Résultats : 485 texte(s)
Détail
Liste
251
p. 612-615
« Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
Début :
Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...]
Mots clefs :
Reine, Concert, Demoiselle, Marly, Reine, Musique, Roi, Destouches, Opéra, Marie Pélissier, Chasse, Église paroissiale de Saint-Sulpice, Fête de l'Annonciation de la Vierge
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texteReconnaissance textuelle : « Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
Le premier Mars , il y eut Concert à
Marly chez la Reine , qui fut continué
3 et le 6. M. Destouches Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter
l'Opéra de Pirame et Thisbé , mis en
Musique par les Sieurs Rebel et Francoeur,
le premier, Sur- Intendant de la Musique
en Survivance de M. Destouches , et le
second, Compositeur de la Chambre. Les
Diles Lenner , d'Aigremont et Roblin ,
chanterent lesRolles du Prologue; ceux de
Zoroastre, de Ninus, et de Pirame , furent
chantez dans laTragédie par les SrsChassé,
d'Angerville etJelior, la voix de ce dernier
parut
MARS 1734: 613
parut très touchante . Les Dlles Erremens et
Pelissier remplirent les Rolles deZoraïde et
de Thisbé avec beaucoup de précision .
La Reine eut la bonté de marquer aux
Auteurs sa satisfaction , et de louer leurs
talens. Le Poëme est de M. de la Serre.
›
Le 8 et le 9 , S. M. souhaita d'entendre
le Ballet du Carnaval et de la Folie ,
dont l'exécution parut très- brillante . Le
Rolle de la Folie fut rempli avec applaudissement
par la Dlle Pelissier , celui du
Carnaval par le Sieur d'Angerville ; la
Dlle Mathieu et le Sr Petillot , chanterent
ceux de Plutus , et de la Jeunesse. Cet
Opéra,de la composition de M. Destouches
, plut beaucoup à la Reine , S. M.
ordonna qu'on le chanteroit tous les
ahs pendant le Carnaval .
2
Le 15 , 17 et 22 , on chanta l'Opéra
·de Telemaque du même Auteur. Le Rolle
de Minerve dans le Prologue et dans la
Piéce , fut chanté par la Dlle Lenner ;
celui de Calipso par la Dlle Anuer , et
ceux d'Eucharis et de Telemaque furent
remplis d'une façon très interessante par
la Dile Pelissier et par le Sr Jeliot.
Le 11 de ce mois , le Roy étant allé
chasser sur Lotti , le cerf mena la chasse
jusqu'au près de Magni , d'où le Roy
ICVC614
MERCURE DE FRANCE
revenant à Marly , la nuit le surprit à
Meulan , et Sa Majesté prévoyant qu'il
arriveroit trop tard à Marly , alla demander
à souper à l'Abbé Bignon, qui se trouvoit
par hazard dans sa Maison de l'Isle - Belle.
Au sortir de table , le Roy partit vers les
dix heures un quart pour retourner à
Marly , témoignant beaucoup de satisfaction
de la maniere dont il avoit éte reçu .
S.M.n'étoit accompagnée que du Duc de
Richelieu , du Comte d'Ayen , du Marquis
de Coigny et du Marquis de Sourches.
Le 20 Mars on consacra solemnellement
le Grand Autel de l'Eglise Paroissiale
de Saint Sulpice ; M. l'Archevêque
de Sens en fit la cérémonie : la Reine
d'Espagne y assista avec plusieurs personnes
de considération . La cérémonie finit
par une décharge d'un grand nombre
de boëtes, et par les Aumônes que M. le
Curé fit distribuer à quantité de Pauvres
.
Le 25 Mars , Fête de l'Anronciation de
la Vierge , il y eut Concert Spirituel au
Chateau des Thuilleries . M. Mouret y
fit chanter le Magnus Dominus , excelent
Motet de M. de la Lande. La Dlle Petite .
pas
MARS 1734.
619
pas , et le Sr Jeliot en chanterent un au
tre à deux voix , qui fut très applaudi
par une très nombreuse Assemblée ; de
même que les Concerto exécutez par les
Srs Blavet et le Clair . Le Concert fut
terminé par le Motet Cantate du même
Auteur dans lequel la Dlle Erremens
chanta le beau verset Viderunt avec toute
la précision que demande un si beau
morceau de Musique .
Marly chez la Reine , qui fut continué
3 et le 6. M. Destouches Sur- Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter
l'Opéra de Pirame et Thisbé , mis en
Musique par les Sieurs Rebel et Francoeur,
le premier, Sur- Intendant de la Musique
en Survivance de M. Destouches , et le
second, Compositeur de la Chambre. Les
Diles Lenner , d'Aigremont et Roblin ,
chanterent lesRolles du Prologue; ceux de
Zoroastre, de Ninus, et de Pirame , furent
chantez dans laTragédie par les SrsChassé,
d'Angerville etJelior, la voix de ce dernier
parut
MARS 1734: 613
parut très touchante . Les Dlles Erremens et
Pelissier remplirent les Rolles deZoraïde et
de Thisbé avec beaucoup de précision .
La Reine eut la bonté de marquer aux
Auteurs sa satisfaction , et de louer leurs
talens. Le Poëme est de M. de la Serre.
›
Le 8 et le 9 , S. M. souhaita d'entendre
le Ballet du Carnaval et de la Folie ,
dont l'exécution parut très- brillante . Le
Rolle de la Folie fut rempli avec applaudissement
par la Dlle Pelissier , celui du
Carnaval par le Sieur d'Angerville ; la
Dlle Mathieu et le Sr Petillot , chanterent
ceux de Plutus , et de la Jeunesse. Cet
Opéra,de la composition de M. Destouches
, plut beaucoup à la Reine , S. M.
ordonna qu'on le chanteroit tous les
ahs pendant le Carnaval .
2
Le 15 , 17 et 22 , on chanta l'Opéra
·de Telemaque du même Auteur. Le Rolle
de Minerve dans le Prologue et dans la
Piéce , fut chanté par la Dlle Lenner ;
celui de Calipso par la Dlle Anuer , et
ceux d'Eucharis et de Telemaque furent
remplis d'une façon très interessante par
la Dile Pelissier et par le Sr Jeliot.
Le 11 de ce mois , le Roy étant allé
chasser sur Lotti , le cerf mena la chasse
jusqu'au près de Magni , d'où le Roy
ICVC614
MERCURE DE FRANCE
revenant à Marly , la nuit le surprit à
Meulan , et Sa Majesté prévoyant qu'il
arriveroit trop tard à Marly , alla demander
à souper à l'Abbé Bignon, qui se trouvoit
par hazard dans sa Maison de l'Isle - Belle.
Au sortir de table , le Roy partit vers les
dix heures un quart pour retourner à
Marly , témoignant beaucoup de satisfaction
de la maniere dont il avoit éte reçu .
S.M.n'étoit accompagnée que du Duc de
Richelieu , du Comte d'Ayen , du Marquis
de Coigny et du Marquis de Sourches.
Le 20 Mars on consacra solemnellement
le Grand Autel de l'Eglise Paroissiale
de Saint Sulpice ; M. l'Archevêque
de Sens en fit la cérémonie : la Reine
d'Espagne y assista avec plusieurs personnes
de considération . La cérémonie finit
par une décharge d'un grand nombre
de boëtes, et par les Aumônes que M. le
Curé fit distribuer à quantité de Pauvres
.
Le 25 Mars , Fête de l'Anronciation de
la Vierge , il y eut Concert Spirituel au
Chateau des Thuilleries . M. Mouret y
fit chanter le Magnus Dominus , excelent
Motet de M. de la Lande. La Dlle Petite .
pas
MARS 1734.
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pas , et le Sr Jeliot en chanterent un au
tre à deux voix , qui fut très applaudi
par une très nombreuse Assemblée ; de
même que les Concerto exécutez par les
Srs Blavet et le Clair . Le Concert fut
terminé par le Motet Cantate du même
Auteur dans lequel la Dlle Erremens
chanta le beau verset Viderunt avec toute
la précision que demande un si beau
morceau de Musique .
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Résumé : « Le premier Mars, il y eut Concert à Marly chez la Reine, qui fut continué [...] »
En mars 1734, plusieurs événements musicaux et cérémoniels marquèrent le mois. Du 1er au 6 mars, l'opéra 'Pirame et Thisbé' de Rebel et Francoeur fut interprété à Marly chez la Reine, avec des rôles principaux chantés par les demoiselles Lenner, d'Aigremont, Roblin, Erremens et Pelissier, ainsi que par les sieurs Chassé, d'Angerville et Jeliot. La Reine exprima sa satisfaction. Les 8 et 9 mars, le roi écouta le ballet 'Le Carnaval et la Folie' de Destouches, interprété par la demoiselle Pelissier, le sieur d'Angerville, la demoiselle Mathieu et le sieur Petillot. La Reine ordonna que cet opéra soit chanté quotidiennement pendant le Carnaval. Du 15 au 22 mars, l'opéra 'Télémaque' de Destouches fut chanté, avec les rôles de Minerve, Calypso, Eucharis et Télémaque interprétés par les demoiselles Lenner, Anuer, Pelissier et le sieur Jeliot. Le 11 mars, le roi chassa sur l'île de Loiti avec plusieurs nobles et soupa à Meulan chez l'abbé Bignon. Le 20 mars, l'archevêque de Sens consacra solennellement le grand autel de l'église paroissiale de Saint-Sulpice en présence de la reine d'Espagne et de personnes de considération. Le 25 mars, à l'occasion de la fête de l'Annonciation de la Vierge, un concert spirituel eut lieu au château des Tuileries. M. Mouret dirigea le 'Magnus Dominus' de M. de la Lande, et les demoiselles Petitepas et Erremens, ainsi que le sieur Jeliot, chantèrent d'autres morceaux applaudis. Les concerts furent exécutés par les sieurs Blavet et le Clair.
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252
p. 753-754
« On donne avis au Public, que l'on grave actuellement les Quatre Saisons, qui sont dans le [...] »
Début :
On donne avis au Public, que l'on grave actuellement les Quatre Saisons, qui sont dans le [...]
Mots clefs :
Voix, Quatre saisons, Mercure, Musique, Symphonie, M. Villeneuve
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texteReconnaissance textuelle : « On donne avis au Public, que l'on grave actuellement les Quatre Saisons, qui sont dans le [...] »
On donne avis au Public , que l'on grave
tuellement les Quatre Saisons , qui sont dans le
Mercure du mois de Février dernier , lesquelles.
ont été mises en Musique par M. Villeneuve ,
Auteur de la Pastorale Héroïque , intitulée ,
la
Princesse d'Elide , représentée avec succès par
l'Académie Royale de Musique en 1728. et dè.
plusieurs autres Ouvrages , comme Leçons de
Tenebres à voix seule , et le Miserere , avec six.
Motets à une et deux voix , sans Symphonie. Un
Concert Spirituel à plusieurs voix , à grand
Choeur , avec Symphonie ; dédié et chanté devant
la Reine . Le Voyage de Cythere , Cantate
à voix seule , avec Symphonie. Deux OEuvres de
Sonates pour la Flute ou le Violon , intitulées ,
Conversations. Une Méthode très- courte pour
apprendre la Musique, avec la propreté du Chant,
laquelle est très-intelligible aux Enfans même.
Il espere donner incessamment les Quatre
Saisons
754 MERCURE
DE FRANCE
Saisons , dont il a donné lui -même le Plan à
l'Aureur des Paroles , qu'on lit dans le Mercure.
tuellement les Quatre Saisons , qui sont dans le
Mercure du mois de Février dernier , lesquelles.
ont été mises en Musique par M. Villeneuve ,
Auteur de la Pastorale Héroïque , intitulée ,
la
Princesse d'Elide , représentée avec succès par
l'Académie Royale de Musique en 1728. et dè.
plusieurs autres Ouvrages , comme Leçons de
Tenebres à voix seule , et le Miserere , avec six.
Motets à une et deux voix , sans Symphonie. Un
Concert Spirituel à plusieurs voix , à grand
Choeur , avec Symphonie ; dédié et chanté devant
la Reine . Le Voyage de Cythere , Cantate
à voix seule , avec Symphonie. Deux OEuvres de
Sonates pour la Flute ou le Violon , intitulées ,
Conversations. Une Méthode très- courte pour
apprendre la Musique, avec la propreté du Chant,
laquelle est très-intelligible aux Enfans même.
Il espere donner incessamment les Quatre
Saisons
754 MERCURE
DE FRANCE
Saisons , dont il a donné lui -même le Plan à
l'Aureur des Paroles , qu'on lit dans le Mercure.
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Résumé : « On donne avis au Public, que l'on grave actuellement les Quatre Saisons, qui sont dans le [...] »
Le texte annonce la prochaine gravure des 'Quatre Saisons', dont les paroles ont été publiées dans le Mercure de février. Ces œuvres ont été composées par M. Villeneuve, célèbre pour sa pastorale héroïque 'La Princesse d'Elide', représentée avec succès par l'Académie Royale de Musique en 1728. Villeneuve est également l'auteur de plusieurs autres compositions musicales, incluant des 'Leçons de Ténèbres' à voix seule, un 'Miserere' avec six motets, un 'Concert Spirituel' dédié et chanté devant la Reine, la cantate 'Le Voyage de Cythère', des sonates pour flûte ou violon intitulées 'Conversations', et une méthode pour apprendre la musique adaptée aux enfants. Villeneuve a fourni le plan des 'Quatre Saisons' à l'auteur des paroles, publiées dans le Mercure.
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253
p. 756-758
Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
Début :
Le 28. Mars, l'Académie Royale de Musique remit au Théatre, à la [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Arbres, Décoration, Théâtre, Architecture, Jardin
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texteReconnaissance textuelle : Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
E 28. Mars , l'Académie Royale de
grande satisfaction du Public , l'Opera
de Jephté , dont toutes les Représenta
tions ont reçû de grands applaudissemens
. Nous renvoyons le Lecteur pour
les paroles et la Musique de cette Tragédie
, à ce que nous en avons dit au
- mois de Mars 1733. page 564 et en
Mars 1732. page 571. Mais une nou
velle Décoration , sur les Desseins du
Chevalier Servandoni , faite pour
pera
AVRIL. 1734. 757
pera de Pirithous , et qui paroît au quatriéme
Acte de Jephté , mérite bien que
nous en donnions une idée à nos Lecteurs.
Cette Décoration n'occupe que la moitié
du Théatre dans le fond. Elle représente
un Jardin enchanté , qui dans
ce petit espace est vû obliquement et
paroît extrémement vaste .
On y voit d'abord un grand Morceau
d'Architecture rustique , au milieu duquel
est un Grouppe de figure gigantesque
, représentant Hercule , dans le
moment qu'il étouffe Anthée. de la bouche
de ce dernier sort un grand Jet
d'eau. Au-dessous de ce Grouppe on voit
des Lions , qui semblent sortir de leurs
Antres , et qui vomissent une grande
quantité d'eau que plusieurs Bassins reçoivent
; ces eaux sont si bien feintes pardes
gases qu'on fait mouvoir par le moyen de
plusieurs roues,qu'elles paroissent vrayes.
Cette Fontaine est placée au milieu
d'une grande Allée d'arbres , à côté de
laquelle s'éleve une haute Charmille ,
taillée en Pilastres et en Arcades . Entre
la Charmille et les Arbres , ce qui forme
une seconde Allée , on voit des Piédestaux
avec des figures imitant le Marbre
blanc. Le fond est agréablement varié
par
758 MERCURE DE FRANCE
par plusieurs Terrasses et Jets d'eau , des
Allées et des Arbres de differentes especes.
> Au bout de la derniere Terrasse , sur
une hauteur à laquelle on arrive par une
montée en fer à cheval , ornée d'Architecture
, de Vases , de Statues , & c. on
apperçoit un grand Edifice rond , percé
à jour par des Arcades et des Colomnes ,
entre et au milieu desquelles s'élevent
plusieurs Arbres.
Ce Jardin , par l'art de la Perspective
et la dégradation des couleurs , fait paroître
le fond du Théatre plus grand
qu'on ne l'a encore vû. Cette Décoration
a été fort goûtée et fort applaudie.
grande satisfaction du Public , l'Opera
de Jephté , dont toutes les Représenta
tions ont reçû de grands applaudissemens
. Nous renvoyons le Lecteur pour
les paroles et la Musique de cette Tragédie
, à ce que nous en avons dit au
- mois de Mars 1733. page 564 et en
Mars 1732. page 571. Mais une nou
velle Décoration , sur les Desseins du
Chevalier Servandoni , faite pour
pera
AVRIL. 1734. 757
pera de Pirithous , et qui paroît au quatriéme
Acte de Jephté , mérite bien que
nous en donnions une idée à nos Lecteurs.
Cette Décoration n'occupe que la moitié
du Théatre dans le fond. Elle représente
un Jardin enchanté , qui dans
ce petit espace est vû obliquement et
paroît extrémement vaste .
On y voit d'abord un grand Morceau
d'Architecture rustique , au milieu duquel
est un Grouppe de figure gigantesque
, représentant Hercule , dans le
moment qu'il étouffe Anthée. de la bouche
de ce dernier sort un grand Jet
d'eau. Au-dessous de ce Grouppe on voit
des Lions , qui semblent sortir de leurs
Antres , et qui vomissent une grande
quantité d'eau que plusieurs Bassins reçoivent
; ces eaux sont si bien feintes pardes
gases qu'on fait mouvoir par le moyen de
plusieurs roues,qu'elles paroissent vrayes.
Cette Fontaine est placée au milieu
d'une grande Allée d'arbres , à côté de
laquelle s'éleve une haute Charmille ,
taillée en Pilastres et en Arcades . Entre
la Charmille et les Arbres , ce qui forme
une seconde Allée , on voit des Piédestaux
avec des figures imitant le Marbre
blanc. Le fond est agréablement varié
par
758 MERCURE DE FRANCE
par plusieurs Terrasses et Jets d'eau , des
Allées et des Arbres de differentes especes.
> Au bout de la derniere Terrasse , sur
une hauteur à laquelle on arrive par une
montée en fer à cheval , ornée d'Architecture
, de Vases , de Statues , & c. on
apperçoit un grand Edifice rond , percé
à jour par des Arcades et des Colomnes ,
entre et au milieu desquelles s'élevent
plusieurs Arbres.
Ce Jardin , par l'art de la Perspective
et la dégradation des couleurs , fait paroître
le fond du Théatre plus grand
qu'on ne l'a encore vû. Cette Décoration
a été fort goûtée et fort applaudie.
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Résumé : Décoration de l'Opera de Jephté, [titre d'après la table]
En mars 1734, l'Académie Royale a présenté l'opéra de Jephté, acclamé par le public. La décoration du quatrième acte, réalisée par le Chevalier Servandoni, a particulièrement retenu l'attention. Elle occupe la moitié du théâtre et représente un jardin enchanté, conçu pour sembler extrêmement vaste. Au centre, une architecture rustique montre Hercule étouffant Anthée, dont la bouche laisse jaillir un jet d'eau. Des lions, sortant de leurs antres, vomissent également de l'eau, recueillie dans des bassins. Cette fontaine est placée dans une allée d'arbres, à côté d'une haute charmille taillée en pilastres et arcades. Entre la charmille et les arbres, des piédestaux avec des figures imitant le marbre blanc sont visibles. Le fond est varié par des terrasses, des jets d'eau, des allées et des arbres de différentes espèces. Au bout de la dernière terrasse, un grand édifice rond percé d'arcades et de colonnes s'élève, entre lesquelles se dressent plusieurs arbres. Grâce à la perspective et à la dégradation des couleurs, le fond du théâtre semble plus grand qu'à l'accoutumée. Cette décoration a été très appréciée et applaudie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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254
p. 761-764
« Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Début :
Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Divertissement, Pièce nouvelle, Vaudeville, Audiences de Thalie, Faridondaine, Dlle Delisle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Le 22. Mars , l'Opera Comique donna une
Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville , avec un
Divertissement de Chants et de Danses , qui a
pour
762 MERCURE DE FRANCE
pour titre , Les Jumelles. Cette Piece fut suivie
d'un autre Divertissement ou Concerto Pantomi
me , dansé par un nombre de très - bons Sujets ,
dont l'execution est fort applaudie.
Le premier Avril on donna une autre Piece
nouvelle d'un Acte , intitulée , Les Audiences de
Thalie , suivie du même Concerto . Ce divertissement
a continué jusques et compris le 17. qui
fut la clôture de ce Théatre. "
La Dlle Delifle , premiere Actrice de cette
Troupe , fit le même jour , à la fin de la Piece ,
un Compliment en Vaudeville , dont voici les
Couplets , sur l'Air : Petite la Valiere.
Quel sort plus déplorable !
Il faut quitter ce lieu ;
La tristesse m'accable ,
Quand je vous dis adieu ;
J'ai peine à retenir
La douleur qui me presse ;
La Foire va finir ;
Elle meurt de foiblesse.
Sur l'Air : Non , je neferai pas.
A peine dans ces lieux faisons- nous connoissance,
Que nous allons , Messieurs , perdre votre présence
,
Depuis près de deux mois , que ne vous voyoit- on ?
Mais pour vous voir chez nous , il nous falloit
du bon.
Sur l'Air : La faridondaine.
Nos soins ont été superflus ,
Nous
A VRI L. 1734.
763
Nous n'avons pû vous plaire ;
Si nous en eussions été crus ,
C'étoit une autre affaire.
