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1
p. 73-106
Relation de l'entrée de M. le Duc d'Aumont, Ambassadeur extraordinaire de France, à Londres le 20. Juillet 1713.
Début :
LETTRE DE LONDRES. J'ai reçû, Monsieur, vos deux lettres [...]
Mots clefs :
Duc d'Aumont, Londres, Reine, Ambassadeur, Honneurs, Réception, Magnificence, Festivités, Protocole , Couronnement, Voitures
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texteReconnaissance textuelle : Relation de l'entrée de M. le Duc d'Aumont, Ambassadeur extraordinaire de France, à Londres le 20. Juillet 1713.
Comme on n'avoit
pas dans le Mercure precedent
une relation exacte
ni étenduë de cctte
if , A cntree, on n'en a pu
dire que deux mots en
attendant celle-ci.
Relation de fentréede M. le
Ducd'Aamont, /fmbdfiach ur
extraordinaire de Francey à
Londres lelO. JuilLt 1713.
LETTRE DE LONDRES.
J'ai reçu, Monsieur,vos
deux lettres du 2. & du 9.
Juillet; & pour satisfaire
avant toutes choses à vôtre
curiosité sur l'entrée publique
de Monsieur le Duc
d'Aumont ,
j'aurail'honneur
de vous dire que ce
fut Mercredi IL. de ce mois,
& le premier du vieux stile.
Nous nous étions tous rendus
à Grenwich
,
dans la
maison de MonsieurRobinfon,
Capitaine du yacth
qui nous a amenez de France.
Monsieur le Duc y avoit
envoyé dés la veille
tous ses Officiers pour y
preparer un magnifique déjeuner.
Entre midi & une
heure Milord Comte de
Skardel, accompagné de
six Gentilshommes de la
Chambre privée de la Reine,
vint faire à Son Excellence
compliment sur son
heureuse arrivée dans le
Royaume.Monsieur le Duc
descendit trois marches de
l'escalier pour le recevoir,
& lui donna la droite jusqu'à
la chambre,où il y
avoit deux fauteüils, six
chaises pour les six GentilsbOiTImes,
&une autre chaise
à main gauche, & un peu
derriere le fateüil de M.le
Duc, pour M. le Chevalier
Cotherel Maître des Ceremonies.
LeComte eut la
place d'honneur, & se couvrit
avec sa suite. Il n'y eut
de nôtre part que M. le
Duc & le Maître des Ceremonies
qui furent assis &
couverts.
D'abord aprés le compliment
Son Excellence proposa
à Messieurs les Anglois
d'aller déjeûner, & leur
donna toûjours la droite
jusqu'à la salle de l'ambigu,
qui fut des plus somptueux,
sur deux tables de quarante
couverts, où l'on ne s'assit
pas, chacun mangeant debout&
àla placeoù il [e
trouva. Sur les trois heures
on sortit de la maison de
M. Robinson, & depuis ce
moment-làles François eurent
toujours la droite. On
traversa
, pour gagner le
port, plusieurs rues parsemées
de fleurs & lacour de
l'Hôtel desInvalides,oùl'on
trouvalessoldats sous les
armes,les tambours battant
aux champs
,
le Gouverneur
à la premiere porte
avec tous les Officiers, qui
vinrent faire cortege à M.
l'Ambassadeur. Toutes les
berges de la Reine étoient
la à nous attendre. Rien
n'est plus propre, ni plus
galant; ce n'est en dehors
que sculpture & dorure, &
le dedans est tapissé de velours.
Celle où entra M. le
Duc, avec le Milord qui le
conduisoit, étoit superbe ôc
doréejusqual'eau:ellen'avoit
jamais servi à aucun
Ambassadeur. Tous les
yacths de la Reine, moüillez
prés de Grenvvich
, avoient
arboré tous leurs
pavillons;il y en avoit tout
le long des cordages, &
j'en comptai à un seul plus
de cinquante qui jouent au
gré des vents. Ils saluerent
de tous leurs canons la bergede
Son Excellence, &
tous les autres bâtimens
dont la Tamise est couverteétoient
pleins de monde
jusqu'au haut des mats:
ce n'étoient que chapeaux
en Tair, & que cris reÏrerez
de hous,.boufàyJ hou.
J&y.
- On arriva vers les qua- treheures au pied de la
Tour de Londres. Milord
Comte de Northampton,
Connêtable de la Tour,fiiivi
du Commandant Se des
principaux,Officiers, se
trouva au bas de l'escalier
du gay pour recevoir M.le
Duc, & lui presenter la
main au sortir de sa berge.
Il lui fit compliment de la
part de la Reine, & le conduisit
au carosse de Sa Majesté.
C'est un honneur qui
n'avoit pas encore eu d'exemple,
& nul Ambassadeur
n'avoit été reçu jusqu'apresentque
par le
Commandant de la Tour.
Tout le quay étoit bordé
par les gardes de la Reine,
la bayonnette au bout du
fil11
,
les enseignes déployées,
les tambours battant
aux champs, tous les
Officiers à leurs places &
saluant de l'esponton:autre
distinction sans exemple.
&qui n'a été accordée qu'à
M. le Duc d'Aumont.
Quand on sortit de la
Tour, tout le canon nous
falua au nombre de cent
quatre pieces. Voici l'ordreque
l'on garda.
Ilyavoit à la tête une
trentaine d'Anglois parfaitement
bien montez; ce
sont les marchands & les
ouvriers qui fournissent
l'Hôtel de Son Excellence.
Ils étoient suivis des gardes
de M. le Chevalier Maréchal
de la Maison de la Reine,
qu'ils precedoient,
M. le Chevalier Englich,
Maréchal des Ceremonies
lequel étoit dans le carossey
de Milord Comte de Skardel,
par où commençoit la
marche.
Ensuite les quatre Suisses
de M. le Duc sur des che,-
vaux,& aprés eux les trente
valets de pied de M. le
Duc,qui n'a voulu que si
feule Maison, & n'a pas
pris un seul homme de parade.
Ensuite deux écuyers sur
les plus beaux chevaux
d'Angleterre, à la tête de
douze pages, tous Gentilshoninles,
parmi lesquels il
y ades Chevaliers de Malte.
Entre les deux files de
leurs chevaux il y avoit un
Ecuyer à cheval pour les
conduire.
Six palfreniers à cheval,
qui menoient des chevaux
de main;deux autres Gentilshommes
de Son Excellence
marchoient à cheval
immédiatement devant le
carosse de la Reine, dans
lequel étoit M. l'Ambassadcur
, Milord Comte de
Skardel,nommé Ambassadeur
à la Cour de Vienne,
le Secretaire de nôtreambassade,
& le Maître des
Ceremonies.
Un second carosse de la
Reine pour les six Gentilshommes
de sa Chambre, le
carosse du corps de Son Excellence,
attelé de huit chevaux
gris- pommelez, couverts
de harnois dorez, les
crins tressez de rubans cramoisy
, avec des aigrettes
de plume sur la tête. Ce carosse
était vuide,toutes les
glaces levées, suivi de quatre
carosses à huitchevaux,
appartenans à Son Excellence,
& de cinq auti es carossesàsix
chevaux appartenans
à des Gentilshommes
de sa fuite, dont les cochers
& portillons avoienc
la livrée de M.le Duc. Tous
les domestiques de ces
Gentilshommes accompagnoient
à pied ces dix carosses
:
ils étoient habillez
de surtous rouges, uniformes,
& formoient une
nombreuse livrée.
Aprés toute cette pompe
suivoient les carosses à six
chevaux des SeigneursTorris
qui y avoient envoyé
tous leurs gens, & je crois
qu'il y avoit bien cinquante
carosses.
En arrivant à Sommerset
House Son Excellence trouva
dans la cour unecompagnie
des Gardes de la Reine
fous les armes, comme
à la Tour, & toutes les
trompettes de Sa Majesté,
qui avec les timbales &
tambours sonnoientdes
fanfares sur la retraiTe. Il
ne fut plus permis à qui que
ce soit de nôtre livrée d'entrer
dans les appartemens,
& Son Excellence n'eut
plus d'autres Officiers que
ceux de la Reine. La salle
des Gardes se trouva bordée
de trente ou quarante
Hoquetons en toque & en
habits de ceremonie,lahalebardc
à la main, & ils
n'en font pas fortis jusqu'à
Samedi après l'audience.
Le Comte de Skardel
conduisit M. le Duc dans
son appartement, & l'en
mit en possession; & après
lui avoir fait un second
compliment au nom de la
Reine, M. l'Ambassadeur
le reconduisit jusqua sa
chaise à porteurs, en lui
donnant à son tour la main.
Un moment aprés arriva
Milord Comte de Vvindfor,
que Son Excellence
alla recevoir jusques dans
la
la première salle, en lui
donnant la droite ôc la place
dhonneur dans la chambre
d'audience. Le Comte
s'assît, & se couvrit en même
temps que M. le Duc,
à qui il fit compliment de
la part de Sa Majeste
;
aprés
quoy Son Excellence, en
lui donnant toujours la
main, l'alla reconduire jusqu'à
sa chaise.
Toute la soirée se passa
à recevoir des visites ou
des complimens. A dixheures
le Maître d'Hôtel de la
Reine vint avertir Son Excellence
que le souper étoÍr
servi. On n'a jamais rien vû
de plus magnifique. C'étoit
une table longue, dont un
bout donnoit fous le dais i
avec un seul couvert b cadenat,
&un fauteüil de velours
pour M. le Duc, qui
étoit seul à ce bout-là. Plus
bas des deux côtez, &à
une assez grandedistance,
etoient vingt-quatre couverts
, où saffirent sur des
chaises de natte à rAn
gloise Milord Skardel à la
droite, &Milord Vvin¥or
à la gauche, d'autres Milords
après eux, le Maître
des Ceremonies, le premier
Controlleur de la Maison
de la Reine, & dans le
reste des places ce qu'il y
put tenir de Gentilshommes
François. Son Excellence
a toujours été servie
à verre couvert & en vermeildoré
par les mêmes
Officiers qui ont l'honneur
de servir la Reine. C'étoient
les Hoquetons qui
portoient les plats couverts,
& les Gentilshommes servans
qui les mettoient sur
la table. Pendant tout le
repas les trompettesnont
pascesse de sonner: on a
bû toutes les fois à la santé
du Roy,& celle de Sa Majessé
Britannique, & celle
du Roy d'Espagne. Ces santez
ont été bûës debout &
à découvert. Ensuite on a
bû les santez de Monseigneur
le Dauphin, de
Monseigneur le Duc de
Berry, de Monsieur le
Duc d'Orléans, & de Milord
Grand Tresorier. Je
vous avouë que toutes ces
santez n'accommodoient
pas lamienne: c'étoit un
vin de Volney très vif, ou
un fin vin de Champagne,
qu'il faloit boire pur & à
plein verre. Il y a eu six
repas servis avec cette magnificence
,
sans compter
une autre table de plus de
quarante couverts pour les
autres Gentilshommes,qui
ne pouvoienr tenir tous à
celle de M. le Duc. Cette
table,dont M.le Maréchal
des Ceremonies faisoit les
honneurs,étoit servie comme
la premiere par lesOfficiers
de Sa Majesté. Cette
grande Princcesse
, qui ne
dédaigne pas d'entrer dans
les moindres détailsen nôtre
faveur; a donné ordre
qu'on servît la plupart des
plats à la Françoise
,
& a
bien voulu envoyer en
France chercher toutes fortes
de vins, de confitures
seches & liquides.
Outre ces deux grandes
tables, il y en a eu une autre
pour les douze pages &
leurs gouverneurs, servie
avec la mêmesomptuosité.
Enfin l'on peut dire
que tout a répondu à la
magnificence d'une si grande
Reine, & que toute la
fête a été veritablement
royale.
Le Samedi l'aprésdînée,
sur les six heures du soir,
Milord Comte de Salisburi
est venu prendre M.l'Ambaffadeur
pour le conduire
à l'audience publique. Il a
été reçu avec les mêmes
honneurs que les deux autres
Comtes, & la pompe
a été la même que celle du
Mercredi, même cortege,
mêmeséquipages,mêmes
carosses, & même foule à
nous voir passer, & même
ardeur à [e battre pour rzmasser
l'argent du gencreux
Ambassadeur.
A la porte de saint James
Son Excellence a été
reçûë par le Chevalier Maréchal
, par le Maréchal
des Ceremonies, ôc par le
Concierge du Palais, avec
leurs bâtons de commandement
à la main, les Gardes
de Sa Majesté fous les
armes,enseignes déployées,
les Officiers saluant
,
&
les tambours battant aux
champs, même dans le Palais
de la Reine.
Les
Lesvalets de pied de Son
Excellence ont été rangez -
en haye tout le long de l'escalier,
les pages ont entré
dans la salle des Gardes.
M. le Duc a été conduit
dans la Chambre du Conseil,
en attendant que toute
sa fuite fût rassemblée:alors
un Chevalier est venu ravertir
que la Reine éroie
sur son trône, c'est à dire
dans un fauteüil
,
sur une
estrade fous son dais. On a
traversé la salle des Hoquetons
, leur Commandant à
leur tête, qui a conduit Son
Excellence jusqu'à la salle
des Gentilshommes Pensionnaires
magnifiquement
vétus, tous en haye, tenant
leurs hallebardes dorées.
Milord Duc de Beaufort,
leur Capitaine
) a reçû
l'Ambassadeur à la porte de
la salle, & l'a conduit jusqu'à
la Chambre de la Reine,
à la porte de laquelle
tous les Gentilshommes
François qui precedoient
Son Excellence se sont ouverts
pour la laisser entrer
la premiere entre le Comte
de Salisbury & M. le Chevalier
Cook, Vicechambellan
,
faisant les fonctions
en l'absence de M. le
Duc de Shrevvsbury grand
Chambellan.
M. le Duc a fait une premiere
reverence dés l'entrée
de la chambre, une seconde
au milieu, & une
troisiéme aux pieds de la
Reine. Le ceremonial vouloit
que Sa Majesté se levât
à la seconde
: mais l'incommodité
de la Reine & la foiblesse
de ses jambes ne le
lui a pas permis. Avant l'audience
Sa Majestéavoit fait
écrireàSon Excellencepar
MilordDarmouth premier
Secretaire d'Etat une lettre
d'émeute
,
qui a suppléé
à la rigueur du ceremonial.
