Résultats : 807 texte(s)
Détail
Liste
651
p. 226-227
DU NORD.
Début :
On n'apprend poin que les derniers tremblemens ayant causé de dommages dans aucune Ville [...]
Mots clefs :
Copenhague, Trondheim, Tremblement de terre, Agitation des eaux, Dégâts, Petite vérole, Malades, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Guérison
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier.
On n'apprend point que les derniers tremble.
mens ayent caufé de dommages dans aucune Ville
de Danemarck. Les effets produits par les fecouffes
ont été beaucoup moins fenfibles fur terre ,
que fur les eaux. Celles d'un Lac du Comté de
Laurvig ont éprouvé une agitation extraordinaire.
Les liens d'un train de bois de charpente
fe font rompus , & tout le bois a été difperfé.
Quelques barques ont été jettées fur le rivage ,
mais une feule a été fubmergée par les flots.
DE DRONTHEIM , le 16 Janvier.
La petite vérole ayant fait ici beaucoup de ravage
l'année derniere , M. Wachsmuth , Chirurgien
, a cru rendre fervice à cette Ville , en y introduifant
l'ufage de l'inoculation . Il en a fair
l'effai fur un de les enfans , âgé de deux ans. Cette
premiere expérience ayant réuffi , on en aten¬
MAR S. 17565 227
té plufieurs autres . Elles ont eu toutes un égal
fuccès , & il y a déja eu quarante enfans inoculés
. Un jeune homme de vingt- deux ans , ne fe
fouvenant pas s'il avoit eu la petite vérole , fe
l'eft fait donner par la même méthode . L'inocu
lation n'a produit aucun effet , & le jeune homme
n'en a point été incommodé .
DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier.
On n'apprend point que les derniers tremble.
mens ayent caufé de dommages dans aucune Ville
de Danemarck. Les effets produits par les fecouffes
ont été beaucoup moins fenfibles fur terre ,
que fur les eaux. Celles d'un Lac du Comté de
Laurvig ont éprouvé une agitation extraordinaire.
Les liens d'un train de bois de charpente
fe font rompus , & tout le bois a été difperfé.
Quelques barques ont été jettées fur le rivage ,
mais une feule a été fubmergée par les flots.
DE DRONTHEIM , le 16 Janvier.
La petite vérole ayant fait ici beaucoup de ravage
l'année derniere , M. Wachsmuth , Chirurgien
, a cru rendre fervice à cette Ville , en y introduifant
l'ufage de l'inoculation . Il en a fair
l'effai fur un de les enfans , âgé de deux ans. Cette
premiere expérience ayant réuffi , on en aten¬
MAR S. 17565 227
té plufieurs autres . Elles ont eu toutes un égal
fuccès , & il y a déja eu quarante enfans inoculés
. Un jeune homme de vingt- deux ans , ne fe
fouvenant pas s'il avoit eu la petite vérole , fe
l'eft fait donner par la même méthode . L'inocu
lation n'a produit aucun effet , & le jeune homme
n'en a point été incommodé .
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Résumé : DU NORD.
En janvier 1756, des tremblements de terre ont eu lieu au Danemark et en Norvège. À Copenhague, ces secousses n'ont pas causé de dommages significatifs dans les villes danoises. Les effets ont été plus notables sur les eaux, notamment dans un lac du comté de Laurvig, où des liens d'un train de bois se sont rompus et des barques ont été jetées sur le rivage, une seule étant submergée. À Drontheim, la variole a causé de nombreux décès en 1755. Le chirurgien M. Wachsmuth a introduit l'inoculation pour prévenir la maladie. Après une première expérience réussie sur un enfant de deux ans, quarante autres enfants ont été inoculés avec succès. Un jeune homme de vingt-deux ans, incertain d'avoir déjà contracté la variole, s'est également fait inoculer sans effet secondaire.
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652
p. 227-228
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend d'Erford, que la nuit du 13 au 14 de Janvier, [...]
Mots clefs :
Dresde, Hanovre, Cologne, Ouragan, Création d'un gouffre, Contrebande, Tabac, Capitation, Tremblement de terre
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLE MÀ G N E.
DE DRESDE , le 2 Février.
On apprend d'Erford , que la nuit du 13 au 14
de Janvier , pendant un violent ouragan , la terre
s'eft entr'ouverte dans le village d'Ofermiffen , &
qu'il s'eft formé un gouffre , dont l'ouvertute a 33
pieds de diametre. Sa partie inférieure eft remplie
d'eau , & l'on n'a pu en trouver le fond avec une
corde de cinquante toifes de longueur.
On écrit de Bilvenfels , de Bavenſtein , d'Inwalde
& d'Altenbourg , qu'on y a effuyé diverſes
fecouffes de tremblement de terre , & que plufieurs
maiſons en ont été fortement ébranlées .
DE HANOVRE , le 28 Janvier.
Depuis l'arrivée du dernier courier que la Régence
a reçu de Londres , le bruit court qu'on fera
une réforme de quelques hommes par Compagnie
dans les troupes de cet Electorat . Comme
il eft extrêmement difficile d'empêcher la contrebande
du tabac , on penfe à fupprimer l'impoſition
établie ſur cette marchandiſe , & l'on y ſubftituera
une capitation modique , que payeront
toutes les perfonnes au deflus de l'âge de feize
ans .
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
DE COLOGNE , le 26 Janvier.
Ce matin , à trois heures cinquante - cinq minutes
, on a effuyé ici pendant fept ou huit fecondes
une legere fecouffe de tremblement de terre ,
dont la direction paroiffoit être de l'Ouest à l'Eft
DE DRESDE , le 2 Février.
On apprend d'Erford , que la nuit du 13 au 14
de Janvier , pendant un violent ouragan , la terre
s'eft entr'ouverte dans le village d'Ofermiffen , &
qu'il s'eft formé un gouffre , dont l'ouvertute a 33
pieds de diametre. Sa partie inférieure eft remplie
d'eau , & l'on n'a pu en trouver le fond avec une
corde de cinquante toifes de longueur.
On écrit de Bilvenfels , de Bavenſtein , d'Inwalde
& d'Altenbourg , qu'on y a effuyé diverſes
fecouffes de tremblement de terre , & que plufieurs
maiſons en ont été fortement ébranlées .
DE HANOVRE , le 28 Janvier.
Depuis l'arrivée du dernier courier que la Régence
a reçu de Londres , le bruit court qu'on fera
une réforme de quelques hommes par Compagnie
dans les troupes de cet Electorat . Comme
il eft extrêmement difficile d'empêcher la contrebande
du tabac , on penfe à fupprimer l'impoſition
établie ſur cette marchandiſe , & l'on y ſubftituera
une capitation modique , que payeront
toutes les perfonnes au deflus de l'âge de feize
ans .
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
DE COLOGNE , le 26 Janvier.
Ce matin , à trois heures cinquante - cinq minutes
, on a effuyé ici pendant fept ou huit fecondes
une legere fecouffe de tremblement de terre ,
dont la direction paroiffoit être de l'Ouest à l'Eft
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 2 février, des nouvelles d'Erfurt signalent la formation d'un gouffre à Ofermiffen la nuit du 13 au 14 janvier, durant un ouragan. Ce gouffre, d'un diamètre de 33 pieds et d'une profondeur supérieure à 50 toises, est rempli d'eau. Des secousses sismiques ont également été ressenties à Bilvenfels, Bavenstein, Inwalde et Altenbourg, provoquant des ébranlements dans plusieurs maisons. Le 28 janvier, des rumeurs à Hanovre évoquent une possible réforme des troupes et la suppression de l'imposition sur le tabac, remplacée par une capitation modique pour les personnes âgées de plus de 12 ans. Le 26 janvier, une légère secousse sismique a été ressentie à Cologne pendant sept ou huit secondes, allant de l'Ouest à l'Est.
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653
p. 228-229
ESPAGNE.
Début :
Il y eut le 21 Décembre une nouvelle secousse de tremblement [...]
Mots clefs :
Belém, Ancône, Tremblement de terre, Incendie, Dégâts, Recherche d'asile, Victimes, Désastre
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE BELEM , le 10 Janvier.
Il y eut le 21 Décembre une nouvelle fecouffe
de tremblement de terre. L'Hôtel qu'occupe ici
le Comte d'Aranda , Ambaffadeur Extraordinaire
du Roi d'Espagne , fut confidérablement ébranlé.
Pour comble de malheur , le feu prit fubitement
au rez de chauffée & au premier étage avec une
telle violence , que l'Ambaffadeur & plufieurs de
fes Domeftiques coururent rifque d'être la proie
des flamines . Le Comte d'Aranda, en voulant ſauvet
une caffette où étoient fes papiers les plus importans
, a eu la main droite brûlée . Plusieurs des
édifices , qui étoient reſtés ſur pied à Liſbonne ,
ont été totalement détruits. Le Tage a fubmer
gé prefque entiérement le territoire de la Ville
ruinée. Par-là on a perdu en partie l'efpérance
de retirer de deffous les décombres les richeſſes
qui s'y trouvent ensevelies. Il eſt difficile de peindre
la défolation , dans laquelle ce nouveau défaftre
a jetté les efprits . Le découragement augmente
à tel point , qu'il eft impoffible de faivre
aucunes mefures. Les villes de Portugal , ſituées
Près des frontieres de l'Espagne , ayant moins
fouffert que celles qui font fur la côte , regorgent
d'habitans qui font allés y chercher afyle.
Depuis la violente fecouffe du 21 Décembre ,
MARS.
1756.
& ceffe qui l'a fuivie le 25 , on n'a prefque point
229
paffé dejours fans en effuyer quelques- unes. Quoiqu'elles
foient légeres , elles tiennent ici tout le
monde dans
l'épouvante. On paffe l'hyver dans des
barraques ,ou fous des
tentes.Douze
Bataillons ont
forméun camp , & ils détachent
alternativement
des
patrouilles , pour
empêcher les Brigands de
troubler la
tranquillité publique. Il paroît que la
réfolution eft prife de rebâtir cette Capitale dans
fon même
emplacement. Les rues de la nouvelle
Liſbonne feront tirées au cordeau , & l'on donnera
aux places publiques une décoration réguliere . Sa
Majefté a pris de fi juftes mefures , qu'on ne croit
pas qu'elle faffe ufage des fommes qui lui ont été
envoyées ou offertes par diverfes Puiffances .
Selon les avis du
Royaume des Algarves , le
dé faftre n'y eft pas moins grand que das le Portugal.
Plufeurs Villes font en partie ruinées.
Quelques Bourgs font totalement détruits. La
mer fortie de fon lit , a inondé la largeur d'une
lieue de pays le long des côtes. La pointe du Cap
de la Baque s'eft
confidérablemeut
affaiffée.
La flotte deftinée pour
Fernambouc mit à la
voile le 4 Janvier. On lui a donné pour eſcorte
un vaiffeau Garde- Côte , parce que tous les magafins
de la Marine étant réduits en cendres , on
n'a pu équiper le vaiffeau de guerre qui devoit
la
convoyer.
D'AN CÔNE , le 23 Janvier.
Sur la fin du mois dernier , on eut ici deux fe
couffes de
tremblement de terre , qui furent peu
fenfibles. Le premier de ce mois , on en fentit une
plus confidérable. Elle n'a cependant caufé que
très peu de dommage. Il y eat les une légere fecouffe
à Rimini .
DE BELEM , le 10 Janvier.
Il y eut le 21 Décembre une nouvelle fecouffe
de tremblement de terre. L'Hôtel qu'occupe ici
le Comte d'Aranda , Ambaffadeur Extraordinaire
du Roi d'Espagne , fut confidérablement ébranlé.
Pour comble de malheur , le feu prit fubitement
au rez de chauffée & au premier étage avec une
telle violence , que l'Ambaffadeur & plufieurs de
fes Domeftiques coururent rifque d'être la proie
des flamines . Le Comte d'Aranda, en voulant ſauvet
une caffette où étoient fes papiers les plus importans
, a eu la main droite brûlée . Plusieurs des
édifices , qui étoient reſtés ſur pied à Liſbonne ,
ont été totalement détruits. Le Tage a fubmer
gé prefque entiérement le territoire de la Ville
ruinée. Par-là on a perdu en partie l'efpérance
de retirer de deffous les décombres les richeſſes
qui s'y trouvent ensevelies. Il eſt difficile de peindre
la défolation , dans laquelle ce nouveau défaftre
a jetté les efprits . Le découragement augmente
à tel point , qu'il eft impoffible de faivre
aucunes mefures. Les villes de Portugal , ſituées
Près des frontieres de l'Espagne , ayant moins
fouffert que celles qui font fur la côte , regorgent
d'habitans qui font allés y chercher afyle.
Depuis la violente fecouffe du 21 Décembre ,
MARS.
1756.
& ceffe qui l'a fuivie le 25 , on n'a prefque point
229
paffé dejours fans en effuyer quelques- unes. Quoiqu'elles
foient légeres , elles tiennent ici tout le
monde dans
l'épouvante. On paffe l'hyver dans des
barraques ,ou fous des
tentes.Douze
Bataillons ont
forméun camp , & ils détachent
alternativement
des
patrouilles , pour
empêcher les Brigands de
troubler la
tranquillité publique. Il paroît que la
réfolution eft prife de rebâtir cette Capitale dans
fon même
emplacement. Les rues de la nouvelle
Liſbonne feront tirées au cordeau , & l'on donnera
aux places publiques une décoration réguliere . Sa
Majefté a pris de fi juftes mefures , qu'on ne croit
pas qu'elle faffe ufage des fommes qui lui ont été
envoyées ou offertes par diverfes Puiffances .
Selon les avis du
Royaume des Algarves , le
dé faftre n'y eft pas moins grand que das le Portugal.
Plufeurs Villes font en partie ruinées.
Quelques Bourgs font totalement détruits. La
mer fortie de fon lit , a inondé la largeur d'une
lieue de pays le long des côtes. La pointe du Cap
de la Baque s'eft
confidérablemeut
affaiffée.
La flotte deftinée pour
Fernambouc mit à la
voile le 4 Janvier. On lui a donné pour eſcorte
un vaiffeau Garde- Côte , parce que tous les magafins
de la Marine étant réduits en cendres , on
n'a pu équiper le vaiffeau de guerre qui devoit
la
convoyer.
D'AN CÔNE , le 23 Janvier.
Sur la fin du mois dernier , on eut ici deux fe
couffes de
tremblement de terre , qui furent peu
fenfibles. Le premier de ce mois , on en fentit une
plus confidérable. Elle n'a cependant caufé que
très peu de dommage. Il y eat les une légere fecouffe
à Rimini .
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Résumé : ESPAGNE.
Le 21 décembre, un violent tremblement de terre a frappé Lisbonne, endommageant gravement l'hôtel du Comte d'Aranda, ambassadeur d'Espagne. Un incendie a blessé le comte à la main droite alors qu'il tentait de sauver des documents. De nombreux bâtiments ont été détruits, et le Tage a submergé une grande partie de la ville, rendant difficile la récupération des richesses ensevelies. La population, plongée dans le découragement, a du mal à mettre en place des mesures d'urgence. Les villes portugaises proches des frontières espagnoles accueillent les réfugiés. Depuis le 21 décembre, des secousses fréquentes, bien que légères, maintiennent la peur. Douze bataillons assurent la sécurité publique. Le roi du Portugal a décidé de reconstruire Lisbonne avec des rues et des places mieux planifiées. La flotte destinée à Fernambouc a quitté Lisbonne le 4 janvier, escortée par un vaisseau garde-côte en raison de la destruction des infrastructures navales. Le 23 janvier, des secousses ont été ressenties à Ancone et Rimini, causant peu de dommages.
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654
p. 230-232
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On fait monter à plusieurs millions sterlings les pertes que les sujets [...]
Mots clefs :
Londres, Traite avec la Prusse, Amiral, Navires, Amérique, Colonies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 9 Février.
On fait monter à plufieurs millions fterlings
les pertes que les fujets du Roi ont effuyées par
le défaftre de Lisbonne. Toutes les lettres d'Amérique
ne parlent que des ravages caufés par les
Sauvages dans quelques unes des Colonies Angloifes.
Si l'on en croit les bruits publics , il a été ftipulé
par le Traité qui vient d'être conclu entre
cette Cour & celle de Berlin , que la Grande-
Bretagne payeroit au Roi de Pruffe vingt mille
livres fterlings pour indemnité des prifes illégitimes
faites fur les Prufliens par les Anglois pendant
la derniere guerre , & qu'en conféquence
Sa Majesté Pruffienne acquitteroit le refte des
dettes hypothéquées fur la Silésie.
On parle de former un camp dans la plaine de
Finchley. Le bruit court que le Corps de troupes
Heffoifes à la folde de la Grande- Bretagne , doit
être transporté inceffamment en Angleterre. Le
Gouvernement paroît être dans le deffein de
lever encore fix nouveaux Régimens. Les Amiraur
Ofborne , Moftyn & Townshend , firent voile
de Spithéad le 31 du mois dernier avec quinze
vaiffeaux de ligne & quatre frégates . Ils feront
joints à Plymouth par une Efcadre de fix vaiffeaux
& de huit frégates, que commande l'Amiral Weft.
Ces Amiraux prendront fous leur convoi une flotte
de deux cens navires marchands , qu'ils eſcorteront
jufqu'à une certaine hauteur . L'Amiral Holbourne
n'attend que fes derniers ordres pour
partir de Portſmouth avec fon Efcadre. Il a arboré
fon pavillon à bord du vaiffeau le Prince Geor
ges , de quatre -vingt - dix canons. Sur la nouvelle
MARS. 1756. 231
que
le Roi Très- Chrétien a fait arrêter tous les
bâtimens Anglois qui fe font trouvés dans fes
ports , la Cour a envoyé ordre dans les différens
perts de la Grande- Bretagne aux navires chargés
pour la France , de fufpendre leur départ.
Il paroît qu'on ne fera paffer d'abord en Angleterre
qu'une partie des troupes Heffoifes qui
ont été prifes à la folde de la Grande - Bretagne.
Le Gouvernement eft dans la réfolution d'augmenter
l'Infanterie en Irlande , jufqu'à douze
mille hommes . On y a envoyé ordre au Régiment
du Lord Jean Murray , à celui du Général
Orway , & à un Bataillon de Royal Ecoffois de fe
tenir prêts à s'embarquer pour la nouvelle Angleterre
. Les lettres qu'on reçoit de cette colonie ,
marquent que trois Officiers font partis de Philadelphie
pour faire conftruire dix Forts depuis la
riviere de Delawar jufqu'à Wills- Creek , ce qui
comprend une étendue de deux cens cinquante
milles. Ces avis ajoutent que les Gouverneurs
des différens établiffemens de l'Amérique Septentrionale
fe font raffemblés à la nouvelle Yorck ,
afin de concerter enfemble les opérations de la
campagne prochaine. Si l'on en croit les mêmes
avis , les fix Nations Iroquoifes fe font rangées
du côté des François. Hier l'Amiral Boscawen
partit pour Postmouth , où il va prendre le commandement
d'une Eſcadre. Celle qui eft fous les
ordres des Amiraux Oſborne , Mostyn & Townshend
, arriva le 3 à Plymouth , & y fut jointe lemême
jour par celle de l'Amiral Weft. Elles mirent
enfuite à la voile avec un vent favorable
pour leurs deftinations . Sa Majefté a nommé le
Comte d'Albemarle , Major Général .
Deux Juifs , dont l'un ſe nomme Wolf Iſaac
Liebman , & l'autre Jacob de Nadan Lévi Son232
MERCURE DE FRANCE.
fino , ont fait ici deux banqueroutes très - conf
dérables. La difette d'argent commence à être
telle ,que fideux navires chargés de piaftres qu'on
attend de Cadix n'arrivent pas bientôt , la confternatiod
fera générale.
DE LONDRES , le 9 Février.
On fait monter à plufieurs millions fterlings
les pertes que les fujets du Roi ont effuyées par
le défaftre de Lisbonne. Toutes les lettres d'Amérique
ne parlent que des ravages caufés par les
Sauvages dans quelques unes des Colonies Angloifes.
Si l'on en croit les bruits publics , il a été ftipulé
par le Traité qui vient d'être conclu entre
cette Cour & celle de Berlin , que la Grande-
Bretagne payeroit au Roi de Pruffe vingt mille
livres fterlings pour indemnité des prifes illégitimes
faites fur les Prufliens par les Anglois pendant
la derniere guerre , & qu'en conféquence
Sa Majesté Pruffienne acquitteroit le refte des
dettes hypothéquées fur la Silésie.
On parle de former un camp dans la plaine de
Finchley. Le bruit court que le Corps de troupes
Heffoifes à la folde de la Grande- Bretagne , doit
être transporté inceffamment en Angleterre. Le
Gouvernement paroît être dans le deffein de
lever encore fix nouveaux Régimens. Les Amiraur
Ofborne , Moftyn & Townshend , firent voile
de Spithéad le 31 du mois dernier avec quinze
vaiffeaux de ligne & quatre frégates . Ils feront
joints à Plymouth par une Efcadre de fix vaiffeaux
& de huit frégates, que commande l'Amiral Weft.
Ces Amiraux prendront fous leur convoi une flotte
de deux cens navires marchands , qu'ils eſcorteront
jufqu'à une certaine hauteur . L'Amiral Holbourne
n'attend que fes derniers ordres pour
partir de Portſmouth avec fon Efcadre. Il a arboré
fon pavillon à bord du vaiffeau le Prince Geor
ges , de quatre -vingt - dix canons. Sur la nouvelle
MARS. 1756. 231
que
le Roi Très- Chrétien a fait arrêter tous les
bâtimens Anglois qui fe font trouvés dans fes
ports , la Cour a envoyé ordre dans les différens
perts de la Grande- Bretagne aux navires chargés
pour la France , de fufpendre leur départ.
Il paroît qu'on ne fera paffer d'abord en Angleterre
qu'une partie des troupes Heffoifes qui
ont été prifes à la folde de la Grande - Bretagne.
Le Gouvernement eft dans la réfolution d'augmenter
l'Infanterie en Irlande , jufqu'à douze
mille hommes . On y a envoyé ordre au Régiment
du Lord Jean Murray , à celui du Général
Orway , & à un Bataillon de Royal Ecoffois de fe
tenir prêts à s'embarquer pour la nouvelle Angleterre
. Les lettres qu'on reçoit de cette colonie ,
marquent que trois Officiers font partis de Philadelphie
pour faire conftruire dix Forts depuis la
riviere de Delawar jufqu'à Wills- Creek , ce qui
comprend une étendue de deux cens cinquante
milles. Ces avis ajoutent que les Gouverneurs
des différens établiffemens de l'Amérique Septentrionale
fe font raffemblés à la nouvelle Yorck ,
afin de concerter enfemble les opérations de la
campagne prochaine. Si l'on en croit les mêmes
avis , les fix Nations Iroquoifes fe font rangées
du côté des François. Hier l'Amiral Boscawen
partit pour Postmouth , où il va prendre le commandement
d'une Eſcadre. Celle qui eft fous les
ordres des Amiraux Oſborne , Mostyn & Townshend
, arriva le 3 à Plymouth , & y fut jointe lemême
jour par celle de l'Amiral Weft. Elles mirent
enfuite à la voile avec un vent favorable
pour leurs deftinations . Sa Majefté a nommé le
Comte d'Albemarle , Major Général .
Deux Juifs , dont l'un ſe nomme Wolf Iſaac
Liebman , & l'autre Jacob de Nadan Lévi Son232
MERCURE DE FRANCE.
fino , ont fait ici deux banqueroutes très - conf
dérables. La difette d'argent commence à être
telle ,que fideux navires chargés de piaftres qu'on
attend de Cadix n'arrivent pas bientôt , la confternatiod
fera générale.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En février 1756, la Grande-Bretagne fait face à divers événements politiques et militaires. Les pertes britanniques dues au séisme de Lisbonne sont évaluées à plusieurs millions de sterlings. Les colonies américaines signalent des attaques de tribus indigènes. Un traité entre la Grande-Bretagne et la Prusse prévoit que la Grande-Bretagne paiera 20 000 livres sterlings pour des prises illégitimes, tandis que la Prusse remboursera des dettes hypothéquées sur la Silésie. Des préparatifs militaires sont en cours, incluant la formation d'un camp à Finchley et le transport de troupes hessoises en Angleterre. Plusieurs amiraux, tels Osborne, Mostyn, Townshend et West, préparent leurs escadres pour escorter une flotte de navires marchands. Le gouvernement britannique a ordonné l'arrêt des départs des navires à destination de la France après l'arrestation de bâtiments britanniques par le roi de France. Des troupes doivent être augmentées en Irlande et des régiments se préparent à partir pour la Nouvelle-Angleterre. Les gouverneurs des colonies américaines se réunissent à New York pour planifier la campagne prochaine, tandis que les nations iroquoises s'allient aux Français. L'amiral Boscawen prend le commandement d'une escadre à Portsmouth et le comte d'Albemarle est nommé major général. Deux banqueroutes importantes ont lieu à Londres, aggravant la pénurie d'argent.
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655
p. 221-223
ALLEMAGNE.
Début :
Une nouvelle secousse de tremblement de terre, qui s'est fait [...]
Mots clefs :
Prague, Berlin, Bonn, Tremblement de terre, Dégâts, Convention, Roi, Sa Majesté anglaise, Troubles, Amérique
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE PRAGUE , le 4 Février.
UNB nouvelle fecouffe de tremblement de
terre , qui s'est fait fentir le 12 du mois dernier
en plufieurs endroits de la frontiere de ce Royaume,
a eu une fuite fâcheufe. Il a fallu fufpendie
le travail des mines , à caufe des eaux dont elles
fe font remplies , & des exhalaifons fulfureufes
dont les ouvriers fe font trouvés incommodés .
DE
BERLIN , le 14 Février.
Jufqu'ici on n'avoit eu que des copies infidelles
de la Convention conclue le mois dernier entre
le Roi & Sa Majefté Britannique. Voici les termes
dans lefquels cette Convention eft annoncée par
la Gazette de cette Ville. « Sa Majefté le Roi de
» Pruffe & Sa Majefté le Roi de la Grande- Breta-
>> gne , ayant mûrement confideré que les trou-
» bles qui fe font élevés depuis peu en Amérique ,
» pourroient facilement être étendus plus loin &
» même tranſportés en Europe ; les Hautes Puif-
>> fances Contractantes ayant d'ailleurs pris tou-
» jours fortement à coeur le falut & le bien être
» de l'Allemagne , leur patrie commune , & dé-
>> firant extrêmement d'y maintenir furtout la
paix & la tranquillité , Elles ont cru ne pouvoir
Kinj
222 MERCURE DE FRANCE.
>> mieux faire pour parvenir à un but auffi falu-
» taire , que d'arrêter entr'Elles & de faire figner
>> par leurs Miniftres le 16 Janvier , une Conven-
» tion, de Neutralité, regardant purement l'Alle-
>> magne , & ne tendant à l'offenfe de perfonne ;
» en vertu de laquelle Convention leurfdites Ma-
» jeftés fe font engagées réciproquement de ne
» pas permettre que des troupes étrangeres , de
quelque Nation qu'elles puiffent être en-
» traffent en Allemagne , ou y paffaffent auffi
long-tems que les fufdits troubles , & les fuites
» qui pourront en réfulter dureront ; mais de s'y
>> oppofer dans tous les cas le plus vigoureufe-
>> ment qu'il leur fera poffible , afin de garantir
» par- là l'Allemagne des inconvéniens d'une
» guerre funefte , de maintenir fes Loix fonda-
>> mentales & fes Conftitutions , & de la faire
>> jouir d'une paix non interrompue ; ce qui fait
l'unique objet de la Convention fufmentionnée.
» Leurs Majeftés le Roi de Pruffe & le Roi de la
» Grande-Bretagne , ayant au furplus faifi cette
» occafion favorable , pour applanir les différends
» qui ont fubfifté jufqu'à préfent entr'Elles , pår
» rapport au reftant des dettes hypothéquées for
» la Siléfie , & payables aux fujets de Sa Majefté
Britannique , auffi -bien qu'à l'égard d'un
» dédommagement à accorder aux fujets de Sa
» Majefté Pruffienne pour les pertes qu'ils ont
» faites far mer pendant la derniere guerre , lés
» deux Hautes Puiffances Contractantes ont heu-
>> reuſement terminé ces deux objets à leur fatis-
» faction réciproque ; de façon que l'arrêt mis il
» y a quelque tems fur lefdites dettes , fera levé
» auffi tôt que la ratification de Sa Majesté Britan-
» nique de la fufdite Convention de Neutralité
» pour l'Allemagne fera arrivée ici .
AVRIL. 1756 . 223
DE BONN , le 23 Février.
Le 18 , à huit heures fix minutes du matin , le
vent étant Sud- Oueft , & l'air légérement chargé ,
on effuya ici une fecouffe de tremblement de
terre , plus violente de beaucoup que celles des
26 & 27 Décembre & du 26 Janvier. Dans la
Ville de Cologne plus de cent cheminées font
tombées. Quelques maiſons ont été confidérablement
endommagées dans leurs murs & dans leur
charpente. Les Bateaux qui étoient fur le Rhin ,
ont éprouvé une agitation extraordinaire , & plufieurs
ont couru rifque de périr . Un peu avant
neuf heures & vingt minutes après , il y eut encore
deux autres fecouffes , Ce tremblement , à ce
qu'on apprend , s'eft fait auffi fentir à Paderborn ,
à Olnabruck , à Arenſberg , à Darmſtadt , à Wetzlar
, à Caffel , à Worms & à Manheim . Les lettres
de Liege confirment qu'il y a cauſé de grands
dommages. Elles marquent qu'entr'autres accidens
une malfe énorme de pierres s'eft détachée
d'une Tour de la Cathédrale , & a enfoncé les
planchers de plufieurs maiſons voifines.
DE PRAGUE , le 4 Février.
UNB nouvelle fecouffe de tremblement de
terre , qui s'est fait fentir le 12 du mois dernier
en plufieurs endroits de la frontiere de ce Royaume,
a eu une fuite fâcheufe. Il a fallu fufpendie
le travail des mines , à caufe des eaux dont elles
fe font remplies , & des exhalaifons fulfureufes
dont les ouvriers fe font trouvés incommodés .
DE
BERLIN , le 14 Février.
Jufqu'ici on n'avoit eu que des copies infidelles
de la Convention conclue le mois dernier entre
le Roi & Sa Majefté Britannique. Voici les termes
dans lefquels cette Convention eft annoncée par
la Gazette de cette Ville. « Sa Majefté le Roi de
» Pruffe & Sa Majefté le Roi de la Grande- Breta-
>> gne , ayant mûrement confideré que les trou-
» bles qui fe font élevés depuis peu en Amérique ,
» pourroient facilement être étendus plus loin &
» même tranſportés en Europe ; les Hautes Puif-
>> fances Contractantes ayant d'ailleurs pris tou-
» jours fortement à coeur le falut & le bien être
» de l'Allemagne , leur patrie commune , & dé-
>> firant extrêmement d'y maintenir furtout la
paix & la tranquillité , Elles ont cru ne pouvoir
Kinj
222 MERCURE DE FRANCE.
>> mieux faire pour parvenir à un but auffi falu-
» taire , que d'arrêter entr'Elles & de faire figner
>> par leurs Miniftres le 16 Janvier , une Conven-
» tion, de Neutralité, regardant purement l'Alle-
>> magne , & ne tendant à l'offenfe de perfonne ;
» en vertu de laquelle Convention leurfdites Ma-
» jeftés fe font engagées réciproquement de ne
» pas permettre que des troupes étrangeres , de
quelque Nation qu'elles puiffent être en-
» traffent en Allemagne , ou y paffaffent auffi
long-tems que les fufdits troubles , & les fuites
» qui pourront en réfulter dureront ; mais de s'y
>> oppofer dans tous les cas le plus vigoureufe-
>> ment qu'il leur fera poffible , afin de garantir
» par- là l'Allemagne des inconvéniens d'une
» guerre funefte , de maintenir fes Loix fonda-
>> mentales & fes Conftitutions , & de la faire
>> jouir d'une paix non interrompue ; ce qui fait
l'unique objet de la Convention fufmentionnée.
» Leurs Majeftés le Roi de Pruffe & le Roi de la
» Grande-Bretagne , ayant au furplus faifi cette
» occafion favorable , pour applanir les différends
» qui ont fubfifté jufqu'à préfent entr'Elles , pår
» rapport au reftant des dettes hypothéquées for
» la Siléfie , & payables aux fujets de Sa Majefté
Britannique , auffi -bien qu'à l'égard d'un
» dédommagement à accorder aux fujets de Sa
» Majefté Pruffienne pour les pertes qu'ils ont
» faites far mer pendant la derniere guerre , lés
» deux Hautes Puiffances Contractantes ont heu-
>> reuſement terminé ces deux objets à leur fatis-
» faction réciproque ; de façon que l'arrêt mis il
» y a quelque tems fur lefdites dettes , fera levé
» auffi tôt que la ratification de Sa Majesté Britan-
» nique de la fufdite Convention de Neutralité
» pour l'Allemagne fera arrivée ici .
AVRIL. 1756 . 223
DE BONN , le 23 Février.
Le 18 , à huit heures fix minutes du matin , le
vent étant Sud- Oueft , & l'air légérement chargé ,
on effuya ici une fecouffe de tremblement de
terre , plus violente de beaucoup que celles des
26 & 27 Décembre & du 26 Janvier. Dans la
Ville de Cologne plus de cent cheminées font
tombées. Quelques maiſons ont été confidérablement
endommagées dans leurs murs & dans leur
charpente. Les Bateaux qui étoient fur le Rhin ,
ont éprouvé une agitation extraordinaire , & plufieurs
ont couru rifque de périr . Un peu avant
neuf heures & vingt minutes après , il y eut encore
deux autres fecouffes , Ce tremblement , à ce
qu'on apprend , s'eft fait auffi fentir à Paderborn ,
à Olnabruck , à Arenſberg , à Darmſtadt , à Wetzlar
, à Caffel , à Worms & à Manheim . Les lettres
de Liege confirment qu'il y a cauſé de grands
dommages. Elles marquent qu'entr'autres accidens
une malfe énorme de pierres s'eft détachée
d'une Tour de la Cathédrale , & a enfoncé les
planchers de plufieurs maiſons voifines.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Du 12 janvier au 18 février, plusieurs régions frontalières du Royaume de Prusse ont été touchées par des tremblements de terre, causant des dommages aux mines et aux bâtiments, et perturbant les activités sur le Rhin. Les secousses ont été ressenties à Bonn, Cologne, Liège, Paderborn, Osnabrück, Arnsberg, Darmstadt, Wetzlar, Cassel, Worms et Mannheim. Parallèlement, le 14 février, les termes de la Convention de neutralité entre le Roi de Prusse et le Roi de Grande-Bretagne ont été annoncés. Signée le 16 janvier, cette convention vise à maintenir la paix en Allemagne en empêchant le passage de troupes étrangères pendant les troubles en Amérique. Les deux monarques ont également réglé des différends concernant des dettes hypothéquées pour la Silésie et des dédommagements pour les pertes subies lors de la dernière guerre. La levée de l'arrêt sur ces dettes interviendra après la ratification de la convention par la Grande-Bretagne.
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656
p. 223-225
ESPAGNE.
Début :
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré du tremblement de terre, [...]
Mots clefs :
Belém, Oran, Tremblement de terre, Edifices détruits, Secours étrangers, Marchandises, Indemnités, Sa Majesté, Duc d'Aveyro, Tonnerre, Incendie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE BELEM , le 13 Février.
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré
du tremblement de terre , on a effuyé ici de nouvelles
fecouffes. Elles ont été même affez fortes
pour renverser plufieurs des bâtimens que les
précédentes avoient épargnés à Liſbonne. L'Hôtel
du Comte de Refende , Grand Amiral de Portugal
, eft du nombre des édifices nouvellement
détruits.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Il eft arrivé d'Irlande dans le Tage cinq Navires
chargés de proviſions. On en attend un fixieme ,
qui a été équipé à Dublin. Le Vaiffeau de guerre
le Hamptoncourt , & les autres Bâtimens partis des
Ports d'Angleterre , n'ont pas encore paru . Le Roi
a ordonné que dans la diftribution des fecours
envoyés par la Grande - Bretagne , on pourvût
avant tout aux befoins des fujets de cette Puiffance
établis en Portugal. Pour fubvenir aux dépenfes
qu'exige la reconstruction de la Douane , du Magafin
des Indes & de celui de la Marine , on a
augmenté de quatre pour cent les droits impofés
fur les marchandifes étrangeres. Le fieur Caftres ,
Envoyé Extraordinaire de Sa Majefté Britannique,
a demandé que les Negocians Anglois fuffent
exemptés de payer ce nouveau droit .
Le Duc d'Aveyro , Grand Maître de la Maiſon
de Sa Majeſté , étant un des Seigneurs qui ont le
plus perdu dans le défaſtre général , le Roi lui a
accordé une indemnité de deux cens mille crufades.
Sa Majefté , animée des fentimens que les
calamités publiques ne pouvoient manquer de
lui infpirer , retranche fur fes plaifirs , afin d'être
plus en état de foulager les malheureux . Elle a
fait dire aux Muficiens Italiens qu'Elle avoit à fon
fervice , qu'ils pouvoient aller ailleurs tirer parti
de leurs talens .
D'ORAN , le 8 Novembre 1755 .
Le premier de ce mois avant le lever du foleil
il fe forma fur cette Ville un nuage épais , duquel
il fortit des flammes à diverſes repriſes . Au bout
d'une heure , ce nuage creva avec un horrible
bruit , & tout l'athmofphere fut inondé d'un déluge
de feu . Le tonnerre tomba fur la grande
AVRIL. 1756. 225
Eglife ,, perça le clocher , & frappa le Sonneur
fans le bleffer. Vers dix heures & un quart du
matin , plufieurs violentes fecouffes de tremblement
de terre augmenterent la frayeur dont chacun
étoit faifi . L'aiguille de la Tour de l'Eglife
des Francifcains fut abattue. La plupart des maifons
de la Ville & des environs ont été ébranlées
mais il n'y en a eu aucune de renversée .
DE BELEM , le 13 Février.
Dans le tems qu'on croyoit ce Royaume délivré
du tremblement de terre , on a effuyé ici de nouvelles
fecouffes. Elles ont été même affez fortes
pour renverser plufieurs des bâtimens que les
précédentes avoient épargnés à Liſbonne. L'Hôtel
du Comte de Refende , Grand Amiral de Portugal
, eft du nombre des édifices nouvellement
détruits.
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Il eft arrivé d'Irlande dans le Tage cinq Navires
chargés de proviſions. On en attend un fixieme ,
qui a été équipé à Dublin. Le Vaiffeau de guerre
le Hamptoncourt , & les autres Bâtimens partis des
Ports d'Angleterre , n'ont pas encore paru . Le Roi
a ordonné que dans la diftribution des fecours
envoyés par la Grande - Bretagne , on pourvût
avant tout aux befoins des fujets de cette Puiffance
établis en Portugal. Pour fubvenir aux dépenfes
qu'exige la reconstruction de la Douane , du Magafin
des Indes & de celui de la Marine , on a
augmenté de quatre pour cent les droits impofés
fur les marchandifes étrangeres. Le fieur Caftres ,
Envoyé Extraordinaire de Sa Majefté Britannique,
a demandé que les Negocians Anglois fuffent
exemptés de payer ce nouveau droit .
Le Duc d'Aveyro , Grand Maître de la Maiſon
de Sa Majeſté , étant un des Seigneurs qui ont le
plus perdu dans le défaſtre général , le Roi lui a
accordé une indemnité de deux cens mille crufades.
Sa Majefté , animée des fentimens que les
calamités publiques ne pouvoient manquer de
lui infpirer , retranche fur fes plaifirs , afin d'être
plus en état de foulager les malheureux . Elle a
fait dire aux Muficiens Italiens qu'Elle avoit à fon
fervice , qu'ils pouvoient aller ailleurs tirer parti
de leurs talens .
D'ORAN , le 8 Novembre 1755 .
Le premier de ce mois avant le lever du foleil
il fe forma fur cette Ville un nuage épais , duquel
il fortit des flammes à diverſes repriſes . Au bout
d'une heure , ce nuage creva avec un horrible
bruit , & tout l'athmofphere fut inondé d'un déluge
de feu . Le tonnerre tomba fur la grande
AVRIL. 1756. 225
Eglife ,, perça le clocher , & frappa le Sonneur
fans le bleffer. Vers dix heures & un quart du
matin , plufieurs violentes fecouffes de tremblement
de terre augmenterent la frayeur dont chacun
étoit faifi . L'aiguille de la Tour de l'Eglife
des Francifcains fut abattue. La plupart des maifons
de la Ville & des environs ont été ébranlées
mais il n'y en a eu aucune de renversée .
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Résumé : ESPAGNE.
En 1755 et 1756, des événements significatifs ont eu lieu en Espagne et à Oran. À Lisbonne, après un tremblement de terre, de nouvelles secousses ont détruit plusieurs bâtiments, dont l'Hôtel du Comte de Resende, Grand Amiral de Portugal. Cinq navires irlandais chargés de provisions sont arrivés dans le Tage, avec un sixième attendu. Le roi a ordonné que les secours britanniques soient prioritairement distribués aux sujets britanniques établis au Portugal. Pour financer la reconstruction de la Douane, du Magasin des Indes et de celui de la Marine, les droits sur les marchandises étrangères ont été augmentés de quatre pour cent. Le sieur Castres, Envoyé Extraordinaire de Sa Majesté Britannique, a demandé l'exemption de ce nouveau droit pour les négociants anglais. Le Duc d'Aveyro, ayant subi de lourdes pertes, a reçu une indemnité de deux cents mille cruzades. Le roi a réduit ses dépenses personnelles pour aider les victimes. À Oran, le 1er novembre 1755, un nuage épais a libéré des flammes et un déluge de feu, suivi d'un tonnerre qui a frappé le clocher d'une église sans blesser le sonneur. Des secousses sismiques ont ensuite ébranlé les maisons sans en renverser aucune.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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657
p. 225
ITALIE.
