Résultats : 1362 texte(s)
Détail
Liste
151
p. 320-323
Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Début :
J'ay oublié de vous dire qu'ils ont admiré au Cercle [...]
Mots clefs :
Cercle royal, Cire, Personnes, France, Ambassadeurs, Antoine Benoist
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Jay oublié de vous dire
qu'ils ont admiré au Cercle
Royal toutes les Perſonnes
illuſtres qu'ils avoient déja
veuës à la Cour. En entrant
des Amb. de Siam. 321
qui
dans la Sale où les deux Cer
cles ſont diſpoſez , fçavoir
celuy de France & celuy de
Conſtantinople : Ils crurent
d'abord qu'il y avoit quelque
forte d'enchantement
leur faifoit trouver en un même
lieu tant de differentes
fortes de perſonnes habillées
ſuperbement , &dans des attitudes
fi naturelles. Le premier
Ambaſſadeur ne pouvant
ajoûter foy à ſes yeux ,
porta pluſieurs fois ſes mains
fur les habits , pour ſçavoir
ce que pouvoit eſtre. On luy
firenfuitte remarquer dans le
322 IV. P. du Voyage 1
même lieu les Portraits des
Ambaſſadeurs des Nations éloignées
, qui font venus en
France depuis dix ou douze
ans , avec lesquels on a mis
le Doge de Gennes , & les
quatre Senateurs qui l'accompagnerent.
Ils examinerent
toutes les Figures avec une
tres-grande attention , & té
moignerent qu'ils feroient
bien aiſes d'eſtre dans ce nombre
, ce qui a eſté cauſe que
le ſieurBenoiſt a repreſenté en
cire & en peinture les trois
Ambaſſadeurs que l'on voit
au Cercle , habillez comme
des Amb. de Siam. 323
ils eftoient le jour de leur pre
miere Audience.
qu'ils ont admiré au Cercle
Royal toutes les Perſonnes
illuſtres qu'ils avoient déja
veuës à la Cour. En entrant
des Amb. de Siam. 321
qui
dans la Sale où les deux Cer
cles ſont diſpoſez , fçavoir
celuy de France & celuy de
Conſtantinople : Ils crurent
d'abord qu'il y avoit quelque
forte d'enchantement
leur faifoit trouver en un même
lieu tant de differentes
fortes de perſonnes habillées
ſuperbement , &dans des attitudes
fi naturelles. Le premier
Ambaſſadeur ne pouvant
ajoûter foy à ſes yeux ,
porta pluſieurs fois ſes mains
fur les habits , pour ſçavoir
ce que pouvoit eſtre. On luy
firenfuitte remarquer dans le
322 IV. P. du Voyage 1
même lieu les Portraits des
Ambaſſadeurs des Nations éloignées
, qui font venus en
France depuis dix ou douze
ans , avec lesquels on a mis
le Doge de Gennes , & les
quatre Senateurs qui l'accompagnerent.
Ils examinerent
toutes les Figures avec une
tres-grande attention , & té
moignerent qu'ils feroient
bien aiſes d'eſtre dans ce nombre
, ce qui a eſté cauſe que
le ſieurBenoiſt a repreſenté en
cire & en peinture les trois
Ambaſſadeurs que l'on voit
au Cercle , habillez comme
des Amb. de Siam. 323
ils eftoient le jour de leur pre
miere Audience.
Fermer
Résumé : Ils vont voir le Cercle Royal. [titre d'après la table]
Lors d'une visite au Cercle Royal, des ambassadeurs de Siam ont été impressionnés par la diversité et la beauté des tenues des personnes présentes, qu'ils ont d'abord prises pour un enchantement. Le premier ambassadeur a touché les habits pour vérifier leur réalité. On leur a ensuite montré des portraits d'ambassadeurs de nations éloignées, ainsi que du Doge de Gênes et de ses sénateurs. Les ambassadeurs de Siam ont exprimé le souhait de figurer parmi ces portraits. En conséquence, le sieur Benoist a réalisé des représentations en cire et en peinture des trois ambassadeurs de Siam, tels qu'ils apparaissaient lors de leur première audience.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
152
p. 323-324
Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Mr le Comte de la Feüillade les vint voir la veïlle [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Médaille, Ambassadeurs, Roi de Siam, Livre, Velours, Broderie, Couvert, Portrait du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
M le Comte de la Feüil
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
lade les vint voir la veille
deleurdépart ,& apporta de
la part de M le Marechal fon
Pere , une grande Medaille
d'or que ce Duc a fait frap
per. Le Portrait du Roy eft
d'un cofté & de l'autre la
figure qu'il a fait élever à la
gloire de Sa Majefté. Cette
Medaille étoit dans une boët
te fort propre , & accompa
gnée d'un Livre couvert do
velours enrichy d'une tresbelle
broderie , ce Livre con-
د
324 IV. P. du Voyage
tient l'explication de fa figu
re ,& les infcriptions qui font
au tour, tout cela eſtoit pour
le Roy de Siam.
Il donna au premier Am
baſſadeur la même Medaille
و
en argent avec un femblable
Livre , dont la broderie
n'eſtoit pas tout-à-fait fibelle
. Et le ſecond , & le troifiéme
curent auſſi chacunune
Medaille de la même gran
deur, & un Livre couvert de
velours , mais fans eftre brodé.
Fermer
Résumé : Presens apportez par Mr le Comte de la Feüillade, de la part du Maréchal Duc son pere, pour le Roy de Siam, & pour les trois Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Le Comte de la Feüil remit aux ambassadeurs des médailles et des livres. Le roi de Siam reçut une médaille d'or avec son portrait et une figure représentant sa gloire. Les ambassadeurs reçurent des médailles en argent ou de même taille, accompagnées de livres en velours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
153
p. 324-325
Ils vont à l'Hostel de la Feüillade, où le Comte de ce nom leur fait voir de tres-beaux meubles. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent ce jour même à l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne [...]
Mots clefs :
Comte de la Feuillade, François III d'Aubusson, Hôtel de la Feuillade, Meubles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont à l'Hostel de la Feüillade, où le Comte de ce nom leur fait voir de tres-beaux meubles. [titre d'après la table]
Ils allerent ce jour même à
l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne
des Amb. de Siam. 325
trouverent point Male Ma
rêchal, maisM leComte de la
Feüillade fon fils les reçut , &
leur fit voir des meubles tresriches,
auſquels de laFeuil
lade fait travailler depuis pluſieurs
années.
l'Hôtel de la Feüillade. Ils ne
des Amb. de Siam. 325
trouverent point Male Ma
rêchal, maisM leComte de la
Feüillade fon fils les reçut , &
leur fit voir des meubles tresriches,
auſquels de laFeuil
lade fait travailler depuis pluſieurs
années.
Fermer
154
p. 330-335
Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
Début :
Mr l'Abbé de Lionne que le Roy de Siam avoit prié [...]
Mots clefs :
Voyage, Envoyés du roi, Officiers, Jésuites, Artus de Lionne, Roi de Siam, Mission de Siam, Simon de La Loubère, Vaisseaux, Ambassadeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
Ma l'Abbé de Lionne que
le Roy de Siam avoit prie
d'accompagner ſes Ambaffadeurs
, retourne avec eux dans
les Eftats de ce Prince. Il a faits
voir en cette occafion la condes
Amb. de Siam. 331
ſtance de fon zele pour le falut
des ames , la tendreſſe de
ſa famille , & les charmes de
faPatrie n'ayant eu aucuns attraits
pour le retenir. Il mene
avec luy quatre Ecclefiaftiques
pour la Miſſion de Siam.
Jeſpere vous pouvoir appren--
dre ſouvent les fruits qu'elle
continuëra de faire , ce que
M Antoine jeune Siamois élevé
dans la Miffionde Sia'm ,
nous a fait voir en Sorbonne,
marque affez de quelle utilité
eft cette Miffion..
Le Roy de Siam ayant fou
haité de voir des Jefuîtes ef
Ecij
332 IV. P. du Voyage
tablis à Siam. Ceux qui ont
eſté choiſis pour s'embarquer
avec les Ambafladeurs , font:
les Peres le Royer , Richaud,
Rochette,Thionville,deBefe,
Corville, Coluiffon, duBouchet,
Ducha, Dolu, le Blanc,
de Saint-Martin , Deſpagrac
&du Breuil. Le Pere Tachard
doit eſtre leur Superieur. Le
Roy ayant dit au Pere de la
Chaife, qu'il vouloit les voir
avant qu'ils partiſſent ; ils ont
efté prendre congé de ſa Majefté,
qui les a receus avec
toute la bonté,& toute l'honeſteté
poſſible. Il leur dit
des Amb. de Siam: 333
entr'autres chofes obligean
tes , qu'il avoit une tres-grande
opinion de leur merite , puisqu'on
les avoit choisi parmy cent cinquante
Iefuites ſesſujets qui fe
preſentoient pour ce voyage. II
les fit enſuitte traiter avec
beaucoup de magnificence
dans l'appartement du Pere
de la Chaife .
Me de la Loubere Envoyé
extraordinaire du Roy de
Siam, partira en même temps.
C'eſt unhomme de qualité &
de merite , & qui a déja eſté
employé dans des Negotiations
importantes ,M: Sébrer
354 IV. P. du Voyage
eſt auſſi Envoyé,& fera Di
recteur general de laCompag--
nie desindes.Le choix qu'on a
faitde luy, marque affez qu'il
en eft capable. Me de Farges,
Lieutenant de Roy deBrifac,
homme de tefte & de coeur ,
fait auffi le meſme Voyage..
Il y aura s.Vaiſſeaux. Pluſieurs
perſonnes de toutes fortes de
profeffions, doivent s'embarquer
dans cesVaiſſeaux.Si tous
ceux qui feront le Voyage de
Siam , trouvent dans les Peuples
de ce Royaume-là beaucoup
de perſonnes du caratere
des Ambaſſadeurs , ils
des Amb. de Siam. 335
auront lieud'eftre fatisfaits.
le Roy de Siam avoit prie
d'accompagner ſes Ambaffadeurs
, retourne avec eux dans
les Eftats de ce Prince. Il a faits
voir en cette occafion la condes
Amb. de Siam. 331
ſtance de fon zele pour le falut
des ames , la tendreſſe de
ſa famille , & les charmes de
faPatrie n'ayant eu aucuns attraits
pour le retenir. Il mene
avec luy quatre Ecclefiaftiques
pour la Miſſion de Siam.
Jeſpere vous pouvoir appren--
dre ſouvent les fruits qu'elle
continuëra de faire , ce que
M Antoine jeune Siamois élevé
dans la Miffionde Sia'm ,
nous a fait voir en Sorbonne,
marque affez de quelle utilité
eft cette Miffion..
Le Roy de Siam ayant fou
haité de voir des Jefuîtes ef
Ecij
332 IV. P. du Voyage
tablis à Siam. Ceux qui ont
eſté choiſis pour s'embarquer
avec les Ambafladeurs , font:
les Peres le Royer , Richaud,
Rochette,Thionville,deBefe,
Corville, Coluiffon, duBouchet,
Ducha, Dolu, le Blanc,
de Saint-Martin , Deſpagrac
&du Breuil. Le Pere Tachard
doit eſtre leur Superieur. Le
Roy ayant dit au Pere de la
Chaife, qu'il vouloit les voir
avant qu'ils partiſſent ; ils ont
efté prendre congé de ſa Majefté,
qui les a receus avec
toute la bonté,& toute l'honeſteté
poſſible. Il leur dit
des Amb. de Siam: 333
entr'autres chofes obligean
tes , qu'il avoit une tres-grande
opinion de leur merite , puisqu'on
les avoit choisi parmy cent cinquante
Iefuites ſesſujets qui fe
preſentoient pour ce voyage. II
les fit enſuitte traiter avec
beaucoup de magnificence
dans l'appartement du Pere
de la Chaife .
Me de la Loubere Envoyé
extraordinaire du Roy de
Siam, partira en même temps.
C'eſt unhomme de qualité &
de merite , & qui a déja eſté
employé dans des Negotiations
importantes ,M: Sébrer
354 IV. P. du Voyage
eſt auſſi Envoyé,& fera Di
recteur general de laCompag--
nie desindes.Le choix qu'on a
faitde luy, marque affez qu'il
en eft capable. Me de Farges,
Lieutenant de Roy deBrifac,
homme de tefte & de coeur ,
fait auffi le meſme Voyage..
Il y aura s.Vaiſſeaux. Pluſieurs
perſonnes de toutes fortes de
profeffions, doivent s'embarquer
dans cesVaiſſeaux.Si tous
ceux qui feront le Voyage de
Siam , trouvent dans les Peuples
de ce Royaume-là beaucoup
de perſonnes du caratere
des Ambaſſadeurs , ils
des Amb. de Siam. 335
auront lieud'eftre fatisfaits.
Fermer
Résumé : Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
L'Abbé de Lionne, à la demande du roi de Siam, retourne dans les États de ce prince avec quatre ecclésiastiques pour une mission au Siam. Le roi de Siam souhaite l'établissement de Jésuites dans son royaume. Douze Jésuites, dont les Pères Le Royer, Richaud, Rochette, Thionville, de Bese, Corville, Coluisson, du Bouchet, Ducha, Dolu, le Blanc, de Saint-Martin, Despagrac et du Breuil, sont choisis pour accompagner les ambassadeurs. Le Père Tachard est nommé leur supérieur. Le roi les reçoit avec honneur, soulignant leur mérite parmi cent cinquante candidats. Me de La Loubere, envoyé extraordinaire du roi de Siam, M. Sébrer, directeur général de la Compagnie des Indes, et Me de Farges, lieutenant du roi de Brefac, participent également au voyage. Cinq vaisseaux transportent diverses personnes de différentes professions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
155
p. 185-217
Liste des Presens pour le Roy de Siam, pour la Princesse Reine, pour M. Constance, & pour les Ambassadeurs qui sont venus en France. [titre d'après la table]
Début :
J'ay poussé trop loin tout ce qui regard[e] l'Ambassade de [...]
Mots clefs :
Ambassade de Siam, Présents, Siam, Travail, Argent, Ouvrages, Pierreries, Lever du soleil, Coucher du soleil, Lune, Diamants, Étoiles fixes, Globe, Cercle, Ligne, Degré, Signes, Sabre, Montres, Horloge, Soleil, Poignée, Pièces de draps, Fourreau, Manière de compter
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Liste des Presens pour le Roy de Siam, pour la Princesse Reine, pour M. Constance, & pour les Ambassadeurs qui sont venus en France. [titre d'après la table]
J'ay pouffé trop loin tout
ce qui regard l'Ambassadede
Siam en France, pour ne pas
achever, en vous apprenant ce
qu il y a long temps que vis desirez sçavoir & dont il m'a
été impossible d'estreplûtost
nformé de la manière que je
le souhaitois. On peut dire
que c'efl: la feule chose qui
manquoic au Journal de cette
Ambiflade, après les quatre
Lettres que je vous ay écrites
là-dessus,&ce que je vous ay
appris dans ma derniere, rouchant
ce qui s'eil: passé a Brest
avant rembarquement des
Âmbassadeurs
,
& dans le
temps qu'ils se sont embarquez.
Je vous envoye donc
cette Liste des Presens si desirée,
& dont la richessè marque
la grandeur du Roy. Il y
a beaucoup de choses parmy
le grand nombred'Articles
que vous allez voir, qui font
pour la Princessè Reyne.
) Cent cinquante pieces de
Draps de toutes fortes de couleurs,
des plusfins & des plus
baaux qui se soient trouvez en
Europe.
Quatre-vingts pieces de
Draps d'or, & de Brocarda
d'ordedifferens desseins, d'une
grande richdTe) & d'un
grand prix.
Cent Fusils qui tirent chacun
six coups. Ils font d'un
travail tres-singulier. Il y ena
beaucoup dont les ornemens
font d'or; les autres font enrichisd'argent,
& iapiufparc
ontefté faits par M. Piraube.
Vingt paires de Pistolets,
dont plusieurs tirent aussi six
coups, qui font autant de
chefj-d'oeuvrcs de l'art, & de
la magnificence, ainsi qu'un1
très-grand nombre d'autres
armes à feu. Il y a aussi des
Cuirasses
,
& d'autres orneniensde
Guerre d'un tres-beau
travail, & d'une très-grande
beauté, tant a cause des divers,
ouvrages de cizelure, que de
la nouvelle maniéré qu'on a
trouvée dy,appliquer l'or &:
l'argent.î Le tout estgarny
d'une infinité de Pierreries;de
ofrteque le travail, & la richesseles
rendent d'un fort
grand prix., :;!. ;:'neu
Douze Vertes, ou chcmifes,
aFufage des Siamois, pour la
PrincesseReyne. La pluspart
font de Point de France, ôci
toutesd'unepiece. On met,
des écofes d'or, ou de couleur
dcuous, ce qui en fait paroître
le dessein. Les Ouvrages donty
je vous parle, font d'une beau-j
té& d'une delicatesse si surprenante,
qquu'"oonnnn'a'ajajamin~aiiiss rien
vû en Europe de ce travail,
qui en ait approché. Il
Douze Mouchoirs dumêmeOuvrage
, mais dont les.
desseins font differens.
;
Douze Pendules faites par^
M.Turet, entre lesquellesil
yen a trois d'or, cizelées de:
Bas-reliefs d'un tres-beau travail.
Elles montrent le mouvement
annuel,& le diurne
la longueur des jours & des;
nuits pendant toute l'annéen
le lever& le coucher du Soleil]
pour l'horisondeSiam, lage;
de la Lune, & la maniéré de:
compter les filüisàlaSiamjise
par Lunaison, ayant deux
Lunes, dont l'une marque
30, jours, & l'autre 2p. ôc
ainsi successivement.
Quatre Montres d'or, ou
Pendules émaillées de couleursdifférentes.
Deux Horloges sonnantes,
dont les boëtes sont enrichies
de tres-beaux Bas-reliefs. Elles
font émaillées de diverses couleurs,&
montrent l'âge de la
Lune, &la maniere de compter
les mois à la Siamoise.
Trente-six Montres d'or.
de divedes maniérés, enrichies
de Pierreries, avec leurs boëces
garnies de Diamans & dl
clous d'or. t
Deux Globes faits par Bail
thazar Martinot
,
Horlogeu:
de la défunte Reyne mere d
Roy. L'un cit cdelle) & ra
prelente le mouvement d-
Firm,-tiiientoù l'ont attachéa
les Etoiles fixes deplufieun
grandeurs, posé s (Ion leu:
longitude, & 1.tiride. Ce:
Etoiles font d'or & ie relief
&sontappliquée le Glc.":,
bequieHd'argent gravé. O
y voit les Conste a ons
cclJ
stes par figures es ct iieiit po
sécs. Le mouv m AZ V !
Glold
Globe est de tourner sur ses
deux Pôles Artique & Antarctique.
Le Zodiaque est placé
lfur la ligne ccliptique en la
'maniéré ordinaire, sur laquelle
ligne le Soleil fait son touren
(un an, & ainsi il fait son afcen-
-fion oblique d'un Tropique en
,un autre Tropique. Il fait conÈnoiftre
son lever s son coucher
par toute la terre, par le
imoyen d'un cercle déclinant
'êcmobile,quisemes selon la
lliauteur des Climats & des
dieux ou l'on s'en veut servir.
rLeSoleil & la Lune font emportez
en 24. heures avec le
premier Mobile auFirmamenc:
lequel saic Ion cours en 3~<
jours, & par consequent le:
Etoiles fixes ont leur mOUj
vemenc ordinaire, & l'on y
voit leur lever & coucher fui
l'horison, comme les autre:
Planeres. LaLunea sonmoui
vement naturel qui retrogradc:
& se renouvelle tous les vingt:
neufjours & demy ,ce qui tlÍi
connoiilre les afped:s auSolciï
& ses fkuations dans chaque
degré des Signes, par chaque
jour ôc chaque heure. Ce Gloc
be est Cilpendu en l'air par 11
Pôle Areique. il chemine paj
[a pesanteur, & remonte en
Douflânt la mainpar dessous. >premier Meridienestfixe,
klesheures sont posées fixes
iu droit de la Ligne équinoxiae
sur un cercle horisontal, cou-
3e de deux cercles verticaux
lngle droit & d'un cercle oblilue
déclinant,qui sert à conloillre
le passagedes Astres
'ers l'horizon. L'Horloge qui
st dedans, peut souffrir telle
i1meirtation qu'on voudra, &
sur la Mer. Elle marque
es minutes qui peuvent estre
tiles pour la Navigation, &
pourconnoistre les lonritu-^
des & les latitudes.
Le Globe terrestreest d'argen
sur un pied tres-propre ,
où
font gravées en Langue Sia.
moise les principales,Parties du
monde, & ladivision geogra
fique sort exacte. Il ya dedani
une Pendule sonnante qui v.
huit jours,&qui fait mouvoi
par l'endroitdela Ligne équi
noxiale un Zodiaque placé et
Ecliptique, qui est emportée
4. heures On y voit deu
cercles d'argent. L'un porte le
douze Signes, & l'autre Ic:
douze mois à la maniere Sia
moise. Le Soleil estentreeux*
,& fait son cours naturel, parcourant
tous les degrez des Signes
de degré en degré, ôc
faisant connoistre les parties
de la Terre qui sont éclairées
selon les Saisons. A. l'air des
Pôles, quiestl'Antartique,
est un Cadran.d'Horloge qui
marque encore m! inutes,
les heures ,les jours, les tuoi:",
Ôc les Lunes ;. desorte que les
mesmes motions se trouvent
Ce Globe s'arreste comme le
Celeste ;mais les manieres de
mettre en pratique sont fort
différentes. C'est un cravailde
speculation particulière, auquel
MMartinoes'estfort applii
qué)& il a outre ces deux Globes
trois sort belles Pendule:
avec les heures en Siamois,&
plusieurs fort belles Montra
faites par le mesme.
Un Sabre garny de sors
beaux Diamans, de groflfe
Emeraudes, & de très- beaux
Rubis.
Un Sabre dont la poignée esr
d'or massif, & garnie aussibien
que le fourreau, de Turquoises
de la Vieille roche, ôc de
plus de quatre - vingts - dix
Pierres d'une grosseur surprenante.
Un autre Sabre dont la poignée
est aussi d'ormassif, sur
laquelle, auin bien que sur le
fourreau, sont enchassées douze
grosses Emeraudes, divers
gros Diamans
, te beaucoup
d':-,utr s Pierreriess
Cinq Miroirs de cristal de
roche, dont les bordures sont
tres-artistement travaillées, &
garnies de Pierreries.
Plufieurs autres Miroirs,
quantité de Boëtes d'or, &
beaucoup de Poignards dont
les poignées font d'or massif,
& d'or de rapport, faits par
Mr Bains, fort estimé pour ces
sortes d'Ouvrages. f' -*.
Quatre Cabinets, quatre
Ecritoires d'or massif & de
Iiï.iXi'c.r.ni:dor> servant de
-L 1 <- '.- :>. Toul - .-s ) aVvC tolites les garnitures,
qui consistent en un
tres-grand nombre de petites
Boëtes d'or d'un tres-beau travail,
enrichies de Diamans, &;J
de diverses autres Pierreries..
Douze Tasses à prendre du
Thé & du Cassé,& d'autres
liqueurs, faites à l'usage des
Siamois, toutes d'or. Elles
sont émaillées - de plusieurs
couleurs, & garnies de Pierreries,
avec leurs, boëtes. de Filigranne
d'or, & de Vermeil
doré,&d'une très- bellecizetare,
if-a?i:fod
Uri-€ Couronne d'or garnie
de gros Diamant3&de gros.
Rubisd'Orienr, avec un tour
de fort grosses Perles. Cette
Couronne est d'un travail trèsbeau
& tres-delicat, & les Pierreriesenfont
parfaites..
* Plusieurs petits Cabinets
d'Ambre, avec des Bas-reliefs
tres-delicatement travaillez,&
desFigures de mesme matière
qui en font le couronnement
Deux Miroirs à bordure
d'Ambre avec des Glaces des
plus grandes qui se puissent
faire. On ne peut rien ajoutée
à la beauté des bordures, qui
font très-larges. On y voir
une insiuité de Bas-reliefs, &
de figures différences, auOE,.
bien que divers ornemens,
convenant à l'Ambre sur lesquels
ils sont cizelez;car il y
en a de diverses fortes. C'effc
le travail de plusieurs années..
Douze grands Lustres de
Cristal de Roche. .-
;'" Douze Girandoles dumênie
Christal, & fort hautes.
Douze Tapis faits à la Ma-'*
nufacture deChalliotapellée,
Sajvontrk. Ils sont à fonds d'or,
d'un tres-bèau deflcin, & fort
grands.; - 1 !
; Quatre Tentures de Tapisserie
à fond d'or. de la Manufacture
Royale des Gobelins.
Ell s
representent les Maisons
Royales & plusieursHistoires.
t',
Quarante-huit Cartes d'une
inventiontrésrare, toutes
dorrées, & enrichies d'ornemens
extraordinaires par les
plus
ti
habiles Ouvriers du
Royaume.
Unetres-grande quantité
d'Instrumens bde Mathematique,
pour la Navigation, pour
les Eaux, & pourtout ce qui
concerne cette Science, les uns
d'or, lesautresd'argent, ôc
les autres de cuivre doré. Tous
ces Instrumens sont très bien
travaillez.
Quantité de Compas de:
proportion.
Plusieurs Selles, Housses,
& Foureaux de Pistolet, les;
unes brodées d'or, & les autres
d'or, & d'argent;
Plusieurs Brides & autres;
Harnois garnis de pierreries.,
Une HoussedeCheval,& une:
Housse d'Eléphantd'unetrèsbelle
broderie dont une partie
du dessein est formé par un tres
grand nombre de Pierreries.
Plusieurs Juste-au corps,Vesses)
Casaquins&Baudriers à
àla façon des Siamois, tous
délicatement brodez & [ernez
de perles.
Plusieurs Miroirs ardens d'une
construction nouvelle, &
qui bien qu'ils n'ayent qu'un
pied de diametre, font autant
d'effet &ont autant d'achvice
que tous ceux qu'ona veus
jusquapresent. àj
hfii On peut aisémentdistin^
guer parmy ces Articles les
choses qui conviennent à la
-
Princcflè Reyne;commedes
Chemises de Point, des Montrès
,* des Pendules, des Miroirs,
des Ecritoires, des Caffettesjdes
Cabinets, & généralement
tout ce qui regardeI
les toilettes, soit pour l'ufa
ge,foit pour l'ornement.
Comme Mr Confiancecft
Catholique, il y à une tresbelle
Chapelle pour luy avec
quantité d'autrespresens qui
luyconviennent. Il y à aussi
un Habit du Roy pour le meme
Mr Confiance, accompagné
de tout ce qui regardele
reste de l'habillement. Il avoit?
témoigné aux Ambassadeurs
avant leur départ, qu'il souhaitoit
avec passion avoir un
des Habits de ce Prince. Tous
ces presens sont accompagnez
de plusieurs autres, au nom de
MonseigneurleDauphin & de
Madame la Dauphine.
-
Je vous ay marqué la manière
galante dont Monsieur
a fait des pre sens quelque
temps avant le départ des Ambaffadeurs.
Un jeune Prince qui n'est
pas moins estimé par son ciprit
que par la grandeur de sa
naissance, a faitaussi un present
crés-confiderabic auRojn
deSiam. C'estungrand Livre
ou toutes les Conquestesdu
Roydepuisiecommencemenc
de [on Regne,sont peintes sun
du Velin, & vis à vis de chaque
Tableau, qui represente»
ou la prise d'une Place, ou le
gain d'une Bataille, ou quelque
action éclatante, & guerriere;
l'Histoire dece Tableau
est écrite, &toute renfermée
dans la page. Il y à une autre
page blanche qu'on à laissée
pour y mettre la Traduction
:qume l'ooniesn.d<oit faire en SiaFRESENSDES.
M.
Aux Ambdjjadeurs.
Plusieurs Portraits du Roy»
d'or émaillé, & garnis de
diamans.
Plusieurs Chaînes d'or avec
la Medaille desa Majesté.
Six Luftrcs de Cristal de
roche à chacun des trois Ambaladeurs.
- Plusieurs pieces de draps fin.;!
de diverses couleurs.
Plusieurs pieces de Draps
d'or &de Brocards d'or.
Plusieurs Fusils, Pistolets
&autres Armes, tres-riches &
cres-curieuses. Une infinité
d'autres, presens à leurufage jj
comme des Sabres & des
Poignards garnis d'or.:
1J Des Tasses d'or àprendrâl
du Thé, & du Caffé.
1, - Des Cartes, des Compas &:.
des Machines de toutes Í()rtesL;
pour lesCieux, pour la N:-*
vigation, pour les Forrifica-a
tions, & pour divers aurress
Arts.
Trois Cabinets de Cristal ddss
roche taillé à facerres, un peui
plus grands que des Calfates
ordinaires,mais beaucoup plus;,
élevez. Ils font encourez de co^
lomncs-de Vermeil d'oré de di-,
versordres d'Archlteâure,&de
plusieurs autres ornemens. Les
dedans font d'une tres -belle
Graveure, parce que la cizelure
y auroit incommodé. Ces
Cabinets, quoy que quarrez
long, ont des couverclesélevez
qui les font paroistre à
demy en DOines) & ne s'ouvrent
que par le dessus.
Plusieurs Tables de Marbre
de diverses couleurs.,& de diverses
maniérés.
Mrs de Croissy & de Segne-
[ay, ont aussi envoyé de trèsbeaux
presens àMrConftance,
qui leur en avoic envoya
de 5um. Parmy ceux qui fonti
partis, i; v a des Miroirs dune
giùnckur, & d'une eaute,
Piufieurs Vases, Buires
Bassins, &: Bocals de Verniei
doré, dont la cizelure eftl
tres-belle. Il y aussi-pluficura1
Ouvrages des Manufactures:
de France, & de tout ce qui:
sby faeit deaplusurare.&de plus-
PRESENS DES JESVlTES
au Roy de Siam.
-Deux'grandes Machines,:
l'une pour les Planettes
)
&
l'autre pourlesEclipse. J'en
ayI donné ?la deCcription, &
celle de leurs effetsdans mi
LettredeSiam, où je parle de
l'Observatoire. On a ajouté a
cette Machine un mouvement
d'Horloge qui donne defoy
même tous les jours la fituation
des Planettesdans le Ciel,
&r'ne laisse pas de faire connoîrre
le pasle & l'avenir, par
l'aat present des Plancttes
dans le Ciel, comme on fai-
Foit aux Machines qui ont précédé
celle-cy.
L Un Globe suspendu allant k"*
par son propre poids.
Deux tres-belles Horloges^
al lant sur un plan incliné.
Quatres grandes Pendules3.
façonnées comme celles de:
rObfervatoire.
Quatre autres portatives.
Un mouvement qu'on nomme
Pàraletique, pour fèrviti
à obfcrver avec de grands Verres
(ans tuyaux, & plufieursc
autres Instrumens de Mathematique,
& d'Âstrologie.
Des Montres qui peuvent
se remonter sans qu'on serti
a pperçoive, & sans qu'ortj
fâche qu'on les remonte, &;
qui se trouvent remontées ,
pourvcu qu'on les ouvre seulement
une fois le jour pour
/oir l'heure. Quand on les
)uvre plus souvent? on ne
es remonte quaproporion
du temps qu'on a été [ans
es ouvrir.
Tous ces Ouvrages ont été
âits par M' Turet, dont le
jenie est admirable pour ces
brtes de choies, & qui n'est
las moins connu & cftimé
hez les Edrangers,qu'il l'cit
n France.Ilsferontconnoistre
ux Peuples d'Orient que les
¡eaux Arts fleunflent beaucoup
plusen ce Royaume qu'a
la Chine & au Japon; ôclei
Indiens qui croyent surpasses
en richesses tous les Peuple;:
de la Terre, verront par le:
Presens du Roy,fortis de 1;
feule Cour de France que le:
Indes n'en fournirent pas aui
tant à toutes les autres Nai
tions pendant des Siecles eru
tiers. La pluspart de tous ce
Ouvrages ont étéveus che::
M Alvarés quia conduit pan
ticulierement ceux qui (on
enrichis de Pierreries>dont:
a fourny unfort grand nonn
bre. Son aaiviré a fait voir fo<
zef
tele^latopt fait mettre dans
des caissesde plomb, scellées
avecd'autre; plomb, de Íorte-)
que tout ce que ces caisses rerq
fermeest- impénétrable à l'air
dehMer
ce qui regard l'Ambassadede
Siam en France, pour ne pas
achever, en vous apprenant ce
qu il y a long temps que vis desirez sçavoir & dont il m'a
été impossible d'estreplûtost
nformé de la manière que je
le souhaitois. On peut dire
que c'efl: la feule chose qui
manquoic au Journal de cette
Ambiflade, après les quatre
Lettres que je vous ay écrites
là-dessus,&ce que je vous ay
appris dans ma derniere, rouchant
ce qui s'eil: passé a Brest
avant rembarquement des
Âmbassadeurs
,
& dans le
temps qu'ils se sont embarquez.
Je vous envoye donc
cette Liste des Presens si desirée,
& dont la richessè marque
la grandeur du Roy. Il y
a beaucoup de choses parmy
le grand nombred'Articles
que vous allez voir, qui font
pour la Princessè Reyne.
) Cent cinquante pieces de
Draps de toutes fortes de couleurs,
des plusfins & des plus
baaux qui se soient trouvez en
Europe.
Quatre-vingts pieces de
Draps d'or, & de Brocarda
d'ordedifferens desseins, d'une
grande richdTe) & d'un
grand prix.
Cent Fusils qui tirent chacun
six coups. Ils font d'un
travail tres-singulier. Il y ena
beaucoup dont les ornemens
font d'or; les autres font enrichisd'argent,
& iapiufparc
ontefté faits par M. Piraube.
Vingt paires de Pistolets,
dont plusieurs tirent aussi six
coups, qui font autant de
chefj-d'oeuvrcs de l'art, & de
la magnificence, ainsi qu'un1
très-grand nombre d'autres
armes à feu. Il y a aussi des
Cuirasses
,
& d'autres orneniensde
Guerre d'un tres-beau
travail, & d'une très-grande
beauté, tant a cause des divers,
ouvrages de cizelure, que de
la nouvelle maniéré qu'on a
trouvée dy,appliquer l'or &:
l'argent.î Le tout estgarny
d'une infinité de Pierreries;de
ofrteque le travail, & la richesseles
rendent d'un fort
grand prix., :;!. ;:'neu
Douze Vertes, ou chcmifes,
aFufage des Siamois, pour la
PrincesseReyne. La pluspart
font de Point de France, ôci
toutesd'unepiece. On met,
des écofes d'or, ou de couleur
dcuous, ce qui en fait paroître
le dessein. Les Ouvrages donty
je vous parle, font d'une beau-j
té& d'une delicatesse si surprenante,
qquu'"oonnnn'a'ajajamin~aiiiss rien
vû en Europe de ce travail,
qui en ait approché. Il
Douze Mouchoirs dumêmeOuvrage
, mais dont les.
desseins font differens.
;
Douze Pendules faites par^
M.Turet, entre lesquellesil
yen a trois d'or, cizelées de:
Bas-reliefs d'un tres-beau travail.
Elles montrent le mouvement
annuel,& le diurne
la longueur des jours & des;
nuits pendant toute l'annéen
le lever& le coucher du Soleil]
pour l'horisondeSiam, lage;
de la Lune, & la maniéré de:
compter les filüisàlaSiamjise
par Lunaison, ayant deux
Lunes, dont l'une marque
30, jours, & l'autre 2p. ôc
ainsi successivement.
Quatre Montres d'or, ou
Pendules émaillées de couleursdifférentes.
Deux Horloges sonnantes,
dont les boëtes sont enrichies
de tres-beaux Bas-reliefs. Elles
font émaillées de diverses couleurs,&
montrent l'âge de la
Lune, &la maniere de compter
les mois à la Siamoise.
Trente-six Montres d'or.
de divedes maniérés, enrichies
de Pierreries, avec leurs boëces
garnies de Diamans & dl
clous d'or. t
Deux Globes faits par Bail
thazar Martinot
,
Horlogeu:
de la défunte Reyne mere d
Roy. L'un cit cdelle) & ra
prelente le mouvement d-
Firm,-tiiientoù l'ont attachéa
les Etoiles fixes deplufieun
grandeurs, posé s (Ion leu:
longitude, & 1.tiride. Ce:
Etoiles font d'or & ie relief
&sontappliquée le Glc.":,
bequieHd'argent gravé. O
y voit les Conste a ons
cclJ
stes par figures es ct iieiit po
sécs. Le mouv m AZ V !
Glold
Globe est de tourner sur ses
deux Pôles Artique & Antarctique.
Le Zodiaque est placé
lfur la ligne ccliptique en la
'maniéré ordinaire, sur laquelle
ligne le Soleil fait son touren
(un an, & ainsi il fait son afcen-
-fion oblique d'un Tropique en
,un autre Tropique. Il fait conÈnoiftre
son lever s son coucher
par toute la terre, par le
imoyen d'un cercle déclinant
'êcmobile,quisemes selon la
lliauteur des Climats & des
dieux ou l'on s'en veut servir.
rLeSoleil & la Lune font emportez
en 24. heures avec le
premier Mobile auFirmamenc:
lequel saic Ion cours en 3~<
jours, & par consequent le:
Etoiles fixes ont leur mOUj
vemenc ordinaire, & l'on y
voit leur lever & coucher fui
l'horison, comme les autre:
Planeres. LaLunea sonmoui
vement naturel qui retrogradc:
& se renouvelle tous les vingt:
neufjours & demy ,ce qui tlÍi
connoiilre les afped:s auSolciï
& ses fkuations dans chaque
degré des Signes, par chaque
jour ôc chaque heure. Ce Gloc
be est Cilpendu en l'air par 11
Pôle Areique. il chemine paj
[a pesanteur, & remonte en
Douflânt la mainpar dessous. >premier Meridienestfixe,
klesheures sont posées fixes
iu droit de la Ligne équinoxiae
sur un cercle horisontal, cou-
3e de deux cercles verticaux
lngle droit & d'un cercle oblilue
déclinant,qui sert à conloillre
le passagedes Astres
'ers l'horizon. L'Horloge qui
st dedans, peut souffrir telle
i1meirtation qu'on voudra, &
sur la Mer. Elle marque
es minutes qui peuvent estre
tiles pour la Navigation, &
pourconnoistre les lonritu-^
des & les latitudes.
Le Globe terrestreest d'argen
sur un pied tres-propre ,
où
font gravées en Langue Sia.
moise les principales,Parties du
monde, & ladivision geogra
fique sort exacte. Il ya dedani
une Pendule sonnante qui v.
huit jours,&qui fait mouvoi
par l'endroitdela Ligne équi
noxiale un Zodiaque placé et
Ecliptique, qui est emportée
4. heures On y voit deu
cercles d'argent. L'un porte le
douze Signes, & l'autre Ic:
douze mois à la maniere Sia
moise. Le Soleil estentreeux*
,& fait son cours naturel, parcourant
tous les degrez des Signes
de degré en degré, ôc
faisant connoistre les parties
de la Terre qui sont éclairées
selon les Saisons. A. l'air des
Pôles, quiestl'Antartique,
est un Cadran.d'Horloge qui
marque encore m! inutes,
les heures ,les jours, les tuoi:",
Ôc les Lunes ;. desorte que les
mesmes motions se trouvent
Ce Globe s'arreste comme le
Celeste ;mais les manieres de
mettre en pratique sont fort
différentes. C'est un cravailde
speculation particulière, auquel
MMartinoes'estfort applii
qué)& il a outre ces deux Globes
trois sort belles Pendule:
avec les heures en Siamois,&
plusieurs fort belles Montra
faites par le mesme.
Un Sabre garny de sors
beaux Diamans, de groflfe
Emeraudes, & de très- beaux
Rubis.
Un Sabre dont la poignée esr
d'or massif, & garnie aussibien
que le fourreau, de Turquoises
de la Vieille roche, ôc de
plus de quatre - vingts - dix
Pierres d'une grosseur surprenante.
Un autre Sabre dont la poignée
est aussi d'ormassif, sur
laquelle, auin bien que sur le
fourreau, sont enchassées douze
grosses Emeraudes, divers
gros Diamans
, te beaucoup
d':-,utr s Pierreriess
Cinq Miroirs de cristal de
roche, dont les bordures sont
tres-artistement travaillées, &
garnies de Pierreries.
Plufieurs autres Miroirs,
quantité de Boëtes d'or, &
beaucoup de Poignards dont
les poignées font d'or massif,
& d'or de rapport, faits par
Mr Bains, fort estimé pour ces
sortes d'Ouvrages. f' -*.
Quatre Cabinets, quatre
Ecritoires d'or massif & de
Iiï.iXi'c.r.ni:dor> servant de
-L 1 <- '.- :>. Toul - .-s ) aVvC tolites les garnitures,
qui consistent en un
tres-grand nombre de petites
Boëtes d'or d'un tres-beau travail,
enrichies de Diamans, &;J
de diverses autres Pierreries..
Douze Tasses à prendre du
Thé & du Cassé,& d'autres
liqueurs, faites à l'usage des
Siamois, toutes d'or. Elles
sont émaillées - de plusieurs
couleurs, & garnies de Pierreries,
avec leurs, boëtes. de Filigranne
d'or, & de Vermeil
doré,&d'une très- bellecizetare,
if-a?i:fod
Uri-€ Couronne d'or garnie
de gros Diamant3&de gros.
Rubisd'Orienr, avec un tour
de fort grosses Perles. Cette
Couronne est d'un travail trèsbeau
& tres-delicat, & les Pierreriesenfont
parfaites..
* Plusieurs petits Cabinets
d'Ambre, avec des Bas-reliefs
tres-delicatement travaillez,&
desFigures de mesme matière
qui en font le couronnement
Deux Miroirs à bordure
d'Ambre avec des Glaces des
plus grandes qui se puissent
faire. On ne peut rien ajoutée
à la beauté des bordures, qui
font très-larges. On y voir
une insiuité de Bas-reliefs, &
de figures différences, auOE,.
bien que divers ornemens,
convenant à l'Ambre sur lesquels
ils sont cizelez;car il y
en a de diverses fortes. C'effc
le travail de plusieurs années..
Douze grands Lustres de
Cristal de Roche. .-
;'" Douze Girandoles dumênie
Christal, & fort hautes.
Douze Tapis faits à la Ma-'*
nufacture deChalliotapellée,
Sajvontrk. Ils sont à fonds d'or,
d'un tres-bèau deflcin, & fort
grands.; - 1 !
; Quatre Tentures de Tapisserie
à fond d'or. de la Manufacture
Royale des Gobelins.
Ell s
representent les Maisons
Royales & plusieursHistoires.
t',
Quarante-huit Cartes d'une
inventiontrésrare, toutes
dorrées, & enrichies d'ornemens
extraordinaires par les
plus
ti
habiles Ouvriers du
Royaume.
Unetres-grande quantité
d'Instrumens bde Mathematique,
pour la Navigation, pour
les Eaux, & pourtout ce qui
concerne cette Science, les uns
d'or, lesautresd'argent, ôc
les autres de cuivre doré. Tous
ces Instrumens sont très bien
travaillez.
Quantité de Compas de:
proportion.
Plusieurs Selles, Housses,
& Foureaux de Pistolet, les;
unes brodées d'or, & les autres
d'or, & d'argent;
Plusieurs Brides & autres;
Harnois garnis de pierreries.,
Une HoussedeCheval,& une:
Housse d'Eléphantd'unetrèsbelle
broderie dont une partie
du dessein est formé par un tres
grand nombre de Pierreries.
Plusieurs Juste-au corps,Vesses)
Casaquins&Baudriers à
àla façon des Siamois, tous
délicatement brodez & [ernez
de perles.
Plusieurs Miroirs ardens d'une
construction nouvelle, &
qui bien qu'ils n'ayent qu'un
pied de diametre, font autant
d'effet &ont autant d'achvice
que tous ceux qu'ona veus
jusquapresent. àj
hfii On peut aisémentdistin^
guer parmy ces Articles les
choses qui conviennent à la
-
Princcflè Reyne;commedes
Chemises de Point, des Montrès
,* des Pendules, des Miroirs,
des Ecritoires, des Caffettesjdes
Cabinets, & généralement
tout ce qui regardeI
les toilettes, soit pour l'ufa
ge,foit pour l'ornement.
Comme Mr Confiancecft
Catholique, il y à une tresbelle
Chapelle pour luy avec
quantité d'autrespresens qui
luyconviennent. Il y à aussi
un Habit du Roy pour le meme
Mr Confiance, accompagné
de tout ce qui regardele
reste de l'habillement. Il avoit?
témoigné aux Ambassadeurs
avant leur départ, qu'il souhaitoit
avec passion avoir un
des Habits de ce Prince. Tous
ces presens sont accompagnez
de plusieurs autres, au nom de
MonseigneurleDauphin & de
Madame la Dauphine.
-
Je vous ay marqué la manière
galante dont Monsieur
a fait des pre sens quelque
temps avant le départ des Ambaffadeurs.
Un jeune Prince qui n'est
pas moins estimé par son ciprit
que par la grandeur de sa
naissance, a faitaussi un present
crés-confiderabic auRojn
deSiam. C'estungrand Livre
ou toutes les Conquestesdu
Roydepuisiecommencemenc
de [on Regne,sont peintes sun
du Velin, & vis à vis de chaque
Tableau, qui represente»
ou la prise d'une Place, ou le
gain d'une Bataille, ou quelque
action éclatante, & guerriere;
l'Histoire dece Tableau
est écrite, &toute renfermée
dans la page. Il y à une autre
page blanche qu'on à laissée
pour y mettre la Traduction
:qume l'ooniesn.d<oit faire en SiaFRESENSDES.
M.
Aux Ambdjjadeurs.
Plusieurs Portraits du Roy»
d'or émaillé, & garnis de
diamans.
Plusieurs Chaînes d'or avec
la Medaille desa Majesté.
Six Luftrcs de Cristal de
roche à chacun des trois Ambaladeurs.
- Plusieurs pieces de draps fin.;!
de diverses couleurs.
Plusieurs pieces de Draps
d'or &de Brocards d'or.
Plusieurs Fusils, Pistolets
&autres Armes, tres-riches &
cres-curieuses. Une infinité
d'autres, presens à leurufage jj
comme des Sabres & des
Poignards garnis d'or.:
1J Des Tasses d'or àprendrâl
du Thé, & du Caffé.
1, - Des Cartes, des Compas &:.
des Machines de toutes Í()rtesL;
pour lesCieux, pour la N:-*
vigation, pour les Forrifica-a
tions, & pour divers aurress
Arts.
Trois Cabinets de Cristal ddss
roche taillé à facerres, un peui
plus grands que des Calfates
ordinaires,mais beaucoup plus;,
élevez. Ils font encourez de co^
lomncs-de Vermeil d'oré de di-,
versordres d'Archlteâure,&de
plusieurs autres ornemens. Les
dedans font d'une tres -belle
Graveure, parce que la cizelure
y auroit incommodé. Ces
Cabinets, quoy que quarrez
long, ont des couverclesélevez
qui les font paroistre à
demy en DOines) & ne s'ouvrent
que par le dessus.
Plusieurs Tables de Marbre
de diverses couleurs.,& de diverses
maniérés.
Mrs de Croissy & de Segne-
[ay, ont aussi envoyé de trèsbeaux
presens àMrConftance,
qui leur en avoic envoya
de 5um. Parmy ceux qui fonti
partis, i; v a des Miroirs dune
giùnckur, & d'une eaute,
Piufieurs Vases, Buires
Bassins, &: Bocals de Verniei
doré, dont la cizelure eftl
tres-belle. Il y aussi-pluficura1
Ouvrages des Manufactures:
de France, & de tout ce qui:
sby faeit deaplusurare.&de plus-
PRESENS DES JESVlTES
au Roy de Siam.
-Deux'grandes Machines,:
l'une pour les Planettes
)
&
l'autre pourlesEclipse. J'en
ayI donné ?la deCcription, &
celle de leurs effetsdans mi
LettredeSiam, où je parle de
l'Observatoire. On a ajouté a
cette Machine un mouvement
d'Horloge qui donne defoy
même tous les jours la fituation
des Planettesdans le Ciel,
&r'ne laisse pas de faire connoîrre
le pasle & l'avenir, par
l'aat present des Plancttes
dans le Ciel, comme on fai-
Foit aux Machines qui ont précédé
celle-cy.
L Un Globe suspendu allant k"*
par son propre poids.
Deux tres-belles Horloges^
al lant sur un plan incliné.
Quatres grandes Pendules3.
façonnées comme celles de:
rObfervatoire.
Quatre autres portatives.
Un mouvement qu'on nomme
Pàraletique, pour fèrviti
à obfcrver avec de grands Verres
(ans tuyaux, & plufieursc
autres Instrumens de Mathematique,
& d'Âstrologie.
Des Montres qui peuvent
se remonter sans qu'on serti
a pperçoive, & sans qu'ortj
fâche qu'on les remonte, &;
qui se trouvent remontées ,
pourvcu qu'on les ouvre seulement
une fois le jour pour
/oir l'heure. Quand on les
)uvre plus souvent? on ne
es remonte quaproporion
du temps qu'on a été [ans
es ouvrir.
Tous ces Ouvrages ont été
âits par M' Turet, dont le
jenie est admirable pour ces
brtes de choies, & qui n'est
las moins connu & cftimé
hez les Edrangers,qu'il l'cit
n France.Ilsferontconnoistre
ux Peuples d'Orient que les
¡eaux Arts fleunflent beaucoup
plusen ce Royaume qu'a
la Chine & au Japon; ôclei
Indiens qui croyent surpasses
en richesses tous les Peuple;:
de la Terre, verront par le:
Presens du Roy,fortis de 1;
feule Cour de France que le:
Indes n'en fournirent pas aui
tant à toutes les autres Nai
tions pendant des Siecles eru
tiers. La pluspart de tous ce
Ouvrages ont étéveus che::
M Alvarés quia conduit pan
ticulierement ceux qui (on
enrichis de Pierreries>dont:
a fourny unfort grand nonn
bre. Son aaiviré a fait voir fo<
zef
tele^latopt fait mettre dans
des caissesde plomb, scellées
avecd'autre; plomb, de Íorte-)
que tout ce que ces caisses rerq
fermeest- impénétrable à l'air
dehMer
Fermer
Résumé : Liste des Presens pour le Roy de Siam, pour la Princesse Reine, pour M. Constance, & pour les Ambassadeurs qui sont venus en France. [titre d'après la table]
Le texte décrit les présents offerts par le roi de France à l'ambassade de Siam. L'auteur exprime des regrets de n'avoir pas pu fournir ces informations plus tôt. La liste des présents est détaillée et inclut divers articles destinés à la princesse reine de Siam. Parmi ces articles, on trouve des draps de différentes couleurs et matériaux précieux. Les armes, telles que des fusils et pistolets, sont ornées d'or et d'argent. Les ornements de guerre, comme les cuirasses, sont enrichis de pierreries. Les vêtements et accessoires offerts sont de grande qualité. Les objets notables incluent des pendules, montres et horloges, ainsi que des globes célestes et terrestres. Des sabres ornés de pierres précieuses, des miroirs, des cabinets et écritoires en or, des tasses pour le thé, une couronne d'or, des lustres et girandoles en cristal, des tapisseries, des cartes, et des instruments de mathématiques sont également mentionnés. Les présents incluent aussi des selles et housses brodées, ainsi que des miroirs ardents. Pour Monsieur Confiance, catholique, des articles spécifiques comme une chapelle et un habit du roi sont prévus. Un jeune prince a offert un livre illustrant les conquêtes du roi de France. Tous ces présents sont accompagnés de ceux de Monseigneur le Dauphin et de Madame la Dauphine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
156
p. 51-106
Nouvelle Liste des Presens envoyez à Siam. [titre d'après la table]
Début :
Quoy que la Liste que je vous ay envoyée le mois passé [...]
Mots clefs :
Présents, Siam, Pièce, Argent, Or, Taille-douce, Vert, Cristal, Reliefs, Canon, Fusil, Roche, Pièces, Ponceau, Garni, Enrichi, Rouge, Broche, Pistolets, Diamants, Couleur, Étui, Boîte, Montre, Fleurs, Dessins, France, Glace, Représenter, Gravures
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Liste des Presens envoyez à Siam. [titre d'après la table]
Quoy que la Lifte que je
vous ay envoyée le mois pafré
des Presens qui sont partis
pour Siam,vous ait paru rres-
~pelle, tres ample, & trescurieuse,
j'ay encore beaucoup
dechoses nouvelles à.
vous apprendre sur le mefne
articl
nearticlee.. Il sfaauutt de ggrraannddss
oins, & d'exactes recherches
iour être pleinement instuit
t un détail pareil à celu y-là,
: sur tout, quand on veut
on seulement estre informe
du nombre des pieces, mais
donner aussi une descriprion
particuliere dechacune.C'est
ce que je vay raire a l'égard
decelles dont jene vousay
parlé que legerement. Je ne
vous diray plus rien des autres
,
& passeray mesme par
dessus sans vous les nommer
une seconde fois, àcause que
je vous les ay amplement décrites
, maisaussi i'en aiouteray
un tres-grand nombre,
dont ie ne vous ay encore
rien dit, & vous décriray susJ
qu'aux étofes ,sans quoy il
feroit impossible d'en
bien
faire voir la richesse, & dq
connoistre en quoy consiste
la magnificence de ces P!c:
:cns. le commenceray par
ceux que Sa Majesté a envoyez.
Une Couronne d'or à fleuons,
enrichie de Diamans,
le Rubis, d'Emeraudes, &
le Perles.
Un grand Panache d'or,
ouvert desmeimes Perles.
Un grand Miroir de cris-
'a) garny d'or, la bordure
enrichie de Diamans, le der-
~icre aussid'or à fleurs dereief,
& émaillées.
UneSelle de ch eval avec
a Housse
,
les Fourreaux de
~?i.ioiets & les Harnois en
Broderie de relief
, & les
Etriers de vermeil le tout
enrichy de Pierreries.
Quatre Vestes de velours,
deux noires & deux rouges,
une de chaque couleur avec
des manches, & une sans
manches, en broderie de
fleurs de soye liserées d'or,
enric hies de Perles; les noires
avec un galon rouge, & les
rouges avec un galon vert,
brodées &enrichies de.mef-J
me, suivantlesmodelles ap.j
portez de Siam.
Deux Baudriers enbro
derie d'or
,
passée avec les
garnitures d'or émaillées.
:> UnBufle tout bordé d'or
de relief avec les manches,
e Ceinturon, les crochets &
es agraffes de vermeil, doré
deux fois.
Un grand Vase d'Ambre
gravé de bas reliefs, avecla
garniture d'or.
Un grand Cabinet de crital
deroche, les garnitures
ravaillées à fleurs de vermeil
loré.
Une paiie d'A rmes de fer
àl'épreuve du pistolet moitié
coul eur d'eau & moitié
gravées de plusieurs ornemens
dorez, complettesà
l'exception des jambes, le
tout doublé de satinbleu,&
galonné d'or.
Deux grands Fusils à la
Siamoise, enrichis de beaucoup
de reliefs, la garniture
d'argent aussi en relief, les
canons enrichis d'or & d'argent,
& les bois avec des
ornemens tres-riches, chacun
dans ion étuy de maroquin
rouge doré au feu.
Quatre pieces de drap d'or,
& de brocard d'or & d'argent,
de la ~Manufacture dc^
M.Charlierà S. Maur, lur
des desseins de France ; sçavoir,
Une piece de drap d'or
rayé, à fond d'argent broché
d'or & d'argent,nue de
plusieurs couleurs.
! Vnepiece deBrocard d'or
à fond couleur de feu
,
broehé
d'or & d'argent, liseré
de vert
Une piece de Brocard d'or
à fond vert broché d'or 6c d argent retors,liseré de couleur
de feu.
Vne piece de Brocardd'or
à fond*brorché-
d'or & d'argent,liseré
Six piecesd'étofes àfleurs
nuées,listrées d'or sur des
desseins de Siam ; sçavoir,
Vne pieceà fond d'or nue
glacé.
Vne autre piece à fond
ponceau à fleurs lilsrées d'or.
Vnepiece à fond pastel. :
Vne autre à fond bleu.
EEttuunnceaauuttrrecààffoonnddgDris
c 1 air. *
Huit picccs de drap & de
brocard or & argent tres-riches,
(ur des desseins de 11
France ; sçavoir,
Vne pièce de brocard tres- ,
1
richeà-fond d'or broché &
à fleurs ciselées d'or rebrodé
de toutes couleurs.
Vne piece ponceau or&
argent passé d'or tors à travers,
& rebrodé d'argent
tors. Vne pièce - or & argent nué
à fond noir rebrochéd'or
-, - , glace&d'or tors avec feyc,
ponceau brodé.
orVnepieced'étoffevert&:
passé d'or à travers, & rebroché
d'or tors.
-
Vne pièce ponceau & or
brochéd'orglacé,&rebrodé,
d'or tors au petitmestier.
Vne piece cramoisy & or
broché d'or lissé avec ortors,
& rebroché d'argentfrisé.
Vne. piece bleue or & argent,
le fond d'or broché
& tors avec argent tors.
Vne piece bleue & or paffé ed'or glacé à travers.
Huit tables de marbre avec
les chassis
..)t.' piedsue Sculpture
tous dorez.
PRESENS DE MONSEIGÑEVK;
au Roy de Sium.
Vne grande Pendule à quatrecristeaux
de loche,&qua*;
tre colomnes surmontées de
quatre Fleurs de Lys,& soûtenuës
de quatreboules, le
tout decristal deroche, les
Portiques garnis d'or, enrichisdepierreries,&
le Do-
De d'acier bruny
,
enrichy
le feüillages d'or, terminé
parune Fleur de Lys
Deux Baudriers en broder
ie d'or, avec les garnitures
l'or émaillecs.
Deux Fusils à la Siamoise,
enrichis de reliefs gravez en
aille douce, la garniture
l'argent, le canon damait
quiné d'or, & le bois enrichy
d'argent de rapport,
chacun dans son étuy de
maroquin rouge, doré au
feu.
Vne piece d'unquarré long doré deux fois, - contenant
un tiroir& une boëte
couverte, sur laquelleil y a
une Ecritoire ornée de reliefs,
& de graveures enrichies
d'or & de festons d'émail
, avec trente-neuf Diamans.
Vne Montre à boëte d'or
àdeux cristaux, dontle jonc
est gravé de bas-reliefs, marquant
le lever &le coucher
du Soleil, faisant voir le
mouvement annuel, & le
iurne, avec le mouvement
e la Lune, suivant la maiere
de compter à la Sialoise.
Cette Montre a son
tuy fleuronnéd'or.
Deux pieces de drap or
& argent, de Mr Charlier,
ut des desseins de France;
çavoir,
Une piece de drap d'or
ayé, à fond d'or & d'argent
tors avec des comparti
mens couleur de feu.
Vne piece de Brocard d'or
fond bleu, broché d'or&
'argent retors: liseré de
couleur de feu.
Deux autres pieces de Broscardçor&
aarvgento,tresi-rirch,es
Une piece ponteau & or,
broché d'or, à fond glacé
d'or à filigrane.
Vne autre piece vert &or
& argent, à fond d'or ciselé,
broché d'or tors, avec
filigrane d'or tors.
Cinq pieces d'étoffes d'or
& d'argent, nuées & liserées
d'or sur des desseins de Siam
sçavoir
I
Vne piece à fond d'ar
gent glacé,nue.
Vuepièce à fond ama.
ante nue.
Une pièce à iondlfàbcllc.
Vue pièceà-tond vert.
Et une à fond ce la don
Vn tres beau Cabinet dc
riftal de roche, garny de
fermeil doré
Quatre 1 ables de marbra
vec leurs chailis, & pieds
le sculpture dorez.
PRESENSDE ¡'/J/:/DAlvlE'
t - !la 'DaUphine pour la Princjje
de Sidm
,
nomméela
!
f)rincefJe Rryne.
Quatre grandes roses dq
Diamans.
Vne autre plus grande aussi
de Diamans. -
Vne grande Rose de bellcsj
& fortes Emeraudes& de
Diamans. :
Vn Miroir de criftaldero^
che garny d'or la bordure
& le derriere à feüillages cin
zelez
,
enrichie de Diamant
& de Rubis.i Vn petit Coffre d'or gar-j
ny de vases en forme dj
cave aussi d'or, le tout gran
ve & garny de Diamans.
Deux boëtes d'or couj
Vertes en pointes émaillées a
fleurs de neuf pouces, j
Deux autres boëtes aussi
d'or de mesme grandeur de
le mesme figure.
Deux grandestasses ci'or"
:-malll-ées
- Vn grand miroir d'or couert
en forme de boëtetout
maill-é à deux glaces,
Vn grand Cabinet d'ambrea
bas reliefs & à graveues
le dessus port nt pluleurs
Figures de Personna- es&arbres-
Vntres-beau & grand Cainet
de cristal de roche gary
de vermeil. t)
Vne Montre à boëte d'or
à deux cristaux, plus grande;
que les autres, qui montra
l'âge de la Lune à la maniére
Siamoise
, avec son estuy
garny de fleurons ayant la
boëtc cizelée & Cadrans;
d'or. 1
Vne autre Montre émaillée
devert à taille d'épargne.
Cinq pieces de Drap ôc\
brocard or & argent tres-riches
sur les desseins de France;
sçivoir,
Vne piece à fond d'argent
nue au petit messier de [OU
tes couleurs &, rebroché
d'ortots. -'
Vne picce vert & or &argent
, rebroché d'or cors avec
des brodenes d'argent.
Vue piece ponceau à fleurs
d'or rebrochées d'un peu.
d'argent avec or cors.
; Vne piece bleue or & argent
passée d'or en filigrane,&
broché d'argent.
Vnepicce de Damas à fond
amarante, les fleurs brochées.
d'or avec des nompareilles
de satinvert.
Une grande Cassette de
marqueccerie & de bois de
raport des plus precieuxavec
son pied toutes les aar,
nitures dorées & d'un trèsbeau
travail.
PRESENS DU ROI
aM. Constance.
- Une grande Boete à Portrait
decDSa Majeste avec l'attache,
le tout garny deDiamans.
Un Sabre tout d'or avec
un revers de quatre pouces
de large à la Siamoise
, tout
le fourreau garnyde pierreri
es.
VueMontre d'or émaillée
derouge à taille d'Epargne
avec son-estuy, ouvragede
M. Turet.
Une autre Montre d'or, le
donc cizelé avec son estuy t
garny de feüillages d'or.
- Une autre Montre d'or émaillée
de vert à taille d'Epargne
or & blanc,avecl'éuy
à doux fleuronnez d'or-
VnFusilenrichy de relief
canon damasquiné d or
ort riche, & canelé de deux
nanieres ,avec son estuy de
Maroquin rouge doré au
1" i c
eu.
Un autre Fusil enrichy de
reliefs
,
le canon canelé à
goutieres
,
enrichy d'or de
rapport, le boisorné d'argent.
de raport la garniture avec
des bas reliefs & d'or de raporr
aussi avec son estuy.
Vn autre Fusil enrichy de
graveure, le canon & laeu-
Uffc damasquinez d'or, avec
son étuy.
Vn autre Fusil, laplatine
unie, le canon ayant un
marque derelief, aussi avec
ion étuy.
Vne paire de Pistolets enrichis
de rel efs, garnis d'or
de rapport,avec leurs étuis
de maroqu n rouge doré au
,feu.Vne autre paire de Piftolers
lets enrichis de graveurescn
taille douce, le canon damasquiné
d'or, le bois orné
d'argent de rapport, avec
son étuy de maroquin.
Vne autre paire montez
d'yvoire avec des testes de
lion, l'ouvrage du canon
gravé de taille douce.
Deux très -
beauxLustres
de cristal à branches de fonte
dorées,enrichies defeftons,
de boules & de fleurs
de cristal de roche.
Vne tenture deTapisserie
de Flandre, representant
l'histoire de Diane,
Un Coffret d'ambre travaillé
à bas reliefs & giavez.
Une manière de Chapelle
aussi d'ambre avec un Crucifix,
le tout ayant de tresbeaux
ornemens.
Six pieces d'étoffe de foye
or & argent sur des desseins
de France ; sçavoir,
Vne pièce à fond vert tresriche.
Vne piece Incarnat or &
argent.
gVnee pniecetble.uë or & ar- Vne autre bleue or & ponceau.
Vne piece de Cramoily
toutor.
Et une piece de ponceau &
raye.
Septpieces de drap tresfin
d'écarlatte,vert, violet,
bleu, gris de perle,& de canelle
contenant 106. aunes,
Vne piece de Camelotcoueur
de feu à pur poil de 28.
aunes un quart.
Deux Selles magnifiques
de l'Ecurie de Sa Majeste avec
leurs housses, le touten
broderie d'or avec tous les
harnois dorez, l'une brodée
sur un velours rouge,l'enharnachement
& testiere dorée
& fourreaux de pistolets; fy.
l'autre brodée sur un velours
vert, tout l'enharnachement
doré, &les fourreaux de pistolets,
PRESENS DU ROY
pour le premier Ambassadeur.
Vne boëte à Portrait de Sa
Majesté avec l'attache toute
garnie de Diamans
Vn Sabre d'or à la Turque,
la garde & le fourreau
tous garnis de grossesTurquoises
de vieille roche, $
deRubis.
-
Vn tres-beau Lustre de
Cristal de roche à dix branches
de fonte dorée enrichies
le consoles de cristaux qui
Suportent un vasegarny de
leurs, jettant des cristauxaucour
,
le dessous garny d'une
campane de boules de cristaux
avec une grossepiece
taillée dans le milieu.
Vnetenturede Tapisserie
de Flandre a Personnages &
verdures, rep resentant les
Muses &autresparties de la
Metamorphose.
VnFusilenrichy de reliefs,
la garniture & porte-viz
relevez d'or: le canon orné
d'or & d'argent de raport.
Vn Fusil à deux coups?
ayant le canon damasquiné
d'or.
Vn autre Fusil enrichy de
graveures en taille-douce.
: Vn autre Fusil enrichy ausside
graveures, ayant quelques
filets d'argent autour de
la visiere de couche.
Vne paire de pistolets enrichis
de reliefs? le canon en- !
richy d'or & d'argent de
raport,
& la garniture de inefme
travail.
Vne autre paire de Pistolets
enrichis de graveures en
taille-douce, le canon damasquiné
d'or en couleur
d'eau.
Vne autre paire de Pistolets
enrichis de graveures en
tulle-douce, le porte-viz
de reliefs &: un masque sur
les culotes.
Vnegrande Pendule quarrée
allant quinze jours,tonnant
les heures & les demyheures,
& la Boete de marqueterie
avec des colomnes,
bazes & chapiteaux corintheà
fonds d'écaille de Tortue
, & son étuy garny de
cuir.
Vne petite Pendule d'or
de poche, la boëte enrichie
de graveure avec son étuy
garny de clouds d'or à feuillages.
Vne Montre d'or d'émail
en mignature, le dessous de
la- boëte representant Mars
avec Venus & l'Amour
,
le
jonc &le dedans de Paysages
avec personnages.
Huit pieces d'étosses de
soye or & argent sur les desseins
de France;sçavoir, 1
1
Vne piece de brocard violet
tout or ? en broderie d'or
glacé&tors. -
Vne piece bleuë or & ar- -
gent à fond de Damas en
broderie d'or, reciselé d'argent
tors.
Vnepiece ponceau & or
1- glacée & rebroché d'or tors.
Vne piece bleue or & argent
pararabesqiued'or glacé,
& rebroché d'argent tors.
Vne piece amarante vert &
or, avec rayes de satin broché
d'or lissé & tors. -
Vne piece ponceau tout
argent par ehamarures d'argent
lissé & broché d'argent
tors.
Vne piece blanc & or nue
en Damas avec soye ponceau
& broché d'or.
Et une piece vert & or en
gros de naples par chamarures.
Quinzepieces de Draps
tres-fins d'écarlatte vert,violet
bleu gris de perles contenant
deux cens quarante
cinq aunes.
Deux pieces de Camelot
couleur de feu contenant
cinquante-cinq aunes & demie
PRESENS DV ROY
pour le fecond Ambassadeur.
VnLustre de cristaux de
roche à dix branches de fonte
dorée, ayant une Couronne
enrichie de plusieurs
cristaux de roche & de Milan,
le dessous garny de campanes
de boules & pieces de
cristaux de Milan, avec une
grosse poire taillée en coste
au milieu.
Vnependule allant quinze
jours, sonnant les heures &
les demyheures,la boëteen
forme de cartouche sur un
I
fond de cuivre doré, les ornemens
aussi dorez d'or
moulu.
Vnegrande Montre d'or
couverte d'email en mignature
,
le dessous de la boëte
repreientantl'enlevement
dEurope, & le dessus representant
une Venus & des
Amoursavec dcs Tritonssur
un Dauphin,& le dedans de
paysages & personnages.
Vne Montre quarrée à
feuillages d'or,ciselez,avec
un cristal de roche.
Vne tenture de Tapisserie
de Flandre,representant
des jeux d'enfans
Vn Fusil enrichy de reliefs
relevez d'or, le canon
de reliefs, le fond d'or, &:
le bouton d'or de rapport.
Vn autre Fusil enrichy
d'une garniture d'argent gravée
entaille douce,
&d'argent
de rapport autour de
lavisiere de couche.
Vn autre Fusil orné de
graveures en taille douce.
Vn autre Fusil le gravé canon de plusieurs ornemens
en taille douce avec du relief
sur la visiere de couche.
.-- Vne paire de Pistolets
enrichis de refiefs,lagarniture
&les cartonsderapport.
Vne autre paite de Pistolets
enrichis de graveure en
taille douce & d'argent de
rapport sur le bois.
Vne autre paire de Pistolets
de graveure en taille
douce? les canons canelez,
& le bois ornéd'argoent de rapport.
Huit pleces d'etofes d'or
& d'argent sur des, desseins
de France,scavoir,
Vne piece pourpre or {SÇ
argent, par chamarures d'or
glacé
,
rebrodé d'ortors à
<
iligranes d'argent,
Vne piècede Brocard d'or
& d'argent, ponceau par
chamarures d'or luisant, &:
proché d'or.
Vne piece, couleur de Caf- é argent, &: nuéaupetit
nétier, rebroché de deux
rgents avec descouleurs.
Vnepiece,amarante&arrent
changeant)broché d'arent.
| Vnepiece, vert, or&argent
,fond de Naples avec
iligrane de soye
| Vnepièce, ponceau,vert
r argent en gros deNaples
changeant par bandes no'u;
velles.
Vne piece cramoisi & or, à
fond de satin brodé de-foy gloire. j
Et une piece bleue, or &j
argent par tissu en chaisne, J
Quinzepieces de draps
tres-fins
,
d'écarlate, vert
violet, bleu, gris de Perle &
de canelle
, contenant deu
cens trente-trois aunf-s.troi
quarts. ]
Vne piece de camelot d^
vingt-neufaunes lX. demie,
i
fPRESENS DU ROY
1 pour letroisiéme Ambassadeur
Vne Pendule allant quinze
jours,sonnant les heures
& les demies, la boëte de
fond d'écaille,de Tortue, de
marqueterie, faite en dome,
des pilastres, des chapiteaux
& bases d'ordre Ionique, les
ornemensdorez d'or moulu.
:.. Vne Montre d'orémaillée
de peintures en mignature;
le dessous representant deux
Amans avec l'Amour,&au
dessus les mesmes Amans
sans l'Amour, le dedans de
paysages & personnages.
Vne autre Montre d'or,
émaillée de vert de taille
d'épargne.
Vn Fusil enrichy de reliefs,
le canon damasquiné
d'or & émaillé.
Vn autre Fusil enrichy de
beaucoup d'ornemens gravez
en taille douce.
Vn autre Fusil aussi de
graveuresen taille
f
douce le
canon damasquiné.
Vn autre Fusil orné de
graveures en taille douce.
Vn autre Fusil ayant les
mesmes ornemens
Vne paire de Pistolets enrichis
de graveures en taille
douce, le canon damasquiné
d'or & en couleur d'eau, le
bois enrichy de feuillages
d'argent de rapport.
Vne autre paire de Pistolets
de graveures en taille
douce,avec quelques reliefs.
Vne autre paire gravée
aussi en taille douce, les
porte-viz de reliefs.
Vne tenture deTapisserie
de Flandre, de verdure avec
de petits personnages & animaux.
Deux grandes Girandoles
à six branches de fonte d
rée, chacune enrichie de pl
sieurs étoiles de cristaux
roche taillez, & plusieur
autres pieces aussi de cr
taux.