M le Duc se couvrit un
moment pour la forme, &
prononça son compliment
en presentant ses lettres de
creance. Sa Majesté y répondit
trés- gracieusement
en Anglois, que le Maître
de Ceremonie interpreta;
après quoy Son Excellence
se retira, en faisant trois
reverences aux mêmes endroits
qu'en entrant, en
marchant en arriere jusqu'à
la sortie de la chambre.
On a été reconduit avec
tous les honneurs qu'on avoit
reçus en entrant,&
l'on est revenu au Palais de
Sommerfet dans le même
ordre qu'on en étoit forci.
Aprés que le Milord Comte
de Salisbury eut ramené
M. le Duc dans son appartement,
Son Excellence lui
donna la main, & le reconduisit
en cortege jusqu'à sa
chaise.
Le lendemaindeson aa
dience étant allé à Kinsinp
on faire sa cour à la Reine
, il lui demanda une grace
, qu'il supplia instamment
Sa Majesté de ne lui
pas refuser. La Reine le lui
promit, & Son Excellence
lui dit qu'ilavoitappris que
SSaaMajestéavoit donné or- ~i !c ité avoir ordre
qu'on achetâtpour elle
enHollandeunattelagede
chevaux gris- pommelez ;
qu'il en avoit neuf qu'on
avoit trouvez passables
; ôc
qu'ilsupplioittrés-humblement
Sa Majesté de les accepter
:
osant lui dire qu'
Elle ne pouvoit s'en défendre
après la parole qu'Elle
lui avoit fait l'honneur de
lui donner. La Reine, qui
ne s'attendoit pas à accorder
une pareille grace, parut
un moment interdite ;
mais d'abord d'un visage riant Elle lui répondiot:
Monfeur le Duc,il n'y a
pas moyen de refuser une offre
faite d'une maniere si engageAnte;
d'un autre j'y pfnJerois
4 deux jots: mais devotre
part je reçois tout avec
grand plaisir. Vousjugez
bien que les neuf chevaux
avec leurs parures n'ont pas
tardé à être conduits à Kinsington.
Ce sont les plus
beaux qu'on ait vûs ici, &
les neuf ont coûté en Hollande
dix mil francs. Vous
reconnoissez là les manieres
de M. le Duc d'Aumont.
Avanthier il y eut à Londres
une fête fort solemnelle
pour le Te Deum en
musique, chanté à S. Paul
en actions de graces de la
paix. La Reine ne put s'y
trouver; ce qui diminua
beaucoup de la beautéde
la cavalcade: mais tous les
Meilleurs du Parlement de
l'une & l'aurre Chambre s'y
ren dirent tous en cortege
dans leurscarosses, que les
Torris avoient rendus fort
brillans. Le soir Se toute la
nuit il y eut des feux dans
la ville, & toutes les fenêtres
éclairées. Ceux qui n'y
mirent pas de lumieress'exposoient
à voirbriser leurs
vitres
,
& il n'yen a gueres
de celles-ci qui ayent echa<
péà la tumultueuse rejoüissance
de la mable: c'est ainsi
qu'onappelle la populace
de Londres, qui ces joursla
est la maîtresse, &' que
nulle puissance n'a le droit
ni la force dereprimer. Il
y eut cette nuit là deux fort
beaux feux d'artifice; l'un
dans Hoborn pour la ville,
& l'autre pour la Reine sur
la Tamise, entre Sommerset
& Vvitheal.
pas dans le Mercure precedent
une relation exacte
ni étenduë de cctte
if , A cntree, on n'en a pu
dire que deux mots en
attendant celle-ci.
Relation de fentréede M. le
Ducd'Aamont, /fmbdfiach ur
extraordinaire de Francey à
Londres lelO. JuilLt 1713.
LETTRE DE LONDRES.
J'ai reçu, Monsieur,vos
deux lettres du 2. & du 9.
Juillet; & pour satisfaire
avant toutes choses à vôtre
curiosité sur l'entrée publique
de Monsieur le Duc
d'Aumont ,
j'aurail'honneur
de vous dire que ce
fut Mercredi IL. de ce mois,
& le premier du vieux stile.
Nous nous étions tous rendus
à Grenwich
,
dans la
maison de MonsieurRobinfon,
Capitaine du yacth
qui nous a amenez de France.
Monsieur le Duc y avoit
envoyé dés la veille
tous ses Officiers pour y
preparer un magnifique déjeuner.
Entre midi & une
heure Milord Comte de
Skardel, accompagné de
six Gentilshommes de la
Chambre privée de la Reine,
vint faire à Son Excellence
compliment sur son
heureuse arrivée dans le
Royaume.Monsieur le Duc
descendit trois marches de
l'escalier pour le recevoir,
& lui donna la droite jusqu'à
la chambre,où il y
avoit deux fauteüils, six
chaises pour les six GentilsbOiTImes,
&une autre chaise
à main gauche, & un peu
derriere le fateüil de M.le
Duc, pour M. le Chevalier
Cotherel Maître des Ceremonies.
LeComte eut la
place d'honneur, & se couvrit
avec sa suite. Il n'y eut
de nôtre part que M. le
Duc & le Maître des Ceremonies
qui furent assis &
couverts.
D'abord aprés le compliment
Son Excellence proposa
à Messieurs les Anglois
d'aller déjeûner, & leur
donna toûjours la droite
jusqu'à la salle de l'ambigu,
qui fut des plus somptueux,
sur deux tables de quarante
couverts, où l'on ne s'assit
pas, chacun mangeant debout&
àla placeoù il [e
trouva. Sur les trois heures
on sortit de la maison de
M. Robinson, & depuis ce
moment-làles François eurent
toujours la droite. On
traversa
, pour gagner le
port, plusieurs rues parsemées
de fleurs & lacour de
l'Hôtel desInvalides,oùl'on
trouvalessoldats sous les
armes,les tambours battant
aux champs
,
le Gouverneur
à la premiere porte
avec tous les Officiers, qui
vinrent faire cortege à M.
l'Ambassadeur. Toutes les
berges de la Reine étoient
la à nous attendre. Rien
n'est plus propre, ni plus
galant; ce n'est en dehors
que sculpture & dorure, &
le dedans est tapissé de velours.
Celle où entra M. le
Duc, avec le Milord qui le
conduisoit, étoit superbe ôc
doréejusqual'eau:ellen'avoit
jamais servi à aucun
Ambassadeur. Tous les
yacths de la Reine, moüillez
prés de Grenvvich
, avoient
arboré tous leurs
pavillons;il y en avoit tout
le long des cordages, &
j'en comptai à un seul plus
de cinquante qui jouent au
gré des vents. Ils saluerent
de tous leurs canons la bergede
Son Excellence, &
tous les autres bâtimens
dont la Tamise est couverteétoient
pleins de monde
jusqu'au haut des mats:
ce n'étoient que chapeaux
en Tair, & que cris reÏrerez
de hous,.boufàyJ hou.
J&y.
- On arriva vers les qua- treheures au pied de la
Tour de Londres. Milord
Comte de Northampton,
Connêtable de la Tour,fiiivi
du Commandant Se des
principaux,Officiers, se
trouva au bas de l'escalier
du gay pour recevoir M.le
Duc, & lui presenter la
main au sortir de sa berge.
Il lui fit compliment de la
part de la Reine, & le conduisit
au carosse de Sa Majesté.
C'est un honneur qui
n'avoit pas encore eu d'exemple,
& nul Ambassadeur
n'avoit été reçu jusqu'apresentque
par le
Commandant de la Tour.
Tout le quay étoit bordé
par les gardes de la Reine,
la bayonnette au bout du
fil11
,
les enseignes déployées,
les tambours battant
aux champs, tous les
Officiers à leurs places &
saluant de l'esponton:autre
distinction sans exemple.
&qui n'a été accordée qu'à
M. le Duc d'Aumont.
Quand on sortit de la
Tour, tout le canon nous
falua au nombre de cent
quatre pieces. Voici l'ordreque
l'on garda.
Ilyavoit à la tête une
trentaine d'Anglois parfaitement
bien montez; ce
sont les marchands & les
ouvriers qui fournissent
l'Hôtel de Son Excellence.
Ils étoient suivis des gardes
de M. le Chevalier Maréchal
de la Maison de la Reine,
qu'ils precedoient,
M. le Chevalier Englich,
Maréchal des Ceremonies
lequel étoit dans le carossey
de Milord Comte de Skardel,
par où commençoit la
marche.
Ensuite les quatre Suisses
de M. le Duc sur des che,-
vaux,& aprés eux les trente
valets de pied de M. le
Duc,qui n'a voulu que si
feule Maison, & n'a pas
pris un seul homme de parade.
Ensuite deux écuyers sur
les plus beaux chevaux
d'Angleterre, à la tête de
douze pages, tous Gentilshoninles,
parmi lesquels il
y ades Chevaliers de Malte.
Entre les deux files de
leurs chevaux il y avoit un
Ecuyer à cheval pour les
conduire.
Six palfreniers à cheval,
qui menoient des chevaux
de main;deux autres Gentilshommes
de Son Excellence
marchoient à cheval
immédiatement devant le
carosse de la Reine, dans
lequel étoit M. l'Ambassadcur
, Milord Comte de
Skardel,nommé Ambassadeur
à la Cour de Vienne,
le Secretaire de nôtreambassade,
& le Maître des
Ceremonies.
Un second carosse de la
Reine pour les six Gentilshommes
de sa Chambre, le
carosse du corps de Son Excellence,
attelé de huit chevaux
gris- pommelez, couverts
de harnois dorez, les
crins tressez de rubans cramoisy
, avec des aigrettes
de plume sur la tête. Ce carosse
était vuide,toutes les
glaces levées, suivi de quatre
carosses à huitchevaux,
appartenans à Son Excellence,
& de cinq auti es carossesàsix
chevaux appartenans
à des Gentilshommes
de sa fuite, dont les cochers
& portillons avoienc
la livrée de M.le Duc. Tous
les domestiques de ces
Gentilshommes accompagnoient
à pied ces dix carosses
:
ils étoient habillez
de surtous rouges, uniformes,
& formoient une
nombreuse livrée.
Aprés toute cette pompe
suivoient les carosses à six
chevaux des SeigneursTorris
qui y avoient envoyé
tous leurs gens, & je crois
qu'il y avoit bien cinquante
carosses.
En arrivant à Sommerset
House Son Excellence trouva
dans la cour unecompagnie
des Gardes de la Reine
fous les armes, comme
à la Tour, & toutes les
trompettes de Sa Majesté,
qui avec les timbales &
tambours sonnoientdes
fanfares sur la retraiTe. Il
ne fut plus permis à qui que
ce soit de nôtre livrée d'entrer
dans les appartemens,
& Son Excellence n'eut
plus d'autres Officiers que
ceux de la Reine. La salle
des Gardes se trouva bordée
de trente ou quarante
Hoquetons en toque & en
habits de ceremonie,lahalebardc
à la main, & ils
n'en font pas fortis jusqu'à
Samedi après l'audience.
Le Comte de Skardel
conduisit M. le Duc dans
son appartement, & l'en
mit en possession; & après
lui avoir fait un second
compliment au nom de la
Reine, M. l'Ambassadeur
le reconduisit jusqua sa
chaise à porteurs, en lui
donnant à son tour la main.
Un moment aprés arriva
Milord Comte de Vvindfor,
que Son Excellence
alla recevoir jusques dans
la
la première salle, en lui
donnant la droite ôc la place
dhonneur dans la chambre
d'audience. Le Comte
s'assît, & se couvrit en même
temps que M. le Duc,
à qui il fit compliment de
la part de Sa Majeste
;
aprés
quoy Son Excellence, en
lui donnant toujours la
main, l'alla reconduire jusqu'à
sa chaise.
Toute la soirée se passa
à recevoir des visites ou
des complimens. A dixheures
le Maître d'Hôtel de la
Reine vint avertir Son Excellence
que le souper étoÍr
servi. On n'a jamais rien vû
de plus magnifique. C'étoit
une table longue, dont un
bout donnoit fous le dais i
avec un seul couvert b cadenat,
&un fauteüil de velours
pour M. le Duc, qui
étoit seul à ce bout-là. Plus
bas des deux côtez, &à
une assez grandedistance,
etoient vingt-quatre couverts
, où saffirent sur des
chaises de natte à rAn
gloise Milord Skardel à la
droite, &Milord Vvin¥or
à la gauche, d'autres Milords
après eux, le Maître
des Ceremonies, le premier
Controlleur de la Maison
de la Reine, & dans le
reste des places ce qu'il y
put tenir de Gentilshommes
François. Son Excellence
a toujours été servie
à verre couvert & en vermeildoré
par les mêmes
Officiers qui ont l'honneur
de servir la Reine. C'étoient
les Hoquetons qui
portoient les plats couverts,
& les Gentilshommes servans
qui les mettoient sur
la table. Pendant tout le
repas les trompettesnont
pascesse de sonner: on a
bû toutes les fois à la santé
du Roy,& celle de Sa Majessé
Britannique, & celle
du Roy d'Espagne. Ces santez
ont été bûës debout &
à découvert. Ensuite on a
bû les santez de Monseigneur
le Dauphin, de
Monseigneur le Duc de
Berry, de Monsieur le
Duc d'Orléans, & de Milord
Grand Tresorier. Je
vous avouë que toutes ces
santez n'accommodoient
pas lamienne: c'étoit un
vin de Volney très vif, ou
un fin vin de Champagne,
qu'il faloit boire pur & à
plein verre. Il y a eu six
repas servis avec cette magnificence
,
sans compter
une autre table de plus de
quarante couverts pour les
autres Gentilshommes,qui
ne pouvoienr tenir tous à
celle de M. le Duc. Cette
table,dont M.le Maréchal
des Ceremonies faisoit les
honneurs,étoit servie comme
la premiere par lesOfficiers
de Sa Majesté. Cette
grande Princcesse
, qui ne
dédaigne pas d'entrer dans
les moindres détailsen nôtre
faveur; a donné ordre
qu'on servît la plupart des
plats à la Françoise
,
& a
bien voulu envoyer en
France chercher toutes fortes
de vins, de confitures
seches & liquides.
