour il arriva au Caire un
Tartare , dépêché par un Aga de la Porte
, arrivé de Conftantinople à Damiette ,
qu'on difoit porteur de la confirmation
du Pacha deftitué. On ne voulut pas
permettre à ce Courier de voir le Pacha
toûjours prifonnier chez les Janniffaires;
le. Kiahia ou Lieutenant de ce Pacha
ayant demandé de pouvoir refter dans la
maifon qu'il occupoit auparavant , pour
avoir foin de fes femmes & de fa famille,
on le lui accorda , mais auffi - tôt qu'il y
fut entré , on lui donna des Gardes , de
forte que ce Lieutenant devint auffi
Prifonnier.
a;
Cependant l'Aga des Janniffaires , pour
calmer la Populace , fit crier par toute
la Ville que la paix & la tranquillité
étoient rétablies , qu'il n'y avoit plus rien
à craindre , & qu'on pouvoit ouvrir les
Boutiques. Mais on continua d'arrêter
tous les Bâtimens trouvez fur le Nil , pour
C v tranf
690 MERCURE DE FRANCE
tranfporter des Munitions de guerre &
de bouche à ceux qui font au bout du
vieux Caire , fur la même Riviere , pour
fervir à réduire les Rebelles.
,
Le 2. on envoya un Commandement à
Damiette pour y arrêter l'Aga , Porteur
de la confirmation du Pacha & les
6000. hommes deftinez pour aller at
taquer les Rebelles partirent. Le Procès
Verbal qu'on a coûtume de dreffer contre
le Pacha lorfqu'on le deftituë , pour envoyer
à la Porte , n'étoit pas encore fi
gné de toutes les Puiffances , mais il le
fut le 3. & on l'envoya à Conftantinople
on apprit ce jour là que les 6000. hommes
avoient fait une marche de 8. heures
confécutives , après quoi ils avoient
fait alte pour laiffer paffer les chaleurs
, & que les Rebelles attendoient
toujours de pied ferme. On apprit auffi
qu'il y avoit trois Beys du parti des Rebelles
dans la Ville , & on arrêta un homme
qui leur portoit des Provifions , mais
ayant fait inveftir la maifon indiquée ,
on ne les y trouva pas , ce qui inquiete
fort le Commandant, perfuadé qu'ils font
cachez dans cette grande Ville , où ils fomentent
les troubles .
Le 4. le bruit fe répandit que les Rebelles
en étoient venus aux mains avec
les 6000. hommes envoyez de la Ville
&
AVRIL 1730. 691
&
que ceux- cy
les avoient deffaits , &
on affure que Soliman Bey étoit mort les
armes à la main , & que Cherkes Mehemet
Bey avoit pris la fuite. Un Chef des
Arabes du parti de Zulficar , arriva en
même- temps & confirma cette nouvelle.
On crut au Caire qu'il apportoit la tête
de Soliman Bey & celle des fix autres
Grands de fon parti ; cet Arabe fut fort
bien reçû du Bey , qui lui fit prefent d'une
belle Peliffe de Samour , d'un Cheval
& d'un Village ; il fit diftribuer deux
poignées de Sequins aux Gens de fa fuite.
Sur cette nouvelle le Commandant rappella
le Bey qui étoit de garde fur la hauteur
qui domine le Château , lequel aban
donna auffi-tôt fon pofte & rentra dans
la Ville avec tous fes Gens. Le Peuple
plaignit extrémement le fort de Soliman
Bey , qui étoit adoré à cauſe de ſes bonnes
qualitez , & les Religieux Latins le
regretterent comme leur plus grand' Protecteur
dans le Pays .
Le 5. une partie des Troupes envoyées
contre les Rebelles rentra dans la Ville
avec quelques - uns des Commandans ; on
publia qu'il n'y avoit eu qu'un petit
choc , & que les Rebelles n'étant pas les:
plus forts , s'étoient retranchez entre deux
Montagnes qui les rendoient maîtres du
paffage , & on affura que Soliman Bey
692 MERCURE DE FRANCE
-1
& Cherkez étoient encore en vie & toujours
très-unis , que la prétenduë tête
qu'on avoit apportée de Soliman Bey ,
étoit celle de Marram Aly Bey , autre
Chef des Rebelles , lequel ayant eu fon
cheval tué fous lui , fut pris & eut la tête
coupée..
>
Le 6. les nouvelles varierent , on confirma
la mort de Soliman Bey , & la
deffaite des Rebelles
ajoûtant que
Cherkez Mehemet Bey , ayant été pourfuivi
, s'étoit refugié dans un Village avec
environ 400. hommes de Troupes ; làdeffus
Zulficar Bey fortit pour faire défiler
les Troupes qui étoient rentrées du
côté de ce Village pour l'inveftir & fe
rendre maître de Cherkez . Ce même jour
on amena Cara Muftapha , Chaoux des
Janniffaires , du parti des Rebelles , lequel
ayant été interrogé par le Bey Commandant
, ne daigna pas lui répondre .
Il fut conduit à l'Hôtel des Janniffaires
& interrogé par les Officiers de fon Corps,
il s'obſtina à ne vouloir rien déclarer
fur quoi on lui fit couper la tête .
Le 7. le Commandant fortit encore de
la Ville pour achever de faire repaffer la
Riviere aux Troupes commandées pour
prendre Cherkez , & en même- temps on
X fit voiturer des Munitions de guerre &
de bouche.
Le
AVRIL 1730. 693
Le 8. on continua d'affurer que SolimanBey
n'étoit pas mort, que dans la derniere
affaire qui s'eft paffée , une balle de
Moufquet ne lui avoit fait qu'éfleurer le
nez , & qu'il étoit toûjours avec Cherkez,
& en état de fe bien deffendre ; cependant
la politique des Commandans continuoit
de le faire paffer pour mort dans
le public , & l'autre Bey rencoigné dans
un Village , prêt à fe rendre ; ce qui eſt,
dit-on , bien different de la verité .
Le 9. on fit fortir le Pacha de l'Hôtel
des Janniffaires & on le renvoya dans fa
premiere maiſon , où il eft toûjours gardé ;
on continue de garder exactement les
Poftes du dedans de la Ville.
Le 10. on apprit que Cherkez s'étoit
retiré dans le Village de Manouri , fitué
dans la Behera , prefque au milieu du
chemin de Roffette à Alexandrie , &
qu'ayant fait alliance avec les Arabes de
cette Contrée , il s'étoit , pour ainfi dire ,
rendu le maître de cette Prefqu'Ifle , d'où
oncroyoit qu'il feroit difficile de le chaffer.
Le 11. le Bey Commandant , taxa toutes
les Boutiques de la Ville à un Sequin
chacune , ce qui doit lui rendre près de
vingt mille Sequins , outre cela il envoya
de temps - en-temps faire des emprunts
aux Habitans les plus aifez du Caire , ce
qui n'augmente pas la confiance , & na
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694
MERCURE DE FRANCE
lui attire pas l'amitié du Peuple.
Le 12. on apprit que Cherkez & fes
amis avoient abandonné leurs poftes de
la Montagne , & qu'ils avoient parcouru
divers Villages de la Behere , qu'ils avoient
mis à contribution .
Le 13. Aly Bey , Commandant des Troupes
de la Ville , fut renforcé par un petit
Détachement que Zulficar lui envoya.
Ce même jour on fit la ceremonie accoûtumée
de couper le Nil, qui étoit venu
au point fixe de fa croiffance , depuis:
il a encore augmenté ; deforte que les
terres vont dans peu de temps être inondées
, ce qui pourra favorifer Cher
kez dans fa retraite , s'il a ce deffein- là.
>
Le 14. Cherkez Bey s'avança au Fioume,.
canton de la Behere , avec les Troupes
où , en chemin faifant , il fut , dit -on ,
attaqué par le Kiimakan d'un Village ,
qui lui tua une trentaine d'hommes : enfuite
de quoi il arriva au Fioume , où il
fe délaffi pendant deux jours fans être
inquieté de perfonne.
Le 15. Aly Bey envoya dire qu'il s'en
retournoit , ne fe fentant pas affez fort
pour attaquer Cherkez , qui , fuivant les
apparences , ne cherche qu'à fatiguer ceux
qui vont pour le combattre , & ce jour
là il commença d'entrer partie des Troupes
d'Aly Bey dans la Ville.
Lo
"AVRIL 1730.
695
Le 16. il arriva un Courier de la Mec
que, avec avis que la Caravane arrivetoit
dans une quinzaine de jours , il donna
auffi pour nouvelle que Mehemet Pacha
, cy-devant Pacha du Caire & preſentement
de Gedda , étoit mort à la Mecque
, en moins de trois jours , ce qu'on
affure être le motif du Voyage de Janem
Koaga à la Mecque , qui avoit , dit-on
ordre de la Porte, d'empoifonner ce Vizir.
Aly Bey arriva ce jour-là avec le refte de
fes Troupes , mais il campa dehors.
Le 17. on apprit que Cherkez Bey étoit
venu camper à deux journées du Caire
au même endroit où il avoit été ci -de-
,
vant battu , fur quoi Aly Bey envoya dire
qu'il ne vouloit plus entrer , mais qu'il
vouloit aller combattre Cherkez &
qu'on eut à lui envoyer des Troupes ; à
quoi on s'appliqua pendant toute la jour
née. On affure que la diverfion qu'avoit
fait Cherkez de courir vers Alexandrie
où les Troupes du Caire le fuivirent ,
n'étoit pas fans deffein , puifque Soliman
Bey qui avoit été bleffé dans la premiere:
Bataille s'étoit retiré dans un Village pour
fe faire guerir , & afin qu'on ne foupçonnât
rien de ce qui fe paffoit, Cherkez
avoit attiré bien loin les Troupes du Caire
& c.
· Le 18. le Kaïmakan fit appeller en plein
Divan
696 MERCURE DE FRANCE
Divan les Vizirs Aly & Uffein Qurb bigi
de Rofferte , aufquels il revêtit le Caftan
de Bey. Le Parti regnant a fait cependant
tout ce qu'il a pû pour remettre Dekir
Pacha en place ; mais celui- ci a remercié,
& delà , on conjecture avec fondement
que le Procès Verbal contre ce Pacha n'a
pas encore été envoyé à la Porte. Aly Bey
partit avec de nouvelles Troupes pour
aller combattre Cherkez ; mais on apprehende
l'inondation ne feconde pas
fon deffein. Zulficar Bey a mis la tête de
Cherkez Bey à prix , offrant de donner
dix mille fequins à ceux qui l'ameneront
en vie , & deux mille fequins à ceux qui
apporteront fa tête feulement.
que
J
Le 19. Uffein , un des nouveaux Beys,
fortit de la Ville avec 400. hommes de
Milice & alla camper hors du Vieux
Caire , fans qu'on ait fçû dans quel deffein
; les uns croyent que c'eft pour garder
les avenues , & les autres pour être
plus à portée de donner du fecours à Aly
Bey.
Le 20. on apprit que apprit que Cherkez avoit
décampé de l'endroit où il étoit , & qu'il
s'étoit mis en marche pour aller dans la
Haute Egypte , ce qui a fair refoudre Aly
Bey de s'en retourner . On affure que Cher
kez , en chemin faifant , arrête tous les
Batteaux qui tranfportent des grains au
1
Caire
AVRIL 1730. 697
Caire , & qu'il revend enfuite à fort bon
compte. Comme on ne parle en aucune
maniere plus de Soliman Bey , cela fait
croire qu'il eft effectivement mort . Uffein
Bey rentra ce jour là dans la Ville ; mais
les Troupes refterent dehors .
Le 21. les Beys & les autres Puiffances
de la Ville allerent complimenter les deux
nouveaux Beys , aufquels le Pacha n'a
pas voulu envoyer le Pavillon , fuivant
Fufage ; car quoique celui- ci foit deftitué,
il faut que le Pavillon leur foit envoyé
par
l'Homme direct du Grand - Seigneur.
On a réfolu d'envoyer les Kaïmakans dans
la Haute Egypte , chacun dans leur Village
, pour voir s'ils pourront y arriver
fans empêchement , après quoi le Bey ,
Gouverneur de cette Province , s'y rendra
auffi , mais fi au contraire les Kaïmakans
font obligés de s'en retourner , on
formera une nouvelle Thegeride ou Camp
volant pour réduire ceux qui s'oppofent.
à la tranquillité du Pays.
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Résumé : SUITE des Troubles d'Egypte. Extrait d'une Lettre écrite du Caire le 30. Août 1729.
En août 1729, les beys retirés au Saïdy en Haute-Égypte, après la défaite de Cherkes Mehemet Bey en 1725, commencèrent à susciter des soupçons parmi les commandants du Caire, notamment Zulficar Bey. Les rebelles restants dans la ville furent soit chassés, soit exécutés, beaucoup rejoignant les rebelles en Haute-Égypte. En juillet 1730, un corps de 3 000 hommes fut envoyé pour les réduire, mais les rebelles, alliés aux Arabes, résistèrent. Le 13 juillet, après un refus de combat de Soliman Bey, chef des rebelles, une bataille éclata. Ofman Bey, commandant des troupes du Caire, fut tué par Soliman Bey, qui lui reprocha ses cruautés avant de lui couper la tête. Cette défaite renforça les rebelles avec le retour de Cherkes Mehemet Bey et un renfort de 400 Maugrebins. Les beys du Caire découvrirent que le Pacha d'Égypte favorisait les rebelles et le destituèrent le 19 juillet. Mehemet Bey, fils de Dervich Bey, fut nommé lieutenant général. Malgré cette destitution, les troubles continuèrent. Les beys préparèrent un corps de 6 000 hommes pour attaquer les rebelles retranchés en Haute-Égypte. Le Pacha, emprisonné, subissait des mortifications. Les commandants, manquant de fonds, tyrannisaient le peuple pour financer la guerre. Le 28 août, des rebelles approchèrent du Caire, renforçant les mesures de sécurité. Le Pacha fut transféré en prison, mais les Jannissaires refusèrent de le garder, le considérant comme l'un des leurs. Zulficar Bey renforça les défenses de la ville. Le 31 août, une alarme fut déclenchée par une attaque sur les éclaireurs. Les commandants continuèrent à envoyer des troupes et des munitions. Le 1er août, les éclaireurs revinrent épouvantés par une embuscade. Les nouvelles sur la situation des rebelles variaient, mais les commandants restaient vigilants. Le 5 août, une partie des troupes rentra au Caire, affirmant une résistance des rebelles. Le 6 août, la mort de Soliman Bey fut confirmée, et Cherkes Mehemet Bey se réfugia dans un village. Zulficar Bey préparait une nouvelle offensive. Du 6 au 21 avril 1730, plusieurs événements marquants se déroulèrent au Caire et dans ses environs. Cara Muftapha, un chef rebelle, fut exécuté après avoir refusé de répondre aux interrogatoires. Le commandant de la ville continua de renforcer les troupes et de préparer des munitions pour affronter Cherkez. Des rumeurs circulaient sur la mort de Soliman Bey, bien que la politique officielle le déclarât mort, des informations suggéraient qu'il était toujours en vie et prêt à se défendre. Cherkez se retira dans le village de Manouri, s'alliant avec les Arabes locaux pour contrôler la région. Le commandant de la ville imposa une taxe sur les boutiques et fit des emprunts auprès des habitants. Cherkez et ses alliés pillèrent divers villages de la Behere. Aly Bey, commandant des troupes, fut renforcé et participa à la cérémonie de la coupe du Nil. Cherkez attaqua le Fioume et se délasça sans être inquiété. Aly Bey, jugeant ses forces insuffisantes, décida de ne pas attaquer Cherkez. Un courrier de La Mecque annonça la mort de Mehemet Pacha et l'arrivée imminente de la caravane. Aly Bey et Uffein Qurb bigi furent nommés Beys, et Aly Bey partit combattre Cherkez, bien que l'inondation puisse entraver ses plans. Uffein sortit de la ville avec des milices, et Cherkez se déplaça vers la Haute Égypte, interrompant le transport de grains vers Le Caire. Les Beys et autres autorités complimentèrent les nouveaux Beys, et des préparatifs furent faits pour envoyer des Kaïmakans en Haute Égypte afin de rétablir l'ordre.
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762
p. 697-702
Autres Lettres de Constantinople du 15. & 28 Novembre 1729.
Début :
Le Kam de Tartarie est entré dans la Crimée sans aucune opposition, les [...]
Mots clefs :
Chah, Troupes, Turcs, Perse
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texteReconnaissance textuelle : Autres Lettres de Constantinople du 15. & 28 Novembre 1729.
Autres Lettres de Conftantinople du 15. &
28 Novembre 1729 .
E Kam de Tartarie eft entré dans la
Crimée fans aucune oppofition , les
fils de Dely Sultan n'ayant pas trouvé les
Peuples difpofés à favoriler les vûës qu'ils
avoieng
698 MERCURE DE FRANCE
avoient de venger la mort de leur pere.
On affure que la tranquillité eft parfaitement
rétablie dans ce Pays là.
Les troubles continuent en Egypte . II .
y a eu plufieurs Combaez entre quelques
Détachemens des Troupes de Zulficar &
celles de Cherkés Beys ; mais il n'y en a
eu aucun de decifif. Zulficar eft Maître au.
Caire , & Cherkez Bey fe tient dans le
Saïdy , Province de la Haute Egypte.
Le Grand- Seigneur ayant été informé.
que Zulficar avoit fait dépofer Bekir Pacha
, qui étoit Pacha du Caire , y a nom
mé Abdoula Pacha , de la famille des Cuprulis
, pour le remplacer ; mais ce nouveau
Pacha étant arrivé au Caire , Zulfiear
& les autres Grands du Pays n'ont pas
voulu le reconnoître ; on dit auffi que ce
Gouverneur ayant trouvé cette Province
dans la confufion , & jugé qu'il ne feroir
pas facile de s'y maintenir,à moins de voufoir
fuivre aveuglement les volontés de
Zulficar , avoit écrit à la Porte pour être
difpenfé d'accepter ce Pachalik .
L'autorité du G. S. n'a jamais été bien
établie en Egypte ; mais il paroit qu'elle
y eft encore plus affoiblie dans la conjonctu
repréfente.Tous les Turcs qui arrivent
au Caire , venant de Conftantinople , y
font regardés de mauvais cil ; on affure
même qu'on ne les Y laiffe pas libres >
&
AVRIL. 1730. 699
& qu'on leur donne des Gardes. Il eft cer
tain que le G. S. n'eft pas fans inquiétude
fur ce qui fe paffe dans ce Pays là , & il
a été tenu plufieurs Conferences à ce fujet
par les Miniftres de la Porte , aufquelles
on a fait affifter les perfonnes les
plus confiderables de l'Empire , pour les
confulter fur les expediens que l'on crois
roit les plus convenables ; mais on prétend
qu'il n'y a été pris aucune réſolu¬
tion.
La Perle ne jouit pas d'une plus grande
tranquillité que l'Egypte par les derniers
avis qu'on en a reçû. On a appris qu'il y
avoit eu deux Batailles données entre
Acheraf Kam & Schah Thamas , & qu'Acheraf
qui commandoit fon Armée à la
derniere les avoit perdues toutes deux ,
ce qui avoit diminué confiderablement
fes Troupes ; on affure même qu'il ne lui
fera pas poffible de les rétablir , ayant
entierement aliené les Perfans par les
cruautés qu'il a exercées contr'eux , &
ne pouvant faire venir des Troupes de la
Province de Candahar par la difficulté
des paffages , & parceque le frere de Mi.
ri-Mahmoud s'eft rendu Maître de cette
Province ; on ne doute pas que fi Schah
Thamas fçait profiter de la fituation où
fe trouve Acheraf qui a été obligé de s'en.
fuir du côté d'Amadam , il ne fe rende
bientôt
700 MERCURE DE FRANCE
bientôt maître d'Ifpaham , & qu'il ne
chaffe Acheraf du Royaume de Perfe .
Quoique la Porte eut fait des honneur's
infinis à l'Ambaffadeur d'Acheraf , &
qu'elle eut paru ne faire que peu de cas
de celui de Schah Thamas lors de fon
arrivée à Conftantinople , on s'apperçoit
depuis les dernieres nouvelles venues de
Perfe que les difpofitions des Miniftres
de la Porte font changées à l'égard
de ce dernier , qu'ils ont de grandes
attentions pour lui , & lui donnant dans
łe Public bien des applaudiffemens fur
fon caractere & fur fon génie , ce qui perfuade
qu'ils fe détacheront infenfiblement
d'Acheraf ; & qu'après avoir pris le parti
d'affifter indirectement Schah Thamas
dans les commencemens , ils fe détermi
neront à lui donner des fecours ouvertement
dans la fuite.
Un frere Bâtard de Schah Thamas qui
vient auffi difputer la Couronne de Perfe
s'étoit avancé jufqu'à Bagdat dans l'intention
de venir demander du fecours au
G. S. pour l'execution de fon projet ; il
lui avoit été mandé de refter à Bagdat juf
qu'à nouvel ordre ; on prétend qu'il lui
a été permis enfuite de venir à Conftantinople
, & qu'il y doit arriver inceffamment.
Les Turcs fe font déterminés à l'y
attirer , en vûë de contenir par là Schah
Thamas
AVRIL. 1730. 701
Thamas , & pour le réduire plus facilement
à executer le Traité de partage fait
par la médiation du Roi entre les Turcs
& les Mofcovites , les differends furvenus
fur les frontieres de Perfe , entre les
Turcs & les Mofcovites n'ont eu juſqu'à
prefent aucunes fuites d'un certain éclat;
mais on a lieu de croire que leur aigreur
n'eft pas éteinte , fur- tout de la part
des
Turcs qui ont été traités avec beaucoup
de hauteur par les Mofcovites. On attend
avec impatience le retour de l'Aga envoyé
à Molcou , pour fçavoir le traitement
qui lui aura été fait par le Czar ,
& la fatisfaction qu'il aura reçûë de ce
Prince , fur les plaintes qu'il avoit été
lui porter des violences exercées par fes
Troupes,
t
Il y a des gens qui prétendent que cet
Aga eft revenu depuis quelques jours , &
qu'on le fait refter caché à Coftantinople ,
afin de lui donner des inftructions fur
la maniere dont les Miniftres de la Porte
trouveront à propos qu'il s'explique au
fujet du voyage qu'il vient de faire . Si le
Vizir fuivoit les mouvemens du Peuple ,
les Turcs feroient bientôt en guerre avec
les Mofcovites ; mais il paroît être dans
des difpofitions oppofées.
Par les Lettres arrivées aujourd'hui 28 .
Novembre de Perfe , on apprend que
Schab
702 MERCURE DE FRANCE
Schah Thamas dont les Troupes ont été
groffies par les fecours qu'il a reçus de
Mofcovie , s'eft rendu maître de Cafbin,
qu'Acheraf s'eft retiré dans les Montagnes
avec ce qui lui refte de Troupes , & qu'il
ne peut pas même fe jetter dans Ifpaham,
dont on dit que les chemins lui ont été
coupez par Schah Thamas. On ajoûte
que la Porte fait marcher beaucoup de
Troupes fur les Frontieres de Perfe fans
qu'on fçache encore à quoi elles font deftinées
, & quel fera le parti que prendra
le Grand-Seigneur.
28 Novembre 1729 .
E Kam de Tartarie eft entré dans la
Crimée fans aucune oppofition , les
fils de Dely Sultan n'ayant pas trouvé les
Peuples difpofés à favoriler les vûës qu'ils
avoieng
698 MERCURE DE FRANCE
avoient de venger la mort de leur pere.
On affure que la tranquillité eft parfaitement
rétablie dans ce Pays là.
Les troubles continuent en Egypte . II .
y a eu plufieurs Combaez entre quelques
Détachemens des Troupes de Zulficar &
celles de Cherkés Beys ; mais il n'y en a
eu aucun de decifif. Zulficar eft Maître au.
Caire , & Cherkez Bey fe tient dans le
Saïdy , Province de la Haute Egypte.
Le Grand- Seigneur ayant été informé.
que Zulficar avoit fait dépofer Bekir Pacha
, qui étoit Pacha du Caire , y a nom
mé Abdoula Pacha , de la famille des Cuprulis
, pour le remplacer ; mais ce nouveau
Pacha étant arrivé au Caire , Zulfiear
& les autres Grands du Pays n'ont pas
voulu le reconnoître ; on dit auffi que ce
Gouverneur ayant trouvé cette Province
dans la confufion , & jugé qu'il ne feroir
pas facile de s'y maintenir,à moins de voufoir
fuivre aveuglement les volontés de
Zulficar , avoit écrit à la Porte pour être
difpenfé d'accepter ce Pachalik .
L'autorité du G. S. n'a jamais été bien
établie en Egypte ; mais il paroit qu'elle
y eft encore plus affoiblie dans la conjonctu
repréfente.Tous les Turcs qui arrivent
au Caire , venant de Conftantinople , y
font regardés de mauvais cil ; on affure
même qu'on ne les Y laiffe pas libres >
&
AVRIL. 1730. 699
& qu'on leur donne des Gardes. Il eft cer
tain que le G. S. n'eft pas fans inquiétude
fur ce qui fe paffe dans ce Pays là , & il
a été tenu plufieurs Conferences à ce fujet
par les Miniftres de la Porte , aufquelles
on a fait affifter les perfonnes les
plus confiderables de l'Empire , pour les
confulter fur les expediens que l'on crois
roit les plus convenables ; mais on prétend
qu'il n'y a été pris aucune réſolu¬
tion.
La Perle ne jouit pas d'une plus grande
tranquillité que l'Egypte par les derniers
avis qu'on en a reçû. On a appris qu'il y
avoit eu deux Batailles données entre
Acheraf Kam & Schah Thamas , & qu'Acheraf
qui commandoit fon Armée à la
derniere les avoit perdues toutes deux ,
ce qui avoit diminué confiderablement
fes Troupes ; on affure même qu'il ne lui
fera pas poffible de les rétablir , ayant
entierement aliené les Perfans par les
cruautés qu'il a exercées contr'eux , &
ne pouvant faire venir des Troupes de la
Province de Candahar par la difficulté
des paffages , & parceque le frere de Mi.
ri-Mahmoud s'eft rendu Maître de cette
Province ; on ne doute pas que fi Schah
Thamas fçait profiter de la fituation où
fe trouve Acheraf qui a été obligé de s'en.
fuir du côté d'Amadam , il ne fe rende
bientôt
700 MERCURE DE FRANCE
bientôt maître d'Ifpaham , & qu'il ne
chaffe Acheraf du Royaume de Perfe .
Quoique la Porte eut fait des honneur's
infinis à l'Ambaffadeur d'Acheraf , &
qu'elle eut paru ne faire que peu de cas
de celui de Schah Thamas lors de fon
arrivée à Conftantinople , on s'apperçoit
depuis les dernieres nouvelles venues de
Perfe que les difpofitions des Miniftres
de la Porte font changées à l'égard
de ce dernier , qu'ils ont de grandes
attentions pour lui , & lui donnant dans
łe Public bien des applaudiffemens fur
fon caractere & fur fon génie , ce qui perfuade
qu'ils fe détacheront infenfiblement
d'Acheraf ; & qu'après avoir pris le parti
d'affifter indirectement Schah Thamas
dans les commencemens , ils fe détermi
neront à lui donner des fecours ouvertement
dans la fuite.
Un frere Bâtard de Schah Thamas qui
vient auffi difputer la Couronne de Perfe
s'étoit avancé jufqu'à Bagdat dans l'intention
de venir demander du fecours au
G. S. pour l'execution de fon projet ; il
lui avoit été mandé de refter à Bagdat juf
qu'à nouvel ordre ; on prétend qu'il lui
a été permis enfuite de venir à Conftantinople
, & qu'il y doit arriver inceffamment.
Les Turcs fe font déterminés à l'y
attirer , en vûë de contenir par là Schah
Thamas
AVRIL. 1730. 701
Thamas , & pour le réduire plus facilement
à executer le Traité de partage fait
par la médiation du Roi entre les Turcs
& les Mofcovites , les differends furvenus
fur les frontieres de Perfe , entre les
Turcs & les Mofcovites n'ont eu juſqu'à
prefent aucunes fuites d'un certain éclat;
mais on a lieu de croire que leur aigreur
n'eft pas éteinte , fur- tout de la part
des
Turcs qui ont été traités avec beaucoup
de hauteur par les Mofcovites. On attend
avec impatience le retour de l'Aga envoyé
à Molcou , pour fçavoir le traitement
qui lui aura été fait par le Czar ,
& la fatisfaction qu'il aura reçûë de ce
Prince , fur les plaintes qu'il avoit été
lui porter des violences exercées par fes
Troupes,
t
Il y a des gens qui prétendent que cet
Aga eft revenu depuis quelques jours , &
qu'on le fait refter caché à Coftantinople ,
afin de lui donner des inftructions fur
la maniere dont les Miniftres de la Porte
trouveront à propos qu'il s'explique au
fujet du voyage qu'il vient de faire . Si le
Vizir fuivoit les mouvemens du Peuple ,
les Turcs feroient bientôt en guerre avec
les Mofcovites ; mais il paroît être dans
des difpofitions oppofées.
Par les Lettres arrivées aujourd'hui 28 .
Novembre de Perfe , on apprend que
Schab
702 MERCURE DE FRANCE
Schah Thamas dont les Troupes ont été
groffies par les fecours qu'il a reçus de
Mofcovie , s'eft rendu maître de Cafbin,
qu'Acheraf s'eft retiré dans les Montagnes
avec ce qui lui refte de Troupes , & qu'il
ne peut pas même fe jetter dans Ifpaham,
dont on dit que les chemins lui ont été
coupez par Schah Thamas. On ajoûte
que la Porte fait marcher beaucoup de
Troupes fur les Frontieres de Perfe fans
qu'on fçache encore à quoi elles font deftinées
, & quel fera le parti que prendra
le Grand-Seigneur.
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Résumé : Autres Lettres de Constantinople du 15. & 28 Novembre 1729.
En novembre 1729, Kam de Tartarie a envahi la Crimée sans rencontrer de résistance, les fils de Dely Sultan n'ayant pas réussi à obtenir de soutien pour venger leur père. La situation en Crimée s'est stabilisée. En Égypte, les troubles persistent entre les troupes de Zulficar et celles de Cherkés Bey. Zulficar contrôle Le Caire, tandis que Cherkés Bey est dans la province du Saïdy. Le Grand Seigneur a nommé Abdoula Pacha pour remplacer Bekir Pacha, mais Zulficar et les notables du pays n'ont pas reconnu ce nouveau gouverneur. Cette situation affaiblit l'autorité du Grand Seigneur, qui consulte ses ministres sans prendre de décision. En Perse, deux batailles ont opposé Acheraf Kam et Schah Thamas, ce dernier remportant les deux victoires. Acheraf, affaibli et impopulaire, a dû fuir. La Porte ottomane, initialement favorable à Acheraf, semble désormais soutenir Schah Thamas, lui accordant des applaudissements publics. Un frère bâtard de Schah Thamas est attendu à Constantinople pour obtenir du soutien contre Schah Thamas. Les relations entre les Turcs et les Moscovites restent tendues en raison des violences exercées par les troupes moscovites. Un Aga envoyé à Moscou est revenu et reste caché à Constantinople pour recevoir des instructions. Les Turcs se préparent à la guerre, mais le Vizir semble opposé à cette option. Les dernières nouvelles indiquent que Schah Thamas, renforcé par des troupes moscovites, a pris Cafbin et contraint Acheraf à se retirer. La Porte ottomane mobilise des troupes à la frontière perse, mais leur destination reste incertaine.
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763
p. 702-708
ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
Début :
Sur les Rivages de la Seine, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Dauphin, Fête, Yeux, Ambassadeurs d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
O DE
Sur la Fête magnifique , donnée par leurs
Excellences M M. le Marquis de Santa
Cruz , & de Barrenechea , Ambaſſadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires de
S. M. Catholique , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , le
24. Fanvier 1730 .
Sur les Rivages de la Seine , Ur
Quels font ces Spectacles charmans ,
Où l'Art ingenieux enchaîne ,
Et réunit les Elemens ?
AVRIL. 1730. 703
Le Soleil plus brillant éclaire ·
Ce jour fi beau , fi fortuné ;
Le Fleuve impetueux tempête,
Et calme fon flot -mutiné.
Au temps même de la froidure
Je vois naître le doux Printemps ,
Et par une aimable impofture ,
L'Art imite fes ornemens.
Sur les eaux flottent des Parterres
Entourez d'Ifs & d'Orangers ;
Ils lancent d'innocens Tonnerres ,
Dont on ne craint point les dangers,
Ici tout plaît , ici tout brille ,
On croit voir nos Bords ennoblis
Quand fur les Tours de la Caftille
Flotte le Pavillon des Lys.
Le Lyon fuperbe y domine ,
Près de fon Fleuve imperieux ;
A fon afpect tout s'illumine ,
Tout rit, tout enchante les yeux.
鼗
Fiere
4
704 MERCURE DE FRANCE
Fiere de parures fi belles ,
La Seine voit orner fes Bords ;
Par le battement de ſes aîles ,
Le Cocq exprime ſes tranſports.
>
Ah ! que de brillantes Etoiles ,
Se détachent du Firmament !
O nuit , elle perce tes voiles ,
Pour marquer cet heureux moment.
Eft- ce pour nous livrer la guerre,
Que brûle ce nouvel Ethna ?
Tel fur les Enfans de la Terre ,
Jupiter autrefois tonna
Après que ces Feux à lá ronde ,
Ont fait ferpenter mille Eclairs ,
Ils vont folâtrer deffus 1.Onde ,
Ainfi qu'ils ont fait dans les Airs.
Mille fleurs vives & brillantes ,
Parent ces Jardins enchantez ;
Les Fruits font Grenades bruyantes ,
Qui partent de tous les côtes.
Gera
AVRIL
1730.
705
Cette fulphureufe matiere ,
S'enflame de mille façons ,
Bondit , fe plonge en la Riviere
Et nage comme des poiffons.
Les Lampions, les Girandoles
Y ramenent l'éclat du jour ,
Et dans de fuperbes Gondoles
S'unit la Trompette au Tambour.'
'Au fon de la vive trompette
Se mêle le bruit du Canon
Et le Peuple charmé repéte
De nos deux Rois l'augufte nom .
Par mainte Bachique Fontaine
Tout le Peuple eft defalteré ,
Ainfi que l'eau coule en la Seine ,
Par tout le vin coule à fon gré.
Que vois -je ! une naiflante Aurore.
Se leve , & dore ces côteaux ,
Et dans l'Univers qui l'implore
Lance des rayons tout nouveaux.
來
D Iris
706 MERCURE DE FRANCE
Iris la fuit , & va defcendre ;
Elle nous annonce la paix ,
Sa préſence doit nous l'apprendre ,
Et confirmer tous nos fouhaits.
Que d'aimables Métamorphofes
S'achevent dans le même inftant
?
Où l'on voyoit croître des Rofes
S'éleve un Palais éclatant.
Sa face toute décorée
Brille d'un éclat fans pareil ;
Ainfi dans la Voute azurée
Brille le Palais du Soleil.
Là j'entens de fçavans Orphées
Former mille Concerts charmans ;
N'est- ce pas ainfi que les Fées
Faifoient de doux enchantemens ?
On ne voit , n'entend que merveilles ,
Le Ballet ſe mêle aux Concerts ,
On charme les yeux , les oreilles ,
Et
par
les pas , & par les airs.
Pour marquer leur réjouiſſance
Des Bergere quittant leurs Hameaux ;
Chantent
AVRIL
1730 .
707
Chantent le bonheur de la France
Au fon de leurs doux chalumeaux.
Des Dieux , des Déeffes charmantes
S'empreffent d'embellir ces lieux ,
Et leurs parures éclatantes
Sont moins brillantes que leurs
yeux.
On a depeuplé pour la Fête
Les Mers ainfi que les Forêts ,
Des feftins que Comus aprête ,
C'eft Philippe qui fait les frais.
De mille facons differentes
Le goût s'y trouve déguiſé ,
Et fous des figures galantes
Le fucre eft métamorphofé.
Un partere de confiture
Y charme le goût & les yeux ;
On craint d'en brifer la ſtructure
Tant on le trouve précieux.
La vive , la legere danſe
Succede bientôt au repas ;
Alors mille Amours en cadence
De nos Beautés fuivent les pas.
Dij A
708 MERCURE DE FRANCE
A voir tant de magnificence ,
D'Eſpagne on connoît les grandeurs
D'un Dauphin l'heureuſe Naiffance
Anime fes Ambaffadeurs.
A vous chanter nos voix font prêtes ;
Vous feuls avez fçû parvenir
A donner de fuperbes Fêtes
Dont parlera tout l'avenir.
淤
En ces lieux d'un augufte maître
yous foûtenez la Majefté ;
Nous y faifons auffi paroître
Tout l'amour qu'il a merité.
Peuples , accourez de l'Eſpagne
Boire la fanté du Dauphin ;
Et la Bourgogne & la Champagne
Vous refervent leur meilleur vin.
Rien ne fçauroit plus nous contraindre ;
Tous les Peuples font nos amis ;
Deformais qu'avons nous à craindre ?,
PHILIPPE s'unit à LOUIS.
D. L. T
Sur la Fête magnifique , donnée par leurs
Excellences M M. le Marquis de Santa
Cruz , & de Barrenechea , Ambaſſadeurs
Extraordinaires & Plenipotentiaires de
S. M. Catholique , au fujet de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , le
24. Fanvier 1730 .
Sur les Rivages de la Seine , Ur
Quels font ces Spectacles charmans ,
Où l'Art ingenieux enchaîne ,
Et réunit les Elemens ?
AVRIL. 1730. 703
Le Soleil plus brillant éclaire ·
Ce jour fi beau , fi fortuné ;
Le Fleuve impetueux tempête,
Et calme fon flot -mutiné.
Au temps même de la froidure
Je vois naître le doux Printemps ,
Et par une aimable impofture ,
L'Art imite fes ornemens.
Sur les eaux flottent des Parterres
Entourez d'Ifs & d'Orangers ;
Ils lancent d'innocens Tonnerres ,
Dont on ne craint point les dangers,
Ici tout plaît , ici tout brille ,
On croit voir nos Bords ennoblis
Quand fur les Tours de la Caftille
Flotte le Pavillon des Lys.
Le Lyon fuperbe y domine ,
Près de fon Fleuve imperieux ;
A fon afpect tout s'illumine ,
Tout rit, tout enchante les yeux.
鼗
Fiere
4
704 MERCURE DE FRANCE
Fiere de parures fi belles ,
La Seine voit orner fes Bords ;
Par le battement de ſes aîles ,
Le Cocq exprime ſes tranſports.
>
Ah ! que de brillantes Etoiles ,
Se détachent du Firmament !
O nuit , elle perce tes voiles ,
Pour marquer cet heureux moment.
Eft- ce pour nous livrer la guerre,
Que brûle ce nouvel Ethna ?
Tel fur les Enfans de la Terre ,
Jupiter autrefois tonna
Après que ces Feux à lá ronde ,
Ont fait ferpenter mille Eclairs ,
Ils vont folâtrer deffus 1.Onde ,
Ainfi qu'ils ont fait dans les Airs.
Mille fleurs vives & brillantes ,
Parent ces Jardins enchantez ;
Les Fruits font Grenades bruyantes ,
Qui partent de tous les côtes.
Gera
AVRIL
1730.
705
Cette fulphureufe matiere ,
S'enflame de mille façons ,
Bondit , fe plonge en la Riviere
Et nage comme des poiffons.
Les Lampions, les Girandoles
Y ramenent l'éclat du jour ,
Et dans de fuperbes Gondoles
S'unit la Trompette au Tambour.'
'Au fon de la vive trompette
Se mêle le bruit du Canon
Et le Peuple charmé repéte
De nos deux Rois l'augufte nom .
Par mainte Bachique Fontaine
Tout le Peuple eft defalteré ,
Ainfi que l'eau coule en la Seine ,
Par tout le vin coule à fon gré.
Que vois -je ! une naiflante Aurore.
Se leve , & dore ces côteaux ,
Et dans l'Univers qui l'implore
Lance des rayons tout nouveaux.
來
D Iris
706 MERCURE DE FRANCE
Iris la fuit , & va defcendre ;
Elle nous annonce la paix ,
Sa préſence doit nous l'apprendre ,
Et confirmer tous nos fouhaits.
Que d'aimables Métamorphofes
S'achevent dans le même inftant
?
Où l'on voyoit croître des Rofes
S'éleve un Palais éclatant.
Sa face toute décorée
Brille d'un éclat fans pareil ;
Ainfi dans la Voute azurée
Brille le Palais du Soleil.
Là j'entens de fçavans Orphées
Former mille Concerts charmans ;
N'est- ce pas ainfi que les Fées
Faifoient de doux enchantemens ?
On ne voit , n'entend que merveilles ,
Le Ballet ſe mêle aux Concerts ,
On charme les yeux , les oreilles ,
Et
par
les pas , & par les airs.
Pour marquer leur réjouiſſance
Des Bergere quittant leurs Hameaux ;
Chantent
AVRIL
1730 .
707
Chantent le bonheur de la France
Au fon de leurs doux chalumeaux.
Des Dieux , des Déeffes charmantes
S'empreffent d'embellir ces lieux ,
Et leurs parures éclatantes
Sont moins brillantes que leurs
yeux.
On a depeuplé pour la Fête
Les Mers ainfi que les Forêts ,
Des feftins que Comus aprête ,
C'eft Philippe qui fait les frais.
De mille facons differentes
Le goût s'y trouve déguiſé ,
Et fous des figures galantes
Le fucre eft métamorphofé.
Un partere de confiture
Y charme le goût & les yeux ;
On craint d'en brifer la ſtructure
Tant on le trouve précieux.
La vive , la legere danſe
Succede bientôt au repas ;
Alors mille Amours en cadence
De nos Beautés fuivent les pas.
Dij A
708 MERCURE DE FRANCE
A voir tant de magnificence ,
D'Eſpagne on connoît les grandeurs
D'un Dauphin l'heureuſe Naiffance
Anime fes Ambaffadeurs.
A vous chanter nos voix font prêtes ;
Vous feuls avez fçû parvenir
A donner de fuperbes Fêtes
Dont parlera tout l'avenir.
淤
En ces lieux d'un augufte maître
yous foûtenez la Majefté ;
Nous y faifons auffi paroître
Tout l'amour qu'il a merité.
Peuples , accourez de l'Eſpagne
Boire la fanté du Dauphin ;
Et la Bourgogne & la Champagne
Vous refervent leur meilleur vin.
Rien ne fçauroit plus nous contraindre ;
Tous les Peuples font nos amis ;
Deformais qu'avons nous à craindre ?,
PHILIPPE s'unit à LOUIS.
D. L. T
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Résumé : ODE Sur la Fête magnifique, donnée par leurs Excellences M M. le Marquis de Santa Cruz, & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique, au sujet de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, le 24. Janvier 1730.
Le texte relate une fête somptueuse organisée par les ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de Sa Majesté Catholique, le Marquis de Santa Cruz et de Barrenechea, pour célébrer la naissance du Dauphin le 24 janvier 1730. Cette célébration se déroule sur les rives de la Seine et présente des spectacles enchanteurs où l'art s'unit aux éléments naturels. Le jour est décrit comme brillant et fortuné, avec un fleuve alternant entre impétuosité et calme, symbolisant la transition entre l'hiver et le printemps. Les eaux de la Seine sont ornées de parterres flottants entourés d'ifs et d'orangers, lançant des tonnerres inoffensifs. La rivière est décorée de parures, et un coq exprime sa joie par le battement de ses ailes. Le ciel est illuminé de brillantes étoiles, et des feux d'artifice imitent des éclairs et des tonnerres. Des jardins enchanteurs sont parés de fleurs vives et de fruits éclatants, tandis que des lampions et des girandoles éclairent la scène. La trompette et le tambour résonnent, accompagnés par le canon, et le peuple répète les noms augustes des deux rois. Des fontaines de vin désaltèrent la foule, et une aurore naissante dore les coteaux. Iris annonce la paix, et des métamorphoses se produisent, transformant des roses en un palais éclatant. Des concerts et des ballets enchantent les invités, et des bergères chantent le bonheur de la France. Des dieux et des déesses embellissent les lieux, et des festins somptueux sont offerts. La fête met en scène diverses métamorphoses culinaires, comme un parterre de confiture, et des danses légères succèdent aux repas. La magnificence de la fête témoigne des grandeurs de l'Espagne et de la France unies par la naissance du Dauphin. Les peuples sont invités à célébrer cet événement, et la Bourgogne et la Champagne offrent leurs meilleurs vins. La fête symbolise l'union entre Philippe et Louis, et l'amitié entre les peuples.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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764
p. 717-722
REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
Début :
Mr le Maire, Consul de France à Tripoly de Syrie, ayant reçu les ordres de la Cour sur [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Naissance du Dauphin, Dauphin, Syrie, Consul de France, Nation française, Tripoli
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texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
REJOUISSANCES faites à Tripoly
de Syrie , par le Conful de France.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 5. Janvier 1730. par M...··
Mãe Syrie, ayané reçûle's ordres de la Cour fur
le Maire , Conful de France à Tripoly
Pheureufe Naiffance du Dauphin , fit auffi -tôt
convoquer une Affemblée generale de la Nation
de France, où il fut déliberé , que de concert avec
le fieur Aumerat , Député du Commerce de cette
Echelle , le Conful feroit tout ce qu'il jugeroit à
propos pour celebrer cette augufte Naiffance. M
donna fes ordres dès le même jour pour tous les
préparatifs neceffaires ,lefquels furent executez en
moins de huit jours, & approuvez par le Député
du Commerce , auquel le Conful avoit communiqué
fes projets. Comme tout le trouva prêt le
premier jour de l'an , le Conful crut qu'on ne
pouvoit mieux commencer la nouvelle année ,
qu'en donnant ce jour-là des marques de la joyet
de toute la Nation.
Tout étant difpofé , le Conful envoya le der
nier jour de l'année 1729. des Billets d'avertiffe
ment à toute la Nation Françoiſe , pour l'infor
mer qu'il iroit le lendemain en ceremonie à l'Eglife
Paroiffiale pour y faire chanter le Te Deum ,
& une grande Meffe en action de graces de l'heurreufe
718 MERCURE DE FRANCE
reufe nouvelle que la Nation venoit de recevoir.
Le Conful fit avertir aufli tous les Religieux Miffionnaires
d'y affiſter.
Le lendemain , premier jour de l'an , tout le
monde fe rendit à l'heure qui avoit été donnée ,
dans la Maiſon du Roy , & fur les 9. heures le
Conful de France , accompagné de toute la Na--
tion fe mit en marche de cette maniere.
Six Janniffaires portant des Maffes, & couverts
de leurs Bonnets de ceremonie , précedez par
P'Huiffier de la Nation , commençoient la Marche,
les Officiers de la Maifon du Conful , compofée
de quatre Interpretes , venoient enfuite. Le
Conful, à la tête de toute la Nation Françoiſe
fuivoit immédiatement après , & la Marche étoit
terminée par les Tambours , Timbales & Trompettes
du Pacha de Tripoly. Les rues étoient
remplies d'un très - grand nombre de Chrétiens du
Pays, & d'autres Nations étrangeres , & de toute
da Populace de la Ville.
Le Conful arriva en cet ordre jufqu'à la porte
de l'Eglife , où il trouva le Superieur des Capucins,
fon Chapelain & Curé de la Nation , qui lui
prefenta l'Eau - Benite , & lui fit un Compliment
fur la Naiflance du Dauphin . On entra enfuite"
dans l'Eglife qui étoit extraordinairement décorée;
on y chanta la grande Meffe , le Te Deum
& l'Exaudiat , au bruit d'une très-grande quantité
de Boëtes .
Le Conful avec toute fa fuite , fortit de l'Eglife
dans le même ordre qu'il y étoit entré , & revint
la Maiſon du Roi , où l'on fervit un déjeuné
compofé de toutes fortes de viandes en très gran
de profufion. Le Conful but la fanté du Roi , de
la Reine & du Prince nouveau né , au bruit des
Boetes , de la Moufqueterie & de tous les Canons
des Vaileaux François & Etrangers qui étoient
dans
AVRIL. 1730. 719
dans le Port. Le Député du Commerce & toute
la Nation, fuivirent l'exemple du Conful , on dif
tribua de l'argent aux pauvres , & toute cette
journée fe paffa dans la plus grande joye, jeux ,
danfes & autres divertiffemens .
A l'entrée de la nuit on commença l'Illumination
, la Maifon du Roi étoit illuminée de haue™
en bas
par plus de 2000. Lampions. Trois grandes
Piramides de 18. pieds de hauteur fur 6. de
largeur en quarré,.couronnées par des Fleurs
de Lys à quatre faces,à jour, garnies de Lampions,
regnoient le long de la baffe Terraffe , ce qui pro
duifoit un effet admirable. Le Grand-Divan ou Ef-T
trade de la baffe-cour étoit illuminé par 5.grands-
Luftres à quatre étages , à la maniere du Païs
dont chaque étage contenoit plus de 500. Lampions
qui répandoient une clarté étonnante dans
toute la Cour , & au Divan , au bout duquel on
avoit placé une Girandole de cuivre doré ,
douze branches, garnies de bougies.
En face du Divan & fur le bout du Baffin de
Marbre , qui reçoit un jet d'eau , on avoit élevé
le Portrait du Roi , couronné de Lauriers , de zo .
pieds de hauteur , & plus bas on avoit placé un
grand Ecuffon aux Armes de France , travaillé à
jour , dont les Fleurs de Lys avoient quatre pieds
de hauteur. Cet Ecuffon , qui étoit illuminé extraordinairement
, avoit deux faces , pour être vu
des deux côtez du Baffin ; il étoit orné de Palmes
& de Lauriers , & les huit Colomnes qui bordent
le Réfervoir , étoient couvertes dans toute leur
hauteur de branches d'Orangers chargées de leur
fruit , ce qui formoit une décoration des plus
agréables.
Tous les Marchands François qui ont leurs lagemens
dans differens quartiers de la Ville , firentauffi
des Illuminations magnifiques dans leurs
maifors
420 MERCURE DE FRANCE
*
maifons ; elles furent fi grandes & en fi grand
nombre, que le Cadi ou Juge en chef de Tripoly,
en fut allarmé , il envoya
dire au Conful de France
de faire ceffer ces illuminations , que le Peuple
en murmuroit, craignant qu'on ne voulût mettre
Je feu à la Ville , & qu'il feroit obligé d'envoyer ,
du monde pour les éteindre , il fit dire même au
fieur Blanc , que fa maifon fe trouvant placée dans
nn Camp quia ppartient à la Ville de la Meque,
& affecté en quelque façon à leur Prophete , il n'y
pouvoit faire aucun feu fur les Terraffes , & c. Le
Conful ne s'embarraſſa pas beaucoup des menaces
du Cadi , il fut pourtant obligé d'en porter fes
plaintes au Pacha , lequel ayant déja donné fon
agrément au Conful pour toutes les Illuminations
qu'il devoit faire , fit ceffer toutes les difficultez
du Cadi , & les Illuminations furent continuées
fans aucun empêchement pendant les trois jours
que dura la Fête.
La Salle d'Audiance étoit décorée auffi de quan
tité de Portraits de la Famille Royale & de plufieurs
Luftres garnis de Bougies. Le Grand - Divan
de cette Salle étoit tapiffé de plufieurs Pieces d'E
toffes de Soye magnifique & meublé, à la maniere
du Pays, de quantité de Couffins de velours cizelé
pour recevoir la Nation & les Grands du Pays ,
qui étoient venus pour voir la Fête.
Il y a eu pendant les trois jours de cette Fête ,
deux Tables dans la Salle d'Audiance , une de 15 .
Couverts & l'autre de 12. qui furent également
fervies & avec autant de profufion que de délicateffe
; les fantez du Roy y furent bues plus d'une
fois au bruit des Boetes & de l'Artillerie ; il y eut
plus de 800 verres de caffez à la fanté de Monfeigneur
le Dauphin.
* Grand Bâtiment quarré en forme de Cloitre
qui contient plufieurs Logemens .
Les
AVRIL . 2730. 727
Les Religieux Miffionnaires des quatre Maifons
furent priez le fecondjour & de la Fête &
du Repas , ils avoient déja donné des marques de
leur zele par des Prieres , des Charitez , des Illuminations
, & c.
La Maifon du Conful fut toûjours ouverte à
tous les Grands du Pays & aux Marchands Turcs,
aufquels on diftribua du Caffé , des Eaux de fenteurs
, du Sorbec & du Tabac à fumer , fuivant
P'ufage du Pays.
Le Janniffaire-Aga vint fur le foir en ceremo →
nie rendre vifite au Conful , pour lui faire compliment
fur la Naiffance du Dauphin, il fut réga
lé d'une collation , du Parfum.
Comme le Conful avoit fait part au Patriarche
& aux Archevêques & Evêques des Maronites ,
Nation Catholique du Mont Liban , au pied duquel
eft fituée la Ville de Tripoly, de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , l'Archevêque Gabriël
d'Eden fut envoyé de la part de ces Prélats,
pour lui en faire compliment & pour le prier d'af
fifter à la Meffe que le même Archevêque devoit
celebrer pontificalement le lendemain , en action
de graces dans cet heureux évenement. Le Conful
s'y rendit avec les Principaux de fa Nation , le
Prélat revêtu de fes habits Pontificaux , vint le
recevoir à la porte de l'Eglife des Maronites , lur
donna l'Eau- Benite & le conduifit , ſuivi de tous e
les Prêtres portant des Cierges , avec la Croix &
la Banniere , jufqu'à fon Prie- Dieu , placé près de
I'Autel. A la fin de la Meffe l'Archevêque prononça
un Difcours à la louange du Roi , Protec
teur de la Nation Maronite , & l'exhorta à prier -
Dieu pour la confervation de S. M. & de la Famille
Royale , le Conful donna le même jour un
* Jefuites , Cordeliers , Carmes Déchaux
Capucins.
grand
22 MERCURE DE FRANCE
grand Repas à ce Prélat & à tout le Clergé qui
l'accompagnoit.
de Syrie , par le Conful de France.
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville
le 5. Janvier 1730. par M...··
Mãe Syrie, ayané reçûle's ordres de la Cour fur
le Maire , Conful de France à Tripoly
Pheureufe Naiffance du Dauphin , fit auffi -tôt
convoquer une Affemblée generale de la Nation
de France, où il fut déliberé , que de concert avec
le fieur Aumerat , Député du Commerce de cette
Echelle , le Conful feroit tout ce qu'il jugeroit à
propos pour celebrer cette augufte Naiffance. M
donna fes ordres dès le même jour pour tous les
préparatifs neceffaires ,lefquels furent executez en
moins de huit jours, & approuvez par le Député
du Commerce , auquel le Conful avoit communiqué
fes projets. Comme tout le trouva prêt le
premier jour de l'an , le Conful crut qu'on ne
pouvoit mieux commencer la nouvelle année ,
qu'en donnant ce jour-là des marques de la joyet
de toute la Nation.
Tout étant difpofé , le Conful envoya le der
nier jour de l'année 1729. des Billets d'avertiffe
ment à toute la Nation Françoiſe , pour l'infor
mer qu'il iroit le lendemain en ceremonie à l'Eglife
Paroiffiale pour y faire chanter le Te Deum ,
& une grande Meffe en action de graces de l'heurreufe
718 MERCURE DE FRANCE
reufe nouvelle que la Nation venoit de recevoir.
Le Conful fit avertir aufli tous les Religieux Miffionnaires
d'y affiſter.
Le lendemain , premier jour de l'an , tout le
monde fe rendit à l'heure qui avoit été donnée ,
dans la Maiſon du Roy , & fur les 9. heures le
Conful de France , accompagné de toute la Na--
tion fe mit en marche de cette maniere.
Six Janniffaires portant des Maffes, & couverts
de leurs Bonnets de ceremonie , précedez par
P'Huiffier de la Nation , commençoient la Marche,
les Officiers de la Maifon du Conful , compofée
de quatre Interpretes , venoient enfuite. Le
Conful, à la tête de toute la Nation Françoiſe
fuivoit immédiatement après , & la Marche étoit
terminée par les Tambours , Timbales & Trompettes
du Pacha de Tripoly. Les rues étoient
remplies d'un très - grand nombre de Chrétiens du
Pays, & d'autres Nations étrangeres , & de toute
da Populace de la Ville.
Le Conful arriva en cet ordre jufqu'à la porte
de l'Eglife , où il trouva le Superieur des Capucins,
fon Chapelain & Curé de la Nation , qui lui
prefenta l'Eau - Benite , & lui fit un Compliment
fur la Naiflance du Dauphin . On entra enfuite"
dans l'Eglife qui étoit extraordinairement décorée;
on y chanta la grande Meffe , le Te Deum
& l'Exaudiat , au bruit d'une très-grande quantité
de Boëtes .
Le Conful avec toute fa fuite , fortit de l'Eglife
dans le même ordre qu'il y étoit entré , & revint
la Maiſon du Roi , où l'on fervit un déjeuné
compofé de toutes fortes de viandes en très gran
de profufion. Le Conful but la fanté du Roi , de
la Reine & du Prince nouveau né , au bruit des
Boetes , de la Moufqueterie & de tous les Canons
des Vaileaux François & Etrangers qui étoient
dans
AVRIL. 1730. 719
dans le Port. Le Député du Commerce & toute
la Nation, fuivirent l'exemple du Conful , on dif
tribua de l'argent aux pauvres , & toute cette
journée fe paffa dans la plus grande joye, jeux ,
danfes & autres divertiffemens .
A l'entrée de la nuit on commença l'Illumination
, la Maifon du Roi étoit illuminée de haue™
en bas
par plus de 2000. Lampions. Trois grandes
Piramides de 18. pieds de hauteur fur 6. de
largeur en quarré,.couronnées par des Fleurs
de Lys à quatre faces,à jour, garnies de Lampions,
regnoient le long de la baffe Terraffe , ce qui pro
duifoit un effet admirable. Le Grand-Divan ou Ef-T
trade de la baffe-cour étoit illuminé par 5.grands-
Luftres à quatre étages , à la maniere du Païs
dont chaque étage contenoit plus de 500. Lampions
qui répandoient une clarté étonnante dans
toute la Cour , & au Divan , au bout duquel on
avoit placé une Girandole de cuivre doré ,
douze branches, garnies de bougies.
En face du Divan & fur le bout du Baffin de
Marbre , qui reçoit un jet d'eau , on avoit élevé
le Portrait du Roi , couronné de Lauriers , de zo .
pieds de hauteur , & plus bas on avoit placé un
grand Ecuffon aux Armes de France , travaillé à
jour , dont les Fleurs de Lys avoient quatre pieds
de hauteur. Cet Ecuffon , qui étoit illuminé extraordinairement
, avoit deux faces , pour être vu
des deux côtez du Baffin ; il étoit orné de Palmes
& de Lauriers , & les huit Colomnes qui bordent
le Réfervoir , étoient couvertes dans toute leur
hauteur de branches d'Orangers chargées de leur
fruit , ce qui formoit une décoration des plus
agréables.
Tous les Marchands François qui ont leurs lagemens
dans differens quartiers de la Ville , firentauffi
des Illuminations magnifiques dans leurs
maifors
420 MERCURE DE FRANCE
*
maifons ; elles furent fi grandes & en fi grand
nombre, que le Cadi ou Juge en chef de Tripoly,
en fut allarmé , il envoya
dire au Conful de France
de faire ceffer ces illuminations , que le Peuple
en murmuroit, craignant qu'on ne voulût mettre
Je feu à la Ville , & qu'il feroit obligé d'envoyer ,
du monde pour les éteindre , il fit dire même au
fieur Blanc , que fa maifon fe trouvant placée dans
nn Camp quia ppartient à la Ville de la Meque,
& affecté en quelque façon à leur Prophete , il n'y
pouvoit faire aucun feu fur les Terraffes , & c. Le
Conful ne s'embarraſſa pas beaucoup des menaces
du Cadi , il fut pourtant obligé d'en porter fes
plaintes au Pacha , lequel ayant déja donné fon
agrément au Conful pour toutes les Illuminations
qu'il devoit faire , fit ceffer toutes les difficultez
du Cadi , & les Illuminations furent continuées
fans aucun empêchement pendant les trois jours
que dura la Fête.