Notre Protecteur Apollon ,
La faridondaine , la faridondon ,
Nous a presque toujours servi
Biribi ,
A la façon de Barbari mon ami ,
Sur un Air nouveau du sieur Correte.
Chacun se croit digne de plaire ,
C'est le deffaut de maint Auteur ;
Il ne faut qu'un ami flateur
Pour rendre un Rimeur témeraire ;
Mais ma foi c'est le Hic
Que de plaire au Public .
Sur l'Air : Tu croyois en aimant Colette.
Vous nous avez fait mille graces ,
Sensibles à nos moindres soins ;
De nos Jeux dénuez de graces ,
Vous avez été les témoins.
Sur l'Air : Je ne suis né ni Roy ni Princes
Mais , Messieurs , la Foire prochaine ,
Rend notre esperance certaine ,
Vous vous y rendrez , s'il vous plaît ;
Oubliez nos fautes présentes ;
Nous vous payeront l'interêt ,
De vos bontez trop indulgentes.
On
764 MERCURE DE FRANCE
On donne avis au Public , que le neuviéme
vol . du Theatre de la Foire , qui est actuellement
fous presse , paroîtra incessamment , il
contiendra dix Pieces , sçavoir le Reveil de l'Opera
Comique , la Lanterne Veridique , le Parterre
merveilleux , le Rival de lui -même , la Mere
jalouse , l' Allure , l'Ile du Mariage , le Retour
de l'Opera Comique au Fauxbourg S. Germain ,
le Pere Rival , et les Audiences de Thalie , ce
dernier vol. sera orné de figure en taille douce
avec une table des Airs graves et Notes à la fin
du Livre. Il se vendra A Paris , chez Prault le
Fils , Libraire Quay de Conty 1734.
Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville , avec un
Divertissement de Chants et de Danses , qui a
pour
762 MERCURE DE FRANCE
pour titre , Les Jumelles. Cette Piece fut suivie
d'un autre Divertissement ou Concerto Pantomi
me , dansé par un nombre de très - bons Sujets ,
dont l'execution est fort applaudie.
Le premier Avril on donna une autre Piece
nouvelle d'un Acte , intitulée , Les Audiences de
Thalie , suivie du même Concerto . Ce divertissement
a continué jusques et compris le 17. qui
fut la clôture de ce Théatre. "
La Dlle Delifle , premiere Actrice de cette
Troupe , fit le même jour , à la fin de la Piece ,
un Compliment en Vaudeville , dont voici les
Couplets , sur l'Air : Petite la Valiere.
Quel sort plus déplorable !
Il faut quitter ce lieu ;
La tristesse m'accable ,
Quand je vous dis adieu ;
J'ai peine à retenir
La douleur qui me presse ;
La Foire va finir ;
Elle meurt de foiblesse.
Sur l'Air : Non , je neferai pas.
A peine dans ces lieux faisons- nous connoissance,
Que nous allons , Messieurs , perdre votre présence
,
Depuis près de deux mois , que ne vous voyoit- on ?
Mais pour vous voir chez nous , il nous falloit
du bon.
Sur l'Air : La faridondaine.
Nos soins ont été superflus ,
Nous
A VRI L. 1734.
763
Nous n'avons pû vous plaire ;
Si nous en eussions été crus ,
C'étoit une autre affaire.
Notre Protecteur Apollon ,
La faridondaine , la faridondon ,
Nous a presque toujours servi
Biribi ,
A la façon de Barbari mon ami ,
Sur un Air nouveau du sieur Correte.
Chacun se croit digne de plaire ,
C'est le deffaut de maint Auteur ;
Il ne faut qu'un ami flateur
Pour rendre un Rimeur témeraire ;
Mais ma foi c'est le Hic
Que de plaire au Public .
Sur l'Air : Tu croyois en aimant Colette.
Vous nous avez fait mille graces ,
Sensibles à nos moindres soins ;
De nos Jeux dénuez de graces ,
Vous avez été les témoins.
Sur l'Air : Je ne suis né ni Roy ni Princes
Mais , Messieurs , la Foire prochaine ,
Rend notre esperance certaine ,
Vous vous y rendrez , s'il vous plaît ;
Oubliez nos fautes présentes ;
Nous vous payeront l'interêt ,
De vos bontez trop indulgentes.
On
764 MERCURE DE FRANCE
On donne avis au Public , que le neuviéme
vol . du Theatre de la Foire , qui est actuellement
fous presse , paroîtra incessamment , il
contiendra dix Pieces , sçavoir le Reveil de l'Opera
Comique , la Lanterne Veridique , le Parterre
merveilleux , le Rival de lui -même , la Mere
jalouse , l' Allure , l'Ile du Mariage , le Retour
de l'Opera Comique au Fauxbourg S. Germain ,
le Pere Rival , et les Audiences de Thalie , ce
dernier vol. sera orné de figure en taille douce
avec une table des Airs graves et Notes à la fin
du Livre. Il se vendra A Paris , chez Prault le
Fils , Libraire Quay de Conty 1734.
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Résumé : « Le 22. Mars, l'Opera Comique donna une Piece nouvelle d'un Acte en Vaudeville, avec un [...] »
Du 22 mars au 17 avril, l'Opéra Comique présenta plusieurs représentations théâtrales. Le 22 mars, la pièce 'Les Jumelles' fut jouée, suivie d'un divertissement de chants et de danses, ainsi qu'un concerto pantomime. Le 1er avril, la pièce 'Les Audiences de Thalie' fut donnée, accompagnée du même concerto. La dernière représentation eut lieu le 17 avril. Mlle Delifle, première actrice, prononça un compliment en vaudeville, exprimant sa tristesse de quitter le théâtre et remerciant le public pour sa présence. Elle souligna les efforts de la troupe et espéra revoir le public lors de la prochaine foire. Un avis annonça la parution du neuvième volume du 'Théâtre de la Foire', incluant dix pièces comme 'Les Audiences de Thalie', disponible chez Prault le Fils, libraire à Paris, en 1734.
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255
p. 770-772
LETTRE à M. ***
Début :
Mlle Sallé, sans trop considerer l'embarras où elle m'expose, me charge, Monsieur, de [...]
Mots clefs :
Pygmalion, Marie Sallé, Danse, Bacchus et Ariane, Statue
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. ***
LETTRE à M. ***
Mlle Sallé , sans trop considerer l'embarras
où elle m'expose , me charge , Monsieur , de
vous rendre compte de ses succès. Il s'agit de
vous dire de quelle maniere elle a rendu la Fable
de Pigmalion et celle de Bacchus et d'Ariane,
et les applaudissemens que ces deux Ballets de
son invention, ont excités à la Cour d'Angleterre .
Il y a près de deux mois qu'on voit représenter
Pigmalion sans s'en lasser. Voici de quelle maniere
se développe le Sujet . Pigmalion entre
dans
AVRIL. 1734. 771
dans son Attelier avec ses Sculpteurs qui forment
une Danse caracterisée, le Maillet et le Ciseau à
la main. Pigmalion leur ordoune d'ouvrir le fond
de l'Attelier , qui est orné de Statuës aussi bien
que le devant ; il en paroît au milieu une qui
attire pardessus toutes les autres l'admiration de
tout le monde . Il la regarde , il la considere et
soupire ; il porte ses mains sur ses pieds , sur sa
taille , il en examine et en observe tous les contours
, aussi bien- que des bras qu'il pare de
bracelets précieux , il orne son col d'un riche
collier , il baise les mains de sa chere Statuë ,
en devient enfin passionné ; il exprime ses inquiétudes
, d'où il tombe dans la réverie ; après
quoi il se jette aux pieds de Venus qu'il conjure
d'animer ce marbre .
Venus répond à sa priere ; trois traits de lu
miere paroissent et sur une simphonie convenable
, la Statue commence à sortir par degré de
son insensibilité , à la surprise de Pigmalion et
de ses suivans elle témoigne son étonnement
de sa nouvelle existence et de tous les objets
dont elle est entourée .
Pigmalion plein d'étonnement et de transport
lui tend la main pour sortir de sa position ; elle
tâte , pour ainsi dire, la terre , et forme quelque
pas par degrés dans les plus elegantes attitudes .
que la Sculpture puisse desirer . Pigmalion danse
devant elle comme pour lui montrer ; elle repetè
depuis les choses les plus simples jusqu'aux composées
et aux plus difficiles ; il tâche d'inspirer
la tendresse dont il se sent penetré et il en vient
à bout.
Vous concevez , Monsieur , ce que peuvent
devenir tous les passages de cette action exécutée
et mise en danse avec les graces fines et délicates
G.iiij : de
772 MERCURE DE FRANCE
de Mlle Sallé. Elle a osé paroître dans cette
Entrée sans panier , sans jupe , sans corps et
échevelée , et sans aucun ornement sur sa tête ;
elle n'estoit vêtue avec son corset et un jupon ,
que d'une fimple robbe de mousseline tournée en
draperie , et ajustée sur le modele d'une Statue
Grecque.
• Vous ne devez pas douter Monsieur , du
prodigieux succès de cet ingenieux Balet, si heureusement
exécuté. Le Roy, la Reine, toute la Famille
Royale et toute la Cour, ont encore deman
dé cette danse pour le jour du Benefit " pour lequel
toutes les Loges et les Places du Theatre es
de l'Amphitheatre sont retenuës il y a un mois.
Ce sera le premier jour d'Avril.
N'artendez pas que je vous décrive Ariane
comme Pigmalion : ce sont des beautez plus
nobles et plus difficiles à rapporter , ce sont les
expressions et les sentimens de la douleur la plus
profonde , du désespoir , de la fureur et de
l'abbattement, en un mot, tous les grands mouvements
et la déclamation la plus parfaite , par
le moyen des pas ,. des attitudes et des
gestes
pour représenter une femme abandonnée par ce
qu'elle aime ; vous pouvez avancer , Monsieur ,
que Mlle Sallé devient ici la Rivale des Journets,
des Duclos et des le Couvreur. Les Anglois qui
conservent un tendre souvenir de la fameuse
Oldfields , jusqu'au point de l'avoir mise parmi
les grands hommes de l'Etat dans Westminster,
la regardent comme ressuscitée dans Mlle Sallé
lorsqu'elle représente Ariane. Je suis &c.
Londres 15. Mars.
Mlle Sallé , sans trop considerer l'embarras
où elle m'expose , me charge , Monsieur , de
vous rendre compte de ses succès. Il s'agit de
vous dire de quelle maniere elle a rendu la Fable
de Pigmalion et celle de Bacchus et d'Ariane,
et les applaudissemens que ces deux Ballets de
son invention, ont excités à la Cour d'Angleterre .
Il y a près de deux mois qu'on voit représenter
Pigmalion sans s'en lasser. Voici de quelle maniere
se développe le Sujet . Pigmalion entre
dans
AVRIL. 1734. 771
dans son Attelier avec ses Sculpteurs qui forment
une Danse caracterisée, le Maillet et le Ciseau à
la main. Pigmalion leur ordoune d'ouvrir le fond
de l'Attelier , qui est orné de Statuës aussi bien
que le devant ; il en paroît au milieu une qui
attire pardessus toutes les autres l'admiration de
tout le monde . Il la regarde , il la considere et
soupire ; il porte ses mains sur ses pieds , sur sa
taille , il en examine et en observe tous les contours
, aussi bien- que des bras qu'il pare de
bracelets précieux , il orne son col d'un riche
collier , il baise les mains de sa chere Statuë ,
en devient enfin passionné ; il exprime ses inquiétudes
, d'où il tombe dans la réverie ; après
quoi il se jette aux pieds de Venus qu'il conjure
d'animer ce marbre .
Venus répond à sa priere ; trois traits de lu
miere paroissent et sur une simphonie convenable
, la Statue commence à sortir par degré de
son insensibilité , à la surprise de Pigmalion et
de ses suivans elle témoigne son étonnement
de sa nouvelle existence et de tous les objets
dont elle est entourée .
Pigmalion plein d'étonnement et de transport
lui tend la main pour sortir de sa position ; elle
tâte , pour ainsi dire, la terre , et forme quelque
pas par degrés dans les plus elegantes attitudes .
que la Sculpture puisse desirer . Pigmalion danse
devant elle comme pour lui montrer ; elle repetè
depuis les choses les plus simples jusqu'aux composées
et aux plus difficiles ; il tâche d'inspirer
la tendresse dont il se sent penetré et il en vient
à bout.
Vous concevez , Monsieur , ce que peuvent
devenir tous les passages de cette action exécutée
et mise en danse avec les graces fines et délicates
G.iiij : de
772 MERCURE DE FRANCE
de Mlle Sallé. Elle a osé paroître dans cette
Entrée sans panier , sans jupe , sans corps et
échevelée , et sans aucun ornement sur sa tête ;
elle n'estoit vêtue avec son corset et un jupon ,
que d'une fimple robbe de mousseline tournée en
draperie , et ajustée sur le modele d'une Statue
Grecque.
• Vous ne devez pas douter Monsieur , du
prodigieux succès de cet ingenieux Balet, si heureusement
exécuté. Le Roy, la Reine, toute la Famille
Royale et toute la Cour, ont encore deman
dé cette danse pour le jour du Benefit " pour lequel
toutes les Loges et les Places du Theatre es
de l'Amphitheatre sont retenuës il y a un mois.
Ce sera le premier jour d'Avril.
N'artendez pas que je vous décrive Ariane
comme Pigmalion : ce sont des beautez plus
nobles et plus difficiles à rapporter , ce sont les
expressions et les sentimens de la douleur la plus
profonde , du désespoir , de la fureur et de
l'abbattement, en un mot, tous les grands mouvements
et la déclamation la plus parfaite , par
le moyen des pas ,. des attitudes et des
gestes
pour représenter une femme abandonnée par ce
qu'elle aime ; vous pouvez avancer , Monsieur ,
que Mlle Sallé devient ici la Rivale des Journets,
des Duclos et des le Couvreur. Les Anglois qui
conservent un tendre souvenir de la fameuse
Oldfields , jusqu'au point de l'avoir mise parmi
les grands hommes de l'Etat dans Westminster,
la regardent comme ressuscitée dans Mlle Sallé
lorsqu'elle représente Ariane. Je suis &c.
Londres 15. Mars.
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Résumé : LETTRE à M. ***
La lettre relate les succès de Mlle Sallé à la cour d'Angleterre, notamment à travers deux ballets de sa création : 'Pigmalion' et 'Bacchus et Ariane'. Le ballet 'Pigmalion' raconte l'histoire de Pigmalion, sculpteur qui tombe amoureux d'une statue qu'il a créée. Vénus anime la statue, permettant à Pigmalion de lui apprendre à danser. Mlle Sallé incarne le rôle principal avec grâce et délicatesse, vêtue d'une simple robe de mousseline. Ce ballet est acclamé depuis deux mois et a été demandé par le roi, la reine et toute la cour pour le jour du bénéfice. Dans 'Bacchus et Ariane', Mlle Sallé exprime des émotions intenses, rivalisant avec des acteurs renommés comme Journets, Duclos et Le Couvreur. Sa performance est comparée à celle de la célèbre Oldfields.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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256
p. 793-798
« Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
Début :
Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...]
Mots clefs :
Roi, Sa Majesté, Reine, Château, Musique, Camp, Régiment, Concert, Lieutenant, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
E Roy a donné il y a déja quelque
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
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Résumé : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
En 1734, plusieurs événements militaires et religieux marquants ont eu lieu. Le roi a nommé M. de Sioujeat gouverneur de Thionville, Lieutenant Général de ses armées. Le Marquis de Montrevel a été promu Maréchal de Camp et était Maître de Camp du Régiment de Cavalerie du roi, sans être Colonel du Régiment de Rouergue. Le Marquis de Graville a été désigné Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Cavalerie d'Orléans, le Chevalier de Castelane Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Dragons d'Orléans, et M. de Saint Simon Maître de Camp Lieutenant du Régiment du Mayne. Une École de Trompettes a été établie à l'Hôtel Royal des Invalides pour servir dans les troupes du roi. Les trompettes y sont formés aux frais de Sa Majesté et reçoivent une augmentation de salaire proportionnelle à leurs progrès. Le 21 mars, l'Évêque d'Évreux a été sacré dans l'Église du Noviciat des Jésuites par l'Archevêque de Rouen, assisté des Évêques de Coutances et de Metz. Le 25 mars, il a prêté serment de fidélité au roi. Le 31 mars, un concert a eu lieu à Versailles chez la Reine, où M. Destouches, Surintendant de la Musique du roi, a fait chanter le prologue et le premier acte de l'opéra 'Tarsis et Zélie'. Les 6 et 7 avril, l'opéra a été continué, suscitant une grande satisfaction royale. Le 11 avril, un concert spirituel a été donné au Château des Tuileries, avec des motets chantés par les demoiselles Erremens, Petitpas, Julie et une autre chanteuse de province. Le concert s'est terminé par le 'Miserere' de M. de Lalande. Le Marquis de Nicolaï a pris possession de la charge de Premier Président de la Chambre des Comptes le 7 avril, après la démission de son père. Le 6 avril, le roi a passé en revue les Mousquetaires de la Garde à la Place d'Armes. Le 18 avril, un concert a été continué pendant la Semaine Sainte, avec des motets de M. de Lalande et d'autres maîtres modernes. Les lettres de Madrid indiquent que le Prince des Asturies était presque guéri d'une opération. Le roi a assisté à diverses cérémonies religieuses durant la Semaine Sainte, incluant la bénédiction des palmes, la messe, les vêpres, et le lavement des pieds. Le Vendredi Saint, le roi et la reine ont assisté au sermon de la Passion. Le Samedi Saint, le roi a communié et touché un grand nombre de malades.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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257
p. 861-870
LETTRE de M. *** à Mlle *** sur l'Origine de la Musique.
Début :
Vous m'avez souvent demandé ce que je pensois sur les différentes [...]
Mots clefs :
Origine de la musique, Musique, Amour, Psyché, Ballet, Coeur, Yeux, Sons, Vénus, Chant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. *** à Mlle *** sur l'Origine de la Musique.
LETTRE de M. *** à Mlle ***
sur l'Origine de la Musique.
V
Ous m'avez souvent demandé ce
que je pensois sur les différentes
sortes de Musique , en personne qui n'a
pas decidé quel est son gout , qui n'ose
s'y fier, et qui reste dans l'incertitude ; les
différentes opinions n'ont pas la force
de vous entraîner mais bien celle de
suspendre l'impression du sentiment auquel
vous n'osez vous livrer : voici votre
excuse.
"
د
Votre coeur n'a jamais été touché,vous
ne connoissez point l'amour, vos Amants
ont voulu vainement vous le faire connoître
vous n'avez connu que vos
Amants , les uns emportez et grossiers ne
vouloient que vous corrompre , ils vous
ont inspiré de l'horreur , d'autres ayant
Bilj le
852 MERCURE DE FRANCE
le même projet l'ont dissimulé , les uns
se sont donnez pour Philosophes uniquement
charmez de vos vertus , la plûpart
se disoient séduits par les graces de
votre esprit , ce même esprit qu'ils vantoient
vous a servi à connoître la fausseté
de leur caractere , les voilà démasquez er
méprisez ; d'autres encore ont essayé de
vous plaire par les discours flatteurs , les
coquetteries et les gentillesses frivoles
qui séduisent presque toutes les femmes ;
cet art , ce manége vous a paru plat¸
et tous les Amans vous ont paru dangereux
et incapables de satisfaire vôtre esprit
et de toucher votre coeur.
Il m'a paru nécessaire de débroüiller
en vous les idées fausses que vous avez de
l'amour avant que de vous parler de lui .
Ne croyez pas que j'entreprenne de vous
le faire connoître autrement que par la
simple théorie,peut-être un jour l'Amant
qu'il vous a destiné vous fera sentir quel
il est.
amours
On a distingué il y a longtems deux
l'un sous le nom d'Eros et
l'autre d'Anteros , c'est du premier dont
je veux vous parler , c'est lui qui aima
Psiché , cet amour tendre , pur , vrai ,
vif , constant , fidele , ne pouvoit aimer
que Psiché, il vouloit être aimé de même;
1
pour
MAY . 1734 863
"
>
pour cela il lui falloit une ame toute entiere
, il trouvoit dans toutes les femmes
les deffauts et les dégouts que Psiché
trouvoit dans tous les hommes , rien ne
pouvoit plaire à Psiché et n'étoit digne
d'elle que l'Amour lui - même , la Fable
vous a apris tous ses malheurs, la curiosité
et la vanité les causerent , elle y joignit
la défiance , crime pour l'amitié
mais affreux et irrémissible aux yeux du
véritable Amour , vous êtes étonnée de
m'entendre dire aux yeux du véritable
Amour:Oui à ces yeux: celui là n'est point
aveugle, ilest clairvoyant,mais silentieux ;
il parle peu , simplement, évite les frases
et les tours affectez , son langage est vif ;
plein de naiveté et d'expressions , tout
parle en lui rien n'étoit perdu pour
Psiché, une ame n'a pas besoin de grands
discours pour entendre toute la force et
toute la grace d'une pensée, encore moins
lorsque ces pensées viennent du sentiment.
