ACADÉMIE S.
EXTRAIT du Mémoire lu à l'Affemblée
publique de l'Académie Royale
des Sciences , le 13 Novembre 1762 23
par M. DE PARCIEUX , de la même
Académie; fur un moyen de donner
une abondante quantité de bonne eau
dans tous les Quartiers de PARIS
LESES Anciens & furtout les Romains
furent toujours occupés du foin de procurer
de l'eau aux Villes de leur domination
. Nous en avons une preuve
dans les monumens qu'ils conftruifoient
pour cet ufage & qui fubfiftent encore
dans plufieurs Villes de France. On en
voit à Lyon , à Nifmes , à Fréjus , à
Joigny proche Metz , & c. Au lieu d'imiter
leur exemple & d'employer les
moyens dont ils fe fervirent autrefois,
nous avons eu jufqu'ici recours à des
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
1
machines pour fournir à la Capitale le
peu d'eau qu'elle a , fi ce n'eſt les eaux
de Rungis que la Reine Marie de Médicis
y fit venir dans le fiécle dernier.
L'infuffifance de ces Machines a fait
naître à M. Dep . l'idée d'un projet qu'il
développe dans le Mémoire que nous
annonçons ; projet d'autant plus utile
qu'il remplit parfaitement fon objet
fans des dépenfes énormes ; pour en
rendre l'éxécution moins éffrayante
M. Dep. remet en peu de mots fous
les yeux les immenfes travaux que fi
rent les Romains dans les Gaules dans
le peu de temps qu'ils les ont poffédées ,
pour la conduite des eaux. Il fait enfuite
voir la néceffité d'adopter fon projet
en prouvant que la plupart des
Quartiers de Paris manquent d'eau ou
n'en ont qu'en très-petites quantité.
Après des Obfervations fort éxactes
& dont on pourra voir le détail dans
le Mémoire , M. D. a trouvé qu'il pouvoit
faire venir les eaux de la Rivière
d'Yvette prifes à Vaugien à la Place de
la Porte S. Michel , d'où fe feroit la
diftribution dans tout le refte de Paris ;
diftribution d'autant plus facile que les
eaux de l'Yvette viendroient à la même
hauteur que celles de Rungis , qu'on
MARS. 1763.
101
comme communement d'Arcueil.
L'Aqueduc propofé parcourra - un
chemin de dix-fept à dix -huit mille
toifes en côtoyant d'abord le lit naturel
de l'Yvette depuis Vaugien jufqu'à Palaifeau.
De la vallée de l'Yvette pour
fe rendre à celle de la Bievres , on lui
pratiquera un paffage fous une partie
de la montagne qui eft entre Palaifeau
& Maffy. Arrivée dans la vallée de la
Bievres , le Canal dans lequel coulera
l'eau de l'Yvette fuivra la côte droite
de la Bievres , viendra paffer la gorge
de Fiernes ou de Tourvoye fur un pont
aqueduc , continuera enfuite fa route
fous Fiernes & fous l'Hay , & arrivera
à Arcueil. Là elle paffera la vallée fur
un autre pont aqueduc joignant celui
de la Reine Marie de Médicis , fur lequel
paffent les eaux de Rungis & elle
fuivra enfuite l'aqueduc actuel jufqu'au
Fauxbourg S. Jacques.
Pour faire connoître d'une manière
plus fenfible les endroits par où doit
paffer ce canal ou cet aqueduc , M.
de Parcieux a joint à fon Mémoire une
carte du lieu où l'on voit le cours de
la rivière d'Yvette depuis fes premieres
fources jufqu'à Paris ; le cours de la
riviere de Biévres , & celui du nouveau
canal, E. iij
102 MERCURE DE FRANCE.
La nature du terrein dont les eaux
pluviales tombent dans l'Yvette avoit
bien fait préffentir à M. D. que l'eau
devoit en être bonne ; néanmoins pour
s'en affurer complettement , il en a fait
porter un certain nombre de bouteilles
pleines & cachetées à MM. Hellot &
Macquer , habiles Chymiftes de la même
Académie , qui l'ont fait paffer par toutes
les épreuves que la Chymie fournit
; & l'on voit par leur examen rapporté
tout au long à la fin du Mémoire ,
que cette eau eft de la plus excellente
qualité.