La Salle d'Audiance étoit décorée auffi de quan
tité de Portraits de la Famille Royale & de plufieurs
Luftres garnis de Bougies. Le Grand - Divan
de cette Salle étoit tapiffé de plufieurs Pieces d'E
toffes de Soye magnifique & meublé, à la maniere
du Pays, de quantité de Couffins de velours cizelé
pour recevoir la Nation & les Grands du Pays ,
qui étoient venus pour voir la Fête.
Il y a eu pendant les trois jours de cette Fête ,
deux Tables dans la Salle d'Audiance , une de 15 .
Couverts & l'autre de 12. qui furent également
fervies & avec autant de profufion que de délicateffe
; les fantez du Roy y furent bues plus d'une
fois au bruit des Boetes & de l'Artillerie ; il y eut
plus de 800 verres de caffez à la fanté de Monfeigneur
le Dauphin.
* Grand Bâtiment quarré en forme de Cloitre
qui contient plufieurs Logemens .
Les
AVRIL . 2730. 727
Les Religieux Miffionnaires des quatre Maifons
furent priez le fecondjour & de la Fête &
du Repas , ils avoient déja donné des marques de
leur zele par des Prieres , des Charitez , des Illuminations
, & c.
La Maifon du Conful fut toûjours ouverte à
tous les Grands du Pays & aux Marchands Turcs,
aufquels on diftribua du Caffé , des Eaux de fenteurs
, du Sorbec & du Tabac à fumer , fuivant
P'ufage du Pays.
Le Janniffaire-Aga vint fur le foir en ceremo →
nie rendre vifite au Conful , pour lui faire compliment
fur la Naiffance du Dauphin, il fut réga
lé d'une collation , du Parfum.
Comme le Conful avoit fait part au Patriarche
& aux Archevêques & Evêques des Maronites ,
Nation Catholique du Mont Liban , au pied duquel
eft fituée la Ville de Tripoly, de la Naiffance
de Monfeigneur le Dauphin , l'Archevêque Gabriël
d'Eden fut envoyé de la part de ces Prélats,
pour lui en faire compliment & pour le prier d'af
fifter à la Meffe que le même Archevêque devoit
celebrer pontificalement le lendemain , en action
de graces dans cet heureux évenement. Le Conful
s'y rendit avec les Principaux de fa Nation , le
Prélat revêtu de fes habits Pontificaux , vint le
recevoir à la porte de l'Eglife des Maronites , lur
donna l'Eau- Benite & le conduifit , ſuivi de tous e
les Prêtres portant des Cierges , avec la Croix &
la Banniere , jufqu'à fon Prie- Dieu , placé près de
I'Autel. A la fin de la Meffe l'Archevêque prononça
un Difcours à la louange du Roi , Protec
teur de la Nation Maronite , & l'exhorta à prier -
Dieu pour la confervation de S. M. & de la Famille
Royale , le Conful donna le même jour un
* Jefuites , Cordeliers , Carmes Déchaux
Capucins.
grand
22 MERCURE DE FRANCE
grand Repas à ce Prélat & à tout le Clergé qui
l'accompagnoit.
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Résumé : REJOUISSANCES faites à Tripoly de Syrie, par le Consul de France. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 5. Janvier 1730. par M....
Le 5 janvier 1730, le consul de France à Tripoli de Syrie convoqua une assemblée générale de la Nation française pour célébrer la naissance du Dauphin, conformément aux ordres reçus de la Cour. En collaboration avec le sieur Aumerat, député du Commerce, les préparatifs furent rapidement exécutés et approuvés. Le 31 décembre 1729, le consul informa la Nation française qu'il se rendrait le lendemain à l'église paroissiale pour y faire chanter le Te Deum et une grande messe en action de grâce. Le 1er janvier, une procession solennelle se dirigea vers l'église décorée pour l'occasion, où le Te Deum et l'Exaudiat furent chantés au son des cloches. Après la messe, le consul et sa suite retournèrent à la Maison du Roi, où un déjeuner fut servi. Des salves de canons et des feux d'artifice furent tirés, et l'illumination de la Maison du Roi et des quartiers français de la ville fut spectaculaire, malgré les objections du Cadi. Le Pacha intervint pour permettre la continuation des illuminations. La salle d'audience fut décorée avec des portraits de la famille royale et des lustres. Des tables furent dressées pour recevoir les invités, et des rafraîchissements furent offerts aux grands du pays et aux marchands turcs. Des visites officielles et des compliments furent échangés, notamment avec l'archevêque Gabriel d'Eden, représentant les Maronites. Une messe pontificale fut célébrée en action de grâce, suivie d'un discours en l'honneur du roi et d'un repas offert par le consul.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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765
p. 722-730
A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
Début :
Nous avons déja parlé de plusieurs Fêtes données à Montpellier au sujet de la Naissance du [...]
Mots clefs :
Chevaliers du noble jeu de l'arc, Montpellier, Roi, Naissance du Dauphin, Fête
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texteReconnaissance textuelle : A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
Nous avons déja parlé de plufieurs Fêtes données
à Montpellier au fujet de la Naiffance du
DAUPHIN , où le zele , le bon goût & la magnificence
& la varieté ont également regné. Ce n'eſt
pas notre faute fi nous n'avons pas encore parlé
de celle des Chevaliers du noble Jeu de l'Art
de la même Ville.
Cette Compagnie doit fon établiſſement au
Roi de Maiorque , Seigneur & Souverain de
Montpellier dans le treiziéme fiécle ; foit politi
que ou condefcendance pour des Sujets nés belliqueux
, il crut devoir leur fournir un exercice
noble & utile par le maniement de l'Arc & de la
Fleche ; il réunit dans un corps diftingué tous
ceux qui voulurent y prendre partl leur donna
des loix , leur accorda des privileges , leur propofa
des récompenfes , & il s'applaudit plufieurs
fois d'un établissement dont l'honne & l'avantage
rejailliffoient fur lui . La mort du Roi de
Maïorque refroidit l'ardeur des Chevaliers. Privés
d'un Chef qui entretenoit leur feu naturel par
fon autorité & par fa préfence , ils negligerent
peu à peu leurs exercices journaliers , & ils les
renvoyerent tous au mois de Mai de chaque année
, où à ces evenemens fortunés qui exigent des
Réjouiffances publiques , il feroit trop long de
les rappeller tous. On fe contentera de dire
qu'en l'année 1701. les Ducs de Bourgogne
& de Berri , paffant par Montpellier , furent
extrêmement fatisfaits de leur adreffe & de leur
magnificence , & qu'ils voulurent bien les honorer
, en fignant fur leur Regiſtre , felon l'uſage`
des Chevaliers qu'on y reçoit.
Dans cette occafion fi defirée , leur premiere
attention
AVRIL. 1730. 723
attention fut de fe choifir des Officiers qui fuivant
l'ancienne coûtume commandaffent à la têtede
la Compagnie. Elle s'affembla dans la grande
Sale de l'Hôtel de Ville,& à la pluralité des voix,
elle élut pour Capitaine M. de la Croix de Candillargues
, Ecuyer , M. Haguenot , Confeiller du
Roi & Receveur , pour Capitaine Lieutenant ,
M. Rozier , fameux Négociant , pour Enfeigne ;
mais le premier étant tombé malade , M. Haguenot
lui fut fubftitué , il accepta avec plaifir
un honneur qu'on a vu autrefois n'être accordé
qu'à la Nobleffe la plus ancien ne. La
Compagnie eft divifée en deux Corps , l'un
des Chevaliers mariés , l'autre des jeunes gens.
M. Haguenot , de concert avec les Officiers
ordonna deux fortes d'habits uniformes ; pour
les premiers , d'un beau drap couleur de Caftor
bordé d'un grand galon d'argent , la vefte galonnée
en plein & le chapeau bordé de même ; que
celui de la jeuneffe feroit auffi d'un beau drap
Gouleur de ventre de biche , avec un pareil galon,
les paiemens & la vefte de fatin bleu , galonnés
en plein & le chapeau bordé.
Le Perroquet qui devoit être tiré , annonça
dans tous les quartiers de la Ville l'ouverture de
cette Fête. Il étoit ſculpté en bois , peint en verd,
avec un Ecuffon dans lequel étoit un Dauphin
d'or couronné. Le 8. Octobre il fut depofé dans
PHôtel de Ville par les deux Majors de la Compagnie
, & reçu par les Confuls en habits de Cerémonie
; on le plaça felon l'ufage devant le grand
Portail , au milieu des Bannieres de la Ville & dự
Drapeau du noble Jeu de l'Arc. Le même jour à
quatre heures du foir, au bruit des Inftrumens de
guerre & de mufique , & avec le même cortege;
il fut porté au Foffé , qui eft le lieu deſtiné aux
exercices de la Compagnie , M. Haguenot s'y
trouve
24 MERCURE DE FRANCE
trouva avec les Officiers ; il pofa le Perroquet au
bout d'un mât peint en bleu , parfemé de Fleurs
de Lys & de Dauphins d'or , & qui fut auffi - tôt
élevé à la hauteur de dix - huit toifes. A cet aſpect
Pallegreffe du Public fembla redoubler. M. Ha-*
guenot , fans parler des ferenades qu'il fit donner
dans tous les quartiers de la Ville , de la galanterie
qu'il fit à chaque Officier d'un riche noeud
d'épée , d'une aiguillete d'argent , & d'un ruban
or & argent aux Chevaliers , donna dans famaifon
toute forte de rafraîchiffemens exquis
fa troupe des Chevaliers mariés s'y rendit le 9. a
huit heures du matin , M. Haguenot & Me fon
Epoufe les reçûrent avec beaucoup de politeffe, &
les inviterent à un Feftin dont l'ordre égaloit la
magnificence. M. Rozier, Enſeigne de la Jeuneffe
en ufa de même à l'égard de ceux - ci , qu'il conduifit
fur les onze heures chez M. Haguenot. Les
deux Troupes ainfi réunies , fe rendirent à l'Hôtel
de Ville dans l'ordre fuivant.
Les Tambours de la Ville & deux Fifres , un
Roi des Sauvages les fuivoit , vêtu d'un ſatin couleur
de chair , avec une Couronne & une ceinture
de Laurier & une maffue à la main ; il étoit accompagné
de douze Heraults d'Armes , habillés
de verd avec des Brandebourgs d'or , le fabre au
côté & la hache fur l'épaule. Deux choeurs de
Simphonic compofée de Timballes , Tambours ,""
Violons , Hautbois , Baffons & Baffes de Violon
précedoient trois Enfans en Cupidons , l'élegance
de leur ajuftement ne cedoit en rien à leur beauté.
Plufieurs Valets habillés en Houzards leur fourniffoient
les parfums & les confitures qu'ils répandoient
avec profufion . M. Haguenot paroiffoit
enfuite richement vêtu , une fleche à la
main , à fes côtés quatre Laquais portoient fes
Carquois & fes Arcs. Après lui marchoient le
Major
AVRIL. 1730. 725
Major & les fix Confeillers de la Compagnie , &
fur deux lignes la Troupe des Mariés au nombre
de 100. une fleche à la main , & fuivis de Valets,
qui par la diverfité recherchée de leurs habits ,
repréfentoient toutes les Nations du monde.
Un Choeur de toute forte d'Inftrumens de
Guerre & de Mufique féparoit les mariés d'avec
la jeuneffe. M. Rozier étoit à leur tête , accompagné
de M. Aribert , ancien Enfeigne ; c'eſt le
même qui remplit fi honorablemeut cette place
en 1701. D'une Gibeciere de tafetas couleur de
rofe , auffi -tôt remplie que vuide , ils tiroient
des confitures & des dragées qu'ils jettoient avec
profufion.
Ces deux Troupes également leftes & galantes
arriverent ainfi à l'Hôtel de Ville. Mrs les
Confuls , en Robes rouges, fe mirent à leur tête,
& prirent le chemin qui mene au foffé . C'eſt là
que M. Haguenot , après avoir prêté le ferment
accoûtumé entre les mains de M. Durand , premier
Conful , & avoir reçû celui des autres Officiers
, remit à M. Rozier le Drapeau de la Compagnie.
Il l'exhorta par un compliment court &
energique à le conferver au prix même de fa vie,
On préfenta à Mrs les Confuls des arcs & des
Aleches qu'ils tirerent chacun à leur tour; ils furent
reconduits à l'Hôtel de Ville dans le même ordre.
Delà on fe rendit à l'Hôtel de M. de Candillargues
, Lieutenant de Roi de la Ville , Commandant
en l'abſence du Marquis de la Fare. Il
fut accompagné avec la même cerémonie dans
le foffé , où il décocha une fleche avec tant de
dexterité, qu'elle demeura fufpendue à une des aîles
du Perroquet . Il fut , enfuite ramené chez lui
au milieu des acclamations de la Compagnie &
des cris du peuple.
Le refte du jour fut deftiné à rendre les vifites
d'hon
26 MERCURE DE FRANCE
d'honneur. La Compagnie alla d'abord für la
Place Royale du Peyrou où eft la Statue Equeſtre
de Louis XIV ; tous les Chevaliers , l'épée à la
main , en firent le tour &c. M. de Bernage de S.
Maurice , Intendant de la Province avec M. de
Vaux fon fils & quantité de Nobleffe , les reçût
à la porte de fon Hôtel .
M. Bon , Premier Préfident , accompagné
de Madame fon Epouſe & de M. fon fils , chevalier
de Malte , les reçut auffi à la
fon Hôtel.
porte de
La Compagnie n'eut pas le bonheur de trouver
M. l'Evêque de Montpellier dans fon
Palais ; elle retourna au foffe, & fe difpofa à
faire le premier effai de fon adreffe. Les Officiers
commencèrent par décocher deux fleches ; les
Chevaliers continuerent jufqu'à la nuit qu'on
reconduifit M. Haguenot chez lui.
L'Entrée de fa maiſon fituée dans la plus belle
vue de la Ville ,& bâtie regulierement, étoit ornée
d'Arcs de Triomphe , de Statues , de Simboles
& d'Emblêmes , la plus belle Illumination qu'on
ait encore vûë occupoit le Balcon , toute la façade
& la longueur de la rue. L'interieur étoit paré
de meubles précieux , de Girandoles , de Luftres
& de Glaces qui multiplioient la lumiere d'une
infinité de bougies qui éclairoient tous les Appartemens.
Un repas fervi avec une delicate fomptuofité
arrêta les Chevaliers mariés ; les vins les
plus délicieux , de Bourgogne , de Champagne
ou des Cantons les plus renommés furent fervis
avec profufion , liqueurs , parfums , rien ne fut
épargné. Ce ne fut pas encore affez ; durant trois
jours confecutifs , M. Haguenot tint chez lui table
ouverte de 150. Couverts , & donna abondamment
à manger & à boire au Peuple dans la
Tue. Mc fon Epoufe de fon côté faifoit diftribuer
с
aux
AVRIL. 1730. 727
aux Dames de la Ville des baffins & des boetes
de toute forte de confitures. Cependant les jeunes
gens accompagnoient chez eux , à la lueur de
200. flambeaux , M. Rouzier & M. Moulton
leur Major. Celui- ci qui ne s'attendoit pas à cet
honneur , mit à profit le peu de tems qu'il eut
pour faire dreffer en arrivant une collation dans
la rue. Il la préfenta à cette belle jeuneffe ,
reftes furent livrés à une foule de curieux avides.
Depuis ce jour 9. d'Octobre juſqu'au commencement
du mois de Novembre , M. Haguenot in
venta de nouvelles Fêtes & de nouveaux plaifirs ,
toutes les perfonnes de confideration , de l'un &
de l'autre fexe , Citoyens & Etrangers , s'emprefferent
d'y prendre part , fur-tout dans le foffé
où fe trouvoient toute forte de rafraîchiffemens
M. de Bernage de S. Maurice , M. Bon & Mrs
leurs fils vinrent honorer ces brillantes affemblées
de leur préfence, ils tirerent chacun deux fleches,
& leur exemple attira dans la Compagnie quantité
d'Officiers de la Chambre des Comptes , des
autres Corps diftingués de la Ville & plufieurs
perfonnes de qualité.
Tous ces divertiffemens ne faifoient pas perdre
de vue à Mrs les Chevaliers le motif principal qui
des unifloit. Sous les ordres de M. Haguenot de
puis 9. heures du matin jufqu'à midi , & depuis
deux heures jufqu'à quatre du foir , ils s'exerçoient
à tirer de l'arc à tour de role , ainfi que le fort
les avoit placés ; & afin d'exciter davantage leur
ardeur , il leur préfenta deux aiguilletes d'argent
pareilles à celles des Officiers. On tira au rondeau
qui les emporteroit , l'une fut gagnée par M.
Carquet , Major , & l'autre par M. Teffes , Che
valier.
M. Baunier , Baron de Lamoffon , arriva vers
tems là de Paris. Il s'y étoit diftingué par une
Fêr
728 MERCURE DE FRANCE
Fête des plus fplendides , & il demanda d'être reçu
Chevalier ; il figna dans le Regiftre , & décocha
fes deux fleches avec habileté. Il fit préparer
une grande Fête à fon fuperbe Château de Lamoffon
pour le 23. Octobre , il y invita les Officiers
& tous les Chevaliers par des billets imprimés.
Au Village de Celleneuve , qui étoit le lieu
du Rendez -vous , les Officiers de M. de Lamoffon
y préfenterent à la Compagnie des Rafraî
chiffemens. Elle partit en ordre pour Lamoffon
qui n'est qu'à une petite promenade delà , avec
la même pompe & le même appareil que le premier
jour ; elle y fut reçue par M. de famoffon,
accompagné de M. Bon , Premier Préfident
& de plufieurs autres Chevaliers de Marque.
Le nombre des Conviés fut de 250. & comme
il étoit mal aifé de fournir des amufemens differens
à une fi grande Compagnie , il leur en offrit
un qui convenoit à tous . On dreffa dans la principale
allée de fon Parc un rondeau au milieu d'un
matelas fufpendu , & on s'exerçà à y tirer juſqu'à
l'heure du diner , qui fut annoncée par un charanant
Concert de toute forte d'Inftrumens. Dans
la feconde Cour du Château , & fous une Tente
de 1500. aulnes de toilie , parut une table en fer
à cheval , capable de contenir cette nombreuſe
affemblée ; on ne s'arrêtera pas à faire le détail
de ce Feftin. Il fuffira de dire que M. de Lamoffon
eft magnifique dans toutes fes actions , que
toutes ces Fêtes font marquées au coin du bon
goût , & que celle-ci furpaffa toutes celles qu'il
avoit données .
Le refte de la journée on continua de tirer au
Rondeau jufqu'à - ce que chaque Chevalier eût décoché
fa fleche. La gloire ne fut pas la feule récompenfe
desVainqueurs,M. de Lamoffon leur fit
prefent de riches Bijoux ; à M. Chabanetin d'une
Tabatiere
AVRIL. 1730. 729
Tabatiere d'or , à M. Boudet d'une Montre d'or ,
à M. Defmarêts d'une Canne à pomme d'or . Les
approches de la nuit obligerent la Compagnie de
prendre congé de M. Lamoffon , après l'avoir remercié
de fes politeffes par la bouche de M. Haguenot
, fon Capitaine-Lieutenant.
Ni la fatigue de ces Divertiffemens , ni le foin
même des affaires domeftiques ne rallentirent
l'ardeur des Chevaliers ; toûjours attentifs à ſeconder
les intentions de M. Haguenot , éxacts à
venir dans le Foffé aux heures marquées. Enfin
après plufieurs efforts redoublez, à l'envi, après de
differentes atteintes & de violentes fecouffes données
au Perroquet par des mains habiles , il ceda
au trait de M. Privat, Chevalier de la Troupe des
jeunes gens ; il tomba à fes pieds , & la chute fut
annoncée à toute la Ville par le bruit guerrier des
Tambours & Fanfares, & par les cris d'une foule
de Spectateurs. Le Vainqueur fut couronné de
Laurier par M. Haguenot , & conduit en triomphe
à fa maiſon , &c.
Le premier foin de M. Privat fut de préparer à
la Compagnie une Fête digne d'elle & de lui Sa
maifon fut décorée d'Arcs de Triomphe, & illuminée
avec art. Les danfes & deux Fontaines de
vin arrêtoient le Peuple à la porte ; au dedans les
Feftins , les Concerts & les Bals raſſembloient les
Chevaliers & plufieurs autres perfonnes de l'un &
l'autre fexe. M. Privat entretint ainfi la joye & les
plaifirs jufqu'au jour deſtiné à le proclamer Roi
du noble Jeu de l'Arc. Ce fut le 8.Novembre,jour
que M.Haguenot voulut rendre plus remarquable
& plus folemnel , ordonnant par un ban , de fermer
toutes les Boutiques de la Ville.
A deux heures après midy , M. Privat ſe rendit
dans le Foffé. Il y trouva la Compagnie en ordre.
Il diſtribua aux Officiers des Aiguillettes d'or , &
E en
730 MERCURE DE FRANCE .
en prefenta deux aux Chevaliers pour les tirer au
Rondeau , l'une échut à M. Philis , & l'autre à
M. Davitjean , Chevaliers.
M. Haguenot , affifté des Officiers , revêtit enfuite
M. Privat de ſes Habits Royaux , où l'or, &
la Soye brilloient avec éclat , & qu'on trouva de
la derniere magnificence. Dans ce ſuperbe ajuftement
il reçut les hommages de la Compagnie par
un Difcours éloquent que lui fit M. Haguenot , &
par des Vers que les fix petits Cupidons réciterent
afa louange.
L'ordre donné pour la Marche , dont la pompe
& le cortege fut en tout femblable à celle du
9. Octobre , le nouveau Roi fe mit à la tête de
la Compagnie , ayant à fa droite M. Haguenot ,
Capitaine-Lieutenant , & à fa gauche M. Aribert,
comme le plus ancien Officier du noble Jeu de
PArc. Tous les quartiers de la Ville furent témoins
de fa bonne grace , &c.
Toute la brillante Ceremonie finit par un Feftin
que le Roi donna à la Compagnie dans le Jeu de
Paulme qu'il avoit fait orner de riches Tapifleries,
& éclairer par un grand nombre de luftres & de
bougies. On y avoit ménagé des Balcons tout autour
pour placer les Dames . La varieté & l'arran
gement de cette Affemblée , compofée de quantité
de perfonnes de diftinction , fournit un Spectacle
très-gracieux. Tout fut feryi en abondance & avec
une extréme délicateffe. On but les fantés du Roi
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , jufques
à 2.heures après minuit que les deux Troupes
allerent , l'épée à la main , précedées de quantité
de flambeaux , accompagner le Roi & M. Hague
not chez eux .
à Montpellier au fujet de la Naiffance du
DAUPHIN , où le zele , le bon goût & la magnificence
& la varieté ont également regné. Ce n'eſt
pas notre faute fi nous n'avons pas encore parlé
de celle des Chevaliers du noble Jeu de l'Art
de la même Ville.
Cette Compagnie doit fon établiſſement au
Roi de Maiorque , Seigneur & Souverain de
Montpellier dans le treiziéme fiécle ; foit politi
que ou condefcendance pour des Sujets nés belliqueux
, il crut devoir leur fournir un exercice
noble & utile par le maniement de l'Arc & de la
Fleche ; il réunit dans un corps diftingué tous
ceux qui voulurent y prendre partl leur donna
des loix , leur accorda des privileges , leur propofa
des récompenfes , & il s'applaudit plufieurs
fois d'un établissement dont l'honne & l'avantage
rejailliffoient fur lui . La mort du Roi de
Maïorque refroidit l'ardeur des Chevaliers. Privés
d'un Chef qui entretenoit leur feu naturel par
fon autorité & par fa préfence , ils negligerent
peu à peu leurs exercices journaliers , & ils les
renvoyerent tous au mois de Mai de chaque année
, où à ces evenemens fortunés qui exigent des
Réjouiffances publiques , il feroit trop long de
les rappeller tous. On fe contentera de dire
qu'en l'année 1701. les Ducs de Bourgogne
& de Berri , paffant par Montpellier , furent
extrêmement fatisfaits de leur adreffe & de leur
magnificence , & qu'ils voulurent bien les honorer
, en fignant fur leur Regiſtre , felon l'uſage`
des Chevaliers qu'on y reçoit.
Dans cette occafion fi defirée , leur premiere
attention
AVRIL. 1730. 723
attention fut de fe choifir des Officiers qui fuivant
l'ancienne coûtume commandaffent à la têtede
la Compagnie. Elle s'affembla dans la grande
Sale de l'Hôtel de Ville,& à la pluralité des voix,
elle élut pour Capitaine M. de la Croix de Candillargues
, Ecuyer , M. Haguenot , Confeiller du
Roi & Receveur , pour Capitaine Lieutenant ,
M. Rozier , fameux Négociant , pour Enfeigne ;
mais le premier étant tombé malade , M. Haguenot
lui fut fubftitué , il accepta avec plaifir
un honneur qu'on a vu autrefois n'être accordé
qu'à la Nobleffe la plus ancien ne. La
Compagnie eft divifée en deux Corps , l'un
des Chevaliers mariés , l'autre des jeunes gens.
M. Haguenot , de concert avec les Officiers
ordonna deux fortes d'habits uniformes ; pour
les premiers , d'un beau drap couleur de Caftor
bordé d'un grand galon d'argent , la vefte galonnée
en plein & le chapeau bordé de même ; que
celui de la jeuneffe feroit auffi d'un beau drap
Gouleur de ventre de biche , avec un pareil galon,
les paiemens & la vefte de fatin bleu , galonnés
en plein & le chapeau bordé.
Le Perroquet qui devoit être tiré , annonça
dans tous les quartiers de la Ville l'ouverture de
cette Fête. Il étoit ſculpté en bois , peint en verd,
avec un Ecuffon dans lequel étoit un Dauphin
d'or couronné. Le 8. Octobre il fut depofé dans
PHôtel de Ville par les deux Majors de la Compagnie
, & reçu par les Confuls en habits de Cerémonie
; on le plaça felon l'ufage devant le grand
Portail , au milieu des Bannieres de la Ville & dự
Drapeau du noble Jeu de l'Arc. Le même jour à
quatre heures du foir, au bruit des Inftrumens de
guerre & de mufique , & avec le même cortege;
il fut porté au Foffé , qui eft le lieu deſtiné aux
exercices de la Compagnie , M. Haguenot s'y
trouve
24 MERCURE DE FRANCE
trouva avec les Officiers ; il pofa le Perroquet au
bout d'un mât peint en bleu , parfemé de Fleurs
de Lys & de Dauphins d'or , & qui fut auffi - tôt
élevé à la hauteur de dix - huit toifes. A cet aſpect
Pallegreffe du Public fembla redoubler. M. Ha-*
guenot , fans parler des ferenades qu'il fit donner
dans tous les quartiers de la Ville , de la galanterie
qu'il fit à chaque Officier d'un riche noeud
d'épée , d'une aiguillete d'argent , & d'un ruban
or & argent aux Chevaliers , donna dans famaifon
toute forte de rafraîchiffemens exquis
fa troupe des Chevaliers mariés s'y rendit le 9. a
huit heures du matin , M. Haguenot & Me fon
Epoufe les reçûrent avec beaucoup de politeffe, &
les inviterent à un Feftin dont l'ordre égaloit la
magnificence. M. Rozier, Enſeigne de la Jeuneffe
en ufa de même à l'égard de ceux - ci , qu'il conduifit
fur les onze heures chez M. Haguenot. Les
deux Troupes ainfi réunies , fe rendirent à l'Hôtel
de Ville dans l'ordre fuivant.
Les Tambours de la Ville & deux Fifres , un
Roi des Sauvages les fuivoit , vêtu d'un ſatin couleur
de chair , avec une Couronne & une ceinture
de Laurier & une maffue à la main ; il étoit accompagné
de douze Heraults d'Armes , habillés
de verd avec des Brandebourgs d'or , le fabre au
côté & la hache fur l'épaule. Deux choeurs de
Simphonic compofée de Timballes , Tambours ,""
Violons , Hautbois , Baffons & Baffes de Violon
précedoient trois Enfans en Cupidons , l'élegance
de leur ajuftement ne cedoit en rien à leur beauté.
Plufieurs Valets habillés en Houzards leur fourniffoient
les parfums & les confitures qu'ils répandoient
avec profufion . M. Haguenot paroiffoit
enfuite richement vêtu , une fleche à la
main , à fes côtés quatre Laquais portoient fes
Carquois & fes Arcs. Après lui marchoient le
Major
AVRIL. 1730. 725
Major & les fix Confeillers de la Compagnie , &
fur deux lignes la Troupe des Mariés au nombre
de 100. une fleche à la main , & fuivis de Valets,
qui par la diverfité recherchée de leurs habits ,
repréfentoient toutes les Nations du monde.
Un Choeur de toute forte d'Inftrumens de
Guerre & de Mufique féparoit les mariés d'avec
la jeuneffe. M. Rozier étoit à leur tête , accompagné
de M. Aribert , ancien Enfeigne ; c'eſt le
même qui remplit fi honorablemeut cette place
en 1701. D'une Gibeciere de tafetas couleur de
rofe , auffi -tôt remplie que vuide , ils tiroient
des confitures & des dragées qu'ils jettoient avec
profufion.
Ces deux Troupes également leftes & galantes
arriverent ainfi à l'Hôtel de Ville. Mrs les
Confuls , en Robes rouges, fe mirent à leur tête,
& prirent le chemin qui mene au foffé . C'eſt là
que M. Haguenot , après avoir prêté le ferment
accoûtumé entre les mains de M. Durand , premier
Conful , & avoir reçû celui des autres Officiers
, remit à M. Rozier le Drapeau de la Compagnie.
Il l'exhorta par un compliment court &
energique à le conferver au prix même de fa vie,
On préfenta à Mrs les Confuls des arcs & des
Aleches qu'ils tirerent chacun à leur tour; ils furent
reconduits à l'Hôtel de Ville dans le même ordre.
Delà on fe rendit à l'Hôtel de M. de Candillargues
, Lieutenant de Roi de la Ville , Commandant
en l'abſence du Marquis de la Fare. Il
fut accompagné avec la même cerémonie dans
le foffé , où il décocha une fleche avec tant de
dexterité, qu'elle demeura fufpendue à une des aîles
du Perroquet . Il fut , enfuite ramené chez lui
au milieu des acclamations de la Compagnie &
des cris du peuple.
Le refte du jour fut deftiné à rendre les vifites
d'hon
26 MERCURE DE FRANCE
d'honneur. La Compagnie alla d'abord für la
Place Royale du Peyrou où eft la Statue Equeſtre
de Louis XIV ; tous les Chevaliers , l'épée à la
main , en firent le tour &c. M. de Bernage de S.
Maurice , Intendant de la Province avec M. de
Vaux fon fils & quantité de Nobleffe , les reçût
à la porte de fon Hôtel .
M. Bon , Premier Préfident , accompagné
de Madame fon Epouſe & de M. fon fils , chevalier
de Malte , les reçut auffi à la
fon Hôtel.
porte de
La Compagnie n'eut pas le bonheur de trouver
M. l'Evêque de Montpellier dans fon
Palais ; elle retourna au foffe, & fe difpofa à
faire le premier effai de fon adreffe. Les Officiers
commencèrent par décocher deux fleches ; les
Chevaliers continuerent jufqu'à la nuit qu'on
reconduifit M. Haguenot chez lui.
L'Entrée de fa maiſon fituée dans la plus belle
vue de la Ville ,& bâtie regulierement, étoit ornée
d'Arcs de Triomphe , de Statues , de Simboles
& d'Emblêmes , la plus belle Illumination qu'on
ait encore vûë occupoit le Balcon , toute la façade
& la longueur de la rue. L'interieur étoit paré
de meubles précieux , de Girandoles , de Luftres
& de Glaces qui multiplioient la lumiere d'une
infinité de bougies qui éclairoient tous les Appartemens.
Un repas fervi avec une delicate fomptuofité
arrêta les Chevaliers mariés ; les vins les
plus délicieux , de Bourgogne , de Champagne
ou des Cantons les plus renommés furent fervis
avec profufion , liqueurs , parfums , rien ne fut
épargné. Ce ne fut pas encore affez ; durant trois
jours confecutifs , M. Haguenot tint chez lui table
ouverte de 150. Couverts , & donna abondamment
à manger & à boire au Peuple dans la
Tue. Mc fon Epoufe de fon côté faifoit diftribuer
с
aux
AVRIL. 1730. 727
aux Dames de la Ville des baffins & des boetes
de toute forte de confitures. Cependant les jeunes
gens accompagnoient chez eux , à la lueur de
200. flambeaux , M. Rouzier & M. Moulton
leur Major. Celui- ci qui ne s'attendoit pas à cet
honneur , mit à profit le peu de tems qu'il eut
pour faire dreffer en arrivant une collation dans
la rue. Il la préfenta à cette belle jeuneffe ,
reftes furent livrés à une foule de curieux avides.
Depuis ce jour 9. d'Octobre juſqu'au commencement
du mois de Novembre , M. Haguenot in
venta de nouvelles Fêtes & de nouveaux plaifirs ,
toutes les perfonnes de confideration , de l'un &
de l'autre fexe , Citoyens & Etrangers , s'emprefferent
d'y prendre part , fur-tout dans le foffé
où fe trouvoient toute forte de rafraîchiffemens
M. de Bernage de S. Maurice , M. Bon & Mrs
leurs fils vinrent honorer ces brillantes affemblées
de leur préfence, ils tirerent chacun deux fleches,
& leur exemple attira dans la Compagnie quantité
d'Officiers de la Chambre des Comptes , des
autres Corps diftingués de la Ville & plufieurs
perfonnes de qualité.
Tous ces divertiffemens ne faifoient pas perdre
de vue à Mrs les Chevaliers le motif principal qui
des unifloit. Sous les ordres de M. Haguenot de
puis 9. heures du matin jufqu'à midi , & depuis
deux heures jufqu'à quatre du foir , ils s'exerçoient
à tirer de l'arc à tour de role , ainfi que le fort
les avoit placés ; & afin d'exciter davantage leur
ardeur , il leur préfenta deux aiguilletes d'argent
pareilles à celles des Officiers. On tira au rondeau
qui les emporteroit , l'une fut gagnée par M.
Carquet , Major , & l'autre par M. Teffes , Che
valier.
M. Baunier , Baron de Lamoffon , arriva vers
tems là de Paris. Il s'y étoit diftingué par une
Fêr
728 MERCURE DE FRANCE
Fête des plus fplendides , & il demanda d'être reçu
Chevalier ; il figna dans le Regiftre , & décocha
fes deux fleches avec habileté. Il fit préparer
une grande Fête à fon fuperbe Château de Lamoffon
pour le 23. Octobre , il y invita les Officiers
& tous les Chevaliers par des billets imprimés.
Au Village de Celleneuve , qui étoit le lieu
du Rendez -vous , les Officiers de M. de Lamoffon
y préfenterent à la Compagnie des Rafraî
chiffemens. Elle partit en ordre pour Lamoffon
qui n'est qu'à une petite promenade delà , avec
la même pompe & le même appareil que le premier
jour ; elle y fut reçue par M. de famoffon,
accompagné de M. Bon , Premier Préfident
& de plufieurs autres Chevaliers de Marque.
Le nombre des Conviés fut de 250. & comme
il étoit mal aifé de fournir des amufemens differens
à une fi grande Compagnie , il leur en offrit
un qui convenoit à tous . On dreffa dans la principale
allée de fon Parc un rondeau au milieu d'un
matelas fufpendu , & on s'exerçà à y tirer juſqu'à
l'heure du diner , qui fut annoncée par un charanant
Concert de toute forte d'Inftrumens. Dans
la feconde Cour du Château , & fous une Tente
de 1500. aulnes de toilie , parut une table en fer
à cheval , capable de contenir cette nombreuſe
affemblée ; on ne s'arrêtera pas à faire le détail
de ce Feftin. Il fuffira de dire que M. de Lamoffon
eft magnifique dans toutes fes actions , que
toutes ces Fêtes font marquées au coin du bon
goût , & que celle-ci furpaffa toutes celles qu'il
avoit données .
Le refte de la journée on continua de tirer au
Rondeau jufqu'à - ce que chaque Chevalier eût décoché
fa fleche. La gloire ne fut pas la feule récompenfe
desVainqueurs,M. de Lamoffon leur fit
prefent de riches Bijoux ; à M. Chabanetin d'une
Tabatiere
AVRIL. 1730. 729
Tabatiere d'or , à M. Boudet d'une Montre d'or ,
à M. Defmarêts d'une Canne à pomme d'or . Les
approches de la nuit obligerent la Compagnie de
prendre congé de M. Lamoffon , après l'avoir remercié
de fes politeffes par la bouche de M. Haguenot
, fon Capitaine-Lieutenant.
Ni la fatigue de ces Divertiffemens , ni le foin
même des affaires domeftiques ne rallentirent
l'ardeur des Chevaliers ; toûjours attentifs à ſeconder
les intentions de M. Haguenot , éxacts à
venir dans le Foffé aux heures marquées. Enfin
après plufieurs efforts redoublez, à l'envi, après de
differentes atteintes & de violentes fecouffes données
au Perroquet par des mains habiles , il ceda
au trait de M. Privat, Chevalier de la Troupe des
jeunes gens ; il tomba à fes pieds , & la chute fut
annoncée à toute la Ville par le bruit guerrier des
Tambours & Fanfares, & par les cris d'une foule
de Spectateurs. Le Vainqueur fut couronné de
Laurier par M. Haguenot , & conduit en triomphe
à fa maiſon , &c.
Le premier foin de M. Privat fut de préparer à
la Compagnie une Fête digne d'elle & de lui Sa
maifon fut décorée d'Arcs de Triomphe, & illuminée
avec art. Les danfes & deux Fontaines de
vin arrêtoient le Peuple à la porte ; au dedans les
Feftins , les Concerts & les Bals raſſembloient les
Chevaliers & plufieurs autres perfonnes de l'un &
l'autre fexe. M. Privat entretint ainfi la joye & les
plaifirs jufqu'au jour deſtiné à le proclamer Roi
du noble Jeu de l'Arc. Ce fut le 8.Novembre,jour
que M.Haguenot voulut rendre plus remarquable
& plus folemnel , ordonnant par un ban , de fermer
toutes les Boutiques de la Ville.
A deux heures après midy , M. Privat ſe rendit
dans le Foffé. Il y trouva la Compagnie en ordre.
Il diſtribua aux Officiers des Aiguillettes d'or , &
E en
730 MERCURE DE FRANCE .
en prefenta deux aux Chevaliers pour les tirer au
Rondeau , l'une échut à M. Philis , & l'autre à
M. Davitjean , Chevaliers.
M. Haguenot , affifté des Officiers , revêtit enfuite
M. Privat de ſes Habits Royaux , où l'or, &
la Soye brilloient avec éclat , & qu'on trouva de
la derniere magnificence. Dans ce ſuperbe ajuftement
il reçut les hommages de la Compagnie par
un Difcours éloquent que lui fit M. Haguenot , &
par des Vers que les fix petits Cupidons réciterent
afa louange.
L'ordre donné pour la Marche , dont la pompe
& le cortege fut en tout femblable à celle du
9. Octobre , le nouveau Roi fe mit à la tête de
la Compagnie , ayant à fa droite M. Haguenot ,
Capitaine-Lieutenant , & à fa gauche M. Aribert,
comme le plus ancien Officier du noble Jeu de
PArc. Tous les quartiers de la Ville furent témoins
de fa bonne grace , &c.
Toute la brillante Ceremonie finit par un Feftin
que le Roi donna à la Compagnie dans le Jeu de
Paulme qu'il avoit fait orner de riches Tapifleries,
& éclairer par un grand nombre de luftres & de
bougies. On y avoit ménagé des Balcons tout autour
pour placer les Dames . La varieté & l'arran
gement de cette Affemblée , compofée de quantité
de perfonnes de diftinction , fournit un Spectacle
très-gracieux. Tout fut feryi en abondance & avec
une extréme délicateffe. On but les fantés du Roi
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , jufques
à 2.heures après minuit que les deux Troupes
allerent , l'épée à la main , précedées de quantité
de flambeaux , accompagner le Roi & M. Hague
not chez eux .
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Résumé : A Montpellier, le noble Jeu de l'Arc, &c. [titre d'après la table]
En 1730, les Chevaliers du noble Jeu de l'Art à Montpellier organisèrent une fête dirigée par M. Haguenot, élu Capitaine Lieutenant. Cette compagnie, fondée au XIIIe siècle par le Roi de Majorque, avait pour but de canaliser l'énergie belliqueuse des habitants par le maniement de l'arc et de la flèche. Après un déclin dû à la mort du roi, la compagnie fut relancée en 1701 lors du passage des Ducs de Bourgogne et de Berry. La fête débuta par la présentation d'un perroquet sculpté, déposé à l'Hôtel de Ville puis transféré au fossé, lieu des exercices. Les Chevaliers, vêtus d'uniformes spécifiques, défilèrent dans la ville, accompagnés de musique et de symboles royaux. La fête inclut des visites d'honneur à des personnalités locales, des démonstrations de tir à l'arc, et des réjouissances publiques. M. Haguenot et d'autres officiers reçurent des distinctions et des présents. Des concours de tir furent organisés, avec des récompenses pour les vainqueurs. La fête se conclut par une grande réception au château de Lamoffon, organisée par M. Baunier, Baron de Lamoffon, où les Chevaliers furent accueillis avec magnificence. La fête se termina par des tirs au perroquet, avec M. Privat comme vainqueur. Le texte décrit également les célébrations entourant l'élection de M. Privat comme roi du noble Jeu de l'Arc. M. Haguenot couronna M. Privat de laurier et le conduisit en triomphe chez lui. Pour préparer la fête, M. Privat décora sa maison d'arcs de triomphe et d'illuminations. Des danses, des fontaines de vin, des festins, des concerts et des bals attirèrent de nombreux participants. La fête dura jusqu'au jour de la proclamation officielle de M. Privat comme roi, le 8 novembre, jour où toutes les boutiques de la ville furent fermées sur ordre de M. Haguenot. À 14 heures, M. Privat se rendit dans le fossé où il distribua des aiguillettes d'or aux officiers et aux chevaliers pour le tir au rondeau. M. Haguenot, assisté des officiers, revêtit M. Privat de ses habits royaux, ornés d'or et de soie. M. Privat reçut ensuite les hommages de la compagnie par un discours de M. Haguenot et des vers récités par des petits Cupidons. La procession, similaire à celle du 9 octobre, se déroula avec M. Privat à la tête de la compagnie, accompagné de M. Haguenot et de M. Aribert. La cérémonie se conclut par un festin au Jeu de Paulme, orné de riches tapisseries et éclairé par de nombreux lustres et bougies. Des balcons furent aménagés pour les dames, et l'assemblée, composée de personnes de distinction, offrit un spectacle gracieux. Le festin se prolongea jusqu'à 2 heures du matin, où deux troupes escortèrent le roi et M. Haguenot chez eux, épées à la main et précédées de flambeaux.
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766
p. 808-809
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On a eu avis de la résolution prise par le Grand-Seigneur de faire une ensreprise sur [...]
Mots clefs :
Prince, Sultan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
Na eu avis de la réfolution prife par le
Grand- Seigneur de faire une ensrepriſe fur
P'Ifle de Corfou , appartenant à la République de
Venife , & qu'on arme à ce fujet une Flotte à
Conftantinople.
On a eu auffi avis de Smirne , qu'on y avoit
reçû la nouvelle que le Prince Thamas , fils du
dernier Roi de Perfe , s'étoit rendu maître d'Ifpaham
, & qu'on ne parloit plus à Conſtantinople
du départ des Troupes que le G. S. devoit
envoyer en Perfe pour fecourir le Sultan Acheraf
& par les dernieres Lettres de Conftantinople on
a appris que le Prince Thamas ayant défait l'Armée
du Sultan Acheraf en trois rencontres, avoit
formé le fiége d'Ifpaham & s'en étoit rendu maître;
qu'enfuite il avoit pris plufieurs autres Villes
confiderables, & qu'on ne doutoit plus qu'il n'entreprît
de reprendre les autres Villes conquifes
par les Puiffances Etrangeres pendant les troubles
du Pays. Ces Lettres ajoûtent qu'on avoit reçû la
nouvelle de la mort du Sultan Acheraf , & qu'à
cette occafion le Grand-Vifir avoit fait affembler
le Divan.
D'autres Lettres qu'on reçoit dans le moment ,
portent que le 26. Fevrier dernier le Grand- Vifir
avoit reçu la nouvelle de la priſe d'Iſpaħam
par l'armée du Prince Thamas , que ce Prince y
avoit fait une entrée triomphante & avoit été
proclamé Souverain de cette partie de la Perfe
aux
AVRIL 1730. 809
#
aux acclamations réiterées des peuples extremement
fatisfaits de fe voir délivrés de l'oppreffion
& de la tyrannie du Sultan Acheraf , qui s'eft retiré
fecretement de la Ville trois jours avant la
prife , avec le refte de fon parti , pour ſe fauver
du côté de la Géorgie , où l'on croit qu'il a été
affaffiné. , & on ajoûte que le bruit de fa mort
avoit déterminé le Grand-Vizir à renvoyer l'Envoyé
qui étoit à Gonftantinoplc de la part de coc JifU1paceur.
Grand- Seigneur de faire une ensrepriſe fur
P'Ifle de Corfou , appartenant à la République de
Venife , & qu'on arme à ce fujet une Flotte à
Conftantinople.
On a eu auffi avis de Smirne , qu'on y avoit
reçû la nouvelle que le Prince Thamas , fils du
dernier Roi de Perfe , s'étoit rendu maître d'Ifpaham
, & qu'on ne parloit plus à Conſtantinople
du départ des Troupes que le G. S. devoit
envoyer en Perfe pour fecourir le Sultan Acheraf
& par les dernieres Lettres de Conftantinople on
a appris que le Prince Thamas ayant défait l'Armée
du Sultan Acheraf en trois rencontres, avoit
formé le fiége d'Ifpaham & s'en étoit rendu maître;
qu'enfuite il avoit pris plufieurs autres Villes
confiderables, & qu'on ne doutoit plus qu'il n'entreprît
de reprendre les autres Villes conquifes
par les Puiffances Etrangeres pendant les troubles
du Pays. Ces Lettres ajoûtent qu'on avoit reçû la
nouvelle de la mort du Sultan Acheraf , & qu'à
cette occafion le Grand-Vifir avoit fait affembler
le Divan.
D'autres Lettres qu'on reçoit dans le moment ,
portent que le 26. Fevrier dernier le Grand- Vifir
avoit reçu la nouvelle de la priſe d'Iſpaħam
par l'armée du Prince Thamas , que ce Prince y
avoit fait une entrée triomphante & avoit été
proclamé Souverain de cette partie de la Perfe
aux
AVRIL 1730. 809
#
aux acclamations réiterées des peuples extremement
fatisfaits de fe voir délivrés de l'oppreffion
& de la tyrannie du Sultan Acheraf , qui s'eft retiré
fecretement de la Ville trois jours avant la
prife , avec le refte de fon parti , pour ſe fauver
du côté de la Géorgie , où l'on croit qu'il a été
affaffiné. , & on ajoûte que le bruit de fa mort
avoit déterminé le Grand-Vizir à renvoyer l'Envoyé
qui étoit à Gonftantinoplc de la part de coc JifU1paceur.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En avril 1730, des informations ont été reçues sur des actions militaires et politiques en Méditerranée orientale. Le Grand Seigneur a décidé d'attaquer l'île de Corfou, appartenant à la République de Venise, et une flotte est en cours d'armement à Constantinople. Parallèlement, des nouvelles de Smirne rapportent que Thamas, fils du dernier roi de Perse, a pris le contrôle d'Ispahan après avoir vaincu l'armée du sultan Acheraf en trois batailles. Thamas a ensuite assiégé et conquis Ispahan ainsi que plusieurs autres villes importantes. La mort du sultan Acheraf a été annoncée, et le Grand-Vizir a convoqué le Divan. Des lettres ultérieures confirment la prise d'Ispahan par Thamas, qui y a été proclamé souverain et acclamé par la population. Le sultan Acheraf s'est enfui en Géorgie, où il aurait été assassiné, ce qui a conduit le Grand-Vizir à rappeler l'envoyé de l'empereur de Perse à Constantinople.
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767
p. 809-812
RUSSIE.
Début :
La Czarine arriva à Moscou le 19. Fevrier à 2. heures après midi. Dès le matin on fit deux [...]
Mots clefs :
Tsarine, Princesse, Conseil, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
A Czarine arriva à Mofcou le 19. Fevrier à
2. heures après midi . Dès le matin on fit deux
détachemens , l'un du Régiment des Gardes à
cheval & l'autre du Régiment des Gardes Infanterie
, pour aller au-devant de S.-M. Cz. avec
les Députez des trois Etats , qui à une lieuë de
Mofcou lui préfenterent les Clefs de la Ville & du
Château , le Sceptre & la Couronne. Toutes les
rues fur fon paffage étoient tapiffées ; la Bourgeoifie
fous les armes & la Garnifon formoient
une double haye depuis la porte de la Trinité jufqu'à
la grande Eglife , à la porte de làquelle cette
Princeffe fut reçue par l'Archevêque de Novogorod
, accompagné de plufieurs Evêques , Abbez &
autres Ecclefiaftiques de diftinction . Après le Te
Deum, qui fut chanté par la Mufique , la Czarine
fe rendit au Château , où elle fut reçue par la Du--
cheffe de Mekelbourg , fa foeur. Le foir elle reçut
les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs de la Cour.
Cette Princeffe a figné un Decret par lequel !
elle continue tous les Officiers du feu Czar dans
les fonctians de leurs Charges , à la réſerve du
Procureur General Jagozinski , qui a été arrêté
pour avoir voulu exciter une fédition en faveur
H de
810 MERCURE DE FRANCE
de la Princaffe Elifabeth , tante du feu Czar.
Le 26.Février, la Czarine fit fon entrée publique
à Mofcou. Une Compagnie de Grenadiers des
Gardes à cheval commençoit la marche : elle étoit
fuivie de 21. Caroffes à huit chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour& de la principale Nobleffe
à cheval. Les Membres du Haut - Conſeil &
les principaux Boyars marchoient enfuite dans des
Caroffes à fix chevaux : le Caroffe de , Ceremonie
de la Czarine venoit après ; il étoit fuivi d'autres
Caroffes dans lefquels étoient plufieurs Dames
qui font venues de Curlande avec cette Princeffe.
A quelque diftance , un Détachement des Chevaliers
Gardes marchoit devant le Caroffe de
S. M. Cz. attelé de huit chevaux , richement caparaçonnez
, & entouré de Valets de Pied , de
Maures & de Heiduques. Le Prince Bafile Dol--
horuski, le Prince Michel Michalowitz Gallitzin &
le Major General Leontioff , étoient à cheval aux
Portieres du Caroffe de S.M.Cz.un autre Détachement
des Chevaliers- Gardes fermoit la marche.
On avoit élevé trois Arcs de Triomphe dans la
Ville , au premier defquels la Czarine fut complimentée
par les Magiftrats en corps & par les
principaux Habitans ; au fecond , par la Nobleffe
& au troifiéme par le Clergé. La Czarine étant
arrivée à l'Eglife Cathédrale , l'Archevêque de
Novogorod la complimenta , après quoi on chan--
ta le Te Deum , au bruit des falves réiterées de
P'Artillerie & des acclamations du Peuple. S. M.
Cz. après avoir vifité quelques Eglifes , fe rendit
au Château du Crenelin , où elle a réfolu.de faire.
fa réfidence. Les principaux Seigneurs & Dames
de la Cour , eurent l'honneur de la complimenter
& de lui baifer la main.
Le 28. le Senat s'étant affemblé , la nouvelle-
Czarine s'y étant renduë , lui fit un Diſcours ,
conte
AVRIL. 1730. 811
contenant en fubftance qu'elle le remercioit du
foin qu'il avoit pris de remplir le Trône vacant
felon les Lolx & les Conftitutions anciennes de
la Monarchie , & des égards qu'il a eûs à cette
occafion pour fa perfonne ; qu'elle promet de
maintenir de tout fon pouvoir les prérogatives ,
les Privileges & la dignité du Sénat ; qu'elle affure
que tous fes fideles Sujets jouiront d'un gouvernement
doux & paifible , auffi long- temps qu'il
plaira à Dieu de lui conferver la vie : qu'elle promet
de plus qu'elle maintiendra & foutiendra fortement
la Religion Chrétienne Grecque , avec
toutes les ceremonies avec lesquelles elle a été introduite
dans la Ruffie , &c. & qu'elle protegera
les autres Religions que fes Ancêtres ont bienvoulu
tolerer dans leurs Etats , & c.
Avant le départ de la Czarine de Mittau , cette
Princeffe avoit figné une Déliberation qui lui
avoit été préfentée par les Députez du Haut-
Confeil , contenant divers articles , fuivant lefquels
la puiffance fouveraine étoit partagée entre
elle & de Haut- Confeil ; quelques Seigneurs ayant
délibéré entre eux fur cette nouvelle forme de
gouvernement établie par le Confeil , & reconnu
que le Gouvernement Monarchique étoit le feul
qui convint à la Ruffie , demanderent le 8. Marsune
Audience publique à la Czarine. S. M. Cz.
en fit donner avis au Haut-Confeil , qui s'étant
affemblé dans la grande Salle d'Audience , fut témoin
des repréfentations que le Feld- Maréchal
Trubetzkoy & le Knés Alexis Czerkaski , Sénateur
, à la tête de 390. Gentilshommes , firent à
la Czarine contre les conditions qu'elle avoit
agréés ; ils la prierent enfuite de vouloir accepter
la fouveraineté en entier & avec la même autorité
que fes Prédeceffeurs l'avoient poffedée . S. M. Cz.
leur répondit que s'étant engagée par fa figna:ure
Hvja · à
812 MERCURE DE FRANCE
à des conventions contraires , elle devoit fçavoir
files Membres du Haut-Confeil confentoient
qu'elle acceptât les offres de fon Peuple. La plupart
de ceux qui compofoient ce Confeil ayant
marqué par une inclination de tête qu'ils y donnoient
leur confentement , la Czarine accepta la
fouveraineté , & le Grand- Chancelier ayant rapporté
les Articles qu'elle avoit fignez , on les dé→
chira fur le champ ; après quoi S. M. fit un Difcours
, tant pour témoigner fa reconnoiffance aux
Députez de la Nobleffe ,que pour les affurer qu'elle
feroit une veritable mere de la Patrie , & qu'elle
accorderoit à fes Sujets toutes les graces qu'ils
pourroient légitimement efperer.
La fille du Prince Menfikoff , que le feu Czar
avoit eu deffein d'époufer , eft morte au commencement
du mois dernier , & la Princeffe Dolhorucki
, qui a eu l'honneur d'être fiancée avec ce
Prince , s'eft retirée dans une Terre avec le Prince
Dolhorucki fon Pere. La Czarine vient d'accor
der une penfion confiderable à cette Princeffe.
On a envoyé ordre aux Commiffaires de l'Amirauté
de Petersbourg , de faire équiper inceffamment
irois Vaiffeaux de guerre de ..40. Pieces
de Canon , qu'on doit envoyer en France & en
Efpagne avec des Marchandiſes de Ruſſie.
On a donné ordre aux Intendans des Mines
d'Olonitz, d'envoyer des gens experimentez dans
le travail des Mines à Derbent , parce qu'on a
réfolu de mettre en valeur les Mines d'or & d'ar
gent qu'on a découvertes près des Côtes de la
Mer Cafpienne.
A Czarine arriva à Mofcou le 19. Fevrier à
2. heures après midi . Dès le matin on fit deux
détachemens , l'un du Régiment des Gardes à
cheval & l'autre du Régiment des Gardes Infanterie
, pour aller au-devant de S.-M. Cz. avec
les Députez des trois Etats , qui à une lieuë de
Mofcou lui préfenterent les Clefs de la Ville & du
Château , le Sceptre & la Couronne. Toutes les
rues fur fon paffage étoient tapiffées ; la Bourgeoifie
fous les armes & la Garnifon formoient
une double haye depuis la porte de la Trinité jufqu'à
la grande Eglife , à la porte de làquelle cette
Princeffe fut reçue par l'Archevêque de Novogorod
, accompagné de plufieurs Evêques , Abbez &
autres Ecclefiaftiques de diftinction . Après le Te
Deum, qui fut chanté par la Mufique , la Czarine
fe rendit au Château , où elle fut reçue par la Du--
cheffe de Mekelbourg , fa foeur. Le foir elle reçut
les complimens des Miniftres Etrangers &
des Seigneurs de la Cour.
Cette Princeffe a figné un Decret par lequel !
elle continue tous les Officiers du feu Czar dans
les fonctians de leurs Charges , à la réſerve du
Procureur General Jagozinski , qui a été arrêté
pour avoir voulu exciter une fédition en faveur
H de
810 MERCURE DE FRANCE
de la Princaffe Elifabeth , tante du feu Czar.
Le 26.Février, la Czarine fit fon entrée publique
à Mofcou. Une Compagnie de Grenadiers des
Gardes à cheval commençoit la marche : elle étoit
fuivie de 21. Caroffes à huit chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour& de la principale Nobleffe
à cheval. Les Membres du Haut - Conſeil &
les principaux Boyars marchoient enfuite dans des
Caroffes à fix chevaux : le Caroffe de , Ceremonie
de la Czarine venoit après ; il étoit fuivi d'autres
Caroffes dans lefquels étoient plufieurs Dames
qui font venues de Curlande avec cette Princeffe.
A quelque diftance , un Détachement des Chevaliers
Gardes marchoit devant le Caroffe de
S. M. Cz. attelé de huit chevaux , richement caparaçonnez
, & entouré de Valets de Pied , de
Maures & de Heiduques. Le Prince Bafile Dol--
horuski, le Prince Michel Michalowitz Gallitzin &
le Major General Leontioff , étoient à cheval aux
Portieres du Caroffe de S.M.Cz.un autre Détachement
des Chevaliers- Gardes fermoit la marche.
On avoit élevé trois Arcs de Triomphe dans la
Ville , au premier defquels la Czarine fut complimentée
par les Magiftrats en corps & par les
principaux Habitans ; au fecond , par la Nobleffe
& au troifiéme par le Clergé. La Czarine étant
arrivée à l'Eglife Cathédrale , l'Archevêque de
Novogorod la complimenta , après quoi on chan--
ta le Te Deum , au bruit des falves réiterées de
P'Artillerie & des acclamations du Peuple. S. M.
Cz. après avoir vifité quelques Eglifes , fe rendit
au Château du Crenelin , où elle a réfolu.de faire.
fa réfidence. Les principaux Seigneurs & Dames
de la Cour , eurent l'honneur de la complimenter
& de lui baifer la main.
Le 28. le Senat s'étant affemblé , la nouvelle-
Czarine s'y étant renduë , lui fit un Diſcours ,
conte
AVRIL. 1730. 811
contenant en fubftance qu'elle le remercioit du
foin qu'il avoit pris de remplir le Trône vacant
felon les Lolx & les Conftitutions anciennes de
la Monarchie , & des égards qu'il a eûs à cette
occafion pour fa perfonne ; qu'elle promet de
maintenir de tout fon pouvoir les prérogatives ,
les Privileges & la dignité du Sénat ; qu'elle affure
que tous fes fideles Sujets jouiront d'un gouvernement
doux & paifible , auffi long- temps qu'il
plaira à Dieu de lui conferver la vie : qu'elle promet
de plus qu'elle maintiendra & foutiendra fortement
la Religion Chrétienne Grecque , avec
toutes les ceremonies avec lesquelles elle a été introduite
dans la Ruffie , &c. & qu'elle protegera
les autres Religions que fes Ancêtres ont bienvoulu
tolerer dans leurs Etats , & c.