Sept pieces d'étofe de so
or &argent, sur les dessei
de France; scavoir,
Vne piece, bleu &: or tre
riche, avec or glacé & bre
ché d'or.
Vne piece de Caffé & a
gent nué, riche & brodé
deux argents de couleur a
Mosaïque.
vne piece, ponceau, or
argent , par galons d'or &
d'argent brochez.
Vnepiece couleur de
chaireargents à fond gros
de Naples nué de soye verte
Vnepiece,bleu&: or avec
ponceau,à fond gros de Naples
en tissu
Vne piece amarante & or,
: gros de Naples &satin en
tissu
Et une piece rouge & vert, changeant en chaisne.
- Sept pieces de draps trèssins,
d'écarlate, vert, violet,
bleu & gris de Perle
, contetenant
quatre - vingts cinq
aunes trois quarts. -
TRESENS
De Monsieur le Duc du Maine
à cJïïl. Confiance.
Vntres-grand Lustre, tout
de cristal de loche à douze
branches de fonte dorée
ayant une couronne enrichie
de plusieurs boules de
rirtaux de roche, garny
d'une tres-belle campane de
ristaux , ayant une gresse
boule de cristal de roche
taillée dans le milieu.
Deux pieces d'étose or &
argent tres-riches, sur des
desseins de France.
Vne tres-belle Pendule,
onnant les heures & les deny-
heures, & allant huit
ours.
Deux Coupes,deux Veres
? une Souscoupe,une Aiguiere
,deux Bouteilles, un
Baril,&un:Tasse de cristal
le roche ciselé avec une
cassette aussi de cristal,
emplie d'Eventails de mignature
, &de ceintures or
& argent, avec un Portrait
en mignature de Monsieur
e Duc du Mayne.
,
Vngrand Livre repreentant
les Conquestes du
Roy, en mignature, avec
les Personnages &: les Places
o
au naturel, &le plan des
Places, le tout sur du velin,
avec une description historique.
Ce Livre est couvert
de chagrin avec des garnitures
&es
tures & desppllaaqquueess dc'o?r dd>'uunn
ouvrage ciselé. Les Armes
du Roy sont au milieu? &
il yades Chiffres aux
coins.
Je vous avois déja dit une
partie des choses qui sont
contenues dans cet article;
mais je ne vous avois pas
mandé le nom du Prince
qui faisoit ce Present. I
PRE-
- '1
Presens De M. le Marquis de
l, Louvois à M. Constance.
Six grandes Tables de marbre
jaspé ovales.
ri Vntres-riche Tapis de U
Savonnerie.
Presens de M. le Marquis de
il Croissy à VJ1. Constance.
t Vn grand Miroir avec
sa bordure de glace à fond
de lapis, lesornemens aussi
de lapis, & le chapiteau d'un
pareil travail.
Douze Corbeilles de cristal
taillé.
Deux grands Bassinsd'argentdore
en ovale, relevez
au fond en bosse ronde de
plusieurs figures representant
lhistoiredeScipion,deMarc-
Antoine, & de Cleopatre.
Vn grand Bassin, où sont
rapportéesplusieurs plaques
d'argent doré, au fond duquel
relevé en demy bosse,est
vn Neptune dans vnchar tiré
par quatre chevaux Marins.
Vntres beau Vase en forme
de fontaine, ayant deux
Bassins en coquille d'argentdoré,
l'un soutenu d'un
Atlas monté sur un chat
d~'anrg$e~nt doré;l'autre élevéau soutenud'uneVenus
d'argent, accompagnee d'un
Cygne aussi d'argent sur une
coquille dor,& au sommet du
>
Vaseest un Mercure d'argent.
Toutes ces Figuresjettent artificiellement
de l'eau.
~, Vngrand Crucifix d'ambre
tres-curieux. 1
Vnegrande Cassette de
cristal taillé & enchassé, entrelassé
de roses de Diamans
avec des feüillages d'or trait,
d'une belle fimetrie
, dans
laquelle Cassette il y a,
: Douze paires de Gands
glacez.
{ Vn Eventail de peau de
senteur, où est peint en mignature
le Carrousel dernier
fait en France, les bastons enrichis
d'or parsemez de Perles
& deDiamans sins,tenant
ensemble par une viz d'or.
Septautres Eventails de
differentes couleurs & representations,
ornez de rubans
or ez argent.
VneCassettede cristal,avec
sa bordureaussi de cristal
tortillé, dans 1 aquelle il y a
Vne paire deBracelets deCorail
taillé, avec une boucle
dVenDeiMamoannstrfeins àchacun.
d'or avec f»
boëte émaillée, garnie de
Diamans fins, la clef enrichie
de Diamans, VneTabatiered'or émaillée,
garnie de Rubis, avec
un plus gros Rubis pour la
fermer.
VnbeauChapelet de corail.
Vn autre de corail uny.
Vn Chapelet d'ambre trèsprecieux.
t' Vntres-beau Cordon de
corail.
Vne Cave couverte de fatin
vert, ornée de galons&
de clous d'argent, contenant
douze flacons de cristal
couverts d'argent, remplis
d'essences & de diffeter
bonnes odeurs.
Vingt- quatre paires de
Gands d'Espagne, garnis de
rubans dediverses couleurs.
Deux grandes peaux d'Espagne>
d'une senteur merveilleuse.
Vne tres-belle Coupe d'émail
avec sacouverture, sur
laquelle sont representées.
diverses Batailles,& un étuy
de satin rouge galonné d'or
Vn Verre de cristal de roche
couvert, figuré, avec
son pied d'argent, & Lon.
étuy de satin rouge.
Vn grand Verre en coupe
aussi decristal de roche, figuré
,avec sa couverture &
son étuy de satin rouge galonné
d'argent.
Vne Cave de satin rouge,
contenant six grands Gobelets
de cristal grav é.
Vne autre Cave ausside
satin rouge, contenant cinq
grands Gobelets de cristal
'figuré,o
Prbesens de M. le Marquis de
Seignelay àM. Constance.
Deux grands Miroirs de
figure octogone,
ngure o ogone avec leurs
?
bordures toutes de cristal. 1
Vn Benitier de cristal de
roche, garny d'argent.
Quatre grandesTables de
marbre, avec leurs chassis &
pieds de sculpture tous dorez.
Vne tenture de Tapisserie
à fond vert.
,
Vne grande Figure de
marbre
,
representant deux
enfans qui tiernent un pied
de Vase.
Cinquante Portraits des
principales personnes de la
Cour, avec leurs bordures
dorées. a
,
Vn grand Fusil de marqueterie
fait en Canada, d'un
ouvrage exquis , avec [on
étuy de maroquin rouge 3 fleurdelisé d'or. -
Vne paire de Pistolets
montez d'yvoire,tirant chacun
- deux coups, avec
quelquesgraveures en taille
douce
Trois grandes Caisses remplies
de differens ouvrages
decristaux d'Allemagne.
Vn grand Verre avec fom
pied de vermeil doré.
Vne grande Sous-coupe
aussi de cristalavec son
y
pied de vermeil doré.
Vn grand Globe de verre,
representant le Labirinthe
de Versailles. 1
Vn tres-beau Cabinet
d'Optique
>
representant plusieurs
belles veuës.
VnTableau representant
Versailles, avec son quadre
doré.
Deux Tableaux de Rocailles
, avec leurs quadres
aussi dorez.
vous ay envoyée le mois pafré
des Presens qui sont partis
pour Siam,vous ait paru rres-
~pelle, tres ample, & trescurieuse,
j'ay encore beaucoup
dechoses nouvelles à.
vous apprendre sur le mefne
articl
nearticlee.. Il sfaauutt de ggrraannddss
oins, & d'exactes recherches
iour être pleinement instuit
t un détail pareil à celu y-là,
: sur tout, quand on veut
on seulement estre informe
du nombre des pieces, mais
donner aussi une descriprion
particuliere dechacune.C'est
ce que je vay raire a l'égard
decelles dont jene vousay
parlé que legerement. Je ne
vous diray plus rien des autres
,
& passeray mesme par
dessus sans vous les nommer
une seconde fois, àcause que
je vous les ay amplement décrites
, maisaussi i'en aiouteray
un tres-grand nombre,
dont ie ne vous ay encore
rien dit, & vous décriray susJ
qu'aux étofes ,sans quoy il
feroit impossible d'en
bien
faire voir la richesse, & dq
connoistre en quoy consiste
la magnificence de ces P!c:
:cns. le commenceray par
ceux que Sa Majesté a envoyez.
Une Couronne d'or à fleuons,
enrichie de Diamans,
le Rubis, d'Emeraudes, &
le Perles.
Un grand Panache d'or,
ouvert desmeimes Perles.
Un grand Miroir de cris-
'a) garny d'or, la bordure
enrichie de Diamans, le der-
~icre aussid'or à fleurs dereief,
& émaillées.
UneSelle de ch eval avec
a Housse
,
les Fourreaux de
~?i.ioiets & les Harnois en
Broderie de relief
, & les
Etriers de vermeil le tout
enrichy de Pierreries.
Quatre Vestes de velours,
deux noires & deux rouges,
une de chaque couleur avec
des manches, & une sans
manches, en broderie de
fleurs de soye liserées d'or,
enric hies de Perles; les noires
avec un galon rouge, & les
rouges avec un galon vert,
brodées &enrichies de.mef-J
me, suivantlesmodelles ap.j
portez de Siam.
Deux Baudriers enbro
derie d'or
,
passée avec les
garnitures d'or émaillées.
:> UnBufle tout bordé d'or
de relief avec les manches,
e Ceinturon, les crochets &
es agraffes de vermeil, doré
deux fois.
Un grand Vase d'Ambre
gravé de bas reliefs, avecla
garniture d'or.
Un grand Cabinet de crital
deroche, les garnitures
ravaillées à fleurs de vermeil
loré.
Une paiie d'A rmes de fer
àl'épreuve du pistolet moitié
coul eur d'eau & moitié
gravées de plusieurs ornemens
dorez, complettesà
l'exception des jambes, le
tout doublé de satinbleu,&
galonné d'or.
Deux grands Fusils à la
Siamoise, enrichis de beaucoup
de reliefs, la garniture
d'argent aussi en relief, les
canons enrichis d'or & d'argent,
& les bois avec des
ornemens tres-riches, chacun
dans ion étuy de maroquin
rouge doré au feu.
Quatre pieces de drap d'or,
& de brocard d'or & d'argent,
de la ~Manufacture dc^
M.Charlierà S. Maur, lur
des desseins de France ; sçavoir,
Une piece de drap d'or
rayé, à fond d'argent broché
d'or & d'argent,nue de
plusieurs couleurs.
! Vnepiece deBrocard d'or
à fond couleur de feu
,
broehé
d'or & d'argent, liseré
de vert
Une piece de Brocard d'or
à fond vert broché d'or 6c d argent retors,liseré de couleur
de feu.
Vne piece de Brocardd'or
à fond*brorché-
d'or & d'argent,liseré
Six piecesd'étofes àfleurs
nuées,listrées d'or sur des
desseins de Siam ; sçavoir,
Vne pieceà fond d'or nue
glacé.
Vne autre piece à fond
ponceau à fleurs lilsrées d'or.
Vnepiece à fond pastel. :
Vne autre à fond bleu.
EEttuunnceaauuttrrecààffoonnddgDris
c 1 air. *
Huit picccs de drap & de
brocard or & argent tres-riches,
(ur des desseins de 11
France ; sçavoir,
Vne pièce de brocard tres- ,
1
richeà-fond d'or broché &
à fleurs ciselées d'or rebrodé
de toutes couleurs.
Vne piece ponceau or&
argent passé d'or tors à travers,
& rebrodé d'argent
tors. Vne pièce - or & argent nué
à fond noir rebrochéd'or
-, - , glace&d'or tors avec feyc,
ponceau brodé.
orVnepieced'étoffevert&:
passé d'or à travers, & rebroché
d'or tors.
-
Vne pièce ponceau & or
brochéd'orglacé,&rebrodé,
d'or tors au petitmestier.
Vne piece cramoisy & or
broché d'or lissé avec ortors,
& rebroché d'argentfrisé.
Vne. piece bleue or & argent,
le fond d'or broché
& tors avec argent tors.
Vne piece bleue & or paffé ed'or glacé à travers.
Huit tables de marbre avec
les chassis
..)t.' piedsue Sculpture
tous dorez.
PRESENS DE MONSEIGÑEVK;
au Roy de Sium.
Vne grande Pendule à quatrecristeaux
de loche,&qua*;
tre colomnes surmontées de
quatre Fleurs de Lys,& soûtenuës
de quatreboules, le
tout decristal deroche, les
Portiques garnis d'or, enrichisdepierreries,&
le Do-
De d'acier bruny
,
enrichy
le feüillages d'or, terminé
parune Fleur de Lys
Deux Baudriers en broder
ie d'or, avec les garnitures
l'or émaillecs.
Deux Fusils à la Siamoise,
enrichis de reliefs gravez en
aille douce, la garniture
l'argent, le canon damait
quiné d'or, & le bois enrichy
d'argent de rapport,
chacun dans son étuy de
maroquin rouge, doré au
feu.
Vne piece d'unquarré long doré deux fois, - contenant
un tiroir& une boëte
couverte, sur laquelleil y a
une Ecritoire ornée de reliefs,
& de graveures enrichies
d'or & de festons d'émail
, avec trente-neuf Diamans.
Vne Montre à boëte d'or
àdeux cristaux, dontle jonc
est gravé de bas-reliefs, marquant
le lever &le coucher
du Soleil, faisant voir le
mouvement annuel, & le
iurne, avec le mouvement
e la Lune, suivant la maiere
de compter à la Sialoise.
Cette Montre a son
tuy fleuronnéd'or.
Deux pieces de drap or
& argent, de Mr Charlier,
ut des desseins de France;
çavoir,
Une piece de drap d'or
ayé, à fond d'or & d'argent
tors avec des comparti
mens couleur de feu.
Vne piece de Brocard d'or
fond bleu, broché d'or&
'argent retors: liseré de
couleur de feu.
Deux autres pieces de Broscardçor&
aarvgento,tresi-rirch,es
Une piece ponteau & or,
broché d'or, à fond glacé
d'or à filigrane.
Vne autre piece vert &or
& argent, à fond d'or ciselé,
broché d'or tors, avec
filigrane d'or tors.
Cinq pieces d'étoffes d'or
& d'argent, nuées & liserées
d'or sur des desseins de Siam
sçavoir
I
Vne piece à fond d'ar
gent glacé,nue.
Vuepièce à fond ama.
ante nue.
Une pièce à iondlfàbcllc.
Vue pièceà-tond vert.
Et une à fond ce la don
Vn tres beau Cabinet dc
riftal de roche, garny de
fermeil doré
Quatre 1 ables de marbra
vec leurs chailis, & pieds
le sculpture dorez.
PRESENSDE ¡'/J/:/DAlvlE'
t - !la 'DaUphine pour la Princjje
de Sidm
,
nomméela
!
f)rincefJe Rryne.
Quatre grandes roses dq
Diamans.
Vne autre plus grande aussi
de Diamans. -
Vne grande Rose de bellcsj
& fortes Emeraudes& de
Diamans. :
Vn Miroir de criftaldero^
che garny d'or la bordure
& le derriere à feüillages cin
zelez
,
enrichie de Diamant
& de Rubis.i Vn petit Coffre d'or gar-j
ny de vases en forme dj
cave aussi d'or, le tout gran
ve & garny de Diamans.
Deux boëtes d'or couj
Vertes en pointes émaillées a
fleurs de neuf pouces, j
Deux autres boëtes aussi
d'or de mesme grandeur de
le mesme figure.
Deux grandestasses ci'or"
:-malll-ées
- Vn grand miroir d'or couert
en forme de boëtetout
maill-é à deux glaces,
Vn grand Cabinet d'ambrea
bas reliefs & à graveues
le dessus port nt pluleurs
Figures de Personna- es&arbres-
Vntres-beau & grand Cainet
de cristal de roche gary
de vermeil. t)
Vne Montre à boëte d'or
à deux cristaux, plus grande;
que les autres, qui montra
l'âge de la Lune à la maniére
Siamoise
, avec son estuy
garny de fleurons ayant la
boëtc cizelée & Cadrans;
d'or. 1
Vne autre Montre émaillée
devert à taille d'épargne.
Cinq pieces de Drap ôc\
brocard or & argent tres-riches
sur les desseins de France;
sçivoir,
Vne piece à fond d'argent
nue au petit messier de [OU
tes couleurs &, rebroché
d'ortots. -'
Vne picce vert & or &argent
, rebroché d'or cors avec
des brodenes d'argent.
Vue piece ponceau à fleurs
d'or rebrochées d'un peu.
d'argent avec or cors.
; Vne piece bleue or & argent
passée d'or en filigrane,&
broché d'argent.
Vnepicce de Damas à fond
amarante, les fleurs brochées.
d'or avec des nompareilles
de satinvert.
Une grande Cassette de
marqueccerie & de bois de
raport des plus precieuxavec
son pied toutes les aar,
nitures dorées & d'un trèsbeau
travail.
PRESENS DU ROI
aM. Constance.
- Une grande Boete à Portrait
decDSa Majeste avec l'attache,
le tout garny deDiamans.
Un Sabre tout d'or avec
un revers de quatre pouces
de large à la Siamoise
, tout
le fourreau garnyde pierreri
es.
VueMontre d'or émaillée
derouge à taille d'Epargne
avec son-estuy, ouvragede
M. Turet.
Une autre Montre d'or, le
donc cizelé avec son estuy t
garny de feüillages d'or.
- Une autre Montre d'or émaillée
de vert à taille d'Epargne
or & blanc,avecl'éuy
à doux fleuronnez d'or-
VnFusilenrichy de relief
canon damasquiné d or
ort riche, & canelé de deux
nanieres ,avec son estuy de
Maroquin rouge doré au
1" i c
eu.
Un autre Fusil enrichy de
reliefs
,
le canon canelé à
goutieres
,
enrichy d'or de
rapport, le boisorné d'argent.
de raport la garniture avec
des bas reliefs & d'or de raporr
aussi avec son estuy.
Vn autre Fusil enrichy de
graveure, le canon & laeu-
Uffc damasquinez d'or, avec
son étuy.
Vn autre Fusil, laplatine
unie, le canon ayant un
marque derelief, aussi avec
ion étuy.
Vne paire de Pistolets enrichis
de rel efs, garnis d'or
de rapport,avec leurs étuis
de maroqu n rouge doré au
,feu.Vne autre paire de Piftolers
lets enrichis de graveurescn
taille douce, le canon damasquiné
d'or, le bois orné
d'argent de rapport, avec
son étuy de maroquin.
Vne autre paire montez
d'yvoire avec des testes de
lion, l'ouvrage du canon
gravé de taille douce.
Deux très -
beauxLustres
de cristal à branches de fonte
dorées,enrichies defeftons,
de boules & de fleurs
de cristal de roche.
Vne tenture deTapisserie
de Flandre, representant
l'histoire de Diane,
Un Coffret d'ambre travaillé
à bas reliefs & giavez.
Une manière de Chapelle
aussi d'ambre avec un Crucifix,
le tout ayant de tresbeaux
ornemens.
Six pieces d'étoffe de foye
or & argent sur des desseins
de France ; sçavoir,
Vne pièce à fond vert tresriche.
Vne piece Incarnat or &
argent.
gVnee pniecetble.uë or & ar- Vne autre bleue or & ponceau.
Vne piece de Cramoily
toutor.
Et une piece de ponceau &
raye.
Septpieces de drap tresfin
d'écarlatte,vert, violet,
bleu, gris de perle,& de canelle
contenant 106. aunes,
Vne piece de Camelotcoueur
de feu à pur poil de 28.
aunes un quart.
Deux Selles magnifiques
de l'Ecurie de Sa Majeste avec
leurs housses, le touten
broderie d'or avec tous les
harnois dorez, l'une brodée
sur un velours rouge,l'enharnachement
& testiere dorée
& fourreaux de pistolets; fy.
l'autre brodée sur un velours
vert, tout l'enharnachement
doré, &les fourreaux de pistolets,
PRESENS DU ROY
pour le premier Ambassadeur.
Vne boëte à Portrait de Sa
Majesté avec l'attache toute
garnie de Diamans
Vn Sabre d'or à la Turque,
la garde & le fourreau
tous garnis de grossesTurquoises
de vieille roche, $
deRubis.
-
Vn tres-beau Lustre de
Cristal de roche à dix branches
de fonte dorée enrichies
le consoles de cristaux qui
Suportent un vasegarny de
leurs, jettant des cristauxaucour
,
le dessous garny d'une
campane de boules de cristaux
avec une grossepiece
taillée dans le milieu.
Vnetenturede Tapisserie
de Flandre a Personnages &
verdures, rep resentant les
Muses &autresparties de la
Metamorphose.
VnFusilenrichy de reliefs,
la garniture & porte-viz
relevez d'or: le canon orné
d'or & d'argent de raport.
Vn Fusil à deux coups?
ayant le canon damasquiné
d'or.
Vn autre Fusil enrichy de
graveures en taille-douce.
: Vn autre Fusil enrichy ausside
graveures, ayant quelques
filets d'argent autour de
la visiere de couche.
Vne paire de pistolets enrichis
de reliefs? le canon en- !
richy d'or & d'argent de
raport,
& la garniture de inefme
travail.
Vne autre paire de Pistolets
enrichis de graveures en
taille-douce, le canon damasquiné
d'or en couleur
d'eau.
Vne autre paire de Pistolets
enrichis de graveures en
tulle-douce, le porte-viz
de reliefs &: un masque sur
les culotes.
Vnegrande Pendule quarrée
allant quinze jours,tonnant
les heures & les demyheures,
& la Boete de marqueterie
avec des colomnes,
bazes & chapiteaux corintheà
fonds d'écaille de Tortue
, & son étuy garny de
cuir.
Vne petite Pendule d'or
de poche, la boëte enrichie
de graveure avec son étuy
garny de clouds d'or à feuillages.
Vne Montre d'or d'émail
en mignature, le dessous de
la- boëte representant Mars
avec Venus & l'Amour
,
le
jonc &le dedans de Paysages
avec personnages.
Huit pieces d'étosses de
soye or & argent sur les desseins
de France;sçavoir, 1
1
Vne piece de brocard violet
tout or ? en broderie d'or
glacé&tors. -
Vne piece bleuë or & ar- -
gent à fond de Damas en
broderie d'or, reciselé d'argent
tors.
Vnepiece ponceau & or
1- glacée & rebroché d'or tors.
Vne piece bleue or & argent
pararabesqiued'or glacé,
& rebroché d'argent tors.
Vne piece amarante vert &
or, avec rayes de satin broché
d'or lissé & tors. -
Vne piece ponceau tout
argent par ehamarures d'argent
lissé & broché d'argent
tors.
Vne piece blanc & or nue
en Damas avec soye ponceau
& broché d'or.
Et une piece vert & or en
gros de naples par chamarures.
Quinzepieces de Draps
tres-fins d'écarlatte vert,violet
bleu gris de perles contenant
deux cens quarante
cinq aunes.
Deux pieces de Camelot
couleur de feu contenant
cinquante-cinq aunes & demie
PRESENS DV ROY
pour le fecond Ambassadeur.
VnLustre de cristaux de
roche à dix branches de fonte
dorée, ayant une Couronne
enrichie de plusieurs
cristaux de roche & de Milan,
le dessous garny de campanes
de boules & pieces de
cristaux de Milan, avec une
grosse poire taillée en coste
au milieu.
Vnependule allant quinze
jours, sonnant les heures &
les demyheures,la boëteen
forme de cartouche sur un
I
fond de cuivre doré, les ornemens
aussi dorez d'or
moulu.
Vnegrande Montre d'or
couverte d'email en mignature
,
le dessous de la boëte
repreientantl'enlevement
dEurope, & le dessus representant
une Venus & des
Amoursavec dcs Tritonssur
un Dauphin,& le dedans de
paysages & personnages.
Vne Montre quarrée à
feuillages d'or,ciselez,avec
un cristal de roche.
Vne tenture de Tapisserie
de Flandre,representant
des jeux d'enfans
Vn Fusil enrichy de reliefs
relevez d'or, le canon
de reliefs, le fond d'or, &:
le bouton d'or de rapport.
Vn autre Fusil enrichy
d'une garniture d'argent gravée
entaille douce,
&d'argent
de rapport autour de
lavisiere de couche.
Vn autre Fusil orné de
graveures en taille douce.
Vn autre Fusil le gravé canon de plusieurs ornemens
en taille douce avec du relief
sur la visiere de couche.
.-- Vne paire de Pistolets
enrichis de refiefs,lagarniture
&les cartonsderapport.
Vne autre paite de Pistolets
enrichis de graveure en
taille douce & d'argent de
rapport sur le bois.
Vne autre paire de Pistolets
de graveure en taille
douce? les canons canelez,
& le bois ornéd'argoent de rapport.
Huit pleces d'etofes d'or
& d'argent sur des, desseins
de France,scavoir,
Vne piece pourpre or {SÇ
argent, par chamarures d'or
glacé
,
rebrodé d'ortors à
<
iligranes d'argent,
Vne piècede Brocard d'or
& d'argent, ponceau par
chamarures d'or luisant, &:
proché d'or.
Vne piece, couleur de Caf- é argent, &: nuéaupetit
nétier, rebroché de deux
rgents avec descouleurs.
Vnepiece,amarante&arrent
changeant)broché d'arent.
| Vnepiece, vert, or&argent
,fond de Naples avec
iligrane de soye
| Vnepièce, ponceau,vert
r argent en gros deNaples
changeant par bandes no'u;
velles.
Vne piece cramoisi & or, à
fond de satin brodé de-foy gloire. j
Et une piece bleue, or &j
argent par tissu en chaisne, J
Quinzepieces de draps
tres-fins
,
d'écarlate, vert
violet, bleu, gris de Perle &
de canelle
, contenant deu
cens trente-trois aunf-s.troi
quarts. ]
Vne piece de camelot d^
vingt-neufaunes lX. demie,
i
fPRESENS DU ROY
1 pour letroisiéme Ambassadeur
Vne Pendule allant quinze
jours,sonnant les heures
& les demies, la boëte de
fond d'écaille,de Tortue, de
marqueterie, faite en dome,
des pilastres, des chapiteaux
& bases d'ordre Ionique, les
ornemensdorez d'or moulu.
:.. Vne Montre d'orémaillée
de peintures en mignature;
le dessous representant deux
Amans avec l'Amour,&au
dessus les mesmes Amans
sans l'Amour, le dedans de
paysages & personnages.
Vne autre Montre d'or,
émaillée de vert de taille
d'épargne.
Vn Fusil enrichy de reliefs,
le canon damasquiné
d'or & émaillé.
Vn autre Fusil enrichy de
beaucoup d'ornemens gravez
en taille douce.
Vn autre Fusil aussi de
graveuresen taille
f
douce le
canon damasquiné.
Vn autre Fusil orné de
graveures en taille douce.
Vn autre Fusil ayant les
mesmes ornemens
Vne paire de Pistolets enrichis
de graveures en taille
douce, le canon damasquiné
d'or & en couleur d'eau, le
bois enrichy de feuillages
d'argent de rapport.
Vne autre paire de Pistolets
de graveures en taille
douce,avec quelques reliefs.
Vne autre paire gravée
aussi en taille douce, les
porte-viz de reliefs.
Vne tenture deTapisserie
de Flandre, de verdure avec
de petits personnages & animaux.
Deux grandes Girandoles
à six branches de fonte d
rée, chacune enrichie de pl
sieurs étoiles de cristaux
roche taillez, & plusieur
autres pieces aussi de cr
taux.
Sept pieces d'étofe de so
or &argent, sur les dessei
de France; scavoir,
Vne piece, bleu &: or tre
riche, avec or glacé & bre
ché d'or.
Vne piece de Caffé & a
gent nué, riche & brodé
deux argents de couleur a
Mosaïque.
vne piece, ponceau, or
argent , par galons d'or &
d'argent brochez.
Vnepiece couleur de
chaireargents à fond gros
de Naples nué de soye verte
Vnepiece,bleu&: or avec
ponceau,à fond gros de Naples
en tissu
Vne piece amarante & or,
: gros de Naples &satin en
tissu
Et une piece rouge & vert, changeant en chaisne.
- Sept pieces de draps trèssins,
d'écarlate, vert, violet,
bleu & gris de Perle
, contetenant
quatre - vingts cinq
aunes trois quarts. -
TRESENS
De Monsieur le Duc du Maine
à cJïïl. Confiance.
Vntres-grand Lustre, tout
de cristal de loche à douze
branches de fonte dorée
ayant une couronne enrichie
de plusieurs boules de
rirtaux de roche, garny
d'une tres-belle campane de
ristaux , ayant une gresse
boule de cristal de roche
taillée dans le milieu.
Deux pieces d'étose or &
argent tres-riches, sur des
desseins de France.
Vne tres-belle Pendule,
onnant les heures & les deny-
heures, & allant huit
ours.
Deux Coupes,deux Veres
? une Souscoupe,une Aiguiere
,deux Bouteilles, un
Baril,&un:Tasse de cristal
le roche ciselé avec une
cassette aussi de cristal,
emplie d'Eventails de mignature
, &de ceintures or
& argent, avec un Portrait
en mignature de Monsieur
e Duc du Mayne.
,
Vngrand Livre repreentant
les Conquestes du
Roy, en mignature, avec
les Personnages &: les Places
o
au naturel, &le plan des
Places, le tout sur du velin,
avec une description historique.
Ce Livre est couvert
de chagrin avec des garnitures
&es
tures & desppllaaqquueess dc'o?r dd>'uunn
ouvrage ciselé. Les Armes
du Roy sont au milieu? &
il yades Chiffres aux
coins.
Je vous avois déja dit une
partie des choses qui sont
contenues dans cet article;
mais je ne vous avois pas
mandé le nom du Prince
qui faisoit ce Present. I
PRE-
- '1
Presens De M. le Marquis de
l, Louvois à M. Constance.
Six grandes Tables de marbre
jaspé ovales.
ri Vntres-riche Tapis de U
Savonnerie.
Presens de M. le Marquis de
il Croissy à VJ1. Constance.
t Vn grand Miroir avec
sa bordure de glace à fond
de lapis, lesornemens aussi
de lapis, & le chapiteau d'un
pareil travail.
Douze Corbeilles de cristal
taillé.
Deux grands Bassinsd'argentdore
en ovale, relevez
au fond en bosse ronde de
plusieurs figures representant
lhistoiredeScipion,deMarc-
Antoine, & de Cleopatre.
Vn grand Bassin, où sont
rapportéesplusieurs plaques
d'argent doré, au fond duquel
relevé en demy bosse,est
vn Neptune dans vnchar tiré
par quatre chevaux Marins.
Vntres beau Vase en forme
de fontaine, ayant deux
Bassins en coquille d'argentdoré,
l'un soutenu d'un
Atlas monté sur un chat
d~'anrg$e~nt doré;l'autre élevéau soutenud'uneVenus
d'argent, accompagnee d'un
Cygne aussi d'argent sur une
coquille dor,& au sommet du
>
Vaseest un Mercure d'argent.
Toutes ces Figuresjettent artificiellement
de l'eau.
~, Vngrand Crucifix d'ambre
tres-curieux. 1
Vnegrande Cassette de
cristal taillé & enchassé, entrelassé
de roses de Diamans
avec des feüillages d'or trait,
d'une belle fimetrie
, dans
laquelle Cassette il y a,
: Douze paires de Gands
glacez.
{ Vn Eventail de peau de
senteur, où est peint en mignature
le Carrousel dernier
fait en France, les bastons enrichis
d'or parsemez de Perles
& deDiamans sins,tenant
ensemble par une viz d'or.
Septautres Eventails de
differentes couleurs & representations,
ornez de rubans
or ez argent.
VneCassettede cristal,avec
sa bordureaussi de cristal
tortillé, dans 1 aquelle il y a
Vne paire deBracelets deCorail
taillé, avec une boucle
dVenDeiMamoannstrfeins àchacun.
d'or avec f»
boëte émaillée, garnie de
Diamans fins, la clef enrichie
de Diamans, VneTabatiered'or émaillée,
garnie de Rubis, avec
un plus gros Rubis pour la
fermer.
VnbeauChapelet de corail.
Vn autre de corail uny.
Vn Chapelet d'ambre trèsprecieux.
t' Vntres-beau Cordon de
corail.
Vne Cave couverte de fatin
vert, ornée de galons&
de clous d'argent, contenant
douze flacons de cristal
couverts d'argent, remplis
d'essences & de diffeter
bonnes odeurs.
Vingt- quatre paires de
Gands d'Espagne, garnis de
rubans dediverses couleurs.
Deux grandes peaux d'Espagne>
d'une senteur merveilleuse.
Vne tres-belle Coupe d'émail
avec sacouverture, sur
laquelle sont representées.
diverses Batailles,& un étuy
de satin rouge galonné d'or
Vn Verre de cristal de roche
couvert, figuré, avec
son pied d'argent, & Lon.
étuy de satin rouge.
Vn grand Verre en coupe
aussi decristal de roche, figuré
,avec sa couverture &
son étuy de satin rouge galonné
d'argent.
Vne Cave de satin rouge,
contenant six grands Gobelets
de cristal grav é.
Vne autre Cave ausside
satin rouge, contenant cinq
grands Gobelets de cristal
'figuré,o
Prbesens de M. le Marquis de
Seignelay àM. Constance.
Deux grands Miroirs de
figure octogone,
ngure o ogone avec leurs
?
bordures toutes de cristal. 1
Vn Benitier de cristal de
roche, garny d'argent.
Quatre grandesTables de
marbre, avec leurs chassis &
pieds de sculpture tous dorez.
Vne tenture de Tapisserie
à fond vert.
,
Vne grande Figure de
marbre
,
representant deux
enfans qui tiernent un pied
de Vase.
Cinquante Portraits des
principales personnes de la
Cour, avec leurs bordures
dorées. a
,
Vn grand Fusil de marqueterie
fait en Canada, d'un
ouvrage exquis , avec [on
étuy de maroquin rouge 3 fleurdelisé d'or. -
Vne paire de Pistolets
montez d'yvoire,tirant chacun
- deux coups, avec
quelquesgraveures en taille
douce
Trois grandes Caisses remplies
de differens ouvrages
decristaux d'Allemagne.
Vn grand Verre avec fom
pied de vermeil doré.
Vne grande Sous-coupe
aussi de cristalavec son
y
pied de vermeil doré.
Vn grand Globe de verre,
representant le Labirinthe
de Versailles. 1
Vn tres-beau Cabinet
d'Optique
>
representant plusieurs
belles veuës.
VnTableau representant
Versailles, avec son quadre
doré.
Deux Tableaux de Rocailles
, avec leurs quadres
aussi dorez.
Fermer
Résumé : Nouvelle Liste des Presens envoyez à Siam. [titre d'après la table]
Le texte décrit une liste détaillée de présents envoyés à Siam, incluant divers objets précieux et artistiques. L'auteur mentionne avoir déjà envoyé une liste précédente, mais il dispose de nombreuses nouvelles informations à partager. Il souligne la nécessité de recherches approfondies pour décrire précisément chaque pièce, tant en termes de quantité que de description particulière. Les présents sont destinés au roi de Siam, à la princesse de Sima, à M. Constance, et aux ambassadeurs. Ils incluent des objets d'art et de luxe tels qu'une couronne d'or enrichie de diamants, rubis, émeraudes et perles, un grand miroir de cristal garni d'or, une selle de cheval avec housse et harnais brodés, des vestes de velours brodées, des baudriers en broderie d'or, un vase d'ambre gravé, et plusieurs pièces d'étoffes précieuses. Les descriptions détaillées incluent des pendules, des montres, des fusils richement décorés, des lustres de cristal, des tapisseries de Flandre, des coffrets d'ambre, et diverses pièces d'étoffes en soie, brocart et drap d'or. Chaque objet est décrit avec précision, mettant en avant les matériaux précieux et les techniques de décoration utilisées. Pour le second ambassadeur, les présents incluent un lustre de cristal de roche, une pendule, plusieurs montres d'or ornées, des fusils et pistolets enrichis, des étoffes précieuses, et une tenture de tapisserie. Pour le troisième ambassadeur, les présents comprennent une pendule, une montre, des fusils, des pistolets, des girandoles, et des étoffes. Monsieur le Duc du Maine offre un grand lustre, des étoffes, une pendule, des objets en cristal, et un livre illustré des conquêtes du roi. M. le Marquis de Louvois offre des tables de marbre et un tapis de Savonnerie. M. le Marquis de Croissy offre un miroir, des corbeilles de cristal, des bassins d'argent, un vase en forme de fontaine, un crucifix d'ambre, des éventails, des bracelets, des tabatières, des chapelets, des flacons d'essences, des gants, des peaux d'Espagne, des coupes d'émail, des verres de cristal, et des goblets. M. le Marquis de Seignelay offre des miroirs, un bénitier, des tables de marbre, une tenture de tapisserie, des portraits, un fusil, des pistolets, des caisses de cristaux, des verres, une sous-coupe, un globe, un cabinet d'optique, et des tableaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
157
p. 306-326
Modes nouvelles. [titre d'après la table]
Début :
Rien n'est si inconstant que la Mode, & quoy que [...]
Mots clefs :
Mode, Habits, Éventails à la siamoise, Poches, Modes, Habit, Étoffe, Corps, Galon, Usage, Nouvelle, Argent, Agréable, Justaucorps, Inconstant, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Modes nouvelles. [titre d'après la table]
Rien n'est si inconstant
que la Mode, & quoy que
Mode veuille dire une chose
actuellement en usage, les
Modes sont si incertaines en
France, qu'on peut dire qu'il
n'y en a presquejamais d'assurées,
parce qu'ily en a trop,
& trop souvent, & qu'il suffit
qu'elles soient receuës,
pour faire craindre qu'elles ne
changent bien tost. Cependant
il faut estre à la Mode à
moins que l'on ne veüillepasser,
oupourridiculeoupouravare;
mais la difficulté est de se
saisir des Modes dans le moment
qu'elles paroissent, puis
qu'à peine se sont-elles fait remarquer,
qu'onn'envoit plus
que des restes, étouffez par
d'autres Modes naissantes.Ce
qu'il y a de fâcheux, c'est
qu'on îVert pas toujours en
estat de suivre les Modes
dans leur fleur. Tel quitte un
habit qu'il n'aporté qu'une
fois, à cause que quelque
more l'oblige à se metrre en
deuil
,
qui se trouve hors de
Mode quand il reprend cet
habit. Ainsiilne faut jamais
outrer les Modes, parce que
ceux qui les chargent davantage,
paroissenr bien-tots
les plus ridiculement vêtus.
Celles de cet Esté sont venuës
tard aussi-bien queles
chaleurs.C'est ce qui a obligé
beaucoup de gens à se
faire faire des habits d'Esté
de drap fin. La Mode la plus
constante que nous ayons
euëdepuis quelques années,
a esté celle des Culotesd'une
étoffe différente de celle
des Juste-au corps,les Culoces
estant de velours & de
Brocard, &les Juste-au-corps
de drap & de serge. Cette
Mode commence àchanger,
& la pluspar de ceux qui ont
fait faire des habits d'Esté.
ont pris des Culotes de la
mesme étoffe que le reste de
l'habit. Les Juste-au-corps
sont plus largespar le bas
qu'ils ne l'ont encore esté.
Les manches sont à botes, &
toutes plates, &la grandeur
du revers est un peu diminuée.
On voit beaucoup de
poches bizarement coupées,
appellées poches de Chasse ;
elles ne laissent pas d'estre
prelquc toutes differentes,
qnoy qu'elles portent le mêmenom.
Les unes ont deux
languetes, lesautres trois,
& les autres ont de petits
croissans tout autour. Leur
chamarrure est fort bizarre.
Les unes sont chamarées en
chevrons, les autres en zigzag,
& lesautres sont toutes
pleines : la pluspart s'en remettantàleurs
Tailleur qui
soutiennent que ce qu'ils ont
imaginé est une Mode naissante.
Aussi seroit-il difficile
qu'elle fuit plus nouvelle,
puis qu'elle n'est encore que
dans leur imagination. On
ne voit de ces poches bizarres
qu'àceux qui se font fait
habiller des premiers. Ces
placards d'or&d'argent sur
,
des habits dont le reste est
uny ,font un effet peu agréable.
Ce n'est pas la faute de
ceux qui en portent,puis
qu'ils ne font point les inventeursd'une
Mode qu'ils
n'ont prise,que parce qu'ils se
sontfait habiller avant qu'on
~McôMde~a~Me~h~
bicrfftfSAfr1usage «Î!tfettêfH
ModePcïWl
foufît#è püú.t dë^jAiries^Ofïr^
£"ièrs>\fiJis^1îfc !l'tâ 1*aVéti^ ~i~ën~p~t~éiniercrftPf
cavalier.Li(Mbdedè^pdéjh$
âhlcmg;aUcrâTyent^ok:Bes ek
trompettes, est toûjourse
usageparmy ceux dont
ilest
glorieux de suivre l'éx'empltf.
Les étofes les plus à la mode
fotit les RasdeSiam, de'Oue.;.
bec ,& deCastor. Ces étofes
sont fort fines,& quoyqu'eldes
ayent l'oeil d'uneétofe
d'Hoiver ,ronne laeisse pars dje&
porter beaucoup. La couleur
verdastre est entièrement
bannie, maiscelles demuse
clair&de Caffé font tout-àfait
en usage. Il y a encore
une petite étoffe nouvelle,
&qu'on trouve fort agreable;
elle
,
rayéressemble à du Chagrin
par petitsfilets de couleur
de gorge de pigeon. On
double tous les habits de petits
taffetas d'Angleterre glacez
& jaspez, & assortissans
aux étoffes des habits.Quand
ces habitssont à poches de
Chass ces poches, & les
revers demanches des lusteau-
corps sontchamarrez
pleind'un petit galon cou
uny, & fort leger, d'or oo d'argent étroit; mais un habtun
peu distingué,estchamarré,
d'un beau galon d'or àlissere, fc,rt Ipisant partour
donton couvre les poches & lesmanches. Il y a aussi des
habits avec une petite broderie
fort agréable d'or passé.
Cette broderie fait les mesmes
compartimens que formele
galon. Ces fortes d'habits
font pour les personnes
d'une qualitédistinguée. Les
vettesles plusàJanjod-e,.Sa
les - plus riches,sont d'une
étoffe nouvelle, dontle fond
citde gros de Tours, rayé
d'or de pouce en pouce ; le
milieu des rayes est remply
de petites fleurs d'or à l'Indienne.
Il y en a d'autres;
qui sans estre rayées sont semees
de ces fleurs. A l'égard
delà coul eur de ces vestes
cllesi sont toutes en usage.
On en porte de taffetas semblable
àl'habit, dont tout le
devant est couvert d'un galon.
d'or ou d'argent. On se sert
toujours d'Amadis fort chaûiarrez.
Jamais on n'a tant vû
d'habits deTiretaine Ilssont
toutgarnisd'unepetitenompareille
d'orsurlescoutures.
Lcsf^éftéside ceshabits sont
desmesmeétoffe, & toutes
couvotesîde galenjoude
nompareille xL'orderaefme t <
cltte celuy descouturesde
l&afoôt^Oit:porte aussides
habitsdeTiretaineavec des
hcut0tûû£tci$&t.<y&ï passent
:cdtnmc::de labroderie. Comjourd'fo):
qujrfor&l'argent
&.qu'iineskûtpâsemployai
de grandesfemmespourgarfiitvn
habit debdf
pttlté:garori surles kIoûtbrt'h
ceuxqui ns'fe^r p^i &iiqua£
lepeu-dédépense?a at^orifé
lueaporter de b'or&'tfôlèail
gcniï a en mettre surleurs haU
bits;de quoles person
nes deinaifTincx ne £anç plus
d^ftin^aces/Cela fijitque plu>
fièurfci commencent aiporoet
des habitsunis aveedesbout
tonsdelamêmecouleurqui
thafâtbinaisavei:destestes
si riches,que les Bourgeoisne
pd^emuvêmenetiJoLuesa»^oJufefntet;-eaau[p-eûpErr^ajs'
Wçjil&d'écarlace:font1
cou*-
jbufôAUjaodcv«an-lhiddour
bip delàmemecouleur qu'est
ledrap, ilssontchamarrez de i^iyutonnieres. Les
ÇYpvs.-des1manches detous ces
Jufte~a\i-cçrps for^deLl^noér
meétoffe3sur laquelle onfait
siverfes,,chamarrures. On
pprte lf&r'çhape^jx rjetrèflez>
%y.€c un cordai},e$ou»argent*
ou un tour de plumasblanc.
jDnvoitsi peujde chapeaux
gris." qu'onne peut pas dtre
qu'ils sçientà la mode. Les
cravates sont toujours en coletavecpligros,
noeud de rub$
4^g)r>pprççrle^basjGtefeye
^ortilli^ à4^abi^L^'baudriers
font peu enusage,
on n'en voit presquè plufctLes
Julie au-corpsdes personne£
dequalité qiii^tcompagttcnt
ordinairement jMonietgiietir
le Dauphin àlaGhaflfesétôient
l'année detnierededr-',i
& cette année ils sont d'un
drap gris-brun, & brodez d'argent,n'Jtj^ JJe passe à l'Article des ma*
des qui regardent les Femmes,
& je vay tâcher de Té^
claircir de manière , que les
Tailleurs de vostre Province
pui fient leur faire des habitsî
a la mode, sur ce que je vous
adicay..CTa modèdes Manteaux
aSg xlcsiJtlpmdl toujoursicà
âuâg^nLes;Qarcfçs?ontcntic»-
3fej»cnt1î J J toiites les to
ifflSjdol'filéipâiTéycUes forât
cfeabilLcgs^d'unepropreté cx>-
^triaordin^ifé. he-s\érÕl¿s:. dont ilcs Jtipèls,fonfcàpetites rayps.>tic
&cCimal^ifr^(udb deuxdoigts en milieu de
cesrayessont semées de petitesfleursd'or&
d'argent fort
^^ïcâlïlesu IIy en ad'autres
dont tout lemilieuest d'ar-
--gct-itfux-u,n fond de gros de
-3Ct)urs*Ontrouve. decesfonds
~tC~tM couieisrîi ^D'^ucifcs
ifoRoà'nayes deocwjjlsuniàrgcs
d>'undiDigt^&Eèii^unojï&yfc
<ta fleurs d'or oud'argcot^àfc
joa\v.cîar«Tçuja1fait le fond
dotoute-I^etofciCette!otose
:skppelle Marl\ .i! y erb£tdcJpuissept
francilTaunejufciti-à
1 cvingç trancsjOnvcit au{ïLdès j.ctokstoutesdefoY{ivf'fLvm,¡,
dduucrbrôbssddcTeoTuotsù#rpsu;taf&tas
f fort;ellessont rayéesdegrandes
rayesde cinqousix,courpalenuthrsè,
opraergmry*elreObseqauuecloleus3prlamCaois- étoffessontsortbigarées,&
sontappelléesRigaudans.Les
Grisetes des Dames sont d'u—
ne étofe de lainefrayée de
quantité de rayes de toutes
couleurs? &son les appelle
Siameifek s cette étofe est a
: grandmarché£Pour ce qui
regarde lamaniere ces Mano
caux ?
la gorge est fort couvertc,&
a deux grands plis par
devanteun ply renversé par
derriere, la bordure large,&
un petit aîleron à l'attachement
de la manchephflée à
l'Espagnole. Cette manche
est relevée sur le bras, & pend
sur lederete & naudedans
du bras
*
&le roulement eu
lest large. Toutes les étofes
qu'onprend pour les Jupes
font en travers, & ces rayes ontcomme des ceic^au^
Ces fortes de Jupes sontfort
propres aux tailles fines; mais
les Dames qui ont un peki
d'cmbonpoint>fonttaire Iculie
Ju pes à coins tournez, ave
un galon au bas. Il se faites
core des Manteaux tout unis
de gros taffetas de couleur) où
l'on met autourdu col unga,
Ion d'argent tout droit ; mais
pour le gros roulement de la
manche? il se chamarréci.
ondes ,-ouenlassez avec uu
grosnoeudderubansauac4
kMqixcauz.Lesjflobç-S prés
pjcsjquel;on ncue•erjgiejt
tantrC RoJbcftjdçgj} pl^yj^sipwle^ui)pre^
|iên:.ejevapt^àçi®«rp. £)%
neporte phisciemançhesdc^
dessous.Les.Dames poKcnt sLes,&"&%9m*'
guant^tç. 4ç,^>rAç^-4 la jafl» tîinîerofaiteî d'ypfiaandfe-
4e a7,c lanche >3t}%4emyr|
~%4~ fSPeWft
pt^cfi&j~~fdu~ir~tu~nfi©|>C8o§«!fftlW3»
M~~SH~M~
tTeff unOuvrage aiaihôdé9
èjui tftunecfpcccde cahevas
ià fine gaze vitrêeyfiifMaquellçort
fait im oûvràgea
Péguille avec dufil fort finJei
ôuelcuivrageest appelle ~f~
ty^&lle$iDamess'yoctupcfiè
avec plàisir. Les Fontanges
ftffctftfrtgioftessurcescçc'^
fyre^ : ù' àn'
ellessoàntd*unruban
d~é*^ouitrayeijs
dôd<Mgt>&g^niè*:nottir
pmawresiollJells'yde différentes coua
encore d'autfcS
côëffûresde gaze apetite*
fleufsblanches. Les coëffes
n~it~Ïonc l'ordinaire. tes4
Eventails font à fond d'or &
d'argent? avec des figures
de la Chine; on les appelle
Eventails à la Siamoise On
porte les Colliers de Perles
fort gros; ils font d'une com-.
pofirionsi surprenante? qu'ils
paroissent fins. Les plus beaux
font de deux Louis d'or. Les
Souliers font à l'Angloise;
les Gands glacez.
que la Mode, & quoy que
Mode veuille dire une chose
actuellement en usage, les
Modes sont si incertaines en
France, qu'on peut dire qu'il
n'y en a presquejamais d'assurées,
parce qu'ily en a trop,
& trop souvent, & qu'il suffit
qu'elles soient receuës,
pour faire craindre qu'elles ne
changent bien tost. Cependant
il faut estre à la Mode à
moins que l'on ne veüillepasser,
oupourridiculeoupouravare;
mais la difficulté est de se
saisir des Modes dans le moment
qu'elles paroissent, puis
qu'à peine se sont-elles fait remarquer,
qu'onn'envoit plus
que des restes, étouffez par
d'autres Modes naissantes.Ce
qu'il y a de fâcheux, c'est
qu'on îVert pas toujours en
estat de suivre les Modes
dans leur fleur. Tel quitte un
habit qu'il n'aporté qu'une
fois, à cause que quelque
more l'oblige à se metrre en
deuil
,
qui se trouve hors de
Mode quand il reprend cet
habit. Ainsiilne faut jamais
outrer les Modes, parce que
ceux qui les chargent davantage,
paroissenr bien-tots
les plus ridiculement vêtus.
Celles de cet Esté sont venuës
tard aussi-bien queles
chaleurs.C'est ce qui a obligé
beaucoup de gens à se
faire faire des habits d'Esté
de drap fin. La Mode la plus
constante que nous ayons
euëdepuis quelques années,
a esté celle des Culotesd'une
étoffe différente de celle
des Juste-au corps,les Culoces
estant de velours & de
Brocard, &les Juste-au-corps
de drap & de serge. Cette
Mode commence àchanger,
& la pluspar de ceux qui ont
fait faire des habits d'Esté.
ont pris des Culotes de la
mesme étoffe que le reste de
l'habit. Les Juste-au-corps
sont plus largespar le bas
qu'ils ne l'ont encore esté.
Les manches sont à botes, &
toutes plates, &la grandeur
du revers est un peu diminuée.
On voit beaucoup de
poches bizarement coupées,
appellées poches de Chasse ;
elles ne laissent pas d'estre
prelquc toutes differentes,
qnoy qu'elles portent le mêmenom.
Les unes ont deux
languetes, lesautres trois,
& les autres ont de petits
croissans tout autour. Leur
chamarrure est fort bizarre.
Les unes sont chamarées en
chevrons, les autres en zigzag,
& lesautres sont toutes
pleines : la pluspart s'en remettantàleurs
Tailleur qui
soutiennent que ce qu'ils ont
imaginé est une Mode naissante.
Aussi seroit-il difficile
qu'elle fuit plus nouvelle,
puis qu'elle n'est encore que
dans leur imagination. On
ne voit de ces poches bizarres
qu'àceux qui se font fait
habiller des premiers. Ces
placards d'or&d'argent sur
,
des habits dont le reste est
uny ,font un effet peu agréable.
Ce n'est pas la faute de
ceux qui en portent,puis
qu'ils ne font point les inventeursd'une
Mode qu'ils
n'ont prise,que parce qu'ils se
sontfait habiller avant qu'on
~McôMde~a~Me~h~
bicrfftfSAfr1usage «Î!tfettêfH
ModePcïWl
foufît#è püú.t dë^jAiries^Ofïr^
£"ièrs>\fiJis^1îfc !l'tâ 1*aVéti^ ~i~ën~p~t~éiniercrftPf
cavalier.Li(Mbdedè^pdéjh$
âhlcmg;aUcrâTyent^ok:Bes ek
trompettes, est toûjourse
usageparmy ceux dont
ilest
glorieux de suivre l'éx'empltf.
Les étofes les plus à la mode
fotit les RasdeSiam, de'Oue.;.
bec ,& deCastor. Ces étofes
sont fort fines,& quoyqu'eldes
ayent l'oeil d'uneétofe
d'Hoiver ,ronne laeisse pars dje&
porter beaucoup. La couleur
verdastre est entièrement
bannie, maiscelles demuse
clair&de Caffé font tout-àfait
en usage. Il y a encore
une petite étoffe nouvelle,
&qu'on trouve fort agreable;
elle
,
rayéressemble à du Chagrin
par petitsfilets de couleur
de gorge de pigeon. On
double tous les habits de petits
taffetas d'Angleterre glacez
& jaspez, & assortissans
aux étoffes des habits.Quand
ces habitssont à poches de
Chass ces poches, & les
revers demanches des lusteau-
corps sontchamarrez
pleind'un petit galon cou
uny, & fort leger, d'or oo d'argent étroit; mais un habtun
peu distingué,estchamarré,
d'un beau galon d'or àlissere, fc,rt Ipisant partour
donton couvre les poches & lesmanches. Il y a aussi des
habits avec une petite broderie
fort agréable d'or passé.
Cette broderie fait les mesmes
compartimens que formele
galon. Ces fortes d'habits
font pour les personnes
d'une qualitédistinguée. Les
vettesles plusàJanjod-e,.Sa
les - plus riches,sont d'une
étoffe nouvelle, dontle fond
citde gros de Tours, rayé
d'or de pouce en pouce ; le
milieu des rayes est remply
de petites fleurs d'or à l'Indienne.
Il y en a d'autres;
qui sans estre rayées sont semees
de ces fleurs. A l'égard
delà coul eur de ces vestes
cllesi sont toutes en usage.
On en porte de taffetas semblable
àl'habit, dont tout le
devant est couvert d'un galon.
d'or ou d'argent. On se sert
toujours d'Amadis fort chaûiarrez.
Jamais on n'a tant vû
d'habits deTiretaine Ilssont
toutgarnisd'unepetitenompareille
d'orsurlescoutures.
Lcsf^éftéside ceshabits sont
desmesmeétoffe, & toutes
couvotesîde galenjoude
nompareille xL'orderaefme t <
cltte celuy descouturesde
l&afoôt^Oit:porte aussides
habitsdeTiretaineavec des
hcut0tûû£tci$&t.<y&ï passent
:cdtnmc::de labroderie. Comjourd'fo):
qujrfor&l'argent
&.qu'iineskûtpâsemployai
de grandesfemmespourgarfiitvn
habit debdf
pttlté:garori surles kIoûtbrt'h
ceuxqui ns'fe^r p^i &iiqua£
lepeu-dédépense?a at^orifé
lueaporter de b'or&'tfôlèail
gcniï a en mettre surleurs haU
bits;de quoles person
nes deinaifTincx ne £anç plus
d^ftin^aces/Cela fijitque plu>
fièurfci commencent aiporoet
des habitsunis aveedesbout
tonsdelamêmecouleurqui
thafâtbinaisavei:destestes
si riches,que les Bourgeoisne
pd^emuvêmenetiJoLuesa»^oJufefntet;-eaau[p-eûpErr^ajs'
Wçjil&d'écarlace:font1
cou*-
jbufôAUjaodcv«an-lhiddour
bip delàmemecouleur qu'est
ledrap, ilssontchamarrez de i^iyutonnieres. Les
ÇYpvs.-des1manches detous ces
Jufte~a\i-cçrps for^deLl^noér
meétoffe3sur laquelle onfait
siverfes,,chamarrures. On
pprte lf&r'çhape^jx rjetrèflez>
%y.€c un cordai},e$ou»argent*
ou un tour de plumasblanc.
jDnvoitsi peujde chapeaux
gris." qu'onne peut pas dtre
qu'ils sçientà la mode. Les
cravates sont toujours en coletavecpligros,
noeud de rub$
4^g)r>pprççrle^basjGtefeye
^ortilli^ à4^abi^L^'baudriers
font peu enusage,
on n'en voit presquè plufctLes
Julie au-corpsdes personne£
dequalité qiii^tcompagttcnt
ordinairement jMonietgiietir
le Dauphin àlaGhaflfesétôient
l'année detnierededr-',i
& cette année ils sont d'un
drap gris-brun, & brodez d'argent,n'Jtj^ JJe passe à l'Article des ma*
des qui regardent les Femmes,
& je vay tâcher de Té^
claircir de manière , que les
Tailleurs de vostre Province
pui fient leur faire des habitsî
a la mode, sur ce que je vous
adicay..CTa modèdes Manteaux
aSg xlcsiJtlpmdl toujoursicà
âuâg^nLes;Qarcfçs?ontcntic»-
3fej»cnt1î J J toiites les to
ifflSjdol'filéipâiTéycUes forât
cfeabilLcgs^d'unepropreté cx>-
^triaordin^ifé. he-s\érÕl¿s:. dont ilcs Jtipèls,fonfcàpetites rayps.>tic
&cCimal^ifr^(udb deuxdoigts en milieu de
cesrayessont semées de petitesfleursd'or&
d'argent fort
^^ïcâlïlesu IIy en ad'autres
dont tout lemilieuest d'ar-
--gct-itfux-u,n fond de gros de
-3Ct)urs*Ontrouve. decesfonds
~tC~tM couieisrîi ^D'^ucifcs
ifoRoà'nayes deocwjjlsuniàrgcs
d>'undiDigt^&Eèii^unojï&yfc
<ta fleurs d'or oud'argcot^àfc
joa\v.cîar«Tçuja1fait le fond
dotoute-I^etofciCette!otose
:skppelle Marl\ .i! y erb£tdcJpuissept
francilTaunejufciti-à
1 cvingç trancsjOnvcit au{ïLdès j.ctokstoutesdefoY{ivf'fLvm,¡,
dduucrbrôbssddcTeoTuotsù#rpsu;taf&tas
f fort;ellessont rayéesdegrandes
rayesde cinqousix,courpalenuthrsè,
opraergmry*elreObseqauuecloleus3prlamCaois- étoffessontsortbigarées,&
sontappelléesRigaudans.Les
Grisetes des Dames sont d'u—
ne étofe de lainefrayée de
quantité de rayes de toutes
couleurs? &son les appelle
Siameifek s cette étofe est a
: grandmarché£Pour ce qui
regarde lamaniere ces Mano
caux ?
la gorge est fort couvertc,&
a deux grands plis par
devanteun ply renversé par
derriere, la bordure large,&
un petit aîleron à l'attachement
de la manchephflée à
l'Espagnole. Cette manche
est relevée sur le bras, & pend
sur lederete & naudedans
du bras
*
&le roulement eu
lest large. Toutes les étofes
qu'onprend pour les Jupes
font en travers, & ces rayes ontcomme des ceic^au^
Ces fortes de Jupes sontfort
propres aux tailles fines; mais
les Dames qui ont un peki
d'cmbonpoint>fonttaire Iculie
Ju pes à coins tournez, ave
un galon au bas. Il se faites
core des Manteaux tout unis
de gros taffetas de couleur) où
l'on met autourdu col unga,
Ion d'argent tout droit ; mais
pour le gros roulement de la
manche? il se chamarréci.
ondes ,-ouenlassez avec uu
grosnoeudderubansauac4
kMqixcauz.Lesjflobç-S prés
pjcsjquel;on ncue•erjgiejt
tantrC RoJbcftjdçgj} pl^yj^sipwle^ui)pre^
|iên:.ejevapt^àçi®«rp. £)%
neporte phisciemançhesdc^
dessous.Les.Dames poKcnt sLes,&"&%9m*'
guant^tç. 4ç,^>rAç^-4 la jafl» tîinîerofaiteî d'ypfiaandfe-
4e a7,c lanche >3t}%4emyr|
~%4~ fSPeWft
pt^cfi&j~~fdu~ir~tu~nfi©|>C8o§«!fftlW3»
M~~SH~M~
tTeff unOuvrage aiaihôdé9
èjui tftunecfpcccde cahevas
ià fine gaze vitrêeyfiifMaquellçort
fait im oûvràgea
Péguille avec dufil fort finJei
ôuelcuivrageest appelle ~f~
ty^&lle$iDamess'yoctupcfiè
avec plàisir. Les Fontanges
ftffctftfrtgioftessurcescçc'^
fyre^ : ù' àn'
ellessoàntd*unruban
d~é*^ouitrayeijs
dôd<Mgt>&g^niè*:nottir
pmawresiollJells'yde différentes coua
encore d'autfcS
côëffûresde gaze apetite*
fleufsblanches. Les coëffes
n~it~Ïonc l'ordinaire. tes4
Eventails font à fond d'or &
d'argent? avec des figures
de la Chine; on les appelle
Eventails à la Siamoise On
porte les Colliers de Perles
fort gros; ils font d'une com-.
pofirionsi surprenante? qu'ils
paroissent fins. Les plus beaux
font de deux Louis d'or. Les
Souliers font à l'Angloise;
les Gands glacez.
Fermer
Résumé : Modes nouvelles. [titre d'après la table]
Le texte aborde l'inconstance de la mode en France, notant que les tendances changent fréquemment, rendant difficile leur suivi. Les modes sont nombreuses et instables, et il est essentiel d'être à la mode pour éviter de paraître ridicule ou avare. Cependant, s'y conformer excessivement peut également devenir ridicule. Les modes estivales sont arrivées tardivement, poussant beaucoup à se faire confectionner des habits d'été en drap fin. La tendance récente la plus constante a été celle des culottes d'une étoffe différente de celle des justaucorps, mais cette mode commence à évoluer. Les justaucorps actuels sont plus larges au bas, avec des manches à boutons et plates, et des revers légèrement réduits. Les poches, appelées poches de chasse, sont variées et bizarres, avec des coupes et des ornements différents. Les étoffes à la mode incluent les ras de Siam, de Queue, de Bec et de Castor, avec des couleurs verdâtres bannies et des teintes de muse clair et café en usage. Les habits sont doublés de petits taffetas d'Angleterre glacés et jaspez, assortis aux étoffes des habits. Les habits distingués sont ornés de galons d'or ou d'argent, avec des broderies en or passé. Les vestes à la mode sont en étoffe nouvelle, avec des fonds de gros de Tours rayés d'or et des fleurs d'or à l'Indienne. Les cravates sont toujours en col avec des plis gros, et les chapeaux gris sont peu à la mode. Les habits unis avec des boutons de la même couleur que le tissu sont également en vogue. Les justaucorps des personnes de qualité sont souvent ornés de galons d'or ou d'argent. Les manteaux des femmes sont en gros taffetas de couleur, avec des galons et des rubans. Les dames portent des guimpes et des éventails à fond d'or et d'argent, avec des figures de la Chine. Les colliers de perles sont gros et fins, et les souliers sont à l'Angloise, avec des gants glacés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
158
p. 1-337
JOURNAL DU VOYAGE DE SA MAJESTÉ A LUXEMBOURG.
Début :
Je vous l'ay promis, Madame. Il faut vous satisfaire [...]
Mots clefs :
Roi, Luxembourg, Sa Majesté, Prince, Place, Voyage, Ville, Cour, Gardes, Église, Verdun, François-Henri de Montmorency-Bouteville, Maison, Duc de Luxembourg, Honneur, Bonté, Paris, Comte, Fortifications, Troupes, Officiers, Évêché, Abbé, Versailles, France, Médailles, Corps, Personnes, Messe, Châlons-en-Champagne, Évêque, Marquis, Lieux, Régiment, Champagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : JOURNAL DU VOYAGE DE SA MAJESTÉ A LUXEMBOURG.
JOURNAL
1 DV VOYAGE
DE
SA MAJESTÉl
A LUXEMBOURG.
E vous l'aypromis
,
Madame. Il faut
vous satisfaire sur le
grand Article du Voyage
de Sa Majesté à Luxembourg,
Pc. comme vous m'avez ordonné
de n'enoublier aucune
des circonstances, elles
feront le sujet d'une Lettre
entière. Un pareil Journal
doit estre agréable aux Curieux
Tout le monde scait
que le Roy ne peut faire un
pas hors le lieu de sa résidence
ordinaire, que toute
l'Europe ne soit aussi-tost
en mouvement. Le bruit de
ce Voyage n'eut pas plûtost
Commencé à se répandre,
qu'elle fit paroistre de grandes
alarmes. Mais que pouvoit-
elle avoir à craindre?
Elle devoitestre persuadée,
que le Monarque qui luy a
donné la Paix? n'avoir aucun
dessein de la rompre.
C'est son ouvrage, & loin
de songer à le détruire,Sa
Majesté fera toûjours preste
à faire repentir ceux qui travailleront
à troubler le calme
qu'il a étably. Un pareil
dessein ne sçauroitestre
conceu que par des Ambitieux
opiniâtres, & trop constamment
jaloux de la grandeur
de ce Prince;mais c'est
àeux seuls à craindre, dans
letemps qu'ils veulent rendresuspectes
toutes ses démarches,
& jetter dans les
cfprits des frayeurs seditieuses,
afin d'exciter dans la
plus grande partie des Etats
voisinsle desordre & la confusion,
sans quoyils demeurent
dans une fâcheuse obsçuiipé?
qui leur est beaucoup
moins supportable que la
douleur que les Victoires du
Roy ont dû leur causer
, pour
ne pas dire, leurs continuelles
défaites. Comme il y a
peu de Regnes qui ne plaisent
,
a quelques chagrins
que l'on puisse estre exposé
en regnant ,ils voudroient
toûjours jouir de la tristesatisfaction
qu'ils ont de com*.
mander aux dépens de la
tranquillité de l'Europey
mais le Roy quien est leBienfai£
teur> & le Pere, voulant
luy conserver le repos qu'il
luy a si genereusement procuré,&
dontil lafait jodir.,
malgré lescontinuels obstacles
qu'on oppose inutilement
à sabonté, renverse
tous leurs desseins par sa prudente
conduite &: par sa perseverance.
Les défiances que
l'on a voulu donner de son
Voyage) donton pretendoit
que de secrets desseins estoient
les motifs, ont esté
une occasion au Roy de confondre
les Ennemis de sa
gloire. Il n'a pu soffrir qu'on
crustqu'il déguisast ses intentions
,8z pour empescher
que leur sincerité ne fust
foupçonnée
9
il a bien voulu
donner un éclaircissement,
quien faisant voir la bonté
qu'il a de'ne point chercher
à troubler l' Europe qu'il a
l, pris foin de pacifier, a servy
encore, par des assurances
publiques,& dont aucun
Prince ne pouvoir douter, à,
dissiper les frayeurs que les
.1n.1.1 intentionnez avoient
jettées dans les coeurs timides,
afin de parvenir à leur but.
Non seulement ils n'y sont
point parvenus ?
mais tout ce
qu'ils ont pû dire, n'a fait que
fairemieux voir combien le
pouvoir du Royest redoutable,
puisqu'ilsontété obligez
de faire connoistre eux-mêmes
par toutes les chosesqu'ils
ont avancées, qu'il suffitque
ce Monarque fasse une entreprise
pour y réiiflir
, & que
s'il veut vaincre, il n'a qu'à
combattre. On a sujet de les
croire. Ils n'ont pas eu desfein
de flater
,
&sur ce qui se
publie de cette nature ,
les
Ennemis sont plus croyables
que d'autres, puis que leur
sincerité ne peut estresoupçonnée.
Mais comme vous
pourriez douter de la mienne
lors que je vous parleai
& croire que je me suis formé
exprés des monstres pour
les combattre, en faisant paffer
mes conjectures pour des
veritez,à l'égard de tout ce
que je viens de vous dire dt.
l'inquietude que l'on a voulu
donner à la plus grande
partie de l'Europe, pour luy
faire prendre de l'ombrage
des desseins du Roy
?
voicy
une piece justificative.
Sa Majesté
,
à qui rien n'est
inconnu, tant à cause de sa
vive penetration
, que des
foins qu'elle prend sans cesse
pour bien s'acquiterde ce que
son rang demande,sçachant
ce qui se disoit du dessein
qu'Elle avoit pris de faire un
VoyageàLuxembourg, voulut
faire voir la mauvaise intention
de ceux qui en répandant
des bruits contraires
au repos public, pretcndoient
venir à bout de leurs entreprises.
Dans cette pensée, Elle
ordonna à Mrle Marquis de
Croissy Colbert
,
Ministre &
Secretaire d'Estat
, ayant le
département des affaires étrangeres,
d'écrire une Lettre
à Mrle Cardinal Ranuzzi,
Nonce de Sa Sainteté enFrance.
Voicy à peu prés le sujet
de cette Lettre. Ive de Croisfy
marquoit à ce Cardinal
que le Roy luy avoit commandé
d'informer son Eminence de la
resolution qu'ilavoit priscel'al.,
lerdans le mois de May à Luxembourg
, CJTouencore que Sa
Majcflr n'eustpas accoûtumé de
rendre raison de Jes actions,
comme Elle ne vouloit pas
néanmoins renouveller l'alarme
qu'on dvùitprise sans fondement
de l'ouverture qui a esté
faite du convertissement de la
Tréve en un TraitédePaix ; Elle
luy avoit ordonné de /'assurer de
sa part ,
qu'Elle ne faisoit ce
Voyage que pour satisfaire la
curiosité qu'Elle avoit de voir
Elle-mesme en quel estat estoit
otlors cette place;, d'oùelleseroit
de retour,troissemaines, ou tout
A-U plus tard un mois aprésqu'Elle
seroit partie de Versailles;
qu'Elle se promettoit que son
Eminence empescheroit par Je$
Lettres tant à Sa Sainteté que
par tout ailleurs où ellel'estimeroit
à propos , que ce Voyage ne
donnast de l'inquietude aux
Etats Voisins
, 0* qu'aucun
Prince ne pustprendre le pretexte
de la marche de Sa Majestéspour
refuseràl'Empereur lessecours
ausquels ilsseseroientengagez,
Sa Majesté n'ayantpas d'autre
dessein que celuy dontElle l'avoit
chargéde l'instruire.
Cette Lettre qui fut écrite
à Marly,estoitdattée du quatrièmed'Avril.
MrleNonce
qui s'apliqueavec tout le foin
imaginable à tout ce qui peut
maintenir la paix, la reçût
avec une extrêmejoye.Il en
envoya des copiesdans tous
les lieux, où ille crut necessaire
pour remettre les esprits,
& n'en refusa point aux Ministres
Etrangers qui sont à
Paris, ny mesme à tous ceux
qui prirent la libertédeluy
en demander ; de forte que
cesCopies s'estant multipliées
en fort peu de temps , cette
Lettre devint aussi-tost commune.
Chacun l'envoya à ses
Amis, &. elle courut incontinent
, non feulement dans
les Provinces de France;mais
encore dans les Pays Etrangers.
Comme le Roy na
jamais manqué à sa parole,
&que tout le monde en est
fortement persuadé
,
les esprits
qu'on avoit voulu inquicter
en leur faisant entendre
que le Voyage de Sa
Majestécouvroit des desseins,
€jui devoient troubler la tranqnilité
de l'Europe, furent
rassurez> & les ambitieux qui
ire cherchoient qu'à renouseller
la guerre en proposant
<de faire une Ligue pour l'éiriter
, demeurerent dans une
Extrême confusion par l'impossibilitéqu'il
y avoit de
venir à bout de leurs desseins.
