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1
p. 238-279
Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Début :
Le Royaume de Siam a plus de trois cens lieües de [...]
Mots clefs :
Roi de Siam, Grands seigneurs, Siamois, Talapoins, Siam, Porte, Peuple, Idoles, Fruits, Terre, Corps, Hommes, Prince, Dieux, Ville, Mer, Maisons, Moeurs, Éléphants, Étrangers, Figure, Fruit, Habits, Officiers, Royaume, Orient, Rivière, Eaux, Chair, Écorce
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texteReconnaissance textuelle : Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Le Royaume de Siama
plus de trois cens lieues de
longueur, du Septentrion au
Midy , & eft plus étroit de
F'Orient à l'Occident. Ila le
Pégu pour bornes au SeptenGALANT
239
trion ; la Mer du Gange au
Midy , le petit Etat de Malaca
au Couchant , & du
cofté d'Orient la Mer d'u
ne part , & de l'autre , les
Montagnes qui le féparent
de Camboye & de Laros ..
Ce Royaume qui s'étend
i jufque fous le dix - huitiéme
degré de latitude Septentrionale
, fe trouve comme
entre deux Mers , qui
luy ouvrent paffage à tous
les Pais voifins & cela
rend fa fituation fort avantagcuſe
, à cauſe de la grande
étendue de fes Coftes,
auli
240 MERCURE
-
#
des
qui ont cinq à fix cens
lieues de tour. Il eft partagé
en onze Provinces, auf
quelles le Roy
Gouverneurs , qu'il deftitue
comme il luy plaift . Siam
eft la principale , & donne
fon nom à tout le Royau
me , aufli-bien qu'à la Ville
Capitale , qui eft fituée furt
la belle & grande Riviere
de Menan. Elle vient du
fameux Lac de Chiamay ,
& porte les Vaiffeaux tous !
chargez jufqu'aux Portes de:
Siam , quoy que cette Ville
foit éloignée de la Mer de
plus
SGALANT. 241
plus de foixante lieuës . Elle
a de bonnes Murailles , &
trente mille Maifons ou environ
, avec un Château bien ,
fortifié. Elle eft d'ailleurs affcz
forte d'elle mefme eftant
bâtie fur les eaux con comme
2
Veniſe. Il en eſt peu dans
tout l'Orient où l'on voye
plus de Nations diférentes
affemblées. On y parle jufqu'à
vingt fortes de Langues.
Tout le Pais eft fertile ; &
ce qui contribue fort à cette
fertilité , ce font les inondations
des Rivieres , caufées
par des pluyes qui durent
·
Octobre 1684.
X
242 MERCURE
trois ou quatre mois , & qui
tiennent les Campagnes toutes
noyées. Plus l'inondation
eft grande , plus la recolte
eft heureuſe. Le Ris , qui eft
le Froment des Siamois, n'eft
jamais affez arrofé . Il croift
au milieu de l'eau , & les
Campagnes qui en font femées
, reffemblent plûtoſt à
des Marais , qu'à des Terres
cultivées avec la Charüe. Le
Ris a cette force , que quoy
qu'il y ait fix ou fept pieds
d'eau fur luy , il pouffe toûjours
fa tige au deffus , & le
tuyau qui la porte s'éleve &
GALANT. 243
G
croift à proportion de la hauteur
de l'eau qui couvre fon
Champ . Malgré la fertilité
dont je vous parle , il y a
beaucoup de terres négligées
faute d'Habitans , & mefme
par la pareffe des Siamois ,
qui n'aiment pas le travail .
Ces Plaines in cultes & les
épaiffes Forefts que l'on voit
fur les Montagnes , fervent
de retraite aux Eléphans , aux
Tygres , aux Boeufs & Vaches
fauvages , aux Rinocérots
, & autres Beftcs . Le
Pais eft fort abondant en
Fruits, dont les meilleurs font
X ij
244MERCURE
le Durion , qui a la figure d'un
Melon ordinaire , & la peau
fort dure & raboteufe, & dans
Po
ouver
lequel , quand on
ОРГА
(190
(ce qu'il faut faire avec force )
on trouve des morceaux d'une
chair tres-blanche & délicate
, enfermée dans de petites
cellules , & dont le gouſt
paffe tour ce que nous avons
de meilleur en Europe ; les
Jacques, qui eftant gros.comme
nos Citrouilles , renferment
dans leur écorce une
chair jaunâtre & ferme , d'un
gouft aigre-doux fort agreable
; les Mangonftans, qui dans
GALANT. 245
une écorce toute unie , d'un
rouge enfoncé par le dehors,
mais plus clair par le dedans,
renferment une liqueur &
une chair femblable à celle
de l'Orange , dont elles ont
la groffeur , mais qui plaiſt
beaucoup davantage au goût,
la Manque, qui eft de la groffeur
dune Poire de Bon Chrérien
, & dont la couleur eft
jaune par le dehors , & rouge
parle dedans, & enfin l'Areca.
Ce dernier Fruit eft de la .
figure d'une groffe Prune.
Son écorce . renferme plu
fieurs filets, où fe trouve une
20
X iij
246 MERCURE
Noix affez dure , qui reffem?
ble à celle d'une Mufcade
Le gouſt en eft acre , mais
elle fortifie
l'eftomac.Les Siamois
, & les autres Peuples du
mefme Climat, ufent preſque
à toute heure de cet Areca ,
qu'ils eftimét fouverain pour
la fanté , à caufe qu'il aide la
digeftion
, & corrige l'humidité
de leurs alimens ordinaires
, qui font le Risle
Poiffon , les Fruits , & l'eau
toute pure pour leur boiſſon.
Les Riches comme les Pau
vres font occupez tout le jour
à mâcher ce Fruit ; & quand
14 X
GALANT. 247
1
ils fe rencontrent , le premier
acte de civilité eft de fe préfenter
l'un à l'autre l'Areca,
& de lle mâcher auffi - toft.
Les Siamois font olivâtres , &
non pas noirs , quoy qu'ils
foient fous la Zone torride.
Ils ont le nez court , &
font la plupart affezubien
faits. Leur naturel eft fort
doux , & affable aux Etrangers
. rs. Leur grande maxime
eft le repos , ils n'employent
au travail que leurs Efclaves ,
& une pauvreté tranquille
leur plaift beaucoup plus.
qu'une abondance de biens
X iiij.
248 MERCURE
accompagnée d'inquiétude.
Auffi leurs Habits , leurs .
Meubles , leurs Maiſons , &
leur
nourriture marquent
cette pauvreté. Ils vont toû
jours pieds & teftes nuës.
Les Grands, & les plus aifez ,
vont par terre fur des Elé
phans , & par eau dans des
Barques qui font fort comniodes
. Leurs Habits ne
confiftent qu'en une Etofe
deliée , toute
blanche , ou
marquée de Fleurs vives de
diférentes couleurs . Ils s'en
envelopent tout le corps ,
& lors qu'ils vont par la Ville,
GALANT 249
ils fe couvrent les épaules
d'une Cafaque de toile légere
, & stranſparente , qui
defcendo jufqu'au genouil.
Les Manches en font cour
tes , mais larges. Les Femmes
font prefque veftües comme
les Hommes . Ils fe rafent les
cheveux , s'arrachent la barbe
, & fe lavent fort fouvent
avec des eaux parfumées . Ils
font parez d'Etofes de foye
en broderie d'or , dans les
Affemblées de cerémonie .
Les Maifons du commun ,
deleulement
de bois
&
de feuilles , avec des murail
250 MERCURE
les de Cannes jointes enfemble
, font pofées fur des Piliers
élevez , qui les garantif
fent des inondations ordinaires
du Pais . Les Perfonj
nes riches ont des Baftimens
alug
de brique , & couverts de
tuiles . Tous leurs Meubles
ne confiftent qu'en quelques
Tapis & des Couffins.
Sieges , Tables, Lits , Tapif
feries , Cabinets , Peintures,
tout cela n'eft point de leur
ufage. Quoy que le Ris &
les Fruits foient leur nourri
ture, ils ne manquent ny de
Poules, ny de Boeufs, ny de
GALANT 251
pas fi fuper
Gibier ; mais eftant perfua
dez que c'eft faire mal que
d'ofter la vie aux Animaux,
ils n'en mangent point pour
l'ordinaire . Si d'autres les
tüent , ils font relevez de
leurs fcrupules , & croyent
en pouvoir manger fans crime.
Ils ne font
ftitieux pour le Poiffon, parce
qu'eftant, tiré des Filets , il
meurtcomme de luy mefme.
Les Siamois n'ont aucuns
exercices pour la Dance ,pour
les Armes , ny pour monter
à Cheval. Ils ne fçavent ce
que c'eft que Philofophie, au
252 MERCURE
Mathématiques. Leur Theo
logie confifte en quelques
Fables , & toute leur feience
eft à bien écrite , & àfçavoir
les Loix du Gouvernement
,
& de la Juftice. L'expérience
de divers Remedes pour les
maladies communes
, fait
toute leur Medecine
quand ces Remedes manquent
d'opérer , ils ont recours
à la Magie , fe fervant
de Pactes , de Billets , & de
Figures. Ils écrivent comme
nous de la gauche à la droite
, mais feulement avec du
crayon. Leur Papier eftant
: ར་
&
бы GALANT 253
trop foible , on le colle à une
ou deux autres feuilles pour
le foûtenir. Un grand Livre
n'eft fouvent qu'une feule
feuille de Papier de plufieurs
aunes de long , qu'on plie &
replie à la maniere de nos
Paravents . Tout l'Etat eft
Monarchique , & le Gouver
nement affez bien reglé. Le
Roy eft fort abfolu . Dans
les occafions les plus importantes
, il fait part de fes def
feins à quelques- uns des plus
grands Seigneurs , qu'on ap-
Felle Mandarins . Ceux - cy
aflemblent d'autres Officiers
254 MERCURE
leurs inférieurs , aufquels ils
communiquent ce qu'il leur
a propofé , & tous enfemble
concertent leur réponſe ou
remontrance. Il y a tel égard
qu'il veut , & diftribuant les
Charges felon le mérite , &
non felon la naiffance , il les
oſte ſur la moindre faute que
ceux qui en font pourveus
commettent. Il ne fe montre
prefque jamais au Peuple.
Les grands Seigneurs
mefme le voyent rarement.
Ils luy parlent à genoux les
mains jointes élevées fur
leurs teftes, & tous courbez
GALANT. 255
contre terre , fans ofer l'envifager.
Ils le qualifient
Roy
des Roys , Seigneur
des Seigneurs
, le Maiftre des Eaux,
le Tout-puiffant de la Terre,
le Dominateur
de la Mer,
l'Arbitre
du bonheur
& de
l'infortune
de fes Sujets. Son
Train eft fort magnifique
, &
fa Garde compofée
de trois
cens Hommes
.
Reyne , il a un grand nombre
de Concubines
qu'on
choifit entre les plus belles
Filles du Pais. Il fe laiffe voir
ordinairement
deux fois l'année
, l'une fur terré , & l'autre
Outre la
256 MERCURE
fur l'eau. Quand il va fe promener
fur la Riviere , la Galere
qui le porte eſt éclatante
de l'or le plus fin. On
y éleve un Trône fuperbe,
où ce Prince paroift revestu
d'Habits précieux, ayant une
Couronne toute d'or , garnie
de fins Diamans . A cette
Couronne pendent deux Aîles
d'or , qui luy batent les
épaules. Tous les Seigneurs
& les Officiers le fuivent,
chacun dans une Galere , parée
à proportion de ſes Biens
& de la Charge . Ces Galeres,
dorées par dedans & par deGALANT
257
hors , font le plus fouvent au
nombre de quatre cens , &
portent chacune trente ou
quarante Rameurs , dont
quelques - uns ont les bras
& les épaules dorées . Les
Rivages font bordez des Peuples
qui accourent en foule,,
& qui font retentir l'air de
cris d'allégreffe . Lors qu'il
fe montre par terre , deux
cens Eléphans paroiffent d'a--
bord. Ils portent chacun
-trois Hommes armez , &
font fuivis de Joueurs d'Inf--
trumens , de Trompetes , &
-de mille Soldats à pied . Les
Octobre 16844- Y
258 MERCURE
grands . Seigneurs du Païs
viennent apres, & il y en a
quelques uns qui ont 80; ou
1oo . Hommes à leur fuire. En
fuite on voit deux cens Soldats
du Japon , qui préce
dent ceux dont ifa Garde eft
compofée , puis fes Chevaux
de main , & fes Eléphans , &
apres les Officiers de fa Cour,
portant tous des Fruits , ou
quelqu'autre chofe que l'on
préfente aux Idoles . Derriere
eux marchent encore quelques
grands Seigneurs avec
des Couronnes fur leurs tef
tes. L'un dieux porte LE
for micro
GALANT 2591
tendard du Roy , & l'autre
une Epée qui repréfente la
JufticemoCePrince paroift
apres eux, porté fur un Elé
phant dans une Tour toute
éclatante de Pierreries . Cer:
Eléphant eft environné de
Gens qui luy portent des Pa
rafols, & fuivy du Prince qui
doit fucceder. Les Femmes :
du Roy fuivent auffi fur des
Eléphans, mais dans de petits ;
Cabinets fermez , qui ne les
Jaiffent point voir. Six cens
Soldats ferment ce Cortége,,
qui cft ordinairement de
quinze ou feize mille Hom-
C.
Yij
260 MERCURE
mes. Le fruit qu'on remporte
de ces Ceremonies, eft
de maintenir le Peuple dans.
la vonération de la Majefté
Royale . Quand le Roy eſt
mort , le plus âgé de fes Freres
luy fuccede, & les autres.
apres luy. S'il n'a point de
Freres, c'eft l'aîné des Fils, &
jamais les Filles . L'accés eft
facile aux Etrangers dans.
tout ce Royaume , foit pour
4
s'y établir , foit pour y faire
trafic. On ne les gefne en
aucune chofe, pourveu qu'ils.
ne faffent rien contre l'Etat.
Pour prévenir les deførdres
HGALANT 261
qu'ils pourroient caufer , on
donne à chaque Nation un.
peu confidérable , une Chef
qui en eft, & qui doit répondre
de tous ceux de fon Païs,.
avec un Seigneur de la Cour,
2 ou un Officier du Roy , qui
eft commele Protecteur particulier
de la Nation . C'eft à
ce Seigneur, ou Officier, que
doit s'adreffer ce Chef , foit:
pour les Requeftes qu'il veut
présenter au Prince, foit pour
les Affaires du Commerce..
