Résultats : 5 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 116-120
Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Début :
J'ay bien affaire du Vitriol, dira cely qui n'aime [...]
Mots clefs :
Vitriol, Vitriol blanc, Physicien, Fermentation, Expérience
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Nouvelle Expériencesur
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
le Vitriol.
J'ay bien affaire du Vitriol.
dira ccluy qui n'aime
que les ouvrages Galants
? J'ay bien affaire de
Galanterie, dira ce vieux
Physicien ?
Moy je dis que j'ay ai:
faire de tout, parce que
je travaille pour tout le
monde. Cecy ferasi vous
voulez pour le Physicien
seul; c'est à luy qu'il faut
demander si cette Expérience
méritéd'être don.
née au Public. Il vous dira
avec raison que les
moindres Expériences en
Physique sont des chemins
ouverts pour arriver
aux plus importantes
découvertes;ainsi il fuffit
pour moy qu'une Expérience
soit vraye ,
&C
qu'elle soit nouvelle : je
tienscelle-ci de Mr Lemery
,
Medecin. Il est
de l' Academie Royale
des Sciences. deVitriolmêlé avec
lefer après une fermentation
mcdiocre
3
produit un Vitriol
vert fmblable au Vitriol naturels
mais quand au lieu dEsprisde
Vitriol onJeJertde l'huile
de VItriol, quieflU partie la
plusacide duVitriol, ilJefait
d'abord une petitefermentation
qui cejfc bien-tofl,quiaprès
quelques jotlrs se renouvelle
fous la forme de fusées blanches
qui s'¡/c'fIent jusques a la
jurjact du liquide3 &toute U
Truffe du fer devient une bouillie
ire.blanche, çy qui al'odeur
de soufre commun. Enfin quand
lafermentationeftcefféej lefer,
au lieu de devenirVitriol verd
comme dans l'opération précédentejdevient
tout d'un coup
Vitriol blanc; &on trouve à
sa surface une poussiere noire
dontilsemble s'être dépoüilJé,
& qui vray-semblablement
l'auroit rendu verd: carquand
on brouille ensemble le Vitriol
blanc&cette poussiere, il acquiert
une teinte de verd.
Ily a pluficurs remarquesa
fairefurceteopération^entrautres
la double fermentation
qui arrive, & dont l'une succedeà
l'autre;& en fécond lieu;)
de ce que par unefeule opération
onfait tout d'un coup du Vitriol
blanc, car onsçait que pour en
avoir, ilfaut calciner le Vitriol
'lJerd, &ensuite le drjJoudre, le
filtrer &faire évaporer la liqueur.
Nous passons ici les raifomemens
pbyfiques, & nous
nous contentons du faitqui est
remarquable.
Fermer
Résumé : Nouvelle Experience sur le Vitriol.
Le texte décrit une expérience impliquant le vitriol, un composé chimique, réalisée par Monsieur Lemery, médecin membre de l'Académie Royale des Sciences. L'expérience consiste à mélanger du vitriol avec du fer, produisant un vitriol vert similaire au vitriol naturel. En utilisant de l'huile de vitriol, la partie la plus acide, une double fermentation se produit. Initialement, une petite fermentation apparaît, suivie de fusées blanches s'élevant à la surface. Le fer se transforme en une bouillie blanche à l'odeur de soufre. Une fois la fermentation terminée, le fer devient du vitriol blanc, avec une poussière noire à la surface qui, mélangée au vitriol blanc, lui donne une teinte verte. L'auteur met en évidence la double fermentation et la transformation rapide du fer en vitriol blanc, un processus habituellement long et complexe. Le texte se concentre sur la description du phénomène observé sans entrer dans les explications physiques détaillées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 1560-1564
Découvertes curieuses dans l'Art de plonger, [titre d'après la table]
Début :
Un Particulier, bon Physicien, bon Mécanicien, et fort versé dans l'Histoire naturelle et [...]
Mots clefs :
Physicien, Plongeurs, Lanterne, Bougie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Découvertes curieuses dans l'Art de plonger, [titre d'après la table]
Un Particulier , bon Physicien , bon Mécani❤
cien , et fort versé dans l'Histoire naturelle et
dans l'Antiquité, a fait plusieurs découvertes con
siderables , sur les differentes manoeuvres et ope,
JJ, Vol rations
JUIN. Iscr 1731.
rations qu'on peut faire sous les eaux , et dans le
plus profond de la mer.
Il assure avoir un moyen infaillible et aisé
pratiquer , pour tirer les plus grands Vaiffeaux
submergez , à quelque profondeur qu'ils soient ,
pourvû toutefois qu'ils ne soient point entie
rement ensevelis dans la vase , ou engagez sous
quelques rochers .
Il assure aussi avoir trouvé un moyen sûr pour
faire agir et maneuvrer des hommes au fond de
la mer pendant plusieurs heures , et opérer sans
presque aucune contrainte ni incommodité.
>
Ce n'est pas tout ; ces-Plongeurs , qui pourront
à tout instant remonter sur la surface des eaux
auront la liberté de boire , de manger sous les
eaux : pendant la nuit ils seront éclairez par une
lanterne allumée , qu'ils porteront ou guideront
eux -mêmes.
Nous sommes bien éloignez de croire toutes
les choses jusqu'à aujourd'hui incroyables que
nous annonçons ici ; mais nous devons rendre té
moignage à la verité , que pour ce dernier fait ,
nous en avons vû l'experience en cette maniere.
M. de V *** voulant nous convaincre qu'
étoit en état de prouver ce qu'il avançoit , nous
mena chez lui , et dans un coin de la Cour de la
maison où il loge , où il y a un tonneau plein
d'eau , défoncé par en haut , il se fit apporter
exac une lanterne de fer blanc , de figure ronde ,
tement fermée , ayant
côté un morceau de
verre pour donner passage à la lumiere. Le corps
à un
de la Lanterne s'emboëte à une base de trois ou
quatre pouces de diamettre ; au milieu est une
bobeche dans laquelle on mit une petite bou
gie allumée , et on rejoignit les deux parties ,
C'est-à-dire , le sol et les parois de la Lanterne
-11. Vol.
G iij . avec
1552 MERCURE DE FRANCE
avec une espece de mastic assez gluant à l'endroit
de la jointure , pourempêcher l'eau d'entrer dans
Ja Lanterne. •
La bougie ainsiallumée et fermée hors de l'eau ,
me dura que l'espace d'un Pater sans s'éteindre :
On aperçoit un peu de fumée qui sort par un très
petit orifice,au haut du Pavillon de la Lanterne.La
bougie entierement éteinte,on ouvrit la Lanterne,
on ralluma la bougie ; et après avoir refermé la
Lanterne, on l'adapta sur le cul d'un seau renver
sé,et on attacha autour du seau des poids de fer et
de plomb pour attirer le tout au fond du tonneau.
Avant que la lanterne fut plongée dans l'eau , la
Lumiere paroissoit vouloir s'éteindre , mais elle
reprit vigueur d'abord que laLanterne fut submer
gée , et elle éclaira très- bien le tonneau pendant
un tems considérable que nous restâmes- là à rai
sonner sur ce phénomene. On aperçoit et on en
tend sur la surface de l'eau , un petit bouillon
nement causé sans doute par ce petit filet
de fumée dont on a parlé. On tira ensuite
la Lanterne hors de l'eau , et la bougie s'é
teignit dans le même espace de tems que la pre
miere fois.
›
M. V*** offre de prouver par des expériences
aussi sensibles , toutes les propositions qu'il fait
dans ce Memoire Il fait plus , il assure avec
grande confiance , que quand il voudra établir
ses principes , et expliquer clairement la méthode
qu'il a imaginée pour les découvertes et les
moyens qu'il propose , à des personnes éclairées
et capables de tirer des consequences , il portera
la possibilité , par ses seuls raisonnemens ,
tel degré d'évidence , qu'on ne lui demandera
ni preuves ni expériences.
à un
Au reste , le Lecteur intelligent , sent assez
127. Vol. sans
JUIN. 1731. 1563
sans que nous nous arrêtions à le lui faire remar
quer , combien ces découvertes seroient utiles , si
elles étoient solidement faites , comme dans les
naufrages , dans la pêche des Perles , & c.
A l'égard de la Lanterne marine , il se peut
faire qu'elle sera plus curieuse qu'elle ne sera
d'un grand usage , attendu qu'il n'y a guere d'oc
casion assez urgente pour faire travailier sous les
caux pendant la nuit, à moins que ce ne fût sur les
rivieres , à reparer quelque pile de Pont qui seroit
en danger , et qu'on voudroit profiter des basses
caux , pour prévenir les suites funestes que peu
vent causer les trop grandes crues d'eau et les dé
bordemens.
Cette Lanterne peut être encore d'un grand se
cours , pour prendre une grande quantité de pois
son pendant un calme qui arrive pendant la nuit ,
à une Flotte , et même à un Navire qui fait un
voyage de long cours , et dont les équipages souf
frent beaucoup , faute de Poissons frais , et d'au
tres bonnes nourritures.
L'Auteur de ces découvertes , à qui nous avons
communiqué ce Mémoire , nous prie d'ajoûter
que les Plongeurs pourront se garantir du froid
et de la morsure de certains poissons , et qu'ils
pourront facilement parcourir et trouver dans le
fond de la mer les choses qu'on y cherche , et
y
faire autant et plus de chemin , et en aussi peu
de tems , qu'un homme en pourroit faire sur la
terre en marchant d'un pas reglé , sans courir, et
même beaucoup plus aisément et sans se fatiguer."
Les Plongeurs dont on parle , auront la liberté de
parcourir avec la même facilité , les montagnes ,
les valées et les plaines maritimes.
Le Sieur Gersaint , Marchand , Pont Notre
11. Vol Giiij Dame,
1564 MERCURE DE FRANCE
Notre Dame , au Grand Monarque , ayant connu
que non- seulement les Curieux ayant goûté les
ornemens qu'il a fait graver d'après Vatteau, mais
même qu'ils étoient d'un grand usage pour les
Peintres , Eventaillistes , Sculpteurs , Orfevres ,
Tapissiers , Brodeurs , &c. a été encouragé à en
faire graver de nouveaux , dont il n'espere pas un
moindre succés. En effet , Vatteau par la ferti
lité de son genie, a si bien réussi en ce genre, et a
sçû si bien ajuster ses sujets à ses ornemens , et
aes ornemens à ses sujets , en variant le tout d'une
maniere infiniment ingénieuse , riante et nou
welle › que l'on peut dire avec justice que jus
ques à present nous n'avons point eû d'ornemens
si galants et si bien imaginés. Voici le détail de
ceux qu'il a mis au jour depuis environ un an.
L'Alliance de la Comedie et de la Musique ,
avec leurs armes et attributs , gravée par M.
Moyreau . Vexus blessée par l'Amour , Plafond ,
par M. Aveline..
Un Clavecin .
cien , et fort versé dans l'Histoire naturelle et
dans l'Antiquité, a fait plusieurs découvertes con
siderables , sur les differentes manoeuvres et ope,
JJ, Vol rations
JUIN. Iscr 1731.
rations qu'on peut faire sous les eaux , et dans le
plus profond de la mer.
Il assure avoir un moyen infaillible et aisé
pratiquer , pour tirer les plus grands Vaiffeaux
submergez , à quelque profondeur qu'ils soient ,
pourvû toutefois qu'ils ne soient point entie
rement ensevelis dans la vase , ou engagez sous
quelques rochers .
Il assure aussi avoir trouvé un moyen sûr pour
faire agir et maneuvrer des hommes au fond de
la mer pendant plusieurs heures , et opérer sans
presque aucune contrainte ni incommodité.
>
Ce n'est pas tout ; ces-Plongeurs , qui pourront
à tout instant remonter sur la surface des eaux
auront la liberté de boire , de manger sous les
eaux : pendant la nuit ils seront éclairez par une
lanterne allumée , qu'ils porteront ou guideront
eux -mêmes.
Nous sommes bien éloignez de croire toutes
les choses jusqu'à aujourd'hui incroyables que
nous annonçons ici ; mais nous devons rendre té
moignage à la verité , que pour ce dernier fait ,
nous en avons vû l'experience en cette maniere.
M. de V *** voulant nous convaincre qu'
étoit en état de prouver ce qu'il avançoit , nous
mena chez lui , et dans un coin de la Cour de la
maison où il loge , où il y a un tonneau plein
d'eau , défoncé par en haut , il se fit apporter
exac une lanterne de fer blanc , de figure ronde ,
tement fermée , ayant
côté un morceau de
verre pour donner passage à la lumiere. Le corps
à un
de la Lanterne s'emboëte à une base de trois ou
quatre pouces de diamettre ; au milieu est une
bobeche dans laquelle on mit une petite bou
gie allumée , et on rejoignit les deux parties ,
C'est-à-dire , le sol et les parois de la Lanterne
-11. Vol.
