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1
p. 205-215
LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
Début :
Ne vous envoyer point de fleurs le jour de vostre [...]
Mots clefs :
Fleurs, Beauté, Bouquet, Parnasse, Amour, Parterre, Zéphyrs, Orange, Grenade, Oeillets
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texteReconnaissance textuelle : LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
LEBOV<2JVET
provincial àMdß de
R. le jour de sa fejle,
apresqu'on eut cueilli
le soir précedent toutes
les fleurs qu'elle avoit
dansson jardin.
Ne vous envoyerpoint
defleurs le jour de vof-
*re feste
,
Sc vous écrire
pourexcusequ'on a pillé
toutes celles qui estoient
hier dans vos parterres,
& qu'il n'y avoitque ceL
les qui naissent sous vos
pas qui fussent dignes dq;
vous estre présentées,&
de vous dire encore que
les plus brillantes perdent
leur lustreauprésde
celles de vostre teint;
qu'à vostre approche les
plus blanches semblent
devenir pasles
, & les
plus vermeilles rougirde
honte, &C que deux So
leils feroient bientost
mourir ce qu'un seul fait
naistre.
Sur ce ton pedamment
badin
Ce seroit vous donner de
tres mauvaise grace
Pour les fleurs de vojlre
jardin,
Les plus communes du
Parnasse.
Vaminetendre, aujJìbien
quel'amour
Vous en doit d'autres en
- ce jour,
Plus brillantes, if plus
nouvelles.
Ce tribut appartient au
nom que vous portez
Ets'ilsepaye àdernoins
belles ,
Jevous laisse à penser si
vous le meritez,
Vous le modele des beautez>
m
Ne vous offrir des
fleursqu'en petite quantité,
8c vous donner pour
excuse de cette épargne,
que si je n'avois pas
esté si paresseux.
Vous en auriez eu davantage
;
Et
Et quechez, moj des le
matin,
LesAbeillesontmis le
:
Parterre au plláe;·
Et len. vont avec leur butin.
Adais pardonnons-leurce
ravage ';;'.
Elles l'ontfait a bonnefin
Les Zephirs mes amis,
qmy'onetpdiet*que cette Efioit pour celebrer danr.s
un galand festin
Le Coir, du jourde votiv,e
Je vous connois, Mde,
vous seriez d'humeurà
ne croire ni les Zephirs
ni leur Truchement, 6C ron courreroit risque de
ne passer aupres de vous
que pour un conteur de
nouvelles faites à plaisir.
L'inconvenient m'a paru
fascheux
,
6C pour l'éviter
j'ay fait amaiffer des
fleurs
, & vous en envoyetroisCorbeilles
toutes
pleines.
Celadon de ma part ,
vous les vapresenter
Et j'ose , me flater
Qu'elles vous feront
agreables.
Elles parfument I'air
d'une charmanteodeur\
L'innocence I*amour ,.j brillent dansleur I
couleur, }
Jl n'en ejl point de plus
aimables
} Les roses f5 les Ijs nofit
point tant de beaute^.
Cesontpour Us Auttls
des ornemens payables.
Mais voicy ce quit [aut1
pour les Divinitez.
Fleurs d'Orange&de
Grenade,Jasmin de
France& d'Espagne, 6C
oeillets de toutes les fortes.
Je n'ay pas voulu les
mettre en bouquets,
ç'auroit esté entreprendre
mal à propos sur cet
esprit de discernement
& d'invention dont vous
estespleine jusqu'au bout
des doigts, & quirend
tous vos ouvrages si
i1
beaux, qu'on n'en voit
point de mieuxtravailles
que ceux qui sortent de
vos mains.
C'estdonc à vostreadresse
A faire ruaioir leur richesse
,
A menager leur rang, leur eclat, leur douceur,
Et puis à les placer sur
vostreaimable coeur.
C'est-là que tvousallz,
finirvos deflmees,
Fleurs trois foisfortunées,
Etc'est.là qu'unAmant
mettroit tout son bonheur
.Ajinirsesannées..
Pourmoy Madame, bien que je ne sois qu'au
nombre de vos amis
sans mentir , en cette rencontre
,
si je l'ose dire
Jesuis du sentiment de
vos ^4doratears
Je voudrois bien avoir les
destin de mesJleurs.
Toutiroitàmesatisfaire,
Volume regarderieXjccm*
me unjoly présent J'aurois le bonheur, i,
vous plaire
,
57 je mourrois en vous
plaisant,
Est-il rien de plus doux,
f5 de plus innocent.
provincial àMdß de
R. le jour de sa fejle,
apresqu'on eut cueilli
le soir précedent toutes
les fleurs qu'elle avoit
dansson jardin.
