Résultats : 1422 texte(s)
Détail
Liste
102
p. 285
ENIGME.
Début :
Je vous envoye une Enigme nouvelle, à mon ordinaire. Elle ne doit / Mon sort est singulier, je suis masle & femelle, [...]
Mots clefs :
Chanvre
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texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
Jevous envoyeune Enigme nouvelle,
à mon ordinaire. Elle ne doit
pasembaraffer beaucoup vos Amies.
ENIGME
Mon fort eft fingulter, je fuis
masle&femelle,
Sansqu'Hermaphrodite onm'appelle.
Dans ce terrible jour qui caufe tant
d'effroy ,
Malheuràqui ſe ſert de moy.
Je ſuis , Madame , &c. N
AParis ce 28. Février 1700.
à mon ordinaire. Elle ne doit
pasembaraffer beaucoup vos Amies.
ENIGME
Mon fort eft fingulter, je fuis
masle&femelle,
Sansqu'Hermaphrodite onm'appelle.
Dans ce terrible jour qui caufe tant
d'effroy ,
Malheuràqui ſe ſert de moy.
Je ſuis , Madame , &c. N
AParis ce 28. Février 1700.
Fermer
104
p. 206
ENIGME.
Début :
Tous les Estres vivans mettent leur industrie [...]
Mots clefs :
Ver à soie
105
p. 402
ENIGME.
Début :
Je n'ay ny pieds, ny mains, ny teste, [...]
Mots clefs :
Huître à l'écaille
106
p. 359
ENIGME.
Début :
Je n'humecte jamais quoy que je sois humide, [...]
Mots clefs :
Vif-argent
110
p. 400-401
ENIGME.
Début :
Sans aîles, sans pieds & sans yeux, [...]
Mots clefs :
Flux et reflux
120
p. 370-372
ENIGME.
Début :
Nous sommes quatre enfans aussi vieux que le monde, [...]
Mots clefs :
Quatre éléments
126
p. 103-130
LETTRE De Mr l'Abbé Vere sur les Eaux de Balaruc, à Me de Camus, Religieuse de Saint Pierre de Lyon.
Début :
Vous me demandez de mettre toûjours beaucoup de varieté / Les Eaux de Balaruc en Languedoc, où vous accompagnâtes [...]
Mots clefs :
Eaux de Balaruc, Abbaye de Saint Pierre de Lyon, Sel fixe, Esprit acide, Couleur, Teinture, Purger, Sensible, Vitriol, Asthme
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE De Mr l'Abbé Vere sur les Eaux de Balaruc, à Me de Camus, Religieuse de Saint Pierre de Lyon.
Vous me demandez de mettre toûjours beaucoup de vaI iiij
104 MERCURE
rieté dans mes Lettres , ce qui
donne , dites - vous , la facilité
d'en quitter & d'en reprendre
fouvent la lecture , fans que la
memoire foit obligée de fe
charger du commencement
d'un Article qu'on n'aura pas
lû entier.
Vous fouhaitez auffi d'y
trouver toûjours des Articles
qui regardent la fanté , à caufe
de l'utilité que l'on peut tirer
de ces fortes d'Articles , & je
crois ne pouvoir mieux vous
fatisfaire qu'en vous envoyant
la Lettre fuivante, je vous prie
de vous fouvenir que ce n'eſt
pas moy qui parle.
GALANT 105
LETTRE
De Mr l'Abbé Vere fur les
Eaux de Balaruc , à Me de
Camus , Religieufe de Saint
Pierre de Lyon.
Les Eaux de Balaruc en Languedoc , où vous accompagnates
autrefois feuë Me l' Abbeſſe de
Saint Pierre, & dont vous m'avez demandé l'analyse , fontfort
chaudes & fumeufes. Quand on
en verfe quelques gouttes fur la
teinture defleurs de Mauve , la
couleur violette en eft d'abord
106 MERCURE
•
Ce changée en une couleur rouge.
qui prouve que ces Eaux font
impregnées d'un fel acide , tresvolatil. D'ailleurs , une pinte mefure de Montpellier, de cet eau ,
c'est- à- dire , trois livres & quatre onces , fourniffent deux dragmes d'un fel fori raboteux , fort
poreux, & fort blanc qui dés
qu'on l'a exposé à un air froid ,
commence de prendre une couleur
grife cendrée , & qui devient d'un
gris affezfoncé, tirant unpeufur
le roux , quand on le conferve
long- temps dans des phioles de
verres, quoy qu'elles foient bien
bouchées. Ce fel appliquéfur la
GALANT 107
langue y excite une acreté qui
tient de l'acidité ; ainfi on peut le
régarder comme un felfalé acres
dont l'acreté n'eftpas violente , ou
comme unfelfalé acre- doux , qui
ne fouffre aucune fermentation
quand on l'arrose d'huile de Tartre, ilfefermente tres-aifément
ఆ d'une manierefenfible lorsque
fon tiffu eft penetré par quelques
efprits acides. Il agace agace un peu les
dents , lorsqu'il a eſté mêlé
avec la teinture defleurs de Mauil luy donne une couleur verte fort approchante de celle d'une
émeraude; maispeu d'heures aprés
cette couleur fe change en une
ve,
108 MERCURE
autre rouffatre femblable , ou peu
s'en faut , à celle du vin mufcat
de Frontignan.
à
Lorfqu'on les a fait diftiller au
Bain Marie, elles paroiffent tout
fait infipides & ne changent
point la couleur du papier bleu ,
& elles ne font qu'éclaircir la
couleur de la teinture de fleurs de
Mauve , on en infere qu'elles
laiffent , lorfqu'on les fait diftiller
tout leurfel dans le fond de l'alembic ; & ce fel aa unun tiffu plus
ferré que celuy du fel qu'on avoit
tiré auparavant des mêmes eaux,
lorfqu'on les avoit fait évaporer.
Il eftoitformé par cubes plus irre-
GALANT 109
&
guliersque ceux du fel marin. Il
tiroit fur le roux, & le fut entierement aprés avoir efté exposé
à l'air , devint tres -humide.
Lorfqu'on le deffeche , iljette une
odeur fulphurée douce , affez
agreable , qui approche de
celle qui fort de la pomme de Renette , lorsqu'on la met fur des
charbons ardens ; le fel qu'on tire
aprés la diftillation ayant le tiffu
plusferré,fefermenteplus difficiLement que celui qu'on tire aprés
l'évaporation de ces eaux. Mêlé
avec la teinture defleurs de Mauve, il luy donne une couleur bleüe,
qui devenant de moment à autre
110 MERCURE
plus foncée : enfin , en prend une
aprés une heure ou deux, qui tire
fur un vert clair, & enfuite fur
un vert unpeu foncé; & au bout
4. heures une couleur rouſſâcelle du muſcat ſefait
de
tretelle
que
remarquer.
On découvre que le fel fixe de
ces eaux eft un fel acre ou alkali
pur; en en faifant évaporer une
quantité confiderable par un feu
moderé, en mêlant demy once
de ce fel avec une once demie
de tête morte de bol , on en tire
durant cinq oufix heures d'un feu
de reverbere affez violent , un
efprit acide , & cet efprit excite
GALANT III
unefermentation tres-fenfible toutes les fois qu'on en verfe quelques gouttes fur du fel de Tartre
&de fang humain , &fur des
corps terreftres qui ont une configuration depores , à peu prés femblables à celles des pores des fels
appellez alkalis. Cet efprit agace
les dents , rougit le papier bleu,
la teinture du Tournefal , le Sirop
violat la teinture de fleurs de
Mauve.
Mais lorsqu'onfait une leffive
de la matiere contenuë dans la
cornuë où a efté ce fel , on en tire
un autrefel d'un tiſſu fi ouvert que
les efprits de nitre , de vitriol &
712 MERCURE
•
ces
defouffre, le penetrentfans exciter aucune fermentation fenfible ,
quoique l'huile de vitriol , mais
impregnée de parties falines , acides , plus groffieres que celles de
efprits , le fermente un peu. Ce
fel tout relaché quefûtfon tiſſu ,
donna dans une experience faite
depuis peu , une couleur bleuë à la
teinture de fleurs de Mauve qui
prit d'abord une couleur verte ,
enfuite une rouffâtre.
Vingt-unjours aprés qu'on a tiré
un efprit acide du fel de ces eauxe
mêlé avec dela tête morte de Bol,
en mettant dans un vafe une once
du mêmefelfans mélange, on tire
GALANT 113
quelques heures aprés &par un
feu peu violent une dragme &
trente-fix grains d'un efprit acide
qui a une force égale à celle de
l'efprit dontje viens de parler, &
qui produit les mêmes effets . Le
fel contenu dans la cornuë où eftoit
cet efprit feramaffe par grains de
figure à peuprés ronde , quiforme
depetits pelotons entaffez les uns
fur les autres. Le poids de ce fel
eft de fix dragmes vingt- qua
tre grains ; ainfi on voit que la diftillation fe faitfans perte fenfible.
de lafubftance du corps diftillé.
Enfin on tire aprés deux heures
d'un feu reverbere fort moderé ,
Avril 1710.
K
114 MERCURE
d'une demi- once du fel tiré de ces
eauxdiftillées dans le Bain- marie ,
fans mélange d'aucun autre corps ,
un efprit acide qui paroift avoir
unpeu plus de pointe que celuy
qui est tiré du fel de ces mêmes
eaux , mêlé avec une once &demie de la même tefte morte deBol.
Cequiperfuadeque le Bolpreparé
d'une certaine maniere ne donne
jamais rien du fien à l'esprit acide
tiré du fel falé acre fixe du fang
humain. Car s'ilpouvoit luy communiquer quelque acidite' , felon
le fentiment de quelques Medecins , il en communiqueroit fans
doute au premier efprit qu'on tire
GALANT 115
du fel des eaux de Balaruc , &
en ce cas cet efprit auroit dû avoir
plus de force que celuy qu'on tire
des mêmes eauxfans le fecours de
la tefte morte de Bol.
Au reste lorsqu'on afiny la diftillation du fel tiré au Bainmarie
de ces eaux , on voit que ce fel
s'y fond , & qu'il s'y vitrifie en
partie , puifqu'il s'attache fi fort
àlafurface interne de la cavité
du vaſe , qu'il en eft comme infeparable ; & cefelquoy qu'en partie vitrifié , ne laiſſepas de fefermenter un peu lorsqu'on l'arrofe
de quelques goutres d'huile de Vitriol ; mais fon tiffu eft trop ouKij
116 MERCURE
vert pourpouvoir eftre fermenté
par l'efprit du Vitriol , &par
autres acides.
les
On voit doncpar tout ce que je
viens de dire , que ces eaux font
impregnées d'unfel acide volatil ,
&d'unfel falé acre , tres -fufceptible de fermentation ; ainfi il
leur faut reconnoître deux fortes
de principes fermentatifs , l'un
actif, l'autre paffif, & ces deux
principes operent unefermentation
continuelle , & par confequent les
rendent chaleureufes & fumeufes; leur chaleur cependant eftfuportable , quelque violente qu'elle
paroiffe d'abord , puifqu'elle ne
GALANT 117
change point la confiftence & la
couleur verte des feuilles de l'OZeille , quoy qu'on les y faffe
tremper long-temps. On y peut
mettre un auf dont on ouvrira
la coque , & l'y laiffer une heure,
aprés laquelle on ne reconnoîtra
pasplus d'alteration dansfon blanc
dansfonjaune , que s'il avoit
toujours eftédans l'eaufroide. La
fumée qui fort de ces eaux fem
ble un peu fulphurée , fur tout
prés de lafource , qu'on appelle le
Bain des Pauvres , parce que
c'eſt-là où ils fe baignent: il en
faut donc conclure que ces cause
contiennent quelques parties ful
118 MERCURE
phurées , puifqu'onéprouve qu'el
les rendent la peau douce & un
péu onctueuse, & que le felfixe
qu'on en tire lorsqu'on les diftille.
au Bainmarie, jette lorſqu'il eft:
détaché une odeur douce & agreable , qui ne peut eftre l'effet que
d'un fouffre tres fin.
On n'a plus lieu de douter aprés
tout ce queje viens de dire
ces eaux ne foient déterfives,
propres à diffondre toutes fortes
d'humeurs vifqucufes. En voicy
la preuve. Rempliffez une grande cuiliere de fer de ces eaux, &
mettez-yle jaune &le blanc d'un
œuffrais , vous y verrez que
que
GALANT 119
dans demy heure, & lorfque vous
aurezplongé cette cuiliere juſqu'à
fon bord dans la fource de ces
eaux, que le blanc de l'œuffera
entierement diffout , fans que l'eau
contenue dans la cuiliere paroiffe
le moins du monde vifquenfe.
Pour le jaune il eft vray que fa
furface exterieure pâlit un peu ;
mais fa confiftance naturelle ne
s'altere point. Vouspouvezfaire
une feconde experience ; c'eft de
remplir une cuiliere de fer auffi
grande que la premiere d'eau de
la mer un peu chaude , & d'y
mettre le blanc & le jaune d'un
euffrais , er de plonger enfuite
120 MERCURE
cette cuiliere prefque jufqu'à fon
bord dans la fource des eaux de
Balaruc , & vous verrez qu'aprés l'y avoir laiffée une heure, le
blanc de l'œuf ne paroîtra qu'un
peu diffout , parce que l'eau de la
mer en avoit détaché quelques
parties feulement , qui l'avoient
renduë tantfoit peugluante. Mettez enfin les deux cuilieres fur
deuxfourneaux également chauds
&vous verrez que le blanc de
l'œufqui s'eſtoir diſſout dans les
caux de Balaruc fe coagulera en
fe rarefiant en prenant la forme d'une crème fouettée , au lieu
que le blanc de l'œuf qui avoit
efté
GALANT 121
efté mis dans l'eau de la mer, &
qui n'avoit pas efté diffout , devint dur &
compacte comme
le blanc des œufs cuits au miroir.
Ainficeux qui ont regardé le fel
des eaux de Balaruc comme une
efpece de fel marin , fe détromperont aisément , pour peu qu'ils
veuillent faire quelque attention
à ce que j'ay dit de l'un &
de
l'autre de ces deux fels.
Mais ilfaut vous parler àprefent des effets falutaires de ces
eaux. Elles fontpurgatives, mais
fans violence & fans excés à cause
des fels dont elles font impreignées.
Elles gueriffent les maux d'efto
Avril 1710. L
122 MERCURE
machqui viennent durelâchement
des differens vaiffeaux qui le compofent , ou de la trop grande aigreur , ou de la foibleffe de fon levain , ou des humeurs visqueuses
collées à fa furface interne , ои
d'une lymphe trop épaiffe qui coule lentement dans les vaiffeaux
lymphatiques arteriels reneux; &
cela parce que fi les vaisseaux de
ce vifcerefe trouvent relâchez&
commeparalytiques , elles diffipent
par leurchaleur les humiditez qui
en produisent le relâchement , &
elles rétabliffent le reffortpar leurs
parties falines : fi le levain eft
trop aigre , elles l'amortiſſent &
GALANT 123
l'adouciſſent par leurfelfixe. S'il
eft trop aqueux & par confequent
foible , elles l'aninent par leurfel
acide volatil , le débaraffent
par leurfelfalé : s'ily a des humeurs gluantes dans l'eftomach
qui en empêchent les fonctions ,
elles le nettoyent en divifant les
fucs collez àfafurface interieure.
Lorfqu'il y a trop d'épaififfement
dans la lymphe , que fes conduits
lymphatiques arteriels nerveux
reçoivent de fes arteres pour la
porter dans les vines , elles fondent par leur chaleur cette épaiffeur& la font par leurs parties
falines acres couler librement , de
Lij
124 MERCURE
mêmeque lefuc lymphatique trop
épais qui laproduit. Ainfices eaux
procurent une facile digeftion en
rétabliffant le ferment de l'eftomach. Elles gueriffent auffi les
maux qui dépendent du relâchement ou des fermentations vicieufes qui s'excitent dans les caviteż
des boyaux.
Vous jugez par là , Madame
que ces eaux font tres bonnes
l'afthme humide , & qu'elles ne
conviennent point aux maux de
poitrine & du bas ventre.
Elles mordifient , defféchent ,
incarnent cicatrifent les ulceres , fur tout ceux qui viennent
GALANT 125
des playes fimples ; elles font admirables pour les maux de tefte exterieurs , lefroidque l'onfent quelquefoisfur lefommet de cette partie , & pour lesfluxions desyeux
pourvû qu'on obferve de s'enfaire
arrofer le derriere de la tefte & la
nuque du col cinq oufixfois , fçavoir le matin & le foir durant
deux ou troisjours. Elles gueriffent lorsqu'on s'y baigne trois ou
quatre fois les douleurs de rhumatifme ; elles excitent d'abord une
fueur difficile à foutenir , il faut
faire enfuite fuer le malade une
beure ou deux dans un lit. Comme on en rend laplus grande parLiij
126 MERCURE
tie par les felles & qu'elles font
fort chaudes fondantes , elles
divifent, adouciffent & mêmedifSipent par les fueurs qu'elles caufent les humeurs qui caufent les
maux que je vous ay détaillez.
Ellesfont auffimerveillenfespour
lesparalyfies quifuivent les apoplexies , diffipant & diffolvant
par leur chaleur & leurfel fixe ,
T'humeur qui bouche les nerfs , &
animantpar leur fel acide volatil
l'efprit animal à qui elles ouvrent
les routes naturelles en augmentant la vigueur , & par là elles
rendent le mouvement auxparties.
paralytiques. Elles gueriffent les
GALANT 127
dévoyemens , les pâles couleurs ,
les maladies melancoliques ,
de même que les fiévres intermittentes croniques.
On les prend fur les lieux en
Automne au Printemps. Il
faut prendre garde fur tout que
l'airn'entredans les bouteilles dans
lesquelles on les puife ; on les peut
transporter avec cette précaution ,
en boire en tout temps ; on les
boit même à Paris avecfuccés ,
ce qui leve toutesfortes de doutes
fur le transport.
de commencer à en Avant
que
boire
lorfqu'on
afini
, il faut
fe
le
lendemain
de la
purgapurger;
L iiij .
128 MERCURI
tion on en peutprendre àjeun & à
diverfes reprifes treize à quatorze
verres ou gobelets d'environ demi
feptier chacun dans le cours tout
au plus d'une heure & un quart.
Le premier coup eft de chopine ou
de deux verres de fuite. Il faut
prendre aprés les avoir prifes une
demie écuellée de bouillon de poulet.
La meilleure partie s'en va ordinairement par lesfelles , & on continuë d'en boire plus fouvent pendant trois jours & quelquefois
pendant quatre. Lorsqu'on ne les
boit pas fur les lieux , ilfaut obferver de les mettre au degré de
chaleur qu'elles ont à leurfource,
GALANY 129
qui est une chaleur approchante
de celle d'un bouillon tres- chaud ;
pour cela ilfaut déboucher la bouteille , laiffer tomber legerement le
bouchon dans le gouleau , enforte
qu'elle foit entre ouverte , mettre
du foin dans le fond d'un chaudron enforte que le verre ne touche point le chaudron & enfuite
remplir le chaudron d'eau , à qui
on donne le degré neceffaire de chaleur. Jefuis , Madame , &c.
Cette Lettre a paru d'autant
plus curieufe à tous ceux qui
Font luë qu'elle fait connoître
que la matiere a efté bien ap-
130 MERCURE
profondie par le grand nombre d'experiences que l'on a
faites , ce qui donne lieu d'efperer un falutaire effet de l'ufage des Eaux dont il y eſt parlé, & il feroit à fouhaiter que
les remedes dont on nous parle
tous les jours cuffent un effet
auffi fenfible.
104 MERCURE
rieté dans mes Lettres , ce qui
donne , dites - vous , la facilité
d'en quitter & d'en reprendre
fouvent la lecture , fans que la
memoire foit obligée de fe
charger du commencement
d'un Article qu'on n'aura pas
lû entier.
Vous fouhaitez auffi d'y
trouver toûjours des Articles
qui regardent la fanté , à caufe
de l'utilité que l'on peut tirer
de ces fortes d'Articles , & je
crois ne pouvoir mieux vous
fatisfaire qu'en vous envoyant
la Lettre fuivante, je vous prie
de vous fouvenir que ce n'eſt
pas moy qui parle.
GALANT 105
LETTRE
De Mr l'Abbé Vere fur les
Eaux de Balaruc , à Me de
Camus , Religieufe de Saint
Pierre de Lyon.
Les Eaux de Balaruc en Languedoc , où vous accompagnates
autrefois feuë Me l' Abbeſſe de
Saint Pierre, & dont vous m'avez demandé l'analyse , fontfort
chaudes & fumeufes. Quand on
en verfe quelques gouttes fur la
teinture defleurs de Mauve , la
couleur violette en eft d'abord
106 MERCURE
•
Ce changée en une couleur rouge.
qui prouve que ces Eaux font
impregnées d'un fel acide , tresvolatil. D'ailleurs , une pinte mefure de Montpellier, de cet eau ,
c'est- à- dire , trois livres & quatre onces , fourniffent deux dragmes d'un fel fori raboteux , fort
poreux, & fort blanc qui dés
qu'on l'a exposé à un air froid ,
commence de prendre une couleur
grife cendrée , & qui devient d'un
gris affezfoncé, tirant unpeufur
le roux , quand on le conferve
long- temps dans des phioles de
verres, quoy qu'elles foient bien
bouchées. Ce fel appliquéfur la
GALANT 107
langue y excite une acreté qui
tient de l'acidité ; ainfi on peut le
régarder comme un felfalé acres
dont l'acreté n'eftpas violente , ou
comme unfelfalé acre- doux , qui
ne fouffre aucune fermentation
quand on l'arrose d'huile de Tartre, ilfefermente tres-aifément
ఆ d'une manierefenfible lorsque
fon tiffu eft penetré par quelques
efprits acides. Il agace agace un peu les
dents , lorsqu'il a eſté mêlé
avec la teinture defleurs de Mauil luy donne une couleur verte fort approchante de celle d'une
émeraude; maispeu d'heures aprés
cette couleur fe change en une
ve,
108 MERCURE
autre rouffatre femblable , ou peu
s'en faut , à celle du vin mufcat
de Frontignan.
à
Lorfqu'on les a fait diftiller au
Bain Marie, elles paroiffent tout
fait infipides & ne changent
point la couleur du papier bleu ,
& elles ne font qu'éclaircir la
couleur de la teinture de fleurs de
Mauve , on en infere qu'elles
laiffent , lorfqu'on les fait diftiller
tout leurfel dans le fond de l'alembic ; & ce fel aa unun tiffu plus
ferré que celuy du fel qu'on avoit
tiré auparavant des mêmes eaux,
lorfqu'on les avoit fait évaporer.
Il eftoitformé par cubes plus irre-
GALANT 109
&
guliersque ceux du fel marin. Il
tiroit fur le roux, & le fut entierement aprés avoir efté exposé
à l'air , devint tres -humide.
Lorfqu'on le deffeche , iljette une
odeur fulphurée douce , affez
agreable , qui approche de
celle qui fort de la pomme de Renette , lorsqu'on la met fur des
charbons ardens ; le fel qu'on tire
aprés la diftillation ayant le tiffu
plusferré,fefermenteplus difficiLement que celui qu'on tire aprés
l'évaporation de ces eaux. Mêlé
avec la teinture defleurs de Mauve, il luy donne une couleur bleüe,
qui devenant de moment à autre
110 MERCURE
plus foncée : enfin , en prend une
aprés une heure ou deux, qui tire
fur un vert clair, & enfuite fur
un vert unpeu foncé; & au bout
4. heures une couleur rouſſâcelle du muſcat ſefait
de
tretelle
que
remarquer.
On découvre que le fel fixe de
ces eaux eft un fel acre ou alkali
pur; en en faifant évaporer une
quantité confiderable par un feu
moderé, en mêlant demy once
de ce fel avec une once demie
de tête morte de bol , on en tire
durant cinq oufix heures d'un feu
de reverbere affez violent , un
efprit acide , & cet efprit excite
GALANT III
unefermentation tres-fenfible toutes les fois qu'on en verfe quelques gouttes fur du fel de Tartre
&de fang humain , &fur des
corps terreftres qui ont une configuration depores , à peu prés femblables à celles des pores des fels
appellez alkalis. Cet efprit agace
les dents , rougit le papier bleu,
la teinture du Tournefal , le Sirop
violat la teinture de fleurs de
Mauve.
Mais lorsqu'onfait une leffive
de la matiere contenuë dans la
cornuë où a efté ce fel , on en tire
un autrefel d'un tiſſu fi ouvert que
les efprits de nitre , de vitriol &
712 MERCURE
•
ces
defouffre, le penetrentfans exciter aucune fermentation fenfible ,
quoique l'huile de vitriol , mais
impregnée de parties falines , acides , plus groffieres que celles de
efprits , le fermente un peu. Ce
fel tout relaché quefûtfon tiſſu ,
donna dans une experience faite
depuis peu , une couleur bleuë à la
teinture de fleurs de Mauve qui
prit d'abord une couleur verte ,
enfuite une rouffâtre.