Avant le départ de la Czarine de Mittau , cette
Princeffe avoit figné une Déliberation qui lui
avoit été préfentée par les Députez du Haut-
Confeil , contenant divers articles , fuivant lefquels
la puiffance fouveraine étoit partagée entre
elle & de Haut- Confeil ; quelques Seigneurs ayant
délibéré entre eux fur cette nouvelle forme de
gouvernement établie par le Confeil , & reconnu
que le Gouvernement Monarchique étoit le feul
qui convint à la Ruffie , demanderent le 8. Marsune
Audience publique à la Czarine. S. M. Cz.
en fit donner avis au Haut-Confeil , qui s'étant
affemblé dans la grande Salle d'Audience , fut témoin
des repréfentations que le Feld- Maréchal
Trubetzkoy & le Knés Alexis Czerkaski , Sénateur
, à la tête de 390. Gentilshommes , firent à
la Czarine contre les conditions qu'elle avoit
agréés ; ils la prierent enfuite de vouloir accepter
la fouveraineté en entier & avec la même autorité
que fes Prédeceffeurs l'avoient poffedée . S. M. Cz.
leur répondit que s'étant engagée par fa figna:ure
Hvja · à
812 MERCURE DE FRANCE
à des conventions contraires , elle devoit fçavoir
files Membres du Haut-Confeil confentoient
qu'elle acceptât les offres de fon Peuple. La plupart
de ceux qui compofoient ce Confeil ayant
marqué par une inclination de tête qu'ils y donnoient
leur confentement , la Czarine accepta la
fouveraineté , & le Grand- Chancelier ayant rapporté
les Articles qu'elle avoit fignez , on les dé→
chira fur le champ ; après quoi S. M. fit un Difcours
, tant pour témoigner fa reconnoiffance aux
Députez de la Nobleffe ,que pour les affurer qu'elle
feroit une veritable mere de la Patrie , & qu'elle
accorderoit à fes Sujets toutes les graces qu'ils
pourroient légitimement efperer.
La fille du Prince Menfikoff , que le feu Czar
avoit eu deffein d'époufer , eft morte au commencement
du mois dernier , & la Princeffe Dolhorucki
, qui a eu l'honneur d'être fiancée avec ce
Prince , s'eft retirée dans une Terre avec le Prince
Dolhorucki fon Pere. La Czarine vient d'accor
der une penfion confiderable à cette Princeffe.
On a envoyé ordre aux Commiffaires de l'Amirauté
de Petersbourg , de faire équiper inceffamment
irois Vaiffeaux de guerre de ..40. Pieces
de Canon , qu'on doit envoyer en France & en
Efpagne avec des Marchandiſes de Ruſſie.
On a donné ordre aux Intendans des Mines
d'Olonitz, d'envoyer des gens experimentez dans
le travail des Mines à Derbent , parce qu'on a
réfolu de mettre en valeur les Mines d'or & d'ar
gent qu'on a découvertes près des Côtes de la
Mer Cafpienne.
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Résumé : RUSSIE.
Le texte décrit l'arrivée et l'accession au trône de la nouvelle czarine en Russie. Le 19 février, elle arrive à Moscou où elle est accueillie par des détachements des régiments des Gardes à cheval et des Gardes Infanterie, ainsi que par les députés des trois états qui lui remettent les clefs de la ville et du château, le sceptre et la couronne. Les rues sont décorées et la bourgeoisie ainsi que la garnison forment une double haie jusqu'à la grande église. Après un Te Deum, elle se rend au château où elle est reçue par la duchesse de Meckelbourg, sa sœur. Le soir, elle reçoit les compliments des ministres étrangers et des seigneurs de la cour. La czarine signe un décret confirmant tous les officiers du précédent tsar dans leurs fonctions, à l'exception du procureur général Jagozinski, arrêté pour avoir tenté de fomenter une sédition en faveur de la princesse Élisabeth, tante du défunt tsar. Le 26 février, elle fait son entrée publique à Moscou, accompagnée d'une procession solennelle incluant des carrosses, des nobles et des détachements des Chevaliers Gardes. Elle est acclamée par les magistrats, la noblesse et le clergé, et se rend à l'église cathédrale où un Te Deum est chanté. Elle visite ensuite quelques églises avant de se rendre au château du Kremlin, où elle décide de résider. Le 28 février, la czarine s'adresse au Sénat, remerciant les sénateurs pour leur rôle dans la transition et promettant de maintenir les prérogatives et les privilèges du Sénat. Elle assure également un gouvernement doux et paisible, et la protection de la religion chrétienne grecque ainsi que des autres religions tolérées dans l'État. Avant son départ de Mittau, la czarine avait signé une délibération proposée par les députés du Haut-Conseil, partageant la puissance souveraine entre elle et le Haut-Conseil. Cependant, le 8 mars, des seigneurs demandent une audience publique pour lui proposer d'accepter la souveraineté en entier. Après avoir obtenu le consentement du Haut-Conseil, elle accepte la souveraineté et fait un discours de reconnaissance et d'assurance à la noblesse. Le texte mentionne également la mort de la fille du prince Menfikoff et le retrait de la princesse Dolhorucki dans une terre avec son père. La czarine accorde une pension à cette princesse. Enfin, des ordres sont donnés pour équiper des vaisseaux de guerre et exploiter les mines d'or et d'argent près des côtes de la mer Caspienne.
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768
p. 812-813
ALLEMAGNE.
Début :
Mr. Brawe, Ministre Plenipotentiaire du Duc de Brunswick-Wolfembutel ; reçut [...]
Mots clefs :
Troupes, Roi d'Angleterre, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLE MAGNE.
Mr.Duc de Brunfwick-Wolfembutel ; reçur r . Brawe , Miniftre Plenipotentiaire du
le 13 Mars , des mains de l'Empereur , Pinvef
titure
AVRIL. 813 1730 :
titure du Duché de Brunfwick .
On apprend de Caffel que le Roy de Suede
doit y aller faire un voyage inceffamment ,
pour prendre poffeffion de fes nouveaux Etats.
On a publié à Drefde une Ordonnance du
Roy de Pologne, par laquelle il eft défendu aux
Lutheriens de cette Ville , fous des peines tresrigoureuſes
, de fe trouver aux Offices & autres
Ceremonies de la Chapelle Catholique du Palais.
Le 30 Mars , on celebra dans la Chapelle de
l'Imperatrice Amelie , à Vienne , une des Fêtes
annuelles de l'Ordre de la Croiſade. Il y cut
pendant la journée treize exhortations , aufquelles
les Dames de cet Ordre fe trouverent alter
nativement..
On a eu avis de Berlin, que les differends entre
le Roy d'Angleterre & le Roy de Pruffe ,.
étoient accommodez & qu'on devoit faire inceffamment
l'échange des Soldats Hanovriens
& Pruffiens, qui ont donné lieu à ces differends.
L'Evêque de Bamberg & de Wurtbourg , Vice-
Chancelier de l'Empire , a promis de fournir à
S. M. I. 6000. hommes de fes Troupes.
Le General Wallis doit commander celles
qu'on envoye en Sicile. Elles formeront un
Corps de 14000. hommes.
Le fecond Corps de Troupes , deftiné pour
la Lombardie & la Calabre eft en marche. Le 28
Mars on fit partir encore pour l'Italie huit Bataillons
, quatre Compagnies de Grenadiers &
quatorze Eſcadrons qu'on a tiré d'Hongrie .
Mr.Duc de Brunfwick-Wolfembutel ; reçur r . Brawe , Miniftre Plenipotentiaire du
le 13 Mars , des mains de l'Empereur , Pinvef
titure
AVRIL. 813 1730 :
titure du Duché de Brunfwick .
On apprend de Caffel que le Roy de Suede
doit y aller faire un voyage inceffamment ,
pour prendre poffeffion de fes nouveaux Etats.
On a publié à Drefde une Ordonnance du
Roy de Pologne, par laquelle il eft défendu aux
Lutheriens de cette Ville , fous des peines tresrigoureuſes
, de fe trouver aux Offices & autres
Ceremonies de la Chapelle Catholique du Palais.
Le 30 Mars , on celebra dans la Chapelle de
l'Imperatrice Amelie , à Vienne , une des Fêtes
annuelles de l'Ordre de la Croiſade. Il y cut
pendant la journée treize exhortations , aufquelles
les Dames de cet Ordre fe trouverent alter
nativement..
On a eu avis de Berlin, que les differends entre
le Roy d'Angleterre & le Roy de Pruffe ,.
étoient accommodez & qu'on devoit faire inceffamment
l'échange des Soldats Hanovriens
& Pruffiens, qui ont donné lieu à ces differends.
L'Evêque de Bamberg & de Wurtbourg , Vice-
Chancelier de l'Empire , a promis de fournir à
S. M. I. 6000. hommes de fes Troupes.
Le General Wallis doit commander celles
qu'on envoye en Sicile. Elles formeront un
Corps de 14000. hommes.
Le fecond Corps de Troupes , deftiné pour
la Lombardie & la Calabre eft en marche. Le 28
Mars on fit partir encore pour l'Italie huit Bataillons
, quatre Compagnies de Grenadiers &
quatorze Eſcadrons qu'on a tiré d'Hongrie .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1730, le duc de Brunswick-Wolfenbüttel a reçu la plénipotence impériale. Le roi de Suède envisageait de se rendre en Allemagne pour prendre possession de ses nouveaux États. À Dresde, une ordonnance du roi de Pologne interdisait aux luthériens d'assister aux cérémonies de la chapelle catholique du palais, sous peine de sanctions sévères. Le 30 mars, une fête annuelle de l'Ordre de la Croisade a été célébrée à Vienne. À Berlin, les différends entre le roi d'Angleterre et le roi de Prusse ont été résolus, et un échange de soldats hanovriens et prussiens était imminent. L'évêque de Bamberg et de Wurtzbourg, vice-chancelier de l'Empire, a promis de fournir 6 000 hommes à l'empereur. Le général Wallis devait commander les troupes envoyées en Sicile, formant un corps de 14 000 hommes. Un second corps de troupes, destiné à la Lombardie et à la Calabre, était en marche. Le 28 mars, huit bataillons, quatre compagnies de grenadiers et quatorze escadrons provenant de Hongrie ont été envoyés en Italie.
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769
p. 813-818
ITALIE.
Début :
Le 25 Février, les Cardinaux, Chefs d'Ordre, eurent le P. Gaspard Lérati, de la Congrégation [...]
Mots clefs :
Cardinal, Cardinaux, République, Naples
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E 25 Février, les Cardinaux, Chefs d'Ordre ;.
Laurent le 1. Gafpard Lérati , de la Congré
gation
814 MERCURE DE FRANCE
gation des Prêtres de l'Oratoire de S. Philippe
de Néri , pour être Confeffeur du Conclave. Et
le 28 on tira au fort les Cellules du Conclave.
Le 2 de Mars , les mêmes Cardinaux , Chefs
d'Ordres , tinrent la neuviéme Congrégation ,
dans laquelle ils reçurent , au nom du facré Col
lége , les complimens de condoléance des Ambaffadeurs
de la République de Veniſe & de la
Religion de Malte , du Miniftre du Roy de Sardaigne
, & de l'Ambaffadeur de la Ville de Bologne.
Les Mars , après la Meffe , que le Cardinal
Barberin célebra dans l'Eglife de S. Pierre , & le
Sermon de l'Abbé Lanfredini , fur l'Election du
Pape ; le même Cardinal François . Barberin
-Sous- Doyen , Romain , entra dans le Conclave
avec les Cardinaux Pierre Ottoboni , ~)Venitien .
Antoine- Felix Zondodary , Sienois . Pierre -Marcellin
Corradini , de Sezza. Curce Orighi , Romain.
Louis Belluga , Efpagnol . Bernard-Marie
Conti , Romain . Vincent Petra , Napolitain.
Laurent & Jean- Baptifte Altiery, Romains. Les
Cardinaux Profper Marefoſchi , de Macerata . -
Ange - Marie Querini , Venitien . Leandre Porzia.
du Frioul. Pierre-Louis Caraffa , Napolitain . -
Camille Cibo , de Maffa -Carrara . Nicolas -Marie
Lercari , Genois. Vincent Ferreri , Piemontois
, & François Borghefe , Romain . Les Cardinaux
Melchior de Polignac , chargé des affaires
du Roy de France , François . Antoine Banchieri,
de Siftoye. Alexandre Falconieri , Romain.
Charles Colonne, Romain . Annibal & Alexandre
Albani , de Pefaro. François-Antoine Fini , Napolitain
de Minerino. Charles Colligola , de Spolete.
Jofeph- René Imperiali , Genois , Chef des
Prêtres . Vincent-Louis Gotti ; Bolonois. Alamanno
Salviati , Florentin , & Laurent Corfini,
Florentins
AVRIL. 1730. 815
Florentin , y entrerent l'après midi , vers les
quatre heures le Sacré college y reçut les vifites
des Miniftres Etrangers , des Princes Romains &
de la principale Nobleffe.
Le Cardinal de Sainte- Agnez entra au Conclave
le 8. au matin , avec le Cardinal Charles-
Marini , Genois . Le Cardinal Joſeph Accoramboni
, de Spolete , y entra le même jour au foir,
& le Cardinal Fabio Olivieri , de Pefaro le 9. au
matin. Corneille Bentivoglio , Ferrarois , chargé
des affaires du Roy d'Efpagne , le 12. au foir.
Jean-Antoine Davia , Boulonnois. Jules Alberoni
, de Plaifance. Louis Pie de la Mirandole ,
Milanois. Nicolas Del Gindice , Napolitain. Le
17. au foir , Thomas Ruffo , auffi Napolitain ,.
le 30. ainfi que Jacques Buon- Compagnie , Boulonnois.
Le 31. Henri de Thiard de Biffy,François
, & Philippe- Louis Zinzenderf, Allemand.
Le 1. Avril , Sigifmond Collonitz , auffi Alle--
mand. Le Nicolas Cofcia , de Benevent .
Le 13. Mars , le Sacré College reçût une Let--
tre du Cardinal Cofcia , par laquelle il promerde
venir au Conclave auffi - tôt qu'on lui aura
fait rendre fa Bibliotheque , fes Meubles & fa
Vaiffelle d'argent , qu'on a enlevés du Palaisdu
Marquis Abbati , pour les porter au Château
Saint-Ange. Il reprefente en même-temps qu'on
n'a pu proceder contre lui , pendant le Siége
vacant, fans donner atteinte aux Bulles des Papes
Clement V. & S. Pie V. Les Cardinaux Otthoboni
, Zondodari & Colonne lui firent réponfe
au nom du Sacré College , que s'il fe déterminoit
à venir au Conclave on lui feroit rendre
Tout ce qui lui feroit neceffaire pour foûtenir fa
dignité. On a appris depuis que le Cardinal Cof--
cia étoit arrivé à Rome le 28. au foir , dans le
Caroffe du Prince de Caferte . chez lequel il alla
defcendre.
›
On
$ 16 MERCURE DE FRANCE
On a appris auffi que le 26. Mars , les Cardi
naux Barberin, Spinola & Colligola qui étoient
Chef- d'Ordre ce jour- là , reçurent un Mémoire
de la part des habitans de la Ville de Benevent.
Is le communiquerent le même jour au Sacré
Collége , qui nomma M. Bondelmonti, Gouverneur
d'Afcoli , pour Visiteur Apoftoliqué de ce
Diocéfe , à la place du Grand Vicaire que le
Cardinal Cofcia avoit nommé , & que le Chapitre
de Benevent a refufé de reconnoître. Le Cardinal
Cofcia ayant fait des proteftations contre
cette nomination & menacé d'excommunier le
nouveau Vifiteur Apoftolique : le Sacré College
a changé de réfolution pour ne pas compromettre
fon autorité , & il s'eft contenté de faire au
Mémoire des Beneventins , une réponſe par laquelle
ils renvoyent la décifion de cette affaire au
Pape qui fera élu.
On publia à Naples le 7. du mois dernier, une
nouvelle Ordonnance de l'Empereur , par laquelle
S. M. I. exige à titre d'emprunt , une année
entiere du revenu des Fiefs que les Etrangers pof--
fedent dans le Royaume de Naples : le cinquiénte
denier du prix des Terres donnés pár S. M. I.
à titre de récompenfe ; le Cheval monté de tous
les Barons pour chaque Fief, relevant de la Coùronne
, ou 80 Ducats par Fief.
Les maladies de Poitrine , Fluxions & Catha
res, dont on a été attaqué pendant l'Hyver ,dans
prefque toute l'Italie, & qui ont emporté bien du
monde , fe font communiquées à Naples , en
forte qu'il y a eu un tres- grand nombre de malades
, tant dans les Maifons particulieres , que
dans les Communautez ; ce qui comprend la
plus grande partie des habitans . Le Cardinal ,
Archevêque de cette Ville , fit commencer le 13 .
Mars, des Prieres publiques dans l'Eglife Métropolitaine
"
AVRIL. 1730. 817
tropolitaine , pour en demander à Dieu la ceffation.
Vers le 20. du mois dernier , le Mont-Vefuve
commença à jetter une grande quantité de flammes
& de matieres bitumineufes embrafées , qui
couvrirent une Plaine de quatre milles d'éten
duë , du côté de la Terre d'Ottoiano , dont les
Vignes & les Maiſons ont été embraſées ou ren
verfées , & tous les habitans des Bourgs & Vilages
qui font aux environs de cette Montagne ,
' ont été obligez d'abandonner leurs demeures &
de fe retirer beaucoup plus loin . ..
On mande auffi de Naples que les Fiévres
malignes ont fuccedé aux maladies de poitrine ,
& que beaucoup de gens en meurent.
On mande de Genes , que le nombre des Mécontens
de l'Ile de Corfe avoit augménté jufqu'à
22000 hommes , prefque tous armez , & la
plupart Bandits & Montagnards ; qu'ils avoient
pillé & brûlé tous les environs de Baftia , qu'ils
avoient tenté de furprendre cette Place , de devant
laquelle ils ne s'étoient retirez que parce
que l'Evêque d'Aléria avoit promis d'écrire à
Génes en leur faveur , & de faire tous fes efforts
pour obtenir de la République une diminution
des Impofitions qu'on léve fur eux.
On a appris enfuite que les Corfes s'étoient
retirez de Baftia , après l'avoir pillé , que l'Evêque
d'Aléria leur avoit fait promettre de rentrer
dans leur devoir , auffi -tôt que la République de
Genes auroit diminué les Impofitions & le prix
du Sel ; que M. Venerofo ; chargé des pouvoirs
de la Républiqué , les avoit affurez qu'on les fatisferoit
aufli -tôt qu'ils fe feroient retirez chez
eux ; & qu'on efperois que la tranquillité feroit
bien-tôt rétablie dans cette Ifle. Et les Lettres de
Genes portent que le Podeſtard de la Nation
Corfe
818 MERCURE DE FRANCE
Corfe avoit eu le 31. du mois dernier une audience
publique du Grand Confeil , auquel il fit
un long Difcours pour défavoüer la Rebellion
des Bandits de l'Ile de Corfe , qui ont pillé la
Ville de Baftia. Il affura la République de la fidelité
des habitans de cette Ile ; la priant de ne
les pas confondre avec les Montagnars.
On mande de Venife que M.Louis Mocenigo
en partit au commencement du mois dernier
pour la Cour de France , où il va relever le
Chevalier J. B. Canale , Ambaffadeur de cette
République
E 25 Février, les Cardinaux, Chefs d'Ordre ;.
Laurent le 1. Gafpard Lérati , de la Congré
gation
814 MERCURE DE FRANCE
gation des Prêtres de l'Oratoire de S. Philippe
de Néri , pour être Confeffeur du Conclave. Et
le 28 on tira au fort les Cellules du Conclave.
Le 2 de Mars , les mêmes Cardinaux , Chefs
d'Ordres , tinrent la neuviéme Congrégation ,
dans laquelle ils reçurent , au nom du facré Col
lége , les complimens de condoléance des Ambaffadeurs
de la République de Veniſe & de la
Religion de Malte , du Miniftre du Roy de Sardaigne
, & de l'Ambaffadeur de la Ville de Bologne.
Les Mars , après la Meffe , que le Cardinal
Barberin célebra dans l'Eglife de S. Pierre , & le
Sermon de l'Abbé Lanfredini , fur l'Election du
Pape ; le même Cardinal François . Barberin
-Sous- Doyen , Romain , entra dans le Conclave
avec les Cardinaux Pierre Ottoboni , ~)Venitien .
Antoine- Felix Zondodary , Sienois . Pierre -Marcellin
Corradini , de Sezza. Curce Orighi , Romain.
Louis Belluga , Efpagnol . Bernard-Marie
Conti , Romain . Vincent Petra , Napolitain.
Laurent & Jean- Baptifte Altiery, Romains. Les
Cardinaux Profper Marefoſchi , de Macerata . -
Ange - Marie Querini , Venitien . Leandre Porzia.
du Frioul. Pierre-Louis Caraffa , Napolitain . -
Camille Cibo , de Maffa -Carrara . Nicolas -Marie
Lercari , Genois. Vincent Ferreri , Piemontois
, & François Borghefe , Romain . Les Cardinaux
Melchior de Polignac , chargé des affaires
du Roy de France , François . Antoine Banchieri,
de Siftoye. Alexandre Falconieri , Romain.
Charles Colonne, Romain . Annibal & Alexandre
Albani , de Pefaro. François-Antoine Fini , Napolitain
de Minerino. Charles Colligola , de Spolete.
Jofeph- René Imperiali , Genois , Chef des
Prêtres . Vincent-Louis Gotti ; Bolonois. Alamanno
Salviati , Florentin , & Laurent Corfini,
Florentins
AVRIL. 1730. 815
Florentin , y entrerent l'après midi , vers les
quatre heures le Sacré college y reçut les vifites
des Miniftres Etrangers , des Princes Romains &
de la principale Nobleffe.
Le Cardinal de Sainte- Agnez entra au Conclave
le 8. au matin , avec le Cardinal Charles-
Marini , Genois . Le Cardinal Joſeph Accoramboni
, de Spolete , y entra le même jour au foir,
& le Cardinal Fabio Olivieri , de Pefaro le 9. au
matin. Corneille Bentivoglio , Ferrarois , chargé
des affaires du Roy d'Efpagne , le 12. au foir.
Jean-Antoine Davia , Boulonnois. Jules Alberoni
, de Plaifance. Louis Pie de la Mirandole ,
Milanois. Nicolas Del Gindice , Napolitain. Le
17. au foir , Thomas Ruffo , auffi Napolitain ,.
le 30. ainfi que Jacques Buon- Compagnie , Boulonnois.
Le 31. Henri de Thiard de Biffy,François
, & Philippe- Louis Zinzenderf, Allemand.
Le 1. Avril , Sigifmond Collonitz , auffi Alle--
mand. Le Nicolas Cofcia , de Benevent .
Le 13. Mars , le Sacré College reçût une Let--
tre du Cardinal Cofcia , par laquelle il promerde
venir au Conclave auffi - tôt qu'on lui aura
fait rendre fa Bibliotheque , fes Meubles & fa
Vaiffelle d'argent , qu'on a enlevés du Palaisdu
Marquis Abbati , pour les porter au Château
Saint-Ange. Il reprefente en même-temps qu'on
n'a pu proceder contre lui , pendant le Siége
vacant, fans donner atteinte aux Bulles des Papes
Clement V. & S. Pie V. Les Cardinaux Otthoboni
, Zondodari & Colonne lui firent réponfe
au nom du Sacré College , que s'il fe déterminoit
à venir au Conclave on lui feroit rendre
Tout ce qui lui feroit neceffaire pour foûtenir fa
dignité. On a appris depuis que le Cardinal Cof--
cia étoit arrivé à Rome le 28. au foir , dans le
Caroffe du Prince de Caferte . chez lequel il alla
defcendre.
›
On
$ 16 MERCURE DE FRANCE
On a appris auffi que le 26. Mars , les Cardi
naux Barberin, Spinola & Colligola qui étoient
Chef- d'Ordre ce jour- là , reçurent un Mémoire
de la part des habitans de la Ville de Benevent.
Is le communiquerent le même jour au Sacré
Collége , qui nomma M. Bondelmonti, Gouverneur
d'Afcoli , pour Visiteur Apoftoliqué de ce
Diocéfe , à la place du Grand Vicaire que le
Cardinal Cofcia avoit nommé , & que le Chapitre
de Benevent a refufé de reconnoître. Le Cardinal
Cofcia ayant fait des proteftations contre
cette nomination & menacé d'excommunier le
nouveau Vifiteur Apoftolique : le Sacré College
a changé de réfolution pour ne pas compromettre
fon autorité , & il s'eft contenté de faire au
Mémoire des Beneventins , une réponſe par laquelle
ils renvoyent la décifion de cette affaire au
Pape qui fera élu.
On publia à Naples le 7. du mois dernier, une
nouvelle Ordonnance de l'Empereur , par laquelle
S. M. I. exige à titre d'emprunt , une année
entiere du revenu des Fiefs que les Etrangers pof--
fedent dans le Royaume de Naples : le cinquiénte
denier du prix des Terres donnés pár S. M. I.
à titre de récompenfe ; le Cheval monté de tous
les Barons pour chaque Fief, relevant de la Coùronne
, ou 80 Ducats par Fief.
Les maladies de Poitrine , Fluxions & Catha
res, dont on a été attaqué pendant l'Hyver ,dans
prefque toute l'Italie, & qui ont emporté bien du
monde , fe font communiquées à Naples , en
forte qu'il y a eu un tres- grand nombre de malades
, tant dans les Maifons particulieres , que
dans les Communautez ; ce qui comprend la
plus grande partie des habitans . Le Cardinal ,
Archevêque de cette Ville , fit commencer le 13 .
Mars, des Prieres publiques dans l'Eglife Métropolitaine
"
AVRIL. 1730. 817
tropolitaine , pour en demander à Dieu la ceffation.
Vers le 20. du mois dernier , le Mont-Vefuve
commença à jetter une grande quantité de flammes
& de matieres bitumineufes embrafées , qui
couvrirent une Plaine de quatre milles d'éten
duë , du côté de la Terre d'Ottoiano , dont les
Vignes & les Maiſons ont été embraſées ou ren
verfées , & tous les habitans des Bourgs & Vilages
qui font aux environs de cette Montagne ,
' ont été obligez d'abandonner leurs demeures &
de fe retirer beaucoup plus loin . ..
On mande auffi de Naples que les Fiévres
malignes ont fuccedé aux maladies de poitrine ,
& que beaucoup de gens en meurent.
On mande de Genes , que le nombre des Mécontens
de l'Ile de Corfe avoit augménté jufqu'à
22000 hommes , prefque tous armez , & la
plupart Bandits & Montagnards ; qu'ils avoient
pillé & brûlé tous les environs de Baftia , qu'ils
avoient tenté de furprendre cette Place , de devant
laquelle ils ne s'étoient retirez que parce
que l'Evêque d'Aléria avoit promis d'écrire à
Génes en leur faveur , & de faire tous fes efforts
pour obtenir de la République une diminution
des Impofitions qu'on léve fur eux.
On a appris enfuite que les Corfes s'étoient
retirez de Baftia , après l'avoir pillé , que l'Evêque
d'Aléria leur avoit fait promettre de rentrer
dans leur devoir , auffi -tôt que la République de
Genes auroit diminué les Impofitions & le prix
du Sel ; que M. Venerofo ; chargé des pouvoirs
de la Républiqué , les avoit affurez qu'on les fatisferoit
aufli -tôt qu'ils fe feroient retirez chez
eux ; & qu'on efperois que la tranquillité feroit
bien-tôt rétablie dans cette Ifle. Et les Lettres de
Genes portent que le Podeſtard de la Nation
Corfe
818 MERCURE DE FRANCE
Corfe avoit eu le 31. du mois dernier une audience
publique du Grand Confeil , auquel il fit
un long Difcours pour défavoüer la Rebellion
des Bandits de l'Ile de Corfe , qui ont pillé la
Ville de Baftia. Il affura la République de la fidelité
des habitans de cette Ile ; la priant de ne
les pas confondre avec les Montagnars.
On mande de Venife que M.Louis Mocenigo
en partit au commencement du mois dernier
pour la Cour de France , où il va relever le
Chevalier J. B. Canale , Ambaffadeur de cette
République
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Résumé : ITALIE.
En février 1730, les cardinaux chefs d'ordre, dont Laurent Lérati de la Congrégation des Prêtres de l'Oratoire de Saint Philippe Néri, furent désignés comme confesseurs du conclave. Le 28 février, les cellules du conclave furent tirées au sort. Le 3 mars, après la messe célébrée par le cardinal Barberini et le sermon de l'abbé Lanfredini sur l'élection du pape, plusieurs cardinaux, dont François Barberini, Pierre Ottoboni, Antoine-Félix Zondodari et Pierre-Marcellin Corradini, entrèrent dans le conclave. Le 13 mars, le cardinal Coscia demanda la restitution de sa bibliothèque, de ses meubles et de sa vaisselle d'argent, enlevés du palais du marquis Abbati. Le Sacré Collège lui répondit qu'il lui rendrait tout ce qui lui était nécessaire pour maintenir sa dignité. Le 26 mars, les cardinaux Barberini, Spinola et Colligola reçurent un mémoire des habitants de la ville de Benevent, qui fut communiqué au Sacré Collège. Ce dernier nomma M. Bondelmonti comme visiteur apostolique du diocèse de Benevent, à la place du grand vicaire nommé par le cardinal Coscia. Le cardinal Coscia protesta contre cette nomination et menaça d'excommunier le nouveau visiteur apostolique. Le Sacré Collège décida de renvoyer la décision de cette affaire au pape élu. À Naples, une ordonnance de l'empereur exigea une année entière du revenu des fiefs possédés par des étrangers, le cinquantième denier du prix des terres données par l'empereur, et un cheval monté ou 80 ducats par fief relevant de la couronne. Des maladies de poitrine, fluxions et catarrhes sévirent en Italie, entraînant un grand nombre de malades et de décès. Le cardinal archevêque de Naples fit commencer des prières publiques pour demander la cessation de ces maladies. Vers le 20 mars, le mont Vésuve entra en éruption, jetant des flammes et des matières bitumineuses qui embrasèrent et renversèrent des vignes et des maisons. Les habitants des environs durent abandonner leurs demeures. À Gênes, le nombre de mécontents sur l'île de Corse augmenta, atteignant 22 000 hommes, principalement des bandits et des montagnards. Ils pillèrent et brûlèrent les environs de Bastia avant de se retirer après une promesse de l'évêque d'Aléria d'intercéder en leur faveur auprès de la République de Gênes. À Venise, Louis Mocenigo partit pour la cour de France afin de relever le chevalier J. B. Canale en tant qu'ambassadeur.
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770
p. 818-819
ESPAGNE
Début :
Le 5. Mars, l'Infant Don Louis & les Infantes Dona Marie-Therese & Dona Marie-Antoinette [...]
Mots clefs :
Roi et reine d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
ESPAGNE
E 5.Mars , l'Infant Don Louis & les Infantes
nette Ferdinande , partirent de Seville pour fe
rendre à Marchena , où ils arriverent le lendemain
à l'entrée de la nuit. Le 6. L. M. accompagnées
du Prince & de la Princeffe des Afturies
de l'Infant Don Carlos & de l'Infant Don Philippe
, partirent auffi de Seville pour la même
Ville , où elles arriverent vers les neuf heures du
foir . Elles y furent reçûës fous un Arc de Triom
phe , par les Magiftrats à la tête des principaux
de la Ville , qui haranguerent L. M. Toutes les
rues de leur paffage & la Place étoient illuminées
& tapiffées.
Le 13. vers les 2. heures après midi , le Roi
& la Reine avec la Famille Royale , partirent de
Marchena pour aller coucher à Offonne ; le 14.
L. M. coucherent à Roa , & le 15. à Antiquera
où elles réfterent jufqu'au 20. qu'elles en partirent
pour aller coucher à Loza , où elles féjournerent
le 21. Elles en partirent le 22 . pour aller
Santa - Fé , & le rendirent le lendemain à Grenade
,
AVRIL. 819
1730.
hade , qui n'en eft éloigné que de deux lieuës , &
arriverent vérs les fix heures du foir.
Toutes les rues & les Places de cette Ville de→
puis la pointe de la Riviere du Xenil jufqu'au
Palais des anciens Rois Maures , où la Cour eft
logée , étoient ornées de Tapifleries & de plufeurs
Arcs de Triomphe : le foir & les deux nuits
fuivantes , toutes les maifons de la Ville furent
illuminées. Le 24. au matin L. M. après avoir
vifité ce Palais , allerent fe promener dans les Jar--
dins ; l'après midi elles prirent le divertiffement
de la Chaffe dans la Prefqu'Ifle de Roma , où eft
fituée la Maifon de Plaifance des anciens Rois
Maures , qui eft à deux lieues de Grenade , &
P'un des plus beaux féjours de toute l'Espagne.
On a appris par les Lettres de la Vera- Cruz ,
qu'on y avoit publié un Decret de S. M. Cath.
par lequel il eft ordonné que dès cette année &
à l'avenir , la Foire des Marchandiſes d'Europe
fe tiendra dans le Village de Jalappa , qui eft à
20. lieues de la Vera-Cruz , & à 60. du Mexique;
que les Commiffaires des Vaiffeaux de la Flotille
ne pourront vendre les Marchandifes dont elle
fera chargée , ailleurs que dans cette Foire , &
que les Marchandifes qui y auront été venduës
ne pourront être tranfportées dans l'interieur du
Pays qu'après le départ de la Flotille pour fon
retour en Europe.
On a auffi appris de Lisbonne , que le Roi de
Portugal y avoit pris le deuil pour un mois , 2 .
cauſe de la mort du Pape.
E 5.Mars , l'Infant Don Louis & les Infantes
nette Ferdinande , partirent de Seville pour fe
rendre à Marchena , où ils arriverent le lendemain
à l'entrée de la nuit. Le 6. L. M. accompagnées
du Prince & de la Princeffe des Afturies
de l'Infant Don Carlos & de l'Infant Don Philippe
, partirent auffi de Seville pour la même
Ville , où elles arriverent vers les neuf heures du
foir . Elles y furent reçûës fous un Arc de Triom
phe , par les Magiftrats à la tête des principaux
de la Ville , qui haranguerent L. M. Toutes les
rues de leur paffage & la Place étoient illuminées
& tapiffées.
Le 13. vers les 2. heures après midi , le Roi
& la Reine avec la Famille Royale , partirent de
Marchena pour aller coucher à Offonne ; le 14.
L. M. coucherent à Roa , & le 15. à Antiquera
où elles réfterent jufqu'au 20. qu'elles en partirent
pour aller coucher à Loza , où elles féjournerent
le 21. Elles en partirent le 22 . pour aller
Santa - Fé , & le rendirent le lendemain à Grenade
,
AVRIL. 819
1730.
hade , qui n'en eft éloigné que de deux lieuës , &
arriverent vérs les fix heures du foir.
Toutes les rues & les Places de cette Ville de→
puis la pointe de la Riviere du Xenil jufqu'au
Palais des anciens Rois Maures , où la Cour eft
logée , étoient ornées de Tapifleries & de plufeurs
Arcs de Triomphe : le foir & les deux nuits
fuivantes , toutes les maifons de la Ville furent
illuminées. Le 24. au matin L. M. après avoir
vifité ce Palais , allerent fe promener dans les Jar--
dins ; l'après midi elles prirent le divertiffement
de la Chaffe dans la Prefqu'Ifle de Roma , où eft
fituée la Maifon de Plaifance des anciens Rois
Maures , qui eft à deux lieues de Grenade , &
P'un des plus beaux féjours de toute l'Espagne.
On a appris par les Lettres de la Vera- Cruz ,
qu'on y avoit publié un Decret de S. M. Cath.
par lequel il eft ordonné que dès cette année &
à l'avenir , la Foire des Marchandiſes d'Europe
fe tiendra dans le Village de Jalappa , qui eft à
20. lieues de la Vera-Cruz , & à 60. du Mexique;
que les Commiffaires des Vaiffeaux de la Flotille
ne pourront vendre les Marchandifes dont elle
fera chargée , ailleurs que dans cette Foire , &
que les Marchandifes qui y auront été venduës
ne pourront être tranfportées dans l'interieur du
Pays qu'après le départ de la Flotille pour fon
retour en Europe.
On a auffi appris de Lisbonne , que le Roi de
Portugal y avoit pris le deuil pour un mois , 2 .
cauſe de la mort du Pape.
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Résumé : ESPAGNE
Le 5 mars, l'Infant Don Louis et l'Infante Ferdinande quittèrent Séville pour Marchena. Le 6 mars, les souverains espagnols, accompagnés des Princes des Asturies, des Infants Don Carlos et Don Philippe, les rejoignirent à Marchena sous un arc de triomphe. Les rues et la place étaient illuminées et décorées. Le 13 mars, la famille royale partit pour Offonne, puis continua vers Roa le 14 mars et Antiquera le 15 mars, où ils restèrent jusqu'au 20 mars. Ils se rendirent ensuite à Loza le 21 mars, Santa Fé et enfin Grenade le 23 mars. À Grenade, les rues et places étaient ornées de tapisseries et d'arcs de triomphe, et les maisons furent illuminées pendant trois jours. Le 24 mars, les souverains visitèrent le palais des anciens Rois Maures et se promenèrent dans les jardins, puis chassèrent dans la presqu'île de Roma. Par ailleurs, un décret royal ordonna que la foire des marchandises d'Europe se tiendrait dorénavant à Jalappa. Enfin, le Roi de Portugal prit le deuil pendant un mois à la suite de la mort du Pape.
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771
p. 819-821
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 9. du mois dernier, le Colonel Charles se presenta à la Cour de Old-Baily, pour répondre [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
E 9. du mois dernier , le Colonel Charles fe
prefenta à la Cour de Old- Baily , pour ré→
pondre à l'accufation de viol & de rapt , intenté
contre:
820 MERCURE DE FRANCE
contre lui la nommée Anne Blond , fa Do- par
meftique. Le fait ayant été prouvé par témoins ,
ce Colonel fut convaincu de crime capital, arrêté
par l'ordre des Juges & conduit dans la priſon de
Newgate. Comme il fera vrai-femblablement con
damné à mort dans la feffion prochaine de ce
Tribunal , tous fes biens , qui font très-confiderables,
étans dans le cas de confifcation , le Grand-
Baily de Weſtminſter alla le même jour au foir
à la maifon de ce Colonel pour faifir tous fes Effets,
mais fes Domeftiques ayant fait une vigoureufe
réfiftance , l'execution fut remife au lendemain
, qu'on enleva de chez lui une grande quantité
de Vaiffelle d'argent , de très -beaux Meubles,
un Caroffe , une Berline & vingt Chevaux. Le
même jour il fut défendu au Teneur de Livres dè
la Mer du Sud de faire aucun tranſport des Actions
appartenantes à ce Colonel , qui a été déjà
condamné en Ecoffe pour un pareil crime dont
il obtint fa grace.
Le 11. de Mars on convint dans la Chambre
des Communes , de dreffer un Bill pour déclarer
incapables d'avoir féance dans la Chambre & d'y
donner leurs voix, tous ceux qui ont des penfions
particulieres du Roi , ou des Charges auprès de
S. M.
On affure que le Vice- Amiral Cavendifch"
commandera l'Efcadre Angloife, que le Roi doit
joindre à celle que S. M. Cath. fait équiper pour
tranfporter les 6000. hommes de Troupes Efpagnoles
qu'il a deffein d'envoyer en Italic.
Le Frederick , Vaiffeau de la Compagnie des
Indes Orientales , eft arrivé à Plimouth , venant
de Moka & de Bombay , d'où il étoit parti le 27.
Juillet dernier. Sa principale Charge confifte en
Caffé , d'où il apporte 2905. Balles .
}
Le Roi a donné fon confentement Royal a
1'Acte
AVRIL . 1730. 821
1
P'Acte qui défend à fes Sujets de prêter aucune
fomme aux Puiffances Etrangeres fans la permiffron
expreffe de S. M.
Le 13. Avril , le Roi & la Reine allerent au
Theatre de Drury - Lane , voir la Comédie du
Moine Efpagnol . Quelques jours auparavant le
Prince de Galles & la Princeffe Royale , virent
fur le Théatre du Marché au Foin l'Opera de
Jules Cefar.
E 9. du mois dernier , le Colonel Charles fe
prefenta à la Cour de Old- Baily , pour ré→
pondre à l'accufation de viol & de rapt , intenté
contre:
820 MERCURE DE FRANCE
contre lui la nommée Anne Blond , fa Do- par
meftique. Le fait ayant été prouvé par témoins ,
ce Colonel fut convaincu de crime capital, arrêté
par l'ordre des Juges & conduit dans la priſon de
Newgate. Comme il fera vrai-femblablement con
damné à mort dans la feffion prochaine de ce
Tribunal , tous fes biens , qui font très-confiderables,
étans dans le cas de confifcation , le Grand-
Baily de Weſtminſter alla le même jour au foir
à la maifon de ce Colonel pour faifir tous fes Effets,
mais fes Domeftiques ayant fait une vigoureufe
réfiftance , l'execution fut remife au lendemain
, qu'on enleva de chez lui une grande quantité
de Vaiffelle d'argent , de très -beaux Meubles,
un Caroffe , une Berline & vingt Chevaux. Le
même jour il fut défendu au Teneur de Livres dè
la Mer du Sud de faire aucun tranſport des Actions
appartenantes à ce Colonel , qui a été déjà
condamné en Ecoffe pour un pareil crime dont
il obtint fa grace.
Le 11. de Mars on convint dans la Chambre
des Communes , de dreffer un Bill pour déclarer
incapables d'avoir féance dans la Chambre & d'y
donner leurs voix, tous ceux qui ont des penfions
particulieres du Roi , ou des Charges auprès de
S. M.
On affure que le Vice- Amiral Cavendifch"
commandera l'Efcadre Angloife, que le Roi doit
joindre à celle que S. M. Cath. fait équiper pour
tranfporter les 6000. hommes de Troupes Efpagnoles
qu'il a deffein d'envoyer en Italic.
Le Frederick , Vaiffeau de la Compagnie des
Indes Orientales , eft arrivé à Plimouth , venant
de Moka & de Bombay , d'où il étoit parti le 27.
Juillet dernier. Sa principale Charge confifte en
Caffé , d'où il apporte 2905. Balles .
}
Le Roi a donné fon confentement Royal a
1'Acte
AVRIL . 1730. 821
1
P'Acte qui défend à fes Sujets de prêter aucune
fomme aux Puiffances Etrangeres fans la permiffron
expreffe de S. M.
Le 13. Avril , le Roi & la Reine allerent au
Theatre de Drury - Lane , voir la Comédie du
Moine Efpagnol . Quelques jours auparavant le
Prince de Galles & la Princeffe Royale , virent
fur le Théatre du Marché au Foin l'Opera de
Jules Cefar.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 9 du mois dernier, le colonel Charles fut jugé à la Cour de Old Bailey pour viol et rapt. Reconnu coupable grâce à des témoignages, il fut incarcéré à Newgate et ses biens risquent la confiscation. Le Grand-Bailli de Westminster tenta de saisir ses effets, mais les domestiques s'opposèrent à cette action. Le lendemain, des objets de valeur furent enlevés, incluant de la vaisselle d'argent, des meubles, un carrosse, une berline et vingt chevaux. Le teneur de livres de la Mer du Sud reçut l'ordre de bloquer les actions du colonel, déjà condamné pour un crime similaire. Le 11 mars, la Chambre des Communes décida de rédiger un projet de loi pour déclarer inéligibles les personnes ayant des pensions ou des charges auprès du roi. Le vice-amiral Cavendish fut nommé pour commander l'escadre anglaise transportant 6 000 hommes de troupes espagnoles en Italie. Le vaisseau Frederick, de la Compagnie des Indes Orientales, arriva à Plymouth avec 2 905 balles de café. Le roi approuva un acte interdisant aux sujets de prêter de l'argent aux puissances étrangères sans autorisation. Le 13 avril, le roi et la reine assistèrent à la comédie 'Le Moine Espagnol' au théâtre de Drury Lane, tandis que le prince de Galles et la princesse royale virent l'opéra 'Jules César' au théâtre du Marché au Foin quelques jours auparavant.
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772
p. 824-825
« Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
Début :
Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Duc d'Orléans, Sermon
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texteReconnaissance textuelle : « Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
E Dimanche des Rameaux fecond de ce mois,
LEle Roi accompagné du Duc d'Orleans , du
Duc du Maine , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , fe rendit dans la Chapelle du Château , où
S. M. affifta à la Benediction des Palmes qui fut
faite par l'Abbé Tefnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Mufique , qui en préfenta une
au Roi , S. M. affifta à la Proceffion , & après
l'Evangile , elle adora la Croix . Le Roi entendit
enfuite la Grand' Meffe celebrée par le même
Chapelain , & chantée par la Mufique . La Reine
entendit la même Meffe dans fa Tribune. L'après-
midi , L. M. affifterent à la Prédication de
I'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
chantées par la Mufique.
Le Mercredi Saint , la Reine fe rendit à l'Eglife
de la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe , &
communia par les mains du Cardinal de Fleury ,
fon grand Aumônier. Le même jour , le Roi &
la Reine entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office des Tenebres qui fut chanté par la Mufique.
Le 6. jour du Jeudi Saint , le Roi entendit le
Sermon de la Cene du P. Jean François , Capucin
, après quoi l'Evêque de Tulles fit i'Abfoute.
Enfuite le Roi lava les pieds à douze Pauvres , &
S. M. les fervit à table. Le Duc de Bourbon ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , à la tête
des Maîtres d'Hôtel , précedoit le fervice , dont
les
AVRIL. 1730. 823
les plats étoient portés par le Duc d'Orleans , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le Comte de
Touloufe & par les principaux Officiers de S. M.
Après cette Cerémonie , le Roi ſe rendit à la Chapelle
du Château ou S. M. entendit la Grand-
Meffe , & affifta à la Proceffion & aux Vêpres.
La Reine affifta auffi dans fa Tribune à tout
P'Office.
. L'après-midi , la Reine entendit le Sermon de
la Çene de l'Abbé de Rozai , Chanoine de Soiffons
; le Cardinal de Fleury , Grand Aumônier
de la Reine , ayant fait l'Abfoute , S. M. lava les
pieds à douze pauvres filles , & les fervit à table.
Le Marquis de Villacerf , Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , à là tête des autres Maîtres d'Hôtel
de S. M. précedoit le fervice , dont les plats.
étoient portés par Mademoifelle de Clermont ,
Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon , par les Da
mes du Palais de S. M. & par d'autres Dames de
la Cour, Après cette Cerémonie , le Roi & la
Reme entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office desTenebres qui fut chanté par laMufique.
LEle Roi accompagné du Duc d'Orleans , du
Duc du Maine , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , fe rendit dans la Chapelle du Château , où
S. M. affifta à la Benediction des Palmes qui fut
faite par l'Abbé Tefnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Mufique , qui en préfenta une
au Roi , S. M. affifta à la Proceffion , & après
l'Evangile , elle adora la Croix . Le Roi entendit
enfuite la Grand' Meffe celebrée par le même
Chapelain , & chantée par la Mufique . La Reine
entendit la même Meffe dans fa Tribune. L'après-
midi , L. M. affifterent à la Prédication de
I'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
chantées par la Mufique.
Le Mercredi Saint , la Reine fe rendit à l'Eglife
de la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe , &
communia par les mains du Cardinal de Fleury ,
fon grand Aumônier. Le même jour , le Roi &
la Reine entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office des Tenebres qui fut chanté par la Mufique.
Le 6. jour du Jeudi Saint , le Roi entendit le
Sermon de la Cene du P. Jean François , Capucin
, après quoi l'Evêque de Tulles fit i'Abfoute.
Enfuite le Roi lava les pieds à douze Pauvres , &
S. M. les fervit à table. Le Duc de Bourbon ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , à la tête
des Maîtres d'Hôtel , précedoit le fervice , dont
les
AVRIL. 1730. 823
les plats étoient portés par le Duc d'Orleans , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont , le
Prince de Dombes , le Comte d'Eu , le Comte de
Touloufe & par les principaux Officiers de S. M.
Après cette Cerémonie , le Roi ſe rendit à la Chapelle
du Château ou S. M. entendit la Grand-
Meffe , & affifta à la Proceffion & aux Vêpres.
La Reine affifta auffi dans fa Tribune à tout
P'Office.
. L'après-midi , la Reine entendit le Sermon de
la Çene de l'Abbé de Rozai , Chanoine de Soiffons
; le Cardinal de Fleury , Grand Aumônier
de la Reine , ayant fait l'Abfoute , S. M. lava les
pieds à douze pauvres filles , & les fervit à table.
Le Marquis de Villacerf , Premier Maître d'Hôtel
de la Reine , à là tête des autres Maîtres d'Hôtel
de S. M. précedoit le fervice , dont les plats.
étoient portés par Mademoifelle de Clermont ,
Mademoiſelle de la Roche-fur-Yon , par les Da
mes du Palais de S. M. & par d'autres Dames de
la Cour, Après cette Cerémonie , le Roi & la
Reme entendirent dans la Chapelle du Château
l'Office desTenebres qui fut chanté par laMufique.
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Résumé : « Le Dimanche des Rameaux second de ce mois, le Roi accompagné du Duc d'Orleans, du [...] »
Le dimanche des Rameaux, le Roi, accompagné de membres de la famille royale, se rendit à la chapelle du château pour la bénédiction des palmes par l'abbé Tefnieres. Il participa à la procession et à la grand-messe, tandis que la Reine écouta la messe depuis sa tribune. L'après-midi, ils assistèrent à la prédication de l'évêque de Cisteron et aux vêpres. Le mercredi saint, la Reine communia à l'église paroissiale par les mains du cardinal de Fleury. Le Roi et la Reine écoutèrent ensuite l'office des Ténèbres dans la chapelle du château. Le jeudi saint, le Roi écouta le sermon de la Cène du père Jean-François, suivi de l'absoute par l'évêque de Tulle. Il lava les pieds de douze pauvres et les servit à table, assisté par le duc de Bourbon et plusieurs nobles. La Reine écouta le sermon de la Cène de l'abbé de Rozai et lava les pieds de douze pauvres filles, assistée par le marquis de Villacerf et plusieurs dames de la cour. Enfin, le Roi et la Reine écoutèrent l'office des Ténèbres dans la chapelle du château.
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773
p. 825-827
Lit de Justice, [titre d'après la table]
Début :
Le 3. de ce mois, le Parlement qui avoit reçû les ordres du Roi par le Marquis de Dreux, Grand-Maître [...]
Mots clefs :
Lit de justice, Roi, Cérémonies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lit de Justice, [titre d'après la table]
Le 3. de ce mois , le Parlement qui avoit reçu
les ordres du Roi par le Marquis de Dreux , Grand-
Maître des Cerémonies , s'affembla pour le Lit
de Juftice que S. M. avoit refolu de tenir. Le Roi
qui étoit parti du Château de Verſailles ayant
avec lui dans fon caroffe les Princes du Sang &
fes Grands Officiers , & étant accompagné des
Troupes de fa Maifon qui ont l'honneur de le
fuivre dans fes voyages , arriva vers les dix heures
& demie à la Sainte Chapelle , où il entendit
la Meffe. Quatre Préfidens à mortier & fix Confeillers
vinrent y recevoir le Roi & le conduifirent
à la Grand Chambre , où S. M. s'affit ſous fon
I dais
826 MERCURE DE FRANCE
dais dant fon Lit de Juftice. Toutes les féances
ayant été prises en la maniere accoutumée , le
Chancelier de France expliqua les intentions du
Roi & les motifs qui avoient determiné S. M. à
tenir fon Lit de Juftice. Le Premier Préſident ayant
enfuite parlé au nom du Parlement , & les Gens
du Roi ayant donné leurs conclufions , le Chancelier
de France alla prendre tous les avis , &
après qu'il en eut rendu compte à S. M. il prononça
l'enregiſtrement de la Déclaration du 24 .
de Mars , par laquelle le Roi explique de nouveau
fes intentions fur l'execution des Bulles des
Papes données contre le Janfenifme & fur celle
de la Conftitution Unigenitus . Le Roi fortit de
fon Lit de Juftice avec les mêmes Cerémonies qui
avoient été obfervées lorfque S. M. étoit arrivée.
Le Roi étoit placé fous un Dais. Au haut
Ban où étoient les Princes du Sang & les
Ducs & Pairs ; fçavoir ,
$ Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont,
Les Ducs de Luynes , de Brifac , de la Roche-
Foucault , de Bervick , de Luxembourg , de Retz,
de Saint Agnan , de Mortemart , de Bethune , de
Villars , de Coelin , Evêque de Metz , de Levy
de la Valliere.
?
Haut-Ban , des Pairs Ecclefiaftiques :
L'Evêque , Duc de Laon , l'Evêque & Comte
de Beauvais.
Ban au-deffous, des Capitaines des Gardes
du Corps.
Mrs les Ducs de Noailles de Charoft , de Vil
Декау
Le
AVRIL. 1730 . 827
Grand-Chambelan ,
Le Prince de Bouillon ,
étoit aux pieds du Roi , & le Prince Charles
Grand-Ecuyer , à côté fur la droite.
Le Chancelier de France au-deffus du Premier
Préfident à fa droite.
t
M. Defclimon , Prevôt de Paris, à côté.
Ban des Secretaires d'Etat.
Mrs de Maurepas , Saint Florentin , d'Anger
villiers.
M. de Dreux , Grand- Maître des Cerémonies
M. de Brezé , fon fils , en furvivance , M. Des
Granges , Maître des Cerémonies , M. de Monfeaureau
, Grand- Prevôt de l'Hôtel
Ban des Confeillers d'Etat, en bas ; fçavoir,
Mrs P'Abbé Bignon, le Comte du Luc, Fagon,
Machault , Dargenfon l'aîné , de Harlay , Melian
, Guerchois.
Ban des Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit.
Mrs de Senneterre , Ifenghen , Coigny , k
Comte de Grandmont , de Prie , Livry..
Ban des Gouverneurs de Province.
rs Ms d'Arpajon , d'Aubigny , Crécy , Mati
gnon , Segur , Fervacques , de Villars.
Ban des Lieutenans Generaux de Provinces.
Mrs de Tingry-Luxembourg , de Beuvron , de
Jonzac , de Baune , de Veracque , de Bonnelle ,
de Souvray.
les ordres du Roi par le Marquis de Dreux , Grand-
Maître des Cerémonies , s'affembla pour le Lit
de Juftice que S. M. avoit refolu de tenir. Le Roi
qui étoit parti du Château de Verſailles ayant
avec lui dans fon caroffe les Princes du Sang &
fes Grands Officiers , & étant accompagné des
Troupes de fa Maifon qui ont l'honneur de le
fuivre dans fes voyages , arriva vers les dix heures
& demie à la Sainte Chapelle , où il entendit
la Meffe. Quatre Préfidens à mortier & fix Confeillers
vinrent y recevoir le Roi & le conduifirent
à la Grand Chambre , où S. M. s'affit ſous fon
I dais
826 MERCURE DE FRANCE
dais dant fon Lit de Juftice. Toutes les féances
ayant été prises en la maniere accoutumée , le
Chancelier de France expliqua les intentions du
Roi & les motifs qui avoient determiné S. M. à
tenir fon Lit de Juftice. Le Premier Préſident ayant
enfuite parlé au nom du Parlement , & les Gens
du Roi ayant donné leurs conclufions , le Chancelier
de France alla prendre tous les avis , &
après qu'il en eut rendu compte à S. M. il prononça
l'enregiſtrement de la Déclaration du 24 .
de Mars , par laquelle le Roi explique de nouveau
fes intentions fur l'execution des Bulles des
Papes données contre le Janfenifme & fur celle
de la Conftitution Unigenitus . Le Roi fortit de
fon Lit de Juftice avec les mêmes Cerémonies qui
avoient été obfervées lorfque S. M. étoit arrivée.
Le Roi étoit placé fous un Dais. Au haut
Ban où étoient les Princes du Sang & les
Ducs & Pairs ; fçavoir ,
$ Le Duc d'Orleans , le Duc de Bourbon , le
Comte de Charolois , le Comte de Clermont,
Les Ducs de Luynes , de Brifac , de la Roche-
Foucault , de Bervick , de Luxembourg , de Retz,
de Saint Agnan , de Mortemart , de Bethune , de
Villars , de Coelin , Evêque de Metz , de Levy
de la Valliere.
?
Haut-Ban , des Pairs Ecclefiaftiques :
L'Evêque , Duc de Laon , l'Evêque & Comte
de Beauvais.
Ban au-deffous, des Capitaines des Gardes
du Corps.
Mrs les Ducs de Noailles de Charoft , de Vil
Декау
Le
AVRIL. 1730 . 827
Grand-Chambelan ,
Le Prince de Bouillon ,
étoit aux pieds du Roi , & le Prince Charles
Grand-Ecuyer , à côté fur la droite.
Le Chancelier de France au-deffus du Premier
Préfident à fa droite.
t
M. Defclimon , Prevôt de Paris, à côté.
Ban des Secretaires d'Etat.
Mrs de Maurepas , Saint Florentin , d'Anger
villiers.
M. de Dreux , Grand- Maître des Cerémonies
M. de Brezé , fon fils , en furvivance , M. Des
Granges , Maître des Cerémonies , M. de Monfeaureau
, Grand- Prevôt de l'Hôtel
Ban des Confeillers d'Etat, en bas ; fçavoir,
Mrs P'Abbé Bignon, le Comte du Luc, Fagon,
Machault , Dargenfon l'aîné , de Harlay , Melian
, Guerchois.
Ban des Chevaliers de l'Ordre du S. Efprit.
Mrs de Senneterre , Ifenghen , Coigny , k
Comte de Grandmont , de Prie , Livry..
Ban des Gouverneurs de Province.
rs Ms d'Arpajon , d'Aubigny , Crécy , Mati
gnon , Segur , Fervacques , de Villars.
Ban des Lieutenans Generaux de Provinces.
Mrs de Tingry-Luxembourg , de Beuvron , de
Jonzac , de Baune , de Veracque , de Bonnelle ,
de Souvray.
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Résumé : Lit de Justice, [titre d'après la table]
Le 3 avril 1730, le Parlement reçut les ordres du roi, transmis par le Marquis de Dreux, pour se rassembler lors d'un Lit de Justice. Le roi, accompagné des Princes du Sang, des Grands Officiers et des troupes de sa maison, arriva à la Sainte Chapelle pour entendre la messe, puis se rendit à la Grand Chambre. Sous son dais, il écouta le Chancelier de France expliquer ses intentions et les motifs de la séance. Le Premier Président parla au nom du Parlement, et les Gens du Roi donnèrent leurs conclusions. Après avoir recueilli tous les avis, le Chancelier enregistra la Déclaration du 24 mars, concernant l'exécution des bulles papales contre le jansénisme et la Constitution Unigenitus. Le roi quitta ensuite la séance avec les mêmes cérémonies observées à son arrivée. Parmi les personnalités présentes figuraient le Duc d'Orléans, le Duc de Bourbon, le Comte de Charolais, et plusieurs autres Ducs et Pairs. Les Princes du Sang et les Ducs et Pairs étaient placés au haut ban, tandis que les Capitaines des Gardes du Corps étaient au ban au-dessous. Le Chancelier de France était à droite du Premier Président. Les Secrétaires d'État, les Conseillers d'État, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit, les Gouverneurs de Province et les Lieutenants Généraux de Provinces étaient également présents, chacun à leur place désignée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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774
p. 827-831
« Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
Début :
Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Évêque, Église, Messe, Sermon
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texteReconnaissance textuelle : « Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
Le s. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes de l'Hôtel de Ville , fut tirée en preſence
du Prévôt dès Marchands & des Echevins , en la
maniere accoûtumée. Le fonds de ce mois s'eſt
I ij trouvé
828 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1447450 livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus, conformement à la Lifte
generale qui en a été rendue publique,
Le Vendredy - Saint 7. de ce mois , le Roy &
la Reine entendirent le Sermon de la Paffion de
l'Evêque de Cifteron; S. M. affifta enfuite à lOffice
, & alla à l'Adoration de la Croix. La Reine
entendit l'Office dans la Tribune. Le foir L. M.
affifterent à l'Office des Tenebres , chanté par la
Mufique.