G iij . avec
1552 MERCURE DE FRANCE
avec une espece de mastic assez gluant à l'endroit
de la jointure , pourempêcher l'eau d'entrer dans
Ja Lanterne. •
La bougie ainsiallumée et fermée hors de l'eau ,
me dura que l'espace d'un Pater sans s'éteindre :
On aperçoit un peu de fumée qui sort par un très
petit orifice,au haut du Pavillon de la Lanterne.La
bougie entierement éteinte,on ouvrit la Lanterne,
on ralluma la bougie ; et après avoir refermé la
Lanterne, on l'adapta sur le cul d'un seau renver
sé,et on attacha autour du seau des poids de fer et
de plomb pour attirer le tout au fond du tonneau.
Avant que la lanterne fut plongée dans l'eau , la
Lumiere paroissoit vouloir s'éteindre , mais elle
reprit vigueur d'abord que laLanterne fut submer
gée , et elle éclaira très- bien le tonneau pendant
un tems considérable que nous restâmes- là à rai
sonner sur ce phénomene. On aperçoit et on en
tend sur la surface de l'eau , un petit bouillon
nement causé sans doute par ce petit filet
de fumée dont on a parlé. On tira ensuite
la Lanterne hors de l'eau , et la bougie s'é
teignit dans le même espace de tems que la pre
miere fois.
›
M. V*** offre de prouver par des expériences
aussi sensibles , toutes les propositions qu'il fait
dans ce Memoire Il fait plus , il assure avec
grande confiance , que quand il voudra établir
ses principes , et expliquer clairement la méthode
qu'il a imaginée pour les découvertes et les
moyens qu'il propose , à des personnes éclairées
et capables de tirer des consequences , il portera
la possibilité , par ses seuls raisonnemens ,
tel degré d'évidence , qu'on ne lui demandera
ni preuves ni expériences.
à un
Au reste , le Lecteur intelligent , sent assez
127. Vol. sans
JUIN. 1731. 1563
sans que nous nous arrêtions à le lui faire remar
quer , combien ces découvertes seroient utiles , si
elles étoient solidement faites , comme dans les
naufrages , dans la pêche des Perles , & c.
A l'égard de la Lanterne marine , il se peut
faire qu'elle sera plus curieuse qu'elle ne sera
d'un grand usage , attendu qu'il n'y a guere d'oc
casion assez urgente pour faire travailier sous les
caux pendant la nuit, à moins que ce ne fût sur les
rivieres , à reparer quelque pile de Pont qui seroit
en danger , et qu'on voudroit profiter des basses
caux , pour prévenir les suites funestes que peu
vent causer les trop grandes crues d'eau et les dé
bordemens.
Cette Lanterne peut être encore d'un grand se
cours , pour prendre une grande quantité de pois
son pendant un calme qui arrive pendant la nuit ,
à une Flotte , et même à un Navire qui fait un
voyage de long cours , et dont les équipages souf
frent beaucoup , faute de Poissons frais , et d'au
tres bonnes nourritures.
L'Auteur de ces découvertes , à qui nous avons
communiqué ce Mémoire , nous prie d'ajoûter
que les Plongeurs pourront se garantir du froid
et de la morsure de certains poissons , et qu'ils
pourront facilement parcourir et trouver dans le
fond de la mer les choses qu'on y cherche , et
y
faire autant et plus de chemin , et en aussi peu
de tems , qu'un homme en pourroit faire sur la
terre en marchant d'un pas reglé , sans courir, et
même beaucoup plus aisément et sans se fatiguer."
Les Plongeurs dont on parle , auront la liberté de
parcourir avec la même facilité , les montagnes ,
les valées et les plaines maritimes.
Le Sieur Gersaint , Marchand , Pont Notre
11. Vol Giiij Dame,
1564 MERCURE DE FRANCE
Notre Dame , au Grand Monarque , ayant connu
que non- seulement les Curieux ayant goûté les
ornemens qu'il a fait graver d'après Vatteau, mais
même qu'ils étoient d'un grand usage pour les
Peintres , Eventaillistes , Sculpteurs , Orfevres ,
Tapissiers , Brodeurs , &c. a été encouragé à en
faire graver de nouveaux , dont il n'espere pas un
moindre succés. En effet , Vatteau par la ferti
lité de son genie, a si bien réussi en ce genre, et a
sçû si bien ajuster ses sujets à ses ornemens , et
aes ornemens à ses sujets , en variant le tout d'une
maniere infiniment ingénieuse , riante et nou
welle › que l'on peut dire avec justice que jus
ques à present nous n'avons point eû d'ornemens
si galants et si bien imaginés. Voici le détail de
ceux qu'il a mis au jour depuis environ un an.
L'Alliance de la Comedie et de la Musique ,
avec leurs armes et attributs , gravée par M.
Moyreau . Vexus blessée par l'Amour , Plafond ,
par M. Aveline..
Un Clavecin .
Fermer
Résumé : Découvertes curieuses dans l'Art de plonger, [titre d'après la table]
Un individu, expert en physique, mécanique, histoire naturelle et antiquité, a réalisé plusieurs découvertes notables concernant les opérations sous-marines. Il affirme posséder un moyen infaillible pour remonter des vaisseaux submergés, à condition qu'ils ne soient pas entièrement ensevelis dans la vase ou coincés sous des rochers. Il a également trouvé un moyen pour permettre à des plongeurs de rester sous l'eau pendant plusieurs heures sans contrainte majeure, et de boire, manger et être éclairés par une lanterne. Pour démontrer ses assertions, M. de V*** a effectué une expérience avec une lanterne étanche. Cette lanterne, allumée et immergée dans un tonneau d'eau, a continué de briller, prouvant ainsi la faisabilité de son invention. M. de V*** propose de prouver toutes ses propositions par des expériences et assure que ses principes seront évidents sans nécessiter de preuves supplémentaires. Les découvertes mentionnées pourraient être utiles en cas de naufrages, pour la pêche aux perles, ou pour des réparations sous-marines. La lanterne marine pourrait également servir à pêcher en pleine nuit. Les plongeurs, protégés du froid et des poissons dangereux, pourraient explorer le fond de la mer avec aisance. Par ailleurs, le Sieur Gersaint, marchand au Pont Notre-Dame, a gravé de nouveaux ornements d'après les œuvres de Vatteau, appréciés par les curieux et utiles pour divers artisans comme les peintres, éventaillistes, sculpteurs, orfèvres, tapissiers et brodeurs. Vatteau est reconnu pour son génie et son ingéniosité dans la création d'ornements galants et bien imaginés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 259-260
EPIGRAMME, Sur le celebre Newton.
Début :
Après que l'on eut lû dans le sacré Valon, [...]
Mots clefs :
Newton, Physicien, Énigme, Génie, Uranie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPIGRAMME, Sur le celebre Newton.
EPIGRAMME,
Sur le celebre Newton.
Après que l'on eut lû dans le sacré Valon ¸-
Les divins Ecrits de Newton ›
Le Dieu des Vers , surpris de ce que la Nature ,
N'étoit plus une Enigme obscure ,
Et que tout étoit dévoilé ,
Parut
260 MERCURE DE FRANCE
Parut étrangement troublé.
Quoi ! dit-il , fumant de colere ,
L'homme n'ignorera donc plus rien !
7
Muses , quelle de vous est assez temeraire
Pour éclairer ainsi ce grand Physicien 2
Appaise ton couroux , repondit Uranie ,
nulle de mes sœurs Scache que
N'a jamais inspiré cet excellent genie ,
C'est la sage Pallas , ô Dieu de l'harmonie
Qui le comble de ses faveurs :
Cette bienfaisante Deesse
Le visite et l'instruit sans cesse
Elle devoile tout à ce sublime esprit ,
Elle dicte , Newton écrit
Sur le celebre Newton.
Après que l'on eut lû dans le sacré Valon ¸-
Les divins Ecrits de Newton ›
Le Dieu des Vers , surpris de ce que la Nature ,
N'étoit plus une Enigme obscure ,
Et que tout étoit dévoilé ,
Parut
260 MERCURE DE FRANCE
Parut étrangement troublé.
Quoi ! dit-il , fumant de colere ,
L'homme n'ignorera donc plus rien !
7
Muses , quelle de vous est assez temeraire
Pour éclairer ainsi ce grand Physicien 2
Appaise ton couroux , repondit Uranie ,
nulle de mes sœurs Scache que
N'a jamais inspiré cet excellent genie ,
C'est la sage Pallas , ô Dieu de l'harmonie
Qui le comble de ses faveurs :
Cette bienfaisante Deesse
Le visite et l'instruit sans cesse
Elle devoile tout à ce sublime esprit ,
Elle dicte , Newton écrit
Fermer
Résumé : EPIGRAMME, Sur le celebre Newton.
L'épigramme célèbre Newton, physicien éclairé par ses lectures. Le Dieu des Vers s'indigne que la Nature soit désormais compréhensible. Uranie, muse de l'astronomie, révèle que Pallas, déesse de la sagesse, inspire et instruit constamment Newton.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 128-147
« EXPÉRIENCES Physico-méchaniques sur différens sujets, & principalement [...] »
Début :
EXPÉRIENCES Physico-méchaniques sur différens sujets, & principalement [...]
Mots clefs :
Physique, Électricité, Expérience, Newton, Almanach, Francis Hauksbee, Effets, Nature, Impulsion, Attraction, Physicien, Cartésiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « EXPÉRIENCES Physico-méchaniques sur différens sujets, & principalement [...] »
EXPÉRIENCES Phyfico - méchaniques
fur différens fujets , & principalement
fur l'Electricité, produites par le frottement
des corps , traduites de l'Anglois de M.
Hauksbée ; par feu M. de Bremond , de
l'Académie royale des Sciences ; revûes ,
mifes au jour , avec un difcours préliminaire
, des remarques & des notes par M.
Defmareft , avec des figures ; 2 vol . in- 12.
A Paris , chez la veuve Cavelier & fils , rue
S. Jacques , au Lys d'or , 1754.
La réputation dont jouiffent en Angleterre
les expériences de M. Hauksbée , le
dégré d'authenticité qu'elles y ont acquis
d'abord & que le tems n'a point affoibli ,
font des titres qui affurent à la traduction
un accueil favorable de tous ceux qui aiment
à puifer dans des fources fûres. Feu
M. de Bremond qui connoiffoit les bons
ouvrages de Phyfique Anglois , & qui étoit
fi zélé pour les faire connoître par fes traductions
, s'attacha dans fes premiers eſſais
DECEMBRE. 1754. 129
aux expériences que nous annonçons ; mais
des travaux plus importans dont le public
a recueilli les fruits , ne lui ont pas permis
de les revoir & de les publier. M. Defmareft
qui s'en eft chargé , a revû & retouché
exactement la traduction , & l'a accompagnée
de notes & de remarques. A mefure
qu'il travailloit fur cet ouvrage , fes
réflexions fe font multipliées , & il les a
développées dans un difcours préliminaire
, qu'il a placé à la tête du recueil. Dans
la premiere fection à laquelle nous nous
bornerons dans cet extrait , M. D. établit les
raifons des principes qui ont guidé M.
Hauksbée dans un grand nombre de fes
expériences , & il mêle à cette difcuffion
quelques détails hiftoriques qui concernent
le Phyficien Anglois . Nous allons commencer
par expofer ces faits en abrégé , &
nous fuivrons enfuite M. Defmareft dans
l'expofition des principes.
M. Hauksbée s'annonça vers 1704 comme
un Phyficien d'une dexterité très- grande
dans le manuel des opérations , & d'une
exactitude fcrupuleufe dans la difcuffion
des phénomenes. Il peut être regardé comme
le premier qui à Londres ait expofé les
phénomenes de la Phyfique expérimentale
aux yeux d'une nation férieufe & capable
de faifir les objets fufceptibles de préciſion .
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
Ce Phyficien ne fe borna pas à préfenter
au public d'anciennes obfervations un peu
rajeunies , ou par le procédé ou par les machines
; il fe fit à lui- même un fonds d'expériences
nouvelles & très- curieuſes , qui
forment le recueil que nous annonçons .
C'étoit auffi le Phyficien de la Société royale.
Cette illuftre compagnie le chargea de
répéter dans plufieurs occafions importantes
des expériences délicates , & il a toujours
juftifié cette diftinction , en ne faifant
pas moins admirer un coup d'oeil fûr
& la fineffe de fon tact , que fa pénétration
& fa fagacité , qualités dont la réunion
forme le phyficien.
Il avoit un grand talent pour toutes les
machines propres aux expériences de Phyfique
, & il en fourniffoit à la Société royale
& aux Sçavans d'Angleterre ; mais il
n'abufoit pas de cette confiance pour faire
de ces machines un objet de commerce
dont il auroit abandonné la direction à des
ignorans. Il veilloit à tout , & tout ce qui
portoit fon nom portoit auffi l'exactitude
& l'empreinte de fon génie. Il réforma
la machine pneumatique ; il inventa une
machine de rotation très -commode pour
communiquer du mouvement aux corps
placés dans le vuide ; il conftruifit un thermometre
que la Societé royale adopta.
DECEMBRE. 1754. 131
Ce mérite n'échappa pas à M. Newton.