Outre ces deux grandes
tables, il y en a eu une autre
pour les douze pages &
leurs gouverneurs, servie
avec la mêmesomptuosité.
Enfin l'on peut dire
que tout a répondu à la
magnificence d'une si grande
Reine, & que toute la
fête a été veritablement
royale.
Le Samedi l'aprésdînée,
sur les six heures du soir,
Milord Comte de Salisburi
est venu prendre M.l'Ambaffadeur
pour le conduire
à l'audience publique. Il a
été reçu avec les mêmes
honneurs que les deux autres
Comtes, & la pompe
a été la même que celle du
Mercredi, même cortege,
mêmeséquipages,mêmes
carosses, & même foule à
nous voir passer, & même
ardeur à [e battre pour rzmasser
l'argent du gencreux
Ambassadeur.
A la porte de saint James
Son Excellence a été
reçûë par le Chevalier Maréchal
, par le Maréchal
des Ceremonies, ôc par le
Concierge du Palais, avec
leurs bâtons de commandement
à la main, les Gardes
de Sa Majesté fous les
armes,enseignes déployées,
les Officiers saluant
,
&
les tambours battant aux
champs, même dans le Palais
de la Reine.
Les
Lesvalets de pied de Son
Excellence ont été rangez -
en haye tout le long de l'escalier,
les pages ont entré
dans la salle des Gardes.
M. le Duc a été conduit
dans la Chambre du Conseil,
en attendant que toute
sa fuite fût rassemblée:alors
un Chevalier est venu ravertir
que la Reine éroie
sur son trône, c'est à dire
dans un fauteüil
,
sur une
estrade fous son dais. On a
traversé la salle des Hoquetons
, leur Commandant à
leur tête, qui a conduit Son
Excellence jusqu'à la salle
des Gentilshommes Pensionnaires
magnifiquement
vétus, tous en haye, tenant
leurs hallebardes dorées.
Milord Duc de Beaufort,
leur Capitaine
) a reçû
l'Ambassadeur à la porte de
la salle, & l'a conduit jusqu'à
la Chambre de la Reine,
à la porte de laquelle
tous les Gentilshommes
François qui precedoient
Son Excellence se sont ouverts
pour la laisser entrer
la premiere entre le Comte
de Salisbury & M. le Chevalier
Cook, Vicechambellan
,
faisant les fonctions
en l'absence de M. le
Duc de Shrevvsbury grand
Chambellan.
M. le Duc a fait une premiere
reverence dés l'entrée
de la chambre, une seconde
au milieu, & une
troisiéme aux pieds de la
Reine. Le ceremonial vouloit
que Sa Majesté se levât
à la seconde
: mais l'incommodité
de la Reine & la foiblesse
de ses jambes ne le
lui a pas permis. Avant l'audience
Sa Majestéavoit fait
écrireàSon Excellencepar
MilordDarmouth premier
Secretaire d'Etat une lettre
d'émeute
,
qui a suppléé
à la rigueur du ceremonial.
M le Duc se couvrit un
moment pour la forme, &
prononça son compliment
en presentant ses lettres de
creance. Sa Majesté y répondit
trés- gracieusement
en Anglois, que le Maître
de Ceremonie interpreta;
après quoy Son Excellence
se retira, en faisant trois
reverences aux mêmes endroits
qu'en entrant, en
marchant en arriere jusqu'à
la sortie de la chambre.
On a été reconduit avec
tous les honneurs qu'on avoit
reçus en entrant,&
l'on est revenu au Palais de
Sommerfet dans le même
ordre qu'on en étoit forci.
Aprés que le Milord Comte
de Salisbury eut ramené
M. le Duc dans son appartement,
Son Excellence lui
donna la main, & le reconduisit
en cortege jusqu'à sa
chaise.
Le lendemaindeson aa
dience étant allé à Kinsinp
on faire sa cour à la Reine
, il lui demanda une grace
, qu'il supplia instamment
Sa Majesté de ne lui
pas refuser. La Reine le lui
promit, & Son Excellence
lui dit qu'ilavoitappris que
SSaaMajestéavoit donné or- ~i !c ité avoir ordre
qu'on achetâtpour elle
enHollandeunattelagede
chevaux gris- pommelez ;
qu'il en avoit neuf qu'on
avoit trouvez passables
; ôc
qu'ilsupplioittrés-humblement
Sa Majesté de les accepter
:
osant lui dire qu'
Elle ne pouvoit s'en défendre
après la parole qu'Elle
lui avoit fait l'honneur de
lui donner. La Reine, qui
ne s'attendoit pas à accorder
une pareille grace, parut
un moment interdite ;
mais d'abord d'un visage riant Elle lui répondiot:
Monfeur le Duc,il n'y a
pas moyen de refuser une offre
faite d'une maniere si engageAnte;
d'un autre j'y pfnJerois
4 deux jots: mais devotre
part je reçois tout avec
grand plaisir. Vousjugez
bien que les neuf chevaux
avec leurs parures n'ont pas
tardé à être conduits à Kinsington.
Ce sont les plus
beaux qu'on ait vûs ici, &
les neuf ont coûté en Hollande
dix mil francs. Vous
reconnoissez là les manieres
de M. le Duc d'Aumont.
Avanthier il y eut à Londres
une fête fort solemnelle
pour le Te Deum en
musique, chanté à S. Paul
en actions de graces de la
paix. La Reine ne put s'y
trouver; ce qui diminua
beaucoup de la beautéde
la cavalcade: mais tous les
Meilleurs du Parlement de
l'une & l'aurre Chambre s'y
ren dirent tous en cortege
dans leurscarosses, que les
Torris avoient rendus fort
brillans. Le soir Se toute la
nuit il y eut des feux dans
la ville, & toutes les fenêtres
éclairées. Ceux qui n'y
mirent pas de lumieress'exposoient
à voirbriser leurs
vitres
,
& il n'yen a gueres
de celles-ci qui ayent echa<
péà la tumultueuse rejoüissance
de la mable: c'est ainsi
qu'onappelle la populace
de Londres, qui ces joursla
est la maîtresse, &' que
nulle puissance n'a le droit
ni la force dereprimer. Il
y eut cette nuit là deux fort
beaux feux d'artifice; l'un
dans Hoborn pour la ville,
& l'autre pour la Reine sur
la Tamise, entre Sommerset
& Vvitheal.
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Résumé : Relation de l'entrée de M. le Duc d'Aumont, Ambassadeur extraordinaire de France, à Londres le 20. Juillet 1713.
Le texte décrit plusieurs événements liés à la visite du Duc d'Aumont, ambassadeur extraordinaire de France à Londres, en juillet 1713. Le 10 juillet, le Duc d'Aumont arrive à Greenwich où il est accueilli par Milord Comte de Skardel et six gentilshommes de la Chambre privée de la Reine. Après un déjeuner somptueux, ils se rendent à la Tour de Londres, où le Duc est reçu par Milord Comte de Northampton. La procession inclut des gardes, des valets de pied, des pages, et des carrosses ornés. À Somerset House, le Duc est accueilli par une compagnie des Gardes de la Reine et reçoit des visites toute la soirée. Un souper magnifique est servi, et des santés sont portées au Roi de France, à la Reine Britannique, et à d'autres personnalités. Le lendemain, le Duc assiste à une audience publique avec la Reine, qui est reçue dans un fauteuil sur une estrade sous son dais. Le Duc prononce son compliment avant de se retirer. La Reine, en raison de son incommodité, ne se lève pas mais répond gracieusement. Le Duc retourne ensuite à Somerset House avec les mêmes honneurs. Le texte mentionne également deux autres événements. Premièrement, le Duc d'Aumont offre neuf chevaux gris-pommelés à la Reine, estimés à dix mille francs en Hollande. La Reine accepte l'offre en raison de la manière engageante dont elle est faite. Les chevaux, jugés parmi les plus beaux, sont conduits à Kensington. Deuxièmement, une fête solennelle est organisée à Londres pour célébrer la paix par un Te Deum à l'église Saint-Paul. La Reine ne peut y assister, ce qui diminue la splendeur de la cavalcade. Cependant, les membres du Parlement des deux chambres y participent en cortège dans des carrosses brillamment décorés. La nuit est marquée par des feux d'artifice et des illuminations obligatoires. La populace londonienne, appelée la 'mable', profite de l'occasion pour se livrer à des réjouissances tumultueuses. Deux feux d'artifice sont tirés, l'un pour la ville à Hoborn et l'autre pour la Reine sur la Tamise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 50-92
Erudition sur le vin.
Début :
Que le vin soit l'appas le plus doux de la vie, [...]
Mots clefs :
Vin, Chagrin, Esprit, Courage, Joie, Amour, Santé, Médecine, Compagnon, Festivités, Société, Divinité, Poésie, Guerre, Alcool, Humeur, Vieillesse, Guérison, Mélancolie, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Erudition sur le vin.
Eruditionsur le vin.
Que le vin soit l'appas
leplusdouxdela vie,1
Qa'il^ bannisse l'ennui,
dissipe le chagrin,
2,
3 Enchante les esprits,
charme le coeur ,;
humain,
Enlevé tous les sens,rende
l'ameravie;
Qu'il fournisse au bûveur
du coeur & de
Feipric, 4
1.
1 Non ejl vivere jfed
valerevita. Martial.
2. Date vinum his qui
amarosuntanimo. Prov.
c. 31.
3 Ex bonovinoplusquam
ex alio quocumque
potu generantur e5 multiplicanturspiritus
fenues.
Avicen.
4 Ingenium acuit.Scola
Saler. '-
Qu'il épanche l'odeur du
plusfin ambre-gris, 5
6 Qu'il inspire la joye,
augmente le courage,
7.
Qu'il deride le front des
Catons de nôtre
âge, 8
Qu'il soit de tous les
5 Vinum priusquam
degustetur quintâ parte
suinectarisprocessus mamillares
jam imbuit.
Tl"uf Rem.
6 Vinum e5 musica
latificant cor hominis-
Eccl. 40.
7; Vina parant anitnos.
Ovid. Add;, cornua
pauperi. Horat.
8 Narratur e5 prisci
Catonis sæpe mero caluissevirtus.
Idem.
dons que Dieu fait
aux mortels
Leplusprecieux, leplus
digne 9
Que par une faveur in-
.,
signe
Il destine pour les autels:
C'cft une verité que la
Sagessemême.
Nous a laissée empreinte
en ses divins écrits.
Un homme de bon sens ,
de bon goût&d'esprit
9 Natura nihilquicquam
eJito penu largita
est præstantius vino.
Gunter. Hyg. p. 76.
Peut-il ia recevoir comme
un nouveau problême?
C'est nier de sens froid
un principearrêté
10
Par les graves Auteurs
de la Latinité,
Comme de la sçavante
Grece.
C'est l'aimable lien de
la societé, Il
Charmantauteurdel'allegresse
;
Il fournit les bons mots,
10 Ire contra omnes in*
sanire est.
11 Non habet amaritudinemconversatio
illius,
nec tædium cowviitus illius,
sed lætitiam (S?gaule
sel, l'urbanité;
C'est le grand sceau des
mariages,
C'efl l'ame des fefiins..
des bals, des comperages,
12
L'ennemi du divorce &
des divisions,
L'arc-boutant des reünions;
Agreable tyran, puissant
moteur de l'ame,
Qui d'un vieillard usé
, sçait ranimer la
flame. ri
dium. Sap.c.8.
12Revera voluptas
mensarum atque delitiæ
semper habitus estvini
potus , ex cujus suavitate
convivii festivitas
omnis Qf elegantiavenit
æstimanda. Gunter.
15 Vino sublato non
Voulez-vous dissiper ces
rigoureux ennuis
Qui vous obsedent jour
&nuit,
Et mettre fin à vos disgraces,
14
Bûvez du vin à pleines
tasses.
Infortuné client, qui
crains que ce procés
Ne te fasse dans peu tonv
ber en decadence,
D'un vin delicieux tâte
sans faire exees, is
fjl tpenUi. Eurip.
14 Dissipatcujuscuras
edales. Horat. FiniþJ.
re memento tristitiam
molli mero. Idem.
IS Hute calix tnul;
Et laisse agir la Providence
Sur le bon ou mauvais
succés.
Languissante beauté
J
- donc l'humeur hif-
-, terique,
indigeûe,mélancolique16
Agice un petit corps a
chaque lunaison,
Laissez poudre ,.eau ,bolus
& sel diureyrvôusprdnrets-
d^Vin
impingendus est, utplorare
desinat. Cic. Tusc.
3.
16 Vis vinipræcipua
ad crassos humores
,
ad
obstructiones,ad morbos
frigidos
, ac diuturnos
ad , quæ quovis syrupo
vel medicato liquore præftantius.
Fernel. Meentiere
guerison;
Contre les douleurs de
colique,
D'un rhumatisme affreux
ou goutte sciatiq
ue,
Il vaut mieux que les
eauxnid'Aix ni de
Bourbon:
Car pour brifer l'acide il
est seur,il est bon.
Un vin leger & vifvainc
la douleur cruelle 17
Du calcul & de la gravelle;
thod.
thod. lib. 4. c. 11.
-
17 Tenuenjinumcien*
dæ urinæ magis idoneum
capitinullaminsert noC'est
un doux vehicule
, aalf) insinuant,
18.
A qui cedent Aix,Spa-
Plombiere & saint
Amand.
Pauvre convalescent ,
veux-tu que l'on rabatte
Par un moyen facile Se
doux
Les grossieres vapeurs
du foye& de la ratte,
Qui frapant le cerveau
yfont'/e-ntir coups, kurs - :
xam. Galen. lib. 1. de
euchym.
18 Qjtmm vinum sit
naturæ jucundum acfamiliare,
per omnia JeJe
insinuansvires in ßn84
gulas 'Ell abilitissimas
corporis partes diffundit
atque impertit, estque
optimum medicinæ vin.
culum. Ferel ibid.
