Résultats : 807 texte(s)
Détail
Liste
101
p. 2737-2738
SUEDE.
Début :
Le College du Commerce de Stockolm a présenté une Requête au Roi pour le prier [...]
Mots clefs :
Roi de Suède, Commerce, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE,
Lfente the Reque au Roi pour le prier
d'envoyer en Efpagne un Miniftre chargé de
pleins pouvoirs pour y négocier un Traité de
Commerce , & obtenir la diminution des droits
1. Vol. qu'on
E College du Commerce de Stokolm a pré
2738 MERCURE DE FRANCE
qu'on leve dans les Ports d'Eſpagne fur les Mar.
chandifes qu'on y porte de ce Pays . Ce College
a même offert de faire les frais de l'Ambaffade.
Le 16. Novembre le Roi donna des ordres
pour que les Officiers qui commandent les Troupes
que S. M. Suedoife doit fournir aux Puiffances
alliées par le Traité de Seville , fe tinffent
prêtes à marcher. On a envoyé depuis dans le
Landgraviat de Heffe- Caffel une Ordonnance dụ
Roi , par laquelle il eft défendu à tous les Sujets
d'entrer au fervice d'aucune Puiffance Etrangere,
& ordonné à ceux qui y font actuellement de
revenir dans l'efpace de trois mois , à peine de
confifcation de leurs biens.
Lfente the Reque au Roi pour le prier
d'envoyer en Efpagne un Miniftre chargé de
pleins pouvoirs pour y négocier un Traité de
Commerce , & obtenir la diminution des droits
1. Vol. qu'on
E College du Commerce de Stokolm a pré
2738 MERCURE DE FRANCE
qu'on leve dans les Ports d'Eſpagne fur les Mar.
chandifes qu'on y porte de ce Pays . Ce College
a même offert de faire les frais de l'Ambaffade.
Le 16. Novembre le Roi donna des ordres
pour que les Officiers qui commandent les Troupes
que S. M. Suedoife doit fournir aux Puiffances
alliées par le Traité de Seville , fe tinffent
prêtes à marcher. On a envoyé depuis dans le
Landgraviat de Heffe- Caffel une Ordonnance dụ
Roi , par laquelle il eft défendu à tous les Sujets
d'entrer au fervice d'aucune Puiffance Etrangere,
& ordonné à ceux qui y font actuellement de
revenir dans l'efpace de trois mois , à peine de
confifcation de leurs biens.
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Résumé : SUEDE.
Le Collège du Commerce de Stockholm a demandé au roi de Suède d'envoyer un ministre en Espagne pour négocier un traité de commerce. Le roi a ordonné aux officiers suédois de préparer les troupes pour les puissances alliées selon le Traité de Séville. Une ordonnance royale interdit aux sujets suédois de s'engager au service de puissances étrangères.
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102
p. 2738
POLOGNE.
Début :
Le second Nonce d'Upita fit enregistrer au commencement du mois de Novembre dans [...]
Mots clefs :
Pologne, Protestation
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le nonce d'Upita a protesté contre M. Marcinkiewits pour la rupture de la Diète. La czarine, inquiète des changements à Constantinople, craignait une attaque turque ou persane. Elle a ordonné à son ministre en Pologne de renouveler l'alliance avec la République et de ne plus demander le passage des troupes polonaises destinées à l'empereur.
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103
p. 2739
ALLEMAGNE.
Début :
On a appris par les Lettres de Berlin que le Prince Royal de Prusse étoit rentré dans [...]
Mots clefs :
Lettres
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE,
O
Na appris par les Lettres de Berlin que
le Prince Royal de Fruffe étoit rentré dans
les bonnes graces du Roi fon pere.
>
Les Lettres de Belgrade portent que les Pachas
de Widin , de Nizza & de Bofnie avoient été
arrêtés & conduits à Conftantinople , & que le
Pacha de la Morée ayant été foupçonné d'être
en intelligence avec la République de Venife
avoit été étranglé.
O
Na appris par les Lettres de Berlin que
le Prince Royal de Fruffe étoit rentré dans
les bonnes graces du Roi fon pere.
>
Les Lettres de Belgrade portent que les Pachas
de Widin , de Nizza & de Bofnie avoient été
arrêtés & conduits à Conftantinople , & que le
Pacha de la Morée ayant été foupçonné d'être
en intelligence avec la République de Venife
avoit été étranglé.
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104
p. 2739-2740
ITALIE.
Début :
On publia au commencement du mois dernier à Rome un Edit du Cardinal Camerlingue, [...]
Mots clefs :
Ordre, Cardinal, Diocèse
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
2
N publia au commencement du mois derau
commencement din alclanderlingue
, portant deffenfe à toute perfonne , fans
exception , de porter fur les habits aucun galon
ou autres ornemens d'or & d'argent , excepté dans
les Villes de Rome , de Bologne & de Ferrare .
Le Cardinal Pignatelli ayant prié le Pape d'annuller
les conceflions accordées par le feu Pape
à plufieurs Seigneurs du Royaume de Naples de
garder le S. Sacrement dans leurs Chapelles domeftiques
, S. S. a donné ordre à la Congrégation
des Indulgences de fupprimer tous ces privileges
& plufieurs autres concernant tant les
Autels privilegiés que les Indulgences qu'on publie
dans diverfes Eglifes depuis le dernier Pontificat.
Le 9. Novembre vers les 3. heures après- midi,
il y eut à Rome un orage furieux , qui dura depuis
3. heures après-midi jufqu'à 10. heures du
foir. Le Tonnerre tomba dans le jardin du Duc
de Cefi & dans celui du Marquis Cavalieri , ou
1. Vol il
2740 MERCURE DE FRANCE
il renverfa plus de 30. toifes de muraille. Il tomba
auffi chez le Marquis Sacchetti , où il traverſa
une Salle dans laquelle il y avoit une affemblée
de Dames & de Cavaliers , aufquels il ne fit aucnn
mal . Vers le foir , il tomba ſur le Palais du
Prince de S. Martin dont il brûla ou gâta les plus
beaux tableaux.
Dans le Confiftoire du 22. du mois dernier ,
le Cardinal Ottoboni , Protecteur des affaires de
France , propofa l'Abbaye de Sainte Marie au
Vou de Cherbourg , Ordre de S. Auguſtin , Diocèfe
de Coutances , pour l'Abbé le Normand ; il
préconifa enfuite l'Abbé de la Vigerie pour celle
de S. Etienne de Baffac , Ordre de S. Benoît
Diocèfe de Saintes.
2
N publia au commencement du mois derau
commencement din alclanderlingue
, portant deffenfe à toute perfonne , fans
exception , de porter fur les habits aucun galon
ou autres ornemens d'or & d'argent , excepté dans
les Villes de Rome , de Bologne & de Ferrare .
Le Cardinal Pignatelli ayant prié le Pape d'annuller
les conceflions accordées par le feu Pape
à plufieurs Seigneurs du Royaume de Naples de
garder le S. Sacrement dans leurs Chapelles domeftiques
, S. S. a donné ordre à la Congrégation
des Indulgences de fupprimer tous ces privileges
& plufieurs autres concernant tant les
Autels privilegiés que les Indulgences qu'on publie
dans diverfes Eglifes depuis le dernier Pontificat.
Le 9. Novembre vers les 3. heures après- midi,
il y eut à Rome un orage furieux , qui dura depuis
3. heures après-midi jufqu'à 10. heures du
foir. Le Tonnerre tomba dans le jardin du Duc
de Cefi & dans celui du Marquis Cavalieri , ou
1. Vol il
2740 MERCURE DE FRANCE
il renverfa plus de 30. toifes de muraille. Il tomba
auffi chez le Marquis Sacchetti , où il traverſa
une Salle dans laquelle il y avoit une affemblée
de Dames & de Cavaliers , aufquels il ne fit aucnn
mal . Vers le foir , il tomba ſur le Palais du
Prince de S. Martin dont il brûla ou gâta les plus
beaux tableaux.
Dans le Confiftoire du 22. du mois dernier ,
le Cardinal Ottoboni , Protecteur des affaires de
France , propofa l'Abbaye de Sainte Marie au
Vou de Cherbourg , Ordre de S. Auguſtin , Diocèfe
de Coutances , pour l'Abbé le Normand ; il
préconifa enfuite l'Abbé de la Vigerie pour celle
de S. Etienne de Baffac , Ordre de S. Benoît
Diocèfe de Saintes.
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Résumé : ITALIE.
En novembre, un édit italien interdit le port d'ornements d'or et d'argent sur les habits, sauf à Rome, Bologne et Ferrare. Le cardinal Pignatelli demanda au pape d'annuler les concessions permettant à des seigneurs du Royaume de Naples de conserver le Saint-Sacrement dans leurs chapelles. Le pape ordonna la suppression de ces privilèges ainsi que ceux concernant les autels privilégiés et les indulgences publiées dans diverses églises. Le 9 novembre, un violent orage à Rome causa des dégâts dans les jardins du duc de Cefi, du marquis Cavalieri et du marquis Sacchetti, ainsi qu'au palais du prince de Saint-Martin. Lors du consistoire du 22 octobre, le cardinal Ottoboni proposa l'abbaye de Sainte-Marie au Val de Cherbourg pour l'abbé Le Normand et l'abbé de La Vigerie pour l'abbaye de Saint-Étienne de Bassa.
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105
p. 2745-2746
« On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
Début :
On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...]
Mots clefs :
Gênes, Troupes, Rebelles
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texteReconnaissance textuelle : « On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
On a appris par Livourne que les Troupes de
la République de Génes s'étoient faifies de plufieurs
Chefs des Rebelles de l'Ile de Corfe, & que
plufieurs Villes de cette le avoient quitté les ar
mes & abandonné le parti des Révoltez.
On a auffi appris de la même Ville, qu'il y étoit
arrivé un Vaiffeau de Smirne , dont le Capitaine
a raporté qu'il y avoit embarqué l'Aga Aggi
Ofman & Mufa- Aly,& qu'il les avoit tranfportez
a l'Ile des Cerfs dans l'Archipel , où ces deux
Pachas le font fauvez pour éviter le fort malheureux
des autres principaux Officiers du Sultan
dépofé.
Les Lettres de Génes portent que les Rebelles
de l'Ile de Corfe avoient détruit deux habitations
de Grecs qui étoient établis depuis plufieurs an
Bées dans cette Ifle , & aufquels la République
de Gênes avoit accordé divers Privileges , &
qu'ils en avoient maffacré tous les habitans, fans
épargner les femmes ni les enfans ; que la Répu
I. Vol. I iij
bli
2746 MERCURE DE FRANCE
blique avoit réfolu de prendre des Suiffes à fa
folde pour aller réduire ces Rebelles , & que le
Commandement de ces Troupes étrangeres feroit
donné à M. Anfalde de Grimaldi.
Le bruit vient de fe répandre que l'on a arrêté
dans l'Ile de Corfe le principal Chef des Rebelles
de cette Ifle.
Le Comte de Staremberg eft parti du Camp
de la Lunegiane , avec quatre Bataillons.Le Prince
de Saxe & un autre General Allemand l'ont
fuivi avec deux Regimens d'Infanterie , & le
Comte de Waldeck avec le refte des Troupes Impériales
qui ont pris leurs quartiers dans differens
Villages de la Lombardie.
On écrit de Milan que le Comte Rezzonico
s'étant accommodé avec les parens de Dom Guy
Brevio , qu'il a tué en duel , avoit été remis en
liberté.
la République de Génes s'étoient faifies de plufieurs
Chefs des Rebelles de l'Ile de Corfe, & que
plufieurs Villes de cette le avoient quitté les ar
mes & abandonné le parti des Révoltez.
On a auffi appris de la même Ville, qu'il y étoit
arrivé un Vaiffeau de Smirne , dont le Capitaine
a raporté qu'il y avoit embarqué l'Aga Aggi
Ofman & Mufa- Aly,& qu'il les avoit tranfportez
a l'Ile des Cerfs dans l'Archipel , où ces deux
Pachas le font fauvez pour éviter le fort malheureux
des autres principaux Officiers du Sultan
dépofé.
Les Lettres de Génes portent que les Rebelles
de l'Ile de Corfe avoient détruit deux habitations
de Grecs qui étoient établis depuis plufieurs an
Bées dans cette Ifle , & aufquels la République
de Gênes avoit accordé divers Privileges , &
qu'ils en avoient maffacré tous les habitans, fans
épargner les femmes ni les enfans ; que la Répu
I. Vol. I iij
bli
2746 MERCURE DE FRANCE
blique avoit réfolu de prendre des Suiffes à fa
folde pour aller réduire ces Rebelles , & que le
Commandement de ces Troupes étrangeres feroit
donné à M. Anfalde de Grimaldi.
Le bruit vient de fe répandre que l'on a arrêté
dans l'Ile de Corfe le principal Chef des Rebelles
de cette Ifle.
Le Comte de Staremberg eft parti du Camp
de la Lunegiane , avec quatre Bataillons.Le Prince
de Saxe & un autre General Allemand l'ont
fuivi avec deux Regimens d'Infanterie , & le
Comte de Waldeck avec le refte des Troupes Impériales
qui ont pris leurs quartiers dans differens
Villages de la Lombardie.
On écrit de Milan que le Comte Rezzonico
s'étant accommodé avec les parens de Dom Guy
Brevio , qu'il a tué en duel , avoit été remis en
liberté.
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Résumé : « On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
Le texte relate divers événements politiques et militaires en Méditerranée. À Livourne, les troupes génoises ont capturé des chefs rebelles de Corfou, et plusieurs villes de l'île ont capitulé. Les pachas Aga Aggi Ofman et Mufa-Aly se sont réfugiés sur l'île des Cerfs pour échapper au sort des officiers du sultan déposé. Les rebelles de Corfou ont attaqué et massacré les habitants de deux habitations grecques. La République de Gênes a nommé M. Anfalde de Grimaldi pour diriger les troupes étrangères contre les rebelles. Le principal chef des rebelles de Corfou a été arrêté. En Italie, le comte de Staremberg a déplacé ses régiments de la Lunegiane vers la Lombardie. À Milan, le comte Rezzonico a été libéré après un accord avec la famille de Dom Guy Brevio, qu'il avait tué en duel.
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106
p. 2746-2747
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 29 du mois dernier, on publia à Londres une Proclamation du Roy, portant récompense [...]
Mots clefs :
Roi, Lettres anonymes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
E 29 du mois dernier , on publia à Londres
une Proclamation du Roy , portant récompenfe
de 30 liv. Sterlin , pour ceux qui découvriront
les Auteurs des Lettres Anonimes menaçantes
, qui ont été écrites depuis peu à plufieurs
particuliers de Briftol & d'autres Villes . Ceux
d'entre les coupables qui viendront déclarer leurs
complices , auront leur grace & la même récompenfe.
Les de ce mois , Myladi Betti Germain , foeur
du Comte de Berkley , reçut une Lettre Anonime
, par laquelle on la menaçoit de l'affaffiner,fi
elle ne faifoit mettre dans un endroit indiqué les
jo Guinées qu'on lui demandoit. Le Duc de
Dorfet ayant porté cette Lettre au Palais de faint
James , le Roy donna ordre qu'on mit toutes les
1. Vole
nuits
DECEMBRE. 1730. 2747
nuits près de la maiſon de cette Dame fix Soldats
du Regiment des Gardes , avec un Sergent.
Aux Seffions qui s'affemblerent le 14. à Hickf
hall , le grand Juré y porta des Billets d'accufation
contre divers Prifonniers de la Prifon de
Newgatte , acculez d'avoir écrit les Lettres Anonimes
menaçantes , à l'ocafion defquels on a pu
plié la Proclamation du Roy ; & comme il n'y a
point de Loy affez fevere contre ce crime , on af
fure qu'on paffera un acte dans le prochain Parlement
, pour les punir avec la derniere rigueur.
L'Envoyé Extraordinairè de la Regence d'Alger
, dans une Audience particuliere qu'il a eu du
Roy & de la Reine , prefenta à L. M. Brit . deux
Léopards de la part du Dey de cette Regence.
Le Prince de Galles & la Princeffe Amelie al
lerent le 29 au Théâtre de Drurylane voir la
Comédie du Rehearsal, du feu Duc de Buckingham
, & le 12 de ce mois , le Roy , la Reine &
la Famille Royale , allerent au Théatre du Mar
ché au Foin , voir l'Opera d'Armide.
E 29 du mois dernier , on publia à Londres
une Proclamation du Roy , portant récompenfe
de 30 liv. Sterlin , pour ceux qui découvriront
les Auteurs des Lettres Anonimes menaçantes
, qui ont été écrites depuis peu à plufieurs
particuliers de Briftol & d'autres Villes . Ceux
d'entre les coupables qui viendront déclarer leurs
complices , auront leur grace & la même récompenfe.
Les de ce mois , Myladi Betti Germain , foeur
du Comte de Berkley , reçut une Lettre Anonime
, par laquelle on la menaçoit de l'affaffiner,fi
elle ne faifoit mettre dans un endroit indiqué les
jo Guinées qu'on lui demandoit. Le Duc de
Dorfet ayant porté cette Lettre au Palais de faint
James , le Roy donna ordre qu'on mit toutes les
1. Vole
nuits
DECEMBRE. 1730. 2747
nuits près de la maiſon de cette Dame fix Soldats
du Regiment des Gardes , avec un Sergent.
Aux Seffions qui s'affemblerent le 14. à Hickf
hall , le grand Juré y porta des Billets d'accufation
contre divers Prifonniers de la Prifon de
Newgatte , acculez d'avoir écrit les Lettres Anonimes
menaçantes , à l'ocafion defquels on a pu
plié la Proclamation du Roy ; & comme il n'y a
point de Loy affez fevere contre ce crime , on af
fure qu'on paffera un acte dans le prochain Parlement
, pour les punir avec la derniere rigueur.
L'Envoyé Extraordinairè de la Regence d'Alger
, dans une Audience particuliere qu'il a eu du
Roy & de la Reine , prefenta à L. M. Brit . deux
Léopards de la part du Dey de cette Regence.
Le Prince de Galles & la Princeffe Amelie al
lerent le 29 au Théâtre de Drurylane voir la
Comédie du Rehearsal, du feu Duc de Buckingham
, & le 12 de ce mois , le Roy , la Reine &
la Famille Royale , allerent au Théatre du Mar
ché au Foin , voir l'Opera d'Armide.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, le 29 du mois précédent, une proclamation royale offrit une récompense de 30 livres sterling pour identifier les auteurs de lettres anonymes menaçantes envoyées à des particuliers de Bristol et d'autres villes. Les complices se dénonçant eux-mêmes bénéficieraient de la grâce et de la récompense. Le 14 décembre, Lady Betti Germain reçut une lettre anonyme la menaçant de mort si elle ne plaçait pas 50 guinées dans un endroit spécifié. Le Duc de Dorset porta cette lettre au Palais de Saint James, conduisant le roi à ordonner la surveillance nocturne de la maison de Lady Betti par des soldats. Lors des sessions du 14 décembre à Hickshall, le grand jury présenta des billets d'accusation contre divers prisonniers de la prison de Newgate, accusés d'avoir écrit les lettres anonymes. En raison de l'absence de loi sévère contre ce crime, il fut décidé de proposer un acte au prochain Parlement pour punir les coupables avec rigueur. Par ailleurs, l'Envoyé Extraordinaire de la Régence d'Alger offrit deux léopards au roi et à la reine. Le Prince de Galles et la Princesse Amélie assistèrent à la comédie 'The Rehearsal' au Théâtre de Drury Lane le 29 décembre, tandis que le roi, la reine et la famille royale se rendirent au Théâtre du Marché au Foin pour voir l'opéra 'Armide' le 12 décembre.
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107
p. 2747-2750
EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
Début :
Je sçai que la Lettre que j'ai l'honneur de vous écrire, vous causera une douleur d'autant [...]
Mots clefs :
Consul à Alger, Ligues suisses, Vicaire Apostolique, Consul, Alger, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne,
Vicaire Apoftolique à Alger , écrite le
12. Octobre 1730. à M. Durand ,
Tréforier Géneral des Ligues Suiffes
cy-devant Conful à Alger
J
Efçai que laLettre quej'ai l'honneur de vous
écrire , vous caufera une douleur d'autant
plus fenfible , que vous avez moins de fujet de
vous y attendre. M. Antoine- Gabriël Durand
votre frere & notre cher & ancien ami ; Conful·
Réfident pour le Roi en cette Ville & Royaume,
eft mort après une maladie de fix femaines , laquelle
pour avoir été longue , n'en a pas été plus.
1. Vol. I iij con2748
MERCURE DE FRANCE
connue & nous a laiffez tous dans une affliction
qu'il eft difficile d'exprimer ; les Chrétiens , los
Turcs les Maures , le Dey lui-même , pleurent
cette perte; elle arriva le 8. de ce mois,& ilfur
inhumé le même jour , âgé d'environ 89. ans. Je
doute qu'on ait jamais vû dans Alger des funerailles
d'un Chrétien plus magnifiques ; tout ce
qu'il y a ici de Chrétiens , François , Espagnolsi
Portugais , e s'y trouverent. Les Confuls Anglois
, Suedois Hollandois , y affifterent avec
leurs Nations ; enfin ily eut des Turcs , des Mau
rès & des Juifs , choſe juſqu'à prefent fans
exemple, chacun donnant des marques fenfibles
de la douleur dont il étoit penetré.
*
Nous lui ferons des funerailles folemnelles.
dans notre Chapelle le 13. de ce mois , &j'ay.
donné des ordres pour les faire le même jour
dans tous les Bagnes , chez les RR. PP.)
Trinitaires de l'Hôpital, où elles feront celebrées
encore plus magnifiquement . Nous ferons venir
de Livourne , un Tombeau de Marbre qui ſera
orné d'un Epitaphe pour éternifer la mémoire
de cet Illuftre Conful.
A l'occafion de cette Lettre , il est bon de
favoir que le Vicaire Apoftolique d'Ager eft
soujours un Miffionnaire François ; it a avec
lui un autre Miffionnaire & un Frere pour le
fervir. Cete Miffion a été fondée & établie à
Algerpar la pi té de la Ducheffe diguillon ,
pour fou ager & con o'er les Efa aves dans leur
Servitude , & pour es confirmer dans leur for.
Les fonds en ont été affectez aux Miffionnaires
de S. Laz re , fous e bon plaifir du Roy . Celui
des deux miffionnaires qui eft Superieur , reçoit
du Pape le titre de Vic ire Apoftolique , qui
S
Lieux où font enfermez les Efclaves.
1. Val.
Li
DECEMBRE. 1730. 2749
<
lui donne une authorité preſqu'auſſi étenduë que`
celle d'un Evêque.
M. Durand qui vient de mourir , étoit fi's des
feu M, Durand , Secretaire du Roy , dont la
probité le défintereffement lui procurerent.
Veftime de S. M. & la confiance de M. Colbert
qui lui donna la Caiffe des Emprunts. Il laiffa
deux fils, dont l'aîné eft M. Durand , Thréforier
General des Ligues Suiffes , lequel a été fuccef
fvement Conful à Tripo'y & à Ager , & em
ployé en differentes Négociations auprès des
Puiffances d'Afrique. L'eftime qu'il s'est ace
quife chez es Algeriens, ' a fait choisir en plufieurs
occafions pour arbitre de leurs differends .
Le Dey même le confultoit quelquefois , & il
s'est fervi defes confeils en plufieurs occafions.
En 1704. il forma le deffein de repaffer en
France. Le Dey auquel il communiqua fon def
fein , ne confentit à ce voyage que fur la parole
lui donna M. Durand , qu'il retourneroit que
Alger.
M. Durand ayant terminé les affaires qui l'avoient
appellé en France revint à Alger Afon
Arrivée le Dey fit tirer tous les Canons de 14
Ville & des Forts : la plupart des perfonnes dif
tinguées allerent à bord de fon Vaiffeau pour le
recevoir : il fut reçû de la Ville avec toutes for
tes de démonftration de joye.on
En 1706, il eut ordre d'aller à Tunis ; pour J
négocier un Traité. Après l'avoir conclu il repaffa
en France , où il avoit refelu de fixer ſom
féjour, évita de paſſer à Alger , où fans doute
il eut été retenu,
Il fut remplacé par M. de Clerambaut , Frere
du Genealogifte des ordres du Roy , qui prit pour
fon Chancelier M. Durand , Frere de fon Préde
ceffeur , qui avoit été élevé à Alger auprès de
Lo Polo
Lov
2750 MERCURE DE FRANCE?
fon Frere. Dans lafuite M. de Clerambaut ayane
paffé à un autre Confulat , M. Durand fut nommé
Vice- Conful à la Canée : Mais par les inftances
des Algeriens auprès du Roi , M. Durand
leur fut accordé pour être Conful à Alger.
On ne peut donner de meilleures preuves de
l'amitié que les Algeriens avoient pour lui , fondée
fur fes excellentes qualités , que le trait
que voici. Il fut nommé il y a environ deux ans
Au Confulat du Grand- Caire. A peine le Dey
enfut-il informé qu'il fit appeller M. Durand,
& lui demanda s'il étoit poffible qu'il voulût
quitter Alger , s'il eftimoit fi peu l'amitié
que toute la nation lui portoit. M. Durand ayant
répondu qu'il étoit obligé d'obéir aux ordres du
Roi , le Dey écrivit à la Cour,& fit de fi grandes
inftances pour retenir M. Durand à Alger ,
que S. M. voulut bien y confentir , & elle lui
fit même donner une augmentation d'appointe
mens en confideration de ſes ſervices.
Vicaire Apoftolique à Alger , écrite le
12. Octobre 1730. à M. Durand ,
Tréforier Géneral des Ligues Suiffes
cy-devant Conful à Alger
J
Efçai que laLettre quej'ai l'honneur de vous
écrire , vous caufera une douleur d'autant
plus fenfible , que vous avez moins de fujet de
vous y attendre. M. Antoine- Gabriël Durand
votre frere & notre cher & ancien ami ; Conful·
Réfident pour le Roi en cette Ville & Royaume,
eft mort après une maladie de fix femaines , laquelle
pour avoir été longue , n'en a pas été plus.
1. Vol. I iij con2748
MERCURE DE FRANCE
connue & nous a laiffez tous dans une affliction
qu'il eft difficile d'exprimer ; les Chrétiens , los
Turcs les Maures , le Dey lui-même , pleurent
cette perte; elle arriva le 8. de ce mois,& ilfur
inhumé le même jour , âgé d'environ 89. ans. Je
doute qu'on ait jamais vû dans Alger des funerailles
d'un Chrétien plus magnifiques ; tout ce
qu'il y a ici de Chrétiens , François , Espagnolsi
Portugais , e s'y trouverent. Les Confuls Anglois
, Suedois Hollandois , y affifterent avec
leurs Nations ; enfin ily eut des Turcs , des Mau
rès & des Juifs , choſe juſqu'à prefent fans
exemple, chacun donnant des marques fenfibles
de la douleur dont il étoit penetré.
*
Nous lui ferons des funerailles folemnelles.
dans notre Chapelle le 13. de ce mois , &j'ay.
donné des ordres pour les faire le même jour
dans tous les Bagnes , chez les RR. PP.)
Trinitaires de l'Hôpital, où elles feront celebrées
encore plus magnifiquement . Nous ferons venir
de Livourne , un Tombeau de Marbre qui ſera
orné d'un Epitaphe pour éternifer la mémoire
de cet Illuftre Conful.
A l'occafion de cette Lettre , il est bon de
favoir que le Vicaire Apoftolique d'Ager eft
soujours un Miffionnaire François ; it a avec
lui un autre Miffionnaire & un Frere pour le
fervir. Cete Miffion a été fondée & établie à
Algerpar la pi té de la Ducheffe diguillon ,
pour fou ager & con o'er les Efa aves dans leur
Servitude , & pour es confirmer dans leur for.
Les fonds en ont été affectez aux Miffionnaires
de S. Laz re , fous e bon plaifir du Roy . Celui
des deux miffionnaires qui eft Superieur , reçoit
du Pape le titre de Vic ire Apoftolique , qui
S
Lieux où font enfermez les Efclaves.
1. Val.
Li
DECEMBRE. 1730. 2749
<
lui donne une authorité preſqu'auſſi étenduë que`
celle d'un Evêque.
M. Durand qui vient de mourir , étoit fi's des
feu M, Durand , Secretaire du Roy , dont la
probité le défintereffement lui procurerent.
Veftime de S. M. & la confiance de M. Colbert
qui lui donna la Caiffe des Emprunts. Il laiffa
deux fils, dont l'aîné eft M. Durand , Thréforier
General des Ligues Suiffes , lequel a été fuccef
fvement Conful à Tripo'y & à Ager , & em
ployé en differentes Négociations auprès des
Puiffances d'Afrique. L'eftime qu'il s'est ace
quife chez es Algeriens, ' a fait choisir en plufieurs
occafions pour arbitre de leurs differends .
Le Dey même le confultoit quelquefois , & il
s'est fervi defes confeils en plufieurs occafions.
En 1704. il forma le deffein de repaffer en
France. Le Dey auquel il communiqua fon def
fein , ne confentit à ce voyage que fur la parole
lui donna M. Durand , qu'il retourneroit que
Alger.
M. Durand ayant terminé les affaires qui l'avoient
appellé en France revint à Alger Afon
Arrivée le Dey fit tirer tous les Canons de 14
Ville & des Forts : la plupart des perfonnes dif
tinguées allerent à bord de fon Vaiffeau pour le
recevoir : il fut reçû de la Ville avec toutes for
tes de démonftration de joye.on
En 1706, il eut ordre d'aller à Tunis ; pour J
négocier un Traité. Après l'avoir conclu il repaffa
en France , où il avoit refelu de fixer ſom
féjour, évita de paſſer à Alger , où fans doute
il eut été retenu,
Il fut remplacé par M. de Clerambaut , Frere
du Genealogifte des ordres du Roy , qui prit pour
fon Chancelier M. Durand , Frere de fon Préde
ceffeur , qui avoit été élevé à Alger auprès de
Lo Polo
Lov
2750 MERCURE DE FRANCE?
fon Frere. Dans lafuite M. de Clerambaut ayane
paffé à un autre Confulat , M. Durand fut nommé
Vice- Conful à la Canée : Mais par les inftances
des Algeriens auprès du Roi , M. Durand
leur fut accordé pour être Conful à Alger.
On ne peut donner de meilleures preuves de
l'amitié que les Algeriens avoient pour lui , fondée
fur fes excellentes qualités , que le trait
que voici. Il fut nommé il y a environ deux ans
Au Confulat du Grand- Caire. A peine le Dey
enfut-il informé qu'il fit appeller M. Durand,
& lui demanda s'il étoit poffible qu'il voulût
quitter Alger , s'il eftimoit fi peu l'amitié
que toute la nation lui portoit. M. Durand ayant
répondu qu'il étoit obligé d'obéir aux ordres du
Roi , le Dey écrivit à la Cour,& fit de fi grandes
inftances pour retenir M. Durand à Alger ,
que S. M. voulut bien y confentir , & elle lui
fit même donner une augmentation d'appointe
mens en confideration de ſes ſervices.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
Le 12 octobre 1730, M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, adresse une lettre à M. Durand, Trésorier Général des Ligues Suiffes, pour annoncer le décès de M. Antoine-Gabriel Durand, frère de M. Durand et Consul Résident pour le Roi à Alger. M. Antoine-Gabriel Durand est décédé à l'âge d'environ 89 ans après une maladie de six semaines, le 8 octobre 1730. Ses funérailles, auxquelles ont assisté des chrétiens, des Turcs, des Maures, le Dey et des représentants de diverses nations, ont été grandioses et sans précédent. La lettre mentionne des funérailles solennelles prévues dans la chapelle et dans les bagnes, ainsi que l'arrivée d'un tombeau de marbre de Livourne avec une épitaphe. M. Chêne explique que la mission des Vicaires Apostoliques à Alger, fondée par la piété de la Duchesse de Guillon, vise à assister et confirmer les esclaves chrétiens dans leur foi. M. Antoine-Gabriel Durand, décédé, était fils de M. Durand, Secrétaire du Roi, connu pour sa probité et son désintéressement. Il a laissé deux fils, dont l'aîné est M. Durand, Trésorier Général des Ligues Suiffes. Ce dernier a été Consul à Tripoli et à Alger et a été impliqué dans diverses négociations en Afrique. M. Durand était respecté par les Algériens, qui le choisissaient souvent comme arbitre et consultaient le Dey pour ses conseils. En 1704, il avait prévu de repartir en France, mais le Dey l'a retenu. En 1706, il a négocié un traité à Tunis avant de revenir en France. Plus tard, il a été nommé Vice-Consul à La Canée, mais les Algériens ont insisté pour qu'il revienne à Alger, ce que le Roi a accepté, lui accordant même une augmentation de son appointement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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108
p. 2750-2751
Addition aux Nouvelles de Turquie.
Début :
Par les Lettres venuës de Constantinople par Moscou, on apprend que quoique le Grand [...]
Mots clefs :
Constantinople, Conquêtes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Addition aux Nouvelles de Turquie.
Addition aux Nouvelles de Turquie:
Ar les Lettres venues de Conftantinople par
Mofcou , on apprend que quoique le Grand
Seigneur eut ordonné plufieurs fois aux Janiffaires
de quitter les Armes & de fe retirer chez
eux , on en voyoit tous les jours un affez grand
nombre à la porte du Serrail ,qu'ils demandoient
avec hauteur la tête de plufieurs Miniftres & la
confifcation de leurs biens ; & qu'ayant exigé
auffi qu'on fit de nouveaux Réglemens en faveur
du Commerce avec les Etrangers , S. H. avoit
promis qu'elle en feroit publier un inceffamment,
que le G. S. avoit envoyé ordre au Pacha de
Smirne de faire étrangler Mufa Aly , Ofman
Aga & Agy Aga , favori du Sultan dépofé , mais
7
I. Val.
qu'on
- DECEMBRE. 1730.2751
qu'on avoit appris qu'ils s'étoient fauvez dans
une Ifle de l'Archipel ; que S. H. avoit déposé le
nouvel Hofpodar de Valachie , fils du dernier
Hofpodar , Mauro Cordato, qu'il l'avoit fait enfermer
avec fes enfans , que fes biens avoient été
mis en fequeftre , mais que fon fucceffeur n'étoit
pas encore nommé ; que les fils du Sultan déposé
avoient été enfermez dans les fept Tours , & fes
femmes difperfées dans diverfes Provinces, que les
Troupes du Camp de Scutari avoient eu ordre de
marcher vers Andrinople & d'y attendre de nouveaux
ordres; que le nouveau Roy de Perfe ayant
cu avis de la révolution arrivée à Conftantinople,
s'étoit retiré avec fon Armée du côté de Tauris
où il demeuroit dans l'inaction , ne doutant pas
que le nouveau Sultan ne lui fit bien - tôt propoſer
la Paix ; que le bruit couroit que dans les propo
fitions que le G. S. fait faire à ce Prince , S.H. ne
fouhaitoit de conferver de fes conquêtes que l'ancienne
Babylone , la Province qui en dépend , &
la Géorgie ; qu'elle offroit de rendre les autres.
conquêtes faites par Achmet IIF. & de fournir
des fecours au Roy de Perfe , pour aider à reprendre
les Conquêtes faites en Perfe par le feur
Czar Pierre I. & par la Czarine Catherine fa
veuve.
On mande de Venife qu'on y avoit appris par
des Lettres écrites de Conftantinople , que le G.S.
avoit pris vingt millions dans le Tréfor du Serrail
, pour des preffans befoins , & qu'il faifoit
faire des perquifitions , pour découvrir le lieu de
la retraite du Mufti & de l'Aga des Janiflaires.
Ar les Lettres venues de Conftantinople par
Mofcou , on apprend que quoique le Grand
Seigneur eut ordonné plufieurs fois aux Janiffaires
de quitter les Armes & de fe retirer chez
eux , on en voyoit tous les jours un affez grand
nombre à la porte du Serrail ,qu'ils demandoient
avec hauteur la tête de plufieurs Miniftres & la
confifcation de leurs biens ; & qu'ayant exigé
auffi qu'on fit de nouveaux Réglemens en faveur
du Commerce avec les Etrangers , S. H. avoit
promis qu'elle en feroit publier un inceffamment,
que le G. S. avoit envoyé ordre au Pacha de
Smirne de faire étrangler Mufa Aly , Ofman
Aga & Agy Aga , favori du Sultan dépofé , mais
7
I. Val.
qu'on
- DECEMBRE. 1730.2751
qu'on avoit appris qu'ils s'étoient fauvez dans
une Ifle de l'Archipel ; que S. H. avoit déposé le
nouvel Hofpodar de Valachie , fils du dernier
Hofpodar , Mauro Cordato, qu'il l'avoit fait enfermer
avec fes enfans , que fes biens avoient été
mis en fequeftre , mais que fon fucceffeur n'étoit
pas encore nommé ; que les fils du Sultan déposé
avoient été enfermez dans les fept Tours , & fes
femmes difperfées dans diverfes Provinces, que les
Troupes du Camp de Scutari avoient eu ordre de
marcher vers Andrinople & d'y attendre de nouveaux
ordres; que le nouveau Roy de Perfe ayant
cu avis de la révolution arrivée à Conftantinople,
s'étoit retiré avec fon Armée du côté de Tauris
où il demeuroit dans l'inaction , ne doutant pas
que le nouveau Sultan ne lui fit bien - tôt propoſer
la Paix ; que le bruit couroit que dans les propo
fitions que le G. S. fait faire à ce Prince , S.H. ne
fouhaitoit de conferver de fes conquêtes que l'ancienne
Babylone , la Province qui en dépend , &
la Géorgie ; qu'elle offroit de rendre les autres.
conquêtes faites par Achmet IIF. & de fournir
des fecours au Roy de Perfe , pour aider à reprendre
les Conquêtes faites en Perfe par le feur
Czar Pierre I. & par la Czarine Catherine fa
veuve.
On mande de Venife qu'on y avoit appris par
des Lettres écrites de Conftantinople , que le G.S.
avoit pris vingt millions dans le Tréfor du Serrail
, pour des preffans befoins , & qu'il faifoit
faire des perquifitions , pour découvrir le lieu de
la retraite du Mufti & de l'Aga des Janiflaires.
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Résumé : Addition aux Nouvelles de Turquie.
En décembre 1730, à Constantinople, les janissaires se rassemblaient malgré les ordres du Sultan de déposer les armes. Ils exigeaient la tête de plusieurs ministres, la confiscation de leurs biens et de nouveaux règlements commerciaux avec les étrangers. Le Sultan avait ordonné l'exécution de Musa Aly, Osman Aga et Agy Aga, mais ceux-ci s'étaient réfugiés sur une île de l'Archipel. Le nouveau hospodar de Valachie, Mauro Cordato, avait été déposé et emprisonné avec ses enfants. Les fils du sultan déposé étaient enfermés dans les sept tours, et ses femmes dispersées dans diverses provinces. Les troupes de Scutari devaient marcher vers Andrinople. Le nouveau roi de Perse, informé des événements, s'était retiré avec son armée vers Tauris, attendant une proposition de paix. Des rumeurs indiquaient que le Grand Seigneur souhaitait conserver seulement l'ancienne Babylone, la province dépendante et la Géorgie, offrant de rendre les autres conquêtes et de fournir des secours au roi de Perse. À Venise, on apprenait que le Grand Seigneur avait prélevé vingt millions du trésor du Serrail et menait des enquêtes pour localiser le mufti et l'aga des janissaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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109
p. 2756-2760
« Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Début :
Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Concert, Musique, Symphonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Le 4. de ce mois , jour de la naiſſance
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
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Résumé : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
En décembre 1730, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 4 décembre, les ambassadeurs du Roi Catholique, les Grands d'Espagne et les Chevaliers de la Toison d'or ont rendu hommage à la Reine d'Espagne, veuve du Roi Louis I, à l'occasion de la naissance de la Princesse des Asturies. Le 11 décembre, la Reine d'Espagne, âgée de 22 ans, a de nouveau reçu ces hommages. Le Roi a rétabli la charge de Garde du Trésor Royal en faveur de M. Paris de Montmartel et a accordé un brevet de Conseiller d'État à M. Samuel Bernard, Comte de Coubert. La charge de Président à Mortier, vacante après la mort de M. Amelot de Gournay, a été attribuée à M. Molé, Conseiller au Parlement. Les Mercuriales du Parlement ont eu lieu le 29 novembre, avec des discours sur la censure de soi-même et le respect humain. Le Duc d'Orléans a démissionné de sa charge de Colonel Général de l'Infanterie Française, tandis que le Marquis de Themines a reçu une pension pour conserver son bénéfice. Le 9 décembre, le Comte de Gadagne a été investi de la charge de Guidon des Gendarmes de la Garde du Roi. Des événements musicaux ont également marqué ce mois, notamment des concerts et des représentations d'opéras à Marly et Versailles, avec des interventions de musiciens renommés comme le sieur Guignon et la demoiselle Antier. Le 24 décembre, le Roi a communié et touché des malades à Versailles, tandis que la Reine a assisté à la messe. Le 25 décembre, le Roi et la Reine ont participé aux célébrations de la fête de Noël, incluant des matines, des messes et des vêpres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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110
p. 2942-2953
Extrait de plusieurs Lettres de Turquie.
Début :
Le Sultan Achmet IV. après un Regne de 28 ans, vient d'être déposé. Le G. Visir Hibraim [...]
Mots clefs :
Sultan, Ministre, Chefs, Rebelles, Constantinople, Révolte, Vizir, Janissaires, Troupes, Règne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de plusieurs Lettres de Turquie.
E Sultan Achmet IV. après un Regne de 28
Lans ,vient d'être dépofé. Le G.Vifir Hibraim
Pacha , fon gendre & fon favori, avoit gouverné
PEmpire fous lui pendant douze ans, & connoiffant
le defir du Sultan pour les richeſſes , il n'avoit
rien oublié pour en amaffer ; mais le Kiaia
& les perfonnes qu'il avoit employées pour cela ,
s'étant rendues infupportables par leur orgueil ,
leurs monopoles & leurs véxations ; & le G.Viz.
après avoir amufé long- temps les peuples par
des préparatifs de Guerre , ayant enfin affemblé
une Armée près de Scutari , & mécontenté les
Docteurs de la Loy & les Troupes , qui en general
n'approuvoient pas la Guerre contre les
Perfans , fe défiant d'ailleurs des réfolutions
chancelantes & myfterieufes du Vizir , toutes
ces circonstances animerent un certain Janiffaire ,
furnommé Patrona , Albanois de nation , homme
hardi & intriguant , à entreprendre la Révolution
arrivée le 28 Septembre dernier . Il s'affo-
II. Vel. cia
DECEMBRE. 1730. 2943
cia pour cet effet avec un nommé Emir-Ali , &
fix autres hommes .
