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Liste
1
p. 1154-1161
Traité de l'Opinion, [titre d'après la table]
Début :
Nous achevons ici l'Extrait du Traité de l'Opinion, bien moins [...]
Mots clefs :
Opinions, Traité, Médecine, Matière, Dieu, Astronomie, Naturalistes, Politique, Commencement, Esprit humain
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité de l'Opinion, [titre d'après la table]
Ous acheverons ici l'Extrait du
N Traité de l'Opinion , bien moins.
pour faire connoître un Ouvrage dont
la réputation est autant répandue et aussi
bien établie que pour nous acquitter de
notre promesse. Les Citations d'un Ouvra
ge n'entrent pas ordinairemens dan tunExtrait;
nous nous contenterons d'observer à
cet égard qu'on trouve sur chaque matiere
le précis de ce que les Auteurs anciens
et modernes ont dit de plus remarquable
, que leurs propres paroles sont souvent
citées , et les passages toujours choisis
avec discernement , ensorte que dans
la seule lecture de cet Ouvrage on peut
recueillir le fruit de beaucoup de travail
et de recherches en tout genre.
Le quatrième Livre , où nous avons
terminé la premiere partie de notre Extrait
, renferme principalement les contradictions
des Savans sur la Physique ,
l'Astronomie et la Médecine ; les impostures
des Alchimistes et des Astrologues,
les opinions outrées des Naturalistes , et
I. Vol. en
JUIN. 1733. 1155
en même-temps les progrès de l'Esprit
humain et ses nouvelles découvertes dans
les Sciences qui ont des objets corporels.
Le Chapitre premier contient quelques
objections faites aux Mathématiciens
avec des Refléxions sur le systême de
l'infini et sur l'état présent de la Géométrie.
Les trois Figures placées au commencement
du Chapitre de la Physique ,
représentent,l'une les Tourbillons de Descartes
, et les deux autres , la Masse du
Soleil , composée , selon Descartes , de la
matiere subtile , et selon l'Auteur da
Traité de l'Opinion , de la matiere compacte
du troisiéme Element , penetrée de
la matiere subtile du premier. Tout ce
qu'il dit à cet égard est neuf et digne
de l'attention des plus habiles Physiciens.
Le Chapitre de l'Astronomie explique
les quatre principaux Systêmes de Ptolomée
, de Copernic , de Tycho- Brahé et
de Longomontan , et renferme les dif
ferentes opinions des Astronomes , entre
lesquelles il se trouve de prodigieuses
distances. Après avoir observé qu'il y a
telle Etoile , qu'on croit avec raison plu
sieurs millions de fois plus grande que
le Soleil , et qu'il est inconcevable de
combien la grandeur de cette Etoile surpasse
celle du Globe de la Terre , que
I. Vola
l'Astro1156
MERCURE DE FRANCE
l'Astronomie la plus nouvelle tient plus
petit que le Soleil un million de fois ,
Î'Auteur ajoûte : » C'est ainsi que plus on
» fait de progrès dans une Science , plus
» l'objet auquel tendent nos travaux , sem-
» ble s'éloigner de nous ; plus on acquiert
» de connoissances , plus on s'apperçoit
» de l'étenduë de celles qui manquent ,
» et comme le sçavant , semblable à l'am-
» bitieux , ne regarde jamais derriere lui ,
plus il apprend , plus il ignore. Ses dé-
»couvertes lui offrent des travaux de plus
» en plus inépuisables,il demeure convain-
» cu de la maxime de Socrate , qu'il ne sçait
>>autre chose , sinon qu'il ne sçait rien .
Il est ensuite traité de la Médecine.
L'Auteur a dit dans sa Préface qu'il ne
peut se refuser la satisfaction de déclarerson
sentiment particulier ; sçavoir , que si
la Médecine est un Art en lui - même rempli
d'incertitude et de dangers , il n'y
a point de secours plus nécessaire à un
malade que celui de la prudence d'un
bon Médecin , et qu'il y auroit une grande
témérité de prétendre se conduire par
son goût ou par ses lumieres dans l'état
auquel on est réduit par la maladie . Ce
Chapitre de la Médecine expose les differens
systêmes et les contradictions des
Médecins , les changemens arrivez dans
1. Vol. la
JUIN. 1733. 1157
la Médecine , les contestations survenuës
au sujet de l'Emétique , avec des Dissertations
sur les manieres de traiter la petite
verole , sur les saignées et sur les dé
couvertes nouvelles de la Médecine.
Le Chapitre suivant de la Chimie est
écrit de cette maniere , également instructive
et amusante , dont l'Auteur ne s'écarte
jamais , et avec la clarté qu'il sçait répandre
sur toutes sortes de sujets . Il dévoile
les supercheries des Alchimistes et réfute
leurs raisonnemens les plus spécieux;
mais il rend justice aux découvertes utiles
d'une Chimie très- sage , qui ne s'applique
qu'à la connoissance de la Nature
et à la préparation des Remedes.
Les préceptes frivoles de l'Astrologie
judiciaire sont détruits et renversez dans
le Chapitre sixième. Les exemples des
prédictions les plus célebres , n'y sont
pas oubliés. Les autres especes de divinations
prétendues naturelles , comme
phisionomie , Chiromancie , Talismans
&c. sont traitées suivant la méthode de
rapporter les opinions des anciens et des
modernes avec les exemples historiques.
Dans le Chapitre des Naturalistes ,
P'Auteur avertit que le vrai se trouve
mêlé avec le faux , et qu'il lui eut été
impossible d'assigner les limites de l'un
I. Vol. et
1158 MERCURE DE FRANCE
de l'autre. Ce mêlange des opinions des
Naturalistes , dont les unes sont outrées
à l'excès , d'autres fort incertaines , et
quelques- unes veritables, fournit des Mémoires
très - amples pour l'Histoire de
l'Esprit humain sur cette matiere .
La Dissertation sur les Arts n'est pas
moins curieuse , et l'Auteur discute cnsuite
en Philosophe profond , les opinions
sur la formation des idées , et ce qui regarde
l'imagination et les sens .
>
Dans le Livre cinquième qui traite de
la Politique , il fait connoître les differentes
sortes de Gouvernemens par l'Histoire
ancienne et moderne ; il donne des
Tableaux finis des Etats de la Grèce et
de la République Romaine ; il explique
avec une grande connoissance du Droit
Public , la véritable constitution du Gouvernement
de France ; il marche d'un
pas hardi et ferme entre les écueils , et
il réfute avec force les fausses opinions
répandues sur des matieres si importantes.
Dans le second Chapitre , l'Auteur
éxamine les maximes politiques. Il excepte
du nombre des opinions quelques
principes certains , par exemple , que
comme Archimede ne demandoit qu'un
point d'appui , pour remuer le Globe de
1. Vol. la
JUIN. 1733. 1159
fa Terre à son gré , ce point d'appui
pour la politique est la bonne foi ; que
le principe de toute verité étant que Dieu
est incapable de tromper , le principe de
toute bonne politique est aussi que le
Monarque soit incapable de tromper ;
que les hommes ne résisteront jamais à
un Empire qui réunit la justice et la
force , &c.
Le sixième Livre renferme les pensées
les plus sublimes , en même temps que
les opinions les plus déraisonnables sur
la Morale et les differentes Loix et Coûtumes
des Peuples. Le Chapitre des Loix
commence par une réfutation très forte
de Spinosa , de Montagne et autres qui
ont nié une justice naturelle ; et l'Auteur
établit que les grands principes de Morale
sont susceptibles de démonstration.
On trouve dans ce Chapitre une Histoire
plus étendue que par tout ailleurs ,
de toutes les épreuves appellées Jugemens
de Dieu."
La diversité des Coûtumes est propo
sée comme une source de Refléxions salutaires.
Le Lecteur s'y trouve disposé
par ce commencement du cinquième
Chapitre, » Platon remercioit Dieu de
l'avoir fait homme et non pas bête ,
Grec er non pas Barbare ; pour nous en
I. Vol.
» faisant
1160 MERCURE DE FRANCE
ノ
» sant refléxion sur plusieurs Coûtumes .
» et opinions abominables qui inondent
» la surface de la Terre , concevons - en
» une juste horreur et remercions Dieu
» de nous avoir fait naître Chrétiens , sous
» une domination équitable et dans un
» siecle éclairé .... Les meilleures ins-
>> tructions se tirent quelquefois des exem-
» ples les plus défectueux ; Ismenias fai-
» soit entendre à ses Ecoliers les plus
» mauvais Joueurs de flute ; le pere d'Ho-
» race lui mettoit devant les yeux la Jeu-
» nesse de Rome la plus corrompuë ;
»Quintilien vouloit que les Professeurs
d'Eloquence lûssent à leurs Disciples
» des Oraisons d'un stile insipide ; les La-
» cédémoniens obligeoient les Ilotes de
» s'enyvrer en présence de leurs enfans
& c.
ر د
>>
L'Ouvrage est terminé par une Dissertation
éloquente sur la douleur et sur
la mort. Mais nous nous appercevons
que nous passons les bornes d'un Extrait
; nous ajoûterons seulement que
ceux qui ont acheté des Exemplaires
du Traité de l'Opinion , sont avertis que
l'Auteur à joint à chaque volume quelques
Observations. Ils les trouveront
contenues séparément dans une petite
Brochure , chez Antoine - Claude Brias-
I. Vel. son
JUIN. 1733. 1161
son , qui débite présentement ce Traité ;
et à l'égard des Exemplaires qui seront
vendus par la suite , ces Observations y
seront insérées au commencement de
chaque volume . Elles renferment des
Eclaircissemens , Additions , Corrections
et un Errata plus exact .
N Traité de l'Opinion , bien moins.
pour faire connoître un Ouvrage dont
la réputation est autant répandue et aussi
bien établie que pour nous acquitter de
notre promesse. Les Citations d'un Ouvra
ge n'entrent pas ordinairemens dan tunExtrait;
nous nous contenterons d'observer à
cet égard qu'on trouve sur chaque matiere
le précis de ce que les Auteurs anciens
et modernes ont dit de plus remarquable
, que leurs propres paroles sont souvent
citées , et les passages toujours choisis
avec discernement , ensorte que dans
la seule lecture de cet Ouvrage on peut
recueillir le fruit de beaucoup de travail
et de recherches en tout genre.
Le quatrième Livre , où nous avons
terminé la premiere partie de notre Extrait
, renferme principalement les contradictions
des Savans sur la Physique ,
l'Astronomie et la Médecine ; les impostures
des Alchimistes et des Astrologues,
les opinions outrées des Naturalistes , et
I. Vol. en
JUIN. 1733. 1155
en même-temps les progrès de l'Esprit
humain et ses nouvelles découvertes dans
les Sciences qui ont des objets corporels.
Le Chapitre premier contient quelques
objections faites aux Mathématiciens
avec des Refléxions sur le systême de
l'infini et sur l'état présent de la Géométrie.
Les trois Figures placées au commencement
du Chapitre de la Physique ,
représentent,l'une les Tourbillons de Descartes
, et les deux autres , la Masse du
Soleil , composée , selon Descartes , de la
matiere subtile , et selon l'Auteur da
Traité de l'Opinion , de la matiere compacte
du troisiéme Element , penetrée de
la matiere subtile du premier. Tout ce
qu'il dit à cet égard est neuf et digne
de l'attention des plus habiles Physiciens.
Le Chapitre de l'Astronomie explique
les quatre principaux Systêmes de Ptolomée
, de Copernic , de Tycho- Brahé et
de Longomontan , et renferme les dif
ferentes opinions des Astronomes , entre
lesquelles il se trouve de prodigieuses
distances. Après avoir observé qu'il y a
telle Etoile , qu'on croit avec raison plu
sieurs millions de fois plus grande que
le Soleil , et qu'il est inconcevable de
combien la grandeur de cette Etoile surpasse
celle du Globe de la Terre , que
I. Vola
l'Astro1156
MERCURE DE FRANCE
l'Astronomie la plus nouvelle tient plus
petit que le Soleil un million de fois ,
Î'Auteur ajoûte : » C'est ainsi que plus on
» fait de progrès dans une Science , plus
» l'objet auquel tendent nos travaux , sem-
» ble s'éloigner de nous ; plus on acquiert
» de connoissances , plus on s'apperçoit
» de l'étenduë de celles qui manquent ,
» et comme le sçavant , semblable à l'am-
» bitieux , ne regarde jamais derriere lui ,
plus il apprend , plus il ignore. Ses dé-
»couvertes lui offrent des travaux de plus
» en plus inépuisables,il demeure convain-
» cu de la maxime de Socrate , qu'il ne sçait
>>autre chose , sinon qu'il ne sçait rien .
Il est ensuite traité de la Médecine.
L'Auteur a dit dans sa Préface qu'il ne
peut se refuser la satisfaction de déclarerson
sentiment particulier ; sçavoir , que si
la Médecine est un Art en lui - même rempli
d'incertitude et de dangers , il n'y
a point de secours plus nécessaire à un
malade que celui de la prudence d'un
bon Médecin , et qu'il y auroit une grande
témérité de prétendre se conduire par
son goût ou par ses lumieres dans l'état
auquel on est réduit par la maladie . Ce
Chapitre de la Médecine expose les differens
systêmes et les contradictions des
Médecins , les changemens arrivez dans
1. Vol. la
JUIN. 1733. 1157
la Médecine , les contestations survenuës
au sujet de l'Emétique , avec des Dissertations
sur les manieres de traiter la petite
verole , sur les saignées et sur les dé
couvertes nouvelles de la Médecine.
Le Chapitre suivant de la Chimie est
écrit de cette maniere , également instructive
et amusante , dont l'Auteur ne s'écarte
jamais , et avec la clarté qu'il sçait répandre
sur toutes sortes de sujets . Il dévoile
les supercheries des Alchimistes et réfute
leurs raisonnemens les plus spécieux;
mais il rend justice aux découvertes utiles
d'une Chimie très- sage , qui ne s'applique
qu'à la connoissance de la Nature
et à la préparation des Remedes.
Les préceptes frivoles de l'Astrologie
judiciaire sont détruits et renversez dans
le Chapitre sixième. Les exemples des
prédictions les plus célebres , n'y sont
pas oubliés. Les autres especes de divinations
prétendues naturelles , comme
phisionomie , Chiromancie , Talismans
&c. sont traitées suivant la méthode de
rapporter les opinions des anciens et des
modernes avec les exemples historiques.
Dans le Chapitre des Naturalistes ,
P'Auteur avertit que le vrai se trouve
mêlé avec le faux , et qu'il lui eut été
impossible d'assigner les limites de l'un
I. Vol. et
1158 MERCURE DE FRANCE
de l'autre. Ce mêlange des opinions des
Naturalistes , dont les unes sont outrées
à l'excès , d'autres fort incertaines , et
quelques- unes veritables, fournit des Mémoires
très - amples pour l'Histoire de
l'Esprit humain sur cette matiere .
La Dissertation sur les Arts n'est pas
moins curieuse , et l'Auteur discute cnsuite
en Philosophe profond , les opinions
sur la formation des idées , et ce qui regarde
l'imagination et les sens .
>
Dans le Livre cinquième qui traite de
la Politique , il fait connoître les differentes
sortes de Gouvernemens par l'Histoire
ancienne et moderne ; il donne des
Tableaux finis des Etats de la Grèce et
de la République Romaine ; il explique
avec une grande connoissance du Droit
Public , la véritable constitution du Gouvernement
de France ; il marche d'un
pas hardi et ferme entre les écueils , et
il réfute avec force les fausses opinions
répandues sur des matieres si importantes.
Dans le second Chapitre , l'Auteur
éxamine les maximes politiques. Il excepte
du nombre des opinions quelques
principes certains , par exemple , que
comme Archimede ne demandoit qu'un
point d'appui , pour remuer le Globe de
1. Vol. la
JUIN. 1733. 1159
fa Terre à son gré , ce point d'appui
pour la politique est la bonne foi ; que
le principe de toute verité étant que Dieu
est incapable de tromper , le principe de
toute bonne politique est aussi que le
Monarque soit incapable de tromper ;
que les hommes ne résisteront jamais à
un Empire qui réunit la justice et la
force , &c.
Le sixième Livre renferme les pensées
les plus sublimes , en même temps que
les opinions les plus déraisonnables sur
la Morale et les differentes Loix et Coûtumes
des Peuples. Le Chapitre des Loix
commence par une réfutation très forte
de Spinosa , de Montagne et autres qui
ont nié une justice naturelle ; et l'Auteur
établit que les grands principes de Morale
sont susceptibles de démonstration.
On trouve dans ce Chapitre une Histoire
plus étendue que par tout ailleurs ,
de toutes les épreuves appellées Jugemens
de Dieu."
La diversité des Coûtumes est propo
sée comme une source de Refléxions salutaires.
Le Lecteur s'y trouve disposé
par ce commencement du cinquième
Chapitre, » Platon remercioit Dieu de
l'avoir fait homme et non pas bête ,
Grec er non pas Barbare ; pour nous en
I. Vol.
» faisant
1160 MERCURE DE FRANCE
ノ
» sant refléxion sur plusieurs Coûtumes .
» et opinions abominables qui inondent
» la surface de la Terre , concevons - en
» une juste horreur et remercions Dieu
» de nous avoir fait naître Chrétiens , sous
» une domination équitable et dans un
» siecle éclairé .... Les meilleures ins-
>> tructions se tirent quelquefois des exem-
» ples les plus défectueux ; Ismenias fai-
» soit entendre à ses Ecoliers les plus
» mauvais Joueurs de flute ; le pere d'Ho-
» race lui mettoit devant les yeux la Jeu-
» nesse de Rome la plus corrompuë ;
»Quintilien vouloit que les Professeurs
d'Eloquence lûssent à leurs Disciples
» des Oraisons d'un stile insipide ; les La-
» cédémoniens obligeoient les Ilotes de
» s'enyvrer en présence de leurs enfans
& c.
ر د
>>
L'Ouvrage est terminé par une Dissertation
éloquente sur la douleur et sur
la mort. Mais nous nous appercevons
que nous passons les bornes d'un Extrait
; nous ajoûterons seulement que
ceux qui ont acheté des Exemplaires
du Traité de l'Opinion , sont avertis que
l'Auteur à joint à chaque volume quelques
Observations. Ils les trouveront
contenues séparément dans une petite
Brochure , chez Antoine - Claude Brias-
I. Vel. son
JUIN. 1733. 1161
son , qui débite présentement ce Traité ;
et à l'égard des Exemplaires qui seront
vendus par la suite , ces Observations y
seront insérées au commencement de
chaque volume . Elles renferment des
Eclaircissemens , Additions , Corrections
et un Errata plus exact .