Le 8. le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit en ceremonie à l'Eglife de
la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe & com
munia par les mains de l'Evêque de Metz , fon
premier Aumônier. Enfuite S. M. toucha un
grand nombre de Malades. Le foir , le Roi & fa
Reine affifterent dans la Chapelle du Château ,
aux Complies & au Salut , pendant lequel l'o
Filii fut chanté par la Mufique.
1
<
Le jour de Pâques , 9 de ce mois , L. M. entendirent
dans la même Chapelle la grande Meſſe
celebrée pontificalement par l'Evêque de Tulles ,
& chantée par la Mufique .
L'après - midi , elles affifterent à la Prédication
de l'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
aufquelles le même Prélat officia.
Le Roy a donné au Maréchal du Bourg le
Gouvernement de la Haute & Baffe Alface ; &
celui de la Ville de Strasbourg au Maréchal Duc
de Barwick.
Le 17. dé ce mois , le Roy partit de Verfailles
à 'onze heures du matin , pour aller doucher au
Château de Petit- Bourg , & le lendemain à Fontainebleau
, où S. M. doit demeurer quelque
temps.
Le 10. de ce mois , le Roy prit le deuil pour
AVRIL. 1730. 829
Le 11.
la mort de l'Electrice Douairiere de Baviere.
pendant la Meffe du Roy ; l'Archevêque
de Bordeaux prêta ferment de fidelité entre
les mains de S. M.
Le 16. l'Abbé de Saleon , nommé par le Roy à
l'Evêché d'Agen, fut facré à Paris , dans la Chapelle
de l'Archevêché , par l'Evêque de Xaintes ,
affifté des Evêques de Châlons fur Saone & de
Tarbe.
Le 13. de ce mois , le Roy fit dans la Plaine
des Sablons , la Revue des Regimens des Gardes
Françoifes & Suiffes. S. M. leur fit faire
PExercice , & enfuite les vit défiler.
.
M. Mocenigo , Ambaffadeur de la République
de Venife , arrivé à Paris le 4. de ce mois , alla à
Verfailles le 11. avec M. Zacharie Canal , Ambaffadeur
de la même République, auquel il fuccede
; & il eut audience particuliere du Roy , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , étant
conduit par M. Hebert , Introducteur des Ambaffadeurs.
: On mande de Lille que l'on y fit le z 1. de ce
mois , daus l'Eglife des RR.PP. Dominicains , les
Obfeques de Benoît XIII . Souverain Pontife &
Religieux Profès du même Ordre , avec beaucoup
de pompe & de magnificence. Le Pere Theodore
Chevalier , Religieux du même Couvent , y prononça
l'Eloge Funebre du deffunt Pape, avec une
éloquence qui lui merita un applaudiffement univerfel.
Le 24. de ce mois , la Reine partit de Verſailles
vers le midi , pour aller coucher au Château de
Petit- Bourg , d'où S. M. fe rendit le lendemain
à Fontainebleau.
Le 1. de ce mois , le Concert Spirituel continua
au Château des Tuilleries , & a été donné
tous les jours , jufques & compris le Dimanche
I iij
de
830 MERCURE DE FRANCE
de Quasimodo. On y a chanté les plus beaux
Motets de feu M. de la Lande , & differens petits
Motets nouveaux , convenables au temps de Pâques
, de la compofition des Sieurs Mouret , le
Maire & du Bouffet , qui ont été très-goutez ;
les Diles Erremans , le Maure & Petitpas y ont
chanté differens Recits , avec applaudiffement.
On a executé auffi plufieurs Concerto fur le Violon
, la Flute & le Hautbois , avec autant de vivacité
que de précifion. Le Concert ne recommencera
que le 18. May , jour de la Fête de
PAfcenfion.
Le 22. Avril & les deux jours fuivans , les
Capucins de la rue S. Honoré , celebrerent avec
grande folemnité , la fête de la Beatification du
bienheureux Fidel de Sigmariny , Religieux de
leur Ordre.
On celebre tous les ans , le jour du Dimanche
de Quasimodo , dans l'Eglife du grand Couvent
des Cordeliers, une Fête que les Chevaliers Voya
geurs Palmiers de l'Archi - Confrairie Royale du
S. Sepulcre , établie dans cette Eglife , rendent
folemnelle par une Proceffion publique d'un
grand nombre de Religieux & de tous les Confreres
portant des Palmes , parmi lefqnels il s'en
trouve quelques- uns qui ont fait le voyage de
Jerufalem. Ils font précedez de Trompettes,Timbales
& Hautbois.
La Meffe fe chante ce jour - là en Grec,& après
l'Evangile on y prêche en la même langue.
A la Proceffion qui fe fit le 16. de ce mois, les
Confreres délivrerent proceffionnellement des
Prifons de cette Ville , 48. prifonniers pour dettes,
qui fe trouverent entre les deux Guichets du
grand Châtelet , & affifterent à la Proceffion depuis
ce lieu jufqu'à l'Eglife du S. Sepulchre ,
rue S. Denis , & delà aux Cordeliers , où ils enrendirent.
AVRIL. 1730. 831
tendirent la Meffe & le Sermon. Du Syndicat de
M. de la Mare, & de l'adminiftration des Sieurs
Breval , Razoir , Dubuy & Harmont.
Ce pieux & charitable établiffement , applaudi
des Magiftrats , fut fait l'année 1727. par les
foins de M. Louis - Policarpe Jarry Marchand
Epicier , Juré Contrôleur de la Marchandiſe de
Foin , ancien Guidon de ladite Confrairie , des
quêtes faites chez les Confreres & Soeurs , & autres
Bienfaiteurs , par les Sieurs Boucher , Salvia,"
le Vaffeur , Tréforier & David le Gros , Notables
Bourgeois , de ladite Confrairie , choifis
par ledit fieur Jarry , Inftituteur de cette bonne
oeuvre & reçu pardevant M. le Lieutenant Civil.
Le nombre des Prifonniers ne fut la premiere
année que de fix ; en 1728. de 15. en 1729. de
14. & à la délivrance des Captifs des RR. PP.de
la Merci , accompagnans la Proceſſion,en ont délivré
fix , des deniers de leur charité.
Rentes de l'Hôtel de Ville , fut tirée en preſence
du Prévôt dès Marchands & des Echevins , en la
maniere accoûtumée. Le fonds de ce mois s'eſt
I ij trouvé
828 MERCURE DE FRANCE
trouvé monter à la fomme de 1447450 livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les
Lots qui leur font échus, conformement à la Lifte
generale qui en a été rendue publique,
Le Vendredy - Saint 7. de ce mois , le Roy &
la Reine entendirent le Sermon de la Paffion de
l'Evêque de Cifteron; S. M. affifta enfuite à lOffice
, & alla à l'Adoration de la Croix. La Reine
entendit l'Office dans la Tribune. Le foir L. M.
affifterent à l'Office des Tenebres , chanté par la
Mufique.
Le 8. le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit en ceremonie à l'Eglife de
la Paroiffe , où S. M. entendit la Meffe & com
munia par les mains de l'Evêque de Metz , fon
premier Aumônier. Enfuite S. M. toucha un
grand nombre de Malades. Le foir , le Roi & fa
Reine affifterent dans la Chapelle du Château ,
aux Complies & au Salut , pendant lequel l'o
Filii fut chanté par la Mufique.
1
<
Le jour de Pâques , 9 de ce mois , L. M. entendirent
dans la même Chapelle la grande Meſſe
celebrée pontificalement par l'Evêque de Tulles ,
& chantée par la Mufique .
L'après - midi , elles affifterent à la Prédication
de l'Evêque de Cifteron , & enfuite aux Vêpres
aufquelles le même Prélat officia.
Le Roy a donné au Maréchal du Bourg le
Gouvernement de la Haute & Baffe Alface ; &
celui de la Ville de Strasbourg au Maréchal Duc
de Barwick.
Le 17. dé ce mois , le Roy partit de Verfailles
à 'onze heures du matin , pour aller doucher au
Château de Petit- Bourg , & le lendemain à Fontainebleau
, où S. M. doit demeurer quelque
temps.
Le 10. de ce mois , le Roy prit le deuil pour
AVRIL. 1730. 829
Le 11.
la mort de l'Electrice Douairiere de Baviere.
pendant la Meffe du Roy ; l'Archevêque
de Bordeaux prêta ferment de fidelité entre
les mains de S. M.
Le 16. l'Abbé de Saleon , nommé par le Roy à
l'Evêché d'Agen, fut facré à Paris , dans la Chapelle
de l'Archevêché , par l'Evêque de Xaintes ,
affifté des Evêques de Châlons fur Saone & de
Tarbe.
Le 13. de ce mois , le Roy fit dans la Plaine
des Sablons , la Revue des Regimens des Gardes
Françoifes & Suiffes. S. M. leur fit faire
PExercice , & enfuite les vit défiler.
.
M. Mocenigo , Ambaffadeur de la République
de Venife , arrivé à Paris le 4. de ce mois , alla à
Verfailles le 11. avec M. Zacharie Canal , Ambaffadeur
de la même République, auquel il fuccede
; & il eut audience particuliere du Roy , de
la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , étant
conduit par M. Hebert , Introducteur des Ambaffadeurs.
: On mande de Lille que l'on y fit le z 1. de ce
mois , daus l'Eglife des RR.PP. Dominicains , les
Obfeques de Benoît XIII . Souverain Pontife &
Religieux Profès du même Ordre , avec beaucoup
de pompe & de magnificence. Le Pere Theodore
Chevalier , Religieux du même Couvent , y prononça
l'Eloge Funebre du deffunt Pape, avec une
éloquence qui lui merita un applaudiffement univerfel.
Le 24. de ce mois , la Reine partit de Verſailles
vers le midi , pour aller coucher au Château de
Petit- Bourg , d'où S. M. fe rendit le lendemain
à Fontainebleau.
Le 1. de ce mois , le Concert Spirituel continua
au Château des Tuilleries , & a été donné
tous les jours , jufques & compris le Dimanche
I iij
de
830 MERCURE DE FRANCE
de Quasimodo. On y a chanté les plus beaux
Motets de feu M. de la Lande , & differens petits
Motets nouveaux , convenables au temps de Pâques
, de la compofition des Sieurs Mouret , le
Maire & du Bouffet , qui ont été très-goutez ;
les Diles Erremans , le Maure & Petitpas y ont
chanté differens Recits , avec applaudiffement.
On a executé auffi plufieurs Concerto fur le Violon
, la Flute & le Hautbois , avec autant de vivacité
que de précifion. Le Concert ne recommencera
que le 18. May , jour de la Fête de
PAfcenfion.
Le 22. Avril & les deux jours fuivans , les
Capucins de la rue S. Honoré , celebrerent avec
grande folemnité , la fête de la Beatification du
bienheureux Fidel de Sigmariny , Religieux de
leur Ordre.
On celebre tous les ans , le jour du Dimanche
de Quasimodo , dans l'Eglife du grand Couvent
des Cordeliers, une Fête que les Chevaliers Voya
geurs Palmiers de l'Archi - Confrairie Royale du
S. Sepulcre , établie dans cette Eglife , rendent
folemnelle par une Proceffion publique d'un
grand nombre de Religieux & de tous les Confreres
portant des Palmes , parmi lefqnels il s'en
trouve quelques- uns qui ont fait le voyage de
Jerufalem. Ils font précedez de Trompettes,Timbales
& Hautbois.
La Meffe fe chante ce jour - là en Grec,& après
l'Evangile on y prêche en la même langue.
A la Proceffion qui fe fit le 16. de ce mois, les
Confreres délivrerent proceffionnellement des
Prifons de cette Ville , 48. prifonniers pour dettes,
qui fe trouverent entre les deux Guichets du
grand Châtelet , & affifterent à la Proceffion depuis
ce lieu jufqu'à l'Eglife du S. Sepulchre ,
rue S. Denis , & delà aux Cordeliers , où ils enrendirent.
AVRIL. 1730. 831
tendirent la Meffe & le Sermon. Du Syndicat de
M. de la Mare, & de l'adminiftration des Sieurs
Breval , Razoir , Dubuy & Harmont.
Ce pieux & charitable établiffement , applaudi
des Magiftrats , fut fait l'année 1727. par les
foins de M. Louis - Policarpe Jarry Marchand
Epicier , Juré Contrôleur de la Marchandiſe de
Foin , ancien Guidon de ladite Confrairie , des
quêtes faites chez les Confreres & Soeurs , & autres
Bienfaiteurs , par les Sieurs Boucher , Salvia,"
le Vaffeur , Tréforier & David le Gros , Notables
Bourgeois , de ladite Confrairie , choifis
par ledit fieur Jarry , Inftituteur de cette bonne
oeuvre & reçu pardevant M. le Lieutenant Civil.
Le nombre des Prifonniers ne fut la premiere
année que de fix ; en 1728. de 15. en 1729. de
14. & à la délivrance des Captifs des RR. PP.de
la Merci , accompagnans la Proceſſion,en ont délivré
fix , des deniers de leur charité.
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Résumé : « Le 5. la Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville, fut tirée en presence [...] »
En avril 1730, plusieurs événements marquants ont eu lieu. Le 7 avril, le roi et la reine ont assisté à un sermon sur la Passion, suivi de l'office et de l'adoration de la Croix. Le lendemain, le roi, portant le grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit, a assisté à la messe, communié et touché un grand nombre de malades. Le jour de Pâques, le 9 avril, ils ont entendu la grande messe célébrée par l'évêque de Tulle et ont assisté à une prédication et aux vêpres. La Lotterie pour le Remboursement des Rentes de l'Hôtel de Ville a été tirée en présence du Prévôt des Marchands et des Échevins, distribuant 1 447 450 livres aux rentiers. Le roi a nommé le Maréchal du Bourg gouverneur de la Haute et Basse Alsace et le Maréchal Duc de Barwick gouverneur de Strasbourg. Le 17 avril, le roi est parti de Versailles pour Fontainebleau. Le 10 avril, il a pris le deuil pour la mort de l'Électrice Douairière de Bavière. Le 16 avril, l'abbé de Saleon a été sacré évêque d'Agen à Paris. Le 13 avril, le roi a passé en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. L'ambassadeur de la République de Venise, M. Mocenigo, est arrivé à Paris et a été reçu à Versailles. À Lille, les obsèques de Benoît XIII ont été célébrées avec pompe. Le 24 avril, la reine est partie de Versailles pour Fontainebleau. Le Concert Spirituel a continué au Château des Tuileries jusqu'au dimanche de Quasimodo, avec des motets et des concertos appréciés. Les Capucins de la rue Saint-Honoré ont célébré la fête de la béatification du bienheureux Fidèle de Sigmaringen. Le dimanche de Quasimodo, les Chevaliers Voyageurs Palmiers de l'Archi-Confrérie Royale du Saint-Sépulcre ont organisé une procession et une messe en grec. Le 16 avril, 48 prisonniers pour dettes ont été libérés lors d'une procession organisée par la confrérie du Saint-Sépulcre, un établissement créé en 1727 par Louis-Policarpe Jarry.
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775
p. 831-835
Sermon de l'Abbé de Rosay, [titre d'après la table]
Début :
M. l'Abbé de Rozay, Docteur de Sorbonne, Prédicateur du Roi, dans son Sermon de la Cêne [...]
Mots clefs :
Prédicateur du roi, Reine, Dieu, Vertus
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texteReconnaissance textuelle : Sermon de l'Abbé de Rosay, [titre d'après la table]
M. l'Abbé de Rozay , Docteur de Sorbonne ,
Prédicateur du Roi , dans fon Sermon de la Cênc
du Jeudi Saint dernier , devant la Reine , lui parla
en ces termes. Dans l'exorde , après avoir repréfenté
l'exemple de J. C. lavant les pieds de fes
Difciples,comme un fpectacle digne d'admiration.
C'est ce spectacle , Madame , fpectacle d'hu
milité & de charité tout ensemble , qui mit dans
l'etonnement le Prince des Apôtres , dont votre
Majesté s'empreffe de nous retracer une fidelle
image ; déja tous les yeux tournés fur elle voyent
avec édification l'impatience qu'elle a de dépofer
aux pieds de J. C. ce diadême dont fa
mainfe plait quelquefois à couronner la fageffe,
:
cette magnificence Royale qui femble en fa
préfence importuner votre Religion du plus
baut degré de la grandeur humaine , vous def
I iiij *cendez
832 MERCURE DE FRANCE
eendez , Madame , jufqu'à la plus profonde
bumiliation d'un Dieu , & votre exemple aufft
puiffant fur vos Sujets qui vous regardent com
me leur modele , que l'eft fur vous celui du Roi
des Rois que vous prenez pour le vôtre , tranf,
forme aujourd'hui en une Cour fimple & modefte
une Cour en tout autre tems fi brillante ,
peut-êtrefi faftueuse .
Mais comme c'eft l'humilité d'un Dieu dont
vous renouvellez l'exemple , & que ce Dieu tout
humilié qu'il eft , ne fit jamais paroître , an
rapport de l'Evangeliſte * plus de majesté & de
grandeur , non-feulement vous ne perdez rien
de la vôtre par l'acte de Religion qui nous af- ·
femble , mais vous y acquerez une gloire nouvelle
, gloire bien fuperieure à celle qui vous
environne lorsqu'affife fur le premier Trône du
monde , vous y fixez avec le coeur du plus puiſfant
& du plus cheri des Monarques les coeurs
de tous les Peuples dont il fait la felicité.
Dans le premier Point , après avoir établi par
rapport aux Grands la neceffité d'une humilité
de dépendance envers Dieu fur les obligations
qu'ils lui ont.
Selon ces principes , quelle fera la vôtre
Madame , envers le difpenfateur des Couronnes ,
qui vous ayant placé fi heureuſement pour nous
fur nos têtes , eft le feul que vous voyez au
deffus de la vôtre ; car de quelle forte de bienfaits
n'a t'il pas comblé V. M. juſqu'à ce jour ?
une Naiffance illuftre le Sceptre dans votre
augufte Maifon , votre Royale perſonne renduë
•
un Trône auffi ftable qu'il eft glorieux , un
Heros pour Epoux , digne de toute votre tendreffe
, une fecondité , fruit délicieux de vos
* Sciens Jefus quia omnia dedit ei Pater in manus
&c.
vertus
AVRIL. 1730.
833
le .
vertus & de nos voeux , des Sujets qui vous
adorent & qui fe croyent heureufe de votre felicité
propre voilà des presens du Ciel que lo
monde lui- même ne fçauroit méconnoître , &
qu'il regarde fans doute avec des yeux d'envier
mais ma Religion m'en découvre en V. M. dé
plus eftimables & de plus précieux encore ; c'est
ane éducation noble & chrétienne , un coeur
formé pour la fageſſe , un goût de tout tems décidé
pour la pieté , un de ces caracteres heureux
qui n'ont qu'à fe communiquer pour plaire's
pour dire plus , une belle ame en qui la nature
a preparé un riche fond à la grace & des vertus
bien raves à la Cour qui ne fe démentiront
point fur le Théatre du plus grand monde .
"
Or à qui V. M. doit- elle des faveurs fi fignalees
? n'est ce point à ce Dieu remunerateur des
hambles qui femble épuifer pour vous les plus
douces effufions de fa mifericorde , & voila
Madame , fi vous me permettez de vous le dire
en paffant , voilà ce qui doit vous rendre auſſi
reconnoiffante envers lui qu'il eft liberal envers
vous , auffi foumife à fes ordres qu'il eft magnifique
dans fes bienfaits, vous êtes dépofitaire.
de fa puiffance ; c'est vous que regarde le foin
de fa gloire , religieufe à lui renvoyer celle qui
vous viendra des hommes & à lui faire un hommage
de leurs hommages mêmes ; vous devez -
aimer à favorifer dans les autres la vertu qu'il
a couronnée en vous , & peu contente de paroître
par la Majefté du Trône l'image de la
grandeur d'un Dieu qui par la raison qu'il eft
grand he fe familiarife qu'avec les petits *
de vos devoirs , encore que vous goûtez fi bien,
c'est de l'être effectivement par une bonté genereufe
& magnanime envers eux.
un
* Deus humiles refpicit , humilibus dat gra
tiam.
I v Daus
834 MERCURE DE FRANCE
Dans le fecond Point à la fin , après avoir
prouvé que c'étoit par l'humilité que l'homme
devenoit veritablement grand.
Et c'est là , Madame , ce qui fait que je
vous trouve une plus grande Reine fous ces
voiles de l'humilité que dans tout l'éclat de
votre magnificence ; c'est là ce qui m'engage à
vous dire que l'action que vous allez faire doit
être à vos yeux une des plus glorieufes actions
de votre vie heureuſe , fi les fentimens Chrétiens
que je que je
ens d'exprimer font exactement
Les vôtres puifque tels font ceux que le Maître
des maîtres du monde prendra plaisir à.
voir dans tout tems dans une Reine très chrétienne
; mais fur tout pendant cette édifiante
Ceremonie ; car il eft vrai ( l'Apôtre me l'apprend,
mon miniftere eft de vous le faire
entendre ) il est vrai qu'il ne fuffit pas de faire
ce que fait J. C. fi l'on n'entre dans les vûës
21
dans les difpofitions de I. C. fi V M.
n'étoit animée interieurement de fon efprit
ce feroit en vain qu'elle se profterneroit comme
lui devant les pauvres , cette action , quelques
admirable qu'elle fut à nos yeux , feroit aw
fonds un spectacle de vanité & non de Religion
, une représentation de l'humiliation du
Sauveur plutôt qu'une imitation de fon bumilité.
Seigneur , qui donnez (ouvent les Royaumesfans
donner la gloire du Regne , faites rejaillir
long- tems les rayons de la vôtre fur une Princaffe
ft aimée des hommes qu'elle n'a rien à
defirer que d'être autant aimée de vous ,
fi religieufe envers vous que son exemple
j'ofe le dire , eft après celui d'un Dieu la plus
touchante des leçons pour nous, Vous avez reme
pli fes grandes destinées , vous la faites regner
Lur
AVRIL . 1730. 835
fur une Nation de tout tems fidelle à fes maires
; dans l'époque du Gouvernement le plus
Sage & le plus applaudi , vous lui donnez une
posterite nombreuſe , gage d'une paix durable
qu'elle verra croître autour d'elle comme dé
tendres Rameaux d'Olivier * vous l'avez affo
ciée à la gloire d'un pieux Monarque , nou
beau Salomon qui peut bien dire qu'en ſe hâ'
tant d'époufer la fageffe , il a vû entrer dans fa
maison tous les biens & tous les bonheurs enfemble
** ajoûtez , s'il se peut , quelque chofe
à fa grandeur ; mais non , elle aime mieux que
je vous demande pour elle des vertus que des
profperités ajoutez beaucoup plus à fa Religion
; & puifque c'est à vous à donner le falut*
aux Rois , felon le langage de vos Ecritures
continuez à repandre fur une tête fi chere les
benedictions de douceur dont vous l'avez prévenue
, que nous ne ceffons d'implorer pour
elle , afin qu'après avoir porté faintement la
Couronne que vous lui avez donnée fur laȚèrreselle
jouiffe un jour de celle que vous le préparez
dans le Ciel.
Filii tui ficut novella Olivarum in circuitu
menfæ tuæ.
*** Venerunt mihi omnia bona pariter cum illa.”
Prédicateur du Roi , dans fon Sermon de la Cênc
du Jeudi Saint dernier , devant la Reine , lui parla
en ces termes. Dans l'exorde , après avoir repréfenté
l'exemple de J. C. lavant les pieds de fes
Difciples,comme un fpectacle digne d'admiration.
C'est ce spectacle , Madame , fpectacle d'hu
milité & de charité tout ensemble , qui mit dans
l'etonnement le Prince des Apôtres , dont votre
Majesté s'empreffe de nous retracer une fidelle
image ; déja tous les yeux tournés fur elle voyent
avec édification l'impatience qu'elle a de dépofer
aux pieds de J. C. ce diadême dont fa
mainfe plait quelquefois à couronner la fageffe,
:
cette magnificence Royale qui femble en fa
préfence importuner votre Religion du plus
baut degré de la grandeur humaine , vous def
I iiij *cendez
832 MERCURE DE FRANCE
eendez , Madame , jufqu'à la plus profonde
bumiliation d'un Dieu , & votre exemple aufft
puiffant fur vos Sujets qui vous regardent com
me leur modele , que l'eft fur vous celui du Roi
des Rois que vous prenez pour le vôtre , tranf,
forme aujourd'hui en une Cour fimple & modefte
une Cour en tout autre tems fi brillante ,
peut-êtrefi faftueuse .
Mais comme c'eft l'humilité d'un Dieu dont
vous renouvellez l'exemple , & que ce Dieu tout
humilié qu'il eft , ne fit jamais paroître , an
rapport de l'Evangeliſte * plus de majesté & de
grandeur , non-feulement vous ne perdez rien
de la vôtre par l'acte de Religion qui nous af- ·
femble , mais vous y acquerez une gloire nouvelle
, gloire bien fuperieure à celle qui vous
environne lorsqu'affife fur le premier Trône du
monde , vous y fixez avec le coeur du plus puiſfant
& du plus cheri des Monarques les coeurs
de tous les Peuples dont il fait la felicité.
Dans le premier Point , après avoir établi par
rapport aux Grands la neceffité d'une humilité
de dépendance envers Dieu fur les obligations
qu'ils lui ont.
Selon ces principes , quelle fera la vôtre
Madame , envers le difpenfateur des Couronnes ,
qui vous ayant placé fi heureuſement pour nous
fur nos têtes , eft le feul que vous voyez au
deffus de la vôtre ; car de quelle forte de bienfaits
n'a t'il pas comblé V. M. juſqu'à ce jour ?
une Naiffance illuftre le Sceptre dans votre
augufte Maifon , votre Royale perſonne renduë
•
un Trône auffi ftable qu'il eft glorieux , un
Heros pour Epoux , digne de toute votre tendreffe
, une fecondité , fruit délicieux de vos
* Sciens Jefus quia omnia dedit ei Pater in manus
&c.
vertus
AVRIL. 1730.
833
le .
vertus & de nos voeux , des Sujets qui vous
adorent & qui fe croyent heureufe de votre felicité
propre voilà des presens du Ciel que lo
monde lui- même ne fçauroit méconnoître , &
qu'il regarde fans doute avec des yeux d'envier
mais ma Religion m'en découvre en V. M. dé
plus eftimables & de plus précieux encore ; c'est
ane éducation noble & chrétienne , un coeur
formé pour la fageſſe , un goût de tout tems décidé
pour la pieté , un de ces caracteres heureux
qui n'ont qu'à fe communiquer pour plaire's
pour dire plus , une belle ame en qui la nature
a preparé un riche fond à la grace & des vertus
bien raves à la Cour qui ne fe démentiront
point fur le Théatre du plus grand monde .
"
Or à qui V. M. doit- elle des faveurs fi fignalees
? n'est ce point à ce Dieu remunerateur des
hambles qui femble épuifer pour vous les plus
douces effufions de fa mifericorde , & voila
Madame , fi vous me permettez de vous le dire
en paffant , voilà ce qui doit vous rendre auſſi
reconnoiffante envers lui qu'il eft liberal envers
vous , auffi foumife à fes ordres qu'il eft magnifique
dans fes bienfaits, vous êtes dépofitaire.
de fa puiffance ; c'est vous que regarde le foin
de fa gloire , religieufe à lui renvoyer celle qui
vous viendra des hommes & à lui faire un hommage
de leurs hommages mêmes ; vous devez -
aimer à favorifer dans les autres la vertu qu'il
a couronnée en vous , & peu contente de paroître
par la Majefté du Trône l'image de la
grandeur d'un Dieu qui par la raison qu'il eft
grand he fe familiarife qu'avec les petits *
de vos devoirs , encore que vous goûtez fi bien,
c'est de l'être effectivement par une bonté genereufe
& magnanime envers eux.
un
* Deus humiles refpicit , humilibus dat gra
tiam.
I v Daus
834 MERCURE DE FRANCE
Dans le fecond Point à la fin , après avoir
prouvé que c'étoit par l'humilité que l'homme
devenoit veritablement grand.
Et c'est là , Madame , ce qui fait que je
vous trouve une plus grande Reine fous ces
voiles de l'humilité que dans tout l'éclat de
votre magnificence ; c'est là ce qui m'engage à
vous dire que l'action que vous allez faire doit
être à vos yeux une des plus glorieufes actions
de votre vie heureuſe , fi les fentimens Chrétiens
que je que je
ens d'exprimer font exactement
Les vôtres puifque tels font ceux que le Maître
des maîtres du monde prendra plaisir à.
voir dans tout tems dans une Reine très chrétienne
; mais fur tout pendant cette édifiante
Ceremonie ; car il eft vrai ( l'Apôtre me l'apprend,
mon miniftere eft de vous le faire
entendre ) il est vrai qu'il ne fuffit pas de faire
ce que fait J. C. fi l'on n'entre dans les vûës
21
dans les difpofitions de I. C. fi V M.
n'étoit animée interieurement de fon efprit
ce feroit en vain qu'elle se profterneroit comme
lui devant les pauvres , cette action , quelques
admirable qu'elle fut à nos yeux , feroit aw
fonds un spectacle de vanité & non de Religion
, une représentation de l'humiliation du
Sauveur plutôt qu'une imitation de fon bumilité.
Seigneur , qui donnez (ouvent les Royaumesfans
donner la gloire du Regne , faites rejaillir
long- tems les rayons de la vôtre fur une Princaffe
ft aimée des hommes qu'elle n'a rien à
defirer que d'être autant aimée de vous ,
fi religieufe envers vous que son exemple
j'ofe le dire , eft après celui d'un Dieu la plus
touchante des leçons pour nous, Vous avez reme
pli fes grandes destinées , vous la faites regner
Lur
AVRIL . 1730. 835
fur une Nation de tout tems fidelle à fes maires
; dans l'époque du Gouvernement le plus
Sage & le plus applaudi , vous lui donnez une
posterite nombreuſe , gage d'une paix durable
qu'elle verra croître autour d'elle comme dé
tendres Rameaux d'Olivier * vous l'avez affo
ciée à la gloire d'un pieux Monarque , nou
beau Salomon qui peut bien dire qu'en ſe hâ'
tant d'époufer la fageffe , il a vû entrer dans fa
maison tous les biens & tous les bonheurs enfemble
** ajoûtez , s'il se peut , quelque chofe
à fa grandeur ; mais non , elle aime mieux que
je vous demande pour elle des vertus que des
profperités ajoutez beaucoup plus à fa Religion
; & puifque c'est à vous à donner le falut*
aux Rois , felon le langage de vos Ecritures
continuez à repandre fur une tête fi chere les
benedictions de douceur dont vous l'avez prévenue
, que nous ne ceffons d'implorer pour
elle , afin qu'après avoir porté faintement la
Couronne que vous lui avez donnée fur laȚèrreselle
jouiffe un jour de celle que vous le préparez
dans le Ciel.
Filii tui ficut novella Olivarum in circuitu
menfæ tuæ.
*** Venerunt mihi omnia bona pariter cum illa.”
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Résumé : Sermon de l'Abbé de Rosay, [titre d'après la table]
Le texte relate un sermon prononcé par l'Abbé de Rozay, Docteur de Sorbonne et Prédicateur du Roi, devant la Reine lors de la Cène du Jeudi Saint. L'Abbé commence par évoquer l'exemple de Jésus lavant les pieds de ses disciples, soulignant l'humilité et la charité de ce geste. Il compare la Reine à l'Apôtre Pierre, admirant son impatience de se soumettre à Dieu en déposant son diadème. L'Abbé loue la Reine pour sa magnificence royale et son humilité, notant que son exemple transforme la cour en un modèle de simplicité et de modestie. L'Abbé insiste sur la nécessité de l'humilité pour les grands, rappelant les bienfaits que Dieu a accordés à la Reine, tels qu'une naissance illustre, un trône stable, un époux héroïque, et des sujets dévoués. Il encourage la Reine à être reconnaissante envers Dieu et à favoriser la vertu chez les autres. Il conclut en affirmant que l'humilité véritable est la source de la grandeur, et que l'action de la Reine doit être motivée par un esprit chrétien authentique. Il prie pour que la Reine continue de régner avec sagesse et de recevoir les bénédictions divines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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776
p. 839-847
DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Début :
LOUIS, par, &c. Après la division & les troubles que le refus de se soûmettre à la Bulle Unigenitus [...]
Mots clefs :
Bulle Unigenitus, Roi, Déclaration du roi, Église, Évêques, Édit, Archevêques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
DECLARATION
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
D U ROY.
Par laqunsele des Bulles des
Ar laquelle le Roy explique de nouveau fes¹
Papes , données contre le Janféniſme , & fur celle
de la Conftitution Un genitus . Donnée à Verfailles
, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement
, le 3.- Avril , le Roy y féant en fon Lit de
Juſtice.
bles
LOUIS, par, &c. Après la divifion & les trou
que le refus de fe foûmettre à la Bulle Uni
genitus avoit fait naître dans l'Eglife de France
Nous eûmes lieu d'efperer en l'année 1720. d'y
voir la paix heureufement rétablie . Des Explica--
tions dreffées dans un efprit de concorde & de
charité , approuvées par tous les Cardinaux, tous
les Archevêques , & prefque tous les Evêques de
notre Royaume , qui avoient accepté cette Con--
ftitution , adoptées même par la plupart des
Prélats qui avoient hésité d'abord à la recevoir ,
ne laiffoient aucun pretexte à ceux , qui affectant
de la décrier par des interpretations contraires à
-fon veritable fens , vouloient les faire fervir d'excufe
à leur réfiſtance. Ce fut dans des circonfrances
fi favorables que Nous jugeâmes à propos
de donner notre Déclaration du 4. Aouft 1720.
par laquelle , en ordonnant d'un côté que la
Bulle Unigenitus feroit obſervé felon fa forme &
teneur dans tous nos Etats , & en deffendant tour:
ce qui pourtoit y être contraire. Nous prîmes de
l'autre les précautions les plus convenables pour
affurer le repos & la tranquillité de ceux d'entre
nos
$40 MERCURE DE FRANCE
feu que
nos Sujets qui feroient ceder leur prévention à
Pauthorité du Chef & du Corps des premiers Pafteurs
: Nous avons eu , à la verité , la fatisfaction
de voir des Corps entiers , & un grand nombre
de Sujets des differens Ordres de l'Eglife de France
, entrer dans ces fentimens , & l'édifier par la
fincerité de leur retour : Mais, Nous fçavons que
tous ceux qui les avoient imitez dans leur réfiftance
, n'ont pas encore fuivi l'exemple de leur
foumiffion ; & Nous voyons avec déplaifir qu'il
y en a même plufieurs , qui au lieu de profiter de
notre indulgence , n'ont cherché qu'à allumer le
Nous avions voulu éteindre par notre
Déclaration. Non feulement ils ont interjetté de
nouveaux appels , & ils n'ont pas ceffé d'attaquer
la Conftitution avec la même licence , par des
Libelles auffi injurieux au Pape , aux Evêques &
à toute l'Eglife , que contraires au reſpect qui eft
dû à notre authorité ; mais ils ont entrepris de
révoquer en doute le pouvoir qui appartient aux
Evêques d'inftruire les Fideles de la foumiffion
qu'ils doivent à la Bulle Unigenitus , & d'examiner
les fentimens & les difpofitions des Ecclefiaftiques
, lorfqu'ils fe prefentent à eux , foit pour
recevoir les faints Ordtes , foit pour obtenir des
Visa ou des Inftitutions Canoniques . Ce n'eft pas
même feulement à la Conftitution Unigenitus ,
que les ennemis de cette Bulle & de la paix cherchent
à donner atteinte , ils ne ceffent d'attaquer
directement ou indirectement les Conftitutions
des Papes qui ont condamné les cinq Propofitions
tirées du Livre de Janfénius , ou qui ont
preferit la fignature du Formulaire ; ils renouvellent
les fubtilitez frivoles qui avoient été inventées
pour éluder l'obſervation de ces Bulles
ils s'authorifent de la diftinction du fait & du
droit , & abufant de ce qui fe paffa fous le Pontificat
AVRIL. 1730. 84T
tificat de Clement IX . ils prennent toujours la
deffenfe du filence refpectueux fur le fait de Janfenius
, quoique déclaré infuffifant par la Bulle
Vineam Domini Sabaoth , donnée par Clement
XI . & unanimement acceptée par tous les Prélats
de notre Royaume. Nous ne devons donc
pas divifer deux objets , qui , quoique differents,
ne font cependant que trop unis dans l'efprit de
la plus grande partie de ceux qui ne cherchent
qu'à perpetuer les troubles prefens de l'Eglife ; Et
puifque l'on Nous oblige à expliquer encore nos
intentions fur l'execution de la Bulle Unigenitus,
Nous croyons devoir prendre en même temps de
nouvelles précautions contre ces efprits indociles
, que quatre Bulles données fucceffivement par
differents Papes contre le Janféniſme,qui ont été
reçûës par toute l'Eglife , & dont l'execution a
été tant de fois affermie par notre authorité ,
n'ont pu encore réduire à une entiere obéiffance
: Nous continuërons cependant de veiller avec
attention à la conſervation des Maximes de
notre Royaume & des Libertez de l'Eglife Gallicane
, qui Nous feront toujours plus précieuſes
qu'à ceux qui s'en font un vain titre pour colol
rer leur réfiftance ; & Nous fommes perfuadez.
que nos Cours de Parlement , qui étant principalement
chargées du foin de les maintenir ,
font acquittées fi dignement de ce devoir en differentes
occafions , & dès le temps même des
Lettres Patentes du 14. Février 1714. données
fur la Bulle Unigenitus , fçauront toujours faire
un jufte difcernement entre le zele éclairé qui les
deffend avec fageffe , & les intentions fufpectes
de ceux qui n'y cherchent qu'un prétexte pour
troubler , ou pour éloigner une paix auffi défirable
pour l'interêt de l'Etat , que pour le bien
de l'Eglife. A CES CAUSES , & autres à ce Nous
fe
mouvans
842 MERCURE DE FRANCE
mouvans , de l'avis de notre Confeil , & de notre
grace fpeciale , pleine puiffance & authorité
Royale , Nous avons dit , déclaré & ordonné ;
difons, déclarons & ordonnons, voulons & Nous
plaît ce qui fuit :
Article 1. Renouvellant , en tant que befoin feroit
par ces Prefentes , fignees de notre main j
les Edits & Déclarations du feu Roy notre treshonoré
Seigneur & Bifayeul , fur la condamnation
des cinq Propofitions de Janfénius , & ſur
la fignature du Formulaire , & en particulier
l'Edit du mois d'Avril 1665. & les Lettres Patentes
du dernier jour d'Aouft 1705. Ordonnons
que les Bulles des Souverains Pontifes Innocent
X. Alexandre VII . & Clement XI . fur
lefdites Propofitions , & fur la fignature du Formulaire
, feront obfervées & exécutées felon leur
forme & teneur : Voulons en conféquence , que
perfonne ne puiffe être promú aux Ordres facrez
, ou pourvû de quelque Benefice que ce foit ,
Seculier ou Régulier , exempt ou non exempt de
la Jurifdiction de l'Ordinaire , ni même en requerir
aucun , en vertu des dégrez par lui obte
nus , fans avoir auparavant figné le Formulaire
en perfonne ; entre les mains de fon Archevêque
ou de fon Evêque , ou de leurs Grands Vicaires ;
de laquelle fignature il fera fait mention dans
l'Acte de requifition , & pareillement dans l'Aete
de prife de poffeffion de chaque Benefice ; le tout
à peine de nullité defdits Actes à l'égard de ceux
qui fe trouveroient les avoir faits , fans avoir
préalablement figné le Formulaire. Et au cas
que quelqu'un d'entre les Archevêques ou Evêques
néglige d'en exiger la fignature , voulons
& entendons , conformement à l'Edit du mois
d'Avril 1665. qu'il y foit contraint par faifie du
Revenu temporel de fon Archevêché ou Evêché.
Ordonnons
N
AVRIL. 1730. 843
que les Ordonnons en outre , fuivant ledit Edit ,
Ecclefiaftiques , qui n'ayant pas encore figné le
Formulaire , refuferont de le faire à l'occafion
du Vifa ou de l'inftitution aux Benefices dont
ils demanderont à être pourvûs , foient déclarez
incapables de les poffeder, & que tous ceux dont
lefdits Ecclefiaftiques pourroient avoir été précedemment
pourvûs , demeurent vacans & impétrables
de plein droit , fans qu'il fait befoin à cet
effet d'aucune Sentence ni Declaration judiciaire,
ainfi qu'il eft porté par ledit Edit du mois d'Avril
1665.
II. Voulons , conformement au même Edit ,
que lefdites fignatures du Formulaire foient pures
& fimples , fans aucune diftinction , interpretation
ou reftriction qui déroge directement
ou indirectement aufdites Conftitutions des Papes
Innocent X. Alexandre VII . & Clement XI .
déclarant que ceux qui fe ferviroient dans leur
fignature defdites diftinctions , interprétations ou
reftrictions ; ou qui figneroient un Formulaire
different de celui dont la fignature a été ordonnée
par ledit. Edit du mois d'Avril 1665. feront
fujets aux peines portées par ledit Edit.
III. Confirmant , en tant que befoin feroit
les Lettres Patentes du 14. Février 1714. & notre
Declaration du 4. Aouft 1720. Regiſtrées dans
toutes nos Cours de Parlement : Ordonnons que
la Conftitution Unigenitus foit inviolablement
obfervée felon fa forme & teneur dans tous les
Etats, Pays,Terres & Seigneuries de notre obéïffance
; & qu'étant une Loy de l'Eglife par l'acceptation
qui en a été faite , elle foit auffi regardée
comme une Loy de notre Royaume. Voutons
que tous nos Sujets , de quelque état & condition
qu'ils foient , ayent pour ladite Bulle le
refpect & la foumiffion qui font dûs au jugement
de
844 MERCURE DE FRANCE
de l'Eglife univerfelle , en matiere de doctrine.
IV. L'Article cinquième de notredite Decla
ration fera pareillement exécuté felon fa forme
& teneur , fans neanmoins que fous prétexte du
filence que Nous y avons impofé , on puiffe prétendre
que notre intention ait jamais été d'empêcher
les Archevêques ou Evêques d'inftruire les
Ecclefiaftiques & les Peuples confiez à leurs foins ,
fur l'obligation de fe foumettre à la Conftitution
Unigenitus.
V. Deffendons , conformement à l'Art. III.
de notre Déclaration du 4. Aouft 1720. & par
les motifs qui y font expliquez , d'exiger directement
ou indirectement aucunes nouvelles formu
les de foufcription à l'occafion des Bulles des Papes
qui font reçûës dans notre Royaume. Décla
rons neanmoins, que par cette deffenfe Nous n'avons
pas entendu que les Archevêques & Evê
ques de notre Royaume ne puiffent refuſer d'admettre
aux faints Ordres, ou aux Dignitez & aux
Benefices, de quelque nature qu'ils foient, les Ec→
clefiaftiques Seculiers ou Reguliers , exempts ou
non exempts , qui auroient renouvellé leurs appels
de la Bulle Unigenitus depuis norre Decla
ration du 4. Aouft 1720. ou déclaré par écrit
qu'ils perfiftent dans ceux qu'ils avoient préce
demment interjettez , ou qui auroient compofé
ou publié des Ecrits pour attaquer ladite Bulle
ou les Explications defdits Archevêques & Evêques
, des années 1714.& 1720. ou qui auroient
renu des difcours injurieux à l'Eglife & à l'Epif
copat , & qui en feroient convaincus , foit par
des preuves légitimes , ou par l'aveu qu'ils en
feroient aufdits Archevêques ou Evêques lorfqu'ils
feroient interrogez fur lefdits faits , en fe
prefentant à eux pour l'Ordination , ou pour le
Vifa , ou l'Inſtitution Canonique , & qui perfe-
2
vere
AVRIL . 1730. 845 .
vereroient dans le même efprit de révolte, ou de
defobéiffance contre la Bulle Unigenitus , ou les
autres Conftitutions cy-deffus mentionnées , &
refuferoient de s'expliquer , conformement aux
Art. II. & III. de la prefente Declaration ,
la foumiffion due aufdites Conſtitutions.
2
fur
VI. Les Appellations comme d'abus , fi aucunes
font interjettées des refus de Vifa , ou d'Inftitution
Canonique faits par les Archevêques ou
Evêques aux Ecclefiaftiques qui fe trouveront être
dans quelqu'un des cas expliquez par les Art . I.
II. III. & V. de notre prefente Declaration
n'auront aucun effet fufpenfif , mais dévolutif
feulement , & fans que les caufes de refus marquées
dans lefdits cas , puiffent être regardées
comme un moyen d'abus . Voulons que lorfqu'outre
lefdites caufes , le refus defdits Archevêques
ou Evêques en renfermera d'autres qui feront
jugées abufives , nos Cours foient tenucs de déclarer
qu'il y a abus feulement en ce qui concerne
lefdites autres caufes ; fauf à nofd. Cours
d'ordonner en ce cas , s'il y échet , que dans le
temps qu'elles jugeront à propos de preferire, à
l'appellant comme d'abus , il fera tenu de fe retirer
fuivant l'art. VI. de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
pardevant le Superieur Ecclefiaftique de l'Evêque
ou de l'Archevêque qui lui aura refuſé le Viſa,ou
P'Inftitution Canonique pour le Benefice qui fera
le fujet de la conteftation, à l'effet d'obtenir l'un
ou l'autre, fi faire fe doit ; & après que led . Vifa
ou ladite Inftitution Canonique auront été rap-
-portez , ou faute par ledit appellant de les rapporter
, & dans le delay_qui lui aura été accordé
, il fera ftatué par nofd. Cours fur la maintenue
provifoire ou définitive au Benefice contentieux
, ainfi qu'il appartiendra.
VII
846 MERCURE DE FRANCE
VII . Ordonnons au furplus , que notre Declaration
du 10. May 1728. concernant les Imprimeurs
, foit executée felon fa forme & teneur;
ce faifant , que tous ceux qui feront convaincus
d'avoir compofé, imprimé, debité ou autrement
diftribué , fous quelque titre ou nom que ce puif.
fe être , des Ouvrages , Ecrits , Lettres ou autres
Libelles qui attaqueroient directement ou indirectement
les Conftitutions des Papes cy - deffus
marqués, nommément la Bulle Unigenitus, l'Inftruction
Paftorale de 1714. les Explications de
1720. ou qui tendroient à foûtenir , renouveller
ou favorifer en quelque maniere que ce foit les
Propofitions condamnées par ladite Conftitution
, ou qui feroient contraires à la Religion, au
refpect dû à notre S.Pere le Pape & aux Evêques,
ou à notre authorité , aux droits de notre Ĉouronne,
ou aux libertez de l'Eglife Gallicane,foient
condamnez aux peines portées par ladite Decla
ration du 10. May 1728. Voulons que les Corps
ou Communautez , & pareillement les Particuliers
qui auroient prêté leurs Maifons , en tout
ou en partie , pour fervir de dépôt à des Ouvrages
ou Ecrits de la nature cy-deffus marquez , &
pour les y mettre en sûreté , foient condamnez
pour la premiere fois en 3000 liv. d'amende , &
les Corps ou Communautez déclarez en outre
déchûs de tous les Privileges à eux accordez par
Nous ou par les Rois nos Predeceffeurs . Ordonnons
qu'en cas de récidives, les Particuliers foient
condamnez au banniffement à temps , même à
plus grande peine s'il y échet. Enjoignons à nos
Cours de Parlement & autres nos Juges , de tenir
la main à ce que ces Prefentes foient exactement
& inviolablement obfervées , & de prêter
aux Archevêques ou Evêques , ou à leurs Officiaux
, lorſqu'ils en feront requis , le fecours &
l'affiftance
AVRIL 1730.
847.
l'affiftance neceffaires . pour l'execution des Ordonnances
& Jugemens qui en feront par eux
rendus contre les contrevenans dans les cas qui
regardent les Juges d'Eglife ; le tout conformement
à l'Art. XXX . de l'Edit du mois d'Avril
1695. concernant la Jurifdiction Ecclefiaftique ,
& c.
Fermer
Résumé : DECLARATION DU ROY. Par laquelle le Roy explique de nouveau ses intentions sur l'exécution des Bulles des Papes, données contre le Jansénisme, & sur celle de la Constitution Un genitus. Donnée à Versailles, le 24. Mars 1730. Registrée en Parlement, le 3. Avril, le Roy y séant en son Lit de Justice.
Le document est une déclaration royale de Louis XV, datée du 24 mars 1730, concernant l'application de la bulle papale Unigenitus et des constitutions contre le jansénisme. Le roi rappelle les efforts passés pour rétablir la paix dans l'Église de France après le refus initial de se soumettre à la bulle Unigenitus. Il souligne que des explications approuvées par les cardinaux, archevêques et évêques ont été adoptées, mais certains continuent de résister. La déclaration renforce l'obligation d'observer la bulle Unigenitus et les constitutions contre le jansénisme, en ordonnant que la bulle soit respectée dans tous les États et que les sujets du roi doivent lui montrer soumission. Le roi défend également les libertés de l'Église gallicane et ordonne des mesures contre ceux qui attaquent les constitutions papales ou troublent la paix. La déclaration réitère l'interdiction de promouvoir des ecclésiastiques sans qu'ils aient signé le formulaire et confirme les peines pour ceux qui refusent de se soumettre. Elle précise également les procédures pour les appels comme d'abus et les sanctions contre les imprimeurs de libelles contraires aux constitutions. Un autre décret royal, daté d'avril 1730, condamne les individus ou les communautés ayant prêté leurs maisons pour servir de dépôt à des ouvrages ou écrits interdits. Les peines prévues incluent une amende de 3 000 livres pour la première infraction, avec perte des privilèges pour les corps ou communautés concernés. En cas de récidive, les particuliers encourent le bannissement ou des peines plus sévères. Le décret ordonne aux cours de parlement et autres juges de faire respecter ces dispositions et de prêter assistance aux autorités ecclésiastiques pour l'exécution des jugements concernant les contrevenants. Cette mesure est conforme à l'article XXX de l'édit d'avril 1695 sur la juridiction ecclésiastique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
776
777
p. 850-861
LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
Début :
Vous avez, sans doute, lû, Monsieur, dans le Mercure du mois de Janvier [...]
Mots clefs :
Coutumes, Fiefs, Vassal, Seigneur, Recueil, Maximes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
LETTRE de M. Billecocq , Lieutenant
Particulièr au Bailliage de Roye , pour
Servir de Réponse aux Remarques de
M. Dauvergne , inferée dans le Mercure
de Fanvier 1730.
V
" Ous avez , fans doute , lû, Monfieur,
dans le Mercure du mois de Janvier
dernier , les Remarques de M. Dauvergne
de Beauvais , fur le Livre des Principes
du Droit François fur les Fiefs , dont j'ai
eu l'honneur de vous prefenter un Exemplaire
, & même la fatisfaction de vous
entendre dire depuis , que vous l'avez
trouvé bon, & qu'il feroit utile au Public.
Comme M. Dauvergne paffe pour homme
d'efprit & habile dans fa Profeffion ,
j'efperois trouver dans fes Remarques des
inftructions que je pourrois mettre à profit
, pour rétracter ou corriger les erreurs
dans lesquelles j'aurois pû être tombé ,
mais , je vous avoie , Monfieur , que je
n'y ai rien trouvé dont ma docilité puiffe
faire ufage.
Il porte d'abord fa critique fur le titre
du Livre , il argue la méthode que je
me fuis faite en compofant mon Recueil,
il me reproche d'avoir obmis les autoritez
MAY. 1730. 85 %
tez oppofées aux principes que j'ai établis
, & parmi le grand nombre de Maximes
dont le Livre eft rempli , il ne
s'en prend qu'à trois ou quatre.
Le titre du Livre, dit- il , paroît impofant ;
Auteur promet plus qu'il ne donne , & Sou
vent moins que le Texte de la Coûtume à
laquelle il rapporte les principes de fon Recueil.
J'aurois fouhaité pouvoir trouver à ce
Livre un titre plus modefte , & en mê
me-temps convenable; mais ne pensezvous
pas , Monfieur , qu'un Livre qui
renferme les notions les plus communes
des matieres feodales , les définitions &
les divifions des chofes , avec les princi ,
pales maximes établies par les Textes des
Coûtumes & par les décifions de nos meil
leurs Auteurs modernes , péut porter , à
bon droit , le Titre de Principes du Droit
François fur les Fiefs .
Comme je n'avois travaillé à ce Recueil
que pour mon inftruction particuliere ,
je me fuis contenté d'une expofition fimple
, facile & méthodique des principes
que je m'étois formez ; & en le faifant
imprimer , par le confeil de perfonnes jus
dicieufes , qui ont eftimé qu'il pourroit
être utile au Public , je l'ai prefenté tel
qu'il étoit , & je n'ai pas crû devoir l'embarraffer
de maximes controverfées qui
A iiij
m'au-
1
852 MERCURE DE FRANCE
m'auroient mené trop loin , perfuadé que
fi les regles que j'ai pofées étoient juftes ,
elles pourroient fervir à les éclaircir ou
à les décider.
C'eft dans cette idée que j'ai dit que
ce Livre pourroit fervir de Commentaire
aux Coûtumes de Peronne, Montdidier &
Roye , & à celles qui fur les Fiefs n'ont
point de difpofitions contraires .
Je conviens , Monfieur , qu'on ne peut
pas regarder mon Livre comme un veritable
Commentaire , il n'en a ni la forme
ni l'étendue , comme le remarque
M. Dauvergne , qui enfeigne avec tant
d'exactitude la maniere de faire un bon
Commentaire , qu'il feroit à fouhaiter
qu'il voulût donner au Public un Ouvrage
en ce genre de fa façon. Il rempliroit
, fans doute , toutes les idées qu'il
donne d'un excellent Commentaire de
Coûtume .
Pour moi qui n'ai point prétendu écrire
pour les fçavans , ni pour ceux qui font
initiez dans la connoiffance des matieres
des Fiefs , à qui je laiffe le mérite de les
traiter à fond par des raifonnemens , des
Differtations & des autoritez multipliéés ;
ma feule vûë a été , en faifant imprimer
mon Recueil fur les Fiefs , d'en rendre
la matiere intelligible , & de la mettre à
la portée des Seigneurs de Fiefs , de leurs
Officiers
MAY. 1730.
853
que
Officiers , des Vaffaux , & de tous ceux
la connoiffance des matieres féodales
peut intereffer. Ce Livre m'a paru d'autant
plus commode , qu'on le peut porter
dans fa poche ; en cela bien different
d'un Commentaire de Coûtume en forme ,
& tel que le voudroit l'Auteur des Remarques
, qui rempliroit un ou plufieurs
gros volumes.
Si je n'ai pas cité les Auteurs qui ont
écrit fur les Fiefs en Latin , ni ceux qui
en ont fait des Traitez particuliers , c'eſt
que je n'ai pas voulu charger les marges
de mon Livre d'un trop grand nombre
de Citations , qui feroient d'autant plus
inutiles , que les modernes , aufquels je
me fuis attaché , ont puiſé leurs déciſions
dans les anciens Feudiftes.
J'ofe affurer , Monfieur , qu'il n'y a
pas un feul article dans le titre des Fiefs
de la Coûtume de Peronne , Mondidier
& Roye , dont je me fuis particulierement
fervi pour former mes Principes , qui n'y
trouve fon explication; cependant M.Dauvergne
avance dans fes Obfervations ,
comme le défaut dominant de mon Livre,
que les Principes que je donne pour interpreter
les Articles de cette Coûtume ,
fourniffent auffi peu & quelquefois moins
que le Texte , que je dois expliquer.
Ce reproche eft trop vague pour que
Αν A v je
854 MERCURE DE FRANCE
je fois en état de m'en juftifier . Si j'ofois
efperer , Monfieur , que vous vouluffiez
bien prendre la peine d'en faire l'analyſe
vous- même , pouvant en juger plus fainement
qu'un autre, & m'en écrire votre
fentiment , je vous en aurois une fenfible
obligation , auffi - bien que de me mander
ce que vous penfez au fujet de la cenfure
de quelques Principes de mon Livre , que
M. Dauvergne prétend n'être pas juftes.
Permettez - moi de les reprendre ici l'un
après l'autre.
Voici les termes dont je me fuis fervi,
Liv . 2. Chap . 4. Sect. 6. En l'absence du
mari ou à fon refus , la femme peut fe faire
autorifer par fuftice , pour faire la foi &
hommage , & payer les droits.
M. Dauvergne dit que cet Axiome eft
faux , & que Dupleffis a fuffifamment fait
entendre le contraire.
Ma furpriſe a été d'autant plus grande,.
lorfque j'ai vû ce point de critique , qu'on
veut appuyer du fentiment de Dupleffis ,
que je ne puis m'empêcher de vous tranfcrire
ici les propres termes de cet Auteur,,
qui fe trouvent au Liv . I. des Fiefs , Ch . 3.-
vers la fin. Si la femme n'étoit point feparée
, mais que fon mari fût abſent , & que·
cependant le délai fatal preffat , j'eftime
qu'elle fe peut faire autorifer par Juftice
pour porter la foi..
31
Après
MAY. 1730 . 858
Après
cela peut-on dire que Dupleffis
penſe autrement que le Commentateur
de la Coûtume d'Amiens , que j'ai cité?
Si M. Dauvergne, avoit lû les Auteurs ,
& principalement Dumoulin , fur Paris §.
37. Glofe 1. N. 12. Brod. Art. 36. N. 14.
Le Grand , fur Troye , Art. 40. N. 13 .
& Ferriere , dans fon Traité des Fiefs ,
Ch . 2. Art. 2. N. 64. il auroit reconnu
que le principe que j'ai établi , loin d'être
faux , comme il le dit , eft inconteftable.
En effet , y a-t -il une autre reffource pour:
une femme dont le Fief eft faifi , par l'abfence
, la négligence , le caprice ou la
collufion du mari , que de fe faire autorifer
par Juftice , à l'effet de porter pour
lui la foi & hommage au Seigneur ? Eſtil
un parti plus équitable pour fauver la
perte des fruits qui font deftinez pour
foutenir les charges du mariage ? Vous
concevrez aisément , Monfieur , que cette
Remarque eft mal imaginée , & qu'elle
ne fait pas juger avantageufement de celles
qui fuivent.
J'ai dit au Liv . 2. Ch. 5. Sect. 7. Que
quand les puinez relevent de leur aîné , ils :
doivent lui faire la foi & hommage , &
payer le même droit de Chambellage , qu'ils
auroient payé au Seigneur.
M. Dauvergne , fans contefter ce Principe
, fe contente de dire que j'aurois dû
A vj avertir
856 MERCURE DE FRANCE
avertir que Dargentré a tenu le contraire,
& que fon fentiment a été en cela ſuivi
par plufieurs autres.
Il fe feroit épargné cette objection ,
s'il avoit bien voulu faire attention que
mon Systême eft de pofer uniment les
maximes quej'ay crûës les meilleures & les
plus fuivies , fans entrer dans le détail
des opinions oppofées de quelques Auteurs
, qui ont traité la même matiere .
Ainfi, quoique je n'aye pas ignoré le fentiment
de Dargentré , contraire à ma
propofition , il m'a paru que le texte de
la Coûtume de Vermandois , qui contient
dans une infinité d'articles , les mêmes
difpofitions que la Coûtume de Peronne
& de Roye, dont les appellations reffortiffent
au Préfidial de Laon , devoit prévaloir
à l'opinion de Dargentré , quelque
eftimé & quelque habile qu'il fût.
C'eſt par cette même raison , qu'en traitant
de la foi & hommage conteſtée entre
plufieurs perfonnes , Liv. 2. Chap. 4.