M. Hauksbée fut lié étroitement avec ce
grand homme. Un commerce auffi intime
mit notre Phyficien à portée de s'inftruire
des vûes qu'avoit Newton , en introduifant
l'attraction de cobéfion dans la Phyfique
expérimentale ; il lui fournit auffi une occafion
favorable de préfenter à cet illuftre
Géometre des expériences délicates trèspropres
à établir folidement la marche de
l'agent qu'on fubftituoit à la matiere fubtile
, &c . Témoin de la révolution que la
phyfique expérimentale éprouva pour lors
en Angleterre , par rapport à l'attraction de
cohésion , M. Hauksbée ne parut pas pour
lors comme un fpectateur oifif, qui attend
le fuccès pour fe décider, ou comme un
adverfaire incommode, qui ne fçait qu'obfcurcir
les queftions par une métaphyfique
contentieufe : il y prit part , il fit des expériences.
11 fçavoit que les phénomenes pou
voient feuls lui découvrir les loix aufquelles
les attractions étoient foumiſes ; il varia
les obfervations pour en faifir la marche
, & ce fut dans ces vûes qu'il fuivit
avec zéle les expériences fur l'afcenfion
des liqueurs dans les efpaces capillaires ;
expériences qui fe trouvent toutes dans ce
recueil , & dont Newton adopta les plus
curieufes dans fon Traité d'Optique.
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
M. Hauksbée ne s'attacha pas témérairement
au parti naiffant , fans y être entraîné
par des raifons folides . Il confidéra
d'abord , comme l'obſerve M. Deſmareſt ,
que la phyfique expérimentale ne confifte
pas dans la connoiffance fterile des chofes
poffibles , mais qu'elle s'occupe de la difcuffion
des effets réels , & qui peuvent fervir
à notre inſtruction ou à nos befoins, Il
cut foin de la diftinguer de la phyfique
fyftématique qui en retarde les progrès ,
parce qu'elle confond le plus fouvent des
affemblages d'idées abitraites avec des vérités
de fait . Il fe convainquit facilement
que faire des fyftêmes , c'étoit combiner le
plus fouvent ce que la nature nous daigne
montrer , avec ce que notre imagination
croit devoir y fuppléer , fans doute pour
fe dédommager de l'ignorance du vrai , en
fe forgeant une brillante chimere qui lui
en tienne lieu .
Il n'avoit garde au refte de taxer d'inutilité
tous les fyftêmes que l'on a formés
fur différens points de la phyfique expérimentale
; mais il diftingua avec foin l'efprit
fyftématique qui s'occupe à faifir les
rapports mutuels ; les analogies des princi
paux faits qui fe préfentent à fes recherches
, d'avec l'efprit de fyftême qui malheureufement
s'étoit emparé de toute la
P
DECEMBRE. 1754. 133
phyfique , & qui préfuma tout voir , tour
éclaircir , parce qu'il croyoit tout deviner .
M. Hauksbée crut devoir éviter des inconvéniens
qui regardoient les progrès de
la Phyfique ; les vues éclairées qui le guiderent
dans fes demarches , lui firent fentir
qu'un Phyficien devoit confulter plutôt
la nature que fon imagination , être plus
porté à difcuter qu'à décider : auffi s'occupa-
t-il à rechercher les loix conftantes
& uniformes aufquelles les phénomenes
étoient affujettis , à évaluer l'étendue des
effets , perfuadé que rien n'eft bien connu
en phyfique que ce qui eft réduit à des
mefures précifes, & que l'art de mefurer eft
d'autant plus ingénieux qu'on l'applique
à des objets qui en paroiffent moins fufceptibles.
A la lecture des expériences de
M. Hauksbée on reconnoît qu'il fut guidé
par ces principes : il fe contente de développer
ce qu'il a obfervé , d'en indiquer
la liaiſon avec d'autres faits avérés qu'il
rapproche , & il ne fe livre à l'analogie.
que lorfque l'enfemble des circonstances
parle en fa faveur. S'il hazarde des conjectures
il ne les porte pas au- delà des détails
principaux de fes obfervations ; il s'en fert
comme d'échafaudage pour bâtir quelque
chofe de plus folide , où comme de doutes
méthodiques pour fonder la nature ; mais
134 MERCURE DE FRANCE.
il fe fouvient que fes conjectures ne font
pas plus de la phyfique qu'un échafaudage
n'eft un bâtiment , ou que le doute méthodique
n'eft un principe de conduite.
Dans les queſtions de phyfique où les
caufes ne fe décelent par aucun endroit , M.
Hauksbée , difciple éclairé de Newton , fe
borne aux effets , dont il fçait varier les
circonftances pour démêler les loix des
agens inconnus qui concourent à leur production
. Il étoit perfuadé que dans ces
matieres les faits doivent feuls attirer notre
attention , & qu'un Phyficien judicieux
ne s'aventure pas au - delà. Cette prudence ,
cette réferve , fi oppofées à la confiance téméraire
& au charlatanifme de quelques
Phyficiens , M. Hauksbée l'avoit puifée
dans les ouvrages & le commerce de M.
Newton. Un efprit auffi conféquent que ce
grand Géométre , comprit en examinant
une infinité de phénomenes , qu'il falloit
s'en tenir aux faits , & ce fut dans ces vûes
qu'il admit l'auration de cohésion dont nous
avons parlé plus haut .
On obferve dans les petites particules
des corps une tendance à fe réunir. Cette
tendance réciproque qu'elles ont les unes
vers les autres , prefque infenfible lorfque
la diftance eft appréciable , devient d'autant
plus confidérable que le contact eft
DECEMBRE. 1754.
1754 135
plus immédiat & plus étendu . Comme la
caufe de ces mouvemens eft cachée à ceux
qui font de bonne foi , le mot attraction
marque le fait de la tendance . Outre cette
confidération qui détermina Newton à introduire
cette expreffion , il y fut porté
encore lorfqu'il eut été convaincu que les
liquides ne s'attachoient pas aux folides ,
que les gouttes d'eau ne fe réuniffoient
pas par un effet de la preffion d'un fluide
ambiant , dont on les fuppofoit gratuitement
enveloppées. Il prouva que deux
gouttes d'eau ne pouvoient iamais fe réunir
dans cette hypothèfe , parce que la figure
d'une portion de fluide foumiſe à la
preffion uniforme d'un autre fluide ne
pouvoit être altérée par cette preffion.
Newton reconnut d'ailleurs que ces petites
malles s'arrondiffoient par une tendance
fort approchante de celle qui arrondit la
furface immenfe de la mer autour de notre
globe . Enfin ce qui achevoit de convaincre
Newton , c'est que la force néceſſaire
pour un tel arrondiffement eft de beaucoup
fupérieure à celle de la pefanteur ,
puifqu'une goutte de mercure pofée fur
une table s'applatit à peine par le point de
contact.
Suivant ces principes , les faits que l'on
tangea pour lors fous les loix de l'attrac
136 MERCURE DE FRANCE.
tion de cohéfion purent être la matiere
des recherches phyfiques ; mais les Cartéfiens
de ce tems là qui foutenoient l'impulfion
exclufivement à tout autre agent ,
s'oppoferent à l'introduction de cette force
; cependant , fi nous en croyons M. Defmareft
, ce ne fut qu'avec de foibles armes
qu'une métaphysique brillante qui les féduifoit
, leur mit en main. En vain nous
repréfentent- ils le méchanifme de la nature
dépendant de la feule impulfion , il fe
plaint que l'expérience refléchie n'a pas
préfidé à la conftruction d'un auffi beau
plan ; & il avance même que bien loin qu'il
ait été formé d'après ces précautions , c'eſt
en les employant qu'on découvre combien
il eft imaginaire & hazardé.
Newton ne peut diffimuler fes allarmes
en voyant les Phyficiens de fon tems fe
tourmenter inutilement pour réduire tous
les effets à des agens méchaniques. Selon
lui , la fonction des Phyficiens eft de raifonner
fur les faits , d'en fuivre les loix
conftantes , & non d'admettre des cauſes ,
parce qu'ils en peuvent imaginer. Les défenfeurs
de l'impulfion exclufive tomberent
dans ces inconvéniens : ils foumettoient
les opérations les plus cachées de la
nature à des agens invifibles , mais qu'ils
décorerent de propriétés copiées fur des
DECEMBRE. 1754. 137
agens palpables. Fiers de ces reffources , ils
fe vanterent d'être feuls en poffeffion d'un
méchaniſme intelligible , & publierent même
que les Newtoniens ne tendoient à rien
moins qu'à le détruire : c'étoit l'imagination
qui rendoit témoignage à la beauté
de fes productions.
M. Defmareſt foutient au contraire que
tout bien apprécié , les partifans de l'impulfion
exclufive détruifoient le méchanifme
de la nature , & il appuye cette prétention
en faifant obferver , 1 °. que les
impulfionnaires fe trouvent visiblement en
défaut , lorsqu'ils entreprennent d'expliquer
avec une certaine étendue & une certaine
préciſion quelque fait de l'ordre de
ceux que les Newtoniens attribuent à l'attraction.
Il renvoye ceux qui voudront s'en
convaincre, à une hiftoire critique des ſyſtêmes
fur la caufe de l'afcenfion des liqueurs
dans les tubes capillaires , qu'il a
placée dans le fecond volume du recueil.
» Tout impulfionnaire , ajoute - t - il , fait
» voir par fon peu de fuccès , ou qu'il n'y
» a pas de méchaniſme dans la nature , ce
qui eft abfurde , ou qu'il ne le fçait pas
»faifir , ce qui eft palpable. Les attraction-
" naires au contraire font heureux dans les
» détails ; ils nous affignent des loix , des
93
proportions , des analogies , & tout ceci
138 MERCURE DE FRANCE.
"
"
» bien développé nous préſente pour les
effets dont nous venons de parler , le vrai
» méchanifme de la nature : ainfi , nous di-
» fent - ils , les hauteurs d'une même li-
»queur en divers tubes capillaires font en
raifon inverte des diametres de ces tubes.
Les impulfionnaires euffent - ils trouvés
cette analogie par le fecours de leurs
principes compliqués ? elle explique plus
» de chofes , elle préfente plus de lumiere
» que tout le long tiffu des imaginations
cartéfiennes fur les mêmes effets . Ainfi
lorfqu'on fera parvenu ( & on le peut
fans le fecours d'agens méchaniques ) à
découvrir les proportions qui peuvent fe
rencontrer entre les différens phénomenes
, à fixer les limites & l'étendue des
» effets , à fuivre les loix générales qui les
maîtrifent , à en déterminer la marche ,
ne les aura-t-on pas expliqués ? Peut-on
regarder ceux qui font en état de faire
» valoir de tels fuccès , & qui les doivent
» à la maniere dont ils envifagent les phé-
» nomenes , comme ayant un plan de phyfique
barbare & copié fur le péripate-
» tifme ? Peut - on fe perfuader que l'inf-
" trument de leurs découvertes , l'attrac-
» tion , foit une chimere en phyfique &
une qualité occulte ?
n
ל כ
- M. D. appuye cette confidération en reDECEMBRE.
1754. 139
marquant que Diea eft libre de pouvoir
établir plus d'un principe primitif, & que
tout ce qu'il nous plaît de décorer du nom
de caufe , fe réduit en derniere analyſe à
une maniere d'agir de la part de Dieu , par
laquelle il s'eft affujetti très- librement à
donner de l'activité à quelque loi conftante
: c'eſt , ajoute - t - il , la découverte de
cette loi qui doit faire l'objet de nos recherches
& la gloire de nos fuccès .
En 3 lieu , notre Editeur confidere qu'on
n'a pu refufer d'admettre l'exiſtence de la
pefanteur comme une force particuliere ,
quoiqu'on n'ait pu trouver jufqu'à préfent
un méchanifme d'impulfion fatisfaifant
qui donnât le dénouement des différens
phénomenes de la pefanteur. Galilée luimême
n'a découvert les loix de l'accélération
qu'en fouftrayant tour Auide , toute
impulfion ; & quelques impulfionnaires
rigides qui ont tenté d'introduire dans cette
queftion leur machine favorite , ont contredit
les loix découvertes par Galilée .
Voilà un abus & en même tems une impuiffance
de l'impulfion bien avérées.
De toutes ces raifons M. D. conclut que
les attractionnaires , en fuivant les phenomenes
& s'y bornant , s'en tiennent à des
évaluations précifes qui aftreignent les effets
à des loix exactes. Il ne diffimule pas
140 MERCURE DE FRANCE.
qu'elles laiffent quelque obfcurité dont
l'imagination peut s'allarmer : » mais ne
» vaut - il pas mieux , dit- il , préférer des
traits lumineux & vifs accompagnés de.
» certains nuages qui les enveloppent , à des
» opinions qui faififfent par un air de clarté,
mais certainement fauffes , à un ſyſ-
» tême brillant & intelligible , mais qui
» n'eft qu'une illufion ? Des faits finguliers
» fe préfentent à nous , nous en étudions.