Ne vous envoyerpoint
defleurs le jour de vof-
*re feste
,
Sc vous écrire
pourexcusequ'on a pillé
toutes celles qui estoient
hier dans vos parterres,
& qu'il n'y avoitque ceL
les qui naissent sous vos
pas qui fussent dignes dq;
vous estre présentées,&
de vous dire encore que
les plus brillantes perdent
leur lustreauprésde
celles de vostre teint;
qu'à vostre approche les
plus blanches semblent
devenir pasles
, & les
plus vermeilles rougirde
honte, &C que deux So
leils feroient bientost
mourir ce qu'un seul fait
naistre.
Sur ce ton pedamment
badin
Ce seroit vous donner de
tres mauvaise grace
Pour les fleurs de vojlre
jardin,
Les plus communes du
Parnasse.
Vaminetendre, aujJìbien
quel'amour
Vous en doit d'autres en
- ce jour,
Plus brillantes, if plus
nouvelles.
Ce tribut appartient au
nom que vous portez
Ets'ilsepaye àdernoins
belles ,
Jevous laisse à penser si
vous le meritez,
Vous le modele des beautez>
m
Ne vous offrir des
fleursqu'en petite quantité,
8c vous donner pour
excuse de cette épargne,
que si je n'avois pas
esté si paresseux.
Vous en auriez eu davantage
;
Et
Et quechez, moj des le
matin,
LesAbeillesontmis le
:
Parterre au plláe;·
Et len. vont avec leur butin.
Adais pardonnons-leurce
ravage ';;'.
Elles l'ontfait a bonnefin
Les Zephirs mes amis,
qmy'onetpdiet*que cette Efioit pour celebrer danr.s
un galand festin
Le Coir, du jourde votiv,e
Je vous connois, Mde,
vous seriez d'humeurà
ne croire ni les Zephirs
ni leur Truchement, 6C ron courreroit risque de
ne passer aupres de vous
que pour un conteur de
nouvelles faites à plaisir.
L'inconvenient m'a paru
fascheux
,
6C pour l'éviter
j'ay fait amaiffer des
fleurs
, & vous en envoyetroisCorbeilles
toutes
pleines.
Celadon de ma part ,
vous les vapresenter
Et j'ose , me flater
Qu'elles vous feront
agreables.
Elles parfument I'air
d'une charmanteodeur\
L'innocence I*amour ,.j brillent dansleur I
couleur, }
Jl n'en ejl point de plus
aimables
} Les roses f5 les Ijs nofit
point tant de beaute^.
Cesontpour Us Auttls
des ornemens payables.
Mais voicy ce quit [aut1
pour les Divinitez.
Fleurs d'Orange&de
Grenade,Jasmin de
France& d'Espagne, 6C
oeillets de toutes les fortes.
Je n'ay pas voulu les
mettre en bouquets,
ç'auroit esté entreprendre
mal à propos sur cet
esprit de discernement
& d'invention dont vous
estespleine jusqu'au bout
des doigts, & quirend
tous vos ouvrages si
i1
beaux, qu'on n'en voit
point de mieuxtravailles
que ceux qui sortent de
vos mains.
C'estdonc à vostreadresse
A faire ruaioir leur richesse
,
A menager leur rang, leur eclat, leur douceur,
Et puis à les placer sur
vostreaimable coeur.
C'est-là que tvousallz,
finirvos deflmees,
Fleurs trois foisfortunées,
Etc'est.là qu'unAmant
mettroit tout son bonheur
.Ajinirsesannées..
Pourmoy Madame, bien que je ne sois qu'au
nombre de vos amis
sans mentir , en cette rencontre
,
si je l'ose dire
Jesuis du sentiment de
vos ^4doratears
Je voudrois bien avoir les
destin de mesJleurs.
Toutiroitàmesatisfaire,
Volume regarderieXjccm*
me unjoly présent J'aurois le bonheur, i,
vous plaire
,
57 je mourrois en vous
plaisant,
Est-il rien de plus doux,
f5 de plus innocent.
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Résumé : LE BOUQUET provincial à Mde de R. le jour de sa feste, aprés qu'on eut cueilli le soir précedent toutes les fleurs qu'elle avoit dans son jardin.
L'auteur d'une lettre exprime son souhait d'offrir des fleurs à Madame, justifiant la petite quantité par sa paresse. Il mentionne que les abeilles ont déjà récolté les fleurs du matin et que les vents doux célèbrent la fête de Madame. Pour éviter tout doute, il envoie trois corbeilles de fleurs, présentées par Celadon. Ces fleurs, parfumées et symbolisant l'innocence et l'amour, incluent des roses, des lis, des fleurs d'orange, de grenade, du jasmin et des œillets. L'auteur laisse à Madame le soin de les arranger, confiant en son discernement. Il espère que les fleurs trouveront leur place sur son cœur, où un amant mettrait tout son bonheur. L'auteur souhaite partager le destin de ses fleurs pour avoir le bonheur de plaire à Madame et de mourir en la plaisant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 249-264
Le Printemps glacé Idille.
