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p. 27-87
EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Début :
Il convient d'abord avec Mr Bon, que la nourriture [...]
Mots clefs :
Araignées, Soie, Vers à soie, Coques, Fils, Oeufs, Nourriture, Mamelons, Insectes, Espèces, Toiles, Réaumur, Bon
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
EXTRAIT
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
du discours de Mrde
Reaumur.
Il convint d'abord avec
Mr Bon ,que la nourriture
la plus ordinaire des Araignées
,
cest la Mouche
mais il ne remarquer que
quand on pourroit prendre
facilement toutes les Mouches
qu'on voit, il y en auroit
à peine assez dans tout
le Royaume pour nourrir
assez d'Araignées pour faire
une quantité de soyeun peu
çonfidcrable.
Ayant ensuite observé
que les Araignées mangent
également les autres Infectes
qui s'embarassent dans
leurs toiles.
Ilnes'agit plus, dit-il,que
de trouver une cfpece d'Insecte,
dont on pût avoir com
modement autant qu'on
voudroit. Les seuls vers de
terre me parurent avoir cet
avantage;il y ena des quantirez
prodigieuses; les Jardins,
les Champs en sont
remplis:il n'y a personne qui
n'ait remarquéqu'aprés des
nuits pluvieuses, les Allées
des Jardins sont couvertes
de divers petitsmonceaux de
terre de figure ronde, &
tournez en spirales. Ils cachent
autant de trous par
lesquels sont sortis les vers
de terre pendant la nuit. Il
n'est aussi rien de plus facile
qued'avoir de ces insectes,
pourvû qu'on aille les chercher
pendant la nuit avec
une chandelle; observant
seulement d'y aller dans des
temps qui n'ont pas esté
precedez d'une longue sécheresse.
A la verité je n'avois
jamais trouvé de vers
de terre dans les toiles, ni
dans les trous d'Araignées,
mais ces infectes rampant
sur la terre, & ayant assez
de force Se de pesanteur
il cftoit également impoffi-,
ble qu'ils se fussentjettez
dans ces filets & dans ces
trous,& que les Araignées
les y eussent transportez.
Ilme parut qu'il n'y avoic
point de nourriture dont
je dusse me promettre davantage.
Lesuccés ne trompa
pas mon attente. Ayant
donc renfermé dans des
boetes plusieurs grosses A.
raignées de diverses especes.
qui avoient passé l'Hyver
, car il y en a qui vivent
plusieurs années
-,
je leur
donnay des morceaux de
Vers, & les conservay en
vie par ce moyen.
Il ne m'auroit pas fufïi
pour me persuaderquecette
nourriture estoit convenable
aux Araignées, de
les avoir veu vivre pendant
plusieurs mois après la leur
avoir donnée. Une experienque
j'avois faite autrefois
m'auroit laissé un doute tresbien
fondé. J'avois gardé
une Araignée de maison en
vie pendant plus de trois
mois sans lui donner aucune
nourriture. On sçait
d'ailleurs que les petites Araignées
qui éclosent dans
le mois de Septembre vivent
environ huit ou neuf
mois sans manger. Mais
comme j'avoisrenfermé ces
Araignées dans des boetes
que j'avois couvertes de
verre, j'obfervois aisément
si elles s'attachoient à la
nourriture que je leur avois
donnée ,& je les voyois attaquer
les morceaux de vers
qu'onsçait se remuer malgré
leur féparatfon du reste
du corps- , comme on les
voit attaquer les Infectes à
qui il reste encore quelque
force aprèss'estrelaissez.
prendre dans leurs filets. Les
divers mouvements de ces
morceaux de vers excitoienr
ces Infectes de proye. Dailleurs
elles conservoient leur
grosseur & leur vivacité,ce
qui n'arrivoit point à celles
que je laissois sans nourriture.
Enfin ce qui est plus
decisif, plusieurs firent. des
coques, dans lesquelles plusieurs
oeufsestoient renfermez.
Je tentay ensuité diverses
fortes de viandes pour voir
si elles ne seroient pas également
propres à les nourrir,
car quelque commodes que
soient les Vers, la viande
l'auroit esté davantage ?
mais je vis qu'elles ne la recherchoient
point, & que
lorsqu'elleslarencontroient
elles s'apliquoient rarement
dessus, parce que le naturel
feroce des Araignées veut
estre excité pas des animaux
vivans.
J'imaginay cependant une
autre nourriturequi suplée
peut estre à cet avantage par
legoût exquis que les Araignées
y trouvent. Les jeunes
Araignées qui ne font que
d'abandonner leur coques le
preferent à toutes autres.
Je ne l'employai qu'à
cause du raport qu'il me
parut avoir avec la chair
tendre & molle des infectes
que les Araignées succent
; elle consiste dans cette
substance molle quiremplit
les plumes des jeunes oyseaux
avant qu'elles soient
venuës à leur parfait accroissement.
On a remarqué sans doute,
que lorsqu'on arrache
de ces jeunes plumes, elles
font sanglantes par le bout
&que le tuyau cil: mol. Alors
ceux qui se feront de plus
donné la peine de presser ce
tuyau, ou de le dissequer
l'auront trouvéremply
d'une substance rendre, &
garnyd'un grand nombre
de petits Vaisseaux qui taitsent
échaper du fang lorsqu'on
les coupe.Après avoir
arraché de ces. plumes à de
jeunes Pigeons ou à des
vieuxausquelsj'avois osté
quelque temps auparavant
les grosses plumes de la
queuë&des aites, je lesdivisay
en divers petits morceaux
d'une ligne ou d'une
demie ligne de longueur ;
je donnay ces petits morceaux
aux Araignées
,
qui
s'en accomoderent,les jeunes
Araignées sur tout: j'entends celles que j'avois
gardées dans leurs coques,
&qui les avoienc abandonnées
depuis peu, sembloient
les préserer à toute autre
nourriture.J'en voyois quelques
fois cinq ou six assemblées
sur un mêmepetit
morceau de plume que chacune
sucçoit du costé où il
avoit cité coupé.
Jusqu'icy tout semble
aller à merveilles pour les
Araignées;voicy desnourrituressimples,
dont il semblc
qu'il eftojc (cuicmcnt
question. Peut estre en trouvera
t on d'autresaussi commode
, mêmeparmy les
InCc:aes) pendant qu'on se
serviroit de celles là qui ne
sont pas plus difficiles à trouver
que lesfeuilles deMeurier
qu'on donne auxvers,& qui
ont quelque chose de plus
commode.On peut les avoir
sans aucun foin, & dans
tous les Pays,sans craindre
pour elles les plus rudes Hyvers.
Les Rorisseursfourniraient
une grande quantité
de ces jeunes plumes,où
l'on en auroit de resteen
nourrissant des poulets ou
des pigeons
,
ausquels on
les arracheroit detemps en
temps, & qui n'en feroient
pas moins leurs oeufs& leurs
petits,comme je l'ay experimenté
; mais nous allons
voir qu'il y aura beaucoup
à decompter lorsqu'il s'agira
d'éleverassez d'Araignées
pour fournir de foye des
Manufactures.
D'abord que les jeunes ¡
Araignées abandonnent la
foye qui les envelopoit
,
j
elles paroissent parfaitement
dacord,elles travaillent de
concert a une même toile ;
les unes étendent de nouveaux
fils sur ceux que les
autres avoient déja fournis;
mais cette parfaire union
ne dure pas long-temps. Je
distribuay en différentes
boëtes quatre à cinq mille
Araignées, ausquelles j'avois
veu abandonner leurs
coques; j'en mis deux ou
trois cens dans de certaines
boëtes,dans d'autres cent
ou cinquante ou même
moins. Ces boëtes avoient
à peu prés la longueur d'une
carte a joüer, & la largeur
d'une semblable carte ;
c'estoit un assez grand espace
pour de si petits animaux
;mêmej'avoisobfervé
qu'elles s'attachoient au
verre qui couvroit ces boëtes.
Je leur avois fait à chacune
une ouverture à une
ligne de distance de ce verre,
par laquelle je faisois entrer
une carte qui estoit appuyée
sur la largeur de laboete;cette
carte bouchoit assez exactement
l'ouverture pour
empêcher les Araignées de
s'échaper. C'est sur cette
carte que je mettois lanourriture
que j'avois trouvé
leur cilre propre. Je la pofois
ainsi prés de la furfacc
interieure de la boëte ou
du verre ,
afin que les Araignées
fussent plus proches
de cette nourriture,& afin
que celles qui estoient au
fond de la boëte, ou sur
ses costez, pussent venir la
chercher. J'avois eu la précaution
de lui faire faire un
grand nombre de trous. On
pouvoir parce moyen donner
à manger à beaucoup
d'Araignées en peu de
temps. On les voyoit les
premiers jouts chercher cette
nourriture avecempressement,
plusieurss'attachoient
amu meêm,e morceau de plu-
-
Mais leur naturel feroce
se déclara: les plus grosses
& les plus fortes prirent,
goust à manger les
plus petites êc les plus foibles;
chaque fois que je les
regardois,j'en voyois une
petite qui estoit devenue la
proye d'une un peu plus
grosse, & au bout de quelque
temps à peine m'en res-
•
ta en une ou deux dans
chaque boëte.
Je sçavois bien que les
grosses Araignées se battent
quelques fois lorsqu'elles se
rencontrent; maisilyavoit
quelque apparence qu'estant
élevées ensemble,elles pourroient
venir plus sociables,
comme nous voyons que les
Poulets, les Dindons élevez
dans une même Bassecourt
vivent fort bien ensemble
,
quoi qu'ils fassent
la guerre aux nouveaux venus
jusqu'à les tuer. Les
grosses Araignées même, se
mangent beaucoup moins
les unes les autres que les
petites,soit parce qu'elles
ontbienmoins besoin de
nourriture, ou qu'estant
plus pesantes elles aiment
moins à se remuer. C'est
aparemment que cette inclination
qu'elles ont à se mangermutuellement,
est partie
cause de ce qu'il y a si
peu d'Araignées à proportion
de ce qu'il devroit yen
avoir,faisant une quantité
d'oeufs aussi prodigieuse
qu'elles enfont.
Je sçay bien qu'il y a divertes
fortes d'infectes qui
les mangent. Pline parle de.
quelques especes de Frelons
& de Lezards qui s'en nourrissent.
J'ay veu de petits Le.
zards en attraperavec beaucoup
d'adresse; mais malgré
cela je crois que nous en
verrions incomparablement
davantage sielles ne semangeoient
point.
Il ne sembleroit donc rester
d'autre party à prendre
si l'on vouloitélever des Araignées
qu'à les loger fcparement
; on pouroit par
exemple avoir des boëtes
divisées en plusieurs petits
compartimens où l'on formeroit
plusieurs Cellules,&
jel'ay fait comme cela;mais
de donner à manger à chacune
de ses Araignées separement
cela engageroit à des
dépenses peu proportionnéesau
profitqu'on en pourroit
cirer.On pourroit en venir
là si nous n'avions la foye
des Vers d'une maniéré infiniment
plus commode.
-
Je sçay qu'on pouroit
trouver des moyens d'abroger
cette maniéré de leur
donner à manger, & j'en
ay
ay même imaginé quelques
uns où l'on employeroit
beaucoup moins de
temps qu'on en met à donner
la nourriture aux Vers.
La necessité où l'on cfl;
de distribuer les Araignées
dans des Cellules se parées,
jette encore dans un nouvel
embarras qui ne diminuë
pas peu l'avantage qu'ellesont
sur les Vers du costé
de leur fecondité
, car pour
profiter de cet avantage,il
faut pouvoir garder un
grand nombre d'oeufs qui
ayent esté fecondez par 1accouplement
,
& pour cela
il faut mettre necessairement
des Araignées ensemble.
Je sçay bien qu'il est un
temps où il se doit faire chez
ces Infectes une douce fermentation
qui leuroste leur
ferocité naturelle, & qu'QI}
pourroit alors les mettre ensemble
sans aucun risque ;
mais comment connoistre
précisement ce temps qui
doit préceder de peu celui
où elles ont envie de faire
leurs oeufs. Il seroit aisé à
trouver si elles les faifoienc
toutes à peu prés dans le
* -
même temps. Mais il y a
plusieurs mois de difference
entre le temps que les uncs
pondent, de celui où les autres
pondent à leur tour.
La fecondité des Araignées
est prodigieuse, comme
Mr Bon l'a parfaitement
observé;mais après tout les
Vers font feconds de reste
quand on fuppofcroit qu'ils
ne font qu'environ cent
oeufs, desquels à peine quarante
donnent des vers qui
fassent leurs coques, au lieu
que les Araignéesfont 6.
à 700. oeufs, quoy que j'aye
remarqué danstousles Vers
quej'ay élevez de faire une
exactecomparaison de leur
foye avec celle des Araignées,
ayent toûjours donné
au moins 3. à400. oeufs. Il
est aisé de voir qu'on peuc
multiplier le nombre des
Versautantquonle voudra,
cela dépendoit seulement
de la quantité de leurs oeaft,
il n'en faut d'autre preuve
que la quantité de foye qu'ils
fournissent aujourd'huy à
l'Europe, où il n'y avoit
autre fois aucuns Vers. Il
seroit donc aisé avec le
temps d avoir des quantitez
de Versqui surpassassentautant
ce que nous en avons
à present, que ce que nous
en avons, surpasse le petit
nombre d'oeufs qu'on aporta
d'Orient en Europe;mais
c'est qu'il est necessaire de
les loger
,
soigner, nourrir,
ce qui fait qu'on n'en éleve
pas davantage, parce qu'en
augmentant la quantité de
la soye,onendiminuëroitle
prix,& les soins qu'on prend
pour élever les Vers ne seroient
plus payezassez cher.
Il semble jusqu'icy que
les Vers l'emportent beaucoup
sur les Araignées par
la facilité qu'on a à les élever)&
par consequent qu'on
doit peu se promettre de la
nouvelle foye
,
si elle n'a
quelque avantage sur l'ancienne,
soit par sa beauté
ou sa force,ou par la quan- titéqu'on en peut tirer;
c'est ce que nous allons examiner
dans le deuxième article.
Comme toures les especes
d'Araignées ne donnent pas
une foye qu'on puisse mettre
en oeuvre, & que celles
qui fournissent cette soyela
filent feulement pour formerles
coques qui envelopent
leursoeufs, il m'a paru
necessaire de donner une
idée generale des diverses
especes d'Araignées au squelles
on peut ramener toutes
les autres, & de la différente
maniere donc les coques de
ces différentes especes sont
faites, afin de faire connoître
celles dont on peut tirer
de la foye dans le Royaume.&
c. Mr de Reaumur dit que
Mr Bon avoit distinguê les
Araignées en deux ci peces
principales, sçavoir les Araignées
à jambes longues, &
lesAraignées à jambes courtes
, & quecestoit la derniere
qui fournissoitla nouvelle
foye. Il fie un grand détail
de toutes les especes d'Araignées
comprises dans ces
deux pricipales,& expliqua
celles dont on pourroit tirer
de la soye, & celles qui
n'en donnent point. Il expliquaaussi
la maniere donc
chaque espece d'Araignées
faisoient leurs coques, &
dit qu'on pourroit avoir des.
soyesd Araignées plus differentes
par leur couleur na.
turelle, quenel'est celle des
Vers quiest toûjours aurore
ou blanche, au lieu que les
coques d'Araignées en donneroient
de jaune, de blanche
,
de grise
,
d'un fort
beau bleu celeste
,
& d'un
beau brun caffé
; mais que
les Araignées qui donnent
la foye couleur de caffé étoient
rares , & qu'il n'en
avoir rencontré que dans
quelques champs de Genets,
oùil avoit aussi trouvé de.
leurs coques, donc la [oic:
estoit tres forte & iits-belle;
que ces coques estoient faites
d'une maniere differente
de toutes les autres coques
d'Araignées dont il avoit
parlé. &c. Ildit en suite,que les Araignées
faisoient leurs oeufs,
ou la foye qui les enveloppe
dans plusieurs mois de l'année,
non feulement dans les
seuls inoisdaoutl & de Septembre,
qui est le seul temps
que Mr Bon donne pour cela
; mais aussi dans le mois
de May & les suivants; que
les Araignéesfiloient deux
sortes de n:s
,
etonc les uns
servent à ourdir les toilles
qu'elles tendent aux Infectes,&
les autres à euveloper
leursoeufs,&quecesfils
-
ne differoient entr'eux que
par le plus ou le moins de
force ; ce qu'il expliqua de
cettemaniere, - Je suppose qu'on sçair que
les Araignées ont
-
auprès de
leur Anus divers mamellons
quisont autant defilieres dans
lesquelles semoule la liqueur
qui doit devenir de la foyc
lorsqu'elle fc fera
-
féchéc
après en estre sortie. Les
Araignées dont il s'agiticy;
c'est à dire celles dontla foye
est propre aux ouvrages ,
ont six de ces mamellons,
donc quatre sont très sensibles,
mais les deux autres le
font moins, & on ne les
distingue pas aisément sans
le secoursde la Loupe. Ces
deux petits mamellons sont
posez chacun proche de la
baze des deux gros qui sont
les plus prés de l'Anus. Chacun
de ces six mamellons
sensibles sont composez
euxmêmes de divers petits
mamellons ou filieresinsenfibles
; c'est. dequoy on est
aisément persuadé, si cependant
on presse avec deux
des doigts d'une même main
le ventre d'une Araignée
pour obliger la liqueur de
couler de ces mamellons
?
on appliquera le doigt sur
l'un d'eux
,
& qu'on le presse
doucement on en tire plusieursfils
distinctement separez
les uns des autres dés
leur sortie, qui par confequent
avoient parte par différentstrous.