» les rapports , nous n'allons pas d'abord
au- delà , ayant lieu de reconnoître par
expérience que la nature nous montre
» infenfiblement fes fecrets & ne fe décou-
» vre à nous que fous de très petites faces.
Une affinité , une attraction fera pour
moi un effet dont je chercherai à varier
les circonftances & à établir les loix en
» les ramenant à des précifions folides &
» inftructives ; tandis que pour ceux qui
» veulent rapporter à des agens fubordonnés
d'un méchanifme intelligible , ce fera
un paradoxe , une fource de contradictions
& d'erreurs .
Les Cartéfiens qui ne faifirent pas les
vûes de Newton & de fes difciples, crurent
qu'ils vouloient ramener les qualités occultes
du péripatetiſme ; mais il eit aifé de ſe
convaincre que l'attraction de cohésion ,
dont M. Hauksbée a obſervé les loix dans
DECEMBRE. 1754.141
plufieurs expériences délicates , étoient
aufli manifeftes que les qualités des péripatéticiens
étoient cachées. Ces difcoureurs
oififs abandonnoient la conſidération
des effets qu'ils auroient dû difcuter , pour
imaginer & fuppofer des caufes dont ils
n'avoient nulle idée ; bien différens en cela
des Newtoniens , qui fe bornent aux phé
nomenes & qui en examinent fcrupuleufement
les différentes circonftances. Les
Cartéfiens au contraire n'étoient - ils pas
plus dans le cas du péripatetifme , puifqu'on
ne peut diffimuler que dans beaucoup
de queftions ils ne fuppofent des
agens très-occultes , & dans leur nature &
dans leurs fonctions ? M.D. cite pour exem
ple la Phyfique de Regis , où la plupart des
phénomenes font expliqués d'une maniere
ennuyeufe& monotone , par l'entremise de
la matiere fubtile , & c.
Par rapport à l'obfcurité qui environne
la maniere d'agir de l'attraction , on peut
répondre que l'impulfion n'eft pas fans
difficulté , & dès lors ces deux forces fe
trouveront à peu près au même niveau , fi
on les confidere d'une vûe métaphysique :
cependant M. Defmareſt voudroit qu'on
fût réfervé dans l'application de l'attrac
tion aux phénomenes . Il ne fuffit pas , fe
lon lui , d'annoncer cette force comme
142 MERCURE DE FRANCE.
caufe d'un effet , pour avoir fatisfait à ce que
les progrès de la phyfique demandent de
nous ; on ne peut y avoir recours qu'en indiquant
les loix qu'elle fuit dans les effets
qu'on lui foumet ; & en général il faut
plus s'appliquer à approfondir les loix de
cet agent qu'à étendre fon empire fans
fpécifier fes droits. Nous parlerons du
corps de l'ouvrage dans le Mercure prochain.
On trouvera dans le difcours que nous
venons d'extraire , un ftyle net & concis ,
de grandes recherches , des principes lumineux
, une Logique exacte. L'Auteur ,
homme appliqué , modefte , vertueux , a
des connoiffances qui devroient le faire
rechercher par les gens en place.
La pratique univerfelle pour la renovation
des terriers & des droits feigneuriaux
, contenant les queftions les plus importantes
fur cette matiere , & leurs déci
fions , tant pour les pays coutumiers que
ceux régis par le Droit écrit ; Ouvrage utile
à tous les Seigneurs , tant laïques qu'eccléfiaftiques
, à leurs Intendans , Gens d'affaires
, Receveurs & Régiffeurs , de même
qu'aux Notaires & Commiffaires à terriers
& autres Officiers : dans lequel on trouvera
tout ce qui eft néceffaire de fçavoir concer
C
DECEMBRE. 1754. 143
nant les péages & leur établiffement; les foires
& marchés , & leur origine ; les che
mins , les fleuves & rivieres ; la pêche , tant
des rivieres navigables que des étangs ; la
chaffe & fon origine ; les garennes , les
colombiers , & tout ce qui doit être pratiqué
fur ces objets par les Apanagiftes ,
Engagiftes , Douairiers , Ufufruitiers , Bénéficiers
, Commandeurs de Malthe , Communautés
eccléfiaftiques & laïques , & tous
gens de main- morte , Seigneurs particuliers
; le tout accompagné de modeles &
ftyles des procès verbaux de délits , faifies
& reconnoiffances à terriers. Par M. Edme
de la Poix de Frémenville , Bailli des ville
& Marquifat de la Paliffe , Commiffaire
aux droits feigneuriaux ; in-4°. A Paris ,
chez Giffey , rue de la Vieille Bouclerie , à
l'Arbre de Jeffé .
Cet ouvrage eft fi connu & fi néceffaire,
qu'il fuffit de l'annoncer pour le faire rechercher.
DICTIONNAIRE portatif des Théatres ,
contenant l'origine des différens théatres
de Paris ; le nom de toutes les pieces qui
y ont été repréſentées depuis leur établiſ
fement , & des pieces jouées en province ,
ou qui ont fimplement paru par la voie de
l'impreffion depuis plus de trois fiécles ;
134 MERCURE DE FRANCE.
avec des anecdotes & des remarques fur la
plûpart. Le nom & les particularités intéreffantes
de la vie des Auteurs , Muſiciens ,
& Acteurs ; avec le catalogue de leurs ouvrages
, & l'expofé de leurs talens. Une
chronologie des Auteurs , des Muficiens &
des Opéra ; avec une chronologie des pieces
qui ont paru depuis vingt- cinq ans. A
Paris , chez Jombert , rue Dauphine , à
l'image Notre -Dame , 1754 , in- 8 ° . 1 vol.
petit caractere , prix cinq livres.
Quelques corrections & des additions
qu'on vient de joindre à ce Dictionnaire ,
le rendent encore plus intéreffant , & nous
engagent à l'annoncer de nouveau . On
peut voir ce que nous en avons déja dit
dans le Mercure du mois de Septembre de
cette année .
TOUTE la France connoit le plan d'une
Maifon d'affociation . Il a rendu refpectable
M. de Chamouffet aux yeux même de
ceux qui ont trouvé fes idées chimeriques.
Cet excellent citoyen vient de répondre à
une critique qui a été faite de fon projet.
Sa lettre qui eft de feize pages in - 4° , eft
écrite avec cette force de raifonnement que
pouvoit lui donner la bonté de fa caufe , &
avec cette chaleur de fentiment dont il a
déja donné tant de preuves.
MÉMOIRES
DECEMBRE . 1754 145
MÉMOIRES du Marquis de Benavidès ,
dédiés à S. A. S. Madame la Ducheffe d'Orléans
; par M. le Chevalier de Mouhy , de
'Académie des Belles- Lettres de Dijon ;
eroifieme & quatrieme parties. A Paris ,
chez Jorry , quai des Auguftins ; & chez
Duchefne , rue S. Jacques , 1754.
On trouvera dans ce Roman de grands
fentimens , & un ftyle convenable au fujet.
DUCHESNE , Libraire , rue S. Jacques ,
au Temple du Goût , vient de réimprimer
'Architecture des voûtes , ou l'art des traits
& coupes des voûtes . Par le Pere Derand
Jéfuite. Cet ouvrage qui jouit d'une grande
réputation , & dont on a retouché les
planches , eft très - néceffaire à tous les Architectes
, Maîtres Maçons , Appareilleurs ,
Tailleurs de pierre , & à tous ceux qui fe
mêlent de l'Architecture militaire,
Le même Libraire diftribue pour l'année
1755 , les Almanachs fuivans.
Les Spectacles de Paris , ou Calendrier
hiftorique & chronologique de tous les
théatres : quatrieme partie , 1755. Chaque
partie fe vend féparément.
La France littéraire , ou Almanach des
beaux Arts , contenant les noms & ouvra
ges de tous les Auteurs François qui vivent
actuellement.
I. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
Almanach des Corps des Marchands ,
arts , métiers & communautés du royaume.
Almanach eccléfiaftique & hiftorique.
Almanach de perte & gain , avec une
table alphabétique de tous les Jeux qui fe
jouent en Europe.
Almanach danfant , chantant.
Almanach chantant du beau fexe , ou
nouvelle Ethomancie des Dames.
Almanach chantant , ou nouvelles allégories
& autres chanfons fur tout ce qui
appartient au Calendrier .
Nouvelle Lotterie d'Etrennes magiques.
Deux Almanachs de Fables en Vaudevilles.
Le Noftradamus moderne , en Vaudevilles
.
Nouveau Calendrier du deftin , précédé
de tous les amufemens de Paris .
Nouvelles tablettes de Thalie , ou les
promenades de Paris.
L'Oracle de Cythere , ou l'Almanach du
Berger.
Etrennes des Amans .
Almanach des Francs- Maçons .
La Bagatelle ou Etrennes à tout le monde .
GISSEY , rue de la vieille Bouclerie ,
à l'arbre de Jeffé , donne pour l'année 1755 ,
les deux Almanachs fuivans.
DECEMBRE . 1754 147
Etrennes hiftoriques , ou mêlange curieux
pour l'année 1755 , contenant plufieurs
remarques de chronologie & d'hiftoire
; enſemble les naiffances & morts
des Rois , Reines , Princes & Princeffes de
l'Europe , accompagnées d'époques & de
remarques que l'on ne trouve point dans
les autres calendriers ; avec un recueil de
diverfes matieres variées , utiles , curieufes
& amufantes .
Almanach des curieux pour la même
année , où les curieux trouveront la réponſe
agréable des demandes les plus divertiffantes
, pour fe réjouir dans les compagnies.
fur différens fujets , & principalement
fur l'Electricité, produites par le frottement
des corps , traduites de l'Anglois de M.
Hauksbée ; par feu M. de Bremond , de
l'Académie royale des Sciences ; revûes ,
mifes au jour , avec un difcours préliminaire
, des remarques & des notes par M.
Defmareft , avec des figures ; 2 vol . in- 12.
A Paris , chez la veuve Cavelier & fils , rue
S. Jacques , au Lys d'or , 1754.
La réputation dont jouiffent en Angleterre
les expériences de M. Hauksbée , le
dégré d'authenticité qu'elles y ont acquis
d'abord & que le tems n'a point affoibli ,
font des titres qui affurent à la traduction
un accueil favorable de tous ceux qui aiment
à puifer dans des fources fûres. Feu
M. de Bremond qui connoiffoit les bons
ouvrages de Phyfique Anglois , & qui étoit
fi zélé pour les faire connoître par fes traductions
, s'attacha dans fes premiers eſſais
DECEMBRE. 1754. 129
aux expériences que nous annonçons ; mais
des travaux plus importans dont le public
a recueilli les fruits , ne lui ont pas permis
de les revoir & de les publier. M. Defmareft
qui s'en eft chargé , a revû & retouché
exactement la traduction , & l'a accompagnée
de notes & de remarques. A mefure
qu'il travailloit fur cet ouvrage , fes
réflexions fe font multipliées , & il les a
développées dans un difcours préliminaire
, qu'il a placé à la tête du recueil. Dans
la premiere fection à laquelle nous nous
bornerons dans cet extrait , M. D. établit les
raifons des principes qui ont guidé M.
Hauksbée dans un grand nombre de fes
expériences , & il mêle à cette difcuffion
quelques détails hiftoriques qui concernent
le Phyficien Anglois . Nous allons commencer
par expofer ces faits en abrégé , &
nous fuivrons enfuite M. Defmareft dans
l'expofition des principes.
M. Hauksbée s'annonça vers 1704 comme
un Phyficien d'une dexterité très- grande
dans le manuel des opérations , & d'une
exactitude fcrupuleufe dans la difcuffion
des phénomenes. Il peut être regardé comme
le premier qui à Londres ait expofé les
phénomenes de la Phyfique expérimentale
aux yeux d'une nation férieufe & capable
de faifir les objets fufceptibles de préciſion .
Fv
130 MERCURE DE FRANCE.
Ce Phyficien ne fe borna pas à préfenter
au public d'anciennes obfervations un peu
rajeunies , ou par le procédé ou par les machines
; il fe fit à lui- même un fonds d'expériences
nouvelles & très- curieuſes , qui
forment le recueil que nous annonçons .
C'étoit auffi le Phyficien de la Société royale.
Cette illuftre compagnie le chargea de
répéter dans plufieurs occafions importantes
des expériences délicates , & il a toujours
juftifié cette diftinction , en ne faifant
pas moins admirer un coup d'oeil fûr
& la fineffe de fon tact , que fa pénétration
& fa fagacité , qualités dont la réunion
forme le phyficien.
Il avoit un grand talent pour toutes les
machines propres aux expériences de Phyfique
, & il en fourniffoit à la Société royale
& aux Sçavans d'Angleterre ; mais il
n'abufoit pas de cette confiance pour faire
de ces machines un objet de commerce
dont il auroit abandonné la direction à des
ignorans. Il veilloit à tout , & tout ce qui
portoit fon nom portoit auffi l'exactitude
& l'empreinte de fon génie. Il réforma
la machine pneumatique ; il inventa une
machine de rotation très -commode pour
communiquer du mouvement aux corps
placés dans le vuide ; il conftruifit un thermometre
que la Societé royale adopta.