Début :
Des bruits souterreins semblables à celui du tonnerre, ont causé ici [...]
Mots clefs :
Naples, Éruption du Vésuve, Frayeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , les Février.
Des bruits fouterreins femblables à celui du
tonnerre , ont caufé ici beaucoup d'allarmes . On
a craint qu'ils ne fuffent les avant - coureurs de
quelque catastrophe. Mais après une légere éruption
du Mont Véfuve ils ont ceffé , & les habitans
de cette Capitale font remis de leur frayeur.
DE NAPLES , les Février.
Des bruits fouterreins femblables à celui du
tonnerre , ont caufé ici beaucoup d'allarmes . On
a craint qu'ils ne fuffent les avant - coureurs de
quelque catastrophe. Mais après une légere éruption
du Mont Véfuve ils ont ceffé , & les habitans
de cette Capitale font remis de leur frayeur.
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658
p. 225-236
RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
Début :
Le Conseil ayant nommé MM. les Baillis de Fleury & [...]
Mots clefs :
Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte, Roi des deux Siciles, Baillis, Bailli de Fleury, Bailli de Combreux, Navires, Sa Majesté, Bal, Roi, Secrétaire d'ambassade, Compliment, Palais, Banquet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
RELATΙΟΝ
De l'Ambaffade extraordinaire de la Religion
de Malie auprès du Roi de deur Siciles ,
faite en 1755 , à l'occaſion du rétabliſſement
du Commerce avec ces deux Royaumes.
LE Confeil'ayant nommé MM. les Baillis de
Fleury & de Combreux Ambaffadeurs extraordinaires
auprès du Roi des deux Siciles , pour aller
conjointement avec M. le Bailli Dueñas affurer
Sa Majefté des fentimens de la Religion , M. le
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Bailli de Fleury , Capitaine Général des Efcadres
de l'Ordre , fit voile le 11 d'Août , avec quatre
galeres , & deux vaiffeaux. Lorsqu'il fut
hors du Port , il envoya confirmer à M. le Bailli
de Combreux , Commandant des deux Navires ,
tout ce dont il étoit convenu avec lui , que chaque
efcadre navigueroit felon la nature de fes bâtimens
, fans s'alfujettir à être toujours unies ,
parce que n'ayant d'autre objet que de fe rendre
promptement à Baye , où MM. les Ambaffadeurs
avoient bien des arrangemens préliminaires
à prendre , avant d'aller à Naples , celui
qui arriveroit le premier , mettroit la main à
P'oeuvre pour accélérer toutes chofes .
Le 16,M. le Bailli de Fleury ayant appris , avant
de mouiller à Baye , que le Roi chaffoit à l'Ifle
Procita, fit revirer , pavoifer , & mettre fon Efcadre
en front de Bandiere . En approchant de l'iſle
les galeres firent trois falves royales de moufqueterie
, & d'artillerie , après lefquelles M. le
Général envoya donner part à Sa Majesté , qu'auffi
-tôt qu'il avoit fçu qu'elle devoit retourner
à Naples , il avoit fait route fur cette ifle , pour
avoir l'honneur de l'escorter ; & de lui faire
fa cour comme Général , en attendant qu'il pût
la lui faire comme Ambaffadeur de l'Ordre.
>
M. le Bailli de Reggio fit dire que le Roi
en feroit fort aife , & qu'il ne falloit plus le
faluer que de la voix . M. le Bailli de Fleury defcendit
à terre avec MM. les Capitaines , &
M. le Provéditeur qu'il préfenta à Sa Majesté. II
eut auffi l'honneur de lui dire qu'ayant fçu qu'Elle
devoit paffer la mer , il avoit cru devoir le mettre
à portée de recevoir les ordres. Le Roi l'en remercia
d'un air extrêmement affable , & s'embarqua
tout de fuite. Les galeres l'accompagnerent
AVRIL. 1756. 227
jufqu'à fon débarquement en faifant les mêmes.
manoeuvres que fes galiotes . Sa Majeſté envoya
le foir quatre faifans à M. le Bailli de Fleury , &
lui fit offrir la Darfe , ou le Môle de Naples pour
les galeres. Son Excellence répondit qu'elle étoit
extrêmement fenfible aux bontés du Roi , mais
que le mauvais air de la Darfe lui feroit préférer
le Môle.
Le 18 , M. le Général fut s'établir dans la maifon
de M. le Prince d'Ardore , qu'il avoit empruntée
pour tout le tems de l'Ambaffade.
Le 20 , les vaiffeaux arriverent à Baye , & en
partirent deux jours après avec les galeres pour Naples.
En découvrant le Palais du Roi , les deux
Efcadres fe pavoiferent , & firent trois falves royale
de moufqueterie , & d'artillerie .
Le 24 , MM. les Baillis de Fleury , & de Combreux
eurent l'honneur d'être préſentés au Roi , &
à la Reine comme Officiers Généraux , avec MM .
les Chevaliers des deux Efcadres. Ils furent voir en
Corps le même jour les trois Miniftres d'Etat , &
tous les Chefs de Cour.
Le 27 , l'Introducteur intima à MM les Ambaffadeurs
que Sa Majefté avoit fixé leur Entrée
au 6 de Septembre. Leurs Excellences firent part
auffi - tôt de leur arrivée à tous les Miniftres Etran
gers , ainfi qu'on en étoit convenu. Elles informerent
auffi tous les Grands- Croix , & Chevaliers
de Malte du jour de l'Entrée .
Le 6 de Septembre , au lever du foleil , on pavoifa
les Efcadres. A huit heures du matin MM.
les Ambaffadeurs , & tous les Grands-Croix , &
Chevaliers fe rendirent fur la Capitane . Une heure
après le Majordom de femaine , & l'Introducteur
s'étant fait annoncer , leurs Excellences furent les
recevoir à la moitié de l'eſcalier du Môle , accom-
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
pagnées de MM . les Chevaliers qui fe rangerent
à droite , & à gauche. Les Gentilshommes , Pages
, & livrées de MM. les Ambaſſadeurs , bordoient
la haie depuis ledit efcalier jufqu'au carrofe
du Roi. Le Majordome , & l'Introducteur
prirent la droite de MM. les Ambaffadeurs , &
tous cinq furent dans cet Ordre s'affeoir dans la
pouppe de la Capitane , où perfonne n'entroit. Le
Corps de garde , un Caravanifte à la tête , préfenta
les Armes , & battit aux champs . On baifa la
tente , & on falua des trompettes , & de la voix .
Après une diftribution de rafraîchiffemens , &
un entretien qui fut très- bref, MM . les Chevaliers
monterent dans les carroffes des Miniftres, & Confeillers
d'Etat , dans ceux des Chefs de Cour , &
enfin dans ceux de la principale Nobleſſe . Tout le
cortege compofoit environ cent cinquante carroffes.
MM. les Ambaffadeurs partirent de la Capitane
avec le Majordome & l'Introducteur dans
l'ordre ci- deffus , & monterent dans le carroffe du
Roi. M. le Bailli Duenas , comme plus ancien ,
prit la droite dans le fond , M. le Bailli de Fleury
fa gauche , M. le Bailli de Combreux la droite
fur le devant , le Majordome à fa gauche , & l'Introducteur
fur un ftrapontin à la portiere droite.
Les deux Efcadres firent au départ du Correge
trois falves royales de moufqueterie & d'artil
lerie.
Douze coureurs de MM. les Ambaffadeurs ga-
Jonnés d'or ou d'argent fur toutes les coutures , &
trente-fix Valets de pied habillés de grande livrée
précédoient le carroffe du Roi. Six Pages de leurs
Excellences , galonnés très - richement , étoient à
droite , & à gauche des deux portieres . Quatre Vafets
de pied du Roi marchoient à côté deux.
Les trois carroffes de parade de MM. les AmAVRIL.
1756. 229
baffadenrs , attelés de fix chevaux chacun , magnifiquement
harnachés, fuivoient immédiatement celui
du Roi avec un Palefrenier qui marchoit à côté
des chevaux , habillé de grande livrée.
Le carroffe de l'Ambaffadeur plus ancien étoit vacant
, & marquoit le carroffe dureſpect .
MM. les Grands-Croix fuivoient dans les carroffes
des deux autres Ambaffadeurs , après lefquels
marchoient ceux des Miniftres , Confeillers d'Etat
, &c .
Le Secretaire d'Ambaffade étoit immédiatement
après le dernier carroffe des Chevaliers , &
les fix Gentilshommes de MM . les Ambaffadeurs ,
habillés très -richement , terminoient la fonction
dans trois autres carroffes.
On fit dans cet Ordre-là un grand tour par les
principales rue de la Ville. Tous les Corps de garde
devant lefquels paffoient MM. les Ambaffadeurs
portoient le fufil fur l'épaule , & rappelloient.
A 10 heures trois quarts ils arriverent au Palais.
Le carroffe feul du Roi & celui de refpect entrerent
dans la cour. MM . les Grands-Croix, & Chevaliers
defcendirent de carroffe à la parte de la Cour,
& vinrent précéder MM. les Ambaffadeurs. Les
Hallebardiers borderent la haie ſur l'eſcalier dans
les galeries, & dans leur falle . Le Commandant de
certe Compagnie fe trouva au bas de l'efcalier.Les
Gardes du Corps étoient le fufil fur l'épaule dans
leur falle , à la porte de laquelle le Capitaine reçut
MM les Ambaffadeurs. Les Sentinelles donnerent
le coup de talon . Auffi-tôt que leurs Excellences
furent arrivées dans la chambre , qui précédoit
la falle, du Trône , l'Introducteur fut en
donner part au Roi , qui vint fe placer debout
fous fon Dais avec les grands Officiers . MM. les
Ambaffadeurs , le Majordome , & l'Introducteur
230 MERCURE DE FRANCE.
feuls furent admis. Ils s'approcherent du Trône
en faifant trois profondes révérences , à chacune
defquelles le Roi levoit fon chapeau. M.
le Bailli Duenas , comme plus ancien , porta la
parole le premier , & remit les Letres de créance
, ainfi que Sa Majefté l'avoit décidé . M. le
Bailli de Fleury fit enfuite le compliment cijoint
:
» SIRE ,
>> La Religion , & le grand Maître ne défirent
rien plus ardemment que de plaire à Vo-
» tre Majefté . Leurs voeux & les miens , SIRE ,
» feroient remplis , fi je pouvois contribuer à ma-
>> nifefter à Votre Majefté toute l'étendue de ces
fentimens , & lui rendre les fervices de nos
» Efcadres agréables . n
M. le Bailli de Combreux confirma en peu
de mots les mêmes fentimens.
Sa Majefté répondit dans les termes les plus
obligeans. MM. les Ambaffadeurs fe rangerent
enfuite à la droite du Roi , pour laiffer défiler
MM. les Grands- Croix & Chevaliers , qui eurent
l'honneur de lui baifer la main.
Pendant l'Audience , MM. les Grinds- Croix
refterent à la porte de la falle , & MM. les
Chevaliers dans la chambre qui précédoit.
Au baiſe - main MM. les Grands-Croix pafferent
les premiers , enfuite le Corps des Galeres
avec moitié des Chevaliers Napolitains mêlés
, & enfin le Corps des Vaiffeaux avec l'autre
moitié des Chevaliers Napolitains .
Le baife -main fimi , MM. les Ambaffadeurs
fe retirerent dans l'ordre ci - deffus , & furent accompagnés
par le Capitaine des Gardes jufqu'à
AVRIL. 1756. 231
la porte , où il avoit été les recevoir Le même
cérémonial s'obferva chez la Reine ; dès
que M. le Bailli Duenas eût parlé , M. le Bailli
de Fleury prononça le difcours faivant :
MADAME ,
» Jamais l'Ordre de Malte n'a conçu des fentimens
plus vifs , que ceux que lui ont inf-
» piré les bontés de Votre Majefté Elles me
font efperer , MADAME , que vous voudrez
>> bien , en lui accordant votre protection , ajou
» ter encore à une grace auffi précieuſe , celle
» d'être perfuadée du défir qu'il a de la mé-
» riter.
M. le Bailli de Combreux fit enfuite fon
compliment. Sa Majefté répondit par des expreffions
très-obligeantes.
Après le baile - main , qui fe paffa comme chez
le Roi , MM . les Ambafladeurs furent à l'Audience
des Infants & Infantes qu'on avoit réunis
, & leur témoignerent en peu de mots les
fentimens de la Religion , leur Gouverneur &
Gouvernante répondirent pour leurs A. R. d'une
maniere extrêmement flatteufe . On y obferva
le même cérémonial qui s'étoit pratiqué chez
le Roi.
MM. les Ambaffadeurs fe retirerent enfuite
fur la Capitane dans l'ordre qu'ils en étoient
venus ; & après que le Majordome & l'Introducteur
fe furent repofés , ils les accompagnerent
jufqu'à la moitié de l'efcalier , où on les
avoit été recevoir. Peu de tems après leurs Excellences
furent voir Mezzo Infiocchi , le Miniftres
des Affaires Etrangeres , qui leur donna à
dîner avec les principales perfonnes de la Cour ,
231 MERCURE DE FRANCE.
·
& tous les Miniftres Etrangers. Après dîner ;
MM. les Ambaſſadeurs allerent voir dans le même
équipage les deux autres Miniftres d'Etat ,
& les deux Cardinaux.
Le foir on repréſenta l'Opéra au Théâtre de S.
Charles , qu'on avoit tout illuminé en flambeaux
de cire blanche. Il joua auffi quelques jours de
plus en faveur de l'Ambaflade.
Le 7 , M. le Bailli Duenas donna un dîner
femblable à celui du Miniftre des Affaires Errangeres.
"
Le 8 , M. le Bailli de Fleury demanda au Roi
la permiffion de donner une fête au Môle , &
de faire ôter les canons qui embarraffoient ; Sa
Majefté eut la bonté de le lui accorder. Dans
le même jour l'Artillerie fut tranſportée . Le projet
de la fête étoit de former trois grandes galeries
foutenues par des colonnes , de faire danfer
dans celle du milieu , & jouer dans les deux
autres. Quatre amphithéâtres , placés aux deux
extrêmités de la galerie dominante auroient
fervi pour la Mufique du Concert & du Bal.
L'Ambigu devoit être fervi dans la batterie qui est
après le Corps de Gardes. Les Galeres & les Vaiffeaux
illuminés auroient encadré la fête , & des
pyramides de lumieres , placées à droite & à gauche
dans toute la longeur du Môle , en devoient
faire l'avenue. En huit jours toute la charpente
fut élevée ; mais le mauvais tems qui furvint ,
obligea d'abandonner la place & de chercher
une maison.
>
Le jour de Notre- Dame de Pié -de-grotte ,
les Galeres & les Vaiffeaux furent mouiller auprès
de l'Eglife , où toute la Famille Royale devoit
venir en grand Gala.
Dès que le Roi parut , les deux Efcadres fe
AVRIL. 1756. 233
pavoiferent , & firent une falve royale de moufqueterie
& d'artillerie , qu'elles répéterent à
la Bénédiction , & lorfque Sa Majesté fortit de
l'Eglife .
Le 9 , M. le Général donna un dîner de 90
couverts à tous les Miniftres & Confeillers d'Etat
, Ambaffadeurs , Grands Officiers de la Cour ,
& autres perfonnes de confidération de la Ville
dans une falle qu'on avoit parée de tous les
ornemens qui pouvoient caractériſer l'objet de
la fête.
M. le Commandant des Vaiffeaux donna un
femblable repas. MM. les Capitaines des Galeres
firent éclater auffi leur magnificence par des
feftins & des bals également agréables & bien
fervis.
Le 13 , MM. les Baillis de Fleury & de Combreux
eurent l'honneur d'aller faire leur Cour
au Roi à Caferte , avec plufieurs Chevaliers des
deux Efcadres.
Le 14 , M. le Bailli Reggio envoya cent For
çats fur les Galeres , dont le Roi faifoit préfent
à la Religion .
Le 17 , M. le Bailli de Fleury donna un Bal
paré à toute la Cour & au Militaire ; Madame
la Ducheffe de Caftropignano en , fit les honneurs.
Il avoit emprunté un des plus grands Palais
de la Ville , des plus commodes & des
mieux fitués pour une femblable fête . On avoit
tendu tout l'appartement , qui étoit composé de
fix falles & deux grandes galeries , de damas
cramoifi , galonné d'or fur tous les lais , terminée
par une pente feftonnée , garnie de franges
d'or qui contournoit toutes les corniches.
La premiere falle après l'antichambre étoit
remplie de tables de jeu .
234 MERCURE DE FRANCE.
La Galerie d'après fervoit au Concert , on
l'on avoit raffemblé les meilleurs inftrumens &
les voix les plus célebres de Naples.
La troifieme , la quatrieme & la cinquieme
falle étoient confacrées encore au jeu .
1
La feconde Galerie fervoit pour le Bal ; on
l'avoit tendue en blanc bordé de moëre jaune
& verte galonnée d'or , terminée par une
pente blanche , feftonnée & garnie de franges
d'or. Deux Orchestres compofés de quarante inftrumens
, élevés en Amphithéâtres aux deux extrêmités
de la falle , jouoient enfemble ou alternativement
: le Maître à danfer des Infants
régloit les contredanfes .
>
La feptieme falle étoit diftinguée par le portrait
du Grand Maître , placé fous un dais galonné
d'or ; on jouoit dans cette falle comme
dans les quatre ci - deffus. Un cabinet de
toilette terminoit l'appartement qui étoit
éclairé autant qu'il pouvoit l'être . Toute la façade
de la maifon , & l'intérieur de la cour
étoient illuminés en flambeaux de cire blanche
& en pots à feu.
>
Un détachement de cinquante Suiffes avec un
Officier & deux Garçons Majors furent chargés
de garder la maifon , & de régler la place
des carroffes. Il y avoit un Sergent de Garde
dans chaque chambre. Les Buffets pour les rafraîchiffemens
, & l'Ambigu étoient diftribués
dans quatre chambres , qui avoient iffu dans le
milieu de l'appartement.
A huit heures du foir le Concert commença .
Deux heures après M. l'Ambaffadeur de France
ouvrit le Bal avec Madame la Princeffe d'Ardore
, fille de Madame la Ducheffe de Caftropignagno.
AVRIL. 1756. 235
Le Concert, le Bal , & environ foixante tables
de jeu occupoient alternativement toute l'Affemblée
. Cinquante Pages & foixante Valets de
chambre , empruntés felon l'ufage , diftribuerent
continuellement toutes fortes de glaces & d'affiettes
d'offices.
A une heure & demie on fervit cent vingtdeux
petites tables d'environ huit à dix couverts
chacune , en viandes froides , poiffons , & vins
étrangers. Cette façon d'ambigu neuve & bien
exécutée , fut extrêmement applaudie . On compta
plus de neuf cens perfonnes fervies à la fois.
Trois cens vingt Dames , & quatorze ou quinze
cens Cavaliers étoient priés .
Après l'ambigu , on recommença le Bal , &
la diftribution des glaces jufqu'à fix heures du
matin que la fête finit à la fatisfaction commune,
& fans le moindre accident.
Le jour de S. Ferdinand les Galeres furent
mouiller à Portici , & faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie .
Le foir les deux Efcadres firent une même
falve après la Ville.
Le 20 , M. le Marquis de Janucci remit de la
part du Roi trois Croix de Diamans à MM.
les Ambaffadeurs , en y joignant les témoignages
les plus diftingués de la fatisfaction qu'avoit
Sa Majefté de leurs fervices.
Le 23 , MM . les Baillis de Fleury & de Combreux
préfenterent à Leurs Majeftés les Chevaliers
des deux Efcadres pour prendre congé . Leurs
Excellences le prirent elles -mêmes enfuite privativement
dans le Cabinet du Roi , en renouvellant
au Roi & à la Reine les fentimens de
la Religion , & les leurs propres. M. le Bailli de
Fleury porta la parole le premier , ainsi que le
236 MERCURE DE FRANCE.
Roi l'avoit décidé. MM. les Baillis Duenas &
de Combreux firent enfuite leur compliment.
Leurs Majeftés répondirent par les affurances les
plus fatteufes de leur protection & de leur bienveillance
, louant beaucoup la conduite noble
de MM. les Chevaliers , & furtout le bon gouvernement
de S. A. E.
Le 27 , MM. les Ambaffadeurs s'étant embarqués
, les deux Efcadres faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie ,
& firent voile enfuite pour leur deſtination .
De l'Ambaffade extraordinaire de la Religion
de Malie auprès du Roi de deur Siciles ,
faite en 1755 , à l'occaſion du rétabliſſement
du Commerce avec ces deux Royaumes.
LE Confeil'ayant nommé MM. les Baillis de
Fleury & de Combreux Ambaffadeurs extraordinaires
auprès du Roi des deux Siciles , pour aller
conjointement avec M. le Bailli Dueñas affurer
Sa Majefté des fentimens de la Religion , M. le
Kv
226 MERCURE DE FRANCE.
Bailli de Fleury , Capitaine Général des Efcadres
de l'Ordre , fit voile le 11 d'Août , avec quatre
galeres , & deux vaiffeaux. Lorsqu'il fut
hors du Port , il envoya confirmer à M. le Bailli
de Combreux , Commandant des deux Navires ,
tout ce dont il étoit convenu avec lui , que chaque
efcadre navigueroit felon la nature de fes bâtimens
, fans s'alfujettir à être toujours unies ,
parce que n'ayant d'autre objet que de fe rendre
promptement à Baye , où MM. les Ambaffadeurs
avoient bien des arrangemens préliminaires
à prendre , avant d'aller à Naples , celui
qui arriveroit le premier , mettroit la main à
P'oeuvre pour accélérer toutes chofes .
Le 16,M. le Bailli de Fleury ayant appris , avant
de mouiller à Baye , que le Roi chaffoit à l'Ifle
Procita, fit revirer , pavoifer , & mettre fon Efcadre
en front de Bandiere . En approchant de l'iſle
les galeres firent trois falves royales de moufqueterie
, & d'artillerie , après lefquelles M. le
Général envoya donner part à Sa Majesté , qu'auffi
-tôt qu'il avoit fçu qu'elle devoit retourner
à Naples , il avoit fait route fur cette ifle , pour
avoir l'honneur de l'escorter ; & de lui faire
fa cour comme Général , en attendant qu'il pût
la lui faire comme Ambaffadeur de l'Ordre.
>
M. le Bailli de Reggio fit dire que le Roi
en feroit fort aife , & qu'il ne falloit plus le
faluer que de la voix . M. le Bailli de Fleury defcendit
à terre avec MM. les Capitaines , &
M. le Provéditeur qu'il préfenta à Sa Majesté. II
eut auffi l'honneur de lui dire qu'ayant fçu qu'Elle
devoit paffer la mer , il avoit cru devoir le mettre
à portée de recevoir les ordres. Le Roi l'en remercia
d'un air extrêmement affable , & s'embarqua
tout de fuite. Les galeres l'accompagnerent
AVRIL. 1756. 227
jufqu'à fon débarquement en faifant les mêmes.
manoeuvres que fes galiotes . Sa Majeſté envoya
le foir quatre faifans à M. le Bailli de Fleury , &
lui fit offrir la Darfe , ou le Môle de Naples pour
les galeres. Son Excellence répondit qu'elle étoit
extrêmement fenfible aux bontés du Roi , mais
que le mauvais air de la Darfe lui feroit préférer
le Môle.
Le 18 , M. le Général fut s'établir dans la maifon
de M. le Prince d'Ardore , qu'il avoit empruntée
pour tout le tems de l'Ambaffade.
Le 20 , les vaiffeaux arriverent à Baye , & en
partirent deux jours après avec les galeres pour Naples.
En découvrant le Palais du Roi , les deux
Efcadres fe pavoiferent , & firent trois falves royale
de moufqueterie , & d'artillerie .
Le 24 , MM. les Baillis de Fleury , & de Combreux
eurent l'honneur d'être préſentés au Roi , &
à la Reine comme Officiers Généraux , avec MM .
les Chevaliers des deux Efcadres. Ils furent voir en
Corps le même jour les trois Miniftres d'Etat , &
tous les Chefs de Cour.
Le 27 , l'Introducteur intima à MM les Ambaffadeurs
que Sa Majefté avoit fixé leur Entrée
au 6 de Septembre. Leurs Excellences firent part
auffi - tôt de leur arrivée à tous les Miniftres Etran
gers , ainfi qu'on en étoit convenu. Elles informerent
auffi tous les Grands- Croix , & Chevaliers
de Malte du jour de l'Entrée .
Le 6 de Septembre , au lever du foleil , on pavoifa
les Efcadres. A huit heures du matin MM.
les Ambaffadeurs , & tous les Grands-Croix , &
Chevaliers fe rendirent fur la Capitane . Une heure
après le Majordom de femaine , & l'Introducteur
s'étant fait annoncer , leurs Excellences furent les
recevoir à la moitié de l'eſcalier du Môle , accom-
Kvi
228 MERCURE DE FRANCE.
pagnées de MM . les Chevaliers qui fe rangerent
à droite , & à gauche. Les Gentilshommes , Pages
, & livrées de MM. les Ambaſſadeurs , bordoient
la haie depuis ledit efcalier jufqu'au carrofe
du Roi. Le Majordome , & l'Introducteur
prirent la droite de MM. les Ambaffadeurs , &
tous cinq furent dans cet Ordre s'affeoir dans la
pouppe de la Capitane , où perfonne n'entroit. Le
Corps de garde , un Caravanifte à la tête , préfenta
les Armes , & battit aux champs . On baifa la
tente , & on falua des trompettes , & de la voix .
Après une diftribution de rafraîchiffemens , &
un entretien qui fut très- bref, MM . les Chevaliers
monterent dans les carroffes des Miniftres, & Confeillers
d'Etat , dans ceux des Chefs de Cour , &
enfin dans ceux de la principale Nobleſſe . Tout le
cortege compofoit environ cent cinquante carroffes.
MM. les Ambaffadeurs partirent de la Capitane
avec le Majordome & l'Introducteur dans
l'ordre ci- deffus , & monterent dans le carroffe du
Roi. M. le Bailli Duenas , comme plus ancien ,
prit la droite dans le fond , M. le Bailli de Fleury
fa gauche , M. le Bailli de Combreux la droite
fur le devant , le Majordome à fa gauche , & l'Introducteur
fur un ftrapontin à la portiere droite.
Les deux Efcadres firent au départ du Correge
trois falves royales de moufqueterie & d'artil
lerie.
Douze coureurs de MM. les Ambaffadeurs ga-
Jonnés d'or ou d'argent fur toutes les coutures , &
trente-fix Valets de pied habillés de grande livrée
précédoient le carroffe du Roi. Six Pages de leurs
Excellences , galonnés très - richement , étoient à
droite , & à gauche des deux portieres . Quatre Vafets
de pied du Roi marchoient à côté deux.
Les trois carroffes de parade de MM. les AmAVRIL.
1756. 229
baffadenrs , attelés de fix chevaux chacun , magnifiquement
harnachés, fuivoient immédiatement celui
du Roi avec un Palefrenier qui marchoit à côté
des chevaux , habillé de grande livrée.
Le carroffe de l'Ambaffadeur plus ancien étoit vacant
, & marquoit le carroffe dureſpect .
MM. les Grands-Croix fuivoient dans les carroffes
des deux autres Ambaffadeurs , après lefquels
marchoient ceux des Miniftres , Confeillers d'Etat
, &c .
Le Secretaire d'Ambaffade étoit immédiatement
après le dernier carroffe des Chevaliers , &
les fix Gentilshommes de MM . les Ambaffadeurs ,
habillés très -richement , terminoient la fonction
dans trois autres carroffes.
On fit dans cet Ordre-là un grand tour par les
principales rue de la Ville. Tous les Corps de garde
devant lefquels paffoient MM. les Ambaffadeurs
portoient le fufil fur l'épaule , & rappelloient.
A 10 heures trois quarts ils arriverent au Palais.
Le carroffe feul du Roi & celui de refpect entrerent
dans la cour. MM . les Grands-Croix, & Chevaliers
defcendirent de carroffe à la parte de la Cour,
& vinrent précéder MM. les Ambaffadeurs. Les
Hallebardiers borderent la haie ſur l'eſcalier dans
les galeries, & dans leur falle . Le Commandant de
certe Compagnie fe trouva au bas de l'efcalier.Les
Gardes du Corps étoient le fufil fur l'épaule dans
leur falle , à la porte de laquelle le Capitaine reçut
MM les Ambaffadeurs. Les Sentinelles donnerent
le coup de talon . Auffi-tôt que leurs Excellences
furent arrivées dans la chambre , qui précédoit
la falle, du Trône , l'Introducteur fut en
donner part au Roi , qui vint fe placer debout
fous fon Dais avec les grands Officiers . MM. les
Ambaffadeurs , le Majordome , & l'Introducteur
230 MERCURE DE FRANCE.
feuls furent admis. Ils s'approcherent du Trône
en faifant trois profondes révérences , à chacune
defquelles le Roi levoit fon chapeau. M.
le Bailli Duenas , comme plus ancien , porta la
parole le premier , & remit les Letres de créance
, ainfi que Sa Majefté l'avoit décidé . M. le
Bailli de Fleury fit enfuite le compliment cijoint
:
» SIRE ,
>> La Religion , & le grand Maître ne défirent
rien plus ardemment que de plaire à Vo-
» tre Majefté . Leurs voeux & les miens , SIRE ,
» feroient remplis , fi je pouvois contribuer à ma-
>> nifefter à Votre Majefté toute l'étendue de ces
fentimens , & lui rendre les fervices de nos
» Efcadres agréables . n
M. le Bailli de Combreux confirma en peu
de mots les mêmes fentimens.
Sa Majefté répondit dans les termes les plus
obligeans. MM. les Ambaffadeurs fe rangerent
enfuite à la droite du Roi , pour laiffer défiler
MM. les Grands- Croix & Chevaliers , qui eurent
l'honneur de lui baifer la main.
Pendant l'Audience , MM. les Grinds- Croix
refterent à la porte de la falle , & MM. les
Chevaliers dans la chambre qui précédoit.
Au baiſe - main MM. les Grands-Croix pafferent
les premiers , enfuite le Corps des Galeres
avec moitié des Chevaliers Napolitains mêlés
, & enfin le Corps des Vaiffeaux avec l'autre
moitié des Chevaliers Napolitains .
Le baife -main fimi , MM. les Ambaffadeurs
fe retirerent dans l'ordre ci - deffus , & furent accompagnés
par le Capitaine des Gardes jufqu'à
AVRIL. 1756. 231
la porte , où il avoit été les recevoir Le même
cérémonial s'obferva chez la Reine ; dès
que M. le Bailli Duenas eût parlé , M. le Bailli
de Fleury prononça le difcours faivant :
MADAME ,
» Jamais l'Ordre de Malte n'a conçu des fentimens
plus vifs , que ceux que lui ont inf-
» piré les bontés de Votre Majefté Elles me
font efperer , MADAME , que vous voudrez
>> bien , en lui accordant votre protection , ajou
» ter encore à une grace auffi précieuſe , celle
» d'être perfuadée du défir qu'il a de la mé-
» riter.
M. le Bailli de Combreux fit enfuite fon
compliment. Sa Majefté répondit par des expreffions
très-obligeantes.
Après le baile - main , qui fe paffa comme chez
le Roi , MM . les Ambafladeurs furent à l'Audience
des Infants & Infantes qu'on avoit réunis
, & leur témoignerent en peu de mots les
fentimens de la Religion , leur Gouverneur &
Gouvernante répondirent pour leurs A. R. d'une
maniere extrêmement flatteufe . On y obferva
le même cérémonial qui s'étoit pratiqué chez
le Roi.
MM. les Ambaffadeurs fe retirerent enfuite
fur la Capitane dans l'ordre qu'ils en étoient
venus ; & après que le Majordome & l'Introducteur
fe furent repofés , ils les accompagnerent
jufqu'à la moitié de l'efcalier , où on les
avoit été recevoir. Peu de tems après leurs Excellences
furent voir Mezzo Infiocchi , le Miniftres
des Affaires Etrangeres , qui leur donna à
dîner avec les principales perfonnes de la Cour ,
231 MERCURE DE FRANCE.
·
& tous les Miniftres Etrangers. Après dîner ;
MM. les Ambaſſadeurs allerent voir dans le même
équipage les deux autres Miniftres d'Etat ,
& les deux Cardinaux.
Le foir on repréſenta l'Opéra au Théâtre de S.
Charles , qu'on avoit tout illuminé en flambeaux
de cire blanche. Il joua auffi quelques jours de
plus en faveur de l'Ambaflade.
Le 7 , M. le Bailli Duenas donna un dîner
femblable à celui du Miniftre des Affaires Errangeres.
"
Le 8 , M. le Bailli de Fleury demanda au Roi
la permiffion de donner une fête au Môle , &
de faire ôter les canons qui embarraffoient ; Sa
Majefté eut la bonté de le lui accorder. Dans
le même jour l'Artillerie fut tranſportée . Le projet
de la fête étoit de former trois grandes galeries
foutenues par des colonnes , de faire danfer
dans celle du milieu , & jouer dans les deux
autres. Quatre amphithéâtres , placés aux deux
extrêmités de la galerie dominante auroient
fervi pour la Mufique du Concert & du Bal.
L'Ambigu devoit être fervi dans la batterie qui est
après le Corps de Gardes. Les Galeres & les Vaiffeaux
illuminés auroient encadré la fête , & des
pyramides de lumieres , placées à droite & à gauche
dans toute la longeur du Môle , en devoient
faire l'avenue. En huit jours toute la charpente
fut élevée ; mais le mauvais tems qui furvint ,
obligea d'abandonner la place & de chercher
une maison.
>
Le jour de Notre- Dame de Pié -de-grotte ,
les Galeres & les Vaiffeaux furent mouiller auprès
de l'Eglife , où toute la Famille Royale devoit
venir en grand Gala.
Dès que le Roi parut , les deux Efcadres fe
AVRIL. 1756. 233
pavoiferent , & firent une falve royale de moufqueterie
& d'artillerie , qu'elles répéterent à
la Bénédiction , & lorfque Sa Majesté fortit de
l'Eglife .
Le 9 , M. le Général donna un dîner de 90
couverts à tous les Miniftres & Confeillers d'Etat
, Ambaffadeurs , Grands Officiers de la Cour ,
& autres perfonnes de confidération de la Ville
dans une falle qu'on avoit parée de tous les
ornemens qui pouvoient caractériſer l'objet de
la fête.
M. le Commandant des Vaiffeaux donna un
femblable repas. MM. les Capitaines des Galeres
firent éclater auffi leur magnificence par des
feftins & des bals également agréables & bien
fervis.
Le 13 , MM. les Baillis de Fleury & de Combreux
eurent l'honneur d'aller faire leur Cour
au Roi à Caferte , avec plufieurs Chevaliers des
deux Efcadres.
Le 14 , M. le Bailli Reggio envoya cent For
çats fur les Galeres , dont le Roi faifoit préfent
à la Religion .
Le 17 , M. le Bailli de Fleury donna un Bal
paré à toute la Cour & au Militaire ; Madame
la Ducheffe de Caftropignano en , fit les honneurs.
Il avoit emprunté un des plus grands Palais
de la Ville , des plus commodes & des
mieux fitués pour une femblable fête . On avoit
tendu tout l'appartement , qui étoit composé de
fix falles & deux grandes galeries , de damas
cramoifi , galonné d'or fur tous les lais , terminée
par une pente feftonnée , garnie de franges
d'or qui contournoit toutes les corniches.
La premiere falle après l'antichambre étoit
remplie de tables de jeu .
234 MERCURE DE FRANCE.
La Galerie d'après fervoit au Concert , on
l'on avoit raffemblé les meilleurs inftrumens &
les voix les plus célebres de Naples.
La troifieme , la quatrieme & la cinquieme
falle étoient confacrées encore au jeu .
1
La feconde Galerie fervoit pour le Bal ; on
l'avoit tendue en blanc bordé de moëre jaune
& verte galonnée d'or , terminée par une
pente blanche , feftonnée & garnie de franges
d'or. Deux Orchestres compofés de quarante inftrumens
, élevés en Amphithéâtres aux deux extrêmités
de la falle , jouoient enfemble ou alternativement
: le Maître à danfer des Infants
régloit les contredanfes .
>
La feptieme falle étoit diftinguée par le portrait
du Grand Maître , placé fous un dais galonné
d'or ; on jouoit dans cette falle comme
dans les quatre ci - deffus. Un cabinet de
toilette terminoit l'appartement qui étoit
éclairé autant qu'il pouvoit l'être . Toute la façade
de la maifon , & l'intérieur de la cour
étoient illuminés en flambeaux de cire blanche
& en pots à feu.
>
Un détachement de cinquante Suiffes avec un
Officier & deux Garçons Majors furent chargés
de garder la maifon , & de régler la place
des carroffes. Il y avoit un Sergent de Garde
dans chaque chambre. Les Buffets pour les rafraîchiffemens
, & l'Ambigu étoient diftribués
dans quatre chambres , qui avoient iffu dans le
milieu de l'appartement.
A huit heures du foir le Concert commença .
Deux heures après M. l'Ambaffadeur de France
ouvrit le Bal avec Madame la Princeffe d'Ardore
, fille de Madame la Ducheffe de Caftropignagno.
AVRIL. 1756. 235
Le Concert, le Bal , & environ foixante tables
de jeu occupoient alternativement toute l'Affemblée
. Cinquante Pages & foixante Valets de
chambre , empruntés felon l'ufage , diftribuerent
continuellement toutes fortes de glaces & d'affiettes
d'offices.
A une heure & demie on fervit cent vingtdeux
petites tables d'environ huit à dix couverts
chacune , en viandes froides , poiffons , & vins
étrangers. Cette façon d'ambigu neuve & bien
exécutée , fut extrêmement applaudie . On compta
plus de neuf cens perfonnes fervies à la fois.
Trois cens vingt Dames , & quatorze ou quinze
cens Cavaliers étoient priés .
Après l'ambigu , on recommença le Bal , &
la diftribution des glaces jufqu'à fix heures du
matin que la fête finit à la fatisfaction commune,
& fans le moindre accident.
Le jour de S. Ferdinand les Galeres furent
mouiller à Portici , & faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie .
Le foir les deux Efcadres firent une même
falve après la Ville.
Le 20 , M. le Marquis de Janucci remit de la
part du Roi trois Croix de Diamans à MM.
les Ambaffadeurs , en y joignant les témoignages
les plus diftingués de la fatisfaction qu'avoit
Sa Majefté de leurs fervices.
Le 23 , MM . les Baillis de Fleury & de Combreux
préfenterent à Leurs Majeftés les Chevaliers
des deux Efcadres pour prendre congé . Leurs
Excellences le prirent elles -mêmes enfuite privativement
dans le Cabinet du Roi , en renouvellant
au Roi & à la Reine les fentimens de
la Religion , & les leurs propres. M. le Bailli de
Fleury porta la parole le premier , ainsi que le
236 MERCURE DE FRANCE.
Roi l'avoit décidé. MM. les Baillis Duenas &
de Combreux firent enfuite leur compliment.
Leurs Majeftés répondirent par les affurances les
plus fatteufes de leur protection & de leur bienveillance
, louant beaucoup la conduite noble
de MM. les Chevaliers , & furtout le bon gouvernement
de S. A. E.
Le 27 , MM. les Ambaffadeurs s'étant embarqués
, les deux Efcadres faluerent le Roi de trois
falves royales de moufqueterie & d'artillerie ,
& firent voile enfuite pour leur deſtination .
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Résumé : RELATION De l'Ambassade extraordinaire de la Religion de Malte auprès du Roi de deux Siciles, faite en 1755, à l'occasion du rétablissement du Commerce avec ces deux Royaumes.
En 1755, le Conseil de l'Ordre de Malte désigna les Baillis de Fleury et de Combreux comme ambassadeurs extraordinaires auprès du Roi des Deux-Siciles pour rétablir le commerce entre les deux royaumes. Accompagnés du Bailli Dueñas, ils quittèrent Malte le 11 août avec quatre galères et deux vaisseaux. Le Bailli de Fleury, capitaine général des escadres, confirma les arrangements avec le Bailli de Combreux, chacun naviguant selon la nature de ses bâtiments pour se rendre rapidement à Baye. Le 16 août, apprenant que le Roi se trouvait à l'île Procida, le Bailli de Fleury se dirigea vers cette île, pavoisant et saluant le Roi avec des salves royales. Il fut reçu par le Roi, qui l'invita à l'escorter jusqu'à Naples. Le 18 août, le Bailli de Fleury s'installa dans la maison du Prince d'Ardore. Le 20 août, les vaisseaux arrivèrent à Baye et partirent deux jours plus tard pour Naples. Le 24 août, les Baillis de Fleury et de Combreux furent présentés au Roi et à la Reine, ainsi qu'aux ministres d'État et aux chefs de cour. Le 27 août, leur entrée officielle fut fixée au 6 septembre. Ce jour-là, après des salves royales et des saluts, les ambassadeurs furent reçus par le Majordome et l'Introducteur, puis conduits au palais royal dans un cortège de cent cinquante carrosses. Lors de l'audience, les Baillis remirent leurs lettres de créance et exprimèrent les sentiments de la Religion de Malte. Le Roi répondit de manière obligeante. Les ambassadeurs furent ensuite reçus par la Reine et les Infants, suivant un cérémonial similaire. Les jours suivants, des fêtes et des représentations d'opéra furent organisées en l'honneur des ambassadeurs. Le 13 septembre, les Baillis de Fleury et de Combreux rendirent visite au Roi à Caserte. Le 14 septembre, le Roi fit présent de cent forçats à la Religion. Le 17 septembre, le Bailli de Fleury organisa un bal à la cour. La fête somptueuse organisée dans une résidence, probablement celle d'un dignitaire ou d'un ambassadeur, fut marquée par une décoration luxueuse avec des galeries et des salles ornées de dorures, de franges et de tissus précieux. La soirée débuta par un concert à huit heures, suivi d'un bal ouvert par l'ambassadeur de France et la princesse d'Ardore. Environ soixante tables de jeu étaient disponibles, et des rafraîchissements et des glaces étaient servis dans quatre chambres. À une heure et demie, un dîner fut servi à cent vingt-deux petites tables, satisfaisant plus de neuf cents personnes. Environ trois cents vingt dames et quatorze à quinze cents cavaliers étaient invités. La fête se poursuivit avec le bal et la distribution de glaces jusqu'à six heures du matin. Le jour suivant, des galères saluèrent le roi à Portici, et le soir, deux escadres firent une salve après la ville. Le 20 avril, le marquis de Janucci remit des croix de diamants aux ambassadeurs au nom du roi. Le 23 avril, les baillis de Fleury et de Combreux présentèrent les chevaliers des escadres pour prendre congé, renouvelant leurs sentiments de respect et de loyauté. Le 27 avril, les ambassadeurs s'embarquèrent, et les escadres saluèrent le roi avant de partir pour leur destination.