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Résumé : Traité de l'Opinion, [titre d'après la table]
Le 'Traité de l'Opinion' explore divers sujets à travers plusieurs livres, en mettant l'accent sur les contradictions et les progrès dans différentes disciplines scientifiques et philosophiques. Le quatrième livre examine les divergences entre savants, les impostures des alchimistes et des astrologues, ainsi que les avancées scientifiques. En physique, il discute des tourbillons de Descartes et des opinions sur la matière. En astronomie, il présente les systèmes de Ptolémée, Copernic, Tycho Brahé et Longomontan, soulignant l'immensité de l'univers et l'ignorance persistante malgré les progrès. La médecine est abordée en mettant en avant les incertitudes et la nécessité de la prudence médicale. La chimie est analysée en révélant les supercheries des alchimistes et en valorisant les découvertes utiles. L'astrologie est critiquée pour ses prédictions frivoles. Les naturalistes sont étudiés pour leur mélange d'opinions vraies et fausses. Le cinquième livre traite des différentes formes de gouvernements et des maximes politiques, insistant sur la bonne foi et la justice. Le sixième livre explore la morale et les lois, réfutant les opinions nihilistes et proposant des réflexions sur les coutumes diverses. L'ouvrage se termine par une dissertation sur la douleur et la mort. Des observations supplémentaires sont disponibles séparément ou insérées dans les futurs exemplaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1161-1163
« SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
Début :
SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...]
Mots clefs :
Histoire, Académie royale des inscriptions et belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois
Textes de la Bible , avec l'histoire des anciennes
Monarchies , expliquée et réta
blic . Ouvrage divisé en deux parties : La
premiere comprend les Antiquitez des
premiers et des seconds Assyriens , des
seconds et troisiémes Babyloniens , avec
'Histoire des Médes . La seconde [comprendra
l'ancienne Histoire des Perses
des Egyptiens et des Scythes , les antiquitez
Chinoises , Phéniciennes et Lydiennes
; celles de l'Asie et de l'Afrique,
avec l'ancienne Histoire Grecque et Larine
. Par M. Michel de Toul. A Toul
chez Cl. Vincent . 1732. in 4 .
NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du
Pastor Fido , avec le Texte à côté. A Paris
, chez Nyon fils , Place de Conty . 1732.
in 12.
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Nar-
I. Vol. bonnoi1162
MERCURE DE FRANCE
bonnoise , qui comprenoit la Savoye , le
Dauphiné , la Provence , le Languedoc ,
le Roussillon et le Comté de Foix , avec
des Dissertations . Par M. de Mandajors ,
de l'Académie Royale des Inscriptions et
Belles Lettres. Chez Greg. Dupuis , ruë
5. Jacques . 1733. in 12 .
HISTOIRE D'HIPPOLYTE , Comte de Duglas.
Par Mad. Aulnoy , nouvelle Edition,
enrichie de figures en Taille douce , Chez
Gabr. Valleyre , fils , ruë de la Vieille-
Bouclerie , et la veuve Langlois , Quai de
Conty. 1733. in 12. 2. vol.
د
THEOLOGIE PHISIQUE , ou Démonstration
de l'Existence et des Attributs de
Dieu , tirée des Oeuvres de la Création ?
accompagnée d'un grand nombre de Remarques
et d'Observations curieuses . Par
Guill. Derham , Chanoine de Vindsor
Recteur d'Upminster , &c. Traduite de
l'Anglois , par Jacq . Lufneu , Docteur en
Médecine et Lecteur en Mathématique
Troisiéme Edition , revûë et corrigée . A
Paris , chez Chaubert , Quai des Augustins,
in 8. 1732.
LES METAMORPHOSES D'OVIDE , avec
des Remarques et des Explications histo-
1. Vol.
riques,
JUIN. 1733- 1163
riques. Par M. l'Abbé Banier , de l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles-
Lettres. Ouvrage enrichi de Figures en
Taille douce. A Amsterdam , chez Westeins
et Smith , et se vend à Paris , chez
Coignard , fils , 1732. 3 vol. in 12 .
Textes de la Bible , avec l'histoire des anciennes
Monarchies , expliquée et réta
blic . Ouvrage divisé en deux parties : La
premiere comprend les Antiquitez des
premiers et des seconds Assyriens , des
seconds et troisiémes Babyloniens , avec
'Histoire des Médes . La seconde [comprendra
l'ancienne Histoire des Perses
des Egyptiens et des Scythes , les antiquitez
Chinoises , Phéniciennes et Lydiennes
; celles de l'Asie et de l'Afrique,
avec l'ancienne Histoire Grecque et Larine
. Par M. Michel de Toul. A Toul
chez Cl. Vincent . 1732. in 4 .
NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du
Pastor Fido , avec le Texte à côté. A Paris
, chez Nyon fils , Place de Conty . 1732.
in 12.
HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Nar-
I. Vol. bonnoi1162
MERCURE DE FRANCE
bonnoise , qui comprenoit la Savoye , le
Dauphiné , la Provence , le Languedoc ,
le Roussillon et le Comté de Foix , avec
des Dissertations . Par M. de Mandajors ,
de l'Académie Royale des Inscriptions et
Belles Lettres. Chez Greg. Dupuis , ruë
5. Jacques . 1733. in 12 .
HISTOIRE D'HIPPOLYTE , Comte de Duglas.
Par Mad. Aulnoy , nouvelle Edition,
enrichie de figures en Taille douce , Chez
Gabr. Valleyre , fils , ruë de la Vieille-
Bouclerie , et la veuve Langlois , Quai de
Conty. 1733. in 12. 2. vol.
د
THEOLOGIE PHISIQUE , ou Démonstration
de l'Existence et des Attributs de
Dieu , tirée des Oeuvres de la Création ?
accompagnée d'un grand nombre de Remarques
et d'Observations curieuses . Par
Guill. Derham , Chanoine de Vindsor
Recteur d'Upminster , &c. Traduite de
l'Anglois , par Jacq . Lufneu , Docteur en
Médecine et Lecteur en Mathématique
Troisiéme Edition , revûë et corrigée . A
Paris , chez Chaubert , Quai des Augustins,
in 8. 1732.
LES METAMORPHOSES D'OVIDE , avec
des Remarques et des Explications histo-
1. Vol.
riques,
JUIN. 1733- 1163
riques. Par M. l'Abbé Banier , de l'Académie
Royale des Inscriptions et Belles-
Lettres. Ouvrage enrichi de Figures en
Taille douce. A Amsterdam , chez Westeins
et Smith , et se vend à Paris , chez
Coignard , fils , 1732. 3 vol. in 12 .
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Résumé : « SYSTEME CHRONOLOGIQUE sur les trois Textes de la Bible, avec l'histoire des anciennes [...] »
Le document recense des ouvrages historiques et littéraires publiés entre 1732 et 1733. Parmi eux, 'SYSTEME CHRONOLOGIQUE' de Michel de Toul analyse les textes bibliques et l'histoire des anciennes monarchies, divisé en deux parties couvrant divers peuples et civilisations. 'NOUVELLE TRADUCTION FRANÇOISE du Pastor Fido' est une traduction française d'une œuvre pastorale italienne, publiée à Paris. 'HISTOIRE CRITIQUE de la Gaule Narbonnaise' par M. de Mandajors explore l'histoire de la Gaule Narbonnaise et des régions voisines, accompagnée de dissertations. 'HISTOIRE D'HIPPOLYTE, Comte de Duglas' est une nouvelle édition enrichie de figures, écrite par Madame Aulnoy. 'THEOLOGIE PHISIQUE' de Guill. Derham, traduite par Jacq. Lufneu, démontre l'existence et les attributs de Dieu à travers les œuvres de la création. Enfin, 'LES METAMORPHOSES D'OVIDE' par l'Abbé Banier offre des remarques et des explications historiques, enrichi de figures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 1163-1168
Essay sur le bon goût en Musique, &c. [titre d'après la table]
Début :
ESSAY sur le bon goût en Musique. Par M. Grandval. A Paris, Quai de Gévres, [...]
Mots clefs :
Goût, Sentiment, Règles, Bon goût, Savants, Peuple, Oreilles, Connaître
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Essay sur le bon goût en Musique, &c. [titre d'après la table]
ESSAY sur le bon goût en Musique.Par
M. Grandval. A Paris , Quai de Gévres ,
chez P. Prault.173 2. brochure de 76 pag.
prix , 15 sols.
4
Voicy une matiere toute neuve , comme
l'Auteur l'expose dans une courte
Préface , en réfléchissant sur la difficulté
et la délicatesse de l'entreprise. Selon lui,
il y a deux grandes manieres de connoitre
les bonnes et les mauvaises choses ; le
sentiment intérieur et les Regles . Par le
sentiment on dira , il me semble , que
cela est bien , ou il me semble que cela
est mauvais. Par les Regles , on dira , cela
est bon ou mauvais , par telle raison, & c.
Or le plus sûr moyen de juger sainement
est de joindre le sentiment intérieur aux
Regles , d'appliquer l'un à l'autre ; de
bien démêler l'impression de l'un à l'effet
de l'autre ; ensorte qu'ils se prêtent un
mutuel secours équitable , et qu'il en ré-
-sulte un jugement sensé , qui fasse honneur
au goût de celui qui le rend .
I. Vol.
F Le
1164 MERCURE DE FRANCE
}
Le bon goût se distingue par les de
grez où l'on place les bonnes choses , les
mauvaises , les médiocres, les excellentes
et les détestables.
;
Il y a dans les Arts , dit l'Auteur , un
point de perfection ; celui qui le sent a le
goût parfait celui qui ne le sent pas et
qui va trop loin ou reste en deçà , a le
goût défectueux ; sur ce pied- là le bon
goût n'est autre chose que le sentiment
naturel , purifié par les Régles. 11 consiste
à sçavoir faire cas des choses , à. proportion
de ce qu'elles valent , et à les estimer
selon qu'elles sont estimables , par
de génie et l'art qui y sont employez , et
bien ou mal mis en oeuvre.
-
Il y a deux sortes d'oreilles ; l'une pour
le son , l'autre pour la mesure ou le mouvenient;
la premiere est blessée d'un faux
ton , qui fait connoître quand on chante
ou qu'on touche faux ; celle-là est impossible
à donner. L'autre fait chanter de
mesure , fait connoître quand on en est
sorti , et enseigne l'exacte précision de la
valeur des temps. Quelques uns ont l'une
au suprême dégré , à qui l'autre manque
entierement. J'ai connu des Musiciens ,
poursuit l'Auteur , qui avoient l'oreille
du son si parfaite , qu'ils auroient discerné
jusqu'à un demi ton de fausseté ,
L. Vol.
et
JUIN. 1733 1165
et qui ne pouvoient danser un Menuet
en cadance ; et des Maîtres à Danser qui
ne s'appercevoient pas quand on chantoit
faux .
⚫ M. Granval , veut sur tout qu'on sçache
promptement connoître le ton ma
jeur et le ton mineur , et qu'on y ait l'oreille
bien rompuë , afin d'être d'abord
sensible à la difference de l'un et de l'autre.
C'est pour cela , dit-il , qu'il n'y a
rien de si dangereux que d'être commencé
par de méchans Maîtres , soit à chanter
, soit à jouer des Instrumens , ou à
danser ; ils donnent un mauvais pli , de
mauvais principes ; ils gâtent la voix , la
main , la jambe , et qui pis est le goût ,
bien loin d'en donner.
Pour parvenir au bon goût en question
, il faut s'accoûtumer à juger , &c.
J'ai pris garde à l'Opéra et aux Concerts
que bien des personnes ne jugent point ,
ils tâchent de lire dans les yeux des autres
ce qu'ils doivent penser et sentir. Il
faut se demander à soi -même : Cet Air
m'a-t- il flaté l'oreille , m'a - t - il ému le
coeur ? oui. Voilà le sentiment qui approuve
; il reste à consulter les Regles ,
& c .
Le plaisir du coeur étant au- dessus de
celui des oreilles ; une Musique qui pê-
1. Vol.
Fij che
1166 MERCURE DE FRANCE
che contre les Loix qui vont à toucher le
coeur , pêche davantage que celle qui ne
manque qu'à celles qui visent à contenter
les oreilles . Pardonnons à deux cadences
semblables , trop voisines l'une de
l'autre , à quelques fautes contre les regles
de la compositions et ne pardonnons
point à un shant froid , ou forcé ,
ou sans expression , ni à une-Musique trop
chargée d'agrémens et pleine de richesses
, hors de saison. Tout cela est en purc
perte.
Les belles chofes ne le sont plus , hors
de leur place.
La raison met les bienséances , et les
bienséances mettent la perfection .
L'Auteur préfére l'approbation du peu
ple à celle des Sçavans , avec des modifications
; il donne de tres bonnes raisons
pour appuyer son sentiment , et il soutient
que ce qui emporte generalement
l'admiration du peuple qui va à l'Opéra ,
Sans emporter celle des Sçavans , est au
dessus de ce qui emporte celle des Sçavans
, sans toucher le peuple.
·
Par le Peuple , dit il , j'entends toujours
les honnêtes gens , conduits par la
nature , à laquelle ils s'abandonnent ,
S'entreprêtant chacun ses lumieres , se
redressant l'un l'autre , et prononçant ,
I. Vel. selon
JUIN. 1733. 1167
selon un sentiment commun et libre
C'est là le grand Juge. Ce sont plus d'oreilles
et plus d'yeux ; la nature parle davantage
et plus haut ; la verité sort du
milieu du Parterre , comme elle sortoit
autrefois de la multitude d'Athénes.
Pour se perfectionner le goût , il croit
qu'il faut écouter les raisonnemens des
Sçavans , déférer aux sentimens des connoisseurs
, et étudier les mouvemens du
Peuple .
Comme malgré tous nos soins et notre
application nous pouvons encore nous
tromper , il faut se faire une régle et une
habitude d'observer et d'éplucher nos
méprises , d'éxaminer nos propres jugemens
avec la même séverité que les ouvrages
d'autrui , de remonter jusqu'à la
cause de notre méprise , que nous remarquerons
nettement , pour être en
garde contre nos erreurs et n'être pas
si sujets à y retomber. L'utilité de cette
pratique , dit M. Granval , mene au bor
goût bien droit et bien vîte .... Rapellons-
nous souvent nos méprises , considérons
attentivement le ridicule que
nous nous serions attiré , si elles avoient
été connuës, La méditation n'est pas flateuse
mais ce sera son amertume qui
nous la rendra utile.
›
1. Vol Fiij L'Au1168
MERCURE DE FRANCE
L'Auteur estimeroit le goût d'une personne
qui diroit sûrement : Cette simphonie
est belle , mais elle a été mal éxécutée.
Celle- ci a été bien éxécuté , mais elle ne
vant rien.'
En parlant de Lully , qu'il recommande
de ne pas perdre de vuë , il
dit , que ses chants prouvent qu'il étoit
capable de penser ce qu'il exprimoit.
Quels tons fins , vifs , délicats , expressifs
, &c. Il croit qu'il est toujours tresavantageux
aux Artistes , de se proposer
un point de perfection au- delà même de
leur portée. Ils ne se mettroient jamais
en chemin , s'ils croyoient n'arriver qu'où
ils arrivent effectivement . Toutes les
Sciences ont leur chimere ; elles courent
après sans la pouvoir attrapef , mais elles
font en chemin de tres- heureuses dé-
-couvertes .
M. Grandval. A Paris , Quai de Gévres ,
chez P. Prault.173 2. brochure de 76 pag.
prix , 15 sols.
4
Voicy une matiere toute neuve , comme
l'Auteur l'expose dans une courte
Préface , en réfléchissant sur la difficulté
et la délicatesse de l'entreprise. Selon lui,
il y a deux grandes manieres de connoitre
les bonnes et les mauvaises choses ; le
sentiment intérieur et les Regles . Par le
sentiment on dira , il me semble , que
cela est bien , ou il me semble que cela
est mauvais. Par les Regles , on dira , cela
est bon ou mauvais , par telle raison, & c.
Or le plus sûr moyen de juger sainement
est de joindre le sentiment intérieur aux
Regles , d'appliquer l'un à l'autre ; de
bien démêler l'impression de l'un à l'effet
de l'autre ; ensorte qu'ils se prêtent un
mutuel secours équitable , et qu'il en ré-
-sulte un jugement sensé , qui fasse honneur
au goût de celui qui le rend .
I. Vol.
F Le
1164 MERCURE DE FRANCE
}
Le bon goût se distingue par les de
grez où l'on place les bonnes choses , les
mauvaises , les médiocres, les excellentes
et les détestables.
;
Il y a dans les Arts , dit l'Auteur , un
point de perfection ; celui qui le sent a le
goût parfait celui qui ne le sent pas et
qui va trop loin ou reste en deçà , a le
goût défectueux ; sur ce pied- là le bon
goût n'est autre chose que le sentiment
naturel , purifié par les Régles. 11 consiste
à sçavoir faire cas des choses , à. proportion
de ce qu'elles valent , et à les estimer
selon qu'elles sont estimables , par
de génie et l'art qui y sont employez , et
bien ou mal mis en oeuvre.
-
Il y a deux sortes d'oreilles ; l'une pour
le son , l'autre pour la mesure ou le mouvenient;
la premiere est blessée d'un faux
ton , qui fait connoître quand on chante
ou qu'on touche faux ; celle-là est impossible
à donner. L'autre fait chanter de
mesure , fait connoître quand on en est
sorti , et enseigne l'exacte précision de la
valeur des temps. Quelques uns ont l'une
au suprême dégré , à qui l'autre manque
entierement. J'ai connu des Musiciens ,
poursuit l'Auteur , qui avoient l'oreille
du son si parfaite , qu'ils auroient discerné
jusqu'à un demi ton de fausseté ,
L. Vol.
et
JUIN. 1733 1165
et qui ne pouvoient danser un Menuet
en cadance ; et des Maîtres à Danser qui
ne s'appercevoient pas quand on chantoit
faux .
⚫ M. Granval , veut sur tout qu'on sçache
promptement connoître le ton ma
jeur et le ton mineur , et qu'on y ait l'oreille
bien rompuë , afin d'être d'abord
sensible à la difference de l'un et de l'autre.
C'est pour cela , dit-il , qu'il n'y a
rien de si dangereux que d'être commencé
par de méchans Maîtres , soit à chanter
, soit à jouer des Instrumens , ou à
danser ; ils donnent un mauvais pli , de
mauvais principes ; ils gâtent la voix , la
main , la jambe , et qui pis est le goût ,
bien loin d'en donner.
Pour parvenir au bon goût en question
, il faut s'accoûtumer à juger , &c.
J'ai pris garde à l'Opéra et aux Concerts
que bien des personnes ne jugent point ,
ils tâchent de lire dans les yeux des autres
ce qu'ils doivent penser et sentir. Il
faut se demander à soi -même : Cet Air
m'a-t- il flaté l'oreille , m'a - t - il ému le
coeur ? oui. Voilà le sentiment qui approuve
; il reste à consulter les Regles ,
& c .