Congedie à presentGalien,
Hippocrate,
19Avicene& Fernel > le
bon vin mieux qu'eux
tous,
Sitôt qu'il a changé sa
nature de moût,
Sçauradesopiler
,
bannir
l'humeur ingrate.
Vous qui devenus languissans
Par l'effort imprévud'une
paralysie,
20 Ne goutez qu'à demi
lesplaisirsdelavie,
19Bacchus ab antiquis
dicebatur Medicus uuU
gi, eò quòd vinomorbos
omnes fugaret. Moreau
ad Scol. Sal.
20 Vis vinipræcipua
ad morbosfrigidos. Fernel.
Le vin ranimera tous
les nerfs im puissans.
21 Beau sexe, rejettez
ces boissons meurtrieres
Qui changean,t vôtre
teint,retranchent le
beau cours
Du printemps fleuride
vos jours;
Brifez tasses & caffetieres,
22 Et d'un vin petillant
emplissez vos aiguieres:
Vina omnia 'Vircs roborant.
Gal.
21 Centis ociosæ nugamenta.
22 Bibat t'[}inum in jUcunditate.
Judith c. 12.
Il accroîtra le feu de vos
vivespaupieres,
23 Le vin vous tiendra
lieu de parure &
d'atours.
Il purge les humeurs que
dans la solitude
24 Contractent les hommes
d'étude,
Et d'un flegme importun
sçait les débarasser:
Avecque son secours ils
sçavent retracer
Tant de traits enchassez
tj Son
23 Son jus pris par
compas redonne la con*
leur. Dubaitois.
24 Muniteadhibe vim
fàpientiæ. Hor.
Sapientium curas fu«
gat. Idem.
dans leur vaftc memoire
Et de politique & d'hiss"-'
roire.
z5 Sans le vin des arts liberaux
Verroit-on de nobles travaux?
x6 Et si nous en croyons
Horace,
Lut-on jamais sur le Parnasle
25 Nam si bono 'vino
moderatè utantur,longè
seipsis CJr ad excogitandum
acutiores
, f5 ad explicandum
orandumque
uberiores
,
FlJ ad memoriam
denique firmores
evadunt. Moreau.
2.6 Carmina vino ingeniumfaciente
canunt.
Ovid.
2.7 Des xtth faits par un
buveur d'eau
Qui valussent ceux de
Boileau?
28Nos zelezOrateurs
tonnent mieux dans
les chaires,
Lors qu'ils s'en vont munis
de quatre ou cinq
bons verres.
Ces mortels enfoncez
dans la devotion,
Qui boivent par compas
<
6C sans81ffettion)
29 Gardantles voeux les
27 Sanèmagnus equeis
lepidosunt vinaPoëtæ,
2S Foecundi cælices non
feceredisertum. Horat.
19 Severioris est virplus
austeres
A saine Thierry
,
saint
Bâle,Hautvillers&
Cumicres,
Sententcroître la voix,
la force & 30l'onction,
31 Lors qu'ils boivent les
jours de jubilation
De ce pieux nectar qui
provient sur leurs
terres.
Les Dames en beguin
de Reims & d'Avenay
tutis calcar 69 stimulus
vinum. Thes. Rem.
30 Vatasti nos rvino
compunctionis. Ps. 59.
31iVfl/z ille, quan.
quam Socraticis madet
sermonibus
j te negligit
horridus. Horat.
31, Sentent ceder d'abord
-
à la liq ueurdivine
Qui croît sur leurs côteaux
ou bienà Verzenay,
Foiblesse d'estomach, ftbriibniefeïc de poi- , I
33 Qui les tourmente si
souvent,
Et qui levur ientenrdittle. Enfin quiconque veut l
dans l'extreme vieil-
Je/Iè,
32 Stomachitædia diF
€Uttt. Thes. Rem.
33
Vinumin ventriculo
perfusum ciborum cofiionem
f5 distributionent
juvat.
Lacsenum.
Libre d'esprit & sain de
corps
54 Braver les horreurs de
la mort,
Et seconserver en liesse,
Qu'il ait en son cellier
un foudre de fin vin,
- t un recipé tout divin.
jj Avecque lui le pauvre
oublie ses disgraces
;
( Quatre rasades les effacent)
L'artïsan son travail, le
34Vinum remedium
adversùssenectutis duritiem.
Plato de kg,
35 Bibant obliviscantur
egestatis j'uæ. Eccles.
soldat tous ses
maux, 36
Le pelerin ses pas,le gasantsesrivaux,
L'homme convalescent
la douleur si cruelle
Que lui causa l'effortd'une
fievrerebelle, 37
Le prude sourcilleux les
rides de son front,38
Le vindicatifun affront.
Enfin c'est le tombeau
de toutes les miseres,
Des chagrins, des ennuis
qu'ici nous desesperent
;
36 Vinum laborum
pharmacumest. Limpid*
in Troad.
37 Etdoloris sui non
recordenturampliùs. Eccles.
38 PrAceliens est antipharmacum
; siquidem
caperatam mirèfrontem
exporrigitsuave clarumque
vinum. Rhodig.
C'est l'ame des plus doux
desirs,
Et l'innocent objet des
Colides.plaisirs.39
Sur ce pied je soûtiens,
& contre la Sorbonne,
Que le vin fut toujours
une chose trés
bonne.40
Le vin, me direz-vous,
est l'auteur des querelles.
Oui, quand il s'introduit
dansde foibles
cervelles,
39 Tristissobrietas est
remo'venda. Senec.
40 Tanturn vino crtditur
attribuisse Æfèulapius
, ut aqua id cum
numinibus,lance latHe-
,rif, Rhodig.
Qu'ilrencontre un bûveur
chagrin ou rioteux,
41
Ou quelque jeune furieux,
42, Qui boitavec excès &C
se plaît à l'yvresse,
Que le moindre mot
choque &C blesse. 43
44 Quoy? parce que
Noëenyvra saraison,
Le vin passera pour poi-
Ion?
41 Fel
41 Fel draconum wnumcorum.
Deuter.
42 Vinum multum
meracum infaniæcauft.
Hippoc.
43 Natis in usum latitiæ
Sapphis pugnare
Thracum ejl.Horat.
-
44 Vinum in jucunditatem
ereaturnejl, non inebrietatem ab initio.
hdt ce principe vain la
beauté, les attraits,
Les charmes de l'esprit,
le feu de 1éloquence,
L'érudition
,
la science
Contre l'ordre de Dieu
font reputez mauvais.
Point depresent du Ciel
dont le méchant n'abufe;
La prudence en lui de"
vient ruse
Pour surprendre les innocens
; L'éloquence mondaine
avec ses doux accens
Devient l'art dangereux
d'appuyer le mensonge
;
La politique prend la vé- ritépour songe:
Avecque les atours cette
femme au filet
Prend l'homme comme
on fait un timide
oiselet,
Et ces attraits charmans
dont chacun fait
estime.
Lui fervent d'échelons
au crime.
Faudra-t-il pour cela
proscrire ces talens
Qui font les hommes
excellens?
Que le vin soit l'appas
leplusdouxdela vie,1
Qa'il^ bannisse l'ennui,
dissipe le chagrin,
2,
3 Enchante les esprits,
charme le coeur ,;
humain,
Enlevé tous les sens,rende
l'ameravie;
Qu'il fournisse au bûveur
du coeur & de
Feipric, 4
1.
1 Non ejl vivere jfed
valerevita. Martial.
2. Date vinum his qui
amarosuntanimo. Prov.
c. 31.
3 Ex bonovinoplusquam
ex alio quocumque
potu generantur e5 multiplicanturspiritus
fenues.
Avicen.
4 Ingenium acuit.Scola
Saler. '-
Qu'il épanche l'odeur du
plusfin ambre-gris, 5
6 Qu'il inspire la joye,
augmente le courage,
7.
Qu'il deride le front des
Catons de nôtre
âge, 8
Qu'il soit de tous les
5 Vinum priusquam
degustetur quintâ parte
suinectarisprocessus mamillares
jam imbuit.
Tl"uf Rem.
6 Vinum e5 musica
latificant cor hominis-
Eccl. 40.
7; Vina parant anitnos.
Ovid. Add;, cornua
pauperi. Horat.
8 Narratur e5 prisci
Catonis sæpe mero caluissevirtus.
Idem.
dons que Dieu fait
aux mortels
Leplusprecieux, leplus
digne 9
Que par une faveur in-
.,
signe
Il destine pour les autels:
C'cft une verité que la
Sagessemême.
Nous a laissée empreinte
en ses divins écrits.
Un homme de bon sens ,
de bon goût&d'esprit
9 Natura nihilquicquam
eJito penu largita
est præstantius vino.
Gunter. Hyg. p. 76.
Peut-il ia recevoir comme
un nouveau problême?
C'est nier de sens froid
un principearrêté
10
Par les graves Auteurs
de la Latinité,
Comme de la sçavante
Grece.
C'est l'aimable lien de
la societé, Il
Charmantauteurdel'allegresse
;
Il fournit les bons mots,
10 Ire contra omnes in*
sanire est.
11 Non habet amaritudinemconversatio
illius,
nec tædium cowviitus illius,
sed lætitiam (S?gaule
sel, l'urbanité;
C'est le grand sceau des
mariages,
C'efl l'ame des fefiins..
des bals, des comperages,
12
L'ennemi du divorce &
des divisions,
L'arc-boutant des reünions;
Agreable tyran, puissant
moteur de l'ame,
Qui d'un vieillard usé
, sçait ranimer la
flame. ri
dium. Sap.c.8.
12Revera voluptas
mensarum atque delitiæ
semper habitus estvini
potus , ex cujus suavitate
convivii festivitas
omnis Qf elegantiavenit
æstimanda. Gunter.
15 Vino sublato non
Voulez-vous dissiper ces
rigoureux ennuis
Qui vous obsedent jour
&nuit,
Et mettre fin à vos disgraces,
14
Bûvez du vin à pleines
tasses.
Infortuné client, qui
crains que ce procés
Ne te fasse dans peu tonv
ber en decadence,
D'un vin delicieux tâte
sans faire exees, is
fjl tpenUi. Eurip.
14 Dissipatcujuscuras
edales. Horat. FiniþJ.
re memento tristitiam
molli mero. Idem.
IS Hute calix tnul;
Et laisse agir la Providence
Sur le bon ou mauvais
succés.
Languissante beauté
J
- donc l'humeur hif-
-, terique,
indigeûe,mélancolique16
Agice un petit corps a
chaque lunaison,
Laissez poudre ,.eau ,bolus
& sel diureyrvôusprdnrets-
d^Vin
impingendus est, utplorare
desinat. Cic. Tusc.
3.
16 Vis vinipræcipua
ad crassos humores
,
ad
obstructiones,ad morbos
frigidos
, ac diuturnos
ad , quæ quovis syrupo
vel medicato liquore præftantius.
Fernel. Meentiere
guerison;
Contre les douleurs de
colique,
D'un rhumatisme affreux
ou goutte sciatiq
ue,
Il vaut mieux que les
eauxnid'Aix ni de
Bourbon:
Car pour brifer l'acide il
est seur,il est bon.
Un vin leger & vifvainc
la douleur cruelle 17
Du calcul & de la gravelle;
thod.
thod. lib. 4. c. 11.
-
17 Tenuenjinumcien*
dæ urinæ magis idoneum
capitinullaminsert noC'est
un doux vehicule
, aalf) insinuant,
18.
A qui cedent Aix,Spa-
Plombiere & saint
Amand.
Pauvre convalescent ,
veux-tu que l'on rabatte
Par un moyen facile Se
doux
Les grossieres vapeurs
du foye& de la ratte,
Qui frapant le cerveau
yfont'/e-ntir coups, kurs - :
xam. Galen. lib. 1. de
euchym.
18 Qjtmm vinum sit
naturæ jucundum acfamiliare,
per omnia JeJe
insinuansvires in ßn84
gulas 'Ell abilitissimas
corporis partes diffundit
atque impertit, estque
optimum medicinæ vin.
culum. Ferel ibid.
Congedie à presentGalien,
Hippocrate,
19Avicene& Fernel > le
bon vin mieux qu'eux
tous,
Sitôt qu'il a changé sa
nature de moût,
Sçauradesopiler
,
bannir
l'humeur ingrate.
Vous qui devenus languissans
Par l'effort imprévud'une
paralysie,
20 Ne goutez qu'à demi
lesplaisirsdelavie,
19Bacchus ab antiquis
dicebatur Medicus uuU
gi, eò quòd vinomorbos
omnes fugaret. Moreau
ad Scol. Sal.
20 Vis vinipræcipua
ad morbosfrigidos. Fernel.
Le vin ranimera tous
les nerfs im puissans.
21 Beau sexe, rejettez
ces boissons meurtrieres
Qui changean,t vôtre
teint,retranchent le
beau cours
Du printemps fleuride
vos jours;
Brifez tasses & caffetieres,
22 Et d'un vin petillant
emplissez vos aiguieres:
Vina omnia 'Vircs roborant.
Gal.
21 Centis ociosæ nugamenta.
22 Bibat t'[}inum in jUcunditate.
Judith c. 12.
Il accroîtra le feu de vos
vivespaupieres,
23 Le vin vous tiendra
lieu de parure &
d'atours.
Il purge les humeurs que
dans la solitude
24 Contractent les hommes
d'étude,
Et d'un flegme importun
sçait les débarasser:
Avecque son secours ils
sçavent retracer
Tant de traits enchassez
tj Son
23 Son jus pris par
compas redonne la con*
leur. Dubaitois.
24 Muniteadhibe vim
fàpientiæ. Hor.
Sapientium curas fu«
gat. Idem.
dans leur vaftc memoire
Et de politique & d'hiss"-'
roire.
z5 Sans le vin des arts liberaux
Verroit-on de nobles travaux?
x6 Et si nous en croyons
Horace,
Lut-on jamais sur le Parnasle
25 Nam si bono 'vino
moderatè utantur,longè
seipsis CJr ad excogitandum
acutiores
, f5 ad explicandum
orandumque
uberiores
,
FlJ ad memoriam
denique firmores
evadunt. Moreau.