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659
p. 195
DU LEVANT.
Début :
Le 9 de ce mois, le Chevalier de Vergennes, que le Roi de France [...]
Mots clefs :
Constantinople, Chevalier de Vergennes, Roi de France, Audience, Grand vizir, Sultane, Grossesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
le DE
CONSTANTINOPLE
14 , Février.
LE , de ce mois , le Chevalier de Vergennes ,
que le Roi de France a revêtu du caractere de fon
Ambaffadeur à la Porte eut en cette qualité fa
premiere audience du Grand Vifir. Il fut conduir
le lendemain à celle du Grand Seigneur , & il préfenta
la Lettre que Sa Majesté Très - Chrétienne a
écrite à Sa Hauteffe , pour la féliciter fur fon avénement
au Trône. On affure généralement qu'une
des Sultanes eft enceinte ; du moins il eft certain
que le Grand Seigneur a affigné un appartement
particulier à cette Favorite , & qu'elle eft traitée
avec des diftinctions , qui paroiffent confirmer le
bruit public.
le DE
CONSTANTINOPLE
14 , Février.
LE , de ce mois , le Chevalier de Vergennes ,
que le Roi de France a revêtu du caractere de fon
Ambaffadeur à la Porte eut en cette qualité fa
premiere audience du Grand Vifir. Il fut conduir
le lendemain à celle du Grand Seigneur , & il préfenta
la Lettre que Sa Majesté Très - Chrétienne a
écrite à Sa Hauteffe , pour la féliciter fur fon avénement
au Trône. On affure généralement qu'une
des Sultanes eft enceinte ; du moins il eft certain
que le Grand Seigneur a affigné un appartement
particulier à cette Favorite , & qu'elle eft traitée
avec des diftinctions , qui paroiffent confirmer le
bruit public.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 14 février, le Chevalier de Vergennes, nouvel ambassadeur de France, a été reçu par le Grand Vizir et le Sultan. Il a remis une lettre du Roi de France félicitant le Sultan pour son avènement. Des rumeurs évoquent une grossesse d'une sultane, non confirmée, mais elle a reçu un appartement particulier et des distinctions.
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660
p. 195
ALLEMAGNE.
Début :
On essuya le 18 du mois dernier dans toute la Silésie [...]
Mots clefs :
Wrocław, Ouragan, Destruction d'habitations, Destruction d'édifices
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE BRESLAU , le 9 Mars .
On effuya le 18 du mois dernier dans toute la
Siléfie un horrible ouragan ; non feulement les
maifons particulieres , mais même plufieurs édifices
publics , ont confidérablement fouffert ; la
plupart des arbres ont été déracinés dans la campagne.
DE BRESLAU , le 9 Mars .
On effuya le 18 du mois dernier dans toute la
Siléfie un horrible ouragan ; non feulement les
maifons particulieres , mais même plufieurs édifices
publics , ont confidérablement fouffert ; la
plupart des arbres ont été déracinés dans la campagne.
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661
p. 196-197
ESPAGNE.
Début :
On a reçu, au sujet des tremblements de terre qui ont détruit [...]
Mots clefs :
Madrid, Lisbonne, Tremblement de terre, Quito, Pérou, Décombres, Morts, Régiments, Sieur Castres, Droit sur les marchandises étrangères
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
E&SPAGNE.
DE MADRID , le 16 Mars.
On a reçu , au fujet des tremblemens de terre
qui ont détruit la ville de Quíto dans le Pérou ,
une Relation contenant les particularités fuivantes.
Le 26 Avril de l'année derniere , à huit
heures du matin , de violentes fecouffes donnerent
les premieres allarmes , & durerent trois
minutes. Peu après les fecouffes recommencerent
, mais avec moins de force ; elles fe fuccéderent
prefque fans interruption pendant le refte
de la matinée . Le 27 , à cinq heures après- midi ,
la fecouffe fut fi forte , que la plupart des Habitans
fortirent de la Ville , afin de n'être pas enfevelis
fous les ruines de leurs maifons . Entre
onze heures & minuit la terre trembla de nouveau
pendant cinq minutes . Après un court intervalle
on éprouva un nouveau tremblement
& l'on compta quatorze fecouffes confécutives.
Pendant toute la nuit les Eccléfiaftiques & les
Religieux furent occupés à exhorter & à confeffer
dans les rues & dans les places publiques . L'air
retentiffoit de plaintes & de gémiffemens . Le 28
fut l'époque fatale de la ruine de la Ville. On ne
peut fans horreur fe rappeller le fouvenir de cette
affreufe journée . Édifices publics , maifons particulieres
, tout s'écroula fucceffivement . A ce cruel
fpectacle , les Magiftrats firent ouvrir les prifons ,
& donnerent la liberté à toutes les perfonnes qui
n'étoient pas détenues pour des crimes capitaux.
Le Vicaire Général , en l'abſence de l'Evêque ,
donna permiffion aux Religieufes de quitter leur
clôture. Heureufement dans le commun défaftre ,
il n'a péri que 14 ou 15 perfonnes , tant vieillards
AVRIL 1756. no
1.97
que femmes & enfans. Tous les Habitans font
actuellement
difperfés dans la campagne ſous des
Tentes ou dans des Baraques. Le Gouverneur a
retiré dans ſa maiſon de campagne plus de fix cens
perfonnes , & il fournit aux frais de leur fubfiftance
. Depuis le 28 Avril jufqu'au 30 Mai que
cette Relation a été écrite , il s'eft paffé peu de
jours fans qu'on n'ait fenti quelque fecouffe.
DE LISBONNE , le 19 Février.
Le 19 Février au matin , on fentit encore ici
une nouvelle fecouffe de tremblement de terre ;
ellé dara près de trois minutes , & fa direction parut
être de l'Eft au Sud . Plufieurs Régimens d'Infanterie
, & celui de Dragons d'Evora , travaillent
à ouvrir des chemins à travers les ruines des mai
fons pour les voitures deftinées à enlever les décombres.
A l'exemple du fieur Caftres , Envoyé
Extraordinaire du Roi de la Grande- Bretagne , les
autres Miniftres Etrangers ont fait des repréfentations
au fujet de l'augmentation des droits établis
fur les marchandifes qui viennent du dehors .
DE MADRID , le 16 Mars.
On a reçu , au fujet des tremblemens de terre
qui ont détruit la ville de Quíto dans le Pérou ,
une Relation contenant les particularités fuivantes.
Le 26 Avril de l'année derniere , à huit
heures du matin , de violentes fecouffes donnerent
les premieres allarmes , & durerent trois
minutes. Peu après les fecouffes recommencerent
, mais avec moins de force ; elles fe fuccéderent
prefque fans interruption pendant le refte
de la matinée . Le 27 , à cinq heures après- midi ,
la fecouffe fut fi forte , que la plupart des Habitans
fortirent de la Ville , afin de n'être pas enfevelis
fous les ruines de leurs maifons . Entre
onze heures & minuit la terre trembla de nouveau
pendant cinq minutes . Après un court intervalle
on éprouva un nouveau tremblement
& l'on compta quatorze fecouffes confécutives.
Pendant toute la nuit les Eccléfiaftiques & les
Religieux furent occupés à exhorter & à confeffer
dans les rues & dans les places publiques . L'air
retentiffoit de plaintes & de gémiffemens . Le 28
fut l'époque fatale de la ruine de la Ville. On ne
peut fans horreur fe rappeller le fouvenir de cette
affreufe journée . Édifices publics , maifons particulieres
, tout s'écroula fucceffivement . A ce cruel
fpectacle , les Magiftrats firent ouvrir les prifons ,
& donnerent la liberté à toutes les perfonnes qui
n'étoient pas détenues pour des crimes capitaux.
Le Vicaire Général , en l'abſence de l'Evêque ,
donna permiffion aux Religieufes de quitter leur
clôture. Heureufement dans le commun défaftre ,
il n'a péri que 14 ou 15 perfonnes , tant vieillards
AVRIL 1756. no
1.97
que femmes & enfans. Tous les Habitans font
actuellement
difperfés dans la campagne ſous des
Tentes ou dans des Baraques. Le Gouverneur a
retiré dans ſa maiſon de campagne plus de fix cens
perfonnes , & il fournit aux frais de leur fubfiftance
. Depuis le 28 Avril jufqu'au 30 Mai que
cette Relation a été écrite , il s'eft paffé peu de
jours fans qu'on n'ait fenti quelque fecouffe.
DE LISBONNE , le 19 Février.
Le 19 Février au matin , on fentit encore ici
une nouvelle fecouffe de tremblement de terre ;
ellé dara près de trois minutes , & fa direction parut
être de l'Eft au Sud . Plufieurs Régimens d'Infanterie
, & celui de Dragons d'Evora , travaillent
à ouvrir des chemins à travers les ruines des mai
fons pour les voitures deftinées à enlever les décombres.
A l'exemple du fieur Caftres , Envoyé
Extraordinaire du Roi de la Grande- Bretagne , les
autres Miniftres Etrangers ont fait des repréfentations
au fujet de l'augmentation des droits établis
fur les marchandifes qui viennent du dehors .
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Résumé : ESPAGNE.
Le 26 avril de l'année précédente, Quito, au Pérou, a été ravagée par des tremblements de terre. À huit heures du matin, des secousses violentes ont duré trois minutes, suivies de mouvements sismiques continus jusqu'à l'après-midi. Le 27 avril, une forte secousse a poussé les habitants à fuir la ville. Entre onze heures et minuit, la terre a tremblé à nouveau pendant cinq minutes, avec quatorze secousses consécutives. Les ecclésiastiques ont passé la nuit à réconforter les habitants. Le 28 avril, la ville était entièrement détruite, entraînant la libération des prisonniers non capitaux et la permission pour les religieuses de quitter leur cloître. Seules 14 ou 15 personnes, principalement des vieillards, femmes et enfants, ont péri. Les habitants se sont dispersés dans la campagne sous des tentes ou dans des baraques. Le gouverneur a accueilli plus de six cents personnes dans sa maison de campagne. Des secousses ont continué à être ressenties jusqu'au 30 mai. À Lisbonne, le 19 février, une nouvelle secousse a été ressentie pendant près de trois minutes. Les régiments d'infanterie et de dragons ont travaillé à dégager les ruines. Les ministres étrangers ont protesté contre l'augmentation des droits sur les marchandises étrangères.
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662
p. 197-198
ITALIE.
Début :
Plusieurs habitants de cette Capitale prétendent que la nuit du 13 au 14 [...]
Mots clefs :
Naples, Palerme, Chevalier Gray, Audience du roi, Galères de Malte, Opium, Complot des Chiourmes, Empoisonnement, Mesures punitives
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
འ
DE NAPLES , le 26 Février.
Plufieurs habitans de cette Capitale prétendent
que la nuit du 13 au 14 la terre a tremblé ici
pendant quelques fecondes . Ces jours derniers le
Chevalier Gray , Envoyé Extraordinaire de Sa
Majefté Britannique , eut une audience du Roi . Il
a paffé ici un Vaiffeau Anglois , à bord duquel
étoit un Officier , qui eft defcendu à terre . Cet
Officier , après avoir conféré avec le Chevalier
Gray, & avec le fieur Jamiñeau , Conful de la
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Nation Angloife , s'eft rembarqué , & fon Batiment
a remis fur le champ à la voile. 1
DE PALERME , les Mars.
un
Deux Galeres de Malte ayant relâché ici ,
Forçat qui avoit eu la liberté de deſcendre à terre
demanda chez un Droguifte une certaine quantité
d'opium , & d'autres drogues fufpectes . Le Marchand
fous quelque prétexte , s'excufa de le fatisfaire
fur le champ , lui dit de repaffer dans une
heure , & pendant cet intervalle avertit les Commandans
des Galeres . L'Efclave fut arrêté ; il
avoua qu'une partie des Chiourmes avoit formé
le complot d'empoifonner tous les Chevaliers qui
étoient à bord des deux Bâtimens. On a pendu
ce miférable , & fes complices ont été jettés à la
mer.
འ
DE NAPLES , le 26 Février.
Plufieurs habitans de cette Capitale prétendent
que la nuit du 13 au 14 la terre a tremblé ici
pendant quelques fecondes . Ces jours derniers le
Chevalier Gray , Envoyé Extraordinaire de Sa
Majefté Britannique , eut une audience du Roi . Il
a paffé ici un Vaiffeau Anglois , à bord duquel
étoit un Officier , qui eft defcendu à terre . Cet
Officier , après avoir conféré avec le Chevalier
Gray, & avec le fieur Jamiñeau , Conful de la
1
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Nation Angloife , s'eft rembarqué , & fon Batiment
a remis fur le champ à la voile. 1
DE PALERME , les Mars.
un
Deux Galeres de Malte ayant relâché ici ,
Forçat qui avoit eu la liberté de deſcendre à terre
demanda chez un Droguifte une certaine quantité
d'opium , & d'autres drogues fufpectes . Le Marchand
fous quelque prétexte , s'excufa de le fatisfaire
fur le champ , lui dit de repaffer dans une
heure , & pendant cet intervalle avertit les Commandans
des Galeres . L'Efclave fut arrêté ; il
avoua qu'une partie des Chiourmes avoit formé
le complot d'empoifonner tous les Chevaliers qui
étoient à bord des deux Bâtimens. On a pendu
ce miférable , & fes complices ont été jettés à la
mer.
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Résumé : ITALIE.
Le 26 février à Naples, des habitants signalent un tremblement de terre nocturne. Le Chevalier Gray, représentant britannique, a récemment rencontré le Roi. Un vaisseau anglais a accosté, transportant un officier qui a rencontré Gray et Jamiñeau, consul anglais, avant de repartir. À Palerme, le 1er mars, deux galères de Malte ont fait escale. Un forçat a acheté des drogues suspectes, alertant les commandants. Il a avoué un complot pour empoisonner les Chevaliers à bord. Le forçat a été pendu, et ses complices jetés à la mer.
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663
p. 198-200
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
La Cour a envoyé ordre à Portsmouth d'y préparer pour la [...]
Mots clefs :
Londres, Sa Majesté, Chambre des communes, Comte de Holderness, Amérique septentrionale, Régiment, Mobilisation, Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 25 mars 1756, la Cour britannique a ordonné la préparation d'une escadre de dix vaisseaux de guerre à Portsmouth, destinée à la Méditerranée, sous le commandement des amiraux Byng et West. Le 23 mars, le Comte de Holderness a informé la Chambre des préparatifs français pour une invasion de la Grande-Bretagne. En réponse, le Roi a augmenté les forces terrestres et navales et a pris des mesures de défense, incluant la requête d'envoi de troupes du Landgrave de Hesse-Cassel. Les Chambres ont assuré leur soutien au Roi et ont autorisé un emprunt d'un million de sterling pour la sécurité du Royaume. Les officiers des troupes à Gibraltar et Minorque ont rejoint leurs corps, et l'Amiral Byng se préparait à partir pour la Méditerranée. Deux camps devaient être formés en Irlande, et les milices y étaient mobilisées.
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664
p. 245
DU LEVANT.
Début :
Il y eut hier en cette Ville un nouvel incendie : [...]
Mots clefs :
Constantinople, Incendie, Secours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Mars.
IL y eut hier en cette ville un nouvel incendie
huit cens maifons ont été réduites en cendres.
Pendant tout le tems qu'a duré l'embraſement
le Grand Vifir a été à cheval , pour faire
fecours partout où il étoit néceffaire.
DE CONSTANTINOPLE , le 1 Mars.
IL y eut hier en cette ville un nouvel incendie
huit cens maifons ont été réduites en cendres.
Pendant tout le tems qu'a duré l'embraſement
le Grand Vifir a été à cheval , pour faire
fecours partout où il étoit néceffaire.
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665
p. 245
DU NORD.
Début :
On a reçu avis qu'à Romdehlem, situé à environ vingt [...]
Mots clefs :
Copenhague, Effondrement d'une montagne, Inondations, Morts, Dégâts
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE COPPENHAGUE, le 17 Mars.
On a reçu avis qu'à Romdehlem , fitué à environ
vingt lieues de Drontheim , une montagne
très haute s'étoit écroulée. Par cet accident , le
cours d'une riviere , qui a près de deux lieues de
large , a été interrompu , & toutes les campagnes
voifines ont été inondées. Il a péri trente
perfonnes & un grand nombre de beftiaux . Les
eaux ont renversé plufieurs maiſons.
DE COPPENHAGUE, le 17 Mars.
On a reçu avis qu'à Romdehlem , fitué à environ
vingt lieues de Drontheim , une montagne
très haute s'étoit écroulée. Par cet accident , le
cours d'une riviere , qui a près de deux lieues de
large , a été interrompu , & toutes les campagnes
voifines ont été inondées. Il a péri trente
perfonnes & un grand nombre de beftiaux . Les
eaux ont renversé plufieurs maiſons.
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666
p. 245-246
ALLEMAGNE.
Début :
Le 26 du mois dernier, le Duc de Nivernois prit congé du Roi. [...]
Mots clefs :
Berlin, Duc de Nivernois, Présent du roi, Académie royale des sciences et belles-lettres, Élection, Chapitre Minden, Croix d'or
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE BERLIN , le 9 Avril.
Le 26 du mois dernier , le Duc de Nivernois
prit congé du Roi . Sa Majesté a fait préfent à ce
Seigneur de fon portrait enrichi de diamans , d'une
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
tabatiere faite de deux pierres précieufes , &
d'une bague de grand prix.
L'Académie Royale des Sciences & Belles - Lettres
, dans la Séance qu'elle tint le premier de ce
mois , élut l'Eveque de Breflaw & l'Abbé de Prades
, pour Académiciens Honoraires.
Sa Majefté a accordé aux Chanoines du Chapitre
de Minden le droit de porter une Croix d'Or
émaillée de blanc , fur laquelle eft l'Aigle Noir
de Pruffe au milieu d'une Etoile furmontée d'une
Couronne. On voit au revers un Chiffre compofé
des Lettres P. & G. qui défignent Saint Pierre
& Saint Georges , Patrons du Chapitre. Cette
Croix eſt attachée à un ruban céladon .
DE BERLIN , le 9 Avril.
Le 26 du mois dernier , le Duc de Nivernois
prit congé du Roi . Sa Majesté a fait préfent à ce
Seigneur de fon portrait enrichi de diamans , d'une
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
tabatiere faite de deux pierres précieufes , &
d'une bague de grand prix.
L'Académie Royale des Sciences & Belles - Lettres
, dans la Séance qu'elle tint le premier de ce
mois , élut l'Eveque de Breflaw & l'Abbé de Prades
, pour Académiciens Honoraires.
Sa Majefté a accordé aux Chanoines du Chapitre
de Minden le droit de porter une Croix d'Or
émaillée de blanc , fur laquelle eft l'Aigle Noir
de Pruffe au milieu d'une Etoile furmontée d'une
Couronne. On voit au revers un Chiffre compofé
des Lettres P. & G. qui défignent Saint Pierre
& Saint Georges , Patrons du Chapitre. Cette
Croix eſt attachée à un ruban céladon .
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 26 mars, le Duc de Nivernois reçut du Roi d'Allemagne un portrait orné de diamants, une tabatière et une bague. Le 1er avril, l'Académie Royale élut l'Évêque de Breslau et l'Abbé de Prades Académiciens Honoraires. Le Roi accorda aux Chanoines de Minden une Croix d'Or émaillée, ornée de l'Aigle Noir et attachée à un ruban céladon.
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667
p. 246-247
ESPAGNE.
Début :
Don Ascensio Mendez, Prêtre, né à Coïmbre en Portugal, mourut [...]
Mots clefs :
Madrid, Don Ascensio Mendez, Lisbonne, Victimes du tremblement de terre, Projet de reconstruction, Secousses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE MADRID , le 6 Avril.
Don Afcenfio Mendez , Prêtre , né à Coïmbre
en Portugal , mourut ici le 24 du mois dernier ,
âgé de cent deux ans , quatre mois & vingt- fix
jours. Cette année , il traverfoit encore à pied
une partie de la Ville tous les matins , pour aller
dire la Meffe à l'Hôpital Général , & jamais il ne
s'eft fervi de lunettes,
DE LISBONNE , le 3 Mars.
La plupart des habitans de cette Capitale , à qui
il reste encore dans leurs maifons quelque partie
habitable , viennent l'occuper pendant le jour. Ils
retournent le foir à la campagne , pour y cou
cher fous des Tentes . Suivant le plan fur lequel
on fe propofe de rebâtir Lifbonne , fa nouvelle enceinte
fera confidérablement plus grande que l'ancienne
, tant parce que les rues feront plus lar
M A I. 1756. 247
3
ges , que parce que les maiſons n'auront que deux
étages.
La fécurité , dont on commençoit à jouir ici ,
n'a pas duré long - tems . Avant - hier on effuya
une nouvelle fecouffe de tremblement de terre ,
plus violente que toutes celles qui s'étoient fait
fentir depuis le 21 Décembre.
DE MADRID , le 6 Avril.
Don Afcenfio Mendez , Prêtre , né à Coïmbre
en Portugal , mourut ici le 24 du mois dernier ,
âgé de cent deux ans , quatre mois & vingt- fix
jours. Cette année , il traverfoit encore à pied
une partie de la Ville tous les matins , pour aller
dire la Meffe à l'Hôpital Général , & jamais il ne
s'eft fervi de lunettes,
DE LISBONNE , le 3 Mars.
La plupart des habitans de cette Capitale , à qui
il reste encore dans leurs maifons quelque partie
habitable , viennent l'occuper pendant le jour. Ils
retournent le foir à la campagne , pour y cou
cher fous des Tentes . Suivant le plan fur lequel
on fe propofe de rebâtir Lifbonne , fa nouvelle enceinte
fera confidérablement plus grande que l'ancienne
, tant parce que les rues feront plus lar
M A I. 1756. 247
3
ges , que parce que les maiſons n'auront que deux
étages.
La fécurité , dont on commençoit à jouir ici ,
n'a pas duré long - tems . Avant - hier on effuya
une nouvelle fecouffe de tremblement de terre ,
plus violente que toutes celles qui s'étoient fait
fentir depuis le 21 Décembre.
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Résumé : ESPAGNE.
Le texte décrit deux événements distincts en Espagne et au Portugal. À Madrid, le 6 avril, il est rapporté que Don Afcenfio Mendez, un prêtre né à Coïmbre au Portugal, est décédé le 24 mars à l'âge de 102 ans, 4 mois et 26 jours. Malgré son grand âge, il se rendait à pied chaque matin à l'Hôpital Général pour dire la messe et n'utilisait jamais de lunettes. À Lisbonne, le 3 mars, il est mentionné que les habitants de la capitale, dont les maisons sont encore habitables, les occupent pendant la journée et retournent camper dans des tentes à la campagne pour dormir. La reconstruction de Lisbonne prévoit une nouvelle enceinte plus grande que l'ancienne, avec des rues plus larges et des maisons à deux étages seulement. Cependant, la sécurité récemment retrouvée a été perturbée par un violent tremblement de terre survenu deux jours avant la date du rapport, plus puissant que ceux ressentis depuis le 21 décembre précédent.
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668
p. 247-248
ITALIE.
Début :
On écrit de Malte, que pendant le cours de Février on y a [...]
Mots clefs :
Rome, Secousses, Comte de Stainville, Ambassadeur extraordinaire, Gentilhommes, Cardinal
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
DE ROME, le 3 Avril.
On écrit de Malte , que pendant le cours de
Février on y a fenti deux fecouffes de tremblement
de terre , mais qu'elles ont cauſé peu
dommage.
de
Le 28 Mars , M. le Comte de Stainville, Ambaf
fadeur Extraordinaire du Roi de France , s'étant
rendu au Palais de la Chambre Apoftolique hors
de la porte du Peuple , tous les Miniftres Etrangers
, ainfi que les Cardinaux , les Princes , les
principaux Prélats & autres perfonnes de diftinction
, envoyerent dans leurs carroffes de céré~
monie leurs Gentilshommes , pour le complimenter.
Cet Ambaffadeur , accompagné du Cardinal
Portocarrero , & des Abbés de Canillac &
de Berulle , Auditeurs de Rote , le premier pour
la France , le fecond pour l'Eſpagne , monta enfuite
dans un carroffe de parade , que Te Cardinal
Valenti Gonzaga , Camerlingue du Saint Siege ,
& Secretaire d'Etat , lui avoit envoyé , & il fit en
cette Capitale fon Entrée publique. L'ordre fuivant
fut obfervé dans la marche : deux Poftillons ; deux
Couriers ; deux Trompettes ; fix Fourgons couverts
de houffes aux Armes de l'Ambaffadeur ;
Liv
248 MERCURE DE FRANCE.
1
>
fix chevaux de felle avec de riches caparaçons ;
trente- huit Eftafiers ; deux Suiffes à cheval ;
vingt-quatre Officiers ; un Ecuyer & un Sous-
Ecuyer. Aux deux côtés du carroffe , dans lequel
étoit l'Ambaffadeur , marchoient fes huit Pages à
cheval. Cette entrée , non feulement par la magnificence
de la Livrée de M. le Comte de Stainville
mais encore par le grand nombre des équipages
qui accompagnerent le cortége , a fourni à cette
Ville un fpectable des plus pompeux. Lorſque
l'Ambaffadeur fut arrivé au Palais de France , il
y fit diftribuer une grande abondance de rafraîchiffemens.
Quelque temps après , il fe rendit
avec fes carroffes & fa fuite au Palais du Quirinał ,
où il eut fa premiere audience publique du Pape.
M. le Comte de Stainville , après cette audience à
laquelle il fut conduit par le Cardinal Portocarrero,
rendit vifite au Cardinal Camerlingue . Il retourna
enfuite au Palais de France . Il y trouva les préfens
que Sa Sainteté y avoit fait porter , & qui
confiftoient en trente fix corbeilles , remplies de
rafraîchiffemens de diverfes efpeces.
DE ROME, le 3 Avril.
On écrit de Malte , que pendant le cours de
Février on y a fenti deux fecouffes de tremblement
de terre , mais qu'elles ont cauſé peu
dommage.
de
Le 28 Mars , M. le Comte de Stainville, Ambaf
fadeur Extraordinaire du Roi de France , s'étant
rendu au Palais de la Chambre Apoftolique hors
de la porte du Peuple , tous les Miniftres Etrangers
, ainfi que les Cardinaux , les Princes , les
principaux Prélats & autres perfonnes de diftinction
, envoyerent dans leurs carroffes de céré~
monie leurs Gentilshommes , pour le complimenter.
Cet Ambaffadeur , accompagné du Cardinal
Portocarrero , & des Abbés de Canillac &
de Berulle , Auditeurs de Rote , le premier pour
la France , le fecond pour l'Eſpagne , monta enfuite
dans un carroffe de parade , que Te Cardinal
Valenti Gonzaga , Camerlingue du Saint Siege ,
& Secretaire d'Etat , lui avoit envoyé , & il fit en
cette Capitale fon Entrée publique. L'ordre fuivant
fut obfervé dans la marche : deux Poftillons ; deux
Couriers ; deux Trompettes ; fix Fourgons couverts
de houffes aux Armes de l'Ambaffadeur ;
Liv
248 MERCURE DE FRANCE.
1
>
fix chevaux de felle avec de riches caparaçons ;
trente- huit Eftafiers ; deux Suiffes à cheval ;
vingt-quatre Officiers ; un Ecuyer & un Sous-
Ecuyer. Aux deux côtés du carroffe , dans lequel
étoit l'Ambaffadeur , marchoient fes huit Pages à
cheval. Cette entrée , non feulement par la magnificence
de la Livrée de M. le Comte de Stainville
mais encore par le grand nombre des équipages
qui accompagnerent le cortége , a fourni à cette
Ville un fpectable des plus pompeux. Lorſque
l'Ambaffadeur fut arrivé au Palais de France , il
y fit diftribuer une grande abondance de rafraîchiffemens.
Quelque temps après , il fe rendit
avec fes carroffes & fa fuite au Palais du Quirinał ,
où il eut fa premiere audience publique du Pape.
M. le Comte de Stainville , après cette audience à
laquelle il fut conduit par le Cardinal Portocarrero,
rendit vifite au Cardinal Camerlingue . Il retourna
enfuite au Palais de France . Il y trouva les préfens
que Sa Sainteté y avoit fait porter , & qui
confiftoient en trente fix corbeilles , remplies de
rafraîchiffemens de diverfes efpeces.
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Résumé : ITALIE.
En février, deux secousses sismiques ont été enregistrées à Malte, causant peu de dommages. Le 28 mars, le comte de Stainville, ambassadeur extraordinaire du roi de France, a effectué une entrée solennelle à Rome. Accompagné du cardinal Portocarrero et des abbés de Canillac et de Bérulle, il a été transporté dans un carrosse de parade fourni par le cardinal Valenti Gonzaga. Le cortège comprenait divers membres, dont des postillons, des courriers, des trompettes, des fourgons, des chevaux de selle, des estafiers, des suisses, des officiers et des pages. Cette entrée, marquée par la magnificence de la livrée de l'ambassadeur et le grand nombre d'équipages, a offert un spectacle pompeux à la ville. À son arrivée au Palais de France, l'ambassadeur a distribué des rafraîchissements. Il s'est ensuite rendu au Palais du Quirinal pour sa première audience publique avec le pape, accompagné du cardinal Portocarrero. Après cette audience, il a rendu visite au cardinal camerlingue avant de retourner au Palais de France, où il a trouvé des présents du pape, consistant en trente-six corbeilles de rafraîchissements variés.
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669
p. 248-249
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le 6, le Lord Marie, les Aldermans & les Scheriffs, [...]
Mots clefs :
Londres, Adresse au roi, Allégeance au roi, Lord Marie, Shérifs, Aldermans, Thomas Pownall, Gouverneur de la Nouvelle Angleterre, Régiments, Amérique
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
DE LONDRES , le 15 Avril.
Le 6, le Lord Marie , les Aldermans & les Scheriffs
, préfenterent au Roi une Adreſſe , par laquelle
ils affurerent Sa Majefté , qu'ils facrifieroient
leurs biens & leurs vies pour la défenſe de
fa Perfonne & de fon Gouvernement. Le Roi répondit
: Je vous remercie des marques que vous
me donnez de votre zele & de votre affection , &
je me repose fermement ſur vos promeffes. La Ville
de Londres peut toujours compter fur ma bienveil
MA I. 1756. 249
Lance fur ma protection. Le Corps des Négocians
de cette Capitale , & le Scheriff du Duché
d'Yorck , ont préfenté auffi des Adreffes à Sa Majeſté.
Le fieur Thomas Pownall vient d'être nommé
Gouverneur de la Nouvelle Angleterre , à la place
du fieur Shirley. Une partie des troupes deftinées
pour l'Acadie eft déja embarquée à Plymouth. On
fe propofe d'envoyer une fomme confidérable en
Amérique. Les , les Amiraux Byng & Weft firent
voile de Spitéad avec dix Vaiffeaux de guerre
pour la Méditerranée. Le Chef d'Efcadre Keppel
les fuivit le même jour avec 4 Vaiffeaux . Le Gouvernement
a donné ordre de couler à fond tous les
Bâtimens de Pêcheur , qui ont été pris fur les
François Le nombre des troupes Hanovériennes
qui doivent paffer dans la Grande - Bretagne , fera
de neuf mille hommes d'Infanterie , neuf cens de
Cavalerie , & trois cens du Corps d'Artillerie Gn
a tiré de l'Arcenal de la Tour quarante pieces decanon
, pour les tranſporter à Portſmouth . Sui
vant les nouvelles de Saffron - Walden , le 18 du
mois dernier à dix heures du matin , on y entendit
tout à coup un bruit extraordinaire . Peu après,
il tomba une grande quantité de grêle , dont la
plupart des grains avoient jufqu'à trois pouces &
demi de circonférence .
La Cour a ordonné de reftituer le Vaiſſeau
François , dont le Vaiffeau de guerre l'Expérience
s'eft emparé à peu de diſtance de Cadix,
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 6 avril, les autorités de Londres, incluant le Lord Maire, les Aldermen et les Sheriffs, ont exprimé leur dévouement à défendre le roi et son gouvernement, même au prix de leurs biens et de leurs vies. Le roi a remercié et affirmé sa confiance en leur soutien. Les négociants de Londres et le Sheriff du Duché d'York ont également présenté des adresses similaires. Thomas Pownall a été nommé gouverneur de la Nouvelle Angleterre, succédant à Shirley. Des troupes pour l'Acadie ont été embarquées à Plymouth, et des renforts pour l'Amérique sont prévus. Les amiraux Byng et West, ainsi que le chef d'escadre Keppel, ont pris la mer vers la Méditerranée avec des vaisseaux de guerre. Le gouvernement a ordonné de couler les bateaux de pêche français capturés et a préparé des troupes hanovriennes pour la Grande-Bretagne, incluant de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie. Des canons ont été transférés de la Tour de Londres à Portsmouth. À Saffron-Walden, un phénomène météorologique inhabituel avec une chute de grêle de grande taille a été observé. La Cour a ordonné la restitution d'un vaisseau français capturé par le navire de guerre l'Expérience près de Cadix.
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670
p. 207
DU NORD.
Début :
En conséquence d'un Décret qui vient d'être publié, les Vaisseaux soit [...]
Mots clefs :
Copenhague, Décret, Vaisseaux, Cronenbourg
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NOR D.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
DE
COPPENHAGUE , le IS Avril.
EN conféquence d'un Décret qui vient d'être
publié, les Vaiffeaux foit nationaux foit étrangers,
feront tenus à l'avenir , lorfqu'ils pafferont le
Sund , de baiffer le pavillon pendant cinq minutes
devant la fortereffe de Cronenbourg , fous
peine d'y être contrains par le canon de cette
Fortereffe.
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671
p. 207-209
ALLEMAGNE.
Début :
On mande de Belgrade que la tranquillité y est enfin rétablie; [...]
Mots clefs :
Vienne, Dresde, Berlin, Bonn, Fin des séditions, Ali Pacha Hekin Oglou, Conférences de Hall, Diplomatie, Édit, Marquis de Monteil, Ministre plénipotentiaire de France
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 24 Avril.
On mande de Belgrade que la tranquillité y eft
enfin rétablie ; qu'Achmet , chef des féditieux , a
été étranglé , & que quelques autres des principaux
mutins ont été condamnés aux galeres . Selon
les avis reçus de Conftantinople , le Grand Vifir
Saïd Mehemet Pacha a été déposé le premier de
ce mois , & relégué à Stanchio , une des Iles de
P'Archipel. En attendant que Sa Hauteffe lui
donne un fucceffeur , l'Aga des Janiffaires remplit
les fonctions de premier Miniftre. On croit que
les fceaux de l'Empire feront confiés pour la cinquieme
fois au fameux Ali Pacha Hekin Oglou.
208 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 20 Avril.
Quelques Gazettes étrangeres ont publié fans
fondement , que les conférences de Hall étoient
rompues. Les Commiffaires du Roi & ceux de Sa
Majeſté Pruffienne continuent d'y être affemblés..
M. de Linau , Secretaire de l'Ainbaffade de France
en cette Cour , ayant obtenu la permiffion de
retourner à Paris à caufe de fes indifpofitions , eft
remplacé par M de Lancey qui a rélidé pendant
quelques années de la part de Sa Majeſté très-
Chrétienne auprès du Kan des Tartares de Crimée.
DE BERLIN , le 24 Avril.
Il paroît un Edit , par lequel le Roi défend la
fortie de toutes matieres d'or & d'argent . Les
Miniftres qui résident de la part du Roi à Vienne
& à Rat:fbonne , ont ordre de faire connoître à
l'Empereur & à la Diete de l'Empire , « que Sa
Majefté n'a jamais refufé de s'entendre avec le
>>Duc de Mecklenbourg fur les moyens d'accom-
»moder leur différend par des voies amiables ;
» qu'elle perfévere dans les mêmes difpofitions ,
»& qu'il ne dépend que de ce Prince de voir
l'affire bientôt terminée , s'il veut adopter les
tempéramens qui lui ont été propofés , & fe,
»prêter à des explications fatisfaifantes fur les
» malentendus qui ont été la fource principale
»du différend . »
DE BONN , le 22 Avril.
M. le Marquis de Monteil , nouveau Miniftre
Plénipotentiaire de France , eut le 16 & le 17 de
ce mois deux audiences particulieres de Son AlJUIN.
1756. 209
teffe Electorale . Le 19 , il eut fa premiere audience
publique. M. de Sindt alla le prendre dans les
carroffes de la Cour, En arrivant au Palais , M. le
Marquis de Monteil fut reçu au bas de l'escalier
par le Grand Echanfon ; à la falle des Gardes , par
le Grand Maître des Cuifines ; à la premiere antichambre
, par le Grand Maréchal , & à la feconde
par le Comte de Hohenzollern , Miniftre des Conférences.
Après l'audience , il eut l'honneur de
dîner avec l'Electeur.
DE VIENNE , le 24 Avril.
On mande de Belgrade que la tranquillité y eft
enfin rétablie ; qu'Achmet , chef des féditieux , a
été étranglé , & que quelques autres des principaux
mutins ont été condamnés aux galeres . Selon
les avis reçus de Conftantinople , le Grand Vifir
Saïd Mehemet Pacha a été déposé le premier de
ce mois , & relégué à Stanchio , une des Iles de
P'Archipel. En attendant que Sa Hauteffe lui
donne un fucceffeur , l'Aga des Janiffaires remplit
les fonctions de premier Miniftre. On croit que
les fceaux de l'Empire feront confiés pour la cinquieme
fois au fameux Ali Pacha Hekin Oglou.
208 MERCURE DE FRANCE.
DE DRESDE , le 20 Avril.
Quelques Gazettes étrangeres ont publié fans
fondement , que les conférences de Hall étoient
rompues. Les Commiffaires du Roi & ceux de Sa
Majeſté Pruffienne continuent d'y être affemblés..
M. de Linau , Secretaire de l'Ainbaffade de France
en cette Cour , ayant obtenu la permiffion de
retourner à Paris à caufe de fes indifpofitions , eft
remplacé par M de Lancey qui a rélidé pendant
quelques années de la part de Sa Majeſté très-
Chrétienne auprès du Kan des Tartares de Crimée.
DE BERLIN , le 24 Avril.
Il paroît un Edit , par lequel le Roi défend la
fortie de toutes matieres d'or & d'argent . Les
Miniftres qui résident de la part du Roi à Vienne
& à Rat:fbonne , ont ordre de faire connoître à
l'Empereur & à la Diete de l'Empire , « que Sa
Majefté n'a jamais refufé de s'entendre avec le
>>Duc de Mecklenbourg fur les moyens d'accom-
»moder leur différend par des voies amiables ;
» qu'elle perfévere dans les mêmes difpofitions ,
»& qu'il ne dépend que de ce Prince de voir
l'affire bientôt terminée , s'il veut adopter les
tempéramens qui lui ont été propofés , & fe,
»prêter à des explications fatisfaifantes fur les
» malentendus qui ont été la fource principale
»du différend . »
DE BONN , le 22 Avril.
M. le Marquis de Monteil , nouveau Miniftre
Plénipotentiaire de France , eut le 16 & le 17 de
ce mois deux audiences particulieres de Son AlJUIN.
1756. 209
teffe Electorale . Le 19 , il eut fa premiere audience
publique. M. de Sindt alla le prendre dans les
carroffes de la Cour, En arrivant au Palais , M. le
Marquis de Monteil fut reçu au bas de l'escalier
par le Grand Echanfon ; à la falle des Gardes , par
le Grand Maître des Cuifines ; à la premiere antichambre
, par le Grand Maréchal , & à la feconde
par le Comte de Hohenzollern , Miniftre des Conférences.
Après l'audience , il eut l'honneur de
dîner avec l'Electeur.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1756, plusieurs événements politiques et diplomatiques marquent l'Europe. À Belgrade, la paix est rétablie après l'exécution d'Achmet, chef des rebelles, et la condamnation d'autres mutins aux galères. À Constantinople, le Grand Vizir Saïd Mehemet Pacha est déposé et exilé, et l'Aga des Janissaires assure l'intérim. À Dresde, les rumeurs sur la rupture des conférences de Halle sont infondées, et M. de Lancey remplace M. de Linau comme secrétaire de l'ambassade de France. À Berlin, un édit royal interdit l'exportation de matières d'or et d'argent, et les ministres du Roi tentent de résoudre un différend avec le Duc de Mecklenbourg de manière amiable. À Bonn, le Marquis de Monteil, nouveau ministre plénipotentiaire de France, rencontre l'Électeur et divers dignitaires de la cour.