Vingt-unjours aprés qu'on a tiré
un efprit acide du fel de ces eauxe
mêlé avec dela tête morte de Bol,
en mettant dans un vafe une once
du mêmefelfans mélange, on tire
GALANT 113
quelques heures aprés &par un
feu peu violent une dragme &
trente-fix grains d'un efprit acide
qui a une force égale à celle de
l'efprit dontje viens de parler, &
qui produit les mêmes effets . Le
fel contenu dans la cornuë où eftoit
cet efprit feramaffe par grains de
figure à peuprés ronde , quiforme
depetits pelotons entaffez les uns
fur les autres. Le poids de ce fel
eft de fix dragmes vingt- qua
tre grains ; ainfi on voit que la diftillation fe faitfans perte fenfible.
de lafubftance du corps diftillé.
Enfin on tire aprés deux heures
d'un feu reverbere fort moderé ,
Avril 1710.
K
114 MERCURE
d'une demi- once du fel tiré de ces
eauxdiftillées dans le Bain- marie ,
fans mélange d'aucun autre corps ,
un efprit acide qui paroift avoir
unpeu plus de pointe que celuy
qui est tiré du fel de ces mêmes
eaux , mêlé avec une once &demie de la même tefte morte deBol.
Cequiperfuadeque le Bolpreparé
d'une certaine maniere ne donne
jamais rien du fien à l'esprit acide
tiré du fel falé acre fixe du fang
humain. Car s'ilpouvoit luy communiquer quelque acidite' , felon
le fentiment de quelques Medecins , il en communiqueroit fans
doute au premier efprit qu'on tire
GALANT 115
du fel des eaux de Balaruc , &
en ce cas cet efprit auroit dû avoir
plus de force que celuy qu'on tire
des mêmes eauxfans le fecours de
la tefte morte de Bol.
Au reste lorsqu'on afiny la diftillation du fel tiré au Bainmarie
de ces eaux , on voit que ce fel
s'y fond , & qu'il s'y vitrifie en
partie , puifqu'il s'attache fi fort
àlafurface interne de la cavité
du vaſe , qu'il en eft comme infeparable ; & cefelquoy qu'en partie vitrifié , ne laiſſepas de fefermenter un peu lorsqu'on l'arrofe
de quelques goutres d'huile de Vitriol ; mais fon tiffu eft trop ouKij
116 MERCURE
vert pourpouvoir eftre fermenté
par l'efprit du Vitriol , &par
autres acides.
les
On voit doncpar tout ce que je
viens de dire , que ces eaux font
impregnées d'unfel acide volatil ,
&d'unfel falé acre , tres -fufceptible de fermentation ; ainfi il
leur faut reconnoître deux fortes
de principes fermentatifs , l'un
actif, l'autre paffif, & ces deux
principes operent unefermentation
continuelle , & par confequent les
rendent chaleureufes & fumeufes; leur chaleur cependant eftfuportable , quelque violente qu'elle
paroiffe d'abord , puifqu'elle ne
GALANT 117
change point la confiftence & la
couleur verte des feuilles de l'OZeille , quoy qu'on les y faffe
tremper long-temps. On y peut
mettre un auf dont on ouvrira
la coque , & l'y laiffer une heure,
aprés laquelle on ne reconnoîtra
pasplus d'alteration dansfon blanc
dansfonjaune , que s'il avoit
toujours eftédans l'eaufroide. La
fumée qui fort de ces eaux fem
ble un peu fulphurée , fur tout
prés de lafource , qu'on appelle le
Bain des Pauvres , parce que
c'eſt-là où ils fe baignent: il en
faut donc conclure que ces cause
contiennent quelques parties ful
118 MERCURE
phurées , puifqu'onéprouve qu'el
les rendent la peau douce & un
péu onctueuse, & que le felfixe
qu'on en tire lorsqu'on les diftille.
au Bainmarie, jette lorſqu'il eft:
détaché une odeur douce & agreable , qui ne peut eftre l'effet que
d'un fouffre tres fin.
On n'a plus lieu de douter aprés
tout ce queje viens de dire
ces eaux ne foient déterfives,
propres à diffondre toutes fortes
d'humeurs vifqucufes. En voicy
la preuve. Rempliffez une grande cuiliere de fer de ces eaux, &
mettez-yle jaune &le blanc d'un
œuffrais , vous y verrez que
que
GALANT 119
dans demy heure, & lorfque vous
aurezplongé cette cuiliere juſqu'à
fon bord dans la fource de ces
eaux, que le blanc de l'œuffera
entierement diffout , fans que l'eau
contenue dans la cuiliere paroiffe
le moins du monde vifquenfe.
Pour le jaune il eft vray que fa
furface exterieure pâlit un peu ;
mais fa confiftance naturelle ne
s'altere point. Vouspouvezfaire
une feconde experience ; c'eft de
remplir une cuiliere de fer auffi
grande que la premiere d'eau de
la mer un peu chaude , & d'y
mettre le blanc & le jaune d'un
euffrais , er de plonger enfuite
120 MERCURE
cette cuiliere prefque jufqu'à fon
bord dans la fource des eaux de
Balaruc , & vous verrez qu'aprés l'y avoir laiffée une heure, le
blanc de l'œuf ne paroîtra qu'un
peu diffout , parce que l'eau de la
mer en avoit détaché quelques
parties feulement , qui l'avoient
renduë tantfoit peugluante. Mettez enfin les deux cuilieres fur
deuxfourneaux également chauds
&vous verrez que le blanc de
l'œufqui s'eſtoir diſſout dans les
caux de Balaruc fe coagulera en
fe rarefiant en prenant la forme d'une crème fouettée , au lieu
que le blanc de l'œuf qui avoit
efté
GALANT 121
efté mis dans l'eau de la mer, &
qui n'avoit pas efté diffout , devint dur &
compacte comme
le blanc des œufs cuits au miroir.
Ainficeux qui ont regardé le fel
des eaux de Balaruc comme une
efpece de fel marin , fe détromperont aisément , pour peu qu'ils
veuillent faire quelque attention
à ce que j'ay dit de l'un &
de
l'autre de ces deux fels.
Mais ilfaut vous parler àprefent des effets falutaires de ces
eaux. Elles fontpurgatives, mais
fans violence & fans excés à cause
des fels dont elles font impreignées.
Elles gueriffent les maux d'efto
Avril 1710. L
122 MERCURE
machqui viennent durelâchement
des differens vaiffeaux qui le compofent , ou de la trop grande aigreur , ou de la foibleffe de fon levain , ou des humeurs visqueuses
collées à fa furface interne , ои
d'une lymphe trop épaiffe qui coule lentement dans les vaiffeaux
lymphatiques arteriels reneux; &
cela parce que fi les vaisseaux de
ce vifcerefe trouvent relâchez&
commeparalytiques , elles diffipent
par leurchaleur les humiditez qui
en produisent le relâchement , &
elles rétabliffent le reffortpar leurs
parties falines : fi le levain eft
trop aigre , elles l'amortiſſent &
GALANT 123
l'adouciſſent par leurfelfixe. S'il
eft trop aqueux & par confequent
foible , elles l'aninent par leurfel
acide volatil , le débaraffent
par leurfelfalé : s'ily a des humeurs gluantes dans l'eftomach
qui en empêchent les fonctions ,
elles le nettoyent en divifant les
fucs collez àfafurface interieure.
Lorfqu'il y a trop d'épaififfement
dans la lymphe , que fes conduits
lymphatiques arteriels nerveux
reçoivent de fes arteres pour la
porter dans les vines , elles fondent par leur chaleur cette épaiffeur& la font par leurs parties
falines acres couler librement , de
Lij
124 MERCURE
mêmeque lefuc lymphatique trop
épais qui laproduit. Ainfices eaux
procurent une facile digeftion en
rétabliffant le ferment de l'eftomach. Elles gueriffent auffi les
maux qui dépendent du relâchement ou des fermentations vicieufes qui s'excitent dans les caviteż
des boyaux.
Vous jugez par là , Madame
que ces eaux font tres bonnes
l'afthme humide , & qu'elles ne
conviennent point aux maux de
poitrine & du bas ventre.
Elles mordifient , defféchent ,
incarnent cicatrifent les ulceres , fur tout ceux qui viennent
GALANT 125
des playes fimples ; elles font admirables pour les maux de tefte exterieurs , lefroidque l'onfent quelquefoisfur lefommet de cette partie , & pour lesfluxions desyeux
pourvû qu'on obferve de s'enfaire
arrofer le derriere de la tefte & la
nuque du col cinq oufixfois , fçavoir le matin & le foir durant
deux ou troisjours. Elles gueriffent lorsqu'on s'y baigne trois ou
quatre fois les douleurs de rhumatifme ; elles excitent d'abord une
fueur difficile à foutenir , il faut
faire enfuite fuer le malade une
beure ou deux dans un lit. Comme on en rend laplus grande parLiij
126 MERCURE
tie par les felles & qu'elles font
fort chaudes fondantes , elles
divifent, adouciffent & mêmedifSipent par les fueurs qu'elles caufent les humeurs qui caufent les
maux que je vous ay détaillez.
Ellesfont auffimerveillenfespour
lesparalyfies quifuivent les apoplexies , diffipant & diffolvant
par leur chaleur & leurfel fixe ,
T'humeur qui bouche les nerfs , &
animantpar leur fel acide volatil
l'efprit animal à qui elles ouvrent
les routes naturelles en augmentant la vigueur , & par là elles
rendent le mouvement auxparties.
paralytiques. Elles gueriffent les
GALANT 127
dévoyemens , les pâles couleurs ,
les maladies melancoliques ,
de même que les fiévres intermittentes croniques.
On les prend fur les lieux en
Automne au Printemps. Il
faut prendre garde fur tout que
l'airn'entredans les bouteilles dans
lesquelles on les puife ; on les peut
transporter avec cette précaution ,
en boire en tout temps ; on les
boit même à Paris avecfuccés ,
ce qui leve toutesfortes de doutes
fur le transport.
de commencer à en Avant
que
boire
lorfqu'on
afini
, il faut
fe
le
lendemain
de la
purgapurger;
L iiij .
128 MERCURI
tion on en peutprendre àjeun & à
diverfes reprifes treize à quatorze
verres ou gobelets d'environ demi
feptier chacun dans le cours tout
au plus d'une heure & un quart.
Le premier coup eft de chopine ou
de deux verres de fuite. Il faut
prendre aprés les avoir prifes une
demie écuellée de bouillon de poulet.
La meilleure partie s'en va ordinairement par lesfelles , & on continuë d'en boire plus fouvent pendant trois jours & quelquefois
pendant quatre. Lorsqu'on ne les
boit pas fur les lieux , ilfaut obferver de les mettre au degré de
chaleur qu'elles ont à leurfource,
GALANY 129
qui est une chaleur approchante
de celle d'un bouillon tres- chaud ;
pour cela ilfaut déboucher la bouteille , laiffer tomber legerement le
bouchon dans le gouleau , enforte
qu'elle foit entre ouverte , mettre
du foin dans le fond d'un chaudron enforte que le verre ne touche point le chaudron & enfuite
remplir le chaudron d'eau , à qui
on donne le degré neceffaire de chaleur. Jefuis , Madame , &c.
Cette Lettre a paru d'autant
plus curieufe à tous ceux qui
Font luë qu'elle fait connoître
que la matiere a efté bien ap-
130 MERCURE
profondie par le grand nombre d'experiences que l'on a
faites , ce qui donne lieu d'efperer un falutaire effet de l'ufage des Eaux dont il y eſt parlé, & il feroit à fouhaiter que
les remedes dont on nous parle
tous les jours cuffent un effet
auffi fenfible.
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Résumé : LETTRE De Mr l'Abbé Vere sur les Eaux de Balaruc, à Me de Camus, Religieuse de Saint Pierre de Lyon.
La lettre de l'Abbé Vere fournit des informations détaillées sur les propriétés et les usages des eaux de Balaruc en Languedoc. Ces eaux, chaudes et fumantes, contiennent un sel acide volatil et un sel fixe acide. Lorsqu'on les verse sur la teinture de fleurs de mauve, la couleur violette devient rouge, indiquant la présence d'un acide. Une mesure de ces eaux produit un sel blanc, poreux et raboteux, qui change de couleur à l'air froid. Ce sel a une acidité modérée et ne fermente pas facilement. Distillées, les eaux de Balaruc apparaissent insipides et ne changent pas la couleur du papier bleu. Elles éclaircissent la teinture de fleurs de mauve, laissant leur sel dans l'alambic. Le sel obtenu par distillation est plus compact et se fermente moins facilement. Mélangé avec la teinture de mauve, il donne une couleur bleue qui devient verte puis roussâtre. Les eaux contiennent un sel acide ou alcalin pur. En évaporant ces eaux, on obtient un esprit acide qui fermente facilement avec le sel de tartre et le sang humain. Cet esprit agace les dents et rougit le papier bleu. Les eaux de Balaruc sont détergentes et dissolvent les humeurs visqueuses. Elles sont purgatives sans violence et guérissent les maux d'estomac en dissolvant les humeurs gluantes et en fondant les épaississements lymphatiques. Elles sont efficaces contre l'asthme humide, les ulcères, les maux de tête, les fluxions des yeux et les douleurs rhumatismales. Elles sont également utiles pour les paralysies suivant les apoplexies, en dissolvant l'humeur qui bloque les nerfs. Les eaux augmentent la vigueur et restaurent le mouvement des parties paralytiques. Elles traitent divers maux tels que les déviations, les pâles couleurs, les maladies mélancoliques et les fièvres intermittentes chroniques. Les eaux sont collectées en automne et au printemps et doivent être conservées dans des bouteilles hermétiques pour éviter l'entrée de l'air. Elles peuvent être transportées et consommées à tout moment, même à Paris. La méthode de consommation consiste à boire treize à quatorze verres d'environ demi-septier chacun sur une période d'une heure et un quart. Le premier verre est de chopine ou de deux verres de suite. Après la prise, il est recommandé de boire une demi-écuelle de bouillon de poulet. La meilleure partie des eaux est souvent éliminée par les selles, et la consommation peut se poursuivre pendant trois à quatre jours. Lorsqu'elles ne sont pas consommées sur place, les eaux doivent être maintenues à une température proche de celle d'un bouillon très chaud.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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127
p. 347-349
Article dont la lecture fera plaisir aux Vieillards. [titre d'après la table]
Début :
Je devrois aussi vous parler de plusieurs personnes mortes [...]
Mots clefs :
Mort, Centenaires, Âge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article dont la lecture fera plaisir aux Vieillards. [titre d'après la table]
Je devrois auffi vous parler
348 MERCURE
de plufieurs perfonnes mortes
beaucoup par de là l'âge de
cent ans. Ces Articles font curieux &font toûjours d'autant
plus de plaifir à ceux qui les
lifent, queceuxqui approchent
de l'âge de quatre- vingt ans fe
croyent encore fort jeunes , &
croyent avec raifon qu'ils peuvent vivre encore un affez
grand nombre d'années , &
mefme fans fe reffentir beaucoup des incommoditez de la
vicilleffe , dautant que ceux qui
vivent beaucoup au delà de
cent ans , font prefque toûjours dans une parfaite fanté ,
que
GALANT 349
que leur vûe eft bonne , qu'ils
jouiffent de toutes les forces
des jeunes gens , & qu'ils ne
meurent point à caufe deleurs
infirmitez ; mais feulement parce que la nature s'ufe , & qu'ils
ne meurent que parce qu'il
que tous les hommes meu- faut
rent
348 MERCURE
de plufieurs perfonnes mortes
beaucoup par de là l'âge de
cent ans. Ces Articles font curieux &font toûjours d'autant
plus de plaifir à ceux qui les
lifent, queceuxqui approchent
de l'âge de quatre- vingt ans fe
croyent encore fort jeunes , &
croyent avec raifon qu'ils peuvent vivre encore un affez
grand nombre d'années , &
mefme fans fe reffentir beaucoup des incommoditez de la
vicilleffe , dautant que ceux qui
vivent beaucoup au delà de
cent ans , font prefque toûjours dans une parfaite fanté ,
que
GALANT 349
que leur vûe eft bonne , qu'ils
jouiffent de toutes les forces
des jeunes gens , & qu'ils ne
meurent point à caufe deleurs
infirmitez ; mais feulement parce que la nature s'ufe , & qu'ils
ne meurent que parce qu'il
que tous les hommes meu- faut
rent
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Résumé : Article dont la lecture fera plaisir aux Vieillards. [titre d'après la table]
Le texte évoque des personnes ayant vécu plus de cent ans, suscitant un grand intérêt, notamment chez ceux approchant des quatre-vingts ans. Ces individus se perçoivent comme jeunes et en bonne santé, conservant la vue et les forces de la jeunesse. Leur décès est attribué à l'épuisement naturel de la vie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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128
p. 56-102
Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Fontenelle, Discours, Plantes, Baromètre, Animaux, Matière, Malades, Médecine, Mercure, Assemblée, Botanique, Métal, Minéral
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le lendemain 30e. l'Academie Royale des Sciences ayant
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
tenu aussi sa premiere Assemblée publique d'aprèsPasques,
fut ouverte par M' de Fontenelle Secretaire perpetuel de
la Compagnie, qui estant eagagé par la coûtume à faire un
Eloge historique de tous les
Académiciens - morts, fit celuy
de M de Chazelles Proresseur
en Hidrographie à Marseille. ,.
Il dit qu'il excelloit dans l'Art
de lever des Plans
y
& de dresser
der Cartes par le moyen des
Observations Astronomiques,
ausquelles il s'estoit fort exercé à l'Observatoire sous Mr
Cassini, éc qu'il avoir fait un
grand nombre de Campagnes
sur les Galeres, & avoit couru
toute la Mediterannée en faisant. des Descriptions exactes
des Ports,des Rades, des Côtes, &c.
Mr Reneaume, lûtun Difcours
de sa composition sur la
découverte d'un nouveau Febrifuge.
Il dit que si la Botanique se
bornoit àlanomenclature des
Plantes, & à la critique des
Auteurs, ce ne seroit qu'une
Science sterile, quoyque
tres-étenduë, dont le travail
& les fatigues ne produiroient
aucune utilité; mais que le
dessein des Botanistes estoit
bien plus vaste, puisque non
seulement ils pretendoient rassembler fous un certain point
de vûë, tout ce ce que l'Univers contient de Plantes, ils
vouloient encore rechercher
soigneusement l'usage & la
la vertu de chacune en particulier; que c'estoit par cet endroit que la Botanique devenoit une partie essentielle de la
Medecine; que ce grand dessein ne pouvoir s'exccuter que
par parties, & pour ainsi dire
piece à piece,tantôtenrecherchant curieusement ce que
chaque Contrée produisoitde
Plantes, tantôt en examinant avec exactitude, & par
différentes routes, leurs bonnes ou mauvaises qualitez.
Il ajoûta, qu'entre ces soins,
celuy de découvrir de nouvel-
lesPlantes,& çeluy de mettre à profit les experiences des
Etrangers
,
estoient devenus
dans les derniers temps la passion dominante desBotanstes
qu'ils y
avoient mesme si heureusement réüssi, qu'on pouvoir dire que jamais le nombre des Plantes connuës n'avoit eite si grand, ny la matiere Medecinale plus abont dance; qu'on pourroit cependant dourer avec raiCon)fices
rîchesses estoient aussi avanrageusesà la Medicine, que tout
le monde se l'imaçinoit;qu'elle en avoit sans doute ressenty
le contrecoup; que comme il
arrivoit que dans la construction de la plûpart des nouvelles Machines,on perdoit d'un
côté ce que l'on gagnoit de
l'autre, de mesme à force d'avoir trop de remedes, d'un
côté on negligeoit la Methode si necessaire pour en bien
user, de l'autre le trop grand
empressement que l'on avoit
eu pour connaître les Plantes
étrangeres, avoit presque fait
abandonner l'étude de celles
qui croissoient fous nos pieds.
Il fit voir que cela se remarquoic particulièrement dans le
genre des Febrifuges, & il fit
une peinture par laquelle il fit
connoîtrc que la connoissance
du Kinkina qui fut d'abord
élevé jusqu'aux Cieux, fit auffitôc disparoître la plûpart des
remedes qui l'avoient précédé,
& il nomma plusieurs remedes
mis en oubly, quilorsqu'on
les sçavoit bien employer, fai-
,
soient des effets qui n'eftoienc
ny moins feurs ny moins fur-'
prenans que ceux du Kinkina;
& il fit connoître qu'il estoit
peu de Medecins qui n'eussent
trouvé plusieurs Malades rebutez du Kankina, ou pleins
d'aversion pour ce remede, cc
qui luy avoit donné occasion
de découvrir le nouveau Febrisuge, dont il entretint ensuite la Compagnie:il dit toutes les raisons que les Malades
avoient de s'en plaindre, & il
fit beaucoup de reflexions làdessus. Ilparla de plusieurs experiences d'Alexandre Pascoli
faites en France sur la vertu sebrifuge de la noix de Cyprès,
affirmant qu'il les avoit verifiées avec succés, & il dit que
tout le monde connoissoiit cette noix pour un Astringent;
qu'il trouvoit dans cc remede
dequoysurvenir à tous les inconveniens dont il venoit de
parler ; qu'outre cela l'idée
nouvelle, & peut-estre veritable, de la digestion faite par latritutation, luy avoit sourny beaucoup de raisons pour
appuyer ce remede, & pour
luy en faire esperer une heureuseréussîte. Mais que bien
loin, comme il arrive souvent
à
ceux qui raisonnent ainsi,
que ses espennces sussent vau
nés
,
lévenement avoir furpnffe son attente.
Il dit qu'il commença à se
se servir de la noix de Cyprès
en 1704. qu'en Essé & pendant l'Automne il y eut beaucoup de Malades; que la plûpart n'estoient attaquez que
de fievresintermitentes de
toute espece & de différent caraétere; mais beaucoup plus
de tierces trregutieres & doubles tierces, qui estoient souvent accompagnées de dévoyemenr; que plusieurs de
ces Maladesqui avoienc esté
préparez par ces remedes géneraux, ayant pris de cette
noix avec succés, il arriva une
occasion dans laquelle la personne qui preparoit les reme-
des donna la noix de Galle au
lieu de celle de Cyprés qu'il
avoir ordonnée; que ce remede ayant eu tout le succés qu'il
en auendoit, & qu'il avoic
éprouvé de l'autre, il ne se feroit point apperçû de l'erreur
sans le fait qui fuit. Qu'entre
les Malades qui furent guéris
par la mesme méprise, il s'en
trouva un qui se plaignit, quoique guery
,
d'avoir esté resserré pendant trois jours,& d'avoir rendu des excrcmens noirs
comme de l'encre après un lavement,ce qui épouventa fore
le Malade, & luy fit craindre
que l'on ne se fût trompé
y
&
que l'on n'eut mêlé quelque
chose de vitriolique, ou de serrugineux avec cette poudre;
que pour s'en éclaircir il demanda ce que l'on avoir donné à
ce malade; qu'il remarqua
dans la réponse l'heureuse meprise qui luydécouvrit un nouveau remede; qu'il dissunula
la chose,estant bienaise d'observer le fait de plus prés; que
la noirceur des digestions ne
l'embarassa pas quand il fit reflexion que lorsqu'on laisse ces
fortes d'artringens dans quelque liqueur,& qu'il s'y ren-
contre quelque acide, ou partie serrugineuse,ils ne manquoient point de senoircit, &
de communiquer leur teinture,
& que l'usage qu'en saisoient
les Teinturiers prouvoit ce
fair.
Il fit ensuite une description
de toutes les noix de galle, &
du bien qu'elles avoient fait à
tous ceux à qui il en avoit donné, ce qui luy reiïffit si bien,
que Mr Collot Docteur en
Medecine de la Faculté de Pa.
ris, auquel il avoit fait part de
ces faits, s'en voulut aussi servir
:
Et il ajoüca, quel'expe-
rience répondit à
souhais, que
quelques personnes charitables
surprises de la bonté d'un Remede qui coutoit si
peu, s'épargnerent ladépense du Kinkina dont elles ne se servirent
prcfque plus dans la fuire, donnant en sa place le nouveau
fébrifuge dans toutes les incermitentes. Il nomma deux autres Medecins de la Faculré qui
avoient fait la mesme chose,
& dit, que ce grand nombre
de guerisons ne laissoit aucun
scrupule sur l'efficacité de ce
Rcmede; & l'obligeoit à\cn
faire part à la Compagnie.
Il décrivitensuite la maniere
dont on dévoie préparer les
Malades pour bien faire operer
ce remede, & la maniere de le
mettre en usage. Il poursuivit
en disant qu'il estoit confiant
que les fièvres inrermitentes,
dépendoicnt uniquement de la
mauvaise qualité duchyle; que
ce feroit si l'on vouloit l'aigreur comme quelques-uns
l'assurent
;
qu'il falloit une certaine quantité de ce chyle aigre
dans le fang pour y
causer le
trouble ou fermentation que
l'on nomme siévre; que cette
quantités'accumuloit plus ou
moins promptemenr à proportion que lesalimensétoient
plus ou moins bien digérez, ce
qui cau foit ladistancedifférente des accès, & rendoit raison
de leur retour si regulier
,
que
les vices de la digestion pouvoient venir tantôt de la disposition de lestomac
,
tantôt
de celles des parties voisines, ce
qui donnoit à
ces fiévres un caractere & des accidents différents qui servoient alesdistinguer, & montroient qu'elles
devoient estre traitéesdifferemment,quoy qu'elles parussent
assez semblables aux yeux du
vulg aire.