On ne parla plus que du
Voyage, mais on en parla
d'une autre maniere qu'on
n'avoit fait jusque-là, & ceux
quiavoientvéritablement apprehendé
devoir le Roy à la
teste d'une Armée par les
soupçons qu'on avoit tâché
de jetter dans leurs esprits, se
proposerent de le venir admirer
lors qu'il feroit sur leurs
frontières
?
& ce fut pour eux
un fort grand sujet de joye
s d'esperer de voir de prés, &
de considerer avec toute l'attention
que demandoit leur
curiosité? un Prince qui remplit
tout l'Univers du bruit
de son naIn, & de ses vertus.
Pendant que la Noblessedes
Pays voisîns de Luxembourg:
goûtoit par avance le plaisir
qu'elle attendoit en voyant
le Koy & qu'elle en avoit
l'idée remplie,comme on l'a
ordinairement de toutes les
choses.guc l'onsouhaiteavec
passion, ceux qui estoient du
Voyage s'y preparoient; d'autres
en parloient & d'autres
écrivoient sur ce sujet.Voicy
une Devise deM Magnin de
l'Academie Royale d'Arles,
surceVoyage.Le Soleil estoit
alors au figne du Belier. Cette
Devise a pour mot
CURSUM INCHOAT
OMINE MITI.
Il renouvelle son cours
Sous de fortunezpresages;
Loin d'icy
)
sombres nuages,
Nous n'aurons que de beaux
jours.
Ces Vers convenoient a£-
sez à ce qu'on venoit de publier
touchant les desseins
cachez fous le Voyage du
Roy.
Voicy une autre Devise
de Mr Rault de Roüen, sur
ce mesme Voyage daSa Majesté,
allant visiter ses Conquestes
,&voir ses nouveaux
X Sujets. Cette Devise a pour
corps le Soleil en son midy
sansnuages & sans ombreJ
&jettant de benignes influences
sur les Regions par
où il passe. Ces mots en sontl'ame.
FELICI BEAT
ASPECTU.
Tel que paroist le Dieu du
jour
Porté dans son char de lu
miere
,
Quand par chaque Climat il
faitsonvaste tour
Pourvisiter la terre entiere
J
k
Et que parsesbrillansrayons
Il produit en tous lieux les biens
quenous voyons;
Tel l'Augure LOUIS ruifitant
ses Conquestes,
Quelque part qu'il porte les
yeux,
SurJes Sujets nouveaux qui s'offrent
en ces lieux,
Répandsesfaveurs toutesprefies,
Et quoy qu'il fajfe voir la fierté
du Dieu Mars
,
( Sesyeux nont que de doux
re7g,ardsoLe
temps du Voyage s'avançoit,
& l'on estoit presque
sur le point de partir,
lors que le Roy fut attaqué
d'un grand Rhume. Mais
loin que cet accident sist
prendre aucune résolution
contraire à ce qui avoit esté
arresté, Sa Majesté ne retrancha
pas mesme un quartd'heure
des Conseils qu'Elle
avoit accoûtumé de tenir-
Mr de Louvoispartit quelques
jours auparavant , pour
unVoyage de prés décrois-
-- - .-- - - - --
cens lieues,& Mr de Seignelay
partit de son costé pour
aller voir les Fortifications de
Dunkerque. Comme il faut
donner quelque ordre à cette
Relation, je ne parleray de
leur Voyage que quand je
vous marqueray leur retour
auprès du Roy, Je vous diray
cependant qu'en s'éloignant
de Sa Majesté,ils avoient
toujours la mesme
part aux affaires. Rien n'est
aujourd'huy épargné en
France pour le bien de l'Etat,
&.
& le Roy, par le moyen des
Courriers
> peut conferer tous
les jours avec ceux qui sont
éloignez de luy.MrdeCroissy
fut le seulMinistre qui
devoit accompagner Sa Majesté.
Le Controleur GeneraI,
dont la presence & les
foins font toûjours neccffaires
icy,ne fait jamais aucun
Voyageavec Elle. Mais comme
je viens de vous le marquer,
ceux qui ont affaire au
Roy,parlent, pour ainsi dire
i tous les jours à Sa Majesté
?
quelque longue distance
qui les en feparc ,rien n'estans
épargné pour cela, & les
Postes du Royaume n'ayant
jamais esté en si bon estat
qu'elles sont presentement.
Des raisons avantageuses à
la France empescherentMadame
la Dauphine de se préparer
à estre de ce Voyage.
Monsieur
, qui relevoit de
maladie resolut de prendre
l'air à Saint Cloud pendant
l'absence du Roy, & Madame
voulut tenir compagnie
à ce Prince, malgré le plaisir
qu'elle prend aux Voyages
& à la Chasse, cette Princesse
estantinfatigable dans
des exercices qui lassent quelquefois
les hommes les plus
robustes.
Le Roy ne voulant pas
fatiguer sa Cour pour un
Voyage qui ne devoit passer
que pour une promenade,
resolut d'aller à petites journées,&
de mener Monsieur le
Duc du Maine,&Monsieur
le Comte de Toulouse.Onne
peut trop tost leur faire voir
des. Fortifications; des Troupes,&
des Reveues,& l'on
peut dire que leur en faire
voir de cette maniere, c'est
commencer à leur apprendre
en les divertissant, tout ce
qu'ilsdoivent sçavoir? ce qui
cft cause souvent qu'ils y
prennent plus de plaisir, &
qu'ils s'y attachent davantage
dans la fuite. Ces jeunes
Princes estant du Voya,
ge )
il fut.arresté que les Dagacs
en seroient aussi;celles
qui furentnommées font
Madame la Duchesse, Madame
la Princesse de Conty,
Madame la Princesse d'Harcour)
Madame la Duchesse
de Chevreuse, Madame de
Maintenon, & Madame de
Croissy? avec les Dames, &
Filles d'honneur des Princesses.
Elles devoient toutes
aller, ou dans le Carosse
duCorps du Roy, ou dans
d'autres Carosses de Sa Majesté,
& avoir l'avantage de
manger avec ce Prince. C'est
un honneur qu'elles ont u
pendant tout le Voyage.
Il fut aussi arresté que le Regiment
desGardes ne marcheroit
point, & que suivant ce
qui s'est souvent pratiqué, le
Roy seroit gardé par l'Infanteriequi
se trouveroit dans
les Places, où Sa Majesté
passeroit, & que dans les lieux
où il n'y auroit point d'Infanterie
en garnison les
Mousquetaires mettroient
pied à terre,& feroient garde
autour
l.
du logis du Roy.
Comme les Gendarmes & les
Chevaux-Legers ne servent
que par quartier, de mesme
que les Officiers de sa Maison
, du nombre desquelsils
* sont, & que ces Corps ne
marchent entiers qu'en temps
de Guerre, & lors que Sa
Majestéfait quelque Camp
Elle ne voulut estre accompagnée
dans ce Voyage
) que
de ceux de ces Corps qui esroient
alors en quartier. A
l'égard des Gardes duCorps,
le Roy resolut de mener seulement
leGuet. Comme vous
pourriez ne pas sçavoir ce
que c'est que ce Guet, il fera
bon de vous l'expliquer. Les
Gardes du Corps font toûjours
dans le service, sans
estre néanmoins toûjoursauprés
du Roy. Ils ne fervent
point par quartier comme
les Gendarmes & les Chevaux-
Legers; mais comme
ils font en fort grand nombre,
on les fait loger en plusieurs
Villes? ce qui pourtant
ne s'appelle pas estre en garnsson
, puis qu'ils y font
moins pour garder ces Places,
que pour y attendre
qu'ils fervent auprèsduRoy,
ce qu'ils font alternativement.
On dit en parlant de
ceux qui ne font pas auprès
de Sa Majesté
,
qu'ils font
dans leurs quartiers, & l'on
appelle relever le Guet? lors
qu'il fort un nombre de Gardes
de ces quartiers
, pour
venir prendre la place de
ceux qui font auprésduRoy?
&: que ces derniers retournent
dans les quartiers où ils
estoient auparavant, Il y a
prés de dix-sept cens Gardes
du Corps, qui font divisez
en quatre Compagnies,& ces
CompagniesensixBrigades
chacune,qui font commandées
par six Officiers ; sçavoir
trois Lieutcnans & trois
Enseignes, Chaque Compagnie
elt reconnuë par les
Bandoulieres des Gardes,qui
font de couleurs differentes,
On reconnoist les Gardes de
la premiere Compagnie , au-"
trement>la Colonelle, commandée
par Mr le Duc de
Noailles, aux Bandoulieres
blanches, & aux Housses
rouges; les Gardes de la
Compagnie de Mr le Maréchal
Duc de Duras, aux Baudoulieres
- & aux Housses
bleuës; les Gardes de la Compagnie
de Mr le Duc de Luxembourg,
aux Bandoulieres
&aux Houssesvertes, 8c les
Gardes de la Compagnie de
Mr le Maréchal de Lorges,
aux Bandoulieres& aux
Housses jaunes. Cette derniere
Compagnie portoit
orangé dans son institution,
mais depuis, elle a changé
l'orangé en jaune. La Colonelle
seule a des Housses d'une
couleur différente de celle
desBandoulieres,& cela vient
de ce que le blanc n'etf pas
une couleur à estre employée
en Housses. Il est à remarquer
que le Guet des Gardes du
Corps qui sert auprès de Sa
Majesté, à pied,& à cheval,
est toûjours de deux cens
Gardes, dont une partie est
de Salle, & l'autre se repose
tour à tour. Ce Guet n'est
jamais d'une seule Compagnie
,
mais de plusieurs ensemble.
ainsi que les Officiers
qui les commandent;
de forte que le Capitaine des
Gardes qui est de quartier,
n'a jamais sousluy aucun Ofsicier
desa Compagnie quand
il est de serviceauprésduRoy.
Vousremarquerezencore que
le Guet ne sert qu'un mois
auprès du Roy> à moins qu'ij
n'y ait quelque force raison
pour le faire servir plus longtemps,
comme dans l'occasion
de quelque Voyage tel
que ccluy que l'on vient de
faire. Ce n'est pas que dans
un Voyage plus long le Guet
ne changeast de la mesme
fortequ'à Versailles
, parce
qu'alors on feroit suivre tous
les Gardes. Rien ne marque
tant la grandeur du Roy que
ce changement de deux cens
Gardes tous les mois. J'ar,
crû vous devoiraprendretoutes
ces choses , & que ce ne
feroit pas sortir de la matiere
que je me fuis proposée dans
cette Lettre? parce qu'autrement
vous n'auriez pas bien
compris ce que c'eil: que le
Guet, dont j'ay este oblige
de vous parler,pour vous faire
une Relation du Voyage
du Roy aussi exacte que celle
que j'ay entrepris de vous
envoyer.
Touteschoses estantainsi
arrestées
)
personne ne douta
du Voyage, parce qu'ontient
toûjours pour certain tout ce
que le Roy resout, &le jour
deson départ aprochant,ceux
qui ne devoient pas l'accompagner
redoublerent leurs
empressemens auprès de ce
Prince. Jamais on ne vit de
Cour si grosse. Les Ministres
Etrangers allerenr prendre
congé de Sa Majesté
,
ainsi
que les Chefs des Compagnies
superieures,& plusieurs
autres personnes distinguées
dans la Robe par leurs emplois,&
par leur mérite. Plusieurs
Etrangers se renditent
aussi à Versailles pendant les
derniers jours que le Roy y
devoit demeurer, & quantité
de Peuple de Paris y courut
pour avoir le plaisir de joüir
feulement quelques momens
de la veuë de ce Monarque'
lors qu'il iroità laMesse, ou
à la promenade, ou pendant
qu'il disneroit. Sa Majesté
devant partir un Samedy pour
aller coucher à Clayes, où la
Cour estoit obligéed'entendre
la Messe le lendemain.
parce qu'ilestoit Dimanche,
Elle eut la précaution de recommander
quelques jours
avant qu'Elle partist, qu'il s'y
rencontrait beaucoup de
Prestres pour en celebrer un
assez grand nombre, & fit
paroistre sa pieté par cet
ordre.
Le Voyage avoit esté arJ
resté d'abord pour le deuxiémede
May,mais la rougeole
quisurvinta Madame la
Duchese,fut cause que le
Roy le Temii au dixiéme dta
mesme mois. Ce jour estant
arrive, Sa Majesté
>
après avoir
entendu la Messe dans le
Chasteau de Versailles
, en
partit avec toutes les personnes
de distinction,&les
Troupes que jeviens de vous
nommer. Le nombre de celles
qui devoient faire le Voyage
estoit grand;cependant, celane
faisoit qu'une tres-petite
partie des Troupes de sa Maison
,puisque le Regimentdes
Gardes ne marchoit pas, &
qu'il n'y avoit qu'un quart des
Gendarmes
, & des Chevaux
Legers, avec la neufou dixiéme
partie des Gardes du
Corps ou environ. Il y avoit
outre cela, tous les Officiers
de sa Maison en quartier dont
je ne vous diray rien, tout ce
qui regarde cette Maison
n'estant inconnu à personne.
Comme le Roy devoit
passer à Paris, le Peuple impatient
de le voir occupa dés
le matin tous les lieux de son
passage, aimant mieux l'attendre
pendantplusieurs heul'es,
que de manquer à luy
souhaiter par ses acclamations
une longuevie, & un
heureux Voyage. Les Religieux
sortirentaussi de leurs
Convents, &: la pluspart des
Fenestres furent remplies de
personnesdistinguées.LeRoy
quis'est toûjours moins attiré
les coeurs par la grandeur
de son rang que par ses manieres
toutes engageantes, salüa presque toutes les Dames
qu'il vit aux fenestres.
Sa Majesté passa par la Place
des Victoires, où Mrle Duc
de la Feüillade & Mle Prevost
des Marchands l'attendoient
avec un grand nombre
de personnes de la premiere
qualité. Vous sçavez
sans doute qu'on n'a fait encore
qu'une partie duBastiment
qui doit embellir cette
Place. Cela fut cause qu'on
pria le Roy d'avoir la bonté
de dire de quelle maniere il
souhaitoit qu'on l'achevaft ,
& si on continueroit ce qu'on
avoit commencé , sur les
desseins de Mr Mansard son
premier Archirecte , c'est à
dire à l'égard de la figure de
la place, car les Bastimens onc
toûjours esté trouvez fort
beaux. Sa Majesté en parut
fort satisfaite, & jugea à proposque
l'on fuivift le dessein
qui avoit esté commencé.Mr
de laFeüilladeayant fait entierement
dorer la Figure du
Roy depuis que Sa Majesté
ne l'a veuë ,
Elle s'attacha à
la considerer attentivement.
Quelques-uns dirent qu'ils
l'auroient mieux aimée de
bronzerd'autresfurent d'un
sentiment contraire, &alleguerent
que la Statuë de
Marc Aurele que l'Antiquité
a tant vantée,& qui a esté
si estimée des Romains,avoit
esté dorée.Onrépondit que
ce n'estoit pas ce qui l'avoit
fait admirer,&quel'Empereur
Neron avoit fait dédorer
uneFigure d'Alexandre.Ceux
qui font profession d'estre
curieux ne prirent pas le party
île l'or, parce qu'il y a plus
de
<fcbronze que d'or dans leurs
Cabinets. Le Roy qui neparle
point sans se distinguer
,
dit
beaucoup en ne disant rien.
Il nevoulut chagriner personne,
& dit obligeamment
pourMrdela Feüillade,qu'il
nefalloitpas s'estonner qu'il eust
fait dorersa Figure
,
puisque si
l'onavoitpû la faire d'une matiere
plus precieuse
iI- & qu'il
-eujl eslé en estat d'en soûtenir ltt
dépense , il estoitpersuade qu'il
n'auraitrien épargnépourcela.
-
Je n'interprété gMnr ca.
paroles qui font voir tout le
bon sens & toute la delicatesse
d'esprit impaginable, &
dont la finesse consiste plus
en ce qu'elles font entendre,
qu'en ce qu'elles expliquent
àl'égard de la dorure.
Rienn'estant égal auzele
de Mrle Duc de la Foüillade,
qui tâche sans ccue de le faire
paroistre
,
par des augmentations
qu'il fait à tout ce qui
regarde la fiegure de la Place
es Victoires, & qui font autant
d'embellissemens nouveaux,
&: de témoins éclatans
delavive ardeur qu'il a pour
Sa Majesté
, on trouva huit
Inscriptions nouvelles écrites
en lettres dorées au feu, &
dans huit Cartouches de
bronze doré, attachezautour
du Piedestal
, qui porte cette
Figure couronnée par la Victoire.
Cette augmentation
de beautez
>
après l'estat où
Mr de la Feüillade a mis la
Figure, fait voir que lors qu'il
s'agit de faire quelque chose
qui regardelagloire du Roy
,
il n' y a rien d'assez grand
pour le pouvoir satisfaire,
Voicy ce qui remplit les huit
Cartouches.Les deux qui font
au dessous du Roy & entre les
deux Esclaves qui regardent
l'Hostel de laFeüillade
, contiennent
les paroles suivantes.
I. CARTOUCHE.
Il avoit sur pied deux cens
quarantemille hommes d'Infanterie
,
vsoixantemille chevaux
pins les Troupes de ses .drmées.
AItvalesjors qu'ildonna laPaix
à l¡''EEuropeen 1678(").
II. CARTOUCHE.
Sa fermetédans "/:,), douleurs
rassura les Peuples desolez au
mois de Novembre 1686.
Voicy ce qu'on lit dans
les deux Cartouches de la
face droite du Piedestal ,qui
est du costé de la ruë des Petits-
Champs.
III. CARTOUCHE.
Aprés avoir fait d'utiles Reglemenspour
le Commerce, (')
reformé les abus de laj'ijlicc> l
donna un grandexcnpled'équité
enjugeantcontresespropres ,jntfrests
en faveur des Habitans de
Paris dans une affaire de! sieurs millions.
IV. CARTOUCHE.
Six mille jeunes Gentilshommes
Jepa^e^ par Compagnies,
gardentsesCitadelles,ven remplacentdes
Ofifciersdeses Troupes
; & leur éducation rft dignt
de leur naissance.
Les deux Cartouches qui
font du costé de l'Eglise des
Religieux appellez les Petits-
Peres,fontvoir ce qui suit.
V.CARTOUCHE.
Deuxcens dix Places,Forts,
Citadelles
, Ports, v Ha'1-'(c5
fortifiez gjf revestusdepuis 1661»
jusques à 1086; cent quarante
mille hommesdepied, vtrentemilleChevaux
p.'ye^ par mois ;, assurent Jes Frontieres.
VI.CARTOUCHE.
Il a bastyplus de cinq cens Esqu'il a dottt'Sde riZ'c/itiy
considerables
, & il a estably
l'entretien dequatre censjeunes
Demoiselles dans la magnifique
Maison de S. Cir.
Voicy ce que renferment
les Cartouches du derriere du
piedestal qui regarde la ruë.
VII.CARTOUCHE.
Il a basty un superbe
j &*'
'Va/le édifice pour les Ofifciers &
Soldats que l'âge er les bltfju•*
res rendentincapablesdejervir^
mille livres de rente.
VIII. CARTOUCHE.
L? nombre desoixante mille.
Matelots enrolez,
,
dont vingt
miÜe fontemployer*sonservice
, (èj les quarante mille
Autres au commerce de ses Sujets,
marque la grandeur, dr le
bonordre delaMarine.
Vousvoyez Madame, que
ce qui est contenu dans ces
huit Cartouches donne uuç
haute idée de la vie du Roy,
&qu'onne peut dire plus de
choses en moins de paroles,
nyen faire concevoir davantage.
Chacun s'attacha à lire
ces Eloges,& l'on y prit beaucoup
de plaisir. Le Roy eut
ensuite la bonté d'aller voir
un des Fanaux qui font aux
quatre coins de la Place. Celuyoù
Sa Majefié alla, est le
seul qui soit achevé. Le nom
de Fanaux a estédonné à ces
ouvrages à cause des Fanaux
quifont au dessus. A chaque
endroit où ils ont esté placez,
il y a un groupe de trois colomnes
de Marbre sur un piedestal
de mesme matiere. Au
dessus de chaque groupe est
un Fanal composé de plusieurs
lampes, qui brulent
pendant toutes les nuits, &
pour l'entretien desquelles,
M le Duc de la Feüillade a
estably un fond. Enrre les
colomnes de chaque Fanal,
pendent six Médailles de
bronze
?
dans chacune desquelles
font representées
quelques actions du Roy, ce
JlUi fait vingt quatre Médailles
pour les quatre Fanaux.
Il y a dans le piedestal de chaque
groupe de colomnes , six.
Vers Latins; de maniéré que
le sujet de chaque Medaille.
cftexpliqué par deux de ces
Vers. Les lettres en font de
bronze doré au feu, ainsi que
les bordures & les autres ornemens
des Médailles.Voicy
lesavions deSaMajesté qui
font representées dans chacune
des six Médailles fonduës
en bronze. - - -
La premiere Médaille marque
la paix que le Roy a donné
à l'Europe en 1677. Elle est
expliquée par les Vers fuivans.
»
Teduce,te Domino, LODOIX,
prona omnia Gatio>
Urbesvicapere dociliquoqueparcere
captis.
La secondé represente le
passage du Raab, où les François
qui sauverent l'Allemagne
acquirent une gloire immortelle,
&: Mr de la Feüillade
une réputation
,
qui fera
vivre éternellement son n0111
dans l'Histoire, Les Vers qui
font connoistre cette grande
action, [one,
Et Traces sensere queat quid
Gallicavirtus,
Arrabo cæde tumens , &servata
Austria testis.
Onvoit dans la troisième
Medaille la grandeur, & la
magnificence des Baftimcns
duRoy, ce qui Ce reconuqi#
par les Vers suivans.
Quanta operum moles, &
-
-
quanto surgit ad auras
Vertice!sic positis LOVOIX
agit otia bellis.
Ces trois Medailles font
du costé de la Rue des Pc..
tirs-Champs, & font une
chute les unes sur les autres. ,Les trois autres font plus en
dedans de la Place
,- & en
regardent leBastiment. Elles
sontplacées de la me[mc
raani^te que celles dont jçL
viens de vous parler, c'est à
dire,qu'elles font entre deux
colomnes,&forment un rang
les unes sur les autres. La plus
élevée represente le Roy qui
ordonne qu'on rende les Places
qui ont estéprises à ses
Alliez. On n'a qu'à lire les
deux Vers suivanspourconnoistre
ce qu'elle contient.
Reddere Germanos LODOIX
regnataSueco
C> Arva jubet , Danosque
,
ladcr
~pe~ ~fflftupet Albis.
La Medaille qui suit fait
voir la jonction des deux
Mers
_j
ce que ces deux Vers
expliquent tres-bien.
Misceri tentata prius,Jeniferque
negata
Æquora,perpetuo LO D01Ji
dat foedere jungi.
On n'a qu'àjetter la veuë
sur la derniere de ces six Medailles,
pour y reconnoistre
d'abord l'Audience donnée
par le Roy aux Abassadeurs
xic Siam, & l'on n'a qu'à lire
les Vers suivans pour apprendre
que la renommée ayant
publié dans les Païs les plus
reculez, tout ce qui rend U
Roy l'admiration de l'Univers,
les Souverains de toutes
les Parties du monde, ont
envoyé des Ambassadeurs
pour estre témoins de sa
grandeur.
Ingentem Lodoicum armis,
ma^ne ,
fidemque
EgrejpimScitbia&Libit vt
nerentur~& Indi.
LLeeRoyaprès avoir consideré
avec une attention dignede
sa bonté, les changemens
qu'on avoit faits à la
Place des Victoires depuis le
jour que Sa Majesté y estoit
venuëj&:avoir fait à Mr de
la Feiiilladc»&àMr le Prévost
des Marchands tout
l'accueil qu'ils en pouvoient
cfpercr, partit aux cris de
Vive leRoy,mille&mille
foisréïterez
, car quoy que
la Place fust déjà fort remplie
de Peuple lors que Sa
Majesté y arriva, la foule
augmenta de telle forte sitost
qu'Elle y fut entrée,
qu'on auroit dit que tout
Paris y estoit,si sa grandeur
& le nombre prodigieux de
ses Habitans estoient moins
connus.
La pluspart des Officiers
qui ont accoutumé d'aller à
cheval, s'estant jointsensemble
pour prendre des Carosses,
afind'éviter la poudre qui iri1
commode beaucoup en cette
saison
)
& pour estre plus en
estat de servir le Roy, il y
tn avoit un nombre infiny
à la suite de la Cour, la dén
pense ne leur coutant rien
lors qu'il s'agit du service
d'un Monarque aussî agreable
à ceuxqui ont l'honneur
de l'approcher souvent, qu'il
est redoutable à ses Ennemis
& admiré de toute la Terre.
Je puis en parler ainsi sans
flaterie; & il merite tous M
jours de nouvelles loüanges.
par desendroits qui n'en ont
jamais attiré à aucun Prince.
Aussi peut-on dire que non
feulement il ne laisse jamais
échaper aucune occasion de
faire du bien, mais qu'il cherche
mesme de nouveaux
moyens d'en faire
, & qu'il
tft ingenieux à les trouver;
Ne croyez pas que cecy soit
avancé comme une loüange
vague. Je ne le dis que parce
que j'ay à parler d'un fait
sur ce sujet, qui découvre le
caractere de bonté du Roy,
autant que ses avions d'éclat
font connoistre sa puissance,
& la grandeur de son ame,
C'est icy le lieu demettreen
ion jour le fait qu'il faut que
Je
vous explique, puis qu'il
regarde la fuite de sonVoyage.
Je vous diray donc que
pendant toute la route? Sa
Majesté a presque toujours
dînédansdesVillages. Vous
allez sans doute vous imaginer
(& vostre sentiment fera
generalemeut suivy) que les
Villages
Villages les plus forts & lc^
plus riches ne leftoient pas
trop, pour avoir l'honneur
de recevoir un si grand Monarque.
C'estoit cependant
tout le contraire; le plus pauvre
avoit l'avantage d'estre
préferé, & l'on a veu cela
observé dans toute la route
avec une exactitude que je ,,'
ne sçaurois assez marquer.
Vous n'en pourrez douter,
lors que je vous auray dit
que Sa Majesté, qui ne fait
., point de Voyages sans avoir
la Carte des Païs où Elle va
examinoit tous les jours sur
celle qu'on luy avoit fournie,
les lieux par lesquels il falloit
qu'Elle passast. Elleyvoyoit
tous les Villages, Elle s'informoit
de leur estat, Ôc
nommoit ensuite le moins
accommodé, parce que la
Cour ne s'arreste en aucun
lieu sans y répandre beaucoup
d'argent. C'est ce qui
s'est fait dans tous les Villages
où l'on a este obligé de
s'arrester pendant ce dernier
Voyage. Le Roy dînoit
fous une Feüillée,&
l'onen dressoit aussi pour
les principales Tables de la
Cour. Ainsi tous lesPaïsans
estoientpayez pour couper
des branches de verdure, &
pour travailler à la construction
de ces Feüillées.Ils tiroient
ausside l'argent de
tout ce qu'il y avoit dans leur
Village qui pouvoit servir
aux Tables, & de tout ce
qu'ils avoient d'utile aux
é,quip- ages de la Cour, a.1insi
que de leur foin & de leur
avoine ; & le Roy ne laissoit
pas outre cela de leur faire
encore sentir ses liberalitez;
en forte que ces heureux Villages
le souviendront longtemps
d'avoir veu un Prince
qu'on vient tous les jours admirer
du fond des Climats
les plus reculez.
LeRoy estant sorty de la
Place des Victoires
, trouva
encore une infinité de peuple
dans les autres ruës de Paris.
qu'ilavoitàtraverser, Les dC4
monstrations d'allègresse ne
cesserent point, non plus que
les cris de Vive le Roy, de maniere
que cous les Peuples étant
animez duineline zelcon
eust dit que ces cris dejoye
n'estoient qu'un concert des
mesmes personnes, quoy qu'à
mesure que Saavançoit,
il fust formé par diverses
voix. Le Roydîna ce jour-là.
au Vllage de Bondy, (^ rencontra
sur le cheminM leBaron
deBeauvaisavec tous les
Gardes & les Officiers des
Chasses de sa Capitainerie,
dans toute l'étendue de laquelle
ce Prince luy permit de
l'entretenir à la portiere de
son Carosse. Les Plaines de
S. Denis dépendent de cette
Capitainerie. Mr le Prévost
des Bandes parut sur la même
route, & posta diverses
Brigadesauxenvirons des
Bois. Les Dames que je vous
ay marqué qui estoient du
Voyage, avoient l'honneur
de dîner avec Sa Majesté,
ainsi que Madame la Comtesse
de Gramont, & Madame
de Mornay, que je ne
vous ay pas nommées. Madame
de Moreüil, & Madame
de Bury? Dames d'honneur
de Madame la Duchesse,
& de Madame la Princesse
de Conty, eurent le mesme
avantage. Les Filles d'honneur
ne dînerent point avec
Sa Majesté,mais elles y souperent.
Il fut réglé ce jour-là
qu'il n'y auroit à l'avenir que
deux Filles d'honneur des
deux Princesses qui auroient
ce privilège. Le nombre des
Princesses auroit esté encore
plus grand dans ce Voyage,si
lors que le Roy partit, Mademoiselle
d'Orléans ne s'estoit
point trouvée àEu, &Madame
la Duchesse de Guise
,
aux Eaux de Bourbon. Madame
de Montespan auroit
aafli esté duVoyage, mais
le foin de sa santé l'avoit
obligée d'aller prendre de
ces mesmes Eaux. Monsieur
le Prince,Monsieur le Duc ,
lx, Monsieur le Prince de
Conty n'ont point quitté le
Roy.
Monseigneur leDauphin.
qui après avoir GÜy la Mette*
estoit party de Versailles des
le grand matin pour aller
chasser dans la Forcit de Livry
, yprit un loup des plus
vieux,&congédia Mr le Chevalier
d'Eudicour, Frere du
Grand Louvetier de France,
&toutl'équipage de la Louveterie;
à la teste duquel il
estoit.Le mesme jour,le Roy
aprèsavoirdîné alla chasser
dans les Plaines& sur les coteaux.
Sa Majesté
, a pris le
mesme divertissement pendant
toute la route, comme
je vous le diray dans la fuite
de cette Relation.
Monseigneur le Dauphin
arriva à Claye avant six heures
du soir, parce qu'ilsçavoit
que c'estoit à peu prés
l heure où le Roy devoit s'y
rendre. Il changea d'habit&
alla au devant de Sa Majesté,
On connoist par là combien
ce Prince est infatigable,qu'il
tn galant, & qu'il a beaucoup
de tendresse pour le Roy.
Sa Majestéarriva à Claye
à l'heure que je viens de vous
marquer, & fut commodementlogée
dans lamaison de7
M Enjorant, Avocat general
duGrand Conseil
>
& Seigneur
en partie de ce Village.
Il eut l'honneur de ialuer
leRoy, qui le receut avec
cet air engageant qui est
si naturel à ce grand Mo*
narque. Comme toute sa
maison estoit marquéepour
le. Roy, les Maréchaux des
Logis en marquerent une
pour luy dans le Village, lors
qu'ilsmirent la craye pour
le logement des Officiers qui
estoient du Voyage; de forte
qu'il fut regardé ce jour-là
comme estant de la Maison
de Sa Majesté. La qualité
d'Hofie duRoy futcelle que
les Maréchaux des Logisécrivirent
en mettant la craye
sur le logis qu'ils luy destinerent.
Monseigneur,& Madame
la Duchesse eurent des
[Appârtemens vers le Château
où le Roy logea.Madame la
Princesse de Conty,&Monsieur
le Duc du Maine loge- 1
rent dans la Ferme de Mr
d'Herouville, Maistred'Hostel
deSaMajesté. Messieurs
les Princes du Sang eurent
ensuite les logis les plus commodes,
&: ceux qui voulurent
estre plus au large,allerent
à Meaux.
} M de laSourdiere, Ecuyer
de Madame la Dauphine, qui
cil le mesme qu'elle envoya
cnBavicrc? pour porter à M*
l'Electeur de cc nom) la nouvelle
de la naissance de Monseigneur
le Duc de Berry,
vint à Claye de la part de
cette Princesse
, pour ravoir
si Sa Majesté y estoit arrivée
en bonne santé.
Il y aicy à remarquer une
choseque personne n'a peutestre
jamais observée.C'est
que lors que les Princes de la
Maison Royale font separez,
sans estreéloignez les uns
des autres -que d'une journée>
ilss'envoyent tous les
jours un Gentilhomme pour
s'informer de l'estat de leur
santé,maisaussi-tost qu'ils
commencent à s'éloigner davantage
,
ils ne se donnent
plus de leurs nouvelles que
par des Courriers, qui leur
en apportent tous les jours.
Dés qu'ils reviennent à une
journée de distance
,
ils recommencent
à se dépescher
un Gentilhomme,& c estpar
cette raison que Madame la
Dauphine n'en renvoya plus
qu'après que le Roy commença
d'approcher de Versailles.
Ce Prince estant arrivé à
Claye entre six & sept heures
du [oir) y receut un Gentilhomme
de Madame, &: dépescha
aussi-tost à leurs AItérés
Royales Mdu Boulay,
Gentilhomme ordinaire de
sa Maion, pour apprendre
des nouvelles de la santé de
Monsieur, qui s'estoit trouvé
mal le matin à la Messe de
Sa Majesté à Versailles.
La Cour fut tres- bien logée
à Claye,parce qu'on étendit
les logemens jusques à un
lieu voisin
)
qui est un Hameau
contigu à ce Village,
dont il n'est separé que par
un petit ruisseau? qui fait
trouver aux portes des maifons
des Païsans,desPrairiestres
agréables,plantées avec
soin &avec compartiment.
Je ne vous marque point
les lieux & les heures où le
Roy a tenu Conseil. Ce Prince
ne manque jamais de temps
pour ce qui regarde les affairesde
l'Etat.Illeur sacrifie son
repos & ses plaisirs
}
il tient
Conseil en tous lieux? & à
toute heure ,quand ille juge
important pour le bien de
son Royaume,& il a travaille
dans le Voyage de Luxembourg,
avec la mesme
application qu'il fait à Versailles.
Il est vray que ce n'a
pas esté avec tous ses Ministres
,Mrde Croissy estant le
seul qui soit party de Paris
avec ce Monarque, mais
tomme il est luy-mesme son
premier Ministre,on peut dire
qu'il travaille souvent seul
autant que dans le Conseil,
Sa Majesté donnant aux
affaires pendant ce Voyage
autant d'application qu'à
l'ordinaire
,
voulut que sa
Cour trouvast par tout les
mesmes plaisirs, pendant
qu'Elle ne vouloit se retrancher
ny les peines,ny les soins
qu'on luy a toûjours veu
prendre depuis qu'Elle gouverne
par Elle-mesme ; &
pourcet effet Elle resolutde
tenirpartout Appartement.,
Ainsi dés lapremiere couchée
,qui estoit à Claye, on
trouva plusieurs chambres
préparées pour divers Jeux.
& chacun joüa avec lamesme
tranquillité? & aussi peu
d'embaras que si l'on eust
citéencoreà Versailles, tant
les ordres avoient esté bien
donnez pour les logemens,
:& pourtoutce qui pouvoit
contribuer à la commodité
desPersonnesde clualt"lui
suivoient la Cour.Les Appartteemmeennssoonntt
pprreeslqquuee ccoonnttIinnuueétous
les jours pendant tout
le restedu Voyage.
Monseigneur le Dauphin,
partit de Claye le lendemainonzièmeàsept
heures du.
matin. Ce Princechassatout
le jour dans la Forest deMonceaux
; &commeSa Majesté
devoir coucher ce jour-là à
laFerté sur Joüare, il prit le
party d'y arriver enchaOanCp
;,&de courre le Cerf dansles
:b.uiflx>ns ; ce qu'il fîtavecles
chiens de Mr le Chevalierde
Lorraine. Il prit plusieurs
Cerfs; entre lesquels il y en
avoit un qui se fit courre
long-temps, & qui passa dixhuit
étangs à la nâge.
Le Roy, après avoir entendu
la Messe à Claye, alla
à Monceaux. Toute la Cour
passa dans Meaux, pour se
rendre à cette Maison Royale
, & lors que Sa Majesté
l'eut traversée au bruit des
acclamations du Peuple,Elle
trouva le Regiment de Vivans
qui l'attendoit en ba.
taille. C'est un Regiment de
Cavalerie
>
auquel on ne peut
rien ajoûter,tant pour la
bonté des Cavaliers, que pour
la beauté des chevaux. Ce
Regiment alloit au Camp de
laSaone,& avoit un sejourâ
Meaux?ce qui fut causequ'il
eut l'honneur d'estre veu du
Roy. Sa Majesté en fut trescontente,
de le trouva beau.
Elle eut mesme labonté de
vouloir bien recevoir un
Chien couchant de Mr Li:"
grades qui le commande. Le
Roy dîna à Monceaux. C'est
un vieux Chasteauqui a fait
le plaisir de plusieurs Rois,.
& qui appartient à Sa Majesté.
Ce lieu qui est fortriant,
a une tres-belle veuë, & le
Bastiment enest magnifique..
Le Roy voulant honorer l'ouvrage
de ses Ayeux? le fait
reparer? & bien-tost on ne
verra plusrien en France qui
ne porte des marques de sa
magnificence&de sabonté.
Toutes les Maisons Royales
ayant
ayant pour Capitaine une
personne d'une qualité distinguée,
MrleDuc deGesvres,
premier Gentilhomme
de la Chambre, & Gouverneur
de Paris,joüit de la Capitainerie
de Monceaux?que
possedoitMrle Duc de Trêmes
son Pere. Il vint recevoir
SaMajesté
,
accompagné du
Lieutenant, & de tous les
Officiers & Gardes des Chasses
qni dépendent de luy, à
l'endroit où la Capitainerie
duit jusqu'au mesme endroit
par Mr le Marquis de Livry ,
aussi Capitaine des Chasses de
Livry &c qui avoir esté recevoir
ce Prince jusques à
Bondy avec tous ses OSiciers.
Le Roy? qui avoit dépesché
le foir précedent Mr du
Pouhy
, pour sçavoir l'estat
de la fanté de Monsieur, en
apprit des nouvellesà Monceaux
parce mesme Gentilhomme
, qui arriva pendant
<qjuuee SSaa Maaj*ecsttlé' estoit à table,
êc luy rapporta que Son Altesse
Royale avoit pris du
Quinquina , & dormy assez,
tranquillement depuis quatre
heures du matin jusques
a dix. Ce Prince monta à
cheval à l'issuë de son dîné.
avec Madame la Princesse de
Conty, & deux des Filles
d'honneur decette Princesse,
& alla à la Chasse de l'Oiseau.
Tant que l'on a demeuré
dans l'étenduë de la Generalité
de Paris,Mde Menars
qui en a l'Intendance
, n'a
point quité le Roy afin d'être
toûjours en estat de recevoir
ses ordres, & luy a
rendu un compte exact de
toutes les choses qui regardent
son Employ.Cela fait
voir que Sa Majestés'applique
sans cesse,puis quemesme
dans le temps de ses plaisirs,
Elles'entretient plûtost de ce.
qui se passe dans son Royau-.
!De, que de ce qui peut avoit
rapport à son divertissement
Ce Prince ayant l'esprit ex-r
'- - -.. - -
tremement pénétrant,unmot
luy fait aprofondir bien des
choses, de forte que ce qu'il
aprend lors qu'ilsemble ne
s'informer que par converfation
de ce qui se passe
,
luy
donne lieu de remedier à
quantité de desordres, & fait
que souvent il en prévient
d'autres. Pendant toute sa
marche il a toûjours esté
prest à écouter & à satisfaire
par ses réponses, ceux à qui
sa bonté a permis de luy parler
; & quelquefois lors qu'il
avoit commencé à jouer)aiffn
<J..e la Cour se divertist, il
quittoit le jeu, & travailloit,
ou s'occupoit à faire du
bien.
Mr l'Evesque de Meaux s'est
prouvé par tout où le Roy
a passé dans son Diocese, &
sçachant que le principal
foin de ce Prince estoit que
toute sa Suite entendist la
Messe, &: particulièrement les
Dimanches, ce Prelat envoya
plusieursReligieux à Claye,
& en envoya aussi dans les
Quartiers desGardes duCorps
& dans ceux des Mousquetaires)
des Gendarmes,&des
Chevaux-Légers.LaCour ne
Cf manquoit pas d'Ecclesiastiques
pour la Maison du Roy,
-& Mr l'Evesque d'Orléans -a--
Voit ,in de regler les tempsauGjaeÊs
chacund'eux devoit
C,elcb,-e"la Messe.
Toute la Cour arriva de
bonne heure àla Ferté sur
Joüare. C'est un lieu situé
dans une gorge enchantée,
au fond d'une plaine. LaRiviere
de Marne contribuë
beaucoup à la beauté du païsage,
& à la fertilité du Terroir.
Le petit Morin vient la
grossir auprés & au dessus
de l'Abbaye, & y forme mille
Prairies abondantes en pâturages.
Ce Bourg est dans la
Brie Champenoise,entre Chasteau-
Thierry & Meaux. Les
Prétendus Reformez le prirent
vers l'an 1562. pendant
les Guerres Civiles du der-
-
nier Siecle. La Chasse y fut
tres-divertissante. Le Roy y
vola des Corneilles. Mr de
Terrameni, Capitaine du Vol
des Oiseaux du Cabinet du
Roy ,a eu beaucoup d'honneur
dans ce Voyage. Les Equipages
y ont fort paru, &
il s'en: attiré beaucoup de
louanges pour tout ce qui
regarde sa Charge.
On admira à Joüare un
Pont qui joint le Chasteau
au Fauxbourg. Ce Pont a
cousté beaucoup. Il effc fait
de bois sans appuy ) tout suspendu,
& soutenu feulement
par l'épaisseur des pieces qui
le composent Il est de soixante
& quatre pieds de
long, & depuis qu'il est construit
>
il n'a rien perd u ny de
sa beauté,ny de saforce. On
coucha dans le Chtsteau, qui
appartient à Mrle Comte de
Roye. - Il est situé dans une
petite Isle fortagreable.Monseigneur
prit place dans le
Carosse du Roy. Une des
Dames luy ceda la sienne, &
se mit dans le second Caloife)-
ce que quelques-unes
ont fait alternativement.
Monseigneur n'y estoit que
pendant une partie du jour,
parce que la Chasse
,
dont on
trouve l'exercice utile à sa
santé
)
l'occupoit souvent.
Madame la Princesse d'Harcour
eut ce jour-là un accés
de Fiévrequil'obligea de
partir plus tard. Il fut suivy
d'un second accès de Fièvre
double-tierce. Elle prit du
Quinquina, &la Fiévre ne
luy revint pas. Toute la Cour
en marqua beaucoup de LOYc..
On dîna le it. à liffct
éloignée de quelques Villages
qui sont aux environs,
&qui appartiennent aux Celestins.
On allasouper à
Monmircl
,
qui appartient à
Mr de Louvois. Toutes les
Dames,& plusieurs Seigneurs
de la Cour eurent l'honneur
de souper ce soir-là avec le
Roy. La Table estoitde seize
couverts, On apprit en ce
lieu-là la mort de Madcmoiselle
de Simiane, dont
je vousaydéjà parlé dans ma
Lettre precedente. On y apporta
aussi la nouvelle de la
mort subite de Mr l'Evesque
d'Amiens, qui surpritd'autant
plus, que M de Breteuïl
assura que depuis deux jours
il avoit soupé avec ce Prélat.
Ces deux morts firent parler
de celle d'un descent Suisses
de la Garde de Sa Majesté,
qui estoit mort le matin en
s'habillant. Il y a une tresgrande
quantité de Lievrts
>
& de Perdrix à Monmirel,
Le Roy y pritle divertissement
de la Chasse, & alla voler.
Ony sejourna le 13 & toute
la Cour y demeura avec
joye, parce que le vent estoit
violent à la campagne, &
qu'il y avoit beaucoup de
poussiere. On se promena
dans les Jardins, & le Roy
au retour de la Chasse prit
le divertissement de la promenade
avec les Dames sur
les Terrasses, qu'il trouva fort
belles. Monmirel efl dans un
territoire tres-fertile.
Mr de Louvois qui ne s'applique
pas moins à tout ce
qui peut faire fleurir les beau::
Arts dans le Royaume,qu'à
ce qui est de la Guerre , va
faire establir une Verrerie à
Montmirel
, & la Cour en vit
tous les apprêts.
Le Roy y tint deux fois
Conseil avec Mr de Ci-oiffy ;
c'est ce que Sa Majesté a fait
chaque soir
>
après estre arrivée
dans tous les lieux où
Elle a esté coucher. Elle prit
! aussiàMontmirel le divertissement
du vol du Milan. Le
sejour que l'on y fît, & qui
n'avoit pas esté marqué dans
1i route, fut cause que
l'on retrancha celuy qu'ondevoit
faire à Châlons
)
afin
que le Roy qui ne manque
jamais à executer les desseins
qu'il prend, puft se rendre à
Luxembourg le jour qu'il y
estoit attendu.
Toute la Cour partit de
Montmirelle 14. & alla dîner
à Fromentiercs. A cinq heures
on avoit paffé le défile
d'Etoges. Sa Majesté prit
congé des Dames, & monta
à cheval pour aller chasset
dans les belles plaines de
Champagne. On alla coucher
à Vertus. Ce lieu a este
autrefois considerable, & étoit
l'apanage des Cadets des
Comtes qui portoient le nom
de la Province. Du temps de
Sigebert Roy de Mets, qui
vivoit en 570. il y avoit un
Duc de Champagne nommé
Loup, qui témoigna beaucoup
de fidélité, à conserver
les Etats du jeune Roy Childebert
, contre ceux qui les
vouloient envahir. Il y eut
ensuite plusieurs Ducs de
Champagne
,
mais ce titre de
Ducqui n'estoitpas alors une
dignité perpetuelle, ne faisoit
que marquerune forte de
gouvernement. Le premier
Comtehereditaire de Champagne,
fut Robert de Vermandois
,
Fils d'Herbert IL
&d'Hildebrante, qui se ren-
,
dit maistre de la Ville de
Troye en 253.Je ne vous dfe
rien de ses Successeurs. Ils
continuerent la poiterité jusqu'à
Thibaud IV. surnommé
le Posthume ou le Faiseur de
Chansonsqui succeda à son
Oncle maternel
,
Sanche le
Fort,au Royaumede Navarre.
Il mourut à Troye en 1254.
estant de retour du Voyage
d'Outremer. ThibautV. fou
Fils qui avoit épousé Isabelle,
Fille du Roy Saint Loüis,
estant mort sans Enfans après
avoir fait lemesme Voyage.
laissà ses Estats à Henry ~HI
son Frere. Ce dernier n'avoit
qu'une Fille nommée Jeanne,
qui en 1184. épousa Philippes
le Bel pendant la vie de
Philippes le Hardy son Pere ,
&. depuis ce temps ,la Champagne
a esté inseparablement
unie à la Couronne de France.
Les Comtes de Champagne
faisoient tenir ks Etats de
leur Pays par sept Comtes
leurs Vassaux
,
qu'ils appelloient
Pairs de Champagne.
C'estoient les Comtes de
Joïgny, de Retel >de Bricnîic>
de Roucy
?
de Braine , de
Grand-Pré, &deBar-fur-
SIelinye.
a trois Eglises à Vertu,
avec deux Abbayes hors les
portes. Les Guerres yont laifsédes
marques de leur fureur,
quine peuvent estreeffacées
que par le regne deLoüisLE
GRAND. Le Roy y fut 1-ogc
fort étroitement, & comme
cestoit sur la rue
?
il fut exposé
au bruit du passage des
équipages de la Cour. Ce
Prince auroit pu estremoinsmal
;mais ne pouvant renoncer
à ses manières honnestes,
qu'il conserve mesme aux dépens
de son repos ,
il aima
mieux que celuy des Princesses,
re fust point troublé ,
fk voulue qu'elles fussent logées
plus commodementque
luy.
Le JJ: toute laCour dlfnx.
àBierge
, ôc alla coucher
à a Bierge >-,
& Châlons. Cette Ville est en
Champagne, ôcson Evesché
est Suiffragant del'Archevesché
de Rheims. Elle est ancienne
,
& dés le temps de
Julien l'Apostat, elle tenoit
rang entre les premieres Villes
de la Gaule Belgique, Il y
a de belles rues avec des
maisonsassez bienbasties. La
Place où l'on voit la Maison
de Ville, & celle où est l'Eglise
Collegiale de Nostre-
Dame,font les plus considerables.
La Cathedrale de Saint
Estienne est dans une Isle que
forme la Riviere de Marne,
dont une partie entre dans la
:Ville, &y fert beaucoup pour
la commodité des Habitans.
Elle a de ce cofté-là d'assez
bonnes Fortificarionsquele
Roy François I y a fait faire,
& elle est entouréedemurailles
avec des Fossez presque
toûjours remplis d'eau. Il y
a encore douzeParoisses,entre
lesquelles plusieurs font Collegiales
Les avenues de Châ-
Ions font tres-agreables >& il
y a autour de la Ville plufleurs
lieux de promenade,
entre lesquels celuy du Jare
cil fort renoffilné. La Riviere
,-' der
de Marne qu'on passe sur divers
Ponts, la rend une Ville
de negoce. Elle a eu des Comtes
qui ont cedé leur droit
aux Evesques. C'est par là
qu'ils font Comtes Pairs de
France.
Le Roy entra à cheval à
Châlons
) & fut receu par
le Maire & les Echevins. On
ne luy fit aucune harangue,
parce qu'il avoit fait donner
lordre dans tous les lieux par
IOÙ il devoit passer
)
qu'on ne
le haranguast point ; mais il
eut la bonté de vouloir bicri
recevoir les Presens de Ville,
Le Chapitre de la Cathédrale
eut aussi l'honneur de le famlücr,
ayant à sa teftcM l'Evê.
que deChâlons. Les Chanoines
se recrierent ensuite sur lai
douceur, & sur l'affabilité det
ce Monarque, dont ilsnecesfent
point de parler, Madame:
la DuchessedeNoailles lai
Douairière, qui a esté Dame
d'Atour de la feuë Reyne:
Mere du Roy, & dont la vertu
exemplaire a toûjours çftç:
applaudie,caril en - cft de
faussesqui n'imposent pas a
tout le monde, eut le mesme
honneur. Sa Majesté luy fit
d'autant plus d'honneftetez,
qu'il y along-temps que son
merite luy est particulierement
connu. Le Roy se retira
ensuite -pour tenir Conseil.
Mr le Duc de Noailles
> &
M l'Evesque de Châlonsfon
Frere ,
firent servir plusieurs
Tables magnifiques, pour
toutes les personnes de la
Cour qui voulurent y manger.
Le Jarc leur servit de promenade
pendant quelques
heures. Je ne m'étens point
icy sur la beauté de ce lieu,
parce que j'en ay fait une
description dans le Volume
que j'ay donné, qui ne contient
que ce qui s'est passé au
Mariage de Monseigneur le
Dauphin. Il y eut au Jare une
prodigieusequantité de personnes
de toutes conditions,
que l'impatient dehr de voir
le Roy avoit fait venir de
toute la Champagne. Les
principaux Officiers de la
Ville de Troyes se rendirent
à Châlons? & firent vingt
lieuës pour avoir l'honneur
de salüer ce Monarque. Les
Dames de la Province eurent
beaucoup de chagrin de l'ordre
qui fut donné, de n'en
laisser entre,r faulc.unIela.u1so1u- per , qui n'eust ellenommée
par Sa MLijefté.C:lles qui
crurent n'estre pas assez connuës
pour pouvoir estre du
nombre, ne se presenterent
point, dans la crainte d'estre
refusées,ce qu'on ne trouva
pas ordinaire, & qui fut fort
remarqué. Le Roy eut la bonté
de permettre qu'on les laissast
toutes entrer le lendemain
dans le Choeur de FIL
g-I.Ife>o-t'i elles eurent le temps
de considerer SaMajesté &.
Jtoute la Cour pendant que
l'on dit la Messe.La Musique
de cette Cathedrale chanta
un Motet, dont il parut que
l'on fut assez content. Mr
Evesque Comte de Châlons,
,& Mr le Ducde Noailles accompagnerent
toûjours le
Roy tant qu'il demeura dans
cette Ville. On auroit bien
voulu sejourner dans un lieu
aussi
-
beau & aussispacieux
que celuy là, où les logemens
estoient fort commodes;mais
les mesuresestant prises pour
se rendre à Luxembourg au
jour marqué, on partit le 16.
à dix heures précises du matimpour
aller coucher à Sainre-
Menehout.MdeChâlons
accompagna le Roy jusques
aux confins de son Evesché,
& Mr l'Evesque de Verdun
le reçût à l'entrée du fien.
La journée de Chalons à
Sainte-Menehout se trouva
fort longue pour les Equipages.
On dîna à Bellay, qui
n'est qu'une Ferme sans aucune
autremaison aumilieu
de la camp.-,gnc,& on rendit le
lieu agreable pour y recevoir
le Roy. Sa Majesté y chassa
pendant une partie Je l'aprésdînée,
& alla coucher à
Sainte-Menhout. Cette Place
qui avoit estéprise sur
nous pendant les temps difsiciles,
fut reprise en 1653. par
Mr le Maréchal du Plessis-
Pralin; & ce Siege que le
Roy voulut presser en per,
sonne
,
obligea Sa Majesté
d'aller en Champagne en ce
temps-là. Le Roy ne trouvant
pas la Cour assez commodement
logéedansSainte-
Menehout, resolut de n'y
passer pas la Feste du S. Sacrement
à son retour, &
nomma Chalons pour y faire
la ceremonie de cette FesteCela
obligea de retrancher
un des jours du sejour, de Luxembourg.
Le Roy conti-
Ilua de donner par là des
marques de sa bonté à toute
la Cour,& Mr l'Evesque de
Châlons montra tantdejoye
de ce qu'il auroit l'honneur
de recevoir encore ce Monarque
,que plufieufs luyen
firent compliment.
Le 17. le Roy entendit la
Messe aux Capucins, & fit
de grandes libéralités a leur
Convent. On alla ensuite dV;
ner à Vricourt ,
prés de Clermont
en Argonne. Les chemins
se trouvèrent fort rudes
,dans des bois, dans des
montagnes, & dans des valées
d'un terroir remply de
pierres. On arriva d'assez
bonne heure à Verdun?où
l'on fut si bien logé) que ce
fut avec plaisir
que l'on y
passa la Feste de la Penteccste.
Verdun est une Ville
forte sur la Meuse, & il en
est peu de mieux situées dans
la Lorraine. L'Evesché est
Suffragant de l'Archevesché
de Reims. Cette Eglise a eu
d'illustres Prelats. Ils se disent
Comtes de Verdun,&
Princes du Saint Empire. La
Riviere de Meuse rend cette
Ville agreable par diverses
Isles qu'elle y formé. Le
Roy HenryII. la prit en
IJJI. Le Chapitre de l'Eglise
Cathedrale de Nostre-Dame
est fort considerable.M l'Evesque
de Verdun receut le
Roy dans son Palais Episcopal.
Il est tres-beau, & l'on
y voit jusques à dix pieces de
plein-pied L'air y est admirable.
Ce Palaisest élevé sur un
Roc d'où toute la baffe-Ville
se découvre. Des Prairiesarrofées
par la Meuse
>
& des
vallons assez éloignez, &
tres-fertiles en tout ce qui
est necessaire pour la vie, en
rendent l'aspect des plus
riants. Les ameublemens de
ce Palais sont fort somptueux,
& fervent beaucoup
à faire voir la magnificence
de Mrde Bethune, qui joüit.
en sa retraite de quarante
mille livres de rente, que
luy rapporte son seul Evesché.
Les Anis qu'on appelle
de Verdun, autrement Dragées
de toutes manieres, se
trouvant meilleurs en cette
Ville-là qu'en aucune autre
du monde, elle ne fuit point
l'exemple des autres Villes
dans les Presens qu'elle fait
aux Souverains? & au lieu
d'offrir du Vin, elle donne
de ses Anis. Ainsi elle en sir
present de cent boëtes au
<
Roy. M l'Evesque de Verdun
est Fils d'Happolite de
Bethune? Comte de Selles,
Marquis de Chabris
>
dit le
Comte de Bcthune
, mort en
1665. aprësavoir esté honoré
du Collier desOrdres du Roy
en 16Cu & fait Chevalier
d'honneur de la Reyne Marie-
Therese d'Austriche. Il
avoit épousé en 1629.Anne-
Marie de Beauvilliers, Soeur
de M le Duc de S. Aignan,
qui tant que la feuë Reync
aYcfçuj a eu l'honneur de
la servir en qualité de Dame
d'Atour. Ce Prelat avoit avec
luy Madame de Rouville sa
Soeur,Veuve de M le Marquis
de Rouville, Gouverneur
d'Ardres.Elle eut l'honneur
de manger avec le Roy
dans les trois Repas que Sa
Majestéfit à Verdun.
Le jour de laPentecoste,pres.
que toute la Cour sir ses devotions,
à l'exemple du Roy.
C'estune choseassez extraor.
dinaire pendant le coursd'une
marche. mais quene voiton
point de nouveau fous le
Regne de Loüis XIV. sur
tout pour leschoses qui regardent
la Religion & la
pièce1 Monseigneur le Dauphin
se rendit dans l'Eglise
Cathedrale dés sept heures
du matin;&: après avoir entendu
la Messede M l'Abbé
Fleury, Aumônier du Roy,
ce Prince communia par les
mains de cet Abbé.
Sur les dix heures, le Roy
passa à travers ses Mousquetaires
rangez en haye des
deux costez de la court de
l'Evesché
, &: au milieu des
cent Suisses dela Garde, postez
dans la mesme Eglise.
SaMajestéestoitenvironnée
de ses Gardes du Corps &de
toute sa Cour. Elle se rendit
dans leChoeur, où Elle fut
suiviede Mr l'Evesque de
Verdun,&de tous les Chanoines
de cetteCathedrale.
LeRoyestoit en Habit de
cérémoniec'eit à dire
> en
Manteau,revestu de son Col-
Jjjcr de l'Ordre. Il entendit
là Méfie de Mr l'Evesque
d'Orléans, son premier Aumônier
,
dont il receut la
Communion La seconde
Messeque Sa Majesté entendit,
fut dite par l'un de ses
Chapelains. Au sortir de
l'Eglise, Sa Majesté toucha
prés de cent Malades, dont
Mr leDuc deNoailles avoit
fait amener une partie de
Chalons. Ils estoientrangez
sous les arbres de la premiere
court de l'Evesché. Ce Prince
quitta ensuite son Habit de
ceremonie, & revint avec
Monseigneur le Dauphin, &
toute la Cour, entendre la
grand' Messe, qui fut pontifïcalemenr
celebrée par Mr
l'Evesque de Verdun, &
chantée par la Musique de
la Cathedrale.Cette Musique
plut assez à toute la Cour,
& on trouva la voix d'un des
Enfans de Choeur tres-agreable.
Plusieurs mesme la jugerent
digne de la Chapelle
du Roy. Il y a quatre de ces
Enfans de Choeur qui joüent
du Violon, qui sont, une
Taille, une Haute-contre, &
deux Baffes.
Le Roy eut la bonté de
toucher encore soixante &
dix Malades en sortant de la
grand' Messe. C'estoit beaucoup
après en avoir entendu
trois,&touché d'autres Malades.
Sa Majesté vint l'aprésdînéeentendre
Vespres dans
la mesme Eglise, &: Mr de
Verdun officiaencore en Habits
pontificaux. Le Roy étoit
dans les hautes Chaises à
droite.& aprèsluy,Monseigneur,
Madame la Duchesse,
& Madame la Phnccffe de
Conty. Aprés ces Princesses
estoient Monsieur le Prince-
Monsieur le Duc , Monsieur
le Duc du Maine, & Monsieur
le Comte de Toulouse.
Les Dames occuperent le reste
des places. Jamais les peuples
de Verdun n'avoient vû
ny tant de magnificencesny
une si augusteAssemblée ; &
l'on peut mesme dire qu'ils
n'avoient jamais vû dans leur
Eglise de si grands ny de si
édifians exemples depieté.
Le Roy s'enferma après
Vespres avec le Pere de la
Chaise pour travailler à remplir
les Beneficesqui vacquoient
depuis le jour de
Pasques, qu'il avoit fait une
nomination. On fut quelque
remps sans sçavoir cette derniere
, parce que lePere de
la Chaise n'en dit rien après
qu'il fut forty du Conseil.
Enfinonappritque Mr rAb..
bé de Saint Georges,Comte
de Saint Jean de Lion vnommé
depuis quelque temps à
l'Evesché de Clermont,avoit
esté fait Archevesque de
Tours, & que l'Evesché de
Clermont avoit esté donné
à M l'Abbé de Champigny
Sarron, Chanoine del'Eglise
de Paris. Je vous parlay amplement
de M l'Abbé de S.
Georges
,
lors que le Roy le
pourveut de l'Evesché de
Clermont. M l'Abbé de
Champigny qui vient d'y
estre nommé, est Fils de François
çoisBochartdeChampigny,
Seigneur de Saron, qui après
avoir esté Maistre des Requestes,
Conseiller d'Etat, &
Intendant pendant trente années?
tant dans la Généralité
de Lyon qu'en Provence &
en Dauphiné,se noya malheureusement
en 1665. C'étoit
un homme d'un rare merite,
dont le nom se trouve
souvent dans les Ecrits des
Grands hommes de ce Siecle.
111 avoit épousé Madeleine
Luillier, Soeur de Madame la
Chanceliere d'Aligre, &
estoit Fils de JeanBochart,
Seigneur de Champigny,
Noroy & Saron, Controlleur
General, Sur Intendant des
Finances, & premier President
au Parlement de Paris,
mort en 1630. Cet illustre
Magistrat descendoit de Jean
Bochart Seigneur de Norcy,
Conseillerau Parlement, qui
fut éleu les Chambres assemblées,
pour remplir la Charge
de premier President en 1447.
Celuy-cy eut pour Fils Jean
Bochart II. du Nom, auquel
Jean Silnon, Evesque de Paris,
donna saTerre deChampigny
en luyfaisant époufer sa Niece.
On iceut aussi que l'Evesché
d' Amiens avoit esté donné
à Mr l'Abbé Feydeau de
Brou, l'un des Aumôniers du
Roy, & que M l'Abbé
d'Hantecour, Aumosnier de
la feuëReyne, avoit eu l'Abbaye
de Longuay, Ordre de
Premontré,DiocesedeReims
vacante par le deceds de M,
l'Abbé du Four. Mr l'Abbé
d'Hantecourt est Frerc du
Pere d'Hantecourt, Religieux
de Sainte Geneviéve,
&Chancelier de l'Université.
Cet Abbé estant de quartier
lorsque la Reyne mourut,
eut le triste honneur de
remplir plusieurs fonctions
qui regardoient sa Charge.
Il a esté employé depuis la
mort de cette Princesse aux
conversions des Protestans
dans plusieursVilles de
Françe. L'AbbayedeBalerme
fut donnée le mesmejourau
Frere de Mde la Chetardie,
Commandant de Brifac
?
&
l'Abbaye de Noyers au Fils
de MPinçomAvocat au Parlement,
qui entend parfaitement
les matieres Beneficiates&
Ecclesiastiques, & qui
a écrit là-dessus touchant les
droitsde SaMajesté.Il-y eut
aussi ce jour-là plusieurs Benefices
de moindre consideration
donnez à des Officiers
d'Armée & de laMaison du
Roy, pour leurs enfans otj
pour leurs parens; mais le
Roy ne les accorda qu'après
que le Pere de la Chaise l'eut
asseuré que leurs vies &
moeurs luy estoient connuës.
Les choses qui ne demandent
pas de secret estant
bien-toit répanduës,on ne
fut pas long-temps sans apprendre
les noms de ceux à
qui les Benefices avoient esté
distribuez,& toute la Courfit
paroistre tant de joye de la
nomination de M l'Abbé de
Brou à l'Evesche d' Amiens,
qu'il m'est impossible de vous
la bien exprimer.
Je ne sçaurois m'empescher
de vous marquer icy
qu'un homme qui possede
une des premieres Charges de
la Cour, ayant prié le Roy
de luy donner un Benefice
pour un de ses Fils quiest
tres-jeune) Sa Majesté luy
demanda quel âge il avoit,
& l'ayant sceu
,
Elle luy dit;
quEHe estoit bien lâchée qu'il
eust encore tant de temps à at.
tendre. Celuy qui demandoit
cettegrace voulut donner des
raisons, & rapporta mesme
quelques endroits de l'Ecrisure;
mais le Roy sit connoistre
qu'il la sçavoit beaucoup
mieux que luy, & dit
qu'il ne donneroitjamais de Benefices
qu'à despersonnes capdbles
de sçarvoir à quevelles s'engageoient,
en prenant le party
d'entrer dans l'Eglise. Ce Prince
ajoüta ,on croyait peuteftrr
qu'on emportait quelquefois
des Benefices par faveury
mmaaisisqquueessiicceeuuxxqquuiiavonrv
cette pensée , pouvaient erre témoins
de ce qui se passe dans le
Conseil
,
lors qu'ils'agit de lA
distributiondesBenefice,ils verroientpar
toutes les précautions
qu'on prend pour ne les donner
qu'a des personnesdignes de les
posseder, la peine où ilse trouve
souvent avant que d'oserfixer
son choix. Sa Majesté fit
enfin connoistre
, que ny faveur,
ny brigue) ny recommandation
,ny naissance,ny
services
, ne pouvoient rien
obtenir, à moins qu'Elle ne
fust persuadée que ceux qu'il
- A
-
luy plaisoit d'en gratifier
n'eussent toutes les qualitez
necessaires pour en remplir
les devoirs. Ce n'est pas à
dire pour cela que tous ceux
qui en possedent,s'en acquits
tent dignement. La possession
du bien, & le peu d'occupation
corrompent fouvent
les moeurs. On s'aveugle
quelquefois dans le temps
où l'on devroit avoir le plus
de fageue?&:on ne conferve
pas toûjours les bonnes incli-,
nations qu'on a fait paroistre
dans ses premieres années. Le
Roy peut donner un Benesiceà
l'homme du monde
qui le meritéle mieux dans
le tcmps qu'il l'en pourvoir,
& qui dans la fuite en deviendra
tres-indigne.
- Je pourrois ajoûter- icy
beaucoup de choses sur ce que
le Roy voulut bien dire en
public touchant la nomination
des Benefices; mais ayant.
accoûtumé de vous rapporterles
faits sans aucun taisonnement
,je vous laisse faire làdessus
toutes les reflexion
que le Roy merite qu'on flÍI.
à sa gloire.
Ce Prince après avoir efii*
ployé la plus grande partie
du jour de la Pentecoste à
des avions de devotion &
de pieté
, & tenu un long
Conseil pour la distribution
des Bencfices qui vaquoient
alors, ne crut pas avoir encore
assez fait; il alla faire
le tour de la Place pour en
viliter les Fortifications, &
vit un Bataillon du Régiment
Soissonnois? qui estoit
en bataille sur le Glacis. Ce
Bataillon luy parut fort lestes
& il futtres-content.Il estoit
commandé par M le Duc de
Valentinois, Fils de M le
Prince de Monaco. Sa Majesté
vit aussi le Regiment
des Vaisseaux dans la Citadelle)
commandé pat Mr le
Marquis de Gandelus
?
Fils
de Mle Duc de Gefvrcs, qui
cnetf Colonel, & elle en fut
fort fatisfaitc. M le Marquis
fie Vaubecour, Gouverneur
de Châlons,&Lieutenant de
Roy du Verdunois
, & du
Pays Messin
, accompagna
toujours le Roy, & tint à
Verdun, tant que Sa Majcftc
y demeura,deuxTabks fort
magnifiqueSj ainsi qu'ilavoit
fait à Châlons, pour toutes
les personnes de la Cour qui
voulurent y aller manger. Le
Roy fut fort content de ce
Marquiseluy donna inefme
des marques de la fatisfadion
qu'il avoit de sa conduite.
Enarrivantà Verdun
» on
voit appris la mort de Madmoiselle
de Jarnac Fille
d'honneur de Madame la
Dauphine.dontje vousay déja
parlé.Elle fut fort regretée
à cause de son humeurdouce,
& complaisante,
Quoy que la Ville de Verdun
soit couverte par Longvvy,
Luxembourg, Sar-Loüis,
Strasbourg &autres, on ne
laisse pas de travailler tous
les jours aux fortifications de
cette Place. Le Roy ordonna
'lu)on y preparait les Ecluses,
afin qu'il puft voir à son retour
l'espace du terrain qu'elles
pourroient occuper.
Lors que Sa Majesté visita
la Citadelle qui est de cinq
Bastions fort reguliers , on
luy fit remarquer le Bastion
nommé le Marillac, qui donna
lieu au Procès qui fut fait
au Mareschal de ce mesme
nom> pour le crime de Peculat
, dont il avoit esté accufé.
L'histoirerapporte que
le Ministre qui nomma les tgommiflàiresquile condamnerent
,
leur dit après avoir
apprissacondamnation, qu'il
falloir que les Jugesenflent des
lumieres que le reste des hommes
n'avoitpas &queplus il avoit
fait de reflexionsur l'affaire dît
Maréchal de Marillac, &sur
toutes les choses dont on l'accusoit
,
moins ill'avoit juge digne
de mort; maisquenfin ilfalloit
croire qu'il estoit coupable
j
puis
qu'ilsïanjoient condamne. Il
n'eut dans la fuite que de la
froideur & de l'indifférence
poureux.
Le19.on ne fit que quatre
lieuës & l'on alla dîner
*
& coucher à Estain ; la journéeauroitesté
trop longue si
on avoit estéjusquesàLongvvy.
Mr Mathieu de Castelus
qui y commande vint à
Estain saluer le Roy,& tecevoir
les ordres de Sa Majesté.
Estain est un gros Bourg
muré, du Diocese de Verdun.
C'est le dernier de sa Jurisditèion
du costé de Luxembourg.
Quoy que ce Diocese
foit fort petit & borné de
toutes parts, sonpeu d'étendue
ne diminue pas néanmoins,
son revenu.MrdeVerdun
accompagna le Roy jusques
à Essain. La Cour eut un
tres-beau temps pour traverser
des ruisseaux, & desPlaines
grasses
?
& fertiles. Les
pluyes l'auroient fort incommodée,
mais le Royqui fait
les beaux jours de tous ceux
qu'il regarde favorablement)
devoit estreanez heureux
pour n'en pas manquer luymesme.
Sa Majesté prit ra:
presdinée le divertissement
de la Chasse. Ertain cft un
Païs de Bois accompagné de
belles plaines) & de Vallons
bien culrivez; les Maisons y
sontgrandes, & logeables
presque toutes bastiesà l'Allemande,&
il n'yen a pas une
qui n'ait quatre Chambres
hautes où l'on peut loger.
Le Roy,Monseigneur?& les.
Princesses eurent leursAppartemens
dans la plus grande,
& chaque Corps d'Officiers
logea dans d'autres. Le lieu.
paroist avoir esté autrefois
considerable;les Guerres l'ont
ruiné , parce qu'il n'estoit pas
assez fort pour se deffendre
des courses. La Paroisse est
unassezbeauVaisseau,surtou
dans l'étendue du Choeur,qui
est tres-beau &: fort élevé
Cette Paroissea esté bastie
par les soins de Guillaume de
Huyen, lequel ayantesté in,
struit à Verdun? passa en Italie
; ou la beauté de son génie
luy acquit la bien-veillance
de la Cour de ROIne. Il fut
d'abord Chanoine de Verdun,
& par degrez elevé à la
pourpre, ayant esté fait Cardinal
au titre de Sainte Sa-;
bine. Il employa ks biens a*
l'embellissementde sa Patrie
mais la mort qui le (urpnd
dans l'exécution de ses. def-i
seins
, en rompit le cours
Les Entrepreneurs volerent
l'argenr & lainerenrnglife
imparfaite.Il avait resolude
fonder douze Prebandes,un
College-, &un Hôpital ;.lnaiscil
ne voit qu'un Choeur de-;
licatement construit
, & la
Barete de ce Cardinal suspendue
à la voûte, pour monument
de sa pieté
, & de sa dignité.
Il vivoit en 1406. Un
Curé, & un Vicaire ont foin
de cette Eglise, & du Peuple.