Ce jour- là , 28 Septembre , à 8 heures du matin
, ces 8 perfonnes parurent fur la grande Place,
avec une ferme réfolution d'exécuter leur deffein
Ils attacherent au bout d'un bâton un morceau
de vieux Taffetas , en guife de Drapeau ; &
parcourant toute la Place; un criant à haute voix:
Que tout vrai Muſulman devoit fuivre leur parti
& s'affembler dans la grande Place d'Atmeidan ,
pour deffendre le bien public & faire exécuter les
Loix. Delà ils fe rendirent au grand Bezenften ,
qui eft un Place ou Halle , couverte d'un Toît, &
où il y a plus de mille Boutiques, de toutes fortes
de riches Marchandiſes . Ils ordonnerent à l'Inf→
pecteur de cette Place d'en fermer les Portes , &
commanderent la même chofe aux Marchands ,
qui là- deffus fermerent leurs Boutiques & fe retirerent
chez eux. Cette entrepriſe fi hardie ne promettoit
pas une heureuſe iffuë ; neanmoins une
concurrence tacite des habitans de Conftantino .
ple paroiffoit la favorifer plutôt qu'aucun ſe- cours réel.
Quelques autres Janiflaires voyant la hardieffe
de ces Mécontens , en furent émus ; ils ſe joignirent
à eux avec quelques Gebelis , qui font
ceux qui fervent l'Artillerie , & coururent tous
au Marché aux Armes , où ils s'armérent. Ils allerent
enfuite à la Maiſon des Janiſſaires , qui eft
un grand Bâtiment , au milieu de Conftantinople
, partagé en plufieurs Chambres , & où l'on
peut loger quelques milliers de cette Milice : Ils
s'arréterent devant la 1ere & st Chambres,qui en
font les principales , & inviterent les Janiffaires
de fe joindre à eux . Les principaux Officiers de ces
Chambres les avoient abandonnées pour aller au
Rendez -vous , où on avoit porté le Drapeau des •
II. Vol.
Hv Janif
2944 MERCURE DE FRANCE
Janiflaires.Les Chefs de cette Milice & le Chaoux
Bachi , s'étoient auffi retirez , tant pour n'être
pas accufez d'être les Auteurs de cette Révolte
que pour n'être pas obligez de s'opposer aux
Mécontens qui s'étoient partagez en Compagnies
, & avoient pofé des Sentinelles pour la
fureté des Marchands & des grandes Places..
Pendant ce temps là , l'Infpecteur du Bezenften
tâcha à diverſes repriſes de r'ouvrir cette Place
, & d'y faire revenir les Marchands ; il fut fecondé
en cela par diverfes perfonnes , que le Capitan
Pacha , ou Grand Amiral , qui commandoit
en l'abfence du G Viz. lui avoit envoyées
mais inutilement , plufieurs de ces derniers fe
joignirent aux Mécontens,& l'Aga des Janiflairés
étant venu en perfonne , & voyant qu'il étoit
trop tard pour arrêter le mal , jugea à propos.
de fe retirer dans fa Maiſon , & ne parut plus
depuis. Le Kiaia ou Lieute ant du Gr Vizir
qui étoit venu ce jour là à Conftantinople pour
Les affaires particulieres , fut fi faifi d'épouvente à.
la premiere nouvelle de cette émotion , qu'il fe
fauva avec deux de fes confidens , à bord d'un:
pest Bitiment.
Le Capitan Pacha qui étoit dans fon Palais ;
fur le Canal de la Mer Noire , ayant appris la
révolte , vint d'abord à Conftantinople , où il fit
de nouveaux efforts pour faire r'ouvrir le Buzenften
& les Boutiques qui y font . Il tâcha auffi
par toutes fortes de moyens d'appaifer le tumulte,
fans néanmoins y employer la force ; &
voyant que tous fes efforts étoient inutiles , il fe
retira pour aller joindre le Sultan , après avoir
laiffé quelques ordres à l'Arſenal.
Tous les autres Pa has en firent de même. Le
G. V. à la reception de la trifte nouvelle , monta
à cheval , & alla trouver le Sultan qui étoit dans
1.Vol le
DECEMBRE . 1730. 2945
Le Palais de la Sultane Chahige fa foeur , fitué
près de Scutari. On y tint un grand Confeil ,
pour déliberer fur les moyens d'arrêter le progrès
de la révolte.
A l'iffue du Conſeil , le Sultan fe retira dans
fon Serrail , & le foir il partit pour Conftantinople.
On dit qu'à cette occafion la Sultane Chahige
confeilla a fon frere de ne pas permettre que
fes principaux Vizirs abandonnaflent fa perfonne
, parce que , comme il étoit à préfumer que
les Mécontens en vouloient à fes Miniftres ,
pourroit , en les facrifiant à leur vengeance, fe
tirer d'affaires , au cas que le mal fut fans remede.
>"
il
La nouvelle de cette révolte mit tout le Camp
dans une grande confufion & dans la derniere
confternation ; ceux qui poffedoient des Charges
en furent les plus allarmée ; ils fe cacherent
tous , & fans fonger au devoir auquel ils étoient
obligez par leurs Charges , ils abandonnerent lâchement
leurs Maîtres ; enforte que le G. Viz.
lorfqu'il arriva au Serrail n'étoit fuivi que
de fon Ecuyer , de fon Valet de Chambre & de
autres domeftiques . Ce Miniftre fongea d'abord
à employer la force , pour mettre les Rebelles à
la raiſon. Il envoya pour cet effet les Ordres
au Camp pour en faire venir du monde ; mais il
ne put affembler cette nuit que cent perfonnes.
On employa neanmoins quelques Matelots pour
tranfporter du Camp au Serrail le tréfor & les
effets les plus précieux du Sultan.
Quoique les Mécontens fe donnaffent de leur
côté tous les mouvemens poffibles pour augmenter
leur parti , ils ne purent affembler ce jour-là
que 300 hommes , qui pafferent la nuit au lieu de
leur rendez -vous; mais le lendemain leur nombre
augmenta fi confiderablement , u'ils furent bientôt
en état de donner la loy à toute la Ville 3 ils
I L. Vol. Hovi déla
2946 MERCURE DE FRANCE
détacherent plufieurs Compagnies pour ouvrir
toutes les priſons , & délivrer tous les Galeriens;
dans cette confufion quantité d'Efclaves Chréziens
eurent le bonheur d'être mis en liberté.
Les Révoltés voyant que leur entrepriſe avoit
tout le fuccès qu'ils en pouvoient attendre , réfolurent
d'élire un Aga des Janiffaires ; ils choifirent
pour cet effet un nommé Chanefey , homme
hardi,bon Soldat,& qui avoit déja exercé la
Charge d'Aga des Janiflaires dans le Bamat deTemefvar,
mais dont il avoit été privé fous le précédent
Gouvernement; ils choiſirent enfuite les plus
courageux d'entre eux pour remplir les places
vacantes par l'abſence des Officiers des Janiflaires
, qui s'étoient cachés ou qui refufoient de
fuivre leur parti. Ils élurent auffi un Topigi Bachi
, ou Genéral de l'Artillerie ; & s'étant emparés
du grand Etendart , ils le porterent au lieu
de leur Rendez- vous , où ils drefferent leurs Tenzes
, & formerent leur Camp ; après quoi ils pri
rent les mesures convenables pour pourvoir à
la fureté publique , & pouffer à bout leur entreprife
, fi heureufement commencée. Pendant ce
rems là le G. S. ne fe trouvant pas en état d'appaifer
ce tumulte par la force , envoya un de fes
principaux Officiers aux Mécontens , pour leur
demander la raifon de leur révolte , & ce qu'ils
fouhaitoient de S.H. Ils répondirent à cet Offcier
que les malverfations des Miniftres du Sultan
en étoient la caufe , & qu'ils demandoient
qu'on les leur livrât. Sur cette nouvelle , le Grand
Vízir tâcha d'infinuer au Sultan que la demande
que les Mécontens venoient de faire n'étoit
qu'un prétexte pour cacher le deffein qu'ils méditoient
de le détrôner , & peut- être de lui ôter
la vie. S. H. en fut émuë , & fe retira dans le
Harem , ou Appartement des femmes.
11. Velo
DECEMBRE. 1730. 2947
Cependant ce premier Miniftre & le Kiaya
après avoir tenu divers Confeils fur la trifte fitua
tion de leurs affaires , ſe voyant fans reffource ,
réfolurent dans cette extrémité d'avoir recours
l'Etendart de Mahomet , dans l'efperance que le
refpect pour la Religion animeroit le Peuple à
fe ranger par devoir & par affection du côté du
Sultan. Ils arborerent effectivement cet Etendart
fur la deuxième porte du Sérail , & firent faire
de grandes promeffes au Peuple pour l'engager à
prendre les armes contre les Mécontens , en ordonnant
en même- tems aux Topigis ou Canoniers
de venir au Sérail pour le défendre contre
les ennemis de S. H. mais tous leurs efforts furent
inutiles ; l'expofition de l'Etendart imprima
bien quelque venération dans le coeur des habitans
de Conftantinople , fans que perfonne néanmoins
prit les armes pour la défenſe du G. S.
& les Topigis refuferent de le rendre au Sérail .
Les Boftandgis , ou Jardiniers , & les Baltagis
qui fervent de Gardes du Corps auroient été
en état de défendre le Sérail , mais la défunion
fe mit entr'eux ; de forte que le G. Vizir réduit
au defefpoir , couroit comme un infenfé dans le
Sérail , animant tout le monde à prendre les
armes & demandant à chaque inftant fi les
Rebelles ne s'étoient pas encore rendu maîtres
du Sérail . Tout ceci fe paffa le 29. Septembre.
Le 30. les Mécontens firent venir dans leur
armée le Morza Sibelfackiafcher , qui eft un
des Grands Juges de l'Empire que le G. V. avoit
exilé , pour avoir parlé trop librement dans le
Confeil contre les deffeins de ce Miniftre ; ils
le reçurent avec beaucoup de refpect , le reconaurent
pour leur Legiflatcur , & envoyerent enfuite
un Détachement à Topana pour inviter les
Topigis de fe joindre à eux , ce qu'ils firent le
même jour.
La
2948 MERCURE DE FRANCE
<
Le Sultan confera la Charge de Capitan Pacha
, ou Grand- Amiral , à l'Alidy , ou Premier
Capitaine des Vaiffeaux de Guerre , afin de fe
conferver par fon moyen , en cas de beſoin , la
poffeffion de l'Arfenal. Cet Officier accepta ce
grand Emploi , & fit même en cette qualité fon
Entrée à PArfenal , où il fut reçû au bruit de 9.
pieces de Canon de chaque Vaiffeaux de Guerre ;
mais jugeant que la neceffité lui avoit procuré
cet honneur , & prévoyant bien que fon autorité
ne feroit pas de longue durée , il fe retira peu
après , & alla joindre les Mécontens , qui le
confirmerent dans la Charge de Grand- Amiral.
Après qu'il eut pris quelques mefures avec eux ,
il retourna à l'Arfenal , où il fit équiper 4. Galeres
qu'il envoya devant le Sérail , afin d'en couper
la communication , & empêcher l'entrée du
fecours on défendit en même tems fous de
groffes peines d'y porter des vivres , & on ferna
tous les Acqueducs..
D'un autre côté le nouvel Aga des Janiffaires
donna les ordres neceffaires pour procurer l'abondance
dans la Ville ; il mit des Gardes par
tout pour la fûreté des Marchands ,
& pour empêcher
le pillage . I fi: punir feverement ceux
qui contrevenoient à fes ordres .
Cependant le Sultan étoit dans des angoiffes
morte les ; il fe voyoit abandonné de tout le
monde ; & fe trouvant fans reffource , il réfolut
de faire un dernier effort fur l'efprit des Mécontens
, il leur envoya pour cet effet l'Iprizade
& le Mirza Effendi'; mais les Mécontens furent
inexorables , & perfifterent dans la demande qu'ils .
avoient faite des principaux Miniftres , fur quoi
Je Sultan réfolut enfin d'envoyer en prifon le
G. V. le Kiaia & le Capitan Pacha , & i envoya
le Mufti en exil dans une des Iles de l'Archipel.
Le
DECEMBRE. 1730. 2949
Le premier Octobre 7000. Janiffaires , qui
quelques jours auparavant avoient été détachés
pour la Perfe , ayant appris la Revolte , revinrent
fur leurs pas , & allerent joindre l'arméedes
Mécontens. Ils étoient commandés par uns
Pacha à neuës , qui en paffant à Scutari avoit
pris avec lui le prétendu Prince de Perfe , &
l'avoit conduit à l'armée des Rebelles , ou par
honneur on lui donna une Garde. Ce Prince fe
difoit fits aîné du dernier Roi de Perfe ; il étoit
venu à Conftantinople pour demander la protection
de la Porte contre le Prince Thamas fon
frere.
Cependant la confufion continuoit au Sérail ;
des amis du Sultan lui repréſenterent la neceſſité
qu'il y avoit de facrifier fes 3. Miniftres à la
vengeance des Mécontens , comme étant l'unique
moyen d'appaifer leur animofité , & même de
conferver la vie. Sur quoi S. H. ordonna qu'ils
fuffent étranglés , & qu'on envoyar leurs corps
aux Mécontens , ce qui fut executé , & chaque
corps fut mis fur un Chariot attelé de boeufs . On
ne (çauroit exprimer les injures que les Mécontans
vomirent contre ces 3. miferables corps
fur lefques ils exercerent tout ce que la rage leur
pouvoient infpirer ; enfin après avoir affouvi
leur vengeance, ils jetterent le corps du Kiaya dans.
un puits rempli d'immondices , mais aux inſtantes
prieres & aux larmes de la mere du Capitan
Pacha , ils lui rendirent celui de fon fils. Quant:
au corps du G. V les Chefs des Mécontens pu
blierent que le Sultan les avoit trompés , que ce
corps n'étoit pas celui d'Ibrahim Pacha , mais
le corps d'une autre perfonne qui lui reffembloit.
Dans cette croyance les Mécontens attacherent
ce corps
à la queue d'un cheval , & le:
traînerent devant le Sérail auprès d'une magnifi
LL. Vol. que
2950 MERCURE DE FRANCE
que fontaine que le G. V. avoit fait élever , &
le jetterent en proye aux chiens.
Les Chefs des Mécontens qui avoient déja
réfolu de détrôner le Sultan , publierent exprès
que le corps du G.V. étoit un corps fuppofé ,
dans la crainte que l'indulgence que S. H. avoit
euë de facrifier fes plus chers favoris , n'appaifàt
la colere des Soldats. C'eſt ainfi que les 3. premiers
Miniftres de l'Empire Ottoman finirent
miferablement leur vie. On dit que le G. V. appréhendant
d'être livré vif aux Mécontens , s'étoit
empoisonné dans la prifon. On dit auffi que
le Mufti , envoyé par le Sultan en exil dans une
des Inles de l'Archipel , y a été jetté dans la Mer,
de même que le Finfulch Molla , que S. H. y
avoit pareillement exilé.
Les Mécontens ayant obtenu tout ce qu'ils
avoient defiré par rapport aux Miniftres , réfolurent
de mettre en execution le deffein qu'ils
avoient conçu de détrôner le Sultan Achmet , &
de mettre à la place le Sultan Mahmoud , fon
neveu , fils du Sultan Muſtapha , déposé en 1703 .
En confequence de cette réfolution , ce Prince
fut proclamé Empereur le même jour premier
Octobre à 11. heures du foir par toute la Milice.
Dès que le Sultan Achmet eut reçû cette triſte
nouvelle , il donna ordre qu'on fit fortir ce nouveauSultan
de l'Appartement
où il l'avoit fait gar.
der avec foin , & après s'être entretenu quelque
tems avec lui , il le fit entrer dans l'Apartement
Imperial , & fe retira enfuite dans celui qui est
deftiné pour les Sultans déposez.
Après les proclamations du nouvel Empereur
le Seliktar , à qui le Sultan Achmet avoit donné
les Sceaux de l'Empire , fut confirmé par les Méso
ntens dans la Charge de G. V. mais feulement
II. Vol. par
DECEMBRE. 1730. 2951
par provifion & en attendant le retour d'Abdalab
Kuperly , Pacha d'Egypte , qu'ils avoient choifi
pour exercer cette haute dignité.
Les Janniffaires & les autres Troupes , afin de
fe rendre plus formidables , réfolurent enfuite
d'augmenter leur Corps par de nouvelles Recrues;
ce qu'ils commencerent à executer dès cette nuit
même le nombre de ceux qui fe preſentoient
pour être enrollez , fut d'autant plus grand
qu'ils étoient animez par l'efperance de recevoir .
les 15. Piaftres qu'on donne à chaque Janniflaire
à l'avenement au Trône d'un nouveau Sultan.Le
2. le Kul-Kiaya , qui eft chargé de faire entrer
dans les Coffres du G. S. la finance provenant
des droits que les Sujets payent au Souverain , fut
mis en piece par les Mécontens , à cauſe qu'il
avoit repréfenté qu'il ne falloit pas augmenter la
dépenfe du Tréfor Imperial par un plus grand
nombre de Troupes.
Ce jour là & les deux jours fuivans , furent em
ployez à vifiter les Palais des Miniftres & les
Maifons de leurs adherans ; on trouva dans celui
du Kiaya ou Lieutenantt du G. V. des
fommes immenfes , quantité de Vaiffeile d'argent
& beaucoup de Diamans. On chercha par tout le
Reis Effendi ou Grand- Chancelier & plufieurs
autres créatures des Miniftres , fans les trouver.
Les Mécontens ordonnerent aux Changeurs
Arméniens & Juifs, & à diverfes autres perfonnes
qui avoient la réputation de s'être enrichi , de
ne ss'habiller que de drap ou d'étoffe d'une certaine
couleur , & de ne porter à l'avenir que des bas
jaunes , cette couleur étant après le noir , celle
que les Turcs ont le plus en horreur. Cet ordre
fut executé avec beaucoup de rigueur envers
ceux qui y contrevenoient , leurs habits ayant été
arrachez de leurs corps & déchirez en pleine rue.
I I. Vol. Pendant
2952 MERCURE DE FRANCE
Pendant ce tems-là le nouveau Sultan ayant fouhaité
de voir les principaux Chefs des Mécontens,
ils les fit venir , & après leur avoir fait diverfes
queftions , il leur offrit de les faire Pachas ; mais
dans la crainte que cet honneur ne leur devint un
jour fatal , ils s'excuferent de l'accepter.
Le 5. Octobre on tint un grand Divan ; le 6.
fe fit le Couronnement du nouveau Sultan , dont
toute la ceremonie confifte à lui mettre le Sabre
d'Othoman au côté , dans la Moſquée d'Ajoub
qui eft à l'extremité du Port. Le Sultan , precedé
des Chefs des Rebelles , s'y rendit avec un magnifique
cortege ; pendant la Marche on jetta de
l'argent au peuple & à la Milice qui étoient rangez
le long des rues. Après cette ceremonie S. H
fe rendit à la Moſquée de Sultan Mahomet , y
fit fa priere du midi , & retourna enfuite au Serrail.
;
Les Chefs des Rebelles,à qui le Sultan avoit fais
prefent de très- beaux chevaux magnifiquement
harnachez , retournerent au Camp , d'où confervant
toujours leur autorité , ils députerent quelques
perfonnes au Sultan , pour le prier de leur
accorder les furetez convenables pour leur vie
ils demanderent aufſi qu'on rafa jufqu'aux fondemens
la belle Maifon de plaifance que le dernier
G. V. avoit fait bâtir fur le Canal de la Mer
Noire , à deux lieues de Conftantinople , dont
ce Miniftre fe fervoit pour fes plaifirs . Le premier
Chef des Rebelles nommé Patrona, alla ce jour là.
voir le G.V. qui le reçut très gracieuſement, fans
l'obliger à aucune des foumiffions que ce Minif
tre exige même des plus Grands de l'Empire , &
le fit mettre à fes côtez.
Le 7. on confera divers emplois : le Teftherdar
ou Chef des Finances , fut confirmé dans
cette Charge : Miri- Alem , qui eft en faveur au-
II. Vol. près
DECEMBRE. 1730. 2953
près de la Sultane Validé , Mere du Sultan regnant
, fut fait Kiaia , & l'on rétablit le Sulelm
qui eft fort aimé des Troupes , dans la Charge de
Secretaire du G. V. qu'il l'avoit exercée fous le
Vizir Ali-Pacha , qui fut défait à la bataille de
Peter-Waradin. Le même jour le Reys - Effendi ,
le Vaivode de Galata & quelques autres qu'on
avoit cherchez pendant plufieurs jours , furent
enfis trouvez ; mais au moyen de préfens confiderables
, ils obtinrent leur pardon des Chefs
des Rebelles.
Le 8. Hazi -Achmet , Pacha , fut inftallé dans
la Charge de Capitan Pacha , ou Grand- Amiral.
Le 9. & le 10. on paya aux Troupes les
Piaftres
par tête , dont on a parlé , après quoi on pu
blia un ordre de r'ouvrir le grand Bezeftan & les
Boutiques des Marchands ; fur quoi les Soldats
commencerent le foir à rentrer dans leurs anciens
quartiers , où l'on porta les Drapeaux & autres
fignes Militaires , ce que l'on continua le 11. &
le 12.
Lans ,vient d'être dépofé. Le G.Vifir Hibraim
Pacha , fon gendre & fon favori, avoit gouverné
PEmpire fous lui pendant douze ans, & connoiffant
le defir du Sultan pour les richeſſes , il n'avoit
rien oublié pour en amaffer ; mais le Kiaia
& les perfonnes qu'il avoit employées pour cela ,
s'étant rendues infupportables par leur orgueil ,
leurs monopoles & leurs véxations ; & le G.Viz.
après avoir amufé long- temps les peuples par
des préparatifs de Guerre , ayant enfin affemblé
une Armée près de Scutari , & mécontenté les
Docteurs de la Loy & les Troupes , qui en general
n'approuvoient pas la Guerre contre les
Perfans , fe défiant d'ailleurs des réfolutions
chancelantes & myfterieufes du Vizir , toutes
ces circonstances animerent un certain Janiffaire ,
furnommé Patrona , Albanois de nation , homme
hardi & intriguant , à entreprendre la Révolution
arrivée le 28 Septembre dernier . Il s'affo-
II. Vel. cia
DECEMBRE. 1730. 2943
cia pour cet effet avec un nommé Emir-Ali , &
fix autres hommes .
Ce jour- là , 28 Septembre , à 8 heures du matin
, ces 8 perfonnes parurent fur la grande Place,
avec une ferme réfolution d'exécuter leur deffein
Ils attacherent au bout d'un bâton un morceau
de vieux Taffetas , en guife de Drapeau ; &
parcourant toute la Place; un criant à haute voix:
Que tout vrai Muſulman devoit fuivre leur parti
& s'affembler dans la grande Place d'Atmeidan ,
pour deffendre le bien public & faire exécuter les
Loix. Delà ils fe rendirent au grand Bezenften ,
qui eft un Place ou Halle , couverte d'un Toît, &
où il y a plus de mille Boutiques, de toutes fortes
de riches Marchandiſes . Ils ordonnerent à l'Inf→
pecteur de cette Place d'en fermer les Portes , &
commanderent la même chofe aux Marchands ,
qui là- deffus fermerent leurs Boutiques & fe retirerent
chez eux. Cette entrepriſe fi hardie ne promettoit
pas une heureuſe iffuë ; neanmoins une
concurrence tacite des habitans de Conftantino .
ple paroiffoit la favorifer plutôt qu'aucun ſe- cours réel.
Quelques autres Janiflaires voyant la hardieffe
de ces Mécontens , en furent émus ; ils ſe joignirent
à eux avec quelques Gebelis , qui font
ceux qui fervent l'Artillerie , & coururent tous
au Marché aux Armes , où ils s'armérent. Ils allerent
enfuite à la Maiſon des Janiſſaires , qui eft
un grand Bâtiment , au milieu de Conftantinople
, partagé en plufieurs Chambres , & où l'on
peut loger quelques milliers de cette Milice : Ils
s'arréterent devant la 1ere & st Chambres,qui en
font les principales , & inviterent les Janiffaires
de fe joindre à eux . Les principaux Officiers de ces
Chambres les avoient abandonnées pour aller au
Rendez -vous , où on avoit porté le Drapeau des •
II. Vol.
Hv Janif
2944 MERCURE DE FRANCE
Janiflaires.Les Chefs de cette Milice & le Chaoux
Bachi , s'étoient auffi retirez , tant pour n'être
pas accufez d'être les Auteurs de cette Révolte
que pour n'être pas obligez de s'opposer aux
Mécontens qui s'étoient partagez en Compagnies
, & avoient pofé des Sentinelles pour la
fureté des Marchands & des grandes Places..
Pendant ce temps là , l'Infpecteur du Bezenften
tâcha à diverſes repriſes de r'ouvrir cette Place
, & d'y faire revenir les Marchands ; il fut fecondé
en cela par diverfes perfonnes , que le Capitan
Pacha , ou Grand Amiral , qui commandoit
en l'abfence du G Viz. lui avoit envoyées
mais inutilement , plufieurs de ces derniers fe
joignirent aux Mécontens,& l'Aga des Janiflairés
étant venu en perfonne , & voyant qu'il étoit
trop tard pour arrêter le mal , jugea à propos.
de fe retirer dans fa Maiſon , & ne parut plus
depuis. Le Kiaia ou Lieute ant du Gr Vizir
qui étoit venu ce jour là à Conftantinople pour
Les affaires particulieres , fut fi faifi d'épouvente à.
la premiere nouvelle de cette émotion , qu'il fe
fauva avec deux de fes confidens , à bord d'un:
pest Bitiment.
Le Capitan Pacha qui étoit dans fon Palais ;
fur le Canal de la Mer Noire , ayant appris la
révolte , vint d'abord à Conftantinople , où il fit
de nouveaux efforts pour faire r'ouvrir le Buzenften
& les Boutiques qui y font . Il tâcha auffi
par toutes fortes de moyens d'appaifer le tumulte,
fans néanmoins y employer la force ; &
voyant que tous fes efforts étoient inutiles , il fe
retira pour aller joindre le Sultan , après avoir
laiffé quelques ordres à l'Arſenal.
Tous les autres Pa has en firent de même. Le
G. V. à la reception de la trifte nouvelle , monta
à cheval , & alla trouver le Sultan qui étoit dans
1.Vol le
DECEMBRE . 1730. 2945
Le Palais de la Sultane Chahige fa foeur , fitué
près de Scutari. On y tint un grand Confeil ,
pour déliberer fur les moyens d'arrêter le progrès
de la révolte.
A l'iffue du Conſeil , le Sultan fe retira dans
fon Serrail , & le foir il partit pour Conftantinople.
On dit qu'à cette occafion la Sultane Chahige
confeilla a fon frere de ne pas permettre que
fes principaux Vizirs abandonnaflent fa perfonne
, parce que , comme il étoit à préfumer que
les Mécontens en vouloient à fes Miniftres ,
pourroit , en les facrifiant à leur vengeance, fe
tirer d'affaires , au cas que le mal fut fans remede.
>"
il
La nouvelle de cette révolte mit tout le Camp
dans une grande confufion & dans la derniere
confternation ; ceux qui poffedoient des Charges
en furent les plus allarmée ; ils fe cacherent
tous , & fans fonger au devoir auquel ils étoient
obligez par leurs Charges , ils abandonnerent lâchement
leurs Maîtres ; enforte que le G. Viz.
lorfqu'il arriva au Serrail n'étoit fuivi que
de fon Ecuyer , de fon Valet de Chambre & de
autres domeftiques . Ce Miniftre fongea d'abord
à employer la force , pour mettre les Rebelles à
la raiſon. Il envoya pour cet effet les Ordres
au Camp pour en faire venir du monde ; mais il
ne put affembler cette nuit que cent perfonnes.
On employa neanmoins quelques Matelots pour
tranfporter du Camp au Serrail le tréfor & les
effets les plus précieux du Sultan.
Quoique les Mécontens fe donnaffent de leur
côté tous les mouvemens poffibles pour augmenter
leur parti , ils ne purent affembler ce jour-là
que 300 hommes , qui pafferent la nuit au lieu de
leur rendez -vous; mais le lendemain leur nombre
augmenta fi confiderablement , u'ils furent bientôt
en état de donner la loy à toute la Ville 3 ils
I L. Vol. Hovi déla
2946 MERCURE DE FRANCE
détacherent plufieurs Compagnies pour ouvrir
toutes les priſons , & délivrer tous les Galeriens;
dans cette confufion quantité d'Efclaves Chréziens
eurent le bonheur d'être mis en liberté.
Les Révoltés voyant que leur entrepriſe avoit
tout le fuccès qu'ils en pouvoient attendre , réfolurent
d'élire un Aga des Janiffaires ; ils choifirent
pour cet effet un nommé Chanefey , homme
hardi,bon Soldat,& qui avoit déja exercé la
Charge d'Aga des Janiflaires dans le Bamat deTemefvar,
mais dont il avoit été privé fous le précédent
Gouvernement; ils choiſirent enfuite les plus
courageux d'entre eux pour remplir les places
vacantes par l'abſence des Officiers des Janiflaires
, qui s'étoient cachés ou qui refufoient de
fuivre leur parti. Ils élurent auffi un Topigi Bachi
, ou Genéral de l'Artillerie ; & s'étant emparés
du grand Etendart , ils le porterent au lieu
de leur Rendez- vous , où ils drefferent leurs Tenzes
, & formerent leur Camp ; après quoi ils pri
rent les mesures convenables pour pourvoir à
la fureté publique , & pouffer à bout leur entreprife
, fi heureufement commencée. Pendant ce
rems là le G. S. ne fe trouvant pas en état d'appaifer
ce tumulte par la force , envoya un de fes
principaux Officiers aux Mécontens , pour leur
demander la raifon de leur révolte , & ce qu'ils
fouhaitoient de S.H. Ils répondirent à cet Offcier
que les malverfations des Miniftres du Sultan
en étoient la caufe , & qu'ils demandoient
qu'on les leur livrât. Sur cette nouvelle , le Grand
Vízir tâcha d'infinuer au Sultan que la demande
que les Mécontens venoient de faire n'étoit
qu'un prétexte pour cacher le deffein qu'ils méditoient
de le détrôner , & peut- être de lui ôter
la vie. S. H. en fut émuë , & fe retira dans le
Harem , ou Appartement des femmes.
11. Velo
DECEMBRE. 1730. 2947
Cependant ce premier Miniftre & le Kiaya
après avoir tenu divers Confeils fur la trifte fitua
tion de leurs affaires , ſe voyant fans reffource ,
réfolurent dans cette extrémité d'avoir recours
l'Etendart de Mahomet , dans l'efperance que le
refpect pour la Religion animeroit le Peuple à
fe ranger par devoir & par affection du côté du
Sultan. Ils arborerent effectivement cet Etendart
fur la deuxième porte du Sérail , & firent faire
de grandes promeffes au Peuple pour l'engager à
prendre les armes contre les Mécontens , en ordonnant
en même- tems aux Topigis ou Canoniers
de venir au Sérail pour le défendre contre
les ennemis de S. H. mais tous leurs efforts furent
inutiles ; l'expofition de l'Etendart imprima
bien quelque venération dans le coeur des habitans
de Conftantinople , fans que perfonne néanmoins
prit les armes pour la défenſe du G. S.
& les Topigis refuferent de le rendre au Sérail .
Les Boftandgis , ou Jardiniers , & les Baltagis
qui fervent de Gardes du Corps auroient été
en état de défendre le Sérail , mais la défunion
fe mit entr'eux ; de forte que le G. Vizir réduit
au defefpoir , couroit comme un infenfé dans le
Sérail , animant tout le monde à prendre les
armes & demandant à chaque inftant fi les
Rebelles ne s'étoient pas encore rendu maîtres
du Sérail . Tout ceci fe paffa le 29. Septembre.
Le 30. les Mécontens firent venir dans leur
armée le Morza Sibelfackiafcher , qui eft un
des Grands Juges de l'Empire que le G. V. avoit
exilé , pour avoir parlé trop librement dans le
Confeil contre les deffeins de ce Miniftre ; ils
le reçurent avec beaucoup de refpect , le reconaurent
pour leur Legiflatcur , & envoyerent enfuite
un Détachement à Topana pour inviter les
Topigis de fe joindre à eux , ce qu'ils firent le
même jour.
La
2948 MERCURE DE FRANCE
<
Le Sultan confera la Charge de Capitan Pacha
, ou Grand- Amiral , à l'Alidy , ou Premier
Capitaine des Vaiffeaux de Guerre , afin de fe
conferver par fon moyen , en cas de beſoin , la
poffeffion de l'Arfenal. Cet Officier accepta ce
grand Emploi , & fit même en cette qualité fon
Entrée à PArfenal , où il fut reçû au bruit de 9.
pieces de Canon de chaque Vaiffeaux de Guerre ;
mais jugeant que la neceffité lui avoit procuré
cet honneur , & prévoyant bien que fon autorité
ne feroit pas de longue durée , il fe retira peu
après , & alla joindre les Mécontens , qui le
confirmerent dans la Charge de Grand- Amiral.
Après qu'il eut pris quelques mefures avec eux ,
il retourna à l'Arfenal , où il fit équiper 4. Galeres
qu'il envoya devant le Sérail , afin d'en couper
la communication , & empêcher l'entrée du
fecours on défendit en même tems fous de
groffes peines d'y porter des vivres , & on ferna
tous les Acqueducs..
D'un autre côté le nouvel Aga des Janiffaires
donna les ordres neceffaires pour procurer l'abondance
dans la Ville ; il mit des Gardes par
tout pour la fûreté des Marchands ,
& pour empêcher
le pillage . I fi: punir feverement ceux
qui contrevenoient à fes ordres .
Cependant le Sultan étoit dans des angoiffes
morte les ; il fe voyoit abandonné de tout le
monde ; & fe trouvant fans reffource , il réfolut
de faire un dernier effort fur l'efprit des Mécontens
, il leur envoya pour cet effet l'Iprizade
& le Mirza Effendi'; mais les Mécontens furent
inexorables , & perfifterent dans la demande qu'ils .
avoient faite des principaux Miniftres , fur quoi
Je Sultan réfolut enfin d'envoyer en prifon le
G. V. le Kiaia & le Capitan Pacha , & i envoya
le Mufti en exil dans une des Iles de l'Archipel.
Le
DECEMBRE. 1730. 2949
Le premier Octobre 7000. Janiffaires , qui
quelques jours auparavant avoient été détachés
pour la Perfe , ayant appris la Revolte , revinrent
fur leurs pas , & allerent joindre l'arméedes
Mécontens. Ils étoient commandés par uns
Pacha à neuës , qui en paffant à Scutari avoit
pris avec lui le prétendu Prince de Perfe , &
l'avoit conduit à l'armée des Rebelles , ou par
honneur on lui donna une Garde. Ce Prince fe
difoit fits aîné du dernier Roi de Perfe ; il étoit
venu à Conftantinople pour demander la protection
de la Porte contre le Prince Thamas fon
frere.
Cependant la confufion continuoit au Sérail ;
des amis du Sultan lui repréſenterent la neceſſité
qu'il y avoit de facrifier fes 3. Miniftres à la
vengeance des Mécontens , comme étant l'unique
moyen d'appaifer leur animofité , & même de
conferver la vie. Sur quoi S. H. ordonna qu'ils
fuffent étranglés , & qu'on envoyar leurs corps
aux Mécontens , ce qui fut executé , & chaque
corps fut mis fur un Chariot attelé de boeufs . On
ne (çauroit exprimer les injures que les Mécontans
vomirent contre ces 3. miferables corps
fur lefques ils exercerent tout ce que la rage leur
pouvoient infpirer ; enfin après avoir affouvi
leur vengeance, ils jetterent le corps du Kiaya dans.
un puits rempli d'immondices , mais aux inſtantes
prieres & aux larmes de la mere du Capitan
Pacha , ils lui rendirent celui de fon fils. Quant:
au corps du G. V les Chefs des Mécontens pu
blierent que le Sultan les avoit trompés , que ce
corps n'étoit pas celui d'Ibrahim Pacha , mais
le corps d'une autre perfonne qui lui reffembloit.
Dans cette croyance les Mécontens attacherent
ce corps
à la queue d'un cheval , & le:
traînerent devant le Sérail auprès d'une magnifi
LL. Vol. que
2950 MERCURE DE FRANCE
que fontaine que le G. V. avoit fait élever , &
le jetterent en proye aux chiens.
Les Chefs des Mécontens qui avoient déja
réfolu de détrôner le Sultan , publierent exprès
que le corps du G.V. étoit un corps fuppofé ,
dans la crainte que l'indulgence que S. H. avoit
euë de facrifier fes plus chers favoris , n'appaifàt
la colere des Soldats. C'eſt ainfi que les 3. premiers
Miniftres de l'Empire Ottoman finirent
miferablement leur vie. On dit que le G. V. appréhendant
d'être livré vif aux Mécontens , s'étoit
empoisonné dans la prifon. On dit auffi que
le Mufti , envoyé par le Sultan en exil dans une
des Inles de l'Archipel , y a été jetté dans la Mer,
de même que le Finfulch Molla , que S. H. y
avoit pareillement exilé.
Les Mécontens ayant obtenu tout ce qu'ils
avoient defiré par rapport aux Miniftres , réfolurent
de mettre en execution le deffein qu'ils
avoient conçu de détrôner le Sultan Achmet , &
de mettre à la place le Sultan Mahmoud , fon
neveu , fils du Sultan Muſtapha , déposé en 1703 .
En confequence de cette réfolution , ce Prince
fut proclamé Empereur le même jour premier
Octobre à 11. heures du foir par toute la Milice.
Dès que le Sultan Achmet eut reçû cette triſte
nouvelle , il donna ordre qu'on fit fortir ce nouveauSultan
de l'Appartement
où il l'avoit fait gar.
der avec foin , & après s'être entretenu quelque
tems avec lui , il le fit entrer dans l'Apartement
Imperial , & fe retira enfuite dans celui qui est
deftiné pour les Sultans déposez.
Après les proclamations du nouvel Empereur
le Seliktar , à qui le Sultan Achmet avoit donné
les Sceaux de l'Empire , fut confirmé par les Méso
ntens dans la Charge de G. V. mais feulement
II. Vol. par
DECEMBRE. 1730. 2951
par provifion & en attendant le retour d'Abdalab
Kuperly , Pacha d'Egypte , qu'ils avoient choifi
pour exercer cette haute dignité.
Les Janniffaires & les autres Troupes , afin de
fe rendre plus formidables , réfolurent enfuite
d'augmenter leur Corps par de nouvelles Recrues;
ce qu'ils commencerent à executer dès cette nuit
même le nombre de ceux qui fe preſentoient
pour être enrollez , fut d'autant plus grand
qu'ils étoient animez par l'efperance de recevoir .
les 15. Piaftres qu'on donne à chaque Janniflaire
à l'avenement au Trône d'un nouveau Sultan.Le
2. le Kul-Kiaya , qui eft chargé de faire entrer
dans les Coffres du G. S. la finance provenant
des droits que les Sujets payent au Souverain , fut
mis en piece par les Mécontens , à cauſe qu'il
avoit repréfenté qu'il ne falloit pas augmenter la
dépenfe du Tréfor Imperial par un plus grand
nombre de Troupes.
Ce jour là & les deux jours fuivans , furent em
ployez à vifiter les Palais des Miniftres & les
Maifons de leurs adherans ; on trouva dans celui
du Kiaya ou Lieutenantt du G. V. des
fommes immenfes , quantité de Vaiffeile d'argent
& beaucoup de Diamans. On chercha par tout le
Reis Effendi ou Grand- Chancelier & plufieurs
autres créatures des Miniftres , fans les trouver.
Les Mécontens ordonnerent aux Changeurs
Arméniens & Juifs, & à diverfes autres perfonnes
qui avoient la réputation de s'être enrichi , de
ne ss'habiller que de drap ou d'étoffe d'une certaine
couleur , & de ne porter à l'avenir que des bas
jaunes , cette couleur étant après le noir , celle
que les Turcs ont le plus en horreur. Cet ordre
fut executé avec beaucoup de rigueur envers
ceux qui y contrevenoient , leurs habits ayant été
arrachez de leurs corps & déchirez en pleine rue.
I I. Vol. Pendant
2952 MERCURE DE FRANCE
Pendant ce tems-là le nouveau Sultan ayant fouhaité
de voir les principaux Chefs des Mécontens,
ils les fit venir , & après leur avoir fait diverfes
queftions , il leur offrit de les faire Pachas ; mais
dans la crainte que cet honneur ne leur devint un
jour fatal , ils s'excuferent de l'accepter.
Le 5. Octobre on tint un grand Divan ; le 6.
fe fit le Couronnement du nouveau Sultan , dont
toute la ceremonie confifte à lui mettre le Sabre
d'Othoman au côté , dans la Moſquée d'Ajoub
qui eft à l'extremité du Port. Le Sultan , precedé
des Chefs des Rebelles , s'y rendit avec un magnifique
cortege ; pendant la Marche on jetta de
l'argent au peuple & à la Milice qui étoient rangez
le long des rues. Après cette ceremonie S. H
fe rendit à la Moſquée de Sultan Mahomet , y
fit fa priere du midi , & retourna enfuite au Serrail.
;
Les Chefs des Rebelles,à qui le Sultan avoit fais
prefent de très- beaux chevaux magnifiquement
harnachez , retournerent au Camp , d'où confervant
toujours leur autorité , ils députerent quelques
perfonnes au Sultan , pour le prier de leur
accorder les furetez convenables pour leur vie
ils demanderent aufſi qu'on rafa jufqu'aux fondemens
la belle Maifon de plaifance que le dernier
G. V. avoit fait bâtir fur le Canal de la Mer
Noire , à deux lieues de Conftantinople , dont
ce Miniftre fe fervoit pour fes plaifirs . Le premier
Chef des Rebelles nommé Patrona, alla ce jour là.
voir le G.V. qui le reçut très gracieuſement, fans
l'obliger à aucune des foumiffions que ce Minif
tre exige même des plus Grands de l'Empire , &
le fit mettre à fes côtez.
