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Liste
51
p. 64-71
EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
Début :
Il est arrivé la semaine passée un grand prodige dans [...]
Mots clefs :
Femme, Grossesse, Médecin, Chirurgien, Mari
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
extrait
dela Lettre de Madame
la Marquise de
saint Bl du 31.
Aoust 1711.
ILeflarrivélajemaine
payée un grand prodige
dans la nature. Unefemme
d'iAbbervilfe d'un pauvre
menuisier
, tante de
nostremeusnier de Petitport)
estantlanguissante
depuis deux ans, a esté
trouver Mr le Adarquis
de AfauLy ~u'Ocourt pour
le prier par charité de la
sècourir, qu'on luy avoit
dit qu ilfaisoit degrandes
charitez, par les remedes
qu'il donnoit pour lesort,
quelle se avjoit ensorcellee
au lieu destre grosse
comme elle l'arvoit creu
dabord
,
sentant depuis
deux ans sauter remuer
commesi elle estoit
veritablementgroflê,mais
que deux annees entieres
Pendant lesquelles elle aDoit
creu dix foisaaoïfc
cher yluy faisoientconnoistre
qu'il y avoiten elle
des choses qu'elle nepop,,.;.,
voitcomprendre; Air le:.
Marquis 20court luy a
donneson remede,des la
nuit mesme elle sejl trouvée
en. estral d'accoucher,
~sipresceequeson mary
ria eu le temps que de
courirà unevoisiney laquelle
en la secourant a;
CT;Jeu tomber trois paquets
enveloppez de tais.Le
mary s'esterie,monDieu,
cela• remue, la voisine a
commencéà en développer
un, cela à'tfrmis à courir,
le chat de la maisons'est
jettedessus, (jfla mange ;
la voisineeffrayée, mal
éclairee „ria<voit pas le
temps de voircequec'estoit
"fs a crié que c'estoit
m enfantmange. Ellea
envoye le mary courir au
Chirurgien, cependanta
mis les deux autres pacquets
tousjours remuans
en seurete. Le Chirurgienarrivé
a developpé
les autres paquets) é5 a
trouvé deuxbestes au lieu
d'enfans:je ne vous diray
pasqu'on m'a dity car je
je les ay veus, cela avescu
huit heures, cela est
gros comme unesourissans
poil, a quatre pieds qui
ressemblent à des mains,
15 des ongles, a une queuë
t5 un petit ongle ou corne
au bout qui ne tient
qu'a un filet. La queuë
efi bien attachee
,
longue
comme celle d'une
souris
,
la teste grosse
ronde comme
celle d*un
enfant par le haut, les
yeux ronds noirs un -cercle noir autou- r, une
gueule ouverte, f.5 tres
grande) a la langue
d'un enfant, les oreilles
de mesme quun enfant.
Voila un prodigesurprenant,
bien veritable,
qu'on a peine à croire
sans avoir ueu3 c' estpourquoy
fajvoulu voir, le
Chirurgien me les a apportez,
, ilfera part de celay
à ce q^tlma dit , à
Messieurs de l'Ecole de
Medecins de Paris,pour
voir ce q^tls pourvoient
juger d'uneffet si prodigieux
danstoutesses ckconstances
d'avoir esté
grosse deux ans, la connoissance
et les remedes
de Monsieur de Mailly.
Tout est surprenant te*
bien véritable
J.
la mere
estdansvinestatpitoyable
, tout fera corpsn'est
qu'unegalledepuis cette
ajfreufe couche.
dela Lettre de Madame
la Marquise de
saint Bl du 31.
Aoust 1711.
ILeflarrivélajemaine
payée un grand prodige
dans la nature. Unefemme
d'iAbbervilfe d'un pauvre
menuisier
, tante de
nostremeusnier de Petitport)
estantlanguissante
depuis deux ans, a esté
trouver Mr le Adarquis
de AfauLy ~u'Ocourt pour
le prier par charité de la
sècourir, qu'on luy avoit
dit qu ilfaisoit degrandes
charitez, par les remedes
qu'il donnoit pour lesort,
quelle se avjoit ensorcellee
au lieu destre grosse
comme elle l'arvoit creu
dabord
,
sentant depuis
deux ans sauter remuer
commesi elle estoit
veritablementgroflê,mais
que deux annees entieres
Pendant lesquelles elle aDoit
creu dix foisaaoïfc
cher yluy faisoientconnoistre
qu'il y avoiten elle
des choses qu'elle nepop,,.;.,
voitcomprendre; Air le:.
Marquis 20court luy a
donneson remede,des la
nuit mesme elle sejl trouvée
en. estral d'accoucher,
~sipresceequeson mary
ria eu le temps que de
courirà unevoisiney laquelle
en la secourant a;
CT;Jeu tomber trois paquets
enveloppez de tais.Le
mary s'esterie,monDieu,
cela• remue, la voisine a
commencéà en développer
un, cela à'tfrmis à courir,
le chat de la maisons'est
jettedessus, (jfla mange ;
la voisineeffrayée, mal
éclairee „ria<voit pas le
temps de voircequec'estoit
"fs a crié que c'estoit
m enfantmange. Ellea
envoye le mary courir au
Chirurgien, cependanta
mis les deux autres pacquets
tousjours remuans
en seurete. Le Chirurgienarrivé
a developpé
les autres paquets) é5 a
trouvé deuxbestes au lieu
d'enfans:je ne vous diray
pasqu'on m'a dity car je
je les ay veus, cela avescu
huit heures, cela est
gros comme unesourissans
poil, a quatre pieds qui
ressemblent à des mains,
15 des ongles, a une queuë
t5 un petit ongle ou corne
au bout qui ne tient
qu'a un filet. La queuë
efi bien attachee
,
longue
comme celle d'une
souris
,
la teste grosse
ronde comme
celle d*un
enfant par le haut, les
yeux ronds noirs un -cercle noir autou- r, une
gueule ouverte, f.5 tres
grande) a la langue
d'un enfant, les oreilles
de mesme quun enfant.
Voila un prodigesurprenant,
bien veritable,
qu'on a peine à croire
sans avoir ueu3 c' estpourquoy
fajvoulu voir, le
Chirurgien me les a apportez,
, ilfera part de celay
à ce q^tlma dit , à
Messieurs de l'Ecole de
Medecins de Paris,pour
voir ce q^tls pourvoient
juger d'uneffet si prodigieux
danstoutesses ckconstances
d'avoir esté
grosse deux ans, la connoissance
et les remedes
de Monsieur de Mailly.
Tout est surprenant te*
bien véritable
J.
la mere
estdansvinestatpitoyable
, tout fera corpsn'est
qu'unegalledepuis cette
ajfreufe couche.
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Résumé : EXTRAIT de la Lettre de Madame la Marquise de saint Bl..... du 31. Aoust 1711.
Le 31 août 1711, Madame la Marquise de Saint-Bl décrit un événement extraordinaire survenu à une femme d'Abbeville, tante du menuisier de Petitport. Cette femme souffrait depuis deux ans de symptômes inexplicables, croyant être enceinte mais ressentant des mouvements inhabituels. Elle consulta le Marquis d'AuLly d'Ocourt, connu pour ses charités et ses remèdes. Après avoir reçu un remède, elle accoucha immédiatement de trois paquets enveloppés. Deux de ces paquets contenaient des créatures ressemblant à des souris mais avec des caractéristiques humaines, comme des mains et des ongles. Le chirurgien appelé sur place confirma cette découverte. La mère se trouvait dans un état pitoyable, son corps étant devenu une seule plaie. La Marquise souhaitait partager cette découverte avec les médecins de Paris pour qu'ils puissent juger de ce prodige.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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52
p. 71-76
« Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Début :
Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...]
Mots clefs :
Grossesse, Nature
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texteReconnaissance textuelle : « Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Cequi paroist sisurp-
rfcnanc danscegenre,
n'estaufondqu'unfiniplejeude
lanaturel,ou
pour parler plus juste, un
jeu del'imagination ;
cette facultéde l'ame plus
active & plus à craindre
en general dans les femmes
que dans les hommes,
nous manifestetous
les jours la force de [cs
impreissions par les effets
bifares &extraordinaires
qu'elle produit assez frequemment.
Les humeurs
coulant en abondance
dans certaine partie durant
le temps de la grossesse,
doivent augmenter
le mouvement des cfprits.
Ceux-cy précipitez,
pour ainsidire, sur
des organessusceptibles
des moindres impressions
par leur extrême delicaresse,
tesse, les font obëir aux
differens ébranlements
qu'ils y causent,&Csile
trouble &l'agitation surviennent
à la veuë impréveuë
d'un objet ou
desagreable ou effrayant,
l'ordre naturel des parties
de l'embryon se renverse
sur le champ, elles
souffrent une assez violente
révolution pour
que leur premier arrangement
soit altéré,&
qu'il en succede un nouveau
qui respond tous;
joursinvariablementàla
nature du sujet-qui surprend,
qui émeut,&qui
le plussouventeffraye./
Quant àcette gnolîcfîe
dont le terme a esté;de
deux ans, c'est ,un effet
du peu d'accroisement
des petits monstres, a-qui,
le peli.de.iiourrititre qu'-
ils recevoientostoit- le
poidsnecessaire Ô£,ordiV
naire pour lemportersur>
leressort de la partie qui.
lesenveloppoit&C'est
ce poidsque leur a doiv*
né le remede en déterminant
par sa violence ks)
esprits à se porter de ce collé-la:.;<v-
Au lieu de s'estonner
de ces dérangements de
la nature comme deprodiges
,il faut s'estonner
au contraire que la forme
des ensans dépendant fî
fortde l'imaginationdelamere
,il vienne au monde
tant d'enfants parfait,
c'est une preuve
que l'imagination des
Dames est plus reglée
que les hommes ne le
dirent.
rfcnanc danscegenre,
n'estaufondqu'unfiniplejeude
lanaturel,ou
pour parler plus juste, un
jeu del'imagination ;
cette facultéde l'ame plus
active & plus à craindre
en general dans les femmes
que dans les hommes,
nous manifestetous
les jours la force de [cs
impreissions par les effets
bifares &extraordinaires
qu'elle produit assez frequemment.
Les humeurs
coulant en abondance
dans certaine partie durant
le temps de la grossesse,
doivent augmenter
le mouvement des cfprits.
Ceux-cy précipitez,
pour ainsidire, sur
des organessusceptibles
des moindres impressions
par leur extrême delicaresse,
tesse, les font obëir aux
differens ébranlements
qu'ils y causent,&Csile
trouble &l'agitation surviennent
à la veuë impréveuë
d'un objet ou
desagreable ou effrayant,
l'ordre naturel des parties
de l'embryon se renverse
sur le champ, elles
souffrent une assez violente
révolution pour
que leur premier arrangement
soit altéré,&
qu'il en succede un nouveau
qui respond tous;
joursinvariablementàla
nature du sujet-qui surprend,
qui émeut,&qui
le plussouventeffraye./
Quant àcette gnolîcfîe
dont le terme a esté;de
deux ans, c'est ,un effet
du peu d'accroisement
des petits monstres, a-qui,
le peli.de.iiourrititre qu'-
ils recevoientostoit- le
poidsnecessaire Ô£,ordiV
naire pour lemportersur>
leressort de la partie qui.
lesenveloppoit&C'est
ce poidsque leur a doiv*
né le remede en déterminant
par sa violence ks)
esprits à se porter de ce collé-la:.;<v-
Au lieu de s'estonner
de ces dérangements de
la nature comme deprodiges
,il faut s'estonner
au contraire que la forme
des ensans dépendant fî
fortde l'imaginationdelamere
,il vienne au monde
tant d'enfants parfait,
c'est une preuve
que l'imagination des
Dames est plus reglée
que les hommes ne le
dirent.
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Résumé : « Ce qui paroist si surprenant dans ce genre, n'est [...] »
Le texte explore l'impact de l'imagination maternelle sur le développement fœtal. Il décrit l'imagination comme un phénomène plus actif et puissant chez les femmes. Pendant la grossesse, les humeurs abondantes intensifient l'activité des esprits, rendant les organes délicats sensibles à diverses impressions. La vision soudaine d'un objet désagréable ou effrayant peut perturber l'ordre naturel de l'embryon, modifiant ainsi son arrangement initial. Le texte mentionne également la 'gnolîcfîe', une condition où des monstres naissent après deux ans en raison de leur faible croissance et du poids nécessaire pour l'accouchement. Plutôt que de s'étonner des anomalies, il est suggéré de s'émerveiller que tant d'enfants parfaits naissent, malgré la dépendance de leur forme à l'imagination maternelle. Cela démontre que l'imagination des femmes est plus régulée que ce que les hommes pensent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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53
p. 3-9
Extrait d'une Lettre d'Alemagne.
Début :
Le Roy de Suede est toûjours à Bender avec un corps [...]
Mots clefs :
Roi de Suède, Maladie, Allemagne, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre d'Alemagne.
Extrait d'une Lettre
d'Alemagne.
,
Le Roy de Suede est toûjours
à Bender anjec un corps
deTroupes Ottomanes qui doit
lny servir d'forte ey on ne
sçait point encore précisement
quand ce Prince en partira.
La réponse que le grand Visir
a faite sur les plaintes que S.
A4. S. & le Kan des Tartares
ont portées contre luy
,
riefl
pas demeuréésansreplique&
les Lettres de Constantinople
continuent de dire qu'il y a
fort à craindre pour le grand
vi;cir, parce que le Czar ne
'Veut executer aucun des Articles
du Traitédepaix tant que
le Roy de Suede sera dans
l'Empire du GrandSeigneur.
Cependant l'Armée des Turcs
l'si toujours sur lesbords du
Danube, & la faison est si
avancée qu'oncroit qu'elle ne
pourra rien entreprendre quand
même on auroit de~sein deforcer
le CKara% executer les conditions
de sonTraité.
CePrince partit le iG.
Octobre de Carelsbaden ; il
devoit se rendre à TorgdW
pour y assister à la Ceremonie
du Adanâge du Prince hereditaire
de Moscovie son fils,
avec la Princesse de Wolsembutel
,
après quoy il devoit
aller à Elbing,& de-là à
Petersbourgsa nouvelle Ville,
dans le Golphe de Finlande.
Les Danois sont toujours
devant Stralzundsans avan..
cer lesiege faute degros canon.
Les Suedois font de temps en
temps des sorties. Ils en firent
une le 20. Octobre dans laquelle
ils tuerent beaucoup de
monde. Les Suedois ont reçti
quelque secours dans I'IJIj de
Rugenparplusieurs Vais aux
de transport quiyfont arri'Ve:{.
L'on ~assare que la contagion
rft dans la Flotte Danoise, cque
ce mal diminuë beaucoup
à Copenhague.
Ily a dans la Hongrie ,
dans la Transylvanie cm dans
l3A'ntriche
, une maladie qui
s'estjettéesur le gros bestail
:J
de maniere qu'en peu de temps
ilyestmort la plusgrande partie
des Boeufs &des Saches ,
ÇjT* cjiicn beaucoup d'endroits
les Passans ne front pas en
état de labourer leurs Terres,
Ony a envoyé de Vienne des
Medecins & des Chirurgiens
sur les lieux pour tascher de
découvrir le principe du mal
,
&y aporter du rmede ; mais
,
les Modemssontrevenus sans
y avoir pû rien connoistre.
Le dommage causé par le
coup de foudre qui tomba le
z6, Aoustsur la Tour de
Sainte Elisabeth à Hetmanftad
en Transylvanie
, (si tresconsiderable.
Le Magasin de
poudre qui étoit dans cette
Tour lafit sauterenl'air, en
renversa plusieurs autres avec
une partie du Rempart; ily
eut soixante& trois Maisons
fe~ntfirè~refm~ernt~ruïn,éesc,f~cfe<nt ?qu~a.
rante autresfort endommages,
toutes les vitres des ifneflrcs de
toutes les autres Maisons tant
de laVillequedesfauxbourgs,
furent brisees
, & un grand
nombre de personnes furent écrasées
, OU moururent de
frayeur.
d'Alemagne.
,
Le Roy de Suede est toûjours
à Bender anjec un corps
deTroupes Ottomanes qui doit
lny servir d'forte ey on ne
sçait point encore précisement
quand ce Prince en partira.
La réponse que le grand Visir
a faite sur les plaintes que S.
A4. S. & le Kan des Tartares
ont portées contre luy
,
riefl
pas demeuréésansreplique&
les Lettres de Constantinople
continuent de dire qu'il y a
fort à craindre pour le grand
vi;cir, parce que le Czar ne
'Veut executer aucun des Articles
du Traitédepaix tant que
le Roy de Suede sera dans
l'Empire du GrandSeigneur.
Cependant l'Armée des Turcs
l'si toujours sur lesbords du
Danube, & la faison est si
avancée qu'oncroit qu'elle ne
pourra rien entreprendre quand
même on auroit de~sein deforcer
le CKara% executer les conditions
de sonTraité.
CePrince partit le iG.
Octobre de Carelsbaden ; il
devoit se rendre à TorgdW
pour y assister à la Ceremonie
du Adanâge du Prince hereditaire
de Moscovie son fils,
avec la Princesse de Wolsembutel
,
après quoy il devoit
aller à Elbing,& de-là à
Petersbourgsa nouvelle Ville,
dans le Golphe de Finlande.
Les Danois sont toujours
devant Stralzundsans avan..
cer lesiege faute degros canon.
Les Suedois font de temps en
temps des sorties. Ils en firent
une le 20. Octobre dans laquelle
ils tuerent beaucoup de
monde. Les Suedois ont reçti
quelque secours dans I'IJIj de
Rugenparplusieurs Vais aux
de transport quiyfont arri'Ve:{.
L'on ~assare que la contagion
rft dans la Flotte Danoise, cque
ce mal diminuë beaucoup
à Copenhague.
Ily a dans la Hongrie ,
dans la Transylvanie cm dans
l3A'ntriche
, une maladie qui
s'estjettéesur le gros bestail
:J
de maniere qu'en peu de temps
ilyestmort la plusgrande partie
des Boeufs &des Saches ,
ÇjT* cjiicn beaucoup d'endroits
les Passans ne front pas en
état de labourer leurs Terres,
Ony a envoyé de Vienne des
Medecins & des Chirurgiens
sur les lieux pour tascher de
découvrir le principe du mal
,
&y aporter du rmede ; mais
,
les Modemssontrevenus sans
y avoir pû rien connoistre.
Le dommage causé par le
coup de foudre qui tomba le
z6, Aoustsur la Tour de
Sainte Elisabeth à Hetmanftad
en Transylvanie
, (si tresconsiderable.
Le Magasin de
poudre qui étoit dans cette
Tour lafit sauterenl'air, en
renversa plusieurs autres avec
une partie du Rempart; ily
eut soixante& trois Maisons
fe~ntfirè~refm~ernt~ruïn,éesc,f~cfe<nt ?qu~a.
rante autresfort endommages,
toutes les vitres des ifneflrcs de
toutes les autres Maisons tant
de laVillequedesfauxbourgs,
furent brisees
, & un grand
nombre de personnes furent écrasées
, OU moururent de
frayeur.
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Résumé : Extrait d'une Lettre d'Alemagne.
Le roi de Suède est toujours à Bender, entouré de troupes ottomanes, et sa date de départ reste incertaine. Le grand visir a répondu aux plaintes du tsar et du Khan des Tartares, mais la situation reste tendue. Le tsar refuse d'exécuter les articles du traité de paix tant que le roi de Suède restera dans l'Empire ottoman. L'armée turque est positionnée sur les bords du Danube, mais la saison avancée rend improbable toute action militaire. Le tsar a quitté Carlsbad le 16 octobre pour assister au baptême de son petit-fils à Torgau, puis se rendre à Elbing et enfin à Petersbourg. Les Danois assiègent Stralsund sans succès, tandis que les Suédois effectuent des sorties, comme celle du 20 octobre. La flotte danoise est touchée par la contagion, mais la situation s'améliore à Copenhague. En Hongrie, Transylvanie et Autriche, une maladie affecte le bétail, rendant impossible le labour des terres dans certaines régions. Des médecins ont été envoyés pour enquêter, sans succès. Un coup de foudre a causé des dégâts considérables à la tour de Sainte Élisabeth à Hetmanstadt en Transylvanie, détruisant plusieurs bâtiments et blessant de nombreuses personnes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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54
p. 5-14
THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
Début :
Nereïdes, plaignez ma peine ; [...]
Mots clefs :
Cantate, Santé, Douleur, Rétablissement, Comte de Toulouse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
THETIS,
Cantate.
Sur lerecouvrement delasanté
de Monseigneur le Comte
deToulouse.
THETIS.
Nercïdes, plaignez ma. pei
ne ;
Pleurez, pleurez
;
Soeurs
, mes
Cet aimable Héros, si cher
ànostre Reine
Est livré par le Sort aux plus
vives douleurs.
Plaignez ma tendresse
inutile
Qui n'a pû du Destin desar
mer les rigueurs;
Helas les maux même
d'Achile
Ne m'ont pas coûté plus
de pleurs.
Chœur des Nerti'des.
Messons nos soupirs
à ses
larmes,
Frapons l'air de nos cris
;
Denos vives alarmes
Queles rochers soient at
tendris.
THETIS.
**
Qu'avec plaisir en luy je re
voyois les charmes
Et le courage de mon fils.
* Les Nereïdes.
Menonsnossoupirsà ses lar
mes
Frapons l'air de nos cris.
THE TI S.
O Sort.injuste Sort épuise
tutes armes
:':JSur tout ce qui plaistà
Thetis ?
Les Nereïdes,
Denosvives alarmes
Que les rochers soient ac
rendris.-i 11
Symphonie.
;
THETIS..
Quelle clarté penetre en ces
grottes profondes?
Cetéclat du Soleil m'annon
ce le retour,
Ce Dieu qui rentre fous
:
les ondes
Va sur ce queje crains éclair
cir monamour.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Decfle
THETIS.
Vous avez vû dans vôtre
cours
Cet aimableHeros pour qui
je m'interesse.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Deesse,
Vous n'avez rien à crain
dre pour ses jours:
La Parque avoit sur luy levé
son bras perfide.
Je l'ay vû sans fremir regar
der le trépas;
Auseinde la douleuril estoit
intrepide,
Et plus Héros encore qu'au
milieu des combats.
Mais la Parque n'a fairqu'u
ne menace vaine,
Un des fis d Esculape a dé
tourné sescoups,
Et pour vostre Heros force
encorl'inhumaine
De filer les jours les plus
doux.
D'un nom celebre, ou d'un
bonheur durable
Achille jadiseue 1-e
choix,-M>iis au Fils de Louis le
Sort plusfavorable
Veut les accorder à la
fois
TH
ETIS.
Ociel ! aprés un troubleex
trême
Qjie le calmea d'attraits!
Le Destin me rend ce que
j'aime;
Je pardonne au Destin tous
lesmauxqu'il m'afaits.
Venez
, bruyans Tritons ,
venez, tendres sirencs,
Apprenez par vos chants
mon bonheur auxZephirs,
Vous partagiez mes pei
nes,
Partagezmesplaisirs.
Chœur.
Apprenons par nos chants
son bonheur aux Zephirs
,
,
Nous partagions ses pei
nes
Partageons ses plaisirs.
Cette Piece qui est de M
de la Morhe, a esté miseen
Musique par Mr de Ville
neuve
, &a esté executée le
4.Janvier par la Musiquede
Monsieur le Comte de Tou
louse, en presence de Mada
me la Duchesse d Orléans.
Il en plus rare de trouver
des Achilles de fang froid
dans l'accablement d'une
maladie cruelle ,
qu'au mi
lieu des combats, où l'am
bition & lagloire nous fou
tiennent
; l'yvresse de ces,
deuxpassions en nous étour
dissantnous cache lamoitié
du peril. Un Guerrier est
animé par l'exemple de ceux
qui l'environnent, tous ces
grands appareils de guerre
inspirentquelquefoisducou
rage à ceux même quin'en
ont point; mais le triste ap
pareilqu'étale la Chirurgie
fait souvent trembler ceux
qu'on a vûs intrepides dans
les combats
; je prefertrois
peut estre
à l'intrepidiré
guerriere cette fermeté d'a
me qui fait supporter sans
sourciller les douleurs les
plus violences; mais je n'ay
pas besoin lCY de l'art des
Panegiristes qui élevent tou
jours au-dessus des autres
vertus celle qui dominedans
le Heros du jour, puisque le
Prince dont
il s'agir icy pos
sede à un degré égal& la
fermeté d'ame & la valeur
& la bonté du cœur, sans
laquelle toutes les autres ver
tus ne meritent point de ve
ritables loüanges
Cantate.
Sur lerecouvrement delasanté
de Monseigneur le Comte
deToulouse.
THETIS.
Nercïdes, plaignez ma. pei
ne ;
Pleurez, pleurez
;
Soeurs
, mes
Cet aimable Héros, si cher
ànostre Reine
Est livré par le Sort aux plus
vives douleurs.
Plaignez ma tendresse
inutile
Qui n'a pû du Destin desar
mer les rigueurs;
Helas les maux même
d'Achile
Ne m'ont pas coûté plus
de pleurs.
Chœur des Nerti'des.
Messons nos soupirs
à ses
larmes,
Frapons l'air de nos cris
;
Denos vives alarmes
Queles rochers soient at
tendris.
THETIS.
**
Qu'avec plaisir en luy je re
voyois les charmes
Et le courage de mon fils.
* Les Nereïdes.
Menonsnossoupirsà ses lar
mes
Frapons l'air de nos cris.
THE TI S.
O Sort.injuste Sort épuise
tutes armes
:':JSur tout ce qui plaistà
Thetis ?
Les Nereïdes,
Denosvives alarmes
Que les rochers soient ac
rendris.-i 11
Symphonie.
;
THETIS..
Quelle clarté penetre en ces
grottes profondes?
Cetéclat du Soleil m'annon
ce le retour,
Ce Dieu qui rentre fous
:
les ondes
Va sur ce queje crains éclair
cir monamour.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Decfle
THETIS.
Vous avez vû dans vôtre
cours
Cet aimableHeros pour qui
je m'interesse.
APOLLON.
Consolez- vous belle
Deesse,
Vous n'avez rien à crain
dre pour ses jours:
La Parque avoit sur luy levé
son bras perfide.
Je l'ay vû sans fremir regar
der le trépas;
Auseinde la douleuril estoit
intrepide,
Et plus Héros encore qu'au
milieu des combats.
Mais la Parque n'a fairqu'u
ne menace vaine,
Un des fis d Esculape a dé
tourné sescoups,
Et pour vostre Heros force
encorl'inhumaine
De filer les jours les plus
doux.
D'un nom celebre, ou d'un
bonheur durable
Achille jadiseue 1-e
choix,-M>iis au Fils de Louis le
Sort plusfavorable
Veut les accorder à la
fois
TH
ETIS.
Ociel ! aprés un troubleex
trême
Qjie le calmea d'attraits!
Le Destin me rend ce que
j'aime;
Je pardonne au Destin tous
lesmauxqu'il m'afaits.
Venez
, bruyans Tritons ,
venez, tendres sirencs,
Apprenez par vos chants
mon bonheur auxZephirs,
Vous partagiez mes pei
nes,
Partagezmesplaisirs.
Chœur.
Apprenons par nos chants
son bonheur aux Zephirs
,
,
Nous partagions ses pei
nes
Partageons ses plaisirs.
Cette Piece qui est de M
de la Morhe, a esté miseen
Musique par Mr de Ville
neuve
, &a esté executée le
4.Janvier par la Musiquede
Monsieur le Comte de Tou
louse, en presence de Mada
me la Duchesse d Orléans.
Il en plus rare de trouver
des Achilles de fang froid
dans l'accablement d'une
maladie cruelle ,
qu'au mi
lieu des combats, où l'am
bition & lagloire nous fou
tiennent
; l'yvresse de ces,
deuxpassions en nous étour
dissantnous cache lamoitié
du peril. Un Guerrier est
animé par l'exemple de ceux
qui l'environnent, tous ces
grands appareils de guerre
inspirentquelquefoisducou
rage à ceux même quin'en
ont point; mais le triste ap
pareilqu'étale la Chirurgie
fait souvent trembler ceux
qu'on a vûs intrepides dans
les combats
; je prefertrois
peut estre
à l'intrepidiré
guerriere cette fermeté d'a
me qui fait supporter sans
sourciller les douleurs les
plus violences; mais je n'ay
pas besoin lCY de l'art des
Panegiristes qui élevent tou
jours au-dessus des autres
vertus celle qui dominedans
le Heros du jour, puisque le
Prince dont
il s'agir icy pos
sede à un degré égal& la
fermeté d'ame & la valeur
& la bonté du cœur, sans
laquelle toutes les autres ver
tus ne meritent point de ve
ritables loüanges
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Résumé : THETIS, Cantate. Sur le recouvrement de la santé de Monseigneur le Comte de Toulouse.
La cantate 'Thétis' célèbre la guérison du Comte de Toulouse. Thétis, mère d'Achille, exprime sa douleur face aux souffrances de son fils, comparant ses maux à ceux d'Achille. Les Néréides partagent sa peine. Une lumière annonce le retour d'Apollon, qui révèle que le Comte a surmonté une menace de mort grâce à un fils d'Esculape. Apollon compare le destin favorable du Comte à celui d'Achille, soulignant que le Comte bénéficie d'un nom célèbre et d'un bonheur durable. Thétis, apaisée, exprime sa joie et invite les Tritons et les sirènes à célébrer ce bonheur. La pièce, écrite par M. de La Morlière et mise en musique par M. de Villeneuve, a été exécutée le 4 janvier en présence de Madame la Duchesse d'Orléans. Le texte loue le Comte de Toulouse pour sa fermeté, sa valeur et sa bonté de cœur, soulignant la rareté des héros intrépides face à la maladie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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55
p. 97-142
ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Début :
On distingue naturellement les animaux en trois classes, sçavoir les [...]
Mots clefs :
Circulation sanguine, Respiration, Poissons, Anatomie, Poumon, Veines et artères
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texteReconnaissance textuelle : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
Lafamese dispute qui
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery & Du*
verneysur la circulation
du sang par le cœur du
fétus humain,ayant donne occasion d'examiner
celle de quantité de differens animaux tant terrestresqu'aquatiques, &
amphibies, & même leur
maniere de respirer
,
&
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées; M. Parem
a cru faireplaisir au Public de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangparle cœur dufœ~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire, ~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày sur la respira-
classes,sçavoir les terres-
,. tres
,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer, & ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur cœur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule ou cavité
,
on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate
;
après quoy le
cœur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dansroutes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i
le cœura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité une oreillette
,
tout le
monde aujourd'huy convient que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes & descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons est versé dans la gauche par la veine du poumon;& qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes deux en mesme temps,
exprimenttout le sangdonc
elles font chargées chacune dans son ventricule,
tandis que le cœur se dilate, a
prés quoy le cœur venant à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy de son ventricule gauche dans les Aortes ascen-
dantes & descendantes
,
d'où il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus conviennent que leur
cœur a
trois cavitez
,
sçavoir premierement une
droite,&une gauche,comme les animaux terrestres
;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux (excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
cœur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un) est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant que le cœur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres
:
mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,commedansles aquatiques. Il sort encore du
ventricule droit une fecon-
de ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
cœur, à peu prés comme le
canal Botal dans les fœtus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre Autheurs citez conviennent encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige de fuir dansle troisiéme
ventricule dont la communication avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tan-
dis que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes & defcendanres, quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin du fang par le cœur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications & les valvules le démonstrent; mais ces mesmes Autheurs ne s'accordenr pas dans le reste,c'està dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
,
tous les Anatomistes convenoient que le sœtus ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent que très
-
peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit à
en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour
arrofer les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
,
a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur) passe par les pounons du fœtus, ne pouant monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e
fang arrivé dans l'oreil-
lette gauche,repassastdans
la droite
,
pour soulager:
cette Aorte. Il a
creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu-
[es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à
toutes ces rairons, que peutestre le fondement sur lequel l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable; scavoir que les poumons des fœtus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire de vesicules pleines d'air, dans les autres
g
landes pour y
faire passer
le sang,& l'effort du cœur
de la mere suffit. Pourquoy donc l'effort des
cœurs de la mere & du
fœtus enreroble ne suffisent-ils pasaussîpourpouffer le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez que de glandes
;
il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes du Pancreas, du Mezentere, &c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation du fang qu'ellescontiennent, qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Maisrevenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des cœurs de fœtus dans lesquels l'Aorte à
la sortie du cœur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire au delà du canal
Botal. Cependant cette experience ne détruit pas absolument le premier fondement de Mr Mery, par-
ce qu'il y a
plusieurs fœtus donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire dans les premiers
mois de leur accroissement, & plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortet à la difficulté que le sang trouve
a
circuler par les poumons,
particulièrement quand le
fœtus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoi-
blir le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement foit bon.) Mr Chemineau a
examiné un foetus qui a eu vie, dont le
cœur s'esttrouvé semblable à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
,
ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce cœur l'artérepulmonaire, qui a
sanaissanceestoit plus menuë que l'Aorte, la fur-
passoit de beaucoup proche les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay, il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes dans les animaux
terrestres, & l'autre entre
--.. lesventricules dans les amphibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage au travers des poumons
du fœtus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par l'Aorteascendante immediatement comme il en
passe une autre partie immédiatement dans l'Aorte descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent pas en cela une condition pire que les inférieures. Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distri-
buer du fang à leur estomac. Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer, du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve; & on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement pour leur estomac , puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant de l'Aorte defcendan-
te desrameaux pourl'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y
retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle Aorte plus abondamment que quand l'animal
respire
,
comme il arrive
dans le fœtus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme effet que leur propre
poids dans les fœtus
,
1
d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost fœtus,scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur cœur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
semble ZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer
; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question du trou ovale MrDe-
litre a
fait voir à l'Académie le cœur d'un homme
de quarante ans dans lequel le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation de la veine pulmonaire qui le compose conjointement avec l'oreillette
droite, y
offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
fœtus humains. De plus
l'artere du poumon y
estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration libre. Ainsi la réfutation prétendue de Mr
Tauvry dont on a
parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du fœtus de MrChemineau ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon estoit obligé de revenir par sa veine pulmonai-
re,qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté par la veine du poumon, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule,pour estre poussée par l'Aorte précisement comme dans le nouveau Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties gauches du cœur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance.
Il , ne reste plus que d'examiner ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
fœtus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du cœur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà, selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le cœur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du fœtus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient, pourveu qu'on luy
accorde que dans les fœtus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme. lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler, il faut considerer premièrement que le
fang qui va de leur cœur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
,
en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
-
tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eaudonc on a
tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtempssans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche pour y
laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau
;
car on sçait que seau destituée d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a
près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever & de s'abbaisser successivement comme lapoitrine. Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJ ni que la fepa-
ration de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles, & de toutesles autres liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
ede - leurs parties; mais l'air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air
,
& de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé luy mesme par les paneaux des oüyes. Quant à
lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches
;
sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité de cet arc. Ce rameau
dans tout son coursle long
de cette goutiere
,
envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est com- posé, parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance, & pour soustenir le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
,
ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee,
elles entrent conjointement dans un tuyau ve- ineux qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications ou anastomeses si cherchées par les Anatomistes des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses font distinguées
les unes des autres, & fou-
stenues par autant de filets osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus ou du cerveau du poisson, prennent taconditance d'arteres, & suppléent
àce que le cœur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent en un seul tronc veneux qui va se rendre à
l'oreillette du cœur avec les
autres veines qui rapportent le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques là inconnuës aux Anaromistes. Il faut esperer,
-
que le temps nous en découvrira bien d'autres.
A V
Fermer
Résumé : ABREGÉ de sa fameuse question sur la circulation du sang par le coeur du foetus, où l'on rapporte les experiences et les raisonnements de Messieurs Mery, Tauvry, Duvernay, & Delitre, & par occasion le Systeme de Mr Duvernay sur la respiration des Poissons.
En 1699, une dispute scientifique éclate entre les médecins Mery et Duvernay concernant la circulation du sang chez le fœtus humain. Cette controverse incite à l'étude de la circulation sanguine et des mécanismes respiratoires chez divers animaux terrestres, aquatiques et amphibies. Les observations et expériences de plusieurs savants anatomistes français et anglais sont compilées par M. Parem dans un abrégé. L'abrégé se concentre sur la circulation sanguine chez les fœtus, rapportant les expériences et raisonnements de Mery, Tauvry, Duvernay et Delire. Chez les animaux aquatiques, le cœur possède une seule oreillette et un seul ventricule, simplifiant la compréhension de la circulation sanguine. Chez les animaux terrestres, le cœur a deux ventricules et deux oreillettes, impliquant les poumons dans la circulation sanguine. Les amphibies, comme les tortues et les serpents, ont un cœur à trois cavités, compliquant davantage la circulation. Les auteurs s'accordent sur le fait que le sang des différentes parties du corps des amphibies se rassemble dans l'oreillette droite, tandis que le sang des poumons va dans l'oreillette gauche. Cependant, ils divergent sur les détails de la circulation et les comparaisons avec le système du fœtus humain. Mery propose un nouveau système où le sang passe par les poumons du fœtus, utilisant le trou ovale et le canal de Botall pour faciliter la circulation. Tauvry et Duvernay contestent ce modèle, présentant des observations anatomiques sur les variations des artères pulmonaires et aortiques chez les fœtus. Delire ajoute que le trou ovale peut rester ouvert chez les adultes, soutenant l'idée d'une circulation particulière chez les fœtus. Les débats portent également sur la respiration des amphibies et des poissons, qui adaptent leur circulation sanguine en fonction de leur environnement aquatique ou aérien. Les auteurs discutent des mécanismes de compression et de dilatation des poumons, influençant la circulation sanguine. Chez les poissons, les ouïes jouent le rôle des poumons, filtrant continuellement l'air dissous dans l'eau. La structure des ouïes est détaillée, avec des muscles et des vaisseaux sanguins complexes permettant la circulation du sang et l'absorption de l'air. Les artères et veines des ouïes se rejoignent pour former l'aorte, fournissant du sang vivifié à tout le corps du poisson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
56
p. 97-175
LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Début :
Je ne m'arresteray pas à parler icy de l'oreille exterieure, [...]
Mots clefs :
Oreille, Sons, Anatomie, Membrane, Musique, Auditif, Voix, Bruit, Entendre, Cerveau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Depuis que l'illuftre
M. Duverney, ficelebre
par fa profonde connoiffance de l'Anatomie
nous a donné fon Traité
de l'oreille, plufieurs ha
biles Anatomiftes , Medecins & Phyficiens de
France ,
d'Allemagne ,
d'Italie & deHollande ,
ont produit d'excellens
ouvrages fur le même
fujet, fans avoir cependant entierement épuiſé
cette matiere , ni même
96 MERCURE
s'être bien accordéz fur
fes parties , & fur leur
ufage. C'est ce qui a
porté M. Parent à joindre ce qu'il a vû de ſes
yeux , & ce qu'il a tirédefes reflexions aux découvertes de ces fçayants , en faveur du public ; coment il a fait le
mois précedent, à l'égard
de la circulation du fang
des animaux , & de leur
refpiration , & par le
même motif..
GALANT 97
LES MERVEILLES
de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit desfons.
JE nem'arrefteray pas à
parler icy de l'oreille exterieure , dont la ftructure &
l'uſage paroiffent aux yeux
de tout le monde. Car on
voit affez que ce n'est qu'une efpece de cornet mis à
l'entrée de l'oreille interieure pour raffembler le
bruit & les fons , pour les
fortifier & les introduire
dedans; ce qui fe confirme
Février 1712.
I
98 MERCURE
en ce que les animaux qui
enfont privez , ou à qui on
-les a coupées , entendent
moins clair que les autres ;
& que ceux au contraire
qui les ont plus grandes,
entendent le mieux; ou que
ceuxencore qui ont le plus
befoin d'entendre , ont les
plus grandes oreilles. A
l'égard de la figure appla
tie & repliée des oreilles
deshommes , on voit encore que la Nature ne les
a ainfi difposées , qu'afin
qu'elles parûffent moins
audehors , & qu'ils en ful-
GALANT. 29
fent moins embarraſſez, &
elle les a oftées aux oiſeaux,
& principalement auxpoif
fons,parce qu'elles les empefcheroient de voler & de
nager; ce qui leur appor
teroit plus de dommage
que d'utilité. Au reste la
direction dont la peau interne des oreilles eft frappée par le bruit & les fons ,
fait appercevoir le cofté
d'où ils viennent , à caufe
des ramifications du nerf
dur auditif , & du fecond
vertebral qui s'y répandent. Et c'est pour cela
I ij.
100 MERCURE
que cette partie eft fi fine ,
& fi fenfible dans les oifeaux qui ont l'ouye fort
fubtile , &mefmefi grande
dans les oifeaux nocturnes,
comme les Chouettes & les
Hiboux. La difference de
temps ou deforce dont une
oreille eft frappée pluftoft,
ou plus fort que l'autre ,
contribue encore beaucoup à faire appercevoir de
quel coftévient le bruit. A
l'égard des poiffons, & des
Tortues, &autres animaux
aquatiques qui ont l'entrée
de l'oreille fermée d'une
GALANT. 101 ΙΟΙ
membrane , la premiere
caufe de diftinction n'a.
point lieu chez eux.
2. Quant à l'oreille inte
rieure je fuppofe qu'on regarde de front celle d'un
homme , comme par exemple , la droite, lorfqu'il
eft dans fa fituation naturelle , & je remarque d'abord une espece de canal
fait en entonnoir un peu
tortueux , qui va en s'étreciffant &en baiffant un peu
du derriere vers le devant
de la tefte , fe terminer entre la bafe du crane &l'exI iij
102 MERCURE
tremité inferieure de l'os
des tempes à une portion
du crane appellée la Roche , laquelle contient le
refte de l'oreille que nous
appellons interieure, & qui
eft composée de quatre
chambres ou cavitez , de .
plufieurs challis , & d'autres parties dont on va faire le détail. Le fond de cett
entonnoir aboutit fous une
direction un peu inclinée à
une espece de chaffis que
j'appelle exterieur ou
grand chaffis , parce qu'il
eft tranfparent , & qu'on
GALANT 1931
1
peut y arriver immediatement de dehors. On l'ap
pelle la membrane du tambour , du nom de la premiere chambre interieure
qu'il ferme, qui aefté nommée le tambour , comme,
on va le dire. Ce chaflis
eſt enchaffé dans une portion d'anneau offeux qui
repreſente environ les
d'un cercle entier , lequel
eft collé fortement à l'entrée du trou du crane qui
communique du dehors à
F'oreille interieure , de telle
forte qu'il a fes deux corI iiij
104 MERCURE
:
nes tournées en haut , &
en cet endroit où cet anneau eft defectueux , le
grand chailis eft collé immediatement à l'os de la
refte.
C
3. Cette premiere chambre interieure qui eft fermée par le grand chaffis
reſſemble affez à la quaiffe
d'un tambour veu par le
devant , auffi l'appelle- t-on
encore fouvent la quaiffe ;
elle a cependant une efpece de cul de fac ou facaveugle appellé finus fupe.
rieur , qui s'étenden mon-
GALANT 105
tant du haut de la quaife
vers le derriere de la tefte ,
fur la main gauche , &
dont la longueur excede
mefme un peu toute celle
de cette chambre ; & tant
la quaiffe que fon cul de
fac font tapiffez d'une
membrane fort liffe , quoyque dans l'homme , le finge , le bœuf, &c. ces parties foient remplies d'un
nombre innombrable d'éminences & de foffettes ,
pareilles à celles que l'on
voit dans l'interieur de l'o
reille exterieure deschiens,
106 MERCURE
des chats & autres animaux ce qui ne fert pas
peu à multiplier & conferver les ébranlemens de l'air
contenu dans cette chambre & dans fon cul defac ;
commeonlediracy- aprés,
& comme chacun peut le
remarquer par le retentiffement qui le produit lorfqu'on jette une pierre dans
le puits d'une carriere .
4. On trouve vers le
haut de la quaiffe , & fur
la droite une espece de canal appellé Aqueduc.
Quoy qu'il ne ferve qu'à
GALANT. 107
conduire de l'air , fçavoir
de l'oreille dans la bouche ,
quand il eft trop dilaté
dans l'oreille par la chaleur
du fang ; & au contraire à
i en faire entrer de la bouche dans l'oreille quand celuy de l'oreille eft trop condensé le froid exte- par
rieur , le tout pour empef
cher le grand chaffis d'ef
tre offensé par le reffort de
Fair interieur ou extérieur.
•
. On voit encore en
face & aufond dela quaiffe
deux autres feneftres fer- Ax
mées chacune d'un chaffis
108 MERCURE
particulier , de mefme nature que le premier , dont
Pinferieure qui tire unpeu
fur la droite eft ronde, d'ou
elle a tiréfon nom , de mef
me que ſon chaffis. La fuperieure qui eft plus vers la
gauche & au deffus de la
ronde , eft de figure ovale ,
d'où elle a aufli pris fon
nom. Elle eft couchée en
travers & en defcendant,
un peu de droite à gauche ,
& fermée d'un troifiéme
chaffis de mefme figure &
de mefme nom qu'elle.
6. Cette derniere fenef
GALANT. 109
tre communique dans une
feconde cavité ou chambre appellée la Voute qui
eft fituée directement derriere la quaiffe du cofté du
cerveau. La Voute a tire
fon nom de fa figure arondie par le haut , elle eft un
peu plus petite que la quaif
fe , unie & tapiffée de mefme qu'elle. On la nomme
encore le Veſtibule , parce
qu'elleeft fituée entre deux
autres cavitéz , dont l'une
qui eft à droite , fe nomme
la Coquille , ou le limaçon;
& l'autre qui eft à gauche,
110 MERCURE
·
a efté nommée le labyrinthe avec lesquelles elle
communique par des por
tes toutes ouvertes , eftant
à peu prés au meſme niveau que la quaiffe & que
ces deux dernieres cavitez.
A l'égard de la feneftre
ronde , elle fait la communication de la quaiffe avec
la coquille , dont on donnera la defcription incontinent , de mefme que du
labyrinthe , & fon chaffis
n'eft qu'une continuation
de la membrane de la
quaiffe , de mefme que le
haffis ovale.
GALANT. IH
17. Quant aux autres parties qui fe trouvent dans
la premiere chambre , outre le cul de fac, l'aqueduc,
le grand chaffis , le rond ,
& l'ovale , dont on vient de
parler , on voit fur le mi
lieu du grand chaffis , &
commeenface un premier
offelet , dont la figure a
quelque rapport à celle
d'un marteau, cu pluſtoft
d'un gond, & qu'on a nom
méle marteau ; mais qui a
encore beaucoup plus de
rapport à la jambe d'un
homme, qu'on auroit cou-
112 MERCURE
ce
pée fous le genoüil , & qui
feroit collée contre
chaffis , dans un ſens renversé , ou de haut en bas ;
en forte que le talon fuft
appliqué contre fon bord
fuperieur , & le gras de la
jambe fur le chaffis, le bout
de la jambe finiffant au milien de cette membrane;
ainfi ce marteau où cette
jambe eft veuë comme par
derriere , & un peu panchée fur la gauche , par
l'œil qu'on fuppofe tousjours fitué au devant de
l'oreille. Le bout de cet
offelet
GALANT 113
offelet qu'on peut regarder comme le bout du
pied , eft arrondi , & contient deux éminences &
une petite cavité ; il eft
tourné vers le dedans de
la quaiffe , & va s'implan-,
ter fur la tefte d'un fecond
offelet appellé l'enclume
parrapport au premier. La
figure de ce fecond os ,
reffemble affez à celle d'u-.
ne groffe dent à deux fourchons , qui les auroit un
peu écartez l'un de l'autre ,
& inégaux en longueur.
La tefte de cette enclume
Février
1712.
K
114 MERCURE
ou dent , a auffi une émi
nence ronde , qui fe loge
dans la cavité de celle du
marteau , & deux cavitez
pour loger reciproquement les éminences rondes du bout du marteau
afin que ces deux os tiennent plus fortement attachez & articulez l'un à l'autre par leurs ligamens , &
par la membrane commune qui les enveloppe. La
plus petite des deux jambes de la dent va s'appuyer
dans un angle du bas & du
devant de la quaiffe du co-
GALANT. 15.
ſté gauche , où elle eft attachée mobilement dans
une petite cavité par un
ligament particulier au
delfous du cul de fac. La
plus grande jambe qui eft
un peu contournée par le
bout , va s'articuler avec
un troifiéme offelet nommé l'eftrier, fait commeun
triangle ifofcele , dont la
pointe oufommet eft joint
avec le bout de cette jambe par un quatriéme os
beaucoup plus petit que les
trois premiers , & de la figure d'une lentille, ou pluf
K ij
116 MERCURE
toft d'une menifque qui
leur fert comme de rotule
ou de genoüil. La baſe de
ce triangle qui eft un peu
plus groffe que les deux coftez , eft collée au chaffis
ovale, ou troifiéme chaffis,
en telle forte que ce chaffis.
la deborde tant foit peu
tout autour. L'enclume
la lentille , & l'eftrier font
articules entr'eux par des
ligamens particuliers , à
l'entrée du cul de fac , &
chacun recouverts de la
membrane de la quaiffe ,
qui eft fi fine , & fi adhe
1
GALANT. 117
rente aux os , que dans les
fujers un peu défeichez, elle
fuit prefque la veuë. Cela
n'empefche pas qu'elle ne
paroiffe avec le microfcope parfemée d'une infinité
de vaiffeaux fanguins &
nerveux , comme tous les
autres perioftes , pour fervir à la nourriture de ces
os ; elle fert encore à les
couvrir contre les injures
de l'air , à fortifier les jambes de l'eftrier , dont elle
couvremanifeftement l'ai-.
re & enfin à recevoir &
faire fentir les impreffions.
du bruit.
ཕྱི
IS MERCURE
8. Les trois offelets , le
marteau l'enclume , & l'ef
trier font remuez par trois
muſcles , dont le plus grand
qui part du fond, & du haut
de le quaiffe unpeu à droite , la traverſe de derriere
en devant , & vient s'attacher au milieu de la jambe
du marteau , de forte qu'en
tirant cette jambe , il l'a
meine avec legrand chaſſis
un peu en dedans , ce qui
le tend , & le rend mefme
un peu concave du cofté
de dehors , à peu près commeun entonnoir à poudre
GALANT. 11)
fort évasé. On l'appelle
le muſcle long ; on pourroit le nommer encore le
grand adducteur du chaf
fis exterieur. Un fecond
muſcle beaucoup plus
court , qui vient de dehors
la quaiffe , du cofté droit ,
la perce dans fa partie fuperieure, va s'attacher proche du talon du marteau
à une petite éminence qui
eft en cet endroit , laquelle
il tire & ferre contre la paroy exterieure de la quaiffe
en l'appuyant fur une pareille éminence de cette
120 MERCURE
partie, par ce moyenil retire le marteau , & tout le
chaffis en mefme temps
vers le dehors de la quaiffe,
& mefme l'enclume avec
l'eftrier, à caufe de la liai-,
fon de l'enclume avec l'ef
trier & le marteau ; au moyen de quoy il reftablic
toutes ces parties dans leur
eftat naturel lorfqu'elles
en ont efté oftées. Ainfion
peut le regarder comme le
moderateur des deux autres muſcles. Le troifiéme
& dernier muſcle eft attaché à le tefte ou pointe de
l'eftrier ,
GALANT. 121
l'eftrier , & part d'une petite cavité de la quaiffe fituée fur la gauche de l'ef
trier , mais fort proche &
un peu derriere ; en forte
quetoute fon action eſt de
retirer l'eftrier vers le fond
de la quaiffe , & de l'enfoncer par ce moyen dans
le trou ovale , en le renverfant tantfoit peu du cofté gauche , ce qui tend fa
membrane par deux raifons à la fois. Mais en mefme temps ce mufcle de
l'eftrier tire l'enclume & le
marteau vers le fond de la
Février 1712.
L
122 MERCURE
quaiffe , ce qui bande auſſi
le grand chaffis. Ainfi ces
chaffis peut eftre tendu
deuxmufcles independammentl'un de l'autre. Mais
par:
quand le muſcle long agit,
quoyque l'eftrier foit poufsé un peu par fa pointe ,
fçavoir par le bout de la
longue branche de la dent.
Cependant le chaffis ovale
n'eft pas confiderablement
tendu pour cela , comme
quand tous deux agiſſent
de concert , à caufe de l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'étrier.
GALANT. 123
19. Outre ces trois mufcles , l'enclume & le marteau font encore comme
fufpendus par un ligament
ou muſcle fourchu , attachépar fon tronc à la partie gauche &fuperieure de
la quaiffe au deffus de ces
deux os ; & par fes deux
branches à la tefte du marteau , & à celle de l'enclu
me, il fert à tenir ces deux
os en fituation & unis entre eux , & fuppléé à la delicateffe de leurs ligamens
communs...
10. Enfin il y a un filet
Lij
124 MERCURE
de nerf de la cinquième
paire fort fenfible qui entrant de dehors dans la
quaiffe avec le muſcle moderateur , paffe par derriere le milieu du grand chaf
fis fur lequel il eft couché
en croifant la jambe du
marteau , & de là continue
fon chemin vers le cofté
gauche & inferieur de la
quaiffe,pour s'aller joindre
au nerf dur auditif. Il fert
à fouftenir le grand chaſſis
contre l'effort du bruit , &
à en appercevoir les im
preffions & les varietéz.
GALANT. 125
Les branches du tronc de
ce mefme nerf fe refpandent dans les muſcles du
marteau & de l'eftrier , &
dans la membrane de la
quaiffe , ce qu'on doit bien
remarquer. oral setth
II. Le chaffis rond n'a
aucun muſcle qui le tende;
auffi n'en a- t- il pas befoin,
comme on le verra cyaprés. La coquille qu'il ferme du cofté de la quaiffe,
eft un double canal offeux
contourné en limaçon
creusé dans la fubftance
melmede la roche , dont la
Liij
126 MERCURE
baſe ou gros bout regarde le cerveau , & dont la
pointe eft tournée vers la
quaiffe , ou vers l'œil du
fpectateur. Ce canal devient double par le moyen
d'une lame offeufe tresgrefle, quile divife en deux
parties dans toute fa longueur , l'une fuperieure &
F'autre inferieure , en formant comme le bas d'une
vis , autour du noyau de ce
limaçon. On voit quelques limaçons dans les cabinets des curieux , dont
la coquille a de meſme un
GALANT. 127
double canal tout femblable. Ce canal eft chanfrené interieurement d'une
reneure ou fente qui regne
tout le long du bord exterieur de cette lame avec
laquelle elle eft jointe par
unemembranetres-deliée,
femblable aux précedentés, laquelle tapiffe tout ce
double canal en dedans.
Cette membrane eft au
refte tellement adherente
à l'arefte de cette lame ou
pas de vis & au canal
qu'une partie de ce doublecanaln'a point de comLiiij
128 MERCURE
munication avec l'autre ,
fi ce n'est au plus par la
pointe du limaçon ; mais
un des deux canaux du limaçon aboutit au chaffis
ou trou rond, & l'autre va
fe rendre à la voute par
une ouverture contigue à
ce trou rond. Ily a un ra
meau de la partie molle du
nerf auditif ou feptiéme
paire , qui paffant par la
bafe du limaçon fe répand
dans fa membrane en une
infinité de petits rameaux,
par autant de petits trous
qui ne font gueres vifibles.
GALANT. 129
qu'avec unbó microſcope.
12. Le labyrinthe contient trois canaux offeux ,
à peuprès femicirculaires,
qui s'implantent fur le co
fté gauche de la voute dans
laquelle ils s'ouvrent par
cinq embouchures feule
ment , & non pas par fix ,
parce qu'il y en a une qui
eft commune à deux canaux. Les fommets de ces
canaux ou arcades regardent le derriere de la tefte ,
& leurs embouchûres lei
devant ; de forte qu'ils fe
prefentent à l'œil du fpec-
130 MERCURE
tateur dans une fituation
prefque tout -à - fait couchée & renversée vers la
gauche. Ils font tapiſſez
en dedans d'une membrane ou periofte auffi tresfin , comme tous les autres os de l'oreille , dans
lequel periofte fe diftribuent cinq branches du
mefme nerf auditif , par
des cinq embouchûres des
trois canaux , fçavoir une
dans la membrane de chaque canal où elle ſe ramifie & fe perd en une infinité de branches , avec au-
GALANT. 131
tant de branches d'arreres
& de veines.
13. Voila en verité bien
des merveilles renfermées
dans un bien petit efpace,
trois chambres , un veftibule , un cul de fac , un
aqueduc , quatre chaffis, 4
offelets , 3. muſcles , un ligament ou muſclefourchu
un nerf, un double canal
fpiral avec fa lame & fon
nerf,trois canaux femicirculaires , avec cinq branches de nerfs : le tout recouvert d'une membrane
où ſe perdent une infinité
132 MERCURE
de rameaux d'arteres , de
veines , & de nerfs , fans
compter les anfractuofitez
de la premiere chambre ,
& defon cul de fac ; ni toute la ftructure de l'oreille
exterieure , & de fon entonnoir ; c'eſt à dire que la
3
Nature employe au moins
trente parties confiderables pour la perfection de
l'oüye , elle qui n'en employe qu'environ le tiers ,
pour celle de la veuë ; ce
qui fuffit pour faire juger
de quelle importance eſt
l'oüye à l'homme , &
que
GALANT. 133
ée fens ne cede en rien à
celuy de la veuë s'il ne la
furpaffe pas. Il ne refte
plus maintenant que de
faire voir que la Nature
n'a rien fait d'inutile dans
la conftruction de l'oreille,
& que nous n'avons pas décrit unepartie qui n'ait fon
ufage particulier.
14. Mais avant que d'expliquer tous ces uſages , il
eft bon de remarquer que
les unes font abfolument
neceffaires pour entendre ,
& que d'autres font faites
feulement pour entendre
134 MERCURE .
mieux. De plus que les unes
font faites pour entendre,
les bruits , ou fi l'on aime
mieux les fons , dont la durée eft fi courte qu'il ne
refte aucune idée de leur
degré ou ton ; d'autres font
données pour ouir & dif
tinguer les voix , dont la
durée n'eft pas tout-à-fait
fi courte que le bruit , &
dont il eft neceffaire de
reconnoiftre les degrez ou
tons qui en marquent les
differentes paffions & affections. Enfin il y a d'autres parties que la Nature
GALANT. 135
a faites pour entendre &
diftinguer les fons avec
toutes leurs varietez , inmodifications
flexions , gradations , &
quelconques , & les pouvoir retenir & mefme repeter. Er
pour diftinguer toutes ces
parties , il faut confiderer,
qu'un feul chaffis à l'entrée de l'oreille avec une
cavité ou chambre derrie
re , fuffit abfolument pour
entendre le bruit , puiſque
la plupart des poiffons
n'ont que cela, quoy qu'on
trouve dans quelques -un
136 MERCURE
les trois canaux du labyrinthe , ou feulement deux.
Ou fil'on veut l'entonnoir
avec fon chaffis au fond ,
&une cavité derriere, font
fuffifans , comme dans la
Taupe qui entend fi clair ,
& dans plufieurs oifeaux
& reptiles qui n'en ont pas
davantage. Ce chaſſis meſme peut eftre cartilagineux, du moins enfon centre , comme dans la Tortuë, dans laquelle il eft convexe en dehors & concave
en dedans pour recevoir le
bout de la queuë du marteau ,
CALANT. 137
i .
teau , lequel eft fait en cone , dont la bafe eft collée
immediatement au chaffis
ovale ; car dans tous les
ovipares ce feul offelet ou
ftylet fait l'office des quatre dont nous avons parlé.
De plus les anfractuofitez
des parois de la premiere
chambre, ou de la quaiffe
nefont pas non plus abfolument neceffaires ; puifque cette cavité eſt ſi´unie
dans les chiens , les chats ,
les brebis , les lions , &c.
La coquille mefme ou le limaçon ne fe trouve pas
Février 1712.
M
138 MERCURE
dans les oifeaux , & dans
plufieurs autres animaux ,
qui font cependant fort
clairoyants , comme dans
les tortuës &c. ce qui
prouve affez qu'elle n'eft
pas abfolument neceffaire
pour ouir le bruit , ni mefme les fons , dont les oifeaux font fi fufceptibles.
Mais il faut remarquer
auffi qu'il fe trouve en recompenfe dans les oiſeaux,
& dans les Tortuës , &c.
c'eft- à-dire , dans les ovipares , enla place de la coquille , un fac offeux tapif-
GALANT. 139
sé d'une membrane tresfine , lequel s'ouvre com
mela coquille dans la Voute. Souvent auffi il ne fe
trouve que deux canaux
femicirculaires au labyrin
the , au lieu de trois ; &
dans les Tortuës il ne s'en
trouve aucun , ainfi ils ne
font pas abfolument neceffaires pour entendre le
bruit.
2.
15. Cecy eſtant eſtablyje
confidere que pour appercevoir le bruit dont la du
rée eft fi courte , ( à moins
qu'il ne fuft rejetté pluMij
140 MERCURE
fieurs fois , ) il fuffit que les
chaffis exterieur foit frapé par l'air fans qu'il foit
neceffaire que fa tenfion
ny
foit à l'uniffon des fremiffements du bruit ,
mefme dans aucune confonance prochaine , comme il eft neceffaire pour
le fon. Car les premieres
impreffions du bruit choquant ce chaffis , l'ébranlent avec les efprits qu'il
contient , ou plufſtoft ceux
qui font contenus dans le
filet de nerfqui eft appliqué derriere ; & par là fe
GALANT 141
communiquentà l'air interieur , lequel eftant mis en
reffort , frappe à fon tour
tout ce qu'il rencontre
dans la premiere chambre;
de forte que s'il eft necef
faire pour la conſervation
de l'animal d'une tresprompte fenfation , elle fe
fait alors non feulement
fur le chaffis meſme & fur
fon nerf , dont l'ébranlement dure autant que celuy du bruit ; mais encore
fur la membrane qui tapiffe toute la quaiffe &fon
fac aveugle; & particulie-
142 MERCURE
rement fur la partie de cette membrane qui couvre
l'aire de l'eftrier ou le nerf
dur auditif, envoyeun rameau , laquelle eſt ſuſceptible des mefmes ébranlemens que le grand chaffis
&fon nerf; les muſcles de
la quaiffe n'ayant pas le
loifir de tendre le premier
chaffis , pour le mettre en
confonance prochaine avecle bruit. Quand la premiere impreffion de cet air
interieur fur les parois de
la quaiffe , fur l'aire de
l'eftrier , & fur le chaffis
GALANT. 943
rond eft passé , le cul de
fac fait fentir alors fes reflexions au dedans de葡 la
quaiffe , & par là prolonge la durée du bruit interieur , ce qui l'imprime
plus avant dans l'imagination.
A l'égard des animaux
qui n'ont que l'entonnoir
de l'oreille avec le premier
chaffis aufond , comme la
Taupe , ou mefme un feul
chaffis à l'entrée de l'oreille fans entonnoir , comme
la plupart des poiffons ,
( les Tortues ont auffi ce
144 MERCURE
premier chaffis à l'entrée
de l'oreille , outre celuy qui
eft à l'entrée de la quaiffe )
il est évident que le bruit
exterieur fait d'abord fon
impreffion fur ce chaffis
mefme , non pas en luy
communiquant des tremblements qui durent confiderablement, n'eftant tiré par aucun muſcle qui
le mette en confonance
parfaite avec ce bruit; mais
par quelques chocs & rechocs qui font un ébranlement dans les filers de
nerf répandus dans toute
la
GALANT. 145
是
la membrane qui tapiffe
la cavité qui eft derriere
ce chaffis. Il faut dire la
mefme chofe de la membrane de l'eftrier , pour les
animaux où elle fe trouve ,
laquelle n'eft non plus tendue par aucun muſcle.
Mais un fentiment confus
du fon ou bruit fuffit pour
avertir l'animal ,
lorfqu'il
ne s'agit point de diftinguer le ton , ny les degrez
desfons, & d'yrefpondre.
Le chaffis rond eft auffi
frappé & ébranlé de mef
me que la membrane de
N Février
1712.
146 MERCURE
Feſtrier ; mais comme il
n'eft point en conſonance
avec le bruit exterieur , fes
ébranlemens font bien toft
paffez , & ne fe communiquent que foiblement à
l'air contenu dans le canal
du limaçon qu'il couvre ,
& à la membrane qui tapiffe ce canal , ou pluftoft
aux efprits contenus dans
les filets de nerf qui s'y
diftribuent , & voilà tout
ce qui regarde les bruits
prompts , foibles ou violens , où il ne s'agit point
d'appercevoir les degrez
GALANT. 147
du fon , ou des autres modifications,mais feulement
de prendre fon parti dans
le moment. Al'égard des
differentes efpeces de
bruits , il eft évident qu'el
les ne confiftent que dans
les differentes rithmiques
des vibrations de l'air ; ces
tremblements n'eftant pas
fufceptibles d'autres varietez que de differentes for
ces &
promptitudes , comme on le remarque affez
dans la rithmique du tambour, &
commeje l'expli
que au long dans la melodie.
Nij
148 MERCURE
16. Pour ce qui eft des
bruits où il eft utile de
diftinguer les gradations ,
comme dans la parole, particulierement dans celle
qui procede par inflexions,
comme chez les Normands , Auvergnats , Gafcons , Dauphinois , Chinois , &c. dans laquelle cependant les fons ne doi
vent pas durer , de crainte
qu'ils ne fe confondent , le
grand chaffis eft alors tendu par le grand adducteur ,
pour eftre mis en quelque
confonance prochaine a-
GALANT. 149
vec lavoix qui parle , & en
mefme tempsavec le chaffis rond , pendant les inflexions les plus fenfibles
de la voix , comme dans
toutes les patetiques. Par
ce moyen le chaffis exterieur reçoit plus aisément,
& conferve plus longtemps les ébranlements du
fon de la voix , &les tranf
met à tout l'air de la quaiffe , lequel air fe fait fentir
encorefur la membrane de
l'eftrier qu'il ébranle , auſſi
bien que fur le chaffis rond
qu'il ébranle encore
Niij
150 MERCURE
mieux ; & celui cy à fon
tour ébranle fenfiblement
& affez long- temps l'air
du canal qu'il ferme , pour
donner à fa membrane le
fentiment de la parole , &
de fes inflexions differentes. Et c'eſt le nerf quieft
derriere le grand chaffis
qui par l'émotion des efprits qu'il contient , & par
la communication qu'il a
avec le mufcle long, fait
gonfler ce muſcle , & le
met en contraction , mais
foiblement à caufe du peu
de durée des fons de la
voix , & du peu de confo-
GALANTY IS!
nance qu'ils ont entr'eux ,
ce qui oblige ce muſcle d'e
ftre dans un changement
d'action continuel. A l'égardde l'eftrier , quoy qu'il
Toit alors pouflé en quel
que forte en arriere par fa
pointe , par la jambe de
l'enclume , comme on l'a
desja dit , il netend cependant que tres- foiblement
le chaffis ovale ; à caufe de
l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'ef
trier,(car c'eſt le feul uſage
de ces articulations ; ) autrement les ébranlements
2
Niiij
152 MERCURE
de la voix fe feroient fentir aux nerfs muficaux du
labyrinthe, & produiroient
des fons dans le cerveau
ou une espece de chant ,
court à la verité , mais non
pas un bruit tel que la
voix. Ainfi les paroles feroient confufes commeles
fons des cordes d'une harpe non affourdies , & non
pas diftinctes comme elles
le doivent. On peut adjoufter, fi l'on veut, que les
ébranlements de l'air dela
coquille caufez par la voix.
font fortifiez par le retre-
GALANT. 193
ciffement de fon canal vers
lefommet dulimaçon. Au
refte ces ébranlements doivent tousjours eftre trescourts , à caufe que le chaf
fis rond n'eft prefque ja
mais en confonance par
faite avec l'air exterieur,
C'est pour cela qu'il n'en
refte prefque pas de trace
au cerveau , & qu'il eft fi
difficile d'imiter & de rendre les gradations de la parole , & s'il en refte quelque idée foible , ce ne peut
eftre que par un leger ébranlement d'air qui peut
154 MERCURE
paffer de la coquille dans
le labyrinthe.
De là l'on peut juger que
les animaux qui font pri
vez de la coquille , comme
la plupart des oifeaux , les
Tortues , les Taupes , les
poiffons , &c . n'entendent
la parole que comme un
fimple bruit , c'eft-à- dire ,
confusément ; c'est pour
cela que ces animaux ne
reçoivent aucun nom , &
n'obeïffent pas à la parole
de l'homme; quoyque d'ail,
leurs la plufpart de ces animaux, principalement les
GALANT iss
Tortues &lesTaupes ayent
le fens de l'oreille tres fin ;
comme ceux qui prennent
des Taupes , ou qui vont
varrer les Tortues lors qu
elles pondent leurs œufs
fur le fable de la mer , s'en
apperçoivent affez. Mais
tous ces animaux ont derriere le chaffis interieur de
l'oreille des cavitez ou facs
aveugles tapiffez de membranes extremement fines,
ou la partie molle du nerf
auditif envoye des branches ; &la grandeur de ces
parties recompenfe ce qui
leur manque d'ailleurs.
*56 MERCURE
A l'égard des autres anímaux qui ont la coquille ,
commeles chiens , les chevaux , les finges , les élephans , &c. on trouve en
eux une espece de docilité
qui fait connoiftre qu'ils
diſtinguent les voix : car ils
entendent les noms qu'on
leur donne , & les commandements qu'on leur
fait ; ils diftinguent les paf
fions de la voix , la joye , l'a
colere , la triſteffe , la flatterie , &c. & y refpondent
par des fignes fenfibles ;
ce que ne font pas les au-
GALANT. 157
tres animaux qui en font
privez , les oifeaux ne laiffent pas d'ouir la voix lorfqu'on leur parle fur un cer1
tain ton qui eft celuy de
leurs chaffis ; mais pour les
faire bien entendre il faut
donner outre cela une certaine tenue ou durée à la
voix à peu près come fi l'on
chantoit, & repeter mefme
les mots plufieurs fois afin
que leur grand adducteur
ait le temps de bander
leurs chaffis. C'est pour
cela que les oifeaux n'ont
commerce entre eux que
158 MERCURE
par leurs chants,au lieu que
les quadrupedes & autres
animaux terreftres, comme
les chiens , les chats , les
brebis , les chevres , les
boeufs , les cigales , les grillons , les cloportes , les
couleuvres fonnantes , &c.
ont une espece de commerce entre eux à l'aide de
leurs voix , ou de quelque
inftrument qui fait en eux
le mefme office que la fimplevoix. Onpourroit pen.
fer de quelques hommes
qui n'entendent & n'apprennent que ce qu'on leur
GALANT. 159
chante , & qui ne refpondent qu'en chantant , la
mefme chofe que des oifeaux , fçavoir qu'ils font
peut -eftre privez tout - à -
fait de la coquille , ou du
moins que fon chaffis eft
extremement tendu , ou
extremementrelafché. Mr
Caffegrain le frere de celuy
qui nous a donné des proportions de la Trompette
Vocale, & qui eftoit fort de
mes amis , eftoit de cette
efpece , il eftoit undes plus
habiles Mouleurs du Roy,
& je luy ayparlé il y a bien
160 MERCURE
36 =
vingt cinq ans ; peuteftre n'y en a - t- il pas dix
qu'il eft mort, ainfi onen
pourroit encore fçavoir
des nouvelles chez les Scul
pteurs du Roy. Mais ne
pourroit -on point penfer
au contraire que ceux qui
font infenfibles à l'harmo
nie, comme unde mes parents d'llliers , dont j'ay
parlé ailleurs , & qui eſt
vivant , & pluſieurs autres
de mes amis , ou font privez du labyrinte , ou du
moinsdugrand adducteur,
& peut-eftre auffi de l'adducteur
GALANT. 161
ducteur de l'étrier. Quant
aux fourds qui entendent
tous clair au milieu du
grand bruit , on peut penfer que le nerf qui eft der
riere le grand chaffis de
leur oreille eft relaſché , ou
ce chaffis luy meſme , ou
tous les deux enſemble , ce
qui les rend peu fufceptibles des ébranlements du
bruit, Mais les bruits violents , les fecouffes des carolfes , &c. ébranlants les
efprits ou de l'oreille exte
rieure , ou mefme du cerveau , il s'en fait un reflus
·
Février 1712 . O
162 MERCURE
dans les muſcles de l'oreille interieure qui les mer en
contraction. Ce relafchement du grand chaffis
vient fouvent d'avoirfouffert une percuffion trop
violente , comme il eft arrivé à quelques perfonnes
par le bruit d'un canon
dont ils eftoient trop près.
17. Enfin à l'égard des
fons , comme ils ont une
durée fenfible , lorfqu'ils
viennent frizer le chaffis
exterieur & en mefme
temps le nerf qui eft couché derriere , ils mettent
GALANT: 163
les efprits qui y font contenus en action , laquelle fe
communique enfuite aux
mufcles adducteurs de la
quaiffe, qui tirent le marteau & l'étrier , & ces mufcles entrat en contraction
tendent le grand chaffis ,
& le chaffis ovale , pour
les mettre en confonance
parfaite avec le fon exterieur , fçavoir avec celuy
de la principale note du
mode , qui eft ordinairement la quinte fur la fi.
nale , & c'eft à cela principalement que les prélu
Ò ij
164 MERCURE
•
?
des font utiles. Alors toutes
les autres notes du mode ,
principalement la finale
la mediante , & l'octave ,
avec leurs repliques peuvent s'exprimer beaucoup
plus aisément fur ces deux
chaffis , c'eft à dire qu'ils
deviennent par ce moyen
plus fufceptibles de la ritmique dans laquelle confiftent les confonances &
les accords des fons de ce
mode , & mefme de toutes
fes notes accidentelles
tant diatoniques , que cromatiques ; quoyque les
GALANT. 165
rapports de leursvibrations
avec les bafes du mode
foient plus éloignés. Et
cette tenfion de ces deux
chaffis ne fe change que
quandon change la dominantedu premiermode en
celle d'un autre , ou que
quand on infifte trop longtempsfur le cromatique. Si
l'on veut avoir quelqu'idée
fenfible de cette ritmique
dans laquelle confifte toute l'effence des intervalles
muficaux , c'eft à dire des
confonances & des diffonances , il nefaut que pro
166 MERCURE
portionner les longueurs
des balanciers de deux ou
trois ou quatre Pendules ,
de telle ſorte qu'un faiſant
par exemple deux vibrations , un autre qui commence en mefme tems en
faffe 3. alors on entendra la
ritmique de la quinte, c'eftà dire la quinte. Si dans le
tems que le premier en fait
par exemple 4. le fecond
en fait cinq , le troifiéme
fix , & le quatriéme huit
tous quatre commençant
en meſme temps , on entendrala rithmique de l'ac
GALANT. 167
cord, ( ut mifol ut) c'est- àdire , en un mot on aura
une fenfation nette de cet
accord & non confuſe ,
comme elle l'eft pour les
oreilles non muficales. Et
ainfi de tous les autres accords , ce qu'on trouvera
plus amplement traité
dans noftre Melodie.