Début :
Le Printemps suivi de Flore Des beaux jours & des Zephirs [...]
Mots clefs :
Printemps, Flore, Zéphyrs, Nature, Oiseaux, Plaisirs, Hiver, Rivages, Bergers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Printemps glacé Idille.
Le Printemps glacé
Idille.
Le Printemps fnivi de
Flore
Des beaux jours & des
Zepbirs
Avmt dela fait êclore
Dans nos Champs mille
plaisirs
Deja par de doux ramages
Les Oisèaux dans les
Boccazcs
Cha?ttoiern leurs tendres
langueurs
Et cejfmtd'e/trecaptives
Les Mayades sur leurs
rives
Voyoient naître mille
fleurs.
Déjà far ces fleurs
natfiantes
Les Bergers à leurs
Amantes
Racontoient le long du
jour
Combien la faison des
glaces
Avott couté de disgraces
Et de maux à leur
amour;
Enfin toute la nature
Pleine d'un ejpoir charmant
Du retour de la verdure
Marquoit joii ravtjfc*
ment.
Mais thyver impitoyable
Rend ce plaisir peu durable
Pour hanir le Printemps
il revientsurses pas
Par Us barbares outrages
On revoit sur nos rivages
Lesglaçons& lesfrimats
UAepsilonsur& terrible
ChaJJe le Zephir patjible
Et ravit à nos champs
leurs renaijjans Afpas.
Depuis que sa froide
haleine ji trihomphé des beaux
jours
Les plaisirs & les amours
Sont dt[parus dans la
Plysine
En retournant dans le
Hameau
Chaque Bergersedesespere
De s'y voir arraché dJ/auprés
desa Btrgere
PPaarrunchangement si t%,-i chaî2
nouveau.
Tandis que le Berger
pleure
Des rigeurs de la faison3
Le Laboureur à tonte
heure
En tremble poursamots
son
Voyant les écrits ell furie
Exercer le..r barbarie
Dans [es ftnilts Cuorcts
Troublé,rerrpli d'epouvanté
Il riofe plus compter la
recolte abondante
Qui l'avoit tantflate par
jes riches aprejh.
Eij7n par Vhorrible
Guerre
Que le fr. id fait sur la
Terre
Tout languit dans l'Univers
Et les Coteaux deja
verds
Quittant leur riante face
pour ceder à Ion horreur
On ne voitplus que la
trace
Des Autans pleins de
fureur.
Helas!ce triste ravage
Qui nous defoie sifort
hlt unefuneste Image
Des rigueurs de nojlre
fort
Lors'quâpres mille travtrfes
Et mille panes dtvtrfes
Nouscroyons n'avoirplus
àformerdefoubaits
Loin de voir couronner
nostre perseverance
J!~~ * Rend nos chagrins plus
vifs qu'ils ne furent
jamais.
Tel. que l'ambition
fate
Courant après les honneurs
Quelque foisalafin en
goûte les douceurs
Dans un rang éminent
ouon pouvoir éclate
Possedantyeu(onbonheur,
La fortune qui le joué
D'uninconjlant tour de
roue
Faitrincerfersa grandeur.
Vn autre dans le
Commerce
Faitsagloireblanchir
Sur teJfolr de s'enrichir
Il ness Mer qu'il ne
tratver(e
Maivgreamuillxe affreux tra-
Bravantles Vents &les
Ondes
Ilvif!telesdeux Mondes s(~ Sur ae frajjus l^atjî/')eaux
Et !orfanet'à main avare
Jîad,. } -1-", '1 ;,' 'f. rJ~ 14 i nomlr, u* amas
De ce quinaît defias rare
Da-ns tmes baarbartessCli-
Rempuaune douce a:ten-
- te
Qui h frite & qui l'enchante
Ilse remet sur la Ader
Alors un fougueux orage
A ses riches Vaisseaux
saif,ntfaire naoffrage
Il voit an fond des flots
f/oanep/poliiracbîemesr.
-
Vncoeur
Vncoeur- eexxeemmpptt des
De lamorne avarice &
de L'ambition
Oui fait toutesses delices
DJlt:ne tendrepuffion
N*apas plus de repos en
juvvatJt la tendreté
Que l'Avare craintif ny
que lt'ambitieux
ji peine sesfoins &ses
voeux
Ont touchéé ll''oobbjet qui le
blesle
Que de cet état charmant
Ilpajfe au malheur extreme
Devoir l'Ingrate quil
aime
En irJtj/ffant ses feux
courir au changernent.