Le 7. on confera divers emplois : le Teftherdar
ou Chef des Finances , fut confirmé dans
cette Charge : Miri- Alem , qui eft en faveur au-
II. Vol. près
DECEMBRE. 1730. 2953
près de la Sultane Validé , Mere du Sultan regnant
, fut fait Kiaia , & l'on rétablit le Sulelm
qui eft fort aimé des Troupes , dans la Charge de
Secretaire du G. V. qu'il l'avoit exercée fous le
Vizir Ali-Pacha , qui fut défait à la bataille de
Peter-Waradin. Le même jour le Reys - Effendi ,
le Vaivode de Galata & quelques autres qu'on
avoit cherchez pendant plufieurs jours , furent
enfis trouvez ; mais au moyen de préfens confiderables
, ils obtinrent leur pardon des Chefs
des Rebelles.
Le 8. Hazi -Achmet , Pacha , fut inftallé dans
la Charge de Capitan Pacha , ou Grand- Amiral.
Le 9. & le 10. on paya aux Troupes les
Piaftres
par tête , dont on a parlé , après quoi on pu
blia un ordre de r'ouvrir le grand Bezeftan & les
Boutiques des Marchands ; fur quoi les Soldats
commencerent le foir à rentrer dans leurs anciens
quartiers , où l'on porta les Drapeaux & autres
fignes Militaires , ce que l'on continua le 11. &
le 12.
Fermer
Résumé : Extrait de plusieurs Lettres de Turquie.
Le sultan Ahmed III a été déposé après 28 ans de règne. Son gendre et favori, le grand vizir Ibrahim Pacha, avait gouverné l'Empire pendant douze ans et accumulé des richesses, ce qui avait suscité l'orgueil et les vexations de ses subordonnés. Une guerre préparée par le grand vizir et une armée rassemblée près de Scutari ont mécontenté les docteurs de la loi et les troupes. Le 28 septembre 1730, un janissaire nommé Patrona a déclenché une révolution à Constantinople. Patrona et sept autres hommes ont appelé les musulmans à les rejoindre pour défendre le bien public et faire exécuter les lois. Ils ont fermé les boutiques du grand bazar et se sont armés avec l'aide de janissaires et d'artilleurs. Les principaux officiers des janissaires se sont retirés, craignant d'être accusés de rébellion. Le sultan, informé de la révolte, s'est retiré dans le palais de la sultane Chahige près de Scutari. Les rebelles ont libéré les prisonniers et les galériens, et élu un nouveau chef des janissaires. Le grand vizir, voyant l'échec de ses tentatives pour réprimer la révolte, a envoyé des émissaires aux rebelles, qui ont demandé la livraison des ministres du sultan. Le sultan, craignant pour sa vie, s'est retiré dans le harem. Les rebelles ont continué à renforcer leur position, libérant des juges exilés et prenant le contrôle de l'arsenal. Le sultan a finalement ordonné l'exécution des principaux ministres pour apaiser les rebelles. Les chefs des mécontents ont découvert que le corps présenté comme celui d'Ibrahim Pacha était en réalité celui d'une autre personne. Ils ont propagé la rumeur que le corps du grand vizir était supposé, craignant que l'indulgence du sultan envers ses favoris n'apaisât la colère des soldats. Les trois principaux ministres de l'Empire ottoman ont péri. Le grand vizir s'est empoisonné en prison, tandis que le mufti et le Finfulch Molla, exilés par le sultan, furent jetés à la mer. Les mécontents ont décidé de destituer le sultan Ahmed pour placer à sa place le sultan Mahmoud, neveu du sultan Mustapha, déposé en 1703. Mahmoud a été proclamé empereur le 1er octobre. Ahmed, informé de cette nouvelle, a fait sortir Mahmoud de sa garde et s'est retiré dans les appartements destinés aux sultans déposés. Après la proclamation de Mahmoud, le Seliktar a été confirmé dans sa charge en attendant le retour d'Abdulab Kuperly, pacha d'Égypte. Les Jannissaires et autres troupes ont augmenté leurs effectifs, espérant recevoir des paiements à l'avènement du nouveau sultan. Le Kul-Kiaya a été tué pour s'être opposé à cette augmentation des dépenses impériales.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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111
p. 2953-2956
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 9. Octobre 1730. au sujet de la derniere Révolution arrivée dans cette Ville.
Début :
Je ne veux pas, Monsieur, vous laisser ignorer un Evenement aussi singulier qu'interessant, [...]
Mots clefs :
Hommes, Rebelles, Janissaires, Révolution
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 9. Octobre 1730. au sujet de la derniere Révolution arrivée dans cette Ville.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Conftantinople le 9. Octobre 1730 , au sujet
de la derniere Révolution arrivée dans
cette Ville.
JE
E ne veux pas , Monfieur , vous laiffer ignorer
un Evenement auffi fingulier qu'intereffant ,
dont nous venons d'être les témoins. Sur la fin
du mois dernier , les Janniffaires fe révolterent.
fous un Chef nommé Patrona , c'eft un homme
qui avoit dépensé tout fon petit argent à ſe ménager
un équipage pour fuivre l'Armée Turque ,
deftinée contre la Perfe ; voyant qu'elle ne partoit
point, il employa la derniere Piaftre qui lui reftoit
11. Vela
2954 MERCURE DE FRANCE
à l'achat d'un Mouton , dont il régala fes Camarades
, au nombre de 12. Janniffaires . Après le
Repas il leur dit : Vous venez de manger tout ce
qui me reftoit au monde , demain je n'aurai
pas de quoi payer une taffe de Caffé ; fi vous êtes
gens
à
vous procurer une meilleure fortune, il n'y
a qu'à m'aider à fecouer le joug. Le complot fut
à peine projetté , qu'il fut exccuté ; ces douze
convives fe répandirent dans la Ville , en criant
Liberté , & ils exciterent une fédition qui a eu
des fuites très-confiderables , comme vous allez
le voir.
Si le G. S. eût eu la prudence d'étouffer d'abord
cette émeute , ce qui étoit facile , il ne feroit pas
réduit à l'état où il eft aujourd'hui ; mais ayant
méprifé tous les avis qui lui furent donnez , il fe
contenta de quitter fon Serrail d'Afie , pour venir
occuper celui d'Europe , il s'y enferma avec quelques
Pieces de Canon & des munitions de bouche
& de guerre pour trois mois. A peine y fut-il
entré qu'il arbora le Pavillon Imperial, & promit
20. Piaftres à tous ceux qui viendroient ſe ranger
deffous.On étoit fi mécontent du Gouvernement,
que perfonne ne bougea.
Le lendemain les Janniffaires qui n'étoient pas
plus de 12. le jour précedent , furent renforcez
par les Rebelles qui quittoient l'Armée, & par la
populace qu'ils contraignirent d'entrer dans leur
parti , par des promeffes ou par de mauvais traitemens.
Quand les Mutins fe virent les maîtres , ils allerent
en tumulte à la porte du Serrail, demander
qu'on leur livrât le G. V. le Capitan Pacha & le
Kiaya; le Sultan eut la foibleffe de les faire étrangler
tous trois , & il envoya leurs corps aux Rebelles
, qui vinrent lui faire audacieuſement des
reproches de ce qu'il ne les leur avoit pas livrez
II. Vol. en
DECEMBRE. 1730. 2955
en vie, ajoutant que c'étoit à eux de les faire mourir.
Ils pendirent ces cadavres par les pieds , leur
firent mille indignitez & les abandonnerent enfin
aux chiens.
Le Mufti fut arrêté quelque temps après , on
lui donna la qualité de Pacha , pour effacer en
quelque maniere le caractere dont il étoit revêtu ,
on le décapita enfuite. Il n'eſt pas permis de faire
mourir un Mufti qu'il n'ait été auparavant dégradé.
Le nombre des Grands que les Rebelles ont
profcrit eft de 90. la plupart ont pris la fuite ;
mais on en arrête tous les jours quelqu'un , auquel
les Rebelles font fouffrir les plus cruels fupplices.
De la maniere dont ils s'y prennent , il n'y
a pas d'apparence qu'aucun puiffe échapper à leur
fureur. Enfin le 30. Septembre ils dépoferent le
G. S. qu'ils mirent en prifon , & ils éleverent fur
le Trône Sultan Mahmout , Prince de grande efperance,
& fous lequel on fe flate que les chofes
prendront une meilleure face .
Il faut avouer que le Sultan dépofé s'eſt attiré
lui-même fa difgrace par le peu de part qu'il prenoit
au Gouvernement , duquel il fe repofoit entierement
fur le G. V. celui- cy en faifoit autant
à l'égard de fon Kiaya , qui étoit l'homme du
monde le plus méchant. Les autres Seigneurs
fuivoient , à l'envi , l'exemple du Maître.
&
On dit que Patrona , Chef de la Revolte , veut
obliger le nouvel Empereur à demeurer à Andrinople
, & de faire la guerre aux Chrétiens ,
qu'en attendant il lui fait dire de demeurer tranquille
& de le laiffer faire. Enfin cet homme qui
n'avoit pas le fol il y a 8. jours , eft aujoud'hui
le Maître à Conftantinople ; il eſt monté fur un
Cheval de mille Piaftres,& jette les Sequins à pleiges
mains. Il fit hier un Capitan Pacha, & il vient
II. Vol.
2956 MERCURE DE FRANCE
aujourd'hui de lui faire couper la tête : il a faiɛ
auffi un G. V. mais il le menace de le faire
mourir , s'il ne lui trouve dans trois jours un
certain homme qu'il lui demande. On dit qu'on.
a trouvé trente-cinq millions dans les Coffres du
Capitan Pacha.
Conftantinople le 9. Octobre 1730 , au sujet
de la derniere Révolution arrivée dans
cette Ville.
JE
E ne veux pas , Monfieur , vous laiffer ignorer
un Evenement auffi fingulier qu'intereffant ,
dont nous venons d'être les témoins. Sur la fin
du mois dernier , les Janniffaires fe révolterent.
fous un Chef nommé Patrona , c'eft un homme
qui avoit dépensé tout fon petit argent à ſe ménager
un équipage pour fuivre l'Armée Turque ,
deftinée contre la Perfe ; voyant qu'elle ne partoit
point, il employa la derniere Piaftre qui lui reftoit
11. Vela
2954 MERCURE DE FRANCE
à l'achat d'un Mouton , dont il régala fes Camarades
, au nombre de 12. Janniffaires . Après le
Repas il leur dit : Vous venez de manger tout ce
qui me reftoit au monde , demain je n'aurai
pas de quoi payer une taffe de Caffé ; fi vous êtes
gens
à
vous procurer une meilleure fortune, il n'y
a qu'à m'aider à fecouer le joug. Le complot fut
à peine projetté , qu'il fut exccuté ; ces douze
convives fe répandirent dans la Ville , en criant
Liberté , & ils exciterent une fédition qui a eu
des fuites très-confiderables , comme vous allez
le voir.
Si le G. S. eût eu la prudence d'étouffer d'abord
cette émeute , ce qui étoit facile , il ne feroit pas
réduit à l'état où il eft aujourd'hui ; mais ayant
méprifé tous les avis qui lui furent donnez , il fe
contenta de quitter fon Serrail d'Afie , pour venir
occuper celui d'Europe , il s'y enferma avec quelques
Pieces de Canon & des munitions de bouche
& de guerre pour trois mois. A peine y fut-il
entré qu'il arbora le Pavillon Imperial, & promit
20. Piaftres à tous ceux qui viendroient ſe ranger
deffous.On étoit fi mécontent du Gouvernement,
que perfonne ne bougea.
Le lendemain les Janniffaires qui n'étoient pas
plus de 12. le jour précedent , furent renforcez
par les Rebelles qui quittoient l'Armée, & par la
populace qu'ils contraignirent d'entrer dans leur
parti , par des promeffes ou par de mauvais traitemens.
Quand les Mutins fe virent les maîtres , ils allerent
en tumulte à la porte du Serrail, demander
qu'on leur livrât le G. V. le Capitan Pacha & le
Kiaya; le Sultan eut la foibleffe de les faire étrangler
tous trois , & il envoya leurs corps aux Rebelles
, qui vinrent lui faire audacieuſement des
reproches de ce qu'il ne les leur avoit pas livrez
II. Vol. en
DECEMBRE. 1730. 2955
en vie, ajoutant que c'étoit à eux de les faire mourir.
Ils pendirent ces cadavres par les pieds , leur
firent mille indignitez & les abandonnerent enfin
aux chiens.
Le Mufti fut arrêté quelque temps après , on
lui donna la qualité de Pacha , pour effacer en
quelque maniere le caractere dont il étoit revêtu ,
on le décapita enfuite. Il n'eſt pas permis de faire
mourir un Mufti qu'il n'ait été auparavant dégradé.
Le nombre des Grands que les Rebelles ont
profcrit eft de 90. la plupart ont pris la fuite ;
mais on en arrête tous les jours quelqu'un , auquel
les Rebelles font fouffrir les plus cruels fupplices.
De la maniere dont ils s'y prennent , il n'y
a pas d'apparence qu'aucun puiffe échapper à leur
fureur. Enfin le 30. Septembre ils dépoferent le
G. S. qu'ils mirent en prifon , & ils éleverent fur
le Trône Sultan Mahmout , Prince de grande efperance,
& fous lequel on fe flate que les chofes
prendront une meilleure face .
Il faut avouer que le Sultan dépofé s'eſt attiré
lui-même fa difgrace par le peu de part qu'il prenoit
au Gouvernement , duquel il fe repofoit entierement
fur le G. V. celui- cy en faifoit autant
à l'égard de fon Kiaya , qui étoit l'homme du
monde le plus méchant. Les autres Seigneurs
fuivoient , à l'envi , l'exemple du Maître.
&
On dit que Patrona , Chef de la Revolte , veut
obliger le nouvel Empereur à demeurer à Andrinople
, & de faire la guerre aux Chrétiens ,
qu'en attendant il lui fait dire de demeurer tranquille
& de le laiffer faire. Enfin cet homme qui
n'avoit pas le fol il y a 8. jours , eft aujoud'hui
le Maître à Conftantinople ; il eſt monté fur un
Cheval de mille Piaftres,& jette les Sequins à pleiges
mains. Il fit hier un Capitan Pacha, & il vient
II. Vol.
2956 MERCURE DE FRANCE
aujourd'hui de lui faire couper la tête : il a faiɛ
auffi un G. V. mais il le menace de le faire
mourir , s'il ne lui trouve dans trois jours un
certain homme qu'il lui demande. On dit qu'on.
a trouvé trente-cinq millions dans les Coffres du
Capitan Pacha.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Constantinople le 9. Octobre 1730. au sujet de la derniere Révolution arrivée dans cette Ville.
Le 9 octobre 1730, une révolte éclata à Constantinople, menée par un homme nommé Patrona. Après avoir partagé un repas avec douze camarades, Patrona les incita à se révolter contre le gouvernement en criant 'Liberté'. Cette sédition se propagea rapidement dans la ville. Le Grand Vizir (G. V.) tenta de réprimer la révolte mais se réfugia dans le Serrail d'Europe avec des munitions, offrant 20 piastres à ses soutiens sans succès. Le lendemain, les rebelles, renforcés par des déserteurs et la populace, demandèrent la livraison du G. V., du Capitan Pacha et du Kiaya. Le Sultan ordonna leur exécution, mais les rebelles pendirent leurs cadavres et les abandonnèrent aux chiens. Le Mufti fut arrêté, dégradé et décapité. Les rebelles poursuivirent et exécutèrent cruellement de nombreux Grands. Le 30 septembre, ils déposèrent le Sultan, jugé indifférent au gouvernement, et le remplacèrent par Sultan Mahmout. Patrona, chef de la révolte, chercha à influencer le nouvel Empereur, accumulant richesse et pouvoir. Il nomma et exécuta des hauts fonctionnaires à sa guise. On découvrit également trente-cinq millions dans les coffres du Capitan Pacha.
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112
p. 2956-2957
« Des Lettres venues par l'Italie, écrites de Constantinople le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur [...] »
Début :
Des Lettres venues par l'Italie, écrites de Constantinople le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur [...]
Mots clefs :
Constantinople, Guerre, Sultan
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texteReconnaissance textuelle : « Des Lettres venues par l'Italie, écrites de Constantinople le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur [...] »
Des Lettres venues par l'Italie , écrites de Conftantinople
le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur
dans la date , portent que ce jour - là la Milice
étoit encore fous les armes , qu'elle avoit déclaré
qu'elle ne les poferoit pas avant qu'on eût
execute les promeffes qu'on lui avoit faites ; que
les] Troupes demandoient la guerre , que fur la
propofition qui leur avoit été faite de la faire aur
Perfans , les Janiffaires l'avoient rejettée , fous
prétexte qu'ils ne vouloient pas être féparez, qu'ils
le plaignoient fortement des injuftices faites par,
le dernier Gouvernement à Gianon - Coggia , qui
a été banni de la Cour , & dont ils demandent le
retour avec beaucoup d'inftances. Ces Lettres
ajoûtent qu'on a trouvé des Tréfors immenfes
dans les coffres du dernier Sultan , du G. V. du
Kiaya & du Kaimakan .
Les dernieres Lettres de Conftantinople, venues
auffi par l'Italie , portent qu'on avoit reçû avis
que l'Aga des Janniffaires s'étoit fauvé du côté
de la Morée , que le Mufti avoit été arrêté &
étranglé à deux journées de Conftantinople; que
les fils du Sultan dépofé , qui étoient reftez dans
le Camp de Scutari , avoient été arrêtez & renfermez
aux Sept Tours ; qu'on efperoit que la
guerre avec les Perfans feroit inceffamment terminée
par un Traité dont on avoit déja reçû les
Préliminaires ; que le nouveau Sultan gouvernoit
Les Sujets avec beaucoup de douceur , qu'il leur
faifoit rendre la juftice avec la plus grande exac-
II. Vol.
titude
DECEMBRE 1730. 2957
titude , & qu'il avoit menacé de faire punir de
mort les Juges qui prévariqueroient dans les fon-
Etions de leurs Charges.
le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur
dans la date , portent que ce jour - là la Milice
étoit encore fous les armes , qu'elle avoit déclaré
qu'elle ne les poferoit pas avant qu'on eût
execute les promeffes qu'on lui avoit faites ; que
les] Troupes demandoient la guerre , que fur la
propofition qui leur avoit été faite de la faire aur
Perfans , les Janiffaires l'avoient rejettée , fous
prétexte qu'ils ne vouloient pas être féparez, qu'ils
le plaignoient fortement des injuftices faites par,
le dernier Gouvernement à Gianon - Coggia , qui
a été banni de la Cour , & dont ils demandent le
retour avec beaucoup d'inftances. Ces Lettres
ajoûtent qu'on a trouvé des Tréfors immenfes
dans les coffres du dernier Sultan , du G. V. du
Kiaya & du Kaimakan .
Les dernieres Lettres de Conftantinople, venues
auffi par l'Italie , portent qu'on avoit reçû avis
que l'Aga des Janniffaires s'étoit fauvé du côté
de la Morée , que le Mufti avoit été arrêté &
étranglé à deux journées de Conftantinople; que
les fils du Sultan dépofé , qui étoient reftez dans
le Camp de Scutari , avoient été arrêtez & renfermez
aux Sept Tours ; qu'on efperoit que la
guerre avec les Perfans feroit inceffamment terminée
par un Traité dont on avoit déja reçû les
Préliminaires ; que le nouveau Sultan gouvernoit
Les Sujets avec beaucoup de douceur , qu'il leur
faifoit rendre la juftice avec la plus grande exac-
II. Vol.
titude
DECEMBRE 1730. 2957
titude , & qu'il avoit menacé de faire punir de
mort les Juges qui prévariqueroient dans les fon-
Etions de leurs Charges.
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Résumé : « Des Lettres venues par l'Italie, écrites de Constantinople le 13. Novembre, s'il n'y a point d'erreur [...] »
En novembre 1730, à Constantinople, des tensions politiques et militaires étaient palpables. Le 13 novembre, la milice refusait de déposer les armes tant que les promesses faites ne seraient pas tenues. Les troupes réclamaient la guerre, mais les janissaires avaient rejeté une campagne contre les Persans, préférant rester unis. Ils dénonçaient les injustices commises par le dernier gouvernement envers Gianon-Coggia, banni de la cour, et exigeaient son retour. Des trésors considérables ont été trouvés dans les coffres du dernier sultan, du grand vizir, du kiaya et du kaimakan. Par la suite, l'aga des janissaires s'était enfui en Morée, tandis que le mufti avait été arrêté et exécuté. Les fils du sultan déchu, restés dans le camp de Scutari, furent arrêtés et emprisonnés aux Sept Tours. Un traité de paix avec les Persans était en négociation. Le nouveau sultan gouvernait avec douceur, rendait la justice avec exactitude et menaçait de punir les juges corrompus.
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113
p. 2957-2958
RUSSIE.
Début :
Le bruit court à Moscou qu'il y a un nouveau Traité d'Alliance conclu entre la Czarine, [...]
Mots clefs :
Moscou, Vaisseaux, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
E bruit court à Mofcou qu'il y a un nouveau
Traité d'Alliance conclu entre la Czarine ,
l'Empereur & le Roi de Pruffe , par lequel ils
doivent fe donner des fecours mutuels en cas de
guerre.
S. M. Cz. a envoyé des ordres dans diverſes
Provinces pour faire des levées de Soldats , cette
Princeffe ayant réfolu d'augmenter les Troupes
ſes
de 60000. hommes.
Les Négociations qui fe font entre les Princes
du Nord , donnent beaucoup d'inquiétude, & l'on
craint qu'il n'y ait quelque Alliance entre ces
Puiffances , pour réduire cet Etat à fes anciennes
limites.
Le Duc de Liria , Ambaffadeur d'Eſpagne en
Ruffie , partit de Mofcou le 30. Novembre pour
retourner à la Cour du Roi Catholique. La Cza
rine a ordonné qu'on le défrayât jufqu'aux Frontieres
de la Pologne , ayant dirigé la route par
Warfovie. S. M. Cz. a affuré S. Ex. avant fon
départ , dans les termes les plus obligeans , qu'elle
étoit fort fatisfaite de fa conduite, & qu'elle ne
négligeroit rien pour conferver l'amitié du Roi
fon Maître , & qu'elle favoriferoit en toute occafion
le Commerce établi entre l'Eſpagne & la
Ruffie.
On a appris par Mofcou , que le Pacha de Babylone
qui avoit été obligé de ſe retirer vers
Bagdat avec les Troupes du G. S. qu'il commande
, avoit trouvé le moyen de figner un Traité
d'accommodement avec le Roi de Perfe , en pro-
11. Vol. mettant
2958 MERCURE DE FRANCE
mettant au nom de S. H. de fournir à ce Prince
les fecours néceffaires pour l'aider à reprendre
toutes les Places conquifes en Perfe par le feu
Czar Pierre I. & qu'il avoit dépêché un Exprès
à Conftantinople pour faire ratifier ce Traité
le nouveau Sultan.
par
Des Lettres de l'Ukraine , portent que les Turcs
font divers mouvemens de ce côté là , & que les
Tartares voifins ont reçû ordre de ſe joindre à
eux dans un mois ou fix femaines .
On mande auffi de Conftantinople, qu'on y chargeoit
un grand nombre de Barques de Munitions
de guerre , qu'elles devoient traverſer la Mer
Noire , & que le bruit couroit que tous les préparatifs
qu'on faifoit , étoient contre les Mofcovites.
Il a été ftipulé par le Traité de Commerce ,
que le Duc de Liria , Ambaſſadeur Extaordinaire
de S. M. Cath. a conclu à Mofcou , que tous les
Vaiffeaux Mofcovites , foit de guerre , foit Mar
chands , feront reçus dans les Ports d'Eſpagne
comme les Vaiffeaux des autres Nations ; que
ceux qui apporteront des Goudrons , des bois
propres à la conftruction des Vaiffeaux & d'autres
Marchandiſes convenables à la Marine , ne payeront
qu'un droit très-modique , & que les Vaiffeaux
Eſpagnols qui iront dans les Ports de Mofcovie
, jouiront de la même liberté & des mê→
mes franchiſes .
E bruit court à Mofcou qu'il y a un nouveau
Traité d'Alliance conclu entre la Czarine ,
l'Empereur & le Roi de Pruffe , par lequel ils
doivent fe donner des fecours mutuels en cas de
guerre.
S. M. Cz. a envoyé des ordres dans diverſes
Provinces pour faire des levées de Soldats , cette
Princeffe ayant réfolu d'augmenter les Troupes
ſes
de 60000. hommes.
Les Négociations qui fe font entre les Princes
du Nord , donnent beaucoup d'inquiétude, & l'on
craint qu'il n'y ait quelque Alliance entre ces
Puiffances , pour réduire cet Etat à fes anciennes
limites.
Le Duc de Liria , Ambaffadeur d'Eſpagne en
Ruffie , partit de Mofcou le 30. Novembre pour
retourner à la Cour du Roi Catholique. La Cza
rine a ordonné qu'on le défrayât jufqu'aux Frontieres
de la Pologne , ayant dirigé la route par
Warfovie. S. M. Cz. a affuré S. Ex. avant fon
départ , dans les termes les plus obligeans , qu'elle
étoit fort fatisfaite de fa conduite, & qu'elle ne
négligeroit rien pour conferver l'amitié du Roi
fon Maître , & qu'elle favoriferoit en toute occafion
le Commerce établi entre l'Eſpagne & la
Ruffie.
On a appris par Mofcou , que le Pacha de Babylone
qui avoit été obligé de ſe retirer vers
Bagdat avec les Troupes du G. S. qu'il commande
, avoit trouvé le moyen de figner un Traité
d'accommodement avec le Roi de Perfe , en pro-
11. Vol. mettant
2958 MERCURE DE FRANCE
mettant au nom de S. H. de fournir à ce Prince
les fecours néceffaires pour l'aider à reprendre
toutes les Places conquifes en Perfe par le feu
Czar Pierre I. & qu'il avoit dépêché un Exprès
à Conftantinople pour faire ratifier ce Traité
le nouveau Sultan.
par
Des Lettres de l'Ukraine , portent que les Turcs
font divers mouvemens de ce côté là , & que les
Tartares voifins ont reçû ordre de ſe joindre à
eux dans un mois ou fix femaines .
On mande auffi de Conftantinople, qu'on y chargeoit
un grand nombre de Barques de Munitions
de guerre , qu'elles devoient traverſer la Mer
Noire , & que le bruit couroit que tous les préparatifs
qu'on faifoit , étoient contre les Mofcovites.
Il a été ftipulé par le Traité de Commerce ,
que le Duc de Liria , Ambaſſadeur Extaordinaire
de S. M. Cath. a conclu à Mofcou , que tous les
Vaiffeaux Mofcovites , foit de guerre , foit Mar
chands , feront reçus dans les Ports d'Eſpagne
comme les Vaiffeaux des autres Nations ; que
ceux qui apporteront des Goudrons , des bois
propres à la conftruction des Vaiffeaux & d'autres
Marchandiſes convenables à la Marine , ne payeront
qu'un droit très-modique , & que les Vaiffeaux
Eſpagnols qui iront dans les Ports de Mofcovie
, jouiront de la même liberté & des mê→
mes franchiſes .
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Résumé : RUSSIE.
En Russie, des rumeurs évoquent un nouveau traité d'alliance entre la tsarine, l'empereur et le roi de Prusse, prévoyant des secours mutuels en cas de guerre. La tsarine a ordonné des levées de soldats pour augmenter ses troupes de 60 000 hommes. Les négociations entre les princes du Nord suscitent des inquiétudes, avec des craintes d'une alliance visant à réduire la Russie à ses anciennes limites. Le duc de Liria, ambassadeur d'Espagne en Russie, a quitté Moscou le 30 novembre pour retourner en Espagne. La tsarine l'a assuré de sa satisfaction quant à sa conduite et a promis de favoriser le commerce entre l'Espagne et la Russie. Par ailleurs, le pacha de Babylone a signé un traité avec le roi de Perse pour reprendre les places conquises par le tsar Pierre Ier. Des mouvements turcs et tartares sont signalés en Ukraine. À Constantinople, des barques sont chargées de munitions de guerre destinées à traverser la mer Noire, probablement contre les Moscovites. Un traité de commerce conclu par le duc de Liria stipule que les vaisseaux russes, qu'ils soient de guerre ou marchands, seront reçus dans les ports espagnols avec des droits modiques, et réciproquement pour les vaisseaux espagnols en Russie.
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114
p. 2958
POLOGNE.
Début :
Le Roy ayant résolu d'augmenter jusqu'à 400000. hommes les Troupes de l'Electorat [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
LE-Roy ayant réfolu d'augmenter jufqu'à
de Saxe , S. M. a envoyé fes ordres à Dreſde
pour y faire délivrer aux Officiers les fonds neceffaires
pour cette augmentation , & pour faire
remplir les Magazins de toutes fortes de munitions.
LE-Roy ayant réfolu d'augmenter jufqu'à
de Saxe , S. M. a envoyé fes ordres à Dreſde
pour y faire délivrer aux Officiers les fonds neceffaires
pour cette augmentation , & pour faire
remplir les Magazins de toutes fortes de munitions.
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115
p. 2959
SUEDE.
Début :
On assure qu'il a été signé à Stokolm, au commencement de ce mois, un Traité d'Alliance [...]
Mots clefs :
Traité d'alliance, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
N affure qu'il a été figné à Stokolm , an
commencement de ce mois, un Traité d'Alliance
deffenfive entre le Roi , le Roi de la Grande
Bretagne & le Duc de Brunfwik- Wolfembutel,
pour la confervation & défenſe mutuelle de leurs
Etats d'Allemagne. Suivant ce Traité , ces trois
Puiffances doivent raffembler dans la Baff: Saxe
un Corps de Troupes de 35000. hommes , & on
invitera les autres Puiffances voifines d'acceder à
ce Traité pour la fureté de leurs Etats.
Il a été réſolu dans le Conſeil du Roi , de faire
drefler une Lifte de tous les jeunes gens depuis 20
juſqu'à 36. ans , dans toutes les Vilies , Bourgs
& Villages de fes Etats d'Allemagne , on établira
pour cet effet des Magazins d'Armes dans les Arfenaux
de Caffel , de Ziegenheim & de Marpurg.
Le Miniftre du Roi à Warfovie , a écrit que le
Roi de Pologne avoit accordé aux Proteftans de
fon Royaume le libre exercice de leur Religion
& qu'ils efperoient que dans la prochaine Diete
generale on les remettroit en poff ffion des biens
qu'on leur a enlevez depuis 12. ou 15. ans.
N affure qu'il a été figné à Stokolm , an
commencement de ce mois, un Traité d'Alliance
deffenfive entre le Roi , le Roi de la Grande
Bretagne & le Duc de Brunfwik- Wolfembutel,
pour la confervation & défenſe mutuelle de leurs
Etats d'Allemagne. Suivant ce Traité , ces trois
Puiffances doivent raffembler dans la Baff: Saxe
un Corps de Troupes de 35000. hommes , & on
invitera les autres Puiffances voifines d'acceder à
ce Traité pour la fureté de leurs Etats.
Il a été réſolu dans le Conſeil du Roi , de faire
drefler une Lifte de tous les jeunes gens depuis 20
juſqu'à 36. ans , dans toutes les Vilies , Bourgs
& Villages de fes Etats d'Allemagne , on établira
pour cet effet des Magazins d'Armes dans les Arfenaux
de Caffel , de Ziegenheim & de Marpurg.
Le Miniftre du Roi à Warfovie , a écrit que le
Roi de Pologne avoit accordé aux Proteftans de
fon Royaume le libre exercice de leur Religion
& qu'ils efperoient que dans la prochaine Diete
generale on les remettroit en poff ffion des biens
qu'on leur a enlevez depuis 12. ou 15. ans.
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Résumé : SUEDE.
En Suède, un traité d'alliance défensive a été signé à Stockholm entre le roi de Suède, le roi de Grande-Bretagne et le duc de Brunswick-Wolfenbüttel. Ce traité vise à la conservation et à la défense mutuelle de leurs États en Allemagne. Les trois puissances doivent rassembler un corps de troupes de 35 000 hommes en Basse-Saxe et invitent les autres puissances voisines à adhérer à ce traité pour assurer la sûreté de leurs États. Par ailleurs, il a été décidé de dresser une liste de tous les jeunes gens âgés de 20 à 36 ans dans toutes les villes, bourgs et villages des États d'Allemagne. Des magasins d'armes seront établis dans les arsenaux de Cassel, de Ziegenheim et de Marpurg. En Pologne, le roi a accordé aux protestants le libre exercice de leur religion. Ils espèrent que lors de la prochaine diète générale, les biens qui leur ont été enlevés au cours des 12 à 15 dernières années leur seront restitués.
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116
p. 2959-2960
DANNEMARCK.
Début :
On a découvert aux environs de Konigsberg en Norwege une Mine d'argent dont les [...]
Mots clefs :
Roi, Officiers, Corps du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK.
DANNEM ARC K.
Na découvert aux environs de Konigsberg
en Norwege une Mine d'argent dont les
produits font trés-confiderables.
Le Corps du teu Roy fut porté le 13. du mois
dernier d'Odenfée à la Fregate qui devoit le tranfporter
en Zelande , au bruit de plufieurs décharges
d'artillerie. Les Seigneurs de la Cour & les
Officiers de ce Prince s'embarquerent fur divers
Batinens , & pafferent le Belt en trés- peu de
! 11. Vol. 1 tems
2960 MERCURE DE FRANCE
temps. Auffi - tôt que la Fregate eut jetté l'ancre ,
le Corps du Roy fut reçu à terre par un étachement
de Cavalerie , qui le conduifit à Rofchild
, où eſt la Sepulture des Rois de Dannemarck.
La marche du Convoi commença dans la
Ville par un Eſcadron des Gardes à cheval , qui
étoit fuivi de 34. Caroffes de deuil , où étoient les
Chevaliers de l'Ordre de l'Elephant , & de l'Ordre
de Dannebrock , des Pages du Roy , des
Trompettes & des Hautbois de S. M. de plufieurs
Officiers portant des Drapeaux & des Etendarts
aux Armes des differentes Provinces de ce Royau
me , & de trois Lieutenans Colonels qui portoient
le grand Etendart Royal. Le Corps du feu Roy
étoit dans un Carofle à huit chevaux , précedé
du Grand - Maréchal de la Cour , du Grand-
Chambellan , & du Grand- Ecuyer. Le Roy qui
s'y etoit rendu pour recevoir le Corps à la Porte
-de l'Eglife , revint à Copenhague aprés la ceremonie.
Na découvert aux environs de Konigsberg
en Norwege une Mine d'argent dont les
produits font trés-confiderables.
Le Corps du teu Roy fut porté le 13. du mois
dernier d'Odenfée à la Fregate qui devoit le tranfporter
en Zelande , au bruit de plufieurs décharges
d'artillerie. Les Seigneurs de la Cour & les
Officiers de ce Prince s'embarquerent fur divers
Batinens , & pafferent le Belt en trés- peu de
! 11. Vol. 1 tems
2960 MERCURE DE FRANCE
temps. Auffi - tôt que la Fregate eut jetté l'ancre ,
le Corps du Roy fut reçu à terre par un étachement
de Cavalerie , qui le conduifit à Rofchild
, où eſt la Sepulture des Rois de Dannemarck.
La marche du Convoi commença dans la
Ville par un Eſcadron des Gardes à cheval , qui
étoit fuivi de 34. Caroffes de deuil , où étoient les
Chevaliers de l'Ordre de l'Elephant , & de l'Ordre
de Dannebrock , des Pages du Roy , des
Trompettes & des Hautbois de S. M. de plufieurs
Officiers portant des Drapeaux & des Etendarts
aux Armes des differentes Provinces de ce Royau
me , & de trois Lieutenans Colonels qui portoient
le grand Etendart Royal. Le Corps du feu Roy
étoit dans un Carofle à huit chevaux , précedé
du Grand - Maréchal de la Cour , du Grand-
Chambellan , & du Grand- Ecuyer. Le Roy qui
s'y etoit rendu pour recevoir le Corps à la Porte
-de l'Eglife , revint à Copenhague aprés la ceremonie.
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Résumé : DANNEMARCK.
Le texte relate deux événements historiques distincts. Premièrement, il mentionne la découverte d'une mine d'argent près de Konigsberg en Norvège, dont les produits sont très considérables. Deuxièmement, il décrit le transfert du corps du roi de Dannemarck. Le 13 du mois précédent, le corps du roi a été transporté d'Odenfée à une frégate, qui devait le transporter en Zelande, au son de plusieurs décharges d'artillerie. Les seigneurs de la cour et les officiers du prince se sont embarqués sur divers bateaux et ont traversé le Belt en peu de temps. Une fois la frégate ancrée, le corps du roi a été accueilli à terre par un détachement de cavalerie, qui l'a conduit à Roschild, où se trouve la sépulture des rois de Dannemarck. La procession funéraire a commencé dans la ville avec un escadron des Gardes à cheval, suivi de 34 carrosses de deuil. Ces carrosses transportaient les Chevaliers de l'Ordre de l'Éléphant et de l'Ordre de Dannebrock, des pages du roi, des trompettes et des hautbois de Sa Majesté, ainsi que plusieurs officiers portant des drapeaux et des étendards aux armes des différentes provinces du royaume. Trois lieutenants-colonels portaient le grand étendard royal. Le corps du défunt roi était placé dans un carrosse à huit chevaux, précédé du Grand-Maréchal de la Cour, du Grand-Chambellan et du Grand-Écuyer. Le roi, qui s'était rendu à la porte de l'église pour recevoir le corps, est retourné à Copenhague après la cérémonie.
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117
p. 2960-2961
ALLEMAGNE.
Début :
On écrit de Vienne qu'on a envoyé au Roy d'Angleterre, comme Electeur d'Hanover, [...]
Mots clefs :
Duché de Mecklembourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N écrit de Vienne qu'on a envoyé au Roy
O agile de V, cone a au
& au Duc de Brunſwick- Woltembutel , un Refcript
Imperial , concernant les affaires du Duché
de Meckelbourg , par lequel ces Princes font priés
de repréfenter au Duc Charles Leopold les fuites fâcheufes
de fa longue defobéiflance aux Refcripts de
P'Empereur,&de faire leurs efforts pour l'engager à
fe foumettre fans aucune reſtriction , d'empêcher
que les peuples du Duché de Meckelbourg ne
foient ruinez par les véxations des troupes d'execution
, & a'employer toutes fortes de moyens
pour mettre à l'abri de toutes violences le Duc
Chrétien Louis , fa Famille , & la Nobleffe qui
luy eft affectionnée,
II. Vole Оп
DECEMBRE . 1730. 2961
On a reçu avis de Roftock , depuis la publica
tion de ce Decret , que la Nobleffe & les Etats du
Duché de Mekelbourg devoient s'aſſembler au
commencement de l'année prochaine , pour déliberer
fur les affaires du Duché , conformément
aux intentions de S. M. Imp .
On a auffi reçu avis de Conftantinople , que le
G. S. avoit refolu de renforcer de 40000. homines
les garnifons qui font fur les frontieres de
Tranfilvanie , & de faire marcher au Printems
prochain , vers les mêmes Frontieres , une armée
de 150. mille hommes .
On a appris d'Hanover que S. M. Brit. auroit
dans cet Electorat au Printems prochain 34000.
hommes , non compris la Milice & les Compagnies
d'Invalides qui font diftribuées dans divers
endroits.
On écrit de Dantzick que le Roi de Pologne
avoit refufé le paffage par ce Royaume aux
30000. Mofcovites que la Czarine a promis de
fournir à l'Empereur en cas de guerre.
N écrit de Vienne qu'on a envoyé au Roy
O agile de V, cone a au
& au Duc de Brunſwick- Woltembutel , un Refcript
Imperial , concernant les affaires du Duché
de Meckelbourg , par lequel ces Princes font priés
de repréfenter au Duc Charles Leopold les fuites fâcheufes
de fa longue defobéiflance aux Refcripts de
P'Empereur,&de faire leurs efforts pour l'engager à
fe foumettre fans aucune reſtriction , d'empêcher
que les peuples du Duché de Meckelbourg ne
foient ruinez par les véxations des troupes d'execution
, & a'employer toutes fortes de moyens
pour mettre à l'abri de toutes violences le Duc
Chrétien Louis , fa Famille , & la Nobleffe qui
luy eft affectionnée,
II. Vole Оп
DECEMBRE . 1730. 2961
On a reçu avis de Roftock , depuis la publica
tion de ce Decret , que la Nobleffe & les Etats du
Duché de Mekelbourg devoient s'aſſembler au
commencement de l'année prochaine , pour déliberer
fur les affaires du Duché , conformément
aux intentions de S. M. Imp .
On a auffi reçu avis de Conftantinople , que le
G. S. avoit refolu de renforcer de 40000. homines
les garnifons qui font fur les frontieres de
Tranfilvanie , & de faire marcher au Printems
prochain , vers les mêmes Frontieres , une armée
de 150. mille hommes .
On a appris d'Hanover que S. M. Brit. auroit
dans cet Electorat au Printems prochain 34000.
hommes , non compris la Milice & les Compagnies
d'Invalides qui font diftribuées dans divers
endroits.
On écrit de Dantzick que le Roi de Pologne
avoit refufé le paffage par ce Royaume aux
30000. Mofcovites que la Czarine a promis de
fournir à l'Empereur en cas de guerre.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En décembre 1730, l'empereur a adressé un réquisitoire aux rois de Vienne, de Prusse et au Duc de Brunswick-Wolfenbüttel concernant le Duché de Meckelbourg. Ce document demande à ces princes de convaincre le Duc Charles Léopold de se soumettre aux ordres impériaux pour éviter la ruine des peuples du duché par les vexations des troupes d'exécution. Il est également demandé de protéger le Duc Chrétien Louis, sa famille et la noblesse fidèle. La noblesse et les États du Duché de Meckelbourg doivent se réunir au début de l'année suivante pour délibérer sur les affaires du duché, conformément aux intentions de l'empereur. À Constantinople, le Grand Sultan a décidé de renforcer les garnisons aux frontières de Transylvanie de 40 000 hommes et de préparer une armée de 150 000 hommes pour le printemps. À Hanover, le roi de Grande-Bretagne disposera de 34 000 hommes au printemps, sans compter la milice et les compagnies d'invalides. Enfin, le roi de Pologne a refusé le passage à travers son royaume aux 30 000 Moscovites promis par la tsarine à l'empereur en cas de guerre.
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118
p. 2961-2963
ITALIE.