Il continua en disant si on
ne pouvoir pas attribuer ces
vices de la digestion à trois choses princi pales
,
sçvoir, pour
ce qui regardoit l'estomac, ses
si')res relâchées, ou irregutierement tendues ; & pour ce qui
regardoit l'estomac étantchargé & rempli d'alimens plus
qu'il ne devoit l'estre, ses fibres
qui se trouvoient trop tenduës
pendantuncertain temps, perdoient leur ressort & ne se
contractoient plusassez pour
broyer les alimens aussiparfaitement qu'il étoit necessaire;
que les fruits, par exemple, qui
souvent
souvent n'estoient îndigestes
que par la trop grande quantité que l'on en mangeoir,
pouvoient facilement caufcr ce
relâchemenr des fibres par leur
volumeou par leur humidité,
& par consequent empêcher la
digestion, ce qui donnoit lieu
au chyle de s'aigrir, & causoit
enfin la fiévre
> que d'un autre
côté le trop grand usage du
vin & des liqueurs ardentes &
spiritueuses pouvoient alrerer
le tissu des fibres & leur causer
une tensionvicieuse&irreguliere;&untenesme si l'onvouloit
,
ou irritation qui enlpê::
choit l'égalité du broyemenç
& la parfaite digestion; de fou
te que cette disposition, quoy
qu'opposée aurelâchement,
produiroit néanmoins des ef.
fcts a(kz semblables; mais lors
que le cours de la bile eftoic
interrompu
,
le chyle qui tendoit toûjours à s'aigrir, dénué
de cet amer huileux & balsa.
mique
,
n'avoit plus rien qui
corrigeât son aigreur
,
& réunît ses principes; de maniere
qu'il ne manquoit point en se
mêlant au fang de le faire fer-,
menter, & decauser une fièvre
intermitente. Hltermncore.. - -
Il dit encore plusieurs choses pour prouver que le nouveau febrifuge dans les fiévres
produites par les deux premie-
,
res causes, devoit estrepréféré
au Kinkina, ce qu'il prouva par
beaucoup de raisons, & il finit
en disant
,
que si l'on faisoit
attention à tout ce qu'il venoit
de dire,ilseroit facile dediscerner les occasions dans lesquclles on devoir employer le nouveau febrifuge,d'avec celles qui
,
demandoient l'usage du Kinkina, auquel on pouvoir nean-
[ moins le substituer en toute
! rencontre.
Mrde laHireleCadet,lût
un beau Discours touchant
l'Analogie qu'il y a entre les
plantes & les animaux- & l'utilité que l'on en peut tirer. Il
commença par faire voir les
raisons pour lesquelles l'étude
de la Botanique&de la Physique des plantes, avoit paru
jusqu'icy la plus sterile qu'il y
ait dans toute la nature. Il fit
voir après,que quoique laBotanique parut fournir si peu,elle
estoit neanmoins toute remplie de faits curieux IIdit,qu'il
n'étoit pas aisé de rendre raison
de tous les faits qu'on y pou-
voit observer sur tout si l'on
demandoit que les preuves que
l'on en rapporteroit
,
fussent
tirées immédiatement des plantes; que si l'on ne trouvoit pas
dans une plante l'effet quel'on
y
recherchait, on le trouvoit
dans un autre; il en rapporra
les raisons
;
3c il fit voir qu'on
fc pouvoit servir de la connoissance que l'on avoit des
animaux
,
pour en faire une
application aux plantes. Il fit
voir aussi que comme chaque
Pays a
ses animaux qui luy
font propres, & qui ne peuvent vivre ailleurs,il n'yavoit
aussi point delieu sur la terre
quin'eût ses plantes particu- -
lières qui ne peuvent vivre en
aucun autre endroit que dans
celuy qui leurest naturel.Il
donna des exemples pour fai-
*reconnaître que les plantes
transplantées en d'autres pays
souffroient, & dit en quoy elles
souffroient.
Il parla d'une espece de Plante que les naturels du Pays où
elle croît, regardent comme
un veritable animal.Il dit qu'ils
l'appellent Baromets, ou Boranets,
qiêïucut dire, un Agneau; que
cette plantevientdans la Tartarie
&dans leprincipal Horde qu'on
appelle Zavolha
;
qu'elle a toute
lafigure d'un Mouton
; que cette
cjj>cce d'Agneaua quatre pieds;
que sa teste a
deux oreilles; qu'il
rfl couvert d'une peau très-délicateJ
dont les Habitansse couvrent
la tesse & la poitrine; que sa
chair
a
du rapport a celle des Ecrevisses de Mer,&mesme que lors
qu'ony fait une incision , il
en
sort une liqueur comme dusang;
qu'il a un goût fort agréable;
que laTigequi le soûtients'éleve
en sortant de
terre à
la hauteur de
trois pieds, & qu'ily est attaché
à l'endroit du nombril. Que ce qui
est encore deplus merveilleux, efl
que tant qu'ily a
del'herbe autour de luy
3
il se porte bien;
mais qu'ilsiseche&périt quand
elle vient à luy manquer; ce qui
confirme que cette herbe luy est
absolument necessaire pour vivre,
est que l'on a
experimenté que si
on
l'arrache, il nepeutplussubso.Ilajouta, qu'on disoit
que les Loups en estoient sort
friands, & il fit voir qu'on ne
pouvoir douter que ce ne fût
une veritable plante, puisqu'il
venoit d'une graine qui ressembloit à celle du Melon, excepté
qu'elle estoit un peu moins
longue, & qu'on la cultivoit
dansce pays-là. Il fit voir que
quoy que ce recit parust fabuleux >il estoit attesté par plusieurs Auteurs dignes de foy,
& que l'on dévoieconsiderer
cette plante animale commé
une espece de grand Champignon qui auroir cette figure.
Il parla ensuite des Plantes
de ce Pays-cy
,
dont les graines
ont des figuressingulieres, &
particulièrement de celle qui
ressemble à
un mufle de veau,
& il fit voir que les fondions
qui se font dans les Plantes se
faisoient pareillement dans les
Animaux, & que les uns & les
autres estoient su jets aux mêmes accidens. Il fit voir que
cestoit à
ces dernierstemps que
l'on devoit la découverte des
œufs dans les Plantes, en forte
que les Plantes aussi bien que
les Animaux prenoientnaissance d'un œuf, & dit plusieurs
choses curieuses sur ce sujet.
Il parla ensuite de l'âge plus
avancé des Plantes, & il fit
voir que le temps auquel elles
commencent à estre secondes,
avoit du rapport avec l'âge de
puberté dans les Animaux. Il
dit que dans une même espece
9
de graine
,
il y en avoir qui
produifoient des Plantes qui
donnoient du fruit, & d'autres qui n'en donnoient point,
ce qui avoir du rapport aux
differens sexes dans les Animaux. Il fit voir aussi qu'il y
avoit des Plantes & des Animaux plus ou moins tardifs à
produire,& qu'en general routes les Plantes hcrbacécs der,^
noient beaucoup plutost du
fruit que tous les Ar bres
>
il
parla de la variété des especes des Plantes & des Animaux, & il dit beaucoup de
choses curieuses sur ce sujet. Il
fit voir aussi le rapport des
Plantes annuelles avec les Infectes, & il parla des moyens
de faire vivre les Plantes qui
ne sont pas naturellement vivaces. Il parla aussides alimens
particuliers que demandoient
les unes & les autres, & il expliqua ce quiregardoit leur
'fue nourricier, & celuy des
animmiir
Il passa de là aux Maladies
des Plantes
,
& fit voir que
chaque especede Plante & d'Animal avoit son temperamment. Il fit connoistre qu'il y
avoir des moyens pour guérir
des Arbres maladesmais que la
plûpart des Jardiniers aimoient
mieux les arracher, que de [c
donner la peine de faire les choses necessaires pourles guérir. Il
fit voir que la sterilité estoit un
mal ordinaire à
tous les Animaux,& que ce mal estoit fort
commun parmi les Plantes,&:
il dit que l'experience faisoit
connoistre que l'on y
pouvoir
remedier& qu'on pouvoit même les rendre plus secondesqu'-
elles ne l'estoient au paravant.
Il dit ensuite,qu'après avoir
montré le rapport qu'il yavoit
entre les Plantes & les Ani-
maux depuis leur origine juLqu'à leur fin, qu'après les avoir
considerez lorsqu'ils eftoienc
encore enfermez dans leurs
œufs, & lorsque la Narureles
développoit & les en faisoit
sortir, il les avoir suivis dans
un âge plus avancé;illes avoit
confi derez dans le temps qu'ils
commençoient à devenir seconds, & dansceluy auquel ils]
cessoient naturellement de le- j
tre; qu'il avoit ensuite couché]
quelque chose de la vieillesse
des Plantes & des Animaux &
de la durée de leurs jours, &
qu'enfin il avoit passé aux mai
ladies quiles affigeoient & aux
remedes qu'on y pouvoit apporter, il sembloit qu'on ne
devoit plus douter qu'il n'y
eustbeaucoup d'analogie entre
les Plantes & les Animaux, &
il dit qu'à l'égard de l'utilité
qu'on pouvoit tirer de cette
comparaison
,
il l'avoit déja
fait sentir en quelques endroits,
lorsqu'il s'estoit servi des Animaux pour tirer quelques consequences touchant les Plantes) ce qui pouvoit suffire pour
prouver ce qu'ils'estoit propofé
; que cependant il expliqueroit encore un fait beaucoup
t'.
[
plus sensible que tous les precedens, & il finit par cet endroit, qui fut l'explication de
la raison pour laquelle en l'année 1709. il n'y eut presque
que les vieux Arbres quigelerent. La lecturedece Discours
fut trouvéetrès-curieuse
,
&
fut écoutée avec beaucoup
d'attention.
Mr Hombert lût un Discours sur les MatieresSulphureu ses, & sur la facilité de les
changer d'une espèce de soufre en une autre.
Ce Discours estoit la fuite
d'un autre Discours qu'il avoic
déjà lu sur la mesme matiere.
-
Il dit qu'il avoit oppellé dans
ses Mémoires precedens, Matïcrc Sulpbureuse ou
Soufre,
toutes les Matieres huileuses
- ou graffes, que l'onconnoissoit, & qu'il en avoit usé
ainsi pour la distinguer d'avec
le soufre principe; qu'ensuite
il avoit supposé, & croyoit
mesme avoir en quelque façon
prouvé que ce soufre principe
n'estoit autre chose que la matiere de lalumiere qui n'estoit
pas encore déterminée à
aucunes des especes de soufres ou
i de matieres sulphureuses que
l'on connoissoit; mais qui les
produisoit en s'arrestant en
quantité convenable dans les
differens corps ou elle s'estoit
introduite; car quoy qu'avant
ce temps elle ne parût pas une
matiere qui fût évidemment
huileuse, elle ne laissoit pas
d'en donner quelques marques
qu'il avoit raportées ailleurs.
Il ajoûta qu'il avoir divisé
les matières fulphureufes en
trois classes; que la premiere
estoit lorsque le soufre principe s'arrestoit principalement
dans les matières terreuses, &
que pour lors il produisoit un
soufre bylumineux sec, comme font le soufre commun,
les Char bons de terre, le Jayet,
l'Aspbalte,l'Ambre jaune, &
autres; que la secondé estoit
lorsqu'il s'arrestoitoit principalement dans une matièreaqueuse, & qu'en ce cas il produisoit
une graisse ou une huile qui
estoit animale ouvegetale, séion qu'elle se tiroit d'une partie animale ou d'une Plante;
que la troisiémeestoit quand
il s'arrefioit principalement
dans une matière mercurielle,-
& que pour lors il produisoit
! un soufre métallique.
Il continua en allant; qu'il
avoit supposé aussi que le soufre principe, ainsi devenu maticre sulphureuse de quelque
cfpece qu'elle pût estre, ne
changeoit point de nature;
qu'il pouvoit donc non seulement Te dégager des matières
fulphureufes qu'il avoir produites, & alors redevenir fimplement Matière de la lumiere; mais aussi qu'il pouvoir encore en restant mesmematiere
fulphureufe changer d'état;
c'està-dire, passer d'une espece de soufre en une autre espece, sans se dépouiller du
corps qui l'avoit caracterisé en
premier lieu, ce qu'il faisoit
en s'introduisant simplement
dans un autre mixte, qui par
quelque accident avoit perdu
sa propre matiere fulphureuse; qu'il avoit commencé
dans un Memoire precedent àf
prouver cette supposition par
quelques exemples des huiles
vegetales & des graisses animales, que l'on pouvoit faire rentrer dans les matieres minérales dessechées par la calcination au point qu'elles ne fc
fondoient plus, ou qu'elles se
vitrisioent seulement en une
maticre scorieuse; que si l'on
ajoûtoit quelque huile que ce
sût à
ces Minéraux ainsi détruits,ilsreprenoient dans un
moment au grand feu, la même forme de Mineral ou de
Metal qu'ils avoient auparavant; que laraison en estoit
que l'huile du végétal se mettoit à la place de la matiere huileuse ou sulpbureuse du Mine-
-
rai, que le feu de la calcination
en avoit fait évaporer ce
qui
fevoyoit dans toutesles chaux
4
des moindres métaux; mais
plus évidemment dans celle
qui se saisoit de lecain, au
Verreardent. !
Il expliqua toutes ceschoses en homme qui possedoit
parfaitement bien ces matieres,
& les rendit tressensibles par
un grand nombre d'experiences qu'il raporta; en forte que
ses Auditeurs eurent beaucoup
de plaisir à l'entendre.
Mr de Bernoüilly
,
Professeur àBasle, ayant envoyé à
Mrs de l'Academie une Lettre
sur un nouveauBaromètre fort
sensible qu'il a
inventé, Mr de
Varignon en fit la lecture, &
voicy à peu prés sur quoy elle
roul
a.
Il dit qu'à l'occasiondune
lecture il s'estoit souvenu d'un
Barometre qu'il avoit imaginé
il y
avoit plus de douze ans,
& que Mr de Leibnitz qui il
avoit communiqué dés-lors
cette invention s'en fouviendroit sans doute. Ilajoûta qu'il
sir construire en Hollande ce
Barometre, qui ne réussit pas
mal, & qu'illuy paroissoit preferable aux autres pour plusieurs raisons, n'estant pas sujet à leurs défauts,&ayant des
perfections qu'ils nont pas. Il
continua en disant, qu'avec
une mesme quantité de vifargent il pouvait estre rendu
deux
deux fois plussensible que le
plus parfait des autres; que le
tuyau de ceux là sur lequel se
marquent les variations causées par les différentes pesanteurs de l'Atmosphere, devant
estre d'autant plus longs qu'on
les y veut rendre plus sensibles; que par exemple, d'environ 40. pieds pour lesy rendre
ILy. fois plus sensibles que
dans le Barometre fitnple étant droit & vertical, les rendroit toûjours incommodes,
& souvent intraitables
,
au
lieu que dans son Barometre,
pouvant citrereplié en mille
manières différentes n'y causoit rien de cet embaras,
ny
aucun autre qui en approchât
quelque longueur qu'il eût. Il
dit aussi que quelques liqueurs
qu'on employât dans les autres Barometres pour y marquer ces variations, ces liqueurs
feroient toujours sujetesàlevaporation qui en troubleroit
J'tff.tJ ce qui estoit encore un
grand Inconvenient, auquelle
sien n'estoit pas su jet, n'ayant
besoin que de Mercure qui ne
s'évapore pas sensiblement. Il
fit ensuite une peinture, par le
moyen de laquelle il sit connoître que son Barometre étoit si simple qu'il pouvoit
-
estre construit sans beaucoup
d'adroite, remply presque aussï
facilement que celuy de Toricclli, & porté à
telle étendue
desensibilité qu'on voudroit,
& ildit que son Barometre étoit si simple, qu'il estoit étonné que personne avant luy n'y
eûtpensé. Il continua,en disant
:
Vous sçavezqu'un tuyau
étroit estant remply à moitié
d'une liqueur, & puis incliné
peu à
peu jusquà la situation
horisontale, la surfacedecette
liqueur ( felon les Loix Hydroltaciques ) devroits'étendre en Eclypse, comme nous
voyons qu'il arrive dans un
Vaisseau
,
ou dans un tuyau îargCi Cependant dans un
tuyau étroit, la surfacedu
Mercure ne s'étend pas ainsi
pourconserver son niveau, elle demeure toûjours perpendiculaire à l'axe du tuyau, quoi
qu'incliné jusqu"a Ihorifon/
ce qui m'a donné lieu de penser à
ce Barometre. Il fit enfuite une Description tres-senlîble de la figure & des effets
de ce Barometre, par laquelleil
fit connoître qu'il n'estoit
point sujet aux inconveniens
que peuvent causerl'évaporation, la raresaction & la con-
- denfation des liqueurs par le
chaud & par le froid,excepté
celle à laquelle le Mercureest
sujet, laquelle est incomparablement moins considerable
que celle des autres liqueurs;
de forte que ce nouveau Barometre pourroit aisément être rectifié à la maniere de feu
Mr Amontons L'Assemblée
fut fort satisfaite de cette lecture.»
Mrl'Abbé Bignon resuma
à son ordinaire tous les Discours de ceux qui parlerent
dans cette Assemblée. Je vous
ai déja fait voir le plaisir qu'il
y a
à l'entendre en cette occasion; qu'il releve d'une maniére si spirituelle tout ce que l'on
dit;qu'il y
fait voir de nouvelles beautez
,
& qu'il fait aussi
connoître ce que l'on pourroic
dire de plus. De manière qu'il
y a toujours beaucoup a prositer dans tout ce qu'il dit, &
l'on allùre que jamais son esprit n'avoit brillé davantage
qu'il fit dans la dcrnicre Séance dans laquelle il a
parlé
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Résumé : Discours prononcez le lendemain à l'ouverture de celle des Sciences, [titre d'après la table]
Le 30 avril, l'Académie Royale des Sciences organisa sa première assemblée publique après Pâques. M. de Fontenelle, secrétaire perpétuel, ouvrit la séance en rendant hommage à M. de Chazelles, professeur en hydrographie à Marseille. Chazelles est reconnu pour son expertise dans la création de plans et de cartes grâce à des observations astronomiques, compétences acquises à l'Observatoire sous la direction de M. Cassini. Il a mené de nombreuses campagnes en Méditerranée, décrivant avec précision les ports, rades et côtes. M. Renéaume présenta ensuite un discours sur la découverte d'un nouveau fébrifuge. Il souligna que la botanique ne se limite pas à la nomenclature des plantes mais vise à en découvrir les usages médicaux. Renéaume critiqua l'abandon des remèdes locaux au profit de plantes étrangères, comme la quinquina, qui avait éclipsé de nombreux remèdes efficaces. Il présenta la noix de galle comme un nouveau fébrifuge, découvert par erreur, et décrivit ses propriétés et son efficacité, confirmée par plusieurs guérisons. M. de la Hire, le cadet, lut un discours sur l'analogie entre les plantes et les animaux, et l'utilité de cette étude. Il expliqua que, bien que la botanique puisse sembler stérile, elle est riche en faits curieux et peut bénéficier des connaissances sur les animaux. Il donna des exemples de plantes spécifiques à certains pays et de leur comportement lorsqu'elles sont transplantées. Il mentionna également une plante appelée Baromets ou Boranets, ressemblant à un agneau, qui pousse en Tartarie et nécessite de l'herbe pour survivre. Un autre orateur discuta des similitudes entre les plantes et les animaux, soulignant que les processus de croissance et de reproduction sont comparables. Il mentionna la découverte des œufs dans les plantes, la puberté des plantes comparée à celle des animaux, et la variété des espèces. Il aborda également les maladies des plantes, les moyens de les guérir, et la stérilité. Il conclut en affirmant une forte analogie entre les plantes et les animaux. Mr. Hombert présenta un discours sur les matières sulphureuses, expliquant leur transformation et classification en trois classes selon leur état (terreux, aqueux, ou mercuriel). Il décrivit comment ces matières peuvent changer d'état sans perdre leur nature sulphureuse, illustrant ses propos par des expériences. Mr. de Bernouilly, professeur à Bâle, envoya une lettre sur un nouveau baromètre sensible qu'il a inventé. Mr. de Varignon lut cette lettre, décrivant les avantages de ce baromètre, notamment sa sensibilité accrue, son absence de problèmes liés à l'évaporation, et sa simplicité de construction. Il expliqua le principe de fonctionnement du baromètre et sa résistance aux variations de température. Enfin, l'Abbé Bignon résuma les discours avec esprit et pertinence, soulignant les beautés et les nouvelles perspectives apportées par chaque intervention.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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129
p. 268-270
ENIGME.
Début :
Tout le monde est en peine, & chacun veut sçavoir [...]
Mots clefs :
Vent
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
uvelle du Pere Arrange
,
dont je vous en aydéja envoyé
d'autres, ainsi que plusieurs
Articles qui vous ont paru dignes de vostre curiosité.
ENIGME.
Tout le monde est en
peine, &
chacun veutsçavoir
Si je fuis un esprit
,
ou bien un
corps sans ame,
Rien ne peut égaler ma force &
mon pouvoir,
Et ce qui vient de moysurprend
l'homme Cm lafemme.
De tout ce que jefais & dontje
fuis l'auteur
Je n'en ay cependant aucune connoissance
;
Aujourd'huy je menace & faits
trembler de peur,
Et demain je console & remplis
d'esperance.
Sansjamaisme lasserjecours tout
l'Univers,
Je vais cr je reviens de l'un à
l'autre Pole,
L'on connoist sans me voir mes
mouvemens divers
,
Et le bruit que je faits me tient
lieu de parole
,
dont je vous en aydéja envoyé
d'autres, ainsi que plusieurs
Articles qui vous ont paru dignes de vostre curiosité.
ENIGME.
Tout le monde est en
peine, &
chacun veutsçavoir
Si je fuis un esprit
,
ou bien un
corps sans ame,
Rien ne peut égaler ma force &
mon pouvoir,
Et ce qui vient de moysurprend
l'homme Cm lafemme.
De tout ce que jefais & dontje
fuis l'auteur
Je n'en ay cependant aucune connoissance
;
Aujourd'huy je menace & faits
trembler de peur,
Et demain je console & remplis
d'esperance.
Sansjamaisme lasserjecours tout
l'Univers,
Je vais cr je reviens de l'un à
l'autre Pole,
L'on connoist sans me voir mes
mouvemens divers
,
Et le bruit que je faits me tient
lieu de parole
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130
p. 116-120
Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Début :
J'ay bien affaire du Vitriol, dira cely qui n'aime [...]
Mots clefs :
Vitriol, Vitriol blanc, Physicien, Fermentation, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Nouvelle Expériencesur
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
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Résumé : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Le texte décrit une expérience impliquant le vitriol, un composé chimique, réalisée par Monsieur Lemery, médecin membre de l'Académie Royale des Sciences. L'expérience consiste à mélanger du vitriol avec du fer, produisant un vitriol vert similaire au vitriol naturel. En utilisant de l'huile de vitriol, la partie la plus acide, une double fermentation se produit. Initialement, une petite fermentation apparaît, suivie de fusées blanches s'élevant à la surface. Le fer se transforme en une bouillie blanche à l'odeur de soufre. Une fois la fermentation terminée, le fer devient du vitriol blanc, avec une poussière noire à la surface qui, mélangée au vitriol blanc, lui donne une teinte verte. L'auteur met en évidence la double fermentation et la transformation rapide du fer en vitriol blanc, un processus habituellement long et complexe. Le texte se concentre sur la description du phénomène observé sans entrer dans les explications physiques détaillées.
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131
p. 13-15
ACADEMIE Royale des Sciences.
Début :
Le Mécredy 12. Novembre Messieurs de l'Academie Royale des [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Discours, Araignées, Réaumur, Cassini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ACADEMIE Royale des Sciences.
ACADEMIE
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
Royale des Sciences.
LeMécredy 12.Novem.
bre Meilleurs de l'Académie
Royale desSciences tinrent
leur Assemblée publique
, ainsi qu'ils ont coutume
de faire tous lesans,
après la Saint Martin.
MrCassini fit l'ouverture
de l'Assembléepar la lecture
d'un Discours sur le
flux & le reflux de la Mer.
Aprés Mr Cassini., Mr
de Reaumur en lut un surla
nouvelle découverte de la
foye des Araignées.
MrMery en lut enfuire
Un sur les Moules des Rivieres
& des Etangs.
Et Mr Homberc finit
l'Assembléepar unDiscours
spur liesqVéguétatioénssMé.tal-
-
Vous allez voiricy l'Extrait
d'un deces Discours,
en attendant les autres que
j'espere vous donner dans
les mois prochains.
Pour mettre le Publicau
fait du Discours de Mr de
Reaumur, il est necessaire
de luy donner une idée de
laDissertationque Mr Bon
a fait sur les Araignées.
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Résumé : ACADEMIE Royale des Sciences.
Le 12 novembre, l'Académie Royale des Sciences tint son assemblée annuelle. Monsieur Cassini parla du flux et reflux marin. Monsieur de Reaumur découvrit la fiole des araignées. Monsieur Mery discuta des moules des rivières et étangs. Monsieur Homberg conclut sur la végétation des métaux. Les discours seront publiés prochainement.