Sect. 4. j'ai tiré mes Principes des Textes,
des Coûtumes de Laon , Reims , & Châlons
, aurois-je pû puifer dans de meilleu
res fources que dans les Coûtumes voifines
de celles que j'avois fuivies , pour fervir
de baſe & de fondement à mes Principes
? Des Coûtumes qui ont été rédigées
& réformées par les plus fçavans Magiftrats
MAY. 1730. 857
trats du Royaume , de l'avis des perfonnes
les plus éclairées des Provinces , n'ontelles
pas plus de poids & d'autorité que
les fentimens de quelques Particuliers ?
Auffi nos meilleurs Auteurs ont-ils fuivi
cette Méthode d'appuyer leurs réfolutions
des Textes de Coûtumes , qui font
répandus dans leurs Ouvrages.
J'ay avancé pour maxime au Liv. 14.
Ch. 15. Sect. 1. Que le Seigneur qui veut
retenir un Fief de fa mouvance , lorsqu'il a
été vendu par fon vaffal , eft obligé d'en
rembourferle prix à l'Acquereur , fans pouvoir
précompter ni diminuer aucune chofe
pour les droits que devoit l' Acquereur à caufe
de fon acquifition.
L'Auteur des Remarques fait une diftinction.
Il convient que le Principe eft
jufte dans le cas où l'Acquereur eft chargé
du payement des droits ; mais fi l'on change
l'efpece , dit-il , & fi l'on fuppofe que
le Vendeur en foit tenu , il demande en
ce cas, s'il fera encore vrai que le Seigneur
n'en puiffe faire la déduction fur le prix
qu'il doit rembourfer , & il fe plaint que
je laiffe le Lecteur fur cela dans l'incertitude
du parti qui eft à prendre dans la
contrarieté qui fe rencontre , non-feulement
entre les diverfes Coûtumes , mais
auffi entre les divers Jurifconfultes.
Je vous avouë , Monfieur , que je n'avois
858 MERCURE DE FRANCE
vois garde de faire une pareille diftine
tion , puifqu'en difant que les droits feodaux
étoient incompatibles avec le retrait
feodal , j'avois fuffilamment fait entendret
que dans le cas propofé , le Seigneur étoit
tenu à rendre le prix fans aucune déduction
des droits..
Auffi la Coûtume de Feronne , Mon
didier & Roye , Art. 255. dit- elle , qu'il
faut rembourfer à l'acquereur les deniers
de l'achat , fans diftinguer fi c'eft l'acque
reur ou le vendeur qui eft chargé du
des droits. Ubi lex non diftinpayement
guit , nec nos diftinguere debemus ...
Les Coûtumes qui ont des difpofitions
contraires , font exorbitantes du droit
commun , & ne font fuivies que dans leur
territoire. Elles font même confiderées
par la plupart des Commentateurs , comme
injuftes & trop rigoureufes.
›
En effet le Seigneur exerçant le Retrait
feodal, n'eft-il pas fubrogé au lieu & place
de l'acquereur, & préſumé avoir acheté le
Fief de fon Vaffal ? auquel cas les droits :
fe trouvent confondus en fa perſonne
ne pouvant être créancier & débiteur de
lui-même. C'eft la décifion de l'Art. 22r.
de la Coûtume de Reims ; le fentiment
de Dumoulin , fur l'Art . 17, de la Coû--
tume de Chaumont , & celui de Brodeau ,
fur Paris , Art, 22. N. 4.
M ..
MAY. 1730 859
M. Dauvergne , me fait encore un reproche
de ce qu'en parlant au Liv. 4.
Ch. 35. Sect. 7. de la récompenfe que
l'aîné doit faire à fes puînez , lorfqu'il
retire leur part des Fiefs , je n'ai point
donné de Principes fur les difficultez qui
naiffent de la difpofition de la Coûtume
dont il fait l'énumeration .
Je vous avouerai franchement , Monfieur
,que je n'ai parlé du droit qu'a l'aîné:
de récompenfer fa foeur , qu'en paffant ,
& parce que ce droit a rapport à la matiere
des Fiefs ; mais comme il regarde
plus particulierement celle des fucceffions,.
où la Coûtume parle de la récompenfe ,
je me fuis réfervé den traiter plus amplement,
lorfqu'en expliquant le Titre des
Succeffions , je parlerai du partage des Fiefs
entre l'aîné & les puînez.
Enfin , pour pouffer la critique jufqu'au
bout, M. Dauvergne finit fes Remarques
par une Reflexion , qui certainement ne
me fait pas honneur ; je laiffe au Public
à juger fi elle doit lui en faire beaucoup..
Il infinuë que non -feulement il fe trouve
dans mon Livre des omiffions effentielles
, mais encore que les axiomes qu'on
prefente comme indubitables & non conteftés
peuvent produire des effets d'au--
tant plus dangereux par la réticence des
autoritez qui y font oppofées ; qu'il fuffit:
qu'un
866 MERCURE DE FRANCE
A qu'un Livre foit imprimé pour qu'il foit
regardé , fur tout après la mort de fon
Auteur , comme un Oracle , par une infinité
de gens ; que l'Avocat , dans les
confultations , le prend pour la regle de
fes réfolutions , & fouvent le Magiſtrat ,
pour celle de fes jugemens. Crédulité fatale
, continue- t-il , qui produit la ruine
des familles , dont un Livre de Principes
que l'Auteur a publiez comme vrais , eft la
cauſe.
Mais ne fuis- je pas en droit de demander
à M. Dauvergne , à quoi aboutit tout
ce raifonnement , & de lui propofer ce
Dilemme ? Ou mes Principes font bons ,
ou ils font vicieux ; fi vous les trouvez
mauvais , rendez témoignage de leur défectuofité
; mais s'ils font juftes & autorifez
par l'ufage & par les meilleurs Auteurs
, pourquoi les cenfurez -vous ? Vous
voudriez , direz - vous , que ces Principes
fuffent difcutez , approfondis , que j'euſſe
rapporté les exceptions , les objections
les applications , les diftinctions & les dé- .
cifions des Auteurs qui ont écrit fur la
matiere. A cela vous répondrai - je , je ne
pourrois que louer votre circonfpection;
fi j'avois entendu de donner au Public
un Traité en forme fur les Fiefs ; mais
confiderez que ce petit Livre n'eft qu'un
précis , un abregé des maximes les plus
>
communes
MAY. 1730 . 86r
communes & les plus fuivies , juftifiées
par les autoritez qui font à la marge , &
vous conviendrez que fi mes Principes
ne font
pas de votre gout , parce que
vous ne les trouvez pas affez démontrez,
ils peuvent convenir à une infinité de
gens , qui feront bien contens de trouver
d'un coup d'oeil dans ce Livre , la décifion
des difficultez qui fe prefentent.
Je laiffe au Public à juger fi votre Cri
tique eft judicieuſe.
Au refte , je ferai toûjours difpofé à
profiter des lumieres & des reflexions que
des perfonnes équitables voudront bien
me communiquer fur les deffauts qu'ils
auront pû remarquer dans mon Livre.
Je fuis , Monfieur , &c.
A Roye , ce 22. Mars 1730.
Particulièr au Bailliage de Roye , pour
Servir de Réponse aux Remarques de
M. Dauvergne , inferée dans le Mercure
de Fanvier 1730.
V
" Ous avez , fans doute , lû, Monfieur,
dans le Mercure du mois de Janvier
dernier , les Remarques de M. Dauvergne
de Beauvais , fur le Livre des Principes
du Droit François fur les Fiefs , dont j'ai
eu l'honneur de vous prefenter un Exemplaire
, & même la fatisfaction de vous
entendre dire depuis , que vous l'avez
trouvé bon, & qu'il feroit utile au Public.
Comme M. Dauvergne paffe pour homme
d'efprit & habile dans fa Profeffion ,
j'efperois trouver dans fes Remarques des
inftructions que je pourrois mettre à profit
, pour rétracter ou corriger les erreurs
dans lesquelles j'aurois pû être tombé ,
mais , je vous avoie , Monfieur , que je
n'y ai rien trouvé dont ma docilité puiffe
faire ufage.
Il porte d'abord fa critique fur le titre
du Livre , il argue la méthode que je
me fuis faite en compofant mon Recueil,
il me reproche d'avoir obmis les autoritez
MAY. 1730. 85 %
tez oppofées aux principes que j'ai établis
, & parmi le grand nombre de Maximes
dont le Livre eft rempli , il ne
s'en prend qu'à trois ou quatre.
Le titre du Livre, dit- il , paroît impofant ;
Auteur promet plus qu'il ne donne , & Sou
vent moins que le Texte de la Coûtume à
laquelle il rapporte les principes de fon Recueil.
J'aurois fouhaité pouvoir trouver à ce
Livre un titre plus modefte , & en mê
me-temps convenable; mais ne pensezvous
pas , Monfieur , qu'un Livre qui
renferme les notions les plus communes
des matieres feodales , les définitions &
les divifions des chofes , avec les princi ,
pales maximes établies par les Textes des
Coûtumes & par les décifions de nos meil
leurs Auteurs modernes , péut porter , à
bon droit , le Titre de Principes du Droit
François fur les Fiefs .
Comme je n'avois travaillé à ce Recueil
que pour mon inftruction particuliere ,
je me fuis contenté d'une expofition fimple
, facile & méthodique des principes
que je m'étois formez ; & en le faifant
imprimer , par le confeil de perfonnes jus
dicieufes , qui ont eftimé qu'il pourroit
être utile au Public , je l'ai prefenté tel
qu'il étoit , & je n'ai pas crû devoir l'embarraffer
de maximes controverfées qui
A iiij
m'au-
1
852 MERCURE DE FRANCE
m'auroient mené trop loin , perfuadé que
fi les regles que j'ai pofées étoient juftes ,
elles pourroient fervir à les éclaircir ou
à les décider.
C'eft dans cette idée que j'ai dit que
ce Livre pourroit fervir de Commentaire
aux Coûtumes de Peronne, Montdidier &
Roye , & à celles qui fur les Fiefs n'ont
point de difpofitions contraires .
Je conviens , Monfieur , qu'on ne peut
pas regarder mon Livre comme un veritable
Commentaire , il n'en a ni la forme
ni l'étendue , comme le remarque
M. Dauvergne , qui enfeigne avec tant
d'exactitude la maniere de faire un bon
Commentaire , qu'il feroit à fouhaiter
qu'il voulût donner au Public un Ouvrage
en ce genre de fa façon. Il rempliroit
, fans doute , toutes les idées qu'il
donne d'un excellent Commentaire de
Coûtume .
Pour moi qui n'ai point prétendu écrire
pour les fçavans , ni pour ceux qui font
initiez dans la connoiffance des matieres
des Fiefs , à qui je laiffe le mérite de les
traiter à fond par des raifonnemens , des
Differtations & des autoritez multipliéés ;
ma feule vûë a été , en faifant imprimer
mon Recueil fur les Fiefs , d'en rendre
la matiere intelligible , & de la mettre à
la portée des Seigneurs de Fiefs , de leurs
Officiers
MAY. 1730.
853
que
Officiers , des Vaffaux , & de tous ceux
la connoiffance des matieres féodales
peut intereffer. Ce Livre m'a paru d'autant
plus commode , qu'on le peut porter
dans fa poche ; en cela bien different
d'un Commentaire de Coûtume en forme ,
& tel que le voudroit l'Auteur des Remarques
, qui rempliroit un ou plufieurs
gros volumes.
Si je n'ai pas cité les Auteurs qui ont
écrit fur les Fiefs en Latin , ni ceux qui
en ont fait des Traitez particuliers , c'eſt
que je n'ai pas voulu charger les marges
de mon Livre d'un trop grand nombre
de Citations , qui feroient d'autant plus
inutiles , que les modernes , aufquels je
me fuis attaché , ont puiſé leurs déciſions
dans les anciens Feudiftes.
J'ofe affurer , Monfieur , qu'il n'y a
pas un feul article dans le titre des Fiefs
de la Coûtume de Peronne , Mondidier
& Roye , dont je me fuis particulierement
fervi pour former mes Principes , qui n'y
trouve fon explication; cependant M.Dauvergne
avance dans fes Obfervations ,
comme le défaut dominant de mon Livre,
que les Principes que je donne pour interpreter
les Articles de cette Coûtume ,
fourniffent auffi peu & quelquefois moins
que le Texte , que je dois expliquer.
Ce reproche eft trop vague pour que
Αν A v je
854 MERCURE DE FRANCE
je fois en état de m'en juftifier . Si j'ofois
efperer , Monfieur , que vous vouluffiez
bien prendre la peine d'en faire l'analyſe
vous- même , pouvant en juger plus fainement
qu'un autre, & m'en écrire votre
fentiment , je vous en aurois une fenfible
obligation , auffi - bien que de me mander
ce que vous penfez au fujet de la cenfure
de quelques Principes de mon Livre , que
M. Dauvergne prétend n'être pas juftes.
Permettez - moi de les reprendre ici l'un
après l'autre.
Voici les termes dont je me fuis fervi,
Liv . 2. Chap . 4. Sect. 6. En l'absence du
mari ou à fon refus , la femme peut fe faire
autorifer par fuftice , pour faire la foi &
hommage , & payer les droits.
M. Dauvergne dit que cet Axiome eft
faux , & que Dupleffis a fuffifamment fait
entendre le contraire.
Ma furpriſe a été d'autant plus grande,.
lorfque j'ai vû ce point de critique , qu'on
veut appuyer du fentiment de Dupleffis ,
que je ne puis m'empêcher de vous tranfcrire
ici les propres termes de cet Auteur,,
qui fe trouvent au Liv . I. des Fiefs , Ch . 3.-
vers la fin. Si la femme n'étoit point feparée
, mais que fon mari fût abſent , & que·
cependant le délai fatal preffat , j'eftime
qu'elle fe peut faire autorifer par Juftice
pour porter la foi..
31
Après
MAY. 1730 . 858
Après
cela peut-on dire que Dupleffis
penſe autrement que le Commentateur
de la Coûtume d'Amiens , que j'ai cité?
Si M. Dauvergne, avoit lû les Auteurs ,
& principalement Dumoulin , fur Paris §.
37. Glofe 1. N. 12. Brod. Art. 36. N. 14.
Le Grand , fur Troye , Art. 40. N. 13 .
& Ferriere , dans fon Traité des Fiefs ,
Ch . 2. Art. 2. N. 64. il auroit reconnu
que le principe que j'ai établi , loin d'être
faux , comme il le dit , eft inconteftable.
En effet , y a-t -il une autre reffource pour:
une femme dont le Fief eft faifi , par l'abfence
, la négligence , le caprice ou la
collufion du mari , que de fe faire autorifer
par Juftice , à l'effet de porter pour
lui la foi & hommage au Seigneur ? Eſtil
un parti plus équitable pour fauver la
perte des fruits qui font deftinez pour
foutenir les charges du mariage ? Vous
concevrez aisément , Monfieur , que cette
Remarque eft mal imaginée , & qu'elle
ne fait pas juger avantageufement de celles
qui fuivent.
J'ai dit au Liv . 2. Ch. 5. Sect. 7. Que
quand les puinez relevent de leur aîné , ils :
doivent lui faire la foi & hommage , &
payer le même droit de Chambellage , qu'ils
auroient payé au Seigneur.
M. Dauvergne , fans contefter ce Principe
, fe contente de dire que j'aurois dû
A vj avertir
856 MERCURE DE FRANCE
avertir que Dargentré a tenu le contraire,
& que fon fentiment a été en cela ſuivi
par plufieurs autres.
Il fe feroit épargné cette objection ,
s'il avoit bien voulu faire attention que
mon Systême eft de pofer uniment les
maximes quej'ay crûës les meilleures & les
plus fuivies , fans entrer dans le détail
des opinions oppofées de quelques Auteurs
, qui ont traité la même matiere .
Ainfi, quoique je n'aye pas ignoré le fentiment
de Dargentré , contraire à ma
propofition , il m'a paru que le texte de
la Coûtume de Vermandois , qui contient
dans une infinité d'articles , les mêmes
difpofitions que la Coûtume de Peronne
& de Roye, dont les appellations reffortiffent
au Préfidial de Laon , devoit prévaloir
à l'opinion de Dargentré , quelque
eftimé & quelque habile qu'il fût.
C'eſt par cette même raison , qu'en traitant
de la foi & hommage conteſtée entre
plufieurs perfonnes , Liv. 2. Chap. 4.
Sect. 4. j'ai tiré mes Principes des Textes,
des Coûtumes de Laon , Reims , & Châlons
, aurois-je pû puifer dans de meilleu
res fources que dans les Coûtumes voifines
de celles que j'avois fuivies , pour fervir
de baſe & de fondement à mes Principes
? Des Coûtumes qui ont été rédigées
& réformées par les plus fçavans Magiftrats
MAY. 1730. 857
trats du Royaume , de l'avis des perfonnes
les plus éclairées des Provinces , n'ontelles
pas plus de poids & d'autorité que
les fentimens de quelques Particuliers ?
Auffi nos meilleurs Auteurs ont-ils fuivi
cette Méthode d'appuyer leurs réfolutions
des Textes de Coûtumes , qui font
répandus dans leurs Ouvrages.
J'ay avancé pour maxime au Liv. 14.
Ch. 15. Sect. 1. Que le Seigneur qui veut
retenir un Fief de fa mouvance , lorsqu'il a
été vendu par fon vaffal , eft obligé d'en
rembourferle prix à l'Acquereur , fans pouvoir
précompter ni diminuer aucune chofe
pour les droits que devoit l' Acquereur à caufe
de fon acquifition.
L'Auteur des Remarques fait une diftinction.
Il convient que le Principe eft
jufte dans le cas où l'Acquereur eft chargé
du payement des droits ; mais fi l'on change
l'efpece , dit-il , & fi l'on fuppofe que
le Vendeur en foit tenu , il demande en
ce cas, s'il fera encore vrai que le Seigneur
n'en puiffe faire la déduction fur le prix
qu'il doit rembourfer , & il fe plaint que
je laiffe le Lecteur fur cela dans l'incertitude
du parti qui eft à prendre dans la
contrarieté qui fe rencontre , non-feulement
entre les diverfes Coûtumes , mais
auffi entre les divers Jurifconfultes.
Je vous avouë , Monfieur , que je n'avois
858 MERCURE DE FRANCE
vois garde de faire une pareille diftine
tion , puifqu'en difant que les droits feodaux
étoient incompatibles avec le retrait
feodal , j'avois fuffilamment fait entendret
que dans le cas propofé , le Seigneur étoit
tenu à rendre le prix fans aucune déduction
des droits..
Auffi la Coûtume de Feronne , Mon
didier & Roye , Art. 255. dit- elle , qu'il
faut rembourfer à l'acquereur les deniers
de l'achat , fans diftinguer fi c'eft l'acque
reur ou le vendeur qui eft chargé du
des droits. Ubi lex non diftinpayement
guit , nec nos diftinguere debemus ...
Les Coûtumes qui ont des difpofitions
contraires , font exorbitantes du droit
commun , & ne font fuivies que dans leur
territoire. Elles font même confiderées
par la plupart des Commentateurs , comme
injuftes & trop rigoureufes.
›
En effet le Seigneur exerçant le Retrait
feodal, n'eft-il pas fubrogé au lieu & place
de l'acquereur, & préſumé avoir acheté le
Fief de fon Vaffal ? auquel cas les droits :
fe trouvent confondus en fa perſonne
ne pouvant être créancier & débiteur de
lui-même. C'eft la décifion de l'Art. 22r.
de la Coûtume de Reims ; le fentiment
de Dumoulin , fur l'Art . 17, de la Coû--
tume de Chaumont , & celui de Brodeau ,
fur Paris , Art, 22. N. 4.
M ..
MAY. 1730 859
M. Dauvergne , me fait encore un reproche
de ce qu'en parlant au Liv. 4.
Ch. 35. Sect. 7. de la récompenfe que
l'aîné doit faire à fes puînez , lorfqu'il
retire leur part des Fiefs , je n'ai point
donné de Principes fur les difficultez qui
naiffent de la difpofition de la Coûtume
dont il fait l'énumeration .
Je vous avouerai franchement , Monfieur
,que je n'ai parlé du droit qu'a l'aîné:
de récompenfer fa foeur , qu'en paffant ,
& parce que ce droit a rapport à la matiere
des Fiefs ; mais comme il regarde
plus particulierement celle des fucceffions,.
où la Coûtume parle de la récompenfe ,
je me fuis réfervé den traiter plus amplement,
lorfqu'en expliquant le Titre des
Succeffions , je parlerai du partage des Fiefs
entre l'aîné & les puînez.
Enfin , pour pouffer la critique jufqu'au
bout, M. Dauvergne finit fes Remarques
par une Reflexion , qui certainement ne
me fait pas honneur ; je laiffe au Public
à juger fi elle doit lui en faire beaucoup..
Il infinuë que non -feulement il fe trouve
dans mon Livre des omiffions effentielles
, mais encore que les axiomes qu'on
prefente comme indubitables & non conteftés
peuvent produire des effets d'au--
tant plus dangereux par la réticence des
autoritez qui y font oppofées ; qu'il fuffit:
qu'un
866 MERCURE DE FRANCE
A qu'un Livre foit imprimé pour qu'il foit
regardé , fur tout après la mort de fon
Auteur , comme un Oracle , par une infinité
de gens ; que l'Avocat , dans les
confultations , le prend pour la regle de
fes réfolutions , & fouvent le Magiſtrat ,
pour celle de fes jugemens. Crédulité fatale
, continue- t-il , qui produit la ruine
des familles , dont un Livre de Principes
que l'Auteur a publiez comme vrais , eft la
cauſe.
Mais ne fuis- je pas en droit de demander
à M. Dauvergne , à quoi aboutit tout
ce raifonnement , & de lui propofer ce
Dilemme ? Ou mes Principes font bons ,
ou ils font vicieux ; fi vous les trouvez
mauvais , rendez témoignage de leur défectuofité
; mais s'ils font juftes & autorifez
par l'ufage & par les meilleurs Auteurs
, pourquoi les cenfurez -vous ? Vous
voudriez , direz - vous , que ces Principes
fuffent difcutez , approfondis , que j'euſſe
rapporté les exceptions , les objections
les applications , les diftinctions & les dé- .
cifions des Auteurs qui ont écrit fur la
matiere. A cela vous répondrai - je , je ne
pourrois que louer votre circonfpection;
fi j'avois entendu de donner au Public
un Traité en forme fur les Fiefs ; mais
confiderez que ce petit Livre n'eft qu'un
précis , un abregé des maximes les plus
>
communes
MAY. 1730 . 86r
communes & les plus fuivies , juftifiées
par les autoritez qui font à la marge , &
vous conviendrez que fi mes Principes
ne font
pas de votre gout , parce que
vous ne les trouvez pas affez démontrez,
ils peuvent convenir à une infinité de
gens , qui feront bien contens de trouver
d'un coup d'oeil dans ce Livre , la décifion
des difficultez qui fe prefentent.
Je laiffe au Public à juger fi votre Cri
tique eft judicieuſe.
Au refte , je ferai toûjours difpofé à
profiter des lumieres & des reflexions que
des perfonnes équitables voudront bien
me communiquer fur les deffauts qu'ils
auront pû remarquer dans mon Livre.
Je fuis , Monfieur , &c.
A Roye , ce 22. Mars 1730.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
M. Billecocq, lieutenant particulier au bailliage de Roye, répond aux critiques de M. Dauvergne de Beauvais, publiées dans le Mercure de janvier 1730, concernant son livre 'Principes du Droit Français sur les Fiefs'. Billecocq reconnaît la réputation de Dauvergne mais affirme que ses remarques ne contiennent aucune critique utile. Dauvergne critique le titre du livre, la méthode de composition et l'omission des autorités opposées aux principes établis. Billecocq défend le titre de son ouvrage, soulignant qu'il contient des notions essentielles sur les matières féodales. Il explique avoir simplifié l'exposition pour rendre la matière accessible aux seigneurs de fiefs, leurs officiers et autres intéressés. Billecocq rejette également les critiques sur l'absence de citations d'auteurs latins ou de traités particuliers, justifiant cela par la modernité de ses sources. Il conteste les reproches sur l'insuffisance des principes pour interpréter les articles de la coutume de Peronne, Montdidier et Roye, et invite Dauvergne à analyser lui-même le livre. Billecocq répond point par point aux critiques spécifiques sur certains principes, comme celui concernant l'autorisation judiciaire pour les femmes en l'absence de leur mari, et celui sur les droits de chambellage entre puînés et aînés. Il conclut en rejetant les accusations d'omissions essentielles et de dangers potentiels de son ouvrage, affirmant que ses principes sont justes et bien fondés. L'auteur reconnaît que certains principes peuvent sembler défectueux, mais il argue que ceux qui sont justes et autorisés par l'usage et les meilleurs auteurs devraient être acceptés. Il admet que les principes auraient pu être discutés et approfondis, mais précise que son livre est un précis des maximes les plus communes et suivies, justifiées par les autorités citées en marge. Il concède que ses principes peuvent ne pas convenir à tous, mais ils peuvent satisfaire ceux qui cherchent des décisions rapides sur les difficultés rencontrées. L'auteur laisse au public le soin de juger la critique et se déclare prêt à bénéficier des lumières et réflexions des personnes équitables sur les défauts éventuels de son livre. Le texte est daté du 22 mars 1730 à Roye.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
778
p. 1007-1011
REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Début :
Le Marquis de Champigny, Gouverneur des Isles du vent de l'Amerique, fit d'abord [...]
Mots clefs :
Martinique, Dauphin, Gouverneur, Illuminations, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
REJOUISSANCES faites à la
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
Martinique,furlaNaiffance duDauphin .
Extrait d'une Lettre écrite de cette Ifle, le
25. Fanvier 1730 .
E Marquis de Champigny , Gouverneur des
Lifles du Vent de l'Amerique , fit d'abord
éclater fa joye par une décharge generale de tous
les Canons de l'Ifle. Et le lendemain 4. Décembre
, il fit chanter le Te Deum , dans l'Eglife Paroiffiale
du Fort Royal de S. Pierre , où il affifta
avec M. d'Orgeville , Intendant de la Martinique ,
les Officiers Majors , le Confeil en Corps & les
Ju1008
MERCURE DE FRANCÊ
Jurifdictions , &c. Delà on alla dans la grande
Place allumer en ceremonie un Feu de joye qui"
y étoit préparé ; les Milices s'y trouverent & firent
trois décharges , pendant qu'on tira du Fort
& du Vaiffeau du Roi , plus de 400. coups de
Canon. M. le Gouverneur fit répandre de l'argent
au Peuple , dont la foule étoit fort grande dans
cette Place , & fur les fept heures du foir il fit tirer
au Fort un Feu d'artifice. Enfuite il donna
fomptueufement à fouper aux perfonnes les plus
confiderables du Pays , qui avoient déja dîné chez
lui , & il fit donner à manger à toutes les Trounes
Françoifes & Suiffes , fur des tables dreffées
rès autour du Château , au milieu defquelles ,
étoient plufieurs Fontaines de Vin qui coulerent'
pendant tout le temps du Repas , lequel fut fuivi
d'un Bal qui dura jufqu'au jour. L'Illumination
de l'Hôtel du Gouverneur dura auffi jufqu'au jour
& fut très-brillante.
My eut le même foir à l'Intendance une Illumination
magnifique , un nombre infini de Lampions
, difpofez avec art , faifoient un effet merveilleux
, on y diftribua à tous les paffans toutes
fortes de Rafraîchiffemens en abondance. Cependant
M. l'Intendant fe préparoit à donner le jous
fuivant une nouvelle Fête pour marquer l'ardeur
de fon zele , mais il fut obligé de s'embarquer
fur le Vaiffeau du Roy pour aller avec M. le
Gouverneur à la Guadeloupe , & il a remis cette
Fête à fon retour.
Toutes les Communautez Religieufes ont fignar
lé leur zele par des Te Deum , chantez folemnellement
, par des Illuminations , &c. Les Jefuites fe
font particulierement diftinguez , n'ayant rien
obmis pour rendre leur Fête des plus folemnelles,
à quoi la fituation de leur Maifon n'a pas peu
contribué. Au Nord du Bourg de S. Pierre eft
une
MAY. 1730. 1009
I
une longue Avenue , bordée de trois rangées d'arbres,
qui conduit à Paglife & au grand.Portail,qui
fait la principale entrée de cette Maifon , compofée
de trois aîles , & fait face à la Mer , dont elle
n'eft éloignée que d'environ 300. pas ; à cent pas
de la Maifon eft une Riviere , & au -delà une
belle Campagne , où fut dreffé le Feu d'artifice .
Dès les cinq heures du foir du 21. Janvier ,
trois déchargés de 21. coups de Canon chacune,
annoncerent le Te Deum , qui fut chanté dans
leur Eglife par de belles voix , accompagnées de
Hautbois ,Violons , Flutes Aliemandes , Baffes de
Violes , & autres Inftrumens. A fept heures , toute
l'Avenue fut illuminée par de grands Flambeaux
de Bois de Chandelle , de 9 a 10. pieds de
hauteur , placez dans les intervales des Arbres, qui
jettoient une grande flamme , & rendoient une
clarté prefque égale à celle du jour. Ce Bois de
chandelle eft refineux & eft le plus beau du Pays,
on en fait des Flambeaux qui ne s'éteignent point,
& qui éclairent extraordinairement.
L'entrée de la Cour préfentoit un fort beau
morceau d'Architecture , c'étoit un Portique foutenu
par des Colomnes de Marbre feint , dont
l'Entablement portoit de grands Vafes à fleurs &
autres ornemens. On y voyoit fur tout les Armes
de France & celles du Dauphiné , foutenues
par des Statues repréfentant la Force & la Juftice :
Aux deux côrez du Portrait , on voyoit deux Niches
de Rocaille , dans lefquelles étoient deux
Dauphins, qui jettoient une grande quantité d'eau
formant une Nape , qui couloit parmi des Coquillages,
& fe répandoit dans deux Baffins de
Marbre élevez fur des piedeftaux auffi de
Marbre.
"
Un autre grand Baffin, placé dans la cour, contenoit
dans fon milieu un Rocher escarpé , aux
quatre
1010 MERCURE DE FRANCE
quatre coins duquel on voyoit des Groupes . de
petits Dauphins qui jettoient de l'eau, & fervoien
Comme de Piedeital à un autre grand Dauphin ,
lequei pouffoit un Jet d'eau de 25. pieds de hau
_teur , & en même temps des flammes par le
moyen de differens tuyaux , ce qui faifoit un
effet très-éclatant.
Toute la façade & les deux aîles de cette grande
Maiſon étoient cependant tout en feu par Pabondance
& la varieté de l'Iumination , ce qui
formoit un afpect magnifique , fur tout du côté
de la Mer , où une infinité de Chaloupes & de
Canots , remplis d'une multitude de Spectateurs,
contribuerent beaucoup à la beauté de la Fête.
A peine l'Illumination fut-elle achevée, qu'il partit
de la Maiſon un Dragon enflammé , qui porta
le feu à l'Artifice , fitué , comme on l'a dit , audelà
de la Riviere , & éloigné de 400. pas. L'Edifice
qui le contenoit avoit plus de 60. pieds de
hauteur , fur 35. de largeur , & formoit comme
un grand Arc de Triomphe compofé dans toutes
les regles de la meilleure Architecture. Au milieu
de la Frife on voyoit ces mots en Lettres de feu ,
Vive le Roy , qu'on pouvoit lire diftinctement de
très- loin. Sur la Corniche regnoit une belle Baluftrade
, aux deux bouts de laquelle étoient les
Statues de la Paix & de l'Abondance avec leurs
attributs. On voyoit ailleurs celles de la France
& de la Religion , & plufieurs autres Figures &
Ornemens fimboliques , convenables à ce grand
Lujet.
Au bas de la Figure de la Renommée étoient
ces mots : NASCENTE DELPHINO , &
au bas de quatre autres Figures : GALLIA FELIX,
RELIGIO TUTA ABUNDANTIA
CERTA , PAX FIRMA , fans parler de quantité
d'Emblèmes & de Devifes ingénieufes placées
dans
MAY. 1730. ΙΟΙΙ
dans les endroits convenables , & qui furent très
applaudies.
L'Artifice réuffit parfaitement ; on admira fur
tout un grand Soleil fixe qui furprit tout le monpar
l'éclat de fa lumiere & par fa durée. Tout
le fpectacle finit par une décharge de quantité de
de
Boetes.
Il ne faut pas oublier
que cette Fête fi brillante,
& dont le fuccès a été fi heureux
, eft dûe au zele
& à la fagaci é du R. P. Le Brun , Superieur
General
des Miffions
de l'Amérique
, qui dans un
Pays denué de la plupart
des chofes
neceffaires
,
a trouvé
le moyen
de faire tout ce que le plus
habile Artifte auroit pû executer
dans la meilleure
Ville de l'Europe.
par
Les Dominicains fe font auffi beaucoup fignalés
dans cette occafion. Le R, P. Mane , Supérieur
Géneral de leurs Miffions dans les Illes , a donné
une Fête des plus brillantes , qui commença par
le Te Deum , chanté en Mufique , & fut continuée
le bruit d'une nombreuſe Artillerie , par
un Feu d'Artifice des mieux entendus , & heu →
reufement executé , par une Illumination magnifique
, & enfin par un grand repas donné à M.
le Commandant & aux perfonnes les plus qualifiées
, fans parler des aumônes & des liberali,
tés confiderables en faveur des Pauvres &c.
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Résumé : REJOUISSANCES faites à la Martinique, sur la Naissance du Dauphin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Isle, le 25. Janvier 1730.
Le 25 janvier 1730, la Martinique célébra la naissance du Dauphin par des réjouissances officielles. Le Marquis de Champigny, Gouverneur des îles du Vent de l'Amérique, manifesta sa joie par une décharge générale de canons. Le 4 décembre, un Te Deum fut chanté dans l'église paroissiale du Fort Royal de Saint-Pierre, en présence des officiers majeurs, du conseil, des juridictions et du peuple. Cette célébration inclut un feu de joie sur la grande place, accompagné de décharges de milices et de canons. Le gouverneur distribua de l'argent, organisa un feu d'artifice et offrit un somptueux souper aux personnalités importantes, suivi d'un bal et d'une illumination de l'hôtel du gouverneur. L'Intendant d'Orgeville avait également préparé une fête, mais dut partir pour la Guadeloupe avec le gouverneur. Les communautés religieuses, notamment les Jésuites, marquèrent l'événement par des Te Deum solennels et des illuminations. Les Jésuites organisèrent une fête somptueuse avec des illuminations, des feux d'artifice et un repas pour les notables. Les Dominicains, dirigés par le Père Mane, célébrèrent également l'événement avec un Te Deum, des feux d'artifice, une illumination et un repas pour les personnalités qualifiées, ainsi que des aumônes pour les pauvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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779
p. 1012-1025
RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Début :
Sur les premiers avis qu'on eut à Constantinople que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux [...]
Mots clefs :
Ambassadeur, Constantinople, Dauphin, Cérémonie, Fête, Ministres, Danse, Vizir, Palais, Ornements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
REJOUISSANCES faites au Pa-
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Le 19 mars 1730, à Constantinople, M. le Marquis de Villeneuve, ambassadeur de France, reçut la nouvelle de la naissance d'un Dauphin en France. Il organisa une fête de trois jours, initialement prévue pour le 17 novembre, mais reportée au 9 janvier en raison des conditions météorologiques. La nouvelle fut annoncée aux dignitaires turcs et aux ambassadeurs étrangers. Pour la fête, un édifice temporaire fut construit dans la rue de Pera, décoré de lauriers, de Fleurs de Lys et de Dauphins. L'allée menant au palais était ornée de lampes et de pots à feu, et un frontispice d'ordre dorique cachait la porte intérieure, avec des tableaux allégoriques et des inscriptions latines. La terrasse et le jardin étaient également décorés de manière somptueuse. La fête débuta le 8 janvier avec l'invitation de Janissaires et d'officiers turcs pour maintenir l'ordre. Le 9 janvier, l'ambassadeur fit distribuer de la nourriture aux esclaves chrétiens et des salves de canons furent tirées depuis des bâtiments français. L'après-midi, l'ambassadeur et son épouse assistèrent à un Te Deum à l'église des Capucins, suivi d'un souper avec cinq tables principales, dont une de 130 couverts pour les dignitaires. Les invités admirèrent les décorations et les danses turques, et un bal débuta à onze heures, se prolongeant jusqu'au matin. Les jours suivants, les festivités se poursuivirent avec des danses, des comédies et une illumination spectaculaire. La fête se conclut sans incident, grâce à la gestion ordonnée par l'Aga du Grand Vizir, qui reçut une récompense pour sa vigilance.
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780
p. 1025-1026
RUSSIE.
Début :
L'Edit par lequel la Czarine a réuni le Haut-Conseil & le Sénat pour en former un seul [...]
Mots clefs :
Russie, Tsarine
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
L'Content & Le Sénat pour en former un feul
par lequel la Czarine a réuni le Haut→
Confeil d'Etat , fous le nom de Sénat de Regence,
porte qu'il aura la direction des affaires de la
Monarchie , de la même maniere & avec la même
autorité que pendant le regne du feu Czar
Pierre I. que tous les Sujets de S. M. Czarienne
feront obligez de lui obéir fous des peines trèsrigoureuſes
, & à peine de mort dans de certains
cas.
Il arriva le 26. Mars à Mofcou un Interprete
dépêché de Conftantinople par le Brigadier General
Romanzoff, Envoyé extraordinaire du feu
Czar auprès du Grand - Seigneur , pour donner'
avis à la Czarine des Conquêtes du Prince Thamas
, fils du dernier Roi de Ferfe , qui eft re- '
monté fur le Thrône de fes Ancêtres .
Le Grand- Vifir à fait fçavoir à la Czarine que
le fecours de 30000. hommes promis à l'Empereur,
caufoit quelque ombrage à la Porte , & que le
G. S. regarderoit leur marche vers la Tranfylvanie
comme une atteinte aux Traitez faits entre
Sa Hauteffe & le feu Czar Pierre I
On a
publié
une Déclaration
par laquelle
on
accorde
à tous les Etrangers
qui viendront
s'établir
en Ruffie
, principalement
dans les Provinces
conquifes
fur la Perfe , le libre exercice
de leur ?
Religion
, & la permiflion
d'y faire bâtir
des
Eglifs
1026 MERCURE DE FRANCE
Eglifes & des Ecoles pour l'inftruction de leurs
enfans :les Juifs feuls font exceptez. La Czarine a
promis d'accorder la liberté à tous les Criminels
d'Etat qui ont été arrêtez ou releguez en Siberie, à
condition qu'ils iront s'établir avec leurs familles
à Aftracan ou à Derbent , où S. M. Cz . leur donnera
des Emplois , tant dans les Troupes que
dans les Tribunaux. ·
On équipe à Pétersbourg quatre nouvelles
Frégates , fur lefquelles on doit charger 2000.
pieces de Canon de fer & une grande quantité de
Boulets , qu'on croit deftinez pour l'Espagne.
L'Content & Le Sénat pour en former un feul
par lequel la Czarine a réuni le Haut→
Confeil d'Etat , fous le nom de Sénat de Regence,
porte qu'il aura la direction des affaires de la
Monarchie , de la même maniere & avec la même
autorité que pendant le regne du feu Czar
Pierre I. que tous les Sujets de S. M. Czarienne
feront obligez de lui obéir fous des peines trèsrigoureuſes
, & à peine de mort dans de certains
cas.
Il arriva le 26. Mars à Mofcou un Interprete
dépêché de Conftantinople par le Brigadier General
Romanzoff, Envoyé extraordinaire du feu
Czar auprès du Grand - Seigneur , pour donner'
avis à la Czarine des Conquêtes du Prince Thamas
, fils du dernier Roi de Ferfe , qui eft re- '
monté fur le Thrône de fes Ancêtres .
Le Grand- Vifir à fait fçavoir à la Czarine que
le fecours de 30000. hommes promis à l'Empereur,
caufoit quelque ombrage à la Porte , & que le
G. S. regarderoit leur marche vers la Tranfylvanie
comme une atteinte aux Traitez faits entre
Sa Hauteffe & le feu Czar Pierre I
On a
publié
une Déclaration
par laquelle
on
accorde
à tous les Etrangers
qui viendront
s'établir
en Ruffie
, principalement
dans les Provinces
conquifes
fur la Perfe , le libre exercice
de leur ?
Religion
, & la permiflion
d'y faire bâtir
des
Eglifs
1026 MERCURE DE FRANCE
Eglifes & des Ecoles pour l'inftruction de leurs
enfans :les Juifs feuls font exceptez. La Czarine a
promis d'accorder la liberté à tous les Criminels
d'Etat qui ont été arrêtez ou releguez en Siberie, à
condition qu'ils iront s'établir avec leurs familles
à Aftracan ou à Derbent , où S. M. Cz . leur donnera
des Emplois , tant dans les Troupes que
dans les Tribunaux. ·
On équipe à Pétersbourg quatre nouvelles
Frégates , fur lefquelles on doit charger 2000.
pieces de Canon de fer & une grande quantité de
Boulets , qu'on croit deftinez pour l'Espagne.
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Résumé : RUSSIE.
Le texte relate plusieurs décisions politiques en Russie. La czarine a institué le Sénat de Régence, doté de l'autorité du Haut Conseil d'État, pour diriger les affaires de la monarchie. Les sujets doivent se conformer aux décisions du Sénat, sous peine de sanctions sévères, y compris la peine de mort. Le 26 mars, un interprète de Constantinople a informé la czarine des conquêtes du prince Thamas, fils du dernier roi de Perse. Le Grand Vizir a exprimé des inquiétudes concernant l'envoi de 30 000 hommes promis à l'empereur, craignant une violation des traités avec la Porte. Une déclaration a accordé aux étrangers, sauf les Juifs, la liberté de pratiquer leur religion et de construire des églises et des écoles dans les provinces conquises sur la Perse. La czarine a également promis la liberté aux criminels d'État exilés en Sibérie, à condition qu'ils s'installent à Astrakhan ou à Derbent pour y travailler dans les troupes ou les tribunaux. Enfin, quatre nouvelles frégates ont été équipées à Pétersbourg, armées de canons et de boulets, probablement destinés à l'Espagne.
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781
p. 1038-1039
BENEFICES DONNEZ par le Roy.
Début :
L'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de S. Augustin, Diocèse de Bourges, vacante par le [...]
Mots clefs :
Abbaye, Roi, Bénéfices
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
BENEFICES DONNEZ
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
par le Roy.
'Abbaye de Puy- Ferrand , Ordre de S. Au-
Lguftin ,Diocèfe de Bourges , vacante par le
decès de M. de Gauffen , à M. de Coetlorguet ,
Prêtre.
L'Abbaye de Jofaphat , Ordre de S. Benoît ,
Diocèfe de Chartres , vacante par le décès de
M. de Taillefer de Barriere , à M. Jean-Jofeph de
Fougaffe , d'Entrechaux de la Baftie , Diacre du
Diocèse d'Avignon.
L'Abbaye Commandataire de Baffac, Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Saintes , vacante par le
décès de M. Mayol , à M. Paul Allain de la Vigerie
, Prêtre du Diocèfe de Bordeaux.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Diocèfe
du Mans , vacante par le décèds de Madame
du Juglart , à Madame de Muy , Prieure de l'Abbaye
d'Hierre .
L'Abbaye de S. Jean l'Evangelifte d'Oudeauville
, Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Boulogne
, vacante par la démiffion de M. Nadal , en
faveur de M. Jean- Baptifte Fourdinier de Remortier
, Prêtre , Docteur en Théologie & Vicegerent
de l'Officialité de Boulogne .
L'Abbaye de Cherbourg, dite de N. D. du Voeu,
Ordre de S. Auguftin , Diocèfe de Coutances ,
vacante par le déceds de M. de Valat , à M. le
Normant , Prêtre du Diocèfe de Paris.
L'Evêché de Carcaffonne , vacant par le déceds
de M.de Châteauneuf de Rochebonne, en faveurde
M ,
MAY.
1730.
1039
M. Armand Bazin de Bezons , Prêtre du Diocèle
de Paris , & Docteur en Théologie.
L'Abbaye de la Cour- Dieu , Ordre de Cîteaux,
Diocèse d'Orleans , vacante par le déceds de
M. de Fages , en faveur de M. de Bellefond , Prêtre
, Aumônier du Roi.
L'Abbaye de N. D. de Mandion , Ordre de
S. Benoît , Diocèfe de Sainte , vacante par la démiffion
de M.Bridelle, en faveur de M.de la Corée,
Prêtre, Grand Vicaire de Saintes & Vifiteur General
des Carmelites.
Le Prieuré Commandataire,Conventuel & Electif
de Beaulieu , Ordre de S. Auguſtin , Diocéfe
de Rouen , vacante par le déceds de M. de Mayol,
en faveur de M. Pierre Bridelle , Prêtre , Docteur
de Sorbonne , & Grand-Vicaire de Rouen.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ par le Roy.
En 1730, le roi attribue plusieurs bénéfices ecclésiastiques devenus vacants par décès ou démission. Parmi les attributions, l'Abbaye de Puy-Ferrand, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Bourges, est donnée à M. de Coetlorguet. L'Abbaye de Josaphat, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Chartres, revient à M. Jean-Joseph de Fougaffe. L'Abbaye Commandataire de Bassac, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Saintes, est attribuée à M. Paul Allain de la Vigerie. L'Abbaye de Bonlieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse du Mans, est donnée à Madame de Muy. L'Abbaye de Saint-Jean l'Évangéliste d'Oudeauville, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Boulogne, est attribuée à M. Jean-Baptiste Fourdinier de Remortier. L'Abbaye de Cherbourg, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Coutances, est donnée à M. le Normant. L'Évêché de Carcassonne, vacant par le décès de M. de Châteauneuf de Rochebonne, est attribué à M. Armand Bazin de Bezons. L'Abbaye de la Cour-Dieu, Ordre de Cîteaux, Diocèse d'Orléans, est donnée à M. de Bellefond. L'Abbaye de Notre-Dame de Mandion, Ordre de Saint-Benoît, Diocèse de Sainte, est attribuée à M. de la Corée. Enfin, le Prieuré Commandataire de Beaulieu, Ordre de Saint-Augustin, Diocèse de Rouen, est donné à M. Pierre Bridelle.
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782
p. 1042-1046
« Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
Début :
Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...]
Mots clefs :
Loterie, Concert, Squelette, Dominicains, Comédiens-Français
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texteReconnaissance textuelle : « Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
Le 2 8. Avril,lesDominicains du Grand Convent
de la Rue S. Jacques , celebrerènt dans leur Eglife
un Service folemnel pour le repos de l'ame du feu
Pape Benoît XIII. qui étoit Religieux de leur
Ordre ; l'Evêque de Lefcar y celebra pontificalement
la Meffe , & l'Oraiſon Funebre du feu Pape
y fut prononcée par le Pere Corbierre , Religieux
du mème Convent. L'Eglife étoit tenduë de noir
avec les Armes du Pape deffunt.
Le Gouvernement du Mont Louis , & la Lieutenance
MAY. 1730. 1043
tenance Generale de la Province de Rouffillon ,
ont été accordez à M. le Comte de Caylus , Lieutenant
General ès Armées du Roi , l'un & l'autre
vacans par le décés deM.le Marquis de Firmacon.
La Lieutenance Generale du Comté de Bour→
gogne , a été accordée à M. le Duc de Durfort ,
fur la démiffion de M. le Duc d'Harcourt.
On a trouvé dans les Fondemens du Gouverne.
ment de l'Ile de Ré , le Squelette d'une femme ,
dont la tête étoit ornée d'une Couronne de cuivre
doré, garnie de Pierres , qui font tombées en
pouffiere lorfqu'on y a touché ; il y avoit auprès
de cette Sépulture quantité d'offemens ; mais il
ne s'eft trouvé ni Médailles ni autres marques
qui ayent pú fervir à découvrir l'ancienneté & le
caractere du Squelette.
Les Députez du Parlement qui avoient reçû
les ordres du Roi le 29.du mois dernier, le rendirent
à Fontainebleau le premier de ce mois , &
M. Portail , Premier Preſident , étant à leur tête .
Ils furent prefentez & conduits à l'Audience de
Sa Majesté avec les ceremonies accoûtumées. Le
Roi leur expliqua le fujer pour lequel il les avoit
mandez. Il leur fit enfuite déclarer fa volonté
par le Chancelier de France , & le Roi ordonna
aux Députez d'inftruire le Parlement afſemblé
des intentions de S. M.
Le 7. la Reine fit rendre à l'Eglife de la Paroiffe
les Pains Benits , qui furent préfentez par l'Abbé
de Sainte Hermine , Aumônier de S. M. accompagné
du Maître d'Hôtel Ordinaire , & du Contrôleur
en quartier.
Le 6. de ce mois , le Baron Chedda , Envoyé
Extraordinaire du Roi de Suede , & l'un de fes
Ambaffadeurs Plénipotentiaires au Congrés de
Soiffons , eut , en long Manteau de deuil , une
Audience particuliere du Roi , dans laquelle il fit
1
1111 part
1044 MERCURE DE FRANCE
part à S. M. de la mort du Landgrave de Heffle-
Caffel ,, pere du Roi de Suede . Il fut conduit par
M. Hebert, Introducteur des Ambaſſadeurs , qui le
conduifit enfuite à l'Audience de la Reine.Le lendemain
le Comte de Godolfkin ,Miniftre de Ruffie,
& Plenipotentiaire au Congrés de Soiffons , eut
auffi,en Manteau long, une pareille Audience pour
notifier la mort du Czar Pierre II.
Le 26. Avril,il y eut Concert à Fontainebleau ,M.
Deftouches , Sur - Intendant de la Mufique du Roi,
fit chanter devant la Reine le Prologue de l'Opera
de Callirhoé , dont la Mufique eft de fa
compofition, lequel fut parfaitement bien executé;
le Role de la Victoire fut chanté avec beaucoup
de fuccès par la Dile Denis , ainfi que celui d'aftrée
, par la Dlle Barbier .
Le 3. May , on chanta- devant la Reine , le premier
Acte du même Opera , qu'on acheva de
chanter le 8. le fo. le 15. & le 17. le Rôle de
Callirhoé fut chanté avec applaudiffement par la
Dle Lenner , de la Mufique du Roi , ainfi que
celui de Corefus , par le fieur d'Angerville.
Le 22. & le 24. M. Campra , Maître de Mu
fique de la Chapelle du Roi , fit chanter devant
la Reine , des fragmens de fon Ballet de l'Eμ-
rope Galante , qui furent très - bien executez &
firent beaucoup de plaifir.
Le 8. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes fur l'Hôtel de Ville, fut tirée en preſence
du Prévôt des Marchands & des Echevins , en la
· maniere accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
trouvé monter à la fomme de 1352045. livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les Lots
qui leur font échus , conformément à la Lifte generale
qui a été rendue publique.
Le
MAY . 1730. 1045
Le 10. de ce mois , douze Députez de la Faculté
de Théologie de Paris , introduits dans le Cabinet
du Roi & préfentez par le Comte de Maurepas
, Secretaire d'itat , eurent l'honneur de remettre
entre les mains de S. M. les Actes nouvellement
imprimez , que cette Faculté a faits
depuis le mois de Novembre 1729. pour faire
obferver par tous ces Membres , & executer la
Conftitution Unigenitus . M.Lullier,Doyen, porta
la parole avec éloquence , & en même- temps il
remercia le Roi au nom de la Faculté , de la nou
velle Déclaration du 24. Mars dernier : S. M. reçut
ces Députez avec bonté , & leur donna des
marques de fa fatisfaction .
Le 25. Mai la Lotterie de la Compagnie des
Indes,ordonnée par l'Arrêt du Confeil du 2.May,
pour le remboursement de vingt-cinq milleActions
fut tirée en prefence des Commiffaires , Syndics &
Directeurs de la Compagnie. On a publié la Lifte
des Numero, des Actions & des Dixièmes d'Actions
qui doivent être remboursées , au bas de laquelle
il eft dit que les Porteurs des Actions &
des Dixiémes d'Actions , feront tenus ( pour recevoir
leurs Rembourfemens au Tréfor Royal )
de faire vifer leurs Actions ou Dixiémes , dans
le Bureau du heur Barillon , Infpecteur de ladite
Lotterie , par le fieur Bofc , nommé à cet effet ,
lequel Bureau fera ouvert le matin jufqu'à midi,&
le foir jufqu'à fix heures..
Le 18. jour de l'Afcenfion , & le 28. Fête de
la Pentecôte , il y eut Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , on y chanta differens Motets
de M. de la Lande , qui furent parfaitement bien
executez , de même que d'autres petits Motets
chantez par les Diles Erremens , le Maure &
Iv Petitpas
1046 MERCURE DE FRANCE
Petitpas, il y eut auffi plufieurs Pieces de Simphonie
, dont l'execution paroît toûjours admirable.
Le même Concert Spirituel, recommencera le 8.
jour de la Fête -Dieu .
La Cour eft encore à Fontainebleau , où Leurs
Majeftez fe plaifent beaucoup, La Chaffe du Cerf,
du Chevreuil & du Sanglier , la Promenade , le
Jeu , les Concerts , les Appartemens , la Comedie
Françoife , font alternativement le fujet des
Divertiffemens qu'on y prend. Les Comediens.
François y ont joué trois fois la Semaine , le
Mardi , le Jeudi & le Samedi, Ils repréfenterent,
le Jeudi 27. Avil , la Comedie de l'Etourdi.
Le 29. la Tragedie de Phedre & Efarbagnas.
Le 2. May , l'Esprit Folet."
Le 4. Venceslas & le Mariage forcé.
Le 6. l'Ecole des Maris & les Fâcheux.
Le 9. Rodogune & l'Eté des Coquettes..
la Comedie du Muet.
Le II.
Le 13. Mithridate.
Le 16. le Joueur.
Le 20. Andromaque & le Balillard.
Le 23. l'Avare.
Le 25. Cinna & l'Eſprit de contradiction.
de la Rue S. Jacques , celebrerènt dans leur Eglife
un Service folemnel pour le repos de l'ame du feu
Pape Benoît XIII. qui étoit Religieux de leur
Ordre ; l'Evêque de Lefcar y celebra pontificalement
la Meffe , & l'Oraiſon Funebre du feu Pape
y fut prononcée par le Pere Corbierre , Religieux
du mème Convent. L'Eglife étoit tenduë de noir
avec les Armes du Pape deffunt.
Le Gouvernement du Mont Louis , & la Lieutenance
MAY. 1730. 1043
tenance Generale de la Province de Rouffillon ,
ont été accordez à M. le Comte de Caylus , Lieutenant
General ès Armées du Roi , l'un & l'autre
vacans par le décés deM.le Marquis de Firmacon.
La Lieutenance Generale du Comté de Bour→
gogne , a été accordée à M. le Duc de Durfort ,
fur la démiffion de M. le Duc d'Harcourt.
On a trouvé dans les Fondemens du Gouverne.
ment de l'Ile de Ré , le Squelette d'une femme ,
dont la tête étoit ornée d'une Couronne de cuivre
doré, garnie de Pierres , qui font tombées en
pouffiere lorfqu'on y a touché ; il y avoit auprès
de cette Sépulture quantité d'offemens ; mais il
ne s'eft trouvé ni Médailles ni autres marques
qui ayent pú fervir à découvrir l'ancienneté & le
caractere du Squelette.
Les Députez du Parlement qui avoient reçû
les ordres du Roi le 29.du mois dernier, le rendirent
à Fontainebleau le premier de ce mois , &
M. Portail , Premier Preſident , étant à leur tête .
Ils furent prefentez & conduits à l'Audience de
Sa Majesté avec les ceremonies accoûtumées. Le
Roi leur expliqua le fujer pour lequel il les avoit
mandez. Il leur fit enfuite déclarer fa volonté
par le Chancelier de France , & le Roi ordonna
aux Députez d'inftruire le Parlement afſemblé
des intentions de S. M.
Le 7. la Reine fit rendre à l'Eglife de la Paroiffe
les Pains Benits , qui furent préfentez par l'Abbé
de Sainte Hermine , Aumônier de S. M. accompagné
du Maître d'Hôtel Ordinaire , & du Contrôleur
en quartier.
Le 6. de ce mois , le Baron Chedda , Envoyé
Extraordinaire du Roi de Suede , & l'un de fes
Ambaffadeurs Plénipotentiaires au Congrés de
Soiffons , eut , en long Manteau de deuil , une
Audience particuliere du Roi , dans laquelle il fit
1
1111 part
1044 MERCURE DE FRANCE
part à S. M. de la mort du Landgrave de Heffle-
Caffel ,, pere du Roi de Suede . Il fut conduit par
M. Hebert, Introducteur des Ambaſſadeurs , qui le
conduifit enfuite à l'Audience de la Reine.Le lendemain
le Comte de Godolfkin ,Miniftre de Ruffie,
& Plenipotentiaire au Congrés de Soiffons , eut
auffi,en Manteau long, une pareille Audience pour
notifier la mort du Czar Pierre II.
Le 26. Avril,il y eut Concert à Fontainebleau ,M.
Deftouches , Sur - Intendant de la Mufique du Roi,
fit chanter devant la Reine le Prologue de l'Opera
de Callirhoé , dont la Mufique eft de fa
compofition, lequel fut parfaitement bien executé;
le Role de la Victoire fut chanté avec beaucoup
de fuccès par la Dile Denis , ainfi que celui d'aftrée
, par la Dlle Barbier .
Le 3. May , on chanta- devant la Reine , le premier
Acte du même Opera , qu'on acheva de
chanter le 8. le fo. le 15. & le 17. le Rôle de
Callirhoé fut chanté avec applaudiffement par la
Dle Lenner , de la Mufique du Roi , ainfi que
celui de Corefus , par le fieur d'Angerville.
Le 22. & le 24. M. Campra , Maître de Mu
fique de la Chapelle du Roi , fit chanter devant
la Reine , des fragmens de fon Ballet de l'Eμ-
rope Galante , qui furent très - bien executez &
firent beaucoup de plaifir.
Le 8. la Lotterie pour le Remboursement des
Rentes fur l'Hôtel de Ville, fut tirée en preſence
du Prévôt des Marchands & des Echevins , en la
· maniere accoûtumée , le fonds de ce mois s'eft
trouvé monter à la fomme de 1352045. livres ,
laquelle a été diftribuée aux Rentiers pour les Lots
qui leur font échus , conformément à la Lifte generale
qui a été rendue publique.
Le
MAY . 1730. 1045
Le 10. de ce mois , douze Députez de la Faculté
de Théologie de Paris , introduits dans le Cabinet
du Roi & préfentez par le Comte de Maurepas
, Secretaire d'itat , eurent l'honneur de remettre
entre les mains de S. M. les Actes nouvellement
imprimez , que cette Faculté a faits
depuis le mois de Novembre 1729. pour faire
obferver par tous ces Membres , & executer la
Conftitution Unigenitus . M.Lullier,Doyen, porta
la parole avec éloquence , & en même- temps il
remercia le Roi au nom de la Faculté , de la nou
velle Déclaration du 24. Mars dernier : S. M. reçut
ces Députez avec bonté , & leur donna des
marques de fa fatisfaction .
Le 25. Mai la Lotterie de la Compagnie des
Indes,ordonnée par l'Arrêt du Confeil du 2.May,
pour le remboursement de vingt-cinq milleActions
fut tirée en prefence des Commiffaires , Syndics &
Directeurs de la Compagnie. On a publié la Lifte
des Numero, des Actions & des Dixièmes d'Actions
qui doivent être remboursées , au bas de laquelle
il eft dit que les Porteurs des Actions &
des Dixiémes d'Actions , feront tenus ( pour recevoir
leurs Rembourfemens au Tréfor Royal )
de faire vifer leurs Actions ou Dixiémes , dans
le Bureau du heur Barillon , Infpecteur de ladite
Lotterie , par le fieur Bofc , nommé à cet effet ,
lequel Bureau fera ouvert le matin jufqu'à midi,&
le foir jufqu'à fix heures..
Le 18. jour de l'Afcenfion , & le 28. Fête de
la Pentecôte , il y eut Concert Spirituel au Château
des Tuilleries , on y chanta differens Motets
de M. de la Lande , qui furent parfaitement bien
executez , de même que d'autres petits Motets
chantez par les Diles Erremens , le Maure &
Iv Petitpas
1046 MERCURE DE FRANCE
Petitpas, il y eut auffi plufieurs Pieces de Simphonie
, dont l'execution paroît toûjours admirable.