Début :
Le 30. Novembre les Peres de la Compagnie de Jesus élurent pour leur General le Pere [...]
Mots clefs :
Cardinal, Abbé, Pape
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
E 30. Novembre les Peres de la Compagnie
de Jefus élurent pour leur General le Pere
François Res , du Royaume de Bohéme , âgé de
54. ans ; il exerçoit la Charge de Vicaire Genéral
de leur Ordre depuis la mort de leur préce
dent General.
On a affiché un ordre du Pape , figné par le
Cardinal Secretaire d'Etat , par lequel M. Cofcia,
Evêque Titulaire de Targa , eft cité à comparoître
dans un mois aux pieds de S. S à peine de
fufpenfion à divinis , de l'entrée de l'Eglife &
de faifie de tous fes revenus Ecclefiaftiques ; fi
dans le fecond mois il n'a pas encore company ,
}
19
II. Vol. Loij tous
2962 MERCURE DE FRANCE
tous les Benefices feront impetrables , & s'il continue
ae defobéir jufqu'au troifiéme mois , il encourera
l'excommunication majeure , & fera privé
de la Dignité Epifcopale.
Le Cardinal de Polignac eft allé à Orviette tenir
fur les Fonts de Baptême , au nom du Roi
T. Ch. le fils du Marquis Gualterio , & il doit
remettre à la Mere de l'enfant un portrait de
$. M. T. Ch . enrichi de diamans .
Le 11. Decembre , il y eut dans l'Antichambre
du Pape un Confiftoire fecret , dans lequel
S. S. propofa fix nouveaux Evêques , après quoi
elle nomma le Cardinal Aldobrandini à la Lega.
tion de Bologne ; le Cardinal Grimaldi à celle
de Ferrare & le Cardinal Maffei à celle de la
Romagne.
L'affaire du Grand - Prieur de Rome a été décidée
en faveur du Cardinal Cibo , mais le Pape
ayant voulu charger ce Prieuré d'une penfion
confiderable , affectée à l'entretien des Galeres
de Malte , ce Cardinal s'en eſt démis entre les
mains de S. S. qui l'a donné au Cardinal Rufpoli
, à la charge d'une penfion pour le Cardinal
Cibo.
Dans le Confiftoire du 11. de ce mois le Cardinal
Ottoboni , Protecteur des affaires de France
, propofa l'Evêché de Mirepoix pour le Pere
Boyer , Théatin , l'Abbaye de S. Etienne de Bal
fac Ordre de S. Benoît , Diocèle de Saintes
pour l'Abbé de la Vigerie ; il préconifa enfuite
' Abbé de Vaugirauld , pour l'Evêché d'Angers,
dont il étoit Grand- Vicaire.
Dans le Confiftoire du 18. le même Cardinal
propofa Evêché de Carcaffonne & l'Abbaye
de la Graffe dans le même Diocèfe , pour l'Abbé
de Bezons , & l'ivêché d'Angers pour l'Abbé
de Vaugirauld. Il préconifa l'Abbé de Forbin
,
11. Vol
d'Oppede
DECEMBRE. 1730. 2963
d'Oppede , Aumônier du Roi T. Ch. pour l'Abbaye
de S. Florent- lez - Saumur , Diocèſe d'An
gers.
On a appris que le peuple de Benevent s'étoit
attroupé , & que malgré les défenſes il avoit arraché
du Portail du Palais Archiepifcopal les
Armes du Cardinal Coſcia. On mande de Rome
que ce Cardinal n'offrant fa démiffion de l'Archevêché
de Benevent qu'à condition de retenir
deffus une penfion de 3000. écus , & de conferver
la collation des Benefices qui en dépendent,
fa démiffion n'a point été acceptée. Le bruit
court qu'en cas que ce Cardinal foit forcé de
fe demettre fans referve de cet Archevêché , il
fera donné au Cardinal Grimaldi.
On mande de Genes que M. Jerôme Venerofo
qui étoit allé dans l'Ile de Corfe en qualité
de Commiffaire de la République , eft revenu
à Genes avec les deux Galeres qui l'avoient
accompagné , & l'on croit que M. Camille Doria
ira en fa place dans cette Ifle , d'où l'on
mande que les Revoltés des Montagnes s'étoient
retirés dans leurs habitations , après avoir
remis leurs armes dans des Magazins publics
E 30. Novembre les Peres de la Compagnie
de Jefus élurent pour leur General le Pere
François Res , du Royaume de Bohéme , âgé de
54. ans ; il exerçoit la Charge de Vicaire Genéral
de leur Ordre depuis la mort de leur préce
dent General.
On a affiché un ordre du Pape , figné par le
Cardinal Secretaire d'Etat , par lequel M. Cofcia,
Evêque Titulaire de Targa , eft cité à comparoître
dans un mois aux pieds de S. S à peine de
fufpenfion à divinis , de l'entrée de l'Eglife &
de faifie de tous fes revenus Ecclefiaftiques ; fi
dans le fecond mois il n'a pas encore company ,
}
19
II. Vol. Loij tous
2962 MERCURE DE FRANCE
tous les Benefices feront impetrables , & s'il continue
ae defobéir jufqu'au troifiéme mois , il encourera
l'excommunication majeure , & fera privé
de la Dignité Epifcopale.
Le Cardinal de Polignac eft allé à Orviette tenir
fur les Fonts de Baptême , au nom du Roi
T. Ch. le fils du Marquis Gualterio , & il doit
remettre à la Mere de l'enfant un portrait de
$. M. T. Ch . enrichi de diamans .
Le 11. Decembre , il y eut dans l'Antichambre
du Pape un Confiftoire fecret , dans lequel
S. S. propofa fix nouveaux Evêques , après quoi
elle nomma le Cardinal Aldobrandini à la Lega.
tion de Bologne ; le Cardinal Grimaldi à celle
de Ferrare & le Cardinal Maffei à celle de la
Romagne.
L'affaire du Grand - Prieur de Rome a été décidée
en faveur du Cardinal Cibo , mais le Pape
ayant voulu charger ce Prieuré d'une penfion
confiderable , affectée à l'entretien des Galeres
de Malte , ce Cardinal s'en eſt démis entre les
mains de S. S. qui l'a donné au Cardinal Rufpoli
, à la charge d'une penfion pour le Cardinal
Cibo.
Dans le Confiftoire du 11. de ce mois le Cardinal
Ottoboni , Protecteur des affaires de France
, propofa l'Evêché de Mirepoix pour le Pere
Boyer , Théatin , l'Abbaye de S. Etienne de Bal
fac Ordre de S. Benoît , Diocèle de Saintes
pour l'Abbé de la Vigerie ; il préconifa enfuite
' Abbé de Vaugirauld , pour l'Evêché d'Angers,
dont il étoit Grand- Vicaire.
Dans le Confiftoire du 18. le même Cardinal
propofa Evêché de Carcaffonne & l'Abbaye
de la Graffe dans le même Diocèfe , pour l'Abbé
de Bezons , & l'ivêché d'Angers pour l'Abbé
de Vaugirauld. Il préconifa l'Abbé de Forbin
,
11. Vol
d'Oppede
DECEMBRE. 1730. 2963
d'Oppede , Aumônier du Roi T. Ch. pour l'Abbaye
de S. Florent- lez - Saumur , Diocèſe d'An
gers.
On a appris que le peuple de Benevent s'étoit
attroupé , & que malgré les défenſes il avoit arraché
du Portail du Palais Archiepifcopal les
Armes du Cardinal Coſcia. On mande de Rome
que ce Cardinal n'offrant fa démiffion de l'Archevêché
de Benevent qu'à condition de retenir
deffus une penfion de 3000. écus , & de conferver
la collation des Benefices qui en dépendent,
fa démiffion n'a point été acceptée. Le bruit
court qu'en cas que ce Cardinal foit forcé de
fe demettre fans referve de cet Archevêché , il
fera donné au Cardinal Grimaldi.
On mande de Genes que M. Jerôme Venerofo
qui étoit allé dans l'Ile de Corfe en qualité
de Commiffaire de la République , eft revenu
à Genes avec les deux Galeres qui l'avoient
accompagné , & l'on croit que M. Camille Doria
ira en fa place dans cette Ifle , d'où l'on
mande que les Revoltés des Montagnes s'étoient
retirés dans leurs habitations , après avoir
remis leurs armes dans des Magazins publics
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Résumé : ITALIE.
Le 30 novembre, les Jésuites élurent François Res comme nouveau Général. Le Cardinal Secrétaire d'État convoqua Mgr Coscia, Évêque de Targa, à comparaître devant le Pape sous peine de suspension et d'excommunication. Le Cardinal de Polignac baptisa le fils du Marquis Gualterio et remit un portrait du Roi à la mère. Le 11 décembre, un consistoire secret nomma les Cardinaux Aldobrandini, Grimaldi et Maffei aux légations de Bologne, Ferrare et Romagne. L'affaire du Grand-Prieuré de Rome fut résolue en faveur du Cardinal Cibo, qui transmit ensuite cette charge au Cardinal Ruspoli. Le Cardinal Ottoboni proposa plusieurs postes ecclésiastiques, dont l'évêché de Mirepoix, l'abbaye de Saint-Étienne de Baulge, et l'évêché d'Angers. Lors du consistoire du 18 décembre, il proposa l'évêché de Carcassonne, l'abbaye de la Grave, et l'abbaye de Saint-Florent-lez-Saumur. À Benevent, la population enleva les armes du Cardinal Coscia du portail du Palais Archépiscopal. On murmurait que l'archevêché pourrait être donné au Cardinal Grimaldi si Coscia démissionnait. À Gênes, Jérôme Veneroso revint de Corse avec deux galères, et Camille Doria était attendu pour le remplacer. Les rebelles des montagnes avaient remis leurs armes dans des magasins publics.
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119
p. 2963
ESPAGNE.
Début :
Quelques Troupes du Roy sont occupées à revêtir le retranchement qui empêche la [...]
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
QTelques Troupes du Roy font occupées à
revêtir le retranchement qui empêche la
Contrebande qu'on pourroit faire de Gibraltar
dans l'intérieur du Pays , & à conſtruire un Fort
à la pointe Occidentale de la Baye de Gibraltar
QTelques Troupes du Roy font occupées à
revêtir le retranchement qui empêche la
Contrebande qu'on pourroit faire de Gibraltar
dans l'intérieur du Pays , & à conſtruire un Fort
à la pointe Occidentale de la Baye de Gibraltar
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120
p. 2963-2964
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a arrêté depuis peu à Winchester un Gentilhomme, d'une des plus anciennes Familles [...]
Mots clefs :
Enfants, Morts
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
Orilhomme, d'une des plus anciennes Familles
Na arrêté depuis peu à Wincheſter un Gendu
Comté de Warwick , & un Lieutenant d'un
II. Vol. Vaif-
I iij
2964 MERCURE DE FRANCE
Vaiffeau de Guerre du Roy , accufez d'avoir fait
deux vols de grand chemin.
On mande de Dublin , du z 5 du mois dernier
que ce jour-là le fieur Richard Johnfton , frere
d'un fameux Avocat , & le fieur Jean Porter , fils
aîné de M. Porter , Alderman de cette Ville,&
cy devant Maire , y avoient été exécutez pour
meurtre, quoiqu'ï's euffent nié le fait juſques à la
-mort; & que peu après leur exécution , il y arriva
un répit pour 40 jours , du Duc de Dorfet ,
Viceroy d'Irlande , mais trop tard , au grand
regret de tous les Spectateurs , qui étoient extrê
mement touchez du malheur de ces deux Gentilshommes
.
Suivant l'Extrait des Regiftres Baptiftaires &
Mortuaires des Paroiffes de Londres , on a bap-
-tifé pendant l'année 1730., tant dans cette Ville ,
que dans les dépendances de Weftminſter 8606
garçons , & 812. filles , ce qui fait en tout
17118 enfans. Il eft mort pendant la même an.
née 13306 hommes ou enfans , & 13455 femmes
ou filles . Le nombre des morts eft moindre que
celui de l'année précedente de 2951, Dans le
nombre des morts de cette année, il y en a 10368
au deffous de l'âge de 2 ans , 2448. entre 2 & 5
ans , 1092 entre 5 & 10 ans , 901. entre 10 &
entre 30
20 ans , 2048. entre 20 & 30. 2471
40. 2373. entre 40 & 50. 1713. entre 50 & 60.
1577. entre 60 & 70. 1001. entre 70 & 80.
622. entre 80 & 90. 138. entre 90 & 100. 22
101 ans. 2 à 103. ans. 3 à 104. & un à 105 .
Orilhomme, d'une des plus anciennes Familles
Na arrêté depuis peu à Wincheſter un Gendu
Comté de Warwick , & un Lieutenant d'un
II. Vol. Vaif-
I iij
2964 MERCURE DE FRANCE
Vaiffeau de Guerre du Roy , accufez d'avoir fait
deux vols de grand chemin.
On mande de Dublin , du z 5 du mois dernier
que ce jour-là le fieur Richard Johnfton , frere
d'un fameux Avocat , & le fieur Jean Porter , fils
aîné de M. Porter , Alderman de cette Ville,&
cy devant Maire , y avoient été exécutez pour
meurtre, quoiqu'ï's euffent nié le fait juſques à la
-mort; & que peu après leur exécution , il y arriva
un répit pour 40 jours , du Duc de Dorfet ,
Viceroy d'Irlande , mais trop tard , au grand
regret de tous les Spectateurs , qui étoient extrê
mement touchez du malheur de ces deux Gentilshommes
.
Suivant l'Extrait des Regiftres Baptiftaires &
Mortuaires des Paroiffes de Londres , on a bap-
-tifé pendant l'année 1730., tant dans cette Ville ,
que dans les dépendances de Weftminſter 8606
garçons , & 812. filles , ce qui fait en tout
17118 enfans. Il eft mort pendant la même an.
née 13306 hommes ou enfans , & 13455 femmes
ou filles . Le nombre des morts eft moindre que
celui de l'année précedente de 2951, Dans le
nombre des morts de cette année, il y en a 10368
au deffous de l'âge de 2 ans , 2448. entre 2 & 5
ans , 1092 entre 5 & 10 ans , 901. entre 10 &
entre 30
20 ans , 2048. entre 20 & 30. 2471
40. 2373. entre 40 & 50. 1713. entre 50 & 60.
1577. entre 60 & 70. 1001. entre 70 & 80.
622. entre 80 & 90. 138. entre 90 & 100. 22
101 ans. 2 à 103. ans. 3 à 104. & un à 105 .
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, deux individus, un gentilhomme du comté de Warwick et un lieutenant de vaisseau de guerre, ont été arrêtés à Winchester pour des vols de grand chemin. À Dublin, Richard Johnston et Jean Porter ont été exécutés pour meurtre le 25 du mois précédent, malgré leurs dénégations. Un répit du Duc de Dorset est arrivé trop tard. En 1730, à Londres, 8606 garçons et 812 filles ont été baptisés, totalisant 17118 enfants. La même année, 13306 hommes ou enfants et 13455 femmes ou filles sont décédés, soit 2951 de moins que l'année précédente. Les décès étaient répartis selon les tranches d'âge suivantes : 10368 enfants de moins de 2 ans, 2448 entre 2 et 5 ans, 1092 entre 5 et 10 ans, 901 entre 10 et 20 ans, 2048 entre 20 et 30 ans, 2471 entre 30 et 40 ans, 2373 entre 40 et 50 ans, 1713 entre 50 et 60 ans, 1577 entre 60 et 70 ans, 1001 entre 70 et 80 ans, 622 entre 80 et 90 ans, 138 entre 90 et 100 ans, 2 à 101 ans, 3 à 104 ans et 1 à 105 ans.
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121
p. 2965
MARIAGES des Païs Etrangers.
Début :
Le Mariage du Duc de Guastella, avec la Princesse Marie Eléonore de Holstein-Weissembourg [...]
Mots clefs :
Princesse, Baron, Prince, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGES des Païs Etrangers.
MARIAGES
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
des Pais Etrangers.
LE Mariage du Duc de Guaftella , avec la Princeffe
Marie Eléonore de Holftein - Weiffembourg
a été conclu à Vienne depuis peu, avec l'agrément
de l'Empereur.
On mande de Turin que le Baron de Sthall
Confeiller Privé de l'Electeur Palatin , y étoit arrivé
avec les pleins pouvoirs du Prince hereditaire
de Sultzbach , pour la conclufion du Mariage de
ce Prince avec la Princeffe de Heffe - Rheinfels .
foeur de la Reine de Sardaigne, & de la Princeffe,
Epoufe du Duc de Bourbon ; que le 8 de ce mois
les articles de Mariage avoient été fignez par
cette Princeffe & par le Baron de Sthall , au nom
du Pr.'de Sultzbach , en prefence du Roy , de la
Reine de Sardaigne & des principaux Seigneurs
de la Cour , que le 9 , cet Envoyé avoit preſenté
à la Princeffe une Caffette pleine de Bijoux ; que
le. 20 , jour deſtiné pour la cérémonie dn mariage
, la Princeffe de Heffe , conduite par le Baron
de Sthall , s'étoit rendue à la grande Salle du Palais
, où l'Archevêque de Turin leur avoit donné
la Benediction nuptiale ; que le foir il y avoit eu
un Feftin, & enfuite un Bal magnifique dans l'ap
partement de la Princeffe de Sultzbach ; que le 21
elle avoit pris congé de L. M. & que le 22. elle
étoit partie pour fe rendre à Manheim,
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Résumé : MARIAGES des Païs Etrangers.
Le texte décrit deux mariages de princes étrangers. Le premier est celui du Duc de Guaftella avec la Princesse Marie Eléonore de Holftein-Weiffembourg, approuvé par l'Empereur à Vienne. Le second concerne le mariage du Prince héritier de Sultzbach avec la Princesse de Heffe-Rheinfels, fille de la Reine de Sardaigne et sœur du Duc de Bourbon. Le Baron de Sthall, conseiller privé de l'Électeur Palatin, a représenté le Prince de Sultzbach à Turin. Le 8 du mois, les articles de mariage ont été signés en présence du Roi, de la Reine de Sardaigne et des principaux seigneurs de la cour. Le 9, le Baron a offert des bijoux à la Princesse. Le mariage a eu lieu le 20, bénit par l'Archevêque de Turin, suivi d'un festin et d'un bal. Le 21, la Princesse de Sultzbach a pris congé du Roi et est partie pour Manheim le 22.
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122
p. 149-152
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On a reçu avis d'une suspension d'armes entre les Persans [...]
Mots clefs :
Turquie, Perse, Armistice, Bagdad, Constantinople, Janissaires, Révolte, Diplomatie
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texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
ON
Na reçu avis d'une suspension d'armes
entre les Persans et les Turcs ; et l'on ne
croyoit pas que l'armée du Roy de Perse , qui
est campée auprès de Bagdat , fit aucun mouvement
que vers le Printems prochain. '
D'autres Lettres de Perse portent que le Prince
Thamas étoit toujours devant Babilone , avec
son armée ; que le Pacha de cette Ville lui avoit
fait faire des propositions fort avantageuses pour
l'engager à conclure la paix avec la Porte ; mais
que ce Prince , sans les rejetter ni les accepter ,
avoic
150 MERCURE DE FRANCE
avoit déclaré qu'il ne se détermineroit qu'après le
retour d'un Exprès qu'on avoit envoyé à Constantinople
; et qu'en attendant , il tenoit tou .
jours la Ville et les Turcs qui campent sous les
remparts , étroitement bloquez , sans permettre
qu'on y porte aucuns vivres. Il y a quantité d'Etrangers
parmi les Troupes du Roy de Perse.On
y observe aujourd'hui une espece de Discipline ,
qui approche beaucoup de celle des Chrétiens , et
qui étoit inconnue jusques icy aux Persans.
L'Armée de ce Prince est commandée par un
General , qui est aussi son premier Ministre.
C'est un homme des plus intrépides et fort sage,
il est originaire du Daghestan , d'une basse naissance
, et connu sous le nom de Thamas Koulikan,
qu'il a pris depuis qu'il s'est attaché au service
du Roy de Perse ; ce nom signifie le Kan ,
Esclave du Pr. Thamas : c'est lui qui a défait
entierement le Parti d'Acheraf ; et les Persans
P'appellent le Restaurateur de la Perse.
Les Lettres de Constantinople , de la fin du
mois de Novembre dernier , venues par l'Italie,
portent que le 21 du même mois, les Milices
et les Janissaires ayant repris les Armes ,
se rendirent Maîtres de toutes les Places de
la Ville , et poserent des Sentinelles aux avenues
des principales rues et du Port , pour empêcher
le pillage des Magazins et des Boutiques des Marchands
, et on entendit pendant ce jour- là et le
lendemain des cris de´guerre dans differens quartiers.
Le G. V. envoya le 22 , après midi , un de
ses principaux Officiers , dire à ces mutins , que
puisqu'ils avoient tant envie de combattre , ils
n'avoient qu'à traverser le Canal, et joindre l'Armée
qui avoit été assemblée pour faire la
Guerre au Roy de Perse . Cette proposition fut
rejettée avec hauteur et même avec menaces ; les
plus
JANVIER. 1731 .
plus hardis d'entre les Janissaires et les Spahis.
ayant fait entendre , en agitant l'air de leurs
Sabres , qu'ils ne se sépareroient point , et que si
la paix n'étoit pas faite dans deux mois avec les
Persans , ils la concluroient eux -mêmes , et la
signeroient du sang des Principaux de l'Empire ,
puisqu'ils n'avoient déposé le Sultan Achmet III.
que pour l'honneur de la Religion de Mahomet;
ajoutant qu'en les laissant unis , ils marcheroient
de quelque côté qu'on voudroit les conduire
excepté contre leurs freres Musulmans.
>
Le 23 , les Janissaires allerent jusqu'aux Portes
du Serrail , et firent demander à S. H. de
rappeller Cianum -Coggia qui avoit été relegué
par le Gouvernement précedent , dans une Terre
près de Salonique, et de le rétablir dans sa Charge
de Capitan Pacha , ce que le G.S. fit exécuter sur
le champ , en lui dépêchant un Chiaoux pour lui
porter ses Lettres de rappel. Cet Amiral étant
revenu le 26 avec toute sa famille , fut reçu du
G. S. avec beaucoup d'accueil , et renvoyé à son
poste , où par ordre de S. H. il a fait reprendre
la construction de plusieurs Sultanes et Vaisseaux
de Guerre qu'on avoit abandonnés depuis la révolution.
Le 27. les mêmes Janissaires retournerent au
Serrail , et demanderent une récompense pour
leur Chef, que le G. S. fit le même jour Pacha à
trois Queues & Gouverneur de Nizza. Ayant reçû
de S. H. toutes les graces qu'ils demandoient,
ils quitterent les armes et se retirerent dans leurs
quartiers.
Le bruit court que le G S. est déterminé à envoyer
des Agas à Vienne , à Moscou , à Varsovie
et à Venise , pour y donner part de son avenement
au Trône.
On fouille actuellement dans les Jardins des.
principaux
152 MERCURE DE FRANCE .
principaux Ministres du dernier Gouvernement
pour en tirer les sommes qu'on croit y avoir été
cachées.
Ces Lettres ajoûtent qu'il étoit arrivé à Andrinople
12000. hommes d'Infanterie , envoyez
par les Pachas de Dalmatie et de Bosnie ; que le
bruit couroit que chaque Corps de Janissaires
qui n'étoit que de 4000. hommes , seroit aug.
menté jusqu'à 6000. qu'on faisoit de grands préparatifs
de guerre dans tout l'Empire Othoman,
et qu'on avoit promis aux Ambassadeurs de Fran
ce,d'Angleterre, et de Hollande, de diminuer dans
peu les Droits qu'on levoit sur les Marchandises
de leurs Pays.
D'autres Lettres , à peu près de même datte, et
venuës par la même voye , marquent que le nouveau
Sultan avoit donné à l'Auteur du dernier
tumulte , le Gouvernement de Nissa avec la dignité
de Pacha à trois Queues ; et qu'aprés avoir
été comblé d'honneur & de bienfaits par S. H.
s'étant rendu au Serrail , sur l'invitation du G.V.
il y avoit été massacré avec 200. de ses adhérans.
ON
Na reçu avis d'une suspension d'armes
entre les Persans et les Turcs ; et l'on ne
croyoit pas que l'armée du Roy de Perse , qui
est campée auprès de Bagdat , fit aucun mouvement
que vers le Printems prochain. '
D'autres Lettres de Perse portent que le Prince
Thamas étoit toujours devant Babilone , avec
son armée ; que le Pacha de cette Ville lui avoit
fait faire des propositions fort avantageuses pour
l'engager à conclure la paix avec la Porte ; mais
que ce Prince , sans les rejetter ni les accepter ,
avoic
150 MERCURE DE FRANCE
avoit déclaré qu'il ne se détermineroit qu'après le
retour d'un Exprès qu'on avoit envoyé à Constantinople
; et qu'en attendant , il tenoit tou .
jours la Ville et les Turcs qui campent sous les
remparts , étroitement bloquez , sans permettre
qu'on y porte aucuns vivres. Il y a quantité d'Etrangers
parmi les Troupes du Roy de Perse.On
y observe aujourd'hui une espece de Discipline ,
qui approche beaucoup de celle des Chrétiens , et
qui étoit inconnue jusques icy aux Persans.
L'Armée de ce Prince est commandée par un
General , qui est aussi son premier Ministre.
C'est un homme des plus intrépides et fort sage,
il est originaire du Daghestan , d'une basse naissance
, et connu sous le nom de Thamas Koulikan,
qu'il a pris depuis qu'il s'est attaché au service
du Roy de Perse ; ce nom signifie le Kan ,
Esclave du Pr. Thamas : c'est lui qui a défait
entierement le Parti d'Acheraf ; et les Persans
P'appellent le Restaurateur de la Perse.
Les Lettres de Constantinople , de la fin du
mois de Novembre dernier , venues par l'Italie,
portent que le 21 du même mois, les Milices
et les Janissaires ayant repris les Armes ,
se rendirent Maîtres de toutes les Places de
la Ville , et poserent des Sentinelles aux avenues
des principales rues et du Port , pour empêcher
le pillage des Magazins et des Boutiques des Marchands
, et on entendit pendant ce jour- là et le
lendemain des cris de´guerre dans differens quartiers.
Le G. V. envoya le 22 , après midi , un de
ses principaux Officiers , dire à ces mutins , que
puisqu'ils avoient tant envie de combattre , ils
n'avoient qu'à traverser le Canal, et joindre l'Armée
qui avoit été assemblée pour faire la
Guerre au Roy de Perse . Cette proposition fut
rejettée avec hauteur et même avec menaces ; les
plus
JANVIER. 1731 .
plus hardis d'entre les Janissaires et les Spahis.
ayant fait entendre , en agitant l'air de leurs
Sabres , qu'ils ne se sépareroient point , et que si
la paix n'étoit pas faite dans deux mois avec les
Persans , ils la concluroient eux -mêmes , et la
signeroient du sang des Principaux de l'Empire ,
puisqu'ils n'avoient déposé le Sultan Achmet III.
que pour l'honneur de la Religion de Mahomet;
ajoutant qu'en les laissant unis , ils marcheroient
de quelque côté qu'on voudroit les conduire
excepté contre leurs freres Musulmans.
>
Le 23 , les Janissaires allerent jusqu'aux Portes
du Serrail , et firent demander à S. H. de
rappeller Cianum -Coggia qui avoit été relegué
par le Gouvernement précedent , dans une Terre
près de Salonique, et de le rétablir dans sa Charge
de Capitan Pacha , ce que le G.S. fit exécuter sur
le champ , en lui dépêchant un Chiaoux pour lui
porter ses Lettres de rappel. Cet Amiral étant
revenu le 26 avec toute sa famille , fut reçu du
G. S. avec beaucoup d'accueil , et renvoyé à son
poste , où par ordre de S. H. il a fait reprendre
la construction de plusieurs Sultanes et Vaisseaux
de Guerre qu'on avoit abandonnés depuis la révolution.
Le 27. les mêmes Janissaires retournerent au
Serrail , et demanderent une récompense pour
leur Chef, que le G. S. fit le même jour Pacha à
trois Queues & Gouverneur de Nizza. Ayant reçû
de S. H. toutes les graces qu'ils demandoient,
ils quitterent les armes et se retirerent dans leurs
quartiers.
Le bruit court que le G S. est déterminé à envoyer
des Agas à Vienne , à Moscou , à Varsovie
et à Venise , pour y donner part de son avenement
au Trône.
On fouille actuellement dans les Jardins des.
principaux
152 MERCURE DE FRANCE .
principaux Ministres du dernier Gouvernement
pour en tirer les sommes qu'on croit y avoir été
cachées.
Ces Lettres ajoûtent qu'il étoit arrivé à Andrinople
12000. hommes d'Infanterie , envoyez
par les Pachas de Dalmatie et de Bosnie ; que le
bruit couroit que chaque Corps de Janissaires
qui n'étoit que de 4000. hommes , seroit aug.
menté jusqu'à 6000. qu'on faisoit de grands préparatifs
de guerre dans tout l'Empire Othoman,
et qu'on avoit promis aux Ambassadeurs de Fran
ce,d'Angleterre, et de Hollande, de diminuer dans
peu les Droits qu'on levoit sur les Marchandises
de leurs Pays.
D'autres Lettres , à peu près de même datte, et
venuës par la même voye , marquent que le nouveau
Sultan avoit donné à l'Auteur du dernier
tumulte , le Gouvernement de Nissa avec la dignité
de Pacha à trois Queues ; et qu'aprés avoir
été comblé d'honneur & de bienfaits par S. H.
s'étant rendu au Serrail , sur l'invitation du G.V.
il y avoit été massacré avec 200. de ses adhérans.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En 1731, les relations entre la Turquie et la Perse sont marquées par une suspension d'armes, mais aucune action significative n'est attendue avant le printemps. Le prince Thamas, avec son armée, bloque la ville de Babylone et refuse de conclure la paix avant le retour d'un émissaire envoyé à Constantinople. L'armée perse, dirigée par Thamas Koulikan, un général du Daghestan, montre une discipline comparable à celle des armées chrétiennes. À Constantinople, les Janissaires et les milices ont repris les armes, exigeant la paix avec les Persans et la réhabilitation de Cianum-Coggia au poste de Capitan Pacha. Après avoir obtenu satisfaction, ils se sont retirés dans leurs quartiers. Le nouveau sultan prépare des envois diplomatiques vers Vienne, Moscou, Varsovie et Venise. Parallèlement, des préparatifs militaires sont en cours dans l'Empire ottoman, avec l'arrivée de 12 000 hommes d'infanterie et des augmentations prévues dans les corps de Janissaires. Le sultan a également promis de réduire les droits sur les marchandises des pays européens.
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123
p. 152
POLOGNE.
Début :
Le Roi a promis à l'Envoyé du Duc de Curlande [...]
Mots clefs :
Duc de Curlande, Tsarine, Troupes moscovites, Cosaques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
E Roi promis à l'Envoyé du Duc de Cur-
Llande ,qu'on n'executera rien de la part
de la République dans les Etats de ce Prince
pendant sa vie , pourvû qu'il veuille de sa part
engager la Czarine à retirer les Troupes Moscovites
qu'elle entretient dans le Duché de Curlande
depuis plusieurs années.
Les Troupes de la Couronne , qu'on avoit fait
partir pour dissiper les Cosaques qui pilloient les
Provinces frontieres , les ont battus en deux rencontres
, et ont même repris les Esclaves et les
Effets qu'ils emmenoient avec eux pour les vendre
aux Turcs , saivant leur coûtume.
E Roi promis à l'Envoyé du Duc de Cur-
Llande ,qu'on n'executera rien de la part
de la République dans les Etats de ce Prince
pendant sa vie , pourvû qu'il veuille de sa part
engager la Czarine à retirer les Troupes Moscovites
qu'elle entretient dans le Duché de Curlande
depuis plusieurs années.
Les Troupes de la Couronne , qu'on avoit fait
partir pour dissiper les Cosaques qui pilloient les
Provinces frontieres , les ont battus en deux rencontres
, et ont même repris les Esclaves et les
Effets qu'ils emmenoient avec eux pour les vendre
aux Turcs , saivant leur coûtume.
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Résumé : POLOGNE.
Le roi polonais a assuré à l'envoyé du duc de Curlande que la République n'interviendra pas dans ses États s'il obtient le retrait des troupes moscovites. Par ailleurs, les troupes polonaises ont vaincu des Cosaques pillards et récupéré des esclaves et des biens destinés aux Turcs.
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124
p. 153
SUEDE.
Début :
LE Roi a donné ordre au Baron de Crassau, son [...]
Mots clefs :
Baron de Crassau, Couronne de Suède, Investiture
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE.
E Roi a donné ordre au Baron de Crassau ,
Leon Ministre àVienne , de déclarerfau Comte
de Sinzendorf, Grand- Chancelier de la Cour
que la Couronne de Suede s'étant accomodée avec
les Maisons de Brandebourg et de Luxembourg ,
elle ne s'opposeroit plus à l'Investiture des Duchez
de Pomeranie , de Bremen et de Wherden ,
que ces Maisons demandent à l'Empereur depuis
plusieurs années.
E Roi a donné ordre au Baron de Crassau ,
Leon Ministre àVienne , de déclarerfau Comte
de Sinzendorf, Grand- Chancelier de la Cour
que la Couronne de Suede s'étant accomodée avec
les Maisons de Brandebourg et de Luxembourg ,
elle ne s'opposeroit plus à l'Investiture des Duchez
de Pomeranie , de Bremen et de Wherden ,
que ces Maisons demandent à l'Empereur depuis
plusieurs années.
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125
p. 153
DANNEMARCK.
Début :
Le Roi a résolu de mettre ses Troupes sur le [...]
Mots clefs :
Copenhague
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANNEMARCK.
DANNEMAR CK.
E Roi a résolu de mettre ses Troupes sur le
Lpied de 40000. hommes , y compris les 4000 .
hommes qui sont en Norwegue.
On a publié à Coppenhague un Edit du Roy,
datté du 30. du mois dernier , par lequel il est
ordonné qu'à commencer du premier Juin prochain
, la Ferme des Doüannes sur le vin , les
Eaux de vies , le Sel & le Tabac , sera supprimée,
et qu'il sera permis , tant aux Danois qu'aux
Norwegiens , d'en faire le commerce.
E Roi a résolu de mettre ses Troupes sur le
Lpied de 40000. hommes , y compris les 4000 .
hommes qui sont en Norwegue.
On a publié à Coppenhague un Edit du Roy,
datté du 30. du mois dernier , par lequel il est
ordonné qu'à commencer du premier Juin prochain
, la Ferme des Doüannes sur le vin , les
Eaux de vies , le Sel & le Tabac , sera supprimée,
et qu'il sera permis , tant aux Danois qu'aux
Norwegiens , d'en faire le commerce.
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126
p. 153-154
ALLEMAGNE.
Début :
Sur les avis certains que les Turcs avoient déjà commis [...]
Mots clefs :
Turcs, Hostilités, Ducats, Ordonnance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE .
>
Ur les avis certains que les Turcs avoient déja
cómmis quelques hostilitez aux environs de
Carlostadt en Croatie , l'Empereur a résolu
d'augmenter de 40000. hommes les Garnisons
de ses Places Frontieres du côté des Terres du
Grand Seigneur.
On a apporté à Vienne dequis peu des nouvelles
Mines de Dameswar en Hongrie , 4c000 .
Ducats d'or et 6000. Marcs d'argent,
On
1
154 MERCURE DE FRANCE
On a apris deBrunswick, que le Duc deWolfembutel
y avoit aboli ,par une nouvelle Ordonnance,
l'ancien droit en vertu duquel ce Souverain pouvoit
se mettre en possession des biens de tous les
hommes qui mouroient sans s'être mariez.
>
Ur les avis certains que les Turcs avoient déja
cómmis quelques hostilitez aux environs de
Carlostadt en Croatie , l'Empereur a résolu
d'augmenter de 40000. hommes les Garnisons
de ses Places Frontieres du côté des Terres du
Grand Seigneur.
On a apporté à Vienne dequis peu des nouvelles
Mines de Dameswar en Hongrie , 4c000 .
Ducats d'or et 6000. Marcs d'argent,
On
1
154 MERCURE DE FRANCE
On a apris deBrunswick, que le Duc deWolfembutel
y avoit aboli ,par une nouvelle Ordonnance,
l'ancien droit en vertu duquel ce Souverain pouvoit
se mettre en possession des biens de tous les
hommes qui mouroient sans s'être mariez.
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Résumé : ALLEMAGNE.
L'Empereur renforce les garnisons frontalières côté ottoman à 40 000 hommes suite à des hostilités turques en Croatie. À Vienne, les mines de Dameswar en Hongrie produisent 4 000 ducats d'or et 6 000 marks d'argent. À Brunswick, le Duc de Wolfenbüttel supprime un droit ancien sur les biens des hommes célibataires décédés.
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127
p. 154-155
ITALIE.
Début :
Le Cardinal Coscia a envoyé au Pape par l'Abbé Testa [...]
Mots clefs :
Cardinal Coscia, Église, Assassinat, Jurisdiction, Maladie contagieuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITA LIE.
E Cardinal Coscia a envoyé au Pape par l'Ab-
LECTesia,con Maitre de Chambre , sa résignation
pure et simple de son Archevêché de Benevent
, pour se soumettre à l'ordre exprès de
Sa Sainteté.
Le 2. Janvier , on afficha au Champ de Mars
et dans les autres Places publiques de Rome unc
Ordonnance du Cardinal Annibal Albani , Evêque
de Sabine , et Camerlingue de la Sainte
Eglise , portant défense , sous peine des Censures
Ecclesiastiques , de faire aucune entreprise directe
ou indirecte sur la Jurisdiction suprême que le
S. Siege prétend avoir dans le Piémont , sur les
Terres et Habitans de Cortanza , Cortanzone >
Montafia , Cisterna et autres Bourgs et Villages
des environs.
Le 3. on reçut avis à Rome que l'Evêque de
Nice avoit été assassiné en retournant de Turin
dans son Diocèse.
On apprend de Venise que le Magistrat de la
Santé a interdit tout commerce avec la Dalmatie
, les grandes Isles de Lago , celles du Quarner
, l'Albanie Venitienne , les Bouches de Cattaro
, l'Etat de Raguse , les côtes de Segni , Buccari
et Fiumé , parce qu'on a eu des avis certains
qu'un des Turcs de la garnison de Nizza a porté
la maladie contagieuse à Seraglio en Bossine
d'où elle a passé à Jayeck , à deux ou trois journées
des Frontieres de la Servie et des Terres
de
JANVIER. 1731. ISS
de la dépendance de l'Empereur. La mortalité y
est très grande , et ceux qui sont attaqués de
cette maladie enflent d'abord et ne passent pas
le troisiéme jour,
E Cardinal Coscia a envoyé au Pape par l'Ab-
LECTesia,con Maitre de Chambre , sa résignation
pure et simple de son Archevêché de Benevent
, pour se soumettre à l'ordre exprès de
Sa Sainteté.
Le 2. Janvier , on afficha au Champ de Mars
et dans les autres Places publiques de Rome unc
Ordonnance du Cardinal Annibal Albani , Evêque
de Sabine , et Camerlingue de la Sainte
Eglise , portant défense , sous peine des Censures
Ecclesiastiques , de faire aucune entreprise directe
ou indirecte sur la Jurisdiction suprême que le
S. Siege prétend avoir dans le Piémont , sur les
Terres et Habitans de Cortanza , Cortanzone >
Montafia , Cisterna et autres Bourgs et Villages
des environs.
Le 3. on reçut avis à Rome que l'Evêque de
Nice avoit été assassiné en retournant de Turin
dans son Diocèse.
On apprend de Venise que le Magistrat de la
Santé a interdit tout commerce avec la Dalmatie
, les grandes Isles de Lago , celles du Quarner
, l'Albanie Venitienne , les Bouches de Cattaro
, l'Etat de Raguse , les côtes de Segni , Buccari
et Fiumé , parce qu'on a eu des avis certains
qu'un des Turcs de la garnison de Nizza a porté
la maladie contagieuse à Seraglio en Bossine
d'où elle a passé à Jayeck , à deux ou trois journées
des Frontieres de la Servie et des Terres
de
JANVIER. 1731. ISS
de la dépendance de l'Empereur. La mortalité y
est très grande , et ceux qui sont attaqués de
cette maladie enflent d'abord et ne passent pas
le troisiéme jour,
Fermer
Résumé : ITALIE.
Le cardinal Coscia a démissionné de l'archevêché de Benevent sur ordre du Pape. Le 2 janvier, le cardinal Annibal Albani a publié une ordonnance interdisant toute ingérence sur la juridiction du Saint-Siège dans le Piémont, concernant plusieurs bourgs. Le 3 janvier, Rome a appris l'assassinat de l'évêque de Nice en route vers son diocèse. À Venise, le Magistrat de la Santé a interdit le commerce avec plusieurs régions, dont la Dalmatie et l'Albanie Vénitienne, en raison d'une maladie contagieuse apportée par un Turc de la garnison de Nizza en Bosnie. Cette maladie s'est propagée à Jayeck, près des frontières de la Serbie, et cause une mortalité élevée, les malades enflant et décédant généralement au troisième jour.
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128
p. 155
MORTS. des Pays Etrangers.
Début :
LE Prince N. Galitzin, Welt - Maréchal des Troupes Russiennes, mourut [...]
Mots clefs :
Maréchal, Art militaire, Duchesse, Inhumé, Obsèques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS. des Pays Etrangers.
MORTS.
des Pays Etrangers .
·
E Prince N. Galitzin , Welt - Maréchal des
TroupesRussiennes , mourut à Moscou vers
la fin du mois de Novembre dernier , universellement
regretté à cause de sa grande experience
dans l'Art Militaire. C'est à ce Capitaine que le
feu Czar Pierre 1. est redevable d'une grande
partie de ses heureux succès dans la derniere.
guerre contre les Suedois.
Dona Marguerite de Lorraine , Duchesse de
Gadaval , veuve en troisiémes noces du Duc
Don Nuño Alvarés Pereira de Mello , qu'elle avoit
épousé le 25. Juin 1675. mort le 28. Janvier.
1727. mourut à Lisbonne le 16. du mois der .
nier , âgée de 68. ans et 29. jours ; elle étoit fille
de Louis de Lorraine , Comté d'Armagnac ,
Grand - Ecuyer de France. Le corps de cette Princesse
a été inhumé dans l'Eglise du Monastere
Royal de Xabregas , où on lui a fait des obseques
magnifiques , ausquelles les Grands du
Royaume et les Seigneurs de la Cour ont assisté.
des Pays Etrangers .