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672
p. 209
ESPAGNE.
Début :
Presque tous les jours on éprouve ici quelques nouvelles secousses [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Tremblement de terre, Dégâts, Reconstruction, Régence d'Hambourg, Aide matérielle
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 28 Mars.
- Prefque tous les jours on éprouve ici quelques
nouvelles fecouffes de tremblement de terre . C'eſt
ordinairement pendant le crépuscule du matin &
quelques inftans après le coucher du foleil , qu'elles
fe font fentir . Le 11 , il y en eut une qui caufa
divers dommages. Une maifon dans laquelle
étoient logés fept Domeftiques du Comte d'Aran
da , Ambaffadeur Extraordinaire d'Efpagne , fur
renversée , & ils coururent rifque de périr fous
les ruines. Heureuſement on les en retira , mais
cinq ont été confidérablement bleffés.
Deux Navires chargés de bois de charpente &
d'autres matériaux, que la Régence de Hambourg
envoie au Roi pour être employés à la reconftruction
de cette Ville , font entrés dans le Tage .
DE LISBONNE , le 28 Mars.
- Prefque tous les jours on éprouve ici quelques
nouvelles fecouffes de tremblement de terre . C'eſt
ordinairement pendant le crépuscule du matin &
quelques inftans après le coucher du foleil , qu'elles
fe font fentir . Le 11 , il y en eut une qui caufa
divers dommages. Une maifon dans laquelle
étoient logés fept Domeftiques du Comte d'Aran
da , Ambaffadeur Extraordinaire d'Efpagne , fur
renversée , & ils coururent rifque de périr fous
les ruines. Heureuſement on les en retira , mais
cinq ont été confidérablement bleffés.
Deux Navires chargés de bois de charpente &
d'autres matériaux, que la Régence de Hambourg
envoie au Roi pour être employés à la reconftruction
de cette Ville , font entrés dans le Tage .
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Résumé : ESPAGNE.
Depuis le 28 mars, des secousses sismiques fréquentes sont signalées à Lisbonne, souvent au crépuscule ou après le coucher du soleil. Le 11 mars, une secousse a endommagé une maison abritant sept domestiques du Comte d'Aranda, blessant grièvement cinq d'entre eux. Deux navires de la Régence de Hambourg, chargés de matériaux pour la reconstruction, sont entrés dans le Tage.
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673
p. 209-211
ITALIE.
Début :
Sur la nouvelle que cinq Corsaires de Barbarie ont paru sur la côte, [...]
Mots clefs :
Naples, Rome, Venise, Civitavecchia, Corsaires , Lutte, Éruption du Vésuve, Herculanum, Statues de marbre, M. de la Condamine, Tempête, Tremblement de terre
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI EN.
*
DE NAPLES , le 12 Avril.
Sur la nouvelle que cinq Corfaires de Barbarie
ont paru fur la côte , les quatre chabecs qu'on
210 MERCURE DE FRANCE .
armoit dans ce port en font fortis pour leur don
ner la chaffe. Trois vaiffeaux de guerre Anglois ,
qui croifoient depuis près de deux mois dans ces
parages , font allés joindre d'autres vaiffeaux de
leur nation dans le Golfe de Lyon.
Le Mont Vésuve continue de jetter beaucoup
de flammes , & de temps en temps on entend des
bruits fouterreins femblables à celui d'un violent
tonnerre.
On a tiré encore depuis peu des fouterreins
d'Herculanum trois Statues de marbre , qui paroiffent
être de l'école Grecque. La nouvelle galerie
que Sa Majefté a fait conftruire , eft actuellement
ornée de plufieurs des plus beaux ouvrages
du Titien , de Michel -Ange , de Raphaël , du
Guide & d'Aunibal Carache.
DE ROME , le 10 Avril.
M. de la Condamine , de l'Académie Royale
des Sciences de Paris , de celle de Berlin & de la
Société Royale de Londres , après avoir fait ici
un long féjour , fe difpofe à retourner en France .
Sa Sainteté l'admit le 6 à fon audience , & lui fit
un préfent d'une valeur confidérable .
DE CIVITAVECCHIA , le 26 Avril.
Il y a eu ces jours- ci une violente tempête.
Quelques Vaiffeaux ont échoué fur la côte , &
l'on affure que deux Bâtimens Barbareſques ont
péri avec leurs équipages.
DE VENISE , le 20 Avril.
On fentit ici le 13 de ce mois une fecouffe de
tremblement de terre , qui dura une demi-minute.
JUIN. 1756.
211
A trois heures après-midi , il y eut une feconde
fecouffe : l'une & l'autre n'ont caufé aucun dommage.
*
DE NAPLES , le 12 Avril.
Sur la nouvelle que cinq Corfaires de Barbarie
ont paru fur la côte , les quatre chabecs qu'on
210 MERCURE DE FRANCE .
armoit dans ce port en font fortis pour leur don
ner la chaffe. Trois vaiffeaux de guerre Anglois ,
qui croifoient depuis près de deux mois dans ces
parages , font allés joindre d'autres vaiffeaux de
leur nation dans le Golfe de Lyon.
Le Mont Vésuve continue de jetter beaucoup
de flammes , & de temps en temps on entend des
bruits fouterreins femblables à celui d'un violent
tonnerre.
On a tiré encore depuis peu des fouterreins
d'Herculanum trois Statues de marbre , qui paroiffent
être de l'école Grecque. La nouvelle galerie
que Sa Majefté a fait conftruire , eft actuellement
ornée de plufieurs des plus beaux ouvrages
du Titien , de Michel -Ange , de Raphaël , du
Guide & d'Aunibal Carache.
DE ROME , le 10 Avril.
M. de la Condamine , de l'Académie Royale
des Sciences de Paris , de celle de Berlin & de la
Société Royale de Londres , après avoir fait ici
un long féjour , fe difpofe à retourner en France .
Sa Sainteté l'admit le 6 à fon audience , & lui fit
un préfent d'une valeur confidérable .
DE CIVITAVECCHIA , le 26 Avril.
Il y a eu ces jours- ci une violente tempête.
Quelques Vaiffeaux ont échoué fur la côte , &
l'on affure que deux Bâtimens Barbareſques ont
péri avec leurs équipages.
DE VENISE , le 20 Avril.
On fentit ici le 13 de ce mois une fecouffe de
tremblement de terre , qui dura une demi-minute.
JUIN. 1756.
211
A trois heures après-midi , il y eut une feconde
fecouffe : l'une & l'autre n'ont caufé aucun dommage.
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Résumé : ITALIE.
Le 12 avril, Naples a armé quatre navires pour contrer cinq corsaires barbaresques apparus sur la côte. Trois vaisseaux de guerre anglais, présents depuis deux mois, ont rejoint d'autres navires dans le Golfe de Lyon. Le Mont Vésuve reste actif, projetant des flammes et des bruits souterrains. À Herculanum, trois statues de marbre de l'école grecque ont été découvertes. La nouvelle galerie du roi est décorée d'œuvres majeures du Titien, de Michel-Ange, de Raphaël, du Guide et d'Annibal Carrache. Le 10 avril, à Rome, M. de la Condamine, membre de plusieurs académies scientifiques, s'apprête à retourner en France après un long séjour. Le pape l'a reçu en audience le 6 avril et lui a offert un présent de valeur. Le 26 avril, à Civitavecchia, une tempête a causé l'échouage de plusieurs vaisseaux et la perte de deux bâtiments barbaresques avec leurs équipages. Le 20 avril, à Venise, deux secousses sismiques ont été ressenties le 13 avril sans causer de dommages.
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674
p. 211-212
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On a reçu la confirmation que l'Escadre Françoise, commandée par M. Perrier de Salvert, [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Amiral Holbourne, Amérique, Siège du Fort de la Couronne, Tensions, Camps, Français, Fortifications
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
DE LONDRES , le 22 Avril.
On a reçu la confirmation
que l'Efcadre
Françoife
, commandée
par M. Perrier de Salvert ,
s'étoit emparée de trois Navires Anglois , dont un
a été conduit à Cadix , & les deux autres à Morlaix .
Le Vaiffeau de guerre le Newcastle
, de l'Eſcadre
de l'Amiral Hawke , a enlevé à la hauteur du Cap
Ortugal deux Bâtimens François : l'un de quatorze
canons & de cinquante
- fept hommes d'équipage
,
alloit au Cap Breton ; l'autre , chargé de vin ,
de
farine & de balles de moufquet , étoit deftiné pour
le Canada. L'Amiral
Holbourne
fit voile le is de
Plymouth
pour l'Amérique
avec quelques
Vaiffeaux
de guerre , & avec plufieurs
Bâtimens
de
tranfport
fur lefquels on a fait embarquer
le Régi
ment d'Otway
& celui des Montagnards
Ecoffois.
On équipe à Spithéad
une nouvelle
Efcadre de
huit Vaiffeaux
, dont l'Amiral Bofcawen
aura le
commandement
. Selon les lettres de la Virginie
on doit commencer
dans les premiers
jours du
mois prochain
le fiege du Fort de la Couronne
.
Les mêmes dépêches
affurent qu'on augmente
avec toute la diligence
poffible les fortifications
des principales
Villes des Colonies , & que l'on y
conftruit
divers Forts . On écrit d'Irlande
qu'on y
fait les difpofitions
néceffaires
pour les trois
camps que le Gouvernement
fe propofe d'y
former cette année. Le Lord Barrington
, Secretaire
de la Guerre , a annoncé
publiquement
, par
212 MERCURE DE FRANCE.
ordre du Roi , que la plupart des Régimens étant
complets , Sa Majefté juge à propos de fufpendre
l'exécution du Bill , qui ordonne de lever des foldats
par force.
>
Sa Majefté a fait fçavoir à M. le Chevalier de
Bouville commandant le Vaiffeau de guerre
François l'Espérance , & aux autres Officiers François
, prifonniers à Leycefter , qu'ils pouvoient
porter l'épée & fe promener hors de la Ville ,
pourvu qu'ils y rentraffent les foirs.
Tout le bois de fapin qui a été apporté en dernier
lieu de Norwege , a été acheté & embarqué
pour le Portugal . Les troupes n'attendent pour
camper que l'écoulement des eaux , qui en divers
endroits ont inondé une grande étendue de pays.
Le camp que l'on fe propofe de former dans les
environs de Cantorbery , fera composé de vingtcinq
mille hommes. On prépare des quartiers:
dans le Comte de Hampshire pour les troupes
Hanoveriennes & Heffoifes , qui débarqueront
dans un Port de cette Province.
Un Navire Anglois ayant échoué près de Calais ,
les François fe font emparés de fa cargaifon , &
ont fait l'équipage prifonnier. On équipe à Portf
mouth & à Plymouth deux Efcadres , dont le
public ignore la deſtination .
"
On affure que l'Amiral Byng est arrivé le 26
du mois dernier à Gibraltar. L'Efcadre de cet
Amiral fera renforcée de quatre Vaiffeaux , qui
doivent faire inceffamment voile de Spithéad.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 22 avril, des nouvelles rapportent que la frégate française commandée par M. Perrier de Salvert a capturé trois navires anglais. Le vaisseau britannique Newcastle, de l'escadre de l'amiral Hawke, a intercepté deux bâtiments français près du Cap Vertugal. L'amiral Holbourne a quitté Plymouth pour l'Amérique avec plusieurs vaisseaux et régiments. Une escadre de huit vaisseaux, commandée par l'amiral Boscawen, est en cours d'équipement à Spithead. En Virginie, le siège du Fort de la Couronne doit commencer début mai, tandis que les colonies renforcent leurs fortifications. En Irlande, trois camps doivent être formés. Le recrutement forcé des soldats est suspendu. Le roi a permis aux officiers français prisonniers à Leicester de porter l'épée. Tout le bois de sapin importé de Norvège a été acheté pour le Portugal. Les troupes attendent la baisse des eaux pour camper, notamment un camp de vingt-cinq mille hommes près de Cantorbery. Des quartiers sont préparés pour les troupes hanovriennes et hessoises. Un navire anglais échoué près de Calais a été capturé par les Français. Deux escadres sont en cours d'équipement à Portsmouth et Plymouth. L'amiral Byng est arrivé à Gibraltar et son escadre doit être renforcée.
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675
p. 201-202
ITALIE.
Début :
Le Mont Vesuve, après avoir fait longtemps entendre un grand bruit, a jetté [...]
Mots clefs :
Naples, Venise, Mont Vésuve, Nuages de cendres, Fumée, Attaque, Chabec de Tripoli, Combat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E
DE NAPLES , le 24 Avril.
Le Mont Vefuv
E Mont Vefuve , après avoir fait longtemps
entendre un grand bruit , a jetté pendant quatre
jours beaucoup de matiere bitumineule. Lorfque
cette éruption a ceffé , trois Seigneurs Angloisont
voulu monter au haut du Mont , pour examiner
les bouches du Volcan. Ils ont été prefque
fuffoqués par des nuages de cendres & de fumée
peu s'en eft fallu que leur curiofité ne leur air
fait éprouver le fort de Pline le Naturalifte .
&
DE VENISE , le 14 Mai.
Une Tartane , que commande le Comte Eva
nowitz , Dalmatien , fut attaquée le 19 du mois
dernier près des Bouches de Cattaro par un Chabec
de Tripoli , de quarante-deux canons , & de
cinq cens hommes d'équipage. Quoiqu'elle ne fût
montée que de quarante-fix Efclavons , elle s'eft
emparée du Bâtiment ennemi , après quatre heu
res de combat. Les Efclavons n'ont voulu accor--
der aucun quartier aux Tripolitains . La perte des.
premiers auroit été peu confidérable , fi le Chevalier
Evanowitz n'avoit pas été tué. Le Chabeç
I..
202 MERCURE DE FRANCE.
*
ayant été fi maltraité qu'il n'étoit plus en état de
fervir , on y a mis le feu.
DE NAPLES , le 24 Avril.
Le Mont Vefuv
E Mont Vefuve , après avoir fait longtemps
entendre un grand bruit , a jetté pendant quatre
jours beaucoup de matiere bitumineule. Lorfque
cette éruption a ceffé , trois Seigneurs Angloisont
voulu monter au haut du Mont , pour examiner
les bouches du Volcan. Ils ont été prefque
fuffoqués par des nuages de cendres & de fumée
peu s'en eft fallu que leur curiofité ne leur air
fait éprouver le fort de Pline le Naturalifte .
&
DE VENISE , le 14 Mai.
Une Tartane , que commande le Comte Eva
nowitz , Dalmatien , fut attaquée le 19 du mois
dernier près des Bouches de Cattaro par un Chabec
de Tripoli , de quarante-deux canons , & de
cinq cens hommes d'équipage. Quoiqu'elle ne fût
montée que de quarante-fix Efclavons , elle s'eft
emparée du Bâtiment ennemi , après quatre heu
res de combat. Les Efclavons n'ont voulu accor--
der aucun quartier aux Tripolitains . La perte des.
premiers auroit été peu confidérable , fi le Chevalier
Evanowitz n'avoit pas été tué. Le Chabeç
I..
202 MERCURE DE FRANCE.
*
ayant été fi maltraité qu'il n'étoit plus en état de
fervir , on y a mis le feu.
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Résumé : ITALIE.
Le 24 avril, le mont Vésuve a émis un grand bruit et expulsé une grande quantité de matière bitumineuse pendant quatre jours. À la fin de l'éruption, trois seigneurs anglais ont tenté de monter au sommet du volcan mais ont failli être asphyxiés par des nuages de cendres et de fumée. Le 14 mai, une tartane commandée par le Comte Evanowitz a été attaquée près des Bouches de Cattaro par un chébec de Tripoli équipé de quarante-deux canons et cinq cents hommes d'équipage. Malgré les quarante-six esclaves à bord de la tartane, ils ont capturé le navire ennemi après quatre heures de combat. Les esclaves n'ont accordé aucun quartier aux Tripolitains. La perte des esclaves aurait été minime si le Chevalier Evanowitz n'avait pas été tué. Le chébec, gravement endommagé, a été incendié.
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676
p. 202
PAYS-BAS.
Début :
Il fut décidé le 25, dans l'assemblée des Etats Généraux, que cette [...]
Mots clefs :
La Haye, États généraux , Décisions, Neutralité, Guerre franco-anglaise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 28 May.
Il fut décidé le 25 , dans l'affemblée des Etats
Généraux , que cette République obferveroit une
exacte neutralité dans la guerre qui s'eſt allumée
entre la France & la Grande- Bretagne.
DE LA HAYE , le 28 May.
Il fut décidé le 25 , dans l'affemblée des Etats
Généraux , que cette République obferveroit une
exacte neutralité dans la guerre qui s'eſt allumée
entre la France & la Grande- Bretagne.
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677
p. 202-204
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Roi se rendit le 27 à la Chambre des Pairs avec les cérémonies accoutumées, [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des pairs, Chambre des communes, Sa Majesté, Discours, Guerre contre la France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE-BRE•TAGNE.
DE LONDRES , le 31 Mai.
Le Roi fe rendit le 27 à la Chambre des Pairs
avec les cérémonies accoutumées , & Sa Majefté
ayant mandé la Chambre des Communes , fit la
clôture des Séances du Parlement par le Difcours
fuivant. MYLORDS ET MESSTEURS , il est juste qu'après
avoir donné une application fi longue &fi conf
tante aux affaires publiques , vous preniez quelque
relâche . It eft jufte auſſi que je vousfaſſe més remerciemens
finceres de l'ardeur efficace , avec laquelle
vous m'avez aidé à foutenir la caufe dans laquelle
je me trouve engagé pour la Nation . Les infultes
2
les hoftilités commifes depuis quelque temps par
les François contre mes Etats & contre mes Sujets
viennent d'être fuivies d'une invafion dans l'Ifle
Minorque , quoique cette poffeffion me foit garantie
par toutes les Puillances de l'Europe , en particulier
par le Roi des François. Ainfi , pour défendre
l'honneur de ma Couronne les droits de mes
Sujets , j'ai été dans la néceffité de déclarer formel-
Tement la guerre à la France. Je me repose sur la
JUILLET. 1756. 203
Protection Divine & fur la vigoureuſe affiftance de
mes fideles Sujets dans une cauſeſi jußte. MESSIEURS
DE LA CHAMBRE DES COMMUNES , je vous remercie
de la promptitude avec laquelle vous m'avez accordé
des fecours fi confidérables. Vous pouvez être af
furés , qu'ils feront employés aux fins falutaires
pour lesquelles vous les avez donnés . MYLORDS ET
MESSIEURS , rien ne m'a plus fatisfait que la confiance
, que vous avez en moi. C'est la marque la
plus agréable , que je puiſſe recevoir de votre reconnoiffance.
Auffi vous devez être perfuadés , queje
n'en ferai ufage que pour votre avantage. Le maintien
de votre Religion , de vos Libertés de votre
Indépendance , eft fera toujours mon principal
objet. Je compte que de votre côté , vous ne vous
manquerez pas à vous-mêmes. Le Roi , en terminant
les Séances du Parlement , s'eft contenté d'ajourner
cette Affemblée ; & le Parlement eft cen
fé n'être point prorogé , mais fufpendre feulement
fes délibérations.
En conféquence de la Déclaration de guerre ,
publiée le 18 , le Roi a ordonné d'expédier des
Lettres de Marque aux Armateurs , pour les autorifer
à faire la courfe. Sa Majefté fe réſervera la
moitié de toutes les prifes qui fe feront , foit en
Navires Marchands , foit en Bâtimens Corſaires ;
& les fommes , qui proviendront de cette réferve
, feront employées à donner des gratifications
aux équipages qui s'empareront de quelques
Vaiffeaux de guerre des ennemis. La Fregate la
Lime rentra le 23 dans ce Port , extrêmement
maltraitée. Elle a recu quatre- vingts coups de canon
dans la voile de fon grand perroquet , cinquante-
quatre dans fa grande voile , & plufieurs à
fleur d'eau .
Depuis qu'on a publié la Déclaration de guerre,
-Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
il s'eft préfenté à la Banque un fi grand nombre
de perfonnes , pour retirer leurs fonds , que , ne
pouvant faire face à toutes les demandes , elle a
été obligée un de ces jours derniers , de fufpendre
pendant huit heures les payemens .
DE LONDRES , le 31 Mai.
Le Roi fe rendit le 27 à la Chambre des Pairs
avec les cérémonies accoutumées , & Sa Majefté
ayant mandé la Chambre des Communes , fit la
clôture des Séances du Parlement par le Difcours
fuivant. MYLORDS ET MESSTEURS , il est juste qu'après
avoir donné une application fi longue &fi conf
tante aux affaires publiques , vous preniez quelque
relâche . It eft jufte auſſi que je vousfaſſe més remerciemens
finceres de l'ardeur efficace , avec laquelle
vous m'avez aidé à foutenir la caufe dans laquelle
je me trouve engagé pour la Nation . Les infultes
2
les hoftilités commifes depuis quelque temps par
les François contre mes Etats & contre mes Sujets
viennent d'être fuivies d'une invafion dans l'Ifle
Minorque , quoique cette poffeffion me foit garantie
par toutes les Puillances de l'Europe , en particulier
par le Roi des François. Ainfi , pour défendre
l'honneur de ma Couronne les droits de mes
Sujets , j'ai été dans la néceffité de déclarer formel-
Tement la guerre à la France. Je me repose sur la
JUILLET. 1756. 203
Protection Divine & fur la vigoureuſe affiftance de
mes fideles Sujets dans une cauſeſi jußte. MESSIEURS
DE LA CHAMBRE DES COMMUNES , je vous remercie
de la promptitude avec laquelle vous m'avez accordé
des fecours fi confidérables. Vous pouvez être af
furés , qu'ils feront employés aux fins falutaires
pour lesquelles vous les avez donnés . MYLORDS ET
MESSIEURS , rien ne m'a plus fatisfait que la confiance
, que vous avez en moi. C'est la marque la
plus agréable , que je puiſſe recevoir de votre reconnoiffance.
Auffi vous devez être perfuadés , queje
n'en ferai ufage que pour votre avantage. Le maintien
de votre Religion , de vos Libertés de votre
Indépendance , eft fera toujours mon principal
objet. Je compte que de votre côté , vous ne vous
manquerez pas à vous-mêmes. Le Roi , en terminant
les Séances du Parlement , s'eft contenté d'ajourner
cette Affemblée ; & le Parlement eft cen
fé n'être point prorogé , mais fufpendre feulement
fes délibérations.
En conféquence de la Déclaration de guerre ,
publiée le 18 , le Roi a ordonné d'expédier des
Lettres de Marque aux Armateurs , pour les autorifer
à faire la courfe. Sa Majefté fe réſervera la
moitié de toutes les prifes qui fe feront , foit en
Navires Marchands , foit en Bâtimens Corſaires ;
& les fommes , qui proviendront de cette réferve
, feront employées à donner des gratifications
aux équipages qui s'empareront de quelques
Vaiffeaux de guerre des ennemis. La Fregate la
Lime rentra le 23 dans ce Port , extrêmement
maltraitée. Elle a recu quatre- vingts coups de canon
dans la voile de fon grand perroquet , cinquante-
quatre dans fa grande voile , & plufieurs à
fleur d'eau .
Depuis qu'on a publié la Déclaration de guerre,
-Lvj
204 MERCURE DE FRANCE.
il s'eft préfenté à la Banque un fi grand nombre
de perfonnes , pour retirer leurs fonds , que , ne
pouvant faire face à toutes les demandes , elle a
été obligée un de ces jours derniers , de fufpendre
pendant huit heures les payemens .
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 27 mai, le roi de Grande-Bretagne a clôturé les séances du Parlement en exprimant sa gratitude aux parlementaires pour leur engagement face aux hostilités françaises, notamment l'invasion de Minorque. En réponse, il a déclaré la guerre à la France pour défendre l'honneur de sa couronne et les droits de ses sujets. Le roi a remercié les Communes pour les secours accordés et assuré qu'ils seraient utilisés à bon escient. Il a souligné son engagement à maintenir la religion, les libertés et l'indépendance de la nation. Le Parlement a été ajourné sans prorogation. Suite à la déclaration de guerre, le roi a ordonné l'expédition de lettres de marque aux armateurs pour autoriser la course. La Banque a suspendu les paiements pendant huit heures en raison d'un afflux massif de retraits. La frégate La Lime est rentrée au port gravement endommagée.
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678
p. 221
ALLEMAGNE.
Début :
Il y eut ici le 19 de ce mois une affreuse tempête. [...]
Mots clefs :
Francfort, Aix-la-Chapelle, Tempête, Dégâts, Grêle, Animaux morts, Récoltes détruites, Tremblement de terre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE FRANCFORT , le 25 Juin.
ItLy eut ici le 19 de ce mois une affreufe
tempête. Les perfonnes les plus âgées ne fe fouviennent
pas d'en avoir vu une femblable.
La plupart des toits ont été emportés par le vent ,
ou brifés par la grêle , dont plufieurs grains
étoit de la groffeur d'un ceuf de poule. Un grand
nombre d'animaux ont été tués dans la campagne ,
Le dommage qu'elle a fouffert , eft d'autant
plus à déplorer , qu'on avoit l'efpérance d'une
abondante récolte. On a éprouvé les mêmes accidens
le même jour à Cologne .
D'AIX LA CHAPELLE , le 8 Juin.
·
Il y eut ici le 3 Juin une fecouffe de tremblement
de terre. On a reçu avis qu'elle avoit
été beaucoup plus violente à Duren , à Sittart ,
à Maeftricht , à Liége & à Cologne. Heureufement
elle n'a cauſé nulle part aucun dommage.
DE FRANCFORT , le 25 Juin.
ItLy eut ici le 19 de ce mois une affreufe
tempête. Les perfonnes les plus âgées ne fe fouviennent
pas d'en avoir vu une femblable.
La plupart des toits ont été emportés par le vent ,
ou brifés par la grêle , dont plufieurs grains
étoit de la groffeur d'un ceuf de poule. Un grand
nombre d'animaux ont été tués dans la campagne ,
Le dommage qu'elle a fouffert , eft d'autant
plus à déplorer , qu'on avoit l'efpérance d'une
abondante récolte. On a éprouvé les mêmes accidens
le même jour à Cologne .
D'AIX LA CHAPELLE , le 8 Juin.
·
Il y eut ici le 3 Juin une fecouffe de tremblement
de terre. On a reçu avis qu'elle avoit
été beaucoup plus violente à Duren , à Sittart ,
à Maeftricht , à Liége & à Cologne. Heureufement
elle n'a cauſé nulle part aucun dommage.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 19 juin, Francfort et Cologne ont été touchées par une violente tempête, endommageant les toits et tuant des animaux. Le 3 juin, un séisme a été ressenti à Aix-la-Chapelle et dans plusieurs villes voisines, sans causer de dégâts.
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679
p. 221-222
ITALIE.
Début :
On a trouvé dans les fondements de la maison du Comte [...]
Mots clefs :
Rome, Gênes, Statue hermaphrodite, Corsaires d'Alger, Pirates, Esclaves, Marquis Ferreri
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME, le 29 Mai.
On a trouvé dans les fondemens de la maifon
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
du Comte Bolognetti une très- belle Statue
seprefentant un Hermaphrodite.
DE GENES , le 20 Juin.
On a été informé par une Pinque de Barcelone ,
que des Corfaires d'Alger avoit fait une defcente
près du Cap de Créau en Catalogne ; mais que
ies Païfans de la côte ayant auffitôt pris les armes ,
ces Pyrates avoient été obligés de fe rembarquer
précipitamment ; que cependant ils avoient eu le
tems de faire quelques efclaves , du nombre
defquels étoit le Marquis Ferreri.
DE ROME, le 29 Mai.
On a trouvé dans les fondemens de la maifon
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
du Comte Bolognetti une très- belle Statue
seprefentant un Hermaphrodite.
DE GENES , le 20 Juin.
On a été informé par une Pinque de Barcelone ,
que des Corfaires d'Alger avoit fait une defcente
près du Cap de Créau en Catalogne ; mais que
ies Païfans de la côte ayant auffitôt pris les armes ,
ces Pyrates avoient été obligés de fe rembarquer
précipitamment ; que cependant ils avoient eu le
tems de faire quelques efclaves , du nombre
defquels étoit le Marquis Ferreri.
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Résumé : ITALIE.
En Italie, deux événements ont été rapportés. À Rome, le 29 mai, une statue d'Hermaphrodite a été découverte. À Gênes, le 20 juin, des corsaires d'Alger ont attaqué près du Cap de Creus en Catalogne. Les habitants ont repoussé les pirates, mais ces derniers ont capturé quelques esclaves, dont le Marquis Ferreri.
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680
p. 222
PAYS-BAS.
Début :
Bien loin que les Anglois ayent relâché aucun des Navires Hollandois, dont [...]
Mots clefs :
Amsterdam, Anglais, Navires hollandais, Détention, Lieutenant Général Hop, Sel
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS - BAS.
*
D'AMSTERDAM , le 23 Juin.
Bien loin que les Anglois ayent relâché aucun
des Navires Hollandois , dont ils fe font emparés
depuis quelque tems , ils viennent d'en conduire
encore plufieurs aux Dunes , où ils en détiennent
actuellement quarante. Les Patrons de
ces Bâtimens fe font rendus à Londres , & ont
porté leurs plaintes au Lieutenant Général Hop ,
Envoyé Extraordinaire de cette République auprès
du Roi de la Grande - Bretagne. Ce Miniftre a
donné part des circonftances de cette affaire aux
Etats Généraux . Il les a informés que la plupart
des Navires , qui ont été enlevés , venoient de
Ceudres , & que leurs cargaifons confiftoient feulement
en fel.
*
D'AMSTERDAM , le 23 Juin.
Bien loin que les Anglois ayent relâché aucun
des Navires Hollandois , dont ils fe font emparés
depuis quelque tems , ils viennent d'en conduire
encore plufieurs aux Dunes , où ils en détiennent
actuellement quarante. Les Patrons de
ces Bâtimens fe font rendus à Londres , & ont
porté leurs plaintes au Lieutenant Général Hop ,
Envoyé Extraordinaire de cette République auprès
du Roi de la Grande - Bretagne. Ce Miniftre a
donné part des circonftances de cette affaire aux
Etats Généraux . Il les a informés que la plupart
des Navires , qui ont été enlevés , venoient de
Ceudres , & que leurs cargaifons confiftoient feulement
en fel.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 23 juin à Amsterdam, les Anglais n'ont pas libéré les navires hollandais capturés récemment. Ils en détiennent quarante aux Dunes. Les capitaines se sont rendus à Londres pour se plaindre auprès du lieutenant général Hop. Les navires provenaient de Ceudres et transportaient du sel.
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681
p. 222-223
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Les subsides, accordés par le Parlement pour le service de cette année, [...]
Mots clefs :
Londres, Subsides, Frégates, Combat, Vaisseaux français, Défense des îles, Escadre, Amiral Hawke, Amiral Sawnders
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 28 Juin.
Les fubfides , accordés par le Parlement pour
Ε
JUILLET. 1756. 223
le fervice de cette année , montent à la fomme
de fept millions deux cent vingt -neuf mille cent
dix fept livres sterlings . On a reçu avis de Falmouth
, que le Vaiffeau le Colchester y avoit
relâché , extrêmement maltraité du combat qu'il
a foutenu conjointement avec la Frégate la Lime ,
près de Rochefort , contre deux Frégates Francoifes.
On a coulé à fond quinze ou feize des
prifes Françoifes , dont la cargaison confiftant en
poiffon s'étoit corrompue . Le Lord Anfon a
propofé d'armer quarante ou cinquante Bâtimens
de Pêcheurs , & de les faire croifer dans la Manche.
Il prétend que cet armement ne coûtera que
quarante - trois mille livres fterlings par an , &
qu'il fuffira pour la défenſe des côtes de la Grande-
Bretagne. Ces Bâtimens , qui avec leur charge
entiere ne tirent que fept pieds d'eau , font en
*état de porter dix-huit canons , trente matelots &
cinquante foldats .
Dans un des Confeils tenus à Kenfington , il a
été pris divers arrangemens pour la défenfe dés
ifles de Jerfey & de Garneley. En conféquence ,
l'Amirauté a donné ordre d'équiper une Eſcadre ,
que commandera le Chef d'Efcadre Howe , &
qui fera compofée d'un Vaiffeau de foixante
canon , d'un de cinquante , de deux de vingt ,
& de deux Chaloupes de guerre. Le Régiment
de Bochland s'eft embarqué pour ces Ifles , ou
P'on fe propofe d'envoyer quelques autres troupes.
Le 16 de ce mois , les Amiraux Hawke &
Sawnders partirent de Portſmouth , à bord du
Vaiffeau de guerre l'Antelope , pour aller joindre
P'Efcadre de l'Amiral Byng à Gibraltar
DE LONDRES , le 28 Juin.
Les fubfides , accordés par le Parlement pour
Ε
JUILLET. 1756. 223
le fervice de cette année , montent à la fomme
de fept millions deux cent vingt -neuf mille cent
dix fept livres sterlings . On a reçu avis de Falmouth
, que le Vaiffeau le Colchester y avoit
relâché , extrêmement maltraité du combat qu'il
a foutenu conjointement avec la Frégate la Lime ,
près de Rochefort , contre deux Frégates Francoifes.
On a coulé à fond quinze ou feize des
prifes Françoifes , dont la cargaison confiftant en
poiffon s'étoit corrompue . Le Lord Anfon a
propofé d'armer quarante ou cinquante Bâtimens
de Pêcheurs , & de les faire croifer dans la Manche.
Il prétend que cet armement ne coûtera que
quarante - trois mille livres fterlings par an , &
qu'il fuffira pour la défenſe des côtes de la Grande-
Bretagne. Ces Bâtimens , qui avec leur charge
entiere ne tirent que fept pieds d'eau , font en
*état de porter dix-huit canons , trente matelots &
cinquante foldats .
Dans un des Confeils tenus à Kenfington , il a
été pris divers arrangemens pour la défenfe dés
ifles de Jerfey & de Garneley. En conféquence ,
l'Amirauté a donné ordre d'équiper une Eſcadre ,
que commandera le Chef d'Efcadre Howe , &
qui fera compofée d'un Vaiffeau de foixante
canon , d'un de cinquante , de deux de vingt ,
& de deux Chaloupes de guerre. Le Régiment
de Bochland s'eft embarqué pour ces Ifles , ou
P'on fe propofe d'envoyer quelques autres troupes.
Le 16 de ce mois , les Amiraux Hawke &
Sawnders partirent de Portſmouth , à bord du
Vaiffeau de guerre l'Antelope , pour aller joindre
P'Efcadre de l'Amiral Byng à Gibraltar
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En juin 1756, la Grande-Bretagne a alloué sept millions deux cent vingt-neuf mille cent dix-sept livres sterling pour des dépenses militaires. Le navire Colchester a été endommagé lors d'un combat près de Rochefort contre des frégates françaises, entraînant la perte de quinze ou seize prises françaises. Le Lord Anson a proposé d'armer des bateaux de pêche pour défendre les côtes de la Manche, estimant le coût à quarante-trois mille livres sterling par an. Ces bateaux, équipés de dix-huit canons, trente matelots et cinquante soldats, navigueraient dans la Manche. Des mesures ont été prises pour protéger les îles de Jersey et de Guernesey, incluant l'envoi d'une escadre commandée par le chef d'escadre Howe et l'embarquement du régiment de Bochland. Les amiraux Hawke et Saunders ont quitté Portsmouth à bord du navire l'Antelope pour rejoindre l'escadre de l'amiral Byng à Gibraltar.
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682
p. 195
DU NORD.
Début :
On a fait ici la découverte d'une des plus horribles conspirations [...]
Mots clefs :
Stockholm, Conspiration , Liberté des États, Sécurité retrouvée, Commémoration annuelle
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 2 Juillet.
ON a fait ici la découverte d'une des plus hora
ribles confpirations qui aient été formées contre
la liberté des Etats. Elle devoit éclater la nuit du
22 au 23 du mois dernier ; mais , par les bonnes
mefures qu'on a prifes , on en a prévenu
F'exécution , & la tranquillité eft actuellement affurée
. Les Etats ont fait chanter le 27 un Te Deum
avec pompe dans toutes les Eglifes de la Ville
pour remercier Dieu d'avoir préfervé la Suede
d'un auffi grand danger . Ils ont ordonné que tous
les ans on célébreroit cet événement , de la même
façon , le jour de Saint Jean , pour confacrer
à perpétuité cette grace du Ciel & leur reconnoiffance.
DE STOCKHOLM , le 2 Juillet.
ON a fait ici la découverte d'une des plus hora
ribles confpirations qui aient été formées contre
la liberté des Etats. Elle devoit éclater la nuit du
22 au 23 du mois dernier ; mais , par les bonnes
mefures qu'on a prifes , on en a prévenu
F'exécution , & la tranquillité eft actuellement affurée
. Les Etats ont fait chanter le 27 un Te Deum
avec pompe dans toutes les Eglifes de la Ville
pour remercier Dieu d'avoir préfervé la Suede
d'un auffi grand danger . Ils ont ordonné que tous
les ans on célébreroit cet événement , de la même
façon , le jour de Saint Jean , pour confacrer
à perpétuité cette grace du Ciel & leur reconnoiffance.
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Résumé : DU NORD.
À Stockholm, le 2 juillet, une conspiration contre la liberté des États a été découverte. Prévue pour le 22 au 23 juin, elle a été empêchée par des mesures préventives. La tranquillité est rétablie. En remerciement, un Te Deum solennel a été ordonné le 27 juin. Cet événement sera célébré annuellement à la Saint-Jean.
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683
p. 195-196
ALLEMAGNE.
Début :
Un paysan, en labourant son champ dans la Seigneurie de [...]
Mots clefs :
Vienne, Hambourg, Coffre de fer, Trouvaille, Pièces d'or, Incendie, Dégâts, Croden
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE..
DE VIENNE , le 30 Juin.
Un paylan , en labourant fon champ dans la
Seigneurie de Corinsh en Moravie , a trouvé dans
la terre un coffre de fer , rempli d'efpeces d'or.
On conjecture qu'elles ont été enterrées en cet
endroit , lorfque Charles XII , Roi de Suede , porta
la terreur de fes armes dans l'Empire...
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE HAMBOURG , le 9 Juillet.
Ce matin , il y a eu un grand incendie dans
cette Ville . La Manufacture des toiles de coton
peintes , & plufieurs autres maiſons , ont été la
proie des flammes. On mande de Croden que ce
Bourg a été prefqu'entiérement confumé par le
feu duCiel,
DE VIENNE , le 30 Juin.
Un paylan , en labourant fon champ dans la
Seigneurie de Corinsh en Moravie , a trouvé dans
la terre un coffre de fer , rempli d'efpeces d'or.
On conjecture qu'elles ont été enterrées en cet
endroit , lorfque Charles XII , Roi de Suede , porta
la terreur de fes armes dans l'Empire...
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE HAMBOURG , le 9 Juillet.
Ce matin , il y a eu un grand incendie dans
cette Ville . La Manufacture des toiles de coton
peintes , & plufieurs autres maiſons , ont été la
proie des flammes. On mande de Croden que ce
Bourg a été prefqu'entiérement confumé par le
feu duCiel,
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Moravie, un paysan a trouvé un coffre de fer rempli de pièces d'or en labourant son champ. Ces pièces datent de l'invasion de Charles XII, roi de Suède. À Hambourg, un incendie a détruit la Manufacture des toiles de coton peintes et plusieurs maisons. Le bourg de Croden a été presque entièrement brûlé par un feu naturel.
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684
p. 196-198
ESPAGNE.
Début :
Depuis trois semaines on n'a entendu ici aucun bruit souterrein, ni senti [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Barcelone, Tempête, Maladies, Elvas, Essaim de sauterelles, Ravages des champs, Don Antoine Barcelos, Galiotes, Combats sur mer
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 7 Juin.
Depuis trois ſemaines on n'a entendu ici aucun
bruit fouterrein , ni fenti aucune feçouffe . Mais
le 29 Juin on en éprouva une à quatre lieues de
cette Ville dans les environs des montagnes de
Cintra. Il y eut le 24 du même mois , & les deux
jours fuivans , une horrible tempête . Ce ne fur
qu'avec beaucoup de peine qu'on empêcha les
Tentes de la Famille Royale , d'être emportées
par le vent . Le 30 Leurs Majeftés partirent avec
les Infans Don Pedre & Don Antoine , pour Salvaterra
.
Les maladies font de grands ravages dans la
Province d'Alentejo .
La ville d'Elvas & ſes environs , non feulement
ont partagé tous les défaftres communs au refte
du Royaume , mais encore ont éprouvé un féau
particulier. Le ciel fe couvrit fubitement , il y a
quelques jours , d'un nuage fi épais , que la lumière
du foleil en fut prefque toralement éclipfée . Bientôt
ce nuage defcendit jufqu'à terre , & l'on s'apperçut
qu'il n'étoit autre chofe qu'une multitude
infinie de fauterelles . Elles fe répandirent en un
inftant dans toute la campagne ; & il y en avoit
A O UST. 1756. 197
'dans plufieurs endroits jufqu'à la hauteur de deux
palmes. En vain les païfans eurent- ils recours à
tous les moyens poffibles , pour exterminer ces.
infectes. Il en paroiffoit le lendemain un plus
grand nombre , qu'on n'en avoit détruit la veille .