C'est ainsi qu'en mille
maniérés
&aveugle& bigarre def
tin
Fait tourner nos plaisirs
en des douleurs ameres
Changeant tout eamoin
d'un matin
Mais sinos coeurs étoient
sans vices
Si nous nesuivionspoint - lesfollespajjions
Il neferoitfar nous malgrétous
(es caprices
Que defaiblesimprejfwns.
Ces Arbres dépouilleZ,
De leurs ch.r/muns feml- /:'f:S Ó, Ces fJ¡eZ.oÙ l'herbemeurt
& cceess'iriu-,:@[jea!vxgrrs',-i.c'~ee\'"f
JSïû'is donnent des leCOliS
en lt ..-,>( ?n:icts Unçaçet
r ~8 r,J 1-
¿, 3O1.- Ils Otit veufansfrémir j
1,.'JiJ ,",..- l. (.. ", l JJ
leurss^psisefpacez>
Quoique le rrintemps se
retire
Que l'hyver en comroux
reprenant Ion empire
Ravisse tonte* leurs beautés
Ils nefptccombent point
Jons tant de cruaute;:."
,DDan,zsnisci ceiiaattttoouûjjo0u14rrss
jCftitt-tii/ié?
Ces Cljcfncs reJifl-ant
aux Autels irrite^
~., .,,' ,J t L-~ ylîtendent desZcphirs le
J~ {/. f.. u 1 H~' ¿t. fJ ¡ J t¡;
retourfavorable.
,,,It J ".-J.I t.,/ .,., ,.,'.,¡Ie
Si co'mr.e eux cLins
1n'Is les revers
Dont lafjrtme nous ac-
c."v;;;e
Nousgardions un esprit
conjtant, inébranlable
Attendant en repos fil
changements divers
Notts v.-i-roris COHUrnotre vie Dans un état plus doux
& plus digne d'envie
Q^e si Con nous rendoit
jMaijïres de ÏVnivtrs.
Idille.
Le Printemps fnivi de
Flore
Des beaux jours & des
Zepbirs
Avmt dela fait êclore
Dans nos Champs mille
plaisirs
Deja par de doux ramages
Les Oisèaux dans les
Boccazcs
Cha?ttoiern leurs tendres
langueurs
Et cejfmtd'e/trecaptives
Les Mayades sur leurs
rives
Voyoient naître mille
fleurs.
Déjà far ces fleurs
natfiantes
Les Bergers à leurs
Amantes
Racontoient le long du
jour
Combien la faison des
glaces
Avott couté de disgraces
Et de maux à leur
amour;
Enfin toute la nature
Pleine d'un ejpoir charmant
Du retour de la verdure
Marquoit joii ravtjfc*
ment.
Mais thyver impitoyable
Rend ce plaisir peu durable
Pour hanir le Printemps
il revientsurses pas
Par Us barbares outrages
On revoit sur nos rivages
Lesglaçons& lesfrimats
UAepsilonsur& terrible
ChaJJe le Zephir patjible
Et ravit à nos champs
leurs renaijjans Afpas.
Depuis que sa froide
haleine ji trihomphé des beaux
jours
Les plaisirs & les amours
Sont dt[parus dans la
Plysine
En retournant dans le
Hameau
Chaque Bergersedesespere
De s'y voir arraché dJ/auprés
desa Btrgere
PPaarrunchangement si t%,-i chaî2
nouveau.
Tandis que le Berger
pleure
Des rigeurs de la faison3
Le Laboureur à tonte
heure
En tremble poursamots
son
Voyant les écrits ell furie
Exercer le..r barbarie
Dans [es ftnilts Cuorcts
Troublé,rerrpli d'epouvanté
Il riofe plus compter la
recolte abondante
Qui l'avoit tantflate par
jes riches aprejh.
Eij7n par Vhorrible
Guerre
Que le fr. id fait sur la
Terre
Tout languit dans l'Univers
Et les Coteaux deja
verds
Quittant leur riante face
pour ceder à Ion horreur
On ne voitplus que la
trace
Des Autans pleins de
fureur.
Helas!ce triste ravage
Qui nous defoie sifort
hlt unefuneste Image
Des rigueurs de nojlre
fort
Lors'quâpres mille travtrfes
Et mille panes dtvtrfes
Nouscroyons n'avoirplus
àformerdefoubaits
Loin de voir couronner
nostre perseverance
J!~~ * Rend nos chagrins plus
vifs qu'ils ne furent
jamais.