·
E Prince N. Galitzin , Welt - Maréchal des
TroupesRussiennes , mourut à Moscou vers
la fin du mois de Novembre dernier , universellement
regretté à cause de sa grande experience
dans l'Art Militaire. C'est à ce Capitaine que le
feu Czar Pierre 1. est redevable d'une grande
partie de ses heureux succès dans la derniere.
guerre contre les Suedois.
Dona Marguerite de Lorraine , Duchesse de
Gadaval , veuve en troisiémes noces du Duc
Don Nuño Alvarés Pereira de Mello , qu'elle avoit
épousé le 25. Juin 1675. mort le 28. Janvier.
1727. mourut à Lisbonne le 16. du mois der .
nier , âgée de 68. ans et 29. jours ; elle étoit fille
de Louis de Lorraine , Comté d'Armagnac ,
Grand - Ecuyer de France. Le corps de cette Princesse
a été inhumé dans l'Eglise du Monastere
Royal de Xabregas , où on lui a fait des obseques
magnifiques , ausquelles les Grands du
Royaume et les Seigneurs de la Cour ont assisté.
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Résumé : MORTS. des Pays Etrangers.
Le prince N. Galitzin, maréchal des troupes russes, est décédé à Moscou fin novembre. Il était respecté pour son rôle crucial dans les succès du tsar Pierre Ier contre les Suédois. Dona Marguerite de Lorraine, duchesse de Gadaval, est décédée à Lisbonne à 68 ans. Elle était la fille de Louis de Lorraine et avait épousé le duc Don Nuño Alvarés Pereira de Mello. Ses obsèques ont eu lieu à l'église du monastère royal de Xabregas.
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129
p. 156-164
FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
Début :
Vous avez, sans doute, appris, Monsieur, par les nouvelles publiques [...]
Mots clefs :
Mariage, Chasse, Festivités, Cour, Spectacle, Prince de Soulzbach, Princesse de Hesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
V
Electorale Palatine , à l'occasion du Mariage
du Prince de Sulzbach avec la
Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait
d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier
1731. par M. Frezier , Ingenieur
en chef.
>
Ous avez , sans doute , appris , Monsieur ,
par les nouvelles publiques , que le Prince
de Sultzbach , heritier présomptif du Palatinat
vient d'épouser une Princesse de Hesse- Rhinfels ,
qui est soeur de la Reine de Sardaigne , et
de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau
Commandant de cette Place est allé complimenter
ce Prince sur son Mariage , et il a bien
voulu que j'eusse l'honneur de l'accompagner.
Je ne pouvois trouver une occasion plus favorable
pour voir la Cour de S. A. E. le Prince Palatin
et je ne pouvois être présenté à ce Prince par une
personne qui lui fut plus agréable que M. de
Josseau , qu'il considere et qu'il aime. La bonté
avec laquelle S. A. E. l'a reçu , et le bon accueil
qu'il a fait aux Officiers qui l'accompagnoient
cn sont des preuves certaines.
›
Nous arrivâmes trop tard à Manheim pour
voir la Ceremonie du Mariage. Elle fut faite le
11. et nous ne partîmes de Landau que deux
jours après ; mais nous avons vû pendant six
jours une partie des Fêtes qui en sont la suite
et qui doivent durer tout le Carnaval . La plus
singuliere a été une Chasse d'une invention extraordinaire
, qui merite bien qu'on en fasse la
description. Le Lundy 15. de ce mois la Cour
s'embarqua sur le Rhin , au son des Timballes ,
TromJANVIER.
1731. -157
Trompettes et Corps de chasse , dans un Yack
qui contenoit deux chambres magnifiquement
décorées , et debarqua à trois quarts de lieue de
la ville , à deux portées de fusil du lieu où la
chasse s'est faite. C'étoit un Parc de 1400. pas
de longueur sur 200. pas de largeur , fermé de
toilles et de filets bien alignez : le tout formoit
un quarré long.
Au fond de ce Parc étoit un retranchement
orné de décorations peintes sur toilles comme
celle des Theatres , lequel étoit destiné pour la
chasse à pied , et pour le spectacle de la Berne ,
et de la Mascarade des animaux.
- La separation des deux Scenes étoit formée
par un Corps de bâtimens , dont le milieu étoit
une Tente octogone de 32 pieds de diametre ,
qui servoit de vestibule à deux Sales , à droite
et à gauche , dont l'une fort ornée étoit destinée
pour placer la Cour pendant la chasse , qu'elle
pouvoit voir dans l'un et l'autre Parc ; Pautre
Salle étoit occupée par une grande Table où la
Cour vint se rafraîchir. Aux deux côtez de ces
Salles étoient des échafaudages en façon de plateformes
, pour placer les Spectateurs qui n'étoient
pas de la Cour.
La Décoration du petit Parc étoit un Portique
avec des Arcades à jour , dont le fond représensoit
en perspective le plan de la moitié d'un
decagone , au milieu duquel s'élevoient les Armes
de l'Electeur qui en faisoient le point de
vue. Ce Portique étoit élevé sur un Perron formé
par des planches en talud , sur lesquelles les
marches n'étoiens marquées que par des tringles
de bois peu saillantes , afin que les sangliers
n'y pussent monter que très-difficilement. Dans
les deux Angles étoient deux Portes sur un Pan
coupé , où étoient aussi deux Perrons de même
figure.
H
158 MERCURE DE FRANCE
Au dessus des Arcades du fond regnoit un
Cours de tablettes en saillie , d'un pied de large,
destinées pour faire courir le gibier , pour le
donner en spectacle à l'Assemblée , et aux deux
aîles. Il regnoit un pareil Cours au-dessus des
Impostes des Arcades , avec des Rampes pour
y monter , dont celles du fond étoient apparentes
, et celles des aîles étoient cachées derriere la
Décoration . Le gibier y venoit par une porte
pratiquée dans une représentation de nues
il paroissoit tout d'un coup élevé à vingt- cinq
pieds de hauteur , afin qu'il fut dit qu'on avoit
fait sortir des sangliers et des biches des nuës
on auroit pû dire aussi qu'il en pleuvoit ; car
ces animaux en tomboient ondement.
›
> οι
On commença la Chasse par plusieurs troupes
de dix ou douze sangliers , qu'on faisoit entrer
par les portes des angles. Ces animaux effrayez
de voir tant de monde cherchoient à se sauver
du côté des bâtimens , ils étoient repoussez par
des gens armez de fourches ; et du côté de la
Décoration ils cherchoient inutilement à grimper
sur les perrons ; ils glissoient toûjours ,
retomboient les uns sur les autres ; les plus hårdis
alloient attaquer les Chasseurs qui les attendoient
, l'épée à la main , et les tuoient.
et
Après en avoir fait ainsi entrer par les portes
d'enbas ,on en faisoit passer d'autres par les portes
des nuës , par le moyen des rampes cachées. Ces
animaux se trouvant alors sur un chemin trop
étroit , n'osoient avancer ; mais en leur jettant
des serpentaux et des petards; on les effarouchoit
tellement , qu'ils se précipitoient ; les plus adroits
tâchoient de gagner les rampes qui descendoient
au grand Parc , mais ils y parvenoient rarement
sans tomber.
Aprés avoir ainsi diversifié le spectacle , en
haur
JANVIER. 1721. 159
haut et en bas , en faisant perir les bêtes par le
fer ou par les chutes , on rangea au pied du Perron
plus de cent sangliers qui avoient été tuez
pour donner une autre sorte de spectacle moins
sanglant,
On lâcha par les trois portes du fond et par
celles des nues une quantité prodigieuse de renards
et de liévres, tous masquez avec des cartons
et des toilles peintes ; la plupart des renards
étoient déguisez en coqs , avec des becs , des
aîles et des queües de coqs. Ces animaux que
leurs ajustemens rendoient , pour ainsi dire , tout,
sots et fort embarrassez de leur accoutrement
cherchoient de tous côtez à s'enfuïr ; mais le
Parc étant tout couvert de Bernes , ils ne pouvoient
poser les pieds qu'ils ne donnassent dans
les pieges , par lesquels on les faisoit sauter à
douze ou quinze pieds de hauteur. En se relevant
d'une chute ils passoient sur une autre Berne
où on leur jouoit le même tour , jusqu'à ce
qu'à force de tomber et de se blesser , ils restoient
morts sur la place : on en fit perir ainsi
,trois cens de chaque espece , liévres et renards.
Il est necessaire d'expliquer icy- ce qu'il fant
entendre par le terine de Bernes : ce sont des especes
dd'échelles à quatre rangs de cordes de 15.
ou 20. échelons de bois , qui sont des mailles de
six à huit pouces ; deux hommes , un à chaque
bout , les tiennent lâches par terre , et dès que
l'animal passe dessus , ils donnent subitement une
secousse qui l'élance en l'air .
La moyenne grosseur des liévres et des renards
paroissoit assez propre à ce jeu : mais il
est étonnant qu'on ait ainsi fait sauter des sangliers
et des biches. Trente hommes autour d'une
toille , qu'ils tiroient par secousses , élevoient en
l'air les sangliers aussi haut quelquefois que les
Hij licyres &
165 MERCURE DE FRANCE
lievres , et on voyoit ces pesants animaux s'agiter
en l'air comme nos Sauteurs et danseurs de
corde.
5
Après le divertissement de la Berne , la Cour
passa dans la Salle où l'on avoit servi une Halte
de viandes chaudes et froides . Les Dames se mirent
à table , et les Cavaliers mangerent debout
la plus grande partie sous la tente ou un grand
nombre de Valets de pied,magnifiquement vêtus,
servoient abondamment de toutes sortes de vins.
Cet utile intermede dura près d'une heure ,
après quoy le Spectacle recommença par un loup
vétu en Arlequin ; mais comme il faisoit le méchant
, on fut obligé de mettre les chiens à ses
trousses , et de le faire tuer.
On lácha ensuite des plus fiers sangliers , que
fes Cavaliers combattirent , l'épée à la main ; et
parce qu'on avoit ouvert les portes de communication
au grand Parc , les plus farouches s'échappoient
par ces portes , et fournissoient
aux Chasseurs , à cheval , et aux Dames
phaetons , guidez par des Cavaliers , le plaisir de
courir après , et de les combattre à coups de pistolets
, ou de les faire arrêter par les chiens .
>
en
On en tua ainsi plusieurs , et enfin on revint
à la Mascarade. On vit paroître huit ou dix traineaux
en forme de chars , dans chacun desquels
il y avoit un lievre masqué ly en Demoiselle , qui
avoit pour cocher un renard attaché sur son
siege , comme la demoiselle l'étoit sur son
fauteuil ; mais le malin cocher profitant de la liberté
qu'il avoit de tourner la tête , perdoit nonseulement
le respect à sa dame par de mauvaises
grimaces , mais lui lâchoit encore de bons coups
de dents quand il pouvoit l'atteindre. L'animal
attelé à ce char étoit un jeune sanglier , qui conduisoit
sa voiture un peu irregulierement , suiyant
JANVIER . 1731. 161
vant ses caprices , qui donnoient beaucoup à rire
aux Spectateurs : tels avoient déja paru d'autres
sangliers , harnachez comme des élephans portant
de petites figures de carton , peintes de differentes
couleurs.
Enfin on vit de toutes sortes d'animaux masquez
differemment : six bleraux parurent deguisez
en carpes , et une troupe de cocqs -d'Inde
avoient les plumes peintes des couleurs de celles
de cocqs de Bruyere.Ceux-ci furent les seuls qui
s'en retournerent la vie sauve ; car la Princesse
ne voulut pas qu'on tirât , soit par crainte des
accidens qui pourroient arriver , ou de l'incommodité
du bruit.
>
des
Pendant qu'on bernoit les renards , quelquesuns
d'entr'eux plus ruzez que les autres , pour
éviter cette danse forcée , qui aboutissoit à la
mort se refugierent sur les hauteurs des Décorations
, et allerent par le moyen des rampes
sentiers , se percher sur les vases d'Orangers qui
en faisoient le Couronnement . Ceux qui n'y
purent atteindre se blotirent sur les sentiers
S'accumulant les uns sur les autres ; delà ils regardoient
leurs camarades sauter et voltiger en
Pair par les secoussés des bernes ; mais ils se crurent
envain en sureté , on les dénicha à grands
coups de fusils , qui
abatirent les plus élevez , et
laisserent les autres morts sur les sentiers.
Ainsi finit cette ingenieuse et nouvelle Chasse,
de l'invention de M.le Baron deWack, Grand-VCneur
de S.A.E. qui en donne tous les ans , et les
sçait varier d'une infinité de manieres. Tout s'y
passa avec beaucoup d'ordre , les Pages et les
Seigneurs de la Cour , en habits verds galonnez
d'or , en furent les principaux Acteurs , et il n'y
eut que trois hommes de blessez , quoiqu'une
infinité se fussent exposez à l'être. M. le Comte
H iij de
ཐདྷཱ
162 MERCURE DE FRANCE
de Nassau , seigneur d'une aimable figure , pour
qui toutes les Dames s'interessoient , y combatit
plusieurs sangliers avec une adresse extrême , er
´s'en retira sans accident.
Nous vîmes les jours suivans des Divertissemens
de differentes especes se succeder les uns
aux autres. Il y eut deux Bals précedez par un
Soupé de 80. Couverts au premier , et de plus
de cent au second : dans celui - ci les Dames et les
Cavaliers furent alternativement rangez , suivant
P'ordre dont le sort avoit décidé par des billets
numerotez qu'on avoit tirés au hazard, et qui se
trouvoient attachez à chaque couvert , où chacun
alloit reconnoître sa place. J'eus le bonheur
d'y être associé à une des plus belles Dames de
la Cour , appellée Madame la Baronne de Feningre
, dont la conversation me fit connoître que
la nature ne l'avoit pas moins bien partagée en
esprit qu'en beauté et en naissance. Lorsque
j'eus l'honneur de lui donner la main pour enzrer
dans la Salle , je me souvins de la pensée de
ce Grand d'Espagne , qui en pareille rencontre
s'écria : que les Etoilles disparoissent , voici le
Soleil , Apartense las Estrellas , viene el Sol.
Aprés le Soupé , S. A. E. ordonna que chacun
prit le rang de son numero avec sa Dame , et il
commença lui - même le Bal à la tête de
quarante
quatre Couples , par une Danse Polonoise , qui
n'est qu'une espece de marche assez grave. Le
Prince de Sultbach suivoit S. A. E. avec les jeunes
Princesses , pendant que la Princesse son
Epouse , qui n'aime pas la Danse , demeura dans
un fauteuil , d'où elle la voyoit tranquillement.
Après cette ouverture du Bal S. A. E. dansa le
Menuet avec une grace et une noblesse admirable
, je dois même ajoûter avec une legereté surprenante
à l'âge de 70. A voir cet aimable Prince,
sans
JANVIER. 1731. 163
sans le connoître , il n'est pas difficile de deviner
qu'il est le premier de la Cour. Le jour suivant
on joua la Comedie de Tartuffe , en François :
cette Langue n'est guere moins commune à la
Cour que l'Allemande,qui est la naturelle du pays .
La Langue Italienne n'y est pas ignorée , mais
ellest entenduë d'un petit nombre de personnes
je le remarquai le le jour suivant , lorsqu'on joua
une Pastorale en Musique , où je servois d'Interprete
à plusieurs de mes voisins. La plus grande
partie des Danseurs de ce Ballet étoient les Pages
de la Cour , les Acteurs étoient les Musiciens de
S. A. E.
Je n'ai parlé jusqu'à present que des plaisirs
qui terminoient la journée , je ne dois pas
oublier
ceux de la bonne chere que nous avons faite à
cette Cour. Les Seigneurs animez par l'exemple
du Prince , et par l'estime qu'ils ont pour M. de
Josseau , qui n'est guere moins aimé dans les
Cours des Princes voisins de Landau , que dans
Landau même , nous regalerent magnifiquement.
M. le Comte de Nassau qui soutient la grandeur
de sa Naissance par tout ce qui peut le distinguer ,
nous donna un Repas superbe. Mrs le Baron de
Bevren , Grand- Maréchal , et le Baron Deschal ,
Grand-Ecuyer de la Princesse , nous firent connoître
que les meilleurs vins du monde et tes
mets les plus exquis fe trouvoient rassemblez
Manheim ,
Enfin notre cher Commandant rappellé par fon
devoir , revint à Landau comblé des bontez du
Prince & des politesses de toute la Cour ; chacun
de nous partageoit avec lui cette fatisfaction , car
S. A. E. nous avoit aussi donné des marques de
sa bonté. Il me fit l'honneur de m'adresser plusieurs
fois la parole ; et reconnoissant par la naïveté
de mes réponses la sincerité dont je fais pro-
Hiiij
fession ,
164 MERCURE DE FRANCE
fession , il me dit qu'il aimoit les François ;
parce qu'ils disoient naturellement leur pensée ,
sur quoy il releva un trait de Morale qui m'étoit
échapé d'une maniere qui me fit connoître la
justesse de son esprit et la droiture de son coeur.
Le tems de retourner à notre garnison étant
arrivé , je priai le Gouverneur de la Place de me
permettre d'en voir les Fortifications , quoiqu'il
me connut pour être l'Ingenieur en chef de Landau
; il me l'accorda de si bonne grace , qu'il
'voulut que l'Ingenieur subalterne , qui sçait parler
français , nous servit de guide. Je remarquai
une situation des plus avantageuses pour une Place
de guerre, par le confluent de deux grandes
rivieres , le Rhin et le Necre , qui en défendent
les approches , et une Fortification très - proprement
executée sur le sistême de Cocorn , que
nous n'avons point suivi en France , quoiqu'il
soit public depuis près de trente ans .
Je parcourus aussi l'interieur de la ville qui est
nouvellement bâtie , très- propre et très-reguliere
dans l'alignement de ses rues. Les maisons qui
n'ont ordinairement qu'un étage , rarement deux,
sont propres au dehors , mais l'interieur n'a pas
été distribué par de bons Architectes , particulierement
pour les escaliers.
Je vis aussi le nouveau Palais de l'Electeur qui
n'est pas achevé , et deux cabinets de tableaux,
parmi lesquels il y en a d'un grand prix , que S. A.
E. a fait apporter depuis peu de Dusseldort , ou
l'on dit qu'il en a de merveilleux , particulierement
de Rubens. J'ai l'honneur d'être &c.à Lang
dau le 24. Janvier 1731 .
Electorale Palatine , à l'occasion du Mariage
du Prince de Sulzbach avec la
Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait
d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier
1731. par M. Frezier , Ingenieur
en chef.
>
Ous avez , sans doute , appris , Monsieur ,
par les nouvelles publiques , que le Prince
de Sultzbach , heritier présomptif du Palatinat
vient d'épouser une Princesse de Hesse- Rhinfels ,
qui est soeur de la Reine de Sardaigne , et
de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau
Commandant de cette Place est allé complimenter
ce Prince sur son Mariage , et il a bien
voulu que j'eusse l'honneur de l'accompagner.
Je ne pouvois trouver une occasion plus favorable
pour voir la Cour de S. A. E. le Prince Palatin
et je ne pouvois être présenté à ce Prince par une
personne qui lui fut plus agréable que M. de
Josseau , qu'il considere et qu'il aime. La bonté
avec laquelle S. A. E. l'a reçu , et le bon accueil
qu'il a fait aux Officiers qui l'accompagnoient
cn sont des preuves certaines.
›
Nous arrivâmes trop tard à Manheim pour
voir la Ceremonie du Mariage. Elle fut faite le
11. et nous ne partîmes de Landau que deux
jours après ; mais nous avons vû pendant six
jours une partie des Fêtes qui en sont la suite
et qui doivent durer tout le Carnaval . La plus
singuliere a été une Chasse d'une invention extraordinaire
, qui merite bien qu'on en fasse la
description. Le Lundy 15. de ce mois la Cour
s'embarqua sur le Rhin , au son des Timballes ,
TromJANVIER.
1731. -157
Trompettes et Corps de chasse , dans un Yack
qui contenoit deux chambres magnifiquement
décorées , et debarqua à trois quarts de lieue de
la ville , à deux portées de fusil du lieu où la
chasse s'est faite. C'étoit un Parc de 1400. pas
de longueur sur 200. pas de largeur , fermé de
toilles et de filets bien alignez : le tout formoit
un quarré long.
Au fond de ce Parc étoit un retranchement
orné de décorations peintes sur toilles comme
celle des Theatres , lequel étoit destiné pour la
chasse à pied , et pour le spectacle de la Berne ,
et de la Mascarade des animaux.
- La separation des deux Scenes étoit formée
par un Corps de bâtimens , dont le milieu étoit
une Tente octogone de 32 pieds de diametre ,
qui servoit de vestibule à deux Sales , à droite
et à gauche , dont l'une fort ornée étoit destinée
pour placer la Cour pendant la chasse , qu'elle
pouvoit voir dans l'un et l'autre Parc ; Pautre
Salle étoit occupée par une grande Table où la
Cour vint se rafraîchir. Aux deux côtez de ces
Salles étoient des échafaudages en façon de plateformes
, pour placer les Spectateurs qui n'étoient
pas de la Cour.
La Décoration du petit Parc étoit un Portique
avec des Arcades à jour , dont le fond représensoit
en perspective le plan de la moitié d'un
decagone , au milieu duquel s'élevoient les Armes
de l'Electeur qui en faisoient le point de
vue. Ce Portique étoit élevé sur un Perron formé
par des planches en talud , sur lesquelles les
marches n'étoiens marquées que par des tringles
de bois peu saillantes , afin que les sangliers
n'y pussent monter que très-difficilement. Dans
les deux Angles étoient deux Portes sur un Pan
coupé , où étoient aussi deux Perrons de même
figure.
H
158 MERCURE DE FRANCE
Au dessus des Arcades du fond regnoit un
Cours de tablettes en saillie , d'un pied de large,
destinées pour faire courir le gibier , pour le
donner en spectacle à l'Assemblée , et aux deux
aîles. Il regnoit un pareil Cours au-dessus des
Impostes des Arcades , avec des Rampes pour
y monter , dont celles du fond étoient apparentes
, et celles des aîles étoient cachées derriere la
Décoration . Le gibier y venoit par une porte
pratiquée dans une représentation de nues
il paroissoit tout d'un coup élevé à vingt- cinq
pieds de hauteur , afin qu'il fut dit qu'on avoit
fait sortir des sangliers et des biches des nuës
on auroit pû dire aussi qu'il en pleuvoit ; car
ces animaux en tomboient ondement.
›
> οι
On commença la Chasse par plusieurs troupes
de dix ou douze sangliers , qu'on faisoit entrer
par les portes des angles. Ces animaux effrayez
de voir tant de monde cherchoient à se sauver
du côté des bâtimens , ils étoient repoussez par
des gens armez de fourches ; et du côté de la
Décoration ils cherchoient inutilement à grimper
sur les perrons ; ils glissoient toûjours ,
retomboient les uns sur les autres ; les plus hårdis
alloient attaquer les Chasseurs qui les attendoient
, l'épée à la main , et les tuoient.
et
Après en avoir fait ainsi entrer par les portes
d'enbas ,on en faisoit passer d'autres par les portes
des nuës , par le moyen des rampes cachées. Ces
animaux se trouvant alors sur un chemin trop
étroit , n'osoient avancer ; mais en leur jettant
des serpentaux et des petards; on les effarouchoit
tellement , qu'ils se précipitoient ; les plus adroits
tâchoient de gagner les rampes qui descendoient
au grand Parc , mais ils y parvenoient rarement
sans tomber.
Aprés avoir ainsi diversifié le spectacle , en
haur
JANVIER. 1721. 159
haut et en bas , en faisant perir les bêtes par le
fer ou par les chutes , on rangea au pied du Perron
plus de cent sangliers qui avoient été tuez
pour donner une autre sorte de spectacle moins
sanglant,
On lâcha par les trois portes du fond et par
celles des nues une quantité prodigieuse de renards
et de liévres, tous masquez avec des cartons
et des toilles peintes ; la plupart des renards
étoient déguisez en coqs , avec des becs , des
aîles et des queües de coqs. Ces animaux que
leurs ajustemens rendoient , pour ainsi dire , tout,
sots et fort embarrassez de leur accoutrement
cherchoient de tous côtez à s'enfuïr ; mais le
Parc étant tout couvert de Bernes , ils ne pouvoient
poser les pieds qu'ils ne donnassent dans
les pieges , par lesquels on les faisoit sauter à
douze ou quinze pieds de hauteur. En se relevant
d'une chute ils passoient sur une autre Berne
où on leur jouoit le même tour , jusqu'à ce
qu'à force de tomber et de se blesser , ils restoient
morts sur la place : on en fit perir ainsi
,trois cens de chaque espece , liévres et renards.
Il est necessaire d'expliquer icy- ce qu'il fant
entendre par le terine de Bernes : ce sont des especes
dd'échelles à quatre rangs de cordes de 15.
ou 20. échelons de bois , qui sont des mailles de
six à huit pouces ; deux hommes , un à chaque
bout , les tiennent lâches par terre , et dès que
l'animal passe dessus , ils donnent subitement une
secousse qui l'élance en l'air .
La moyenne grosseur des liévres et des renards
paroissoit assez propre à ce jeu : mais il
est étonnant qu'on ait ainsi fait sauter des sangliers
et des biches. Trente hommes autour d'une
toille , qu'ils tiroient par secousses , élevoient en
l'air les sangliers aussi haut quelquefois que les
Hij licyres &
165 MERCURE DE FRANCE
lievres , et on voyoit ces pesants animaux s'agiter
en l'air comme nos Sauteurs et danseurs de
corde.
5
Après le divertissement de la Berne , la Cour
passa dans la Salle où l'on avoit servi une Halte
de viandes chaudes et froides . Les Dames se mirent
à table , et les Cavaliers mangerent debout
la plus grande partie sous la tente ou un grand
nombre de Valets de pied,magnifiquement vêtus,
servoient abondamment de toutes sortes de vins.
Cet utile intermede dura près d'une heure ,
après quoy le Spectacle recommença par un loup
vétu en Arlequin ; mais comme il faisoit le méchant
, on fut obligé de mettre les chiens à ses
trousses , et de le faire tuer.
On lácha ensuite des plus fiers sangliers , que
fes Cavaliers combattirent , l'épée à la main ; et
parce qu'on avoit ouvert les portes de communication
au grand Parc , les plus farouches s'échappoient
par ces portes , et fournissoient
aux Chasseurs , à cheval , et aux Dames
phaetons , guidez par des Cavaliers , le plaisir de
courir après , et de les combattre à coups de pistolets
, ou de les faire arrêter par les chiens .
>
en
On en tua ainsi plusieurs , et enfin on revint
à la Mascarade. On vit paroître huit ou dix traineaux
en forme de chars , dans chacun desquels
il y avoit un lievre masqué ly en Demoiselle , qui
avoit pour cocher un renard attaché sur son
siege , comme la demoiselle l'étoit sur son
fauteuil ; mais le malin cocher profitant de la liberté
qu'il avoit de tourner la tête , perdoit nonseulement
le respect à sa dame par de mauvaises
grimaces , mais lui lâchoit encore de bons coups
de dents quand il pouvoit l'atteindre. L'animal
attelé à ce char étoit un jeune sanglier , qui conduisoit
sa voiture un peu irregulierement , suiyant
JANVIER . 1731. 161
vant ses caprices , qui donnoient beaucoup à rire
aux Spectateurs : tels avoient déja paru d'autres
sangliers , harnachez comme des élephans portant
de petites figures de carton , peintes de differentes
couleurs.
Enfin on vit de toutes sortes d'animaux masquez
differemment : six bleraux parurent deguisez
en carpes , et une troupe de cocqs -d'Inde
avoient les plumes peintes des couleurs de celles
de cocqs de Bruyere.Ceux-ci furent les seuls qui
s'en retournerent la vie sauve ; car la Princesse
ne voulut pas qu'on tirât , soit par crainte des
accidens qui pourroient arriver , ou de l'incommodité
du bruit.
>
des
Pendant qu'on bernoit les renards , quelquesuns
d'entr'eux plus ruzez que les autres , pour
éviter cette danse forcée , qui aboutissoit à la
mort se refugierent sur les hauteurs des Décorations
, et allerent par le moyen des rampes
sentiers , se percher sur les vases d'Orangers qui
en faisoient le Couronnement . Ceux qui n'y
purent atteindre se blotirent sur les sentiers
S'accumulant les uns sur les autres ; delà ils regardoient
leurs camarades sauter et voltiger en
Pair par les secoussés des bernes ; mais ils se crurent
envain en sureté , on les dénicha à grands
coups de fusils , qui
abatirent les plus élevez , et
laisserent les autres morts sur les sentiers.
Ainsi finit cette ingenieuse et nouvelle Chasse,
de l'invention de M.le Baron deWack, Grand-VCneur
de S.A.E. qui en donne tous les ans , et les
sçait varier d'une infinité de manieres. Tout s'y
passa avec beaucoup d'ordre , les Pages et les
Seigneurs de la Cour , en habits verds galonnez
d'or , en furent les principaux Acteurs , et il n'y
eut que trois hommes de blessez , quoiqu'une
infinité se fussent exposez à l'être. M. le Comte
H iij de
ཐདྷཱ
162 MERCURE DE FRANCE
de Nassau , seigneur d'une aimable figure , pour
qui toutes les Dames s'interessoient , y combatit
plusieurs sangliers avec une adresse extrême , er
´s'en retira sans accident.
Nous vîmes les jours suivans des Divertissemens
de differentes especes se succeder les uns
aux autres. Il y eut deux Bals précedez par un
Soupé de 80. Couverts au premier , et de plus
de cent au second : dans celui - ci les Dames et les
Cavaliers furent alternativement rangez , suivant
P'ordre dont le sort avoit décidé par des billets
numerotez qu'on avoit tirés au hazard, et qui se
trouvoient attachez à chaque couvert , où chacun
alloit reconnoître sa place. J'eus le bonheur
d'y être associé à une des plus belles Dames de
la Cour , appellée Madame la Baronne de Feningre
, dont la conversation me fit connoître que
la nature ne l'avoit pas moins bien partagée en
esprit qu'en beauté et en naissance. Lorsque
j'eus l'honneur de lui donner la main pour enzrer
dans la Salle , je me souvins de la pensée de
ce Grand d'Espagne , qui en pareille rencontre
s'écria : que les Etoilles disparoissent , voici le
Soleil , Apartense las Estrellas , viene el Sol.
Aprés le Soupé , S. A. E. ordonna que chacun
prit le rang de son numero avec sa Dame , et il
commença lui - même le Bal à la tête de
quarante
quatre Couples , par une Danse Polonoise , qui
n'est qu'une espece de marche assez grave. Le
Prince de Sultbach suivoit S. A. E. avec les jeunes
Princesses , pendant que la Princesse son
Epouse , qui n'aime pas la Danse , demeura dans
un fauteuil , d'où elle la voyoit tranquillement.
Après cette ouverture du Bal S. A. E. dansa le
Menuet avec une grace et une noblesse admirable
, je dois même ajoûter avec une legereté surprenante
à l'âge de 70. A voir cet aimable Prince,
sans
JANVIER. 1731. 163
sans le connoître , il n'est pas difficile de deviner
qu'il est le premier de la Cour. Le jour suivant
on joua la Comedie de Tartuffe , en François :
cette Langue n'est guere moins commune à la
Cour que l'Allemande,qui est la naturelle du pays .
La Langue Italienne n'y est pas ignorée , mais
ellest entenduë d'un petit nombre de personnes
je le remarquai le le jour suivant , lorsqu'on joua
une Pastorale en Musique , où je servois d'Interprete
à plusieurs de mes voisins. La plus grande
partie des Danseurs de ce Ballet étoient les Pages
de la Cour , les Acteurs étoient les Musiciens de
S. A. E.
Je n'ai parlé jusqu'à present que des plaisirs
qui terminoient la journée , je ne dois pas
oublier
ceux de la bonne chere que nous avons faite à
cette Cour. Les Seigneurs animez par l'exemple
du Prince , et par l'estime qu'ils ont pour M. de
Josseau , qui n'est guere moins aimé dans les
Cours des Princes voisins de Landau , que dans
Landau même , nous regalerent magnifiquement.
M. le Comte de Nassau qui soutient la grandeur
de sa Naissance par tout ce qui peut le distinguer ,
nous donna un Repas superbe. Mrs le Baron de
Bevren , Grand- Maréchal , et le Baron Deschal ,
Grand-Ecuyer de la Princesse , nous firent connoître
que les meilleurs vins du monde et tes
mets les plus exquis fe trouvoient rassemblez
Manheim ,
Enfin notre cher Commandant rappellé par fon
devoir , revint à Landau comblé des bontez du
Prince & des politesses de toute la Cour ; chacun
de nous partageoit avec lui cette fatisfaction , car
S. A. E. nous avoit aussi donné des marques de
sa bonté. Il me fit l'honneur de m'adresser plusieurs
fois la parole ; et reconnoissant par la naïveté
de mes réponses la sincerité dont je fais pro-
Hiiij
fession ,
164 MERCURE DE FRANCE
fession , il me dit qu'il aimoit les François ;
parce qu'ils disoient naturellement leur pensée ,
sur quoy il releva un trait de Morale qui m'étoit
échapé d'une maniere qui me fit connoître la
justesse de son esprit et la droiture de son coeur.
Le tems de retourner à notre garnison étant
arrivé , je priai le Gouverneur de la Place de me
permettre d'en voir les Fortifications , quoiqu'il
me connut pour être l'Ingenieur en chef de Landau
; il me l'accorda de si bonne grace , qu'il
'voulut que l'Ingenieur subalterne , qui sçait parler
français , nous servit de guide. Je remarquai
une situation des plus avantageuses pour une Place
de guerre, par le confluent de deux grandes
rivieres , le Rhin et le Necre , qui en défendent
les approches , et une Fortification très - proprement
executée sur le sistême de Cocorn , que
nous n'avons point suivi en France , quoiqu'il
soit public depuis près de trente ans .
Je parcourus aussi l'interieur de la ville qui est
nouvellement bâtie , très- propre et très-reguliere
dans l'alignement de ses rues. Les maisons qui
n'ont ordinairement qu'un étage , rarement deux,
sont propres au dehors , mais l'interieur n'a pas
été distribué par de bons Architectes , particulierement
pour les escaliers.
Je vis aussi le nouveau Palais de l'Electeur qui
n'est pas achevé , et deux cabinets de tableaux,
parmi lesquels il y en a d'un grand prix , que S. A.
E. a fait apporter depuis peu de Dusseldort , ou
l'on dit qu'il en a de merveilleux , particulierement
de Rubens. J'ai l'honneur d'être &c.à Lang
dau le 24. Janvier 1731 .
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Résumé : FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
Le 24 janvier 1731, M. Frezier, ingénieur en chef, rédige une lettre relatant les événements entourant le mariage du Prince de Sulzbach avec la Princesse de Hesse-Rheinfels. Le Prince de Sulzbach, héritier présomptif du Palatinat, a épousé la sœur de la Reine de Sardaigne et de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau, commandant de la place de Landau, a félicité le Prince et a invité M. Frezier à l'accompagner. La cérémonie du mariage a eu lieu le 11 janvier. M. Frezier et M. de Josseau sont partis de Landau deux jours plus tard pour assister à diverses fêtes et divertissements durant le Carnaval. Une chasse remarquable a été organisée le 15 janvier. La Cour s'est embarquée sur le Rhin et a débarqué près d'un parc aménagé pour l'occasion, mesurant 1400 pas sur 200 pas. Ce parc était décoré de toiles et de filets et contenait des scènes de chasse à pied et des mascarades d'animaux. La chasse a débuté avec des sangliers, effrayés par des chasseurs armés de fourches. Des renards et des lièvres, déguisés en coqs et autres animaux, ont été lâchés et forcés de sauter grâce à des dispositifs appelés 'bernes'. Après la chasse, la Cour a pris un repas suivi d'autres spectacles, dont une mascarade avec des animaux déguisés. La chasse a été organisée par M. le Baron de Wack, Grand-Veneur du Prince Palatin, et s'est déroulée sans incident majeur. Les jours suivants, divers divertissements ont eu lieu, incluant des bals, des soupers et des représentations théâtrales. M. Frezier a noté la polyglossie de la Cour, où le français, l'allemand et l'italien étaient parlés. Il a également mentionné les repas somptueux offerts par les seigneurs, inspirés par l'exemple du Prince et l'estime pour M. de Josseau. Le narrateur a visité Mannheim, où le Comte de Nassau a offert un repas somptueux. Les Barons de Bevren et Deschal ont souligné la qualité des vins et des mets. Le Commandant a partagé sa satisfaction pour les marques de bonté du Prince et les politesses de la Cour. Le narrateur a reçu des attentions du Prince, qui a apprécié sa sincérité et a discuté de morale avec lui. Avant de retourner à sa garnison, le narrateur a visité les fortifications de Mannheim, notant leur situation avantageuse grâce au confluent du Rhin et du Neckar, ainsi que l'exécution des fortifications selon le système de Cocorn. Il a également observé la ville, nouvellement construite, avec des rues régulières mais des maisons mal conçues intérieurement. Le narrateur a vu le palais inachevé de l'Électeur et deux cabinets de tableaux, incluant des œuvres de grand prix récemment transférées de Düsseldorf, notamment des œuvres de Rubens.
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130
p. 366-369
TURQUIE ET PERSE.
Début :
ON a appris par Moscou que le Roy de Perse [...]
Mots clefs :
Turquie, Perse, Moscou, Sultan, Janissaires, Bataille, Artillerie, Prisonniers
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texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
NOUVELLES ETRANGERES.
ON
TURQUIE ET PERSE.
N a appris par Moscou que le Roy de Perse
avoit envoyé à Ispaham 2000. prisonniers
avec plusieurs pieces d'artillerie prises sur
les Turcs dans la derniere bataille qui a été
donnée du côté de Tauris ; et que ce Prince ne
vouloit écouter les propositions d'accommodement
qui lui ont été faites de la part du nouveau
Sultan , qu'à condition que pour Prélimimaires
de la Paix , les Turcs lui restitueront les
ConFEVRIER
. 173.1.1 367
Conquêtes qu'ils ont faites pendant la derniere
revolution , et lui payeront 30 millions de Roupies
en forme de dédommagement des pertes
qu'ont souffertes les differentes Provinces de la
Perse pendant la guerre,
Les Lettres de Derbent portent , qu'un Deta→
chement de l'armée du Roy de Perse avoit attaqué
le secours que le Bacha du Grand Caire envoyoit
à Bagdad , suivant les ordres du Sultan
déposé , et que les Persans avoient fait un butin
de près d'un million de Ducats.
Quelques Lettres de Constantinople du mois
de Decembre portent qu'Ali surnommé Patrona,
Chef et auteur de la revolution , peu content des
recompenses qu'il avoit reçues du Gr. S. et continuant
de demander avec hauteur les principales
Charges pour sa famille , ou pour ses adherans ,
S. H. avoit pris la resolution de se défaire de cet
importun , mais avec les précautions necessaires
pour prévenir une nouvelle revolution ; que lè
30 de Decembre Cianum Coggia , Capitan Pacha
, avoit eu ordre d'assembler les plus mutins
des Genteniers ou Commandans des bandes des
Jannissaires , qui avoient eu part à la derniere
revolte , et de feindre qu'on vouloit prendre leurs
avis pour décider de la Paix ou de la Guerre,
Après que le Capitan Pacha eut tenu avec 36 de
ces mutins une espece de Conseil , il alla avec
eux au Serrail , où il les engagea à demeurer
jusqu'à ce qu'il eut communiqué au G. S. le resultat
de leur Conference ; mais à peine se fut- il
retiré d'auprès d'eux , que 160 Jannissaires , áffectionnez
au Gouvernement , les environnerent
et les tail ! erent en pieces.
Cette punition n'empêcha pas Ali - Patrona de
demander le lendemain que le nommé Gicca ,
frere de l'Interprete de S. H , dont il avoit reçu
cent
368 MERCURE DE FRANCE
cent Bourses , fut nommé Vaivode de Valachie
à la place de Mauro Cordato. Le G. S. lui accorda
cette nouvelle grace ; mais quelques jours
après l'ayant fait arrêter avec le nouvel Aga des
Jannissaires , ces deux Rebelles furent étranglés ,
et on a trouvé chez eux près de cinq millions en
or ,qui ont été portés au Trésor du Serail.
Le G. S. ayant déposé le Kan des Tartares
tributaires de la Porte , qui avoit été mandé à
Constantinople , sous prétexte d'assister à un
Divan , S. H. a donné le Commandement des
Tartares au frere du Kan déposé , lequel étoit
relegué à Barna depuis quelques années , et le 3
du mois de Decembre dernier il reçut des mains
du G. S. un sabre garni de diamans , et un Caftan
doublé de martes Zebelines.
Le Seraskier Rusteck qui est allé en Perse
pour y negocier un Traité de Pacification , a été
fait Pacha à trois Queuës avant. que de partir .
Le Divan a resolu de demander des sommes
considerables aux Grecs et aux Juifs pour l'avenement
de S. H. au Trône.
Les mêmes Lettres marquent que le Sultan
déposé qui a été renfermé aux sept Tours avec
les Princes ses fils , y étoit traité magnifiquement,
et avec les mêmes honneurs que s'il étoit encore
sur le Trône.
On écrit de Venise , que par les Lettres reçuës
de Constantinople à la fin du mois dernier ; on
avoit apris que le Pacha Rustech,qu'on a envoyé
à Ispaliam , avec des pleins pouvoirs pour la signature
d'un Traité de Paix , avoit emporté avec
lui des présens magnifiques pour les Ministres du
Roy de Perse. Ces Lettres ajoutent que le G. S.
loin de se sur les créatures du Sultan dévanger
posé , de l'affront qui fut fait à Mustapha son
pere , lorsqu'on l'enferma aux sept Tours , employoit
FEVRIER. 1731. 359
ployoit tous ceux qui après avoir reconnu leur
faute, promettoient de le servir avec fidelité ; que
cette conduite lui attiroit tous les coeurs de ses
sujets , qui s'attendant à de grandes cruautez sous
son regne , étoient extrèmement surpris de voir
tant de modération et de clémence dans leur Sou
verain ; qu'on attribue cette douceur aux sages
conseils du nouveau Mufti qui l'a déterminé aus
si à visiter le Sultan déposé, et à le consulter sur
les affaires du Gouvernement, dont S H. ne pour
roit avoir une connoissance parfaite sans ce secours
, parce que le dernier G. V. avoit détourné
les Papiers de conséquence de ses Bureaux avant
que d'être étranglé , et que les autres Ministres
subalternes les ont brulés ou cachés depuis, que le
Sultan déposé,et le G.S. vivoient dans une bonne
intelligence,que le premier avoit la liberté de voir
les Princes ses fils , de manger et de converser
avec eux , et qu'on lui avoit rendu six de ses Sultanes
favorites.