Les champs n'en ont été délivrés , qu'après avoir
été entiérement ravagés. Une partie de ces animaux
voraces eft allée ſe précipiter dans la Guadiana
& dans d'autres rivieres : une autre partie eft
venue fondre fur cette Ville , & s'ils n'y ont pas
caufé le même dommage qu'à la campagne , ils y
ont caufé beaucoup d'incommodité.
DE BARCELONE , le 27 Juin .
Don Antoine Barcelos , Commandant le Cha
bec le Courier de Mayorque , étant parti d'ici
pour Palma , découvrit le 13 de ce mois , entre
deux & trois heures du matin , fur la pointe de
Lio- Liobnegat , deux Galiotes Barbareſques , qui
avoient les voiles ferrées. Dès que les Galiotes
l'apperçurent , elles mirent leurs voiles au vent ,
& s'aidant en même- tems de leurs rames , elles
vinrent fur lui . Lorfqu'elles furent à deux portées
de canon , elles reconnurent à la manceuvre
que le Chabec n'étoit pas un Navire Marchand.
Elles revirerent de bord , dans le deffein de
prendre la fuite. Don Barcelo gagna le vent. Un
calme qui furvint , facilita à l'un des Corfaires
le moyen de dériver fur le Chabec. Les Elpagnols
préfenterent la proue à l'ennemi , qui eut
fon éperon & fa vergue de trinquet rompus . Cet
accident ne le rebuta point . Quelques-uns de fes
gens fauterent avec intrépidité dans le Chabec ,
mais ils furent fur le champ maſſacrés. Tous
ceux qui les fuivirent , eurent le même fort ; &
I j
198 MERCURE DE FRANCE.
les autres furent obligés de fe rendre. La Galiote
étoit armée de deux canons & de douze
pierriers . Il y avoit à bord vingt-quatre Turcs &
quarante-cinq Maures. Cinquante & un hommes
de cet équipage ont été tués à l'abordage ; &
douze , du nombre defquels eft le Capitaine nommé
Ali , ont été bleffés. Perfonne n'a été tué du
côté des Eſpagnols , & ils n'ont eu de bleffés que
leur Contre-Maître & cinq Matelots. Le fuccès de
ce combat fait d'autant plus d'honneur à Don Barcelos
, que fon équipage n'étoit compofé que
de quarante-quatre hommes , y compris huit
Mouffes. On a fçu par le Capitaine Ali , que
la Galiote dont on s'eft emparé , appartenoit au
Bey d'Alger. L'autre Galiote , qui a pris la fuite
pendant l'action , eft plus forte que celle- ci ea
équipage.
DE LISBONNE , le 7 Juin.
Depuis trois ſemaines on n'a entendu ici aucun
bruit fouterrein , ni fenti aucune feçouffe . Mais
le 29 Juin on en éprouva une à quatre lieues de
cette Ville dans les environs des montagnes de
Cintra. Il y eut le 24 du même mois , & les deux
jours fuivans , une horrible tempête . Ce ne fur
qu'avec beaucoup de peine qu'on empêcha les
Tentes de la Famille Royale , d'être emportées
par le vent . Le 30 Leurs Majeftés partirent avec
les Infans Don Pedre & Don Antoine , pour Salvaterra
.
Les maladies font de grands ravages dans la
Province d'Alentejo .
La ville d'Elvas & ſes environs , non feulement
ont partagé tous les défaftres communs au refte
du Royaume , mais encore ont éprouvé un féau
particulier. Le ciel fe couvrit fubitement , il y a
quelques jours , d'un nuage fi épais , que la lumière
du foleil en fut prefque toralement éclipfée . Bientôt
ce nuage defcendit jufqu'à terre , & l'on s'apperçut
qu'il n'étoit autre chofe qu'une multitude
infinie de fauterelles . Elles fe répandirent en un
inftant dans toute la campagne ; & il y en avoit
A O UST. 1756. 197
'dans plufieurs endroits jufqu'à la hauteur de deux
palmes. En vain les païfans eurent- ils recours à
tous les moyens poffibles , pour exterminer ces.
infectes. Il en paroiffoit le lendemain un plus
grand nombre , qu'on n'en avoit détruit la veille .
Les champs n'en ont été délivrés , qu'après avoir
été entiérement ravagés. Une partie de ces animaux
voraces eft allée ſe précipiter dans la Guadiana
& dans d'autres rivieres : une autre partie eft
venue fondre fur cette Ville , & s'ils n'y ont pas
caufé le même dommage qu'à la campagne , ils y
ont caufé beaucoup d'incommodité.
DE BARCELONE , le 27 Juin .
Don Antoine Barcelos , Commandant le Cha
bec le Courier de Mayorque , étant parti d'ici
pour Palma , découvrit le 13 de ce mois , entre
deux & trois heures du matin , fur la pointe de
Lio- Liobnegat , deux Galiotes Barbareſques , qui
avoient les voiles ferrées. Dès que les Galiotes
l'apperçurent , elles mirent leurs voiles au vent ,
& s'aidant en même- tems de leurs rames , elles
vinrent fur lui . Lorfqu'elles furent à deux portées
de canon , elles reconnurent à la manceuvre
que le Chabec n'étoit pas un Navire Marchand.
Elles revirerent de bord , dans le deffein de
prendre la fuite. Don Barcelo gagna le vent. Un
calme qui furvint , facilita à l'un des Corfaires
le moyen de dériver fur le Chabec. Les Elpagnols
préfenterent la proue à l'ennemi , qui eut
fon éperon & fa vergue de trinquet rompus . Cet
accident ne le rebuta point . Quelques-uns de fes
gens fauterent avec intrépidité dans le Chabec ,
mais ils furent fur le champ maſſacrés. Tous
ceux qui les fuivirent , eurent le même fort ; &
I j
198 MERCURE DE FRANCE.
les autres furent obligés de fe rendre. La Galiote
étoit armée de deux canons & de douze
pierriers . Il y avoit à bord vingt-quatre Turcs &
quarante-cinq Maures. Cinquante & un hommes
de cet équipage ont été tués à l'abordage ; &
douze , du nombre defquels eft le Capitaine nommé
Ali , ont été bleffés. Perfonne n'a été tué du
côté des Eſpagnols , & ils n'ont eu de bleffés que
leur Contre-Maître & cinq Matelots. Le fuccès de
ce combat fait d'autant plus d'honneur à Don Barcelos
, que fon équipage n'étoit compofé que
de quarante-quatre hommes , y compris huit
Mouffes. On a fçu par le Capitaine Ali , que
la Galiote dont on s'eft emparé , appartenoit au
Bey d'Alger. L'autre Galiote , qui a pris la fuite
pendant l'action , eft plus forte que celle- ci ea
équipage.
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Résumé : ESPAGNE.
En juin 1756, plusieurs événements marquants se sont produits en Espagne et ses environs. À Lisbonne, après trois semaines de tranquillité, une secousse sismique a été ressentie près des montagnes de Cintra le 29 juin. Une violente tempête a également frappé la région du 24 au 26 juin, mettant en danger les tentes de la famille royale, qui a quitté Lisbonne pour Salvaterra le 30 juin. La province d'Alentejo était touchée par des maladies. À Elvas, un nuage de sauterelles a causé des ravages malgré les efforts pour les exterminer, envahissant les champs et atteignant la ville. À Barcelone, le 27 juin, Don Antoine Barcelos, commandant le chébec le Courier de Mayorque, a affronté deux galiotes barbaresques près de Lio-Liobnegat. Après un combat acharné, les Espagnols ont capturé une galiote, tuant 51 membres de l'équipage ennemi et en blessant 12, sans perte de leur côté. La galiote capturée appartenait au Bey d'Alger. L'équipage espagnol, composé de 44 hommes, a été salué pour son courage.
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685
p. 198
ITALIE.
Début :
Deux Galiotes du Roi ont amenées dans ce port deux prises Algériennes, [...]
Mots clefs :
Naples, Galiotes, Combats sur mer, Mers de Sardaigne, Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE NAPLES , le 22 Juin.
Deux Galiotes du Roi ont amenées dans ce port
deux prifes Algériennes , dont elles fe font emparées
après un long combat dans les mers de
Sardaigne. On a fait fur ces Bâtimens deux cens
vingt efclaves . Les Barbarefques ont eu cent hommes
tués dans cette action. Il n'y a eu du côté des
Napolitains que onze hommes tués , & trente
bleffés.
DE NAPLES , le 22 Juin.
Deux Galiotes du Roi ont amenées dans ce port
deux prifes Algériennes , dont elles fe font emparées
après un long combat dans les mers de
Sardaigne. On a fait fur ces Bâtimens deux cens
vingt efclaves . Les Barbarefques ont eu cent hommes
tués dans cette action. Il n'y a eu du côté des
Napolitains que onze hommes tués , & trente
bleffés.
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686
p. 198-202
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Selon les lettres de Gibraltar, l'Amiral Byng y est arrivé le 21 du mois dernier, [...]
Mots clefs :
Londres, Amiral Byng, Gibraltar, Combats sur mer, Vaisseaux français, Conseil de guerre, Difficultés, Mécontentement du peuple
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En juillet 1756, plusieurs mouvements navals et événements militaires impliquant la Grande-Bretagne ont eu lieu. L'Amiral Byng est arrivé à Gibraltar le 21 juin et se préparait à partir pour l'île de Minorque. L'Amiral Hawke a pris le commandement de l'escadre à la place de Byng, avec les Contre-Amiraux West et Saunders sous ses ordres. Le Chef d'Escadre Howe est arrivé à l'île de Guernesey avec son escadre et des bâtiments de transport transportant le Régiment de Bockland. Plusieurs navires, escortés par des vaisseaux de guerre, ont quitté Plymouth pour renforcer la garnison de Gibraltar. Quatre vaisseaux de l'escadre de l'Amiral Boscawen, endommagés, sont rentrés à Plymouth pour réparations et seront remplacés par cinq autres vaisseaux sous les ordres de l'Amiral Mostyn. Les Commissaires de l'Amirauté ont publié la lettre de l'Amiral Byng décrivant le combat naval du 20 mai. Byng a appareillé de Gibraltar le 8 mai et a rencontré la flotte française près de Port-Mahon. Le combat a eu lieu le 20 mai, avec des pertes notables sur plusieurs vaisseaux britanniques. Byng a décidé de se retirer après des tentatives infructueuses pour engager l'arrière-garde de la flotte française. Un conseil de guerre a été tenu à bord de son vaisseau, et la retraite a été jugée indispensable. Malgré une conduite jugée non répréhensible, Byng a été brûlé en effigie dans certains bourgs, et son château a failli être pillé.
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687
p. 202-204
PAYS-BAS.
Début :
La Réponse que M. le Comte d'Affry, a remise le 14 du mois dernier aux [...]
Mots clefs :
La Haye, Comte d'Affry, États généraux , Neutralité, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 16 Juillet .
La Réponse que M. le Comte d'Affry , a
remife le 14 du mois dernier aux Etats Géné
taux , fur leur réfolution du 25 Mai , a été
AOUST. 1756. 203
rendue publique . Elle eft conçue en ces termes :
» HAUTS ET PUISSANS SEIGNEURS , la réfolu-
» tion que les Etats Généraux des Provinces-
» Unies ont prife , &c , a confirmé S. M. dans
>> l'opinion qu'Elle avoit déja de la fageffe & de
l'équité de leurs délibérations . Le Roi a vu
» avec plaisir , dans cette réfolution , da Décla
» ration que les Etats Généraux ont faite , que
» comme Leurs Hautes Puiffances n'ont pris juf-
» qu'à préfent aucune part , ni aux troubles &
» différends touchant les Poffeffions Américaines
ni à leurs fuites , & ne s'en font mêlées ni direc-
» tement ni indirectement ; qu ' Elles n'ont auffi au-
» cunement intention d'y prendre part , ni aux fuites
qui en pourront résulter , mais qu'Elles ont au
» contraire résolu d'obferver à cet égard une exacte
» neutralité ; le tout , fans préjudicier aux Al-
» liances que la République a contractées , aux-
» quelles L. H. P. ne prétendent déroger. S. M.
s pour témoigner aux Etats Généraux le gré
» qu'Elle leur fçait de la conduite qu'ils ont
» tenue dans cette occafion , & pour leur donner
» une nouvelle preuve du véritable intérêt qu'-
» Elle prend à leur repos & à leur fûreté , leur
» déclare de fon côté , de la maniere la plus précife
, que le territoire de la République fera à
» l'abri de toutes les menaces & infultes de la
» part des forces de S. M. Quant aux Pays- Bas
» Autrichiens , le Roi renouvelle volontiers aux
>> Provinces- Unies les affurances qu'il a déja don-
» nées à cet égard à l'Impératrice Reine de Hon-
>> grie & de Bohême , par l'Acte ou Conventions
» de Neutralité , qui a été figné à Verfailles le
» premier Mai dernier , & dont S. M. a fait re-
>> mettre Copie à L. H. P. Le Roi contri&ta di-
» rectement avec Elles un femblable engage
I vjs
204 MERCURE DE FRANCE.
» ment en 1733 , parce que S. M. étant alors en
» guerre avec le Souverain des Pays - Bas Autri-
» chiens , toute correfpondance entre Elle & ce
» Prince étoit interrompue . Mais le Roi vivant
» heureulement dans la plus parfaite intelligence
» avec l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bo-
» héme , & voulant refferier de plus en plus ,
» ( comme il vient de le faire , ) les liens de l'a-
» mitié & de l'alliance , qui les réuniffent dans
un fyltême uniforme de defirs & de vues pou
» le repos & le bonheur de l'Europe , c'étoit
» avec S. M. Imp . qu'il convenoit de tranfiger fur
» le fort d'un pays qui lui appartient . Cependant
» un des principaux motifs qui a déterminé le
» Roi à ftipuler expreffément la Neutralité des
» Pays - Bas Autrichiens , & qui lui a été commun
» avec l'impératrice Reine , a été de procurer
» aux Provinces Unies la fûreté qu'elles défi-
» roient avec raifon , par rapport à leur territoire
& à leur voifinage . Le Roi juftifiera
» toujours , par les fentimens pour les Etats
» Généraux , la confiance qu'ils continuent de
» lui témoigner , & S. M. profitera de toutes les
>> occafions qui la mettront à portée de leur
» marquer fon amitié fincere , & fa conftante
» difpofition à leur en faire éprouver les effets les
» plus utiles & les plus agréables » . •
La femme du nommé Jacob- Van- Hulft accoucha
le 8 de trois fils , dont la Princeffe Gouvernante
a été mareine , & dont l'aîné a été nom
mé Anne.
DE LA HAYE , le 16 Juillet .
La Réponse que M. le Comte d'Affry , a
remife le 14 du mois dernier aux Etats Géné
taux , fur leur réfolution du 25 Mai , a été
AOUST. 1756. 203
rendue publique . Elle eft conçue en ces termes :
» HAUTS ET PUISSANS SEIGNEURS , la réfolu-
» tion que les Etats Généraux des Provinces-
» Unies ont prife , &c , a confirmé S. M. dans
>> l'opinion qu'Elle avoit déja de la fageffe & de
l'équité de leurs délibérations . Le Roi a vu
» avec plaisir , dans cette réfolution , da Décla
» ration que les Etats Généraux ont faite , que
» comme Leurs Hautes Puiffances n'ont pris juf-
» qu'à préfent aucune part , ni aux troubles &
» différends touchant les Poffeffions Américaines
ni à leurs fuites , & ne s'en font mêlées ni direc-
» tement ni indirectement ; qu ' Elles n'ont auffi au-
» cunement intention d'y prendre part , ni aux fuites
qui en pourront résulter , mais qu'Elles ont au
» contraire résolu d'obferver à cet égard une exacte
» neutralité ; le tout , fans préjudicier aux Al-
» liances que la République a contractées , aux-
» quelles L. H. P. ne prétendent déroger. S. M.
s pour témoigner aux Etats Généraux le gré
» qu'Elle leur fçait de la conduite qu'ils ont
» tenue dans cette occafion , & pour leur donner
» une nouvelle preuve du véritable intérêt qu'-
» Elle prend à leur repos & à leur fûreté , leur
» déclare de fon côté , de la maniere la plus précife
, que le territoire de la République fera à
» l'abri de toutes les menaces & infultes de la
» part des forces de S. M. Quant aux Pays- Bas
» Autrichiens , le Roi renouvelle volontiers aux
>> Provinces- Unies les affurances qu'il a déja don-
» nées à cet égard à l'Impératrice Reine de Hon-
>> grie & de Bohême , par l'Acte ou Conventions
» de Neutralité , qui a été figné à Verfailles le
» premier Mai dernier , & dont S. M. a fait re-
>> mettre Copie à L. H. P. Le Roi contri&ta di-
» rectement avec Elles un femblable engage
I vjs
204 MERCURE DE FRANCE.
» ment en 1733 , parce que S. M. étant alors en
» guerre avec le Souverain des Pays - Bas Autri-
» chiens , toute correfpondance entre Elle & ce
» Prince étoit interrompue . Mais le Roi vivant
» heureulement dans la plus parfaite intelligence
» avec l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bo-
» héme , & voulant refferier de plus en plus ,
» ( comme il vient de le faire , ) les liens de l'a-
» mitié & de l'alliance , qui les réuniffent dans
un fyltême uniforme de defirs & de vues pou
» le repos & le bonheur de l'Europe , c'étoit
» avec S. M. Imp . qu'il convenoit de tranfiger fur
» le fort d'un pays qui lui appartient . Cependant
» un des principaux motifs qui a déterminé le
» Roi à ftipuler expreffément la Neutralité des
» Pays - Bas Autrichiens , & qui lui a été commun
» avec l'impératrice Reine , a été de procurer
» aux Provinces Unies la fûreté qu'elles défi-
» roient avec raifon , par rapport à leur territoire
& à leur voifinage . Le Roi juftifiera
» toujours , par les fentimens pour les Etats
» Généraux , la confiance qu'ils continuent de
» lui témoigner , & S. M. profitera de toutes les
>> occafions qui la mettront à portée de leur
» marquer fon amitié fincere , & fa conftante
» difpofition à leur en faire éprouver les effets les
» plus utiles & les plus agréables » . •
La femme du nommé Jacob- Van- Hulft accoucha
le 8 de trois fils , dont la Princeffe Gouvernante
a été mareine , & dont l'aîné a été nom
mé Anne.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 16 juillet 1756, le Comte d'Affry a rendu publique la réponse du roi de France aux États Généraux des Provinces-Unies. Cette réponse approuve la neutralité des Provinces-Unies concernant les troubles américains. Le roi assure la protection du territoire des Provinces-Unies contre toute menace française. Il renouvelle également les assurances de neutralité envers l'impératrice Reine de Hongrie et de Bohême, conformément à l'Acte de Neutralité signé à Versailles le 1er mai précédent. Le roi exprime son désir de renforcer les liens d'amitié et d'alliance avec l'impératrice pour la stabilité de l'Europe. La neutralité des Pays-Bas autrichiens vise à garantir la sécurité des Provinces-Unies. Le roi réitère sa confiance et son soutien aux États Généraux. Par ailleurs, la femme de Jacob-Van-Hulft a donné naissance à trois fils le 8 août, dont l'aîné a été nommé Anne, avec la princesse gouvernante comme marraine.
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688
p. 233-234
DU NORD.
Début :
Le 16 de ce mois, la Commission établie par les Etats pour juger le Comte de Brahé, [...]
Mots clefs :
Stockholm, Condamnation à mort, Décapitation, Comte de Brahé, Baron de Horn, Place du Ridderholm, Fugitifs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 24 Juillet.
LE 16 de ce mois, la Commiffion établie par les
Etats pour juger le Comte de Brahé , le Baron de
Horn , le Capitaine Stalfward , le fieur Puke , &
les nommés Mozelius , Ernft , Ercolin , Chriftienin
& la Chapelle , les a condamnés à avoir la
tête tranchée. On leur lut leur Sentence , & le
Procureur Général de la Commiffion ayant fait le
lendemain aux Etats le rapport des preuves fur
leſquelles eft fondé le jugement , il a été confirmé.
Les quatre premiers ont été décapités aujourd'hui
dans la Place du Ridderholm . Cette exécution
s'eft faite tranquillement & fans aucune rumeur.
On avoit pofté près de la Place du Ridderholm
, plufieurs détachemens de troupes réglées ,
& les Compagnies de la Milice Bourgeoife à che
val. Les Compagnies d'Infanterie de cette Milice
étoient fous les armes dans les autres Places publiques
de la Ville & dans les Fauxbourgs . Les
familles du Comte de Brahé & du Baron de Horn
ont obtenu la permiffion de faire enlever les corps
de ces deux Seigneurs pour leur donner la ſépulture.
Mozelius , Eraft , Ercolin , Chriftienin &
la Chapelle feront conduits après - demain au fupplice.
Les Etats ont envoyé ordre aux Ambaffa
234 MERCURE DE FRANCE.
deurs , Miniftres , Agens & Confuls de Suede
dans les pays étrangers , de réclamer le Comte de
Hardt , le Baron Eric de Wrangel & le Capitaine
Gyllenpetz , partout où l'on pourra découvrir ces
fugitifs.
DE STOCKHOLM , le 24 Juillet.
LE 16 de ce mois, la Commiffion établie par les
Etats pour juger le Comte de Brahé , le Baron de
Horn , le Capitaine Stalfward , le fieur Puke , &
les nommés Mozelius , Ernft , Ercolin , Chriftienin
& la Chapelle , les a condamnés à avoir la
tête tranchée. On leur lut leur Sentence , & le
Procureur Général de la Commiffion ayant fait le
lendemain aux Etats le rapport des preuves fur
leſquelles eft fondé le jugement , il a été confirmé.
Les quatre premiers ont été décapités aujourd'hui
dans la Place du Ridderholm . Cette exécution
s'eft faite tranquillement & fans aucune rumeur.
On avoit pofté près de la Place du Ridderholm
, plufieurs détachemens de troupes réglées ,
& les Compagnies de la Milice Bourgeoife à che
val. Les Compagnies d'Infanterie de cette Milice
étoient fous les armes dans les autres Places publiques
de la Ville & dans les Fauxbourgs . Les
familles du Comte de Brahé & du Baron de Horn
ont obtenu la permiffion de faire enlever les corps
de ces deux Seigneurs pour leur donner la ſépulture.
Mozelius , Eraft , Ercolin , Chriftienin &
la Chapelle feront conduits après - demain au fupplice.
Les Etats ont envoyé ordre aux Ambaffa
234 MERCURE DE FRANCE.
deurs , Miniftres , Agens & Confuls de Suede
dans les pays étrangers , de réclamer le Comte de
Hardt , le Baron Eric de Wrangel & le Capitaine
Gyllenpetz , partout où l'on pourra découvrir ces
fugitifs.
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Résumé : DU NORD.
Le 16 juillet, une commission suédoise a condamné à mort plusieurs individus, dont le comte de Brahé, le baron de Horn, le capitaine Stalfward, le sieur Puke, Mozelius, Ernft, Ercolin, Chriftienin et la Chapelle. La sentence a été confirmée par les États après le rapport du procureur général. Les exécutions du comte de Brahé, du baron de Horn, du capitaine Stalfward et du sieur Puke ont eu lieu le 24 juillet sur la place du Ridderholm, sans incident notable. Des troupes et des milices étaient présentes pour maintenir l'ordre. Les familles du comte de Brahé et du baron de Horn ont obtenu la permission d'enterrer leurs proches. Les exécutions de Mozelius, Ernft, Ercolin, Chriftienin et la Chapelle étaient prévues pour le lendemain. Par ailleurs, les États suédois ont ordonné à leurs représentants à l'étranger de rechercher et de réclamer le comte de Hardt, le baron Eric de Wrangel et le capitaine Gyllenpetz, tous trois en fuite.
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689
p. 234-236
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
On est ici fort sensible à la prise de l'Isle de Minorque. [...]
Mots clefs :
Londres, Ile de Minorque, Défaite anglaise, Dommages sur la navigation et le commerce, Amiral West, Amiral Byng, Sa Majesté anglaise, Général Fowke
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 10 Août .
On eft içi fort ſenſible à la priſe de l'Iſle Minor
que. La perte que la Nation fouffre par cet événement
, eft eftimée à plus d'un million de livres
fterlings , fans compter le dommage qui en réfultera
pour la navigation & pour le commerce. Il
paroît qu'on eft dans la ferme réfolution d'examiner
les caufes qui ont empêché que le Fort
Saint-Philippe n'ait été fecouru , & de punir felon
la rigueur des loix ceux qui feront reconnus avoir
défobéi aux ordres qu'ils avoient reçus relativement
à cet objet . Les Amiraux Byng & Weft
font arrivés à Spithéad , le premier ayant été
renvoyé fous arrêts par l'Amiral Hawke . Le
Public attend avec impatience les réponfes que
l'Amiral Byng fera fur les différens chefs d'accufation
intentés contre lui. Surtout on défire de
fçavoir pourquoi il a employé tant de temps à
retourner à Gibraltar après le combat du 20 Mai.
L'Amiral Weft s'eft rendu à Kenſington , pour
informer le Roi de toutes les circonftances du
combat naval du 20 Mai. Sa Majefté a témoigné
être parfaitement fatisfaite de la conduite qu'il a
tenue dans cette action . On garde étroitement
P'Amiral Byng. M. Edouard Byng , fon frere ,
quoique malade , alla le 28 à Portfmouth pour le
voir . Au moment qu'ils s'embraffoient , il arriva
SEPTEMBRE . 1756. 235
un Meffager d'Etat qui venoit prendre l'Amiral
fous fa garde. Cette vue fit une telle impreffion
fur le fieur Edouard Byng , qu'il expira fur le
champ fans proférer une feule parole . Les deux
principales fautes qu'on reproche à l'Amiral
Byng , font de n'avoir pas fait avancer plus de
Vaiffeaux à l'ordre de bataille de l'Amiral Weft ,
& de n'avoir pas tenté à tout hazard l'entrée du
Havre de Mahon , puifque fes ordres étoient pofitifs
à cet égard . Le Général Fowk , ci- devant
Gouverneur de Gibraltar , doit auffi fubir l'examen
d'un Confeil de Guerre , pour n'avoir pas
donné le Régiment que demandoit cet Amiral .
Le Chef d'Eſcadre Howe ayant fait une defcente
dans une petite Ine appartenante aux François,
& fituée à quelque diftance de l'ifle de Guarnefey
, cinquante hommes qui y étoient en garnifon
ont capitulé , & on leur a accordé les honneurs
de la guerre. On a reçu avis que l'Eſcadre ,
qui depuis quelque temps a établi fa croifiere devant
Louisbourg , s'eft emparé du Vaiffeau de
guerre François l'Arc-en - Ciel , de cinquante canons
, & qu'elle a enlevé aufli deux Navires de la
même Nation chargés de provifions , l'un pour
l'ifle Royale , l'autre pour celle de Saint- Jean.
Selon les nouvelles de la Caroline Méridionale ,
le feu a pris à Charles Town dans les magaſins ,
& a confumé une grande quantité de fucre , de
ris & de rhum. Il y a eu auffi un grand incendie à
Bridgeton dans l'Ile de la Barbade. Soixante-cinq
maiſons ont été réduites en cendres , ainfi qu'un
magafin rempli de coton , d'huile , de foufre , &
de plufieurs autres marchandiſes. Le dommage
monte à trois cens cinquante mille livres fterlings .
L'Amirauté a envoyé ordre à Portſmouth , à
Plymouth & à Douvres , de relâcher les Bâtimens
236 MERCURE DE FRANCE.
Hollandois , qui y ont été conduits depuis que la
Grande Bretagne a déclaré la guerre à la France.
Il eft parti ces jours - ci de Spithéad une nouvelle
Eſcadre de dix Vaiffeaux fous les ordres de l'Amiral
Holbourne , pour aller croiſer conjointement
avec l'Amiral Bofcawen fur les côtes de
Bretagne & du Pays d'Aunis. Le Gouvernement
vient de prendre à fon fervice un grand nombre
de Bâtimens de tranſport , dont les Capitaines ont
ordre de s'approvifionner pour un voyage de long
cours.
Aujourd'hui le Général Fowke a fubi un interrogatoire
devant un Confeil de guerre compofé
de quatorze Officiers Généraux . On avoit fait
partir l'Amiral Byng de Portſmouth pour le conduire
ici ; mais on a été obligé de lè remener કે
fon bord , afin de le fouftraire à la fureur de la
populace , qui s'étoit attroupée fur la route dans
le deffein de fe venger fur lui des avantages remportés
par les François.
DE LONDRES , le 10 Août .
On eft içi fort ſenſible à la priſe de l'Iſle Minor
que. La perte que la Nation fouffre par cet événement
, eft eftimée à plus d'un million de livres
fterlings , fans compter le dommage qui en réfultera
pour la navigation & pour le commerce. Il
paroît qu'on eft dans la ferme réfolution d'examiner
les caufes qui ont empêché que le Fort
Saint-Philippe n'ait été fecouru , & de punir felon
la rigueur des loix ceux qui feront reconnus avoir
défobéi aux ordres qu'ils avoient reçus relativement
à cet objet . Les Amiraux Byng & Weft
font arrivés à Spithéad , le premier ayant été
renvoyé fous arrêts par l'Amiral Hawke . Le
Public attend avec impatience les réponfes que
l'Amiral Byng fera fur les différens chefs d'accufation
intentés contre lui. Surtout on défire de
fçavoir pourquoi il a employé tant de temps à
retourner à Gibraltar après le combat du 20 Mai.
L'Amiral Weft s'eft rendu à Kenſington , pour
informer le Roi de toutes les circonftances du
combat naval du 20 Mai. Sa Majefté a témoigné
être parfaitement fatisfaite de la conduite qu'il a
tenue dans cette action . On garde étroitement
P'Amiral Byng. M. Edouard Byng , fon frere ,
quoique malade , alla le 28 à Portfmouth pour le
voir . Au moment qu'ils s'embraffoient , il arriva
SEPTEMBRE . 1756. 235
un Meffager d'Etat qui venoit prendre l'Amiral
fous fa garde. Cette vue fit une telle impreffion
fur le fieur Edouard Byng , qu'il expira fur le
champ fans proférer une feule parole . Les deux
principales fautes qu'on reproche à l'Amiral
Byng , font de n'avoir pas fait avancer plus de
Vaiffeaux à l'ordre de bataille de l'Amiral Weft ,
& de n'avoir pas tenté à tout hazard l'entrée du
Havre de Mahon , puifque fes ordres étoient pofitifs
à cet égard . Le Général Fowk , ci- devant
Gouverneur de Gibraltar , doit auffi fubir l'examen
d'un Confeil de Guerre , pour n'avoir pas
donné le Régiment que demandoit cet Amiral .
Le Chef d'Eſcadre Howe ayant fait une defcente
dans une petite Ine appartenante aux François,
& fituée à quelque diftance de l'ifle de Guarnefey
, cinquante hommes qui y étoient en garnifon
ont capitulé , & on leur a accordé les honneurs
de la guerre. On a reçu avis que l'Eſcadre ,
qui depuis quelque temps a établi fa croifiere devant
Louisbourg , s'eft emparé du Vaiffeau de
guerre François l'Arc-en - Ciel , de cinquante canons
, & qu'elle a enlevé aufli deux Navires de la
même Nation chargés de provifions , l'un pour
l'ifle Royale , l'autre pour celle de Saint- Jean.
Selon les nouvelles de la Caroline Méridionale ,
le feu a pris à Charles Town dans les magaſins ,
& a confumé une grande quantité de fucre , de
ris & de rhum. Il y a eu auffi un grand incendie à
Bridgeton dans l'Ile de la Barbade. Soixante-cinq
maiſons ont été réduites en cendres , ainfi qu'un
magafin rempli de coton , d'huile , de foufre , &
de plufieurs autres marchandiſes. Le dommage
monte à trois cens cinquante mille livres fterlings .
L'Amirauté a envoyé ordre à Portſmouth , à
Plymouth & à Douvres , de relâcher les Bâtimens
236 MERCURE DE FRANCE.
Hollandois , qui y ont été conduits depuis que la
Grande Bretagne a déclaré la guerre à la France.
Il eft parti ces jours - ci de Spithéad une nouvelle
Eſcadre de dix Vaiffeaux fous les ordres de l'Amiral
Holbourne , pour aller croiſer conjointement
avec l'Amiral Bofcawen fur les côtes de
Bretagne & du Pays d'Aunis. Le Gouvernement
vient de prendre à fon fervice un grand nombre
de Bâtimens de tranſport , dont les Capitaines ont
ordre de s'approvifionner pour un voyage de long
cours.
Aujourd'hui le Général Fowke a fubi un interrogatoire
devant un Confeil de guerre compofé
de quatorze Officiers Généraux . On avoit fait
partir l'Amiral Byng de Portſmouth pour le conduire
ici ; mais on a été obligé de lè remener કે
fon bord , afin de le fouftraire à la fureur de la
populace , qui s'étoit attroupée fur la route dans
le deffein de fe venger fur lui des avantages remportés
par les François.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En août 1756, la prise de l'île de Minorque par les Français est perçue comme une perte significative pour la Grande-Bretagne, évaluée à plus d'un million de livres sterling, affectant la navigation et le commerce. Le gouvernement britannique enquête sur la chute du Fort Saint-Philippe et décide de punir les responsables. Les amiraux Byng et West arrivent à Spithead, Byng étant sous arrêts. Le public attend les explications de Byng sur son action lors du combat du 20 mai, notamment son retard à retourner à Gibraltar. L'amiral West est félicité par le roi pour sa conduite. Byng est gardé en détention, et son frère Édouard meurt de choc en le voyant emmené sous garde. Les principales fautes reprochées à Byng sont de ne pas avoir avancé suffisamment de vaisseaux et de ne pas avoir tenté l'entrée du port de Mahon. Le général Fowke est également examiné pour n'avoir pas fourni le régiment demandé par Byng. Par ailleurs, l'escadre britannique capture un vaisseau français et deux navires de provisions près de Louisbourg. Des incendies détruisent des marchandises à Charles Town et Bridgetown. L'Amirauté ordonne la libération des bâtiments hollandais saisis. Une nouvelle escadre est envoyée croiser au large des côtes bretonnes et du Pays d'Aunis. Le général Fowke est interrogé par un conseil de guerre, et Byng est protégé de la populace en colère.
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690
p. 189
DU LEVANT.
Début :
La peste continue de faire beaucoup de ravages dans cette Capitale. [...]
Mots clefs :
Constantinople, Peste, Incendie, Victimes innombrables, Dégâts, Scélérats, Exécutions
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texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 12 Juillet.
LA pefte continue de faire beaucoup de rava
ges dans cette Capitale. Un accident des plus funeftes
a augmenté la déſolation que cauſe ce féau .
Le feu ayant pris les de ce moïs chez un Teinturier
, le progrès des flammes fut fi rapide ,
qu'en trente-fix heures douze mille maifons ont
été réduites en cendres. Plus de mille perfonnes
ont péri dans cet incendie. Le défaftre auroit été
encore plus confidérable , fi l'on ne s'étoit apperçu
qu'un grand nombre de fcélérats , fous prétexte
de travailler à arrêter Fembraſement , ne
cherchoient qu'à le faire durer. Malgré la confufion
générale , le Grand Vifir eft parvenu à découvrir
environ trois cens de ces malheureux. Ils
ont été étranglés & jettés dans la mer. On në
peut encore évaluer la perte que cette Ville
foufferte.
DE CONSTANTINOPLE , le 12 Juillet.
LA pefte continue de faire beaucoup de rava
ges dans cette Capitale. Un accident des plus funeftes
a augmenté la déſolation que cauſe ce féau .
Le feu ayant pris les de ce moïs chez un Teinturier
, le progrès des flammes fut fi rapide ,
qu'en trente-fix heures douze mille maifons ont
été réduites en cendres. Plus de mille perfonnes
ont péri dans cet incendie. Le défaftre auroit été
encore plus confidérable , fi l'on ne s'étoit apperçu
qu'un grand nombre de fcélérats , fous prétexte
de travailler à arrêter Fembraſement , ne
cherchoient qu'à le faire durer. Malgré la confufion
générale , le Grand Vifir eft parvenu à découvrir
environ trois cens de ces malheureux. Ils
ont été étranglés & jettés dans la mer. On në
peut encore évaluer la perte que cette Ville
foufferte.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 12 juillet, un incendie à Constantinople a détruit douze mille maisons et tué plus de mille personnes en trente-six heures. Le feu, parti chez un teinturier, a été alimenté par des malfaiteurs. Le Grand Vizir a fait exécuter environ trois cents d'entre eux. La perte totale reste à évaluer.
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691
p. 189-190
DU NORD.
Début :
Par une Déclaration publiée depuis quelques jours, le Roi défend à tous [...]
Mots clefs :
Stockholm, Copenhague, Déclaration du roi, Embargo, Complots, Tentative de révolte, Procès, Islande, Mont Kotlugia, Incendies
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE STOCKHOLM , le 4 Août.
Par une Déclaration publiée depuis quelques
jours , le Roi défend à tous Propriétaires ou
190 MERCURE DE FRANCE.
Capitaines de Vaiffeaux Suédois , de charger , pour
la France ou pour la Grande- Bretagne , aucunes
armes , munitions de guerre , & autres marchandifes
prohibées.
Des Brigands avoient formé le deffein de profiter
de la conjuration pour piller plufieurs des
principales maifons de cette Ville . On a arrêté
les chefs de ce complot. Les Colonels Stiernel &
Kalling ont été cités devant la Commiffion , à
l'occafion de quelques écrits dont on les accuſe
d'être les auteurs.
Elle continue d'inftruire le procès des nommés
Helberg , Flodelius , Fifcher & Sahlfeld , qui ont
tenté d'exciter les Dalécarliens à la révolte . Le
Trabant Silverhielm , que la Commiſſion avoit
fait arrêter dès le commencement de la Diete , a
été condamné à quinze jours au pain & à l'eau
enfuite à fix ans de prifon au Château de Maelftrand.
Il eft privé à perpétuité de la faculté de
rentrer au fervice , d'avoir voix dans les Dietes ,
& de le trouver jamais dans le lieu où la Diete
fera affemblée .
DE COPENHAGUE , le 20 Août.
Des lettres de l'Ile d'Iſlande annoncent que le
mont Kotlugia dans le district de Skoptefield s'eft
abîmé , ainfi que deux Villages qui en étoient
voifins. La perte caufée par l'incendie arrivé le
22 du mois dernier à Bergen , monte à plus de fix
millions . Trois mille mailons faifant environ le
tiers de la Ville , ont été réduites en cendres.
Entre les édifices que les flammes ont détruits
on regrette furtout l'Eglife neuve & la Douane.
DE STOCKHOLM , le 4 Août.
Par une Déclaration publiée depuis quelques
jours , le Roi défend à tous Propriétaires ou
190 MERCURE DE FRANCE.
Capitaines de Vaiffeaux Suédois , de charger , pour
la France ou pour la Grande- Bretagne , aucunes
armes , munitions de guerre , & autres marchandifes
prohibées.
Des Brigands avoient formé le deffein de profiter
de la conjuration pour piller plufieurs des
principales maifons de cette Ville . On a arrêté
les chefs de ce complot. Les Colonels Stiernel &
Kalling ont été cités devant la Commiffion , à
l'occafion de quelques écrits dont on les accuſe
d'être les auteurs.
Elle continue d'inftruire le procès des nommés
Helberg , Flodelius , Fifcher & Sahlfeld , qui ont
tenté d'exciter les Dalécarliens à la révolte . Le
Trabant Silverhielm , que la Commiſſion avoit
fait arrêter dès le commencement de la Diete , a
été condamné à quinze jours au pain & à l'eau
enfuite à fix ans de prifon au Château de Maelftrand.
Il eft privé à perpétuité de la faculté de
rentrer au fervice , d'avoir voix dans les Dietes ,
& de le trouver jamais dans le lieu où la Diete
fera affemblée .
DE COPENHAGUE , le 20 Août.
Des lettres de l'Ile d'Iſlande annoncent que le
mont Kotlugia dans le district de Skoptefield s'eft
abîmé , ainfi que deux Villages qui en étoient
voifins. La perte caufée par l'incendie arrivé le
22 du mois dernier à Bergen , monte à plus de fix
millions . Trois mille mailons faifant environ le
tiers de la Ville , ont été réduites en cendres.
Entre les édifices que les flammes ont détruits
on regrette furtout l'Eglife neuve & la Douane.
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Résumé : DU NORD.
Le 4 août, le roi de Suède a interdit aux propriétaires et capitaines de vaisseaux suédois de transporter des armes, munitions et autres marchandises prohibées vers la France ou la Grande-Bretagne. À Stockholm, des brigands ont été arrêtés pour un projet de pillage de maisons importantes. Les colonels Stiernel et Kalling sont cités devant une commission pour des écrits qu'ils sont accusés d'avoir rédigés. La commission enquête également sur Helberg, Flodelius, Fischer et Sahlfeld, accusés d'avoir tenté de soulever les Dalécarliens. Le trabant Silverhielm a été condamné à quinze jours de pain et d'eau, suivi de six ans de prison, et privé à jamais de servir, voter aux Diètes et se trouver où la Diète est assemblée. Le 20 août, des lettres d'Islande rapportent la destruction du mont Kotlugia et de deux villages voisins. L'incendie du 22 juillet à Bergen a causé des pertes de plus de six millions, détruisant environ un tiers de la ville, dont la nouvelle église et la douane.
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692
p. 191-199
ALLEMAGNE.
Début :
Au commencement du mois dernier, l'Impératrice Reine de Hongrie & de [...]