D'ailleurs , les Canaux que
forme la Riviere , partageant
La Ville en plufieurs. Illes,
262 MERCURE
on a foin de placer chaque
Nation en quelque Iſle ou
Quartier féparé , ce qui empelche
les diférens qu'excite
fouvent le mélange des Nations
qui ont des antipaties
naturelles . On oblige encore
tous les Etrangers qui s'établiffent
à Siam , de renouveller
tous les ans le Serment
de fidelité qu'ils jurent au
Roy. Le jour de cette cerémonie
cft folemnel . Tous les
Officiers de la Couronne y
affiftent.LeRoy montéfur un
Trône reçoit ce Serment,que
chacun luy prefte felon for
GALANT. 263
mng , aprés quoy on leur donne
à boire d'une Eau qu'ils
nomment Eau de jurément.
Ils l'eftiment Sainte . Les Sa-
- crificateurs
des Idoles qui la
préparent avec des cerémonies
remplies de fuperftition
,
tiennent la pointe d'une Epée
dans cette Eau , & lancent
plufieurs imprécations
contre
les Parjures, dans la croyace
que s'ils ne promettent
pas fidelité avec un coeur fincere
, ils en feront fuffoquez
dés le mefme inftant.
Il n'y a point de Païs où
L'exercice de toutes fortes de
264 MERCURE
Religiós foit plus permis qu'à
Siam. Cette liberté attire un
grand nombre d'Etrangers,.
dont le fejour eft
avantageux
aux Siamois pour le commerce
. D'ailleurs ils tiennent que
toute Religion eft bonne , &
Iainfi ils ne fe montrent con
traires à aucune , pourvû qu'
elle puiffe fubfifter avec les
Loix du Gouvernement. Ils
difent que le Ciel'eft comme
- un grand Palais , où pluſieurs
chemins vont aboutir, & qu'il
feroit difficile de déterminer
quel eft le meilleur. Comme
ils croyent la pluralité des
Dieux
GALANT 265
Dieux , ils ajoûtent qu'eftant
tous de grands Seigneurs , ils
exigent divers cultes , & veulent
eftre honorez en plufieurs
manieres. Cette indiférence
eſt cauſe qu'il eft
malaifé de les convertir. En
avouant que la Religion des
Chrétiens eft bonne , ils prétendent
que c'eſt eſtre témeraire
, que de rejetter les au
tres , & que puis qu'elles ont
toutes pour but d'honorer les
Dieux , il y a fujet de croire
qu'ils s'en contentent. Ils
ont des Idoles en grand
nombre , & leur figure ne
Octobre 1684. Z
266 MERCURE
furprend pas moins que leur
grandeur. Il y en a fur un
mefme Autel jufqu'à cinquante
ou foixante, de plus de
quarante pieds de haut. Elles
font faites de Brique & de
Pierre , & dorées par le dehors
. Dans les Maifons des
Sacrificateurs font des Galeries
, où l'on en voit trois &
quatre cens de diférentes figures
, toutes dorées , & d'un
grand éclat. Les Temples
qu'ils bâtiffent à ces Idoles,
font trés -fomptueux , folides
& à peu prés comme nos ‘Eglifes.
Les Portes en font doGALANT.
267
rées , le dedans eit peint , &
la lumiere y entre par des Feneftres
étroites & longues,
prifes dans l'épaiffeur du mur.
Les Idoles font fur l'Autel ,
qui eft dans le lieu le plus éloigné
de la Porte , & auquel
on monte par plufieurs degrez
en Amphitheatre . Prés
de ces Temples font les Convens
des Sacrificateurs , qui
ont leurs Dortoirs & leurs
Cellules , & qui vivent en
.commun. Ils ont auffi leurs
Cloiſtres , au milieu defquels
eft une Pyramide extrémement
haute, & toute brillante
Z ij
268 MERCURE
d'or. La coûtume eft de ren
fermer fous ces Pyramides
les cendres des grands Seigneurs.
Les Portugais ront
donné le nom de Talapoins
à ces Sacrificateurs ou Reli
gieux , qui font bien au nom .
bre de trente mille dans tout
le Pais. Leurs habits qui
font d'une toile jaune toute
fimple , ne diférent sen rien
de ceux du Peuple pour la fi
gure, finon qu'au lieu de Ca
faque ils portent comme un
Baudrier de toile rouge , qui
va de l'épaulé gauche cou
vrant l'eftomac jufqu'au câ
2
GALANT 269
leur
ré droit. Ils marchent pieds,
nus & tefte nue , & quoy
qu'ilshareçoivent
quantité
d'aumônes , & que les préfens
qu'on fait aux Idoles,
d'Erofes , de Ris & de Fruits,
appartiennent , ils ne
font qu'un repas par jour , &
il ne leur eft permis de manger
le foir qu'un peu de Fruit.
Ils prefchent le Peuple , l'in
ftruifent , & font des offrandes
& des facrifices à leurs
Dieux. Ces Sacrifices font
accompagnez
de Torches ,
de Fleurs , & de feux d'Artifice.
Entre ces Talapoins , il!
Z
iij
270 MERCURE
y en a qui font feulement
pour vivre en particulier.
Quelques - uns ont des fon
ctions qui regardent le Pu
blic ; & d'autres qu'on nomme
Sancrats , ont foin des .
Temples , & de faire obfer
ver les cerémonies. Ces der
niers qui font les plus réverez
de tous , font fous la Jurifdiction
d'un Sancrat , qui
eft toûjours un grand Perfonnage.
C'eft luy qui préfide
au Pagode du Roy , qui
eft à deux lieues de Siam.
Non feulement il eft respecté
du Prince , mais il a l'honneur
GALANT. 271
de s'affeoir auprés de luy
quand il luy parle , & fe contente
de luy faire une médiocre
inclination de tefte. Ces
Preftres font obligez de garder
la continence , mais comme
il leur eft permis de quitrer
la vie Religieufe quand ils
veulent , ils n'ont qu'à fe défaire
de leurs veftemens de
couleur jaune pour ſe marier.
Il y a auffi proche des principaux
Teples, des Maifons de
Religieufes, où font de vicilles
Filles rafées, & vcftuës de
blanc. Elles paffent les jours
a prier , & quand la retraite
Z
iiij
272
MERCURE
r
les ennuye, elles quittent l'habit
blanc . Les Siamois croyét
que l'ame furvit le corps .Cela
les oblige à fonger de leur
vivant aux befoins de l'autre
vie. Ils amaffent pour cela
tout ce qu'ils peuvent épar
gner d'argent , le cachent en
quelque lieu retiré, & comme
c'eft parmy eux un grand
facrilege que de dérober l'ar
gent des Morts , il fe perd
par là des fommes immenfes
qu'on n'ofe chercher. Cette
folle opinion n'eft pas fou
lement parmy le Peuple ; lesc
grands Seigneurs & les Prin
<
GALANT.27 3
ces fe pourvoyent auffi pour
l'avenir , mais fans cacher
leurs Tréfors . Ils font élever
des Pyramides , au pied defquelles
ils enfouiffent l'ar
gent qu'ils fe refervent , & les
Talapoins veillent à la garde
de ces Pyramides . Les Siamois
font fort magnifiques.
dans leurs Funérailles, & emer
ployent quelquefois une an
née entière à en faire les préparatifs
. Les Sépulchres font.
environnez de plufieurs
Tours quarrées , faites de
bois de Cyprez , & reveſtuës;
de Cartes de gros Papier de
274MERCURE
diférentes couleurs . Ils met
tent quantité de feux d'arti
fice au deffus des Tours , &
tout estant preft , une partie
des Talapoins fe rend au lieu
des Funérailles , tandis que
l'autre va querir le Corps , On
Eenferme dans une Biere ou
Quaiffe dorée , fur laquelle
s'éleve une Pyramide , ornée
de divers Ouvrages de menuiferie
auffi dorée . Quand le
Corps eft arrivé , on le tire de
la Quaiffe. On le met fur le
bucher , autour duquel les
Talapoins font plufieurs
tours , & pendant que les flâ
GALANT. 275
mes le confument on fait
jouer des feux d'artifice au
fon de quatité d'Inftrumens.
Le corps eftant brûlé , on en
ramaffe les cendres , & on:
les met repofer fous la Pyramide.
7
Les mariages entre les
Perfonnes riches fe font avec
beaucoup de magnificence,
mais fans qu'il y entre aucune
cerémonie de Religion :
Les Mariez mettent en commun
une fomme de deniers,
& ont toûjours la liberté de
fe féparer en partageant leurs .
Enfans. Ileft permis au Ma276
MERCURE
ry de prendre autant de Con
cubines qu'il veut , &zelles
doivent obeiffance
à la prev
miere Femme , dont les En
fans font feuls héritiers du
bien du Pere, ceux des Concubines
n'ayant prefque rien.
Les biens des Gens de con
dition font féparez en trois
parties aprés leur mort. Les
Talapoins en ont une, le Roy
Fautre , & la troifiéme eft
pour les Enfans . La Coûtu
me eft diférente parmy le
Peuple. Les Hommes acheg
tent leurs Femmes par quel
que préfent qu'ils font aux
GALANT 277
Peres. Ils ont mefine liberté
de les quitter , mais les divorces
ne fe font pas fans de
grandes cauſes. Les Enfans
partagent entr'eux également
le bien de leur Pere,
laiffant pourtant ordinairement
quelque chofe de plus
àl'Aîné. Onles met dans leur
bas âge auprés des Preftres &
Docteurs , pour apprendre à
lite & à écrire , & quand
leurs études font achevées, il
en demeure toûjours un
grand nombre dans la Communauté
de ces Talapoins.
Il y a beaucoup d'argent à
278 MERCURE
Siam. Celuy de la principale
Monnoye dont on s'y fert , &
qu'on appelle Ticals , eft fort
fin , & d'une figure preſque,
ronde , marquée au coin d
Prince. Les Ticals valent
trente- fept fols de noftre
Monnoye .Un Mayonvaut la
moitié d'un Tical.Un Foüan,
la moitié d'un Mayon , &
un Sampaya la moitié d'un
Foüan. Ils font ordinairement
leurs comptes par Cattis
d'argent. Chaque Cattis
vaut vingt Tayls , ou cent
quarante quatre livres , le
Tayl valant quelque chofe
GALANT. 279
de plus que fept francs.
plus de trois cens lieues de
longueur, du Septentrion au
Midy , & eft plus étroit de
F'Orient à l'Occident. Ila le
Pégu pour bornes au SeptenGALANT
239
trion ; la Mer du Gange au
Midy , le petit Etat de Malaca
au Couchant , & du
cofté d'Orient la Mer d'u
ne part , & de l'autre , les
Montagnes qui le féparent
de Camboye & de Laros ..
Ce Royaume qui s'étend
i jufque fous le dix - huitiéme
degré de latitude Septentrionale
, fe trouve comme
entre deux Mers , qui
luy ouvrent paffage à tous
les Pais voifins & cela
rend fa fituation fort avantagcuſe
, à cauſe de la grande
étendue de fes Coftes,
auli
240 MERCURE
-
#
des
qui ont cinq à fix cens
lieues de tour. Il eft partagé
en onze Provinces, auf
quelles le Roy
Gouverneurs , qu'il deftitue
comme il luy plaift . Siam
eft la principale , & donne
fon nom à tout le Royau
me , aufli-bien qu'à la Ville
Capitale , qui eft fituée furt
la belle & grande Riviere
de Menan. Elle vient du
fameux Lac de Chiamay ,
& porte les Vaiffeaux tous !
chargez jufqu'aux Portes de:
Siam , quoy que cette Ville
foit éloignée de la Mer de
plus
SGALANT. 241
plus de foixante lieuës . Elle
a de bonnes Murailles , &
trente mille Maifons ou environ
, avec un Château bien ,
fortifié. Elle eft d'ailleurs affcz
forte d'elle mefme eftant
bâtie fur les eaux con comme
2
Veniſe. Il en eſt peu dans
tout l'Orient où l'on voye
plus de Nations diférentes
affemblées. On y parle jufqu'à
vingt fortes de Langues.
Tout le Pais eft fertile ; &
ce qui contribue fort à cette
fertilité , ce font les inondations
des Rivieres , caufées
par des pluyes qui durent
·
Octobre 1684.
X
242 MERCURE
trois ou quatre mois , & qui
tiennent les Campagnes toutes
noyées. Plus l'inondation
eft grande , plus la recolte
eft heureuſe. Le Ris , qui eft
le Froment des Siamois, n'eft
jamais affez arrofé . Il croift
au milieu de l'eau , & les
Campagnes qui en font femées
, reffemblent plûtoſt à
des Marais , qu'à des Terres
cultivées avec la Charüe. Le
Ris a cette force , que quoy
qu'il y ait fix ou fept pieds
d'eau fur luy , il pouffe toûjours
fa tige au deffus , & le
tuyau qui la porte s'éleve &
GALANT. 243
G
croift à proportion de la hauteur
de l'eau qui couvre fon
Champ . Malgré la fertilité
dont je vous parle , il y a
beaucoup de terres négligées
faute d'Habitans , & mefme
par la pareffe des Siamois ,
qui n'aiment pas le travail .
Ces Plaines in cultes & les
épaiffes Forefts que l'on voit
fur les Montagnes , fervent
de retraite aux Eléphans , aux
Tygres , aux Boeufs & Vaches
fauvages , aux Rinocérots
, & autres Beftcs . Le
Pais eft fort abondant en
Fruits, dont les meilleurs font
X ij
244MERCURE
le Durion , qui a la figure d'un
Melon ordinaire , & la peau
fort dure & raboteufe, & dans
Po
ouver
lequel , quand on
ОРГА
(190
(ce qu'il faut faire avec force )
on trouve des morceaux d'une
chair tres-blanche & délicate
, enfermée dans de petites
cellules , & dont le gouſt
paffe tour ce que nous avons
de meilleur en Europe ; les
Jacques, qui eftant gros.comme
nos Citrouilles , renferment
dans leur écorce une
chair jaunâtre & ferme , d'un
gouft aigre-doux fort agreable
; les Mangonftans, qui dans
GALANT. 245
une écorce toute unie , d'un
rouge enfoncé par le dehors,
mais plus clair par le dedans,
renferment une liqueur &
une chair femblable à celle
de l'Orange , dont elles ont
la groffeur , mais qui plaiſt
beaucoup davantage au goût,
la Manque, qui eft de la groffeur
dune Poire de Bon Chrérien
, & dont la couleur eft
jaune par le dehors , & rouge
parle dedans, & enfin l'Areca.