Tel. que l'ambition
fate
Courant après les honneurs
Quelque foisalafin en
goûte les douceurs
Dans un rang éminent
ouon pouvoir éclate
Possedantyeu(onbonheur,
La fortune qui le joué
D'uninconjlant tour de
roue
Faitrincerfersa grandeur.
Vn autre dans le
Commerce
Faitsagloireblanchir
Sur teJfolr de s'enrichir
Il ness Mer qu'il ne
tratver(e
Maivgreamuillxe affreux tra-
Bravantles Vents &les
Ondes
Ilvif!telesdeux Mondes s(~ Sur ae frajjus l^atjî/')eaux
Et !orfanet'à main avare
Jîad,. } -1-", '1 ;,' 'f. rJ~ 14 i nomlr, u* amas
De ce quinaît defias rare
Da-ns tmes baarbartessCli-
Rempuaune douce a:ten-
- te
Qui h frite & qui l'enchante
Ilse remet sur la Ader
Alors un fougueux orage
A ses riches Vaisseaux
saif,ntfaire naoffrage
Il voit an fond des flots
f/oanep/poliiracbîemesr.
-
Vncoeur
Vncoeur- eexxeemmpptt des
De lamorne avarice &
de L'ambition
Oui fait toutesses delices
DJlt:ne tendrepuffion
N*apas plus de repos en
juvvatJt la tendreté
Que l'Avare craintif ny
que lt'ambitieux
ji peine sesfoins &ses
voeux
Ont touchéé ll''oobbjet qui le
blesle
Que de cet état charmant
Ilpajfe au malheur extreme
Devoir l'Ingrate quil
aime
En irJtj/ffant ses feux
courir au changernent.
C'est ainsi qu'en mille
maniérés
&aveugle& bigarre def
tin
Fait tourner nos plaisirs
en des douleurs ameres
Changeant tout eamoin
d'un matin
Mais sinos coeurs étoient
sans vices
Si nous nesuivionspoint - lesfollespajjions
Il neferoitfar nous malgrétous
(es caprices
Que defaiblesimprejfwns.
Ces Arbres dépouilleZ,
De leurs ch.r/muns feml- /:'f:S Ó, Ces fJ¡eZ.oÙ l'herbemeurt
& cceess'iriu-,:@[jea!vxgrrs',-i.c'~ee\'"f
JSïû'is donnent des leCOliS
en lt ..-,>( ?n:icts Unçaçet
r ~8 r,J 1-
¿, 3O1.- Ils Otit veufansfrémir j
1,.'JiJ ,",..- l. (.. ", l JJ
leurss^psisefpacez>
Quoique le rrintemps se
retire
Que l'hyver en comroux
reprenant Ion empire
Ravisse tonte* leurs beautés
Ils nefptccombent point
Jons tant de cruaute;:."
,DDan,zsnisci ceiiaattttoouûjjo0u14rrss
jCftitt-tii/ié?
Ces Cljcfncs reJifl-ant
aux Autels irrite^
~., .,,' ,J t L-~ ylîtendent desZcphirs le
J~ {/. f.. u 1 H~' ¿t. fJ ¡ J t¡;
retourfavorable.
,,,It J ".-J.I t.,/ .,., ,.,'.,¡Ie
Si co'mr.e eux cLins
1n'Is les revers
Dont lafjrtme nous ac-
c."v;;;e
Nousgardions un esprit
conjtant, inébranlable
Attendant en repos fil
changements divers
Notts v.-i-roris COHUrnotre vie Dans un état plus doux
& plus digne d'envie
Q^e si Con nous rendoit
jMaijïres de ÏVnivtrs.
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Résumé : Le Printemps glacé Idille.
Le texte 'Le Printemps glacé' explore les effets destructeurs de l'hiver sur la nature et les êtres humains. Le printemps, initialement porteur de plaisirs et de fleurs, voit ses promesses anéanties par le retour brutal de l'hiver. Les bergers et les laboureurs, désespérés, craignent pour leurs récoltes et leurs amours. La guerre et les rigueurs de la saison exacerbent cette détresse, transformant les paysages verdoyants en scènes de désolation. Le texte établit une comparaison entre cette situation et la fortune capricieuse, capable de renverser les honneurs et la richesse. Un commerçant, après avoir accumulé des richesses, peut voir ses navires sombrer. De même, un cœur amoureux peut passer des délices au malheur extrême en étant rejeté. Ces exemples illustrent comment les plaisirs peuvent se transformer en douleurs amères. Le texte conclut en soulignant que les cœurs sans vices, ne suivant pas les passions folles, ne seraient pas soumis aux caprices de la fortune. Les arbres et les fleuves, bien que dépouillés, résistent aux cruautés de l'hiver et attendent patiemment le retour du printemps, symbolisant une résilience et une constance face aux revers de la fortune.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 679-682
L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Début :
Prés d'un Temple fameux par son antiquité, [...]