Le même Concert Spirituel, recommencera le 8.
jour de la Fête -Dieu .
La Cour eft encore à Fontainebleau , où Leurs
Majeftez fe plaifent beaucoup, La Chaffe du Cerf,
du Chevreuil & du Sanglier , la Promenade , le
Jeu , les Concerts , les Appartemens , la Comedie
Françoife , font alternativement le fujet des
Divertiffemens qu'on y prend. Les Comediens.
François y ont joué trois fois la Semaine , le
Mardi , le Jeudi & le Samedi, Ils repréfenterent,
le Jeudi 27. Avil , la Comedie de l'Etourdi.
Le 29. la Tragedie de Phedre & Efarbagnas.
Le 2. May , l'Esprit Folet."
Le 4. Venceslas & le Mariage forcé.
Le 6. l'Ecole des Maris & les Fâcheux.
Le 9. Rodogune & l'Eté des Coquettes..
la Comedie du Muet.
Le II.
Le 13. Mithridate.
Le 16. le Joueur.
Le 20. Andromaque & le Balillard.
Le 23. l'Avare.
Le 25. Cinna & l'Eſprit de contradiction.
Fermer
Résumé : « Le 28. Avril, les Dominicains du Grand Couvent de la Rue S. Jacques, celebrerent dans leur Eglise [...] »
En avril et mai, plusieurs événements marquants eurent lieu en France. Le 28 avril, les Dominicains du Grand Convent de la Rue Saint-Jacques célébrèrent un service solennel pour le repos de l'âme du pape Benoît XIII. L'évêque de Lefcar y célébra la messe pontificalement, et l'oraison funèbre fut prononcée par le père Corbierre. L'église était tendue de noir avec les armes du pape défunt. Suite au décès de M. le marquis de Firmacon, le gouvernement du Mont Louis et la lieutenance générale de la province de Roussillon furent accordés à M. le comte de Caylus. La lieutenance générale du comté de Bourgogne fut attribuée à M. le duc de Durfort après la démission de M. le duc d'Harcourt. Lors des fouilles des fondements du gouvernement de l'île de Ré, un squelette de femme orné d'une couronne de cuivre doré garnie de pierres fut découvert. Des offrandes furent trouvées près de la sépulture, mais aucune médaille ou marque permettant de déterminer l'ancienneté et le caractère du squelette. Le 1er mai, les députés du Parlement furent présentés au roi à Fontainebleau, qui leur expliqua la raison de leur convocation. Le 7 mai, la reine fit rendre à l'église paroissiale les pains bénits, présentés par l'abbé de Sainte Hermine. Le 6 mai, le baron Chedda, envoyé extraordinaire du roi de Suède, informa le roi de la mort du landgrave de Hesse-Cassel. Le lendemain, le comte de Godolfkin, ministre de Russie, notifia la mort du tsar Pierre II. Des concerts et des représentations théâtrales eurent lieu à Fontainebleau et aux Tuileries. Le 26 avril, un concert fut donné où M. Destouches fit chanter le prologue de l'opéra de Callirhoé. Les 3, 8, 15 et 17 mai, divers actes de cet opéra furent chantés avec succès. Les 22 et 24 mai, M. Campra fit chanter des fragments de son ballet L'Europe galante. Le 8 mai, la loterie pour le remboursement des rentes sur l'Hôtel de Ville fut tirée, distribuant 1 352 045 livres aux rentiers. Le 10 mai, douze députés de la Faculté de Théologie de Paris remirent au roi les actes concernant la constitution Unigenitus. Le 25 mai, la loterie de la Compagnie des Indes fut tirée en présence des commissaires de la compagnie. Les 18 et 28 mai, des concerts spirituels eurent lieu au château des Tuileries. La cour se trouvait à Fontainebleau, où Leurs Majestés prenaient plaisir à diverses activités telles que la chasse, les promenades, les jeux, les concerts, et la comédie française. Les comédiens français jouèrent plusieurs pièces, dont 'L'Étourdi', 'Phèdre', 'Rodogune' et 'L'Avare'.
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783
p. 1050-1058
ARRESTS, DECLARATIONS, ORDONNANCES &c.
Début :
JUGEMENT des Commissaires Genéraux du Conseil, députés par Sa Majesté pour la [...]
Mots clefs :
Actions, Ordonnances, Arrêts, Loterie, Jugement, Actionnaires, Compagnie des Indes
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texteReconnaissance textuelle : ARRESTS, DECLARATIONS, ORDONNANCES &c.
ARRESTS , DECLARATIONS ,
ORDONNANCES & c.
UGEMENT des Commiffaires Genéraux
du Confeil , députés par Sa Majefté pour la
liquidation des dettes & revifion des comptes des
Communautés d'Arts & Métiers de la Ville &
Fauxbourgs de Paris , du 7. Mars 1730. portant
condamnation d'interdiction & de differentes
amendes contre plufieurs Maîtres Tailleurs d'habits
, anciens Jurés de leur Communauté , & le
nommé
MA Y. 1730. 1051
nommé de Montigny , & Reglement genéral fur
l'un des plus fréquens abus des Jurés des Com-)
munautés d'Arts & Métiers.
ARREST de la Cour des Monnoyes , du
11. Mars , portant reglement pour les Fondeurs
en Or & en Argent , par lequel il eft fait deffenfes
aux Maitres Fondeurs & autres fondans des
matieres d'Or & d'Argent, de fondre nuitamment,
à peine de trois cens livres d'amende &c.
AUTRE du Confeil d'Etat du Roi au fujet
de la Duché & Pairie de Sully &c. Le Roi étant
en fon Confeil déclare la dignité de Duc & Paig
de France dévolue à Louis -Pierre-Maximilien de
Bethune , à la charge de retirer la Terre de Sully
des mains d'Armand de Bethune , Sieur d'Orval,
fur le pied , & aux charges , claufes & conditions
portées par l'Art. 7. de l'Edit du mois de May
1711. & cependant ledit Sieur d'Orval demeu
rera faifi de ladite Terre jufqu'au jour du remboufement
actuel . Fait & arrêté au Confeil d'Etat
du Roi , S. M. y étant , tenu à Verfailles le
13. Mars 1730. figné Phelipeaux .
AUTRE de la Cour des Monnoyes, du même
jour , portant Reglement pour les Maîtres
Orfevres ; & qui condamne un Maître Orfevre &
fon Compagnon par lui protegé , en cent livres
d'amende folidaire , confifque les Ouvrages d'Orfevrerie
faifis fur le Compagnon , & interdit le
Maître Orfevre pour trois mois.
AUTRE du 15. Avril , qui confirme le Sieur
Gagne dans un Droit de Péage fur la Riviere de
Saône au Port de Pouilly..
AUTRE
1.052. MERCURE DE FRANCE
AUTRE du même jour , qui confirme le
Sieur Batheon dans des droits de Péages ſur la
Riviere du Rhône à Vertrieu .
ORDONNANCE de Police du 20. Avril
concernant la vente des Huitres , par laquelle il
eft deffendu à tous Colporteurs d'Huitres d'en
crier & vendre dans les rues de Paris depuis le
dernier Avril jufqu'au dernier Jeudi du mois
d'Août de chaque année , à peine de 200. livres
d'amende contre les contrevenans & c.
ARREST du 25. Avril , qui ordonne que
dans fix mois les Proprietaires des Offices de
Clercs - Quefteurs & Commiffaires aux Caves fupprimés
par Edit de Juillet 1634. dont la Finance
n'a pas été liquidée & rembourfée, feront tenus de
remettre leurs Quittances de Finance , Proviſions
& autres Titres de proprieté ès mains de M. de
Gaumont , Confeiller d'Etat , Intendant des Finances
, pour être procedé à la liquidation des
Rentes ou Interêts qui fe trouveront leur être dûs.
AUTRE du 2. May , portant qu'il fera ou
vert une Loterie qui continuera pendant fix années
& huit mois pour le remboursement de vingtcinq
mille Actions de la Compagnie des Indes ,,
& révoque celle qui avoit été permife par l'Arrêt
du 7. Mars dernier ; & en conféquence ordonne
ce qui fuit.
ARTICLE. PREMIER
Qu'à commencer du prefent mois de May
l'Adjudicataire genéral de fes Fermes - Unies remettra
le vingtiene de chaque mois és mains du
Garde du Tréfor Royal en exercice , la fomme
de quatre cens mille livres , pour être employée
en
MAY.
1730 .
en
remboursement
d'Actions de la
Compagnie 1730.
1053
des Indes, en la
maniere qui fera ci - après expliquée
; au moyen de quoi ledit
Adjudicataire
ne
fournira
plus , à
commencer
du mois de Jain
prochain , que cinq ceas mille livres par mois
pour le
remboursement
des
Capitaux des Rentes
fur la Ville , à laquelle
fomme S. M. a jugé à
propos de fixer les fonds
qu'elle y deftine.
I I.
Que la Loterie que S. M. avoit permis par
Arrêt du 7. Mars dernier aux Syndics & Directeurs
de la Compagnie des Indes d'établir, demeurera
revoquée & fupprimée , & qu'il en fera oùvert
une autre le 25. du préfent mois , qui continuëra
pendant fix années & huit mois, pour le
remboursement de vingt-cinq mille Actions.
III.
Que les Numero de toutes les Actions feront
mis dans une boifte pour être tirés au fort , &
que les Actionnaires dont les Numero fortiront
feront rembourfés & payés comptant de leurs
Actions , fuivant l'évaluation ci-après ; fçavoir ,
Pendant les mois de May & de Juin 1300. liv.
Pendant les fix derniers mois de la préſente année
·
Pendant
l'année 1731
1400. liv.
Pendant l'année 1732
1500. liv.
1600. liv.
Pendant l'année 1733
Pendant l'année 1734
1700. liv.
1800. liv.
Pendant les fix premiers mois de l'année 1735 .
1900. liv.
Pendant les fix derniers mois
2000. liv.
Pendant les fix premiers mois de 1736. . .
2100. liv.
Et pendant les fix derniers mois , ainfi qu'il fuit,
Juillet
Août
2200. liv.
• 2300. liv.
Septembre
1054 MERCURE DE FRANCE
Septembre
Octobre
Novembre
2400. liv.
25.00. liv.
3000. liv. Et Decembre
3000. liv. Au moyen de laquelle valeur graduelle
les Ac- tions feront portées jufqu'à trois mille livres.
IV.
Que ladite Loterie fera tirée le vingt - cinquiéme
jour de chaque mois , à commencer du préfent
mois , dans l'Hôtel de la Compagnie des Indes
, en préfence des Sieurs Commiflaires , des
Syndics & Directeurs de la Compagnie , & de
ceux des Actionnaires qui s'y voudront trouver.
V.
Que chaque Numero qui fortira de la boifte
operera le remboursement comptant d'une Action
, & qu'il fera tenu par le Secretaire de la
Compagnie un Registre paraphé par l'un desdits
fieurs Commiffaires , où feront enregistrés les
Numero fortis , lequel Regiſtre demeurera au Secretariat
pour y avoir recours en cas de befoin.
V I. 1
Qu'auffi -tôt que la Loterie de chaque mois
aura été tirée , ceux des Actionnaires à qui des
Lots feront échûs en recevront la valeur du Garde
du Trefor Royal , à la feule déduction de dix
livres par Action pour les frais , en rapportant
toutefois dans les trois premiers mois feulement
de chaque demi année les dividendes de leurs
Actions pour ladite demi année , & faute d'y fatisfaire
, qu'il leur fera retenu foixante - quinze
livres. S. M. laiffant la jouiffance du dividende à
ceux dont les Numero ne fortiront que dans les
trois derniers mois de chaque demi année.
VII.
Que les Actionnaires qui auront des Lots , &
qui voudront en recevoir la valeur , feront tenus
de
MAY . 1730. 1059
de faire vifer leurs Actions par celui ou ceux que
les Directeurs de la Compagnie des Indes nommeront
à cet effet , & de fe préfenter dans les
trois ſemaines qui fuivront chaque féance de la ,
Loterie , mais que ceux qui ne fe trouveront point
en état de difpofer de leurs Actions, ni d'en recevoir
le remboursement feront diſpenſés de les
rapporter , auquel cas les fonds qui leur étoient .
deftin és feront diftribués , à Bureau ouvert , dans
les huit jours qui précederont la féance fuivante
à ceux qui fe préfenteront , lefquels recevront la
valeur de leurs Actions fur le même pied que fi
le fort avoit fait fortir leurs Numero de la boifte,
& ce jufqu'à concurrence des fonds reftés en caiffe,
& non reclamés.
VIII.
Que toutes les Actions qui auront été rembour
fées feront remifes de trois mois en trois mois
pår le Garde du Trefor Royal aux Directeurs de
la Compagnie des Indes , en lui fourniffant les
décharges neceffaires pour être brûlées publiquement
, avant de tirer la Loterie du mois fuivant.
I X.
Qu'il fera dreffé des Etats des Actions qui
auront été remifes par le Garde du Tréfor Royal
aufdits Directeurs, qu'au pied de ces états ils met→
tront leur reconnoiffance , & feront leur foumiffion
de payer de fix mois en fix mois à S. M.
le dividende defdites Actions , quoiqu'annullées
& brulées , attendu que c'eft de fes deniers que
le rembourfement en aura été fait ; confentant
toutefois S. M. que pendant la durée de la préfente
Loterie le dividende defdites Actions foit remis de
fix mois en fix mois au Garde du Tréfor Royal,
pour fervir au remboursement des vingt - cinq
mille Actions , conjointement avec les fonds que
l'Adjudicataire general de fes Fermes -Unies doit
lui fournir. AR1056
MERCURE DE FRANCE
J
ARREST du même jour , qui ordonne que
tous ceux qui jouiffent de la Nobleffe en confequence
de Lettres obtenues , foit qu'elles foient
d'Annobliffement , Maintenue , Confirmation ,
Rétabliffement ou Réhabilitation , ou par Mairies
, Prevôtez des Marchands , Efchevinages ou
Capitoulats , depuis 1643. jufqu'au premier Septembre
1715. feront tenus de payer dans trois
mois , à compter de la datte du preſent Arreſt ,
la fomme de deux mille livres , & les deux fols
pour livre , pour le Droit de Confirmation dû à
Sa Majesté à caufe de fon avenement à la Couronne
; faute duquel payement ils feront déchûs
de la Nobleffe & des Privileges y attachez , &
compris dans les Rolles des Impofitions de l'année
prochaine comme roturiers .
ARREST de la Cour de Parlement, du 10. Mai
1730. qui ordonne la fuppreffion d'une Thefe
&c. La Cour a arrêté & ordonné que ladite Thefe
fera fupprimée , fait inhibitions & deffenfes aux
Jefuites & à tous autres , de foutenir aucunes
propofitions contraires aux libertez de l'Eglife
Gallicane , aux maximes & aux Ordonnances du
Royaume , & notamment aux Déclarations des
4. Août 1663. & Mars 1682. fur l'autorité du
Pape , la fuperiorité des Conciles Generaux &
autres matieres contenues dans ladite Thefe ; enjoint
à ceux qui pourroient en avoir des Exemplaires
, de les apporter à cet effet au Greffe de la
Cour ; ordonne que le prefent Arrêt fera fignifié
aux Superieurs des Maifons des Jefuites de cette
Ville de Paris , imprimé , lu , publié & affiché par
tout ou befoin fera , & que copies collationnées
d'icelui feront envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées
du reffort , pour y être pareillement
lues , publiées & enregistrées : Enjoint aux Subftituts
MAY. 1730. 1057
Atituts du Procureur General du Roi d'y teniria
main , & d'en certifier la Cour dans un mois.
ARREST du 15. Mai , qui ordonne que
du jour de fa publication jufqu'au premier de
Juin de l'année prochaine 1731. les Boeufs , Vaches
, Moutons , Brebis , Agneaux , Porcs , Boucs,
Chevres & Chevrotins , qui viendront des Pays
Etrangers dans le Royaume , feront & demeureront
déchargez de tous Droits d'entrées , & c .
AR RE S T dụ 16 , Mai , pour faire retirer
les Actions de la Compagnie des Indes , qui font
tant au dépôt volontaire , qu'à celui où elles ont
été portées pour Primes ou Marchez fermes ; par
lequel il eft ordonné que les Porteurs des Recepiffez
du Sieur Nicolas , feront tenus de les rapporter
dans un mois pour tout délay , & de retirer
, tant du Dépôt volontaire que de l'autre , les
Actions qui y ont été dépofées ; finon , & ledit
temps paffé , Sa Majefté déclare nuls tous lefdits
Recepiffez du Sr. Nicolas , & ordonne que les
Actions qui n'auront point été retirées , feront
brûlées avec celles qui rentreront par la voye de
la Loterie , fans que cette peine puiffe être réputée
comminatoire . Veut & entend toutefois Sa Majefté
, que s'il avoit été porté que.ques Actions
au Dépot volontaire , foit par avis de parens ,
Acte judiciaire , ou convention particuliere , pour
raifon de Tutelle , Dot , ou autrement , lefdites
Actions ne puiffent être retirées dans le délai cideffus
marqué, par les particuliers dépofants, qu'en
prefence d'un Notaire qui fe chargera du Dépôt.
ARREST de la Cour du Parlement du 17.
Mai 1730. qui fupprime une Thefe foutenue en
Sorbonne le 8 Mai , &c. La Cour a arrêté &
ordonné que ladite Thefe fera fupprimée ; enjoint
Sorbonne
1058 MERCURE DE FRANCE
>
aux
aux
à ceux qui pourroient en avoir des exemplaires de
les apporter à cet effet au Greffe de la Cour ; fait
inhibitions & deffenfes à tous Bacheliers , Licentiez
, Docteur & autres , de foûtenir , écrire &
enfeigner , directement , ni indirectement és
Ecoles publiques , ni ailleurs , aucunes propofitions
contraires à l'ancienne doctrine de l'Eglife ,
aux Saints Canons , Decrets des Conciles Gene
raux , aux Libertez de l'Eglife Gallicane ,
Maximes & Ordonnances du Royaume
clauſes & conditions portées par l'Arrêt d'enregiftrement
de Lettres Patentes de 1714. & notamment
fur la propofition quatre- vingt -onziéme
, & aux Déclarations du 4. Août 1663. Edit
du mois de Mars 1682. fur l'autorité du Pape ,
la fuperiorité des Conciles Generaux & autres
matieres contenues en ladite Thefe , qui pourroient
tendre à ſchifmes & à troubler la tranquil-
Itié publique , à peine d'être procedé contr'eux
ainfi qu'il appartiendra , fait deffenfes au Syndic
de la Faculté de Theologie , de fouffrir que telles
propofitions foient inferées en aucunes Thefes
Jui enjoint de veiller à ce que l'Edit de 1682. &
notamment l'article 8. dudit Edit foit executé
felon fa forme & teneur : Ordonne que le prefent
Arrêt fera fignifié aux Syndic & Doyen de ladite
Faculté de Theologie , imprimé , lû , publié &
affiché par tout où befoin fera, & que copies collationnées
d'icelui , feront envoyées au Bailliage
& Sénéchauffée du reffort , pour y être pareillement
lu , publié & enregistré , &c.
ORDONNANCES & c.
UGEMENT des Commiffaires Genéraux
du Confeil , députés par Sa Majefté pour la
liquidation des dettes & revifion des comptes des
Communautés d'Arts & Métiers de la Ville &
Fauxbourgs de Paris , du 7. Mars 1730. portant
condamnation d'interdiction & de differentes
amendes contre plufieurs Maîtres Tailleurs d'habits
, anciens Jurés de leur Communauté , & le
nommé
MA Y. 1730. 1051
nommé de Montigny , & Reglement genéral fur
l'un des plus fréquens abus des Jurés des Com-)
munautés d'Arts & Métiers.
ARREST de la Cour des Monnoyes , du
11. Mars , portant reglement pour les Fondeurs
en Or & en Argent , par lequel il eft fait deffenfes
aux Maitres Fondeurs & autres fondans des
matieres d'Or & d'Argent, de fondre nuitamment,
à peine de trois cens livres d'amende &c.
AUTRE du Confeil d'Etat du Roi au fujet
de la Duché & Pairie de Sully &c. Le Roi étant
en fon Confeil déclare la dignité de Duc & Paig
de France dévolue à Louis -Pierre-Maximilien de
Bethune , à la charge de retirer la Terre de Sully
des mains d'Armand de Bethune , Sieur d'Orval,
fur le pied , & aux charges , claufes & conditions
portées par l'Art. 7. de l'Edit du mois de May
1711. & cependant ledit Sieur d'Orval demeu
rera faifi de ladite Terre jufqu'au jour du remboufement
actuel . Fait & arrêté au Confeil d'Etat
du Roi , S. M. y étant , tenu à Verfailles le
13. Mars 1730. figné Phelipeaux .
AUTRE de la Cour des Monnoyes, du même
jour , portant Reglement pour les Maîtres
Orfevres ; & qui condamne un Maître Orfevre &
fon Compagnon par lui protegé , en cent livres
d'amende folidaire , confifque les Ouvrages d'Orfevrerie
faifis fur le Compagnon , & interdit le
Maître Orfevre pour trois mois.
AUTRE du 15. Avril , qui confirme le Sieur
Gagne dans un Droit de Péage fur la Riviere de
Saône au Port de Pouilly..
AUTRE
1.052. MERCURE DE FRANCE
AUTRE du même jour , qui confirme le
Sieur Batheon dans des droits de Péages ſur la
Riviere du Rhône à Vertrieu .
ORDONNANCE de Police du 20. Avril
concernant la vente des Huitres , par laquelle il
eft deffendu à tous Colporteurs d'Huitres d'en
crier & vendre dans les rues de Paris depuis le
dernier Avril jufqu'au dernier Jeudi du mois
d'Août de chaque année , à peine de 200. livres
d'amende contre les contrevenans & c.
ARREST du 25. Avril , qui ordonne que
dans fix mois les Proprietaires des Offices de
Clercs - Quefteurs & Commiffaires aux Caves fupprimés
par Edit de Juillet 1634. dont la Finance
n'a pas été liquidée & rembourfée, feront tenus de
remettre leurs Quittances de Finance , Proviſions
& autres Titres de proprieté ès mains de M. de
Gaumont , Confeiller d'Etat , Intendant des Finances
, pour être procedé à la liquidation des
Rentes ou Interêts qui fe trouveront leur être dûs.
AUTRE du 2. May , portant qu'il fera ou
vert une Loterie qui continuera pendant fix années
& huit mois pour le remboursement de vingtcinq
mille Actions de la Compagnie des Indes ,,
& révoque celle qui avoit été permife par l'Arrêt
du 7. Mars dernier ; & en conféquence ordonne
ce qui fuit.
ARTICLE. PREMIER
Qu'à commencer du prefent mois de May
l'Adjudicataire genéral de fes Fermes - Unies remettra
le vingtiene de chaque mois és mains du
Garde du Tréfor Royal en exercice , la fomme
de quatre cens mille livres , pour être employée
en
MAY.
1730 .
en
remboursement
d'Actions de la
Compagnie 1730.
1053
des Indes, en la
maniere qui fera ci - après expliquée
; au moyen de quoi ledit
Adjudicataire
ne
fournira
plus , à
commencer
du mois de Jain
prochain , que cinq ceas mille livres par mois
pour le
remboursement
des
Capitaux des Rentes
fur la Ville , à laquelle
fomme S. M. a jugé à
propos de fixer les fonds
qu'elle y deftine.
I I.
Que la Loterie que S. M. avoit permis par
Arrêt du 7. Mars dernier aux Syndics & Directeurs
de la Compagnie des Indes d'établir, demeurera
revoquée & fupprimée , & qu'il en fera oùvert
une autre le 25. du préfent mois , qui continuëra
pendant fix années & huit mois, pour le
remboursement de vingt-cinq mille Actions.
III.
Que les Numero de toutes les Actions feront
mis dans une boifte pour être tirés au fort , &
que les Actionnaires dont les Numero fortiront
feront rembourfés & payés comptant de leurs
Actions , fuivant l'évaluation ci-après ; fçavoir ,
Pendant les mois de May & de Juin 1300. liv.
Pendant les fix derniers mois de la préſente année
·
Pendant
l'année 1731
1400. liv.
Pendant l'année 1732
1500. liv.
1600. liv.
Pendant l'année 1733
Pendant l'année 1734
1700. liv.
1800. liv.
Pendant les fix premiers mois de l'année 1735 .
1900. liv.
Pendant les fix derniers mois
2000. liv.
Pendant les fix premiers mois de 1736. . .
2100. liv.
Et pendant les fix derniers mois , ainfi qu'il fuit,
Juillet
Août
2200. liv.
• 2300. liv.
Septembre
1054 MERCURE DE FRANCE
Septembre
Octobre
Novembre
2400. liv.
25.00. liv.
3000. liv. Et Decembre
3000. liv. Au moyen de laquelle valeur graduelle
les Ac- tions feront portées jufqu'à trois mille livres.
IV.
Que ladite Loterie fera tirée le vingt - cinquiéme
jour de chaque mois , à commencer du préfent
mois , dans l'Hôtel de la Compagnie des Indes
, en préfence des Sieurs Commiflaires , des
Syndics & Directeurs de la Compagnie , & de
ceux des Actionnaires qui s'y voudront trouver.
V.
Que chaque Numero qui fortira de la boifte
operera le remboursement comptant d'une Action
, & qu'il fera tenu par le Secretaire de la
Compagnie un Registre paraphé par l'un desdits
fieurs Commiffaires , où feront enregistrés les
Numero fortis , lequel Regiſtre demeurera au Secretariat
pour y avoir recours en cas de befoin.
V I. 1
Qu'auffi -tôt que la Loterie de chaque mois
aura été tirée , ceux des Actionnaires à qui des
Lots feront échûs en recevront la valeur du Garde
du Trefor Royal , à la feule déduction de dix
livres par Action pour les frais , en rapportant
toutefois dans les trois premiers mois feulement
de chaque demi année les dividendes de leurs
Actions pour ladite demi année , & faute d'y fatisfaire
, qu'il leur fera retenu foixante - quinze
livres. S. M. laiffant la jouiffance du dividende à
ceux dont les Numero ne fortiront que dans les
trois derniers mois de chaque demi année.
VII.
Que les Actionnaires qui auront des Lots , &
qui voudront en recevoir la valeur , feront tenus
de
MAY . 1730. 1059
de faire vifer leurs Actions par celui ou ceux que
les Directeurs de la Compagnie des Indes nommeront
à cet effet , & de fe préfenter dans les
trois ſemaines qui fuivront chaque féance de la ,
Loterie , mais que ceux qui ne fe trouveront point
en état de difpofer de leurs Actions, ni d'en recevoir
le remboursement feront diſpenſés de les
rapporter , auquel cas les fonds qui leur étoient .
deftin és feront diftribués , à Bureau ouvert , dans
les huit jours qui précederont la féance fuivante
à ceux qui fe préfenteront , lefquels recevront la
valeur de leurs Actions fur le même pied que fi
le fort avoit fait fortir leurs Numero de la boifte,
& ce jufqu'à concurrence des fonds reftés en caiffe,
& non reclamés.
VIII.
Que toutes les Actions qui auront été rembour
fées feront remifes de trois mois en trois mois
pår le Garde du Trefor Royal aux Directeurs de
la Compagnie des Indes , en lui fourniffant les
décharges neceffaires pour être brûlées publiquement
, avant de tirer la Loterie du mois fuivant.
I X.
Qu'il fera dreffé des Etats des Actions qui
auront été remifes par le Garde du Tréfor Royal
aufdits Directeurs, qu'au pied de ces états ils met→
tront leur reconnoiffance , & feront leur foumiffion
de payer de fix mois en fix mois à S. M.
le dividende defdites Actions , quoiqu'annullées
& brulées , attendu que c'eft de fes deniers que
le rembourfement en aura été fait ; confentant
toutefois S. M. que pendant la durée de la préfente
Loterie le dividende defdites Actions foit remis de
fix mois en fix mois au Garde du Tréfor Royal,
pour fervir au remboursement des vingt - cinq
mille Actions , conjointement avec les fonds que
l'Adjudicataire general de fes Fermes -Unies doit
lui fournir. AR1056
MERCURE DE FRANCE
J
ARREST du même jour , qui ordonne que
tous ceux qui jouiffent de la Nobleffe en confequence
de Lettres obtenues , foit qu'elles foient
d'Annobliffement , Maintenue , Confirmation ,
Rétabliffement ou Réhabilitation , ou par Mairies
, Prevôtez des Marchands , Efchevinages ou
Capitoulats , depuis 1643. jufqu'au premier Septembre
1715. feront tenus de payer dans trois
mois , à compter de la datte du preſent Arreſt ,
la fomme de deux mille livres , & les deux fols
pour livre , pour le Droit de Confirmation dû à
Sa Majesté à caufe de fon avenement à la Couronne
; faute duquel payement ils feront déchûs
de la Nobleffe & des Privileges y attachez , &
compris dans les Rolles des Impofitions de l'année
prochaine comme roturiers .
ARREST de la Cour de Parlement, du 10. Mai
1730. qui ordonne la fuppreffion d'une Thefe
&c. La Cour a arrêté & ordonné que ladite Thefe
fera fupprimée , fait inhibitions & deffenfes aux
Jefuites & à tous autres , de foutenir aucunes
propofitions contraires aux libertez de l'Eglife
Gallicane , aux maximes & aux Ordonnances du
Royaume , & notamment aux Déclarations des
4. Août 1663. & Mars 1682. fur l'autorité du
Pape , la fuperiorité des Conciles Generaux &
autres matieres contenues dans ladite Thefe ; enjoint
à ceux qui pourroient en avoir des Exemplaires
, de les apporter à cet effet au Greffe de la
Cour ; ordonne que le prefent Arrêt fera fignifié
aux Superieurs des Maifons des Jefuites de cette
Ville de Paris , imprimé , lu , publié & affiché par
tout ou befoin fera , & que copies collationnées
d'icelui feront envoyées aux Bailliages & Sénéchauffées
du reffort , pour y être pareillement
lues , publiées & enregistrées : Enjoint aux Subftituts
MAY. 1730. 1057
Atituts du Procureur General du Roi d'y teniria
main , & d'en certifier la Cour dans un mois.
ARREST du 15. Mai , qui ordonne que
du jour de fa publication jufqu'au premier de
Juin de l'année prochaine 1731. les Boeufs , Vaches
, Moutons , Brebis , Agneaux , Porcs , Boucs,
Chevres & Chevrotins , qui viendront des Pays
Etrangers dans le Royaume , feront & demeureront
déchargez de tous Droits d'entrées , & c .
AR RE S T dụ 16 , Mai , pour faire retirer
les Actions de la Compagnie des Indes , qui font
tant au dépôt volontaire , qu'à celui où elles ont
été portées pour Primes ou Marchez fermes ; par
lequel il eft ordonné que les Porteurs des Recepiffez
du Sieur Nicolas , feront tenus de les rapporter
dans un mois pour tout délay , & de retirer
, tant du Dépôt volontaire que de l'autre , les
Actions qui y ont été dépofées ; finon , & ledit
temps paffé , Sa Majefté déclare nuls tous lefdits
Recepiffez du Sr. Nicolas , & ordonne que les
Actions qui n'auront point été retirées , feront
brûlées avec celles qui rentreront par la voye de
la Loterie , fans que cette peine puiffe être réputée
comminatoire . Veut & entend toutefois Sa Majefté
, que s'il avoit été porté que.ques Actions
au Dépot volontaire , foit par avis de parens ,
Acte judiciaire , ou convention particuliere , pour
raifon de Tutelle , Dot , ou autrement , lefdites
Actions ne puiffent être retirées dans le délai cideffus
marqué, par les particuliers dépofants, qu'en
prefence d'un Notaire qui fe chargera du Dépôt.
ARREST de la Cour du Parlement du 17.
Mai 1730. qui fupprime une Thefe foutenue en
Sorbonne le 8 Mai , &c. La Cour a arrêté &
ordonné que ladite Thefe fera fupprimée ; enjoint
Sorbonne
1058 MERCURE DE FRANCE
>
aux
aux
à ceux qui pourroient en avoir des exemplaires de
les apporter à cet effet au Greffe de la Cour ; fait
inhibitions & deffenfes à tous Bacheliers , Licentiez
, Docteur & autres , de foûtenir , écrire &
enfeigner , directement , ni indirectement és
Ecoles publiques , ni ailleurs , aucunes propofitions
contraires à l'ancienne doctrine de l'Eglife ,
aux Saints Canons , Decrets des Conciles Gene
raux , aux Libertez de l'Eglife Gallicane ,
Maximes & Ordonnances du Royaume
clauſes & conditions portées par l'Arrêt d'enregiftrement
de Lettres Patentes de 1714. & notamment
fur la propofition quatre- vingt -onziéme
, & aux Déclarations du 4. Août 1663. Edit
du mois de Mars 1682. fur l'autorité du Pape ,
la fuperiorité des Conciles Generaux & autres
matieres contenues en ladite Thefe , qui pourroient
tendre à ſchifmes & à troubler la tranquil-
Itié publique , à peine d'être procedé contr'eux
ainfi qu'il appartiendra , fait deffenfes au Syndic
de la Faculté de Theologie , de fouffrir que telles
propofitions foient inferées en aucunes Thefes
Jui enjoint de veiller à ce que l'Edit de 1682. &
notamment l'article 8. dudit Edit foit executé
felon fa forme & teneur : Ordonne que le prefent
Arrêt fera fignifié aux Syndic & Doyen de ladite
Faculté de Theologie , imprimé , lû , publié &
affiché par tout où befoin fera, & que copies collationnées
d'icelui , feront envoyées au Bailliage
& Sénéchauffée du reffort , pour y être pareillement
lu , publié & enregistré , &c.
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Résumé : ARRESTS, DECLARATIONS, ORDONNANCES &c.
En mars 1730, plusieurs mesures administratives ont été prises à Paris. Le 7 mars, les commissaires généraux du Conseil ont sanctionné des maîtres tailleurs d'habits et le nommé de Montigny, anciens jurés de leur communauté, en leur infligeant des amendes et des interdictions. Ils ont également réglementé les abus fréquents des jurés des communautés d'arts et métiers. Le 11 mars, la Cour des Monnoyes a interdit aux maîtres fondeurs de travailler la nuit, sous peine d'amende. Le 13 mars, le Conseil d'État a déclaré Louis-Pierre-Maximilien de Bethune duc et pair de France, lui attribuant la terre de Sully au détriment d'Armand de Bethune, seigneur d'Orval. La même journée, la Cour des Monnoyes a réglementé les maîtres orfèvres et condamné un maître et son compagnon à une amende et à la confiscation de leurs œuvres. Le 15 avril, deux arrêts ont confirmé les droits de péage du sieur Gagne sur la Saône et du sieur Batheon sur le Rhône. Le 20 avril, une ordonnance de police a interdit la vente d'huîtres dans les rues de Paris de la fin avril à la fin août. Le 25 avril, les propriétaires d'offices supprimés en 1634 ont été sommés de remettre leurs titres pour liquidation. Le 2 mai, une loterie a été instaurée pour rembourser 25 000 actions de la Compagnie des Indes sur une période de six ans et huit mois. Le 10 mai, la Cour de Parlement a supprimé une thèse jugée contraire aux libertés de l'Église gallicane. Le 15 mai, les animaux importés d'autres pays ont été exemptés de droits d'entrée jusqu'au 1er juin 1731. Le 16 mai, un arrêt a ordonné le retrait des actions de la Compagnie des Indes déposées. Le 17 mai, une autre thèse a été supprimée pour les mêmes raisons que la précédente.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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784
p. 1085-1096
ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Début :
Est-ce un charme trompeur ? au pouvoir des prestiges [...]
Mots clefs :
Dauphin, Trésor, Coeur, Empire, Roi, Fête, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Ode fuivante a perdu le mérite de ce
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
qu'on nomme l'à propos , la Fête celebre
qui en eft le fujet , ayant été donnée il y
a plus de quatre mois ; mais l'Auteur qui
avoit fait cette Piéce en même - tems eut des
raifons particulieres pour ne la pas foumettre
alors à la décifion du Public ; c'est à lui de
juger fi elle a d'ailleurs quelque mérite qui la
dédommage de celui qu'elle a perdu aujour
d'hui ; ce fera peut- être prévenir en fa faveur
que d'avertir qu'elle eft de M. Bouret , Lientenant
General de Gifors , qui a remporté les
deux années dernieres le Prix de Poëfie au
jugement de l'Académie Françoife .
I. Vol. Biij ODE
1
1086 MERCURE DE FRANCE
OD E.
Sur la Fête que les Ambaffadeurs & Plenipotentiaires
d'Espagne ont donnée à Paris
le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa
Majefte Catholique Philippe V. à l'occafion
de la Naiffance du Dauphin.
E St-ce un charme trompeur ? au pouvoir des
preftiges
M'a-t'on livré de toutes parts ?
Les merveilles & les prodiges
S'offrent en foule à mes regards f
Suivi de tous les Dieux , le Maître du Tonnere
Pour venir habiter la Terre
A-t'il abandonné les Cieux ?
C'eft lui- même , lui feul vainqueur de mille obftacles
Pouvoit enfanter les ſpectacles
Que nous étalent ces beaux lieux..
De l'Augufte Junon , brillante Meflagere ,
* Iris fur un Arc- en-Ciel feint devoit paroltrefur
la cime des Monts Pirennées que repréfentoit
ce Feu d'artifice tiré ſur la Riviere , ces
ornement qni eut été trés - brillant ne parut pas
manqua par la faute de l'Entrepreneur : mais
il eft deffiné tel qu'il devoit étre fur toutes les
Planches que l'on a jointes à la Defcription dis
Feu.
I. Vol. Quel
JUIN. 1730. 1087
Quel vif éclat peint tes habits ?
Et fur ton écharpe legere
A femé l'or & les rubis ?
De feux étincelans la Terre s'illumine ,
Daigne m'apprendre où fe termine
Tout l'appareil de ce grand jour ?
Jupiter dans les foins d'une Fête fi belle ,
De quelque Déeffe nouvelle
Veut-il encore orner fa Cour ?
Mais , non ; ce que j'entends , ce que je vois pa
roître
M'offre de plus grands interêts ;
Pourrois-je encore méconnoître
L'objet de ces pompeux apprêts ?
La France de fon Fils celebre la Naiffance ,
Et la Paix que fuit l'innocence
Ramene avec lui tous les biens ;
De fes fruits les plus doux,fource heureuſe & feconde
,
-
Des deux premiers Trônes du monde
Il éternife les liens.
Augufte Rejetton d'une Tige cherie !
Tout va s'unir en ta faveur ;
Déja la France & l'Iberic
N'ont plus qu'un langage & qu'un coeur.
PHILIPPE avec tranfport fur nos rives déploye
I. Vo!.
De
Biiij
1088 MERCURE DE FRANCE
De fa tendreffe & de fa joye
Les témoignages précieux ;
Je vois paroître ici , Théatre de ſa Fête ,
Ces Monts , dont l'orgueilleufe tête
Semble fe cacher dans les Cieux..
Mais quel enchantement fur les bords de la Seine
Les a tout à coup tranſportés ?
En vain par la puiffance humaine
De tels efforts feroient tentés ;
PHILIPPE , c'eſt des Dieux la merveille écla
tante ;
Minerve a rempli ton attente ;
Elle en fait fon plus doux emploi.
C'est ainsi que Neptune & le Dieu du Permeffe
Servoient , flattés par fa promeffe ,
Un Roi moins celebre que toi.
L'ordre des Elemens pour la Fête ordonnée
Va-t'il fe confondre à ta voix ?
Ici la Nature étonnée
Voit fufpendre ou changer fes loix ;
Avec tous fes Tréfors l'Amante de Zephire
S'établit fur l'humide Empire
Dans la plus âpre des Saifons ;
Laomedon , Roide Pergame , pour qui Neptune
Apollon travaillerent & bâtirent les
murailles de Troye , depuis Capitale de l'Afie.
1. Vol Borée
JUIN. 1730. 1089
Borée en frémiſſant voit détruire ſon Regne ,
Surpris que Flore le contraigne
A fuir au fond de fes prifons..
Mais que vois -je ! ces fleurs , fans perdre leur
figure ,
Ces Arbriffeaux font embrafés,
Vulcain veut -il venger l'injure
Des Aquilons tyrannifés ?
Nom , Flore , ta beauté que le jour feul revele
Emprunte une grace nouvelle
Du vif éclat de ces flambeaux ;
Tes fleurs en feux brillans tout-à-coup transformées
>
Sur leurs Terraffes enflammées
En font des fpectacles plus beaux..
Pour le Cocq déformais le Lion pert fa haine ,
Prodige aux fiecles à venir !
De l'Ebre enſemble & de la Seine:
On voit les flots ſe réunir.
La Nuit déploye en vain fes voiles les plus ſom→
bres ,
Comment peut fortir de fes ombres
Le jour qui frappe ici mes yeux ?.
Le fuperbe Palais élevé fur ces rives
Me peint à des clartés fi vives.
Celui du plus brillant des Dieux..
* Le Palais du Soleil tel qu'ovide le décrit
dans fes Métamorphojes,
BOUIL
1090 MERCURE DE FRANCE
* BOUILLON , fi dans ce jour d'éternelle mémoire
Tu fers le zele d'un grand Roi
Son coeur t'affocie à ſa gloire ;
L'éclat en rejaillit fur toi.
Le Chef- d'oeuvre des Cieux , ton illuftre Compagne
*
Préfide aux Fêtes que l'Eſpagne
Confacre à l'Empire François :
PHILIPPE , qu'en ces lieux remplace la
Princeffe ,
A tant de grace & de nobleſſe
A bien dû fon auguſte choix.
Qu'entens-je ? un feu foudain va nous réduire
en poudre ;
Quel bruit ! quel fracas dans les airs !
Les Cieux s'embrafent , & la foudre
Gronde au milieu de mille éclairs !
Mais quel effroi nouveau ! du centre de la terre
La flamme , aliment du tonnerre
S'échape en lumineux fillons .
Du Vefuve entr'ouvert vois - je les vaftes gouffres?
De feux , de falpêtres , de fouffres ,
Vomir au loin des tourbillons !
* M. le Duc de Bouillon a prêté fon Hôtel &
le Jardin pour la Fête .
* Madame la Ducheffe de Bouillon a été priée
par le Roi d'Espagne de faire en fon nom les
honneurs de laFêt e.
1. Vol . Dans
JUIN. 1730. 1091
Dans l'Empire des eaux , Dieu du fombre Rivage,
As-tu tranfporté les Enfers ?
Viens-tu détruire le partage
Du Souverain des flots amers ?
La flamme dans leur fein , les Nayades tremblantes
,
Cent fois de leurs Grottes brulantes
Ont redouté l'embraſement ;
Depuis quand ? par quel art ? l'onde au feu ſi contraire
,
Souffre-t'elle qu'un temeraire
L'ofe braver impunément ?
Mais d'un art féduiſant m'é garent les merveilles
Grands Dieux ! quelle étoit mon erreur !
Quoi ! pour mes yeux & mes oreilles
Le plaifir devenoit terreur !
Des Aftres , des éclairs , agréables images ,
LOUIS ! ces feux font des hommages
"Rendus à ton augufte fils.
Ainfi deux grands Etats dans leurs tendres com.
merces ,
Chantoient par cent bouches diverfes
L'heureux prefent que tu leur fis.
* Les Serpentaux ou Feux Gregeois qui brulent
dans l'eau ..
I, Vol. B v Tout
1092 MERCURE DE FRANCE
Tout retentit du fon des bruyantes trompettes
A qui fe mêlent les hautbois ;
Quels fons ! écho , tu les repetes ,
Pour les apprendre au Dieu des Bois..
Mais lui -même s'avance avec les doctes Fées ,
Des Arions & des Orphées
J'entends les fublimes travaux :
Plus promte que l'éclair,quelle main bienfaifante
*
+
A mes yeux enchantés préfente
Des objets des plaiſirs nouveaux.
Chere Euterpe ! c'eſt toi , ta divine harmonie
Charme le Maître que tu fers ;
Voix raviflantes , * Polymnie
Guide elle-même vos Concerts ;
Quels doux frémiffemens me faififfent encore !
Les Rivales de Terpficore *
Forment les pas les plus fçavans
*
Les Graces fur leur danfe ont verfé la Nobleffe ;
Oui , les traits dont l'amour nous bleffe
Ont des
appas
moins décevans.
Quel cercle éblouiffant ! quelle augufte Affemblée
*
* La Pastorale en Mufique.
Les Dalles Antier & Le Maure..
* Les Des Camargo & Salé..
Le Ballet..
* Le Feftin
da. Volo Orne
JUIN.
1093
1730.
Orne encor ce brillant Salon ;
La pompe en ces lieux étalée
Répond au féjour d'Apollon ;
Comus conduit ici l'abondance élegante ,
La délicateffe piquante
Et l'aimable diverfité :
D'un ſuperbe feſtin retraçant l'ordonnance ,
Avec les loix le Dieu difpenfe
Les tréfors de la volupté..
Vous , Reine , dont jadis la tendreffe idolâtre-
A fait la honte & les deftins ,
Maintenant , vaine Cleopatre ,
Vantez vos celebres feftins .
Pour celui que l'Espagne àla France prépare ,
Ce que la Terre a de plus rare ,
Les flots , les airs font épuifés :
Cent mets délicieux qu'un art fçavant déploye
Peignent l'objet de notre joye *
Sous fon emblême déguiſés.
Quel changement ſoudain m'ouvre un nouveaus
Théatre ?
Tous les Miniftres de Comus
Font place à la troupe folâtre .
*Plufieurs Ouvrages de Pâtisserie & defucre
où étoient représentés des auphins , des petits.
Amours , des Fleurs de Lys Co.
1 Voly Qu'a1094
MERCURE DE FRANCE
Qu'amene & qu'inſpire Momus.
Ici de mille objets l'aimable bigarrure
Reçoit les loix & la parure
Du Dieu qu'elle y vient honorer.
Le mafque féducteur,l'un chez l'autre, fait naître
Ou l'embarras de fe connoître ,
Ou le plaifir de s'ignorer.
Eft- ce la jeune Hebé par Jupiter choific
Pour verfer le Nectar aux Dieux ,
Qui nous prépare l'Ambroisie
Que l'on prodigue dans ces lieux ?
Par un gout plus charmant les trésors de l'Automne
Jamais n'ont vaincu d'Erigone**
La refiftance & les mépris :
Glaçons qu'en fruits divers l'art déguife & colore
Aux dons de Pomone & de Flore
Vous ajoutez un nouveau prix.
Ces fpectacles , PHILIPPE , à ta vaſte puiſ-
Lance ,
A ton grand coeur font affortis ;
Moins d'éclat , de magnificence
Parut aux nôces de Thétis.
Ce tranquile féjour aux charmes qu'il étale
* Bacchus féduifit la Nymphe Erigonefous la
figure d'un Raifin
1. Vol. N'offre
JUIN. 1730. 1895
N'offre point la pomme fatale
Qui caufa de fi grands revers.
Le DAUPHIN , cher objet d'une Fête éclatante
Nous garentit la Paix conftante
Qui va regner dans l'Univers,
Quel art , au choix heureux de ces galans ſpec
tacles
Unit encor la dignité
N'en doutons plus , à ces miracles
Préfide une Divinité.
Mais fouvent parmi nous de fublimes génies
Dans leurs lumieres infinies
Remplacent le pouvoir des Dieux.
J'aperçois deux Mortels favoris'de Minerve ,
A qui la Déeffe referve
Ses tréfors les plus précieux.
De PHILIPPE en leur fein l'àugufte confi
dence
A verfé les plus grands fecrets ;
L'Europe entiere à leur prudence
Remet fes plus chers interêts.
Leur zele ingénieux , attentif à ta gloire ,
Grand Prince , a gravé ta mémoire
Avec des traits dignes de toi.
Dans les apprêts divers d'une Fête pompeuſe ,
* Les Ambaſſadeurs Plenipotentiaires d'Eſpagne.
I. Vol. Dans
1096 MERCURE DE FRANCE
Dans fa fplendeur majestueufe
Le Miniftre a montré le Roi.
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Résumé : ODE. Sur la Fête que les Ambassadeurs & Plenipotentiaires d'Espagne ont donnée à Paris le 24. Janvier 1730. par l'ordre de Sa Majesté Catholique Philippe V. à l'occasion de la Naissance du Dauphin.
Le texte présente une ode composée par M. Bouret, Lieutenant Général de Gifors, qui a remporté le prix de poésie de l'Académie Française les deux années précédentes. Cette ode célèbre la fête organisée par les ambassadeurs et plénipotentiaires d'Espagne à Paris le 24 janvier 1730, en l'honneur de la naissance du Dauphin, fils de Philippe V d'Espagne. L'auteur décrit les merveilles et les prodiges observés lors de cette fête, comparant les spectacles à des interventions divines. Il mentionne Jupiter, Junon, et Iris, ainsi que des feux d'artifice et des décorations somptueuses. L'ode met en avant l'union entre la France et l'Espagne, symbolisée par la naissance du Dauphin, et célèbre la paix et les biens qu'elle apporte. La fête est décrite comme un spectacle grandiose, avec des éléments naturels et divins, et se termine par des spectacles et des festins offerts par Comus, le dieu de l'abondance. L'auteur rend hommage aux ambassadeurs espagnols pour leur rôle dans l'organisation de cette fête mémorable.
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785
p. 1149-1154
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
Début :
Vous sçavez, M. qu'on travaille à la réédification de notre Ville de Sainte-Menehould [...]
Mots clefs :
Sainte-Menehould, Hôtel de ville, Incendie, Architecte, Clergé, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Sainte- Menehould en Champagne.
V
Ous fçavez , M. qu'on travaille à la
réédification de notreVille de Sainte-
Menehould , qui fut prefque totalement
brulée le 7 Aouft 1719. par un accident
imprévu.
Le 2 du mois ( May dernier ) M. Þ’Efcalopier
Confeiller au Parlement , fils
aîné de M.l'Escalopier Confeiller d'Etat ,
Intendant de Champagne , reprefentant
M. fon pere , pofa la premiere Pierre du
Bâtiment de l'Hôtel de Ville , avec toute
la folemnité convenable en pareille occaſion.
I. Vol
A
1150 MERCURE DE FRANCE
A neuf heures du matin les Officiers
de l'Hôtel de Ville & ceux des autres Jurifdictions
, en Corps , précedez de trois
cens hommes de Milice Bourgeoife , fous
les armes , ayant à leur tête cinquante
Chevaliers de l'Arquebuze , uniformement
habillez , & foûtenus d'une Troupe
de Cavaliers de la Maréchauffée , marchant
fur deux Colonnes , au bruit des
Trompettes & des Tambours , allerent à
l'Eglife audevant de M. le Doyen de la
Paroiffe, avec lequel , accompagné de plufieurs
Ecclefiaftiques, tant de la Ville que
des environs , on fut prendre M. l'Efca
lopier , pour fe rendre au lieu de l'Edifice
, où la Pierre fut pofée dans le fondement
du gros mur de l'encognure Septentrionale
du côté de la place ; & dans
cette Pierre fut enchaffée une Lame de
cuivre , fur laquelle eft gravée cette Infcription.
LUDOVICO XV. REGNANTE,
CASARE- CAROLO L'ESCALOPIER
Sacri Confiftorii Comite
Campaniaque Prafecto.
Urbs Santa- Menechildis
Die v 1 1. Augufti M. DCC. XIX.
Infelici quodam fato exufta ,
Munificentia Principis
I. Vol. RaadiJUIN.
1730 . 1151
Readificata
Curifque ejufdem Prafecti
Qui
Forenfis Bafilica ac Municipalis
Primarium lapidem ,
Die 11. Maii M. DC C. XXX
Pofuit.
Ex orthographia
Philippi D E LA FORCE.
Militaris Provincia Architecti.
Le Doyen ayant enfuite complimenté
M. l'Escalopier avec beaucoup de dignité
& d'onction,il fit la ceremonie de benir
la Pierre , & pendant que l'on chantoit
les Prieres de la benediction , il y eut plufeurs
décharges du Canon du Château &
de la Moufqueterie. Après quoi le fieur
de la Force , Architecte & Ingenieur du
Roy en ladite Province , pofa une autre
Pierre à l'encogneure Méridionale du
Bâtiment , dans laquelle fut miſe cette
Infcription Françoife , gravée comme la
premiere fur une Lame de cuivre.
DU REGNE DE LOUIS XV.
Le 2 May 1730.
Cette Pierre a été pofée
par
PHILIPPE DE LA FORCE , Ingenieur
1. Vol.
ordi1152
MERCURE DE FRANCE
ordinaire du Roy
Lors de la Conftruction
de ce Bâtiment
&
du rétabliffement de la Ville
de Sainte-Menehould ,
'Incendiée le 7 Aouft 171.9.
Réédifiée
Par les foins & fous les Ordres
De
M. I'ESCALO PIER , Confeiller d'Etat ;
Intendant de Champagne ;
Sur
Les deffeins dudit fieur
DI L A FORCE
La Céremonie achevée , on reconduifit
le Clergé à l'Eglife dans le même ordre
qu'on étoit venu , en chantant le Te
Deum & des Hymnes pour le Roy.
Il y eut enfuite un grand Dîné , où ſe
trouverent M. le Lieutenant de Roy &
les principaux Officiers de la Ville & des
autres Jurifdictions ; après le repas il y
eut Bal , qui dura jufqu'au lendemain
matin , & le foir les Magiftrats de l'Hôtel
de Ville donnerent un magnifique
Souper. On a remarqué durant toutes ces
Fêtes , que la Bourgeoifie & le Peuple
touchez des politeffes & des liberalitez
I. Vol. de
JUI N. 1730 .
1153
de M. l'Escalopier , qui ne laiffa échaper
aucune occafion de faire fentir les bontez
& les bienfaits du Roy , firent éclater
leur joye , leur reconnoiffance & leur
zele de la façon du monde la plus expreffive
.
Le deffein de cet Hôtel de Ville , qui
contiendra tous les Tribunaux des differentes
Jurifdictions de la Ville, reprefente
une décoration fuperbe , quoique formé
fur les principes d'une architecture
fimple.Les Maifons , dont il y en a déja plus
de cent de bâties , feront toutes conftruites
en Manfardes , couvertes d'Ardoifes
& les Façades élevées uniformement en
Pierre & en Brique , mais d'un goût moderne
, & dont le coup d'oeil plaît infiniment;
de forte que lorfque cette Ville
fera achevée , elle pourra paffer pour une
des plus jolies du Royaume , foit par l'exterieur
de fes Maiſons , foit par la diftribution
du dedans , dont ledit fieur de la
Force continue de prendre foin , fur les
demandes qui en ont été faites par les
habitans à M. l'Intendant , aux foins duquel
la Ville eft redevable de fon rétabliſfement.
On tâchera d'engager ledit fieur de la
Force , qui eft un des meilleurs - Architectes
de ce temps , & fils de Philippe
de la Force , premier Architecte de feu
I, Vol. E MON1154
MERCURE DE FRANCE
MONSIEUR , a faire graver les deffeins
qu'il a inventez , tant pour les Façades des
Maifons , que pour les Bâtimens publics
& autres Ouvrages de diftinction , en faveur
des Amateurs de l'Architecture , &
pour faire connoître l'aggrandiffement &
les commoditez procurées à cette Ville
qui, avant l'incendie , étoit tres - mal conftruite
& tres - confuſement diftribuée .
Sainte- Menehould en Champagne.
V
Ous fçavez , M. qu'on travaille à la
réédification de notreVille de Sainte-
Menehould , qui fut prefque totalement
brulée le 7 Aouft 1719. par un accident
imprévu.
Le 2 du mois ( May dernier ) M. Þ’Efcalopier
Confeiller au Parlement , fils
aîné de M.l'Escalopier Confeiller d'Etat ,
Intendant de Champagne , reprefentant
M. fon pere , pofa la premiere Pierre du
Bâtiment de l'Hôtel de Ville , avec toute
la folemnité convenable en pareille occaſion.
I. Vol
A
1150 MERCURE DE FRANCE
A neuf heures du matin les Officiers
de l'Hôtel de Ville & ceux des autres Jurifdictions
, en Corps , précedez de trois
cens hommes de Milice Bourgeoife , fous
les armes , ayant à leur tête cinquante
Chevaliers de l'Arquebuze , uniformement
habillez , & foûtenus d'une Troupe
de Cavaliers de la Maréchauffée , marchant
fur deux Colonnes , au bruit des
Trompettes & des Tambours , allerent à
l'Eglife audevant de M. le Doyen de la
Paroiffe, avec lequel , accompagné de plufieurs
Ecclefiaftiques, tant de la Ville que
des environs , on fut prendre M. l'Efca
lopier , pour fe rendre au lieu de l'Edifice
, où la Pierre fut pofée dans le fondement
du gros mur de l'encognure Septentrionale
du côté de la place ; & dans
cette Pierre fut enchaffée une Lame de
cuivre , fur laquelle eft gravée cette Infcription.
LUDOVICO XV. REGNANTE,
CASARE- CAROLO L'ESCALOPIER
Sacri Confiftorii Comite
Campaniaque Prafecto.
Urbs Santa- Menechildis
Die v 1 1. Augufti M. DCC. XIX.
Infelici quodam fato exufta ,
Munificentia Principis
I. Vol. RaadiJUIN.
1730 . 1151
Readificata
Curifque ejufdem Prafecti
Qui
Forenfis Bafilica ac Municipalis
Primarium lapidem ,
Die 11. Maii M. DC C. XXX
Pofuit.
Ex orthographia
Philippi D E LA FORCE.
Militaris Provincia Architecti.
Le Doyen ayant enfuite complimenté
M. l'Escalopier avec beaucoup de dignité
& d'onction,il fit la ceremonie de benir
la Pierre , & pendant que l'on chantoit
les Prieres de la benediction , il y eut plufeurs
décharges du Canon du Château &
de la Moufqueterie. Après quoi le fieur
de la Force , Architecte & Ingenieur du
Roy en ladite Province , pofa une autre
Pierre à l'encogneure Méridionale du
Bâtiment , dans laquelle fut miſe cette
Infcription Françoife , gravée comme la
premiere fur une Lame de cuivre.
DU REGNE DE LOUIS XV.
Le 2 May 1730.
Cette Pierre a été pofée
par
PHILIPPE DE LA FORCE , Ingenieur
1. Vol.
ordi1152
MERCURE DE FRANCE
ordinaire du Roy
Lors de la Conftruction
de ce Bâtiment
&
du rétabliffement de la Ville
de Sainte-Menehould ,
'Incendiée le 7 Aouft 171.9.
Réédifiée
Par les foins & fous les Ordres
De
M. I'ESCALO PIER , Confeiller d'Etat ;
Intendant de Champagne ;
Sur
Les deffeins dudit fieur
DI L A FORCE
La Céremonie achevée , on reconduifit
le Clergé à l'Eglife dans le même ordre
qu'on étoit venu , en chantant le Te
Deum & des Hymnes pour le Roy.
Il y eut enfuite un grand Dîné , où ſe
trouverent M. le Lieutenant de Roy &
les principaux Officiers de la Ville & des
autres Jurifdictions ; après le repas il y
eut Bal , qui dura jufqu'au lendemain
matin , & le foir les Magiftrats de l'Hôtel
de Ville donnerent un magnifique
Souper. On a remarqué durant toutes ces
Fêtes , que la Bourgeoifie & le Peuple
touchez des politeffes & des liberalitez
I. Vol. de
JUI N. 1730 .
1153
de M. l'Escalopier , qui ne laiffa échaper
aucune occafion de faire fentir les bontez
& les bienfaits du Roy , firent éclater
leur joye , leur reconnoiffance & leur
zele de la façon du monde la plus expreffive
.