Les ébranlements que
le grand chaffis & fon marteau ontreceus , font communiquez immediatement
à l'enclume , & à l'eftrier
qui les communiquent à
leur tour au chaffis ovale,
168 MERCURE
& celui cy les fait paffer
à l'air de la voute ou veftibule avec toutes leurs va
rietez , lequel les communique fur les cinq ou fix
differents filets du nerfmufical répandus dans les canaux femicirculaires. On
peut mefme penfer qu'il y
a dans ces differents filets
des efprits plus ou moins
agitez , ou que ces filets
mefmes font tellement
proprtionnez en grof
feur , longueur & tenfion,
que commeils font en l'air,
ils font par confequentfuf
ceptibles
GALANT. 169
ceptibles , l'un des ébranlements de la finale , un
autre de ceux de la mediante , un troifiéme de
ceux de la dominante , un
autre de ceux de l'octave ,
& un cinquième enfin de
ceux de la dixiéme ou pluftoft ( ce qui peut revenir
au mefme ) comme unfon
eft prefque tousjours accompagné de fes multipliés , fçavoir l'octave , la
douzième , la double octave , la dix-feptieme , & la
dix- neuviéme ( quoyqu'ils
ne foient pas tousjours ai
Février 1712.
P
170 MERCURE
sés à appercevoir , particu
lierement dans les fons fort
aigus )on peut penser que
ces differens fons s'impriment fur ces filets , un fur,
chacun & comme ces
filets ne font au plus que
fix en nombre , on voit
que l'intervalle de ſept
un n'y peut avoir lieu , ny,
par confequent toutes les
autres relations ( 2,7,2,3, ( Z Z z
2 ,,, ) &c. qui en font dérivées ; au lieu que tous les
intervales ,,,, &c .
font renfermés dans les
précedens. Et comme la
8
-
GALANT. 171
parole eft fouvent jointe
avec la voix, on peut penfer qu'alors elle fe fait fentir dans le canal du limaçon qui répond à la voute
pluftoft que dans le labyrinthe , à caufe de la lame
fpirale de ce canal , qui eft
fufceptible d'une plus grande quantité de varietés de
bruit que les nerfs du labyrinthe , par fa figure triangulaire & par fa longueur.
Ileft évident que la mefme chofe doit fe paffer
dans tous les animaux qui
ont le labyrinthe. C'eft
Pij
172 MERCURE
pour cela qu'on trouve des
chiens , & mefme des chevauxqui font extremement
fufceptibles de la muſique ,
comme unbichon que j'ay
eu autrefois, & deux autres
chiens qui font encore
chez deux des premiers
muficiens de Paris de ma
connoiffance. Onfçait que
les Roffignols l'aiment
éperduement. Les Elephants , les cameleons , les
araignées nommées Tarentules , & c. enfont auffi
tres fufceptibles. Et comment penfer que tant d'a-
GALANT. 173
nimaux paffent une bonne
partie de leur vie à chan
ter , comme les oifeaux, les
grenouilles , les cigales, les
graiffets , &c. fans qu'ils y
prennent quelque plaifir ?
18. A l'égard de la correfpondance qu'il y a entre l'oreille & la glotte , ou
le larinx , qui fait qu'on répete dans le moment les
fons qu'ona entendus avec
toutes leurs varietez , il eft
évident qu'elle ne peut
confifter que dans la cor
refpondance qu'il y a entre
les racines du nerf auditif
Piij
174 MERCURE
ou de la feptiéme paire
& celles du nerf chanteur
qui eft la cinquiéme , laquelle fe répand dans l'o
reille , auffi bien que dans
-le larinx , car ces racines
communiquant entre elles
dans la bafe du cerveau, les
motions des efprits contenus dans le nerf auditif,
y
paffent aisément dans celuy de la glotte , outre que
celles de l'oreille interne
paffent auffi immediate
ment par les rameaux que
cette cinquième paire envoye à ces deux parties ,
GALANT 475
c'eft enfin par là qu'onpeut
expliquer pourquoy les
fourds de naiffance font
privez de l'ufage de la pa
role, &plufieurs autres que
ftions de cette nature.
M. Duverney, ficelebre
par fa profonde connoiffance de l'Anatomie
nous a donné fon Traité
de l'oreille, plufieurs ha
biles Anatomiftes , Medecins & Phyficiens de
France ,
d'Allemagne ,
d'Italie & deHollande ,
ont produit d'excellens
ouvrages fur le même
fujet, fans avoir cependant entierement épuiſé
cette matiere , ni même
96 MERCURE
s'être bien accordéz fur
fes parties , & fur leur
ufage. C'est ce qui a
porté M. Parent à joindre ce qu'il a vû de ſes
yeux , & ce qu'il a tirédefes reflexions aux découvertes de ces fçayants , en faveur du public ; coment il a fait le
mois précedent, à l'égard
de la circulation du fang
des animaux , & de leur
refpiration , & par le
même motif..
GALANT 97
LES MERVEILLES
de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit desfons.
JE nem'arrefteray pas à
parler icy de l'oreille exterieure , dont la ftructure &
l'uſage paroiffent aux yeux
de tout le monde. Car on
voit affez que ce n'est qu'une efpece de cornet mis à
l'entrée de l'oreille interieure pour raffembler le
bruit & les fons , pour les
fortifier & les introduire
dedans; ce qui fe confirme
Février 1712.
I
98 MERCURE
en ce que les animaux qui
enfont privez , ou à qui on
-les a coupées , entendent
moins clair que les autres ;
& que ceux au contraire
qui les ont plus grandes,
entendent le mieux; ou que
ceuxencore qui ont le plus
befoin d'entendre , ont les
plus grandes oreilles. A
l'égard de la figure appla
tie & repliée des oreilles
deshommes , on voit encore que la Nature ne les
a ainfi difposées , qu'afin
qu'elles parûffent moins
audehors , & qu'ils en ful-
GALANT. 29
fent moins embarraſſez, &
elle les a oftées aux oiſeaux,
& principalement auxpoif
fons,parce qu'elles les empefcheroient de voler & de
nager; ce qui leur appor
teroit plus de dommage
que d'utilité. Au reste la
direction dont la peau interne des oreilles eft frappée par le bruit & les fons ,
fait appercevoir le cofté
d'où ils viennent , à caufe
des ramifications du nerf
dur auditif , & du fecond
vertebral qui s'y répandent. Et c'est pour cela
I ij.
100 MERCURE
que cette partie eft fi fine ,
& fi fenfible dans les oifeaux qui ont l'ouye fort
fubtile , &mefmefi grande
dans les oifeaux nocturnes,
comme les Chouettes & les
Hiboux. La difference de
temps ou deforce dont une
oreille eft frappée pluftoft,
ou plus fort que l'autre ,
contribue encore beaucoup à faire appercevoir de
quel coftévient le bruit. A
l'égard des poiffons, & des
Tortues, &autres animaux
aquatiques qui ont l'entrée
de l'oreille fermée d'une
GALANT. 101 ΙΟΙ
membrane , la premiere
caufe de diftinction n'a.
point lieu chez eux.
2. Quant à l'oreille inte
rieure je fuppofe qu'on regarde de front celle d'un
homme , comme par exemple , la droite, lorfqu'il
eft dans fa fituation naturelle , & je remarque d'abord une espece de canal
fait en entonnoir un peu
tortueux , qui va en s'étreciffant &en baiffant un peu
du derriere vers le devant
de la tefte , fe terminer entre la bafe du crane &l'exI iij
102 MERCURE
tremité inferieure de l'os
des tempes à une portion
du crane appellée la Roche , laquelle contient le
refte de l'oreille que nous
appellons interieure, & qui
eft composée de quatre
chambres ou cavitez , de .
plufieurs challis , & d'autres parties dont on va faire le détail. Le fond de cett
entonnoir aboutit fous une
direction un peu inclinée à
une espece de chaffis que
j'appelle exterieur ou
grand chaffis , parce qu'il
eft tranfparent , & qu'on
GALANT 1931
1
peut y arriver immediatement de dehors. On l'ap
pelle la membrane du tambour , du nom de la premiere chambre interieure
qu'il ferme, qui aefté nommée le tambour , comme,
on va le dire. Ce chaflis
eſt enchaffé dans une portion d'anneau offeux qui
repreſente environ les
d'un cercle entier , lequel
eft collé fortement à l'entrée du trou du crane qui
communique du dehors à
F'oreille interieure , de telle
forte qu'il a fes deux corI iiij
104 MERCURE
:
nes tournées en haut , &
en cet endroit où cet anneau eft defectueux , le
grand chailis eft collé immediatement à l'os de la
refte.
C
3. Cette premiere chambre interieure qui eft fermée par le grand chaffis
reſſemble affez à la quaiffe
d'un tambour veu par le
devant , auffi l'appelle- t-on
encore fouvent la quaiffe ;
elle a cependant une efpece de cul de fac ou facaveugle appellé finus fupe.
rieur , qui s'étenden mon-
GALANT 105
tant du haut de la quaife
vers le derriere de la tefte ,
fur la main gauche , &
dont la longueur excede
mefme un peu toute celle
de cette chambre ; & tant
la quaiffe que fon cul de
fac font tapiffez d'une
membrane fort liffe , quoyque dans l'homme , le finge , le bœuf, &c. ces parties foient remplies d'un
nombre innombrable d'éminences & de foffettes ,
pareilles à celles que l'on
voit dans l'interieur de l'o
reille exterieure deschiens,
106 MERCURE
des chats & autres animaux ce qui ne fert pas
peu à multiplier & conferver les ébranlemens de l'air
contenu dans cette chambre & dans fon cul defac ;
commeonlediracy- aprés,
& comme chacun peut le
remarquer par le retentiffement qui le produit lorfqu'on jette une pierre dans
le puits d'une carriere .
4. On trouve vers le
haut de la quaiffe , & fur
la droite une espece de canal appellé Aqueduc.
Quoy qu'il ne ferve qu'à
GALANT. 107
conduire de l'air , fçavoir
de l'oreille dans la bouche ,
quand il eft trop dilaté
dans l'oreille par la chaleur
du fang ; & au contraire à
i en faire entrer de la bouche dans l'oreille quand celuy de l'oreille eft trop condensé le froid exte- par
rieur , le tout pour empef
cher le grand chaffis d'ef
tre offensé par le reffort de
Fair interieur ou extérieur.
•
. On voit encore en
face & aufond dela quaiffe
deux autres feneftres fer- Ax
mées chacune d'un chaffis
108 MERCURE
particulier , de mefme nature que le premier , dont
Pinferieure qui tire unpeu
fur la droite eft ronde, d'ou
elle a tiréfon nom , de mef
me que ſon chaffis. La fuperieure qui eft plus vers la
gauche & au deffus de la
ronde , eft de figure ovale ,
d'où elle a aufli pris fon
nom. Elle eft couchée en
travers & en defcendant,
un peu de droite à gauche ,
& fermée d'un troifiéme
chaffis de mefme figure &
de mefme nom qu'elle.
6. Cette derniere fenef
GALANT. 109
tre communique dans une
feconde cavité ou chambre appellée la Voute qui
eft fituée directement derriere la quaiffe du cofté du
cerveau. La Voute a tire
fon nom de fa figure arondie par le haut , elle eft un
peu plus petite que la quaif
fe , unie & tapiffée de mefme qu'elle. On la nomme
encore le Veſtibule , parce
qu'elleeft fituée entre deux
autres cavitéz , dont l'une
qui eft à droite , fe nomme
la Coquille , ou le limaçon;
& l'autre qui eft à gauche,
110 MERCURE
·
a efté nommée le labyrinthe avec lesquelles elle
communique par des por
tes toutes ouvertes , eftant
à peu prés au meſme niveau que la quaiffe & que
ces deux dernieres cavitez.
A l'égard de la feneftre
ronde , elle fait la communication de la quaiffe avec
la coquille , dont on donnera la defcription incontinent , de mefme que du
labyrinthe , & fon chaffis
n'eft qu'une continuation
de la membrane de la
quaiffe , de mefme que le
haffis ovale.
GALANT. IH
17. Quant aux autres parties qui fe trouvent dans
la premiere chambre , outre le cul de fac, l'aqueduc,
le grand chaffis , le rond ,
& l'ovale , dont on vient de
parler , on voit fur le mi
lieu du grand chaffis , &
commeenface un premier
offelet , dont la figure a
quelque rapport à celle
d'un marteau, cu pluſtoft
d'un gond, & qu'on a nom
méle marteau ; mais qui a
encore beaucoup plus de
rapport à la jambe d'un
homme, qu'on auroit cou-
112 MERCURE
ce
pée fous le genoüil , & qui
feroit collée contre
chaffis , dans un ſens renversé , ou de haut en bas ;
en forte que le talon fuft
appliqué contre fon bord
fuperieur , & le gras de la
jambe fur le chaffis, le bout
de la jambe finiffant au milien de cette membrane;
ainfi ce marteau où cette
jambe eft veuë comme par
derriere , & un peu panchée fur la gauche , par
l'œil qu'on fuppofe tousjours fitué au devant de
l'oreille. Le bout de cet
offelet
GALANT 113
offelet qu'on peut regarder comme le bout du
pied , eft arrondi , & contient deux éminences &
une petite cavité ; il eft
tourné vers le dedans de
la quaiffe , & va s'implan-,
ter fur la tefte d'un fecond
offelet appellé l'enclume
parrapport au premier. La
figure de ce fecond os ,
reffemble affez à celle d'u-.
ne groffe dent à deux fourchons , qui les auroit un
peu écartez l'un de l'autre ,
& inégaux en longueur.
La tefte de cette enclume
Février
1712.
K
114 MERCURE
ou dent , a auffi une émi
nence ronde , qui fe loge
dans la cavité de celle du
marteau , & deux cavitez
pour loger reciproquement les éminences rondes du bout du marteau
afin que ces deux os tiennent plus fortement attachez & articulez l'un à l'autre par leurs ligamens , &
par la membrane commune qui les enveloppe. La
plus petite des deux jambes de la dent va s'appuyer
dans un angle du bas & du
devant de la quaiffe du co-
GALANT. 15.
ſté gauche , où elle eft attachée mobilement dans
une petite cavité par un
ligament particulier au
delfous du cul de fac. La
plus grande jambe qui eft
un peu contournée par le
bout , va s'articuler avec
un troifiéme offelet nommé l'eftrier, fait commeun
triangle ifofcele , dont la
pointe oufommet eft joint
avec le bout de cette jambe par un quatriéme os
beaucoup plus petit que les
trois premiers , & de la figure d'une lentille, ou pluf
K ij
116 MERCURE
toft d'une menifque qui
leur fert comme de rotule
ou de genoüil. La baſe de
ce triangle qui eft un peu
plus groffe que les deux coftez , eft collée au chaffis
ovale, ou troifiéme chaffis,
en telle forte que ce chaffis.
la deborde tant foit peu
tout autour. L'enclume
la lentille , & l'eftrier font
articules entr'eux par des
ligamens particuliers , à
l'entrée du cul de fac , &
chacun recouverts de la
membrane de la quaiffe ,
qui eft fi fine , & fi adhe
1
GALANT. 117
rente aux os , que dans les
fujers un peu défeichez, elle
fuit prefque la veuë. Cela
n'empefche pas qu'elle ne
paroiffe avec le microfcope parfemée d'une infinité
de vaiffeaux fanguins &
nerveux , comme tous les
autres perioftes , pour fervir à la nourriture de ces
os ; elle fert encore à les
couvrir contre les injures
de l'air , à fortifier les jambes de l'eftrier , dont elle
couvremanifeftement l'ai-.
re & enfin à recevoir &
faire fentir les impreffions.
du bruit.
ཕྱི
IS MERCURE
8. Les trois offelets , le
marteau l'enclume , & l'ef
trier font remuez par trois
muſcles , dont le plus grand
qui part du fond, & du haut
de le quaiffe unpeu à droite , la traverſe de derriere
en devant , & vient s'attacher au milieu de la jambe
du marteau , de forte qu'en
tirant cette jambe , il l'a
meine avec legrand chaſſis
un peu en dedans , ce qui
le tend , & le rend mefme
un peu concave du cofté
de dehors , à peu près commeun entonnoir à poudre
GALANT. 11)
fort évasé. On l'appelle
le muſcle long ; on pourroit le nommer encore le
grand adducteur du chaf
fis exterieur. Un fecond
muſcle beaucoup plus
court , qui vient de dehors
la quaiffe , du cofté droit ,
la perce dans fa partie fuperieure, va s'attacher proche du talon du marteau
à une petite éminence qui
eft en cet endroit , laquelle
il tire & ferre contre la paroy exterieure de la quaiffe
en l'appuyant fur une pareille éminence de cette
120 MERCURE
partie, par ce moyenil retire le marteau , & tout le
chaffis en mefme temps
vers le dehors de la quaiffe,
& mefme l'enclume avec
l'eftrier, à caufe de la liai-,
fon de l'enclume avec l'ef
trier & le marteau ; au moyen de quoy il reftablic
toutes ces parties dans leur
eftat naturel lorfqu'elles
en ont efté oftées. Ainfion
peut le regarder comme le
moderateur des deux autres muſcles. Le troifiéme
& dernier muſcle eft attaché à le tefte ou pointe de
l'eftrier ,
GALANT. 121
l'eftrier , & part d'une petite cavité de la quaiffe fituée fur la gauche de l'ef
trier , mais fort proche &
un peu derriere ; en forte
quetoute fon action eſt de
retirer l'eftrier vers le fond
de la quaiffe , & de l'enfoncer par ce moyen dans
le trou ovale , en le renverfant tantfoit peu du cofté gauche , ce qui tend fa
membrane par deux raifons à la fois. Mais en mefme temps ce mufcle de
l'eftrier tire l'enclume & le
marteau vers le fond de la
Février 1712.
L
122 MERCURE
quaiffe , ce qui bande auſſi
le grand chaffis. Ainfi ces
chaffis peut eftre tendu
deuxmufcles independammentl'un de l'autre. Mais
par:
quand le muſcle long agit,
quoyque l'eftrier foit poufsé un peu par fa pointe ,
fçavoir par le bout de la
longue branche de la dent.
Cependant le chaffis ovale
n'eft pas confiderablement
tendu pour cela , comme
quand tous deux agiſſent
de concert , à caufe de l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'étrier.
GALANT. 123
19. Outre ces trois mufcles , l'enclume & le marteau font encore comme
fufpendus par un ligament
ou muſcle fourchu , attachépar fon tronc à la partie gauche &fuperieure de
la quaiffe au deffus de ces
deux os ; & par fes deux
branches à la tefte du marteau , & à celle de l'enclu
me, il fert à tenir ces deux
os en fituation & unis entre eux , & fuppléé à la delicateffe de leurs ligamens
communs...
10. Enfin il y a un filet
Lij
124 MERCURE
de nerf de la cinquième
paire fort fenfible qui entrant de dehors dans la
quaiffe avec le muſcle moderateur , paffe par derriere le milieu du grand chaf
fis fur lequel il eft couché
en croifant la jambe du
marteau , & de là continue
fon chemin vers le cofté
gauche & inferieur de la
quaiffe,pour s'aller joindre
au nerf dur auditif. Il fert
à fouftenir le grand chaſſis
contre l'effort du bruit , &
à en appercevoir les im
preffions & les varietéz.
GALANT. 125
Les branches du tronc de
ce mefme nerf fe refpandent dans les muſcles du
marteau & de l'eftrier , &
dans la membrane de la
quaiffe , ce qu'on doit bien
remarquer. oral setth
II. Le chaffis rond n'a
aucun muſcle qui le tende;
auffi n'en a- t- il pas befoin,
comme on le verra cyaprés. La coquille qu'il ferme du cofté de la quaiffe,
eft un double canal offeux
contourné en limaçon
creusé dans la fubftance
melmede la roche , dont la
Liij
126 MERCURE
baſe ou gros bout regarde le cerveau , & dont la
pointe eft tournée vers la
quaiffe , ou vers l'œil du
fpectateur. Ce canal devient double par le moyen
d'une lame offeufe tresgrefle, quile divife en deux
parties dans toute fa longueur , l'une fuperieure &
F'autre inferieure , en formant comme le bas d'une
vis , autour du noyau de ce
limaçon. On voit quelques limaçons dans les cabinets des curieux , dont
la coquille a de meſme un
GALANT. 127
double canal tout femblable. Ce canal eft chanfrené interieurement d'une
reneure ou fente qui regne
tout le long du bord exterieur de cette lame avec
laquelle elle eft jointe par
unemembranetres-deliée,
femblable aux précedentés, laquelle tapiffe tout ce
double canal en dedans.
Cette membrane eft au
refte tellement adherente
à l'arefte de cette lame ou
pas de vis & au canal
qu'une partie de ce doublecanaln'a point de comLiiij
128 MERCURE
munication avec l'autre ,
fi ce n'est au plus par la
pointe du limaçon ; mais
un des deux canaux du limaçon aboutit au chaffis
ou trou rond, & l'autre va
fe rendre à la voute par
une ouverture contigue à
ce trou rond. Ily a un ra
meau de la partie molle du
nerf auditif ou feptiéme
paire , qui paffant par la
bafe du limaçon fe répand
dans fa membrane en une
infinité de petits rameaux,
par autant de petits trous
qui ne font gueres vifibles.
GALANT. 129
qu'avec unbó microſcope.
12. Le labyrinthe contient trois canaux offeux ,
à peuprès femicirculaires,
qui s'implantent fur le co
fté gauche de la voute dans
laquelle ils s'ouvrent par
cinq embouchures feule
ment , & non pas par fix ,
parce qu'il y en a une qui
eft commune à deux canaux. Les fommets de ces
canaux ou arcades regardent le derriere de la tefte ,
& leurs embouchûres lei
devant ; de forte qu'ils fe
prefentent à l'œil du fpec-
130 MERCURE
tateur dans une fituation
prefque tout -à - fait couchée & renversée vers la
gauche. Ils font tapiſſez
en dedans d'une membrane ou periofte auffi tresfin , comme tous les autres os de l'oreille , dans
lequel periofte fe diftribuent cinq branches du
mefme nerf auditif , par
des cinq embouchûres des
trois canaux , fçavoir une
dans la membrane de chaque canal où elle ſe ramifie & fe perd en une infinité de branches , avec au-
GALANT. 131
tant de branches d'arreres
& de veines.
13. Voila en verité bien
des merveilles renfermées
dans un bien petit efpace,
trois chambres , un veftibule , un cul de fac , un
aqueduc , quatre chaffis, 4
offelets , 3. muſcles , un ligament ou muſclefourchu
un nerf, un double canal
fpiral avec fa lame & fon
nerf,trois canaux femicirculaires , avec cinq branches de nerfs : le tout recouvert d'une membrane
où ſe perdent une infinité
132 MERCURE
de rameaux d'arteres , de
veines , & de nerfs , fans
compter les anfractuofitez
de la premiere chambre ,
& defon cul de fac ; ni toute la ftructure de l'oreille
exterieure , & de fon entonnoir ; c'eſt à dire que la
3
Nature employe au moins
trente parties confiderables pour la perfection de
l'oüye , elle qui n'en employe qu'environ le tiers ,
pour celle de la veuë ; ce
qui fuffit pour faire juger
de quelle importance eſt
l'oüye à l'homme , &
que
GALANT. 133
ée fens ne cede en rien à
celuy de la veuë s'il ne la
furpaffe pas. Il ne refte
plus maintenant que de
faire voir que la Nature
n'a rien fait d'inutile dans
la conftruction de l'oreille,
& que nous n'avons pas décrit unepartie qui n'ait fon
ufage particulier.
14. Mais avant que d'expliquer tous ces uſages , il
eft bon de remarquer que
les unes font abfolument
neceffaires pour entendre ,
& que d'autres font faites
feulement pour entendre
134 MERCURE .
mieux. De plus que les unes
font faites pour entendre,
les bruits , ou fi l'on aime
mieux les fons , dont la durée eft fi courte qu'il ne
refte aucune idée de leur
degré ou ton ; d'autres font
données pour ouir & dif
tinguer les voix , dont la
durée n'eft pas tout-à-fait
fi courte que le bruit , &
dont il eft neceffaire de
reconnoiftre les degrez ou
tons qui en marquent les
differentes paffions & affections. Enfin il y a d'autres parties que la Nature
GALANT. 135
a faites pour entendre &
diftinguer les fons avec
toutes leurs varietez , inmodifications
flexions , gradations , &
quelconques , & les pouvoir retenir & mefme repeter. Er
pour diftinguer toutes ces
parties , il faut confiderer,
qu'un feul chaffis à l'entrée de l'oreille avec une
cavité ou chambre derrie
re , fuffit abfolument pour
entendre le bruit , puiſque
la plupart des poiffons
n'ont que cela, quoy qu'on
trouve dans quelques -un
136 MERCURE
les trois canaux du labyrinthe , ou feulement deux.
Ou fil'on veut l'entonnoir
avec fon chaffis au fond ,
&une cavité derriere, font
fuffifans , comme dans la
Taupe qui entend fi clair ,
& dans plufieurs oifeaux
& reptiles qui n'en ont pas
davantage. Ce chaſſis meſme peut eftre cartilagineux, du moins enfon centre , comme dans la Tortuë, dans laquelle il eft convexe en dehors & concave
en dedans pour recevoir le
bout de la queuë du marteau ,
CALANT. 137
i .
teau , lequel eft fait en cone , dont la bafe eft collée
immediatement au chaffis
ovale ; car dans tous les
ovipares ce feul offelet ou
ftylet fait l'office des quatre dont nous avons parlé.
De plus les anfractuofitez
des parois de la premiere
chambre, ou de la quaiffe
nefont pas non plus abfolument neceffaires ; puifque cette cavité eſt ſi´unie
dans les chiens , les chats ,
les brebis , les lions , &c.
La coquille mefme ou le limaçon ne fe trouve pas
Février 1712.
M
138 MERCURE
dans les oifeaux , & dans
plufieurs autres animaux ,
qui font cependant fort
clairoyants , comme dans
les tortuës &c. ce qui
prouve affez qu'elle n'eft
pas abfolument neceffaire
pour ouir le bruit , ni mefme les fons , dont les oifeaux font fi fufceptibles.
Mais il faut remarquer
auffi qu'il fe trouve en recompenfe dans les oiſeaux,
& dans les Tortuës , &c.
c'eft- à-dire , dans les ovipares , enla place de la coquille , un fac offeux tapif-
GALANT. 139
sé d'une membrane tresfine , lequel s'ouvre com
mela coquille dans la Voute. Souvent auffi il ne fe
trouve que deux canaux
femicirculaires au labyrin
the , au lieu de trois ; &
dans les Tortuës il ne s'en
trouve aucun , ainfi ils ne
font pas abfolument neceffaires pour entendre le
bruit.
2.
15. Cecy eſtant eſtablyje
confidere que pour appercevoir le bruit dont la du
rée eft fi courte , ( à moins
qu'il ne fuft rejetté pluMij
140 MERCURE
fieurs fois , ) il fuffit que les
chaffis exterieur foit frapé par l'air fans qu'il foit
neceffaire que fa tenfion
ny
foit à l'uniffon des fremiffements du bruit ,
mefme dans aucune confonance prochaine , comme il eft neceffaire pour
le fon. Car les premieres
impreffions du bruit choquant ce chaffis , l'ébranlent avec les efprits qu'il
contient , ou plufſtoft ceux
qui font contenus dans le
filet de nerfqui eft appliqué derriere ; & par là fe
GALANT 141
communiquentà l'air interieur , lequel eftant mis en
reffort , frappe à fon tour
tout ce qu'il rencontre
dans la premiere chambre;
de forte que s'il eft necef
faire pour la conſervation
de l'animal d'une tresprompte fenfation , elle fe
fait alors non feulement
fur le chaffis meſme & fur
fon nerf , dont l'ébranlement dure autant que celuy du bruit ; mais encore
fur la membrane qui tapiffe toute la quaiffe &fon
fac aveugle; & particulie-
142 MERCURE
rement fur la partie de cette membrane qui couvre
l'aire de l'eftrier ou le nerf
dur auditif, envoyeun rameau , laquelle eſt ſuſceptible des mefmes ébranlemens que le grand chaffis
&fon nerf; les muſcles de
la quaiffe n'ayant pas le
loifir de tendre le premier
chaffis , pour le mettre en
confonance prochaine avecle bruit. Quand la premiere impreffion de cet air
interieur fur les parois de
la quaiffe , fur l'aire de
l'eftrier , & fur le chaffis
GALANT. 943
rond eft passé , le cul de
fac fait fentir alors fes reflexions au dedans de葡 la
quaiffe , & par là prolonge la durée du bruit interieur , ce qui l'imprime
plus avant dans l'imagination.
A l'égard des animaux
qui n'ont que l'entonnoir
de l'oreille avec le premier
chaffis aufond , comme la
Taupe , ou mefme un feul
chaffis à l'entrée de l'oreille fans entonnoir , comme
la plupart des poiffons ,
( les Tortues ont auffi ce
144 MERCURE
premier chaffis à l'entrée
de l'oreille , outre celuy qui
eft à l'entrée de la quaiffe )
il est évident que le bruit
exterieur fait d'abord fon
impreffion fur ce chaffis
mefme , non pas en luy
communiquant des tremblements qui durent confiderablement, n'eftant tiré par aucun muſcle qui
le mette en confonance
parfaite avec ce bruit; mais
par quelques chocs & rechocs qui font un ébranlement dans les filers de
nerf répandus dans toute
la
GALANT. 145
是
la membrane qui tapiffe
la cavité qui eft derriere
ce chaffis. Il faut dire la
mefme chofe de la membrane de l'eftrier , pour les
animaux où elle fe trouve ,
laquelle n'eft non plus tendue par aucun muſcle.
Mais un fentiment confus
du fon ou bruit fuffit pour
avertir l'animal ,
lorfqu'il
ne s'agit point de diftinguer le ton , ny les degrez
desfons, & d'yrefpondre.
Le chaffis rond eft auffi
frappé & ébranlé de mef
me que la membrane de
N Février
1712.
146 MERCURE
Feſtrier ; mais comme il
n'eft point en conſonance
avec le bruit exterieur , fes
ébranlemens font bien toft
paffez , & ne fe communiquent que foiblement à
l'air contenu dans le canal
du limaçon qu'il couvre ,
& à la membrane qui tapiffe ce canal , ou pluftoft
aux efprits contenus dans
les filets de nerf qui s'y
diftribuent , & voilà tout
ce qui regarde les bruits
prompts , foibles ou violens , où il ne s'agit point
d'appercevoir les degrez
GALANT. 147
du fon , ou des autres modifications,mais feulement
de prendre fon parti dans
le moment. Al'égard des
differentes efpeces de
bruits , il eft évident qu'el
les ne confiftent que dans
les differentes rithmiques
des vibrations de l'air ; ces
tremblements n'eftant pas
fufceptibles d'autres varietez que de differentes for
ces &
promptitudes , comme on le remarque affez
dans la rithmique du tambour, &
commeje l'expli
que au long dans la melodie.
Nij
148 MERCURE
16. Pour ce qui eft des
bruits où il eft utile de
diftinguer les gradations ,
comme dans la parole, particulierement dans celle
qui procede par inflexions,
comme chez les Normands , Auvergnats , Gafcons , Dauphinois , Chinois , &c. dans laquelle cependant les fons ne doi
vent pas durer , de crainte
qu'ils ne fe confondent , le
grand chaffis eft alors tendu par le grand adducteur ,
pour eftre mis en quelque
confonance prochaine a-
GALANT. 149
vec lavoix qui parle , & en
mefme tempsavec le chaffis rond , pendant les inflexions les plus fenfibles
de la voix , comme dans
toutes les patetiques. Par
ce moyen le chaffis exterieur reçoit plus aisément,
& conferve plus longtemps les ébranlements du
fon de la voix , &les tranf
met à tout l'air de la quaiffe , lequel air fe fait fentir
encorefur la membrane de
l'eftrier qu'il ébranle , auſſi
bien que fur le chaffis rond
qu'il ébranle encore
Niij
150 MERCURE
mieux ; & celui cy à fon
tour ébranle fenfiblement
& affez long- temps l'air
du canal qu'il ferme , pour
donner à fa membrane le
fentiment de la parole , &
de fes inflexions differentes. Et c'eſt le nerf quieft
derriere le grand chaffis
qui par l'émotion des efprits qu'il contient , & par
la communication qu'il a
avec le mufcle long, fait
gonfler ce muſcle , & le
met en contraction , mais
foiblement à caufe du peu
de durée des fons de la
voix , & du peu de confo-
GALANTY IS!
nance qu'ils ont entr'eux ,
ce qui oblige ce muſcle d'e
ftre dans un changement
d'action continuel. A l'égardde l'eftrier , quoy qu'il
Toit alors pouflé en quel
que forte en arriere par fa
pointe , par la jambe de
l'enclume , comme on l'a
desja dit , il netend cependant que tres- foiblement
le chaffis ovale ; à caufe de
l'articulation de l'enclume
avec le marteau & l'ef
trier,(car c'eſt le feul uſage
de ces articulations ; ) autrement les ébranlements
2
Niiij
152 MERCURE
de la voix fe feroient fentir aux nerfs muficaux du
labyrinthe, & produiroient
des fons dans le cerveau
ou une espece de chant ,
court à la verité , mais non
pas un bruit tel que la
voix. Ainfi les paroles feroient confufes commeles
fons des cordes d'une harpe non affourdies , & non
pas diftinctes comme elles
le doivent. On peut adjoufter, fi l'on veut, que les
ébranlements de l'air dela
coquille caufez par la voix.
font fortifiez par le retre-
GALANT. 193
ciffement de fon canal vers
lefommet dulimaçon. Au
refte ces ébranlements doivent tousjours eftre trescourts , à caufe que le chaf
fis rond n'eft prefque ja
mais en confonance par
faite avec l'air exterieur,
C'est pour cela qu'il n'en
refte prefque pas de trace
au cerveau , & qu'il eft fi
difficile d'imiter & de rendre les gradations de la parole , & s'il en refte quelque idée foible , ce ne peut
eftre que par un leger ébranlement d'air qui peut
154 MERCURE
paffer de la coquille dans
le labyrinthe.
De là l'on peut juger que
les animaux qui font pri
vez de la coquille , comme
la plupart des oifeaux , les
Tortues , les Taupes , les
poiffons , &c . n'entendent
la parole que comme un
fimple bruit , c'eft-à- dire ,
confusément ; c'est pour
cela que ces animaux ne
reçoivent aucun nom , &
n'obeïffent pas à la parole
de l'homme; quoyque d'ail,
leurs la plufpart de ces animaux, principalement les
GALANT iss
Tortues &lesTaupes ayent
le fens de l'oreille tres fin ;
comme ceux qui prennent
des Taupes , ou qui vont
varrer les Tortues lors qu
elles pondent leurs œufs
fur le fable de la mer , s'en
apperçoivent affez. Mais
tous ces animaux ont derriere le chaffis interieur de
l'oreille des cavitez ou facs
aveugles tapiffez de membranes extremement fines,
ou la partie molle du nerf
auditif envoye des branches ; &la grandeur de ces
parties recompenfe ce qui
leur manque d'ailleurs.
*56 MERCURE
A l'égard des autres anímaux qui ont la coquille ,
commeles chiens , les chevaux , les finges , les élephans , &c. on trouve en
eux une espece de docilité
qui fait connoiftre qu'ils
diſtinguent les voix : car ils
entendent les noms qu'on
leur donne , & les commandements qu'on leur
fait ; ils diftinguent les paf
fions de la voix , la joye , l'a
colere , la triſteffe , la flatterie , &c. & y refpondent
par des fignes fenfibles ;
ce que ne font pas les au-
GALANT. 157
tres animaux qui en font
privez , les oifeaux ne laiffent pas d'ouir la voix lorfqu'on leur parle fur un cer1
tain ton qui eft celuy de
leurs chaffis ; mais pour les
faire bien entendre il faut
donner outre cela une certaine tenue ou durée à la
voix à peu près come fi l'on
chantoit, & repeter mefme
les mots plufieurs fois afin
que leur grand adducteur
ait le temps de bander
leurs chaffis. C'est pour
cela que les oifeaux n'ont
commerce entre eux que
158 MERCURE
par leurs chants,au lieu que
les quadrupedes & autres
animaux terreftres, comme
les chiens , les chats , les
brebis , les chevres , les
boeufs , les cigales , les grillons , les cloportes , les
couleuvres fonnantes , &c.
ont une espece de commerce entre eux à l'aide de
leurs voix , ou de quelque
inftrument qui fait en eux
le mefme office que la fimplevoix. Onpourroit pen.
fer de quelques hommes
qui n'entendent & n'apprennent que ce qu'on leur
GALANT. 159
chante , & qui ne refpondent qu'en chantant , la
mefme chofe que des oifeaux , fçavoir qu'ils font
peut -eftre privez tout - à -
fait de la coquille , ou du
moins que fon chaffis eft
extremement tendu , ou
extremementrelafché. Mr
Caffegrain le frere de celuy
qui nous a donné des proportions de la Trompette
Vocale, & qui eftoit fort de
mes amis , eftoit de cette
efpece , il eftoit undes plus
habiles Mouleurs du Roy,
& je luy ayparlé il y a bien
160 MERCURE
36 =
vingt cinq ans ; peuteftre n'y en a - t- il pas dix
qu'il eft mort, ainfi onen
pourroit encore fçavoir
des nouvelles chez les Scul
pteurs du Roy. Mais ne
pourroit -on point penfer
au contraire que ceux qui
font infenfibles à l'harmo
nie, comme unde mes parents d'llliers , dont j'ay
parlé ailleurs , & qui eſt
vivant , & pluſieurs autres
de mes amis , ou font privez du labyrinte , ou du
moinsdugrand adducteur,
& peut-eftre auffi de l'adducteur
GALANT. 161
ducteur de l'étrier. Quant
aux fourds qui entendent
tous clair au milieu du
grand bruit , on peut penfer que le nerf qui eft der
riere le grand chaffis de
leur oreille eft relaſché , ou
ce chaffis luy meſme , ou
tous les deux enſemble , ce
qui les rend peu fufceptibles des ébranlements du
bruit, Mais les bruits violents , les fecouffes des carolfes , &c. ébranlants les
efprits ou de l'oreille exte
rieure , ou mefme du cerveau , il s'en fait un reflus
·
Février 1712 . O
162 MERCURE
dans les muſcles de l'oreille interieure qui les mer en
contraction. Ce relafchement du grand chaffis
vient fouvent d'avoirfouffert une percuffion trop
violente , comme il eft arrivé à quelques perfonnes
par le bruit d'un canon
dont ils eftoient trop près.
17. Enfin à l'égard des
fons , comme ils ont une
durée fenfible , lorfqu'ils
viennent frizer le chaffis
exterieur & en mefme
temps le nerf qui eft couché derriere , ils mettent
GALANT: 163
les efprits qui y font contenus en action , laquelle fe
communique enfuite aux
mufcles adducteurs de la
quaiffe, qui tirent le marteau & l'étrier , & ces mufcles entrat en contraction
tendent le grand chaffis ,
& le chaffis ovale , pour
les mettre en confonance
parfaite avec le fon exterieur , fçavoir avec celuy
de la principale note du
mode , qui eft ordinairement la quinte fur la fi.
nale , & c'eft à cela principalement que les prélu
Ò ij
164 MERCURE
•
?
des font utiles. Alors toutes
les autres notes du mode ,
principalement la finale
la mediante , & l'octave ,
avec leurs repliques peuvent s'exprimer beaucoup
plus aisément fur ces deux
chaffis , c'eft à dire qu'ils
deviennent par ce moyen
plus fufceptibles de la ritmique dans laquelle confiftent les confonances &
les accords des fons de ce
mode , & mefme de toutes
fes notes accidentelles
tant diatoniques , que cromatiques ; quoyque les
GALANT. 165
rapports de leursvibrations
avec les bafes du mode
foient plus éloignés. Et
cette tenfion de ces deux
chaffis ne fe change que
quandon change la dominantedu premiermode en
celle d'un autre , ou que
quand on infifte trop longtempsfur le cromatique. Si
l'on veut avoir quelqu'idée
fenfible de cette ritmique
dans laquelle confifte toute l'effence des intervalles
muficaux , c'eft à dire des
confonances & des diffonances , il nefaut que pro
166 MERCURE
portionner les longueurs
des balanciers de deux ou
trois ou quatre Pendules ,
de telle ſorte qu'un faiſant
par exemple deux vibrations , un autre qui commence en mefme tems en
faffe 3. alors on entendra la
ritmique de la quinte, c'eftà dire la quinte. Si dans le
tems que le premier en fait
par exemple 4. le fecond
en fait cinq , le troifiéme
fix , & le quatriéme huit
tous quatre commençant
en meſme temps , on entendrala rithmique de l'ac
GALANT. 167
cord, ( ut mifol ut) c'est- àdire , en un mot on aura
une fenfation nette de cet
accord & non confuſe ,
comme elle l'eft pour les
oreilles non muficales. Et
ainfi de tous les autres accords , ce qu'on trouvera
plus amplement traité
dans noftre Melodie.
Les ébranlements que
le grand chaffis & fon marteau ontreceus , font communiquez immediatement
à l'enclume , & à l'eftrier
qui les communiquent à
leur tour au chaffis ovale,
168 MERCURE
& celui cy les fait paffer
à l'air de la voute ou veftibule avec toutes leurs va
rietez , lequel les communique fur les cinq ou fix
differents filets du nerfmufical répandus dans les canaux femicirculaires. On
peut mefme penfer qu'il y
a dans ces differents filets
des efprits plus ou moins
agitez , ou que ces filets
mefmes font tellement
proprtionnez en grof
feur , longueur & tenfion,
que commeils font en l'air,
ils font par confequentfuf
ceptibles
GALANT. 169
ceptibles , l'un des ébranlements de la finale , un
autre de ceux de la mediante , un troifiéme de
ceux de la dominante , un
autre de ceux de l'octave ,
& un cinquième enfin de
ceux de la dixiéme ou pluftoft ( ce qui peut revenir
au mefme ) comme unfon
eft prefque tousjours accompagné de fes multipliés , fçavoir l'octave , la
douzième , la double octave , la dix-feptieme , & la
dix- neuviéme ( quoyqu'ils
ne foient pas tousjours ai
Février 1712.
P
170 MERCURE
sés à appercevoir , particu
lierement dans les fons fort
aigus )on peut penser que
ces differens fons s'impriment fur ces filets , un fur,
chacun & comme ces
filets ne font au plus que
fix en nombre , on voit
que l'intervalle de ſept
un n'y peut avoir lieu , ny,
par confequent toutes les
autres relations ( 2,7,2,3, ( Z Z z
2 ,,, ) &c. qui en font dérivées ; au lieu que tous les
intervales ,,,, &c .
font renfermés dans les
précedens. Et comme la
8
-
GALANT. 171
parole eft fouvent jointe
avec la voix, on peut penfer qu'alors elle fe fait fentir dans le canal du limaçon qui répond à la voute
pluftoft que dans le labyrinthe , à caufe de la lame
fpirale de ce canal , qui eft
fufceptible d'une plus grande quantité de varietés de
bruit que les nerfs du labyrinthe , par fa figure triangulaire & par fa longueur.
Ileft évident que la mefme chofe doit fe paffer
dans tous les animaux qui
ont le labyrinthe. C'eft
Pij
172 MERCURE
pour cela qu'on trouve des
chiens , & mefme des chevauxqui font extremement
fufceptibles de la muſique ,
comme unbichon que j'ay
eu autrefois, & deux autres
chiens qui font encore
chez deux des premiers
muficiens de Paris de ma
connoiffance. Onfçait que
les Roffignols l'aiment
éperduement. Les Elephants , les cameleons , les
araignées nommées Tarentules , & c. enfont auffi
tres fufceptibles. Et comment penfer que tant d'a-
GALANT. 173
nimaux paffent une bonne
partie de leur vie à chan
ter , comme les oifeaux, les
grenouilles , les cigales, les
graiffets , &c. fans qu'ils y
prennent quelque plaifir ?
18. A l'égard de la correfpondance qu'il y a entre l'oreille & la glotte , ou
le larinx , qui fait qu'on répete dans le moment les
fons qu'ona entendus avec
toutes leurs varietez , il eft
évident qu'elle ne peut
confifter que dans la cor
refpondance qu'il y a entre
les racines du nerf auditif
Piij
174 MERCURE
ou de la feptiéme paire
& celles du nerf chanteur
qui eft la cinquiéme , laquelle fe répand dans l'o
reille , auffi bien que dans
-le larinx , car ces racines
communiquant entre elles
dans la bafe du cerveau, les
motions des efprits contenus dans le nerf auditif,
y
paffent aisément dans celuy de la glotte , outre que
celles de l'oreille interne
paffent auffi immediate
ment par les rameaux que
cette cinquième paire envoye à ces deux parties ,
GALANT 475
c'eft enfin par là qu'onpeut
expliquer pourquoy les
fourds de naiffance font
privez de l'ufage de la pa
role, &plufieurs autres que
ftions de cette nature.
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Résumé : LES MERVEILLES de l'oreille tirées de l'anatomie comparée, & des proprietez du bruit & des sons.
Depuis la publication du traité de l'oreille par M. Duverney, plusieurs anatomistes, médecins et physiciens européens ont exploré le sujet sans parvenir à un consensus complet. M. Parent a décidé de contribuer à ce domaine en ajoutant ses observations sur l'oreille, comme il l'avait fait précédemment sur la circulation du sang et la respiration des animaux. Le texte décrit l'oreille externe, comparée à un cornet recueillant et amplifiant les sons pour les diriger vers l'oreille interne. Les animaux privés d'oreilles externes entendent moins bien, tandis que ceux avec de grandes oreilles ont une meilleure audition. La structure des oreilles humaines est adaptée pour minimiser l'encombrement, contrairement aux oiseaux qui volent ou nagent. L'oreille interne est présentée comme un canal en entonnoir menant à plusieurs chambres. La première chambre, appelée 'quaiffe', est fermée par la membrane du tympan. Elle contient des éminences et des soffettes qui multiplient et conservent les vibrations de l'air. Un canal, l'aqueduc, permet la circulation de l'air entre l'oreille et la bouche pour protéger la membrane du tympan. La 'quaiffe' communique avec d'autres cavités via des fenêtres fermées par des membranes. La 'voute' ou 'vestibule' est située derrière la 'quaiffe' et communique avec la 'coquille' ou 'limacon' et le 'labyrinthe'. La fenêtre ronde relie la 'quaiffe' à la 'coquille', et la fenêtre ovale communique avec la 'voute'. La 'quaiffe' contient également trois osselets : le marteau, l'enclume et l'étrier, actionnés par trois muscles. Ces osselets sont articulés et recouverts d'une membrane fine. Le muscle long tend la membrane du tympan, et le muscle court rétablit les parties dans leur état naturel. Le troisième muscle agit sur l'étrier pour tendre la membrane du tympan. Le texte mentionne également un nerf de la cinquième paire traversant la 'quaiffe' et se joignant au nerf auditif. La 'coquille' est protégée par une membrane délicate et contient des rameaux nerveux. Le labyrinthe de l'oreille interne contient trois canaux semi-circulaires impliqués dans l'équilibre. Les ébranlements de la voix sont transmis par les osselets et atteignent le labyrinthe, évitant ainsi des interférences. Les animaux privés de la coquille de l'oreille perçoivent les sons de manière confuse, tandis que ceux dotés de la coquille montrent une meilleure perception des sons et des voix. Les oiseaux communiquent principalement par des chants, tandis que les quadrupèdes utilisent des voix ou des instruments similaires. Les sons, en particulier les notes musicales, mettent en action les esprits contenus dans les nerfs auditifs, permettant une perception rythmique et harmonique. Les ébranlements sont transmis à travers les différents filets du nerf musical, chacun étant sensible à des fréquences spécifiques. La parole est perçue dans le canal du limaçon plutôt que dans le labyrinthe, en raison de la structure spirale de ce canal. Enfin, la correspondance entre l'oreille et la glotte explique pourquoi les sons entendus sont répétés immédiatement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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57
p. 192-212
Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Début :
L'Academie Royale des Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Discours, Mercure, Opium, Vitriol, Vapeurs, Sel, Chaux, Tartre, Chimiste
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Ne croyant pas pou voir donner ce mois-ci
le memoire suivant, on
avoir déja imprimé un
morceau de Monsieur
Parent. Quoique cette
Piece foitégalement belle &solide, on en trouvera peut-être trop de
ce même genre pour
un seul mois: mais à
coup sûr ce ne fera pas lessçavans quis'en plaindront.
L'Academie Royale des
Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril
Mr l'Abbé Bignon qui prefidoit felicita la Compagnie
sur ce que cette Assemblée
ne commençoit point
à@.
l'ordinaire par l'Eloge funebre de quelque Académicien
,
n'en étant mort aucun
dans le dernier Semestre.
Mr Lemery le fils, sçavant
Medecin & Chimistehabile, lut un memoire sur les
differentes couleurs des Précipitez du Mercure;il raporta plusieurs experiences des
changementsdecouleurs
qui arrivent à
ces précipitez,
le Mercure dissous dans
l'esprit de nitre est sans
couleurs, c'est-à-dire que
la dissolution est claire &
transparente, si on verse
dessus du sel Marin, la liqueur blanchit & il se précipire peu à peu une poudre
blanche qui cft le Mercure
dans sa couleur naturelle, le
sel Ammoniac la précipite
en un blanc sale, l'eau de
chaux en jaune, & le sel de
tartre en jaune orangé, &c.
Il dit que la couleur na-
•>
turelle du Mercure étoit le
blanc, que la couleur jaune
Du rouge luy étoit étrangère, & il l'anribua aux
parties dé ftü qui portées
avec la chaux où lé sel de
Tartre penetroient le Mercure, & se méslant avec luy
prenoient la couleur rougé
& naturelle à
ces mesmes
parties de feu.
Il prouva que la couleur
haturelle des parties de feu
étoit le rouge, par la couleur
mesme dufeuordinaire, par lacouleurque prend le Mercure seul calciné de long-
temps qui le convertit de
lui-mesme en une poudre
rouge, & par la couleur des
vapeurs du Salpêtre quand
on le convertit en cfprit de
nitre, car les vapeurs qui
emplissent le bâlon dans
cette operation font rouges
comme du sang; ce qui ne
peur provenir que des partics de feu. Il dit aussi que le
sel de tartre& la chaux ne
teignoient en jaune ou en
orange que parce que con'
tenant des parties de feu,
ces parties dans le melange
des matieres abandonnoient
la chaux ou le sel de tartre
pour fc joindre au Mercure.
Un homme quisetrouvoit
auprès de moy cm qui me crut
grând Chimiste
,
me demanda pourquoy ces mêmes partics de feu qui rougissoient
le Mercure, ne rougissoient
pas neantmoins la chaux &
le sel de tartre que l'on
joignoit au Mercure dans
ces expériences? je tiray m es Tablettes & ayant mis sa
demande par écrit je lui dis
que je pourrois lui rendre
réponse dans un mois, li
parut un peu surpris du long
terme, mais cependant cela
l'encourageaà me faire une
secondedemande, pourquoy les parties de feu qui
rougissent les vapeurs de
l'esprit de pitre ne rou- girent de elles^p^ lçs vapeurs
l'huille de Vitriol; je
voulus faire le sçavant pour
cette fois, & lui répondis
que si les vapeurs de l'huile
de Vitriol n'étoient pas
rouges, sans doute qu'iln'y.
avoirpointde partiesde feu;
mais il me soutint qu'il y
avoit des parties de feu I°.
parce qu'il faut un feu
bien plus violent pour tirer
l'huile de Vitriol que pour
£jre& l'esprit de n~rc~2.~
par l'action violente de
l'huile de Vitriol qui corrode & brule trèsfortement; enfin par ce que si
ron jette l'huile glaciale de
Vitriol dans de l'eau froide,
elle y
excite un gresillement
p^çil celuy que fait un
charbonrouge que l'onjette
dans l'eau froide. Comme
cela passoit ma portée j'écrivis&luy promisréponse
dans un mois, je prie ou
Mr Lémeri ou quelque
Chimiste de vouloir bien me dégager de ma parole en
m'envoyant réponseà ces deux demandes.
Mr Cassin le fils, digne
héritier du nom qu'il
porte, lut ensuite un mémoire sur le flux & le reflux
de la Mer, il y
donna des
moyens de trouver juste
l'heure des hautes,& basses
Marées dans les Ports de
France, il fit voir que les
Equinoxes ne sont pas les
temps des plus hautes Marées comme on se l'étoit
persuadé jufqucs icy, & il
démontra que ces mouvements reglez de la Mer dépendoient presque entièrement de la pression de la
Lune sur les eaux.
Mr Boulduc le pere, trèshabile Chimiste donna la
découverte d'un nouvel
Opium, après avoir tenté
plusieurs moyens de corri.
ger l'Opium ordinaire que
l'on ne sçauroit donner que
dans une dose très petite, &
qui souvent toute petite
qu'elle est ne laisse pas de
produire encore de fâcheux
effets,&voyant que toutes
ses corrections ne changeoient point l'Opium, il
essayade différentes si narco- çliçrch4 dans l'extrait des fleurs de Coquelicot
la qualité anodine, qu'il n'y
trQuya point, lprfqueJ'e^
trait n'étoitfait qu'avec lq,
seules feuilles de la fleur;
mais il observa que lesirop
de Coquelicot & l'extrait
croient un peu somnifères
lorsqu'on laissoit la reste des
Coquelicots avec les Feuilles
des fleurs,cela l'engagea de
fairel'extrait des testes
seules, & il trouva qyic
c'étaitfun somnifere des
plus doux qu'il y eut, qui a
la dose de quatre grains faisoit dormir sanslaisser aucun
trouble dans la teste: remede
d'autant plus utile qu'il ne
faut point l'aller chercher en
Turquieétant trèscommun
en France.
:
Deux de mes woifms
chausserentbeaucoup à l'occasion
de cette dissertation poursçavoir
si l'on déçoit mettre l'Opium
au rang des remedes ou des
poisonsfroids ou chauds. Je ne
rapporteray point leurs raisons
qui me parurentfort peu deci-
fivesi mais leurs disputefinit
par une demande que je rapporte icicommem'ayantparuplusimportante;sçavoir,s'ily aquelques marques pour connoistre
si
un hommeseroitmort d'avoir
pris une trop grande doss d'Opium? l'un deux dit qu'il n'y
avoit aucune marque. L'autre
dit que tous ceux qui mouroient
ayant pris beaucoup d'Opium
avoient le sang tellement
dissous qu'ilnesefigeoitjamais.
Unepetitedissertation de quelque
habile Medecinsur cette
matiere, aideroit àremplirmon
Mercure & pourroit estre
agreable &utile au public. Mr Vinflou habile &
sçavant Anatomiste, donna
un mémoire touchant les
glandes qui se rencontrent
dans les corps des animaux, illesdiftnbuaft fous ses différentesclasses qu'ilfubdivisa aussi en plusieurs especes.
Il range dansla première
Classe les glandes conglobéesj ce sont les glandesqui
font en quelquemanière
arrondies un peu fermes
d'une grandeur confiderablc,& d'une surface lisle
&unie comme les reins,&c.
Dans la sceonde Claffclefc
glandes conglomcrécs,qui
font des amas de plusieurs
pelotons étroitement collez ensemble & renfermez
fous une menbrane commune, comme le Pancreas,
les Parotides,&c.
Dans latroisiéme Classe,
les glandes en grain, il
nommaainfide petits corps
glanduleux tantost solitaires, tantost parfemez sur ua",
mesme plan de différentes
figures,telles font une
grande parties des glandes
intestinales, les çutan*écs.,&c.,
Dans la quatrième Classe
les glandes à poil ce font
celles qui forment
ce que l'on nomme le velouté de
l'estomach & des intestins,
composé d'une infinité de
petits tuyaux glanduleux en forme de panne ou de
velours.
Dans la cinquiémc Classe
les glandes irregulieres,qui
font celles qui par leur
forme extérieure ne se rapportent à
pas une des
precedentes, par exemple lefoye,&c.
;
:', Dans la sixiémeClasse les
glandes inperceptibles, qui
son celles qui sont sipetites
qu'onne les peut pas diflip*,
guersans microscope,ouque
l'onne découvre pas même
àl'aide du Microscope; mais
dontonne supposoit que
par leurs effets, ou à l'occasion de certaines maladies,
quiles rendent sensibles
celles sont les glandes du
Pericarde & du Pericorne
Il subdivisaensuitecessix
Classes générales en differentesespeccs, en les con.
siderant fous differens égards ,1 ; ou par raport
à leur uÍfu) ou par
raport aux sucs qu'elles
filtrent, ou par raport à
leursemploys, ou par raport
à leur durée.
Il donna ensuite la description & la figure de la
plus simple de ces glandes
pour la structure qui est la
glande à poil, dont l'assemblage forme le velouté de
l'estomach
,
ensuite celle du
rein, qui est un peu plus
composée
,
celle du
foye
qu'il dit estre une glandeconglobée cellulaire, dont chacune des cellules estgarnie
intérieurementd'un velouté
fort fin, dont chaque poil
estune glande comme auvelouté des intestins, & en
fin celle de la Ratte qui cft
U glande la plus composée;
puisque c'est selon luy unr.
glande conglobée, celluleuse, reticulaire & vasculeuse.
Il fcroit difficile de bien
faire comprendre la ftruc-4
ture de ces parties qu'en raportant sa propre description jointe aux figures, ce
quele peu de pratiqueque
ayAnqçpmicne m'apas
permis de faire.
Il raporta dans ces discours une chose fort singuliere, c'est que l'on pouvoit
avoir des preuves visiblesde
la transpiration des corps
vivants, en se presentant la
teste nuë, ou le corps de
quelque animal que ce soit
au grand soleil contre une
muraille blanche on aperçoir, dit il,une ombre legere
& voltigeante au dessus de
la teste ou du corps de l'animal, qui est l'ombre de la
waticre de l'insensible transpiration. Mes voisins se de*
manderent s'il étoit possible
qu'un corps invisible produisit une ombre visible,
chacun se promit de vérifier
l'expérience avant que d'en
chercher l'explication.
Mt l'Abbé Bignon reprit
à la fin de chaque mémoire
précis de ce qui avoitétédit,
& fit sentir au public l'utilité qu'il devoir attendre de
chacune deces observations
ou de ces découvertes, ce
qu'il fit avec cette facilité,
cette netteté
,
& cette
Eloquence qui luy font si natur
le memoire suivant, on
avoir déja imprimé un
morceau de Monsieur
Parent. Quoique cette
Piece foitégalement belle &solide, on en trouvera peut-être trop de
ce même genre pour
un seul mois: mais à
coup sûr ce ne fera pas lessçavans quis'en plaindront.
L'Academie Royale des
Sciences tint séance publique, le Mercredy 6. Avril
Mr l'Abbé Bignon qui prefidoit felicita la Compagnie
sur ce que cette Assemblée
ne commençoit point
à@.
l'ordinaire par l'Eloge funebre de quelque Académicien
,
n'en étant mort aucun
dans le dernier Semestre.
Mr Lemery le fils, sçavant
Medecin & Chimistehabile, lut un memoire sur les
differentes couleurs des Précipitez du Mercure;il raporta plusieurs experiences des
changementsdecouleurs
qui arrivent à
ces précipitez,
le Mercure dissous dans
l'esprit de nitre est sans
couleurs, c'est-à-dire que
la dissolution est claire &
transparente, si on verse
dessus du sel Marin, la liqueur blanchit & il se précipire peu à peu une poudre
blanche qui cft le Mercure
dans sa couleur naturelle, le
sel Ammoniac la précipite
en un blanc sale, l'eau de
chaux en jaune, & le sel de
tartre en jaune orangé, &c.
Il dit que la couleur na-
•>
turelle du Mercure étoit le
blanc, que la couleur jaune
Du rouge luy étoit étrangère, & il l'anribua aux
parties dé ftü qui portées
avec la chaux où lé sel de
Tartre penetroient le Mercure, & se méslant avec luy
prenoient la couleur rougé
& naturelle à
ces mesmes
parties de feu.
Il prouva que la couleur
haturelle des parties de feu
étoit le rouge, par la couleur
mesme dufeuordinaire, par lacouleurque prend le Mercure seul calciné de long-
temps qui le convertit de
lui-mesme en une poudre
rouge, & par la couleur des
vapeurs du Salpêtre quand
on le convertit en cfprit de
nitre, car les vapeurs qui
emplissent le bâlon dans
cette operation font rouges
comme du sang; ce qui ne
peur provenir que des partics de feu. Il dit aussi que le
sel de tartre& la chaux ne
teignoient en jaune ou en
orange que parce que con'
tenant des parties de feu,
ces parties dans le melange
des matieres abandonnoient
la chaux ou le sel de tartre
pour fc joindre au Mercure.
Un homme quisetrouvoit
auprès de moy cm qui me crut
grând Chimiste
,
me demanda pourquoy ces mêmes partics de feu qui rougissoient
le Mercure, ne rougissoient
pas neantmoins la chaux &
le sel de tartre que l'on
joignoit au Mercure dans
ces expériences? je tiray m es Tablettes & ayant mis sa
demande par écrit je lui dis
que je pourrois lui rendre
réponse dans un mois, li
parut un peu surpris du long
terme, mais cependant cela
l'encourageaà me faire une
secondedemande, pourquoy les parties de feu qui
rougissent les vapeurs de
l'esprit de pitre ne rou- girent de elles^p^ lçs vapeurs
l'huille de Vitriol; je
voulus faire le sçavant pour
cette fois, & lui répondis
que si les vapeurs de l'huile
de Vitriol n'étoient pas
rouges, sans doute qu'iln'y.
avoirpointde partiesde feu;
mais il me soutint qu'il y
avoit des parties de feu I°.
parce qu'il faut un feu
bien plus violent pour tirer
l'huile de Vitriol que pour
£jre& l'esprit de n~rc~2.~
par l'action violente de
l'huile de Vitriol qui corrode & brule trèsfortement; enfin par ce que si
ron jette l'huile glaciale de
Vitriol dans de l'eau froide,
elle y
excite un gresillement
p^çil celuy que fait un
charbonrouge que l'onjette
dans l'eau froide. Comme
cela passoit ma portée j'écrivis&luy promisréponse
dans un mois, je prie ou
Mr Lémeri ou quelque
Chimiste de vouloir bien me dégager de ma parole en
m'envoyant réponseà ces deux demandes.
Mr Cassin le fils, digne
héritier du nom qu'il
porte, lut ensuite un mémoire sur le flux & le reflux
de la Mer, il y
donna des
moyens de trouver juste
l'heure des hautes,& basses
Marées dans les Ports de
France, il fit voir que les
Equinoxes ne sont pas les
temps des plus hautes Marées comme on se l'étoit
persuadé jufqucs icy, & il
démontra que ces mouvements reglez de la Mer dépendoient presque entièrement de la pression de la
Lune sur les eaux.
Mr Boulduc le pere, trèshabile Chimiste donna la
découverte d'un nouvel
Opium, après avoir tenté
plusieurs moyens de corri.
ger l'Opium ordinaire que
l'on ne sçauroit donner que
dans une dose très petite, &
qui souvent toute petite
qu'elle est ne laisse pas de
produire encore de fâcheux
effets,&voyant que toutes
ses corrections ne changeoient point l'Opium, il
essayade différentes si narco- çliçrch4 dans l'extrait des fleurs de Coquelicot
la qualité anodine, qu'il n'y
trQuya point, lprfqueJ'e^
trait n'étoitfait qu'avec lq,
seules feuilles de la fleur;
mais il observa que lesirop
de Coquelicot & l'extrait
croient un peu somnifères
lorsqu'on laissoit la reste des
Coquelicots avec les Feuilles
des fleurs,cela l'engagea de
fairel'extrait des testes
seules, & il trouva qyic
c'étaitfun somnifere des
plus doux qu'il y eut, qui a
la dose de quatre grains faisoit dormir sanslaisser aucun
trouble dans la teste: remede
d'autant plus utile qu'il ne
faut point l'aller chercher en
Turquieétant trèscommun
en France.
:
Deux de mes woifms
chausserentbeaucoup à l'occasion
de cette dissertation poursçavoir
si l'on déçoit mettre l'Opium
au rang des remedes ou des
poisonsfroids ou chauds. Je ne
rapporteray point leurs raisons
qui me parurentfort peu deci-
fivesi mais leurs disputefinit
par une demande que je rapporte icicommem'ayantparuplusimportante;sçavoir,s'ily aquelques marques pour connoistre
si
un hommeseroitmort d'avoir
pris une trop grande doss d'Opium? l'un deux dit qu'il n'y
avoit aucune marque. L'autre
dit que tous ceux qui mouroient
ayant pris beaucoup d'Opium
avoient le sang tellement
dissous qu'ilnesefigeoitjamais.
Unepetitedissertation de quelque
habile Medecinsur cette
matiere, aideroit àremplirmon
Mercure & pourroit estre
agreable &utile au public. Mr Vinflou habile &
sçavant Anatomiste, donna
un mémoire touchant les
glandes qui se rencontrent
dans les corps des animaux, illesdiftnbuaft fous ses différentesclasses qu'ilfubdivisa aussi en plusieurs especes.
Il range dansla première
Classe les glandes conglobéesj ce sont les glandesqui
font en quelquemanière
arrondies un peu fermes
d'une grandeur confiderablc,& d'une surface lisle
&unie comme les reins,&c.
Dans la sceonde Claffclefc
glandes conglomcrécs,qui
font des amas de plusieurs
pelotons étroitement collez ensemble & renfermez
fous une menbrane commune, comme le Pancreas,
les Parotides,&c.
Dans latroisiéme Classe,
les glandes en grain, il
nommaainfide petits corps
glanduleux tantost solitaires, tantost parfemez sur ua",
mesme plan de différentes
figures,telles font une
grande parties des glandes
intestinales, les çutan*écs.,&c.,
Dans la quatrième Classe
les glandes à poil ce font
celles qui forment
ce que l'on nomme le velouté de
l'estomach & des intestins,
composé d'une infinité de
petits tuyaux glanduleux en forme de panne ou de
velours.
Dans la cinquiémc Classe
les glandes irregulieres,qui
font celles qui par leur
forme extérieure ne se rapportent à
pas une des
precedentes, par exemple lefoye,&c.
;
:', Dans la sixiémeClasse les
glandes inperceptibles, qui
son celles qui sont sipetites
qu'onne les peut pas diflip*,
guersans microscope,ouque
l'onne découvre pas même
àl'aide du Microscope; mais
dontonne supposoit que
par leurs effets, ou à l'occasion de certaines maladies,
quiles rendent sensibles
celles sont les glandes du
Pericarde & du Pericorne
Il subdivisaensuitecessix
Classes générales en differentesespeccs, en les con.
siderant fous differens égards ,1 ; ou par raport
à leur uÍfu) ou par
raport aux sucs qu'elles
filtrent, ou par raport à
leursemploys, ou par raport
à leur durée.
Il donna ensuite la description & la figure de la
plus simple de ces glandes
pour la structure qui est la
glande à poil, dont l'assemblage forme le velouté de
l'estomach
,
ensuite celle du
rein, qui est un peu plus
composée
,
celle du
foye
qu'il dit estre une glandeconglobée cellulaire, dont chacune des cellules estgarnie
intérieurementd'un velouté
fort fin, dont chaque poil
estune glande comme auvelouté des intestins, & en
fin celle de la Ratte qui cft
U glande la plus composée;
puisque c'est selon luy unr.
glande conglobée, celluleuse, reticulaire & vasculeuse.
Il fcroit difficile de bien
faire comprendre la ftruc-4
ture de ces parties qu'en raportant sa propre description jointe aux figures, ce
quele peu de pratiqueque
ayAnqçpmicne m'apas
permis de faire.
Il raporta dans ces discours une chose fort singuliere, c'est que l'on pouvoit
avoir des preuves visiblesde
la transpiration des corps
vivants, en se presentant la
teste nuë, ou le corps de
quelque animal que ce soit
au grand soleil contre une
muraille blanche on aperçoir, dit il,une ombre legere
& voltigeante au dessus de
la teste ou du corps de l'animal, qui est l'ombre de la
waticre de l'insensible transpiration. Mes voisins se de*
manderent s'il étoit possible
qu'un corps invisible produisit une ombre visible,
chacun se promit de vérifier
l'expérience avant que d'en
chercher l'explication.
Mt l'Abbé Bignon reprit
à la fin de chaque mémoire
précis de ce qui avoitétédit,
& fit sentir au public l'utilité qu'il devoir attendre de
chacune deces observations
ou de ces découvertes, ce
qu'il fit avec cette facilité,
cette netteté
,
& cette
Eloquence qui luy font si natur
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Résumé : Discours sur l'Academie Royale des Sciences. [titre d'après la table]
Lors d'une séance publique de l'Académie Royale des Sciences le 6 avril, l'Abbé Bignon félicita la compagnie pour l'absence de décès d'académiciens au dernier semestre. Plusieurs mémoires furent présentés. Mr Lemery, fils, lut un mémoire sur les différentes couleurs des précipités du mercure, expliquant que le mercure dissous dans l'esprit de nitre change de couleur selon les substances ajoutées. Il attribua la couleur jaune ou rouge du mercure à la présence de 'parties de feu' dans les substances mélangées. Mr Cassini, fils, présenta un mémoire sur le flux et le reflux de la mer, fournissant des moyens de déterminer l'heure des marées en France et démontrant que les mouvements réguliers de la mer dépendent principalement de la pression lunaire. Mr Boulduc, père, découvrit un nouvel opium à partir des fleurs de coquelicot, somnifère doux et utile, contrairement à l'opium ordinaire qui peut avoir des effets néfastes. Mr Vinflou, anatomiste, discuta des glandes animales, les classant en six catégories : glandes conglobées, conglomérées, en grain, à poil, irrégulières et imperceptibles. Il décrivit la structure de plusieurs glandes, comme celles de l'estomac, du rein, du foie et de la rate. L'Abbé Bignon conclut chaque présentation en soulignant l'utilité des observations et découvertes présentées.
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58
p. 32-42
EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
Début :
Monsieur, Un habile Chimiste de mes amis, qui ne veut [...]
Mots clefs :
Londres, Chat, Venin, Rage, Expérience, Chimiste, Baquet, Araignées, Musique, Remède
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texteReconnaissance textuelle : EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
EXPERIENCE
sur un Chat enragé.
Extrait d'une LettreAngloifc
de Londres.
MONSIEUR,
Un habile Chimiste de
mes amis,qui ne veut point
estre nomme avant que davoir verifiéencore par quelques expériences le remede qu'il croit avoir trouve
contre la rage, a
fait en
ma presencel'épreuve que
yoicy. Il a
choisi un Chat
tresfort,ôc la attaché par
deux coliers à boucles, l'un
au col,& l'autre au bas des
reins, & l,¡ ainsi suspendu
au bout d'un cordon de
soye passé dans une poulie
attachée au plafond d'une
chambre; ensuite illa laissé
sans boire quelques jours,
& la fouetté de coups de
baguettes menuës en fortnc de verges, &cela si
violemment à plusieurs reprises
, que jamais on 'n'a
veuunobjet si terrible que
ce Chat. Rien ne peut
donner l'idée d'une rage
plus violente; il a encore
mis au dessous de l'endroit
où le Chat estoit suspendit
un baquet d'eau tiede, dans
laquelle il a
jette environ
un demillier de sa distillation. On a
plongé leChat
deux fois dans ce baquet
en laschant le cordon, ôc
le retirantpresque dans le
mesmeinstant; ensutre ostant le baquet, on a
descendu le Chat jusques sur
le plancher, où on l'a veu
s'estendre & allonger les
pattes & le col comme un
Chat qui se reveille d'un
long sommeil
,
& il a paru
si tranquille que mon amy
s'en est approché avec un
peu de viande que le Chat
a pris avec toute la douceur
ôc toutes les carresses imaginables. Mon amy prerend que ce bain fera le
mesme effet sur les ani-
-,
maux & les hommes atteients d'une veritable râge ;
c'est ce qu'il veut éprouver avant que de rendre son remede public.
Cette distillation esttirée en partie de certaines
araignées à jambes courtes, que mon amy a
fait
venir d'Italie,&quisontà
peu près de l'especede celles qu'on nomme Tarentoles,
parce quelles font fort
communesdans le territoire de lavilledeTarente
*à Royaume de Naples;
Le venin que cet animal
communique par sa morfïl£C
,
produit des effets si
surprenants, & si contraires entre eux, qu'ils paroistroient incroyables s'ils
nestoient connus par une
infinité d'experiences. Entre ceux qui en sont piuez lesuns ne sçauroienc ormir,les
autres ne peu-
,vent estre éveillez,lesuns
forment de continuelles
plaintes, & les autres rient
tousjours, Quelques-uns
grincent les dents, & sont
agitez detransports derage:quelquesautresau contraires chantient & dansent sans cesse. Aux uns,
ce venin cause des vomissements, aux autres des
sueurs abondantes & pref-
que a tous une forte parnon pour les couleurs;
mais differemment.- Ainsi
le rouge plaist à l'un, le
verd contente l'autre
»
le
jaune en réjouit plusieurs
&c. Ce qu'il y a
de particulier en ce venin, c'est
que comme il est gluant,
n'estant que l'humeur salivaire de cette araignée,
il fixe d'abord l'imagination sur l'objet qui l'occupoit lorsqu'il est piqué, de
forte que si un homme s'imaginoit alors d'estreRoi,
cette agreable idée ne le
quitteroit qu'après l'entietiere dissipationdel'humeur insinuée par lamorsure de la Tarentole. Ce
venin, par la mesme raison
de viscosité, ne fait d'abord
ressentir auçun fascheux
symptosime
; mais dans la
suite, qui est quelquefois
d'une année entiere, après
estre demeuré long. temps
caché, il se subtilise ,&se
reveille par la chaleur du
Soleil. Il acquiert du mouvement & de l'action
,
&
produit différents effets,
selon les parties qu'il ixi-
secte. Si ce venin bouche
les nerfs dans leur concours
au cerveau, les esprits animaux ne pouvant dcfcendre aux organes, demeurent comme endormis. Au
contraire, il cause des veilles continuelles s'il tient
par son activité tousjours
ouverts les nerfs par où
ces mesmes esprits peuvent descendre sansdis
continuation. En corrompant la bile,ce venin cause
des fiévres ardentes, & en
se joignant avec lesesprits
à l'origine des nerfs,il picote
, cote extraordinairement
tes muscles & parce picotement porte le malade à
gesticuler &à danser, ce
qui arrive principalement
lorsque les esprits y
sont
excitez par quelquesairs
de Musique convenables
au temperamernt di}mala-.
de,& à la qualité diijvenku
C'est par cette raifq#r,que la,Mtifiquee/tTciniquç,&
souverain remecle<\pom;>cô
mal; car le malade dansant avec
violence au son
de l'instrument, & mesme
(
avec justêssequandîln'au-j
roit jamais appris à danfer,
fait sortir ce venin avec la
sueur. Que s'il en reste
quelque petite partie, c'est
un levain qui causse périodiquement les mesmes
symptosmes,& dela vient
que l'on voit des personnes qui en font incommodées des quarante & cinquante annees.
sur un Chat enragé.
Extrait d'une LettreAngloifc
de Londres.
MONSIEUR,
Un habile Chimiste de
mes amis,qui ne veut point
estre nomme avant que davoir verifiéencore par quelques expériences le remede qu'il croit avoir trouve
contre la rage, a
fait en
ma presencel'épreuve que
yoicy. Il a
choisi un Chat
tresfort,ôc la attaché par
deux coliers à boucles, l'un
au col,& l'autre au bas des
reins, & l,¡ ainsi suspendu
au bout d'un cordon de
soye passé dans une poulie
attachée au plafond d'une
chambre; ensuite illa laissé
sans boire quelques jours,
& la fouetté de coups de
baguettes menuës en fortnc de verges, &cela si
violemment à plusieurs reprises
, que jamais on 'n'a
veuunobjet si terrible que
ce Chat. Rien ne peut
donner l'idée d'une rage
plus violente; il a encore
mis au dessous de l'endroit
où le Chat estoit suspendit
un baquet d'eau tiede, dans
laquelle il a
jette environ
un demillier de sa distillation. On a
plongé leChat
deux fois dans ce baquet
en laschant le cordon, ôc
le retirantpresque dans le
mesmeinstant; ensutre ostant le baquet, on a
descendu le Chat jusques sur
le plancher, où on l'a veu
s'estendre & allonger les
pattes & le col comme un
Chat qui se reveille d'un
long sommeil
,
& il a paru
si tranquille que mon amy
s'en est approché avec un
peu de viande que le Chat
a pris avec toute la douceur
ôc toutes les carresses imaginables. Mon amy prerend que ce bain fera le
mesme effet sur les ani-
-,
maux & les hommes atteients d'une veritable râge ;
c'est ce qu'il veut éprouver avant que de rendre son remede public.