Le plaisir du coeur étant au- dessus de
celui des oreilles ; une Musique qui pê-
1. Vol.
Fij che
1166 MERCURE DE FRANCE
che contre les Loix qui vont à toucher le
coeur , pêche davantage que celle qui ne
manque qu'à celles qui visent à contenter
les oreilles . Pardonnons à deux cadences
semblables , trop voisines l'une de
l'autre , à quelques fautes contre les regles
de la compositions et ne pardonnons
point à un shant froid , ou forcé ,
ou sans expression , ni à une-Musique trop
chargée d'agrémens et pleine de richesses
, hors de saison. Tout cela est en purc
perte.
Les belles chofes ne le sont plus , hors
de leur place.
La raison met les bienséances , et les
bienséances mettent la perfection .
L'Auteur préfére l'approbation du peu
ple à celle des Sçavans , avec des modifications
; il donne de tres bonnes raisons
pour appuyer son sentiment , et il soutient
que ce qui emporte generalement
l'admiration du peuple qui va à l'Opéra ,
Sans emporter celle des Sçavans , est au
dessus de ce qui emporte celle des Sçavans
, sans toucher le peuple.
·
Par le Peuple , dit il , j'entends toujours
les honnêtes gens , conduits par la
nature , à laquelle ils s'abandonnent ,
S'entreprêtant chacun ses lumieres , se
redressant l'un l'autre , et prononçant ,
I. Vel. selon
JUIN. 1733. 1167
selon un sentiment commun et libre
C'est là le grand Juge. Ce sont plus d'oreilles
et plus d'yeux ; la nature parle davantage
et plus haut ; la verité sort du
milieu du Parterre , comme elle sortoit
autrefois de la multitude d'Athénes.
Pour se perfectionner le goût , il croit
qu'il faut écouter les raisonnemens des
Sçavans , déférer aux sentimens des connoisseurs
, et étudier les mouvemens du
Peuple .
Comme malgré tous nos soins et notre
application nous pouvons encore nous
tromper , il faut se faire une régle et une
habitude d'observer et d'éplucher nos
méprises , d'éxaminer nos propres jugemens
avec la même séverité que les ouvrages
d'autrui , de remonter jusqu'à la
cause de notre méprise , que nous remarquerons
nettement , pour être en
garde contre nos erreurs et n'être pas
si sujets à y retomber. L'utilité de cette
pratique , dit M. Granval , mene au bor
goût bien droit et bien vîte .... Rapellons-
nous souvent nos méprises , considérons
attentivement le ridicule que
nous nous serions attiré , si elles avoient
été connuës, La méditation n'est pas flateuse
mais ce sera son amertume qui
nous la rendra utile.
›
1. Vol Fiij L'Au1168
MERCURE DE FRANCE
L'Auteur estimeroit le goût d'une personne
qui diroit sûrement : Cette simphonie
est belle , mais elle a été mal éxécutée.
Celle- ci a été bien éxécuté , mais elle ne
vant rien.'
En parlant de Lully , qu'il recommande
de ne pas perdre de vuë , il
dit , que ses chants prouvent qu'il étoit
capable de penser ce qu'il exprimoit.
Quels tons fins , vifs , délicats , expressifs
, &c. Il croit qu'il est toujours tresavantageux
aux Artistes , de se proposer
un point de perfection au- delà même de
leur portée. Ils ne se mettroient jamais
en chemin , s'ils croyoient n'arriver qu'où
ils arrivent effectivement . Toutes les
Sciences ont leur chimere ; elles courent
après sans la pouvoir attrapef , mais elles
font en chemin de tres- heureuses dé-
-couvertes .
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Résumé : Essay sur le bon goût en Musique, &c. [titre d'après la table]
L'essai 'Sur le bon goût en Musique' de M. Grandval, publié à Paris en 1732, examine la délicatesse et la difficulté de juger le bon goût en musique. L'auteur propose deux méthodes pour évaluer les œuvres musicales : le sentiment intérieur et les règles. Il recommande de combiner ces deux approches pour obtenir un jugement équilibré et sensé. Le bon goût se manifeste par la capacité à classer les œuvres musicales en fonction de leur qualité, allant de la médiocre à l'excellente. Il réside dans le sentiment naturel purifié par les règles, permettant de valoriser les œuvres en fonction de leur mérite. L'auteur distingue deux types d'oreilles : l'une pour le son, l'autre pour la mesure. Il insiste sur l'importance de bien distinguer le ton majeur du ton mineur et de se méfier des mauvais maîtres qui peuvent fausser le goût. Pour développer le bon goût, il est essentiel de juger par soi-même et de consulter les règles après avoir écouté son sentiment. L'auteur privilégie l'approbation du peuple, guidé par la nature, tout en reconnaissant la valeur des savants et des connaisseurs. Il recommande de se perfectionner en observant et en corrigeant ses erreurs. L'auteur admire Jean-Baptiste Lully pour sa capacité à exprimer des émotions fines et délicates. Il encourage les artistes à viser un point de perfection au-delà de leurs capacités actuelles, ce qui favorise les découvertes et les progrès.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 1168-1174
Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
Début :
NOUVELLE EDITION des Ouvrages d'Origene, en cinq Volumes in-folio, Grecs [...]
Mots clefs :
Origène, Cause, Église, Traités, Écriture, Texte grec, Savant, Écrits, Fragments, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
NOUVELLE EDITION des Ouvrages d'Origene
, en cinq Volumes in folio , Grecs
et Latins , par le R. P. Dom Charles de
la Rue , Religieux Benedictin de la Congrégation
de S. Maur. Les deux premiers
Volumes sont déja imprimez et se vendent
chez Jacques - Vincent , Libraire et
Imprimeur à Paris ruë S. Severin , ઢ
Ange.
I. Vol De
17336 JUIN. 1169
}
son
De tous les grands Hommes
qui ont
fait l'ornement
des premiers
siécles de
l'Eglise , il n'y en a peut- être aucun dont
le nom ait été et soit encore aussi célébre
, que celui d'Origene
, fils du S. Martyr
Léonide. Sa vie , son esprit , sa vaste
érudition
l'ont fait d'abord regarder comme
un prodige
de la Nature et de la grace ; máis cette estime universelle
dégenera
bientôt
en une persécution
presque
générale
qui s'éleva contre lui
ou par sa faute , ou par son malheur
que Démétrius qu par la jalousie
Evêque , avoit conçuë de sa réputation
. Il s'est vû chassé de son Pays , déposé du
Sacerdoce
, excommunié
même par les
deux premiers
Siéges du monde chrétien
, et par la plupart des autres , tandis
que de grands Saints soutenoient
sa cause
, et que Dieu sembloit
se déclarer pour
lui , en se servant de ses rares talens pour faire entrer dans la verité et dans le sein
de son Eglise des Ambroises
, des Grégoires
Thaumaturges
, et des Athenodores
.
Ha eu le même sort après sa mort . Des
Martyrs ont fait des Ecrits sanglans
contre
lui , et des Martyrs ont fait son Apologie.
Les uns l'ont détesté comme un
Ecrivain
pernicieux
, les autres l'ont regardé
comme le plus grand Maître qu'ait
1. Vol. Fiiij eu
1170 MERCURE DE FRANCE
eu l'Eglise après les Apôtres .
Il est donc assez surprenant que jus-`
qu'ici nous n'ayons pas encore eu rassemblez
dans un corps complet d'une
Edition éxacte , ce qui nous reste des
Ecrits d'un si grand Homme. Il est inutile
d'alléguer la collection de Merlin' , et
celle de Genebrard , puisque dès l'an
1636. une Assemblée générale du Clergé
de France les déclara insuffisantes , et
qu'elles sont encore aujourd'hui par tous
les Sçavans comptées presque pour rien ,
tant à cause de l'omission essentielle du
Texte Grec , qu'à cause de quelques
Traitez d'importance ; et d'un grand
nombre de Fragmens de conséquence qui
ne s'y trouvent pas .
L'illustre et sçavant M. Huet en avoit
promis une troisiéme ; mais quand même
il l'auroit achevée , elle n'auroit pas été
entiere , puisque les anciennes versions
dont le Texte grec est perdu , n'y au
roient pas été comprises . D'ailleurs , ce
docte Prélat est mort sans avoir même
donné la partie la plus considérable de
son Recueil ; sçavoir , les Traitez particuliers
sur des sujets qui n'ont pas un rapport
direct à l'explication de l'Ecriture-
Sainte. Il est vrai que d'autres ont publié
ces Piéces en Grec et en Latin , par-
1. Vol.
tic
JUIN. 1733.. 1171
tie avant lui , et partie après lui : mais
outre que dans leurs Editions le Texté
Grec est ordinairement tres fautif , pour
n'avoir été tiré que d'un seul Manuscrit ,
la Version latine qu'ils ont mise à côté
est souvent ou infidele , ou barbare . De
plus , presque tous ces Traitez particuliers
ont été imprimez séparément en
différens tems , en différens Pays , en différentes
formes de papier , et en trespetite
quantité d'Exemplaires : d'où il
est arrivé que quelques- uns sont aujourd'hui
tres- rares et tres chers.
Enfin , à force de chercher dans les
Manuscrits de France , d'Italie , d'An- .
gleterre et d'Allemagne , on a fait une
abondante récolte d'un tres grand nombre
de fragmens grecs qui n'avoient pas
encore vû le jour , et qui assûrent présentement
à Origene pour toujours quel
ques Commentaires et plusieurs Homelies
, que nous n'avions qu'en latin , eg
dont plusieurs Sçavans doutoient. De ce,
nombre sont les 39. Homelies sur S. Luc,
contre lesquels le Ministre Matthieu de ,
La Roque s'est inscrit en faux , et a fait
des efforts étranges , pour n'être pas obligé
de reconnoitre avec le docte Pearson
que les Lettres
de S. Ignace Martyr
, qui,
y sont citées , étoient connues
dans l'E-, 1. Fol.
Evi gli1172
MERCURE DE FRANCE
glise avant Eusebe. Presque tout le Grec
de ces 39 Homelies est aujourd'hui retrouvé.
Il est donc visible que rien n'étoit plus
nécessaire qu'une nouvelle Edition de
tout ce qui nous reste d'Origene , où
chaque Piéce soit imprimée en son rang ;
où le Grec qui nous reste se trouve revû
sur d'anciens Manuscrits, et où , quand il
manque , les anciennes Versions de Rufin
et de S. Jerôme y suppléent : le tout avec
des Notes et des Avertissemens préliminaires.
Tel est aussi le dessein de la nouvelle
Collection que nous annonçons au
Public en cinq Volumes in-folio , de la
même grandeur que les deux Tomes des
Hexaples , publiez en 1713. par le scavant
Pere Dom Bernard de Montfaucon ,
afin qu'ils puissent être placez à leur tête
ou à leur suite .
Le premier Volume renferme ce qui
nous reste des Lettres d'Origene , quelques
fragmens des Livres de la Résurrection
, et des Stromates ; les quatre Livres
des Principes , l'Exhortation au martyre ,
le Traité de la Priere , et l'Apologie de la
Religion Chrétienne en huit Livres
contre le Philosophe Celsus . On voit ensuite
en plus petits caracteres deux Traitez
supposez , sçavoir le Dialogue contre
I. Vol. les
JUIN. 1733. 1173
lés Marcionites , et le Livre intitulé Philosophica
: puis en forme d' Appendix les
Notes d'un sçavant Anglois sur le věritable
Traité de la Priere , les Remarques
d'Hoeschelius sur les huit Livres contre
Celse , et les Observations de Gronovius
sur les Philosophica. A la tête du Volume
est une Préface où l'Editeur a solidement
refuté l'opinion de ceux qui croyent que
les Ecrits d'Origene ont été corrompus
par les Hérétiques ; il rend compte en
détail de son travail sur chaque Traité
particulier. Ce Tome est terminé par
deux Index tres-amples , l'un des Passages
de l'Ecriture- Sainte , et l'autre des
choses mémorables. Il y en a toujours
deux semblables dans les suivans.
Les quatre autres Volumes contiennent
les Commentaires sur l'Ecriture. Au
commencement est une Préface qui dé
veloppe le Systême qu'Origene s'est formé
pour expliquer les Livres saints , et
l'Editeur fait voir les dangéreuses conséquences
qu'on en peut tirer. Le dernier
des cinq Volumes finit par la Vie d'Origene
, et par plusieurs Dissertations sur
ses sentimens , qui de son vivant ont causé
de grands troubles dans l'Eglise , et de
plus grands encore après sa mort.
Le caractere et le papier sont d'une
I:Vol. F vj
beausé
1174 MERCURE DE FRANCE
beauté qui fait honneur au Libraire.
, en cinq Volumes in folio , Grecs
et Latins , par le R. P. Dom Charles de
la Rue , Religieux Benedictin de la Congrégation
de S. Maur. Les deux premiers
Volumes sont déja imprimez et se vendent
chez Jacques - Vincent , Libraire et
Imprimeur à Paris ruë S. Severin , ઢ
Ange.
I. Vol De
17336 JUIN. 1169
}
son
De tous les grands Hommes
qui ont
fait l'ornement
des premiers
siécles de
l'Eglise , il n'y en a peut- être aucun dont
le nom ait été et soit encore aussi célébre
, que celui d'Origene
, fils du S. Martyr
Léonide. Sa vie , son esprit , sa vaste
érudition
l'ont fait d'abord regarder comme
un prodige
de la Nature et de la grace ; máis cette estime universelle
dégenera
bientôt
en une persécution
presque
générale
qui s'éleva contre lui
ou par sa faute , ou par son malheur
que Démétrius qu par la jalousie
Evêque , avoit conçuë de sa réputation
. Il s'est vû chassé de son Pays , déposé du
Sacerdoce
, excommunié
même par les
deux premiers
Siéges du monde chrétien
, et par la plupart des autres , tandis
que de grands Saints soutenoient
sa cause
, et que Dieu sembloit
se déclarer pour
lui , en se servant de ses rares talens pour faire entrer dans la verité et dans le sein
de son Eglise des Ambroises
, des Grégoires
Thaumaturges
, et des Athenodores
.
Ha eu le même sort après sa mort . Des
Martyrs ont fait des Ecrits sanglans
contre
lui , et des Martyrs ont fait son Apologie.
Les uns l'ont détesté comme un
Ecrivain
pernicieux
, les autres l'ont regardé
comme le plus grand Maître qu'ait
1. Vol. Fiiij eu
1170 MERCURE DE FRANCE
eu l'Eglise après les Apôtres .
Il est donc assez surprenant que jus-`
qu'ici nous n'ayons pas encore eu rassemblez
dans un corps complet d'une
Edition éxacte , ce qui nous reste des
Ecrits d'un si grand Homme. Il est inutile
d'alléguer la collection de Merlin' , et
celle de Genebrard , puisque dès l'an
1636. une Assemblée générale du Clergé
de France les déclara insuffisantes , et
qu'elles sont encore aujourd'hui par tous
les Sçavans comptées presque pour rien ,
tant à cause de l'omission essentielle du
Texte Grec , qu'à cause de quelques
Traitez d'importance ; et d'un grand
nombre de Fragmens de conséquence qui
ne s'y trouvent pas .
L'illustre et sçavant M. Huet en avoit
promis une troisiéme ; mais quand même
il l'auroit achevée , elle n'auroit pas été
entiere , puisque les anciennes versions
dont le Texte grec est perdu , n'y au
roient pas été comprises . D'ailleurs , ce
docte Prélat est mort sans avoir même
donné la partie la plus considérable de
son Recueil ; sçavoir , les Traitez particuliers
sur des sujets qui n'ont pas un rapport
direct à l'explication de l'Ecriture-
Sainte. Il est vrai que d'autres ont publié
ces Piéces en Grec et en Latin , par-
1. Vol.
tic
JUIN. 1733.. 1171
tie avant lui , et partie après lui : mais
outre que dans leurs Editions le Texté
Grec est ordinairement tres fautif , pour
n'avoir été tiré que d'un seul Manuscrit ,
la Version latine qu'ils ont mise à côté
est souvent ou infidele , ou barbare . De
plus , presque tous ces Traitez particuliers
ont été imprimez séparément en
différens tems , en différens Pays , en différentes
formes de papier , et en trespetite
quantité d'Exemplaires : d'où il
est arrivé que quelques- uns sont aujourd'hui
tres- rares et tres chers.
Enfin , à force de chercher dans les
Manuscrits de France , d'Italie , d'An- .
gleterre et d'Allemagne , on a fait une
abondante récolte d'un tres grand nombre
de fragmens grecs qui n'avoient pas
encore vû le jour , et qui assûrent présentement
à Origene pour toujours quel
ques Commentaires et plusieurs Homelies
, que nous n'avions qu'en latin , eg
dont plusieurs Sçavans doutoient. De ce,
nombre sont les 39. Homelies sur S. Luc,
contre lesquels le Ministre Matthieu de ,
La Roque s'est inscrit en faux , et a fait
des efforts étranges , pour n'être pas obligé
de reconnoitre avec le docte Pearson
que les Lettres
de S. Ignace Martyr
, qui,
y sont citées , étoient connues
dans l'E-, 1. Fol.
Evi gli1172
MERCURE DE FRANCE
glise avant Eusebe. Presque tout le Grec
de ces 39 Homelies est aujourd'hui retrouvé.
Il est donc visible que rien n'étoit plus
nécessaire qu'une nouvelle Edition de
tout ce qui nous reste d'Origene , où
chaque Piéce soit imprimée en son rang ;
où le Grec qui nous reste se trouve revû
sur d'anciens Manuscrits, et où , quand il
manque , les anciennes Versions de Rufin
et de S. Jerôme y suppléent : le tout avec
des Notes et des Avertissemens préliminaires.
Tel est aussi le dessein de la nouvelle
Collection que nous annonçons au
Public en cinq Volumes in-folio , de la
même grandeur que les deux Tomes des
Hexaples , publiez en 1713. par le scavant
Pere Dom Bernard de Montfaucon ,
afin qu'ils puissent être placez à leur tête
ou à leur suite .
Le premier Volume renferme ce qui
nous reste des Lettres d'Origene , quelques
fragmens des Livres de la Résurrection
, et des Stromates ; les quatre Livres
des Principes , l'Exhortation au martyre ,
le Traité de la Priere , et l'Apologie de la
Religion Chrétienne en huit Livres
contre le Philosophe Celsus . On voit ensuite
en plus petits caracteres deux Traitez
supposez , sçavoir le Dialogue contre
I. Vol. les
JUIN. 1733. 1173
lés Marcionites , et le Livre intitulé Philosophica
: puis en forme d' Appendix les
Notes d'un sçavant Anglois sur le věritable
Traité de la Priere , les Remarques
d'Hoeschelius sur les huit Livres contre
Celse , et les Observations de Gronovius
sur les Philosophica. A la tête du Volume
est une Préface où l'Editeur a solidement
refuté l'opinion de ceux qui croyent que
les Ecrits d'Origene ont été corrompus
par les Hérétiques ; il rend compte en
détail de son travail sur chaque Traité
particulier. Ce Tome est terminé par
deux Index tres-amples , l'un des Passages
de l'Ecriture- Sainte , et l'autre des
choses mémorables. Il y en a toujours
deux semblables dans les suivans.