On apprend par les mêmes Lettres qu'un hom
me de la lie du peuple , mais aussi sage et éclairé
qu'il est pauvre , avoit été choisi pour être Lieutenant
de l'Aga des Janissaires ; que S. H. ayant
approuvé ce choix , ce nouvel Officier avoit envoyé
chez tous les Ministres étrangers pour leur
donner part de son avenement, et les faire ressouvenir
de sa pauvreté;que ces Ministres lui avoient
fait,à l'envi, des présens magnifiques , que la Sulta
ne mere lui avoit envoyé 3 Turbans ,des habits et
quelques bourses remplies d'or , pour l'aider à se
mettre en équipage , et que depuis qu'il avoit pris
possession de son nouveau poste , les Janissaires
vivoient dans une parfaite discipline.
ON
TURQUIE ET PERSE.
N a appris par Moscou que le Roy de Perse
avoit envoyé à Ispaham 2000. prisonniers
avec plusieurs pieces d'artillerie prises sur
les Turcs dans la derniere bataille qui a été
donnée du côté de Tauris ; et que ce Prince ne
vouloit écouter les propositions d'accommodement
qui lui ont été faites de la part du nouveau
Sultan , qu'à condition que pour Prélimimaires
de la Paix , les Turcs lui restitueront les
ConFEVRIER
. 173.1.1 367
Conquêtes qu'ils ont faites pendant la derniere
revolution , et lui payeront 30 millions de Roupies
en forme de dédommagement des pertes
qu'ont souffertes les differentes Provinces de la
Perse pendant la guerre,
Les Lettres de Derbent portent , qu'un Deta→
chement de l'armée du Roy de Perse avoit attaqué
le secours que le Bacha du Grand Caire envoyoit
à Bagdad , suivant les ordres du Sultan
déposé , et que les Persans avoient fait un butin
de près d'un million de Ducats.
Quelques Lettres de Constantinople du mois
de Decembre portent qu'Ali surnommé Patrona,
Chef et auteur de la revolution , peu content des
recompenses qu'il avoit reçues du Gr. S. et continuant
de demander avec hauteur les principales
Charges pour sa famille , ou pour ses adherans ,
S. H. avoit pris la resolution de se défaire de cet
importun , mais avec les précautions necessaires
pour prévenir une nouvelle revolution ; que lè
30 de Decembre Cianum Coggia , Capitan Pacha
, avoit eu ordre d'assembler les plus mutins
des Genteniers ou Commandans des bandes des
Jannissaires , qui avoient eu part à la derniere
revolte , et de feindre qu'on vouloit prendre leurs
avis pour décider de la Paix ou de la Guerre,
Après que le Capitan Pacha eut tenu avec 36 de
ces mutins une espece de Conseil , il alla avec
eux au Serrail , où il les engagea à demeurer
jusqu'à ce qu'il eut communiqué au G. S. le resultat
de leur Conference ; mais à peine se fut- il
retiré d'auprès d'eux , que 160 Jannissaires , áffectionnez
au Gouvernement , les environnerent
et les tail ! erent en pieces.
Cette punition n'empêcha pas Ali - Patrona de
demander le lendemain que le nommé Gicca ,
frere de l'Interprete de S. H , dont il avoit reçu
cent
368 MERCURE DE FRANCE
cent Bourses , fut nommé Vaivode de Valachie
à la place de Mauro Cordato. Le G. S. lui accorda
cette nouvelle grace ; mais quelques jours
après l'ayant fait arrêter avec le nouvel Aga des
Jannissaires , ces deux Rebelles furent étranglés ,
et on a trouvé chez eux près de cinq millions en
or ,qui ont été portés au Trésor du Serail.
Le G. S. ayant déposé le Kan des Tartares
tributaires de la Porte , qui avoit été mandé à
Constantinople , sous prétexte d'assister à un
Divan , S. H. a donné le Commandement des
Tartares au frere du Kan déposé , lequel étoit
relegué à Barna depuis quelques années , et le 3
du mois de Decembre dernier il reçut des mains
du G. S. un sabre garni de diamans , et un Caftan
doublé de martes Zebelines.
Le Seraskier Rusteck qui est allé en Perse
pour y negocier un Traité de Pacification , a été
fait Pacha à trois Queuës avant. que de partir .
Le Divan a resolu de demander des sommes
considerables aux Grecs et aux Juifs pour l'avenement
de S. H. au Trône.
Les mêmes Lettres marquent que le Sultan
déposé qui a été renfermé aux sept Tours avec
les Princes ses fils , y étoit traité magnifiquement,
et avec les mêmes honneurs que s'il étoit encore
sur le Trône.
On écrit de Venise , que par les Lettres reçuës
de Constantinople à la fin du mois dernier ; on
avoit apris que le Pacha Rustech,qu'on a envoyé
à Ispaliam , avec des pleins pouvoirs pour la signature
d'un Traité de Paix , avoit emporté avec
lui des présens magnifiques pour les Ministres du
Roy de Perse. Ces Lettres ajoutent que le G. S.
loin de se sur les créatures du Sultan dévanger
posé , de l'affront qui fut fait à Mustapha son
pere , lorsqu'on l'enferma aux sept Tours , employoit
FEVRIER. 1731. 359
ployoit tous ceux qui après avoir reconnu leur
faute, promettoient de le servir avec fidelité ; que
cette conduite lui attiroit tous les coeurs de ses
sujets , qui s'attendant à de grandes cruautez sous
son regne , étoient extrèmement surpris de voir
tant de modération et de clémence dans leur Sou
verain ; qu'on attribue cette douceur aux sages
conseils du nouveau Mufti qui l'a déterminé aus
si à visiter le Sultan déposé, et à le consulter sur
les affaires du Gouvernement, dont S H. ne pour
roit avoir une connoissance parfaite sans ce secours
, parce que le dernier G. V. avoit détourné
les Papiers de conséquence de ses Bureaux avant
que d'être étranglé , et que les autres Ministres
subalternes les ont brulés ou cachés depuis, que le
Sultan déposé,et le G.S. vivoient dans une bonne
intelligence,que le premier avoit la liberté de voir
les Princes ses fils , de manger et de converser
avec eux , et qu'on lui avoit rendu six de ses Sultanes
favorites.
On apprend par les mêmes Lettres qu'un hom
me de la lie du peuple , mais aussi sage et éclairé
qu'il est pauvre , avoit été choisi pour être Lieutenant
de l'Aga des Janissaires ; que S. H. ayant
approuvé ce choix , ce nouvel Officier avoit envoyé
chez tous les Ministres étrangers pour leur
donner part de son avenement, et les faire ressouvenir
de sa pauvreté;que ces Ministres lui avoient
fait,à l'envi, des présens magnifiques , que la Sulta
ne mere lui avoit envoyé 3 Turbans ,des habits et
quelques bourses remplies d'or , pour l'aider à se
mettre en équipage , et que depuis qu'il avoit pris
possession de son nouveau poste , les Janissaires
vivoient dans une parfaite discipline.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En 1731, des événements politiques et militaires significatifs se déroulent en Turquie et en Perse. Le roi de Perse envoie 2000 prisonniers et des pièces d'artillerie prises aux Turcs à Ispahan. Il refuse les propositions de paix du nouveau sultan turc, exigeant la restitution des conquêtes récentes et le paiement de 30 millions de roupies en dédommagement. Parallèlement, les Persans attaquent un convoi du Bacha du Grand Caire à Bagdad, s'emparant d'un butin d'environ un million de ducats. À Constantinople, Ali, surnommé Patrona, est éliminé par le sultan après avoir demandé des charges importantes pour sa famille. Le sultan exécute également deux rebelles, Gicca et le nouvel Aga des Jannissaires, trouvant près de cinq millions en or chez eux. Il dépose le Kan des Tartares et nomme son frère à sa place. Le Seraskier Rusteck est nommé Pacha à trois queues avant de partir négocier un traité de paix en Perse. Le sultan impose des sommes considérables aux Grecs et aux Juifs pour son avènement au trône. Le sultan déchu est enfermé aux sept Tours avec ses fils, mais y est traité magnifiquement. Le sultan actuel emploie ceux qui promettent fidélité, gagnant ainsi le cœur de ses sujets. Il consulte le sultan déchu pour les affaires du gouvernement et lui a rendu six de ses sultanes favorites. Un homme du peuple, sage et éclairé, est choisi comme lieutenant de l'Aga des Janissaires et reçoit des présents magnifiques des ministres étrangers et de la sultane mère. Les Janissaires vivent désormais dans une parfaite discipline.
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131
p. 370-371
Extrait d'une Lettre de Marseille, du 19 Février 1731. au sujet des Troubles de Constantinople.
Début :
Nos Bâtimens commencent à venir du Levant. Le Capitaine Antoine [...]
Mots clefs :
Marseille, Constantinople, Révolution, Capitaine, Sultan, Commerce
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Marseille, du 19 Février 1731. au sujet des Troubles de Constantinople.
EXTRAIT d'une Lettre de Marseille
du 19 Février 1731. au fujet des Troubles
de Constantinople.
N
1
Os Bâtimens commencent à venir du Levant,
Le Capitaine Antoine Rolland arriva
le 16. en ce Port , chargé de 2700 charges de Ble
qu'il a pris au Volo , &c. Je l'ai questionné en
particulier sur la derniere révolution de Constan
tinople.
Notre Capitaine passa le fameux Janon- Coggia
Smirne,avec environ so personnes de sa suite , Er
en y arrivant , Coggia trouva des dépêches de
Constantinople où il étoit demandé, et où il s'est
rendu. Il a été fait de nouveau Capitan Pacha.
Quand il partit de Smirne , le Vaisseau du Capitaine
Rolland et tous les Bâtimens François le
saluerent de plusieurs coups de Canon , avec la
permission de M. le Consul, ce qui fit grand plai
sir au nouvel Amiral Turc,qui en témoigna sa reconnoissance
à notre Capitaine. Il fit distribuer
200 Piastres à l'Equipage.
Depuis , le même Capitaine ayant rencontré en
Mer , le Capitaine Fougasse de Cassis , commandant
un Pinque , lequel étoit parti de Constantinople
, le 13 Janvier. Il apprit de lui que Janon
Coggia avoit été reçu à Constantinople avec de
grandes acclamations , et que le nouveau Sultan`
avoit d'abord voulu le faire G. V. Il s'en étoit
excusé sur ce que la Marine étoit plus à sa bienseance
; qu'on avoit assemblé un grand Divan ,
dans lequel Ali Patrona , auteur de la Révolte
avoit eu l'audace de demander la femme du dernier
G. V , fille du Sultan détrôné ; surquoi Janon
Coggia lui avoit répondu avec mépris; qu'une telle
Dame n'étoit pas destinée à un homme de néant
tel
FEVRIER. 173 F. 370
tel que lui. Surquoi Patrona ayant tiré un Pistolet
de sa poche ; Coggia le prévint et lui fit sauter
la tête d'un coup de Sabre ; que peu de tems après
le même Coggia avoit fait étrangler 30 des principaux
Satellites du Révolté ; ce qui avoit fait
d'abord cesser le trouble , ajoûtant que le nouveau
Capitan Pacha continuoit de faire faire des exécutions
à l'égard de ceux qui ont été du parti des
Rebelles. Le G. S. ne fait rien que par le Conseil
de ce bon serviteur , en attendant l'arrivée de
Kupruli , Pacha du Caire , pour le faire G. V.
Ce qui fait esperer une entiere pacification et le
prompt rétablissement du commerce. Tout ce détail
a encore été confirmé au Capitaine Rolland
dans d'autres lieux où il a touché.
du 19 Février 1731. au fujet des Troubles
de Constantinople.
N
1
Os Bâtimens commencent à venir du Levant,
Le Capitaine Antoine Rolland arriva
le 16. en ce Port , chargé de 2700 charges de Ble
qu'il a pris au Volo , &c. Je l'ai questionné en
particulier sur la derniere révolution de Constan
tinople.
Notre Capitaine passa le fameux Janon- Coggia
Smirne,avec environ so personnes de sa suite , Er
en y arrivant , Coggia trouva des dépêches de
Constantinople où il étoit demandé, et où il s'est
rendu. Il a été fait de nouveau Capitan Pacha.
Quand il partit de Smirne , le Vaisseau du Capitaine
Rolland et tous les Bâtimens François le
saluerent de plusieurs coups de Canon , avec la
permission de M. le Consul, ce qui fit grand plai
sir au nouvel Amiral Turc,qui en témoigna sa reconnoissance
à notre Capitaine. Il fit distribuer
200 Piastres à l'Equipage.
Depuis , le même Capitaine ayant rencontré en
Mer , le Capitaine Fougasse de Cassis , commandant
un Pinque , lequel étoit parti de Constantinople
, le 13 Janvier. Il apprit de lui que Janon
Coggia avoit été reçu à Constantinople avec de
grandes acclamations , et que le nouveau Sultan`
avoit d'abord voulu le faire G. V. Il s'en étoit
excusé sur ce que la Marine étoit plus à sa bienseance
; qu'on avoit assemblé un grand Divan ,
dans lequel Ali Patrona , auteur de la Révolte
avoit eu l'audace de demander la femme du dernier
G. V , fille du Sultan détrôné ; surquoi Janon
Coggia lui avoit répondu avec mépris; qu'une telle
Dame n'étoit pas destinée à un homme de néant
tel
FEVRIER. 173 F. 370
tel que lui. Surquoi Patrona ayant tiré un Pistolet
de sa poche ; Coggia le prévint et lui fit sauter
la tête d'un coup de Sabre ; que peu de tems après
le même Coggia avoit fait étrangler 30 des principaux
Satellites du Révolté ; ce qui avoit fait
d'abord cesser le trouble , ajoûtant que le nouveau
Capitan Pacha continuoit de faire faire des exécutions
à l'égard de ceux qui ont été du parti des
Rebelles. Le G. S. ne fait rien que par le Conseil
de ce bon serviteur , en attendant l'arrivée de
Kupruli , Pacha du Caire , pour le faire G. V.
Ce qui fait esperer une entiere pacification et le
prompt rétablissement du commerce. Tout ce détail
a encore été confirmé au Capitaine Rolland
dans d'autres lieux où il a touché.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Marseille, du 19 Février 1731. au sujet des Troubles de Constantinople.
Le 16 février 1731, le capitaine Antoine Rolland arriva à Marseille avec 2700 charges de blé du Volo. Il rapporta des troubles récents à Constantinople. Janon Coggia, nommé Capitan Pacha, y fut accueilli favorablement. Le nouveau sultan souhaitait le nommer Grand Vizir, mais Coggia préféra se concentrer sur la marine. Lors d'un Divan, Ali Patrona, instigateur de la révolte, demanda la femme du dernier Grand Vizir, fille du sultan détrôné. Coggia refusa, provoquant une altercation où il tua Patrona. Il fit ensuite exécuter 30 partisans de Patrona, apaisant les troubles. Le sultan gouverne sous l'influence de Coggia, en attendant Kupruli, Pacha du Caire, pour le poste de Grand Vizir. Ces événements laissent espérer une pacification et la reprise du commerce. Ces informations furent confirmées au capitaine Rolland lors de ses escales.
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132
p. 371-376
RELATION de la Révolte arrivée à Tripoly de Syrie, contre Hibraim Pacha, Gouverneur de cette Ville, le 26. Octobre 1730. etc. Ecrite par M. le Maire, Consul de la Nation Françoise.
Début :
Le Pacha ayant été informé par Mustapha Bey son fils, [...]
Mots clefs :
Tripoli, Syrie, Pacha , Janissaires, Sérail, Justice, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION de la Révolte arrivée à Tripoly de Syrie, contre Hibraim Pacha, Gouverneur de cette Ville, le 26. Octobre 1730. etc. Ecrite par M. le Maire, Consul de la Nation Françoise.
RELATION de la Ré volté arrivée
à Tripoly de Syrie , contre Hibraim
Pa ha Gouverneur de cette Ville le
26. Octobre 1730. etc. Ecrite par M.
le Maire , Consul de la Nation Françoise.
LBey
E Pacha ayant été informé par Mustapha
Bey son fils , qui commande à la Taquie
que les gens de la Montagne , informés de la Révolution
de Constantinople , s'étoient révoltez
contre lui , et qu'ils avoient fait main - basse sur
ceux qu'il avoit envoyés pour lever les droits dų
G. S. Le Bey voulant mettre les Païsans à la raison,
et n'ayant pas assez de Troupe à la Taquie
expedia icy à son pere un Courrier pour lui demander
du secours . Le Pacha donna aussi-tôt ses
ordres à l'Aga des Janissaires de faire marcher
200 hommes de cette milice à la Taquie , mais
les Janissaires n'ayant pas voulu marcher , le
Hij Corps
372 MERCURE DE FRANCE
Corps se souleva et entraîna avec lui beaucoup de
Soldats et de Populace . Ils al erent attaquer le
Serrail où étoit le Pacha , à grands coups de Fusil
, qui furent suivis d'une grêle de coups de pierres,
ce qui dura jusqu'à la nuit ; il n'y eut cependant
que 7 hommes de tués, de part et d'autre
et 3 de blessés .
Le lendemain 27 , les Rebelles allerent encore
attaquer le Pacha dans son Sérail ; pour les appaiser
, il promit de diminuer le prix de la viande,du
pain , du savon et generalement de toutes les denrées,
ce qui fut exécuté; mais cela ne les ayant pas
satisfais , ils ne discontinuerent point de tirer. Un
parti de quelques Janissaires se détacha de la
Troupe pour aller attaquer la Maison d'un des
principauxOfficiers du Pacha, appellé Cassen Aga,
ils la mirent au pillage , massacrerent cet Officier
'et couperent son corps par petits morceaux , avec
4 de ses domestiques qui s'étoient mis en deffense.
Ils allerent delà à la Maison d'Abdy- Aga, premier
Drogman du Pacha , qu'ils pillerent aussi ,
et étant revenus peu de temps après devant le Serrail
, ils demanderent que le Pacha fut déposé , et
voulurent l'obliger à passer dans le Château , jusques
à ce que les Ordres du G.S. fussent arrivez.
Il leur fit dire qu'il n'iroit point au Château sans
que les Puissances du Païs à leur tête , ne le forcassent
à y entrer.
La Populace lui demanda la tête d'Abdy-Aga
son Drogman pour l'avoir porté à tiranniser le
peuple. Le Pacha ayant fait quelque difficulté d'accorder
à leur demande , tous ses Officiers lui dirent
que s'il ne donnoit pas cette satisfaction aux
Rebelles , sa tête et la leur étoient dans un grand
danger. Le Pacha , à la persuasion de tout son
monde , et par la crainte de perdre la vie , fut le
premier à porter la Ganjarre ou Poignard sur l'es
tomach
FEVRIER. 1-31. 373
tomach de son Drogman. Les Soldats aussi - tôt
le percerent de mille coups et lui firent toute sorte
d'outrages. On le jetta par les Fenêtres du Serrail
et par le moyen d'une Corde passée à son col ,
il fut traîné tout nud par toutes les rues de Tripoly
et son corps jetté ensuite à la voirie.
> Le 28 le Frere du Drogman , ayant entendu
dire qu'on le ménaçoit , défit son Turban ,
n'ayant pas eu le temps de trouver une corde , et
par une Fenêtre du Château , se suspendit à ce
Turban , qui étant d'une Mousseline fine , ne put
résister ; il se rompit bras et jambes en tombant;
quelques Soldats Payant aperçu , coururent à lui
et l'acheverent à coups de Sabre.
Le Capigy qui est venu de Constantinople , de
Concert avec Sidy Ally , Cherif,un des Chefs de la
Justice, et Cader Aga, une autre Puissance, entre→
tiennent secretement la populace mutinée qui fait
une recherche exacte de tous ceux qui ont causé
des avanies par leurs mauvais conseils et qui
ont porté le Pacha à se faire partisan de toutes
sortes de inarchandises , et de denrées.
>
Le Pacha dit hier au Capigy , que si S. H. l'avoit
envoyê pour lui demander sa tête , qu'il
étoit prêt à la donner. Le Capigy lui répondit
qu'il n'avoit point cet ordre , et qu'il pouvoit
rester tranquille de ce côté-là ; mais qu'il ne répondoit
point de la mauvaise intention du peuple
, qui vouloit avoir raison de tous les Avanistes
, sans leur faire aucun quartier , et qu'on
cherchoit actuellement Abraham de Leon , Juif,
son Douanier , un des principaux ; sa maison fut
pillée hier totalement
on le chercha par
;
toute la ville pour le brûler devant la Maison
de la Justice ; mais ce Juif a pris la fuite dès le
comencement des desordres. Les Rebelles le
croyoient refugié dans quelque maison de Francs.
Hiij Les
974 MERCURE DE FRANCE
Les principales ereatures du Pacha qui se sen
toient coupables , ont aussi pris la fuite.
Il me fut rapporté par quelques Jannissaires ,
qu'on vouloit entrer dans les maisons des Fran
çois pour chercher le Juif , et qu'on viendroit .
d'abord à la Maison Consulaire pour me le demander.
t
Je fis dire au Corps des Jannissaires , qu'aucun
François se seroit bien gardé de refugier ce Juif
dans une pareille conjoncture , que c'étoit un
homme proscrit , et d'une Nation qu'on abhor→
roit depuis long- tems ; qu'ainsi il n'y avoit nulle
apparence qu'on lui eût donné azile ; que cependant
pour satisfaire la populace , si elle croyoit
absolument que ce Juif fut dans nos maisons
je me transportérois chez tous les Marchands
avec trois ou quatre personnes de leur troupe ,
pour faire la visite ; mais que si la Milice y ve
noit de force ouverte , je m'opposerois autant
qu'il seroit en mon pouvoir à cette violence , qui
pourroit avoir des suites fâcheuses pour tous les
habitans de la Ville. Cette Réponse leur fit faire
des Reflexions , et on nous laissa tranquilles.
Les Rebelles se transporterent au Makiamé ,
lieu où la Justice se rend ; ils y firent écrire un
Hoget ou Sentence pardevant le nouveau Cady ,
signé de tous les Chefs de la Justice , par lequel
il leur étoit permis de mettre à mort trois per
sonnes de consideration de la Maison du Pacha ,
par tout où ils pourroient les trouver , qui sont
P'Arby Caliby , son premier Secretaire , le Casanadac
, et Adheraman- Aga , Chef de la Justice ,
ce qui leur fut accordé sans difficulté . Ce jour
même , l'après- mid , ils massacrerent quelques
Avani ses, qu'i's traînerent ensuite tout nuds par
les rues : ces corps passerent dans notre quartier,
et nous firent horreur.
Le
FEVRIER.
1731. 375
Le 29 , le party des Rebelles ayant considerament
grossi , se présenta de nouveau devant le
Serrail , sur la nouvelle qu'ils apprirent que le
Pacha avoit demandé secretement main forte
aux deux Capitaines des Sultanes du G. S. qui
ont escorté le Convoy venu de Damiette en cette
Rade , pour se saisir de la personne de Sidy- Ally
Cherif , et de Cadec Aga , comme Chefs de la
Rebellion , pour les conduire à Constantinople ;
mais ces deux Capitaines n'en voulurent rien
faire , et chargerent le Pacha de justes reproches
sur sa mauvaise conduite envers le peuple
qu'il avoit cruellement maltraité , et tirannisé
depuis qu'il étoit dans le Gouvernement , ne
pouvant plus soutenir la misere où il l'avoit réduit
, et dont ils voyoient eux-mêmes la verité
ajoutant qu'ils trouvoient les habitans fondez
demander sa déposition.
Ces Capitaines n'eurent pas plutôt terminé
cette Conference qu'il s'atroupa près de sono,
hommes devant le Serrail , lesquels firent une
décharge de Mousqueterie , et braquerent en
même temps du canon sur l'appartement oa
étoit le Pacha. Ils tirerent cinq coups à boulets,
Ils n'étoient éloignez qu'à demy portée de pistolet
, ce qui fit une si grande breche à la muraille
qui separe le Serrail du Château , que le
Corps des Jannissaires y entra le sabre à la main,
Les Puissances s'y assemblerent à la requisition
de la populace , qui demanda que le Pacha ne se
mêlât plus duGouvernement,jusqu'à nouvel ordre
de la Porte , que Kader- Aga commanderoit pour
ce qui regarde le Commerce et la Police ; que le
Pacha retireroit les droits du G. S. et que Sidy-
Ally seroit Cady pour la Justice.
Le Bacha fut si ému de voir les seditieux si
près de lui , qu'il tomba évanoui . On le fit re-
Hiiij venir,
376 MERCURE DE FRANCE.
venir , et on le fit descendre dans une petite
Mosquée avec une échelle , pour le mettre à l'a
bry des insultes des troupes. Il fut poursuivi jusques
dans cet endroit-là , et Sidy-Mudy , notre
Chef des Messagers , lui sauva la vie. Il se mit à
la porte de la Mosquée , le mousqueton bandé ,
et empêcha les Jannissaires d'entrer , en lenr disant
, que s'ils tuoient le Pacha , ils seroient tous
sevérement punis de la Porte. Son Casanadac ou
Trésorier profita de ce tems- là pour prendre la
fuite. Il sortit lui quinziéme , à cheval , par une
petite porte du Serrail , le pistolet et le sabre à
la main , poussant leurs chevaux à toute bride ;
ils se firent jour à travers ceux qui pouvoient les
arrêter , et passerent du côté de la Marine. Le
Pacha fut conduit le soir dans la maison de ses
femmes, accompagné des Grands du pays, et sous
l'escorte de 60 Jannissaires , et des gens de sa
maison , sans qu'on osât tirer sur lui , ayant
promis au peuple de ne se plus mêler d'aucune
affaire ; ce qui luy fut confirmé aussi par les
Grands du pays. Tout est tranquil e depuis ee
temps-là . Les Jannissaires gardent les portes de
la Ville , pour arrêter ceux qui voudroient fuir. '
On assure que le Pacha a expedié des Couriers
de tous côtez , secretement , pour donner avis à
la Porte , au Pacha de Damas son pere , et à son
oncle , Pacha de Séyde , sur tout ce qui se passe.
L'opinion commune est que ces deux Pachas luy
envoyeront des troupes pour punir tous les Chefs
de cette Révolte ; ce qui me fait croire que les
troubles ne sont point encore finis.
à Tripoly de Syrie , contre Hibraim
Pa ha Gouverneur de cette Ville le
26. Octobre 1730. etc. Ecrite par M.
le Maire , Consul de la Nation Françoise.
LBey
E Pacha ayant été informé par Mustapha
Bey son fils , qui commande à la Taquie
que les gens de la Montagne , informés de la Révolution
de Constantinople , s'étoient révoltez
contre lui , et qu'ils avoient fait main - basse sur
ceux qu'il avoit envoyés pour lever les droits dų
G. S. Le Bey voulant mettre les Païsans à la raison,
et n'ayant pas assez de Troupe à la Taquie
expedia icy à son pere un Courrier pour lui demander
du secours . Le Pacha donna aussi-tôt ses
ordres à l'Aga des Janissaires de faire marcher
200 hommes de cette milice à la Taquie , mais
les Janissaires n'ayant pas voulu marcher , le
Hij Corps
372 MERCURE DE FRANCE
Corps se souleva et entraîna avec lui beaucoup de
Soldats et de Populace . Ils al erent attaquer le
Serrail où étoit le Pacha , à grands coups de Fusil
, qui furent suivis d'une grêle de coups de pierres,
ce qui dura jusqu'à la nuit ; il n'y eut cependant
que 7 hommes de tués, de part et d'autre
et 3 de blessés .
Le lendemain 27 , les Rebelles allerent encore
attaquer le Pacha dans son Sérail ; pour les appaiser
, il promit de diminuer le prix de la viande,du
pain , du savon et generalement de toutes les denrées,
ce qui fut exécuté; mais cela ne les ayant pas
satisfais , ils ne discontinuerent point de tirer. Un
parti de quelques Janissaires se détacha de la
Troupe pour aller attaquer la Maison d'un des
principauxOfficiers du Pacha, appellé Cassen Aga,
ils la mirent au pillage , massacrerent cet Officier
'et couperent son corps par petits morceaux , avec
4 de ses domestiques qui s'étoient mis en deffense.
Ils allerent delà à la Maison d'Abdy- Aga, premier
Drogman du Pacha , qu'ils pillerent aussi ,
et étant revenus peu de temps après devant le Serrail
, ils demanderent que le Pacha fut déposé , et
voulurent l'obliger à passer dans le Château , jusques
à ce que les Ordres du G.S. fussent arrivez.
Il leur fit dire qu'il n'iroit point au Château sans
que les Puissances du Païs à leur tête , ne le forcassent
à y entrer.
La Populace lui demanda la tête d'Abdy-Aga
son Drogman pour l'avoir porté à tiranniser le
peuple. Le Pacha ayant fait quelque difficulté d'accorder
à leur demande , tous ses Officiers lui dirent
que s'il ne donnoit pas cette satisfaction aux
Rebelles , sa tête et la leur étoient dans un grand
danger. Le Pacha , à la persuasion de tout son
monde , et par la crainte de perdre la vie , fut le
premier à porter la Ganjarre ou Poignard sur l'es
tomach
FEVRIER. 1-31. 373
tomach de son Drogman. Les Soldats aussi - tôt
le percerent de mille coups et lui firent toute sorte
d'outrages. On le jetta par les Fenêtres du Serrail
et par le moyen d'une Corde passée à son col ,
il fut traîné tout nud par toutes les rues de Tripoly
et son corps jetté ensuite à la voirie.
> Le 28 le Frere du Drogman , ayant entendu
dire qu'on le ménaçoit , défit son Turban ,
n'ayant pas eu le temps de trouver une corde , et
par une Fenêtre du Château , se suspendit à ce
Turban , qui étant d'une Mousseline fine , ne put
résister ; il se rompit bras et jambes en tombant;
quelques Soldats Payant aperçu , coururent à lui
et l'acheverent à coups de Sabre.
Le Capigy qui est venu de Constantinople , de
Concert avec Sidy Ally , Cherif,un des Chefs de la
Justice, et Cader Aga, une autre Puissance, entre→
tiennent secretement la populace mutinée qui fait
une recherche exacte de tous ceux qui ont causé
des avanies par leurs mauvais conseils et qui
ont porté le Pacha à se faire partisan de toutes
sortes de inarchandises , et de denrées.
>
Le Pacha dit hier au Capigy , que si S. H. l'avoit
envoyê pour lui demander sa tête , qu'il
étoit prêt à la donner. Le Capigy lui répondit
qu'il n'avoit point cet ordre , et qu'il pouvoit
rester tranquille de ce côté-là ; mais qu'il ne répondoit
point de la mauvaise intention du peuple
, qui vouloit avoir raison de tous les Avanistes
, sans leur faire aucun quartier , et qu'on
cherchoit actuellement Abraham de Leon , Juif,
son Douanier , un des principaux ; sa maison fut
pillée hier totalement
on le chercha par
;
toute la ville pour le brûler devant la Maison
de la Justice ; mais ce Juif a pris la fuite dès le
comencement des desordres. Les Rebelles le
croyoient refugié dans quelque maison de Francs.
Hiij Les
974 MERCURE DE FRANCE
Les principales ereatures du Pacha qui se sen
toient coupables , ont aussi pris la fuite.
Il me fut rapporté par quelques Jannissaires ,
qu'on vouloit entrer dans les maisons des Fran
çois pour chercher le Juif , et qu'on viendroit .
d'abord à la Maison Consulaire pour me le demander.
t
Je fis dire au Corps des Jannissaires , qu'aucun
François se seroit bien gardé de refugier ce Juif
dans une pareille conjoncture , que c'étoit un
homme proscrit , et d'une Nation qu'on abhor→
roit depuis long- tems ; qu'ainsi il n'y avoit nulle
apparence qu'on lui eût donné azile ; que cependant
pour satisfaire la populace , si elle croyoit
absolument que ce Juif fut dans nos maisons
je me transportérois chez tous les Marchands
avec trois ou quatre personnes de leur troupe ,
pour faire la visite ; mais que si la Milice y ve
noit de force ouverte , je m'opposerois autant
qu'il seroit en mon pouvoir à cette violence , qui
pourroit avoir des suites fâcheuses pour tous les
habitans de la Ville. Cette Réponse leur fit faire
des Reflexions , et on nous laissa tranquilles.
Les Rebelles se transporterent au Makiamé ,
lieu où la Justice se rend ; ils y firent écrire un
Hoget ou Sentence pardevant le nouveau Cady ,
signé de tous les Chefs de la Justice , par lequel
il leur étoit permis de mettre à mort trois per
sonnes de consideration de la Maison du Pacha ,
par tout où ils pourroient les trouver , qui sont
P'Arby Caliby , son premier Secretaire , le Casanadac
, et Adheraman- Aga , Chef de la Justice ,
ce qui leur fut accordé sans difficulté . Ce jour
même , l'après- mid , ils massacrerent quelques
Avani ses, qu'i's traînerent ensuite tout nuds par
les rues : ces corps passerent dans notre quartier,
et nous firent horreur.
Le
FEVRIER.
1731. 375
Le 29 , le party des Rebelles ayant considerament
grossi , se présenta de nouveau devant le
Serrail , sur la nouvelle qu'ils apprirent que le
Pacha avoit demandé secretement main forte
aux deux Capitaines des Sultanes du G. S. qui
ont escorté le Convoy venu de Damiette en cette
Rade , pour se saisir de la personne de Sidy- Ally
Cherif , et de Cadec Aga , comme Chefs de la
Rebellion , pour les conduire à Constantinople ;
mais ces deux Capitaines n'en voulurent rien
faire , et chargerent le Pacha de justes reproches
sur sa mauvaise conduite envers le peuple
qu'il avoit cruellement maltraité , et tirannisé
depuis qu'il étoit dans le Gouvernement , ne
pouvant plus soutenir la misere où il l'avoit réduit
, et dont ils voyoient eux-mêmes la verité
ajoutant qu'ils trouvoient les habitans fondez
demander sa déposition.
Ces Capitaines n'eurent pas plutôt terminé
cette Conference qu'il s'atroupa près de sono,
hommes devant le Serrail , lesquels firent une
décharge de Mousqueterie , et braquerent en
même temps du canon sur l'appartement oa
étoit le Pacha. Ils tirerent cinq coups à boulets,
Ils n'étoient éloignez qu'à demy portée de pistolet
, ce qui fit une si grande breche à la muraille
qui separe le Serrail du Château , que le
Corps des Jannissaires y entra le sabre à la main,
Les Puissances s'y assemblerent à la requisition
de la populace , qui demanda que le Pacha ne se
mêlât plus duGouvernement,jusqu'à nouvel ordre
de la Porte , que Kader- Aga commanderoit pour
ce qui regarde le Commerce et la Police ; que le
Pacha retireroit les droits du G. S. et que Sidy-
Ally seroit Cady pour la Justice.
Le Bacha fut si ému de voir les seditieux si
près de lui , qu'il tomba évanoui . On le fit re-
Hiiij venir,
376 MERCURE DE FRANCE.
venir , et on le fit descendre dans une petite
Mosquée avec une échelle , pour le mettre à l'a
bry des insultes des troupes. Il fut poursuivi jusques
dans cet endroit-là , et Sidy-Mudy , notre
Chef des Messagers , lui sauva la vie. Il se mit à
la porte de la Mosquée , le mousqueton bandé ,
et empêcha les Jannissaires d'entrer , en lenr disant
, que s'ils tuoient le Pacha , ils seroient tous
sevérement punis de la Porte. Son Casanadac ou
Trésorier profita de ce tems- là pour prendre la
fuite. Il sortit lui quinziéme , à cheval , par une
petite porte du Serrail , le pistolet et le sabre à
la main , poussant leurs chevaux à toute bride ;
ils se firent jour à travers ceux qui pouvoient les
arrêter , et passerent du côté de la Marine. Le
Pacha fut conduit le soir dans la maison de ses
femmes, accompagné des Grands du pays, et sous
l'escorte de 60 Jannissaires , et des gens de sa
maison , sans qu'on osât tirer sur lui , ayant
promis au peuple de ne se plus mêler d'aucune
affaire ; ce qui luy fut confirmé aussi par les
Grands du pays. Tout est tranquil e depuis ee
temps-là . Les Jannissaires gardent les portes de
la Ville , pour arrêter ceux qui voudroient fuir. '
On assure que le Pacha a expedié des Couriers
de tous côtez , secretement , pour donner avis à
la Porte , au Pacha de Damas son pere , et à son
oncle , Pacha de Séyde , sur tout ce qui se passe.
L'opinion commune est que ces deux Pachas luy
envoyeront des troupes pour punir tous les Chefs
de cette Révolte ; ce qui me fait croire que les
troubles ne sont point encore finis.
Fermer
Résumé : RELATION de la Révolte arrivée à Tripoly de Syrie, contre Hibraim Pacha, Gouverneur de cette Ville, le 26. Octobre 1730. etc. Ecrite par M. le Maire, Consul de la Nation Françoise.
Le 26 octobre 1730, une révolte éclate à Tripoli de Syrie contre Ibrahim Pacha, gouverneur de la ville. Informé par son fils Mustapha Bey, Ibrahim Pacha apprend que les habitants des montagnes, inspirés par la révolution de Constantinople, se sont soulevés contre lui. Ne disposant pas de suffisamment de troupes, il demande des renforts à son père, qui ordonne à l'Aga des Janissaires d'envoyer 200 hommes. Cependant, les Janissaires refusent et se soulèvent, entraînant avec eux des soldats et la populace. Ils attaquent le Sérail où se trouve le Pacha, mais les pertes sont minimes. Le lendemain, les rebelles attaquent à nouveau le Sérail. Pour apaiser la foule, le Pacha promet de réduire les prix des denrées, mais cela ne suffit pas. Les rebelles pillent les maisons de deux officiers du Pacha, Cassen Aga et Abdy-Aga, et exigent la déposition du Pacha. Sous la pression, le Pacha accepte de sacrifier son Drogman, Abdy-Aga, qui est tué et traîné dans les rues. Le frère d'Abdy-Aga se suicide en apprenant la menace qui pèse sur lui. Les rebelles, soutenus par des figures influentes comme le Capigy et Sidy Ally Cherif, cherchent à éliminer les conseillers du Pacha accusés de tyrannie. Le Pacha affirme qu'il est prêt à se soumettre aux ordres de la Porte. Les rebelles massacrent plusieurs conseillers du Pacha et pillent la maison d'Abraham de Leon, un Juif douanier du Pacha, qui a pris la fuite. Le 29 octobre, les rebelles, renforcés, se présentent devant le Sérail après avoir appris que le Pacha avait demandé des renforts. Les Capitaines des Sultanes refusent d'intervenir et reprochent au Pacha sa mauvaise gestion. Les rebelles tirent sur le Sérail et entrent dans le bâtiment. Le Pacha est sauvé par Sidy-Mudy, un chef des messagers, et conduit dans la maison de ses femmes sous escorte. Depuis, la ville est calme, mais des troubles sont attendus avec l'arrivée de renforts des Pachas de Damas et de Séyde.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
133
p. 377-382
POLOGNE.
Début :
On apprend de Warsovie que l'Envoyé du Kam des Tartares a représenté que le passage [...]
Mots clefs :
Pologne, Danemark, Allemagne, Italie, Duc, Comte, Palais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
>
N apprend de Warsovie que l'Envoyé dư
Kam des Tartares a représenté que le passage
par ce Royaume des 30000. Moscovites
destinés au service de l'Empereur , étoit contraire
au Traité conclu entre la Porte et la Russie , et
aux anciennes conventions faites entre la Répu
blique et les Tartares.
A l'audiance que cet Envoyé , nommé Jasuff
Hora Mussu , eut le 15. Janvier , il entra dans
la Salle où étoit le Roi de Pologne , après avoir
remis son bonnet entre les mains du premier Page
de la Cour, ce que firent aussi son Truchement
et les autres personnes de sa suite . En entrant
dans la Salle , il fit une profonde reverence , tenant
la main devant sa bouche , et se baissant jusqu'à
terre , ce qu'il réïtera trois fois avant que
d'arriver au Trône ; s'étant ensuite retiré quelques
pas , il fit une autre réverence au Sénat , qui
étoit assemblé dans la Salle d'audiance. Après le
premier compliment qu'il fit au Roi pour s'informer
de sa santé au nom de Kaikan Kiray ,
Kam des Tartares , son Maitre , il lui remit une
Lettre de ce Prince , et remercia S. M. de sa part
de la protection qu'elle avoit bien voulu accorder
à un Prince Tartare. Le Vice - Chancelier lui
répondit au nom du Roi que l'affection et l'amis
tié que S. M. portoit au Kam des Tartares l'avoit
engagée à accorder sa protection au Prince
Tartare. Ensuite l'Envoyé acheva son discours
dans lequel il fit mention , entr'autres , du passage
des 30000. Russiens , et se retira après avec les
mêmes cerémonies.
DANG
378 MERCURE DE FRANCE
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
L
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
:
LE
ITALIE.
E 9. Janvier , on publia à Rome un Decret
du Pape , par lequel il est deffendu aux Ecclesiastiques
habitués des cinq Eglises Basilicales
de cette Ville d'y entrer autrement qu'en soutane.
Vers le soir , quelques prisonniers des prisons
secrettes ayant mis le feu aux portes de leurs .
cachots , dans l'esperance de se sauver , ils furent
tous étoufés par la fumée.
M. Firrao , ci - devant Nonce en Portugal , quis
a été nommé à l'Evêché d'Aversa , ne se rendra
pas dans son Diocèse aussi -tôt qu'on le croyoit ,
parceque le Pape qui prend beaucoup de confiance
en lui , veut le retenir auprès de sa personne .
du
Le Cardinal Fini a reçû ordre de la part
Cardinal Secretaire d'Etat de ne plus se trouver à
la Congrégation du S. Office , et le Pape a approuvé
la résolution que le Cardinal Coscia a
prise de ne plus assister à la même Congrégation
et à celles de l'Immunité et d'Avignon .