DECEMBRE. 1754. 131
Ce mérite n'échappa pas à M. Newton.
M. Hauksbée fut lié étroitement avec ce
grand homme. Un commerce auffi intime
mit notre Phyficien à portée de s'inftruire
des vûes qu'avoit Newton , en introduifant
l'attraction de cobéfion dans la Phyfique
expérimentale ; il lui fournit auffi une occafion
favorable de préfenter à cet illuftre
Géometre des expériences délicates trèspropres
à établir folidement la marche de
l'agent qu'on fubftituoit à la matiere fubtile
, &c . Témoin de la révolution que la
phyfique expérimentale éprouva pour lors
en Angleterre , par rapport à l'attraction de
cohésion , M. Hauksbée ne parut pas pour
lors comme un fpectateur oifif, qui attend
le fuccès pour fe décider, ou comme un
adverfaire incommode, qui ne fçait qu'obfcurcir
les queftions par une métaphyfique
contentieufe : il y prit part , il fit des expériences.
11 fçavoit que les phénomenes pou
voient feuls lui découvrir les loix aufquelles
les attractions étoient foumiſes ; il varia
les obfervations pour en faifir la marche
, & ce fut dans ces vûes qu'il fuivit
avec zéle les expériences fur l'afcenfion
des liqueurs dans les efpaces capillaires ;
expériences qui fe trouvent toutes dans ce
recueil , & dont Newton adopta les plus
curieufes dans fon Traité d'Optique.
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
M. Hauksbée ne s'attacha pas témérairement
au parti naiffant , fans y être entraîné
par des raifons folides . Il confidéra
d'abord , comme l'obſerve M. Deſmareſt ,
que la phyfique expérimentale ne confifte
pas dans la connoiffance fterile des chofes
poffibles , mais qu'elle s'occupe de la difcuffion
des effets réels , & qui peuvent fervir
à notre inſtruction ou à nos befoins, Il
cut foin de la diftinguer de la phyfique
fyftématique qui en retarde les progrès ,
parce qu'elle confond le plus fouvent des
affemblages d'idées abitraites avec des vérités
de fait . Il fe convainquit facilement
que faire des fyftêmes , c'étoit combiner le
plus fouvent ce que la nature nous daigne
montrer , avec ce que notre imagination
croit devoir y fuppléer , fans doute pour
fe dédommager de l'ignorance du vrai , en
fe forgeant une brillante chimere qui lui
en tienne lieu .
Il n'avoit garde au refte de taxer d'inutilité
tous les fyftêmes que l'on a formés
fur différens points de la phyfique expérimentale
; mais il diftingua avec foin l'efprit
fyftématique qui s'occupe à faifir les
rapports mutuels ; les analogies des princi
paux faits qui fe préfentent à fes recherches
, d'avec l'efprit de fyftême qui malheureufement
s'étoit emparé de toute la
P
DECEMBRE. 1754. 133
phyfique , & qui préfuma tout voir , tour
éclaircir , parce qu'il croyoit tout deviner .
M. Hauksbée crut devoir éviter des inconvéniens
qui regardoient les progrès de
la Phyfique ; les vues éclairées qui le guiderent
dans fes demarches , lui firent fentir
qu'un Phyficien devoit confulter plutôt
la nature que fon imagination , être plus
porté à difcuter qu'à décider : auffi s'occupa-
t-il à rechercher les loix conftantes
& uniformes aufquelles les phénomenes
étoient affujettis , à évaluer l'étendue des
effets , perfuadé que rien n'eft bien connu
en phyfique que ce qui eft réduit à des
mefures précifes, & que l'art de mefurer eft
d'autant plus ingénieux qu'on l'applique
à des objets qui en paroiffent moins fufceptibles.
A la lecture des expériences de
M. Hauksbée on reconnoît qu'il fut guidé
par ces principes : il fe contente de développer
ce qu'il a obfervé , d'en indiquer
la liaiſon avec d'autres faits avérés qu'il
rapproche , & il ne fe livre à l'analogie.
que lorfque l'enfemble des circonstances
parle en fa faveur. S'il hazarde des conjectures
il ne les porte pas au- delà des détails
principaux de fes obfervations ; il s'en fert
comme d'échafaudage pour bâtir quelque
chofe de plus folide , où comme de doutes
méthodiques pour fonder la nature ; mais
134 MERCURE DE FRANCE.
il fe fouvient que fes conjectures ne font
pas plus de la phyfique qu'un échafaudage
n'eft un bâtiment , ou que le doute méthodique
n'eft un principe de conduite.
Dans les queſtions de phyfique où les
caufes ne fe décelent par aucun endroit , M.
Hauksbée , difciple éclairé de Newton , fe
borne aux effets , dont il fçait varier les
circonftances pour démêler les loix des
agens inconnus qui concourent à leur production
. Il étoit perfuadé que dans ces
matieres les faits doivent feuls attirer notre
attention , & qu'un Phyficien judicieux
ne s'aventure pas au - delà. Cette prudence ,
cette réferve , fi oppofées à la confiance téméraire
& au charlatanifme de quelques
Phyficiens , M. Hauksbée l'avoit puifée
dans les ouvrages & le commerce de M.
Newton. Un efprit auffi conféquent que ce
grand Géométre , comprit en examinant
une infinité de phénomenes , qu'il falloit
s'en tenir aux faits , & ce fut dans ces vûes
qu'il admit l'auration de cohésion dont nous
avons parlé plus haut .
On obferve dans les petites particules
des corps une tendance à fe réunir. Cette
tendance réciproque qu'elles ont les unes
vers les autres , prefque infenfible lorfque
la diftance eft appréciable , devient d'autant
plus confidérable que le contact eft
DECEMBRE. 1754.
1754 135
plus immédiat & plus étendu . Comme la
caufe de ces mouvemens eft cachée à ceux
qui font de bonne foi , le mot attraction
marque le fait de la tendance . Outre cette
confidération qui détermina Newton à introduire
cette expreffion , il y fut porté
encore lorfqu'il eut été convaincu que les
liquides ne s'attachoient pas aux folides ,
que les gouttes d'eau ne fe réuniffoient
pas par un effet de la preffion d'un fluide
ambiant , dont on les fuppofoit gratuitement
enveloppées. Il prouva que deux
gouttes d'eau ne pouvoient iamais fe réunir
dans cette hypothèfe , parce que la figure
d'une portion de fluide foumiſe à la
preffion uniforme d'un autre fluide ne
pouvoit être altérée par cette preffion.
Newton reconnut d'ailleurs que ces petites
malles s'arrondiffoient par une tendance
fort approchante de celle qui arrondit la
furface immenfe de la mer autour de notre
globe . Enfin ce qui achevoit de convaincre
Newton , c'est que la force néceſſaire
pour un tel arrondiffement eft de beaucoup
fupérieure à celle de la pefanteur ,
puifqu'une goutte de mercure pofée fur
une table s'applatit à peine par le point de
contact.
Suivant ces principes , les faits que l'on
tangea pour lors fous les loix de l'attrac
136 MERCURE DE FRANCE.
tion de cohéfion purent être la matiere
des recherches phyfiques ; mais les Cartéfiens
de ce tems là qui foutenoient l'impulfion
exclufivement à tout autre agent ,
s'oppoferent à l'introduction de cette force
; cependant , fi nous en croyons M. Defmareft
, ce ne fut qu'avec de foibles armes
qu'une métaphysique brillante qui les féduifoit
, leur mit en main. En vain nous
repréfentent- ils le méchanifme de la nature
dépendant de la feule impulfion , il fe
plaint que l'expérience refléchie n'a pas
préfidé à la conftruction d'un auffi beau
plan ; & il avance même que bien loin qu'il
ait été formé d'après ces précautions , c'eſt
en les employant qu'on découvre combien
il eft imaginaire & hazardé.
Newton ne peut diffimuler fes allarmes
en voyant les Phyficiens de fon tems fe
tourmenter inutilement pour réduire tous
les effets à des agens méchaniques. Selon
lui , la fonction des Phyficiens eft de raifonner
fur les faits , d'en fuivre les loix
conftantes , & non d'admettre des cauſes ,
parce qu'ils en peuvent imaginer. Les défenfeurs
de l'impulfion exclufive tomberent
dans ces inconvéniens : ils foumettoient
les opérations les plus cachées de la
nature à des agens invifibles , mais qu'ils
décorerent de propriétés copiées fur des
DECEMBRE. 1754. 137
agens palpables. Fiers de ces reffources , ils
fe vanterent d'être feuls en poffeffion d'un
méchaniſme intelligible , & publierent même
que les Newtoniens ne tendoient à rien
moins qu'à le détruire : c'étoit l'imagination
qui rendoit témoignage à la beauté
de fes productions.
M. Defmareſt foutient au contraire que
tout bien apprécié , les partifans de l'impulfion
exclufive détruifoient le méchanifme
de la nature , & il appuye cette prétention
en faifant obferver , 1 °. que les
impulfionnaires fe trouvent visiblement en
défaut , lorsqu'ils entreprennent d'expliquer
avec une certaine étendue & une certaine
préciſion quelque fait de l'ordre de
ceux que les Newtoniens attribuent à l'attraction.
Il renvoye ceux qui voudront s'en
convaincre, à une hiftoire critique des ſyſtêmes
fur la caufe de l'afcenfion des liqueurs
dans les tubes capillaires , qu'il a
placée dans le fecond volume du recueil.
» Tout impulfionnaire , ajoute - t - il , fait
» voir par fon peu de fuccès , ou qu'il n'y
» a pas de méchaniſme dans la nature , ce
qui eft abfurde , ou qu'il ne le fçait pas
»faifir , ce qui eft palpable. Les attraction-
" naires au contraire font heureux dans les
» détails ; ils nous affignent des loix , des
93
proportions , des analogies , & tout ceci
138 MERCURE DE FRANCE.
"
"
» bien développé nous préſente pour les
effets dont nous venons de parler , le vrai
» méchanifme de la nature : ainfi , nous di-
» fent - ils , les hauteurs d'une même li-
»queur en divers tubes capillaires font en
raifon inverte des diametres de ces tubes.
Les impulfionnaires euffent - ils trouvés
cette analogie par le fecours de leurs
principes compliqués ? elle explique plus
» de chofes , elle préfente plus de lumiere
» que tout le long tiffu des imaginations
cartéfiennes fur les mêmes effets . Ainfi
lorfqu'on fera parvenu ( & on le peut
fans le fecours d'agens méchaniques ) à
découvrir les proportions qui peuvent fe
rencontrer entre les différens phénomenes
, à fixer les limites & l'étendue des
» effets , à fuivre les loix générales qui les
maîtrifent , à en déterminer la marche ,
ne les aura-t-on pas expliqués ? Peut-on
regarder ceux qui font en état de faire
» valoir de tels fuccès , & qui les doivent
» à la maniere dont ils envifagent les phé-
» nomenes , comme ayant un plan de phyfique
barbare & copié fur le péripate-
» tifme ? Peut - on fe perfuader que l'inf-
" trument de leurs découvertes , l'attrac-
» tion , foit une chimere en phyfique &
une qualité occulte ?
n
ל כ
- M. D. appuye cette confidération en reDECEMBRE.
1754. 139
marquant que Diea eft libre de pouvoir
établir plus d'un principe primitif, & que
tout ce qu'il nous plaît de décorer du nom
de caufe , fe réduit en derniere analyſe à
une maniere d'agir de la part de Dieu , par
laquelle il s'eft affujetti très- librement à
donner de l'activité à quelque loi conftante
: c'eſt , ajoute - t - il , la découverte de
cette loi qui doit faire l'objet de nos recherches
& la gloire de nos fuccès .
En 3 lieu , notre Editeur confidere qu'on
n'a pu refufer d'admettre l'exiſtence de la
pefanteur comme une force particuliere ,
quoiqu'on n'ait pu trouver jufqu'à préfent
un méchanifme d'impulfion fatisfaifant
qui donnât le dénouement des différens
phénomenes de la pefanteur. Galilée luimême
n'a découvert les loix de l'accélération
qu'en fouftrayant tour Auide , toute
impulfion ; & quelques impulfionnaires
rigides qui ont tenté d'introduire dans cette
queftion leur machine favorite , ont contredit
les loix découvertes par Galilée .
Voilà un abus & en même tems une impuiffance
de l'impulfion bien avérées.
De toutes ces raifons M. D. conclut que
les attractionnaires , en fuivant les phenomenes
& s'y bornant , s'en tiennent à des
évaluations précifes qui aftreignent les effets
à des loix exactes. Il ne diffimule pas
140 MERCURE DE FRANCE.
qu'elles laiffent quelque obfcurité dont
l'imagination peut s'allarmer : » mais ne
» vaut - il pas mieux , dit- il , préférer des
traits lumineux & vifs accompagnés de.