Mots clefs :
Ratisbonne, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Rescrit, Mémoire, M. de Klinggraff, Ministre du Roi de Prusse, Réponse, Leipzig, Régiments, Ferdinand de Brunswic, Ordonnance, Prise de la ville, Déclaration du Roi de Prusse, Wrocław, Constellations, Globe de feu, Bruit du tonnerre
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE RATISBONNE , le 28 Août.
Au commencement du mois dernier , l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême donna un
Refcrit fur les motifs qui l'ont déterminée à faire
affembler les troupes en Bohême & en Morayie.
Cette Princeffe a fait publier depuis , à l'occafion
de la réponſe du Roi de Pruffe , un fecond Referit
, dont voici la teneur : « Il paroît par les dé-
>>clarations qui ont été faites de la part de la Cour
»de Berlin , que l'on veut s'y difculper de l'im-
»putation d'avoir donné occafion aux difpofitions
qui ont été jugées indifpenfables dans les Etats
de l'Impératrice . S'il eft vrai que les troupes
>>Pruffiennes n'ont pas été confidérablement aug-
»mentées en Siléfie , il n'eft pas moins vrai qu'on
les y a fait affembler & pourvoir d'artillerie , de
>>pontons & de tous les attirails de guerre néceffaires
pour entrer en campagne , & que les mêmes
difpofitions ont été faites dans les autres
Provinces de la dépendance de S. M. Pruffienne ;
deforte que les troupes y ont été mises en état
»de pouvoir fondre , dès qu'on le leur ordonne-
»roit , fur les Pays héréditaires de l'Impératrice ,
»foit par la Silefie , foit par les Etats Electoraux
»de Saxe. L'expérience du paffé doit fervir de
»regle pour l'avenir. Ainfi il doit paroître con-
»forme à la prudence que S. M. Impériale ne fe
»foit pas repofée fur de fimples affurances & pro-
»teftations , fans prendre les précautions conve-
»nables pour fa défenfe & fa fûreté . Du reſte , il
»y a une grande différence dans la nature des dif
pofitions de part & d'autre . Les troupes de l'Im192
MERCURE DE FRANCE.
»pératrice font diftribuées dans des lieux féparés
» par une longue diftance. Il a fallu s'y prendre à
»temps pour les faire fortir de leurs quartiers , &
»l'on ne devoit point attendre que l'événement
» eút vérifié ce que les préparatifs indiquoient , ou
»donnoient à foupçonner. »
On croit devoir joindre ici le Mémoire que le
Roi de Pruffe a fait remettre le 18 de ce mois à
la Cour de Vienne , & la réponſe de l'Impératrice
Reine.
Mémoire de M. de Klinggraff, Miniftre du
Roi de Pruffe , du 18 Août 1756 .
« Le Souffigné a l'honneur d'informer Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine , que le Roi fon Maître
»vient de lui donner des ordres exprès de repré-
»fenter à fadite Majefté ce qui fuit , fçavoir: Que
»Sa Majesté le Roi de Prufle étoit faché d'impor-
>>tuner encore Sa Majefté l'Impératrice Reine ;
»mais que cela étoit indifpenfable dans la fitua-
»tion préfente des affaires , dont l'importance
pexigeoit des expl cations plus claires que celles
»que Sa Majefté l'Impératrice Reine a données
»en dernier lieu à fadite Majefté Pruflienne par le
Souffigné. Que ce Prince , pour ne rien diffimu-
»ler à Sa Majefté l'Impératrice Reine , ne pouvoit
»abfolument s'empêcher de lui faire connoître ,
» qu'il étoit informé d'une maniere à ne pas en
» douter , qu'Elle a fait au commencement de
>>cette année une alliance offenfive avec la Cour
»de Ruffie contre lui , par laquelle il a été ftipulé
»que les deux Impératrices attaqueront inopiné-
>ment le fufdit Prince ; celle de Ruffie avec cent
>> vingt mille hommes , & Sa Majefté l'Impératrice
>>Reine avec une armé de quatre -vingt mille
combattans.
OCTOBRE . 1756. 193
1
» combattans. Que ce projet , qui devoit fe mettre
nen exécution dès le mois de Mai de cette année ,
» n'avoit été différé juſqu'au printemps prochain
» qu'à cauſe que les troupes de Ruffie ont manqué
de recrues , leur Flotte de matelots , & la Fin-
» lande de bleds pour les nourrir. Que comme à
» préfent il étoit revenu de toutes parts à Sa Majefté
Pruffienne , que Sa Majefté l'Impératrice
»Reine raffemble fes forces principales en Bohê-
>> me & en Moravie , que les troupes campent à
»peu de diftance des frontieres de ce Prince ,
»qu'on fait des magaſins & des amas confidéra-
» bles de munitions de guerre & de bouche , que
>> l'on tire des cordons de Huffards & de Croates
vle long des frontieres du fufdit Prince , de même
»que s'il étoit en pleine guerre avec fadite Ma-
»jefté Impériale & Royale , il fe croyoit en plein
» droit d'exiger d'Elle une déclaration formelle &
» catégorique , confiftant dans une affurance que
» Sa Majefté l'Impératrice Reine n'a eu aucune
intention d'attaquer Sa Majesté Pruffienne ni
>>cette année , ni celle qui vient.Qu'il importoit à
» ce Prince d'être éclairci s'il étoit avec Sa Majeſté
» l'Impératrice Reine en guerre ou en paix , qu'il
>>en rendoit cette Princeffe l'arbitre . Que fi les
»intentions de Sa Majefté Impériale & Royale
wétoient pures , ce feroit à préfent le moment de
»les mettre au jour ; mais que fi au contraire on
>>donnoit à Sa Majeſté Pruſſienne une réponſe iny
certaine & non concluante , Sa Majesté l'Impé-
>>ratrice Reine auroit à fe reprocher toute la fuite
>>qu'attirera cette façon tacite , & qu'Elle confir-
>> meroit par-là les projets dangereux qu'Elle auroit
»formés avec la Ruffie contre fadite Majefté Pruf-
»fienne, & qu'enfin ce Prince atteftoit le Ciel qu'il
weft innocent des malheurs qui s'enfuivroient.a
I. Vol
194 MERCURE
DE FRANCE.
Le Souffigné a ordre de demander fur ce que
deffus , une réponse prompre , catégorique & par
écrit , ainfi que Sa Majefté l'Impératrice Reine le
lui a fait promettre en dernier par fon Excellence
M. le Grand Chancelier de la Cour le Comte de
Kaunitz-kittberg .
A Viennes , le 18 Août 1756 .
Réponse au Mémoire présenté par M. de
Klinggraff, le 18 Août 1756.
a Sa Majesté le Roi de Pruffe étoit déja occupé
»depuis quelque temps de toutes les elpeces de
»préparatifs de guerre les plus confidérables & les
»plus inquiétans pour le repos public , lorſque le
26 du mois dernier , ce Prince jugea à propos de
»faire demander des éclairciffemens ǎ Sa Majefté
l'Impératrice Reine tur les difpofitions militaires
qui fe faifoient dans les Etats , & qui ne
venoient d'être réfolus que d'après tous les préparatifs
qu'avoit déja faits S. M. Pruffienne . Ce
»font des faits à la connoiflance de toute l'Europe.
»Sa Majefté l'Impératrice Reine auroit pu fe dif-
»penfer , moyennant cela , de donner des éclairciflemens
fur des objets qui n'en avoient pas
»befoin ; Elle a bien voulu le faire néanmoins ,
»& déclarer elle - même pour cet effet au fieur de
Klinggraff , dans l'audience qu'Elle lui accorda
ale 26 de Juillet : Que l'état critique des affaires
»générales lui avoit fait envisager les mesures
vqu'Elle prenoit comme néceffaires pour fa fûreté
celle de fes Alliés , & qu'elles ne tendoient
d'ailleurs au préjudice de qui que ce fut. Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine eft fans doute en droit
»de porter tel jugement qu'il lui plaît fur les circonftances
du temps , & il n'appartient de même
OCTOBRE. 1756.
195
S
-it
»qu'à Elle d'évaluer fes dangers. D'ailleurs fa dé-
» claration eſt ſi claire , qu'Elle n'auroit jamais
»imaginé qu'elle pût ne point être trouvée telle .
» Accoutumée à éprouver , ainfi qu'à obferver les
mégards que fe doivent les Souverains , Elle n'a
donc pu apprendre qu'avec étonnement & avec
la plus jufte fenfibilité , le contenu du Mémoire
»préfenté par le fieur Klinggraff . le 18 du cou-
>> rant , dont Elle s'eft fait rendre compte. Ce Mé-
>>moire eft tel quant au fonds , ainfi que quant
»aux expreffions , que S Majefté l'apérà rice
»Reine ſe verroit dans la néceffité de fortir des
> bornes de la mod ration qu'elle s'eft preferite ,
»fi elle répondoit à tout ce qu'il content. Mais
»Elle veut bien encore cependant , qu'en réponfe
» on déclare ultérieurement au fieur de Klinggraff
, que les informations que l'on a données
»à Sa Majefté Pruffienne d'une Alliance offenfive
>> contre Elle , entre Sa Majeſté l'Imperatrice Reine
» & Sa Majeſté l'impératrice de Ruffie , ainſi que
toutes les circonftances & prétendues ftipula-
» tions de ladite Alliance , font abfolument fauffes
»& controuvées , & que pareil Traité contre Sa
» Majeſté Pruſſienne n'existe point & n'a jamais
mexifté. Cette déclaration mettra toute l'Europe
à p rtée de juger de quelle valeur & qualité feroient
les fâcheux événemens qu'annonce le
» Mémoire du fieur de Klinggraff , & de voir
» qu'en tous cas ils ne pourront jamais être imputés
à Sa Majesté Impératrice Reine. Et c'eft
nce que , par ordre exprès de Sa Majesté l'Impépratrice
Reine , on eft chargé de faire connoître
Dau fieur de Kiinggraff , en réponſe à fon Mé
>> moire. »
A Vienne , le 21 Août 1756.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 2 Septembre.
Quatre Régimens d'Infanterie & un Régiment
de Huffards des troupes du Roi de Pruffe entrerent
ici le 29 du mois dernier , fans qu'on eût eu
aucun avis de leur marche. La plupart des habitans
étoient alors affemblés dans les Eglifes , où
ils vaquoient avec fécurité aux exercices du culte
Divin. Depuis quinze jours , les garnifons de
cette Ville & de la Citadelle en étoient forties
pour le rendre au camp de Pirna. Le Général
Baron de Haxthauſen , Gouverneur de Leipfick ,
chargé par le Roi de prendre le commandement
de ce camp , étoit allé à Drefde recevoir les ordres
de Sa Majesté.
Auffi-tôt après l'arrivée des Pruffiens , le Prince
Ferdinand de Brunſwic qui les commandoit , prit
poffeffion des portes de la Ville , & il pofa des
Gardes à l'Hôtel de Ville , à la Tréforerie & à la
Citadelle. Les foldats des Régimens d'Infanterie
furent logés chez les Bourgeois , & les Huffards
dans les environs de la Ville . Pendant qu'on faifoit
la diftribution des logemens , on apprit que
quatre autres Régimens Pruffiens avoient fuivi la
premiere divifion de leurs troupes , & qu'ils
étoient cantonnés près d'ici en différens Villages.
Le même jour , le Prince de Brunſwic fit publier
une Ordonnance portant ce qui fuit : « Nous
>> Ferdinand , &c. Lieutenant-Général des Armées
»de Sa Majefté Pruffienne , Colonel d'un Régi-
>> ment d'Infanterie , Gouverneur des Ville & For-
»tereffe de Magdebourg , Chevalier de l'Ordre de
>>l'Aigle Noir , &c. Sçavoir faifons , que c'eſt par
» ordre de Sa Majesté Pruffienne que nous sommes
mentrés avec un corps de troupes dans l'Electorat
OCTOBRE . 1756. 197
»de Sare. Comme Sa Majeſté Pruffienne , loin de
»permettre qu'on y faffe le moindre dégât , veut
Dau contraire qu'on épargne le pays le plus qu'il
nfera poffible , & qu'on regarde & protege la
Saxe comme fes propres poffeffions , Elle a or-
»donné très-expreffément d'y faire obſerver à fes
troupes une exacte difcipline , de punir févére-
>>ment les foldats ou Officiers qui feront trouvés
Den faute à cet égard , & de remédier prompte-
>> ment aux défordres qu'ils auront commis. Or ,
»pour maintenir le bon ordre , il eft néceffaire
»que le Pays fourniffe aux troupes du Roi les
»fourrages , le pain , la viande , la biere & les
»légumes dont elles auront befoin . Ainfi il con-
>>vient de prendre des mefures fixes pour les
»livraiſons de ces provifions . En conséquence ,
»Nous mandons par la Préfente , au nom & de la
»part de Sa Majefté , à tous les Membres de la
»Nobleffe de chaque Cercle de l'Electorat , qu'ils
wayent à comparoître devant nous à Leipfick foit
wen perfonne , foit par repréfentans duement
»qualifiés , le 30 Août pour le plûtard , afin de
»délibérer fur lefdites livraifons ; Sa Majesté ayant
»nommé une Commiffion particuliere pour liqui
»der avec eux. Ceux qui manqueront de fe conformer
à la Préfente , ne devront s'en prendre
» qu'à eux-mêmes , fi on les contraint par voie
»d'exécution militaire , à fournir leur quotepart
» des fufdites livraiſons. >>
On publia le lendemain une Déclaration du
Roi de Pruffe , dans laquelle il eft dit « que les
»deffeins de la Cour de Vienne mettant ce Prince
»dans la néceffité de les prévenir , Sa Majesté
»Pruffienne fe voit forcée , malgré elle , & par une
>>fuite des circonftances , à entrer avec fon armée
dans les Etats héréditaires du Roi de Pologne
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
>>Electeur de Saxe . Que c'eft à regret qu'Elle fe
» porte à une démarche que fon amitié perfon-
»nelle pour Sa Majesté Polonoife lui auroit fait
» éviter , fi les loix de la guerre , le malheur des
»temps , & la fûreté de fes propres Etats ne la
»rendoient indifpenfable . Que les événemens de
>> l'année 1744 font encore récens à fa mémoire.
» Que pour n'être pas expofée aux mêmes incon-
»véniens , Sa Majefté Pruflienne eft obligée de ne
DConfulter que les regles de la prudence : mais
»qu'Elle déclare de la maniere la plus folemnelle
tant à Sa Majefté le Roi de Pologne qu'à l'Euprope
entiere , qu'Elle n'a aucun deffein offenfif
contre Sa Majefté Polonoife ni contre fes Etats.
Qu'Elle ne fouhaite rien avec plus d'ardeur que
de voir approcher l'heureux moment de pouvoir
remettre à ce Prince fes Etats , qui font &
feront toujours pour Elle un dépôt facré. »
L'après-midi , le Prince de Brunfwic fit prendre
poffeffion du Bureau de la Douane , de celui des
Affiles & des autres Comptoirs publics . Pendant
tout le jour les boutiques demeurerent fermées.
Le 31 on les ouvrir.
Hier à la pointe du jour , les troupes Pruffiennes
fe remirent en marche pour continuer leur
route. Elles fe font comportées avec beaucoup de
régularité , & elles n'ont rien exigé au- delà de
ce qu'on étoit convenu de leur fournir. Avec les
quatre Régimens qui ne font point entrés dans
cette Ville , elles compofoient un corps de douze
mille hommes . On vient d'être informé de l'approche
de deux autres colonnes de la même armée,
qui font de la même force que la premiere
colonne. Celle- ci s'eft portée le long de l'Elfter
fur Zeitz , qui eft le chemin par lequel on débouche
dans les Cercles de la partie Occidentale de la
Bohême.
OCTOBRE. 1756. 199
Les Magiftrats ayant demandé au Prince de
Brunfwic de quelle maniere on fe conduiroit pour
Ja Foire qui doit fe tenir ici à la Saint Michel , il
leur a confeillé d'envoyer une députation au Roi
de Pruffe. Conformément à cet avis , deux Députés
des Magiftrats partirent hier pour Berlin , avec
deux Députés du Corps des Négocians. La réponfe
qu'ils rapporteront décidera de la tenue
de la Foire.
DE BRESLAU , le
9 Août.
On apperçut le premier de ce mois à neuf
heures quarante- trois minutes du ſoir , ſous la
conftellation de la couronne feptentrionale , un
globe de feu qui avoit une longue queue. I prit
fa direction vers la grande ourfe. Lorfqu'il fut
fous cette derniere conftellation , il s'ouvrit , &
l'on en vit fortir un grand nombre de petites
étoles. Elles difparurent en tombant , & ne
refta plus de ce phénomene qu'une traînée de
lumiere , qui deux minutes après ceffa elle -même
de paroître. Pendant près de deux autres minutes ,
on entendit un bruit femblable à celui du tonnerre
, & fi violent , que les fenêtres & les portes
des maifons en étoient ébranlées . Il faut obferver
que le ciel étoit alors ferein . Un vent de fud-
Queft fouffloit avec affez de force.
DE RATISBONNE , le 28 Août.
Au commencement du mois dernier , l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Bohême donna un
Refcrit fur les motifs qui l'ont déterminée à faire
affembler les troupes en Bohême & en Morayie.
Cette Princeffe a fait publier depuis , à l'occafion
de la réponſe du Roi de Pruffe , un fecond Referit
, dont voici la teneur : « Il paroît par les dé-
>>clarations qui ont été faites de la part de la Cour
»de Berlin , que l'on veut s'y difculper de l'im-
»putation d'avoir donné occafion aux difpofitions
qui ont été jugées indifpenfables dans les Etats
de l'Impératrice . S'il eft vrai que les troupes
>>Pruffiennes n'ont pas été confidérablement aug-
»mentées en Siléfie , il n'eft pas moins vrai qu'on
les y a fait affembler & pourvoir d'artillerie , de
>>pontons & de tous les attirails de guerre néceffaires
pour entrer en campagne , & que les mêmes
difpofitions ont été faites dans les autres
Provinces de la dépendance de S. M. Pruffienne ;
deforte que les troupes y ont été mises en état
»de pouvoir fondre , dès qu'on le leur ordonne-
»roit , fur les Pays héréditaires de l'Impératrice ,
»foit par la Silefie , foit par les Etats Electoraux
»de Saxe. L'expérience du paffé doit fervir de
»regle pour l'avenir. Ainfi il doit paroître con-
»forme à la prudence que S. M. Impériale ne fe
»foit pas repofée fur de fimples affurances & pro-
»teftations , fans prendre les précautions conve-
»nables pour fa défenfe & fa fûreté . Du reſte , il
»y a une grande différence dans la nature des dif
pofitions de part & d'autre . Les troupes de l'Im192
MERCURE DE FRANCE.
»pératrice font diftribuées dans des lieux féparés
» par une longue diftance. Il a fallu s'y prendre à
»temps pour les faire fortir de leurs quartiers , &
»l'on ne devoit point attendre que l'événement
» eút vérifié ce que les préparatifs indiquoient , ou
»donnoient à foupçonner. »
On croit devoir joindre ici le Mémoire que le
Roi de Pruffe a fait remettre le 18 de ce mois à
la Cour de Vienne , & la réponſe de l'Impératrice
Reine.
Mémoire de M. de Klinggraff, Miniftre du
Roi de Pruffe , du 18 Août 1756 .
« Le Souffigné a l'honneur d'informer Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine , que le Roi fon Maître
»vient de lui donner des ordres exprès de repré-
»fenter à fadite Majefté ce qui fuit , fçavoir: Que
»Sa Majesté le Roi de Prufle étoit faché d'impor-
>>tuner encore Sa Majefté l'Impératrice Reine ;
»mais que cela étoit indifpenfable dans la fitua-
»tion préfente des affaires , dont l'importance
pexigeoit des expl cations plus claires que celles
»que Sa Majefté l'Impératrice Reine a données
»en dernier lieu à fadite Majefté Pruflienne par le
Souffigné. Que ce Prince , pour ne rien diffimu-
»ler à Sa Majefté l'Impératrice Reine , ne pouvoit
»abfolument s'empêcher de lui faire connoître ,
» qu'il étoit informé d'une maniere à ne pas en
» douter , qu'Elle a fait au commencement de
>>cette année une alliance offenfive avec la Cour
»de Ruffie contre lui , par laquelle il a été ftipulé
»que les deux Impératrices attaqueront inopiné-
>ment le fufdit Prince ; celle de Ruffie avec cent
>> vingt mille hommes , & Sa Majefté l'Impératrice
>>Reine avec une armé de quatre -vingt mille
combattans.
OCTOBRE . 1756. 193
1
» combattans. Que ce projet , qui devoit fe mettre
nen exécution dès le mois de Mai de cette année ,
» n'avoit été différé juſqu'au printemps prochain
» qu'à cauſe que les troupes de Ruffie ont manqué
de recrues , leur Flotte de matelots , & la Fin-
» lande de bleds pour les nourrir. Que comme à
» préfent il étoit revenu de toutes parts à Sa Majefté
Pruffienne , que Sa Majefté l'Impératrice
»Reine raffemble fes forces principales en Bohê-
>> me & en Moravie , que les troupes campent à
»peu de diftance des frontieres de ce Prince ,
»qu'on fait des magaſins & des amas confidéra-
» bles de munitions de guerre & de bouche , que
>> l'on tire des cordons de Huffards & de Croates
vle long des frontieres du fufdit Prince , de même
»que s'il étoit en pleine guerre avec fadite Ma-
»jefté Impériale & Royale , il fe croyoit en plein
» droit d'exiger d'Elle une déclaration formelle &
» catégorique , confiftant dans une affurance que
» Sa Majefté l'Impératrice Reine n'a eu aucune
intention d'attaquer Sa Majesté Pruffienne ni
>>cette année , ni celle qui vient.Qu'il importoit à
» ce Prince d'être éclairci s'il étoit avec Sa Majeſté
» l'Impératrice Reine en guerre ou en paix , qu'il
>>en rendoit cette Princeffe l'arbitre . Que fi les
»intentions de Sa Majefté Impériale & Royale
wétoient pures , ce feroit à préfent le moment de
»les mettre au jour ; mais que fi au contraire on
>>donnoit à Sa Majeſté Pruſſienne une réponſe iny
certaine & non concluante , Sa Majesté l'Impé-
>>ratrice Reine auroit à fe reprocher toute la fuite
>>qu'attirera cette façon tacite , & qu'Elle confir-
>> meroit par-là les projets dangereux qu'Elle auroit
»formés avec la Ruffie contre fadite Majefté Pruf-
»fienne, & qu'enfin ce Prince atteftoit le Ciel qu'il
weft innocent des malheurs qui s'enfuivroient.a
I. Vol
194 MERCURE
DE FRANCE.
Le Souffigné a ordre de demander fur ce que
deffus , une réponse prompre , catégorique & par
écrit , ainfi que Sa Majefté l'Impératrice Reine le
lui a fait promettre en dernier par fon Excellence
M. le Grand Chancelier de la Cour le Comte de
Kaunitz-kittberg .
A Viennes , le 18 Août 1756 .
Réponse au Mémoire présenté par M. de
Klinggraff, le 18 Août 1756.
a Sa Majesté le Roi de Pruffe étoit déja occupé
»depuis quelque temps de toutes les elpeces de
»préparatifs de guerre les plus confidérables & les
»plus inquiétans pour le repos public , lorſque le
26 du mois dernier , ce Prince jugea à propos de
»faire demander des éclairciffemens ǎ Sa Majefté
l'Impératrice Reine tur les difpofitions militaires
qui fe faifoient dans les Etats , & qui ne
venoient d'être réfolus que d'après tous les préparatifs
qu'avoit déja faits S. M. Pruffienne . Ce
»font des faits à la connoiflance de toute l'Europe.
»Sa Majefté l'Impératrice Reine auroit pu fe dif-
»penfer , moyennant cela , de donner des éclairciflemens
fur des objets qui n'en avoient pas
»befoin ; Elle a bien voulu le faire néanmoins ,
»& déclarer elle - même pour cet effet au fieur de
Klinggraff , dans l'audience qu'Elle lui accorda
ale 26 de Juillet : Que l'état critique des affaires
»générales lui avoit fait envisager les mesures
vqu'Elle prenoit comme néceffaires pour fa fûreté
celle de fes Alliés , & qu'elles ne tendoient
d'ailleurs au préjudice de qui que ce fut. Sa Ma-
»jefté l'Impératrice Reine eft fans doute en droit
»de porter tel jugement qu'il lui plaît fur les circonftances
du temps , & il n'appartient de même
OCTOBRE. 1756.
195
S
-it
»qu'à Elle d'évaluer fes dangers. D'ailleurs fa dé-
» claration eſt ſi claire , qu'Elle n'auroit jamais
»imaginé qu'elle pût ne point être trouvée telle .
» Accoutumée à éprouver , ainfi qu'à obferver les
mégards que fe doivent les Souverains , Elle n'a
donc pu apprendre qu'avec étonnement & avec
la plus jufte fenfibilité , le contenu du Mémoire
»préfenté par le fieur Klinggraff . le 18 du cou-
>> rant , dont Elle s'eft fait rendre compte. Ce Mé-
>>moire eft tel quant au fonds , ainfi que quant
»aux expreffions , que S Majefté l'apérà rice
»Reine ſe verroit dans la néceffité de fortir des
> bornes de la mod ration qu'elle s'eft preferite ,
»fi elle répondoit à tout ce qu'il content. Mais
»Elle veut bien encore cependant , qu'en réponfe
» on déclare ultérieurement au fieur de Klinggraff
, que les informations que l'on a données
»à Sa Majefté Pruffienne d'une Alliance offenfive
>> contre Elle , entre Sa Majeſté l'Imperatrice Reine
» & Sa Majeſté l'impératrice de Ruffie , ainſi que
toutes les circonftances & prétendues ftipula-
» tions de ladite Alliance , font abfolument fauffes
»& controuvées , & que pareil Traité contre Sa
» Majeſté Pruſſienne n'existe point & n'a jamais
mexifté. Cette déclaration mettra toute l'Europe
à p rtée de juger de quelle valeur & qualité feroient
les fâcheux événemens qu'annonce le
» Mémoire du fieur de Klinggraff , & de voir
» qu'en tous cas ils ne pourront jamais être imputés
à Sa Majesté Impératrice Reine. Et c'eft
nce que , par ordre exprès de Sa Majesté l'Impépratrice
Reine , on eft chargé de faire connoître
Dau fieur de Kiinggraff , en réponſe à fon Mé
>> moire. »
A Vienne , le 21 Août 1756.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 2 Septembre.
Quatre Régimens d'Infanterie & un Régiment
de Huffards des troupes du Roi de Pruffe entrerent
ici le 29 du mois dernier , fans qu'on eût eu
aucun avis de leur marche. La plupart des habitans
étoient alors affemblés dans les Eglifes , où
ils vaquoient avec fécurité aux exercices du culte
Divin. Depuis quinze jours , les garnifons de
cette Ville & de la Citadelle en étoient forties
pour le rendre au camp de Pirna. Le Général
Baron de Haxthauſen , Gouverneur de Leipfick ,
chargé par le Roi de prendre le commandement
de ce camp , étoit allé à Drefde recevoir les ordres
de Sa Majesté.
Auffi-tôt après l'arrivée des Pruffiens , le Prince
Ferdinand de Brunſwic qui les commandoit , prit
poffeffion des portes de la Ville , & il pofa des
Gardes à l'Hôtel de Ville , à la Tréforerie & à la
Citadelle. Les foldats des Régimens d'Infanterie
furent logés chez les Bourgeois , & les Huffards
dans les environs de la Ville . Pendant qu'on faifoit
la diftribution des logemens , on apprit que
quatre autres Régimens Pruffiens avoient fuivi la
premiere divifion de leurs troupes , & qu'ils
étoient cantonnés près d'ici en différens Villages.
Le même jour , le Prince de Brunſwic fit publier
une Ordonnance portant ce qui fuit : « Nous
>> Ferdinand , &c. Lieutenant-Général des Armées
»de Sa Majefté Pruffienne , Colonel d'un Régi-
>> ment d'Infanterie , Gouverneur des Ville & For-
»tereffe de Magdebourg , Chevalier de l'Ordre de
>>l'Aigle Noir , &c. Sçavoir faifons , que c'eſt par
» ordre de Sa Majesté Pruffienne que nous sommes
mentrés avec un corps de troupes dans l'Electorat
OCTOBRE . 1756. 197
»de Sare. Comme Sa Majeſté Pruffienne , loin de
»permettre qu'on y faffe le moindre dégât , veut
Dau contraire qu'on épargne le pays le plus qu'il
nfera poffible , & qu'on regarde & protege la
Saxe comme fes propres poffeffions , Elle a or-
»donné très-expreffément d'y faire obſerver à fes
troupes une exacte difcipline , de punir févére-
>>ment les foldats ou Officiers qui feront trouvés
Den faute à cet égard , & de remédier prompte-
>> ment aux défordres qu'ils auront commis. Or ,
»pour maintenir le bon ordre , il eft néceffaire
»que le Pays fourniffe aux troupes du Roi les
»fourrages , le pain , la viande , la biere & les
»légumes dont elles auront befoin . Ainfi il con-
>>vient de prendre des mefures fixes pour les
»livraiſons de ces provifions . En conséquence ,
»Nous mandons par la Préfente , au nom & de la
»part de Sa Majefté , à tous les Membres de la
»Nobleffe de chaque Cercle de l'Electorat , qu'ils
wayent à comparoître devant nous à Leipfick foit
wen perfonne , foit par repréfentans duement
»qualifiés , le 30 Août pour le plûtard , afin de
»délibérer fur lefdites livraifons ; Sa Majesté ayant
»nommé une Commiffion particuliere pour liqui
»der avec eux. Ceux qui manqueront de fe conformer
à la Préfente , ne devront s'en prendre
» qu'à eux-mêmes , fi on les contraint par voie
»d'exécution militaire , à fournir leur quotepart
» des fufdites livraiſons. >>
On publia le lendemain une Déclaration du
Roi de Pruffe , dans laquelle il eft dit « que les
»deffeins de la Cour de Vienne mettant ce Prince
»dans la néceffité de les prévenir , Sa Majesté
»Pruffienne fe voit forcée , malgré elle , & par une
>>fuite des circonftances , à entrer avec fon armée
dans les Etats héréditaires du Roi de Pologne
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
>>Electeur de Saxe . Que c'eft à regret qu'Elle fe
» porte à une démarche que fon amitié perfon-
»nelle pour Sa Majesté Polonoife lui auroit fait
» éviter , fi les loix de la guerre , le malheur des
»temps , & la fûreté de fes propres Etats ne la
»rendoient indifpenfable . Que les événemens de
>> l'année 1744 font encore récens à fa mémoire.
» Que pour n'être pas expofée aux mêmes incon-
»véniens , Sa Majefté Pruflienne eft obligée de ne
DConfulter que les regles de la prudence : mais
»qu'Elle déclare de la maniere la plus folemnelle
tant à Sa Majefté le Roi de Pologne qu'à l'Euprope
entiere , qu'Elle n'a aucun deffein offenfif
contre Sa Majefté Polonoife ni contre fes Etats.
Qu'Elle ne fouhaite rien avec plus d'ardeur que
de voir approcher l'heureux moment de pouvoir
remettre à ce Prince fes Etats , qui font &
feront toujours pour Elle un dépôt facré. »
L'après-midi , le Prince de Brunfwic fit prendre
poffeffion du Bureau de la Douane , de celui des
Affiles & des autres Comptoirs publics . Pendant
tout le jour les boutiques demeurerent fermées.
Le 31 on les ouvrir.
Hier à la pointe du jour , les troupes Pruffiennes
fe remirent en marche pour continuer leur
route. Elles fe font comportées avec beaucoup de
régularité , & elles n'ont rien exigé au- delà de
ce qu'on étoit convenu de leur fournir. Avec les
quatre Régimens qui ne font point entrés dans
cette Ville , elles compofoient un corps de douze
mille hommes . On vient d'être informé de l'approche
de deux autres colonnes de la même armée,
qui font de la même force que la premiere
colonne. Celle- ci s'eft portée le long de l'Elfter
fur Zeitz , qui eft le chemin par lequel on débouche
dans les Cercles de la partie Occidentale de la
Bohême.
OCTOBRE. 1756. 199
Les Magiftrats ayant demandé au Prince de
Brunfwic de quelle maniere on fe conduiroit pour
Ja Foire qui doit fe tenir ici à la Saint Michel , il
leur a confeillé d'envoyer une députation au Roi
de Pruffe. Conformément à cet avis , deux Députés
des Magiftrats partirent hier pour Berlin , avec
deux Députés du Corps des Négocians. La réponfe
qu'ils rapporteront décidera de la tenue
de la Foire.
DE BRESLAU , le
9 Août.
On apperçut le premier de ce mois à neuf
heures quarante- trois minutes du ſoir , ſous la
conftellation de la couronne feptentrionale , un
globe de feu qui avoit une longue queue. I prit
fa direction vers la grande ourfe. Lorfqu'il fut
fous cette derniere conftellation , il s'ouvrit , &
l'on en vit fortir un grand nombre de petites
étoles. Elles difparurent en tombant , & ne
refta plus de ce phénomene qu'une traînée de
lumiere , qui deux minutes après ceffa elle -même
de paroître. Pendant près de deux autres minutes ,
on entendit un bruit femblable à celui du tonnerre
, & fi violent , que les fenêtres & les portes
des maifons en étoient ébranlées . Il faut obferver
que le ciel étoit alors ferein . Un vent de fud-
Queft fouffloit avec affez de force.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En août 1756, des tensions militaires croissantes opposèrent l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême au Roi de Prusse. L'Impératrice publia deux réfutations accusant la Prusse d'augmenter ses troupes et ses provisions en Silésie et dans d'autres provinces, prêtes à envahir ses États. Elle souligna la dispersion des troupes impériales et la nécessité de précautions pour assurer la défense. Le 18 août, le Roi de Prusse, par l'intermédiaire de son ministre Klinggraff, accusa l'Impératrice d'avoir formé une alliance offensive avec la Russie. Il demanda une déclaration formelle confirmant l'absence d'intentions hostiles. L'Impératrice répliqua que les préparatifs prussiens étaient connus de toute l'Europe et qu'elle avait agi pour sa sécurité et celle de ses alliés. Elle nia l'existence d'une alliance offensive avec la Russie. Le 29 août, quatre régiments prussiens entrèrent à Leipzig sans avertissement, prenant le contrôle des points stratégiques. Le Prince Ferdinand de Brunswick, commandant les troupes, publia une ordonnance exigeant des provisions pour les soldats et menaçant de sanctions en cas de non-conformité. Le Roi de Prusse publia une déclaration affirmant qu'il entrait en Saxe pour prévenir les desseins de la Cour de Vienne, tout en déclarant qu'il n'avait pas d'intentions offensives contre le Roi de Pologne. Parallèlement, une armée composée de douze mille hommes, incluant quatre régiments, se déplaça le long de l'Elster vers Zeitz, route menant aux cercles occidentaux de la Bohême. Deux autres colonnes de même force approchèrent. À Breslau, le 9 août, un phénomène céleste fut observé : un globe de feu avec une longue queue apparut sous la constellation de la couronne septentrionale, se dirigea vers la grande ourse, et se transforma en plusieurs petites étoiles avant de disparaître, laissant une traînée de lumière et un bruit semblable au tonnerre. Les magistrats de Breslau, ayant consulté le Prince de Brunswick sur la tenue de la foire de la Saint-Michel, envoyèrent une députation au Roi de Prusse pour obtenir une réponse décisive.
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693
p. 199-200
ESPAGNE.
Début :
On essuya encore ici, le 10 & le 11 de ce mois, deux violentes secousses. [...]
Mots clefs :
Tremblements de terre, Fumée, Soufre, Pillage, Chantage, Scélérat, Lisbonne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 22 Juillet.
On effuya encore ici , le 10 & le 11 de ce mois
deux violentes fecouffes. Le 10 , il fortit du fein
de la terre un tourbillon de fumée , qui en s'éle-
I AV
200 MERCURE DE FRANCE.
vant s'étendit peu à peu fur tout l'horizon , &
déroba entiérement la lumiere du foleil. Tant
que l'obfcurité dura , l'air fut infecté d'une odeur
infupportable de foufre. Il y eut le 18 au matin
une nouvelle fecouffe , mais elle fur légere . Malgré
tous les foins que le Gouvernement fe donne
pour affurer la tranquillité publique , les vols &
les affaffinats continuent d'être fréquens dans
cette malheureufe Ville. Chaque jour quelquesunes
des perfonnes riches reçoivent des billets
anonymes , par lefquels on les menace de les
brûler dans leurs demeures , fi elles ne portent à
des endroits marqués les fommes qu'on leur demande.
On arrêta dernierement deux fcélérats
qui fe difpofoient à mettre le feu à des baraques
de la Ville - Baffe. Ils ont déclaré que dix - huit de
leurs complices devoient en faire autant dans
différentes rues , & qu'ils auroient profité tous du
défordre général pour piller les habitations qu'ils
auroient trouvées abandonnées.
DE LISBONNE , le 22 Juillet.
On effuya encore ici , le 10 & le 11 de ce mois
deux violentes fecouffes. Le 10 , il fortit du fein
de la terre un tourbillon de fumée , qui en s'éle-
I AV
200 MERCURE DE FRANCE.
vant s'étendit peu à peu fur tout l'horizon , &
déroba entiérement la lumiere du foleil. Tant
que l'obfcurité dura , l'air fut infecté d'une odeur
infupportable de foufre. Il y eut le 18 au matin
une nouvelle fecouffe , mais elle fur légere . Malgré
tous les foins que le Gouvernement fe donne
pour affurer la tranquillité publique , les vols &
les affaffinats continuent d'être fréquens dans
cette malheureufe Ville. Chaque jour quelquesunes
des perfonnes riches reçoivent des billets
anonymes , par lefquels on les menace de les
brûler dans leurs demeures , fi elles ne portent à
des endroits marqués les fommes qu'on leur demande.
On arrêta dernierement deux fcélérats
qui fe difpofoient à mettre le feu à des baraques
de la Ville - Baffe. Ils ont déclaré que dix - huit de
leurs complices devoient en faire autant dans
différentes rues , & qu'ils auroient profité tous du
défordre général pour piller les habitations qu'ils
auroient trouvées abandonnées.
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Résumé : ESPAGNE.
En juillet, Lisbonne a été frappée par plusieurs secousses sismiques. Le 10 juillet, une violente secousse a provoqué un tourbillon de fumée obscurcissant le ciel et répandant une odeur de soufre. Une autre secousse, plus légère, a eu lieu le 18 juillet. Malgré les efforts du gouvernement pour maintenir l'ordre, des vols et des incendies criminels se multiplient. Des menaces anonymes contraignent des personnes riches à payer des sommes d'argent sous peine d'incendie. Récemment, deux individus ont été arrêtés alors qu'ils s'apprêtaient à mettre le feu à des baraques. Ils ont avoué que dix-huit complices devaient incendier divers endroits de la ville pour piller les habitations abandonnées.
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694
p. 200-201
ITALIE.
Début :
Le 17 de ce mois, quelques minutes avant midi, le ciel [...]
Mots clefs :
Padoue, Rafale de vent, Tremblement de terre, Tempête, Ville détruite, Destruction d'édifices, Dégâts, Victimes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE PADOUE , le 23 Août.'
Le 17 de ce mois , quelques minutes avant
midi , le ciel s'obfcurcit tout-à- coup , & il s'éleva
un vent fi violent , que les toits de la plupart des
maifons furent emportés. Dans la campagne , les
arbres les plus forts ont été couchés par terre.
Plufieurs voitures chargées ont été jettées dans
des ravins. Prefque tous les bateaux qui étoient
fur la Brente ont péri. Diverfes fecouffes de tremblement
de terre ont fuivi cette horrible tempête
, & ont ajouté de nouveaux défaftres à ceux
qu'on venoit d'éprouver. Une partie de la Ville a
OCTOBRE. 1756. 201
été détruite . Des édifices confidérables , entr'autres
l'Hôtel de Ville , qui faifoit l'admiration des
étrangers , ont été ruinés de fond en comble.
Un grand nombre de perſonnes ont été ensevelies
fous leurs habitations.
DE PADOUE , le 23 Août.'
Le 17 de ce mois , quelques minutes avant
midi , le ciel s'obfcurcit tout-à- coup , & il s'éleva
un vent fi violent , que les toits de la plupart des
maifons furent emportés. Dans la campagne , les
arbres les plus forts ont été couchés par terre.
Plufieurs voitures chargées ont été jettées dans
des ravins. Prefque tous les bateaux qui étoient
fur la Brente ont péri. Diverfes fecouffes de tremblement
de terre ont fuivi cette horrible tempête
, & ont ajouté de nouveaux défaftres à ceux
qu'on venoit d'éprouver. Une partie de la Ville a
OCTOBRE. 1756. 201
été détruite . Des édifices confidérables , entr'autres
l'Hôtel de Ville , qui faifoit l'admiration des
étrangers , ont été ruinés de fond en comble.
Un grand nombre de perſonnes ont été ensevelies
fous leurs habitations.
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Résumé : ITALIE.
Le 17 août, une violente tempête a frappé Padoue, arrachant des toits et renversant des arbres. Des voitures et des bateaux ont été détruits. Des secousses sismiques ont suivi, aggravant les dégâts. L'Hôtel de Ville et d'autres édifices importants ont été détruits, causant de nombreuses victimes ensevelies sous les décombres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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695
p. 201-203
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Malgré les défenses allégnées par le Général Fowke, le Conseil de guerre [...]
Mots clefs :
Londres, Général Fowke, Amiral Byng, Adresse au roi, Ile de Minorque, Commissaires de l'Amirauté, Soulèvement populaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 31 Août.