Les quatre autres Volumes contiennent
les Commentaires sur l'Ecriture. Au
commencement est une Préface qui dé
veloppe le Systême qu'Origene s'est formé
pour expliquer les Livres saints , et
l'Editeur fait voir les dangéreuses conséquences
qu'on en peut tirer. Le dernier
des cinq Volumes finit par la Vie d'Origene
, et par plusieurs Dissertations sur
ses sentimens , qui de son vivant ont causé
de grands troubles dans l'Eglise , et de
plus grands encore après sa mort.
Le caractere et le papier sont d'une
I:Vol. F vj
beausé
1174 MERCURE DE FRANCE
beauté qui fait honneur au Libraire.
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Résumé : Nouvelle Edition des Ouvrages d'Origene, [titre d'après la table]
Le texte annonce la publication d'une nouvelle édition des œuvres d'Origène, un théologien des premiers siècles de l'Église, en cinq volumes in-folio, en grec et en latin, par le R. P. Dom Charles de la Rue, bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. Les deux premiers volumes sont déjà imprimés et disponibles chez Jacques-Vincent, libraire à Paris. Origène, fils du martyr Léonide, est reconnu pour son érudition et son esprit, mais il a également été sujet à des persécutions et des controverses. Déposé du sacerdoce et excommunié par les principaux sièges chrétiens, il a néanmoins influencé de grands saints comme Ambroise et Grégoire de Nazianze. Après sa mort, les avis sur son œuvre restent partagés, certains le considérant comme un écrivain pernicieux, d'autres comme un maître éminent. Les précédentes collections de ses écrits, comme celles de Merlin et Genebrard, sont jugées insuffisantes par les savants. Une nouvelle édition est donc nécessaire pour rassembler et corriger les textes grecs et latins, souvent fautifs ou incomplets. Cette nouvelle édition inclut des fragments grecs récemment retrouvés et des commentaires sur l'Écriture Sainte. Le premier volume contient des lettres, des fragments de divers ouvrages, et des traités comme 'Les Principes' et 'L'Apologie contre Celsus'. Les volumes suivants contiennent des commentaires sur les Livres saints, une préface expliquant le système d'Origène pour interpréter les Écritures, et des dissertations sur ses sentiments controversés. L'édition est présentée avec soin, utilisant un caractère et un papier de qualité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1174-1189
Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
Début :
THEATRUM ne sit vel esse possit Schola informandis moribus idonea ; oratio habita [...]
Mots clefs :
Scène, Théâtre, Orateur, Moeurs, Histoire, Philosophie, Nature, Racine, Comédie, Corneille, Tragédie, Héros, Discours, Effet
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
THEATRUM ne sit vel esse possit Schola
informandis moribus idonea ; oratio habita
die 13. Martii an . 1733. in Regio Ludovici
Magni Collegio Societatis Jesu , à
Carolo Porée , ejusdem Societatis Sacerdote.
ITEM , Discours sur les Spectacles , tradit
du Latin du Pere Charles Porée , de
la Compagnie de Jesus , par le P. Brumoy
de la même Compagnie..
L'une et l'autre Piéce est imprimée chez
Jean Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques
, 1733 .
Le P. Porée , après avoir piqué la curiosité
du Public par son titre , a pleinement
satisfait celle de ses illustres Auditeurs
, au nombre desquels se trouverent
MM. les Cardinaux de Polignac et de .
Bissy , M. le Nonce , plusieurs Prélats
et autres personnes de distinction . On
souhaita que son Discours fût imprimé ,
et peu de tems après l'impression ,
Pere Brumoy l'a donné en françois. Ce
Discours a paru interessant par bien des .
endroits . Nous en exposerons briévement
le sujet et l'ordre , autant que la
fertilité laconique de l'Orateur pourra
permettre .
le
1. Vol. II
JUIN. 1733 117
Il établit dans l'Exorde que le Théatre
depuis son origine a toujours été un
sujet de contestation , comme un attrait
de curiosité , parce qu'en effet Athénes ,
Rome , et la France ont vû naître succes
sivement à son occasion des disputes qui
ne sont pas encore terminées. Il détaille
celle du siécle passé , où l'on vît partis
contre partis , Grands contre Grands ,
Doctes contre Doctes , agiter avec beaucoup
de vivacité et de chaleur la question
, sçavoir si le Théatre étoit utile our
pernicieux aux bonnes moeurs. Il s'attache
à la même question , et il se propose
de rapprocher les amateurs du vrai
en prenant le caractere de Conciliateur.
Il répond donc que le Théatre par sa nature
peut être une Ecole capable de former
les moeurs , mais qu'il arrive par
notre faute qu'elle ne l'est pas en effet.
Ce sont les deux parties du Discours.
Puis , après un Compliment ingénieu
aux deux Cardinaux , il entre en matiere.
Une Ecole propre à former les meurs
est celle qui se sert de préceptes et d'éxemples
convenables à ce but. La Philosophie
et l'Histoire ne passent en effet
pour d'excellentes Ecoles de meurs que
par les préceptes que donne l'ane , et
1. Vol.
par
1176 MERCURE DE FRANCE
par les exemples que l'autre fournit . Or
l'Orateur prétend que la Scene comparée
à la Philosophie et à l'Histoire peut leur
disputer l'avantage de former les moeurs ,
en employant les mêmes ressorts d'une
maniere plus convenable.
La Philosophie ouvre un vaste champ à
sa Morale. Elle considere l'homme qu'elle
se propose d'instruire , ou comme occupé
dans une famille , ou comme seul, ou comme
engagé dans les affaires civiles .Mais la
Scene de son côté embrasse tous les Etats,
toutes les professions , tous les devoirs ,
toutes les vertus , tous les vices , tous les
travers même que la Philosophie se met
peu en peine d'observer et de réformer.
De plus les sottises des hommes , la sagesse
humaine et même les Eaux sacrées
de la divine Sagesse , sont les sources
fécondes où la Scene peut puiser ses importantes
et nombreuses leçons . Ce détail
est vif et serré. Enfin l'on fait sentir
finement par une espece de communication
ironique ( à la façon de Socrate )
avec un Philosophe , que la maniere d'instruire
dont la Scene se sert , est veritablement
plus instructive et plus efficace
que ne l'est la Méthode grave et sérieuse
des Philosophes. Voicy un trait de ce
Morceau , qu'il adresse aux Philofophes .
1. Vol. Vos
JUIN. 1733. 1177
Vos Discours sur nos devoirs sont bien
raisonnez , quoiqu'un peu diffus , j'aurois
tort assurément de les blâmer. Vous avez
épousé une Méthode qui vous astraint à
proceder par ordre de propositions , de preuves
, d'objections , de réfutations . Le moyen
de n'être pas discoureur ! mais le Poëte en
auroit- il moins d'autorité sur la Scene parce
qu'il ne sçauroit être sententieux et court ,
souvent sublime Philosophe en un seul Vers ?
Que voulez- vous ? nous aimons la briéveté.
Se mêle-t'on de nous instruire ? nous voulons
qu'on nous dise beaucoup en peu de
mots.
Vous philosophez sur les passions humaines
avec beaucoup de subtilité ; le dirai -je
aussi ? souvent avec un peu de secheresse .
Vous en sçauroit - on mauvais gré ? non.
C'est à vous de définir , de diviser , de développer
vos idées par articles ; ce n'est pas à
vous d'émouvoir. Trouveriez- vous pour cela
que le Poëte dont je parle en auroit moins
grace , parce qu'il mettroit en oeuvre les
pleurs et le courroux , la terreur et la pitié ?
Nous sommes un composé d'esprit et de corps ;
nous voulons être éclairez ; nous voulons être
émus , et l'on ne nous éclaire pas assez ,
on ne tâche de nous émouvoir.
de
si
Enfin vous vous en tenez aux préceptes $
vous écartez bien loin les exemples. Con-
I. Vol.
damnerois-je
F178 MERCURE DE FRANCE
damnerois je votre maniere ? nullement. C'est
la loi que vous vous êtes prescrite. Fose
ici vous le demander sans détour ; notre
Poëte n'a- t'il pas visiblement l'avantage sur
vous , lui qui joint les exemples aux préceptes
en quoi il s'éloigne de vous , car il
devient en quelque sorte Historien , comme
Vous venez de le voir Philosophe ; et par
l'heureux accord de deux Ecoles differentes ,
il en forme une troisième plus efficace pour
faire agir les deux ressorts , je veux dire ,
pour éclairer et pour toucher.
Par cette transition l'Orateur entre
dans la comparaison de la Scene avec
⚫ l'Histoire. Il traite cet endroit avec toute
la justesse et tout le feu qui conviennent
à un parallele si heureux , des évenemens
qu'exposent l'Histoire et la Scene ; et de
la maniere dont l'une et l'autre les expose.
Si des exemples , dit- il , attachez à
des lettres mortes , confiez à des dépositaires
inanimez , ont toutefois une sorte d'ame ;
un reste de leur antique chaleur ; quelle sera
Leur force et leur vie , lorsqu'ils renaîtront
dans l'action , qu'ils seront vivifiez par le
feu du mouvement , qu'ils parleront eux-mêmes
au coeur, à l'oreille , à l'oeil , avec toute
la grandeur des sentimens , avec tous les
charmes de la voix , avec toute l'éloquence
du geste Telle est Pinnocente Magie que
I. Vol. se
JUIN. 1733.
1179
l'imise
propose la Scene. Par elle tout revit , tout
respire , au point de faire croire
tation l'emporte sur la réalité , &c.
que
Ce ne sont plus les Annales des Martyrs
de tout âge et de tout sexe que l'on vous
récite. Vous devenez spectateur et témoin des
combats et des palmes de ces saints Athletes.
A vosyeux les Tyrans menacent, et ils menacent
en vain; mere , pere , épouse chérie, tous
pleurent tous embrassent les genoux du Héros.
Les larmes coulent vainement, les prieres sont
perdues. Délices , richesses , grandeurs , vous
étalez vos plus dangereux attraits . Une indignation
chrétienne , un noble mépris , une
fiertéplus qu'humaine vous foulent aux pieds.
Tourmens cruels , morts effroyables ; vous
paroiffez avec toutes vos horreurs. Un regard
intrépide vous brave . Juges , vous
foudroyez, Arrêt fatal et prononcés on baise
Péchaffaut et l'on vous rend graces . Vous balancez
, Bourreaux , vous tardez tròp ; l'on
vole au-devant de vos coups , &c.
Autre effort plus considerable de la Scene.
L'Histoire est astrainte au temps , au
lieu , à l'ordre des évenemens , pour les y
attacher. Elle n'ose d'ordinaire exposer les
vertus et les vices que séparément et en leur
place. La Scene au contraire ( semblable à
la Peinture qui entend le ton des couleurs
et l'heureux mêlange du clair et de l'obscur
(
I. Vol.
fair
1180 MERCURE DE FRANCE
;
fait dans la même action le contraste inte
ressant du vice et de la vertu. Elle balance
dans les caracteres approchez , la valeur et
la lâcheté , la douceur et le courroux , la modestie
et la fierté , la libéralité et l'avarice ,
la frugalité et la profusion , l'honnête homme
et le scelerat. De cette opposition d'om
bres et de lumieres , quel doux éclat rejaillit
sur la vertu pour l'embellir! que d'hor
ribles tenebres se répandent sur le vice pour
le confondre !
Voulez- vous des autoritez sur le paral
lele de la Scene , telle que je viens de la
peindre , et de l'Histoire telle qu'elle est ?
Consultez le Lecteur et le Spectateur , les
Bibliotheques et les Amphithéatres , et demandez
où l'on verse des pleurs.
Le P. Porée conclud que la Scene l'emporte
sur la Philosophie et sur l'Histoi
re ; et que cela même est prouvé non
seulement par l'idée pure du Théatre ;
mais encore par le suffrage de la Philosophie
et par la déposition de l'Histoire. Il
allégue en preuve Socrate qui assistoit
aux Pieces d'Euripide , la Poëtique d'Aristote
; l'authorité de S. Charles Borro
mée qui revoyoit les Comédies , la plume
à la main , avant qu'on les jouât , celle
du Cardinal de Richelieu qui n'a pas dédaigné
de composer lui - même des Vers
1. Vol.
traJUI
N. 1181. 1733.
tragiques , et de donner une partie de ses
soins à la perfection de la Scene. Celle de
Louis XIV. celle des Etats qui authorisent
des Spectacles pour exercer la jeunesse
; celle enfin des particuliers qui
croïent ces exercices utiles. Voici ce qu'il
dit de Louis XIV. Manes du Grand Louis,
rougiriez - vous d'avoir rappellé Racine an
Cothurne qu'il avoit quitté , pour engager cet
autre Prince de la Scene à donner des Tra
gedies dignes du Théatre , et des Actrices de,
S. Cyr? étoit ce un divertissement puerile
que vous ménagiez à des enfans ? Vos vûës
si-bienfaisantes , si sages , si religieuses se
portoient sans doute à quelque chose de plus
auguste.Jeune Noblesse trop mal dottée par la
fortune , ce Monarque vous reservoit une
dot dont il connoissoit tout le prix,des exemples
et des leçons de piété , thrésor préférable
à tous les thrésors , dot précieuse , que vous
deviez faire passer dans les familles les plus
distinguées pour la perpetuer. Quelles pieces
en effet tira- t-il du grand Maître qu'il em
ploya?
O Athalie! Esther ! Oeuvres divines,
dont l'unique ou le plus digne éloge est de
vous demander, Messieurs , si le Problême
que j'ai proposé auroit lieu , supposé qu'on
en composat d'égales , ou du moins de sem
blables. Ah ! il ne faudroit plus demander
I. Vol.
, alers ,
1182 MERCURE DE FRANCE
alors si le Théatre peut être utile aux moeurs,
mais s'il seroit possible qu'il leur devint pernicieux.
Voilà pour la Tragédie et la Comédie.
Il restoit à prononcer sur l'Opéra , matiére
délicate.Ce morceau est tourné avec
tant de délicatesse et de circonspection
qu'on ne peut l'abréger sans l'alterer.
Nous y renvoïons le Lecteur , tres - fâchez
de ne pouvoir mieux faire , et nous passons
à la seconde Partie.
Elle tend à faire voir que la Scene propre
par elle- même à former les moeurs ,
est dépravée par l'abus qu'en font les
Autheuts , les Acteurs et les Spectateurs ;
Particle qui regarde les Ecrivains de
Théatre est le plus étendu ; c'est à eux
que l'Orateur impute d'abord la dépra
vation des Spectacles. Il les compare avec
les Autheurs du Théatre Athénien ; ceuxci
se regardoient comme des hommes dévoüez
au bien public , et chargez par la
Patrie de réformer les moeurs. Est - ce là
l'idée de ceux qui destinent leur pluie
au Théatre ? Ils ont perdu de vûë , dit
F'Orateur , le but que se proposoient les
anciens. Ils ne comprennent plus , parce
qu'ils ne veulent pas le comprendre , ce
qu'exigent les Loix de leur emploi , ce
que veut la nature de la Poësie drama-
1. Vol.
tique
JUIN. 1733. 1183
*
tique. Elle veut qu'on ait en vûë le bien
de l'Etat , et que l'on profite en amusant.
On s'écarte de cet objet , on ne cherche
qu'à plaire , fût- ce aux dépens de l'utilité
publique . L'Orateur appuïe ses preuyes
sur une revûë détaillée des divers
Spectacles. Il rend à la Tragédie de nos
jours la justice qu'elle mérite par la gravité
de ses Sentences , et par l'élégance de
sa diction, Mais il demande ; Qu'est devenue
la sévérité Athénienne.Dans Athénes
la Tragedie se servoit du ressort des passions
pour les guérir ; elle le met en oeuvre
aujourd'hui pour augmenter leurs maux . La
Scene antique éteignoit dans les Athéniens
la soif de l'ambition , parce qu'elle la regardoit
comme la plus dangereuse peste de la
République. La Scene Françoise souffle aujourd'hui
dans les cours un double poison,
que nous devons regarder comme également
funeste à la Religion et à l'Etat , la vengeance
et l'amour..
>
Pour la Vengeance, le P. P. cite le Cid.
et l'emportement de Rodrigue et de son
Pere , par lequel Corneille , sans le sçavoir
, semble infpirer la fureur des Duels.
Heureux ( continuë l'Orateur ) d'avoir
été moins propre à traiter des sujets d'un caractere
tout opposé! Si les tendresses et le
Langage efféminé des Amours avoient pû
I. Vol.
s'as1184
MERCURE DE FRANCE
saccommoder de l'énergie de l'esprit le plus
ferme , et de l'enthousiasme de la Poësie la
plus sublime , de quels feux n'auriez vous
pas embraze la Scene ! Malheureusement le
Dieu de Cythere sçut trop se dédommager ;
la main à qui il confia son flambeau , n'eut
que trop de grace à le manier , à en ranimer
ia flamme , et à en répandre les étincelles
dans le sein des Spectateurs ..
Racine jeune, le consola de Corneille vieilli
et peu docile à suivre ses traces. Le nou
veau Peintre, génie heureux, aisé dans l'invention
, habile dans l'ordonnance , sçavant
dans l'étude de la nature , exact et patient
dans la correction enrichi des dépouilles
de la Grece , riche de son propre
fonds , pur dans sa diction , doux et coulant
dans ses Vers , sembla fait pour attendrir la
Scene , soit penchant , soit émulation on désespoir
d'atteindre le vieux Monarque du
Theatre dans la ronte qu'il avoit fraiée le
premier , il osa s'en tracer une toute nouvelle
pour regner à son tour.
Corneille dans le grand , avoit étonné
les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées.
Racine , dans le tendre fascina les
coeurs par le charme enchanteur des sentimens.
L'un avoit élevé l'homme au dessus de
T'humanité, l'autre le rendit à lui - même et à ses
foiblesses. L'un avoit fait ses Héros Ro-
I. Vol.
mains,
JUIN. 1733 1185
mains , Arméniens , Parthes ; il nous transportoit
chez leurs Nations et dans leurs Climats
: l'autre , au contraire , les transportant
tous en France , les naturalisa François , et
les forma sur l'urbanitégalante de nos moeurs.