Ces fils sont
trop fins pour qu'on puisse
les compter tous d'une ma,-
niere leure ; rn^ib ce que je
sçai de certain; c'est que j'en
ay pu souvent compter
plus de six à sept. On tire
plus ou moins de ces fils
d'un même mamellon si
l'on applique de doigt plus
fortemenr, ou sur une plus
grande partie de ce mamellon.
Ainsi il est aisé à present
de comprendre comment
les Araignées font des fils
plus ou moins gros quand
il leur plaist, car non seulement
,lorsqu'avant de commencer
à filer, elles appliquent
contre quelques corps
plus ou moins des mamellons
sensibles de leur Anus;
mais selon qu'elles appliquent
plus fortement
, ou
une plus grandepartie de
chacun de ces mamellons
,
elles font des fils composez
d'un plus grand nombre
d'autres fils & par confequents
plus sorts & plus
gros.
Il doit y avoir environ
dix-huit fois plus de fils qui
composent un des fils des
Coques qu'il n'yen a dans
ceux des Toiles, si la quantité
des filsquicompoienc
les uns ôc les autres est proportionnée
à leur force,car
ayant collé un poids de deux
grains à un fil de toile, il l'a
ordinairement soûtenu sans
rompre, & s'est ordinairement
rompu lorsque j'yen
ay attaché un de trois
grains, au lieu que les fils
de coque soûtiennent environ
trente six grains; mais
ils se cafient lorsqu'on les
charge d'un plus grand
poids.
Mais si les fils des coques
des Araignées sont plus
forts que les fils des Toiles,
ils font aussiplus foibles que
ceux des coques de Vers,
quoy que dans une moindre
proportion. La force. des
fils que je devidois de dessus
ces dernieres coques a esté
ordinairement jusqu'a soûtenir
un poids de deux gros
& demi. Ainsi la force d'un
fil de coque d'Araignée est
à celle d'un fil de coque de
Vers environ comme un à
cinq, & c'efi; peut -
estre
encore là un des endroits
par lesquels l'ancienne foye
pourroic avoir quelque avantage
sur la nouvelle.
A la verité chaque fil de
coque d'Araignée est à peu
prés moins gros qu'un
fil de foye dans la même
proportion qu'il est plus
foible ; mais cela ne compense
pas entieremcnt ce
desavantage
, car il est plus
difficile de joindre ensemble
plusieurs brins, car sans
compter que c'est une peine
de plus
,
il est toujours à
craindre que lesfilsnetirent
pas tous également, & par
conséquent que leur assemblage
n'ait pas la somme
des forces que chaque fil au..
roit separement. Cettemultiplicité
de brins qui composent
chaque fil de foye
d'Araignée pour le faireaussi
gros qu'un fil de foye de
Vers, contribue peut -
être
en partie à rendre les ouvtages
faits de cette foye moins
lustrez que ceux de la soye de
Vers,car leur luftreefl: effectivement
moins beau, comme
un sçavant Académicien
le remarqua lorsque les Mitaines
furent apportées à
l'Academie; ce qu'on appelle
lustre dans une étoffe ne
me paroissant proven ir
que de ce qu'elleréfléchit
plus de lumiere colorée d'une
certaine façon qu'une
autre étoffe qui paroist de
même couleur. Plus un brin
de foye aura donc de petits
vuides qu'un autre brin de
soye, moinsilparoîtra lustrè
, car il refléchira moins
de lumiere. Or ces petits vuides
feront évidemment en
plus grand nombre dans un
fil composéluy-même de
plusieurs fils differens & réellement
séparez, que dans
celuy qui estant de même
grosseur n'est point compode
differens brins,les parties
de la liqueur visqueuse
qui le composent estant
sans doute appliquées plus
aisément les unes proche
des autres devant se toucher
en plus d'endroits que divers
filsréellement séparez.
Ainsien supposant quechaque
fil de foye d'Araignéc
n'est pas plus lustré naturel- t lement qu'un fil de foye de'
Vers, il est clair que lors
qu'on aura joint cinq de ces filspourencomposerunautre
de même grosseur que- L fccftlefil deVersnaturelles
ment, que ce fil composé &
l'ouvrage qu'on en formera
paroistront moins lustrez
que le fil de foye de Vers,
& l'ouvrage qui en fera
formé.
Cecy seroit vray , en
suposant, comme je viens
dele dire, que le fil simple
d'Araignée est naturellement
aussi lustré qu'un fil
simple de foye ; mais cette
suposition même seroit
peut-estre trop favorable
à la foye d'Araignée
, car
on peut remarquer que les
fils les plus crespez ont
moins de lustre que ceux
qui le sont moins. Aussi
voyons nous que la lainesr
dont chaque brin est naturellement
pluscrespé qu'un
brin de foye
,
est aussi
moins lustrée, si chaque
brin de soye d'Araignée
est naturellement plus crêpé
qu'un brin de foye de
Vers, il doit donc aussi
avoir moins de lufire,&
c'est ce qui ca tres-aisé à
observer. Il n'est gueres
plus dificile de trouver la
raison pour laquelle ces
fils font plus crespez que
les autres. Lamanieredont
ils sont devidez les uns & les
autresen est apparemment
la cause; car on conçoit
d'abord qu'en devidant
desfils d'une manière lâche
on laisse la liberté au redore
de toutes les petites parties
quilescomposent,d'agir de
toutes leurs forces pour
les plieroules friser en plusieurs
sens differents, au
lieu qu'en devidant ces fils
d'une maniere plus serrée,
comme font les Vers, on
empêche l'action du ressort
de ces petites parties. Lo
redore*
ressort luy même s'use dans
cette situation violente,
ou du moins il s'affaiblit.
On demeurera plus volontiers
d'accord de cecy lors
que l'on fera attention que
les premiers fils de coques
desVers à foye
,
qui sont
eux mêmes entortillez autour
de la coque d'une maniere
lâche sont bien moins
beaux,&moins lustrez, que
ceux qui forment le corps
de la coque, & qui sont
devidez d'une maniere tresserrée.
Quand on s'apperçoit
qu'il n'ya eu que deux des
mamellonsqui ayent four-
-
ny des fils pour en faire un
de toile d'Araignée & que
chacun de ces mamellons
qui fournirent eux mêmes
unfilcomposé de plusieurs
autres en auroient fouiiiy)
un simple
,
les fils de toiles
estant dix huit fois plus
foibles qu'un fil de coque ,t
ce dernier fil que nous avons
dit estre environ cinq foIS2
plus petit qu'un de foye des
Vers, devroic estre composé
de trente six brins au
moins. Peutestrequecette
réflexion pourra servir à
soutenir l'imagination lors
qu'elletâche à comprendre
laprodigieuse divisibilitéde
la matiere,car qu'elle doit
estre la petitesse d'un fil
que les yeux pourtantaperçoivent
& qui n'etf pas plus
gros que la centquatrevingtième
partie d'un fil
de foye simple, lequel fil de
foye simple n'estluymême
que la deux centiéme partie
d'un fil desoye telle qu'on
s'en sert pour coudre
, car
:;, j'ay souvent divisé ces brins
de foye en deux cent fils ou
à peu pres; de sorte quufli
brin de soye d'Araignée de
la grosseur d'un brin de
foye dont on se sert pour
coudre seroit réellement
composé d'environ trente
six milfils, & on pouroic
le diviser actuellement en
mille.
Mais enfin venons au
dernier point essentiel,c'està-
dire voyons quel raport
a la quantité de foye que
chaque Araignée donne
par an , avec celle qu'on
tire des Vers à foye. J'ay
pesé avec grand soin diverses
coques de Vers; j'ay.
trouvé que les plus fortes,
c'est-à-dire, l'ouvraged'une
année d'un Vers, pesoient
quatre grains,& que les
plusfoiblesen pesoient plus
de trois; de forte qu'en prenant
la livre de seize onces
il faut du moins 2304. Vers,
pour avoir une livre de soye.
Lors qu'on porte des habits
de soye,on ne s'avise gueres
de penser que plusieurs mille
Vers ont travaillé toute
leur vie pour en fournir la
matiere.
J'ay pesé avec le même
soin un grand nombre de
coques d'Araignées, & j'ay
toujours trouvé qu'il enfalloit
environ quatre des
plus grosses pour égaler le
poids d'une de Vers
, &
qu'elles pefoient chacune
environ un grain, de sorte
qu'il faudroit quatre des
plus grosses Araignées pour
donner autant de foye
qu'un Vers, s'il n'y avoit
pas plus de déchet sur la
foye des uns que sur celle
des autres, mais le déchet
des coques d'Araignées , les diminuë de plus des deux
tiers,puisquede 13. onces
de soye sale
,
Mr Bon n'en
sa retiré que quarre de foye
mette , ce qui cause ce déchet
dans les coques dÂraignées
,cfl: qu'on les pese
rempliesde toutes lescoques
des oeufs des petites Araignéesavant
qu'elles fussent
écloses,&dediversesordudures
qui Ce trouvent mêlées
parmi la foye. Celles des
Vers n'ont point un pareil
déchet, ou il cil: si petit)
.qu'on peut le compenser
enprenant seulementle déchet
de la foye des Araignecs
aux deux tiers.
Or nous venons de voir
que le poids d'une coque
d'Araignée avant d'estre
nettoyéeefl:au poids d'une
coque de Vers à foye comme
I. està 4.ainsi estant
néttoyée
,
son poids fera au
poids decellecy comme I.
estàiz. Il faudroir donc
déjà11. des plus grosses
Araignées peur donner autant
de foye qu'un Vers.
Mais chaqueVers fait
une coque , parce que les
leurs pour se metamorphoser,
au lieu que les Araignées
ne faisant les leurs que
pour envelopper leurs oeufs,
ils n'y a que les Araignées
femelles qui en fassent d'où il s'ensuit quesi , on
supose que l'on a autant
d'Araignées femelles que
de malles,ce qui doit arriver
à peu pres,24. des
plus grosses Araignées
, ne
donneront pas plus de soye
qu'un seul Vers.
Ilfaudroit donc environ
55296.Araignées des plus
grosses pour avoir une livre
de foye
,
lesquelles Araignées
il auroitesténecessaire
de nourrir separement pen^
dant plusieurs mois
,
d'où
l'on voit combien il est à
craindre que la foye qu'on
en retireroit n'engageast
dans des dépenses peu proportionnées
à sa valeur, puis
qu'elle couteroit24,fois
autant que celle des Vers,
si l'on supposoit mefine
qu'on n'est pas obligé de
mettre les Araignées separement
,
& que chaque
Araignée n'occuperoit pas
plusde place qu'un Vers,
ce quiseroitaussiunesuposition
fausse ,car il faut leur
19 en donner assez à chacune
afin qu'elles puissent faire
leurs toiles. Mais si on
vouloit entrer dans le détail
du calcul des fraisqu'elles
couteroientestant obligé de
les nourrir separement ,&.
de leur donner des espaces
assez grands pour les loger
chacune commodement,
on verra d'une maniere trèsclaire
que la foye des Araignéc,
cousteroit incomparablementplus
quecelle des
Vers.
Qu'on ne croye pas, au
reste, quetout ce que j'ay
dit ne regarde queles Araignées
d'une grosseur commune,
car si on vouloir sça- 1
Voir ce que donnent de foyo
celles qu'on trouve communement
dans les Jardins de
ce Pays, & qui paroissent
tres grosses, on vcrroit qu'il
en faut12. decellecy pour
avoir autant de foye qu'on
en retire d'une des coques
de celles dontj'ay parlé,
& que 28 8. ne donneroient
que le même poids de foye 1
que fournit une seule coque
de Vers,par consequent
qu'à peine 663551. Arai-
-
gnées pourroient faire une
livre de soye.
On aura sans doute regret
de ce qu'il nous reste
si peu d'esperance de prositer
d'une découverte siingenieufe.
Aprés tout ilya
peut-estre encore quelque
ressource. Il pourra se faire
que l'on trouve des Araignées
plus grosses que celles
que nous voyons communement
dans le Royaume.
Il est déja certain
, par le
raport de tous les Voyageurs,
quecelles de l'Amerique
le sont beaucoup plus
que les nostres
,
d'où il
semble aussi qu'elles devroient
donner plus de foye.
Les Vers, qui, quoy qu'originaires
de Pays éloignez,
ont si forr peuplé en Europe,
nous aideroient même à
cfpercr que les Araignées de
l'Amérique, pourroient vivre
dans ceuxcy. Quoy
qu'il en soit, il faut experiïncntcr
; c'est la feule voye
de découvrir des choses
curieuses & utiles. Je ne
negligeray rien de ce qui,
peut avoir raport à la recherche
dont il s'agit icy, dans
1 laquelle si l'on découvre
jamais quelque chose d'utile,
la premiere gloire en fera
due àMr Bon.
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Résumé : EXTRAIT du discours de Mr de Reaumur.
Le discours de Réaumur aborde les défis liés à l'alimentation et à l'élevage des araignées pour la production de soie. Il observe que les mouches, bien que constituant la nourriture ordinaire des araignées, sont insuffisantes en quantité pour nourrir un grand nombre d'araignées. Réaumur propose d'utiliser des vers de terre, abondants et faciles à collecter, comme alternative. Après des expériences réussies, il constate que les araignées se nourrissent bien de morceaux de vers et conservent leur vitalité. Cependant, les araignées, par nature féroces, se mangent mutuellement, compliquant ainsi leur élevage en groupe. Réaumur tente également d'autres types de nourriture, comme des substances molles trouvées dans les plumes des jeunes oiseaux, mais constate que les araignées préfèrent les proies vivantes. Réaumur explore ensuite les défis pratiques de l'élevage des araignées, notamment leur tendance à se dévorer entre elles et la nécessité de les loger séparément, ce qui augmente les coûts. Il compare la fécondité des araignées à celle des vers, soulignant que les vers sont plus faciles à élever en grande quantité. Enfin, il mentionne la nécessité d'examiner les avantages potentiels de la soie d'araignée par rapport à celle des vers, en termes de beauté, de force et de quantité. Mr Bon avait classé les araignées en deux catégories principales : celles à jambes longues et celles à jambes courtes, ces dernières fournissant la nouvelle soie. Réaumur a détaillé les différentes espèces d'araignées, expliquant celles qui produisent de la soie et celles qui n'en produisent pas. Il a également décrit la manière dont chaque espèce d'araignée fabrique ses cocons, mentionnant que les cocons d'araignées peuvent avoir diverses couleurs naturelles, contrairement à la soie des vers qui est toujours aurore ou blanche. Réaumur a observé que les araignées produisent de la soie à différents moments de l'année, pas seulement en août et septembre comme le pensait Mr Bon. Il a également noté que les araignées filent deux types de fils : ceux utilisés pour les toiles et ceux pour envelopper leurs œufs. Ces fils diffèrent par leur force et sont produits par des mamelons situés près de l'anus de l'araignée. Le texte compare la force des fils d'araignées avec ceux des vers à soie. Les fils de cocons d'araignées sont plus forts que ceux des toiles mais plus faibles que ceux des cocons de vers. La structure des fils d'araignées, composée de nombreux brins, rend les tissus moins lustres que ceux fabriqués à partir de la soie des vers. Enfin, Réaumur a pesé les cocons d'araignées et de vers pour comparer la quantité de soie produite. Il a conclu qu'il faudrait environ 55 296 araignées pour produire une livre de soie, ce qui rend la production de soie d'araignée beaucoup plus coûteuse que celle des vers à soie.
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2
p. 145-160
LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
Début :
Des Hannetons vaincus je chante la défaite, [...]