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132
p. 15-27
EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
Début :
On sera surpris d'apprendre que les Araignées font une [...]
Mots clefs :
Vers à soie, Araignées, Bon, Découverte, Soie, Manufactures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
EXTRAIT
de la dissertationsurl'utilitédelasoye
des Araignées,
par Mr Bon,
AssociéHonorairede
la Société Royale des
Sciences , & Premier
President ensurvivance
de la Cour des Comptes
deMontpellier.
On fera surpris d'apprendre
que les Araignées
font une soye aussi belle,
aussi forte, & aussi luArec
que la soyc ordinaire. La
prévention ou l'on est contre
un Insecte aussi commun
que meprisé
,
est cause que
le Publica ignoré jusqu'icy
toute l'utilité qu'on pouvoir
en tirer ; & comment l'auroit-
il feulement soupçonné.
Celle de la foye si
considerable, a demeuré inconnuë
& négligée longtemps
après sa découverte.
Ce fut dans l'Isle de Cos que
Pamphilia,fille dePlatis,trouVa
la première l'invention delamertreenoeuvre;cette
;. découverte fut bientost
connuë chez les Romains.
On leur aporta de la soye
du Pays des Seres, où les vers
qui la font croissent naturellement.
Bienloin de profiter
d'une nouveauté si utile
ils ne purent jamais se persuader
queces vers produisissent
des filsaussi beaux &:
aussi pretieux, &tirerent sur
cela mille conjectures chimériques.
Leur ignorance
jointe à ieurparede, rendit
pend ant plusieurs siecles la
foye d'une rareté & d'une
chereté siextraordinaire,
qu'on la vendoit au poids
de l'or. Vopiscus assure que
l'Empereur Aurelicn refusa
par cette raison à l'Imperatrice
sa femme, un habit
de soye qu'elle lui demandoit
avec beaucoup
d'empressement. Cette rareté
dura fort longtemps,
& nous devons la maniere
d'élever les vers à soye à
desMoines qui en aporterent
des oeufs en Grecc fous le
Regne de rEmpcreurJufUnien.
Nous l'apprenons de
Godefroy dans ses Notes
sur laLoy premièreauCode
Livre quatriéme. Quoe res
venire nonpossunt, &la Loy
Emptori 37.d'Uipien paragraphe
premier au 21. Livre
du Dlgdle, assure que le
prix de la foye estoit égal
àcelui des Perles.
La France n'aprofité que
bien tard de cette découverte
, puisqu'HenryII,
porta aux Noces de sa fille
&desa soeur, les premiers
bas de soye qu'on eut veu
dans le Royaume. C'est à
ses soins & à ceux de ses
Successeurs que nous devons
l'ecabtinement des Manufactures
de Tours & de
Lyon, qui ont rendu les
Etoffes de foye si com- munes.&c
Ensuite Mr Bon fait observerque
lesmoindres découvertes
avoient souvent
donné lieu à des établissements
considerables
, par
exemple, dit-il. -
L'ingenieusefable d'Arachné,
ne fait elle pas bien
voirque cestaux Araignées
àqui l'on doit les premie- rsidées d'ourdir les toiles,
-& de tendre des Filets aux
animauxiaiiiifl'utilitéconftante
que j'assure qu'on en
peut tirer, les fera sans doute
regarder dans la suite
f comme les Vers à foye &
j
les Abeilles, qui sont de
tous les Insectes les plus necessaires
& les plus admirables
dans leurs ouvrages.
Mr Bon fait ensuite plusieursObservations
sur les
différentes efpcces d'Arai-
- gnées,& dit qu'on lesdistingue
par lenombre&par
l'arangement de leurs yeux,
t les unes en ayant [IX, lesautres
huit,les autres dix,
rangez differemment sur le
sommetde la teste;&qu'on
voit ces yeux sans aucun secours;
mais beaucoupmieux
avec celui de la Loupe.
En parlant desMamellons
de ces Insectes,ilfait obferver
une Mechanique fort
singuliere dont lesAraignées
se serventlorsqu'elles veulentpasser
d'un lieu à un aurre.
Elles se pendent perpendiculairement
à un fil; tournant
ensuite la teste du côté
du vent, elles en lancent
plusieurs de leurs-Anus., qui
partent comme destraits,
& si par hazard le vent qui
les allonge les cole contre
quelque corps solide ,ce
quelles sentent par. la resistance
qu'elles trouvent en
les tirant de temps en temps
avee leurs pattes,elles se fervent
decette espece de pont
pour alleràl'endroit où ces
fils se trouvent attachez ;
mais si ces fils ne rencontrent
rien à quoy ils puissent
se prendre, ellescontinuent
toûjours à les cacher jusqu'àce
que leur grande Ion..
gueur ,& la force avec U*
quelle le ventles pousse &
les agite, furmonrant l'équilibrede
leurscorps,elles
se sentent fortement tirer.
Alors rompant le premier
fil qui les tenoit suspendues,
elles se laissent emporter au
gré du vent, & voltigent
sur le dos,les pattesétendues;
c'est de ces - deux; manieres
qu'elles traversent les chemins
,
les rues & les plus
grandes Rivieres, &c.
Il s'étend en suite sur la ,
qualité des soyes & sur la
maniere de les fabriquer; il
conclud
conclud que les Araignées
fournissent beaucoup plus
queles Vers à foye;marque
-toutes les experiences qu'il
afaites,tant pourleurnourriture
, que pour l'oecono-
- - mic du fruit qu'on en pour-
, ra tirer.
- Ilajointàcela l'execution;
il aenvoyé des mitaines
& des basà l'Academie
- Royale des Sciences qui les
vit avec plaisir. Comme elle
cherche d'abord dans les
nouvelles découvertes cc
qui peut contribuer à l'utilité
publique, elle chargea
Mr de Reaumur de taire les
Observations làdessus,non
pas sur la possibilité de l'etablissement
;MrBon J'avoit
démontré d'une maniere
aussi certaine quecurieuse
; mais pour examiner si
les frais des Manufactures
n'emporteroient pas le profit
qu'on en tiretoiten un
mot pour compenser & pefer
en touteschoses si l'on
devoit préferer lesAraignées
aux Vers à soye.
Mr de Reaumur,après avoir
donné à Mr Bon tous
les éloges que les vrais Sçavantssedevroient
toûjours
donner les uns aux autres,
continua le discours donc
je vais vous donner un Extrait.
de la dissertationsurl'utilitédelasoye
des Araignées,
par Mr Bon,
AssociéHonorairede
la Société Royale des
Sciences , & Premier
President ensurvivance
de la Cour des Comptes
deMontpellier.
On fera surpris d'apprendre
que les Araignées
font une soye aussi belle,
aussi forte, & aussi luArec
que la soyc ordinaire. La
prévention ou l'on est contre
un Insecte aussi commun
que meprisé
,
est cause que
le Publica ignoré jusqu'icy
toute l'utilité qu'on pouvoir
en tirer ; & comment l'auroit-
il feulement soupçonné.
Celle de la foye si
considerable, a demeuré inconnuë
& négligée longtemps
après sa découverte.
Ce fut dans l'Isle de Cos que
Pamphilia,fille dePlatis,trouVa
la première l'invention delamertreenoeuvre;cette
;. découverte fut bientost
connuë chez les Romains.
On leur aporta de la soye
du Pays des Seres, où les vers
qui la font croissent naturellement.
Bienloin de profiter
d'une nouveauté si utile
ils ne purent jamais se persuader
queces vers produisissent
des filsaussi beaux &:
aussi pretieux, &tirerent sur
cela mille conjectures chimériques.
Leur ignorance
jointe à ieurparede, rendit
pend ant plusieurs siecles la
foye d'une rareté & d'une
chereté siextraordinaire,
qu'on la vendoit au poids
de l'or. Vopiscus assure que
l'Empereur Aurelicn refusa
par cette raison à l'Imperatrice
sa femme, un habit
de soye qu'elle lui demandoit
avec beaucoup
d'empressement. Cette rareté
dura fort longtemps,
& nous devons la maniere
d'élever les vers à soye à
desMoines qui en aporterent
des oeufs en Grecc fous le
Regne de rEmpcreurJufUnien.
Nous l'apprenons de
Godefroy dans ses Notes
sur laLoy premièreauCode
Livre quatriéme. Quoe res
venire nonpossunt, &la Loy
Emptori 37.d'Uipien paragraphe
premier au 21. Livre
du Dlgdle, assure que le
prix de la foye estoit égal
àcelui des Perles.
La France n'aprofité que
bien tard de cette découverte
, puisqu'HenryII,
porta aux Noces de sa fille
&desa soeur, les premiers
bas de soye qu'on eut veu
dans le Royaume. C'est à
ses soins & à ceux de ses
Successeurs que nous devons
l'ecabtinement des Manufactures
de Tours & de
Lyon, qui ont rendu les
Etoffes de foye si com- munes.&c
Ensuite Mr Bon fait observerque
lesmoindres découvertes
avoient souvent
donné lieu à des établissements
considerables
, par
exemple, dit-il. -
L'ingenieusefable d'Arachné,
ne fait elle pas bien
voirque cestaux Araignées
àqui l'on doit les premie- rsidées d'ourdir les toiles,
-& de tendre des Filets aux
animauxiaiiiifl'utilitéconftante
que j'assure qu'on en
peut tirer, les fera sans doute
regarder dans la suite
f comme les Vers à foye &
j
les Abeilles, qui sont de
tous les Insectes les plus necessaires
& les plus admirables
dans leurs ouvrages.
Mr Bon fait ensuite plusieursObservations
sur les
différentes efpcces d'Arai-
- gnées,& dit qu'on lesdistingue
par lenombre&par
l'arangement de leurs yeux,
t les unes en ayant [IX, lesautres
huit,les autres dix,
rangez differemment sur le
sommetde la teste;&qu'on
voit ces yeux sans aucun secours;
mais beaucoupmieux
avec celui de la Loupe.
En parlant desMamellons
de ces Insectes,ilfait obferver
une Mechanique fort
singuliere dont lesAraignées
se serventlorsqu'elles veulentpasser
d'un lieu à un aurre.
Elles se pendent perpendiculairement
à un fil; tournant
ensuite la teste du côté
du vent, elles en lancent
plusieurs de leurs-Anus., qui
partent comme destraits,
& si par hazard le vent qui
les allonge les cole contre
quelque corps solide ,ce
quelles sentent par. la resistance
qu'elles trouvent en
les tirant de temps en temps
avee leurs pattes,elles se fervent
decette espece de pont
pour alleràl'endroit où ces
fils se trouvent attachez ;
mais si ces fils ne rencontrent
rien à quoy ils puissent
se prendre, ellescontinuent
toûjours à les cacher jusqu'àce
que leur grande Ion..
gueur ,& la force avec U*
quelle le ventles pousse &
les agite, furmonrant l'équilibrede
leurscorps,elles
se sentent fortement tirer.
Alors rompant le premier
fil qui les tenoit suspendues,
elles se laissent emporter au
gré du vent, & voltigent
sur le dos,les pattesétendues;
c'est de ces - deux; manieres
qu'elles traversent les chemins
,
les rues & les plus
grandes Rivieres, &c.
Il s'étend en suite sur la ,
qualité des soyes & sur la
maniere de les fabriquer; il
conclud
conclud que les Araignées
fournissent beaucoup plus
queles Vers à foye;marque
-toutes les experiences qu'il
afaites,tant pourleurnourriture
, que pour l'oecono-
- - mic du fruit qu'on en pour-
, ra tirer.
- Ilajointàcela l'execution;
il aenvoyé des mitaines
& des basà l'Academie
- Royale des Sciences qui les
vit avec plaisir. Comme elle
cherche d'abord dans les
nouvelles découvertes cc
qui peut contribuer à l'utilité
publique, elle chargea
Mr de Reaumur de taire les
Observations làdessus,non
pas sur la possibilité de l'etablissement
;MrBon J'avoit
démontré d'une maniere
aussi certaine quecurieuse
; mais pour examiner si
les frais des Manufactures
n'emporteroient pas le profit
qu'on en tiretoiten un
mot pour compenser & pefer
en touteschoses si l'on
devoit préferer lesAraignées
aux Vers à soye.
Mr de Reaumur,après avoir
donné à Mr Bon tous
les éloges que les vrais Sçavantssedevroient
toûjours
donner les uns aux autres,
continua le discours donc
je vais vous donner un Extrait.
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Résumé : EXTRAIT de la dissertation sur l'utilité de la soye des Araignées, par Mr Bon, Associé Honoraire de la Societé Royale des Sciences, & Premier President en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier.
Le texte de Monsieur Bon, Associé Honoraire de la Société Royale des Sciences et Premier Président en survivance de la Cour des Comptes de Montpellier, examine l'utilité de la soie produite par les araignées. Monsieur Bon note que, malgré ses qualités esthétiques et sa solidité, la soie d'araignée est peu connue en raison des préjugés contre cet insecte. Il compare cette situation à l'ignorance initiale des Romains concernant la production de soie par les vers à soie, qui étaient perçus comme précieux et rares. La découverte de la soie par les Romains est attribuée à Pamphilia, fille de Platis, sur l'île de Cos. Les Romains, bien que conscients de la soie, ne comprenaient pas sa production et la considéraient comme extrêmement rare et chère. Cette rareté persista jusqu'à ce que des moines apportent des œufs de vers à soie en Grèce sous le règne de l'empereur Justinien. En France, l'utilisation de la soie se développa tardivement. Henri II introduisit les premiers bas de soie lors des noces de sa fille et de sa sœur. Les manufactures de Tours et de Lyon, encouragées par Henri II et ses successeurs, rendirent les étoffes de soie courantes. Monsieur Bon souligne que les araignées, comme les vers à soie et les abeilles, sont des insectes admirables et nécessaires. Il décrit les différentes espèces d'araignées et leurs mécanismes de déplacement, utilisant des fils de soie pour se déplacer. Il affirme que les araignées produisent une quantité de soie supérieure à celle des vers à soie et présente des expériences pour prouver cette affirmation. L'Académie Royale des Sciences, intéressée par ces découvertes, chargea Monsieur de Reaumur d'examiner la viabilité économique de l'exploitation de la soie d'araignée. Monsieur de Reaumur, après avoir loué les travaux de Monsieur Bon, poursuivit les observations pour évaluer les coûts et les bénéfices potentiels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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133
p. 27-87
EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Début :
Il convient d'abord avec Mr Bon, que la nourriture [...]
Mots clefs :
Araignées, Soie, Vers à soie, Coques, Fils, Oeufs, Nourriture, Mamelons, Insectes, Espèces, Toiles, Réaumur, Bon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
EXTRAIT
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
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Résumé : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Le discours de Réaumur aborde les défis liés à l'alimentation et à l'élevage des araignées pour la production de soie. Il observe que les mouches, bien que constituant la nourriture ordinaire des araignées, sont insuffisantes en quantité pour nourrir un grand nombre d'araignées. Réaumur propose d'utiliser des vers de terre, abondants et faciles à collecter, comme alternative. Après des expériences réussies, il constate que les araignées se nourrissent bien de morceaux de vers et conservent leur vitalité. Cependant, les araignées, par nature féroces, se mangent mutuellement, compliquant ainsi leur élevage en groupe. Réaumur tente également d'autres types de nourriture, comme des substances molles trouvées dans les plumes des jeunes oiseaux, mais constate que les araignées préfèrent les proies vivantes. Réaumur explore ensuite les défis pratiques de l'élevage des araignées, notamment leur tendance à se dévorer entre elles et la nécessité de les loger séparément, ce qui augmente les coûts. Il compare la fécondité des araignées à celle des vers, soulignant que les vers sont plus faciles à élever en grande quantité. Enfin, il mentionne la nécessité d'examiner les avantages potentiels de la soie d'araignée par rapport à celle des vers, en termes de beauté, de force et de quantité. Mr Bon avait classé les araignées en deux catégories principales : celles à jambes longues et celles à jambes courtes, ces dernières fournissant la nouvelle soie. Réaumur a détaillé les différentes espèces d'araignées, expliquant celles qui produisent de la soie et celles qui n'en produisent pas. Il a également décrit la manière dont chaque espèce d'araignée fabrique ses cocons, mentionnant que les cocons d'araignées peuvent avoir diverses couleurs naturelles, contrairement à la soie des vers qui est toujours aurore ou blanche. Réaumur a observé que les araignées produisent de la soie à différents moments de l'année, pas seulement en août et septembre comme le pensait Mr Bon. Il a également noté que les araignées filent deux types de fils : ceux utilisés pour les toiles et ceux pour envelopper leurs œufs. Ces fils diffèrent par leur force et sont produits par des mamelons situés près de l'anus de l'araignée. Le texte compare la force des fils d'araignées avec ceux des vers à soie. Les fils de cocons d'araignées sont plus forts que ceux des toiles mais plus faibles que ceux des cocons de vers. La structure des fils d'araignées, composée de nombreux brins, rend les tissus moins lustres que ceux fabriqués à partir de la soie des vers. Enfin, Réaumur a pesé les cocons d'araignées et de vers pour comparer la quantité de soie produite. Il a conclu qu'il faudrait environ 55 296 araignées pour produire une livre de soie, ce qui rend la production de soie d'araignée beaucoup plus coûteuse que celle des vers à soie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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134
p. 127-131
CAPRICE comique.
Début :
On ne sçait pas en ce monde de qui l'on peut [...]
Mots clefs :
Araignées
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texteReconnaissance textuelle : CAPRICE comique.
CAPRICE
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
comique.
On ne sçait pas en ce
monde de qui l'on peut
avoir affaire, qui croiroit
que cent mille Araignées
eussent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'étéà
telleDamequi s'évanouit
voyantune Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapissé que les galetas
& les chambres des
Filosophes.Ellestapiseront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprisons plus aucun
Animal en ce monde.
Je le répété, on ne
sçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyantl'utilitéqu'on tire
D'un Insecte debasaloy,
Anulle ame vivante, un
sagenedoit dire,
Je n'aurai pasbesoin de
tOt.
Mais ce nieft pas d'aujourd'hui
,que nous avonsobligation
àArachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oisiveté; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poissons à pleins filets.
Le beausecret que celui
qu'elle apprit a Vulcain.
Cefilet <£Arachné,filet
à prendre mouche,
Strutt de modele à Vul.'
cain9
Pour mailler ce filetd'airain,
QuipritMars &Venus
endormissursa couche
A propos d'Araignecs/'
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramassât
toutes les Araignées
qui estoient dans
Rome pour prouver par
làla grandeur dela Ville,
il ne prouvoit par là que
la petitesse de ses idées ;
on pourroit justifier ce
projet ridicule, en suposant
qu'il vouloit établir
une Manufacture de
foye0-
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Résumé : CAPRICE comique.
Le texte 'Caprice' explore de manière humoristique l'importance des araignées et leur utilité souvent sous-estimée. Il souligne l'imprévisibilité des interactions humaines et l'importance de ne pas mépriser aucun animal, même les plus modestes. Les araignées, souvent associées à des lieux humbles, pourraient un jour orner les appartements des rois. Le texte met en avant plusieurs utilités des araignées : elles peuvent enseigner le filage aux femmes, les détournant ainsi de l'oisiveté, et aux hommes, l'art de pêcher avec des filets. Il mentionne également le secret du filet d'airain révélé à Vulcain par Arachné, utilisé pour capturer Mars et Vénus. Enfin, le texte critique l'empereur Héliogabale pour avoir ordonné la collecte de toutes les araignées de Rome, non pour prouver la grandeur de la ville, mais pour démontrer la petitesse de ses idées. Ce projet pourrait toutefois être justifié par l'établissement d'une manufacture de soie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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135
p. 145-165
REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
Début :
Les Observations du Flux & du Reflux de la Mer [...]
Mots clefs :
Flux, Reflux, Marées, Lune, Pleine mer, Haute mer, Pleines lunes, Dunkerque, Le Havre, Mouvement, Ports
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
REFLEXIONS
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
sur lesObservations
duFlux e5duReflux
de la Mer,faites à
Dunkerque
,
f5 au
HavredeGrâce, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux Ports les temps
de la haute f5 pleine
Mer,
L
es Observations du
Flux & du Reflux de la
Mer estant d'une grande
importance pourla seureté
de la navigation, & pour
choisirlestemps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de lOcéan, ou
pour en sortir; estantd'ailleurs
avantageuxpour la
Physique de connoistre si
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaison
avec le mouvement de la
Lune, Ôc si elles sont [uc.
ceptibles de quelques Regles
: Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Professeurs d'Hydrographie
d'observer pendant
quelque temps le Flux &le
Reflux de laMer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des observations
pendant plus d'une
année avectoute l'exactitude
possible
,
le premier
à Dunkerque, & le second
au Havre de Grace:ils en
ont dressé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences, qui, par l'examen
qu'elle en a faite, a
trouvé des regles plus exactes
que celles que l'on
avoit eu jusqu'à present
pour déterminer dans ces
deux Ports l'heure de la
- haute ou pleine Mer,& les
- jours des grandes ôc petites
Marées.
On sçait déja que la
Mer monte deux fois Ôc
descend deuxfois chaque
jour ; qu'il est haute Mer
ou pleine Mer lorsquela
Mer cesse de monter ,
ôç
qu'il est basse Mer, lorsqu'elle
cesse de descendre.
On appelle les grandes Marées
celles auxquelles la
Mer monte plus haut qu'à
Msaornéesocredlilneasiraeus,qu&ellpeestsitaes
hauteurest moinsconsîderable.
On suppose aussi com- -
munement qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes,
la- haute ou pleine Mer arrive
dans un mesme Port à
la mesme heure du jour;
& en divers Ports à diverses
heures du jour;
c'est ce que nous avons eu
occasiondeverifieràDun
kerque & au Havre de
Grace; & nous avons trouvé
que le jour des nouvel- ;
les & pleines Lunes, la
',1 pleine Mer arrivoit à Dunkerque
vers le midy,&aiî
Havre sur les neuf heures
& demi du matin. Le tems
dela pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
&pleines Lunes précisément
àlamesmeheure
& minute du jour, mais
il anticipe ou retarde souvent
de plusieurs minutes
de sorte que nous avons
estéobligez d'establir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé à Dunkerque à
11.heures54. minutes, ôc
au Havre à 9. h. 1c. m, du
matin,
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroist dépendre en partie
de la scituation & de la
force desVents,de la disposition
des costes ôc du lit
de la Mer , qui peuvent
contribuer à accclercr ou
retarder le mouvement de
la Mer &: à l'élever a une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou à faire comprimer
les eaux & les faire
descendre au dessous de
leur estat naturel
: mais entre
ces causes dont il seroit
difficile de donner des reglesexactes
, nous attribuons
cet effet,du moins
en partie, à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou lesoir.
Lorsque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy,alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
hauteMer déterminée cydessus
à
11. h. 54. m. &
par consequent le temps
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés lematin,alors la Lune
est déja endecours sur le
midy, & par consequent si
l'on suppose que le mouvement
de la Maréeaquelque
rapport avec la phase
de la Lune, il doit y avoir
ce jour là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Aucontrairelorsque
la nouvelle Lune arrive sur
le foir, la Lune estoit en
croissant dans le temps de
la haute Mer, & par consequens
il doit y avoir par lamesmecauseune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle iD s'accorde aux observations
de forte qu'on les peut concilier
ensemble
,
& connoistre
le mouvement de
la haute Mer assez exa<5tement,
car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
au tems moyen establi cydessus
deux minutes pour
chaque heure,que le temps
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mesme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes , mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auOE le jour des Quadratures
à peu prés à la mesme
heure avec des variations
presque semblables
: de
forte que nous avonsaussi
establi pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé àDunkerque à 5. h. 6. m.
du soir, & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m. du
foir. Nous avons employé
les mesmesregles que cydessus
pour trouver le vray
temps de la pleine Mer au
jour desQuadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures antici.
ene ou retardent à l'égard
dutemps moyen de la
4einc Lune déterminée
cy-dessus par le jour des
Quadratures.
L'intervale qui est entre
le temps de la pleine
Mer au jourdesnouvelles
& pleines Lunes, & le
temps de la pleine Mer au
our des Quadratures est
de
5.
h. 12. m. à Dunkerque,&
de ,,,
h. 14. m. au
1"vre de Grace, c'est-àiire
environ5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
uniformité dans le retardement
des Marées. Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures jusqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jourà l'autre est plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jusqu'aux
Quadratures
, ce
qui se fait par une espece
de progressionreglée
de sorte qu'on , a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles
-& pleines Lunes,& des
Quadratures avec autant
d'exactitude qu'on pouvoit
l'esperer dansunematiere
physique sujetteà des
irregularitez. Cette progression
qui s'est dernierement
observée à Dunkerque
&au Havre de Grace
se trouve aussi uniforme
que les observations faites
:'
en 1679. &1680. par Mrs
de la Hir & Puard à Brest
& à Bayonne, de forte
qu'ily a apparence qu'il y
a à peu prés la mesme dans
tous les Ports de l'Ocean.
On peut attribuer la raison
de cette progression à
ce que les Maréesestant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes, la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune,employe plus
detemps pour surmonter
la hauteur du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jusqu'aux Quadratures, la
Merestant comprimée par
son propre poids descend
avec
avec plus de vitesse
, &
rend par consequent les
intervafes entre les Marées
plus grandes.