Ce dernier Fruit eft de la .
figure d'une groffe Prune.
Son écorce . renferme plu
fieurs filets, où fe trouve une
20
X iij
246 MERCURE
Noix affez dure , qui reffem?
ble à celle d'une Mufcade
Le gouſt en eft acre , mais
elle fortifie
l'eftomac.Les Siamois
, & les autres Peuples du
mefme Climat, ufent preſque
à toute heure de cet Areca ,
qu'ils eftimét fouverain pour
la fanté , à caufe qu'il aide la
digeftion
, & corrige l'humidité
de leurs alimens ordinaires
, qui font le Risle
Poiffon , les Fruits , & l'eau
toute pure pour leur boiſſon.
Les Riches comme les Pau
vres font occupez tout le jour
à mâcher ce Fruit ; & quand
14 X
GALANT. 247
1
ils fe rencontrent , le premier
acte de civilité eft de fe préfenter
l'un à l'autre l'Areca,
& de lle mâcher auffi - toft.
Les Siamois font olivâtres , &
non pas noirs , quoy qu'ils
foient fous la Zone torride.
Ils ont le nez court , &
font la plupart affezubien
faits. Leur naturel eft fort
doux , & affable aux Etrangers
. rs. Leur grande maxime
eft le repos , ils n'employent
au travail que leurs Efclaves ,
& une pauvreté tranquille
leur plaift beaucoup plus.
qu'une abondance de biens
X iiij.
248 MERCURE
accompagnée d'inquiétude.
Auffi leurs Habits , leurs .
Meubles , leurs Maiſons , &
leur
nourriture marquent
cette pauvreté. Ils vont toû
jours pieds & teftes nuës.
Les Grands, & les plus aifez ,
vont par terre fur des Elé
phans , & par eau dans des
Barques qui font fort comniodes
. Leurs Habits ne
confiftent qu'en une Etofe
deliée , toute
blanche , ou
marquée de Fleurs vives de
diférentes couleurs . Ils s'en
envelopent tout le corps ,
& lors qu'ils vont par la Ville,
GALANT 249
ils fe couvrent les épaules
d'une Cafaque de toile légere
, & stranſparente , qui
defcendo jufqu'au genouil.
Les Manches en font cour
tes , mais larges. Les Femmes
font prefque veftües comme
les Hommes . Ils fe rafent les
cheveux , s'arrachent la barbe
, & fe lavent fort fouvent
avec des eaux parfumées . Ils
font parez d'Etofes de foye
en broderie d'or , dans les
Affemblées de cerémonie .
Les Maifons du commun ,
deleulement
de bois
&
de feuilles , avec des murail
250 MERCURE
les de Cannes jointes enfemble
, font pofées fur des Piliers
élevez , qui les garantif
fent des inondations ordinaires
du Pais . Les Perfonj
nes riches ont des Baftimens
alug
de brique , & couverts de
tuiles . Tous leurs Meubles
ne confiftent qu'en quelques
Tapis & des Couffins.
Sieges , Tables, Lits , Tapif
feries , Cabinets , Peintures,
tout cela n'eft point de leur
ufage. Quoy que le Ris &
les Fruits foient leur nourri
ture, ils ne manquent ny de
Poules, ny de Boeufs, ny de
GALANT 251
pas fi fuper
Gibier ; mais eftant perfua
dez que c'eft faire mal que
d'ofter la vie aux Animaux,
ils n'en mangent point pour
l'ordinaire . Si d'autres les
tüent , ils font relevez de
leurs fcrupules , & croyent
en pouvoir manger fans crime.
Ils ne font
ftitieux pour le Poiffon, parce
qu'eftant, tiré des Filets , il
meurtcomme de luy mefme.
Les Siamois n'ont aucuns
exercices pour la Dance ,pour
les Armes , ny pour monter
à Cheval. Ils ne fçavent ce
que c'eft que Philofophie, au
252 MERCURE
Mathématiques. Leur Theo
logie confifte en quelques
Fables , & toute leur feience
eft à bien écrite , & àfçavoir
les Loix du Gouvernement
,
& de la Juftice. L'expérience
de divers Remedes pour les
maladies communes
, fait
toute leur Medecine
quand ces Remedes manquent
d'opérer , ils ont recours
à la Magie , fe fervant
de Pactes , de Billets , & de
Figures. Ils écrivent comme
nous de la gauche à la droite
, mais feulement avec du
crayon. Leur Papier eftant
: ར་
&
бы GALANT 253
trop foible , on le colle à une
ou deux autres feuilles pour
le foûtenir. Un grand Livre
n'eft fouvent qu'une feule
feuille de Papier de plufieurs
aunes de long , qu'on plie &
replie à la maniere de nos
Paravents . Tout l'Etat eft
Monarchique , & le Gouver
nement affez bien reglé. Le
Roy eft fort abfolu . Dans
les occafions les plus importantes
, il fait part de fes def
feins à quelques- uns des plus
grands Seigneurs , qu'on ap-
Felle Mandarins . Ceux - cy
aflemblent d'autres Officiers
254 MERCURE
leurs inférieurs , aufquels ils
communiquent ce qu'il leur
a propofé , & tous enfemble
concertent leur réponſe ou
remontrance. Il y a tel égard
qu'il veut , & diftribuant les
Charges felon le mérite , &
non felon la naiffance , il les
oſte ſur la moindre faute que
ceux qui en font pourveus
commettent. Il ne fe montre
prefque jamais au Peuple.
Les grands Seigneurs
mefme le voyent rarement.
Ils luy parlent à genoux les
mains jointes élevées fur
leurs teftes, & tous courbez
GALANT. 255
contre terre , fans ofer l'envifager.
Ils le qualifient
Roy
des Roys , Seigneur
des Seigneurs
, le Maiftre des Eaux,
le Tout-puiffant de la Terre,
le Dominateur
de la Mer,
l'Arbitre
du bonheur
& de
l'infortune
de fes Sujets. Son
Train eft fort magnifique
, &
fa Garde compofée
de trois
cens Hommes
.
Reyne , il a un grand nombre
de Concubines
qu'on
choifit entre les plus belles
Filles du Pais. Il fe laiffe voir
ordinairement
deux fois l'année
, l'une fur terré , & l'autre
Outre la
256 MERCURE
fur l'eau. Quand il va fe promener
fur la Riviere , la Galere
qui le porte eſt éclatante
de l'or le plus fin. On
y éleve un Trône fuperbe,
où ce Prince paroift revestu
d'Habits précieux, ayant une
Couronne toute d'or , garnie
de fins Diamans . A cette
Couronne pendent deux Aîles
d'or , qui luy batent les
épaules. Tous les Seigneurs
& les Officiers le fuivent,
chacun dans une Galere , parée
à proportion de ſes Biens
& de la Charge . Ces Galeres,
dorées par dedans & par deGALANT
257
hors , font le plus fouvent au
nombre de quatre cens , &
portent chacune trente ou
quarante Rameurs , dont
quelques - uns ont les bras
& les épaules dorées . Les
Rivages font bordez des Peuples
qui accourent en foule,,
& qui font retentir l'air de
cris d'allégreffe . Lors qu'il
fe montre par terre , deux
cens Eléphans paroiffent d'a--
bord. Ils portent chacun
-trois Hommes armez , &
font fuivis de Joueurs d'Inf--
trumens , de Trompetes , &
-de mille Soldats à pied . Les
Octobre 16844- Y
258 MERCURE
grands . Seigneurs du Païs
viennent apres, & il y en a
quelques uns qui ont 80; ou
1oo . Hommes à leur fuire. En
fuite on voit deux cens Soldats
du Japon , qui préce
dent ceux dont ifa Garde eft
compofée , puis fes Chevaux
de main , & fes Eléphans , &
apres les Officiers de fa Cour,
portant tous des Fruits , ou
quelqu'autre chofe que l'on
préfente aux Idoles . Derriere
eux marchent encore quelques
grands Seigneurs avec
des Couronnes fur leurs tef
tes. L'un dieux porte LE
for micro
GALANT 2591
tendard du Roy , & l'autre
une Epée qui repréfente la
JufticemoCePrince paroift
apres eux, porté fur un Elé
phant dans une Tour toute
éclatante de Pierreries . Cer:
Eléphant eft environné de
Gens qui luy portent des Pa
rafols, & fuivy du Prince qui
doit fucceder. Les Femmes :
du Roy fuivent auffi fur des
Eléphans, mais dans de petits ;
Cabinets fermez , qui ne les
Jaiffent point voir. Six cens
Soldats ferment ce Cortége,,
qui cft ordinairement de
quinze ou feize mille Hom-
C.
Yij
260 MERCURE
mes. Le fruit qu'on remporte
de ces Ceremonies, eft
de maintenir le Peuple dans.
la vonération de la Majefté
Royale . Quand le Roy eſt
mort , le plus âgé de fes Freres
luy fuccede, & les autres.
apres luy. S'il n'a point de
Freres, c'eft l'aîné des Fils, &
jamais les Filles . L'accés eft
facile aux Etrangers dans.
tout ce Royaume , foit pour
4
s'y établir , foit pour y faire
trafic. On ne les gefne en
aucune chofe, pourveu qu'ils.
ne faffent rien contre l'Etat.
Pour prévenir les deførdres
HGALANT 261
qu'ils pourroient caufer , on
donne à chaque Nation un.
peu confidérable , une Chef
qui en eft, & qui doit répondre
de tous ceux de fon Païs,.
avec un Seigneur de la Cour,
2 ou un Officier du Roy , qui
eft commele Protecteur particulier
de la Nation . C'eft à
ce Seigneur, ou Officier, que
doit s'adreffer ce Chef , foit:
pour les Requeftes qu'il veut
présenter au Prince, foit pour
les Affaires du Commerce..
D'ailleurs , les Canaux que
forme la Riviere , partageant
La Ville en plufieurs. Illes,
262 MERCURE
on a foin de placer chaque
Nation en quelque Iſle ou
Quartier féparé , ce qui empelche
les diférens qu'excite
fouvent le mélange des Nations
qui ont des antipaties
naturelles . On oblige encore
tous les Etrangers qui s'établiffent
à Siam , de renouveller
tous les ans le Serment
de fidelité qu'ils jurent au
Roy. Le jour de cette cerémonie
cft folemnel . Tous les
Officiers de la Couronne y
affiftent.LeRoy montéfur un
Trône reçoit ce Serment,que
chacun luy prefte felon for
GALANT. 263
mng , aprés quoy on leur donne
à boire d'une Eau qu'ils
nomment Eau de jurément.
Ils l'eftiment Sainte . Les Sa-
- crificateurs
des Idoles qui la
préparent avec des cerémonies
remplies de fuperftition
,
tiennent la pointe d'une Epée
dans cette Eau , & lancent
plufieurs imprécations
contre
les Parjures, dans la croyace
que s'ils ne promettent
pas fidelité avec un coeur fincere
, ils en feront fuffoquez
dés le mefme inftant.
Il n'y a point de Païs où
L'exercice de toutes fortes de
264 MERCURE
Religiós foit plus permis qu'à
Siam. Cette liberté attire un
grand nombre d'Etrangers,.
dont le fejour eft
avantageux
aux Siamois pour le commerce
. D'ailleurs ils tiennent que
toute Religion eft bonne , &
Iainfi ils ne fe montrent con
traires à aucune , pourvû qu'
elle puiffe fubfifter avec les
Loix du Gouvernement. Ils
difent que le Ciel'eft comme
- un grand Palais , où pluſieurs
chemins vont aboutir, & qu'il
feroit difficile de déterminer
quel eft le meilleur. Comme
ils croyent la pluralité des
Dieux
GALANT 265
Dieux , ils ajoûtent qu'eftant
tous de grands Seigneurs , ils
exigent divers cultes , & veulent
eftre honorez en plufieurs
manieres. Cette indiférence
eſt cauſe qu'il eft
malaifé de les convertir. En
avouant que la Religion des
Chrétiens eft bonne , ils prétendent
que c'eſt eſtre témeraire
, que de rejetter les au
tres , & que puis qu'elles ont
toutes pour but d'honorer les
Dieux , il y a fujet de croire
qu'ils s'en contentent. Ils
ont des Idoles en grand
nombre , & leur figure ne
Octobre 1684. Z
266 MERCURE
furprend pas moins que leur
grandeur. Il y en a fur un
mefme Autel jufqu'à cinquante
ou foixante, de plus de
quarante pieds de haut. Elles
font faites de Brique & de
Pierre , & dorées par le dehors
. Dans les Maifons des
Sacrificateurs font des Galeries
, où l'on en voit trois &
quatre cens de diférentes figures
, toutes dorées , & d'un
grand éclat. Les Temples
qu'ils bâtiffent à ces Idoles,
font trés -fomptueux , folides
& à peu prés comme nos ‘Eglifes.
Les Portes en font doGALANT.
267
rées , le dedans eit peint , &
la lumiere y entre par des Feneftres
étroites & longues,
prifes dans l'épaiffeur du mur.
Les Idoles font fur l'Autel ,
qui eft dans le lieu le plus éloigné
de la Porte , & auquel
on monte par plufieurs degrez
en Amphitheatre . Prés
de ces Temples font les Convens
des Sacrificateurs , qui
ont leurs Dortoirs & leurs
Cellules , & qui vivent en
.commun. Ils ont auffi leurs
Cloiſtres , au milieu defquels
eft une Pyramide extrémement
haute, & toute brillante
Z ij
268 MERCURE
d'or. La coûtume eft de ren
fermer fous ces Pyramides
les cendres des grands Seigneurs.
Les Portugais ront
donné le nom de Talapoins
à ces Sacrificateurs ou Reli
gieux , qui font bien au nom .
bre de trente mille dans tout
le Pais. Leurs habits qui
font d'une toile jaune toute
fimple , ne diférent sen rien
de ceux du Peuple pour la fi
gure, finon qu'au lieu de Ca
faque ils portent comme un
Baudrier de toile rouge , qui
va de l'épaulé gauche cou
vrant l'eftomac jufqu'au câ
2
GALANT 269
leur
ré droit. Ils marchent pieds,
nus & tefte nue , & quoy
qu'ilshareçoivent
quantité
d'aumônes , & que les préfens
qu'on fait aux Idoles,
d'Erofes , de Ris & de Fruits,
appartiennent , ils ne
font qu'un repas par jour , &
il ne leur eft permis de manger
le foir qu'un peu de Fruit.