2.6 Carmina vino ingeniumfaciente
canunt.
Ovid.
2.7 Des xtth faits par un
buveur d'eau
Qui valussent ceux de
Boileau?
28Nos zelezOrateurs
tonnent mieux dans
les chaires,
Lors qu'ils s'en vont munis
de quatre ou cinq
bons verres.
Ces mortels enfoncez
dans la devotion,
Qui boivent par compas
<
6C sans81ffettion)
29 Gardantles voeux les
27 Sanèmagnus equeis
lepidosunt vinaPoëtæ,
2S Foecundi cælices non
feceredisertum. Horat.
19 Severioris est virplus
austeres
A saine Thierry
,
saint
Bâle,Hautvillers&
Cumicres,
Sententcroître la voix,
la force & 30l'onction,
31 Lors qu'ils boivent les
jours de jubilation
De ce pieux nectar qui
provient sur leurs
terres.
Les Dames en beguin
de Reims & d'Avenay
tutis calcar 69 stimulus
vinum. Thes. Rem.
30 Vatasti nos rvino
compunctionis. Ps. 59.
31iVfl/z ille, quan.
quam Socraticis madet
sermonibus
j te negligit
horridus. Horat.
31, Sentent ceder d'abord
-
à la liq ueurdivine
Qui croît sur leurs côteaux
ou bienà Verzenay,
Foiblesse d'estomach, ftbriibniefeïc de poi- , I
33 Qui les tourmente si
souvent,
Et qui levur ientenrdittle. Enfin quiconque veut l
dans l'extreme vieil-
Je/Iè,
32 Stomachitædia diF
€Uttt. Thes. Rem.
33
Vinumin ventriculo
perfusum ciborum cofiionem
f5 distributionent
juvat.
Lacsenum.
Libre d'esprit & sain de
corps
54 Braver les horreurs de
la mort,
Et seconserver en liesse,
Qu'il ait en son cellier
un foudre de fin vin,
- t un recipé tout divin.
jj Avecque lui le pauvre
oublie ses disgraces
;
( Quatre rasades les effacent)
L'artïsan son travail, le
34Vinum remedium
adversùssenectutis duritiem.
Plato de kg,
35 Bibant obliviscantur
egestatis j'uæ. Eccles.
soldat tous ses
maux, 36
Le pelerin ses pas,le gasantsesrivaux,
L'homme convalescent
la douleur si cruelle
Que lui causa l'effortd'une
fievrerebelle, 37
Le prude sourcilleux les
rides de son front,38
Le vindicatifun affront.
Enfin c'est le tombeau
de toutes les miseres,
Des chagrins, des ennuis
qu'ici nous desesperent
;
36 Vinum laborum
pharmacumest. Limpid*
in Troad.
37 Etdoloris sui non
recordenturampliùs. Eccles.
38 PrAceliens est antipharmacum
; siquidem
caperatam mirèfrontem
exporrigitsuave clarumque
vinum. Rhodig.
C'est l'ame des plus doux
desirs,
Et l'innocent objet des
Colides.plaisirs.39
Sur ce pied je soûtiens,
& contre la Sorbonne,
Que le vin fut toujours
une chose trés
bonne.40
Le vin, me direz-vous,
est l'auteur des querelles.
Oui, quand il s'introduit
dansde foibles
cervelles,
39 Tristissobrietas est
remo'venda. Senec.
40 Tanturn vino crtditur
attribuisse Æfèulapius
, ut aqua id cum
numinibus,lance latHe-
,rif, Rhodig.
Qu'ilrencontre un bûveur
chagrin ou rioteux,
41
Ou quelque jeune furieux,
42, Qui boitavec excès &C
se plaît à l'yvresse,
Que le moindre mot
choque &C blesse. 43
44 Quoy? parce que
Noëenyvra saraison,
Le vin passera pour poi-
Ion?
41 Fel
41 Fel draconum wnumcorum.
Deuter.
42 Vinum multum
meracum infaniæcauft.
Hippoc.
43 Natis in usum latitiæ
Sapphis pugnare
Thracum ejl.Horat.
-
44 Vinum in jucunditatem
ereaturnejl, non inebrietatem ab initio.
hdt ce principe vain la
beauté, les attraits,
Les charmes de l'esprit,
le feu de 1éloquence,
L'érudition
,
la science
Contre l'ordre de Dieu
font reputez mauvais.
Point depresent du Ciel
dont le méchant n'abufe;
La prudence en lui de"
vient ruse
Pour surprendre les innocens
; L'éloquence mondaine
avec ses doux accens
Devient l'art dangereux
d'appuyer le mensonge
;
La politique prend la vé- ritépour songe:
Avecque les atours cette
femme au filet
Prend l'homme comme
on fait un timide
oiselet,
Et ces attraits charmans
dont chacun fait
estime.
Lui fervent d'échelons
au crime.
Faudra-t-il pour cela
proscrire ces talens
Qui font les hommes
excellens?
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Résumé : Erudition sur le vin.
Le texte 'Eruditionsur le vin' met en avant les nombreux bienfaits du vin. Il est décrit comme un remède contre l'ennui et le chagrin, capable d'enchanter les esprits et de charmer le cœur humain. Le vin est présenté comme un moyen de fournir du courage et de la joie, et de dissiper les rigoureux ennuis. Il est également loué pour ses vertus médicinales, aidant à traiter diverses maladies telles que les douleurs de colique, les rhumatismes, et les affections du foie. Le vin est considéré comme un lien social, charmant auteur d'allégresse, et grand sceau des mariages. Il est également vu comme un ennemi du divorce et des divisions, et un moteur puissant de l'âme. Le vin est recommandé pour les convalescents, les personnes mélancoliques, et ceux souffrant de paralysie. Il est également vanté pour ses effets bénéfiques sur les arts libéraux et l'éloquence. Cependant, le texte avertit contre les dangers de l'abus du vin, notamment chez les personnes à l'esprit faible ou les jeunes furieux. Malgré ces mises en garde, le vin est globalement présenté comme une chose très bonne, capable de dissiper les misères et les chagrins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 156-164
FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
Début :
Vous avez, sans doute, appris, Monsieur, par les nouvelles publiques [...]
Mots clefs :
Mariage, Chasse, Festivités, Cour, Spectacle, Prince de Soulzbach, Princesse de Hesse
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texteReconnaissance textuelle : FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
V
Electorale Palatine , à l'occasion du Mariage
du Prince de Sulzbach avec la
Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait
d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier
1731. par M. Frezier , Ingenieur
en chef.
>
Ous avez , sans doute , appris , Monsieur ,
par les nouvelles publiques , que le Prince
de Sultzbach , heritier présomptif du Palatinat
vient d'épouser une Princesse de Hesse- Rhinfels ,
qui est soeur de la Reine de Sardaigne , et
de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau
Commandant de cette Place est allé complimenter
ce Prince sur son Mariage , et il a bien
voulu que j'eusse l'honneur de l'accompagner.
Je ne pouvois trouver une occasion plus favorable
pour voir la Cour de S. A. E. le Prince Palatin
et je ne pouvois être présenté à ce Prince par une
personne qui lui fut plus agréable que M. de
Josseau , qu'il considere et qu'il aime. La bonté
avec laquelle S. A. E. l'a reçu , et le bon accueil
qu'il a fait aux Officiers qui l'accompagnoient
cn sont des preuves certaines.
›
Nous arrivâmes trop tard à Manheim pour
voir la Ceremonie du Mariage. Elle fut faite le
11. et nous ne partîmes de Landau que deux
jours après ; mais nous avons vû pendant six
jours une partie des Fêtes qui en sont la suite
et qui doivent durer tout le Carnaval . La plus
singuliere a été une Chasse d'une invention extraordinaire
, qui merite bien qu'on en fasse la
description. Le Lundy 15. de ce mois la Cour
s'embarqua sur le Rhin , au son des Timballes ,
TromJANVIER.
1731. -157
Trompettes et Corps de chasse , dans un Yack
qui contenoit deux chambres magnifiquement
décorées , et debarqua à trois quarts de lieue de
la ville , à deux portées de fusil du lieu où la
chasse s'est faite. C'étoit un Parc de 1400. pas
de longueur sur 200. pas de largeur , fermé de
toilles et de filets bien alignez : le tout formoit
un quarré long.
Au fond de ce Parc étoit un retranchement
orné de décorations peintes sur toilles comme
celle des Theatres , lequel étoit destiné pour la
chasse à pied , et pour le spectacle de la Berne ,
et de la Mascarade des animaux.
- La separation des deux Scenes étoit formée
par un Corps de bâtimens , dont le milieu étoit
une Tente octogone de 32 pieds de diametre ,
qui servoit de vestibule à deux Sales , à droite
et à gauche , dont l'une fort ornée étoit destinée
pour placer la Cour pendant la chasse , qu'elle
pouvoit voir dans l'un et l'autre Parc ; Pautre
Salle étoit occupée par une grande Table où la
Cour vint se rafraîchir. Aux deux côtez de ces
Salles étoient des échafaudages en façon de plateformes
, pour placer les Spectateurs qui n'étoient
pas de la Cour.
La Décoration du petit Parc étoit un Portique
avec des Arcades à jour , dont le fond représensoit
en perspective le plan de la moitié d'un
decagone , au milieu duquel s'élevoient les Armes
de l'Electeur qui en faisoient le point de
vue. Ce Portique étoit élevé sur un Perron formé
par des planches en talud , sur lesquelles les
marches n'étoiens marquées que par des tringles
de bois peu saillantes , afin que les sangliers
n'y pussent monter que très-difficilement. Dans
les deux Angles étoient deux Portes sur un Pan
coupé , où étoient aussi deux Perrons de même
figure.
H
158 MERCURE DE FRANCE
Au dessus des Arcades du fond regnoit un
Cours de tablettes en saillie , d'un pied de large,
destinées pour faire courir le gibier , pour le
donner en spectacle à l'Assemblée , et aux deux
aîles. Il regnoit un pareil Cours au-dessus des
Impostes des Arcades , avec des Rampes pour
y monter , dont celles du fond étoient apparentes
, et celles des aîles étoient cachées derriere la
Décoration . Le gibier y venoit par une porte
pratiquée dans une représentation de nues
il paroissoit tout d'un coup élevé à vingt- cinq
pieds de hauteur , afin qu'il fut dit qu'on avoit
fait sortir des sangliers et des biches des nuës
on auroit pû dire aussi qu'il en pleuvoit ; car
ces animaux en tomboient ondement.
›
> οι
On commença la Chasse par plusieurs troupes
de dix ou douze sangliers , qu'on faisoit entrer
par les portes des angles. Ces animaux effrayez
de voir tant de monde cherchoient à se sauver
du côté des bâtimens , ils étoient repoussez par
des gens armez de fourches ; et du côté de la
Décoration ils cherchoient inutilement à grimper
sur les perrons ; ils glissoient toûjours ,
retomboient les uns sur les autres ; les plus hårdis
alloient attaquer les Chasseurs qui les attendoient
, l'épée à la main , et les tuoient.
et
Après en avoir fait ainsi entrer par les portes
d'enbas ,on en faisoit passer d'autres par les portes
des nuës , par le moyen des rampes cachées. Ces
animaux se trouvant alors sur un chemin trop
étroit , n'osoient avancer ; mais en leur jettant
des serpentaux et des petards; on les effarouchoit
tellement , qu'ils se précipitoient ; les plus adroits
tâchoient de gagner les rampes qui descendoient
au grand Parc , mais ils y parvenoient rarement
sans tomber.
Aprés avoir ainsi diversifié le spectacle , en
haur
JANVIER. 1721. 159
haut et en bas , en faisant perir les bêtes par le
fer ou par les chutes , on rangea au pied du Perron
plus de cent sangliers qui avoient été tuez
pour donner une autre sorte de spectacle moins
sanglant,
On lâcha par les trois portes du fond et par
celles des nues une quantité prodigieuse de renards
et de liévres, tous masquez avec des cartons
et des toilles peintes ; la plupart des renards
étoient déguisez en coqs , avec des becs , des
aîles et des queües de coqs. Ces animaux que
leurs ajustemens rendoient , pour ainsi dire , tout,
sots et fort embarrassez de leur accoutrement
cherchoient de tous côtez à s'enfuïr ; mais le
Parc étant tout couvert de Bernes , ils ne pouvoient
poser les pieds qu'ils ne donnassent dans
les pieges , par lesquels on les faisoit sauter à
douze ou quinze pieds de hauteur. En se relevant
d'une chute ils passoient sur une autre Berne
où on leur jouoit le même tour , jusqu'à ce
qu'à force de tomber et de se blesser , ils restoient
morts sur la place : on en fit perir ainsi
,trois cens de chaque espece , liévres et renards.
Il est necessaire d'expliquer icy- ce qu'il fant
entendre par le terine de Bernes : ce sont des especes
dd'échelles à quatre rangs de cordes de 15.
ou 20. échelons de bois , qui sont des mailles de
six à huit pouces ; deux hommes , un à chaque
bout , les tiennent lâches par terre , et dès que
l'animal passe dessus , ils donnent subitement une
secousse qui l'élance en l'air .
La moyenne grosseur des liévres et des renards
paroissoit assez propre à ce jeu : mais il
est étonnant qu'on ait ainsi fait sauter des sangliers
et des biches. Trente hommes autour d'une
toille , qu'ils tiroient par secousses , élevoient en
l'air les sangliers aussi haut quelquefois que les
Hij licyres &
165 MERCURE DE FRANCE
lievres , et on voyoit ces pesants animaux s'agiter
en l'air comme nos Sauteurs et danseurs de
corde.
5
Après le divertissement de la Berne , la Cour
passa dans la Salle où l'on avoit servi une Halte
de viandes chaudes et froides . Les Dames se mirent
à table , et les Cavaliers mangerent debout
la plus grande partie sous la tente ou un grand
nombre de Valets de pied,magnifiquement vêtus,
servoient abondamment de toutes sortes de vins.