Après toutes les peines que les défauts
de Psiché lui avoient causées , après
qu'elle eut expié ses crimes , en se livrant
entierement a l'Amour , il l'épousa ; les
Dieux approuvérent ce mariage, ils étoient
seuls dans l'univers faits l'un pour l'autte;
de ce couple charmant naquit la volup
té , cette Deésse étoit digne de son ori-
و
Bilij gine ,
864 MERCURE DE FRANCE
•
gine , elle ne se sépara jamais de son pere
et de sa mere , elle enfaisoit les délices
sans parler les différens idiomes , elle se faisoit
entendre à toutesles nations , il suffisoit
pour cela d'avoir une ame ou de l'amour
, tout ce qui étoit privé de l'un ou
de l'autre ne l'entendoit point , tout ce
qui suivoit les étendarts d'Anteros étois
sourd pour sa voix délicate et gracieuse ;
vous sçavez qu'Anteros , le faux amour
vint s'établir sur la terre , qu'il subjugua
presque tous les mortels , il les blessoit
avec des fléches empoisonnées, il trainoit
après lui la jalousie , la fraude , la trahil'inconstance
, l'indiscretion ; delà
vinrent des guerres et des meurtres sans
nombre ; pour les séduire , il menoit avec
lui une fausse volupté qui ne ressembloit
en rien à la fille de Psiché ; elle ne don- .
noit que
des plaisirs grossiers qui ne flattant
les sens que pour des instants, les détruisoient
en peu de temps ; la fille de
Psiché un jour en badinant essaya
d'imiter
les soupirs d'amour sur un instrument
qu'elle fit avec un roseau ; sur ce même
instrument elle trouva le moyen de peindre
par des sons les differentes agitations
d'un coeur amoureux : langueurs, larmes,
délices , joye douce et naïve ; son pere et
sa mere sentoient augmenter leurs plaisirs
son ,
pac
MAY. 1734. `865
par les sons touchans qui les représentoient
; la volupté ne s'en tint pas à ce
coup d'essay , elle inventa plusieurs instrumens
, ayant tous des beautez particulieres
et propres à caractériser et à peindre
tous les differents mouvements de
l'ame au point de les faire ressentir à ceux
qui en étoient susceptibles : les Oyseaux
habitans des bocages du pays fortuné ou
ces Dieux charmans avoient choisi leur
retraite , apprirent bien- tôt à former des
sons mélodieux et agréables ; les Bergers
soupiroient sur la flutte & animoient
leurs danses , par le son de la Musette et
du Tambourin . Un jour un Rosignol
s'étant éloigné de sa demeure ordinaire ,
fut surpris par un amour folâtre qui voltigeoit
près de l'isle fortunée , son chant
lui parut nouveau ; il porta l'Oyseau à
Venus comme un présent rare et digne
d'elle , elle en connut tout le prix , et sur
le champ ayant fait atteler son Char, elle
ordonna au Rossignol de voler devant
ses Pigeons et de la conduire dans les
climats , inconnus jusqu'alors , où les
Oyseaux avoient un ramage si tendre ,
il obeït , elle part et arrive , son Char
resta suspendu dans les airs enveloppé
d'un nuage ; elle vouloit vor sans être
apperçue , ses yeux furent frappez du
>
B v plus
866 MERCURE DE FRANCE
plus agréable spectacle qui fut jamais
son fils et Psiché sur un Trône de gazon
et de fleurs dans le lieu le plus délicieux
de l'univers. Je n'en ferai point la description
, l'Amour l'avoit choisi pour
sa demeure , et sa fille l'avoit orné , à la
tête des Nimphes et de leur cour elle
leur donnoit une Fête champêtre , elles
dansoient sur le gazon , les Zephirs legers
dansoient avec elles , les Bergers et les
Bergeres danserent quelques Entrées de
ce Ballet ; les Graces de la suite de Psiché
en danserent aussi; ces Graces ne ressemblent
point à celles qui accompagnent
Venus , elles sont aussi modestes, naïves et
touchantes , que les dernieres sont effrontées
et minaudieres , toute la Musique du
Ballet étoit caractérisée, les yeux fermez,
on pouvoit deviner quels étoient lesDanseurs
et se représenter à peu près les différentes
figures du Ballet , tant la même
expression regnoit et dans le Chant et
dans la Danse ; il sembloit que la nature
seule eut produit l'une et l'autre ; et sans
que l'on s'en apperçut , on ressentoit les
plus délicates nuances des douces passions
exprimées par les Sons. Lorsque les jeux
furent terminez , Venus regagna Cichére
plus jalouse que jamais de la beauté et
du bonheur de Psiché , il n'étoit plus en
1
son
MA Y. 867
1734
son pouvoir de le troubler , elle voulut
du moins essayer de joüir du même plaisir
, et si les spectacles qu'elle donneroit
à Cithére n'avoient pas les mêmes charmes
, les surpasser du moins en magnificence
; elle fit construire un Theatre dont
les ornemens étoient chargez d'or et de
Pierres précieuses , les Décorations et les
Prespectives tâcherent d'imiter ce beau
Paysage qu'elle venoit de voir , un nombre
prodigieux d'Instrumens furent fabriquez
, Venus promit des dons et des
faveurs à tous ceux qui travailleroient
avec succès pour son Théatre ; tous les
hommes croyant avoir besoin de la protection
de Venus ont recours à elle
comme à une Divinité bienfaisante ; ils
ignorent que
d'elle et de ses enfans viennent
les peines dont ils gémissent , tous
travaillent à l'envi à composer de la
Musique , chacun vantoit son travail et.
la peine qu'il s'étoit donnée , les Grométres
même s'en mêlerent , ils loüoient les
calculs immenses qu'ils avoient fait pour
trouver moyen de parcourir dans les Airs
de violons toutes les differentes combinaisons
d'un ré ou d'un mi , avec les au
tres Notes; il est vrai que cet Air n'avoit
point de chant , et dans cette Musique
contrainte et si pénible à composer , rien
B vj
>
ne
868 MERCURE DE FRANCE
•
2
que
ne couloit de source , nul génie ne les
animoit , ils fuioient la nature et le sentiment
, l'art n'auroit dû servir qu'à chercher
l'un et l'autre pour les orner et les
mettre dans leur plus beau jour : quand
celui où l'on devoit exécuter sur leThéatre
deCithére ce Ballet tant vanté,fut arrivé,
la plus part des Spectateurs s'écriérent
les Instrumens étoient faux , leurs
Sons faisoient peine aux oreilles les moins
délicates on leur déclara dogmatiquement
que c'étoit des dissonnances faites
exprès et le chef- d'oeuvre de l'Art , les
Chats originaires de Cithére ont transmis
jusqu'à nous quelques tons de cette harmonie,
comme lesRosignols nous en font
entendre quelqu'uns de celle qu'ils ont
entendue dans l'isle de l'Amour.
Le Ballet fut dansé par les Nimphes de
la suite deVenus , Danses indécentes où
se mêloient des Athlettes de la suite de
Mars , les Graces faisoient des sauts et des
tours de force la confusion regnoit ,
la Musique n'avoit de raport à la Danse
que par le mouvement plus ou moins
vif , point de pensée par conséquent ,
point d'expression; on parcouroit tous les
tours avec rapidité , les dissonances prodiguées
sans cesses quelquefois on s'obsti
noit à rebattre deux Notes pendant un
quart
M/ACY. 1734. 369
quart d'heure , beaucoup de bruit , force
fredons ; et lorsque par hazard il se rencontroit
deux mesures qui pouvoient
faire un Chant agréable , l'on changeoit
bien vîte de ton , de mode et de mesure,
toujours de la tristesse au lieu de tendresse,
le singulier étoit du barocque , la fureur
du tintamare; au licu de gayeté, du turbulant,
et jamais de gentillesse, ni rien qui
put aller au coeur ; vous en sçavez à présent
autant que moi , faite votre choix
l'une des deux Musiques vient de Cithére,
l'autre de la fille de l'Amour et de Psiché ,
ne croyez pas qu'une nation s'en soit
proprié, l'une à l'exclusion de l'autre ; les
deux Musiques se sont répandues dans
toutes les nations , vôtre coeur et vôtre
gout vous feront démêler quelle est leur
origine. K
ap-
Vous trouverez peut- être que j'avance
sans preuve que les Chats sont originaires
de Cithere , ils en conservent encore
les inclinations et les manieres , remplis
de gentillesses dans leurs badinages , un
cruels
trompeurs, féroces, sans amitié ; lorsque
l'Amour les rend heureux, leur indiscrétion
l'aprend au voisinage par leurs clameurs
ils sont légers et volages comme
les Cupidons , le Rosignol amoureux
air doux
plein de dissinmitié
,
I
Venu
870 MERCURE DE FRANCE
venu de l'Ifle fortunée ne chante que
pour toucher sa Maîtresse ; est - il heureux
? il se tait et ne chante plus. Content
de sa bonne fortune , il la goute
en silence.
sur l'Origine de la Musique.
V
Ous m'avez souvent demandé ce
que je pensois sur les différentes
sortes de Musique , en personne qui n'a
pas decidé quel est son gout , qui n'ose
s'y fier, et qui reste dans l'incertitude ; les
différentes opinions n'ont pas la force
de vous entraîner mais bien celle de
suspendre l'impression du sentiment auquel
vous n'osez vous livrer : voici votre
excuse.
"
د
Votre coeur n'a jamais été touché,vous
ne connoissez point l'amour, vos Amants
ont voulu vainement vous le faire connoître
vous n'avez connu que vos
Amants , les uns emportez et grossiers ne
vouloient que vous corrompre , ils vous
ont inspiré de l'horreur , d'autres ayant
Bilj le
852 MERCURE DE FRANCE
le même projet l'ont dissimulé , les uns
se sont donnez pour Philosophes uniquement
charmez de vos vertus , la plûpart
se disoient séduits par les graces de
votre esprit , ce même esprit qu'ils vantoient
vous a servi à connoître la fausseté
de leur caractere , les voilà démasquez er
méprisez ; d'autres encore ont essayé de
vous plaire par les discours flatteurs , les
coquetteries et les gentillesses frivoles
qui séduisent presque toutes les femmes ;
cet art , ce manége vous a paru plat¸
et tous les Amans vous ont paru dangereux
et incapables de satisfaire vôtre esprit
et de toucher votre coeur.
Il m'a paru nécessaire de débroüiller
en vous les idées fausses que vous avez de
l'amour avant que de vous parler de lui .
Ne croyez pas que j'entreprenne de vous
le faire connoître autrement que par la
simple théorie,peut-être un jour l'Amant
qu'il vous a destiné vous fera sentir quel
il est.
amours
On a distingué il y a longtems deux
l'un sous le nom d'Eros et
l'autre d'Anteros , c'est du premier dont
je veux vous parler , c'est lui qui aima
Psiché , cet amour tendre , pur , vrai ,
vif , constant , fidele , ne pouvoit aimer
que Psiché, il vouloit être aimé de même;
1
pour
MAY . 1734 863
"
>
pour cela il lui falloit une ame toute entiere
, il trouvoit dans toutes les femmes
les deffauts et les dégouts que Psiché
trouvoit dans tous les hommes , rien ne
pouvoit plaire à Psiché et n'étoit digne
d'elle que l'Amour lui - même , la Fable
vous a apris tous ses malheurs, la curiosité
et la vanité les causerent , elle y joignit
la défiance , crime pour l'amitié
mais affreux et irrémissible aux yeux du
véritable Amour , vous êtes étonnée de
m'entendre dire aux yeux du véritable
Amour:Oui à ces yeux: celui là n'est point
aveugle, ilest clairvoyant,mais silentieux ;
il parle peu , simplement, évite les frases
et les tours affectez , son langage est vif ;
plein de naiveté et d'expressions , tout
parle en lui rien n'étoit perdu pour
Psiché, une ame n'a pas besoin de grands
discours pour entendre toute la force et
toute la grace d'une pensée, encore moins
lorsque ces pensées viennent du sentiment.
Après toutes les peines que les défauts
de Psiché lui avoient causées , après
qu'elle eut expié ses crimes , en se livrant
entierement a l'Amour , il l'épousa ; les
Dieux approuvérent ce mariage, ils étoient
seuls dans l'univers faits l'un pour l'autte;
de ce couple charmant naquit la volup
té , cette Deésse étoit digne de son ori-
و
Bilij gine ,
864 MERCURE DE FRANCE
•
gine , elle ne se sépara jamais de son pere
et de sa mere , elle enfaisoit les délices
sans parler les différens idiomes , elle se faisoit
entendre à toutesles nations , il suffisoit
pour cela d'avoir une ame ou de l'amour
, tout ce qui étoit privé de l'un ou
de l'autre ne l'entendoit point , tout ce
qui suivoit les étendarts d'Anteros étois
sourd pour sa voix délicate et gracieuse ;
vous sçavez qu'Anteros , le faux amour
vint s'établir sur la terre , qu'il subjugua
presque tous les mortels , il les blessoit
avec des fléches empoisonnées, il trainoit
après lui la jalousie , la fraude , la trahil'inconstance
, l'indiscretion ; delà
vinrent des guerres et des meurtres sans
nombre ; pour les séduire , il menoit avec
lui une fausse volupté qui ne ressembloit
en rien à la fille de Psiché ; elle ne don- .
noit que
des plaisirs grossiers qui ne flattant
les sens que pour des instants, les détruisoient
en peu de temps ; la fille de
Psiché un jour en badinant essaya
d'imiter
les soupirs d'amour sur un instrument
qu'elle fit avec un roseau ; sur ce même
instrument elle trouva le moyen de peindre
par des sons les differentes agitations
d'un coeur amoureux : langueurs, larmes,
délices , joye douce et naïve ; son pere et
sa mere sentoient augmenter leurs plaisirs
son ,
pac
MAY. 1734. `865
par les sons touchans qui les représentoient
; la volupté ne s'en tint pas à ce
coup d'essay , elle inventa plusieurs instrumens
, ayant tous des beautez particulieres
et propres à caractériser et à peindre
tous les differents mouvements de
l'ame au point de les faire ressentir à ceux
qui en étoient susceptibles : les Oyseaux
habitans des bocages du pays fortuné ou
ces Dieux charmans avoient choisi leur
retraite , apprirent bien- tôt à former des
sons mélodieux et agréables ; les Bergers
soupiroient sur la flutte & animoient
leurs danses , par le son de la Musette et
du Tambourin . Un jour un Rosignol
s'étant éloigné de sa demeure ordinaire ,
fut surpris par un amour folâtre qui voltigeoit
près de l'isle fortunée , son chant
lui parut nouveau ; il porta l'Oyseau à
Venus comme un présent rare et digne
d'elle , elle en connut tout le prix , et sur
le champ ayant fait atteler son Char, elle
ordonna au Rossignol de voler devant
ses Pigeons et de la conduire dans les
climats , inconnus jusqu'alors , où les
Oyseaux avoient un ramage si tendre ,
il obeït , elle part et arrive , son Char
resta suspendu dans les airs enveloppé
d'un nuage ; elle vouloit vor sans être
apperçue , ses yeux furent frappez du
>
B v plus
866 MERCURE DE FRANCE
plus agréable spectacle qui fut jamais
son fils et Psiché sur un Trône de gazon
et de fleurs dans le lieu le plus délicieux
de l'univers. Je n'en ferai point la description
, l'Amour l'avoit choisi pour
sa demeure , et sa fille l'avoit orné , à la
tête des Nimphes et de leur cour elle
leur donnoit une Fête champêtre , elles
dansoient sur le gazon , les Zephirs legers
dansoient avec elles , les Bergers et les
Bergeres danserent quelques Entrées de
ce Ballet ; les Graces de la suite de Psiché
en danserent aussi; ces Graces ne ressemblent
point à celles qui accompagnent
Venus , elles sont aussi modestes, naïves et
touchantes , que les dernieres sont effrontées
et minaudieres , toute la Musique du
Ballet étoit caractérisée, les yeux fermez,
on pouvoit deviner quels étoient lesDanseurs
et se représenter à peu près les différentes
figures du Ballet , tant la même
expression regnoit et dans le Chant et
dans la Danse ; il sembloit que la nature
seule eut produit l'une et l'autre ; et sans
que l'on s'en apperçut , on ressentoit les
plus délicates nuances des douces passions
exprimées par les Sons. Lorsque les jeux
furent terminez , Venus regagna Cichére
plus jalouse que jamais de la beauté et
du bonheur de Psiché , il n'étoit plus en
1
son
MA Y. 867
1734
son pouvoir de le troubler , elle voulut
du moins essayer de joüir du même plaisir
, et si les spectacles qu'elle donneroit
à Cithére n'avoient pas les mêmes charmes
, les surpasser du moins en magnificence
; elle fit construire un Theatre dont
les ornemens étoient chargez d'or et de
Pierres précieuses , les Décorations et les
Prespectives tâcherent d'imiter ce beau
Paysage qu'elle venoit de voir , un nombre
prodigieux d'Instrumens furent fabriquez
, Venus promit des dons et des
faveurs à tous ceux qui travailleroient
avec succès pour son Théatre ; tous les
hommes croyant avoir besoin de la protection
de Venus ont recours à elle
comme à une Divinité bienfaisante ; ils
ignorent que
d'elle et de ses enfans viennent
les peines dont ils gémissent , tous
travaillent à l'envi à composer de la
Musique , chacun vantoit son travail et.
la peine qu'il s'étoit donnée , les Grométres
même s'en mêlerent , ils loüoient les
calculs immenses qu'ils avoient fait pour
trouver moyen de parcourir dans les Airs
de violons toutes les differentes combinaisons
d'un ré ou d'un mi , avec les au
tres Notes; il est vrai que cet Air n'avoit
point de chant , et dans cette Musique
contrainte et si pénible à composer , rien
B vj
>
ne
868 MERCURE DE FRANCE
•
2
que
ne couloit de source , nul génie ne les
animoit , ils fuioient la nature et le sentiment
, l'art n'auroit dû servir qu'à chercher
l'un et l'autre pour les orner et les
mettre dans leur plus beau jour : quand
celui où l'on devoit exécuter sur leThéatre
deCithére ce Ballet tant vanté,fut arrivé,
la plus part des Spectateurs s'écriérent
les Instrumens étoient faux , leurs
Sons faisoient peine aux oreilles les moins
délicates on leur déclara dogmatiquement
que c'étoit des dissonnances faites
exprès et le chef- d'oeuvre de l'Art , les
Chats originaires de Cithére ont transmis
jusqu'à nous quelques tons de cette harmonie,
comme lesRosignols nous en font
entendre quelqu'uns de celle qu'ils ont
entendue dans l'isle de l'Amour.
Le Ballet fut dansé par les Nimphes de
la suite deVenus , Danses indécentes où
se mêloient des Athlettes de la suite de
Mars , les Graces faisoient des sauts et des
tours de force la confusion regnoit ,
la Musique n'avoit de raport à la Danse
que par le mouvement plus ou moins
vif , point de pensée par conséquent ,
point d'expression; on parcouroit tous les
tours avec rapidité , les dissonances prodiguées
sans cesses quelquefois on s'obsti
noit à rebattre deux Notes pendant un
quart
M/ACY. 1734. 369
quart d'heure , beaucoup de bruit , force
fredons ; et lorsque par hazard il se rencontroit
deux mesures qui pouvoient
faire un Chant agréable , l'on changeoit
bien vîte de ton , de mode et de mesure,
toujours de la tristesse au lieu de tendresse,
le singulier étoit du barocque , la fureur
du tintamare; au licu de gayeté, du turbulant,
et jamais de gentillesse, ni rien qui
put aller au coeur ; vous en sçavez à présent
autant que moi , faite votre choix
l'une des deux Musiques vient de Cithére,
l'autre de la fille de l'Amour et de Psiché ,
ne croyez pas qu'une nation s'en soit
proprié, l'une à l'exclusion de l'autre ; les
deux Musiques se sont répandues dans
toutes les nations , vôtre coeur et vôtre
gout vous feront démêler quelle est leur
origine. K
ap-
Vous trouverez peut- être que j'avance
sans preuve que les Chats sont originaires
de Cithere , ils en conservent encore
les inclinations et les manieres , remplis
de gentillesses dans leurs badinages , un
cruels
trompeurs, féroces, sans amitié ; lorsque
l'Amour les rend heureux, leur indiscrétion
l'aprend au voisinage par leurs clameurs
ils sont légers et volages comme
les Cupidons , le Rosignol amoureux
air doux
plein de dissinmitié
,
I
Venu
870 MERCURE DE FRANCE
venu de l'Ifle fortunée ne chante que
pour toucher sa Maîtresse ; est - il heureux
? il se tait et ne chante plus. Content
de sa bonne fortune , il la goute
en silence.
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Résumé : LETTRE de M. *** à Mlle *** sur l'Origine de la Musique.
La lettre de M. *** à Mlle *** aborde l'origine de la musique et les différentes formes d'amour. L'auteur observe que Mlle *** n'a jamais été véritablement touchée par l'amour, ayant rencontré des amants grossiers, hypocrites, flatteurs ou superficiels. Il estime nécessaire de clarifier ses idées sur l'amour avant d'en discuter. L'auteur distingue deux types d'amour : Éros et Anteros. Il se concentre sur Éros, l'amour tendre, pur et fidèle, illustré par l'histoire de Psyché et Amour. Psyché, après avoir surmonté ses erreurs, est récompensée par un mariage avec Amour, et de leur union naît la Volupté, une déesse qui exprime les délices de l'amour à travers la musique. La lettre décrit ensuite l'invention de la musique par la fille de Psyché et Amour, qui utilise un roseau pour imiter les soupirs d'amour. La Volupté invente divers instruments pour exprimer les mouvements de l'âme. Les oiseaux et les bergers adoptent ces sons mélodieux. Venus, jalouse du bonheur de Psyché, tente de recréer cette musique sur Cythère, mais échoue, produisant une musique artificielle et dissonante. L'auteur conclut en opposant la musique authentique, née de l'amour véritable, à celle, artificielle et barbare, venue de Cythère. Il invite Mlle *** à reconnaître les origines de ces deux types de musique pour faire son propre choix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
258
p. 959-960
« Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Début :
Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Omphale, Hippolyte et Aricie, Ballet des Éléments, Timon le misanthrope
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Le 4 May , l'Académie Royale de Musique
fit l'ouverture du Theatre par la
Pastoraled' Issé,qu'on revoit toujours avec
plaisir.