L'abondance des eaux étoit encore
un point éffentiel dont il falloit s'affurer
, de la quantité de pieds cubes d'eau
que dépenfoient par feconde les moulins
de Vaugien & le dernier du ruiffeau
de Gif dans les temps des plus baffes
eaux , M. D. a conclu qu'il paffoit
plus de 1000 pouces d'eau à Vaugien,
& plus de 200 à Gif
En effet , fi l'on circonfcrit le terrein
qui envoye fes eaux pluviales aux deux
prifes de Vaugien & de Gif , on trouve
, dit M. D. que plus de 36 millions
de toifes quarrées envoyent leurs eaux
à Vaugien ou à Gif & nous croyons
qu'il auroit dire plus de pu
millions ; 40
MARS. 1763 ) 103
mais il aime-mieux annoncer moins ,
afin qu'on ne foit pas trompé dans fon
attente.
Le tiers de l'eau qui tombe fur ce
terrein que M. Mariotte fuppofe s'imbiber
pour fournir les fources , pris
moyennement pour toute l'année , don
neroit plus de trois mille pouces d'eau
continuels . Si on fait les réfervoirs néceffaires
pour conferver le trop de certains
temps pour remplacer le moins
des autres , ou voit qu'il eft aifé de
procurer à la Ville de Paris deux mille
pouces d'eau continuels & davantage.
Après avoir parlé des moyens d'amener
l'eau de l'Yvette à Paris , & de
ce qu'il y aura à faire pour l'avoir toute
l'année pure , belle & limpide , M.
D. fait l'analyse de l'eau de la Seine
telle qu'on la puife prèfque dans tout
Paris . Après avoir montré ce qu'il entre
d'égoûts dans cette rivière par la rive
droite , qui eft beaucoup plus la Marne
que la Seine , il fait remarquer ce que
l'autre rive reçoit , & voici comme il
s'exprime :
La rive gauche de la rivière eft encore
bien pire ; on le concevra aifément
, fi on fe repréſente que tous les
égoûts de la partie méridionale de Pa-
E iij
104 MERCURE DE FRANCE.
ris tombent dans la Seine , dans Paris
même ou au-deffus , par la rivière des
Gobelins , dans laquelle fe rendent les
égoûts de toute efpéce , de Bicêtre &
de l'Hôpital , ceux des Fauxbourgs
Saint-Jacques , Saint-Marceau & Saint-
Victor , lefquels joints à tout ce que
cette rivière reçoit des Blanchiffeufes
dont fon cours eft couvert depuis &
compris le Clos- Payen jufqu'au Pontaux-
tripes , & à tout ce que les Teinturiers
, Mégiffiers , Tanneurs , Amidonniers
, Braffeurs & autres ouvriers y
jettent , la rendent indifpenfablement la
plus vilaine & la plus mal-faine qu'on
puiffe imaginer.
La rive gauche de la Seine reçoit
cette eau à fon entrée dans Paris , vient
laver les trains de bois qui font les trois
quarts de l'année le long du Port de la
Tournelle , rencontre les égoûts des
foffés Saint-Bernard & des Grands-degrés
; celui de la Place Maubert , qui
feul feroit capable de gâter une grande
rivière : ainfi préparée elle vient paffer
fous les ponts de l'Hôtel-Dieu , où elle
reçoit de cet Hôpital immenfe , toutes
les ....... on n'ofe le dire : arrivent
enfuite l'égoût de la rue de la Harpe
ceux du quai des Auguftins , & enfin
t
MARS. 1763. TOS
par les trois qui fortent fous le qua
Malaquais , les immondices d'une grande
partie de Paris ; & c'eſt de l'eau qui
coule le long de cette rive , prife audeffous
du Pont- neuf, dont eft abreuvé
tout le fauxbourg Saint- Germain ,
ou peu s'en faut , & affez généralement
celle qu'on boit dans tout Paris ..