L'un , métamorphosant les femmes même en
autant de Héros , leur avoit donné une ame
veritablement Tragique : l'autre , rabaissant
ses Heros presqu'au rang des Héroïnes , leur
fit soupirer des sentimens d'Elegie. Le génie
du premier avoit pénétré dans le Cabinet
des Rois pour y sonder les profondeurs de la
politique ; l'esprit du second s'insinua dans
les Cercles , pour y apprendre les délicatesses
de la galanterie. Corneille, semblable à l'Oisean
de Jupiter , qui s'élance dans les nuës
et paroît se jouer au milieu des Eclairs et des
Tonneres , avoit fait retentir la Scene des
fréquens éclats de ce bruit majestueux qui
frappe tous les esprits. Racine, comme le tendre
Oiseau de Cypris , voltigeant autour des
Myries et des Roses , fit repeter aux Echos
ses gémissemens et ses soupirs. Corneille , en-
·fin forçant les obstacles d'un sentier escarpé
et sujet par consequent à d'illustres chutes ;
redoublant toujours ses efforts pour tendre de
plus en plus au sublime et au merveilleux
Scherchanpar la voie de l'admiration des
-applaudissemens trop merités , qu'il arracha
des plus déterminés à les lui refuser : Racine
I. Vol.
sur1186
MERCURE DE FRANCE
suivant une pente plus douce , mais par là
plus sûre, s'élevant rarement , soutenant son
vol avec grace et le ramenant promptement
aux amours , parut s'offrir de lui- même aux
suffrages qui prévenoient son attraïante donccur.
Il ne soupira pas en vain ; l'art inexprimable
des soupirs lui. procura la Palme
qu'il ambitionnoit ; il n'enleva pas
les Lanriers
à son Rival ; mais il se vit ceint de
Myrtes , par les mains empressées de ses Héros
et sut tout de ses Héroïnes . Il ne déthrôna
pas Corneille ; mais ilpartagea le Thrône
de la Scene avec lui. L'Aigle foudroïa
La Colombe gémit , et l'Empire fut divisé.
Quelle gloire pour Racine ! Regner ainsi sur.
le Theatre c'est avoir vaincu , c'est avoir
triomphé.
Vous sçavez , Messieurs , l'issue d'une si
brillante victoire. :.cette heureuse audace
produisit
une foule d'imitateurs. Les soupirs
avoient couronné ce grand Maître ; vaine
ment les désavoia - t- il vainement la piété
le ravit-elle dux honneurs du Théatre ; les
éleves nombreux soumirent le Cothurne aux
loix du tendre Législateur ; ils leur sacrifierent
la severité des loix fondamentales de la
Scene.
Le P. Porée prétend en effet que l'unité
d'action , la simplicité , la verité des sujets
, la vrai - semblance , la variété , one
I. Vol. extrê
JUIN. 1733 . 1187
extrêmement souffert de cette nouvelle
tournure de la Tragédie , devenuë amoureuse.
Il en montre le danger par un morceau
pathetique et fort éloquent en revenant
au parallele de la Tragédie ancienne
et de la moderne, puis il passe à la Comédie
avec un tour d'éloquence tout
nouveau ; car on remarque dans la diversité
de ses tours une conformité singulicre
entre chaque sujet et la maniere pro
pre de le traiter ; il feint une conversation.
La Comédie se donne pour être fort
differente de ce qu'elle fut jadis ; elle étale
les vices et les défauts qu'elle réforme
par ses Piéces, elle cite les petits Maîtres,
les Femmes sçavantes , les Misantropes
les Malades imaginaires, les diverses écoles
, & c. L'Orateur insére un mot sur
chaque chose ; et fait ensuite une récapitulation
des vices plus pernicieux
Comedie moderne , a ( dit - il ) introduits
et qu'elle authorise . Mais pourquoi, ajoutet-
il , s'en prendre à la Comédie ? Est- ce par
sa nature , où n'est- ce pas plutôt par la ma
lice d'autrui qu'elle s'est pervertie ? Ah ! prenons-
nous- en à ceux qui pouvant la rendre
bonne et utile , l'ont renduë nuisible et peri
nicieuse : Oui,j'ose m'en prendre d'abord an
chefmême des Autheurs et des Acteurs de
notre Scene. Poëte par goût,plus que par émque
la
1. Vol. G de
1188 MERCURE DE FRANCE
de , ce fut un feu de jeunesse , non la malignité
de la fortune , qui le fit Comédien. Né
pour des emplois sérieux , transporté dans le
comique, rigide observateur du ridicule,peintre
plaisant d'après nature , exact sans affectation
d'exactitude , correct sans paroitre
s'êtregêné , serré dans sa Prose , libre et aisé
dans ses Vers , riche en Sentences, fertile en
Plaisanteries, on peut dire qu'il réunit en lui
seni toutes les qualitez et la plupart des dé
fauts des Poëtes celebres en ce genre , aussi
piquant qu' Aristophane , quelquefois aussi.
peu retenu, aussi vif que Plaute, de temps en
temps aussi bouffon , aussi fin dans l'in
telligence des moeurs que Terence , souvent
aussi libre dans ses Tableaux, Moliere futil
plus grand par la nature ou par l'art ?
Inimitable dans l'un et dans l'autre , vicieux
par ces deux Endroits , il nuisit autant qu'il
excella, Le meilleur Maître , s'il enseigne le
mal , est le pire de tous les Maîtres.
L'Orateur taxe de la même sorte les
differens imitateurs de ce Prince de la
Comédie. Les Autheurs qui travaillent
pour le Théatre Lyrique viennent ensuite
sur les rangs par une figure d'éloquence
fort remarquable. Les Acteurs ont
aussi leur tour , et enfin les Spectateurs ;
nous n'insistons point sur cette fin, parce
qu'il seroit difficile d'en rien retrancher
I. Vol. et
JUIN. 1733. 1189
et de choisir . Cette . Analyse generale suffit
pour l'idée que nous nous sommes
proposée . Nous observerons seulement
que
le blâme de l'abus du Théatre, ( suivant
la pensée du P. Porée) retombe principalement
et presqu'entierement sur les
Spectateurs, que l'on sert selon leur goût.
informandis moribus idonea ; oratio habita
die 13. Martii an . 1733. in Regio Ludovici
Magni Collegio Societatis Jesu , à
Carolo Porée , ejusdem Societatis Sacerdote.
ITEM , Discours sur les Spectacles , tradit
du Latin du Pere Charles Porée , de
la Compagnie de Jesus , par le P. Brumoy
de la même Compagnie..
L'une et l'autre Piéce est imprimée chez
Jean Baptiste Coignard fils , rue S. Jacques
, 1733 .
Le P. Porée , après avoir piqué la curiosité
du Public par son titre , a pleinement
satisfait celle de ses illustres Auditeurs
, au nombre desquels se trouverent
MM. les Cardinaux de Polignac et de .
Bissy , M. le Nonce , plusieurs Prélats
et autres personnes de distinction . On
souhaita que son Discours fût imprimé ,
et peu de tems après l'impression ,
Pere Brumoy l'a donné en françois. Ce
Discours a paru interessant par bien des .
endroits . Nous en exposerons briévement
le sujet et l'ordre , autant que la
fertilité laconique de l'Orateur pourra
permettre .
le
1. Vol. II
JUIN. 1733 117
Il établit dans l'Exorde que le Théatre
depuis son origine a toujours été un
sujet de contestation , comme un attrait
de curiosité , parce qu'en effet Athénes ,
Rome , et la France ont vû naître succes
sivement à son occasion des disputes qui
ne sont pas encore terminées. Il détaille
celle du siécle passé , où l'on vît partis
contre partis , Grands contre Grands ,
Doctes contre Doctes , agiter avec beaucoup
de vivacité et de chaleur la question
, sçavoir si le Théatre étoit utile our
pernicieux aux bonnes moeurs. Il s'attache
à la même question , et il se propose
de rapprocher les amateurs du vrai
en prenant le caractere de Conciliateur.
Il répond donc que le Théatre par sa nature
peut être une Ecole capable de former
les moeurs , mais qu'il arrive par
notre faute qu'elle ne l'est pas en effet.
Ce sont les deux parties du Discours.
Puis , après un Compliment ingénieu
aux deux Cardinaux , il entre en matiere.
Une Ecole propre à former les meurs
est celle qui se sert de préceptes et d'éxemples
convenables à ce but. La Philosophie
et l'Histoire ne passent en effet
pour d'excellentes Ecoles de meurs que
par les préceptes que donne l'ane , et
1. Vol.
par
1176 MERCURE DE FRANCE
par les exemples que l'autre fournit . Or
l'Orateur prétend que la Scene comparée
à la Philosophie et à l'Histoire peut leur
disputer l'avantage de former les moeurs ,
en employant les mêmes ressorts d'une
maniere plus convenable.
La Philosophie ouvre un vaste champ à
sa Morale. Elle considere l'homme qu'elle
se propose d'instruire , ou comme occupé
dans une famille , ou comme seul, ou comme
engagé dans les affaires civiles .Mais la
Scene de son côté embrasse tous les Etats,
toutes les professions , tous les devoirs ,
toutes les vertus , tous les vices , tous les
travers même que la Philosophie se met
peu en peine d'observer et de réformer.
De plus les sottises des hommes , la sagesse
humaine et même les Eaux sacrées
de la divine Sagesse , sont les sources
fécondes où la Scene peut puiser ses importantes
et nombreuses leçons . Ce détail
est vif et serré. Enfin l'on fait sentir
finement par une espece de communication
ironique ( à la façon de Socrate )
avec un Philosophe , que la maniere d'instruire
dont la Scene se sert , est veritablement
plus instructive et plus efficace
que ne l'est la Méthode grave et sérieuse
des Philosophes. Voicy un trait de ce
Morceau , qu'il adresse aux Philofophes .
1. Vol. Vos
JUIN. 1733. 1177
Vos Discours sur nos devoirs sont bien
raisonnez , quoiqu'un peu diffus , j'aurois
tort assurément de les blâmer. Vous avez
épousé une Méthode qui vous astraint à
proceder par ordre de propositions , de preuves
, d'objections , de réfutations . Le moyen
de n'être pas discoureur ! mais le Poëte en
auroit- il moins d'autorité sur la Scene parce
qu'il ne sçauroit être sententieux et court ,
souvent sublime Philosophe en un seul Vers ?
Que voulez- vous ? nous aimons la briéveté.
Se mêle-t'on de nous instruire ? nous voulons
qu'on nous dise beaucoup en peu de
mots.
Vous philosophez sur les passions humaines
avec beaucoup de subtilité ; le dirai -je
aussi ? souvent avec un peu de secheresse .
Vous en sçauroit - on mauvais gré ? non.
C'est à vous de définir , de diviser , de développer
vos idées par articles ; ce n'est pas à
vous d'émouvoir. Trouveriez- vous pour cela
que le Poëte dont je parle en auroit moins
grace , parce qu'il mettroit en oeuvre les
pleurs et le courroux , la terreur et la pitié ?
Nous sommes un composé d'esprit et de corps ;
nous voulons être éclairez ; nous voulons être
émus , et l'on ne nous éclaire pas assez ,
on ne tâche de nous émouvoir.
de
si
Enfin vous vous en tenez aux préceptes $
vous écartez bien loin les exemples. Con-
I. Vol.
damnerois-je
F178 MERCURE DE FRANCE
damnerois je votre maniere ? nullement. C'est
la loi que vous vous êtes prescrite. Fose
ici vous le demander sans détour ; notre
Poëte n'a- t'il pas visiblement l'avantage sur
vous , lui qui joint les exemples aux préceptes
en quoi il s'éloigne de vous , car il
devient en quelque sorte Historien , comme
Vous venez de le voir Philosophe ; et par
l'heureux accord de deux Ecoles differentes ,
il en forme une troisième plus efficace pour
faire agir les deux ressorts , je veux dire ,
pour éclairer et pour toucher.
Par cette transition l'Orateur entre
dans la comparaison de la Scene avec
⚫ l'Histoire. Il traite cet endroit avec toute
la justesse et tout le feu qui conviennent
à un parallele si heureux , des évenemens
qu'exposent l'Histoire et la Scene ; et de
la maniere dont l'une et l'autre les expose.
Si des exemples , dit- il , attachez à
des lettres mortes , confiez à des dépositaires
inanimez , ont toutefois une sorte d'ame ;
un reste de leur antique chaleur ; quelle sera
Leur force et leur vie , lorsqu'ils renaîtront
dans l'action , qu'ils seront vivifiez par le
feu du mouvement , qu'ils parleront eux-mêmes
au coeur, à l'oreille , à l'oeil , avec toute
la grandeur des sentimens , avec tous les
charmes de la voix , avec toute l'éloquence
du geste Telle est Pinnocente Magie que
I. Vol. se
JUIN. 1733.
1179
l'imise
propose la Scene. Par elle tout revit , tout
respire , au point de faire croire
tation l'emporte sur la réalité , &c.
que
Ce ne sont plus les Annales des Martyrs
de tout âge et de tout sexe que l'on vous
récite. Vous devenez spectateur et témoin des
combats et des palmes de ces saints Athletes.
A vosyeux les Tyrans menacent, et ils menacent
en vain; mere , pere , épouse chérie, tous
pleurent tous embrassent les genoux du Héros.
Les larmes coulent vainement, les prieres sont
perdues. Délices , richesses , grandeurs , vous
étalez vos plus dangereux attraits . Une indignation
chrétienne , un noble mépris , une
fiertéplus qu'humaine vous foulent aux pieds.
Tourmens cruels , morts effroyables ; vous
paroiffez avec toutes vos horreurs. Un regard
intrépide vous brave . Juges , vous
foudroyez, Arrêt fatal et prononcés on baise
Péchaffaut et l'on vous rend graces . Vous balancez
, Bourreaux , vous tardez tròp ; l'on
vole au-devant de vos coups , &c.
Autre effort plus considerable de la Scene.
L'Histoire est astrainte au temps , au
lieu , à l'ordre des évenemens , pour les y
attacher. Elle n'ose d'ordinaire exposer les
vertus et les vices que séparément et en leur
place. La Scene au contraire ( semblable à
la Peinture qui entend le ton des couleurs
et l'heureux mêlange du clair et de l'obscur
(
I. Vol.
fair
1180 MERCURE DE FRANCE
;
fait dans la même action le contraste inte
ressant du vice et de la vertu. Elle balance
dans les caracteres approchez , la valeur et
la lâcheté , la douceur et le courroux , la modestie
et la fierté , la libéralité et l'avarice ,
la frugalité et la profusion , l'honnête homme
et le scelerat. De cette opposition d'om
bres et de lumieres , quel doux éclat rejaillit
sur la vertu pour l'embellir! que d'hor
ribles tenebres se répandent sur le vice pour
le confondre !
Voulez- vous des autoritez sur le paral
lele de la Scene , telle que je viens de la
peindre , et de l'Histoire telle qu'elle est ?
Consultez le Lecteur et le Spectateur , les
Bibliotheques et les Amphithéatres , et demandez
où l'on verse des pleurs.
Le P. Porée conclud que la Scene l'emporte
sur la Philosophie et sur l'Histoi
re ; et que cela même est prouvé non
seulement par l'idée pure du Théatre ;
mais encore par le suffrage de la Philosophie
et par la déposition de l'Histoire. Il
allégue en preuve Socrate qui assistoit
aux Pieces d'Euripide , la Poëtique d'Aristote
; l'authorité de S. Charles Borro
mée qui revoyoit les Comédies , la plume
à la main , avant qu'on les jouât , celle
du Cardinal de Richelieu qui n'a pas dédaigné
de composer lui - même des Vers
1. Vol.
traJUI
N. 1181. 1733.
tragiques , et de donner une partie de ses
soins à la perfection de la Scene. Celle de
Louis XIV. celle des Etats qui authorisent
des Spectacles pour exercer la jeunesse
; celle enfin des particuliers qui
croïent ces exercices utiles. Voici ce qu'il
dit de Louis XIV. Manes du Grand Louis,
rougiriez - vous d'avoir rappellé Racine an
Cothurne qu'il avoit quitté , pour engager cet
autre Prince de la Scene à donner des Tra
gedies dignes du Théatre , et des Actrices de,
S. Cyr? étoit ce un divertissement puerile
que vous ménagiez à des enfans ? Vos vûës
si-bienfaisantes , si sages , si religieuses se
portoient sans doute à quelque chose de plus
auguste.Jeune Noblesse trop mal dottée par la
fortune , ce Monarque vous reservoit une
dot dont il connoissoit tout le prix,des exemples
et des leçons de piété , thrésor préférable
à tous les thrésors , dot précieuse , que vous
deviez faire passer dans les familles les plus
distinguées pour la perpetuer. Quelles pieces
en effet tira- t-il du grand Maître qu'il em
ploya?
O Athalie! Esther ! Oeuvres divines,
dont l'unique ou le plus digne éloge est de
vous demander, Messieurs , si le Problême
que j'ai proposé auroit lieu , supposé qu'on
en composat d'égales , ou du moins de sem
blables. Ah ! il ne faudroit plus demander
I. Vol.
, alers ,
1182 MERCURE DE FRANCE
alors si le Théatre peut être utile aux moeurs,
mais s'il seroit possible qu'il leur devint pernicieux.
Voilà pour la Tragédie et la Comédie.
Il restoit à prononcer sur l'Opéra , matiére
délicate.Ce morceau est tourné avec
tant de délicatesse et de circonspection
qu'on ne peut l'abréger sans l'alterer.
Nous y renvoïons le Lecteur , tres - fâchez
de ne pouvoir mieux faire , et nous passons
à la seconde Partie.
Elle tend à faire voir que la Scene propre
par elle- même à former les moeurs ,
est dépravée par l'abus qu'en font les
Autheuts , les Acteurs et les Spectateurs ;
Particle qui regarde les Ecrivains de
Théatre est le plus étendu ; c'est à eux
que l'Orateur impute d'abord la dépra
vation des Spectacles. Il les compare avec
les Autheurs du Théatre Athénien ; ceuxci
se regardoient comme des hommes dévoüez
au bien public , et chargez par la
Patrie de réformer les moeurs. Est - ce là
l'idée de ceux qui destinent leur pluie
au Théatre ? Ils ont perdu de vûë , dit
F'Orateur , le but que se proposoient les
anciens. Ils ne comprennent plus , parce
qu'ils ne veulent pas le comprendre , ce
qu'exigent les Loix de leur emploi , ce
que veut la nature de la Poësie drama-
1. Vol.
tique
JUIN. 1733. 1183
*
tique. Elle veut qu'on ait en vûë le bien
de l'Etat , et que l'on profite en amusant.
On s'écarte de cet objet , on ne cherche
qu'à plaire , fût- ce aux dépens de l'utilité
publique . L'Orateur appuïe ses preuyes
sur une revûë détaillée des divers
Spectacles. Il rend à la Tragédie de nos
jours la justice qu'elle mérite par la gravité
de ses Sentences , et par l'élégance de
sa diction, Mais il demande ; Qu'est devenue
la sévérité Athénienne.Dans Athénes
la Tragedie se servoit du ressort des passions
pour les guérir ; elle le met en oeuvre
aujourd'hui pour augmenter leurs maux . La
Scene antique éteignoit dans les Athéniens
la soif de l'ambition , parce qu'elle la regardoit
comme la plus dangereuse peste de la
République. La Scene Françoise souffle aujourd'hui
dans les cours un double poison,
que nous devons regarder comme également
funeste à la Religion et à l'Etat , la vengeance
et l'amour..