Divers Auteurs ont déja
remarqué que les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour desnouvelles &
pleines Lunes, mais pour
l'ordinaire deux jours aprés,
ce quiest vérifié par
les observations faites à
- Dunkerque & au Havre
où nous avons observé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures, mais
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui est des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année, &
que la pluspart supposent
estrecelles qui suivent imme
diatement les Equinoxes
, & dont on s'est efforcé
de donner des raisons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaison de nos
observations qui puisse
conserver cette opinion, &
il paroist assezévident qu'-
elles ne suivent point cette
regle du moins àDunkerque
&au Havre de Grace.
Mais nous avons observé
que dans les grandes Ma-
~rées qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes,la Mer monte plus
haut lorsque la Lune est
dans son Perigée que lorsqu'elle
est dans son Apogée.
On a aussi observé
que dans les petites Marées
qui sont aprés les Quadratures
,
la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
est dans son Perigée que
lorsqu'elle est dans son Apogé1
evdd'ou,r'<1);n peutconjecturer
que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie dela diverse distance
de la Luneàla Terre.
Sur ces observations, on
a establi des regles pour
trouver dans ces deuxPorts
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
avec plus de précisionqu'on
n'avoit fait jusques
a present, & l'on a dressé
dans ce dessein une Table
qui fera inserée dans la
connoissance des tem ps, ôc
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
heures en deux heures, tant
après la nouvelle & pleine
Lune, qu'après les Quadratures.
On pourra examiner, fl
les regles qui conviennent
à Dunkerque&au Havre
de Grâce,peuvent s'appliquer
aux autres Ports de
l'Océan, pourveu qu'on
sçache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes.
& des Quadratures.
Lea par MrCassini le
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Résumé : REFLEXIONS sur les Observations du Flux & du Reflux de la Mer, faites à Dunkerque, & au Havre de Grace, avec quelques Regles pour determiner dans ces deux Ports les temps de la haute & pleine Mer.
Le texte 'Réflexions sur les Observations du Flux et du Reflux de la Mer' met en lumière l'importance des observations des marées pour la navigation et la physique. Sous l'ordre du Comte de Ponchartrain, les Professeurs d'Hydrographie ont observé le flux et le reflux de la mer à Dunkerque et au Havre de Grâce pendant plus d'une année. Les observations de Baert et du Bocage ont permis de dresser un journal envoyé à l'Académie des Sciences, qui a établi des règles plus exactes pour déterminer les heures de haute mer et les jours des grandes et petites marées dans ces ports. Les marées montent et descendent deux fois par jour. Les grandes marées se produisent lorsque la mer monte plus haut que d'habitude, tandis que les petites marées ont une hauteur moins considérable. Les observations ont montré que la haute mer arrive à Dunkerque vers midi et au Havre vers neuf heures et demie du matin lors des nouvelles et pleines lunes. Cependant, cette heure peut varier en fonction de divers facteurs, notamment la position et la force des vents, la disposition des côtes et le lit de la mer. Les variations des marées dépendent également de la phase de la lune. Par exemple, si la pleine lune arrive le matin, la haute mer est retardée, tandis que si elle arrive le soir, la haute mer est accélérée. Des règles ont été établies pour ajuster le temps moyen de la haute mer en fonction de l'heure de la nouvelle ou pleine lune. Les observations ont également révélé que la haute mer arrive à la même heure lors des quadratures, avec des variations similaires. Des temps moyens de la haute mer ont été établis pour les jours des quadratures à Dunkerque et au Havre. L'intervalle entre les temps de haute mer lors des nouvelles lunes et des quadratures est d'environ cinq heures et un quart, indiquant une uniformité dans le retardement des marées. Les auteurs ont noté que les grandes marées n'arrivent pas le jour des nouvelles et pleines lunes, mais généralement deux jours après. De même, les petites marées n'arrivent pas le jour des quadratures, mais deux jours après. Les observations ont également montré que la hauteur des marées dépend de la distance de la lune à la Terre, la mer montant plus haut lorsque la lune est dans son périgée. Enfin, des règles et une table ont été établies pour déterminer le temps de la haute mer pour tous les jours de l'année avec plus de précision, et il est suggéré que ces règles pourraient s'appliquer à d'autres ports de l'océan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
136
p. 3-28
Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Début :
Le Mercure est la base de toute perfection Philosophique, & [...]
Mots clefs :
Nature, Alchimistes, Pierre philosophale, Animaux, Mouvement, Nicolas Flamel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
LE Mercure est la
bafe de toute perfection
Philosophique,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
plus grands Autheurs
cette vertu brillante&
solide
,
qui charme éga
lement les Philosophes
& le vulgaire.
Enfin parun heureux
travail je fuis devenu
maistre & possesseur de
l'esprit universel. J
Ce n'est pas moy qui
parle au moins,c'est Ile-J
mon-Lulle&ilne s'agit
pas icy du Mercure Galant;
il s'agit du Mercu
re des Alchymistes,&
<
je cite ce passage à propos
d'un petit Livre nouveau
que je vous annonce.
Ce Livre qui a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimistes sur
la Pierre Philosophale,
prouve par de bonnes
raisons que la Pierre Philosophale
est impossible
d'autres Livres prouveront
lecontraire par des
raisons qui seront peutestre
aussi bonnes; mais
tous ces Livres ensemble
ne prouveront jamaisparfaitement
que l'ignorance
de l'homme sur les
secrets de la nature,C'est
cette ignorance dont j'ay
ma bonne parc, quisuspend
mon jugement sur
la Pierre Philosophale. :
Je vous ex poserai seulement
quelques endroits
d'un manuscrit qui la dcfsend
: ce manuscritqu'on,
m'a envoyé n'estpasd'un
Scavant, mais cette ma-j
tiere est devenuë àla mode
par les nouvelles experiences
que nousen
! voyons, & il est permis
aux femmes mêmes de
parler du Magistere,
d'Hermes, de la Quintessence
harmonique du
MisteredesSages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuscrit.
On cherche depuis longtemps
le Mouvement perpétuel&
la PierrePhilosophale
,& on traite ég;¡-
lement de vifionnaircs ceux <
qui se vantent d'en avoir
fait ladécouverte; à l'égard
du mouvement perpetuel,
l'impossibilité en est démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent,
mais la demonstration n'a
pû mordre encore sur la
Pierre Philosophale
, nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre;ainsi ceux qui en
font entestezn'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent.
Ecoutons à present l'Auteur
du Livre nouveau.
La perfection d'unechosese
connoistpar la cessation du mouvement
qui enfaisoit la nutrition
ou l'augmentation. Cela
paroist dans les végétaux ;
quand legrain de bledestmur,
le mouvement cesse de luyporter
la nourriture.
Tantquunechose estenmouvement
ellen'est que dans la
voye de sa perfection ; car le
mouvemeut est un moyen qui
conduit à une fin qui est te repos.
L'animal memearrivéaun
certaintemps ne passe pas outre,
sa grandeur saforce., é7
enfinsa vie sont bornées.
Quant il est parvenu à cet
estat de consistance
,
il l'si comme
en repos ;je veux dire que
la nature ne fairplusquerepa.
rer autant qu'elle peut les Pertes
qu'ilfait tousles jours.D'où
vient que l'Animal qui dans
l'état de consistance a tout ce
qu'il faut pourfaire une parfaite
digestion,c'està dire qui
estcapable de recevoirplus de
nourriture & d'accroissement
n'en reçoitqu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir dans cet
estat,sans augm station ?C'est
le termeprescrit par l'Auteur
de la Nature, qui a voulu
borner nos jours; C'est, pour
parler avec les Alchimistes, la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux &dans les végétaux
, la Nature borne C
fixe leur mouvement a un certain
estat deperf ctionau de-là
duquel ils ne vont point.
D'ou vient, donc que cette
nature, qu'on dit unique
en tour, ne garde pas la même
renO-Je dans les Métaux ? Voici un endroit du manuscrit
qui répond à peu
présàcettequestion.
Nous ne conoissons que
très-imparfaitement les regles
de la nature, s'il y en a
quelqu'une dont on puisse
estre sûr
,
c'est que la nature
est variée à l'infini,même
dans les Ouvrages qui
nous paroissent les plus semblablcs.
Toutesces propositions
,. la nature n'a qu'un bu. Elle
agittoûjours par les mêmes
voies. La nature est une ; ce
sont autant de Sophismes
que les Alchimistes & ceux
qui les combatcnt peuvent
expliquer chacun selon ion
sistême.
Les Animaux Grr' les Végétaux
(dit l'Auteur du Livre)
neproduisent que leursemblable
&c. Les graincs&les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
estreengendrez&c.leur
productionn'est réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'esprit qui le penetre
,
le dilate &le dispose a
recevoirl'aliment proprequi si
change en la substance, & en
augmente toutes les parties
dans toutes lours dimensions.
Tout cela est vrai,l'Auteurconclut
de là qu'on
ne pourroit produire un
métal,queparlessemences
dece métal. Il a peutestre
raison
, .& que l'or
estantun tout homogene,
ne peut contenir desemences
propres àestre developées.
C'est ce que je ne
sçai point, mais mon manuscrit
dit que toute la
nature n'est composée
que de petites semences
propres à estre animées , quesçait-on si les Parties
qui composent le Mercurene
sont point autant
de petits Animaux,&si
cet esprit universel que
cherchent lesAlchimistes
n'est point composéd'autres
Animaux infiniment
petits, qui font propres
à accrocher ensemble,&
à fixer ceux dont le Mercure
est composé ; les
plus grands Philosophes
ont eu des opinions aussi
visionnaires que celles-là;
ils ont découvert aussi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philosophie n'est qu'un
composé deveritez &de
visions;ainsije conseille à
ceux qui n'ont point d'argent
à risquer de croire la
PierrePhilosophaleimpossible,&
je conseille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaisir,
de préférercelui-là à d'autrès,
puisqu'il peut estre
; utile en découvrant une
infinité de secrets
, que
ê: les Alchimistes trouvent
chemin faisant, &s'ils ne
l trouvent pas cette Quintessence
qui a fait vivre
Artesiusmilleannées. Ils
ont trouvé des essences
qui peuvent guerir des
Rhumatismes.
C'est en cherchant la
PierrePhilosophale qu'on
a trouvé les belles teintures,
& nous avons obligationauxAlchimistes
des mesl anges qui font les
plus belles couleurs pour
les. étoffes Se pour les
Dames.
J'ai eu plusieurs conversations
avce Mr le President
de S. Maurice,sur
cette matiere : il estoit
dans cette incertitude
censée,où l'on doitestreà
l'égard d'une science
obscure, quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette; il a eu
toutes les attentions possibles
pour n'estre point
surpris,&il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or,avecune
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'em pêcher
de faire attention à
cela, c'est toujours unsecret
curieux,il reste à sçavoir
s'ilserautile, &si les
frais de l'opérationn'excederont
pas le profit.
Puisque l'occasion s'en
presente, disons un mot
de Nicolas Flamel& de
son Livre Hieroglifïque,
dont on voit encore quelques
figures aux Charniers
S. Innocent ; tout le
monde sçait cela, mais il
faut bien grossirmon Livre
pour ceux qui veulent
de répaisseur.
Nicolas Flamel Ecrivain
& Habitant de Paris,
en 1599. demeurant
ruë des Ecrivains, prés
la ChapelleS. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux,dont les feuillets é.
toient d'écorces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
•_
lui-même
, trois foissept
feuillets,leseptiéme desquels
estoit toujours sans
écriture, au lieu de laquelle
estoit peint au premierseptiéme
une Vierge
& des Serpents s'engloutißans,
au deuxième septiéme
une croix où estoit
ataché un Serpent, cr.
aux autres septieme JVtoientpeints
des deserts,
au milieu desquels couloient
desfontaines d'où
sortoient plusieursSerpents.
Au premier des feuillets
écrits efloit Abraham
Juif, Prince
,
Prestre
Levite, Astrologue &
Philofopbeala, Nation
des Juifs
, par l'ire de
Dieu dispersezaux Gaules
,
salut,D. apréscela
ilestoit plein de maledictions
aveccemotiiiaranatha
, contre tous ceux
qui le liroit, silrieflûiç
Sacrificateur; ou Scribe,
jecrois qu'il venoit des
Juifs quon avoitchassez,
deParis&c.
1 Au quatrièmefeuillet
estoit peint unjeunehomme
avec des aisles aux talons
, avec un Caducée
dont ilfrappoitun casque
qui lui couvroit la teste,
cestoit Mercure ; contre
lui venoit courant&volant
à asles ouvertes un
grand Vieillardqui avoit
sur sa teste une Horloge
attachée, & enses mains
unefaulx,dontilvouloit
trancher les pieds à Mer.
cure. A un autre feuilletétoit
sur lesommet d'une
Montagne,unePlanteà
tige bleue fleurs blanches
&rougesfeuilles luisantes
comme orfin,&des Dragons
& Griffons autour.
A un autrefeuillet un
Roy
Rozierfleuri appuyécontre
un Chênecreux &
une Fontaine d'eau blancheseprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Royavecungrand coutelas,
quifaisoit tuerpar
ses Soldats, force petits
enfans
, & leurs meres
pleurant, & lesangdes
enfans estoit ramassêpar
d'autres Soldats, & mis
dans un grand Vaisseau
dans lequel le Soleil&lay
Lunesevenoient baigner.
Flamel,ditunautreHistorien
,
avoit une jeune
femme nomméePrenelle,
avec qui il s'afligeoitfort
de ne pouvoir trouver le
vrai sens des Figures du
Livre, qu'un Medecin
nomméMr Anseaume,
commença à lui débrouiller.
Flamelentrepritensuite
un pelerinage
,
Prunelle
fut tres-affligée de le voir
partir, mais illuipromit
de revenir avec le trésor
des trésors
, ce qui lui fit
suporterson absence patiament.
Sur laroutede
sonpelerinage , un Marcrand
de Boulogneluisit
connoistre un Medecin
Juif, nommê Canches,qui
acheva de l'instruire
, il
revint à Paris,oùsachere
Prenellefut tres-joyeuse
de lerevoir, &pourtant
sachée, ne le croyant pas
plus riche que quand il
il estoit parti; mais enfin
aprés quelques années de
travail il accomplit le
grand oeuvre le 17. Janvier
; l'an mil trois, cent
quatre-vingtdeux,enprésence
de Prenelle sa femme>
qui enpensa mourir
dejoye. -'
: Ce Livre se vend à Paris,
chez DANI EL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du costé du Marché Neuf,
au
Livre Royal.
bafe de toute perfection
Philosophique,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
plus grands Autheurs
cette vertu brillante&
solide
,
qui charme éga
lement les Philosophes
& le vulgaire.
Enfin parun heureux
travail je fuis devenu
maistre & possesseur de
l'esprit universel. J
Ce n'est pas moy qui
parle au moins,c'est Ile-J
mon-Lulle&ilne s'agit
pas icy du Mercure Galant;
il s'agit du Mercu
re des Alchymistes,&
<
je cite ce passage à propos
d'un petit Livre nouveau
que je vous annonce.
Ce Livre qui a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimistes sur
la Pierre Philosophale,
prouve par de bonnes
raisons que la Pierre Philosophale
est impossible
d'autres Livres prouveront
lecontraire par des
raisons qui seront peutestre
aussi bonnes; mais
tous ces Livres ensemble
ne prouveront jamaisparfaitement
que l'ignorance
de l'homme sur les
secrets de la nature,C'est
cette ignorance dont j'ay
ma bonne parc, quisuspend
mon jugement sur
la Pierre Philosophale. :
Je vous ex poserai seulement
quelques endroits
d'un manuscrit qui la dcfsend
: ce manuscritqu'on,
m'a envoyé n'estpasd'un
Scavant, mais cette ma-j
tiere est devenuë àla mode
par les nouvelles experiences
que nousen
! voyons, & il est permis
aux femmes mêmes de
parler du Magistere,
d'Hermes, de la Quintessence
harmonique du
MisteredesSages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuscrit.
On cherche depuis longtemps
le Mouvement perpétuel&
la PierrePhilosophale
,& on traite ég;¡-
lement de vifionnaircs ceux <
qui se vantent d'en avoir
fait ladécouverte; à l'égard
du mouvement perpetuel,
l'impossibilité en est démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent,
mais la demonstration n'a
pû mordre encore sur la
Pierre Philosophale
, nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre;ainsi ceux qui en
font entestezn'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent.
Ecoutons à present l'Auteur
du Livre nouveau.
La perfection d'unechosese
connoistpar la cessation du mouvement
qui enfaisoit la nutrition
ou l'augmentation. Cela
paroist dans les végétaux ;
quand legrain de bledestmur,
le mouvement cesse de luyporter
la nourriture.
Tantquunechose estenmouvement
ellen'est que dans la
voye de sa perfection ; car le
mouvemeut est un moyen qui
conduit à une fin qui est te repos.
L'animal memearrivéaun
certaintemps ne passe pas outre,
sa grandeur saforce., é7
enfinsa vie sont bornées.
Quant il est parvenu à cet
estat de consistance
,
il l'si comme
en repos ;je veux dire que
la nature ne fairplusquerepa.
rer autant qu'elle peut les Pertes
qu'ilfait tousles jours.D'où
vient que l'Animal qui dans
l'état de consistance a tout ce
qu'il faut pourfaire une parfaite
digestion,c'està dire qui
estcapable de recevoirplus de
nourriture & d'accroissement
n'en reçoitqu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir dans cet
estat,sans augm station ?C'est
le termeprescrit par l'Auteur
de la Nature, qui a voulu
borner nos jours; C'est, pour
parler avec les Alchimistes, la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux &dans les végétaux
, la Nature borne C
fixe leur mouvement a un certain
estat deperf ctionau de-là
duquel ils ne vont point.
D'ou vient, donc que cette
nature, qu'on dit unique
en tour, ne garde pas la même
renO-Je dans les Métaux ? Voici un endroit du manuscrit
qui répond à peu
présàcettequestion.
Nous ne conoissons que
très-imparfaitement les regles
de la nature, s'il y en a
quelqu'une dont on puisse
estre sûr
,
c'est que la nature
est variée à l'infini,même
dans les Ouvrages qui
nous paroissent les plus semblablcs.
Toutesces propositions
,. la nature n'a qu'un bu. Elle
agittoûjours par les mêmes
voies. La nature est une ; ce
sont autant de Sophismes
que les Alchimistes & ceux
qui les combatcnt peuvent
expliquer chacun selon ion
sistême.
Les Animaux Grr' les Végétaux
(dit l'Auteur du Livre)
neproduisent que leursemblable
&c. Les graincs&les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
estreengendrez&c.leur
productionn'est réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'esprit qui le penetre
,
le dilate &le dispose a
recevoirl'aliment proprequi si
change en la substance, & en
augmente toutes les parties
dans toutes lours dimensions.
Tout cela est vrai,l'Auteurconclut
de là qu'on
ne pourroit produire un
métal,queparlessemences
dece métal. Il a peutestre
raison
, .& que l'or
estantun tout homogene,
ne peut contenir desemences
propres àestre developées.
C'est ce que je ne
sçai point, mais mon manuscrit
dit que toute la
nature n'est composée
que de petites semences
propres à estre animées , quesçait-on si les Parties
qui composent le Mercurene
sont point autant
de petits Animaux,&si
cet esprit universel que
cherchent lesAlchimistes
n'est point composéd'autres
Animaux infiniment
petits, qui font propres
à accrocher ensemble,&
à fixer ceux dont le Mercure
est composé ; les
plus grands Philosophes
ont eu des opinions aussi
visionnaires que celles-là;
ils ont découvert aussi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philosophie n'est qu'un
composé deveritez &de
visions;ainsije conseille à
ceux qui n'ont point d'argent
à risquer de croire la
PierrePhilosophaleimpossible,&
je conseille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaisir,
de préférercelui-là à d'autrès,
puisqu'il peut estre
; utile en découvrant une
infinité de secrets
, que
ê: les Alchimistes trouvent
chemin faisant, &s'ils ne
l trouvent pas cette Quintessence
qui a fait vivre
Artesiusmilleannées. Ils
ont trouvé des essences
qui peuvent guerir des
Rhumatismes.
C'est en cherchant la
PierrePhilosophale qu'on
a trouvé les belles teintures,
& nous avons obligationauxAlchimistes
des mesl anges qui font les
plus belles couleurs pour
les. étoffes Se pour les
Dames.
J'ai eu plusieurs conversations
avce Mr le President
de S. Maurice,sur
cette matiere : il estoit
dans cette incertitude
censée,où l'on doitestreà
l'égard d'une science
obscure, quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette; il a eu
toutes les attentions possibles
pour n'estre point
surpris,&il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or,avecune
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'em pêcher
de faire attention à
cela, c'est toujours unsecret
curieux,il reste à sçavoir
s'ilserautile, &si les
frais de l'opérationn'excederont
pas le profit.
Puisque l'occasion s'en
presente, disons un mot
de Nicolas Flamel& de
son Livre Hieroglifïque,
dont on voit encore quelques
figures aux Charniers
S. Innocent ; tout le
monde sçait cela, mais il
faut bien grossirmon Livre
pour ceux qui veulent
de répaisseur.
Nicolas Flamel Ecrivain
& Habitant de Paris,
en 1599. demeurant
ruë des Ecrivains, prés
la ChapelleS. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux,dont les feuillets é.
toient d'écorces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
•_
lui-même
, trois foissept
feuillets,leseptiéme desquels
estoit toujours sans
écriture, au lieu de laquelle
estoit peint au premierseptiéme
une Vierge
& des Serpents s'engloutißans,
au deuxième septiéme
une croix où estoit
ataché un Serpent, cr.
aux autres septieme JVtoientpeints
des deserts,
au milieu desquels couloient
desfontaines d'où
sortoient plusieursSerpents.
Au premier des feuillets
écrits efloit Abraham
Juif, Prince
,
Prestre
Levite, Astrologue &
Philofopbeala, Nation
des Juifs
, par l'ire de
Dieu dispersezaux Gaules
,
salut,D. apréscela
ilestoit plein de maledictions
aveccemotiiiaranatha
, contre tous ceux
qui le liroit, silrieflûiç
Sacrificateur; ou Scribe,
jecrois qu'il venoit des
Juifs quon avoitchassez,
deParis&c.
1 Au quatrièmefeuillet
estoit peint unjeunehomme
avec des aisles aux talons
, avec un Caducée
dont ilfrappoitun casque
qui lui couvroit la teste,
cestoit Mercure ; contre
lui venoit courant&volant
à asles ouvertes un
grand Vieillardqui avoit
sur sa teste une Horloge
attachée, & enses mains
unefaulx,dontilvouloit
trancher les pieds à Mer.
cure. A un autre feuilletétoit
sur lesommet d'une
Montagne,unePlanteà
tige bleue fleurs blanches
&rougesfeuilles luisantes
comme orfin,&des Dragons
& Griffons autour.
A un autrefeuillet un
Roy
Rozierfleuri appuyécontre
un Chênecreux &
une Fontaine d'eau blancheseprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Royavecungrand coutelas,
quifaisoit tuerpar
ses Soldats, force petits
enfans
, & leurs meres
pleurant, & lesangdes
enfans estoit ramassêpar
d'autres Soldats, & mis
dans un grand Vaisseau
dans lequel le Soleil&lay
Lunesevenoient baigner.
Flamel,ditunautreHistorien
,
avoit une jeune
femme nomméePrenelle,
avec qui il s'afligeoitfort
de ne pouvoir trouver le
vrai sens des Figures du
Livre, qu'un Medecin
nomméMr Anseaume,
commença à lui débrouiller.
Flamelentrepritensuite
un pelerinage
,
Prunelle
fut tres-affligée de le voir
partir, mais illuipromit
de revenir avec le trésor
des trésors
, ce qui lui fit
suporterson absence patiament.
Sur laroutede
sonpelerinage , un Marcrand
de Boulogneluisit
connoistre un Medecin
Juif, nommê Canches,qui
acheva de l'instruire
, il
revint à Paris,oùsachere
Prenellefut tres-joyeuse
de lerevoir, &pourtant
sachée, ne le croyant pas
plus riche que quand il
il estoit parti; mais enfin
aprés quelques années de
travail il accomplit le
grand oeuvre le 17. Janvier
; l'an mil trois, cent
quatre-vingtdeux,enprésence
de Prenelle sa femme>
qui enpensa mourir
dejoye. -'
: Ce Livre se vend à Paris,
chez DANI EL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du costé du Marché Neuf,
au
Livre Royal.
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Résumé : Livres nouveaux, [titre d'après la table]
Le texte aborde l'alchimie et la quête de la Pierre Philosophale, une substance légendaire capable de transformer les métaux en or et de conférer l'immortalité. L'auteur affirme avoir accompli une œuvre parfaite avec le Mercure, un élément clé en alchimie, et déclare être devenu maître de l'esprit universel. Il discute de la controverse entourant la Pierre Philosophale, notant que certains livres la déclarent impossible tandis que d'autres soutiennent le contraire. Le texte explore également les principes de la nature et de la perfection, illustrés par les cycles de vie des végétaux et des animaux. L'auteur cite un manuscrit qui défend l'existence de la Pierre Philosophale et discute de la variabilité de la nature. Il conclut que la philosophie est un mélange de vérités et de visions. Le texte mentionne des expériences alchimiques, comme la transformation de plomb en or, et rend hommage à Nicolas Flamel, un alchimiste célèbre, en décrivant son livre hiéroglyphique et ses aventures. L'auteur recommande de croire en l'impossibilité de la Pierre Philosophale pour ceux qui n'ont pas d'argent à risquer, tout en encourageant les autres à explorer cette quête pour découvrir des secrets utiles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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137
p. 145-178
EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
Début :
Nous avons dans les operations de Chimie beaucoup de productions [...]