Ils prefchent le Peuple , l'in
ftruifent , & font des offrandes
& des facrifices à leurs
Dieux. Ces Sacrifices font
accompagnez
de Torches ,
de Fleurs , & de feux d'Artifice.
Entre ces Talapoins , il!
Z
iij
270 MERCURE
y en a qui font feulement
pour vivre en particulier.
Quelques - uns ont des fon
ctions qui regardent le Pu
blic ; & d'autres qu'on nomme
Sancrats , ont foin des .
Temples , & de faire obfer
ver les cerémonies. Ces der
niers qui font les plus réverez
de tous , font fous la Jurifdiction
d'un Sancrat , qui
eft toûjours un grand Perfonnage.
C'eft luy qui préfide
au Pagode du Roy , qui
eft à deux lieues de Siam.
Non feulement il eft respecté
du Prince , mais il a l'honneur
GALANT. 271
de s'affeoir auprés de luy
quand il luy parle , & fe contente
de luy faire une médiocre
inclination de tefte. Ces
Preftres font obligez de garder
la continence , mais comme
il leur eft permis de quitrer
la vie Religieufe quand ils
veulent , ils n'ont qu'à fe défaire
de leurs veftemens de
couleur jaune pour ſe marier.
Il y a auffi proche des principaux
Teples, des Maifons de
Religieufes, où font de vicilles
Filles rafées, & vcftuës de
blanc. Elles paffent les jours
a prier , & quand la retraite
Z
iiij
272
MERCURE
r
les ennuye, elles quittent l'habit
blanc . Les Siamois croyét
que l'ame furvit le corps .Cela
les oblige à fonger de leur
vivant aux befoins de l'autre
vie. Ils amaffent pour cela
tout ce qu'ils peuvent épar
gner d'argent , le cachent en
quelque lieu retiré, & comme
c'eft parmy eux un grand
facrilege que de dérober l'ar
gent des Morts , il fe perd
par là des fommes immenfes
qu'on n'ofe chercher. Cette
folle opinion n'eft pas fou
lement parmy le Peuple ; lesc
grands Seigneurs & les Prin
<
GALANT.27 3
ces fe pourvoyent auffi pour
l'avenir , mais fans cacher
leurs Tréfors . Ils font élever
des Pyramides , au pied defquelles
ils enfouiffent l'ar
gent qu'ils fe refervent , & les
Talapoins veillent à la garde
de ces Pyramides . Les Siamois
font fort magnifiques.
dans leurs Funérailles, & emer
ployent quelquefois une an
née entière à en faire les préparatifs
. Les Sépulchres font.
environnez de plufieurs
Tours quarrées , faites de
bois de Cyprez , & reveſtuës;
de Cartes de gros Papier de
274MERCURE
diférentes couleurs . Ils met
tent quantité de feux d'arti
fice au deffus des Tours , &
tout estant preft , une partie
des Talapoins fe rend au lieu
des Funérailles , tandis que
l'autre va querir le Corps , On
Eenferme dans une Biere ou
Quaiffe dorée , fur laquelle
s'éleve une Pyramide , ornée
de divers Ouvrages de menuiferie
auffi dorée . Quand le
Corps eft arrivé , on le tire de
la Quaiffe. On le met fur le
bucher , autour duquel les
Talapoins font plufieurs
tours , & pendant que les flâ
GALANT. 275
mes le confument on fait
jouer des feux d'artifice au
fon de quatité d'Inftrumens.
Le corps eftant brûlé , on en
ramaffe les cendres , & on:
les met repofer fous la Pyramide.
7
Les mariages entre les
Perfonnes riches fe font avec
beaucoup de magnificence,
mais fans qu'il y entre aucune
cerémonie de Religion :
Les Mariez mettent en commun
une fomme de deniers,
& ont toûjours la liberté de
fe féparer en partageant leurs .
Enfans. Ileft permis au Ma276
MERCURE
ry de prendre autant de Con
cubines qu'il veut , &zelles
doivent obeiffance
à la prev
miere Femme , dont les En
fans font feuls héritiers du
bien du Pere, ceux des Concubines
n'ayant prefque rien.
Les biens des Gens de con
dition font féparez en trois
parties aprés leur mort. Les
Talapoins en ont une, le Roy
Fautre , & la troifiéme eft
pour les Enfans . La Coûtu
me eft diférente parmy le
Peuple. Les Hommes acheg
tent leurs Femmes par quel
que préfent qu'ils font aux
GALANT 277
Peres. Ils ont mefine liberté
de les quitter , mais les divorces
ne fe font pas fans de
grandes cauſes. Les Enfans
partagent entr'eux également
le bien de leur Pere,
laiffant pourtant ordinairement
quelque chofe de plus
àl'Aîné. Onles met dans leur
bas âge auprés des Preftres &
Docteurs , pour apprendre à
lite & à écrire , & quand
leurs études font achevées, il
en demeure toûjours un
grand nombre dans la Communauté
de ces Talapoins.
Il y a beaucoup d'argent à
278 MERCURE
Siam. Celuy de la principale
Monnoye dont on s'y fert , &
qu'on appelle Ticals , eft fort
fin , & d'une figure preſque,
ronde , marquée au coin d
Prince. Les Ticals valent
trente- fept fols de noftre
Monnoye .Un Mayonvaut la
moitié d'un Tical.Un Foüan,
la moitié d'un Mayon , &
un Sampaya la moitié d'un
Foüan. Ils font ordinairement
leurs comptes par Cattis
d'argent. Chaque Cattis
vaut vingt Tayls , ou cent
quarante quatre livres , le
Tayl valant quelque chofe
GALANT. 279
de plus que fept francs.
Fermer
Résumé : Description du Royaume & de la Cour de Siam, avec les moeurs des Habitans de ce grand Etat, [titre d'après la table]
Le Royaume de Siama s'étend sur plus de trois cents lieues du nord au sud et est bordé par le Pégu au nord, la mer du Gange au sud, le petit État de Malaca à l'ouest, et les montagnes à l'est, qui le séparent de la Camboye et de Laros. Situé jusqu'au dix-huitième degré de latitude septentrionale, le royaume est avantageusement situé entre deux mers, facilitant les échanges avec les pays voisins grâce à l'étendue de ses côtes, qui mesurent cinq à six cents lieues de tour. Le royaume est divisé en onze provinces gouvernées par des gouverneurs nommés par le roi. La province de Siam est la principale et donne son nom au royaume ainsi qu'à la ville capitale, située sur la rivière de Menan, qui provient du lac de Chiamay et permet aux vaisseaux de naviguer jusqu'aux portes de Siam, malgré la distance de plus de soixante lieues de la mer. La capitale est bien fortifiée et construite sur l'eau, semblable à Venise, et abrite une grande diversité de nations parlant jusqu'à vingt langues différentes. Le pays est fertile grâce aux inondations causées par les pluies durables de trois à quatre mois, qui noient les campagnes et favorisent la culture du riz, le principal aliment des Siamois. Malgré cette fertilité, de nombreuses terres restent incultes faute de main-d'œuvre ou par la paresse des habitants. Les plaines et forêts servent de refuge à divers animaux sauvages. Le royaume est riche en fruits, notamment le durion, les jacquiers, les mangoustans, la manque et l'areca, ce dernier étant utilisé pour ses propriétés digestives et socialement important dans les échanges de civilité. Les Siamois sont de peau olivâtre, ont un nez court et un naturel doux et affable. Ils valorisent le repos et délèguent le travail à leurs esclaves. Leur mode de vie est marqué par une pauvreté tranquille, et ils se vêtent simplement, souvent pieds nus. Les maisons sont construites sur pilotis pour se protéger des inondations. La nourriture principale est le riz et les fruits, bien que la viande soit consommée occasionnellement. Les Siamois n'ont pas d'exercices physiques ou intellectuels spécifiques et leur médecine repose sur des remèdes traditionnels et la magie. Le gouvernement est monarchique et bien régulé, avec un roi absolu qui consulte parfois les grands seigneurs pour les décisions importantes. Le roi se montre rarement au peuple et est entouré d'une garde de trois cents hommes. Il a de nombreuses concubines et se déplace de manière majestueuse, soit par terre avec des éléphants, soit par eau avec des galères ornées. Les cérémonies royales visent à maintenir la vénération du peuple pour la majesté royale. À la mort du roi, son frère aîné ou son fils aîné lui succède, jamais une fille. Le royaume est ouvert aux étrangers, qui peuvent s'y établir ou commercer librement, à condition de respecter l'État. Chaque nation étrangère a un chef et un protecteur particulier pour prévenir les désordres. Les étrangers doivent renouveler annuellement leur serment de fidélité au roi lors d'une cérémonie solennelle. Le royaume permet la pratique de toutes les religions, attirant ainsi de nombreux étrangers dont la présence est bénéfique pour le commerce. Les Siamois croient en une pluralité de dieux et estiment que chaque divinité exige des cultes différents. Cette diversité rend difficile leur conversion à d'autres religions. Ils reconnaissent la validité de la religion chrétienne mais refusent de rejeter les autres croyances, estimant que toutes honorent les dieux. Les Siamois possèdent de nombreuses idoles de grande taille, souvent dorées et placées dans des temples somptueux et solides, similaires aux églises. Ces temples comportent des galeries avec des idoles de diverses figures et des portes dorées. Les sacrifices aux dieux sont accompagnés de torches, de fleurs et de feux d'artifice. Les Talapoins, ou sacrificateurs, sont nombreux et portent des habits jaunes distinctifs. Ils vivent en communauté, jeûnent souvent et se consacrent à la prière et aux offrandes. Les femmes religieuses, vêtues de blanc, peuvent quitter leur vie monastique à leur convenance. Les Siamois croient en la survie de l'âme après la mort et amassent des trésors pour l'au-delà. Les funérailles sont magnifiques et durent parfois une année entière, avec des cérémonies élaborées et des feux d'artifice. Les mariages parmi les riches sont somptueux mais sans cérémonies religieuses. Les biens sont partagés entre les Talapoins, le roi et les enfants après la mort du propriétaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 74-79
Leur arrivée à Fontainebleau, où ils voyent le Chasteau. [titre d'après la table]
Début :
Le 28. on arriva à Fontainebleau, & l'on y coucha. [...]
Mots clefs :
Fontainebleau, Eaux, Château de Fontainebleau, Ambassadeurs, Galeries, Surprise, Jardins, Marquis de Saint-Hérem
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Leur arrivée à Fontainebleau, où ils voyent le Chasteau. [titre d'après la table]
Le 28. on arriva à Fontainebleau
, & l'on y coucha.
M le Marquis de
S. Eran , Gouverneur de
Fontainebleau , eſtoit allé
aux Eaux , mais il avoit
donné des ordres au Concierge
pour faire voir le
Chafteau ,& tout ce qui
endépend de maniere que
chacun ſe trouva dans
fon poſte pour les executer.
Les Ambaſſadeurs ,
de Siam.
75
qui avoient déja remarquéla
beauté de la Foreft,
ne pûrent fe laffer de donner
des loüanges aux quatre
Galeries qui font dans
ce fuperbe Chaſteau. Il y
a celle des Cerfs , celle de
la Reyne , celle d'Ulyffe,
&celle de Diane ; & ces
Galeries ont eſté peintes
par les plus grands Maiſtres
que l'on puût trouver
au temps qu'elles furent
faites . Ils virent avec ſurpriſe
que ces quatre Ga
Gij
76 Voyage des Amb.
leries n'empefchoient pas
qu'il n'y euſt grand nombre
d'Appartemens ; &
cette ſurpriſe augmenta
lors qu'ils apperçeurent
quatre grandes Courts,
dans leſquelles paroiſſent
comme autant de Chaſteaux
de differente Architecture
, avec divers
Eſcaliers, dont pas un ne
ſe reſſemble . Il en eſt des
Jardins ainſi que du Baftiment
.Outre legrandParc
où eſt le Canal , & dans
deSiam.
77
lequel font de fi belles
Eaux , il y a pluſieurs petits
Jardins enfermez dans
les Bastimens , que l'on
découvre lors qu'on y
- penſe le moins , en mettant
la teſte aux feneftres.
Enfin ce Chafteau
eſt ſi grand, qu'il pourroit
paffer pour une petite
Ville. Il eſt en Gatinois ,
dans leDioceſe de Sens , &
dans leGouvernement de
l'Ile deFrance . François I.
- commença à embellir ce
Giij
78 Voyage des Amb.
lieu par uneBibliotheque,
qui a eſté tranſportée à
Paris .TouslesRois fesSucceffeurs
y ont depuis augmenté
quelque choſe. Les
Ambaſſadeurs y furent
complimentez parM Brifacier
, Chef des Miffions
Etrangeres. Son difcours
dura un quart d'heure.
L'Interprete eut la memoire
affez heureuſe pour
le retenir prefque entier ,
&ce qui est encore plus
furprenant , c'eſt que le
deSiam.
79
premier Ambaſſadeur repritde
fuire tous les points
du Compliment , & répondità
chacun.
, & l'on y coucha.
M le Marquis de
S. Eran , Gouverneur de
Fontainebleau , eſtoit allé
aux Eaux , mais il avoit
donné des ordres au Concierge
pour faire voir le
Chafteau ,& tout ce qui
endépend de maniere que
chacun ſe trouva dans
fon poſte pour les executer.
Les Ambaſſadeurs ,
de Siam.
75
qui avoient déja remarquéla
beauté de la Foreft,
ne pûrent fe laffer de donner
des loüanges aux quatre
Galeries qui font dans
ce fuperbe Chaſteau. Il y
a celle des Cerfs , celle de
la Reyne , celle d'Ulyffe,
&celle de Diane ; & ces
Galeries ont eſté peintes
par les plus grands Maiſtres
que l'on puût trouver
au temps qu'elles furent
faites . Ils virent avec ſurpriſe
que ces quatre Ga
Gij
76 Voyage des Amb.
leries n'empefchoient pas
qu'il n'y euſt grand nombre
d'Appartemens ; &
cette ſurpriſe augmenta
lors qu'ils apperçeurent
quatre grandes Courts,
dans leſquelles paroiſſent
comme autant de Chaſteaux
de differente Architecture
, avec divers
Eſcaliers, dont pas un ne
ſe reſſemble . Il en eſt des
Jardins ainſi que du Baftiment
.Outre legrandParc
où eſt le Canal , & dans
deSiam.