» certains nuages qui les enveloppent , à des
» opinions qui faififfent par un air de clarté,
mais certainement fauffes , à un ſyſ-
» tême brillant & intelligible , mais qui
» n'eft qu'une illufion ? Des faits finguliers
» fe préfentent à nous , nous en étudions.
» les rapports , nous n'allons pas d'abord
au- delà , ayant lieu de reconnoître par
expérience que la nature nous montre
» infenfiblement fes fecrets & ne fe décou-
» vre à nous que fous de très petites faces.
Une affinité , une attraction fera pour
moi un effet dont je chercherai à varier
les circonftances & à établir les loix en
» les ramenant à des précifions folides &
» inftructives ; tandis que pour ceux qui
» veulent rapporter à des agens fubordonnés
d'un méchanifme intelligible , ce fera
un paradoxe , une fource de contradictions
& d'erreurs .
Les Cartéfiens qui ne faifirent pas les
vûes de Newton & de fes difciples, crurent
qu'ils vouloient ramener les qualités occultes
du péripatetiſme ; mais il eit aifé de ſe
convaincre que l'attraction de cohésion ,
dont M. Hauksbée a obſervé les loix dans
DECEMBRE. 1754.141
plufieurs expériences délicates , étoient
aufli manifeftes que les qualités des péripatéticiens
étoient cachées. Ces difcoureurs
oififs abandonnoient la conſidération
des effets qu'ils auroient dû difcuter , pour
imaginer & fuppofer des caufes dont ils
n'avoient nulle idée ; bien différens en cela
des Newtoniens , qui fe bornent aux phé
nomenes & qui en examinent fcrupuleufement
les différentes circonftances. Les
Cartéfiens au contraire n'étoient - ils pas
plus dans le cas du péripatetifme , puifqu'on
ne peut diffimuler que dans beaucoup
de queftions ils ne fuppofent des
agens très-occultes , & dans leur nature &
dans leurs fonctions ? M.D. cite pour exem
ple la Phyfique de Regis , où la plupart des
phénomenes font expliqués d'une maniere
ennuyeufe& monotone , par l'entremise de
la matiere fubtile , & c.
Par rapport à l'obfcurité qui environne
la maniere d'agir de l'attraction , on peut
répondre que l'impulfion n'eft pas fans
difficulté , & dès lors ces deux forces fe
trouveront à peu près au même niveau , fi
on les confidere d'une vûe métaphysique :
cependant M. Defmareſt voudroit qu'on
fût réfervé dans l'application de l'attrac
tion aux phénomenes . Il ne fuffit pas , fe
lon lui , d'annoncer cette force comme
142 MERCURE DE FRANCE.
caufe d'un effet , pour avoir fatisfait à ce que
les progrès de la phyfique demandent de
nous ; on ne peut y avoir recours qu'en indiquant
les loix qu'elle fuit dans les effets
qu'on lui foumet ; & en général il faut
plus s'appliquer à approfondir les loix de
cet agent qu'à étendre fon empire fans
fpécifier fes droits. Nous parlerons du
corps de l'ouvrage dans le Mercure prochain.
On trouvera dans le difcours que nous
venons d'extraire , un ftyle net & concis ,
de grandes recherches , des principes lumineux
, une Logique exacte. L'Auteur ,
homme appliqué , modefte , vertueux , a
des connoiffances qui devroient le faire
rechercher par les gens en place.
La pratique univerfelle pour la renovation
des terriers & des droits feigneuriaux
, contenant les queftions les plus importantes
fur cette matiere , & leurs déci
fions , tant pour les pays coutumiers que
ceux régis par le Droit écrit ; Ouvrage utile
à tous les Seigneurs , tant laïques qu'eccléfiaftiques
, à leurs Intendans , Gens d'affaires
, Receveurs & Régiffeurs , de même
qu'aux Notaires & Commiffaires à terriers
& autres Officiers : dans lequel on trouvera
tout ce qui eft néceffaire de fçavoir concer
C
DECEMBRE. 1754. 143
nant les péages & leur établiffement; les foires
& marchés , & leur origine ; les che
mins , les fleuves & rivieres ; la pêche , tant
des rivieres navigables que des étangs ; la
chaffe & fon origine ; les garennes , les
colombiers , & tout ce qui doit être pratiqué
fur ces objets par les Apanagiftes ,
Engagiftes , Douairiers , Ufufruitiers , Bénéficiers
, Commandeurs de Malthe , Communautés
eccléfiaftiques & laïques , & tous
gens de main- morte , Seigneurs particuliers
; le tout accompagné de modeles &
ftyles des procès verbaux de délits , faifies
& reconnoiffances à terriers. Par M. Edme
de la Poix de Frémenville , Bailli des ville
& Marquifat de la Paliffe , Commiffaire
aux droits feigneuriaux ; in-4°. A Paris ,
chez Giffey , rue de la Vieille Bouclerie , à
l'Arbre de Jeffé .
Cet ouvrage eft fi connu & fi néceffaire,
qu'il fuffit de l'annoncer pour le faire rechercher.
DICTIONNAIRE portatif des Théatres ,
contenant l'origine des différens théatres
de Paris ; le nom de toutes les pieces qui
y ont été repréſentées depuis leur établiſ
fement , & des pieces jouées en province ,
ou qui ont fimplement paru par la voie de
l'impreffion depuis plus de trois fiécles ;
134 MERCURE DE FRANCE.
avec des anecdotes & des remarques fur la
plûpart. Le nom & les particularités intéreffantes
de la vie des Auteurs , Muſiciens ,
& Acteurs ; avec le catalogue de leurs ouvrages
, & l'expofé de leurs talens. Une
chronologie des Auteurs , des Muficiens &
des Opéra ; avec une chronologie des pieces
qui ont paru depuis vingt- cinq ans. A
Paris , chez Jombert , rue Dauphine , à
l'image Notre -Dame , 1754 , in- 8 ° . 1 vol.
petit caractere , prix cinq livres.
Quelques corrections & des additions
qu'on vient de joindre à ce Dictionnaire ,
le rendent encore plus intéreffant , & nous
engagent à l'annoncer de nouveau . On
peut voir ce que nous en avons déja dit
dans le Mercure du mois de Septembre de
cette année .
TOUTE la France connoit le plan d'une
Maifon d'affociation . Il a rendu refpectable
M. de Chamouffet aux yeux même de
ceux qui ont trouvé fes idées chimeriques.
Cet excellent citoyen vient de répondre à
une critique qui a été faite de fon projet.
Sa lettre qui eft de feize pages in - 4° , eft
écrite avec cette force de raifonnement que
pouvoit lui donner la bonté de fa caufe , &
avec cette chaleur de fentiment dont il a
déja donné tant de preuves.
MÉMOIRES
DECEMBRE . 1754 145
MÉMOIRES du Marquis de Benavidès ,
dédiés à S. A. S. Madame la Ducheffe d'Orléans
; par M. le Chevalier de Mouhy , de
'Académie des Belles- Lettres de Dijon ;
eroifieme & quatrieme parties. A Paris ,
chez Jorry , quai des Auguftins ; & chez
Duchefne , rue S. Jacques , 1754.
On trouvera dans ce Roman de grands
fentimens , & un ftyle convenable au fujet.
DUCHESNE , Libraire , rue S. Jacques ,
au Temple du Goût , vient de réimprimer
'Architecture des voûtes , ou l'art des traits
& coupes des voûtes . Par le Pere Derand
Jéfuite. Cet ouvrage qui jouit d'une grande
réputation , & dont on a retouché les
planches , eft très - néceffaire à tous les Architectes
, Maîtres Maçons , Appareilleurs ,
Tailleurs de pierre , & à tous ceux qui fe
mêlent de l'Architecture militaire,
Le même Libraire diftribue pour l'année
1755 , les Almanachs fuivans.
Les Spectacles de Paris , ou Calendrier
hiftorique & chronologique de tous les
théatres : quatrieme partie , 1755. Chaque
partie fe vend féparément.
La France littéraire , ou Almanach des
beaux Arts , contenant les noms & ouvra
ges de tous les Auteurs François qui vivent
actuellement.
I. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
Almanach des Corps des Marchands ,
arts , métiers & communautés du royaume.
Almanach eccléfiaftique & hiftorique.
Almanach de perte & gain , avec une
table alphabétique de tous les Jeux qui fe
jouent en Europe.
Almanach danfant , chantant.
Almanach chantant du beau fexe , ou
nouvelle Ethomancie des Dames.
Almanach chantant , ou nouvelles allégories
& autres chanfons fur tout ce qui
appartient au Calendrier .
Nouvelle Lotterie d'Etrennes magiques.
Deux Almanachs de Fables en Vaudevilles.
Le Noftradamus moderne , en Vaudevilles
.
Nouveau Calendrier du deftin , précédé
de tous les amufemens de Paris .
Nouvelles tablettes de Thalie , ou les
promenades de Paris.
L'Oracle de Cythere , ou l'Almanach du
Berger.
Etrennes des Amans .
Almanach des Francs- Maçons .
La Bagatelle ou Etrennes à tout le monde .
GISSEY , rue de la vieille Bouclerie ,
à l'arbre de Jeffé , donne pour l'année 1755 ,
les deux Almanachs fuivans.
DECEMBRE . 1754 147
Etrennes hiftoriques , ou mêlange curieux
pour l'année 1755 , contenant plufieurs
remarques de chronologie & d'hiftoire
; enſemble les naiffances & morts
des Rois , Reines , Princes & Princeffes de
l'Europe , accompagnées d'époques & de
remarques que l'on ne trouve point dans
les autres calendriers ; avec un recueil de
diverfes matieres variées , utiles , curieufes
& amufantes .
Almanach des curieux pour la même
année , où les curieux trouveront la réponſe
agréable des demandes les plus divertiffantes
, pour fe réjouir dans les compagnies.
Fermer
Résumé : « EXPÉRIENCES Physico-méchaniques sur différens sujets, & principalement [...] »
Le texte présente une traduction des expériences physico-mécaniques de M. Hauksbée, réalisée par feu M. de Bremond et révisée par M. Desmarets. Publiée en 1754 à Paris, cette œuvre se compose de deux volumes et inclut un discours préliminaire, des remarques et des notes de M. Desmarets. M. Hauksbée, physicien anglais du début du XVIIIe siècle, est reconnu pour sa dextérité et son exactitude dans les expériences physiques. Il a introduit la physique expérimentale à Londres et a réalisé de nombreuses expériences novatrices. Membre de la Société royale, il a inventé plusieurs machines, dont une machine de rotation pour les expériences sous vide et un thermomètre adopté par la Société royale. Hauksbée a collaboré avec Isaac Newton, contribuant à des expériences sur l'attraction de cohésion. Il a distingué la physique expérimentale de la physique systématique, préférant observer les effets réels plutôt que de spéculer sur des idées abstraites. Ses travaux se concentrent sur l'observation précise et la mesure des phénomènes physiques. Le texte souligne la controverse entre les partisans de l'attraction et ceux de l'impulsion exclusive. Influencé par Newton, Hauksbée a préféré se baser sur les faits observables plutôt que sur des hypothèses métaphysiques, évitant les conjectures non fondées et cherchant à comprendre les lois constantes des phénomènes physiques. Le texte discute également des approches scientifiques et philosophiques concernant les phénomènes naturels, en particulier l'attraction et la pesanteur. Il met en avant les travaux de scientifiques comme Newton et Galilée, qui ont étudié les lois régissant ces phénomènes sans recourir à des causes occultes ou des mécanismes complexes. Les 'attractionnaires' sont loués pour leur méthode qui consiste à observer et à suivre les phénomènes sans chercher à les expliquer par des agents subordonnés. Ils préfèrent des explications lumineuses, même si elles laissent certaines obscurités, plutôt que des systèmes brillants mais faux. Le texte critique les Cartésiens, qui refusaient les vues de Newton, en les accusant de supposer des agents occultes similaires à ceux des péripatéticiens. Il souligne que les Newtoniens se contentent d'examiner les phénomènes et leurs circonstances, contrairement aux Cartésiens qui imaginent des causes dont ils n'ont aucune idée. Enfin, le texte mentionne divers ouvrages et almanachs publiés en 1754, couvrant des sujets variés comme la physique, le droit seigneurial, le théâtre, et les associations. Il loue l'auteur d'un discours sur la physique pour son style concis et ses principes lumineux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 77-86
LETTRE sur un Poëme Latin, du Seiziéme Siécle de Monsieur de MASSAC, Receveur Général des Fermes du Roi, Abonné au Mercure, & de la Société Royale d'Agriculture de la Généralité de Limoges, à Monsieur DE MONT, de la même Société, Conseiller au Parlement de Toulouse & de l'Académie des Jeux Floraux.
Début :
En parcourant la nouvelle Edition du Dictionnaire de Moreri, vous avez [...]
Mots clefs :
Médecine, Poète, Physicien, Fontaines, Eaux minérales, Traduction, Société royale d'agriculture de la généralité de Limoges
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE sur un Poëme Latin, du Seiziéme Siécle de Monsieur de MASSAC, Receveur Général des Fermes du Roi, Abonné au Mercure, & de la Société Royale d'Agriculture de la Généralité de Limoges, à Monsieur DE MONT, de la même Société, Conseiller au Parlement de Toulouse & de l'Académie des Jeux Floraux.