Sur la fin du mois dernier , on publia à Rome:
une Constitution du Pape , portant confirmation :
de la Bulle que le Pape Paul IV . donna en 1555%
par laquelle le plus ancien Cardinal Evêque qui
se trouve en cette Ville a droit de faire les fons-
H vj tions
380 MERCURE DE FRANCE
. tions de Doyen du Sacré College , lorsque le
Décanat est vacant , ou que le Doyen du Sacré
College est absent . La même Constitution regle
aussi les prérogatives des autres Cardinaux de
l'ordre des Evêques.
La Princesse Clementine Sobieska a fait venir :
de Flandres douze Religieuses de l'Observance
de la Regle de Sainte Ursule , pour reformer le
Monastere des Ursulines de Rome.
Le 19. du mois dernier , le Cardinal de Poli
gnac fit représenter dans son Palais une Comédie
, à laquelle il avoit fait inviter la principale
noblesse de Rome.
•
Le 20. on fit dans l'Eglise de Sainte Agnez ,
hors des murs , la benediction des deux Agneaux,
dont la laine remise entre les mains du Pape par
le Chapitre de S. Jean de Latran , doit servir à
fabriquer l'étoffe dont on fait les Pallium , que
S. S. donne aux Archevêques et à quelques Evêques
..
On écrit de Naples que le Duc de Monteleon,
Pignatelli ayant fait représenter dans son Palais
une Créche magnifique , autour de laquelle il
avoit fait placer des Joueurs d'instrumens habil
lez en Bergers. Il donna le 3 de Janvier un Concert
magnifique , auquel le Viceroy , la Comtesse
d'Arrach , son Epouse , leurs enfans , et la
principale Noblesse furent invitez , Après le Con
cert il y eut un Bal , qui fut ouvert par la fille
du Comte d'Harrach , et continué par la Duchesse
de Monteleon , er par seize autres Dames :
on y servit toutes sortes de rafraîchissemens , er
le Palais fut illuminé pendant toute la nuit.
Le 4 de ce mois , après midy , le Colonel
Comte de Lineville , Lorrain , envoya chez le
Duc de Monteleon le Colonel Comte de Sinzendorf,
qu'il avoit choisi pour son second , avec
un
FEVRIER . 1731. 381
in Cartel , par lequel il demandoit raison à ce
Duc de ce que la Marquise Viteleschi n'avoit pas
été invitée à la Fête dont on a parlé , le Duc
repondit qu'il étoit prêt de combattre dans la
Place de sainte Marie des Anges , au Bourg de
S. Antoine , et qu'il choisissoit le Colone! Papalardo
, Napolitain , pour son second . L'heure du
combat avoit été marquée au lendemain ; mais
le soir le Comte d'Harrach envoya ordre au
Duc de Monteleon , et à toute sa famille , de ne
point sortir de son Palais , et toute la Noblesse
qui prend part à cette querelle , travaille à un
accommodement , lequel a été fait le 15 , à ce
qu'on a appris depuis , par l'entremise des amis
communs qui ont obligé le Duc de Monteleon-
Pignatelli et le Comte de Lineville de donner
leur parole d'honneur d'oublier le passé .
On a appris de Parme que le surlendemain de
la mort du Duc , le Comte Stampe y arriva de
Milan , et depuis le Comte de Thaun a fait entrer
dans cette Ville quelques- uns dès Regimens
d'Infanterie qui étoient en quartier dans les environs
de cet . Etat.
?
Les Lettres de Genes portent que les Rebelles
de l'Isle de Corse , qu'on croyoit être rentrez
dans leur devoir , étoient venus le 26 Decembre
dernier près de Bastia au nombre de 22000
hommes , dans le dessein de s'emparer du Bourg
de Terra - Vecchia , que l'Evêque de Bastia étant
allé les trouver , les avoit déterminez à se retirer
, en leur promettant d'obtenir le pardon de
quelques-uns de ces Rebelles qu'on tenoit prisonniers
, et dont il fit rendre sur le champ un
certain nombre en échange d'un Officier Genois
et de quelques soldats qui avoient été surpris
dans un poste éloigné de la Ville.
On écrit de Florence , que le s. Janvier , à la
suite
382 MERCURE DE FRANCE
1
suite d'une tempête effroyable , on ressentit
Sienne une violente secousse de tremblement de
terre , qui cependant n'a causé aucun dommage
considerable.
On arrêta au commencement du mois dernier
à Livourne , un Particulier qui donnoit retraite à
quatre voleurs , lesquels depuis deux ans voloient
sur les grands chemins de la Toscane et du Milanez
, en habits de Chasseurs , ayant toujours
sept ou huit chiens et des chevaux avec eux.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, l'envoyé des Tartares, Jasuff Hora Mussu, a protesté contre le passage de 30 000 Moscovites à travers le royaume, estimant que cela violait les traités entre la Porte, la Russie et la République polonaise. Lors de son audience avec le roi de Pologne le 15 janvier, il a observé les cérémonies protocolaires, remettant une lettre de son maître, le Kam des Tartares, et remerciant le roi pour la protection accordée à un prince tartare. Le vice-chancelier a souligné l'amitié et l'affection du roi pour le Kam des Tartares. Au Danemark, le 19 janvier, M. Titley, résident du roi d'Angleterre, a remis au roi danois la ratification d'une convention entre la Grande-Bretagne et le Danemark. Le roi a laissé à la reine douairière la liberté de former sa maison et de choisir parmi les domestiques du feu roi. Les commissaires de l'Amirauté ont reçu l'ordre de préparer une escadre de 18 vaisseaux de guerre et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau attendu d'Islande est arrivé à Copenhague avec 102 faucons, dont cinq entièrement blancs. En Allemagne, le 26 janvier, M. d'Harrerra, commissaire impérial, et M. Penkler, interprète des langues orientales, sont partis de Vienne pour recevoir un effendi turc à la frontière. Cet envoyé est arrivé à Parakin, en Serbie, où les limites des deux empires avaient été réglées en 1719. Un grand froid a été ressenti à Vienne, couvrant les campagnes de neige et poussant les loups à attaquer les villages. En Italie, à Rome, un décret papal a interdit aux ecclésiastiques des cinq églises basilicales d'entrer autrement qu'en soutane. Des prisonniers ont tenté de s'évader en mettant le feu à leurs cachots, mais ont été étouffés par la fumée. Plusieurs nominations et décisions cardinalices ont été annoncées. La princesse Clementine Sobieska a fait venir des religieuses pour réformer le monastère des Ursulines. Le cardinal de Polignac a organisé une comédie dans son palais. À Naples, le duc de Monteleon a organisé une fête avec concert et bal, mais un duel a été évité grâce à un accommodement. À Parme, des régiments d'infanterie sont entrés en ville après la mort du duc. En Corse, des rebelles ont tenté de s'emparer de Terra Vecchia, mais ont été dissuadés par l'évêque de Bastia. À Florence, un tremblement de terre a été ressenti après une tempête. À Livourne, un particulier abritant des voleurs a été arrêté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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134
p. 378
DANEMARCK.
Début :
Le 19. Janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, eut une audience particuliere [...]
Mots clefs :
Danemark, Commissaires, Amirauté, Vaisseau, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANEMARCK.
DANNEMARCK.
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
E 19. Janvier , M. Titley , Résident du Roi
d'Angleterre , eut une audience particulieredu
Roi , dans laquelle il remit à S M. la ratification
d'une convention particulière qui a été
conclue depuis quelques mois entre L. M. Brit.
et Danoise.
Le Roi a laissé à la Reine Doüairiere la liberté
de former sa Maison comme elle jugera à pro.
pos , et de choisir dans le nombre des Domestiques
du feu Roi ceux qui lui conviendront.
Les Commissaires de l'Amirauté ont reçû ordre
de faire les préparatifs necessaires pour équiper
au Printems prochain une Escadre de 18. Vaisseaux
de guerre et de cinq Frégates , sur lesquels
on embarquera les deux Régimens de Marine qui
sont dans le Zeland.
Le Vaisseau qu'on attendoit d'Islande est enfin
arrivé à Copenhague , ayant à bord 102. Faucons,
parmi lesquels il y en a cinq entierement blancs..
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Résumé : DANEMARCK.
Le 19 janvier, M. Titley, Résident du Roi d'Angleterre, a rencontré le Roi pour lui remettre la ratification d'une convention entre les monarques britannique et danois. Le Roi a permis à la Reine Douairière de choisir ses domestiques. L'Amirauté doit préparer une escadre de 18 vaisseaux et cinq frégates pour le printemps. Un vaisseau d'Islande a apporté 102 faucons à Copenhague.
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135
p. 378-379
ALLEMAGNE.
Début :
Le 26 Janvier, on fit partir de Vienne M. d'Harera, Commissaire Impérial, avec M. [...]
Mots clefs :
Commissaire Impérial, Interprète des Langues Orientales, Hautesse, Turquie, Loups, Moutons
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
E 26 Janvier , on fit partir de Vienne M..
d'Harerra , Commissaire Impérial , avec M.
Penkler , Interprete des Langues Orientales , pour
aller recevoir sur la Frontiere l'Effendi que le
G. Seigneur envoye pour donner part à l'Empereur
de l'avenement de Sa Hautesse au Trône
Ottoman. On a appris que cet Envoyé étoit arrivé
à Parakin , petite Ville située dans la Servie,
au-delà de Belgrade , sur la Morave , et la premiere
d Territoire Impérial , venant de Turquie.
Ce fut dans cette Ville que les Commissaires
de S. M. Imp. et du Grand Seigneur reglerent en
1719
FEVRIER. 173T 379
J
faisant
1719. les limites des deux Empires , en y
eriger trois grandes colones de pierre.
Ön mande de Vienne que le grand froid qui
s'y fait sentir depuis environ le 15. de Janvier a
été plus vif pendant quatre jours que le plus
grand froid de 1709. Les campagnes sont couvertes
de neige , et les loups qui n'y trouvent plus
de nourriture viennent enlever les moutons dans
les Villages , où ils ont même devoré quelques
enfans..
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 26 janvier, M. d'Harrerra, Commissaire Impérial, et M. Penkler, interprète des langues orientales, quittèrent Vienne pour accueillir un Effendi envoyé par le Grand Seigneur afin d'informer l'Empereur de l'accession au trône ottoman. Cet Envoyé arriva à Parakin, une petite ville en Serbie située au-delà de Belgrade sur la Morave, première ville du territoire impérial venant de Turquie. En 1719, les commissaires des deux empires y régularisèrent les limites et érigèrent trois grandes colonnes de pierre. Par ailleurs, depuis le 15 janvier, Vienne connut un grand froid, plus intense que celui de 1709, durant quatre jours. Les campagnes étaient recouvertes de neige, et les loups, ne trouvant plus de nourriture, attaquaient les moutons dans les villages et avaient même dévoré quelques enfants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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136
p. 382-388
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le premier Février, après midi, le Roi se rendit à la Chambre des Pairs, et S. M. Ayant [...]
Mots clefs :
Chambre des pairs, Communes, Grand Chancelier, Traité de Séville, Couronne d'Espagne, Palais de S. James
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
E premier Février , après midi, le Roi se ren
dit à la Chambre des Pairs , et S. M. ayant
mandé les Communes , le Grand - Chancelier par
lant au nom du Roi , fit le Discours suivant :
MILORDS ILORDS ET MESSIEURS ,
Il ne peut vous rester aucun doute les
que
mesures qu'on avoit prises cy devant , et la
conclusion du Traité de Seville , n'ayent prévenu
et déconcerté les suites dangereuses qu'on
avoit si juste sujet d'appréhender du Traité de
Vienne , et non - seulement nous voyons que cetFEVRIER.
1731. 383
te union qui avoit alarmé toute l'Europe , n'a
eu aucun effet , mais encore que les Alliez du
Traité d'Hanover sont fortifiez par l'addition
du pouvoir de la Couronne d'Espagne, Cette
situation des affaires nous faisoit attendre
avec raison , une Facification generale , et
nous donnoit de justes esperances d'un acquies
cement aux conditions du Traité de Seville,
sans être obligés d'en venir à des extremitez ; on
n'a négligé aucun moyen conforme aux engagemens
où je suis entré avec mes Alliez, pour
obtenir une si heureuse fin , mais cet évenement
si desirable , ayant été differé jusqu'à present ,
Le Traité de Séville oblige indispensablement
toutes les Parties contractantes à se préparer
pour le mettre à execution , et nous devons étre
prêts à le faire en ce qui nous regarde , et en
continuant à prendre les mesures convenables ».
il faut convaincre nos Alliez que nous remplirons
fide ement nos engagemens , et qu'aurant
qu'il dépendra de nous , nous leur procurerons
·la satisfaction qui leur est duë, soit par les
moyens qu'il sera à propos de choisir , ou par
ceux qui deviendront absolument necessaires.
Le tems de crise où nous nous trouvons presen
tement , semble devoir mériter votre attention.
d'une maniere particuliere et il est inutile de
vous dire avec combien d'impatience on attend
les résolutions de ce Parlement . Je suis incapable
de vouloir influer ur vos déliberations par
des craintes et par des appréhensions mal fondées
; je suis également incapable de vous amuser
par des attentes et des esperances vaines
mais comme les Négociations qui se font actuellement
dans les differentes Cours de ' Eu-
·rope , sont sur le point d'être terminées , vos
premieres résolutions pourront contribuer à déterminer
384 MERCURE DE FRANCE
•
terminer sur le parti de la Paix ou de la guerre.
Ea continuation du zele et de la vigueur que
vous avez fait paroître jusqu'ici pour me soutenir
et pour m'aider à remplir mes engagemens
, doit être dans ce temps - cy d'un grand
poids et de la derniere importance , tant par
rapport à mes Alliez , qui ne pourront croire
alors que leurs interêts et la cause commune
·sont negligez , avant que les conditions de leurs
Traitez soient accomplis , que par rapport à
ceux qui peuvent être disposez à prévenir par
un acconmodement les consequences fatales
d'une rupture generale , laquelle ils auront peu
de sujet d'apprehender , s'ils trouvent que les
Alliez de Séville ne sont pas préparez à se faire
justice eux mêmes. Le Plan des operations pour
l'execution du Traité de Séville par la force ,
au cas que nous soyons réduits à cette necessité,
est àpresent en déliberation et jusqu'à ce qu'on
Sait entièrement reglé les proportions des forces
confederees & les dispositions convenables pour
les employer , il ne sera pas aisé de déterminer
de combien les dépenses necessaires pour le service
de l'année courante , peuvent exceder les
fonds qui ont été fournis pour le service de
l'année derniere . Cependant je suis persua
de que vous apporterez toute la diligence
possible à finir les affaires publiques , et s'il est
necessaire , je ne manquera pas de demander de
nouveau les voix et 'assistance de mon Parlement
, suivant les circonstames des affaires , et
Lorsqu'uunne occasion convenable le requerera.
Messieurs de la Chambre des Communes , j'ai
donné ordre de préparer et de remettre devant -
vous le estimations nécessaires , et je ne doute
pas que l'affection que vous avez toujours fait
paroître pour moi et pour mon honneur , et que
votre
FEVRIER . 1731. 38
votre juste attachement aux veritables interêts
de votre Patrie , ne vous portent à m'accorder
les subsides necessaires et à me mettre en état
de satisfaire à mes engagemens avec mes Alliez
avec cette joye et cette affection qui convien
nent à une Chambre des Commuues de la Grande
Bretagne , si délicate et si jalouse sur l'honneur
de la Couronne , attentive et interessée à
la gloire et prosperité du Royaume Milords er
Messieurs , le temps de n'admettre plus de nouveaux
délais s'approche , si on peut établir la
tranquillité de l'Europe sans effusion de sang ,
et sans être obligé à de nouvelles depenses , cette
situation sera certainement la plus heureuse
et la plus souhaitable ; mais si on ne peut obter.
mir cette félicité , l'honneur , la justice et la foi
sacrée due auxTraitez solemnels exigent de nous
que nous fassions nos efforts pour procurer par la
force ce qu'on ne pourra obtenir à des conditions
justes et raisonnables.
Le Roy étant retourné au Palais de S. 'James ,
après cette Harangue , les deux Chambres résolu
rent de présenter leur Aidresse de remerciement.
à S. M. mais il y eut à cette occasion de grandes
contestations , parce que quelques - uns des Mem
bres du Parlement vouloient qu'on inserât dans
l'Addresse , que le Roi seroit prié de prendre des
mesures pour empêcher que la guerre ne s'allu
mât sur le Rhin ou dans les Pays- Bas . Cette proposition
ayant été mise en déliberation , elle fur
rejettée dans la Chambre des Seigneurs , à la plu
ralité de 84. voix contre 23. et dans celle des
Communes d'une voix unanime .
Le 2. les Seigneurs présenterent à S. M. l'Ad
dresse suivante :
TRES
386 MERCURE DE FRANCE
T RES- GRACIEUX SOUVERAIN
?
3
NOUS, les tres - obéissans et fideles Sujeta
de V. M. les Seigneurs Spirituels et Temporels
assemblez en Parlement , demandons la permistion
de remercier tres- humblement V. M., de sa
tres-gracieuse Harangue émanée du Trône.
Les suites fatales du Traité de Vienne qui affectoit
toute l'Europe , mais particulierement
cette Nation ne pouvoient être prévenuës que
par la dissolution de cette dangereuse union.
Non seulement ce Projet si sage a été accompli
par les mesures qu'on avoit fy.devant prises
et par la conclusion du Traité de Séville qui
a uni aux Alliez d'Hanover, une des plus grandes
Puissances contractantes du Traité de
Vienne. Ainsi V. M. ayant posé un fondement
assuré de la tranquillité publique , si on cut
arquiesce aux justes conditions du Traité de
Seville ; et ayantfait d'ailleurs toutes sortes
d'efforts pour parvenir à cette tranquillité, con.
formément aux engagemens que vous avez pris
avec vos Alliez ; il est de notre devoir de donner
des preuves de notre zéle pour l'honneur de
V. M. et pour la foy publique de la Nation , afin
que toutes les Puissances contractantes de ce
Traité , qui sont dans des ob igations mutuelles
et indispensables de l'exécuter , puissent connoître
qu'on n'a rien négligé de la part de la
Grande Bretagne ; c'est pourquoi nous deman
dons tres -humblement permission d'assurer V.
M. que le même zele et la méme vigueur qui
ent parujusqu'à present dans cette Chambre ,
pour soutenir V. M. dans l'exécution de ses Engagemens
, continueront dans no; délibérations ,
ahm
FEVRIER. 1731 .
387
afin qu'il ne reste aucun doute aux Puissances
Etrangeres que V. M. ne soit par Nous mise en
état , à tout évenement , de procurer satisfae.
tion à vos Alliez , s'il étoit necessaire de le faire
par la force , étant persuadez de notre part que
V. M. préférera toujours un juste accommodement
aux suites fâcheuses d'une rupture gene
ra'e. Nous expédierens , en attendant les affaires
publiques , avec toute la diligence possible
at lorsqu'il plaira à V. M de demander de nous
veau notre avis et notre assistance ; cette Cham
bre prendra alors les résolutions qui convien
ment à de tres humbles et de tres fideles sujets ,
scrupuleux lorsqu'il s'agit de répandre le sang
et de dépenser les fonds publics , mais inalterablement
fermes orsqu'il faut maintenir l'hon
neur de la Nation et la foy sacrée dûë aux
Traitez publics , ayant toujours dans l'espris
que nous devons la jouissance de notre heureuse
constitution à l'établissement de la Couronne ,
dans la Famille Royale de V.M.et toujours préts
à contribuer de tout notre pouvoir à ce que V.
M puisse porter cette Couronne avec honneur
et sens être troub'ée par les ennemis , tant du
dedans que du dehors du Royaume.
La Chambre des Communes a résolu en grand
Comité d'accorder un subside au Roy, tant pour
l'entretien de 10000 Matelots, à raison de 4 1.sterl .
par mois chacun,que pour l'entretien des Troupes
de Hesse , dont l'Etat qui a été fourni par la Secretaire
des Guerres , est de 2224 Cavaliers, 1836
Dragons , er de 8034 Fantassins , qui sont à la
solde de S. M.
On proposă le 12 de ce mois , dans la même
Chambre des Communes , d'en exclure tous ceux
qui reçoivent des pensions de la Couronne , et
apres
388 MERCURE DE FRANCE.
après de grandes contestations , cette proposi
tion fut approuvée à la pluralité de 140 voix
contre 134 ; ensuite la Chambre s'étant mise en
grand comité , sur l'état des Troupes , il a été résolu
que pour les gardes et garnisons de la Gran
de Bretagne , des Isles de Guernesey et de Jersey ,
on entretiendroit pendant le courant de cette
année 17709 hommes effectifs , y compris les
1815 Invalides , et les 555 hommes qui compo
sent les Compagnies indépendantes , qui sont
dans les Montagnes d'Ecosse , et qu'on accorde→
roit au Roy 657484 liv. sterlin , pour la paye de
ces Troupes et de leurs Officiers en Commission
ou sans Commission.
M. Pultney , Membre du Parlement, pour Heyden
, dans le Comté d'York , reçut le , un
Cartel du Lord Harvey , fils et heritier du Comte
de Bristol , et membre du Parlement , pour S Ede
mond Eury , dans le Comté de Suffolx . S'étant
trouvez l'après midy dans le Parc de S. James ,
avec leurs seconds ; le Lord Harvey fut blessé
et ensuite desarmé. On assure que la cause de
leur querelle provenoit d'une réponse que Monsieur
Paltney a faite à un Ecrit, intitulé : Sédition
et Diffamation développée , dans laquelle le Lord
Harvey est maltraité.
E premier Février , après midi, le Roi se ren
dit à la Chambre des Pairs , et S. M. ayant
mandé les Communes , le Grand - Chancelier par
lant au nom du Roi , fit le Discours suivant :
MILORDS ILORDS ET MESSIEURS ,
Il ne peut vous rester aucun doute les
que
mesures qu'on avoit prises cy devant , et la
conclusion du Traité de Seville , n'ayent prévenu
et déconcerté les suites dangereuses qu'on
avoit si juste sujet d'appréhender du Traité de
Vienne , et non - seulement nous voyons que cetFEVRIER.
1731. 383
te union qui avoit alarmé toute l'Europe , n'a
eu aucun effet , mais encore que les Alliez du
Traité d'Hanover sont fortifiez par l'addition
du pouvoir de la Couronne d'Espagne, Cette
situation des affaires nous faisoit attendre
avec raison , une Facification generale , et
nous donnoit de justes esperances d'un acquies
cement aux conditions du Traité de Seville,
sans être obligés d'en venir à des extremitez ; on
n'a négligé aucun moyen conforme aux engagemens
où je suis entré avec mes Alliez, pour
obtenir une si heureuse fin , mais cet évenement
si desirable , ayant été differé jusqu'à present ,
Le Traité de Séville oblige indispensablement
toutes les Parties contractantes à se préparer
pour le mettre à execution , et nous devons étre
prêts à le faire en ce qui nous regarde , et en
continuant à prendre les mesures convenables ».
il faut convaincre nos Alliez que nous remplirons
fide ement nos engagemens , et qu'aurant
qu'il dépendra de nous , nous leur procurerons
·la satisfaction qui leur est duë, soit par les
moyens qu'il sera à propos de choisir , ou par
ceux qui deviendront absolument necessaires.
Le tems de crise où nous nous trouvons presen
tement , semble devoir mériter votre attention.
d'une maniere particuliere et il est inutile de
vous dire avec combien d'impatience on attend
les résolutions de ce Parlement . Je suis incapable
de vouloir influer ur vos déliberations par
des craintes et par des appréhensions mal fondées
; je suis également incapable de vous amuser
par des attentes et des esperances vaines
mais comme les Négociations qui se font actuellement
dans les differentes Cours de ' Eu-
·rope , sont sur le point d'être terminées , vos
premieres résolutions pourront contribuer à déterminer
384 MERCURE DE FRANCE
•
terminer sur le parti de la Paix ou de la guerre.
Ea continuation du zele et de la vigueur que
vous avez fait paroître jusqu'ici pour me soutenir
et pour m'aider à remplir mes engagemens
, doit être dans ce temps - cy d'un grand
poids et de la derniere importance , tant par
rapport à mes Alliez , qui ne pourront croire
alors que leurs interêts et la cause commune
·sont negligez , avant que les conditions de leurs
Traitez soient accomplis , que par rapport à
ceux qui peuvent être disposez à prévenir par
un acconmodement les consequences fatales
d'une rupture generale , laquelle ils auront peu
de sujet d'apprehender , s'ils trouvent que les
Alliez de Séville ne sont pas préparez à se faire
justice eux mêmes. Le Plan des operations pour
l'execution du Traité de Séville par la force ,
au cas que nous soyons réduits à cette necessité,
est àpresent en déliberation et jusqu'à ce qu'on
Sait entièrement reglé les proportions des forces
confederees & les dispositions convenables pour
les employer , il ne sera pas aisé de déterminer
de combien les dépenses necessaires pour le service
de l'année courante , peuvent exceder les
fonds qui ont été fournis pour le service de
l'année derniere . Cependant je suis persua
de que vous apporterez toute la diligence
possible à finir les affaires publiques , et s'il est
necessaire , je ne manquera pas de demander de
nouveau les voix et 'assistance de mon Parlement
, suivant les circonstames des affaires , et
Lorsqu'uunne occasion convenable le requerera.
Messieurs de la Chambre des Communes , j'ai
donné ordre de préparer et de remettre devant -
vous le estimations nécessaires , et je ne doute
pas que l'affection que vous avez toujours fait
paroître pour moi et pour mon honneur , et que
votre
FEVRIER . 1731. 38
votre juste attachement aux veritables interêts
de votre Patrie , ne vous portent à m'accorder
les subsides necessaires et à me mettre en état
de satisfaire à mes engagemens avec mes Alliez
avec cette joye et cette affection qui convien
nent à une Chambre des Commuues de la Grande
Bretagne , si délicate et si jalouse sur l'honneur
de la Couronne , attentive et interessée à
la gloire et prosperité du Royaume Milords er
Messieurs , le temps de n'admettre plus de nouveaux
délais s'approche , si on peut établir la
tranquillité de l'Europe sans effusion de sang ,
et sans être obligé à de nouvelles depenses , cette
situation sera certainement la plus heureuse
et la plus souhaitable ; mais si on ne peut obter.
mir cette félicité , l'honneur , la justice et la foi
sacrée due auxTraitez solemnels exigent de nous
que nous fassions nos efforts pour procurer par la
force ce qu'on ne pourra obtenir à des conditions
justes et raisonnables.
Le Roy étant retourné au Palais de S. 'James ,
après cette Harangue , les deux Chambres résolu
rent de présenter leur Aidresse de remerciement.
à S. M. mais il y eut à cette occasion de grandes
contestations , parce que quelques - uns des Mem
bres du Parlement vouloient qu'on inserât dans
l'Addresse , que le Roi seroit prié de prendre des
mesures pour empêcher que la guerre ne s'allu
mât sur le Rhin ou dans les Pays- Bas . Cette proposition
ayant été mise en déliberation , elle fur
rejettée dans la Chambre des Seigneurs , à la plu
ralité de 84. voix contre 23. et dans celle des
Communes d'une voix unanime .
Le 2. les Seigneurs présenterent à S. M. l'Ad
dresse suivante :
TRES
386 MERCURE DE FRANCE
T RES- GRACIEUX SOUVERAIN
?
3
NOUS, les tres - obéissans et fideles Sujeta
de V. M. les Seigneurs Spirituels et Temporels
assemblez en Parlement , demandons la permistion
de remercier tres- humblement V. M., de sa
tres-gracieuse Harangue émanée du Trône.
Les suites fatales du Traité de Vienne qui affectoit
toute l'Europe , mais particulierement
cette Nation ne pouvoient être prévenuës que
par la dissolution de cette dangereuse union.
Non seulement ce Projet si sage a été accompli
par les mesures qu'on avoit fy.devant prises
et par la conclusion du Traité de Séville qui
a uni aux Alliez d'Hanover, une des plus grandes
Puissances contractantes du Traité de
Vienne. Ainsi V. M. ayant posé un fondement
assuré de la tranquillité publique , si on cut
arquiesce aux justes conditions du Traité de
Seville ; et ayantfait d'ailleurs toutes sortes
d'efforts pour parvenir à cette tranquillité, con.
formément aux engagemens que vous avez pris
avec vos Alliez ; il est de notre devoir de donner
des preuves de notre zéle pour l'honneur de
V. M. et pour la foy publique de la Nation , afin
que toutes les Puissances contractantes de ce
Traité , qui sont dans des ob igations mutuelles
et indispensables de l'exécuter , puissent connoître
qu'on n'a rien négligé de la part de la
Grande Bretagne ; c'est pourquoi nous deman
dons tres -humblement permission d'assurer V.
M. que le même zele et la méme vigueur qui
ent parujusqu'à present dans cette Chambre ,
pour soutenir V. M. dans l'exécution de ses Engagemens
, continueront dans no; délibérations ,
ahm
FEVRIER. 1731 .
387
afin qu'il ne reste aucun doute aux Puissances
Etrangeres que V. M. ne soit par Nous mise en
état , à tout évenement , de procurer satisfae.
tion à vos Alliez , s'il étoit necessaire de le faire
par la force , étant persuadez de notre part que
V. M. préférera toujours un juste accommodement
aux suites fâcheuses d'une rupture gene
ra'e. Nous expédierens , en attendant les affaires
publiques , avec toute la diligence possible
at lorsqu'il plaira à V. M de demander de nous
veau notre avis et notre assistance ; cette Cham
bre prendra alors les résolutions qui convien
ment à de tres humbles et de tres fideles sujets ,
scrupuleux lorsqu'il s'agit de répandre le sang
et de dépenser les fonds publics , mais inalterablement
fermes orsqu'il faut maintenir l'hon
neur de la Nation et la foy sacrée dûë aux
Traitez publics , ayant toujours dans l'espris
que nous devons la jouissance de notre heureuse
constitution à l'établissement de la Couronne ,
dans la Famille Royale de V.M.et toujours préts
à contribuer de tout notre pouvoir à ce que V.
M puisse porter cette Couronne avec honneur
et sens être troub'ée par les ennemis , tant du
dedans que du dehors du Royaume.
La Chambre des Communes a résolu en grand
Comité d'accorder un subside au Roy, tant pour
l'entretien de 10000 Matelots, à raison de 4 1.sterl .
par mois chacun,que pour l'entretien des Troupes
de Hesse , dont l'Etat qui a été fourni par la Secretaire
des Guerres , est de 2224 Cavaliers, 1836
Dragons , er de 8034 Fantassins , qui sont à la
solde de S. M.
On proposă le 12 de ce mois , dans la même
Chambre des Communes , d'en exclure tous ceux
qui reçoivent des pensions de la Couronne , et
apres
388 MERCURE DE FRANCE.
après de grandes contestations , cette proposi
tion fut approuvée à la pluralité de 140 voix
contre 134 ; ensuite la Chambre s'étant mise en
grand comité , sur l'état des Troupes , il a été résolu
que pour les gardes et garnisons de la Gran
de Bretagne , des Isles de Guernesey et de Jersey ,
on entretiendroit pendant le courant de cette
année 17709 hommes effectifs , y compris les
1815 Invalides , et les 555 hommes qui compo
sent les Compagnies indépendantes , qui sont
dans les Montagnes d'Ecosse , et qu'on accorde→
roit au Roy 657484 liv. sterlin , pour la paye de
ces Troupes et de leurs Officiers en Commission
ou sans Commission.
M. Pultney , Membre du Parlement, pour Heyden
, dans le Comté d'York , reçut le , un
Cartel du Lord Harvey , fils et heritier du Comte
de Bristol , et membre du Parlement , pour S Ede
mond Eury , dans le Comté de Suffolx . S'étant
trouvez l'après midy dans le Parc de S. James ,
avec leurs seconds ; le Lord Harvey fut blessé
et ensuite desarmé. On assure que la cause de
leur querelle provenoit d'une réponse que Monsieur
Paltney a faite à un Ecrit, intitulé : Sédition
et Diffamation développée , dans laquelle le Lord
Harvey est maltraité.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 1er février 1731, le roi de Grande-Bretagne s'adresse à la Chambre des Pairs et aux Communes. Il met en avant les mesures prises et le Traité de Séville, qui ont empêché les dangers du Traité de Vienne et renforcé les alliés du Traité d'Hanover avec l'Espagne. Le roi espère une pacification générale et un acquiescement aux conditions du Traité de Séville sans recourir à des extrémités. Il insiste sur la préparation à l'exécution du traité et la nécessité de convaincre les alliés de la fidélité de la Grande-Bretagne à ses engagements. Le roi souligne que les négociations en cours en Europe pourraient déterminer le choix entre la paix et la guerre. Il appelle à un zèle continu pour soutenir les engagements et préparer les forces nécessaires. Il demande également des subsides pour l'entretien des troupes et des matelots. Les Chambres décident de remercier le roi, bien que des contestations surviennent sur l'inclusion de mesures pour éviter la guerre sur le Rhin ou dans les Pays-Bas, proposition rejetée. Les Seigneurs présentent une adresse remerciant le roi et affirmant leur soutien pour l'exécution des engagements de la Grande-Bretagne. La Chambre des Communes vote un subside pour l'entretien des troupes et des matelots, et décide de l'effectif des gardes et garnisons pour l'année 1731. Par ailleurs, un duel entre deux membres du Parlement, M. Pultney et le Lord Harvey, se solde par la blessure de ce dernier.
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137
p. 382-388
ESPAGNE.
Début :
On a chanté à Cadix un Te Deum solemnel, et on a fait des Prieres publiques pour remercier [...]
Mots clefs :
Te Deum, Prières publiques, Cessation, Maladie, Cadix, Málaga
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
et on a fait des Prieres públiques pour re--
mercier Dieu de la cessation de la derniere maladiè
qui avoit tous les simptomes d'une maladie
contagieuse.
Le bruit court qu'on va établir à Malaga une:
nouvelle Compagnie de Commerce , dont les Directeurs
feront leur sejour ordinaire â Cadix .
et on a fait des Prieres públiques pour re--
mercier Dieu de la cessation de la derniere maladiè
qui avoit tous les simptomes d'une maladie
contagieuse.
Le bruit court qu'on va établir à Malaga une:
nouvelle Compagnie de Commerce , dont les Directeurs
feront leur sejour ordinaire â Cadix .
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138
p. 388-390
PAYS-BAS, HOLLANDE.
Début :
La nuit du 3 au 4 Fevrier, le feu prit subitement dans les Offices du Palais de Bruxelles [...]
Mots clefs :
Pays-Bas, Palais, Archiduchesse, Comtesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS, HOLLANDE.
PAYS- BAS , HOLLANDE.
A nuit du 3 au 4 Fevrier , le feu prit subite
ment dans les Offices du Palais de Bruxelles ,
où on travailloit aux préparatifs d'une Fête que
l'Archiduchesse , Gouvernante , devoit donner le
5. Ces Offices étant au dessous du grand Appar
tement qu'elle occupoit , le feu s'y communiqua
avec tant de violence et de promptitude , que cette
Princesse eut à peine le temps de prendre sa robede
chambre ,
FEVRIER. 1731. 389
chambre,et de passer seule dans la Chapelle. Le vent
qui étoit fort, ayant porté le feu par tout le Palais,
PArchiduchesse se sauva chez le Pr. de Rubem→
pré , son Grand- Ecuyer , dont l'Hôtel est vis - àvis
le Palais. Le Comte de Visconti , Grand-
Maître de sa Maison , vint y chercher cette Princesse,
et il la conduisit au Palais d'Orange, où elle
fut saignée. Tous les Officiers, les Troupes , et les
Bourgeois de la Ville accoururent au Palais dans
les premiers momens de l'incendie, pour l'arrêter;
mais le feu fit en peu de temps un si grand progrès
, que leur secours fut inutile. L'Appartement
de l'Archiduchesse fut entierement brulé
en moins de deux heures , et le 4. à 8. heures
du matin , tout le Palais qui avoit été achevé en
1445 sous Philippes le Bon , Duc de Bourgogne
, étoit reduit en cendres. Le feu qui s'étoit
communiqué au magazin de bois et de charbon,
a duré plusieurs jours , quoique les murs qui for
ment P'enceinte du Palais eussent rassuré sur la
crainte qu'on avoit que le feu ne se communiquat
dans la Ville , on a prévenu ce malheur en
abbatant quelques maisons. Tous les Meubles.
la Vaisselle , et la Garderobe de l'Archiduchesse
ont été brulez , et on n'a pu sauver qu'une partie
des Pierrèries de l'Archiduchesse , les Registres
du Conseil -Privé et des Archives , et Chartres
anciennes . Tout le reste des Papiers , qui se conservoient
dans un des Pavillons du Palais , a été
brûlé . La Comtesse Elisabeth d'Ullefeld , Dame
de la Clef d'or et du Palais , et fille de la Grande
Maîtresse de la Maison de l'Archiduchesse, ayant
été brûlée à la main et au pied , mourut le
matin. Plusieurs autres personnes ont péri dans
cet incendie.
S au
Le 13. de ce mois , le Comte de S. Severin
Arragon , Envoyé de Parme, eut en long Manteau
300 MERCURE DE FRANCE
reau de deuil une audience particuliere du Roi ,
dans laquelle il donna part à S. M. de la mort
du Duc de Parme. Il fut conduit à cette audience
par M. Hebert , Introducteur des Ambassdeurs.
Le Roi a pris le deuil le 16 pour 8 jours.
A nuit du 3 au 4 Fevrier , le feu prit subite
ment dans les Offices du Palais de Bruxelles ,
où on travailloit aux préparatifs d'une Fête que
l'Archiduchesse , Gouvernante , devoit donner le
5. Ces Offices étant au dessous du grand Appar
tement qu'elle occupoit , le feu s'y communiqua
avec tant de violence et de promptitude , que cette
Princesse eut à peine le temps de prendre sa robede
chambre ,
FEVRIER. 1731. 389
chambre,et de passer seule dans la Chapelle. Le vent
qui étoit fort, ayant porté le feu par tout le Palais,
PArchiduchesse se sauva chez le Pr. de Rubem→
pré , son Grand- Ecuyer , dont l'Hôtel est vis - àvis
le Palais. Le Comte de Visconti , Grand-
Maître de sa Maison , vint y chercher cette Princesse,
et il la conduisit au Palais d'Orange, où elle
fut saignée. Tous les Officiers, les Troupes , et les
Bourgeois de la Ville accoururent au Palais dans
les premiers momens de l'incendie, pour l'arrêter;
mais le feu fit en peu de temps un si grand progrès
, que leur secours fut inutile. L'Appartement
de l'Archiduchesse fut entierement brulé
en moins de deux heures , et le 4. à 8. heures
du matin , tout le Palais qui avoit été achevé en
1445 sous Philippes le Bon , Duc de Bourgogne
, étoit reduit en cendres. Le feu qui s'étoit
communiqué au magazin de bois et de charbon,
a duré plusieurs jours , quoique les murs qui for
ment P'enceinte du Palais eussent rassuré sur la
crainte qu'on avoit que le feu ne se communiquat
dans la Ville , on a prévenu ce malheur en
abbatant quelques maisons. Tous les Meubles.
la Vaisselle , et la Garderobe de l'Archiduchesse
ont été brulez , et on n'a pu sauver qu'une partie
des Pierrèries de l'Archiduchesse , les Registres
du Conseil -Privé et des Archives , et Chartres
anciennes . Tout le reste des Papiers , qui se conservoient
dans un des Pavillons du Palais , a été
brûlé . La Comtesse Elisabeth d'Ullefeld , Dame
de la Clef d'or et du Palais , et fille de la Grande
Maîtresse de la Maison de l'Archiduchesse, ayant
été brûlée à la main et au pied , mourut le
matin. Plusieurs autres personnes ont péri dans
cet incendie.
S au
Le 13. de ce mois , le Comte de S. Severin
Arragon , Envoyé de Parme, eut en long Manteau
300 MERCURE DE FRANCE
reau de deuil une audience particuliere du Roi ,
dans laquelle il donna part à S. M. de la mort
du Duc de Parme. Il fut conduit à cette audience
par M. Hebert , Introducteur des Ambassdeurs.
Le Roi a pris le deuil le 16 pour 8 jours.
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Résumé : PAYS-BAS, HOLLANDE.
Le 3 février 1731, un incendie se déclencha dans les offices du Palais de Bruxelles, où une fête était prévue pour le 5 février. Le feu se propagea rapidement, obligeant l'Archiduchesse, gouvernante des Pays-Bas, à fuir en robe de chambre vers la chapelle, puis chez le Prince de Rubempré. Elle fut ensuite conduite au Palais d'Orange, où elle fut saignée. Malgré les efforts des officiers, troupes et bourgeois, le feu détruisit entièrement l'appartement de l'Archiduchesse en moins de deux heures et réduisit le Palais, construit en 1445 sous Philippe le Bon, en cendres le 4 février au matin. Le feu se propagea au magasin de bois et de charbon, durant plusieurs jours. Pour éviter la propagation dans la ville, certaines maisons furent abattues. La plupart des meubles, vaisselle et vêtements de l'Archiduchesse furent détruits, ainsi que de nombreux papiers. La Comtesse Elisabeth d'Ullefeld, blessée, mourut le matin même. Plusieurs autres personnes périrent également dans l'incendie. Le 13 février, le Comte de Saint-Severin, Envoyé de Parme, informa le Roi de la mort du Duc de Parme lors d'une audience particulière. Le Roi porta le deuil du 16 février pendant huit jours.
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139
p. 390-391
MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
Début :
Le 20. Janvier à midi et demi, Antoine Farnese, Duc [...]
Mots clefs :
Parme, Duc de Modène, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
MORTS
Les
? MARIAGES
des Pais Etrangers.
E 20. Janvier à midi et demi , Antoine Farnese
, Duc de Parme , mourut dans cette Ville
d'une pleuresie, après quelques jours de maladie ,
dans la 52. année de son âge , étant né le 29.
Novembre 1679. Ce Prince avoit succedé à son
frere le 26 Fevrier 1727. et il avoit épousé le
3 Fevrier 1728. Henriette d'Est , fille du Duc
de Modene. Le Duc de Parme dès le second
jour de sa maladie reçut ses sacremens avec autant
de pieté que de resignation à la volonté de
Dieu , et la veille de sa mort il fit un testament
par lequel en déclarant que la Duchesse de Parme
étoit grosse , il l'a nommée Regente de ses
Etats , avec un Conseil de Regence , composé de
einq personnes , du nombre desquelles sont l'E
vêque de Parme et le Secretaire d'Etat. Depuis la
mort de ce Prince , on a publié la nouvelle de
la grossesse de la Duchesse , son Epouse.