77
lequel font de fi belles
Eaux , il y a pluſieurs petits
Jardins enfermez dans
les Bastimens , que l'on
découvre lors qu'on y
- penſe le moins , en mettant
la teſte aux feneftres.
Enfin ce Chafteau
eſt ſi grand, qu'il pourroit
paffer pour une petite
Ville. Il eſt en Gatinois ,
dans leDioceſe de Sens , &
dans leGouvernement de
l'Ile deFrance . François I.
- commença à embellir ce
Giij
78 Voyage des Amb.
lieu par uneBibliotheque,
qui a eſté tranſportée à
Paris .TouslesRois fesSucceffeurs
y ont depuis augmenté
quelque choſe. Les
Ambaſſadeurs y furent
complimentez parM Brifacier
, Chef des Miffions
Etrangeres. Son difcours
dura un quart d'heure.
L'Interprete eut la memoire
affez heureuſe pour
le retenir prefque entier ,
&ce qui est encore plus
furprenant , c'eſt que le
deSiam.
79
premier Ambaſſadeur repritde
fuire tous les points
du Compliment , & répondità
chacun.
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Résumé : Leur arrivée à Fontainebleau, où ils voyent le Chasteau. [titre d'après la table]
Le 28, des visiteurs, dont les ambassadeurs de Siam, arrivèrent à Fontainebleau et y passèrent la nuit. Le Marquis de S. Eran, Gouverneur de Fontainebleau, ayant donné des instructions au concierge, les visiteurs purent explorer le château et ses dépendances. Les ambassadeurs admirèrent les quatre galeries du château : celles des Cerfs, de la Reine, d'Ulysse et de Diane, peintes par des maîtres renommés. Ils furent également impressionnés par les quatre grandes cours, chacune avec une architecture unique et des escaliers distincts. Les jardins, variés et surprenants, comprenaient un grand parc et plusieurs petits jardins cachés. Le château, situé en Gâtinais, dans le diocèse de Sens et le gouvernement de l'Île-de-France, fut embelli par François Ier, qui y installa une bibliothèque ensuite transportée à Paris. Ses successeurs ajoutèrent divers éléments au château. Les ambassadeurs furent reçus par M. Brifacier, Chef des Missions Étrangères, qui leur adressa un discours d'un quart d'heure, fidèlement répété par le premier ambassadeur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 237-273
Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Début :
Rien ne marquant mieux la grandeur du Roy, & le [...]
Mots clefs :
Troupes, Maintenon, Pieds, Hauteur, Aqueduc , Terre, Roi, Rivière, Nivellements, Arcades, Maçonnerie, Canal, Talus, Berchères, Rivière d'Eure, Revue des troupes, Travaux, Eaux, Versailles, Louvois, La Hire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Rien ne marquant
mieux la grandeur du
- Roy , & le glorieux eftat
où eſt la France , que les
travaux qu'on fait pour
conduire laRiviere d'Fure
à Versailles,& les Ambaffadeurs
ſouhaitant avec
ardeur de voir quelques
Troupes de Sa Majesté ,
2
238 Voyage des Amb.
و
on les a menez à Maintenon
pour leur faire
voir en bataille celles qui
travaillent à l'Aqueduc ,
&pour fatisfaire en mefme
temps leur curioſité
fur ce grand Ouvrage.
Comme c'eſt icy une occafion
de vous en parler à
fond, jeprendray la choſe
dés ſon origine .
Toutes les meſures
7
qu'on avoit priſes , & tous
les nivellemens qui avoient
eſté faits ily a plu
de Siam. 239
2
ſieurs années , pour faire
venir des Eaux vives à
Verfailles , fans y employer
des Pompes ou
d'autres Machines femblables
, avoient fait voir
qu'il eſtoit impoffible d'en
avoir que de la Riviere de
Loire , mais pour la conduire
en cette Maiſon
Royale , il auroit fallu la
détourner au deſſus de la
Charité, ce qui avoit paru
d'une fi grande difficulté,
pour la longueur du che
240 Voyage des Amb.
min , & à caufe des lieux
bas par où l'on auroit efté
contraint de paffer , que
Sa Majesté avoit entierement
abandonné ce deffein
, eftant d'ailleurs tresperfuadée
de la juſteſſe
avec laquelle feu M.Picard
de l'Academie des
Sciences , avoit pris tous
les niveaux , quoy qu'on
vouluſt affcurer qu'un
ruiſſeau de cette Riviere
étant dérournéàOrleans ,
,
pouvoit eſtre conduit jufque
de Siam . 241
que fur la Montagne de
Sataury , qui eft de pluſieurs
toiſes plus haute
que le dessus duChaſteau .
Il n'y avoit point d'apparence
qu'on pût trouver
quelqueautre Riviere, ou
quelques eaux vives pour
eſtre conduites à Verſailles
, puis que par ſes nivellemens
on ſçavoit que la
Seine étoit beaucoup plus
baſse que la Loire, & que
par confequent tout le
terrein entre ces deux Ri
X
242 Voyage des Amb.
vieres ne pouvoit fournir
que quelques eaux qui
n'avoient pas assez de
hauteur pour ce qu'on avoit
deſsein de faire ; &
comme il y a de l'apparence
que plus on s'approche
de la Mer, plus les terreins
vont en defcendant,
il ſembloit que c'eſtoit
inutilementqu'on croyoit
trouver des eaux aſsez
hautes dans les terres
qui font au Couchant
à l'égard de Verſailles,
de Siam.
243
puis que c'eſt vers ce côtélà
queles Rivieres de Loire
& de Seine ont leur
cours . Cependant fur la
fin de l'année 1684. M² de
Louvois ayant confideré
que la Riviere d'Eure devoit
avoir beaucoup de
hauteur, puis que tous les
terreins depuis Verſailles
en tirant versMaintenon,
où elle paſſe , estoient extrémement
hauts,& qu'il
y avoit vers ce coſté-là
des eaux que l'on foute
X ij
244 Voyage des Amb.
noit dans des canaux avec
une tres - grande hauteur
, il jugea que cette
Riviere , qui étoit fort rapide
dans ſa courſe , en
pouvoit au moins avoir
aſſez pour eftre élevée
commodement par le fecours
de quelque petite
Machine juſque dans les
Eſtangs de Trape & des
environs , qui ſervoient
de refervoir aux eaux
de ces Quartiers - là. Il
donna ordre à M de la
deSiam.
245
Hire, Profeffeur Royal en
Mathematique , & de
l'Academie des Sciencès ,
à qui il avoit déja confié
pluſieurs nivellemens importans
pour Fontainebleau
&Verfailles , d'aller
reconnoiſtre la hauteur
de la Riviere d'Eure dans
fa courſe en remontant
depuis Maintenon , &
de chercher vers le Perche
quellesen étoient leseaux
& quelles hauteurs elles
avoient. M' de la Hire
r
25
Xij
246 Voyagedes Amb.
partit de Versailles dans
le mois d'Octobre de la
mefme année ; & en nivellant
toûjours juſqu'à
Maintenon , il y trouva
la Riviere d'Eure plus bafſe
que le deſſus du Chafteau
de Versailles d'environ
cent cinquante pieds,
& remontant cette Riviere
, il trouva enfin qu'à
Pontgüoin, qui eft à ſept
lieuës au deffus de Chartres
, elle estoit plus haute
que ce Chaſteau de prés
de Siam. 247
de quatre - vingt pieds.
Cette découverte luy
donna d'abord beaucoup
de joye , mais auffi beaucoup
de crainte de quelque
erreur , qui pouvoit
s'eftre infenfiblement gliffée
dans les operations
quifont tres difficiles dans
des nivellemens de plus
de trente lieues . Il verifia
toutes fes obfervations ,
autant que la ſaiſon le luy
pût permettre , à cauſe du
mauvais remps , & fur
Xinj
248 Voyagedes Amb.
tout des grands vents, qui
nuifent fort aux nivellemens
, & il trouva qu'il
ne pouvoit y avoir que
tres - peu d'erreur. Le Roy
eſtant alors à Fontainebleau
, il apporta cette
nouvelle à M'de Louvois,
qui témoigna en eſtre fort
fatisfait . Cependant M. de
la Hire luy ayant remontré
les difficultez des operarions
pendant l'Hiver ,
M'de Louvois luy donna
ordre de retourner dans
de Siam.
249
ces meſmes lieux vers le
Printemps , pour faire les
verifications des hauteurs
qu'il avoit trouvées dans
tous les points principaux
où il avoit marqué que
l'eau devoit paffer , de la
maniere que l'on comence
à l'executer preſentement
. Il trouva dans la
verification des premiers
nivellemens , un pied ou
deux plus de hauteur que
la premiere fois , & il reconnut
par des nivelle
250 Voyage des Amb.
mens un peu plus longs
queles premiers , que les
eaux des Rivieres qui paffent
à Verneuil & à Breteüil,
pouvoient eftre conduites
dans des canaux
fur terrejuſqu'à l'emboucheure
de l'Aqueduc qui
devoit porter les eaux de
la Riviere d'Eure pardeffus
le valon de Maintenon
. On travaille prefentement
à cette grande
Entrepriſe qui furpaffera
en magnificence tout ce
de Siam.
251
que les Empereurs Romains
ont fait dans l'étenduë
de pluſieurs Siecles..
Tous les canaux fur la fuperficie
de la terre font achevez
; l'eau que l'on y a
fait couler a confirméla
juſteſfedes nivellemens,&
l'Aqueduc qui doit paffer
dans le valon de Maintenon
eft fort avancé. La
partie de cet Aqueduc qui
eſt dans le plus profond
du valon doit eftre de
pierre,& le reſte des deux
252 Voyage des Amb.
C
coftez , où la hauteur est
mediocre , paffera fur de
grandes Terraffes élevées
pour ce ſujet . Voicy les
meſures & le détail de
cetOuvrage.
Ily a environ vingt mille
toiſes de Canal depuis
Pontgoüin, où l'on prend
laRiviere, juſque àBercherelaMangor.
CeCanal, qui
eft conduit fur la fuperficie
de la terre , felon fon
niveau , a par bas quinze
pieds , & plus ou moins
de Siam.
253
de hauteur felon le terrein
;& le Talus des bords
eſt double de la profondeur.
Dans le fond de
Berchere, où devoit commencer
l'Aqueduc de maçonnerie
, on fait une Levée
ou Aqueduc de terre,
rapportée à l'Aqueduc de
maçonnerie pendant trois
mille fix cens ſept toiſes.
- Cet Aqueduc de terre a
comme le Canal quinze
pieds de large par le fond,
de haut fix , ſept, ou huit
هللا
254 Voyage des Amb.
pieds ,&de talus le double
de la hauteur ; les
bords font fortifiez de
chauffées de neuf pieds
de large. Le talus de la
Levée eſt auſſi double de
ſa hauteur , pour empefcher
que les terres ne s'éboulent.
Dans le fond de
Berchere la Levée de terrea
cent pieds, & en d'autres
endroits foixante &
dix, cinquante , quarante
&vingt de hauteur.
A l'endroit où cette lede
Siam.
255
vée de terre joint l'Aqueduc
de Maçonnerie qui
eft vers Maintenon , elle
a 79. pieds de haut. Cét
Aqueduc de Maçonnerie
à 2960. toiſes de longueur
en 242. Arcades qui ont
40. pieds de large. Leurs
piles en ont vingt- quatre,
& de longueur quaranteſepta
quarante-huit pieds ,
avec des pilliers boutans
de onze pieds de large , aprés
les retraites , & de
faillie fix pieds. Il a dans
256 Voyage des Amb.
le plus profond trois Ar
cades l'une fur l'autre .
Du coſté de Berchere,
le nombre des Arcades
ſimples eftde trente- trois.
De doubles foixante-
& onze.
De triples quarante- fix.
Puis de doubles , foixante
& douze .
Et enfin de ſimples ,
vingt.
Leſquelles réjoignent
l'Aqueduc de terre rap.
portée du coſté de Ver
de Siam
257
&
failles afoixante cinq pieds
environ de hauteur , qui
continuë en. diminuant:
pendant fix mille cinquante
cinq , juſqu'à ce qu'il
vienne à la hauteur du
terrain , & depuis la juf
ques à Verfailles , il continue
fur terre de meſme
qu'entre Pontgouin &
Berchere pendant vingtcinq
mille toiſes , horſmis :
qu'en quelques endrois il
y aura dans terre unAque--
duc de Maçonnerie. La
298 Voyage des Amb.
plus grande hauteur de
l'Aqueduc dans le fondde
Maintenon , où paſſent
les Rivieres d'Eure & de
Gallardon , & où font les
triples arcades , eft de216.
pieds 6. pouces , juſqu'au
pavé des Corridors , ſans
les fondemens qui doivent
avoir 15. ou 16. pieds
de profondeur , & fans le
Parapet qui a trois pieds
fix pouces.
La hauteur des premieresArcades
juſque ſous la
de Siam. 252
voûte eſt de foixante &
ſeize pieds ,& juſqu'au pavé
des ſecondes quatre--
vingt-un pied fix pouces.
Les fecondes arcades
ont juſque ſous la voûte
foixante&dix pieds ,&jufqu'au
pavédes troiſiemes ,
quatre-vingt- cinq pieds.
Les troifiémes arcades
ont juſque ſous la voure
trente pieds trois pouces,
& juſqu'aux Corridors
neuf pieds neuf pouces,
fur leſquels font les Para
Yij
260 Voyage desAmb.
pets de trois pieds fix pou
ces .
Le Canal à ſept pieds
de large par bas , & s'élargit
juſqu'à ſept pieds fix
pouces , à la hauteur de
quatre pieds où commence
lavoute à plein ceintre.
Il y a de coſté & d'autre
du Canal un Corridor
-de trois pieds , & un Parapet
de dix- fept pouces de
large.
Les piles font à plomb
par le dedans hors de ter
de Siam. 261
re ,& par les coſtez . Il y
a par tout l'Aquedue un
pouce pour toiſe de talus,
mais les piliers bourans
en ont davantage au deffus
des premieres Arcades .