On ne trouvera pas que ce tableau
foit flaté ; mais M. D. n'annonce rien.
qui ne foit connu de tout Paris.
Tout le monde fent aisément que
ce projet eft un des plus grands des
plus utiles , des plus importans,des plus
intéreffans & des plus urgens qu'on puiffe.
propofer pour cette grande Ville , &
M. D. n'oublie rien de tout ce qui peut
faire efpérer aux Citoyens que fon
projet fera éxécuté un jour. Il ne diffimule
pas que tout ce qu'il y a à faire
pour amener l'eau jufqu'à la rue Hyacinthe
& pour la diftribuer dans Pa ---
ris , doit coûter même affez confidérablement
: mais , dit- il , Paris n'en vaut
il pas bien la peine ? pourroit -on fe
perfuader & voudroit-on perfuader aux
autres , que nous.fommes arrivés dans:
un fiécle où l'on n'ofe plus entreprendre
les chofes les plus grandes & les
plus utiles ? Que l'on compare feule
,
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
ment , eu égard au nombre d'habitans,
& qu'on cherche à mettre quelque proportion
, fi on le peut , entre ce que
l'on propofe pour la Capitale de la
France , & ce que l'on vient de faire
pour une ville de province ; alors le
projet n'éffrayera plus.
On compte qu'il y a aux environs
de 800 mille âmes dans dans Paris , &
36 à 40 mille à Montpellier ; ce dernier
nombre n'eft au plus que la vingtiéme
partie du premier.
On vient d'amener à Montpellier les
eaux de plufieurs fources réunies , lefquelles
donnent aux environs de 70
à
So pouces , dans les plus grandes féchereffes
, par un aqueduc de 7409 toifes
de long , voûté dans toute fa lon--
gueur , de trois pieds de largeur fur 6
de hauteur fous clef, dans l'étendue duquel
il a fallu percer une montagne de
200 toifes de longueur , faire plufieurs
ponts - aqueducs pour traverfer les basfonds
, entr'autres un fur la Lironde qui
eft affez confidérable , & celui qui traverfe
le vallon de la Merci fous le Peirou
, lequel eft compofé de deux ponts
l'une fur l'autre ; le premier de 64 arches
de cinq toifes de diamètre , & le fecond
de 140 arches de deux toiſes chacune,&
MARS. 1763. 107
de plus l'épaiffeur des piles & des culées ;
ce dernier a près de 400 toifes de long
fur 60 pieds de hauteur du deffous de
la rigole à l'endroit le plus bas du vallon
C'est tout au plus , fi le projet pour a
mener l'Yvette à Paris , demande trois
ou quatre fois autant d'ouvrage , pour
vingt fois autant d'habitans & pour la
Capitale de la France.
La ville de Carcaffonne , laquelle ,
felon Dom Vaiffette , dans fa Géographie
hiftorique , ne contient que 8000 à
10000 habitans , a trouvé dans la bonne
adminiſtration de fes revenus , auffi-
bien que dans la ville de Montpellier
, le moyen de fe procurer 2 à
300 pouces d'eau , par un petit aqueduc
de 3 pieds de haut , fur 18 pouces
de largeur , & de 4000 toifes de long,
porté fur des arceaux en plufieurs endroits.
Cette eau eft une partie de la
rivière d'Aude , qu'on a dérivée il y a
12 ou 15 ans .
Au refte , il faut attendre , fans défefpérer
, continue M. D. que des Savans
capables de juger de toutes les parties.
d'un pareil projet & d'évaluer le prix
de chacune , que la Cour ou les Magiftrats
commettront , ayent prononcé.
J'ofe affurer , en attendant leur exa-
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
men , qu'il y a eu de nos jours des
monumens commencés & finis , & d'autres
commencés qui marchent à grands
pas à leur perfection , qui couteront
plus que celui-ci Je les crois tous néceffaires
, mais celui de donner de l'eau
à Paris l'eft autant qu'aucun , & l'on
peut trouver des moyens pour celui-ci,
comme on en a trouvé pour ceux-là..