>
Pour la Vengeance, le P. P. cite le Cid.
et l'emportement de Rodrigue et de son
Pere , par lequel Corneille , sans le sçavoir
, semble infpirer la fureur des Duels.
Heureux ( continuë l'Orateur ) d'avoir
été moins propre à traiter des sujets d'un caractere
tout opposé! Si les tendresses et le
Langage efféminé des Amours avoient pû
I. Vol.
s'as1184
MERCURE DE FRANCE
saccommoder de l'énergie de l'esprit le plus
ferme , et de l'enthousiasme de la Poësie la
plus sublime , de quels feux n'auriez vous
pas embraze la Scene ! Malheureusement le
Dieu de Cythere sçut trop se dédommager ;
la main à qui il confia son flambeau , n'eut
que trop de grace à le manier , à en ranimer
ia flamme , et à en répandre les étincelles
dans le sein des Spectateurs ..
Racine jeune, le consola de Corneille vieilli
et peu docile à suivre ses traces. Le nou
veau Peintre, génie heureux, aisé dans l'invention
, habile dans l'ordonnance , sçavant
dans l'étude de la nature , exact et patient
dans la correction enrichi des dépouilles
de la Grece , riche de son propre
fonds , pur dans sa diction , doux et coulant
dans ses Vers , sembla fait pour attendrir la
Scene , soit penchant , soit émulation on désespoir
d'atteindre le vieux Monarque du
Theatre dans la ronte qu'il avoit fraiée le
premier , il osa s'en tracer une toute nouvelle
pour regner à son tour.
Corneille dans le grand , avoit étonné
les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées.
Racine , dans le tendre fascina les
coeurs par le charme enchanteur des sentimens.
L'un avoit élevé l'homme au dessus de
T'humanité, l'autre le rendit à lui - même et à ses
foiblesses. L'un avoit fait ses Héros Ro-
I. Vol.
mains,
JUIN. 1733 1185
mains , Arméniens , Parthes ; il nous transportoit
chez leurs Nations et dans leurs Climats
: l'autre , au contraire , les transportant
tous en France , les naturalisa François , et
les forma sur l'urbanitégalante de nos moeurs.
L'un , métamorphosant les femmes même en
autant de Héros , leur avoit donné une ame
veritablement Tragique : l'autre , rabaissant
ses Heros presqu'au rang des Héroïnes , leur
fit soupirer des sentimens d'Elegie. Le génie
du premier avoit pénétré dans le Cabinet
des Rois pour y sonder les profondeurs de la
politique ; l'esprit du second s'insinua dans
les Cercles , pour y apprendre les délicatesses
de la galanterie. Corneille, semblable à l'Oisean
de Jupiter , qui s'élance dans les nuës
et paroît se jouer au milieu des Eclairs et des
Tonneres , avoit fait retentir la Scene des
fréquens éclats de ce bruit majestueux qui
frappe tous les esprits. Racine, comme le tendre
Oiseau de Cypris , voltigeant autour des
Myries et des Roses , fit repeter aux Echos
ses gémissemens et ses soupirs. Corneille , en-
·fin forçant les obstacles d'un sentier escarpé
et sujet par consequent à d'illustres chutes ;
redoublant toujours ses efforts pour tendre de
plus en plus au sublime et au merveilleux
Scherchanpar la voie de l'admiration des
-applaudissemens trop merités , qu'il arracha
des plus déterminés à les lui refuser : Racine
I. Vol.
sur1186
MERCURE DE FRANCE
suivant une pente plus douce , mais par là
plus sûre, s'élevant rarement , soutenant son
vol avec grace et le ramenant promptement
aux amours , parut s'offrir de lui- même aux
suffrages qui prévenoient son attraïante donccur.
Il ne soupira pas en vain ; l'art inexprimable
des soupirs lui. procura la Palme
qu'il ambitionnoit ; il n'enleva pas
les Lanriers
à son Rival ; mais il se vit ceint de
Myrtes , par les mains empressées de ses Héros
et sut tout de ses Héroïnes . Il ne déthrôna
pas Corneille ; mais ilpartagea le Thrône
de la Scene avec lui. L'Aigle foudroïa
La Colombe gémit , et l'Empire fut divisé.
Quelle gloire pour Racine ! Regner ainsi sur.
le Theatre c'est avoir vaincu , c'est avoir
triomphé.
Vous sçavez , Messieurs , l'issue d'une si
brillante victoire. :.cette heureuse audace
produisit
une foule d'imitateurs. Les soupirs
avoient couronné ce grand Maître ; vaine
ment les désavoia - t- il vainement la piété
le ravit-elle dux honneurs du Théatre ; les
éleves nombreux soumirent le Cothurne aux
loix du tendre Législateur ; ils leur sacrifierent
la severité des loix fondamentales de la
Scene.
Le P. Porée prétend en effet que l'unité
d'action , la simplicité , la verité des sujets
, la vrai - semblance , la variété , one
I. Vol. extrê
JUIN. 1733 . 1187
extrêmement souffert de cette nouvelle
tournure de la Tragédie , devenuë amoureuse.
Il en montre le danger par un morceau
pathetique et fort éloquent en revenant
au parallele de la Tragédie ancienne
et de la moderne, puis il passe à la Comédie
avec un tour d'éloquence tout
nouveau ; car on remarque dans la diversité
de ses tours une conformité singulicre
entre chaque sujet et la maniere pro
pre de le traiter ; il feint une conversation.
La Comédie se donne pour être fort
differente de ce qu'elle fut jadis ; elle étale
les vices et les défauts qu'elle réforme
par ses Piéces, elle cite les petits Maîtres,
les Femmes sçavantes , les Misantropes
les Malades imaginaires, les diverses écoles
, & c. L'Orateur insére un mot sur
chaque chose ; et fait ensuite une récapitulation
des vices plus pernicieux
Comedie moderne , a ( dit - il ) introduits
et qu'elle authorise . Mais pourquoi, ajoutet-
il , s'en prendre à la Comédie ? Est- ce par
sa nature , où n'est- ce pas plutôt par la ma
lice d'autrui qu'elle s'est pervertie ? Ah ! prenons-
nous- en à ceux qui pouvant la rendre
bonne et utile , l'ont renduë nuisible et peri
nicieuse : Oui,j'ose m'en prendre d'abord an
chefmême des Autheurs et des Acteurs de
notre Scene. Poëte par goût,plus que par émque
la
1. Vol. G de
1188 MERCURE DE FRANCE
de , ce fut un feu de jeunesse , non la malignité
de la fortune , qui le fit Comédien. Né
pour des emplois sérieux , transporté dans le
comique, rigide observateur du ridicule,peintre
plaisant d'après nature , exact sans affectation
d'exactitude , correct sans paroitre
s'êtregêné , serré dans sa Prose , libre et aisé
dans ses Vers , riche en Sentences, fertile en
Plaisanteries, on peut dire qu'il réunit en lui
seni toutes les qualitez et la plupart des dé
fauts des Poëtes celebres en ce genre , aussi
piquant qu' Aristophane , quelquefois aussi.
peu retenu, aussi vif que Plaute, de temps en
temps aussi bouffon , aussi fin dans l'in
telligence des moeurs que Terence , souvent
aussi libre dans ses Tableaux, Moliere futil
plus grand par la nature ou par l'art ?
Inimitable dans l'un et dans l'autre , vicieux
par ces deux Endroits , il nuisit autant qu'il
excella, Le meilleur Maître , s'il enseigne le
mal , est le pire de tous les Maîtres.
L'Orateur taxe de la même sorte les
differens imitateurs de ce Prince de la
Comédie. Les Autheurs qui travaillent
pour le Théatre Lyrique viennent ensuite
sur les rangs par une figure d'éloquence
fort remarquable. Les Acteurs ont
aussi leur tour , et enfin les Spectateurs ;
nous n'insistons point sur cette fin, parce
qu'il seroit difficile d'en rien retrancher
I. Vol. et
JUIN. 1733. 1189
et de choisir . Cette . Analyse generale suffit
pour l'idée que nous nous sommes
proposée . Nous observerons seulement
que
le blâme de l'abus du Théatre, ( suivant
la pensée du P. Porée) retombe principalement
et presqu'entierement sur les
Spectateurs, que l'on sert selon leur goût.
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Résumé : Discours sur les Spectacles, traduit du Latin, [titre d'après la table]
Le texte présente un discours intitulé 'THEATRUM ne sit vel esse possit Schola informandis moribus idonea' prononcé par le Père Charles Porée, jésuite, le 13 mars 1733 au Collège Royal de Louis le Grand. Ce discours, traduit en français par le Père Brumoy et publié en 1733, a suscité l'intérêt de personnalités distinguées telles que les cardinaux de Polignac et de Bissy, ainsi que le Nonce apostolique. Le Père Porée examine la question de savoir si le théâtre peut être une école de formation des mœurs. Il affirme que, par nature, le théâtre peut former les mœurs, mais que les abus en empêchent la réalisation effective. Le discours se divise en deux parties : la première compare le théâtre à la philosophie et à l'histoire, et la seconde examine les abus commis par les auteurs, les acteurs et les spectateurs. Porée soutient que le théâtre, comme la philosophie et l'histoire, peut instruire et émouvoir les spectateurs. Il critique la méthode philosophique, jugée trop abstraite et peu émotive, et valorise la capacité du théâtre à illustrer les préceptes par des exemples vivants et touchants. Il compare également le théâtre à l'histoire, soulignant que le théâtre rend les événements historiques plus vivants et émouvants. Porée conclut que le théâtre, bien utilisé, peut être supérieur à la philosophie et à l'histoire pour former les mœurs. Il cite des autorités comme Socrate, Aristote, et des figures historiques comme Louis XIV pour appuyer son argumentation. Dans la seconde partie, Porée critique les auteurs de théâtre modernes, les accusant de ne plus se consacrer au bien public et de chercher uniquement à plaire, souvent au détriment des mœurs. Il cite des exemples comme 'Le Cid' de Corneille et les pièces de Racine pour illustrer comment le théâtre moderne peut encourager des comportements nuisibles, comme la vengeance et les passions amoureuses excessives. Le texte compare également les contributions de Corneille et Racine au théâtre français. Corneille est décrit comme un maître du grand et du majestueux, tandis que Racine est apprécié pour la tendresse et le charme de ses sentiments. Corneille a exploré la politique et la grandeur, tandis que Racine s'est concentré sur la galanterie et les délicatesses des mœurs françaises. Le Père Porée critique la tragédie moderne, devenue amoureuse, et la comédie, qui étale les vices et les défauts. Il blâme les auteurs, les acteurs et les spectateurs pour la perversion du théâtre. Enfin, Molière est décrit comme un comédien exceptionnel, réunissant les qualités et les défauts des poètes célèbres, mais nuisant autant qu'il a excellé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 1189-1190
Livres que CAVELIER, Libraire, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Païs Etrangers.
Début :
HISTORIA vitae et meritorum Frederici Ruych, in 4. Amstelodami, 1732. [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Livres que CAVELIER, Libraire, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Païs Etrangers.
Livres que CAVELIER , Libraire , rue S. Jacques
, a nouvellement reçûs des Païs Etrangers.
HISTORIA vita et meritorum Frederici Ruych,
in 4. Amstelodami , 1732. )
MISCELLANEÆ observationes in Auctores veteres,
et recentiores ab Eruditis Britannis,anno 1731 ,
Edicoepta cum Notis et Auctuario variorum Doctorum.
Volumen primum Jul. Aug. Sept. et Oc
tobrem complectens , in 8. Amst. 1732.
FIFNI ( Thom ) de pracipuis Artis Chirurgica
Controversiis Libri XII . curâ Conringii ; in 4
• Londini .
GRAMMAIRE Royale , Françoise et Allemande
de Pepliers , augmentée par Rondeau , in 8. Leip--
sic , 1732
CLEMENTIS XI. Pont. Max. Opera omnia. 2.
vol. in fol. Francofurti . 1729.
OUDINI ( Casimir ) de Scriptoribus Ecclesia
antiquis , illorumque Scriptis tam impressis quam
manu-scriptis adhuc extantibus in celebrioribus En
ropa Bibliothecis. 3 vol. fol . Lipsiæ 1722 .
Le méme Cavelier , vend aussi les Ordonnan
ces de Louis XV . pour fixer la Jurisprudence sur
la nature des Donations , avec les Observations
de M. Furgole , Avocat . Fol . Toulouze , et les
Observations sur les Arrêts notables du Parlement
1. Vol.
G ij de
1190 MERCURE DE FRANCE
enri. de Toulouze , recueillis par M. de Catellan ,
chis des Arrêts nouveaux , sur les mêmes matieres ;
par M. Vedel , Avocat, 2 vol . in 4. Toulouse ,
1033 .
Il vient aussi de mettre sous la Presse un Ouvrage
important , dont le Titre est JOANNIS
Freind , Regina Carolina Archiatri , Opera omnia
Medica. gros
vol, in 4.
, a nouvellement reçûs des Païs Etrangers.
HISTORIA vita et meritorum Frederici Ruych,
in 4. Amstelodami , 1732. )
MISCELLANEÆ observationes in Auctores veteres,
et recentiores ab Eruditis Britannis,anno 1731 ,
Edicoepta cum Notis et Auctuario variorum Doctorum.
Volumen primum Jul. Aug. Sept. et Oc
tobrem complectens , in 8. Amst. 1732.
FIFNI ( Thom ) de pracipuis Artis Chirurgica
Controversiis Libri XII . curâ Conringii ; in 4
• Londini .
GRAMMAIRE Royale , Françoise et Allemande
de Pepliers , augmentée par Rondeau , in 8. Leip--
sic , 1732
CLEMENTIS XI. Pont. Max. Opera omnia. 2.
vol. in fol. Francofurti . 1729.
OUDINI ( Casimir ) de Scriptoribus Ecclesia
antiquis , illorumque Scriptis tam impressis quam
manu-scriptis adhuc extantibus in celebrioribus En
ropa Bibliothecis. 3 vol. fol . Lipsiæ 1722 .
Le méme Cavelier , vend aussi les Ordonnan
ces de Louis XV . pour fixer la Jurisprudence sur
la nature des Donations , avec les Observations
de M. Furgole , Avocat . Fol . Toulouze , et les
Observations sur les Arrêts notables du Parlement
1. Vol.
G ij de
1190 MERCURE DE FRANCE
enri. de Toulouze , recueillis par M. de Catellan ,
chis des Arrêts nouveaux , sur les mêmes matieres ;
par M. Vedel , Avocat, 2 vol . in 4. Toulouse ,
1033 .
Il vient aussi de mettre sous la Presse un Ouvrage
important , dont le Titre est JOANNIS
Freind , Regina Carolina Archiatri , Opera omnia
Medica. gros
vol, in 4.
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Résumé : Livres que CAVELIER, Libraire, ruë S. Jacques, a nouvellement reçûs des Païs Etrangers.
Le document énumère les livres récemment reçus par le libraire CAVELIER, situé rue Saint-Jacques. Parmi les ouvrages, on trouve 'Historia vita et meritorum Frederici Ruych' publié à Amsterdam en 1732, 'MISCELLANEÆ observationes in Auctores veteres' édité en 1731 et réédité en 1732 à Amsterdam, et 'de praecipuis Artis Chirurgica Controversiis' de Thom FIFNI, publié à Londres. D'autres titres incluent une 'GRAMMAIRE Royale, Françoise et Allemande' augmentée par Rondeau, publiée à Leipzig en 1732, les 'Opera omnia' de Clément XI, publiés à Francfort en 1729, et 'de Scriptoribus Ecclesia antiquis' de Casimir OUDINI, publié à Leipzig en 1722. Le libraire propose également les ordonnances de Louis XV concernant les donations, avec les observations de M. Furgole, ainsi que les observations sur les arrêts notables du Parlement de Toulouse, recueillies par M. de Catellan et M. Vedel. Enfin, CAVELIER a mis sous presse un ouvrage intitulé 'JOANNIS Freind, Regina Carolina Archiatri, Opera omnia Medica'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1190
Oeuvres d'Horace, gravées, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le sieur J. Pine, Graveur à Londres, qui au commencement de l'année derniere, publia un [...]
Mots clefs :
Horace, Vignettes, Culs-de-lampe, Souscriptions
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Oeuvres d'Horace, gravées, &c. [titre d'après la table]
Le sieur J. Pine, Graveur à Londres , qui au
Commencement de l'année derniere , publia un
Plan , pour graver par Souscription , les Oeuvres
d'Horace en Latin ; avec des Vignettes et
Culs de Lampe à chaque Piece , avertit le Public
qu'il continuë de travailler à cet Ouvrage avec
beaucoup de succès et l'applaudissement general
des Curieux . Il en fera 2 vol. in 8. Les ornemens
de chaque Piece y ont du rapport ,
tirez des Médailles , Pierres gravées , Statues ,
Bustes , &c . des Anciens. Il en a répandu des
échantillons par toute l'Europe , et les Souscriptions
nombreuses qu'il a reçues , prouvent combien
les Curieux estiment cet Ouvrage : Le prix
est de deux Guinées ; on en paye une en Souscrivant
, une demi Guignée en retirant le pre
mier vol. et une demi Guinée en recevant le 2
vol. Les Wetsteins et Smith , Libraires à Amsterdam
, sont chargez de recevoir les Souscriptions
qui se présenteront en Hollande et en Allemagne.
Ils ont chez eux des épreuves du 1 vol .
entier pour les montrer aux Amateurs ; avec une
Liste de ceux qui ont souscrit.
Commencement de l'année derniere , publia un
Plan , pour graver par Souscription , les Oeuvres
d'Horace en Latin ; avec des Vignettes et
Culs de Lampe à chaque Piece , avertit le Public
qu'il continuë de travailler à cet Ouvrage avec
beaucoup de succès et l'applaudissement general
des Curieux . Il en fera 2 vol. in 8. Les ornemens
de chaque Piece y ont du rapport ,
tirez des Médailles , Pierres gravées , Statues ,
Bustes , &c . des Anciens. Il en a répandu des
échantillons par toute l'Europe , et les Souscriptions
nombreuses qu'il a reçues , prouvent combien
les Curieux estiment cet Ouvrage : Le prix
est de deux Guinées ; on en paye une en Souscrivant
, une demi Guignée en retirant le pre
mier vol. et une demi Guinée en recevant le 2
vol. Les Wetsteins et Smith , Libraires à Amsterdam
, sont chargez de recevoir les Souscriptions
qui se présenteront en Hollande et en Allemagne.