Mots clefs :
Vénus, Amour, Cythère, Temple, Chants, Zéphyrs, Beautés, Maître, Cantate
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
L'AMOUR MUSICIEN ,
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
CANTAT E.
PRés d'un Temple fameux par son antiquité ,
Où les Mortels qui veulent plaire
A la Déesse de Cythere
Vont offrir leur encens à sa Divinité ,
Est une Forêt solitaire ,
Qu'environne une sombre et sainte obscurité :
C'est là qu'aux bords d'une Fontaine
Dans les bras du sommeil j'oubliois mes soucis
Lorsque Venus avec son fils
Vint par sa présence soudaine
Troubler l'heureux repos que goutoient mes esprits.
C iiij Les
680 MERCURE DE FRANCE
Les Ris , les Jeux suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces climats.
Leur donnoit de nouvelles graces.
Dans ces Bois sombres et charmans
A Venus tout rendoit hommage' ;
Les Oiseaux mêmes du Bocage
A l'envi redoubloient leurs Chants.
Les Jeux , les Ris suivoient ses traces ;
Les Amours voloient sur ses pas ;
Sa présence dans ces Climats
Leur donnoit de nouvelles graces.
Je veux me dit alors la Mere des Amours ; >
Que par tes soins mon fils apprene
Cet Art qui d'Arion a conservé les jours ,
Et du Chantre de Thrace a soulagé la peine."
Flatté du choix de Venus ,
Je chantai le combat de Pan et de Phoebus ,
Et Pallas d'Arachné punissant l'arrogance ;
Mais l'Amour dégouté de ces chants ennuyeux
! Chanta d'un ton harmonieux
Les Dieux et les Mortels soumis à fa puiffance.
Fixês
AVRIL:
1731 . 681
Fixés par ces accens ,
Les Zéphirs moins volages
Laifferent
pour un tems
Reposer les feuillages ,
Les hôtes de ces Bois
Devenus moins sauvages
Aux charmes de sa voix
Joignirent leurs ramages ;
Cachés sous les ombrages ,
Les échos d'alentour
Repetent aux Boccages
Les accens de l'amour.
Touché comme eux des chants de l'enfant de
Cypris ,
Je demeurai frappé de toutes ces merveilles ,
Confus , immobile , furpris ,
A peine en crus - je alors mes yeux et mes oreilles,
Et sans me rappeller les airs que je chantois ,
Je devins Ecolier de Maître que j'étois.
Jeunes Beautés , l'Amour est un grand Maître ,
Ce Dieu sçait tout sans avoir rien appris ;
Courez à lui , vous pourrez tout connoître ;
Rien n'eft caché pour un coeur bien épris.
Les autres Dieux ont chacun leur partage ,
Mars eft Guerrier , Phoebus eft Dieu des Vers;
Cv Le
882 MERCURE DE FRANCE.
Le feul Amour par un rare aſſemblage
Unit en lui tous leurs talens divers.
Jeunes Beautez &c.
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Résumé : L'AMOUR MUSICIEN, CANTATE.
Le texte 'L'AMOUR MUSICIEN' relate une scène près d'un temple antique dédié à Vénus. Le narrateur, endormi au bord d'une fontaine, est réveillé par la déesse et son fils, l'Amour. La forêt sombre et mystérieuse se transforme en un lieu de célébration à leur arrivée. Les jeux, les rires et les amours suivent leurs pas, et les oiseaux redoublent leurs chants en hommage à Vénus. Vénus demande au narrateur d'enseigner à l'Amour l'art de la musique. Le narrateur chante des récits mythologiques, mais l'Amour préfère chanter les dieux et les mortels soumis à sa puissance. Les zéphyrs, les oiseaux et les échos répètent les chants de l'Amour, touchant profondément le narrateur. Émerveillé, le narrateur devient l'élève de l'Amour, reconnaissant la supériorité de ce dieu qui unit en lui les talents de tous les autres dieux. Le texte se conclut par une invitation aux jeunes beautés à se tourner vers l'Amour pour connaître toutes les merveilles du monde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 980-988
METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Début :
Avant que de m'engager dans la lecture de cette Métamorphose, je crois / Au monde il n'est plages si reculées [...]