Cette distillation esttirée en partie de certaines
araignées à jambes courtes, que mon amy a
fait
venir d'Italie,&quisontà
peu près de l'especede celles qu'on nomme Tarentoles,
parce quelles font fort
communesdans le territoire de lavilledeTarente
*à Royaume de Naples;
Le venin que cet animal
communique par sa morfïl£C
,
produit des effets si
surprenants, & si contraires entre eux, qu'ils paroistroient incroyables s'ils
nestoient connus par une
infinité d'experiences. Entre ceux qui en sont piuez lesuns ne sçauroienc ormir,les
autres ne peu-
,vent estre éveillez,lesuns
forment de continuelles
plaintes, & les autres rient
tousjours, Quelques-uns
grincent les dents, & sont
agitez detransports derage:quelquesautresau contraires chantient & dansent sans cesse. Aux uns,
ce venin cause des vomissements, aux autres des
sueurs abondantes & pref-
que a tous une forte parnon pour les couleurs;
mais differemment.- Ainsi
le rouge plaist à l'un, le
verd contente l'autre
»
le
jaune en réjouit plusieurs
&c. Ce qu'il y a
de particulier en ce venin, c'est
que comme il est gluant,
n'estant que l'humeur salivaire de cette araignée,
il fixe d'abord l'imagination sur l'objet qui l'occupoit lorsqu'il est piqué, de
forte que si un homme s'imaginoit alors d'estreRoi,
cette agreable idée ne le
quitteroit qu'après l'entietiere dissipationdel'humeur insinuée par lamorsure de la Tarentole. Ce
venin, par la mesme raison
de viscosité, ne fait d'abord
ressentir auçun fascheux
symptosime
; mais dans la
suite, qui est quelquefois
d'une année entiere, après
estre demeuré long. temps
caché, il se subtilise ,&se
reveille par la chaleur du
Soleil. Il acquiert du mouvement & de l'action
,
&
produit différents effets,
selon les parties qu'il ixi-
secte. Si ce venin bouche
les nerfs dans leur concours
au cerveau, les esprits animaux ne pouvant dcfcendre aux organes, demeurent comme endormis. Au
contraire, il cause des veilles continuelles s'il tient
par son activité tousjours
ouverts les nerfs par où
ces mesmes esprits peuvent descendre sansdis
continuation. En corrompant la bile,ce venin cause
des fiévres ardentes, & en
se joignant avec lesesprits
à l'origine des nerfs,il picote
, cote extraordinairement
tes muscles & parce picotement porte le malade à
gesticuler &à danser, ce
qui arrive principalement
lorsque les esprits y
sont
excitez par quelquesairs
de Musique convenables
au temperamernt di}mala-.
de,& à la qualité diijvenku
C'est par cette raifq#r,que la,Mtifiquee/tTciniquç,&
souverain remecle<\pom;>cô
mal; car le malade dansant avec
violence au son
de l'instrument, & mesme
(
avec justêssequandîln'au-j
roit jamais appris à danfer,
fait sortir ce venin avec la
sueur. Que s'il en reste
quelque petite partie, c'est
un levain qui causse périodiquement les mesmes
symptosmes,& dela vient
que l'on voit des personnes qui en font incommodées des quarante & cinquante annees.
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Résumé : EXPERIENCE sur un Chat enragé. Extrait d'une Lettre Angloise de Londres.
Un chimiste a mené une expérience sur un chat enragé afin de tester un remède. Pour préserver son anonymat jusqu'à la vérification de son traitement, il a suspendu un chat robuste avec des cordes et l'a soumis à des coups violents pour provoquer une rage intense. Ensuite, le chat a été immergé dans un baquet d'eau tiède contenant une distillation préparée à partir d'araignées italiennes, similaires aux tarentules. Après ce traitement, le chat est devenu calme et a accepté de la nourriture avec douceur. Le texte décrit également les effets variés du venin de la tarentule, qui peuvent inclure l'incapacité à dormir, des plaintes continues, des rires incessants, des grincements de dents, ou des danses. Le venin affecte également la perception des couleurs et peut provoquer des vomissements ou des sueurs abondantes. La distillation utilisée dans l'expérience est dérivée de ce venin, connu pour ses effets surprenants et contraires. Le chimiste prévoit de tester son remède sur d'autres animaux et humains atteints de rage avant de le rendre public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
59
p. 97-173
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Début :
L'Organe de la voix ou de la parole est [...]
Mots clefs :
Oreille, Musique, Veines et artères, Anatomie, Glotte, Gosier, Muscles, Air, Parole, Voix, Anneaux, Corps, Larynx, Homme, Cordon, Canal, Fente, Oiseaux, Dilatateur, Membrane, Bouche, Diaphragme, Aplatisseur, Vibrations, Souffle, Lèvres, Cartilage, Lobe du poumon, Organe, Épiglotte, Anatomiste
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
musique
,
ou lesmerveilles de la Trachée
artere,tirées des observations desplus habiles Anatomistes, f5 de
l'anatomiecomparée.
L'Organe de la voix ou
de la parole est le gosier,
nommé par les Anatomie:
tes âpre ou trachéeartere,
pour le distinguer du go.
iiêr par où passent les alimens qu'ils appellent l'éso-
phage, & qu'on peut à eause de cela nommer en françois le passage des vivres.
Le gosier ou trachée artere
est composé de quarante
quatre parties qui fervent
à former la voix, sçavoir
de vingt six cartilages osseux, de douze muscles, de
trois especes de membranes
,
& de trois especes de
nerfs, sanscompter les arteres, les veines, les glandes, & autres parties qui
entrent encore dans sa
composition. Toutes ces
quarante quatre parties ont
leurs usages par rapport à
la voix, qu'il s'agit d'expliquer
,
c'est à-dire, de reduire aux regles de la mechanique & de la musique.
Nous appellons osseux les
vingt-six cartilages, parcequ'ils tiennent effectivement de la nature de l'os,
puisqu'ils contiennent tous
une espece de moëlle dans
le milieu de leur substance,
& qu'ils deviennent mesme des os parfaits dans
beaucoup de vieillards. Il
faut encore joindre à ces
quarante quatre organes le
diaphragme qui est un des
principaux instruments de
la voix, ce qui fait au moins
quarante cinq organes en
tout.
I. On a
de coustume de
distinguer le gosier en deux
partiesprincipales,quisont
a teste
,
nommée par les
Anatomistes, larinx
,
en
françois siffletou cornet,
& le corps du gosier. Ce
corps est un canal plus que
demy circulaire, dont la
convexité est tournée du
poflx du visage, & qui commençant à l'entrée des pou-
mons, monte le long du
passage des vivres sur lequel il est couché & applique par sa base. Il est composé ordinairement de
vingt un cartilages formez
chacun comme un grand
croissant
,
& qui sont fermez du costé de leur bafe
par une membrane musculeuse,laquelle regnant tout
le long de ce canal ,forme
cette base que je nomme
le MurcIe posterieur. Ces
cartilages sont liez les uns
aux autres par les fibres
longitudinaires de cette
membranemusculeuse,qui
s'inserent entre chacun
d'eux, &s'y attachent dans
tout leur contour. Par ce
moyen les fibres circulaires
de la mesme membrane,
qui traversent ces premiers
angles droits, se gonflant,
& se racourcissant par l'arrivée des esprits, ferment
ces anneaux ,& retrecissent la capacité du gosier;
& lorsque les fibres longitudinaires se gonflent & se
racourcissent, le canal en
est en mesme temps racourci
;
desorte que si l'on
souffle alors le vent sort
hors la poitrine avec effort,
ce canal s'enfle considerablement, le ressort des mes.
mes anneaux contribuë aussi à les dilater. Mais ce
racourcissement se fait encore parune autre membrane tendineuse qui tapisse intérieurement le
corps du gosier, & dont les
fibres longitudinaires qui
attachent intérieurement,
les mesmes anneaux pu
croiffans les uns aux autres,
les rapprochent les uns des
autres en se racourcissant
par leur ressort
,
quand le
gosier a
ététiré selon sa
longueur, & laissé ensuite
en liberté. :,
,
2. La teste du gosier ou le larinx
,
ou cornet
,
est
composée de cinq cartilages osseux comme les précedens, dent le plussolide
ala forme de l'embouchoir
d'une flute douce ou à bec,
coupé perpendiculaire
ment à sa longueur après
en avoir osté le tampon;
c'està dire que c'est une
espece d'anneau à tirer de
l'arc beaucoup plus large
dans une partie de son
corps que dansla partie opposée, aussi l'appelle-t'on
l'anneau. Le haut du corps
du gosier est joint avec le
bas de cet anneau par des
ligaments particuliers en
telle forte que la partie large de l'anneau est rootnée
vers le derriere de la teste
,
& posée sur l'esophage, &
la partie vuide & anterieure du mesme anneau est
recouverte par un second
cartilage nommé l'écu &
le bouclier
,
qui ressemble
assez à une cuirasse de fer,
estant voutéde mesme par
le devant. Ce cartilage ou
l'écu estant applari auroit
la figure d'un tra peze donc
la plus grande baze seroit
tournée en haut. Ilestfortement adherent au corps
de l'anneau par des ligaments propres; il s'esleve
mesme plus haut pour s'aller attacher parfesdeux angles ou cornes superieurcs
aux deux cornes de l'os de
la langue, appelle Joïde,
lequel tient par ce moyen
tout le gosier de l'homme
suspendu dans une situation
verticale.C'est cette partie voutée dumilieu de ré.
cu qu'on appelle le nœud
de la gorge
,
d'autres disent la pomme d'Adam,
au dessous duquel nœud on
sent en tastant avec les
doigts le bord estroit de
l'anneau. Par ce moyen
l'anneau &l'écuforment
ensemble le canal rond de
lateste du gosier,lequel
canal a
huit ou neuf lignes
de diamettre dans un homme fait. Ce canal est recouvert par le haut de deux
membranes fort épaisses,
& presque semicirculaires,
attachées horizontalement
par leur circonference exterieure dans son contour
interieur. Ces deux membranes laissent entre leurs
bords intérieurs terminez
chacun par un cordon solidetendineux, une ouverture triangulaire isocele appellée la glotte ou
la bouche du gosier dont
la pointe se termine au milieu du dedans de l'écu,
dans l'endroit où ces deux
membranes qu'on nomme
les lèvres de la glotte se
réunissent, & donc la base
est située sur !c bord large
de l'anneau, oùil y a
deux
petits cartilages triangulaires osseux attachez par leur
base sur le mesme bord,
environ àune ligne l'un de
l'autre. On les nomme guttauxou becs, à cause de
leur figure pointuë
;
c'est
apparemment eux qui ont
donné le nom au gosier.
Les deux bouts de ces deux
cordons font collez chacun à la base d'un de ces
deux osselets. Et ily a
des
Autheurs qui prétendent
que ces deux cordons,&
mesmeleurs membranes
font des muscles, mais cela ne m'a paru ainsi
,
on
verra dans la fuite que ce
font principalement ces
deux membranes & leurs
cordons qui forment la
voix ou la parole ,& ces
deux osselets qui la modifient en les approchant ou
écartant l'un de l'autre,
ainsi on peut les nommer
les portiers de laglotte. Enfin cette sente, bouche ou
glotte est recouverte par
un couvercle ou clapet car-
tilagineux de forme triangulaire, un peu arrondi par
la pointe, nommé à cause
de cela l'epiglotte, comme
qui diroit le couvercle de
la glotte. L'epiglotte tient
interieurement parsa base
irl'écu proche le milieu de
son bord superieur au dessus de la glotte, ensorte que
le vent souffléde la poitrine
par la glotte, ouvre cette
porte pour sortir, par la
bouche, & celuy que l'on
respire joint au poids de
cette glotte,la referme dans
l'homme. Mais danslesanir.
maux à quatre pieds qui
ont presque tousjours la
teste baissée, & dont la glotteest très spacieuse
,
& l'épiglotte plus pesante
,
la
nature a
esté obligée de
luy donner des muscles particuliers pour l'ouvrir &
la fermer, de crainte que
les alimens n'encrassent par
la glotte pendant la respiration.
3. Dans les oiseaux aquatiques comme les canards,
gruës,oyes,macreuses, &c.
qui retirent continuellement de l'eau, de l'air, &
- de
de la vasemeslez ensemble, ( ce qu'on appelle
communément barboter,)
la nature prévoyance a
situé
le principal organe de leur
voix au bas de leur gosier
au dedans de leur poitrine,
ensorte que dans plusieurs
il est caché mesme dans la
substance du poumon. De
plus cet organe est double,
car du costé gauche du
corps du gosier cest un anneau osseux semicirculaire
-
beaucoup plus large, plus
solide
,
& plus ample que
les autres,ayant à sa base
une fente percée du devant.
au derriere,dont les lévres
font membraneuses. A cette fente,s'abouche la branche gauche de l'Apre artere qui se répand, dans le
poumon; desorte qu'en
soufflant par cette branche,
le vent qui fort par cette
fente ou glotte inférieure,
& par celle qui est outre
cela au haut du larinx à la
racine de la langue
,
rend
un son enroüé
,
que les paysans nomment ( pire) &
qui est le chant ordinaire
avec lequel ces oiseaux s'ap-
pellent de près; mais du
costé droit la nature a
joint
à
ce demi anneau osseux un
veritable sifflet rond, osfeux semblable en quelque
façon aux sifflets de terre
donc les enfans contrefont
les Rossignols. Ce sifflet
tres-dur en dehors, est rapissé en dedans d'un cartilage fort épais, ayant deux
bouches, dont la su perieure s'ouvre dans le bas du
corps du gosier par son cosséJ & l'inférieure respond
dans le lobe du poumon
droit par la branchedroi-
te de l'âpre artere
,
estant
presque en tout semblable
à la bouche ou glotte qui
est du costé droit. le vent
soufflé avec violence par
cette branche droite frappant l'interieur de ce siffier,
rend un sontres-fort par la
glotte superieure ,lequel
les paysans appellent (can)
& de crainte que ce vent
ne rentre danslelobe gauche, la nature a
separé la
bafe du corps du gosier en
cet endroit par un cartilage
osseux qui sertde guideaux
deux airs, qui sortent des
poumons, & qu'on appek
le le coûtre. Ce vent qui
vient du sifflet entrant avec
rapidité dans lescavitez
que ces oiseaux ont au palais en plus grande quantite que les autres oiseaux
,
plus grandes,& plus profondes,y prend un sonnazard qui s'y augmente
merveilleusement. C'est ar,
vecce son nazard qu'ils
appellent leurs camarades
qui sont fortesloignez
d'eux. Il faut dé plus remarquer que les cartilages
du corps du goder de ces
fortes d'oiseaux sont des
cercles presque entiers enchassezquelquefois les uns
dans les autres, pour avoir
plus de solidité; & ceux au
contraire de ses branches
quise répandent dans les
poumons font des cercles
plus imparfaits, avec une
membrane charnuë qui les
lie à peu près comma le
corps du gosier dans l'homme.
4. A l'égard des autres
muscles du gosier, qui dans
l'homme font au nombre
de onze, ils sont tous atta-)
chez à sa teste ou larinx
;
sçavoir deux qui fervent à
la tirer en bas, sont attachez chacun d'un bout au
bord inférieur de l'ecu des
deux costez de son nœud
ou milieu, & de l'autre
bout au haut du poitral
,
ces
muscles donnent encore
lieu au gosier de s'enfler
davantage par cet abbaissement, & aidentl'action
de sa membrane musculeuse posterieure, & de sa
membrane tendineuse intérieure
,
on peut à cause de
cela les nommer les depri-
meurs du gosier. En abbaissant aussi lateste du gofier ils facilitent la déglution,& garantissent la cheute des alimens dans la glotte. La teste du gosier est
retirée en haut, & en mesme temps suspenduë par
deux autres muscles attachez d'un bout aux deux
costez du noeud de l'écu
vers son milieu parle devant, sçavoir au dessus des
précédents, & par l'autre
b out aumesme os de la langue dont on a
parlécy devant, Ces deux muscles au
reste
reste n'ont que deux pouces de longueur. Ils lér-'
vent aussi à faire allonger
lecorps du gosier lorsqu'ils
viennent à se raccourcir,
& de plus en tirant la teste
du gosier en haut, ils facilitent la respiration, & présentent laglotte à la bouche pour faire davantage
éclater la voix;On peuc
donc les nommer les Elc^
veurs du larinx.
f'
;
Déplus l'ecu est comme
ouvert en dehors ou appla-
¡,. ti par une troisiéme paire
f' de muscle
,
qui partant du
bord estroit ôcinférieur de
l'anneau au devant de la
gorge, vont s'atracher
aux deux angles de la base inferieure de l'écu à
droite & à gauche. Car
il est évident que ces muscles en se raccourcissantretirent par ce moyen les ailes de l'écu en dehors, comme pour le rendre moins
vouté, mais ce n'est effectivement que pour attirer la
partie posterieure de la ted
te du gosier vers son anterieure,c'est à dire pourl'applatir un peu du devant en
derriere
,
& l'allonger en
mesme ,
temps d'autant vers
les deux costez, ou en un
mot pour rendre sa cavité
ovale, afin de rendre la double membrane qui compose
la glotte, laquelle sans cela
demeureroit lasche & ridée
lorsque la glotte est fore
ouverte, ce qui causeroit un
son bas & tremblant. Et
afinaussi que les deux lévres de la glotte ou ses
deux cordons puissent plus
aisément estre écartées l'un
del'autre par les muscles
destinez à cet effet donc
nous allons parler. Onpeut
donc nommer cetre troisiéme paire de muscles les
Applatisseurs du larinx. Ces
trois premieres paires qu'-
on appelle ordinairement
exterieurs par rapportà récit
,
pourroient encore
mieux estre nommez antérieurs, parce qu'ils sont situez ducollet duvirage,par
rapport aux cinq dont nous
allons parler, qui sontplacez sur le partage des vivres vers le derriere du col,
& qu'on pourroit nommer
a cause de cela posterieurs
aussi bien qu'interieurs par
rapport à l'ecu, mais ces
denominations ne regardant que l'anatomiste
,
&
nullement le musicien ( si
ce n'est tout au plus pour
s'orienter,) nous passerons
maintenant à la description
& aux usages de ces derniers. La quatrième paire
de muscles part donc des
deux costez de la partie large, & posterieure de l'anneau en dehors, & va s'attacher à la bafe des deux
portiers de la glotte, sçavoir proche les angles de
cette bafe les plus esloignez
du milieu de la glotte
,
&
cela après avoir passé derriere deux petites éminences de la partie large de
l'anneau qui leur fervent
comme de poulies de retour, afin de leur donner
à chacun un plus grand
jeu dans leur raccourcissement, & une direction plus
propre à écarrer ces portiers l'un de l'autre en les
faisantglisser sur le bord de
l'anneau. On peutappeller
cette paire les grands Dilatateurs de la glotte parrap-
port a une cinquiéme paire
beaucoup plus courte &
plus gresle, qui partant des
deux costez de la mesme
partie de l'anneau fous l'écuà costé des deux précedents, mais plus loin du milieu de l'anneau, va s'attacher aux mesmes portiers
joignantles deux précedents à l'anglemesme de
leur base; par ce moyen la
direction de ces derniers
muscles est encore plus propre à écarter les deux portiers l'un de l'autre, mais
avec un moindre jeu que les
deux précedents; c'est pour
cela qu'on nommera cette
cinquiéme paire les petits
Dilatateurs de la glotte. ERfin l'onziéme muscle du larinx qui est le douziéme de
tout le gosier,lie exterieurement les deux portiers l'un
à l'autre parleur base,afin
de pouvoir en se gonflant
6c se racourciffant les approcherl'un vers l'autre,&
fermer en mesme temps les
cordons de la glotte. Gn
peut donc le nommer l'Adducteur des cordons ou:des
lévres delaglotte,ausil'oi>
veut tout d'un coup le Fer-
-
meurde la glotte. Plusieurs anatomistes habiles
veulent que cederniermuscle foit encore double comme les précedents
; mais la
chosenema pas paru ainsi.
Il y a
donc treize muscles
quifervent à la formation
-
de la voix en y comprenant le diaphragme donc
on parlera cy-a prés.
5. A l'égard des nerfs du
larinx il y en a
de trois sortes,sçavoirune branche de
la quatriéme paire qui envoye un rameau à toreilla
& l'autre à la langue, une
de la septiéme paire qui en
fait autant, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille, dansle Mercure de
Paris du mois de Janvier
1712.&qui de plusenvoye
un rameau à la racine des
dents; & enfin une bran**
che de la cinquiéme paire
du nerfrecurrent, qui après
s'estre entortillée autour de
l'aorte descendante, monte au gosier, ou elle distribuë, des rameaux à son
corps&àsateste. Une pareille branche du mesme
nerf fait la mesme chose
aprés s'estre contournée
autour de l'artereaxillaire
droite, & ces deux branches envoyent en mesme
temps des rameaux au
cœur. De plus ces deux dernieres paires, aprés s'estre
unies, envoyent encore des
rameaux à la langue & aux
oreilles. Par le moyen de
ces nerfs l'animal entre en
action pour crier, & se deffendre en mesme temps
,
ou pour fuir selon l'occasion; pour exprimer sa joye,
son admiration, sa douleur,,
& toutes ses autres passions.
Ce nerf dela huitiéme paire estant coupé, l'animal
cesse dans le moment de
crier, ce qui marque en general que les nerfs font
toute l'action des animaux;
&en particulier que c'est
celuy-cy qui sert à former
le cri de la voix en se distribuant dans les muscles
du larinx, sans que l'oreille
y ait part, comme ilarrive à tous les sourds & muets
lorsqu'ils sont agitez de
quelque passion.
6, Quant à
laformation
de la voix il y a
des Anatol"-
missesouPhysiciens qui
ont dit que la glotte en estoit l'organe
,
d'autres les
muscles du larinx; & enfin
les autres le corps mesme
du gosier ; & tous ensemble ont raison
; car le corps
du gosier contribuë à la
voix,en foumissant l'air qui
en fait le son
;
les lévres&
cordons de la glotte contre
lesquels cet air se brise, forment ce sonpar leurs tremblements
,
& les muscles
qui servent à serrer ou à
écarter ces mesmes cor-
dons & leurs membranes
l'une de l'autre, & à étendre ces mesmes membranes
,
forment le degré
,
la
force, & la netteté de ce
son. A quoy l'on doit encore adjouster les muscles
de la poitrine, principalement le diaphragme, qui
pressant les poumons(à peu
près comme un berber
presse sa musette avec son
bras, ou comme un preneur de cailles presse son
apeau) fournissent au gofier l'air qui forme la parole & la voix. Voila donc
au moins quarante cinq instrumens qui fervent à former la voix.
Mais pour expliquer
maintenant cette formation dans le détail qu'elle
demande,il faut remarquer
que la voix de l'homme n'a
pas feulement besoin de
monter & dedescendre par
differents intervalles
,
loic
pour chanter, pour appeller, pour crier ou pour exprimer ses différentes passions; mais elle a
besoinencore d'estre plus forte ou
plus foible en
-
chaque dé-
gréde son, afin de se faire
entendre à differentes distances, ou pour varier son
chant 6c ses paroles selon
le besoin: ainsielle doit devenir quelquefois plus foible en montant
,
ôc plus
forteen descendant
,
ou
tout au contraire. Or le vent
poussé au travers de laglot-
.te.) soit dedans en dehors,
(ou mesme. de dehors en
dedans)forme lesonde la
voix, le bruit de la parole,
les cris, les éclats, les sanglots, &c.selon que ce bruit
estplus longou plus court,
plus
plus fort ou plus foible
,
comme nous l'avons dit
dans le Mercure cité cydessus
; & cela en faisant
trembler les deux membranes de la glotte, mais principalement ses deux cordons qui sont tousjours entretenus dans un certain
estat de tension ou de ressort, tant par leur solidité
particuliere,que par le mue.
cle fermeur
,
qui tire les
deux portiers l'un vers l'autre; & cet air devient son
en se brisant contre ces
mesmes cordon,de la mes-
me maniere que l'air pressé
au travers des lévres de la
bouche devient un fifllement qui estune espece de
son en les faisant trembler,
ou si l'on veut comme le
vent chassé violemment à
travers la fente d'un chasEs décolé en quelque endroit, y
forme unson qui
imite fort la voix humaine
par les tremblements qu'il
luy cause
; ou enfin encore
comme l'air pouffé au travers une fente faite au costé d'un roseau ouvert par
un bout,& fermé par l'au,
tre, lorsqu'on souffle par le
bout ouvert; car cet air ne
pouvant passer par cette
fente sans en écarter les lévres, les met en ressort, &
leur combat mutuel forme
des vibrations dans l'air environnant, dans lesquelles
consiste le [on, & ce son
imiteroit encore plus parfaitement la voix humaine
si l'on avoit foin d'arrondir
un peu ces deux lévres
,
à
peu près comme les bords
de la glotte. Au reste le
chassis bruyant,& les firingues ou roseaux des An-
ciens n'imitent encore la
voix humaine qu'imparfaitement, en ce que leur son
ne monte jamais, qu'il nc,\
devienne en mesme temps
plus fort, & qu'il descend
tousjours à mesurequ'il
s'affoibltr. Car ce son ne
monte, que par l'acceleration de ses vibrations, laquelle ne vient que de la
force de l'air qui est poussépar la fente; au contraire
lorsque cet air passe plus.
lentement
,
ses vibrations
devenant plus lentes, le son
baisse enmesmetemps. La.
mesme chose arrive à quantité d'oiseaux dont la glotte
n'est ouverte ou fermée que
par l'air qui passe au travers, particulièrement aux
oiseaux aquatiques donc
nous avons parlécy -devant, & dont la voix se forme au travers de leurs glotte
,
comme le son à travers la fente d'un chassis
bruyant, ou d'une siringue,
& non pas par le jeu d'aucuns muscles.C'est cequ'on
entend tous les jours sur les
estangs où il y a
des canards lorsqu'il en passe
d'autres en l'air au détins
d'eux, car ils les appellent
en eslevant d'abord leurs
ailes afin d'enflerleurs poumons
,
& planant ensuite
fortement pour en chasser
l'air avec violence, ce qui
esleve extremement leur
voix,& forme un cancan treséclattant,lequel baisse peu h,
,
peu à mesure que leur poitrine se vuide d'air;les coqs
font à peu près la mesme
chose avant de chanter.
7. Il n'en est pas de mesme dans l'homme, & mesme dans plusieurs animaux
terrestres, comme les
chiens, les chats, l'Elan du
Bresil, & dans quantité
d'oiseaux dont la glotte
estouverte & fermée par
des muscles: car lemuscle fermeur de la glotte
venant à se raccourcir, ap*
proche les portiers l'un de
l'autre & de son milieu, ce
qui bande ses cordons, parce que ces portiers estant
posez sur la circonférence
de l'anneau, & les deux
cordons qu'ils tirent estant
attachez à la partie opposée diametralement du ca.
nal du larinxil est bien evh
dent qu'on ne sçauroit approcher les portiers du diamettre de ce canal sans en
mesme temps allonger ces
cordons, ( comme Euclide
lademontré) & sans estendre aussi les deux membranesqu'ils bordent, & qui
couvrant ce canal, forment
la glotte. Ainsi la voix ou la
parole est obligée de monter par l'acceleration des
tremblements de ces cordons ,& elle s'affoiblit en
mesme temps,par le jet d'air
quisort de la glotte, lequel
est
est d'autant plus gresle
qu'elle est plus rétrecie.
Maissi l'on veut augmenter au contraire laforce de la voix sans l'eslever
il ne faut que pouffer une
plus grande quantité d'air
de la poitrine,& ouvrir un
peu les portiers de la glotte,
en bandant les dilatateurs
grands ou petits, & relaschant à proportion le Fermeur,afin que les cordons
ne soient pas plustenduspar
l'augmentation de la quantité de l'air qui passe entre
eux qu'ilsl'estoient en pre-
micrlieu: parcemoyen cet
air passant en plus grande
quantité par la glotte produira un son plus fortsans
estre cependant plus estevé
; au lieu que si les cordons n'avoient point esté
relaschez, la voix auroit
monté
,
en mesme temps
qu'elle feroit devenuë plus
forte1, comme dansles oiseauxaquatiques. Je dis
de plus que les Applatifseursdu larinx doivent aussi entrer en contraction,
afin de faciliter touvenure de la glotte, & tenir en
mesme temps les deux
membranes tenduës, comme nous l'avons dit. Si l'on
veut outre cela que la voix
monte à mesure qu'elle devient plus forte
;
alors les
Eleveursdu larinx doivent
le tirer en haut,afinde présenter la glotte à l'entrée
de la bouche, pour que l'air
qui en fort allant frapper
contre toutes ses parties solides, comme le palais, &
les dents,&c. y
fouffredes
réflexions,s'y brise& y
augmenta la force de son
ressort,comme nous l'avons
dit de l'entonnoir, & de la
caisse de l'oreille, & afin
aussi que le canal exterieur
composé de la bouche & de
son entonnoir, lequel s'estend jurqu'au larinx & que -
l'on nomme le creux, ou le
port de voix) estant par là
plus racourci, la voix en
devienne plus eslevée,comme)1 arrive dans les flutes,
hautbois
,
flageolets, &c.
Enfin la membrane charnuë ou le muscle qui lie les
croissansdu corps du gosier
,
doit aussiroidir les-fibres circulaires, afin de ré-
trecir tout ce corps, & de
donner plus de rapidité à
l'air qui couleau dedans,
sans quoy l'effort du diaphragme deviendroit inutile. Ainsi l'on voit que pour
produire cet effet la pluspart des muscles font en
action
; car la voix devant
durer quelque temps sur un
mesme degré, il faut necet:
sairement que tous les muscles antagonistes soient
contrebandez, c'est-à-dire,
que les Abaisseurs du gofier le soient contre les Eleveurs
,
& que ses Dilata-*
teurs le soient contre le Fermeur, aussi bien que le diaphragme; sans quoy la glotte se sersieroit)&s'efleveroit en mesme temps, aussi toit que le Fermeur & les
Eleveursagiroient
,
& ne
demeureroit pas dans un
mesme estat, mais le son,
hausseroit ôc. deviendroit
plus foible en mesme
tems.
Mais si l'on veut que la
voix augmente encore de
force & descende ou grossisse en mesme temps, il
faut relascher davantage le
-
Fermeur, & par ce moyen
les cordons & les lèvres de
la glotte, bander davantage les Dilatateurs de la
glotte, & les Applatisseurs
du larinx
,
& pousser l'air
avec plus d'effort: car cet
air ouvrira & arrondira davantage le corps du gosier,
& fera un jet plus gros,
plus solide
,
& par consequent plus capable d'ébranler tout l'airenvironnant,
- ce que ne pouvant faire sans
tendre les cordons de la
glotte, il est évident qu'il
faut donc d'ailleurs les re-
lascher. Il faut de plus que
les Déprimeurs du larinx
seroidissent,&l'emportent
sur ses Eleveurs,afinde donner lieu à l'air qui passe par
le corps du gosier de l'enfler, & d'y couler par consequens avec moins de rapidité, quoy qu'en plus
grande quantité, ce qui formera dans la glotte un jet
plus fort, quoyque d'un son
moins eslevé. Il arrivera
de plusde cet abbaissement
du gosier
,
que le creux,
ou port de voix, ou l'entonnoir en deviendra plus
profond à mesure qu'il s'élargira
,
ce qui rendra encore la voix plus masculine,
& plus baffe. Se fera tout
le contraire lorsqu'on voudra que la voix devienne
plus foible, à mesure qu'elle baissera
,
comme dans
l'estas le plus ordinaire. Car
le diaphragme pouffant
moins d'air de la poitrine,
la glotte pourra se rétressir,
& par consequent le Dilatateur & l'Aplatisseur se relascher à proportion; en
telle sorte que le peu d'air
qui passera par la glotte, y
coulera lentement, & y excitera des fremissements
lents,c'est- dire un son
grave & foible
,
ce qui se
perfectionnera encore par
l'élargissement & l'abbaissement du gosier, & par Fa"
longement de son creux,
comme on vient de l'expliquer, cette acttion estant
en partie opposée à la précedente & plus simple, que
si la glotte s'ouvroit par raaion du Dilatateur & de
l'Aplatisseur: ce qui fait
voir que les différentes modifications de la voix con-
latentdansun combat entre le diaphragme & les
muscles du gosier.
8. C'est la mesme chose
pour la parole que pour la
voix
,
excepté feulement
que la parole est une voix
pluscourte l3) plus unie.
Ilya cependant biendes
nations comme les Normans3 les Gascons
,
mais
principalement les Chinois, dont la paroleestun
veritable chant; & le systeme enharmonique des
Grecs, n'estoit inventé que
pour noter leur déclama-
tion qui estoit un vray
chant. Lors qu'on dit que
l'on reconnoistun homme
à la voix, ou quand on commande d'obéir à sa voix, on
entend non le chant d'un
homme maissa parole, tant
il est vray que ces deux
choses considerées en ellesmesmes ne font qu'une
mesme chose. Mais les gradations de la parole sont
différences de celles de la
voix, comme estant regléees par un autreorgane,
sçavoir le limaçon; au lieu
que la voix est guidée par
lelabyrinthe, comme nous
l'avons dit en parlant de
l'oreille;c'e stce quifait que
la parole reçoit toutes sortes de gradations à l'infini,
de mesmeque le chant des
Chinois; au lieu que le
chant desOccidentaux, ôc
mesme celuy des Arabes,
des Perses, &c. a
des gradations choisies
,
comme
nous le dirons dans la Me*
lodie qui doit suivre ce Mémoire. Ce qui nous convainc encore que la parole
& la voix s0nt formées par
lçs mesmesorganes
,
du
-
moins dans la pluspart des.
hommes, c'est que si Ion
donac-tquelque teneur ou
durée à ses paroles, elles
deviennent une veritable
voix, comme chacun peut
l'éprouver; desorte que des
paroles qui ont chacune
une durée sensible,sans gradation,ou avec des gradations mélodieuses,nedif- -
ferent en rien d'une voix.
Il faut cependant avouër
que ceux qui ont appris à
chanteri,méfientAc%orne^
mens
mesme dans chaque
ton, commede pousser leur
voix, par diminutions, par
accroissemens, par ondes,
&c. qui ne se trouvent pas
dans les voix unies ny dans
la parole. Mais au resteces
differences aussibien que
les gradations font tousjours accidentelles,&nempeschent pas que le son de
la parole, & celuy de la voix
ne soient le plus fouventy
le mesmeson
,
& formez
par les mesmesorganes. On
peut s'en convaincre encore en considerant que les
accidens de la voix sont
communs aussi à la parole.
Si la voix est(par exemple )
enroüée, ou cassée, ou nazarde, ou cornante, ou glapissante,&c. la parole l'est
aussi. DesortequeIon peut
pour l'ordinaire aisément
juger du son de la voix d'un
homme en l'entendant seulement parler.
-
Quant au degré de la parolepar rapportà la voix,
il est ordinairementau milieu desonestenduë,qui est
l'estat où les Eleveurs du
larinxonttoute leur extension, si ce n'estlors quon
ell enroüé; car alors les Dilatateurs
lacateurs de la glotte.la tenant plus ouverte qu'à l'ordinaire par leur gonflement )
la voix en devient
plus grosse& plus basse,&
quelquefois si basse qu'elle
s'éteint tout- à fait, à moins
qu'on ri'arrose le Fermeur
de quelque eaustiptique,qui
le gonflant à son tour fasse
rétrécir la glotte, & rende
la parole,ce qui ne peut pas
durer long
-
temps. Il y a
des personnes dont la voix
est beaucoup plus agréable
quela parole, parce que les
Eleveurs du larinx sont plus
longs chez eux que dans
l'estat ordinaire, cequi fait
que toute l'estenduë de leur
voix est presque au dessus
de celle de leur parole, &
que leur voix est nette, claire& éclatante, tandis que
leur voix peut estrebasse
,
rude,chevrotante, &c. mais
c'est un cas extraordinaire.
Enfin il y en a
dont lavoix
estfausse, c'est-à-dirènaturellement diflbnantc,quoique leur parole foit agréable, & pathétique. Gélaft
trouve en deux personnes
qui me sont très-proches
parentes, lesquelles ont le
son de la voix & de la parole fort beau, & le patetique
bon, quoy qu'elles n'ayent
pû jamais apprendre à entonner juste aucun air, ce
qui me confirme encore
que le patetique de la pa..
role n'est pas reglé par le
mesme organe de l'oreille,
que les gradations de la
voix, puisque l'un peut-estre juste tandis que cellescy font fausses.
- 9. Il faut au refiercmar.
quer qu'il
y a
deux fortes de
voix dansles hommes, dans
les femmes, & dans les en- fants, donc l'une s'appelle
voix naturelle, parce qu'elle est la mesme que le son
de la parole; & l'autre se
nomme le fausset,principalement en parlant de
l'homme fait, dans quielle
est ordinairement plus deagréable, que la voix naturelle, au contraire des femmes & des enfans.Cefausset a
presque toute son cftendueau dessus dela voix
naturelle;,,n'ayant qut quatre ou cinq tons plus bas
-que les plus hauts de celles
cy. Au relie ces deux voix
se forment par des instruments differents,Comme on
le sent lors qu'on passe de
l'une à l'autre, ce qui ne
sçauroit se faire sans une
espece de repos & d'attention particulière,&mesme
sans quelque violence &
quelque fausseté,àcause du
changement demuscles. Il
faut donc considerer que
tandis que la voix naturelle
monte depuis son ton le
plus bas jusques proche de
son plus haut, cestà-dire
parl'cftenduç d'une pouzié-
me environ; il n'y a que le
grand Dilatateur de laglotte qui foie en contraction
avec le Fermeur, le petit
estant relasche pendant
tout ce temps, à cause de
Tecartement des deux portiers l'un del'autre. Mais
quand la voix
-
est arriver
dansses tons les plus hauts
,
le petit Dilatateur corn?
mence a
estre tèndu)ôc
devient capable d'entreren
contraction avec le Fermeur, le grand Dilatateur
estant alors au bout de son
aâion,te pouvant seule-
ment prester comme une
corde qu'on allonge. Deforte que si le Fermeur continuë de se contracter, &
que le petit Dilatateur seroidisse
)
leur combat produira alors la voix de Fausset,qui pourra contenir encore beaucoupde tons,c'est
à dire quelquefois une douzième. Mais il est évident
que cettevoix doit estre
très gresle &tres- eslevée,
parce que la glotte est alors
très-serrée,&que ses cor-
@d'Dn'S*'&! membranes sont
extrêmement tendus.
vn
Quand au contraire le petit
Dilatateur s'est gonflé autant qu'il a pu pour rouvrirla glotte, & que la voix
de Fausset a
descendu
jusques à son ton le plus bas,
le grand Dilatateur peut se
gonfler , à son tour, & mesme un peu auparavant; &
la voix naturelle commencer à se former dans ses tons
les plus hauts pour descendre delà jusques, dans ses
plusbas. Jay connu plusieursChantres qui possedoient,ces deuxfortesde
voix presque également
bien.
bien. Les femmes & lesensans affectent de se servir
de la voix de fausset, comme convenant mieux à leur
d~licateffe ou à leur â
~e ,.
delicateffe ou à leur à,le,
& comme estant plus tendre & plusflexible, leur gosier ne pouvant pas s'estendre assez pour pratiquer la
voix naturelle dans uneestenduë suffisante
10. Mais lorsque le go:"
fier des jeunes homm s
s'est accreu & dilatéjusques
à un certain point; par l'accroissement de l'âge,le Fermeur de la glotte ne peut
plusla fermer alorssuffisamment, ny bander assez ses
Dilatateurs pour entonner
sa voix haute; c'est pourquoy on est obligé d'abandonner pour l'ordinaire le
Fausset,&de s'entenirà la
voix naturelle. qui devient
alors une Hautecontre, ou
uneTaille pour le reste de
lavie,& c'estce qu'onappelle la Muance; siau contraire le jeune homme entonnoit sa voix naturelle
avant la Muance; aprés
qu'i) a mué il ne sçauroit
pl41 ertfonner que rO£tajJ
ve basse de cette voix naturelle, quiestalors àl'unisson destailles,destailles baP
ses, ou des bassescontres, ce
qui se fait toujours cependant avec les mesmes muscles. Maisilluy reste encore un
Faussetquiestlemesme qu'avant la muance ,
c'est à-dire, toujours tresdur, & tres-aigre dans ces
fortes de gosiers.
II. Enfin quant aux cadences ou tremblements,
tant en montant qu'en dcC.
cendant, on sçait qu'elles se
font en répétant tres- prom-
ptement deux fons esloignez l'un de l'autre d'un ton,
d'un demy ton,ou d'une
dieze
,
soit en montan,soit
en descendant;ainsi la glotte s'ouvre & se ferme alors
successivement
,
quoyque
presque insensiblement par
le combat du muscle fermeur, & du grand, ou du
petit Dilatateur;outrecela
les muscles Eleveurs & Deprimeurs du gosier entrent
aussi en combat entre eux,
ce que l'on sent mesme en
portant le doigt sur le nœud
de la gorge: & il ne faut pas
douter que l'Aplatisseur
,
le -
diaphragme
,
& les autres
musclesdu gosier, & mesme
de la poitrine ne soient alors
en combat les uns contre
les autres pour enfanter ces
filles de laMelodie. EXTRA
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Résumé : Suite du Memoire de l'oreille par rapport à la musique, ou les merveilles de la Trachée artere, tirées des observations des plus habiles Anatomistes, & de l'anatomie comparée.
Le texte explore l'anatomie et les fonctions de l'organe de la voix, également appelé gosier ou trachée artère, en le distinguant de l'œsophage. Le gosier est composé de quarante-quatre parties, incluant vingt-six cartilages osseux, douze muscles, trois types de membranes, trois types de nerfs, ainsi que des artères, veines et glandes. Ces éléments contribuent à la formation de la voix et sont analysés selon les règles de la mécanique et de la musique. Le gosier se divise en deux parties principales : la tête, ou larynx, et le corps du gosier. La tête du gosier comprend cinq cartilages osseux formant un anneau, recouvert par un cartilage nommé l'écu. La glotte, ou bouche du gosier, est située dans cette région et est recouverte par l'épiglotte. Les oiseaux aquatiques possèdent des organes vocaux spécifiques situés au bas de leur gosier, permettant de produire différents sons. Le texte décrit également les muscles du gosier, qui facilitent la déglutition, la respiration et la modulation de la voix. Il existe treize muscles impliqués dans la formation de la voix, y compris le diaphragme. Les muscles dilatateurs de la glotte permettent d'écarter les portiers de la glotte, tandis que l'adducteur des cordons rapproche les portiers pour fermer les cordons. Les nerfs du larynx sont de trois types : une branche de la quatrième paire, une de la septième paire, et une de la cinquième paire du nerf récurrent. Ces nerfs permettent à l'animal de crier, de se défendre ou de fuir, et d'exprimer ses émotions. La formation de la voix implique plusieurs éléments : le corps du gosier fournit l'air, les cordes vocales forment le son par leurs vibrations, et les muscles ajustent la tension et l'ouverture des cordes pour moduler la voix. La voix peut monter ou descendre en intensité et en hauteur grâce à l'action coordonnée de ces muscles et à la pression de l'air. Les oiseaux aquatiques produisent des sons sans muscles, contrairement à l'homme et certains animaux terrestres. Pour augmenter la force de la voix sans l'élever, il faut ouvrir légèrement les portiers de la glotte et ajuster les muscles dilatateurs et fermateurs. La contraction des muscles aplatisseurs et éleveurs du larynx facilite également la production de la voix. Enfin, la membrane charnue du gosier doit se raidir pour rétrécir le corps du gosier et augmenter la rapidité de l'air. Le texte traite également des mécanismes de production de la voix et de la parole, en mettant en évidence les différences et les similitudes entre les deux. La voix est produite par le passage de l'air à travers la glotte, générant des sons graves et faibles, modifiés par l'élargissement et l'abaissement du gosier. La parole, quant à elle, est une voix plus courte et plus unie, bien que certaines nations, comme les Chinois, utilisent une parole chantante. La voix et la parole sont régies par des organes différents : la parole par le limaçon et la voix par le labyrinthe de l'oreille. Les gradations de la parole sont infinies, contrairement au chant occidental qui a des gradations choisies. La voix et la parole sont formées par les mêmes organes, comme le montre la transformation des paroles en voix lorsqu'elles sont prolongées. Les accidents de la voix, comme l'enrouement ou la nasalité, affectent également la parole. La voix naturelle, identique au son de la parole, et le fausset, plus agréable chez l'homme adulte, sont deux types de voix distincts. La muance, qui survient avec l'âge, conduit à l'abandon du fausset au profit de la voix naturelle. Enfin, les cadences ou tremblements dans la voix résultent du combat entre divers muscles du gosier et de la poitrine, créant ainsi les variations mélodiques.
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60
p. 65-72
Sur un Fœtus.
Début :
J'ai vû ce qu'on appelle voir ; j'ai vû [...]
Mots clefs :
Fœtus, Cadavre, Eau de vie, Chirurgiens, Baptême
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texteReconnaissance textuelle : Sur un Fœtus.
Sur un Foetus. 1
J'ai vû ce qu'on appelle
voir; j'ai vû de mes yeux le
cadavre d'un jeune enfanr,
qu'on dit âgé de 3. mois. Il
est enfermé dans une petite
bouteille de verre pleine
d'eau de vie. On ajoûte
qu'aprés avoir été ondoyé,
il a encore vécuune demiheure
, & qu'au premier
jour on doit l'enterrer en
terre fainte.
La petitesse de ce corps
mesurprend
;
il n'a pas plus
de huit lignes de long, sur
trois ou quatre de large; cependant
il a tous les traits
d'homme, & les membres
formez & organisez, une
tête, desbras, des mains,
un ventre, un estomach,
des cuisses
,
des jambes &
des pieds;ondistingue même
son sexe,c'etungarçon.
Une femme malade à
l'Hôtel-Dieu de Rouën il y
a environ trois semaines
sentit de terribles coliques;,
& comme elle se croyoit
grosse, elle pria la Religieuse
qui avoit foin d'elle,
de prendre garde à elle.Enfin
elle jette l'enfant,on le
dévelope, & on l'ondoye
sur lecham p. f
Les Chirurgiens croyent
que la petitesse du corps de
cet enfant vient du peu
de nourriture qu'il prenoit
dans le sein de sa mere.
On m'a dit autrefois que
Henry II. Duc deLongueville,
n'avoir pas six pouces
de long quand ilvint au
mande hors terme en 1595.
qu'on le mit dans une petite
boete pleine de coton,Club-,
on portoit dans la poche. Il
n'a pas laissé de croître du-'
ne grandeur de corps ordinaire,
& de vivre 68. ans.
On dit la même chose de
M. d'Acqueville, Conseiller
au Parlement de Rouen,
& vivant encore.
Pour moy j'aurois fait
quelque difficulté pour baptiser
cet enfant: il semble
que l'ame de l'homme ne
peut entrer que dans un
corps d'une certaine étendue
de matiere proportioncnoéerpsà
son espece. Or un
de deux tiers de pouce
n'a. aucune proportion a
-r
l'étendue de la matière du
corps humain.
Mais, dit on, on l'a vû
remuer. J'ai peu de foy à ce
pretendu remuement ,
je
voudrois l'avoir vû pour le
croire; d'ailleurs on sçait
que le mouvement est naturel
& ordinaire à toutes
les matieres gluantes, qui
sortent d'un lieu chaud &
humide, & vivant:mais
ces matieres remuantes ne
sont pas pour cela animé,
es. -
Mais supposé que ce petit
corps eût pris nourriturc,
& qu'il se fût augmenté
des deux tiers, il
n'auroit eu que deux pouces
à sa naissance. Comme
donc l'étendue du corps
d'un enfant naissant est la
mesure de la moitié de sa
grandeur future, celui- ci
n'auroit donc eu au plus
que quatre pouces, c'est
à dire un tiers de pied. On
l'auroit donc écrasé fous
les pieds, & les petits chiens
auroient insulté ce pigmée
d'homme
,
lui qui cH né
le maître des animaux les
plus grands & les plus fiers.
--
J'ai obiervé que ce petit
corps est étendu tout
de son long, & couché
sur le dos, qu'il presente
toujourssonvisage à ceux
qui le regardent de haut
en bas, & le dos à ceux
qui le regardent de bas en
haut; qu'il ne s'éleve point
dans l'eau, quelque secousse
qu'on lui donne,
& qu'il n'y change point
de posture qu'ilsetrouve
toujours dans les flancs
de la bouteille, dont le
milieu du fonds est plus
élevé que les flancs, qui
- font comme creux dans
leur circonférence.
J'ai encore.observé que
l'eau de vie a perdu sa netteté
& sa pureté, qu'elle
cft d'une couleur rousseâtre.
J'ai vû ce qu'on appelle
voir; j'ai vû de mes yeux le
cadavre d'un jeune enfanr,
qu'on dit âgé de 3. mois. Il
est enfermé dans une petite
bouteille de verre pleine
d'eau de vie. On ajoûte
qu'aprés avoir été ondoyé,
il a encore vécuune demiheure
, & qu'au premier
jour on doit l'enterrer en
terre fainte.
La petitesse de ce corps
mesurprend
;
il n'a pas plus
de huit lignes de long, sur
trois ou quatre de large; cependant
il a tous les traits
d'homme, & les membres
formez & organisez, une
tête, desbras, des mains,
un ventre, un estomach,
des cuisses
,
des jambes &
des pieds;ondistingue même
son sexe,c'etungarçon.
Une femme malade à
l'Hôtel-Dieu de Rouën il y
a environ trois semaines
sentit de terribles coliques;,
& comme elle se croyoit
grosse, elle pria la Religieuse
qui avoit foin d'elle,
de prendre garde à elle.Enfin
elle jette l'enfant,on le
dévelope, & on l'ondoye
sur lecham p. f
Les Chirurgiens croyent
que la petitesse du corps de
cet enfant vient du peu
de nourriture qu'il prenoit
dans le sein de sa mere.
On m'a dit autrefois que
Henry II. Duc deLongueville,
n'avoir pas six pouces
de long quand ilvint au
mande hors terme en 1595.
qu'on le mit dans une petite
boete pleine de coton,Club-,
on portoit dans la poche. Il
n'a pas laissé de croître du-'
ne grandeur de corps ordinaire,
& de vivre 68. ans.
On dit la même chose de
M. d'Acqueville, Conseiller
au Parlement de Rouen,
& vivant encore.
Pour moy j'aurois fait
quelque difficulté pour baptiser
cet enfant: il semble
que l'ame de l'homme ne
peut entrer que dans un
corps d'une certaine étendue
de matiere proportioncnoéerpsà
son espece. Or un
de deux tiers de pouce
n'a. aucune proportion a
-r
l'étendue de la matière du
corps humain.
Mais, dit on, on l'a vû
remuer. J'ai peu de foy à ce
pretendu remuement ,
je
voudrois l'avoir vû pour le
croire; d'ailleurs on sçait
que le mouvement est naturel
& ordinaire à toutes
les matieres gluantes, qui
sortent d'un lieu chaud &
humide, & vivant:mais
ces matieres remuantes ne
sont pas pour cela animé,
es. -
Mais supposé que ce petit
corps eût pris nourriturc,
& qu'il se fût augmenté
des deux tiers, il
n'auroit eu que deux pouces
à sa naissance. Comme
donc l'étendue du corps
d'un enfant naissant est la
mesure de la moitié de sa
grandeur future, celui- ci
n'auroit donc eu au plus
que quatre pouces, c'est
à dire un tiers de pied. On
l'auroit donc écrasé fous
les pieds, & les petits chiens
auroient insulté ce pigmée
d'homme
,
lui qui cH né
le maître des animaux les
plus grands & les plus fiers.
--
J'ai obiervé que ce petit
corps est étendu tout
de son long, & couché
sur le dos, qu'il presente
toujourssonvisage à ceux
qui le regardent de haut
en bas, & le dos à ceux
qui le regardent de bas en
haut; qu'il ne s'éleve point
dans l'eau, quelque secousse
qu'on lui donne,
& qu'il n'y change point
de posture qu'ilsetrouve
toujours dans les flancs
de la bouteille, dont le
milieu du fonds est plus
élevé que les flancs, qui
- font comme creux dans
leur circonférence.
J'ai encore.observé que
l'eau de vie a perdu sa netteté
& sa pureté, qu'elle
cft d'une couleur rousseâtre.
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Résumé : Sur un Fœtus.
Le texte décrit l'observation d'un fœtus de trois mois conservé dans une bouteille d'eau-de-vie. Ce fœtus, mesurant environ huit lignes de long sur trois ou quatre de large, présente tous les traits humains, y compris les membres et les organes. Il a été ondoyé après sa naissance et a vécu une demi-heure. Sa petite taille est attribuée à un manque de nourriture dans le sein maternel. Une femme à l'Hôtel-Dieu de Rouen a accouché prématurément de cet enfant après avoir ressenti des coliques. Le texte mentionne des cas similaires, comme ceux d'Henri II, Duc de Longueville, et de M. d'Acqueville, qui étaient de petite taille à la naissance mais ont atteint une taille normale. L'auteur exprime des doutes sur la viabilité et l'animation de ce fœtus, remettant en question la possibilité que l'âme puisse habiter un corps aussi petit. Il observe également que l'eau-de-vie a perdu sa clarté et sa pureté, prenant une couleur rousseâtre.
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61
p. 51-53
Poudre specifique pour toutes sortes de fievres intermittentes, preparée par ordre du Roy.
Début :
Sa Majesté desirant que ses sujets puissent profiter d'un [...]
Mots clefs :
Remède, Fièvres intermittentes, Épreuves, distribution
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Poudre specifique pour toutes sortes de fievres intermittentes, preparée par ordre du Roy.
PoudrefPecjfique pour toutes
fortes de ifèvres intermittentes)
preparte par ordre
du cry.
Sa Majestédesîrant que
ses Cujets puissent profiter
d'un Remede specifîque qui
guerit sans retour, en trois
pdreises au plus,toutes fortes
fievres intermirrentes,
pourveu qu'elles ne soient
pas causées par le vice de
quelques parties principales
, dont Elle a fait faire
des épreuves innombrables
depuis plus d'un an, qui
ont été approuvées parM.
Fagon son premier Medecin
; le Roy a ordonné qu'-
on en preparât une assez
grande quantité pour être
distribuée au public, & afin
que tout le monde en puisse
joüir, le prix a été fixé à
dix fols la prise; ce qui est
à peu prés ce quelle coûte
à préparer. Dans chaque
paquet il y en a trois prises
pour trente fols, envelopées
separément, avec un
imprimé qui en enseigne
l'usage: le tout est timbré
des armes du Roy, pour en
empêcher la faIfification.
Cette poudre est incorruptible,
& ne perd jamais sa
vertu.
Le Bureau généralpour sa
difiribution est établia Paris
ruë de la Monoye> au coin de
la rué Betify,*vis àvisPH-ôtel
de MontbaXen , au Nom
de Jejusy chez le Sieur Viguier
Marchand ya qui ilfaut
s'adrefer ponr en avoir.
fortes de ifèvres intermittentes)
preparte par ordre
du cry.
Sa Majestédesîrant que
ses Cujets puissent profiter
d'un Remede specifîque qui
guerit sans retour, en trois
pdreises au plus,toutes fortes
fievres intermirrentes,
pourveu qu'elles ne soient
pas causées par le vice de
quelques parties principales
, dont Elle a fait faire
des épreuves innombrables
depuis plus d'un an, qui
ont été approuvées parM.
Fagon son premier Medecin
; le Roy a ordonné qu'-
on en preparât une assez
grande quantité pour être
distribuée au public, & afin
que tout le monde en puisse
joüir, le prix a été fixé à
dix fols la prise; ce qui est
à peu prés ce quelle coûte
à préparer. Dans chaque
paquet il y en a trois prises
pour trente fols, envelopées
separément, avec un
imprimé qui en enseigne
l'usage: le tout est timbré
des armes du Roy, pour en
empêcher la faIfification.
Cette poudre est incorruptible,
& ne perd jamais sa
vertu.
Le Bureau généralpour sa
difiribution est établia Paris
ruë de la Monoye> au coin de
la rué Betify,*vis àvisPH-ôtel
de MontbaXen , au Nom
de Jejusy chez le Sieur Viguier
Marchand ya qui ilfaut
s'adrefer ponr en avoir.
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Résumé : Poudre specifique pour toutes sortes de fievres intermittentes, preparée par ordre du Roy.
Le texte décrit une poudre destinée à traiter les fortes fièvres intermittentes, préparée par ordre du roi. Cette poudre, approuvée par Monsieur Fagon, le premier médecin du roi, est censée guérir en trois prises maximum, à condition que les fièvres ne soient pas causées par des problèmes dans des parties principales du corps. Une grande quantité de cette poudre a été préparée pour être distribuée au public. Le prix est fixé à dix sols par prise, soit trente sols pour un paquet contenant trois prises. Chaque paquet est enveloppé séparément avec un imprimé expliquant l'usage et est timbré des armes du roi pour éviter la falsification. La poudre est incorruptible et conserve toujours son efficacité. La distribution se fait à Paris, rue de la Monoye, au coin de la rue Bétisy, en face de l'Hôtel de Montbazon, chez le Sieur Viguier, marchand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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62
p. 114-124
Observations sur une mort subite.
Début :
Un jeune homme de seize ans, qui depuis l'âge de [...]
Mots clefs :
Veine, Sang, Ventricule, Coeur, Cercle, Poumon, Jeune, Difficulté, Entonnoir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Observations sur une mort subite.
Observations sur une mort
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
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Résumé : Observations sur une mort subite.
Le texte relate le cas d'un jeune homme de seize ans ayant souffert depuis l'âge de quatorze ans de maigreur, toux, difficulté à respirer et faiblesse après des efforts intenses ou des colères. Une soirée, après un accès de colère et un repas copieux, il décéda subitement à la suite d'une violente quinte de toux. L'autopsie révéla une accumulation de sang dans la trachée, les bronches, les troncs de la veine cave, le ventricule droit du cœur et l'artère pulmonaire, mais aucune trace de sang dans le ventricule gauche. Le tronc de la veine pulmonaire était dilaté et contenait un corps étranger. Le cercle membraneux entourant l'embouchure de l'oreillette gauche du cœur présentait une conformation anormale, avec un bord inférieur épaissi et osseux. La cause de la mort fut attribuée à une anomalie congénitale. Normalement, le sang passe par un entonnoir membraneux dont l'ouverture la plus étroite est tournée vers le haut. Chez ce jeune homme, cet entonnoir était renversé, rendant difficile le passage du sang. Les efforts du sang contre cet obstacle avaient épaissi et ossifié le bord inférieur du cercle membraneux, empêchant ainsi le sang de passer correctement. Cela provoqua une dilatation extrême de la veine pulmonaire et la formation d'un polype. Le sang, ne passant plus correctement, s'accumula dans les artères pulmonaires, causant toux et difficulté à respirer. La colère ou l'exercice intensif exacerbait ces symptômes en facilitant le passage du sang dans les conduits respiratoires, privant ainsi le ventricule gauche de sang et entraînant des faiblesses fatales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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63
p. 149-166
Memoire Littéraire.
Début :
J'ay promis des liaisons. Il faut tenir parole. Mais je / La Médecine a pris naissance des observations, dont le hazard [...]
Mots clefs :
Liaisons, Mémoires littéraires, Médecine, Maladies, Ouvrage, Ouvrages, Nouveauté, Vérité, Remède, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoire Littéraire.
J'ay promis des liaiſons.
Il faut tenir parole. Mais je
ne ſçay comment m'y prendre
pour paffer d'une façon agra
Niij
150 MERCURE
ble & naturelle , d'une matiere
que je connois un peu ,
à une que je ne connois point
du tour. On m'a fait preſent
de deux Memoires Litteraires
fur la Medecine; on m'aſſure
qu'ils annoncent des chofes
qu'ils
dont l'uſage eft excellent pour
prolonger nos jours. C'eſt co
que je ne ſçay pas encore , parce
que je n'ay jamais cû beſoin
de l'apprendre.
Quoy qu'il en ſoit , ils me
paroiſſent affez bien écrits , &
la force de leurs raiſonnemens
qui me fait en quelque facon
juger du merite de leurs AuGALANT
S
teurs ,
noMemoite Litteraire
R
of La Medecine a pris naiſſancodesobfervations
,dont lehazard
fut peüt- eſtre la premiere
&la plus feconde ſource,
aprés tuy vint l'experience, qui
les multiplia durant pluſieurs
Siecles , & forma le premier
plan d'un art qui devoit reme
dier aux maladies dont la fant
té des hommes eſt ſi ſouvent
combatuë. Cette Medecine
empirique n'eſtoit d'abord oc-
Niiij
152 MERCURE
cupée qu'à reconnoître les vertus
des Simples & de leurs differ
ens mélanges : Mais la diverfiré
deleurs effets , ſelon les
differences des accidens , ou
celles du temperament , de
l'âge, du temps , du licu , des
alimens , des paffions de l'ame
, &c. fit bien- toſt connoiſtre
que puiſque la nature,
plus changeanteque Prothée,
ne ſetrouve preſque jamais la
même , il falloit entrer dans
le détail de ſes inconſtances
pour y trouver la regle de la
juſte application des remedes.
Cette folide reflexion donna
GALANT
lieu de romarquer tous les
ſignes, qui établiſſent les pré
ſages des maladies qui diſtinguent
les unes des autres, qui
marquent leurs eſpeces dans
chaque genre , & font juger
de leurs caufes & de leurs ef
fets. Une auffi utile recherche
produifit les regles& les prin.
cipes du grand Art de guerir;
cette étude enfantales divinso
racles queHippocrateaprés les
célebresMedecin de l'Ecole de
Cnyde& les Prêtres du Tem
ple d'Eſculape, raſſembla dans
ſes ouvrages qui l'ont immortalifé
, ces fondemens de la
154 MERCURE
Medecine , avoüez, de toutes
les Ecoles du monde , auffi
anciens& auffi nouveaux que
la verité,ſont les ſeuls qui ont
mis le prix à la doctrine des
Medecins de tous les temps:
au lieu que les,vains rafine,
mens des Siſtemes , enfans
d'une ignorance preſomptucuſe
, quelques legitimes qu'ils
ayont paru , n'ont jamais porté
bien loin la Renomée deleurs
Auteurs , ni fixé pour longtemps
llastention des habiles
Praticiens. En effet quoy que
des conjectures vray- fomblables
leurs en impofent quel
2GALANT. 155
quefois , ils n'ont pas de peine
à ſe détromper, ſi- toſt qu'ils
rappellent de leurs préjugez à
la reglede l'obſervation. Ces
démarches de la nature dans
les maladies , ces points fixez
que le Medecin nedoit jamais
perdre de veuë , rempliffent
toutes les pages du ſçavant
livresde Lommius , dont Mon.
fieur le Breton , Docteur en
Medecinede la Falculté de Paris
a mis au jour l'excellente
traduction , qu'il en a faire ,
ſous le titre de Tableau des
maladies , où l'on découvre leurs
fignes & leurs évenemens, tra
156 MERCURE
duit du latın de Lommius , 4-
vec de nouvelles remarques ; ouvrage
qui renferme les obferuations
les plus importantes pour
acquerir une parfaite connoissance
detoutes les maladies , en prévoir
les ſuites , en pénétrer les cauſes ,
s' aßurer de leurs remed. s. A
Paris , chez Claude Jombert
Libraire.Quay des Augustins à
la defcente du Pont Neuf.
On vend chez le même Libraire
un Livre nouveau , inti
tulé, Principes de Phifique ,rapportez
à la Medecine Pratique,
& autres traitezsur cet Art,par
Mr Chambon, cy- devantMede
GALANT. }}
cin de Jean Sobieski , Roy de
Pologne.
**Cet ouvrage ſeroit nouveau
ſi la verité n'eſtoit pas de
tous les temps. Il eſt néan
moins nouveau en la maniere
de la propoſer. Tout lemonde
ſçait que chaque choſe àfa
naiſſance , c'est- à-dire eft faite
de l'union des ſes principes,
fonaccroiſſement , lamaturité,
ſon décroiſſement ,& en
fin ſa diſolution. C'eſt un or
drede la naturetoûjoursconftante
dans ſon inconſtance.
Il n'y a point de Phyficien qui
ne ſoit convaincude cette verité.
Cependant on nes'eftoit
158 MERCURE
3
&
point encore avisé dans les
Ecoles de parler ainfi ; parce
que des principes ſi faciles
fi ſurs ne plaifent pas aux perſonnes
qui aiment à faire mif.
tere de tout , & peut- eftre à
égarer les autres , afin de les
ramener par plufieurs détours,
au chemin d'où ils oftoient
partisang b
Mr Chambon qui joint
une sextrémehidroiture de
coeur àune parfaire connoif
fance de la nature, à évité
l'écücil des Phyſiciens ordinaires
, & nous propoſe dans
cet ouvrage les principes les
plus facilespavec une netteté
GALANT. 139
toute finguliere. La nature ,
dit- il , fait tous ſes ouvrages
en diffolvant & en coagulant;
lorſqu'elle diffout elte sein
erude; & lorſqu'elle coagule
elle cuir &meunit. C'eſt fur
ce grand principe que roule
rouve la Phyſique r& toute la
Medecine, Car enfin lainatu
reou coagule ondiffour ou
fe ropoſe quandfes ouvrages
font à leur matafités Ibreſt
vrayqu'elle nedemeute guard
en reposh qulellé,n'a pas
pluſtoſt conduit ſesouvrages
àleur perfection ,qu'elle travaille
à les détruige. Tout
160 MERCURE
ace
que doit donc faire un fage
Medecin eſt de ſuivre, la
nature dans ſes operations
fin d'empêcher les coagulations
prématurées,&les diſſolutions
trop precipitées.L'une
fert de romede à l'autre, la
coagulation empêche da trop
grande diffolution , lai diễ
folution bempèche da nerop
grande coagulations Opine
peut pas donner d'idée plus
fimple desoperations de la na
ture , & du devoirdes Medeeins
qucocelle-lashion flokar
-De ce principe il s'enfuit
quola ſaignée eſt ſouvent la
choſe
GALANT. 161
choſe la plus dangereuſe de
toutes celles que pratiquent
aujourd'huy les Medecins , &
qui a affez de rapport avec ces
fortes de remedes communs
qu'on diftribuë dans les boutiques
, ainſi que Mr Chambon
ledémontre dans ſon ouvrage.
En effet , ou le ſang
tend à ſe coaguler, ce qui cauferoit
des obſtructions dans
les viſeerés ou à ſe diffoudre ,
ce qui en ruineroit le baume ;
car de dire qu'il peut pêcher
en quantité, c'eſt une prévention
qui n'eſt formée fur
aucun princip craifonnable ,
Juin 1714.
162 MERCURE
s'il ſe coagule il y a des
remedes pour empêcher cet
te coagulation , & pour le re
mettre à fon bon naturel , s'il
tend à la diſſolution de ſes
principes,on peut l'empêcher
par des remedes coagulants.
Tous les corps , die Me
Chambon , ſont compoſez de
fel , de ſouffre & de Mercure.
La partie mercuriale continuët'il
, fait la fluidité ; la ſaline
fait le poids & la fixité , & k
fouffre la fuſibilité, le reſſerrement
,les faveurs & les couleurs.
Suivant ce principe , il
traise amplement des teintures
GALANT. 163
dont il donne les préparations
avec la netteté, & fa profondeur
ordinaire .
Il paffe de là au mal deNaples
que les Napolitains appellent
le mal François , dont il
explique la nature & les differentes
fortes conformement à
fes principes ; & aprés avoir
montré que le Mercure ne le
peut guerir radicalement , il
propoſe des ſpecifiques pour
lestrois eſpeces de cette maladie
ſçavoir la naiſſance, l'inveterée,&
l'hereditaire. Labontéde
cesſpecifiques eſt prouvée
par des raiſonnemens , & par
Oij
164 MERCURE
les experiences qu'il en faites à
cette occaſion; ildonne lespréparations
du Mercure , de
l'antimoine , du plomb , de
l'Elixir animal , de Lilium ,des
pilulles , &c. De- là pour récréer
le Lecteur , il paſſe au
récit de ſon voyage dans les
Monts de Pologne , où il entra
dans les mines de ſel , de
ſouffre, de bitume& autres ,
dont il rapporte les particula
ritez , & plufieurs autres mer
veilles de la même Pologne,
avec beaucoup d'exactitude
&de politeffe. Enfin il finit
par un traité de l'apoplexic
GALANT. 165
dontil explique la nature d'une
maniere mécanique &
conforme à fes principes ; enfuite
il établit les differentes
efpeces d'apoplexie ,& donne
les préparations des remedes
neceffaires dans ces fortes de
maladies.
On peut dire en general
que cet ouvrage eft , pour fa
folidité , fa varieté & fa nouveauté
, un des plus beaux
Chefs-d'oeuvres de la Medeci
ne,&de la Phyſique. Il ſeroit à
fouhaiter que l'Auteur voulût
faire part au Public des autres
découvertes qu'il a faites fur
166 MERCURE
quantité d'autres maladies ,
avec leurs remedes : ce ſeroir
luy faire un preſent d'autant
plus eftimable , que l'homme
n'ariende plus cher,ny de plus
précieux que la ſanté. Sans
elle il ne fait que languir ; les
plaiſirs n'ont pour luy aucun
charme , & il eſt incommode
non ſeulement à tout le monde
, mais encore à luy-même.
Il faut tenir parole. Mais je
ne ſçay comment m'y prendre
pour paffer d'une façon agra
Niij
150 MERCURE
ble & naturelle , d'une matiere
que je connois un peu ,
à une que je ne connois point
du tour. On m'a fait preſent
de deux Memoires Litteraires
fur la Medecine; on m'aſſure
qu'ils annoncent des chofes
qu'ils
dont l'uſage eft excellent pour
prolonger nos jours. C'eſt co
que je ne ſçay pas encore , parce
que je n'ay jamais cû beſoin
de l'apprendre.
Quoy qu'il en ſoit , ils me
paroiſſent affez bien écrits , &
la force de leurs raiſonnemens
qui me fait en quelque facon
juger du merite de leurs AuGALANT
S
teurs ,
noMemoite Litteraire
R
of La Medecine a pris naiſſancodesobfervations
,dont lehazard
fut peüt- eſtre la premiere
&la plus feconde ſource,
aprés tuy vint l'experience, qui
les multiplia durant pluſieurs
Siecles , & forma le premier
plan d'un art qui devoit reme
dier aux maladies dont la fant
té des hommes eſt ſi ſouvent
combatuë. Cette Medecine
empirique n'eſtoit d'abord oc-
Niiij
152 MERCURE
cupée qu'à reconnoître les vertus
des Simples & de leurs differ
ens mélanges : Mais la diverfiré
deleurs effets , ſelon les
differences des accidens , ou
celles du temperament , de
l'âge, du temps , du licu , des
alimens , des paffions de l'ame
, &c. fit bien- toſt connoiſtre
que puiſque la nature,
plus changeanteque Prothée,
ne ſetrouve preſque jamais la
même , il falloit entrer dans
le détail de ſes inconſtances
pour y trouver la regle de la
juſte application des remedes.
Cette folide reflexion donna
GALANT
lieu de romarquer tous les
ſignes, qui établiſſent les pré
ſages des maladies qui diſtinguent
les unes des autres, qui
marquent leurs eſpeces dans
chaque genre , & font juger
de leurs caufes & de leurs ef
fets. Une auffi utile recherche
produifit les regles& les prin.
cipes du grand Art de guerir;
cette étude enfantales divinso
racles queHippocrateaprés les
célebresMedecin de l'Ecole de
Cnyde& les Prêtres du Tem
ple d'Eſculape, raſſembla dans
ſes ouvrages qui l'ont immortalifé
, ces fondemens de la
154 MERCURE
Medecine , avoüez, de toutes
les Ecoles du monde , auffi
anciens& auffi nouveaux que
la verité,ſont les ſeuls qui ont
mis le prix à la doctrine des
Medecins de tous les temps:
au lieu que les,vains rafine,
mens des Siſtemes , enfans
d'une ignorance preſomptucuſe
, quelques legitimes qu'ils
ayont paru , n'ont jamais porté
bien loin la Renomée deleurs
Auteurs , ni fixé pour longtemps
llastention des habiles
Praticiens. En effet quoy que
des conjectures vray- fomblables
leurs en impofent quel
2GALANT. 155
quefois , ils n'ont pas de peine
à ſe détromper, ſi- toſt qu'ils
rappellent de leurs préjugez à
la reglede l'obſervation. Ces
démarches de la nature dans
les maladies , ces points fixez
que le Medecin nedoit jamais
perdre de veuë , rempliffent
toutes les pages du ſçavant
livresde Lommius , dont Mon.
fieur le Breton , Docteur en
Medecinede la Falculté de Paris
a mis au jour l'excellente
traduction , qu'il en a faire ,
ſous le titre de Tableau des
maladies , où l'on découvre leurs
fignes & leurs évenemens, tra
156 MERCURE
duit du latın de Lommius , 4-
vec de nouvelles remarques ; ouvrage
qui renferme les obferuations
les plus importantes pour
acquerir une parfaite connoissance
detoutes les maladies , en prévoir
les ſuites , en pénétrer les cauſes ,
s' aßurer de leurs remed. s. A
Paris , chez Claude Jombert
Libraire.Quay des Augustins à
la defcente du Pont Neuf.
On vend chez le même Libraire
un Livre nouveau , inti
tulé, Principes de Phifique ,rapportez
à la Medecine Pratique,
& autres traitezsur cet Art,par
Mr Chambon, cy- devantMede
GALANT. }}
cin de Jean Sobieski , Roy de
Pologne.
**Cet ouvrage ſeroit nouveau
ſi la verité n'eſtoit pas de
tous les temps. Il eſt néan
moins nouveau en la maniere
de la propoſer. Tout lemonde
ſçait que chaque choſe àfa
naiſſance , c'est- à-dire eft faite
de l'union des ſes principes,
fonaccroiſſement , lamaturité,
ſon décroiſſement ,& en
fin ſa diſolution. C'eſt un or
drede la naturetoûjoursconftante
dans ſon inconſtance.
Il n'y a point de Phyficien qui
ne ſoit convaincude cette verité.
Cependant on nes'eftoit
158 MERCURE
3
&
point encore avisé dans les
Ecoles de parler ainfi ; parce
que des principes ſi faciles
fi ſurs ne plaifent pas aux perſonnes
qui aiment à faire mif.
tere de tout , & peut- eftre à
égarer les autres , afin de les
ramener par plufieurs détours,
au chemin d'où ils oftoient
partisang b
Mr Chambon qui joint
une sextrémehidroiture de
coeur àune parfaire connoif
fance de la nature, à évité
l'écücil des Phyſiciens ordinaires
, & nous propoſe dans
cet ouvrage les principes les
plus facilespavec une netteté
GALANT. 139
toute finguliere. La nature ,
dit- il , fait tous ſes ouvrages
en diffolvant & en coagulant;
lorſqu'elle diffout elte sein
erude; & lorſqu'elle coagule
elle cuir &meunit. C'eſt fur
ce grand principe que roule
rouve la Phyſique r& toute la
Medecine, Car enfin lainatu
reou coagule ondiffour ou
fe ropoſe quandfes ouvrages
font à leur matafités Ibreſt
vrayqu'elle nedemeute guard
en reposh qulellé,n'a pas
pluſtoſt conduit ſesouvrages
àleur perfection ,qu'elle travaille
à les détruige. Tout
160 MERCURE
ace
que doit donc faire un fage
Medecin eſt de ſuivre, la
nature dans ſes operations
fin d'empêcher les coagulations
prématurées,&les diſſolutions
trop precipitées.L'une
fert de romede à l'autre, la
coagulation empêche da trop
grande diffolution , lai diễ
folution bempèche da nerop
grande coagulations Opine
peut pas donner d'idée plus
fimple desoperations de la na
ture , & du devoirdes Medeeins
qucocelle-lashion flokar
-De ce principe il s'enfuit
quola ſaignée eſt ſouvent la
choſe
GALANT. 161
choſe la plus dangereuſe de
toutes celles que pratiquent
aujourd'huy les Medecins , &
qui a affez de rapport avec ces
fortes de remedes communs
qu'on diftribuë dans les boutiques
, ainſi que Mr Chambon
ledémontre dans ſon ouvrage.