Les grands hommes , & nous en
avons , ont de grandes reffources : pourquoi
ne s'en trouveroit - il pas qui imitaffent
Gérard de Poiffi ce refpe&table
& généreux citoyen , qui a immortalifé
fon nom pour avoir donné onze
mille marcs d'argent , deftinés à faire
paver les rues de Paris. Quelle gloire
ne s'eft-il pas acquife , en employant
une partie de fes richeffes pour l'utili
té de fes concitoyens ? Puifque la mémoire
de cet acte généreux s'eft confervée
jufqu'à nous , elle durera vraifemblablement
auffi long-temps qu'il y
aura des hommes dans Paris.
M. Dép. fait voir dans fon Mémoire
qu'il faudroit 1881000 livres de notre
monnoye pour faire à préfent ce qu'on
faifoit alors avec la valeur de onze mille
marcs d'argent.
Quels éxemples de générofité ne nous
MARS. 1763. 109
donnent pas nos voifins ! un célébre
Médecin Anglois , vient de donner aux
environs de cinq millions de livres de
notre monnoye , pour faire bâtir un
Amphithéâtre anatomique , non compris
les fondations qu'il fe propofe de
faire pour les Profeffeurs. Qu'auroit- il
donné pour faire venir de l'eau à Londres
, fi celle de la nouvelle rivière n'y
avoit déjà été menée ? Efpérons que nos
plus riches Citoyens ne le céderont en
rien à la générofité des Anglois.
On peut trouver de ces grandes actions
dans tous les fiécles ; le quartier
de l'Univerfité eft couvert de monumens
fondés par la générofité de plufieurs
dignes Patriotes , proportionnée
à leur fortune ; & fous le règne de
LOUIS XV il y a des ames auffi généreufes
que fous celui de Philipe- Augufte
; je les crois même en plus grand
nombre : le zéle avec lequel les principaux
Corps & plufieurs dignes & grands
Citoyens fe font empreffés de contribuer
au rétabliffement de la Marine françoiſe
, en eft une preuve.
La ville de Reims n'oublira jamais
le nom & le bienfait de M. Godinot ,
qui après avoir fait des embelliffemens
Coufidérables à la Cathédrale dont il
fio MERCURE DE FRANCE.
étoit Chanoine , a procuré de l'eau à
fes concitoyens par une machine qu'il
a fait conftruire à fes ' dépens ainfi
qu'une grande partie des conduites &
des fontaines qui la diftribuent dans
tous les quartiers ; on lui a encore l'obligation
de plufieurs autres travaux publics.
Il y a certainement dans Paris des
âmes auffi bienfaifantes qu'à Reims ;
mais avec le noble defir d'être utile à
fes concitoyens , il faut l'heureux concours
des facultés .
Quel eft le citoyen zélé pour le bien.
public , dit M. D. qui ne donnât volontiers
fi les autres moyens manquent,
une ou deux années du revenu de fa
maifon pour y faire venir en tout temps
une quantité d'eau fuffifante ? Que ne
donneroit-on pas dans nombre de Châteaux
où l'eau manque, pour avoir une
fource d'un pouce d'eau feulement ?
quelles dépenfes ne fait- on pas quelquefois
pour s'en procurer dans des
maifons qu'on n'habite qu'en paſſant ?
ne feroit-ce pas faire de fon argent un
meilleur ufage que de l'employer en
lambris , en dorures & en autres ornemens
fuperflus & paffagers ? la bonne
eau fera toujours de mode.
En effet , quel avantage d'avoir dans
MAR S. 1763.
III
la maifon qu'on habite le plus longtems ,
une fource de bonne eau , fourniffant
l'office , la falle à manger , coulant fans
ceffe dans la cuifine , entraînant les immondices
fans leur laiffer le temps de
fermenter & d'empuantir & infecter
l'air des endroits où l'on conferve les
viandes & de ceux où on les prépapare.
Quelle fatisfaction de voir laver
fa cuifine & tous fes recoins dix
fois par jour , fi l'on veut fon eft moins
pareffeux à nétoyer partout quand l'eau
ne coute pas à tirer.