Mots clefs :
Hannetons, Défaite, Victoire, Combat, Chant, Verger, Insectes, Triomphe, Discorde, Licas
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
LA DEFAITE
ries Hannetons. PÔ E ME
en deux Chants.
DEs Hannetons vaineusje
chante la défaite,
Et du brave Licas lavictoire
complette,
Mufe, raconte-nous quelle
bouillante ardeur
D'unvifrejjentiment es-
Novembre 1713. Nv
chauffesongrandcoeur,
Colmamentdansses projets valeuraffermie
Triompha fierément d'une
troupe ennemie.
Licas vivoit heureux ,0
tranquilleaParis,
Sonreposfusttroublesi-tost
qu'ileustappris
Que d'insèctes aislées un
partiformidable
Causoit dans ses vergers
un ravage effroyable.
Sur le haut d'un charmant
&fertilecosteau
S'ejUveunmagnifique f5
modernechass,eoeu,
Doptïart ingen«%i$>rivald&
Umfwe:9 >.
Par divers ornemens embellit
lastructure.
L'édifice est construit entre
deux verdsbosquets,
Où l'ardeur du Soleil ne
penetre jamais.
Dujardinspacieuxondécouvre
la Seine,
Qui parde longs detours
Jerpentent dans la plaines
Des ruisseaux, des valons,
des prez, & desforests,
Les presens de Bacchus f5 les dons de Cerés, ,
Les champestres beautez
dont la terresepare,
Et mille objets où l'oeil
avecplaisirs'égare.
C'est dans ce beauséjour,
c'est dans ces lieux charmans,
Qtie Licas avec soin re,.'
veille tous lesans
Favori fortuné de Flore
&dePomonne,
Et lesfleurs du Printems
(f le;fruits de l'Automne.
De quel trait de douleur
dans l'absynthetrempé,
Au rapport qu'on luyfist
son coeurfust-ilfrappé.
Deux coursiers attelez,à
son char le plus leste,
Ilpart, il arrive,&voit
quelspectaclefuneste , ;
Ses arbres dépoüillez de
verdure & defleurs,
; Il pouffe des sanglots ac-
Ilcompagnez de pleurs y'r fremit,il frissonne
,
il
fhûU5 ilchancelle
Danssesyeux enflammez
sacolère tftitoceile:
IIdcîcffc centfois un at-
£ J~ CeïftfWtemïm
qt*Aijfyiffotfdëfefpôir> Ils'addresseàPômône
çfluytimwhzgxgi y
;
O vousquipartagezavec
moy cet outrage,
Dtéeessse pvuniosselzadesninsfec,- j
Dont VÙUY voyez içyles
transportsinsolents. iliI
La Diejle aussitost à ses
yeuxfepresente
Et luy dit: mon pouvoir
remplira ton attente,
Nos ennemis communs de
t$nbonheurjaloux,
Se,ptironMï&ceptw (¡]01(( peutmon-ow>:y-- Je desim?îmz•.» ;u:> .;;• leuraudace>
Il faut extermipçr cette
coupable race.
Dés que l'ajlre du jour
dans l'empire desflots,
Aura précipitéfan char if
ses chervaux,
Armetoy de courage, &
cours a la vengeance,
De ces audacieux reprime
l'insolence ; Je conduiray tes coups ,
j'animeray ton coeur,
Et de cegrandcombat tu
sortiras vainqueur.
Fin du premier Chant.
,
SECOND CHANT.
Licas impatient attend
l'heure marquée
Où la troupe parluy doit
sevoir attaquées
Et le temps luy paroist.
couler trop lentement:,
L'astre second des Cieux
qui donne la lumiere,
\A peine eut dans les eaux
terminésa carriere
Quel'empresséLicascourt
&voleaïinjiant,
Ou le dessin l'appelle, où
c
taïgtoire.l'attend,
A l'aspect de ces lieux il
sent croistresa rage:
Surprenons j'ennemysàns
tarderdavantage*,
Frappons ditil,frappons,
ifgnalom noseffort eha^fssjmnt
rw
'f;QWvetIS~y~
&de iïwrtss
Voffenfecptonmefait j,tiF
tementme £wrrw6t<
llejbranle. acestnêup$t
plus d'unesecousse
Des Frenes,des Ormeaux,
ou l'ennemy caché,
Saisi d'effroy, tremblant,
est en euàt*ri retranché.
Des, arbresles plushauts
LaDeese.semontreau
trmjrrsdela:nuey>
AugmehitdeLicasl'héroïquevalèur,
b..
Et de son bras lasséranime
lavigueur -
A ces coups redoublez,tout
cede, toutsuccombe yZ
De momenten momentun
gros d'ennemy tombe>
Ainsi le Laboureur d'unefobujlemain,
De la gerbequ'il batfait
sortirtout legrain.
Pour eux contre la mort il
n'est aucun azyle,
A chaquepasqu'ilfait il
-
enecrasè mille;
Ainsi le Vendangeurpour
avoirplus de vin,
Sous lepesant pressoir é-
,
crase leraisin.
Les coups portentpar tout
des atteintes mortelles,
C'estenvain qu'emploiant
lesecours de leursasiles,
Pour éviter leur perte ils
traversent les airs
Des cadavresépars tous
les champssont couverts
y Les ventsfontmoins tomber
defeuilles en Automne
LaFaucilleabb, at moins
d'épis quand on mois
sonne,
Licas de toutespartsvainqueur
impetueux,
Massacre en un moment
des bataillons nombreux;
Tel un Lion de sang 0*
decarnageavide,
Exerce sa fureur sur un
troupeau timide.
Tel onvit autrefois dans
leschamps Phrygiens
Achille ason courroux immoler
les Troyens.
Par la paix, cettegrande
Qf terriblejournée
Au gré des deux partis
fust enfin terminée.
LesHannetonsvaincus
signerent un traité,
Promirent à Licas ce
vainqueur indompté,
De ne plus ravager de
formaisson domaine.
Mules, qui m'inspirez
laissezmoy prendre )
Mm#,
Préparez,d'autres vers, chantons une autrepaix
, Quele Cieffdrj&r^&fe accorde
à nossebaits
Pitrjfeparsonretourcette
,.,
Paixdesirée ,.
1 K^mner/h^^tgm'fs.
àç&atww es de Rheey
Etfinissant les maux que
nous avonssoufferts;
Enchaisnerpmp jamais
la Discordeaux Enfers.
Fin du fecond & dernier
Chant,
ries Hannetons. PÔ E ME
en deux Chants.
DEs Hannetons vaineusje
chante la défaite,
Et du brave Licas lavictoire
complette,
Mufe, raconte-nous quelle
bouillante ardeur
D'unvifrejjentiment es-
Novembre 1713. Nv
chauffesongrandcoeur,
Colmamentdansses projets valeuraffermie
Triompha fierément d'une
troupe ennemie.
Licas vivoit heureux ,0
tranquilleaParis,
Sonreposfusttroublesi-tost
qu'ileustappris
Que d'insèctes aislées un
partiformidable
Causoit dans ses vergers
un ravage effroyable.
Sur le haut d'un charmant
&fertilecosteau
S'ejUveunmagnifique f5
modernechass,eoeu,
Doptïart ingen«%i$>rivald&
Umfwe:9 >.
Par divers ornemens embellit
lastructure.
L'édifice est construit entre
deux verdsbosquets,
Où l'ardeur du Soleil ne
penetre jamais.
Dujardinspacieuxondécouvre
la Seine,
Qui parde longs detours
Jerpentent dans la plaines
Des ruisseaux, des valons,
des prez, & desforests,
Les presens de Bacchus f5 les dons de Cerés, ,
Les champestres beautez
dont la terresepare,
Et mille objets où l'oeil
avecplaisirs'égare.
C'est dans ce beauséjour,
c'est dans ces lieux charmans,
Qtie Licas avec soin re,.'
veille tous lesans
Favori fortuné de Flore
&dePomonne,
Et lesfleurs du Printems
(f le;fruits de l'Automne.
De quel trait de douleur
dans l'absynthetrempé,
Au rapport qu'on luyfist
son coeurfust-ilfrappé.
Deux coursiers attelez,à
son char le plus leste,
Ilpart, il arrive,&voit
quelspectaclefuneste , ;
Ses arbres dépoüillez de
verdure & defleurs,
; Il pouffe des sanglots ac-
Ilcompagnez de pleurs y'r fremit,il frissonne
,
il
fhûU5 ilchancelle
Danssesyeux enflammez
sacolère tftitoceile:
IIdcîcffc centfois un at-
£ J~ CeïftfWtemïm
qt*Aijfyiffotfdëfefpôir> Ils'addresseàPômône
çfluytimwhzgxgi y
;
O vousquipartagezavec
moy cet outrage,
Dtéeessse pvuniosselzadesninsfec,- j
Dont VÙUY voyez içyles
transportsinsolents. iliI
La Diejle aussitost à ses
yeuxfepresente
Et luy dit: mon pouvoir
remplira ton attente,
Nos ennemis communs de
t$nbonheurjaloux,
Se,ptironMï&ceptw (¡]01(( peutmon-ow>:y-- Je desim?îmz•.» ;u:> .;;• leuraudace>
Il faut extermipçr cette
coupable race.
Dés que l'ajlre du jour
dans l'empire desflots,
Aura précipitéfan char if
ses chervaux,
Armetoy de courage, &
cours a la vengeance,
De ces audacieux reprime
l'insolence ; Je conduiray tes coups ,
j'animeray ton coeur,
Et de cegrandcombat tu
sortiras vainqueur.
Fin du premier Chant.
,
SECOND CHANT.
Licas impatient attend
l'heure marquée
Où la troupe parluy doit
sevoir attaquées
Et le temps luy paroist.
couler trop lentement:,
L'astre second des Cieux
qui donne la lumiere,
\A peine eut dans les eaux
terminésa carriere
Quel'empresséLicascourt
&voleaïinjiant,
Ou le dessin l'appelle, où
c
taïgtoire.l'attend,
A l'aspect de ces lieux il
sent croistresa rage:
Surprenons j'ennemysàns
tarderdavantage*,
Frappons ditil,frappons,
ifgnalom noseffort eha^fssjmnt
rw
'f;QWvetIS~y~
&de iïwrtss
Voffenfecptonmefait j,tiF
tementme £wrrw6t<
llejbranle. acestnêup$t
plus d'unesecousse
Des Frenes,des Ormeaux,
ou l'ennemy caché,
Saisi d'effroy, tremblant,
est en euàt*ri retranché.
Des, arbresles plushauts
LaDeese.semontreau
trmjrrsdela:nuey>
AugmehitdeLicasl'héroïquevalèur,
b..
Et de son bras lasséranime
lavigueur -
A ces coups redoublez,tout
cede, toutsuccombe yZ
De momenten momentun
gros d'ennemy tombe>
Ainsi le Laboureur d'unefobujlemain,
De la gerbequ'il batfait
sortirtout legrain.
Pour eux contre la mort il
n'est aucun azyle,
A chaquepasqu'ilfait il
-
enecrasè mille;
Ainsi le Vendangeurpour
avoirplus de vin,
Sous lepesant pressoir é-
,
crase leraisin.
Les coups portentpar tout
des atteintes mortelles,
C'estenvain qu'emploiant
lesecours de leursasiles,
Pour éviter leur perte ils
traversent les airs
Des cadavresépars tous
les champssont couverts
y Les ventsfontmoins tomber
defeuilles en Automne
LaFaucilleabb, at moins
d'épis quand on mois
sonne,
Licas de toutespartsvainqueur
impetueux,
Massacre en un moment
des bataillons nombreux;
Tel un Lion de sang 0*
decarnageavide,
Exerce sa fureur sur un
troupeau timide.
Tel onvit autrefois dans
leschamps Phrygiens
Achille ason courroux immoler
les Troyens.
Par la paix, cettegrande
Qf terriblejournée
Au gré des deux partis
fust enfin terminée.
LesHannetonsvaincus
signerent un traité,
Promirent à Licas ce
vainqueur indompté,
De ne plus ravager de
formaisson domaine.
Mules, qui m'inspirez
laissezmoy prendre )
Mm#,
Préparez,d'autres vers, chantons une autrepaix
, Quele Cieffdrj&r^&fe accorde
à nossebaits
Pitrjfeparsonretourcette
,.,
Paixdesirée ,.
1 K^mner/h^^tgm'fs.
àç&atww es de Rheey
Etfinissant les maux que
nous avonssoufferts;
Enchaisnerpmp jamais
la Discordeaux Enfers.
Fin du fecond & dernier
Chant,
Fermer
Résumé : LA DEFAITE des Hannetons. POEME en deux Chants.
En novembre 1713, Licas, résidant paisiblement à Paris, apprend que ses vergers sont ravagés par des hannetons. Il se rend sur place et constate l'étendue des dégâts. Fou de rage, il invoque Pomone, la déesse des vergers, qui lui assure son soutien pour exterminer les hannetons. Licas attend avec impatience le moment de l'attaque et, dès l'aube, il se lance à l'assaut des insectes. Pomone l'accompagne et renforce sa détermination. Licas combat les hannetons avec une fureur comparable à celle d'Achille contre les Troyens. Après une journée de lutte acharnée, les hannetons, vaincus, signent un traité promettant de ne plus ravager les domaines de Licas. Le texte se conclut par un appel à la paix et à la fin des souffrances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 248-266
L'Academie Royalle des Sciences fit à l'ordinaire l'ouverture de ses exercices aprés Pasques, par une Assemblée publique qui se tinst le Mercredy 11. Avril.
Début :
Le premier qui parla fut Mr le Chevalier de Louville [...]
Mots clefs :
Académie des sciences, Gomme-laque, Geoffroy, Écarlate, Teinture, Petits corps, Cire, Animaux, Cochenille, Insectes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Academie Royalle des Sciences fit à l'ordinaire l'ouverture de ses exercices aprés Pasques, par une Assemblée publique qui se tinst le Mercredy 11. Avril.
L'Academie Royalle des Sciences
fit à l'ordinaire l'ouverture
de fes exercices aprés
Pafques , par une Affemblée
publique qui ſe tinſt
le Mercredy 11. Avril.
LE premier qui parla
fut Mr le Chevalier de
Louville affocié pour l'ALtronomie.
Il donna des
obfervations fur le point
précis de l'Equinoxe du
Printemps de cette année ,
aprés avoir fait voir auparavant
la neceffité & l'utiGALANT.
249
lité de cette obfervation .
Mr de la Hirre le Pere
propofa une machine tres
fimple pour elever l'eau ,
fans beaucoup de dépenfe,
ayant pour mobile l'eau
d'un ruiffeau ou la fimple
deſcharge d'un refervoir
.
Monfieur Geoffroy le
jeune l'un des affociez Botaniftes
lut enfuite une Dif
fertation fur la gomme
lacque dont on fe fert dans
le Levant pour teindre en
écarlate , & fur les autres
matieres qui fourniſſent
250 MERCURE
cette teinture.
Il montra que la gomme
lacque eftoit mal nommée ;
puifqu'il eft certain que ce
n'eft point du tout une
gomme , & qu'elle ne coule
point des branches
de
l'arbre autour
desquelles
on la trouve , ce qui la fait
nommer lacque en baton .
C'est ce qui avoit déja
efté obfervé fur les lieux
par quelques
uns & entr'autres
par le Pere Tachard.
On avoit auffi remarqué
que cette ma icre
eftoit depofée par des InGALANT
. 291
B
fectes , qui au rapport du
meſme Pere font des
fourmis volantes .
Mais ce qu'on n'avoit
point encore découvert &
qui eft dit aux recherches
de Monfieur Geoffroy ;
c'eft que cette matiere qui
a fi long tems paffé pour
une gomme , est une veritable
Ruche femblable à
celles que travaillent les
Abeilles & quelques autres
infectes.
En effet cette lacque telle
qu'elle fe trouve autour
des petits batons qui la
252 MERCURE
fouftiennent , eft partagée
en petites cellules oblon
gues & a plufieurs pans
comme celles de nos ruches
dont les cloisons font
tres delicates & qui aboutiffent
toutes à plufieurs petits
trous dont la lacque
paroift criblée par deffus .
Ces Loges font occupés
par des petits corps
oblongs , ridez , terminez
d'un cofté par une pointe,`
& de l'autre par deux ou
trois , qui eftant' mis dans
l'eau s'y renflent comme
fait la cochenille & la teiGALANT
. 253
2
gnent d'une auffi belle
couleur.
Ces petits corps font ;
felon Mr Geoffroy , des
depouilles d'infectes nez
ou à naiftre , & qui par
confequent ne peuvent eftre
que les veftiges des
effains à quoy ces ruches
font destinées ; comme
nous voyons celles de nos
mouches à miel fervir au
mefme ufage.