En effet , ou le ſang
tend à ſe coaguler, ce qui cauferoit
des obſtructions dans
les viſeerés ou à ſe diffoudre ,
ce qui en ruineroit le baume ;
car de dire qu'il peut pêcher
en quantité, c'eſt une prévention
qui n'eſt formée fur
aucun princip craifonnable ,
Juin 1714.
162 MERCURE
s'il ſe coagule il y a des
remedes pour empêcher cet
te coagulation , & pour le re
mettre à fon bon naturel , s'il
tend à la diſſolution de ſes
principes,on peut l'empêcher
par des remedes coagulants.
Tous les corps , die Me
Chambon , ſont compoſez de
fel , de ſouffre & de Mercure.
La partie mercuriale continuët'il
, fait la fluidité ; la ſaline
fait le poids & la fixité , & k
fouffre la fuſibilité, le reſſerrement
,les faveurs & les couleurs.
Suivant ce principe , il
traise amplement des teintures
GALANT. 163
dont il donne les préparations
avec la netteté, & fa profondeur
ordinaire .
Il paffe de là au mal deNaples
que les Napolitains appellent
le mal François , dont il
explique la nature & les differentes
fortes conformement à
fes principes ; & aprés avoir
montré que le Mercure ne le
peut guerir radicalement , il
propoſe des ſpecifiques pour
lestrois eſpeces de cette maladie
ſçavoir la naiſſance, l'inveterée,&
l'hereditaire. Labontéde
cesſpecifiques eſt prouvée
par des raiſonnemens , & par
Oij
164 MERCURE
les experiences qu'il en faites à
cette occaſion; ildonne lespréparations
du Mercure , de
l'antimoine , du plomb , de
l'Elixir animal , de Lilium ,des
pilulles , &c. De- là pour récréer
le Lecteur , il paſſe au
récit de ſon voyage dans les
Monts de Pologne , où il entra
dans les mines de ſel , de
ſouffre, de bitume& autres ,
dont il rapporte les particula
ritez , & plufieurs autres mer
veilles de la même Pologne,
avec beaucoup d'exactitude
&de politeffe. Enfin il finit
par un traité de l'apoplexic
GALANT. 165
dontil explique la nature d'une
maniere mécanique &
conforme à fes principes ; enfuite
il établit les differentes
efpeces d'apoplexie ,& donne
les préparations des remedes
neceffaires dans ces fortes de
maladies.
On peut dire en general
que cet ouvrage eft , pour fa
folidité , fa varieté & fa nouveauté
, un des plus beaux
Chefs-d'oeuvres de la Medeci
ne,&de la Phyſique. Il ſeroit à
fouhaiter que l'Auteur voulût
faire part au Public des autres
découvertes qu'il a faites fur
166 MERCURE
quantité d'autres maladies ,
avec leurs remedes : ce ſeroir
luy faire un preſent d'autant
plus eftimable , que l'homme
n'ariende plus cher,ny de plus
précieux que la ſanté. Sans
elle il ne fait que languir ; les
plaiſirs n'ont pour luy aucun
charme , & il eſt incommode
non ſeulement à tout le monde
, mais encore à luy-même.
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Résumé : Memoire Littéraire.
Le texte aborde la médecine et deux mémoires littéraires sur ce sujet. L'auteur exprime son intérêt pour une matière qu'il ne connaît pas encore, tout en reconnaissant la qualité des mémoires qu'il a lus. La médecine, née des observations et de l'expérience accumulées sur plusieurs siècles, était initialement empirique. Elle a évolué pour reconnaître les vertus des simples et leurs mélanges. La variabilité des effets des remèdes en fonction de divers facteurs a conduit à une réflexion approfondie sur les inconstances de la nature, aboutissant à l'établissement des signes présageant les maladies et à la formulation des règles et principes de l'art de guérir. Hippocrate, après les médecins de l'École de Cnide et les prêtres du Temple d'Esculape, a rassemblé ces fondements dans ses ouvrages, considérés comme les plus anciens et les plus novateurs. Les systèmes vains et présomptueux n'ont pas porté loin la renommée de leurs auteurs. Les démarches de la nature dans les maladies et les points fixes que le médecin ne doit jamais perdre de vue sont détaillés dans les livres de Lommius, traduits par Monsieur le Breton. Le texte mentionne également un ouvrage de Monsieur Chambon, ancien médecin de Jean Sobieski, roi de Pologne. Cet ouvrage présente les principes de la physique appliqués à la médecine pratique. Chambon explique que la nature agit par dissolution et coagulation, et que le rôle du médecin est de suivre ces opérations pour empêcher les coagulations prématurées et les dissolutions trop précipitées. Il critique la saignée, jugée souvent dangereuse, et propose des remèdes alternatifs. Chambon traite également du mal de Naples, de l'apoplexie et partage ses observations sur les mines de Pologne. L'ouvrage est loué pour sa solidité, sa variété et sa nouveauté, et l'auteur espère que Chambon partagera d'autres découvertes sur les maladies et leurs remèdes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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64
p. 275-280
ENIGME.
Début :
Si l'on m'en avoit envoyé encore une, j'aurois / Nous sommes trois compagnons [...]
Mots clefs :
Seringue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
Si l'on m'en avoit envoyé
encore une , j'aurois
refervé celle- cy pour un
276 MERCURE
autre mois ; mais on ne
la pas fait ,& je n'ay pas
le temps d'attendre qu'on
le faffe.
XENIGME
2 i
Noussommes trois compagnons
M
Qui de fort prés nous joignons,
Composant un tout femelle
De taille telle que telle ,
Et qu'on ne peut définir
Parce qu'aller & venir
Défigurent un peusa taille
GALANT. 277
Qui franchement n'est rien
qui vaille ,
L'un de nous est fort mal
coëffé
L'autre est un peu mieux
etoffe
Le troifiéme par avanture
dont le beau sexe eft cum
rieux
Eft par fois parfumé ,
blanc , poli , gracieux,
Pour luy plaire par fon
allure,
Quelquefois de mille
beautez
278 MERCURE
Il est temoin , mais non
pas oculaire ,
De ce qu'il ne voit point
un peu vous vous
doutez
Lesçavoir mieux n'est pas
trop neceffaire,
Pour deviner l'Enigme
en question
Mais procedons à la conclufion
1
Tantoſt l'un de nous trois
des deux autres s'arrasche
Celuy-cy dans l'autre ſe
GALANT . 279
LIM cache 3
Et se recache aprés dans
un plaisant reduit
Et quand l'autre est cacké
dans celuy qui le ſuit
Tous trois nous nous cachons
ensemble
Dans un autre réduit
qu'on cache aprés auffi
Qui sommes nous , que
vous en femble
Quel mot feul fait en racourcy
Des maſles Compagnons
que cette Enigme indi
280 MERCURE !
que
Le nom unique.
encore une , j'aurois
refervé celle- cy pour un
276 MERCURE
autre mois ; mais on ne
la pas fait ,& je n'ay pas
le temps d'attendre qu'on
le faffe.
XENIGME
2 i
Noussommes trois compagnons
M
Qui de fort prés nous joignons,
Composant un tout femelle
De taille telle que telle ,
Et qu'on ne peut définir
Parce qu'aller & venir
Défigurent un peusa taille
GALANT. 277
Qui franchement n'est rien
qui vaille ,
L'un de nous est fort mal
coëffé
L'autre est un peu mieux
etoffe
Le troifiéme par avanture
dont le beau sexe eft cum
rieux
Eft par fois parfumé ,
blanc , poli , gracieux,
Pour luy plaire par fon
allure,
Quelquefois de mille
beautez
278 MERCURE
Il est temoin , mais non
pas oculaire ,
De ce qu'il ne voit point
un peu vous vous
doutez
Lesçavoir mieux n'est pas
trop neceffaire,
Pour deviner l'Enigme
en question
Mais procedons à la conclufion
1
Tantoſt l'un de nous trois
des deux autres s'arrasche
Celuy-cy dans l'autre ſe
GALANT . 279
LIM cache 3
Et se recache aprés dans
un plaisant reduit
Et quand l'autre est cacké
dans celuy qui le ſuit
Tous trois nous nous cachons
ensemble
Dans un autre réduit
qu'on cache aprés auffi
Qui sommes nous , que
vous en femble
Quel mot feul fait en racourcy
Des maſles Compagnons
que cette Enigme indi
280 MERCURE !
que
Le nom unique.
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65
p. 145-178
Examen des Eaux de Bourbon par Monsieur Burlet.
Début :
Les chaleurs excessives qu'il a faites les deux premieres semaines / Les Eaux chaudes de Bourbon n'estoient autrefois en usage que [...]
Mots clefs :
Eaux de Bourbon, Eaux , Eau, Acides, Bains, Sel, Chaleur, Médecins, Évaporation, Boisson, Liqueur, Esprit, Malades, Vitriol, Papier, Puits
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texteReconnaissance textuelle : Examen des Eaux de Bourbon par Monsieur Burlet.
Les chaleurs excessives qu'il
a faites les deux premiereS' semairiesde
ce mois,m'bnrdé*'
terminé à préférer à plusieurs
MémoiresLittéraires qu'onm'a
donné, un Examen des
Eaux de Bourbon. J'ay crû
quequ'onpetit tirer
de leurs vertus, malgré la-i
connoissance & lexperience
qu'on en a déja, meritoit
qu'on fit le détail de leurs proprierez,
avant que la faifott*
où les bains font d'un usage
plus salutaire, fut plus avancée..
L'examen qu'onen va
lire est un ouvrage du sçavant
Monficur Burlet, de la Facul.
té de Paris, & premier Medecindu
Roy d'Espagne.
.'! i- Examen desEaux de Bourbonj
;, par MonjteurBurlct.
, LesEauxchaudes deBaurbon
n'estoient autrefois; en
ufogfi que pour baigner: peu
de personnes osoient en boire.
C'eû pour cela qu'on appelle
q-pcorc aujourd'huy Bourbon t/tfrrhambauhjBourbonlesBains
Ces Eaux avant Messieurs
«**Dc*lotme & Aubri, Medecins;
celebres de Moulins
n'estoient point dans cette
réputation où elles sontaujourd'huy.
Ce sont euxqui
en ont étendu, appuque
l'usageà un grand nombre de
maladies intérieures, & qui
ont appris à n'en pas redouter
l'abondante boisson.
Il y a trois puits à Bourbon
contigus, & placez sur la me*
me ligne,qui communiquent
les uns aux autres pardes
ouvertures, & unemême
source fournit également
l'eau à ces trois puits. Elle est
presque toûjours à la même
hauteur de sept pieds ou en*.
viron, & elle ne décroit pas
rume. dans les chaleurs & les
sécheresseslesplus, grandes.
L'eaudeces puitsbout dune
manieresensible,&elleexhale
une fuméeassez abondante.
Onremarque que la surface
decetteeauquand "cllq
n'estpointagitée paroistun
peu terne, & qu'il s'y forme
commeunepelliculegrasse&
onctueuse, si mince néanmoins
& si superficielle, que
quelques efforts qu'on fasse,
& quelque soin qu'on prenne,
on ne peut lareccuillir.
L'Eau de Bourbon en: çres-
»i
claire & tres limpide dans le
verre sans presque aucune
odeur, d'une chaleur vive,
mais qui n'a rien d'acre ni de
brûlant : d'une faveur qui tire
sur le falin lixiviel, bien
plus foible & bien moins sensible
que dans l'eau de Vichi.
Ayant plongélemême
Thcrmometre dont je me
fuis servi à Vichi dans le Puits
du milieu
,
la liqueur a monté
à prés de cinquante-quatre
lignes; de maniere que l'eau
de Bourbon à deux degrez de
chaleur sur l'eau la plus chaude
de VicbL
Cette chaleur des eaux de
Bourbon se conserve tres-longtemps,
& une eau commune
chauffée au mêmedegré,
& la plus boüillante même e si:
refroidie, quand celle cy est
encore plus que tiede.
Tout le monde sçait que
ces eaux tirées de leur source
& remisesincessamment sur
le feu ne boüillent pas plus
promptement que l'eau commune
la plus froide. Onsçait
encore que dans ces eaux,
quoique très chaudesles plances
ne s'y flétrissent point.
Pour découvrir le principe
,
minerai des eaux de Bourbon,
je me fuis fcrvi des mêmes
essais, & ay presque fait les
mêmes expériences quej'ay
faites sur les eaux de Vichi.
Voilà1la différence que j'ay trouve.
Ayant meslé de l'eau dans
des bains avec la dissolution
du sel de Nitre filtrée, il ne
s'y est fait ni lait virginal ni
caillé, ni précipitation, l'eau
est demeurée claire.
Ayant ajouté à ce mélange
quelques goûtes d'esprit de Vitriol
,il s'y en fair d'abord un
lait virginal, qui s'est précipité
enfuitc, en une cfpcccde
caillé blanc. La même chofc
est arrivée en faisant cette experience
sur les eaux de Vichi.
La dissolution de couperose
qui avoit la couleur d'un
vcrd naissant, meslée avec
l'eau des bains, l'a jaunie d'abord
y
puis y a fait un caillé
par floccons, lesquels se précipitant
peu à peu ont pris
une couleur rougeâtre. Le
même changement cft arrivé,
mais bien plus promptement
& plus fenfibleraent dans les
eaux de Viclit.
L'eau deBourbon, non plus
que celle de Vichin'a point
changé la couleur de sa rolution
du Tournefol.
L'eau de Bourbon menée
avec le vinaigre distillé,l'aigre
de souffre & les autres acides,
bouillonne & fomente, mais
plus obfcurcment que l'eau
de Vichi,
Le papier bleu rougi par
l'esprit de Vitriol, a repris
aussi sa couleur dans l'eau de
Bourbon.
La poudre de Noix de Galles
qui donne une couleur de
vin pailler à leau de Vichi n'a
point ou peu changé l'eau de
Bourbon,
L'eau de litchi verdit le
sirop violat, celle de Bouts
bon ne lui donnequ'une couleur
de gris de lin.
Cette mêmeeaumeslée avec
l'infusion de rosesrouges
sans acides ne la point changée,
mais l'ayanc meslée avec
la teinture de roses rougies par
l'esprit de Vitriol,elle l'a
rendued'un beau violet amarante.
Par tous ces premiers essais
la raison fait d'abord concevoir,
que le mineral qui domine
dans les eaux de Bourbon
ca aussi un sel alkali, qui
ne paroist gucres dirent du
sel alkali des eaux de Vichi.
Pour s'en affurcr davantage,
,& demesser les autres principes
de ces eaux, j'en ay fait faire
l'analise de la maniéré suivan.
te.
J'ay fait mettre douze liv.
d'eau de bains dans une ferrine
pourla faire évaporer lentement
sur le feu. Dés qu'ellc
a commencé à chauffer, elle
a donné une odeur de mout
de vin cuit; & à mesure qu'elle
s'est évaporée, l'eau s'est rendue
de plus en plus salée au goût. Il est relié aux bords
de la terrine une refidencq
blancbâcre, inlipide) & qu1
croquoit fous la dcnr.
L'eau conlumée & reduird
à huic ou neuf onces, je l'ay
fait filtrer, il s'en ca réparé 6^
attaché au papier gris une matierc
épaisse, grasse & comme
muctlagineufc, qui après la,
filtrationfinie pesoit une?
dragmc, & quinze grains
pour le moins.
La liqueur filtrée remisesur
le feu s'cil encore évaporée,
& quand elle a commencée à
faire une pellicule) je l'ay fait
porter à la cave:il s'est formé
quelques cristaux fort brilans,
tres..minces & qui paroislenttaillez
à facettes. Ce que
j'en ay pu ramasser quand ils
ont cfté dessechez, ne pesoit
que cinq ou six grains: leur
faveur estoit fort douceatrc,
&d'un vray goûclixiviet.
Enfin l'evaporation faite
jusqu'à siccité
,
il est resté au
fond de la terrine trois gros
& plus de deux scrupules de
residence saline.
J'ayexamine ensuite toutes
ces portions dont la somme
monte à cinqdragmes ou
environ:sçavoir
, une dragme
& quinze grains de matiere
mucilagineu se adhérente au
papier gris, cinq ou six grains
de cristau
,
trois dragmes, &
deux scru pules de residence,
& dix ou douze grains de
substance blanchâtre ratissée
sur les, parois de la terrine à
mesure que l'eau décroissoir.
Mr Duclos, par son examen
a trouve que ces eaux
transportées avoient cinquante
- neuf grains de residence
par pinte.
Mr Geoffroy, qui les aexaminées
sur les lieux en a trouvésoixante-
trois, ôcpar nôtre
calcul nous trouvons la
même chose à fort peu de
différence prés.
Par l'examen de ces portions
sé parées, il m'a paru
que cette substance blanchâtre
adherente & qui craque;
fous la dent, n'etf qu'une pu-f
re terre alKaline, car elle fermente
un peu avec les acides.
Que la matière mucilagineuse
attachée au papier gris,
est encore cette mêmeTerre,
mais meslée de matiere sulphureuse
& de quelque legere portion,
de fer.
La substance fulphurcufe
dans cette portion se mani
feste d'nne manièresensible
en engraissant le pa pier, &y
laissant une impression d'huile,
d'ailleurs jettée sur lescharbons
ardens, elle y rougit
d'abord,noircit ensuite en
cjetteanttquielcquess p.etites étwu ¡ Avec le coûteau émanté
j'ay enlevé quelques particules
de fer de la tetre noire qui
est restée aprèsl'avoir calcinée.
Les trois gros & deux scrupulesde
residence salines contenoient
un sel lixiviel,meslé
lé de quelque portion de
terre;& ce sel par tous les esfais
n'a pas paru différent du
sel des eaux de Vichi,tiré
aussi par évaporation. Il l'a
fermente violemmentavec les
acides de toutes especes.
Par cette analise on trouveroic
prcfque les mêmes principes
dans Les eaux de Bourbon
que dans celles de Vichi;
-mais dans des propositions. différentes*.
Mr Saignette, prétend qu'apres
avoir examiné avec une
grande attention la residence
saline des eaux de Bourbon,
& après avoir demeslé les différens
sels qui la composent, il
a trouvé, sans pouvoir en
douter,-presque portion égale
de sel marin& de sel alkali ;
que ces deux fcls luy ont
paru fort distincts & par leur
figure & par les épreuves qu'il
en a faites.
- Qu'ayant mis quatorze liv*
des eaux de Bourbon évaporer
il avoit eu après une suffisante
évaporation par la cristallisation
à froid, des cristaux
pentagones & hexagones
longs, de la figure & du goût
du sel sucrin, ou sel calcarius
décrit dans Mr Lister, faisant
le maroquin entre les dents,
d'une tegerc stipticité, douceatte,
& qui Ce bourfouffloient
au feu comme l'alun,
sans avoir d'acidité apparente,
non plus que de saveur alkaline.
Qu'ayant ensuite fait évaporer
la liqueur davantage,
il avoit eu descristaux de sel
alkalidistinct,& du sel falin
ou marin grumelé, qui se trou-
-
voient tels sans équivoque.
<
Je n'ay pû vérifier cette experience
dans toutes ces circonstances
marquées; & dans
les trois dragmes & deux
scrupules de residence saline
qui m'est restées je n'ay pû,
démesler par les essais & reconnoistre
qu'un sel alkali,
comme je viens de le dire,
dont le mélange avec toute
forted'acides excite de violentes
fermentations.
,,
Mr Geoffroi, dans le mémoire
qu'il m'acommuniqué,
assure qu'après beaucoup de
recherches,&après l'examen
le plus exact du sel contenu
dans la re sidence de ces eaux;
il avoit reconnu un peu de
fcl marin meslé avec le sel afc
kalimineral deeaux
-
, Il me relle encore quatre
ou cinqoncesde residence que
j'ay cû la précaution d'apporter;
je l'examinerai avec Mr
Geoffroi, quand il lui plaira,
afin de déterminer, s'il est possible,
fous quelle quantité &
fous quelle proportion ce sel
se trouve meslé dans les eaux
de Bourbon. Car qu'il y soit
presque en partie égale avec
l'alkali mineral; il y a beaucoup
lieu d'en doutèr, quoi
quendise Mr Saignette, & les
Medecins des lieux qui ont
souvent fait l'anali se de leurs
, eaux, le nientfort positive-
"lent.
Un Auteur moderne, qui
depuis quelquesannées fous
le nom de Pascal, a donné un
Traitédes Eaux de Bourbon., rejette
la pluspart des anahfes
de ces eaux faites par le secours
du feu. Il prétend que
si l'on fait évaporer ces caux
au Soleil, le sel tiré par cette
evaporation lente & douce,
est fort differenr de celui tiré
par le moyen du feu; qu'il
touche les acides, sans les exciter
à aucune fermentation
sensible; qu'il ne précipite aucune
dissolution faite par un
menstrueacide, & en un mot
qu'il n'cft point alkali. Il avance
que le sel des eaux de
Bourbonale caractered'un
sel Androgin,& qu'il est composé
d'unacide volatil & d'ul)
alkali sixe, dont l'alliage qui
n'est pas à l'épreuve du ftut
à cause qu'il est trop acre, &
trop penetrant, resiste à la
chaleur du Soleilqui évapore
ces eaux d'une maniere lente
de douce, & fait ou que ce
sel demeure dans son entier
ou qu'une partie de son volatil
s'y conserve
, & que ce
qu'ily a de fixe en demeurant
empreint, il n'est capable
d'aucuns de ces effets qui
conviennent aux fels lixivieux
que le feu a rendus ouverts,
vuides & permeables aux
acides.
Il ajoûte qquu'»i'ill y a dans les
eaux de Bourbon un autre
principe actifintimement répandu
,un souffrevif, mobile,
animé, quin'est sensible
que par la chaleur,que par subtilité
& sa dissipation prompte
échappe à toutes les recherchesanalitiques
de la Chimie,
qui pour la pluspart sont très*
infideles, & qui par consequent
ne peuvent nous rien
donner
donner que de fausses ou tresimparfaites
connoissances des
principes des mixtes.C'eû
donc selon luy un sel vitreux,
purifié rempli des parties volatiles,
qui eû le sel naturel
des eaux de Bourbon& non
ce sel alkali fixe qui nous
reste aprés l'évaporation, &
fqeuui.n'est tel que par l'aéèion du
Cet Auteur soûtient son
hypothcfe par beaucoup de
preuves & d'experiences bien
raisonnées.
Il seroit inutile de s'étendre
davantage sur la discussion &
la recherche des principes mineraux
des eaux de Bourbon.
Dans ces matières il est des
bornesqu'on ne peut gueres outre-passer. <
Il me reste àdire quelque
chose des vertus medecinales
deces eaux; maiselles font si
universellement reconnues,&
-orken a cléiaécrit.ique
jeme contenteray de rapporter
quelques observations que
@ j'ay eu lieu de faire, qui peuvent
estrede quelque utilité
dans la pratique deces eaux.
Comme elles sont fort peu
purgatives &qu'il estd'usage
de les aider, où par le me'
lange des eaux deVichi, qui
le sont beaucoup plus, ou par
l'addition de quelques fels
comme le sel vegetal, la crême
de Tartre, le sel Polychreste
de la Rochelle, &c.
j'aytrouvé que l'Arcanum duplicatum
de Mynsiche, qu'il
nomme autrement Sal è duobus,
Stl sapientioe
,
leur donnoit
une efficacité bien superieure
à celle de tous ces autres
sels,& que les per sonnes
qui n'estoient point purgées
avec le secours de ces fels ordinaires
,
l'estoient beaucoup
par l'addition de ccluy
- cy.
On ne le connoissoit point dia
toutàVichi,& à Bourbon&
aucun des Medecins n'en avoit
fait usage. On sçait que
ce sel cA: tiré de lateste morte
de la distillation de l'eau
forte
,
& que c'est par consequent
un sellixiviel bien alkasisé,
quiresultedela partie fixe
du nitre & du vitriol. Il y a
une legere stipticité meslée de
quelque amertume, qui le rend
sottsubtil & fort,pénétrant.
Illefond tres-aisement, il sallle
avec le sel naturel de ces
eaux, dont il augmenre de
beaucoup la vertu purgative
sans qu'elles en agissent moins
pour cela par les voyes des uunes,
& celles de la transpiration.
J'en aivû de merveilleux
effets, & je ne doure
point que dans la suite ce sel
ne devienne à Vichi & à Bourbon
d'un usage tres familier.
La dose est d'ordinaire d'un
gros & demi, à deux gros dans
les deux premiers verres de
boisson, deux jours l'un, ou
même tous les jours quand les
eaux sont lentes ou qu'elles ne
ptirgfnt point, comme il ar..
tive tres- souvent.
J'ay remarqué qu'on vomie
aisément ces eaux quand on
en boit, sur tout les premiers
jours, & qu'on en presse la
boisson.
L'eau de Bourbon prise en
lavement, adoucit beaucoup
elle resserre même, & on s'en
sert dans les diflfenteries, aussi
bien que dans les coliques. On
la donne chaude comme elle
fort des Puits, sans que les
Malades se plaignent de sa
trop grande chaleur. On ne
pourroit recevoir ny retenir
une eau commune chauffée au
mêmedegré.
Quand il faut fondre, redonner
auxliqueurs leur première
fluidité, ranimer dans le
fang & dans les visceres les levains
quis'y trouvent déprimer
& languissans; c'est pour
lors qu'elles agissent presqueà
coup sûr: mais si elles trouvent
des humeurs trop mobiles,
& des sermens agitez,
elles causent le plus souvent
du desordre, & on en obligé
d'en fairecesser l'usage. Elles
font cependant bien moins
vives, & ont quelque chose
de plus doux & de plus balsamique
que celles de Vichy,
Le merite de ces eaux, comme
de tous les autres remedes,
dépend beaucoup de la juficI:
se de leur application.
,
Il est bien important que
les malades qui ont bu & pris
les Bains de Bourbon, évitent
pendant quelque temps avec
toutes fortes de précautions
les injures de l'air, & sur tout
les vents du Nord, les pluyes,
les brouillards;parce que leurs
corps par l'action de ces eaux
animées, se trouvans tout ouverts
& comme percez à jour,
sû m'est permis de me servir
de cette expression, la xnoiadre
imprcffion du froid les
resserre, il se fait des reflux de
la matière transpirable, d'où
naissent de grandes & subites
maladies. C'est pour cette raison
que la saison printanniere
qui devance l'Eté ,est preferable
à celle de l'Automne,que
l'Hyver suit de si prés, & les
Malades n'ont pas les mêmes
accidens à craindre au retour
de ces eaux. Tous les Praticiens
qui ont manié les eaux,
n'ont pas manqué de fairecette
observation ; & elle m'a
bien esté confirmée par ce
qui arriva & que je ne pus
empêcherà l'illustre Malade
quej'avois l'honneur d'accompagner.
En revenant de Bourbon
il ne ressentit que trcs..,
legerement l'impressiond'un
broüillardpouravoir eu fort
peudetemps une des glaces
de son carosse baissée;&dans
le moment il eut une fluxion
considerable sur, le visage,
& la langue, qui ne cessa qua
mesure qu'on le réchauffa,
& que la transpiration interceptée
fcut rétabbJl"ie.
a faites les deux premiereS' semairiesde
ce mois,m'bnrdé*'
terminé à préférer à plusieurs
MémoiresLittéraires qu'onm'a
donné, un Examen des
Eaux de Bourbon. J'ay crû
quequ'onpetit tirer
de leurs vertus, malgré la-i
connoissance & lexperience
qu'on en a déja, meritoit
qu'on fit le détail de leurs proprierez,
avant que la faifott*
où les bains font d'un usage
plus salutaire, fut plus avancée..
L'examen qu'onen va
lire est un ouvrage du sçavant
Monficur Burlet, de la Facul.
té de Paris, & premier Medecindu
Roy d'Espagne.
.'! i- Examen desEaux de Bourbonj
;, par MonjteurBurlct.
, LesEauxchaudes deBaurbon
n'estoient autrefois; en
ufogfi que pour baigner: peu
de personnes osoient en boire.
C'eû pour cela qu'on appelle
q-pcorc aujourd'huy Bourbon t/tfrrhambauhjBourbonlesBains
Ces Eaux avant Messieurs
«**Dc*lotme & Aubri, Medecins;
celebres de Moulins
n'estoient point dans cette
réputation où elles sontaujourd'huy.
Ce sont euxqui
en ont étendu, appuque
l'usageà un grand nombre de
maladies intérieures, & qui
ont appris à n'en pas redouter
l'abondante boisson.
Il y a trois puits à Bourbon
contigus, & placez sur la me*
me ligne,qui communiquent
les uns aux autres pardes
ouvertures, & unemême
source fournit également
l'eau à ces trois puits. Elle est
presque toûjours à la même
hauteur de sept pieds ou en*.
viron, & elle ne décroit pas
rume. dans les chaleurs & les
sécheresseslesplus, grandes.
L'eaudeces puitsbout dune
manieresensible,&elleexhale
une fuméeassez abondante.
Onremarque que la surface
decetteeauquand "cllq
n'estpointagitée paroistun
peu terne, & qu'il s'y forme
commeunepelliculegrasse&
onctueuse, si mince néanmoins
& si superficielle, que
quelques efforts qu'on fasse,
& quelque soin qu'on prenne,
on ne peut lareccuillir.
L'Eau de Bourbon en: çres-
»i
claire & tres limpide dans le
verre sans presque aucune
odeur, d'une chaleur vive,
mais qui n'a rien d'acre ni de
brûlant : d'une faveur qui tire
sur le falin lixiviel, bien
plus foible & bien moins sensible
que dans l'eau de Vichi.
Ayant plongélemême
Thcrmometre dont je me
fuis servi à Vichi dans le Puits
du milieu
,
la liqueur a monté
à prés de cinquante-quatre
lignes; de maniere que l'eau
de Bourbon à deux degrez de
chaleur sur l'eau la plus chaude
de VicbL
Cette chaleur des eaux de
Bourbon se conserve tres-longtemps,
& une eau commune
chauffée au mêmedegré,
& la plus boüillante même e si:
refroidie, quand celle cy est
encore plus que tiede.
Tout le monde sçait que
ces eaux tirées de leur source
& remisesincessamment sur
le feu ne boüillent pas plus
promptement que l'eau commune
la plus froide. Onsçait
encore que dans ces eaux,
quoique très chaudesles plances
ne s'y flétrissent point.
Pour découvrir le principe
,
minerai des eaux de Bourbon,
je me fuis fcrvi des mêmes
essais, & ay presque fait les
mêmes expériences quej'ay
faites sur les eaux de Vichi.
Voilà1la différence que j'ay trouve.
Ayant meslé de l'eau dans
des bains avec la dissolution
du sel de Nitre filtrée, il ne
s'y est fait ni lait virginal ni
caillé, ni précipitation, l'eau
est demeurée claire.
Ayant ajouté à ce mélange
quelques goûtes d'esprit de Vitriol
,il s'y en fair d'abord un
lait virginal, qui s'est précipité
enfuitc, en une cfpcccde
caillé blanc. La même chofc
est arrivée en faisant cette experience
sur les eaux de Vichi.
La dissolution de couperose
qui avoit la couleur d'un
vcrd naissant, meslée avec
l'eau des bains, l'a jaunie d'abord
y
puis y a fait un caillé
par floccons, lesquels se précipitant
peu à peu ont pris
une couleur rougeâtre. Le
même changement cft arrivé,
mais bien plus promptement
& plus fenfibleraent dans les
eaux de Viclit.
L'eau deBourbon, non plus
que celle de Vichin'a point
changé la couleur de sa rolution
du Tournefol.
L'eau de Bourbon menée
avec le vinaigre distillé,l'aigre
de souffre & les autres acides,
bouillonne & fomente, mais
plus obfcurcment que l'eau
de Vichi,
Le papier bleu rougi par
l'esprit de Vitriol, a repris
aussi sa couleur dans l'eau de
Bourbon.
La poudre de Noix de Galles
qui donne une couleur de
vin pailler à leau de Vichi n'a
point ou peu changé l'eau de
Bourbon,
L'eau de litchi verdit le
sirop violat, celle de Bouts
bon ne lui donnequ'une couleur
de gris de lin.
Cette mêmeeaumeslée avec
l'infusion de rosesrouges
sans acides ne la point changée,
mais l'ayanc meslée avec
la teinture de roses rougies par
l'esprit de Vitriol,elle l'a
rendued'un beau violet amarante.
Par tous ces premiers essais
la raison fait d'abord concevoir,
que le mineral qui domine
dans les eaux de Bourbon
ca aussi un sel alkali, qui
ne paroist gucres dirent du
sel alkali des eaux de Vichi.
Pour s'en affurcr davantage,
,& demesser les autres principes
de ces eaux, j'en ay fait faire
l'analise de la maniéré suivan.
te.
J'ay fait mettre douze liv.
d'eau de bains dans une ferrine
pourla faire évaporer lentement
sur le feu. Dés qu'ellc
a commencé à chauffer, elle
a donné une odeur de mout
de vin cuit; & à mesure qu'elle
s'est évaporée, l'eau s'est rendue
de plus en plus salée au goût. Il est relié aux bords
de la terrine une refidencq
blancbâcre, inlipide) & qu1
croquoit fous la dcnr.
L'eau conlumée & reduird
à huic ou neuf onces, je l'ay
fait filtrer, il s'en ca réparé 6^
attaché au papier gris une matierc
épaisse, grasse & comme
muctlagineufc, qui après la,
filtrationfinie pesoit une?
dragmc, & quinze grains
pour le moins.
La liqueur filtrée remisesur
le feu s'cil encore évaporée,
& quand elle a commencée à
faire une pellicule) je l'ay fait
porter à la cave:il s'est formé
quelques cristaux fort brilans,
tres..minces & qui paroislenttaillez
à facettes. Ce que
j'en ay pu ramasser quand ils
ont cfté dessechez, ne pesoit
que cinq ou six grains: leur
faveur estoit fort douceatrc,
&d'un vray goûclixiviet.
Enfin l'evaporation faite
jusqu'à siccité
,
il est resté au
fond de la terrine trois gros
& plus de deux scrupules de
residence saline.
J'ayexamine ensuite toutes
ces portions dont la somme
monte à cinqdragmes ou
environ:sçavoir
, une dragme
& quinze grains de matiere
mucilagineu se adhérente au
papier gris, cinq ou six grains
de cristau
,
trois dragmes, &
deux scru pules de residence,
& dix ou douze grains de
substance blanchâtre ratissée
sur les, parois de la terrine à
mesure que l'eau décroissoir.
Mr Duclos, par son examen
a trouve que ces eaux
transportées avoient cinquante
- neuf grains de residence
par pinte.
Mr Geoffroy, qui les aexaminées
sur les lieux en a trouvésoixante-
trois, ôcpar nôtre
calcul nous trouvons la
même chose à fort peu de
différence prés.
Par l'examen de ces portions
sé parées, il m'a paru
que cette substance blanchâtre
adherente & qui craque;
fous la dent, n'etf qu'une pu-f
re terre alKaline, car elle fermente
un peu avec les acides.
Que la matière mucilagineuse
attachée au papier gris,
est encore cette mêmeTerre,
mais meslée de matiere sulphureuse
& de quelque legere portion,
de fer.
La substance fulphurcufe
dans cette portion se mani
feste d'nne manièresensible
en engraissant le pa pier, &y
laissant une impression d'huile,
d'ailleurs jettée sur lescharbons
ardens, elle y rougit
d'abord,noircit ensuite en
cjetteanttquielcquess p.etites étwu ¡ Avec le coûteau émanté
j'ay enlevé quelques particules
de fer de la tetre noire qui
est restée aprèsl'avoir calcinée.
Les trois gros & deux scrupulesde
residence salines contenoient
un sel lixiviel,meslé
lé de quelque portion de
terre;& ce sel par tous les esfais
n'a pas paru différent du
sel des eaux de Vichi,tiré
aussi par évaporation. Il l'a
fermente violemmentavec les
acides de toutes especes.
Par cette analise on trouveroic
prcfque les mêmes principes
dans Les eaux de Bourbon
que dans celles de Vichi;
-mais dans des propositions. différentes*.
Mr Saignette, prétend qu'apres
avoir examiné avec une
grande attention la residence
saline des eaux de Bourbon,
& après avoir demeslé les différens
sels qui la composent, il
a trouvé, sans pouvoir en
douter,-presque portion égale
de sel marin& de sel alkali ;
que ces deux fcls luy ont
paru fort distincts & par leur
figure & par les épreuves qu'il
en a faites.
- Qu'ayant mis quatorze liv*
des eaux de Bourbon évaporer
il avoit eu après une suffisante
évaporation par la cristallisation
à froid, des cristaux
pentagones & hexagones
longs, de la figure & du goût
du sel sucrin, ou sel calcarius
décrit dans Mr Lister, faisant
le maroquin entre les dents,
d'une tegerc stipticité, douceatte,
& qui Ce bourfouffloient
au feu comme l'alun,
sans avoir d'acidité apparente,
non plus que de saveur alkaline.
Qu'ayant ensuite fait évaporer
la liqueur davantage,
il avoit eu descristaux de sel
alkalidistinct,& du sel falin
ou marin grumelé, qui se trou-
-
voient tels sans équivoque.
<
Je n'ay pû vérifier cette experience
dans toutes ces circonstances
marquées; & dans
les trois dragmes & deux
scrupules de residence saline
qui m'est restées je n'ay pû,
démesler par les essais & reconnoistre
qu'un sel alkali,
comme je viens de le dire,
dont le mélange avec toute
forted'acides excite de violentes
fermentations.
,,
Mr Geoffroi, dans le mémoire
qu'il m'acommuniqué,
assure qu'après beaucoup de
recherches,&après l'examen
le plus exact du sel contenu
dans la re sidence de ces eaux;
il avoit reconnu un peu de
fcl marin meslé avec le sel afc
kalimineral deeaux
-
, Il me relle encore quatre
ou cinqoncesde residence que
j'ay cû la précaution d'apporter;
je l'examinerai avec Mr
Geoffroi, quand il lui plaira,
afin de déterminer, s'il est possible,
fous quelle quantité &
fous quelle proportion ce sel
se trouve meslé dans les eaux
de Bourbon. Car qu'il y soit
presque en partie égale avec
l'alkali mineral; il y a beaucoup
lieu d'en doutèr, quoi
quendise Mr Saignette, & les
Medecins des lieux qui ont
souvent fait l'anali se de leurs
, eaux, le nientfort positive-
"lent.
Un Auteur moderne, qui
depuis quelquesannées fous
le nom de Pascal, a donné un
Traitédes Eaux de Bourbon., rejette
la pluspart des anahfes
de ces eaux faites par le secours
du feu. Il prétend que
si l'on fait évaporer ces caux
au Soleil, le sel tiré par cette
evaporation lente & douce,
est fort differenr de celui tiré
par le moyen du feu; qu'il
touche les acides, sans les exciter
à aucune fermentation
sensible; qu'il ne précipite aucune
dissolution faite par un
menstrueacide, & en un mot
qu'il n'cft point alkali. Il avance
que le sel des eaux de
Bourbonale caractered'un
sel Androgin,& qu'il est composé
d'unacide volatil & d'ul)
alkali sixe, dont l'alliage qui
n'est pas à l'épreuve du ftut
à cause qu'il est trop acre, &
trop penetrant, resiste à la
chaleur du Soleilqui évapore
ces eaux d'une maniere lente
de douce, & fait ou que ce
sel demeure dans son entier
ou qu'une partie de son volatil
s'y conserve
, & que ce
qu'ily a de fixe en demeurant
empreint, il n'est capable
d'aucuns de ces effets qui
conviennent aux fels lixivieux
que le feu a rendus ouverts,
vuides & permeables aux
acides.
Il ajoûte qquu'»i'ill y a dans les
eaux de Bourbon un autre
principe actifintimement répandu
,un souffrevif, mobile,
animé, quin'est sensible
que par la chaleur,que par subtilité
& sa dissipation prompte
échappe à toutes les recherchesanalitiques
de la Chimie,
qui pour la pluspart sont très*
infideles, & qui par consequent
ne peuvent nous rien
donner
donner que de fausses ou tresimparfaites
connoissances des
principes des mixtes.C'eû
donc selon luy un sel vitreux,
purifié rempli des parties volatiles,
qui eû le sel naturel
des eaux de Bourbon& non
ce sel alkali fixe qui nous
reste aprés l'évaporation, &
fqeuui.n'est tel que par l'aéèion du
Cet Auteur soûtient son
hypothcfe par beaucoup de
preuves & d'experiences bien
raisonnées.
Il seroit inutile de s'étendre
davantage sur la discussion &
la recherche des principes mineraux
des eaux de Bourbon.
Dans ces matières il est des
bornesqu'on ne peut gueres outre-passer. <
Il me reste àdire quelque
chose des vertus medecinales
deces eaux; maiselles font si
universellement reconnues,&
-orken a cléiaécrit.ique
jeme contenteray de rapporter
quelques observations que
@ j'ay eu lieu de faire, qui peuvent
estrede quelque utilité
dans la pratique deces eaux.
Comme elles sont fort peu
purgatives &qu'il estd'usage
de les aider, où par le me'
lange des eaux deVichi, qui
le sont beaucoup plus, ou par
l'addition de quelques fels
comme le sel vegetal, la crême
de Tartre, le sel Polychreste
de la Rochelle, &c.
j'aytrouvé que l'Arcanum duplicatum
de Mynsiche, qu'il
nomme autrement Sal è duobus,
Stl sapientioe
,
leur donnoit
une efficacité bien superieure
à celle de tous ces autres
sels,& que les per sonnes
qui n'estoient point purgées
avec le secours de ces fels ordinaires
,
l'estoient beaucoup
par l'addition de ccluy
- cy.
On ne le connoissoit point dia
toutàVichi,& à Bourbon&
aucun des Medecins n'en avoit
fait usage. On sçait que
ce sel cA: tiré de lateste morte
de la distillation de l'eau
forte
,
& que c'est par consequent
un sellixiviel bien alkasisé,
quiresultedela partie fixe
du nitre & du vitriol. Il y a
une legere stipticité meslée de
quelque amertume, qui le rend
sottsubtil & fort,pénétrant.
Illefond tres-aisement, il sallle
avec le sel naturel de ces
eaux, dont il augmenre de
beaucoup la vertu purgative
sans qu'elles en agissent moins
pour cela par les voyes des uunes,
& celles de la transpiration.
J'en aivû de merveilleux
effets, & je ne doure
point que dans la suite ce sel
ne devienne à Vichi & à Bourbon
d'un usage tres familier.
La dose est d'ordinaire d'un
gros & demi, à deux gros dans
les deux premiers verres de
boisson, deux jours l'un, ou
même tous les jours quand les
eaux sont lentes ou qu'elles ne
ptirgfnt point, comme il ar..
tive tres- souvent.
J'ay remarqué qu'on vomie
aisément ces eaux quand on
en boit, sur tout les premiers
jours, & qu'on en presse la
boisson.
L'eau de Bourbon prise en
lavement, adoucit beaucoup
elle resserre même, & on s'en
sert dans les diflfenteries, aussi
bien que dans les coliques. On
la donne chaude comme elle
fort des Puits, sans que les
Malades se plaignent de sa
trop grande chaleur. On ne
pourroit recevoir ny retenir
une eau commune chauffée au
mêmedegré.
Quand il faut fondre, redonner
auxliqueurs leur première
fluidité, ranimer dans le
fang & dans les visceres les levains
quis'y trouvent déprimer
& languissans; c'est pour
lors qu'elles agissent presqueà
coup sûr: mais si elles trouvent
des humeurs trop mobiles,
& des sermens agitez,
elles causent le plus souvent
du desordre, & on en obligé
d'en fairecesser l'usage. Elles
font cependant bien moins
vives, & ont quelque chose
de plus doux & de plus balsamique
que celles de Vichy,
Le merite de ces eaux, comme
de tous les autres remedes,
dépend beaucoup de la juficI:
se de leur application.
,
Il est bien important que
les malades qui ont bu & pris
les Bains de Bourbon, évitent
pendant quelque temps avec
toutes fortes de précautions
les injures de l'air, & sur tout
les vents du Nord, les pluyes,
les brouillards;parce que leurs
corps par l'action de ces eaux
animées, se trouvans tout ouverts
& comme percez à jour,
sû m'est permis de me servir
de cette expression, la xnoiadre
imprcffion du froid les
resserre, il se fait des reflux de
la matière transpirable, d'où
naissent de grandes & subites
maladies. C'est pour cette raison
que la saison printanniere
qui devance l'Eté ,est preferable
à celle de l'Automne,que
l'Hyver suit de si prés, & les
Malades n'ont pas les mêmes
accidens à craindre au retour
de ces eaux. Tous les Praticiens
qui ont manié les eaux,
n'ont pas manqué de fairecette
observation ; & elle m'a
bien esté confirmée par ce
qui arriva & que je ne pus
empêcherà l'illustre Malade
quej'avois l'honneur d'accompagner.
En revenant de Bourbon
il ne ressentit que trcs..,
legerement l'impressiond'un
broüillardpouravoir eu fort
peudetemps une des glaces
de son carosse baissée;&dans
le moment il eut une fluxion
considerable sur, le visage,
& la langue, qui ne cessa qua
mesure qu'on le réchauffa,
& que la transpiration interceptée
fcut rétabbJl"ie.
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Résumé : Examen des Eaux de Bourbon par Monsieur Burlet.
Le texte examine les eaux thermales de Bourbon, initialement utilisées pour des bains, mais dont l'usage a été étendu à diverses maladies internes par les médecins Declot et Aubri. Ces eaux proviennent de trois puits contigus alimentés par une même source, dont le niveau reste constant indépendamment des conditions climatiques. Elles sont chaudes, limpides et ont une saveur saline faible. L'auteur a mené des expériences pour analyser les propriétés des eaux de Bourbon. Il a constaté que ces eaux ne bouillent pas plus rapidement que l'eau ordinaire et que les plantes ne se flétrissent pas en leur présence. Des tests chimiques ont révélé la présence d'un sel alcalin, similaire à celui des eaux de Vichy, mais avec des proportions différentes. Plusieurs experts, dont Monsieur Burlet, Monsieur Saignette et Monsieur Geoffroy, ont confirmé la présence de sel alcalin et, dans certains cas, de sel marin. Un auteur moderne, Pascal, propose une composition différente, suggérant un sel androgyne composé d'un acide volatil et d'un alcalin fixe. Les eaux de Bourbon sont reconnues pour leurs vertus médicinales. Elles sont peu purgatives et sont souvent mélangées avec d'autres substances pour augmenter leur efficacité. L'Arcanum duplicatum de Mynsiche améliore significativement leurs effets purgatifs. Les eaux de Bourbon, administrées en lavement, adoucissent et resserrent, et sont utilisées pour traiter les dysentéries et les coliques. Elles sont moins vives et plus douces que celles de Vichy. Les malades doivent éviter les intempéries après avoir pris les bains de Bourbon, car leurs corps deviennent sensibles au froid, ce qui peut provoquer des reflux et des maladies subites. La saison printanière est préférable à l'automne pour éviter ces risques. Cette observation a été confirmée par l'expérience d'un malade qui a développé une fluxion après avoir été exposé à un brouillard.
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66
p. 235-236
Avis pour ceux qui ont mal aux yeux. [titre d'après la table]
Début :
Autre Memoire plus utile encore que les precedens. [...]
Mots clefs :
Yeux, Maladies des yeux, Chirurgien
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texteReconnaissance textuelle : Avis pour ceux qui ont mal aux yeux. [titre d'après la table]
Autre Memoire plus utile
encore que les precedens.
Le Public. est averti que le
Sieur le Gros, Chirurgien Oculiste
de Paris, guerit routes
les maladies des yeux, & pratique
toutes les operations
touchant cet organe. Il guerit
aussi la fistule lacrymale sans
opération; & traite les pauvres
par charité. Il demeure
dans le Temple
, au bout de
la petite ruë, chez Madame
Boncourt. On le trouve tous
les jours après midy.
encore que les precedens.
Le Public. est averti que le
Sieur le Gros, Chirurgien Oculiste
de Paris, guerit routes
les maladies des yeux, & pratique
toutes les operations
touchant cet organe. Il guerit
aussi la fistule lacrymale sans
opération; & traite les pauvres
par charité. Il demeure
dans le Temple
, au bout de
la petite ruë, chez Madame
Boncourt. On le trouve tous
les jours après midy.
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67
p. 327-330
De Marseille.
Début :
On a donné dans cette Ville pendant le mois de Juillet plusieurs [...]
Mots clefs :
Marseille, Marquis, Eaux, Reine de Pologne
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texteReconnaissance textuelle : De Marseille.
DeMarseille.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
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Résumé : De Marseille.
En juillet, Marseille a célébré la Reine de Pologne, la princesse Sobieski, avec plusieurs fêtes. Sa petite-fille a été remarquée lors des bals chez le Bailli de la Patta et M. Arnoult. Le Comte de Bausse a dansé avec la princesse, et le Marquis de la Bruyère, ancien Syndic des Hôtels et Procureur du pays, a été distingué par plusieurs audiences particulières avec la Reine. Le Marquis est décrit comme un gentilhomme d'esprit et connaisseur des intérêts des princes. Le Vice-Légat d'Avignon a ordonné au Marquis de se rendre à Sorgues pour accueillir la Reine lors de son passage. Par ailleurs, les eaux de Montfrin gagnent en réputation grâce à leurs vertus découvertes par le Docteur Monranier. Les Marquis de Razac et le Baron de Tournefort, Capitaines de Galères, ont recouvré la santé après une grave maladie grâce à ces eaux, attirant ainsi de nombreuses personnes de Provence et du Dauphiné.
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68
p. 345-349
PRESERVATIF Specifique, Contre toutes les Maladies malignes & pestilentielles, tant pour les hommes que pour les animaux, de la composition de M. le premier Medecin, executé par les Apoticaires du Roy, par ordre de M. le Controlleur General des Finances.
Début :
Ce remede est souverain dans toutes les maladies soupçonnées [...]
Mots clefs :
Maladies, Remède, Grosseur, Vin, Animaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRESERVATIF Specifique, Contre toutes les Maladies malignes & pestilentielles, tant pour les hommes que pour les animaux, de la composition de M. le premier Medecin, executé par les Apoticaires du Roy, par ordre de M. le Controlleur General des Finances.
p.R..E' SE R V A TIE
Specifique,
Contre toutes les Maladies malignes
cm pestilentielles, tant
pour les hommes que pour les
animaux, de la composition de
M. le premier Medecin, txe."
cuté par les Apoticaires dit*
Roy, par ordre de M. le-
Controlleur Gentral des FU
nances.
Ce remede est souverain
dans toutes les Maladies soupçonnéesdemalignité,
même
dans les dévoyemens,dissenteries,
vomissemens,douleurs,
& foiblesses d'estomach.r;c ,§
Il est aussi excellent dans
toutes les fièvres intermittences
, pris à l'entrée du frisson.
Ce remede se prend seul à
la pointe d'un couteau, ou enveloppé
dans du pain à chanter,
beuvant un peu de vin
par dessus ou du bouillon ;ou
délayé dans le vin, ou dans
les eaux Cordiales, ou dans
d'autres liqueurs comme pti- sanne, *
- La dose ordinaire pour les
petits enfans,est de la grosseur
d un pois; aux moyens âges,
de la grosseur d'une,noisette,
& aux grandes perfonncs de
la grosseur d'une petite noix.
On peut augmenter la dose
dans les occasionspressantes,&
en prendre même deux
fois par jour.
Cet antidote est aussi excellent
contre les morsures de
Bestes venimeuses.
On le donne avec succés
,
dans les Maladies des animaux,
delayé dans le vin ou dans
l'Eau-de-vie,~
"', La dose pour un cheval y
est d'une once & demie,&
autant pour les boeufs &vaches;
plHH les chevres, demie
once, & pour les moutons,
aai" gros;
Q uand l'animal est presséde
son mal, on peut luy en donner
deux fois par jour, & une
fois seulement par précaution,
& continuerfîx ou sept jours.
It ne faut pas attendre que
l'on soit malade, il faut en faire
prendre dés que l'on s'apperçoit
que les animaux sont
dègoûtez, & deviennent tristes,
ou qu'ils ontestéenmauvaisair.
ILfaut tr,..utant qu'on
dc pourra,que cet entidote
soit toujours dans un lieu qui
nesoitni trop chaud ni trop
humide,&moyennantcette
précautionilconserveratoutes
Ces vertus specifiques pendant
plusieursannées.
On fçaurachez M.leControlleurGeneral
desFinances,
& chez Mrs les Intendans de
Paris & des Provinces, où jee
remede se distribuëra. :.Les
Pauvresnel'acheterontpoint,
&les Riches lepayeront
Specifique,
Contre toutes les Maladies malignes
cm pestilentielles, tant
pour les hommes que pour les
animaux, de la composition de
M. le premier Medecin, txe."
cuté par les Apoticaires dit*
Roy, par ordre de M. le-
Controlleur Gentral des FU
nances.
Ce remede est souverain
dans toutes les Maladies soupçonnéesdemalignité,
même
dans les dévoyemens,dissenteries,
vomissemens,douleurs,
& foiblesses d'estomach.r;c ,§
Il est aussi excellent dans
toutes les fièvres intermittences
, pris à l'entrée du frisson.
Ce remede se prend seul à
la pointe d'un couteau, ou enveloppé
dans du pain à chanter,
beuvant un peu de vin
par dessus ou du bouillon ;ou
délayé dans le vin, ou dans
les eaux Cordiales, ou dans
d'autres liqueurs comme pti- sanne, *
- La dose ordinaire pour les
petits enfans,est de la grosseur
d un pois; aux moyens âges,
de la grosseur d'une,noisette,
& aux grandes perfonncs de
la grosseur d'une petite noix.
On peut augmenter la dose
dans les occasionspressantes,&
en prendre même deux
fois par jour.
Cet antidote est aussi excellent
contre les morsures de
Bestes venimeuses.
On le donne avec succés
,
dans les Maladies des animaux,
delayé dans le vin ou dans
l'Eau-de-vie,~
"', La dose pour un cheval y
est d'une once & demie,&
autant pour les boeufs &vaches;
plHH les chevres, demie
once, & pour les moutons,
aai" gros;
Q uand l'animal est presséde
son mal, on peut luy en donner
deux fois par jour, & une
fois seulement par précaution,
& continuerfîx ou sept jours.
It ne faut pas attendre que
l'on soit malade, il faut en faire
prendre dés que l'on s'apperçoit
que les animaux sont
dègoûtez, & deviennent tristes,
ou qu'ils ontestéenmauvaisair.
ILfaut tr,..utant qu'on
dc pourra,que cet entidote
soit toujours dans un lieu qui
nesoitni trop chaud ni trop
humide,&moyennantcette
précautionilconserveratoutes
Ces vertus specifiques pendant
plusieursannées.
On fçaurachez M.leControlleurGeneral
desFinances,
& chez Mrs les Intendans de
Paris & des Provinces, où jee
remede se distribuëra. :.Les
Pauvresnel'acheterontpoint,
&les Riches lepayeront
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Résumé : PRESERVATIF Specifique, Contre toutes les Maladies malignes & pestilentielles, tant pour les hommes que pour les animaux, de la composition de M. le premier Medecin, executé par les Apoticaires du Roy, par ordre de M. le Controlleur General des Finances.
Le document décrit un remède contre diverses maladies malignes et pestilentielles, applicable aux hommes et aux animaux. Ce remède, approuvé par les apothicaires du roi, traite les maladies suspectées de malignité, les dévoyements, les dissenteries, les vomissements, les douleurs et les faiblesses d'estomac, ainsi que les fièvres intermittentes. Il se prend à la pointe d'un couteau, enveloppé dans du pain, ou dilué dans du vin, du bouillon ou d'autres liqueurs. La dose varie selon l'âge : un pois pour les petits enfants, une noisette pour les âges moyens, et une petite noix pour les grandes personnes. En cas d'urgence, la dose peut être augmentée et prise deux fois par jour. Le remède est également efficace contre les morsures de bêtes venimeuses et peut être administré aux animaux. La dose pour un cheval, un boeuf ou une vache est d'une once et demie, pour une chèvre demi-once, et pour un mouton un gros. En cas de maladie pressante, l'animal peut en recevoir deux fois par jour, et une fois par précaution pendant six ou sept jours. Il est recommandé de l'administrer dès les premiers signes de maladie chez les animaux. Le remède doit être conservé dans un lieu ni trop chaud ni trop humide pour maintenir ses vertus. Il est disponible chez le Contrôleur Général des Finances et les Intendants de Paris et des Provinces, gratuitement pour les pauvres et payant pour les riches.
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69
p. 151
ENIGME.
Début :
Homme Lettré doctement me compose [...]
Mots clefs :
Clystère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
Omme Lettré doctement me
compofe
Sur le papier.
Son Ecolier
Aux crédules mortels , éloquemment
m'expoſe :
Serois - je en claſſe une Leçon ,
Harangue d'Ecolier , oui , non ;
Peut- être; devinez;je paffe,je repaffe
Avec grace , ou fans grace ,
De pertuis en pertuis ,
De réduits en réduits :
Un Difcours Oratoire a fortune
pareille ,
Paffant de bouche en bouche , &
d'oreille en oreille ,
Dans les Réduits de maints petits
Cerveaux .
Je péle plus que je ne vaux
Dans un des réduits que j'occupe ;
Suis - je un Difcours. Non , non ,
n'en foyez plus la dupe.
Omme Lettré doctement me
compofe
Sur le papier.
Son Ecolier
Aux crédules mortels , éloquemment
m'expoſe :
Serois - je en claſſe une Leçon ,
Harangue d'Ecolier , oui , non ;
Peut- être; devinez;je paffe,je repaffe
Avec grace , ou fans grace ,
De pertuis en pertuis ,
De réduits en réduits :
Un Difcours Oratoire a fortune
pareille ,
Paffant de bouche en bouche , &
d'oreille en oreille ,
Dans les Réduits de maints petits
Cerveaux .
Je péle plus que je ne vaux
Dans un des réduits que j'occupe ;
Suis - je un Difcours. Non , non ,
n'en foyez plus la dupe.
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70
p. 156-157
AUTRE.
Début :
Des plaisirs je suis la source : [...]
Mots clefs :
Santé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
Es plaifirs je fuis la fource :
Je fais des malhûreux .
La derniere refource ;
Et je punis les hareux ,
En defertant d'avec eux.
C'eft de moi que l'amour emprunte fes
délices.
Quoique pourtant je ferve aux vices
,
A la vertu je ne nuis pas .
Et pour les plus devots ,
J'en toujours des appas .
Souvent j'échappe , on le fait bien ,
Et l'on gémit de mon abfence .
On me regarde comme rien ,
Quand on jouit de ma préfence ;
Hommes , retenés bien ces mots !
Frop de ménagement me met fouvent
enfuite
DE FEVRIER
157
Et je fuis bientôt détruite ,
Quand d'un foin importun , l'on trou
ble mon repos.
Es plaifirs je fuis la fource :
Je fais des malhûreux .
La derniere refource ;
Et je punis les hareux ,
En defertant d'avec eux.
C'eft de moi que l'amour emprunte fes
délices.
Quoique pourtant je ferve aux vices
,
A la vertu je ne nuis pas .
Et pour les plus devots ,
J'en toujours des appas .
Souvent j'échappe , on le fait bien ,
Et l'on gémit de mon abfence .
On me regarde comme rien ,
Quand on jouit de ma préfence ;
Hommes , retenés bien ces mots !
Frop de ménagement me met fouvent
enfuite
DE FEVRIER
157
Et je fuis bientôt détruite ,
Quand d'un foin importun , l'on trou
ble mon repos.
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71
p. 176
AUTRE.
Début :
Sans moy, que seroit l'Homme ? rien : [...]
Mots clefs :
Pouls ou artère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.-
moy,que feroit l'Homme ? rien ::
Tout au plus , pourriture . ¡mmondice
;
Şon fort dépend de mon caprice
Je fuis fon ame & Son foutien.
Tantôt foible à l'excés , tantôt fort comme
quatre ,
Je vais tantôt le trot & tantôt doucement :
Mon grand naturel eft de battre ,
Auffi,je bats à tout moment. Auſſi ,
En des temps je bats fort , &j'étourdis mon
homme;
C'est bien pis quand je ne bats pas :
Je l'accable . il languit , lorsqu'un peufort"
je bats ,
Mais,mon Repos eft un coup qui l'affomme.
moy,que feroit l'Homme ? rien ::
Tout au plus , pourriture . ¡mmondice
;
Şon fort dépend de mon caprice
Je fuis fon ame & Son foutien.
Tantôt foible à l'excés , tantôt fort comme
quatre ,
Je vais tantôt le trot & tantôt doucement :
Mon grand naturel eft de battre ,
Auffi,je bats à tout moment. Auſſi ,
En des temps je bats fort , &j'étourdis mon
homme;
C'est bien pis quand je ne bats pas :
Je l'accable . il languit , lorsqu'un peufort"
je bats ,
Mais,mon Repos eft un coup qui l'affomme.
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72
p. 152-153
AUTRE.
Début :
Je voy le jour, & n'ûs jamais de pere ; [...]
Mots clefs :
Respiration
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
E voy le jour, & n'ûs jamais de peres
Je n'habitay jamais la terre :
Je ne fuis point né dans les eaux ;
Et je ne fus jamais du nombre des oiſeaux
BIBLIO
FILE
DE
LYON
*
18934
Coupons , , mettons -nous en tra
x53
che.
M
C
T
THE
ช
S
wre
P
F
7
Fi
V
V
YOGA ADE
Ο
j
F
Fo
E.1
LIIVTE NES VIJENN
DE
SEPTEMBRE.
iss
Chacun , comme il veut , me fait naître ;
Mais auffi-tôt je ceffe d'être :
Et le moment qui voit mon fort ,
Voit prefque en même temps ma mort.
F'ay pour retraite un fort étroit paſſage ;
Je fers à bien plus d'un uſage :
L'Artifan me poffede , ainsi que le plus riche,
Je fuis au liberal , tout ainsi qu'au plus chiche.
E voy le jour, & n'ûs jamais de peres
Je n'habitay jamais la terre :
Je ne fuis point né dans les eaux ;
Et je ne fus jamais du nombre des oiſeaux
BIBLIO
FILE
DE
LYON
*
18934
Coupons , , mettons -nous en tra
x53
che.
M
C
T
THE
ช
S
wre
P
F
7
Fi
V
V
YOGA ADE
Ο
j
F
Fo
E.1
LIIVTE NES VIJENN
DE
SEPTEMBRE.
iss
Chacun , comme il veut , me fait naître ;
Mais auffi-tôt je ceffe d'être :
Et le moment qui voit mon fort ,
Voit prefque en même temps ma mort.
F'ay pour retraite un fort étroit paſſage ;
Je fers à bien plus d'un uſage :
L'Artifan me poffede , ainsi que le plus riche,
Je fuis au liberal , tout ainsi qu'au plus chiche.
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73
p. 156
ENIGME.
Début :
La matiere me forme, & ne suis point matiere ! [...]
Mots clefs :
Fièvre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
ENIGM E.
LA matiere meforme , & ne fuis point matiere !
Auffi fuis -je invisible à la façon des Dieux :
Mais onfent les effets de ma puiſſance altiere ,
Dès l'inftant que je prends naiſſancefous les cieux.
"
Comme je fuisfans corps , je n'ay point de ftature ,
Je fuis pourtant petite , j'ay de la grandeur ;
Non humeur eft auſſi de diverſe nature ,
Tantôt lente , tantôt d'une tres vive ardeur.
Je n'ayjamais apris la façon de combattre ,
Etfouvent devant moy l'on tremble à mon abord,
Le plus vaillant Heros ſe voit lui- même abbattre ,
Sijevis avec lui deux jours , quoique d'accord.
Je m'en vais quelque tems, je reviens fur ma trace;
De là , l'on double , triple , & quadruple mon nom ;
On le dit continu , quand je demeure en place :
Quoi qu'ilenfait , jamais je ne fais rien de bon.
Très rarement je fors de l'endroit que j'habite ;
Sans avoir vû couler beaucoup de fang & d'eau ,
Ingratte que je fuis , quelquefois je m'irrite ,
Jusqu'àfaire tomber mon fourien au tombeau.
LA matiere meforme , & ne fuis point matiere !
Auffi fuis -je invisible à la façon des Dieux :
Mais onfent les effets de ma puiſſance altiere ,
Dès l'inftant que je prends naiſſancefous les cieux.
"
Comme je fuisfans corps , je n'ay point de ftature ,
Je fuis pourtant petite , j'ay de la grandeur ;
Non humeur eft auſſi de diverſe nature ,
Tantôt lente , tantôt d'une tres vive ardeur.
Je n'ayjamais apris la façon de combattre ,
Etfouvent devant moy l'on tremble à mon abord,
Le plus vaillant Heros ſe voit lui- même abbattre ,
Sijevis avec lui deux jours , quoique d'accord.
Je m'en vais quelque tems, je reviens fur ma trace;
De là , l'on double , triple , & quadruple mon nom ;
On le dit continu , quand je demeure en place :
Quoi qu'ilenfait , jamais je ne fais rien de bon.
Très rarement je fors de l'endroit que j'habite ;
Sans avoir vû couler beaucoup de fang & d'eau ,
Ingratte que je fuis , quelquefois je m'irrite ,
Jusqu'àfaire tomber mon fourien au tombeau.
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74
p. 98
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Je suis un instrument bizar[r]e & salutaire, [...]
Mots clefs :
Seringue
75
p. 113
TROISIÈME ENIGME.
Début :
Tous les mois, tous les jours je fais plus de conquêtes, [...]
Mots clefs :
Quinquina
76
p. 316-317
SONNET énigmatique sur les Bouts-rimez proposez
Début :
Celui chez qui je suis est toûjours Taciturne, [...]
Mots clefs :
Fièvre
77
p. 329-330
PREMIERE ENIGME.
Début :
Sans contredit les Enfers m'ont fait naître, [...]
Mots clefs :
Petite vérole
78
p. 2015
A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
Début :
Les services que je vous rends, [...]
Mots clefs :
Convalescence, Baronne d'Igé, Malade, Triolets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
A MADAME LA BARONNE D'IGE' ,
MADRIGAL,
Fait ensuite d'une maladie.
L
Es ſervices que je vous rends ,
Sont d'une affez grande importance
Quand nous ne ferions point parens ,
Pour vous intereſſer à ma convalefcence :
Il ſemble que mes maux vous foient indiffe
rens ,
Et c'eſt ce que m'annonce un rigoureux filence.
Cependant , belle Igé , quand je ne ſerai plus ,
A faute d'une douce oeillade ,
Qui pourroit du trèpas préſerver un Malade ,
Vous connoîtrez les biens que vous aurez
perdus .
Onpeut vous donner ſerenade,
Ou vous écrire des Poulets ,
On peut, s'il vous en prend envie,
Devant vons danſer des Balets ;
Mais , quand j'aurai perdu la vie ,
Qui vous fera des Triolets ?
MADRIGAL,
Fait ensuite d'une maladie.
L
Es ſervices que je vous rends ,
Sont d'une affez grande importance
Quand nous ne ferions point parens ,
Pour vous intereſſer à ma convalefcence :
Il ſemble que mes maux vous foient indiffe
rens ,
Et c'eſt ce que m'annonce un rigoureux filence.
Cependant , belle Igé , quand je ne ſerai plus ,
A faute d'une douce oeillade ,
Qui pourroit du trèpas préſerver un Malade ,
Vous connoîtrez les biens que vous aurez
perdus .
Onpeut vous donner ſerenade,
Ou vous écrire des Poulets ,
On peut, s'il vous en prend envie,
Devant vons danſer des Balets ;
Mais , quand j'aurai perdu la vie ,
Qui vous fera des Triolets ?
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Résumé : A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
Le texte est un madrigal adressé à la Baronne d'Igé. L'auteur y exprime ses services et déplore son indifférence face à sa maladie. Il prévient qu'elle regrettera son silence après sa mort, car personne ne pourra lui offrir les mêmes attentions. Il souligne l'unicité de ses triolets, qu'elle ne pourra plus recevoir après sa disparition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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79
p. 105
Huitiéme Enigme.
Début :
Quelque secours de moi que vous deviez attendre, [...]
Mots clefs :
Lancette
81
p. 285-291
QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
Début :
Depuis que je lis le Mercure j'y ai trouvé si souvent des réponses satisfaisantes [...]
Mots clefs :
Rhume, Médecine, Bains, Anciens, Médecin, Santé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
QV EsT 10 N PfiOPOSE'E dr
Bourgogne à M. D. L. R. fur le Rhtimç
& fur cenúns régimes de famé , re
commandez, par les Anciens.
DEpuis que je lis le Mercure j'y ai;
trouvé si souvent des réponses satis
faisantes à différentes Questions qui y
avoient été proposées , que j'espere qu'on
voudra bien m'en procurer une par lç
mêmes canal, sur un sujet qui inreressetour
le monde. Il n'çst rien 4e plus préçie
ux que k sarçtç ; nos Anciens avoienr
D vji unv
&$6 ME RCURE DÊ FRANCÉ'
une grande atcentioo sur ccr article. lis
placèrent de tous côtez des Sentences qui
y avoient rapport. Elles étoient quelque
fois rédigées en Vers, quelquefois cn rimes
feulement , d'autres fois en Vers latins
rimez de la nature de ceux qu'on appelle
Techniques , & cela afin qu'on les retint
plus facilement. Mais comme chacun
n'a pas la clef de ces sortes de dictions.,
je me flate que quelque Médecin zélé pour
le bien public voudra bien nous expli
quer ce qui paroît de plus obscur dans
ces sortes de Sentences.
On les trouve en Quatrains au bas de
chaque mois des Calendriers dans presque
cous les Livres d'Eglise qui ont été im
primez en France au commencement du
XVI. siécle avant le Concile de Trente.
II y avoir alors parmi les Chantres & les
autres Ecclésiastiques beaucoup de Méde
cins qui fçavoient faire l'apologie de ces
Vers & qui en dùnnoient le dénouement»
J'en ai des preuves particulières pour l'Eglise
à laquelle je fuis attaché. Aujourd'hui
qu'il n'y en a píiiSjOn regarde ces sortes de
Quatrains comme ridicules & même com
me très-impertinemment placez. Car où
sont-ils imprimez? C'est dans les Missels,
à la marge inférieure du Calendrier , com
me pour servir de brodure au bout des
Saints de chaque mois. Si ces Vers tane
bien
FEVRIER. 1730/ iîf
bien- que mal faits , ne se trouvoient que
«Mis un ou deux Missels , je les croiroís
peu dignes d'attention ; mais comme ils
k rencontrent dans le plus grand nombre
& tnêmé dans ceux de Paris, & dans ceux
de Rome, imprimez en France, c'est une
marque de l'estime generale qu'on ea
avoit. Il n'est donc pas indiffèrent d'exa
miner si cette estime étok bien fondée ôC
si les règles en font solidement établies.
J'ay eu le bonheur de n'être point at
taqué de la maladie qui a été si commune
depuis quelques mois ; mais afin que je
puisse la prévenir au retour d'une autre
année , quelque charitable Médecin voudroit-
il bien nous assurer si l'on peur se
fier à ce qui est marqué dans un de ces
Quatrains í C'est celui du mois de No-;
vembrc.
Fis sanusfieri ? curetur reuma VSovembri :
Quodque nocens vit ai tua fit prítiofa die ta î
Balnea cum ventre tune nulli profit habert :
íotio fit fana, nec jufta minutio v»na.
Voilà , ce me semble , cinq leçons dans
ce Quatrain. Le premier Vers décide que
c'est au mois de Novembre qu'il faut se
préserver du rhume ou le fake Cesser. Il
est en mêmes termes dans la plupart des
differens Missels que j'ay vus. Il y en a
feulement quelques uns où on lit ;
h.tf MERCURE DE FRANCEí
n..c tibì: fcirt dn:ur , qfiod rheuma ìÇtvemèrt
creatur.'
C'est ainsi que je trouve ce premier Vers
dans un Missel de Clugny de 15 10. dans
un d'Autun de 1 5 30. ôc dans-un de Char
tres de 1 53 1. & un de Sens de 1556V
Cetce Variante nous apprend bien que le
rhume se forme en Novembre ; mais elle
n'assure pas qu'il faille f remédier dès cc
mois- là. II est cependant bon de sçavoir
à quoi s'en tenir ; parce que bien des gens
disent que le rhume est de plus longue du
pée lorsqu'on le mitonne que lorsqu'on le
néglige. C'est lur quoi j'attends un parfait
& prompt éclaircissement.
LesVariantes du second Vers n'en chan
gent point le sens. Qj^ajus nociva i>itar
cela revient au même. Pour ce qui est de
dirtit , les Ecclésiastiques plus accoutumez
auxlangages de leurs Rubriques qu'à ce
lui de Galien ou d'Hippocrare , entendoient
autrefois par dieta, l'Office Ferial
Fit dieta, ou bien Pìt de dicta , signifioit"
qu'on faisoit de la Férie. Mais» je croirois
que ces Vers n'ayant pas été composez pat
un Rubriquaire , l' Auteur veut dire qu'il
feut bien prendre garde à la diète qu'on
observera dans ce mois-là. N'est-ce point
en effet la saison où il semble que Tappégt/
renaît à mesure que le froid approche ?
T~ t FEVR sEK. rr?ô-
Je méptiíc la Variante de certains Missels
eù on lit , tua fint pretio/a diEla , ce font'
des fautes grossières qu'on peut rejettec
fur les Imprimeurs, comme s'il falloir
donc parler moins dans le mois de No
vembre que dans les autres , ou bien qu'il
fellùr n'y parler que le langage de cesprécieux
ridicules.
Le grand nombre des Editions contient'
k troisie'me Vers comme je l'ay rapporté
d'après mon Missel Diocésain de l'an 1 5 1 8-»
Cependant celui de Cluny de 1510. ôc
celui d'Autun de 1 5$ o. mettent en stylcassertif.
Salnea eum venere tune nullum constat habere. ■
Ces deux mêmes Missels rapportent aussi;
Hn peu autrement le quatrième Vers, en;
mettant ,Potie fit fana atque minutio bona.
Je pense qu'on y recommande seulement
de prendre garde à ce que l'on boira , &
de songer qu'il sera bon de se faire ti
rer alors un peu de sang. Un Apotiquaire
attentif pourra me reprendre & dire que
folio veut dite là une Médecine , & que'
ce Quatrain ne doit pas donner l'excluíìon
aux fonctions de son ministère. A
cela je suis tout prêt à lui re'pondre , qu'il',
ne paroît pas que l'usage des potions mé
dicinales doive précéder lu saignée , maisqu'il
doit la suivre ,& que tout au plus il
jíst recommandé de ne foint boire trot*'
froid,
tjà MERCURE DE FRANCE:
froid &c peut-être de tremper son vin avetí
tin peu d'eau chaade , dont quantité de
gens, desquels je fuis du nombre, se sonc
bien trouvez. Je crois aussi , que pour ce
qui est de la queuë' du Vers, ri est question
seulement de ces saignées de précaution ,
telles qu'on les pratiquoit anciennement
dans les Monastères, où il falloit que tous
íes Moines se fissent ouvrir la veine à cer
tains jours de Tannée , de la même ma
nière qu'ils se servent tous du ministère
du Barbier un même jour de la semaine.