Mots clefs :
Eau, Bouteille, Végétations, Végétations artificielles, Sédiment, Métal, Feu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
EXTRAIT
d'un memoire touchant
les vegetations
artificielles, lu par
MrHombert dans la
derniereassemblée de
l'Académie Royale
des Sciences.
- Nous
avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
ressemblent en quelque façonàlavegetationdes
plantes
l' ce qui a donné lieu de
lesappeller Vegetations méttaalllliiqquueess,
a,arrbbrreessddeeD[JiÍaannnnee, y &.
J'ay rangé ces sortes de
Vegetations en trois classes
I. Celles quiconsistent
en un métal pur & massif
sans aucun mélange.
2.Celles dont la composition
consiste en un metal
dissous, le dissolvant restant
meslé avec le metal, &
sassant partie de l'arbrisseau
qui en est produit.
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique,
maissimplement des
matieres salines,terreuses
& huileuses ses& huileu[es,
f&.;
Je donneray pourexem.
ples de la première classe
les; productions des trois
opérations suivantes. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin, &
dedix foisautant de Mercure
,ressuscité du Cinabre
broyé; lavez cet amalgame
plusieurs fois dans de
l'eau nette de riviere, jusqu'àce
que l'amalgamene
laisse plus de falleté dans
l'eau. Pour lors sechez vôtre
amalgame, mêlez-le
dans une corne de verre,
distillé au bain de sableà
très petit feu que vous entretiendrez
pendant un
jour ou deux, plus vous
pourrez continuer le feu
sans chasser tout à fait le
Mercure,plus la végétation
fera parfaite. Vous pousserez
le feu à lafin jusques à
faire forcirtout le Mercure,
laissezéteindre le feu,
vous trouverez vostre Mercure
dans le recepient, &
l'orou l'argent qui reliera
dans la cornue,fera doux
& pliant,&de la plusbelle
couleur que ces métaux
peuvent avoir,dont la masse
aura pousse des branches
en forme de petits arbrisfaux
de différentesfigures
& de différentes hauteurs,
que l'on peut tirer de la
cornue
,
les séparer de la
masse du métal qui leur à
servi devase, les faire rougir
au feu, & les garder
tant que l'on veut sans
qu'ils le gâtent.
f»> t. ,b
",.,. Mr Hombert explifque
par ordre chaque
operation, & en devielope
la mécanique avec
tant de netteté & de précision
qu'on ne pourroit
abreger ses explications
sans lesalterer, c'est ce
qui m'adéterminé à ne
prendre de son discours
que l'instruction necessaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique.
Le second exemple de
cette premiere classe des vegétations
articicielesfetire
de l'opération suivante.
Prenez une once ou deux
d'argent finfondez-le dans
un creuset,& pendant qu'il
esten fonte, jettez dessus
par diversesreprises autant
pesant de soufre commun;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer,
& le retirez promptement
du feu,laissezrefondre la
matiere, puis pilez la bien
menue
, remettez la dans
un autre creuset que vous
placerez dans un feu doux
de charbons ou dans. une
soitedigestionou bain de
sable sans fondre la mariere,
le soufre s'évaporera
peu à peu de la masse qui
est dans le creuset, & entraînera
avec luy une partie
de l'argentenforme de
filets fort blancs, brillants
& fort doux, qui tiennent
à la masse du métal d'où ils
sont fortis. J'en ay vu de la
hauteur de trois pouces, &
des lames de deux lignes
de large, &: de l'epaisseur
d'une carte à joüer.
L'opération suivante
donnera nostre troisieme
exemp le. Fondez enssemble
deux onces d'argent de
vaisselle
,
& six onces de
plomb, mêlez ce mélange
dans une counelle de
cendre dessous une mourfle,
donnezle feu qui convient
pour purifier cet argent
à la cou pelle, & dés
que vous verrezla marque
que l'argent est devenu fin,
vous retirerez la cou pelle
promptement du feu,&la
laisserez refroidir. Deux
ou trois minuttesaprésque
vous l'aurez retiré du feu,
il sortira brusquement de
dessus la superficie de cet
argent, un ou plusieurs jets
d'argenr fondu de la grosseur
d'un brinde paille,&
de la hauteur de 7. ou 8.
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils sortiront
de la masse d'argent qui est
dans la coupelle. Ces jets
sont ordinairement creux,
& prennent souvent la figure
de branches de coral.
Ils restent solidement attachez
à la massed'où ils
sont sortis.
Il faut que j'éclaircisse en
quoi consi ste la marque
que l'argent est devenu fin
dans lacou pelle,puis que
c'est lepointquifaitréüssir
l'operation, ou qui la
fait manquer. Cette marque
est lors que dans le
mesme degré de feu où l'argent
a esté en parfaite fusion
pendant tout le tems
du rafinage, sa surface se
fige dans la cou pelle tout
d'un coup en une croûte
dure & brillante,qui tient
fortement attachée par ses
bor ds au corps de la coupelle,
pendant que l'interieure
de cettemasse d'argent
est encore en fusion t
c'est dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu, & la placer dans un
lieu froid.
Cesopérations suffisent
pour établir le caradtere des.
végétations artificielles de
la premiere classe,c'est-àdire,
de celle dont la matière
consiste en un métal
pur,massif& sans aucun
mélange. Pour ce qui est
de celles de la fécondé classe
dont la composition
consiste en un métal difsous,
& où le dissolvant
reste mélé avec le métal.
J'ay lû autrefois dans une
de nos assemblées un mémoire
qui aété imprimé
en 1692.. Ce memoirecontient
plusieurs operations
qui enfeigent différentes
manières de faire des vegétations
artificielles; elles
peuvent toutes servir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la seconde
classe; ainsi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troisiémeclasse toutes les
autres végétations artificielles
qui netiennentrien
de metalique
, nous en
donnerons icy de mesme
trois exemples.Prenez huit
onces de salpestre fixé par
Je charbon à la manière
ordinaire, faites les résoudreà
la cave, ou huile par
défaillance, filtrez la, &
versez dedans peu à peu de
l'huiledevitriol jusques à
parfaite saturation, ou jusques
à ce que l'ébullition
cesse; faites évaporer l'humidité
,il restera une massesaline,
compacte, pure,
tres-blanche, & fort
acre ;pillez la grossierement,
& versez dessus un
demi-septir d'eau froide
de rivière dans une écuelle.
degrais, laissez la pendant
quelques jours surune table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie, & le
sel encore humide commencera
de vegeter en plusieurs
endroits,en pouffant
destouffesen aigrettes qui
partent chacune d'un mesme
centre,&qui se divisent
en diverses branches
pointuës,roides & cassantes
, longues de i-z- à 15.
lignes. Ces aigrettes se forment
ord inairement sur
tout le bord de l'écuelle,&
y composent une espece de
couronnement. Elles cessent
de croi stre quand toute
l'eau a esté évaporée de
l'écuelle
; mais en remettant
de l'eau sur ce scieil
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour second
exemple de cette classe
certaines cristaliations
ou arbrisseaux quej'aitrouvées
produites naturellement
sur le rivage de la
mer d'Espagne
, que l'on
peut
peut imiter facilement par
art , n'étantautre chose
qu'une tige branchuë
quelque plante desseichée
&sans feüilles,qui aété arroséeplusieur
par l'eau
de lamerdont l'humeur
aquesement esté évapofée.)
r-estresté, & s'est
cristallisédessus,encouvrant
toute la plante d'abord
fort legerement; maisayant
esté moüillée plusieursfois
en diversrems,le
sels'yaugmente peuàpeu,
& represente une plantede
sel.J'en ay vû une fort belle
de cette nature dans lecabinet
de feu Mr. de Tournefort,
qui estoit d'environun.
pied, blanchecomme de
la neige. J'en ai fait de semblables
en employant de
l'eau salée. Il faut avoir la
précaution d'osterl'écorce
de la branche quisert de
charpente ou de soutien à
cette cristallisation, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obscuciroit
la blancheur tranfparante
du sel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troisiéme
exemple l'observation
suivante. Dans un temps
dorage accompagné de
beaucoup de pluie&de tonnerre
,je remplisune bouteille
de verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluie qui avoit coulé de
dessus un vieux toit dethuiles
, & qui avoir reposé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
négligemment fermée
d'un bouchon de papier
sur unefenestreexpofée
aumidi, où l'ayantoubliée
ellerestasansestreremuée
environ trois mois,
l'eau ne paroissoit pastrouble
quand je la puisay. Cependant
il s'amassa peu à
peu au fond de la bouteille
un sediment de couleur
verte de l'épaisseur de trois
ou quatre lignes. Il se fit
apparemment une se mentation
dans cette matiere
car elle me parut fort spongieuse
& pleine de petites
bubes d'air,qui selon toutes
les apparences s'étoient
separées du limon qui fai-
:
lOlt le sediment, comme
il arrive toûjours de pareilles
réparations aériennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
'¡ Un jou qu'il saifoitfort
chaud dans le mois de Juillet,
vers les deux heures
aprèsmidi, je passay dan$J
l'endroit ou estoit cette'
bouteille,je 1aregdrday par
hazard,jen' trouvay paine
de limon au fond; mais je
la vis remplie d'une efpcce.
de vegetation d'une trèsbelle
couleur verte, dont
une partie paroissoit tenir
au fond de la bouteilk) ôc
le reste estoit simplement
suspendu comme des fillets
dans l'eau parmi lesquels
il y en avoir qui étoient
élevez jusques à yx
superficie de l'eau, & d'autres
qui estoient restez à
différentes distances de la
superficie,nageant entre
deux eaux, les ramifications
&filetsestoient garnieschacune
d'un grain ou
d'une petite boule qui paroisoit
blanche dans l'eau,
& brillantecomme de l'argent,
&quirepresentoit
commeunfruit sur le sommet
de la planre, en remuant
un peu la bouteille,
, 1\ je m'aperçûs que cette vegétation
n'avoir point de
consistance
; mais qu'elle
estoit soûtenuë par l'cau de
la boureille, & qu'elle flottoit
dans toute la masse de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide.
Le lendemain environvers
les 7. heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avoisparlé je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
& du limon verdrappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vu autrefois,
ce qui me donna la
curiosité de regarder £ou-
C> vent pendant la journée
cette bouteille, pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord surpris. Versles
dix heures du matin,
quiestoit le temps que le
soleil touchoit la fenestre
où estoit posée la bouteille
,
le limon du fond COIn.,
mença de s'enfler, & à mesurequeleau
s'échauffoit
ils'éleva de dessus lasuperficie
ficie de ce limon
, une infinité
de bosses, qui peu à
peu en s'élevant davantage
diminuerent de grosf
ur ,
& produisirent des
filets de la substance du limon
même;de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapissoit le
fond de la bouteille estoit
converty en filets dont
quelques-uns tenoient ensemble
ôc paroissoient sortir
les uns des autres representant
des branchages, &
les autres flottoient comme
de simples filets droits
& tournez selon qu'ilsavoient
été obligez de se détournerpar
les autres qu'ils
avoient rencontrez en
chemin, chacun ayant attaché
a son bout superieur
une perleblanche qui estoient
de differentes grosseurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
resterent dans cette situationpendant
toutletemps
que le Soleil les éclaira;
c'est a' direjusqu'à quatre
heures aprèsmidy. Immediatement
aprés ce tems ,
jevis les filets & les ramifications
retomber peu à peu
au fond de la bouteille, &
en mesme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications, diminuer
peu à peu de grosseur
, &
estantenfin entraisnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ilsrecomposerent la
mesme quantité de sediment
ou de limonverd
que j'avoisobservé en premier
lieu. Le lendemain il
arriva la mesme chose &
aux mesmesheures, ce qui
a continué pendant tout le
reste del'Esté;c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
,
& que le Soleil apû atteindre
la bouteille. Le reste
de l'année, non seulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau; maisle
limon du fond ou le sediment
de la bouteille, qui
pendant les nuits de l'Esté
estoi épais de trois ouquatre
lignes, s'est si fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaisseur,&
les petites bulles
d'air dont ce limon
estoitfort sensiblement.
parsemé en Estéont disparu
entierement pendant
'hyver; de forte qu'on ne
lesvoyoit plus dutout.
J'ay de loin approché
cette phioledu feu pendant
l'hyver, les bulles d'air ont
repara dans le sediment
y &àmesure que l'eau de la
bouteille s'est échauffée,
le sediment s'est gonflé,
les branchages se sont refaits
dans toute la masse
de l'eau comme il estoit
arrivé en Esté par la chaleur
du Soleil, & en éloignant
la bouteille du feu
le sediment s'estremis au
fond de l'eau à t-iieftirz
qu'elles'estrefroidie J'ay
fait cetteexperience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver, qui ont bien réüssy
mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille,
il s'est fait une écumesur
l'eau,ce quin'estoit
jamais arrivé
, & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toutel'eau,
se sont précipitez subitement
au fond de la bouteilleenforme
de limon J
qui ne s'est jamais relevé
depuis en branchages com-
Jlle il faisoit auparavanr.
L'on voit aisémenticy
que les bulles d'air enveloppées
dans le sediment
verd ont esté la cause de
l'élévation de ce sediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
,
& que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits, n'estoient autre
chose que ces mesmes
bulles d'air engagées &
enveloppées en partie dans
le tissu de ce limon ; ces
bulles d'airayant esté dilatées
considerablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu
,
sont devenuës si
legeres en comparaison
d'un pareil volume d'eau,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobstant le
poidsdulimonà quoy
elles estoient attachées
-
de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages quiont formé
cette vegetation.Et comme
la derniere fois que j'ay
presenté la bouteille au
feu, je l'ay trop échauffée,
les bulles d'air ont esté
trop dilatées & ont entraisné
les enveloppes qui les
retenoient & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru sur l'eau de la
bouteille. Aussi depuis ce
t temps le limon ne s'est
plus élevé dans son eau &
il n'y a plus paru de vege- tation.
Quand on observera
bien toutes ces circonstances
que j'ay marquées. En
amassant de l'eau de pluye
oonnrreélïtteerreerraacceetttteeeexxppeernieenn:-.
ce de la même maniere
quand on le voudra. mon
Si la fameuse Palingenisie
estoit verifiée, elle
pourroit servir encore d'exemple
de làtroifiémeelaC.
<
se des végétations artificielles.
d'un memoire touchant
les vegetations
artificielles, lu par
MrHombert dans la
derniereassemblée de
l'Académie Royale
des Sciences.
- Nous
avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
ressemblent en quelque façonàlavegetationdes
plantes
l' ce qui a donné lieu de
lesappeller Vegetations méttaalllliiqquueess,
a,arrbbrreessddeeD[JiÍaannnnee, y &.
J'ay rangé ces sortes de
Vegetations en trois classes
I. Celles quiconsistent
en un métal pur & massif
sans aucun mélange.
2.Celles dont la composition
consiste en un metal
dissous, le dissolvant restant
meslé avec le metal, &
sassant partie de l'arbrisseau
qui en est produit.
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique,
maissimplement des
matieres salines,terreuses
& huileuses ses& huileu[es,
f&.;
Je donneray pourexem.
ples de la première classe
les; productions des trois
opérations suivantes. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin, &
dedix foisautant de Mercure
,ressuscité du Cinabre
broyé; lavez cet amalgame
plusieurs fois dans de
l'eau nette de riviere, jusqu'àce
que l'amalgamene
laisse plus de falleté dans
l'eau. Pour lors sechez vôtre
amalgame, mêlez-le
dans une corne de verre,
distillé au bain de sableà
très petit feu que vous entretiendrez
pendant un
jour ou deux, plus vous
pourrez continuer le feu
sans chasser tout à fait le
Mercure,plus la végétation
fera parfaite. Vous pousserez
le feu à lafin jusques à
faire forcirtout le Mercure,
laissezéteindre le feu,
vous trouverez vostre Mercure
dans le recepient, &
l'orou l'argent qui reliera
dans la cornue,fera doux
& pliant,&de la plusbelle
couleur que ces métaux
peuvent avoir,dont la masse
aura pousse des branches
en forme de petits arbrisfaux
de différentesfigures
& de différentes hauteurs,
que l'on peut tirer de la
cornue
,
les séparer de la
masse du métal qui leur à
servi devase, les faire rougir
au feu, & les garder
tant que l'on veut sans
qu'ils le gâtent.
f»> t. ,b
",.,. Mr Hombert explifque
par ordre chaque
operation, & en devielope
la mécanique avec
tant de netteté & de précision
qu'on ne pourroit
abreger ses explications
sans lesalterer, c'est ce
qui m'adéterminé à ne
prendre de son discours
que l'instruction necessaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique.
Le second exemple de
cette premiere classe des vegétations
articicielesfetire
de l'opération suivante.
Prenez une once ou deux
d'argent finfondez-le dans
un creuset,& pendant qu'il
esten fonte, jettez dessus
par diversesreprises autant
pesant de soufre commun;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer,
& le retirez promptement
du feu,laissezrefondre la
matiere, puis pilez la bien
menue
, remettez la dans
un autre creuset que vous
placerez dans un feu doux
de charbons ou dans. une
soitedigestionou bain de
sable sans fondre la mariere,
le soufre s'évaporera
peu à peu de la masse qui
est dans le creuset, & entraînera
avec luy une partie
de l'argentenforme de
filets fort blancs, brillants
& fort doux, qui tiennent
à la masse du métal d'où ils
sont fortis. J'en ay vu de la
hauteur de trois pouces, &
des lames de deux lignes
de large, &: de l'epaisseur
d'une carte à joüer.
L'opération suivante
donnera nostre troisieme
exemp le. Fondez enssemble
deux onces d'argent de
vaisselle
,
& six onces de
plomb, mêlez ce mélange
dans une counelle de
cendre dessous une mourfle,
donnezle feu qui convient
pour purifier cet argent
à la cou pelle, & dés
que vous verrezla marque
que l'argent est devenu fin,
vous retirerez la cou pelle
promptement du feu,&la
laisserez refroidir. Deux
ou trois minuttesaprésque
vous l'aurez retiré du feu,
il sortira brusquement de
dessus la superficie de cet
argent, un ou plusieurs jets
d'argenr fondu de la grosseur
d'un brinde paille,&
de la hauteur de 7. ou 8.
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils sortiront
de la masse d'argent qui est
dans la coupelle. Ces jets
sont ordinairement creux,
& prennent souvent la figure
de branches de coral.
Ils restent solidement attachez
à la massed'où ils
sont sortis.
Il faut que j'éclaircisse en
quoi consi ste la marque
que l'argent est devenu fin
dans lacou pelle,puis que
c'est lepointquifaitréüssir
l'operation, ou qui la
fait manquer. Cette marque
est lors que dans le
mesme degré de feu où l'argent
a esté en parfaite fusion
pendant tout le tems
du rafinage, sa surface se
fige dans la cou pelle tout
d'un coup en une croûte
dure & brillante,qui tient
fortement attachée par ses
bor ds au corps de la coupelle,
pendant que l'interieure
de cettemasse d'argent
est encore en fusion t
c'est dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu, & la placer dans un
lieu froid.
Cesopérations suffisent
pour établir le caradtere des.
végétations artificielles de
la premiere classe,c'est-àdire,
de celle dont la matière
consiste en un métal
pur,massif& sans aucun
mélange. Pour ce qui est
de celles de la fécondé classe
dont la composition
consiste en un métal difsous,
& où le dissolvant
reste mélé avec le métal.
J'ay lû autrefois dans une
de nos assemblées un mémoire
qui aété imprimé
en 1692.. Ce memoirecontient
plusieurs operations
qui enfeigent différentes
manières de faire des vegétations
artificielles; elles
peuvent toutes servir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la seconde
classe; ainsi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troisiémeclasse toutes les
autres végétations artificielles
qui netiennentrien
de metalique
, nous en
donnerons icy de mesme
trois exemples.Prenez huit
onces de salpestre fixé par
Je charbon à la manière
ordinaire, faites les résoudreà
la cave, ou huile par
défaillance, filtrez la, &
versez dedans peu à peu de
l'huiledevitriol jusques à
parfaite saturation, ou jusques
à ce que l'ébullition
cesse; faites évaporer l'humidité
,il restera une massesaline,
compacte, pure,
tres-blanche, & fort
acre ;pillez la grossierement,
& versez dessus un
demi-septir d'eau froide
de rivière dans une écuelle.
degrais, laissez la pendant
quelques jours surune table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie, & le
sel encore humide commencera
de vegeter en plusieurs
endroits,en pouffant
destouffesen aigrettes qui
partent chacune d'un mesme
centre,&qui se divisent
en diverses branches
pointuës,roides & cassantes
, longues de i-z- à 15.
lignes. Ces aigrettes se forment
ord inairement sur
tout le bord de l'écuelle,&
y composent une espece de
couronnement. Elles cessent
de croi stre quand toute
l'eau a esté évaporée de
l'écuelle
; mais en remettant
de l'eau sur ce scieil
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour second
exemple de cette classe
certaines cristaliations
ou arbrisseaux quej'aitrouvées
produites naturellement
sur le rivage de la
mer d'Espagne
, que l'on
peut
peut imiter facilement par
art , n'étantautre chose
qu'une tige branchuë
quelque plante desseichée
&sans feüilles,qui aété arroséeplusieur
par l'eau
de lamerdont l'humeur
aquesement esté évapofée.)
r-estresté, & s'est
cristallisédessus,encouvrant
toute la plante d'abord
fort legerement; maisayant
esté moüillée plusieursfois
en diversrems,le
sels'yaugmente peuàpeu,
& represente une plantede
sel.J'en ay vû une fort belle
de cette nature dans lecabinet
de feu Mr. de Tournefort,
qui estoit d'environun.
pied, blanchecomme de
la neige. J'en ai fait de semblables
en employant de
l'eau salée. Il faut avoir la
précaution d'osterl'écorce
de la branche quisert de
charpente ou de soutien à
cette cristallisation, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obscuciroit
la blancheur tranfparante
du sel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troisiéme
exemple l'observation
suivante. Dans un temps
dorage accompagné de
beaucoup de pluie&de tonnerre
,je remplisune bouteille
de verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluie qui avoit coulé de
dessus un vieux toit dethuiles
, & qui avoir reposé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
négligemment fermée
d'un bouchon de papier
sur unefenestreexpofée
aumidi, où l'ayantoubliée
ellerestasansestreremuée
environ trois mois,
l'eau ne paroissoit pastrouble
quand je la puisay. Cependant
il s'amassa peu à
peu au fond de la bouteille
un sediment de couleur
verte de l'épaisseur de trois
ou quatre lignes. Il se fit
apparemment une se mentation
dans cette matiere
car elle me parut fort spongieuse
& pleine de petites
bubes d'air,qui selon toutes
les apparences s'étoient
separées du limon qui fai-
:
lOlt le sediment, comme
il arrive toûjours de pareilles
réparations aériennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
'¡ Un jou qu'il saifoitfort
chaud dans le mois de Juillet,
vers les deux heures
aprèsmidi, je passay dan$J
l'endroit ou estoit cette'
bouteille,je 1aregdrday par
hazard,jen' trouvay paine
de limon au fond; mais je
la vis remplie d'une efpcce.
de vegetation d'une trèsbelle
couleur verte, dont
une partie paroissoit tenir
au fond de la bouteilk) ôc
le reste estoit simplement
suspendu comme des fillets
dans l'eau parmi lesquels
il y en avoir qui étoient
élevez jusques à yx
superficie de l'eau, & d'autres
qui estoient restez à
différentes distances de la
superficie,nageant entre
deux eaux, les ramifications
&filetsestoient garnieschacune
d'un grain ou
d'une petite boule qui paroisoit
blanche dans l'eau,
& brillantecomme de l'argent,
&quirepresentoit
commeunfruit sur le sommet
de la planre, en remuant
un peu la bouteille,
, 1\ je m'aperçûs que cette vegétation
n'avoir point de
consistance
; mais qu'elle
estoit soûtenuë par l'cau de
la boureille, & qu'elle flottoit
dans toute la masse de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide.