Cet utile intermede dura près d'une heure ,
après quoy le Spectacle recommença par un loup
vétu en Arlequin ; mais comme il faisoit le méchant
, on fut obligé de mettre les chiens à ses
trousses , et de le faire tuer.
On lácha ensuite des plus fiers sangliers , que
fes Cavaliers combattirent , l'épée à la main ; et
parce qu'on avoit ouvert les portes de communication
au grand Parc , les plus farouches s'échappoient
par ces portes , et fournissoient
aux Chasseurs , à cheval , et aux Dames
phaetons , guidez par des Cavaliers , le plaisir de
courir après , et de les combattre à coups de pistolets
, ou de les faire arrêter par les chiens .
>
en
On en tua ainsi plusieurs , et enfin on revint
à la Mascarade. On vit paroître huit ou dix traineaux
en forme de chars , dans chacun desquels
il y avoit un lievre masqué ly en Demoiselle , qui
avoit pour cocher un renard attaché sur son
siege , comme la demoiselle l'étoit sur son
fauteuil ; mais le malin cocher profitant de la liberté
qu'il avoit de tourner la tête , perdoit nonseulement
le respect à sa dame par de mauvaises
grimaces , mais lui lâchoit encore de bons coups
de dents quand il pouvoit l'atteindre. L'animal
attelé à ce char étoit un jeune sanglier , qui conduisoit
sa voiture un peu irregulierement , suiyant
JANVIER . 1731. 161
vant ses caprices , qui donnoient beaucoup à rire
aux Spectateurs : tels avoient déja paru d'autres
sangliers , harnachez comme des élephans portant
de petites figures de carton , peintes de differentes
couleurs.
Enfin on vit de toutes sortes d'animaux masquez
differemment : six bleraux parurent deguisez
en carpes , et une troupe de cocqs -d'Inde
avoient les plumes peintes des couleurs de celles
de cocqs de Bruyere.Ceux-ci furent les seuls qui
s'en retournerent la vie sauve ; car la Princesse
ne voulut pas qu'on tirât , soit par crainte des
accidens qui pourroient arriver , ou de l'incommodité
du bruit.
>
des
Pendant qu'on bernoit les renards , quelquesuns
d'entr'eux plus ruzez que les autres , pour
éviter cette danse forcée , qui aboutissoit à la
mort se refugierent sur les hauteurs des Décorations
, et allerent par le moyen des rampes
sentiers , se percher sur les vases d'Orangers qui
en faisoient le Couronnement . Ceux qui n'y
purent atteindre se blotirent sur les sentiers
S'accumulant les uns sur les autres ; delà ils regardoient
leurs camarades sauter et voltiger en
Pair par les secoussés des bernes ; mais ils se crurent
envain en sureté , on les dénicha à grands
coups de fusils , qui
abatirent les plus élevez , et
laisserent les autres morts sur les sentiers.
Ainsi finit cette ingenieuse et nouvelle Chasse,
de l'invention de M.le Baron deWack, Grand-VCneur
de S.A.E. qui en donne tous les ans , et les
sçait varier d'une infinité de manieres. Tout s'y
passa avec beaucoup d'ordre , les Pages et les
Seigneurs de la Cour , en habits verds galonnez
d'or , en furent les principaux Acteurs , et il n'y
eut que trois hommes de blessez , quoiqu'une
infinité se fussent exposez à l'être. M. le Comte
H iij de
ཐདྷཱ
162 MERCURE DE FRANCE
de Nassau , seigneur d'une aimable figure , pour
qui toutes les Dames s'interessoient , y combatit
plusieurs sangliers avec une adresse extrême , er
´s'en retira sans accident.
Nous vîmes les jours suivans des Divertissemens
de differentes especes se succeder les uns
aux autres. Il y eut deux Bals précedez par un
Soupé de 80. Couverts au premier , et de plus
de cent au second : dans celui - ci les Dames et les
Cavaliers furent alternativement rangez , suivant
P'ordre dont le sort avoit décidé par des billets
numerotez qu'on avoit tirés au hazard, et qui se
trouvoient attachez à chaque couvert , où chacun
alloit reconnoître sa place. J'eus le bonheur
d'y être associé à une des plus belles Dames de
la Cour , appellée Madame la Baronne de Feningre
, dont la conversation me fit connoître que
la nature ne l'avoit pas moins bien partagée en
esprit qu'en beauté et en naissance. Lorsque
j'eus l'honneur de lui donner la main pour enzrer
dans la Salle , je me souvins de la pensée de
ce Grand d'Espagne , qui en pareille rencontre
s'écria : que les Etoilles disparoissent , voici le
Soleil , Apartense las Estrellas , viene el Sol.
Aprés le Soupé , S. A. E. ordonna que chacun
prit le rang de son numero avec sa Dame , et il
commença lui - même le Bal à la tête de
quarante
quatre Couples , par une Danse Polonoise , qui
n'est qu'une espece de marche assez grave. Le
Prince de Sultbach suivoit S. A. E. avec les jeunes
Princesses , pendant que la Princesse son
Epouse , qui n'aime pas la Danse , demeura dans
un fauteuil , d'où elle la voyoit tranquillement.
Après cette ouverture du Bal S. A. E. dansa le
Menuet avec une grace et une noblesse admirable
, je dois même ajoûter avec une legereté surprenante
à l'âge de 70. A voir cet aimable Prince,
sans
JANVIER. 1731. 163
sans le connoître , il n'est pas difficile de deviner
qu'il est le premier de la Cour. Le jour suivant
on joua la Comedie de Tartuffe , en François :
cette Langue n'est guere moins commune à la
Cour que l'Allemande,qui est la naturelle du pays .
La Langue Italienne n'y est pas ignorée , mais
ellest entenduë d'un petit nombre de personnes
je le remarquai le le jour suivant , lorsqu'on joua
une Pastorale en Musique , où je servois d'Interprete
à plusieurs de mes voisins. La plus grande
partie des Danseurs de ce Ballet étoient les Pages
de la Cour , les Acteurs étoient les Musiciens de
S. A. E.
Je n'ai parlé jusqu'à present que des plaisirs
qui terminoient la journée , je ne dois pas
oublier
ceux de la bonne chere que nous avons faite à
cette Cour. Les Seigneurs animez par l'exemple
du Prince , et par l'estime qu'ils ont pour M. de
Josseau , qui n'est guere moins aimé dans les
Cours des Princes voisins de Landau , que dans
Landau même , nous regalerent magnifiquement.
M. le Comte de Nassau qui soutient la grandeur
de sa Naissance par tout ce qui peut le distinguer ,
nous donna un Repas superbe. Mrs le Baron de
Bevren , Grand- Maréchal , et le Baron Deschal ,
Grand-Ecuyer de la Princesse , nous firent connoître
que les meilleurs vins du monde et tes
mets les plus exquis fe trouvoient rassemblez
Manheim ,
Enfin notre cher Commandant rappellé par fon
devoir , revint à Landau comblé des bontez du
Prince & des politesses de toute la Cour ; chacun
de nous partageoit avec lui cette fatisfaction , car
S. A. E. nous avoit aussi donné des marques de
sa bonté. Il me fit l'honneur de m'adresser plusieurs
fois la parole ; et reconnoissant par la naïveté
de mes réponses la sincerité dont je fais pro-
Hiiij
fession ,
164 MERCURE DE FRANCE
fession , il me dit qu'il aimoit les François ;
parce qu'ils disoient naturellement leur pensée ,
sur quoy il releva un trait de Morale qui m'étoit
échapé d'une maniere qui me fit connoître la
justesse de son esprit et la droiture de son coeur.
Le tems de retourner à notre garnison étant
arrivé , je priai le Gouverneur de la Place de me
permettre d'en voir les Fortifications , quoiqu'il
me connut pour être l'Ingenieur en chef de Landau
; il me l'accorda de si bonne grace , qu'il
'voulut que l'Ingenieur subalterne , qui sçait parler
français , nous servit de guide. Je remarquai
une situation des plus avantageuses pour une Place
de guerre, par le confluent de deux grandes
rivieres , le Rhin et le Necre , qui en défendent
les approches , et une Fortification très - proprement
executée sur le sistême de Cocorn , que
nous n'avons point suivi en France , quoiqu'il
soit public depuis près de trente ans .
Je parcourus aussi l'interieur de la ville qui est
nouvellement bâtie , très- propre et très-reguliere
dans l'alignement de ses rues. Les maisons qui
n'ont ordinairement qu'un étage , rarement deux,
sont propres au dehors , mais l'interieur n'a pas
été distribué par de bons Architectes , particulierement
pour les escaliers.
Je vis aussi le nouveau Palais de l'Electeur qui
n'est pas achevé , et deux cabinets de tableaux,
parmi lesquels il y en a d'un grand prix , que S. A.
E. a fait apporter depuis peu de Dusseldort , ou
l'on dit qu'il en a de merveilleux , particulierement
de Rubens. J'ai l'honneur d'être &c.à Lang
dau le 24. Janvier 1731 .
Electorale Palatine , à l'occasion du Mariage
du Prince de Sulzbach avec la
Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait
d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier
1731. par M. Frezier , Ingenieur
en chef.
>
Ous avez , sans doute , appris , Monsieur ,
par les nouvelles publiques , que le Prince
de Sultzbach , heritier présomptif du Palatinat
vient d'épouser une Princesse de Hesse- Rhinfels ,
qui est soeur de la Reine de Sardaigne , et
de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau
Commandant de cette Place est allé complimenter
ce Prince sur son Mariage , et il a bien
voulu que j'eusse l'honneur de l'accompagner.
Je ne pouvois trouver une occasion plus favorable
pour voir la Cour de S. A. E. le Prince Palatin
et je ne pouvois être présenté à ce Prince par une
personne qui lui fut plus agréable que M. de
Josseau , qu'il considere et qu'il aime. La bonté
avec laquelle S. A. E. l'a reçu , et le bon accueil
qu'il a fait aux Officiers qui l'accompagnoient
cn sont des preuves certaines.
›
Nous arrivâmes trop tard à Manheim pour
voir la Ceremonie du Mariage. Elle fut faite le
11. et nous ne partîmes de Landau que deux
jours après ; mais nous avons vû pendant six
jours une partie des Fêtes qui en sont la suite
et qui doivent durer tout le Carnaval . La plus
singuliere a été une Chasse d'une invention extraordinaire
, qui merite bien qu'on en fasse la
description. Le Lundy 15. de ce mois la Cour
s'embarqua sur le Rhin , au son des Timballes ,
TromJANVIER.
1731. -157
Trompettes et Corps de chasse , dans un Yack
qui contenoit deux chambres magnifiquement
décorées , et debarqua à trois quarts de lieue de
la ville , à deux portées de fusil du lieu où la
chasse s'est faite. C'étoit un Parc de 1400. pas
de longueur sur 200. pas de largeur , fermé de
toilles et de filets bien alignez : le tout formoit
un quarré long.
Au fond de ce Parc étoit un retranchement
orné de décorations peintes sur toilles comme
celle des Theatres , lequel étoit destiné pour la
chasse à pied , et pour le spectacle de la Berne ,
et de la Mascarade des animaux.
- La separation des deux Scenes étoit formée
par un Corps de bâtimens , dont le milieu étoit
une Tente octogone de 32 pieds de diametre ,
qui servoit de vestibule à deux Sales , à droite
et à gauche , dont l'une fort ornée étoit destinée
pour placer la Cour pendant la chasse , qu'elle
pouvoit voir dans l'un et l'autre Parc ; Pautre
Salle étoit occupée par une grande Table où la
Cour vint se rafraîchir. Aux deux côtez de ces
Salles étoient des échafaudages en façon de plateformes
, pour placer les Spectateurs qui n'étoient
pas de la Cour.
La Décoration du petit Parc étoit un Portique
avec des Arcades à jour , dont le fond représensoit
en perspective le plan de la moitié d'un
decagone , au milieu duquel s'élevoient les Armes
de l'Electeur qui en faisoient le point de
vue. Ce Portique étoit élevé sur un Perron formé
par des planches en talud , sur lesquelles les
marches n'étoiens marquées que par des tringles
de bois peu saillantes , afin que les sangliers
n'y pussent monter que très-difficilement. Dans
les deux Angles étoient deux Portes sur un Pan
coupé , où étoient aussi deux Perrons de même
figure.
H
158 MERCURE DE FRANCE
Au dessus des Arcades du fond regnoit un
Cours de tablettes en saillie , d'un pied de large,
destinées pour faire courir le gibier , pour le
donner en spectacle à l'Assemblée , et aux deux
aîles. Il regnoit un pareil Cours au-dessus des
Impostes des Arcades , avec des Rampes pour
y monter , dont celles du fond étoient apparentes
, et celles des aîles étoient cachées derriere la
Décoration . Le gibier y venoit par une porte
pratiquée dans une représentation de nues
il paroissoit tout d'un coup élevé à vingt- cinq
pieds de hauteur , afin qu'il fut dit qu'on avoit
fait sortir des sangliers et des biches des nuës
on auroit pû dire aussi qu'il en pleuvoit ; car
ces animaux en tomboient ondement.
›
> οι
On commença la Chasse par plusieurs troupes
de dix ou douze sangliers , qu'on faisoit entrer
par les portes des angles. Ces animaux effrayez
de voir tant de monde cherchoient à se sauver
du côté des bâtimens , ils étoient repoussez par
des gens armez de fourches ; et du côté de la
Décoration ils cherchoient inutilement à grimper
sur les perrons ; ils glissoient toûjours ,
retomboient les uns sur les autres ; les plus hårdis
alloient attaquer les Chasseurs qui les attendoient
, l'épée à la main , et les tuoient.
et
Après en avoir fait ainsi entrer par les portes
d'enbas ,on en faisoit passer d'autres par les portes
des nuës , par le moyen des rampes cachées. Ces
animaux se trouvant alors sur un chemin trop
étroit , n'osoient avancer ; mais en leur jettant
des serpentaux et des petards; on les effarouchoit
tellement , qu'ils se précipitoient ; les plus adroits
tâchoient de gagner les rampes qui descendoient
au grand Parc , mais ils y parvenoient rarement
sans tomber.