LETTRE fur un Poëme Latin , du
Seiziéme Siécle de Monfieur de
MASSAC , Receveur Général des
Fermes du Roi , Abonné au Mercure
, & de la Société Royale d'Agriculture
de la Généralité de Limoges
, à Monfieur DE MONT , de la
même Société , Confeiller au Parlement
de Toulouse & de l'Académie
des Jeux Floraux.
MONSIEUR ,
>
En parcourant la nouvelle Edition
du Dictionnaire de Moreri , vous avez
trouvé , dites-vous qu'il y eft fait
mention d'un Raimond de Maffac ;
Auteur d'un Poëme Latin fur les Eaux
minérales de Pougues ( a ). Vous ne
( a ) Pougues , Village du Nivernois , entre
Nevers & la Charité, étoit autrefois fort renommé,
( je ne fçais s'il l'eft encore ) à caule de deux fentaines
dont les eaux avoient la vertu de guérir de
l'hydropifie & de la pierre. Quoique ces deux
fontaines , dont l'une s'appelloit de S. Léger , &
l'autre de S. Marceau , ne fuffent diftantes l'une
Diij
78 MERCURE DE FRANCE.
doutez point que cet ouvrage ne
foit entre mes mains ; & quoique M.
l'Abbé Goujet en ait parlé affez avantageuſement
dans fa Bibliothéque Françoife
, vous feriez - bien aife que je
vous fiffe connoître plus particuliére--
ment l'Auteur & fon Ouvrage.
Il m'eft d'autant plus aifé de vous
fatisfaire fur le fecond objet de votredemande
, que je viens précisément
de lire avec attention le Poëme dont
il s'agit. Quant aux particularités concernant
l'Auteur , que vous exigez auf--
fi , je ne puis vous en rapporter que
très -peu , qui ont ont échappé aux recherches
de M. l'Abbé Goujet.
par
Meffire Raimond de Maffac , dont
les defcendans ont joui fans interrup
tion de la nobleffe , qui avoit été accordée
Charles VII en 1434 à
Jean de Mafac fon bifayeul & Chef
de ma Famille , étoit originaire de
Clairac en Agénois , comme il le dit
lui-même. Il quitta fa Patrie pour aller
fixer fon domicile à Orléans l'an 1586..
Ce fait eft prouvé par une Enquête en
de l'autre que d'un pied , on remarquoit cepen-.
dant quelque différence dans le goût de leurs
eaux. Voyez le Traité de ces Fontaines imprimé
à Paris en 1581 .
MARS. 1763. 79
ปี
bonne forme faite le 15 Mars 1678
à la Requête de noble Augé de Maf
fac , Officier au Régiment d'Artois ;
piéce qui eft entre les mains de mon
Père.
Par l'Epitre Dédicatoire de Raimond
de Maffac , au Prince Charles de Gon
zagues de Cleves ( b) premier du nom ,
Duc de Nevers & de Rhêtel , Pair de
France , Prince de Mantoue , & Gou
verneur de Champagne , & de Brie ,
on voit que cet Auteur étoit d'un caractère
gai & qu'il étoit fort recherché
par les perfonnes de la premiere
Qualité. Plufieurs autres de fes écrits en
fourniffent auffi la preuve: On peut
conjecturer par la date de fes derniers
ouvrages , qu'il mourut au commencement
du dix -feptiéme Siécle . Indépendamment
de fa traduction d'Ovide en
vers françois , à laquelle fon fils Char-^
les de Maffac , travailla beaucoup , &
de fon Poëme fur les Eaux de Pou-"
gues , traduit auffi en vers françois par
le même Charles, il en compofa plufieurs
( b ) La branche des Gonzagues de Cleves fut
éteinte par la mort de Ferdinand Charles Gouza- "
gues IV. du nom , Duc de Mantoue & de Montferrat
, & le Cardinal de Mazarin acquit les Duchés
de Nevers & de Rhetel des derniers Ducs de
Mantoue. D iv
7
80 MERCURE DE FRANCE.
1
autres latins.J'en ai vu de fa façon à la tête
d'une édition de Juftin , qu'on réimprima
de fon temps . Il célébra les talens ,
de plufieurs Auteurs fes contemporains.
Il fut lui - même célébré par plufieurs
Sçavans , & fon Poëme latin , dont je
vais vous parler , eft enrichi de notes
grecques & latines de Jacques le Vaf
Jeur , Docteur en Théologie , né à
Vîmes dans le Ponthieu , près d'Abbeville.
Vous fçavez mieux que moi ,
mon cher ami , que la Poëfie Didactique
, ayant pour but principal d'inf
truire les hommes , la bonté des Poëmes
en ce genre doit fe régler fur l'utilité
du Sujet que l'on traite & fur les
avantages qui réfultent des inftructions
qu'on y donne. La beauté de la verfification
, l'abondance dans les images,
la force de l'expreffion & c. ne font
pour ainfi dire , que les machines que
fait jouer le Poëte pour amufer le Lecteur
; machines qui font cependant
néceffaires pour conftituer un corps
d'ouvrage , qui plaife en intéreffant ,
lectorem delectando , pariterque monendo.
Je puis vous affurer que ,
fi vous
lifez vous- même la feconde édition (c).
( c ) Elle fe trouve dans plufieurs Bibliothéques
, & notamment à Paris dans celle du Collé
ge Mazarin .
MARS. 1763.
81
du Poëme , intitulé : Remundi Maffaci
Clarici Agenenfis & Collegii Aurelianenfis
Falcultatis Medica Decani Pugea
, feu de Limphis Pugeqcis libri
duo.
Vous verrez avec plaifir qu'à la folidité
des préceptes repandus dans tout
l'ouvrage , le Poëte a ajouté un air
d'enjouement qui régne depuis le
commencement jufqu'à la fin. On y
y trouve en effet des comparaifons juftes
& bien afforties , de la facilité dans
la verfification , des expreffions délicates
, des tours heureux. L'agrément des
deferiptions fait difparoître la féchereffe
des préceptes. Le Poëte peint partout,
Et il me femble que fon pinceau rend
mieux les couleurs de la nature . Médecin
habile, Philofophe profond, il expofe
avec clarté cette phyfique obfcure , qui
étoit en vogue dans fon temps, & il en
tire dequoi expliquer clairement tout
ce qui a trait à fon ouvrage ; il féme
quelquefois des traits d'une érudition
peu commune ; ce n'eft pas tout : comme
le Poëme Didactique fans épiſode
feroit ennuyeux , il y en mêle fagement
quelqu'une. Enfin je crois qu'on
peut dire fans être taxé de prévention,
que cet ouvrage fait quelque hon-
D V
82 MERCURE DE FRANCE.
neur à fon Siécle. En voici une Ana“ -
lyfe fuccinte qui vous en donnera fans ;
doute l'idée que j'en ai conçue .
'ANALYSE DU PREMIER LIVRE..
Le Poëte , après avoir expofé fon
Sujet en peu de mots , paffe rapidement
fur l'invocation , & nous préfente
de la manière fuivante , le tableau
d'un homme qui reffent les douleurs de
la pierre ..
?
Calculus in cyſtam poftquam de rene pependit -
Labitur , atque fero fenfim impellente vagatur :
Sin minor ipfe locus fuerit , majufque locatum .
Tenditur ureter, tenfufque dolore fatigat
Humanum corpus repetito vulnere pun&um ,
Horrendæ indè cruces , atque irrequieta laborum ›
Colligitur rabies , jacet heu patientia victa ,
Æger agens morbum fecum fua damna ferendo ,
Carfitat huc illuc , ringens , tremebundus , anhelans
,.
Pertælus vitam , pertæfus lumina coeli ,
Mortem orat , Superofque infanâ voce laceffit :
Haud aliter taurus tacito percuffus afilo
Eftuat in rabiem, campos , montefque peragrans
Aëraque immenfum crebris mugitibus urgens ,
Seque fugit , fequiturque , malique renaſcitur Au-.-
&tor.
MARS. 1763. 83
Cette peinture me paroît d'une touche
førte & naturelle. L'Auteur explique enfuite
la formation , les fymptomes, & les
fuites funeftes de cette maladie. Il nous
apprend que ce n'eft pas feulement dans
les canaux urétaires des reins , que fe
forme la pierre : il en a vu lui - même
aux deux côtés du coeur , dans le pou
mon , dans le cerveau & dans d'autres
parties du corps . De -là , fon imagination
le tranfporte fur le bord de la fontaine
de Pougues , où le Dieu de la mé
decine va lui apprendre depuis quel
temps ces eaux coulent dans cette contrée
, avec quelles précautions il faut :
les boire , & comment elles ont la ver
tu de diffoudre la pierre. Le Dieu de
la Loire , dit-il , éleva avec foin une fille
qu'il avoit eue de la Nymphe Pégée.
Cette jeune Nayade fut bien- tôt recherchée
en mariage par tous les Dieux
champêtres ; mais elle dédaigna leurs
tranfports amoureux . Apollon l'apperçut
un jour dans le temps qu'elle chaf
foit. La Beauté , les Charmes , les Grâ
ces , le port majeftueux de la nouvelle
Diane , firent naître à l'inftant dans le
coeur du Dieu , un amour des plus vio--
lens . Il la pourfuivit , mais en vain ; elle
arrive en fuyant fur le bord de la Loire e
D-vj ¦
84 MERCURE DE FRANCE.
où fon père , pour la fouftraire aux
pourfuites d'Apollon , la change en fontaine
. Le Dieu qui la chériffoit , même
après fa métamorphofe , donne aux eaux
de cette fontaine , la vertu de guérir de
plufieurs maladies & particuliérement
celle de la pierre ..
ANALYSE DU DEUXIÉMÉ
LIVRE.
Le Poëte , à qui le Dieu de la médecine
avoit infpiré , pendant un léger
fommeil , ce qu'on a vu dans lé premier
Livre , fe tranfporte maintenant à
l'endroit où coulent les eaux qui font la
matière de fes Vers . Après les avoir
analyfées lui-même , il explique en Phyficien
la formation des fontaines. Il y
a , dit- il , dans la terre & furtout dans
les creux des rochers des réfervoirs où
l'eau fe ramaffant en grande quantité &
fe filtrant dans les canaux fouterrains
prend des couleurs & des goûts différens
, felon les matieres qu'elle rencontre
für fon paffage. Il paroît par ce que
dit notre Poëte , que l'efprit de vitriol
& de fouffre abonde dans les eaux de
Pougues ; ce qui leur donne tant de
vertu pour diffoudre les parties fablonneufes
& tartareufes qui forment la
1
MARS. 1763. 85
1
e
pierre. Après cet éxamen il place adroitement
l'éloge de Henry le Grand qu'il
prie de veiller à la confervation & à
l'embéliffement de ces fources falutaires
, qui font auffi éfficaces pour la
pierre que pour les maux de poitrine.
En finiffant il trace encore avec un
pinceau non moins délicat qu'énergique
, le portrait de plufieurs perfonnes
diftinguées qui avoient été à Pougues
chercher du foulagement à leurs douleurs.
Il faut lire dons l'Ouvrage même
l'éloge pompeux & magnifique qu'il
fait des Gonzagues , des Guifes , des
Longuevilles , des la Châtre. Je me borne
à vous rapporter le plus court ; c'eft
celui de Claude - Catherine de Clermont,
Baronne de Rhetz , & Dame de Dampierre
, fi célébre par fon efprit. Elle
fut Ducheffe de Retz & mourut en
1603 , âgée de foixante ans .
Nec tu carminibus noftris indicta manebis ,
REZIA , grandè decus Mufarum & nobilis arte ;
Et quæ docta fonas æquantia plectra Maronem ;
Parnaffi cultrix & Galli Neftoris uxor ,
Femina virtute & majorum ſtemmate fulgens ,
Sicque tuo fulgebit opus fub nomine noftrum.
Vous connoiffez depuis longtemps
#
86 MERCURE DE FRANCE.
Monfieur , quels font les fentimens
d'eftime , de confidération & d'amitié
avec lefquels
J'ai l'honneur d'être & c.
'A Brive-la-Gaillarde , ce 15 Décembre 17623
Seiziéme Siécle de Monfieur de
MASSAC , Receveur Général des
Fermes du Roi , Abonné au Mercure
, & de la Société Royale d'Agriculture
de la Généralité de Limoges
, à Monfieur DE MONT , de la
même Société , Confeiller au Parlement
de Toulouse & de l'Académie
des Jeux Floraux.