Les Capucins ont en ce lieu
une Maison habitée par huit
ou neuf Religieux. Ils ont
quelque peine à subsister;
mais ils en auroient encore
davantage s'ils n'estoient prés
de Verdun où on leur fait
de grandes charitez»Ces bons
Peres se sont establis en ce
lieu pour aider le Cure., à
causequ'il n'a qu'un, seul
Vicaire avec luy,
Le lendemain 20. la Cour
partit, d'Estain? &alla dîner
à Pierre-Pont qui n'en est éloigné
que de trois lieuës. La
plulpart des Officiers mangerent
surune verdure arrosée
d'un ruisseau fort agreable.
On traversa ensuite plusieurs
petits torrens;on parcourut
des Valées:on monta
des hauteurs?&on gagnaen
&~
finla cime d'une Montagne
où lenouveau Longvvy entièrement
construit par le
Roy) pour faciliter la prise de
Luxembourg. Le Vallon est
arrosé d'une très- belle eau
vive, qui roule toujours, &
qui rend la Plaine fort fertile
; laveue se promene agréablement
sans estre bornée
que des deux costez par deux
Montagnes, mais elles n'offrent
rien qui ne doive plaire.
L'une est remplie d'arbres;
l'autre est occupée par te
vieille) & par la nouvelle
Ville. On découvre dans le
milieu de la Prairie deux mai.
fons de Religieux) l'une de
Recolets. & l'autre de Carmes
) qui y sont établis, &
qui ont foin des anciens Habitans
de ce Pays-là. Ils ne
font logez que dans des hutes
sur la Colline
, & ils avoient
au dessusun Château antique
qui les mettoit à couvert
des Coureurs; mais presentement
il est ruiné) &
l'on n'y trouve que des cabancs
& des masures. Longvvy
est situé sur une hauteur
bordée d'un précipice à IJEfi:f
& au Sud, s'estendans vers le
Nord,& l'Ouest dans une
Plaine fort fertile. La Place
n'est commandée d'aucun
endroit. On y voit une grande
ruë ,
à l'extrémité de laquelle
font deux portes accompagnées
d'un double fossé
, &: défenduës de bons
Battions. Dans cette ruë principale,
sont les maisons des
Bourgeois qui font environ
deux a trois cens feux. La
Place d'Armes est au milieu.
On y voit un beau puits
) &
à gauche une Eglise une fois
aussi grande que les Recolets
de Versailles
, mais ily a
moins de Chapelles. Cette
Eglise est accompagnée d'uaeTour,
de la hauteur de celle
le Saint Jacques du Hautes
à Paris
, qui sert de Beffroy
>
& de laquelle on dé-*
couvre jusques à six lieuës
dans le Pays. La Maison du
Gouverneur est à droite , &
fait face à l'Eglise. Le reste
des Maisons est basty par fimetrie.
Le long desRamparts,
font des Cazernes pour les
Troupes,-& l'on voit d'espace
en espace des Magazins de
différentes grandeurs.Tous
ces Magasins sont soigneusement
gardez. Le Roy logea
dans la Maison du Gouverneur.
Mrle Marquis de Bouflers
, qui a le Gouvernement
de Luxembourg, vint au de.
vantdeSaMajestéàLongvvy.
Il estoit accompagné de quel..
ques-uns de fcs Gardes qui ne
parurent point avec leurs Ca.
rabines. Le Regiment d'Angoumois
commandé par Mr
de Thouy,estoit dans la Place.
Le Royen fit la Reveue>
êcille trouva tres- bon, tous
les hommes estant bien faits,
&audessus de trente ans. Ce
Regiment eut l'honneur de
garder le Roy. Il fautremarquer
que ce Prince ne fut pas
plûtost arrivé) qu'il donna
des marques de son activité
ordinaire. Pendant que cluCun
alla? ou le reposer? ou fc
divertir dans fcs Appartemens,
où il avoitdonné ordre
qu'il y eust toûjours rou.
tes fortes de Jeux preparez,ce
Prince courut? s'ilm'est permis
de m'expliquer ainsi pour
mieux marquerfonardcur.)11
courut?dis-je où la passion
digne d'un grand Capitaines
&: le devoir d'un grand Roy
rappelloient,&sedonna tout
entier le reste de la journée à
voir des Troupes? & des Fortifications.
Il y a dans Longvvy
quatre cens cinquante
Cadets. Sa Majesté leur vit
faire l'exercice, &dit hautement;,
qu'il rijyanjoitpoint de
Troupes qui s'en acquittent
mieux. Elle resolut mcfrnc
d'en prendresoixante ou quatre-
vingt , pour en faire des
Sous-Lieutenans dans tous
les Corps, excepté dans sois
Régiment ,où l'on ne reçoit
point d'Officier qui n'ait esté
Mousquetaire.Toutes les
places qui y vacquent estant
reservées à la Noblesse qui
tort de ce Corps,ils se perfectionnent
encore dans ce Regiment
en ce qui regarde le
métier de la Guerre? avant
que d'estre élevez à de plus
hauts Emplois. L'exercice
que firent les Cadets? fut à la
voix & au commandement
de leur Capitaine, ensuite au
coup de Tambour, câpres
dans le silence, par une habitude
qui est en tous également
naturelle; ce qui se fait
avec tant de justesse, qu'il
semble que ce soit un feut-
J.
homme qui remuë également
toutes les parties de
son corps. Ceux qui prirent
ce divertissement avec le
Roy eurent un tres-grand
plaisîrde voir un mouvement
uniforme dans quatre cens
cinquante personnes de différentesgrandeurs.
Le Royvisita à cheval les
dehors de la Place, & fit à
pied le tour des Remparts.
-
Ce Prince marqua luy-même
ce qui en pouvoit encore
embellir les Travaux, & ce
qu'ils avoient de plus beau
& deplus seur. Cela fait voir
la parfaite intelligence qu'il
a de l'Art de la Guerre.
Il ne faut que voir Longvvy
pour concevoir une haute
idée de la puissance du Roy,
& l'on ne pourra qu'à peine
sepersuader qu'il ait entièrement
fait bâtirune Ville,
élevée sur une cime inaccessible
r & dont les remparts
font d'une prodigieuse hauteur.
Il est impossible de s'imaginer
la dépensequ'où
a faite à couper le Roc, à
rendre le terrain uny, & à
bâtir tant de beaux logemens.
Cette Place est de figure éxagone
r ayant un Baition
coupé ducodedesprécipices
feulement. Ilestsoûtenu par
deux Delny-Iunes, & deux
Ravclins. On amis trois Cavaliers
aux endroirs foibles,
qui découvrent fort loin,&
qui feront montez de vingt
pieces de Canon. Toutes les-
Fortifications de cette Placc
fontd'une ties-grande regularité
; & ce qu'il ya de surprenantec'est
que le Roy en
aitfait entierement conftruireungrand
nombre d'autres
qui ne sont pas moins fortes,
qu'il y fasse encore tra-*
vailler tous les jours, & qu'il
commence à en faire éleyer
denouvelle.Iln'est pas moins
étonnant que SaMajesté voulant
mettre ses Sujets à couvert
des courses de la Garnison
de Luxemboutg., en la
mettant au rang de ses Conquelles,
Elle ait fait bâtu
Longvvy pour faciliter ses
desseins, cette Place ayant
servy de Magasin pour tou,
tes les provisions neceflaircs
à un Siege aulli important
qu'a esté celuy de Luxembourg.
Comme rien n'altère davantage
la fanté qu'une forte
&continuelle app licationau
travail, M de Croissy , qui
par une longue fuite d'Emplois
&par l'occupation que
luy donne celuy qui l'attache
entièrementaujourd'huy,
s'etf attiré des douleurs de
goute depuis quelques années,
en ressentit de violentes
à Longvvy. Cependant
elles ne l'empefcherent point
de servir le Roy, en quoy
il fut parfaitement bien secondé
par M le Marquis de
Torcy son Fils, qui dans un
âge fort peu avancé, a déja
veu toutes les Cours de l'Europe
> en a étudié les maniéres,
& n'ignore rien de ce
qui regarde la Charge dont
Sa Majesté luy a accordé 1:4
survivance.
La Maison du Roy eftanr
si grande) qu'à peine il se
passe une semaine
>
sans qu'on
apprenne la mort de quelque
Officier) on sceut à
Longvvy celle de M Villacienne,
Gentilhomme servant
du Roy? & celle de Mr
de la Planche ,Valet de
Chambre de SiMajesté
,
la
premiere dépendant de Monsieur
le Prince,comme Grand
Maistre delaMaisonduRoy,
& l'autre deSaMajesté parce
que le défunt xi'çftant poirr
marié
,
n'avoit point d'ensans
à qui ce Prince en eust
pû donner la survivance.
Mrde Seignelay, qui avoit
fait le Voyage de Dunkerque
avec une diligence furprenante,
depuis que le Roy
estoit party pour Luxembour,
joignit Sa Majesté à
Longvvy , & luy fit le rapport
de l'estat des Fortifications
de cette premiere Place.
Je vous en ferois icy le
détail, si je n'estois obligé de
le remettreà unautre ÀrcmS)
a cause de la quantité de choses
curieuses que j'ay encore
à vous apprendre touchant
le voyage de Sa Majesté. Je
vous diray cependant que le
Risban, lesJetrées,lesEcluses,&
le Bassin pour les Vaif-
[caux, sont des choses si extraordinaires
à Dunkerque »
<juà moins de vous en faire
la defeription, quelques paroles
dont je pusse me servir,
pour vous marquer la beauté
deces Ouvages* il me seroit
impossiblede vous rien faire
Concevoir qui en approchait,
& vous auriez mesme encore
beaucoup de peine à vous les
representer tels qu'ils [ont) si
vous ne les aviez vûs.
Le Roy estant party de
Longvvy le 21. entra dans le
Luxembourg, &: dîna à Cherasse,
premier Village de la
Province ducosté de France;
Le Païs par où l'on entra, n'a
pas tant de Bois ny de Mon.,
cagnes que les autres Cantons
de cette Province. Ce font
des Plaines grasses & fertiles?
remplies de tres-bons grains.
Les Villages y sont en affcz
grand nombre,mais les maifons
n'en font pas entièrement
rétablies. En approchantdela
Ville de Luxembourgeonvoitde
toutes parts
destrous, desquels on a tiré
de la brique,& de la chaux,
& d'autres materiaux, pour
les nouvelles Fortifications
<i'un Ouvrage qui va au delà
de tout ce que l'on en peut
concevoir.L'aspect delaVilleestbeauducostédeFrancc.
Le plan paroist égal par.
tout,&lesédifices sontgrands
8c magnifiques. On découvre
plusieursEglises couvertes
d'ardoises, descazernes, des
Magasins, des maisons considerables,
Celles des particuliers
semblent estre bâties
desimetrie; mais lors qu'on
est dans la Ville, on est furpris
de ce qu'on n'a découvertqu'une
partie des Fortifications.
Elles sont toutes irregulieres,
& continuées suivant
l'étduë du terrain, dont
la situationpeut étonner des
Assiegeans qui oseroientl'attaquer.
•*
Je devrois vous parler icy
de l'origine de cette Place,
vous entretenir des Ducs qui
en ont porté le nom, & vous
en faire comme un abregé
d Histoire; mais j'ayamplement
parlé de toutes ces choses
dans le Volume que je
vous ay envoyé du seul Journal
du Siege que le Roy fit
)
lors qu'il joignit la Ville de
Luxembourg à ses premieres
Poiiujrfedr
Conquestes. Ainsi jeme COfitenteray
de vous envoyer le
revers de la Medaille qui sur
¿;'faite en ce temps-là, & que
j'ay pris foin de faire graver.
Le Portrait du Roy [e voit
sur laface droite. Jene vous
dis rien du revers, vous le
pouvez voir.
Ce Prince fut receu à la
Porte parleMajor de la Place,
&,' traversa la Ville au milieu
de six rangs de ceux de
la Garnison qui estoient soue,
lesarmes, & en hâye>j[ufque^
au lieuoùSaMajesté alladescendre.
Ils firent trois salves,
mais on ne tira le Canon qu'aprés
l'arrivée du Roy, parce
que cela auroit marqué une
Entrée, & qu'il avoit déclaré
qu'il ne souhaitoit point
qu'on luyen fist.LesBourgeois
vinrent luy offrir leurs hommages.
oLes ruës étoient toutes
tapissèesde branches d'arbres,
suivant la coutume du Pai's.
Pendant le Soupe du Roy
qui dura deux heures, ils aL
lumcrent unfcudejoyc dans
-- .--' -,. --, -' 1er
té —*
--_.
le Pâté qui eH: entre le Paffendal
& le Grompt, vis-à-vis
les fenestres du Palais du
Gouverneur, prés de la Riviere.
Toutes les ruës furent
illuminées, &ces illuminations
continuerent pendant
tout le temps que Sa Majesté
demeura àLuxembourg. La
façade de l'Hostel de Ville parut
éclairée par plus de deux
cens Lanternes, remplies de
Devises à la gloire de ce Prince.
Les Clochers estoient en
feu, & quantité de flambeaux
de cire blanche brûlerent
toute la nuit devant la maison
du Maire. Toutes ces illuminations
furent accompagnées
de cris de Vive le
Roy. Sa Majestéfutgardée
par un Bataillon de Champagne,
commandé par Mr le
Baron de la Coste, La Ville
estoit plus remplie d'Etrangers
que de gens de la fuite
de la Cour, sans compter les
Gouverneurs, les Lieutenans
de Roy, les Officiers des Garnisons
d'Alsace, de Lorraine,
&de Flandre, qui avoient
eu permission de venir. Mr
l'Evesque
)
& Mr le premier
President du Parlement de
Mets, y estoient aussi venus,
avec tout ce qu'il y a de plus
distingué dans la mesme Ville,
suivy d'un grand peuple,
que la curiosité de voir le
Roy y avoit attiré. Il yestoit
passé plus de dix mille hommes
deTreves,deCologne,
de Mayence. de Juliers, de
Hollande, & de la Flandre
Espagnole;& l'on eust dit
que toute la Champagne s'y
estoit renduë, pour remercier
le Roy d'avoir pris cette
Place, afin deladélivrer des
courses de sa Garnison. M1 de
Louvois y estoit arrivé le
jour precedent
,
après avoir
faitun Voyage de deux cens
cinquante lieues depuis que
Sa Majesté estoit partie de
Versailles pour aller à Luxembourg.
Cette diligence
ne paroiftroit pas croyable,
si ce n'estoit une de ces choses
de fait dont on ne [sa?=-:
roit douter. Ce Ministre
rendit compte au Roy de
son Voyage pendant que Sa
Majesté demeura à Luxembourg
& je vous en feray le
détail
, avec celuy de ce qui
s'est paffé dans le temps de
ce sejour,mais il faut auparavant
vous faire la description
de cette Place.
Tous ceux qui l'ont veuë
avant le Siege ,la regardent
avac un etonnement qu'il seroit
difficile d'exprimer, &
sont fort surpris d'avoir à
chercher Luxembourg dans
Luxembourg mesme. On ne
reconnoift: plus cette Place
que par quelques Edifices publics,
presque tous ruinez
dans la Journée des Carcasses
& dans la fuite duSiège, &."
rétablis dans une plus grande
perfection
, par les soins Ôc
par la pieté duRoy. On m'a
assuré que la Ville est grande
deux fois comme Saint Germain
en Laye, &j'ay vû deux
Relations qui le marquent.-
Je ne vous garantis pas
tjue cette grandeur soit juste
On peut s'abuser dans les
choses qu'on écrit sur lerapport
de sa veuë ; cependant
on peut concevoirpar
là une idée approchante de
la grandeur d'un lieu dont
on fouhaitc avoir connoissance.
La Place d'armes de Luxembourg
peut contenir environ
deux mille hommes
rangez en bataille. Les rues
sont larges,&il yen a douze
ou quinze considerables. Les
Bâtimens y sont de deux éta.:=
ges au moins. Ils sont assez
étroits
) mais presque tous
d'une--nlefme, simetrie. La
Cour y estoit assezbien 1&--
gée. Le Commerce n'y est
pas grand, mais la Garnison
y fait rouler beaucoup d'argent
par ses dépenses. On a
esté obligé de prendre des
Domaines, & des Jardinsà
quelques Bourgeois,& à quelques
Païsans, maisils en ont
esté largement indemnisez.
L'Hostel de Ville e£tpetit?
û façade n'est pas large. La
Paroisse est étroite, & il n'y
a qu'un Doyen,&dixEcclesiastiques;
un plus grand
nombre n'en: pasnecessaire,
puis que les Religieux qui
font dans le mesme lieu, les
déchargent presque de tous
les soins qui regardent les
Pasteurs. Il y a quarante-cinq
Religieux dans le Convent
des Recolets, dont la moitié
font François
, & les autres.
Allemands. Ils vivent
des questes delaVille, & dc:
la Province, & preschent
dans l'une & dans l'autre
Langue. Ils sont commis
pour auministrer les Sacremens
à la Garnison. Les Bourgeois
quisontfort devots, &
Flamans en ce point-la?vont
souvent faire leurs dévotions
chez ces Peres, qui sont en
très-grande reputation en
cette Ville-là?&fort estimez
& aimez de tout le Peuple,
Ils ne le font pas moins de la
Garnison qui les respect
beaucoup. Je pourrois ajouter
qu'ils s'en attirent la crainte
aussi-bien que le respect,
puis que ces Peres font toutes
les fonctions Curiales en ce
qui touche cette Garnison.
LePereOlivier Javenayaprés
avoir esté Gardien, & s'estre
acquis une grande réputation
par ses Sermons, a esté éleu
Custode de douze Maisons
.dependantes de celle-là, dont
celle de Luxembourg est la
principale. Les Jesuitesyont
une tres-grande Eglise, fort
propre, & fort riche. Elle est
plusgrande que celle des
Carmes de la Place - Maubert
, & a deux aillés, &
trois beaux Autels. Ils tiennent
leCollege
, & ces Peres
font ordinairement au nombre
de vingt-cinq dans cette
Maison. Encore qu'ils soient
tous François, il yen a quelques-
unsqui sçavent fort bien
l'Allemande & qui ontesti
élever en Allemagne. Leu.
Jardin est beau & spacieux
îc leur maison toute neuve
êc bien ordonnée. Ilsontune
Musique Allemande, que la
Cour alla entendre le jour de
la Trinité. Les Capucins y
ont aussi unConvent
>
dans
lequel on ne trouve que des
Religieux François ,
dont
le nombre peut égaler celuy
des Jesuites. Il y a
deux Refuges dans la Ville,
& une Eglise, appellée le
Saint Esprit, dansunBastion,
Celle desDominicains?qui a
esté fort endommagée par le
Canon, n'est pas encore rctablieIlsdonnerent
ieui
Tour pendant le Siege, pour
placer une Batterie qui incommoda
fort nostre Camp.
On fut obligé de s'en défendre?
& cela* pensa causerla
ruine entiere de leur Eglise.
J'oubliais à vous dire que
les Recolets ont le Cimetiere
de la Garnison. Leur Eglise
est aussi grande que celle des
Cordeliers du Grand Convent
de Paris. Ils ont d'assez
beaux Ornemens, & tout est
chez eux d'une grande propreté.
Leur Jardin est aiTçz
beau pour une Ville de Guerre
Il tomba pendant le Siege
cinq cens Bombes dans leur
enclos, dont trois tomberént
dans une Chapelle,
qui fert de Mausolee auComte
de Mansfeld, l'un des plus
grands Capitaines de son
temps, & fameux par ses Exploits
fous Charles IX. Il
mourut Gouverneur de Luxembourg
âgé dequatrevingt-
six ans. Son tombeau
estde Marbre blanc; safigure
->
& celles de ses deux Fern;
mes ,
font en bronze au desfus
de ce Tombeau,chacune
de six pieds de haut. L'une
des trois Bombes qui tomberent
dans cette Chapelle,
perça une grosse voûte, fit
tin trou fort large à l'extremitédu
Tombeau duComte..,
tourna à demy une pièce
de marbre qui le couvre, &
4jui a huit pieds en quarré
ôc la rompit environ de la
largeur d'un pied. Les Jefuites&
les Recolets ne font
sjparezquepar une rue* &
ïes Capucins sont dans un autre
quartier de la Ville, proche
la Porte-neuve. Il y a
aussi trois Convents de Filles.
Le Comte de Mansfeld dont
je viensde vous parler, a fait
bastir le Palais des Gouverneurs.
Il a esté tout ruiné par
nos attaques, & si bien reparé
par les soins de Mrle Marquis
de Bouslers
, que le Roy
y logea avec Monseigneur;
& les Princesses,Ilest sur un
Bastion. qui donne sur un
Fauxbourg arrosé par la Riviere?
dont la Prairie dans laquelle
elle se répand estun
objet agreable pour la veuë,
& dans une gorge entre deux
Montagnes. Il a pour point
de veuë un reste de petit bois
de haute Futaye. Pour pouvoir
insulter ce Bastion, il
fauts'estre rendu maistre de
sesdeffenses. Le Roy y avoit
une grande Salle, une
grande Chambre pour les
Jeux, sa Chambre,&trois Cabinets.
Les Gouverneurs de
Luxembourg avoient autrefois
une Maison de plaisance
située sur la Riviere qui sert
de point de veue lieur Palais;
mais les guerres les ont
privez de ce lieu de divertis
sement. Luxembourg est fituésur
une hauteur àl'extremité
d'un grand terrain du
costé de l'Ouest & du Sud
fondé sur un roc qui a este
coupé plus de quatre pieds
en terre dans les endroits ou.
l'Esplanade duGlacis n'est pas
sélon les Réglés? & commandé
par le chemin couvert. A
son Est, & à son Nord, ct
sont des Vallées prodigieuses.
qui semblent inaccessibles à
toutes les Nations; & cependant
c'est par ces abismes
qu'on a pris la Place. L'une de
ces Vallées entre le Nord k
l'Est, estarrosée par TEfle*,
petite Riviere sans commerce
qui vient du cofté du Sud
d'Erfche Bourgade„& qui va
se rendre dans la Moselle aprés
s'estre jointe au Sours
&. àSclbourgversVasbilingrr
L'autre est remplie vers le
Sud-Est de quelques petits
Ruisseaux de Ravines. Il se
trouve pourtant entre l'Esse
une langue de terre où cft la
Porte dé Trêves
,
& une autre
langue plus spacieuse occu\.
pée parunFort nommé du
Saint Espritque l'on a fortifié
depuis que le Roy a coiv
quisla Place. Elle estdiviséce
en haute, & en basse Ville,
La haute cft l'ancien Luxembourg
,reparé,&fortifié dt
nouveau. On afaitune Porter
neuve qu'on appelle de France
vers Nostre-Dame de
Consolation, & l'on a pouse
le Bastion de Chimay,jus
ques au delà de l'Insulte. La
baffe-Ville est composée de
deux Fauxbourgs, rendus c-e*
lebres par le dernier Siege.
L'un est nommé le Passendal.,
arrosé par le principal Canal
del'Effe. L'autre est le Minstier
ou le Grompt mouille
aussi par un bras de l'Effe. Entre
ces deux Fauxbourgs
?
est
la Porte de Treves
?
& une.
Plate-forme au dessousquon
appelloit le Pasté. A l'extremité
du Minfter vers la droite
est le nouveau fort du Saint
Esprit. Mr de Montaigu a
levé avec du carton le Plan
de cette formidable Place,
où Ion en remarque aisément
toutes les beautez, avec toutes
les augmentations que le
Roy y a faites. Toute l'Allemagnea
esté surprise de voir
avec quelle promptitude on
en a reparé les brèches &
avec quelle facilite sans avoir
égard à la dépense on a aug.;
mente cette Ville de plus de
deux tiers, afin d'occuper
tout le terrain qui sembloit
estre favorable pour en approcher.
Aprés vous avoir fait voir
la situation de It Place, il faut
que je vous trace icy le Plan
de ses Fottifications. L'entreprise
est hardie, & un terme
mis au lieu d'un autre, peut
répandre de l'obscurité dans
ce que je vous diray les descriptionsde
cette nature,quelques
ques claires quelles soient,
n'eitant qu'à peine intelligibles
pour ceux qui ne sont pas
dumestier.Joignez à cela que
je puis expliquer mal des cho-
[es, dont je n'ay pas toutes
les lumieres necessaires? pour
estreafleuré que je ne me
trompe point. Cependant je
fuis persuadé que quelques
fautes que je puissefaire
, &:
que j'aye peutestre mcfme
déjà faites depuis que j'ay
commencé à vous parler de
Fortifications dans cette Ler
tre, ce que je vous en ay dit,l
& ce qui me reste à vous expliquer
) ne laissera pas de
donner de hautes idées de la
puissance du Roy? & de la
force de Luxembourg.
L'ancienne Ville qui est
toute sur un terrain élevé
cil: un Heptagone ayant un
Bastion coupé par le deffaut
duterrain de Paffendal. Elle
a trois portes ; l'une vers le
Couchant) c'est celle de France;
l'autre au Nord? c'est celle
de Passendal; la troisiéme;
vers l'Orient, c'est celle de
Trêves, & une quatrième
pour les sorties regardant le
Midy. La premiere & la derniere
sont dans la haute Ville
bien flanquées de bons basions?
& de dix Redoutes,
soutenuës de bons Cavaliers,
où l'on mettra quarante pièces
de Canon. On peut voir
dans la premiere porte quelle
supercherie peuvent faire
ceux qui se desfendent dans
leurs maisons. La premiere
entrée prise , il ne faut aller
que pied à pied à la seconde;
& la troisiéme est encore
mieux gardée que les prémieres.
Les Redoutes sont
portées aux endroits les plus
soibles des Courtines pour
deffendre le chemin couvert,
& pour commander sur toute
l'Esplanade;elles font élevées
jusques au cordon pour répondre
au rez de chauffée, &
pour raser l'Esplanade. Au
dc!fij.S est une Plate-forme
avec un Parapet dont on se
sert jusqu'à ce que le Ganofll
l'ait renversé ; on se retire au
dessous où sont des Sarbacanes
pour tirer sur le chemin
couvert & dans le glacis. Dela
on a encore un étage en
- terre d'où l'on se peut desfendre
long- temps , &quand
on est poursuivy par les Galeries,
on a clei portes avec
du Canon de Campagne. Si
les Ennemis vouloient establir
un logement autour de
ces Redoutes, il y a des Mines
& des contre-mines toutes
disposées pour empescher les
Travailleurs d'avancer leurs
ouvtages. Les Fourneaux sont
si bien menagez qu'ils ne
peuvent manquer leur coup.
On a fait deux demy
-
Lunes
dans cette ancienne enceinte..
Le Bastion de Chimay? qui
est à l'extremité du Roc, &
qui commande sur la Porte
de Paffendal, est soûtenu par
deux autres Bastions avancez
le long de cette cime,qu'on
peut appeller une Demy-lune
1-
& une autre Contre-garde,
ce qui semble estre hors.
d'insulte> parce qu'on a fait
la dépense de railler dans le
roc,&qu'on s'est attache à
le rendre inaccessible; &
comme la Riviere qui passe
au dessous de la Porte, a une
hauteur dans son bord opposé
qui commande la Ville
>
car ce fut là qu'an mit une
Batterie pendant le dernier
Siege, pour ruiner jePalais
du Gouverneur; son Badion,
& la Porte,lePvoy a fait faire
sur la cime de cette hauteur
deux Ouvrages à o cornes
qui renferment tout l'espace
par où l'on avoit à craindra
Une Ligne de communication
prend de l'extrémité de
la Contre-garde du Bastion
de Chimay, descend par la
Porte de Passendal dans la
Riviere, & va joindre ces Ouvrages
, qui sont faits avec
toute l'industrie de l'At[,.
pour batere la Plaine d'audelà,
pour commander sur le
vallon où coule l'Effe,& pour
désendre le Chemin couvert
de la Contre-garde du Baftion
de Chimay;&afin qu'on
ne prenne pas ces O1uvrages par le vallon., Sa Majesté qui
voit tout avec des liimieres
qui necedenten rien àcelle5
de les Ineenieurs? a ordonné
deux Reodoutes au dessous,
prés de la Rivière. Ainsi le
Fauxbourg du Paffendal qui
est sur l'eau, fera défendu 8c
couvert de toutes parts. On
y fait un Hôpital, & il y aura
des Cazernes, & des Magasins
comme dans la Ville.
Il est fermé à la droite par
une autre Ligne de communication
semblable à la premiere,
qui joint le sécond
Ouvrage à la Porte de Trêves,
qui se trouve à l'extremité
d'une languete prise
dans le roc qu'on a percé en
deux endroîts, pour faire
passèr les chariots, & les
Troupes du Paffendal au
Minfier, sans monter dans
la. Ville. Le Minsterest aufll
défendu par cette Porte, ôc.
par le Fort du Saint Esprit,
qui a quatre Bastions coustruits
sur une petite éminence
qui commandoit dans
le Fauxbourg. Ces quatreBastions
sont soutenus de Demy-
lunes) de Contre-gardes,
& de Redoutes, qui battent
toute une campagne qui regne
au delà. Voilà les Ouvrages
qui se trouvent dans
les Dehors de Luxembourg,
&: qui font environ onze Bastions,
quinze Redoutes, deux
Ouvrages à corne,un troisiéme
qu'on y ajoûte prés de la.
Porte des Sorties, quatre:
Demy-lunes, trois Contregardes,&
cinq ou six Cavaliers.
Tous ces Travaux n'ont
pas moins surpris la Cour,
qu'ils ont étonné tous les
Etrangers qui les ont vûs.)
car cette Place qui tiroit de
la France deux millions de
contributions
, pourroit en
temps de Guerre en tirer bien
davanrage, & faire contribuer
juseqz ues à Mayence? à
Cologne, à Rez, au Fort de
Skin,à Namur& à beaucoup
d'autres endroits, ce qui ne
seroit pas difficile à une Garnson
de sept ou huit mille
hommes. Je ne vous diray
point à combien de millions
a monté la dépense des Fortifications
de cette Place,
chacun en parle diversement
&met le prix aux Ouvrages
de cette nature, suivant Tétonnement
qu'ils luy eaufent.
Ainfiil n'est pas facile
de parler d'une dépense?
quand elle se monte à plusieurs
millions. Tout ce que
je puisvous dire, c'est que le
Roy ne cherchant que l'entiere
perfection dans tout ce
qu'il fait faire, il y a encore
de nouveaux fonds destinez
pour travailler à cette Place,
quoy qu'il paroisse qu'on ne
puisse rien ajoûter à ces Fortifications
;mais le Roy a des
yeux& deslumieres dont on
ne sçauroit trop admirer la
pénétration. Je ne dois pas
oublier que la petite Chapelle
de Nostre - Dame des
Consolation dont je vous ay
déjà parlé dans ma Relation
duSiege, est restée en son
entier, les Assiegez, & les
Assiegeans l'ayant épargnée.
Toute
-
la Province y court
avec la mesme devotion
qu'on va à Nostre-Dame de
Liesse en France.
Il faudrait pour se bien representerl'aspect
de cette
Place, avoir vû les deux Tableaux
que Mr de Vandermeulen
enafaits pour le Roy.
Ils sont à Marly, & ont chacun
onze pieds de longueur.
Ils representent deux faces dô
laPlaec, de sesFortifications,
& de ses avenuës; mais avec
une telle regularité, que ceux
qui ont veu ces Tableaux ne
sçauroient se souvenir de la
moindre chose,qu'ils ne lareconnoissentaussi-
tost dans
l'unou dans l'autre. Ces Tableaux
sont gravez avec les
Estampes de Mrde Vandermeulen
dont je vous ay déjà
parlé, qui represententtoutes
les Conquestes du Roy de la
mesme maniere. Ainsi si la
description que je viens de
faire de cette Place, excite en
vous ou en vos Amis, la curiosité
de la voir d'un coup
d'ecil, vous pouvez avoir recours
à ces Estampes, qui sont
recherchées dans toutes les
parties du monde.
Le Roy ayant resolu de ne
demeurer que deux jours àLuxembourg
; monta à cheval
aussitost qu'il y fut arrivé, &
en allavisiter les Dehors. Mr
de Louvois qui estoit de retour
depuis un jour de son
Voyage d'Alsace,&MdeVauban
, qui sont les deux personnes
qui pouvoient rendre
un compte exact à Sa Majesté
des Fortifications de cette
Place, & sur tout de celles
qui ont esté faites nouvellement
par son ordre, l'accompagnerentpar
tout. Elle vit
les attaques de ses Troupes
pendant le Siege, &: trouva
de nouveaux sujets de loüanges,
pour tous ceux qui avoientcontribué
à cette conqueste,
M le Comte de Blanchefort
s'eilant trouvé auprés
du Roy, ce Prince toûjours
plein de reconnoissance
& de bonté pour toutes les
personnes qui ont du merite,
témoigna le regret qu'il avoir
de la mort de Mr le Maréchal
de Crequi son Pere,
qui avoit fait le Siegede Luxembourg;
ce qui parut toucher
fort sensiblemenr Mr
le Comte de Blanchcfort,
& renouveller dans son
coeur le dcfir qu'il a de sui
vre ses traces, &- d'imiter sur
tout sa prudence? & sa fidelité
pour le Roy.
, Le 22. Sa Majesté donna
audience à Mrle Baron d'Ingelheim,
Envoyé
-
extraordinaire
de Mrl'Electeur de
Mayence; à Mr le Baron
d'Elts, Envoyé extraordinaire
de M l'Electeur de Tréves,
& à Mrle Comte de
Chellart, Envoyé extraordinaire
de Mr le Prince Electoral
Palatin, Duc de Juliers.
Ils estoienr venus faire compliment
à Sa Majesté de la
part des Princes leurs MaiRreS)
sur son heureuse arrivée
àLuxembourg. Ces Envoyez
eurent aussi audience
de Monseigneur, où ils furent
conduits par MrdeBonneüil
,
Introducteur des Ambassadeurs,
qui les avoit menez
chez le Roy? & les avoir
esté prendre dans les Carosses
de Sa Majesté. Ils firent
present au Roy dela part des
Princes leurs Maistres
,
de
plusieurs tonneaux de vin
du Rhin, & de vin de Moselle>
que Sa Majestéreceutavec
les manieres honnestes
qui luy sont si ordinaires, &.
pour marquer que ces Presens
luyestoient agreables
de la part dont ils venoient,
Sa Majesté voulut qu'ils fussent
conduits à Versailles par
les mesmesVoituriers qui les
avoient amenez; & les Envoyez,
suivant les ordres qu'iL
luy avoir pieu d'en donner,
furent regalez splendidement,
avec toute leur suite,par
lessoins de Mr Delrieu, Contrôleur
ordinaire dela Maifondu
Roy, qui n'oublia rien
en cette rencontre de tout
ce qu'il crut devoir faire
pour leur satisfaction, &qui
entra parfaitement bien dans
leurs manieres,
Quoy que le Palais où logeoit
le Roy sust fort spacieux,
il estoit neanmoins
impossible que tous ceux qui
estoientpressez de l'impatience
de le voir? y pussent
entrer; ainsi ce Prince eut la
bonté de sortir plusieurs fois
à cheval? & d'aller mesme
doucement, afin de satisfaire
ceux qui ne respiroient qu'aprés
sa veuë. Il alla à la Metre
aux Jesuites;& plusieurs personnes
qui jusques alors ne l'avoient
admiré que par la quantité
surprenante des grandes
choses qu'il a faites,& qui n'avoient
jamais eu le plaisir de
levoir,l'admirerent ce jour-là
par sa bonne mine, & par un
air qui perfuaderoit à ceux qui
ne sçauroient pas tout ce qu'il
a fait de grand, que tout ce
qu'on leur en diroit feroit - veritable,
véritable. Le Roy estant forty
dela Messe,vit le plan de
Luxembourg, qui estoit dans
une maisonproche de l'Eglise
des Jesuites, Il monta à
cheval l'aprésdînée, & descendit
dansles Mines;il voulutvoiraussi
les Contre-mines.
Il visita les Fossez, & se
promena sur les Ramparts.
Pendant tout ce temps il s'entretint
des beautez de cette
Place avec Monsieur le Printce,
qui fit voir la parfaite
connoissance qu'il a de tout
ce qui regarde la Guerre, &
quelle est telle qu'onladoit
attendre du Fils d'un Prince
qui auroit pu apprendre ce
grand Art à toute la terre ,
si on l'avoit ignoré. Monsieur
le Duc, Monsieur le
Prince de Conty
,
& Monsieur
le Duc du Maine su.
rent aussi de la conversation,
& firent voir qu'il est des
sciences pour lesquelles les
Princes ne sont jamais jeunes
&qu'ils semblent avoir aj>„
prises en naissant.
Le mal de Mrle Comte de
Toulouse, qui avoit esté attaqué
le jour precedent d'un
mal de teste
)
& d'un mal de
gorge, continua,& la Rougeole
s'estant declarée, le
Roy resolut de sejourner
deux jours de plus à Luxembourg
, non pas pour y attendre
la parfaite guerison dô
ce Prince, laquelle ne pourvoit
arriver si-tost, mais afin
de voir quel pourroit estre le
cours de son mal. On mir:
auprés de luyMrduChesne
Medecin?MrduTertre, Chirurgien
de Monsieur le Prince,
avec un Apoticaire de Sa
Majesté. Le bruit s'estant répanduque
le retour delaCour
estoit reculé, quelques Etrangers
en parurentinquiets,mais
ils furent rassurez si-tostqu'ils
firent reflexion que le Roy
avoit toujours gardé inviolablement
sa parole;qu'il aimait
Monsieur le Comte de
Toulouseavec tendresse; que
ce jeune Prince estoit chery
<dc toute la Cour, & quainsî
l'incertitude du mal qui luy
pouvoit arriver, estoit la
vraye cause qui portoit le
Roy à retarder son depart.
La Rougeole deMonsieur le
Comte de Toulouse, ne fut
pas la premiere qui parut
à la Cour. Une des Filles
d'honneur de Madame la
Princesse de Conty en avoit
déja esté attaquée. Il yavoit
euaussi d'autres Malades; &
la Gouvernante des Filles
d'honneur de Madame Il
Duchesseavoit eu la Fiévre.
La maladie de ce Prince contribua
à l'indisposition d'une
Dame d'un tres-grand meri-
&
re. Elle fut saignée, & son
mal se passa.
Le 13. Mrle Comte Ferdinand
de Furstemberg, & Mr
Ducker, Envoyez extraordinaires
de Cologne
, eurent
aussi Audience du Roy, &
de Monseigneur le Dauphin.
Ils y furent conduits par Mr
de Boneüil avec les mesmes
ceremonies que l'avoientesté
les autres Envoyez,& traitez
demesme.Mr le Cardinal
LangravedeEurftcmberg
faluaaussileRoyavecdeux
de ses Neveux.M le Comte
d'Avaux, Ambassadeur dfe
France auprès des EtatsGéneraux
dès- Provinces unies
s'estant rendu de la Haye à
Luxembourg, y salüa Sa Majesté,
& receut d'Elle de nouvelles
instructions touchant
les negociations ordinaires de
son Ambassade.Lorsqu'il prit
congé du Roy,ce Prince luy
dit qu'ilcontinuastàle servir
de la mesme sorte,& qu'il seroit
content. Cela fit assez
connoistre que Sa Majesté
estoit satisfaite de ses services
passez. Mr Foucher, Envoyé
extraordinaire des Etats Géneraux
auprèsdel'Electeur
de Mayence , eut aussi l'honneur
de salüer ce Monarque.
LeRoy entendit ce jour là la
Messeaux Recolets. & vit enfuite
dans ure Chambre du
Convent le Plan de Trarback
levé par Mr de Montaigu.Je
vous parleray de ce Plan dans
la fuite de ma Lettre. SaMajesté
alla l'apresdinée à la
teste des Tranchées, & des
Lignes, & en examinant la
Place, Elle previt tout ce qui
pourvoit arriver, si on osoit
un jour entreprendre de l'assieger.
Elle fit le mesme jour
la Reveuë des Troupes de la
Garnison, quiconsistoient en
cinq gros Bataillons, & en
plusieurs Escadrons.
Le 14. le Roy entendit la
Messe à la Paroisse, & tint
Conseil le matin & l'apresdînée,
ayant pendanttoutle
temps qu'il a demeuré à Luxembourg
,donné cinq à six
heures par jour, pour tousles
Conseils qu'il y a tenus; de
forte, que le temps qu'il employoit
à voir des Fortifications
& à faire des
-
Reveuës,
estoit celuy qu'il prenoit
pour donner relâche à fan
esprit. Ainsi l'on peut dire
que l'esprit ne commençait
à se reposer que pour donner
lieu au corps d'agir. Pendant
que le Roy n'eliok occupé
que des soins de son
Etat sans se donner un seul
moment de relache
,
la Cour
se partageoit, pour se divertir
selon son goust. Les uns
se
-
promenoient ,
les autres
joüoient , & quelques autres
se rafraîchissoient chez Mrde
Bouflers.Je ne vous diray
point que durant tout le sejour
- que Sa Majesté a fait
dans cette Place, ce Marquis
a tenu plusieurs Tables chaque
jour, tant le soirquele
matin,à un fart grand nombre
de couverts; ce seroitdire
trop peu,puisque non seulement,
tousceux qui ont voulu
manger chez luy y ont
trouvé a toute heure tout ce
qu'ils ont souhaité, mais
qu'on n'a mesme rien refusé
f aucun de ceux qui en ont
envoyé chercher. Commejamais
homme ne fut plus genereux
> jamais dépense n'a
esté faite de meilleure grace.
Mr deBouslers apprehendoit
si fort de n'estre pas à Luxembourgpour
la faire
a.
qu'ilfol^
licita pour n'aller au Camp
qu'ildevoitcommander,qu'aprés
que Sa Majesté seroit
partie. Le Roy qui sçait distinguerladépense
qui n'est
pas interessée,luy a fait un
Present de trois mille Loüis.
Le z5. SaMajesté entendit
encore la Messe aux Jesuites.
Elle se promena de nouveau
à cheval dans les Fossez
) & à
pied sur les Ramparts. Plus
Elle a regardé la Place avec
application,&enaexaminé
les nouvelles Fortifications,
plus Elle en a esté satisfaite ;
8c comme on ne luy rend
point de grands services sans
recevoir des marques de sa libéralité,
par dessus les recompenses
ordinaires, Elle donna
douze mille écus à Mr de
Vauba n.Toutes les Relations
conviennent qu'Elle luy fit
ce Present d'une maniere si
obligeante, que plusieurs
souhaiteroient enavoir acheté
un semblable de beaucoup
plus, & l'avoir receu
Qvec le mesme agrément. JLf
Royafait aussi des Presens
dans toutes les Eglises où il a
esté. Il donnoit une somme
pour les Ornemens. Cette
somme estoit suivie d'une autre
pour les Pauvres, & ces
deux d'une troisiéme, ou de
quelques graces dont il de":
voit revenir de l'argent pour
l'embellissement des lieux. Sa
Majesté n'ayant point mené
de Musique auVoyage )l'un
de ses Musiçiens nommé Mr
de Ville, qui est Chanoine
de Mets> y prit quelques lastrumens,
& quelques voix ,
& fit chanter dans les Eglises
où le Roy entendit la Messe
à Luxembourg, les Motets de
Mrs du Mont, Robert, &
Minoret. Sa Majesté le recompensa
de ses soins, de son
zele, & de sa dépense. Comme
l'argent n'est pas toûjours
ce qui touche davantage,quelques
charmes qu'il ait pour
tout le monde, par l'indispensable
necessité où chacun
cil d'en avoir, le Roy fïr
ouvrir les Prisons à soixante
&dix Malheureux, qui aimerent
encore mieux la liberté
que toute forte de biens;mais
ce Prince ne leur accorda des
graces que selon le genre des
crimes,ne voulant pas que sa
clemence servist à en faire
commettre de nouveaux, à
ceux qui en avoient fait d'enormes,
& que l'on jugeoit
capables d'y retomber,ce que
Mr l'Evesque d'Orléans, Mr
l'Abbé de Brou
,
nommé à
l'Evesché d'Amiens, Mes,
les Abbez de la Salle «
Fleury,& Mrde Noyon Lieu-»
tenant de Mr le Grand Prevost,
ont examiné par l'ordre
du Roy.
Le26.les uns ne songerent
qu'à partir, & les autres s'affligerent
du départ. LaCour
en voyant les Fortifications
de la place, avoir pris un
grand plaisir à se mettre devant
les yeux tout ce qui s'estoit
passé pendant le Siege-
Elle avoit examiné les Attaques&
les Tranchées) admiré
la conduite du General
)
l'intrepidité
des Soldats, le ge.
nie & l'adresse de M'de Vauban
à conserver les Aillegeans;
car le Roy sçachant
l'humeur boüillante des François
, & leur zele pour son
service
, avoit expressément
ordonné à feu Mr le Maréchal
de Crequi, & à Mrde
Vauban,d'épargner les Troupes,
& de prolonger la durée
du Siege,plûtost que de
hazarder le sang des Soldats.
Ce Prince avoit pris ses mesures
pour cela, Il estoit à la
teste d'une Armée pour em-"
pêcher lesecours,&prest à
donner bataille à ceux qui
auroient voulu le tenter.
Lors que la Cour partoit
satisfaite, & toute pleine de
ce qu'elle avoit veu, elle partoit
avec son Prince, & le
devoit toûjours voir; mais
ceuxàqui il ne s'stoit montre
que pour gagner leur
amour,& ensuite les priver
de sa presence,avoient beaucoup
de cbagrin de son départ.
Ce Prince avoit paru
à Luxembourg plûtost enPere
qu'en Roy. Sa douceur & sa
bonté s'estoient fait connoître.
Il s'estoitmontré familier
sans descendre de son
rang; on avoir eu un libre
accés auprés de luy ; ceux qui
luy avoient presenté des Requestes
avoient esté écoutez,
& la pluspart avoient obtenu
les graces qu'ils avoient demandées
;les Prisons avoient
esté ouvertes;laNoblesseavoit
eu un libre accès jusque dans
saChambre ;il avoit permis
plusieurs fois au Peuple de le
voir dîner , ce qu'il avoit
refusé dans les autres Villes,
à cause de la chaleur; ils
avoient admiré la devotion
de Sa Majesté, & la pieté que
son exemple inspire à toute
sa Cour; il avoit fait de
grands dons dans la Ville;
les dépenses ordinaires de là
Cpur y avoient répandu
beaucoup d'argent,ainsi que
le Etrangers que l'envie de
voir ce Prince avoit fait venir
en fort grandnombre; L*
Noblesse avoit esté receuë
aux Tables de la Maison du
Roy,&les Etrangers de distinctionqui
n'estoient pas
venus avec les Envoyez des
Princes Souverains des environs
, y avoient aussimangé;
enfin tout concouroit à faire
aimer, & regreter ce Grand
Prince. Il partit le 26. aprés
avoir entendu la Méfie aux
Capucins,& alla dîner à un
lieu nommé Cherasse.
J'aurois pu vous parler plûtost
du Voyage dont Mr de
Louvois rendit compte ait
Roy à Luxembourg
, mais je
n'ay pas voulu interrompre
la fuite de la Relation que
j'avois à vous faire de ce qui
s'y est passé.CezeléMinistre
partit de Versaillesle30. d'Avril,
passa à Tonnerre & à
Ancy-le-franc,&après avoir
vû les Fortifications de Besançon
, les Troupes, & les
Cadets, il se rendit le 5. de
May après midy à Befort.
C'est la Capitale du Comté
de Ferrette, située dans le
Sunggovv bb 1
Sunggovv,écheuë au Roy
avec l'Alsace par le Traité
de Munster. Mr le Marquis
dela Suze en a esté longtemps
possesseur, par engagement,
ou autrement. Mrle
<C? ardinalMazarinpossedaenfuite
ce Comté, & Mrle Duc
Mazarin, qui luy a succedé,
en jouitpresentement. La
Ville estassez belle. Il y a
un Chasteau, où l'on a fait
quatre Bastions. Mr de Saint
Justest Gouverneur de cette
Ville
>
où Mr de Dampierre,
Lieutenant de Roy, commande
c-iifôn absence. M" de
Louvois visita la Place, les
Troupes, & les nouveaux
Travaux, qu'il trouva en bon
'estât. Ce Ministre coucha
le 6. à Dainm-arie Village
d'Alsace. Il se rendit le 7. à
Huningue. C'est une Place
quiestfort proche de BaDe,
ÔZ qu'on a nouvellement
fortifiée de six Bastions sur
le Rhin ; on y a aussi fait
- des Dehors? & un Pont
ik bois fut le Rhin avec
quelques Ouvrages au bout
pour en fortifierla teste.
Cette Place rend la France
fort puissante sur le Rhin.
Elle est dans l'Alsace. Mrle
Marquis de Puisieux en est
Gouverneur, & Mr de la Sabliere
, Lieutenant de Roy-
Mrde Louvois en examina les
Fortifications,& fit faire reveuë
aux Troupes qui y et;
toient e& Garnison. Le 8. il
coucha à Fribourg, Capitale
c- duBrifgaw
,
située sur la petite
Rivière deTreiseim,i
bout d'une Plaine fertile, &
sous une hauteur qui cft le
commencement de laForest
loire. Elle est grande, bien
)euprlee.&: a diverfcsEcrllfcs,
&: plusieursMaisons Rcligieuses.
Le Chapitre de Basle
y fait sa residence, quoy que
l'Evesque ne l'y faire pas. Il la
fait à' Potentru, depuis que
les Protestans ont esté Maistres
de Basle. Il y a une Chambre
Souveraine à Fribourg,
& une celebre Université,
qu'Albert VI. dit le Debonnaire
,y fonda en 1450. Les
Ducs de Zeringuen ont possedé
autrefois cette Ville; qui
passa dans la Maisonde FULstemberg,
par le mariage d'Agnes
avec le Comte Hugue
ou Egon, dont les Descendans
l'ont gardée jusque
vers l'an 1386. après quoy les
Bourgeois s'estant mutinez,
se donnerent aux Ducs d'Austriche.
Elle fut prise trois
fois en six ans par les Suédois;
sçavoir en 1632.. en 1634. ôc
en 1638. Son nom s'est rendu
fameux dans toute leuropc,
par la celebre Victoire que
feu Monsieur le Prince, qui
n'estoit alors que Duc d'Anguien,
remporta en 1644. sur
les Troupes Bavaroises, aprés
un Combat sanglant & opïniastré
qui dura trois jours,
pour les postes difputcz de
la Montagne-noire., à une
lieuë de Fribourg. Ces trois
jours furent le 3. le 4. & le 5.
du mois d'Aoust. Feu M le
Maréchal de CrequLqui commandoit
une des Armées,du
Ro.yj.piMt cette Villele17.
Noyen).bre1677.aprèsun Sijer
gaevdoeisteapltorosuckhuuxitmjouurrasi.llIelsy»
uneCitadelle
à quatre Ri-
(rions, dç bons FolLz? o~
quelques autres Ouvrages.
Depuis ce temps-làles François
l'ont fortifiée plus regulierement.
La Rivière- du.
Trcifeim, qui n'est jamais
glacée? nettoye toutes les
rues. On a ajoutéquelques
Bastions aux anciennes muraillesde,
laVille,& les Fortifications
du Chasteau ont
este augmentées. On les a
étendues sur toute la hauteur.
C'est un chef-d'oeuvre de Mr
de Vauban. On yaaussi bâty
d'autres Forts qui commandent
à deux vallées. Les
Archiducs d'Autriche y avoient
étably une Chancelleric.
Il y a quatorze Mona.
stercs à Fribourg, & des Maisons
de trois Ordres de Chevalerie.
Mr du Fay en est
Gouverneur, Mr Barrege.
Lieutenant de Roy, & Mr
Roais commande dans leChasteau,
Mr de Louvois dîna le
,. à Brissac,&vit la Place
&les Troupes.Cest une Ville
d'Alsacedans le Brisgavv qui
donne un passage sur le
Rhin. Elle fut prise en 1638-
par Bernard de Saxe, Duc de
Vveimar, General de l'Armée
de Suede? avec le secours des
Troupes Françoises que conduisoit
le Maréchal de Guebriant.
On y trouva plus de
deux censpieces de Canon)
avec degrandesrichesse -y,
l'annéesuivante le Duc at
Vveimar estant malade à.
Nevvembourg prés de Irifac?
le mesme Maréchal de Guebriànts'aflxiraaumoia.
deJ all--
kx de cetteimportante- rl -
ce-,ôc des autres qui fuienc re-r
mises au Roy j&r TwtÇ du
9.Octobre de lamesme aPT
née.Elles surent cedées à Sll
Majesté en 1648. par leTraité
de Vvestphalie
, ce qui, fJu;
confirmé en 1^59<parcehijfr
des Pyrénées,Brisaa,que
quelques-uns juçmmenp la
Citadelle de l'Alsace, &d'autres,
laClef de l' Allemagne,
passè aujourd huy pour une
des plus fortes Places del Eu-
-
rape, soit qu'onregarde sa
situation sur un Mont,soit
qu'on examine ce eue l'arta
ccoonnctrriibbuuééaà la rreennddrree rrce~guu--
liere. Elle est sur le bord du
Rhin qu'elle commande,
C'estoit autrefois la Capitale
duBrisgavv, qui areceuson
nom d'elle, mais Fribourg
l'a emportédepuis quelque
temps. Il y a aujourd'hui
double Ville,car outre cellequi
estoit audelà du Rhin,
onafortifié une lac, qui est
presentement habitée, avec
grand nombre de Bastions.
Ilya aussi des Fortifications
en deçà du Rhin? & toutes
ensemble elles peuvent faire
environ trente Bastions. On
travaille incessamment à cette
Place, que l'on peut dire
imprenable. Il y a dans Brisac
une Compagnie de jeunes
Gentilshommes. Mr le Duc
Mazarin en est Gouverneur
Mr de la Chetardie y commande
en sa place,& Mr de
Farges y est Lieurcnant de
Roy. (
Mr deLouvois vit lemesme
jour p. d'Avril, les Fortifications
de Schleftadt. &
les Troupes qui y font en
Garnison.C'est une Place située
dans l'Alsace sur la Riviere
d'Ill qui porte Bateaux.
Elle estoit autrefois fortifiée
de bonnes murailles & de
fortes Tours, avec un Rempart,
& des Fossez très-larges
&fort profonds. On y a fait
des Battions depuis ce temps,
là. C'est une Place fort considerable
,
où l'on fait un
grand trafic. CetteVilles''est
toujours maintenue Catholique
au milreu de i'Heresie,
& il y a un College de Jesuites.
Mrde Gondreville en,est
Gouverneur, & Mrde la Provenchere,
Lieutenantde Roy.
Le 10. Mr de Louvois allacoucher
à Benfeld,petite "-il.
le de la baffe Alsace
,
assezforte,
&: des mieux entenduës..
Elle, dépend de Strasbourg-
,
dont elle n'estéloignée que
de trois lieues. Elle est sur
la Riviere d'Ill. Mr de Louvois
dîna le 10. à Strasbourg
)
ôc y sejourna le n. vit la Ville,
la Citadelle, les Forts, &
les Troupes. Mr de Chamil-
.Iy) si célébré par la défense
de Grave. en est Gouverneur.
Mr de Louvois logea chez Mr
de Monclar, qui commande
-
en Alsace. Je ne vous dis rien
de Strasbourg, comme je ne
Vous ay rien dit de Besançon,
parce que ces Places sont entièrement
connues. Ainsi je
ne vous ay parlé que de cellies
dont j'ay cru pouvoir
vous apprendre quelques particularitez
quine se trouvent
dans aucun Ouvrage imprimé.
Le 12. Mrde Louvois dîna
au Fort Louis du Rhin.
C'est un Fort qui a este construit
dans une Isle du haut
Rhin, huit licuës au dessous
de Strasboug, & autant,au
dessus de Philisbourg. Ce poste
estoit presque inconnu.
Toute l'Isle qui est au Roy,
estant dans l'Alsace qui ap.
partient à Sa Majesté
,
doit
estre fortifiée. Il doit y avoir
plusieursBastions, & des
Ponts avec des Fortifications
à la teste. Mr de Bregy est
Gouverneur de cette Place.
Mr de Louvois aprèsavoirs
examiné l'estat de ce Fort
allalemême jour coucher à
Haguenau. C'est une Ville
fort marchande en A lsace,située
entre les rivieres de Meter
& de Sorn.On gardoit autrefois
dans cette Ville-là,
la Couronne,le Sceptre, la
Pomme d'Or, & l'Epée de
Charlemagne avec les autres
ornemens Impériaux. C'est le
Siege du Bailly du Langraviat
d'Alsace. Mr de Louvois
coucha le 13. à Britche, où il
visita les troupes & la Place.
Cette Ville qui a un Châteauassez
considerable, est
dans la nouvelle Province
de la Sare. Mr de Morton
en est Gouverneur, & Mr de
laGuierleLieutenant deRoy. |
3MVT de LLoouuvvooiiss, aapprrèèss aavvooiirr
Nifité lesFortifications & les
groupes> alla dînerle14. à goù il-ne la même.
choseavec unepareille
activité.Hombourgeft assez
considerab- eoniiderable>&:estauasusmi dans la Provence de laSarre. M1
lç Marquisde laBretesche
qui commande dans cette
Province,en est Gouverneur,
& ^lr de la Gardette y
commande
en son ablençe,
M de Louvois alla ce jourlacouch
r à.jatrpctip Village
de la Province de la Sare qui
se nomme Cucelle &le1/
il passaàKirnoù il difha
en visita le Chasteau. Il cb.,.-
chaleITlefmejourlTraDeri
proche Trarback, & visita
la Presque-Isle de Traben, oi|
l'on va bastir une Placequi
s'appellera Mont-Royal. Cette
Place dont on n'a oiïy parler
qu'en apprenant qu'on y
travailloit
)
fait aujourd'huy
l'entretiende toute l'Europe,
le Roy n'entreprenant
rien qui ne soitassez grand
pour servir de conversation
au monde entier.Quoyqu'on
parle beaucoup d'une chose
ce n'est pas à dire qu'on en
partetoujours jùftc
) & il est
mesme presqueimpossible
:quton puissefejavoir au vray
toutes les pârticularitez d'une
entreprise
?
dont a peine,
at-on appris qu'on a forme,
le dessein. Tout ce que je
puis vous dire de celle-cy,
c'est que j'ay ramassé avec
grand foin* beaucoup de circonstances
qui la regardent*
&: que quandil y en aur,Qi,t;
quelques-unes qui ne feroient
pas toux à fjut vrayes;
je ne laiffer4 pas, 4c ycxuj
apprendre plusieurrs çbofcî
qu'on ne peut encore vous avoir
dites. Le Roy voulant
couvrir Luxembourg en 3
J - s cherché -lps tnoyeps ?
& lesa
trouvez danssesterresen.déT
couvrant un lieu. propre à
fairebastiruneVille. Ce lien,
se nomme Traben, & pour
parler à lamaniéré du Païs,
il eit à trente heures dç-Liirxembourg,
à douze de Tre"
ves, &à six de Coblens. Je
ne me puis tromper de beaucoup
sur le plus ou sur le
moins) & l'espace que je vous
marque) vous doit donner à
peu prés l'idée de l'éloignément
où ces Places peuvent
cftre les unes des autres. Tra.
ben est à la teste de Luxembourg.
On dit que Cesar y a
Autrefois campé, & qu'il y a
des vestiges d'une espece de
Fossé que l'on pretend avoir
autrefois fermé son Camp,
La Nature semble avoir faifre
ce lieu-là afin que le Roy le
fin: servir à sa gloire. Il n'a
que huit toises de largeur à
son entrée, que l'on dit estre
une escarpe& un rocher inaccessible.
La Moselle, qui n'eâ
point guéable en ces quartiers-
là ,envelope lereste de
son enceinte. L'entrée du
terrein elt occupée par un
plan deSapinsqu'onfaitjetter
à bas pour servir à cette
entreprise. La terre qui rcftc
lontient un des meilleurs
plans
plans de vignes de tout lePaïs,
& quelques champs qui rapportent
de tres-beaux grains,
&l'on trouve outre celaassez
de vin &de grain dans l'étendue
de cette presqu'Isle pour
nourrir une Garnison de trois
ou quatre mille hommes, Les
costes qui regnent vis-à-vis
le long dela Riviere,ne commanderont
point la Place, &
comme on ne pourra l'attaquer
que par le terrain que je
viens de vous marquer, il est
aise delarendre imprenable.
Il ya quatre Villagessur Iesr
crestes de ces costes dont on
pourra tirer de grands secours
pour les premiers Travaux,
L'extremité du plan de lapins
est une grosse source, qui se
trouvera dans lesFossez de la
Place, & qui fournira de
l'eau à la Ville. Elle aura
plusieurs Bastions
>
& fera
touteirreguliere, & tracée
sur la longueur, & la largeur
du terrain. Il y aura autour
de lapresqu'IsledesRedoutes
d'espace en espace
) pour dé-«-
fendre le passage de la Riviere.
Cequ'ilyade surprenant,
]
c'est qu'on peut dire que ce
que le Roy rcfout,est à demy
fait presqu'au moment
qu'il est resolu, au lieu que
pour l'ordinaire les grands
desseins demeurent au seul
projet. A peine eut-on plante
les piquets) que les Baraques
pour leslogemens des Soldats
le trouvèrent faites. Sept Bataillons
travaillèrent. Ils furent
bientost fortifiez d'autres
Troupest & l'onregarda
cette entr^prife avec unétonnement
donton n'cft pas encore
rovenu? sur tout pendant
que le Roy fait travail1er
dans le mcfmc temps àun
fort grand nombre de Places.
Quelque Souverainqui aitjamais
entrepris d'en faire, elles
ont estel'ouvrage du temps
plûtofi que de ceux dont elles
ont pris le nom; puis que la
pluspart nont presquerien
fait de plus, que d'en avoir
mis la première pierre. Voilà
la France à couvertdes infultes
deTAllemagne, & le Roy
fait plus à son égard
? que les
Chinoisn'ont jamais fait par
leur muraille de cinq cens
lieuës de long à l'égard des
Tarures.Le Royaume de la
Chine n'est à couvert que par
une feule muraille, & la Fran-*
ce l'est aujourdhuy par deux
rangs de Places forces, qui
doivent au Roy tour ce qui
les rend redoutables. tvir de
Louvoisaprès avoir sejourne
le 16.a Traben, & avoir,
pour ainsi dire, donnéle mouvement
à tous les bras devoient qui agir pour la gloire
du Roy,& pour la tranquillité
de l'Europe, alla coucher
le 17- a Sare-Loiiis, où il fit
la reveuë des Troupes, &vifita
les Fortifications de la Place
Elle est Capitale de laPro,
Vince de la Sare. Ce n'estoit
cjiTun Village, dont le Roy
a fait une Place tres-reguliere.
On luy a donné le nom de
-,ç,arc-Loüls, qui est un composé
deceluy duRoy,&de
celuy de la Province. Cette
Ville a six Bastions Royaux
avec quelques Demy-lunes,
& d'autres Ouvrages, M de
Choisyen est Gouverneur éc
Mr le Comtede Perin Lieutenant
de Roy. M deLouvois
y sejourna le 18. &le lendemain
il alla àThionville,
où il se donna les mesmes
soins, &pritles mesmes fatigues
que dans les autresVilles
où il avoit passé. Thionville
n'appartient à la France
que du regne du feu Roy.
C'est une Ville du Luxembourg
assise sur la Moselle.
C'estoit une des clefs du
Royaume avant les nouvelles
Conquestes de Sa Majesté.
On a razé Domvilliers, &
quelques autres petitesPlaces
voisines
>
afin de rendre celle-
là plus considerable. Mr
d'Espagne enest Gouverneur;
Mrd'Argelé,Lieutenant de
Roy, & Mr de Bouflers,Gouverneur
de Luxembourg,&:
Lieutenant general de la Pto-T
vince.Mr deLouvois a trouvé
dans toutes les places qu'il
avisitées,les Troupes & les
Fortifications fort belles. Le
Canton de Basle luyenvoya
faire compliment à Huningue,
& Mrl'Electeur de Treves
fit la mesme chose pendant
que ce Ministre estoit à
Trarbach, Les Magistrats de
tous les lieux qu'il avisitez,
l'ontaussi complimenté, &
les Gouverneurs des Provinces
&des Places que je viens
de vous nommer,& M les
Jntendans la Grange ôc la
Goupiliere ont fait tout ce
qu'ils ont pu pour le bien reé
galer; mais ce Ministre toûjours
agissant n'avoîtqu'à
peine le temps de voir les Repas
qu'on luy preparoit par
tout. Jamais on n'a fait tant
de chemin) ny vu tant de
Villes
,
de Remparts, & de
Troupes, en si peu de temps
Lors qu'on sert ainsi fou
Prince,on le fait servirde
mesme
; & quand les desseins
du Souverain font grands, on
ne voit rien qui ne sente le
prodige. Mr de Louvois dîna
le 20. à Luxembourg,où Sa
Majesté arriva l'aprésdinée.
Je vous ay fait un détail de
tout ce qui s'y est passé,&
vous ay dit que le Roy alla
le 26. dîner à Cheranc. Ce
Prince coucha à Longvvy,cù
• aprésavoir vu faire l'exercice
aux Cadets dans la Place d'armes
, il en choisit quatrevingt,
pour les mettre en diversCorpsenqualitéde
Sousl^
ieurenans, comme jevons
l'aydéja marqué. La Cour
alla dîüer le 27.à Pierre- Pànt.
Sa Majesté montaà cheval
l'apresdinée
, & arriva te soir
àEtain -en prenant le diver-^
tissement de la Chasse. Sa Ma>-
jesté y fut receuë par Mr de
Verdun. Elle entendit la
Messe le 1$. à la ParoiiTe,Se
fit de grandes liberalitez au
Curé5 & aux Capucins qui
sont établis en ce lieu-là,quoy
qu'Elleleur en eust déja fait
en y passant la premiere fois.
Elle dîna le mesme jour à
Verdun chez M" 1tveique,
à quiElleavoit donnéordre'
le jourprécedent pour 'lC{
âaiur qui fut chanté en
Musique sur les six heures dtV
soir. Toute la Cour y am,
ffcaravec une devotion qvd
répondoit à la pieté du Roy.
Le lendémain 29jour du,
S. Sacrement ,
la pluspart dM
Dames qui avoient accompagné
ce Prince , firent leurs
devotions, ce qui parut fort
édifiant. Le temps estant extremement
pluvieux, on ordonna
que la Procession se
seroit feulement jusques à
l'EglisedesJesuites, & qu'elle
reviendroitaussi-tost dans Ii
Cathedrale. La Procession
commença par les Paroisses
de la Ville, suivies des Mandians,
& autres Religieux.Le
Clergé estoit en fort grand
Nombre, accompagne des
Gardes de la Prevosté
,
des
Cent-Suisses de la Garde, ôc
des Gardes du Corps,qui marchoient
sur deux lignesa coté
de la Procession. Messieurs
les Princes du Sang estoient
immédiatement après leDais.
Monseigneur le Dauphin pa..
roissoit ensuite ; deux Huisfiers
portantdesMasses precedoient
le Roy, qui avoit auprésde
luy lePere de laChaise,
& fesAumôniers.Les Princesses
marchoient aprés, suivies
des Dames les plus distinguées,&
ces Dames l'estoient
d'ungrande nombre de Seigneurs
, & d'Officiers de la
Maison du Roy. Le Presidial
deVerdun marchoitenCorps,
Se MP de Ville suivoient le
Presidial.Aprés cette longue
file quiétoiten fort bonordre,
venoit une foule de peuple
innombrable, sans compter
ce qui se trouvoit encore dans
la Ville. Presque toute laLorraine
s'y estoit renduë,&on
en voyoit jusque sur les toits.
On s'arresta à deux Reposoirs,&
la grande Messe fut cclebrée
par Mr l'Evesque de
Verdun. Le Roy, & toute la
Cour occupoient la droite
des hautes Chaises. LesChanoines
estoient à la gauche,
& la Musique au milieu du
-Choeur; elle s'acquita assez
bien de tout ce qu'elle chanta.
Sa Majesté alla à l'Offrande,
& aprés la Messe Elle eut
à peine le temps de dîner *
pour retourner au mesme
lieu, oùla Cour entendit Vespres.
MdeVerdunofficia encore.
Au sortir de cette Eglise,
le Roy se promena autour
de la Citadelle
)
&: alla
voir les Ecluses, qui sont presentement
achevées, & dont
on se doit servit pour empêi
cher qu'on n'approche de la
Ville du costé où elles sont.
Mr deLouvois alla jufclu-aa
lieu où les eaux remontent.
Plusieurs Particuliers ayant
eu leurs beritages endommagez,
ont esté remboursez par
la bonté de Sa Majesté
, quoy
que cet ouvrage foit pour la
défense de leur Patrie.
Le 30.le Roy entendit encore
laMessedans la Cathedrale,&
Mrde Verdun luy
presenta de l'Eau-benite.Ce
Prince eut la bonté de faire
une remontrance au Chapi
tre,) pour l'exhorter de bien
vivre avec son Eve[quc) &
comme il sçavoit que les Chanoines
estoient en possession
depuis un fort grand nombre
d'années
?
d'estre debout pendant
l'Elevation, il leur deT
manda qu'en sa consideration
ilssissent une Ordonnance
pour abolir cetusage, à quoy
ils ne s'opposerent pas. La
Musique chanta un Motet sur
le rétablissement de la santé
de ce Prince, & receut en
mesme temps des marques de
sa libéralité, Toute la Cour
alla ce mesme jour dîner à.
Brabant, & arriva un peu
tard à Sainte-Menehout. M1
l'Evesque de Châlons s'y
trouva avec quelques Ecclesiastiques
qu'il y avoit ame.
nez. Mr le Duc de Noailles
ayant de son costé amené de
LuxembourgMr de Ville, &
prisà Verdun des Musicièns,
qui se joignirent à d'autres
qu'il avoit fait venir de Châlons,
le Salut fut chanté en
Musique aux Capucins sur
les septheures du soir. M de
Châlonsy donna la benediction
du S. Sacrement. Les
Capucins furent extrêmement
édifiez de voir que la
Cour, à l'exemple de son Souverain
faisoit paroistre une
grande pieté. Ils connurent
encore celle de ce Prince, par
les presens qu'il leur fit le
lendemain en partant, quoy
qu'ils en eussent déja receu
lors qu'il estoit paffé à Sainte-
Menehout, pour se rendre à
Luxembourg.
Le 31. le Cour dîna à Cense
de Bellay & allaà Châlons,
où elle trouva un nombre mfïny
depeuple qui s'y eftoic
assemblé
; croyant qu'elle y
passeroitla Feste de Dieu, cqui
seroit arrivé, si la maladie
de Monsieurle Comte de
Toulouse n'eust point rompu
les mesures que l'onavoit prises.
Le Salut fut chanté par
la Musique avec beaucoup de
iolemnité?M1deChâlonsef-
-tantà lateste desonChapi-
"tre. L'Eglise,& les ruës es-
Iaient si remplies
, qu'on
croyoit estre au milieu du
Peuple de Paris. Un nombre
infiny de routes sortes de gens
qui cherchoient à voir le
Roy, occupoit le Jare , &
Tonassure -qu'il n'y en avoit
jamais tanteu.
Ii
Le premier Juin, le Roy
dîna à Bierge, & coucha à
Vertus. Il y entendit le Salut
à la Paroisse, où il y eut une
Musique tres-agreable
,
soutenue
desHautbois des Mousquetaires.
M de Châlons y
officia,assistiéde M de Luzanfy
& de Lerry? qui ont des
Abbayes en ce lieu.