Aprés avoir ainsi diversifié le spectacle , en
haur
JANVIER. 1721. 159
haut et en bas , en faisant perir les bêtes par le
fer ou par les chutes , on rangea au pied du Perron
plus de cent sangliers qui avoient été tuez
pour donner une autre sorte de spectacle moins
sanglant,
On lâcha par les trois portes du fond et par
celles des nues une quantité prodigieuse de renards
et de liévres, tous masquez avec des cartons
et des toilles peintes ; la plupart des renards
étoient déguisez en coqs , avec des becs , des
aîles et des queües de coqs. Ces animaux que
leurs ajustemens rendoient , pour ainsi dire , tout,
sots et fort embarrassez de leur accoutrement
cherchoient de tous côtez à s'enfuïr ; mais le
Parc étant tout couvert de Bernes , ils ne pouvoient
poser les pieds qu'ils ne donnassent dans
les pieges , par lesquels on les faisoit sauter à
douze ou quinze pieds de hauteur. En se relevant
d'une chute ils passoient sur une autre Berne
où on leur jouoit le même tour , jusqu'à ce
qu'à force de tomber et de se blesser , ils restoient
morts sur la place : on en fit perir ainsi
,trois cens de chaque espece , liévres et renards.
Il est necessaire d'expliquer icy- ce qu'il fant
entendre par le terine de Bernes : ce sont des especes
dd'échelles à quatre rangs de cordes de 15.
ou 20. échelons de bois , qui sont des mailles de
six à huit pouces ; deux hommes , un à chaque
bout , les tiennent lâches par terre , et dès que
l'animal passe dessus , ils donnent subitement une
secousse qui l'élance en l'air .
La moyenne grosseur des liévres et des renards
paroissoit assez propre à ce jeu : mais il
est étonnant qu'on ait ainsi fait sauter des sangliers
et des biches. Trente hommes autour d'une
toille , qu'ils tiroient par secousses , élevoient en
l'air les sangliers aussi haut quelquefois que les
Hij licyres &
165 MERCURE DE FRANCE
lievres , et on voyoit ces pesants animaux s'agiter
en l'air comme nos Sauteurs et danseurs de
corde.
5
Après le divertissement de la Berne , la Cour
passa dans la Salle où l'on avoit servi une Halte
de viandes chaudes et froides . Les Dames se mirent
à table , et les Cavaliers mangerent debout
la plus grande partie sous la tente ou un grand
nombre de Valets de pied,magnifiquement vêtus,
servoient abondamment de toutes sortes de vins.
Cet utile intermede dura près d'une heure ,
après quoy le Spectacle recommença par un loup
vétu en Arlequin ; mais comme il faisoit le méchant
, on fut obligé de mettre les chiens à ses
trousses , et de le faire tuer.
On lácha ensuite des plus fiers sangliers , que
fes Cavaliers combattirent , l'épée à la main ; et
parce qu'on avoit ouvert les portes de communication
au grand Parc , les plus farouches s'échappoient
par ces portes , et fournissoient
aux Chasseurs , à cheval , et aux Dames
phaetons , guidez par des Cavaliers , le plaisir de
courir après , et de les combattre à coups de pistolets
, ou de les faire arrêter par les chiens .
>
en
On en tua ainsi plusieurs , et enfin on revint
à la Mascarade. On vit paroître huit ou dix traineaux
en forme de chars , dans chacun desquels
il y avoit un lievre masqué ly en Demoiselle , qui
avoit pour cocher un renard attaché sur son
siege , comme la demoiselle l'étoit sur son
fauteuil ; mais le malin cocher profitant de la liberté
qu'il avoit de tourner la tête , perdoit nonseulement
le respect à sa dame par de mauvaises
grimaces , mais lui lâchoit encore de bons coups
de dents quand il pouvoit l'atteindre. L'animal
attelé à ce char étoit un jeune sanglier , qui conduisoit
sa voiture un peu irregulierement , suiyant
JANVIER . 1731. 161
vant ses caprices , qui donnoient beaucoup à rire
aux Spectateurs : tels avoient déja paru d'autres
sangliers , harnachez comme des élephans portant
de petites figures de carton , peintes de differentes
couleurs.
Enfin on vit de toutes sortes d'animaux masquez
differemment : six bleraux parurent deguisez
en carpes , et une troupe de cocqs -d'Inde
avoient les plumes peintes des couleurs de celles
de cocqs de Bruyere.Ceux-ci furent les seuls qui
s'en retournerent la vie sauve ; car la Princesse
ne voulut pas qu'on tirât , soit par crainte des
accidens qui pourroient arriver , ou de l'incommodité
du bruit.
>
des
Pendant qu'on bernoit les renards , quelquesuns
d'entr'eux plus ruzez que les autres , pour
éviter cette danse forcée , qui aboutissoit à la
mort se refugierent sur les hauteurs des Décorations
, et allerent par le moyen des rampes
sentiers , se percher sur les vases d'Orangers qui
en faisoient le Couronnement . Ceux qui n'y
purent atteindre se blotirent sur les sentiers
S'accumulant les uns sur les autres ; delà ils regardoient
leurs camarades sauter et voltiger en
Pair par les secoussés des bernes ; mais ils se crurent
envain en sureté , on les dénicha à grands
coups de fusils , qui
abatirent les plus élevez , et
laisserent les autres morts sur les sentiers.
Ainsi finit cette ingenieuse et nouvelle Chasse,
de l'invention de M.le Baron deWack, Grand-VCneur
de S.A.E. qui en donne tous les ans , et les
sçait varier d'une infinité de manieres. Tout s'y
passa avec beaucoup d'ordre , les Pages et les
Seigneurs de la Cour , en habits verds galonnez
d'or , en furent les principaux Acteurs , et il n'y
eut que trois hommes de blessez , quoiqu'une
infinité se fussent exposez à l'être. M. le Comte
H iij de
ཐདྷཱ
162 MERCURE DE FRANCE
de Nassau , seigneur d'une aimable figure , pour
qui toutes les Dames s'interessoient , y combatit
plusieurs sangliers avec une adresse extrême , er
´s'en retira sans accident.
Nous vîmes les jours suivans des Divertissemens
de differentes especes se succeder les uns
aux autres. Il y eut deux Bals précedez par un
Soupé de 80. Couverts au premier , et de plus
de cent au second : dans celui - ci les Dames et les
Cavaliers furent alternativement rangez , suivant
P'ordre dont le sort avoit décidé par des billets
numerotez qu'on avoit tirés au hazard, et qui se
trouvoient attachez à chaque couvert , où chacun
alloit reconnoître sa place. J'eus le bonheur
d'y être associé à une des plus belles Dames de
la Cour , appellée Madame la Baronne de Feningre
, dont la conversation me fit connoître que
la nature ne l'avoit pas moins bien partagée en
esprit qu'en beauté et en naissance. Lorsque
j'eus l'honneur de lui donner la main pour enzrer
dans la Salle , je me souvins de la pensée de
ce Grand d'Espagne , qui en pareille rencontre
s'écria : que les Etoilles disparoissent , voici le
Soleil , Apartense las Estrellas , viene el Sol.
Aprés le Soupé , S. A. E. ordonna que chacun
prit le rang de son numero avec sa Dame , et il
commença lui - même le Bal à la tête de
quarante
quatre Couples , par une Danse Polonoise , qui
n'est qu'une espece de marche assez grave. Le
Prince de Sultbach suivoit S. A. E. avec les jeunes
Princesses , pendant que la Princesse son
Epouse , qui n'aime pas la Danse , demeura dans
un fauteuil , d'où elle la voyoit tranquillement.
Après cette ouverture du Bal S. A. E. dansa le
Menuet avec une grace et une noblesse admirable
, je dois même ajoûter avec une legereté surprenante
à l'âge de 70. A voir cet aimable Prince,
sans
JANVIER. 1731. 163
sans le connoître , il n'est pas difficile de deviner
qu'il est le premier de la Cour. Le jour suivant
on joua la Comedie de Tartuffe , en François :
cette Langue n'est guere moins commune à la
Cour que l'Allemande,qui est la naturelle du pays .
La Langue Italienne n'y est pas ignorée , mais
ellest entenduë d'un petit nombre de personnes
je le remarquai le le jour suivant , lorsqu'on joua
une Pastorale en Musique , où je servois d'Interprete
à plusieurs de mes voisins. La plus grande
partie des Danseurs de ce Ballet étoient les Pages
de la Cour , les Acteurs étoient les Musiciens de
S. A. E.
Je n'ai parlé jusqu'à present que des plaisirs
qui terminoient la journée , je ne dois pas
oublier
ceux de la bonne chere que nous avons faite à
cette Cour. Les Seigneurs animez par l'exemple
du Prince , et par l'estime qu'ils ont pour M. de
Josseau , qui n'est guere moins aimé dans les
Cours des Princes voisins de Landau , que dans
Landau même , nous regalerent magnifiquement.
M. le Comte de Nassau qui soutient la grandeur
de sa Naissance par tout ce qui peut le distinguer ,
nous donna un Repas superbe. Mrs le Baron de
Bevren , Grand- Maréchal , et le Baron Deschal ,
Grand-Ecuyer de la Princesse , nous firent connoître
que les meilleurs vins du monde et tes
mets les plus exquis fe trouvoient rassemblez
Manheim ,
Enfin notre cher Commandant rappellé par fon
devoir , revint à Landau comblé des bontez du
Prince & des politesses de toute la Cour ; chacun
de nous partageoit avec lui cette fatisfaction , car
S. A. E. nous avoit aussi donné des marques de
sa bonté. Il me fit l'honneur de m'adresser plusieurs
fois la parole ; et reconnoissant par la naïveté
de mes réponses la sincerité dont je fais pro-
Hiiij
fession ,
164 MERCURE DE FRANCE
fession , il me dit qu'il aimoit les François ;
parce qu'ils disoient naturellement leur pensée ,
sur quoy il releva un trait de Morale qui m'étoit
échapé d'une maniere qui me fit connoître la
justesse de son esprit et la droiture de son coeur.
Le tems de retourner à notre garnison étant
arrivé , je priai le Gouverneur de la Place de me
permettre d'en voir les Fortifications , quoiqu'il
me connut pour être l'Ingenieur en chef de Landau
; il me l'accorda de si bonne grace , qu'il
'voulut que l'Ingenieur subalterne , qui sçait parler
français , nous servit de guide. Je remarquai
une situation des plus avantageuses pour une Place
de guerre, par le confluent de deux grandes
rivieres , le Rhin et le Necre , qui en défendent
les approches , et une Fortification très - proprement
executée sur le sistême de Cocorn , que
nous n'avons point suivi en France , quoiqu'il
soit public depuis près de trente ans .
Je parcourus aussi l'interieur de la ville qui est
nouvellement bâtie , très- propre et très-reguliere
dans l'alignement de ses rues. Les maisons qui
n'ont ordinairement qu'un étage , rarement deux,
sont propres au dehors , mais l'interieur n'a pas
été distribué par de bons Architectes , particulierement
pour les escaliers.
Je vis aussi le nouveau Palais de l'Electeur qui
n'est pas achevé , et deux cabinets de tableaux,
parmi lesquels il y en a d'un grand prix , que S. A.
E. a fait apporter depuis peu de Dusseldort , ou
l'on dit qu'il en a de merveilleux , particulierement
de Rubens. J'ai l'honneur d'être &c.à Lang
dau le 24. Janvier 1731 .
Fermer
Résumé : FESTES données à la Cour de S. Alt-Electorale Palatine, à l'occasion du Mariage du Prince de Sultzbach avec la Princesse de Hesse - Rheinfels. Extrait d'une Lettre écrite de Landau le 24. Janvier 1731. par M. Frezier, Ingenieur en chef.
Le 24 janvier 1731, M. Frezier, ingénieur en chef, rédige une lettre relatant les événements entourant le mariage du Prince de Sulzbach avec la Princesse de Hesse-Rheinfels. Le Prince de Sulzbach, héritier présomptif du Palatinat, a épousé la sœur de la Reine de Sardaigne et de la Duchesse de Bourbon. M. de Josseau, commandant de la place de Landau, a félicité le Prince et a invité M. Frezier à l'accompagner. La cérémonie du mariage a eu lieu le 11 janvier. M. Frezier et M. de Josseau sont partis de Landau deux jours plus tard pour assister à diverses fêtes et divertissements durant le Carnaval. Une chasse remarquable a été organisée le 15 janvier. La Cour s'est embarquée sur le Rhin et a débarqué près d'un parc aménagé pour l'occasion, mesurant 1400 pas sur 200 pas. Ce parc était décoré de toiles et de filets et contenait des scènes de chasse à pied et des mascarades d'animaux. La chasse a débuté avec des sangliers, effrayés par des chasseurs armés de fourches. Des renards et des lièvres, déguisés en coqs et autres animaux, ont été lâchés et forcés de sauter grâce à des dispositifs appelés 'bernes'. Après la chasse, la Cour a pris un repas suivi d'autres spectacles, dont une mascarade avec des animaux déguisés. La chasse a été organisée par M. le Baron de Wack, Grand-Veneur du Prince Palatin, et s'est déroulée sans incident majeur. Les jours suivants, divers divertissements ont eu lieu, incluant des bals, des soupers et des représentations théâtrales. M. Frezier a noté la polyglossie de la Cour, où le français, l'allemand et l'italien étaient parlés. Il a également mentionné les repas somptueux offerts par les seigneurs, inspirés par l'exemple du Prince et l'estime pour M. de Josseau. Le narrateur a visité Mannheim, où le Comte de Nassau a offert un repas somptueux. Les Barons de Bevren et Deschal ont souligné la qualité des vins et des mets. Le Commandant a partagé sa satisfaction pour les marques de bonté du Prince et les politesses de la Cour. Le narrateur a reçu des attentions du Prince, qui a apprécié sa sincérité et a discuté de morale avec lui. Avant de retourner à sa garnison, le narrateur a visité les fortifications de Mannheim, notant leur situation avantageuse grâce au confluent du Rhin et du Neckar, ainsi que l'exécution des fortifications selon le système de Cocorn. Il a également observé la ville, nouvellement construite, avec des rues régulières mais des maisons mal conçues intérieurement. Le narrateur a vu le palais inachevé de l'Électeur et deux cabinets de tableaux, incluant des œuvres de grand prix récemment transférées de Düsseldorf, notamment des œuvres de Rubens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 173-177
RECEPTION faite à M. le Duc de la Trémoille, dans la Ville de Laval.