Le 13 ,
on donna par extraordinaire
pour la capitation
des Acteurs , l'Opéra
d'Ophale
, qu'on avoit repris l'année
dernière au mois de Janv.er. Cette Piéce
fut suivie d'une des Entrées du Billet des
Sens , qui a pour titre la Vue , dans la
quelle les Dlies le Maure et Petitpas
joüerent les rôles de l'Amour et de Zephire
avec beaucoup
d'aplaudissement
.
Après quelques Représentations d'Hy
polite et Arici , on remit au Theatre la
Jeudi 27 de ce mois , le Ballet des Elemens
de la composition de M. Destouches . Le
Poëme est de M. Roy. Il fut très aplaudi .
Fiiij
Le
so MERCURE DE FRANCE
Le 3 May , les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Theatre par la
Comédie de Timon le Misantrope , ornéc
de Chants et de Danses . Cette Piéce fut
précédée du compliment qu'on fait ordinairement
à la Rentrée du Théatre , qui
fut prononcé avec aplaudissement par le
Sr Thomassin dont le public aime le
badinage.
fit l'ouverture du Theatre par la
Pastoraled' Issé,qu'on revoit toujours avec
plaisir.
Le 13 ,
on donna par extraordinaire
pour la capitation
des Acteurs , l'Opéra
d'Ophale
, qu'on avoit repris l'année
dernière au mois de Janv.er. Cette Piéce
fut suivie d'une des Entrées du Billet des
Sens , qui a pour titre la Vue , dans la
quelle les Dlies le Maure et Petitpas
joüerent les rôles de l'Amour et de Zephire
avec beaucoup
d'aplaudissement
.
Après quelques Représentations d'Hy
polite et Arici , on remit au Theatre la
Jeudi 27 de ce mois , le Ballet des Elemens
de la composition de M. Destouches . Le
Poëme est de M. Roy. Il fut très aplaudi .
Fiiij
Le
so MERCURE DE FRANCE
Le 3 May , les Comédiens Italiens firent
l'ouverture de leur Theatre par la
Comédie de Timon le Misantrope , ornéc
de Chants et de Danses . Cette Piéce fut
précédée du compliment qu'on fait ordinairement
à la Rentrée du Théatre , qui
fut prononcé avec aplaudissement par le
Sr Thomassin dont le public aime le
badinage.
Fermer
Résumé : « Le 4 May, l'Académie Royale de Musique fit l'ouverture du Theatre par la [...] »
Le 4 mai, l'Académie Royale de Musique débuta sa saison avec la pastorale 'Issé', saluée par le public. Le 13 mai, l'opéra 'Ophale' fut joué exceptionnellement pour la capitation des acteurs. Cette pièce, déjà représentée en janvier précédent, fut suivie d'une entrée du 'Billet des Sens' intitulée 'la Vue', avec les acteurs Dlies le Maure et Petitpas dans les rôles de l'Amour et de Zéphire. Après quelques représentations d''Hypolite et Arici', le ballet 'Les Éléments', composé par M. Destouches et avec un poème de M. Roy, fut remis au théâtre le 27 mai et reçut des applaudissements enthousiastes. Le 3 mai, les Comédiens Italiens commencèrent leur saison avec la comédie 'Timon le Misantrope', enrichie de chants et de danses. Cette pièce fut précédée d'un compliment de rentrée prononcé par le sieur Thomassin, apprécié pour son badinage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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259
p. 1187-1189
« M. Campion, Professeur-Maître de Théorbe et de Guitare, de l'Académie Royale de Musique, [...] »
Début :
M. Campion, Professeur-Maître de Théorbe et de Guitare, de l'Académie Royale de Musique, [...]
Mots clefs :
François Campion, Théorbe, Musique, Règle de l'octave, Accords extraordinaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « M. Campion, Professeur-Maître de Théorbe et de Guitare, de l'Académie Royale de Musique, [...] »
M. Campion , Professeur- Maître de Théorbe
et de Guitare , de l'Académie Royale de Musique
, a mis cy devant au jour la Regle de l'Octave
, Sistême generalement reçû , non- seulement
des Eleves , mais encore des Maîtres , qui , gué-
I. Vol. ris
1188 MERCURE DE FRANCE
ris de la prévention de leurs anciennes conjectures
, veulent promptement donner une idée génerale
de la Musique vocale et instrumentale
pour l'accompagnement et la composition en
deux lignes , puisque par son Traité il fait voir
clairement que tout le mystere et l'abregé de la
Musique est conçu par le ton majeur et le ton
mineur ; et que toutes les autres Octaves , comprises
dans le Tableau de son Trané , ne sont
que des répliques , lesquelles il faut pratiquer sur
les Instrumens d'harmonie une à une. C'est par
cette étude que l'on parvient à connoître la Note
favorite ou sensible de chaque Octave , qui fait
dans toute sorte de Musique entrer et sortir de
l'une à l'autre.
Cet Auteur , toujours rempli de sa Regle ,.
dont il donne la pratique en six mois sur le
Théorbe et sur la Guitare , par un Systême particulier
qu'il a donné dans l'Addition à son Traité
, vient de donner son cinquiéme OEuvre , qui ,
est un second Recueil d'Airs , au commencement
duquel il a affecté de placer deux petits Airs qui
sont les modeles ou les catégories des tons mineur
et majeur .
La transposition de ces deux Airs dans les autres
Octaves , est absolument necessaire pour
l'intelligence generale de l'harmonie , ont la
pratique nourrit et dirige l'oreille au point de la
rendre immanquable.
Sous le troisiéme Air est compris un point
d'Orgue de Basse- continue , pour apprendre les
accords extraordinaires qui se mettent par élegance
dans le courant d'une Musique , laquelle
ne suit pas toujours la simplicité de la regle de
l'Octave renfermée dans les deux premiers Airs.
Il y a une ample explication de l'endroit de
SL Vol. l'acJUIN.
1189 1724.
POctave , où ces accords extraordinaires se trouvent,
et de quoi on doit les accompagner.
Ces Oeuvres se vendent chez l'Auteur , ruë des
Fossez Montmartre , à la Croix d'Or , ruë du
Roule , et à la Regle d'or , rue S. Honoré , 1734.
prix 5. livres.
et de Guitare , de l'Académie Royale de Musique
, a mis cy devant au jour la Regle de l'Octave
, Sistême generalement reçû , non- seulement
des Eleves , mais encore des Maîtres , qui , gué-
I. Vol. ris
1188 MERCURE DE FRANCE
ris de la prévention de leurs anciennes conjectures
, veulent promptement donner une idée génerale
de la Musique vocale et instrumentale
pour l'accompagnement et la composition en
deux lignes , puisque par son Traité il fait voir
clairement que tout le mystere et l'abregé de la
Musique est conçu par le ton majeur et le ton
mineur ; et que toutes les autres Octaves , comprises
dans le Tableau de son Trané , ne sont
que des répliques , lesquelles il faut pratiquer sur
les Instrumens d'harmonie une à une. C'est par
cette étude que l'on parvient à connoître la Note
favorite ou sensible de chaque Octave , qui fait
dans toute sorte de Musique entrer et sortir de
l'une à l'autre.
Cet Auteur , toujours rempli de sa Regle ,.
dont il donne la pratique en six mois sur le
Théorbe et sur la Guitare , par un Systême particulier
qu'il a donné dans l'Addition à son Traité
, vient de donner son cinquiéme OEuvre , qui ,
est un second Recueil d'Airs , au commencement
duquel il a affecté de placer deux petits Airs qui
sont les modeles ou les catégories des tons mineur
et majeur .
La transposition de ces deux Airs dans les autres
Octaves , est absolument necessaire pour
l'intelligence generale de l'harmonie , ont la
pratique nourrit et dirige l'oreille au point de la
rendre immanquable.
Sous le troisiéme Air est compris un point
d'Orgue de Basse- continue , pour apprendre les
accords extraordinaires qui se mettent par élegance
dans le courant d'une Musique , laquelle
ne suit pas toujours la simplicité de la regle de
l'Octave renfermée dans les deux premiers Airs.
Il y a une ample explication de l'endroit de
SL Vol. l'acJUIN.
1189 1724.
POctave , où ces accords extraordinaires se trouvent,
et de quoi on doit les accompagner.
Ces Oeuvres se vendent chez l'Auteur , ruë des
Fossez Montmartre , à la Croix d'Or , ruë du
Roule , et à la Regle d'or , rue S. Honoré , 1734.
prix 5. livres.
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Résumé : « M. Campion, Professeur-Maître de Théorbe et de Guitare, de l'Académie Royale de Musique, [...] »
Le texte présente M. Campion, Professeur-Maître de Théorbe et de Guitare à l'Académie Royale de Musique, qui a publié la 'Règle de l'Octave', un système accepté par les élèves et les maîtres. Cette règle permet de comprendre la musique vocale et instrumentale pour l'accompagnement et la composition en deux lignes. Campion explique que le mystère et l'abrégé de la musique résident dans le ton majeur et le ton mineur, les autres octaves étant des répliques à pratiquer sur les instruments d'harmonie. Il propose une méthode pour connaître la note sensible de chaque octave, essentielle pour passer d'une octave à une autre. Campion a également publié un second recueil d'airs, incluant des modèles des tons mineur et majeur. La transposition de ces airs dans les autres octaves est cruciale pour la compréhension générale de l'harmonie et pour former l'oreille. Le troisième air du recueil contient un point d'orgue de basse continue pour apprendre les accords extraordinaires, qui ne suivent pas toujours la simplicité de la règle de l'octave. Les œuvres de Campion sont disponibles à la vente à plusieurs adresses à Paris, au prix de cinq livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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260
p. 1203-1204
« L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
Début :
L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Ballet des Éléments, Comédiens-Italiens, Petit Maître amoureux, Ballet, Musique, Succès, Opéra
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texteReconnaissance textuelle : « L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
L'Académie Royale de Musique , continue
toujours avec succès les Représentations
du Ballet des Elemens ; c'est le même
qui fut dansé par le Roi en son Château
des Thuilleries au mois de Decembre
1721. Nous avons déja donné un Extrait
du Poëme , de la composition de
M.Roy, qu'on peut voir dans le Mercure
de Janvier 1722. Ce Ballet qui fut remis
ensuite au Theatre de l'Opera en Mai
1625. et en Fevrier 1727. est toujours
composé d'un Prologue , dont le sujet est.
·le Cabos, et de quatre differentes Entrées ,
l'Air , le Feu , l'Eau , et laTerre . Les Dlles
Antier , le Maure et Petitpas remplissent
parfaitement bien les principaux Rôles
les Sieurs Dun ,
que
Tribou et Jeliot. Le Ballet composé par le
Sr. Blondi , fait beaucoup de plaisir , et
les danses en particulier sont très- bien cade
même
I. Vol.
Chassé ,
racte1204
MERCURE DE FRANCE
racterisées , distribuées avec art et parfaitement
executées par les meilleurs Sujets
de l'Académie.Cet Opera a un fort grand
succès , la Musique est de M. Destouches .
Les Comediens Italiens préparent une
Comedie nouvelle , sous le titre du Petit
Maître Amoureux , dont on parlera en
son tems.
toujours avec succès les Représentations
du Ballet des Elemens ; c'est le même
qui fut dansé par le Roi en son Château
des Thuilleries au mois de Decembre
1721. Nous avons déja donné un Extrait
du Poëme , de la composition de
M.Roy, qu'on peut voir dans le Mercure
de Janvier 1722. Ce Ballet qui fut remis
ensuite au Theatre de l'Opera en Mai
1625. et en Fevrier 1727. est toujours
composé d'un Prologue , dont le sujet est.
·le Cabos, et de quatre differentes Entrées ,
l'Air , le Feu , l'Eau , et laTerre . Les Dlles
Antier , le Maure et Petitpas remplissent
parfaitement bien les principaux Rôles
les Sieurs Dun ,
que
Tribou et Jeliot. Le Ballet composé par le
Sr. Blondi , fait beaucoup de plaisir , et
les danses en particulier sont très- bien cade
même
I. Vol.
Chassé ,
racte1204
MERCURE DE FRANCE
racterisées , distribuées avec art et parfaitement
executées par les meilleurs Sujets
de l'Académie.Cet Opera a un fort grand
succès , la Musique est de M. Destouches .
Les Comediens Italiens préparent une
Comedie nouvelle , sous le titre du Petit
Maître Amoureux , dont on parlera en
son tems.
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Résumé : « L'Académie Royale de Musique, continuë toujours avec succès les Représentations [...] »
L'Académie Royale de Musique présente avec succès le Ballet des Éléments, initialement dansé par le Roi au Château des Tuileries en décembre 1721. Un extrait du poème de M. Roy a été publié dans le Mercure de janvier 1722. Ce ballet a été repris au Théâtre de l'Opéra en mai 1625 et en février 1727. Il comprend un prologue sur le Chaos et quatre entrées représentant l'Air, le Feu, l'Eau et la Terre. Les rôles principaux sont interprétés par les demoiselles Antier, le Maure et Petitpas, ainsi que par les sieurs Dun, Tribou et Jeliot. Le ballet, chorégraphié par M. Blondi, est apprécié pour ses danses bien exécutées par les meilleurs sujets de l'Académie. La musique est composée par M. Destouches. Par ailleurs, les Comédiens Italiens préparent une nouvelle comédie intitulée 'Le Petit Maître Amoureux'.
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261
p. 1243-1246
« Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Début :
Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...]
Mots clefs :
Reine, Château de Versailles, Concert, Roi, Prologue, Messe, Fête, Destouches, Opéra, Château des Tuileries, Vernon, Mordant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Le 25 de ce mois , la Reine entendig
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
la Messe dans la Chapelle du Château de
Versailles , et S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier.
Le 24 , Fête du S. Sacrement , le Roy,
accompagné de ses principaux Officiers ,
se rendit à l'Eglise de la Paroisse , où Sa
Majesté entendit la Grand'Messe après
ávoir assisté à la Procession qui vint, sui-
1 Vol. I ij
vant
2244
MERCURE
DE FRANCE
!
vant l'usage à la Chapelle du Château
La Reine entendit la Messe dans sa Tribune,
aprés avoir vû passer la Procession .
Monseigneur le Dauphin , et Mesdames
de France la virent passer d'un des Apartements
du Château .
Le ic.May il y eut Concert dans le Salon
de la Reine ; M. Destouches , Sur- Inten .
dant de la Musique du Roy , fit chanter
le Prologue et le premier Acte de l'Opéra
d'Omphale , qui fut continué le 12. et le
17. la Dile Antier fit le rôle d'Argine , le
Sr d'Angerville celui d'Hercule , la Dlle
Lenner et le Sr Petillot ceux d'Omphale
et d'Iphis.
Le 19 , le 24 et le 26 , la Reine entendit
le Ballet des Elemens , executé par
les mêmes sujets , on ajouta le Prologue
des Stratagêmes de l'Amour à l'Acte de la
Terre, pour former le troisiéme Concert.
Le 31 , on chanta le Prologue et le
premier Acte de Semiramis , qu'on con
tinua le 9 et le 16 Juin. Le premier rôle
fut chanté par la Dlle Antier avec aplau
dissement de même que celui d'Amestris,
par la Dlle Pelissier ; les autres rôles furent
très- bien rendus par les Srs d'An
gerville et Petillot.
Le 21 de ce mois on concerta l'Opéra
1 Vol.
de
JUIN. 1734. 1245
de Marthesie , dont le Poëme est de feu
M. de la Moth et la Musique de M. Destouches.
La Dlle Duhamel fit le rôle de
Cybelle au Prologue , et le Sr d'Angerville
et la Dlle Pelissier chantéront ceux
du Roy des Scythes et de Talestris , et
celui de la Prêtresse du Soleil fut rendu
par la Dlle Lenner à la satisfaction de la
Reine et de toute la Cout. Le soin qu'a
pris M. Destouches de réfondre quelques
morceaux de cet Opéra , et d'y ajouter
quelques Airs nouveaux , rendit ce Concert
très varié et très brillant.
"
Le 3 Juin Fête de l'Ascension , le 13
Dimanche de la Pentecote , et le jour de
la Fête- Dieu , il y eut Concert Spirituel
au Château des Thuileries. M. Mouret
y a fait exécuter differents Moters de
M. de la Lande et d'autres Maîtres Modernes
, un , entre autres , de l'Abbé du
Luc , Beneficier de l'Eglise de Paris , qui
est un très beau morceau de Musique .
Les Dlies Erremens , Petitpas et le Sr Jeliot
Fot ont chanté differens petits Motets à
une et à deux voix avec beaucoup de
justesse et de précision , de même que le
Sr Berard , Chanteur de la Comédie Italienne
, qui a chanté deux fois un air Ita-
Tien avec beaucoup d'aplaudissemens,
Vol, I v Tous
1246 MERCURE DE FRANCE
Tous ces Concerts ont toujours été terminez
par un Moter à grand Choeur de
M. de la Lande , et précedez de plusieurs
Piéces de Simphonie exécutées en perfection
par les Sieurs le Clair et Blavet.
9 •
On écrit de Vernon que le Mercredy
de ce mois M. Mordant y fut reçû
Lieutenant General du Bailliage à la place
de feu M, son pere , mort en 1733. Ce
jeune Magistrat n'a que 21 ans , et on
peut assurer qu'il marche déja sur les
traces de ses Ancêtres , qui depuis plus .
de 100 ans ont occupé successivement
cette premiere place . Il prononça un
Discours Latin d'une demie heure qui
fut très- gouté. Il avoit été presenté par
M. de Quenremont , Avocat fameux
qui parla avec éloquence sur le choix
d'un Etat. M. de Bordeaux , Procureur
du Roy , parla aussi d'une maniere convenable
à la dignité de son Ministere.
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Résumé : « Le 20 de ce mois, la Reine entendit la Messe dans la Chapelle du Château de [...] »
Du 1er au 31 mai, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour. Le 25 mai, la Reine a assisté à la messe au Château de Versailles et a communié des mains du Cardinal de Fleury. Le 24 mai, le Roi a participé à la Fête du Saint-Sacrement, assistant à la procession et à la grand-messe à l'église paroissiale. La Reine a écouté la messe depuis sa tribune, tandis que le Dauphin et Mesdames de France ont observé la procession depuis un appartement du château. Du 1er au 21 mai, divers spectacles ont été organisés, notamment des représentations de l'opéra 'Omphale', du ballet des Éléments et de l'opéra 'Marthésie', avec des artistes tels que la Dlle Antier, le Sr d'Angerville et la Dlle Pelissier. Le 31 mai, le prologue et le premier acte de 'Semiramis' ont été chantés. Le 3 juin, à l'occasion de l'Ascension, des concerts spirituels ont eu lieu au Château des Tuileries, dirigés par M. Mouret. À Vernon, M. Mordant a été reçu Lieutenant Général du Bailliage, prononçant un discours latin.
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264
p. 1133-1134
LOGOGRYPHE.
Début :
En neuf Lettres mon nom se forme et se partage ; [...]
Mots clefs :
Cornemuse
265
p. 1757-1758
ENIGME.
Début :
Je suis un corps des plus gonflés, [...]
Mots clefs :
Basse de viole
266
p. 2406-2407
ENIGME.
Début :
On remarque dans moi plus d'un bizarre effet ; [...]
Mots clefs :
Note de musique
269
p. 1793
LOGOGRYPHUS.
Début :
Bis quatuor pedibus me totam Musica, Lector, [...]
Mots clefs :
Harmonia
272
p. 327-328
LOGOGRYPHUS.
Début :
Mentibus humanis, si me cognoscere cures, [...]
Mots clefs :
Musica
273
p. 2512
ENIGME à mettre en Musique.
Début :
Je fais les délices des filles ; [...]
Mots clefs :
Chanson
276
p. 2215-2216
ENIGME, en style Marotique.
Début :
Ou s'enquerir de moi ? dans les prisons, [...]
Mots clefs :
Danse
277
p. 1162
LOGOGRYPHE.
Début :
Je suis un drôle de Langage. [...]
Mots clefs :
Ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut
280
p. 104-105
ENIGME EN LOGOGRYPHE.
Début :
J'excite le plaisir dans l'ame, [...]
Mots clefs :
Opéra
281
p. 135-136
LOGOGRYPHE.
Début :
Composé de huit pieds, je plais à mainte belle, [...]
Mots clefs :
Tympanon
284
p. 97-99
LOGOGRIPHE.
Début :
Je suis faite, Lecteur, pour ravir, pour charmer ; [...]
Mots clefs :
Symphonie
285
p. 124-125
LOGOGRYPHE.
Début :
Née pour adoucir les chagrins de la vie, [...]
Mots clefs :
Harmonie
286
p. 163-169
Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Début :
Cette invention qui date de l'année derniere, a eu des censeurs & des partisans [...]
Mots clefs :
Bureau typographique, Musique, Leçons, Louis Dumas, Tons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Méthode du Bureau typographique pour la
Mufique. Par M. Dumas.