Non feulement cette abondance d'eau
tiendra le dedans de la maison propre &
frais , mais auffi les rues qui deviendront
des ruiffeaux formés tant par l'eau
de refte qui fortira des grandes maifons
que par celles qu'on employera à laver.
Ces ruiffeaux entraîneront fans ceffe les
boues , entretiendront le pavé propre &'
mouillé auprès des ruiffeaux pour le foulagement
des chevaux. En Eté on arrofera
, ou pour mieux dire , on lavera
les rues avec cette eau auffi fouvent
qu'on le voudra , au lieu de deux fois
qu'on les humecte à préfent avec fort
peu d'eau & fouvent avec de l'eau vilaine
& puante , qui jettée en petite
112 MERCURE DE FRANCE .
quantité , ne fait que tenir la boue délayée
pendant un peu de temps & infecter
d'autant mieux l'air , l'abondance
de celle-ci le rendra fain & falubre ,
ce qui eft fi important pour la fanté des
citoyens & d'autant plus néceffaire que
le nombre des habitans eft plus confidérable
; tout le monde fent de refte
que le féjour des boues & immondices
contre les murs ou contre les bornes
doit de néceffité rendre l'air bas , infecté
& mal fain & c'est celui que
nous refpirons.
"
"
Quelle tranquillité d'avoir dans fa
maiſon un réſervoir toujours plein d'eau
& fans ceffe renouvellé pour fournir un
fecours prompt & à propos dans un cas
de malheur tant pour foi que pour le
voifinage !
Dans la feconde partie de cet intéreffant
Mémoire , M. Dep. rend compte
de ce qui l'a conduit à former ce
projet , & de ce qu'il a fait pour s'af--
furer d'abord de la poffibilité, & enfuite.
pour dire exactement à quelle hauteur
l'eau pouvoit arriver à Paris. Il a fallu
pour cela rapporter le tout à un point
fixe & immuable , & c'eft au fol de l'Églife
N. D. qu'il a rapporté toutes ſes.
opérations.
MARS. 1763. 113
Faifant abftraction de la pente qui
fait couler l'eau de moulin en moulin
depuis Vaugien jufqu'à Paris , les chutes
des moulins ont fait connoître à M.
D. de combien l'eau de Vaugien étoit
plus élevée que l'eau de la Seine fous le
Pont de l'Hôtel- Dieu , de laquelle déduifant
la quantité de pieds & pouces
dont le fol de N. D. étoit plus élevé
que la Seine le même jour qu'il mefuroit
les chutes des moulins , le refte
donne l'élévation de l'eau de Vaugien
fur le fol de N. D. qui eft de 83 pieds
9 pouces.
Le nivellement que M. D. a fait &
repété plufieurs fois pour parvenir à
connoître de combien l'arrivée des eaux
d'Arcueil eft plus élevée que le même
fol de N. D. fuppofe des opérations
fort intéreffantes pour les perfonnes
qui font au fait de ces matiéres ; mais
comme elles ne font pas à la portée
de tous nos Le&curs , nous nous contenterons
d'en rapporter les principaux
réfultats.
1°. Le haut de la Tour méridionale
de N. D. eft plus élevé que le fol de
l'Eglife pris au bas de l'efcalier des.
Tours de 204 pieds 9 pouces. 2 °. Le haut
du parapet de l'Obfervatoire et plus.
114 MERCURE DE FRANCE .
haut que le même fol de N. D. de
161 pieds d'où il fuit que la Tour
méridionale de N. D. eft plus élevée
que le haut de l'Obfervatoire de 43
pieds 9 pouces. 3° . Le bouillon d'arrivée
des eaux d'Arcueil eft plus élevée
que le le fol de N. D. de 67 pieds 10
pouces & demie , qui ôtés de 83 pieds
9 pouces dont l'eau de Vaugien eft plus
élevée que le même fol de N. D, refte
15 pieds 10 pouces & demi , dont
l'eau de l'Yvette à Vaugien eft plus
élevée que l'arrivée des eaux d'Arcueil
à côté de l'Obfervatoire , non compris
la pente qui la fait couler de moulin
en moulin depuis Vaugien jufqu'à
Paris.