Que ces petits corps
I foient des parties animales,
on n'en fçauroit douter en
eles bruflant à part ; car ils
254 MERCURE
repandent une odeur fetide
pareille à celle qui fort
des parties des animaux
qu'on bruſle , au lieu que
la lacque toute feule jette
en brûlant cette agreable
odeur qu'on connoiſt dans
la cire d'Eſpagne dont elle
fait la bafe.Y
Il faut bien
diftinguer
felon Mr Geoffroy ces petits
Animaux , quels qu'ils
foient , qui occupent
chacun
leur alveole , d'avec
d'autres vers qui s'infinuent
dans la lacque , y
rongent
les cellules & ce qu'elles
GALANT . 255
5
contiennent , & y depofent
leurs oeufs . Ceux - là
font eſtrangers à la lacque
comme les vers qui fe mettent
aux ruches de nos
mouches à miel , & l'y détruifenr.
Il s'enfuit donc que la
lacquefeparée de ces petits
corps eft une veritable cire .
C'eft ce que Mr Geoffroy
a fort bien prouvé par la
comparaifon qu'il en fait
avec une lacque de la mefme
nature , mais peu con
nuë , qui vient de l'Ile de
Madagaſcar. Celle - cy eft
256 MERCURE
toute femblable à de la
cire & on la prendroit
pour
l'ouvrage
de quelques
mouches à miel , fi l'on ne
la reconnoiffoit
pour de la
lacque à fes alveoles & aux
petits corps qu'elles renferment.
L'Analyfe chimique que
Mr Geoffroy a auffi employée
pour découvrir entierement
la nature de la
lacque prouve encore que
c'eft une cire ; car on en
tire les mefmes principes
qu'on tire ordinairement
de la cire , fçavoir un esprit
acide
GALANT. 257
acide & un beurre . Mais
à caufe des parties animales
qui y font renfermées
elles doit fournir quelque
eſprit volatil.
>
Pour s'en affurer Mr
Geoffroy a fait deux diſtillations
, l'une de la lacque
en baton avec les petits
animaux qu'elle contient
& l'autre de la lacque en
graine qui eft ainſi nommée
parce qu'elle a eſté
reduite en petits grains
fervir aux teintures , #pour
1 & qu'elle eft abfolument
depouillée des petits ani-
Avril 1714.
Y
258 MERCURE
maux qu'elle renfermoir
auparavant dans fes alveoles.
Car comme l'a fort bien
obfervé Mr Geoffroy , ce
font eux qui donnent cette
belle couleur écarlate que
fournit la lacque , en forte
qu'elle n'a de teinture qu'à
proportion qu'elle en reçoit
de ces petits corps.
Auffi celle qui s'en trouve
peu fournie n'a qu'une couleur
citrine affez pafle.
Mr Geoffroy en comparant
les diftillations des
deux lacques a trouvé que
1
GALANT . 259
l'efprit acide qu'on tire de
la lacque en baſtons eſt
meflé avec un efprit vola
til que les feules parties
animales peuvent fournir.
Ce qu'il a reconnu au precipité
blanc qui refulte de
fon mellange avec la ſolution
du fublimé corrofif ;
au lieu que l'efprit acide
tiré de la lacque en graine
ne fait point le mefme effet ;
parce qu'elle ne contient
aucune de ces parties añi
males.
Les autres obſervations
de Mr Geoffroy eftoient
Y ij
260 MERCURE
fur le Kermes autrement
dit graine d'écarlate qui eſt
une excroiffance qui naift
fur les feuilles de l'Ilex acculeata
efpeee de chefne verd,
par la picquure d'une forte
de moucherons qui y dépoſent
fes oeufs.
Il en donne une defcription
fort exacte . Des deux
fubftances qu'il y a remarquées
l'une rouge & l'autre
blanche , celle cy paroilt
un amas d'une infinité de
petits cornets d'où font
fortis les petits moucherons
qui y eftoient renfermcz.
GALANT. 261
Il parla enfuite de plufieurs
autres vermiffeaux
qui ont fervi à la teinture
d'écarlate , jufqu'à ce qu'on
ait découvert la cochenille
dans l'Amerique.
La defcription qu'il donna
de ce dernier infecte
prefque le feul en ufage
pour les teintures de pourpre
& d'écarlate , fut auffi
curieufe qu'elle eftoit exac
te. On avoit preſque toufjours
douté fi la cochenille
eftoit une infecte ou une
graine , & quoy qu'on fuſt
plus porté à croire que c'eſt
262 MERCURE
un petit animal femblable
à une punaife qu'on efleve
en Amerique fur une plante
qu'on appelle opuntium .
en François raquette ou figuier
d'Inde , l'autre opinion
avoit eu auffi fes partifans
. Mais la queſtion eft
abfolument dccidée par
Mr Geoffroy , qui ayant fait
renfler de la cochenille
dans de l'eau , y a découvert
les parties d'infecte &
principalement
les partes ,
trois de chaque cofté avec
leurs articulations bien for
mées.
GALANT . 263
Il fit encore une remarquefur
cet infecte , qui eft
que ceux qui naiffent ailleurs
que fur les feuilles de
figuier d'Inde , ne fourniffent
pas une fi belle teinture
rouge , quoy qu'on ne remarque
rien dans ces feuilles
qui doive la communiquer
à fes infectes. Mais il
obferva en meſme tems
que le fruit qui naiſt de
cette plante eft d'un rouge
dont la teinture eft fi
forte qu'elle colore meſme
l'urine de ceux quien mangent.
D'où Mr Geoffroy
264 MERCURE
conjecture que l'alteration
du fuc de la plante qui donne
au fruit cette belle couleur
, peut- eftre ſemblable
dans le corps de ces petits
infectes & mefme encore.
plus parfaite puifqu'ils font
propres à la teinture d'écarlate
, au lieu que les figues
d'Inde y font inutiles.
La
derniere
remarque
que
la
de Mr Geoffroy fut
belle teinture de pourpre
ou d'écarlate fi précieuſe
chez les Anciens fi eftimée
par tout , eft tousjours provenuë
des parties animales
&
GALANT. 265
ཟ་
ل
(
& jamais des matieres purement
vegetales.
Mr l'Abbé Bignon en
refumant ſes obfervations
le loua fort de fon exactitu
de & de fon application ,
& luy dit que c'étoit dommage
qu'il n'y euft point
fur les lieux où la lacque
croiffoit , d'auffi habiles
obfervateurs pour voir travailler
les animaux qui la
font , ou qu'il n'y euft point
icy ces mefmes animaux ,
pour les voir travailler ,
& y faire les mefmes obfervations
qu'on a faites
Avril 1714. Ꮓ
266 MERCURE
fur nos ruches à miel.
Enfin Mr de Lifle lut un
Memoire ayant pour titre ,
Juftification des mefures
des Anciens en matiere de
Geographie.
fit à l'ordinaire l'ouverture
de fes exercices aprés
Pafques , par une Affemblée
publique qui ſe tinſt
le Mercredy 11. Avril.
LE premier qui parla
fut Mr le Chevalier de
Louville affocié pour l'ALtronomie.
Il donna des
obfervations fur le point
précis de l'Equinoxe du
Printemps de cette année ,
aprés avoir fait voir auparavant
la neceffité & l'utiGALANT.
249
lité de cette obfervation .
Mr de la Hirre le Pere
propofa une machine tres
fimple pour elever l'eau ,
fans beaucoup de dépenfe,
ayant pour mobile l'eau
d'un ruiffeau ou la fimple
deſcharge d'un refervoir
.
Monfieur Geoffroy le
jeune l'un des affociez Botaniftes
lut enfuite une Dif
fertation fur la gomme
lacque dont on fe fert dans
le Levant pour teindre en
écarlate , & fur les autres
matieres qui fourniſſent
250 MERCURE
cette teinture.
Il montra que la gomme
lacque eftoit mal nommée ;
puifqu'il eft certain que ce
n'eft point du tout une
gomme , & qu'elle ne coule
point des branches
de
l'arbre autour
desquelles
on la trouve , ce qui la fait
nommer lacque en baton .
C'est ce qui avoit déja
efté obfervé fur les lieux
par quelques
uns & entr'autres
par le Pere Tachard.
On avoit auffi remarqué
que cette ma icre
eftoit depofée par des InGALANT
. 291
B
fectes , qui au rapport du
meſme Pere font des
fourmis volantes .
Mais ce qu'on n'avoit
point encore découvert &
qui eft dit aux recherches
de Monfieur Geoffroy ;
c'eft que cette matiere qui
a fi long tems paffé pour
une gomme , est une veritable
Ruche femblable à
celles que travaillent les
Abeilles & quelques autres
infectes.
En effet cette lacque telle
qu'elle fe trouve autour
des petits batons qui la
252 MERCURE
fouftiennent , eft partagée
en petites cellules oblon
gues & a plufieurs pans
comme celles de nos ruches
dont les cloisons font
tres delicates & qui aboutiffent
toutes à plufieurs petits
trous dont la lacque
paroift criblée par deffus .
Ces Loges font occupés
par des petits corps
oblongs , ridez , terminez
d'un cofté par une pointe,`
& de l'autre par deux ou
trois , qui eftant' mis dans
l'eau s'y renflent comme
fait la cochenille & la teiGALANT
. 253
2
gnent d'une auffi belle
couleur.
Ces petits corps font ;
felon Mr Geoffroy , des
depouilles d'infectes nez
ou à naiftre , & qui par
confequent ne peuvent eftre
que les veftiges des
effains à quoy ces ruches
font destinées ; comme
nous voyons celles de nos
mouches à miel fervir au
mefme ufage.
Que ces petits corps
I foient des parties animales,
on n'en fçauroit douter en
eles bruflant à part ; car ils
254 MERCURE
repandent une odeur fetide
pareille à celle qui fort
des parties des animaux
qu'on bruſle , au lieu que
la lacque toute feule jette
en brûlant cette agreable
odeur qu'on connoiſt dans
la cire d'Eſpagne dont elle
fait la bafe.Y
Il faut bien
diftinguer
felon Mr Geoffroy ces petits
Animaux , quels qu'ils
foient , qui occupent
chacun
leur alveole , d'avec
d'autres vers qui s'infinuent
dans la lacque , y
rongent
les cellules & ce qu'elles
GALANT . 255
5
contiennent , & y depofent
leurs oeufs . Ceux - là
font eſtrangers à la lacque
comme les vers qui fe mettent
aux ruches de nos
mouches à miel , & l'y détruifenr.
Il s'enfuit donc que la
lacquefeparée de ces petits
corps eft une veritable cire .
C'eft ce que Mr Geoffroy
a fort bien prouvé par la
comparaifon qu'il en fait
avec une lacque de la mefme
nature , mais peu con
nuë , qui vient de l'Ile de
Madagaſcar. Celle - cy eft
256 MERCURE
toute femblable à de la
cire & on la prendroit
pour
l'ouvrage
de quelques
mouches à miel , fi l'on ne
la reconnoiffoit
pour de la
lacque à fes alveoles & aux
petits corps qu'elles renferment.
L'Analyfe chimique que
Mr Geoffroy a auffi employée
pour découvrir entierement
la nature de la
lacque prouve encore que
c'eft une cire ; car on en
tire les mefmes principes
qu'on tire ordinairement
de la cire , fçavoir un esprit
acide
GALANT. 257
acide & un beurre . Mais
à caufe des parties animales
qui y font renfermées
elles doit fournir quelque
eſprit volatil.
>
Pour s'en affurer Mr
Geoffroy a fait deux diſtillations
, l'une de la lacque
en baton avec les petits
animaux qu'elle contient
& l'autre de la lacque en
graine qui eft ainſi nommée
parce qu'elle a eſté
reduite en petits grains
fervir aux teintures , #pour
1 & qu'elle eft abfolument
depouillée des petits ani-
Avril 1714.
Y
258 MERCURE
maux qu'elle renfermoir
auparavant dans fes alveoles.
Car comme l'a fort bien
obfervé Mr Geoffroy , ce
font eux qui donnent cette
belle couleur écarlate que
fournit la lacque , en forte
qu'elle n'a de teinture qu'à
proportion qu'elle en reçoit
de ces petits corps.
Auffi celle qui s'en trouve
peu fournie n'a qu'une couleur
citrine affez pafle.
Mr Geoffroy en comparant
les diftillations des
deux lacques a trouvé que
1
GALANT . 259
l'efprit acide qu'on tire de
la lacque en baſtons eſt
meflé avec un efprit vola
til que les feules parties
animales peuvent fournir.
Ce qu'il a reconnu au precipité
blanc qui refulte de
fon mellange avec la ſolution
du fublimé corrofif ;
au lieu que l'efprit acide
tiré de la lacque en graine
ne fait point le mefme effet ;
parce qu'elle ne contient
aucune de ces parties añi
males.
Les autres obſervations
de Mr Geoffroy eftoient
Y ij
260 MERCURE
fur le Kermes autrement
dit graine d'écarlate qui eſt
une excroiffance qui naift
fur les feuilles de l'Ilex acculeata
efpeee de chefne verd,
par la picquure d'une forte
de moucherons qui y dépoſent
fes oeufs.
Il en donne une defcription
fort exacte . Des deux
fubftances qu'il y a remarquées
l'une rouge & l'autre
blanche , celle cy paroilt
un amas d'une infinité de
petits cornets d'où font
fortis les petits moucherons
qui y eftoient renfermcz.
GALANT. 261
Il parla enfuite de plufieurs
autres vermiffeaux
qui ont fervi à la teinture
d'écarlate , jufqu'à ce qu'on
ait découvert la cochenille
dans l'Amerique.
La defcription qu'il donna
de ce dernier infecte
prefque le feul en ufage
pour les teintures de pourpre
& d'écarlate , fut auffi
curieufe qu'elle eftoit exac
te. On avoit preſque toufjours
douté fi la cochenille
eftoit une infecte ou une
graine , & quoy qu'on fuſt
plus porté à croire que c'eſt
262 MERCURE
un petit animal femblable
à une punaife qu'on efleve
en Amerique fur une plante
qu'on appelle opuntium .
en François raquette ou figuier
d'Inde , l'autre opinion
avoit eu auffi fes partifans
. Mais la queſtion eft
abfolument dccidée par
Mr Geoffroy , qui ayant fait
renfler de la cochenille
dans de l'eau , y a découvert
les parties d'infecte &
principalement
les partes ,
trois de chaque cofté avec
leurs articulations bien for
mées.
GALANT . 263
Il fit encore une remarquefur
cet infecte , qui eft
que ceux qui naiffent ailleurs
que fur les feuilles de
figuier d'Inde , ne fourniffent
pas une fi belle teinture
rouge , quoy qu'on ne remarque
rien dans ces feuilles
qui doive la communiquer
à fes infectes. Mais il
obferva en meſme tems
que le fruit qui naiſt de
cette plante eft d'un rouge
dont la teinture eft fi
forte qu'elle colore meſme
l'urine de ceux quien mangent.
D'où Mr Geoffroy
264 MERCURE
conjecture que l'alteration
du fuc de la plante qui donne
au fruit cette belle couleur
, peut- eftre ſemblable
dans le corps de ces petits
infectes & mefme encore.
plus parfaite puifqu'ils font
propres à la teinture d'écarlate
, au lieu que les figues
d'Inde y font inutiles.
La
derniere
remarque
que
la
de Mr Geoffroy fut
belle teinture de pourpre
ou d'écarlate fi précieuſe
chez les Anciens fi eftimée
par tout , eft tousjours provenuë
des parties animales
&
GALANT. 265
ཟ་
ل
(
& jamais des matieres purement
vegetales.
Mr l'Abbé Bignon en
refumant ſes obfervations
le loua fort de fon exactitu
de & de fon application ,
& luy dit que c'étoit dommage
qu'il n'y euft point
fur les lieux où la lacque
croiffoit , d'auffi habiles
obfervateurs pour voir travailler
les animaux qui la
font , ou qu'il n'y euft point
icy ces mefmes animaux ,
pour les voir travailler ,
& y faire les mefmes obfervations
qu'on a faites
Avril 1714. Ꮓ
266 MERCURE
fur nos ruches à miel.
Enfin Mr de Lifle lut un
Memoire ayant pour titre ,
Juftification des mefures
des Anciens en matiere de
Geographie.
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Résumé : L'Academie Royalle des Sciences fit à l'ordinaire l'ouverture de ses exercices aprés Pasques, par une Assemblée publique qui se tinst le Mercredy 11. Avril.