ETTE invention qui date de l'année
derniere , a eu des cenfeurs & des partifans
. Nous allons difcuter avec impartialité
les raifons des uns & des autres . Il
réfultera de cet examen une lumiere fuffifante
pour mettre nos lecteurs en état de
prononcer.
On impute à la méthode que nous annonçons
, 1. un ordre brouillé dans fa
diftribution. 2°. On prétend qu'elle exige
dix années d'étude . 3 ° . On croit trouver
la caufe de cette perte de tems dans les
opérations de double emploi dans les leçons.
4. On dit la dépenſe du bureau indifpenfable
à toute perfonne pour apprendre
la Mufique . Voici la réponſe à ces objections.
Le Bureau typographique eft divifé en
trois parties. La premiere contient les élémens
de la Mufique renfermés dans trois
colonnes. La feconde parcourt dix- huit colonnes
, qui contiennent les cartes fervant
à l'ufage convenable pour tracer les leçons
notées dans la méthode. La troifieme remplit
les neuf dernieres colonnes , qui font
voir la preuve du progrès que l'on doit
164 MERCURE DE FRANCE.
avoir fait lorfqu'on y eft parvenu ; & enfin
la méthode de chanter dans la partition.
On a vû jufqu'à préfent au commencement
du livre de M. Dumas , une grande
carte qui préfentoit le plan général de fon
entrepriſe : elle fera fupprimée à l'avenir ,
pour ôter le prétexte qu'on a pris de faire
entendre au public la néceffité de la comprendre
pour apprendre la Mufique.
Dans la premiere divifion , on trouve
à la premiere colonne les inftructions concernant
l'ufage des deux tables qui renferment
les monofyllabes ainfi rangées en forme
d'échelle , la , fi , ut , re , mi , fa , fol,
la , qui donnent à entendre par les plans
fuivans , qu'il s'agit dans la Mufique de dégrès
& d'intervalles pour diftinguer les
fons , & pour enfeigner le premier langage
qui les caracteriſe .
La feconde colonne contient les inftruc
tions du détail de la portée muficale . L'on
y voit l'application des mêmes monofyllabes
pour enfeigner à un éleve le nom de
chacun de fes dégrès & du fon qu'il indique.
On y voit fucceffivement les huit pofitions
des trois clefs de la Mufique , le
tout en ordre dans chaque cafe , qui forme
le plan général de cette colonne . L'Auteur
a la fatisfaction de voir que par ces
fimples monofyllabes fes éleves forment
C
DECEMBRE. 1754. 165
aifément toute efpece de fons , tant natu
rels que tranfpofés , foit en montant ou en
defcendant , par les échelles des deux tons
naturels d'a-mi-la & de c-fol- ut , avantage
qui eft de la derniere conféquence.
La troifieme colonne fubftitue les notes
de la Musique aux monofyllabes que l'on
vient de pratiquer fur la portée . On y fait
connoître leur valeur par leurs différentes
figures & par un détail très bien circonftancié.
L'Auteur n'a pas négligé de fimplifier
le moyen important de rendre fenfible
l'application du mouvement convenable à
chaque note de différente figure . Dans cette
vûe il a eu recours aux monofyllabes
dont nous avons parlé . Il fuffit de les lire.
dans l'ordre qu'il preferit , pour remporter
en peu de tems tout ce qu'il y a de plus
difficile à apprendre dans les commencemens
de la Mufique par toute autre voie .
Voilà qui ne s'accorde pas avec l'imputation
d'une méthode brouillée dans fa
diftribution , non plus qu'avec les dix années
d'étude , puifqu'on apprend dans cette
méthode à pratiquer par de fimples mo
nofyllabes , 1. la nomination hardie des
notes . 2 °. La formation des fons , tant na
turels que tranfpofés . 3 ° . Enfin les mouvemens
précis & convenables à toutes les
166 MERCURE DE FRANCE.
différentes valeurs de notes . Ces difficultés
levées , le reste de la méthode devient un
amufement.
La feconde divifion compriſe dans dixhuit
colonnes , renferme le moyen de pratiquer
un premier cours de leçons dans les
tons naturels & tranfpofés , ainfi que dans
leur mode , pour perfectionner un éleve
dans tout ce qu'il vient d'apprendre par les
monofyllabes , je veux dire , la plus parfaite
exécution , tant du chant que des
mouvemens qu'il puiffe acquerir felon les
fignes de mefures , tant fimples que compofés.
L'accufation du double emploi qu'on
prétend être dans les leçons de M. Dumas ,
nous paroît hazardée par des perfonnes
qui n'ont pas fenti que la leçon naturelle
que l'Auteur place au-deffous d'une autre
leçon tranfpofée , doit fervir à un éleve
de modele dans la progreffion de fon échelle
. D'ailleurs , il a prétendu favorifer les
perfonnes qui ne font pas dans l'ufage ou
l'habitude de chanter fans tranſpoſer .
-
Les nouvelles tables que M. Dumas préfente
ici touchant les tranfpofitions & leur
origine , nous paroiffent d'un très bon
ufage , fur-tout celles par lefquelles il en
feigne la Mufique à toutes perfonnes , quelle
voix qu'elles ayent , par le moyen d'une
feule clef.
DECEMBRE. 1754. 167
L'Auteur donne des regles diftribuées
par leçons dans l'ordre de demandes & de
réponſes , qui traitent non feulement des
tranfpofitions , mais encore des principes
fondamentaux de la Mufique , que tout habile
concertant ne doit pas ignorer , ce qui
n'a jamais été donné au public. Il fait précéder
les deux tables qui préfentent l'origine
des tranfpofitions , dans les exemplaires
qu'il délivre à préfent , par des inftructions
qui démontrent certains défauts où
l'on eft tombé pour n'avoir pas encore fait
attention au principe qui les établit. Il
donne enfuite la maniere de remédier à
ces défauts.
Il termine enfin cette feconde partie par
les régles , qui font connoître les tons naturels
& tranfpofés à l'afpect de la clef & des
tranfpofitions , lorfqu'elles lui font appliquées
, & non par la derniere note d'une
leçon. Ce qui lui a donné lieu de repréfenter
un plan des douze demi-tons , qui
porte la preuve des inftructions qu'il y a
établi ; comme auffi celle des vingt - quatre
tons que la Mufique renferme .
Par les deux tables fuivantes il donne la
derniere conviction de la véritable quantité
de dièzes & de bémols qui convient
aux tons ; la relation tonique qu'elles font
voir , en eft la preuve. Elles font établies
168 MERCURE DE FRANCE.
avec tant de folidité & de lumiere qu'elles
donnent le moyen de baiffer ou d'élever
une piece de Mufique un demi- ton plus
haut ou plus bas qu'elle n'a été compoſée.
Enfin la troifieme divifion qui parcourt
les neuf dernieres colonnes du Bureau ,
contient un fecond cours de leçons de Mufique
, qui fervent de preuve au progrès
qu'on doit avoir fait lorfqu'on y eft parvenu
. Ici on apprend à chanter , comme on
appelle improprement , fans tranfpofer,
Nous difons improprement , parce qu'il paroft
avec évidence que la tranfpofition eft
inféparable du chant , & qu'il n'y a que là
lecture qui puiffe être naturelle. Le progrès
en queftion confifte à fçavoir appliquer la
clef & la tranfpofition convenable à ces
leçons , comme auffi les fignes de meſures.
Il y a encore deux tables à la fin du livre ,
par lesquelles on peut élever ou baiffer
toutes les leçons de ce fecond cours , dans
tous les tons de la Mufique.
Il ne refte donc plus qu'à refuter la prétendue
néceffité de faire la dépenfe du Bureau,
pour apprendre la Mufique. Voici
comment s'exprime l'Auteur dans le feuillet
de fa méthode qui précéde la grande carte.
L'ufage du Bureau ayant été imaginé en faveur
de la jeuneffe , les perfonnes plus avancées
en âge peuvent parfaitement apprendre
La
1
Σ
DECEMBRE.
17540 169
la Mufique par le feul fecours de la méthode,
& c .
Nous croyons ce que nous venons de
dire fuffifant pour déterminer les parens
qui veulent que leurs enfans apprennent
la Mufique , à fe fervir de la méthode ingénieufe
& raifonnable de M. Dumas. Elle
fe vend vingt livres : on ne la trouve que
chez l'Auteur , rue Montmartre , vis - à- vis
les Charniers , la porte cochere entre la
Communauté des Prêtres , & les Soeurs
grifes de S. Euftache .
Mufique. Par M. Dumas.
ETTE invention qui date de l'année
derniere , a eu des cenfeurs & des partifans
. Nous allons difcuter avec impartialité
les raifons des uns & des autres . Il
réfultera de cet examen une lumiere fuffifante
pour mettre nos lecteurs en état de
prononcer.
On impute à la méthode que nous annonçons
, 1. un ordre brouillé dans fa
diftribution. 2°. On prétend qu'elle exige
dix années d'étude . 3 ° . On croit trouver
la caufe de cette perte de tems dans les
opérations de double emploi dans les leçons.
4. On dit la dépenſe du bureau indifpenfable
à toute perfonne pour apprendre
la Mufique . Voici la réponſe à ces objections.
Le Bureau typographique eft divifé en
trois parties. La premiere contient les élémens
de la Mufique renfermés dans trois
colonnes. La feconde parcourt dix- huit colonnes
, qui contiennent les cartes fervant
à l'ufage convenable pour tracer les leçons
notées dans la méthode. La troifieme remplit
les neuf dernieres colonnes , qui font
voir la preuve du progrès que l'on doit
164 MERCURE DE FRANCE.
avoir fait lorfqu'on y eft parvenu ; & enfin
la méthode de chanter dans la partition.
On a vû jufqu'à préfent au commencement
du livre de M. Dumas , une grande
carte qui préfentoit le plan général de fon
entrepriſe : elle fera fupprimée à l'avenir ,
pour ôter le prétexte qu'on a pris de faire
entendre au public la néceffité de la comprendre
pour apprendre la Mufique.
Dans la premiere divifion , on trouve
à la premiere colonne les inftructions concernant
l'ufage des deux tables qui renferment
les monofyllabes ainfi rangées en forme
d'échelle , la , fi , ut , re , mi , fa , fol,
la , qui donnent à entendre par les plans
fuivans , qu'il s'agit dans la Mufique de dégrès
& d'intervalles pour diftinguer les
fons , & pour enfeigner le premier langage
qui les caracteriſe .
La feconde colonne contient les inftruc
tions du détail de la portée muficale . L'on
y voit l'application des mêmes monofyllabes
pour enfeigner à un éleve le nom de
chacun de fes dégrès & du fon qu'il indique.
On y voit fucceffivement les huit pofitions
des trois clefs de la Mufique , le
tout en ordre dans chaque cafe , qui forme
le plan général de cette colonne . L'Auteur
a la fatisfaction de voir que par ces
fimples monofyllabes fes éleves forment
C
DECEMBRE. 1754. 165
aifément toute efpece de fons , tant natu
rels que tranfpofés , foit en montant ou en
defcendant , par les échelles des deux tons
naturels d'a-mi-la & de c-fol- ut , avantage
qui eft de la derniere conféquence.
La troifieme colonne fubftitue les notes
de la Musique aux monofyllabes que l'on
vient de pratiquer fur la portée . On y fait
connoître leur valeur par leurs différentes
figures & par un détail très bien circonftancié.
L'Auteur n'a pas négligé de fimplifier
le moyen important de rendre fenfible
l'application du mouvement convenable à
chaque note de différente figure . Dans cette
vûe il a eu recours aux monofyllabes
dont nous avons parlé . Il fuffit de les lire.
dans l'ordre qu'il preferit , pour remporter
en peu de tems tout ce qu'il y a de plus
difficile à apprendre dans les commencemens
de la Mufique par toute autre voie .
Voilà qui ne s'accorde pas avec l'imputation
d'une méthode brouillée dans fa
diftribution , non plus qu'avec les dix années
d'étude , puifqu'on apprend dans cette
méthode à pratiquer par de fimples mo
nofyllabes , 1. la nomination hardie des
notes . 2 °. La formation des fons , tant na
turels que tranfpofés . 3 ° . Enfin les mouvemens
précis & convenables à toutes les
166 MERCURE DE FRANCE.
différentes valeurs de notes . Ces difficultés
levées , le reste de la méthode devient un
amufement.
La feconde divifion compriſe dans dixhuit
colonnes , renferme le moyen de pratiquer
un premier cours de leçons dans les
tons naturels & tranfpofés , ainfi que dans
leur mode , pour perfectionner un éleve
dans tout ce qu'il vient d'apprendre par les
monofyllabes , je veux dire , la plus parfaite
exécution , tant du chant que des
mouvemens qu'il puiffe acquerir felon les
fignes de mefures , tant fimples que compofés.
L'accufation du double emploi qu'on
prétend être dans les leçons de M. Dumas ,
nous paroît hazardée par des perfonnes
qui n'ont pas fenti que la leçon naturelle
que l'Auteur place au-deffous d'une autre
leçon tranfpofée , doit fervir à un éleve
de modele dans la progreffion de fon échelle
. D'ailleurs , il a prétendu favorifer les
perfonnes qui ne font pas dans l'ufage ou
l'habitude de chanter fans tranſpoſer .
-
Les nouvelles tables que M. Dumas préfente
ici touchant les tranfpofitions & leur
origine , nous paroiffent d'un très bon
ufage , fur-tout celles par lefquelles il en
feigne la Mufique à toutes perfonnes , quelle
voix qu'elles ayent , par le moyen d'une
feule clef.
DECEMBRE. 1754. 167
L'Auteur donne des regles diftribuées
par leçons dans l'ordre de demandes & de
réponſes , qui traitent non feulement des
tranfpofitions , mais encore des principes
fondamentaux de la Mufique , que tout habile
concertant ne doit pas ignorer , ce qui
n'a jamais été donné au public. Il fait précéder
les deux tables qui préfentent l'origine
des tranfpofitions , dans les exemplaires
qu'il délivre à préfent , par des inftructions
qui démontrent certains défauts où
l'on eft tombé pour n'avoir pas encore fait
attention au principe qui les établit. Il
donne enfuite la maniere de remédier à
ces défauts.
Il termine enfin cette feconde partie par
les régles , qui font connoître les tons naturels
& tranfpofés à l'afpect de la clef & des
tranfpofitions , lorfqu'elles lui font appliquées
, & non par la derniere note d'une
leçon. Ce qui lui a donné lieu de repréfenter
un plan des douze demi-tons , qui
porte la preuve des inftructions qu'il y a
établi ; comme auffi celle des vingt - quatre
tons que la Mufique renferme .
Par les deux tables fuivantes il donne la
derniere conviction de la véritable quantité
de dièzes & de bémols qui convient
aux tons ; la relation tonique qu'elles font
voir , en eft la preuve. Elles font établies
168 MERCURE DE FRANCE.
avec tant de folidité & de lumiere qu'elles
donnent le moyen de baiffer ou d'élever
une piece de Mufique un demi- ton plus
haut ou plus bas qu'elle n'a été compoſée.
Enfin la troifieme divifion qui parcourt
les neuf dernieres colonnes du Bureau ,
contient un fecond cours de leçons de Mufique
, qui fervent de preuve au progrès
qu'on doit avoir fait lorfqu'on y eft parvenu
. Ici on apprend à chanter , comme on
appelle improprement , fans tranfpofer,
Nous difons improprement , parce qu'il paroft
avec évidence que la tranfpofition eft
inféparable du chant , & qu'il n'y a que là
lecture qui puiffe être naturelle. Le progrès
en queftion confifte à fçavoir appliquer la
clef & la tranfpofition convenable à ces
leçons , comme auffi les fignes de meſures.
Il y a encore deux tables à la fin du livre ,
par lesquelles on peut élever ou baiffer
toutes les leçons de ce fecond cours , dans
tous les tons de la Mufique.
Il ne refte donc plus qu'à refuter la prétendue
néceffité de faire la dépenfe du Bureau,
pour apprendre la Mufique. Voici
comment s'exprime l'Auteur dans le feuillet
de fa méthode qui précéde la grande carte.
L'ufage du Bureau ayant été imaginé en faveur
de la jeuneffe , les perfonnes plus avancées
en âge peuvent parfaitement apprendre
La
1
Σ
DECEMBRE.
17540 169
la Mufique par le feul fecours de la méthode,
& c .
Nous croyons ce que nous venons de
dire fuffifant pour déterminer les parens
qui veulent que leurs enfans apprennent
la Mufique , à fe fervir de la méthode ingénieufe
& raifonnable de M. Dumas. Elle
fe vend vingt livres : on ne la trouve que
chez l'Auteur , rue Montmartre , vis - à- vis
les Charniers , la porte cochere entre la
Communauté des Prêtres , & les Soeurs
grifes de S. Euftache .
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Résumé : Méthode du Bureau typographique pour la Musique. Par M. Dumas.
Le texte décrit la méthode du Bureau typographique pour la musique, inventée par M. Dumas l'année précédente. Cette méthode a suscité des critiques et des partisans, et l'auteur se propose de discuter impartialement des arguments des deux camps. Les principales objections à la méthode sont un ordre brouillé dans la distribution, une durée d'étude de dix années, des opérations de double emploi dans les leçons, et une dépense jugée indispensable pour apprendre la musique. Le Bureau typographique est divisé en trois parties. La première contient les éléments de la musique répartis en trois colonnes. La deuxième, en dix-huit colonnes, présente les cartes pour tracer les leçons notées dans la méthode. La troisième, en neuf colonnes, montre la preuve du progrès réalisé et la méthode de chanter dans la partition. La première division inclut des instructions sur l'usage des monofyllabes (la, si, ut, re, mi, fa, sol, la) pour enseigner les degrés et intervalles musicaux. La deuxième colonne détaille la portée musicale et les positions des clefs. La troisième colonne substitue les notes de musique aux monofyllabes et explique leur valeur. La deuxième division, en dix-huit colonnes, propose un premier cours de leçons dans les tons naturels et transposés, ainsi que dans leur mode, pour perfectionner l'élève. L'accusation de double emploi est réfutée par l'auteur, qui explique que les leçons naturelles servent de modèle pour la progression. La troisième division, en neuf colonnes, offre un second cours de leçons pour prouver le progrès réalisé. Elle enseigne à chanter sans transposer, bien que la transposition soit considérée comme indispensable au chant. Enfin, l'auteur réfute la nécessité de dépenser pour le Bureau, affirmant que la méthode peut être apprise seule. La méthode se vend vingt livres et est disponible chez l'auteur à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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287
p. 169-171
« L'IMPARTIALITÉ sur la musique. Epître à M. Jean-Jacques Rousseau de Genêve ; [...] »
Début :
L'IMPARTIALITÉ sur la musique. Epître à M. Jean-Jacques Rousseau de Genêve ; [...]
Mots clefs :
Rousseau, Musique, Impartialité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'IMPARTIALITÉ sur la musique. Epître à M. Jean-Jacques Rousseau de Genêve ; [...] »
L'IMPARTIALITÉ fur la mufique . Epître
à M. Jean -Jacques Rouffeau de Genêve ;
par M. D. B. 1754. in-4 ° . pp . 36.
» Deux objets partagent cet ouvrage ,
» dit-on dans l'avertiffement . On y répond
» aux principaux reproches que M. Rouf-
" feau fait à la mufique Françoife , & l'on
"y prouve que nos compofiteurs ont tous
» les talens qui caractérisent les grands
» maîtres. Les reproches qu'on fait à notre
mufique font , 1 ° . qu'elle eft afſociée
avec une langue qui ne lui eft point
favorable ; 2 ° . qu'elle eft trop monotone ;
» 3 ° . qu'elle eſt peu naturelle ; 4° . que
» les étrangers ne la goûtent point ; 5 °.
» qu'elle est bien moins parfaite que celle
» des Italiens ; 6°. qu'elle n'exifte point ,
1. Fol. H
170 MERCURE DE FRANCE.
33
» ni ne peut exifter. Voilà le plan de la
premiere partie. On démontre dans la
»feconde , que les compofiteurs François
» 1 °. ont approfondi les principes de la
mufique ; 2 °. qu'ils ont faifi le goût de
» la nation ; 3 ° . qu'ils font doués du génie
» mufical ; 4° . qu'ils poffedent dans le plus
» haut dégré le talent de l'expreffion.
Voici comment finit ce Poëme , dans lequel
il y a beaucoup de morceaux heureux ,
Non , Jean-Jacque , à ton coeur je rends trop de
juſtice ;
De tes préventions fais donc le facrifice ,
Et conviens que dans l'art des fons harmonieux ;
Le François dès long - tems infpiré par les Dieux ;
Partage avec fuccès les dons de Polymnie ;
Que le goût , le talent , le fçavoir , le génie
Sont l'appanage heureux dont il fut enrichi :
Que des vains préjugés fagement affranchi ,
Il faifit le vrai beau par tout où la nature
En offre à fes regards la frappante peinture ;
Qu'il chérit les talens ' , même dans ſes rivaux ;
Et que des plus grands traits décorant fes travaux
En tout genre il créa de fublimes merveilles.
Ces chefs-d'oeuvres brillans , fruits de fes doctes
veilles ,
Par l'ordre d'Apollon , dans d'immortels concerts,
A nos derniers neveux feront encore offerts.
Telle ,malgré l'effort de la jaloufe envie ,
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
λαπρία
Parla
Répan
THE
NEW
YORK
PUBLIC J
Je
En
M
DECEMBRE . 1754.
Aux piéges de l'erreur la vérité ravie ,
Par la vivacité de fes feux éclatans ,
Répandra fa fplendeur même au-delà des tems.