Lei. on partit de Vertus
à dix heures
du
matin, après
avoir entendu la Messe, pendant
laquelle la Musique continua
de chanter des Motets
de M1r du Mont. On ne sçauroit
trop admirer le zele&
l'activitéde Mrde Noailles,
pour le service de Dieu & du
Roy.M deChâlons aofficié
pendant l'Octave du S. Sacrement
, par tout où Sa Majesté
a esté dans son Diocese,
& il s'est par tout trouvé de
la Musique, par les soins de
M le Duc de Noailles son
frere. La Cour alla de Vertus
dîner à Etoge. C'estunlieu
toutremply d'agrémt.Lebastimentenest
beau,les Jardins
en sont charmans
, & l'abondance
des eaux y donne tous
les plaisirs que l'on en peut
recevoir. Ce lieu appartient
à Mr le Marquis d'Anglure,
& sert de retraite à deux freres
& à une soeur, qui par
leur mérité sefont fait une reputation
qui s'estrepandüe
bien avant dans le Monde. La
vertuest leur passion, la charité
fait leur employ, & leur
pieté est exemplaire. Le Roy
leuravoit fait dire qu'il difneroit
chez eux sans les embarasser,&
quoy qu'il n'euisent
pas l'avantage de donner
à mangeràSa Majesté,ny par
consequent l'honneur de la
servir,leur magnificence ne
JailTa pas de paroistre i la maniere
dont ils traiterent toute
la Cour. L'abondance fut
si grande aux tables qu'ils
firent servir
, que celle du
Chambellan ne tint point,
Monsieur le Prince qui mange
ordinairement à cette table
, ayant fait l'honneur à
cesillultres Solitaires de manger
àcelle qu'ils luyavoient
fait préparer. Le Roy inftruit
de leur vertu voulut sçavoir
le détail de leur vie dans
une solitude si peu commune
à des personnes de cette
qualité. Ce Prince apprit que
lesFreres faisoient le plaisir
- - de
de la Soeur, & la Soeur celuy
des Freres? que leurs heures
font reglées pour leurs exercices
ordinaires qui estoient
toujours égaux, sur tout la
Messe
,
les prieres frequentes,
& la visite des Pauvres. Un
fils de l'aisné qui n'a pas encore
cinq ans, eut l'honneur
de manger avec le Roy. Pendant
queSa Majestéfaisoit
son plaifirde s'entretenir de la
pieté de ses hostes,onluy apprit
que Madame la Princesse
deConty avoit un malde teste
& unedouleur de gorgequi
faisoient craindre que cette
Princesse ne fût bientost attaquée
du mesmemal qûeTilc
le Comte de Thoulouze avoit
essuyé à Luxembourg.
Le Roy ordonna qu'on
fïftauffitoft partir pourMo zmirel,
& se prepara a quitter
1-oge pour ta suivre.Il ne faut
pas que j'oublie à dire qu'il ya
une galerie dans ce Chasteau
qui plut beaucoup à Sa Majesté,
& qui auroit fait plus
long-temps le plaisir de toute
la Cour? si elle n'avoit point
esté pressée de partir. Elle
contient les Portraits- de tous
les grands hommes qui ont
paru en Europe depuis environun
Siècle, &; les Portraits
de ceux qui ont vescu
çlaAs, lemesme temps,-sont
pppofez les uns aux autres,
comme pour en faire des
paralelles; leurs principales
actions& leurs alliances font
marquées au bas. Cette Galerie
est plus curieuseque
magnifique, & l'on y voit
regner une simplicité debon
goust
, qui attire plus de
loüanges à ceux à qui appartient
cette maison, qu'une
magnificence mal entendüe..
-
Le Roy ayant quitté un lieu
jS delicieux
,
arriva de bonne
heure à Montmirel. Mr de
Louvois, comme Seigneur du
lieu, receut Sa Majesté à la
descente de son carosse. Ce
qu'on avoit soupçonné du
mal de Madame la Princesse
de Conty? arriva.Les rougeurs
parurent?&elle fut faignée
le lendemain au matin.
Sarougeolle estoit tres forse?
mais les Medecins dirent
qu'ellen'estoit pas dangereuse.
On Iaifïa aupres de
cette Princesse MrPetit,Pr-emier
Medecin de Monseigneur,&
Mr DodartsonMedecin,
avec MrPoisson, Apotiquaire
du Roy. Comme
ce Voyage approchoit de sa
-fin, la
-
Cour commença à défiler,
& M[ le Prince de
Conty partit pour Paris. On
dit ce jour-là des Messes
tout le matin, & à sept
heures du soir il y eut Salut.
LePrieur Curé, qui est un
Religieux de S. Jean de Soissons
,
fit la céremonie.Le
- 4. Monseigneurle Dauphin
ayant
beaucoup d'impatience
de - revoir Madame la
Dauphine, receut de Sa Majesté
la liberté de partir. Ce
Prince
-
arriva le soir mesme
à Versailles. Plusieurs personnes
quitterent la Cour cC;
jour-là. Les Prieres se firent
comme le jour precedent;on
fut fort en doute si on partÍroÍr,
on reeeut des ordres
pour le depart, & ces ordres
furenr révoquez. Le jour de
FOccave du S. Sacrement,le
Roy ayant sceu à quatreheures
& demie du matin l'estac
--de la maladie de Madame la
Princesse de Conty
?
Ordonna
à Mr de Louvois de faire
partir les Officiers, & cependant
cc Prince , quine songe
pas moins a
-
remplir les aevoirsdeChrestien,
que ceux
de Roy, demanda au Pere de
la Chaise
,
s'il estoit Feste dar s
le Diocese de Soissons,& s'il y
avoit obligation pour ses Officiers
d'entendre la Messe, &
pour luy
3
d'assister à la Procession.
Le Pere de la Chaise
luy repondit, qu'il estoit obligé
d'entendre la Messe
) &
non d'aller à la Procession
mais que cependant il feroit
mieux que Sa Majesté rendist
ce devoir aux ordres de l'Egli[
e,quia étably la Procession
de l'Octave. Il n'en falut
pas davantage pour faire
ordonner qu'on cLft coniti-*
nuellement des Messes, ôc
quoy que les Cloches qui
font fort grosses, fussent
près de la Chambre du Roy,
parce que l'Eglise est dans
le Chasteau, ce PrinceVOUrllut
qu'on les sonnast toutes.
Il entendità huit heures
& demie une Messe,dite par
un Chapelain de quartier.
Cependant le Prieur accom*
pagné d'un Diacre,d'un Sous-
Diacre
,
de trois Enfans de
Choeur, dehuit choristes, &
de huit Chapiers tirez de la
Chapelle du Roy, se preparoit
dans la Sacristie. La Procession
commençasur les neuf
heures; on dit ensuite la
grand' Messe,& le Roy partit
pour aller dîner à Vieu-
Maison,quiappartient à Mr
Jacquier. Monsieur le Prince
quitta la Cour, pour se rendre
à Paris. On coucha ce jourlà
à la Ferté sur Joüare dans
le Diocese de Meaux.M l'Evesque
de Meaux s'y trouva
avec quelques Abbez, & ses
Aumôniers.Onchanta le Salut
en plein Chant à la Paroisse
, & la bénédiction y fut
donnée parcePrelat. Sa Majesté,
qu'une marche continuelle
n'a détournéed'aucune
des fonctions de piet
» dont Elle s'acquite avec in
zele si édifiant, termina ce
cette forte tOétave du S.
Sacrement. On dîna à Monceaux.
Mr de Gesvres, comme
Gouverneur du lieu >^vo-t
fait au Roy pendantledîner
un present defruits,de fleurs
& de Gibier, d'une rh-iiierç
tout-à-fait galante. On traversa
Meaux iar,fulr, , &
on alla coucher à Caye. Le
lendemain, Monseigneur entendit
la Messeà Versaillesà
six heuresdumatin,&priten
suite la Poste pour se rendre
à Livry
3
où l'on attendoit le
Roy. Il estoit accompagne
de Monsieur le Prince de
Conty, de Monsieur de
Vendosme 5Se.de plusieurs
Seigneurs de la Cour. Ils
y arriverent sur les dix
heures & demie. Monseigneur
changea d'habit, & aprés
avoir pris quelques
- rafraifchissemens,
ilalla au devant
de Sa Majesté, quiarriva
sur les onze heures & demie.
Le Chasteau de Livry est
depuis long - temps dans la
Maison de MrSanguin, Sa
situation est charmante
, &
dans le voisinage d'une Forest
tres-agreable,& tres- propre
pour la Chasse. On voit un
beau Jet d'eau dans le milieu
de la court. Le grand corps
de Logisest terminé de chaque
costé par un Pavillon,
dont l'un fait face au Jardin,
& à l'Orangerie. Le Parc qui
est au bout, répond sur le
grand chemin. Le Roy descendit
de Carosse à la grille
de ce Parc. Monseigneur l'y
receut accompagné des Princes
qui l'avoient suivy. Madame
Sanguin) Mcre de Mr
le Marquis de Livry. Mr l'Evesque
de Senlis Madame de
Livry, & quelques autres personnes
de la Famille, reeeurent
Sa Majesté à la porte du
Jard in. Elle les faliiaj& leur
parla avec cet air doux &majestueux
qui luygagne tous
les coeurs. On servit le dîné à
midydansl'anti-chambre du
Roy. Elleestoit richement
meublée, & tenduë. des belles
Tapisseries
,
dont le feu
Roy d'Angleterre fit present
à M de Bordeaux, Pere de
Madame Sanguin, lors qu'il
estoit AmbaOEadeurauprés de
ce Prince. Le Buffct estoit
dressé dans une Salle qui joint
l'antichambre. On ne peut
rien ajoutera la propreté,&
au bon ordre que Madame
Sanguin avoit mis par tout.
Les Appartenons estoientornezavecun
agrément admirable,
& que l'on remarque
dans tout ce qu'elle fait. Mr
l'Evesque-de Sentis &M de
Livry sirent les honneurs;
mais ce dernier ne laissa pas
d'exercer sa Charge de premier
Maistred'Hostel. On
servitenpoisson avec autant
d'ordre qu'il yeut de delicaft{
fe & d'abondance. Monseigneurmangea
avec le Roy.
Les Dames qui eurent l'honneur
d'estre àla Table de Sa
Majcfté> furent, Madame la
Duchesse, Madame d' Armar.
gnac, Madame de Maintenon,
Madame de GramoRÇ*
Madame Sanguin, Madame
de Livry, &: Mademoiselle
de Sourdis,qui ayant esté
élevée chez Madame Sanguin,
ne la quitte point de-
-
puis long-temps. Les Princes
quiavoient suivy Monseigneur,
furent servis à une
autre Table. Celle du Grand
Maistre fut servie après le
dîné du Roy. Sa Majesté se
retira dens sa chambre au
sortir de Table. Elle y demeura
quelque temps,& partit
ensuite
,
après avoir fait
de grandes honnestetez à Madame
Sanguin,à M deSenlis,
& à Madame de Livry
)
& leur avoir dit, qu'Elle
n'avoit point esté si bien traitée
dans tout le Voyage.
Quoy que toute la Famille ait
part à l'honneur de cette Feste,
on peut dire que Madame
Sanguin s'est attiré beaucoup
de louanges , & d'estime,&
qu'elle a réussi dans
:.tour ce que la Cour attendoit
d'elle. Ce n'est pas d'aujourd'huy
que la Famille de Bordeaux
s'estdistinguée dans
toutes les choies qui ont regardé
leRoyCePrince donna
ce jour-là à Mr deMassigny,
l'un de ses Ecuyers,cinq cens
écus de pension. Cette grace qui n'avoit point esté demandée,
tomba sur un Sujet
d'autant plus estimé de toute
la Cour, qu'on luy a toûjours
remarqué un grand attachement
pour la personne
de son Prince. Le Roypassa
l'aprésdînée dé fort bbnéfe
heure par Paris, au bruit des
acclamations du Peuple, &
se rendit à Versailles
)'
ou
Monsieur & Madamel'attendoient.
Sa Majesté trouva
en y arrivant un nombre
infiny de personnes de la première
qualite, qui s' y étoient
rendues pour la salüer à la
descente deson Carosse. Plufleurs
Conseillersd'Estat?
ôc Maistres des Requestes,
eurent aussi cet honneur.
Elle montaaussi-tost à 1Appartement
de Madame la
Dauphine, pour voir certç
Princesse, & se promena
ensuite à pied pendant quatre
heures dans les Jardins
deVerailles.Ellevisita tous
les Ouvrages nouveaux qu'on
y avoit faits pendant sen
absence
,
&vitunfort grand
nombre d'Orangersquc'?Elle
avoit donné ordre de placer
dans l'Orangerie, du nom- bre desquels estoit l'Oranger
nomméleBourbon
,
qu'on dit
avoirenviron cinq cens ans.
Une si longue promenade à
pied au-retour d'un Voyage,
donna beaucoup de joye à
toutela Cour, parcequ'elle
estoit une marque de la parfaite
santé du Roy. Le 8. M"
le Cardinal Nonce, les Ambassadeurs
, les Ministres des
Princes Souverains qui sont
icy , & la pluspart des Chefs
des Compagnies superieures,
se trouvèrent au lever de Sa
Majesté, & luy firent compliment
sur son heureux retour.
Jamais ce Prince nes'étoit
mieux porte, & n'avoit
paru de meilleuremine, quoy
que pendant le cours du
Voyage, il se fust toujours
exposé à la poussieres dont il
auroit pû se garantir, si sa
bonté ne l'eust porté à vouloir
satisfaire à l'empressement
que les Peuples de la
Campagne avoient de le voir,
sur tout après une maladie
quiavoit fait paroistre l'excès
de leur amour pour ce Prince.
Le jour iuivancJa foule
continua à son lever &: cc
Prince voyant sa santé parfaitement
rétablie) puifquc
les fatigues d'un long Voyage
ne l'avoient pu alterer ) recompensa
en grand Roy,ceux
à qui, après Dieu & les voeux
de ses Sujets, il en estoit redevable.
Il donna cent mille
francs à Mr Daquin son
premier Medecin
3 quatrevingt-
mille à M Fagon, premier
Medecin de la seuë
Reyne, en qui il a beaucoup
de confiance, & dont la reputation
est solidement établie,
&: cinquante mille écus
à MrFélix, son premier Chirurgien.
Quelque temps auparavant
, Sa Majesté avoit
donné une somme considerable
à M Bessiere, qui pane
pour le plus fameux Chirurgien
de Paris, & qui avoit
esté consulté dans le temps
du mej du Roy. Voilà de
grandes recompenses , mais
qu'auroiton pu moins. faire
pour des personnes ÎL qui la
francs estsi redevable) &- à
quil'Europedoitlafuite de
1a tranquillité dont elle
jouit ?
Le Roy après son retour
donna un magnifique repas
atou-tes-lesDamesquiavoient
esté du Voyage
Jpendant
lequel
les soins de Sa Majesté
leur ont épargné beaucoup
de fatigue, les divertissemens
s'esxant mesme trouvez par
coût ainsi qu'à Versailles;
mais quandily auroit eu des
peines à essuyer pour cc qui
s'appelle la Cour,leplaisir de
voir quelquefois le Itoy sans
estreaccomrpagoné de la foule qui l'environne toûjours à
Versailles
)
& d'avoir le bonheur
de luy parler plus facilement
lour des choses qu'on
ne pourroit trop payer,Jamais
Prince n'ayant paru si
charmant que ce Monarque,
lors qu'il veut bien avoir la
bonté de se dépoüiller de sa
grandeur, il ne se montre
point dans ces momens,qu'il
ne gagne autant de coeurs
qu'il s'attire d'admirateurs
par
~par les grandes actions. Mr
e Comte de Tolouse arriva
e 8. à Versailles
, & Madame
a Princesse de Conty le 11.
'un & l'autre dans une par-
:11tc faute
> ce qui donna
beaucoup de joye à toute la
Cour,dont ils font lecharme
, & deux des principaux
ornemens.
FI N.
1 DV VOYAGE
DE
SA MAJESTÉl
A LUXEMBOURG.
E vous l'aypromis
,
Madame. Il faut
vous satisfaire sur le
grand Article du Voyage
de Sa Majesté à Luxembourg,
Pc. comme vous m'avez ordonné
de n'enoublier aucune
des circonstances, elles
feront le sujet d'une Lettre
entière. Un pareil Journal
doit estre agréable aux Curieux
Tout le monde scait
que le Roy ne peut faire un
pas hors le lieu de sa résidence
ordinaire, que toute
l'Europe ne soit aussi-tost
en mouvement. Le bruit de
ce Voyage n'eut pas plûtost
Commencé à se répandre,
qu'elle fit paroistre de grandes
alarmes. Mais que pouvoit-
elle avoir à craindre?
Elle devoitestre persuadée,
que le Monarque qui luy a
donné la Paix? n'avoir aucun
dessein de la rompre.
C'est son ouvrage, & loin
de songer à le détruire,Sa
Majesté fera toûjours preste
à faire repentir ceux qui travailleront
à troubler le calme
qu'il a étably. Un pareil
dessein ne sçauroitestre
conceu que par des Ambitieux
opiniâtres, & trop constamment
jaloux de la grandeur
de ce Prince;mais c'est
àeux seuls à craindre, dans
letemps qu'ils veulent rendresuspectes
toutes ses démarches,
& jetter dans les
cfprits des frayeurs seditieuses,
afin d'exciter dans la
plus grande partie des Etats
voisinsle desordre & la confusion,
sans quoyils demeurent
dans une fâcheuse obsçuiipé?
qui leur est beaucoup
moins supportable que la
douleur que les Victoires du
Roy ont dû leur causer
, pour
ne pas dire, leurs continuelles
défaites. Comme il y a
peu de Regnes qui ne plaisent
,
a quelques chagrins
que l'on puisse estre exposé
en regnant ,ils voudroient
toûjours jouir de la tristesatisfaction
qu'ils ont de com*.
mander aux dépens de la
tranquillité de l'Europey
mais le Roy quien est leBienfai£
teur> & le Pere, voulant
luy conserver le repos qu'il
luy a si genereusement procuré,&
dontil lafait jodir.,
malgré lescontinuels obstacles
qu'on oppose inutilement
à sabonté, renverse
tous leurs desseins par sa prudente
conduite &: par sa perseverance.
Les défiances que
l'on a voulu donner de son
Voyage) donton pretendoit
que de secrets desseins estoient
les motifs, ont esté
une occasion au Roy de confondre
les Ennemis de sa
gloire. Il n'a pu soffrir qu'on
crustqu'il déguisast ses intentions
,8z pour empescher
que leur sincerité ne fust
foupçonnée
9
il a bien voulu
donner un éclaircissement,
quien faisant voir la bonté
qu'il a de'ne point chercher
à troubler l' Europe qu'il a
l, pris foin de pacifier, a servy
encore, par des assurances
publiques,& dont aucun
Prince ne pouvoir douter, à,
dissiper les frayeurs que les
.1n.1.1 intentionnez avoient
jettées dans les coeurs timides,
afin de parvenir à leur but.
Non seulement ils n'y sont
point parvenus ?
mais tout ce
qu'ils ont pû dire, n'a fait que
fairemieux voir combien le
pouvoir du Royest redoutable,
puisqu'ilsontété obligez
de faire connoistre eux-mêmes
par toutes les chosesqu'ils
ont avancées, qu'il suffitque
ce Monarque fasse une entreprise
pour y réiiflir
, & que
s'il veut vaincre, il n'a qu'à
combattre. On a sujet de les
croire. Ils n'ont pas eu desfein
de flater
,
&sur ce qui se
publie de cette nature ,
les
Ennemis sont plus croyables
que d'autres, puis que leur
sincerité ne peut estresoupçonnée.
Mais comme vous
pourriez douter de la mienne
lors que je vous parleai
& croire que je me suis formé
exprés des monstres pour
les combattre, en faisant paffer
mes conjectures pour des
veritez,à l'égard de tout ce
que je viens de vous dire dt.
l'inquietude que l'on a voulu
donner à la plus grande
partie de l'Europe, pour luy
faire prendre de l'ombrage
des desseins du Roy
?
voicy
une piece justificative.
Sa Majesté
,
à qui rien n'est
inconnu, tant à cause de sa
vive penetration
, que des
foins qu'elle prend sans cesse
pour bien s'acquiterde ce que
son rang demande,sçachant
ce qui se disoit du dessein
qu'Elle avoit pris de faire un
VoyageàLuxembourg, voulut
faire voir la mauvaise intention
de ceux qui en répandant
des bruits contraires
au repos public, pretcndoient
venir à bout de leurs entreprises.
Dans cette pensée, Elle
ordonna à Mrle Marquis de
Croissy Colbert
,
Ministre &
Secretaire d'Estat
, ayant le
département des affaires étrangeres,
d'écrire une Lettre
à Mrle Cardinal Ranuzzi,
Nonce de Sa Sainteté enFrance.
Voicy à peu prés le sujet
de cette Lettre. Ive de Croisfy
marquoit à ce Cardinal
que le Roy luy avoit commandé
d'informer son Eminence de la
resolution qu'ilavoit priscel'al.,
lerdans le mois de May à Luxembourg
, CJTouencore que Sa
Majcflr n'eustpas accoûtumé de
rendre raison de Jes actions,
comme Elle ne vouloit pas
néanmoins renouveller l'alarme
qu'on dvùitprise sans fondement
de l'ouverture qui a esté
faite du convertissement de la
Tréve en un TraitédePaix ; Elle
luy avoit ordonné de /'assurer de
sa part ,
qu'Elle ne faisoit ce
Voyage que pour satisfaire la
curiosité qu'Elle avoit de voir
Elle-mesme en quel estat estoit
otlors cette place;, d'oùelleseroit
de retour,troissemaines, ou tout
A-U plus tard un mois aprésqu'Elle
seroit partie de Versailles;
qu'Elle se promettoit que son
Eminence empescheroit par Je$
Lettres tant à Sa Sainteté que
par tout ailleurs où ellel'estimeroit
à propos , que ce Voyage ne
donnast de l'inquietude aux
Etats Voisins
, 0* qu'aucun
Prince ne pustprendre le pretexte
de la marche de Sa Majestéspour
refuseràl'Empereur lessecours
ausquels ilsseseroientengagez,
Sa Majesté n'ayantpas d'autre
dessein que celuy dontElle l'avoit
chargéde l'instruire.
Cette Lettre qui fut écrite
à Marly,estoitdattée du quatrièmed'Avril.
MrleNonce
qui s'apliqueavec tout le foin
imaginable à tout ce qui peut
maintenir la paix, la reçût
avec une extrêmejoye.Il en
envoya des copiesdans tous
les lieux, où ille crut necessaire
pour remettre les esprits,
& n'en refusa point aux Ministres
Etrangers qui sont à
Paris, ny mesme à tous ceux
qui prirent la libertédeluy
en demander ; de forte que
cesCopies s'estant multipliées
en fort peu de temps , cette
Lettre devint aussi-tost commune.
Chacun l'envoya à ses
Amis, &. elle courut incontinent
, non feulement dans
les Provinces de France;mais
encore dans les Pays Etrangers.
Comme le Roy na
jamais manqué à sa parole,
&que tout le monde en est
fortement persuadé
,
les esprits
qu'on avoit voulu inquicter
en leur faisant entendre
que le Voyage de Sa
Majestécouvroit des desseins,
€jui devoient troubler la tranqnilité
de l'Europe, furent
rassurez> & les ambitieux qui
ire cherchoient qu'à renouseller
la guerre en proposant
<de faire une Ligue pour l'éiriter
, demeurerent dans une
Extrême confusion par l'impossibilitéqu'il
y avoit de
venir à bout de leurs desseins.
On ne parla plus que du
Voyage, mais on en parla
d'une autre maniere qu'on
n'avoit fait jusque-là, & ceux
quiavoientvéritablement apprehendé
devoir le Roy à la
teste d'une Armée par les
soupçons qu'on avoit tâché
de jetter dans leurs esprits, se
proposerent de le venir admirer
lors qu'il feroit sur leurs
frontières
?
& ce fut pour eux
un fort grand sujet de joye
s d'esperer de voir de prés, &
de considerer avec toute l'attention
que demandoit leur
curiosité? un Prince qui remplit
tout l'Univers du bruit
de son naIn, & de ses vertus.
Pendant que la Noblessedes
Pays voisîns de Luxembourg:
goûtoit par avance le plaisir
qu'elle attendoit en voyant
le Koy & qu'elle en avoit
l'idée remplie,comme on l'a
ordinairement de toutes les
choses.guc l'onsouhaiteavec
passion, ceux qui estoient du
Voyage s'y preparoient; d'autres
en parloient & d'autres
écrivoient sur ce sujet.Voicy
une Devise deM Magnin de
l'Academie Royale d'Arles,
surceVoyage.Le Soleil estoit
alors au figne du Belier. Cette
Devise a pour mot
CURSUM INCHOAT
OMINE MITI.
Il renouvelle son cours
Sous de fortunezpresages;
Loin d'icy
)
sombres nuages,
Nous n'aurons que de beaux
jours.
Ces Vers convenoient a£-
sez à ce qu'on venoit de publier
touchant les desseins
cachez fous le Voyage du
Roy.
Voicy une autre Devise
de Mr Rault de Roüen, sur
ce mesme Voyage daSa Majesté,
allant visiter ses Conquestes
,&voir ses nouveaux
X Sujets. Cette Devise a pour
corps le Soleil en son midy
sansnuages & sans ombreJ
&jettant de benignes influences
sur les Regions par
où il passe. Ces mots en sontl'ame.
FELICI BEAT
ASPECTU.
Tel que paroist le Dieu du
jour
Porté dans son char de lu
miere
,
Quand par chaque Climat il
faitsonvaste tour
Pourvisiter la terre entiere
J
k
Et que parsesbrillansrayons
Il produit en tous lieux les biens
quenous voyons;
Tel l'Augure LOUIS ruifitant
ses Conquestes,
Quelque part qu'il porte les
yeux,
SurJes Sujets nouveaux qui s'offrent
en ces lieux,
Répandsesfaveurs toutesprefies,
Et quoy qu'il fajfe voir la fierté
du Dieu Mars
,
( Sesyeux nont que de doux
re7g,ardsoLe
temps du Voyage s'avançoit,
& l'on estoit presque
sur le point de partir,
lors que le Roy fut attaqué
d'un grand Rhume. Mais
loin que cet accident sist
prendre aucune résolution
contraire à ce qui avoit esté
arresté, Sa Majesté ne retrancha
pas mesme un quartd'heure
des Conseils qu'Elle
avoit accoûtumé de tenir-
Mr de Louvoispartit quelques
jours auparavant , pour
unVoyage de prés décrois-
-- - .-- - - - --
cens lieues,& Mr de Seignelay
partit de son costé pour
aller voir les Fortifications de
Dunkerque. Comme il faut
donner quelque ordre à cette
Relation, je ne parleray de
leur Voyage que quand je
vous marqueray leur retour
auprès du Roy, Je vous diray
cependant qu'en s'éloignant
de Sa Majesté,ils avoient
toujours la mesme
part aux affaires. Rien n'est
aujourd'huy épargné en
France pour le bien de l'Etat,
&.
& le Roy, par le moyen des
Courriers
> peut conferer tous
les jours avec ceux qui sont
éloignez de luy.MrdeCroissy
fut le seulMinistre qui
devoit accompagner Sa Majesté.
Le Controleur GeneraI,
dont la presence & les
foins font toûjours neccffaires
icy,ne fait jamais aucun
Voyageavec Elle. Mais comme
je viens de vous le marquer,
ceux qui ont affaire au
Roy,parlent, pour ainsi dire
i tous les jours à Sa Majesté
?
quelque longue distance
qui les en feparc ,rien n'estans
épargné pour cela, & les
Postes du Royaume n'ayant
jamais esté en si bon estat
qu'elles sont presentement.
Des raisons avantageuses à
la France empescherentMadame
la Dauphine de se préparer
à estre de ce Voyage.
Monsieur
, qui relevoit de
maladie resolut de prendre
l'air à Saint Cloud pendant
l'absence du Roy, & Madame
voulut tenir compagnie
à ce Prince, malgré le plaisir
qu'elle prend aux Voyages
& à la Chasse, cette Princesse
estantinfatigable dans
des exercices qui lassent quelquefois
les hommes les plus
robustes.
Le Roy ne voulant pas
fatiguer sa Cour pour un
Voyage qui ne devoit passer
que pour une promenade,
resolut d'aller à petites journées,&
de mener Monsieur le
Duc du Maine,&Monsieur
le Comte de Toulouse.Onne
peut trop tost leur faire voir
des. Fortifications; des Troupes,&
des Reveues,& l'on
peut dire que leur en faire
voir de cette maniere, c'est
commencer à leur apprendre
en les divertissant, tout ce
qu'ilsdoivent sçavoir? ce qui
cft cause souvent qu'ils y
prennent plus de plaisir, &
qu'ils s'y attachent davantage
dans la fuite. Ces jeunes
Princes estant du Voya,
ge )
il fut.arresté que les Dagacs
en seroient aussi;celles
qui furentnommées font
Madame la Duchesse, Madame
la Princesse de Conty,
Madame la Princesse d'Harcour)
Madame la Duchesse
de Chevreuse, Madame de
Maintenon, & Madame de
Croissy? avec les Dames, &
Filles d'honneur des Princesses.
Elles devoient toutes
aller, ou dans le Carosse
duCorps du Roy, ou dans
d'autres Carosses de Sa Majesté,
& avoir l'avantage de
manger avec ce Prince. C'est
un honneur qu'elles ont u
pendant tout le Voyage.
Il fut aussi arresté que le Regiment
desGardes ne marcheroit
point, & que suivant ce
qui s'est souvent pratiqué, le
Roy seroit gardé par l'Infanteriequi
se trouveroit dans
les Places, où Sa Majesté
passeroit, & que dans les lieux
où il n'y auroit point d'Infanterie
en garnison les
Mousquetaires mettroient
pied à terre,& feroient garde
autour
l.
du logis du Roy.
Comme les Gendarmes & les
Chevaux-Legers ne servent
que par quartier, de mesme
que les Officiers de sa Maison
, du nombre desquelsils
* sont, & que ces Corps ne
marchent entiers qu'en temps
de Guerre, & lors que Sa
Majestéfait quelque Camp
Elle ne voulut estre accompagnée
dans ce Voyage
) que
de ceux de ces Corps qui esroient
alors en quartier. A
l'égard des Gardes duCorps,
le Roy resolut de mener seulement
leGuet. Comme vous
pourriez ne pas sçavoir ce
que c'est que ce Guet, il fera
bon de vous l'expliquer. Les
Gardes du Corps font toûjours
dans le service, sans
estre néanmoins toûjoursauprés
du Roy. Ils ne fervent
point par quartier comme
les Gendarmes & les Chevaux-
Legers; mais comme
ils font en fort grand nombre,
on les fait loger en plusieurs
Villes? ce qui pourtant
ne s'appelle pas estre en garnsson
, puis qu'ils y font
moins pour garder ces Places,
que pour y attendre
qu'ils fervent auprèsduRoy,
ce qu'ils font alternativement.
On dit en parlant de
ceux qui ne font pas auprès
de Sa Majesté
,
qu'ils font
dans leurs quartiers, & l'on
appelle relever le Guet? lors
qu'il fort un nombre de Gardes
de ces quartiers
, pour
venir prendre la place de
ceux qui font auprésduRoy?
&: que ces derniers retournent
dans les quartiers où ils
estoient auparavant, Il y a
prés de dix-sept cens Gardes
du Corps, qui font divisez
en quatre Compagnies,& ces
CompagniesensixBrigades
chacune,qui font commandées
par six Officiers ; sçavoir
trois Lieutcnans & trois
Enseignes, Chaque Compagnie
elt reconnuë par les
Bandoulieres des Gardes,qui
font de couleurs differentes,
On reconnoist les Gardes de
la premiere Compagnie , au-"
trement>la Colonelle, commandée
par Mr le Duc de
Noailles, aux Bandoulieres
blanches, & aux Housses
rouges; les Gardes de la
Compagnie de Mr le Maréchal
Duc de Duras, aux Baudoulieres
- & aux Housses
bleuës; les Gardes de la Compagnie
de Mr le Duc de Luxembourg,
aux Bandoulieres
&aux Houssesvertes, 8c les
Gardes de la Compagnie de
Mr le Maréchal de Lorges,
aux Bandoulieres& aux
Housses jaunes. Cette derniere
Compagnie portoit
orangé dans son institution,
mais depuis, elle a changé
l'orangé en jaune. La Colonelle
seule a des Housses d'une
couleur différente de celle
desBandoulieres,& cela vient
de ce que le blanc n'etf pas
une couleur à estre employée
en Housses. Il est à remarquer
que le Guet des Gardes du
Corps qui sert auprès de Sa
Majesté, à pied,& à cheval,
est toûjours de deux cens
Gardes, dont une partie est
de Salle, & l'autre se repose
tour à tour. Ce Guet n'est
jamais d'une seule Compagnie
,
mais de plusieurs ensemble.
ainsi que les Officiers
qui les commandent;
de forte que le Capitaine des
Gardes qui est de quartier,
n'a jamais sousluy aucun Ofsicier
desa Compagnie quand
il est de serviceauprésduRoy.
Vousremarquerezencore que
le Guet ne sert qu'un mois
auprès du Roy> à moins qu'ij
n'y ait quelque force raison
pour le faire servir plus longtemps,
comme dans l'occasion
de quelque Voyage tel
que ccluy que l'on vient de
faire. Ce n'est pas que dans
un Voyage plus long le Guet
ne changeast de la mesme
fortequ'à Versailles
, parce
qu'alors on feroit suivre tous
les Gardes. Rien ne marque
tant la grandeur du Roy que
ce changement de deux cens
Gardes tous les mois. J'ar,
crû vous devoiraprendretoutes
ces choses , & que ce ne
feroit pas sortir de la matiere
que je me fuis proposée dans
cette Lettre? parce qu'autrement
vous n'auriez pas bien
compris ce que c'eil: que le
Guet, dont j'ay este oblige
de vous parler,pour vous faire
une Relation du Voyage
du Roy aussi exacte que celle
que j'ay entrepris de vous
envoyer.
Touteschoses estantainsi
arrestées
)
personne ne douta
du Voyage, parce qu'ontient
toûjours pour certain tout ce
que le Roy resout, &le jour
deson départ aprochant,ceux
qui ne devoient pas l'accompagner
redoublerent leurs
empressemens auprès de ce
Prince. Jamais on ne vit de
Cour si grosse. Les Ministres
Etrangers allerenr prendre
congé de Sa Majesté
,
ainsi
que les Chefs des Compagnies
superieures,& plusieurs
autres personnes distinguées
dans la Robe par leurs emplois,&
par leur mérite. Plusieurs
Etrangers se renditent
aussi à Versailles pendant les
derniers jours que le Roy y
devoit demeurer, & quantité
de Peuple de Paris y courut
pour avoir le plaisir de joüir
feulement quelques momens
de la veuë de ce Monarque'
lors qu'il iroità laMesse, ou
à la promenade, ou pendant
qu'il disneroit. Sa Majesté
devant partir un Samedy pour
aller coucher à Clayes, où la
Cour estoit obligéed'entendre
la Messe le lendemain.
parce qu'ilestoit Dimanche,
Elle eut la précaution de recommander
quelques jours
avant qu'Elle partist, qu'il s'y
rencontrait beaucoup de
Prestres pour en celebrer un
assez grand nombre, & fit
paroistre sa pieté par cet
ordre.
Le Voyage avoit esté arJ
resté d'abord pour le deuxiémede
May,mais la rougeole
quisurvinta Madame la
Duchese,fut cause que le
Roy le Temii au dixiéme dta
mesme mois. Ce jour estant
arrive, Sa Majesté
>
après avoir
entendu la Messe dans le
Chasteau de Versailles
, en
partit avec toutes les personnes
de distinction,&les
Troupes que jeviens de vous
nommer. Le nombre de celles
qui devoient faire le Voyage
estoit grand;cependant, celane
faisoit qu'une tres-petite
partie des Troupes de sa Maison
,puisque le Regimentdes
Gardes ne marchoit pas, &
qu'il n'y avoit qu'un quart des
Gendarmes
, & des Chevaux
Legers, avec la neufou dixiéme
partie des Gardes du
Corps ou environ. Il y avoit
outre cela, tous les Officiers
de sa Maison en quartier dont
je ne vous diray rien, tout ce
qui regarde cette Maison
n'estant inconnu à personne.
Comme le Roy devoit
passer à Paris, le Peuple impatient
de le voir occupa dés
le matin tous les lieux de son
passage, aimant mieux l'attendre
pendantplusieurs heul'es,
que de manquer à luy
souhaiter par ses acclamations
une longuevie, & un
heureux Voyage. Les Religieux
sortirentaussi de leurs
Convents, &: la pluspart des
Fenestres furent remplies de
personnesdistinguées.LeRoy
quis'est toûjours moins attiré
les coeurs par la grandeur
de son rang que par ses manieres
toutes engageantes, salüa presque toutes les Dames
qu'il vit aux fenestres.
Sa Majesté passa par la Place
des Victoires, où Mrle Duc
de la Feüillade & Mle Prevost
des Marchands l'attendoient
avec un grand nombre
de personnes de la premiere
qualité. Vous sçavez
sans doute qu'on n'a fait encore
qu'une partie duBastiment
qui doit embellir cette
Place. Cela fut cause qu'on
pria le Roy d'avoir la bonté
de dire de quelle maniere il
souhaitoit qu'on l'achevaft ,
& si on continueroit ce qu'on
avoit commencé , sur les
desseins de Mr Mansard son
premier Archirecte , c'est à
dire à l'égard de la figure de
la place, car les Bastimens onc
toûjours esté trouvez fort
beaux. Sa Majesté en parut
fort satisfaite, & jugea à proposque
l'on fuivift le dessein
qui avoit esté commencé.Mr
de laFeüilladeayant fait entierement
dorer la Figure du
Roy depuis que Sa Majesté
ne l'a veuë ,
Elle s'attacha à
la considerer attentivement.
Quelques-uns dirent qu'ils
l'auroient mieux aimée de
bronzerd'autresfurent d'un
sentiment contraire, &alleguerent
que la Statuë de
Marc Aurele que l'Antiquité
a tant vantée,& qui a esté
si estimée des Romains,avoit
esté dorée.Onrépondit que
ce n'estoit pas ce qui l'avoit
fait admirer,&quel'Empereur
Neron avoit fait dédorer
uneFigure d'Alexandre.Ceux
qui font profession d'estre
curieux ne prirent pas le party
île l'or, parce qu'il y a plus
de
<fcbronze que d'or dans leurs
Cabinets. Le Roy qui neparle
point sans se distinguer
,
dit
beaucoup en ne disant rien.
Il nevoulut chagriner personne,
& dit obligeamment
pourMrdela Feüillade,qu'il
nefalloitpas s'estonner qu'il eust
fait dorersa Figure
,
puisque si
l'onavoitpû la faire d'une matiere
plus precieuse
iI- & qu'il
-eujl eslé en estat d'en soûtenir ltt
dépense , il estoitpersuade qu'il
n'auraitrien épargnépourcela.
-
Je n'interprété gMnr ca.
paroles qui font voir tout le
bon sens & toute la delicatesse
d'esprit impaginable, &
dont la finesse consiste plus
en ce qu'elles font entendre,
qu'en ce qu'elles expliquent
àl'égard de la dorure.
Rienn'estant égal auzele
de Mrle Duc de la Foüillade,
qui tâche sans ccue de le faire
paroistre
,
par des augmentations
qu'il fait à tout ce qui
regarde la fiegure de la Place
es Victoires, & qui font autant
d'embellissemens nouveaux,
&: de témoins éclatans
delavive ardeur qu'il a pour
Sa Majesté
, on trouva huit
Inscriptions nouvelles écrites
en lettres dorées au feu, &
dans huit Cartouches de
bronze doré, attachezautour
du Piedestal
, qui porte cette
Figure couronnée par la Victoire.
Cette augmentation
de beautez
>
après l'estat où
Mr de la Feüillade a mis la
Figure, fait voir que lors qu'il
s'agit de faire quelque chose
qui regardelagloire du Roy
,
il n' y a rien d'assez grand
pour le pouvoir satisfaire,
Voicy ce qui remplit les huit
Cartouches.Les deux qui font
au dessous du Roy & entre les
deux Esclaves qui regardent
l'Hostel de laFeüillade
, contiennent
les paroles suivantes.
I. CARTOUCHE.
Il avoit sur pied deux cens
quarantemille hommes d'Infanterie
,
vsoixantemille chevaux
pins les Troupes de ses .drmées.
AItvalesjors qu'ildonna laPaix
à l¡''EEuropeen 1678(").
II. CARTOUCHE.
Sa fermetédans "/:,), douleurs
rassura les Peuples desolez au
mois de Novembre 1686.
Voicy ce qu'on lit dans
les deux Cartouches de la
face droite du Piedestal ,qui
est du costé de la ruë des Petits-
Champs.
III. CARTOUCHE.
Aprés avoir fait d'utiles Reglemenspour
le Commerce, (')
reformé les abus de laj'ijlicc> l
donna un grandexcnpled'équité
enjugeantcontresespropres ,jntfrests
en faveur des Habitans de
Paris dans une affaire de! sieurs millions.
IV. CARTOUCHE.
Six mille jeunes Gentilshommes
Jepa^e^ par Compagnies,
gardentsesCitadelles,ven remplacentdes
Ofifciersdeses Troupes
; & leur éducation rft dignt
de leur naissance.
Les deux Cartouches qui
font du costé de l'Eglise des
Religieux appellez les Petits-
Peres,fontvoir ce qui suit.
V.CARTOUCHE.
Deuxcens dix Places,Forts,
Citadelles
, Ports, v Ha'1-'(c5
fortifiez gjf revestusdepuis 1661»
jusques à 1086; cent quarante
mille hommesdepied, vtrentemilleChevaux
p.'ye^ par mois ;, assurent Jes Frontieres.
VI.CARTOUCHE.
Il a bastyplus de cinq cens Esqu'il a dottt'Sde riZ'c/itiy
considerables
, & il a estably
l'entretien dequatre censjeunes
Demoiselles dans la magnifique
Maison de S. Cir.
Voicy ce que renferment
les Cartouches du derriere du
piedestal qui regarde la ruë.
VII.CARTOUCHE.
Il a basty un superbe
j &*'
'Va/le édifice pour les Ofifciers &
Soldats que l'âge er les bltfju•*
res rendentincapablesdejervir^
mille livres de rente.
VIII. CARTOUCHE.
L? nombre desoixante mille.
Matelots enrolez,
,
dont vingt
miÜe fontemployer*sonservice
, (èj les quarante mille
Autres au commerce de ses Sujets,
marque la grandeur, dr le
bonordre delaMarine.
Vousvoyez Madame, que
ce qui est contenu dans ces
huit Cartouches donne uuç
haute idée de la vie du Roy,
&qu'onne peut dire plus de
choses en moins de paroles,
nyen faire concevoir davantage.
Chacun s'attacha à lire
ces Eloges,& l'on y prit beaucoup
de plaisir. Le Roy eut
ensuite la bonté d'aller voir
un des Fanaux qui font aux
quatre coins de la Place. Celuyoù
Sa Majefié alla, est le
seul qui soit achevé. Le nom
de Fanaux a estédonné à ces
ouvrages à cause des Fanaux
quifont au dessus. A chaque
endroit où ils ont esté placez,
il y a un groupe de trois colomnes
de Marbre sur un piedestal
de mesme matiere. Au
dessus de chaque groupe est
un Fanal composé de plusieurs
lampes, qui brulent
pendant toutes les nuits, &
pour l'entretien desquelles,
M le Duc de la Feüillade a
estably un fond. Enrre les
colomnes de chaque Fanal,
pendent six Médailles de
bronze
?
dans chacune desquelles
font representées
quelques actions du Roy, ce
JlUi fait vingt quatre Médailles
pour les quatre Fanaux.
Il y a dans le piedestal de chaque
groupe de colomnes , six.
Vers Latins; de maniéré que
le sujet de chaque Medaille.
cftexpliqué par deux de ces
Vers. Les lettres en font de
bronze doré au feu, ainsi que
les bordures & les autres ornemens
des Médailles.Voicy
lesavions deSaMajesté qui
font representées dans chacune
des six Médailles fonduës
en bronze. - - -
La premiere Médaille marque
la paix que le Roy a donné
à l'Europe en 1677. Elle est
expliquée par les Vers fuivans.
»
Teduce,te Domino, LODOIX,
prona omnia Gatio>
Urbesvicapere dociliquoqueparcere
captis.
La secondé represente le
passage du Raab, où les François
qui sauverent l'Allemagne
acquirent une gloire immortelle,
&: Mr de la Feüillade
une réputation
,
qui fera
vivre éternellement son n0111
dans l'Histoire, Les Vers qui
font connoistre cette grande
action, [one,
Et Traces sensere queat quid
Gallicavirtus,
Arrabo cæde tumens , &servata
Austria testis.
Onvoit dans la troisième
Medaille la grandeur, & la
magnificence des Baftimcns
duRoy, ce qui Ce reconuqi#
par les Vers suivans.
Quanta operum moles, &
-
-
quanto surgit ad auras
Vertice!sic positis LOVOIX
agit otia bellis.
Ces trois Medailles font
du costé de la Rue des Pc..
tirs-Champs, & font une
chute les unes sur les autres. ,Les trois autres font plus en
dedans de la Place
,- & en
regardent leBastiment. Elles
sontplacées de la me[mc
raani^te que celles dont jçL
viens de vous parler, c'est à
dire,qu'elles font entre deux
colomnes,&forment un rang
les unes sur les autres. La plus
élevée represente le Roy qui
ordonne qu'on rende les Places
qui ont estéprises à ses
Alliez. On n'a qu'à lire les
deux Vers suivanspourconnoistre
ce qu'elle contient.
Reddere Germanos LODOIX
regnataSueco
C> Arva jubet , Danosque
,
ladcr
~pe~ ~fflftupet Albis.
La Medaille qui suit fait
voir la jonction des deux
Mers
_j
ce que ces deux Vers
expliquent tres-bien.
Misceri tentata prius,Jeniferque
negata
Æquora,perpetuo LO D01Ji
dat foedere jungi.
On n'a qu'àjetter la veuë
sur la derniere de ces six Medailles,
pour y reconnoistre
d'abord l'Audience donnée
par le Roy aux Abassadeurs
xic Siam, & l'on n'a qu'à lire
les Vers suivans pour apprendre
que la renommée ayant
publié dans les Païs les plus
reculez, tout ce qui rend U
Roy l'admiration de l'Univers,
les Souverains de toutes
les Parties du monde, ont
envoyé des Ambassadeurs
pour estre témoins de sa
grandeur.
Ingentem Lodoicum armis,
ma^ne ,
fidemque
EgrejpimScitbia&Libit vt
nerentur~& Indi.
LLeeRoyaprès avoir consideré
avec une attention dignede
sa bonté, les changemens
qu'on avoit faits à la
Place des Victoires depuis le
jour que Sa Majesté y estoit
venuëj&:avoir fait à Mr de
la Feiiilladc»&àMr le Prévost
des Marchands tout
l'accueil qu'ils en pouvoient
cfpercr, partit aux cris de
Vive leRoy,mille&mille
foisréïterez
, car quoy que
la Place fust déjà fort remplie
de Peuple lors que Sa
Majesté y arriva, la foule
augmenta de telle forte sitost
qu'Elle y fut entrée,
qu'on auroit dit que tout
Paris y estoit,si sa grandeur
& le nombre prodigieux de
ses Habitans estoient moins
connus.
La pluspart des Officiers
qui ont accoutumé d'aller à
cheval, s'estant jointsensemble
pour prendre des Carosses,
afind'éviter la poudre qui iri1
commode beaucoup en cette
saison
)
& pour estre plus en
estat de servir le Roy, il y
tn avoit un nombre infiny
à la suite de la Cour, la dén
pense ne leur coutant rien
lors qu'il s'agit du service
d'un Monarque aussî agreable
à ceuxqui ont l'honneur
de l'approcher souvent, qu'il
est redoutable à ses Ennemis
& admiré de toute la Terre.
Je puis en parler ainsi sans
flaterie; & il merite tous M
jours de nouvelles loüanges.
par desendroits qui n'en ont
jamais attiré à aucun Prince.
Aussi peut-on dire que non
feulement il ne laisse jamais
échaper aucune occasion de
faire du bien, mais qu'il cherche
mesme de nouveaux
moyens d'en faire
, & qu'il
tft ingenieux à les trouver;
Ne croyez pas que cecy soit
avancé comme une loüange
vague. Je ne le dis que parce
que j'ay à parler d'un fait
sur ce sujet, qui découvre le
caractere de bonté du Roy,
autant que ses avions d'éclat
font connoistre sa puissance,
& la grandeur de son ame,
C'est icy le lieu demettreen
ion jour le fait qu'il faut que
Je
vous explique, puis qu'il
regarde la fuite de sonVoyage.
Je vous diray donc que
pendant toute la route? Sa
Majesté a presque toujours
dînédansdesVillages. Vous
allez sans doute vous imaginer
(& vostre sentiment fera
generalemeut suivy) que les
Villages
Villages les plus forts & lc^
plus riches ne leftoient pas
trop, pour avoir l'honneur
de recevoir un si grand Monarque.
C'estoit cependant
tout le contraire; le plus pauvre
avoit l'avantage d'estre
préferé, & l'on a veu cela
observé dans toute la route
avec une exactitude que je ,,'
ne sçaurois assez marquer.
Vous n'en pourrez douter,
lors que je vous auray dit
que Sa Majesté, qui ne fait
., point de Voyages sans avoir
la Carte des Païs où Elle va
examinoit tous les jours sur
celle qu'on luy avoit fournie,
les lieux par lesquels il falloit
qu'Elle passast. Elleyvoyoit
tous les Villages, Elle s'informoit
de leur estat, Ôc
nommoit ensuite le moins
accommodé, parce que la
Cour ne s'arreste en aucun
lieu sans y répandre beaucoup
d'argent. C'est ce qui
s'est fait dans tous les Villages
où l'on a este obligé de
s'arrester pendant ce dernier
Voyage. Le Roy dînoit
fous une Feüillée,&
l'onen dressoit aussi pour
les principales Tables de la
Cour. Ainsi tous lesPaïsans
estoientpayez pour couper
des branches de verdure, &
pour travailler à la construction
de ces Feüillées.Ils tiroient
ausside l'argent de
tout ce qu'il y avoit dans leur
Village qui pouvoit servir
aux Tables, & de tout ce
qu'ils avoient d'utile aux
é,quip- ages de la Cour, a.1insi
que de leur foin & de leur
avoine ; & le Roy ne laissoit
pas outre cela de leur faire
encore sentir ses liberalitez;
en forte que ces heureux Villages
le souviendront longtemps
d'avoir veu un Prince
qu'on vient tous les jours admirer
du fond des Climats
les plus reculez.
LeRoy estant sorty de la
Place des Victoires
, trouva
encore une infinité de peuple
dans les autres ruës de Paris.
qu'ilavoitàtraverser, Les dC4
monstrations d'allègresse ne
cesserent point, non plus que
les cris de Vive le Roy, de maniere
que cous les Peuples étant
animez duineline zelcon
eust dit que ces cris dejoye
n'estoient qu'un concert des
mesmes personnes, quoy qu'à
mesure que Saavançoit,
il fust formé par diverses
voix. Le Roydîna ce jour-là.
au Vllage de Bondy, (^ rencontra
sur le cheminM leBaron
deBeauvaisavec tous les
Gardes & les Officiers des
Chasses de sa Capitainerie,
dans toute l'étendue de laquelle
ce Prince luy permit de
l'entretenir à la portiere de
son Carosse. Les Plaines de
S. Denis dépendent de cette
Capitainerie. Mr le Prévost
des Bandes parut sur la même
route, & posta diverses
Brigadesauxenvirons des
Bois. Les Dames que je vous
ay marqué qui estoient du
Voyage, avoient l'honneur
de dîner avec Sa Majesté,
ainsi que Madame la Comtesse
de Gramont, & Madame
de Mornay, que je ne
vous ay pas nommées. Madame
de Moreüil, & Madame
de Bury? Dames d'honneur
de Madame la Duchesse,
& de Madame la Princesse
de Conty, eurent le mesme
avantage. Les Filles d'honneur
ne dînerent point avec
Sa Majesté,mais elles y souperent.
Il fut réglé ce jour-là
qu'il n'y auroit à l'avenir que
deux Filles d'honneur des
deux Princesses qui auroient
ce privilège. Le nombre des
Princesses auroit esté encore
plus grand dans ce Voyage,si
lors que le Roy partit, Mademoiselle
d'Orléans ne s'estoit
point trouvée àEu, &Madame
la Duchesse de Guise
,
aux Eaux de Bourbon. Madame
de Montespan auroit
aafli esté duVoyage, mais
le foin de sa santé l'avoit
obligée d'aller prendre de
ces mesmes Eaux. Monsieur
le Prince,Monsieur le Duc ,
lx, Monsieur le Prince de
Conty n'ont point quitté le
Roy.
Monseigneur leDauphin.
qui après avoir GÜy la Mette*
estoit party de Versailles des
le grand matin pour aller
chasser dans la Forcit de Livry
, yprit un loup des plus
vieux,&congédia Mr le Chevalier
d'Eudicour, Frere du
Grand Louvetier de France,
&toutl'équipage de la Louveterie;
à la teste duquel il
estoit.Le mesme jour,le Roy
aprèsavoirdîné alla chasser
dans les Plaines& sur les coteaux.
Sa Majesté
, a pris le
mesme divertissement pendant
toute la route, comme
je vous le diray dans la fuite
de cette Relation.
Monseigneur le Dauphin
arriva à Claye avant six heures
du soir, parce qu'ilsçavoit
que c'estoit à peu prés
l heure où le Roy devoit s'y
rendre. Il changea d'habit&
alla au devant de Sa Majesté,
On connoist par là combien
ce Prince est infatigable,qu'il
tn galant, & qu'il a beaucoup
de tendresse pour le Roy.
Sa Majestéarriva à Claye
à l'heure que je viens de vous
marquer, & fut commodementlogée
dans lamaison de7
M Enjorant, Avocat general
duGrand Conseil
>
& Seigneur
en partie de ce Village.
Il eut l'honneur de ialuer
leRoy, qui le receut avec
cet air engageant qui est
si naturel à ce grand Mo*
narque. Comme toute sa
maison estoit marquéepour
le. Roy, les Maréchaux des
Logis en marquerent une
pour luy dans le Village, lors
qu'ilsmirent la craye pour
le logement des Officiers qui
estoient du Voyage; de forte
qu'il fut regardé ce jour-là
comme estant de la Maison
de Sa Majesté. La qualité
d'Hofie duRoy futcelle que
les Maréchaux des Logisécrivirent
en mettant la craye
sur le logis qu'ils luy destinerent.
Monseigneur,& Madame
la Duchesse eurent des
[Appârtemens vers le Château
où le Roy logea.Madame la
Princesse de Conty,&Monsieur
le Duc du Maine loge- 1
rent dans la Ferme de Mr
d'Herouville, Maistred'Hostel
deSaMajesté. Messieurs
les Princes du Sang eurent
ensuite les logis les plus commodes,
&: ceux qui voulurent
estre plus au large,allerent
à Meaux.
} M de laSourdiere, Ecuyer
de Madame la Dauphine, qui
cil le mesme qu'elle envoya
cnBavicrc? pour porter à M*
l'Electeur de cc nom) la nouvelle
de la naissance de Monseigneur
le Duc de Berry,
vint à Claye de la part de
cette Princesse
, pour ravoir
si Sa Majesté y estoit arrivée
en bonne santé.
Il y aicy à remarquer une
choseque personne n'a peutestre
jamais observée.C'est
que lors que les Princes de la
Maison Royale font separez,
sans estreéloignez les uns
des autres -que d'une journée>
ilss'envoyent tous les
jours un Gentilhomme pour
s'informer de l'estat de leur
santé,maisaussi-tost qu'ils
commencent à s'éloigner davantage
,
ils ne se donnent
plus de leurs nouvelles que
par des Courriers, qui leur
en apportent tous les jours.
Dés qu'ils reviennent à une
journée de distance
,
ils recommencent
à se dépescher
un Gentilhomme,& c estpar
cette raison que Madame la
Dauphine n'en renvoya plus
qu'après que le Roy commença
d'approcher de Versailles.
Ce Prince estant arrivé à
Claye entre six & sept heures
du [oir) y receut un Gentilhomme
de Madame, &: dépescha
aussi-tost à leurs AItérés
Royales Mdu Boulay,
Gentilhomme ordinaire de
sa Maion, pour apprendre
des nouvelles de la santé de
Monsieur, qui s'estoit trouvé
mal le matin à la Messe de
Sa Majesté à Versailles.
La Cour fut tres- bien logée
à Claye,parce qu'on étendit
les logemens jusques à un
lieu voisin
)
qui est un Hameau
contigu à ce Village,
dont il n'est separé que par
un petit ruisseau? qui fait
trouver aux portes des maifons
des Païsans,desPrairiestres
agréables,plantées avec
soin &avec compartiment.
Je ne vous marque point
les lieux & les heures où le
Roy a tenu Conseil. Ce Prince
ne manque jamais de temps
pour ce qui regarde les affairesde
l'Etat.Illeur sacrifie son
repos & ses plaisirs
}
il tient
Conseil en tous lieux? & à
toute heure ,quand ille juge
important pour le bien de
son Royaume,& il a travaille
dans le Voyage de Luxembourg,
avec la mesme
application qu'il fait à Versailles.
Il est vray que ce n'a
pas esté avec tous ses Ministres
,Mrde Croissy estant le
seul qui soit party de Paris
avec ce Monarque, mais
tomme il est luy-mesme son
premier Ministre,on peut dire
qu'il travaille souvent seul
autant que dans le Conseil,
Sa Majesté donnant aux
affaires pendant ce Voyage
autant d'application qu'à
l'ordinaire
,
voulut que sa
Cour trouvast par tout les
mesmes plaisirs, pendant
qu'Elle ne vouloit se retrancher
ny les peines,ny les soins
qu'on luy a toûjours veu
prendre depuis qu'Elle gouverne
par Elle-mesme ; &
pourcet effet Elle resolutde
tenirpartout Appartement.,
Ainsi dés lapremiere couchée
,qui estoit à Claye, on
trouva plusieurs chambres
préparées pour divers Jeux.
& chacun joüa avec lamesme
tranquillité? & aussi peu
d'embaras que si l'on eust
citéencoreà Versailles, tant
les ordres avoient esté bien
donnez pour les logemens,
:& pourtoutce qui pouvoit
contribuer à la commodité
desPersonnesde clualt"lui
suivoient la Cour.Les Appartteemmeennssoonntt
pprreeslqquuee ccoonnttIinnuueétous
les jours pendant tout
le restedu Voyage.
Monseigneur le Dauphin,
partit de Claye le lendemainonzièmeàsept
heures du.
matin. Ce Princechassatout
le jour dans la Forest deMonceaux
; &commeSa Majesté
devoir coucher ce jour-là à
laFerté sur Joüare, il prit le
party d'y arriver enchaOanCp
;,&de courre le Cerf dansles
:b.uiflx>ns ; ce qu'il fîtavecles
chiens de Mr le Chevalierde
Lorraine. Il prit plusieurs
Cerfs; entre lesquels il y en
avoit un qui se fit courre
long-temps, & qui passa dixhuit
étangs à la nâge.
Le Roy, après avoir entendu
la Messe à Claye, alla
à Monceaux. Toute la Cour
passa dans Meaux, pour se
rendre à cette Maison Royale
, & lors que Sa Majesté
l'eut traversée au bruit des
acclamations du Peuple,Elle
trouva le Regiment de Vivans
qui l'attendoit en ba.
taille. C'est un Regiment de
Cavalerie
>
auquel on ne peut
rien ajoûter,tant pour la
bonté des Cavaliers, que pour
la beauté des chevaux. Ce
Regiment alloit au Camp de
laSaone,& avoit un sejourâ
Meaux?ce qui fut causequ'il
eut l'honneur d'estre veu du
Roy. Sa Majesté en fut trescontente,
de le trouva beau.
Elle eut mesme labonté de
vouloir bien recevoir un
Chien couchant de Mr Li:"
grades qui le commande. Le
Roy dîna à Monceaux. C'est
un vieux Chasteauqui a fait
le plaisir de plusieurs Rois,.
& qui appartient à Sa Majesté.
Ce lieu qui est fortriant,
a une tres-belle veuë, & le
Bastiment enest magnifique..
Le Roy voulant honorer l'ouvrage
de ses Ayeux? le fait
reparer? & bien-tost on ne
verra plusrien en France qui
ne porte des marques de sa
magnificence&de sabonté.
Toutes les Maisons Royales
ayant
ayant pour Capitaine une
personne d'une qualité distinguée,
MrleDuc deGesvres,
premier Gentilhomme
de la Chambre, & Gouverneur
de Paris,joüit de la Capitainerie
de Monceaux?que
possedoitMrle Duc de Trêmes
son Pere. Il vint recevoir
SaMajesté
,
accompagné du
Lieutenant, & de tous les
Officiers & Gardes des Chasses
qni dépendent de luy, à
l'endroit où la Capitainerie
duit jusqu'au mesme endroit
par Mr le Marquis de Livry ,
aussi Capitaine des Chasses de
Livry &c qui avoir esté recevoir
ce Prince jusques à
Bondy avec tous ses OSiciers.
Le Roy? qui avoit dépesché
le foir précedent Mr du
Pouhy
, pour sçavoir l'estat
de la fanté de Monsieur, en
apprit des nouvellesà Monceaux
parce mesme Gentilhomme
, qui arriva pendant
<qjuuee SSaa Maaj*ecsttlé' estoit à table,
êc luy rapporta que Son Altesse
Royale avoit pris du
Quinquina , & dormy assez,
tranquillement depuis quatre
heures du matin jusques
a dix. Ce Prince monta à
cheval à l'issuë de son dîné.
avec Madame la Princesse de
Conty, & deux des Filles
d'honneur decette Princesse,
& alla à la Chasse de l'Oiseau.
Tant que l'on a demeuré
dans l'étenduë de la Generalité
de Paris,Mde Menars
qui en a l'Intendance
, n'a
point quité le Roy afin d'être
toûjours en estat de recevoir
ses ordres, & luy a
rendu un compte exact de
toutes les choses qui regardent
son Employ.Cela fait
voir que Sa Majestés'applique
sans cesse,puis quemesme
dans le temps de ses plaisirs,
Elles'entretient plûtost de ce.
qui se passe dans son Royau-.
!De, que de ce qui peut avoit
rapport à son divertissement
Ce Prince ayant l'esprit ex-r
'- - -.. - -
tremement pénétrant,unmot
luy fait aprofondir bien des
choses, de forte que ce qu'il
aprend lors qu'ilsemble ne
s'informer que par converfation
de ce qui se passe
,
luy
donne lieu de remedier à
quantité de desordres, & fait
que souvent il en prévient
d'autres. Pendant toute sa
marche il a toûjours esté
prest à écouter & à satisfaire
par ses réponses, ceux à qui
sa bonté a permis de luy parler
; & quelquefois lors qu'il
avoit commencé à jouer)aiffn
<J..e la Cour se divertist, il
quittoit le jeu, & travailloit,
ou s'occupoit à faire du
bien.
Mr l'Evesque de Meaux s'est
prouvé par tout où le Roy
a passé dans son Diocese, &
sçachant que le principal
foin de ce Prince estoit que
toute sa Suite entendist la
Messe, &: particulièrement les
Dimanches, ce Prelat envoya
plusieursReligieux à Claye,
& en envoya aussi dans les
Quartiers desGardes duCorps
& dans ceux des Mousquetaires)
des Gendarmes,&des
Chevaux-Légers.LaCour ne
Cf manquoit pas d'Ecclesiastiques
pour la Maison du Roy,
-& Mr l'Evesque d'Orléans -a--
Voit ,in de regler les tempsauGjaeÊs
chacund'eux devoit
C,elcb,-e"la Messe.
Toute la Cour arriva de
bonne heure àla Ferté sur
Joüare. C'est un lieu situé
dans une gorge enchantée,
au fond d'une plaine. LaRiviere
de Marne contribuë
beaucoup à la beauté du païsage,
& à la fertilité du Terroir.
Le petit Morin vient la
grossir auprés & au dessus
de l'Abbaye, & y forme mille
Prairies abondantes en pâturages.
Ce Bourg est dans la
Brie Champenoise,entre Chasteau-
Thierry & Meaux. Les
Prétendus Reformez le prirent
vers l'an 1562. pendant
les Guerres Civiles du der-
-
nier Siecle. La Chasse y fut
tres-divertissante. Le Roy y
vola des Corneilles. Mr de
Terrameni, Capitaine du Vol
des Oiseaux du Cabinet du
Roy ,a eu beaucoup d'honneur
dans ce Voyage. Les Equipages
y ont fort paru, &
il s'en: attiré beaucoup de
louanges pour tout ce qui
regarde sa Charge.
On admira à Joüare un
Pont qui joint le Chasteau
au Fauxbourg. Ce Pont a
cousté beaucoup. Il effc fait
de bois sans appuy ) tout suspendu,
& soutenu feulement
par l'épaisseur des pieces qui
le composent Il est de soixante
& quatre pieds de
long, & depuis qu'il est construit
>
il n'a rien perd u ny de
sa beauté,ny de saforce. On
coucha dans le Chtsteau, qui
appartient à Mrle Comte de
Roye. - Il est situé dans une
petite Isle fortagreable.Monseigneur
prit place dans le
Carosse du Roy. Une des
Dames luy ceda la sienne, &
se mit dans le second Caloife)-
ce que quelques-unes
ont fait alternativement.
Monseigneur n'y estoit que
pendant une partie du jour,
parce que la Chasse
,
dont on
trouve l'exercice utile à sa
santé
)
l'occupoit souvent.
Madame la Princesse d'Harcour
eut ce jour-là un accés
de Fiévrequil'obligea de
partir plus tard. Il fut suivy
d'un second accès de Fièvre
double-tierce. Elle prit du
Quinquina, &la Fiévre ne
luy revint pas. Toute la Cour
en marqua beaucoup de LOYc..
On dîna le it. à liffct
éloignée de quelques Villages
qui sont aux environs,
&qui appartiennent aux Celestins.
On allasouper à
Monmircl
,
qui appartient à
Mr de Louvois. Toutes les
Dames,& plusieurs Seigneurs
de la Cour eurent l'honneur
de souper ce soir-là avec le
Roy. La Table estoitde seize
couverts, On apprit en ce
lieu-là la mort de Madcmoiselle
de Simiane, dont
je vousaydéjà parlé dans ma
Lettre precedente. On y apporta
aussi la nouvelle de la
mort subite de Mr l'Evesque
d'Amiens, qui surpritd'autant
plus, que M de Breteuïl
assura que depuis deux jours
il avoit soupé avec ce Prélat.
Ces deux morts firent parler
de celle d'un descent Suisses
de la Garde de Sa Majesté,
qui estoit mort le matin en
s'habillant. Il y a une tresgrande
quantité de Lievrts
>
& de Perdrix à Monmirel,
Le Roy y pritle divertissement
de la Chasse, & alla voler.
Ony sejourna le 13 & toute
la Cour y demeura avec
joye, parce que le vent estoit
violent à la campagne, &
qu'il y avoit beaucoup de
poussiere. On se promena
dans les Jardins, & le Roy
au retour de la Chasse prit
le divertissement de la promenade
avec les Dames sur
les Terrasses, qu'il trouva fort
belles. Monmirel efl dans un
territoire tres-fertile.
Mr de Louvois qui ne s'applique
pas moins à tout ce
qui peut faire fleurir les beau::
Arts dans le Royaume,qu'à
ce qui est de la Guerre , va
faire establir une Verrerie à
Montmirel
, & la Cour en vit
tous les apprêts.
Le Roy y tint deux fois
Conseil avec Mr de Ci-oiffy ;
c'est ce que Sa Majesté a fait
chaque soir
>
après estre arrivée
dans tous les lieux où
Elle a esté coucher. Elle prit
! aussiàMontmirel le divertissement
du vol du Milan. Le
sejour que l'on y fît, & qui
n'avoit pas esté marqué dans
1i route, fut cause que
l'on retrancha celuy qu'ondevoit
faire à Châlons
)
afin
que le Roy qui ne manque
jamais à executer les desseins
qu'il prend, puft se rendre à
Luxembourg le jour qu'il y
estoit attendu.
Toute la Cour partit de
Montmirelle 14. & alla dîner
à Fromentiercs. A cinq heures
on avoit paffé le défile
d'Etoges. Sa Majesté prit
congé des Dames, & monta
à cheval pour aller chasset
dans les belles plaines de
Champagne. On alla coucher
à Vertus. Ce lieu a este
autrefois considerable, & étoit
l'apanage des Cadets des
Comtes qui portoient le nom
de la Province. Du temps de
Sigebert Roy de Mets, qui
vivoit en 570. il y avoit un
Duc de Champagne nommé
Loup, qui témoigna beaucoup
de fidélité, à conserver
les Etats du jeune Roy Childebert
, contre ceux qui les
vouloient envahir. Il y eut
ensuite plusieurs Ducs de
Champagne
,
mais ce titre de
Ducqui n'estoitpas alors une
dignité perpetuelle, ne faisoit
que marquerune forte de
gouvernement. Le premier
Comtehereditaire de Champagne,
fut Robert de Vermandois
,
Fils d'Herbert IL
&d'Hildebrante, qui se ren-
,
dit maistre de la Ville de
Troye en 253.Je ne vous dfe
rien de ses Successeurs. Ils
continuerent la poiterité jusqu'à
Thibaud IV. surnommé
le Posthume ou le Faiseur de
Chansonsqui succeda à son
Oncle maternel
,
Sanche le
Fort,au Royaumede Navarre.
Il mourut à Troye en 1254.
estant de retour du Voyage
d'Outremer. ThibautV. fou
Fils qui avoit épousé Isabelle,
Fille du Roy Saint Loüis,
estant mort sans Enfans après
avoir fait lemesme Voyage.
laissà ses Estats à Henry ~HI
son Frere. Ce dernier n'avoit
qu'une Fille nommée Jeanne,
qui en 1184. épousa Philippes
le Bel pendant la vie de
Philippes le Hardy son Pere ,
&. depuis ce temps ,la Champagne
a esté inseparablement
unie à la Couronne de France.
Les Comtes de Champagne
faisoient tenir ks Etats de
leur Pays par sept Comtes
leurs Vassaux
,
qu'ils appelloient
Pairs de Champagne.
C'estoient les Comtes de
Joïgny, de Retel >de Bricnîic>
de Roucy
?
de Braine , de
Grand-Pré, &deBar-fur-
SIelinye.
a trois Eglises à Vertu,
avec deux Abbayes hors les
portes. Les Guerres yont laifsédes
marques de leur fureur,
quine peuvent estreeffacées
que par le regne deLoüisLE
GRAND. Le Roy y fut 1-ogc
fort étroitement, & comme
cestoit sur la rue
?
il fut exposé
au bruit du passage des
équipages de la Cour. Ce
Prince auroit pu estremoinsmal
;mais ne pouvant renoncer
à ses manières honnestes,
qu'il conserve mesme aux dépens
de son repos ,
il aima
mieux que celuy des Princesses,
re fust point troublé ,
fk voulue qu'elles fussent logées
plus commodementque
luy.
Le JJ: toute laCour dlfnx.
àBierge
, ôc alla coucher
à a Bierge >-,
& Châlons. Cette Ville est en
Champagne, ôcson Evesché
est Suiffragant del'Archevesché
de Rheims. Elle est ancienne
,
& dés le temps de
Julien l'Apostat, elle tenoit
rang entre les premieres Villes
de la Gaule Belgique, Il y
a de belles rues avec des
maisonsassez bienbasties. La
Place où l'on voit la Maison
de Ville, & celle où est l'Eglise
Collegiale de Nostre-
Dame,font les plus considerables.
La Cathedrale de Saint
Estienne est dans une Isle que
forme la Riviere de Marne,
dont une partie entre dans la
:Ville, &y fert beaucoup pour
la commodité des Habitans.
Elle a de ce cofté-là d'assez
bonnes Fortificarionsquele
Roy François I y a fait faire,
& elle est entouréedemurailles
avec des Fossez presque
toûjours remplis d'eau. Il y
a encore douzeParoisses,entre
lesquelles plusieurs font Collegiales
Les avenues de Châ-
Ions font tres-agreables >& il
y a autour de la Ville plufleurs
lieux de promenade,
entre lesquels celuy du Jare
cil fort renoffilné. La Riviere
,-' der
de Marne qu'on passe sur divers
Ponts, la rend une Ville
de negoce. Elle a eu des Comtes
qui ont cedé leur droit
aux Evesques. C'est par là
qu'ils font Comtes Pairs de
France.
Le Roy entra à cheval à
Châlons
) & fut receu par
le Maire & les Echevins. On
ne luy fit aucune harangue,
parce qu'il avoit fait donner
lordre dans tous les lieux par
IOÙ il devoit passer
)
qu'on ne
le haranguast point ; mais il
eut la bonté de vouloir bicri
recevoir les Presens de Ville,
Le Chapitre de la Cathédrale
eut aussi l'honneur de le famlücr,
ayant à sa teftcM l'Evê.
que deChâlons. Les Chanoines
se recrierent ensuite sur lai
douceur, & sur l'affabilité det
ce Monarque, dont ilsnecesfent
point de parler, Madame:
la DuchessedeNoailles lai
Douairière, qui a esté Dame
d'Atour de la feuë Reyne:
Mere du Roy, & dont la vertu
exemplaire a toûjours çftç:
applaudie,caril en - cft de
faussesqui n'imposent pas a
tout le monde, eut le mesme
honneur. Sa Majesté luy fit
d'autant plus d'honneftetez,
qu'il y along-temps que son
merite luy est particulierement
connu. Le Roy se retira
ensuite -pour tenir Conseil.