Ils ont chez eux des épreuves du 1 vol .
entier pour les montrer aux Amateurs ; avec une
Liste de ceux qui ont souscrit.
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Résumé : Oeuvres d'Horace, gravées, &c. [titre d'après la table]
Le graveur londonien J. Pine a annoncé la publication des œuvres d'Horace en latin, illustrées de vignettes et de culs-de-lampe pour chaque pièce. L'ouvrage, composé de deux volumes in-octavo, sera orné d'éléments inspirés des médailles, pierres gravées, statues et bustes des Anciens. Les échantillons distribués en Europe ont suscité un grand intérêt, comme en témoignent les nombreuses souscriptions reçues. Le prix total est fixé à deux guinées, avec des paiements échelonnés : une guinée à la souscription, une demi-guinée à la réception du premier volume, et une demi-guinée à la réception du second volume. Les libraires Wetsteins et Smith à Amsterdam sont responsables des souscriptions en Hollande et en Allemagne. Ils possèdent des épreuves du premier volume entier et une liste des souscripteurs pour les amateurs intéressés.
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8
p. 1190-1191
« Gosse et Neaulme, Libraires à la Haye, avertissent le Public qu'ils impriment actuellement, [...] »
Début :
Gosse et Neaulme, Libraires à la Haye, avertissent le Public qu'ils impriment actuellement, [...]
Mots clefs :
Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle
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texteReconnaissance textuelle : « Gosse et Neaulme, Libraires à la Haye, avertissent le Public qu'ils impriment actuellement, [...] »
Gosse et Neaulme , Libraires à la Haye , ayertissent
le Public qu'ils impriment actuellement ,
en 2 vol. in fol. un Dictionnaire Historique et
1.Vol. CriJUIN.
1733: 1191
Critique , traduit de l'Anglois en François , et
composé par une Société de Gens de Lettres , lequel
pourra servir de supplement au Dictionnaire
historique et critique de Bayle , puisque ce
sont tous des articles qui ne se trouvent point
dans le Dictionnaire de Bayle.
Vanden , Van - Duren et P. le Hond , impriment
par souscription , à la Haye ; Histoire
d'Angleterre , de M. Rapin Thoyras , continuée
jusqu'à l'évenement de George I. au Thrône de
la Grande Bretagne . Par M. M. D. Tom. 11 et
12. in 4. avec deux Cartes Géographiques.
La sixième Partie des Cent Nouvelles nouvelles
, de Madame de Gomès , paroît chez la
veuve Guillaume , rue Dauphine , et chez Gandouin
le jeune , rue du Hurepois.
Cet Ouvrage se fait toujours lire avec plaisir.
Ce volume contient l'Innocente Infidélité. L'henreuse
Témérité et la Nôce interrompuë.
On donnera la suite le mois prochain.
le Public qu'ils impriment actuellement ,
en 2 vol. in fol. un Dictionnaire Historique et
1.Vol. CriJUIN.
1733: 1191
Critique , traduit de l'Anglois en François , et
composé par une Société de Gens de Lettres , lequel
pourra servir de supplement au Dictionnaire
historique et critique de Bayle , puisque ce
sont tous des articles qui ne se trouvent point
dans le Dictionnaire de Bayle.
Vanden , Van - Duren et P. le Hond , impriment
par souscription , à la Haye ; Histoire
d'Angleterre , de M. Rapin Thoyras , continuée
jusqu'à l'évenement de George I. au Thrône de
la Grande Bretagne . Par M. M. D. Tom. 11 et
12. in 4. avec deux Cartes Géographiques.
La sixième Partie des Cent Nouvelles nouvelles
, de Madame de Gomès , paroît chez la
veuve Guillaume , rue Dauphine , et chez Gandouin
le jeune , rue du Hurepois.
Cet Ouvrage se fait toujours lire avec plaisir.
Ce volume contient l'Innocente Infidélité. L'henreuse
Témérité et la Nôce interrompuë.
On donnera la suite le mois prochain.
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Résumé : « Gosse et Neaulme, Libraires à la Haye, avertissent le Public qu'ils impriment actuellement, [...] »
En 1733, les libraires Gosse et Neaulme annoncent l'impression d'un 'Dictionnaire Historique et Critique' en deux volumes in-folio, traduit de l'anglais au français par une société de gens de lettres. Cet ouvrage vise à compléter le 'Dictionnaire Historique et Critique' de Bayle en ajoutant des articles absents. Parallèlement, les imprimeurs Vanden, Van-Duren et P. le Hond annoncent la publication par souscription de l''Histoire d'Angleterre' de M. Rapin Thoyras, continuée jusqu'à l'avènement de George I au trône de Grande-Bretagne. Cette édition inclut les tomes 11 et 12 en format in-quarto, accompagnés de deux cartes géographiques. Enfin, la veuve Guillaume et Gandouin le jeune annoncent la parution de la sixième partie des 'Cent Nouvelles Nouvelles' de Madame de Gomès, contenant les nouvelles 'L'Innocente Infidélité', 'L'Heureuse Témérité' et 'La Nôce interrompue'. La suite sera publiée le mois suivant.
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9
p. 1191-1192
Bouclier antique au Cabinet du Roy, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a acquis depuis peu pour son Cabinet, un Bouclier antique, d'argent, qui a 27 [...]
Mots clefs :
Bouclier d'Hannibal, Bouclier de Scipion, Bouclier antique, Cabinet du roi
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texteReconnaissance textuelle : Bouclier antique au Cabinet du Roy, [titre d'après la table]
Le Roy a acquis depuis peu pour son Cabinet
, un Bouclier antique , d'argent , qui a 27
pouces de diamêtre , et qui péze 43 marcs. Ce
Bouclier a été trouvé en Dauphiné, dans la Terre
du Passage , Diocèse de Vienne. Il est parfaitement
rond et d'une Cizelure simple et noble.
On y a représenté au centre un Lion sous un
Palmier , et dans une espece d'exergue divers
membres d'Animaux , particulierement de Sangliers
. On ne doute point que ce ne soit un Bouclier
votif; et comme l'ouvrage paroit Carthaginois
, on l'a déja surnommé le Bouclier d'Annibal
, en le mettant à côté d'un autre Bouclier
I. Vol. Gij votif
1192 MERCURE DE FRANCE
•
votif , aussi d'argent , qui étoit déja au Cabinet
du Roy , et qu'on appelle le Bouclier de Scipion
, parce qu'on y a consacré la mémoire de
sa continence après la prise de Carthage. Ce
Bouclier passoit pour unique , et il est heureux
que celui qu'on a découvert depuis ,lui soit joint,
et lui serve en quelque sorte de pendant , car
ils sont d'ailleurs à peu près égaux en poids et
en grandeur , comme en matiere. M. Spon , dans
ses Recherches d'Antiquité , a donné l'explication
du Bouclier de Scipion. M. de Boze , Garde du
Cabinet du Roy , pourroit bien donner celle du
Bouclier d'Annibal.
, un Bouclier antique , d'argent , qui a 27
pouces de diamêtre , et qui péze 43 marcs. Ce
Bouclier a été trouvé en Dauphiné, dans la Terre
du Passage , Diocèse de Vienne. Il est parfaitement
rond et d'une Cizelure simple et noble.
On y a représenté au centre un Lion sous un
Palmier , et dans une espece d'exergue divers
membres d'Animaux , particulierement de Sangliers
. On ne doute point que ce ne soit un Bouclier
votif; et comme l'ouvrage paroit Carthaginois
, on l'a déja surnommé le Bouclier d'Annibal
, en le mettant à côté d'un autre Bouclier
I. Vol. Gij votif
1192 MERCURE DE FRANCE
•
votif , aussi d'argent , qui étoit déja au Cabinet
du Roy , et qu'on appelle le Bouclier de Scipion
, parce qu'on y a consacré la mémoire de
sa continence après la prise de Carthage. Ce
Bouclier passoit pour unique , et il est heureux
que celui qu'on a découvert depuis ,lui soit joint,
et lui serve en quelque sorte de pendant , car
ils sont d'ailleurs à peu près égaux en poids et
en grandeur , comme en matiere. M. Spon , dans
ses Recherches d'Antiquité , a donné l'explication
du Bouclier de Scipion. M. de Boze , Garde du
Cabinet du Roy , pourroit bien donner celle du
Bouclier d'Annibal.
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Résumé : Bouclier antique au Cabinet du Roy, [titre d'après la table]
Le roi a récemment ajouté à son cabinet un bouclier antique en argent, découvert en Dauphiné, dans la terre du Passage, diocèse de Vienne. Ce bouclier, d'un diamètre de 27 pouces et pesant 43 marcs, est parfaitement rond et orné d'une ciselure simple et noble. Il représente un lion sous un palmier et divers membres d'animaux, notamment de sangliers. Considéré comme un bouclier votif, il est surnommé le bouclier d'Annibal en raison de son style. Il est exposé à côté du bouclier de Scipion, un autre bouclier votif en argent déjà présent dans le cabinet du roi, commémorant la continence de Scipion après la prise de Carthage. Les deux boucliers sont similaires en poids, taille et matière. M. Spon a expliqué le bouclier de Scipion dans ses Recherches d'Antiquité, tandis que M. de Boze, garde du cabinet du roi, pourrait expliquer le bouclier d'Annibal.
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10
p. 1192-1194
Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Début :
Le Public paroît trop attentif à tout ce qui regarde le vaste et superbe Edifice de l'Eglise de [...]
Mots clefs :
Servandoni, Église, Portail, Église de Saint-Sulpice, Cérémonie, Croix, Clergé, Architecte
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texteReconnaissance textuelle : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Grand Portail de saint Sulpice.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
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Résumé : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Le 11 mai 1733, une cérémonie marqua le début des travaux de construction du grand portail de l'église Saint-Sulpice à Paris. La journée débuta par une messe basse du Saint-Esprit célébrée à 8 heures du matin par le curé, reconnu pour sa piété et ses grandes lumières. Pendant la messe, le clergé chanta la prose du Saint-Esprit, et les ouvriers du bâtiment assistèrent à la cérémonie, alignés dans la nef. Un grand nombre de fidèles participèrent également à l'événement. Après la messe, une procession eut lieu en dehors de l'église. Environ 200 maçons et ouvriers, précédés par une bannière ornée de festons de fleurs, portaient chacun l'instrument principal de leur profession. La croix d'argent de la paroisse, portée par un prêtre en chape, suivait, accompagnée de tout le clergé. Le curé marchait en dernier, entre les moines et Servandoni, l'architecte des travaux de Saint-Sulpice et auteur du dessein du grand portail. Le modèle en relief du portail avait été exposé et admiré pendant un an. Le curé, accompagné des marguilliers, s'arrêta à l'endroit où les fouilles pour les fondations devaient commencer. Il entonna des versets de l'hymne de la Sainte Vierge, auxquels le peuple répondit avec zèle et modestie. Après une oraison, un maître de cérémonie présenta une pioche au curé, qui donna quelques coups pour commencer les travaux. Quelques personnes distinguées firent de même. La procession rentra ensuite dans l'église en chantant le Te Deum, après quoi les travailleurs commencèrent leur ouvrage. Ce jour-là, le chevalier Nicolas Servandoni, peintre et architecte du roi, fut décoré du collier de l'Ordre de Saint-Jean de Latran par le nonce apostolique. Cette distinction, accordée par le pape, reconnaissait les talents et les œuvres de Servandoni, notamment sa contribution à la première pierre du grand autel de Saint-Sulpice posée l'année précédente. Le roi permit à Servandoni de porter cette marque d'honneur, déjà décernée à des artistes célèbres comme le Cavalier Bernin et Carle Marat.
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11
p. 1194-1196
Mort de M. Vanrobais, &c. [titre d'après la table]
Début :
Une des grandes attentions que nous avons à rendre justice au merite, en laissant â la postérité [...]
Mots clefs :
Josse Van Robais, Succès, Abbeville
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texteReconnaissance textuelle : Mort de M. Vanrobais, &c. [titre d'après la table]
Une des grandes attentions que nous avons à
rendre justice au merite , en laissant â la postérité
des Monumens qui fassent honneur à ceux
I.Vol. qui
JUI N. 1733 . 1195
qui se sont distinguez extraordinairement dans
ces Sciences et les Arts , nous oblige aujourd'hui
à faire part au public de la mort d'un homme ,
connu de toute la France ; c'est celle de M. Vanrobais
de Rixdorp , qui mourut à Abbeville le
25 de ce mois , dans la 72- année de son âge. II
étoit fils de M. Josse Vanrobais , dont Monsieur
Colbert se servit en l'année 1665. pour établir à
Abbeville une Manufacture de Draps fins. Ce
grand Ministre qui connoîssoit l'importance de
cette entreprise , ne négligea rien par le choix de
la personne , et par les beaux Priviléges qu'il lui
fit accorder , et qui subsistent encore , pour lui
assurer un succès certain ;
mais on peut dire que
ce succès a passé ses espérances : Rien n'y a plus
contribué que la protection entiere dont les Rois,
et leurs Ministres ont constamment favorisé
M. Josse Vanrobais et ses enfans , qui de leur
côté ont fait tous leurs efforts pour mériter un
și grand honneur. Celui qui vient de mourir entr'autres
, s'est distingué d'une maniere si extraordinaire
, qu'oubliant ses interêts particu
liers , il n'a jamais eu en vûë que la solidité de
çet établissement , et la bonté et la beauté des
Draps qui sont aujourd'hui portez à un tel point
de perfection , qu'il n'y en a point dans l'Europe
qui puissent leur être mis en concurrence. Il
laisse cinq neveux ses associez , sur lesquels il se
reposoit depuis dix années , des soins de la régie
de la Manufacture qui renferme plus de 3500
Ouvriers , et qui continuera ses travaux avec encore
plus d'espérance de succès que jamais.
x M. Vanrobais avoit un excellent jugement
beaucoup de fermeté , et en même temps une
douceur et une politesse qui gagnoient le coeur des
plus Grands , qui n'ont pû lui refuser leurs lat
2 I. Kok. Gy mes
1196 MERCURE DE FRANCE
mes en apprenant sa mort. Les Feuples de la Prevince
, ses Ouvriers et les Pauvres le 1egardoient
comme leur pere. Pendant sa maladie , qui a été
longue et douloureuse , ils lui ont donné des
preuves d'une affection singuliere ; on en a vů
aller nuds pieds en dévotion à sept et huit lieuës
d'Abbeville, pour demander à Dieu sa guérison ;
les Paroissses et les Communautez de la Ville ,
ont fait des Prieres publiques pour lui ; en un
mot , on n'a point vu de Particulier emporter
dans le tombeau tant de bénedictions et de louanges
plus justement méritées , aussi n'y eut - il jamais
un meilleur Citoyen ni un plus fidele Sujet.
rendre justice au merite , en laissant â la postérité
des Monumens qui fassent honneur à ceux
I.Vol. qui
JUI N. 1733 . 1195
qui se sont distinguez extraordinairement dans
ces Sciences et les Arts , nous oblige aujourd'hui
à faire part au public de la mort d'un homme ,
connu de toute la France ; c'est celle de M. Vanrobais
de Rixdorp , qui mourut à Abbeville le
25 de ce mois , dans la 72- année de son âge. II
étoit fils de M. Josse Vanrobais , dont Monsieur
Colbert se servit en l'année 1665. pour établir à
Abbeville une Manufacture de Draps fins. Ce
grand Ministre qui connoîssoit l'importance de
cette entreprise , ne négligea rien par le choix de
la personne , et par les beaux Priviléges qu'il lui
fit accorder , et qui subsistent encore , pour lui
assurer un succès certain ;
mais on peut dire que
ce succès a passé ses espérances : Rien n'y a plus
contribué que la protection entiere dont les Rois,
et leurs Ministres ont constamment favorisé
M. Josse Vanrobais et ses enfans , qui de leur
côté ont fait tous leurs efforts pour mériter un
și grand honneur. Celui qui vient de mourir entr'autres
, s'est distingué d'une maniere si extraordinaire
, qu'oubliant ses interêts particu
liers , il n'a jamais eu en vûë que la solidité de
çet établissement , et la bonté et la beauté des
Draps qui sont aujourd'hui portez à un tel point
de perfection , qu'il n'y en a point dans l'Europe
qui puissent leur être mis en concurrence. Il
laisse cinq neveux ses associez , sur lesquels il se
reposoit depuis dix années , des soins de la régie
de la Manufacture qui renferme plus de 3500
Ouvriers , et qui continuera ses travaux avec encore
plus d'espérance de succès que jamais.
x M. Vanrobais avoit un excellent jugement
beaucoup de fermeté , et en même temps une
douceur et une politesse qui gagnoient le coeur des
plus Grands , qui n'ont pû lui refuser leurs lat
2 I. Kok. Gy mes
1196 MERCURE DE FRANCE
mes en apprenant sa mort. Les Feuples de la Prevince
, ses Ouvriers et les Pauvres le 1egardoient
comme leur pere. Pendant sa maladie , qui a été
longue et douloureuse , ils lui ont donné des
preuves d'une affection singuliere ; on en a vů
aller nuds pieds en dévotion à sept et huit lieuës
d'Abbeville, pour demander à Dieu sa guérison ;
les Paroissses et les Communautez de la Ville ,
ont fait des Prieres publiques pour lui ; en un
mot , on n'a point vu de Particulier emporter
dans le tombeau tant de bénedictions et de louanges
plus justement méritées , aussi n'y eut - il jamais
un meilleur Citoyen ni un plus fidele Sujet.
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Résumé : Mort de M. Vanrobais, &c. [titre d'après la table]
Le texte rend hommage à M. Vanrobais de Rixdorp, décédé à Abbeville le 25 juin 1733 à l'âge de 72 ans. Fils de M. Josse Vanrobais, il a fondé en 1665 une manufacture de draps fins à Abbeville, sous l'impulsion de Colbert. Cette manufacture a reçu des privilèges royaux et un soutien constant des rois et de leurs ministres, assurant son succès. Vanrobais s'est distingué par son dévouement à la solidité de l'établissement et à la qualité des draps, reconnus comme les meilleurs en Europe. Il laisse cinq neveux associés, qui continueront à gérer la manufacture employant plus de 3500 ouvriers. Respecté pour son jugement, sa fermeté, sa douceur et sa politesse, Vanrobais a gagné l'affection des grands, des habitants de la province, des ouvriers et des pauvres. Sa maladie a suscité des prières et des dévotions, témoignant de l'amour et du respect qu'il inspirait. Il est décrit comme un excellent citoyen et un sujet fidèle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 1196-1198
[Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
Début :
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, a fait une des plus grandes pertes qu'elle [...]