à M. Jean -Jacques Rouffeau de Genêve ;
par M. D. B. 1754. in-4 ° . pp . 36.
» Deux objets partagent cet ouvrage ,
» dit-on dans l'avertiffement . On y répond
» aux principaux reproches que M. Rouf-
" feau fait à la mufique Françoife , & l'on
"y prouve que nos compofiteurs ont tous
» les talens qui caractérisent les grands
» maîtres. Les reproches qu'on fait à notre
mufique font , 1 ° . qu'elle eft afſociée
avec une langue qui ne lui eft point
favorable ; 2 ° . qu'elle eft trop monotone ;
» 3 ° . qu'elle eſt peu naturelle ; 4° . que
» les étrangers ne la goûtent point ; 5 °.
» qu'elle est bien moins parfaite que celle
» des Italiens ; 6°. qu'elle n'exifte point ,
1. Fol. H
170 MERCURE DE FRANCE.
33
» ni ne peut exifter. Voilà le plan de la
premiere partie. On démontre dans la
»feconde , que les compofiteurs François
» 1 °. ont approfondi les principes de la
mufique ; 2 °. qu'ils ont faifi le goût de
» la nation ; 3 ° . qu'ils font doués du génie
» mufical ; 4° . qu'ils poffedent dans le plus
» haut dégré le talent de l'expreffion.
Voici comment finit ce Poëme , dans lequel
il y a beaucoup de morceaux heureux ,
Non , Jean-Jacque , à ton coeur je rends trop de
juſtice ;
De tes préventions fais donc le facrifice ,
Et conviens que dans l'art des fons harmonieux ;
Le François dès long - tems infpiré par les Dieux ;
Partage avec fuccès les dons de Polymnie ;
Que le goût , le talent , le fçavoir , le génie
Sont l'appanage heureux dont il fut enrichi :
Que des vains préjugés fagement affranchi ,
Il faifit le vrai beau par tout où la nature
En offre à fes regards la frappante peinture ;
Qu'il chérit les talens ' , même dans ſes rivaux ;
Et que des plus grands traits décorant fes travaux
En tout genre il créa de fublimes merveilles.
Ces chefs-d'oeuvres brillans , fruits de fes doctes
veilles ,
Par l'ordre d'Apollon , dans d'immortels concerts,
A nos derniers neveux feront encore offerts.
Telle ,malgré l'effort de la jaloufe envie ,
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
λαπρία
Parla
Répan
THE
NEW
YORK
PUBLIC J
Je
En
M
DECEMBRE . 1754.
Aux piéges de l'erreur la vérité ravie ,
Par la vivacité de fes feux éclatans ,
Répandra fa fplendeur même au-delà des tems.
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Résumé : « L'IMPARTIALITÉ sur la musique. Epître à M. Jean-Jacques Rousseau de Genêve ; [...] »
L'ouvrage 'L'IMPARTIALITÉ fur la mufique', publié en 1754, est une épître adressée à Jean-Jacques Rousseau. Il répond aux critiques de Rousseau sur la musique française en défendant les talents des compositeurs français. Les reproches principaux incluent la monotonie, le manque de naturalité, l'absence de goût chez les étrangers, et une moindre perfection comparée à la musique italienne. L'ouvrage est structuré en deux parties. La première partie démontre que les compositeurs français possèdent les qualités des grands maîtres. La seconde partie prouve qu'ils ont approfondi les principes de la musique, façonné le goût national, et sont doués de génie musical et de talent expressif. Le poème se conclut par un hommage aux compositeurs français, affirmant qu'ils sont inspirés par les dieux et cherchent le vrai beau dans la nature, créant ainsi des œuvres sublimes destinées aux générations futures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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288
p. 172-174
« L'Académie royale de Musique continue les Fêtes de Thalie. Ce spectacle, depuis le brillant [...] »
Début :
L'Académie royale de Musique continue les Fêtes de Thalie. Ce spectacle, depuis le brillant [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Tragédie, Rôle, Académie royale de musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Académie royale de Musique continue les Fêtes de Thalie. Ce spectacle, depuis le brillant [...] »
'Académie royale de Mufique continue les Fé
tes de Thalie. Ce fpectacle , depuis le brillant
début de Mile Cohendet , attire plus de monde
qu'il n'en attiroit d'abord. Le goût du Public
pour la voix & le talent de la nouvelle Actrice eft
toujours très-vif. On retirera le 3 Décembre les
Fêtes de Thalie , pour mettre Thésée.
Les Comédiens François font tous réunis depuis
le 18 de Novembre. Tandis qu'une partie faifoit
les délices de la Cour à Fontainebleau , ceux qui
étoient restés à Paris , foutenoient le théatre avec
fuccès ; & ils avoient de très-fortes repréfentations,
quoiqu'ils ne donnaffent que des pieces de répertoire
. Mlle Clairon a beaucoup joué , & toujours
fupérieurement. Les rolles qu'elle a repréſentés
pendant l'abfence , font Agrippine dans Britannicus
, Zaire , Roxane dans Bajazet , Cléopatre dans
Rodogune , Ariane , Pauline dans Polieudte , Phédre
, la Reine dans Guftave , Alzire , Penelope &
Médée. Ces deux dernieres tragédies font très -médiocres
; on les donne moins fréquemment que
celles des bons Auteurs . Penelope eut une chute
marquée dans la nouveauté , à peine put-elle fupporter
fix représentations , & elle a eu bien de la
peine à fe relever. Il y a apparence que cette tragédie
auroit été abandonnée, fi Baron , à la rentrée
au théatre , n'avoit voulu jouer les trois reconnoiffances
qui fe trouvent dans le rolle d'U
lyffe . Les deux premiers actes de Penelope font
extrêmement froids , la verfification de toute la
DECEMBRE. 1754 173
piece eft dure , profaïque & prefque toujours platte
, les rolles épifodiques font infupportables ; il y
a un perfonnage d'Yphife qu'on devroit fupprimer,
il eft abfolument inutile ; & l'amour de Telemaque
pour cette Princefle eft ridicule. Il y a des endroits
touchans dans les trois derniers actes ; la
reconnoiffance du cinquiéme fait fur- tout un
grand effet. Cette piece eft difficile à bien rendre ;
elle exige le plus grand foin de la part des Ateurs
, & principalement de la part de Penelope .
Mlle Clairon y ravit tous les fpectateurs . M. La-
Doue qui eft chargé du rolle d'Ulyſſe , s'en acquitte
auffi très-bien . Le dénouement de Penelope
devroit être en action au lieu d'être en récit. Il
y a un autre défaut dans ce dénouement , c'eſt
qu'Ulyffe n'y paroît pas : on feroit bien aife de le
revoir triomphant de fes ennemis , & paifible poffeffeur
de fes Etats .
Il nous paroît que les connoiffeurs eftiment plus.
Médée que Penelope ; les deux grands refforts de
la tragédie , la terreur & la pitié , s'y font fentir
plus vivement. Il n'y a point de perfonnage épi
fodique ; l'action en eft fimple & grande , & le
fujet bien traité. Il y a des beautés dans tous les
actes. Le quatrieme eft frappant. Médée prête à
poignarder fes enfans , & retenue par l'amour maternel
, remplit tous les fpectateurs d'effroi . Il
feroit à fouhaiter que le rolle de Jafon fût moins
foible & moins odieux . Les prétextes dont il fe
fert abandonner Médée , font miférables ;
ils excitent une indignation générale . Les rolles
de Créon & de Créufe ne font gueres mieux faits ,
Longepierre a tout facrifié à celui de Médée. Il
ya quelquefois de l'élévation dans les vers de
cette piece, il y a même des tours naturels & heureux
, mais le ftyle n'eft pas foutenu . On voit que
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE:
P'Auteur s'eft fatigué quand il a voulu mettre de la
force & de la nobleffe dans l'expreffion ; fon imagination
s'épuife promptement . La tragédie de
Médée fut reçue froidement lorfqu'elle fut mife
au théatre en 1694 , & cet ouvrage étoit preſque
oublié , lorfque les Comédiens en rifquerent une
repriſe au mois de Septembre 1728. Mlle Balicour
y rempliffoit le principal rolle , & le fuccès
en fut prodigieux , quoiqu'on ne le repréfentât
que les Mardis & Vendredis , les deux jours de
fa femaine ou la Comédie eft le moins fréquentée.
Depuis la retraite de Mlle Balicour , la tragédie
de Médée s'eft foutenue par les talens de Miles
Dumefnil & Clairon ; & tant qu'il y aura de grandes
Actrices au théatre , elle s'y maintiendra.
M. Molé a continué fon début par les rollesd'Horace
dans l'Ecole des femmes , de Seleucus
dans Rodogune , de Fréderic dans Guſtave , du
Chevalier dans le Diftrait , & de Charmant dans
l'Oracle,
On a donné le Samedi 16 , à la fuite du Ma
homet de M. de Voltaire , la petite Comédie de
la Pupille. Mlle Guéant y a débuté pour la troifieme
fois par le rolle de la Pupille ; elle a joué le
lendemain Mélite dans le Philofophe marié. On
a trouvé qu'elle avoit la figure plus agréable &
plus noble que jamais , & qu'elle avoit beaucoup
acquis du côté du fentiment & de l'expreffion . Le
public paroît defirer qu'elle foit reçue pour les
rolles de feconde amoureuſe.
tes de Thalie. Ce fpectacle , depuis le brillant
début de Mile Cohendet , attire plus de monde
qu'il n'en attiroit d'abord. Le goût du Public
pour la voix & le talent de la nouvelle Actrice eft
toujours très-vif. On retirera le 3 Décembre les
Fêtes de Thalie , pour mettre Thésée.
Les Comédiens François font tous réunis depuis
le 18 de Novembre. Tandis qu'une partie faifoit
les délices de la Cour à Fontainebleau , ceux qui
étoient restés à Paris , foutenoient le théatre avec
fuccès ; & ils avoient de très-fortes repréfentations,
quoiqu'ils ne donnaffent que des pieces de répertoire
. Mlle Clairon a beaucoup joué , & toujours
fupérieurement. Les rolles qu'elle a repréſentés
pendant l'abfence , font Agrippine dans Britannicus
, Zaire , Roxane dans Bajazet , Cléopatre dans
Rodogune , Ariane , Pauline dans Polieudte , Phédre
, la Reine dans Guftave , Alzire , Penelope &
Médée. Ces deux dernieres tragédies font très -médiocres
; on les donne moins fréquemment que
celles des bons Auteurs . Penelope eut une chute
marquée dans la nouveauté , à peine put-elle fupporter
fix représentations , & elle a eu bien de la
peine à fe relever. Il y a apparence que cette tragédie
auroit été abandonnée, fi Baron , à la rentrée
au théatre , n'avoit voulu jouer les trois reconnoiffances
qui fe trouvent dans le rolle d'U
lyffe . Les deux premiers actes de Penelope font
extrêmement froids , la verfification de toute la
DECEMBRE. 1754 173
piece eft dure , profaïque & prefque toujours platte
, les rolles épifodiques font infupportables ; il y
a un perfonnage d'Yphife qu'on devroit fupprimer,
il eft abfolument inutile ; & l'amour de Telemaque
pour cette Princefle eft ridicule. Il y a des endroits
touchans dans les trois derniers actes ; la
reconnoiffance du cinquiéme fait fur- tout un
grand effet. Cette piece eft difficile à bien rendre ;
elle exige le plus grand foin de la part des Ateurs
, & principalement de la part de Penelope .
Mlle Clairon y ravit tous les fpectateurs . M. La-
Doue qui eft chargé du rolle d'Ulyſſe , s'en acquitte
auffi très-bien . Le dénouement de Penelope
devroit être en action au lieu d'être en récit. Il
y a un autre défaut dans ce dénouement , c'eſt
qu'Ulyffe n'y paroît pas : on feroit bien aife de le
revoir triomphant de fes ennemis , & paifible poffeffeur
de fes Etats .
Il nous paroît que les connoiffeurs eftiment plus.
Médée que Penelope ; les deux grands refforts de
la tragédie , la terreur & la pitié , s'y font fentir
plus vivement. Il n'y a point de perfonnage épi
fodique ; l'action en eft fimple & grande , & le
fujet bien traité. Il y a des beautés dans tous les
actes. Le quatrieme eft frappant. Médée prête à
poignarder fes enfans , & retenue par l'amour maternel
, remplit tous les fpectateurs d'effroi . Il
feroit à fouhaiter que le rolle de Jafon fût moins
foible & moins odieux . Les prétextes dont il fe
fert abandonner Médée , font miférables ;
ils excitent une indignation générale . Les rolles
de Créon & de Créufe ne font gueres mieux faits ,
Longepierre a tout facrifié à celui de Médée. Il
ya quelquefois de l'élévation dans les vers de
cette piece, il y a même des tours naturels & heureux
, mais le ftyle n'eft pas foutenu . On voit que
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE:
P'Auteur s'eft fatigué quand il a voulu mettre de la
force & de la nobleffe dans l'expreffion ; fon imagination
s'épuife promptement . La tragédie de
Médée fut reçue froidement lorfqu'elle fut mife
au théatre en 1694 , & cet ouvrage étoit preſque
oublié , lorfque les Comédiens en rifquerent une
repriſe au mois de Septembre 1728. Mlle Balicour
y rempliffoit le principal rolle , & le fuccès
en fut prodigieux , quoiqu'on ne le repréfentât
que les Mardis & Vendredis , les deux jours de
fa femaine ou la Comédie eft le moins fréquentée.
Depuis la retraite de Mlle Balicour , la tragédie
de Médée s'eft foutenue par les talens de Miles
Dumefnil & Clairon ; & tant qu'il y aura de grandes
Actrices au théatre , elle s'y maintiendra.
M. Molé a continué fon début par les rollesd'Horace
dans l'Ecole des femmes , de Seleucus
dans Rodogune , de Fréderic dans Guſtave , du
Chevalier dans le Diftrait , & de Charmant dans
l'Oracle,
On a donné le Samedi 16 , à la fuite du Ma
homet de M. de Voltaire , la petite Comédie de
la Pupille. Mlle Guéant y a débuté pour la troifieme
fois par le rolle de la Pupille ; elle a joué le
lendemain Mélite dans le Philofophe marié. On
a trouvé qu'elle avoit la figure plus agréable &
plus noble que jamais , & qu'elle avoit beaucoup
acquis du côté du fentiment & de l'expreffion . Le
public paroît defirer qu'elle foit reçue pour les
rolles de feconde amoureuſe.
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Résumé : « L'Académie royale de Musique continue les Fêtes de Thalie. Ce spectacle, depuis le brillant [...] »
En décembre 1754, les activités théâtrales étaient marquées par plusieurs événements notables. L'Académie royale de Musique poursuivait les 'Fêtes de Thalie', attirant un public de plus en plus nombreux grâce à la performance de Mile Cohendet. Cependant, à partir du 3 décembre, ces fêtes ont été remplacées par la représentation de 'Thésée'. Parallèlement, les Comédiens Français, réunis depuis le 18 novembre, ont donné des représentations tant à la cour de Fontainebleau qu'à Paris, malgré un répertoire limité. Ces représentations ont été couronnées de succès. Mlle Clairon a interprété plusieurs rôles prestigieux, notamment dans 'Britannicus', 'Zaire', 'Bajazet', 'Rodogune', 'Polyeucte', 'Gustave', 'Alzire', 'Pénélope' et 'Médée'. Parmi ces pièces, les tragédies 'Pénélope' et 'Médée' ont reçu des critiques mitigées. 'Pénélope' a été accueillie tièdement et a été sauvée par l'interprétation de Baron. La pièce a été critiquée pour sa versification dure et ses rôles épisodiques insupportables. En revanche, 'Médée' a été mieux appréciée pour ses effets de terreur et de pitié, bien que certains rôles aient été jugés faibles. Cette tragédie a connu un succès renouvelé grâce à des actrices comme Mlle Balicour, Duménil et Clairon. M. Molé a également interprété plusieurs rôles avec succès. Quant à Mlle Guéant, elle a fait ses débuts dans 'La Pupille' et 'Mélite', recevant des éloges pour son jeu et son expression.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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289
p. 185
CONCERT SPIRITUEL.
Début :
Le Concert Spirituel qui fut exécuté le premier Novembre, fête de tous les Saints, commença [...]
Mots clefs :
Concert spirituel
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texteReconnaissance textuelle : CONCERT SPIRITUEL.
CONCERT SPIRITUEL.
E Concert Spirituel qui fut exécuté le premier
Novembre , fête de tous les Saints , commença
par une fymphonie de M. Labbé fils ; enfuite
Cantate Domino , motet à grand choeur de Lalande
, dans lequel Mlle Cohendet chanta le récit
Viderunt. Mile Lepri chanta un air Italien . M.
Palanca joua un concerto de la compofition del
Signor Beffozzi. Mlle Lepri chanta un fecond air
Italien . Le Concert finit par De profundis , motet à
grand choeur de M. Mondonville.
E Concert Spirituel qui fut exécuté le premier
Novembre , fête de tous les Saints , commença
par une fymphonie de M. Labbé fils ; enfuite
Cantate Domino , motet à grand choeur de Lalande
, dans lequel Mlle Cohendet chanta le récit
Viderunt. Mile Lepri chanta un air Italien . M.
Palanca joua un concerto de la compofition del
Signor Beffozzi. Mlle Lepri chanta un fecond air
Italien . Le Concert finit par De profundis , motet à
grand choeur de M. Mondonville.
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290
p. 187-189
« L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
Début :
L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...]
Mots clefs :
Comédiens-Français, Comédiens-Italiens, Académie royale de musique
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texteReconnaissance textuelle : « L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
Académie royale de Mufique a donné
le Dimanche premier Décembre , la
derniere repréſentation des Fêtes de Thalie.
M. Vallée avoit débuté dans ce ballet , le
19 Novembre , par un air qu'on avoit
ajouté dans le troifiéme acte , & il a depuis
chanté dans le prologue . Le nouvel acteur
peut , avec beaucoup de travail & le fecours
des bons maîtres , devenir une jolie haute-
contre.
Le public commençoit à trouver un peu
lents les progrès de Mlle Davaux , dont la
figure , la voix & le talent avoient d'abord
donné de fi grandes efpérances. Cette actrice
a fait de fes cenfeurs autant de partifans
, le 19 Novembre . Elle a ce jour- là , &
les repréſentations fuivantes , fi bien chanté
& joué avec tant de fineffe & d'intelligence
le rolle de Califte dans le troifieme acte
des Fêtes de Thalie , qu'elle a réuni tous les
188 MERCURE DE FRANCE.
fuffrages. Nous efperons que Mlle Davaux
ne regardera pas ce fuccès comme une
preuve qu'elle ait atteint le point de perfection
qu'on defiroit d'elle , mais comme
une certitude qu'elle y arrivera , fi elle
continue à travailler opiniâtrément , & à
fe livrer avec docilité aux foins de l'excellent
maître qui la dirige.
LES Comédiens François ont repris le
Mercredi 20 Novembre , les Troyennes, Tragédie
de M. de Châteaubrun , mife pour
la premiere fois au théatre avec un fuccès
éclatant , le Lundi 11 Mars de cette année.
On ne l'a jouée que cinq fois à cette reprife.
Le Samedi 30 , jour de la derniere
repréſentation , il s'eft préfenté an fpectacle
trois fois plus de monde que la falle
n'en pouvoit contenir. Tout eft naturel
dans cette Tragédie ; il n'y a ni de ces coups
imprévus ni de ces fituations forcées qui
éblouiffent d'abord & qui révoltent enfuite.
La vérité , qui doit être l'effence de tout
poëme dramatique , eft peinte dans tous
les actes , avec une fimplicité noble & touchante
. On s'attendrit par dégrés. Les malheurs
dont la famille de Priam eft accablée,
fe fuccédent fans effort les uns aux autres ,
& les Spectateurs croyent être transportés
devant Troye brûlée & faccagée.
. DECEMBRE . 1754. 189
Nous avons remarqué une chofe qui
doit paroître extraordinaire , & qui prouve
que les acteurs de la Comédie Françoife
font tous leurs efforts pour varier les amufemens
du public . Ils ont repréfenté vingtfept
tragédies depuis le 22 Avril , jour de
l'ouverture du théatre , jufques & compris
le 2 Décembre ; fçavoir , le Cid , les Horaces
, Rodogune , & Polieucte , de Pierre
Corneille ; Andromaque , Britannicus
Bajazet , Mithridate , Phédre , & Athalie
de Racine ; Ariane , de Thomas Corneille ;
Fénelope , de l'Abbé Geneft ; Manlius , de
la Foffe ; Médée , de Longepierre ; Inès de
Caftro , de Lamotte ; Radamiſte & Zénobie
, de M. de Crébillon ; OEdipe , Herode
& Mariamne , Brutus , Zaïre , Ālzire , Mérope,
& Mahomet , de M. de Voltaire ; Guftave
, de M. Piron ; Didon , de M. Lefranc ;
les Troyennes , de M. de Châteaubrun ; &
Amalazonte , de M. le Marquis de Ximenès.
LES Comédiens Italiens continuent avec
un fuccès toujours foutenu , la Servante
maîtreffe. Cet ouvrage eft à fa quarantieme
repréſentation .
le Dimanche premier Décembre , la
derniere repréſentation des Fêtes de Thalie.
M. Vallée avoit débuté dans ce ballet , le
19 Novembre , par un air qu'on avoit
ajouté dans le troifiéme acte , & il a depuis
chanté dans le prologue . Le nouvel acteur
peut , avec beaucoup de travail & le fecours
des bons maîtres , devenir une jolie haute-
contre.