Le 11 avril, l'Académie Royale des Sciences a inauguré ses exercices par une assemblée publique. Plusieurs membres ont présenté des observations et des inventions. Le Chevalier de Louville a discuté du point précis de l'équinoxe du printemps, en soulignant son importance. Monsieur de la Hirre père a proposé une machine économique pour élever l'eau, utilisant l'eau d'un ruisseau ou la décharge d'un réservoir. Monsieur Geoffroy le jeune, botaniste, a abordé la gomme laque utilisée dans le Levant pour teindre en écarlate. Il a démontré que la gomme laque est mal nommée, car elle n'est pas une gomme mais une véritable ruche produite par des insectes, similaires à celles des abeilles. Cette matière est déposée par des fourmis volantes et se présente sous forme de petites cellules oblongues contenant des dépouilles d'insectes. Geoffroy a également distingué ces insectes de vers étrangers qui endommagent la laque. Il a prouvé que la laque, séparée de ces corps, est une véritable cire, confirmée par une analyse chimique. Geoffroy a comparé cette laque à une autre de Madagascar, également similaire à de la cire. Il a également étudié le kermès, une excroissance sur les feuilles de l'Ilex, et a décrit la cochenille, utilisée pour les teintures de pourpre et d'écarlate, confirmant qu'il s'agit d'un insecte. L'Abbé Bignon a félicité Geoffroy pour son exactitude et son application, regrettant l'absence d'observateurs sur place pour étudier les insectes producteurs de laque. Enfin, Monsieur de Lisle a lu un mémoire justifiant les mesures des Anciens en géographie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1607-1610
« HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES d'Angleterre, accompagnée de cent Planches [...] »
Début :
HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES d'Angleterre, accompagnée de cent Planches [...]
Mots clefs :
Insectes, Histoire naturelle, Planches gravées, Mouches
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES d'Angleterre, accompagnée de cent Planches [...] »
HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES
d'Angleterre , accompagnée de cent Plan
F vj chess
1608 MERCURE DE FRANCE
ches gravées d'après nature , & enluminées
exactement , pour ceux qui le fouhaitent
, par l'Auteur Eleazar Albin
Peintre. A Londres , pour l'Auteur , & fe
vend chez W. F. Innys 1720. in 4º . en
Anglois.
L'Auteur obferve que ceux qui ont
travaillé avant lui fur le même fujet ,
n'ont pas affez fouvent jetté les yeux fur
leurs modeles, ou qu'ils ont affecté de ſurpaffer
la nature. Ce font deux deffauts que
M. Albin a foigneufement évités . Dans fes
Defcriptions il s'eft contenté de rapporter
les faits avec toute l'exactitude poffible.
Lorfqu'une Mouche perce l'écorce d'une
Plante , dit notre Auteur , & y fait fes
oeufs , cela cauſe un changement dans le
tiffu des vaiffeaux de la Plante , & la feve
qui y coule forme une excrefcence , laquelle
non feulement fert de nid au ver
éclos , mais auffi lui fournit une nourriture
convenable , jufqu'à ce qu'il devienne
Mouche. Alors cette Mouche paffe au
travers de l'excrefcence , quelque épaiffe
qu'elle foit; ce qui eft tout - à - fait admirable
, fi on confidere la petiteffe de quelques-
unes de ces Mouches , & l'épaiffeur
& la folidité des excrefcences où elles font
nourries.
L'Auteur admire avec raiſon l'Etre fisprême
JUILLET. 1730. 1609
prême, qui a donné à ces petites créatures
un inftinct capable de les diriger dans
toutes les chofes neceffaires pour leur
confervation & pour la propagation de
leur efpece.
Les Infectes ne font pas leurs oeufs négligemment
& d'une telle maniere que les
vents puiffent les difperfer. Ils font leurs
ceufs fur des Plantes ou fur d'autres Infetes
, qui fervent de nourriture aux vers
éclos. Les oeufs que les Infectes placent fur
les Plantes , y font fi fortement attachez
par une cole , que les pluyes ne fçauroient
les emporter , & lorfqu'ils font contigus ,
ils fe trouvent placez avec tant d'ordre &
d'exactitude , qu'il n'y en a aucun qui
puiffe empêcher un ver de fortir de fon
oeuf.
.
M. Albin trouve admirable la varieté
infinie que l'on remarque dans les figures
& les couleurs des Infectes , & l'uniformité
exacte qui fe trouve toujours dans chaque
efpece. Il n'y a aucune tache, remarquable
qui ne paroiffe dans chaque individu.
Les couleurs des Infectes & particulierement
des Papillons , reffemblent à une
pouffiere ; mais fi on les examine avec un
Microſcope , on voit que les particules de
ces couleurs font tout autant de vrayes
plumes
1610 MERCURE DE FRANCE
plumes , placées dans l'àîle , d'une manie
re exacte & reguliere.
L'Auteur conclud que les Infectes ne
font pas l'effet du hazard , ou d'une matiere
corrompuë , mais l'ouvrage d'une
Puiffance infinie .
Toutes les Planches font gravées avec
beaucoup d'exactitude. On y voit les Infectes
fur les Plantes , & leurs diverfes
transformations.
d'Angleterre , accompagnée de cent Plan
F vj chess
1608 MERCURE DE FRANCE
ches gravées d'après nature , & enluminées
exactement , pour ceux qui le fouhaitent
, par l'Auteur Eleazar Albin
Peintre. A Londres , pour l'Auteur , & fe
vend chez W. F. Innys 1720. in 4º . en
Anglois.
L'Auteur obferve que ceux qui ont
travaillé avant lui fur le même fujet ,
n'ont pas affez fouvent jetté les yeux fur
leurs modeles, ou qu'ils ont affecté de ſurpaffer
la nature. Ce font deux deffauts que
M. Albin a foigneufement évités . Dans fes
Defcriptions il s'eft contenté de rapporter
les faits avec toute l'exactitude poffible.
Lorfqu'une Mouche perce l'écorce d'une
Plante , dit notre Auteur , & y fait fes
oeufs , cela cauſe un changement dans le
tiffu des vaiffeaux de la Plante , & la feve
qui y coule forme une excrefcence , laquelle
non feulement fert de nid au ver
éclos , mais auffi lui fournit une nourriture
convenable , jufqu'à ce qu'il devienne
Mouche. Alors cette Mouche paffe au
travers de l'excrefcence , quelque épaiffe
qu'elle foit; ce qui eft tout - à - fait admirable
, fi on confidere la petiteffe de quelques-
unes de ces Mouches , & l'épaiffeur
& la folidité des excrefcences où elles font
nourries.
L'Auteur admire avec raiſon l'Etre fisprême
JUILLET. 1730. 1609
prême, qui a donné à ces petites créatures
un inftinct capable de les diriger dans
toutes les chofes neceffaires pour leur
confervation & pour la propagation de
leur efpece.
Les Infectes ne font pas leurs oeufs négligemment
& d'une telle maniere que les
vents puiffent les difperfer. Ils font leurs
ceufs fur des Plantes ou fur d'autres Infetes
, qui fervent de nourriture aux vers
éclos. Les oeufs que les Infectes placent fur
les Plantes , y font fi fortement attachez
par une cole , que les pluyes ne fçauroient
les emporter , & lorfqu'ils font contigus ,
ils fe trouvent placez avec tant d'ordre &
d'exactitude , qu'il n'y en a aucun qui
puiffe empêcher un ver de fortir de fon
oeuf.
.
M. Albin trouve admirable la varieté
infinie que l'on remarque dans les figures
& les couleurs des Infectes , & l'uniformité
exacte qui fe trouve toujours dans chaque
efpece. Il n'y a aucune tache, remarquable
qui ne paroiffe dans chaque individu.
Les couleurs des Infectes & particulierement
des Papillons , reffemblent à une
pouffiere ; mais fi on les examine avec un
Microſcope , on voit que les particules de
ces couleurs font tout autant de vrayes
plumes
1610 MERCURE DE FRANCE
plumes , placées dans l'àîle , d'une manie
re exacte & reguliere.
L'Auteur conclud que les Infectes ne
font pas l'effet du hazard , ou d'une matiere
corrompuë , mais l'ouvrage d'une
Puiffance infinie .
Toutes les Planches font gravées avec
beaucoup d'exactitude. On y voit les Infectes
fur les Plantes , & leurs diverfes
transformations.
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Résumé : « HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES d'Angleterre, accompagnée de cent Planches [...] »
L'œuvre 'Histoire Naturelle des Insectes' d'Eleazar Albin, publiée en 1720 à Londres, critique les travaux antérieurs sur les insectes pour leur manque d'observation directe et leur tendance à surpasser la nature. Albin se distingue par l'exactitude de ses descriptions. Il observe que les mouches pondent leurs œufs dans l'écorce des plantes, provoquant une excroissance qui sert de nid et de nourriture au ver éclos. Albin admire la capacité des insectes à percer ces excroissances malgré leur petite taille. Les insectes pondent leurs œufs de manière stratégique, soit sur des plantes, soit sur d'autres insectes, pour assurer la survie des vers éclos. Les œufs sont solidement attachés et disposés avec ordre et exactitude. Albin note la variété infinie des formes et des couleurs des insectes, ainsi que l'uniformité au sein de chaque espèce. Les couleurs des insectes, particulièrement des papillons, apparaissent comme des poudres observées au microscope. Albin conclut que les insectes sont le résultat d'une puissance infinie et non du hasard. Les planches illustrant l'ouvrage montrent les insectes sur les plantes et leurs diverses transformations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 58-59
LETTRE écrite de S. Ouïn en Picardie, le 20. Novembre 1730. sur les Perce-oreilles.
Début :
Vous avez bien voulu, Messieurs, inserer dans les Mercures les [...]
Mots clefs :
Perce-oreilles, Eau-de-vie, Maladie, Insectes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de S. Ouïn en Picardie, le 20. Novembre 1730. sur les Perce-oreilles.
LETTRE écrite de S. Ouin en Picardie,
Le 20. Novembre 1730. sur les Perceoreilles.
1
Ous avez bien voulu , Messieurs ,
inserer dans les Mercures les lettres.
que je me suis donné l'honneur de vous
écrire au sujet du fils du sieur Lafitte
Chirurgien , demeurant au Bourg de Domart-
les-Ponthieu. Ce jeune homme qui
a été incommodé pendant cinq à six ans
par le grand nombre de Perce -oreilles
qui se sont engendrés successivement dans
sa tête , et qui sortoient par ses oreilles et
en partie par le nez , se trouve aujourd'hui
gueri parfaitement , et cela par l'effet
du pur hazard ensorte qu'on peut
dire que sa guerison est aussi surprenante
la maladie même , si toutefois on
que
peut qualifier cette incommodité de maladie.
Voici comme la chose est arrivée.
,
Etant chez un des amis de son pere ,
au mois de Janvier dernier , où on buvoit
de l'Eau de vie , boisson trop familiere
dans notre Province , sur tout parmi
les petites gens , on lui en fit boire
plusieurs verres dont il s'est trouvé yvre,
et cette boisson meurtriere ayant porté
sa fumée à la tête , on en vit sortir une
quantité
JANVIER. 1731. 59
quantité prodigieuse de ces insectes , ce
qui surprit étrangement les personnes
qui étoient présentes , et depuis ce tems
jusqu'à la fin d'Avril il ne ressentit aucun
des piquottemens qui lui faisoient souffrir
de très vives douleurs ; mais enfin il
en restoit un seul qui sortit alors , et depuis
il n'en a plus paru . Son teint devient
beaucoup meilleur , et ses cheveux qui
étoient bruns , et par les extrémités à demi
blancs , reprennent une couleur égale,
J'ai crû , Messieurs , vous faire plaisir de
vous informer de cet évenement. Je suis
toujours etc.
De Savoye , Curé de S. Ouin et Doyen
Rural de Vinacourt.
Le 20. Novembre 1730. sur les Perceoreilles.
1
Ous avez bien voulu , Messieurs ,
inserer dans les Mercures les lettres.
que je me suis donné l'honneur de vous
écrire au sujet du fils du sieur Lafitte
Chirurgien , demeurant au Bourg de Domart-
les-Ponthieu. Ce jeune homme qui
a été incommodé pendant cinq à six ans
par le grand nombre de Perce -oreilles
qui se sont engendrés successivement dans
sa tête , et qui sortoient par ses oreilles et
en partie par le nez , se trouve aujourd'hui
gueri parfaitement , et cela par l'effet
du pur hazard ensorte qu'on peut
dire que sa guerison est aussi surprenante
la maladie même , si toutefois on
que
peut qualifier cette incommodité de maladie.
Voici comme la chose est arrivée.
,
Etant chez un des amis de son pere ,
au mois de Janvier dernier , où on buvoit
de l'Eau de vie , boisson trop familiere
dans notre Province , sur tout parmi
les petites gens , on lui en fit boire
plusieurs verres dont il s'est trouvé yvre,
et cette boisson meurtriere ayant porté
sa fumée à la tête , on en vit sortir une
quantité
JANVIER. 1731. 59
quantité prodigieuse de ces insectes , ce
qui surprit étrangement les personnes
qui étoient présentes , et depuis ce tems
jusqu'à la fin d'Avril il ne ressentit aucun
des piquottemens qui lui faisoient souffrir
de très vives douleurs ; mais enfin il
en restoit un seul qui sortit alors , et depuis
il n'en a plus paru . Son teint devient
beaucoup meilleur , et ses cheveux qui
étoient bruns , et par les extrémités à demi
blancs , reprennent une couleur égale,
J'ai crû , Messieurs , vous faire plaisir de
vous informer de cet évenement. Je suis
toujours etc.
De Savoye , Curé de S. Ouin et Doyen
Rural de Vinacourt.
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Résumé : LETTRE écrite de S. Ouïn en Picardie, le 20. Novembre 1730. sur les Perce-oreilles.
Le 20 novembre 1730, une lettre de S. Ouin en Picardie relate le cas d'un jeune homme, fils du chirurgien Lafitte à Domart-les-Ponthieu, souffrant depuis cinq à six ans d'une infestation de perce-oreilles dans sa tête. Ces insectes sortaient par ses oreilles et son nez. En janvier 1730, après avoir bu plusieurs verres d'eau-de-vie chez un ami de son père, une grande quantité de perce-oreilles est sortie de sa tête, surprenant les témoins. Par la suite, il n'a plus ressenti de douleurs jusqu'à avril, date à laquelle le dernier perce-oreille est sorti. Depuis, il est guéri et son teint s'est amélioré. Ses cheveux, auparavant brun avec des extrémités blanches, reprennent une couleur uniforme. L'auteur de la lettre, le curé de S. Ouin et doyen rural de Vinacourt, informe les destinataires de cet événement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 572
EXTRAIT d'une Lettre de Roüen le [] Février 1731. au sujet de quelques Insectes trouvez dans des Legumes, &c.
Début :
Trouvez bon que je vous fasse part d'un fait [...]
Mots clefs :
Rouen, Insectes, Légumes, Pois, Mouches noires, Chaleur
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Roüen le [] Février 1731. au sujet de quelques Insectes trouvez dans des Legumes, &c.
EXTRAIT d'une Lettre de Rouen le
Février 1731. an fujet de quelques Infectes
trouvez dans des Legumes , & c.
T
à
Rouvez bon que je vous fasse part d'un fait
assez singulier , et qui cause bien du dommage
nos Laboureurs ; c'est une vermine dont
se trouvent infectez les Pois de nos Cantons , er
dont on ne s'apperçoit que quand ils sont cuits.
Je viens d'en ouvrir sept ou huit dans lesquels
j'ai vu une espece de Mouche noire de la grosseur
d'un grain de Bled , peu près semblable
àune grosse Mouche que nous voïons en Eté er
que nous nominons Cerfvolant. Les Pois cruds
n'ont aucune marque par où on puisse s'appercevoir
s'ils en sont attaquez , mais quand ils sont
près du feu et qu'ils commencent à s'échauffer ,
ces Mouches qui sentent la chaleur percent le
Pois et en sortent ; on m'a dit que l'année passée
il y eut un Canton du païs de Caux où les Pois
se trouverent remplis de cette vermine que plusieurs
personnes qui en mangerent en furent trèsmalades
, que quelques -uns même en moururent,
Comine je ne le sçai que par oui dire , je ne puis
vous assurer ce dernier fait. Ce qu'il y a de cer-.
tain , c'est que cette année tous les Pois en general
sont attaquez de ces Mouches.
Février 1731. an fujet de quelques Infectes
trouvez dans des Legumes , & c.
T
à
Rouvez bon que je vous fasse part d'un fait
assez singulier , et qui cause bien du dommage
nos Laboureurs ; c'est une vermine dont
se trouvent infectez les Pois de nos Cantons , er
dont on ne s'apperçoit que quand ils sont cuits.