Pendant l'année derniere il est mort à Vienne
et dans ses Faubourgs 2382 hommes , 1849
femmes , 2189 enfans mâles et 2073 filles . Le
nombre des enfans nés pendant la même année
monte à 4474 .
Le Comte de Spilemberg , Ministre du Duc
de Guastalla , est arrivé à la Cour de Vienne
avec
FEVRIER. 1731. 391
avec des pleins pouvoirs pour conclure le ma→
riage de ce Prince avec la Princesse d'Holstein.
Les
? MARIAGES
des Pais Etrangers.
E 20. Janvier à midi et demi , Antoine Farnese
, Duc de Parme , mourut dans cette Ville
d'une pleuresie, après quelques jours de maladie ,
dans la 52. année de son âge , étant né le 29.
Novembre 1679. Ce Prince avoit succedé à son
frere le 26 Fevrier 1727. et il avoit épousé le
3 Fevrier 1728. Henriette d'Est , fille du Duc
de Modene. Le Duc de Parme dès le second
jour de sa maladie reçut ses sacremens avec autant
de pieté que de resignation à la volonté de
Dieu , et la veille de sa mort il fit un testament
par lequel en déclarant que la Duchesse de Parme
étoit grosse , il l'a nommée Regente de ses
Etats , avec un Conseil de Regence , composé de
einq personnes , du nombre desquelles sont l'E
vêque de Parme et le Secretaire d'Etat. Depuis la
mort de ce Prince , on a publié la nouvelle de
la grossesse de la Duchesse , son Epouse.
Pendant l'année derniere il est mort à Vienne
et dans ses Faubourgs 2382 hommes , 1849
femmes , 2189 enfans mâles et 2073 filles . Le
nombre des enfans nés pendant la même année
monte à 4474 .
Le Comte de Spilemberg , Ministre du Duc
de Guastalla , est arrivé à la Cour de Vienne
avec
FEVRIER. 1731. 391
avec des pleins pouvoirs pour conclure le ma→
riage de ce Prince avec la Princesse d'Holstein.
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Résumé : MORTS, MARIAGES des Païs Etrangers.
Le 20 janvier à midi et demi, Antoine Farnèse, Duc de Parme, décéda à l'âge de 52 ans des suites d'une pleurésie. Né le 29 novembre 1679, il succéda à son frère le 26 février 1727 et épousa Henriette d'Este le 3 février 1728. Avant sa mort, il reçut les sacrements et rédigea un testament nommant la Duchesse régente en raison de sa grossesse, confirmée après sa mort. Il institua également un Conseil de Régence de cinq personnes, incluant l'Évêque de Parme et le Secrétaire d'État. En 1730, à Vienne, 2382 hommes, 1849 femmes, 2189 garçons et 2073 filles décédèrent, tandis que 4474 enfants naquirent. Par ailleurs, le Comte de Spilemberg, Ministre du Duc de Guastalla, arriva à la Cour de Vienne avec des pleins pouvoirs pour conclure le mariage du Prince avec la Princesse d'Holstein.
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140
p. 596-597
TURQUIE ET PERSE.
Début :
Par des Lettres de Constantinople, arrivées le 8. du mois [...]
Mots clefs :
Turquie, Perse, Suspension d'armes, Grand vizir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE, ET PERSE.
Ar des Lettres de Constantinople , arrivées le
Po. du mois dernier à Venise , on a appris qu'il
y avoit une suspension d'Armes entre les Turcs
et les Persans ; que le Traité de Paix entre ces
deux Nations seroit conclu dans peu , mais qu'on
croioit que c'étoit à des conditions qui renouvelleroient
la Guerre avec les Moscovites.
> Les mêmes Lettres portent qu'Ali -Patron
Chef et Auteur de la derniere Révolution , s'étant
présenté avec 200 de ses adherans à la porte du
Serrail pour avoir audience du Grand- Seigneur ;
on le renvoïa au lendemain , et qu'étant revenu
avec la même suite , on lui fit dire qu'elle étoit
trop nombreuse ; que cette démarche pourroit
être regardée comme séditieuse ; qu'elle donneroit
quelque soupçon au Sultan , et qu'il lui convenoit
, plutôt que de s'exposer à un nouveau refus
, de choisir dans le nombre de ceux qui l'accompagnoient
, quelques-uns des plus sages , et
que le reste demeureroit dans la premiere Salle .
Il suivit ce conseil après l'avoir rejetté d'abord
et aïant choisi six hommes de sa troupe , il fut
introduit avec les formalitez ordinaires . Il fit un
long discours plein de menaces , dans lequel il
avança entr'autres choses qu'il avoit lû dans l'Alcoran
que tous ceux qui rendoient un service signalé
à l'Etat méritoient de grandes récompenises
; qu'ayant élevé S. H. sur le Trône , il
roïoit lui avoir procuré le plus grand bonheur
du monde , et qu'il venoit pour recevoir le prix
MARS. 1731. 597
>
et le salaire de sa genereuse entreprise . Le Sultan
lui répondit qu'il avoit lû aussi dans l'Alcoran
que tout Rebelle devoit être puni de mort. Sur
quoi aiant mis le Sabre à la main et fait signe
aux Officiers qui l'environnoient , d'en faire autant
, on abbattit la tête d'Ali -Patron et les
autres Députés furent taillés en pieces , ainsi que
ceux de la suite d'Ali qui étoient restés dans la
premiere Salle. Les mêmes Lettres ajoûtent que
le G. S. avoit fait étrangler le nouvel Aga dés
Janissaires et 27. des plus séditieux.
Les Lettres venues par le Vaisseau du Capitaine
Bremond , arrivé à Marseille le 16. Mars
et dattées de Constantinople du 23. Janvier, portent
que le 22. du même mois le Grand- Seigneur
avoit déposé le nouveau Grand - Vizir ,
nommé à cette place par interim ) sur quelques
plaintes qui avoient été faites sur sa mauvaise administration
, et qu'Ibrahim Pacha ci-devant
Kiaia de Cuproglie , Bacha du Caire , avoit été
nommé Grand-Vizir.
Ar des Lettres de Constantinople , arrivées le
Po. du mois dernier à Venise , on a appris qu'il
y avoit une suspension d'Armes entre les Turcs
et les Persans ; que le Traité de Paix entre ces
deux Nations seroit conclu dans peu , mais qu'on
croioit que c'étoit à des conditions qui renouvelleroient
la Guerre avec les Moscovites.
> Les mêmes Lettres portent qu'Ali -Patron
Chef et Auteur de la derniere Révolution , s'étant
présenté avec 200 de ses adherans à la porte du
Serrail pour avoir audience du Grand- Seigneur ;
on le renvoïa au lendemain , et qu'étant revenu
avec la même suite , on lui fit dire qu'elle étoit
trop nombreuse ; que cette démarche pourroit
être regardée comme séditieuse ; qu'elle donneroit
quelque soupçon au Sultan , et qu'il lui convenoit
, plutôt que de s'exposer à un nouveau refus
, de choisir dans le nombre de ceux qui l'accompagnoient
, quelques-uns des plus sages , et
que le reste demeureroit dans la premiere Salle .
Il suivit ce conseil après l'avoir rejetté d'abord
et aïant choisi six hommes de sa troupe , il fut
introduit avec les formalitez ordinaires . Il fit un
long discours plein de menaces , dans lequel il
avança entr'autres choses qu'il avoit lû dans l'Alcoran
que tous ceux qui rendoient un service signalé
à l'Etat méritoient de grandes récompenises
; qu'ayant élevé S. H. sur le Trône , il
roïoit lui avoir procuré le plus grand bonheur
du monde , et qu'il venoit pour recevoir le prix
MARS. 1731. 597
>
et le salaire de sa genereuse entreprise . Le Sultan
lui répondit qu'il avoit lû aussi dans l'Alcoran
que tout Rebelle devoit être puni de mort. Sur
quoi aiant mis le Sabre à la main et fait signe
aux Officiers qui l'environnoient , d'en faire autant
, on abbattit la tête d'Ali -Patron et les
autres Députés furent taillés en pieces , ainsi que
ceux de la suite d'Ali qui étoient restés dans la
premiere Salle. Les mêmes Lettres ajoûtent que
le G. S. avoit fait étrangler le nouvel Aga dés
Janissaires et 27. des plus séditieux.
Les Lettres venues par le Vaisseau du Capitaine
Bremond , arrivé à Marseille le 16. Mars
et dattées de Constantinople du 23. Janvier, portent
que le 22. du même mois le Grand- Seigneur
avoit déposé le nouveau Grand - Vizir ,
nommé à cette place par interim ) sur quelques
plaintes qui avoient été faites sur sa mauvaise administration
, et qu'Ibrahim Pacha ci-devant
Kiaia de Cuproglie , Bacha du Caire , avoit été
nommé Grand-Vizir.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En mars 1731, des lettres de Constantinople signalent une suspension d'armes entre les Turcs et les Persans, avec un traité de paix imminent. Ce traité pourrait cependant relancer la guerre avec les Moscovites. Ali-Patron, chef de la dernière révolution, a tenté d'obtenir une audience auprès du sultan. Initialement repoussé en raison de sa suite trop nombreuse, il a finalement été introduit avec six de ses hommes. Ali a exigé une récompense pour avoir placé le sultan sur le trône, mais ce dernier a ordonné son exécution pour rébellion, ainsi que celle de ses compagnons. Par ailleurs, le sultan a déposé le nouveau Grand-Vizir pour mauvaise administration et nommé Ibrahim Pacha à sa place. De plus, le sultan a fait exécuter le nouvel Aga des Janissaires et 27 séditieux.
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141
p. 597-598
RUSSIE.
Début :
Les Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine arrivés à Moscou [...]
Mots clefs :
Russie, Moscou, Traité de Commerce, Chine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
>
Es Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine
Larrives à Moscou , sont chargés de pleins
pouvoirs pour conciure un Traité de Commerce
entre les deux Etats. Les présens qu'ils ont apportés
consistent en Etoffes de soye et en Porce
laines des plus belles . Les difficultez que ces Ambassadeurs
avoient fait naître au sujet de leurs
prétentions , par rapport au Ceremonial , aïantété
reglées , ils firent leur entrée publique le 25 .
de Janvier dans l'ordre suivant.
Sept chevaux de main richement caparaçonnés
et conduits par autant de Palefreniers à cheval ,
commençoient la Marche , ils étoient suivis d'um
Timbalier et de quatre Trompettes marchant à la
tête
598 MERCURE DE FRANCE.
tête d'une Compagnie de Grenadiers du Régi
ment des Gardes de Preobazinski à cheval , de
huit Gentilshommes de Mongale , montés sur des
chevaux Tartares et armés d'arcs et de fleches ,
de huit Carosses à six chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour , et d'un Carosse magnifique
de la Czarine, dans lesquels étoient les cinq
Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine et les
trois Envoyés du Prince de Mongale qui composent
cette Ambassade.
3
2
Le Chef de l'Ambassade étoit dans le dernier-
Carosse , accompagné de M. Sibin , Président du
College des Mines ; des Officiers Chinois étoient
à cheval aux portieres de ces Garosses, qui étoient
suivis de douze chevaux de main , d'un pareil
nombre de Palefreniers , d'une Compagnie des-
Grenadiers de la Garde des Semenowski , et de
80. Traîneaux chargés des bagages des Ambassadeurs.
Ils furent salués d'onze coups de canon
à l'entrée de la Ville , et conduits dans les Hôtelsqu'on
leur avoit préparés , et dont tous les ap--
partemens étoient tendus de drap rouge. Le premier
de ces Ambassadeurs est Président du Conseil
des Affaires Etrangeres de la Chine ; Iss autres
sont des Mandarins de differentes classes.
>
Es Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine
Larrives à Moscou , sont chargés de pleins
pouvoirs pour conciure un Traité de Commerce
entre les deux Etats. Les présens qu'ils ont apportés
consistent en Etoffes de soye et en Porce
laines des plus belles . Les difficultez que ces Ambassadeurs
avoient fait naître au sujet de leurs
prétentions , par rapport au Ceremonial , aïantété
reglées , ils firent leur entrée publique le 25 .
de Janvier dans l'ordre suivant.
Sept chevaux de main richement caparaçonnés
et conduits par autant de Palefreniers à cheval ,
commençoient la Marche , ils étoient suivis d'um
Timbalier et de quatre Trompettes marchant à la
tête
598 MERCURE DE FRANCE.
tête d'une Compagnie de Grenadiers du Régi
ment des Gardes de Preobazinski à cheval , de
huit Gentilshommes de Mongale , montés sur des
chevaux Tartares et armés d'arcs et de fleches ,
de huit Carosses à six chevaux des principaux
Seigneurs de la Cour , et d'un Carosse magnifique
de la Czarine, dans lesquels étoient les cinq
Ambassadeurs de l'Empereur de la Chine et les
trois Envoyés du Prince de Mongale qui composent
cette Ambassade.
3
2
Le Chef de l'Ambassade étoit dans le dernier-
Carosse , accompagné de M. Sibin , Président du
College des Mines ; des Officiers Chinois étoient
à cheval aux portieres de ces Garosses, qui étoient
suivis de douze chevaux de main , d'un pareil
nombre de Palefreniers , d'une Compagnie des-
Grenadiers de la Garde des Semenowski , et de
80. Traîneaux chargés des bagages des Ambassadeurs.
Ils furent salués d'onze coups de canon
à l'entrée de la Ville , et conduits dans les Hôtelsqu'on
leur avoit préparés , et dont tous les ap--
partemens étoient tendus de drap rouge. Le premier
de ces Ambassadeurs est Président du Conseil
des Affaires Etrangeres de la Chine ; Iss autres
sont des Mandarins de differentes classes.
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Résumé : RUSSIE.
Le texte relate l'arrivée à Moscou d'ambassadeurs chinois missionnés pour négocier un traité de commerce entre la Russie et la Chine. Ces ambassadeurs ont apporté des présents, incluant des étoffes de soie et des porcelaines. Après avoir surmonté des difficultés cérémonielles, ils ont fait leur entrée publique le 25 janvier. La procession comprenait sept chevaux de main richement ornés, des musiciens, des grenadiers du régiment des Gardes de Preobrazinski, des gentilshommes mongols armés, des carrosses transportant les ambassadeurs chinois et les envoyés du Prince de Mongolie, ainsi que des traîneaux chargés de bagages. À leur entrée dans la ville, ils ont été accueillis par onze coups de canon et conduits dans des hôtels préparés à leur intention, dont les appartements étaient tendus de drap rouge. Le chef de l'ambassade est le Président du Conseil des Affaires Étrangères de la Chine, accompagné de plusieurs mandarins de différentes classes.
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142
p. 598-599
POLOGNE.
Début :
L'Envoyé des Tartares qui eut le []9 Février à Warsovie [...]
Mots clefs :
Pologne, Envoyé , Audience, Investiture
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE .
'Envoyé des Tartares qui eut le 9. Eévrier à
Warsovie son audience de congé du Roi , partit
le lendemain après qu'on lui eut remis la Lettre
du S. M. en réponse à celle du Kam son
Maître. Le Roi lui a fait présent de trois Montres
d'or , de trois paires de Pistolets et d'un fort
beau Fusil : le Régimentaire de la Couronne lui
a aussi fait présent d'une Montre d'or et d'un
Habit ; et on lui a donné un grand Coffre avec
de magnifiques présens pour le Kam.
Le
MARS. 1731. 599
Le 21. l'Envoyé du Grand-Seigneur cut sa
premiere audience publique du Roi , à laquelle il
fut conduit par M. de Sollokub , Grand Veneur
du Duché de Lithuanie, Le Roi le reçut dans la
grande Salle d'Audience , ayant à sa droite le
Grand Maréchal de la Couronne , et le Vice-
Chancelier â sa gauche ; les Senateurs formoient
un cercle devant S. M. et ils étoient assis et cou-*
verts. L'Envoyé après avoir baisé le bord de
l'habit du Roi , remit à S. M. ses Lettres de
Créance , signées de la main du Grand - Seigneur :
il se plaça ensuite sur un Carreau vis - à- vis du
Roi , et il lui fit un Compliment de la part de
S. H. auquel le Vice-Chancelier répondit au nom
de S. M. l'Envoyé se leva ensuite , et ayant salué
le Roi , il fut conduit par le Régimentaire de la
Couronne dans une grande Salle où il fut traité
magnifiquement par les Officiers de S. M. Pendant
le repas le Grand -Maréchal lui porta la
santé du G. S. et l'Envoyé lui porta celle du
Roi ; aprés quoi il fut reconduit au Palais du feu
Grand Trésorier de la Couronne , où le Roi le
fera traiter pendant tout le temps que cet Envoyé :
demeurera à Varsovie.
Le 24. le Ministre- Plenipotentiaire du Duc
Ferdinand de Curlande , reçut des mains du Roi
P'Investiture de ce Duché , avec les ceremonies
ordinaires. S. M. a depuis envoyé à ce Duc le Cordon
de l'Agle blanc.
'Envoyé des Tartares qui eut le 9. Eévrier à
Warsovie son audience de congé du Roi , partit
le lendemain après qu'on lui eut remis la Lettre
du S. M. en réponse à celle du Kam son
Maître. Le Roi lui a fait présent de trois Montres
d'or , de trois paires de Pistolets et d'un fort
beau Fusil : le Régimentaire de la Couronne lui
a aussi fait présent d'une Montre d'or et d'un
Habit ; et on lui a donné un grand Coffre avec
de magnifiques présens pour le Kam.
Le
MARS. 1731. 599
Le 21. l'Envoyé du Grand-Seigneur cut sa
premiere audience publique du Roi , à laquelle il
fut conduit par M. de Sollokub , Grand Veneur
du Duché de Lithuanie, Le Roi le reçut dans la
grande Salle d'Audience , ayant à sa droite le
Grand Maréchal de la Couronne , et le Vice-
Chancelier â sa gauche ; les Senateurs formoient
un cercle devant S. M. et ils étoient assis et cou-*
verts. L'Envoyé après avoir baisé le bord de
l'habit du Roi , remit à S. M. ses Lettres de
Créance , signées de la main du Grand - Seigneur :
il se plaça ensuite sur un Carreau vis - à- vis du
Roi , et il lui fit un Compliment de la part de
S. H. auquel le Vice-Chancelier répondit au nom
de S. M. l'Envoyé se leva ensuite , et ayant salué
le Roi , il fut conduit par le Régimentaire de la
Couronne dans une grande Salle où il fut traité
magnifiquement par les Officiers de S. M. Pendant
le repas le Grand -Maréchal lui porta la
santé du G. S. et l'Envoyé lui porta celle du
Roi ; aprés quoi il fut reconduit au Palais du feu
Grand Trésorier de la Couronne , où le Roi le
fera traiter pendant tout le temps que cet Envoyé :
demeurera à Varsovie.
Le 24. le Ministre- Plenipotentiaire du Duc
Ferdinand de Curlande , reçut des mains du Roi
P'Investiture de ce Duché , avec les ceremonies
ordinaires. S. M. a depuis envoyé à ce Duc le Cordon
de l'Agle blanc.
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Résumé : POLOGNE.
En février 1731, un envoyé des Tartares a été reçu en audience de congé par le roi de Pologne à Varsovie. Le roi lui a remis une lettre de réponse pour le Kam, ainsi que des présents incluant trois montres d'or, trois paires de pistolets et un fusil. Le Régimentaire de la Couronne a également offert une montre d'or, un habit et un coffre de présents pour le Kam. En mars 1731, le 21, l'envoyé du Grand-Seigneur a eu sa première audience publique avec le roi de Pologne. Accompagné par M. de Sollokub, Grand Veneur du Duché de Lithuanie, il a été reçu dans la grande salle d'audience en présence des sénateurs. Après avoir remis ses lettres de créance, il a prononcé un compliment auquel le Vice-Chancelier a répondu au nom du roi. L'envoyé a ensuite été logé au palais du feu Grand Trésorier de la Couronne. Le 24 mars, le ministre plénipotentiaire du Duc Ferdinand de Curlande a reçu l'investiture du duché des mains du roi, accompagnée des cérémonies ordinaires. Par la suite, le roi a envoyé au duc le cordon de l'Aigle blanc.
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143
p. 599-600
ALLEMAGNE.
Début :
On écrit de Berlin que le Roi de Prusse a donné [...]
Mots clefs :
Prusse, Troupes, Camp, Vienne, Envoyé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N écrit de Berlin que le Roi de Prusse a
donné ordre à une certaine quantité de ses
plus belles Troupes , Cavalerie et Infanterie , de
se préparer pour former au mois de May pro
chain un Camp prés de cette Ville : ces Troupes
seront habillées de neuf et d'une propreté extraordinaire
: elles y feront diverses évolutions
etz
600 MERCURE DE FRANCE
et autres mouvemens qu'on pratique à la guerre :
outre les Tables de la Cour , chaque General et
Ministre d'Etat , en devra tenir une de douze
Couverts par ordre du Roi, qui veut qu'on procure
toutes sortes d'agrémens aux Etrangers de
distinction qui s'y rendront ; on y attend divers
Princes d'Allemagne , et on croit que les Rois de
Pologne et de Suede y viendront aussi.
L'Effendy qu'on attend à Vienne ne sera point
logé dans le Fauxbourg de Leopoldstad comme
l'ont été les autres Envoyez des précedens Sultans
: on a fixé le temps de son séjour , pendant
lequel il sera défrayé avec toute sa suite qui ne
pourra exceder le nombre de 30. personnes , parce
qu'on a sçu qu'il y avoit beaucoup de gens suspects
qui vouloient venir à Vienne sous sa protection.
N écrit de Berlin que le Roi de Prusse a
donné ordre à une certaine quantité de ses
plus belles Troupes , Cavalerie et Infanterie , de
se préparer pour former au mois de May pro
chain un Camp prés de cette Ville : ces Troupes
seront habillées de neuf et d'une propreté extraordinaire
: elles y feront diverses évolutions
etz
600 MERCURE DE FRANCE
et autres mouvemens qu'on pratique à la guerre :
outre les Tables de la Cour , chaque General et
Ministre d'Etat , en devra tenir une de douze
Couverts par ordre du Roi, qui veut qu'on procure
toutes sortes d'agrémens aux Etrangers de
distinction qui s'y rendront ; on y attend divers
Princes d'Allemagne , et on croit que les Rois de
Pologne et de Suede y viendront aussi.
L'Effendy qu'on attend à Vienne ne sera point
logé dans le Fauxbourg de Leopoldstad comme
l'ont été les autres Envoyez des précedens Sultans
: on a fixé le temps de son séjour , pendant
lequel il sera défrayé avec toute sa suite qui ne
pourra exceder le nombre de 30. personnes , parce
qu'on a sçu qu'il y avoit beaucoup de gens suspects
qui vouloient venir à Vienne sous sa protection.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le roi de Prusse a ordonné à une partie de ses troupes d'élite, cavalerie et infanterie, de se préparer pour former un camp près de Berlin en mai. Ces troupes seront nouvellement vêtues et d'une propreté exceptionnelle, et y effectueront diverses manœuvres militaires. Chaque général et ministre d'État devra tenir une table de douze couverts pour accueillir des étrangers de distinction, notamment des princes d'Allemagne, ainsi que les rois de Pologne et de Suède. À Vienne, l'Effendy, envoyé du sultan, ne sera pas logé dans le faubourg de Leopoldstadt. Son séjour est fixé et il sera défrayé avec sa suite, limitée à trente personnes en raison de la présence de suspects voulant se rendre à Vienne sous sa protection.
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144
p. 600-601
ITALIE.
Début :
Le 20. Février on publia à Rome une seconde Ordonnance [...]
Mots clefs :
Luxe, Ordonnance, Rome, Imposition, Naples, Amende
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALF E.
Lordonnance du Cardinal Camerlingue contre
E zo. Février on publia à Rome une seconde
le Luxe , par laquelle il est défendu à toutes personnes
de porter dans toute l'étenduë de l'Etat
Ecclesiastique , aucun galon , franges ou broderies
d'or ou d'argent sur leurs habits.
On écrit de Naples que le 28. Janvier on conduisit
par la rue de Tolede devant le Palais , le
Chariot des Rotisseurs , représentant Junon accompagnée
de Castor et Pollux , habillez en
Guerriers. Ce Chariot qui étoit précedé et suivi
de plusieurs Quadrilles d'Ouvriers de differens
Métiers , à cheval et magnifiquement habillez , fut
abandonné au peuple selon la coutume , mais
deux pauvres eurent le malheur d'en tomber , et
moururent deux heures aprés .
Le 24. de Janvier vers les quatre heures aprés
midi , la neige commença à tomber et dura jusqu'à
quatre heures du matin ; elle a été si abondante
MARS.
1731. бот
dante le Mont Vesuve et les autres montagnes
que
voisines en sont couvertes depuis le sommet jus--
qu'au pied , ce qui est fort extraordinaire dans
ce païs .
Le 4. Février après midi , on conduisit par la
rue de Tolede un Chariot chargé de Poisson sec
et salé , de Fruits secs , de Viande , de Volaille et
de Pain , qui fut abandonné au peuple dans la
place du Palais.
On mande de Milan qu'on y a mis une nouvelle
imposition sur les Lanternes , et que les
Bourgeois étoient obligez de faire marquer par
le Traitant celles dont ils se servent à peine de
100. écus d'amende.
Lordonnance du Cardinal Camerlingue contre
E zo. Février on publia à Rome une seconde
le Luxe , par laquelle il est défendu à toutes personnes
de porter dans toute l'étenduë de l'Etat
Ecclesiastique , aucun galon , franges ou broderies
d'or ou d'argent sur leurs habits.
On écrit de Naples que le 28. Janvier on conduisit
par la rue de Tolede devant le Palais , le
Chariot des Rotisseurs , représentant Junon accompagnée
de Castor et Pollux , habillez en
Guerriers. Ce Chariot qui étoit précedé et suivi
de plusieurs Quadrilles d'Ouvriers de differens
Métiers , à cheval et magnifiquement habillez , fut
abandonné au peuple selon la coutume , mais
deux pauvres eurent le malheur d'en tomber , et
moururent deux heures aprés .
Le 24. de Janvier vers les quatre heures aprés
midi , la neige commença à tomber et dura jusqu'à
quatre heures du matin ; elle a été si abondante
MARS.
1731. бот
dante le Mont Vesuve et les autres montagnes
que
voisines en sont couvertes depuis le sommet jus--
qu'au pied , ce qui est fort extraordinaire dans
ce païs .
Le 4. Février après midi , on conduisit par la
rue de Tolede un Chariot chargé de Poisson sec
et salé , de Fruits secs , de Viande , de Volaille et
de Pain , qui fut abandonné au peuple dans la
place du Palais.
On mande de Milan qu'on y a mis une nouvelle
imposition sur les Lanternes , et que les
Bourgeois étoient obligez de faire marquer par
le Traitant celles dont ils se servent à peine de
100. écus d'amende.
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Résumé : ITALIE.
En février 1731, à Rome, une ordonnance du Cardinal Camerlingue interdit le port de galons, franges ou broderies d'or ou d'argent sur les habits dans tout l'État ecclésiastique. À Naples, le 28 janvier, un chariot représentant Junon accompagnée de Castor et Pollux, habillés en guerriers, fut conduit par la rue de Tolède. Ce chariot, précédé et suivi de quadrilles d'ouvriers de différents métiers à cheval, fut abandonné au peuple, mais deux personnes tombèrent et moururent par la suite. Le 24 janvier, une forte chute de neige couvrit le Mont Vesuve et les montagnes voisines jusqu'à leur base, un événement inhabituel dans cette région. Le 4 février, un chariot chargé de poisson sec, de fruits secs, de viande, de volaille et de pain fut également abandonné au peuple sur la place du Palais à Naples. À Milan, une nouvelle imposition sur les lanternes fut instaurée, obligeant les bourgeois à marquer celles qu'ils utilisent sous peine d'une amende de 100 écus.
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145
p. 601-602
PORTUGAL.
Début :
On a reçu avis du Fort de Sanmadina, au Cap [...]
Mots clefs :
Fort, Gouverneur, Lisbonne, Cargaison, Café
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PORTUGAL.
PORTUGAL..
1
-
Na reçu avis du Fort de Sanmadina , an
Cap de Bonne Esperance , que le 23. de Dé
cembre dernier , le Gouverneur de ce Fort , qui
est Indien et Commandant General des Hottentons
, avoit été averti par un pauvre Ouvrier
nommé Mogavatti , que le Commandant d'une
Province voisine avoit prémedité de surprendre
ce Fort la nuit suivante ; que vers les dix heures
du soir la Place avoit été attaquée par 12000.
hommes qui s'étoient emparez de tous les dehors ,
mais que le Gouverneur ayant reçu quelque secours
et mis son artillerie en batterie , les Assiegeans
avoient été repoussez avec perte de 4000.
hommes ; que le Commandant et son Lieutenant
avoient été faits prisonniers , et que le reste des
troupes avoit pris la fuite.
On mande de Lisbonne que les derniers Vaisseaux
qui y sont arrivez de Maranhaon , ont apporté
une Cargaison assez considerable d'un
Caffé qui croît naturellement et sans être cultivé ,
dans les environs de cette place , on le trouve
plus
602 MERCURE DE FRANCE.
plus beau et de meilleur goût que celui qu'on apporte
du Levant , et l'on assure qu'il y en a dans
le païs en assez grande quantité pour en charger
20. Vaisseaux tous les ans.
On apprend de tous côtez que l'Hyver a été extrêmement
rigoureux dans toute l'Europe, et que
les neiges ont été par tout extrêmement abondantes
, même dans les pays les plus méridionaux ,
comme en Espagne et en Portugal où il en esttom
bé en divers endroits de la hauteur d'une toise.
1
-
Na reçu avis du Fort de Sanmadina , an
Cap de Bonne Esperance , que le 23. de Dé
cembre dernier , le Gouverneur de ce Fort , qui
est Indien et Commandant General des Hottentons
, avoit été averti par un pauvre Ouvrier
nommé Mogavatti , que le Commandant d'une
Province voisine avoit prémedité de surprendre
ce Fort la nuit suivante ; que vers les dix heures
du soir la Place avoit été attaquée par 12000.
hommes qui s'étoient emparez de tous les dehors ,
mais que le Gouverneur ayant reçu quelque secours
et mis son artillerie en batterie , les Assiegeans
avoient été repoussez avec perte de 4000.
hommes ; que le Commandant et son Lieutenant
avoient été faits prisonniers , et que le reste des
troupes avoit pris la fuite.
On mande de Lisbonne que les derniers Vaisseaux
qui y sont arrivez de Maranhaon , ont apporté
une Cargaison assez considerable d'un
Caffé qui croît naturellement et sans être cultivé ,
dans les environs de cette place , on le trouve
plus
602 MERCURE DE FRANCE.
plus beau et de meilleur goût que celui qu'on apporte
du Levant , et l'on assure qu'il y en a dans
le païs en assez grande quantité pour en charger
20. Vaisseaux tous les ans.
On apprend de tous côtez que l'Hyver a été extrêmement
rigoureux dans toute l'Europe, et que
les neiges ont été par tout extrêmement abondantes
, même dans les pays les plus méridionaux ,
comme en Espagne et en Portugal où il en esttom
bé en divers endroits de la hauteur d'une toise.
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Résumé : PORTUGAL.
Le texte décrit une attaque militaire au Fort de Sanmadina, au Cap de Bonne Espérance. Le 23 décembre précédent, le gouverneur, un Indien et commandant général des Hottentots, a été alerté par un ouvrier nommé Mogavatti d'une attaque imminente par le commandant d'une province voisine. Cette attaque, menée par 12 000 hommes, a débuté vers dix heures du soir. Malgré la prise des extérieurs du fort, les assaillants ont été repoussés après l'arrivée de renforts et l'utilisation de l'artillerie, subissant une perte de 4 000 hommes. Le commandant et son lieutenant ont été capturés, et le reste des troupes a fui. Par ailleurs, des navires arrivés à Lisbonne en provenance de Maranhão ont apporté une cargaison significative de café, qui pousse naturellement dans cette région. Ce café est décrit comme étant de meilleure qualité que celui du Levant et disponible en quantité suffisante pour charger 20 vaisseaux annuellement. Le texte mentionne également que l'hiver a été particulièrement rigoureux en Europe, avec des chutes de neige abondantes, même dans des pays méridionaux comme l'Espagne et le Portugal, où la neige a atteint une hauteur d'une toise en divers endroits.
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146
p. 602
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 18. Février au matin, le Lord Jacques Cavendish, frere [...]
Mots clefs :
Lord, Grande-Bretagne, Duc, Gageure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
E 18. Février au matin , le Lord Jacques Cavendish
, frere du Duc de Devonshire , qui
avoit parié 1000 Guinées contre le Chevalier
Robert Hagi , d'aller à cheval en 65. minutes du
coin d'Hidepark à la Loge de Windsor , gagna
cette gageure , ayant fait en 61. minutes cette
course qui est de 21. milles.
E 18. Février au matin , le Lord Jacques Cavendish
, frere du Duc de Devonshire , qui
avoit parié 1000 Guinées contre le Chevalier
Robert Hagi , d'aller à cheval en 65. minutes du
coin d'Hidepark à la Loge de Windsor , gagna
cette gageure , ayant fait en 61. minutes cette
course qui est de 21. milles.
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147
p. 602
HOLLANDE ET PAYS-BAS.
Début :
On apprend de Bruxelles qu'en enlevant les decombres du [...]
Mots clefs :
Bruxelles, Décombres, Cassette, Archiduchesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HOLLANDE ET PAYS-BAS.
HOLLANDE ET PAYS-BAs.
ON
N apprend de Bruxelles qu'en enlevant les
decombres du Palais , on a trouvé la Cassette
des Bijoux de l'Archiduchesse , avec quelques-
uns de ses diamans , mais on n'a pas encore
trouvé ceux qu'elle avoit fait mettre sur l'habit
de Bal qu'elle s'étoit fait faire , et qui montoient
à près d'un million.
ON
N apprend de Bruxelles qu'en enlevant les
decombres du Palais , on a trouvé la Cassette
des Bijoux de l'Archiduchesse , avec quelques-
uns de ses diamans , mais on n'a pas encore
trouvé ceux qu'elle avoit fait mettre sur l'habit
de Bal qu'elle s'étoit fait faire , et qui montoient
à près d'un million.
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148
p. 602-603
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Début :
Dona Jeanne d'Azevedo, Religieuse dans le Monastere des Dominicaines [...]
Mots clefs :
Morts, Pays étrangers, Religieuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
DMonastere des Dominicaines de laville de
Ona Jeanne d'Azevedo , Religieuse dans le
Santarem en Portugal , y mourut vers la fin de
Janvier , âgée de 102. ans.
Il est mort au commencement de ce mois une
femme âgée de 105. ans passez , dans la petite
ville d'Altensteig près de Vienne.
Dorothée
E
MARS. 1731. 703
Dorothée Frederique de Brandebourg Anspach,
Epouse du Comte Jean de Hanaw Lichtemberg ,
est morte à Francfort le 13. Mars, âgée de
のみのお
FRANCE ,
$4 ans.
DMonastere des Dominicaines de laville de
Ona Jeanne d'Azevedo , Religieuse dans le
Santarem en Portugal , y mourut vers la fin de
Janvier , âgée de 102. ans.
Il est mort au commencement de ce mois une
femme âgée de 105. ans passez , dans la petite
ville d'Altensteig près de Vienne.
Dorothée
E
MARS. 1731. 703
Dorothée Frederique de Brandebourg Anspach,
Epouse du Comte Jean de Hanaw Lichtemberg ,
est morte à Francfort le 13. Mars, âgée de
のみのお
FRANCE ,
$4 ans.
Fermer
149
p. 780-781
TURQUIE.
Début :
Des lettres de Constantinople confirment les avis qu'on avoit [...]
Mots clefs :
Turquie, Grand vizir, Le Caire, Commerce, Étrangers, Damas, Syrie, Maronites, Convent de Nazareth
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE.
TURQUI E..
}
Es lettres de Constantinople confirment les.
Davis qu'on avoit déja cus , que Mehemet
Selichtar Pascha , qui avoit été fait Grand Vizir
dans les premiers jours de la derniere révolution ,
avoit été déposé , et que Ibrahim Pacha , ci- devant
Kihaia de Cuprogli , Pacha du Caire , avoit
été choisi pour lui succeder.
On a reçu avis du Grand Caire , que les Missionnaires
en avoient été chassés par le nouveau
Pacha , que le Grand Seigneur a envoyé dans.
cette Ville , et que la plupart s'étoient retirés à
Jerusalem et dans les environs .
:
D'autres lettres d'Egypte portent que le Pacha
Cuprogli avoit défait l'Armée des Rebelles d'Egypte
qu'il avoit fait couper la tête à tous leurs
Chefs , pris dans le combat , et accordé une Amnistie
generale aux autres ; que la tranquillité
étoit rétablie dans le pays , et le commerce enție:
rement libre pour tous les Etrangers..
On a appris par les lettres de Syrie , du mois
d'Octobre dernier , que dans le College de l'Ors
dre de S. François de la Ville de Damas , où les
Religieux Espagnols enseignent les Langues Aràbe
et Turque , ils avoient établi une Ecole particuliere
pour instruire dans la Religion Catholique
les enfans des Maronites qui y étoient déja
au nombre de 15000. ce qui leur avoit attiré une
persécution de la part des Turcs , qui vouloient
chasser ces Religieux de la Ville , où ils n'avoient
pû se conserver qu'en payant une somme considerable
;
AVRIL. 1731. 7:1
sable ; qu'ils avoient employé les charités des
Pelerins à finir l'Hôpital qu'ils avoient commencé
depuis long-temps ; qu'ils avoient fait achever
aussi le Convent de Nazareth , dont la dépense
montoit à plus de 9c000 . écus , et que le Gardien
avoit été fort maltraité par les Turcs le jour
de la Dédicace de la nouvelle Eglise.
}
Es lettres de Constantinople confirment les.
Davis qu'on avoit déja cus , que Mehemet
Selichtar Pascha , qui avoit été fait Grand Vizir
dans les premiers jours de la derniere révolution ,
avoit été déposé , et que Ibrahim Pacha , ci- devant
Kihaia de Cuprogli , Pacha du Caire , avoit
été choisi pour lui succeder.
On a reçu avis du Grand Caire , que les Missionnaires
en avoient été chassés par le nouveau
Pacha , que le Grand Seigneur a envoyé dans.
cette Ville , et que la plupart s'étoient retirés à
Jerusalem et dans les environs .
:
D'autres lettres d'Egypte portent que le Pacha
Cuprogli avoit défait l'Armée des Rebelles d'Egypte
qu'il avoit fait couper la tête à tous leurs
Chefs , pris dans le combat , et accordé une Amnistie
generale aux autres ; que la tranquillité
étoit rétablie dans le pays , et le commerce enție:
rement libre pour tous les Etrangers..
On a appris par les lettres de Syrie , du mois
d'Octobre dernier , que dans le College de l'Ors
dre de S. François de la Ville de Damas , où les
Religieux Espagnols enseignent les Langues Aràbe
et Turque , ils avoient établi une Ecole particuliere
pour instruire dans la Religion Catholique
les enfans des Maronites qui y étoient déja
au nombre de 15000. ce qui leur avoit attiré une
persécution de la part des Turcs , qui vouloient
chasser ces Religieux de la Ville , où ils n'avoient
pû se conserver qu'en payant une somme considerable
;
AVRIL. 1731. 7:1
sable ; qu'ils avoient employé les charités des
Pelerins à finir l'Hôpital qu'ils avoient commencé
depuis long-temps ; qu'ils avoient fait achever
aussi le Convent de Nazareth , dont la dépense
montoit à plus de 9c000 . écus , et que le Gardien
avoit été fort maltraité par les Turcs le jour
de la Dédicace de la nouvelle Eglise.
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Résumé : TURQUIE.
Le texte décrit des événements politiques et religieux dans l'Empire ottoman. À Constantinople, Mehemet Selichtar Pascha, récemment nommé Grand Vizir, a été démis de ses fonctions et remplacé par Ibrahim Pacha, ancien Pacha du Caire. Au Caire, les missionnaires, expulsés par le nouveau Pacha, se sont réfugiés à Jérusalem. Ibrahim Pacha a réprimé une rébellion égyptienne, exécuté les chefs rebelles et accordé une amnistie générale, rétablissant ainsi la tranquillité et la liberté commerciale. En Syrie, des lettres d'octobre 1730 révèlent que des religieux espagnols du Collège de l'Ordre de Saint-François à Damas ont fondé une école pour instruire les enfants maronites dans la religion catholique, suscitant des persécutions turques. Les religieux ont dû payer une somme importante pour rester à Damas. Ils ont également utilisé des dons pour achever un hôpital et un couvent à Nazareth, dont les dépenses ont dépassé 9 000 écus. Le gardien du couvent a été maltraité par les Turcs lors de la dédicace de la nouvelle église.
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150
p. 781
RUSSIE.
Début :
On mande des Frontieres de Perse , que les Turcs qui [...]
Mots clefs :
Russie, Perse, Moscovites, Constantinople
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
On mande des Frontieres de Perse , que les
Turcs qui étoient dans Ardebil , l'avoient abandonné
aux Persans , et qu'ils s'étoient mis sous
la protection des Moscovites , lesquels , du consentement
du Roi de Perse , devoient les conduire
à Tiflis , Capitale de la Georgie.
Par les lettres reçûës de Constantinople , on
paroît être certain que le Grand Seigneur prem
dra toutes les mesures necessaires pour éviter d'entrer
en guerre avec les Moscovites , et pour prévenir
celle qu'ils pourroient avoir avec les Persans.
On mande des Frontieres de Perse , que les
Turcs qui étoient dans Ardebil , l'avoient abandonné
aux Persans , et qu'ils s'étoient mis sous
la protection des Moscovites , lesquels , du consentement
du Roi de Perse , devoient les conduire
à Tiflis , Capitale de la Georgie.
Par les lettres reçûës de Constantinople , on
paroît être certain que le Grand Seigneur prem
dra toutes les mesures necessaires pour éviter d'entrer
en guerre avec les Moscovites , et pour prévenir
celle qu'ils pourroient avoir avec les Persans.
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Résumé : RUSSIE.
En Russie, les Turcs d'Ardebil ont cherché la protection des Moscovites. Avec l'accord du roi de Perse, ces derniers doivent les conduire à Tiflis. À Constantinople, le souverain ottoman prévoit des mesures pour éviter une guerre avec les Moscovites et un conflit avec les Persans.
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