Début :
MR le Duc de la Tremoille arriva le 14. du [...]
Mots clefs :
Duc de la Trémoille , Réception, Laval, Festivités, Réconciliation, Dialogue, Jeunesse, Honneurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RECEPTION faite à M. le Duc de la Trémoille, dans la Ville de Laval.
RECEPTION faite à M. le Dus;
de la Trémoille , dans la Kille de Laval.
R le Duc de la Tremoille arriva le
M14. sa 14. du mois passé en sa Baronie de
Vitré , éloignée de 7. lieues de la Ville de
Laval ; le lendemain la Jeunesse de cette
Ville , au nombre de près de 80. Cavaliers
, bien montez et bien équipez , se
rendit à Vitré , ils avoient à leur tête
Mr Marest , anciens Officiers , et fils de
M.Marest, Conseiller et Garde des Sceaux
au Parlement de Bretagne . Ils étoient tous
en habit uniforme d'écarlate avec la veste
galonnée d'ar , et la polacre de velours
noir , le chapeau bordé avec les cocardes
de la livrée de M. de la Trémoille , chaqué
Maître étoit suivi d'un Valet avec le
chapeau bordé et la cocarde ; ils avoient
les trois Trompettes du Regiment de
Montrevel.
Dans ce leste équipage ' ils firent cortege
au Duc de la Trémoille , qui fit son
Entrée dans la Ville de Laval le Dimanche
sur les six heures du soir , au bruit
du Canon , au son de toutes les Clocheset
des acclamations du Peuple ; toutes les
ruës sur son passage étoient tapissées et
illuminées , la clarté de plus de deux cens
Flambeaux , que portoient les Valets des
Ca174
MERCURE DE FRANCE.
Cavaliers , formoit le plus beau Spectacle
du monde ; les rues étoient bordées des
deux côtez de la Milice Bourgeoise au
rombre de 2000. hommes , divisez en
differentes Compagnies , ayant à leur tête
les principaux Officiers et Bourgeois ,
magnifiquement vêtus ; ils avoient donné
la cocarde à tous leurs Soldats .
Les rues étoient remplies d'une multitude
infinie de Peuple qui prenoit plaisir à
former des embarras et à retarder la Marche
, pour avoir le contentement de voir
plus long-tems un Seigneur si gracieux .
Les Officiers de la Maison de Ville se
trouverent à la premiere Porte, et lui présenterent
les Clefs dans un Bassin d'argent,
aux Armes de la Ville , ils lui présenterent
aussi le Dais , mais il le refusa.
Tous les Corps de Justice , toutes les
Communautez se rendirent au Château et
complimenterent M. de la Trémoille , qui
répondit avec beaucoup de politesse , et
donna des marques d'une parfaite satisfaction
, heureux présage de la paix et de
la tranquillité qu'il devoit procurer le
lendemain ; il retint à souper les principaux
Officiers , la Jeunesse alla prendre
un repas qu'elle s'étoit fait préparer , et
tous les Capitaines de la Milice régalerent
leurs Soldats .
M. le Duc de la Trémoille , qui avoit
eu
<
JANVIER. 1731. 175
eu lieu d'être indisposé contre les Habitans
de Laval , à l'occasion du grand Procès
par eux soutenu contre ses interêts ,
comprit bien-tôt que ces Habitans n'étoient
pas tels qu'on les lui avoit dépeints,
et que ces honneurs extraordinaires et ces
protestations partoient de l'abondance de
leur coeur , il voulut bien les entendre ,
écouter leurs plaintes et leurs demandes.
Il fit pour cela avertir le lendemain
douze des principaux Habitans de se trouver
à trois heures dans la Salle du Châ-
'teau ; ils s'y rendirent à l'heure marquée,
M.de la Trémoille y entra avec le Comte
de Vilaines et deux de ses Officiers , M. le
Duc leur fit sur le champ et sans préparation
, un Discours le plus éloquent , le
mieux suivi et le plus persuasif qu'ils eussent
jamais entendu , ils lui répondirent
avec respect et ils repliquerent à differentes
reprises. La Réplique du Seigneur
fut toujours prête et en des termes si
propres et remplis de tant de bontez , que
les Auditeurs en furent émus et penetrez
des sentimens d'une estime respectueuse
et de la plus vive reconnoissance . On
convint enfin de terminer, amiablement
toutes les contestations , on arrêta les
Articles d'un Projet de Reglement lesquels
furent signez dès le lendemain de
M. le Duc de la Trémoille et des principaux
Habitans. Ces
176 MERCURE DE FRANCE.
j
Ces affaires sérieuses n'interrompirent
point les plaisirs , au contraire la joye en
redoubla , toutes les Dames et les Cavaliers
furent assemblez le Lundy au Châ-
M. de la Trémoille donna la Comédie
, une Troupe étant à Laval depuis
quelques mois , et il voulut bien s'y trou
ver pour satisfaire l'empressement de tous
les Habitans , qui ne pouvoient se lasser
de le voir . Après la Comedie il y eut un
Feu d'artifice , tiré sur la Place , un grand
souper et un Concert au Château , on
tira le Canon à l'entrée et à la sortie de
table , et enfin M. le Duc accorda à la
Milice Bourgeoise l'honneur qu'elle lui
demandoit de passer en Revûë devant lui
dans la Cour de son Château.
Il partit le Mardy en poste sur les deux
heures après midi , et il fut reconduit
par la Jeunesse à cheval , au bruit du Canon
et au travers de la Milice Bourgeoise
qui bordoit toutes les rues , M. le Duc de
la Trémoille , en remerciant la Jeunesse
lorsqu'elle eut pris congé lui donna la
permissión de la Chasse.
Des Réjouissances pour une Paix tant
desirée , ont continué pendant quinze
jours entre les principaux Habitans des
deux Partis qui divisoient la Ville , ils se
sont donnez de fréquens repas et des Fètes
que le Comte de Vilaines a bien vou-
Lu
JANVIER. 1731. 177
u honorer de sa presence , entre autres
un Dîner , où il y avoit 40. des principaux
Officiers de tous les Corps de Justice
et de la Maison de Ville ; on y but
au bruit du Canon et des Tambours la
santé de M. le Duc de la Trémoille, celles
de Madame la Duchesse et du Comte de
Vilaines; enfin tout le monde est content;
on ne peut pas douter de la sincerité de
ccs Réconciliations et de la durée de la
tranquillité publique.
de la Trémoille , dans la Kille de Laval.
R le Duc de la Tremoille arriva le
M14. sa 14. du mois passé en sa Baronie de
Vitré , éloignée de 7. lieues de la Ville de
Laval ; le lendemain la Jeunesse de cette
Ville , au nombre de près de 80. Cavaliers
, bien montez et bien équipez , se
rendit à Vitré , ils avoient à leur tête
Mr Marest , anciens Officiers , et fils de
M.Marest, Conseiller et Garde des Sceaux
au Parlement de Bretagne . Ils étoient tous
en habit uniforme d'écarlate avec la veste
galonnée d'ar , et la polacre de velours
noir , le chapeau bordé avec les cocardes
de la livrée de M. de la Trémoille , chaqué
Maître étoit suivi d'un Valet avec le
chapeau bordé et la cocarde ; ils avoient
les trois Trompettes du Regiment de
Montrevel.
Dans ce leste équipage ' ils firent cortege
au Duc de la Trémoille , qui fit son
Entrée dans la Ville de Laval le Dimanche
sur les six heures du soir , au bruit
du Canon , au son de toutes les Clocheset
des acclamations du Peuple ; toutes les
ruës sur son passage étoient tapissées et
illuminées , la clarté de plus de deux cens
Flambeaux , que portoient les Valets des
Ca174
MERCURE DE FRANCE.
Cavaliers , formoit le plus beau Spectacle
du monde ; les rues étoient bordées des
deux côtez de la Milice Bourgeoise au
rombre de 2000. hommes , divisez en
differentes Compagnies , ayant à leur tête
les principaux Officiers et Bourgeois ,
magnifiquement vêtus ; ils avoient donné
la cocarde à tous leurs Soldats .
Les rues étoient remplies d'une multitude
infinie de Peuple qui prenoit plaisir à
former des embarras et à retarder la Marche
, pour avoir le contentement de voir
plus long-tems un Seigneur si gracieux .
Les Officiers de la Maison de Ville se
trouverent à la premiere Porte, et lui présenterent
les Clefs dans un Bassin d'argent,
aux Armes de la Ville , ils lui présenterent
aussi le Dais , mais il le refusa.
Tous les Corps de Justice , toutes les
Communautez se rendirent au Château et
complimenterent M. de la Trémoille , qui
répondit avec beaucoup de politesse , et
donna des marques d'une parfaite satisfaction
, heureux présage de la paix et de
la tranquillité qu'il devoit procurer le
lendemain ; il retint à souper les principaux
Officiers , la Jeunesse alla prendre
un repas qu'elle s'étoit fait préparer , et
tous les Capitaines de la Milice régalerent
leurs Soldats .
M. le Duc de la Trémoille , qui avoit
eu
<
JANVIER. 1731. 175
eu lieu d'être indisposé contre les Habitans
de Laval , à l'occasion du grand Procès
par eux soutenu contre ses interêts ,
comprit bien-tôt que ces Habitans n'étoient
pas tels qu'on les lui avoit dépeints,
et que ces honneurs extraordinaires et ces
protestations partoient de l'abondance de
leur coeur , il voulut bien les entendre ,
écouter leurs plaintes et leurs demandes.
Il fit pour cela avertir le lendemain
douze des principaux Habitans de se trouver
à trois heures dans la Salle du Châ-
'teau ; ils s'y rendirent à l'heure marquée,
M.de la Trémoille y entra avec le Comte
de Vilaines et deux de ses Officiers , M. le
Duc leur fit sur le champ et sans préparation
, un Discours le plus éloquent , le
mieux suivi et le plus persuasif qu'ils eussent
jamais entendu , ils lui répondirent
avec respect et ils repliquerent à differentes
reprises. La Réplique du Seigneur
fut toujours prête et en des termes si
propres et remplis de tant de bontez , que
les Auditeurs en furent émus et penetrez
des sentimens d'une estime respectueuse
et de la plus vive reconnoissance . On
convint enfin de terminer, amiablement
toutes les contestations , on arrêta les
Articles d'un Projet de Reglement lesquels
furent signez dès le lendemain de
M. le Duc de la Trémoille et des principaux
Habitans. Ces
176 MERCURE DE FRANCE.
j
Ces affaires sérieuses n'interrompirent
point les plaisirs , au contraire la joye en
redoubla , toutes les Dames et les Cavaliers
furent assemblez le Lundy au Châ-
M. de la Trémoille donna la Comédie
, une Troupe étant à Laval depuis
quelques mois , et il voulut bien s'y trou
ver pour satisfaire l'empressement de tous
les Habitans , qui ne pouvoient se lasser
de le voir . Après la Comedie il y eut un
Feu d'artifice , tiré sur la Place , un grand
souper et un Concert au Château , on
tira le Canon à l'entrée et à la sortie de
table , et enfin M. le Duc accorda à la
Milice Bourgeoise l'honneur qu'elle lui
demandoit de passer en Revûë devant lui
dans la Cour de son Château.
Il partit le Mardy en poste sur les deux
heures après midi , et il fut reconduit
par la Jeunesse à cheval , au bruit du Canon
et au travers de la Milice Bourgeoise
qui bordoit toutes les rues , M. le Duc de
la Trémoille , en remerciant la Jeunesse
lorsqu'elle eut pris congé lui donna la
permissión de la Chasse.
Des Réjouissances pour une Paix tant
desirée , ont continué pendant quinze
jours entre les principaux Habitans des
deux Partis qui divisoient la Ville , ils se
sont donnez de fréquens repas et des Fètes
que le Comte de Vilaines a bien vou-
Lu
JANVIER. 1731. 177
u honorer de sa presence , entre autres
un Dîner , où il y avoit 40. des principaux
Officiers de tous les Corps de Justice
et de la Maison de Ville ; on y but
au bruit du Canon et des Tambours la
santé de M. le Duc de la Trémoille, celles
de Madame la Duchesse et du Comte de
Vilaines; enfin tout le monde est content;
on ne peut pas douter de la sincerité de
ccs Réconciliations et de la durée de la
tranquillité publique.
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Résumé : RECEPTION faite à M. le Duc de la Trémoille, dans la Ville de Laval.
Le duc de la Trémoille arriva à Vitré le 14 du mois précédent et fut accueilli le lendemain par près de 80 cavaliers de Laval, dirigés par M. Marest, vêtus d'un habit uniforme d'écarlate et de velours noir, arborant des cocardes aux couleurs de la livrée du duc. Le duc fit son entrée à Laval le dimanche soir, accueilli par des salves de canon, des cloches sonnantes et des acclamations. Les rues étaient tapissées et illuminées, bordées par la milice bourgeoise et une foule enthousiaste. Les officiers de la ville lui présentèrent les clefs et un dais, que le duc refusa. Tous les corps de justice et les communautés se rendirent au château pour le complimenter. Initialement indisposé contre les habitants de Laval à cause d'un procès, le duc comprit que leurs honneurs étaient sincères et accepta de les écouter. Le lendemain, il rencontra douze principaux habitants et fit un discours éloquent, aboutissant à un règlement amiable des contestations. Les réjouissances se poursuivirent avec une comédie, un feu d'artifice, un grand souper et un concert. Le duc accorda à la milice bourgeoise l'honneur de passer en revue devant lui. Il quitta Laval le mardi, reconduit par la jeunesse à cheval et la milice bourgeoise. Des fêtes et des repas célébrèrent la paix retrouvée entre les habitants, en présence du comte de Vilaines. La sincérité des réconciliations et la durée de la tranquillité publique ne faisaient aucun doute.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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