Au reste , si je me trompe dans mon
explication, je laisse à Messieurs les Doc
teurs ert Médecine- à en décider. Je mes
flate qu'au premier jour quelqu'un d'entt'eux
, moins afferé lorsque les rhumes
auront un peu cessé, nous donnera un
ample Commentaire de ce Quatrain : &
si le Public en est content, je prendrai la
liberté de demander par le même canal une
Paraphrase également instructive sur les?
Quatrains mis à la fin des autres mois.
Cependant pour ne rien celer , je vous
dirai que le Missel d'Autun de 1530.
ájoúte encore les deux Vers sinvans pour
le mois de Novembre , comme d'un au-?
ire Auteur.
lingues vel crines poterts prs.fcinderê~tutè ;
X>* vem minutt ,& bttlnc* citws intres.
U
FEVRIER. 1730. 10
La précision ou coupure des ongles ou
tles cheveux contribue- 1' elle donc à la
íanté , pour être mise en parallèle avec la
saignée ? A l*6gard du bain , l'Auteur or
donne de se le procurer au plutôt , bien
entendu , avec exclusion de cè qui est por
te' dans le troisième Vers cy-dessus. Je ne
connois point de Rivière qui soit chaude
au mois de Novembte , du moins dans
nos quartiers. Sans doute qu'il est question
en cet endroit des bains domestiques , oa
de ceux qui font dans les lieux où la Na
ture fait sortir des Fontaines chaudes des
entrailles de la Terre. Mais comment 8c
pourquoi les Bains sont-ils píus salutaires
au mois de Novembre qu'en d'autre tems?
C'est ce qu'il est à propos d'éclaircir , 011
bien il faut déclarer que les Anciens
avoient tort de proposer ces règles. Je re
commande fur tout l'article du rhume.
La Ptisane dont oh fé sert pour le guérir
ici , est le vin tout pur ou l'eau-de-vie.
C'est nne Médecine qui n'est pas rare
dans nos cantons, principalement au mois
de Novembre. Mais est-elle bonne ? Estce
celle que prescrit le premiers Vers qui
dit : Curetur rheima Novembn ? C'est-là
la question dont j'attends la décision.
Ce 3 1. Janvier 1730»'
Bourgogne à M. D. L. R. fur le Rhtimç
& fur cenúns régimes de famé , re
commandez, par les Anciens.
DEpuis que je lis le Mercure j'y ai;
trouvé si souvent des réponses satis
faisantes à différentes Questions qui y
avoient été proposées , que j'espere qu'on
voudra bien m'en procurer une par lç
mêmes canal, sur un sujet qui inreressetour
le monde. Il n'çst rien 4e plus préçie
ux que k sarçtç ; nos Anciens avoienr
D vji unv
&$6 ME RCURE DÊ FRANCÉ'
une grande atcentioo sur ccr article. lis
placèrent de tous côtez des Sentences qui
y avoient rapport. Elles étoient quelque
fois rédigées en Vers, quelquefois cn rimes
feulement , d'autres fois en Vers latins
rimez de la nature de ceux qu'on appelle
Techniques , & cela afin qu'on les retint
plus facilement. Mais comme chacun
n'a pas la clef de ces sortes de dictions.,
je me flate que quelque Médecin zélé pour
le bien public voudra bien nous expli
quer ce qui paroît de plus obscur dans
ces sortes de Sentences.
On les trouve en Quatrains au bas de
chaque mois des Calendriers dans presque
cous les Livres d'Eglise qui ont été im
primez en France au commencement du
XVI. siécle avant le Concile de Trente.
II y avoir alors parmi les Chantres & les
autres Ecclésiastiques beaucoup de Méde
cins qui fçavoient faire l'apologie de ces
Vers & qui en dùnnoient le dénouement»
J'en ai des preuves particulières pour l'Eglise
à laquelle je fuis attaché. Aujourd'hui
qu'il n'y en a píiiSjOn regarde ces sortes de
Quatrains comme ridicules & même com
me très-impertinemment placez. Car où
sont-ils imprimez? C'est dans les Missels,
à la marge inférieure du Calendrier , com
me pour servir de brodure au bout des
Saints de chaque mois. Si ces Vers tane
bien
FEVRIER. 1730/ iîf
bien- que mal faits , ne se trouvoient que
«Mis un ou deux Missels , je les croiroís
peu dignes d'attention ; mais comme ils
k rencontrent dans le plus grand nombre
& tnêmé dans ceux de Paris, & dans ceux
de Rome, imprimez en France, c'est une
marque de l'estime generale qu'on ea
avoit. Il n'est donc pas indiffèrent d'exa
miner si cette estime étok bien fondée ôC
si les règles en font solidement établies.
J'ay eu le bonheur de n'être point at
taqué de la maladie qui a été si commune
depuis quelques mois ; mais afin que je
puisse la prévenir au retour d'une autre
année , quelque charitable Médecin voudroit-
il bien nous assurer si l'on peur se
fier à ce qui est marqué dans un de ces
Quatrains í C'est celui du mois de No-;
vembrc.
Fis sanusfieri ? curetur reuma VSovembri :
Quodque nocens vit ai tua fit prítiofa die ta î
Balnea cum ventre tune nulli profit habert :
íotio fit fana, nec jufta minutio v»na.
Voilà , ce me semble , cinq leçons dans
ce Quatrain. Le premier Vers décide que
c'est au mois de Novembre qu'il faut se
préserver du rhume ou le fake Cesser. Il
est en mêmes termes dans la plupart des
differens Missels que j'ay vus. Il y en a
feulement quelques uns où on lit ;
h.tf MERCURE DE FRANCEí
n..c tibì: fcirt dn:ur , qfiod rheuma ìÇtvemèrt
creatur.'
C'est ainsi que je trouve ce premier Vers
dans un Missel de Clugny de 15 10. dans
un d'Autun de 1 5 30. ôc dans-un de Char
tres de 1 53 1. & un de Sens de 1556V
Cetce Variante nous apprend bien que le
rhume se forme en Novembre ; mais elle
n'assure pas qu'il faille f remédier dès cc
mois- là. II est cependant bon de sçavoir
à quoi s'en tenir ; parce que bien des gens
disent que le rhume est de plus longue du
pée lorsqu'on le mitonne que lorsqu'on le
néglige. C'est lur quoi j'attends un parfait
& prompt éclaircissement.
LesVariantes du second Vers n'en chan
gent point le sens. Qj^ajus nociva i>itar
cela revient au même. Pour ce qui est de
dirtit , les Ecclésiastiques plus accoutumez
auxlangages de leurs Rubriques qu'à ce
lui de Galien ou d'Hippocrare , entendoient
autrefois par dieta, l'Office Ferial
Fit dieta, ou bien Pìt de dicta , signifioit"
qu'on faisoit de la Férie. Mais» je croirois
que ces Vers n'ayant pas été composez pat
un Rubriquaire , l' Auteur veut dire qu'il
feut bien prendre garde à la diète qu'on
observera dans ce mois-là. N'est-ce point
en effet la saison où il semble que Tappégt/
renaît à mesure que le froid approche ?
T~ t FEVR sEK. rr?ô-
Je méptiíc la Variante de certains Missels
eù on lit , tua fint pretio/a diEla , ce font'
des fautes grossières qu'on peut rejettec
fur les Imprimeurs, comme s'il falloir
donc parler moins dans le mois de No
vembre que dans les autres , ou bien qu'il
fellùr n'y parler que le langage de cesprécieux
ridicules.
Le grand nombre des Editions contient'
k troisie'me Vers comme je l'ay rapporté
d'après mon Missel Diocésain de l'an 1 5 1 8-»
Cependant celui de Cluny de 1510. ôc
celui d'Autun de 1 5$ o. mettent en stylcassertif.
Salnea eum venere tune nullum constat habere. ■
Ces deux mêmes Missels rapportent aussi;
Hn peu autrement le quatrième Vers, en;
mettant ,Potie fit fana atque minutio bona.
Je pense qu'on y recommande seulement
de prendre garde à ce que l'on boira , &
de songer qu'il sera bon de se faire ti
rer alors un peu de sang. Un Apotiquaire
attentif pourra me reprendre & dire que
folio veut dite là une Médecine , & que'
ce Quatrain ne doit pas donner l'excluíìon
aux fonctions de son ministère. A
cela je suis tout prêt à lui re'pondre , qu'il',
ne paroît pas que l'usage des potions mé
dicinales doive précéder lu saignée , maisqu'il
doit la suivre ,& que tout au plus il
jíst recommandé de ne foint boire trot*'
froid,
tjà MERCURE DE FRANCE:
froid &c peut-être de tremper son vin avetí
tin peu d'eau chaade , dont quantité de
gens, desquels je fuis du nombre, se sonc
bien trouvez. Je crois aussi , que pour ce
qui est de la queuë' du Vers, ri est question
seulement de ces saignées de précaution ,
telles qu'on les pratiquoit anciennement
dans les Monastères, où il falloit que tous
íes Moines se fissent ouvrir la veine à cer
tains jours de Tannée , de la même ma
nière qu'ils se servent tous du ministère
du Barbier un même jour de la semaine.
Au reste , si je me trompe dans mon
explication, je laisse à Messieurs les Doc
teurs ert Médecine- à en décider. Je mes
flate qu'au premier jour quelqu'un d'entt'eux
, moins afferé lorsque les rhumes
auront un peu cessé, nous donnera un
ample Commentaire de ce Quatrain : &
si le Public en est content, je prendrai la
liberté de demander par le même canal une
Paraphrase également instructive sur les?
Quatrains mis à la fin des autres mois.
Cependant pour ne rien celer , je vous
dirai que le Missel d'Autun de 1530.
ájoúte encore les deux Vers sinvans pour
le mois de Novembre , comme d'un au-?
ire Auteur.
lingues vel crines poterts prs.fcinderê~tutè ;
X>* vem minutt ,& bttlnc* citws intres.
U
FEVRIER. 1730. 10
La précision ou coupure des ongles ou
tles cheveux contribue- 1' elle donc à la
íanté , pour être mise en parallèle avec la
saignée ? A l*6gard du bain , l'Auteur or
donne de se le procurer au plutôt , bien
entendu , avec exclusion de cè qui est por
te' dans le troisième Vers cy-dessus. Je ne
connois point de Rivière qui soit chaude
au mois de Novembte , du moins dans
nos quartiers. Sans doute qu'il est question
en cet endroit des bains domestiques , oa
de ceux qui font dans les lieux où la Na
ture fait sortir des Fontaines chaudes des
entrailles de la Terre. Mais comment 8c
pourquoi les Bains sont-ils píus salutaires
au mois de Novembre qu'en d'autre tems?
C'est ce qu'il est à propos d'éclaircir , 011
bien il faut déclarer que les Anciens
avoient tort de proposer ces règles. Je re
commande fur tout l'article du rhume.
La Ptisane dont oh fé sert pour le guérir
ici , est le vin tout pur ou l'eau-de-vie.
C'est nne Médecine qui n'est pas rare
dans nos cantons, principalement au mois
de Novembre. Mais est-elle bonne ? Estce
celle que prescrit le premiers Vers qui
dit : Curetur rheima Novembn ? C'est-là
la question dont j'attends la décision.
Ce 3 1. Janvier 1730»'
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Résumé : QUESTION PROPOSÉE de Bourgogne à M. D. L. R. sur le Rhume & sur certains regimes de santé, recommandez par les Anciens.
L'auteur d'une lettre adressée au Mercure de France manifeste un intérêt pour des sentences anciennes relatives à la santé, notamment celles concernant le rhume. Ces sentences étaient souvent présentes dans des quatrains au bas des calendriers et dans des livres d'église imprimés en France au début du XVIe siècle. Les auteurs de ces vers étaient fréquemment des chantres et des ecclésiastiques ayant des connaissances en médecine. L'auteur mentionne un quatrain spécifique du mois de novembre, qui offre des conseils pour prévenir ou guérir le rhume. Il sollicite l'explication de ce quatrain par un médecin soucieux du bien public. Le quatrain en question est le suivant : 'Fis sanus fieri? curetur reuma Novembri: Quodque nocens vit ai tua fit prætiofa die ta; Balnea cum ventre tune nulli profit habent: Potio fit fana, nec juxta minutio vina.' L'auteur examine les différentes variantes de ce quatrain trouvées dans divers missels et discute de leur signification. Il insiste sur l'importance de comprendre ces conseils pour mieux prévenir le rhume, surtout en novembre. Il conclut en espérant qu'un médecin pourra fournir un commentaire éclairé sur ce quatrain et sur ceux des autres mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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82
p. 450-460
IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Début :
MONSIEUR, Quoique l'objection que vos amis vous ont faite au sujet de mes dernieres Lettres [...]
Mots clefs :
Sels, Ville d'Eu, Santé, Maladies, Sang
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texteReconnaissance textuelle : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
IV LETTRE de M. Capperon ,
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
ancien Doyen de S. Maxent , écrite de
la Ville d'Eu , le 25. Janvier 1730,
à M. Adam , M. fur les Sels contenus
dans l'Air, & fur la nouvelle Methode
pour
voir les mêmes Sels & pour juger
de leurs effets par rapport à la ſanté.
MONSI ONSIEUR ,
Quoique l'objection que vos amis yous
ont faite au fujet de mes dernieres Lettres
fur les Sels de l'Air , ne foit pas d'une
grande importance , je ne laifferai pas de
vous expofer une partie des Réponfes
qu'on peut y faire ; car il eft à propos
qu'une
MARS. 1730. 451
qu'une perfonne qui écrit fur quelque
matiere que ce foit , fe rende intelligible
à tout le monde ; d'ailleurs la matiere que
j'ai entrepris de traiter paroît affez intereffante
pour qu'on l'étudie foigneuſement
, & qu'on s'attache à en développer
toutes les confequences , principalement
en ce qui peut avoir quelque rapport
la fanté.
à
C'eſt donc dans cette vûë , Monfieur
que je vais m'expliquer fur la penfée que
quelques perfonnes ont eue en lifant ma
feconde Lettre , où je rapporte quelles
maladies certains Sels doivent naturellement
caufer, lorfqu'il s'en rencontre dans
PAir une trop grande quantité ; fçavoir ,
que tous ceux qui refpirent le même air devroient
generalement être attaquez des mê
mes maladies.
Il est vrai , comme je vous l'ai marqué,
que toutes les fois que l'Air fe trouve
chargé de certains Sels , plus que de coû
tume & que cela dure pendant quelque
elpace de temps , il y a plus de perfonnes
qui devroient être attaquées des maladies
que ces Sels peuvent caufer ; mais il ne
s'enfuit pas pour cela que generalement
tous ceux qui fe trouvent environnez de
cet air & qui le refpirent , doivent néceffairement
en reffentir les mauvais cffers.
Non , Monfieur , plufieurs perfonnes
Bij peuvent
452 MERCURE DE FRANCE .
peuvent bien n'être pas fufceptibles de
ces tâcheufes impreffions , & cela pour
differentes raifons que je vais vous expofer.
La premiere confifte en ce que quetques-
uns d'entre ceux qui fe trouvent environnez
de ce mauvais air , ont les fibres
de la peau , des chairs , des vaiſſeaux , des
vifceres , en un mot , de tout le corps , plus
fermes & plus ferrées ; ce qui rendant
leurs pores plus étroits , & les Sels de l'Air
trouvant par ce moyen les paffages moins
libres , ils ne peuvent pas penetrer fi
promptement ni fi abondamment dans la
maffe de leur fang , pour pouvoir y caufer
un dérangement confiderable .
>
D'ailleurs comme dans les perfonnes
de cette conftitution les efprits font ordinairement
moins fubtils & plus groffiers
, ils en ont moins de facilité à être
dérangez dans leur mouvement par des
parties hétherogenes , tels que font les
Sels de l'Air lorfqu'ils viennent à fe mê
ler avec eux. C'est delà que les perfonnes
fortes & vigoureufes , foit qu'elles foient
nées telles , ou qu'elles ayent contracté
cette fermeté par de fréquens exercices
ou par des travaux long - temps continuez ,
qui leur ont refferré les fibres , comme
un Chapeau eft plus refferré & plus ferme
pour avoir été long - temps foulé , c'ekt
deMARS.
17301 453
delà , dis - je , que ces perfonnes font beau
coup moins fufceptibles de ces fortes d'im
preffions de l'Air , fur tout lorfqu'avec
cela elles n'ufent que de nourritures grof
fieres , parce que les Particules les plus
déliées de leur fang & leurs efprits pàrticipent
à cette groffereté.
Tout le contraire arrive aux perfonnes
naturellement délicates , & qui par fur
croît , ont fouvent encore été élevées délicatement
; car ordinairement ces perfonnes
ayant la peau plus fine , moins épaiffe ,
les chairs plus molaffes , les tuniques des
vaiffeaux plus lâches , la fubftance des Vil
ceres plus tendre , tous les pores plus ouverts
& les efprits plus fubtils & plus délicats
, il s'enfuit que les Sels de l'Air
doivent les pénetrer plus aifément , s'ins
troduire plus abondamminent dans la maffe
de leur fang , troubler plus violemment le
mouvement naturel de leurs efprits , &
caufer un plus grand defordre dans la jufte
oeconomie de leurs corps .
C'est à caufe de ce peu de fermeté des
fibres , & de ce qu'elles font peu ferrées
dans les enfans , qu'on les voit quelquefois
prefque sous attaquez d'une toux très
violente , pendant que les perfonnes âgées
en font exemptes . C'est encore parce que
ces fibres font trop lâches & les efprits
fubtils & délicats , que quelques perfon-
Biiij
nes
454 MERCURE DE FRANCE.
nes fe trouvent incommodées du ferain
& fe fentent differemment affectées , felon
les diverfes conftitutions de l'Air &
les changemens de temps , à quoi d'autres
ne font point expofées . Enfin c'eft ce qui
fait que quand il regne des maladies caufées
par l'abondance des Sels mêlez avec
les Souffres , plufieurs en font attaquez
plutôt que d'autres.
Cette difference , Monfieur , qu'on ob
ferve tous les jours à l'égard de ceux qui
vivent dans le même air , chargé des mêmes
Sels , où les uns s'en trouvent mal
pendant que les autres n'en reffentent aucun
mauvais effet , vient encore d'une autre
caufe fçavoir , de ce que fe rencontrant
dans le fang , dans les humeurs ,
dans les chairs , même dans les viſceres
des uns , une affez grande quantité de certains
Sels femblables à ceux qui dominent
dans l'Air , la même chofe ne fe renconrant
pas dans les autres , c'en eft affez
pour que ceux qui font ainſi diſpoſez ſe
trouvent très-mal de l'Air chargé de ces
Sels , & que les autres n'en reffentent aucune
incommodité , parce qu'il eſt évident
que ces Sels de l'Air le joignant à
ceux qui font déja dans leurs corps , faf
fent plus puiffamment reffentir leurs mauvais
effets ; comme lorfqu'il y a déja dans
quelques mets du Sel & des Epiceries , il
MARS. 1730. 455
yen faut beancoup moins jetter pour en
rendre le gout plus acre & plus piquant.
Voilà donc pourquoi , Monfieur , il arrive
encore que les Sels de l'Air font des
impreffions fur les uns , qu'ils ne font pas
fur les autres ; fçavoir , parce qu'ils trouvent
fouvent dans les uns une ébauche
fort avancée des mauvais effets qu'ils peuvent
produire , qu'ils ne rencontrent pas
dans les autres . C'eſt ainfi , comme vous
fçavez , que les corps de certains Enfans
étant remplis de Sels acres dès leur conception
, lefquels leur ont été tranſmis
les parens dont ils font nez , fetrouvent parlà
plus difpofez que d'autres à reffentir les
mouvais effets d'un Air qui contiendra
de ces mêmes Sels , & qui caufera en eux
des Coliques , des Convulfions , des Gales
, des Rougeoles , des petites Veroles ,
la Goute même dans un âge plus avancé.
par
C'est par le même principe que ceuxqui
prennent des alimens dans lefquels il
y a trop d'Acide , font plutôt attaquez de
Fievres intermittentes , de Flux , de Diffenteries
, & c. dans les temps & les faifons
où les Sels nitreux - acides , les Sels:
dominent le plus dans l'Air . C'eft
delà que les jeunes gens dont le fang eft:
plus bouillant & plus rempli de Sonfres
font plutôt attaquez deFievres peftilentiel .
les & contagieufes que les Vieillards , dans :
B.v le
456 MERCURE DE FRANCE .
·
le fang defquels l'Acide domine ; ce qui
fait qu'à leur égard l'Air nitreux de l'Automne
les fait tomber aifément dans des
Létargies , dans des Apoplexies & dans
d'autres maux provenant des mêmes Sels ,
qui les emportent fouvent . C'eſt delà
encore que ceux en qui les Sels ont cauſé
des maladies dont le fang & les chairs reftent
impreignées , retombent ailément
pour s'être expofez mal à propos à certain
Air rempli des mêmes Sels . C'eſt delà
que ceux qui font attaquez de Rhumatifmes
, caulez par une Lymphe remplie
de Sels acres , fentent augmenter leurs
douleurs, lorfque l'Air , contenant de femblables
Sels , vient à fe répandre dans les
lieux de leur demeure ; c'eft delà que les
Malades fe trouvent ordinairement plusmal
la nuit que le jour , parce que l'Air ſe
refferrant alors par le froid , les Sels nuifibles
qu'il contient & qui font fouvent
femblables à ceux qui ont caufé la maladie,
fe trouvant plus raffembléz autour du
malade , le pénetre en plus grande quantité
, pour le joindre à ceux qui font la
premiere caufe de fon mal . Enfin c'eſt ce
que dans les perfonnes d'une même famille
, certain Sel particulier dominant
dans leur fang , foit par la conftitution
des parens dont ils font nez , foit par des
alimens particuliers dont ils ont ufé plutor
MARS . 1730. 457
tôt que d'autres , s'il arrive qu'un Sel
Analogue à celui - là , vienne à dominer
dans l'Air en trop grande quantité , il eft
fur , dis- je , que ceux de cette famille en
reffentiront les mauvais effets plutôt que
d'autres ,comme on l'obferve tous les jours.
On ne doit pas être furpris , Monfieur,
que dans le même temps & dans le même
lieu les Sels de l'Air caufent quelquefois
des maladies forr differentes ; parce
que fouvent dans un même temps & dans
des lieux peu éloignez les uns des autres
certain Air peut s'y répandre chargé abondamment
de certains Sels nuifibles , pendant
qu'un autre Air , rempli d'autres Sels,
fera porté peu à peu dans le même lieu ou
dans un endroit qui en fera peu éloigné.
>
。
J'ai moi- même obfervé qu'à differens
temps d'un même jour l'Air fe trouvoit
quelquefois chargé de Sels fort differ.ents .
Il arrive affez fouvent qu'un broü llard
qui s'élevera à certaine heure dujour remplira
tout l'air d'un coup de certains Sels
nuifibles qui ne s'y trouvoient pas un moment
auparavant ; c'eft delà qu'on voit
tous les jours dans un Jardin Fruitier
des rangées d'Arbres , dont les feuilles ont
été tout à coup deffechées par un vent qui
a fouflé , rempli de Sels très - nuifibles ,
pendant qu'il n'a pas touché aux autres
Arbres du même Verger ; vous conjectu
Bvi Lez
•
458 MERCURE DE FRANCE :
rez bien que fi des perfonnes s'étoient
également trouvées enveloppées de ce
mauvais air , elles n'en auroient pas ref-.
fenti de trop bons effets . C'eſt par la mê ←
ane Lafon qu'on voit tous les jours des
Paroiffes , des Villages , des Villes & même
des Provinces , actaquées de certaines ma--
ladies dont les Lieux & les Pays voisins.
font exempts
.
La chaleur cauſe encore une diverfité
confiderable dans les mauvais effets des:
Sels de l'Air , c'est même ce qui en facilite
fouvent l'execution , parce que les
Pores du corps fe dilatant extrémement
par la chaleur , rien ne facilite mieux l'en--
trée de ces Sels dans la maffe du fang..
C'eft ce qui fait que les lieux expofez au
vent da Midi , font fouvent les plus mal
fains que dans les mois de l'année où le
Nitre et ordinairement plus abondant
Gant l'Air , on a obfervé qu'il eft dange :
reux de s'expofer à la chaleur du Soleil .
C'est par la même raifon que fi après s'être
échauffé , on vient à recevoir l'impreffion
d'un Air froid rempli de . Nitre , on
eft facilement attaqué où de Rhume , ou
de Pleurefie , ou de Fluxion de poitrine ;
ce Sel Nitreux , qui eſt entré abondamment
dans les Poulinons & la Poitrine par
la refpiration , y peut plus promptement
coaguler le fang & former une inflamma ,
tiona. Les
MARS. 1730 459
Les chofes ne font pas moins fàcheufes
files Pores fe trouvant trop ouverts par
la chaleur , les Soufres viennent particulierement
à s'introduire trop abondamment
dans le fang , conjointement avec
d'autres Sels : car c'eft justement d'où procedent
ce qu'on appelle Goups de Soleil ,
c'est ce qui rend les Fievres Peftilentielles
fi fréquentes dans les Pays chauds , &
qu'elles ne paroiffent ordinairement que
durant les chaleurs de l'Eté dans les Pays
temperez ; qu'elles ceffent ordinairement
lorfque le froid de l'Hyver approche ;
non pas entièrement , comme on fe l'imagine
quelquefois, dans la penſéé qu'on
a que le froid purifie l'Air ; car quoiqu'il
foit vrai que lorfque l'Air eft plus froid
il s'exhale moins de Soufres de la Terre ,,
neanmoins la principale caule de l'éloi
gnement des maladies vient de ce que les
Pores des corps fe refferrent pendant lè
froid , les Soufres & les Sels répandus ;
dans l'Air , n'ont plus la même facilité de:
s'introduire dans la maſſe du fång : D'ailleurs
les Soufres qui fortent dés Malades,.
rencontrant le froid de l'Air , perdent la
plus confiderable partie de leur tourbil
lonnement , ce qui leur ôte la facilité d'en
allumer d'autres & fait ceffer la Conta →
gion. Enfin on peut voir par là qu'on peut
plus ailément gagner une maladie conta
gicula
460 MERCURE DE FRANCE .
1
gieufe lorfqu'on s'approche des Malades
qui ont les Pores bien ouverts par la cha
leur , que lorfqu'ils font refferrez , par
froid.
le
Vous voyez , Monfieur , comment par
le moyen de mon Syfteme des Sels de
l'Air , fondé fur d'exactes Obſervations
on peut aller loin dans la connoiffance
des maladies. J'efpere qu'en fuivant la
foute que j'ai tracée , on pourra pour l'u
tilité publique , perfectionner ce que je
n'ai fait , pour ainfi dire , qu'ébaucher .
Je fuis , Monfieur , &c.
Cette derniere Lettre & celles qui ont
precedé, nous ont paru mériter l'attention
des Curieux , fur quoi nous ne fçaurions
trop marquer de gré aux deux Sçavans qui
nous les ont procurées. Nous ne pouvions,
au refte, les publier dans des circonftances
plus propres à bien faire connoître leur
mérite que le temps prefent , où les Rhumes
mortels & les Fluxions de poitrine ont
regné durant cet Hyver , ce qui juftifie
les Obfervations de l'Auteur fur l'Air
chargé de Nitre & d'autres Sels contagieux
, qui ont penetré d'autant plus facilement
les corps que les Pores étoient
moins refferrez lorſque le froid n'étoir
pas extreme.
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Résumé : IVme LETTRE de M. Capperon, ancien Doyen de S. Maxent, écrite de la Ville d'Eu, le 25. Janvier 1730. à M. Adam. M. sur les Sels contenus dans l'Air, & sur la nouvelle Methode pour voir les mêmes Sels & pour juger de leurs effets par rapport à la santé.
Dans une lettre datée du 25 janvier 1730, M. Capperon, ancien doyen de Saint-Maxent, répond à des objections concernant ses lettres précédentes sur les sels contenus dans l'air et leurs effets sur la santé. Il explique que l'air chargé de certains sels peut causer des maladies, mais que toutes les personnes exposées ne sont pas affectées de la même manière. Capperon distingue deux types de constitutions : les personnes fortes et vigoureuses, dont les fibres corporelles sont fermes et les pores étroits, sont moins susceptibles aux effets des sels de l'air. En revanche, les personnes délicates, avec des fibres lâches et des pores ouverts, sont plus vulnérables. Il cite des exemples comme les enfants, plus sujets aux maladies respiratoires, et les personnes âgées, plus exposées aux effets du froid. Capperon souligne également que la présence de sels similaires dans le corps peut amplifier les effets néfastes des sels de l'air. Par exemple, les personnes ayant déjà des sels acides dans leur sang sont plus susceptibles de contracter des fièvres ou des flux lors de l'exposition à des sels nitreux-acides dans l'air. Il observe que les variations de température et les conditions météorologiques influencent la pénétration des sels dans le corps. La chaleur dilate les pores, facilitant l'entrée des sels, tandis que le froid les referme, réduisant ainsi les effets des sels de l'air. Le texte discute également des conditions météorologiques et de leur impact sur la santé durant un hiver particulier. Il souligne que les rhumes et les fluxions de poitrine ont été prévalents, justifiant ainsi les observations de l'auteur sur la qualité de l'air. L'air était chargé de nitre et d'autres sels contagieux, ce qui a facilité leur pénétration dans les corps humains. Cette pénétration était plus aisée car les pores de la peau étaient moins refermés lorsque le froid n'était pas extrême. Capperon conclut en espérant que ses observations contribueront à une meilleure compréhension des maladies et à l'amélioration des méthodes de prévention et de traitement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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83
p. 526-531
MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
Début :
Ce n'est pas toûjours parceque la masse du sang est trop grande que [...]
Mots clefs :
Saignée, Sang, Parties du corps, Vaisseaux, distribution, Pesanteur
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texteReconnaissance textuelle : MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
MOTEN de faire changer la diftribution
du fang dans le corps de l'homme
, fans être obligé d'avoir recours à
la faignée. Par M. B. P. R. E. H.
CE
E n'eft pas toujours parceque la
maffe du fang eft trop grande que
l'on a recours à l'ouverture de la veine
c'efttrès-fouvent parceque la diftribution
de ce fluide n'eft pas parfaite , & que
quelques parties de notre corps s'en trouvent
trop chargées , pendant que d'autres
en font beaucoup trop dépourvûës . Alors
on tâche par la faignée de faire aborder
ou dériver le fang vers ces dernieres parties
, afin de le détourner des autres , &
d'y produire une révulfion . Mais outre
qu'il n'eft point naturel de diminuer le
volume d'une liqueur , lorfqu'il eft quelquefois
déja trop petit , on s'expofe encore
en réiterant les faignées à jetter le
malade dans le dernier épuiſement , & à
le rendre hydropique , comme on n'en a
que trop d'exemples .Voici un autre moyen
qui paroîtra trivial & badin , mais qu'on
croit cependant pouvoir propofer , parceque,
s'il n'eft pas applicable dans toutes
les rencontres , il le fera peut - être dans
quelMAR
S. 1730 : 527
quelqu'une. C'eft de fe fervir de la force
centrifuge comme de pefanteur pour obli
ger le fang à s'éloigner des parties qui font
trop chargées . Les Phyficiens donnent le
nom de centrifuge à l'effort que font les
corps pour s'écarter du centre autour duquel
ils circulent ; c'eft par cette force
qu'une pierre qu'on fait tourner dans une
fronde roidit la corde , & cet effort eft
fufceptible de quelle augmentation on
veut , lorfqu'on rend le mouvement plus
rapide , ou lorſqu'on oblige la pierre de
décrire un plus petit cercle . Or fi l'homme
indifpofé étoit couché fur une espece
de petit lit qu'on pût faire tourner trèsvîte
autour d'un axe vertical , vers lequel
le chevet du lit fût fitué , ou bien
pour fe fervir d'une machine beaucoup
plus fimple , fi l'homme indifpofé étoit
affis dans un fauteuil fufpendu avec des
cordes , & qu'on lui fit faire de grands
balancemens , il réfulteroit de l'un ou de
l'autre mouvement une force centrifuge,
qui donnant au fang une nouvelle tendance
vers les parties d'en bas , l'obligeroit
à fe porter moins vers celles d'en
haut , & pourroit par conféquent contri
buer au dégagement de la tête & de toutes
les autres parties fuperieures. Lorſque
les vibrations feroien des deux tiers du
demi cercle , l'effort centrifuge feroit dans
E v le
528 MERCURE DE FRANCE
le bas de l'arc , égal à la pefanteur , &
il en feroit double fi les vibrations étoient
de tout le demi cercle ; ainfi dans le dernier
cas , le fang tendroit à defcendre avec
trois fois plus de force , puifque la vertu
centrifuge , alors deux fois plus grande
feroit comme une feconde pefanteur qui
s'ajoûteroit à la premiere. Au furplus , fi
l'effet n'étoit pas encore affez fenfible ,
il n'y auroit qu'à mettre des obftacles de
part & d'autre pour fervir de limites aux
balancemens , & pouffant enfuite le fauteüil
avec force , on lui imprimeroit la
même vîreffe que s'il defcendoit d'une
très grande hauteur , ce qui feroit augmenter
l'effort centrifuge autant qu'on le
voudroit jufques - là que s'il n'y avoit
aucun accident à craindre , il feroit trèsfacile
de donner la même tendance au
fang vers les parties inférieures , que fi
fa pefanteur étoir fix à fept fois plus
grande ..
虚
Il est donc indubitable qu'on fera toû
jours changer la diftribution du fang
mais il faut avouer que ce n'eft que par
l'experience qu'on peut fçavoir file changement
ne feroit pas accompagné de quelques
circonstances . dangereufes. Pour en
faire l'épreuve fans rien rifquer , il n'y
auroit qu'à commencer par des fujers dont
Findifpofition eft peu confiderable , n'exciter:
MARS. 1730. 529
citer tout au plus qu'une force centrifuge
double de la pefanteur , & n'aller encore
à ce terme que par degrés . On pourroit ,
par exemple , dans une infinité de rencontres
qu'un Médecin peut choifir ailément
, éprouver file moyen n'eft pas propre
dans les perfonnes du fexe , à aider le
fang à furmonter les obftacles qui s'oppofent
quelquefois à fon écoulement periodique.
On étendroit enfuite l'ufage de
la force centrifuge , & peut-être qu'elle
fe trouveroit utile non - feulement dans
l'apoplexie , mais encore dans toutes les
autres maladies dont une des caufes eft la
mauvaiſe diftribution du fang. C'eft toû
jours , nous le repétons , à l'experience à
decider , mais fans le ridicule dont la pro
pofition eft fufceptible , nous ne ferions
point difficulté de dire d'avance que toutes
les apparences nous font favorables ..
Comme la vertu centrifuge peut déterminer
le fang vers quelle partie du corps
on veut , il n'eſt toûjours queftion que
d'en choisir une qui puiffe le recevoir fans
inconvenient ; & pour cela il fuffit de
n'employer le moyen dont il s'agit que:
lorfqu'il n'y a point d'inflammation à
craindre dans cet endroit où le fang doit
dériver , & que lorfqu'on eft affuré que
le volume total de ce fluide n'eft pas
trop grand , foit parcequ'il a déja été di-
Evj minue
330 MERCURE DE FRANCE:
1
minué par des faignées , foit parceque le
malade ne prend que peu de nourriture
&c. de cette forte la dérivation ne fera
retablir les vaiffeaux dans leur pre- que
mier état , fans les diftendre confiderablement
, & avant qu'elle puiffe produire
de mauvais effets , la révulfion ou la retraite
du fang de la partie affectée ?
en
pourra toûjours produire de bons . On ne
doit pas objecter que les vaiffeaux ne ſeront
pas également gonflés dans l'endroit
de la dérivation , & qu'il n'y aura que
ceux qui feront fitués d'une certaine maniere
qui foûtiendront tout le poids ; car
il eft conftant que les liqueurs comprimées
dans un certain fens font effort dans
tous les autres , & qu'elles tendent à
avancer vers tous les côtés , & ainfi le
fang qui eft preffé par la pefanteur & par
la force centrifuge de celui qui eſt audeffus
doit le diftribuer dans tous les vaiffeaux
fans que leurs directions ni leurs
contours y apportent de difference ; de
même que nous voyons que toutes les
parties de nos mains fe gonflent également
, lorfque nous laiffons tomber nos
bras. On ne peut gueres objecter non
plus,que lorfque le fang fe retire de la partie
qui étoit trop chargée , il donne occafion
à quelques autres liqueurs de s'infiauer
dans les arteres & dans les veines ;
CCE
MARS. 1730. F3 F
cet accident ne peut arriver que lorfqu'on
pouffe les chofes trop loin , & il eft encore
beaucoup plus à craindre lorfqu'on
a recours à la faignée , puifqu'elle produit
une diminution réelle dans tous les
vaiffeaux . Enfin fi l'exercice de la force
centrifuge ne dure que peu de tems , le
fuccès qu'ont quelquefois les plus petites
faignées révulfives fait affez voir qu'il
n'en faut pas davantage pour que les engorgemens
& les embarras ceffent , &
pour que les vaiffeaux qui étoient diftendus
, & qui ne pouvoient pas fe contracter
, fe mettent en action , & reprennent
leur premier reffort.
du fang dans le corps de l'homme
, fans être obligé d'avoir recours à
la faignée. Par M. B. P. R. E. H.
CE
E n'eft pas toujours parceque la
maffe du fang eft trop grande que
l'on a recours à l'ouverture de la veine
c'efttrès-fouvent parceque la diftribution
de ce fluide n'eft pas parfaite , & que
quelques parties de notre corps s'en trouvent
trop chargées , pendant que d'autres
en font beaucoup trop dépourvûës . Alors
on tâche par la faignée de faire aborder
ou dériver le fang vers ces dernieres parties
, afin de le détourner des autres , &
d'y produire une révulfion . Mais outre
qu'il n'eft point naturel de diminuer le
volume d'une liqueur , lorfqu'il eft quelquefois
déja trop petit , on s'expofe encore
en réiterant les faignées à jetter le
malade dans le dernier épuiſement , & à
le rendre hydropique , comme on n'en a
que trop d'exemples .Voici un autre moyen
qui paroîtra trivial & badin , mais qu'on
croit cependant pouvoir propofer , parceque,
s'il n'eft pas applicable dans toutes
les rencontres , il le fera peut - être dans
quelMAR
S. 1730 : 527
quelqu'une. C'eft de fe fervir de la force
centrifuge comme de pefanteur pour obli
ger le fang à s'éloigner des parties qui font
trop chargées . Les Phyficiens donnent le
nom de centrifuge à l'effort que font les
corps pour s'écarter du centre autour duquel
ils circulent ; c'eft par cette force
qu'une pierre qu'on fait tourner dans une
fronde roidit la corde , & cet effort eft
fufceptible de quelle augmentation on
veut , lorfqu'on rend le mouvement plus
rapide , ou lorſqu'on oblige la pierre de
décrire un plus petit cercle . Or fi l'homme
indifpofé étoit couché fur une espece
de petit lit qu'on pût faire tourner trèsvîte
autour d'un axe vertical , vers lequel
le chevet du lit fût fitué , ou bien
pour fe fervir d'une machine beaucoup
plus fimple , fi l'homme indifpofé étoit
affis dans un fauteuil fufpendu avec des
cordes , & qu'on lui fit faire de grands
balancemens , il réfulteroit de l'un ou de
l'autre mouvement une force centrifuge,
qui donnant au fang une nouvelle tendance
vers les parties d'en bas , l'obligeroit
à fe porter moins vers celles d'en
haut , & pourroit par conféquent contri
buer au dégagement de la tête & de toutes
les autres parties fuperieures. Lorſque
les vibrations feroien des deux tiers du
demi cercle , l'effort centrifuge feroit dans
E v le
528 MERCURE DE FRANCE
le bas de l'arc , égal à la pefanteur , &
il en feroit double fi les vibrations étoient
de tout le demi cercle ; ainfi dans le dernier
cas , le fang tendroit à defcendre avec
trois fois plus de force , puifque la vertu
centrifuge , alors deux fois plus grande
feroit comme une feconde pefanteur qui
s'ajoûteroit à la premiere. Au furplus , fi
l'effet n'étoit pas encore affez fenfible ,
il n'y auroit qu'à mettre des obftacles de
part & d'autre pour fervir de limites aux
balancemens , & pouffant enfuite le fauteüil
avec force , on lui imprimeroit la
même vîreffe que s'il defcendoit d'une
très grande hauteur , ce qui feroit augmenter
l'effort centrifuge autant qu'on le
voudroit jufques - là que s'il n'y avoit
aucun accident à craindre , il feroit trèsfacile
de donner la même tendance au
fang vers les parties inférieures , que fi
fa pefanteur étoir fix à fept fois plus
grande ..
虚
Il est donc indubitable qu'on fera toû
jours changer la diftribution du fang
mais il faut avouer que ce n'eft que par
l'experience qu'on peut fçavoir file changement
ne feroit pas accompagné de quelques
circonstances . dangereufes. Pour en
faire l'épreuve fans rien rifquer , il n'y
auroit qu'à commencer par des fujers dont
Findifpofition eft peu confiderable , n'exciter:
MARS. 1730. 529
citer tout au plus qu'une force centrifuge
double de la pefanteur , & n'aller encore
à ce terme que par degrés . On pourroit ,
par exemple , dans une infinité de rencontres
qu'un Médecin peut choifir ailément
, éprouver file moyen n'eft pas propre
dans les perfonnes du fexe , à aider le
fang à furmonter les obftacles qui s'oppofent
quelquefois à fon écoulement periodique.
On étendroit enfuite l'ufage de
la force centrifuge , & peut-être qu'elle
fe trouveroit utile non - feulement dans
l'apoplexie , mais encore dans toutes les
autres maladies dont une des caufes eft la
mauvaiſe diftribution du fang. C'eft toû
jours , nous le repétons , à l'experience à
decider , mais fans le ridicule dont la pro
pofition eft fufceptible , nous ne ferions
point difficulté de dire d'avance que toutes
les apparences nous font favorables ..
Comme la vertu centrifuge peut déterminer
le fang vers quelle partie du corps
on veut , il n'eſt toûjours queftion que
d'en choisir une qui puiffe le recevoir fans
inconvenient ; & pour cela il fuffit de
n'employer le moyen dont il s'agit que:
lorfqu'il n'y a point d'inflammation à
craindre dans cet endroit où le fang doit
dériver , & que lorfqu'on eft affuré que
le volume total de ce fluide n'eft pas
trop grand , foit parcequ'il a déja été di-
Evj minue
330 MERCURE DE FRANCE:
1
minué par des faignées , foit parceque le
malade ne prend que peu de nourriture
&c. de cette forte la dérivation ne fera
retablir les vaiffeaux dans leur pre- que
mier état , fans les diftendre confiderablement
, & avant qu'elle puiffe produire
de mauvais effets , la révulfion ou la retraite
du fang de la partie affectée ?
en
pourra toûjours produire de bons . On ne
doit pas objecter que les vaiffeaux ne ſeront
pas également gonflés dans l'endroit
de la dérivation , & qu'il n'y aura que
ceux qui feront fitués d'une certaine maniere
qui foûtiendront tout le poids ; car
il eft conftant que les liqueurs comprimées
dans un certain fens font effort dans
tous les autres , & qu'elles tendent à
avancer vers tous les côtés , & ainfi le
fang qui eft preffé par la pefanteur & par
la force centrifuge de celui qui eſt audeffus
doit le diftribuer dans tous les vaiffeaux
fans que leurs directions ni leurs
contours y apportent de difference ; de
même que nous voyons que toutes les
parties de nos mains fe gonflent également
, lorfque nous laiffons tomber nos
bras. On ne peut gueres objecter non
plus,que lorfque le fang fe retire de la partie
qui étoit trop chargée , il donne occafion
à quelques autres liqueurs de s'infiauer
dans les arteres & dans les veines ;
CCE
MARS. 1730. F3 F
cet accident ne peut arriver que lorfqu'on
pouffe les chofes trop loin , & il eft encore
beaucoup plus à craindre lorfqu'on
a recours à la faignée , puifqu'elle produit
une diminution réelle dans tous les
vaiffeaux . Enfin fi l'exercice de la force
centrifuge ne dure que peu de tems , le
fuccès qu'ont quelquefois les plus petites
faignées révulfives fait affez voir qu'il
n'en faut pas davantage pour que les engorgemens
& les embarras ceffent , &
pour que les vaiffeaux qui étoient diftendus
, & qui ne pouvoient pas fe contracter
, fe mettent en action , & reprennent
leur premier reffort.
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Résumé : MOYEN de faire changer la distribution du sang dans le corps de l'homme, sans être obligé d'avoir recours à la saignée. Par M. B. P. R. E. H.
Le texte de M. B. P. R. E. H. présente une méthode alternative à la saignée pour améliorer la distribution du sang dans le corps humain. L'auteur critique la saignée, souvent utilisée pour corriger une mauvaise distribution du sang, car elle peut entraîner un épuisement excessif et des risques d'hydropisie. Il propose d'utiliser la force centrifuge pour déplacer le sang des parties surchargées vers celles qui en manquent. Deux méthodes sont suggérées : faire tourner un lit ou un fauteuil suspendu à grande vitesse autour d'un axe vertical. Cette force centrifuge obligerait le sang à se diriger vers les parties inférieures du corps, soulageant ainsi les parties supérieures. L'auteur insiste sur la nécessité de tester cette méthode progressivement et avec précaution, en commençant par des forces centrifuges faibles et en augmentant progressivement. Il suggère que cette méthode pourrait être utile non seulement pour l'apoplexie, mais aussi pour d'autres maladies liées à une mauvaise distribution du sang. Le texte aborde également les objections potentielles, comme la compression des vaisseaux sanguins et l'infiltration de liquides dans les artères et les veines. Il conclut que l'exercice de la force centrifuge, même de courte durée, peut suffire à résoudre les problèmes de circulation sanguine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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84
p. 554-557
EXTRAIT d'une Lettre de Marseille, sur la Goute.
Début :
Mr. Sicard, Medecin à Marseille, a découvert depuis quelques années un remede contre [...]
Mots clefs :
Goutte, Remède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Marseille, sur la Goute.
EXTRAIT d'une Lettre de Marseille;
fur la Goute.
M
R. Sicard , Medecin à Marſeille , a décou
vert depuis quelques années un remede contre
la Goute ; il en a fait ici diverſes experiences
fur differens malades qui en ont été promtement
foulagés & infenfiblement gueris ; les uns plutôt,
les autres un peu plus tard. Ceux qui font gouteux
depuis long-tems , font quelquefois obligés
d'ufer deux ou trois fois de ce remede ; mais une
Goute recente eft pour l'ordinaire arrêtée &
guerie à la premiere application du topique. C'eſt
une eau de couleur de paille , qui fe conferve
long- tems , pourvû qu'on ait foin de tenir la
bouteille bien bouchée ; on en baffine la partie
fouffrante , & c'eft fur-tout dans le moment des
plus vives douleurs qu'il en faut faire l'application .
Cette eau ne détruit pas les nodofités , mais elle
fortifie la partie malade , & la defobftruë ; elle diwife
, elle fubtilife , & diffout la matiere gouteufe,
fans crainte de la repercuter dans la maffè du fang,
ni de procurer au malade cette Goute anomale ou
irreguliere , appellée en France Goute remontée ;
bien plus , par l'experience de plufieurs Gouteux
qui ont été gueris ici , on s'eft apperçû que l'application
de cette eau , fait ceffer les fymptomes.
qui fuivent ordinairement la Goute , comme la.
difficulté de refpirer , les douleurs de tête , la rougeur
du vifage , la fievre même , quelque violente
qu'elle foit , & cela fans faignée , fans purgatif,
& fans autre remede , moyennant pourtant
un régime de vie frugale.
Cette découverte a donné lieu à l'illuftre M.
Didier , Profeffeur Royal de Chymie , en la Faculté
de Medecine à Montpellier , de faire foûteniz
M. AR S. 1730 .
SS.S
air une Theſe pleine d'efprit & d'érudition , ou
après avoir parlé des mauvais effets de la faignée,
des purgatifs , des dieuretiques & des fudorifiques,
il fe retranche à conclure qu'il n'y a que le feul
topique qui peut être utile dans cette cruelle maladie
, & qu'il faut chercher un topique Hitomtrique
; c'eft ce que M. Sicard a cherché pendant.
long-tems avec grand foin , & ce qu'il fe flatte
enfin d'avoir heureuſement trouvé. Il n'y a qu'une
feule forte de malade qui ait reſiſté à l'efficacité
de fon remede , ce font ces Gouteux qui ont
les jambes enflées & hidropiques; l'hidropifie arrê
te l'effet du remede , & l'empêche de penetrer jufques
dans le centre du mal.
une écuelle
2. pour
Pour fe fervir de ce topique , il faut prendre
un linge ufé , le plier en double , & l'étendre fur
la partie fouffrante ; on l'attache avec un fil , one
verfe enfuite un peu d'eau Antipodragique dans
la faire tiedir, on y trempe une
petite éponge pour baigner le linge étendu fur la
partie malade , & dès que le linge eft prefque fec,
on le rebaigne comme auparavant , en continuant
ainfi jufqu'à la ceffation de la douleur. Cette fomentation
doit être continuée pendant tout le jour
& une partie de la nuit , excepté les heures du repos
jufqu'à une parfaite guerifon..
Si ce remede réuffit , ce fera une vraye trouvaille
pour le Public ; car l'eau en queftion n'eft
pas fort chere , & même M. Sicard qui eft trèsbon
Chymifte , s'en remettra à la difcretion des
malades.
fur la Goute.
M
R. Sicard , Medecin à Marſeille , a décou
vert depuis quelques années un remede contre
la Goute ; il en a fait ici diverſes experiences
fur differens malades qui en ont été promtement
foulagés & infenfiblement gueris ; les uns plutôt,
les autres un peu plus tard. Ceux qui font gouteux
depuis long-tems , font quelquefois obligés
d'ufer deux ou trois fois de ce remede ; mais une
Goute recente eft pour l'ordinaire arrêtée &
guerie à la premiere application du topique. C'eſt
une eau de couleur de paille , qui fe conferve
long- tems , pourvû qu'on ait foin de tenir la
bouteille bien bouchée ; on en baffine la partie
fouffrante , & c'eft fur-tout dans le moment des
plus vives douleurs qu'il en faut faire l'application .
Cette eau ne détruit pas les nodofités , mais elle
fortifie la partie malade , & la defobftruë ; elle diwife
, elle fubtilife , & diffout la matiere gouteufe,
fans crainte de la repercuter dans la maffè du fang,
ni de procurer au malade cette Goute anomale ou
irreguliere , appellée en France Goute remontée ;
bien plus , par l'experience de plufieurs Gouteux
qui ont été gueris ici , on s'eft apperçû que l'application
de cette eau , fait ceffer les fymptomes.
qui fuivent ordinairement la Goute , comme la.
difficulté de refpirer , les douleurs de tête , la rougeur
du vifage , la fievre même , quelque violente
qu'elle foit , & cela fans faignée , fans purgatif,
& fans autre remede , moyennant pourtant
un régime de vie frugale.
Cette découverte a donné lieu à l'illuftre M.
Didier , Profeffeur Royal de Chymie , en la Faculté
de Medecine à Montpellier , de faire foûteniz
M. AR S. 1730 .
SS.S
air une Theſe pleine d'efprit & d'érudition , ou
après avoir parlé des mauvais effets de la faignée,
des purgatifs , des dieuretiques & des fudorifiques,
il fe retranche à conclure qu'il n'y a que le feul
topique qui peut être utile dans cette cruelle maladie
, & qu'il faut chercher un topique Hitomtrique
; c'eft ce que M. Sicard a cherché pendant.
long-tems avec grand foin , & ce qu'il fe flatte
enfin d'avoir heureuſement trouvé. Il n'y a qu'une
feule forte de malade qui ait reſiſté à l'efficacité
de fon remede , ce font ces Gouteux qui ont
les jambes enflées & hidropiques; l'hidropifie arrê
te l'effet du remede , & l'empêche de penetrer jufques
dans le centre du mal.
une écuelle
2. pour
Pour fe fervir de ce topique , il faut prendre
un linge ufé , le plier en double , & l'étendre fur
la partie fouffrante ; on l'attache avec un fil , one
verfe enfuite un peu d'eau Antipodragique dans
la faire tiedir, on y trempe une
petite éponge pour baigner le linge étendu fur la
partie malade , & dès que le linge eft prefque fec,
on le rebaigne comme auparavant , en continuant
ainfi jufqu'à la ceffation de la douleur. Cette fomentation
doit être continuée pendant tout le jour
& une partie de la nuit , excepté les heures du repos
jufqu'à une parfaite guerifon..
Si ce remede réuffit , ce fera une vraye trouvaille
pour le Public ; car l'eau en queftion n'eft
pas fort chere , & même M. Sicard qui eft trèsbon
Chymifte , s'en remettra à la difcretion des
malades.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Marseille, sur la Goute.
Le médecin marseillais R. Sicard a découvert un remède contre la goutte, une eau de couleur paille, efficace pour soulager et guérir rapidement les douleurs, notamment lors des crises aiguës. Ce remède fortifie la partie malade, dissout et élimine la matière goutteuse sans la répandre dans le sang. Il supprime également les symptômes associés comme la difficulté à respirer, les maux de tête, la rougeur du visage et la fièvre, sans nécessiter de jeûne ou de purgatif, à condition de suivre un régime frugal. L'illustre M. Didier, professeur de chimie à Montpellier, avait conclu en 1730 que seul un topique humoristique était utile contre la goutte. Sicard a trouvé ce topique après des recherches approfondies, bien que son efficacité soit limitée chez les goutteux avec des jambes enflées et hydropiques. L'application du remède consiste à imbiber un linge plié et appliqué sur la partie douloureuse avec une éponge trempée dans l'eau tiédie, en continu jusqu'à la cessation de la douleur. Ce remède, modéré en coût et disponible grâce à Sicard, pourrait être une véritable trouvaille pour le public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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85
p. 555-557
Goutes specifiques du General la Mothe, [titre d'après la table]
Début :
On connoit assez l'utilité d'un remede specifique pour quantité de maladies internes, connu [...]
Mots clefs :
Élixir d'or, Remède
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Goutes specifiques du General la Mothe, [titre d'après la table]
On connoit affez l'utilité d'un remede fpecifi
que pour quantité de maladies internes , connu
fous le nom de Goutes du General La Mothe.
Sur le rapport avantageux qui en a été fait auRoi
par les Medecins & Chirurgiens , S. M. a accen
τα
56 MERCURE DE FRANCE .
té le fecret pour compofer cet Elixir , a gratifié
M. le General de la Mothe d'une penfion de
'4000. livres , & lui a permis par Brevet du premier
Janvier 1730. de continuer à compofer fon
remede , avec faculté de le vendre & débiter feul,.
à l'exclufion de tout autre , fur le pied de 2.5 . livres
la Phiole d'Elixir jaune , contenant 2. gros
& demi de poids de liqueur , & 20. livres la phiole
d'Elixir blanc de même poids. M. de la Mothe
demeure Rue S. Thomas du Louvre , à l'Hôtel
d'Ufez . Ses bouteilles font cachetées de fes-
Armes.
L'Elixir d'or ranime les forces perdues par la
maladie ou par l'âge , procure une bonne digeftion
, excite la tranfpiration , rétablit les fueurs-
& les éruptions critiques lorfqu'elles fe fuppriment
, entretient la liberté du ventre , dégage les
embarras du foye & des autres vifceres , & rend
les urines belles & abondantes ;: ce Remede eft
cordial , ftomachique , fudorifique , aperitif, &
diuretique: il convient dans les maladies qui font
caufées par l'épaiffiffement du fang & des humeurs.
Pour PApoplexie , la Paralife , la Pleurefie
, la petite Verole , les Coliques , les Obftructions
, la retenue des mois , les vents , les indigeftions
, l'Afthme , les Vapeurs , &c.
La dofe eft depuis cinq goutes jufqu'à vingtcinq
, dans un petit demi verre de vin d'Eſpagne ,
de Canarie , de Rancio , d'Alicant , de Tokai , de
Bourgogne , ou autre bon vin bien mûr ,
dans l'Eau de fleurs d'Orange , de Canelle orgée,
de fleurs de Tillot , ou dans du Thé , &c.
ou
L'Elixir blanc a les mêmes vertus que l'Elixir
d'ar : il eft plus fpecifique dans les maux qui
tiennent à une caufe venerienne ou fcorbutique ,
dans les obftructions inveterées caufées par l'égaiffiffement
de la lymphe, dans la Goute & dans
le
MARS. 17307 5.ST
fe Rhumatifme. La dofe eft de dix gouttes juf
qu'à trente , prifes dans les mêmes Liqueurs dont
on fe fert dans l'Elixir d'or.
que pour quantité de maladies internes , connu
fous le nom de Goutes du General La Mothe.
Sur le rapport avantageux qui en a été fait auRoi
par les Medecins & Chirurgiens , S. M. a accen
τα
56 MERCURE DE FRANCE .
té le fecret pour compofer cet Elixir , a gratifié
M. le General de la Mothe d'une penfion de
'4000. livres , & lui a permis par Brevet du premier
Janvier 1730. de continuer à compofer fon
remede , avec faculté de le vendre & débiter feul,.
à l'exclufion de tout autre , fur le pied de 2.5 . livres
la Phiole d'Elixir jaune , contenant 2. gros
& demi de poids de liqueur , & 20. livres la phiole
d'Elixir blanc de même poids. M. de la Mothe
demeure Rue S. Thomas du Louvre , à l'Hôtel
d'Ufez . Ses bouteilles font cachetées de fes-
Armes.
L'Elixir d'or ranime les forces perdues par la
maladie ou par l'âge , procure une bonne digeftion
, excite la tranfpiration , rétablit les fueurs-
& les éruptions critiques lorfqu'elles fe fuppriment
, entretient la liberté du ventre , dégage les
embarras du foye & des autres vifceres , & rend
les urines belles & abondantes ;: ce Remede eft
cordial , ftomachique , fudorifique , aperitif, &
diuretique: il convient dans les maladies qui font
caufées par l'épaiffiffement du fang & des humeurs.
Pour PApoplexie , la Paralife , la Pleurefie
, la petite Verole , les Coliques , les Obftructions
, la retenue des mois , les vents , les indigeftions
, l'Afthme , les Vapeurs , &c.
La dofe eft depuis cinq goutes jufqu'à vingtcinq
, dans un petit demi verre de vin d'Eſpagne ,
de Canarie , de Rancio , d'Alicant , de Tokai , de
Bourgogne , ou autre bon vin bien mûr ,
dans l'Eau de fleurs d'Orange , de Canelle orgée,
de fleurs de Tillot , ou dans du Thé , &c.
ou
L'Elixir blanc a les mêmes vertus que l'Elixir
d'ar : il eft plus fpecifique dans les maux qui
tiennent à une caufe venerienne ou fcorbutique ,
dans les obftructions inveterées caufées par l'égaiffiffement
de la lymphe, dans la Goute & dans
le
MARS. 17307 5.ST
fe Rhumatifme. La dofe eft de dix gouttes juf
qu'à trente , prifes dans les mêmes Liqueurs dont
on fe fert dans l'Elixir d'or.
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Résumé : Goutes specifiques du General la Mothe, [titre d'après la table]
Le texte présente les 'Goutes du Général La Mothe', un remède reconnu pour traiter diverses maladies internes. Suite à un rapport favorable, le roi a accordé au Général La Mothe le secret de fabrication et une pension annuelle de 4000 livres. Par un brevet du 1er janvier 1730, le Général La Mothe a obtenu l'exclusivité de la fabrication, de la vente et de la distribution de ce remède. Les prix sont fixés à 2,5 livres pour une fiole d'élixir jaune et 20 livres pour une fiole d'élixir blanc. Le Général La Mothe réside Rue Saint Thomas du Louvre, à l'Hôtel d'Ufz, et ses bouteilles sont cachetées de ses armes. L'élixir d'or améliore la digestion, stimule la transpiration, rétablit les sécrétions et élimine les embarras du foie. Il traite des maladies comme l'apoplexie, la paralysie, la pleurésie, les coliques, l'asthme et les vapeurs. La dose recommandée varie de cinq à vingt-cinq gouttes. L'élixir blanc, avec des vertus similaires, est plus spécifique pour les maux vénériens, le scorbut, la goutte et le rhumatisme. La dose recommandée varie de dix à trente gouttes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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86
p. 767-771
« On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
Début :
On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...]
Mots clefs :
Métail, Estampes de Watteau, Ouvrages, Académie, Opération
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
On a appris de Londres , que le 8 Mars , on fit
dans la grande Salle d'Apollon , près du Temple
àl'i- Bar , l'ouverture d'une nouvelle Académie ,
mitation de l'Académie Françoife de Paris. On y
lut une Differtation fur la beauté de la Langue
Françoife , & fur l'utilité dont elle eft aux Anglois
qui l'ont apprife ; & un Poëme Burleſque ,
intitulé : La Tour de Babel.
De Petersbourg. M. Bayer a achevé une hiftoire
d'Edeffe , il a fort avancé celle de Syrie par
les Médailles ; & il conduit l'Hiftoire Ecclefiaftique
de la Chine & de l'Afie Septentrionale , jufqu'au
temps de l'arrivée des Miffionnaires en ce
Pais — là .
On apprend de Rome que le Comte Paffionci y
a fait
graver fur les deffeins du Comte Berardi ,
768 MERCURE DE FRANCE
un ancien Théatre , dont les reftes fubfiftent eneore
auprès de la Ville de Gabbio , dans l'Ombrie.
La Planche dédiée au Cardinal Ottoboni
contient le Profil de l'interieur de ce Théatre, tel
qu'il eft aujourd'hui. Il peut avoir environ 300
Palmes Romaines d'éténduë. On a mis au deffous
le Profil de l'interieur & de l'extérieur du
Théatre , tel qu'on a jugé à peu près , fur ce qui
refte , qu'il devoit être , lorfqu'il étoit entier , &
on y a ajouté le Plan , auffi dreffé par conjecture,
du premier & du fecond étage de l'Edifice , avec
le Profil des Chapiteaux des Colonnes, employées
pour
le foutenir.
El paroît depuis peu quatre Eſtampes d'après
les Tableaux du celebre Watteau ; fçavoir , un
Défilé , deffiné & gravé par le fieur Moyriau.
Le Sommeil dangereux , par le fieur Liotard.
Les Amuſemens de Ĉithere, par le fieur de Surugues.
Le Repas de Campagne , par le fieur Defplace.
Ces Eftampes fe vendent à Paris , chez la veuve
Chereau , rue S. Jacques , aux deux Pillers
d'or , & chez le fieur Surugues , Graveur , ruë
des Noyers , vis - à- vis S. Yves . On trouve aufſi
chez les mêmes , toutes les Eftampes gravées
jufque à ce jour , d'après les Deffeins & Tableaux
de Watteau. On aura foin d'annoncer les morceaux
nouveaux à mesure qu'ils paroîtront.
On mande de l'Abbaye de Fontevraud que le
Frere Luc David , Récollet , de la Province de
Toulouze , de la Communauté de Brive , en bas
Limoufin étant arrivé au mois de Decembre
› y
dernier , après avoir vû & examiné avec les Medecins
& Chirurgiens de l'Abbaye des Religieufes
affligées par des Cancers adhérans & manifeftez >
&
AVRIL 1730. 769
& quelques-unes par des Tumeurs carcinomateu →
fes au corps
fiftuleux , il a fait fur fept perfonnes
des opérations très dangereufes , avec une adreffe
& un fuccès qui leur fait efperer une guérifon
radicale , leurs playes étant bien fermées. Son
habileté eft fort grande , tant par la maniere particuliere
dont il a fait fes Opérations , que par le
fecret qu'il poffede pour arrêter le fang dans un
inftant , & par la façon de fes appareils qu'il
leve fans caufer la moindre douleur dès le fecond
jour.
Le Frere Luc a fait en Poitou & en Anjou les
guérifons les plus furprenantes tant pour les Cancers
& autres Opérations , que pour les yeux ,
étant très -habile Oculifte , fur tout pour les Ca
taractes.
Nous n'avons appris que depuis peu la perte
qu'on a faite en Allemagne d'un illuftre Profeffeur
en Théologie, à Rintelen , & Sur- Intendant
des Eglifes de ce Pays- là,nommé Frederic- Guillaume
Bierling , mort âgé de 52 ans & quelques
mois , le 25 Juillet 1728. On a de lui des obfervations
fur la Genefe, & des Differtations fur les
Comtes de Schaumbourg,fur l'Ufage Politique de
la fuperftition, fur le Pyrrhoniſme historique, & c.
Le fieur de Renti a trouvé le fecret de compofer
un Métail , qui imite l'Or , & qui en conferve
toujours la couleur. Il eft très-coulant à la fonte
, fans être venteux , tres - maniable & forgéable;
il fouffre toutes fortes. de Soudures & eft trèsdoux
fous les Outils , enforte qu'on en peut
faire tous les Ouvrages qu'on fouhaite , & particulierement
de três - beaux Flambeaux, Girandoles
, Luftres , Surtous de Tables , Feux , & c . dont
le prix ne fe trouvera confiderable,qu'autant que
770 MERCURE DE FRANCE
fes Ouvrages feront recherchez par la Gravure
& Cizelure. On en tirera encore un grand avantage
par la diminution de la confommation des
Dorures , que les Ouvrages des autres Métaux
emportent , & qui ne font jamais auffi beaux que
celui-cy l'eft naturellement;l'Académie des Sciences
, qui a examiné ce métail , l'a fort approuvé,
&c. Le Roy a permis par Brevet audit de Renty
de fondre, faire travailler , vendre & débiter toutes
fortes d'Ouvrages dudit Métail de fa compofition
, qui imite l'Or , dans toutes les Villes du
Royaume , pendant le temps de quatre années
confécutives ; pendant lequel temps fait S. M.dé
fenfes à toutes perſonnes de l'y troubler ni donner
aucun empêchement , &C..
Maniere d'entretenir le nouveau Métail.
Il faut premierement faire fondre la cire ou
fuif , s'il y en a deffus , dans l'eau chaude ou devant
le feu, Peffuyer & bien frotter avec un linge.
net ; & pour remettre les piéces comme fortant:
du Magazin , il faut le frotter avec du tripoli &
de l'huile, avec le tripoli fec, le bien favoner avec
du Savon blan & de l'eau de Riviere chaude, enfuite
le bien effuier ; fi la piece n'eſt pas affez dorée
, il faut la mettre bouillir pendant trois ou
quatre minutes dans l'eau de Riviere , après l'effuier
parfaitement. Si la piece eft cizelée , fe fervir
d'une Broffe rude pour atteindre les fonds, en
fe fervant du tripoli à l'huile & du favon .
Le fieur de Renti donne avis que fa Manufac
ture, qui eft vis-à- vis la Comedie Erançoife , continue
avec beaucoup de fuccès , & qu'ayant ap→
pris que quelques perfonnes n'étoient pas affez
inftruites pour bien entretenir fon métail , pour
le conferver toujours beau & comme neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730.
771
ableri
Il n'eft plus de Printems pour moi.
M. L'AFFICH AR D , Chevalier de
l'Ordre Social. Autre
770 MERCURE
DE FRANCE
inftruites
pour
bien entretenir
fon métail
, pour
le conferver
toujours
beau & comme
neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730. 771
eux qui ont eu de fes Ouvrages , de faire obſerver
la maniere ci- deffus ; & fi on y trouve , par
ce moyen trop de façon , on peut l'entretenir
d'une maniére plus aifée en nétoiant lefdits Ouvrages
avec du Sablon fin ou Tripoli, & de la Liè
de Vin ou Vinaigre , &c. La piece étant bien effuiée
& frottée on la verra auffi belle que neuve
&fi l'on doute de ce que l'Auteur avance,il s'offre
de remettre tous les Ouvrages dans l'état cy-deffus
fans qu'il en coute rien à ceux qui en ont
acheté , que la peine de les faire porter chez lui..
Le fieur Dugeron , ancien Chirurgien d'armée
continue avec fuccès , de diftribuer fon remede
pour préferver les Dents de fe gâter & de tomber.
Il donne la maniere facile de s'en fervir , &
met fon nom & le prix fur fes Boëtes. Il en a depuis
quarante fols jufqu'à quatre liv . Sa demeure
eft à Paris , au grand Cloitre fainte Oportune.
dans la grande Salle d'Apollon , près du Temple
àl'i- Bar , l'ouverture d'une nouvelle Académie ,
mitation de l'Académie Françoife de Paris. On y
lut une Differtation fur la beauté de la Langue
Françoife , & fur l'utilité dont elle eft aux Anglois
qui l'ont apprife ; & un Poëme Burleſque ,
intitulé : La Tour de Babel.
De Petersbourg. M. Bayer a achevé une hiftoire
d'Edeffe , il a fort avancé celle de Syrie par
les Médailles ; & il conduit l'Hiftoire Ecclefiaftique
de la Chine & de l'Afie Septentrionale , jufqu'au
temps de l'arrivée des Miffionnaires en ce
Pais — là .
On apprend de Rome que le Comte Paffionci y
a fait
graver fur les deffeins du Comte Berardi ,
768 MERCURE DE FRANCE
un ancien Théatre , dont les reftes fubfiftent eneore
auprès de la Ville de Gabbio , dans l'Ombrie.
La Planche dédiée au Cardinal Ottoboni
contient le Profil de l'interieur de ce Théatre, tel
qu'il eft aujourd'hui. Il peut avoir environ 300
Palmes Romaines d'éténduë. On a mis au deffous
le Profil de l'interieur & de l'extérieur du
Théatre , tel qu'on a jugé à peu près , fur ce qui
refte , qu'il devoit être , lorfqu'il étoit entier , &
on y a ajouté le Plan , auffi dreffé par conjecture,
du premier & du fecond étage de l'Edifice , avec
le Profil des Chapiteaux des Colonnes, employées
pour
le foutenir.
El paroît depuis peu quatre Eſtampes d'après
les Tableaux du celebre Watteau ; fçavoir , un
Défilé , deffiné & gravé par le fieur Moyriau.
Le Sommeil dangereux , par le fieur Liotard.
Les Amuſemens de Ĉithere, par le fieur de Surugues.
Le Repas de Campagne , par le fieur Defplace.
Ces Eftampes fe vendent à Paris , chez la veuve
Chereau , rue S. Jacques , aux deux Pillers
d'or , & chez le fieur Surugues , Graveur , ruë
des Noyers , vis - à- vis S. Yves . On trouve aufſi
chez les mêmes , toutes les Eftampes gravées
jufque à ce jour , d'après les Deffeins & Tableaux
de Watteau. On aura foin d'annoncer les morceaux
nouveaux à mesure qu'ils paroîtront.
On mande de l'Abbaye de Fontevraud que le
Frere Luc David , Récollet , de la Province de
Toulouze , de la Communauté de Brive , en bas
Limoufin étant arrivé au mois de Decembre
› y
dernier , après avoir vû & examiné avec les Medecins
& Chirurgiens de l'Abbaye des Religieufes
affligées par des Cancers adhérans & manifeftez >
&
AVRIL 1730. 769
& quelques-unes par des Tumeurs carcinomateu →
fes au corps
fiftuleux , il a fait fur fept perfonnes
des opérations très dangereufes , avec une adreffe
& un fuccès qui leur fait efperer une guérifon
radicale , leurs playes étant bien fermées. Son
habileté eft fort grande , tant par la maniere particuliere
dont il a fait fes Opérations , que par le
fecret qu'il poffede pour arrêter le fang dans un
inftant , & par la façon de fes appareils qu'il
leve fans caufer la moindre douleur dès le fecond
jour.
Le Frere Luc a fait en Poitou & en Anjou les
guérifons les plus furprenantes tant pour les Cancers
& autres Opérations , que pour les yeux ,
étant très -habile Oculifte , fur tout pour les Ca
taractes.
Nous n'avons appris que depuis peu la perte
qu'on a faite en Allemagne d'un illuftre Profeffeur
en Théologie, à Rintelen , & Sur- Intendant
des Eglifes de ce Pays- là,nommé Frederic- Guillaume
Bierling , mort âgé de 52 ans & quelques
mois , le 25 Juillet 1728. On a de lui des obfervations
fur la Genefe, & des Differtations fur les
Comtes de Schaumbourg,fur l'Ufage Politique de
la fuperftition, fur le Pyrrhoniſme historique, & c.
Le fieur de Renti a trouvé le fecret de compofer
un Métail , qui imite l'Or , & qui en conferve
toujours la couleur. Il eft très-coulant à la fonte
, fans être venteux , tres - maniable & forgéable;
il fouffre toutes fortes. de Soudures & eft trèsdoux
fous les Outils , enforte qu'on en peut
faire tous les Ouvrages qu'on fouhaite , & particulierement
de três - beaux Flambeaux, Girandoles
, Luftres , Surtous de Tables , Feux , & c . dont
le prix ne fe trouvera confiderable,qu'autant que
770 MERCURE DE FRANCE
fes Ouvrages feront recherchez par la Gravure
& Cizelure. On en tirera encore un grand avantage
par la diminution de la confommation des
Dorures , que les Ouvrages des autres Métaux
emportent , & qui ne font jamais auffi beaux que
celui-cy l'eft naturellement;l'Académie des Sciences
, qui a examiné ce métail , l'a fort approuvé,
&c. Le Roy a permis par Brevet audit de Renty
de fondre, faire travailler , vendre & débiter toutes
fortes d'Ouvrages dudit Métail de fa compofition
, qui imite l'Or , dans toutes les Villes du
Royaume , pendant le temps de quatre années
confécutives ; pendant lequel temps fait S. M.dé
fenfes à toutes perſonnes de l'y troubler ni donner
aucun empêchement , &C..
Maniere d'entretenir le nouveau Métail.
Il faut premierement faire fondre la cire ou
fuif , s'il y en a deffus , dans l'eau chaude ou devant
le feu, Peffuyer & bien frotter avec un linge.
net ; & pour remettre les piéces comme fortant:
du Magazin , il faut le frotter avec du tripoli &
de l'huile, avec le tripoli fec, le bien favoner avec
du Savon blan & de l'eau de Riviere chaude, enfuite
le bien effuier ; fi la piece n'eſt pas affez dorée
, il faut la mettre bouillir pendant trois ou
quatre minutes dans l'eau de Riviere , après l'effuier
parfaitement. Si la piece eft cizelée , fe fervir
d'une Broffe rude pour atteindre les fonds, en
fe fervant du tripoli à l'huile & du favon .
Le fieur de Renti donne avis que fa Manufac
ture, qui eft vis-à- vis la Comedie Erançoife , continue
avec beaucoup de fuccès , & qu'ayant ap→
pris que quelques perfonnes n'étoient pas affez
inftruites pour bien entretenir fon métail , pour
le conferver toujours beau & comme neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730.
771
ableri
Il n'eft plus de Printems pour moi.
M. L'AFFICH AR D , Chevalier de
l'Ordre Social. Autre
770 MERCURE
DE FRANCE
inftruites
pour
bien entretenir
fon métail
, pour
le conferver
toujours
beau & comme
neuf, il prie
ceux
AVRIL. 1730. 771
eux qui ont eu de fes Ouvrages , de faire obſerver
la maniere ci- deffus ; & fi on y trouve , par
ce moyen trop de façon , on peut l'entretenir
d'une maniére plus aifée en nétoiant lefdits Ouvrages
avec du Sablon fin ou Tripoli, & de la Liè
de Vin ou Vinaigre , &c. La piece étant bien effuiée
& frottée on la verra auffi belle que neuve
&fi l'on doute de ce que l'Auteur avance,il s'offre
de remettre tous les Ouvrages dans l'état cy-deffus
fans qu'il en coute rien à ceux qui en ont
acheté , que la peine de les faire porter chez lui..