Je viens d'en ouvrir sept ou huit dans lesquels
j'ai vu une espece de Mouche noire de la grosseur
d'un grain de Bled , peu près semblable
àune grosse Mouche que nous voïons en Eté er
que nous nominons Cerfvolant. Les Pois cruds
n'ont aucune marque par où on puisse s'appercevoir
s'ils en sont attaquez , mais quand ils sont
près du feu et qu'ils commencent à s'échauffer ,
ces Mouches qui sentent la chaleur percent le
Pois et en sortent ; on m'a dit que l'année passée
il y eut un Canton du païs de Caux où les Pois
se trouverent remplis de cette vermine que plusieurs
personnes qui en mangerent en furent trèsmalades
, que quelques -uns même en moururent,
Comine je ne le sçai que par oui dire , je ne puis
vous assurer ce dernier fait. Ce qu'il y a de cer-.
tain , c'est que cette année tous les Pois en general
sont attaquez de ces Mouches.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Roüen le [] Février 1731. au sujet de quelques Insectes trouvez dans des Legumes, &c.
En février 1731, une lettre de Rouen signale une infestation de légumineuses, notamment les pois, dans certains cantons. La vermine responsable est une petite mouche noire de la taille d'un grain de blé. Cette infestation devient visible après la cuisson des pois, lorsque les mouches, sensibles à la chaleur, percent les pois pour en sortir. L'année précédente, dans un canton du pays de Caux, les pois étaient également infestés, provoquant des maladies parmi les consommateurs et quelques décès, bien que ces derniers ne soient pas confirmés. Cette année, tous les pois semblent affectés par cette vermine.
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7
p. 1806-1809
ITALIE.
Début :
Le fils du Pacha du Grand Caire, qui se sauva en Italie, lorsque son pere y excita la derniere [...]
Mots clefs :
Pacha du Grand Caire, Baptême, Collège des Maronites, Naples, Sauterelles, Insectes
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E fils du Pacha du Grand Caire , qui se sauva:
en Italie , lorsque son pere y excita la derniee
révolte , parut le 16 Juin dans l'Anti - chambre
Qu
JUILLET. 1731. 1807
du Pape, sans Turban et avec la Croix sur la pol
trine. S. S. lui donna audience , et le reçut avec
beaucoup d'accueil. Quelques jours après il de
manda le Baptême. S. S. Pa envoïé au College
des Maronites , pour y être instruit , et elle le défrayera
pendant son séjour à Rome.
On apprend de Venise, que le 25 du mois dernier
, Fête de l'Apparition de S. Marc , le Doge
accompagné de la Seigneurie , du Nonce du Pape
et des Ambassadeurs, alla tenir Chapelle dans l'Eglise
Ducale , où l'Evangile écrit de la main de
cet Evangeliste , fut exposé à la vénération du
peuple.
On écrit de Naples, du commencement de Juin,
que le Viceroi avoit fait notifier au Cardinal Coscia
par ordre de l'Empereur , que S M. Imp.verroit
avec plaisir que S. E allat se jetter aux pieds
du Pape pour implorer sa clémence , puisque c'étoit
l'unique moyen de se tirer d'affaire ; et qu'en
attendant, l'Empereur laissoit au Nonce de S.S. la
liberté d'agir contre elle. Depuis cette notification
, le Cardinal qui est toujours incommodé , ne
voit presque personne , et on dit que S.E. est violemment
agitée, dans l'incertitude du parti qu'elle
doit prendre.
Il a fait publier un Mémoire pour justifier sa.
conduite et pour insinuer qu'on lui a ôté injustement
l'Archevêché de Benevent.
Un Ecclesiastique chargé de la procuration de
M. Doria, nouvel Archevêque de Benevent, ayant:
voulu prendre possession de cet Archevêché au:
nom de ce Prélat . M. Trabucco , Chanoine de
l'Eglise Métropolitaine et quelques autres de ses .
confreres s'y sont opposez par une protestation ,
et cette démarche ayant été suivie d'une émotion
populaire , les plus séditieux ont été arrêtez, mais
le
1808 MERCURE DE FRANCE
le Chanoine qui l'avoit excitée s'est sauvé.
On continuë de vendre à Rome les effets du
Cardinal Coscia, dont on a déja reçû 46000 écus,
sans compter saVaisselle d'argent et ses diamans,
qu'on fait monter à une somme beaucoup plus
considerable.
On assure qu'il est arrivé à Naples des Ordres
de l'Empereur de faire remettre entre les mains du
Nonce du Pape tous les revenus des Benefices de
ce Cardinal , qui n'a pu obtenir la protection de
S. M. Imp .
Il y a dans tout le territoire de Pise une si grande
quantité de Sauterelles , que pour engager les
Païsans à les détruire , on leur fait donner deux
sols pour livre de ces Insectes qu'ils ramassent et
qu'on enterre ensuite avec de la chaux.
Il est arrivé à Milan deux Députez de la République
de Génes , pour tegler avec le Comte de
Daun,de quelle maniere on fera passer dans l'Isle
de Corse les 4 à fooo hommes de Troupes que
l'Empereur a accordez à la République pour l'aider
à réduire les Rebelles de cette Isle, contre lesquels
on prépare à Génes un armement considerable.
On mande de Génes qu'on y avoit publié une
Ordonnance du Grand Conseil, qui défend à tous
les Vaisseaux , de quelque Nation qu'ils soient ,
de commercer avec l'Isle de Corse , et d'y jetter
l'Ancre , excepté devant la Bastie , Calvi , Ajaccio
et S. Boniface , à peine de mort contre les Capitaines;
et de confiscation des Vaisseaux.
Par les dernieres Lettres de Génes on apprend
que les Rebelles de l'Isle de Corse bloquoient actuellement
la Ville de la Bastia avec 3000 hommes;
qu'ils paroissoient vouloir en former le siége
et ouvrir la tranchée du côté de San-Francisco
CE
JUILLET. 1731. 1809
et des Capucins , aussi-tôt qu'ils auroient reçu un
renfort de 6000 hommes qu'ils attendoient des
Montagnes de l'Isle; que les habitans de Lotta , de
Brando , de Leville , de Nonza et de Cagnano s'étoient
déclarez en leur faveur.
E fils du Pacha du Grand Caire , qui se sauva:
en Italie , lorsque son pere y excita la derniee
révolte , parut le 16 Juin dans l'Anti - chambre
Qu
JUILLET. 1731. 1807
du Pape, sans Turban et avec la Croix sur la pol
trine. S. S. lui donna audience , et le reçut avec
beaucoup d'accueil. Quelques jours après il de
manda le Baptême. S. S. Pa envoïé au College
des Maronites , pour y être instruit , et elle le défrayera
pendant son séjour à Rome.
On apprend de Venise, que le 25 du mois dernier
, Fête de l'Apparition de S. Marc , le Doge
accompagné de la Seigneurie , du Nonce du Pape
et des Ambassadeurs, alla tenir Chapelle dans l'Eglise
Ducale , où l'Evangile écrit de la main de
cet Evangeliste , fut exposé à la vénération du
peuple.
On écrit de Naples, du commencement de Juin,
que le Viceroi avoit fait notifier au Cardinal Coscia
par ordre de l'Empereur , que S M. Imp.verroit
avec plaisir que S. E allat se jetter aux pieds
du Pape pour implorer sa clémence , puisque c'étoit
l'unique moyen de se tirer d'affaire ; et qu'en
attendant, l'Empereur laissoit au Nonce de S.S. la
liberté d'agir contre elle. Depuis cette notification
, le Cardinal qui est toujours incommodé , ne
voit presque personne , et on dit que S.E. est violemment
agitée, dans l'incertitude du parti qu'elle
doit prendre.
Il a fait publier un Mémoire pour justifier sa.
conduite et pour insinuer qu'on lui a ôté injustement
l'Archevêché de Benevent.
Un Ecclesiastique chargé de la procuration de
M. Doria, nouvel Archevêque de Benevent, ayant:
voulu prendre possession de cet Archevêché au:
nom de ce Prélat . M. Trabucco , Chanoine de
l'Eglise Métropolitaine et quelques autres de ses .
confreres s'y sont opposez par une protestation ,
et cette démarche ayant été suivie d'une émotion
populaire , les plus séditieux ont été arrêtez, mais
le
1808 MERCURE DE FRANCE
le Chanoine qui l'avoit excitée s'est sauvé.
On continuë de vendre à Rome les effets du
Cardinal Coscia, dont on a déja reçû 46000 écus,
sans compter saVaisselle d'argent et ses diamans,
qu'on fait monter à une somme beaucoup plus
considerable.
On assure qu'il est arrivé à Naples des Ordres
de l'Empereur de faire remettre entre les mains du
Nonce du Pape tous les revenus des Benefices de
ce Cardinal , qui n'a pu obtenir la protection de
S. M. Imp .
Il y a dans tout le territoire de Pise une si grande
quantité de Sauterelles , que pour engager les
Païsans à les détruire , on leur fait donner deux
sols pour livre de ces Insectes qu'ils ramassent et
qu'on enterre ensuite avec de la chaux.
Il est arrivé à Milan deux Députez de la République
de Génes , pour tegler avec le Comte de
Daun,de quelle maniere on fera passer dans l'Isle
de Corse les 4 à fooo hommes de Troupes que
l'Empereur a accordez à la République pour l'aider
à réduire les Rebelles de cette Isle, contre lesquels
on prépare à Génes un armement considerable.
On mande de Génes qu'on y avoit publié une
Ordonnance du Grand Conseil, qui défend à tous
les Vaisseaux , de quelque Nation qu'ils soient ,
de commercer avec l'Isle de Corse , et d'y jetter
l'Ancre , excepté devant la Bastie , Calvi , Ajaccio
et S. Boniface , à peine de mort contre les Capitaines;
et de confiscation des Vaisseaux.
Par les dernieres Lettres de Génes on apprend
que les Rebelles de l'Isle de Corse bloquoient actuellement
la Ville de la Bastia avec 3000 hommes;
qu'ils paroissoient vouloir en former le siége
et ouvrir la tranchée du côté de San-Francisco
CE
JUILLET. 1731. 1809
et des Capucins , aussi-tôt qu'ils auroient reçu un
renfort de 6000 hommes qu'ils attendoient des
Montagnes de l'Isle; que les habitans de Lotta , de
Brando , de Leville , de Nonza et de Cagnano s'étoient
déclarez en leur faveur.
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Résumé : ITALIE.
En juillet 1731, en Italie, le fils du Pacha du Grand Caire, réfugié à Rome, a été reçu par le Pape le 16 juin et a demandé le baptême. Il a été envoyé au Collège des Maronites pour y être instruit, aux frais du Pape. À Venise, le Doge et la Seigneurie ont vénéré l'Évangile écrit par Saint Marc le 25 juin. À Naples, le Cardinal Coscia, malade, a reçu une notification de l'Empereur l'incitant à implorer la clémence du Pape. Il a publié un mémoire pour justifier sa conduite et contester la perte de l'Archevêché de Benevent. Un chanoine opposé à la prise de possession de l'Archevêché par le nouvel archevêque a fui après une protestation suivie d'une émotion populaire. Les effets du Cardinal Coscia sont vendus à Rome, et ses revenus ecclésiastiques doivent être remis au Nonce du Pape. À Pise, une récompense est offerte pour la destruction des sauterelles. À Milan, des députés de la République de Gênes négocient avec le Comte de Daun le passage de troupes en Corse pour réprimer les rebelles. Gênes a publié une ordonnance interdisant le commerce avec la Corse, sauf dans certaines villes. Les rebelles corses bloquent Bastia et attendent des renforts.
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8
p. 201-202
De PARIS, le 19 Juillet.
Début :
L'Assemblée générale du Clergé ayant fini ses Séances, les Prélats & autres [...]
Mots clefs :
Séances, Clergé, Audience du roi, Archevêque, Insectes, Académie des sciences, Défaite anglaise, Écosse, Tirage, Loterie de l'école royale militaire
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 19 Juillet.
De PARIS , le 19 Juillet.
L'affemblée générale du Clergé ayant fini fes
Séances , les Prélats & autres députés qui la compofoient
, fe rendirent à Verſailles le 13 de ce
mois . Ils eurent audience du Roi avec les honneurs
qu'on rend au Clergé,quand il eft en Corps,
& avec les mêmes cérémonies , qui furent obfervées
, lorfque les mêmes députés rendirent leurs
refpects à Sa Majeſté , le s du mois de Mars
dernier. L'Archevêque de Narbonne , Préfident
de l'Affemblée , étoit à la tête des députés , &
l'Evêque du Puy porta la parole.
Le Limoufin eft défolé , par des infectes qui
mangent & gâtent les grains dans les greniers,
& furtout le bled. Le fieur Bertin , Contrôleur
Général des Finances , touché d'un accident , dont
la vigilance de l'Intendant de Limoges ne lui a
laillé ignorer aucuns détails , a écrit à l'Acadé
nie des Sciences , pour l'inviter a ' chercher les
moyens de détruire ces infectes. L'Académie a
nommé les fieurs Duhamel & Tillet , connus par
leurs ouvrages fur l'Agriculture , pour le tranfporter
fur les lieux , & pour y donner tous les fecours
, que leurs lumieres pourront leur fuggérer.
On apprend , par la voie d'Angleterre , qu'après
la défaite du Brigadier Général Murray , l'armée
Françoife avoit auffitôt mis le fiége devant Québec.
Mais l'arrivée des vaiffeaux du Lord Colville & du
Capitaine Swanton , avec un fecours confidérable
qu'ils amenoient d'Halifax , l'ont obligée de renoncer
à fon entrepriſe . Elle a levé le fiége le 17
de Mai , & s'eft retirée en bon ordre , & lans être
enramée. Quelques canons, dont la plupart étoient
les mêmes que ceux qu'elle avoit pris , à la faite de
l'action du 26 du mois précédent , ont été abandonnés.
Cette armée a repris la premiere pofition
Iv
202, MERCURE DE FRANCE.
à Montréal , & dans les environs . Le Général
Hamherst ne compte pas pouvoir recommencer les
opérations , avant la fin de Juillet.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire , s'eit fait en la maniere accoutumée , dans
l'Hôtel de Ville de Paris , le 8 de ce mois . Les
numéros qui font fortis de la Roue de fortune ,
font 68 , 41 , 58 , 56 , 11. Le prochain tirage fe
fera le 7 du mois d'Août.
L'affemblée générale du Clergé ayant fini fes
Séances , les Prélats & autres députés qui la compofoient
, fe rendirent à Verſailles le 13 de ce
mois . Ils eurent audience du Roi avec les honneurs
qu'on rend au Clergé,quand il eft en Corps,
& avec les mêmes cérémonies , qui furent obfervées
, lorfque les mêmes députés rendirent leurs
refpects à Sa Majeſté , le s du mois de Mars
dernier. L'Archevêque de Narbonne , Préfident
de l'Affemblée , étoit à la tête des députés , &
l'Evêque du Puy porta la parole.
Le Limoufin eft défolé , par des infectes qui
mangent & gâtent les grains dans les greniers,
& furtout le bled. Le fieur Bertin , Contrôleur
Général des Finances , touché d'un accident , dont
la vigilance de l'Intendant de Limoges ne lui a
laillé ignorer aucuns détails , a écrit à l'Acadé
nie des Sciences , pour l'inviter a ' chercher les
moyens de détruire ces infectes. L'Académie a
nommé les fieurs Duhamel & Tillet , connus par
leurs ouvrages fur l'Agriculture , pour le tranfporter
fur les lieux , & pour y donner tous les fecours
, que leurs lumieres pourront leur fuggérer.
On apprend , par la voie d'Angleterre , qu'après
la défaite du Brigadier Général Murray , l'armée
Françoife avoit auffitôt mis le fiége devant Québec.
Mais l'arrivée des vaiffeaux du Lord Colville & du
Capitaine Swanton , avec un fecours confidérable
qu'ils amenoient d'Halifax , l'ont obligée de renoncer
à fon entrepriſe . Elle a levé le fiége le 17
de Mai , & s'eft retirée en bon ordre , & lans être
enramée. Quelques canons, dont la plupart étoient
les mêmes que ceux qu'elle avoit pris , à la faite de
l'action du 26 du mois précédent , ont été abandonnés.
Cette armée a repris la premiere pofition
Iv
202, MERCURE DE FRANCE.
à Montréal , & dans les environs . Le Général
Hamherst ne compte pas pouvoir recommencer les
opérations , avant la fin de Juillet.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire , s'eit fait en la maniere accoutumée , dans
l'Hôtel de Ville de Paris , le 8 de ce mois . Les
numéros qui font fortis de la Roue de fortune ,
font 68 , 41 , 58 , 56 , 11. Le prochain tirage fe
fera le 7 du mois d'Août.
