SUR UNE GAGEURE..
EN voyant mille attraits parer votre visage ,
Et mille Amans à vos genoux ;
Je gageai que le mariage ,
Etoit , belle Caton , à quatre pas de vous :
Et qu'avant la fin de l'année ,
Le charmant Dieu de l'Hymenée ,
Formant pour vous les noeuds les plus beaux ,
plus doux ,
Uniroit votre destinée
Au plus fortuné des Epoux.
Vous fûtes assez témeraire ,
Four oser gager le contraire
Et vous l'emportez cependant ;
Ce jour où l'on se renouvelle ,
Vous trouve encore Demoiselle ,.
Vous avez gagné , je me rends.
Je sçavois bien que la victoire ,
De vous suivre en tous lieux faisoit profession }
Mais aussi qui n'auroit du croire ,
Qu'elle vous manqueroit en cette occasion ?
Vainement s'excuseroit- elle ,
Sur sa longue habitude à marcher sur vos pas ,
Ce n'étoit point ici le cas ,
De vous paroître si fidele ;
?
less
Et
428 MERCURE DE FRANCE.
Et j'ai peine à lui pardonner ,
Une si grossiere méprise ,
Car en votre personne il n'est rien qui ne dise,
Que je méritois de gagner.
On y trouve un beau caractère.
Un coeur grand , genereux , sincere ,
La vertu , l'esprit , la beauté ,
Les graces et la majesté ,
Les agrémens de la jeunesse ,
Les traits de la délicatesse ,
J'en dirois cent fois plus que j'en dirois trop peų;
Mais enfin plus je considere ,
Moins je vois comment j'ai pû faire ,
Pour perdre avec un si beau jeu.