Le lendemain environvers
les 7. heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avoisparlé je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
& du limon verdrappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vu autrefois,
ce qui me donna la
curiosité de regarder £ou-
C> vent pendant la journée
cette bouteille, pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord surpris. Versles
dix heures du matin,
quiestoit le temps que le
soleil touchoit la fenestre
où estoit posée la bouteille
,
le limon du fond COIn.,
mença de s'enfler, & à mesurequeleau
s'échauffoit
ils'éleva de dessus lasuperficie
ficie de ce limon
, une infinité
de bosses, qui peu à
peu en s'élevant davantage
diminuerent de grosf
ur ,
& produisirent des
filets de la substance du limon
même;de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapissoit le
fond de la bouteille estoit
converty en filets dont
quelques-uns tenoient ensemble
ôc paroissoient sortir
les uns des autres representant
des branchages, &
les autres flottoient comme
de simples filets droits
& tournez selon qu'ilsavoient
été obligez de se détournerpar
les autres qu'ils
avoient rencontrez en
chemin, chacun ayant attaché
a son bout superieur
une perleblanche qui estoient
de differentes grosseurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
resterent dans cette situationpendant
toutletemps
que le Soleil les éclaira;
c'est a' direjusqu'à quatre
heures aprèsmidy. Immediatement
aprés ce tems ,
jevis les filets & les ramifications
retomber peu à peu
au fond de la bouteille, &
en mesme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications, diminuer
peu à peu de grosseur
, &
estantenfin entraisnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ilsrecomposerent la
mesme quantité de sediment
ou de limonverd
que j'avoisobservé en premier
lieu. Le lendemain il
arriva la mesme chose &
aux mesmesheures, ce qui
a continué pendant tout le
reste del'Esté;c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
,
& que le Soleil apû atteindre
la bouteille. Le reste
de l'année, non seulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau; maisle
limon du fond ou le sediment
de la bouteille, qui
pendant les nuits de l'Esté
estoi épais de trois ouquatre
lignes, s'est si fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaisseur,&
les petites bulles
d'air dont ce limon
estoitfort sensiblement.
parsemé en Estéont disparu
entierement pendant
'hyver; de forte qu'on ne
lesvoyoit plus dutout.
J'ay de loin approché
cette phioledu feu pendant
l'hyver, les bulles d'air ont
repara dans le sediment
y &àmesure que l'eau de la
bouteille s'est échauffée,
le sediment s'est gonflé,
les branchages se sont refaits
dans toute la masse
de l'eau comme il estoit
arrivé en Esté par la chaleur
du Soleil, & en éloignant
la bouteille du feu
le sediment s'estremis au
fond de l'eau à t-iieftirz
qu'elles'estrefroidie J'ay
fait cetteexperience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver, qui ont bien réüssy
mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille,
il s'est fait une écumesur
l'eau,ce quin'estoit
jamais arrivé
, & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toutel'eau,
se sont précipitez subitement
au fond de la bouteilleenforme
de limon J
qui ne s'est jamais relevé
depuis en branchages com-
Jlle il faisoit auparavanr.
L'on voit aisémenticy
que les bulles d'air enveloppées
dans le sediment
verd ont esté la cause de
l'élévation de ce sediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
,
& que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits, n'estoient autre
chose que ces mesmes
bulles d'air engagées &
enveloppées en partie dans
le tissu de ce limon ; ces
bulles d'airayant esté dilatées
considerablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu
,
sont devenuës si
legeres en comparaison
d'un pareil volume d'eau,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobstant le
poidsdulimonà quoy
elles estoient attachées
-
de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages quiont formé
cette vegetation.Et comme
la derniere fois que j'ay
presenté la bouteille au
feu, je l'ay trop échauffée,
les bulles d'air ont esté
trop dilatées & ont entraisné
les enveloppes qui les
retenoient & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru sur l'eau de la
bouteille. Aussi depuis ce
t temps le limon ne s'est
plus élevé dans son eau &
il n'y a plus paru de vege- tation.
Quand on observera
bien toutes ces circonstances
que j'ay marquées. En
amassant de l'eau de pluye
oonnrreélïtteerreerraacceetttteeeexxppeernieenn:-.
ce de la même maniere
quand on le voudra. mon
Si la fameuse Palingenisie
estoit verifiée, elle
pourroit servir encore d'exemple
de làtroifiémeelaC.
<
se des végétations artificielles.
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Résumé : EXTRAIT d'un memoire touchant les vegetations artificielles, lû par Mr Hombert dans la derniere assemblée de l'Académie Royale des Sciences.
M. Hombert présente un mémoire à l'Académie Royale des Sciences sur les végétations artificielles en chimie, classées en trois catégories : métaux purs et massifs, métaux dissous et mélangés avec un dissolvant, et matières salines, terreuses et huileuses. Pour la première catégorie, Hombert décrit trois opérations : 1. **Amalgame d'or ou d'argent avec du mercure** : En mélangeant de l'or ou de l'argent avec du mercure, puis en chauffant et en lavant, des structures métalliques semblables à des arbrisseaux se forment. 2. **Fusion d'argent avec du soufre** : En fondant de l'argent et en ajoutant du soufre, des filaments blancs et brillants apparaissent à la surface de l'argent. 3. **Fusion d'argent et de plomb** : En fondant ensemble de l'argent et du plomb, des jets d'argent se forment à la surface, prenant souvent des formes de branches de corail. Pour la troisième catégorie, Hombert donne trois exemples : 1. **Cristallisation de sel** : En dissolvant du salpêtre dans de l'huile et en ajoutant de l'eau, des structures cristallines se forment. 2. **Cristallisation sur des plantes** : En arrosant des plantes avec de l'eau salée, des cristaux de sel se forment sur les branches. 3. **Végétation dans une bouteille d'eau** : En laissant de l'eau de pluie dans une bouteille, des structures végétales se forment et se déforment selon la température, montrant un cycle de formation et de dissolution. Hombert explique chaque opération avec précision, fournissant des instructions détaillées pour reproduire ces phénomènes. Le texte décrit également un phénomène observé dans une bouteille contenant de l'eau et du limon. Initialement, des bulles d'air emprisonnées dans le sédiment verdâtre ont provoqué l'élévation du limon sous forme de filets et de branchages, occupant toute la capacité de la bouteille. Ces bulles, dilatées par la chaleur du Soleil ou du feu, sont devenues plus légères que l'eau, entraînant le limon avec elles et formant une végétation artificielle. Lors d'un échauffement excessif, les bulles se sont trop dilatées, entraînant les enveloppes qui les retenaient et formant une écume à la surface de l'eau. Depuis cet incident, le limon ne s'est plus élevé et aucune végétation n'est réapparue. Le texte suggère que ce phénomène pourrait être reproduit en observant les circonstances décrites et en utilisant de l'eau de pluie. Il mentionne également la possibilité d'utiliser cet exemple pour illustrer la palingenésie, le processus de régénération ou de transformation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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138
p. 333-334
ENIGME.
Début :
Chez moi pour mes voisins, je fais boüillir le pot, [...]
Mots clefs :
Estomac
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGME. :
Chez., moipour mes voifins)
jefais boüilir
,- lepot,
': Aceinètierieme ruine;
Quelqu'un d'eux cependantmepayejonEcot,
E;n travaillant pour la cuisine, Entreux estcertaine voi-
* fine,
Chut,tropparler luinuit,
avec cettte coquine >
L'on me confond "UeZ
souvent,
Je l'entretiens déssa jeuhep
, Desonsexe ellea la foiblep,
Et quand ellefait mal,
c.est à moi qu'on s'en
prend.
Chez., moipour mes voifins)
jefais boüilir
,- lepot,
': Aceinètierieme ruine;
Quelqu'un d'eux cependantmepayejonEcot,
E;n travaillant pour la cuisine, Entreux estcertaine voi-
* fine,
Chut,tropparler luinuit,
avec cettte coquine >
L'on me confond "UeZ
souvent,
Je l'entretiens déssa jeuhep
, Desonsexe ellea la foiblep,
Et quand ellefait mal,
c.est à moi qu'on s'en
prend.
Fermer
139
p. 49-81
EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
Début :
L'auteur, aprés quelques remarques nouvelles & judicieuses, dit que jusques [...]
Mots clefs :
Animaux, Rivière, Mer, Académie royale des sciences, Coquilles, Limaçon, Variété, Liqueurs, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
EXTRAIT
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
En février 1711, M. de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la formation et l'accroissement des coquilles des animaux terrestres et aquatiques. Il a souligné que, jusqu'alors, les hommes s'étaient contentés de collectionner les coquilles les plus rares sans chercher à comprendre les causes de la variété de leurs couleurs. Reaumur a donc étudié la nature pour expliquer ces phénomènes. Dans son discours, Reaumur a distingué deux types de croissance des coquilles : par végétation (ou intussusception) et par juxtaposition. La croissance par végétation implique que les petites parties de matière se préparent à l'intérieur du corps avant de s'y ajouter, comme la sève dans les plantes ou le sang dans les animaux. La croissance par juxtaposition se produit lorsque les parties s'ajoutent sans préparation préalable, comme dans les cristallisations ou les fels. Reaumur a choisi d'étudier les limaçons de terre pour leurs observations, car ils sont plus faciles à observer. Il a expliqué que lorsque l'animal grandit, la coquille ne peut plus le couvrir entièrement, laissant une partie de son corps nue. Cette partie nue est toujours proche de l'ouverture de la coquille. Les animaux à coquilles spiralées, comme les limaçons, ne peuvent s'étendre que du côté de la tête, tandis que ceux à coquilles en deux parties, comme les moules, peuvent s'étendre dans tout leur contour. L'accroissement des coquilles est dû à une mécanique similaire à celle des canaux conduisant l'eau. Les petites parties de matière, moins fluides, se déplacent vers les parois des canaux et s'y attachent, formant une croûte. De même, chez les animaux, les liquides circulent dans des canaux et déposent des particules qui forment la nouvelle coquille. Reaumur a mené des expériences pour prouver ses observations, comme celle où il a inséré une peau de canepin dans une coquille de limaçon pour observer la formation de la nouvelle coquille. Il a également noté que les coquilles des limaçons augmentent en taille par l'ajout de tours de spirale, mais que la largeur de chaque tour reste constante. Pour expliquer la variété des couleurs des coquilles, Reaumur a proposé que la peau de l'animal agit comme un crible qui laisse passer des particules formant la coquille. Si cette peau est percée différemment en divers endroits ou composée de différents cribles, les particules passant à travers ces cribles auront des formes ou des natures différentes. Ces particules formeront des corps réfléchissant la lumière de manière différente, créant ainsi des morceaux de coquille de diverses couleurs. Reaumur a également attribué les figures, canelures, gravures et autres caractéristiques des coquilles les plus rares aux formes et mouvements différents de l'animal. Il a conclu que ses observations et expériences confirment sa théorie sur l'accroissement des coquilles.
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140
p. 126-133
INONDATIONS.
Début :
Inondation de Geneve. Le degel & la fonte des neiges [...]
Mots clefs :
Genève, Lyon, Rhône, Saône, Inondations, Eau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : INONDATIONS.
INONDATIONS,
Inondation de Gencve.
L,-Le degel & la fonte
des neigesfirent enfler de
forre la petite riviere d'Aire
,
& luy donnèrent un
cours si rapide,que le 12.
du mois de Février elle fit
rétrograderle Rhone dans
le Lac, & fit tourner à contre
sens
,
pendant tour un
jour, les roues. desMoulins
àc< des, machines qui
fervent aux Fontaines publiques
, ce qu'on navoit
jamais vü.
Le Rhônedevint sienflé
par le concours de plufleurs
rivieres qui s'y jettent
yqu'à l'endro où il
se joint avec la Saône, il
tenoitune demi-tieuë:mais
ce qui en de plus remarquable,
c'est qu'il traversentleLac
de Geneve dans
toute sa longueur, sans se
meiler à ses eaux, tant l'impetuosité
avec laquelle il y
entroit étoit grande. Un
pareil événementn'auroitil
pas donné lieu à la Fable
du Fleuve Acis quiestant
devenu amoureux de lix
Nymphe Galatée, alla la
chercher jusques dans la
Sicile, sans mesler ses eaux
à celles de la mer.
De Lyon.
Jer/âfondu Rhône é5 de
la Saône a Lyon le 13. Février,veilledeS.
Ad-attkias ,dans la
Placea'ppellee Confort.
La veille de la Feste
de S, Matth ieu, aprés mi^
nuit, le Rhône avec la Saone
furent entièrement dé-
:bordez, contre les effetsordinaires
dece fleuve & cte
cette riviere qui ne grossissent
que dans l'intervalle
dequelquesjours. Le lit du
premier,qui termine la
Ville de Lyon du cofté de
la Province de D,1Uphiné'j;
& celuy de la Saône qui
couleau milieu de 11Ville,
-se joignirent dans la Place
L
,.
de Bellecour & celle de
Confort,avec une si orande
abondance d'eau, q"c
toute la partie de cette Ville
qui le trouve entre ces'
deux Places jusques dans la
ruë Merciere
,
fut si fort
inondée que toutes les maisons
ne purent plus se communiquer
que par bateaux.
On na pas de peine à concevoir
le desordre que cela
a causé dans tout ce quartier
par l'interruption du
commerce,&c le demcnagement
des boutiques ou
plusieurs marchandises furent
mouillez Les Eglises
desJacobins,des Celestins,
& de la Charité en ont le
plus souffert. Le vieux Alsenal
qui est voisin de la
Saone a elle presque tout
inondé.Heureusementtoute
l'Artillerie & les munitions
de guerre avoient esté
transportées depuis peu
d'années dans le nouvel
Arsenal basty par les soins
deMr le Maréchal de villeroy
,
nostre Gouverneur.
Le Pont de bois de Bellecour
a esté presque tout
emporté, ainsi que quantité
de maisons du Fauxbourg
de la Guillotiere.
Cequ'il ya de remarquable
, c'est qu'on a observé
par une Inscription gravée
sur une Pyramide bastie
detemps immémorialdans
le milieu de la Place de
Confort, que le Rhône &
la Saone ne s'estôient pas
joints dans cette Place depuis
l'an 1554.&.cjue par
les mesures de la hauteur
où l'eau monta alors., on a
vérifié que cette demiere
inondationasurpassel'autre
d un pied & demy.
A l'égard de Paris
,
il
ny a pas eu d'effets fort
extraor dinaires. L'inondation
& l'eau n'a esté qu'à
trois pieds & demi prés du.
marbre qu'ona mis dans le
Cloistre des Celeitins,pour
marquerla hauteur del'eau
en Février1658 J'attendois
des remarque sur les ravages
qu'a faitlaLoire, je ne
les aurayque pour le mois
prochain.
Inondation de Gencve.
L,-Le degel & la fonte
des neigesfirent enfler de
forre la petite riviere d'Aire
,
& luy donnèrent un
cours si rapide,que le 12.
du mois de Février elle fit
rétrograderle Rhone dans
le Lac, & fit tourner à contre
sens
,
pendant tour un
jour, les roues. desMoulins
àc< des, machines qui
fervent aux Fontaines publiques
, ce qu'on navoit
jamais vü.
Le Rhônedevint sienflé
par le concours de plufleurs
rivieres qui s'y jettent
yqu'à l'endro où il
se joint avec la Saône, il
tenoitune demi-tieuë:mais
ce qui en de plus remarquable,
c'est qu'il traversentleLac
de Geneve dans
toute sa longueur, sans se
meiler à ses eaux, tant l'impetuosité
avec laquelle il y
entroit étoit grande. Un
pareil événementn'auroitil
pas donné lieu à la Fable
du Fleuve Acis quiestant
devenu amoureux de lix
Nymphe Galatée, alla la
chercher jusques dans la
Sicile, sans mesler ses eaux
à celles de la mer.
De Lyon.
Jer/âfondu Rhône é5 de
la Saône a Lyon le 13. Février,veilledeS.
Ad-attkias ,dans la
Placea'ppellee Confort.
La veille de la Feste
de S, Matth ieu, aprés mi^
nuit, le Rhône avec la Saone
furent entièrement dé-
:bordez, contre les effetsordinaires
dece fleuve & cte
cette riviere qui ne grossissent
que dans l'intervalle
dequelquesjours. Le lit du
premier,qui termine la
Ville de Lyon du cofté de
la Province de D,1Uphiné'j;
& celuy de la Saône qui
couleau milieu de 11Ville,
-se joignirent dans la Place
L
,.
de Bellecour & celle de
Confort,avec une si orande
abondance d'eau, q"c
toute la partie de cette Ville
qui le trouve entre ces'
deux Places jusques dans la
ruë Merciere
,
fut si fort
inondée que toutes les maisons
ne purent plus se communiquer
que par bateaux.
On na pas de peine à concevoir
le desordre que cela
a causé dans tout ce quartier
par l'interruption du
commerce,&c le demcnagement
des boutiques ou
plusieurs marchandises furent
mouillez Les Eglises
desJacobins,des Celestins,
& de la Charité en ont le
plus souffert. Le vieux Alsenal
qui est voisin de la
Saone a elle presque tout
inondé.Heureusementtoute
l'Artillerie & les munitions
de guerre avoient esté
transportées depuis peu
d'années dans le nouvel
Arsenal basty par les soins
deMr le Maréchal de villeroy
,
nostre Gouverneur.
Le Pont de bois de Bellecour
a esté presque tout
emporté, ainsi que quantité
de maisons du Fauxbourg
de la Guillotiere.
Cequ'il ya de remarquable
, c'est qu'on a observé
par une Inscription gravée
sur une Pyramide bastie
detemps immémorialdans
le milieu de la Place de
Confort, que le Rhône &
la Saone ne s'estôient pas
joints dans cette Place depuis
l'an 1554.&.cjue par
les mesures de la hauteur
où l'eau monta alors., on a
vérifié que cette demiere
inondationasurpassel'autre
d un pied & demy.
A l'égard de Paris
,
il
ny a pas eu d'effets fort
extraor dinaires. L'inondation
& l'eau n'a esté qu'à
trois pieds & demi prés du.
marbre qu'ona mis dans le
Cloistre des Celeitins,pour
marquerla hauteur del'eau
en Février1658 J'attendois
des remarque sur les ravages
qu'a faitlaLoire, je ne
les aurayque pour le mois
prochain.
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Résumé : INONDATIONS.
En février, des inondations ont touché plusieurs régions. À Genève, la fonte des neiges a gonflé la rivière d'Aire, inversant le cours du Rhône et affectant des moulins le 12 février. Le Rhône, enflé par plusieurs rivières, a traversé le Lac Léman sans se mélanger à ses eaux. À Lyon, le Rhône et la Saône ont débordé la veille de la fête de Saint Matthieu, inondant la ville entre les places Bellecour et Confort. Cette inondation a causé des désordres commerciaux et endommagé plusieurs bâtiments, dont des églises et l'ancien arsenal. Le pont de bois de Bellecour et des maisons du faubourg de la Guillotière ont été emportés. Une inscription sur une pyramide à la place de Confort indiquait que les deux fleuves ne s'étaient pas joints depuis 1554, et cette inondation a surpassé la précédente de un pied et demi. À Paris, l'inondation a atteint trois pieds et demi de hauteur dans le cloître des Célestins.
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141
p. 3-11
Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Début :
Messieurs de l'Academie Royale des Sciences viennent de donner au [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Mémoires, Public, Vérités
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
Histoire dePAc-ademieBodes .yaleder
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
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Résumé : Histoire de l'Academie Royale des Sciences, Année 1709.
L'Académie Royale des Sciences a publié un volume de son Histoire, regroupant des pièces académiques sur diverses sciences. Ce volume inclut un ouvrage du secrétaire de la compagnie, qui présente les détails de chaque mémoire. Les découvertes y sont issues de méditations profondes et de recherches actives, appréciées pour leur vivacité et leur exactitude. Les savants offrent au public des connaissances utiles et ouvrent des chemins vers la vérité, partageant des méthodes pour étendre les vues de l'esprit et le progrès des sciences. Le livre est divisé en deux parties. La première, 'Histoire de l'Académie Royale des Sciences', résume chaque mémoire et sert d'introduction et de récapitulation. Elle facilite la compréhension des mémoires et montre comment les vérités se tiennent entre elles. L'ouvrage est également remarquable pour son élégance et sa politesse, prouvant que les grâces et les sciences ne sont pas incompatibles. Le texte ne fournit pas un extrait complet du dernier volume, mais mentionne des sujets moins abstraits et propose une table des matières pour localiser facilement les sujets traités.
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142
p. 12-15
De la formation & de l'acroissement des Coquilles des Animaux tant Terrestres que Aquatiques, soit de Mer soit de Terre. Par Mr de Reaumur.
Début :
Personne jusqu'icy n'avoit expliqué physiquement la formation & [...]
Mots clefs :
Coquillages
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texteReconnaissance textuelle : De la formation & de l'acroissement des Coquilles des Animaux tant Terrestres que Aquatiques, soit de Mer soit de Terre. Par Mr de Reaumur.
De la formation & de l'acroissement des Coquilles
des Animaux
tant Terrestres que
: Aquatiques , foit de
Mer foit de Terre. si
;
Par Mr de Reaumur. :
Personne jusqu'icy n'avoit
expliqué physiquement
la formation &c
l'accroissement des Coquillages,
leur structure,
la diversité de leurs couleurs.
Mr de Reaumur
après avoir confideré
avec toute l'attention
d'un PhysicienGeomet-
(CC;, de quelle maniere
la nature s'y prend pour
former cet Ouvrage
merveilleux, est parvenu
le premier à pouvoir
rendre exactement raison
de toutes les particularitez
qu'on y remarque,
&en a rendu
compte a l'Academie
dans son Mémoire du
mois de Novembre 1709
J'en ay fait dans le
Memoire de Février
un extrait assez étendu
pour interesser les Glorieux
à rechercher eux.
mêmes lacausedetant
de singularitez qu'ils
se sontcontentez jusqu'icyd'admirer
, pour
peu qu'ils soient Physîciens
, les principes simples&
faciles que Mrde
Reaumur a établis leur
suffiront
, pour être en
état d'expliquer ce qu'ils
trouveront de plus re*
marquable: dans les di&
ferentes especes de Co-î
quillages.
des Animaux
tant Terrestres que
: Aquatiques , foit de
Mer foit de Terre. si
;
Par Mr de Reaumur. :
Personne jusqu'icy n'avoit
expliqué physiquement
la formation &c
l'accroissement des Coquillages,
leur structure,
la diversité de leurs couleurs.
Mr de Reaumur
après avoir confideré
avec toute l'attention
d'un PhysicienGeomet-
(CC;, de quelle maniere
la nature s'y prend pour
former cet Ouvrage
merveilleux, est parvenu
le premier à pouvoir
rendre exactement raison
de toutes les particularitez
qu'on y remarque,
&en a rendu
compte a l'Academie
dans son Mémoire du
mois de Novembre 1709
J'en ay fait dans le
Memoire de Février
un extrait assez étendu
pour interesser les Glorieux
à rechercher eux.
mêmes lacausedetant
de singularitez qu'ils
se sontcontentez jusqu'icyd'admirer
, pour
peu qu'ils soient Physîciens
, les principes simples&
faciles que Mrde
Reaumur a établis leur
suffiront
, pour être en
état d'expliquer ce qu'ils
trouveront de plus re*
marquable: dans les di&
ferentes especes de Co-î
quillages.
Fermer
Résumé : De la formation & de l'acroissement des Coquilles des Animaux tant Terrestres que Aquatiques, soit de Mer soit de Terre. Par Mr de Reaumur.
Monsieur de Reaumur a étudié la formation et l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques. Avant ses travaux, ces processus, ainsi que la structure et la diversité des couleurs des coquillages, n'avaient pas été expliqués physiquement. Grâce à des observations minutieuses, Reaumur a réussi à expliquer ces particularités. Il a présenté ses découvertes à l'Académie dans un mémoire en novembre 1709. Un extrait de ce mémoire a été publié en février pour encourager les scientifiques à explorer davantage ces singularités. Les principes établis par Reaumur sont simples et accessibles, permettant aux chercheurs de comprendre les caractéristiques remarquables des différentes espèces de coquillages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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143
p. 15-26
Conjectures & reflexions sur la matiere du Feu, ou de la Lumiere. Par Mr Lemery le fils.
Début :
Le Feu, selon les Cartesiens, consiste uniquement dans une violente [...]
Mots clefs :
Feu, Eau, Soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Conjectures & reflexions sur la matiere du Feu, ou de la Lumiere. Par Mr Lemery le fils.
Conjectures& rejiexions
sur la matiere du
Feu , ou de la Lu.
miere.
ParMrLemery le fils.
Le Feu, selon les Car.
tesiens, consiste uniquement
dans une violente
agitation des parties
d'une matiere crcs-iub"
tile.
-
Maiscommel'experiencefait
connoistre
que le Regule d'AntimoVine
calcinéau miroirardent augmente de•
poids, aussi
-
bien que
tous les corps métalliques
, quand ils oiu
filé expofez à un grand
feu :Mr Lemery qui
juge avec raison,qu'il.
s'efl: introduit necessaiféluent
dans ces Corps
de nouvelles parties,
sans quoy il feroit tresmalaisé
de concevoir
comment ilsseroient
devenus plus pesants
ilprétend , que ces nouvelles
parties sont matiere
de feu & de lu-
Iniere, &c qu'elles ont,
outre leur agicarionSe
leur subtilité, une figure
qui leur est propre, Se
qui les determine à être
essentiellement du feu.
En forte qu'une matiere
autrementfigurée (fûtelleplus
agitée &plus
subtile )neseroitpoint
matiere de feu; &que
lamatiere du feu ne
cesse point de récréa
quoyqu'elle ait perdu
une partie de son mouvement.
C'est l'action de cette
matiere
,
selon Mr
Lemery
, qui fait làchaleur,
la lumiere, la
fluidité des liqueurs, la
susion de métaux.