Mots clefs :
Métamorphose, Histoire poétique, Histoire fabuleuse, Muses, Apollon, Joconde, Amant, Zéphyrs, Asile
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texteReconnaissance textuelle : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
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Résumé : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Le texte 'Métamorphose du Prince Caulo et de la Nymphe Orithie' de M. de Verrières, présenté à l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen le 18 janvier 1731, aborde l'enlèvement de la nymphe Orithie par Borée, un thème classique de la mythologie. L'auteur présume que son public, y compris les dames présentes, est familier avec les sciences légères et les métamorphoses d'Ovide. Il introduit ensuite Caulo, un héros méconnu des Grecs et des Romains, originaire du Nord, une région peu connue des anciens. L'histoire narre comment Borée enlève Orithie et tente de l'apprivoiser dans des climats déserts. Les plaintes d'Orithie attirent l'attention de Caulo, un prince au cœur noble et généreux. Ému par la souffrance d'Orithie, Caulo s'éprend d'elle. Après plusieurs tentatives infructueuses pour la séduire, Orithie finit par céder à ses avances. Leur union est interrompue par Borée, jaloux, qui les transforme en plantes. Apollon, touché par leur sort, décide de les métamorphoser en carotte et en chou, leur permettant ainsi de braver les dangers de Borée et de devenir utiles dans les jardins potagers.
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5
p. 1748-1751
L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
Reine des Airs, pompeuse Aurore, [...]
Mots clefs :
Échos, Vers, Thémire, Zéphyrs, Lenteur, Coeur, Peindre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
L'INDISCRETION..
CANT ATE.
Par Me de Malcrais de la Vigne ,
du Croisic en Bretagne.
REine Eine des Airs , pompeuse Aurore ,
Que vous restez long- temps au lit d'un vieu
Epoux !!
Sortez du sein des flots ; la Belle que j'adore ,
Thémire en ces Vallons doit paroître avec vous¿
Je vais entre ses bras , en dépit des jaloux ,
Gouter les dons qu'Amour pour moi seul fi☛
éclore
Mömens délicieux , momens trop attendus ,,
Vous voila donc enfin rendus.
Parfumez ces lieux , fleurs brillantes ¿ ›
Badinez avec les Zéphirs ,
Faites sur vos tiges flotantes ,
Le prélude de mes plaisirs. -
Chantez mon bonheur par avance
Atroupez-vous , petits Oiseaux ;;
Ruisseaux , allez en diligence ,
Le dire à mes tristes Rivaux ;
44
Arbres
A O UST. 1733
1745 Arbres, à travers vos rameaux ,
Laissez voir aux Dieux ma victoire
Que tous les témoins de mes maux ,
Le soient aujourd'hui de ma gloire. -
+
L'aimable Lisidor triomphoit en ces mots §.
D'un avant-goût charmant son ame possedée 5 ,
Caressoit sa flateuse idée ; ·
L'espoir tranquillement le berçoit sur ses flots.
Quand l'Aurore à la fin déployant dans la nuë ,,
Des trésors d'Orient le superbe appareil ,
Le surprit, le troubla n'offrant point à sa vûë,
Celle qu'il aimoit mieux revoir que le Soleil.
Ah ! cria-t'il tout haut , que vous tardez , Thé
mire ? ...
Paresseuse arrivez ™, arrivez™, ou j'expire
Auriez-vous à l'Amour préferé le sommeil à ?
Zéphirs , volez vers ma Maîtresse ,,
Peignez-lui l'état de mon coeur , »
Echos , rappellez- la sans cesse , ›
En lui reprochant sa lenteur.
Thémire ne vient point encore ;' ;
Le sommeil s'en est emparé ; ›
Thémire ... ah ! la soif me dévore,,
Quand je devrois m'être enyyré. -
Zephirs, yolez vers ma Maîtrese ,,
Peignez
1750 MERCURE DE FRANCE
Peignez-lui l'état de mon coeur ;
Echos , rappellez - la sans cesse ,
En lui reprochant sa lenteur.
La Bergere arrivoit à travers la Ramée ;
Son nom qui raisonnoit dans l'air ,
Etonna de fort loin son oreille allarmée.
De haine et de dépit cette Amante animée ,
Aux yeux de l'Indiscret s'offrit comme un éclair
Adieu , dit-elle , adieu , montant sur la Colline ,
Et courant à grands pas vers la maison voisine ,
Puisque des biens fondez sur un frivole espoir ,
Ta voix a sçû parler aux Echos du Boccage ,
Perfide , s'ils étoient jamais en ton pouvoir,
Tu l'aurois bien-tôt dit aux Echos du Village.
Amans , sur tout soyez discrets ,
L'Art d'aimer est l'Art de se taire ;
N'apprenez pas même aux Forêts ,
Le nom des ravissans Objets ,
A qui vous vous flattez de plaire,
Les Ruisseaux rouleront
Des Ondes indiscrettes
Les Oiseaux chanteront
Vos douces amourettes
D
Les fleurs , comme autrefois ,
Cessant d'être muettes ,
RetrouA
O UST. 1751 1733
Retrouveront leur voix ,
Pour conter vos fleurettes.