Le fieur Dugeron , ancien Chirurgien d'armée
continue avec fuccès , de diftribuer fon remede
pour préferver les Dents de fe gâter & de tomber.
Il donne la maniere facile de s'en fervir , &
met fon nom & le prix fur fes Boëtes. Il en a depuis
quarante fols jufqu'à quatre liv . Sa demeure
eft à Paris , au grand Cloitre fainte Oportune.
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Résumé : « On a appris de Londres, que le 8 Mars, on fit dans la grande Salle d'Apollon, près du Temple [...] »
Le texte présente plusieurs événements et découvertes dans divers domaines. À Londres, le 8 mars, une nouvelle Académie inspirée de l'Académie Française de Paris a été inaugurée. Lors de cette cérémonie, une dissertation sur la beauté et l'utilité de la langue française pour les Anglais a été lue, ainsi qu'un poème burlesque intitulé 'La Tour de Babel'. À Saint-Pétersbourg, M. Bayer a achevé une histoire d'Édesse et avancé celle de Syrie grâce aux médailles. Il travaille également sur l'histoire ecclésiastique de la Chine et de l'Asie septentrionale jusqu'à l'arrivée des missionnaires. À Rome, le Comte Passionei a fait graver les restes d'un ancien théâtre près de la ville de Gubbio en Ombrie. La planche dédiée au Cardinal Ottoboni contient le profil intérieur de ce théâtre, estimé à environ 300 palmes romaines. Quatre estampes d'après les tableaux de Watteau ont été publiées et vendues à Paris chez la veuve Chereau et le sieur Surugues. À l'Abbaye de Fontevraud, le Frère Luc David, Récollet, a effectué des opérations dangereuses sur des religieuses atteintes de cancers et de tumeurs, avec succès. Il est également réputé pour ses guérisons en Poitou et en Anjou, notamment pour les cataractes. En Allemagne, le professeur en théologie Frédéric-Guillaume Bierling est décédé à l'âge de 52 ans. Il a laissé des observations sur la Genèse et des dissertations sur divers sujets. Le sieur de Renty a découvert un métal imitant l'or, approuvé par l'Académie des Sciences. Le roi lui a accordé un brevet pour fabriquer et vendre des ouvrages en ce métal pendant quatre ans. Le texte décrit également la manière d'entretenir ce nouveau métal. Enfin, le sieur Dugeron, ancien chirurgien d'armée, distribue un remède pour préserver les dents, avec des prix variant de quarante sols à quatre livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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87
p. 868-874
REFLEXIONS sur une These soutenüe dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie.
Début :
Il paroît d'abord par l'Extrait qu'on a donné de la These de M. Le Hoc [...]
Mots clefs :
Corps, Liqueur, Vin, Humeurs, Esprit, Expérience, Eau de vie
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur une These soutenüe dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie.
REFLEXIONS fur une Thefe fou
tenue dans les Ecoles de Medecine de
Paris , concernant la qualité de l'Eau
de vie.
L paroît d'abord l'Extrait qu'on
12.
par
a donné de la Thefe de M. Le Hoc
dans le Journal des Sçavans du mois de
Decembre de l'année 1729. que ce qui a
le plus porté notre Auteur à fe déclarer
contre l'Eau de vie , c'eft que l'experience
( fi on l'en doit croire ) fait voir
que cette liqueur racornit les parties folides
du corps , ce qui leur ôte la foupleffe
,
MAY. 1730. 869
pleffe , qu'outre cela elle en épaiffit &
coagule les humeurs , ce qui les prive de
leur fluidité ; comment donc ( continue
M. Le Hoc ) ne feroit- elle pas plutôt une
cau de mort qu'une eau de vie , étant
auffi contraire qu'elle l'eft à la circulation?
1
Nous ne fommes pas tout-à-fait éloignez
de penfer avec cet Auteur , que les
organes des animaux qu'on conferve dans
l'Eau de vie ſe racorniffent , fe durciffent;
mais voudra- t'il comparer l'effet d'une
cauſe conftamment appliquée à celui de
la même cauſe , dont l'application , pour
ainfi parler , ne dure qu'un moment ?
en effet l'Eau de vic prife par la bouche,
fe diftribuant dans les vaiffeaux du corps,
s'y arrête-t'elle un affez long- tems ? ou
plutôt les organes de l'animal dans ce
cas-ci font-ils fujets aux mêmes impreffions
de cette liqueur que dans l'autre ?
Qui ne fçait point que notre corps eft
un crible percé d'un nombre infini de
petites ouvertures , au travers defquelles
cette liqueur fpiritueuſe s'exhalant d'une
maniere infenfible , ne féjourne par conféquent
que très- peu de tems ; s'il étoit
donc également libre à l'Eau de vie , dans
l'experience propofée, de s'évaporer , & fi
ce qui pourroit refter après l'évaporation
n'étoit
continuellement appliqué à produire
fur les organes des animaux quel-
B que
870 MERCURE DE FRANCE
que
choſe de ſemblable à l'effet en quef
tion , ne feroit-on pas bien fondé d'en
attendre un tout different de celui que
notre Auteur attribue à fon experience a
On doit donc maintenant s'appercevoir
dé cette extrême diference qui fe trouve
entre l'effet de cette liqueur fpiritueuſe
dans le corps , où rien ne la retient ; mais
plutôt où tout concourt à la pouffer à
P'habitude fous la forme d'infenfible tranf
piration , entre celui que produit la même
liqueur qu'on retient dans une bouteille
bien bouchée. où , par fon féjour
continuel & le défaut d'évaporation , elle
peut agir fur les organes des animaux ,
& les durcir , ce qui arrive principalement
tant par le poids de la liqueur qui
fe fait fentir fans relâche fur des parties
folides déja affaiffées , incapables de réſiſtance
& de reffort , que par la privation
du contact du liquide qui nous environne
de toutes parts , dont les impreffions
agiflent puiffamment fur les corps les plus
durs & les plus folides.
. On peut aisément achever de détruire
tout l'avantage que M. Le Hoc prétend
tirer de la même experience , en faiſant
voir , fuivant fon fentiment , que l'Eau
de vie devroit être pour les Vieillards
& les gens qui font un violent exercice
du corps une veritable eau de langueur ,
de
MAY. 1730. 871
de foibleffe , de maladie & de mort , ce
dont on conviendra fans peine , fi l'on fait
attention que les parties folides du corps
par les contractions fréquentes qu'elles
fouffrent dans le tems d'un rude travail,
exprimant , pour ainfi dire , ce muſcillage
lymphatique qui fe tient à l'entredeux
des fibrilles pour les humecter , &..
leur donner de la foupleffe , fe deffechent,
Le froncent & fe racorniffent ; de forte que
tout cela augmentant confiderablement
dans l'ufage réïteré de cette liqueur ( fi
nous écoutons M. Le Hoc ) elle ne fçauroit
être pour eux une eau de vigueur ,
de force , de fanté , en un mot , une veritable
Eau de vie , comme ils l'appellent
eux -mêmes par les merveilleux effets
qu'ils en reffentent.
L'Auteur de la Thefe déduit les
preuves
des raifons qu'il allegue touchant l'épaffiffement
& la coagulation des liqueurs.
dans le corps de plufieurs épreuves , dont
celles qu'on rapporte dans le même Journal
font,fans doute,pour lui les plus convainquantes
( par exemple) que l'Eau de
vie coagule le blanc d'oeuf , donne la
fureur & la mort aux chats , que l'eſprit
de vin injecté dans la jugulaire d'un chien,
& donné à un oifeau , leur ôte la vie.Suppofons
que cela foit , M. Le Hoc a -t'il droit
d'en conclure que cette liqueur prife par
Bijla
872 MERCURE DE FRANCE
7
7
la bouche , & portée dans le fang produife
les mêmes effets ; il faut ( s'il veut
que nous l'en croyons fur fa parole )`
qu'il nous faffe voir évidemment que l'effet
d'un remede ou d'une liqueur qui prend
la route des premieres voyes pour fe ren -1
dre au fang , eft toujours le même que
celui qui fuit l'injection immédiate dans.
les veines mais plutôt ne voit - on past
tous les jours des gens qui ont le fecret
de compofer des diffolvans affez puiſſans
pour rompre la pierre hors du corps ,
fans pourtant que les mêmes pris par
les
voyes ordinaires parvenus jufqu'aux reins
& à la veffie,fe trouvent pour lors en état
de donner des marques de femblables
effets pourquoi donc ne pourroit - on
pas penſer la même choſe touchant l'effet
de l'Eau de vie qui coagulera ( fi l'on veut)
toutes les liqueurs hors du corps dans le
tems qu'étant donnée interieurement , il
n'en fera pas de même ? En effet l'agilité,
la hardieffe , le courage qu'on remarque
dans ceux qui en ont ufé pour s'animer
au combat , font- ce des preuves du ralentiffement
, de l'épaiffiffement des liqueurs?
Les merveilleux effets que l'Eau de vie
fait voir dans les fyncopes , dans les affections
foporcufes, dans les angourdiffemens
des parties , prouvent- ils pour M. Le Hoc
la coagulation des humeurs au-dedans du
cords
MAY . 1730.
873.
,
corps , comme fes experiences femblent
la prouver , après les en avoir tirées ?
Si cependant cet Auteur comptant plus
fur les épreuves que fur ce que nous venons
de lui oppoſer fi juftement , foutient
conftamment que l'Eau de vie &
l'efprit de vin épaiffiffent , coagulent les
humeurs , en les privant de leur fluidité,
qu'il s'en ferve indifferemment dans fa
pratique comme de remedes rafraîchiffans
incraffans , toutes les fois qu'il
fera queftion d'épaiffir , de fixer , de
coaguler , ou ce qui revient au même ,
de ralentir le mouvement précipité de
ces mêmes humeurs ; qu'il ordonne ces
liqueurs fpiritueufes dans des conftitutions
vives , dans des Hemorragies qui dépendent
d'un fang trop vif , trop diffous
trop ténu , & voyant pour lors de funcftes
fuites d'une Théorie oppofée à une
faine pratique de Médecine , qu'il décide
en ſa faveur , nous ne voulons point d'autres
Juges que lui.
Maintenant pour ne pas nous engager
dans une plus longue difcuffion , ferrons
de près les conféquences qui fuivent des
experiences de M. Le Hoc. L'efprit de
vin ( dont il n'eft point ici queſtion )
injecté dans la jugulaire d'un chien , le
fait perir fur le champ ; donc l'Eau de
vie prife par la bouche d'un homme le
Biij fait
$ 74 MERCURE DE FRANCE
fait mourir de même . On donne à un oifeau
, non de l'Eau de vie , dont il s'agit
ici , mais de l'efprit de vin , & il péric
fur l'heure ; donc l'Eau de vie fait mourir
l'homme auffi promtement. D'ailleurs
le chyle , le lait , la lymphe , la bile , la
falive , toutes ces liqueurs tirées hors du
corps fe coagulent , en verfant deffus
par
de l'efprit de vin ( ce qu'on peut fort bien
nier , puifque, ces humeurs étant de differente
nature , l'efprit de vin ne doit point
y caufer de femblables changemens ) donc
l'Eau de vie prife par la bouche coagule
le chyle , le lait , la lymphe , la bile , la
falive ; en un mot , l'Eau de vie donne la
fureur & la mort même peu après aux
chats , donc c'eft une eau de mort pour
l'homme. Contre qui de pareilles armes
fe tournent-elles ?
Enfin M. Le Hoc nous avertit prudemment
que l'Eau de vie , en coagulant
le chyle , nuit beaucoup à la digeſtion ;
mais comme nous fommes très perfuadés
du contraire (ayant par devers nous l'experience
journaliere ) il ne trouvera pas
mauvais que nous nous en tenions à la
Thefe de M. Lôbert , foûtenue à Caën en
1717.
Par M. G. B *** Docteur en Medeeine
de Montpellier.
tenue dans les Ecoles de Medecine de
Paris , concernant la qualité de l'Eau
de vie.
L paroît d'abord l'Extrait qu'on
12.
par
a donné de la Thefe de M. Le Hoc
dans le Journal des Sçavans du mois de
Decembre de l'année 1729. que ce qui a
le plus porté notre Auteur à fe déclarer
contre l'Eau de vie , c'eft que l'experience
( fi on l'en doit croire ) fait voir
que cette liqueur racornit les parties folides
du corps , ce qui leur ôte la foupleffe
,
MAY. 1730. 869
pleffe , qu'outre cela elle en épaiffit &
coagule les humeurs , ce qui les prive de
leur fluidité ; comment donc ( continue
M. Le Hoc ) ne feroit- elle pas plutôt une
cau de mort qu'une eau de vie , étant
auffi contraire qu'elle l'eft à la circulation?
1
Nous ne fommes pas tout-à-fait éloignez
de penfer avec cet Auteur , que les
organes des animaux qu'on conferve dans
l'Eau de vie ſe racorniffent , fe durciffent;
mais voudra- t'il comparer l'effet d'une
cauſe conftamment appliquée à celui de
la même cauſe , dont l'application , pour
ainfi parler , ne dure qu'un moment ?
en effet l'Eau de vic prife par la bouche,
fe diftribuant dans les vaiffeaux du corps,
s'y arrête-t'elle un affez long- tems ? ou
plutôt les organes de l'animal dans ce
cas-ci font-ils fujets aux mêmes impreffions
de cette liqueur que dans l'autre ?
Qui ne fçait point que notre corps eft
un crible percé d'un nombre infini de
petites ouvertures , au travers defquelles
cette liqueur fpiritueuſe s'exhalant d'une
maniere infenfible , ne féjourne par conféquent
que très- peu de tems ; s'il étoit
donc également libre à l'Eau de vie , dans
l'experience propofée, de s'évaporer , & fi
ce qui pourroit refter après l'évaporation
n'étoit
continuellement appliqué à produire
fur les organes des animaux quel-
B que
870 MERCURE DE FRANCE
que
choſe de ſemblable à l'effet en quef
tion , ne feroit-on pas bien fondé d'en
attendre un tout different de celui que
notre Auteur attribue à fon experience a
On doit donc maintenant s'appercevoir
dé cette extrême diference qui fe trouve
entre l'effet de cette liqueur fpiritueuſe
dans le corps , où rien ne la retient ; mais
plutôt où tout concourt à la pouffer à
P'habitude fous la forme d'infenfible tranf
piration , entre celui que produit la même
liqueur qu'on retient dans une bouteille
bien bouchée. où , par fon féjour
continuel & le défaut d'évaporation , elle
peut agir fur les organes des animaux ,
& les durcir , ce qui arrive principalement
tant par le poids de la liqueur qui
fe fait fentir fans relâche fur des parties
folides déja affaiffées , incapables de réſiſtance
& de reffort , que par la privation
du contact du liquide qui nous environne
de toutes parts , dont les impreffions
agiflent puiffamment fur les corps les plus
durs & les plus folides.
. On peut aisément achever de détruire
tout l'avantage que M. Le Hoc prétend
tirer de la même experience , en faiſant
voir , fuivant fon fentiment , que l'Eau
de vie devroit être pour les Vieillards
& les gens qui font un violent exercice
du corps une veritable eau de langueur ,
de
MAY. 1730. 871
de foibleffe , de maladie & de mort , ce
dont on conviendra fans peine , fi l'on fait
attention que les parties folides du corps
par les contractions fréquentes qu'elles
fouffrent dans le tems d'un rude travail,
exprimant , pour ainfi dire , ce muſcillage
lymphatique qui fe tient à l'entredeux
des fibrilles pour les humecter , &..
leur donner de la foupleffe , fe deffechent,
Le froncent & fe racorniffent ; de forte que
tout cela augmentant confiderablement
dans l'ufage réïteré de cette liqueur ( fi
nous écoutons M. Le Hoc ) elle ne fçauroit
être pour eux une eau de vigueur ,
de force , de fanté , en un mot , une veritable
Eau de vie , comme ils l'appellent
eux -mêmes par les merveilleux effets
qu'ils en reffentent.
L'Auteur de la Thefe déduit les
preuves
des raifons qu'il allegue touchant l'épaffiffement
& la coagulation des liqueurs.
dans le corps de plufieurs épreuves , dont
celles qu'on rapporte dans le même Journal
font,fans doute,pour lui les plus convainquantes
( par exemple) que l'Eau de
vie coagule le blanc d'oeuf , donne la
fureur & la mort aux chats , que l'eſprit
de vin injecté dans la jugulaire d'un chien,
& donné à un oifeau , leur ôte la vie.Suppofons
que cela foit , M. Le Hoc a -t'il droit
d'en conclure que cette liqueur prife par
Bijla
872 MERCURE DE FRANCE
7
7
la bouche , & portée dans le fang produife
les mêmes effets ; il faut ( s'il veut
que nous l'en croyons fur fa parole )`
qu'il nous faffe voir évidemment que l'effet
d'un remede ou d'une liqueur qui prend
la route des premieres voyes pour fe ren -1
dre au fang , eft toujours le même que
celui qui fuit l'injection immédiate dans.
les veines mais plutôt ne voit - on past
tous les jours des gens qui ont le fecret
de compofer des diffolvans affez puiſſans
pour rompre la pierre hors du corps ,
fans pourtant que les mêmes pris par
les
voyes ordinaires parvenus jufqu'aux reins
& à la veffie,fe trouvent pour lors en état
de donner des marques de femblables
effets pourquoi donc ne pourroit - on
pas penſer la même choſe touchant l'effet
de l'Eau de vie qui coagulera ( fi l'on veut)
toutes les liqueurs hors du corps dans le
tems qu'étant donnée interieurement , il
n'en fera pas de même ? En effet l'agilité,
la hardieffe , le courage qu'on remarque
dans ceux qui en ont ufé pour s'animer
au combat , font- ce des preuves du ralentiffement
, de l'épaiffiffement des liqueurs?
Les merveilleux effets que l'Eau de vie
fait voir dans les fyncopes , dans les affections
foporcufes, dans les angourdiffemens
des parties , prouvent- ils pour M. Le Hoc
la coagulation des humeurs au-dedans du
cords
MAY . 1730.
873.
,
corps , comme fes experiences femblent
la prouver , après les en avoir tirées ?
Si cependant cet Auteur comptant plus
fur les épreuves que fur ce que nous venons
de lui oppoſer fi juftement , foutient
conftamment que l'Eau de vie &
l'efprit de vin épaiffiffent , coagulent les
humeurs , en les privant de leur fluidité,
qu'il s'en ferve indifferemment dans fa
pratique comme de remedes rafraîchiffans
incraffans , toutes les fois qu'il
fera queftion d'épaiffir , de fixer , de
coaguler , ou ce qui revient au même ,
de ralentir le mouvement précipité de
ces mêmes humeurs ; qu'il ordonne ces
liqueurs fpiritueufes dans des conftitutions
vives , dans des Hemorragies qui dépendent
d'un fang trop vif , trop diffous
trop ténu , & voyant pour lors de funcftes
fuites d'une Théorie oppofée à une
faine pratique de Médecine , qu'il décide
en ſa faveur , nous ne voulons point d'autres
Juges que lui.
Maintenant pour ne pas nous engager
dans une plus longue difcuffion , ferrons
de près les conféquences qui fuivent des
experiences de M. Le Hoc. L'efprit de
vin ( dont il n'eft point ici queſtion )
injecté dans la jugulaire d'un chien , le
fait perir fur le champ ; donc l'Eau de
vie prife par la bouche d'un homme le
Biij fait
$ 74 MERCURE DE FRANCE
fait mourir de même . On donne à un oifeau
, non de l'Eau de vie , dont il s'agit
ici , mais de l'efprit de vin , & il péric
fur l'heure ; donc l'Eau de vie fait mourir
l'homme auffi promtement. D'ailleurs
le chyle , le lait , la lymphe , la bile , la
falive , toutes ces liqueurs tirées hors du
corps fe coagulent , en verfant deffus
par
de l'efprit de vin ( ce qu'on peut fort bien
nier , puifque, ces humeurs étant de differente
nature , l'efprit de vin ne doit point
y caufer de femblables changemens ) donc
l'Eau de vie prife par la bouche coagule
le chyle , le lait , la lymphe , la bile , la
falive ; en un mot , l'Eau de vie donne la
fureur & la mort même peu après aux
chats , donc c'eft une eau de mort pour
l'homme. Contre qui de pareilles armes
fe tournent-elles ?
Enfin M. Le Hoc nous avertit prudemment
que l'Eau de vie , en coagulant
le chyle , nuit beaucoup à la digeſtion ;
mais comme nous fommes très perfuadés
du contraire (ayant par devers nous l'experience
journaliere ) il ne trouvera pas
mauvais que nous nous en tenions à la
Thefe de M. Lôbert , foûtenue à Caën en
1717.
Par M. G. B *** Docteur en Medeeine
de Montpellier.
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Résumé : REFLEXIONS sur une These soutenüe dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie.
Le texte présente une réflexion sur la qualité de l'eau-de-vie, basée sur une thèse de M. Le Hoc publiée dans le Journal des Sçavans en décembre 1729. M. Le Hoc soutient que l'eau-de-vie racornit les parties solides du corps, les privant de souplesse, et épaissit les humeurs, les rendant moins fluides. Il compare cet effet à celui observé sur des organes animaux conservés dans l'eau-de-vie, qui se racornissent et se durcissent. Cependant, les auteurs de la réflexion contestent cette analogie, soulignant que l'eau-de-vie ingérée se distribue rapidement dans le corps et s'évapore, contrairement à une application constante. Les auteurs argumentent que l'eau-de-vie peut avoir des effets bénéfiques, comme l'ont observé les vieillards et les personnes exerçant des activités physiques intenses. M. Le Hoc utilise des expériences, telles que la coagulation du blanc d'œuf et la mort d'animaux après injection d'esprit de vin, pour soutenir ses propos. Les auteurs répliquent que ces expériences ne sont pas représentatives des effets de l'eau-de-vie ingérée par la bouche. Ils concluent en soulignant les contradictions pratiques de M. Le Hoc, qui utilise l'eau-de-vie comme remède rafraîchissant malgré ses théories sur ses effets néfastes. Ils se réfèrent à une thèse de M. Lôbert, soutenue à Caen en 1717, pour appuyer leur point de vue contraire sur les effets bénéfiques de l'eau-de-vie sur la digestion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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88
p. 929-939
DECOUVERTE SINGULIERE faite à l'ouverture d'un Corps humain, par M. Pot Dargent, Chevalier du saint Sepulcre, & Maître Chirurgien de la Nation Françoise, à Seyde en Palestine. Extrait de son Procès Verbal Original, du 29. Septembre 1729.
Début :
Le jour de Saint Louis, 25. d'Août de l'année 1729. un Marchand de Marseille, nommé [...]
Mots clefs :
Maladie, Liqueur, Grosseur, Chirurgien, Corps, Humeur, Cellules, Pierres, Gravier
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texteReconnaissance textuelle : DECOUVERTE SINGULIERE faite à l'ouverture d'un Corps humain, par M. Pot Dargent, Chevalier du saint Sepulcre, & Maître Chirurgien de la Nation Françoise, à Seyde en Palestine. Extrait de son Procès Verbal Original, du 29. Septembre 1729.
DECOUVERTE SINGULIERE
faite à l'ouverture d'un Corps humain
par M. Pot Dargent , Chevalier du faint
Sepulcre , & Maître Chirurgien de la
Nation Françoife , à Seyde en Palestine.
Extrait de fon Procès Verbal Original ,
du 29. Septembre 1729..
Un
E jour de Saint Louis , 25. d'Août de l'année
1729. un Marchand de Marſeille, nommé
Louis Reyre , eft mort en cette Ville de Seyde ,
âgé de 28. ans accomplis , d'une maladie trèsfinguliere.
Elle confiftoit dans de grands points de côtez
& des difficultez d'uriner qui le mettoient au lit
pour 7. ou 8. jours. Pendant ce temps-là , il ne
pouvoit ni marcher , ni fe tenir de bout ; il étoit
alors affis fur un Sofa , à la maniere des Turcs , -
& fe plaignoit continuellement , faifant des contorfions
pitoyables . Ce qui eft très - particulier ,
c'eft qu'il affuroit que ce mal lui étoit ordinaire :
depuis fon enfance , & qu'il croyoit l'avoir apporté
en venant au monde.
Je l'ai traité comme beaucoup d'autres l'avoient
fait avant moi , & je lui ai donné tous les
remedes que j'ai crû les plus convenables & les
plus
930 MERCURE DE FRANCE
plus propres à le foulager , attribuant fa maladie
à des fables & à des graviers engagez dans fes
teins , qui arrêtoient les urines & caufoient les
maux qui le tourmentoient .
Un an avant la mort je fus obligé de faire un
voyage à Conftantinople ; pendant ce temps -là
d'autres Chirurgiens l'entreprirent & le mirent
dans le grand Remede, les Salivations , les Fumigations
, &c. attribuant la maladie à la débauche.
A mon retour je trouvai le Malade plus mal
qu'auparavant ; il ne ceffoit de fe plaindre des
reins , il n'y avoit plus d'intervalles , les difficultez
d'uriner étoient continuelles ; & cependant il
urinoit très -fouvent , mais 10. OU 12 .•goutes feulement
& avec des douleurs très - aigues , de forte
qu'il fe levoit 80. & 100. fois la nuit & autant le
jour. Cela a duré depuis qu'il a été dans les nouveaux
remedes , jufqu'au jour de fa mort.
Une maladie fi extraordinaire accompagnée
d'incidens fi étranges , excita ma curiofité & me
fit prendre le parti de m'adreffer à M. le Maire ,
Conful à Seyde , pour obtenir de lui la permiffion
de faire l'ouverture de ce Corps ; je pris cette
réfolution avec d'autant plus de confiance , que
fon zele pour tout ce qui regarde l'utilité publique
& Pattention qu'il a à ne laiffer échapper
rien de rare & de curieux dans ces Pays , me
fervoient d'afſurance qu'il m'accorderoit cette
permiffion . Je n'eus pas de peine à l'obtenir , &
même M. le Conful m'ordonna d'écrire ce que
j'y remarquerois de fingulier. Je ne pus operer
que depuis onze heures du foir du 25. au 26 .
Avril , jufqu'à 5. heures du lendemain matin ; de
forte que je ne confiderai qu'en gros les parties
qui me parurent les plus effentielles .
Ayant levé le Sternum , je vis le foye tout tacheté
de diverfes couleurs. Il étoit d'une groffeur
CXMAY.
1730. 93T
extraordinaire & d'une couleur blanchâtre ; if
étoit parfemé de petites bulles dont les unes étoient
remplies d'une eau jeaunâtre , les autres d'une
verte , d'autres d'une eau noire , & quelquesunes
d'eau ſemblable à l'eau ordinaire des Fontaines.
La Vefficule du fiel étoit toute ronde , affez
groffe pour contenir fix onces de liqueur. Il y
avoit au fond quelques petits fables .
La Rate étoit d'un brun noir, étroite & mince,
& n'avoit en largeur qu'un bon pouce,& en épaiffeur
que celle de deux écus de France.
Les Reins dans lefquels étoit la cauſe de cette
maladie , étoient , à les mefurer exactement , de
huit travers de doigt en longueur , & de cinq
d'épaiffeur, d'une couleur peu differente du noir
ils étoient diftants l'un de l'autre de deux travers
de doigt ; ils étoient entourez d'une matiere glaireufe
affez épaiffe. Le Baffinet étoit rempli d'une
humeur grife , pareille au pus d'un abfcès bien
mûr , & d'une odeur très - forte , de même que les
Ureteres , qui étoient tellement pleins de cette liqueur
mêlée avec des fables & des graviers , qui
faifoient paroître le tout fi condenfé, qu'à peine y
pû-je introduire ma Sonde creuſe.
Les Reins , que l'on peut appeller pétrifiez ,
étoient remplis de pierres très -folides ; il y en
avoit deux groffes dans chacun' ; ces deux pierres
tenoient la longueur & la largeur de chacun des
deux Reins. Elles reffembloient à du Corail blanc.
On y voyoit aux extrémitez leur tête , lear corps,
leurs branches & leurs racines . On en trouvera un
Deffein exact joint à ce Procès Verbal..
Outre ces quatre pierres il y en avoit vingt-une
dans le Rein droit , & vingt-trois dans le gauche,
elles étoient très -adherantes aux Glandes , & enrelaffées
dans les efpaces que laiffoient les groffes
pierres
932 MERCURE DE FRANCE
1
pierres autour d'elles . La plus petite de toutes
étoit de la groffeur d'une Amande , & de diverfes
figures. Il y avoit outre cela beaucoup de fabies ·
dans les Reins , & ils étoient comme humectez-
& détrempez d'une humeur glaireuſe , dont l'odeur
étoit fi forte , que ceux qui étoient préfens
furent contraints de fe retirer.
Comme le temps me preffoit & que j'avois
trouvé les Reins dans un état fi extraordinaire
je m'attendois à quelque chofe d'aufli furprenant
dans la Veffie: je la découvris à l'inftant ; elle étoit
de la groffeur d'une bouteille , contenant quatre
onces de liqueur ; fon exterieur étoit couvert d'une
chair folide & ferme , elle étoit épaiffe d'un´
petit doigt & très-adherante à la Veffie . Je l'en
féparai & je trouvai que l'interieur de cette peau
étoit une veritable éponge , dont les Cellules n'étoient
point remplies par de l'urine mais par une
humeur bien liée & grifâtre . Cette humeur répandoit
une odeur fi forte , que les perfonnes qui
fe trouverent à cette ouverture ne purent la fupporter
, & que j'eus moi - même bien dé la peine
à y tenir. Voulant examiner plus particulierementce
que contenoit cette éponge , j'en fis la diffection
, mais je ne trouvai dans fes Cellules que ce
veritable pus & dans le fond des cellules des fables
& des graviers de la groffeur d'une Lentille, qu'on
pourroit comparer aux matieres que l'on trouve
dans le gefier des Pigeons.
Comme le bruit couroit que cet homme n'étoit
mort que de maladie venerienne & particulierement
de carnofitez; je me preffai de voir le Sphincter
, en examinant les Glandes Proftates , que je
trouvai vuides & feches. Le Sphincter étoit très--
dur & très-folide & reffembloit fort à un Cartilage
: mes cifeaux firent effort fur ma Sonde creufe
pour en faire la féparation ; en même temps j'ou--
vris
MAY. 1730.
933
•
ris tout l'Uretere où j'apperçus deux ulceres , l'ury
diftant du Sphincter d'un travers de doigt , &
l'autre à fa partie moyenne. L'extremité du Balanus
& du Prépuce étoit tout ulcerée ; il fembloit
que ce fut une quantité de petits chancres réunis
en un feul par leur proximité.
Il me reftoit fort peu de temps à caufe des chaleurs
, je l'employai à voir les poulmons & le
coeur. Je trouvai les Poulmons fort gros , tirant
fur le noir & parfemez de petites taches de diverfes
couleurs , ils étoient auffi couverts de plufieurs
petites Veffies remplies d'une eau noire. Quelques-
uns des lobules du Poulmon étoient trèsfecs
, particulierement du côté gauche .
Pour ce qui eft du Coeur, je n'en ai jamais vu de
fi petit & de fi extenué. A peine ai-je pû difcerner
les parties qui doivent être les plus appa
rentes.
J'ai cru qu'il ne feroit pas hors de propos de
faire ce détail, après les ordres que j'en ai reçus
de,
M. le Conful , & je puis affurer que perfonne n'a
mieux fuivi cette maladie depuis fix ans que moi.
Je laiffe aux Curieux à reflechir fur les circonftances
de cette maladie , fur ces cauſes & fon pro
grès. Qu'ils me permettent feulement de joindre
ce détail mes Obfervations & mes Reflexions
propres. Je les foumets à leur jugement.
Du propre aveu de feu M. Reyre , il s'eſt toû
jours plaint des côtez dès fa plus tendre enfance..
Sa mere lui avoit dit plufieurs fois qu'elle n'avoit
pû trouver aucun moyen pour l'empêcher de pleurer
, foit qu'il fût dans le berceau , foit qu'il fût
entre fes bras , & qu'elle n'avoit jamais crû qu'il
dût vivre long-temps . En effet, tous ceux qui l'ont
connu auffi bien que moi , fçavent que ces douleurs
aigues qu'il difoit avoir fenties de tout temps
n'ont fait qu'augmenter de jour en jour depuiss
qu'ils l'ont connu ..
934 MERCURE DE FRANCE
Il eft vrai que cet homme n'avoit vécu depuis
très-long temps que de chofes fort crues & fort
indigeftes ; les Jambons , les Fromages , les Sauciffons
, les Anchoyes & toutes les viandes dans
lefquelles dominoient le poivre & le fel , avoient
prefque été fes feuls alimens , & il ne fe ménageoit
point fur le vin & fur l'eau-de- vie ; de plus
il avoit fort fréquenté les femmes.
Je crois neanmoins qu'il avoit apporté en naiſfant
la caufe & comme le germe de cette maladie,
& qu'il avoit contracté de mauvais fucs & de
mauvais levains dans fa premiere formation , de
forte qu'il étoit rempli de graviers , même avant
qu'il eût vû le jour. Ce qui me confirme dans cette
conjecture , c'eft qu'il n'avoit aucune partie du
corps bien formée , qu'il femble qu'elles ayent
toutes fouffert pendant tout le cours de fa vie.
Je ne me fouviens point d'avoir entendu parler
d'une maladie accompagnée de pareilles circonftances.
Je n'ai trouvé aucun exemple ſemblable ,
à la réferve de celui du Pape Innocent XI . Encore
eft -il à remarquer qu'il eft mort âgé , & qu'il
n'eft fait mention dans fon hiftoire que de deux
pierres , dont chaque Rein en contenoit une , &
il n'eft point dit qu'il eût eû pendant ſa vie aucun
accident ; encore moins que ces Corps étrangers
ayent alteré aucune partie de fon corps. Mais
dans celui- cy tout étoit attaqué, tout étoit alteré ;
il n'y avoit pas une feule partie dans l'état où elle
auroit dû être , pas une n'étoit faine & dans fon
entier.
Le Foye eft, comme l'on fçait, un des plus gros
Vifceres ; mais celui - cy excedoit fa groffeur ordinaire
de beaucoup, je puis même dire de plus
d'un tiers : il étoit de la couleur d'un papier gris
clair , & parfemé de quantité de bulles remplies
de liqueurs , de couleurs diverfes , comme on l'a
dit:
-
MAY. 1730. 935
dit : Les Membranes de ces bulles étoient trèsfolides
& très - adherantes ; & j'ai remarqué par
leur épaiffeur qu'il devoit y avoir plufieurs années
que cette partie fouffroit : j'ai bien vû dans
d'autres corps de ces fortes de Vefficules attacheés
au foye, remplies d'une eau infipide, mais celle- cy
étoit d'une odeur prefque infupportable . Cette partie
étoit fi changée qu'elle paroiffoit toute alterée.
Je ferois curieux de fçavoir d'où peut être venu
ce changement de couleur ; la caufe de ce grand
nombre de Vefficules , de la diverfité des liqueurs
qui y étoient contenuës & de cette groffeur dé
mefurée.
Il eft rare encore & même extraordinaire de
trouver la Vefficule du fiel d'une figure ronde &
affez groffe pour contenir fix onces de liqueur ,
& fa Membrane de l'épaiffeur d'un écu ; il n'y
avoit aucune difference de fon fond à fon col
qui étoit très-dilaté. Elle avoit dans fon fond
des graviers épais , & étoit remplie d'une liqueur
gluante, fort épaiffe , tirant fur le noir . Le Malade
quatre jours avant fa mort ne pouvoit prendre
une cueillerée de bouillon ou de ptizanne , qu'il
ne rendît à l'inftant une pinte & demie d'une liqueur
noire comme de l'ancre & gluante comme
de la Therebentine , & qui infectoit toute la maifon
; deforte qu'en quatre jours il en a rendu 8. à
10. pots à diverfes repriſes ; ce qui me donna la
curiofité d'ouvrir la Membrane & d'en répandre la
liqueur pour voir fi elle avoit du rapport avec ce
qu'il vomiffoit. J'y trouvai en effet la même couleur
, mais l'odeur en étoit un peu moins forte ;
cette Membrane en étoit toute pleine. Je m'appliquai
à examiner fi cette humeur qu'il vomiffoit
en fi grande quantité ne venoit point de l'eftomach
, mais je n'y trouvai rien qui pût caufer de
parcilles évacuations , ni qui fût même teint de
cette
936 MERCURE DE FRANCE
cette humeur. Le temps ne me permit pas de
pouffer mes Recherches plus loin , ni de faire des
Remarques plus particulieres.
J'efpere que les Sçavans découvriront & m'enfeigneront
quelle étoit la nature & la qualité de
cette humeur, où elle fe formoit, quel devoit être
fon fiege ordinaire , d'où elle venoit en fi grande
abondance , quelle pouvoit être la caufe d'une
odeur fi forte , & comment la Nature avoit formé
un fiel d'une groffeur fi démefurée .
Je me fouviens que dans les Cours d'Anatomie
à S. Côme , on ne parloit prefque point des ufages
de la Ratte , & qu'on la faifoit paffer pour
une partie prefque fuperflue ; cependant je remar
que qu'elle eft fujette comme les autres parties a
des infirmitez . D'où vient cette grande alteration
dans fa longueur , dans fa largeur & dans fon
épaiffeur D'où vient ce changement exceffif dans
fa forme ? Il me paroît par là qu'elle a fes ufages-
& fes utilitez , je ferois charmé d'apprendre un
jour que l'on ait fait quelques découvertes fur ce
fujet, & qu'on puiffe affigner les veritables fonctions
de ce Vifcere.
Les Reins à qui j'attribuë la caufe de ce dérangement
general , donneroient lieu à de grandes
recherches que j'abandonne aux Medecins. Comment
il a pú fe former dans chaque Rein deux
pierres de cette groffeur, de cette figure & de cette
folidité , comment outre celle- là il s'eft pû former
une vingtaine d'autres pierres de differente
groffeur , dont la plus petite étoit auffi groffe
qu'une Olive ; pourquoi elles y étoient fi adherantes
, & comment elles pouvoient s'enchâffer
exactement dans les vuides & les interftices de
chaque pierre..
Les Ureteres etoient remplis d'un limon fort
épais ,, blanchâtre & très-puant. Ils contenoient
encore
MAY. 937 1730 .
encore des fables très-folides ; j'en tirai d'auſſi
gros qu'un pois , & il a fallu ouvrir ces Ureteres
dans toute leur longueur pour en ôter ces fables
qui y étoient très-adherans.
Je fus furpris de trouver la Membrane propre
de la Veffie de l'épaiffeur d'une Amande , à peine
ai-je pû découvrir quelqu'un de fes fibres charnus,
La feconde des Membranes propres étoit une
vraye éponge avec ces cellules , elle étoit remplie
de graviers & de fables , au lieu d'urine ; c'étoit
cette liqueur gluante & épaiffe , comme je l'ai dit
cy- deffus , & il faut remarquer que depuis cinq
mois la Veffie ne fourniffoit que de ce pus au lieu
d'urine .
J'ai déja dit qu'il ne rendoit par les urines que
dix ou douze gouttes chaque fois ; il faut ajoûter
que lorfque je voulois les affembler , & que je les
réuniffois , elles formoient un tout bien lié , &
une matiere fi bien coagulée , qu'avec une bagueta
te je lui faifois faire toute forte de
comme j'aurois pû faire avec du vif-argent.
mouvemens
J'ai fait encore une autre remarque qui m'a affez
furpris ; c'eft que quand je lui donnois quelques
remedes dieurétiques & bien fondans , la partie fe
dilatant apparemment alors plus qu'à l'ordinaire,
le Malade fe croyoit déchargé de ce poids par la
violence & les efforts que faifoit la Nature,& pour
lors il rendoit par la Verge jufqu'à fix ou huit
onces de grumeaux d'un fang bien noir avec des
graviers & des fables. Cela lui eft arrivé dix ou
douze fois , mais avec des douleurs fi aiguës , que
j'ai crú plufieurs fois qu'il me refteroit entre les
bras , ce qui me fit juger que mes Fondans n'é--
toient plus de faiſon , & même la nature approchoit
de fa deftruction ; car lorfque cette liqueur
venoit à paffer fur les deux Ulceres le
Malade avoit le long du canal de l'Urete , ces
que
que
douleurs
938 MERCURE DE FRANCE
douleurs redoubloient & devenoient fi violentes ,
qu'il tomboit par terre fans connoiffance , fans
refpiration & fans aucune marque de vie .
Je ne fuis pas étonné d'avoir trouvé les Poulmons
dans l'état que j'ai décrit , car la vie de cet
homme n'ayant été qu'une chaîne & un tiffu de
ſouffrances , je croi qu'il ne devoit avoir aucune
partie de fon corps qui ne fût très- alterée & qui
ne dût lui caufer la mort.
Une choſe très - furprenante , par laquelle je finis
, c'eſt qu'au milieu de tant de maux , il a toûjours
eu le Poulx bon ; il l'a conſervé reglé juſqu'à
trois heures avant fa mort qu'il devint trèsembarraſſé
; il n'eut_point d'agonie , & conferva
Fufage de la connoiffance & de la parole jufqu'au
dernier foupir.
Au bas du Procès Verbal eft Attestation
du Conful de France , conçuë en ces termes :
Nous , Benoît le Maire , Confeiller du Roi ,
Conful de Seyde & fes dépendances , certifions
& atteftons à tous ceux à qui il appartiendra , que
le fieur Jean- François Pot- Dargent , qui a fait le
rapport cy-deffus ; eft Maître Chirurgien de la
Nation, au feing duquel on peut ajoûter foi ,
ayant fait l'ouverture du corps de feu Louis
Reyre , Marchand en cette Echelle , de notre ordre
& confentement ; en temoin de quoi nous
avons figné les Prefentes , fait appofer le Sceau
Royal de ce Confulat , & fouffigner par notre
Chancelier. A Seyde , le 12. Octobre 1729. Signé
B. LE MAIRE , & plus bas , GALERNEAU ?
Chancelier,
faite à l'ouverture d'un Corps humain
par M. Pot Dargent , Chevalier du faint
Sepulcre , & Maître Chirurgien de la
Nation Françoife , à Seyde en Palestine.
Extrait de fon Procès Verbal Original ,
du 29. Septembre 1729..
Un
E jour de Saint Louis , 25. d'Août de l'année
1729. un Marchand de Marſeille, nommé
Louis Reyre , eft mort en cette Ville de Seyde ,
âgé de 28. ans accomplis , d'une maladie trèsfinguliere.
Elle confiftoit dans de grands points de côtez
& des difficultez d'uriner qui le mettoient au lit
pour 7. ou 8. jours. Pendant ce temps-là , il ne
pouvoit ni marcher , ni fe tenir de bout ; il étoit
alors affis fur un Sofa , à la maniere des Turcs , -
& fe plaignoit continuellement , faifant des contorfions
pitoyables . Ce qui eft très - particulier ,
c'eft qu'il affuroit que ce mal lui étoit ordinaire :
depuis fon enfance , & qu'il croyoit l'avoir apporté
en venant au monde.
Je l'ai traité comme beaucoup d'autres l'avoient
fait avant moi , & je lui ai donné tous les
remedes que j'ai crû les plus convenables & les
plus
930 MERCURE DE FRANCE
plus propres à le foulager , attribuant fa maladie
à des fables & à des graviers engagez dans fes
teins , qui arrêtoient les urines & caufoient les
maux qui le tourmentoient .
Un an avant la mort je fus obligé de faire un
voyage à Conftantinople ; pendant ce temps -là
d'autres Chirurgiens l'entreprirent & le mirent
dans le grand Remede, les Salivations , les Fumigations
, &c. attribuant la maladie à la débauche.
A mon retour je trouvai le Malade plus mal
qu'auparavant ; il ne ceffoit de fe plaindre des
reins , il n'y avoit plus d'intervalles , les difficultez
d'uriner étoient continuelles ; & cependant il
urinoit très -fouvent , mais 10. OU 12 .•goutes feulement
& avec des douleurs très - aigues , de forte
qu'il fe levoit 80. & 100. fois la nuit & autant le
jour. Cela a duré depuis qu'il a été dans les nouveaux
remedes , jufqu'au jour de fa mort.
Une maladie fi extraordinaire accompagnée
d'incidens fi étranges , excita ma curiofité & me
fit prendre le parti de m'adreffer à M. le Maire ,
Conful à Seyde , pour obtenir de lui la permiffion
de faire l'ouverture de ce Corps ; je pris cette
réfolution avec d'autant plus de confiance , que
fon zele pour tout ce qui regarde l'utilité publique
& Pattention qu'il a à ne laiffer échapper
rien de rare & de curieux dans ces Pays , me
fervoient d'afſurance qu'il m'accorderoit cette
permiffion . Je n'eus pas de peine à l'obtenir , &
même M. le Conful m'ordonna d'écrire ce que
j'y remarquerois de fingulier. Je ne pus operer
que depuis onze heures du foir du 25. au 26 .
Avril , jufqu'à 5. heures du lendemain matin ; de
forte que je ne confiderai qu'en gros les parties
qui me parurent les plus effentielles .
Ayant levé le Sternum , je vis le foye tout tacheté
de diverfes couleurs. Il étoit d'une groffeur
CXMAY.
1730. 93T
extraordinaire & d'une couleur blanchâtre ; if
étoit parfemé de petites bulles dont les unes étoient
remplies d'une eau jeaunâtre , les autres d'une
verte , d'autres d'une eau noire , & quelquesunes
d'eau ſemblable à l'eau ordinaire des Fontaines.
La Vefficule du fiel étoit toute ronde , affez
groffe pour contenir fix onces de liqueur. Il y
avoit au fond quelques petits fables .
La Rate étoit d'un brun noir, étroite & mince,
& n'avoit en largeur qu'un bon pouce,& en épaiffeur
que celle de deux écus de France.
Les Reins dans lefquels étoit la cauſe de cette
maladie , étoient , à les mefurer exactement , de
huit travers de doigt en longueur , & de cinq
d'épaiffeur, d'une couleur peu differente du noir
ils étoient diftants l'un de l'autre de deux travers
de doigt ; ils étoient entourez d'une matiere glaireufe
affez épaiffe. Le Baffinet étoit rempli d'une
humeur grife , pareille au pus d'un abfcès bien
mûr , & d'une odeur très - forte , de même que les
Ureteres , qui étoient tellement pleins de cette liqueur
mêlée avec des fables & des graviers , qui
faifoient paroître le tout fi condenfé, qu'à peine y
pû-je introduire ma Sonde creuſe.
Les Reins , que l'on peut appeller pétrifiez ,
étoient remplis de pierres très -folides ; il y en
avoit deux groffes dans chacun' ; ces deux pierres
tenoient la longueur & la largeur de chacun des
deux Reins. Elles reffembloient à du Corail blanc.
On y voyoit aux extrémitez leur tête , lear corps,
leurs branches & leurs racines . On en trouvera un
Deffein exact joint à ce Procès Verbal..
Outre ces quatre pierres il y en avoit vingt-une
dans le Rein droit , & vingt-trois dans le gauche,
elles étoient très -adherantes aux Glandes , & enrelaffées
dans les efpaces que laiffoient les groffes
pierres
932 MERCURE DE FRANCE
1
pierres autour d'elles . La plus petite de toutes
étoit de la groffeur d'une Amande , & de diverfes
figures. Il y avoit outre cela beaucoup de fabies ·
dans les Reins , & ils étoient comme humectez-
& détrempez d'une humeur glaireuſe , dont l'odeur
étoit fi forte , que ceux qui étoient préfens
furent contraints de fe retirer.
Comme le temps me preffoit & que j'avois
trouvé les Reins dans un état fi extraordinaire
je m'attendois à quelque chofe d'aufli furprenant
dans la Veffie: je la découvris à l'inftant ; elle étoit
de la groffeur d'une bouteille , contenant quatre
onces de liqueur ; fon exterieur étoit couvert d'une
chair folide & ferme , elle étoit épaiffe d'un´
petit doigt & très-adherante à la Veffie . Je l'en
féparai & je trouvai que l'interieur de cette peau
étoit une veritable éponge , dont les Cellules n'étoient
point remplies par de l'urine mais par une
humeur bien liée & grifâtre . Cette humeur répandoit
une odeur fi forte , que les perfonnes qui
fe trouverent à cette ouverture ne purent la fupporter
, & que j'eus moi - même bien dé la peine
à y tenir. Voulant examiner plus particulierementce
que contenoit cette éponge , j'en fis la diffection
, mais je ne trouvai dans fes Cellules que ce
veritable pus & dans le fond des cellules des fables
& des graviers de la groffeur d'une Lentille, qu'on
pourroit comparer aux matieres que l'on trouve
dans le gefier des Pigeons.
Comme le bruit couroit que cet homme n'étoit
mort que de maladie venerienne & particulierement
de carnofitez; je me preffai de voir le Sphincter
, en examinant les Glandes Proftates , que je
trouvai vuides & feches. Le Sphincter étoit très--
dur & très-folide & reffembloit fort à un Cartilage
: mes cifeaux firent effort fur ma Sonde creufe
pour en faire la féparation ; en même temps j'ou--
vris
MAY. 1730.
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ris tout l'Uretere où j'apperçus deux ulceres , l'ury
diftant du Sphincter d'un travers de doigt , &
l'autre à fa partie moyenne. L'extremité du Balanus
& du Prépuce étoit tout ulcerée ; il fembloit
que ce fut une quantité de petits chancres réunis
en un feul par leur proximité.
Il me reftoit fort peu de temps à caufe des chaleurs
, je l'employai à voir les poulmons & le
coeur. Je trouvai les Poulmons fort gros , tirant
fur le noir & parfemez de petites taches de diverfes
couleurs , ils étoient auffi couverts de plufieurs
petites Veffies remplies d'une eau noire. Quelques-
uns des lobules du Poulmon étoient trèsfecs
, particulierement du côté gauche .
Pour ce qui eft du Coeur, je n'en ai jamais vu de
fi petit & de fi extenué. A peine ai-je pû difcerner
les parties qui doivent être les plus appa
rentes.
J'ai cru qu'il ne feroit pas hors de propos de
faire ce détail, après les ordres que j'en ai reçus
de,
M. le Conful , & je puis affurer que perfonne n'a
mieux fuivi cette maladie depuis fix ans que moi.
Je laiffe aux Curieux à reflechir fur les circonftances
de cette maladie , fur ces cauſes & fon pro
grès. Qu'ils me permettent feulement de joindre
ce détail mes Obfervations & mes Reflexions
propres. Je les foumets à leur jugement.
Du propre aveu de feu M. Reyre , il s'eſt toû
jours plaint des côtez dès fa plus tendre enfance..
Sa mere lui avoit dit plufieurs fois qu'elle n'avoit
pû trouver aucun moyen pour l'empêcher de pleurer
, foit qu'il fût dans le berceau , foit qu'il fût
entre fes bras , & qu'elle n'avoit jamais crû qu'il
dût vivre long-temps . En effet, tous ceux qui l'ont
connu auffi bien que moi , fçavent que ces douleurs
aigues qu'il difoit avoir fenties de tout temps
n'ont fait qu'augmenter de jour en jour depuiss
qu'ils l'ont connu ..
934 MERCURE DE FRANCE
Il eft vrai que cet homme n'avoit vécu depuis
très-long temps que de chofes fort crues & fort
indigeftes ; les Jambons , les Fromages , les Sauciffons
, les Anchoyes & toutes les viandes dans
lefquelles dominoient le poivre & le fel , avoient
prefque été fes feuls alimens , & il ne fe ménageoit
point fur le vin & fur l'eau-de- vie ; de plus
il avoit fort fréquenté les femmes.
Je crois neanmoins qu'il avoit apporté en naiſfant
la caufe & comme le germe de cette maladie,
& qu'il avoit contracté de mauvais fucs & de
mauvais levains dans fa premiere formation , de
forte qu'il étoit rempli de graviers , même avant
qu'il eût vû le jour. Ce qui me confirme dans cette
conjecture , c'eft qu'il n'avoit aucune partie du
corps bien formée , qu'il femble qu'elles ayent
toutes fouffert pendant tout le cours de fa vie.
Je ne me fouviens point d'avoir entendu parler
d'une maladie accompagnée de pareilles circonftances.
Je n'ai trouvé aucun exemple ſemblable ,
à la réferve de celui du Pape Innocent XI . Encore
eft -il à remarquer qu'il eft mort âgé , & qu'il
n'eft fait mention dans fon hiftoire que de deux
pierres , dont chaque Rein en contenoit une , &
il n'eft point dit qu'il eût eû pendant ſa vie aucun
accident ; encore moins que ces Corps étrangers
ayent alteré aucune partie de fon corps. Mais
dans celui- cy tout étoit attaqué, tout étoit alteré ;
il n'y avoit pas une feule partie dans l'état où elle
auroit dû être , pas une n'étoit faine & dans fon
entier.
Le Foye eft, comme l'on fçait, un des plus gros
Vifceres ; mais celui - cy excedoit fa groffeur ordinaire
de beaucoup, je puis même dire de plus
d'un tiers : il étoit de la couleur d'un papier gris
clair , & parfemé de quantité de bulles remplies
de liqueurs , de couleurs diverfes , comme on l'a
dit:
-
MAY. 1730. 935
dit : Les Membranes de ces bulles étoient trèsfolides
& très - adherantes ; & j'ai remarqué par
leur épaiffeur qu'il devoit y avoir plufieurs années
que cette partie fouffroit : j'ai bien vû dans
d'autres corps de ces fortes de Vefficules attacheés
au foye, remplies d'une eau infipide, mais celle- cy
étoit d'une odeur prefque infupportable . Cette partie
étoit fi changée qu'elle paroiffoit toute alterée.
Je ferois curieux de fçavoir d'où peut être venu
ce changement de couleur ; la caufe de ce grand
nombre de Vefficules , de la diverfité des liqueurs
qui y étoient contenuës & de cette groffeur dé
mefurée.
Il eft rare encore & même extraordinaire de
trouver la Vefficule du fiel d'une figure ronde &
affez groffe pour contenir fix onces de liqueur ,
& fa Membrane de l'épaiffeur d'un écu ; il n'y
avoit aucune difference de fon fond à fon col
qui étoit très-dilaté. Elle avoit dans fon fond
des graviers épais , & étoit remplie d'une liqueur
gluante, fort épaiffe , tirant fur le noir . Le Malade
quatre jours avant fa mort ne pouvoit prendre
une cueillerée de bouillon ou de ptizanne , qu'il
ne rendît à l'inftant une pinte & demie d'une liqueur
noire comme de l'ancre & gluante comme
de la Therebentine , & qui infectoit toute la maifon
; deforte qu'en quatre jours il en a rendu 8. à
10. pots à diverfes repriſes ; ce qui me donna la
curiofité d'ouvrir la Membrane & d'en répandre la
liqueur pour voir fi elle avoit du rapport avec ce
qu'il vomiffoit. J'y trouvai en effet la même couleur
, mais l'odeur en étoit un peu moins forte ;
cette Membrane en étoit toute pleine. Je m'appliquai
à examiner fi cette humeur qu'il vomiffoit
en fi grande quantité ne venoit point de l'eftomach
, mais je n'y trouvai rien qui pût caufer de
parcilles évacuations , ni qui fût même teint de
cette
936 MERCURE DE FRANCE
cette humeur. Le temps ne me permit pas de
pouffer mes Recherches plus loin , ni de faire des
Remarques plus particulieres.
J'efpere que les Sçavans découvriront & m'enfeigneront
quelle étoit la nature & la qualité de
cette humeur, où elle fe formoit, quel devoit être
fon fiege ordinaire , d'où elle venoit en fi grande
abondance , quelle pouvoit être la caufe d'une
odeur fi forte , & comment la Nature avoit formé
un fiel d'une groffeur fi démefurée .
Je me fouviens que dans les Cours d'Anatomie
à S. Côme , on ne parloit prefque point des ufages
de la Ratte , & qu'on la faifoit paffer pour
une partie prefque fuperflue ; cependant je remar
que qu'elle eft fujette comme les autres parties a
des infirmitez . D'où vient cette grande alteration
dans fa longueur , dans fa largeur & dans fon
épaiffeur D'où vient ce changement exceffif dans
fa forme ? Il me paroît par là qu'elle a fes ufages-
& fes utilitez , je ferois charmé d'apprendre un
jour que l'on ait fait quelques découvertes fur ce
fujet, & qu'on puiffe affigner les veritables fonctions
de ce Vifcere.
Les Reins à qui j'attribuë la caufe de ce dérangement
general , donneroient lieu à de grandes
recherches que j'abandonne aux Medecins. Comment
il a pú fe former dans chaque Rein deux
pierres de cette groffeur, de cette figure & de cette
folidité , comment outre celle- là il s'eft pû former
une vingtaine d'autres pierres de differente
groffeur , dont la plus petite étoit auffi groffe
qu'une Olive ; pourquoi elles y étoient fi adherantes
, & comment elles pouvoient s'enchâffer
exactement dans les vuides & les interftices de
chaque pierre..
Les Ureteres etoient remplis d'un limon fort
épais ,, blanchâtre & très-puant. Ils contenoient
encore
MAY. 937 1730 .
encore des fables très-folides ; j'en tirai d'auſſi
gros qu'un pois , & il a fallu ouvrir ces Ureteres
dans toute leur longueur pour en ôter ces fables
qui y étoient très-adherans.
Je fus furpris de trouver la Membrane propre
de la Veffie de l'épaiffeur d'une Amande , à peine
ai-je pû découvrir quelqu'un de fes fibres charnus,
La feconde des Membranes propres étoit une
vraye éponge avec ces cellules , elle étoit remplie
de graviers & de fables , au lieu d'urine ; c'étoit
cette liqueur gluante & épaiffe , comme je l'ai dit
cy- deffus , & il faut remarquer que depuis cinq
mois la Veffie ne fourniffoit que de ce pus au lieu
d'urine .
J'ai déja dit qu'il ne rendoit par les urines que
dix ou douze gouttes chaque fois ; il faut ajoûter
que lorfque je voulois les affembler , & que je les
réuniffois , elles formoient un tout bien lié , &
une matiere fi bien coagulée , qu'avec une bagueta
te je lui faifois faire toute forte de
comme j'aurois pû faire avec du vif-argent.
mouvemens
J'ai fait encore une autre remarque qui m'a affez
furpris ; c'eft que quand je lui donnois quelques
remedes dieurétiques & bien fondans , la partie fe
dilatant apparemment alors plus qu'à l'ordinaire,
le Malade fe croyoit déchargé de ce poids par la
violence & les efforts que faifoit la Nature,& pour
lors il rendoit par la Verge jufqu'à fix ou huit
onces de grumeaux d'un fang bien noir avec des
graviers & des fables. Cela lui eft arrivé dix ou
douze fois , mais avec des douleurs fi aiguës , que
j'ai crú plufieurs fois qu'il me refteroit entre les
bras , ce qui me fit juger que mes Fondans n'é--
toient plus de faiſon , & même la nature approchoit
de fa deftruction ; car lorfque cette liqueur
venoit à paffer fur les deux Ulceres le
Malade avoit le long du canal de l'Urete , ces
que
que
douleurs
938 MERCURE DE FRANCE
douleurs redoubloient & devenoient fi violentes ,
qu'il tomboit par terre fans connoiffance , fans
refpiration & fans aucune marque de vie .
Je ne fuis pas étonné d'avoir trouvé les Poulmons
dans l'état que j'ai décrit , car la vie de cet
homme n'ayant été qu'une chaîne & un tiffu de
ſouffrances , je croi qu'il ne devoit avoir aucune
partie de fon corps qui ne fût très- alterée & qui
ne dût lui caufer la mort.
Une choſe très - furprenante , par laquelle je finis
, c'eſt qu'au milieu de tant de maux , il a toûjours
eu le Poulx bon ; il l'a conſervé reglé juſqu'à
trois heures avant fa mort qu'il devint trèsembarraſſé
; il n'eut_point d'agonie , & conferva
Fufage de la connoiffance & de la parole jufqu'au
dernier foupir.
Au bas du Procès Verbal eft Attestation
du Conful de France , conçuë en ces termes :
Nous , Benoît le Maire , Confeiller du Roi ,
Conful de Seyde & fes dépendances , certifions
& atteftons à tous ceux à qui il appartiendra , que
le fieur Jean- François Pot- Dargent , qui a fait le
rapport cy-deffus ; eft Maître Chirurgien de la
Nation, au feing duquel on peut ajoûter foi ,
ayant fait l'ouverture du corps de feu Louis
Reyre , Marchand en cette Echelle , de notre ordre
& confentement ; en temoin de quoi nous
avons figné les Prefentes , fait appofer le Sceau
Royal de ce Confulat , & fouffigner par notre
Chancelier. A Seyde , le 12. Octobre 1729. Signé
B. LE MAIRE , & plus bas , GALERNEAU ?
Chancelier,
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Résumé : DECOUVERTE SINGULIERE faite à l'ouverture d'un Corps humain, par M. Pot Dargent, Chevalier du saint Sepulcre, & Maître Chirurgien de la Nation Françoise, à Seyde en Palestine. Extrait de son Procès Verbal Original, du 29. Septembre 1729.
Le 25 août 1729, à Seyde en Palestine, Louis Reyre, un marchand de Marseille âgé de 28 ans, décéda d'une maladie caractérisée par des douleurs abdominales et des difficultés à uriner. Ces symptômes, apparus dès l'enfance, le rendaient incapable de marcher ou de se tenir debout. Malgré divers traitements, son état s'aggrava avec des douleurs intenses et des urinations fréquentes mais en petites quantités. M. Pot Dargent, chevalier du Saint-Sépulcre et maître chirurgien, obtint la permission de pratiquer une autopsie. L'examen révéla plusieurs anomalies : un foie tacheté et hypertrophié, une vésicule biliaire anormalement grosse, une rate atrophiée, et des reins remplis de pierres solides et de sable. Les reins étaient entourés d'une matière gluante et les uretères étaient obstrués par une humeur purulente mélangée à des graviers. La vessie, de la taille d'une bouteille, contenait une humeur grise et malodorante. Les poumons étaient gros et noircis, tandis que le cœur était extrêmement petit et extenué. L'autopsie confirma que la cause principale de la maladie résidait dans les reins, remplis de pierres et de sable, et dans les obstructions des voies urinaires. Louis Reyre avait une alimentation pauvre et consommait beaucoup d'alcool et de viandes épicées. Sa mère avait noté ses douleurs abdominales dès la petite enfance, suggérant une origine congénitale de la maladie. M. Pot Dargent conclut que Reyre avait probablement apporté en naissant les germes de cette maladie, confirmée par l'absence de parties du corps bien formées et par les multiples anomalies observées lors de l'autopsie. Les observations notables incluaient des pierres de tailles variées dans les reins, des uretères remplis d'un limon épais et puant, ainsi que de calculs solides. La vessie présentait une membrane épaissie et une seconde membrane spongieuse remplie de graviers et de pus. Le patient urinait très peu, et les urines étaient coagulées. L'administration de diurétiques provoquait l'expulsion de grumeaux noirs avec des graviers et des calculs, accompagnés de douleurs intenses. Les poumons étaient altérés en raison des souffrances constantes du patient. Malgré ses maux, le patient a conservé un pouls régulier jusqu'à trois heures avant sa mort, sans agonie, conservant la connaissance et la parole jusqu'au dernier souffle. Le rapport a été certifié par le consul de France à Seyde, confirmant que l'autopsie a été réalisée par Jean-François Pot-Dargent, maître chirurgien.
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89
p. 979
« Le sieur Lescure, Chirurgien des Gardes du Corps de la Reine d'Espagne, seconde Douairiere, [...] »
Début :
Le sieur Lescure, Chirurgien des Gardes du Corps de la Reine d'Espagne, seconde Douairiere, [...]
Mots clefs :
Remède, Chirurgien
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texteReconnaissance textuelle : « Le sieur Lescure, Chirurgien des Gardes du Corps de la Reine d'Espagne, seconde Douairiere, [...] »
Le fieur Lefcure , Chirurgien des Gardes du
Corps de la Reine d'Efpagne, feconde Douairiere,
poffede un Remede en forme de Sel 'Specifique
pour la guérifon de l'Epilepfie ou Mal Caduc ,
vapeurs fimples ou convulfives , vertiges & étourdiffemens,
Palpitation , Paralifie , Tremblement &
foibleffe de Nerfs ; il est très -fouverain en general
dans toutes les Maladies qui attaquent le genre
nerveux ; il en a fait un grand nombre d'experiences
fous les yeux de plufieurs celebres Medecins
de la Faculté de Paris , qui lui ont mérité
leurs Approbations & le Privilege de Sa Majefté.
Son Remede eft très - aifé à prendre , il conferve
toûjours fa vertu , & peut fe tranfporter par tout
fans fouffrir la moindre alteration ; il donne un
Imprimé pour la maniere de s'en fervir & tout
ce qu'il faut obferver .
Le fieur Lefcure demeure rue du Jour , à
Image S. Louis , proche le grand Portailfaint
Euftache , à Paris.
Corps de la Reine d'Efpagne, feconde Douairiere,
poffede un Remede en forme de Sel 'Specifique
pour la guérifon de l'Epilepfie ou Mal Caduc ,
vapeurs fimples ou convulfives , vertiges & étourdiffemens,
Palpitation , Paralifie , Tremblement &
foibleffe de Nerfs ; il est très -fouverain en general
dans toutes les Maladies qui attaquent le genre
nerveux ; il en a fait un grand nombre d'experiences
fous les yeux de plufieurs celebres Medecins
de la Faculté de Paris , qui lui ont mérité
leurs Approbations & le Privilege de Sa Majefté.
Son Remede eft très - aifé à prendre , il conferve
toûjours fa vertu , & peut fe tranfporter par tout
fans fouffrir la moindre alteration ; il donne un
Imprimé pour la maniere de s'en fervir & tout
ce qu'il faut obferver .
Le fieur Lefcure demeure rue du Jour , à
Image S. Louis , proche le grand Portailfaint
Euftache , à Paris.
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Résumé : « Le sieur Lescure, Chirurgien des Gardes du Corps de la Reine d'Espagne, seconde Douairiere, [...] »
Le chirurgien Lefcure, des Gardes du Corps de la Reine d'Espagne, a développé un sel pour traiter l'épilepsie, les vertiges, les palpitations, la paralysie et d'autres affections nerveuses. Approuvé par des médecins de la Faculté de Paris et bénéficiant d'un privilège royal, ce remède est facile à administrer et conserve ses propriétés. Lefcure réside rue du Jour, à l'Image Saint-Louis, près du portail Saint-Eustache, à Paris.
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90
p. 1100-1102
LE RHUME A LA MODE.
Début :
Dans le cours d'un Hyver plus doux qu'à l'ordinaire, [...]
Mots clefs :
Rhume
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE RHUME A LA MODE.
LE RHUME A LA MODE.
Ans le cours d'un Hyver plus doux qu'à
Dans
Pordinaire ,
Survint un Rhume general.
L'enfant dans fon berceau , la grande foeur , l'a
mere ,
Tout fut atteint du même mal .
Ni régime , ni prévoyance ,
Ne purent empêcher que de l'Aftre pervers ,
L. Vol. O'n
JUIN. 1101 1730.
On ne fentit au loin la maligne influence.
Il enrhuma toute la France ,
Il enrhuma tout l'Univers.
Dans les Citez où l'on fe picque ,
De varier les doux amuſemens ,
Plus de plaifirs , plus de Mufique.
Pour y parler tendreffe ou politique ,
Plus on ne s'affembloit ; ou fi de temps en temps
Des cercles s'y formoient encore ,
C'étoit pitié d'y figurer.
Propos entrecoupez qui ne pouvoient éclore ,
Bruit à vous rendre fourd ; on n'y pouvoit durer,
L'Amant touffoit auprès de fa Maîtreffe ,
La femme au nez de fon mari ;
Il n'étoit égards ni tendreffe ,
Qui contint ce charivari.
Thémis fut fur le point d'abandonner fon'Temple,
Ses Oracles prefque muets ,
Articuloient à peine fes decrets.
Chofe inouie à fon exemple ,
La Chicane fe tut , pour foutenir les droits ,
Tous fes Supports furent fans voix .
Heureux fi d'une telle engeance ,
Ce Rhume pour jamais avoit purgé la France.
Enfin chacun tapi chez foi ,
Quoiqu'il pút arriver s'y tenoit clos & coy ;
Nul n'en mourut , hors ceux qui pleins d'impatience
,
A nos Purgons , pour s'être confiez ,
2. Vol. Par
1102 MERCURE DE FRANCE
Par de lourds quiproco , furent expediez .
Pardonnez , Enfans d'Efculape ,
Si malgré moi la verité m'échappe.
Ce ne fut tout , la Faculté
Au même temps s'avifa de répandre ,
Que du Rhume public , qui n'avoit point tâté ,
N'avoit rien perdu pour attendre.
Sur la fin du prochain Eté ,
Brufque accident devoit lui prendre ,
Dont il feroit furement emporté.
Le Ciel ainfi l'avoit dicté.
Tel pronoftic parut fi ridicule ,
Qu'aucun ne crut à ce difcours.
Une femme ( ce fexe eft par fois bien crédule )
Le tint pour veridique & trembla pour ces jours.
Quoi ! je mourrois, dit-elle , & cela par ma faute !
Non , ma foi , non , je ne fuis pas fi fotte.
Ca, vite , enrhumons-nous. Dire comme elle fit,
N'eft pas , je penſe , un point fort neceffaire ;
Quoiqu'il en foit , le Rhume la faifit ,
Puis la fievre. On prélude , on décoche un Cliftere,
Onfaigne au bras, au pied , on purge avec vigueur;
Bref, tant fut operé fur elle ,
Qu'au bout de trois jours la femelle
A fes ayeux fut conter fon malheur.
Aux decrets que le Ciel difpenfe ,
Foibles Mortels , foumettons -nous ,
Tel penfe détourner fes coups ,
Qui le plus fouvent les avance.
Ans le cours d'un Hyver plus doux qu'à
Dans
Pordinaire ,
Survint un Rhume general.
L'enfant dans fon berceau , la grande foeur , l'a
mere ,
Tout fut atteint du même mal .
Ni régime , ni prévoyance ,
Ne purent empêcher que de l'Aftre pervers ,
L. Vol. O'n
JUIN. 1101 1730.
On ne fentit au loin la maligne influence.
Il enrhuma toute la France ,
Il enrhuma tout l'Univers.
Dans les Citez où l'on fe picque ,
De varier les doux amuſemens ,
Plus de plaifirs , plus de Mufique.
Pour y parler tendreffe ou politique ,
Plus on ne s'affembloit ; ou fi de temps en temps
Des cercles s'y formoient encore ,
C'étoit pitié d'y figurer.
Propos entrecoupez qui ne pouvoient éclore ,
Bruit à vous rendre fourd ; on n'y pouvoit durer,
L'Amant touffoit auprès de fa Maîtreffe ,
La femme au nez de fon mari ;
Il n'étoit égards ni tendreffe ,
Qui contint ce charivari.
Thémis fut fur le point d'abandonner fon'Temple,
Ses Oracles prefque muets ,
Articuloient à peine fes decrets.
Chofe inouie à fon exemple ,
La Chicane fe tut , pour foutenir les droits ,
Tous fes Supports furent fans voix .
Heureux fi d'une telle engeance ,
Ce Rhume pour jamais avoit purgé la France.
Enfin chacun tapi chez foi ,
Quoiqu'il pút arriver s'y tenoit clos & coy ;
Nul n'en mourut , hors ceux qui pleins d'impatience
,
A nos Purgons , pour s'être confiez ,
2. Vol. Par
1102 MERCURE DE FRANCE
Par de lourds quiproco , furent expediez .
Pardonnez , Enfans d'Efculape ,
Si malgré moi la verité m'échappe.
Ce ne fut tout , la Faculté
Au même temps s'avifa de répandre ,
Que du Rhume public , qui n'avoit point tâté ,
N'avoit rien perdu pour attendre.
Sur la fin du prochain Eté ,
Brufque accident devoit lui prendre ,
Dont il feroit furement emporté.
Le Ciel ainfi l'avoit dicté.
Tel pronoftic parut fi ridicule ,
Qu'aucun ne crut à ce difcours.
Une femme ( ce fexe eft par fois bien crédule )
Le tint pour veridique & trembla pour ces jours.
Quoi ! je mourrois, dit-elle , & cela par ma faute !
Non , ma foi , non , je ne fuis pas fi fotte.
Ca, vite , enrhumons-nous. Dire comme elle fit,
N'eft pas , je penſe , un point fort neceffaire ;
Quoiqu'il en foit , le Rhume la faifit ,
Puis la fievre. On prélude , on décoche un Cliftere,
Onfaigne au bras, au pied , on purge avec vigueur;
Bref, tant fut operé fur elle ,
Qu'au bout de trois jours la femelle
A fes ayeux fut conter fon malheur.
Aux decrets que le Ciel difpenfe ,
Foibles Mortels , foumettons -nous ,
Tel penfe détourner fes coups ,
Qui le plus fouvent les avance.
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Résumé : LE RHUME A LA MODE.
Le texte relate une épidémie de rhume survenue durant un hiver doux, touchant toute la population, des enfants aux personnes âgées. Malgré les mesures de prévention, le rhume se propagea en France et à l'international, perturbant les activités quotidiennes et les divertissements. Les rassemblements sociaux diminuèrent et même les institutions judiciaires furent affectées. Les gens furent contraints de rester chez eux, et ceux qui tentèrent de se soigner avec des purgatifs en moururent. La Faculté de médecine prévoyait un sort fatal pour ceux n'ayant pas encore contracté le rhume, mais cette prédiction fut ignorée. Une femme, croyant à cette prédiction, s'enrhuma volontairement et fut soignée par des méthodes agressives comme des saignées et des purgatifs, ce qui la tua. Le texte conclut sur l'inutilité de tenter d'éviter les décrets du ciel.
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91
p. 1103-1109
OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
Début :
Je crois que M. Petit est trop judicieux pour me sçavoir mauvais gré de quelques Observations [...]
Mots clefs :
Cataracte, Sang, Académie royale des sciences, Maladie, Oeil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
OBSERVATIONS fur la feconde
Lettre imprimée de M. Petit , Docteur
en Medecine , & de l'Académie Royale
des Sciences.
JE
E crois que M. Petit efttrop judicieux pour me
fçavoir mauvais gré de quelques Obfervations
que je prends la liberté de faire fur fa feconde
Lettre à M. Hecquet. Je fuis même tellement perfuadé
qu'il eft au-deffus de la prévention & de
la hauteur pédentefque qui indifpofent les hommes
naturellement contre ceux qui ont la hardieffe
de dire que nous nous fommes trompez ,
que j'ofe avec affurance lui offrir mes Remarques;
il les recevra, fans doute, en bonne part, puifqu'en
les lui préfentant je n'ai d'autre motif que mon
inftruction & le bien du Public.