- Cette matière agic
d'autant plus vivement
qu'elle est plus abondante
& plus réunie.
i-r. Le Soleil est unamas
tres considerable de matiere
de feu & de lumière:
Il nous éclaire
& nous échauffe de fort
loin,par l'entremise de
semblables parties de
matieres , qui sont placéesdans
les Inrerstices.
du grand fluide.interposé
entre luy & nous
Se qui sont poussées vigoureusement
vers les
corpsTerrestres.
Ilen est de nôtre flame
ordinaire comme
du Soleil, proportion
gardée de leurs distances
& de l'agitation de
leurs parties; car le Soseil
& la plus petite flame
ne different point
essentiellenlent
,
mais
fmeulemoent idunplsus .au
L'Eau,quand elleest
glacée, eU dans l' estat
qui luy convient : L~
fluidité ne luy est point
naturelle,elle est causée
par l'action des parties
de feu , qui sont
rarement en assez petite
quantité pourcesser
de l'entretenir.
Au contraire, il faut
une grande abondance
de matiere de feu pour
fondre lesmétaux.Aussi
reprennent -
ils bien-tost
leur premier état de fod'
lidité quandon les éloigne
de la cause de leur
fusion.
Les corps inflammables
comme les huiles
èc les graisses ne sont
tels que parce qu'ils
contiennent beaucoup
de parties de matiere
de feu
,
qui demeurent
enfermées dans de petites
cellules jusqu'à ce
qu'elles soient mises en
liberté parun agentexterieur
,
qui venant à
briser leur prison , leur
donne lieu de se déclarer
& de paroîtresous
la forme de flame.
Quoyque les corps
calcinez ayent reçû de
la matiere de feu pendant
la calcination, ils
n'en ont pas fait uneassez
grande provision
pour se pouvoir enflamer
au feu comme les
huiles. L'effet decette
matiere ne laiiTe Pafd'être
bien marquédans
la chaux vive ,par la
violente effervescence
qui s'y fait quand on la
détrempe dans t'eau,
qui desunissant alors les
parties de la chaux, degage
celles du feu qui y
étoient emprisonnées.
Il faut remarquer:
1° Que cette matiere
qui s'est enfermée dans
les cavitez des corps calcinez,
& qui semble
y être interdite de ses
fonctions,
fondions ': ne cesse pas
d'être ce qu'elle étoit
avant d'y entrer; &c,
qu'une matiere beaucoup
plus subtile &
plus agitée coule incesfamment
dans les lieux
où elle est, &entretient
son mouvement. '-, .: -
2° Que la matieredu
feu ne sçauroit sortit
des corps calcinez corn*
elle y est entrée. La
raison en est que les
pores qui luy ont servi
depassage , parce qu'ils
étoient devenus plus
grands par Fanionchï
tèu" Ce sont retrécis depuis
la calcination.
Voila les principales
conjectures de Mr Lemery
sur la -ii-utiere du
Feu. Son Systême a cet
avantage sur les autres,
qu'il explique tres-naturellement
l'augmentation
du poids des métaux
calcinez au miroir
ardent.
sur la matiere du
Feu , ou de la Lu.
miere.
ParMrLemery le fils.
Le Feu, selon les Car.
tesiens, consiste uniquement
dans une violente
agitation des parties
d'une matiere crcs-iub"
tile.
-
Maiscommel'experiencefait
connoistre
que le Regule d'AntimoVine
calcinéau miroirardent augmente de•
poids, aussi
-
bien que
tous les corps métalliques
, quand ils oiu
filé expofez à un grand
feu :Mr Lemery qui
juge avec raison,qu'il.
s'efl: introduit necessaiféluent
dans ces Corps
de nouvelles parties,
sans quoy il feroit tresmalaisé
de concevoir
comment ilsseroient
devenus plus pesants
ilprétend , que ces nouvelles
parties sont matiere
de feu & de lu-
Iniere, &c qu'elles ont,
outre leur agicarionSe
leur subtilité, une figure
qui leur est propre, Se
qui les determine à être
essentiellement du feu.
En forte qu'une matiere
autrementfigurée (fûtelleplus
agitée &plus
subtile )neseroitpoint
matiere de feu; &que
lamatiere du feu ne
cesse point de récréa
quoyqu'elle ait perdu
une partie de son mouvement.
C'est l'action de cette
matiere
,
selon Mr
Lemery
, qui fait làchaleur,
la lumiere, la
fluidité des liqueurs, la
susion de métaux.
- Cette matière agic
d'autant plus vivement
qu'elle est plus abondante
& plus réunie.
i-r. Le Soleil est unamas
tres considerable de matiere
de feu & de lumière:
Il nous éclaire
& nous échauffe de fort
loin,par l'entremise de
semblables parties de
matieres , qui sont placéesdans
les Inrerstices.
du grand fluide.interposé
entre luy & nous
Se qui sont poussées vigoureusement
vers les
corpsTerrestres.
Ilen est de nôtre flame
ordinaire comme
du Soleil, proportion
gardée de leurs distances
& de l'agitation de
leurs parties; car le Soseil
& la plus petite flame
ne different point
essentiellenlent
,
mais
fmeulemoent idunplsus .au
L'Eau,quand elleest
glacée, eU dans l' estat
qui luy convient : L~
fluidité ne luy est point
naturelle,elle est causée
par l'action des parties
de feu , qui sont
rarement en assez petite
quantité pourcesser
de l'entretenir.
Au contraire, il faut
une grande abondance
de matiere de feu pour
fondre lesmétaux.Aussi
reprennent -
ils bien-tost
leur premier état de fod'
lidité quandon les éloigne
de la cause de leur
fusion.
Les corps inflammables
comme les huiles
èc les graisses ne sont
tels que parce qu'ils
contiennent beaucoup
de parties de matiere
de feu
,
qui demeurent
enfermées dans de petites
cellules jusqu'à ce
qu'elles soient mises en
liberté parun agentexterieur
,
qui venant à
briser leur prison , leur
donne lieu de se déclarer
& de paroîtresous
la forme de flame.
Quoyque les corps
calcinez ayent reçû de
la matiere de feu pendant
la calcination, ils
n'en ont pas fait uneassez
grande provision
pour se pouvoir enflamer
au feu comme les
huiles. L'effet decette
matiere ne laiiTe Pafd'être
bien marquédans
la chaux vive ,par la
violente effervescence
qui s'y fait quand on la
détrempe dans t'eau,
qui desunissant alors les
parties de la chaux, degage
celles du feu qui y
étoient emprisonnées.
Il faut remarquer:
1° Que cette matiere
qui s'est enfermée dans
les cavitez des corps calcinez,
& qui semble
y être interdite de ses
fonctions,
fondions ': ne cesse pas
d'être ce qu'elle étoit
avant d'y entrer; &c,
qu'une matiere beaucoup
plus subtile &
plus agitée coule incesfamment
dans les lieux
où elle est, &entretient
son mouvement. '-, .: -
2° Que la matieredu
feu ne sçauroit sortit
des corps calcinez corn*
elle y est entrée. La
raison en est que les
pores qui luy ont servi
depassage , parce qu'ils
étoient devenus plus
grands par Fanionchï
tèu" Ce sont retrécis depuis
la calcination.
Voila les principales
conjectures de Mr Lemery
sur la -ii-utiere du
Feu. Son Systême a cet
avantage sur les autres,
qu'il explique tres-naturellement
l'augmentation
du poids des métaux
calcinez au miroir
ardent.
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Résumé : Conjectures & reflexions sur la matiere du Feu, ou de la Lumiere. Par Mr Lemery le fils.
Le texte 'Conjectures & rejiexions sur la matière du Feu, ou de la Lumière' de Mr Lemery explore la nature du feu et de la lumière. Contrairement aux Cartésiens, qui voient le feu comme une agitation des parties d'une matière combustible, Lemery observe que les métaux calcinés augmentent de poids, suggérant l'ajout de nouvelles parties. Il propose que ces parties sont la matière du feu et de la lumière, caractérisées par leur agitation, subtilité et figure propre. Cette matière est responsable de la chaleur, de la lumière, de la fluidité des liquides et de la fusion des métaux. Le Soleil, par exemple, est une masse de cette matière qui éclaire et échauffe la Terre. Les corps inflammables, comme les huiles, contiennent cette matière enfermée dans des cellules, qui se libère sous forme de flamme lorsqu'elles sont brisées. Les corps calcinés, bien qu'ils contiennent de la matière de feu, ne peuvent pas s'enflammer comme les huiles. La chaux vive, par exemple, réagit violemment avec l'eau en libérant les parties de feu emprisonnées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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144
p. 27-31
OBSERVATIONS sur les Ecrevisses de Riviere. Par Mr Geoffroy le jeune
Début :
Ce qu'on appelle yeux d'Ecrevisses sont de petites [...]
Mots clefs :
Écrevisses
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur les Ecrevisses de Riviere. Par Mr Geoffroy le jeune
OBSERVATIONS
sRur liesvEcireevissnesd.e
ParMrGeoffro*y le jeune ,Ce' qu'on appelle y<oe*
d'Ecrevisses sont de petites
pierres blanches,
rondes, & ordinairementplates
à qui 91?>
donnéce nom , parce
qu'effevtiveiwotelles(è
rirent desEcrevisses de
Riviere, &; que quoyqu'elles
ne ressemblent
guereà des yeux, elles
y ressem blent encore
plus qu'à toute autre
partie.
Il resulte des Obkr.
vations queMr Geoffroy
-à-faites queces pierres
jlnee,cseervfeoarmudenetpsaEscredvainfs- comme lesplus
habiles Naturalistes lavoient
crû.,, mais dans
-la regionde l^eftomac.
comme Vanhelmont l'a
trouve le premier.
, Ces pierres ne se trouvent
dans les écrévisses qu'au
temps de leur muë qui leur
arrive tous les ans au mois
de Juin. Alors elles se dépoüillent
de leur écaille.Une
membrane qui en tapiuc le
dedans devient en se durcissantune
écaillenouvel le.
Leur ancien estomac s'en
va 3- & apparemment aussi
l'intestin; au moins Mon*
sieurGeoffroy le conjecture;
& lesmembranes exterieures
de ces vifccres leur fuccedcnr,
Ciij
Les écrevissespendant
jettes muënt font foibles
&languissantes, & ne mangent
point.
Mais uneparticularité
tres remarquable; ctcfi que
l'ancien estomac estdigeré
par le nouveau ,
& leur sert
d'aliment pendant la muë.
Mr Geoffroy croit que
les pierres que l'on trouve
dans les écrevisses,
contribuënt à leur nourriture
pendant leur fftâladie.
La raison de cette
conjecture est que ces
pierres diminuënt toûjours
de grandeur,jusdqiusp'àacroeissent.
cii fin' celllleess
OBSERVATIONS
sRur liesvEcireevissnesd.e
ParMrGeoffro*y le jeune ,Ce' qu'on appelle y<oe*
d'Ecrevisses sont de petites
pierres blanches,
rondes, & ordinairementplates
à qui 91?>
donnéce nom , parce
qu'effevtiveiwotelles(è
rirent desEcrevisses de
Riviere, &; que quoyqu'elles
ne ressemblent
guereà des yeux, elles
y ressem blent encore
plus qu'à toute autre
partie.
Il resulte des Obkr.
vations queMr Geoffroy
-à-faites queces pierres
jlnee,cseervfeoarmudenetpsaEscredvainfs- comme lesplus
habiles Naturalistes lavoient
crû.,, mais dans
-la regionde l^eftomac.
comme Vanhelmont l'a
trouve le premier.
, Ces pierres ne se trouvent
dans les écrévisses qu'au
temps de leur muë qui leur
arrive tous les ans au mois
de Juin. Alors elles se dépoüillent
de leur écaille.Une
membrane qui en tapiuc le
dedans devient en se durcissantune
écaillenouvel le.
Leur ancien estomac s'en
va 3- & apparemment aussi
l'intestin; au moins Mon*
sieurGeoffroy le conjecture;
& lesmembranes exterieures
de ces vifccres leur fuccedcnr,
Ciij
Les écrevissespendant
jettes muënt font foibles
&languissantes, & ne mangent
point.
Mais uneparticularité
tres remarquable; ctcfi que
l'ancien estomac estdigeré
par le nouveau ,
& leur sert
d'aliment pendant la muë.
Mr Geoffroy croit que
les pierres que l'on trouve
dans les écrevisses,
contribuënt à leur nourriture
pendant leur fftâladie.
La raison de cette
conjecture est que ces
pierres diminuënt toûjours
de grandeur,jusdqiusp'àacroeissent.
cii fin' celllleess
OBSERVATIONS
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Résumé : OBSERVATIONS sur les Ecrevisses de Riviere. Par Mr Geoffroy le jeune
Monsieur Geoffroy le Jeune a observé les écrevisses de rivière, notant leur ressemblance avec des yeux. Il a constaté que des pierres se forment dans leur estomac, surtout durant la mue annuelle en juin. Pendant cette période, les écrevisses perdent leur ancienne écaille et développent une nouvelle membrane qui durcit. Leur ancien estomac et potentiellement leur intestin disparaissent, remplacés par de nouvelles membranes. Les écrevisses sont alors faibles et ne mangent pas. Cependant, l'ancien estomac est digéré par le nouveau, servant d'aliment pendant la mue. Geoffroy suppose que les pierres dans l'estomac contribuent à la nutrition des écrevisses pendant cette phase, diminuant de taille jusqu'à disparaître complètement à la fin de la mue.
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145
p. 31-40
OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
Début :
Il a esté étonnant que le froid de l'année 1709. [...]
Mots clefs :
Eau, Huile, Hiver, Grand froid, Gelée, Air
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
OBSERVATIONS
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement
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Résumé : OBSERVATIONS sur le froid de l'Hiver 1709.
Le texte 'Observations sur le froid de l'Hiver 1709' relate un hiver particulièrement sévère à Paris, caractérisé par un vent de sud malgré la neige présente dans les montagnes d'Auvergne au sud de la ville. Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène. Monsieur de la Hire attribue le froid intense à la couverture neigeuse des montagnes, tandis que Monsieur Homberg propose que le vent de sud soit un reflux d'air froid provenant du nord. La glace sur le port de Copenhague a atteint une épaisseur de vingt-sept pouces, comparée aux onze pouces mesurés sur la Tamise en 1683. La Société Royale des Sciences de Montpellier a transmis à l'Académie Royale des Sciences de Paris un ouvrage de Monsieur Gauteron, qui détaille les observations sur l'évaporation des liquides en période de grand froid. Gauteron explique que l'air, plus condensé en hiver, contient un sel similaire au nitre, favorisant l'évaporation des fluides. Il observe également que l'eau couverte d'huile gèle plus tard et forme un champignon de glace, et que certaines substances comme l'eau-de-vie et l'huile de noix ne gèlent pas. À Montpellier, de nombreux arbres ont péri et le Rhône s'est gelé jusqu'à douze pieds de hauteur. Le dégel a été suivi d'un rhume épidémique. Tous ces phénomènes sont attribués à un changement dans l'air pendant la gelée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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146
p. 53
DECOUVERTE à Montpellier.
Début :
Mrs Sablé, & de la Mesangere, ayant pensé que si [...]
Mots clefs :
Araignées, Chenilles, Soie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DECOUVERTE à Montpellier.
DECOVVERTE
àMontpellier.
Mrs Sablé, & de la Mesangere
,ayant pensé que
si les arraignées pouvoient
fournir de la soye
,
les chenilles
en pouroient donner
aussi, ont suivi cette idée
& l'experience en a fait voir
la justesse , ilsinstruiront
bien tostlepublicdu succés
de leur découverte, & des
circonstances qui pouroient
.-
la rendre utile.
àMontpellier.
Mrs Sablé, & de la Mesangere
,ayant pensé que
si les arraignées pouvoient
fournir de la soye
,
les chenilles
en pouroient donner
aussi, ont suivi cette idée
& l'experience en a fait voir
la justesse , ilsinstruiront
bien tostlepublicdu succés
de leur découverte, & des
circonstances qui pouroient
.-
la rendre utile.
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147
p. 49-123
Les Fourmis.
Début :
Vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, Monsieur [...]
Mots clefs :
Fourmis, Mercure, Fourmilière, Soleil, Curiosité, Expérience, Terre, Grain, Génie, Grenier, Société, Maison, Sagesse, Pinces, Travaux, Particules, Temps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Les Fourmis.
Les Fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
Fermer
Résumé : Les Fourmis.
L'auteur reçoit une lettre l'interrogeant sur ses observations concernant les fourmis. Il regrette de ne pas pouvoir fournir une description complète et précise, faute de temps et de bons microscopes. Il promet de partager davantage d'informations à l'avenir. L'auteur a observé les fourmis lors d'un séjour solitaire à la campagne, où il a été inspiré par leur activité pour surmonter son ennui. Il décrit leur habitat dans une caisse à fleurs abandonnée, où elles ont établi plusieurs fourmilières. Intrigué par leur comportement, il a décidé de les étudier plutôt que de cultiver des fleurs. Les fourmis travaillent sans relâche, même la nuit, et exposent leur blé au clair de lune pour éviter les oiseaux. L'auteur a protégé les fourmis en effrayant les pigeons et en les chassant. Les fourmis ont progressivement recommencé à exposer leur blé au soleil pendant la journée, montrant une adaptation prudente. L'auteur détaille l'organisation interne de la fourmilière, la gestion du blé, et les mesures prises pour éviter la germination et la détérioration des grains. Il justifie les choix des fourmis concernant l'utilisation de terre sèche plutôt que du sable ou des particules de brique. Les fourmis montrent une grande sagesse et prévoyance dans leurs actions, adaptant leurs comportements aux conditions météorologiques. Elles choisissent toujours les meilleurs grains et savent s'accommoder en cas de disette. L'auteur a caché des provisions dans une chambre pour observer le comportement des fourmis. Malgré leurs efforts, les fourmis n'ont pas découvert immédiatement les provisions, ce qui a permis à l'auteur d'observer leurs stratégies de recherche de nourriture. Les fourmis parcourent de longues distances pour trouver des grains, même s'ils n'étaient pas toujours de leur goût. Elles ne reviennent jamais sans quelque chose, même si ce n'était qu'un brin de terre sèche. Les fourmis transportent des grains lourds sur de longues distances et surmontent des obstacles, comme grimper sur des murs. Elles travaillent souvent en groupe pour aider celles qui sont en difficulté. L'auteur a observé une petite fourmi particulièrement déterminée à transporter un grain de blé gros, malgré plusieurs chutes. Les fourmis ont des stratégies pour se protéger de la pluie, comme utiliser un morceau d'ardoise pour couvrir leur fourmilière. L'auteur mentionne des observations faites par Mr. de la Loubere à Siam, où les fourmis s'établissent sur les arbres pour éviter les inondations. L'auteur a tenté d'établir une quatrième fourmilière en déplaçant des fourmis d'une autre fourmilière, mais sans succès. Les fourmis ont reconstruit leur ancienne fourmilière malgré les efforts de l'auteur pour les en empêcher. Les fourmis établissent des colonies et respectent des lois inviolables, comme ne jamais entrer dans une fourmilière étrangère. Elles sont très protectrices de leur territoire et punissent sévèrement toute intrusion. Les fourmis collaborent étroitement pour les travaux extérieurs, mais chaque fourmilière gère ses tâches intérieures de manière autonome. Elles n'exercent pas l'hospitalité mais sont très solidaires entre elles, aidant dans les travaux extérieurs et partageant les ressources. Les fourmis entretiennent un petit commerce entre elles, échangeant des grains et d'autres ressources. Elles n'ont pas d'ennemis majeurs, à l'exception des oiseaux et des petits vermisseaux, qu'elles parviennent à repousser ou à tuer. Leur discipline est sévère, et elles punissent celles qui manquent à leurs devoirs, parfois jusqu'à les tuer. Les fourmis vivent en communauté où tout est commun, contrairement aux abeilles ou à d'autres animaux. Elles travaillent toujours pour le bien de la société et non pour elles-mêmes. Leur industrie et leur soin leur permettent de réparer rapidement tout dommage subi. Le mercure est mentionné comme un poison mortel pour elles, mais l'auteur suggère avoir trouvé un moyen de les protéger contre ce poison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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148
p. 129-132
ENIGME.
Début :
L'autre jour un Berger charmant [...]
Mots clefs :
Chanterelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGME.
&autre jour un Berger
charmant
-
Auprés d'un bois me vit
couchée,
Il s'approchtl, de moy,
bien-tôt j'en fus
touchée;
Expliquez ce mot sagement,
Car icy ma vertu nefut point offensée,
Au contraire elle fut
d'autantplusaugmentcet
Qu'il me prea plus fortement,
Comment s'y prit ce tendreamant
Il avoit une voixforte,
douce & flexible,
D'abordsansm'ébranler
il chanta (Õn amour,
Mais enfin ilfit tant que fj parussensible.
Il m'entendit chanter
tendrement à mon tour,
DljA d'accordtous deux,
o! cruelle avanture,
Je nesçay quel démon,
contraire àson desir,
Rompit des noeuds:hellU!
aprés cette rupture,
Adieu tendresse, adieu
plaisir.
&autre jour un Berger
charmant
-
Auprés d'un bois me vit
couchée,
Il s'approchtl, de moy,
bien-tôt j'en fus
touchée;
Expliquez ce mot sagement,
Car icy ma vertu nefut point offensée,
Au contraire elle fut
d'autantplusaugmentcet
Qu'il me prea plus fortement,
Comment s'y prit ce tendreamant
Il avoit une voixforte,
douce & flexible,
D'abordsansm'ébranler
il chanta (Õn amour,
Mais enfin ilfit tant que fj parussensible.
Il m'entendit chanter
tendrement à mon tour,
DljA d'accordtous deux,
o! cruelle avanture,
Je nesçay quel démon,
contraire àson desir,
Rompit des noeuds:hellU!
aprés cette rupture,
Adieu tendresse, adieu
plaisir.
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149
p. 106-108
ENIGME.
Début :
Je te prens par le nez, incorrigible yvrogne, [...]
Mots clefs :
Melon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGME.
JEteprens par le nez..,,
incorrigibleyvrogne,
Etpar mainte tentation
Jesuisprochaineoccasion
D'un peché qui rougit ta
trogne;
o
Tu ne me connois bien qu'-
en joüissant de Je moy , suis une Enigme pour
•
tay.
Pour le Lecteur aujjî je
crains qu'ilne devine
Oue je suis la liqueur
divine:
Jesuiscomme le vinsouvent
pernicieux
Pour estre trop delicieux.
Dans un Palais de verre
ainsique lui j'habite,
Parma couleurvermeille
ainsique luy j'invites
Mais n'estant pas uns
liqueur,
Et n'ayant*pas en moy cette vive chaleur
Qui ranime Jouvent les
ardeursd'un coeur
tendre:
je nesuis pas le vin, l'on
ne peut s) 'yméprendre.
JEteprens par le nez..,,
incorrigibleyvrogne,
Etpar mainte tentation
Jesuisprochaineoccasion
D'un peché qui rougit ta
trogne;
o
Tu ne me connois bien qu'-
en joüissant de Je moy , suis une Enigme pour
•
tay.
Pour le Lecteur aujjî je
crains qu'ilne devine
Oue je suis la liqueur
divine:
Jesuiscomme le vinsouvent
pernicieux
Pour estre trop delicieux.
Dans un Palais de verre
ainsique lui j'habite,
Parma couleurvermeille
ainsique luy j'invites
Mais n'estant pas uns
liqueur,
Et n'ayant*pas en moy cette vive chaleur
Qui ranime Jouvent les
ardeursd'un coeur
tendre:
je nesuis pas le vin, l'on
ne peut s) 'yméprendre.
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150
p. 13-29
EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Début :
Il y a quelques années que dix François escortez de [...]
Mots clefs :
Brest, Roi, Hommes, Nation, Français, Peuple, Rivière, Pays, Découverte, Mississippi
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
.Ex-'TRAIT
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
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Résumé : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Un groupe de dix Français, accompagné de deux autochtones, quitta Montréal pour explorer le pays des Illinois, près de la rivière Mississippi. Ils entreprirent une expédition en remontant le Mississippi sur trois canots d'écorce, parcourant environ 150 lieues avant de rencontrer un obstacle les forçant à faire un portage de six lieues. Après avoir remonté encore 40 lieues sans rencontrer de nation, ils découvrirent une rivière coulant vers le sud-sud-ouest, qu'ils pensèrent mener à la mer du Sud. En naviguant sur cette rivière, ils parcoururent environ 150 lieues et trouvèrent une grande nation appelée Escaniba, occupant au moins 200 lieues de territoire. Cette nation possédait plusieurs villes fortifiées avec des maisons en bois et en écorce. Leur roi, se prétendant descendant de Montezuma, était souvent vêtu de peaux humaines. Les habitants étaient idolâtres, avec des idoles énormes et affreuses dans le palais royal. Ils pratiquaient un grand commerce d'or, transporté par caravanes de bœufs, et échangeaient l'or contre du fer et des armes blanches. Le roi, nommé Agauzan, disposait d'une armée de 100 000 hommes et vivait dans un palais en or massif. Les Français furent bien accueillis et promirent de revenir avec des marchandises pour échanger contre de l'or. Cependant, lors de leur retour, la plupart furent capturés par un forban anglais, et seuls deux survivants parvinrent à Brest après une longue captivité. Ils affirmèrent pouvoir retrouver le chemin du 'nouveau Pérou' s'ils étaient conduits au Mississippi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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