A MONSEIGNEUR ,
LE CHANCELIER
MONSEIGNEUR ,
Elevé au fupreme degré de la Magiftra
ture , il vous appartient d'appuyer également
les Loix de l'Eglife celles de l'Etat,
& à nous de leur rendre une entiere &
parfaite
obéiffance ; quand l'Eglife parle à fes
Enfans & le Roi à fes Sujets , le feul parti
1. Voli Hv de
1234 MERCURE DE FRANCE
de ceux- cy eft celui de la foumiffion. Dans les
questions judicieufes , nous déliberons , nous
formons nos avis ; mais après le jugement
des premiers Pafteurs , notre gloire eft d'obeir.
Vous le difiez autrefois , MONSE 1-
GNEUR, dans l'importante place que vous
occupiez au Parlemenp & que vous foute
niez avec tant de dignité & d'éloquences
vous affuriez que le fuffrage des Evêques
affermit irrevocablement la décifion du Sou
verain Pontife , & que c'eft à cette union
parfaite des Membres avec les Chefs , que
les Chrétiens font obligez de reconnoître la
voix de la verité & le jugement de Dieu
même. Cependant , MONSEIGNEUR ,
quelle monftrueuse Doctrine n'a-t-on pas
avancée depuis quelques années , fous lefpecieux
prétexte d'attachement aux maximes
du Royaume ? on a foutenu avec opiniâtreté
des erreurs capitales profcrites par l'une &
Pautre Puiffance. On a ébranlé tous les fondemens
de ta Hyerarchie & de la fubordination
on a autorife chaque Particulier à s'ériger
en Juge & arbitre de fa foy , onfour
met les décifions des premiers Pafteurs unis
avec leur Chef , à l'approbation du Peuple..
On fait dépendre la validité de leurs Juge
mens , du confentement des fimples Fideles
nous le difons avec douleur , le malheur des
temps a entraîné dans ces écarts des perſon- ·
d'ailleurs refpectables , & quelques-uns
nes .
I.. Vola de
JUIN 1730. 1235.
de nos Confreres qui paroiffent y perfeverer
avec opiniâtreté.
·Ne pouvons-nous pas efperer , MON
SEIGNEUR
, que Les Actes que nous avons
Phonneur de vous prefenter , & fur tout la
derniere Déclaration du Roy , dreffée avec
tant de fageffe , tes feront revenir de leur
prévention & les rameneront à l'unité.
Oui , MONSEIGNEUR , nous l'efpe
rons , mais nous ne l'espérons que de la bonté
de celui qui a l'a toute puiffance de tournerles
Geurs les plus rebelles comme il lui plait &
de lesfaire rentrer dans l'obéiffance & dans
La foumission.