Il n'y a pas lieu d'être furpris de ce qui a été avancé
par le celebre M.Hecquet,touchant la naiffance
des Cataractes cryftallines ; car quand il rapporte
que le fang, iorfqu'il dégenere de fon état naturel,
eft capable de ternir & d'obfcurcir toutes les humeurs
de l'oeil , en leur ôtant leurs tranſparences
& brillant , il ne dit rien que de vrai. En effet,
quoi de plus commun que de voir des Cataractes
cryftallines fe produire par la fuppreffion des Regles
, que le Sexe ne fouftre que trop fouvent ; qui
ne conviendra que cette maladie en corrompant
la male du fang , ne foit capable de former des
obstructions dans l'humeur cryftalline, & de caufer
des Cataractes De plus , ceux qui menent une
vie trop fédentaire , ne font-ils pas aufli fort fujets
à cette maladie Oculaire ? parce qu'elle favo-
→ 1. Vol.
rife
1104 MERCURE DE FRANCE
•
rife beaucoup l'amas des fuperfluités impures
qui feconfondent dans la maffe du fang, & dorit
il ne peut fe dégager ? Les hommes livrez aux
plaifirs de la table & à la débauche du fexe , n'y
font-ils pas bien fujets , puifque l'excès de la
bonne chere & du vin , augmentent trop le vo-
Jume du fang ; & le vin l'épaiffiffant contre nature
, le dépouille du Vehicule pur & fpiritueux
qui lui eft neceffaire pour entretenir la circulation
libre pour la nourriture de toutes les parties de
notre corps ? Pour revenir à la débauche du fexe,
elle appauvrit le fang & lui derobe un fluide le
plus animé & le plus fpiritueux de tous les liquides
du corps, qui entretient le Méchaniſme de
l'animal par l'ofcillation des Solides. Ne doit - on
pas conclure que l'épaiffiffement du fang contribue
à produire ces fortes de Cataractes cryftallines,
parce qu'en rendant la circulation trop lente,
& le brifement des parties folides du fang ne fe
faifant pas à propos , la Lymphe devient trop
groffiere & trop épaiffe pour être reportée par
les vaiffeaux abducteurs dans la voye de la circulation
, & le récrément qui en refte produit des
Cataractes de deux fortes , & quelquefois des
glaucômes de l'humeur vitrée , dont feu M. Lancifi
, Medecin du Pape , & après lui M. Heifter ,
ont produit plufieurs experiences.
Si M. Petit avoit fait plus d'attention à la
propofition, lorfqu'il dit qu'une Cataracte membraneufe
ne peut être abbattue fans déchirer la
Capfule du Chryftallin , il ne fe feroit pas expliqué
de cette maniere ; il fe feroit fouvenu que
dans fa premiere Lettre imprimée , page 8. il déclare
qu'il n'en connoît point , & qu'il n'en a jamais
vû. Comment pourroit-on faire pour déchirer
la Capfule du Cryftallin , puifque cette Caaracte
n'y eft pas adherente ? il faudroit être
·
1. Vol.
bien
JUI N. 1730 . 1105
bien peu verfé dans cetteOperation ,pour faire une
pareille bévûë ; s'il y avoit donc quelque chofe à
craindre , ce feroit d'endommager l'Ủvée plutôt
que la Capfule du Cryftallin , puifque cette Ca-.
taracte y eft quelquefois adherente , en tout , ou
en partie.
M. Petit dit encore à la page 15. que l'Operation
de la Cataracte Cryſtalline eft vingt fois
moins dangereufe que celle de la Cataracte Membraneufe,
fuppofé qu'il y en eût, & qu'on put les
diftinguer des Cryſtallines. Cet Ecrivain ne me
paroît pas bien fondé en parlant ainfi ; car il ne
devroit pas porter un jugement fi affirmatif fur
une matiere dont il avoue n'avoir point de connoiffance,
& qu'il nie abfolument.
Quel avantage M. Petit peut-il tirer, en avançant
qu'il y a vingt fois plus de Cataractes Cryltallines
que
de Membraneufes , ce qu'il a pris des
Differtations Ophthalmiques de M. de Woolouſe,
qui a fait cette découverte le premier ; y a-t- il la
moindre difpute à faire ? tout le monde n'en convient-
il pas prefentement ? peut- on faire une pareille
difficulté ? S'il n'y avoit que ce point à réfoudre
, on feroit bien - tôt d'accord , puifqu'on
n'en peut pas difconvenir ; mais la pluralité des
Cataractes Cryſtallines ne détruit aucunement l'éxiſtence
des Membraneuſes , puiſque l'experience
fait voir qu'il s'en rencontre de temps à autre.
J'en ai vû moi - même , comme je l'ai rapporté
dans le Mercure de France du mois de Decembre
1728. premier volume,page 2592. M. Rauffin
le pere , ancien Chirurgien Oculifte de Châlons
, & très- experimenté , & plufieurs autres,
n'en ont- ils pas rencontré dans leur pratique? Si
M. Petit veut en être convaincu à n'en plus douter,
il trouvera plufieurs Journaux de Trevoux,
qui en ont cité nombre d'experiences autentiques.
7
Is Vol.
C Je
1106 MERCURE DE FRANCE
Je fuis d'accord avec M. Petit que la Cataracte
Cryftalline peut auffi quelquefois fe former par
une forte contraction des Mufeles des Membranes
de l'oeil qui compriment le Cryſtallin en raprochant
fes parties, & en y faifant une forte com .
preffion ; or le Systême de M. Hecquet eft done
plus conftant & plus probable , lorfqu'il affure
que l'oeil étant affailli par trop de fang ou de
lymphe, fait un embarras dans les Vaiffeaux , un
amas & dépôt dans les chambres de l'oeil , les fucs
venant à s'accumuler & à y croupir trop longtems,
ne manquent pas,en l'épaiffiffant, d'obfcurcir
le Cryftallin, & de former une Cataracte Cryſtalline.
Les Veaux ne font- ils pas des animaux les
plus fujets à cette maladie fpecifique de l'oeil ,
c'eft- à - dire , aux Glaucômes qu'on veut appeller
aujourd'hui ( quoique mal à propos ) Cataractes
Cryftallines ; eft -ce par la contraction des Mufcles
& des Membranes de l'oeil qu'elle leur vient ?
peut-on dire que cette Contraction eft excitée par
feur attention ou application , comme notre Académicien
le prétend ? C'est donc une confequence
évidente de dire que les Cataractes Cryſtallines
fe forment ordinairement par la trop grande
abondance des fucs accumulez qui y croupiffent ,
& qui obfcurciffent le Cryftallin , & forment enfuite
des Cataractes Crystallines ; enforte que
l'Hypothefe de M. Hecquet me paroît la plus
naturelle & la meilleure , & ne fouffre aucune
difficulté , puifqu'elle eft prouvée par l'experience
des yeux des Veaux, qui eft inconteftable, & dont
tout le monde peut fe convaincre .
Le Crystallin fe deffeche quelquefois dans l'oeil,
comme on obferve dans de vieux Chiens domeftiques
& les Chevaux , fans que la diminution
des humeurs naturelles y ait aucune part , pour
lors il fe déchatonne, fe couche ou s'attache, jufques
D
at
JUIN. 1730. [ 107
ques fur les fibres pofterieures de l'Iris, comme je
l'ai vu arriver à une fille nommée Marguerite
Drouet , âgée d'environ 30 années , je ne puis
attribuer la caufe de ce deffechement du Cryſtallin
qu'au deffechement & détachement des Vaiffeaux
qui environnent fa Membrane , lefquels ,
faute de nourriture , fe flétriffent.
Si M. Petit avoit pouffé plus loin fa Reflexion
dans fa Réponse à Mrs Hecquet & Morgagni ,
qui difent qu'il fe trouve une eau au centre du
Cryftallin , & que la furface anterieure de cette
humeur fe trouve baignée , il fe feroit bien gardé
de s'exprimer de cette maniere , en difant : Je ne
erois pas que qui que ce foit ait jamais obfervé
une eau au centre du Cryftallin , non pas même
M. Morgagni , cela ne ſe trouve ni chez les
Anciens, ni chez les Modernes. Puifque M. Pecic
lui-même affure à la page 5. de fa premiere Lettre
imprimée , que le Crystallin eft toûjours hu
mecté d'une petite quantité de liqueur , fans qu'il
fe trouve une eau à fon centre , ni fans qu'il en
foit baigné , cela paroît oppofé , ou bien il faut
renoncer à tous les Principes ; il dit encore à la
page. 14. de fa feconde Lettre imprimée , que le
Crystallin eft pour l'ordinaire féparé de fa Capfule
par une très - petite quantité de liqueur qui
fe trouve renfermée dans fa Capfule ; après des
preuves fi claires, produites par l'Auteur , tirées
de fes Ouvrages , peut- on avoir encore quelques
doutes fur le Systême de Mrs Hecquet & Morgagui
n'eft-il pas fuffifamment prouvé ? è
M. Hecquet raifonne fort jufte fur l'Operation
de la Cataracte pour en faire voir toutes les difficultez
, & combien les fignes & les fymptomes
en font incertains & équivoques ; car, quand il dit
qu'il eft très- difficile de connoître le point de
maturité de ces fortes de Cataractes , il n'avance
Cij rien
1108 MERCURE DE FRANCE
rien qui ne foit bien connu de tous les bons Praticiens;
en effet, quand il s'agit de faire la difference
d'une Cataracte , de connoître fon état , fa fituation
, fon progrès , cela demande une experience
d'un nombre confiderable d'années que M. Petit
n'a point , puifqu'il eft nouvellement Oculifte ,
quoique Medecin de plufieurs années .
Lorfque M. Hecquet veut chercher les moyens
d'éviter cette Operation , c'eft qu'il eſt bien perfuadé
que ( quoiqu'elle ne faffe pas mourir ) elle
eft fouvent caufe que les Malades fouffrent longtemps
de grandes douleurs , furtout quand ils
tombent entre les mains de Chirurgiens Oculif
tes , qui ne fçavent pas la ftructure de l'oeil , &
qui ignorent les précautions qu'on doit prendre
avant que de l'entreprendre , & la maniere de la
faire.
Il eft vrai que M. Hecquet propofe la Paracenthèfe
comme un moyen utile pour prévenir la
Cataracte , ce remede feroit d'un grand fecours
fi les perfonnes à qui on le propoſe , avoient affez
de réfolution & de courage pour ſe ſoumettre à
cette ancienne Operation , qui les mettroit pourtant
à couvert de l'aveuglement ; mais comme
dans nos jours on eft trop délicat , & que le feul
nom d'une Operation fait peur , je me fers d'un
autre expedient qui m'a fort fouvent réüſſi dans
toutes fortes de Cataractes naiffantes , c'eſt une
compreffe trempée dans une liqueur de ma façon
& appliquée fur l'oeil fermé pendant une heure ;
fi on veut voir un effet plus confiderable , il faut
réiterer, en faisant tremper la même compreffe, &
faire la même application , les malades pour lors
trouveront un foulagement notable ; il faut continuer,
pendant huit jours, foir & matin; on peut
compter que par ce Remede que j'ai fouvent
expérimenté , la Cataracte fera entierement diffipée,
JUIN. 1730. 1109
fipée. Si elle étoit plus avancée dans fa maturité,
il la fixeroit au moins, & en empêcheroit le progrès
, à moins que la douleur de tête & migraine
n'affligeaflent fans ceffe les Malades.
J'ofe me flatter que le celebre M. Petit me fera
P'honneur d'une Replique avec fa politeffe ordinaire
, dont je lui tiendrai compte , & il me trouyera
plus docile & plus flexible que ce Sçavant
du premier ordre , avec lequel il eft en difpute
& qui s'eft retiré du monde pour ne fonger qu'à
fon falut ; deforte que M. Petit auroit pû s'épargner
la peine de dire qu'il n'auroit pas dorenavant
le temps de répondre aux Répliques de
M. Hecquet , au cas qu'il veuille en faire.
Par M. Blanchard , Prêtre du Diocèfe
de Châlons , Chapelain de l'Eglife Collegiale
de Notre- Dame.
Lettre imprimée de M. Petit , Docteur
en Medecine , & de l'Académie Royale
des Sciences.
JE
E crois que M. Petit efttrop judicieux pour me
fçavoir mauvais gré de quelques Obfervations
que je prends la liberté de faire fur fa feconde
Lettre à M. Hecquet. Je fuis même tellement perfuadé
qu'il eft au-deffus de la prévention & de
la hauteur pédentefque qui indifpofent les hommes
naturellement contre ceux qui ont la hardieffe
de dire que nous nous fommes trompez ,
que j'ofe avec affurance lui offrir mes Remarques;
il les recevra, fans doute, en bonne part, puifqu'en
les lui préfentant je n'ai d'autre motif que mon
inftruction & le bien du Public.
Il n'y a pas lieu d'être furpris de ce qui a été avancé
par le celebre M.Hecquet,touchant la naiffance
des Cataractes cryftallines ; car quand il rapporte
que le fang, iorfqu'il dégenere de fon état naturel,
eft capable de ternir & d'obfcurcir toutes les humeurs
de l'oeil , en leur ôtant leurs tranſparences
& brillant , il ne dit rien que de vrai. En effet,
quoi de plus commun que de voir des Cataractes
cryftallines fe produire par la fuppreffion des Regles
, que le Sexe ne fouftre que trop fouvent ; qui
ne conviendra que cette maladie en corrompant
la male du fang , ne foit capable de former des
obstructions dans l'humeur cryftalline, & de caufer
des Cataractes De plus , ceux qui menent une
vie trop fédentaire , ne font-ils pas aufli fort fujets
à cette maladie Oculaire ? parce qu'elle favo-
→ 1. Vol.
rife
1104 MERCURE DE FRANCE
•
rife beaucoup l'amas des fuperfluités impures
qui feconfondent dans la maffe du fang, & dorit
il ne peut fe dégager ? Les hommes livrez aux
plaifirs de la table & à la débauche du fexe , n'y
font-ils pas bien fujets , puifque l'excès de la
bonne chere & du vin , augmentent trop le vo-
Jume du fang ; & le vin l'épaiffiffant contre nature
, le dépouille du Vehicule pur & fpiritueux
qui lui eft neceffaire pour entretenir la circulation
libre pour la nourriture de toutes les parties de
notre corps ? Pour revenir à la débauche du fexe,
elle appauvrit le fang & lui derobe un fluide le
plus animé & le plus fpiritueux de tous les liquides
du corps, qui entretient le Méchaniſme de
l'animal par l'ofcillation des Solides. Ne doit - on
pas conclure que l'épaiffiffement du fang contribue
à produire ces fortes de Cataractes cryftallines,
parce qu'en rendant la circulation trop lente,
& le brifement des parties folides du fang ne fe
faifant pas à propos , la Lymphe devient trop
groffiere & trop épaiffe pour être reportée par
les vaiffeaux abducteurs dans la voye de la circulation
, & le récrément qui en refte produit des
Cataractes de deux fortes , & quelquefois des
glaucômes de l'humeur vitrée , dont feu M. Lancifi
, Medecin du Pape , & après lui M. Heifter ,
ont produit plufieurs experiences.
Si M. Petit avoit fait plus d'attention à la
propofition, lorfqu'il dit qu'une Cataracte membraneufe
ne peut être abbattue fans déchirer la
Capfule du Chryftallin , il ne fe feroit pas expliqué
de cette maniere ; il fe feroit fouvenu que
dans fa premiere Lettre imprimée , page 8. il déclare
qu'il n'en connoît point , & qu'il n'en a jamais
vû. Comment pourroit-on faire pour déchirer
la Capfule du Cryftallin , puifque cette Caaracte
n'y eft pas adherente ? il faudroit être
·
1. Vol.
bien
JUI N. 1730 . 1105
bien peu verfé dans cetteOperation ,pour faire une
pareille bévûë ; s'il y avoit donc quelque chofe à
craindre , ce feroit d'endommager l'Ủvée plutôt
que la Capfule du Cryftallin , puifque cette Ca-.
taracte y eft quelquefois adherente , en tout , ou
en partie.
M. Petit dit encore à la page 15. que l'Operation
de la Cataracte Cryſtalline eft vingt fois
moins dangereufe que celle de la Cataracte Membraneufe,
fuppofé qu'il y en eût, & qu'on put les
diftinguer des Cryſtallines. Cet Ecrivain ne me
paroît pas bien fondé en parlant ainfi ; car il ne
devroit pas porter un jugement fi affirmatif fur
une matiere dont il avoue n'avoir point de connoiffance,
& qu'il nie abfolument.
Quel avantage M. Petit peut-il tirer, en avançant
qu'il y a vingt fois plus de Cataractes Cryltallines
que
de Membraneufes , ce qu'il a pris des
Differtations Ophthalmiques de M. de Woolouſe,
qui a fait cette découverte le premier ; y a-t- il la
moindre difpute à faire ? tout le monde n'en convient-
il pas prefentement ? peut- on faire une pareille
difficulté ? S'il n'y avoit que ce point à réfoudre
, on feroit bien - tôt d'accord , puifqu'on
n'en peut pas difconvenir ; mais la pluralité des
Cataractes Cryſtallines ne détruit aucunement l'éxiſtence
des Membraneuſes , puiſque l'experience
fait voir qu'il s'en rencontre de temps à autre.
J'en ai vû moi - même , comme je l'ai rapporté
dans le Mercure de France du mois de Decembre
1728. premier volume,page 2592. M. Rauffin
le pere , ancien Chirurgien Oculifte de Châlons
, & très- experimenté , & plufieurs autres,
n'en ont- ils pas rencontré dans leur pratique? Si
M. Petit veut en être convaincu à n'en plus douter,
il trouvera plufieurs Journaux de Trevoux,
qui en ont cité nombre d'experiences autentiques.
7
Is Vol.
C Je
1106 MERCURE DE FRANCE
Je fuis d'accord avec M. Petit que la Cataracte
Cryftalline peut auffi quelquefois fe former par
une forte contraction des Mufeles des Membranes
de l'oeil qui compriment le Cryſtallin en raprochant
fes parties, & en y faifant une forte com .
preffion ; or le Systême de M. Hecquet eft done
plus conftant & plus probable , lorfqu'il affure
que l'oeil étant affailli par trop de fang ou de
lymphe, fait un embarras dans les Vaiffeaux , un
amas & dépôt dans les chambres de l'oeil , les fucs
venant à s'accumuler & à y croupir trop longtems,
ne manquent pas,en l'épaiffiffant, d'obfcurcir
le Cryftallin, & de former une Cataracte Cryſtalline.
Les Veaux ne font- ils pas des animaux les
plus fujets à cette maladie fpecifique de l'oeil ,
c'eft- à - dire , aux Glaucômes qu'on veut appeller
aujourd'hui ( quoique mal à propos ) Cataractes
Cryftallines ; eft -ce par la contraction des Mufcles
& des Membranes de l'oeil qu'elle leur vient ?
peut-on dire que cette Contraction eft excitée par
feur attention ou application , comme notre Académicien
le prétend ? C'est donc une confequence
évidente de dire que les Cataractes Cryſtallines
fe forment ordinairement par la trop grande
abondance des fucs accumulez qui y croupiffent ,
& qui obfcurciffent le Cryftallin , & forment enfuite
des Cataractes Crystallines ; enforte que
l'Hypothefe de M. Hecquet me paroît la plus
naturelle & la meilleure , & ne fouffre aucune
difficulté , puifqu'elle eft prouvée par l'experience
des yeux des Veaux, qui eft inconteftable, & dont
tout le monde peut fe convaincre .
Le Crystallin fe deffeche quelquefois dans l'oeil,
comme on obferve dans de vieux Chiens domeftiques
& les Chevaux , fans que la diminution
des humeurs naturelles y ait aucune part , pour
lors il fe déchatonne, fe couche ou s'attache, jufques
D
at
JUIN. 1730. [ 107
ques fur les fibres pofterieures de l'Iris, comme je
l'ai vu arriver à une fille nommée Marguerite
Drouet , âgée d'environ 30 années , je ne puis
attribuer la caufe de ce deffechement du Cryſtallin
qu'au deffechement & détachement des Vaiffeaux
qui environnent fa Membrane , lefquels ,
faute de nourriture , fe flétriffent.
Si M. Petit avoit pouffé plus loin fa Reflexion
dans fa Réponse à Mrs Hecquet & Morgagni ,
qui difent qu'il fe trouve une eau au centre du
Cryftallin , & que la furface anterieure de cette
humeur fe trouve baignée , il fe feroit bien gardé
de s'exprimer de cette maniere , en difant : Je ne
erois pas que qui que ce foit ait jamais obfervé
une eau au centre du Cryftallin , non pas même
M. Morgagni , cela ne ſe trouve ni chez les
Anciens, ni chez les Modernes. Puifque M. Pecic
lui-même affure à la page 5. de fa premiere Lettre
imprimée , que le Crystallin eft toûjours hu
mecté d'une petite quantité de liqueur , fans qu'il
fe trouve une eau à fon centre , ni fans qu'il en
foit baigné , cela paroît oppofé , ou bien il faut
renoncer à tous les Principes ; il dit encore à la
page. 14. de fa feconde Lettre imprimée , que le
Crystallin eft pour l'ordinaire féparé de fa Capfule
par une très - petite quantité de liqueur qui
fe trouve renfermée dans fa Capfule ; après des
preuves fi claires, produites par l'Auteur , tirées
de fes Ouvrages , peut- on avoir encore quelques
doutes fur le Systême de Mrs Hecquet & Morgagui
n'eft-il pas fuffifamment prouvé ? è
M. Hecquet raifonne fort jufte fur l'Operation
de la Cataracte pour en faire voir toutes les difficultez
, & combien les fignes & les fymptomes
en font incertains & équivoques ; car, quand il dit
qu'il eft très- difficile de connoître le point de
maturité de ces fortes de Cataractes , il n'avance
Cij rien
1108 MERCURE DE FRANCE
rien qui ne foit bien connu de tous les bons Praticiens;
en effet, quand il s'agit de faire la difference
d'une Cataracte , de connoître fon état , fa fituation
, fon progrès , cela demande une experience
d'un nombre confiderable d'années que M. Petit
n'a point , puifqu'il eft nouvellement Oculifte ,
quoique Medecin de plufieurs années .
Lorfque M. Hecquet veut chercher les moyens
d'éviter cette Operation , c'eft qu'il eſt bien perfuadé
que ( quoiqu'elle ne faffe pas mourir ) elle
eft fouvent caufe que les Malades fouffrent longtemps
de grandes douleurs , furtout quand ils
tombent entre les mains de Chirurgiens Oculif
tes , qui ne fçavent pas la ftructure de l'oeil , &
qui ignorent les précautions qu'on doit prendre
avant que de l'entreprendre , & la maniere de la
faire.
Il eft vrai que M. Hecquet propofe la Paracenthèfe
comme un moyen utile pour prévenir la
Cataracte , ce remede feroit d'un grand fecours
fi les perfonnes à qui on le propoſe , avoient affez
de réfolution & de courage pour ſe ſoumettre à
cette ancienne Operation , qui les mettroit pourtant
à couvert de l'aveuglement ; mais comme
dans nos jours on eft trop délicat , & que le feul
nom d'une Operation fait peur , je me fers d'un
autre expedient qui m'a fort fouvent réüſſi dans
toutes fortes de Cataractes naiffantes , c'eſt une
compreffe trempée dans une liqueur de ma façon
& appliquée fur l'oeil fermé pendant une heure ;
fi on veut voir un effet plus confiderable , il faut
réiterer, en faisant tremper la même compreffe, &
faire la même application , les malades pour lors
trouveront un foulagement notable ; il faut continuer,
pendant huit jours, foir & matin; on peut
compter que par ce Remede que j'ai fouvent
expérimenté , la Cataracte fera entierement diffipée,
JUIN. 1730. 1109
fipée. Si elle étoit plus avancée dans fa maturité,
il la fixeroit au moins, & en empêcheroit le progrès
, à moins que la douleur de tête & migraine
n'affligeaflent fans ceffe les Malades.
J'ofe me flatter que le celebre M. Petit me fera
P'honneur d'une Replique avec fa politeffe ordinaire
, dont je lui tiendrai compte , & il me trouyera
plus docile & plus flexible que ce Sçavant
du premier ordre , avec lequel il eft en difpute
& qui s'eft retiré du monde pour ne fonger qu'à
fon falut ; deforte que M. Petit auroit pû s'épargner
la peine de dire qu'il n'auroit pas dorenavant
le temps de répondre aux Répliques de
M. Hecquet , au cas qu'il veuille en faire.
Par M. Blanchard , Prêtre du Diocèfe
de Châlons , Chapelain de l'Eglife Collegiale
de Notre- Dame.
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Résumé : OBSERVATIONS sur la seconde Lettre imprimée de M. Petit, Docteur en Medecine, & de l'Académie Royale des Sciences.
M. Blanchard, dans une lettre imprimée, répond aux observations de M. Petit, docteur en médecine et membre de l'Académie Royale des Sciences, concernant une lettre précédente de M. Petit adressée à M. Hecquet. Blanchard commence par exprimer son admiration pour la sagesse de M. Petit et son désir de contribuer à l'instruction et au bien public. Blanchard aborde la question des cataractes cristallines, soulignant que les propos de M. Hecquet sur leur origine sont fondés. Il explique que le sang, lorsqu'il dégénère, peut ternir et obscurcir les humeurs de l'œil, causant ainsi des cataractes. Il mentionne également que des facteurs comme la suppression des règles, une vie sédentaire, l'excès de nourriture et de vin, ainsi que la débauche sexuelle, peuvent contribuer à l'épaississement du sang et à la formation de cataractes. Blanchard critique M. Petit pour ses affirmations sur les cataractes membraneuses, notant que Petit admet ne pas en avoir vu ou connu. Il souligne que, bien que les cataractes cristallines soient plus fréquentes, les cataractes membraneuses existent bel et bien, comme le montrent diverses expériences et observations rapportées dans des journaux médicaux. Il approuve ensuite l'hypothèse de M. Hecquet selon laquelle les cataractes cristallines se forment souvent à cause de l'accumulation de sucres dans l'œil, citant l'exemple des veaux qui sont sujets aux glaucomes. Blanchard décrit également des cas où le cristallin se déplace dans l'œil sans diminution des humeurs naturelles, attribuant cela au flétrissement des vaisseaux environnants. Enfin, Blanchard discute de l'opération des cataractes, soulignant les difficultés et les risques associés, notamment lorsque l'opération est réalisée par des chirurgiens inexpérimentés. Il propose une alternative à la paracenthèse, consistant en une compresse imbibée d'une liqueur spécifique appliquée sur l'œil, pour prévenir ou traiter les cataractes naissantes. Blanchard conclut en espérant une réponse de M. Petit et en exprimant son respect pour les savants engagés dans la recherche médicale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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92
p. 1111-1119
LETTRE de M. le Tellier, Medecin de Peronne, sur l'abus des Remedes chauds.
Début :
Vous avez vû, Monsieur, mes nouveaux Essais sur l'Ame des Bêtes, [...]
Mots clefs :
Maladie, Remèdes, Sang, Vérole, Médecin, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. le Tellier, Medecin de Peronne, sur l'abus des Remedes chauds.
LETTRE de M. le Tellier , Medecin
de Peronne , fur l'abus des Remedes
Vo
chands.
Ous avez vû , Monfieur , mes nouveaux
Effais fur l'Ame des Bêtes ,
où je prétens établir que ce font de pures
Machines , je prends la liberté de vous
prefenter mes Reflexions touchant l'Extrait
d'un OuvrageAnglois fur la guériſon
des fievres par l'eau commune , qui ſe
trouve dans le Mercure de Fevrier 1724.
Il y a dans cet Extrait des particularitez
tout- à -fait dignes de remarque , & qui
méritent la plus foigneufe attention. Vous
trouverez bon que je prenne delà occafion
de relever un peu les abus qui fe
commettent dans l'ufage des Remedes
chauds.
1. Vol. Ciiij Rien
1112 MERCURE DE FRANCE
Rien de plus ordinaire , rien de plus
familier , chacun le fçait , que la pratique
des Cordiaux & des Drogues les plus brulantes
dans les maladies les plus ardentes,
telles que Petites Veroles , Rougeoles ,
Fievres malignes , pourprées , peftilentielles
, & la Pefte même , toutes maladies
revêtues du caractere de la plus cruelle
inflammation , & marquées , pour ainfi
dire , au coin de la Pierre infernale ; mais
en même-temps , quoi de plus finiftre &
de plus funefte que cette pratique ? Où
eft l'Axiome , que les contraires fe guériffent
par les contraires?& qu'eft devenue
la maxime qu'il faut rabattre les faillies
& réprimer l'impetuofité des Maladies ?
Le ravage affreux que fait ici la Petite
Verole , quand elle eft en regne , étonne
les Provinces où ce fleau ne fait pas
beaucoup près tant de dégats ; parce qu'on
l'y traite avec moins de fracas & moins
de pompe. On a vû les Campagnes à cet
égard plus heureufes que les Villes ; par
ce qu'elles étoient plus fimples & plus
paifibles , moins faftueufes & moins remuantes.
Les bonnes femmes qui n'avoient
pour regle en fanté que les befoins
modiques de la Nature , s'y regloient
, & s'y rapportoient auffi uniquement
en maladie. Economes dans les
remedes comme dans les alimens , elles
I. Vol
gućJUIN.
1730. 1113
guériffoient leurs enfans attaquez de petite
Verole , avec le petit lait pur & fimple
bû largement & prefque à toute heute.
Elles fembloient , conduites qu'elles
étoient au gré de la Nature , plutôt que
de leur caprice , avoir la Medecine par
inftinct , & dans le gout. machinal à l'inftar
des animaux guidez dans la recherche
de ce qui leur eft convenable par un penchant
ou une impulfion toute méchanique.
Mais quand on eut renoncé à l'ufage
du petit lait , pour y fubftituer le vin &
le Thériaque , alors , fuivant la Remarque
du celeble Lydenham , les petites Veroles
apprivoilées jufques - là , fe mutine
rent ; de dociles & de traitables qu'elles
étoient , elles devinrent malignes & meurtrieres.
Brufquées par les incendiaires &
les boute-feux , elles allumerent l'incendie
& ne refpirerent plus que le. carnage.
Les Turcs , à la faveur des Limonades &
du régime fimple , fobre & rafraîchiffant,
fe mettent en garde contre la Peſte , qui
ne difcontinue guere chez eux, mais qu'ils
entendent à faire venir à compoſition &
dont , grace à leur fobrieté , ils éludent .
les coups & fçavent triompher. M. Sidobre
, l'Eleve du fameux Barbeyrac un
des principaux ornemens de l'Ecole de
Montpellier , & l'Oracle des Medecins de
I.. Vol.
Cy for
4
1114 MERCURE DE FRANCE
fon temps , veut qu'on traite les petites
Veroles avec les Délayans , Calmans , Rafraîchiffans
pour baigner , arrofer &
réparer un fang que l'ardeur de la maladie
met à fec , qu'elle brule & qu'elle
confume , pour noyer des Sels âcres &
cauftiques , rabattre des Souffres exaltez &
développez , pour rappeller enfin le calme
& rétablir le bon ordre.
Mais un avantage à quoi les Dames:
pourront ouvrir les yeux & fe montrer
fenfibles , c'eft que le régime rafraîchif
fant épargne leurs agrémens , ménage
leurs graces , & donne moins d'atteinte:
à leurs attraits. Le fang rendu moins brulant
, moins cauftique , moins corrofif,,
produit un pus plus loüable , plus innocent
, qui fait fur la peau des impreffions
moins profondes, moins mordantes ,.
la ronge , la déchire moins , & n'eft pas
fi porté à laiffer les marques de fa fureur,
& les veftiges de fa malignité. On demande
des moyens , on cherche des fecrets
pour fauver les Lys & les Rofes du
venin de la maladie ; on s'amufe à des
Pomades , on s'arrête à des Huiles , tandis
que le grand fecret feroit d'adoucir
& de corriger l'acrimonie du fang , de le
temperer , de le rafraîchir , d'en calmer
l'ardeur , & d'en rabattre les faillies . Voilà
comme les fleurs du vifage pourroient
›
I. Vol.
échapJUIN.
1730. ITIS
échapper à la morfure de l'Afpic , qui
allarme tant les Belles , & fait la terreur de
la plus précieuſe partie du monde , & ce
ne feroit pas une petite confolation pour
un Sexe idolâtre de fes charmes , & qui
tremble autant pour la beauté que pour
la vie.
Si l'on faifoit le dénombrement des
Peftes qui ont ravagé l'Univers , on
trouveroit que celles qu'on a voulu dompter
par des échaufans , & que l'on a honoré
d'un fplendide & fingulier traitement
, ont été les plus rebelles & les plus
indomptables. La derniere Pefte de Marfeille
qui s'eft jouée ſi inſolemment des
Médecins , auroit peut- être perdu de fa
férocité fi on l'eût abaiffée & réduite à
une Cure aifée & naturelle , fans lui faire
l'honneur de l'attaquer par de pompeux
antidotes , & de fe guinder pour elle audeffus
des vûës ordinaires & des indications
accoûtumées. On tente de chaffer
un feu par un feu , on échaufe des corps
déja trop échaufez , on les met à la torture
, on acheve de les brûler. Y auroit-il
plus de rifque à jetter tous les Peftiferez
dans la Riviere , qu'à les faire paffer par
des feux fi dévorans ; & ne s'en fauveroitil
pas plus à la nage, qu'à travers les flammes
des Cordiaux ?
Le fang eft facré en temps de pefte , &
I. Vol. Cvj los
1116 MERCURE DE FRANCE:
les forces font ménagées au mépris de la
vie , au préjudice de la guérifon . On permet
au lang toutes fortes d'échapées , de
boutades, de dépôts , de congeftions. Tout
lui eft permis dans ces jours infortunez ;
il eft deffendu de le réprimer , de l'affoiblir
, de le diminuer dans l'excès de fon
volume , de l'arrêter dans la rapidité de
fon cours ; il faut le laiffer engager dans
les vifceres , l'y précipiter même à toutes
forces , & lui donner la liberté de porter
à l'économie animale le coup mortel qu'il
prépare. Cependant la Pefte fait fon chemin
hardiment , rien ne l'arrête ; une défolation
generale accompagne & fuit fes
pas. On pourroit pourtant s'y oppoſer,&
le moyen , ce femble , de mieux réüffir à
déconcerter ce fléau , ce feroit de s'y prendre
plus fimplement , de l'attaquer fans
tant de façons , à moins de frais & fans
beaucoup de bruit. A ce compte la faignée
feroit merveilles , & l'on verroit à
coup sûr couler moins de larmes , fi l'on
répandoit plus de fang. L'eau feroit auffi
d'un grand ſecours , tant pour la préſervation
que pour la guérifon , comme il
eft fort bien remarqué dans l'Extrait que
vous avez inféré , Meffieurs , dans le Mercure
déja cité , & qui donne lieu à cette
Differtation. Mais quoi ! réduire à l'eau
les Grands comme les petits , & contenir
IVol. dans.
JUIN. 1730. 117
dans un genre de vie fi chetif des gens qui
veulent faire auffi belle figure au lit qu'à
table , qui veulent briller en toute fituation
& le faire traiter auffi fplendidement
en maladie qu'en fanté. Qu'on les traite
donc comme ils veulent , & ils mourront
comme ils doivent. Il faut à la diftinction
de leur rang une pratique diftinguée.
Il eft bien plus noble & plus digne
d'eux de périr avec l'or potable , que de
réchaper avec l'eau .. Cependant quelle
douleur de voir ainfi moiffonner nos
têtes les plus auguftes & les plus précieuſes
, moins par le Glaive de la maladie
, que par les traits envenimez des
remedes ! Qu'il eft trifte que le Monarque
périffe où le fauve un Goujat ! Et qu'il
eft fâcheux pour ce grand équipage de
Médecine , ce grand attirail de remedes
de la haute volée pour la pratique fal
tueuse , enfin de n'avoir fur la pratique
fimple , rafraîchiffante , calmante & du
goût de la nature que le miférable avantage
, ce malheureux relief , de compter
d'illuftres victimes , & d'être fignalée par
de nobles facrifices , tandis que l'autre
que des monumens obfcurs de fa
réüffite , & des fuccès qui n'ont pas autant
d'éclat que de bonheur.
n'a
3
Dans le même Mercure , à la page 257.
on voit une réponse à une . Lettre , qui
I. Vol.
fait ,
Trrs MERCURE DE FRANCE
fait , pour ainfi dire , faire un miracle à
l'Emetique dans la petite Vérole. Je me
fouviens à cette occafion d'un Medecin .
nommé Gurdelheimer , qui fit grand
bruit à la Cour de Berlin , & dont il eft
parlé avantageufement dans les Actes des
Savans de la même Ville. Il entreprenoit
la guérifon de la petite Vérole par des
Emétiques redoublez. Cette méthode , à
ce qu'on dit , lui réüffit à tel point, qu'il
s'acquit le nom d'Efculape de la petite
Vérole. Mais après avoir par cette voye ,
conduit les autres au port , il fit naufrage
lui-même. Attaqué d'une fiévre maligne
, il prit deux fois l'Emétique , &
mourut en convulfions le onze de fa ma--
ladie. Son difciple fe montra jufqu'au
tombeau , fidele imitateur de fon maître..
Etant tombé dans la même maladie , il ſe
traita de même , & mourut de même.
Voilà de quoi groffir le Martyrologe de
l'Antimoine , dreffé par Guy Patin. Telles
font les réfléxions que j'aià vous communiquer
fur l'abus des remedes chauds,
& fur l'excellence des aqueux calmans
délayans , rafraîchiffans. La pratique des
premiers me paroît incertaine , bizarre ,
infidéle , pour ne rien dire de plus ; &
dans la difpofition où je fuis de pourfuivre
ce deffein , & de donner là- deffus
une differtation complete ; je crois voir ,
1. Vol. finon
JUÍN. 1730. TITO
finon de quoi décrier les échaufans & les
profcrire , du moins de quoi les rendre
fufpects , les faire appréhender & les af
fujettir aux loix de la précaution la plus
foigneufe , & de la plus exacte circonfpection.
Vous me permettrez,Monfieur
de vous faire part d'un nouveau fruit de
mes études : J'ai entrepris une Critique
fur l'Emménologie de M. Freind Medecin
Anglois , où j'attaque le Syftême de
la rupture des vaiffeaux pour l'écoule
ment des mois , y fubftituant l'Hypothéfe
de l'intrufion du fang dans les canaux
lymphatiques. Je fuis , & c.-
de Peronne , fur l'abus des Remedes
Vo
chands.
Ous avez vû , Monfieur , mes nouveaux
Effais fur l'Ame des Bêtes ,
où je prétens établir que ce font de pures
Machines , je prends la liberté de vous
prefenter mes Reflexions touchant l'Extrait
d'un OuvrageAnglois fur la guériſon
des fievres par l'eau commune , qui ſe
trouve dans le Mercure de Fevrier 1724.
Il y a dans cet Extrait des particularitez
tout- à -fait dignes de remarque , & qui
méritent la plus foigneufe attention. Vous
trouverez bon que je prenne delà occafion
de relever un peu les abus qui fe
commettent dans l'ufage des Remedes
chauds.
1. Vol. Ciiij Rien
1112 MERCURE DE FRANCE
Rien de plus ordinaire , rien de plus
familier , chacun le fçait , que la pratique
des Cordiaux & des Drogues les plus brulantes
dans les maladies les plus ardentes,
telles que Petites Veroles , Rougeoles ,
Fievres malignes , pourprées , peftilentielles
, & la Pefte même , toutes maladies
revêtues du caractere de la plus cruelle
inflammation , & marquées , pour ainfi
dire , au coin de la Pierre infernale ; mais
en même-temps , quoi de plus finiftre &
de plus funefte que cette pratique ? Où
eft l'Axiome , que les contraires fe guériffent
par les contraires?& qu'eft devenue
la maxime qu'il faut rabattre les faillies
& réprimer l'impetuofité des Maladies ?
Le ravage affreux que fait ici la Petite
Verole , quand elle eft en regne , étonne
les Provinces où ce fleau ne fait pas
beaucoup près tant de dégats ; parce qu'on
l'y traite avec moins de fracas & moins
de pompe. On a vû les Campagnes à cet
égard plus heureufes que les Villes ; par
ce qu'elles étoient plus fimples & plus
paifibles , moins faftueufes & moins remuantes.
Les bonnes femmes qui n'avoient
pour regle en fanté que les befoins
modiques de la Nature , s'y regloient
, & s'y rapportoient auffi uniquement
en maladie. Economes dans les
remedes comme dans les alimens , elles
I. Vol
gućJUIN.
1730. 1113
guériffoient leurs enfans attaquez de petite
Verole , avec le petit lait pur & fimple
bû largement & prefque à toute heute.
Elles fembloient , conduites qu'elles
étoient au gré de la Nature , plutôt que
de leur caprice , avoir la Medecine par
inftinct , & dans le gout. machinal à l'inftar
des animaux guidez dans la recherche
de ce qui leur eft convenable par un penchant
ou une impulfion toute méchanique.
Mais quand on eut renoncé à l'ufage
du petit lait , pour y fubftituer le vin &
le Thériaque , alors , fuivant la Remarque
du celeble Lydenham , les petites Veroles
apprivoilées jufques - là , fe mutine
rent ; de dociles & de traitables qu'elles
étoient , elles devinrent malignes & meurtrieres.
Brufquées par les incendiaires &
les boute-feux , elles allumerent l'incendie
& ne refpirerent plus que le. carnage.
Les Turcs , à la faveur des Limonades &
du régime fimple , fobre & rafraîchiffant,
fe mettent en garde contre la Peſte , qui
ne difcontinue guere chez eux, mais qu'ils
entendent à faire venir à compoſition &
dont , grace à leur fobrieté , ils éludent .
les coups & fçavent triompher. M. Sidobre
, l'Eleve du fameux Barbeyrac un
des principaux ornemens de l'Ecole de
Montpellier , & l'Oracle des Medecins de
I.. Vol.
Cy for
4
1114 MERCURE DE FRANCE
fon temps , veut qu'on traite les petites
Veroles avec les Délayans , Calmans , Rafraîchiffans
pour baigner , arrofer &
réparer un fang que l'ardeur de la maladie
met à fec , qu'elle brule & qu'elle
confume , pour noyer des Sels âcres &
cauftiques , rabattre des Souffres exaltez &
développez , pour rappeller enfin le calme
& rétablir le bon ordre.
Mais un avantage à quoi les Dames:
pourront ouvrir les yeux & fe montrer
fenfibles , c'eft que le régime rafraîchif
fant épargne leurs agrémens , ménage
leurs graces , & donne moins d'atteinte:
à leurs attraits. Le fang rendu moins brulant
, moins cauftique , moins corrofif,,
produit un pus plus loüable , plus innocent
, qui fait fur la peau des impreffions
moins profondes, moins mordantes ,.
la ronge , la déchire moins , & n'eft pas
fi porté à laiffer les marques de fa fureur,
& les veftiges de fa malignité. On demande
des moyens , on cherche des fecrets
pour fauver les Lys & les Rofes du
venin de la maladie ; on s'amufe à des
Pomades , on s'arrête à des Huiles , tandis
que le grand fecret feroit d'adoucir
& de corriger l'acrimonie du fang , de le
temperer , de le rafraîchir , d'en calmer
l'ardeur , & d'en rabattre les faillies . Voilà
comme les fleurs du vifage pourroient
›
I. Vol.
échapJUIN.
1730. ITIS
échapper à la morfure de l'Afpic , qui
allarme tant les Belles , & fait la terreur de
la plus précieuſe partie du monde , & ce
ne feroit pas une petite confolation pour
un Sexe idolâtre de fes charmes , & qui
tremble autant pour la beauté que pour
la vie.
Si l'on faifoit le dénombrement des
Peftes qui ont ravagé l'Univers , on
trouveroit que celles qu'on a voulu dompter
par des échaufans , & que l'on a honoré
d'un fplendide & fingulier traitement
, ont été les plus rebelles & les plus
indomptables. La derniere Pefte de Marfeille
qui s'eft jouée ſi inſolemment des
Médecins , auroit peut- être perdu de fa
férocité fi on l'eût abaiffée & réduite à
une Cure aifée & naturelle , fans lui faire
l'honneur de l'attaquer par de pompeux
antidotes , & de fe guinder pour elle audeffus
des vûës ordinaires & des indications
accoûtumées. On tente de chaffer
un feu par un feu , on échaufe des corps
déja trop échaufez , on les met à la torture
, on acheve de les brûler. Y auroit-il
plus de rifque à jetter tous les Peftiferez
dans la Riviere , qu'à les faire paffer par
des feux fi dévorans ; & ne s'en fauveroitil
pas plus à la nage, qu'à travers les flammes
des Cordiaux ?
Le fang eft facré en temps de pefte , &
I. Vol. Cvj los
1116 MERCURE DE FRANCE:
les forces font ménagées au mépris de la
vie , au préjudice de la guérifon . On permet
au lang toutes fortes d'échapées , de
boutades, de dépôts , de congeftions. Tout
lui eft permis dans ces jours infortunez ;
il eft deffendu de le réprimer , de l'affoiblir
, de le diminuer dans l'excès de fon
volume , de l'arrêter dans la rapidité de
fon cours ; il faut le laiffer engager dans
les vifceres , l'y précipiter même à toutes
forces , & lui donner la liberté de porter
à l'économie animale le coup mortel qu'il
prépare. Cependant la Pefte fait fon chemin
hardiment , rien ne l'arrête ; une défolation
generale accompagne & fuit fes
pas. On pourroit pourtant s'y oppoſer,&
le moyen , ce femble , de mieux réüffir à
déconcerter ce fléau , ce feroit de s'y prendre
plus fimplement , de l'attaquer fans
tant de façons , à moins de frais & fans
beaucoup de bruit. A ce compte la faignée
feroit merveilles , & l'on verroit à
coup sûr couler moins de larmes , fi l'on
répandoit plus de fang. L'eau feroit auffi
d'un grand ſecours , tant pour la préſervation
que pour la guérifon , comme il
eft fort bien remarqué dans l'Extrait que
vous avez inféré , Meffieurs , dans le Mercure
déja cité , & qui donne lieu à cette
Differtation. Mais quoi ! réduire à l'eau
les Grands comme les petits , & contenir
IVol. dans.
JUIN. 1730. 117
dans un genre de vie fi chetif des gens qui
veulent faire auffi belle figure au lit qu'à
table , qui veulent briller en toute fituation
& le faire traiter auffi fplendidement
en maladie qu'en fanté. Qu'on les traite
donc comme ils veulent , & ils mourront
comme ils doivent. Il faut à la diftinction
de leur rang une pratique diftinguée.
Il eft bien plus noble & plus digne
d'eux de périr avec l'or potable , que de
réchaper avec l'eau .. Cependant quelle
douleur de voir ainfi moiffonner nos
têtes les plus auguftes & les plus précieuſes
, moins par le Glaive de la maladie
, que par les traits envenimez des
remedes ! Qu'il eft trifte que le Monarque
périffe où le fauve un Goujat ! Et qu'il
eft fâcheux pour ce grand équipage de
Médecine , ce grand attirail de remedes
de la haute volée pour la pratique fal
tueuse , enfin de n'avoir fur la pratique
fimple , rafraîchiffante , calmante & du
goût de la nature que le miférable avantage
, ce malheureux relief , de compter
d'illuftres victimes , & d'être fignalée par
de nobles facrifices , tandis que l'autre
que des monumens obfcurs de fa
réüffite , & des fuccès qui n'ont pas autant
d'éclat que de bonheur.
n'a
3
Dans le même Mercure , à la page 257.
on voit une réponse à une . Lettre , qui
I. Vol.
fait ,
Trrs MERCURE DE FRANCE
fait , pour ainfi dire , faire un miracle à
l'Emetique dans la petite Vérole. Je me
fouviens à cette occafion d'un Medecin .
nommé Gurdelheimer , qui fit grand
bruit à la Cour de Berlin , & dont il eft
parlé avantageufement dans les Actes des
Savans de la même Ville. Il entreprenoit
la guérifon de la petite Vérole par des
Emétiques redoublez. Cette méthode , à
ce qu'on dit , lui réüffit à tel point, qu'il
s'acquit le nom d'Efculape de la petite
Vérole. Mais après avoir par cette voye ,
conduit les autres au port , il fit naufrage
lui-même. Attaqué d'une fiévre maligne
, il prit deux fois l'Emétique , &
mourut en convulfions le onze de fa ma--
ladie. Son difciple fe montra jufqu'au
tombeau , fidele imitateur de fon maître..
Etant tombé dans la même maladie , il ſe
traita de même , & mourut de même.
Voilà de quoi groffir le Martyrologe de
l'Antimoine , dreffé par Guy Patin. Telles
font les réfléxions que j'aià vous communiquer
fur l'abus des remedes chauds,
& fur l'excellence des aqueux calmans
délayans , rafraîchiffans. La pratique des
premiers me paroît incertaine , bizarre ,
infidéle , pour ne rien dire de plus ; &
dans la difpofition où je fuis de pourfuivre
ce deffein , & de donner là- deffus
une differtation complete ; je crois voir ,
1. Vol. finon
JUÍN. 1730. TITO
finon de quoi décrier les échaufans & les
profcrire , du moins de quoi les rendre
fufpects , les faire appréhender & les af
fujettir aux loix de la précaution la plus
foigneufe , & de la plus exacte circonfpection.
Vous me permettrez,Monfieur
de vous faire part d'un nouveau fruit de
mes études : J'ai entrepris une Critique
fur l'Emménologie de M. Freind Medecin
Anglois , où j'attaque le Syftême de
la rupture des vaiffeaux pour l'écoule
ment des mois , y fubftituant l'Hypothéfe
de l'intrufion du fang dans les canaux
lymphatiques. Je fuis , & c.-
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Résumé : LETTRE de M. le Tellier, Medecin de Peronne, sur l'abus des Remedes chauds.
M. le Tellier, médecin de Péronne, critique dans une lettre l'usage excessif des remèdes chauds, s'appuyant sur un extrait d'un ouvrage anglais publié dans le Mercure de février 1724. Il dénonce l'utilisation courante des cordiaux et des drogues brûlantes pour traiter des maladies inflammatoires telles que la petite vérole, la rougeole et la peste. Selon lui, cette pratique, bien que répandue, est souvent néfaste et contredit les principes médicaux de traiter les contraires par les contraires. Le Tellier observe que dans les campagnes, où les traitements sont plus simples et naturels, les maladies comme la petite vérole sont moins mortelles. Les guérisseuses y utilisent du petit lait pur pour soigner les enfants, une méthode plus en accord avec la nature. En revanche, l'introduction de remèdes plus agressifs comme le vin et la thériaque a aggravé les maladies. Il mentionne également que les Turcs, grâce à un régime simple et rafraîchissant, parviennent à se protéger contre la peste. M. Sidobre, un éminent médecin de Montpellier, recommande l'usage de délayants, calmants et rafraîchissants pour traiter la petite vérole. Le Tellier souligne que ces traitements rafraîchissants épargnent les agréments et les grâces des dames, produisant un pus moins corrosif et laissant moins de marques sur la peau. Il critique les méthodes pompeuses et coûteuses utilisées pour traiter la peste, qui souvent échouent. Le Tellier conclut en affirmant que les remèdes chauds sont incertains et dangereux, et qu'il est préférable d'utiliser des remèdes aqueux, calmants et rafraîchissants. Il mentionne également une critique qu'il a entreprise sur l'Emménologie de M. Freind, où il propose une nouvelle hypothèse sur l'écoulement des mois.
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93
p. 1176-1178
These de M. Falconet, sur l'Extraction de la Pierre, [titre d'après la table]
Début :
Le Jeudi 11. May 1730. on soûtint à Paris, dans les Ecoles de Médecine, une [...]
Mots clefs :
Écoles de médecine, Chirurgie, Soutenance de thèse, Pierre
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texteReconnaissance textuelle : These de M. Falconet, sur l'Extraction de la Pierre, [titre d'après la table]
Le Jeudi 11. May 1730. on foûtint à
Paris , dans les Ecoles de Médecine , une
Theſe de Chirurgie , pour autorifer une
nouvelle maniere d'ôter la Pierre de la
Veffie ; on donne à cette nouvelle méthode
de tailler , le nom d'Appareil Lateral
. Dans la premiere pofition de cette
Théfe , on explique la nature & la naiffance
des Pierres dans le corps humain .
Dans la feconde , on donne une fçavante
Deſcription Anatomique des parties expofées
à l'opération de la taille . (a) Mon-
(a ) M. Falconet Docteur Regent de la Faculté
de Médecine de Paris , Médecin confulsant
du Roy , eft fils de M. Falconet dont il eft
I. Vol. fieur
JUIN. 1730. 1177
fieur Falconet,dont l'érudition eft connue
de tous les Gens de Lettres, eft l'Auteur
de cette Theſe. Il y fait remarquer que
Celle dit , que la Veffie eft plus inclinée
du côté gauche que du droit ; il rapporte
les raifons de cette fituation , qu'il confirme
par plufieurs obfervations ; aucun
Anatomifte avant M. Falconet n'avoit
fait attention à cette fituation de la Vef
fie , quoique cela foit d'une grande con
féquence pour laTaille.Dans la troifiéme,
il décrit avec une grande erudition toutes
les differentes manieres de tailler, qui
ont été mifes en ufage dans tous les tems.
Dans la quatrième , il donne la maniere
d'exécuter furement l'Appareil Lateral ,
qu'il recommande ; & il remonte à toutes
les fources , pour trouver l'origine de
cette méthode , qu'il dit n'être aujour
d'hui que renouvellée ; il la fait voir dans
la méthode de Celfe (a ) , qui coupoit la
parlé dans les fameufes Lettres de Guy Patin
chez qui il étoit en penfion , lorfqu'il commençoit
à étudier la Médecine. On vit avec plaifir ce
venerable & refpectable Medecin affifter à une
partie de cet Acte , auquel M. fon fils préfidoit.
( a ) Celfe , Médecin Latin , vivoit dans le premier
fiecle, fous l'Empire de Tibere; il étoit Philofophe
de la Secte dAfclepiade , & eft loué par
Quintilien; il a écrit de la Rhétorique , de l'Art
Militaire, & huit Livres de Médecine que non's
avons encore,& que Jofeph Scaliger avoit eu def
I. Vol.
F tera
1178 MERCURE DEFRANCE ,
teralement fur la Pierre le Sphincter de
la Veffie , & une partie de la Veffie même;
fur tout , depuis que André de la
Croix , Medecin de Venife , & plufieurs
autres fe furent avifez d'introduire une
Sonde dans la Veffie , au lieu où l'on fai
foit defcendre la Pierre , pour couper
deffus.Ce que M.Falconet montre comme
une image de l'Appareil Lateral ; enfin il
rapporte comment cette méthode ayant
été introduite en France par un Hermite,
nommé Frere Jacques , M. Raw , Profeffeur
en Médecine , perfectionna cette
operation , & l'exerça lui - même en Hollande
avec un fuccès fi grand , que ce
fçavant Anatomifte, plufieurs années avant
fa mort , avoit guéri quinze cens taillez
lateralement. Dans la derniere pofition
M. Falconet compare les avantages & les
défavantages de toutes les méthodes , & il
conclut pour l'Appareil Lateral. Cette
queftion fut fçavamment agitée le jour de
la difpute ; on répondit pleinement à tou
tes les objections , & on foutînt avec force
les avantages de l'Appareil Lateral fus
toutes les autres méthodes de tailler.
fein de donner de nouveau au public, comme Voffius
le remarque; mais depuis Jean Antoine Vanderlinden
publia en 1657. les huit Livres de Cormelius
Celfus à Léïden.
Paris , dans les Ecoles de Médecine , une
Theſe de Chirurgie , pour autorifer une
nouvelle maniere d'ôter la Pierre de la
Veffie ; on donne à cette nouvelle méthode
de tailler , le nom d'Appareil Lateral
. Dans la premiere pofition de cette
Théfe , on explique la nature & la naiffance
des Pierres dans le corps humain .
Dans la feconde , on donne une fçavante
Deſcription Anatomique des parties expofées
à l'opération de la taille . (a) Mon-
(a ) M. Falconet Docteur Regent de la Faculté
de Médecine de Paris , Médecin confulsant
du Roy , eft fils de M. Falconet dont il eft
I. Vol. fieur
JUIN. 1730. 1177
fieur Falconet,dont l'érudition eft connue
de tous les Gens de Lettres, eft l'Auteur
de cette Theſe. Il y fait remarquer que
Celle dit , que la Veffie eft plus inclinée
du côté gauche que du droit ; il rapporte
les raifons de cette fituation , qu'il confirme
par plufieurs obfervations ; aucun
Anatomifte avant M. Falconet n'avoit
fait attention à cette fituation de la Vef
fie , quoique cela foit d'une grande con
féquence pour laTaille.Dans la troifiéme,
il décrit avec une grande erudition toutes
les differentes manieres de tailler, qui
ont été mifes en ufage dans tous les tems.
Dans la quatrième , il donne la maniere
d'exécuter furement l'Appareil Lateral ,
qu'il recommande ; & il remonte à toutes
les fources , pour trouver l'origine de
cette méthode , qu'il dit n'être aujour
d'hui que renouvellée ; il la fait voir dans
la méthode de Celfe (a ) , qui coupoit la
parlé dans les fameufes Lettres de Guy Patin
chez qui il étoit en penfion , lorfqu'il commençoit
à étudier la Médecine. On vit avec plaifir ce
venerable & refpectable Medecin affifter à une
partie de cet Acte , auquel M. fon fils préfidoit.
( a ) Celfe , Médecin Latin , vivoit dans le premier
fiecle, fous l'Empire de Tibere; il étoit Philofophe
de la Secte dAfclepiade , & eft loué par
Quintilien; il a écrit de la Rhétorique , de l'Art
Militaire, & huit Livres de Médecine que non's
avons encore,& que Jofeph Scaliger avoit eu def
I. Vol.
F tera
1178 MERCURE DEFRANCE ,
teralement fur la Pierre le Sphincter de
la Veffie , & une partie de la Veffie même;
fur tout , depuis que André de la
Croix , Medecin de Venife , & plufieurs
autres fe furent avifez d'introduire une
Sonde dans la Veffie , au lieu où l'on fai
foit defcendre la Pierre , pour couper
deffus.Ce que M.Falconet montre comme
une image de l'Appareil Lateral ; enfin il
rapporte comment cette méthode ayant
été introduite en France par un Hermite,
nommé Frere Jacques , M. Raw , Profeffeur
en Médecine , perfectionna cette
operation , & l'exerça lui - même en Hollande
avec un fuccès fi grand , que ce
fçavant Anatomifte, plufieurs années avant
fa mort , avoit guéri quinze cens taillez
lateralement. Dans la derniere pofition
M. Falconet compare les avantages & les
défavantages de toutes les méthodes , & il
conclut pour l'Appareil Lateral. Cette
queftion fut fçavamment agitée le jour de
la difpute ; on répondit pleinement à tou
tes les objections , & on foutînt avec force
les avantages de l'Appareil Lateral fus
toutes les autres méthodes de tailler.
fein de donner de nouveau au public, comme Voffius
le remarque; mais depuis Jean Antoine Vanderlinden
publia en 1657. les huit Livres de Cormelius
Celfus à Léïden.
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Résumé : These de M. Falconet, sur l'Extraction de la Pierre, [titre d'après la table]
Le 11 mai 1730, à Paris, M. Falconet, Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris et Médecin consultant du Roi, présenta une thèse sur une nouvelle méthode d'ablation de la pierre de la vessie, nommée 'Appareil Lateral'. La thèse se divise en plusieurs parties. La première explique la nature et la formation des pierres dans le corps humain. La seconde fournit une description anatomique détaillée des parties concernées par l'opération, soulignant que la vessie est plus inclinée du côté gauche que du droit, une observation inédite. La troisième partie décrit diverses méthodes de taille utilisées au fil du temps. La quatrième partie détaille la méthode de l'Appareil Lateral, recommandée par Falconet, et en retrace l'origine jusqu'à la méthode de Celse, un médecin latin du premier siècle. Falconet mentionne également l'introduction de cette méthode en France par un ermite nommé Frère Jacques et son perfectionnement par M. Raw en Hollande. La dernière partie compare les avantages et les inconvénients des différentes méthodes et conclut en faveur de l'Appareil Lateral. La discussion publique sur cette thèse fut marquée par une défense rigoureuse des avantages de cette nouvelle méthode.
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94
p. 1579-1580
Lettre sur le choix des Saignées, &c. [titre d'après la table]
Début :
LETTRES sur le choix des saignées, écrites par M. Julien Morisson, Docteur en [...]
Mots clefs :
Saignée, Médecin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre sur le choix des Saignées, &c. [titre d'après la table]
LETTRES fur le choix des faignées
écrites par M. Fulien Moriffon , Docteur en
Medecine , à Palnau en Bas Poitou ,
Medecin de la Faculté de Paris . A Paris ,
E iij chez
1580 MERCURE DE FRANCE
chez Chaubert , Quai des Auguftins , près
le Pont S. Michel , à la Renommée & à
la Prudence. brochure in 12. prix douze fols .
L'Auteur de ces Lettres qu'on pourroit
bien foupçonner être quelqu'autre
que celui dont elles portent le nom , ne
propofe ici les doutes & les difficultés
contre les differentes opinions des Medecins
en general que pour en attaquer plus
librement quelqu'un en particulier. L'Ouvrage
brillant fur le choix des faignées
dont il parle fur la fin de Ponziéme Lettre
, ne peut être autre que le Traité de
M. S ... quoiqu'il fuppofe ne le connoître
encore que par l'annonce qui lui en a
été faite par un Homme de Lettres il
eft aifé de fentir que c'eft principalement
à cet Ouvrage qu'il en veut ; la Critique
qu'il en fait, pour être indirecte , n'en eft
pas moins férieufe , & les onze Lettres
dont ce petit Ouvrage eft compofé , font
toutes remplies de traits vifs contre la
Medecine & les Medecins
écrites par M. Fulien Moriffon , Docteur en
Medecine , à Palnau en Bas Poitou ,
Medecin de la Faculté de Paris . A Paris ,
E iij chez
1580 MERCURE DE FRANCE
chez Chaubert , Quai des Auguftins , près
le Pont S. Michel , à la Renommée & à
la Prudence. brochure in 12. prix douze fols .
L'Auteur de ces Lettres qu'on pourroit
bien foupçonner être quelqu'autre
que celui dont elles portent le nom , ne
propofe ici les doutes & les difficultés
contre les differentes opinions des Medecins
en general que pour en attaquer plus
librement quelqu'un en particulier. L'Ouvrage
brillant fur le choix des faignées
dont il parle fur la fin de Ponziéme Lettre
, ne peut être autre que le Traité de
M. S ... quoiqu'il fuppofe ne le connoître
encore que par l'annonce qui lui en a
été faite par un Homme de Lettres il
eft aifé de fentir que c'eft principalement
à cet Ouvrage qu'il en veut ; la Critique
qu'il en fait, pour être indirecte , n'en eft
pas moins férieufe , & les onze Lettres
dont ce petit Ouvrage eft compofé , font
toutes remplies de traits vifs contre la
Medecine & les Medecins
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Résumé : Lettre sur le choix des Saignées, &c. [titre d'après la table]
Le document présente une brochure intitulée 'Lettres fur le choix des faignées', écrite par M. Fulien Moriffon, Docteur en Médecine, et publiée à Paris en 1580. L'auteur pourrait en réalité être une autre personne. Cet ouvrage critique un traité spécifique, identifié comme le Traité de M. S..., que l'auteur prétend ne connaître que par une annonce faite par un homme de lettres. La critique est indirecte mais sérieuse, et les onze lettres composant la brochure contiennent des attaques vives contre la médecine et les médecins. L'auteur discute des doutes et des difficultés concernant les différentes opinions des médecins.
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95
p. 1721-1730
RÉPONSE aux Reflexions sur une These soutenuë dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie, inserées dans le Mercure de France du mois de May 1730. page 868.
Début :
Je vous avouë, Monsieur, que j'ai été extrêmement surpris de voir une personne [...]
Mots clefs :
Eau de vie, Écoles de Médecine de Paris, Esprit, Circulation, Vin, Liqueur, Mouvement, Thèse, Coeur, Sang
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE aux Reflexions sur une These soutenuë dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie, inserées dans le Mercure de France du mois de May 1730. page 868.
REPONSE aux Reflexions fur une
Thefe foutenue dans les Ecoles de Medecine
de Paris , concernant la qualité de
l'Eau de vie , inferées dans le Mercure
de France du mois de May 1730. page
868 .
J
E vous avouë , Monfieur , que j'ai été
extrêmement furpris de voir une perfonne
qui fait profeffion de la Medecine
fe déclarer contre M. le Hoc en faveur de
l'Eau de vie. Ce nom fpecieux n'en impofe
pas d'ordinaire , je ne dis pas aux
gens du métier , qui trouvent dans les
principes & dans les experiences dont leurs
livres font remplis des preuves des effets
funeftes de cette liqueur , mais même à
ceux qu'un jugement fain met en état de
profiter des évenemens qui ſe préſentent
tous les jours , & je me flatte que par des
raifonnemens fimples & àla portée de tout
le monde , je confirmerai dans leur fentiment
ceux qui ont la prudence de s'abftenir
de l'Eau de vie , & que je perfuaderai
du danger de cette liqueur ceux à qui elle
n'a pas encore alteré la raiſon .
Tout le monde fçait que l'Eau de vie
eft un extrait des parties fpiritueufes du
B. v vin
1722 MERCURE DE FRANCE
vin , d'où je conclus qu'elle en renferme
les qualités avec d'autant plus d'energie
que les principes font reunis fous un moindre
volume. Voyons donc les effets du
vin , & nous ferons à portée de connoître
ceux de l'Eau de vie.
Le vin , dit Fernel ( a ) rend le poulx
grand , fort , vîte & fréquent : à force de
s'en fervir fans ménagement , il le rend
inégal & dereglé; fa force (b)n'ayant pû être
domptée par le ventricule , fe répand par
tout le corps , il le fecoue tout entier
principalement le coeur & le cerveau ; il
attaque les nerfs ( c) & les membranes (d)
& devient une caufe de la goute ; enfin
il corrompt la maffe du fang , & cette
corruption fe communique au foye.
★
Le Critique aura de la peine à établir
fes experiences fur les débris de celles de
Fernel ; cependant jufqu'à ce qu'il l'ait fait,
je crois que celles de Fernel pafferont pour
conftantes ; mais comme dans les endroits
cités ce grand homme parle plus en Medecin
qu'en Philofophe , je vais tâcher de
rendre raifon de ce qu'il remarque.
Le vin étant compofé d'un foufre volatil
, & par conféquent capable d'une ex-
( a ) Pathol. Liv. 3. c. 4º
( b ) Ibid. Liv. I. c. 14.
( c ) Ibid. Liv , 6. c 18.
(d) Ibid. Liv. 6. c.41
panfion
A O UST. 1730. 1723
sanfion très confiderable , ne peut le mêler
au fang fans le rarefter très confiderablement
; donc le coeur en recevra une
plus grande quantité , donc le poulx de
viendra plus grand ; il deviendra plus
fort , puifque le fang fera plus d'effort
contre les parois de l'artere ; il fera vîte ,
parceque les fouffres du vin fe changent
facilement en efprits , & augmentent par
une fuite neceffaire le mouvement fiftaltique
des fibres ; il fera fréquent , parceque
la fréquence du poulx eft en raifon
compofée de la quantité du fang & des
efprits .
Sans décompofer les principes du vin ;
en voila plus qu'il n'en faut pour produire
les deux effets qu'apprehende M. Le Hoc,
fçavoir l'eretifme des fibres & l'épaiffiffe
ment des liqueurs .
Preuve de la premiere Propofition.
De ce que les ofcillations des fibres
augmentent à proportion de la viteffe de
la circulation , je concluerai qu'elles chaf--
feront de leurs pores ce mucilage limphatique
qui leur donne de la foupleffe ,
en même tems qu'il augmenté leur diamerre
; donc les fibres s'amaigriront , fe
fronceront , fe racorniront ; les bons effets
même de l'Eau de vie dans les fincopes ;
Bvj les
1724 MERCURE DE FRANCE
les affections foporeufes , les engourdiffe,
mens ne viennent- ils pas de l'irritation
des fibres , dont le reffort augmenté chaffe,
& rend à la circulation les humeurs qui
s'arrêtent dans les parties ? donc les fibres
fe crepent par l'ufage de l'Eau de vie. De
plus, que peut-on conclure des bons effets
de l'Eau de vie dans ces maladies , fi ce
n'eft qu'on peut s'en fervir comme d'un
remede ? & ne fçait- on pas que les remedes
n'agiffent qu'en faifant violence à la
nature ? delà vient qu'Hipocrate les appelle
des poifons , Pharmaca funt venena.
و
Preuve de la feconde Propofition .
Mais la circulation ne peut être plus
promte que les liqueurs ne foient plus
divifées ; donc la tranfpiration augmentera
, le fang fera dépouillé d'une partie
de fa ferofité , les globules qui le compofent
fe raprocheront ; donc il s'épaiffira .
. Combien de maladies ne produira pas
la compilation de ces deux caufes ? delà
le dereglement & l'inegalité du poulx
fuite neceffaire de l'inegalité du tiffu des
parties dont le fang eft compofé : delà cette
chaleur qui fe répand par tout le corps ,
ces fecouffes que reçoivent le coeur , les
nerfs , le cerveau ; en un mot , toutes les
fibres delà ces obftructions du foye qui y
caufent
:
AOUST. 1730. 1725
cauſent la corruption , & qui font fi fou
vent fuivies de l'hydropifie : delà l'interruption
de la circulation dans les glandes
finoviales , où la partie fibreuſe du fang ,
arrêtée , faute d'un vehicule füffifant , féjourne
, & s'épaiffiffant , forme ce tuf , ce
gipfe qui produit les nodofités & des
douleurs des gouteux : delà des engourdiffemens
, des ftupeurs , des affoupiffemens
, avantcoureurs de l'apoplexie : delà
cette hebetation de l'efprit qui rabaiſſe
l'homme à la condition des Quadrupedes.
Si nous penetrons à prefent dans le tiffu
-
des principes du vin , avec quel avantage
n'en établirons nous pas le danger le
fouffre volatil eft-il rien autre choſe qu'un
acide concentré avec un peu de terre &
de phlegme ? acide que la circulation ne
peut manquer de déveloper , & qui ne
peut que coaguler le fang.
Mais , dit le Critique , cette partie fpiritueufe
ne féjourne pas longtems dans les
vaiffeaux ; elle s'exhale promtement par
les pores de la peau .
C'eft ici que j'en appellerois fans crainte
à l'experience de tout le monde ; le con
traire n'arrive- t - il pas tous les jours ? la
foif, la bouche pâteufe , le gout defagréa
ble que l'on a le lendemain d'une débauche
, font- ce des preuves de la prompte
diffipation de ce poifon igné que l'on a
fait
126 MERCURE DE FRANCE
fait couler dans fes veines ? mais accordons
encore au Critique fa propofition ,
& qu'il ait la bonté de me fatisfaire fur
deux points. Je dis d'abord que fi le volatile
du vin féjourne peu dans les vaiſfeaux
, il ne peut produire qu'un effet peu
fenfible ; donc fi les vieillards & les gens
de travail veulent en tirer quelque utilité ,
il faut qu'ils en uſent fréquemment ; c'eft
ce queje ne crois pas que le Critique accorde.
En fecond lieu , je demande , ſuppofant
la verité de nos principes , s'il
voudroit le mettre dans le rifque d'ufer
d'un mauvais remede ou d'un aliment
dangereux fous prétexte qu'il n'agit que
peu fur le corps . S'il eft de cet avis , je crois
qu'il n'aura pas beaucoup de partifans.
Mais , continue-t- il , de ce que l'efprit
de vin coagule les liqueurs hors du corps,
s'enfuit- il , comme M. Le Hoc le préténd,
que pris interieurement il doive faire le
même effet ? l'agilité , la hardieffe , le courage
de ceux qui en ufent prouvent - elles
le ralentiffement , l'épaiffiffement des li ---
queurs .
Il feroit ridicule à M. Le Hoc de con--
clure tellement de l'un à l'autre , qu'il
voulut que tout fut égal dans deux cas
totalement differens. Les liqueurs tirées
des vaiffeaux n'ont plus de mouvement
progreffif , de mouvement de trituration ;
par
A O UST. 1730. 1727
par conféquent la force du poifon n'eft
plus contrebalancée , comme lorfqu'on le
fait prendre à un animal vivant. Tout ce
qu'on doit conclure des Obfervations de
M. Le Hoc , & ce qui fait merveilleuſement
pour lui , c'eft qu'il ne faut rien
moins qu'un mouvement continuel &
violent des liqueurs pour les garantir de la
promte coagulation qu'en font les fouffres
du vin.
L'agilité , la hardieffe & c. ne prouvent
certainement pas l'épaiffiffement des li
queurs ; mais quand elles font produites
par des fouffres volatils , n'en font- elles
pas fuivies c'eft ce que M. Le Hoc niera ,
& avec raifon , tant que nos principes fubfifteront.
L'Objection du Critique tirée de l'a
vantage qui revient de l'ufage de l'Eau de
vie aux vieillards & à ceux qui font un
violent exercice du corps , ne prouve pas
davantage contre M. Le Hoc . Je demanderai
d'abord fi ceux de ces Ouvriers qui
ne boivent que de l'eau ont moins de force
2 S'il oferoit affurer que l'ufage de l'Eau
de vie ne leur nuit pas à la longue. 3 °
Je dirai qu'il ne conclura rien d'une exception
à une regle generale. Il ne faut
pas donner à la propofition de M. Le Hoc
une extenfion qu'elle n'a Dire qu'il
n'y ait point de cas , point de perfonnes
pas.
1728 MERCURE DE FRANCE
qui un ufage moderé de l'Eau de vie
ne puiffe être avantageux , ce feroit avancer
une propofition auffi contraire à la
raifon & à l'experience , qu'il le feroit de
la permettre à tout le monde . On fçait
que dans la Flandre & dans tous les Pays
où l'on fe fert de biere pour boiffon or
dinaire , les perfonnes les plus fobres en
ufent avec utilité. Les fibres engourdies
par le mucilage épais de la biere ont be
foin d'être reveillées par quelque chofe
d'actif. Mais ce n'eft qu'à raison de cette
fobrieté qu'elles ne fe trouvent pas mal de
l'ufage de l'Eau de vie . Les vieillards font
dans un cas à peu près femblable ; ils
tranfpirent moins que les autres à caufe
de la roideur de leurs fibres qui commencent
à devenir cartilagineufes ; leur fang
eft moins divifé : delà les cattarhes , &c.
d'où il fuit que l'Eau de vie augmentant
le mouvement inteftin du fang , peut leur
être utile. Les gens de travail faifant une
grande diffipation d'efprits ont befoin
d'en reparer promtement la perte ; c'eſt ,
comme nous l'avons remarqué , ce que
fait l'Eau de vie , & ce qui peut leur en
rendre l'ufagé avantageux
.
Le Critique va chercher chicane à M.
Le Hoc fur ce qu'il allegue pour prouver
fon fentiment , que l'efprit de vin injecté
dans la jugulaire d'un chien le fait mounirs
A O UST . 1730. 1729.
rir ; il dit qu'il n'eft queftion que de l'Eau
de vie dans fa propofition ; mais fi l'efprit
de vin n'eft qu'une Eau de vie rectifiée ,
il n'y a pas de doute qu'elle ne doive produire
un effet femblable , quoique moins
promtement. De plus étant prife interieu
rement , elle ne paffe dans le fang que petit
à petit , & fon effet ne peut pas
nir auffi fenfible que par l'injection.
Il s'enfuivroit , ajoûte- t- il encore ,
dans
le fentiment de M. Le Hoc , qu'un homme
devroit mourir fubitement pour boire
de l'Eau de vie , comme les oifeaux en
buvant de l'efprit de vin . Ce raifonnement
ne vaut pas mieux que le précedent par la
même raiſon.
deve..