Mr le Duc de Noailles
> &
M l'Evesque de Châlonsfon
Frere ,
firent servir plusieurs
Tables magnifiques, pour
toutes les personnes de la
Cour qui voulurent y manger.
Le Jarc leur servit de promenade
pendant quelques
heures. Je ne m'étens point
icy sur la beauté de ce lieu,
parce que j'en ay fait une
description dans le Volume
que j'ay donné, qui ne contient
que ce qui s'est passé au
Mariage de Monseigneur le
Dauphin. Il y eut au Jare une
prodigieusequantité de personnes
de toutes conditions,
que l'impatient dehr de voir
le Roy avoit fait venir de
toute la Champagne. Les
principaux Officiers de la
Ville de Troyes se rendirent
à Châlons? & firent vingt
lieuës pour avoir l'honneur
de salüer ce Monarque. Les
Dames de la Province eurent
beaucoup de chagrin de l'ordre
qui fut donné, de n'en
laisser entre,r faulc.unIela.u1so1u- per , qui n'eust ellenommée
par Sa MLijefté.C:lles qui
crurent n'estre pas assez connuës
pour pouvoir estre du
nombre, ne se presenterent
point, dans la crainte d'estre
refusées,ce qu'on ne trouva
pas ordinaire, & qui fut fort
remarqué. Le Roy eut la bonté
de permettre qu'on les laissast
toutes entrer le lendemain
dans le Choeur de FIL
g-I.Ife>o-t'i elles eurent le temps
de considerer SaMajesté &.
Jtoute la Cour pendant que
l'on dit la Messe.La Musique
de cette Cathedrale chanta
un Motet, dont il parut que
l'on fut assez content. Mr
Evesque Comte de Châlons,
,& Mr le Ducde Noailles accompagnerent
toûjours le
Roy tant qu'il demeura dans
cette Ville. On auroit bien
voulu sejourner dans un lieu
aussi
-
beau & aussispacieux
que celuy là, où les logemens
estoient fort commodes;mais
les mesuresestant prises pour
se rendre à Luxembourg au
jour marqué, on partit le 16.
à dix heures précises du matimpour
aller coucher à Sainre-
Menehout.MdeChâlons
accompagna le Roy jusques
aux confins de son Evesché,
& Mr l'Evesque de Verdun
le reçût à l'entrée du fien.
La journée de Chalons à
Sainte-Menehout se trouva
fort longue pour les Equipages.
On dîna à Bellay, qui
n'est qu'une Ferme sans aucune
autremaison aumilieu
de la camp.-,gnc,& on rendit le
lieu agreable pour y recevoir
le Roy. Sa Majesté y chassa
pendant une partie Je l'aprésdînée,
& alla coucher à
Sainte-Menhout. Cette Place
qui avoit estéprise sur
nous pendant les temps difsiciles,
fut reprise en 1653. par
Mr le Maréchal du Plessis-
Pralin; & ce Siege que le
Roy voulut presser en per,
sonne
,
obligea Sa Majesté
d'aller en Champagne en ce
temps-là. Le Roy ne trouvant
pas la Cour assez commodement
logéedansSainte-
Menehout, resolut de n'y
passer pas la Feste du S. Sacrement
à son retour, &
nomma Chalons pour y faire
la ceremonie de cette FesteCela
obligea de retrancher
un des jours du sejour, de Luxembourg.
Le Roy conti-
Ilua de donner par là des
marques de sa bonté à toute
la Cour,& Mr l'Evesque de
Châlons montra tantdejoye
de ce qu'il auroit l'honneur
de recevoir encore ce Monarque
,que plufieufs luyen
firent compliment.
Le 17. le Roy entendit la
Messe aux Capucins, & fit
de grandes libéralités a leur
Convent. On alla ensuite dV;
ner à Vricourt ,
prés de Clermont
en Argonne. Les chemins
se trouvèrent fort rudes
,dans des bois, dans des
montagnes, & dans des valées
d'un terroir remply de
pierres. On arriva d'assez
bonne heure à Verdun?où
l'on fut si bien logé) que ce
fut avec plaisir
que l'on y
passa la Feste de la Penteccste.
Verdun est une Ville
forte sur la Meuse, & il en
est peu de mieux situées dans
la Lorraine. L'Evesché est
Suffragant de l'Archevesché
de Reims. Cette Eglise a eu
d'illustres Prelats. Ils se disent
Comtes de Verdun,&
Princes du Saint Empire. La
Riviere de Meuse rend cette
Ville agreable par diverses
Isles qu'elle y formé. Le
Roy HenryII. la prit en
IJJI. Le Chapitre de l'Eglise
Cathedrale de Nostre-Dame
est fort considerable.M l'Evesque
de Verdun receut le
Roy dans son Palais Episcopal.
Il est tres-beau, & l'on
y voit jusques à dix pieces de
plein-pied L'air y est admirable.
Ce Palaisest élevé sur un
Roc d'où toute la baffe-Ville
se découvre. Des Prairiesarrofées
par la Meuse
>
& des
vallons assez éloignez, &
tres-fertiles en tout ce qui
est necessaire pour la vie, en
rendent l'aspect des plus
riants. Les ameublemens de
ce Palais sont fort somptueux,
& fervent beaucoup
à faire voir la magnificence
de Mrde Bethune, qui joüit.
en sa retraite de quarante
mille livres de rente, que
luy rapporte son seul Evesché.
Les Anis qu'on appelle
de Verdun, autrement Dragées
de toutes manieres, se
trouvant meilleurs en cette
Ville-là qu'en aucune autre
du monde, elle ne fuit point
l'exemple des autres Villes
dans les Presens qu'elle fait
aux Souverains? & au lieu
d'offrir du Vin, elle donne
de ses Anis. Ainsi elle en sir
present de cent boëtes au
<
Roy. M l'Evesque de Verdun
est Fils d'Happolite de
Bethune? Comte de Selles,
Marquis de Chabris
>
dit le
Comte de Bcthune
, mort en
1665. aprësavoir esté honoré
du Collier desOrdres du Roy
en 16Cu & fait Chevalier
d'honneur de la Reyne Marie-
Therese d'Austriche. Il
avoit épousé en 1629.Anne-
Marie de Beauvilliers, Soeur
de M le Duc de S. Aignan,
qui tant que la feuë Reync
aYcfçuj a eu l'honneur de
la servir en qualité de Dame
d'Atour. Ce Prelat avoit avec
luy Madame de Rouville sa
Soeur,Veuve de M le Marquis
de Rouville, Gouverneur
d'Ardres.Elle eut l'honneur
de manger avec le Roy
dans les trois Repas que Sa
Majestéfit à Verdun.
Le jour de laPentecoste,pres.
que toute la Cour sir ses devotions,
à l'exemple du Roy.
C'estune choseassez extraor.
dinaire pendant le coursd'une
marche. mais quene voiton
point de nouveau fous le
Regne de Loüis XIV. sur
tout pour leschoses qui regardent
la Religion & la
pièce1 Monseigneur le Dauphin
se rendit dans l'Eglise
Cathedrale dés sept heures
du matin;&: après avoir entendu
la Messede M l'Abbé
Fleury, Aumônier du Roy,
ce Prince communia par les
mains de cet Abbé.
Sur les dix heures, le Roy
passa à travers ses Mousquetaires
rangez en haye des
deux costez de la court de
l'Evesché
, &: au milieu des
cent Suisses dela Garde, postez
dans la mesme Eglise.
SaMajestéestoitenvironnée
de ses Gardes du Corps &de
toute sa Cour. Elle se rendit
dans leChoeur, où Elle fut
suiviede Mr l'Evesque de
Verdun,&de tous les Chanoines
de cetteCathedrale.
LeRoyestoit en Habit de
cérémoniec'eit à dire
> en
Manteau,revestu de son Col-
Jjjcr de l'Ordre. Il entendit
là Méfie de Mr l'Evesque
d'Orléans, son premier Aumônier
,
dont il receut la
Communion La seconde
Messeque Sa Majesté entendit,
fut dite par l'un de ses
Chapelains. Au sortir de
l'Eglise, Sa Majesté toucha
prés de cent Malades, dont
Mr leDuc deNoailles avoit
fait amener une partie de
Chalons. Ils estoientrangez
sous les arbres de la premiere
court de l'Evesché. Ce Prince
quitta ensuite son Habit de
ceremonie, & revint avec
Monseigneur le Dauphin, &
toute la Cour, entendre la
grand' Messe, qui fut pontifïcalemenr
celebrée par Mr
l'Evesque de Verdun, &
chantée par la Musique de
la Cathedrale.Cette Musique
plut assez à toute la Cour,
& on trouva la voix d'un des
Enfans de Choeur tres-agreable.
Plusieurs mesme la jugerent
digne de la Chapelle
du Roy. Il y a quatre de ces
Enfans de Choeur qui joüent
du Violon, qui sont, une
Taille, une Haute-contre, &
deux Baffes.
Le Roy eut la bonté de
toucher encore soixante &
dix Malades en sortant de la
grand' Messe. C'estoit beaucoup
après en avoir entendu
trois,&touché d'autres Malades.
Sa Majesté vint l'aprésdînéeentendre
Vespres dans
la mesme Eglise, &: Mr de
Verdun officiaencore en Habits
pontificaux. Le Roy étoit
dans les hautes Chaises à
droite.& aprèsluy,Monseigneur,
Madame la Duchesse,
& Madame la Phnccffe de
Conty. Aprés ces Princesses
estoient Monsieur le Prince-
Monsieur le Duc , Monsieur
le Duc du Maine, & Monsieur
le Comte de Toulouse.
Les Dames occuperent le reste
des places. Jamais les peuples
de Verdun n'avoient vû
ny tant de magnificencesny
une si augusteAssemblée ; &
l'on peut mesme dire qu'ils
n'avoient jamais vû dans leur
Eglise de si grands ny de si
édifians exemples depieté.
Le Roy s'enferma après
Vespres avec le Pere de la
Chaise pour travailler à remplir
les Beneficesqui vacquoient
depuis le jour de
Pasques, qu'il avoit fait une
nomination. On fut quelque
remps sans sçavoir cette derniere
, parce que lePere de
la Chaise n'en dit rien après
qu'il fut forty du Conseil.
Enfinonappritque Mr rAb..
bé de Saint Georges,Comte
de Saint Jean de Lion vnommé
depuis quelque temps à
l'Evesché de Clermont,avoit
esté fait Archevesque de
Tours, & que l'Evesché de
Clermont avoit esté donné
à M l'Abbé de Champigny
Sarron, Chanoine del'Eglise
de Paris. Je vous parlay amplement
de M l'Abbé de S.
Georges
,
lors que le Roy le
pourveut de l'Evesché de
Clermont. M l'Abbé de
Champigny qui vient d'y
estre nommé, est Fils de François
çoisBochartdeChampigny,
Seigneur de Saron, qui après
avoir esté Maistre des Requestes,
Conseiller d'Etat, &
Intendant pendant trente années?
tant dans la Généralité
de Lyon qu'en Provence &
en Dauphiné,se noya malheureusement
en 1665. C'étoit
un homme d'un rare merite,
dont le nom se trouve
souvent dans les Ecrits des
Grands hommes de ce Siecle.
111 avoit épousé Madeleine
Luillier, Soeur de Madame la
Chanceliere d'Aligre, &
estoit Fils de JeanBochart,
Seigneur de Champigny,
Noroy & Saron, Controlleur
General, Sur Intendant des
Finances, & premier President
au Parlement de Paris,
mort en 1630. Cet illustre
Magistrat descendoit de Jean
Bochart Seigneur de Norcy,
Conseillerau Parlement, qui
fut éleu les Chambres assemblées,
pour remplir la Charge
de premier President en 1447.
Celuy-cy eut pour Fils Jean
Bochart II. du Nom, auquel
Jean Silnon, Evesque de Paris,
donna saTerre deChampigny
en luyfaisant époufer sa Niece.
On iceut aussi que l'Evesché
d' Amiens avoit esté donné
à Mr l'Abbé Feydeau de
Brou, l'un des Aumôniers du
Roy, & que M l'Abbé
d'Hantecour, Aumosnier de
la feuëReyne, avoit eu l'Abbaye
de Longuay, Ordre de
Premontré,DiocesedeReims
vacante par le deceds de M,
l'Abbé du Four. Mr l'Abbé
d'Hantecourt est Frerc du
Pere d'Hantecourt, Religieux
de Sainte Geneviéve,
&Chancelier de l'Université.
Cet Abbé estant de quartier
lorsque la Reyne mourut,
eut le triste honneur de
remplir plusieurs fonctions
qui regardoient sa Charge.
Il a esté employé depuis la
mort de cette Princesse aux
conversions des Protestans
dans plusieursVilles de
Françe. L'AbbayedeBalerme
fut donnée le mesmejourau
Frere de Mde la Chetardie,
Commandant de Brifac
?
&
l'Abbaye de Noyers au Fils
de MPinçomAvocat au Parlement,
qui entend parfaitement
les matieres Beneficiates&
Ecclesiastiques, & qui
a écrit là-dessus touchant les
droitsde SaMajesté.Il-y eut
aussi ce jour-là plusieurs Benefices
de moindre consideration
donnez à des Officiers
d'Armée & de laMaison du
Roy, pour leurs enfans otj
pour leurs parens; mais le
Roy ne les accorda qu'après
que le Pere de la Chaise l'eut
asseuré que leurs vies &
moeurs luy estoient connuës.
Les choses qui ne demandent
pas de secret estant
bien-toit répanduës,on ne
fut pas long-temps sans apprendre
les noms de ceux à
qui les Benefices avoient esté
distribuez,& toute la Courfit
paroistre tant de joye de la
nomination de M l'Abbé de
Brou à l'Evesche d' Amiens,
qu'il m'est impossible de vous
la bien exprimer.
Je ne sçaurois m'empescher
de vous marquer icy
qu'un homme qui possede
une des premieres Charges de
la Cour, ayant prié le Roy
de luy donner un Benefice
pour un de ses Fils quiest
tres-jeune) Sa Majesté luy
demanda quel âge il avoit,
& l'ayant sceu
,
Elle luy dit;
quEHe estoit bien lâchée qu'il
eust encore tant de temps à at.
tendre. Celuy qui demandoit
cettegrace voulut donner des
raisons, & rapporta mesme
quelques endroits de l'Ecrisure;
mais le Roy sit connoistre
qu'il la sçavoit beaucoup
mieux que luy, & dit
qu'il ne donneroitjamais de Benefices
qu'à despersonnes capdbles
de sçarvoir à quevelles s'engageoient,
en prenant le party
d'entrer dans l'Eglise. Ce Prince
ajoüta ,on croyait peuteftrr
qu'on emportait quelquefois
des Benefices par faveury
mmaaisisqquueessiicceeuuxxqquuiiavonrv
cette pensée , pouvaient erre témoins
de ce qui se passe dans le
Conseil
,
lors qu'ils'agit de lA
distributiondesBenefice,ils verroientpar
toutes les précautions
qu'on prend pour ne les donner
qu'a des personnesdignes de les
posseder, la peine où ilse trouve
souvent avant que d'oserfixer
son choix. Sa Majesté fit
enfin connoistre
, que ny faveur,
ny brigue) ny recommandation
,ny naissance,ny
services
, ne pouvoient rien
obtenir, à moins qu'Elle ne
fust persuadée que ceux qu'il
- A
-
luy plaisoit d'en gratifier
n'eussent toutes les qualitez
necessaires pour en remplir
les devoirs. Ce n'est pas à
dire pour cela que tous ceux
qui en possedent,s'en acquits
tent dignement. La possession
du bien, & le peu d'occupation
corrompent fouvent
les moeurs. On s'aveugle
quelquefois dans le temps
où l'on devroit avoir le plus
de fageue?&:on ne conferve
pas toûjours les bonnes incli-,
nations qu'on a fait paroistre
dans ses premieres années. Le
Roy peut donner un Benesiceà
l'homme du monde
qui le meritéle mieux dans
le tcmps qu'il l'en pourvoir,
& qui dans la fuite en deviendra
tres-indigne.
- Je pourrois ajoûter- icy
beaucoup de choses sur ce que
le Roy voulut bien dire en
public touchant la nomination
des Benefices; mais ayant.
accoûtumé de vous rapporterles
faits sans aucun taisonnement
,je vous laisse faire làdessus
toutes les reflexion
que le Roy merite qu'on flÍI.
à sa gloire.
Ce Prince après avoir efii*
ployé la plus grande partie
du jour de la Pentecoste à
des avions de devotion &
de pieté
, & tenu un long
Conseil pour la distribution
des Bencfices qui vaquoient
alors, ne crut pas avoir encore
assez fait; il alla faire
le tour de la Place pour en
viliter les Fortifications, &
vit un Bataillon du Régiment
Soissonnois? qui estoit
en bataille sur le Glacis. Ce
Bataillon luy parut fort lestes
& il futtres-content.Il estoit
commandé par M le Duc de
Valentinois, Fils de M le
Prince de Monaco. Sa Majesté
vit aussi le Regiment
des Vaisseaux dans la Citadelle)
commandé pat Mr le
Marquis de Gandelus
?
Fils
de Mle Duc de Gefvrcs, qui
cnetf Colonel, & elle en fut
fort fatisfaitc. M le Marquis
fie Vaubecour, Gouverneur
de Châlons,&Lieutenant de
Roy du Verdunois
, & du
Pays Messin
, accompagna
toujours le Roy, & tint à
Verdun, tant que Sa Majcftc
y demeura,deuxTabks fort
magnifiqueSj ainsi qu'ilavoit
fait à Châlons, pour toutes
les personnes de la Cour qui
voulurent y aller manger. Le
Roy fut fort content de ce
Marquiseluy donna inefme
des marques de la fatisfadion
qu'il avoit de sa conduite.
Enarrivantà Verdun
» on
voit appris la mort de Madmoiselle
de Jarnac Fille
d'honneur de Madame la
Dauphine.dontje vousay déja
parlé.Elle fut fort regretée
à cause de son humeurdouce,
& complaisante,
Quoy que la Ville de Verdun
soit couverte par Longvvy,
Luxembourg, Sar-Loüis,
Strasbourg &autres, on ne
laisse pas de travailler tous
les jours aux fortifications de
cette Place. Le Roy ordonna
'lu)on y preparait les Ecluses,
afin qu'il puft voir à son retour
l'espace du terrain qu'elles
pourroient occuper.
Lors que Sa Majesté visita
la Citadelle qui est de cinq
Bastions fort reguliers , on
luy fit remarquer le Bastion
nommé le Marillac, qui donna
lieu au Procès qui fut fait
au Mareschal de ce mesme
nom> pour le crime de Peculat
, dont il avoit esté accufé.
L'histoirerapporte que
le Ministre qui nomma les tgommiflàiresquile condamnerent
,
leur dit après avoir
apprissacondamnation, qu'il
falloir que les Jugesenflent des
lumieres que le reste des hommes
n'avoitpas &queplus il avoit
fait de reflexionsur l'affaire dît
Maréchal de Marillac, &sur
toutes les choses dont on l'accusoit
,
moins ill'avoit juge digne
de mort; maisquenfin ilfalloit
croire qu'il estoit coupable
j
puis
qu'ilsïanjoient condamne. Il
n'eut dans la fuite que de la
froideur & de l'indifférence
poureux.
Le19.on ne fit que quatre
lieuës & l'on alla dîner
*
& coucher à Estain ; la journéeauroitesté
trop longue si
on avoit estéjusquesàLongvvy.
Mr Mathieu de Castelus
qui y commande vint à
Estain saluer le Roy,& tecevoir
les ordres de Sa Majesté.
Estain est un gros Bourg
muré, du Diocese de Verdun.
C'est le dernier de sa Jurisditèion
du costé de Luxembourg.
Quoy que ce Diocese
foit fort petit & borné de
toutes parts, sonpeu d'étendue
ne diminue pas néanmoins,
son revenu.MrdeVerdun
accompagna le Roy jusques
à Essain. La Cour eut un
tres-beau temps pour traverser
des ruisseaux, & desPlaines
grasses
?
& fertiles. Les
pluyes l'auroient fort incommodée,
mais le Royqui fait
les beaux jours de tous ceux
qu'il regarde favorablement)
devoit estreanez heureux
pour n'en pas manquer luymesme.
Sa Majesté prit ra:
presdinée le divertissement
de la Chasse. Ertain cft un
Païs de Bois accompagné de
belles plaines) & de Vallons
bien culrivez; les Maisons y
sontgrandes, & logeables
presque toutes bastiesà l'Allemande,&
il n'yen a pas une
qui n'ait quatre Chambres
hautes où l'on peut loger.
Le Roy,Monseigneur?& les.
Princesses eurent leursAppartemens
dans la plus grande,
& chaque Corps d'Officiers
logea dans d'autres. Le lieu.
paroist avoir esté autrefois
considerable;les Guerres l'ont
ruiné , parce qu'il n'estoit pas
assez fort pour se deffendre
des courses. La Paroisse est
unassezbeauVaisseau,surtou
dans l'étendue du Choeur,qui
est tres-beau &: fort élevé
Cette Paroissea esté bastie
par les soins de Guillaume de
Huyen, lequel ayantesté in,
struit à Verdun? passa en Italie
; ou la beauté de son génie
luy acquit la bien-veillance
de la Cour de ROIne. Il fut
d'abord Chanoine de Verdun,
& par degrez elevé à la
pourpre, ayant esté fait Cardinal
au titre de Sainte Sa-;
bine. Il employa ks biens a*
l'embellissementde sa Patrie
mais la mort qui le (urpnd
dans l'exécution de ses. def-i
seins
, en rompit le cours
Les Entrepreneurs volerent
l'argenr & lainerenrnglife
imparfaite.Il avait resolude
fonder douze Prebandes,un
College-, &un Hôpital ;.lnaiscil
ne voit qu'un Choeur de-;
licatement construit
, & la
Barete de ce Cardinal suspendue
à la voûte, pour monument
de sa pieté
, & de sa dignité.
Il vivoit en 1406. Un
Curé, & un Vicaire ont foin
de cette Eglise, & du Peuple.
Les Capucins ont en ce lieu
une Maison habitée par huit
ou neuf Religieux. Ils ont
quelque peine à subsister;
mais ils en auroient encore
davantage s'ils n'estoient prés
de Verdun où on leur fait
de grandes charitez»Ces bons
Peres se sont establis en ce
lieu pour aider le Cure., à
causequ'il n'a qu'un, seul
Vicaire avec luy,
Le lendemain 20. la Cour
partit, d'Estain? &alla dîner
à Pierre-Pont qui n'en est éloigné
que de trois lieuës. La
plulpart des Officiers mangerent
surune verdure arrosée
d'un ruisseau fort agreable.
On traversa ensuite plusieurs
petits torrens;on parcourut
des Valées:on monta
des hauteurs?&on gagnaen
&~
finla cime d'une Montagne
où lenouveau Longvvy entièrement
construit par le
Roy) pour faciliter la prise de
Luxembourg. Le Vallon est
arrosé d'une très- belle eau
vive, qui roule toujours, &
qui rend la Plaine fort fertile
; laveue se promene agréablement
sans estre bornée
que des deux costez par deux
Montagnes, mais elles n'offrent
rien qui ne doive plaire.
L'une est remplie d'arbres;
l'autre est occupée par te
vieille) & par la nouvelle
Ville. On découvre dans le
milieu de la Prairie deux mai.
fons de Religieux) l'une de
Recolets. & l'autre de Carmes
) qui y sont établis, &
qui ont foin des anciens Habitans
de ce Pays-là. Ils ne
font logez que dans des hutes
sur la Colline
, & ils avoient
au dessusun Château antique
qui les mettoit à couvert
des Coureurs; mais presentement
il est ruiné) &
l'on n'y trouve que des cabancs
& des masures. Longvvy
est situé sur une hauteur
bordée d'un précipice à IJEfi:f
& au Sud, s'estendans vers le
Nord,& l'Ouest dans une
Plaine fort fertile. La Place
n'est commandée d'aucun
endroit. On y voit une grande
ruë ,
à l'extrémité de laquelle
font deux portes accompagnées
d'un double fossé
, &: défenduës de bons
Battions. Dans cette ruë principale,
sont les maisons des
Bourgeois qui font environ
deux a trois cens feux. La
Place d'Armes est au milieu.
On y voit un beau puits
) &
à gauche une Eglise une fois
aussi grande que les Recolets
de Versailles
, mais ily a
moins de Chapelles. Cette
Eglise est accompagnée d'uaeTour,
de la hauteur de celle
le Saint Jacques du Hautes
à Paris
, qui sert de Beffroy
>
& de laquelle on dé-*
couvre jusques à six lieuës
dans le Pays. La Maison du
Gouverneur est à droite , &
fait face à l'Eglise. Le reste
des Maisons est basty par fimetrie.
Le long desRamparts,
font des Cazernes pour les
Troupes,-& l'on voit d'espace
en espace des Magazins de
différentes grandeurs.Tous
ces Magasins sont soigneusement
gardez. Le Roy logea
dans la Maison du Gouverneur.
Mrle Marquis de Bouflers
, qui a le Gouvernement
de Luxembourg, vint au de.
vantdeSaMajestéàLongvvy.
Il estoit accompagné de quel..
ques-uns de fcs Gardes qui ne
parurent point avec leurs Ca.
rabines. Le Regiment d'Angoumois
commandé par Mr
de Thouy,estoit dans la Place.
Le Royen fit la Reveue>
êcille trouva tres- bon, tous
les hommes estant bien faits,
&audessus de trente ans. Ce
Regiment eut l'honneur de
garder le Roy. Il fautremarquer
que ce Prince ne fut pas
plûtost arrivé) qu'il donna
des marques de son activité
ordinaire. Pendant que cluCun
alla? ou le reposer? ou fc
divertir dans fcs Appartemens,
où il avoitdonné ordre
qu'il y eust toûjours rou.
tes fortes de Jeux preparez,ce
Prince courut? s'ilm'est permis
de m'expliquer ainsi pour
mieux marquerfonardcur.)11
courut?dis-je où la passion
digne d'un grand Capitaines
&: le devoir d'un grand Roy
rappelloient,&sedonna tout
entier le reste de la journée à
voir des Troupes? & des Fortifications.
Il y a dans Longvvy
quatre cens cinquante
Cadets. Sa Majesté leur vit
faire l'exercice, &dit hautement;,
qu'il rijyanjoitpoint de
Troupes qui s'en acquittent
mieux. Elle resolut mcfrnc
d'en prendresoixante ou quatre-
vingt , pour en faire des
Sous-Lieutenans dans tous
les Corps, excepté dans sois
Régiment ,où l'on ne reçoit
point d'Officier qui n'ait esté
Mousquetaire.Toutes les
places qui y vacquent estant
reservées à la Noblesse qui
tort de ce Corps,ils se perfectionnent
encore dans ce Regiment
en ce qui regarde le
métier de la Guerre? avant
que d'estre élevez à de plus
hauts Emplois. L'exercice
que firent les Cadets? fut à la
voix & au commandement
de leur Capitaine, ensuite au
coup de Tambour, câpres
dans le silence, par une habitude
qui est en tous également
naturelle; ce qui se fait
avec tant de justesse, qu'il
semble que ce soit un feut-
J.
homme qui remuë également
toutes les parties de
son corps. Ceux qui prirent
ce divertissement avec le
Roy eurent un tres-grand
plaisîrde voir un mouvement
uniforme dans quatre cens
cinquante personnes de différentesgrandeurs.
Le Royvisita à cheval les
dehors de la Place, & fit à
pied le tour des Remparts.
-
Ce Prince marqua luy-même
ce qui en pouvoit encore
embellir les Travaux, & ce
qu'ils avoient de plus beau
& deplus seur. Cela fait voir
la parfaite intelligence qu'il
a de l'Art de la Guerre.
Il ne faut que voir Longvvy
pour concevoir une haute
idée de la puissance du Roy,
& l'on ne pourra qu'à peine
sepersuader qu'il ait entièrement
fait bâtirune Ville,
élevée sur une cime inaccessible
r & dont les remparts
font d'une prodigieuse hauteur.
Il est impossible de s'imaginer
la dépensequ'où
a faite à couper le Roc, à
rendre le terrain uny, & à
bâtir tant de beaux logemens.
Cette Place est de figure éxagone
r ayant un Baition
coupé ducodedesprécipices
feulement. Ilestsoûtenu par
deux Delny-Iunes, & deux
Ravclins. On amis trois Cavaliers
aux endroirs foibles,
qui découvrent fort loin,&
qui feront montez de vingt
pieces de Canon. Toutes les-
Fortifications de cette Placc
fontd'une ties-grande regularité
; & ce qu'il ya de surprenantec'est
que le Roy en
aitfait entierement conftruireungrand
nombre d'autres
qui ne sont pas moins fortes,
qu'il y fasse encore tra-*
vailler tous les jours, & qu'il
commence à en faire éleyer
denouvelle.Iln'est pas moins
étonnant que SaMajesté voulant
mettre ses Sujets à couvert
des courses de la Garnison
de Luxemboutg., en la
mettant au rang de ses Conquelles,
Elle ait fait bâtu
Longvvy pour faciliter ses
desseins, cette Place ayant
servy de Magasin pour tou,
tes les provisions neceflaircs
à un Siege aulli important
qu'a esté celuy de Luxembourg.
Comme rien n'altère davantage
la fanté qu'une forte
&continuelle app licationau
travail, M de Croissy , qui
par une longue fuite d'Emplois
&par l'occupation que
luy donne celuy qui l'attache
entièrementaujourd'huy,
s'etf attiré des douleurs de
goute depuis quelques années,
en ressentit de violentes
à Longvvy. Cependant
elles ne l'empefcherent point
de servir le Roy, en quoy
il fut parfaitement bien secondé
par M le Marquis de
Torcy son Fils, qui dans un
âge fort peu avancé, a déja
veu toutes les Cours de l'Europe
> en a étudié les maniéres,
& n'ignore rien de ce
qui regarde la Charge dont
Sa Majesté luy a accordé 1:4
survivance.
La Maison du Roy eftanr
si grande) qu'à peine il se
passe une semaine
>
sans qu'on
apprenne la mort de quelque
Officier) on sceut à
Longvvy celle de M Villacienne,
Gentilhomme servant
du Roy? & celle de Mr
de la Planche ,Valet de
Chambre de SiMajesté
,
la
premiere dépendant de Monsieur
le Prince,comme Grand
Maistre delaMaisonduRoy,
& l'autre deSaMajesté parce
que le défunt xi'çftant poirr
marié
,
n'avoit point d'ensans
à qui ce Prince en eust
pû donner la survivance.
Mrde Seignelay, qui avoit
fait le Voyage de Dunkerque
avec une diligence furprenante,
depuis que le Roy
estoit party pour Luxembour,
joignit Sa Majesté à
Longvvy , & luy fit le rapport
de l'estat des Fortifications
de cette premiere Place.
Je vous en ferois icy le
détail, si je n'estois obligé de
le remettreà unautre ÀrcmS)
a cause de la quantité de choses
curieuses que j'ay encore
à vous apprendre touchant
le voyage de Sa Majesté. Je
vous diray cependant que le
Risban, lesJetrées,lesEcluses,&
le Bassin pour les Vaif-
[caux, sont des choses si extraordinaires
à Dunkerque »
<juà moins de vous en faire
la defeription, quelques paroles
dont je pusse me servir,
pour vous marquer la beauté
deces Ouvages* il me seroit
impossiblede vous rien faire
Concevoir qui en approchait,
& vous auriez mesme encore
beaucoup de peine à vous les
representer tels qu'ils [ont) si
vous ne les aviez vûs.
Le Roy estant party de
Longvvy le 21. entra dans le
Luxembourg, &: dîna à Cherasse,
premier Village de la
Province ducosté de France;
Le Païs par où l'on entra, n'a
pas tant de Bois ny de Mon.,
cagnes que les autres Cantons
de cette Province. Ce font
des Plaines grasses & fertiles?
remplies de tres-bons grains.
Les Villages y sont en affcz
grand nombre,mais les maifons
n'en font pas entièrement
rétablies. En approchantdela
Ville de Luxembourgeonvoitde
toutes parts
destrous, desquels on a tiré
de la brique,& de la chaux,
& d'autres materiaux, pour
les nouvelles Fortifications
<i'un Ouvrage qui va au delà
de tout ce que l'on en peut
concevoir.L'aspect delaVilleestbeauducostédeFrancc.
Le plan paroist égal par.
tout,&lesédifices sontgrands
8c magnifiques. On découvre
plusieursEglises couvertes
d'ardoises, descazernes, des
Magasins, des maisons considerables,
Celles des particuliers
semblent estre bâties
desimetrie; mais lors qu'on
est dans la Ville, on est furpris
de ce qu'on n'a découvertqu'une
partie des Fortifications.
Elles sont toutes irregulieres,
& continuées suivant
l'étduë du terrain, dont
la situationpeut étonner des
Assiegeans qui oseroientl'attaquer.
•*
Je devrois vous parler icy
de l'origine de cette Place,
vous entretenir des Ducs qui
en ont porté le nom, & vous
en faire comme un abregé
d Histoire; mais j'ayamplement
parlé de toutes ces choses
dans le Volume que je
vous ay envoyé du seul Journal
du Siege que le Roy fit
)
lors qu'il joignit la Ville de
Luxembourg à ses premieres
Poiiujrfedr
Conquestes. Ainsi jeme COfitenteray
de vous envoyer le
revers de la Medaille qui sur
¿;'faite en ce temps-là, & que
j'ay pris foin de faire graver.
Le Portrait du Roy [e voit
sur laface droite. Jene vous
dis rien du revers, vous le
pouvez voir.
Ce Prince fut receu à la
Porte parleMajor de la Place,
&,' traversa la Ville au milieu
de six rangs de ceux de
la Garnison qui estoient soue,
lesarmes, & en hâye>j[ufque^
au lieuoùSaMajesté alladescendre.
Ils firent trois salves,
mais on ne tira le Canon qu'aprés
l'arrivée du Roy, parce
que cela auroit marqué une
Entrée, & qu'il avoit déclaré
qu'il ne souhaitoit point
qu'on luyen fist.LesBourgeois
vinrent luy offrir leurs hommages.
oLes ruës étoient toutes
tapissèesde branches d'arbres,
suivant la coutume du Pai's.
Pendant le Soupe du Roy
qui dura deux heures, ils aL
lumcrent unfcudejoyc dans
-- .--' -,. --, -' 1er
té —*
--_.
le Pâté qui eH: entre le Paffendal
& le Grompt, vis-à-vis
les fenestres du Palais du
Gouverneur, prés de la Riviere.
Toutes les ruës furent
illuminées, &ces illuminations
continuerent pendant
tout le temps que Sa Majesté
demeura àLuxembourg. La
façade de l'Hostel de Ville parut
éclairée par plus de deux
cens Lanternes, remplies de
Devises à la gloire de ce Prince.
Les Clochers estoient en
feu, & quantité de flambeaux
de cire blanche brûlerent
toute la nuit devant la maison
du Maire. Toutes ces illuminations
furent accompagnées
de cris de Vive le
Roy. Sa Majestéfutgardée
par un Bataillon de Champagne,
commandé par Mr le
Baron de la Coste, La Ville
estoit plus remplie d'Etrangers
que de gens de la fuite
de la Cour, sans compter les
Gouverneurs, les Lieutenans
de Roy, les Officiers des Garnisons
d'Alsace, de Lorraine,
&de Flandre, qui avoient
eu permission de venir. Mr
l'Evesque
)
& Mr le premier
President du Parlement de
Mets, y estoient aussi venus,
avec tout ce qu'il y a de plus
distingué dans la mesme Ville,
suivy d'un grand peuple,
que la curiosité de voir le
Roy y avoit attiré. Il yestoit
passé plus de dix mille hommes
deTreves,deCologne,
de Mayence. de Juliers, de
Hollande, & de la Flandre
Espagnole;& l'on eust dit
que toute la Champagne s'y
estoit renduë, pour remercier
le Roy d'avoir pris cette
Place, afin deladélivrer des
courses de sa Garnison. M1 de
Louvois y estoit arrivé le
jour precedent
,
après avoir
faitun Voyage de deux cens
cinquante lieues depuis que
Sa Majesté estoit partie de
Versailles pour aller à Luxembourg.
Cette diligence
ne paroiftroit pas croyable,
si ce n'estoit une de ces choses
de fait dont on ne [sa?=-:
roit douter. Ce Ministre
rendit compte au Roy de
son Voyage pendant que Sa
Majesté demeura à Luxembourg
& je vous en feray le
détail
, avec celuy de ce qui
s'est paffé dans le temps de
ce sejour,mais il faut auparavant
vous faire la description
de cette Place.
Tous ceux qui l'ont veuë
avant le Siege ,la regardent
avac un etonnement qu'il seroit
difficile d'exprimer, &
sont fort surpris d'avoir à
chercher Luxembourg dans
Luxembourg mesme. On ne
reconnoift: plus cette Place
que par quelques Edifices publics,
presque tous ruinez
dans la Journée des Carcasses
& dans la fuite duSiège, &."
rétablis dans une plus grande
perfection
, par les soins Ôc
par la pieté duRoy. On m'a
assuré que la Ville est grande
deux fois comme Saint Germain
en Laye, &j'ay vû deux
Relations qui le marquent.-
Je ne vous garantis pas
tjue cette grandeur soit juste
On peut s'abuser dans les
choses qu'on écrit sur lerapport
de sa veuë ; cependant
on peut concevoirpar
là une idée approchante de
la grandeur d'un lieu dont
on fouhaitc avoir connoissance.
La Place d'armes de Luxembourg
peut contenir environ
deux mille hommes
rangez en bataille. Les rues
sont larges,&il yen a douze
ou quinze considerables. Les
Bâtimens y sont de deux éta.:=
ges au moins. Ils sont assez
étroits
) mais presque tous
d'une--nlefme, simetrie. La
Cour y estoit assezbien 1&--
gée. Le Commerce n'y est
pas grand, mais la Garnison
y fait rouler beaucoup d'argent
par ses dépenses. On a
esté obligé de prendre des
Domaines, & des Jardinsà
quelques Bourgeois,& à quelques
Païsans, maisils en ont
esté largement indemnisez.
L'Hostel de Ville e£tpetit?
û façade n'est pas large. La
Paroisse est étroite, & il n'y
a qu'un Doyen,&dixEcclesiastiques;
un plus grand
nombre n'en: pasnecessaire,
puis que les Religieux qui
font dans le mesme lieu, les
déchargent presque de tous
les soins qui regardent les
Pasteurs. Il y a quarante-cinq
Religieux dans le Convent
des Recolets, dont la moitié
font François
, & les autres.
Allemands. Ils vivent
des questes delaVille, & dc:
la Province, & preschent
dans l'une & dans l'autre
Langue. Ils sont commis
pour auministrer les Sacremens
à la Garnison. Les Bourgeois
quisontfort devots, &
Flamans en ce point-la?vont
souvent faire leurs dévotions
chez ces Peres, qui sont en
très-grande reputation en
cette Ville-là?&fort estimez
& aimez de tout le Peuple,
Ils ne le font pas moins de la
Garnison qui les respect
beaucoup. Je pourrois ajouter
qu'ils s'en attirent la crainte
aussi-bien que le respect,
puis que ces Peres font toutes
les fonctions Curiales en ce
qui touche cette Garnison.
LePereOlivier Javenayaprés
avoir esté Gardien, & s'estre
acquis une grande réputation
par ses Sermons, a esté éleu
Custode de douze Maisons
.dependantes de celle-là, dont
celle de Luxembourg est la
principale. Les Jesuitesyont
une tres-grande Eglise, fort
propre, & fort riche. Elle est
plusgrande que celle des
Carmes de la Place - Maubert
, & a deux aillés, &
trois beaux Autels. Ils tiennent
leCollege
, & ces Peres
font ordinairement au nombre
de vingt-cinq dans cette
Maison. Encore qu'ils soient
tous François, il yen a quelques-
unsqui sçavent fort bien
l'Allemande & qui ontesti
élever en Allemagne. Leu.
Jardin est beau & spacieux
îc leur maison toute neuve
êc bien ordonnée. Ilsontune
Musique Allemande, que la
Cour alla entendre le jour de
la Trinité. Les Capucins y
ont aussi unConvent
>
dans
lequel on ne trouve que des
Religieux François ,
dont
le nombre peut égaler celuy
des Jesuites. Il y a
deux Refuges dans la Ville,
& une Eglise, appellée le
Saint Esprit, dansunBastion,
Celle desDominicains?qui a
esté fort endommagée par le
Canon, n'est pas encore rctablieIlsdonnerent
ieui
Tour pendant le Siege, pour
placer une Batterie qui incommoda
fort nostre Camp.
On fut obligé de s'en défendre?
& cela* pensa causerla
ruine entiere de leur Eglise.
J'oubliais à vous dire que
les Recolets ont le Cimetiere
de la Garnison. Leur Eglise
est aussi grande que celle des
Cordeliers du Grand Convent
de Paris. Ils ont d'assez
beaux Ornemens, & tout est
chez eux d'une grande propreté.
Leur Jardin est aiTçz
beau pour une Ville de Guerre
Il tomba pendant le Siege
cinq cens Bombes dans leur
enclos, dont trois tomberént
dans une Chapelle,
qui fert de Mausolee auComte
de Mansfeld, l'un des plus
grands Capitaines de son
temps, & fameux par ses Exploits
fous Charles IX. Il
mourut Gouverneur de Luxembourg
âgé dequatrevingt-
six ans. Son tombeau
estde Marbre blanc; safigure
->
& celles de ses deux Fern;
mes ,
font en bronze au desfus
de ce Tombeau,chacune
de six pieds de haut. L'une
des trois Bombes qui tomberent
dans cette Chapelle,
perça une grosse voûte, fit
tin trou fort large à l'extremitédu
Tombeau duComte..,
tourna à demy une pièce
de marbre qui le couvre, &
4jui a huit pieds en quarré
ôc la rompit environ de la
largeur d'un pied. Les Jefuites&
les Recolets ne font
sjparezquepar une rue* &
ïes Capucins sont dans un autre
quartier de la Ville, proche
la Porte-neuve. Il y a
aussi trois Convents de Filles.
Le Comte de Mansfeld dont
je viensde vous parler, a fait
bastir le Palais des Gouverneurs.
Il a esté tout ruiné par
nos attaques, & si bien reparé
par les soins de Mrle Marquis
de Bouslers
, que le Roy
y logea avec Monseigneur;
& les Princesses,Ilest sur un
Bastion. qui donne sur un
Fauxbourg arrosé par la Riviere?
dont la Prairie dans laquelle
elle se répand estun
objet agreable pour la veuë,
& dans une gorge entre deux
Montagnes. Il a pour point
de veuë un reste de petit bois
de haute Futaye. Pour pouvoir
insulter ce Bastion, il
fauts'estre rendu maistre de
sesdeffenses. Le Roy y avoit
une grande Salle, une
grande Chambre pour les
Jeux, sa Chambre,&trois Cabinets.
Les Gouverneurs de
Luxembourg avoient autrefois
une Maison de plaisance
située sur la Riviere qui sert
de point de veue lieur Palais;
mais les guerres les ont
privez de ce lieu de divertis
sement. Luxembourg est fituésur
une hauteur àl'extremité
d'un grand terrain du
costé de l'Ouest & du Sud
fondé sur un roc qui a este
coupé plus de quatre pieds
en terre dans les endroits ou.
l'Esplanade duGlacis n'est pas
sélon les Réglés? & commandé
par le chemin couvert. A
son Est, & à son Nord, ct
sont des Vallées prodigieuses.
qui semblent inaccessibles à
toutes les Nations; & cependant
c'est par ces abismes
qu'on a pris la Place. L'une de
ces Vallées entre le Nord k
l'Est, estarrosée par TEfle*,
petite Riviere sans commerce
qui vient du cofté du Sud
d'Erfche Bourgade„& qui va
se rendre dans la Moselle aprés
s'estre jointe au Sours
&. àSclbourgversVasbilingrr
L'autre est remplie vers le
Sud-Est de quelques petits
Ruisseaux de Ravines. Il se
trouve pourtant entre l'Esse
une langue de terre où cft la
Porte dé Trêves
,
& une autre
langue plus spacieuse occu\.
pée parunFort nommé du
Saint Espritque l'on a fortifié
depuis que le Roy a coiv
quisla Place. Elle estdiviséce
en haute, & en basse Ville,
La haute cft l'ancien Luxembourg
,reparé,&fortifié dt
nouveau. On afaitune Porter
neuve qu'on appelle de France
vers Nostre-Dame de
Consolation, & l'on a pouse
le Bastion de Chimay,jus
ques au delà de l'Insulte. La
baffe-Ville est composée de
deux Fauxbourgs, rendus c-e*
lebres par le dernier Siege.
L'un est nommé le Passendal.,
arrosé par le principal Canal
del'Effe. L'autre est le Minstier
ou le Grompt mouille
aussi par un bras de l'Effe. Entre
ces deux Fauxbourgs
?
est
la Porte de Treves
?
& une.
Plate-forme au dessousquon
appelloit le Pasté. A l'extremité
du Minfter vers la droite
est le nouveau fort du Saint
Esprit. Mr de Montaigu a
levé avec du carton le Plan
de cette formidable Place,
où Ion en remarque aisément
toutes les beautez, avec toutes
les augmentations que le
Roy y a faites. Toute l'Allemagnea
esté surprise de voir
avec quelle promptitude on
en a reparé les brèches &
avec quelle facilite sans avoir
égard à la dépense on a aug.;
mente cette Ville de plus de
deux tiers, afin d'occuper
tout le terrain qui sembloit
estre favorable pour en approcher.
Aprés vous avoir fait voir
la situation de It Place, il faut
que je vous trace icy le Plan
de ses Fottifications. L'entreprise
est hardie, & un terme
mis au lieu d'un autre, peut
répandre de l'obscurité dans
ce que je vous diray les descriptionsde
cette nature,quelques
ques claires quelles soient,
n'eitant qu'à peine intelligibles
pour ceux qui ne sont pas
dumestier.Joignez à cela que
je puis expliquer mal des cho-
[es, dont je n'ay pas toutes
les lumieres necessaires? pour
estreafleuré que je ne me
trompe point. Cependant je
fuis persuadé que quelques
fautes que je puissefaire
, &:
que j'aye peutestre mcfme
déjà faites depuis que j'ay
commencé à vous parler de
Fortifications dans cette Ler
tre, ce que je vous en ay dit,l
& ce qui me reste à vous expliquer
) ne laissera pas de
donner de hautes idées de la
puissance du Roy? & de la
force de Luxembourg.
L'ancienne Ville qui est
toute sur un terrain élevé
cil: un Heptagone ayant un
Bastion coupé par le deffaut
duterrain de Paffendal. Elle
a trois portes ; l'une vers le
Couchant) c'est celle de France;
l'autre au Nord? c'est celle
de Passendal; la troisiéme;
vers l'Orient, c'est celle de
Trêves, & une quatrième
pour les sorties regardant le
Midy. La premiere & la derniere
sont dans la haute Ville
bien flanquées de bons basions?
& de dix Redoutes,
soutenuës de bons Cavaliers,
où l'on mettra quarante pièces
de Canon. On peut voir
dans la premiere porte quelle
supercherie peuvent faire
ceux qui se desfendent dans
leurs maisons. La premiere
entrée prise , il ne faut aller
que pied à pied à la seconde;
& la troisiéme est encore
mieux gardée que les prémieres.
Les Redoutes sont
portées aux endroits les plus
soibles des Courtines pour
deffendre le chemin couvert,
& pour commander sur toute
l'Esplanade;elles font élevées
jusques au cordon pour répondre
au rez de chauffée, &
pour raser l'Esplanade. Au
dc!fij.S est une Plate-forme
avec un Parapet dont on se
sert jusqu'à ce que le Ganofll
l'ait renversé ; on se retire au
dessous où sont des Sarbacanes
pour tirer sur le chemin
couvert & dans le glacis. Dela
on a encore un étage en
- terre d'où l'on se peut desfendre
long- temps , &quand
on est poursuivy par les Galeries,
on a clei portes avec
du Canon de Campagne. Si
les Ennemis vouloient establir
un logement autour de
ces Redoutes, il y a des Mines
& des contre-mines toutes
disposées pour empescher les
Travailleurs d'avancer leurs
ouvtages. Les Fourneaux sont
si bien menagez qu'ils ne
peuvent manquer leur coup.
On a fait deux demy
-
Lunes
dans cette ancienne enceinte..
Le Bastion de Chimay? qui
est à l'extremité du Roc, &
qui commande sur la Porte
de Paffendal, est soûtenu par
deux autres Bastions avancez
le long de cette cime,qu'on
peut appeller une Demy-lune
1-
& une autre Contre-garde,
ce qui semble estre hors.
d'insulte> parce qu'on a fait
la dépense de railler dans le
roc,&qu'on s'est attache à
le rendre inaccessible; &
comme la Riviere qui passe
au dessous de la Porte, a une
hauteur dans son bord opposé
qui commande la Ville
>
car ce fut là qu'an mit une
Batterie pendant le dernier
Siege, pour ruiner jePalais
du Gouverneur; son Badion,
& la Porte,lePvoy a fait faire
sur la cime de cette hauteur
deux Ouvrages à o cornes
qui renferment tout l'espace
par où l'on avoit à craindra
Une Ligne de communication
prend de l'extrémité de
la Contre-garde du Bastion
de Chimay, descend par la
Porte de Passendal dans la
Riviere, & va joindre ces Ouvrages
, qui sont faits avec
toute l'industrie de l'At[,.
pour batere la Plaine d'audelà,
pour commander sur le
vallon où coule l'Effe,& pour
désendre le Chemin couvert
de la Contre-garde du Baftion
de Chimay;&afin qu'on
ne prenne pas ces O1uvrages par le vallon., Sa Majesté qui
voit tout avec des liimieres
qui necedenten rien àcelle5
de les Ineenieurs? a ordonné
deux Reodoutes au dessous,
prés de la Rivière. Ainsi le
Fauxbourg du Paffendal qui
est sur l'eau, fera défendu 8c
couvert de toutes parts. On
y fait un Hôpital, & il y aura
des Cazernes, & des Magasins
comme dans la Ville.
Il est fermé à la droite par
une autre Ligne de communication
semblable à la premiere,
qui joint le sécond
Ouvrage à la Porte de Trêves,
qui se trouve à l'extremité
d'une languete prise
dans le roc qu'on a percé en
deux endroîts, pour faire
passèr les chariots, & les
Troupes du Paffendal au
Minfier, sans monter dans
la. Ville. Le Minsterest aufll
défendu par cette Porte, ôc.
par le Fort du Saint Esprit,
qui a quatre Bastions coustruits
sur une petite éminence
qui commandoit dans
le Fauxbourg. Ces quatreBastions
sont soutenus de Demy-
lunes) de Contre-gardes,
& de Redoutes, qui battent
toute une campagne qui regne
au delà. Voilà les Ouvrages
qui se trouvent dans
les Dehors de Luxembourg,
&: qui font environ onze Bastions,
quinze Redoutes, deux
Ouvrages à corne,un troisiéme
qu'on y ajoûte prés de la.
Porte des Sorties, quatre:
Demy-lunes, trois Contregardes,&
cinq ou six Cavaliers.
Tous ces Travaux n'ont
pas moins surpris la Cour,
qu'ils ont étonné tous les
Etrangers qui les ont vûs.)
car cette Place qui tiroit de
la France deux millions de
contributions
, pourroit en
temps de Guerre en tirer bien
davanrage, & faire contribuer
juseqz ues à Mayence? à
Cologne, à Rez, au Fort de
Skin,à Namur& à beaucoup
d'autres endroits, ce qui ne
seroit pas difficile à une Garnson
de sept ou huit mille
hommes. Je ne vous diray
point à combien de millions
a monté la dépense des Fortifications
de cette Place,
chacun en parle diversement
&met le prix aux Ouvrages
de cette nature, suivant Tétonnement
qu'ils luy eaufent.
Ainfiil n'est pas facile
de parler d'une dépense?
quand elle se monte à plusieurs
millions. Tout ce que
je puisvous dire, c'est que le
Roy ne cherchant que l'entiere
perfection dans tout ce
qu'il fait faire, il y a encore
de nouveaux fonds destinez
pour travailler à cette Place,
quoy qu'il paroisse qu'on ne
puisse rien ajoûter à ces Fortifications
;mais le Roy a des
yeux& deslumieres dont on
ne sçauroit trop admirer la
pénétration. Je ne dois pas
oublier que la petite Chapelle
de Nostre - Dame des
Consolation dont je vous ay
déjà parlé dans ma Relation
duSiege, est restée en son
entier, les Assiegez, & les
Assiegeans l'ayant épargnée.
Toute
-
la Province y court
avec la mesme devotion
qu'on va à Nostre-Dame de
Liesse en France.
Il faudrait pour se bien representerl'aspect
de cette
Place, avoir vû les deux Tableaux
que Mr de Vandermeulen
enafaits pour le Roy.
Ils sont à Marly, & ont chacun
onze pieds de longueur.
Ils representent deux faces dô
laPlaec, de sesFortifications,
& de ses avenuës; mais avec
une telle regularité, que ceux
qui ont veu ces Tableaux ne
sçauroient se souvenir de la
moindre chose,qu'ils ne lareconnoissentaussi-
tost dans
l'unou dans l'autre. Ces Tableaux
sont gravez avec les
Estampes de Mrde Vandermeulen
dont je vous ay déjà
parlé, qui represententtoutes
les Conquestes du Roy de la
mesme maniere. Ainsi si la
description que je viens de
faire de cette Place, excite en
vous ou en vos Amis, la curiosité
de la voir d'un coup
d'ecil, vous pouvez avoir recours
à ces Estampes, qui sont
recherchées dans toutes les
parties du monde.
Le Roy ayant resolu de ne
demeurer que deux jours àLuxembourg
; monta à cheval
aussitost qu'il y fut arrivé, &
en allavisiter les Dehors. Mr
de Louvois qui estoit de retour
depuis un jour de son
Voyage d'Alsace,&MdeVauban
, qui sont les deux personnes
qui pouvoient rendre
un compte exact à Sa Majesté
des Fortifications de cette
Place, & sur tout de celles
qui ont esté faites nouvellement
par son ordre, l'accompagnerentpar
tout. Elle vit
les attaques de ses Troupes
pendant le Siege, &: trouva
de nouveaux sujets de loüanges,
pour tous ceux qui avoientcontribué
à cette conqueste,
M le Comte de Blanchefort
s'eilant trouvé auprés
du Roy, ce Prince toûjours
plein de reconnoissance
& de bonté pour toutes les
personnes qui ont du merite,
témoigna le regret qu'il avoir
de la mort de Mr le Maréchal
de Crequi son Pere,
qui avoit fait le Siegede Luxembourg;
ce qui parut toucher
fort sensiblemenr Mr
le Comte de Blanchcfort,
& renouveller dans son
coeur le dcfir qu'il a de sui
vre ses traces, &- d'imiter sur
tout sa prudence? & sa fidelité
pour le Roy.
, Le 22. Sa Majesté donna
audience à Mrle Baron d'Ingelheim,
Envoyé
-
extraordinaire
de Mrl'Electeur de
Mayence; à Mr le Baron
d'Elts, Envoyé extraordinaire
de M l'Electeur de Tréves,
& à Mrle Comte de
Chellart, Envoyé extraordinaire
de Mr le Prince Electoral
Palatin, Duc de Juliers.
Ils estoienr venus faire compliment
à Sa Majesté de la
part des Princes leurs MaiRreS)
sur son heureuse arrivée
àLuxembourg. Ces Envoyez
eurent aussi audience
de Monseigneur, où ils furent
conduits par MrdeBonneüil
,
Introducteur des Ambassadeurs,
qui les avoit menez
chez le Roy? & les avoir
esté prendre dans les Carosses
de Sa Majesté. Ils firent
present au Roy dela part des
Princes leurs Maistres
,
de
plusieurs tonneaux de vin
du Rhin, & de vin de Moselle>
que Sa Majestéreceutavec
les manieres honnestes
qui luy sont si ordinaires, &.
pour marquer que ces Presens
luyestoient agreables
de la part dont ils venoient,
Sa Majesté voulut qu'ils fussent
conduits à Versailles par
les mesmesVoituriers qui les
avoient amenez; & les Envoyez,
suivant les ordres qu'iL
luy avoir pieu d'en donner,
furent regalez splendidement,
avec toute leur suite,par
lessoins de Mr Delrieu, Contrôleur
ordinaire dela Maifondu
Roy, qui n'oublia rien
en cette rencontre de tout
ce qu'il crut devoir faire
pour leur satisfaction, &qui
entra parfaitement bien dans
leurs manieres,
Quoy que le Palais où logeoit
le Roy sust fort spacieux,
il estoit neanmoins
impossible que tous ceux qui
estoientpressez de l'impatience
de le voir? y pussent
entrer; ainsi ce Prince eut la
bonté de sortir plusieurs fois
à cheval? & d'aller mesme
doucement, afin de satisfaire
ceux qui ne respiroient qu'aprés
sa veuë. Il alla à la Metre
aux Jesuites;& plusieurs personnes
qui jusques alors ne l'avoient
admiré que par la quantité
surprenante des grandes
choses qu'il a faites,& qui n'avoient
jamais eu le plaisir de
levoir,l'admirerent ce jour-là
par sa bonne mine, & par un
air qui perfuaderoit à ceux qui
ne sçauroient pas tout ce qu'il
a fait de grand, que tout ce
qu'on leur en diroit feroit - veritable,
véritable. Le Roy estant forty
dela Messe,vit le plan de
Luxembourg, qui estoit dans
une maisonproche de l'Eglise
des Jesuites, Il monta à
cheval l'aprésdînée, & descendit
dansles Mines;il voulutvoiraussi
les Contre-mines.
Il visita les Fossez, & se
promena sur les Ramparts.
Pendant tout ce temps il s'entretint
des beautez de cette
Place avec Monsieur le Printce,
qui fit voir la parfaite
connoissance qu'il a de tout
ce qui regarde la Guerre, &
quelle est telle qu'onladoit
attendre du Fils d'un Prince
qui auroit pu apprendre ce
grand Art à toute la terre ,
si on l'avoit ignoré. Monsieur
le Duc, Monsieur le
Prince de Conty
,
& Monsieur
le Duc du Maine su.
rent aussi de la conversation,
& firent voir qu'il est des
sciences pour lesquelles les
Princes ne sont jamais jeunes
&qu'ils semblent avoir aj>„
prises en naissant.
Le mal de Mrle Comte de
Toulouse, qui avoit esté attaqué
le jour precedent d'un
mal de teste
)
& d'un mal de
gorge, continua,& la Rougeole
s'estant declarée, le
Roy resolut de sejourner
deux jours de plus à Luxembourg
, non pas pour y attendre
la parfaite guerison dô
ce Prince, laquelle ne pourvoit
arriver si-tost, mais afin
de voir quel pourroit estre le
cours de son mal. On mir:
auprés de luyMrduChesne
Medecin?MrduTertre, Chirurgien
de Monsieur le Prince,
avec un Apoticaire de Sa
Majesté. Le bruit s'estant répanduque
le retour delaCour
estoit reculé, quelques Etrangers
en parurentinquiets,mais
ils furent rassurez si-tostqu'ils
firent reflexion que le Roy
avoit toujours gardé inviolablement
sa parole;qu'il aimait
Monsieur le Comte de
Toulouseavec tendresse; que
ce jeune Prince estoit chery
<dc toute la Cour, & quainsî
l'incertitude du mal qui luy
pouvoit arriver, estoit la
vraye cause qui portoit le
Roy à retarder son depart.
La Rougeole deMonsieur le
Comte de Toulouse, ne fut
pas la premiere qui parut
à la Cour. Une des Filles
d'honneur de Madame la
Princesse de Conty en avoit
déja esté attaquée. Il yavoit
euaussi d'autres Malades; &
la Gouvernante des Filles
d'honneur de Madame Il
Duchesseavoit eu la Fiévre.
La maladie de ce Prince contribua
à l'indisposition d'une
Dame d'un tres-grand meri-
&
re. Elle fut saignée, & son
mal se passa.
Le 13. Mrle Comte Ferdinand
de Furstemberg, & Mr
Ducker, Envoyez extraordinaires
de Cologne
, eurent
aussi Audience du Roy, &
de Monseigneur le Dauphin.
Ils y furent conduits par Mr
de Boneüil avec les mesmes
ceremonies que l'avoientesté
les autres Envoyez,& traitez
demesme.Mr le Cardinal
LangravedeEurftcmberg
faluaaussileRoyavecdeux
de ses Neveux.M le Comte
d'Avaux, Ambassadeur dfe
France auprès des EtatsGéneraux
dès- Provinces unies
s'estant rendu de la Haye à
Luxembourg, y salüa Sa Majesté,
& receut d'Elle de nouvelles
instructions touchant
les negociations ordinaires de
son Ambassade.Lorsqu'il prit
congé du Roy,ce Prince luy
dit qu'ilcontinuastàle servir
de la mesme sorte,& qu'il seroit
content. Cela fit assez
connoistre que Sa Majesté
estoit satisfaite de ses services
passez. Mr Foucher, Envoyé
extraordinaire des Etats Géneraux
auprèsdel'Electeur
de Mayence , eut aussi l'honneur
de salüer ce Monarque.
LeRoy entendit ce jour là la
Messeaux Recolets. & vit enfuite
dans ure Chambre du
Convent le Plan de Trarback
levé par Mr de Montaigu.Je
vous parleray de ce Plan dans
la fuite de ma Lettre. SaMajesté
alla l'apresdinée à la
teste des Tranchées, & des
Lignes, & en examinant la
Place, Elle previt tout ce qui
pourvoit arriver, si on osoit
un jour entreprendre de l'assieger.
Elle fit le mesme jour
la Reveuë des Troupes de la
Garnison, quiconsistoient en
cinq gros Bataillons, & en
plusieurs Escadrons.
Le 14. le Roy entendit la
Messe à la Paroisse, & tint
Conseil le matin & l'apresdînée,
ayant pendanttoutle
temps qu'il a demeuré à Luxembourg
,donné cinq à six
heures par jour, pour tousles
Conseils qu'il y a tenus; de
forte, que le temps qu'il employoit
à voir des Fortifications
& à faire des
-
Reveuës,
estoit celuy qu'il prenoit
pour donner relâche à fan
esprit. Ainsi l'on peut dire
que l'esprit ne commençait
à se reposer que pour donner
lieu au corps d'agir. Pendant
que le Roy n'eliok occupé
que des soins de son
Etat sans se donner un seul
moment de relache
,
la Cour
se partageoit, pour se divertir
selon son goust. Les uns
se
-
promenoient ,
les autres
joüoient , & quelques autres
se rafraîchissoient chez Mrde
Bouflers.Je ne vous diray
point que durant tout le sejour
- que Sa Majesté a fait
dans cette Place, ce Marquis
a tenu plusieurs Tables chaque
jour, tant le soirquele
matin,à un fart grand nombre
de couverts; ce seroitdire
trop peu,puisque non seulement,
tousceux qui ont voulu
manger chez luy y ont
trouvé a toute heure tout ce
qu'ils ont souhaité, mais
qu'on n'a mesme rien refusé
f aucun de ceux qui en ont
envoyé chercher. Commejamais
homme ne fut plus genereux
> jamais dépense n'a
esté faite de meilleure grace.
Mr deBouslers apprehendoit
si fort de n'estre pas à Luxembourgpour
la faire
a.
qu'ilfol^
licita pour n'aller au Camp
qu'ildevoitcommander,qu'aprés
que Sa Majesté seroit
partie. Le Roy qui sçait distinguerladépense
qui n'est
pas interessée,luy a fait un
Present de trois mille Loüis.
Le z5. SaMajesté entendit
encore la Messe aux Jesuites.
Elle se promena de nouveau
à cheval dans les Fossez
) & à
pied sur les Ramparts. Plus
Elle a regardé la Place avec
application,&enaexaminé
les nouvelles Fortifications,
plus Elle en a esté satisfaite ;
8c comme on ne luy rend
point de grands services sans
recevoir des marques de sa libéralité,
par dessus les recompenses
ordinaires, Elle donna
douze mille écus à Mr de
Vauba n.Toutes les Relations
conviennent qu'Elle luy fit
ce Present d'une maniere si
obligeante, que plusieurs
souhaiteroient enavoir acheté
un semblable de beaucoup
plus, & l'avoir receu
Qvec le mesme agrément. JLf
Royafait aussi des Presens
dans toutes les Eglises où il a
esté. Il donnoit une somme
pour les Ornemens. Cette
somme estoit suivie d'une autre
pour les Pauvres, & ces
deux d'une troisiéme, ou de
quelques graces dont il de":
voit revenir de l'argent pour
l'embellissement des lieux. Sa
Majesté n'ayant point mené
de Musique auVoyage )l'un
de ses Musiçiens nommé Mr
de Ville, qui est Chanoine
de Mets> y prit quelques lastrumens,
& quelques voix ,
& fit chanter dans les Eglises
où le Roy entendit la Messe
à Luxembourg, les Motets de
Mrs du Mont, Robert, &
Minoret. Sa Majesté le recompensa
de ses soins, de son
zele, & de sa dépense. Comme
l'argent n'est pas toûjours
ce qui touche davantage,quelques
charmes qu'il ait pour
tout le monde, par l'indispensable
necessité où chacun
cil d'en avoir, le Roy fïr
ouvrir les Prisons à soixante
&dix Malheureux, qui aimerent
encore mieux la liberté
que toute forte de biens;mais
ce Prince ne leur accorda des
graces que selon le genre des
crimes,ne voulant pas que sa
clemence servist à en faire
commettre de nouveaux, à
ceux qui en avoient fait d'enormes,
& que l'on jugeoit
capables d'y retomber,ce que
Mr l'Evesque d'Orléans, Mr
l'Abbé de Brou
,
nommé à
l'Evesché d'Amiens, Mes,
les Abbez de la Salle «
Fleury,& Mrde Noyon Lieu-»
tenant de Mr le Grand Prevost,
ont examiné par l'ordre
du Roy.
Le26.les uns ne songerent
qu'à partir, & les autres s'affligerent
du départ. LaCour
en voyant les Fortifications
de la place, avoir pris un
grand plaisir à se mettre devant
les yeux tout ce qui s'estoit
passé pendant le Siege-
Elle avoit examiné les Attaques&
les Tranchées) admiré
la conduite du General
)
l'intrepidité
des Soldats, le ge.
nie & l'adresse de M'de Vauban
à conserver les Aillegeans;
car le Roy sçachant
l'humeur boüillante des François
, & leur zele pour son
service
, avoit expressément
ordonné à feu Mr le Maréchal
de Crequi, & à Mrde
Vauban,d'épargner les Troupes,
& de prolonger la durée
du Siege,plûtost que de
hazarder le sang des Soldats.
Ce Prince avoit pris ses mesures
pour cela, Il estoit à la
teste d'une Armée pour em-"
pêcher lesecours,&prest à
donner bataille à ceux qui
auroient voulu le tenter.
Lors que la Cour partoit
satisfaite, & toute pleine de
ce qu'elle avoit veu, elle partoit
avec son Prince, & le
devoit toûjours voir; mais
ceuxàqui il ne s'stoit montre
que pour gagner leur
amour,& ensuite les priver
de sa presence,avoient beaucoup
de cbagrin de son départ.
Ce Prince avoit paru
à Luxembourg plûtost enPere
qu'en Roy. Sa douceur & sa
bonté s'estoient fait connoître.
Il s'estoitmontré familier
sans descendre de son
rang; on avoir eu un libre
accés auprés de luy ; ceux qui
luy avoient presenté des Requestes
avoient esté écoutez,
& la pluspart avoient obtenu
les graces qu'ils avoient demandées
;les Prisons avoient
esté ouvertes;laNoblesseavoit
eu un libre accès jusque dans
saChambre ;il avoit permis
plusieurs fois au Peuple de le
voir dîner , ce qu'il avoit
refusé dans les autres Villes,
à cause de la chaleur; ils
avoient admiré la devotion
de Sa Majesté, & la pieté que
son exemple inspire à toute
sa Cour; il avoit fait de
grands dons dans la Ville;
les dépenses ordinaires de là
Cpur y avoient répandu
beaucoup d'argent,ainsi que
le Etrangers que l'envie de
voir ce Prince avoit fait venir
en fort grandnombre; L*
Noblesse avoit esté receuë
aux Tables de la Maison du
Roy,&les Etrangers de distinctionqui
n'estoient pas
venus avec les Envoyez des
Princes Souverains des environs
, y avoient aussimangé;
enfin tout concouroit à faire
aimer, & regreter ce Grand
Prince. Il partit le 26. aprés
avoir entendu la Méfie aux
Capucins,& alla dîner à un
lieu nommé Cherasse.
J'aurois pu vous parler plûtost
du Voyage dont Mr de
Louvois rendit compte ait
Roy à Luxembourg
, mais je
n'ay pas voulu interrompre
la fuite de la Relation que
j'avois à vous faire de ce qui
s'y est passé.CezeléMinistre
partit de Versaillesle30. d'Avril,
passa à Tonnerre & à
Ancy-le-franc,&après avoir
vû les Fortifications de Besançon
, les Troupes, & les
Cadets, il se rendit le 5. de
May après midy à Befort.
C'est la Capitale du Comté
de Ferrette, située dans le
Sunggovv bb 1
Sunggovv,écheuë au Roy
avec l'Alsace par le Traité
de Munster. Mr le Marquis
dela Suze en a esté longtemps
possesseur, par engagement,
ou autrement. Mrle
<C? ardinalMazarinpossedaenfuite
ce Comté, & Mrle Duc
Mazarin, qui luy a succedé,
en jouitpresentement. La
Ville estassez belle. Il y a
un Chasteau, où l'on a fait
quatre Bastions. Mr de Saint
Justest Gouverneur de cette
Ville
>
où Mr de Dampierre,
Lieutenant de Roy, commande
c-iifôn absence. M" de
Louvois visita la Place, les
Troupes, & les nouveaux
Travaux, qu'il trouva en bon
'estât. Ce Ministre coucha
le 6. à Dainm-arie Village
d'Alsace. Il se rendit le 7. à
Huningue. C'est une Place
quiestfort proche de BaDe,
ÔZ qu'on a nouvellement
fortifiée de six Bastions sur
le Rhin ; on y a aussi fait
- des Dehors? & un Pont
ik bois fut le Rhin avec
quelques Ouvrages au bout
pour en fortifierla teste.
Cette Place rend la France
fort puissante sur le Rhin.
Elle est dans l'Alsace. Mrle
Marquis de Puisieux en est
Gouverneur, & Mr de la Sabliere
, Lieutenant de Roy-
Mrde Louvois en examina les
Fortifications,& fit faire reveuë
aux Troupes qui y et;
toient e& Garnison. Le 8. il
coucha à Fribourg, Capitale
c- duBrifgaw
,
située sur la petite
Rivière deTreiseim,i
bout d'une Plaine fertile, &
sous une hauteur qui cft le
commencement de laForest
loire. Elle est grande, bien
)euprlee.&: a diverfcsEcrllfcs,
&: plusieursMaisons Rcligieuses.
Le Chapitre de Basle
y fait sa residence, quoy que
l'Evesque ne l'y faire pas. Il la
fait à' Potentru, depuis que
les Protestans ont esté Maistres
de Basle. Il y a une Chambre
Souveraine à Fribourg,
& une celebre Université,
qu'Albert VI. dit le Debonnaire
,y fonda en 1450. Les
Ducs de Zeringuen ont possedé
autrefois cette Ville; qui
passa dans la Maisonde FULstemberg,
par le mariage d'Agnes
avec le Comte Hugue
ou Egon, dont les Descendans
l'ont gardée jusque
vers l'an 1386. après quoy les
Bourgeois s'estant mutinez,
se donnerent aux Ducs d'Austriche.
Elle fut prise trois
fois en six ans par les Suédois;
sçavoir en 1632.. en 1634. ôc
en 1638. Son nom s'est rendu
fameux dans toute leuropc,
par la celebre Victoire que
feu Monsieur le Prince, qui
n'estoit alors que Duc d'Anguien,
remporta en 1644. sur
les Troupes Bavaroises, aprés
un Combat sanglant & opïniastré
qui dura trois jours,
pour les postes difputcz de
la Montagne-noire., à une
lieuë de Fribourg. Ces trois
jours furent le 3. le 4. & le 5.
du mois d'Aoust. Feu M le
Maréchal de CrequLqui commandoit
une des Armées,du
Ro.yj.piMt cette Villele17.