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Résumé : De PARIS, le 19 Juillet.
Le 19 juillet, les prélats et députés du Clergé se rendirent à Versailles après leur assemblée générale. Ils furent reçus par le roi, l'archevêque de Narbonne menant la délégation et l'évêque du Puy prenant la parole. Dans le Limousin, des insectes ravageaient les grains dans les greniers, notamment le blé. Le contrôleur général des Finances, Bertin, alerté par l'intendant de Limoges, invita l'Académie des Sciences à trouver des solutions. Les savants Duhamel et Tillet furent désignés pour se rendre sur place. En Amérique du Nord, après la défaite du brigadier général Murray, l'armée française avait mis le siège devant Québec. Cependant, l'arrivée de renforts britanniques força les Français à lever le siège le 17 mai et à se retirer en bon ordre. L'armée française reprit position à Montréal et ses environs. Le général Hamerst ne prévoyait pas de reprendre les opérations avant la fin juillet. Par ailleurs, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire eut lieu le 8 juillet à Paris, avec les numéros gagnants 68, 41, 58, 56 et 11. Le prochain tirage est prévu pour le 7 août.
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9
p. 195-203
SUPPLÉMENT aux Nouv. Littéraires. ANNONCE d'une Histoire Naturelle à l'imitation de PLINE ; précédée d'un nouveau systême de Physique, sur les Principes de la Nature, pour rendre raison des effets les plus curieux, & les plus extraordinaires, qui se trouvent depuis la hauteur des Cieux jusqu'au centre de la Terre. Cet Ouvrage formera sept volumes in-4°. il sera orné de planches & de figures concernant l'Histoire Naturelle.
Début :
Le premier volume divisé en deux Parties, renferme les principes physiques de l'Auteur ; [...]
Mots clefs :
Origines de l'univers, Savants, Matière, Mouvement, Cause, Effet, Forces, Physique, Astronomie, Astres, Espace, Terre, Minéraux, Métaux, Météorologie, Végétaux, Animaux, Insectes, Homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLÉMENT aux Nouv. Littéraires. ANNONCE d'une Histoire Naturelle à l'imitation de PLINE ; précédée d'un nouveau systême de Physique, sur les Principes de la Nature, pour rendre raison des effets les plus curieux, & les plus extraordinaires, qui se trouvent depuis la hauteur des Cieux jusqu'au centre de la Terre. Cet Ouvrage formera sept volumes in-4°. il sera orné de planches & de figures concernant l'Histoire Naturelle.
SUPPLÉMENT aux Nouv . Littéraires.
ANNONCE d'une Hiftoire Naturelle à
l'imitation de PLINE ; précédée d'un
nouveau fyftême de Phyfique ,fur les
Principes de la Nature , pour rendre
raifon des effets les plus curieux , &
les plus extraordinaires , qui fe trouvent
depuis la hauteur des Cieuxjufqu'au
centre de la Terre . Cet Ouvrage
formera fept volumes in-4°. ilfera
orné de planches & de figures concer➡
nant l'Hiftoire Naturelle.
Le premier volume divisé en deux Parties , rena E
ferme les principes phyfiques de l'Auteur ; & on
y expofe les divers fentimens des anciens Philofophes
fur l'origine de l'Univers ; le matérialiſme
y eft réfuté , ainfi que l'opinion de quelques Sçavans
modernes fur ce point. On entre enfuite
en matiere , & on explique de quelle maniere
les élémens fenfibles , qui ne font que trois
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
dans ce fyftême , l'air, l'eau & la terre , peuvent
être produits par la premiere mmaattiieerree , ou pro
prement dite matière-éthérée : 0
Les qualités élémentaires font l'objet d'un dé
tail particulier & très- étendu , on traite de leurs
effets , & de quelle maniere elles feré- peuvent
foudre & rentrer dans le fein de la premiere ſubftance
qui les produit continuellement.
On traite fucceffivement du feu & de la lumiere,
des fenfations & des Elprits animaux qui meuvent
les organes des fens ; & l'explication des principes
des Philofophes chymiftes , fait la conclufion ,
de cette premiere Partie.
La feconde renferme un traité complet fur le
mouvement , dont l'objet eft l'examen du principe
& de la caufe du mouvement , qu'allez volontiers
on confond avec le mouvement local ſenſible. On
fait connoître auffi diftinctement qu'il eft poffible,
que ce principe eft uni effentiellement , & inféparablement
à la matière , malgré l'opinion des
Cartefiens , qui veulent perfuader que ce mouvement
n'eft qu'un pur être de raifon c'eft- à-dire
un être entiérement détaché de la matière fubtile
, dont le monde felon eux eft, compofé , & qui
n'eft communiquable que par le feul contact.
Après avoir fait connoître la différence qu'il y
a dans le mouvement , entre la caufe & l'effet , on
paffe aux preuves de ce qu'on avance , & on rap
porte divers éxemples du mouvement local , ce
qui donne une parfaite conviction de la force de
la matière éthérée , en qui feule réfide le principe
du mouvement , & par le feul moyen de laquelle
les corps graves peuvent fe mouvoir.
On prouve clairement que les corps graves ne
peuvent être mûs que de deux manières. 1. Par
eux-mêmes , lorfqu'ils font en poffeffion de cette
JANVIER. 1764. 197
force motrice qui leur fait faire l'action du mouvement
local. 2. Lorsqu'ils n'ont pas en eux cette
puifance particulière ; & qu'il arrive néanmoins
qu'ils fe meuvent encore pendant quelque temps.
C'eft fur ce principe qu'un corps ne peut fe mouvoir
que par lui-même , ou par l'impulfion d'un
autre , qu'on paffe à l'explication du fyftême propolé.
On éxamine d'abord de quelle manière la continuation
du mouvement des corps graves , attribuée
par les Cartefiens à leur prétendue commu
nication du mouvement , peut fe faire par l'unique
moyen des impulfious de l'élément de l'eau ,
& on obferve auffi , comment ces mêmes corps
graves peuvent être mûs par les impulfions de l'air
feul , & de cet élément aidé par le feu.
Les mouvemens produits par les impulfions du
feu élémentaire , tels que font la foudre & les
autres météores enflammés , font l'objet d'un
Chapitre particulier. On explique après , quel eft
le mouvement des corps graves vers le centre d'e
ta terre qu'on appelle pefanteur , & on rend des
Taifons phyfiques de la caufe & de l'accélération de
ce mouvement.
L'ASTRONOMIE fait le fujet du fecond volume.
On y rapporte les obfervations les plus curieufes
qui ont été faites jufqu'à préfent dans le ciel . On
entre en matière fur ces différens fyltêmes aftronomiques
, & on fe détermine en faveur de celui
d'Archytas, Philofophe Pythagoricien , renouvellé
de nos jours par Copernic.
Après avoir éxaminé en général le tourbillon
du foleil , on entre dans un détail plus particuhier
, c'eft-à- dire par la confidération de cet Aftre
regardé aujourd'hui dans l'hypothèſe du monde ,
comme une fimple étoile fixe , qui brille de fa
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
propre lumière. Enfuite on recherche foigneufe
ment quelle peut être la nature & la compofition
de ce globe lumineux , ainfi que celle des
planettes qui tournent autour de lui , fans oublier
les fatellites ou lunes qui en accompagnent
une partie.
A la fuite de la defcription des aftres renfer
més dans le Tourbillon folaire , on donne un calcul
éxact de leurs diſtances du ſoleil , auffi bien
que celui de leurs mouvemens
foit fur euxmêmes
, foit autour de cet aftre qui eft leur cen
we commun.
>
*
On parle auffi des comettes connues ; on rap
porte à cet égard les différens fentimens des plus
grands Aftronomes fur la nature de ces espèces de
planettes errantes , & on hazarde là- deſſus fes
propres conjectures .
Les découvertes qui ont été faites dans les
cieux des étoiles fixes , engagent de rapporter hiſtoriquement
tout ce qu'on y a obſervé de plus nou
veau depuis près de deux fiécles .
On fait un récit intéreffant de ces eſpaces , ou
nuages lumineux , qui font très- fixes , qu'on a obfervé
parmi les étoiles , depuis l'invention des lu
nettes & des télescopes.
En un mot on entre dans un détail circonftan
cié fur tout ce qui concerne les corps céleftes
& on termine par l'éxamen de l'atmosphère de
la terre , connu auffi ſous le nom de la région des
vapeurs ; ce qui conduit infenfiblement a parler
des foudres , des météores , des iris ou arcs- enciel
, des aurores boréales , &c .
La Terre confidérée aujourd'hui dans le ſyſtême
folaire , comme une Planette particuliere , qui
roule dans les airs , devient l'objet du trojfiéme
volume.
JANVIER. 1764. Tog
On examine d'abord en général la compofi
tion de ce globe. On recherche avec foin juf
qu'où pouvoient aller les connoiffances géographiques
que nos Anciens en avoient. La décou
verte de l'Amérique , ainſi que de divers autres
endroits dont on n'avoit autre fois aucune notion
, donnent lieu à une narration auffi étendue
qu'intéreffante.
Les inégalités de la terre qu'on appelle montagnes
, leur origine , leur figure & les fingularités
que quelques- unes d'elles renferment dans leur
intérieur , donnent champ à une longue defcription.
Le récit hiftorique des plaines , des déferts
fabloneux & des forêts , forme un Chapitre particulier.
Après avoir parlé de ce qu'il y a de plus remar
quable fur la fuperficie du globe terreftre , on s'attache
à donner quelque connoiffance de fon inté →
rieur. On commence par les feux que la terre renferme
dans fon fein , & la deſcription qu'on fait
des plus terribles Volcans , engage à examiner
par quel moyen ces feux peuvent s'entretenir & fe
perpétuer contiuuellement , & on en rend phyfiquement
raifon conformément aux principes que
nous avons d'établis .
On donne une explication fur les caufes générales
des tremblemens de terre , & on rapporte
là- deffus , les différens fentimens des plus célébres
Philofophes de l'Antiquité.
Après avoir prouvé que la terre renferme dans
fon fein une grande quantité de feux , on démontre
avec clarté qu'elle eft également pénétrée de
fouffres , qui , en paffant auprès de ces fournaifes
ardentes , acquiérent une chaleur fenfible. Les fontaines
d'eau chaude minérales , qu'on trouve en
différens endroits , qui pour la plûpart ont des ver-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
as fpécifiques & fingulières , font l'objet d'une
relation fort circonftanciée .
En continuant d'examiner l'intérieur du Globe ,
on fait obferver évidemment que l'eau qui le pénétre
de toutes parts , l'emporte de beaucoup fur
le feu qu'il renferme , ce qui eft juſtifié par le dérail
qu'on fait des eaux d'un grand nombre de rivieres
, de lacs , & de différentes mers qui vont fe
perdre dans la terre pour reparoître après dans
des lieux fort éloignés.
Enfin , après quelques obfervations particulieres
fur les parties qui conftituent le globe terreſtre
on conclut par un traité fort curieux des
changemens qui y arrivent , ou qui y font arrivés.
L'Hiftoire Minérale & Métallique fait le fujet
du quatriéme volume. On propofe d'abord un fentiment
fur la génération du fel , après quoi on en
examine toutes les propriétés.
On fait mention de toutes les minieres qui nous
font connues , auffi bien que de tous les endroits
où l'on tire du fel.
La formation du fable , & les différences qui
s'y rencontrent , font l'objet d'un article curieux .
On paffe immédiatement à la compofition des
autres corps fecs , plus confidérables par leur
grandeur ; tels que font les pierres , tant opaques
que transparentes. Les premieres font d'abord le
fujet de nos recherches physiques , & on donne
des raifons fur leur production.
A la fuite de tous ces récits , on trouve un fyltême
tout- à- fait neuf, fur l'aiman , par le moyen
duquel on peut facilement rendre des raisons probables
de tous les phénomènes que produit cette
merveilleufe pierre.
On traite en particulier de la génération des
Métaux & des Minéraux , dont on explique la naJANVIER.
1764. 201
ure & la compofition , & on finit par l'hiftoire
exacte des pays & des mines où ils fe trouvent.
Le cinquième volume renferme une hypothèſe
nouvelle , touchant le flux & reflux de la mer , où
l'on raifonne d'une manière fenfible , d'un effet
auffi merveilleux ; effet dont on a peu pénétré jufqu'aujourd'hui
les véritables cauſes.
On s'attache enſuite à connoître ce qui peut
occafionner les tempêtes & les autres météores de
la mer les exemples qu'on rapporte là - deffus ,
prouvent non feulement la vérité de ce qui a été
avancé ; mais ils donnent encore de parfaites
connoiffances de ce qui peut produire les mouve
mens orageux de cet élément .
Après cet examen on explique de quelle maniere
fe forment les pluyes ordinaires , & on rend
raifon de celles qu'on ne confidere que comme
furnaturelles , qui font par exemple , les pluyes
de fang , de pierre , d'animaux , de cuivre , &c, ce
qui fait le fujet d'une defcription fort détaillée .
La matière conduit infenfiblement à parler de
l'origine des fources , des rivières , des lacs & des
fontaines. Ce qui fuit , préſente une relation trèsamufante
de tout ce qu'il y a de plus curieux dans
le genre des liquides , c'eſt-à-dire , des lacs , des
fontaines & des viviers qui ont quelque propriété
fingulière.
On fait une recherche phyfique des Végétaux ,
& on donne fur leur génération un ſyſtême particuliers
après quoi on en vient à un autre examen ,
fçavoir , fi les plantes peuvent avoir du fentiment ,
& quel peut être en lui- même ce fentiment : on
termine cette digreffion par un récit de toutes
celles qui peuvent évidemment le prouver.
L'hiftoire particuliere de ce qu'il y a fur la terre
de plus remarquable en ce genre ; la deſcription
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
des Coralloïdes , & de beaucoup d'autres plantes
marines , jointe à celle de quelques Végétaux qui
Le pétrifient , fait la conclufion de ce volume.
Dans le fixiéme on éclaircit d'abord une matière
très-obfcure en elle - même ; c'eft la génération des
animaux. On commence par examiner celle des
quadrupedes. Après avoir expofé le fentiment
de nos Modernes fur la génération , on faitvoir
évidemment , combien tous fe font écartés des lumieres
que le célébre Harvée avoit répandues far
un fujet auffi important.
En fuivant pas à pas ce grand Naturaliſte , on
continue de rechercher avec foin de quelle ma→
niere fe fait la production des volatilles , & o
prouve par des expériences réitérées , que l'animal
ne fe manifefte pas par le feul développe
ment de fes parties , quoiqu'infiniment petites &
très-exiftantes , comme on le foutient hautement
aujourd'hui ; mais qu'elles font toutes en général
formées & perfectionnées fucceffivement.
On traite auffi en particulier de la génération:
des reptiles , des poiffons , des huîtres , & de quelques
autres coquillages. L'hiftoire fuivie de tout
ce qu'il y a de plus curieux dans ces différens gen
res d'animaux , fait le fujet de plufieurs Chapitres
intéreffans .
Les Infectes connus , auffi bien que ceux qui ne
font vifibles que par le fecours du microſcope
deviennent à leur tour l'objet d'un Article particulier.
Après avoir examiné en quoi confifte l'inftinet
& le difcernement , on paffe aux preuves dufen
timent des Bétes ; c'eft dans cette digreffion fufceptible
de toute la curiofité d'un vrai Phyficien
qu'on prouve par un grand nombre d'exemples,
l'abfurdité du Cartéfianiſme fur ce point,
JANVIER . 1764. 203
Enfin on trouve dans ce feptiéme & dernier
volume , un ſyſtême nouveau fur la nature & l'origine
des vents en général , & on donne à la
fuite des obfervations particulières fur les vents
réguliers qui foufflent communément vers certains
endroits , dans certaines faifons de l'année
tels que font les alifées , les mouffons , &
plufieurs autres.
:
On termine par un Traité particulier , ou
on examine fcrupuleufement & dans le plus
grand détail quelles peuvent être les cauſes
de l'amitié & de l'inimitié qui régnent entre les
hommes.
On conclut cet Ouvrage par une differtation
particulière dont l'homme feul eft l'objet , où on
le confidère exactement dans toute l'étendue de
fa définition , c'eſt - â-dire comme animal & con
me raiſonnable.
Cet Ouvrage fera propofé par foufcriptions.