Mots clefs :
Ouvrages, Mort, Marbre, Statue, Louis XIV, Nicolas Coustou, Académie royale de peinture et de sculpture
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texteReconnaissance textuelle : [Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture
, a fait une des plus grandes
pertes
qu'elle
pouvoit
faire en la personne
de NICOLAS
COUSTOU
, l'aîné , natif de Lyon , mort à
Paris le premier
May , âgé de 71. ans , extrêmement
regretté
par les Amateurs
des beaux Arts ,
et par tous ceux qui connoissoient
sa personne
et ses Ouvrages
, qu'on
a toujours
recherchez
avec beaucoup
d'empressement
.
Il étoit neveu et Eleve d'Antoine Coyzevox ,
aussi Lyonnois , mort à Paris en 1720. âgé de
80. ans.
M. Coustou étoit actuellement Chancelier et
Recteur de l'Académie . Un des Ouvrages qui lui a
fait le plus d'honneur , c'est le Groupe de Marbre
blanc , placé derriere le Maître Autel de l'Eglise
de Notre-Dame , communément appellé le
Vou de Louis XIII . où l'on voir la Vierge assise
au pied de la Croix , tenant le Christ mort
sur ses genoux .
•
Les autres principaux Ouvrages sortis de ses
mains et qui ont le plus contribué à sa grande
I. Vol. réputation
JUIN. 1733. 1197
réputation , sont deux Groupes en Marbre , réprésentant
des Chasseurs , l'un avec un Cerf,
l'autre avec un Sanglier , placez dans les Jardins
de Marly.
Un Groupe de Fleuves , représentant la Seine
et la Marne , dans le Jardin des Tuilleries .
Trois Figures , représentant des Retours de
Chasses , dans le même Jardin , sur la Terrasse
du côté du Pont Royal.
Une Figure de bronze de dix pieds de propor
tion , représentant la Saone et un grând Trophée
de Minerve. Ces deux Morceaux sont placez au
piédestal de la Statue Equestre de Louis XIV .
érigée dans la Ville de Lyon , à la Place de Belle-
Cour.
La Statue en Marbre de Louis XV . en pied
dans le Jardin du Château de Petit- Bourg.
Un petit Apollon , courant après Daphné, &c.
Nous n'entrerons pas dans un plus grand détail
pour abréger , mais nous remarquerons que ces
Ouvrages passent , de l'aveu des plus grands
Connoisseurs , pour ce qui a été fait de plus beau
en ce genre, sous le Regne de Louis XIV . On ne
dit rien de plusieurs autres grands Ouvrages de
M. Coustou , et qu'on voit avec admiration aux
Invalides , à Versailles , Marly , Trianon , &c.
La mort l'a surpris dans ces derniers temps ,
travaillant à un grand Médaillon ou Bas- relief,
représentant le Passage du Rhin , qu'on doit placer
dans le Sallon de la Guerre au Château de
Versailles. Cet Ouvrage n'est pas fini , non plus
que la Statue en pied du Maréchal de Villars ni
le Tombeau du Cardinal de Janson , mais l'inconvénient
n'est pas grand , M. N. Couston , trèsdigne
frere de celui que nous venons de perdre ,
doit les achever incessamment. Le Public est
I. Vol.
G vj persuadé
1198 MERCURE DE FRANCE
persuadé d'avance que ces grands Ouvrages ,
quoique de deux mains , ne diminueront rien de
la réputation de ces illustres freres .
, a fait une des plus grandes
pertes
qu'elle
pouvoit
faire en la personne
de NICOLAS
COUSTOU
, l'aîné , natif de Lyon , mort à
Paris le premier
May , âgé de 71. ans , extrêmement
regretté
par les Amateurs
des beaux Arts ,
et par tous ceux qui connoissoient
sa personne
et ses Ouvrages
, qu'on
a toujours
recherchez
avec beaucoup
d'empressement
.
Il étoit neveu et Eleve d'Antoine Coyzevox ,
aussi Lyonnois , mort à Paris en 1720. âgé de
80. ans.
M. Coustou étoit actuellement Chancelier et
Recteur de l'Académie . Un des Ouvrages qui lui a
fait le plus d'honneur , c'est le Groupe de Marbre
blanc , placé derriere le Maître Autel de l'Eglise
de Notre-Dame , communément appellé le
Vou de Louis XIII . où l'on voir la Vierge assise
au pied de la Croix , tenant le Christ mort
sur ses genoux .
•
Les autres principaux Ouvrages sortis de ses
mains et qui ont le plus contribué à sa grande
I. Vol. réputation
JUIN. 1733. 1197
réputation , sont deux Groupes en Marbre , réprésentant
des Chasseurs , l'un avec un Cerf,
l'autre avec un Sanglier , placez dans les Jardins
de Marly.
Un Groupe de Fleuves , représentant la Seine
et la Marne , dans le Jardin des Tuilleries .
Trois Figures , représentant des Retours de
Chasses , dans le même Jardin , sur la Terrasse
du côté du Pont Royal.
Une Figure de bronze de dix pieds de propor
tion , représentant la Saone et un grând Trophée
de Minerve. Ces deux Morceaux sont placez au
piédestal de la Statue Equestre de Louis XIV .
érigée dans la Ville de Lyon , à la Place de Belle-
Cour.
La Statue en Marbre de Louis XV . en pied
dans le Jardin du Château de Petit- Bourg.
Un petit Apollon , courant après Daphné, &c.
Nous n'entrerons pas dans un plus grand détail
pour abréger , mais nous remarquerons que ces
Ouvrages passent , de l'aveu des plus grands
Connoisseurs , pour ce qui a été fait de plus beau
en ce genre, sous le Regne de Louis XIV . On ne
dit rien de plusieurs autres grands Ouvrages de
M. Coustou , et qu'on voit avec admiration aux
Invalides , à Versailles , Marly , Trianon , &c.
La mort l'a surpris dans ces derniers temps ,
travaillant à un grand Médaillon ou Bas- relief,
représentant le Passage du Rhin , qu'on doit placer
dans le Sallon de la Guerre au Château de
Versailles. Cet Ouvrage n'est pas fini , non plus
que la Statue en pied du Maréchal de Villars ni
le Tombeau du Cardinal de Janson , mais l'inconvénient
n'est pas grand , M. N. Couston , trèsdigne
frere de celui que nous venons de perdre ,
doit les achever incessamment. Le Public est
I. Vol.
G vj persuadé
1198 MERCURE DE FRANCE
persuadé d'avance que ces grands Ouvrages ,
quoique de deux mains , ne diminueront rien de
la réputation de ces illustres freres .
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Résumé : [Mort] De M. Coustou, &c. [titre d'après la table]
L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture a perdu Nicolas Coustou, né à Lyon et mort à Paris le 1er mai à 71 ans. Coustou, neveu et élève d'Antoine Coyzevox, était chancelier et recteur de l'Académie. Ses œuvres les plus notables incluent un groupe de marbre blanc à Notre-Dame représentant la Vierge avec le Christ mort, deux groupes de marbre de chasseurs dans les jardins de Marly, et des représentations de la Seine et de la Marne dans le jardin des Tuileries. À Lyon, il a créé une figure de bronze de la Saône et un trophée de Minerve. Parmi ses autres œuvres, on trouve la statue de Louis XV à Petit-Bourg et un Apollon courant après Daphné. Au moment de sa mort, Coustou travaillait sur un médaillon pour le château de Versailles. Ses projets inachevés, comme la statue du maréchal de Villars et le tombeau du cardinal de Janson, devaient être complétés par son frère. Les œuvres de Coustou sont reconnues comme parmi les plus belles du règne de Louis XIV.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1198
« N. Grimoud, Peintre de l'Académie de saint Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de [...] »
Début :
N. Grimoud, Peintre de l'Académie de saint Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de [...]
Mots clefs :
Académie royale de peinture, Académie de Saint-Luc, Grimoud, Carel van Falens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « N. Grimoud, Peintre de l'Académie de saint Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de [...] »
N. Grimoud , Peintre de l'Académie de saint
Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de
Peinture , mourut à Paris au commencement du
mois dernier , âgé d'environ 55. ans . Il peignoit
bien une Tête dans le goût de Rimbrant ; il avoit
beaucoup de Coloris et un beau Pinceau , mais
il avoit peu d'invention et n'étoit pas grand dessinateur.
Le 27. du mois dernier , l'Académie Royale de
Peinture , fit encore une perte considerable en la
personne de Charles Van - Falens , natif d'Anvers,
er Disciple de N. Franc , établi à Paris depuis
long-temps , où il est mort , âgé de 49. ans. Il
n'a fait que de petites Figures , des Animaux et
du Paysage , dans le goût de Berghem et de
Wauvremens. Ses Tableaux sont d'une composi
tion admirable et d'un coloris charmant.
Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de
Peinture , mourut à Paris au commencement du
mois dernier , âgé d'environ 55. ans . Il peignoit
bien une Tête dans le goût de Rimbrant ; il avoit
beaucoup de Coloris et un beau Pinceau , mais
il avoit peu d'invention et n'étoit pas grand dessinateur.
Le 27. du mois dernier , l'Académie Royale de
Peinture , fit encore une perte considerable en la
personne de Charles Van - Falens , natif d'Anvers,
er Disciple de N. Franc , établi à Paris depuis
long-temps , où il est mort , âgé de 49. ans. Il
n'a fait que de petites Figures , des Animaux et
du Paysage , dans le goût de Berghem et de
Wauvremens. Ses Tableaux sont d'une composi
tion admirable et d'un coloris charmant.
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Résumé : « N. Grimoud, Peintre de l'Académie de saint Luc, cy-devant Agregé à l'Académie Royale de [...] »
Les peintres Nicolas Grimoud et Charles Van Falens sont décédés à Paris. Grimoud, âgé d'environ 55 ans, était reconnu pour ses portraits au style de Rembrandt. Van Falens, 49 ans, spécialiste des petites figures et paysages, était admiré pour ses compositions et coloris.
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14
p. 1198-1200
Estampes nouvelles, Portrait de M. des Portes, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le sieur Joullain, Graveur, vient de mettre au jour une très-belle Estampe, d'après le Tableau [...]
Mots clefs :
Joullain, Graver, Desportes, Fêtes, Motets, Motet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Estampes nouvelles, Portrait de M. des Portes, &c. [titre d'après la table]
Le sieur Joullain , Graveur , vient de mettre
au jour une très- belle Estampe , d'après le Tableau
en hauteur de M. Des Portes , Peintre ordi
naire du Roi , Conseiller en son Académie Royale
de Peinture et Sculpture , fait il y a 34. ans
lors de sa Reception à l'Académie. Cet habile
Maître s'est peint en Chasseur , avec des Chiens
et du Gibier mort , dans un fond de Paysage .
C'est sous la conduite de l'Auteur que le sieur
Joullain se fait honneur d'avoir gravé cet excellent
Tableau , qui a toujours fait l'admiration
de tous les Connoisseurs. Animé par l'accueil
favorable que Je Public vient de faire à cet Ouvrage
, le sieur Joullain a entrepris de graver
I. Vol. tous
JUIN. 1199
1733.
tous les précieux Morceaux de M. Des Portes ,
dont aucun n'a encore été gravé , quoiqu'ils fas--
sent depuis long-temps l'ornement des Maisons
Royales , des Cabinets des Princes et de ceux des
meilleurs Curieux . Suivant le Privilege que le
Graveur en a obtenu , il poursuivra son travail
jusqu'à la fin , c'est- à- dire , qu'il n'y comprendra
pas seulement toutes les Pieces qui ont paru
jusqu'à présent de cet habile Peintre , mais encore
celles auxquelles il travaille actuellement.
Le sieur Joullain se flate de son côté qu'il pourra
dans la suite , par son étude et son application
, rendre de plus en plus ses Ouvrages dignes.
de l'attention des Curieux. L'Estampe qui donne
lieu à cet Article , répond du succès de l'entreprise.
Pour satisfaire l'empressement du Public , on
lui donnera chaque Morceau aussi- tôt qu'il sera
achevé. Le sieur Joullain demeure chez le sieur
Gautrot , Marchand d'Estampes , Quay de le
Mégisserie , à la Ville de Rome.
Le sieur Lemaire ,Maître de Musique , à Paris ,
vient de faire mettre sous presse , les Motets qu'il
a composez pour le Concert Spirituel au Château
des Thuilleries, depuis 1728. jusqu'en 1733 .
Ces Ouvrages ayant plû au Public , il s'est déterminé
de les mettre au jour. Depuis 30. ans
on n'en a point donné de nouveaux .
La disposition de ces Motets est faite égale
ment pour les Communautez Religieuses , comme
pour les Concerts des Particuliers . Il y en a
pour toutes les grandes Fêtes de l'année ; pour
les Fêtes de Vierge , pour le S. Sacrement , er
pour plusieurs Fêtes particulieres , qui conviendront
à toutes les Maisons Religieuses. Chaque
I. Vola Salur
1200 MERCURE DE FRANCE
Salut contiendra un Motet à une ou deux voix ,
avec Simphonie , un Motet à une ou deux voix ,
sans Simphonie ; et un Domine , salvum fac Regem
, que l'on vendra 1. livre 10. sols. jusqu'au
nombre de 18. Saluts , que l'on donnera d'ici au
Carême prochain. On distribuera les six premiers
dans le courant du mois d'Août prochain,
et se vendront à Paris , au Mont Parnasse , ruë
S. Jean de Beauvais. Chez l'Auteur , ruë de la
Bouclerie , au bas du Pont S. Michel. Boivin , ruë
S. Honoré , à la Regle d'Or, Le Clerc , rue du
Roule , à la Croix d'Or.
Le même Auteur a fait graver dix Cantatilles
nouvelles , chantées au Concert du Château des
Thuilleries, dont le prix de chacune est de 24. f.
Il en donnera six autres nouvelles au mois de
Novembre prochain ; sçavoir , Hebé , Acis ,
l'Aurore , l'Amante Persuadée , la Bergere impa
tienté , le Sommeil de Climene. Les Paroles de ces
six sont de M. l'Affichard.
On va les graver incessamment de la même
forme les autres in
que
prix sera de 24 sols.
au jour une très- belle Estampe , d'après le Tableau
en hauteur de M. Des Portes , Peintre ordi
naire du Roi , Conseiller en son Académie Royale
de Peinture et Sculpture , fait il y a 34. ans
lors de sa Reception à l'Académie. Cet habile
Maître s'est peint en Chasseur , avec des Chiens
et du Gibier mort , dans un fond de Paysage .
C'est sous la conduite de l'Auteur que le sieur
Joullain se fait honneur d'avoir gravé cet excellent
Tableau , qui a toujours fait l'admiration
de tous les Connoisseurs. Animé par l'accueil
favorable que Je Public vient de faire à cet Ouvrage
, le sieur Joullain a entrepris de graver
I. Vol. tous
JUIN. 1199
1733.
tous les précieux Morceaux de M. Des Portes ,
dont aucun n'a encore été gravé , quoiqu'ils fas--
sent depuis long-temps l'ornement des Maisons
Royales , des Cabinets des Princes et de ceux des
meilleurs Curieux . Suivant le Privilege que le
Graveur en a obtenu , il poursuivra son travail
jusqu'à la fin , c'est- à- dire , qu'il n'y comprendra
pas seulement toutes les Pieces qui ont paru
jusqu'à présent de cet habile Peintre , mais encore
celles auxquelles il travaille actuellement.
Le sieur Joullain se flate de son côté qu'il pourra
dans la suite , par son étude et son application
, rendre de plus en plus ses Ouvrages dignes.
de l'attention des Curieux. L'Estampe qui donne
lieu à cet Article , répond du succès de l'entreprise.
Pour satisfaire l'empressement du Public , on
lui donnera chaque Morceau aussi- tôt qu'il sera
achevé. Le sieur Joullain demeure chez le sieur
Gautrot , Marchand d'Estampes , Quay de le
Mégisserie , à la Ville de Rome.
Le sieur Lemaire ,Maître de Musique , à Paris ,
vient de faire mettre sous presse , les Motets qu'il
a composez pour le Concert Spirituel au Château
des Thuilleries, depuis 1728. jusqu'en 1733 .
Ces Ouvrages ayant plû au Public , il s'est déterminé
de les mettre au jour. Depuis 30. ans
on n'en a point donné de nouveaux .
La disposition de ces Motets est faite égale
ment pour les Communautez Religieuses , comme
pour les Concerts des Particuliers . Il y en a
pour toutes les grandes Fêtes de l'année ; pour
les Fêtes de Vierge , pour le S. Sacrement , er
pour plusieurs Fêtes particulieres , qui conviendront
à toutes les Maisons Religieuses. Chaque
I. Vola Salur
1200 MERCURE DE FRANCE
Salut contiendra un Motet à une ou deux voix ,
avec Simphonie , un Motet à une ou deux voix ,
sans Simphonie ; et un Domine , salvum fac Regem
, que l'on vendra 1. livre 10. sols. jusqu'au
nombre de 18. Saluts , que l'on donnera d'ici au
Carême prochain. On distribuera les six premiers
dans le courant du mois d'Août prochain,
et se vendront à Paris , au Mont Parnasse , ruë
S. Jean de Beauvais. Chez l'Auteur , ruë de la
Bouclerie , au bas du Pont S. Michel. Boivin , ruë
S. Honoré , à la Regle d'Or, Le Clerc , rue du
Roule , à la Croix d'Or.
Le même Auteur a fait graver dix Cantatilles
nouvelles , chantées au Concert du Château des
Thuilleries, dont le prix de chacune est de 24. f.
Il en donnera six autres nouvelles au mois de
Novembre prochain ; sçavoir , Hebé , Acis ,
l'Aurore , l'Amante Persuadée , la Bergere impa
tienté , le Sommeil de Climene. Les Paroles de ces
six sont de M. l'Affichard.
On va les graver incessamment de la même
forme les autres in
que
prix sera de 24 sols.
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Résumé : Estampes nouvelles, Portrait de M. des Portes, &c. [titre d'après la table]
Le graveur Joullain a publié une estampe d'après un tableau de M. Des Portes, peintre du Roi et conseiller à l'Académie Royale de Peinture et Sculpture. Ce tableau, réalisé lors de la réception de Des Portes à l'Académie, le montre en chasseur avec des chiens et du gibier, sur un fond de paysage. Joullain, guidé par Des Portes, prévoit de graver toutes les œuvres de ce dernier, y compris celles en cours. Il réside chez le marchand d'estampes Gautrot, quai de la Mégisserie, à la Ville de Rome. Par ailleurs, le maître de musique Lemaire a publié des motets composés pour le Concert Spirituel au Château des Tuileries entre 1728 et 1733. Ces œuvres, destinées aux communautés religieuses et aux concerts particuliers, sont vendues 1 livre 10 sols par recueil. Les six premiers recueils seront distribués en août à plusieurs adresses à Paris. Lemaire a également fait graver dix cantatilles nouvelles, avec six autres prévues pour novembre, dont les paroles sont de M. l'Affichard.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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