Noyen).bre1677.aprèsun Sijer
gaevdoeisteapltorosuckhuuxitmjouurrasi.llIelsy»
uneCitadelle
à quatre Ri-
(rions, dç bons FolLz? o~
quelques autres Ouvrages.
Depuis ce temps-làles François
l'ont fortifiée plus regulierement.
La Rivière- du.
Trcifeim, qui n'est jamais
glacée? nettoye toutes les
rues. On a ajoutéquelques
Bastions aux anciennes muraillesde,
laVille,& les Fortifications
du Chasteau ont
este augmentées. On les a
étendues sur toute la hauteur.
C'est un chef-d'oeuvre de Mr
de Vauban. On yaaussi bâty
d'autres Forts qui commandent
à deux vallées. Les
Archiducs d'Autriche y avoient
étably une Chancelleric.
Il y a quatorze Mona.
stercs à Fribourg, & des Maisons
de trois Ordres de Chevalerie.
Mr du Fay en est
Gouverneur, Mr Barrege.
Lieutenant de Roy, & Mr
Roais commande dans leChasteau,
Mr de Louvois dîna le
,. à Brissac,&vit la Place
&les Troupes.Cest une Ville
d'Alsacedans le Brisgavv qui
donne un passage sur le
Rhin. Elle fut prise en 1638-
par Bernard de Saxe, Duc de
Vveimar, General de l'Armée
de Suede? avec le secours des
Troupes Françoises que conduisoit
le Maréchal de Guebriant.
On y trouva plus de
deux censpieces de Canon)
avec degrandesrichesse -y,
l'annéesuivante le Duc at
Vveimar estant malade à.
Nevvembourg prés de Irifac?
le mesme Maréchal de Guebriànts'aflxiraaumoia.
deJ all--
kx de cetteimportante- rl -
ce-,ôc des autres qui fuienc re-r
mises au Roy j&r TwtÇ du
9.Octobre de lamesme aPT
née.Elles surent cedées à Sll
Majesté en 1648. par leTraité
de Vvestphalie
, ce qui, fJu;
confirmé en 1^59<parcehijfr
des Pyrénées,Brisaa,que
quelques-uns juçmmenp la
Citadelle de l'Alsace, &d'autres,
laClef de l' Allemagne,
passè aujourd huy pour une
des plus fortes Places del Eu-
-
rape, soit qu'onregarde sa
situation sur un Mont,soit
qu'on examine ce eue l'arta
ccoonnctrriibbuuééaà la rreennddrree rrce~guu--
liere. Elle est sur le bord du
Rhin qu'elle commande,
C'estoit autrefois la Capitale
duBrisgavv, qui areceuson
nom d'elle, mais Fribourg
l'a emportédepuis quelque
temps. Il y a aujourd'hui
double Ville,car outre cellequi
estoit audelà du Rhin,
onafortifié une lac, qui est
presentement habitée, avec
grand nombre de Bastions.
Ilya aussi des Fortifications
en deçà du Rhin? & toutes
ensemble elles peuvent faire
environ trente Bastions. On
travaille incessamment à cette
Place, que l'on peut dire
imprenable. Il y a dans Brisac
une Compagnie de jeunes
Gentilshommes. Mr le Duc
Mazarin en est Gouverneur
Mr de la Chetardie y commande
en sa place,& Mr de
Farges y est Lieurcnant de
Roy. (
Mr deLouvois vit lemesme
jour p. d'Avril, les Fortifications
de Schleftadt. &
les Troupes qui y font en
Garnison.C'est une Place située
dans l'Alsace sur la Riviere
d'Ill qui porte Bateaux.
Elle estoit autrefois fortifiée
de bonnes murailles & de
fortes Tours, avec un Rempart,
& des Fossez très-larges
&fort profonds. On y a fait
des Battions depuis ce temps,
là. C'est une Place fort considerable
,
où l'on fait un
grand trafic. CetteVilles''est
toujours maintenue Catholique
au milreu de i'Heresie,
& il y a un College de Jesuites.
Mrde Gondreville en,est
Gouverneur, & Mrde la Provenchere,
Lieutenantde Roy.
Le 10. Mr de Louvois allacoucher
à Benfeld,petite "-il.
le de la baffe Alsace
,
assezforte,
&: des mieux entenduës..
Elle, dépend de Strasbourg-
,
dont elle n'estéloignée que
de trois lieues. Elle est sur
la Riviere d'Ill. Mr de Louvois
dîna le 10. à Strasbourg
)
ôc y sejourna le n. vit la Ville,
la Citadelle, les Forts, &
les Troupes. Mr de Chamil-
.Iy) si célébré par la défense
de Grave. en est Gouverneur.
Mr de Louvois logea chez Mr
de Monclar, qui commande
-
en Alsace. Je ne vous dis rien
de Strasbourg, comme je ne
Vous ay rien dit de Besançon,
parce que ces Places sont entièrement
connues. Ainsi je
ne vous ay parlé que de cellies
dont j'ay cru pouvoir
vous apprendre quelques particularitez
quine se trouvent
dans aucun Ouvrage imprimé.
Le 12. Mrde Louvois dîna
au Fort Louis du Rhin.
C'est un Fort qui a este construit
dans une Isle du haut
Rhin, huit licuës au dessous
de Strasboug, & autant,au
dessus de Philisbourg. Ce poste
estoit presque inconnu.
Toute l'Isle qui est au Roy,
estant dans l'Alsace qui ap.
partient à Sa Majesté
,
doit
estre fortifiée. Il doit y avoir
plusieursBastions, & des
Ponts avec des Fortifications
à la teste. Mr de Bregy est
Gouverneur de cette Place.
Mr de Louvois aprèsavoirs
examiné l'estat de ce Fort
allalemême jour coucher à
Haguenau. C'est une Ville
fort marchande en A lsace,située
entre les rivieres de Meter
& de Sorn.On gardoit autrefois
dans cette Ville-là,
la Couronne,le Sceptre, la
Pomme d'Or, & l'Epée de
Charlemagne avec les autres
ornemens Impériaux. C'est le
Siege du Bailly du Langraviat
d'Alsace. Mr de Louvois
coucha le 13. à Britche, où il
visita les troupes & la Place.
Cette Ville qui a un Châteauassez
considerable, est
dans la nouvelle Province
de la Sare. Mr de Morton
en est Gouverneur, & Mr de
laGuierleLieutenant deRoy. |
3MVT de LLoouuvvooiiss, aapprrèèss aavvooiirr
Nifité lesFortifications & les
groupes> alla dînerle14. à goù il-ne la même.
choseavec unepareille
activité.Hombourgeft assez
considerab- eoniiderable>&:estauasusmi dans la Provence de laSarre. M1
lç Marquisde laBretesche
qui commande dans cette
Province,en est Gouverneur,
& ^lr de la Gardette y
commande
en son ablençe,
M de Louvois alla ce jourlacouch
r à.jatrpctip Village
de la Province de la Sare qui
se nomme Cucelle &le1/
il passaàKirnoù il difha
en visita le Chasteau. Il cb.,.-
chaleITlefmejourlTraDeri
proche Trarback, & visita
la Presque-Isle de Traben, oi|
l'on va bastir une Placequi
s'appellera Mont-Royal. Cette
Place dont on n'a oiïy parler
qu'en apprenant qu'on y
travailloit
)
fait aujourd'huy
l'entretiende toute l'Europe,
le Roy n'entreprenant
rien qui ne soitassez grand
pour servir de conversation
au monde entier.Quoyqu'on
parle beaucoup d'une chose
ce n'est pas à dire qu'on en
partetoujours jùftc
) & il est
mesme presqueimpossible
:quton puissefejavoir au vray
toutes les pârticularitez d'une
entreprise
?
dont a peine,
at-on appris qu'on a forme,
le dessein. Tout ce que je
puis vous dire de celle-cy,
c'est que j'ay ramassé avec
grand foin* beaucoup de circonstances
qui la regardent*
&: que quandil y en aur,Qi,t;
quelques-unes qui ne feroient
pas toux à fjut vrayes;
je ne laiffer4 pas, 4c ycxuj
apprendre plusieurrs çbofcî
qu'on ne peut encore vous avoir
dites. Le Roy voulant
couvrir Luxembourg en 3
J - s cherché -lps tnoyeps ?
& lesa
trouvez danssesterresen.déT
couvrant un lieu. propre à
fairebastiruneVille. Ce lien,
se nomme Traben, & pour
parler à lamaniéré du Païs,
il eit à trente heures dç-Liirxembourg,
à douze de Tre"
ves, &à six de Coblens. Je
ne me puis tromper de beaucoup
sur le plus ou sur le
moins) & l'espace que je vous
marque) vous doit donner à
peu prés l'idée de l'éloignément
où ces Places peuvent
cftre les unes des autres. Tra.
ben est à la teste de Luxembourg.
On dit que Cesar y a
Autrefois campé, & qu'il y a
des vestiges d'une espece de
Fossé que l'on pretend avoir
autrefois fermé son Camp,
La Nature semble avoir faifre
ce lieu-là afin que le Roy le
fin: servir à sa gloire. Il n'a
que huit toises de largeur à
son entrée, que l'on dit estre
une escarpe& un rocher inaccessible.
La Moselle, qui n'eâ
point guéable en ces quartiers-
là ,envelope lereste de
son enceinte. L'entrée du
terrein elt occupée par un
plan deSapinsqu'onfaitjetter
à bas pour servir à cette
entreprise. La terre qui rcftc
lontient un des meilleurs
plans
plans de vignes de tout lePaïs,
& quelques champs qui rapportent
de tres-beaux grains,
&l'on trouve outre celaassez
de vin &de grain dans l'étendue
de cette presqu'Isle pour
nourrir une Garnison de trois
ou quatre mille hommes, Les
costes qui regnent vis-à-vis
le long dela Riviere,ne commanderont
point la Place, &
comme on ne pourra l'attaquer
que par le terrain que je
viens de vous marquer, il est
aise delarendre imprenable.
Il ya quatre Villagessur Iesr
crestes de ces costes dont on
pourra tirer de grands secours
pour les premiers Travaux,
L'extremité du plan de lapins
est une grosse source, qui se
trouvera dans lesFossez de la
Place, & qui fournira de
l'eau à la Ville. Elle aura
plusieurs Bastions
>
& fera
touteirreguliere, & tracée
sur la longueur, & la largeur
du terrain. Il y aura autour
de lapresqu'IsledesRedoutes
d'espace en espace
) pour dé-«-
fendre le passage de la Riviere.
Cequ'ilyade surprenant,
]
c'est qu'on peut dire que ce
que le Roy rcfout,est à demy
fait presqu'au moment
qu'il est resolu, au lieu que
pour l'ordinaire les grands
desseins demeurent au seul
projet. A peine eut-on plante
les piquets) que les Baraques
pour leslogemens des Soldats
le trouvèrent faites. Sept Bataillons
travaillèrent. Ils furent
bientost fortifiez d'autres
Troupest & l'onregarda
cette entr^prife avec unétonnement
donton n'cft pas encore
rovenu? sur tout pendant
que le Roy fait travail1er
dans le mcfmc temps àun
fort grand nombre de Places.
Quelque Souverainqui aitjamais
entrepris d'en faire, elles
ont estel'ouvrage du temps
plûtofi que de ceux dont elles
ont pris le nom; puis que la
pluspart nont presquerien
fait de plus, que d'en avoir
mis la première pierre. Voilà
la France à couvertdes infultes
deTAllemagne, & le Roy
fait plus à son égard
? que les
Chinoisn'ont jamais fait par
leur muraille de cinq cens
lieuës de long à l'égard des
Tarures.Le Royaume de la
Chine n'est à couvert que par
une feule muraille, & la Fran-*
ce l'est aujourdhuy par deux
rangs de Places forces, qui
doivent au Roy tour ce qui
les rend redoutables. tvir de
Louvoisaprès avoir sejourne
le 16.a Traben, & avoir,
pour ainsi dire, donnéle mouvement
à tous les bras devoient qui agir pour la gloire
du Roy,& pour la tranquillité
de l'Europe, alla coucher
le 17- a Sare-Loiiis, où il fit
la reveuë des Troupes, &vifita
les Fortifications de la Place
Elle est Capitale de laPro,
Vince de la Sare. Ce n'estoit
cjiTun Village, dont le Roy
a fait une Place tres-reguliere.
On luy a donné le nom de
-,ç,arc-Loüls, qui est un composé
deceluy duRoy,&de
celuy de la Province. Cette
Ville a six Bastions Royaux
avec quelques Demy-lunes,
& d'autres Ouvrages, M de
Choisyen est Gouverneur éc
Mr le Comtede Perin Lieutenant
de Roy. M deLouvois
y sejourna le 18. &le lendemain
il alla àThionville,
où il se donna les mesmes
soins, &pritles mesmes fatigues
que dans les autresVilles
où il avoit passé. Thionville
n'appartient à la France
que du regne du feu Roy.
C'est une Ville du Luxembourg
assise sur la Moselle.
C'estoit une des clefs du
Royaume avant les nouvelles
Conquestes de Sa Majesté.
On a razé Domvilliers, &
quelques autres petitesPlaces
voisines
>
afin de rendre celle-
là plus considerable. Mr
d'Espagne enest Gouverneur;
Mrd'Argelé,Lieutenant de
Roy, & Mr de Bouflers,Gouverneur
de Luxembourg,&:
Lieutenant general de la Pto-T
vince.Mr deLouvois a trouvé
dans toutes les places qu'il
avisitées,les Troupes & les
Fortifications fort belles. Le
Canton de Basle luyenvoya
faire compliment à Huningue,
& Mrl'Electeur de Treves
fit la mesme chose pendant
que ce Ministre estoit à
Trarbach, Les Magistrats de
tous les lieux qu'il avisitez,
l'ontaussi complimenté, &
les Gouverneurs des Provinces
&des Places que je viens
de vous nommer,& M les
Jntendans la Grange ôc la
Goupiliere ont fait tout ce
qu'ils ont pu pour le bien reé
galer; mais ce Ministre toûjours
agissant n'avoîtqu'à
peine le temps de voir les Repas
qu'on luy preparoit par
tout. Jamais on n'a fait tant
de chemin) ny vu tant de
Villes
,
de Remparts, & de
Troupes, en si peu de temps
Lors qu'on sert ainsi fou
Prince,on le fait servirde
mesme
; & quand les desseins
du Souverain font grands, on
ne voit rien qui ne sente le
prodige. Mr de Louvois dîna
le 20. à Luxembourg,où Sa
Majesté arriva l'aprésdinée.
Je vous ay fait un détail de
tout ce qui s'y est passé,&
vous ay dit que le Roy alla
le 26. dîner à Cheranc. Ce
Prince coucha à Longvvy,cù
• aprésavoir vu faire l'exercice
aux Cadets dans la Place d'armes
, il en choisit quatrevingt,
pour les mettre en diversCorpsenqualitéde
Sousl^
ieurenans, comme jevons
l'aydéja marqué. La Cour
alla dîüer le 27.à Pierre- Pànt.
Sa Majesté montaà cheval
l'apresdinée
, & arriva te soir
àEtain -en prenant le diver-^
tissement de la Chasse. Sa Ma>-
jesté y fut receuë par Mr de
Verdun. Elle entendit la
Messe le 1$. à la ParoiiTe,Se
fit de grandes liberalitez au
Curé5 & aux Capucins qui
sont établis en ce lieu-là,quoy
qu'Elleleur en eust déja fait
en y passant la premiere fois.
Elle dîna le mesme jour à
Verdun chez M" 1tveique,
à quiElleavoit donnéordre'
le jourprécedent pour 'lC{
âaiur qui fut chanté en
Musique sur les six heures dtV
soir. Toute la Cour y am,
ffcaravec une devotion qvd
répondoit à la pieté du Roy.
Le lendémain 29jour du,
S. Sacrement ,
la pluspart dM
Dames qui avoient accompagné
ce Prince , firent leurs
devotions, ce qui parut fort
édifiant. Le temps estant extremement
pluvieux, on ordonna
que la Procession se
seroit feulement jusques à
l'EglisedesJesuites, & qu'elle
reviendroitaussi-tost dans Ii
Cathedrale. La Procession
commença par les Paroisses
de la Ville, suivies des Mandians,
& autres Religieux.Le
Clergé estoit en fort grand
Nombre, accompagne des
Gardes de la Prevosté
,
des
Cent-Suisses de la Garde, ôc
des Gardes du Corps,qui marchoient
sur deux lignesa coté
de la Procession. Messieurs
les Princes du Sang estoient
immédiatement après leDais.
Monseigneur le Dauphin pa..
roissoit ensuite ; deux Huisfiers
portantdesMasses precedoient
le Roy, qui avoit auprésde
luy lePere de laChaise,
& fesAumôniers.Les Princesses
marchoient aprés, suivies
des Dames les plus distinguées,&
ces Dames l'estoient
d'ungrande nombre de Seigneurs
, & d'Officiers de la
Maison du Roy. Le Presidial
deVerdun marchoitenCorps,
Se MP de Ville suivoient le
Presidial.Aprés cette longue
file quiétoiten fort bonordre,
venoit une foule de peuple
innombrable, sans compter
ce qui se trouvoit encore dans
la Ville. Presque toute laLorraine
s'y estoit renduë,&on
en voyoit jusque sur les toits.
On s'arresta à deux Reposoirs,&
la grande Messe fut cclebrée
par Mr l'Evesque de
Verdun. Le Roy, & toute la
Cour occupoient la droite
des hautes Chaises. LesChanoines
estoient à la gauche,
& la Musique au milieu du
-Choeur; elle s'acquita assez
bien de tout ce qu'elle chanta.
Sa Majesté alla à l'Offrande,
& aprés la Messe Elle eut
à peine le temps de dîner *
pour retourner au mesme
lieu, oùla Cour entendit Vespres.
MdeVerdunofficia encore.
Au sortir de cette Eglise,
le Roy se promena autour
de la Citadelle
)
&: alla
voir les Ecluses, qui sont presentement
achevées, & dont
on se doit servit pour empêi
cher qu'on n'approche de la
Ville du costé où elles sont.
Mr deLouvois alla jufclu-aa
lieu où les eaux remontent.
Plusieurs Particuliers ayant
eu leurs beritages endommagez,
ont esté remboursez par
la bonté de Sa Majesté
, quoy
que cet ouvrage foit pour la
défense de leur Patrie.
Le 30.le Roy entendit encore
laMessedans la Cathedrale,&
Mrde Verdun luy
presenta de l'Eau-benite.Ce
Prince eut la bonté de faire
une remontrance au Chapi
tre,) pour l'exhorter de bien
vivre avec son Eve[quc) &
comme il sçavoit que les Chanoines
estoient en possession
depuis un fort grand nombre
d'années
?
d'estre debout pendant
l'Elevation, il leur deT
manda qu'en sa consideration
ilssissent une Ordonnance
pour abolir cetusage, à quoy
ils ne s'opposerent pas. La
Musique chanta un Motet sur
le rétablissement de la santé
de ce Prince, & receut en
mesme temps des marques de
sa libéralité, Toute la Cour
alla ce mesme jour dîner à.
Brabant, & arriva un peu
tard à Sainte-Menehout. M1
l'Evesque de Châlons s'y
trouva avec quelques Ecclesiastiques
qu'il y avoit ame.
nez. Mr le Duc de Noailles
ayant de son costé amené de
LuxembourgMr de Ville, &
prisà Verdun des Musicièns,
qui se joignirent à d'autres
qu'il avoit fait venir de Châlons,
le Salut fut chanté en
Musique aux Capucins sur
les septheures du soir. M de
Châlonsy donna la benediction
du S. Sacrement. Les
Capucins furent extrêmement
édifiez de voir que la
Cour, à l'exemple de son Souverain
faisoit paroistre une
grande pieté. Ils connurent
encore celle de ce Prince, par
les presens qu'il leur fit le
lendemain en partant, quoy
qu'ils en eussent déja receu
lors qu'il estoit paffé à Sainte-
Menehout, pour se rendre à
Luxembourg.
Le 31. le Cour dîna à Cense
de Bellay & allaà Châlons,
où elle trouva un nombre mfïny
depeuple qui s'y eftoic
assemblé
; croyant qu'elle y
passeroitla Feste de Dieu, cqui
seroit arrivé, si la maladie
de Monsieurle Comte de
Toulouse n'eust point rompu
les mesures que l'onavoit prises.
Le Salut fut chanté par
la Musique avec beaucoup de
iolemnité?M1deChâlonsef-
-tantà lateste desonChapi-
"tre. L'Eglise,& les ruës es-
Iaient si remplies
, qu'on
croyoit estre au milieu du
Peuple de Paris. Un nombre
infiny de routes sortes de gens
qui cherchoient à voir le
Roy, occupoit le Jare , &
Tonassure -qu'il n'y en avoit
jamais tanteu.
Ii
Le premier Juin, le Roy
dîna à Bierge, & coucha à
Vertus. Il y entendit le Salut
à la Paroisse, où il y eut une
Musique tres-agreable
,
soutenue
desHautbois des Mousquetaires.
M de Châlons y
officia,assistiéde M de Luzanfy
& de Lerry? qui ont des
Abbayes en ce lieu.
Lei. on partit de Vertus
à dix heures
du
matin, après
avoir entendu la Messe, pendant
laquelle la Musique continua
de chanter des Motets
de M1r du Mont. On ne sçauroit
trop admirer le zele&
l'activitéde Mrde Noailles,
pour le service de Dieu & du
Roy.M deChâlons aofficié
pendant l'Octave du S. Sacrement
, par tout où Sa Majesté
a esté dans son Diocese,
& il s'est par tout trouvé de
la Musique, par les soins de
M le Duc de Noailles son
frere. La Cour alla de Vertus
dîner à Etoge. C'estunlieu
toutremply d'agrémt.Lebastimentenest
beau,les Jardins
en sont charmans
, & l'abondance
des eaux y donne tous
les plaisirs que l'on en peut
recevoir. Ce lieu appartient
à Mr le Marquis d'Anglure,
& sert de retraite à deux freres
& à une soeur, qui par
leur mérité sefont fait une reputation
qui s'estrepandüe
bien avant dans le Monde. La
vertuest leur passion, la charité
fait leur employ, & leur
pieté est exemplaire. Le Roy
leuravoit fait dire qu'il difneroit
chez eux sans les embarasser,&
quoy qu'il n'euisent
pas l'avantage de donner
à mangeràSa Majesté,ny par
consequent l'honneur de la
servir,leur magnificence ne
JailTa pas de paroistre i la maniere
dont ils traiterent toute
la Cour. L'abondance fut
si grande aux tables qu'ils
firent servir
, que celle du
Chambellan ne tint point,
Monsieur le Prince qui mange
ordinairement à cette table
, ayant fait l'honneur à
cesillultres Solitaires de manger
àcelle qu'ils luyavoient
fait préparer. Le Roy inftruit
de leur vertu voulut sçavoir
le détail de leur vie dans
une solitude si peu commune
à des personnes de cette
qualité. Ce Prince apprit que
lesFreres faisoient le plaisir
- - de
de la Soeur, & la Soeur celuy
des Freres? que leurs heures
font reglées pour leurs exercices
ordinaires qui estoient
toujours égaux, sur tout la
Messe
,
les prieres frequentes,
& la visite des Pauvres. Un
fils de l'aisné qui n'a pas encore
cinq ans, eut l'honneur
de manger avec le Roy. Pendant
queSa Majestéfaisoit
son plaifirde s'entretenir de la
pieté de ses hostes,onluy apprit
que Madame la Princesse
deConty avoit un malde teste
& unedouleur de gorgequi
faisoient craindre que cette
Princesse ne fût bientost attaquée
du mesmemal qûeTilc
le Comte de Thoulouze avoit
essuyé à Luxembourg.
Le Roy ordonna qu'on
fïftauffitoft partir pourMo zmirel,
& se prepara a quitter
1-oge pour ta suivre.Il ne faut
pas que j'oublie à dire qu'il ya
une galerie dans ce Chasteau
qui plut beaucoup à Sa Majesté,
& qui auroit fait plus
long-temps le plaisir de toute
la Cour? si elle n'avoit point
esté pressée de partir. Elle
contient les Portraits- de tous
les grands hommes qui ont
paru en Europe depuis environun
Siècle, &; les Portraits
de ceux qui ont vescu
çlaAs, lemesme temps,-sont
pppofez les uns aux autres,
comme pour en faire des
paralelles; leurs principales
actions& leurs alliances font
marquées au bas. Cette Galerie
est plus curieuseque
magnifique, & l'on y voit
regner une simplicité debon
goust
, qui attire plus de
loüanges à ceux à qui appartient
cette maison, qu'une
magnificence mal entendüe..
-
Le Roy ayant quitté un lieu
jS delicieux
,
arriva de bonne
heure à Montmirel. Mr de
Louvois, comme Seigneur du
lieu, receut Sa Majesté à la
descente de son carosse. Ce
qu'on avoit soupçonné du
mal de Madame la Princesse
de Conty? arriva.Les rougeurs
parurent?&elle fut faignée
le lendemain au matin.
Sarougeolle estoit tres forse?
mais les Medecins dirent
qu'ellen'estoit pas dangereuse.
On Iaifïa aupres de
cette Princesse MrPetit,Pr-emier
Medecin de Monseigneur,&
Mr DodartsonMedecin,
avec MrPoisson, Apotiquaire
du Roy. Comme
ce Voyage approchoit de sa
-fin, la
-
Cour commença à défiler,
& M[ le Prince de
Conty partit pour Paris. On
dit ce jour-là des Messes
tout le matin, & à sept
heures du soir il y eut Salut.
LePrieur Curé, qui est un
Religieux de S. Jean de Soissons
,
fit la céremonie.Le
- 4. Monseigneurle Dauphin
ayant
beaucoup d'impatience
de - revoir Madame la
Dauphine, receut de Sa Majesté
la liberté de partir. Ce
Prince
-
arriva le soir mesme
à Versailles. Plusieurs personnes
quitterent la Cour cC;
jour-là. Les Prieres se firent
comme le jour precedent;on
fut fort en doute si on partÍroÍr,
on reeeut des ordres
pour le depart, & ces ordres
furenr révoquez. Le jour de
FOccave du S. Sacrement,le
Roy ayant sceu à quatreheures
& demie du matin l'estac
--de la maladie de Madame la
Princesse de Conty
?
Ordonna
à Mr de Louvois de faire
partir les Officiers, & cependant
cc Prince , quine songe
pas moins a
-
remplir les aevoirsdeChrestien,
que ceux
de Roy, demanda au Pere de
la Chaise
,
s'il estoit Feste dar s
le Diocese de Soissons,& s'il y
avoit obligation pour ses Officiers
d'entendre la Messe, &
pour luy
3
d'assister à la Procession.
Le Pere de la Chaise
luy repondit, qu'il estoit obligé
d'entendre la Messe
) &
non d'aller à la Procession
mais que cependant il feroit
mieux que Sa Majesté rendist
ce devoir aux ordres de l'Egli[
e,quia étably la Procession
de l'Octave. Il n'en falut
pas davantage pour faire
ordonner qu'on cLft coniti-*
nuellement des Messes, ôc
quoy que les Cloches qui
font fort grosses, fussent
près de la Chambre du Roy,
parce que l'Eglise est dans
le Chasteau, ce PrinceVOUrllut
qu'on les sonnast toutes.
Il entendità huit heures
& demie une Messe,dite par
un Chapelain de quartier.
Cependant le Prieur accom*
pagné d'un Diacre,d'un Sous-
Diacre
,
de trois Enfans de
Choeur, dehuit choristes, &
de huit Chapiers tirez de la
Chapelle du Roy, se preparoit
dans la Sacristie. La Procession
commençasur les neuf
heures; on dit ensuite la
grand' Messe,& le Roy partit
pour aller dîner à Vieu-
Maison,quiappartient à Mr
Jacquier. Monsieur le Prince
quitta la Cour, pour se rendre
à Paris. On coucha ce jourlà
à la Ferté sur Joüare dans
le Diocese de Meaux.M l'Evesque
de Meaux s'y trouva
avec quelques Abbez, & ses
Aumôniers.Onchanta le Salut
en plein Chant à la Paroisse
, & la bénédiction y fut
donnée parcePrelat. Sa Majesté,
qu'une marche continuelle
n'a détournéed'aucune
des fonctions de piet
» dont Elle s'acquite avec in
zele si édifiant, termina ce
cette forte tOétave du S.
Sacrement. On dîna à Monceaux.
Mr de Gesvres, comme
Gouverneur du lieu >^vo-t
fait au Roy pendantledîner
un present defruits,de fleurs
& de Gibier, d'une rh-iiierç
tout-à-fait galante. On traversa
Meaux iar,fulr, , &
on alla coucher à Caye. Le
lendemain, Monseigneur entendit
la Messeà Versaillesà
six heuresdumatin,&priten
suite la Poste pour se rendre
à Livry
3
où l'on attendoit le
Roy. Il estoit accompagne
de Monsieur le Prince de
Conty, de Monsieur de
Vendosme 5Se.de plusieurs
Seigneurs de la Cour. Ils
y arriverent sur les dix
heures & demie. Monseigneur
changea d'habit, & aprés
avoir pris quelques
- rafraifchissemens,
ilalla au devant
de Sa Majesté, quiarriva
sur les onze heures & demie.
Le Chasteau de Livry est
depuis long - temps dans la
Maison de MrSanguin, Sa
situation est charmante
, &
dans le voisinage d'une Forest
tres-agreable,& tres- propre
pour la Chasse. On voit un
beau Jet d'eau dans le milieu
de la court. Le grand corps
de Logisest terminé de chaque
costé par un Pavillon,
dont l'un fait face au Jardin,
& à l'Orangerie. Le Parc qui
est au bout, répond sur le
grand chemin. Le Roy descendit
de Carosse à la grille
de ce Parc. Monseigneur l'y
receut accompagné des Princes
qui l'avoient suivy. Madame
Sanguin) Mcre de Mr
le Marquis de Livry. Mr l'Evesque
de Senlis Madame de
Livry, & quelques autres personnes
de la Famille, reeeurent
Sa Majesté à la porte du
Jard in. Elle les faliiaj& leur
parla avec cet air doux &majestueux
qui luygagne tous
les coeurs. On servit le dîné à
midydansl'anti-chambre du
Roy. Elleestoit richement
meublée, & tenduë. des belles
Tapisseries
,
dont le feu
Roy d'Angleterre fit present
à M de Bordeaux, Pere de
Madame Sanguin, lors qu'il
estoit AmbaOEadeurauprés de
ce Prince. Le Buffct estoit
dressé dans une Salle qui joint
l'antichambre. On ne peut
rien ajoutera la propreté,&
au bon ordre que Madame
Sanguin avoit mis par tout.
Les Appartenons estoientornezavecun
agrément admirable,
& que l'on remarque
dans tout ce qu'elle fait. Mr
l'Evesque-de Sentis &M de
Livry sirent les honneurs;
mais ce dernier ne laissa pas
d'exercer sa Charge de premier
Maistred'Hostel. On
servitenpoisson avec autant
d'ordre qu'il yeut de delicaft{
fe & d'abondance. Monseigneurmangea
avec le Roy.
Les Dames qui eurent l'honneur
d'estre àla Table de Sa
Majcfté> furent, Madame la
Duchesse, Madame d' Armar.
gnac, Madame de Maintenon,
Madame de GramoRÇ*
Madame Sanguin, Madame
de Livry, &: Mademoiselle
de Sourdis,qui ayant esté
élevée chez Madame Sanguin,
ne la quitte point de-
-
puis long-temps. Les Princes
quiavoient suivy Monseigneur,
furent servis à une
autre Table. Celle du Grand
Maistre fut servie après le
dîné du Roy. Sa Majesté se
retira dens sa chambre au
sortir de Table. Elle y demeura
quelque temps,& partit
ensuite
,
après avoir fait
de grandes honnestetez à Madame
Sanguin,à M deSenlis,
& à Madame de Livry
)
& leur avoir dit, qu'Elle
n'avoit point esté si bien traitée
dans tout le Voyage.
Quoy que toute la Famille ait
part à l'honneur de cette Feste,
on peut dire que Madame
Sanguin s'est attiré beaucoup
de louanges , & d'estime,&
qu'elle a réussi dans
:.tour ce que la Cour attendoit
d'elle. Ce n'est pas d'aujourd'huy
que la Famille de Bordeaux
s'estdistinguée dans
toutes les choies qui ont regardé
leRoyCePrince donna
ce jour-là à Mr deMassigny,
l'un de ses Ecuyers,cinq cens
écus de pension. Cette grace qui n'avoit point esté demandée,
tomba sur un Sujet
d'autant plus estimé de toute
la Cour, qu'on luy a toûjours
remarqué un grand attachement
pour la personne
de son Prince. Le Roypassa
l'aprésdînée dé fort bbnéfe
heure par Paris, au bruit des
acclamations du Peuple, &
se rendit à Versailles
)'
ou
Monsieur & Madamel'attendoient.
Sa Majesté trouva
en y arrivant un nombre
infiny de personnes de la première
qualite, qui s' y étoient
rendues pour la salüer à la
descente deson Carosse. Plufleurs
Conseillersd'Estat?
ôc Maistres des Requestes,
eurent aussi cet honneur.
Elle montaaussi-tost à 1Appartement
de Madame la
Dauphine, pour voir certç
Princesse, & se promena
ensuite à pied pendant quatre
heures dans les Jardins
deVerailles.Ellevisita tous
les Ouvrages nouveaux qu'on
y avoit faits pendant sen
absence
,
&vitunfort grand
nombre d'Orangersquc'?Elle
avoit donné ordre de placer
dans l'Orangerie, du nom- bre desquels estoit l'Oranger
nomméleBourbon
,
qu'on dit
avoirenviron cinq cens ans.
Une si longue promenade à
pied au-retour d'un Voyage,
donna beaucoup de joye à
toutela Cour, parcequ'elle
estoit une marque de la parfaite
santé du Roy. Le 8. M"
le Cardinal Nonce, les Ambassadeurs
, les Ministres des
Princes Souverains qui sont
icy , & la pluspart des Chefs
des Compagnies superieures,
se trouvèrent au lever de Sa
Majesté, & luy firent compliment
sur son heureux retour.
Jamais ce Prince nes'étoit
mieux porte, & n'avoit
paru de meilleuremine, quoy
que pendant le cours du
Voyage, il se fust toujours
exposé à la poussieres dont il
auroit pû se garantir, si sa
bonté ne l'eust porté à vouloir
satisfaire à l'empressement
que les Peuples de la
Campagne avoient de le voir,
sur tout après une maladie
quiavoit fait paroistre l'excès
de leur amour pour ce Prince.
Le jour iuivancJa foule
continua à son lever &: cc
Prince voyant sa santé parfaitement
rétablie) puifquc
les fatigues d'un long Voyage
ne l'avoient pu alterer ) recompensa
en grand Roy,ceux
à qui, après Dieu & les voeux
de ses Sujets, il en estoit redevable.
Il donna cent mille
francs à Mr Daquin son
premier Medecin
3 quatrevingt-
mille à M Fagon, premier
Medecin de la seuë
Reyne, en qui il a beaucoup
de confiance, & dont la reputation
est solidement établie,
&: cinquante mille écus
à MrFélix, son premier Chirurgien.
Quelque temps auparavant
, Sa Majesté avoit
donné une somme considerable
à M Bessiere, qui pane
pour le plus fameux Chirurgien
de Paris, & qui avoit
esté consulté dans le temps
du mej du Roy. Voilà de
grandes recompenses , mais
qu'auroiton pu moins. faire
pour des personnes ÎL qui la
francs estsi redevable) &- à
quil'Europedoitlafuite de
1a tranquillité dont elle
jouit ?
Le Roy après son retour
donna un magnifique repas
atou-tes-lesDamesquiavoient
esté du Voyage
Jpendant
lequel
les soins de Sa Majesté
leur ont épargné beaucoup
de fatigue, les divertissemens
s'esxant mesme trouvez par
coût ainsi qu'à Versailles;
mais quandily auroit eu des
peines à essuyer pour cc qui
s'appelle la Cour,leplaisir de
voir quelquefois le Itoy sans
estreaccomrpagoné de la foule qui l'environne toûjours à
Versailles
)
& d'avoir le bonheur
de luy parler plus facilement
lour des choses qu'on
ne pourroit trop payer,Jamais
Prince n'ayant paru si
charmant que ce Monarque,
lors qu'il veut bien avoir la
bonté de se dépoüiller de sa
grandeur, il ne se montre
point dans ces momens,qu'il
ne gagne autant de coeurs
qu'il s'attire d'admirateurs
par
~par les grandes actions. Mr
e Comte de Tolouse arriva
e 8. à Versailles
, & Madame
a Princesse de Conty le 11.
'un & l'autre dans une par-
:11tc faute
> ce qui donna
beaucoup de joye à toute la
Cour,dont ils font lecharme
, & deux des principaux
ornemens.
FI N.
Fermer
Résumé : JOURNAL DU VOYAGE DE SA MAJESTÉ A LUXEMBOURG.
Le roi entreprit un voyage à Luxembourg pour inspecter la place forte, suscitant des inquiétudes en Europe. Il assura qu'il n'avait pas l'intention de rompre la paix et ordonna à son ministre, le Marquis de Croissy Colbert, d'écrire au Cardinal Ranuzzi pour rassurer les États voisins et l'Empereur. La lettre, datée du 4 avril, expliquait que le voyage était motivé par la curiosité du roi et qu'il serait de retour dans trois semaines. Le roi voyagea à petites journées, accompagné de quelques membres de la cour et de ses fils, les Ducs du Maine et de Toulouse, avec une sécurité assurée par les Gardes du Corps, les Mousquetaires et l'Infanterie. Le départ du roi de Versailles fut marqué par la présence de ministres étrangers et de personnalités distinguées. Le voyage, initialement prévu pour le 2 mai, fut reporté au 10 mai en raison de la rougeole de la Duchesse. Le roi quitta Versailles après la messe, accompagné d'une partie des troupes et de personnes de distinction. À Paris, le peuple acclama le roi, qui passa par la Place des Victoires et examina la statue dorée à son effigie. Il traversa ensuite les rues de Paris, où il fut acclamé, et se rendit au village de Bondy. Il dîna avec plusieurs dames de la cour et tint conseil à Claye. La cour se déplaça ensuite à Monceaux, puis à Montmirel en raison du mauvais temps. Le roi visita plusieurs villes, dont Châlons et Verdun, où il fut reçu par les autorités locales et participa à des cérémonies religieuses. Le texte mentionne également plusieurs décès, dont ceux de Mademoiselle de Simiane et de l'Évêque d'Amiens. Le roi inspecta les fortifications de Verdun et des régiments, exprimant sa satisfaction envers le marquis de Vaubecour, gouverneur de Châlons. Il visita également Estain et Longwy, une place forte récemment construite pour faciliter la prise de Luxembourg. À Longwy, il inspecta des troupes et des fortifications, exprimant sa satisfaction quant à leur état et leur discipline. Le roi entreprit des travaux de fortification dans plusieurs villes, notamment à l'extrémité du plan de lapins, où une source fournira de l'eau à la ville. Les fortifications incluent des bastions et des redoutes pour défendre le passage de la rivière. Les travaux avancent rapidement avec sept bataillons et d'autres troupes, suscitant l'étonnement et l'admiration. Le roi compare ses efforts à ceux des Chinois avec leur muraille, soulignant que la France est protégée par deux rangs de places fortes construites selon sa volonté. Louvois, ministre du roi, inspecta plusieurs places fortes telles que Sarrelouis, Thionville et Luxembourg, et trouva les troupes et les fortifications en excellent état. Il reçut des compliments de divers magistrats et gouverneurs. Le roi et sa cour participèrent à des cérémonies religieuses à Verdun et Sainte-Menehould, où ils assistèrent à des messes, des processions et des saluts chantés en musique. Le roi fit preuve de générosité envers les curés, les capucins et les musiciens. Le roi visita Étoges, admirant la vertu et la piété des habitants. Informé de la maladie de la princesse de Conti, il ordonna son transfert à Montmirail. Le texte mentionne également la galerie du château d'Étoges, contenant les portraits de grands hommes européens, et la simplicité de bon goût qui y règne. Le roi quitta Étoges pour Montmirail, où la princesse de Conti était alitée en raison de sa maladie. Le texte relate ensuite les derniers jours du voyage royal et le retour du roi à Versailles. La cour commença à quitter le lieu de séjour, et plusieurs messes furent célébrées. Le Dauphin partit rejoindre la Dauphine à Versailles. Le roi, informé de la maladie de la princesse de Conti, ordonna la préparation de messes et d'une procession. Le roi et sa suite continuèrent leur voyage, s'arrêtant à divers endroits comme Vieu-Maison et Caye, où ils furent accueillis par des dignitaires locaux. Ils arrivèrent finalement au château de Livry, où le roi fut reçu par la famille Sanguin. Un dîner somptueux fut servi, et le roi exprima sa satisfaction. Le roi passa l'après-midi à Paris avant de retourner à Versailles, où il fut accueilli par de nombreuses personnalités. Il visita les jardins et les nouvelles constructions du palais. À son retour, le roi récompensa ses médecins et chirurgiens pour leurs soins et organisa un repas en l'honneur des dames ayant participé au voyage. Le comte de Toulouse et la princesse de Conti rejoignirent la cour, apportant de la joie à l'ensemble des courtisans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
159
p. 328-329
Carte de Hongrie. [titre d'après la table]
Début :
Je vous parle, & vous dois parler encore tant de fois de [...]
Mots clefs :
Hongrie, Royaume, Carte, Route maritime, Siam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Carte de Hongrie. [titre d'après la table]
Je vous parle ,& vous dois
parler encore tant de fois de
laHongrie tant que durera la
Guerre , queje croy que vous
ne ferez pas fâchée de connoiſtre
la ſituation des lieux
dont je vous entretiens fi
ſouvent. Ainfi je vous avertis
que le Pere Coronelli , Cofmographe
de la Republique
deVenise , qui a fait les beaux
Globes que Mt le Cardinal
d'Eſtrées a donnez auRoya
C
GALANT. 329
fait une Carte de ce Royaume
, diviſée en Haute & en
Baffe Hongrie, avec l'Efclavanie
, fubdiviſees en leurs
Comtez . Le meſme Pere en a
fait une en quatre feüilles ,
beaucoup plus ample, & remplie
de Remarques curieuſes .
Il a fait auſſi la Route mari
time de Brest à Siam avec la
Carte de ce Royaume-là. Le
tout ſe trouve chez le Sieur
Nolin, ruë Saint Jacques , a
l'Enſeigne de la Place des Vi-
Etoires.
parler encore tant de fois de
laHongrie tant que durera la
Guerre , queje croy que vous
ne ferez pas fâchée de connoiſtre
la ſituation des lieux
dont je vous entretiens fi
ſouvent. Ainfi je vous avertis
que le Pere Coronelli , Cofmographe
de la Republique
deVenise , qui a fait les beaux
Globes que Mt le Cardinal
d'Eſtrées a donnez auRoya
C
GALANT. 329
fait une Carte de ce Royaume
, diviſée en Haute & en
Baffe Hongrie, avec l'Efclavanie
, fubdiviſees en leurs
Comtez . Le meſme Pere en a
fait une en quatre feüilles ,
beaucoup plus ample, & remplie
de Remarques curieuſes .
Il a fait auſſi la Route mari
time de Brest à Siam avec la
Carte de ce Royaume-là. Le
tout ſe trouve chez le Sieur
Nolin, ruë Saint Jacques , a
l'Enſeigne de la Place des Vi-
Etoires.
Fermer
160
p. 9-17
Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Début :
Rien n'est si à la mode aujourd'huy que de parler de [...]
Mots clefs :
Chine, Province, Villes, Familles, Temples, Résidences, Résidence, Oratoires, Missions, Siam, Carte, Dénombrement, Jésuites, Philippe Couplet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Rien n'est si à la mode
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
Fermer
161
p. 77-81
Liste des Marchandises depuis peu arrivées sur les trois Vaisseaux venus des Indes Orientales. [titre d'après la table]
Début :
M[r]s de la Compagnie des Indes Orientales de France, vendront [...]
Mots clefs :
Soie, Chine, Mouchoirs, Compagnie, Coton, Bengale, Bétilles, Étoffes, Blancs, Blanches, Toiles, Couvertures, Compagnie des Indes orientales, Siam, Coromandel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Liste des Marchandises depuis peu arrivées sur les trois Vaisseaux venus des Indes Orientales. [titre d'après la table]
Mrs de la Compagnie des
IndesOrientales de France"
vendront dans la Villede
Rouen le 20. Octobrepro-
,chain, les Marchandisesqu'ils
ont receuës fut trois VaiHeaux
arrivez deSurate,Cofte de
Coromandel , Bengala, &
Siam.
SçAVOIR*
-
150000 liv. de Poivre.
100000 liv. Sdpdlre.
20000 liv. Cotton filé.
20000liv,Caurîs ou Coquilla-ge
-
1200 liv. Gomme-gutte.
5200 IiV, Encens.
900 liv. Gené.
1100 liv.Vitriol.
23 Ballots deThé.
5500 liv. CaSe.
19°00 liv. Terra merita.
Plusieurs piecescomaline.
jâfPplusiecurs cpiece.s Agathe 60000 liv. Bois de Sapan.
1760 liv.Soyeescruë-en 13.balles.
3000 liv. Soye de Chine en 47.
bal'es.
6480 liv. Soye de Bengalle en
37.Caisses.
: 910 ps Annosins.
328 ps Estoffe de Bengalle.
88 ps Estosses de Soye or 8c
argent.
[ 700 ps
Estosses diverses de la
Chine.
501 ps Taffetas & Cotonis.
200 ps Atlas Calquers.
360 ps Soucis.
rua ps Allejas.
160 ps Kemkasà fleurs rayez.
50 ps Longuis à carreaux.
2.700 ps Nillaës.
90 ps lmombany.
500 ps Poulans de diversescouleurs.
200 ps Chaquelas.
90 psGuingans de diverses
couleurs.
2.4'13 ps Doutis blancs divers.
3190 ps C.hijuter.
4830 ps Bastetas blancs étroits.
26400 ps Salempouris.
4576 ps Guinées blanches.
2820 ps Retilles Chavonois.
1680 ps Betilles tarnatares.
1160 ps Betiiles de 20. aun.
1320 ps Betillesde 16. aun.
130 ps Cravattes.
-100 ps Casses.
2138 ps Percalles.
240 ps Mauris.
1080ps Sanas.
600 ps Tangebs.
580 ps Amans.
130 ps Guingans blancs.
61 ps Toilles blanches piquées.
4860 ps Toilles bleuës.
15310 ps Seronges.
1180 ps Chittes peintes des deux
costez.
1000 ps Mou'tan.
Jooo ps Couvertures piquées.
60 ps Couvertures satins à carle;
aux.
I I ps Tours de lit.
480 ps Moucheoirs de Masulipatan.
1584 ps Moucheoirs peints des
deux costez.
j6o.ps Moucheoirs de Soye &
Cotton.
2.Paravents de la Chine
La Compagnie vendra des Toiles
d'Amadabatlarge, sur l'e.ichcre de
six liv. la piece.
Elle vendrasuffides Tapisrestez
invendus de l'an ptl/Jl>:
Les eraitouverts, &
les Alllych';;ndfès c:':pcf:'es aux Marchands
, depuis le 15. duditmois
d'Octobre,jujqu'ait 19. inclujive.-
ment.
IndesOrientales de France"
vendront dans la Villede
Rouen le 20. Octobrepro-
,chain, les Marchandisesqu'ils
ont receuës fut trois VaiHeaux
arrivez deSurate,Cofte de
Coromandel , Bengala, &
Siam.
SçAVOIR*
-
150000 liv. de Poivre.
100000 liv. Sdpdlre.
20000 liv. Cotton filé.
20000liv,Caurîs ou Coquilla-ge
-
1200 liv. Gomme-gutte.
5200 IiV, Encens.
900 liv. Gené.
1100 liv.Vitriol.
23 Ballots deThé.
5500 liv. CaSe.
19°00 liv. Terra merita.
Plusieurs piecescomaline.
jâfPplusiecurs cpiece.s Agathe 60000 liv. Bois de Sapan.
1760 liv.Soyeescruë-en 13.balles.
3000 liv. Soye de Chine en 47.
bal'es.
6480 liv. Soye de Bengalle en
37.Caisses.
: 910 ps Annosins.
328 ps Estoffe de Bengalle.
88 ps Estosses de Soye or 8c
argent.
[ 700 ps
Estosses diverses de la
Chine.
501 ps Taffetas & Cotonis.
200 ps Atlas Calquers.
360 ps Soucis.
rua ps Allejas.
160 ps Kemkasà fleurs rayez.
50 ps Longuis à carreaux.
2.700 ps Nillaës.
90 ps lmombany.
500 ps Poulans de diversescouleurs.
200 ps Chaquelas.
90 psGuingans de diverses
couleurs.
2.4'13 ps Doutis blancs divers.
3190 ps C.hijuter.
4830 ps Bastetas blancs étroits.
26400 ps Salempouris.
4576 ps Guinées blanches.
2820 ps Retilles Chavonois.
1680 ps Betilles tarnatares.
1160 ps Betiiles de 20. aun.
1320 ps Betillesde 16. aun.
130 ps Cravattes.
-100 ps Casses.
2138 ps Percalles.
240 ps Mauris.
1080ps Sanas.
600 ps Tangebs.
580 ps Amans.
130 ps Guingans blancs.
61 ps Toilles blanches piquées.
4860 ps Toilles bleuës.
15310 ps Seronges.
1180 ps Chittes peintes des deux
costez.
1000 ps Mou'tan.
Jooo ps Couvertures piquées.
60 ps Couvertures satins à carle;
aux.
I I ps Tours de lit.
480 ps Moucheoirs de Masulipatan.
1584 ps Moucheoirs peints des
deux costez.
j6o.ps Moucheoirs de Soye &
Cotton.
2.Paravents de la Chine
La Compagnie vendra des Toiles
d'Amadabatlarge, sur l'e.ichcre de
six liv. la piece.
Elle vendrasuffides Tapisrestez
invendus de l'an ptl/Jl>:
Les eraitouverts, &
les Alllych';;ndfès c:':pcf:'es aux Marchands
, depuis le 15. duditmois
d'Octobre,jujqu'ait 19. inclujive.-
ment.
Fermer
163
p. 371-372
ENIGME.
Début :
Mon Pere est noble, actif, violent & severe, [...]
Mots clefs :
Eau de la reine de Hongrie
164
p. 169-208
Journal du Voyage des Ambassadeurs de Siam, depuis Brest jusques au Cap de Bonne-Esperance, avec ce qui s'est passé pendant le sejour qu'ils ont fait au Cap. [titre d'après la table]
Début :
Je vous manday le mois passé des Nouvelles de l'arrivée [...]
Mots clefs :
Journal, Voyage, Ambassadeurs de Siam, Brest, Cap de Bonne-Espérance, Officiers, Lieues, Mr Masurier, Vent, Hauteur, Capitaine, Lieutenant, Escadre, Le Gaillard, Vaisseau, Matelots, Pilotes, Gouverneur, Rade, Vaisseaux, Siam, Loire, Le Dromadaire, Mr de Farges, Îles, Degrés, Moutons, Frégate La Maligne, Port, Enseignes, Le Cap
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Journal du Voyage des Ambassadeurs de Siam, depuis Brest jusques au Cap de Bonne-Esperance, avec ce qui s'est passé pendant le sejour qu'ils ont fait au Cap. [titre d'après la table]
Je vous manday le mois
paffé des Nouvelles de l'arrivée
au Cap de Bonne- Efperance,
des fix Vaiffeaux qui
Novembre 1687. P
170 MERCURE
reconduifent à Siam les Am
baffadeurs de ce , Royaumelà
, qui estoient venus en
France. Je vous appris en
mefme temps le débarquement
des Ambaffadeurs &
des Troupes , & ce qui s'eftoit
paflé à ce débarquement
, ainfi que le bon traitement
qui avoit efté fait
aux François par les Hollan
dois. Je reprens aujourd'huy
de plus haut ce qui regarde
ce Voyage , & vous en envoye
un Journal tres - curieux
qui commence au
jour que la Flote partit de
GALANI . 171
4
Breft , & finit à celuy du
rembarquement au Cap de
Bonne-Efperance . Ce Journal
a efté envoyé par M ' Mafurier,
Gentilhomme
Lionnois ,
qui eft allé à Siam avec M²
de Farges , & qui fait connoiſtre
fon efprit par les remarques
judicieufes
qu'il a
faites , & fon
intelligence
dans la
Marine , par la maniere
dont il
s'explique fur
toutes les chofes qui la
regardent. Voicy comme
il parle dans la Defcription
qu'il a envoyée de ce
Voyage.
Pij
172 MERCURE
A
Prés
avoir
demeuré
24- jours
dans dans
la Rade
de
Breft , nous fommes enfin partis
le premier jour de Mars ,
1657. fur les onze heures du
matin pour faire le voyage.
de Siam . Noftre Efcadre eftoit
compofee de fix Vaiffeaux ,
dont le moindre eftoit la Maligne,
cette Fregate legere du
port de cent cinquante tonneaux
, qui y alla avec M
le Chevalier de Chaumont ,
le plus grand eftoit le Gaillard
, noftre commandant , du
port de quatre cens foixante
GALANT. 173
des Officiers
tonneaux. Voicy le nom de ces
fix Vaiffeaux
en chef qui les commandoient.
Le Gaillard , l'Oifcau , la
Loire, la Normande , le Dromadaire
& la Maligne . Le
Gaillard estoit commandé par
M de Vaudricourt , cornmandant
l'Efcadre , fon fecond
Capitaine eftoit M de
Saint-Clerc fon Lieutenant
M de la Leine ; fes En-
Mrs Chamau-
L'Oifeignes
reau Lombut.
&
feau eftoit commandé par M
du Quefne ; fes Lieutenans
eftoient M Defcartes &
2
P iij
174 MERCURE
ان
Mde Bonneuil ; fes Enfeignes
, Mde Tiva , &
M de Freterville . La Loire
commandée
commandée par M²
eftoit
de Foyenfe ; fon Lieutenant ,
M de la Croifferiere , fon
Enfeigne M de Chiftery.
La Normande eftoit commandée
par M de Courfel ;
fons Lieutenant &Ms du Farsate
sufons Enfeignes M² de la
Machefoliere. Les Dromadaire
eftoit commandé par Mª
d'Endeve fon Lieutenant ,
M de Marillys ,infon Enfeigne
, M de Vieuchant.
La Maligne eftoit commandée
SGALANT. 175
par M de Perriere , fon Lieutenant
M de la Lié fervant
de Lieutenant , de premier Pilote
d'Enfeignes (0 )
Doux
nous
Le lendemain fecond jour du
mois de Mars , nous mifmes à la
voile & partifnies de Camarreft ,
qui est une petite rade à
trois dieues de Brest ,
-avions mouillé le foir precedent
pour attendre la Maligne qui
- fortit feulement ce jour-là du
Port de Breft , & nous pouffâmes
au large avec un vent ar
riere qui nous fit bien- toft perdre
la terre de vue . Le Mardy
3. vers une heure aprés Midy ,
Piiij
176 MERCURE
nous rencontrames une Flutte
Holandoife qui paffa fans nous
falüer , parce qu'elle n'avoit
point de Canon . Le Vendredy 6..
nous nous trouvâmes à la hauteur
du Cap de Finifierre &
-avions fait felon l'estime du
Pilote cent vingt ou cent trente
lieuës . Le mefme jour fur les
dix heures du matin , nous rencontrâmes
une Flutte Angloife
qui ne fit que paffer fort prés de
nous & nousfalüer en mettant
fon pavillon , à quoy nous répondifmes
de même en mettant
le noftre,
Le Samedy 7. nous eufmes un
GALANT. 177
vent de Nord-Nord- est qui
nous donna un tres -gros temps ,
jufqu'au Lundy au foir , ce qui
naus fit perdre la Loire, une de
nos Flûte fans fçavoir ce qu'elle
eftoit devenue . Le 13. nous fifmes
rencontre d'une Barque Angloife
, dans laquelle il n'y avoit
quefix ou fept hommes , elle nous
aborda fur les trois heures du
foir , comme fi elle nous avoit
voulu parler , ce qu'elle fit effectivement,
& nous apprit qu'elle
eftoit partie depuis quinze jours
jours de Brifco en Irlande , &
s'en alloit aux Ifles de Madere
chargée de harang & de bega
178 MERCURE
Salé. Elle fut deux jours à noftre
route, jufqu'à ce qu'ellefe trouva
à la hauteur de ces Ifles . Le is.
nous decouvrifmes une Ifle nommée
Porto Santo , qui est une
Ille deferte , &fans autres animaux
que des Canards & des
Lapins , nous ne l'approchâ–
mes que de trois lieuës . Le 17. Il
nous mourut un Matelot . Le 18 .
Nous découvrifmes une des Ifles
desCanaries nomméel Ifle de Salvago
ce fut environ fur les
fept heures du matins en eftant
encore éloignez de neuf à dix
lieües. Le 29. environ à la même
heure , nous apperçûmes à noftre
GALANT. 179
horifon deux bastimens que nous
crûmes Corfaires Saltins . Nous
nous feparames auffi- toft de noftre
Efcadre pour en aller recon-
`n i tre un; mais aprés avoir couru
quelque temps deffus , noftre Capitaine
aima mieux continuer fa
route , fit auffi- toft revirer de
bord,fans avoirefté affez prés de
ce bastimentpour l'avoirpû feurement
reconnoistre mais comme
il venoit en dépendant fur nous
il vint paffer cinq ou fix heures
aprés yfortproche de noftre Vaiffeau
avec le pavillon d'Angle-
-verre , & it
luy donnaffions aucunes marques
Tatáns cque
nous
180 MERCURE
de ce que nous eftions . Le 10.
nous nous trouvâmes entre l'Ifle
de Palme & l'Ile de Gomorre
, eftant à la hauteur de vingtbuit
degrez & àprés de cinq cens
lieuës de Breft. L'Ile de Palme
est une fortgrande Ifles , dont les
terres font fertiles & abondantes
en toutes fortes de danrées ,
habitée en plufieurs endroitspar
les Espagnols à qui elle eft . Le
mefme jourfort tard , nous reconnufmes
à quelques lieuës de
là l'ifle de Fer ; il y avoit deux
jours que nous estions dans les
vents Alifez quifont des vents
qui ne manquent jamais de reGALANT.
181
gner en une pareille faifon dans
ces paffages- là . Ils continuerent
à venter fi beau & bon frais ,
qu'ils nous faifoient
faire juf
qu'à quatre lieues par heure . Le
22. nous paſſâmeș
leTropique
&
le 24. nostre Capitaine
fit mettre
la Chaloupe
dehors , pour aller
à bord du Gaillard
, à deffein de
demander
au Commandant
s'il
pouvoitfaire de l'eau au Capvert,
à la hauteur duquel nous nous
trouvions
pour lors , craignant
de n'en avoir pas fuffisamment
pourarriver
juſqu' auCap de bonne
Esperance
; mais comme il
vouloit profiterdu vent favora182
MERCURE
ble que nous avions , il ne luy
permit point d'y moüiller. Quatre
jours aprés nous eûmes un calme
qui nous tint cinq jours.
Pendant ce temps- là nous vifmes
differents poiffons fans en
pouvoirprendre aucun.Ñous vtmes
encore dans ces mefmes
parages quantité de poiffons
volans , & mesme il y en
eut quelques - uns qui donnerent
dans nos voiles . Ce
font des poiffons de la groffeur
d'un Harang, n'ayant que deux
nageoires affez grandes , qui leur
fervent à nager dans l'eau , &
à voler dehors , pour éviter Iss
GALANT. 183
Bonnittes & les Requains , qui
les pourfuivent , & s'en nour
riffent. Ces Requains furent les
poiffons que nous vifmes le plus
fouvent. Ils font fort grands ,
extrémement dangereux pour
ceux qui malheureusement fe
laiffent tomber à la Mer ,
estant bien plus avides de la
chair humaine , que de toute autre
forte d'apast , & bien fouvent
ils emportent une jambe
ou la moitié du corps a un homme,
lors qu'ils les trouvent dans
Peau , vif ou mort. Le 29. noftre
Capitaine fe fervant de l'occafion
que luy donnoit le calmes
4
184 MERCURE
envoya la Chaloupe à bord du
Dromadaire
,
pour porter des
Lettres à quelques- uns des Officiers
, qui nous apprirent dans
leurs réponses la maladie de
trente ou quarante des leurs ,
tant Matelots que Soldats , &
de deux Matelots qui la
perte
fe noyerent en manoeuvrant ,·
d'un grand coup de vent , que
nous avions eu le 8. du mefme
mois.
Comme il eft fort rare dans
un endroit comme celuy- cy , de
s'acquitter des Offices ordinaires
que l'on dit dans nos Paroiffes
pendant la Semainefainte, d'une
GALANT. 185
maniere auffi édifianie qu'on le
fit dans noftre Bords, & que
les Officiers les plus anciens dans
·la Marine , affurent ne l'avoir
pas veu depuis qu'ils navigent,
je croy qu'il ne fera pas hors de
propos d'en dire icy quelque chofe
. Il est vray que nous attribuames
la plus grande partie de
la gloire qui fut renduë à Dieu
dans ce faint temps , auxfoins
particuliers , & aux peines que
fe donnerent avec un zele ardent
les PeresJefuites , que nous
eufmes le bonheur d'avoir dans
nostre Bord. Pendant toute cette
Semaine , nous eûmes exacte-
Novembre 1687.
V
186 MERCURE
ment tous les jours Sermon , &
les Offices ordinaires de ce ter temps
yfurent regulierement obfervez.
Le Mercredy , Jeudy & Vendredy
faint nous chantafmes
Tenebres ; du feudy au Vendredy
le Saint Sacrement fut exposé
pendant vingt-quatre heures
le lendemain Vendredy
nous exfmes le Sermon fur la
Paffion par un de ces Peres, avec
l'applaudiffement de tous ceux
du Vaiffeau , & le Samedy, &
le Dimanche de Pafques , il y
eut grand' Meßse avec la fimphonie
des Violons , des Haut-
Flûtes doutes. bois ,
ПGALANT. 187
5
Le premier d'Avril nous nous
trouvaſmes à la hauteur de buit
•degrez quarante minutes & le
calme nous tint dans ce mefme
endroit pendant quinze jours.
Le 2. nous eufmes vifite des Officiers
du Dromadaire, & le 3.
M. de Farges General des Trovpesqui
vont à Siam , vint difner
staa noftre Bord. On l'y recent avec
toute la propreté & toute la magnificence
poffible dans un endroit
comme celuy.cy. L'aprésmidy
fe paffa aujeu de la Baffette.
Le s. nous prifmes deux
fort gros Requains, fur lefquels
nous trouvions des poiffons atta-
Q ij
188 MERCURE
les Marins appellent > chez
que
Suffets
. Ils
font
de la groffeur
d'une
Sardine
, &
ne
quittent
point
cet
animal
qu'il
ne
foit
mort
. Depuis
le s . jusqu'au
7.
nous
nous
trouvafmes
à pic
du
Soleil
, c'est
à dire
, qu'il
eftoit
fi
perpendiculairemennt fur nous ..
qu'il nousfut impoffible de prendre
hauteur pendant ces deux
jours , parce qu'à midy , qui eft
l'heure où l'on prend hauteur, le
Soleil ne faifoit aucune ombre ,
ce qui nous fit fentir de tresgrandes
chaleurs. Tout l'Equipage
en fouffrit ,par la foif qu'il
reffentoit de ces grandes chaleurs .
GALANT. 189
Le s.il nous vint un peu de vent,
qui nous fit trouver le lendemain
à deux degrez une minute du
pic. Le 9. nous harponnafmes des
Marfoins , qui font de fort gros
poiffons. Cet animal eft à peu
prés de la figure d'un cochon ,
ceux que nous prenions eftoient
de deux trois cens pefant. Il
a le fang chaud, & il n'y aguere
de difference de fa chair à celle
d'un Bauf. Le lendemain nous
prifmes une Dorade , qui eft un
poiffon tout doré , & prefque de
mefme figure que l'Alofe. Ieft
tres-bon à manger. Le 11. nous
découvrifmes à noftre horifon un
190 MERCURE
Vaiffeau que les cal nes nous empefcherent
de pouvoir reconnoifire,
& tous les vents que nous
avions dans ces endroits- cy, ne
venoient que par coups , & nous
obligeoient à ferrer generalement
toutes nos wiles.nalisqun !
Le 19. nous nous trouva/mes
fous la Ligne , & Mrs les Marins
ne manquerent pas à garder
les ceremonies qu'ils ont accoutumé
d'obferver toutes les fois
fois qu'ils la paffent, à l'égard de
ceux qui ne l'ont pas encore pafsée
, de mefme qu'ils le font au
Tropique . à certains Ďétroits.
C'est une Ceremonie profane &
t
C
GALANT
. 191
euxso
༣
ridicule , mais inviolable parmy
Chaque Nation la prati
que diverfement
, & mesme les
Equipages d'une mefme Nation
ne la pratiquent pas tous d'une
mefme maniere. Les François
l'appellent Baptefme, & woicy
la maniere dont elle s'obferva
duns noftre Bord. On rangea
~tant a Bas- bord qu'à Scribord ,
qui font les deux coftez du Vaif-
Jeau , des Bailles & des Curvertes
pleines d'eau de Mer, &
bordez par des Matelots rangez
en haye , chacun unfeau
plein d'eau en main . Ce premier
appareil n'eft que pour l'Equi192
MERCURE
page , c'est à dire , Pilotes, Soldats
, & Matelots
, & comme
tous ceux qui n'ont point
paffe la Ligne font obligez
fans
aucune
referve
de recevoir
ce
Baptefme
les uns aprés les autres
; ce qu'ils font en effuyant
tous ces fceaux
d'eau fur leur
corps ; il y eut une maniere
de
le donner
proportionnée
& convenable
aux perfonnes
de diftinction
quife trouverent
dans.
noftre
bord
comme
eftoient
Meffieurs
les Envoyez
, Offficiers
de Vaiffeau
, Officiers
ر
d'Infanterie
, & autres Paffagers.
Ceux
GALANT 193
و
Ceux qui font ordinairement
commis pour exercer cette forte
de Comedie ,font quatre des premiers
Pilotes , fuivis de buit ou
dix Matelots. Aprés s'eftre barbouillez
revestus de cables ,
capots autres fortes de hardespropres
à les rendre ridicules ,
le premier Pilote tenant en main
quelque livre de marine ou de pilotage
, fait presterfur ce livre.
ferment à tous ceux qui reçoivent
le Baptême , & jurer hautement
qu'autant de fois que l'occafion
fe prefentera d'en baptifer d'au
tres , ils le feront avec les mefmes
ceremonies que l'on obferve
Novembre 1687 . R
194 MERCURE
&
>
pour eux ; mais comme leur intention
n'est autre que de faire
une certainefomme d'argent, onfe
rachette de ces rafraifchiffemens
,
"& on reçoit le Baptême
enfe lavant
feulement
les mains dans
un baſſin.Ainfi l'on preste leferment
l'on pave en mefme
temps chacun felon fon pouvoir.
-On commença
par Meffieurs
les
Ambasadeurs
, mais ce fut chacun
dans leur chambre , & non
pas au pied dugrand maſt comme
tous les autres.Les
Pilotesfirent
prés de vingt piftoles de cerachat
deceremonie
. Le 22.nous harponnames
unfort grosMarfoin
, dans
GALANT. 195
lequel nous trouvâmes un jeune
marfonneau . Nous allons du
vent de Nord eft depuis cinq
jours, à trois lieues & trois lieues
& demie par heure.
LeJudy premierjour deMay,
nous nous trouvâmes par 13. degrez
33 minutes.Le lendemain le
vent devintfrais extraordinairement
en nous portant toûjours à
noftre route , ce qui nous donnoit
à tous une grande joye par
l'envie que nous avions d'arri
ver au Cap . Le 10. noftre Cap?-
taine avec quelques uns de nos
Officiers s'en allerent à bord du
Gaillard , pour jouer à la baf-
Rij
196 MERCURE
fette , & rapporterent cent cinquante
écus de gain . Le mefme
jour le Pere Tachard avec quelques
Jefuites vinrent du Gailfard
rendre vifite à Monfieur
Ambaffadeur. Le len
demain , onzième du mesme
mois,nous eufmes une Eclypfe de
Soleil , & ilfut cachéfeulement
d'un tiers. Le 13. j'allay au Gail
lard pour voir Meffieurs les Ambaffadeurs
Siamois , par l'ordre
de Monfieur de laLoubere noftre
Ambaffadeur. Fe revins dans
noftre chaloupe avec M¹ de
Farges General des troupes ,
quatre Officiers, tant du Bord
C
GALANT. 197
å
que des troupes, qui vinrent difner
avec noftre Capitaine ; on
les traita magnifiquement
. L'aprés
midy fe paffa à jouër à la
baffette, & noftre Capitaine y fit
un gain fort confiderable . Le 16 .
un vent du Sud un quart de Sud
nous donna pendant deux fois
vingt- quatre heures un fort gros
temps qui nous fit perdre laNormande
pour deux jours feulement.
Le 18. Fefte de la Pentecofte
, nous nous trouvâmes par
les 33. degrez moins 3. minuttes ,
600. lieües feulement éloignez
du Cap de Bonne -Efperance
. Ce mefme jour nous eufmes.
Riij.
198 MERCURE
grande Meffe dans noftre Bord
avec la Simphonie des violons ,
Monfieur Sebret rendit le
·Pain benit , ayant cu le chanteau
du jour de Pafques , ce
qu'il fit d'une maniere fort propre.
Le 19.il nous mourut un Soldat.
Les Pilotes ne nous faisant
plus qu'à quatre cens lieuës du
Cap , le ventfe mit àl'Ouest &
fi frais , qu'il nous faifoit faire
prés de trois lieues & demie par
heure . Le 10. de Juin prefque
tous nos Pilotes fe trouverent
terre , nous ne la découvrions
point encore ; mais le 11.
fur le Midy, nous commençâmes
à
1
GALANT.. 199
, י
à la voir , & ce fut pour nous
un fujet de joye inconcevable,
ayant efté depuis cent troisjours
à la voile fans toucher terre
& quatre- vingt- dix jours fans
la voir. Enfin le mefme jourfur
les quatre heures , nous mouillâ
mes dans la rade du Cap de
Bonne-Esperance , & le lendemain
nous faluames la Fortereffe
de fept coups de Canons ;
elle nous rendit le falut coup
par coup. Le Gouverneur nous
y a fait mille honneftetez, avec
des prefens de boeufs , moutons ,
herbages , & autres fortes de
rufraifchiffemens , dont il a fait
Riiij
200 MERCURE
prefent à Meffieurs nos Envoyez,
& à quelques - uns des.
Capitaines de noftre Efcadre . Le
15. Meffieurs les Ambassadeurs
Siamois allerent à terre pour voir
Monfieur le Gouverneur du Fort
en fortant de leur Bord , ils
furent faluez par chaque Vaiffeau
de noftre Efcadre de ref
coups de Canon . Le 18. ils
vinrent difner à noßre Bord
lors qu'ils fortirent fur les
trois heures aprés Midy , nous
les faluâmes de neufcoups de
Canon.
Quoy que cette Relation
air efté envoyée entiere , il
GALANT 201
eft aifé de voir que M Mafurier
l'a écrite à mesure que
les chofes fe font pallées. En
voicy la fuite qui a eſté faite
fur le point du rembarque
ment au Cap de Bonne -Efperance
.
Comme je vous envoye fekument
une Relation de noftre
Voyage , ilferoit inutile de repeter
icy bien des choſes en voulant
vous apprendre ce qui s'eft
paffé depuis noftre départ de
Breft. Noftre navigation a efté
la plus heureufe du monde ,
nos Pilotes fe font trouvez fi
justes à leur point , que toute
ع و س
202 MERCURE
crois
où
leur erreur n'a pas efté de plus
de vingt ou trente lieuës , ce qui
eft fort rare. Le 11. de Juin
nous arrivafmes à la Rade du
Cap de Bonne-Efperance ,
nous mouillafmes le mefme jour
fur les quatre heures du foir. Je
que vous fçavez que ce
font les Hollandois qui font
Maiftres de cet endroit. Ils fu→
rent un peufurpris de nous voir
arriver fix Vaiffeaux , n'eftant
pas accoûtumez à en voir un fi
grand nombre à la fois , ce qui
les a tenus inquiets & fur leurs.
gardes tout le temps que nous
avons efté. Mr le Gouverneur
GALANT. 203 '
dont
nous y a receus fort honneftement.