Le public commençoit à trouver un peu
lents les progrès de Mlle Davaux , dont la
figure , la voix & le talent avoient d'abord
donné de fi grandes efpérances. Cette actrice
a fait de fes cenfeurs autant de partifans
, le 19 Novembre . Elle a ce jour- là , &
les repréſentations fuivantes , fi bien chanté
& joué avec tant de fineffe & d'intelligence
le rolle de Califte dans le troifieme acte
des Fêtes de Thalie , qu'elle a réuni tous les
188 MERCURE DE FRANCE.
fuffrages. Nous efperons que Mlle Davaux
ne regardera pas ce fuccès comme une
preuve qu'elle ait atteint le point de perfection
qu'on defiroit d'elle , mais comme
une certitude qu'elle y arrivera , fi elle
continue à travailler opiniâtrément , & à
fe livrer avec docilité aux foins de l'excellent
maître qui la dirige.
LES Comédiens François ont repris le
Mercredi 20 Novembre , les Troyennes, Tragédie
de M. de Châteaubrun , mife pour
la premiere fois au théatre avec un fuccès
éclatant , le Lundi 11 Mars de cette année.
On ne l'a jouée que cinq fois à cette reprife.
Le Samedi 30 , jour de la derniere
repréſentation , il s'eft préfenté an fpectacle
trois fois plus de monde que la falle
n'en pouvoit contenir. Tout eft naturel
dans cette Tragédie ; il n'y a ni de ces coups
imprévus ni de ces fituations forcées qui
éblouiffent d'abord & qui révoltent enfuite.
La vérité , qui doit être l'effence de tout
poëme dramatique , eft peinte dans tous
les actes , avec une fimplicité noble & touchante
. On s'attendrit par dégrés. Les malheurs
dont la famille de Priam eft accablée,
fe fuccédent fans effort les uns aux autres ,
& les Spectateurs croyent être transportés
devant Troye brûlée & faccagée.
. DECEMBRE . 1754. 189
Nous avons remarqué une chofe qui
doit paroître extraordinaire , & qui prouve
que les acteurs de la Comédie Françoife
font tous leurs efforts pour varier les amufemens
du public . Ils ont repréfenté vingtfept
tragédies depuis le 22 Avril , jour de
l'ouverture du théatre , jufques & compris
le 2 Décembre ; fçavoir , le Cid , les Horaces
, Rodogune , & Polieucte , de Pierre
Corneille ; Andromaque , Britannicus
Bajazet , Mithridate , Phédre , & Athalie
de Racine ; Ariane , de Thomas Corneille ;
Fénelope , de l'Abbé Geneft ; Manlius , de
la Foffe ; Médée , de Longepierre ; Inès de
Caftro , de Lamotte ; Radamiſte & Zénobie
, de M. de Crébillon ; OEdipe , Herode
& Mariamne , Brutus , Zaïre , Ālzire , Mérope,
& Mahomet , de M. de Voltaire ; Guftave
, de M. Piron ; Didon , de M. Lefranc ;
les Troyennes , de M. de Châteaubrun ; &
Amalazonte , de M. le Marquis de Ximenès.
LES Comédiens Italiens continuent avec
un fuccès toujours foutenu , la Servante
maîtreffe. Cet ouvrage eft à fa quarantieme
repréſentation .
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Résumé : « L'Académie royale de Musique a donné le Dimanche premier Décembre, la [...] »
L'Académie royale de Musique a présenté la dernière représentation des 'Fêtes de Thalie' le 1er décembre. M. Vallée, débutant le 19 novembre, a montré un potentiel prometteur en tant que haute-contre. Mlle Davaux, après des progrès jugés lents, a gagné des partisans en interprétant le rôle de Calife avec finesse et intelligence. Les Comédiens Français ont repris 'Les Troyennes' de M. de Châteaubrun le 20 novembre, après un succès initial le 11 mars. La dernière représentation, le 30 novembre, a attiré trois fois plus de monde que la salle ne pouvait en contenir. La tragédie se distingue par sa naturalité et sa simplicité touchante, transportant les spectateurs devant Troie en flammes. Depuis l'ouverture du théâtre le 22 avril, les Comédiens Français ont représenté vingt-sept tragédies différentes. Les Comédiens Italiens continuent de présenter 'La Servante maîtresse' avec succès, à sa quarantième représentation.
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291
p. 197-203
Extrait d'Anacréon, nouveau Ballet en un Acte, de MM. de Cabusac & Rameau.
Début :
On s'est proposé dans ce ballet de peindre un caractere ; & celui d'Anacréon, le [...]
Mots clefs :
Ballet, Amour, Plaisir
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'Anacréon, nouveau Ballet en un Acte, de MM. de Cabusac & Rameau.
Extrait d'Anacréon , nouveau Ballet en un
Acte , de MM. de Cabufac & Rameau.jį
On s'eft propofé dans ce ballet de peindre
un caractere ; & celui d'Anacréon , le
Poëte des graces & de l'enjouement , n'étoit
pas aifé à développer fur le théâtre lyrique.
Le nom d'Anacréon nous repréſenté
l'idée d'un vieillard , fort aimable à la vé-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rité , mais c'est toujours l'idée d'un vieillard
; & un pareil perfonnage amoureux ,
ou comme le dit M. de C. , jouant fans
celle avec les Amours , touche de bien près
au comique , peut - être même au ridicule.
Il falloit éviter ce premier écueil . On a
mis en scène , à côté même d'Anacréon ,
Batyle , ce perfonnage fi connu dans les
chroniques du Parnaffe . Il étoit indifpenfable
d'imaginer des prétextes honnêtes
qui puffent autorifer une pareille entreprife
, & c'eft ce qu'on a eu l'art de faire
ici , par un ppllaann tthhééaattrraall , qui a tout le mérite
de la difficulté adroitement vaincue .
On fuppofe qu'Anacréon a élevé Batyle
& Chloé , avec tous les foins & la tendreffe
de l'amitié. Ces jeunes enfans inf
truits par cet aimable Maître , faits l'un
pour l'autre , ne fe quittant jamais , s'aiment
, fe le difent , & croyent leur liaiſon
tout-à fait ignorée. Anacréon a facilement
apperçu leur intelligence , il en eft flaté ,
& il s'en amufe. Voici comme il en parle
dans le monologue qui ouvre la fcène .
Myrtes fleuris , naiffant feuillage ,
Où Flore & les Amours ont fixé les zéphirs ;
Berceaux charmans , que votre ombrage
Me promet encor de plaifirs !
Deux cecurs que j'ai formés , qu'un doux penchant
engage ,
Penfent qu'Anacréon ignore leurs foupirs.
DECEMBRE. 1754. 199
D'ici je vois leur trouble , & j'entens leur langage;
J'alarme tour à tour & fate leurs défirs
J'aime à jouir de mon ouvrage ;
Et cet innocent badinage
De l'hyver de mes ans embellit les loifirs.
Une grande fête fe prépare , Chloé &
& Batyle doivent y chanter des vers nouveaux
d'Anacréon ; mais on ignore quel
eft l'objet fecret de tous ces préparatifs :
Chloé arrive pour s'en informer.
Anacreon , qui dans fon monologue a
déja annoncé une partie de fon projet , ne
lui répond que d'une maniere détournée ,
& par des galanteries legeres . Il lui dit enfin
qu'elle eft appellée par l'hymen pour
former une chaîne digne d'elle , & bientôt
après :
En vain le poids des ans me preffe,
Mon coeur n'eft jamais fans defirs ;
Au charme de vos yeux , au feu de ma tendreffe
Je dois ma vie & mes plaifirs.
C'eſt Hébé , fous vos traits , qui me rend la jeu◄
neffe.
Chloé , qui connoît Anacréon , craint
avec raifon que cet hymen ne le regarde :
le vieillard jouit de fon trouble , & pour
l'augmenter , il lui adreffe ce difcours équivoque
en la quittant :
Auprès de cent beautés que j'aimai tour à tour
L'amour a comblé mon attente ;
I iiij
100 MERCURE DE FRANCE.
Mais ce jour eft mon plus beau jour ,
Chloé , j'y veux former une chaîne conſtante ,
Qui de tous fes bienfaits m'acquitte envers l'amour.
Au moment qu'Anacréon fort , Batyle
paroît dans l'enchantement que lui caufent
les vers dont Anacréon l'a chargé pour
la fère qu'on prépare , il apperçoit Chloé ,
& dans fon enthoufiafme , il lui dit :
Ah ma Chloé , daignez entendre
Ce que je chante dans nos jeux.
Et tout de fuite il chante :
» Des zéphirs que Flore rappelle \
» Je voulois chanter le retour.
» Je vis Chloé : qu'elle étoit belle !
» Je ne pus chanter que l'amour.
» Je lui confacrai dès ce jour
>> Tous mes voeux , mes vers , & malyre.
C'est pour Chloé que je refpire ,
Je ne chante qu'elle & l'amour.
Batyle alors tourne fes regards fur elle :
il la voit fondante en larmes ; il frémit. Elle
lui déclare le deffein d'Anacréon . Les vers
que Batyle vient de chanter , le lui confirment
; ceux qu'elle doit chanter elle - même
en font une preuve nouvelle . Ils font en
effet , les uns & les autres , tournés de façon
qu'ils peuvent convenir & à la pofition
qu'ils craignent , & au but fecret d'Anacréon.
Cette fcène vive & touchante eft
DECEMBRE . 1754. 201
interrompue par la fète. La jeuneffe de
Théos environne Anacréon qui joue de fa
lyre , le couronne de rofes , & le pare de
fleurs nouvelles . C'est là qu'on a place
quelques traits de la philofophie aimable
d'Anacréon. Il dit au milieu de cette jeuneffe
, que le plaifir anime :
Mettre à profit tous les inftans
Eft l'unique foin du vrai fage.
11 naît des fleurs dans tous les tems ;
Il eft des plaifirs à tout âge.
Et plus bas ,
Des caprices du fort je crains peu les retours ;
Je jouis du préfent , j'en connois l'avantage.
Je retrouve au déclin de l'âge
Les jeux rians de mes beaux jours.
Livrons au doux plaifir chaque inftant qui nous
refte ,
Et courons au terme funefte ,
En jouant avec les Amours .
Cependant Anacréon ne perd point de
vûe Batyle & Chloé : ils font l'un & l'autre
dans un trouble dont il fe plaît à jouir.
Tous ces préparatifs , ces fleurs dont on le
pare , les vers qu'ils font chargés de chanter
, leur infpirent des alarmes qu'il redouble
en preffant Chloé de commencer .
Il y a dans cet endroit une fcène de trèspeu
de vers , tendre & badine de la part
d'Anacréon , théatrale & naïve de la part
Iy
202 MERCURE DE FRANCE
des deux jeunes amans , qui conduit enfin
à l'explication fuivante.
Anacréon.
J'ai voulu quelque tems jouir de vos foupirs.
Rendre heureux ce qu'on aime eft l'amour de mor
âge.
Qu'a former vos deux coeurs j'ai goûté de plaifirs !
Mais c'eſt en comblant vos defirs
Que je couronne mon ouvrage.
En chantant les derniers vers , il les unit;
& ce dénouement heureux eft fuivi d'un
divertiffement auffi neuf que faillant.
La Ferme du fond s'ouvre. Une terraffe
qui forme un fecond théâtre eft remplie
de jeunes Danfeurs qui fuivent les mouvemens
du ballet qu'on voit fur le devant
du théatre. Cette fète eft formée par une
troupe de jeunes Théoniens , qui repréfentent
une orgie galante . Le ballet , dans lequel
on a vû fucceffivement des pas de 2 , de
3 , de 4 , & de 7 , fort ingénieux , & trèsgais
, fans ceffer d'être nobles , eft pour la
mufique & la danfe , de la plus forte & de
la plus agréable compofition , & il eft terminé
par un choeur de bacchanales , digne
de la réputation de M. Rameau. Ce font
MM. de Chaffé & Jeliote qui ont rempli
les rolles d'Anacréon & de Batyle. Mile
Fel étoit chargée de celui de Chloé.
Le 26 , Anacréon fut donné
pour
la for
DECEMBRE . 1754 203
-
conde fois avec Cenie , comédie de Mad.
de Graffigni ; & le 29 l'Opéra , fans avoir
befoin d'une plus longue préparation , repréfenta
pour la premiere fois Daphnis &
Alcimadure , paftorale Languedocienne ,
en trois actes , précédée d'un prologue.
Acte , de MM. de Cabufac & Rameau.jį
On s'eft propofé dans ce ballet de peindre
un caractere ; & celui d'Anacréon , le
Poëte des graces & de l'enjouement , n'étoit
pas aifé à développer fur le théâtre lyrique.
Le nom d'Anacréon nous repréſenté
l'idée d'un vieillard , fort aimable à la vé-
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rité , mais c'est toujours l'idée d'un vieillard
; & un pareil perfonnage amoureux ,
ou comme le dit M. de C. , jouant fans
celle avec les Amours , touche de bien près
au comique , peut - être même au ridicule.
Il falloit éviter ce premier écueil . On a
mis en scène , à côté même d'Anacréon ,
Batyle , ce perfonnage fi connu dans les
chroniques du Parnaffe . Il étoit indifpenfable
d'imaginer des prétextes honnêtes
qui puffent autorifer une pareille entreprife
, & c'eft ce qu'on a eu l'art de faire
ici , par un ppllaann tthhééaattrraall , qui a tout le mérite
de la difficulté adroitement vaincue .
On fuppofe qu'Anacréon a élevé Batyle
& Chloé , avec tous les foins & la tendreffe
de l'amitié. Ces jeunes enfans inf
truits par cet aimable Maître , faits l'un
pour l'autre , ne fe quittant jamais , s'aiment
, fe le difent , & croyent leur liaiſon
tout-à fait ignorée. Anacréon a facilement
apperçu leur intelligence , il en eft flaté ,
& il s'en amufe. Voici comme il en parle
dans le monologue qui ouvre la fcène .
Myrtes fleuris , naiffant feuillage ,
Où Flore & les Amours ont fixé les zéphirs ;
Berceaux charmans , que votre ombrage
Me promet encor de plaifirs !
Deux cecurs que j'ai formés , qu'un doux penchant
engage ,
Penfent qu'Anacréon ignore leurs foupirs.
DECEMBRE. 1754. 199
D'ici je vois leur trouble , & j'entens leur langage;
J'alarme tour à tour & fate leurs défirs
J'aime à jouir de mon ouvrage ;
Et cet innocent badinage
De l'hyver de mes ans embellit les loifirs.
Une grande fête fe prépare , Chloé &
& Batyle doivent y chanter des vers nouveaux
d'Anacréon ; mais on ignore quel
eft l'objet fecret de tous ces préparatifs :
Chloé arrive pour s'en informer.
Anacreon , qui dans fon monologue a
déja annoncé une partie de fon projet , ne
lui répond que d'une maniere détournée ,
& par des galanteries legeres . Il lui dit enfin
qu'elle eft appellée par l'hymen pour
former une chaîne digne d'elle , & bientôt
après :
En vain le poids des ans me preffe,
Mon coeur n'eft jamais fans defirs ;
Au charme de vos yeux , au feu de ma tendreffe
Je dois ma vie & mes plaifirs.
C'eſt Hébé , fous vos traits , qui me rend la jeu◄
neffe.
Chloé , qui connoît Anacréon , craint
avec raifon que cet hymen ne le regarde :
le vieillard jouit de fon trouble , & pour
l'augmenter , il lui adreffe ce difcours équivoque
en la quittant :
Auprès de cent beautés que j'aimai tour à tour
L'amour a comblé mon attente ;
I iiij
100 MERCURE DE FRANCE.
Mais ce jour eft mon plus beau jour ,
Chloé , j'y veux former une chaîne conſtante ,
Qui de tous fes bienfaits m'acquitte envers l'amour.
Au moment qu'Anacréon fort , Batyle
paroît dans l'enchantement que lui caufent
les vers dont Anacréon l'a chargé pour
la fère qu'on prépare , il apperçoit Chloé ,
& dans fon enthoufiafme , il lui dit :
Ah ma Chloé , daignez entendre
Ce que je chante dans nos jeux.
Et tout de fuite il chante :
» Des zéphirs que Flore rappelle \
» Je voulois chanter le retour.
» Je vis Chloé : qu'elle étoit belle !
» Je ne pus chanter que l'amour.
» Je lui confacrai dès ce jour
>> Tous mes voeux , mes vers , & malyre.
C'est pour Chloé que je refpire ,
Je ne chante qu'elle & l'amour.
Batyle alors tourne fes regards fur elle :
il la voit fondante en larmes ; il frémit. Elle
lui déclare le deffein d'Anacréon . Les vers
que Batyle vient de chanter , le lui confirment
; ceux qu'elle doit chanter elle - même
en font une preuve nouvelle . Ils font en
effet , les uns & les autres , tournés de façon
qu'ils peuvent convenir & à la pofition
qu'ils craignent , & au but fecret d'Anacréon.
Cette fcène vive & touchante eft
DECEMBRE . 1754. 201
interrompue par la fète. La jeuneffe de
Théos environne Anacréon qui joue de fa
lyre , le couronne de rofes , & le pare de
fleurs nouvelles . C'est là qu'on a place
quelques traits de la philofophie aimable
d'Anacréon. Il dit au milieu de cette jeuneffe
, que le plaifir anime :
Mettre à profit tous les inftans
Eft l'unique foin du vrai fage.
11 naît des fleurs dans tous les tems ;
Il eft des plaifirs à tout âge.
Et plus bas ,
Des caprices du fort je crains peu les retours ;
Je jouis du préfent , j'en connois l'avantage.
Je retrouve au déclin de l'âge
Les jeux rians de mes beaux jours.
Livrons au doux plaifir chaque inftant qui nous
refte ,
Et courons au terme funefte ,
En jouant avec les Amours .
Cependant Anacréon ne perd point de
vûe Batyle & Chloé : ils font l'un & l'autre
dans un trouble dont il fe plaît à jouir.
Tous ces préparatifs , ces fleurs dont on le
pare , les vers qu'ils font chargés de chanter
, leur infpirent des alarmes qu'il redouble
en preffant Chloé de commencer .
Il y a dans cet endroit une fcène de trèspeu
de vers , tendre & badine de la part
d'Anacréon , théatrale & naïve de la part
Iy
202 MERCURE DE FRANCE
des deux jeunes amans , qui conduit enfin
à l'explication fuivante.
Anacréon.
J'ai voulu quelque tems jouir de vos foupirs.
Rendre heureux ce qu'on aime eft l'amour de mor
âge.
Qu'a former vos deux coeurs j'ai goûté de plaifirs !
Mais c'eſt en comblant vos defirs
Que je couronne mon ouvrage.
En chantant les derniers vers , il les unit;
& ce dénouement heureux eft fuivi d'un
divertiffement auffi neuf que faillant.
La Ferme du fond s'ouvre. Une terraffe
qui forme un fecond théâtre eft remplie
de jeunes Danfeurs qui fuivent les mouvemens
du ballet qu'on voit fur le devant
du théatre. Cette fète eft formée par une
troupe de jeunes Théoniens , qui repréfentent
une orgie galante . Le ballet , dans lequel
on a vû fucceffivement des pas de 2 , de
3 , de 4 , & de 7 , fort ingénieux , & trèsgais
, fans ceffer d'être nobles , eft pour la
mufique & la danfe , de la plus forte & de
la plus agréable compofition , & il eft terminé
par un choeur de bacchanales , digne
de la réputation de M. Rameau. Ce font
MM. de Chaffé & Jeliote qui ont rempli
les rolles d'Anacréon & de Batyle. Mile
Fel étoit chargée de celui de Chloé.
Le 26 , Anacréon fut donné
pour
la for
DECEMBRE . 1754 203
-
conde fois avec Cenie , comédie de Mad.
de Graffigni ; & le 29 l'Opéra , fans avoir
befoin d'une plus longue préparation , repréfenta
pour la premiere fois Daphnis &
Alcimadure , paftorale Languedocienne ,
en trois actes , précédée d'un prologue.
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Résumé : Extrait d'Anacréon, nouveau Ballet en un Acte, de MM. de Cabusac & Rameau.
Le ballet 'Anacréon', créé par MM. de Cabufac et Rameau, met en scène Anacréon, un poète connu pour ses grâces et son enjouement. Pour éviter les aspects comiques ou ridicules d'un vieillard amoureux, les auteurs introduisent Batyle et Chloé, deux jeunes personnes élevés par Anacréon et secrètement amoureux l'un de l'autre. Anacréon, conscient de leur amour, décide de les unir. L'intrigue se déroule lors d'une grande fête où Chloé et Batyle doivent chanter des vers d'Anacréon. Par des monologues et des discours équivoques, Anacréon laisse entendre à Chloé qu'elle est destinée à un hymen, augmentant ainsi son trouble. Batyle, en chantant les vers d'Anacréon, révèle involontairement ses sentiments à Chloé. La fête est interrompue par des danses et des chants, durant lesquels Anacréon exprime sa philosophie de jouir du présent et de profiter de chaque instant. Finalement, Anacréon révèle son plan de les unir, comblant ainsi leurs désirs. Le ballet se termine par un divertissement avec des danses et des chants, mettant en scène des jeunes Théoniens dans une orgie galante. Les rôles principaux sont interprétés par MM. de Chaffé et Jeliote, ainsi que Mlle Fel. Le ballet a été représenté pour la première fois le 26 décembre 1754, suivi de la pastorale 'Daphnis et Alcimadure' le 29 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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292
p. 203-211
Extrait de Daphnis & Alcimadure.