ANNONCE d'une Hiftoire Naturelle à
l'imitation de PLINE ; précédée d'un
nouveau fyftême de Phyfique ,fur les
Principes de la Nature , pour rendre
raifon des effets les plus curieux , &
les plus extraordinaires , qui fe trouvent
depuis la hauteur des Cieuxjufqu'au
centre de la Terre . Cet Ouvrage
formera fept volumes in-4°. ilfera
orné de planches & de figures concer➡
nant l'Hiftoire Naturelle.
Le premier volume divisé en deux Parties , rena E
ferme les principes phyfiques de l'Auteur ; & on
y expofe les divers fentimens des anciens Philofophes
fur l'origine de l'Univers ; le matérialiſme
y eft réfuté , ainfi que l'opinion de quelques Sçavans
modernes fur ce point. On entre enfuite
en matiere , & on explique de quelle maniere
les élémens fenfibles , qui ne font que trois
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
dans ce fyftême , l'air, l'eau & la terre , peuvent
être produits par la premiere mmaattiieerree , ou pro
prement dite matière-éthérée : 0
Les qualités élémentaires font l'objet d'un dé
tail particulier & très- étendu , on traite de leurs
effets , & de quelle maniere elles feré- peuvent
foudre & rentrer dans le fein de la premiere ſubftance
qui les produit continuellement.
On traite fucceffivement du feu & de la lumiere,
des fenfations & des Elprits animaux qui meuvent
les organes des fens ; & l'explication des principes
des Philofophes chymiftes , fait la conclufion ,
de cette premiere Partie.
La feconde renferme un traité complet fur le
mouvement , dont l'objet eft l'examen du principe
& de la caufe du mouvement , qu'allez volontiers
on confond avec le mouvement local ſenſible. On
fait connoître auffi diftinctement qu'il eft poffible,
que ce principe eft uni effentiellement , & inféparablement
à la matière , malgré l'opinion des
Cartefiens , qui veulent perfuader que ce mouvement
n'eft qu'un pur être de raifon c'eft- à-dire
un être entiérement détaché de la matière fubtile
, dont le monde felon eux eft, compofé , & qui
n'eft communiquable que par le feul contact.
Après avoir fait connoître la différence qu'il y
a dans le mouvement , entre la caufe & l'effet , on
paffe aux preuves de ce qu'on avance , & on rap
porte divers éxemples du mouvement local , ce
qui donne une parfaite conviction de la force de
la matière éthérée , en qui feule réfide le principe
du mouvement , & par le feul moyen de laquelle
les corps graves peuvent fe mouvoir.
On prouve clairement que les corps graves ne
peuvent être mûs que de deux manières. 1. Par
eux-mêmes , lorfqu'ils font en poffeffion de cette
JANVIER. 1764. 197
force motrice qui leur fait faire l'action du mouvement
local. 2. Lorsqu'ils n'ont pas en eux cette
puifance particulière ; & qu'il arrive néanmoins
qu'ils fe meuvent encore pendant quelque temps.
C'eft fur ce principe qu'un corps ne peut fe mouvoir
que par lui-même , ou par l'impulfion d'un
autre , qu'on paffe à l'explication du fyftême propolé.
On éxamine d'abord de quelle manière la continuation
du mouvement des corps graves , attribuée
par les Cartefiens à leur prétendue commu
nication du mouvement , peut fe faire par l'unique
moyen des impulfious de l'élément de l'eau ,
& on obferve auffi , comment ces mêmes corps
graves peuvent être mûs par les impulfions de l'air
feul , & de cet élément aidé par le feu.
Les mouvemens produits par les impulfions du
feu élémentaire , tels que font la foudre & les
autres météores enflammés , font l'objet d'un
Chapitre particulier. On explique après , quel eft
le mouvement des corps graves vers le centre d'e
ta terre qu'on appelle pefanteur , & on rend des
Taifons phyfiques de la caufe & de l'accélération de
ce mouvement.
L'ASTRONOMIE fait le fujet du fecond volume.
On y rapporte les obfervations les plus curieufes
qui ont été faites jufqu'à préfent dans le ciel . On
entre en matière fur ces différens fyltêmes aftronomiques
, & on fe détermine en faveur de celui
d'Archytas, Philofophe Pythagoricien , renouvellé
de nos jours par Copernic.
Après avoir éxaminé en général le tourbillon
du foleil , on entre dans un détail plus particuhier
, c'eft-à- dire par la confidération de cet Aftre
regardé aujourd'hui dans l'hypothèſe du monde ,
comme une fimple étoile fixe , qui brille de fa
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
propre lumière. Enfuite on recherche foigneufe
ment quelle peut être la nature & la compofition
de ce globe lumineux , ainfi que celle des
planettes qui tournent autour de lui , fans oublier
les fatellites ou lunes qui en accompagnent
une partie.
A la fuite de la defcription des aftres renfer
més dans le Tourbillon folaire , on donne un calcul
éxact de leurs diſtances du ſoleil , auffi bien
que celui de leurs mouvemens
foit fur euxmêmes
, foit autour de cet aftre qui eft leur cen
we commun.
>
*
On parle auffi des comettes connues ; on rap
porte à cet égard les différens fentimens des plus
grands Aftronomes fur la nature de ces espèces de
planettes errantes , & on hazarde là- deſſus fes
propres conjectures .
Les découvertes qui ont été faites dans les
cieux des étoiles fixes , engagent de rapporter hiſtoriquement
tout ce qu'on y a obſervé de plus nou
veau depuis près de deux fiécles .
On fait un récit intéreffant de ces eſpaces , ou
nuages lumineux , qui font très- fixes , qu'on a obfervé
parmi les étoiles , depuis l'invention des lu
nettes & des télescopes.
En un mot on entre dans un détail circonftan
cié fur tout ce qui concerne les corps céleftes
& on termine par l'éxamen de l'atmosphère de
la terre , connu auffi ſous le nom de la région des
vapeurs ; ce qui conduit infenfiblement a parler
des foudres , des météores , des iris ou arcs- enciel
, des aurores boréales , &c .
La Terre confidérée aujourd'hui dans le ſyſtême
folaire , comme une Planette particuliere , qui
roule dans les airs , devient l'objet du trojfiéme
volume.
JANVIER. 1764. Tog
On examine d'abord en général la compofi
tion de ce globe. On recherche avec foin juf
qu'où pouvoient aller les connoiffances géographiques
que nos Anciens en avoient. La décou
verte de l'Amérique , ainſi que de divers autres
endroits dont on n'avoit autre fois aucune notion
, donnent lieu à une narration auffi étendue
qu'intéreffante.
Les inégalités de la terre qu'on appelle montagnes
, leur origine , leur figure & les fingularités
que quelques- unes d'elles renferment dans leur
intérieur , donnent champ à une longue defcription.
Le récit hiftorique des plaines , des déferts
fabloneux & des forêts , forme un Chapitre particulier.
Après avoir parlé de ce qu'il y a de plus remar
quable fur la fuperficie du globe terreftre , on s'attache
à donner quelque connoiffance de fon inté →
rieur. On commence par les feux que la terre renferme
dans fon fein , & la deſcription qu'on fait
des plus terribles Volcans , engage à examiner
par quel moyen ces feux peuvent s'entretenir & fe
perpétuer contiuuellement , & on en rend phyfiquement
raifon conformément aux principes que
nous avons d'établis .
On donne une explication fur les caufes générales
des tremblemens de terre , & on rapporte
là- deffus , les différens fentimens des plus célébres
Philofophes de l'Antiquité.
Après avoir prouvé que la terre renferme dans
fon fein une grande quantité de feux , on démontre
avec clarté qu'elle eft également pénétrée de
fouffres , qui , en paffant auprès de ces fournaifes
ardentes , acquiérent une chaleur fenfible. Les fontaines
d'eau chaude minérales , qu'on trouve en
différens endroits , qui pour la plûpart ont des ver-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
as fpécifiques & fingulières , font l'objet d'une
relation fort circonftanciée .
En continuant d'examiner l'intérieur du Globe ,
on fait obferver évidemment que l'eau qui le pénétre
de toutes parts , l'emporte de beaucoup fur
le feu qu'il renferme , ce qui eft juſtifié par le dérail
qu'on fait des eaux d'un grand nombre de rivieres
, de lacs , & de différentes mers qui vont fe
perdre dans la terre pour reparoître après dans
des lieux fort éloignés.
Enfin , après quelques obfervations particulieres
fur les parties qui conftituent le globe terreſtre
on conclut par un traité fort curieux des
changemens qui y arrivent , ou qui y font arrivés.
L'Hiftoire Minérale & Métallique fait le fujet
du quatriéme volume. On propofe d'abord un fentiment
fur la génération du fel , après quoi on en
examine toutes les propriétés.
On fait mention de toutes les minieres qui nous
font connues , auffi bien que de tous les endroits
où l'on tire du fel.
La formation du fable , & les différences qui
s'y rencontrent , font l'objet d'un article curieux .
On paffe immédiatement à la compofition des
autres corps fecs , plus confidérables par leur
grandeur ; tels que font les pierres , tant opaques
que transparentes. Les premieres font d'abord le
fujet de nos recherches physiques , & on donne
des raifons fur leur production.
A la fuite de tous ces récits , on trouve un fyltême
tout- à- fait neuf, fur l'aiman , par le moyen
duquel on peut facilement rendre des raisons probables
de tous les phénomènes que produit cette
merveilleufe pierre.
On traite en particulier de la génération des
Métaux & des Minéraux , dont on explique la naJANVIER.
1764. 201
ure & la compofition , & on finit par l'hiftoire
exacte des pays & des mines où ils fe trouvent.
Le cinquième volume renferme une hypothèſe
nouvelle , touchant le flux & reflux de la mer , où
l'on raifonne d'une manière fenfible , d'un effet
auffi merveilleux ; effet dont on a peu pénétré jufqu'aujourd'hui
les véritables cauſes.
On s'attache enſuite à connoître ce qui peut
occafionner les tempêtes & les autres météores de
la mer les exemples qu'on rapporte là - deffus ,
prouvent non feulement la vérité de ce qui a été
avancé ; mais ils donnent encore de parfaites
connoiffances de ce qui peut produire les mouve
mens orageux de cet élément .
Après cet examen on explique de quelle maniere
fe forment les pluyes ordinaires , & on rend
raifon de celles qu'on ne confidere que comme
furnaturelles , qui font par exemple , les pluyes
de fang , de pierre , d'animaux , de cuivre , &c, ce
qui fait le fujet d'une defcription fort détaillée .
La matière conduit infenfiblement à parler de
l'origine des fources , des rivières , des lacs & des
fontaines. Ce qui fuit , préſente une relation trèsamufante
de tout ce qu'il y a de plus curieux dans
le genre des liquides , c'eſt-à-dire , des lacs , des
fontaines & des viviers qui ont quelque propriété
fingulière.
On fait une recherche phyfique des Végétaux ,
& on donne fur leur génération un ſyſtême particuliers
après quoi on en vient à un autre examen ,
fçavoir , fi les plantes peuvent avoir du fentiment ,
& quel peut être en lui- même ce fentiment : on
termine cette digreffion par un récit de toutes
celles qui peuvent évidemment le prouver.
L'hiftoire particuliere de ce qu'il y a fur la terre
de plus remarquable en ce genre ; la deſcription
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
des Coralloïdes , & de beaucoup d'autres plantes
marines , jointe à celle de quelques Végétaux qui
Le pétrifient , fait la conclufion de ce volume.
Dans le fixiéme on éclaircit d'abord une matière
très-obfcure en elle - même ; c'eft la génération des
animaux. On commence par examiner celle des
quadrupedes. Après avoir expofé le fentiment
de nos Modernes fur la génération , on faitvoir
évidemment , combien tous fe font écartés des lumieres
que le célébre Harvée avoit répandues far
un fujet auffi important.
En fuivant pas à pas ce grand Naturaliſte , on
continue de rechercher avec foin de quelle ma→
niere fe fait la production des volatilles , & o
prouve par des expériences réitérées , que l'animal
ne fe manifefte pas par le feul développe
ment de fes parties , quoiqu'infiniment petites &
très-exiftantes , comme on le foutient hautement
aujourd'hui ; mais qu'elles font toutes en général
formées & perfectionnées fucceffivement.
On traite auffi en particulier de la génération:
des reptiles , des poiffons , des huîtres , & de quelques
autres coquillages. L'hiftoire fuivie de tout
ce qu'il y a de plus curieux dans ces différens gen
res d'animaux , fait le fujet de plufieurs Chapitres
intéreffans .
Les Infectes connus , auffi bien que ceux qui ne
font vifibles que par le fecours du microſcope
deviennent à leur tour l'objet d'un Article particulier.
Après avoir examiné en quoi confifte l'inftinet
& le difcernement , on paffe aux preuves dufen
timent des Bétes ; c'eft dans cette digreffion fufceptible
de toute la curiofité d'un vrai Phyficien
qu'on prouve par un grand nombre d'exemples,
l'abfurdité du Cartéfianiſme fur ce point,
JANVIER . 1764. 203
Enfin on trouve dans ce feptiéme & dernier
volume , un ſyſtême nouveau fur la nature & l'origine
des vents en général , & on donne à la
fuite des obfervations particulières fur les vents
réguliers qui foufflent communément vers certains
endroits , dans certaines faifons de l'année
tels que font les alifées , les mouffons , &
plufieurs autres.
:
On termine par un Traité particulier , ou
on examine fcrupuleufement & dans le plus
grand détail quelles peuvent être les cauſes
de l'amitié & de l'inimitié qui régnent entre les
hommes.
On conclut cet Ouvrage par une differtation
particulière dont l'homme feul eft l'objet , où on
le confidère exactement dans toute l'étendue de
fa définition , c'eſt - â-dire comme animal & con
me raiſonnable.
Cet Ouvrage fera propofé par foufcriptions.
Fermer
Résumé : SUPPLÉMENT aux Nouv. Littéraires. ANNONCE d'une Histoire Naturelle à l'imitation de PLINE ; précédée d'un nouveau systême de Physique, sur les Principes de la Nature, pour rendre raison des effets les plus curieux, & les plus extraordinaires, qui se trouvent depuis la hauteur des Cieux jusqu'au centre de la Terre. Cet Ouvrage formera sept volumes in-4°. il sera orné de planches & de figures concernant l'Histoire Naturelle.
Le document annonce une Histoire Naturelle en sept volumes, inspirée par Pline, précédée d'un nouveau système de physique expliquant les phénomènes naturels depuis les cieux jusqu'au centre de la Terre. Le premier volume, divisé en deux parties, expose les principes physiques de l'auteur et réfute le matérialisme ainsi que certaines opinions modernes. Il traite des éléments sensibles (air, eau, terre) produits par la matière éthérée, des qualités élémentaires, du feu, de la lumière, des sensations et des esprits animaux. La seconde partie examine le mouvement, son principe et sa cause, en opposition à l'opinion des Cartésiens, et prouve que les corps graves peuvent être mus par eux-mêmes ou par des impulsions extérieures. Le second volume aborde l'astronomie, rapportant les observations célestes et adoptant le système d'Archytas, renouvelé par Copernic. Il décrit le soleil, les planètes, les satellites, les comètes et les étoiles fixes, ainsi que les phénomènes atmosphériques comme les foudres et les aurores boréales. Le troisième volume traite de la Terre, considérée comme une planète dans le système solaire. Il explore la composition du globe terrestre, les montagnes, les plaines, les déserts, les forêts, et les phénomènes internes comme les volcans, les tremblements de terre et les sources d'eau chaude. Il conclut par un traité sur les changements géologiques. Le quatrième volume couvre l'histoire minérale et métallique, expliquant la génération du sel, des minéraux, des pierres et des métaux. Il propose un système nouveau sur l'aimant et décrit les mines et les propriétés des métaux. Le cinquième volume présente une hypothèse sur le flux et reflux de la mer, les tempêtes marines et les pluies naturelles ou surnaturelles. Il explore l'origine des sources, des rivières et des lacs. Le sixième volume traite de la génération des animaux, des quadrupèdes, des volatiles, des reptiles, des poissons et des insectes. Il examine également le sentiment et l'instinct des animaux, réfutant le cartésianisme. Le septième et dernier volume propose un système nouveau sur la nature et l'origine des vents, détaillant les vents réguliers comme les alizés et les moussons. Il se conclut par un traité sur les causes des vents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
SUPPLÉMENT aux Nouv. Littéraires. ANNONCE d'une Histoire Naturelle à l'imitation de PLINE ; précédée d'un nouveau systême de Physique, sur les Principes de la Nature, pour rendre raison des effets les plus curieux, & les plus extraordinaires, qui se trouvent depuis la hauteur des Cieux jusqu'au centre de la Terre. Cet Ouvrage formera sept volumes in-4°. il sera orné de planches & de figures concernant l'Histoire Naturelle.