Malgré les défenſes alléguées par le Général
Fowke , le Confeil de guerre affemblé pour le
juger , l'a déclaré coupable , & l'a fufpendu de fon
rang pendant un an. L'Amiral Byng ayant été
conduit en cette Ville par des routes détournées ,
eft actuellement à l'Hôpital de Greenwich , où il
eft gardé à vue. Le Confeil de guerre , qui inftruira
le procès de cet Amiral , fera compofé de trois
Amiraux & de dix Capitaines de Vaiffeaux de
guerre. On a fait partir de Portſmouth le Vaiffeau
l'Antelope , pour aller chercher dix- neuf
Officiers dont l'accufé reclame le témoignage.
Le 20 Août , le Lord Maire & le Corps de la
Bourgeoifte de cette Capitale préfenterent au Roi
une Adreffe , dans laquelle ils témoignerent combien
ils étoient fenfibles aux inquiétudes que les
mauvais fuccès de la Nation dans la Méditerranée
devoient faire naître dans l'efprit de Sa Majesté.
Ils ajouterent qu'ils craignoient que la perte de
Pille Minorque , dont la Grande-Bretagne retiroit
de fi grands avantages & dont la confervation
étoit importante au commerce de fes Royaumes
, n'imprimât pour toujours une tache à l'honneur
des Anglois. En même temps ils repréfenterent
la néceffité d'établir une Milice générale
dans les trois Royaumes. Ils dirent qu'ils efpé-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
roient que les auteurs des malheurs publics feroient
foigneufement recherchés & févérement
punis . Enfin ils affurerent le Roi , que fa fidelle
Ville de Londres concourroit en tout ce qui
dépendroit d'elle , pour la défenfe de Sa Majefté & 14
de la Maifon Royale. Le Roi répondit à cette
Adreffe : La perte de PIfe Minorque m'a caufé
une vive douleur. J'employerai tous mes foins au
maintien de l'honneur de la Nation , & du commerce
de mes Sujets. Les événemens de la guerre
font incertains , mais il ne fera rien obmis de ma
part pour la continuer avec vigueur , pour recouvrer
Les poffeffions de ma Couronne , & pour parvenir à
une paix folide & glorieuse. Je veillerai à ce qu'il
foit fait juftice de ceux qui auront manqué à leur
devoir envers moi & envers la Patrie. Mes ordres
font donnés pour qu'à l'avenir la fubordination
foit mieux obfervée dans mes Flottes & dans mes
Armées, je ne négligerai rien pour faire garder
le respect dû à mon Gouvernement.
On a réfolu d'ériger une Statue au Général
Blakeney dans une Place de la ville de Dublin .
Une des Infcriptions fera prife des termes dont
le Maréchal de Richelieu s'eft fervi , en parlant
de ce Général dans le ſecond article de la Capitulation
du Fort Saint - Philippe .
Les Commiffaires de l'Amirauté viennent de
déclarer de bonne priſe douze Navires enlevés
aux François avant la Déclaration de guerre .
Tout fe difpofe pour l'embarquement des troupes
deftinées à fervir dans l'expédition que projette le
Gouvernement. Elles feront renforcées de quelques
Régimens du camp de Blandfort.
Il y eut la femaine derniere une courfe de
chevaux à Barnet , près d'un château de l'Amiral
Byng. La populace s'y attroupa pour démolir ce
OCTOBRE . 1756. 203
bâtiment. Quelques perfonnes, pour faire diverfion
à cecomplot, fe prefferent de répandre le bruit que
ce Château feroit inceffamment confifqué , pour
être donné au Général Blakeney . Le peuple ajouta
foi à ces difcours , & tout fut tranquille.
DE LONDRES , le 31 Août.
Malgré les défenſes alléguées par le Général
Fowke , le Confeil de guerre affemblé pour le
juger , l'a déclaré coupable , & l'a fufpendu de fon
rang pendant un an. L'Amiral Byng ayant été
conduit en cette Ville par des routes détournées ,
eft actuellement à l'Hôpital de Greenwich , où il
eft gardé à vue. Le Confeil de guerre , qui inftruira
le procès de cet Amiral , fera compofé de trois
Amiraux & de dix Capitaines de Vaiffeaux de
guerre. On a fait partir de Portſmouth le Vaiffeau
l'Antelope , pour aller chercher dix- neuf
Officiers dont l'accufé reclame le témoignage.
Le 20 Août , le Lord Maire & le Corps de la
Bourgeoifte de cette Capitale préfenterent au Roi
une Adreffe , dans laquelle ils témoignerent combien
ils étoient fenfibles aux inquiétudes que les
mauvais fuccès de la Nation dans la Méditerranée
devoient faire naître dans l'efprit de Sa Majesté.
Ils ajouterent qu'ils craignoient que la perte de
Pille Minorque , dont la Grande-Bretagne retiroit
de fi grands avantages & dont la confervation
étoit importante au commerce de fes Royaumes
, n'imprimât pour toujours une tache à l'honneur
des Anglois. En même temps ils repréfenterent
la néceffité d'établir une Milice générale
dans les trois Royaumes. Ils dirent qu'ils efpé-
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
roient que les auteurs des malheurs publics feroient
foigneufement recherchés & févérement
punis . Enfin ils affurerent le Roi , que fa fidelle
Ville de Londres concourroit en tout ce qui
dépendroit d'elle , pour la défenfe de Sa Majefté & 14
de la Maifon Royale. Le Roi répondit à cette
Adreffe : La perte de PIfe Minorque m'a caufé
une vive douleur. J'employerai tous mes foins au
maintien de l'honneur de la Nation , & du commerce
de mes Sujets. Les événemens de la guerre
font incertains , mais il ne fera rien obmis de ma
part pour la continuer avec vigueur , pour recouvrer
Les poffeffions de ma Couronne , & pour parvenir à
une paix folide & glorieuse. Je veillerai à ce qu'il
foit fait juftice de ceux qui auront manqué à leur
devoir envers moi & envers la Patrie. Mes ordres
font donnés pour qu'à l'avenir la fubordination
foit mieux obfervée dans mes Flottes & dans mes
Armées, je ne négligerai rien pour faire garder
le respect dû à mon Gouvernement.
On a réfolu d'ériger une Statue au Général
Blakeney dans une Place de la ville de Dublin .
Une des Infcriptions fera prife des termes dont
le Maréchal de Richelieu s'eft fervi , en parlant
de ce Général dans le ſecond article de la Capitulation
du Fort Saint - Philippe .
Les Commiffaires de l'Amirauté viennent de
déclarer de bonne priſe douze Navires enlevés
aux François avant la Déclaration de guerre .
Tout fe difpofe pour l'embarquement des troupes
deftinées à fervir dans l'expédition que projette le
Gouvernement. Elles feront renforcées de quelques
Régimens du camp de Blandfort.
Il y eut la femaine derniere une courfe de
chevaux à Barnet , près d'un château de l'Amiral
Byng. La populace s'y attroupa pour démolir ce
OCTOBRE . 1756. 203
bâtiment. Quelques perfonnes, pour faire diverfion
à cecomplot, fe prefferent de répandre le bruit que
ce Château feroit inceffamment confifqué , pour
être donné au Général Blakeney . Le peuple ajouta
foi à ces difcours , & tout fut tranquille.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le Conseil de guerre britannique a déclaré le Général Fowke coupable et l'a suspendu de son rang pendant un an. L'Amiral Byng est actuellement sous garde à l'Hôpital de Greenwich. Un Conseil de guerre, composé de trois Amiraux et de dix Capitaines, a été formé pour instruire son procès. Le vaisseau l'Antelope a été envoyé de Portsmouth pour ramener dix-neuf officiers dont Byng réclame le témoignage. Le 20 août, le Lord Maire et la bourgeoisie de Londres ont adressé une pétition au Roi, exprimant leurs inquiétudes face aux échecs en Méditerranée, notamment la perte de Minorque, et ont demandé l'établissement d'une milice générale et la punition des responsables. Le Roi a répondu qu'il veillerait à maintenir l'honneur de la Nation et à faire justice. Une statue du Général Blakeney doit être érigée à Dublin. Les Commissaires de l'Amirauté ont déclaré de bonne prise douze navires français capturés avant la déclaration de guerre. Les préparatifs pour l'embarquement des troupes destinées à une expédition projetée par le Gouvernement sont en cours, avec des renforts provenant du camp de Blandfort. La semaine précédente, une course de chevaux à Barnet près du château de l'Amiral Byng a attiré une foule menaçante, apaisée par la rumeur de la confiscation du château pour le Général Blakeney.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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696
p. *203-203
PAYS-BAS.
Début :
Selon les avis reçus de Nantes, le Capitaine Guillaume de Knaap, [...]
Mots clefs :
Rotterdam, Capitaine Guillaume Knaap, Armateur anglais
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PATS- B A S.
DE ROTTERDAM , le 26 Août .
Selon des avis reçus de Nantes , le Capitaine
Guillaume de Knaap , commandant un Navire
Hollandois , rencontra le 6 de ce mois un Armateur
Anglois qui lui demanda des provifions.
L'Armateur peu fatisfait de ce que ce Capitaine
ne vouloit lui en fournir que pour de l'argent , a
fait tirer fur lui à mitraille. Le fieur Knaap de fon
côté s'eft mis en devoir de lui répondre par une
décharge de fon artillerie ; mais l'Armateur n'a
pas jugé à propos d'engager le conibat , & il s'eft
éloigné.
DE ROTTERDAM , le 26 Août .
Selon des avis reçus de Nantes , le Capitaine
Guillaume de Knaap , commandant un Navire
Hollandois , rencontra le 6 de ce mois un Armateur
Anglois qui lui demanda des provifions.
L'Armateur peu fatisfait de ce que ce Capitaine
ne vouloit lui en fournir que pour de l'argent , a
fait tirer fur lui à mitraille. Le fieur Knaap de fon
côté s'eft mis en devoir de lui répondre par une
décharge de fon artillerie ; mais l'Armateur n'a
pas jugé à propos d'engager le conibat , & il s'eft
éloigné.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 26 août, un navire hollandais commandé par Guillaume de Knaap a refusé de fournir des provisions à un armateur anglais sans paiement. L'armateur a tiré à la mitraille, mais le capitaine a riposté avec son artillerie. L'armateur anglais a ensuite battu en retraite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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697
p. 205-218
ALLEMAGNE.
Début :
Le 2, le Sieur de Klinggraff remis au Ministere un nouveau Mémoire, portant [...]
Mots clefs :
Vienne, Sieur de Klinggraff, Roi de Prusse, Impératrice-Reine, Combats, Royaume de Bohême, Régiments, Dresde, Famille royale, Camp de Pirna, Soldats, Officiers, Discours de la reine, Conseillers prussiens, Ordonnance du roi, Directoire de guerre, Leipzig, Troupes prussiennes, Déclaration du roi, Commerce, Comte de Salmour, Tactique militaire, Fortifications, Berlin, Cavalerie, Infanterie, Motifs de la guerre, Hambourg, Ratisbonne, Electorat de Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 19 Septembre.
E2 , LE 2, le Sieur de Klinggraff remit au Miniftere
un nouveau Mémoire , portant en fubftance :
Que cette Princeffe n'avoit point répondu à la demande
qui fai oit le principal article du Mémoire
pré'enté par lui le 18 du mois dernier ; fçavoir ,
que S. M. Impériale & Royale , donnât une déclaration
formelle , quelle n'avoit aucune intention
d'attaquer S. M. Pruffienne , ni cette année
ni l'année prochaine : que le Roi de Pruffe avoit
entrevu , dans le filence de l'Impératrice Reine
fur cette demande , les difpofitions peu favorables
où elle étoit à ſon égard ; que cependant ce Prince
, pour faire voir combien il défiroit la confervation
de la tranquillité générale , réitéroit encore
une fois les inftances , pour obtenir les affurances
qu'il avoit demandées ; que l'Impératrice
Reine n'auroit pas plutôt donné ces affurances ,
que Sa Majefté Pruffienne feroit retirer les troupes.
La réponſe de l'Impératrice Reine à ce Mémoire
a été : « Qu'a peine il lui a été préſenté ,
» qu'Elle a reçu la nouvelle de l'entrée des trou-
»> pes Pruffiennes en Saxe , & du Manifefte pu-
» blié à cette occafion par le Roi de Pruffe ; qu'a
206 MERCURE DE FRANCE.
1
» près une aggreſſion auffi marquée , il n'eft plus
» queftion d'autre réponse que de celle que S. M.
» Impériale & Royale fe propofe de faire au Ma-
» nifefte de Sa Majefté Pruffienne ; que la der-
» niere , qui a été remife au Sieur de Klinggraff ,
» contient toutes les explications , qui peuvent
» être compatibles avec la dignité de S. M. Impé-
» riale & Royale ; que la propofition de conver-
» tir en treve une paix fondée ſur des Traités fo-
» lemnels , n'eft fufceptible d'aucune reponſe » .
Le Sieur de Klinggraff partit hier , fans prendre
congé. Leurs Majeftés Impériales ont mandé au
Comte de la Puebla , leur Miniftre en Pruffe , de
quitter Berlin de la même maniere.
On vient d'apprendre que le 13 de ce mois le
Roi de Pruffe a commencé les actes d'hoftilisé
dans le Royaume de Boheme. Huit Eſcadrons de
fes troupes ont attaqué les Gardes avancées de
·P'armée de l'Impératrice Reine ; mais ils ont été
repouffés trois fois. On leur a tué quatorze hommes
, & l'on a fait prifonnier un Huffard. Les
Autrichiens n'ont eu que deux foldats bleffés. Sept
Compagnies du Régiment de Portugal font attendues
ici , pour remplacer un pareil nombre de
Compagnies du Régiment de l'Archiduc Pierre ,
qui ont pris la route de Boheme. L'Impératrice
Reine a envoyé ordre dans les Cercles antérieurs
de ce Royaume d'enrôler tous les jeunes gens en
état de fervir , & de faire paffer dans les Cercles
voifins de l'Autriche & de la Moravie les enfans
depuis l'âge de huit ans jufqu'à feize , afin de les
fouftraire à la néceffité d'entrer au ſervice de Sa
Majesté Pruffienne . Près de huit cens familles ,
dans la crainte d'être exposées aux horreurs de la
guerre , font forties de la Siléfie Autrichienne , &
fe font réfugiées tant ici que dans les environs,
OCTOBRE. 1756. 207
On a muni de trois cens pieces de canon la Place
d'Olmutz , dont le commandement a été donné
au Baron de Marshall.
Toutes les troupes qui font en quartiers dans
les Provinces Héréditaires depuis la mer Adriati→
que jufqu'au Danube , fe tiennent prêtes à marcher.
On a envoyé des ordres à la Régence du
Tirol de faire les difpofitions néceffaires pour le
paffage d'une partie des Bataillons , que l'Impératrice
Reine retire de fes Etats d'Italie . De pareils
ordres ont été envoyés à la Régence du Trentin.
DE DRESDE , le 23 Septembre.
Les circonftances préfentes ont déterminé le
Roi à quitter cette Ville ; & Sa Majeſté , accompagnée
des Princes Xavier & Charles , s'eft
rendue au camp de Pirna. La Reine eft reftée ici
avec le Prince Royal les jeunes Princes &
Princeffes. Le Roi de Pruffe les a fait affurer
que les égards refpectueux qui leur étoient dûs ,
feroient religieufement obfervés. Par ordre de ce
Prince , on a fermé les Tribunaux , & le fcellé a
été mis à tous les Bureaux de la Chancellerie . Sa
Majefté Pruffienne arriva ici le 10. Elle n'y a pas
fait un long séjour , & Elle est allée rejoindre fes
troupes , dont le quartier général eft actuellement
à Zedlitz. A Pexception de quelques Couriers
qui apportent à la Reine des nouvelles de la fanté
du Roi , aucune perfonne venant du camp de Pirna
n'a permiffion d'entrer dans cette Ville La Gar
nifon , que le Roi de Proffe y a laiffée , eft
compofée de deux mille hommes , & eft commandée
par le Baron de Willich . II eft défendu
à tout foldat Pruffien foit dans cette Capitale ,
foit dans tout autre endroit de l'Electorat , d'éxi¬
208 MERCURE DE FRANCE.
ger pour fa fubfiftance plus de deux livres de pain ,
d'une demi-livie de viande , & de deux pots de
bier . Aujourd'hui foixante Bâtimens ont paílé
fur l'Elbe , chargés de provifions pour l'armée
Pruffienne. La quantité de celles qu'on a tirées des
différentes partes de la Saxe , afin de fatistaire aux
livr.ifons néceffaires pour cette armée , a tellement
épuifé le pays , que les grains font montés
au quadruple du prix ordinaire.
Par ordre du Roi de Pruffe , le Baron de Willich
a fait enlever l'artillerie , les armes , les drapeax
& les étendards qui étoient dans l'Arſenal
de cette Ville , & on les tranfporte à Magdebourg
pour y demeurer en dépôt jufqu'à la conclufion
d'un accommodement. Le même Commandant
ayant pris une notice exacte de tous les Officiers
Saxons qui fe trouvoient ici , leur a fignifié : « Qu'ils
Détoient prifonniers de guerre ; qu'on leur laiffoir
cependant leurs épées , mais qu'ils devoient
s'engager formellement à ne point fervir contre
»Sa Majefté Pruffienne.
Le 14 de ce mois , la Reine fit prier les Miniftres
étrangers de fe rendre au Château , où Elle
leur tint ce difcours : « Meffieurs , les circonftan-
»ces préfentes me forcent de vous déclarer que
»Sa Majesté Pruffienne , avant d'entrer en Saxe ,fit
» donner au Roi mon époux , les affurances les plus
fortes d'une amitié inaltérable . Sur des affuran-
» ces pareilles & auffi pèu équivoques , le Roi mon
wépoux ne balança point à accorder aux trou-
»pes Pruffiennes un paffage fimple & exempt de
préjudice auffi - tôt que Sa Majesté le Roi de
»Pruffe l'eût demandé à notre Miniftre à Berlin.
»Nous n'avons pas même eu la moindre défiance ,
wen voy int ces troupes étrangeres entrer fur no-
»tre territoire. Mais au lieu d'une exacte diſcipline
OCTOBRE. 1756. 209
»& d'un paiement régulier que nous attendions
»d'elle , nous avons vu avec douleur que le Prince
»de Brunſwic , non content d'avoir fait mettre le
»fcellé fur toutes les caiffes de nos revenus à
Leipfick , a convoqué nos Etats pour leur donner
des ordres abfolument contraires à nos inten-
»tions. Le Roi mon époux , envoya le Général .
Meager à S. M. Pruflienne , pour lui repréſenter
qu'on ne pouvoit combiner ces fortes d'actes
d'hoftilité avec les déclarations précédentes , &
que d'ailleurs le Roi n'avoit d'autres vues que
»d'obferver, la plus exacte neutralité dans cette
guerre. La réponse que le Général Meager reçut
par écrit , ne fut qu'un extrait de la Déclaration
publiée de la part du Roi de Pruffe , pour jufti
fier les motifs de fon entrée dans ce pays. Après
Dune réponse auffi vague & auffi peu catégorique ,
Dle Roi mon époux , toujours animé d'un vrai
ndefir d'entretenir la paix en Allemagne & le
repos dans les Etats , pria le Lord Stormont &
Dle Sieur de Malzahn d'aller au camp. Pruffien •
»pour fçavoir les intentions du Roi de Pruffe &
ce qu'il exigeoit. Mais loin de rien propofer &
»de rien entendre , le Roi de Pruffe répliqua au
»Lord Stormont : Tout ce que vous me proposez
one me convient point , & de ma part je n'ai au
cune propofition à faire. Après le retour du I ord ,
»le Roi fe rendit à Pirna. J'y voulus envoyer un
Page chargé d'une Lettre ; mais on l'arrêta , &
» même on m'a refufé d'y pouvoir envoyer un
»Gentilhomme qui ne feroit chargé d'aucune lettre.
Enfin quoiqu'hier le Général Lentulus m'ait
waffuré de la part de S. M. Pruffienne , que la
»garnifon qu'on avoit mife en cette Capitale y
étoit pour ma sûreté , & même à mes ordres ,
non eft venu néanmoins à l'extrêmité de me
210 MERCURE DE FRANCE:
demander aujourd'hui les clefs du cabinet des
>>Archives. N'ayant pu réfifter à la force dont on
»me menaçoit , je les ai remiſes à l'Officier qui
»avoit la commiffion de les recevoir. Pour fur-
>> croit de chagrin , mes Miniftres de Conférence
» m'ont communiqué dans ce moment l'infinua
»tion qui leur a été faite par le Général Keith ,
»que le Roi de Pruffe fe propofoit de fubftituer
>> en lear place des Confeillers Pruffiens , pour
Davoir foin de l'adminiſtration de cet Electorat.
>> Telle eft , Meffieurs, la triſte ſituation où nous
nous trouvons. Nous espérons que vous en ferez
un fidele rapport à vos Cours refpectives , &
»nous fommes perfuadés qu'Elles n'approuveront
»pas le tort qui nous arrive , & qu'au contraire
»Elles jugeront qu'il eft de leurs intérêts d'épouſer
>> les nôtres. »
La Reine en remettant les clefs des Archives à
l'Officier Pruffien , qui avoit été chargé de les demander
, lui avoit dit : « Malgré le rang où la
nature m'a placée , je partage avec la derniere
»des fujettes le malheureux fort tombé fur la Saxe.
>>Séparée du Roi mon époux , & d'une partie de
»ma famille , j'effuie avec le refte de mes enfans
»le défagrément d'un état plein d'angoiffe & d'in-
» quiétude , & je me vois expofée avec cette partie
»de ma famille , qui eft auprès de moi , à manquer
» bientôt des chofes néceffaires , par la privation
des moyens propres à me les procurer. » Le Roi
de Pruffe informé des plaintes de cette Princeffe ,
lui a fait réitérer qu'il avoit donné les ordres les
plus précis pour lui faire garder le refpect qui lui
étoit dû ; que fi ces ordres étoient mal fuivis ,
Elle eût à l'en faire avertir , & qu'il puniroit févérement
les contrevenans ; qu'Elle ni la Famille
Royale & Electorale ne manqueroient jamais des
OCTOBRE. 1756. 211
chofes néceſſaires ; que la dignité de leur rang &
de leur état ne feroit jamais confondue avec les
circonftances qui regardoient le Public ; qu'ainfi
il prioit Sa Majefté de vouloir bien fe tranquillifer
, & de ne point outrer les idées qu'Elle fe formoit
de l'état des choſes. En même temps S. M.
Pruffienne a recommandé aux Officiers des Détachemens
poftés entre fon camp & cette Ville ,
de laiffer paffer librement tout ce qui étoit pour
le fervice de la Reine , des Princes & des Princeffes.
Il paffe tous les jours ici des Régimens , tant
d'Infanterie que de Cavalerie , qui vont joindre
l'armée du Roi de Pruffe. Tous les avis confirment
que ce Prince dirige fa marche fur Leitmaritz.
Depuis avant - hier les Bourgeois de cette
Capitale font difpenfés de fournir le pain aux foldats
Pruffiens , qui y font en garniſon ; mais on
continue de fournir à ces Soldats la viande & la
biere.
On publia à Torgaw le 13 , une Ordonnance ,
dont voici la teneur : « Sa Majefté le Roi de Pruf-
»fe , par des motifs fondés fur la néceffité des
conjonctures, a pris la réfolution d'établir à Tor-
»gaw un Directoire de Guerre pour la perception
»de tous les revenus , tant de la Chambre des Fi-
» nances , que de l'Ectorat de Saxe , fous quelque
nom que ce puiffe être. En conféquence , tous
les Receveurs des Accifes générales & autres
» droits , de même que les Fermiers Officiers , &
généralement tous les Suppots des Douanes &
» Péages , fans exception , font avertis d'apporter
& de délivrer fidélement audit Directoire de
» Guerre les deniers qu'ils fe trouveront avoir en
»caiffe ; & ce fous peine de double reftitution &
de caflation , ou même de prifon , fuivant l'exi
212 MERCURE DE FRANCE.
» gence du cas. Ce qu'ils devront faire à l'avenir
»tous les mois , fans y manquer : leur étant dé-
» fendu très-expreflément de remettre aucun de
ces deniers à qui que ce foit , finon au ſeul Di-
»rectoire fufdit. »
DE LEIPSICK , le 22 Septembre.
Divers Détachemens des troupes Pruffiennes
ont occupé dans cet Electorat les Villes de Merfbourg
, d'Eifleben , de Naumbourg , de Weffeinfels
, de Zeitz & de Torgaw . La Colonne ,
à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe , a pris
fa marche le long de l'Elbe . Elle campa le 6 à
Rothen Schoneberg , la droite appuyée fur Tan
nenberg , & la gauche fur Wundfchritz . Le jour
précédent , la Colonne du Prince Ferdinand de
Brunfwic avoit campé près de Freyberg , & celle
du Prince de Bevern à Fifchbach , de l'autre côté
de l'Elbe. Depuis le Roi de Pruffe s'eſt avanté
à Torgaw , où il a établi fon quartier genéral .
Le Comte de Stormont , Envoyé du Roi de la Grande-
Bretagne auprès de Roi , s'eft rendu auprès de
S. M. Pruthienne avec deux Miniftres de Sa Majefté.
Les Pruffiens ont vuidé les Arfenaux des
principales Villes où ils ont paffé ; & ils en ont
fait voiturer l'artillerie à To gaw.
On publia le 15 une Déclaration , dont voici la
teneur. « Sa Majesté le Roi de Pruffe ayant pris -
>>fous fa garde & protection les Etats Electoraux
» de la Maifon de Saxe ; ont fait fçavoir , de la
» part de S. M. , à tous & un chacun , que fon
»intention eft , que perfonne , à l'occafion des
> troubles actuels ne foit inquiété dans fa pro-
»feſſion , mais qu'au contraire chacun puiffe y
vaquer tranquillement , & comme à l'ordinai
OCTOBRE. 1756. 213
»re. S. M. défire auffi , que les Foires de Léipfick
& de Naumbourg , & les autres Marchés
>> publics , fe tiennent fuivant l'ufage établi ; que
tous les acheteurs ou vendeurs , qui voudront
ns'y rendre , puiffent les fréquenter librement ,
D& qu'il ne leur foit apporté à cet égard aucun
»obftacle ni empêchement . A ces caufes , S. M. fait
>> affurer tous Commerçans , Négocians , & Fa-
>> bricans , tant de cet Electorat que des pays
»étrangers , qui font dans l'habitude de fréquenwter
leidites Foires & lefdits Marchés publics , &
>> qui voudront y venir aux temps accoutumé
nqu'ils y jouiront d'une entiere liberté & fûreté
»pour leurs perfonnes & pour leurs effets ; que
S. M. les prend fous fa pro.ection & fauvegarde
>>Royale, & qu'il leur fera accordé en confequen-
» ce les faufconduits néceffaires » . Le Commiffaire
, qui eft ici de la part du Roi de Pruffe , a annoncé
aux habitans , qu'ils pouvoient payer leurs
taxes aux Receveurs ordinaires.
Sur les nouvelles affurances que le Roi a fait
donner à ce Prince par le Comte de Salmour ,
que Sa Majesté avoit toujours été dans la réfolution
de ne prendre aucune part aux différends
furvenus entre les Cours de Vienne & de Berlin ;
S. M. Pruffienne a répondu : « Qu'Elle ne fou-
»haitoit rien de plus Elle-même , que de trouver
»le Roi dans ces fentimens ; que la neutralité ,
aque le Roi défiroit d'obferver , étoit précifé-
>> ment ce qu'Elle requéroit de lui ; mais que pour
>> rendre cette neutralité plus fûre , & la mettre à
»l'abri de variation , il convenoit que le Roi fé-
»parât fon armée , & qu'il renvoyat dans leurs
»quartiers les troupes qu'il avoit affemblées à
»Pirna ; que fi le Roi vouloit donner par une
»femblable démarche la preuve de fes difpofitions
214 MERCURE DE FRANCE.
pacifiques , S. M. Pruflienne fe feroit dès lors un
»plaifir de montrer , par une égale condescendanace
, combien Elle étoit portée de ſon côté à
donner des marques réelles de ſon amitié au
>>Roi , & à fe concerter avec Sa Majeſté ſur les
arrangemens que les conjonctures peuvent requérir
» . Le Roi n'eft point dans la réfolution
d'accepter la propofition du Roi de Pruffe , & Sa
Majefté a déclaré , « Qu'Elle attendroit dans fon
camp la décifion des évenemens ; que fi les
Pruffiens entreprenoient de l'y forcer ,Elle foutiendroit
leurs efforts ».
Divers mouvemens du Roi de Pruffe donnant
lieu de croire qu'il a deffein de refferrer de tous
côtés le camp de Pirna , le Feld-Maréchal Comte
de Browne a décampé de Kollin le 9 de ce mois ,
pour fe porter en avant , & pour tâcher de conferver
la communication avec les troupes Saxonnes.
Le Corps que ce Général a détaché fous les
ordres du Comte de Wied , s'eft faifi des paffages
entre Trebnitz & Catharinenberg: On a reçu
avis que les Pruffiens établiffent des batteries pour
attaquer les Saxons dans leur camp.
Selon les nouvelles qu'on a du camp de Pirna ,
le Roi a fait diftribuer aux différens Corps de fes
troupes la Déclaration fuivante. « Dès le com-
»mencement de l'invafion des troupes Pruffien-
»nes dans cet Electorat , Sa Majefté a mis tout
wen oeuvre , pour tâcher de faire un accommode-
>ment avec le Roi de Pruffe. Ce Prince ayant
mexigé des conditions inouies , Sa Majefté non-
>>feulement les a rejettées , mais a fait fçavoir à
»S. M. Pruffienne , qu'Elle aimoit mieux tout perdre
que de s'y foumettre. Ainfi Sa Majesté atptend
de la bravoure & de la fermeté de fes fidelles
troupes , qu'elles fe montreront diſpoſées à
OCTOBRE. 1756. 215
foutenir jufqu'à la derniere goutte de leur fang ,
»la réfolution qu'a prife Sa Majefté. Elle les ex-
>> horte à tout facrifier pour la défenfe de leur
>>Roi, & pour la confervation de leur
»ne ur» .
propre
hon-
Le Roi de Pruffe eſpérant de réduire l'armée
du Roi par la famine , a laiffé vingt mille hom
ines pour tenir le camp de Sa Majefté bloqué . La
femaine derniere , les Pruffiens firent fauter les
fortifications de Wittemberg, Ils fortifient actuellement
laVille de Torgaw , où leur Directoire de
Guerre eft établi . Ce Directoire a fommé les différens
Cercles, de l'Electorat , de livrer , d'ici à
trois ſemaines au plus tard , onze cens boeufs ,
deux mille cinq cens moutons , deux cens mille
mefures d'avoine , cent cinquante mille quintaux
de foin & vingt mille bottes de paille. Cette fourniture
eft évaluée à fix cens vingt - cinq mille
écus .
DE BERLIN , le 21 Septembre.
Les troupes d'Infanterie du Roi confiftent en
cent quarante bataillons. La Cavalerie eft compofée
d'un Efcadron de Gardes du Corps , de foixante
Efcadrons de Gendarmes , Carabiniers &
Cuiraffiers , de foixante-dix Efcadrons de Dragons
, de quatre-vingt Efcadrons de Huffards , &
de deux Efcadrons de Chaffeurs à cheval. Deux
Corps d'armée font affemblés dans la Haute &
dans la Baffe Siléfie , & ont occupé les défilés ,
par lesquels on peut paffer du Royaume de Bo
heme dans cette Province. Il y a auffi quelques
troupes campées dans les environs de Glatz. A
juger par ces difpofitions , il paroît que le Roi fe
propofe non feulement de couvrir la Siléfie , mais
216 MERCURE DE FRANCE.
`auffi de faire entrer de ce côté une feconde armée
en Boheme.
Dans l'expofé des motifs qui ont déterminé le
Roi à prendre les armes , Sa Majefté le plaint particuliérement
de ce que l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Boheme , a augmenté jufqu'à foixante
pour cent , les droits fur les marchandifes
des Etats de Pruffe. Voici un des endroits les plus
remarquables de cet expofé. a Il eft certain que
>>le Roi commence les hoftilités : mais comme ce
>>terme a fouvent été confondu avec celui d'aggreffion
, l'on fe croit obligé de diftinguer le fens
de ces deux mots . Par aggreffion , l'on doit en-
»tendre tout acte , qui eft diamétralement oppofé
à l'efprit d'un Traité de Paix. Une Ligue of
fenfive ; des ennemis qu'on fufcite , & qu'on
pouffe à faire la guerre à une Puiffance ; le deffein
d'envahir les Etats d'autrui ; une irruption
>>foudaine ; toutes ces chofes différentes font au-
»tant d'aggreffions , quoique la derniere feule fe
trouve dans le cas des hoftilités . Quiconque cher-
>>che à fe défendre contre ces aggreffions , ou à en
»prévenir les fuites , peut commencer les hoftiliwtés
, mais il n'eft pas l'aggreffeur » ...... Cet Ecrit
finit ainfi : « S. M. déclare , que les Libertés du
»Corps Germanique ne feront ensevelies qu'en
>> un même tombeau avec la Pruffe. Elle prend le
Ciel à témoin , qu'ayant vainement employé les
moyens les plus convenables pour préferver fes
»propres Etats & toute l'Allemagne , des fléaux de
Dla guerre dont ils étoient ménacés , Elle eft for
cée de prendre les armes , pour diffiper une
»confpiration tramée contre fes poffeffions & fes
>> Etats .... Le Roi ne s'écarte de fa modération
»ordinaire , que parce que cette vertu ceffe d'én
pêtre une , lorfqu'il s'agit de défendre fon honneur
OCTOBRE . 1756. 217
neur , fon indépendance , fa Patrie & fa Cou-
>>ronne » . Le Comte de la Puebla , Miniftre de
Leurs Majeftés Impériales , partit le 16 , fans
prendre congé.
La petite ville de Biefenthal , fituée à quatre
lieues d'ici , a été totalement réduite en cendres.
Différentes perfonnes ont péri dans les flammes ,
entr'autres , plufieurs enfans qui avoient été renfermés
dans les maifons , pendant que leurs parens
étoient fortis pour vaquer à leurs affaires.
Le feu a pris auffi au Château de Guffou , apparte
nant au Comte de Podewils , Premier Miniftre
d'Etat ; & le dommage cauté par cet incendie ,
monte à près de vingt mille écus.
DE HAMBOURG , le 25 Septembre.
Plufieurs lettres marquent que tandis que le Roi
de Pruffe eft entré en Boheme avec quarante mille
hommes , le Feld . Maréchal Schwerin y a débouché
avec trente- cinq mille hommes, par le Comté
de Glatz. Si l'on en croit les mêmes lettres , le
fieur Calkoen , Envoyé Extraordinaire des Etats
Généraux des Provinces-Unies auprès du Roi de
Pologne Electeur de Saxe , s'eft joint au Comte
de Stormont , pour tâcher de ménager , entre
8. M. Pruffienne & S. M. Polonoiſe , un accord
qui pût procurer aux deux Parties une fûreté convenable.
Il y a eu le 21 ,à ce qu'on affure , quelques
nouveaux articles propofés de part & d'autre.
Le fieur de Soltikoff , Envoyé Extraordinaire
de l'Impératrice de Ruffie auprès des Cercles de
la Baffe Saxe , a notifié aux Magiftrats de cette
Ville , ainsi qu'aux Miniftres Etrangers qui y réfi
dent , Que cette Princeffe , vu les mouvemens des
troupes du Roi de Prufſe , ſe trouve dans la nécef-
II. Vol. K.
218 MERCURE DE FRANCE.
fitédefaire marcher une armée aufecours de fes Al
liés contre S. M. Pruffienne . Le bruit court , que
cette armée fera de cent vingt mille hommes, Oa
ajoute que S. M. Imp. de Ruffie a ordonné d'équipper
une Flotte , pour fervir au tranfport des
troupes qu'Elle jugera à propos de faire embar
quer.
DE RATISBONNE , le 24 Septembre .
Auffitôt que l'Empereur a été informé de l'entrée
des troupes Pruffiennes dans l'Electorat de
Saxe , S. M. Imp. a adreffé un Décret au Roi de
Pruffe , pour le fommer de faire retirer les troupes
, faute de quoi il feroit procédé contre S. M.
Pruffienne en la maniere prefcrite par les Loix de
l'Empire. Un autre Décret ordonne à tous les
Vaffaux des Princes & Etats d'Allemagne , qui
font employés dans les troupes du Roi de Pruffe,
de quitter inceffamment le fervice de ce Prince.
Par un troifieme Décret , l'Empereur défend à
tous Princes , Etats ou Membres du Corps Germa
nique , de fouffrir qu'il foit fait chez eux aucunes
levées de Soldats pour S. M. Pruſſienne , &
de lui prêter aucune affiftance dans les circonftances
actuelles , le tout à peine d'encourir les
condamnations ftatuées par les Conſtitutions de
l'Empire.
DE VIENNE , le 19 Septembre.
E2 , LE 2, le Sieur de Klinggraff remit au Miniftere
un nouveau Mémoire , portant en fubftance :
Que cette Princeffe n'avoit point répondu à la demande
qui fai oit le principal article du Mémoire
pré'enté par lui le 18 du mois dernier ; fçavoir ,
que S. M. Impériale & Royale , donnât une déclaration
formelle , quelle n'avoit aucune intention
d'attaquer S. M. Pruffienne , ni cette année
ni l'année prochaine : que le Roi de Pruffe avoit
entrevu , dans le filence de l'Impératrice Reine
fur cette demande , les difpofitions peu favorables
où elle étoit à ſon égard ; que cependant ce Prince
, pour faire voir combien il défiroit la confervation
de la tranquillité générale , réitéroit encore
une fois les inftances , pour obtenir les affurances
qu'il avoit demandées ; que l'Impératrice
Reine n'auroit pas plutôt donné ces affurances ,
que Sa Majefté Pruffienne feroit retirer les troupes.
La réponſe de l'Impératrice Reine à ce Mémoire
a été : « Qu'a peine il lui a été préſenté ,
» qu'Elle a reçu la nouvelle de l'entrée des trou-
»> pes Pruffiennes en Saxe , & du Manifefte pu-
» blié à cette occafion par le Roi de Pruffe ; qu'a
206 MERCURE DE FRANCE.
1
» près une aggreſſion auffi marquée , il n'eft plus
» queftion d'autre réponse que de celle que S. M.
» Impériale & Royale fe propofe de faire au Ma-
» nifefte de Sa Majefté Pruffienne ; que la der-
» niere , qui a été remife au Sieur de Klinggraff ,
» contient toutes les explications , qui peuvent
» être compatibles avec la dignité de S. M. Impé-
» riale & Royale ; que la propofition de conver-
» tir en treve une paix fondée ſur des Traités fo-
» lemnels , n'eft fufceptible d'aucune reponſe » .
Le Sieur de Klinggraff partit hier , fans prendre
congé. Leurs Majeftés Impériales ont mandé au
Comte de la Puebla , leur Miniftre en Pruffe , de
quitter Berlin de la même maniere.
On vient d'apprendre que le 13 de ce mois le
Roi de Pruffe a commencé les actes d'hoftilisé
dans le Royaume de Boheme. Huit Eſcadrons de
fes troupes ont attaqué les Gardes avancées de
·P'armée de l'Impératrice Reine ; mais ils ont été
repouffés trois fois. On leur a tué quatorze hommes
, & l'on a fait prifonnier un Huffard. Les
Autrichiens n'ont eu que deux foldats bleffés. Sept
Compagnies du Régiment de Portugal font attendues
ici , pour remplacer un pareil nombre de
Compagnies du Régiment de l'Archiduc Pierre ,
qui ont pris la route de Boheme. L'Impératrice
Reine a envoyé ordre dans les Cercles antérieurs
de ce Royaume d'enrôler tous les jeunes gens en
état de fervir , & de faire paffer dans les Cercles
voifins de l'Autriche & de la Moravie les enfans
depuis l'âge de huit ans jufqu'à feize , afin de les
fouftraire à la néceffité d'entrer au ſervice de Sa
Majesté Pruffienne . Près de huit cens familles ,
dans la crainte d'être exposées aux horreurs de la
guerre , font forties de la Siléfie Autrichienne , &
fe font réfugiées tant ici que dans les environs,
OCTOBRE. 1756. 207
On a muni de trois cens pieces de canon la Place
d'Olmutz , dont le commandement a été donné
au Baron de Marshall.
Toutes les troupes qui font en quartiers dans
les Provinces Héréditaires depuis la mer Adriati→
que jufqu'au Danube , fe tiennent prêtes à marcher.
On a envoyé des ordres à la Régence du
Tirol de faire les difpofitions néceffaires pour le
paffage d'une partie des Bataillons , que l'Impératrice
Reine retire de fes Etats d'Italie . De pareils
ordres ont été envoyés à la Régence du Trentin.
DE DRESDE , le 23 Septembre.
Les circonftances préfentes ont déterminé le
Roi à quitter cette Ville ; & Sa Majeſté , accompagnée
des Princes Xavier & Charles , s'eft
rendue au camp de Pirna. La Reine eft reftée ici
avec le Prince Royal les jeunes Princes &
Princeffes. Le Roi de Pruffe les a fait affurer
que les égards refpectueux qui leur étoient dûs ,
feroient religieufement obfervés. Par ordre de ce
Prince , on a fermé les Tribunaux , & le fcellé a
été mis à tous les Bureaux de la Chancellerie . Sa
Majefté Pruffienne arriva ici le 10. Elle n'y a pas
fait un long séjour , & Elle est allée rejoindre fes
troupes , dont le quartier général eft actuellement
à Zedlitz. A Pexception de quelques Couriers
qui apportent à la Reine des nouvelles de la fanté
du Roi , aucune perfonne venant du camp de Pirna
n'a permiffion d'entrer dans cette Ville La Gar
nifon , que le Roi de Proffe y a laiffée , eft
compofée de deux mille hommes , & eft commandée
par le Baron de Willich . II eft défendu
à tout foldat Pruffien foit dans cette Capitale ,
foit dans tout autre endroit de l'Electorat , d'éxi¬
208 MERCURE DE FRANCE.
ger pour fa fubfiftance plus de deux livres de pain ,
d'une demi-livie de viande , & de deux pots de
bier . Aujourd'hui foixante Bâtimens ont paílé
fur l'Elbe , chargés de provifions pour l'armée
Pruffienne. La quantité de celles qu'on a tirées des
différentes partes de la Saxe , afin de fatistaire aux
livr.ifons néceffaires pour cette armée , a tellement
épuifé le pays , que les grains font montés
au quadruple du prix ordinaire.