4º Le haut de la Place de l'Eftrapade
eft plus élevé que le fol de N. D. de
81 pieds 3 pouces.
5°. Enfin l'endroit le plus élevé du parapet
du pont de l'Hôtel-Dieu eft plus
élevé que le fol de N. D. de 10 pieds 6
pouces , ce qui donne le moyen de connoitre
de combien la Seine eft plus baffe
que le fol de N. D.
M. D. avec cette modeftie qui
convient aux vrais Sçavans qui n'ont
d'autres vues que celles du bien public,
MARS.
115
veut bien n'être pas cru fur fa parole ,
´'il demande lui-même qu'on faffe examiner
fon projet ; mais il defire que ce
foit par les perfonnes les plus capables
& les plus propres à infpirer la confiance
que l'objet mérite . Comme il
connoît bien la vérité de ce qu'il propofe
, on voit en plufieurs endroits de
fon Mémoire qu'il eft pleinement perfuadé
que fon projet fera exécuté à l'avenir
s'il ne l'eft à préfent. Voici comment
il s'exprime en un endroit.
Ne connoiffant rien de plus urgent
à
faire pour une grande ville , après la
conftruction des ponts , quand il en
faut que de procurer dans tous les
quartiers une fuffifante quantité de
bonne eau ; & connoiffant affez bien
les environs de Paris , pour pouvoir affurer
qu'il n'y a que la riviére d'Yvette
qui, donnant cette fuffifante quantité
de bonne eau , puiffe y arriver à une
hauteur propre à l'envoyer dans tous
les quartiers , à moins de l'aller prendre
beaucoup plus loin ; je crois être fondé
à me perfuader que ce projet fera
éxécuté à l'avenir , s'il ne l'eft à préfent
, & d'autant plus , comme je l'ai
déja fait obferver , que c'eft la feule
dépense que la Ville puiffe faire dont
116 MERCURE DE FRANCE.
les fonds tui rentrent avec avantage ,
en faifant le bien des citoyens , cette
dépenſe n'étant , à proprement dire
qu'une avance ou de l'argent placé.
Mais quand même cette dépenfe ne
devroitjamais rentrer : pour une grande
ville , capitale d'un grand royaume , il
faut de grandes chofes
Il regarde donc l'éxécution de ce
projet comme indifpenfable , foit dans
peu , foit à l'avenir or dans quelque
temps qu'on l'entreprenne , on doit
faire le tout de manière à pouvoir recevoir
& laiffer couler plus de 2000 pou--
ces d'eau, vû qu'on peut les avoir dèsà-
préfent les trois quarts de l'année
& qu'on pourra fe les procurer pour
toute l'année quand on le voudra , & c..
Quand même M. Dep. n'auroit pas
la fatisfaction de voir éxécuter ſon projet
, il pourra fe flatter d'avoir rendu un
fervice éffentiel à fa patrie , en faisant .
une fi heureufe découverte . Elle intéreffa
tout le monde dès qu'il commença
à en faire
part , & jamais
Mémoire
n'a été écouté
avec plus d'attention
ni
plus applaudi
qu'il le fut lorsqu'il
en fit.
la lecture
à l'Affemblée
de la rentrée
publique
de l'Académie
Royale
des.
Sciences
, du mois de Novembre
derMARS.
1763. 117
>
nicr. Le Miniftre toujours attentif à ce
qui peut contribuer au bien public , a
voulu qu'il fut imprimé à l'Imprimerie
Royale.
Lorfque M. Dep. eut l'honneur de le
préfenter au Roi , il en fut accueilli favorablement
, & Sa Majesté voulut bien
entrer avec lui dans des détails qui marquoient
fort l'intérêt qu'Elle y prenoit.
Ce Mémoire ne fe vend pas ; on n'en
a tiré que le nombre d'exemplaires qu'on
a voulu donner ; mais on le trouvera
dans la fuite des Mémoires de l'Académie
des Sciences , pour l'année 1762.