Nous y avons trouvé d'affez
hons rafraichiſemens
, &
au delà de ce que nous nous ef
tions proposé , tant en herbages,
qu'en beufs & moutons ,
M. le Gouverneur a fait de
fort gros prefens , & entre autres
a nofire feul Bord , de trois
boeufs & dix- huit moutons, &
buit grandes corbeilles d'herba
ges. Le reste qui nous a esté
neceffaire , nous l'avons acheté,
& fort cherement.La defcription
de cet endroit peut fe faire en
peu de mots. Ce n'est qu'un Village
affez petit, dont les maifons
204 MERCURE
font fort baffes & fort foibles ,
bafties feulement de brique . La
plupart des Habitansfont Hol
Landois , & le refte des Negres,
A quelque distance de là , dans
une espece de prairie , font les
premiers Habitans de ce lieu ,
qu'on nomme Outantos, qui eft,
je crois . la Nation du monde la
plus infame. Ce font gens extremement
noirs , qui n'ont pour
veftement qu'une peau de mouton
, & pourmaison qu'une cabane
dejonc , où ils vivent confusément
hommes , femmes , &
enfans , ne mangeant que de la
viande des Animaux qu'ils trouGALANT.
205
went morts d'eux- mefmes. Le
Mary pour se rendre agreable
àfa Femme fe graiffe de vieille
ordure , & fur tout du fang de
quelque animal. Ils laiffent coler
fecher cefangfur eux. Leurs
cheveux , qui font pareils aux
cheveux des Maures , font fro
tez d'une certaine compofition
de noir avec de la graiffe , & its
y pendent quantité de coquilla
ges, de cloux , & de pieces d'ai
rain .Les Femmes , outre les mefmes
ornemens des hommes , ont
cela de plus , qu'elles sentcurent
les bras les jambes des boyaux
des moutons qu'ils mangent,pour
206 MERCURE
s'en fervir de nourriture lors
qu'elles fe trouvent engagées
dans les deferts.
Fay oublié de vous dire qu'en
arrivant à la rade du Cap ;
nous y trouvafmes la Loire ,
cette Flutte que nous avions perdue
dans le coup de vent que
nous eufmes par le travers du
Cap - verd il y avoit feulement
trois jours qu'elle eftoit
mouillée dans la rade , lorsque
nous y arrivafmes.
Pendant le temps que nous
avons efté icy , it's'eftfait quelque
chaffe avec les fils de M™
de Farges , General des trouGALANT
207
pes ; il y eft auffi venu
luy-mefme. Nous avons tué
quantité de gibier , parce qu'il
s'en trouve extraordinairement
dans les endroits où M le
Gouverneur du Cap nous faifoit
menerpar des tireurs de volée
qu'il nous donnoit . Le gibier
que nous y trouvions eftoit des
Chevreuils & des Gafelles , qui
font des animaux plus gros que
Aes Chevreuils , mais de mefme
qualité , des Faifans , Perdrix,
& Cocqs de Bruieres en tresgrand
nombre. A la derniere
chaffe que nous fifmes avec
M de Farges . nous y
208 MERCURE
prifmes fix Chevreuils & trente
cinq pieces de gibier , tant
en Perdrix , qu'en Faifans ou
Coigs de bruieres.
paffé des Nouvelles de l'arrivée
au Cap de Bonne- Efperance,
des fix Vaiffeaux qui
Novembre 1687. P
170 MERCURE
reconduifent à Siam les Am
baffadeurs de ce , Royaumelà
, qui estoient venus en
France. Je vous appris en
mefme temps le débarquement
des Ambaffadeurs &
des Troupes , & ce qui s'eftoit
paflé à ce débarquement
, ainfi que le bon traitement
qui avoit efté fait
aux François par les Hollan
dois. Je reprens aujourd'huy
de plus haut ce qui regarde
ce Voyage , & vous en envoye
un Journal tres - curieux
qui commence au
jour que la Flote partit de
GALANI . 171
4
Breft , & finit à celuy du
rembarquement au Cap de
Bonne-Efperance . Ce Journal
a efté envoyé par M ' Mafurier,
Gentilhomme
Lionnois ,
qui eft allé à Siam avec M²
de Farges , & qui fait connoiſtre
fon efprit par les remarques
judicieufes
qu'il a
faites , & fon
intelligence
dans la
Marine , par la maniere
dont il
s'explique fur
toutes les chofes qui la
regardent. Voicy comme
il parle dans la Defcription
qu'il a envoyée de ce
Voyage.
Pij
172 MERCURE
A
Prés
avoir
demeuré
24- jours
dans dans
la Rade
de
Breft , nous fommes enfin partis
le premier jour de Mars ,
1657. fur les onze heures du
matin pour faire le voyage.
de Siam . Noftre Efcadre eftoit
compofee de fix Vaiffeaux ,
dont le moindre eftoit la Maligne,
cette Fregate legere du
port de cent cinquante tonneaux
, qui y alla avec M
le Chevalier de Chaumont ,
le plus grand eftoit le Gaillard
, noftre commandant , du
port de quatre cens foixante
GALANT. 173
des Officiers
tonneaux. Voicy le nom de ces
fix Vaiffeaux
en chef qui les commandoient.
Le Gaillard , l'Oifcau , la
Loire, la Normande , le Dromadaire
& la Maligne . Le
Gaillard estoit commandé par
M de Vaudricourt , cornmandant
l'Efcadre , fon fecond
Capitaine eftoit M de
Saint-Clerc fon Lieutenant
M de la Leine ; fes En-
Mrs Chamau-
L'Oifeignes
reau Lombut.
&
feau eftoit commandé par M
du Quefne ; fes Lieutenans
eftoient M Defcartes &
2
P iij
174 MERCURE
ان
Mde Bonneuil ; fes Enfeignes
, Mde Tiva , &
M de Freterville . La Loire
commandée
commandée par M²
eftoit
de Foyenfe ; fon Lieutenant ,
M de la Croifferiere , fon
Enfeigne M de Chiftery.
La Normande eftoit commandée
par M de Courfel ;
fons Lieutenant &Ms du Farsate
sufons Enfeignes M² de la
Machefoliere. Les Dromadaire
eftoit commandé par Mª
d'Endeve fon Lieutenant ,
M de Marillys ,infon Enfeigne
, M de Vieuchant.
La Maligne eftoit commandée
SGALANT. 175
par M de Perriere , fon Lieutenant
M de la Lié fervant
de Lieutenant , de premier Pilote
d'Enfeignes (0 )
Doux
nous
Le lendemain fecond jour du
mois de Mars , nous mifmes à la
voile & partifnies de Camarreft ,
qui est une petite rade à
trois dieues de Brest ,
-avions mouillé le foir precedent
pour attendre la Maligne qui
- fortit feulement ce jour-là du
Port de Breft , & nous pouffâmes
au large avec un vent ar
riere qui nous fit bien- toft perdre
la terre de vue . Le Mardy
3. vers une heure aprés Midy ,
Piiij
176 MERCURE
nous rencontrames une Flutte
Holandoife qui paffa fans nous
falüer , parce qu'elle n'avoit
point de Canon . Le Vendredy 6..
nous nous trouvâmes à la hauteur
du Cap de Finifierre &
-avions fait felon l'estime du
Pilote cent vingt ou cent trente
lieuës . Le mefme jour fur les
dix heures du matin , nous rencontrâmes
une Flutte Angloife
qui ne fit que paffer fort prés de
nous & nousfalüer en mettant
fon pavillon , à quoy nous répondifmes
de même en mettant
le noftre,
Le Samedy 7. nous eufmes un
GALANT. 177
vent de Nord-Nord- est qui
nous donna un tres -gros temps ,
jufqu'au Lundy au foir , ce qui
naus fit perdre la Loire, une de
nos Flûte fans fçavoir ce qu'elle
eftoit devenue . Le 13. nous fifmes
rencontre d'une Barque Angloife
, dans laquelle il n'y avoit
quefix ou fept hommes , elle nous
aborda fur les trois heures du
foir , comme fi elle nous avoit
voulu parler , ce qu'elle fit effectivement,
& nous apprit qu'elle
eftoit partie depuis quinze jours
jours de Brifco en Irlande , &
s'en alloit aux Ifles de Madere
chargée de harang & de bega
178 MERCURE
Salé. Elle fut deux jours à noftre
route, jufqu'à ce qu'ellefe trouva
à la hauteur de ces Ifles . Le is.
nous decouvrifmes une Ifle nommée
Porto Santo , qui est une
Ille deferte , &fans autres animaux
que des Canards & des
Lapins , nous ne l'approchâ–
mes que de trois lieuës . Le 17. Il
nous mourut un Matelot . Le 18 .
Nous découvrifmes une des Ifles
desCanaries nomméel Ifle de Salvago
ce fut environ fur les
fept heures du matins en eftant
encore éloignez de neuf à dix
lieües. Le 29. environ à la même
heure , nous apperçûmes à noftre
GALANT. 179
horifon deux bastimens que nous
crûmes Corfaires Saltins . Nous
nous feparames auffi- toft de noftre
Efcadre pour en aller recon-
`n i tre un; mais aprés avoir couru
quelque temps deffus , noftre Capitaine
aima mieux continuer fa
route , fit auffi- toft revirer de
bord,fans avoirefté affez prés de
ce bastimentpour l'avoirpû feurement
reconnoistre mais comme
il venoit en dépendant fur nous
il vint paffer cinq ou fix heures
aprés yfortproche de noftre Vaiffeau
avec le pavillon d'Angle-
-verre , & it
luy donnaffions aucunes marques
Tatáns cque
nous
180 MERCURE
de ce que nous eftions . Le 10.
nous nous trouvâmes entre l'Ifle
de Palme & l'Ile de Gomorre
, eftant à la hauteur de vingtbuit
degrez & àprés de cinq cens
lieuës de Breft. L'Ile de Palme
est une fortgrande Ifles , dont les
terres font fertiles & abondantes
en toutes fortes de danrées ,
habitée en plufieurs endroitspar
les Espagnols à qui elle eft . Le
mefme jourfort tard , nous reconnufmes
à quelques lieuës de
là l'ifle de Fer ; il y avoit deux
jours que nous estions dans les
vents Alifez quifont des vents
qui ne manquent jamais de reGALANT.
181
gner en une pareille faifon dans
ces paffages- là . Ils continuerent
à venter fi beau & bon frais ,
qu'ils nous faifoient
faire juf
qu'à quatre lieues par heure . Le
22. nous paſſâmeș
leTropique
&
le 24. nostre Capitaine
fit mettre
la Chaloupe
dehors , pour aller
à bord du Gaillard
, à deffein de
demander
au Commandant
s'il
pouvoitfaire de l'eau au Capvert,
à la hauteur duquel nous nous
trouvions
pour lors , craignant
de n'en avoir pas fuffisamment
pourarriver
juſqu' auCap de bonne
Esperance
; mais comme il
vouloit profiterdu vent favora182
MERCURE
ble que nous avions , il ne luy
permit point d'y moüiller. Quatre
jours aprés nous eûmes un calme
qui nous tint cinq jours.
Pendant ce temps- là nous vifmes
differents poiffons fans en
pouvoirprendre aucun.Ñous vtmes
encore dans ces mefmes
parages quantité de poiffons
volans , & mesme il y en
eut quelques - uns qui donnerent
dans nos voiles . Ce
font des poiffons de la groffeur
d'un Harang, n'ayant que deux
nageoires affez grandes , qui leur
fervent à nager dans l'eau , &
à voler dehors , pour éviter Iss
GALANT. 183
Bonnittes & les Requains , qui
les pourfuivent , & s'en nour
riffent. Ces Requains furent les
poiffons que nous vifmes le plus
fouvent. Ils font fort grands ,
extrémement dangereux pour
ceux qui malheureusement fe
laiffent tomber à la Mer ,
estant bien plus avides de la
chair humaine , que de toute autre
forte d'apast , & bien fouvent
ils emportent une jambe
ou la moitié du corps a un homme,
lors qu'ils les trouvent dans
Peau , vif ou mort. Le 29. noftre
Capitaine fe fervant de l'occafion
que luy donnoit le calmes
4
184 MERCURE
envoya la Chaloupe à bord du
Dromadaire
,
pour porter des
Lettres à quelques- uns des Officiers
, qui nous apprirent dans
leurs réponses la maladie de
trente ou quarante des leurs ,
tant Matelots que Soldats , &
de deux Matelots qui la
perte
fe noyerent en manoeuvrant ,·
d'un grand coup de vent , que
nous avions eu le 8. du mefme
mois.
Comme il eft fort rare dans
un endroit comme celuy- cy , de
s'acquitter des Offices ordinaires
que l'on dit dans nos Paroiffes
pendant la Semainefainte, d'une
GALANT. 185
maniere auffi édifianie qu'on le
fit dans noftre Bords, & que
les Officiers les plus anciens dans
·la Marine , affurent ne l'avoir
pas veu depuis qu'ils navigent,
je croy qu'il ne fera pas hors de
propos d'en dire icy quelque chofe
. Il est vray que nous attribuames
la plus grande partie de
la gloire qui fut renduë à Dieu
dans ce faint temps , auxfoins
particuliers , & aux peines que
fe donnerent avec un zele ardent
les PeresJefuites , que nous
eufmes le bonheur d'avoir dans
nostre Bord. Pendant toute cette
Semaine , nous eûmes exacte-
Novembre 1687.
V
186 MERCURE
ment tous les jours Sermon , &
les Offices ordinaires de ce ter temps
yfurent regulierement obfervez.
Le Mercredy , Jeudy & Vendredy
faint nous chantafmes
Tenebres ; du feudy au Vendredy
le Saint Sacrement fut exposé
pendant vingt-quatre heures
le lendemain Vendredy
nous exfmes le Sermon fur la
Paffion par un de ces Peres, avec
l'applaudiffement de tous ceux
du Vaiffeau , & le Samedy, &
le Dimanche de Pafques , il y
eut grand' Meßse avec la fimphonie
des Violons , des Haut-
Flûtes doutes. bois ,
ПGALANT. 187
5
Le premier d'Avril nous nous
trouvaſmes à la hauteur de buit
•degrez quarante minutes & le
calme nous tint dans ce mefme
endroit pendant quinze jours.
Le 2. nous eufmes vifite des Officiers
du Dromadaire, & le 3.
M. de Farges General des Trovpesqui
vont à Siam , vint difner
staa noftre Bord. On l'y recent avec
toute la propreté & toute la magnificence
poffible dans un endroit
comme celuy.cy. L'aprésmidy
fe paffa aujeu de la Baffette.
Le s. nous prifmes deux
fort gros Requains, fur lefquels
nous trouvions des poiffons atta-
Q ij
188 MERCURE
les Marins appellent > chez
que
Suffets
. Ils
font
de la groffeur
d'une
Sardine
, &
ne
quittent
point
cet
animal
qu'il
ne
foit
mort
. Depuis
le s . jusqu'au
7.
nous
nous
trouvafmes
à pic
du
Soleil
, c'est
à dire
, qu'il
eftoit
fi
perpendiculairemennt fur nous ..
qu'il nousfut impoffible de prendre
hauteur pendant ces deux
jours , parce qu'à midy , qui eft
l'heure où l'on prend hauteur, le
Soleil ne faifoit aucune ombre ,
ce qui nous fit fentir de tresgrandes
chaleurs. Tout l'Equipage
en fouffrit ,par la foif qu'il
reffentoit de ces grandes chaleurs .
GALANT. 189
Le s.il nous vint un peu de vent,
qui nous fit trouver le lendemain
à deux degrez une minute du
pic. Le 9. nous harponnafmes des
Marfoins , qui font de fort gros
poiffons. Cet animal eft à peu
prés de la figure d'un cochon ,
ceux que nous prenions eftoient
de deux trois cens pefant. Il
a le fang chaud, & il n'y aguere
de difference de fa chair à celle
d'un Bauf. Le lendemain nous
prifmes une Dorade , qui eft un
poiffon tout doré , & prefque de
mefme figure que l'Alofe. Ieft
tres-bon à manger. Le 11. nous
découvrifmes à noftre horifon un
190 MERCURE
Vaiffeau que les cal nes nous empefcherent
de pouvoir reconnoifire,
& tous les vents que nous
avions dans ces endroits- cy, ne
venoient que par coups , & nous
obligeoient à ferrer generalement
toutes nos wiles.nalisqun !
Le 19. nous nous trouva/mes
fous la Ligne , & Mrs les Marins
ne manquerent pas à garder
les ceremonies qu'ils ont accoutumé
d'obferver toutes les fois
fois qu'ils la paffent, à l'égard de
ceux qui ne l'ont pas encore pafsée
, de mefme qu'ils le font au
Tropique . à certains Ďétroits.
C'est une Ceremonie profane &
t
C
GALANT
. 191
euxso
༣
ridicule , mais inviolable parmy
Chaque Nation la prati
que diverfement
, & mesme les
Equipages d'une mefme Nation
ne la pratiquent pas tous d'une
mefme maniere. Les François
l'appellent Baptefme, & woicy
la maniere dont elle s'obferva
duns noftre Bord. On rangea
~tant a Bas- bord qu'à Scribord ,
qui font les deux coftez du Vaif-
Jeau , des Bailles & des Curvertes
pleines d'eau de Mer, &
bordez par des Matelots rangez
en haye , chacun unfeau
plein d'eau en main . Ce premier
appareil n'eft que pour l'Equi192
MERCURE
page , c'est à dire , Pilotes, Soldats
, & Matelots
, & comme
tous ceux qui n'ont point
paffe la Ligne font obligez
fans
aucune
referve
de recevoir
ce
Baptefme
les uns aprés les autres
; ce qu'ils font en effuyant
tous ces fceaux
d'eau fur leur
corps ; il y eut une maniere
de
le donner
proportionnée
& convenable
aux perfonnes
de diftinction
quife trouverent
dans.
noftre
bord
comme
eftoient
Meffieurs
les Envoyez
, Offficiers
de Vaiffeau
, Officiers
ر
d'Infanterie
, & autres Paffagers.
Ceux
GALANT 193
و
Ceux qui font ordinairement
commis pour exercer cette forte
de Comedie ,font quatre des premiers
Pilotes , fuivis de buit ou
dix Matelots. Aprés s'eftre barbouillez
revestus de cables ,
capots autres fortes de hardespropres
à les rendre ridicules ,
le premier Pilote tenant en main
quelque livre de marine ou de pilotage
, fait presterfur ce livre.
ferment à tous ceux qui reçoivent
le Baptême , & jurer hautement
qu'autant de fois que l'occafion
fe prefentera d'en baptifer d'au
tres , ils le feront avec les mefmes
ceremonies que l'on obferve
Novembre 1687 . R
194 MERCURE
&
>
pour eux ; mais comme leur intention
n'est autre que de faire
une certainefomme d'argent, onfe
rachette de ces rafraifchiffemens
,
"& on reçoit le Baptême
enfe lavant
feulement
les mains dans
un baſſin.Ainfi l'on preste leferment
l'on pave en mefme
temps chacun felon fon pouvoir.
-On commença
par Meffieurs
les
Ambasadeurs
, mais ce fut chacun
dans leur chambre , & non
pas au pied dugrand maſt comme
tous les autres.Les
Pilotesfirent
prés de vingt piftoles de cerachat
deceremonie
. Le 22.nous harponnames
unfort grosMarfoin
, dans
GALANT. 195
lequel nous trouvâmes un jeune
marfonneau . Nous allons du
vent de Nord eft depuis cinq
jours, à trois lieues & trois lieues
& demie par heure.
LeJudy premierjour deMay,
nous nous trouvâmes par 13. degrez
33 minutes.Le lendemain le
vent devintfrais extraordinairement
en nous portant toûjours à
noftre route , ce qui nous donnoit
à tous une grande joye par
l'envie que nous avions d'arri
ver au Cap . Le 10. noftre Cap?-
taine avec quelques uns de nos
Officiers s'en allerent à bord du
Gaillard , pour jouer à la baf-
Rij
196 MERCURE
fette , & rapporterent cent cinquante
écus de gain . Le mefme
jour le Pere Tachard avec quelques
Jefuites vinrent du Gailfard
rendre vifite à Monfieur
Ambaffadeur. Le len
demain , onzième du mesme
mois,nous eufmes une Eclypfe de
Soleil , & ilfut cachéfeulement
d'un tiers. Le 13. j'allay au Gail
lard pour voir Meffieurs les Ambaffadeurs
Siamois , par l'ordre
de Monfieur de laLoubere noftre
Ambaffadeur. Fe revins dans
noftre chaloupe avec M¹ de
Farges General des troupes ,
quatre Officiers, tant du Bord
C
GALANT. 197
å
que des troupes, qui vinrent difner
avec noftre Capitaine ; on
les traita magnifiquement
. L'aprés
midy fe paffa à jouër à la
baffette, & noftre Capitaine y fit
un gain fort confiderable . Le 16 .
un vent du Sud un quart de Sud
nous donna pendant deux fois
vingt- quatre heures un fort gros
temps qui nous fit perdre laNormande
pour deux jours feulement.
Le 18. Fefte de la Pentecofte
, nous nous trouvâmes par
les 33. degrez moins 3. minuttes ,
600. lieües feulement éloignez
du Cap de Bonne -Efperance
. Ce mefme jour nous eufmes.
Riij.
198 MERCURE
grande Meffe dans noftre Bord
avec la Simphonie des violons ,
Monfieur Sebret rendit le
·Pain benit , ayant cu le chanteau
du jour de Pafques , ce
qu'il fit d'une maniere fort propre.
Le 19.il nous mourut un Soldat.
Les Pilotes ne nous faisant
plus qu'à quatre cens lieuës du
Cap , le ventfe mit àl'Ouest &
fi frais , qu'il nous faifoit faire
prés de trois lieues & demie par
heure . Le 10. de Juin prefque
tous nos Pilotes fe trouverent
terre , nous ne la découvrions
point encore ; mais le 11.
fur le Midy, nous commençâmes
à
1
GALANT.. 199
, י
à la voir , & ce fut pour nous
un fujet de joye inconcevable,
ayant efté depuis cent troisjours
à la voile fans toucher terre
& quatre- vingt- dix jours fans
la voir. Enfin le mefme jourfur
les quatre heures , nous mouillâ
mes dans la rade du Cap de
Bonne-Esperance , & le lendemain
nous faluames la Fortereffe
de fept coups de Canons ;
elle nous rendit le falut coup
par coup. Le Gouverneur nous
y a fait mille honneftetez, avec
des prefens de boeufs , moutons ,
herbages , & autres fortes de
rufraifchiffemens , dont il a fait
Riiij
200 MERCURE
prefent à Meffieurs nos Envoyez,
& à quelques - uns des.
Capitaines de noftre Efcadre . Le
15. Meffieurs les Ambassadeurs
Siamois allerent à terre pour voir
Monfieur le Gouverneur du Fort
en fortant de leur Bord , ils
furent faluez par chaque Vaiffeau
de noftre Efcadre de ref
coups de Canon . Le 18. ils
vinrent difner à noßre Bord
lors qu'ils fortirent fur les
trois heures aprés Midy , nous
les faluâmes de neufcoups de
Canon.
Quoy que cette Relation
air efté envoyée entiere , il
GALANT 201
eft aifé de voir que M Mafurier
l'a écrite à mesure que
les chofes fe font pallées. En
voicy la fuite qui a eſté faite
fur le point du rembarque
ment au Cap de Bonne -Efperance
.
Comme je vous envoye fekument
une Relation de noftre
Voyage , ilferoit inutile de repeter
icy bien des choſes en voulant
vous apprendre ce qui s'eft
paffé depuis noftre départ de
Breft. Noftre navigation a efté
la plus heureufe du monde ,
nos Pilotes fe font trouvez fi
justes à leur point , que toute
ع و س
202 MERCURE
crois
où
leur erreur n'a pas efté de plus
de vingt ou trente lieuës , ce qui
eft fort rare. Le 11. de Juin
nous arrivafmes à la Rade du
Cap de Bonne-Efperance ,
nous mouillafmes le mefme jour
fur les quatre heures du foir. Je
que vous fçavez que ce
font les Hollandois qui font
Maiftres de cet endroit. Ils fu→
rent un peufurpris de nous voir
arriver fix Vaiffeaux , n'eftant
pas accoûtumez à en voir un fi
grand nombre à la fois , ce qui
les a tenus inquiets & fur leurs.
gardes tout le temps que nous
avons efté. Mr le Gouverneur
GALANT. 203 '
dont
nous y a receus fort honneftement.
Nous y avons trouvé d'affez
hons rafraichiſemens
, &
au delà de ce que nous nous ef
tions proposé , tant en herbages,
qu'en beufs & moutons ,
M. le Gouverneur a fait de
fort gros prefens , & entre autres
a nofire feul Bord , de trois
boeufs & dix- huit moutons, &
buit grandes corbeilles d'herba
ges. Le reste qui nous a esté
neceffaire , nous l'avons acheté,
& fort cherement.La defcription
de cet endroit peut fe faire en
peu de mots. Ce n'est qu'un Village
affez petit, dont les maifons
204 MERCURE
font fort baffes & fort foibles ,
bafties feulement de brique . La
plupart des Habitansfont Hol
Landois , & le refte des Negres,
A quelque distance de là , dans
une espece de prairie , font les
premiers Habitans de ce lieu ,
qu'on nomme Outantos, qui eft,
je crois . la Nation du monde la
plus infame. Ce font gens extremement
noirs , qui n'ont pour
veftement qu'une peau de mouton
, & pourmaison qu'une cabane
dejonc , où ils vivent confusément
hommes , femmes , &
enfans , ne mangeant que de la
viande des Animaux qu'ils trouGALANT.
205
went morts d'eux- mefmes. Le
Mary pour se rendre agreable
àfa Femme fe graiffe de vieille
ordure , & fur tout du fang de
quelque animal. Ils laiffent coler
fecher cefangfur eux. Leurs
cheveux , qui font pareils aux
cheveux des Maures , font fro
tez d'une certaine compofition
de noir avec de la graiffe , & its
y pendent quantité de coquilla
ges, de cloux , & de pieces d'ai
rain .Les Femmes , outre les mefmes
ornemens des hommes , ont
cela de plus , qu'elles sentcurent
les bras les jambes des boyaux
des moutons qu'ils mangent,pour
206 MERCURE
s'en fervir de nourriture lors
qu'elles fe trouvent engagées
dans les deferts.
Fay oublié de vous dire qu'en
arrivant à la rade du Cap ;
nous y trouvafmes la Loire ,
cette Flutte que nous avions perdue
dans le coup de vent que
nous eufmes par le travers du
Cap - verd il y avoit feulement
trois jours qu'elle eftoit
mouillée dans la rade , lorsque
nous y arrivafmes.
Pendant le temps que nous
avons efté icy , it's'eftfait quelque
chaffe avec les fils de M™
de Farges , General des trouGALANT
207
pes ; il y eft auffi venu
luy-mefme. Nous avons tué
quantité de gibier , parce qu'il
s'en trouve extraordinairement
dans les endroits où M le
Gouverneur du Cap nous faifoit
menerpar des tireurs de volée
qu'il nous donnoit . Le gibier
que nous y trouvions eftoit des
Chevreuils & des Gafelles , qui
font des animaux plus gros que
Aes Chevreuils , mais de mefme
qualité , des Faifans , Perdrix,
& Cocqs de Bruieres en tresgrand
nombre. A la derniere
chaffe que nous fifmes avec
M de Farges . nous y
208 MERCURE
prifmes fix Chevreuils & trente
cinq pieces de gibier , tant
en Perdrix , qu'en Faifans ou
Coigs de bruieres.
Fermer
165
p. 208-225
Particularitez touchant le Cap de Bonne-Esperance. [titre d'après la table]
Début :
Comme les Relations des mesmes endroits faites par divers Voyageurs [...]
Mots clefs :
Cap de Bonne-Espérance, Officiers, Montagne, Siam, Jésuites, Missionnaires, Le Cap, France, Lettre, Voile, Voyage, Dieu, Beau, Hollandais, Femmes, Animaux, Chemin, Soldats, Singes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Particularitez touchant le Cap de Bonne-Esperance. [titre d'après la table]
Comme les Relations des
mefmes endroits faites par
divers Voyageurs ont toûjours
quelque chofe de diffe
rent & que fouvent dans un
mefme Païs , les uns font des
remarques que les autres ne
fonr pas , & voyent des choles
pour lefquelles ces derniers
n'ont point de curiofité
, j'ay cru vous devoir encore
faire part d'une Lettre
qui eft tombée entre mes
GALANT. 2c9
mains , & qui eft fur le mefme
fujet que la precedente :
Quoy que la matiere n'en foit
pas nouvelles tout ne laiffera
pas d'en paroiftre nouveau .
Il ne vous fera pas difficile de
connoiftre qu'elle eſt d'un
des Peres Jefuites qui font
allez à Siam en qualité de
Miffionnaires..
ALABAYE DELA TABLE
au Cap de Bonne- Efpe--
rance , ce 24. Juin 1684
Uit jours aprés nostre départ
de Breft, ayant dou-
Hpar
blé le Cap de Finifterre , nous :
S
Novemb. 1687 .
210 MERCURE
effuyafmes une tempefte de deux
jours , qui nous mit en fi grand
danger, que noftre grand mast
eftant éclaté par le pied , on eut
recours auxprieres, en attachant
une Image de noftre Apoftre S.
Xavier , par l'interceffion du
quel nous fufmes garantis. J'a
voue que je me crus bien des fois
preft à perir. Aprés cet accident
nous eûmes une navigation affez
heureufe , & fans les Flûtes de
nostre Efcadre , Baftimens fort
difficiles à la voile , nous ferions
arrivez prés d'un mois plûtost ,
ronobftant quinze jours ou trois
femaines de calme ,fous la Ligne.
GALANT. 211
fait encore Ainfi nous aurions fait ·
plus de diligence qu'au premier
Voyage. Le retardement de nos
Fluftes , qui ne font point agreables
pour ces Voyages de long
cours , à caufe que pourfe conformer
à leur voilure on eft obligé
d'aller lentement, nousfaifoit
croire nofire voyage perdu pour
cette année; mais, graces à Dieu,
nous commençons à mieux efperer
, voila la moitié de noftre
courfe faite & mesme affez
doucement. Je fuis dans un bon
Vaiffeau , avec de tres - hon--
neftes gens. Dans le beau temps,
fur toutfous la Ligne , nous nous
Sij
212 MERCURE
rendifmes vifite de Bord à Bord.
M. desFarges eft venufouvent
nous voir. Nous avons beu
"
enfemble a vofire Santé fur
les Bords diftinguez , auffi bien
qu'avec M. Bruant. C'est un
homme de coeur , & qui paffe
pour une des meilleures Testes
que nous ayons parmy les Officiers
des Troupes . Le fejour du
Cap eft charmant , & l'établif
fement des Hollandois y eft parfaitement
beau. Tout y abende,
la chaffe , le poiffon , le bled , le
vin , les fruits , les legumes , les
beftiaux , belles eaux , beaux
Jardins, Habitans en fort grand
GALANT. 213
nombre, un Fort regulier de cing
Bions , & une quantité prodigieufe
de gibier . Mrs nos Officiers
en ont rapporté beaucoup
en quatre ou cinq fois qu'ils ont
efté à la Chaffe .Le Commandeur
du Fort,nomméVadeftes , amy des
François , leur fourniffoit quinze
on vingt Chevaux avec des
Chiens , & il y a eu une grande
déconfiture de Gibier. M du
Bruant qui a avancé dans les
terres , eft enchanté de ce Payslà.
La terre y eft admirable , les
moutons gros & grands comme
des Afnes & des Beufs , qui ont
cela de particulier qu'eftant at214
MERCURE
telez à des Chariots , ils vont
duffi vifte que les meilleurs chevaux
de Carroffe. Les Sauva
ges Outentos font les plus infames
& les plus laids de toute la
Terre habitable. On n'en a pas
affez dit dans toutes les Peintures
qu'on a faites d'eux.Ils vont tout
nuds ne fe couvrant que ce
que la nature apprend à cas
cher , & dans le froid ils fe fer
vent d'une peau de Mouton ou
d'Ours qu'ils mettent fur leurs
épaules comme un Manteau. Ils
fe frottent degraiffe huileufe
puante avec ducharbon pilé, &
ffoonntt.hhiiddeeuuxx à voir& àfenti
GALANT 215
·
Les Femmes ont dans leurs che
veux quifont comme de la laine
de Mouton , noirs & huileux
de leur vilaine graiffe puante ,
des coquillages & des jettons de
cuivre rouge. Elles entortillent
le gras de leursjambes de boyause
de toutes fortes d'Animaux, &
quand ils fontfecs , elles enfont
unregale à leurs Maris les bonnes
Feftes. Leurs Cazes font
baffes , couvertes de nattes de
jonc. Ellesfont fept ou buit femmes
avec un bomme dans ces
Cazes. Ils travaillent quelquefois
pour les Hollandois afin d'avoirdequoyfefaculer
, mais dés
216 MERCURE
qu'ilsfontfaouls , ils ne veulent
rienfaire. A douze ans les femmes
ont des enfans, & dés qu'ils
font nez, ils courent & grimpent
comme de plus grands enfans
. Je montay avant hier fur
la montagne de la Table , d'où
je vis omnia regna mundi .
Cette expedition est une folie ,
car il faut grimper de rocher en
rocher par des herbes ,
des herbes , par un
chemin le plus rode du monde .
Il fandroit eftre chevreau pour
bien monter fur cette affreuse.
montagne. Le chemin eft de
quatre ou cinq heures. Tout est
Rocplat fur la Table du cofté du
2
Nord.
GALANT
217
هللا
e font
Nord. Il y a furle Roc une ef
pece de
Marais , car ce ne
que joncs , & de l'eau . Le påffage
de la Mer du cofté du Nord
de l'Ifle
Robin , est
beaucoup
plus
grand que
l'autre par où
nous
fommes
entrez
dans la
Baye de la Table . Je vis une
plus belle Baye
plus
grande ,
paralelle
à celle de la Table . S'il
euft fait un plus beau jour , j'en
aurois tracé une Carte exacte ;
mais je ne pusfaire qu'un crayon
leger & à la haste . Dans de
certains momens je le
décriray
plus au net.
Ily auroit bien des chofes à
Novembre 1687 .
T
218 MERCURE
vous dire de ce Pays , fi le temps
me lepermettoit,auffi- bien que de
noftre occupation fur les Vaif
feaux. Nous y avons commencé
noftre Miffion par des Predications
frequentes aux Soldats &
aux Matelots. Les Officiers y
donnent un grand exemple, les
prieres y font reglées comme
dans un Seminaire . Tous les
jours au matin on fait la Priere,
& l'on dit plufieurs Mcffes.
Nous avons eu le bonheur de la
dire tous les jours , hors trois fois
le
que temps eftoit trop rude.
L'apréfmidy nous eftions trois à
faire le Catechisme dans trois
GALANT. 219
>
poftes differens. Sur les cing
heures l'on fait la Priere comme
dans tous les Vaiffeaux du Roy.
à huit heures on chante les
Litanies de la Sainte Vierge ,
l'on fait faire l'examen de
confcience ; aprés quoy nous
nous partageons par bandes pour
faire dire le Chapelet tout haut
aux Soldats & aux Matelots,
les Officiers fe mettent fouvent
de la partie, celafinit toujours
par un petit mot qui regarde le
falut. Le reste du temps eft employé
à l'Etude. Le Soir & le
matin nous avons fait une leçon
de Fortification & de Geometrie
Tij
220 MERCURE
&
aux Officiers aux Cadets qui
viennent écrire comme des Ecoliers.
On vient me demander
mes Lettres , car l'on met à la
Voile . Fauray l'honneur de
vous écrire dans quatre mois fi
Dieu nous continue un vent favorable.
L'on nous menace de
Mers fort rudes jufques à Bantam
; mais de Batavia à Siam ,
de fort belles. Dieu nousy conduife.
C'est par le Vaiffeau la Maligne
que l'on a trouvé à propos
de renvoyer en France , que je
vous écris. F'oubliois une circonftance
à vous remarquer affez
GALANT. 221
effentielle. C'eft que la Flûte le
Dromadaire qui dans la tem
pefte du Cap de Finisterre s'eftoit
Separée de noftre Efcadre fans
que nous l'avons pu réjoindre ,
arriva le 9. Juin au Cap deux
jours avant noftre Flotte. Les
Hollandois alarmez de cette
arrivée , avoient mis en déliberation
de ne leur point permettre
de mettre à terre leurs Malades ;
maispar le refpect qu'ils eurent
pour les Vaiffeaux de Sa Majefté
, la chofe fut accommodée
au contentement des uns & des
autres. L'on avoit befoin de
trouver un tel azile aprés une
Tiij
222 MERCURE
routefilongue, car les Equipages
& les Soldats eftoient malades »
l'air de la terre & les bonnes
nourritures les ont remis en
fort pett
de temps. Nous avons
laiffé le Pere de Chats au Cap
tombé malade depuis noftre dé
barquement. Il etoit defefpere
quand nous mifmes à la voile.
Ce feroit une grande perte que
ce faint Miffionnaire.
Je dois ajoûter icy qu'on
lit dans une autre Lettre écrite
par une perfonne qui a
auffi monté au haut de la
Montagne dont il eſt parlé
dans celle- cy , que ceux qui
GALANT. 223
,
avoient entrepris de monter
au fommer d'un lieu fi élevé ,
étant environ aux trois quarts
de la
Montagne entendirent
un fort grand bruit ;
& virent tomber des pier
res , qui paroiffoient plûtoft
être jettées,que tomber naturellement
. Ils s'arrefterent , &
demeurerent quelque temps
incertains s'ils acheveroient
leur voyage ; mais enfin la
fermeté Françoife l'emporta
fur la crainte , & ils pourfuivirent
leur chemin. Ils trouverent
au haut de ce lieu, un
fi grand nombre de Singes ,
Tiiij
224 MERCURE
qu'on peut dire qu'il y en
avoit une armée . Les Fran-:
çois commencerent â déliberer
s'ils tireroient fur
ces animaux , & peut- eftre
auroient-ils fait une décharge
fi l'un d'eux ne fe fuft
fouveņu , que quand les Singes
voyent leur fang , ils fe
jettent fur ceux qui les ont
bleffez , & que les autres , s'il
s'en trouve quelque nombre
, s'y jettent pareillement.
Les Singes fe retirerent en
faifant grand , bruit , & def
cendirent par un autre endroit
de la Montagne . On
GALANT. 225
trouva auffi fur le haut de
cette mefmeMontagne beaucoup
d'offemens de divers
Animaux .
mefmes endroits faites par
divers Voyageurs ont toûjours
quelque chofe de diffe
rent & que fouvent dans un
mefme Païs , les uns font des
remarques que les autres ne
fonr pas , & voyent des choles
pour lefquelles ces derniers
n'ont point de curiofité
, j'ay cru vous devoir encore
faire part d'une Lettre
qui eft tombée entre mes
GALANT. 2c9
mains , & qui eft fur le mefme
fujet que la precedente :
Quoy que la matiere n'en foit
pas nouvelles tout ne laiffera
pas d'en paroiftre nouveau .
Il ne vous fera pas difficile de
connoiftre qu'elle eſt d'un
des Peres Jefuites qui font
allez à Siam en qualité de
Miffionnaires..
ALABAYE DELA TABLE
au Cap de Bonne- Efpe--
rance , ce 24. Juin 1684
Uit jours aprés nostre départ
de Breft, ayant dou-
Hpar
blé le Cap de Finifterre , nous :
S
Novemb. 1687 .
210 MERCURE
effuyafmes une tempefte de deux
jours , qui nous mit en fi grand
danger, que noftre grand mast
eftant éclaté par le pied , on eut
recours auxprieres, en attachant
une Image de noftre Apoftre S.
Xavier , par l'interceffion du
quel nous fufmes garantis. J'a
voue que je me crus bien des fois
preft à perir. Aprés cet accident
nous eûmes une navigation affez
heureufe , & fans les Flûtes de
nostre Efcadre , Baftimens fort
difficiles à la voile , nous ferions
arrivez prés d'un mois plûtost ,
ronobftant quinze jours ou trois
femaines de calme ,fous la Ligne.
GALANT. 211
fait encore Ainfi nous aurions fait ·
plus de diligence qu'au premier
Voyage. Le retardement de nos
Fluftes , qui ne font point agreables
pour ces Voyages de long
cours , à caufe que pourfe conformer
à leur voilure on eft obligé
d'aller lentement, nousfaifoit
croire nofire voyage perdu pour
cette année; mais, graces à Dieu,
nous commençons à mieux efperer
, voila la moitié de noftre
courfe faite & mesme affez
doucement. Je fuis dans un bon
Vaiffeau , avec de tres - hon--
neftes gens. Dans le beau temps,
fur toutfous la Ligne , nous nous
Sij
212 MERCURE
rendifmes vifite de Bord à Bord.
M. desFarges eft venufouvent
nous voir. Nous avons beu
"
enfemble a vofire Santé fur
les Bords diftinguez , auffi bien
qu'avec M. Bruant. C'est un
homme de coeur , & qui paffe
pour une des meilleures Testes
que nous ayons parmy les Officiers
des Troupes . Le fejour du
Cap eft charmant , & l'établif
fement des Hollandois y eft parfaitement
beau. Tout y abende,
la chaffe , le poiffon , le bled , le
vin , les fruits , les legumes , les
beftiaux , belles eaux , beaux
Jardins, Habitans en fort grand
GALANT. 213
nombre, un Fort regulier de cing
Bions , & une quantité prodigieufe
de gibier . Mrs nos Officiers
en ont rapporté beaucoup
en quatre ou cinq fois qu'ils ont
efté à la Chaffe .Le Commandeur
du Fort,nomméVadeftes , amy des
François , leur fourniffoit quinze
on vingt Chevaux avec des
Chiens , & il y a eu une grande
déconfiture de Gibier. M du
Bruant qui a avancé dans les
terres , eft enchanté de ce Payslà.
La terre y eft admirable , les
moutons gros & grands comme
des Afnes & des Beufs , qui ont
cela de particulier qu'eftant at214
MERCURE
telez à des Chariots , ils vont
duffi vifte que les meilleurs chevaux
de Carroffe. Les Sauva
ges Outentos font les plus infames
& les plus laids de toute la
Terre habitable. On n'en a pas
affez dit dans toutes les Peintures
qu'on a faites d'eux.Ils vont tout
nuds ne fe couvrant que ce
que la nature apprend à cas
cher , & dans le froid ils fe fer
vent d'une peau de Mouton ou
d'Ours qu'ils mettent fur leurs
épaules comme un Manteau. Ils
fe frottent degraiffe huileufe
puante avec ducharbon pilé, &
ffoonntt.hhiiddeeuuxx à voir& àfenti
GALANT 215
·
Les Femmes ont dans leurs che
veux quifont comme de la laine
de Mouton , noirs & huileux
de leur vilaine graiffe puante ,
des coquillages & des jettons de
cuivre rouge. Elles entortillent
le gras de leursjambes de boyause
de toutes fortes d'Animaux, &
quand ils fontfecs , elles enfont
unregale à leurs Maris les bonnes
Feftes. Leurs Cazes font
baffes , couvertes de nattes de
jonc. Ellesfont fept ou buit femmes
avec un bomme dans ces
Cazes. Ils travaillent quelquefois
pour les Hollandois afin d'avoirdequoyfefaculer
, mais dés
216 MERCURE
qu'ilsfontfaouls , ils ne veulent
rienfaire. A douze ans les femmes
ont des enfans, & dés qu'ils
font nez, ils courent & grimpent
comme de plus grands enfans
. Je montay avant hier fur
la montagne de la Table , d'où
je vis omnia regna mundi .
Cette expedition est une folie ,
car il faut grimper de rocher en
rocher par des herbes ,
des herbes , par un
chemin le plus rode du monde .
Il fandroit eftre chevreau pour
bien monter fur cette affreuse.
montagne. Le chemin eft de
quatre ou cinq heures. Tout est
Rocplat fur la Table du cofté du
2
Nord.
GALANT
217
هللا
e font
Nord. Il y a furle Roc une ef
pece de
Marais , car ce ne
que joncs , & de l'eau . Le påffage
de la Mer du cofté du Nord
de l'Ifle
Robin , est
beaucoup
plus
grand que
l'autre par où
nous
fommes
entrez
dans la
Baye de la Table . Je vis une
plus belle Baye
plus
grande ,
paralelle
à celle de la Table . S'il
euft fait un plus beau jour , j'en
aurois tracé une Carte exacte ;
mais je ne pusfaire qu'un crayon
leger & à la haste . Dans de
certains momens je le
décriray
plus au net.
Ily auroit bien des chofes à
Novembre 1687 .
T
218 MERCURE
vous dire de ce Pays , fi le temps
me lepermettoit,auffi- bien que de
noftre occupation fur les Vaif
feaux. Nous y avons commencé
noftre Miffion par des Predications
frequentes aux Soldats &
aux Matelots. Les Officiers y
donnent un grand exemple, les
prieres y font reglées comme
dans un Seminaire . Tous les
jours au matin on fait la Priere,
& l'on dit plufieurs Mcffes.
Nous avons eu le bonheur de la
dire tous les jours , hors trois fois
le
que temps eftoit trop rude.
L'apréfmidy nous eftions trois à
faire le Catechisme dans trois
GALANT. 219
>
poftes differens. Sur les cing
heures l'on fait la Priere comme
dans tous les Vaiffeaux du Roy.
à huit heures on chante les
Litanies de la Sainte Vierge ,
l'on fait faire l'examen de
confcience ; aprés quoy nous
nous partageons par bandes pour
faire dire le Chapelet tout haut
aux Soldats & aux Matelots,
les Officiers fe mettent fouvent
de la partie, celafinit toujours
par un petit mot qui regarde le
falut. Le reste du temps eft employé
à l'Etude. Le Soir & le
matin nous avons fait une leçon
de Fortification & de Geometrie
Tij
220 MERCURE
&
aux Officiers aux Cadets qui
viennent écrire comme des Ecoliers.
On vient me demander
mes Lettres , car l'on met à la
Voile . Fauray l'honneur de
vous écrire dans quatre mois fi
Dieu nous continue un vent favorable.
L'on nous menace de
Mers fort rudes jufques à Bantam
; mais de Batavia à Siam ,
de fort belles. Dieu nousy conduife.
C'est par le Vaiffeau la Maligne
que l'on a trouvé à propos
de renvoyer en France , que je
vous écris. F'oubliois une circonftance
à vous remarquer affez
GALANT. 221
effentielle. C'eft que la Flûte le
Dromadaire qui dans la tem
pefte du Cap de Finisterre s'eftoit
Separée de noftre Efcadre fans
que nous l'avons pu réjoindre ,
arriva le 9. Juin au Cap deux
jours avant noftre Flotte. Les
Hollandois alarmez de cette
arrivée , avoient mis en déliberation
de ne leur point permettre
de mettre à terre leurs Malades ;
maispar le refpect qu'ils eurent
pour les Vaiffeaux de Sa Majefté
, la chofe fut accommodée
au contentement des uns & des
autres. L'on avoit befoin de
trouver un tel azile aprés une
Tiij
222 MERCURE
routefilongue, car les Equipages
& les Soldats eftoient malades »
l'air de la terre & les bonnes
nourritures les ont remis en
fort pett
de temps. Nous avons
laiffé le Pere de Chats au Cap
tombé malade depuis noftre dé
barquement. Il etoit defefpere
quand nous mifmes à la voile.
Ce feroit une grande perte que
ce faint Miffionnaire.
Je dois ajoûter icy qu'on
lit dans une autre Lettre écrite
par une perfonne qui a
auffi monté au haut de la
Montagne dont il eſt parlé
dans celle- cy , que ceux qui
GALANT. 223
,
avoient entrepris de monter
au fommer d'un lieu fi élevé ,
étant environ aux trois quarts
de la
Montagne entendirent
un fort grand bruit ;
& virent tomber des pier
res , qui paroiffoient plûtoft
être jettées,que tomber naturellement
. Ils s'arrefterent , &
demeurerent quelque temps
incertains s'ils acheveroient
leur voyage ; mais enfin la
fermeté Françoife l'emporta
fur la crainte , & ils pourfuivirent
leur chemin. Ils trouverent
au haut de ce lieu, un
fi grand nombre de Singes ,
Tiiij
224 MERCURE
qu'on peut dire qu'il y en
avoit une armée . Les Fran-:
çois commencerent â déliberer
s'ils tireroient fur
ces animaux , & peut- eftre
auroient-ils fait une décharge
fi l'un d'eux ne fe fuft
fouveņu , que quand les Singes
voyent leur fang , ils fe
jettent fur ceux qui les ont
bleffez , & que les autres , s'il
s'en trouve quelque nombre
, s'y jettent pareillement.
Les Singes fe retirerent en
faifant grand , bruit , & def
cendirent par un autre endroit
de la Montagne . On
GALANT. 225
trouva auffi fur le haut de
cette mefmeMontagne beaucoup
d'offemens de divers
Animaux .
Fermer
167
p. 303-305
AUTRE ENIGME.
Début :
Chaque chose a son temps, aujourd'huy j'ay le mien, [...]
Mots clefs :
Drap rayé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE ENIGME.
AUTRE ENIGME.
1
Ca
Haque chofe a fon temps , aujourd
hayjay le mien,
Quoy que je ne fois pas plus qu'un
autre
commode
, C
Sans moy l'on ne peut eftre bien,
A l'envy Pon fuit ma metode.
L'ay commencé deparoiftre à la Cour,
Auffifuis-je un Enfant de France,
Etje dois mon eftre & le jour
Au Roy qui fait le plus redouterfa
puiffance.
Sur luy j'exerce mon employ ,
Et la Garde qui l'environne ,
N'approche pas fiprés que moy
Defon Augufte & Royalepersonne.
Comme il eftde fon Peuple autant
Pere que Roy
J
Il veut qu'à tous je fois utile,
Et je viens faire dans la ville
304 MERCURE
Comme à la Cour ce queje dop.
On me voit dans ces lieux de plus
d'une maniere ,
Et dans le temps que le Roy dey
Saifons
Brille avec moins d'éclat , répand
moins de Lumiere
C'est alors que je fais paroistre mes
rayons.
L'or & l'argent joints à mon luftre
En relevent beaucoup l'éclat,
Et je fuis l'ornement d'unfat
Comme celuy d'un homme illuftre.
l'ay pour charmes la nouveauté
Etj'ay touché le coeur de plus d'une
beauté;
utilité.
De chacun je touche l'envie,
Et je fuis auffi dans la vie
D'une tres-grande utili
Ad nirez des gens l'injustice ,
Quay quejefoispaifible & dons,
GALANT 305
on me perce de mille coups
Quand je dois rendre un bon
Service ,
On me fait piş encor on me taille en
morceaux
Et l'on me laiffe- là quand je fuis par
lambeaux
1
Ca
Haque chofe a fon temps , aujourd
hayjay le mien,
Quoy que je ne fois pas plus qu'un
autre
commode
, C
Sans moy l'on ne peut eftre bien,
A l'envy Pon fuit ma metode.
L'ay commencé deparoiftre à la Cour,
Auffifuis-je un Enfant de France,
Etje dois mon eftre & le jour
Au Roy qui fait le plus redouterfa
puiffance.
Sur luy j'exerce mon employ ,
Et la Garde qui l'environne ,
N'approche pas fiprés que moy
Defon Augufte & Royalepersonne.
Comme il eftde fon Peuple autant
Pere que Roy
J
Il veut qu'à tous je fois utile,
Et je viens faire dans la ville
304 MERCURE
Comme à la Cour ce queje dop.
On me voit dans ces lieux de plus
d'une maniere ,
Et dans le temps que le Roy dey
Saifons
Brille avec moins d'éclat , répand
moins de Lumiere
C'est alors que je fais paroistre mes
rayons.
L'or & l'argent joints à mon luftre
En relevent beaucoup l'éclat,
Et je fuis l'ornement d'unfat
Comme celuy d'un homme illuftre.
l'ay pour charmes la nouveauté
Etj'ay touché le coeur de plus d'une
beauté;
utilité.
De chacun je touche l'envie,
Et je fuis auffi dans la vie
D'une tres-grande utili
Ad nirez des gens l'injustice ,
Quay quejefoispaifible & dons,
GALANT 305
on me perce de mille coups
Quand je dois rendre un bon
Service ,
On me fait piş encor on me taille en
morceaux
Et l'on me laiffe- là quand je fuis par
lambeaux
Fermer
168
p. 342-343
AUTRE ENIGME.
Début :
Je suis flexible à tout, & fait d'une matiere, [...]
Mots clefs :
Canevas
169
p. 330-331
AUTRE ENIGME.
Début :
Ie n'ay qu'un ventre creux, un dos aride & sec, [...]
Mots clefs :
Selle à cheval
170
p. 316-317
ENIGME
Début :
L'Enigme nouvelle que vous allez lire est de la Bergere / Ma taille est grande & dégagée, [...]
Mots clefs :
Quenouille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME
L'Enigme nouvelle que
vous allez lire eft de la Ber
gere Fleurette , Fille du déger
Fleurifte...
2552552252 25SSEES
ENIG ME
M
A taille eft grande & degagée
Legere d'autant plus que je fuis plus
Agle
GAL ANT. 337
Aime
, &
ay l'honneur Le Sexe
De poeder le cofte de fon coeur
Dans l'employ que je donne au
soport monde.left legumeIsh
L'Epée & moy ne nous accordons
pas 3
Te la traite de haut en bas.
Mes cheveuxfont d'emprunt , longs ,
Sup fins , de couteur blonde ]
Fne treffe , un ruban tel qu'on veut
le choifir ,
Les lie & les arrefte
Et bien fouvent on prend pla
A me les arracher poil à poil de la
tefte.
vous allez lire eft de la Ber
gere Fleurette , Fille du déger
Fleurifte...
2552552252 25SSEES
ENIG ME
M
A taille eft grande & degagée
Legere d'autant plus que je fuis plus
Agle
GAL ANT. 337
Aime
, &
ay l'honneur Le Sexe
De poeder le cofte de fon coeur
Dans l'employ que je donne au
soport monde.left legumeIsh
L'Epée & moy ne nous accordons
pas 3
Te la traite de haut en bas.
Mes cheveuxfont d'emprunt , longs ,
Sup fins , de couteur blonde ]
Fne treffe , un ruban tel qu'on veut
le choifir ,
Les lie & les arrefte
Et bien fouvent on prend pla
A me les arracher poil à poil de la
tefte.
Fermer
171
p. 295-297
ENIGME.
Début :
L'Enigme nouvelle que je vous envoye vient de fort / Nous sommes deux Soeurs de mesme âge, [...]
Mots clefs :
Lunettes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
L'Enigme nouvelle que je
vous envoye vient de fort
bon lieu elle merite que
vous en faffiez part à vos
Amies .
;
Bb iiij
296 MERCURE
222SSS22-2222S5252
ENIGME.
N
us fommes deux Soeurs de
jamesme âge , de eg
Qui n'avons rien de different
Dans noftre ordinaire ufage ,
On nous place toûjours en lieu fort
apparent.
S
Quoy que de bien des
1.
gens yous
fecondions l'adreffe ,
En commerce amoureux cet ufage eſt
Suspects
Et malgré d'un Amant le plus profond
respect
GALANT. 297
Nous luy nuifons auprés de fa
Maiftreffe.
On nous en chaffe artiſtement ,
Comme eftant alors inutiles ;
On nous conferve affez soigneusement
,
Auffi fommes-nous bien fragiles.
Fugez fi noftrefort eft doux ;
Tels ont des Rois l'entiere confi
dence
Qui , dans le Cabinet , ne voyent:
qu'avec nous
Les fecrets de plus d'importance..
vous envoye vient de fort
bon lieu elle merite que
vous en faffiez part à vos
Amies .
;
Bb iiij
296 MERCURE
222SSS22-2222S5252
ENIGME.
N
us fommes deux Soeurs de
jamesme âge , de eg
Qui n'avons rien de different
Dans noftre ordinaire ufage ,
On nous place toûjours en lieu fort
apparent.
S
Quoy que de bien des
1.
gens yous
fecondions l'adreffe ,
En commerce amoureux cet ufage eſt
Suspects
Et malgré d'un Amant le plus profond
respect
GALANT. 297
Nous luy nuifons auprés de fa
Maiftreffe.
On nous en chaffe artiſtement ,
Comme eftant alors inutiles ;
On nous conferve affez soigneusement
,
Auffi fommes-nous bien fragiles.
Fugez fi noftrefort eft doux ;
Tels ont des Rois l'entiere confi
dence
Qui , dans le Cabinet , ne voyent:
qu'avec nous
Les fecrets de plus d'importance..
Fermer
173
p. 287-288
ENIGME.
Début :
Bien que d'abord je frape sans parler, [...]
Mots clefs :
Marteau d'une porte
176
p. 311
ENIGME.
Début :
J'ay presque autant de mains qu'en avoit Briarée, [...]
Mots clefs :
Corbillon de l'oublieux
181
p. 133-141
EPISTRE.
Début :
Je vous envoye des Vers de Madame des Houlieres, & / Aprés que tous les Elemens, [...]
Mots clefs :
Génie, Mr Arnaud, Fermier général, Vin, Esculape, Café, Satyre, Louis, Muses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EPISTRE.
Je vous envoye des Vers
de Madame des Houlieres, &,
non feulement ce font des
Vers dignes d'elle , ce qui doit
vous en donner la plus grande
idée , mais vous les admirerez
d'autant plus , que quoy qu'ils
foient faits fur une matiere
qui femble fterile , elle y a
meflé les penfées du monde
134 MERCURE
les plus agreables, & en fort
grand nombre; mais que ne
peut pas un genie auffi élevé
& auffi beau que le fien ! Elle
fe plaignoit du mauvais Vin
de l'année derniere , & M
Arnaud , Fermier General,
toujours genereux pour les
Amis , & ne negligeant aucune occafion de les obliger,
luy en envoya un muid avec
du Caffe. C'est pour l'en re
mercier que Madame des
Houlieres a fait les Vers que
vous allez lire.
GALANT. 135
EPISTRE.
APrésque tousles Elemens,
Par d'horribles dereglemens ,
Nous ont fait une longue guerre,
Lors qu'ilfemble que le Soleil
N'eft plus amoureux de la Terre ,
Par quel charme ay-je à mon réveil
Une piece de vin pareil
Au précieux Nectar du Maistre du
Tonnerre?
R
Quelgenereux Mortel peut avoir
pris ce foin,
Dontnos modernes Efculapes
S'avifent de trouver que j'ay tant de
befoin,
Quand on n'a tiréde nos grapes
Qu'un Vin, qui froid & vert du
Verjus n'eſt pas loin?
136 MERCURE
Čenepeut eftre que Timandre ;
A cegouft de n'épargner rien
Quand on trouve un fervice à
rendre ,
Et de faire toujours du bien,
On ne sçauroit pas fe méprendres
Peudecœurs là- deffus font faits comme lefien.
S
Ouy , Timandre , c'est vous , & de
Pilluftre Race
Dont le Ciel vous afait fortir,
Vous fuivez pas à pas la glorieufe
trace.
On ne voit rien en vous qui puiſſe
démentir
La pictè , la noble audace ,
Lagenerofité, l'éclat
De ces Arcs- boutans de l'Etat,
Nydeces Heros de la Grace ;
Quipour les Concerts du Parnaffe.
GALANT. 137.
Euvent toujours un gouft fi fin , fi
delicat.
S
C'est à ce doux panchant qu'ils ont
eu pour les Mafes,
Qui d'eux a paſsé juſqu'à vous,
Que je dois l'amitié qui fe forme
entre nous ,
Et qui vous fait chercher tant d'agreables rufes ,
Pourfaire que chez moy l'on trouve
tous les jours
DeCaffe , de liqueurs une pleine abondance;
Et de ce vin dont l'excellence >
Pour mafanté , dit - on , fera d'un
grandfecours.
S
Quoy que l'Hiftoire en puiffe dire,
Le vin qui jadis dans Tibur
D'Horace égayoit la Satyre,
Octobre i 693. M
138 MERCURE
Le vin qu'Anacreon celebroit furfa
Lyre,
N'eftoit nyfi beau , ny fi pur.
A des rubisfondus fa couleur eftfem
blable,
Il tient ce que promet ſa brillante 1 couleur.
Vue utile & douce chaleur
Fait qu'on penfe au fortir de table,
Avoir pris de cet orpotable,
Qui triomphe des ans , qui chaffe la
douleur ,
Qui fait tout, & qui par malheur
N'ajamais efté qu'une Fable.
S
Cependant quelque precieux
Que foit un tel breuvage , un Zele
ardent & tendre
Pour le Public le fait répandre ,
Quand LOVIS eft victorieux.
GALANT. 179
Les muids font défoncez dans les
brillantes Feftes ,
ойpour luy l'on rend grace aux
Et tandis
Cieux ;
que le bruit de fes grandes
conqueftes,
Troublefes Ennemis de fa gloire envieux ,
Voftre excellent vin dans ces lieux
Trouble un nombre infini de teftes.
2
Qui l'auroit pu penfer! moy, qui dés
le berceau
Suis en habitude de boire
Avec les Filles de Memoire,
Et de m'enyorerde cette eau ,
Qui des tencbres du tombe au
A le donde fauver la gloire,
Enfin , moy, qnijufqu'aujourd'huy
·N'avois avec Bacchus prefque point
de commerce,
Mij
140 MERCURE
Fay fait connoillance avecluy.
Heureufe fi ceDieu peut diffiperl'en
nuy
Du maudit fort qui me traverſe,
Et d'une fanté foible eftre le ferme
appuy.
S
Quand je fonge pourtant en perSonne fensée
A voſtre preſent merveilleux,
A ne vous rien cacher , il me vient
en pensée
Qu'il peut, tout beau qu'il eft , eftre
un peu dangereux.
On(ne pourroitpas mieux s'y pren
dre
Pour faire une galante & douce trabifon.
Quelque force qu'ait la raison,
Helas . contre le vin peut-elle fe
défendre ?
GALANT. 141
Non, &fouventl' Amour mele pour
nous furprendre ,
Dans le vinfonfubril poison ;
Mais par bonheur pour moy,
mandre,
Ti
Vous eftes plus fage que tendre,
Et d'ailleurs, jefuis loin de la belle
faifon,
Où les pieges font bons à tendré.
de Madame des Houlieres, &,
non feulement ce font des
Vers dignes d'elle , ce qui doit
vous en donner la plus grande
idée , mais vous les admirerez
d'autant plus , que quoy qu'ils
foient faits fur une matiere
qui femble fterile , elle y a
meflé les penfées du monde
134 MERCURE
les plus agreables, & en fort
grand nombre; mais que ne
peut pas un genie auffi élevé
& auffi beau que le fien ! Elle
fe plaignoit du mauvais Vin
de l'année derniere , & M
Arnaud , Fermier General,
toujours genereux pour les
Amis , & ne negligeant aucune occafion de les obliger,
luy en envoya un muid avec
du Caffe. C'est pour l'en re
mercier que Madame des
Houlieres a fait les Vers que
vous allez lire.
GALANT. 135
EPISTRE.
APrésque tousles Elemens,
Par d'horribles dereglemens ,
Nous ont fait une longue guerre,
Lors qu'ilfemble que le Soleil
N'eft plus amoureux de la Terre ,
Par quel charme ay-je à mon réveil
Une piece de vin pareil
Au précieux Nectar du Maistre du
Tonnerre?
R
Quelgenereux Mortel peut avoir
pris ce foin,
Dontnos modernes Efculapes
S'avifent de trouver que j'ay tant de
befoin,
Quand on n'a tiréde nos grapes
Qu'un Vin, qui froid & vert du
Verjus n'eſt pas loin?
136 MERCURE
Čenepeut eftre que Timandre ;
A cegouft de n'épargner rien
Quand on trouve un fervice à
rendre ,
Et de faire toujours du bien,
On ne sçauroit pas fe méprendres
Peudecœurs là- deffus font faits comme lefien.
S
Ouy , Timandre , c'est vous , & de
Pilluftre Race
Dont le Ciel vous afait fortir,
Vous fuivez pas à pas la glorieufe
trace.
On ne voit rien en vous qui puiſſe
démentir
La pictè , la noble audace ,
Lagenerofité, l'éclat
De ces Arcs- boutans de l'Etat,
Nydeces Heros de la Grace ;
Quipour les Concerts du Parnaffe.
GALANT. 137.
Euvent toujours un gouft fi fin , fi
delicat.
S
C'est à ce doux panchant qu'ils ont
eu pour les Mafes,
Qui d'eux a paſsé juſqu'à vous,
Que je dois l'amitié qui fe forme
entre nous ,
Et qui vous fait chercher tant d'agreables rufes ,
Pourfaire que chez moy l'on trouve
tous les jours
DeCaffe , de liqueurs une pleine abondance;
Et de ce vin dont l'excellence >
Pour mafanté , dit - on , fera d'un
grandfecours.
S
Quoy que l'Hiftoire en puiffe dire,
Le vin qui jadis dans Tibur
D'Horace égayoit la Satyre,
Octobre i 693. M
138 MERCURE
Le vin qu'Anacreon celebroit furfa
Lyre,
N'eftoit nyfi beau , ny fi pur.
A des rubisfondus fa couleur eftfem
blable,
Il tient ce que promet ſa brillante 1 couleur.
Vue utile & douce chaleur
Fait qu'on penfe au fortir de table,
Avoir pris de cet orpotable,
Qui triomphe des ans , qui chaffe la
douleur ,
Qui fait tout, & qui par malheur
N'ajamais efté qu'une Fable.
S
Cependant quelque precieux
Que foit un tel breuvage , un Zele
ardent & tendre
Pour le Public le fait répandre ,
Quand LOVIS eft victorieux.
GALANT. 179
Les muids font défoncez dans les
brillantes Feftes ,
ойpour luy l'on rend grace aux
Et tandis
Cieux ;
que le bruit de fes grandes
conqueftes,
Troublefes Ennemis de fa gloire envieux ,
Voftre excellent vin dans ces lieux
Trouble un nombre infini de teftes.
2
Qui l'auroit pu penfer! moy, qui dés
le berceau
Suis en habitude de boire
Avec les Filles de Memoire,
Et de m'enyorerde cette eau ,
Qui des tencbres du tombe au
A le donde fauver la gloire,
Enfin , moy, qnijufqu'aujourd'huy
·N'avois avec Bacchus prefque point
de commerce,
Mij
140 MERCURE
Fay fait connoillance avecluy.
Heureufe fi ceDieu peut diffiperl'en
nuy
Du maudit fort qui me traverſe,
Et d'une fanté foible eftre le ferme
appuy.
S
Quand je fonge pourtant en perSonne fensée
A voſtre preſent merveilleux,
A ne vous rien cacher , il me vient
en pensée
Qu'il peut, tout beau qu'il eft , eftre
un peu dangereux.
On(ne pourroitpas mieux s'y pren
dre
Pour faire une galante & douce trabifon.
Quelque force qu'ait la raison,
Helas . contre le vin peut-elle fe
défendre ?
GALANT. 141
Non, &fouventl' Amour mele pour
nous furprendre ,
Dans le vinfonfubril poison ;
Mais par bonheur pour moy,
mandre,
Ti
Vous eftes plus fage que tendre,
Et d'ailleurs, jefuis loin de la belle
faifon,
Où les pieges font bons à tendré.
Fermer
Résumé : EPISTRE.
Madame des Houlières adresse une lettre à Monsieur Arnaud, Fermier Général, pour exprimer sa gratitude pour un muid de vin et du café qu'il lui a envoyés. Elle se plaint du mauvais vin de l'année précédente et admire la générosité de Monsieur Arnaud. Les vers intitulés 'Épître' accompagnant la lettre commencent par une réflexion sur les éléments naturels et la guerre qu'ils ont menée. Madame des Houlières exprime sa surprise et sa joie de recevoir un vin de qualité, qu'elle compare au nectar des dieux. Elle identifie Timandre, pseudonyme de Monsieur Arnaud, comme un homme généreux et noble, louant sa générosité et son esprit délicat. Elle mentionne également l'abondance de café et de liqueurs chez elle, grâce à l'amitié partagée. Les vers continuent en comparant le vin reçu à ceux célèbres dans l'histoire, comme ceux d'Horace et d'Anacréon, soulignant sa qualité et ses bienfaits. Madame des Houlières conclut en exprimant son inquiétude quant aux dangers potentiels du vin, tout en reconnaissant sa force et son pouvoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
182
p. 329-330
ENIGME.
Début :
La nouvelle Enigme que je vous envoye est de Mr de Boissimon / Sans que je sois estropié, [...]
Mots clefs :
Moulin à vent
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
La nouvelle Enigme que je
Vous envoye eft de Mr de Boiffimon
d'Angers.
8225352522SES SZZS
ENIGME.
:b
Ans queje fois eftropić ,
Je fuis fans bras , je n'ay qu'un
piésmost
Mon Surtout de toile eft modeftes
Trop de pluye eft pour moy funefte.
$
Immobile dans mon emplay,!
Je donne quelquefois le giſle aux Hirondelles
,
Auffi - bien qu'ellesj'ay des ailes;
Octobre
16 93. Ec
330 MERCURE
Mon Maistre n'en a point , & vole
mieux que moy.
Vous envoye eft de Mr de Boiffimon
d'Angers.
8225352522SES SZZS
ENIGME.
:b
Ans queje fois eftropić ,
Je fuis fans bras , je n'ay qu'un
piésmost
Mon Surtout de toile eft modeftes
Trop de pluye eft pour moy funefte.
$
Immobile dans mon emplay,!
Je donne quelquefois le giſle aux Hirondelles
,
Auffi - bien qu'ellesj'ay des ailes;
Octobre
16 93. Ec
330 MERCURE
Mon Maistre n'en a point , & vole
mieux que moy.
Fermer
183
p. 344
ENIGME.
Début :
Vos Amies vous diront leur pensée sur la nouvelle Enigme que je / Sans effrayer les regardans, [...]
Mots clefs :
Crémaillère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
Vos Amies vous diront leur
penfée
fur la nouvelle
Enigme
que je
vous envoye.
ENIGME.
Sans effrayer les regardans ,
Je montre à tout le monde un rang
de larges dents ,
Par où l'on me gouverne , & quej'ay
fort mal nettes ;
Auffi de propreté je m'inquiete peu.
Pourtant, mon pofte , ainsi que celuy
des Planetes ,
Eft fur la region du feu.
penfée
fur la nouvelle
Enigme
que je
vous envoye.
ENIGME.
Sans effrayer les regardans ,
Je montre à tout le monde un rang
de larges dents ,
Par où l'on me gouverne , & quej'ay
fort mal nettes ;
Auffi de propreté je m'inquiete peu.
Pourtant, mon pofte , ainsi que celuy
des Planetes ,
Eft fur la region du feu.
Fermer
184
p. 309
ENIGME.
Début :
Vos Amies vous diront leur sentiment sur l'Enigme nouvelle / Un Astre des plus éclatans, [...]
Mots clefs :
Fer à cheval
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
TVos Amics vous diront
leur fentiment ſur l'Enigme
nouvellequeje vous envoye.
ENIGME.
ONAſtre des plus éclatans,
Nonpas toujours, mais en de certains
temps ,
Represente affez ma figure.
Jesuis de matiere tres dure ,
Et l'on mefait avecgrand bruit.
Je conferve ce que je couvre
Et mon utilité, dont chacun est inftruit
,
Partout me donne entrée, & mesme
dans le Louvre.
leur fentiment ſur l'Enigme
nouvellequeje vous envoye.
ENIGME.
ONAſtre des plus éclatans,
Nonpas toujours, mais en de certains
temps ,
Represente affez ma figure.
Jesuis de matiere tres dure ,
Et l'on mefait avecgrand bruit.
Je conferve ce que je couvre
Et mon utilité, dont chacun est inftruit
,
Partout me donne entrée, & mesme
dans le Louvre.
Fermer
190
p. 281
ENIGME.
Début :
Sans secours vont mal mes affaires, [...]
Mots clefs :
Broche tournée par un chien
192
p. 272-273
ENIGME.
Début :
Hors de ma fonction, je suis fort maniable, [...]
Mots clefs :
Voile de navire
193
p. 263-264
ENIGME.
Début :
Quoy que je porte un nom ennemy de la France, [...]
Mots clefs :
Cire d'Espagne
198
p. 258-259
ENIGME.
Début :
J'ay presque autant de mains qu'en avoit Briarée, [...]
Mots clefs :
Corbillon d'oublies