Par ordre du Roi de Pruffe , le Baron de Willich
a fait enlever l'artillerie , les armes , les drapeax
& les étendards qui étoient dans l'Arſenal
de cette Ville , & on les tranfporte à Magdebourg
pour y demeurer en dépôt jufqu'à la conclufion
d'un accommodement. Le même Commandant
ayant pris une notice exacte de tous les Officiers
Saxons qui fe trouvoient ici , leur a fignifié : « Qu'ils
Détoient prifonniers de guerre ; qu'on leur laiffoir
cependant leurs épées , mais qu'ils devoient
s'engager formellement à ne point fervir contre
»Sa Majefté Pruffienne.
Le 14 de ce mois , la Reine fit prier les Miniftres
étrangers de fe rendre au Château , où Elle
leur tint ce difcours : « Meffieurs , les circonftan-
»ces préfentes me forcent de vous déclarer que
»Sa Majesté Pruffienne , avant d'entrer en Saxe ,fit
» donner au Roi mon époux , les affurances les plus
fortes d'une amitié inaltérable . Sur des affuran-
» ces pareilles & auffi pèu équivoques , le Roi mon
wépoux ne balança point à accorder aux trou-
»pes Pruffiennes un paffage fimple & exempt de
préjudice auffi - tôt que Sa Majesté le Roi de
»Pruffe l'eût demandé à notre Miniftre à Berlin.
»Nous n'avons pas même eu la moindre défiance ,
wen voy int ces troupes étrangeres entrer fur no-
»tre territoire. Mais au lieu d'une exacte diſcipline
OCTOBRE. 1756. 209
»& d'un paiement régulier que nous attendions
»d'elle , nous avons vu avec douleur que le Prince
»de Brunſwic , non content d'avoir fait mettre le
»fcellé fur toutes les caiffes de nos revenus à
Leipfick , a convoqué nos Etats pour leur donner
des ordres abfolument contraires à nos inten-
»tions. Le Roi mon époux , envoya le Général .
Meager à S. M. Pruflienne , pour lui repréſenter
qu'on ne pouvoit combiner ces fortes d'actes
d'hoftilité avec les déclarations précédentes , &
que d'ailleurs le Roi n'avoit d'autres vues que
»d'obferver, la plus exacte neutralité dans cette
guerre. La réponse que le Général Meager reçut
par écrit , ne fut qu'un extrait de la Déclaration
publiée de la part du Roi de Pruffe , pour jufti
fier les motifs de fon entrée dans ce pays. Après
Dune réponse auffi vague & auffi peu catégorique ,
Dle Roi mon époux , toujours animé d'un vrai
ndefir d'entretenir la paix en Allemagne & le
repos dans les Etats , pria le Lord Stormont &
Dle Sieur de Malzahn d'aller au camp. Pruffien •
»pour fçavoir les intentions du Roi de Pruffe &
ce qu'il exigeoit. Mais loin de rien propofer &
»de rien entendre , le Roi de Pruffe répliqua au
»Lord Stormont : Tout ce que vous me proposez
one me convient point , & de ma part je n'ai au
cune propofition à faire. Après le retour du I ord ,
»le Roi fe rendit à Pirna. J'y voulus envoyer un
Page chargé d'une Lettre ; mais on l'arrêta , &
» même on m'a refufé d'y pouvoir envoyer un
»Gentilhomme qui ne feroit chargé d'aucune lettre.
Enfin quoiqu'hier le Général Lentulus m'ait
waffuré de la part de S. M. Pruffienne , que la
»garnifon qu'on avoit mife en cette Capitale y
étoit pour ma sûreté , & même à mes ordres ,
non eft venu néanmoins à l'extrêmité de me
210 MERCURE DE FRANCE:
demander aujourd'hui les clefs du cabinet des
>>Archives. N'ayant pu réfifter à la force dont on
»me menaçoit , je les ai remiſes à l'Officier qui
»avoit la commiffion de les recevoir. Pour fur-
>> croit de chagrin , mes Miniftres de Conférence
» m'ont communiqué dans ce moment l'infinua
»tion qui leur a été faite par le Général Keith ,
»que le Roi de Pruffe fe propofoit de fubftituer
>> en lear place des Confeillers Pruffiens , pour
Davoir foin de l'adminiſtration de cet Electorat.
>> Telle eft , Meffieurs, la triſte ſituation où nous
nous trouvons. Nous espérons que vous en ferez
un fidele rapport à vos Cours refpectives , &
»nous fommes perfuadés qu'Elles n'approuveront
»pas le tort qui nous arrive , & qu'au contraire
»Elles jugeront qu'il eft de leurs intérêts d'épouſer
>> les nôtres. »
La Reine en remettant les clefs des Archives à
l'Officier Pruffien , qui avoit été chargé de les demander
, lui avoit dit : « Malgré le rang où la
nature m'a placée , je partage avec la derniere
»des fujettes le malheureux fort tombé fur la Saxe.
>>Séparée du Roi mon époux , & d'une partie de
»ma famille , j'effuie avec le refte de mes enfans
»le défagrément d'un état plein d'angoiffe & d'in-
» quiétude , & je me vois expofée avec cette partie
»de ma famille , qui eft auprès de moi , à manquer
» bientôt des chofes néceffaires , par la privation
des moyens propres à me les procurer. » Le Roi
de Pruffe informé des plaintes de cette Princeffe ,
lui a fait réitérer qu'il avoit donné les ordres les
plus précis pour lui faire garder le refpect qui lui
étoit dû ; que fi ces ordres étoient mal fuivis ,
Elle eût à l'en faire avertir , & qu'il puniroit févérement
les contrevenans ; qu'Elle ni la Famille
Royale & Electorale ne manqueroient jamais des
OCTOBRE. 1756. 211
chofes néceſſaires ; que la dignité de leur rang &
de leur état ne feroit jamais confondue avec les
circonftances qui regardoient le Public ; qu'ainfi
il prioit Sa Majefté de vouloir bien fe tranquillifer
, & de ne point outrer les idées qu'Elle fe formoit
de l'état des choſes. En même temps S. M.
Pruffienne a recommandé aux Officiers des Détachemens
poftés entre fon camp & cette Ville ,
de laiffer paffer librement tout ce qui étoit pour
le fervice de la Reine , des Princes & des Princeffes.
Il paffe tous les jours ici des Régimens , tant
d'Infanterie que de Cavalerie , qui vont joindre
l'armée du Roi de Pruffe. Tous les avis confirment
que ce Prince dirige fa marche fur Leitmaritz.
Depuis avant - hier les Bourgeois de cette
Capitale font difpenfés de fournir le pain aux foldats
Pruffiens , qui y font en garniſon ; mais on
continue de fournir à ces Soldats la viande & la
biere.
On publia à Torgaw le 13 , une Ordonnance ,
dont voici la teneur : « Sa Majefté le Roi de Pruf-
»fe , par des motifs fondés fur la néceffité des
conjonctures, a pris la réfolution d'établir à Tor-
»gaw un Directoire de Guerre pour la perception
»de tous les revenus , tant de la Chambre des Fi-
» nances , que de l'Ectorat de Saxe , fous quelque
nom que ce puiffe être. En conféquence , tous
les Receveurs des Accifes générales & autres
» droits , de même que les Fermiers Officiers , &
généralement tous les Suppots des Douanes &
» Péages , fans exception , font avertis d'apporter
& de délivrer fidélement audit Directoire de
» Guerre les deniers qu'ils fe trouveront avoir en
»caiffe ; & ce fous peine de double reftitution &
de caflation , ou même de prifon , fuivant l'exi
212 MERCURE DE FRANCE.
» gence du cas. Ce qu'ils devront faire à l'avenir
»tous les mois , fans y manquer : leur étant dé-
» fendu très-expreflément de remettre aucun de
ces deniers à qui que ce foit , finon au ſeul Di-
»rectoire fufdit. »
DE LEIPSICK , le 22 Septembre.
Divers Détachemens des troupes Pruffiennes
ont occupé dans cet Electorat les Villes de Merfbourg
, d'Eifleben , de Naumbourg , de Weffeinfels
, de Zeitz & de Torgaw . La Colonne ,
à la tête de laquelle eft le Roi de Pruffe , a pris
fa marche le long de l'Elbe . Elle campa le 6 à
Rothen Schoneberg , la droite appuyée fur Tan
nenberg , & la gauche fur Wundfchritz . Le jour
précédent , la Colonne du Prince Ferdinand de
Brunfwic avoit campé près de Freyberg , & celle
du Prince de Bevern à Fifchbach , de l'autre côté
de l'Elbe. Depuis le Roi de Pruffe s'eſt avanté
à Torgaw , où il a établi fon quartier genéral .
Le Comte de Stormont , Envoyé du Roi de la Grande-
Bretagne auprès de Roi , s'eft rendu auprès de
S. M. Pruthienne avec deux Miniftres de Sa Majefté.
Les Pruffiens ont vuidé les Arfenaux des
principales Villes où ils ont paffé ; & ils en ont
fait voiturer l'artillerie à To gaw.
On publia le 15 une Déclaration , dont voici la
teneur. « Sa Majesté le Roi de Pruffe ayant pris -
>>fous fa garde & protection les Etats Electoraux
» de la Maifon de Saxe ; ont fait fçavoir , de la
» part de S. M. , à tous & un chacun , que fon
»intention eft , que perfonne , à l'occafion des
> troubles actuels ne foit inquiété dans fa pro-
»feſſion , mais qu'au contraire chacun puiffe y
vaquer tranquillement , & comme à l'ordinai
OCTOBRE. 1756. 213
»re. S. M. défire auffi , que les Foires de Léipfick
& de Naumbourg , & les autres Marchés
>> publics , fe tiennent fuivant l'ufage établi ; que
tous les acheteurs ou vendeurs , qui voudront
ns'y rendre , puiffent les fréquenter librement ,
D& qu'il ne leur foit apporté à cet égard aucun
»obftacle ni empêchement . A ces caufes , S. M. fait
>> affurer tous Commerçans , Négocians , & Fa-
>> bricans , tant de cet Electorat que des pays
»étrangers , qui font dans l'habitude de fréquenwter
leidites Foires & lefdits Marchés publics , &
>> qui voudront y venir aux temps accoutumé
nqu'ils y jouiront d'une entiere liberté & fûreté
»pour leurs perfonnes & pour leurs effets ; que
S. M. les prend fous fa pro.ection & fauvegarde
>>Royale, & qu'il leur fera accordé en confequen-
» ce les faufconduits néceffaires » . Le Commiffaire
, qui eft ici de la part du Roi de Pruffe , a annoncé
aux habitans , qu'ils pouvoient payer leurs
taxes aux Receveurs ordinaires.
Sur les nouvelles affurances que le Roi a fait
donner à ce Prince par le Comte de Salmour ,
que Sa Majesté avoit toujours été dans la réfolution
de ne prendre aucune part aux différends
furvenus entre les Cours de Vienne & de Berlin ;
S. M. Pruffienne a répondu : « Qu'Elle ne fou-
»haitoit rien de plus Elle-même , que de trouver
»le Roi dans ces fentimens ; que la neutralité ,
aque le Roi défiroit d'obferver , étoit précifé-
>> ment ce qu'Elle requéroit de lui ; mais que pour
>> rendre cette neutralité plus fûre , & la mettre à
»l'abri de variation , il convenoit que le Roi fé-
»parât fon armée , & qu'il renvoyat dans leurs
»quartiers les troupes qu'il avoit affemblées à
»Pirna ; que fi le Roi vouloit donner par une
»femblable démarche la preuve de fes difpofitions
214 MERCURE DE FRANCE.
pacifiques , S. M. Pruflienne fe feroit dès lors un
»plaifir de montrer , par une égale condescendanace
, combien Elle étoit portée de ſon côté à
donner des marques réelles de ſon amitié au
>>Roi , & à fe concerter avec Sa Majeſté ſur les
arrangemens que les conjonctures peuvent requérir
» . Le Roi n'eft point dans la réfolution
d'accepter la propofition du Roi de Pruffe , & Sa
Majefté a déclaré , « Qu'Elle attendroit dans fon
camp la décifion des évenemens ; que fi les
Pruffiens entreprenoient de l'y forcer ,Elle foutiendroit
leurs efforts ».
Divers mouvemens du Roi de Pruffe donnant
lieu de croire qu'il a deffein de refferrer de tous
côtés le camp de Pirna , le Feld-Maréchal Comte
de Browne a décampé de Kollin le 9 de ce mois ,
pour fe porter en avant , & pour tâcher de conferver
la communication avec les troupes Saxonnes.
Le Corps que ce Général a détaché fous les
ordres du Comte de Wied , s'eft faifi des paffages
entre Trebnitz & Catharinenberg: On a reçu
avis que les Pruffiens établiffent des batteries pour
attaquer les Saxons dans leur camp.
Selon les nouvelles qu'on a du camp de Pirna ,
le Roi a fait diftribuer aux différens Corps de fes
troupes la Déclaration fuivante. « Dès le com-
»mencement de l'invafion des troupes Pruffien-
»nes dans cet Electorat , Sa Majefté a mis tout
wen oeuvre , pour tâcher de faire un accommode-
>ment avec le Roi de Pruffe. Ce Prince ayant
mexigé des conditions inouies , Sa Majefté non-
>>feulement les a rejettées , mais a fait fçavoir à
»S. M. Pruffienne , qu'Elle aimoit mieux tout perdre
que de s'y foumettre. Ainfi Sa Majesté atptend
de la bravoure & de la fermeté de fes fidelles
troupes , qu'elles fe montreront diſpoſées à
OCTOBRE. 1756. 215
foutenir jufqu'à la derniere goutte de leur fang ,
»la réfolution qu'a prife Sa Majefté. Elle les ex-
>> horte à tout facrifier pour la défenfe de leur
>>Roi, & pour la confervation de leur
»ne ur» .
propre
hon-
Le Roi de Pruffe eſpérant de réduire l'armée
du Roi par la famine , a laiffé vingt mille hom
ines pour tenir le camp de Sa Majefté bloqué . La
femaine derniere , les Pruffiens firent fauter les
fortifications de Wittemberg, Ils fortifient actuellement
laVille de Torgaw , où leur Directoire de
Guerre eft établi . Ce Directoire a fommé les différens
Cercles, de l'Electorat , de livrer , d'ici à
trois ſemaines au plus tard , onze cens boeufs ,
deux mille cinq cens moutons , deux cens mille
mefures d'avoine , cent cinquante mille quintaux
de foin & vingt mille bottes de paille. Cette fourniture
eft évaluée à fix cens vingt - cinq mille
écus .
DE BERLIN , le 21 Septembre.
Les troupes d'Infanterie du Roi confiftent en
cent quarante bataillons. La Cavalerie eft compofée
d'un Efcadron de Gardes du Corps , de foixante
Efcadrons de Gendarmes , Carabiniers &
Cuiraffiers , de foixante-dix Efcadrons de Dragons
, de quatre-vingt Efcadrons de Huffards , &
de deux Efcadrons de Chaffeurs à cheval. Deux
Corps d'armée font affemblés dans la Haute &
dans la Baffe Siléfie , & ont occupé les défilés ,
par lesquels on peut paffer du Royaume de Bo
heme dans cette Province. Il y a auffi quelques
troupes campées dans les environs de Glatz. A
juger par ces difpofitions , il paroît que le Roi fe
propofe non feulement de couvrir la Siléfie , mais
216 MERCURE DE FRANCE.
`auffi de faire entrer de ce côté une feconde armée
en Boheme.
Dans l'expofé des motifs qui ont déterminé le
Roi à prendre les armes , Sa Majefté le plaint particuliérement
de ce que l'Impératrice Reine de
Hongrie & de Boheme , a augmenté jufqu'à foixante
pour cent , les droits fur les marchandifes
des Etats de Pruffe. Voici un des endroits les plus
remarquables de cet expofé. a Il eft certain que
>>le Roi commence les hoftilités : mais comme ce
>>terme a fouvent été confondu avec celui d'aggreffion
, l'on fe croit obligé de diftinguer le fens
de ces deux mots . Par aggreffion , l'on doit en-
»tendre tout acte , qui eft diamétralement oppofé
à l'efprit d'un Traité de Paix. Une Ligue of
fenfive ; des ennemis qu'on fufcite , & qu'on
pouffe à faire la guerre à une Puiffance ; le deffein
d'envahir les Etats d'autrui ; une irruption
>>foudaine ; toutes ces chofes différentes font au-
»tant d'aggreffions , quoique la derniere feule fe
trouve dans le cas des hoftilités . Quiconque cher-
>>che à fe défendre contre ces aggreffions , ou à en
»prévenir les fuites , peut commencer les hoftiliwtés
, mais il n'eft pas l'aggreffeur » ...... Cet Ecrit
finit ainfi : « S. M. déclare , que les Libertés du
»Corps Germanique ne feront ensevelies qu'en
>> un même tombeau avec la Pruffe. Elle prend le
Ciel à témoin , qu'ayant vainement employé les
moyens les plus convenables pour préferver fes
»propres Etats & toute l'Allemagne , des fléaux de
Dla guerre dont ils étoient ménacés , Elle eft for
cée de prendre les armes , pour diffiper une
»confpiration tramée contre fes poffeffions & fes
>> Etats .... Le Roi ne s'écarte de fa modération
»ordinaire , que parce que cette vertu ceffe d'én
pêtre une , lorfqu'il s'agit de défendre fon honneur
OCTOBRE . 1756. 217
neur , fon indépendance , fa Patrie & fa Cou-
>>ronne » . Le Comte de la Puebla , Miniftre de
Leurs Majeftés Impériales , partit le 16 , fans
prendre congé.
La petite ville de Biefenthal , fituée à quatre
lieues d'ici , a été totalement réduite en cendres.
Différentes perfonnes ont péri dans les flammes ,
entr'autres , plufieurs enfans qui avoient été renfermés
dans les maifons , pendant que leurs parens
étoient fortis pour vaquer à leurs affaires.
Le feu a pris auffi au Château de Guffou , apparte
nant au Comte de Podewils , Premier Miniftre
d'Etat ; & le dommage cauté par cet incendie ,
monte à près de vingt mille écus.
DE HAMBOURG , le 25 Septembre.
Plufieurs lettres marquent que tandis que le Roi
de Pruffe eft entré en Boheme avec quarante mille
hommes , le Feld . Maréchal Schwerin y a débouché
avec trente- cinq mille hommes, par le Comté
de Glatz. Si l'on en croit les mêmes lettres , le
fieur Calkoen , Envoyé Extraordinaire des Etats
Généraux des Provinces-Unies auprès du Roi de
Pologne Electeur de Saxe , s'eft joint au Comte
de Stormont , pour tâcher de ménager , entre
8. M. Pruffienne & S. M. Polonoiſe , un accord
qui pût procurer aux deux Parties une fûreté convenable.
Il y a eu le 21 ,à ce qu'on affure , quelques
nouveaux articles propofés de part & d'autre.
Le fieur de Soltikoff , Envoyé Extraordinaire
de l'Impératrice de Ruffie auprès des Cercles de
la Baffe Saxe , a notifié aux Magiftrats de cette
Ville , ainsi qu'aux Miniftres Etrangers qui y réfi
dent , Que cette Princeffe , vu les mouvemens des
troupes du Roi de Prufſe , ſe trouve dans la nécef-
II. Vol. K.
218 MERCURE DE FRANCE.
fitédefaire marcher une armée aufecours de fes Al
liés contre S. M. Pruffienne . Le bruit court , que
cette armée fera de cent vingt mille hommes, Oa
ajoute que S. M. Imp. de Ruffie a ordonné d'équipper
une Flotte , pour fervir au tranfport des
troupes qu'Elle jugera à propos de faire embar
quer.
DE RATISBONNE , le 24 Septembre .
Auffitôt que l'Empereur a été informé de l'entrée
des troupes Pruffiennes dans l'Electorat de
Saxe , S. M. Imp. a adreffé un Décret au Roi de
Pruffe , pour le fommer de faire retirer les troupes
, faute de quoi il feroit procédé contre S. M.
Pruffienne en la maniere prefcrite par les Loix de
l'Empire. Un autre Décret ordonne à tous les
Vaffaux des Princes & Etats d'Allemagne , qui
font employés dans les troupes du Roi de Pruffe,
de quitter inceffamment le fervice de ce Prince.
Par un troifieme Décret , l'Empereur défend à
tous Princes , Etats ou Membres du Corps Germa
nique , de fouffrir qu'il foit fait chez eux aucunes
levées de Soldats pour S. M. Pruſſienne , &
de lui prêter aucune affiftance dans les circonftances
actuelles , le tout à peine d'encourir les
condamnations ftatuées par les Conſtitutions de
l'Empire.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En septembre 1756, le Sieur de Klinggraff informa le ministère que l'Impératrice Reine n'avait pas répondu à la demande du Roi de Prusse, qui souhaitait une déclaration formelle de non-agression. Le Roi de Prusse réitéra sa demande en échange du retrait de ses troupes. L'Impératrice Reine répondit qu'elle avait appris l'entrée des troupes prussiennes en Saxe et la publication d'un manifeste prussien, rendant toute autre réponse inutile. Elle confirma que sa réponse au manifeste contenait toutes les explications nécessaires. Le Sieur de Klinggraff quitta Vienne sans prendre congé, et l'Impératrice Reine ordonna au Comte de la Puebla de quitter Berlin de la même manière. Le 13 septembre, le Roi de Prusse commença des actes d'hostilité en Bohême, attaquant les gardes avancées de l'armée de l'Impératrice Reine, mais fut repoussé. Des troupes autrichiennes se préparèrent à la guerre, et des familles fuirent la Silésie autrichienne par crainte des horreurs du conflit. À Dresde, le Roi de Prusse quitta la ville pour rejoindre son armée à Pirna, laissant la Reine et les jeunes princes sous la protection de la garnison prussienne. Il ordonna de fermer les tribunaux et de sceller les bureaux de la chancellerie, et fit enlever l'artillerie et les armes de l'arsenal de Dresde, les transportant à Magdebourg. La Reine de Saxe informa les ministres étrangers de la trahison du Roi de Prusse, qui avait promis une amitié inaltérable avant d'entrer en Saxe. Des détachements prussiens occupèrent plusieurs villes en Saxe, et le Roi de Prusse établit son quartier général à Torgau. Le Comte de Stormont, envoyé du Roi de Grande-Bretagne, se rendit auprès du Roi de Prusse. Les Prussiens vidèrent les arsenaux des principales villes et transportèrent l'artillerie à Torgau. Une déclaration du Roi de Prusse indiqua qu'il avait pris sous sa garde et protection les États électoraux de la Maison de Saxe. En octobre 1756, le roi de Prusse assura que les troubles actuels n'inquiéteraient pas les professionnels dans leur travail. Il garantit la tenue des foires de Leipzig et de Naumbourg, ainsi que des marchés publics, et assura la liberté et la sécurité des commerçants, négociants et fabricants. Le commissaire prussien annonça aux habitants qu'ils pouvaient payer leurs taxes aux receveurs ordinaires. Le roi de Prusse exprima son souhait de neutralité face aux différends entre les cours de Vienne et de Berlin, mais demanda au roi de Saxe de séparer son armée et de renvoyer les troupes assemblées à Pirna pour garantir cette neutralité. Le roi de Saxe refusa et déclara qu'il attendrait dans son camp la décision des événements. Des mouvements de troupes prussiennes furent observés, et le feld-maréchal Comte de Browne se déplaça pour conserver la communication avec les troupes saxonnes. Le roi de Prusse bloqua l'armée saxonne par la famine et fortifia plusieurs villes. Les troupes prussiennes consistaient en 140 bataillons d'infanterie et divers escadrons de cavalerie, avec des corps d'armée assemblés en Silésie. Le roi de Prusse justifia son entrée en guerre par l'augmentation des droits sur les marchandises prussiennes par l'impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Il déclara que les libertés du Corps Germanique ne seraient pas sacrifiées et prit les armes pour défendre son honneur et son indépendance. Des incidents, comme l'incendie de la ville de Biefenthal et du château de Guffou, furent rapportés. Le roi de Prusse entra en Bohême avec 40 000 hommes, tandis que le feld-maréchal Schwerin déboucha avec 35 000 hommes. Des tentatives de médiation entre le roi de Prusse et le roi de Pologne étaient en cours. L'impératrice de Russie préparait une armée pour soutenir ses alliés contre le roi de Prusse. L'empereur adressa des décrets au roi de Prusse pour retirer ses troupes de Saxe et interdit les levées de soldats pour la Prusse.
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698
p. 218-219
ESPAGNE.
Début :
Il y eut le 3 de ce mois à Obédos & dans les environs un violent [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Obidos, Tremblement de terre, Reconstruction de la capitale, Paraguay, Rébellion matée, Málaga
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 14 Août.
11 y eut le 3 de ce mois à Obédos & dans les
environs un violent tremblement de terre . Dans
quelques montagnes voisinages de ce Bourg , il
OCTOBRE. 1756. 219
s'eft fait diverfes ouvertures , d'où il fort de l'eau
en abondance. On commencera le mois de Janvier
prochain , à rebâtir cette Capitale , & l'on y
employera vingt mille Ouvriers. Les maiſons
n'auront que deux étages. La largeur des princi
pales rues fera de dix toifes.
DE MADRID , le 21 Septembre.
On apprend du Paraguay , que les troupes du
Roi , jointes à celles de Portugal , ont défait un
corps de Rebelles . Ces derniers ont perdu quatorze
cens hommes , & on leur a enlevé huit canons
& autant de Drapeaux. Du côté des Européens
, il n'y a eu que cinq Soldats tués & quarante-
trois bleffés .
On a reçu avis de Malaga , qu'un Armateur
de Marſeille avoit repris quatre Navires François
que la Frégate l'Espérance , de l'Efcadre de l'Ami
fal Hawke , conduiſoit à Gibraltar.
DE LISBONNE , le 14 Août.
11 y eut le 3 de ce mois à Obédos & dans les
environs un violent tremblement de terre . Dans
quelques montagnes voisinages de ce Bourg , il
OCTOBRE. 1756. 219
s'eft fait diverfes ouvertures , d'où il fort de l'eau
en abondance. On commencera le mois de Janvier
prochain , à rebâtir cette Capitale , & l'on y
employera vingt mille Ouvriers. Les maiſons
n'auront que deux étages. La largeur des princi
pales rues fera de dix toifes.
DE MADRID , le 21 Septembre.
On apprend du Paraguay , que les troupes du
Roi , jointes à celles de Portugal , ont défait un
corps de Rebelles . Ces derniers ont perdu quatorze
cens hommes , & on leur a enlevé huit canons
& autant de Drapeaux. Du côté des Européens
, il n'y a eu que cinq Soldats tués & quarante-
trois bleffés .
On a reçu avis de Malaga , qu'un Armateur
de Marſeille avoit repris quatre Navires François
que la Frégate l'Espérance , de l'Efcadre de l'Ami
fal Hawke , conduiſoit à Gibraltar.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 3 août, un séisme a touché Obédos en Espagne, provoquant des ouvertures dans les montagnes d'où l'eau a jailli. La reconstruction débutera en janvier avec vingt mille ouvriers. Les nouvelles maisons auront deux étages maximum et les principales rues feront dix toises de large. À Madrid, le 21 septembre, les troupes espagnoles et portugaises ont vaincu des rebelles au Paraguay, subissant cinq morts et quarante-trois blessés. À Malaga, un armateur a repris quatre navires français.
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699
p. 219-221
ITALIE.
Début :
Les chaleurs excessives qu'on a essuyées ici depuis le 15 du mois [...]
Mots clefs :
Messine, Rome, Livourne, Chaleurs excessives, Maladies, Fièvre épidémique, Fouilles archéologiques, Pape, Charge de secrétaire d'État, Cardinaux, Siège, Navire, Tunis
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texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE MESSINES , le 24 Août.
Les chaleurs exceffives qu'on a effuyées ici depuis
le 15 du mois de Juin , ont produit des maladies
dont les fymptômes & les fuites ont caufé
d'abord beaucoup d'effroi. Toutes les perfonnes
qui en étoient attaquées , tomboient au bout de
quelques heures dans une violente phrénéfie . Leur
tête s'enfloit extraordinairement ; elles perdoient
l'ufage de leurs organes , & bientôt une fievre violente
les emportoit. On a trouvé le moyen de
prévenir ces funeftes effets , en baignant la tête
du malade dans de l'eau froide.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
DE ROME , le 11 Septembre.
En fouillant la terre dans un jardin du Comte
perucchi , on a découvert une Úrne qui , felon
Pinfcription gravée deffus , content les cendres
du Maitre de la Garde-robe de P'Empereur Auguf
te. On a trouvé auffi fous terre , dans l'endroit où
le Duc de Zagarola fe propofe de faire conftruire
un nouveau Palais , une petite Chapelle dont les
peintures font bien confervées.
Le Pape a difpofé de la charge de Secretaire
d'Etat , & de celle de Vice -Chancelier en faveur
du Cardinal Aubri Archinto , Gouverneur de
Rome. Sa Sainteté a accordé au Cardinal Jérôme
Colonne , qui étoit Vice -Chancelier , celle de
Camerlingue du Saint Siege, à laquelle eft attaché
le titre de Président de la Chambre Apoftolique.
La place de Préfet de la Congrégation de Prapaganda
Fide a été donnée au Cardinal Jofeph
Spinelli , & le Cardinal Fortuné Tamburini a été
déclaré Protecteur de la Congrégation du Mont
Caffin . Les Cardinaux Jean - Jacques Millo & Clément
Hargenvilliers ont été mis au nombre des
Commiffaires de la Congrégation établie pour les
affaires du Comtat Vénaiffin. Le fieur Corneille
Caprara , frere du Marquis de Monti , Maréchal
des Camps & Armées de Sa Majeſté Très Chrétienne
, a été nommé Gouverneur de Rome , & il
eft remplacé dans la Chambre de la Rote par le
fieur Alexandre Ratta . Le Saint Pere a conféré à
un fils du Marquis Cavalieri un Canonicat de
Saint Pierre du Vatican , dont l'Evêque de Col
tanza s'eft démis .
OCTOBRE. 1756. 227
DE LIVOURNE , le 13 Septembre.
Un Navire , arrivé de l'Ile du Goze , a rapporté
que les Algériens ayant mis le fiege devant
Tunis , le Bey, pour ne pas tomber entre leurs
mains , s'elt fauvé avec les tréfors & trente- deux
Eſclaves , & qu'il s'eft retiré à Malte .
DE MESSINES , le 24 Août.
Les chaleurs exceffives qu'on a effuyées ici depuis
le 15 du mois de Juin , ont produit des maladies
dont les fymptômes & les fuites ont caufé
d'abord beaucoup d'effroi. Toutes les perfonnes
qui en étoient attaquées , tomboient au bout de
quelques heures dans une violente phrénéfie . Leur
tête s'enfloit extraordinairement ; elles perdoient
l'ufage de leurs organes , & bientôt une fievre violente
les emportoit. On a trouvé le moyen de
prévenir ces funeftes effets , en baignant la tête
du malade dans de l'eau froide.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
DE ROME , le 11 Septembre.
En fouillant la terre dans un jardin du Comte
perucchi , on a découvert une Úrne qui , felon
Pinfcription gravée deffus , content les cendres
du Maitre de la Garde-robe de P'Empereur Auguf
te. On a trouvé auffi fous terre , dans l'endroit où
le Duc de Zagarola fe propofe de faire conftruire
un nouveau Palais , une petite Chapelle dont les
peintures font bien confervées.
Le Pape a difpofé de la charge de Secretaire
d'Etat , & de celle de Vice -Chancelier en faveur
du Cardinal Aubri Archinto , Gouverneur de
Rome. Sa Sainteté a accordé au Cardinal Jérôme
Colonne , qui étoit Vice -Chancelier , celle de
Camerlingue du Saint Siege, à laquelle eft attaché
le titre de Président de la Chambre Apoftolique.
La place de Préfet de la Congrégation de Prapaganda
Fide a été donnée au Cardinal Jofeph
Spinelli , & le Cardinal Fortuné Tamburini a été
déclaré Protecteur de la Congrégation du Mont
Caffin . Les Cardinaux Jean - Jacques Millo & Clément
Hargenvilliers ont été mis au nombre des
Commiffaires de la Congrégation établie pour les
affaires du Comtat Vénaiffin. Le fieur Corneille
Caprara , frere du Marquis de Monti , Maréchal
des Camps & Armées de Sa Majeſté Très Chrétienne
, a été nommé Gouverneur de Rome , & il
eft remplacé dans la Chambre de la Rote par le
fieur Alexandre Ratta . Le Saint Pere a conféré à
un fils du Marquis Cavalieri un Canonicat de
Saint Pierre du Vatican , dont l'Evêque de Col
tanza s'eft démis .
OCTOBRE. 1756. 227
DE LIVOURNE , le 13 Septembre.
Un Navire , arrivé de l'Ile du Goze , a rapporté
que les Algériens ayant mis le fiege devant
Tunis , le Bey, pour ne pas tomber entre leurs
mains , s'elt fauvé avec les tréfors & trente- deux
Eſclaves , & qu'il s'eft retiré à Malte .
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Résumé : ITALIE.
En août 1756, à Messine, des chaleurs extrêmes depuis mi-juin ont provoqué des maladies caractérisées par une phrénésie violente, un gonflement de la tête, une perte des fonctions corporelles et une fièvre mortelle. Un remède a été trouvé en baignant la tête des malades dans de l'eau froide. À Rome, en septembre 1756, une urne contenant les cendres du maître de la garde-robe de l'empereur Auguste a été découverte dans un jardin du Comte Perucchi. Une chapelle bien conservée a également été trouvée sur le site de construction d'un nouveau palais du Duc de Zagarola. Le Pape a nommé plusieurs cardinaux à des postes clés : le Cardinal Aubri Archinto aux postes de Secrétaire d'État et de Vice-Chancelier, le Cardinal Jérôme Colonne au poste de Camerlingue du Saint-Siège, le Cardinal Joseph Spinelli comme Préfet de la Congrégation de Propaganda Fide, et le Cardinal Fortuné Tamburini comme Protecteur de la Congrégation du Mont Cassin. Les Cardinaux Jean-Jacques Millo et Clément Hargenvilliers ont été nommés commissaires pour les affaires du Comtat Venaissin. Corneille Caprara a été nommé Gouverneur de Rome, et un fils du Marquis Cavalieri a reçu un canonicat de Saint-Pierre du Vatican. À Livourne, en septembre 1756, un navire en provenance de l'île de Gozo a rapporté que les Algériens avaient mis le siège devant Tunis. Le Bey s'est enfui avec les trésors et trente-deux esclaves, se réfugiant à Malte.
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700
p. 221-222
GRANDE BRETAGNE.
Début :
La garde qui veille sur la personne de l'Amiral Byng, vient d'être [...]
Mots clefs :
Amiral Byng, Hôpital Greenwich, Parlement, Jugement, Amiral Hawke, Scorbut des marins, Négociants, Armateurs français, Corsaires , Rançon
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BREETTAAGGNNE.
DE LONDRES , le 14 Septembre.
La garde qui veille fur la perfonne de l'Amiral
Byng , vient d'être doublée , & l'on a grillé les
fenêtres de la chambre où il eft logé dans l'Hôpital
de Greenwich. Il paroît qu'il fera jugé par
le Parlement , & non par un Confeil de guerre.
On a fait la vifite du Vaiffeau de guerre Hollandois
, & des vingt-cinq Navires de la même Nation
, qui furent amenés le 17 du mois dernier
aux Dunes. Comme on n'y a trouvé aucune marchandiſe
de contrebande , on leur a notifié qu'ils
pouvoient continuer leur navigation. Le bois de
coaftruction , qu'ils avoient à bord , a été retenu
pour le compte de Sa Majefté , & payé argent
Comptant. Trois bataillons des Gardes , & huir
Régimens d'Infanterie , ont ordre de fe tenir prêts
à s'embarquer.
Selon les nouvelles de la Méditerranée , l'Amiral
Hawke a quitté les parages de l'Ile Minorque
, & a fait voile vers l'Eft . L'efcadre de cet
Amiral , ainfi que celle de l'Amital Boscawen
font réduites à un très - fâcheux état par le fcorbut
& par d'autres maladies. Le Gouvernement vient
d'envoyer ordre à Portsmouth , à Plymouth , à
3
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Chatham & à Wolwich , que tous les Vaiſſeaux de
guerre , qui s'y trouvent , fe préparent à fe mettre
en mer , pour aller renforcer l'une & l'autre
Efcadre. On prétend que l'Amiral Knowls doit
relever inceffamment l'Amiral Boscawen.
Divers Négocians de cette Ville font en peine
pour les Navires qu'ils attendent de la Mer Baltique.
Leur inquiétude eft d'autant mieux fondée ,
que les Armateurs François croiſent actuellement
en grand nombre fur les côtes d'Angleterre. Depuis
quelques jours , ces Armateurs ont pris plufieurs
Bâtimens dont les uns ont été conduits en
France , & les autres ont été rançonnés. Comme
le nombre des Corfaires ennemis augmente de
jour en jour , on a ordonné à quelques Vaiffeaux
de guerre , de leur donner la chaffe. On fe propofe
d'accorder à nos Armateurs les mêmes gratifications
, qui font promifes aux Capitaines &
aux Equipages des Vaiffeaux & des Frégates de
Sa Majefté , pour les prifes faites fur les François.
DE LONDRES , le 14 Septembre.
La garde qui veille fur la perfonne de l'Amiral
Byng , vient d'être doublée , & l'on a grillé les
fenêtres de la chambre où il eft logé dans l'Hôpital
de Greenwich. Il paroît qu'il fera jugé par
le Parlement , & non par un Confeil de guerre.
On a fait la vifite du Vaiffeau de guerre Hollandois
, & des vingt-cinq Navires de la même Nation
, qui furent amenés le 17 du mois dernier
aux Dunes. Comme on n'y a trouvé aucune marchandiſe
de contrebande , on leur a notifié qu'ils
pouvoient continuer leur navigation. Le bois de
coaftruction , qu'ils avoient à bord , a été retenu
pour le compte de Sa Majefté , & payé argent
Comptant. Trois bataillons des Gardes , & huir
Régimens d'Infanterie , ont ordre de fe tenir prêts
à s'embarquer.
Selon les nouvelles de la Méditerranée , l'Amiral
Hawke a quitté les parages de l'Ile Minorque
, & a fait voile vers l'Eft . L'efcadre de cet
Amiral , ainfi que celle de l'Amital Boscawen
font réduites à un très - fâcheux état par le fcorbut
& par d'autres maladies. Le Gouvernement vient
d'envoyer ordre à Portsmouth , à Plymouth , à
3
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Chatham & à Wolwich , que tous les Vaiſſeaux de
guerre , qui s'y trouvent , fe préparent à fe mettre
en mer , pour aller renforcer l'une & l'autre
Efcadre. On prétend que l'Amiral Knowls doit
relever inceffamment l'Amiral Boscawen.
Divers Négocians de cette Ville font en peine
pour les Navires qu'ils attendent de la Mer Baltique.
Leur inquiétude eft d'autant mieux fondée ,
que les Armateurs François croiſent actuellement
en grand nombre fur les côtes d'Angleterre. Depuis
quelques jours , ces Armateurs ont pris plufieurs
Bâtimens dont les uns ont été conduits en
France , & les autres ont été rançonnés. Comme
le nombre des Corfaires ennemis augmente de
jour en jour , on a ordonné à quelques Vaiffeaux
de guerre , de leur donner la chaffe. On fe propofe
d'accorder à nos Armateurs les mêmes gratifications
, qui font promifes aux Capitaines &
aux Equipages des Vaiffeaux & des Frégates de
Sa Majefté , pour les prifes faites fur les François.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 septembre, la garde de l'Amiral Byng a été renforcée et ses fenêtres grillées. Il sera jugé par le Parlement plutôt que par un conseil de guerre. Une inspection de navires hollandais aux Dunes n'a révélé aucune contrebande, mais le bois de construction à bord a été retenu et payé par la couronne. Trois bataillons des Gardes et huit régiments d'infanterie sont prêts à s'embarquer. En Méditerranée, l'Amiral Hawke a quitté Minorque et navigue vers l'Est. Les escadres des Amiraux Hawke et Boscawen sont affaiblies par le scorbut et d'autres maladies. Le gouvernement ordonne aux vaisseaux de guerre de Portsmouth, Plymouth, Chatham et Woolwich de renforcer ces escadres. L'Amiral Knowls doit remplacer l'Amiral Boscawen. À Londres, les négociants s'inquiètent des navires attendus de la Mer Baltique en raison des armateurs français. Plusieurs bâtiments ont été capturés ou rançonnés. Des vaisseaux de guerre ont été envoyés pour contrer cette menace. On envisage d'accorder aux armateurs britanniques les mêmes gratifications promises aux capitaines et équipages des vaisseaux de Sa Majesté pour les prises faites sur les Français.
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