Il ſe fait de part & d'autre
une retraite d'environ
-ſept pieds , & au deffus
des fecondes , de prés de
fix pieds .
Ily a une porte au milieu
de chaque pile pour
pouvoir paffer tout du
long de l'Aqueduc , tant
262 Voyage des Amb.
aux ſecondes Arcades
qu'aux troifiémes. Lesportes
des fecondes ont quatre
pieds de large ,& celles
des troifiémes trois pieds
fix pouces , fur ſept pieds
dehaut.
Il y a des Eſcaliers qui
montent de terre au premier
étage par le dehors.
Ceux qui montent au
ſecond ſont pratiquez
dans l'épaiffeur des piles,
& ceux qui montent au
troifiéme font partie de
de Siam. 263
dans , partie dehors.
Voilà l'eſtat où eftoient
ces Ouvrages il y a fix
mois. Ils doivent eftre prefentement
bien plus avancez,
puisque plus de trente
mille hommes n'ont point
ceffé d'y travailler pendat
ce temps- là. De ces trente
mille hommes, il y en
a une partie de Maçons,
d'Apareilleurs , & d'autres
gens neceſſaires pour
les choſes qui ne peuvent
être faites par lesTroupes.
264 Vyage des Amb.
Elles font employées tant
l'Aqueduc qu'aux CarrieresdeGallardon
&d'Epernon
, & aux Ouvrages de
terre & fe montent à
vingt - deux mille hommes
où environ. Voicy les
noms des Regimens qui
les compoſent. Je ne vous
les envoye pas felon leur
rang.
REGIMENS.
Picardie.
Champagne..point
Royal
de Siam. 265
Royal des Vaiſſeaux.
Languedoc.
Navarre.
Feuquieres.
Cruffol.
La Fare .
Fufiliers du Roy.
Alface.
Vaubecour.
Lyonnois.
Dauphin .
La Reyne .
Anjou.
Vermandois.
Il y a outre cela trois
Z
266 Voyage des Amb.
Efcadrons de Dragons .
Le Logis des Ambaffadeurs
fut gardé par une
Compagnie dont le Capitaine
, le Lieutenant &
1 ' Enſeigne étoient en
Hauſſe - Col , pour leur
faire plus d'honneur. M
le Marquis d'Uxelles qui
commande toutes ces
Troupes , alla luy- meſme
le premier jour demander
le mot aux Ambaſſadeurs ,
&ils donnerent pour mot
Prosperité. Le Major Ge
deSiam. 267
neraly alla le prendre les
deuxjours fuivans , & les
motsqu'ils luy donnerent
furent l'Alliance Royale,
& Deux contre tous . Je
ne vous dis point qu'ils
entendoient parler des
Rois de France & de
Siam Ils admirerent les
Travaux dont je viens
de vous faire la defcription.
Le premier Ambaffadeur
les conçeut fi bien,
& en donna des marques
fi convaincantes , qu'iln'y
Zij
268 Voyage des Amb.
a point d'Architecte ny
d'Ingenieur qui euft pû les
mieux comprendre . Il dit
auffi , Qu'il ne croyoit pas
que tous les Rois de l' Europe
ensemble en puſſentfaire
autant. On leur fit voir
toutes les Troupes qui bátirent
aux Champs , &
falüerent du Drapeau.
Elles firent l'Exercice au
fon du Tambour, & montrerent
la parfaite intelligence
qu'elles ontdu Mêtier
de la Guerre.Il y avoit
de Siam. 269
douze Chevaux de l'Ecurie
du Roy que l'Ambaffadeur
& les Mandarins
monterent. Le premier
Ambaffadeur montra
d'un air fort déliberé ,
de quelle maniere les Siamois
ſe battent avec la
Lance. On luy demanda
s'il trouvoit les Troupes
du Roy belles , & il répondit,
qu'il ne croyoit pas
en avoir veu Cette réponfe
furprit , mais il tira bientoſt
d'embarras ceux qui
Z iij
270 Voyage des Amb.
l'avoient entenduë ,&dit
Qu'il ne croyoit pas avoir
vû des Troupes, maisfeulement
des Officiers , parce
qu'ils en avoient tous l'air,
&& l'adreſſe . M' le Marquis
d'Uxelles luy don.
na un magnifique Repas,
avec les Princes d'Hano
ver
, d'Holſtein , d'Harmeſtein
& d'Hanau. On
y but la Santédu Roy , &
l'on peut dire que c'eſt
la ſcule choſe dont il ait
efté ſurpris en France ,
de Siam.
27
ayant toûjours dit , Que
comme on devoit tout attendre
des François il n'étoit
étonné de rien ; mais
il eut de la peine à ſe perfuader
qu'on puft boire à
la Santé du Roy ſans manquer
de reſpect. On luy
dit que les diftinctions
qu'on faiſoit en la beuvant,
marquoient le refpect
, & qu'enfin le Roy
donnoit cette liberté ,
parce qu'elle faiſoit voir le
zele , & l'amour qu'on a-
Zij
272 Voyage des Amb.
'voit pour luy. Il joüa aprés
leRepas à toute table
avec Mª d'Uxelles , & le
gagna. Il dit lors qu'il eut
vû les Ouvrages , & les
Troupes , Qu'il ne s'éton
noit point de la grandeur,
&de la prosperité du Roy ,
& que beaucoup de choſes
ycontribuoient,Scavoir l'union
de la Famille Royale ,
l'avantage qu'il avoit de
gouverner par luy-mesme,
lafidelité , la ponctualité ,
Pintelligence, &la vigilande
Siam. 273
ce de ſes Ministres , es la
bonté deſes Troupes remplies
de jeuneſfe adroite,
& propre à tout.
mieux la grandeur du
- Roy , & le glorieux eftat
où eſt la France , que les
travaux qu'on fait pour
conduire laRiviere d'Fure
à Versailles,& les Ambaffadeurs
ſouhaitant avec
ardeur de voir quelques
Troupes de Sa Majesté ,
2
238 Voyage des Amb.
و
on les a menez à Maintenon
pour leur faire
voir en bataille celles qui
travaillent à l'Aqueduc ,
&pour fatisfaire en mefme
temps leur curioſité
fur ce grand Ouvrage.
Comme c'eſt icy une occafion
de vous en parler à
fond, jeprendray la choſe
dés ſon origine .
Toutes les meſures
7
qu'on avoit priſes , & tous
les nivellemens qui avoient
eſté faits ily a plu
de Siam. 239
2
ſieurs années , pour faire
venir des Eaux vives à
Verfailles , fans y employer
des Pompes ou
d'autres Machines femblables
, avoient fait voir
qu'il eſtoit impoffible d'en
avoir que de la Riviere de
Loire , mais pour la conduire
en cette Maiſon
Royale , il auroit fallu la
détourner au deſſus de la
Charité, ce qui avoit paru
d'une fi grande difficulté,
pour la longueur du che
240 Voyage des Amb.
min , & à caufe des lieux
bas par où l'on auroit efté
contraint de paffer , que
Sa Majesté avoit entierement
abandonné ce deffein
, eftant d'ailleurs tresperfuadée
de la juſteſſe
avec laquelle feu M.Picard
de l'Academie des
Sciences , avoit pris tous
les niveaux , quoy qu'on
vouluſt affcurer qu'un
ruiſſeau de cette Riviere
étant dérournéàOrleans ,
,
pouvoit eſtre conduit jufque
de Siam . 241
que fur la Montagne de
Sataury , qui eft de pluſieurs
toiſes plus haute
que le dessus duChaſteau .
Il n'y avoit point d'apparence
qu'on pût trouver
quelqueautre Riviere, ou
quelques eaux vives pour
eſtre conduites à Verſailles
, puis que par ſes nivellemens
on ſçavoit que la
Seine étoit beaucoup plus
baſse que la Loire, & que
par confequent tout le
terrein entre ces deux Ri
X
242 Voyage des Amb.
vieres ne pouvoit fournir
que quelques eaux qui
n'avoient pas assez de
hauteur pour ce qu'on avoit
deſsein de faire ; &
comme il y a de l'apparence
que plus on s'approche
de la Mer, plus les terreins
vont en defcendant,
il ſembloit que c'eſtoit
inutilementqu'on croyoit
trouver des eaux aſsez
hautes dans les terres
qui font au Couchant
à l'égard de Verſailles,
de Siam.
243
puis que c'eſt vers ce côtélà
queles Rivieres de Loire
& de Seine ont leur
cours . Cependant fur la
fin de l'année 1684. M² de
Louvois ayant confideré
que la Riviere d'Eure devoit
avoir beaucoup de
hauteur, puis que tous les
terreins depuis Verſailles
en tirant versMaintenon,
où elle paſſe , estoient extrémement
hauts,& qu'il
y avoit vers ce coſté-là
des eaux que l'on foute
X ij
244 Voyage des Amb.
noit dans des canaux avec
une tres - grande hauteur
, il jugea que cette
Riviere , qui étoit fort rapide
dans ſa courſe , en
pouvoit au moins avoir
aſſez pour eftre élevée
commodement par le fecours
de quelque petite
Machine juſque dans les
Eſtangs de Trape & des
environs , qui ſervoient
de refervoir aux eaux
de ces Quartiers - là. Il
donna ordre à M de la
deSiam.
245
Hire, Profeffeur Royal en
Mathematique , & de
l'Academie des Sciencès ,
à qui il avoit déja confié
pluſieurs nivellemens importans
pour Fontainebleau
&Verfailles , d'aller
reconnoiſtre la hauteur
de la Riviere d'Eure dans
fa courſe en remontant
depuis Maintenon , &
de chercher vers le Perche
quellesen étoient leseaux
& quelles hauteurs elles
avoient. M' de la Hire
r
25
Xij
246 Voyagedes Amb.
partit de Versailles dans
le mois d'Octobre de la
mefme année ; & en nivellant
toûjours juſqu'à
Maintenon , il y trouva
la Riviere d'Eure plus bafſe
que le deſſus du Chafteau
de Versailles d'environ
cent cinquante pieds,
& remontant cette Riviere
, il trouva enfin qu'à
Pontgüoin, qui eft à ſept
lieuës au deffus de Chartres
, elle estoit plus haute
que ce Chaſteau de prés
de Siam. 247
de quatre - vingt pieds.
Cette découverte luy
donna d'abord beaucoup
de joye , mais auffi beaucoup
de crainte de quelque
erreur , qui pouvoit
s'eftre infenfiblement gliffée
dans les operations
quifont tres difficiles dans
des nivellemens de plus
de trente lieues . Il verifia
toutes fes obfervations ,
autant que la ſaiſon le luy
pût permettre , à cauſe du
mauvais remps , & fur
Xinj
248 Voyagedes Amb.
tout des grands vents, qui
nuifent fort aux nivellemens
, & il trouva qu'il
ne pouvoit y avoir que
tres - peu d'erreur. Le Roy
eſtant alors à Fontainebleau
, il apporta cette
nouvelle à M'de Louvois,
qui témoigna en eſtre fort
fatisfait . Cependant M. de
la Hire luy ayant remontré
les difficultez des operarions
pendant l'Hiver ,
M'de Louvois luy donna
ordre de retourner dans
de Siam.
249
ces meſmes lieux vers le
Printemps , pour faire les
verifications des hauteurs
qu'il avoit trouvées dans
tous les points principaux
où il avoit marqué que
l'eau devoit paffer , de la
maniere que l'on comence
à l'executer preſentement
. Il trouva dans la
verification des premiers
nivellemens , un pied ou
deux plus de hauteur que
la premiere fois , & il reconnut
par des nivelle
250 Voyage des Amb.
mens un peu plus longs
queles premiers , que les
eaux des Rivieres qui paffent
à Verneuil & à Breteüil,
pouvoient eftre conduites
dans des canaux
fur terrejuſqu'à l'emboucheure
de l'Aqueduc qui
devoit porter les eaux de
la Riviere d'Eure pardeffus
le valon de Maintenon
. On travaille prefentement
à cette grande
Entrepriſe qui furpaffera
en magnificence tout ce
de Siam.
251
que les Empereurs Romains
ont fait dans l'étenduë
de pluſieurs Siecles..
Tous les canaux fur la fuperficie
de la terre font achevez
; l'eau que l'on y a
fait couler a confirméla
juſteſfedes nivellemens,&
l'Aqueduc qui doit paffer
dans le valon de Maintenon
eft fort avancé. La
partie de cet Aqueduc qui
eſt dans le plus profond
du valon doit eftre de
pierre,& le reſte des deux
252 Voyage des Amb.
C
coftez , où la hauteur est
mediocre , paffera fur de
grandes Terraffes élevées
pour ce ſujet . Voicy les
meſures & le détail de
cetOuvrage.
Ily a environ vingt mille
toiſes de Canal depuis
Pontgoüin, où l'on prend
laRiviere, juſque àBercherelaMangor.
CeCanal, qui
eft conduit fur la fuperficie
de la terre , felon fon
niveau , a par bas quinze
pieds , & plus ou moins
de Siam.
253
de hauteur felon le terrein
;& le Talus des bords
eſt double de la profondeur.
Dans le fond de
Berchere, où devoit commencer
l'Aqueduc de maçonnerie
, on fait une Levée
ou Aqueduc de terre,
rapportée à l'Aqueduc de
maçonnerie pendant trois
mille fix cens ſept toiſes.
- Cet Aqueduc de terre a
comme le Canal quinze
pieds de large par le fond,
de haut fix , ſept, ou huit
هللا
254 Voyage des Amb.
pieds ,&de talus le double
de la hauteur ; les
bords font fortifiez de
chauffées de neuf pieds
de large. Le talus de la
Levée eſt auſſi double de
ſa hauteur , pour empefcher
que les terres ne s'éboulent.
Dans le fond de
Berchere la Levée de terrea
cent pieds, & en d'autres
endroits foixante &
dix, cinquante , quarante
&vingt de hauteur.
A l'endroit où cette lede
Siam.
255
vée de terre joint l'Aqueduc
de Maçonnerie qui
eft vers Maintenon , elle
a 79. pieds de haut. Cét
Aqueduc de Maçonnerie
à 2960. toiſes de longueur
en 242. Arcades qui ont
40. pieds de large. Leurs
piles en ont vingt- quatre,
& de longueur quaranteſepta
quarante-huit pieds ,
avec des pilliers boutans
de onze pieds de large , aprés
les retraites , & de
faillie fix pieds. Il a dans
256 Voyage des Amb.
le plus profond trois Ar
cades l'une fur l'autre .