MONSIEUR ,
>
En parcourant la nouvelle Edition
du Dictionnaire de Moreri , vous avez
trouvé , dites-vous qu'il y eft fait
mention d'un Raimond de Maffac ;
Auteur d'un Poëme Latin fur les Eaux
minérales de Pougues ( a ). Vous ne
( a ) Pougues , Village du Nivernois , entre
Nevers & la Charité, étoit autrefois fort renommé,
( je ne fçais s'il l'eft encore ) à caule de deux fentaines
dont les eaux avoient la vertu de guérir de
l'hydropifie & de la pierre. Quoique ces deux
fontaines , dont l'une s'appelloit de S. Léger , &
l'autre de S. Marceau , ne fuffent diftantes l'une
Diij
78 MERCURE DE FRANCE.
doutez point que cet ouvrage ne
foit entre mes mains ; & quoique M.
l'Abbé Goujet en ait parlé affez avantageuſement
dans fa Bibliothéque Françoife
, vous feriez - bien aife que je
vous fiffe connoître plus particuliére--
ment l'Auteur & fon Ouvrage.
Il m'eft d'autant plus aifé de vous
fatisfaire fur le fecond objet de votredemande
, que je viens précisément
de lire avec attention le Poëme dont
il s'agit. Quant aux particularités concernant
l'Auteur , que vous exigez auf--
fi , je ne puis vous en rapporter que
très -peu , qui ont ont échappé aux recherches
de M. l'Abbé Goujet.
par
Meffire Raimond de Maffac , dont
les defcendans ont joui fans interrup
tion de la nobleffe , qui avoit été accordée
Charles VII en 1434 à
Jean de Mafac fon bifayeul & Chef
de ma Famille , étoit originaire de
Clairac en Agénois , comme il le dit
lui-même. Il quitta fa Patrie pour aller
fixer fon domicile à Orléans l'an 1586..
Ce fait eft prouvé par une Enquête en
de l'autre que d'un pied , on remarquoit cepen-.
dant quelque différence dans le goût de leurs
eaux. Voyez le Traité de ces Fontaines imprimé
à Paris en 1581 .
MARS. 1763. 79
ปี
bonne forme faite le 15 Mars 1678
à la Requête de noble Augé de Maf
fac , Officier au Régiment d'Artois ;
piéce qui eft entre les mains de mon
Père.
Par l'Epitre Dédicatoire de Raimond
de Maffac , au Prince Charles de Gon
zagues de Cleves ( b) premier du nom ,
Duc de Nevers & de Rhêtel , Pair de
France , Prince de Mantoue , & Gou
verneur de Champagne , & de Brie ,
on voit que cet Auteur étoit d'un caractère
gai & qu'il étoit fort recherché
par les perfonnes de la premiere
Qualité. Plufieurs autres de fes écrits en
fourniffent auffi la preuve: On peut
conjecturer par la date de fes derniers
ouvrages , qu'il mourut au commencement
du dix -feptiéme Siécle . Indépendamment
de fa traduction d'Ovide en
vers françois , à laquelle fon fils Char-^
les de Maffac , travailla beaucoup , &
de fon Poëme fur les Eaux de Pou-"
gues , traduit auffi en vers françois par
le même Charles, il en compofa plufieurs
( b ) La branche des Gonzagues de Cleves fut
éteinte par la mort de Ferdinand Charles Gouza- "
gues IV. du nom , Duc de Mantoue & de Montferrat
, & le Cardinal de Mazarin acquit les Duchés
de Nevers & de Rhetel des derniers Ducs de
Mantoue. D iv
7
80 MERCURE DE FRANCE.
1
autres latins.J'en ai vu de fa façon à la tête
d'une édition de Juftin , qu'on réimprima
de fon temps . Il célébra les talens ,
de plufieurs Auteurs fes contemporains.
Il fut lui - même célébré par plufieurs
Sçavans , & fon Poëme latin , dont je
vais vous parler , eft enrichi de notes
grecques & latines de Jacques le Vaf
Jeur , Docteur en Théologie , né à
Vîmes dans le Ponthieu , près d'Abbeville.
Vous fçavez mieux que moi ,
mon cher ami , que la Poëfie Didactique
, ayant pour but principal d'inf
truire les hommes , la bonté des Poëmes
en ce genre doit fe régler fur l'utilité
du Sujet que l'on traite & fur les
avantages qui réfultent des inftructions
qu'on y donne. La beauté de la verfification
, l'abondance dans les images,
la force de l'expreffion & c. ne font
pour ainfi dire , que les machines que
fait jouer le Poëte pour amufer le Lecteur
; machines qui font cependant
néceffaires pour conftituer un corps
d'ouvrage , qui plaife en intéreffant ,
lectorem delectando , pariterque monendo.
Je puis vous affurer que ,
fi vous
lifez vous- même la feconde édition (c).
( c ) Elle fe trouve dans plufieurs Bibliothéques
, & notamment à Paris dans celle du Collé
ge Mazarin .
MARS. 1763.
81
du Poëme , intitulé : Remundi Maffaci
Clarici Agenenfis & Collegii Aurelianenfis
Falcultatis Medica Decani Pugea
, feu de Limphis Pugeqcis libri
duo.
Vous verrez avec plaifir qu'à la folidité
des préceptes repandus dans tout
l'ouvrage , le Poëte a ajouté un air
d'enjouement qui régne depuis le
commencement jufqu'à la fin. On y
y trouve en effet des comparaifons juftes
& bien afforties , de la facilité dans
la verfification , des expreffions délicates
, des tours heureux. L'agrément des
deferiptions fait difparoître la féchereffe
des préceptes. Le Poëte peint partout,
Et il me femble que fon pinceau rend
mieux les couleurs de la nature . Médecin
habile, Philofophe profond, il expofe
avec clarté cette phyfique obfcure , qui
étoit en vogue dans fon temps, & il en
tire dequoi expliquer clairement tout
ce qui a trait à fon ouvrage ; il féme
quelquefois des traits d'une érudition
peu commune ; ce n'eft pas tout : comme
le Poëme Didactique fans épiſode
feroit ennuyeux , il y en mêle fagement
quelqu'une. Enfin je crois qu'on
peut dire fans être taxé de prévention,
que cet ouvrage fait quelque hon-
D V
82 MERCURE DE FRANCE.
neur à fon Siécle. En voici une Ana“ -
lyfe fuccinte qui vous en donnera fans ;
doute l'idée que j'en ai conçue .
'ANALYSE DU PREMIER LIVRE..
Le Poëte , après avoir expofé fon
Sujet en peu de mots , paffe rapidement
fur l'invocation , & nous préfente
de la manière fuivante , le tableau
d'un homme qui reffent les douleurs de
la pierre ..
?
Calculus in cyſtam poftquam de rene pependit -
Labitur , atque fero fenfim impellente vagatur :
Sin minor ipfe locus fuerit , majufque locatum .
Tenditur ureter, tenfufque dolore fatigat
Humanum corpus repetito vulnere pun&um ,
Horrendæ indè cruces , atque irrequieta laborum ›
Colligitur rabies , jacet heu patientia victa ,
Æger agens morbum fecum fua damna ferendo ,
Carfitat huc illuc , ringens , tremebundus , anhelans
,.
Pertælus vitam , pertæfus lumina coeli ,
Mortem orat , Superofque infanâ voce laceffit :
Haud aliter taurus tacito percuffus afilo
Eftuat in rabiem, campos , montefque peragrans
Aëraque immenfum crebris mugitibus urgens ,
Seque fugit , fequiturque , malique renaſcitur Au-.-
&tor.
MARS. 1763. 83
Cette peinture me paroît d'une touche
førte & naturelle. L'Auteur explique enfuite
la formation , les fymptomes, & les
fuites funeftes de cette maladie. Il nous
apprend que ce n'eft pas feulement dans
les canaux urétaires des reins , que fe
forme la pierre : il en a vu lui - même
aux deux côtés du coeur , dans le pou
mon , dans le cerveau & dans d'autres
parties du corps . De -là , fon imagination
le tranfporte fur le bord de la fontaine
de Pougues , où le Dieu de la mé
decine va lui apprendre depuis quel
temps ces eaux coulent dans cette contrée
, avec quelles précautions il faut :
les boire , & comment elles ont la ver
tu de diffoudre la pierre. Le Dieu de
la Loire , dit-il , éleva avec foin une fille
qu'il avoit eue de la Nymphe Pégée.
Cette jeune Nayade fut bien- tôt recherchée
en mariage par tous les Dieux
champêtres ; mais elle dédaigna leurs
tranfports amoureux . Apollon l'apperçut
un jour dans le temps qu'elle chaf
foit. La Beauté , les Charmes , les Grâ
ces , le port majeftueux de la nouvelle
Diane , firent naître à l'inftant dans le
coeur du Dieu , un amour des plus vio--
lens . Il la pourfuivit , mais en vain ; elle
arrive en fuyant fur le bord de la Loire e
D-vj ¦
84 MERCURE DE FRANCE.
où fon père , pour la fouftraire aux
pourfuites d'Apollon , la change en fontaine
. Le Dieu qui la chériffoit , même
après fa métamorphofe , donne aux eaux
de cette fontaine , la vertu de guérir de
plufieurs maladies & particuliérement
celle de la pierre ..
ANALYSE DU DEUXIÉMÉ
LIVRE.
Le Poëte , à qui le Dieu de la médecine
avoit infpiré , pendant un léger
fommeil , ce qu'on a vu dans lé premier
Livre , fe tranfporte maintenant à
l'endroit où coulent les eaux qui font la
matière de fes Vers . Après les avoir
analyfées lui-même , il explique en Phyficien
la formation des fontaines. Il y
a , dit- il , dans la terre & furtout dans
les creux des rochers des réfervoirs où
l'eau fe ramaffant en grande quantité &
fe filtrant dans les canaux fouterrains
prend des couleurs & des goûts différens
, felon les matieres qu'elle rencontre
für fon paffage. Il paroît par ce que
dit notre Poëte , que l'efprit de vitriol
& de fouffre abonde dans les eaux de
Pougues ; ce qui leur donne tant de
vertu pour diffoudre les parties fablonneufes
& tartareufes qui forment la
1
MARS. 1763. 85
1
e
pierre. Après cet éxamen il place adroitement
l'éloge de Henry le Grand qu'il
prie de veiller à la confervation & à
l'embéliffement de ces fources falutaires
, qui font auffi éfficaces pour la
pierre que pour les maux de poitrine.
En finiffant il trace encore avec un
pinceau non moins délicat qu'énergique
, le portrait de plufieurs perfonnes
diftinguées qui avoient été à Pougues
chercher du foulagement à leurs douleurs.
Il faut lire dons l'Ouvrage même
l'éloge pompeux & magnifique qu'il
fait des Gonzagues , des Guifes , des
Longuevilles , des la Châtre. Je me borne
à vous rapporter le plus court ; c'eft
celui de Claude - Catherine de Clermont,
Baronne de Rhetz , & Dame de Dampierre
, fi célébre par fon efprit. Elle
fut Ducheffe de Retz & mourut en
1603 , âgée de foixante ans .
Nec tu carminibus noftris indicta manebis ,
REZIA , grandè decus Mufarum & nobilis arte ;
Et quæ docta fonas æquantia plectra Maronem ;
Parnaffi cultrix & Galli Neftoris uxor ,
Femina virtute & majorum ſtemmate fulgens ,
Sicque tuo fulgebit opus fub nomine noftrum.
Vous connoiffez depuis longtemps
#
86 MERCURE DE FRANCE.
Monfieur , quels font les fentimens
d'eftime , de confidération & d'amitié
avec lefquels
J'ai l'honneur d'être & c.
'A Brive-la-Gaillarde , ce 15 Décembre 17623
Fermer
Résumé : LETTRE sur un Poëme Latin, du Seiziéme Siécle de Monsieur de MASSAC, Receveur Général des Fermes du Roi, Abonné au Mercure, & de la Société Royale d'Agriculture de la Généralité de Limoges, à Monsieur DE MONT, de la même Société, Conseiller au Parlement de Toulouse & de l'Académie des Jeux Floraux.
La lettre traite d'un poème latin du XVIe siècle intitulé 'Remundi Maffaci Clarici Agenenfis & Collegii Aurelianenfis Facultatis Medica Decani Pugea, seu de Limphis Pugeqcis libri duo', écrit par Raimond de Massac. Raimond de Massac est un noble originaire de Clairac en Agenois, qui s'est installé à Orléans en 1586. Le poème porte sur les eaux minérales de Pougues, un village du Nivernois connu pour ses fontaines aux vertus thérapeutiques contre l'hydropisie et la pierre. Le poème est dédié au Prince Charles de Gonzague de Clèves, Duc de Nevers et de Rethel. Il est apprécié pour son style didactique et instructif, décrivant les symptômes et les traitements de la pierre, ainsi que l'histoire légendaire des fontaines de Pougues. Raimond de Massac mentionne également des personnalités distinguées ayant visité Pougues pour ses vertus curatives. L'auteur de la lettre, Monsieur de Massac, Receveur Général des Fermes du Roi, partage des détails sur la vie et les œuvres de Raimond de Massac, soulignant la qualité littéraire et scientifique du poème. Il mentionne également des traductions en français réalisées par le fils de Raimond, Charles de Massac. La lettre se conclut par une analyse du poème, mettant en avant sa solidité des préceptes et son enjouement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5