Je finitai par ces paroles de Sydenham ✈
qui ne s'accorderont pas avec le fentiment
du Critique : Plut à Dieu que l'on s'abftine
totalement de l'Eau de vie , ou qu'on ne s'en
Servit que pour reparerfes forces , & non pour
les éteindre , à moins qu'on ne trouvât plus à
propos d'en interdire entierement l'ufage interieur,
& de la laiffer aux Chirurgiens pour
le panfement des ulceres & des brulures. Dans
le premier cas même il ne veut pas qu'on
l'employe pure ; && ss''iill llee permet dans le
fecond , ce n'eft que pour garantir la partie
affligée de la putrefaction. Et fi , felon
* Cap. 6, fect. 6.
la
1730 MERCURE DE FRANCE
la remarque de Sennert les huiles diftil-
Fees & feches demandent à être mêlées
avec quelque matiere graffe , pour ne pas
durcir la matiere qu'on veut diffoudre ,
à combien plus forte raifon doit - on apprehender
les effets d'une liqueur auffi
fpiritueufe & auffi penetrante que l'Eaur
de vie.
je
Voilà , Monfieur , ce que j'avois à remarquer
fur les Reflexions de M. G. B. . '
n'ai pas crû pouvoir me difpenfer de
combattre fon fentiment qui m'a paru
trop dangereux dans la Pratique ; d'autant
plutôt que la Thefe de M. Le Hoc
ne fera pas vue d'autant de perfonnes que vûë
votre Journal. J'ai l'honneur d'être &c.
A Paris le 9. Juillet 1730. BRUHIER
D'ABLANCOURT , Docteur en Mede
cine.
* Prag. lib. x . part. 11, cap 27. p. 141.”
Thefe foutenue dans les Ecoles de Medecine
de Paris , concernant la qualité de
l'Eau de vie , inferées dans le Mercure
de France du mois de May 1730. page
868 .
J
E vous avouë , Monfieur , que j'ai été
extrêmement furpris de voir une perfonne
qui fait profeffion de la Medecine
fe déclarer contre M. le Hoc en faveur de
l'Eau de vie. Ce nom fpecieux n'en impofe
pas d'ordinaire , je ne dis pas aux
gens du métier , qui trouvent dans les
principes & dans les experiences dont leurs
livres font remplis des preuves des effets
funeftes de cette liqueur , mais même à
ceux qu'un jugement fain met en état de
profiter des évenemens qui ſe préſentent
tous les jours , & je me flatte que par des
raifonnemens fimples & àla portée de tout
le monde , je confirmerai dans leur fentiment
ceux qui ont la prudence de s'abftenir
de l'Eau de vie , & que je perfuaderai
du danger de cette liqueur ceux à qui elle
n'a pas encore alteré la raiſon .
Tout le monde fçait que l'Eau de vie
eft un extrait des parties fpiritueufes du
B. v vin
1722 MERCURE DE FRANCE
vin , d'où je conclus qu'elle en renferme
les qualités avec d'autant plus d'energie
que les principes font reunis fous un moindre
volume. Voyons donc les effets du
vin , & nous ferons à portée de connoître
ceux de l'Eau de vie.
Le vin , dit Fernel ( a ) rend le poulx
grand , fort , vîte & fréquent : à force de
s'en fervir fans ménagement , il le rend
inégal & dereglé; fa force (b)n'ayant pû être
domptée par le ventricule , fe répand par
tout le corps , il le fecoue tout entier
principalement le coeur & le cerveau ; il
attaque les nerfs ( c) & les membranes (d)
& devient une caufe de la goute ; enfin
il corrompt la maffe du fang , & cette
corruption fe communique au foye.
★
Le Critique aura de la peine à établir
fes experiences fur les débris de celles de
Fernel ; cependant jufqu'à ce qu'il l'ait fait,
je crois que celles de Fernel pafferont pour
conftantes ; mais comme dans les endroits
cités ce grand homme parle plus en Medecin
qu'en Philofophe , je vais tâcher de
rendre raifon de ce qu'il remarque.
Le vin étant compofé d'un foufre volatil
, & par conféquent capable d'une ex-
( a ) Pathol. Liv. 3. c. 4º
( b ) Ibid. Liv. I. c. 14.
( c ) Ibid. Liv , 6. c 18.
(d) Ibid. Liv. 6. c.41
panfion
A O UST. 1730. 1723
sanfion très confiderable , ne peut le mêler
au fang fans le rarefter très confiderablement
; donc le coeur en recevra une
plus grande quantité , donc le poulx de
viendra plus grand ; il deviendra plus
fort , puifque le fang fera plus d'effort
contre les parois de l'artere ; il fera vîte ,
parceque les fouffres du vin fe changent
facilement en efprits , & augmentent par
une fuite neceffaire le mouvement fiftaltique
des fibres ; il fera fréquent , parceque
la fréquence du poulx eft en raifon
compofée de la quantité du fang & des
efprits .
Sans décompofer les principes du vin ;
en voila plus qu'il n'en faut pour produire
les deux effets qu'apprehende M. Le Hoc,
fçavoir l'eretifme des fibres & l'épaiffiffe
ment des liqueurs .
Preuve de la premiere Propofition.
De ce que les ofcillations des fibres
augmentent à proportion de la viteffe de
la circulation , je concluerai qu'elles chaf--
feront de leurs pores ce mucilage limphatique
qui leur donne de la foupleffe ,
en même tems qu'il augmenté leur diamerre
; donc les fibres s'amaigriront , fe
fronceront , fe racorniront ; les bons effets
même de l'Eau de vie dans les fincopes ;
Bvj les
1724 MERCURE DE FRANCE
les affections foporeufes , les engourdiffe,
mens ne viennent- ils pas de l'irritation
des fibres , dont le reffort augmenté chaffe,
& rend à la circulation les humeurs qui
s'arrêtent dans les parties ? donc les fibres
fe crepent par l'ufage de l'Eau de vie. De
plus, que peut-on conclure des bons effets
de l'Eau de vie dans ces maladies , fi ce
n'eft qu'on peut s'en fervir comme d'un
remede ? & ne fçait- on pas que les remedes
n'agiffent qu'en faifant violence à la
nature ? delà vient qu'Hipocrate les appelle
des poifons , Pharmaca funt venena.
و
Preuve de la feconde Propofition .
Mais la circulation ne peut être plus
promte que les liqueurs ne foient plus
divifées ; donc la tranfpiration augmentera
, le fang fera dépouillé d'une partie
de fa ferofité , les globules qui le compofent
fe raprocheront ; donc il s'épaiffira .
. Combien de maladies ne produira pas
la compilation de ces deux caufes ? delà
le dereglement & l'inegalité du poulx
fuite neceffaire de l'inegalité du tiffu des
parties dont le fang eft compofé : delà cette
chaleur qui fe répand par tout le corps ,
ces fecouffes que reçoivent le coeur , les
nerfs , le cerveau ; en un mot , toutes les
fibres delà ces obftructions du foye qui y
caufent
:
AOUST. 1730. 1725
cauſent la corruption , & qui font fi fou
vent fuivies de l'hydropifie : delà l'interruption
de la circulation dans les glandes
finoviales , où la partie fibreuſe du fang ,
arrêtée , faute d'un vehicule füffifant , féjourne
, & s'épaiffiffant , forme ce tuf , ce
gipfe qui produit les nodofités & des
douleurs des gouteux : delà des engourdiffemens
, des ftupeurs , des affoupiffemens
, avantcoureurs de l'apoplexie : delà
cette hebetation de l'efprit qui rabaiſſe
l'homme à la condition des Quadrupedes.
Si nous penetrons à prefent dans le tiffu
-
des principes du vin , avec quel avantage
n'en établirons nous pas le danger le
fouffre volatil eft-il rien autre choſe qu'un
acide concentré avec un peu de terre &
de phlegme ? acide que la circulation ne
peut manquer de déveloper , & qui ne
peut que coaguler le fang.
Mais , dit le Critique , cette partie fpiritueufe
ne féjourne pas longtems dans les
vaiffeaux ; elle s'exhale promtement par
les pores de la peau .
C'eft ici que j'en appellerois fans crainte
à l'experience de tout le monde ; le con
traire n'arrive- t - il pas tous les jours ? la
foif, la bouche pâteufe , le gout defagréa
ble que l'on a le lendemain d'une débauche
, font- ce des preuves de la prompte
diffipation de ce poifon igné que l'on a
fait
126 MERCURE DE FRANCE
fait couler dans fes veines ? mais accordons
encore au Critique fa propofition ,
& qu'il ait la bonté de me fatisfaire fur
deux points. Je dis d'abord que fi le volatile
du vin féjourne peu dans les vaiſfeaux
, il ne peut produire qu'un effet peu
fenfible ; donc fi les vieillards & les gens
de travail veulent en tirer quelque utilité ,
il faut qu'ils en uſent fréquemment ; c'eft
ce queje ne crois pas que le Critique accorde.
En fecond lieu , je demande , ſuppofant
la verité de nos principes , s'il
voudroit le mettre dans le rifque d'ufer
d'un mauvais remede ou d'un aliment
dangereux fous prétexte qu'il n'agit que
peu fur le corps . S'il eft de cet avis , je crois
qu'il n'aura pas beaucoup de partifans.
Mais , continue-t- il , de ce que l'efprit
de vin coagule les liqueurs hors du corps,
s'enfuit- il , comme M. Le Hoc le préténd,
que pris interieurement il doive faire le
même effet ? l'agilité , la hardieffe , le courage
de ceux qui en ufent prouvent - elles
le ralentiffement , l'épaiffiffement des li ---
queurs .
Il feroit ridicule à M. Le Hoc de con--
clure tellement de l'un à l'autre , qu'il
voulut que tout fut égal dans deux cas
totalement differens. Les liqueurs tirées
des vaiffeaux n'ont plus de mouvement
progreffif , de mouvement de trituration ;
par
A O UST. 1730. 1727
par conféquent la force du poifon n'eft
plus contrebalancée , comme lorfqu'on le
fait prendre à un animal vivant. Tout ce
qu'on doit conclure des Obfervations de
M. Le Hoc , & ce qui fait merveilleuſement
pour lui , c'eft qu'il ne faut rien
moins qu'un mouvement continuel &
violent des liqueurs pour les garantir de la
promte coagulation qu'en font les fouffres
du vin.
L'agilité , la hardieffe & c. ne prouvent
certainement pas l'épaiffiffement des li
queurs ; mais quand elles font produites
par des fouffres volatils , n'en font- elles
pas fuivies c'eft ce que M. Le Hoc niera ,
& avec raifon , tant que nos principes fubfifteront.
L'Objection du Critique tirée de l'a
vantage qui revient de l'ufage de l'Eau de
vie aux vieillards & à ceux qui font un
violent exercice du corps , ne prouve pas
davantage contre M. Le Hoc . Je demanderai
d'abord fi ceux de ces Ouvriers qui
ne boivent que de l'eau ont moins de force
2 S'il oferoit affurer que l'ufage de l'Eau
de vie ne leur nuit pas à la longue. 3 °
Je dirai qu'il ne conclura rien d'une exception
à une regle generale. Il ne faut
pas donner à la propofition de M. Le Hoc
une extenfion qu'elle n'a Dire qu'il
n'y ait point de cas , point de perfonnes
pas.
1728 MERCURE DE FRANCE
qui un ufage moderé de l'Eau de vie
ne puiffe être avantageux , ce feroit avancer
une propofition auffi contraire à la
raifon & à l'experience , qu'il le feroit de
la permettre à tout le monde . On fçait
que dans la Flandre & dans tous les Pays
où l'on fe fert de biere pour boiffon or
dinaire , les perfonnes les plus fobres en
ufent avec utilité. Les fibres engourdies
par le mucilage épais de la biere ont be
foin d'être reveillées par quelque chofe
d'actif. Mais ce n'eft qu'à raison de cette
fobrieté qu'elles ne fe trouvent pas mal de
l'ufage de l'Eau de vie . Les vieillards font
dans un cas à peu près femblable ; ils
tranfpirent moins que les autres à caufe
de la roideur de leurs fibres qui commencent
à devenir cartilagineufes ; leur fang
eft moins divifé : delà les cattarhes , &c.
d'où il fuit que l'Eau de vie augmentant
le mouvement inteftin du fang , peut leur
être utile. Les gens de travail faifant une
grande diffipation d'efprits ont befoin
d'en reparer promtement la perte ; c'eſt ,
comme nous l'avons remarqué , ce que
fait l'Eau de vie , & ce qui peut leur en
rendre l'ufagé avantageux
.
Le Critique va chercher chicane à M.
Le Hoc fur ce qu'il allegue pour prouver
fon fentiment , que l'efprit de vin injecté
dans la jugulaire d'un chien le fait mounirs
A O UST . 1730. 1729.
rir ; il dit qu'il n'eft queftion que de l'Eau
de vie dans fa propofition ; mais fi l'efprit
de vin n'eft qu'une Eau de vie rectifiée ,
il n'y a pas de doute qu'elle ne doive produire
un effet femblable , quoique moins
promtement. De plus étant prife interieu
rement , elle ne paffe dans le fang que petit
à petit , & fon effet ne peut pas
nir auffi fenfible que par l'injection.
Il s'enfuivroit , ajoûte- t- il encore ,
dans
le fentiment de M. Le Hoc , qu'un homme
devroit mourir fubitement pour boire
de l'Eau de vie , comme les oifeaux en
buvant de l'efprit de vin . Ce raifonnement
ne vaut pas mieux que le précedent par la
même raiſon.
deve..
Je finitai par ces paroles de Sydenham ✈
qui ne s'accorderont pas avec le fentiment
du Critique : Plut à Dieu que l'on s'abftine
totalement de l'Eau de vie , ou qu'on ne s'en
Servit que pour reparerfes forces , & non pour
les éteindre , à moins qu'on ne trouvât plus à
propos d'en interdire entierement l'ufage interieur,
& de la laiffer aux Chirurgiens pour
le panfement des ulceres & des brulures. Dans
le premier cas même il ne veut pas qu'on
l'employe pure ; && ss''iill llee permet dans le
fecond , ce n'eft que pour garantir la partie
affligée de la putrefaction. Et fi , felon
* Cap. 6, fect. 6.
la
1730 MERCURE DE FRANCE
la remarque de Sennert les huiles diftil-
Fees & feches demandent à être mêlées
avec quelque matiere graffe , pour ne pas
durcir la matiere qu'on veut diffoudre ,
à combien plus forte raifon doit - on apprehender
les effets d'une liqueur auffi
fpiritueufe & auffi penetrante que l'Eaur
de vie.
je
Voilà , Monfieur , ce que j'avois à remarquer
fur les Reflexions de M. G. B. . '
n'ai pas crû pouvoir me difpenfer de
combattre fon fentiment qui m'a paru
trop dangereux dans la Pratique ; d'autant
plutôt que la Thefe de M. Le Hoc
ne fera pas vue d'autant de perfonnes que vûë
votre Journal. J'ai l'honneur d'être &c.
A Paris le 9. Juillet 1730. BRUHIER
D'ABLANCOURT , Docteur en Mede
cine.
* Prag. lib. x . part. 11, cap 27. p. 141.”
Fermer
Résumé : RÉPONSE aux Reflexions sur une These soutenuë dans les Ecoles de Medecine de Paris, concernant la qualité de l'Eau de vie, inserées dans le Mercure de France du mois de May 1730. page 868.
Le texte est une réponse aux réflexions publiées dans le Mercure de France de mai 1730 concernant la qualité de l'eau-de-vie. L'auteur exprime sa surprise face à un médecin qui défend l'eau-de-vie, une liqueur extraite des parties spirituelles du vin. Il souligne que l'eau-de-vie concentre les effets du vin, notamment sur le pouls et la circulation sanguine. Selon Fernel, le vin rend le pouls grand, fort, rapide et fréquent, mais à l'excès, il le dérègle et se répand dans le corps, affectant le cœur, le cerveau et les nerfs. L'auteur argue que l'eau-de-vie, en augmentant la circulation, irrite les fibres et épaissit les liquides, causant divers maux comme la goutte, des engourdissements et des troubles cérébraux. Il réfute les arguments en faveur de l'eau-de-vie pour les vieillards et les travailleurs, affirmant que son usage modéré peut être bénéfique dans certains cas spécifiques. L'auteur conclut en citant Sydenham, prônant l'abstinence totale de l'eau-de-vie ou son usage strictement médical.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
96
p. 1732-1738
LETTRE écrite de Pezenas, le 11. Juillet 1730. à l'Auteur des Reflexions sur l'usage interieur de l'Eau-de-Vie, inserées dans le Mercure du mois de May de l'année 1730. Contre la These de M. le Hoc.
Début :
Nous sommes trop sensibles, Monsieur, à tout ce qui peut s'opposer à [...]
Mots clefs :
Eau de vie, Thèse, Fibres, Sang, Liqueur spiritueuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Pezenas, le 11. Juillet 1730. à l'Auteur des Reflexions sur l'usage interieur de l'Eau-de-Vie, inserées dans le Mercure du mois de May de l'année 1730. Contre la These de M. le Hoc.
LETTRE écrite de Pezenas , le 11 .
Juillet 1730. à l'Auteur des Reflexions
Sur l'ufage interieur de l'Eau- de-Vie
inferées dans le Mercure du mois de May
de l'année 1730. Contre la Thefe de
M. le Hoc.
Ous
Nficur , à tout ce qui peut s'oppofer à
fommes trop fenfibles , Mon
la confervation de l'homme , pour laiffer
de votre côtê le droit de la queftion pré
fente ; auffi fans craindre d'encourir vos
difgraces , ( vous en étant pris tout le prea
mier à la conclufion & à l'Ouvrage entier
de M. le Hoc ) nous allons nous en
prendre à notre tour à vos Reflexions ,
quelques judicieufes qu'elles paroiffent.
Vous prétendez , contre la conclufion
de la Theſe dont il s'agit , que l'Eau- de-
Vie eft falutaire à l'homme , qu'elle luf
donne de la force, de la vigueur, & prolonge
même la durée de les jours ; vous vous
trompez grandement , & vous en con
viendrez fans peine , fi vous confiderez
que cette Liqueur ne releve d'abord les
forces que pour les abattre peu après ; en
effet l'Eau de vie dans le temps de fon
action fur les organes du corps , réveillant
AOUST . 1730 . 1733
faut toutes les puillances
que
la nature
y
maintient dans une jufte étenduë , les
porte toûjours au - delà ce qui fait que
cette liqueur fpiritueufe ayant cellé d'agir
, ces mêmes puiffances deviennent fanguiffantes
, & fe trouvent alors de beaucoup
plus éloignées de l'état naturel où
elles étoient avant que d'être preffées
d'en fortir . Les bons beuveurs d'Eau de
vie font de très- fideles garants de ce que
nous avançons.
L'effet que cette Liqueur fpiritueufe
produit dans le corps en lui donnant de
fa vigueur & de la force , agit principa
lement en rendant le tiffu des fibres mufculaires
plus compactes , plus robuftes ,
& les muſcles mêmes par confequent plus
puiffants, mais auffi plus rebelles aux caufes
de leur mouvement qu'ils n'ont coûtume
; ce qui arrive à ces fibres en fe procurant
entre elles un contact plus intime
par le jeu de contraction ou de reffort que
les fréquents érethifmes de cette Liqueur
fpiritueule , fur le genre nerveux , follicitent
; cependant l'humide radical ( fi
l'on peut parler ainfi ) ou ce fuc lymphatique
, que la nature a mis à l'entre- deux
des fibrilles & des fibres mêmes , pour
les humecter dans le befoin & conferver
integrité , fe trouve forcé de fortir de
fa place , de prendre de nouvelles routes
&
1734 MERCURE DE FRANCE
& de priver ainfi ces parties d'un ſecours
dont elles ne fçauroient fe paffer , fans que
les caufes d'une longue vie en reffentent
de rudes atteintes. A quelles pertes de
ce fuc lymphatique ne donnent donc pas
lieu ceux qui fe perfuadent de trouver
leur vie dans l'uſage d'une veritable Eau
de mort ? pertes d'autant plus ou moins
confiderables , que l'ufage d'une telle Liqueur
fera plus ou moins moderé ; & delà
vient qu'on aura toûjours droit de dire
que l'Eau de vie , loin d'être falutaire à
l'homme , eft un mortel ennemi qui alfaillit
( malgré l'ancienne prévention de
Les bons effets qui en autorifent l'ufage parmi
les hommes ) les caufes de la vie même.
C'eft ainfi que l'Eau de vie tariffant les
fources des liqueurs limphatiques qui donnent
la foupleffe aux fibres , d'où dépend
le rythme des fonctions , racornit les folides
, fous une trompeufe apparence de
rendre le corps vigoureux.
Vous objectez enfuite contre l'Ouvrage
entier de l'Auteur , que l'Eau de vie ne
fçauroit racornir les folides , fondé précilement
fur ce que notre corps étant
percé de millions de manieres , cette Liqueur
fpiritueufe n'y féjourne point affez
long- temps ; à la verité , l'objection paroît
jufte du premier abord , mais dans le fond
elle eft peu folide ; faites un moment d'attention
A O UST . 1730. 1735
tention , qu'il ne faut pour donner lieu
à l'effet mentionné de l'Eau de vie , que
le paffage de cette Liqueur fpiritueule de
dedans en dehors , ce qui ne fe fait point
fans contredit auffi fubitement que vous
l'avez penfé fubtilement .
que
Nous avons quelque raifon de préfumer
maintenant , Monfieur , qu'ayant autant
d'efprit , de bon's fens , & de bonne
foi , qu'il en eft dans les veritables Sçavans
, vous devez être fenfible aux fortes
preuves que nous venons d'alleguer pour
détruire vos Reflexions ; cependant comme
il reste encore à vous convaincre
l'Eau de vie prife par la bouche , coagule
les humeurs , nous prévoyons bien que
pour vous venger entierement de notre
parti , il faut vous faire voir que l'évidence
s'y trouve , ce que vous découvrirez
vous-même aifément en diftinguant
deux temps qui fe fuccedent dans l'ufage
de cette Liqueur ; dès le premier tout le
réveille , tout s'anime dans la machine ,
les refforts ſe bandent & fe débandent ,
fuivant les loix de la réaction ; les folides
ainfi débridez , effarouchez ( s'il eft permis
de parler de la forte ) fouëttent le fang,
le divifent , l'aténuënt , l'affinent , en un
mot augmentent fes mouvemens , & pendant
le temps de cette agitation , lorique
fon vehicule ou ce qui fe trouve naturellement
1736 MERCURE DE FRANCE
lement dans cette Liqueur rouge de plus
liquide, s'eft diffipé (dans le fecond temps)
les parties les plus maffives, les plus groffieres,
s'approchent, fe touchent par des plus
larges furfaces ou par plufieurs points , la
difficulté dans leurs frotemens réciproques
de liquidité augmente , & pour lors
le mouvement fe ralentit , ou pour mieux
le dire le fang s'épaiffit & fe coagule.Après
quoi vous avez tout ſujet de vous écrier.
Helas ! mes propres traits fe tournent contre moi.
Ainfi vous jugez bien , M. , que notre
imprudence n'ira jamais jufqu'à donner
de l'Eau de vie dans le cas où vous voulez
qu'elle convienne , fuivant notre fentiment
; la durée de l'homme nous touche
de trop près , & notre pratique de Medecine
, toute faine qu'elle eft , s'accorde
trop bien avec notre théorie , pour nous
écarter des routes fi connuës .
Au refte , vous nous faites un crime
fur ce que dans les Experiences nous nous
fommes fervis auffi indifferemment de
'Efprit de vin que de l'Eau de vie , mais
fi vous avez bien penfé que ces deux Liqueurs
ne different entre- elles que du plus
ou du moins d'énergie , vous auriez été ,
fans doute, plus indulgent . Peut-être croirez-
vous avoir plus de droit dans cette
ennuyeuſe fuite de confequencesque vous
fçavez
A O UST . 1730. 1737
fçavez tirer favorablement de nos Experiences
? Détrompez -vous , nous ne te
nons de ſemblables raifonnemens qu'autant
qu'une injufte prévention contre notre
fentiment , nous en fait les Auteurs ;
en effet , vous ne fçauriez foutenir avec
un fondement d'équité , que quoique
l'Eau de vie ne tue pas l'homme auffi
promptement que les bêtes , elle doive
paffer pour une Eau falutaire , puifqu'il
eft certain par tout ce que nous venons
d'avancer , qu'on doit regarder très - férieufement
cette Liqueur fpiritueufe dans
l'ufage que l'on en fait , comme un poiſon
lent qui retranche tout doucement du
temps de cette féduifante efperance de
longue vie.
Il eſt aifé de voir maintenant , fuivant
l'effet que l'Eau de vie produit dans tout
le corps , principalement fur la texture
des vifceres de l'eftomac ( par exemple )
du foye , &c. que cette Liqueur fpiritueufe
doit non-feulement nuire confiderablement
à la digeſtion , mais encore avancer
les derniers momens de la vie , foit
en dépravant l'exercice des fonctions , foit
en interceptant ou ralentiffant les coups
des fecretions , d'où fuit le dérangement
de la diatheſe du fang , la confufion & le
trouble dans toute la maffe . Ces Phlogoſes,
ces Duretés fchireufes qui en font ordi-
C nairement
1738 MERCURE DE FRANCE
>
nairement le terme dans ces fortes de cas ,
ces concretions calculeufes ; en un mot
ce nombre prodigieux de maux qui fe
mettent de la partie , reconnoiffent enfemble
la même caufe ; & delà vient qu'on
peut regarder juftement l'ufage interieur
de cette Liqueur fpiritueufe , comme la
fource & l'origine de mille maladies , attribuées
bien fouvent à toutes autres
cauſes rebelles à celui qui les traite & combattuës
par des remedes qui tourmentent,
qui tuent même plutôt qu'ils ne foulagent
ou ne guériffent. Je m'apperçois que
que je vous tiens déja depuis trop longtemps
, & que je fuis dans l'obligation de
mettre fin à ma Lettre ; excufez , Monfieur
, mon indifcretion , le deffein de
trouver la verité , m'a fi fortement occupé
, que m'étant oublié moi-même , je
n'ai pas pris garde que j'abufois de votre
patience dans la lecture d'une fi longue
Lettre, que j'aurois peut-être même pouffé
plus loin , fi le devoir de ma Profeffion
ne m'eût appellé ailleurs ; perfuadé , Monfieur,
que quoique je me fois montré contraire
à vos Reflexions , je ne fuis pas moins
attaché à votre perfonne que j'eftime infiniment
, étant avec toute la confideration
poffible , &c,
G. BARRE'S , Docteur en Medecine de
la Faculté de Montpellier,
Juillet 1730. à l'Auteur des Reflexions
Sur l'ufage interieur de l'Eau- de-Vie
inferées dans le Mercure du mois de May
de l'année 1730. Contre la Thefe de
M. le Hoc.
Ous
Nficur , à tout ce qui peut s'oppofer à
fommes trop fenfibles , Mon
la confervation de l'homme , pour laiffer
de votre côtê le droit de la queftion pré
fente ; auffi fans craindre d'encourir vos
difgraces , ( vous en étant pris tout le prea
mier à la conclufion & à l'Ouvrage entier
de M. le Hoc ) nous allons nous en
prendre à notre tour à vos Reflexions ,
quelques judicieufes qu'elles paroiffent.
Vous prétendez , contre la conclufion
de la Theſe dont il s'agit , que l'Eau- de-
Vie eft falutaire à l'homme , qu'elle luf
donne de la force, de la vigueur, & prolonge
même la durée de les jours ; vous vous
trompez grandement , & vous en con
viendrez fans peine , fi vous confiderez
que cette Liqueur ne releve d'abord les
forces que pour les abattre peu après ; en
effet l'Eau de vie dans le temps de fon
action fur les organes du corps , réveillant
AOUST . 1730 . 1733
faut toutes les puillances
que
la nature
y
maintient dans une jufte étenduë , les
porte toûjours au - delà ce qui fait que
cette liqueur fpiritueufe ayant cellé d'agir
, ces mêmes puiffances deviennent fanguiffantes
, & fe trouvent alors de beaucoup
plus éloignées de l'état naturel où
elles étoient avant que d'être preffées
d'en fortir . Les bons beuveurs d'Eau de
vie font de très- fideles garants de ce que
nous avançons.
L'effet que cette Liqueur fpiritueufe
produit dans le corps en lui donnant de
fa vigueur & de la force , agit principa
lement en rendant le tiffu des fibres mufculaires
plus compactes , plus robuftes ,
& les muſcles mêmes par confequent plus
puiffants, mais auffi plus rebelles aux caufes
de leur mouvement qu'ils n'ont coûtume
; ce qui arrive à ces fibres en fe procurant
entre elles un contact plus intime
par le jeu de contraction ou de reffort que
les fréquents érethifmes de cette Liqueur
fpiritueule , fur le genre nerveux , follicitent
; cependant l'humide radical ( fi
l'on peut parler ainfi ) ou ce fuc lymphatique
, que la nature a mis à l'entre- deux
des fibrilles & des fibres mêmes , pour
les humecter dans le befoin & conferver
integrité , fe trouve forcé de fortir de
fa place , de prendre de nouvelles routes
&
1734 MERCURE DE FRANCE
& de priver ainfi ces parties d'un ſecours
dont elles ne fçauroient fe paffer , fans que
les caufes d'une longue vie en reffentent
de rudes atteintes. A quelles pertes de
ce fuc lymphatique ne donnent donc pas
lieu ceux qui fe perfuadent de trouver
leur vie dans l'uſage d'une veritable Eau
de mort ? pertes d'autant plus ou moins
confiderables , que l'ufage d'une telle Liqueur
fera plus ou moins moderé ; & delà
vient qu'on aura toûjours droit de dire
que l'Eau de vie , loin d'être falutaire à
l'homme , eft un mortel ennemi qui alfaillit
( malgré l'ancienne prévention de
Les bons effets qui en autorifent l'ufage parmi
les hommes ) les caufes de la vie même.
C'eft ainfi que l'Eau de vie tariffant les
fources des liqueurs limphatiques qui donnent
la foupleffe aux fibres , d'où dépend
le rythme des fonctions , racornit les folides
, fous une trompeufe apparence de
rendre le corps vigoureux.
Vous objectez enfuite contre l'Ouvrage
entier de l'Auteur , que l'Eau de vie ne
fçauroit racornir les folides , fondé précilement
fur ce que notre corps étant
percé de millions de manieres , cette Liqueur
fpiritueufe n'y féjourne point affez
long- temps ; à la verité , l'objection paroît
jufte du premier abord , mais dans le fond
elle eft peu folide ; faites un moment d'attention
A O UST . 1730. 1735
tention , qu'il ne faut pour donner lieu
à l'effet mentionné de l'Eau de vie , que
le paffage de cette Liqueur fpiritueule de
dedans en dehors , ce qui ne fe fait point
fans contredit auffi fubitement que vous
l'avez penfé fubtilement .
que
Nous avons quelque raifon de préfumer
maintenant , Monfieur , qu'ayant autant
d'efprit , de bon's fens , & de bonne
foi , qu'il en eft dans les veritables Sçavans
, vous devez être fenfible aux fortes
preuves que nous venons d'alleguer pour
détruire vos Reflexions ; cependant comme
il reste encore à vous convaincre
l'Eau de vie prife par la bouche , coagule
les humeurs , nous prévoyons bien que
pour vous venger entierement de notre
parti , il faut vous faire voir que l'évidence
s'y trouve , ce que vous découvrirez
vous-même aifément en diftinguant
deux temps qui fe fuccedent dans l'ufage
de cette Liqueur ; dès le premier tout le
réveille , tout s'anime dans la machine ,
les refforts ſe bandent & fe débandent ,
fuivant les loix de la réaction ; les folides
ainfi débridez , effarouchez ( s'il eft permis
de parler de la forte ) fouëttent le fang,
le divifent , l'aténuënt , l'affinent , en un
mot augmentent fes mouvemens , & pendant
le temps de cette agitation , lorique
fon vehicule ou ce qui fe trouve naturellement
1736 MERCURE DE FRANCE
lement dans cette Liqueur rouge de plus
liquide, s'eft diffipé (dans le fecond temps)
les parties les plus maffives, les plus groffieres,
s'approchent, fe touchent par des plus
larges furfaces ou par plufieurs points , la
difficulté dans leurs frotemens réciproques
de liquidité augmente , & pour lors
le mouvement fe ralentit , ou pour mieux
le dire le fang s'épaiffit & fe coagule.Après
quoi vous avez tout ſujet de vous écrier.
Helas ! mes propres traits fe tournent contre moi.
Ainfi vous jugez bien , M. , que notre
imprudence n'ira jamais jufqu'à donner
de l'Eau de vie dans le cas où vous voulez
qu'elle convienne , fuivant notre fentiment
; la durée de l'homme nous touche
de trop près , & notre pratique de Medecine
, toute faine qu'elle eft , s'accorde
trop bien avec notre théorie , pour nous
écarter des routes fi connuës .
Au refte , vous nous faites un crime
fur ce que dans les Experiences nous nous
fommes fervis auffi indifferemment de
'Efprit de vin que de l'Eau de vie , mais
fi vous avez bien penfé que ces deux Liqueurs
ne different entre- elles que du plus
ou du moins d'énergie , vous auriez été ,
fans doute, plus indulgent . Peut-être croirez-
vous avoir plus de droit dans cette
ennuyeuſe fuite de confequencesque vous
fçavez
A O UST . 1730. 1737
fçavez tirer favorablement de nos Experiences
? Détrompez -vous , nous ne te
nons de ſemblables raifonnemens qu'autant
qu'une injufte prévention contre notre
fentiment , nous en fait les Auteurs ;
en effet , vous ne fçauriez foutenir avec
un fondement d'équité , que quoique
l'Eau de vie ne tue pas l'homme auffi
promptement que les bêtes , elle doive
paffer pour une Eau falutaire , puifqu'il
eft certain par tout ce que nous venons
d'avancer , qu'on doit regarder très - férieufement
cette Liqueur fpiritueufe dans
l'ufage que l'on en fait , comme un poiſon
lent qui retranche tout doucement du
temps de cette féduifante efperance de
longue vie.
Il eſt aifé de voir maintenant , fuivant
l'effet que l'Eau de vie produit dans tout
le corps , principalement fur la texture
des vifceres de l'eftomac ( par exemple )
du foye , &c. que cette Liqueur fpiritueufe
doit non-feulement nuire confiderablement
à la digeſtion , mais encore avancer
les derniers momens de la vie , foit
en dépravant l'exercice des fonctions , foit
en interceptant ou ralentiffant les coups
des fecretions , d'où fuit le dérangement
de la diatheſe du fang , la confufion & le
trouble dans toute la maffe . Ces Phlogoſes,
ces Duretés fchireufes qui en font ordi-
C nairement
1738 MERCURE DE FRANCE
>
nairement le terme dans ces fortes de cas ,
ces concretions calculeufes ; en un mot
ce nombre prodigieux de maux qui fe
mettent de la partie , reconnoiffent enfemble
la même caufe ; & delà vient qu'on
peut regarder juftement l'ufage interieur
de cette Liqueur fpiritueufe , comme la
fource & l'origine de mille maladies , attribuées
bien fouvent à toutes autres
cauſes rebelles à celui qui les traite & combattuës
par des remedes qui tourmentent,
qui tuent même plutôt qu'ils ne foulagent
ou ne guériffent. Je m'apperçois que
que je vous tiens déja depuis trop longtemps
, & que je fuis dans l'obligation de
mettre fin à ma Lettre ; excufez , Monfieur
, mon indifcretion , le deffein de
trouver la verité , m'a fi fortement occupé
, que m'étant oublié moi-même , je
n'ai pas pris garde que j'abufois de votre
patience dans la lecture d'une fi longue
Lettre, que j'aurois peut-être même pouffé
plus loin , fi le devoir de ma Profeffion
ne m'eût appellé ailleurs ; perfuadé , Monfieur,
que quoique je me fois montré contraire
à vos Reflexions , je ne fuis pas moins
attaché à votre perfonne que j'eftime infiniment
, étant avec toute la confideration
poffible , &c,
G. BARRE'S , Docteur en Medecine de
la Faculté de Montpellier,
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Résumé : LETTRE écrite de Pezenas, le 11. Juillet 1730. à l'Auteur des Reflexions sur l'usage interieur de l'Eau-de-Vie, inserées dans le Mercure du mois de May de l'année 1730. Contre la These de M. le Hoc.
Le 11 juillet 1730, une lettre est adressée à l'auteur des Réflexions sur l'usage intérieur de l'Eau-de-Vie, publiées dans le Mercure de mai 1730, en réponse à la thèse de M. le Hoc. L'auteur de la lettre conteste les bienfaits de l'Eau-de-Vie, affirmant qu'elle est nuisible à la santé humaine. Il soutient que cette liqueur procure initialement une sensation de force et de vigueur, mais finit par affaiblir les forces du corps. L'Eau-de-Vie stimule les fibres musculaires, les rendant plus compactes et puissantes, mais les rend également plus résistantes aux mouvements naturels. Elle force l'humide radical, essentiel pour l'humectation et la conservation des fibres, à quitter sa place, entraînant des pertes significatives. L'auteur explique que l'Eau-de-Vie tarit les sources des liquides lymphatiques, rendant les solides plus rigides et moins souples, ce qui nuit à la longévité. Il réfute également l'objection selon laquelle l'Eau-de-Vie ne séjourne pas assez longtemps dans le corps pour causer des dommages, en expliquant que son passage suffit à provoquer des effets néfastes. La lettre conclut en affirmant que l'Eau-de-Vie est un poison lent, causant diverses maladies et raccourcissant la durée de vie. L'auteur exprime son attachement à la vérité et à la personne de son destinataire, malgré leurs désaccords.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
97
p. 1826-1829
LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
Début :
MONSIEUR, Démontrer par le raisonnement qu'une découverte peut être bonne, c'est une façon de mettre [...]
Mots clefs :
Pierre, Opération, Malade, Guérison, Opération de la taille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
LETTRE de M. Morand , Chirurgien , à
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
La lettre de M. Morand, Chirurgien, adressée à M. Falconet, Docteur en Médecine, traite de la méthode de taille de la pierre par l'appareil latéral, une technique chirurgicale. Morand insiste sur l'importance de démontrer la valeur d'une découverte par le raisonnement et l'expérience pour convaincre les sceptiques et ruiner les préjugés. Il présente cette méthode comme excellente, sans se prononcer sur son caractère novateur. La théorie de cette opération a été abordée dans la thèse de Falconet, mais des faits concrets sont nécessaires pour prouver son efficacité. Morand fournit une liste de quinze patients opérés avec succès par l'appareil latéral, dont douze guéris et deux décédés. Les cas incluent des personnes de différents âges et conditions, opérées par Morand ou M. Perchet. Morand défie ceux qui nient ces faits, notamment certains de ses confrères, et invite à examiner les registres de l'Hôpital de la Charité pour vérifier les résultats. Il exprime son souhait que les faits soient examinés et jugés équitablement par le public. La lettre se conclut par l'expression de son honneur et de sa disponibilité à fournir des preuves supplémentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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98
p. 2075
HOLLANDE, PAYS-BAS.
Début :
On écrit de la Haye qu'on y avoit appris de Campen, qu'une femme âgée de 103. [...]
Mots clefs :
Petite vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HOLLANDE, PAYS-BAS.
HOLLANDE , PAYS - BAS .
ONécritde la Haye qu'on y avoit appris
de Campen , qu'une femme âgée de 103 .
ans qui avoit toujours joui d'une bonne fanté ,
étoit attaquée de la petite Verole qu'elle n'avoir
jamais eu , & dont on efperoit qu'elle fe réta¬
bliroit.
ONécritde la Haye qu'on y avoit appris
de Campen , qu'une femme âgée de 103 .
ans qui avoit toujours joui d'une bonne fanté ,
étoit attaquée de la petite Verole qu'elle n'avoir
jamais eu , & dont on efperoit qu'elle fe réta¬
bliroit.
Fermer
99
p. 2195-2202
RÉPONSE à la Lettre de M. G. Barréz, Medecin à Pezenas, inserée dans le Mercure du mois d'Août 1730. au sujet de l'usage interieur de l'Eau de vie.
Début :
Vous êtes touché de trop près, Monsieur, de la durée de l'homme, & la [...]
Mots clefs :
Eau de vie, Liqueur, Sang, Aliments
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à la Lettre de M. G. Barréz, Medecin à Pezenas, inserée dans le Mercure du mois d'Août 1730. au sujet de l'usage interieur de l'Eau de vie.
REPONSE à la Lettre de M. G.
Barréz , Medecin à Pezenas inferée
dans le Mercure du mois d'Aoûc 1730.
au fujet de l'ufage interieur de l'Eau de
vie.
Vficus ,de la durée de l'homme , & la
Ous êtes touché de trop près , Monverité
vous occupe trop fortement pour que
vous n'embraffiez toutes les occafions de
deffendre l'une & l'autre ; le grand interêt
que vous y prenez vous a fait attaquer
fortement l'Auteur des Reflexions qui
ne convient pas avec M. Le Hoc que l'Eau
La Marquife de G ... eft de Marseille , &
'a été mariée à Arles,
D vj fans
2196 MERCURE DE FRANCE
D
de vie foit une eau de mort , ainfi les doutes
que je vous propofe ici briévement
fans vous détourner beaucoup des devoirs
de votre profeffion , vous mettront à
même de montrer votre zele , & de me
détromper fur ce fujet.
En premier lieu , je doute fort que
tous les raifonnemens vagues & les grands
mots d'érethyfme des efprits , de dérangemens
de la diareze, de rythmes , des fonctions & c
puiffent convaincre les perfonnes raiſonnables
de la verité de vos propofitions , &
je tiens que les raifonnemens dénués d'experience
, comme font ceux que vous
nous propofez , & qui ne font pas fondés
fur des principes Mathématiques ,
peuvent prouver le pour & le contre dans
toutes les queftions de Medecine .
2º »>> Pour venir au fait , vous affurez
» que l'Eau de vie eft une eau de mort ,
un poiſon , fur ce qu'elle ne releve les
»forces que pour les abattre peu après ,
»parce que , dites- vous , cette liqueur
» porte les puiffances au-delà de leur jufte
» étendue , d'où étant revenues elles tombent
dans la langueur , tout cela n'eft pas
clair ; connoiffez - vous la meſure de cette
étenduë ? plus un Arc eft bandé , plus it
acquiert de force à fe remettre tout au
plus l'Eau de vie produiroit cette grande
diftenfion par fa quantité : mais qu'eſt-
CC
OCTOBRE. 1730 2197
ce qu'une once d'Eau de vie dans un
corps de 160. livres , ce n'eft pas la 160c
partie de nos liqueurs , & on prend 128 .
onces d'alimens fans craindre cette diftenfion
funefte dont vous nous menacez ;
feroit- ce que l'Eau de vie fait rarefier le
fang ? mais vous nous affurez qu'elle le
coagule.
3 Vous femblez même vous contredire
peu après , & me fourniffez des raifons
de douter de ces langueurs que produit
l'Eau de vie , quand vous dites qu'elle
rend les fibres des muscles plus compactes
plus robuftes , & les muscles plus puiffans.
Ainfi vos propres traits fe tournent contre
vous mais vous pouffez plus loin , &
ajoûtez qu'elle racorait les fibres , en les
obligeant de s'unir par les fortes contractions
que produit cette liqueur dans les
tuyaux , & par la diffipation qu'elle fait
faire de la limphe , & tout de fuite vous
menacez ceux qui ufent de cette liqueur
de voir d'abord leurs tuyaux debridés
effarouchés de la confufion & du defordre
dans les rythmes de leurs fonctions , de l'é--
rethifme de leurs efprits animaux , du dérangement
, de la diarhefe de leur fang , de
fchirres , du calcul de la Goute , de mille
maladies & de la privation de la vie.
Les buveurs d'Eau de vie ne font
de
ce que vous avancez ;
garans
au contraire
perfuadés
pas
ils font
Qu'un
2198 MERCURE DE FRANCE
Qu'un jeune Medecin vit moins qu'un vieil yvros
gne. Regnier , Satyre 10
Ainfi leur témoignage ne vous eft pas
avantageux , s'ils font exposés aux maladies
que vous dites ; les buveurs d'eau
n'en font pas exemts ; ce n'eſt que l'abus
de l'Eau de vie & de l'eau commune ou`
minerale qui produit ces mauvais effets ,
abus que tout le monde blâme , fans traiter
ni l'une ni l'autre de ces liqueurs de
poifon & d'eau de mort. L'Eau de vie
doit être prife moderément , & alors elle
produit mille bons effets , exterieurement
elle réfout les édemes , les éréfipeles , refferre
les playes , en arrête l'hémoragie ;
trop forte dofe , au contraire , elle eft
nuifible , empêche de grandir les petits
chiens qui y font plongés , en durciffant
leurs folides , tue les oifeaux aufquels on
en fait trop boire , durcit les foetus qu'on
y tient long - tems plongés.
à
Intérieurement on en ufe en trois façons
diverſes , ou l'on l'avale , & c'eſt en
grande quantité , fouvent & fans befoin
& alors on ne peut nier qu'elle ne foit
nuifible , quand on la prend à jeun , dans
les chaleurs de l'Eté , dans la fiévre , fur
tout elle nuit aux perfonnes fanguines &
bilicules.
Cet
OCTOBRE. 1730. 2199
Cet excès eft plus pardonable aux
temperamens froids & pituiteux , aux
Pays du Nord &c . on l'employe utilement
fous le nom d'Eau de vie Allemande
pour fortifier les boyaux des hydropiques
à mesure qu'on les purge &c.
Ou bien on l'avale en petite dofe après
de grands repas & dans les foibleffes , &
on fe fert de l'Eau de vie la plus douce
& non de la raffinée , autrement nommée
efprit de vin , & c'eft ainfi qu'en uſent
les perfonnes les plus fages ; cette liqueur
acide & fpiritueufe tombant dans l'eftomac
perd fon activité dans les parties
graiffeufes des alimens , & ne garde qu'u
ne legere force pour irriter & réveiller
la contraction de ce vifcere affaiffé fous
ce poids ; fes acides , fi on veut , fermentant
avec les alimens , fe changent en fels
falés , aident à la divifion des viandes
paffant dans le fang , en accelerent le
cours , hâtent les fecretions , comme la
chaleur , la rougeur , la fréquence du
poux le démontrent , & fes parties fpiritueufes
doivent,felon vous , M. qui croyez.
aux efpritsanimaux , fournir de ces nouveaux
agens qui felon votre langage en
tretiennent la vie & la fanté parfaite.
9
Ou enfin on injecte l'Eau de vie par
de grandes veines dans le corps , comme
on a fait fouvent à des animaux , & alors
elle
2200 MERCURE DE FRANCE
elle agit d'une façon toute differente , &
tue fur le champ , parceque fon acide qui
y prédomine, coagule tout à coup le fang,
n'ayant pas été changé en fel falé ni embaraffe
par des mucilages comme quand
on la prend par les premieres voyes : ce
n'eſt pas le feul remede qui agiffe de deux
façons fi differentes : le nitre , par exemple
, eft un acide qui injecté dans le fang,
le coagule , & pris par la bouche , le divife
, & réfout les arêts dans les maladies
inflammatoires , auffi les Parifiens & les
Allemands en font- ils un grand ufage
dans les cas.
>
Tous ces faits font fi connus , Monfieur
, que je perdrois le tems à vous citer
les Auteurs de ces experiences , &
que j'ai honte qu'un de mes confreres les
ignore ; l'ufage de cette liqueur , s'il eft
moderé, eft très utile pour animer & foutenir
les Soldats * il ne faut pas craindre
que
dans l'Eftomac elle durciffe les fruits
& autres alimens comme elle fait hors du
corps , car elle y fouffre des fermentations ,
& excite des contractions au ventricule
propres à faciliter la digeftion , à divifer
les glaires. Dans le fang elle produit d'autres
bons effets que je ne repeterai plus.
Vina parant animos faciuntque caloribus aptos-
Ovide
Tout
OCTOBRE. 1730. 2201
Tout ce que je dis , au refte , de l'Eau
de vie n'eft pas fi démonftratif que je n'aye
bien des doutes fur ce fujet je fçai feulement
que l'expérience , nonobftant l'autorité
de Fernel & vos raifonnemens , au
toriſe l'uſage moderé de cette liqueur
pourvû qu'on en ufe en tems & lieu .
Tempore quaque fuo , Medici quoque tempora
Jervant ,
Et data non apto tempore quaque nocent.
Pardon , M² , fi je dérobe à vos malades
des momens fi précieux ; continuez →
néanmoins à détromper le Public fur d'au
tres abus , oubliez vos devoirs dans la recherche
de nouvelles verités , celles que Vous
nous annoncez ne nous paroiffent pas tout
à fait fi claires que vous le dites ; n'importe
, je vous loue de ce que fans connoître
la verité vous êtes affez généreux
pour la foutenir , femblable à ces Héros
antiques dont parlent nos Romanciers.
Qui défendant des inconnuës´
Ont porté leurs noms juſqu'aux nuës.
Je fuis &c.
Ziorcal , Docteur Medecin de la
Faculté de Montpellier.
Barréz , Medecin à Pezenas inferée
dans le Mercure du mois d'Aoûc 1730.
au fujet de l'ufage interieur de l'Eau de
vie.
Vficus ,de la durée de l'homme , & la
Ous êtes touché de trop près , Monverité
vous occupe trop fortement pour que
vous n'embraffiez toutes les occafions de
deffendre l'une & l'autre ; le grand interêt
que vous y prenez vous a fait attaquer
fortement l'Auteur des Reflexions qui
ne convient pas avec M. Le Hoc que l'Eau
La Marquife de G ... eft de Marseille , &
'a été mariée à Arles,
D vj fans
2196 MERCURE DE FRANCE
D
de vie foit une eau de mort , ainfi les doutes
que je vous propofe ici briévement
fans vous détourner beaucoup des devoirs
de votre profeffion , vous mettront à
même de montrer votre zele , & de me
détromper fur ce fujet.
En premier lieu , je doute fort que
tous les raifonnemens vagues & les grands
mots d'érethyfme des efprits , de dérangemens
de la diareze, de rythmes , des fonctions & c
puiffent convaincre les perfonnes raiſonnables
de la verité de vos propofitions , &
je tiens que les raifonnemens dénués d'experience
, comme font ceux que vous
nous propofez , & qui ne font pas fondés
fur des principes Mathématiques ,
peuvent prouver le pour & le contre dans
toutes les queftions de Medecine .
2º »>> Pour venir au fait , vous affurez
» que l'Eau de vie eft une eau de mort ,
un poiſon , fur ce qu'elle ne releve les
»forces que pour les abattre peu après ,
»parce que , dites- vous , cette liqueur
» porte les puiffances au-delà de leur jufte
» étendue , d'où étant revenues elles tombent
dans la langueur , tout cela n'eft pas
clair ; connoiffez - vous la meſure de cette
étenduë ? plus un Arc eft bandé , plus it
acquiert de force à fe remettre tout au
plus l'Eau de vie produiroit cette grande
diftenfion par fa quantité : mais qu'eſt-
CC
OCTOBRE. 1730 2197
ce qu'une once d'Eau de vie dans un
corps de 160. livres , ce n'eft pas la 160c
partie de nos liqueurs , & on prend 128 .
onces d'alimens fans craindre cette diftenfion
funefte dont vous nous menacez ;
feroit- ce que l'Eau de vie fait rarefier le
fang ? mais vous nous affurez qu'elle le
coagule.
3 Vous femblez même vous contredire
peu après , & me fourniffez des raifons
de douter de ces langueurs que produit
l'Eau de vie , quand vous dites qu'elle
rend les fibres des muscles plus compactes
plus robuftes , & les muscles plus puiffans.
Ainfi vos propres traits fe tournent contre
vous mais vous pouffez plus loin , &
ajoûtez qu'elle racorait les fibres , en les
obligeant de s'unir par les fortes contractions
que produit cette liqueur dans les
tuyaux , & par la diffipation qu'elle fait
faire de la limphe , & tout de fuite vous
menacez ceux qui ufent de cette liqueur
de voir d'abord leurs tuyaux debridés
effarouchés de la confufion & du defordre
dans les rythmes de leurs fonctions , de l'é--
rethifme de leurs efprits animaux , du dérangement
, de la diarhefe de leur fang , de
fchirres , du calcul de la Goute , de mille
maladies & de la privation de la vie.
Les buveurs d'Eau de vie ne font
de
ce que vous avancez ;
garans
au contraire
perfuadés
pas
ils font
Qu'un
2198 MERCURE DE FRANCE
Qu'un jeune Medecin vit moins qu'un vieil yvros
gne. Regnier , Satyre 10
Ainfi leur témoignage ne vous eft pas
avantageux , s'ils font exposés aux maladies
que vous dites ; les buveurs d'eau
n'en font pas exemts ; ce n'eſt que l'abus
de l'Eau de vie & de l'eau commune ou`
minerale qui produit ces mauvais effets ,
abus que tout le monde blâme , fans traiter
ni l'une ni l'autre de ces liqueurs de
poifon & d'eau de mort. L'Eau de vie
doit être prife moderément , & alors elle
produit mille bons effets , exterieurement
elle réfout les édemes , les éréfipeles , refferre
les playes , en arrête l'hémoragie ;
trop forte dofe , au contraire , elle eft
nuifible , empêche de grandir les petits
chiens qui y font plongés , en durciffant
leurs folides , tue les oifeaux aufquels on
en fait trop boire , durcit les foetus qu'on
y tient long - tems plongés.
à
Intérieurement on en ufe en trois façons
diverſes , ou l'on l'avale , & c'eſt en
grande quantité , fouvent & fans befoin
& alors on ne peut nier qu'elle ne foit
nuifible , quand on la prend à jeun , dans
les chaleurs de l'Eté , dans la fiévre , fur
tout elle nuit aux perfonnes fanguines &
bilicules.
Cet
OCTOBRE. 1730. 2199
Cet excès eft plus pardonable aux
temperamens froids & pituiteux , aux
Pays du Nord &c . on l'employe utilement
fous le nom d'Eau de vie Allemande
pour fortifier les boyaux des hydropiques
à mesure qu'on les purge &c.
Ou bien on l'avale en petite dofe après
de grands repas & dans les foibleffes , &
on fe fert de l'Eau de vie la plus douce
& non de la raffinée , autrement nommée
efprit de vin , & c'eft ainfi qu'en uſent
les perfonnes les plus fages ; cette liqueur
acide & fpiritueufe tombant dans l'eftomac
perd fon activité dans les parties
graiffeufes des alimens , & ne garde qu'u
ne legere force pour irriter & réveiller
la contraction de ce vifcere affaiffé fous
ce poids ; fes acides , fi on veut , fermentant
avec les alimens , fe changent en fels
falés , aident à la divifion des viandes
paffant dans le fang , en accelerent le
cours , hâtent les fecretions , comme la
chaleur , la rougeur , la fréquence du
poux le démontrent , & fes parties fpiritueufes
doivent,felon vous , M. qui croyez.
aux efpritsanimaux , fournir de ces nouveaux
agens qui felon votre langage en
tretiennent la vie & la fanté parfaite.
9
Ou enfin on injecte l'Eau de vie par
de grandes veines dans le corps , comme
on a fait fouvent à des animaux , & alors
elle
2200 MERCURE DE FRANCE
elle agit d'une façon toute differente , &
tue fur le champ , parceque fon acide qui
y prédomine, coagule tout à coup le fang,
n'ayant pas été changé en fel falé ni embaraffe
par des mucilages comme quand
on la prend par les premieres voyes : ce
n'eſt pas le feul remede qui agiffe de deux
façons fi differentes : le nitre , par exemple
, eft un acide qui injecté dans le fang,
le coagule , & pris par la bouche , le divife
, & réfout les arêts dans les maladies
inflammatoires , auffi les Parifiens & les
Allemands en font- ils un grand ufage
dans les cas.
>
Tous ces faits font fi connus , Monfieur
, que je perdrois le tems à vous citer
les Auteurs de ces experiences , &
que j'ai honte qu'un de mes confreres les
ignore ; l'ufage de cette liqueur , s'il eft
moderé, eft très utile pour animer & foutenir
les Soldats * il ne faut pas craindre
que
dans l'Eftomac elle durciffe les fruits
& autres alimens comme elle fait hors du
corps , car elle y fouffre des fermentations ,
& excite des contractions au ventricule
propres à faciliter la digeftion , à divifer
les glaires. Dans le fang elle produit d'autres
bons effets que je ne repeterai plus.
Vina parant animos faciuntque caloribus aptos-
Ovide
Tout
OCTOBRE. 1730. 2201
Tout ce que je dis , au refte , de l'Eau
de vie n'eft pas fi démonftratif que je n'aye
bien des doutes fur ce fujet je fçai feulement
que l'expérience , nonobftant l'autorité
de Fernel & vos raifonnemens , au
toriſe l'uſage moderé de cette liqueur
pourvû qu'on en ufe en tems & lieu .
Tempore quaque fuo , Medici quoque tempora
Jervant ,
Et data non apto tempore quaque nocent.
Pardon , M² , fi je dérobe à vos malades
des momens fi précieux ; continuez →
néanmoins à détromper le Public fur d'au
tres abus , oubliez vos devoirs dans la recherche
de nouvelles verités , celles que Vous
nous annoncez ne nous paroiffent pas tout
à fait fi claires que vous le dites ; n'importe
, je vous loue de ce que fans connoître
la verité vous êtes affez généreux
pour la foutenir , femblable à ces Héros
antiques dont parlent nos Romanciers.
Qui défendant des inconnuës´
Ont porté leurs noms juſqu'aux nuës.
Je fuis &c.
Ziorcal , Docteur Medecin de la
Faculté de Montpellier.
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Résumé : RÉPONSE à la Lettre de M. G. Barréz, Medecin à Pezenas, inserée dans le Mercure du mois d'Août 1730. au sujet de l'usage interieur de l'Eau de vie.
Le texte est une réponse à une lettre de M. G., médecin à Pezenas, publiée dans le Mercure d'août 1730, concernant l'usage intérieur de l'Eau de vie. L'auteur, Ziorcal, médecin à Montpellier, exprime des doutes sur les affirmations de M. G. selon lesquelles l'Eau de vie serait une 'eau de mort' ou un poison. Ziorcal critique les arguments de M. G., les jugeant vagues et non fondés sur des principes mathématiques ou des expériences concrètes. Il souligne que l'Eau de vie, utilisée modérément, peut avoir des effets bénéfiques, tels que résoudre les œdèmes, refermer les plaies et arrêter les hémorragies. Il mentionne également que l'abus de cette liqueur, comme de toute autre, peut entraîner des effets nuisibles. L'auteur conclut en affirmant que l'usage modéré de l'Eau de vie est autorisé par l'expérience, malgré les doutes et les arguments de M. G.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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100
p. 2257-2261
EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
Début :
MR De la Riviere, Licentié de la Faculté de Medecine de Paris, fit les Paranymphes [...]
Mots clefs :
Paranymphes, Écoles de médecine, Faculté de Paris, Médecine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
EXTRAIT des Paranymphes faits aux
Ecoles de Medecine de la Faculté de
Paris , le 27. Août 1730. Par M. D. A.
MMD
R De la Riviere , Licentié de la Faculté de
Medecine de Paris , fit les Paranymphes
le 27. du mois dernier avec toute la force & la
dignité que requeroient & l'excellence de la Medecine
& la matiere qu'il avoit à traiter.
Le Paranymphe ne fe propofe ordinairement
pour but qu'un fimple éloge , qui fe termine par
une Critique ingénieufe de ceux qui font en Licence.
L'Orateur s'eft attaché à la premiere partie
de cette idée ; mais encore elle n'eft pas la
fcule , ni même la principale qui ait paru l'occuper
; elle eft amenée & foutenue par deux Chefs
qui font le corps du Difcours adreffé à fes Collegues
: Les avantages de l'union , les triftes effets
de la Difcorde. Il fournit les moyens de
cultiver l'une , & combat les caufes qui donnent
naiffance à l'autre , & laiffe échaper de tems en
tems les louanges dues à la Medecine. L'Analiſe
que voici mettra l'execution dans un plus beau
jour. Il repréfente la Medecine avec fes plus
beaux attributs , & foutient que tout cela n'eft
rien , en comparaifon de l'avantage qui lui revient
de l'union des fiens. Il la fait enfuite
paroître
avec tout ce qu'il y a de plus defavantageux
pour elle , & dit que tout cela n'eft rien ,
en comparaifon du dommage que lui cauferoit
leur défunion . C'eft là le tiflu de fon Exorde . Il
entre en matiere.
Après avoir établi la Medecine auſſi ancienne
que le monde , il la propofe comme un préfent
des Cieux : Taniumque ab alto munus alnis
G `am2818
MERCURE DE FRANCE
amplector memoribus : at , proh dolor ! continue
til , hoc purum integrumque confervandi viam
ignoratis , amici Collega . Ce chemin ignoré ,
c'est l'union qui devient le plus bel attribut de la
Medecine : cette union , dit-il , regardée comme
le premier mobile de fa confervation ; ce qu'il
prouve par une comparaifon tirée de l'existence
de notre machine , laquelle ne fubfifte que par le
concours & l'union de toutes les parties , union
abfolument requife pour feconder la puiffance
qui l'anime , & voici ce qu'il en infere : La Medecine
eft - elle donc une ame ? oui , fans doute ,
( pourfuit- il ) Medicina eft fpiritus ille à Dea
infufflatus , perque totum Medicum effufus s
huic totus Medicus fubjicitur fpiritui ; vos aurem
partes eftis , vos eftis membra &c. il donne
affez d'étendue à cette penfée , & paffe delà
aux moyens. Le premier comprend l'Obfervance
des loix ; elle confifte in quodam Medicina culiu
quo quidem neglecto fibi quifque jura folers effingere
, folers harefes effingit innumeras , blandamque
procul deturbantes unionem . Le fecond
combat l'interêt , autorife le mépris qu'on
en doit faire , par la prééminence du Medecin
fur tous les autres hommes , prife de la connoiffance
qu'il a des chofes naturelles : quò verò alfior
illa cognitio , eò magis de Creatoris effentia
mens eadem participat Medicus vir est penè
divinus. L'avide intérêt paroît enfuite comme
un Monftre qui fe dévore lui -même , Vorax
infatiabilis , deficiente victimâ , fefe proprie
deglutiret ore. Le troifiéme enfin , c'eſt l'amour
de la Paix , il en fait un Oifeau qui ne fçait où
fe repofer ; cette fiction lui fait dire Incertam
fixare fi vos ardor urit , dulcis amicâ cantet
unio voce ; fileat horrendum Vultur , fuorum
mox fatiatum jecore , longa peftifero aëra inquinat
OCTOBRE. 1730. 225 9
>
quinat habitu ; fileat mendax Scorpio , hunc
irata evomiit Medicina , bella perfidus ultrò
Aggreditur , illiufque fumma voluptas divifio
fuorum eft . La Difcorde paroît ; il fait une belle
defcription de fes cruels effets. La Medecine en
butte aux traits qui lui font lancés de toutes
parts , eft obligée de chercher une folitude : hie
ergo jacet obfcura , s'écrie- t -il , hic ergo miferis
infcia vivit mortalibus &c. C'est ainsi que
la Difcorde devient ce qu'il y a de plus delavantageux
pour la Medecine. L'Orateur paffe
fa feconde reflexion en difant : Tanta Deus
avertat mala , ipfeque meam aperiat mentem
ut veras acerrima peftis hujus caufas vobis
detegere valeam ; ces cauſes fe réduisent à trois :
la premiere , l'envie que l'on porte à ceux qui
font élevés. La feconde , le mépris que l'on a de
ceux qui font dans l'obſcurité . La troifiéme , la
raillerie qu'on employe aux Paranymphes & les
injures dont elle n'eft que trop fouvent fuivie.
Nous ne fuivrons pas l'Orateur dans fes preuves
; nous nous contenterons de rapporter ce
qu'il dit à l'occafion de la raillerie ufitée dans
les Paranymphes.
Tertia tandem favas arguit objurgationes a
has unde toties pollutus ille locus ; has unde
toties impari Conventu , purpurâ hac contaminata
fanguineis flevit lacrymis ; has unde toties
imis à fedibus tota intremuêre ſchola . Mens
meminiffe hortet , obfcurafque alto libenter finerem
filentio , ni tunc meritò mali labes in
nos poffet refundi , mali , inquam , quod radicitùs
extirpandum ufque huc fortiter fumus
infecuti. Tali vulgò fe jactat illud origine ; num
extinguatur ? ferè numquam aitarum reformidate
avernum facilis quidem defcenfus : primo
leviter congrediuntar animi : Et plus bas:
Gij 味
2260 MERCURE DE FRANCE
at fortè reponet aliquis fermonis atrocitatè
relicta aftutis , levibus licèt uti verbis , fateor
equidem , & inde micat ingenii calliditas , aftuto
redit honos : quin & quâdam voluptate
velut afficitur auditor , dùm folertibus licet obdu&
um nubibus , acumen fentit , explicat . Hoc
qui contràfuis experitur damnis , hoc &planè
diffimili fentit modò : intima penetrat acies
inimica , vulnusque excavat numquam occludendum
, manat unde perpetuò exiftiofum dif
cordia virus. Il remontre à fes Collegues le tort
que cela feroit & à la Medecine & à leur réputation
, & finit en expofant le caractere de chacun
d'eux.
L'un (a) dit- il,affis déja fur une Chaire Royale
du fein des Cadavres forme des Candidats.
L'autre (6) diftingué par desAyeux refpectables
dans la Medecine , s'empreffe à joindre aux prérogatives
de fa naiffance des talens & des vertus
qui lui foient perfonnelles . Celui- ci ( c) renonce
aux fçavantes fpeculations de la Philofophie , &
cherche avec avidité les utiles fecrets de la Medecine.
Celui-la ( d ) enfin déja Medecin par la pratique
qu'il s'eft formée dans une Ville confiderable
, veut encore en obtenir le nom de la plus
celebre Faculté du Royaume,
Ces Portraits ont été fort approuvés. On y a
remarqué une fincerité qui fe trouve rarement
entre des concurrens ; & on a fçû bon gré à
l'Auteur d'avoir le premier banni des Paranymphes
les invectives & la raillerie.
a M.Hunauld.
b M. Guenauld.
CM. Le Hoc.
1 M. Malouin,
M,
OCTOBRE . 1730. 2261
M. Lockman qui a traduit en Anglois plu
fieurs Livres François , entre autres , les Refle
xions critiques fur la Poësie & la Peinture , de
M. l'Abbé du Bas , vient de traduire les voyages
de Jean Gulliver , fils du Capitaine Lemud Gulliver
, écrit en françois par M. l'Abbé̟ D. F.
Harding , Li braire de Londres , vend cette Traduction.
Ecoles de Medecine de la Faculté de
Paris , le 27. Août 1730. Par M. D. A.
MMD
R De la Riviere , Licentié de la Faculté de
Medecine de Paris , fit les Paranymphes
le 27. du mois dernier avec toute la force & la
dignité que requeroient & l'excellence de la Medecine
& la matiere qu'il avoit à traiter.
Le Paranymphe ne fe propofe ordinairement
pour but qu'un fimple éloge , qui fe termine par
une Critique ingénieufe de ceux qui font en Licence.
L'Orateur s'eft attaché à la premiere partie
de cette idée ; mais encore elle n'eft pas la
fcule , ni même la principale qui ait paru l'occuper
; elle eft amenée & foutenue par deux Chefs
qui font le corps du Difcours adreffé à fes Collegues
: Les avantages de l'union , les triftes effets
de la Difcorde. Il fournit les moyens de
cultiver l'une , & combat les caufes qui donnent
naiffance à l'autre , & laiffe échaper de tems en
tems les louanges dues à la Medecine. L'Analiſe
que voici mettra l'execution dans un plus beau
jour. Il repréfente la Medecine avec fes plus
beaux attributs , & foutient que tout cela n'eft
rien , en comparaifon de l'avantage qui lui revient
de l'union des fiens. Il la fait enfuite
paroître
avec tout ce qu'il y a de plus defavantageux
pour elle , & dit que tout cela n'eft rien ,
en comparaifon du dommage que lui cauferoit
leur défunion . C'eft là le tiflu de fon Exorde . Il
entre en matiere.
Après avoir établi la Medecine auſſi ancienne
que le monde , il la propofe comme un préfent
des Cieux : Taniumque ab alto munus alnis
G `am2818
MERCURE DE FRANCE
amplector memoribus : at , proh dolor ! continue
til , hoc purum integrumque confervandi viam
ignoratis , amici Collega . Ce chemin ignoré ,
c'est l'union qui devient le plus bel attribut de la
Medecine : cette union , dit-il , regardée comme
le premier mobile de fa confervation ; ce qu'il
prouve par une comparaifon tirée de l'existence
de notre machine , laquelle ne fubfifte que par le
concours & l'union de toutes les parties , union
abfolument requife pour feconder la puiffance
qui l'anime , & voici ce qu'il en infere : La Medecine
eft - elle donc une ame ? oui , fans doute ,
( pourfuit- il ) Medicina eft fpiritus ille à Dea
infufflatus , perque totum Medicum effufus s
huic totus Medicus fubjicitur fpiritui ; vos aurem
partes eftis , vos eftis membra &c. il donne
affez d'étendue à cette penfée , & paffe delà
aux moyens. Le premier comprend l'Obfervance
des loix ; elle confifte in quodam Medicina culiu
quo quidem neglecto fibi quifque jura folers effingere
, folers harefes effingit innumeras , blandamque
procul deturbantes unionem . Le fecond
combat l'interêt , autorife le mépris qu'on
en doit faire , par la prééminence du Medecin
fur tous les autres hommes , prife de la connoiffance
qu'il a des chofes naturelles : quò verò alfior
illa cognitio , eò magis de Creatoris effentia
mens eadem participat Medicus vir est penè
divinus. L'avide intérêt paroît enfuite comme
un Monftre qui fe dévore lui -même , Vorax
infatiabilis , deficiente victimâ , fefe proprie
deglutiret ore. Le troifiéme enfin , c'eſt l'amour
de la Paix , il en fait un Oifeau qui ne fçait où
fe repofer ; cette fiction lui fait dire Incertam
fixare fi vos ardor urit , dulcis amicâ cantet
unio voce ; fileat horrendum Vultur , fuorum
mox fatiatum jecore , longa peftifero aëra inquinat
OCTOBRE. 1730. 225 9
>
quinat habitu ; fileat mendax Scorpio , hunc
irata evomiit Medicina , bella perfidus ultrò
Aggreditur , illiufque fumma voluptas divifio
fuorum eft . La Difcorde paroît ; il fait une belle
defcription de fes cruels effets. La Medecine en
butte aux traits qui lui font lancés de toutes
parts , eft obligée de chercher une folitude : hie
ergo jacet obfcura , s'écrie- t -il , hic ergo miferis
infcia vivit mortalibus &c. C'est ainsi que
la Difcorde devient ce qu'il y a de plus delavantageux
pour la Medecine. L'Orateur paffe
fa feconde reflexion en difant : Tanta Deus
avertat mala , ipfeque meam aperiat mentem
ut veras acerrima peftis hujus caufas vobis
detegere valeam ; ces cauſes fe réduisent à trois :
la premiere , l'envie que l'on porte à ceux qui
font élevés. La feconde , le mépris que l'on a de
ceux qui font dans l'obſcurité . La troifiéme , la
raillerie qu'on employe aux Paranymphes & les
injures dont elle n'eft que trop fouvent fuivie.
Nous ne fuivrons pas l'Orateur dans fes preuves
; nous nous contenterons de rapporter ce
qu'il dit à l'occafion de la raillerie ufitée dans
les Paranymphes.
Tertia tandem favas arguit objurgationes a
has unde toties pollutus ille locus ; has unde
toties impari Conventu , purpurâ hac contaminata
fanguineis flevit lacrymis ; has unde toties
imis à fedibus tota intremuêre ſchola . Mens
meminiffe hortet , obfcurafque alto libenter finerem
filentio , ni tunc meritò mali labes in
nos poffet refundi , mali , inquam , quod radicitùs
extirpandum ufque huc fortiter fumus
infecuti. Tali vulgò fe jactat illud origine ; num
extinguatur ? ferè numquam aitarum reformidate
avernum facilis quidem defcenfus : primo
leviter congrediuntar animi : Et plus bas:
Gij 味
2260 MERCURE DE FRANCE
at fortè reponet aliquis fermonis atrocitatè
relicta aftutis , levibus licèt uti verbis , fateor
equidem , & inde micat ingenii calliditas , aftuto
redit honos : quin & quâdam voluptate
velut afficitur auditor , dùm folertibus licet obdu&
um nubibus , acumen fentit , explicat . Hoc
qui contràfuis experitur damnis , hoc &planè
diffimili fentit modò : intima penetrat acies
inimica , vulnusque excavat numquam occludendum
, manat unde perpetuò exiftiofum dif
cordia virus. Il remontre à fes Collegues le tort
que cela feroit & à la Medecine & à leur réputation
, & finit en expofant le caractere de chacun
d'eux.
L'un (a) dit- il,affis déja fur une Chaire Royale
du fein des Cadavres forme des Candidats.
L'autre (6) diftingué par desAyeux refpectables
dans la Medecine , s'empreffe à joindre aux prérogatives
de fa naiffance des talens & des vertus
qui lui foient perfonnelles . Celui- ci ( c) renonce
aux fçavantes fpeculations de la Philofophie , &
cherche avec avidité les utiles fecrets de la Medecine.
Celui-la ( d ) enfin déja Medecin par la pratique
qu'il s'eft formée dans une Ville confiderable
, veut encore en obtenir le nom de la plus
celebre Faculté du Royaume,
Ces Portraits ont été fort approuvés. On y a
remarqué une fincerité qui fe trouve rarement
entre des concurrens ; & on a fçû bon gré à
l'Auteur d'avoir le premier banni des Paranymphes
les invectives & la raillerie.
a M.Hunauld.
b M. Guenauld.
CM. Le Hoc.
1 M. Malouin,
M,
OCTOBRE . 1730. 2261
M. Lockman qui a traduit en Anglois plu
fieurs Livres François , entre autres , les Refle
xions critiques fur la Poësie & la Peinture , de
M. l'Abbé du Bas , vient de traduire les voyages
de Jean Gulliver , fils du Capitaine Lemud Gulliver
, écrit en françois par M. l'Abbé̟ D. F.
Harding , Li braire de Londres , vend cette Traduction.
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Résumé : EXTRAIT des Paranymphes faits aux Ecoles de Medecine de la Faculté de Paris, le 27. Août 1730. Par M. D. A.
Le 27 août 1730, M. De la Rivière, licencié de la Faculté de Médecine de Paris, a prononcé un discours lors des Paranymphes des Écoles de Médecine. Ce discours visait à célébrer l'excellence de la médecine et à traiter des avantages de l'union et des tristes effets de la discorde au sein de la profession médicale. L'orateur a souligné que la médecine est aussi ancienne que le monde et l'a présentée comme un don des cieux. Il a insisté sur l'importance de l'union parmi les médecins, comparant la médecine à une âme qui anime le corps médical. L'union est nécessaire pour la conservation et l'efficacité de la médecine, tout comme l'harmonie des parties du corps humain est essentielle à sa fonction. Le discours a abordé trois moyens pour cultiver l'union : l'observance des lois, le mépris de l'intérêt personnel, et l'amour de la paix. L'intérêt personnel a été décrit comme un monstre autodestructeur, tandis que la discorde a été présentée comme un fléau dévastateur pour la médecine. L'orateur a également identifié trois causes principales de la discorde : l'envie envers ceux qui sont élevés, le mépris envers ceux qui sont dans l'obscurité, et la raillerie utilisée lors des Paranymphes. Il a critiqué l'usage de la raillerie, soulignant les dommages qu'elle peut causer à la réputation des médecins. Le discours s'est conclu par des portraits des nouveaux licenciés, mettant en avant leur sincérité et leurs qualités personnelles. Ces portraits ont été bien reçus, et l'auteur a été félicité pour avoir banni les invectives et la raillerie des Paranymphes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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