Du coſté de Berchere,
le nombre des Arcades
ſimples eftde trente- trois.
De doubles foixante-
& onze.
De triples quarante- fix.
Puis de doubles , foixante
& douze .
Et enfin de ſimples ,
vingt.
Leſquelles réjoignent
l'Aqueduc de terre rap.
portée du coſté de Ver
de Siam
257
&
failles afoixante cinq pieds
environ de hauteur , qui
continuë en. diminuant:
pendant fix mille cinquante
cinq , juſqu'à ce qu'il
vienne à la hauteur du
terrain , & depuis la juf
ques à Verfailles , il continue
fur terre de meſme
qu'entre Pontgouin &
Berchere pendant vingtcinq
mille toiſes , horſmis :
qu'en quelques endrois il
y aura dans terre unAque--
duc de Maçonnerie. La
298 Voyage des Amb.
plus grande hauteur de
l'Aqueduc dans le fondde
Maintenon , où paſſent
les Rivieres d'Eure & de
Gallardon , & où font les
triples arcades , eft de216.
pieds 6. pouces , juſqu'au
pavé des Corridors , ſans
les fondemens qui doivent
avoir 15. ou 16. pieds
de profondeur , & fans le
Parapet qui a trois pieds
fix pouces.
La hauteur des premieresArcades
juſque ſous la
de Siam. 252
voûte eſt de foixante &
ſeize pieds ,& juſqu'au pavé
des ſecondes quatre--
vingt-un pied fix pouces.
Les fecondes arcades
ont juſque ſous la voûte
foixante&dix pieds ,&jufqu'au
pavédes troiſiemes ,
quatre-vingt- cinq pieds.
Les troifiémes arcades
ont juſque ſous la voure
trente pieds trois pouces,
& juſqu'aux Corridors
neuf pieds neuf pouces,
fur leſquels font les Para
Yij
260 Voyage desAmb.
pets de trois pieds fix pou
ces .
Le Canal à ſept pieds
de large par bas , & s'élargit
juſqu'à ſept pieds fix
pouces , à la hauteur de
quatre pieds où commence
lavoute à plein ceintre.
Il y a de coſté & d'autre
du Canal un Corridor
-de trois pieds , & un Parapet
de dix- fept pouces de
large.
Les piles font à plomb
par le dedans hors de ter
de Siam. 261
re ,& par les coſtez . Il y
a par tout l'Aquedue un
pouce pour toiſe de talus,
mais les piliers bourans
en ont davantage au deffus
des premieres Arcades .
Il ſe fait de part & d'autre
une retraite d'environ
-ſept pieds , & au deffus
des fecondes , de prés de
fix pieds .
Ily a une porte au milieu
de chaque pile pour
pouvoir paffer tout du
long de l'Aqueduc , tant
262 Voyage des Amb.
aux ſecondes Arcades
qu'aux troifiémes. Lesportes
des fecondes ont quatre
pieds de large ,& celles
des troifiémes trois pieds
fix pouces , fur ſept pieds
dehaut.
Il y a des Eſcaliers qui
montent de terre au premier
étage par le dehors.
Ceux qui montent au
ſecond ſont pratiquez
dans l'épaiffeur des piles,
& ceux qui montent au
troifiéme font partie de
de Siam. 263
dans , partie dehors.
Voilà l'eſtat où eftoient
ces Ouvrages il y a fix
mois. Ils doivent eftre prefentement
bien plus avancez,
puisque plus de trente
mille hommes n'ont point
ceffé d'y travailler pendat
ce temps- là. De ces trente
mille hommes, il y en
a une partie de Maçons,
d'Apareilleurs , & d'autres
gens neceſſaires pour
les choſes qui ne peuvent
être faites par lesTroupes.
264 Vyage des Amb.
Elles font employées tant
l'Aqueduc qu'aux CarrieresdeGallardon
&d'Epernon
, & aux Ouvrages de
terre & fe montent à
vingt - deux mille hommes
où environ. Voicy les
noms des Regimens qui
les compoſent. Je ne vous
les envoye pas felon leur
rang.
REGIMENS.
Picardie.
Champagne..point
Royal
de Siam. 265
Royal des Vaiſſeaux.
Languedoc.
Navarre.
Feuquieres.
Cruffol.
La Fare .
Fufiliers du Roy.
Alface.
Vaubecour.
Lyonnois.
Dauphin .
La Reyne .
Anjou.
Vermandois.
Il y a outre cela trois
Z
266 Voyage des Amb.
Efcadrons de Dragons .
Le Logis des Ambaffadeurs
fut gardé par une
Compagnie dont le Capitaine
, le Lieutenant &
1 ' Enſeigne étoient en
Hauſſe - Col , pour leur
faire plus d'honneur. M
le Marquis d'Uxelles qui
commande toutes ces
Troupes , alla luy- meſme
le premier jour demander
le mot aux Ambaſſadeurs ,
&ils donnerent pour mot
Prosperité. Le Major Ge
deSiam. 267
neraly alla le prendre les
deuxjours fuivans , & les
motsqu'ils luy donnerent
furent l'Alliance Royale,
& Deux contre tous . Je
ne vous dis point qu'ils
entendoient parler des
Rois de France & de
Siam Ils admirerent les
Travaux dont je viens
de vous faire la defcription.
Le premier Ambaffadeur
les conçeut fi bien,
& en donna des marques
fi convaincantes , qu'iln'y
Zij
268 Voyage des Amb.
a point d'Architecte ny
d'Ingenieur qui euft pû les
mieux comprendre . Il dit
auffi , Qu'il ne croyoit pas
que tous les Rois de l' Europe
ensemble en puſſentfaire
autant. On leur fit voir
toutes les Troupes qui bátirent
aux Champs , &
falüerent du Drapeau.
Elles firent l'Exercice au
fon du Tambour, & montrerent
la parfaite intelligence
qu'elles ontdu Mêtier
de la Guerre.Il y avoit
de Siam. 269
douze Chevaux de l'Ecurie
du Roy que l'Ambaffadeur
& les Mandarins
monterent. Le premier
Ambaffadeur montra
d'un air fort déliberé ,
de quelle maniere les Siamois
ſe battent avec la
Lance. On luy demanda
s'il trouvoit les Troupes
du Roy belles , & il répondit,
qu'il ne croyoit pas
en avoir veu Cette réponfe
furprit , mais il tira bientoſt
d'embarras ceux qui
Z iij
270 Voyage des Amb.
l'avoient entenduë ,&dit
Qu'il ne croyoit pas avoir
vû des Troupes, maisfeulement
des Officiers , parce
qu'ils en avoient tous l'air,
&& l'adreſſe . M' le Marquis
d'Uxelles luy don.
na un magnifique Repas,
avec les Princes d'Hano
ver
, d'Holſtein , d'Harmeſtein
& d'Hanau. On
y but la Santédu Roy , &
l'on peut dire que c'eſt
la ſcule choſe dont il ait
efté ſurpris en France ,
de Siam.
27
ayant toûjours dit , Que
comme on devoit tout attendre
des François il n'étoit
étonné de rien ; mais
il eut de la peine à ſe perfuader
qu'on puft boire à
la Santé du Roy ſans manquer
de reſpect. On luy
dit que les diftinctions
qu'on faiſoit en la beuvant,
marquoient le refpect
, & qu'enfin le Roy
donnoit cette liberté ,
parce qu'elle faiſoit voir le
zele , & l'amour qu'on a-
Zij
272 Voyage des Amb.
'voit pour luy. Il joüa aprés
leRepas à toute table
avec Mª d'Uxelles , & le
gagna. Il dit lors qu'il eut
vû les Ouvrages , & les
Troupes , Qu'il ne s'éton
noit point de la grandeur,
&de la prosperité du Roy ,
& que beaucoup de choſes
ycontribuoient,Scavoir l'union
de la Famille Royale ,
l'avantage qu'il avoit de
gouverner par luy-mesme,
lafidelité , la ponctualité ,
Pintelligence, &la vigilande
Siam. 273
ce de ſes Ministres , es la
bonté deſes Troupes remplies
de jeuneſfe adroite,
& propre à tout.
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Résumé : Ils vont voir les travaux que l'on fait à la Riviere d'Eure. Description de cet Ouvrage, avec tout ce qui s'est passé à la reveuë des Troupes qui y travaillent. [titre d'après la table]
Le texte décrit les travaux entrepris pour approvisionner en eau le château de Versailles en utilisant la rivière d'Eure. Initialement, des projets visant à utiliser la Loire furent jugés impraticables en raison de la longueur du trajet et des difficultés topographiques. Le roi abandonna cette idée après avoir été convaincu par les relevés de Picard de l'Académie des Sciences. En 1684, Louvois, en considérant la hauteur de la rivière d'Eure et les terrains élevés entre Versailles et Maintenon, ordonna à La Hire, professeur en mathématiques et membre de l'Académie des Sciences, de vérifier la hauteur de cette rivière. La Hire découvrit que l'Eure était suffisamment haute à Pontgouin pour alimenter Versailles. Après vérifications, les travaux commencèrent, incluant la construction de canaux et d'un aqueduc en maçonnerie et en terre. L'aqueduc, long de 2960 toises avec 242 arcades, fut décrit en détail avec des hauteurs variées selon les sections. Les travaux impliquèrent plus de 30 000 hommes, incluant des régiments de troupes et des artisans spécialisés. Les ambassadeurs étrangers, impressionnés par les travaux et les troupes, admirèrent la grandeur du projet et la discipline des soldats français. Par ailleurs, le texte relate la surprise d'un ambassadeur de Siam en France face à une coutume locale. Cet ambassadeur, bien que toujours admiratif des Français, eut du mal à comprendre comment on pouvait porter un toast à la santé du roi sans manquer de respect. On lui expliqua que les distinctions faites en buvant à la santé du roi montraient le respect et que cette liberté était accordée par le roi pour démontrer l'ardeur et l'amour du peuple à son égard. Après le repas, l'ambassadeur joua à des jeux de table avec Madame d'Uxelles et la gagna. Il exprima ensuite son admiration pour les œuvres et les troupes françaises, soulignant que la grandeur et la prospérité du roi étaient dues à plusieurs facteurs, notamment l'union de la famille royale, la capacité du roi à gouverner personnellement, la fidélité, la ponctualité, l'intelligence et la vigilance de ses ministres, ainsi que la qualité des troupes, composées de jeunes gens adroits et compétents.
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4
p. 146-151
Labirinthe & ses Fontaines, [titre d'après la table]
Début :
Tous ces lieux ont chacun leurs noms qui conviennent, ou [...]
Mots clefs :
Labyrinthe, Fontaines, Figures, Allées, Endroits, Eaux, Fable, Jean de La Fontaine, Bassins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Labirinthe & ses Fontaines, [titre d'après la table]
Tous ces
lieux ont chacun leurs noms
qui conviennent , ou à ce
que marque leur terrain , ou
à ce que les Figures ou les
Eaux reprefentent. Il y a
outre cela quantité de Fontaines,
ou au bout des allées ,
ou dans le milieu ou qui
aboutiſſent à pluſieurs allées
ou dans les Parterres , & cela
fans compter le Canal , &
trois pieces d'caux preſque
و
auffi grandes , ce qui doit pa
des Amb. de Siam.
133
roiſtre incroyable à ceux qui
feront reflexion qu'il n'y avoit
pas une goute d'eau à
Verſailles quand le Roy a
commencé à y faire faire
des Fontaines. Il faut vous
parler du Labirinthe , puiſque
c'eſt par là que les Ambaſſadeurs
commencerent à voir
joüer les Eaux qu'on vient
admirer de toutes les Parties
du Monde. Ce Boſquet eſt un
des plus grands de Verſailles
puis qu'il renferme 38. Fontaines
, & ces Fontaines un
tres-grand nombre de Jets.
Une Fable d'Eſope fait le ſujet
de chacune ; il n'est pas
Mij
134 Suite du Voyage
neceſſaire de les expliquer
icy , ces Fables n'eſtant ignorées
de perſonne. Chacune a
fon Baffin où elle eſt reprefentée
par des Figures en
relief faites de metal , & le
fujet de la Fable y eſt auſſi
marqué. Je ne parle point
des Coquillages & des ornemens
des Baffins , qui font
en grand nombre , & qui
forment des Figures differentes
non plus que de la
quantité de Iets d'eau qui
accompagnent ces Baffins ,
& qui font proportionnez
aux Sujets qui y font reprefentez
. Ceux qui ſont com
2.
des Amb. de Siam.
135
me dans des Arcades formées
dans des paliſſades , font à
moitié couverts , & environnez
de feuilles & de rofeaux
qui jettent de l'eau. La
pluſpart ſont de fer blanc ,
& d'autre matiere propre à
cet uſage , auffi-bien que les
branches par où paffe T'eau ,
& le tout eſtant peint d'un
(vert qui imite le naturel ,
paffe pourune veritable verdure
, juſqu'à ce qu'on en
voye fortir l'eau . Le mot de
Labirinthe marque affez que
ee lieu eft remply de détours.
& d'allées meflées les unes
trempty
dans les autres , ce qui fait
Miij
136 Suite du Voyage
qu'avant qu'on en puiffe
trouver la porte , il arrive
bien ſouvent que l'on re
vient aux meſmes endroits
dont on croit eſtre fort éloigné.
Le premier Ambaffadeur
dont je vous parle en
pluſieurs endroits ſous le
ſimple nom d'Ambaſſadeur
pour éviter les repetitions du
mot de premier , tourna luymeſme
la pluſpart des Robinets,
qui font dans ce lieu ,
chercha les endroits qui donnent
de l'eau aux autres , & fit
voir que rien n'échappe à la
connoiffance .
lieux ont chacun leurs noms
qui conviennent , ou à ce
que marque leur terrain , ou
à ce que les Figures ou les
Eaux reprefentent. Il y a
outre cela quantité de Fontaines,
ou au bout des allées ,
ou dans le milieu ou qui
aboutiſſent à pluſieurs allées
ou dans les Parterres , & cela
fans compter le Canal , &
trois pieces d'caux preſque
و
auffi grandes , ce qui doit pa
des Amb. de Siam.