Amans , sur tout soyez discrets , &c.
CANT ATE.
Par Me de Malcrais de la Vigne ,
du Croisic en Bretagne.
REine Eine des Airs , pompeuse Aurore ,
Que vous restez long- temps au lit d'un vieu
Epoux !!
Sortez du sein des flots ; la Belle que j'adore ,
Thémire en ces Vallons doit paroître avec vous¿
Je vais entre ses bras , en dépit des jaloux ,
Gouter les dons qu'Amour pour moi seul fi☛
éclore
Mömens délicieux , momens trop attendus ,,
Vous voila donc enfin rendus.
Parfumez ces lieux , fleurs brillantes ¿ ›
Badinez avec les Zéphirs ,
Faites sur vos tiges flotantes ,
Le prélude de mes plaisirs. -
Chantez mon bonheur par avance
Atroupez-vous , petits Oiseaux ;;
Ruisseaux , allez en diligence ,
Le dire à mes tristes Rivaux ;
44
Arbres
A O UST. 1733
1745 Arbres, à travers vos rameaux ,
Laissez voir aux Dieux ma victoire
Que tous les témoins de mes maux ,
Le soient aujourd'hui de ma gloire. -
+
L'aimable Lisidor triomphoit en ces mots §.
D'un avant-goût charmant son ame possedée 5 ,
Caressoit sa flateuse idée ; ·
L'espoir tranquillement le berçoit sur ses flots.
Quand l'Aurore à la fin déployant dans la nuë ,,
Des trésors d'Orient le superbe appareil ,
Le surprit, le troubla n'offrant point à sa vûë,
Celle qu'il aimoit mieux revoir que le Soleil.
Ah ! cria-t'il tout haut , que vous tardez , Thé
mire ? ...
Paresseuse arrivez ™, arrivez™, ou j'expire
Auriez-vous à l'Amour préferé le sommeil à ?
Zéphirs , volez vers ma Maîtresse ,,
Peignez-lui l'état de mon coeur , »
Echos , rappellez- la sans cesse , ›
En lui reprochant sa lenteur.
Thémire ne vient point encore ;' ;
Le sommeil s'en est emparé ; ›
Thémire ... ah ! la soif me dévore,,
Quand je devrois m'être enyyré. -
Zephirs, yolez vers ma Maîtrese ,,
Peignez
1750 MERCURE DE FRANCE
Peignez-lui l'état de mon coeur ;
Echos , rappellez - la sans cesse ,
En lui reprochant sa lenteur.
La Bergere arrivoit à travers la Ramée ;
Son nom qui raisonnoit dans l'air ,
Etonna de fort loin son oreille allarmée.
De haine et de dépit cette Amante animée ,
Aux yeux de l'Indiscret s'offrit comme un éclair
Adieu , dit-elle , adieu , montant sur la Colline ,
Et courant à grands pas vers la maison voisine ,
Puisque des biens fondez sur un frivole espoir ,
Ta voix a sçû parler aux Echos du Boccage ,
Perfide , s'ils étoient jamais en ton pouvoir,
Tu l'aurois bien-tôt dit aux Echos du Village.
Amans , sur tout soyez discrets ,
L'Art d'aimer est l'Art de se taire ;
N'apprenez pas même aux Forêts ,
Le nom des ravissans Objets ,
A qui vous vous flattez de plaire,
Les Ruisseaux rouleront
Des Ondes indiscrettes
Les Oiseaux chanteront
Vos douces amourettes
D
Les fleurs , comme autrefois ,
Cessant d'être muettes ,
RetrouA
O UST. 1751 1733
Retrouveront leur voix ,
Pour conter vos fleurettes.
Amans , sur tout soyez discrets , &c.
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Résumé : L'INDISCRETION. CANTATE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Le poème 'L'INDISCRETION' de Me de Malcrais de la Vigne raconte l'histoire de Lisidor, qui attend impatiemment Thémire, la femme qu'il aime. Lisidor invite la nature, les fleurs, les zéphyrs et les oiseaux à célébrer son bonheur imminent. Il imagine déjà les moments délicieux qu'il passera avec Thémire, malgré la jalousie des rivaux. Cependant, à son réveil, Thémire n'est pas là. Désespéré, Lisidor appelle les zéphyrs et les échos pour qu'ils la rappellent. Thémire apparaît finalement, mais furieuse d'avoir été surprise par l'indiscrétion de Lisidor. Elle lui reproche son manque de discrétion et s'enfuit. Le poème se conclut par une mise en garde aux amants : ils doivent être discrets pour éviter que leurs secrets ne soient révélés par la nature elle-même.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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