Le deffein de cet Hôtel de Ville , qui
contiendra tous les Tribunaux des differentes
Jurifdictions de la Ville, reprefente
une décoration fuperbe , quoique formé
fur les principes d'une architecture
fimple.Les Maifons , dont il y en a déja plus
de cent de bâties , feront toutes conftruites
en Manfardes , couvertes d'Ardoifes
& les Façades élevées uniformement en
Pierre & en Brique , mais d'un goût moderne
, & dont le coup d'oeil plaît infiniment;
de forte que lorfque cette Ville
fera achevée , elle pourra paffer pour une
des plus jolies du Royaume , foit par l'exterieur
de fes Maiſons , foit par la diftribution
du dedans , dont ledit fieur de la
Force continue de prendre foin , fur les
demandes qui en ont été faites par les
habitans à M. l'Intendant , aux foins duquel
la Ville eft redevable de fon rétabliſfement.
On tâchera d'engager ledit fieur de la
Force , qui eft un des meilleurs - Architectes
de ce temps , & fils de Philippe
de la Force , premier Architecte de feu
I, Vol. E MON1154
MERCURE DE FRANCE
MONSIEUR , a faire graver les deffeins
qu'il a inventez , tant pour les Façades des
Maifons , que pour les Bâtimens publics
& autres Ouvrages de diftinction , en faveur
des Amateurs de l'Architecture , &
pour faire connoître l'aggrandiffement &
les commoditez procurées à cette Ville
qui, avant l'incendie , étoit tres - mal conftruite
& tres - confuſement diftribuée .
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
Le texte décrit la reconstruction de la ville de Sainte-Menehould en Champagne, après un incendie dévastateur le 7 août 1719. Le 2 mai 1730, M. l'Escalopier, conseiller au Parlement et fils de l'intendant de Champagne, a posé la première pierre du nouvel Hôtel de Ville. Cette cérémonie solennelle a réuni divers dignitaires, dont les officiers de l'Hôtel de Ville, les milices bourgeoises, les chevaliers de l'Arquebuse et les cavaliers de la maréchaussée. La pierre fondatrice, placée dans le mur septentrional, portait une inscription latine gravée sur une lame de cuivre. Une seconde pierre, avec une inscription en français, a été posée par Philippe de la Force, architecte et ingénieur du roi. Après la cérémonie, le clergé a été reconduit à l'église, et des festivités, incluant un dîner, un bal et un souper, ont été organisées. La ville est reconstruite selon des plans modernes et simples, visant à devenir l'une des plus belles du royaume. Philippe de la Force, architecte renommé, a supervisé les travaux, et les habitants expriment leur gratitude pour les bienfaits du roi et de l'intendant.
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786
p. 1202-1210
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Début :
Mr de Fontenu, Consul de France à Smirne, ayant reçû cette heureuse nouvelle, assembla [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Consul, Roi, Fête, Smyrne, Armes
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Smirne, le 20Janvier 1730. Réjouiffances
faites au fujet de la Naiffance de MON
SEIGNEUR LE DAUPHIN.
R de Fontenu, Conful de France à Smirne,
M'ayant reçu cette heureufe nouvelle , af
fembla chez lui toute la Nation , lui communiqua
les ordres qu'il venoit de recevoir , & fit à
cette occafion un fort beau Difcours. Il fut réfolu
que pour célébrer dignement un tel événement
, on fe conformeroit en quelque façon à ce
qui s'étoit pratiqué en cette Echelle en 1704.
Vol
la
JUIN. 1730. 1203
la naiffance du Duc de Bretagne. La Nation don
na en même -temps aux Sieurs de Saint - Amant
& Vincent , Députez du Commerce , les pou
voirs neceffaires pour faire travailler aux prépa
ratifs.
Le Conful envoya quelques jours après deux
Drogmans , accompagnez de deux Janiffaires,
chez les Confuls d'Angleterre , de Venife &
d'Hollande , pour leur faire part de la Naiffance
du Dauphin. Ils reçurent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye,& ils envoyerent
Le même jour complimenter le Conful de Fran
ce par un pareil nombre d'Interpretes & de Janiffaires
; ils vinrent eux-mêmes quelques jours
après en grande cérémonie,accompagnés de plufieurs
perfonnes de leur Nation , témoigner au
Conful la part fincere qu'ils prenoient à fa joye
& à celle de toute la France . M. de Fontenu leur
rendit vifite dans le même ordre & avec les mêmes
cérémonies , & les pria de la Fête.
Le Conful envoya auffi deux de fes Interpre
tes & deux Janiffaires , chez le Muffelem on
Commandant , le Cady ,le Grand Douanier , le
Serdar ou Commandant des Janiffaires & autres
Puiffances du Païs,pour leur notifier la Naiffance
du Dauphin, à laquelle ils parurent fort fenfibles;
ils ne le furent pas moins aux préfens que le
Conful leur f ( fuivant l'ufage du Pais ) en Ve
ftes de Draps, Caffé, Chocolat & toutes fortes de
Confitures.
La Fête commença le 18 Decembre.On arbora
d'abord le Pavillon de France à la Maiſon
Confulaire, qui fut à l'inſtant falué d'une déchar
.ge de 150 Boëtes & par 200 coups de Canons
des Vaiffeaux François , Anglois , Vénitiens &
Hollandois qui étoient dans le Port. On fit couler
en même temps une Fontaine de vin qui ne
1 Vole Gij difcon1204
MERCURE DE FRANCE
difcontinua que bien avant dans la nuit;une mul
xitude de peuple de toutes fortes de Nations vint
s'y défalterer , pouffant des cris réiterez de joye,
& ne ceffant de boire à la ſanté du Roy , de la
Reine & du Prince nouveau né.
- A trois heures , toute la Nation de France, magnifiquement
habillée , s'étant rendue à la Mai
fon Confulaire , on fe mit en marche. Le Conful
étoit précédé de fes Janniffaires & Interpre
tes , & fuivi de trente Négotians François qui
donnoient la main à un pareil nombre de Dames.
Il fut reçu à la porte de l'Eglife des Capu
cins par le Religieux qui devoit officier. L'Egli
fe de ces Peres, qui eft une des plus belles de tout
de Levant , étoit ornée extraordinairement de
riches Tapifleries , &c. On avoit placé dans le
fond de l'Eglife un magnifique Dais , fous lequel
étoient les Portraits du Roy & de la Reine.
Il regnoit autour de l'Eglife une ceinture de Feftons
, de Luftres , de Tableaux & d'Ecuffons aux
armes du Roy , de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin & de la Ville de Marfeille.
Gloriam
La Cérémonie commença par l'Eloge du Roy,
que le P. Barnabé , Superieur des Capucins , prononça
avec beaucoup d'applaudiffement. Il prit
pour texte ces paroles d'un Pleaume
regni tui dicent: On chanta enfuite le Te Deum
au bruit de 150 Boëtes & de toute l'Artillerie
des Vaiffeaux & autres Bâtimens de toutes fortes
de Nations qui fe trouverent dans le Port. On fit
après la Proceffion autour du Cloître , laquelle
fut terminée en rentrant dans l'Eglife par l'Exau
diat & la benediction du S. Sacrement. Le Conful
fe remit en marche dans le même ordre qu'il
étoit venu , éclairé d'un grand nombre de Flam
beaux , & au fon de tous les Inftrumens qu'on
Byoit pû raffembler; il eut bien de la peine à par
yenir
JUIN. 1730. 1205
venir jufqu'à la porte de la Maiſon Confulaire
tout le peuple y étant accouru pour voir l'illu
mination qui étoit fuperbe par la quantité &
l'arrangement des lumieres ; on avoit placé à
l'extrémité des aîles du Corps de Logis qui don
ne fur la rue , un Arc de Triomphe à deux faces
, de 21 pieds de hauteur,fur 17 de large, foûtenu
par huit Colonnes d'ordre Ionique , entoutées
de Feftons ; fur l'entablement defquelles
étoient les Armes de Monfeigneur le Dauphin ,
& plufieurs Urnes enflammées. L'Arcade avoit
12 pieds de hauteur fur fix de largeur. Elle étoit
furmontée de chaque côté par un beau Cartou
che , dans lequel on lifoit les Infcriptions fui
yantes ;
REGI, REGINE,
ET NATATIBUS
Galli
DELPHINI
Smirnis commorantes
Benè precantur.
L'Infcription du côté de la Cour , étoit
Sereniffimi Delphini incunabulis ,
Galli faufta acclamantes ,
Hunc Arcum triumphalem erexere.
M. D C C. XXI X.
On voyoit au-deffus du Cartouche les Armes
de France , & dans les Intercolonnes de grands
Vafes , chargez de fleurs avec leurs Piédeftaux
fur lefquels on avoit placé plufieurs Emblêmes
convenables au Prince auquel elles étoient appli
quées. Il y en avoit deux de chaque côté .
Une Etoille brillante de la premiere grandeur ,
1. Vol.
au G
1206 MERCURE DE FRANCE.
au coeur de laquelle étoit une Hermine, avec ces
mots :
Nova Lux Pronuntia Pacis.
Un Chêne dans fa vigueur , de lá Tige duquel
fortoient d'autres Chênes de differentes hauteurs.
Plura videbit.
Un Soleil qui diffipe un nuage :
Dum orior umbra fugit.
Un Lionceau dans une Forêt.
Avita virtutis non degener.
'Au fond de la Cour , faifant face à l'Arc de
triomphe , étoit la Fontaine de Vin , & aux côtez
deux Piramides quadrangulaires , hautes de
17 pieds , furmontées d'une Fleur de Lys à quatre
faces , & foutenues par deux Piedeftaux , fur
lefquels on voyoit les Emblêmes fuivantes ":
Un Oranger chargé tout à la fois de fleurs &
de fruits , avec ces paroles :
Gaudia fpemque fimul.
Hercule au berceau , ſe débarraffant de fes
langes , & étoufant un Serpent.
Hinc virtus & labor.
Un grand Lys & de petits Lys qui naiffent de
fa tige.
Ex Lilio Lilia.
Un Grenadier chargé de fruits qui ont tous
cette propriété d'avoir une espece de Diadême.
Nafcendo fert Coronam.
Plufieurs perfonnes devant un Palais qui regardent
un Soleil levant .
Expectatus adeft.
1. Vel.
Une
JU.IN. 1730. 1207
Une Ruche avec un effain d'Abeilles autour de
leur Roy.
Exultatio publica.
Entre les deux Piramides étoient les Armes de
France dans un grand ovale, à bordure dorée, de
18 pieds de tour & plus haut, à quelque diftance
les Portraits du Roy & de la Reine, en grand,
couronnez de Lauriers , de Rofes , d'Oeillets &
des plus belles fleurs qu'on avoit pu trouver
tous les Pilliers de la Cour & des Galeries étoient
entourez de Mirtes , de Guirlandes & de Feftons.
Il y avoit un pareil Tableau aux armes du Roy,
dans l'enfoncement du Corps de Logis du côté
de la ruë.
Sur les cinq heures du foir la Maifon Confu
laire parut toute en feu dans moins d'un quart
d'heure ; l'Arc de triomphe , & les deux grands
Tableaux , aux armes du Roy , étoient chargez
d'un nombre infini de Lampions , & les deux Piramides,
depuis leurs bafes jufqu'en haut, des Fanaux
aux armes du Roy & de Monfeigneur le
Dauphin.
La Galerie qui regne autour de la Maiſon étoit
auffi extraordinairement éclairée par quatre ceintures
de lumieres, placées avec fimétrie . Toutes ces
Jumieres ainfi difpofées fembloient fe multiplier
fans nombre par la réfléxion des Vitrages ; &
enfin cette illumination fut vue avec admiration
par toutes les differentes Nations établies à Smirne.
Le derriere de la Maiſon qui fait face à la
Mer , n'étoit pas moins bien éclairée , & faifoit
une perfpective charmante pour ceux qui étoient
fur les Vaiffeaux & fur les autres Bâtimens du
Port.On avoit employé plus de 6000 Fanaux ou
Lampions à cette illumination , fans compter
tous les appartemens qui étoient éclairez par
une quantité tres confiderable de Luftres , Gi-
I. Vol. Giuj randoles
208 MERCURE DE FRANCE
randoles , Flambeaux d'argent & de Bras dofez
garnis de bougies .
On commença lè Bal à fix heures qu'on difcontinua
à huit pour fe mettre à table , il y en
avoit quatre de 60 , 50 , 40 & 25 couverts qui
qui furent fervies avec autant de profufion que
de délicateffe, outre deux autres Tables de 30 couverts
chacune , chez deux particuliers de la Nation
, voifins de la Maiſon Confulaire , pour les
Perfonnes qui n'auroient pas pú trouver place
chez le Conful.
Pendant le repas on but les fantez du Roy , de
la Reine , de Monfeigneur le Dauphin , à la profperité
des Nations , chacune en particulier , à
celles des Ambaffadeurs ou Réfidens à la Porte
& on finit par celle des Souverains. On fit a
chaque fanté une falve de cent coups de Canon
des Vaiffeaux François , mouillez vis - à - vis la
Maiſon Confulaire. On refta à table jufqu'à minuit
, & on recommença le Bal , qui ne finit qu'à
fept heures du matin.
Quoiqu'on eut fixé la durée de la Fête à trois
jours , elle continua deux jours de plus à diverfes
repriſes. La Maiſon Confulaire fut également
illuminée , & le vin coula pour le peuple. Il n'y
cut pendant les deux derniers jours que trois Tables
de 60 , de 40 & de 25 couverts , les Nations
Etrangeres n'ayant point été invitées.
Le Vicaire Apoftolique qui réfide à Smirne &
qui eft à la tête du Clergé,s'eft trouvé à toutes les
fonctions de l'Eglife , & à un des repas.
Le fecond jour , le Muffelem , le Grand Douanier
, & autres Turcs de diftinction , voulurent
être témoins de la Fête ; ils pafferent une partie
de la nuit à voir danfer; ils fouperent même dans
·la Sale du Bal , où le Conful leur fit fervir fur
un Sopha , toute forte de Mets à la Turque ,fans
J. Vol. compter
JUIN. 1730. 12.00
compter le Caffé, le Sorbet , Parfums , &c . Ils fe
retirerent à trois heures du matin , autant char
mez de ce qu'ils avoient vûs , que de la maniere
noble & gracieufe avec laquelle le Conful les
avoit reçûs.
marques de
Toutes les différentes Nations de cette Echelle
ont donné dans cette occafion des
joye ; mais les Courtiers Juifs des Négocians
François , fe font particulierement diftinguez.
Ils vinrent le premier jour de la Fête au nombre
de plus de cent à la Maiſon Confulaire, pré-
*cédez de plufieurs Joueurs d'Inftrumens à la ma
niere du Païs. Ils marchoient deux à deux avec
chacun un Cierge allumé à la main.
"
Au milieu de cette efpece de Proceffion,s'élevoit
un Arc de triomphe , porté par quatre perfonnes
, tres -bien illuminé & chargé d'Ecuffons , &
de Banderolles aux arines de France & du Dau
phin ; ils firent le tour de la Cour en danſant
& criant à plufieurs reprifes : Vive le Roy Après
quoi ils allerent fe placer dans deux grandes
Chambres qu'on leur avoit deſtinées au Rez-dechauffée
, où ils trouverent trois Tables couver
tes de differentes Confitures , de Caffé & autres
rafraichiffements qu'ils diftribuoient à tous
venans.
Enfin on
-
peut dire que cette Fête a été des plus
galantes , des mieux ordonnées & des plus magnifiques
; & ce qui a paru de plus extraordi
naire , eft que toute la Maifon Confulaire s'é
tant trouvée remplie de differentes Nations
& en tres grand nombre , le vin y ait été
diftribué dans la plus grande abondance ; il n'eft
pas cependant arrivé le moindre défordre , par
les bons ordres que le Conful avoit donnez. Son
zéle infatigable à fuppléé à tout ; les Sieurs de
a
Saint- Amand & Vincent, Députez du Commer- >
1. Voig
1210 MERCURE DE FRANCE
ce en exercice , ont parfaitement bien ſecondé
-le zele de M. le Conful , de même que le fieur
de S. Amand le cadet , qui s'eft donné beaucoup
de foin pour la conftruction de l'Arc de triomphe
, & des Piramides dont il avoit donné les
deffeins.
Smirne, le 20Janvier 1730. Réjouiffances
faites au fujet de la Naiffance de MON
SEIGNEUR LE DAUPHIN.
R de Fontenu, Conful de France à Smirne,
M'ayant reçu cette heureufe nouvelle , af
fembla chez lui toute la Nation , lui communiqua
les ordres qu'il venoit de recevoir , & fit à
cette occafion un fort beau Difcours. Il fut réfolu
que pour célébrer dignement un tel événement
, on fe conformeroit en quelque façon à ce
qui s'étoit pratiqué en cette Echelle en 1704.
Vol
la
JUIN. 1730. 1203
la naiffance du Duc de Bretagne. La Nation don
na en même -temps aux Sieurs de Saint - Amant
& Vincent , Députez du Commerce , les pou
voirs neceffaires pour faire travailler aux prépa
ratifs.
Le Conful envoya quelques jours après deux
Drogmans , accompagnez de deux Janiffaires,
chez les Confuls d'Angleterre , de Venife &
d'Hollande , pour leur faire part de la Naiffance
du Dauphin. Ils reçurent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye,& ils envoyerent
Le même jour complimenter le Conful de Fran
ce par un pareil nombre d'Interpretes & de Janiffaires
; ils vinrent eux-mêmes quelques jours
après en grande cérémonie,accompagnés de plufieurs
perfonnes de leur Nation , témoigner au
Conful la part fincere qu'ils prenoient à fa joye
& à celle de toute la France . M. de Fontenu leur
rendit vifite dans le même ordre & avec les mêmes
cérémonies , & les pria de la Fête.
Le Conful envoya auffi deux de fes Interpre
tes & deux Janiffaires , chez le Muffelem on
Commandant , le Cady ,le Grand Douanier , le
Serdar ou Commandant des Janiffaires & autres
Puiffances du Païs,pour leur notifier la Naiffance
du Dauphin, à laquelle ils parurent fort fenfibles;
ils ne le furent pas moins aux préfens que le
Conful leur f ( fuivant l'ufage du Pais ) en Ve
ftes de Draps, Caffé, Chocolat & toutes fortes de
Confitures.
La Fête commença le 18 Decembre.On arbora
d'abord le Pavillon de France à la Maiſon
Confulaire, qui fut à l'inſtant falué d'une déchar
.ge de 150 Boëtes & par 200 coups de Canons
des Vaiffeaux François , Anglois , Vénitiens &
Hollandois qui étoient dans le Port. On fit couler
en même temps une Fontaine de vin qui ne
1 Vole Gij difcon1204
MERCURE DE FRANCE
difcontinua que bien avant dans la nuit;une mul
xitude de peuple de toutes fortes de Nations vint
s'y défalterer , pouffant des cris réiterez de joye,
& ne ceffant de boire à la ſanté du Roy , de la
Reine & du Prince nouveau né.
- A trois heures , toute la Nation de France, magnifiquement
habillée , s'étant rendue à la Mai
fon Confulaire , on fe mit en marche. Le Conful
étoit précédé de fes Janniffaires & Interpre
tes , & fuivi de trente Négotians François qui
donnoient la main à un pareil nombre de Dames.
Il fut reçu à la porte de l'Eglife des Capu
cins par le Religieux qui devoit officier. L'Egli
fe de ces Peres, qui eft une des plus belles de tout
de Levant , étoit ornée extraordinairement de
riches Tapifleries , &c. On avoit placé dans le
fond de l'Eglife un magnifique Dais , fous lequel
étoient les Portraits du Roy & de la Reine.
Il regnoit autour de l'Eglife une ceinture de Feftons
, de Luftres , de Tableaux & d'Ecuffons aux
armes du Roy , de la Reine , de Monfeigneur le
Dauphin & de la Ville de Marfeille.
Gloriam
La Cérémonie commença par l'Eloge du Roy,
que le P. Barnabé , Superieur des Capucins , prononça
avec beaucoup d'applaudiffement. Il prit
pour texte ces paroles d'un Pleaume
regni tui dicent: On chanta enfuite le Te Deum
au bruit de 150 Boëtes & de toute l'Artillerie
des Vaiffeaux & autres Bâtimens de toutes fortes
de Nations qui fe trouverent dans le Port. On fit
après la Proceffion autour du Cloître , laquelle
fut terminée en rentrant dans l'Eglife par l'Exau
diat & la benediction du S. Sacrement. Le Conful
fe remit en marche dans le même ordre qu'il
étoit venu , éclairé d'un grand nombre de Flam
beaux , & au fon de tous les Inftrumens qu'on
Byoit pû raffembler; il eut bien de la peine à par
yenir
JUIN. 1730. 1205
venir jufqu'à la porte de la Maiſon Confulaire
tout le peuple y étant accouru pour voir l'illu
mination qui étoit fuperbe par la quantité &
l'arrangement des lumieres ; on avoit placé à
l'extrémité des aîles du Corps de Logis qui don
ne fur la rue , un Arc de Triomphe à deux faces
, de 21 pieds de hauteur,fur 17 de large, foûtenu
par huit Colonnes d'ordre Ionique , entoutées
de Feftons ; fur l'entablement defquelles
étoient les Armes de Monfeigneur le Dauphin ,
& plufieurs Urnes enflammées. L'Arcade avoit
12 pieds de hauteur fur fix de largeur. Elle étoit
furmontée de chaque côté par un beau Cartou
che , dans lequel on lifoit les Infcriptions fui
yantes ;
REGI, REGINE,
ET NATATIBUS
Galli
DELPHINI
Smirnis commorantes
Benè precantur.
L'Infcription du côté de la Cour , étoit
Sereniffimi Delphini incunabulis ,
Galli faufta acclamantes ,
Hunc Arcum triumphalem erexere.
M. D C C. XXI X.
On voyoit au-deffus du Cartouche les Armes
de France , & dans les Intercolonnes de grands
Vafes , chargez de fleurs avec leurs Piédeftaux
fur lefquels on avoit placé plufieurs Emblêmes
convenables au Prince auquel elles étoient appli
quées. Il y en avoit deux de chaque côté .
Une Etoille brillante de la premiere grandeur ,
1. Vol.
au G
1206 MERCURE DE FRANCE.
au coeur de laquelle étoit une Hermine, avec ces
mots :
Nova Lux Pronuntia Pacis.
Un Chêne dans fa vigueur , de lá Tige duquel
fortoient d'autres Chênes de differentes hauteurs.
Plura videbit.
Un Soleil qui diffipe un nuage :
Dum orior umbra fugit.
Un Lionceau dans une Forêt.
Avita virtutis non degener.
'Au fond de la Cour , faifant face à l'Arc de
triomphe , étoit la Fontaine de Vin , & aux côtez
deux Piramides quadrangulaires , hautes de
17 pieds , furmontées d'une Fleur de Lys à quatre
faces , & foutenues par deux Piedeftaux , fur
lefquels on voyoit les Emblêmes fuivantes ":
Un Oranger chargé tout à la fois de fleurs &
de fruits , avec ces paroles :
Gaudia fpemque fimul.
Hercule au berceau , ſe débarraffant de fes
langes , & étoufant un Serpent.
Hinc virtus & labor.
Un grand Lys & de petits Lys qui naiffent de
fa tige.
Ex Lilio Lilia.
Un Grenadier chargé de fruits qui ont tous
cette propriété d'avoir une espece de Diadême.
Nafcendo fert Coronam.
Plufieurs perfonnes devant un Palais qui regardent
un Soleil levant .
Expectatus adeft.
1. Vel.
Une
JU.IN. 1730. 1207
Une Ruche avec un effain d'Abeilles autour de
leur Roy.
Exultatio publica.
Entre les deux Piramides étoient les Armes de
France dans un grand ovale, à bordure dorée, de
18 pieds de tour & plus haut, à quelque diftance
les Portraits du Roy & de la Reine, en grand,
couronnez de Lauriers , de Rofes , d'Oeillets &
des plus belles fleurs qu'on avoit pu trouver
tous les Pilliers de la Cour & des Galeries étoient
entourez de Mirtes , de Guirlandes & de Feftons.
Il y avoit un pareil Tableau aux armes du Roy,
dans l'enfoncement du Corps de Logis du côté
de la ruë.
Sur les cinq heures du foir la Maifon Confu
laire parut toute en feu dans moins d'un quart
d'heure ; l'Arc de triomphe , & les deux grands
Tableaux , aux armes du Roy , étoient chargez
d'un nombre infini de Lampions , & les deux Piramides,
depuis leurs bafes jufqu'en haut, des Fanaux
aux armes du Roy & de Monfeigneur le
Dauphin.
La Galerie qui regne autour de la Maiſon étoit
auffi extraordinairement éclairée par quatre ceintures
de lumieres, placées avec fimétrie . Toutes ces
Jumieres ainfi difpofées fembloient fe multiplier
fans nombre par la réfléxion des Vitrages ; &
enfin cette illumination fut vue avec admiration
par toutes les differentes Nations établies à Smirne.
Le derriere de la Maiſon qui fait face à la
Mer , n'étoit pas moins bien éclairée , & faifoit
une perfpective charmante pour ceux qui étoient
fur les Vaiffeaux & fur les autres Bâtimens du
Port.On avoit employé plus de 6000 Fanaux ou
Lampions à cette illumination , fans compter
tous les appartemens qui étoient éclairez par
une quantité tres confiderable de Luftres , Gi-
I. Vol. Giuj randoles
208 MERCURE DE FRANCE
randoles , Flambeaux d'argent & de Bras dofez
garnis de bougies .
On commença lè Bal à fix heures qu'on difcontinua
à huit pour fe mettre à table , il y en
avoit quatre de 60 , 50 , 40 & 25 couverts qui
qui furent fervies avec autant de profufion que
de délicateffe, outre deux autres Tables de 30 couverts
chacune , chez deux particuliers de la Nation
, voifins de la Maiſon Confulaire , pour les
Perfonnes qui n'auroient pas pú trouver place
chez le Conful.
Pendant le repas on but les fantez du Roy , de
la Reine , de Monfeigneur le Dauphin , à la profperité
des Nations , chacune en particulier , à
celles des Ambaffadeurs ou Réfidens à la Porte
& on finit par celle des Souverains. On fit a
chaque fanté une falve de cent coups de Canon
des Vaiffeaux François , mouillez vis - à - vis la
Maiſon Confulaire. On refta à table jufqu'à minuit
, & on recommença le Bal , qui ne finit qu'à
fept heures du matin.
Quoiqu'on eut fixé la durée de la Fête à trois
jours , elle continua deux jours de plus à diverfes
repriſes. La Maiſon Confulaire fut également
illuminée , & le vin coula pour le peuple. Il n'y
cut pendant les deux derniers jours que trois Tables
de 60 , de 40 & de 25 couverts , les Nations
Etrangeres n'ayant point été invitées.
Le Vicaire Apoftolique qui réfide à Smirne &
qui eft à la tête du Clergé,s'eft trouvé à toutes les
fonctions de l'Eglife , & à un des repas.
Le fecond jour , le Muffelem , le Grand Douanier
, & autres Turcs de diftinction , voulurent
être témoins de la Fête ; ils pafferent une partie
de la nuit à voir danfer; ils fouperent même dans
·la Sale du Bal , où le Conful leur fit fervir fur
un Sopha , toute forte de Mets à la Turque ,fans
J. Vol. compter
JUIN. 1730. 12.00
compter le Caffé, le Sorbet , Parfums , &c . Ils fe
retirerent à trois heures du matin , autant char
mez de ce qu'ils avoient vûs , que de la maniere
noble & gracieufe avec laquelle le Conful les
avoit reçûs.
marques de
Toutes les différentes Nations de cette Echelle
ont donné dans cette occafion des
joye ; mais les Courtiers Juifs des Négocians
François , fe font particulierement diftinguez.
Ils vinrent le premier jour de la Fête au nombre
de plus de cent à la Maiſon Confulaire, pré-
*cédez de plufieurs Joueurs d'Inftrumens à la ma
niere du Païs. Ils marchoient deux à deux avec
chacun un Cierge allumé à la main.
"
Au milieu de cette efpece de Proceffion,s'élevoit
un Arc de triomphe , porté par quatre perfonnes
, tres -bien illuminé & chargé d'Ecuffons , &
de Banderolles aux arines de France & du Dau
phin ; ils firent le tour de la Cour en danſant
& criant à plufieurs reprifes : Vive le Roy Après
quoi ils allerent fe placer dans deux grandes
Chambres qu'on leur avoit deſtinées au Rez-dechauffée
, où ils trouverent trois Tables couver
tes de differentes Confitures , de Caffé & autres
rafraichiffements qu'ils diftribuoient à tous
venans.
Enfin on
-
peut dire que cette Fête a été des plus
galantes , des mieux ordonnées & des plus magnifiques
; & ce qui a paru de plus extraordi
naire , eft que toute la Maifon Confulaire s'é
tant trouvée remplie de differentes Nations
& en tres grand nombre , le vin y ait été
diftribué dans la plus grande abondance ; il n'eft
pas cependant arrivé le moindre défordre , par
les bons ordres que le Conful avoit donnez. Son
zéle infatigable à fuppléé à tout ; les Sieurs de
a
Saint- Amand & Vincent, Députez du Commer- >
1. Voig
1210 MERCURE DE FRANCE
ce en exercice , ont parfaitement bien ſecondé
-le zele de M. le Conful , de même que le fieur
de S. Amand le cadet , qui s'eft donné beaucoup
de foin pour la conftruction de l'Arc de triomphe
, & des Piramides dont il avoit donné les
deffeins.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne, le 20 Janvier 1730. Réjoüissances faites au sujet de la Naissance de MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.
Le 20 janvier 1730, à Smirne, le consul de France, M. de Fontenu, a appris la naissance du Dauphin. Il a immédiatement informé la communauté française locale et prononcé un discours. Les festivités ont été organisées en s'inspirant de celles de 1704 pour la naissance du Duc de Bretagne. Les députés du commerce, les Sieurs de Saint-Amant et Vincent, ont été chargés des préparatifs. Le consul a envoyé des drogmans et des janissaires aux consuls d'Angleterre, de Venise et de Hollande pour annoncer la naissance du Dauphin. Ces derniers ont exprimé leur joie et envoyé des compliments au consul de France. Des visites cérémonielles ont suivi entre les consuls et les dignitaires locaux, incluant le mufti, le cadi, le grand douanier et le serdar. La fête a débuté le 18 décembre avec l'arboration du pavillon français et des salves de mousquets et de canons. Une fontaine de vin a été ouverte, attirant une multitude de personnes de diverses nations. Le consul, accompagné de janissaires, d'interprètes et de négociants français, s'est rendu à l'église des Capucins, décorée de riches tapisseries et de portraits du roi et de la reine. La cérémonie a inclus un éloge du roi, un Te Deum et une procession autour du cloître. La maison consulaire a été illuminée avec des flambeaux et des lampions. Un arc de triomphe et des pyramides décorées d'emblèmes et d'inscriptions ont été érigés. Les festivités ont inclus un bal, des repas somptueux et des salves de canon. Les célébrations ont duré cinq jours, avec la participation de diverses nations et dignitaires locaux. Les Juifs courtiers des négociants français se sont particulièrement distingués par leurs marques de joie. La fête a été marquée par une grande abondance de vin sans désordre, grâce aux bons ordres du consul et au zèle des députés du commerce.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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787
p. 1210-1213
RÉJOUISSANCES faites à Chypres. Extrait d'une Lettre écrite le 25. Février 1730.
Début :
M. de Montgrand, Consul de France à Chypres, dont la demeure est à Lernica, n'eut [...]
Mots clefs :
Réjouissances, Consul de France, Chypre, Naissance du Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites à Chypres. Extrait d'une Lettre écrite le 25. Février 1730.
REJOUISSANCES
faites à Chypres.
Extrait d'une Lettre écrite le 25. Février
1730.
Mi
.de Montgrand , Conful de France à Chypres
, dont la demeure eft à Lernica , n'eut
pas plutôt appris la Naiffance de Monfeigneur le
-Dauphin , qu'il en fit part au Corps de la Nation
, & on travailla , fans perdre temps aux
préparatifs pour les réjouiffances.
Le Conful , après avoir fait avertir par fon
premier Interprete , le Gouverneur du Pays , des
réjouiflances qu'on alloit faire , & du fujet qui
les occafionnoit , fe rendit le matin du 6. Février
en ceremonie , & fuivi de la Nation , à l'Eglife
Paroiffiale des Cordeliers de la Terre- Sainte
pour affifter à la grande Meffe que le Pere Gardien
celebra folemnelement , à la fin de laquelle
le Pere Prédicateur fit un très - beau Difcours Italien
fur la Fête qu'on celebroit , fon Texte étoit :
A Domino factum eft iftud , & eft mirabile oculis
noftris . On chanta enfuite le Te Deum enMufique,
pendant lequel on fit une décharge de quantité
de boëtes & de toute l'artillerie des Bâtimens
qui fe trouverent à la rade . Le Conful fe rendit
enfuite , avec le même Cortege , à la Maiſon
Confulaire , où les Confuls étrangers , fuivis de
leurs Nations , vinrent faire leur compliment.
On ne s'entreţint enfuite que de jeux , de plai
firs 1. Vo.
JUIN. 1730, 1211
frs & de divertiffemens , en attendant l'heure du
dîner. Le Conful avoit donné de fi bons ordres ,
fecondé par le fieur Manaire , Deputé du Commerce
, qu'il fit fervir un fuperbe Repas fur
deux differentes Tables , l'une de 40. Couverts,
& l'autre de 30. Tout fut trouvé de la derniere
délicateffe , les Vins de Chypres fi renommés y
furent répandus avec profufion ; le Conful com
mença le premier à boire la Santé du Roy , de la
Reine , & de Monfeigneur le Dauphin ; toute la
Nation , les Capitaines des vaiffeaux , & tous les
Etrangers invités fuivirent fon exemple , pendant
qu'on faifoit tirer un grand nombre de boëtes
placées dans le Jardin. Plufieurs Perfonnes diftinguées
du Pays vinrent prendre part à la Fête , &
on leur préfenta toutes fortes de rafraîchiffemens.
Après le Diner on commença le Bal' , qu'on
interrompit fur les quatre heures , pour aller en
ceremonie chanter un fecond Te Deum , à la
Chapelle du Roy , chez les Peres Capucins . Le
Pere Superieur fit un Difcours fur la Naiffance
du Prince ; il y eut le Salut enfuite , & la Benediction
du S. Sacrement , au bruit d'une déchar→
de boëtes.
gc
On retourna à la Maiſon Confulaire , où l'on
continua le Bal jufqu'à l'heure du Souper,qui fut
fervi avec la même profufion , les Santés Roya
les y furent encore buës plus d'une fois ,au bruit
des boetes qui ne cefforent de tirer , pendant
qu'une bande de douze Violons jouoient differens
Airs à la maniere du Pays , ce qui divertit beau--
coup pendant la Fête.
Le grand vent qu'il fit ce jour- là empêcha Pil
Junination qu'on devoit faire le foir , elle fut re
nife au premier jour calme ; cependant tout
étoit prêt , & les portes des maifons de tous les
AnVol-2
Gvji Fran
212 MERCURE DE FRANCE
François étoient déja ornées d'un Arc de triomphe
fait de lierre & de laurier , avec diverfes
Guirlandes de fleurs & de fruits , en forme de
Couronnes , avec ces Devifes :
•
Ridet humus , ridet Zephiris fpirantibus ather¿
It tota in plaufus altera Roma noves.
Et fous un Soleil naiffant on lifoit ,
Nec pluribus impar.
Après le Souper on reprit encore le Bal dans
une autre Sale très-vafte , ornée de quantité de
Luftres garnis de bougies. On y danſa jufqu'à
deux heures du matin à la Françoiſe , à la Gre
que , & à la Turque ; il y eut même quantité de
Mafques inconnus , qui furent très-bien reçus
on les fit danfer , & on leur prefenta des rafraî
chiffemens ; enfin tout ſe paſſa ſans la moindre
confufion.
Les deux jours fuivans , le 7. & le 8. Fevrier ,
les Fêtes recommencerent , le Te Deum fut encore
chanté avec les mêmes ceremonies , & les
Repas fervis avec la même delicateffe ; les Santés
Royales y furent encore buës , au bruit des boëtes
, & il y eut pendant les trois jours plus de
4000. verres caffés. Le Bal a toujours terminé
les réjouiffances de chaque jour , mais fans illumination
à caufe du vent.
Cela fut reparé le 11. par un tems des plus
favorables , chaque particulier ayant imaginé
quelque chofe d'ingenieux pour fe diftinguer en
illumination , les uns avoient élevé fur leurs
terraffes des Piramides d'une hauteur proportionnée
, dont les angles étoient garni à fond
de lampions , d'autres y avoient formé en illu
mination differentes Figures par le moyen d'un
A Vola
nombre
JUIN. 1730. 1213
nombre infini de Lampes fufpendues ; on apercevoit
fur d'autres Terraffes des Globes de feu
pofés à l'extrémité des Piramides , ce qui produifoit
un effet merveilleux. Outre toutes ces
ingenieufes illuminations , chacun avoit allumé
un feu de joye devant fa porte , & fait illuminer
les deffus des Galeries , les Terraffes , les Croifées
, &c. Tous les Bâtimens qui étoient en rade
étoient auffi illuminez ; on y voyoit un fuperbe
Obelifque , artiftement travaillé , qui s'élevoit
felon les regles de l'équilibre tout le long de
l'Enſeigne du Pavillon , élevé à la hauteur de 60%
pieds , garni de 1200. Lampes de verre , en égales
diftances , ce qui faifoit l'admiration de tout
le monde.
La petite Ville de Lernica parut en même tems
toute en feu par la quantité de Fufées qui partoient
d'un Feu d'Artifice , & qui rempliffoient .
l'air de mille clartez des plus brillantes ; on joignit
à cela une déchargé de Moufquetairie,, de
Petards , de Boëtes , & de fept Pieces de canon
de fonte , qu'un des Marchands François avoit
fait mettre en batterie chez luy.
Les deux jours fuivans furent encore employés
à réiterer les mêmes illuminations & les autres
marques de joye qui égalerent celles du premier
jour par les bons ordres que le Conful & le
Deputé avoient donnez , pour qu'il ne manqua
rien à la Fête , ayant même fait diftribuer des
aumônes aux pauvres.
Les principaux Marchands de la Nation ne fe
contenterent pas d'avoir pris part à la Fête publique
, ils voulurent encore témoigner leur zele
par des Fêtes particulieres ; chacun en fit à fon
tour par des Affemblées , des Repas , des Danfes
, &c. ce qui continua tout le refte du Carna →
yal.
faites à Chypres.
Extrait d'une Lettre écrite le 25. Février
1730.
Mi
.de Montgrand , Conful de France à Chypres
, dont la demeure eft à Lernica , n'eut
pas plutôt appris la Naiffance de Monfeigneur le
-Dauphin , qu'il en fit part au Corps de la Nation
, & on travailla , fans perdre temps aux
préparatifs pour les réjouiffances.
Le Conful , après avoir fait avertir par fon
premier Interprete , le Gouverneur du Pays , des
réjouiflances qu'on alloit faire , & du fujet qui
les occafionnoit , fe rendit le matin du 6. Février
en ceremonie , & fuivi de la Nation , à l'Eglife
Paroiffiale des Cordeliers de la Terre- Sainte
pour affifter à la grande Meffe que le Pere Gardien
celebra folemnelement , à la fin de laquelle
le Pere Prédicateur fit un très - beau Difcours Italien
fur la Fête qu'on celebroit , fon Texte étoit :
A Domino factum eft iftud , & eft mirabile oculis
noftris . On chanta enfuite le Te Deum enMufique,
pendant lequel on fit une décharge de quantité
de boëtes & de toute l'artillerie des Bâtimens
qui fe trouverent à la rade . Le Conful fe rendit
enfuite , avec le même Cortege , à la Maiſon
Confulaire , où les Confuls étrangers , fuivis de
leurs Nations , vinrent faire leur compliment.
On ne s'entreţint enfuite que de jeux , de plai
firs 1. Vo.
JUIN. 1730, 1211
frs & de divertiffemens , en attendant l'heure du
dîner. Le Conful avoit donné de fi bons ordres ,
fecondé par le fieur Manaire , Deputé du Commerce
, qu'il fit fervir un fuperbe Repas fur
deux differentes Tables , l'une de 40. Couverts,
& l'autre de 30. Tout fut trouvé de la derniere
délicateffe , les Vins de Chypres fi renommés y
furent répandus avec profufion ; le Conful com
mença le premier à boire la Santé du Roy , de la
Reine , & de Monfeigneur le Dauphin ; toute la
Nation , les Capitaines des vaiffeaux , & tous les
Etrangers invités fuivirent fon exemple , pendant
qu'on faifoit tirer un grand nombre de boëtes
placées dans le Jardin. Plufieurs Perfonnes diftinguées
du Pays vinrent prendre part à la Fête , &
on leur préfenta toutes fortes de rafraîchiffemens.
Après le Diner on commença le Bal' , qu'on
interrompit fur les quatre heures , pour aller en
ceremonie chanter un fecond Te Deum , à la
Chapelle du Roy , chez les Peres Capucins . Le
Pere Superieur fit un Difcours fur la Naiffance
du Prince ; il y eut le Salut enfuite , & la Benediction
du S. Sacrement , au bruit d'une déchar→
de boëtes.
gc
On retourna à la Maiſon Confulaire , où l'on
continua le Bal jufqu'à l'heure du Souper,qui fut
fervi avec la même profufion , les Santés Roya
les y furent encore buës plus d'une fois ,au bruit
des boetes qui ne cefforent de tirer , pendant
qu'une bande de douze Violons jouoient differens
Airs à la maniere du Pays , ce qui divertit beau--
coup pendant la Fête.
Le grand vent qu'il fit ce jour- là empêcha Pil
Junination qu'on devoit faire le foir , elle fut re
nife au premier jour calme ; cependant tout
étoit prêt , & les portes des maifons de tous les
AnVol-2
Gvji Fran
212 MERCURE DE FRANCE
François étoient déja ornées d'un Arc de triomphe
fait de lierre & de laurier , avec diverfes
Guirlandes de fleurs & de fruits , en forme de
Couronnes , avec ces Devifes :
•
Ridet humus , ridet Zephiris fpirantibus ather¿
It tota in plaufus altera Roma noves.
Et fous un Soleil naiffant on lifoit ,
Nec pluribus impar.
Après le Souper on reprit encore le Bal dans
une autre Sale très-vafte , ornée de quantité de
Luftres garnis de bougies. On y danſa jufqu'à
deux heures du matin à la Françoiſe , à la Gre
que , & à la Turque ; il y eut même quantité de
Mafques inconnus , qui furent très-bien reçus
on les fit danfer , & on leur prefenta des rafraî
chiffemens ; enfin tout ſe paſſa ſans la moindre
confufion.
Les deux jours fuivans , le 7. & le 8. Fevrier ,
les Fêtes recommencerent , le Te Deum fut encore
chanté avec les mêmes ceremonies , & les
Repas fervis avec la même delicateffe ; les Santés
Royales y furent encore buës , au bruit des boëtes
, & il y eut pendant les trois jours plus de
4000. verres caffés. Le Bal a toujours terminé
les réjouiffances de chaque jour , mais fans illumination
à caufe du vent.
Cela fut reparé le 11. par un tems des plus
favorables , chaque particulier ayant imaginé
quelque chofe d'ingenieux pour fe diftinguer en
illumination , les uns avoient élevé fur leurs
terraffes des Piramides d'une hauteur proportionnée
, dont les angles étoient garni à fond
de lampions , d'autres y avoient formé en illu
mination differentes Figures par le moyen d'un
A Vola
nombre
JUIN. 1730. 1213
nombre infini de Lampes fufpendues ; on apercevoit
fur d'autres Terraffes des Globes de feu
pofés à l'extrémité des Piramides , ce qui produifoit
un effet merveilleux. Outre toutes ces
ingenieufes illuminations , chacun avoit allumé
un feu de joye devant fa porte , & fait illuminer
les deffus des Galeries , les Terraffes , les Croifées
, &c. Tous les Bâtimens qui étoient en rade
étoient auffi illuminez ; on y voyoit un fuperbe
Obelifque , artiftement travaillé , qui s'élevoit
felon les regles de l'équilibre tout le long de
l'Enſeigne du Pavillon , élevé à la hauteur de 60%
pieds , garni de 1200. Lampes de verre , en égales
diftances , ce qui faifoit l'admiration de tout
le monde.
La petite Ville de Lernica parut en même tems
toute en feu par la quantité de Fufées qui partoient
d'un Feu d'Artifice , & qui rempliffoient .
l'air de mille clartez des plus brillantes ; on joignit
à cela une déchargé de Moufquetairie,, de
Petards , de Boëtes , & de fept Pieces de canon
de fonte , qu'un des Marchands François avoit
fait mettre en batterie chez luy.
Les deux jours fuivans furent encore employés
à réiterer les mêmes illuminations & les autres
marques de joye qui égalerent celles du premier
jour par les bons ordres que le Conful & le
Deputé avoient donnez , pour qu'il ne manqua
rien à la Fête , ayant même fait diftribuer des
aumônes aux pauvres.
Les principaux Marchands de la Nation ne fe
contenterent pas d'avoir pris part à la Fête publique
, ils voulurent encore témoigner leur zele
par des Fêtes particulieres ; chacun en fit à fon
tour par des Affemblées , des Repas , des Danfes
, &c. ce qui continua tout le refte du Carna →
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites à Chypres. Extrait d'une Lettre écrite le 25. Février 1730.
Le 25 février 1730, M. de Montgrand, consul de France à Chypre résidant à Lernica, annonça la naissance du Dauphin au Corps de la Nation. Des préparatifs pour les réjouissances furent rapidement organisés. Le 6 février, le consul assista à une messe solennelle à l'église paroissiale des Cordeliers de la Terre Sainte. Un discours en italien fut prononcé, suivi du chant du Te Deum accompagné de salves d'artillerie. Le consul et son cortège se dirigèrent ensuite à la Maison Consulaire, où des consuls étrangers vinrent présenter leurs compliments. Des jeux, des plaisirs et des divertissements furent organisés avant un somptueux repas servi sur deux tables, avec des vins de Chypre renommés. Les santés du Roi, de la Reine et du Dauphin furent portées, accompagnées de tirs de boëtes. Après le dîner, un bal fut interrompu pour un second Te Deum chez les Pères Capucins, suivi d'un salut et d'une bénédiction. Le bal reprit à la Maison Consulaire jusqu'au souper, où les santés royales furent à nouveau portées. Un grand vent empêcha la pillerie prévue pour le lendemain, mais les maisons étaient déjà ornées d'arcs de triomphe et de devises. Les fêtes continuèrent les 7 et 8 février avec des Te Deum, des repas délicats et des bals. Le 11 février, des illuminations ingénieuses eurent lieu, avec des pyramides de lampions, des figures lumineuses et des feux de joie. La ville de Lernica fut illuminée par des fusées et des feux d'artifice, accompagnés de décharges de mousqueterie et de canon. Les jours suivants, les illuminations et les marques de joie furent réitérées. Les principaux marchands de la Nation organisèrent également des fêtes particulières tout au long du carnaval.
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788
p. 1214-1216
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
Début :
M. Benoît le Maire, Consul de France en cette Echelle, n'eut pas plutôt reçu la nouvelle [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Roi, Consul de France
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde,
le 25. Janvier 1730.
Benoît le Maire , Conful de France en
Mcette Echelle , n'eut pas plutôt reçu la nouyelle
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin,
qu'il fit convoquer auffi-tôt toute la Nation, pour
luy faire part d'un heureux évenement ; on
travailla dès le même jour à faire tous les préparatifs
neceffaires pour celebrer avec éclat une fi
heureufe Naiffance.
Le 14. Janvier , veille du jour deſtiné aux réjouiffances
, le Conful accompagné des Deputez
de la Nation , & de tous les Negocians , alla
rendre vifite au Pacha , pour avoir fon agrément
fur les réjouiffances qu'on alloit faire , afin que
les Sujets du Grand - Seigneur puffent être les té
moins de la veneration & de l'amour que les
François ont pour leur Roy & pour toute fa
Royale Famille. Ce Gouverneur reçut le Conful
très-gracieuſement , il témoigna prendre beaucoup
de part à cet évenement , & accorda tout ce
qu'on luy demandoit.
Le 15. toute la Nation précedée des deux Deputez
du Commerce , allerent prendre le Conful.
& fe rendirent , en grande ceremonie , à l'Eglife
des Religieux de la Terre- Sainte , fuivis d'une
multitude de peuples. On y chanta folemnellement
la grande Meffe & l'Exaudiat , au bruit
d'une décharge de Boetes ; les Timbales , les
Tambours & les Fifres fuccederent à cette déchar
ge , ce qui fut continué prefque toute la journée.
Le Conful fut reconduit avec tout fon cortege
à la Maiſon Confulaire , où l'on fervit un Repas
magnifique , en ambigu , compofé de toutes for
tess
JUIN. 1730. 1215
tes de Mets , & des Vins les plus exquis ; on y
but , à plufieurs reprifes , les fantez du Roy , de
la Reine , & de toute la Famille Royale , au
bruit d'une pareille décharge de Boëtes . Le Bal
fucceda au Repas ; & pour procurer quelque divertiffement
à cette multitude de peuples qui étoit
accouruë au Kan des François , on fit entrer
dans la cour une troupe de Danfeurs de cordes ,
Joueurs d'inftrumens & de gobelets , qui divertit
parfaitement cette populace.
On avoit placé fur la porte du Kan le Portrait
du Roy , fous un fuperbe Dais , & toute la façade
étoit ornée de riches Tapifferies , & des Etofes
les plus rares. Comme l'ufage du vin eſt défendu
en Turquie , le Conful fit diftribuer du Caffé &
toutes fortes de rafraîchiffemens à l'ufage du
pays , qu'on prefentoit à toutes fortes de perfonnes.
Sur le foir , le Conful , accompagné de la Na
tion , fe rendit encore à l'Eglife , ou le Te Deum
fut chanté en Mufique , au bruit des Boetes &
des Fanfares ; on revint à la Maiſon Confulaire
où l'on fervit un fecond Repas avec la même
profufion.
A l'entrée de la nuit le Kan parut tout en feu
par l'illumination qui parut tout d'un coup. On
avoit placé une quantité innombrable de lam--
pions fur les terraffes , les galeries , les croisées ,
& fur tous les endroits qui en pouvoient conte
* Vafte Bâtiment quarré & ifolé en forme de
Cloître , où le Conful & tous les Negocians
François font logez dans des differents Appar
temens très commodes ; il y a une Cour Spa
tieufe , au milieu de laquelle il y a un magnifique
Baffin de marbre avec plufieurs Jers
d'eau.
at I Vil
A
1216 MERCURE DE FRANCE ,
ir. La façade du Kan où étoit le Portrait du
Roy , étoit fort ingenieufement illuminée . On
avoit auffi placé avec fymetrie une quantité
de lampions fur les arbres qui font autour
du Baffin , qui faifoient un effet admirable ,
fans compter une Piramide quadrangulaire de
60. pieds de hauteur , couverte de plus de 2000 .
lampions , qui s'élevoient fur le grand Baffin de
marbre du milieu de la cour du Kan , dont les
lumieres fe repetoient dans l'eau , ce qui produifoit
un grand éclat. On tira pendant l'illumination
quantité de Fufées , Pots à feu , &c . ce qui
continua pendant toute la nuit.
Les deux jours fuivans fe pafferent également
en réjouiffances ; le Te Deum fut chanté encore
avec beaucoup de folemnité chez les Peres Capucins,
avec les mêmes décharges de Boëtes ,Trompetes
, Timballes , & c. Enfin tout répondit parfaitement
aux foins que le Conful & les Députez
de la Nation s'étoient donnez pour l'exécution
d'une fi belle Fête. Celle du troifiéme jour fut un
peu dérangée, & fur tout l'illumination , par une
pluye très- abondante qui furvint ; cette même
pluye fut encore un nouveau fujet de réjouiffance
; tout le monde étoit en priere depuis trois
' mois pour en avoir , & la fechereffe regnoit à un
point à faire craindre des fuites fâcheufes pour la
recolte du bled. Tous ces peuples recommencerent
leurs danfes , ils allerent en foule où étoit le
Portrait du Poy , pouffer des cris de joye & de
remerciement, attribuant à ce Monarque la playe
abondante qui les garantiffoit d'une prochaine
famine,
le 25. Janvier 1730.
Benoît le Maire , Conful de France en
Mcette Echelle , n'eut pas plutôt reçu la nouyelle
de la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin,
qu'il fit convoquer auffi-tôt toute la Nation, pour
luy faire part d'un heureux évenement ; on
travailla dès le même jour à faire tous les préparatifs
neceffaires pour celebrer avec éclat une fi
heureufe Naiffance.
Le 14. Janvier , veille du jour deſtiné aux réjouiffances
, le Conful accompagné des Deputez
de la Nation , & de tous les Negocians , alla
rendre vifite au Pacha , pour avoir fon agrément
fur les réjouiffances qu'on alloit faire , afin que
les Sujets du Grand - Seigneur puffent être les té
moins de la veneration & de l'amour que les
François ont pour leur Roy & pour toute fa
Royale Famille. Ce Gouverneur reçut le Conful
très-gracieuſement , il témoigna prendre beaucoup
de part à cet évenement , & accorda tout ce
qu'on luy demandoit.
Le 15. toute la Nation précedée des deux Deputez
du Commerce , allerent prendre le Conful.
& fe rendirent , en grande ceremonie , à l'Eglife
des Religieux de la Terre- Sainte , fuivis d'une
multitude de peuples. On y chanta folemnellement
la grande Meffe & l'Exaudiat , au bruit
d'une décharge de Boetes ; les Timbales , les
Tambours & les Fifres fuccederent à cette déchar
ge , ce qui fut continué prefque toute la journée.
Le Conful fut reconduit avec tout fon cortege
à la Maiſon Confulaire , où l'on fervit un Repas
magnifique , en ambigu , compofé de toutes for
tess
JUIN. 1730. 1215
tes de Mets , & des Vins les plus exquis ; on y
but , à plufieurs reprifes , les fantez du Roy , de
la Reine , & de toute la Famille Royale , au
bruit d'une pareille décharge de Boëtes . Le Bal
fucceda au Repas ; & pour procurer quelque divertiffement
à cette multitude de peuples qui étoit
accouruë au Kan des François , on fit entrer
dans la cour une troupe de Danfeurs de cordes ,
Joueurs d'inftrumens & de gobelets , qui divertit
parfaitement cette populace.
On avoit placé fur la porte du Kan le Portrait
du Roy , fous un fuperbe Dais , & toute la façade
étoit ornée de riches Tapifferies , & des Etofes
les plus rares. Comme l'ufage du vin eſt défendu
en Turquie , le Conful fit diftribuer du Caffé &
toutes fortes de rafraîchiffemens à l'ufage du
pays , qu'on prefentoit à toutes fortes de perfonnes.
Sur le foir , le Conful , accompagné de la Na
tion , fe rendit encore à l'Eglife , ou le Te Deum
fut chanté en Mufique , au bruit des Boetes &
des Fanfares ; on revint à la Maiſon Confulaire
où l'on fervit un fecond Repas avec la même
profufion.
A l'entrée de la nuit le Kan parut tout en feu
par l'illumination qui parut tout d'un coup. On
avoit placé une quantité innombrable de lam--
pions fur les terraffes , les galeries , les croisées ,
& fur tous les endroits qui en pouvoient conte
* Vafte Bâtiment quarré & ifolé en forme de
Cloître , où le Conful & tous les Negocians
François font logez dans des differents Appar
temens très commodes ; il y a une Cour Spa
tieufe , au milieu de laquelle il y a un magnifique
Baffin de marbre avec plufieurs Jers
d'eau.
at I Vil
A
1216 MERCURE DE FRANCE ,
ir. La façade du Kan où étoit le Portrait du
Roy , étoit fort ingenieufement illuminée . On
avoit auffi placé avec fymetrie une quantité
de lampions fur les arbres qui font autour
du Baffin , qui faifoient un effet admirable ,
fans compter une Piramide quadrangulaire de
60. pieds de hauteur , couverte de plus de 2000 .
lampions , qui s'élevoient fur le grand Baffin de
marbre du milieu de la cour du Kan , dont les
lumieres fe repetoient dans l'eau , ce qui produifoit
un grand éclat. On tira pendant l'illumination
quantité de Fufées , Pots à feu , &c . ce qui
continua pendant toute la nuit.
Les deux jours fuivans fe pafferent également
en réjouiffances ; le Te Deum fut chanté encore
avec beaucoup de folemnité chez les Peres Capucins,
avec les mêmes décharges de Boëtes ,Trompetes
, Timballes , & c. Enfin tout répondit parfaitement
aux foins que le Conful & les Députez
de la Nation s'étoient donnez pour l'exécution
d'une fi belle Fête. Celle du troifiéme jour fut un
peu dérangée, & fur tout l'illumination , par une
pluye très- abondante qui furvint ; cette même
pluye fut encore un nouveau fujet de réjouiffance
; tout le monde étoit en priere depuis trois
' mois pour en avoir , & la fechereffe regnoit à un
point à faire craindre des fuites fâcheufes pour la
recolte du bled. Tous ces peuples recommencerent
leurs danfes , ils allerent en foule où étoit le
Portrait du Poy , pouffer des cris de joye & de
remerciement, attribuant à ce Monarque la playe
abondante qui les garantiffoit d'une prochaine
famine,
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Seyde, le 25. Janvier 1730.
Le 25 janvier 1730, Benoît le Maire, consul de France à Mcette Echelle, annonça la naissance du Dauphin en convoquant la nation pour célébrer cet événement. Le 14 janvier, il obtint l'autorisation du Pacha pour organiser des réjouissances, afin de montrer la vénération et l'amour des Français pour leur roi et la famille royale. Ces festivités incluaient des députés et des négociants. Le 15 janvier, une grande cérémonie religieuse fut organisée à l'église des Religieux de la Terre-Sainte, suivie d'un repas somptueux à la maison consulaire. Des divertissements, tels que des danses et des spectacles, furent offerts à la population. Le bâtiment consulaire fut illuminé et décoré avec des portraits du roi et des lampions. Les festivités se poursuivirent les jours suivants, avec des Te Deum et des illuminations. Une pluie abondante, bien que perturbant l'illumination du troisième jour, fut perçue comme une bénédiction, mettant fin à une sécheresse prolongée.
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789
p. 1217-1218
LETTRE écrite de Rame, le 4. Janvier 1730.
Début :
Le Consul de France à Rame ayant appris l'heureuse nouvelle de la Naissance d'un [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Rame, le 4. Janvier 1730.
LETTRE écrite de Rame , le 4.
Janvier 1730.
E Conful de France à Rame ayant appris
LFConfil à
Dauphin , alla en ceremonie le 27. Decembre
dernier , accompagné de toute la Nation , &
d'une Compagnie de Fufeliers , compofée de so.
hommes , Catholiques , Grecs , & Gens du Pays,
à l'Eglife des Religieux de la Terre- Sainte , que
le Pere Préfident du Convent avoit fait orner
des plus belles Tapifferies. La Meffe y fut chan
tée avec toute la folemnité poffible , & le Te
Deum , pendant lequel on fit plufieurs décharges
de Moufqueterie : les Tambours , Timbales ,
& autres Inftrumens du Gouverneur de la Ville ,
fe firent entendre pendant tout le Service. " Le
Conful avoit eu la précaution de prendre l'agrément
de ce Gouverneur pour la Fête qu'il devoit
donner.
Après la Meffe , le Conful fortit de l'Eglife
accompagné du même Cortege , & de la Compagnie
des Fufeliers , & fe rendit à ſa maiſon
où l'on fervit à dîner au Préfident , à fon Curé ,
& à toute la Nation ; on but les fantez du Roy
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , au
bruit de la Moufqueterie & des Inftrumens ; on
fit diftribuer des vivres & des rafraîchiffemens à
toutes les perfonnes du pays qui s'étoient rendues
à la Maiſon Confulaire pour voir la Fête.
A l'entrée de la nuit le Conful fe rendit encore
avec le même Cortege & la même fuite , à l'Eglife
où le Te Deum fut chanté, comme le matin
, au bruit de la Moufqueterie & des Inftrumens;
après quoi le Conful , accompagné des .