133
roiſtre incroyable à ceux qui
feront reflexion qu'il n'y avoit
pas une goute d'eau à
Verſailles quand le Roy a
commencé à y faire faire
des Fontaines. Il faut vous
parler du Labirinthe , puiſque
c'eſt par là que les Ambaſſadeurs
commencerent à voir
joüer les Eaux qu'on vient
admirer de toutes les Parties
du Monde. Ce Boſquet eſt un
des plus grands de Verſailles
puis qu'il renferme 38. Fontaines
, & ces Fontaines un
tres-grand nombre de Jets.
Une Fable d'Eſope fait le ſujet
de chacune ; il n'est pas
Mij
134 Suite du Voyage
neceſſaire de les expliquer
icy , ces Fables n'eſtant ignorées
de perſonne. Chacune a
fon Baffin où elle eſt reprefentée
par des Figures en
relief faites de metal , & le
fujet de la Fable y eſt auſſi
marqué. Je ne parle point
des Coquillages & des ornemens
des Baffins , qui font
en grand nombre , & qui
forment des Figures differentes
non plus que de la
quantité de Iets d'eau qui
accompagnent ces Baffins ,
& qui font proportionnez
aux Sujets qui y font reprefentez
. Ceux qui ſont com
2.
des Amb. de Siam.
135
me dans des Arcades formées
dans des paliſſades , font à
moitié couverts , & environnez
de feuilles & de rofeaux
qui jettent de l'eau. La
pluſpart ſont de fer blanc ,
& d'autre matiere propre à
cet uſage , auffi-bien que les
branches par où paffe T'eau ,
& le tout eſtant peint d'un
(vert qui imite le naturel ,
paffe pourune veritable verdure
, juſqu'à ce qu'on en
voye fortir l'eau . Le mot de
Labirinthe marque affez que
ee lieu eft remply de détours.
& d'allées meflées les unes
trempty
dans les autres , ce qui fait
Miij
136 Suite du Voyage
qu'avant qu'on en puiffe
trouver la porte , il arrive
bien ſouvent que l'on re
vient aux meſmes endroits
dont on croit eſtre fort éloigné.
Le premier Ambaffadeur
dont je vous parle en
pluſieurs endroits ſous le
ſimple nom d'Ambaſſadeur
pour éviter les repetitions du
mot de premier , tourna luymeſme
la pluſpart des Robinets,
qui font dans ce lieu ,
chercha les endroits qui donnent
de l'eau aux autres , & fit
voir que rien n'échappe à la
connoiffance .
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Résumé : Labirinthe & ses Fontaines, [titre d'après la table]
Le château de Versailles est célèbre pour ses nombreux éléments aquatiques, chacun portant un nom en fonction de son terrain ou des figures représentées. Les fontaines sont stratégiquement placées au bout des allées, au milieu ou à l'intersection de plusieurs allées, ainsi que dans les parterres. Le canal et trois pièces d'eau impressionnantes, presque aussi grandes que le canal, attirent particulièrement les visiteurs, notamment les ambassadeurs de Siam. À l'origine, Versailles était dépourvu d'eau avant que le roi n'y fasse construire des fontaines. Le labyrinthe, l'un des plus grands bosquets, compte 38 fontaines avec de nombreux jets illustrant des fables d'Ésope. Chaque fontaine est ornée de figures en relief en métal et de bassins décorés de coquillages et d'autres ornements. Certains bassins sont situés dans des arcades partiellement couvertes et entourées de feuilles et de roseaux. Le labyrinthe, avec ses détours et allées complexes, rend la recherche de la sortie difficile. L'ambassadeur de Siam a exploré les mécanismes des fontaines, démontrant une connaissance approfondie du lieu.
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5
p. 327-330
De Marseille.
Début :
On a donné dans cette Ville pendant le mois de Juillet plusieurs [...]
Mots clefs :
Marseille, Marquis, Eaux, Reine de Pologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Marseille.
DeMarseille.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
i 'f OnadonnédanscetteVille
pendant lemois de Juilletplurieurs
festes à la Reine de Pologne,
1^ PrincessesSobieski
sa petite filleafortbrillédans
tous les bals qui se sont donnez
chez M. le Bailli de la Pat
laitric ChefdEscadre des Galetes.,
&chez M. Arnoult,
Intendant dela Marine. Le
Comte àt Bausse
a eu l'boD-'
licotf'de&'afci avec la Princcfle,
&le Marquisde laBruyere
Jatente Syndic de la Ho4
blesse & ancien Procureur du
paîss'y est fort distingué.Ila
eu plusieurs Audiances particulieres;
de SaMajesté dont
ellea paruê fort contente.
C:dI un Gentilhommequi a
beaucoup d'esprit&uneparfaite
connoissancedesinterêts. desPrinces.
.Qç^mandepu'i*ff«queleVi- ce-Légat d'Avignon aenvoyé
un ordre,à ce Marquis de se rzen-d.r1e1à,s-o.n,, g.o, uvei rnetment
de Sorgues dans le Comtat
d'Avignonpouryrecevoir la
Reine iorfq Ile y passera.
Ilya déja envoyé beaucoup
de
le meubles) & plusieurs baIlli
fots dae ce quii perut esetre nee.ek On écrit du même endroit
juc les eaux de Montfrin deviennent
tous les jours en plus
grande réputation. Le sieur:
Monranier
,,
Docteur en Me;
decine) s'est appliqué particulièrement
àen connoistre toute
la vertu, & a découvert qu'-
elles étoient excellentes pouc
ceux qui font étiques. En esser,
Messieurs les Marquis de
Razac &le Baron de Tourncfort
, Capitaines de Galeres,
quiétoient tombez dans une
fcchcrcffc qui faisoit appréhender
leur perte, en sont revenus
en parfaite santes&reprennent
tous les jours leur
premier embonpoint. Cet esset
merveilleux a si fort augmenté
la réputation de ces
eaux, qu'une infinité de personnes
dé Provence & deDauphiné
y accourent.
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Résumé : De Marseille.
En juillet, Marseille a célébré la Reine de Pologne, la princesse Sobieski, avec plusieurs fêtes. Sa petite-fille a été remarquée lors des bals chez le Bailli de la Patta et M. Arnoult. Le Comte de Bausse a dansé avec la princesse, et le Marquis de la Bruyère, ancien Syndic des Hôtels et Procureur du pays, a été distingué par plusieurs audiences particulières avec la Reine. Le Marquis est décrit comme un gentilhomme d'esprit et connaisseur des intérêts des princes. Le Vice-Légat d'Avignon a ordonné au Marquis de se rendre à Sorgues pour accueillir la Reine lors de son passage. Par ailleurs, les eaux de Montfrin gagnent en réputation grâce à leurs vertus découvertes par le Docteur Monranier. Les Marquis de Razac et le Baron de Tournefort, Capitaines de Galères, ont recouvré la santé après une grave maladie grâce à ces eaux, attirant ainsi de nombreuses personnes de Provence et du Dauphiné.
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6
p. 211-213
« Le sieur DUBOIS, Fils, Maître en Chirurgie de la Communauté de Menars-la-Ville [...] »
Début :
Le sieur DUBOIS, Fils, Maître en Chirurgie de la Communauté de Menars-la-Ville [...]
Mots clefs :
Maladies, Fièvres, Guérison, Eaux, Patients guéris, Rougeurs, Certificats, Paris, Elbeuf, Bouteille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le sieur DUBOIS, Fils, Maître en Chirurgie de la Communauté de Menars-la-Ville [...] »
Le fieur DUBOIS , Fils , Maître en Chirurgie
de la Communauté de Menars- la- Ville s'étant
trouvé obligé , faure de Médecin dans fa Ville ,
de s'adonner au traitement des maladies aigues
vulgairement appellées maladies en régles , &
Pleurélies , Fluctions de poitrine formées , & Fiévres
inflammatoires ou malignes a depuis un an
trouvé un moyen pour les guérir fûrement &
faus craindre les dangers de la mort .
,
Son adreffe eft à M. Dubois , Fils , Maître
en Chirurgie , demeurant grande rue près l'Ecu
de France , à Menars - la - Ville , près Blois .
212 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur DIRBANNE , Marchand de Tabac , rue
Sainte-Anne , Butte S. Roch , du côté de la rue
S. Honoré, vis-a - vis l'Ebéniſte du Roi , pofféde le
Secret d'une Eau merveilleufe pour la guérifon
des yeux attaqués de taies , & même celles qui
fe forment par la petite-vérole , rougeurs & inflammations
, comperes- loriots , & boutons qui
fe forment autour des paupières . Elle a auffi la
vertu d'affermir la vue des perfonnes qui l'ont
foible. Le fieur Derbanne s'attire la confiance du
Public par les guérifons qu'il a faites & qu'il fair"
continuellement , fuivant les Certificats des Perfonnes
qu'il a entiérement guéries , qui font dé
polés & pallés devant M. Fortier , Notaire.
Guérifons faites à Paris :
La Dame Delaval , Maîtreffe Serrurière , rue de
Guilarde , qui avoit prefqu'entiérement perdu la
vue ; M. Bertin . Intendant de Mde la Ducheffe
d'Elbeuf , rue S. Nicaife ; M. de la Reyne , Chirurgien
de Mde la Ducheffe d'Elbeuf , a guéri différentes
Perfonnes avec cette Eau ; la fille de la
Dame Saulnier , Marchande Epicière à Puteaux ,
d'un refte de petite - vérole qui s'étoit jettée fur fes
yeux ; le fieur de la Chapt ; la Domestique du
fieur Maubeuge , & le Valet de - Chambre de
Mde la Ducheffe d'Elbeuf ; le fils dès Sieur &
Dame Grignon , Maître Boulanger à Paris ; la fille
des Sieur & Dame Trouffel , d'un refte d'humeur ,
tous demeurans à Paris.
Guérifons faités à Elbeuf.
La Dame Lefebvre , la Dame Flavigny , I
Dame Bourdon , la Dame le Noble , la Dame
Violet , le fieur Lavent , le fieur Renard , la Dame
Luce , la Dame Morel , le fieur Tellée , le fieur
NOVEMBRE. 1764. 213
Cantel , la Dame Gabot , la Dame Bardeffe , le
fieur Cobale , la Dame Potteau , les fieurs Duhamel
frères , la Dlle Sylveftre , le fieur Duhamel
le fieur Albert & la Dame Fréville , demeurans
tous audit Elbeuf. La Dame Leroi , demeurante à
Saint-Martin- la- Corneille .
Mde la Ducheffe d'Elbeuf a emporté à fes
Terres de cette Eau pour en donner aux Habicans.
Mamière de fe fervir de ladite Eau.
Il faut prendre une petite éponge groffe comme
une noifette , la mettre fur le bord du gouleau de
la bouteille , qu'il faut bien remuer , & preffer
l'éponge fur les yeux malades.
Le prix de chaque Bouteille eft de vingt-quatre fols
pour les petites, & les grandesfont de 3 liv.
de la Communauté de Menars- la- Ville s'étant
trouvé obligé , faure de Médecin dans fa Ville ,
de s'adonner au traitement des maladies aigues
vulgairement appellées maladies en régles , &
Pleurélies , Fluctions de poitrine formées , & Fiévres
inflammatoires ou malignes a depuis un an
trouvé un moyen pour les guérir fûrement &
faus craindre les dangers de la mort .
,
Son adreffe eft à M. Dubois , Fils , Maître
en Chirurgie , demeurant grande rue près l'Ecu
de France , à Menars - la - Ville , près Blois .
212 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur DIRBANNE , Marchand de Tabac , rue
Sainte-Anne , Butte S. Roch , du côté de la rue
S. Honoré, vis-a - vis l'Ebéniſte du Roi , pofféde le
Secret d'une Eau merveilleufe pour la guérifon
des yeux attaqués de taies , & même celles qui
fe forment par la petite-vérole , rougeurs & inflammations
, comperes- loriots , & boutons qui
fe forment autour des paupières . Elle a auffi la
vertu d'affermir la vue des perfonnes qui l'ont
foible. Le fieur Derbanne s'attire la confiance du
Public par les guérifons qu'il a faites & qu'il fair"
continuellement , fuivant les Certificats des Perfonnes
qu'il a entiérement guéries , qui font dé
polés & pallés devant M. Fortier , Notaire.
Guérifons faites à Paris :
La Dame Delaval , Maîtreffe Serrurière , rue de
Guilarde , qui avoit prefqu'entiérement perdu la
vue ; M. Bertin . Intendant de Mde la Ducheffe
d'Elbeuf , rue S. Nicaife ; M. de la Reyne , Chirurgien
de Mde la Ducheffe d'Elbeuf , a guéri différentes
Perfonnes avec cette Eau ; la fille de la
Dame Saulnier , Marchande Epicière à Puteaux ,
d'un refte de petite - vérole qui s'étoit jettée fur fes
yeux ; le fieur de la Chapt ; la Domestique du
fieur Maubeuge , & le Valet de - Chambre de
Mde la Ducheffe d'Elbeuf ; le fils dès Sieur &
Dame Grignon , Maître Boulanger à Paris ; la fille
des Sieur & Dame Trouffel , d'un refte d'humeur ,
tous demeurans à Paris.
Guérifons faités à Elbeuf.
La Dame Lefebvre , la Dame Flavigny , I
Dame Bourdon , la Dame le Noble , la Dame
Violet , le fieur Lavent , le fieur Renard , la Dame
Luce , la Dame Morel , le fieur Tellée , le fieur
NOVEMBRE. 1764. 213
Cantel , la Dame Gabot , la Dame Bardeffe , le
fieur Cobale , la Dame Potteau , les fieurs Duhamel
frères , la Dlle Sylveftre , le fieur Duhamel
le fieur Albert & la Dame Fréville , demeurans
tous audit Elbeuf. La Dame Leroi , demeurante à
Saint-Martin- la- Corneille .
Mde la Ducheffe d'Elbeuf a emporté à fes
Terres de cette Eau pour en donner aux Habicans.
Mamière de fe fervir de ladite Eau.
Il faut prendre une petite éponge groffe comme
une noifette , la mettre fur le bord du gouleau de
la bouteille , qu'il faut bien remuer , & preffer
l'éponge fur les yeux malades.
Le prix de chaque Bouteille eft de vingt-quatre fols
pour les petites, & les grandesfont de 3 liv.
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