Religieux & de la Nation , alla allumer un
I. Vol. grand
1218 MERCURE DE FRANCE
grand Feu qu'il avoit fait préparer hors la porte
de la ville. On revint enfuite à la Maiſon Confulaire
, qu'on trouva illuminée en lampions
d'une maniere très ingenieufe , on fervit un Repas
auffi delicat que celuy du matin , pendant lequel
les Inftrumens ne cefferent de jouer,
Le Gouverneur & autres Puiffances du Pays
voulant prendre part à la Fête , fe rendirent fur
le foir à la Maiſon Confulaire , où on leur fervit
une Collation , compofée de confitures, fruits
du Pays , Sorbet , Caffé , &c. Ce Gouverneur
pour rendre la Fête encore plus réjouiffante ,
avoit amené avec luy des Danfeurs & des Boufons
du Pays , qui divertirent beaucoup , & qui
terminerent la Fête , après avoir dansé une par
tie de la nuit.
Janvier 1730.
E Conful de France à Rame ayant appris
LFConfil à
Dauphin , alla en ceremonie le 27. Decembre
dernier , accompagné de toute la Nation , &
d'une Compagnie de Fufeliers , compofée de so.
hommes , Catholiques , Grecs , & Gens du Pays,
à l'Eglife des Religieux de la Terre- Sainte , que
le Pere Préfident du Convent avoit fait orner
des plus belles Tapifferies. La Meffe y fut chan
tée avec toute la folemnité poffible , & le Te
Deum , pendant lequel on fit plufieurs décharges
de Moufqueterie : les Tambours , Timbales ,
& autres Inftrumens du Gouverneur de la Ville ,
fe firent entendre pendant tout le Service. " Le
Conful avoit eu la précaution de prendre l'agrément
de ce Gouverneur pour la Fête qu'il devoit
donner.
Après la Meffe , le Conful fortit de l'Eglife
accompagné du même Cortege , & de la Compagnie
des Fufeliers , & fe rendit à ſa maiſon
où l'on fervit à dîner au Préfident , à fon Curé ,
& à toute la Nation ; on but les fantez du Roy
de la Reine & de Monfeigneur le Dauphin , au
bruit de la Moufqueterie & des Inftrumens ; on
fit diftribuer des vivres & des rafraîchiffemens à
toutes les perfonnes du pays qui s'étoient rendues
à la Maiſon Confulaire pour voir la Fête.
A l'entrée de la nuit le Conful fe rendit encore
avec le même Cortege & la même fuite , à l'Eglife
où le Te Deum fut chanté, comme le matin
, au bruit de la Moufqueterie & des Inftrumens;
après quoi le Conful , accompagné des .
Religieux & de la Nation , alla allumer un
I. Vol. grand
1218 MERCURE DE FRANCE
grand Feu qu'il avoit fait préparer hors la porte
de la ville. On revint enfuite à la Maiſon Confulaire
, qu'on trouva illuminée en lampions
d'une maniere très ingenieufe , on fervit un Repas
auffi delicat que celuy du matin , pendant lequel
les Inftrumens ne cefferent de jouer,
Le Gouverneur & autres Puiffances du Pays
voulant prendre part à la Fête , fe rendirent fur
le foir à la Maiſon Confulaire , où on leur fervit
une Collation , compofée de confitures, fruits
du Pays , Sorbet , Caffé , &c. Ce Gouverneur
pour rendre la Fête encore plus réjouiffante ,
avoit amené avec luy des Danfeurs & des Boufons
du Pays , qui divertirent beaucoup , & qui
terminerent la Fête , après avoir dansé une par
tie de la nuit.
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Résumé : LETTRE écrite de Rame, le 4. Janvier 1730.
Le 4 janvier 1730, une lettre de Rame rapporte qu'en décembre 1729, le consul de France à Rame a organisé une cérémonie à l'église des Religieux de la Terre Sainte. Accompagné de la nation française et d'une compagnie de fusiliers composée de catholiques, de Grecs et de locaux, il a assisté à une messe solennelle suivie d'un Te Deum, avec décharges de mousqueterie et musique. Le consul avait obtenu l'accord du gouverneur de la ville. Après la messe, un dîner a été servi à la maison du consul pour les dignitaires et des vivres distribués aux habitants. En soirée, le Te Deum a été chanté à nouveau, suivi d'un grand feu hors de la ville. De retour à la maison consulaire, illuminée pour l'occasion, un repas délicat a été servi avec musique. Le gouverneur et d'autres autorités locales ont rejoint la fête, offrant des collations. Des danseurs et des bouffons ont diverti les invités jusqu'à une partie de la nuit.
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790
p. 1218-1219
AUTRE de Saint Jean d'Acre, le 4 Janvier 1730.
Début :
On n'eut pas plutôt appris icy la nouvelle de la Naissance de Monseigneur le Dauphin, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE de Saint Jean d'Acre, le 4 Janvier 1730.
AUTRE de Saint Jean d'Acre ,
le 4. Janvier 17.30,
ON
N n'ent pas plutôt appris icy la nouvelle de
la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin
que M. Carbonnel , Conful de France , en infor
ma toute la Nation ; le Gouverneur & les autres
Seigneurs de la Ville & de la Campagne vinrent
áuffi - tôt lui en faire compliment , ainfi que les
Confuls d'Angleterre & d'Hollande , accompa
gnez de toute leur Nation.
M. le Conful choifit le jour de la Fête de
Noël pour celebrer la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. Il fit orner extraordinairement la
Chapelle de la Maiſon Confulaire , qui fert de
Paroiffe , & s'y rendit , en ceremonie , à neuf
heures du matin , accompagné des Confuls d'Angleterre
, d'Hollande , des Dames des trois Nations
, & de plufieurs Negocians de Seyde. On
celebra une grande Meffe folemnelle en Mufi-
I, Vol.
que ,
JUIN. 1219
que , le Te Deum & l'Exaudiat furent chantés
par quelques perfonnes de la Compagnie qui
voulurent bien mêler leurs voix & leurs inftrumens
au chant des Religieux. On revint à la
Maifon Confulaire , où il fut fervi un Repas , en
ambigu ,auffi délicat qu'abondant ; & où les Vins
les plus rares furent prodiguez ;les fantez du Roy,
de la Reine , & de toute la Famille Royale furent
bues à diverfes repriſes , avec des cris réiterez de
Vive le Roy. On fit l'après- midy une magnifique
Promenade à cheval,après laquelle le Conful, accompagné
de toute cette Affemblée & des Religieux
, alla allumer un grand Feu qu'on avoit
préparé dans l'endroit le plus éminent de la ville,
où tous les habitans de differentes Nations & de
Religions étoient accourus. Le Domine , Salvum
fac Regem y fut chanté à plusieurs repriſes , &
on tira une très- grande quantité de Fulées.
On revint à la Maiſon Confulaire , qu'on trou
va illuminée de quantité de lampions ; les Terraffes
, toutes les Croifées , & tous les endroits
convenables en étoient garnis ; les Armès du Roy
étoient expofées fur la principale Porte, & celles
de la Reine & du Dauphin l'étoient dans un autre
Tableau en forme de Cartouche.
Aprês l'Illumination on fervit encore un Repas
très - delicat , où les Dames Françoifes , An--
gloifes , & autres Perfonnes diftinguées du Pays ,
furent invitées , les Santez Royales furent encore
bues plus d'une fois. Le Bal fucceda au Souper ,
il y cut plufieurs Tables de Jeu , & on fervit pendant
la nuit toutes fortes de Rafraichiffemens.
L'Aga ou le Gouverneur de la ville , & les plus
notables Seigneurs de la campagne vinrent prendre
part à la Fête , qui leur parut bien nouvelle ,
& fur tout aux Gens du Pays qui n'en avoient
de leur vie vû de plus finguliere.
le 4. Janvier 17.30,
ON
N n'ent pas plutôt appris icy la nouvelle de
la Naiffance de Monfeigneur le Dauphin
que M. Carbonnel , Conful de France , en infor
ma toute la Nation ; le Gouverneur & les autres
Seigneurs de la Ville & de la Campagne vinrent
áuffi - tôt lui en faire compliment , ainfi que les
Confuls d'Angleterre & d'Hollande , accompa
gnez de toute leur Nation.
M. le Conful choifit le jour de la Fête de
Noël pour celebrer la Naiffance de Monfeigneur
le Dauphin. Il fit orner extraordinairement la
Chapelle de la Maiſon Confulaire , qui fert de
Paroiffe , & s'y rendit , en ceremonie , à neuf
heures du matin , accompagné des Confuls d'Angleterre
, d'Hollande , des Dames des trois Nations
, & de plufieurs Negocians de Seyde. On
celebra une grande Meffe folemnelle en Mufi-
I, Vol.
que ,
JUIN. 1219
que , le Te Deum & l'Exaudiat furent chantés
par quelques perfonnes de la Compagnie qui
voulurent bien mêler leurs voix & leurs inftrumens
au chant des Religieux. On revint à la
Maifon Confulaire , où il fut fervi un Repas , en
ambigu ,auffi délicat qu'abondant ; & où les Vins
les plus rares furent prodiguez ;les fantez du Roy,
de la Reine , & de toute la Famille Royale furent
bues à diverfes repriſes , avec des cris réiterez de
Vive le Roy. On fit l'après- midy une magnifique
Promenade à cheval,après laquelle le Conful, accompagné
de toute cette Affemblée & des Religieux
, alla allumer un grand Feu qu'on avoit
préparé dans l'endroit le plus éminent de la ville,
où tous les habitans de differentes Nations & de
Religions étoient accourus. Le Domine , Salvum
fac Regem y fut chanté à plusieurs repriſes , &
on tira une très- grande quantité de Fulées.
On revint à la Maiſon Confulaire , qu'on trou
va illuminée de quantité de lampions ; les Terraffes
, toutes les Croifées , & tous les endroits
convenables en étoient garnis ; les Armès du Roy
étoient expofées fur la principale Porte, & celles
de la Reine & du Dauphin l'étoient dans un autre
Tableau en forme de Cartouche.
Aprês l'Illumination on fervit encore un Repas
très - delicat , où les Dames Françoifes , An--
gloifes , & autres Perfonnes diftinguées du Pays ,
furent invitées , les Santez Royales furent encore
bues plus d'une fois. Le Bal fucceda au Souper ,
il y cut plufieurs Tables de Jeu , & on fervit pendant
la nuit toutes fortes de Rafraichiffemens.
L'Aga ou le Gouverneur de la ville , & les plus
notables Seigneurs de la campagne vinrent prendre
part à la Fête , qui leur parut bien nouvelle ,
& fur tout aux Gens du Pays qui n'en avoient
de leur vie vû de plus finguliere.
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Résumé : AUTRE de Saint Jean d'Acre, le 4 Janvier 1730.
Le 4 janvier 1730, la naissance du Dauphin fut annoncée à Saint Jean d'Acre par M. Carbonnel, consul de France. Le gouverneur et divers seigneurs de la ville, ainsi que les consuls d'Angleterre et de Hollande, vinrent le féliciter. Pour célébrer cet événement, M. Carbonnel organisa des festivités le jour de Noël. La chapelle de la maison consulaire fut décorée et une messe solennelle y fut célébrée en présence des consuls d'Angleterre et de Hollande, des dames des trois nations et de plusieurs négociants. Le Te Deum et l'Exaudiat furent chantés. Un repas abondant fut servi, durant lequel les santés du roi, de la reine et de la famille royale furent portées. L'après-midi, une promenade à cheval fut suivie de l'allumage d'un grand feu. Le Domine, Salvum fac Regem fut chanté et des fusées furent tirées. La maison consulaire fut illuminée et un second repas fut servi, auquel assistèrent des dames françaises, anglaises et autres personnes distinguées. Un bal et des jeux de table suivirent, avec des rafraîchissements servis toute la nuit. L'Aga et les seigneurs notables de la campagne participèrent à la fête, la trouvant remarquable.
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791
p. 1120-1221
RUSSIE.
Début :
On mande de Moscou, de la fin d'Avril que les Princes Bazile & Alexis Dolhorucki [...]
Mots clefs :
Tsarine, Tsar
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE .
N mande de Mofcou , de la fin d'Avril
que les Princes Bazile & Alexis Dolhorucki
dont toute la famille étoit fufpecte à la Czarine
ont été exilez. Le Prince Alexis & le Prince Jean
fon fils font accufés principalement d'avoir fait faire
au feu Czar divers voyages dans des maifons de
campagne aux environs de Mofcou, afin de le détourner
du foin des affaires, pour en être feuls les
maîtres ; de l'avoir engagé à fiancer la Princeffe
Dolhorucki , fans en avoir donné aucune part
la Famille de ce Prince , & d'avoir enlevé du
Tréfor un grand nombre de pierreries , dont on
fait monter le prix à cent mille Roubles. Ces
trois Princes Dolhorucki ont été conduits à To-
-bolskoy avec une Efcorte de 40. Dragons. La
Princeffe Dolhorucki qui a eu l'honneur d'être
fiancée au feu Czar,& les autres femmes & enfans
de cette Famille ont été envoyez dans divers Mo
nafteres , pour y refter jufqu'à nouvel ordre.
On a publié à Mofcou un Edit , par lequel les
Archevêques , Evêques , Archimandrites , & au
tres Chefs des Ecclefiaftiques de ce Pays , font
obligez de fe conformer dans toutes leurs fonttions
Ecclefiaftiques au Rite reçû & approuvé icy
depuis plufieurs ficcles , fans rien emprunter du
Ceremonial des autres Religions.
Le Miniftre que l'Ufurpateur Sultan Acheraff
avoit envoyé à Mofcou , a reçu ordre de ſe retirer
, parce qu'on attend un Envoyé du nouveau
Roy de Perfe Sehah Thamas. Le General Ma ,
taonof , qui eft prefentement à Derbent , a été
nommé pour aller à Ifpahan en qualité d'Ambaffadeur
de S. M. Cz. avec les pleins pouvoits
pour renouveller les précedensTraitez entre le feu
Czar Pierre I. & le Prince Thamas , à preſent
Roy de Perfe.
La
7
JUIN. 17.30. 1221
*
La Czarine a augmenté les revenus des Colleges
de la Ville de Dorpt , l'une de celles qui ont été
cedées par la Couronne de Suede,& ruinée par la
derniere guerre,& les apointemens des Profefleurs
de l'Univerfité ; & pour rétablir cette Univerfité
dans fon ancienne fplendeur , Sa Majefté Czarienne
a déclaré qu'elle n'admettra aucun de fes
Sujets aux Emplois Civils & Ecclefiaftiques de
fes Etats que lorfqu'ils apporteront des certificats
de leurs Etudes dan scette Univerfité , au moins
pendant deux ans ,
Le Couronnement de la Czarine fe fit le 9 du
mois dernier dans l'Eglife Cathédrale de Mofcou,
avec une très -grande magnificence , & on a expedié
des ordres à tous les Miniftres de S. M. Czę
dans les Cours Etrangeres , pour celebrer par des
Fêtes la Cerémonie du Gouvernement de leur
Souveraine,
Aprés le Te Deum qu'on chanta à Petersbourg
dans l'Eglife de la Trinité , le même jour , avec
beaucoup de folemnité , on fit une décharge de
200 pieces de Canon , le foir ', le Genéral Comte
Munich donna un repas magnifique de soo
Couverts fur cinq Tables , qui fut fuivi d'un très
beau Feu d'artifice. Toutes les maiſons & Quais
de la Villé furent illuminez , ainfi que plufieurs
Bâtimens plats que le Vice- Amiral Stevers avoit
fait orner. Cette Fête fut terminée par un Bal
qui dura toute la nuit,
N mande de Mofcou , de la fin d'Avril
que les Princes Bazile & Alexis Dolhorucki
dont toute la famille étoit fufpecte à la Czarine
ont été exilez. Le Prince Alexis & le Prince Jean
fon fils font accufés principalement d'avoir fait faire
au feu Czar divers voyages dans des maifons de
campagne aux environs de Mofcou, afin de le détourner
du foin des affaires, pour en être feuls les
maîtres ; de l'avoir engagé à fiancer la Princeffe
Dolhorucki , fans en avoir donné aucune part
la Famille de ce Prince , & d'avoir enlevé du
Tréfor un grand nombre de pierreries , dont on
fait monter le prix à cent mille Roubles. Ces
trois Princes Dolhorucki ont été conduits à To-
-bolskoy avec une Efcorte de 40. Dragons. La
Princeffe Dolhorucki qui a eu l'honneur d'être
fiancée au feu Czar,& les autres femmes & enfans
de cette Famille ont été envoyez dans divers Mo
nafteres , pour y refter jufqu'à nouvel ordre.
On a publié à Mofcou un Edit , par lequel les
Archevêques , Evêques , Archimandrites , & au
tres Chefs des Ecclefiaftiques de ce Pays , font
obligez de fe conformer dans toutes leurs fonttions
Ecclefiaftiques au Rite reçû & approuvé icy
depuis plufieurs ficcles , fans rien emprunter du
Ceremonial des autres Religions.
Le Miniftre que l'Ufurpateur Sultan Acheraff
avoit envoyé à Mofcou , a reçu ordre de ſe retirer
, parce qu'on attend un Envoyé du nouveau
Roy de Perfe Sehah Thamas. Le General Ma ,
taonof , qui eft prefentement à Derbent , a été
nommé pour aller à Ifpahan en qualité d'Ambaffadeur
de S. M. Cz. avec les pleins pouvoits
pour renouveller les précedensTraitez entre le feu
Czar Pierre I. & le Prince Thamas , à preſent
Roy de Perfe.
La
7
JUIN. 17.30. 1221
*
La Czarine a augmenté les revenus des Colleges
de la Ville de Dorpt , l'une de celles qui ont été
cedées par la Couronne de Suede,& ruinée par la
derniere guerre,& les apointemens des Profefleurs
de l'Univerfité ; & pour rétablir cette Univerfité
dans fon ancienne fplendeur , Sa Majefté Czarienne
a déclaré qu'elle n'admettra aucun de fes
Sujets aux Emplois Civils & Ecclefiaftiques de
fes Etats que lorfqu'ils apporteront des certificats
de leurs Etudes dan scette Univerfité , au moins
pendant deux ans ,
Le Couronnement de la Czarine fe fit le 9 du
mois dernier dans l'Eglife Cathédrale de Mofcou,
avec une très -grande magnificence , & on a expedié
des ordres à tous les Miniftres de S. M. Czę
dans les Cours Etrangeres , pour celebrer par des
Fêtes la Cerémonie du Gouvernement de leur
Souveraine,
Aprés le Te Deum qu'on chanta à Petersbourg
dans l'Eglife de la Trinité , le même jour , avec
beaucoup de folemnité , on fit une décharge de
200 pieces de Canon , le foir ', le Genéral Comte
Munich donna un repas magnifique de soo
Couverts fur cinq Tables , qui fut fuivi d'un très
beau Feu d'artifice. Toutes les maiſons & Quais
de la Villé furent illuminez , ainfi que plufieurs
Bâtimens plats que le Vice- Amiral Stevers avoit
fait orner. Cette Fête fut terminée par un Bal
qui dura toute la nuit,
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Résumé : RUSSIE.
En avril, les princes Bazile et Alexis Dolhoroucki, ainsi que leur famille, ont été exilés par la czarine. Les princes Alexis et Jean Dolhoroucki sont accusés d'avoir détourné le feu czar des affaires d'État, de l'avoir poussé à fiancer la princesse Dolhoroucki sans l'accord de sa famille, et d'avoir volé des pierreries évaluées à cent mille roubles. Les trois princes ont été conduits à Tobolsk sous escorte, tandis que la princesse Dolhoroucki et les autres membres de la famille ont été envoyés dans divers monastères. Un édit a été publié à Moscou, obligeant les chefs ecclésiastiques à se conformer au rite traditionnel. Le ministre envoyé par l'usurpateur Sultan Acheraff a reçu l'ordre de quitter Moscou, car un envoyé du nouveau roi de Perse, Shah Thamas, est attendu. Le général Matafonof, actuellement à Derbent, a été nommé ambassadeur pour renégocier les traités entre le feu czar Pierre Ier et le prince Thamas. Le 7 juin 1730, la czarine a augmenté les revenus des collèges de la ville de Dorpt et les appointements des professeurs de l'université, déclarant que seuls les sujets ayant étudié dans cette université pendant au moins deux ans seraient admis aux emplois civils et ecclésiastiques. Le couronnement de la czarine a eu lieu le 9 mai dans la cathédrale de Moscou, avec une grande magnificence. Des ordres ont été envoyés aux ministres de Sa Majesté dans les cours étrangères pour célébrer cette cérémonie. À Saint-Pétersbourg, après un Te Deum solennel, une salve de 200 coups de canon a été tirée, suivie d'un repas somptueux et d'un feu d'artifice. Les maisons et quais de la ville, ainsi que plusieurs bâtiments, ont été illuminés, et la fête s'est terminée par un bal nocturne.
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792
p. 1221-1222
SUEDE.
Début :
On attend à Stokolm le Roi & la Reine qui doivent arriver de Carlsberg pour assister au [...]
Mots clefs :
Roi et reine de Suède
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texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
N attend à Stokolm le Roi & la Reine qui
doivent arriver de Carlsberg pour affifter au
Jubilé de la Confeffion d'Augsbourg qu'on doit
celebrer inceffamment:Les Univerfités d'Upſale &
d'Abo en Finlande ont reçû au fujet de cette Fête
Ja Vol.
des
1222 MERCURE DE FRANCE
des inftructions conformes à celles qui leur furentenvoyées
il y a cent ans par ordre du Guftave
Adolphe. Les Profeffeurs de l'Univerfité de Grypfwalde
en Pomeranie , en ont reçû de femb ables,
afin que cette Fête qui doit durer huit jours.
foit obfervée uniformement. Tous les Etudians de
feront traitez pendant ce temps çes Univerfitez y
aux dépens du Roi.
N attend à Stokolm le Roi & la Reine qui
doivent arriver de Carlsberg pour affifter au
Jubilé de la Confeffion d'Augsbourg qu'on doit
celebrer inceffamment:Les Univerfités d'Upſale &
d'Abo en Finlande ont reçû au fujet de cette Fête
Ja Vol.
des
1222 MERCURE DE FRANCE
des inftructions conformes à celles qui leur furentenvoyées
il y a cent ans par ordre du Guftave
Adolphe. Les Profeffeurs de l'Univerfité de Grypfwalde
en Pomeranie , en ont reçû de femb ables,
afin que cette Fête qui doit durer huit jours.
foit obfervée uniformement. Tous les Etudians de
feront traitez pendant ce temps çes Univerfitez y
aux dépens du Roi.
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Résumé : SUEDE.
Le roi et la reine suédois se rendent à Stockholm pour le jubilé de la Confession d'Augsbourg. Les universités d'Upsale, d'Abo et de Greifswald suivent des instructions similaires à celles de Gustave Adolphe. La fête durera huit jours, durant lesquels les étudiants seront pris en charge par le roi.
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793
p. 1226-1227
ESPAGNE
Début :
Le 24 du mois dernier, le Marquis de Brancas, Ambassadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire [...]
Mots clefs :
Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
ESPAGNE
E 24 du mois dernier , le Marquis de Bran
Le
cas, Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roy Tres - Chrétien , prit poffeffion
des honneurs de la Grandeffe, & fe couvrit pour
la premiere fois en cette qualité devant le Roy
yant pour parrain le Duc Del-Arco qui avoit
invité à cette cérémonie tous les Grands du
Royaume qui font à la Cour , & aufquels il
donna un repas magnifique , ainfi qu'aux Miniftres
Etrangers & à plufieurs autres Perfonnes
de diftinction ,
On mande de Grénade que le Roy , la Reine
les Princes & Princeffes de la Famille Royale
1. Vel.
conţinuent
JUIN 1730. 1227
Continuent à jouir d'une parfaite , fanté à Soto
de Roma.
E 24 du mois dernier , le Marquis de Bran
Le
cas, Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roy Tres - Chrétien , prit poffeffion
des honneurs de la Grandeffe, & fe couvrit pour
la premiere fois en cette qualité devant le Roy
yant pour parrain le Duc Del-Arco qui avoit
invité à cette cérémonie tous les Grands du
Royaume qui font à la Cour , & aufquels il
donna un repas magnifique , ainfi qu'aux Miniftres
Etrangers & à plufieurs autres Perfonnes
de diftinction ,
On mande de Grénade que le Roy , la Reine
les Princes & Princeffes de la Famille Royale
1. Vel.
conţinuent
JUIN 1730. 1227
Continuent à jouir d'une parfaite , fanté à Soto
de Roma.
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Résumé : ESPAGNE
Le 24 du mois dernier, le Marquis de Bran, Ambassadeur du Roi Très Chrétien, a reçu les honneurs de la Grandeffe en présence du Roi. Le Duc Del'Arco a été parrain, invitant les Grands du Royaume, les Ministres Étrangers et des personnes distinguées. Un repas somptueux a été servi. À Grenade, la Famille Royale est en parfaite santé à Soto de Roma.
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794
p. 1227-1229
« Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
Début :
Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...]
Mots clefs :
Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
FRANCE
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E 31. dumois dernier , la Reine
partit
de Fontainebleau vers les deux
heures après midi , pour aller coucher au
Château de Petit-Bourg , d'où S. M. fè
rendit le lendemain à Verfailles. Le Roi
y arriva le 6. de ce mois , & le 8. Fête du
S.Sacrement,
S.M.accommpagné du Prince
de Dombes , du Comte d'Eu , & des
principaux Officiers de fa Maifon , fe rendit
à l'Eglife de la Paroiffe , où elle entendit
la grande Meffe , après avoir affifté
à la Proceffion , qui vint , fuivant l'ufage,
à la Chapelle du Château. La Reine n'étant
point allée à la Paroiffe à caufe de
fa groffeffe , vit paffer la Proceffion &
entendit enfuite la Meffe dans la Tribune
de la
Chapelle .
Le Roi a accordé la Charge de Premier
Prefident du Parlement de Grenoble ,
au Préſident de Grammont , le plus ancien
des Préfidens à Mortier de ce Parlement.
- S. M. a donné le Gouvernement de
AVol. Hij PHô1228
MERCURE DE FRANCE
'Hôtel Royal des Invalides , vacant par
la mort du Marquis de Beaujeu , au Che
valier de Ganges , Lieutenant de Roy du
même Hôtel, & le Chevalier de S. André,
Brigadier des Armées du Roi , a été nommé
à la Lieutenance de Roi.
Le 15. fur le foir , le Roi & la Reine
partirent de Verfaillles pour aller coucher
au Château de Marly , où L, M. dojvent
paffer quelque temps.
Le 24. du mois dernier , les Prieur &
Chanoines Réguliers de S, Jean des Vignes
, Ordre de S. Auguftin , dans le Dio .
cèfe de Soiffons , élurent pour Superieur
de leurMaifonChefde l'OrdreN.Joüailles,
cy- devant Prieur de Vandieres , dans le
même Diocèfe . La fage conduite de M. de
Jouailles dans les Maifons qu'il a gouvernées
, juftifie le choix des Chanoines de
S. Jean des Vignes,
Le Roi a accordé au Comte de Sainte
Maure , Lieutenant General de fes Armées
Navales , la Charge de Vice- Amiral
du Levant , vacante par la mort du Maréchal
de Coetlogon , & S. M. a nommé
Lieutenant General de fes Armées Navales
, M. de la Rocheallart , qui étoit Chef
d'Efcadre.
M. Marcel de Lopés de la Fare , Chevalier
Profès de l'Ordre de Malthe , Baron
né de l'Empire , Lieutenant de Ga-
1 Vol · leurs
MAUI1 N. 1730. 1229
lere & de la Compagnie des Gardes de
l'Etendart , vient d'être nommé le
par
Roi , Capitaine de Galere , il confervera
la Lieutenance des Gardes de l'Etendart.
Le 24. du mois dernier l'Archevêque
de Paris fe rendit en Sorbonne & y reçut
de Bonnet de Docteur,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L
E 31. dumois dernier , la Reine
partit
de Fontainebleau vers les deux
heures après midi , pour aller coucher au
Château de Petit-Bourg , d'où S. M. fè
rendit le lendemain à Verfailles. Le Roi
y arriva le 6. de ce mois , & le 8. Fête du
S.Sacrement,
S.M.accommpagné du Prince
de Dombes , du Comte d'Eu , & des
principaux Officiers de fa Maifon , fe rendit
à l'Eglife de la Paroiffe , où elle entendit
la grande Meffe , après avoir affifté
à la Proceffion , qui vint , fuivant l'ufage,
à la Chapelle du Château. La Reine n'étant
point allée à la Paroiffe à caufe de
fa groffeffe , vit paffer la Proceffion &
entendit enfuite la Meffe dans la Tribune
de la
Chapelle .
Le Roi a accordé la Charge de Premier
Prefident du Parlement de Grenoble ,
au Préſident de Grammont , le plus ancien
des Préfidens à Mortier de ce Parlement.
- S. M. a donné le Gouvernement de
AVol. Hij PHô1228
MERCURE DE FRANCE
'Hôtel Royal des Invalides , vacant par
la mort du Marquis de Beaujeu , au Che
valier de Ganges , Lieutenant de Roy du
même Hôtel, & le Chevalier de S. André,
Brigadier des Armées du Roi , a été nommé
à la Lieutenance de Roi.
Le 15. fur le foir , le Roi & la Reine
partirent de Verfaillles pour aller coucher
au Château de Marly , où L, M. dojvent
paffer quelque temps.
Le 24. du mois dernier , les Prieur &
Chanoines Réguliers de S, Jean des Vignes
, Ordre de S. Auguftin , dans le Dio .
cèfe de Soiffons , élurent pour Superieur
de leurMaifonChefde l'OrdreN.Joüailles,
cy- devant Prieur de Vandieres , dans le
même Diocèfe . La fage conduite de M. de
Jouailles dans les Maifons qu'il a gouvernées
, juftifie le choix des Chanoines de
S. Jean des Vignes,
Le Roi a accordé au Comte de Sainte
Maure , Lieutenant General de fes Armées
Navales , la Charge de Vice- Amiral
du Levant , vacante par la mort du Maréchal
de Coetlogon , & S. M. a nommé
Lieutenant General de fes Armées Navales
, M. de la Rocheallart , qui étoit Chef
d'Efcadre.
M. Marcel de Lopés de la Fare , Chevalier
Profès de l'Ordre de Malthe , Baron
né de l'Empire , Lieutenant de Ga-
1 Vol · leurs
MAUI1 N. 1730. 1229
lere & de la Compagnie des Gardes de
l'Etendart , vient d'être nommé le
par
Roi , Capitaine de Galere , il confervera
la Lieutenance des Gardes de l'Etendart.
Le 24. du mois dernier l'Archevêque
de Paris fe rendit en Sorbonne & y reçut
de Bonnet de Docteur,
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Résumé : « Le 31. du mois dernier, la Reine partit de Fontainebleau vers les deux [...] »
Le 31 du mois dernier, la Reine se rendit au Château de Petit-Bourg puis à Versailles le lendemain. Le Roi arriva à Versailles le 6 du mois et participa à la Fête du Saint-Sacrement le 8, accompagné de plusieurs dignitaires. La Reine, en raison de sa grossesse, resta au château et assista à la procession et à la messe depuis la tribune de la chapelle. Le Roi accorda la charge de Premier Président du Parlement de Grenoble au Président de Grammont et nomma le Chevalier de Ganges au Gouvernement de l'Hôtel Royal des Invalides et le Chevalier de Saint-André à la Lieutenance Royale. Le 15, le Roi et la Reine partirent pour le Château de Marly. Par ailleurs, le 24 du mois dernier, les Prieur et Chanoines Réguliers de Saint-Jean-des-Vignes élurent M. de Jouailles comme Supérieur de leur maison. Le Roi nomma également le Comte de Sainte-Maure Vice-Amiral du Levant et M. de La Rocheallart Lieutenant Général de ses Armées Navales. M. Marcel de Lopés de la Fare fut nommé Capitaine de Galère tout en conservant sa Lieutenance des Gardes de l'Étendard. Le même jour, l'Archevêque de Paris reçut le bonnet de Docteur en Sorbonne.
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795
p. 1229-1230
Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Début :
SIRE, C'est avec la plus respectueuse confiance que nous approchons du Trône de Votre Majesté, [...]
Mots clefs :
Roi, Faculté de théologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Le Roy ayant agréé que la Faculté de
Théologie de Paris eût l'honneur de préfenter
à S. M. les Actes & Decrets qu'elle
a faits pour la reception & l'execution
de la Bulle Unigenitus M. Leullier ,
Doyen , & M. de Romigny , Svndic , &
les Docteurs députez , fe rendirent à
Fontainebleau , étant introduits dans le
grand Cabinet du Roi , & préſentez
par M. le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat. M. le Doyen fit à S. M. le
Difcours fuivant,
SIRE,
C'eft avec la plus refpectueuse confiance
que nous approchons du Trône de Votre Ma
jefté , pour lui préfenter les Actes que la Faculté
de Théologie a faits pour renouveller l'execution
d'unDecret que votre augufte Bifayenl
reçut autrefois avec bonté , & dont il ordonna
la publication ; ils tendent , SIRE , à
concourir de notre part à éteindre ces divi-
I. Vol. Hiijfions
1230 MERCURE DE FRANCE
fions funeftes, dont les Eglifes de votre Royan
me ont été fi long-temps agitées & à ramener
à l'unité quelques- uns de nos Confreres qui
s'en font malheureusement écartez.
Louis le Grand a vû naître ces triftes dif
fentions dès les premieres années de fon
Regne , & ce Roi fi puiffant , fi redouté , n'a
pu , malgré fes defirs , ramener fes Sujets indociles
à l'obeisance , à la foumiffion due à
Eglife.
Cet beureux Evenement étoit réservé au
Regne & à laReligion devotreMajefté . Puiffe
la derniere Déclaration de Votre Majefté
fi digne de fa pieté , affermir une Paix qui
eft l'objet de fes voeux les plus ardens. Ainfi
marchez- vous fur les traces de vos auguftes
Ancêtres qui n'ont jamais fouffert qu'on alterât
dans leurs Etats la pureté de la Religion
Carbolique , ainfi vous imitez , SIRE ,
les Conftantins, les Théodofes , les Marciens ,
qui fe font acquis une gloire immortelle en re
primant par des Edits feveres les herefies
qui fe font élevées dès leurs temps. Si nos
Confreres indociles fe font attiré la jufte
indignation de V. M. par leur réfiftances
puiffent-ils parun retour prompt & fincere ,
meriter les effets de fa clémence ? Ce font ,
SIRE , les voeux d'une Compagnie qui che
rit les fiens , & qui regarde comme fon premier
devoird'êtrefoumise à l'Eglife, & oberf
fante àfon Roi.
Théologie de Paris eût l'honneur de préfenter
à S. M. les Actes & Decrets qu'elle
a faits pour la reception & l'execution
de la Bulle Unigenitus M. Leullier ,
Doyen , & M. de Romigny , Svndic , &
les Docteurs députez , fe rendirent à
Fontainebleau , étant introduits dans le
grand Cabinet du Roi , & préſentez
par M. le Comte de Maurepas , Secretaire
d'Etat. M. le Doyen fit à S. M. le
Difcours fuivant,
SIRE,
C'eft avec la plus refpectueuse confiance
que nous approchons du Trône de Votre Ma
jefté , pour lui préfenter les Actes que la Faculté
de Théologie a faits pour renouveller l'execution
d'unDecret que votre augufte Bifayenl
reçut autrefois avec bonté , & dont il ordonna
la publication ; ils tendent , SIRE , à
concourir de notre part à éteindre ces divi-
I. Vol. Hiijfions
1230 MERCURE DE FRANCE
fions funeftes, dont les Eglifes de votre Royan
me ont été fi long-temps agitées & à ramener
à l'unité quelques- uns de nos Confreres qui
s'en font malheureusement écartez.
Louis le Grand a vû naître ces triftes dif
fentions dès les premieres années de fon
Regne , & ce Roi fi puiffant , fi redouté , n'a
pu , malgré fes defirs , ramener fes Sujets indociles
à l'obeisance , à la foumiffion due à
Eglife.
Cet beureux Evenement étoit réservé au
Regne & à laReligion devotreMajefté . Puiffe
la derniere Déclaration de Votre Majefté
fi digne de fa pieté , affermir une Paix qui
eft l'objet de fes voeux les plus ardens. Ainfi
marchez- vous fur les traces de vos auguftes
Ancêtres qui n'ont jamais fouffert qu'on alterât
dans leurs Etats la pureté de la Religion
Carbolique , ainfi vous imitez , SIRE ,
les Conftantins, les Théodofes , les Marciens ,
qui fe font acquis une gloire immortelle en re
primant par des Edits feveres les herefies
qui fe font élevées dès leurs temps. Si nos
Confreres indociles fe font attiré la jufte
indignation de V. M. par leur réfiftances
puiffent-ils parun retour prompt & fincere ,
meriter les effets de fa clémence ? Ce font ,
SIRE , les voeux d'une Compagnie qui che
rit les fiens , & qui regarde comme fon premier
devoird'êtrefoumise à l'Eglife, & oberf
fante àfon Roi.
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Résumé : Discours des Doyen & Syndic de Sorbonne au Roy, [titre d'après la table]
Le roi a autorisé la Faculté de Théologie de Paris à présenter les Actes et Décrets relatifs à la Bulle Unigenitus. Le doyen Leullier et le syndic de Romigny, accompagnés de docteurs délégués, se rendirent à Fontainebleau. Introduits par le comte de Maurepas, le doyen prononça un discours. Il exprima la confiance respectueuse de la Faculté et présenta les Actes visant à renouveler l'exécution d'un décret royal antérieur. Ces Actes cherchent à éteindre les divisions nuisibles dans les églises du royaume et à ramener à l'unité certains confrères égarés. Louis XIV avait tenté sans succès de résoudre ces dissensions dès le début de son règne. Le discours espère que la déclaration royale affermira une paix souhaitée et imite les ancêtres royaux qui ont maintenu la pureté de la religion catholique. Il appelle également à la clémence royale envers les confrères indociles. La Faculté de Théologie exprime son dévouement à l'Église et à son roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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796
p. 1231
A LA REINE.
Début :
MADAME, Nous esperons que vous recevrez favorablement les Actes que nous avons l'honneur [...]
Mots clefs :
Reine, Religion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A LA REINE.
A LA REINE.
MADA ADAME,
Nous efperons que vous recevrez favoran
blement les Actes que nous avons l'honneur
de présenter à V. M. ils vous doivent être
d'autant plus chers , qu'ils font appuyez de
Fautorité du Roi , & qu'ils tendent à la confervation
de lafaine Doctrine . Toutes lesgrandes
qualitez de V. M. ne feroient rien de
vant Dieu , fi elles n'étoient foutenues de
votre zele pour la Religion , qui leur donne
leurprincipal luftre.
Le Ciel a commencé à les récompenfer
dès ce mondes elles vous ont placée sur le
premier Trône de l'Univers , elles vous ont
obtenu un Enfant fi defiré , qui fait la joye
de V. M. celle de vos Sujets , & qui affure
le repos de l'Europe.
Qu'il croiffe , MADAME , fous vos yeux,
eet aimable Dauphin ? qu'il recueille le fruit
de vos exemples , qu'il marche fur les pas de
fon augufte Pere & de fon Roi , qu'il foit un
four à fon exemple le Protecteur de l'Eglife
le foutien de la vraye Religion.
MADA ADAME,
Nous efperons que vous recevrez favoran
blement les Actes que nous avons l'honneur
de présenter à V. M. ils vous doivent être
d'autant plus chers , qu'ils font appuyez de
Fautorité du Roi , & qu'ils tendent à la confervation
de lafaine Doctrine . Toutes lesgrandes
qualitez de V. M. ne feroient rien de
vant Dieu , fi elles n'étoient foutenues de
votre zele pour la Religion , qui leur donne
leurprincipal luftre.
Le Ciel a commencé à les récompenfer
dès ce mondes elles vous ont placée sur le
premier Trône de l'Univers , elles vous ont
obtenu un Enfant fi defiré , qui fait la joye
de V. M. celle de vos Sujets , & qui affure
le repos de l'Europe.
Qu'il croiffe , MADAME , fous vos yeux,
eet aimable Dauphin ? qu'il recueille le fruit
de vos exemples , qu'il marche fur les pas de
fon augufte Pere & de fon Roi , qu'il foit un
four à fon exemple le Protecteur de l'Eglife
le foutien de la vraye Religion.
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Résumé : A LA REINE.
La lettre est adressée à Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV. Les auteurs espèrent que la reine approuvera les Actes présentés, soutenus par l'autorité royale et visant à préserver la foi chrétienne. Ils soulignent son zèle religieux et les bénédictions divines, comme la naissance du dauphin Louis. Ils souhaitent que le dauphin suive l'exemple de son père et protège l'Église.
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797
p. 1232-1233
A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
Début :
MONSEIGNEUR, Si la Faculté de Théologie reprend son ancienne splendeur, si après des jours nébuleux [...]
Mots clefs :
Cardinal de Fleury, Faculté de théologie
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texteReconnaissance textuelle : A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
A. S. E. MONSEIGNEUR
LE CARDINAL DE FLEURY.
MONSEIG ONSEIGNEUR ,
Si la Faculté de Théologie reprend fon
ancienne fplendeur, fi après des jours nébuleux
qui l'ont obfcurcie , elle repand un nou
vel éclat , c'est à V. E. que nous en fommes
redevables ! Qu'il vous eft glorieux , Mon-
SEIGNEUR , de travailler avec tant de
Zele à étouffer ces femences de guerre ,. dons
les Peuples étoient allarmez ! mais j'ofe dire
qu'il ne vous le fera pas moins , ni moins
important pour le bien de l'Etat , de réunir
les efprits divifez fur la Religion. V. E, à
faifi l'unique voye d'y parvenir ; le calme
que vous avez remis dans la Faculté de
Théologie , la derniere Déclaration du Roi ,
fi neceffaire dans les circonstances prefentes,
font des préfages certains de la paix de l'Eglife
; paix qui confifte uniquement dans l'obéiffance
à l'autorité légitime. Que nos Freres
indociles ne ferment plus les yeux à la
lumiere qui brille de toutes parts en faveur
du Decret Apoftolique , qu'ils ceffent de préferer
leurs efprits particuliers au jugement de
tant de Pontifes unis avec le S. Siege. En
vain fe vantent-ils du zele qu'ils difent avoir
1. Vol.
•pour
SWAJULN. 1730. 1233
pour les Droits facrez de la Couronne ; en
vain fe donnent-ils la gloire d'être les plus
fideles Sujets de S. M. Cet artifice groffier,
ce langage feduifant mis en ufage par les
Novateurs de tous les fiecles , pour couvrir
leurs erreurs, ne trompe plus perfonne. Connoiffent-
ils donc mieux les Droits facrez du
Diademe , que le Souverain & les grands
Hommes à qui il donnefa confiance , & qu'il
admet dans fes Confeils ? Est-ce être fidele
Sujet du Roi que de réfifter à fes ordres les
plus précis ? Non , MONSEIGNEUR , il
n'y a point de Sujets plus fideles à leur Prin
ce que ceux qui font foumis à l'Eglife . C'eft
pour ramener nos Confreres à des fentimens
plus dignes de Théologiens Catholiques, que
la Faculté a dreffe les Alles qu'elle nous or◄
donne de préfenter à Votre Eminence
LE CARDINAL DE FLEURY.
MONSEIG ONSEIGNEUR ,
Si la Faculté de Théologie reprend fon
ancienne fplendeur, fi après des jours nébuleux
qui l'ont obfcurcie , elle repand un nou
vel éclat , c'est à V. E. que nous en fommes
redevables ! Qu'il vous eft glorieux , Mon-
SEIGNEUR , de travailler avec tant de
Zele à étouffer ces femences de guerre ,. dons
les Peuples étoient allarmez ! mais j'ofe dire
qu'il ne vous le fera pas moins , ni moins
important pour le bien de l'Etat , de réunir
les efprits divifez fur la Religion. V. E, à
faifi l'unique voye d'y parvenir ; le calme
que vous avez remis dans la Faculté de
Théologie , la derniere Déclaration du Roi ,
fi neceffaire dans les circonstances prefentes,
font des préfages certains de la paix de l'Eglife
; paix qui confifte uniquement dans l'obéiffance
à l'autorité légitime. Que nos Freres
indociles ne ferment plus les yeux à la
lumiere qui brille de toutes parts en faveur
du Decret Apoftolique , qu'ils ceffent de préferer
leurs efprits particuliers au jugement de
tant de Pontifes unis avec le S. Siege. En
vain fe vantent-ils du zele qu'ils difent avoir
1. Vol.
•pour
SWAJULN. 1730. 1233
pour les Droits facrez de la Couronne ; en
vain fe donnent-ils la gloire d'être les plus
fideles Sujets de S. M. Cet artifice groffier,
ce langage feduifant mis en ufage par les
Novateurs de tous les fiecles , pour couvrir
leurs erreurs, ne trompe plus perfonne. Connoiffent-
ils donc mieux les Droits facrez du
Diademe , que le Souverain & les grands
Hommes à qui il donnefa confiance , & qu'il
admet dans fes Confeils ? Est-ce être fidele
Sujet du Roi que de réfifter à fes ordres les
plus précis ? Non , MONSEIGNEUR , il
n'y a point de Sujets plus fideles à leur Prin
ce que ceux qui font foumis à l'Eglife . C'eft
pour ramener nos Confreres à des fentimens
plus dignes de Théologiens Catholiques, que
la Faculté a dreffe les Alles qu'elle nous or◄
donne de préfenter à Votre Eminence
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Résumé : A. S. E. MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE FLEURY.
L'auteur d'une lettre félicite Monseigneur le Cardinal de Fleury pour la restauration de la splendeur de la Faculté de Théologie après une période obscure. Il exprime sa gratitude pour les efforts du Cardinal visant à apaiser les tensions et à réunir les esprits divisés sur la religion. La lettre souligne que le calme rétabli dans la Faculté et la dernière Déclaration du Roi sont des signes prometteurs de la paix de l'Église, fondée sur l'obéissance à l'autorité légitime. L'auteur appelle les frères indociles à cesser de résister au Décret Apostolique et à ne pas privilégier leurs opinions personnelles au jugement des Pontifes unis avec le Saint-Siège. Il critique ceux qui se vantent de leur zèle pour les droits de la Couronne et de leur fidélité au Roi tout en résistant aux ordres du souverain. La lettre conclut en affirmant que les sujets les plus fidèles au prince sont ceux qui sont soumis à l'Église, et que la Faculté adresse des allèles pour ramener les confrères à des sentiments plus dignes de théologiens catholiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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798
p. 1233-1235
A MONSEIGNEUR, LE CHANCELIER.
Début :
MONSEIGNEUR, Elevé au supreme degré de la Magistrature, il vous appartient d'appuyer également [...]
Mots clefs :
Pasteurs, Chancelier de France, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR, LE CHANCELIER.
A MONSEIGNEUR ,
LE CHANCELIER
MONSEIGNEUR ,
Elevé au fupreme degré de la Magiftra
ture , il vous appartient d'appuyer également
les Loix de l'Eglife celles de l'Etat,
& à nous de leur rendre une entiere &
parfaite
obéiffance ; quand l'Eglife parle à fes
Enfans & le Roi à fes Sujets , le feul parti
1. Voli Hv de
1234 MERCURE DE FRANCE
de ceux- cy eft celui de la foumiffion. Dans les
questions judicieufes , nous déliberons , nous
formons nos avis ; mais après le jugement
des premiers Pafteurs , notre gloire eft d'obeir.
Vous le difiez autrefois , MONSE 1-
GNEUR, dans l'importante place que vous
occupiez au Parlemenp & que vous foute
niez avec tant de dignité & d'éloquences
vous affuriez que le fuffrage des Evêques
affermit irrevocablement la décifion du Sou
verain Pontife , & que c'eft à cette union
parfaite des Membres avec les Chefs , que
les Chrétiens font obligez de reconnoître la
voix de la verité & le jugement de Dieu
même. Cependant , MONSEIGNEUR ,
quelle monftrueuse Doctrine n'a-t-on pas
avancée depuis quelques années , fous lefpecieux
prétexte d'attachement aux maximes
du Royaume ? on a foutenu avec opiniâtreté
des erreurs capitales profcrites par l'une &
Pautre Puiffance. On a ébranlé tous les fondemens
de ta Hyerarchie & de la fubordination
on a autorife chaque Particulier à s'ériger
en Juge & arbitre de fa foy , onfour
met les décifions des premiers Pafteurs unis
avec leur Chef , à l'approbation du Peuple..
On fait dépendre la validité de leurs Juge
mens , du confentement des fimples Fideles
nous le difons avec douleur , le malheur des
temps a entraîné dans ces écarts des perſon- ·
d'ailleurs refpectables , & quelques-uns
nes .
I.. Vola de
JUIN 1730. 1235.
de nos Confreres qui paroiffent y perfeverer
avec opiniâtreté.
·Ne pouvons-nous pas efperer , MON
SEIGNEUR
, que Les Actes que nous avons
Phonneur de vous prefenter , & fur tout la
derniere Déclaration du Roy , dreffée avec
tant de fageffe , tes feront revenir de leur
prévention & les rameneront à l'unité.
Oui , MONSEIGNEUR , nous l'efpe
rons , mais nous ne l'espérons que de la bonté
de celui qui a l'a toute puiffance de tournerles
Geurs les plus rebelles comme il lui plait &
de lesfaire rentrer dans l'obéiffance & dans
La foumission.
LE CHANCELIER
MONSEIGNEUR ,
Elevé au fupreme degré de la Magiftra
ture , il vous appartient d'appuyer également
les Loix de l'Eglife celles de l'Etat,
& à nous de leur rendre une entiere &
parfaite
obéiffance ; quand l'Eglife parle à fes
Enfans & le Roi à fes Sujets , le feul parti
1. Voli Hv de
1234 MERCURE DE FRANCE
de ceux- cy eft celui de la foumiffion. Dans les
questions judicieufes , nous déliberons , nous
formons nos avis ; mais après le jugement
des premiers Pafteurs , notre gloire eft d'obeir.
Vous le difiez autrefois , MONSE 1-
GNEUR, dans l'importante place que vous
occupiez au Parlemenp & que vous foute
niez avec tant de dignité & d'éloquences
vous affuriez que le fuffrage des Evêques
affermit irrevocablement la décifion du Sou
verain Pontife , & que c'eft à cette union
parfaite des Membres avec les Chefs , que
les Chrétiens font obligez de reconnoître la
voix de la verité & le jugement de Dieu
même. Cependant , MONSEIGNEUR ,
quelle monftrueuse Doctrine n'a-t-on pas
avancée depuis quelques années , fous lefpecieux
prétexte d'attachement aux maximes
du Royaume ? on a foutenu avec opiniâtreté
des erreurs capitales profcrites par l'une &
Pautre Puiffance. On a ébranlé tous les fondemens
de ta Hyerarchie & de la fubordination
on a autorife chaque Particulier à s'ériger
en Juge & arbitre de fa foy , onfour
met les décifions des premiers Pafteurs unis
avec leur Chef , à l'approbation du Peuple..
On fait dépendre la validité de leurs Juge
mens , du confentement des fimples Fideles
nous le difons avec douleur , le malheur des
temps a entraîné dans ces écarts des perſon- ·
d'ailleurs refpectables , & quelques-uns
nes .
I.. Vola de
JUIN 1730. 1235.
de nos Confreres qui paroiffent y perfeverer
avec opiniâtreté.
·Ne pouvons-nous pas efperer , MON
SEIGNEUR
, que Les Actes que nous avons
Phonneur de vous prefenter , & fur tout la
derniere Déclaration du Roy , dreffée avec
tant de fageffe , tes feront revenir de leur
prévention & les rameneront à l'unité.
Oui , MONSEIGNEUR , nous l'efpe
rons , mais nous ne l'espérons que de la bonté
de celui qui a l'a toute puiffance de tournerles
Geurs les plus rebelles comme il lui plait &
de lesfaire rentrer dans l'obéiffance & dans
La foumission.
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Résumé : A MONSEIGNEUR, LE CHANCELIER.
L'auteur d'une lettre adressée à un chancelier insiste sur l'importance de l'obéissance aux lois de l'Église et de l'État. Il rappelle que les fidèles doivent se soumettre aux jugements des premiers pasteurs et aux décisions du souverain pontife, soulignant que l'union entre les membres et les chefs est cruciale pour reconnaître la vérité et le jugement divin. L'auteur exprime son inquiétude face à des doctrines récentes qui contestent la hiérarchie et la subordination, permettant aux individus de juger leur foi et de contester les décisions des autorités ecclésiastiques. Cette situation a conduit des personnes respectables, y compris certains confrères, à persévérer dans ces erreurs. L'auteur espère que les actes présentés, notamment la dernière déclaration du roi, ramèneront les égarés à l'unité et à l'obéissance, en comptant sur la puissance divine pour convertir les cœurs rebelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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799
p. 1236
A MONSEIGNEUR LE GARDE DES SCEAUX.
Début :
MONSEIGNEUR, L'inclination, d'accord avec le devoir, nous invite à vous presenter un Decret de la Faculté [...]
Mots clefs :
Faculté de théologie, Garde des sceaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSEIGNEUR LE GARDE DES SCEAUX.
A MONSEIGNEUR
LE GARDE DES SCEAUX
MONSET ONSEIGNEUR ,
L'inclination, d'accord avec le devoir, nous
invite à vous prefenter un Decret de la Fa
culté de Théologie , qui n'eft pas tant un
effet de notre déliberation , qu'un témoignage
autentique de notre obéiffance à une Loy de
Eglife de l'Etat . L'Approbation dont
nous efperons que vous l'honorerez , entraî
nera celle de toutes les perfonnes fenfees.
Si le Roy eft le feul Légiflateur de for
Royaume , c'est vous , MONSEIGNEUR ,
qui imprimez le caractere de l'autorité à fes
I., Vol. E vj Loixs
1236 MERCURE DE FRANCE
Loix , & ce font les Théologiens qui doivent
donner aux autres Sujets l'exemple du respect
& de la foumiffion.
Nous voyons cependant avec douleur quel.
qu'un des nôtres s'en difpenfer fous des pré-.
textes les plus frivoles , & donner au contraire
Le fcandale de la résistance la plus marquée,
ils craignent , difent-ils , de donner atteinte
aux Droitsfacrez de la Couronne , mais en
effet c'est l'attachement qu'ils ont aux erreurs
tant de fois profcrites. Ces Droitsfacrez conrent-
ils quelques rifques , MONSEIGNEUR,
quand ils font fous votre garde ? C'est pour
faire revenir ces Docteurs de leur prévention
fi peu digne de Théologiens Ortodoxes , que
la Faculté de Théologie a dreffé les Actes que
nous avons l'honneur de vous préſenter.
LE GARDE DES SCEAUX
MONSET ONSEIGNEUR ,
L'inclination, d'accord avec le devoir, nous
invite à vous prefenter un Decret de la Fa
culté de Théologie , qui n'eft pas tant un
effet de notre déliberation , qu'un témoignage
autentique de notre obéiffance à une Loy de
Eglife de l'Etat . L'Approbation dont
nous efperons que vous l'honorerez , entraî
nera celle de toutes les perfonnes fenfees.
Si le Roy eft le feul Légiflateur de for
Royaume , c'est vous , MONSEIGNEUR ,
qui imprimez le caractere de l'autorité à fes
I., Vol. E vj Loixs
1236 MERCURE DE FRANCE
Loix , & ce font les Théologiens qui doivent
donner aux autres Sujets l'exemple du respect
& de la foumiffion.
Nous voyons cependant avec douleur quel.
qu'un des nôtres s'en difpenfer fous des pré-.
textes les plus frivoles , & donner au contraire
Le fcandale de la résistance la plus marquée,
ils craignent , difent-ils , de donner atteinte
aux Droitsfacrez de la Couronne , mais en
effet c'est l'attachement qu'ils ont aux erreurs
tant de fois profcrites. Ces Droitsfacrez conrent-
ils quelques rifques , MONSEIGNEUR,
quand ils font fous votre garde ? C'est pour
faire revenir ces Docteurs de leur prévention
fi peu digne de Théologiens Ortodoxes , que
la Faculté de Théologie a dreffé les Actes que
nous avons l'honneur de vous préſenter.
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Résumé : A MONSEIGNEUR LE GARDE DES SCEAUX.
La lettre est adressée à Monseigneur le Garde des Sceaux et présente un décret de la Faculté de Théologie. Les auteurs soulignent leur obéissance aux lois de l'Église et de l'État et espèrent l'approbation de Monseigneur. Ils affirment que le roi est le seul législateur du royaume, mais que Monseigneur confère l'autorité aux lois. Les théologiens doivent montrer l'exemple du respect et de la soumission. Cependant, un membre de la communauté refuse cette obligation, créant un scandale de résistance. Ce théologien invoque des prétextes frivoles et prétend protéger les droits sacrés de la Couronne, mais est en réalité attaché à des erreurs souvent condamnées. Pour remédier à cette situation, la Faculté de Théologie a rédigé des actes présentés à Monseigneur afin de faire revenir ces docteurs de leurs préventions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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800
p. 1236-1237
Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Début :
Vous, qui nous élevez des Rois, [...]
Mots clefs :
Dauphin, Duchesse de Vantadour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Un grand nombre de Penfionnaires du
College de Louis le Grand , étant allé
à Verfailles le jour du Landy , la Ducheffe
de Ventadour eut , non-feulement la bonté
de les prefenter à Monfeigneur le Dau :
phin , mais elle voulut bien écrire ellemême
une Lettre , où elle marqua que
Monfeigneur le Dauphin , à qui ils étoient
venus faire leur cour , vouloit pour premiere
grace , leur donner un congé . C'eft
ce qui a donné occafion au Remerciement
fuivant.
I. Vol.
Vous
JUIN. 1237
% 1730.
Vous , qui nous élevez des Rois ,
Moins en Gouvernante qu'en Mere ,
Et qui formant le Fils après l'augufte Pere ,
Faites fi bien parler un Dauphin de dix mois ,'
Illuftre Ventadour , malgré fon âge tendre ,
S'il parle par vos foins, il peut bien vous entendre
Daignez donc un moment lui faire notre cour.
Pour un fi doux congé que pouvons - nous lui
rendre ?
Dites-lui que le Ciel fe chargeant du retour ,
Lui promet comme àvous un fiecle pour unjour
College de Louis le Grand , étant allé
à Verfailles le jour du Landy , la Ducheffe
de Ventadour eut , non-feulement la bonté
de les prefenter à Monfeigneur le Dau :
phin , mais elle voulut bien écrire ellemême
une Lettre , où elle marqua que
Monfeigneur le Dauphin , à qui ils étoient
venus faire leur cour , vouloit pour premiere
grace , leur donner un congé . C'eft
ce qui a donné occafion au Remerciement
fuivant.
I. Vol.
Vous
JUIN. 1237
% 1730.
Vous , qui nous élevez des Rois ,
Moins en Gouvernante qu'en Mere ,
Et qui formant le Fils après l'augufte Pere ,
Faites fi bien parler un Dauphin de dix mois ,'
Illuftre Ventadour , malgré fon âge tendre ,
S'il parle par vos foins, il peut bien vous entendre
Daignez donc un moment lui faire notre cour.
Pour un fi doux congé que pouvons - nous lui
rendre ?
Dites-lui que le Ciel fe chargeant du retour ,
Lui promet comme àvous un fiecle pour unjour
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Résumé : Vers à la Duchesse de Vantadour, [titre d'après la table]
Le 12 juin 1730, des pensionnaires du Collège de Louis le Grand visitèrent Versailles et furent présentés au Dauphin par la Duchesse de Ventadour. Cette dernière accorda un congé aux élèves. Un poème remercia la Duchesse, la comparant à une mère élevant des rois, et souligna l'éducation exceptionnelle prodiguée. Les élèves exprimèrent leur gratitude et souhaitèrent une longue vie à la Duchesse et au Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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