Début :
Cet opéra nouveau nous rappelle le premier âge en France des lettres & des arts. [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Coeur, Prologue, Langage, Chants, Peuple, Divertissement
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texteReconnaissance textuelle : Extrait de Daphnis & Alcimadure.
Extrait de Daphnis & Alcimadure.
Cet opéra nouveau nous rappelle le premier
âge en France des lettres & des arts.
M. Mondonville , poëte tout à la fois &.
muficien , eft l'auteur des paroles & de
la mufique tels étoient autrefois nos fameux
Troubadours.
La paftorale eft écrite en langage Tou-,
loufain , le prologue l'eft en notre langue.
L'inftitution des Jeux Floraux , que nous,
devons à Clémence Ifaure , eft le fujet du
prologue , & ce perfonnage eft le feul
chantant qui y paroiffe. Ifaure eft entourée
de peuples , de jardiniers & de jardi
nieres , & elle dit :
Dans ce féjour riant & fortuné
Phébus , Flore & l'Amour ont fixé leur empire
On y voit de leurs mains le printems couronné
Les coeurs font adoucis par l'air qu'on y reſpire.
On n'y craint point la rigueur des hyvers ,
On n'y craint point l'inconftance des belles ;
Nos arbres y font toujours verds ,,
Et nos amans toujours fideles.
Ces chants d'Ifaure très- bien rendus pa
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Mlle Chevalier , & coupés de danſes &
de choeurs , amenent le développement du
projet qu'elle a formé ; elle dit :
Peuples , il faut dans ce beau jour ,
D'un fiécle fi chéri tranſmettre la mémoire ,
Et je veux que des prix couronnent la victoire
De ceux qui fçauront mieux chanter le tendre
amour.
On voit paroître en effet les nobles , formant
une entrée , & portant les différens
prix que la célébre Académie de Toulouſe
diftribue tous les ans. Ifaure enfuite propofe
de retracer en langage du pays , les
amours de Daphnis & d'Alcimadure ; elle
dit :
Traçons par quel bonheur
Daphnis fçut attendrir la fiere Alcimadure :
De leur fimplicité la naïve peinture
Eft l'image de notre coeur ..
Les peuples lui répondent par des chants
de triomphe & d'allégreffe , & c'eft ainfi
que finit d'une maniere fort noble ce joli
prologue.
La Paftorale roule fur trois acteurs :
Daphnis , qui aime Alcimadure ; celle - ci
qui n'aime encore rien , & qui s'eft dé cidée
pour fuir toujours l'amour ; & Jean net
fon frere , perfonnage toujours gai , qui
prend vivement les intérêts de fa foeur
qui cherche en s'amufant à lui ménager un
&
DECEMBRE . 1754. 205
établiffement qu'il croit fort convenable.
Daphnis en fe montrant , développe la
fituation de fon ame par un monologue ,
dont le chant peint fort bien la tendreffe
naïve des paroles.
Hélas ! pauret que farey jou !
Tant m'a blaffat l'ou Dion d'amou.
Defpey que l'el d'Alcimadouro
A dedins mon cor amourous
Allucat milo fougairous ,
Souffri la peno la pu duro.
Hélas ! & c.
Alcimadure paroît , & il s'éloigne pour
découvrir ce qui l'amene . Voici la maniere
vive dont elle s'anonce.
Gazouillats , auzelets , à l'umbro del feuillatge ;
Quant bous fiulats moun cor es encantat.
Entendi bé qué din boftré lengatgé .
Bous célébrats la libertat .
El' es lou plazé de ma bido ,
Car y ou la canti coumo bous.
Tabé fan ceflo èlo mé crido
Qu'elo foulo pot rend' huroux .
Après cette ariette d'un chant léger &
très-agréable , Daphnis paroît , & ces deux
perfonnages foutiennent dans la fcene , l'un
le ton de la tendreffe , l'autre le ton de
gaieté que leurs monologues avoient annoncé.
Daphnis y déclare fon amour ; Alcimadure
l'écoute fans le croire , elle le
206 MERCURE DE FRANCE.
rebute même , & paroît refolue à le fuir ,
mais il l'arrête en lui propofant une petite
fête où l'on doit danfer pour elle , & court
chercher les bergers du village pour la lui
donner. Jeannet , frere d'Alcimadure , arrive
alors ; elle lui fait confidence d'un
amour dont elle fe feroit bien paffée. Il combat
cette répugnance , & trouve Daphnis
un parti fortable ; mais Alcimadure n'entend
point raifon fur ce point ; elle dit :
L'ou plazé de la bido
A cos la gayetat ;
E quand on fe marido
On perdla libertat ..
Et plus bas.
Nou boli pas douna moun cor
A qui pot de reni boulatgé.
Qui fe contento de fon for
Nou defiro res dabantagé.
Jeannet infifte , & il fe propofe s'il
rencontre Daphnis dont il n'eft pas connu ,
de l'éprouver fi bien , qu'il ne lui fera pas
poffible de le tromper . Alors le divertiffement
annoncé dans la fcene précédente
arrive. Il eft compofé de bergers & de
bergeres, & les chants qui coupent la danfe
font tous adroitement placés dans la bouche
de Daphnis , & relatifs à la fituation
de fon coeur.-
་
DECEMBRE . 1754. 207
Qui bey la bello Alcimaduro
Bey l'aftré lou pu bel ;
Per charma touto la naturo
Nou li cal qu'un cop d'el.
Per aquelo Benus noubelo
On bey lous amours enfantets
Boultija fan ceffo après elo
Coumo une troupo d'auzelets.
Cette jolie chanfon eft bientôt fuivie
d'une autre , qui peint une image tout auffi
agréable.
Bezets Pourmel per las flouretos
Boulega fous jouinés ramels.
Efcoutats des pichots auzels
Las amouroufos canfounetos.
Per tout charma lou Diu nenet
Tiro fan ceffo de l'arquet.
N'oublido res dins la naturo ,
Hormis lou cor d'Alcimaduro .
Daphnis ne fe laffe point de chanter
l'amour. Ce refrein paroît déplaire à Alcimadure
; elle interrompt brufquement la
fête , & prend pour prétexte qu'elle eft
obligée d'aller joindre fon frere , ce qui
termine le premier acte.
Le ſecond débute par une troupe de vil
lageois conduits par Jeannet , armés pour
une chaffe au loup. Iis s'animent par un
choeur brillant à la chaffe qu'ils doivent
faire , & Jeannet les renvoye après , en
leur difant fierement de l'avertir lofqu'it
208 MERCURE DE FRANCE.
faudra commencer d'entrer en danfe . Avec
les armes qu'il porte , il fe flate d'en impofer
affez à Daphnis pour éprouver fon
amour , & il fe propofe de le fervir auprès
de fa foeur , s'il le trouve fidéle . Daphnis
paroît ; l'explication fe fait par des difcours
naïfs de la part de l'un , & par des bravades
de la part de l'autre . M. M. pour varier
, a voulu jetter du comique dans ce
perfonnage fort bien chanté par M. Delatour.
Sur ce que Daphnis lui dit des
rigueurs qu'il éprouve , il lui répond :
On pot , quand on es malhuroux ,
Se difpenfa d'eftré fidelo .
'Anats , benets , paffejats bous ,
Arpentats coulinos , montagnos ;
Per eftr' encaro pus hurous
Fazets tres ou quatré campagnos.
Daphnis lui réplique :
A qué tout aquo ferbira ,
Per-tout l'amour me ſeguira.
Jeannet fait alors l'étonné. Quoi ! lui
dit-il , vous n'avez jamais vû de batailles ,
de canons , de bombes , &c ?
Daphnis.
Ni lous clarins , ni las troumpetos
Nou troublon pas noftrés hamels.
L'écho n'es rébeillat que per noftros muzetos
E lou ramargé des auzels :
DECEMBRE. 1754 209
Lous els fouls de las paftouretos
Blaffoun lou cor des paftourels.
L'éclairciffement arrive enfuite . Jeannet
feint d'être fur le point de fe marier
avec Alcimadure ; on juge de l'effet d'une
pareille confidence fur Daphnis . Il déclare
avec fermeté qu'il aime cette cruelle. Jeannet
veut le forcer à n'y plus penfer ; il
leve le bras & fon épieu pour l'y contraindre
: mais le berger fidele aime mieux mourir
.... Dans ce moment on entend crier
au fecours : c'eft Alcimadure poursuivie
par un loup prêt à la dévorer . Daphnis arrache
des mains de Jeannet , qui s'enfuit ,
l'épieu dont il étoit armé , combat le loup ,
le tue , revient , & trouve Alcimadure
évanouie. Il lui parle , lui dit que le loup eft
mort , & s'efforce de l'attendrir. Elle n'eft
que reconnoiffante & point tendre. Jeannet
furvient pour faire une nouvelle fanfaronade
tout le village le fuit , & il fe
forme alors un divertiffement qui a pour
objet de célébrer la valeur de Daphnis .
Alcimadure & Jeannet , par ce moyen , fe
trouvent chargés de toutes les chanfons
que M. M. y a placées. L'acte finit par le
projet d'aller préfenter Daphnis en triomphe
au Seigneur du village.
Alcimadure ouvre le troifiéme acte par
un monologue , dans lequel fon coeur dif210
MERCURE DE FRANCE.
pute encore contre l'amour. Jeannet qui
arrive , lui apprend qu'il a éprouvé fon
amant , tâche de vaincre fon indifférence
n'y réuffit pas , & fe retire appercevant
Daphnis. Celui ci fait de nouveaux efforts
, il parle de mourir : Alcimadure fe
trouble , & fe plaint d'avoir été quittée
par Jeannet. A ce nom , que Daphnis croit
être celui de fon rival , il fort au defef
poir , bien réfolu de ne plus vivre. C'eft
alors qu'Alcimadure ne fuit plus que les
mouvemens de fon coeur ; fon amour fe
déclare par fes craintes. Jeannet revient ,
& lui affure que Daphnis eft mort. Elle
ne fe poffede plus à cette nouvelle ; elle
part pour aller percer fon fein du même
couteau qui a percé le coeur de fon amant .
Daphnis paroît alors . Le defefpoir
d'Alcimadure fe change en une joie auffi
vive que tendre. Un duo charmant couronne
le plaifir que caufe tout cet acte ,
& un divertiffement formé par les compagnons
de Daphnis & les compagnes d'Alcimadure
, termine fort heureufement cet
ouvrage , qui joint le piquant de la fingularité
aux graces naïves d'un genre toutà-
fait inconnu . Nous avons déja dit la maniere
dont Mr Delatour s'eft acquitté du
rolle de Jeannet ; ceux d'Alcimadure & de
Daphnis ont été rendus par Mlle Fel & Mr
DE CEM BR E.
1754. 211
Jeliote. Ils font fi fupérieurs l'un & l'autre
, lorfqu'ils chantent le François , qu'il
eft aifé de juger du charme de leur voix ,
de la fineffe de leur expreffion , de la
fection de leurs traits , en rendant le langage
du pays riant auquel nous devons
leur naiffance.
Cet opéra nouveau nous rappelle le premier
âge en France des lettres & des arts.
M. Mondonville , poëte tout à la fois &.
muficien , eft l'auteur des paroles & de
la mufique tels étoient autrefois nos fameux
Troubadours.
La paftorale eft écrite en langage Tou-,
loufain , le prologue l'eft en notre langue.
L'inftitution des Jeux Floraux , que nous,
devons à Clémence Ifaure , eft le fujet du
prologue , & ce perfonnage eft le feul
chantant qui y paroiffe. Ifaure eft entourée
de peuples , de jardiniers & de jardi
nieres , & elle dit :
Dans ce féjour riant & fortuné
Phébus , Flore & l'Amour ont fixé leur empire
On y voit de leurs mains le printems couronné
Les coeurs font adoucis par l'air qu'on y reſpire.
On n'y craint point la rigueur des hyvers ,
On n'y craint point l'inconftance des belles ;
Nos arbres y font toujours verds ,,
Et nos amans toujours fideles.
Ces chants d'Ifaure très- bien rendus pa
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Mlle Chevalier , & coupés de danſes &
de choeurs , amenent le développement du
projet qu'elle a formé ; elle dit :
Peuples , il faut dans ce beau jour ,
D'un fiécle fi chéri tranſmettre la mémoire ,
Et je veux que des prix couronnent la victoire
De ceux qui fçauront mieux chanter le tendre
amour.
On voit paroître en effet les nobles , formant
une entrée , & portant les différens
prix que la célébre Académie de Toulouſe
diftribue tous les ans. Ifaure enfuite propofe
de retracer en langage du pays , les
amours de Daphnis & d'Alcimadure ; elle
dit :
Traçons par quel bonheur
Daphnis fçut attendrir la fiere Alcimadure :
De leur fimplicité la naïve peinture
Eft l'image de notre coeur ..
Les peuples lui répondent par des chants
de triomphe & d'allégreffe , & c'eft ainfi
que finit d'une maniere fort noble ce joli
prologue.
La Paftorale roule fur trois acteurs :
Daphnis , qui aime Alcimadure ; celle - ci
qui n'aime encore rien , & qui s'eft dé cidée
pour fuir toujours l'amour ; & Jean net
fon frere , perfonnage toujours gai , qui
prend vivement les intérêts de fa foeur
qui cherche en s'amufant à lui ménager un
&
DECEMBRE . 1754. 205
établiffement qu'il croit fort convenable.
Daphnis en fe montrant , développe la
fituation de fon ame par un monologue ,
dont le chant peint fort bien la tendreffe
naïve des paroles.
Hélas ! pauret que farey jou !
Tant m'a blaffat l'ou Dion d'amou.
Defpey que l'el d'Alcimadouro
A dedins mon cor amourous
Allucat milo fougairous ,
Souffri la peno la pu duro.
Hélas ! & c.
Alcimadure paroît , & il s'éloigne pour
découvrir ce qui l'amene . Voici la maniere
vive dont elle s'anonce.
Gazouillats , auzelets , à l'umbro del feuillatge ;
Quant bous fiulats moun cor es encantat.
Entendi bé qué din boftré lengatgé .
Bous célébrats la libertat .
El' es lou plazé de ma bido ,
Car y ou la canti coumo bous.
Tabé fan ceflo èlo mé crido
Qu'elo foulo pot rend' huroux .
Après cette ariette d'un chant léger &
très-agréable , Daphnis paroît , & ces deux
perfonnages foutiennent dans la fcene , l'un
le ton de la tendreffe , l'autre le ton de
gaieté que leurs monologues avoient annoncé.
Daphnis y déclare fon amour ; Alcimadure
l'écoute fans le croire , elle le
206 MERCURE DE FRANCE.
rebute même , & paroît refolue à le fuir ,
mais il l'arrête en lui propofant une petite
fête où l'on doit danfer pour elle , & court
chercher les bergers du village pour la lui
donner. Jeannet , frere d'Alcimadure , arrive
alors ; elle lui fait confidence d'un
amour dont elle fe feroit bien paffée. Il combat
cette répugnance , & trouve Daphnis
un parti fortable ; mais Alcimadure n'entend
point raifon fur ce point ; elle dit :
L'ou plazé de la bido
A cos la gayetat ;
E quand on fe marido
On perdla libertat ..
Et plus bas.
Nou boli pas douna moun cor
A qui pot de reni boulatgé.
Qui fe contento de fon for
Nou defiro res dabantagé.
Jeannet infifte , & il fe propofe s'il
rencontre Daphnis dont il n'eft pas connu ,
de l'éprouver fi bien , qu'il ne lui fera pas
poffible de le tromper . Alors le divertiffement
annoncé dans la fcene précédente
arrive. Il eft compofé de bergers & de
bergeres, & les chants qui coupent la danfe
font tous adroitement placés dans la bouche
de Daphnis , & relatifs à la fituation
de fon coeur.-
་
DECEMBRE . 1754. 207
Qui bey la bello Alcimaduro
Bey l'aftré lou pu bel ;
Per charma touto la naturo
Nou li cal qu'un cop d'el.
Per aquelo Benus noubelo
On bey lous amours enfantets
Boultija fan ceffo après elo
Coumo une troupo d'auzelets.
Cette jolie chanfon eft bientôt fuivie
d'une autre , qui peint une image tout auffi
agréable.
Bezets Pourmel per las flouretos
Boulega fous jouinés ramels.
Efcoutats des pichots auzels
Las amouroufos canfounetos.
Per tout charma lou Diu nenet
Tiro fan ceffo de l'arquet.
N'oublido res dins la naturo ,
Hormis lou cor d'Alcimaduro .
Daphnis ne fe laffe point de chanter
l'amour. Ce refrein paroît déplaire à Alcimadure
; elle interrompt brufquement la
fête , & prend pour prétexte qu'elle eft
obligée d'aller joindre fon frere , ce qui
termine le premier acte.
Le ſecond débute par une troupe de vil
lageois conduits par Jeannet , armés pour
une chaffe au loup. Iis s'animent par un
choeur brillant à la chaffe qu'ils doivent
faire , & Jeannet les renvoye après , en
leur difant fierement de l'avertir lofqu'it
208 MERCURE DE FRANCE.
faudra commencer d'entrer en danfe . Avec
les armes qu'il porte , il fe flate d'en impofer
affez à Daphnis pour éprouver fon
amour , & il fe propofe de le fervir auprès
de fa foeur , s'il le trouve fidéle . Daphnis
paroît ; l'explication fe fait par des difcours
naïfs de la part de l'un , & par des bravades
de la part de l'autre . M. M. pour varier
, a voulu jetter du comique dans ce
perfonnage fort bien chanté par M. Delatour.
Sur ce que Daphnis lui dit des
rigueurs qu'il éprouve , il lui répond :
On pot , quand on es malhuroux ,
Se difpenfa d'eftré fidelo .
'Anats , benets , paffejats bous ,
Arpentats coulinos , montagnos ;
Per eftr' encaro pus hurous
Fazets tres ou quatré campagnos.
Daphnis lui réplique :
A qué tout aquo ferbira ,
Per-tout l'amour me ſeguira.
Jeannet fait alors l'étonné. Quoi ! lui
dit-il , vous n'avez jamais vû de batailles ,
de canons , de bombes , &c ?
Daphnis.
Ni lous clarins , ni las troumpetos
Nou troublon pas noftrés hamels.
L'écho n'es rébeillat que per noftros muzetos
E lou ramargé des auzels :
DECEMBRE. 1754 209
Lous els fouls de las paftouretos
Blaffoun lou cor des paftourels.
L'éclairciffement arrive enfuite . Jeannet
feint d'être fur le point de fe marier
avec Alcimadure ; on juge de l'effet d'une
pareille confidence fur Daphnis . Il déclare
avec fermeté qu'il aime cette cruelle. Jeannet
veut le forcer à n'y plus penfer ; il
leve le bras & fon épieu pour l'y contraindre
: mais le berger fidele aime mieux mourir
.... Dans ce moment on entend crier
au fecours : c'eft Alcimadure poursuivie
par un loup prêt à la dévorer . Daphnis arrache
des mains de Jeannet , qui s'enfuit ,
l'épieu dont il étoit armé , combat le loup ,
le tue , revient , & trouve Alcimadure
évanouie. Il lui parle , lui dit que le loup eft
mort , & s'efforce de l'attendrir. Elle n'eft
que reconnoiffante & point tendre. Jeannet
furvient pour faire une nouvelle fanfaronade
tout le village le fuit , & il fe
forme alors un divertiffement qui a pour
objet de célébrer la valeur de Daphnis .
Alcimadure & Jeannet , par ce moyen , fe
trouvent chargés de toutes les chanfons
que M. M. y a placées. L'acte finit par le
projet d'aller préfenter Daphnis en triomphe
au Seigneur du village.
Alcimadure ouvre le troifiéme acte par
un monologue , dans lequel fon coeur dif210
MERCURE DE FRANCE.
pute encore contre l'amour. Jeannet qui
arrive , lui apprend qu'il a éprouvé fon
amant , tâche de vaincre fon indifférence
n'y réuffit pas , & fe retire appercevant
Daphnis. Celui ci fait de nouveaux efforts
, il parle de mourir : Alcimadure fe
trouble , & fe plaint d'avoir été quittée
par Jeannet. A ce nom , que Daphnis croit
être celui de fon rival , il fort au defef
poir , bien réfolu de ne plus vivre. C'eft
alors qu'Alcimadure ne fuit plus que les
mouvemens de fon coeur ; fon amour fe
déclare par fes craintes. Jeannet revient ,
& lui affure que Daphnis eft mort. Elle
ne fe poffede plus à cette nouvelle ; elle
part pour aller percer fon fein du même
couteau qui a percé le coeur de fon amant .
Daphnis paroît alors . Le defefpoir
d'Alcimadure fe change en une joie auffi
vive que tendre. Un duo charmant couronne
le plaifir que caufe tout cet acte ,
& un divertiffement formé par les compagnons
de Daphnis & les compagnes d'Alcimadure
, termine fort heureufement cet
ouvrage , qui joint le piquant de la fingularité
aux graces naïves d'un genre toutà-
fait inconnu . Nous avons déja dit la maniere
dont Mr Delatour s'eft acquitté du
rolle de Jeannet ; ceux d'Alcimadure & de
Daphnis ont été rendus par Mlle Fel & Mr
DE CEM BR E.
1754. 211
Jeliote. Ils font fi fupérieurs l'un & l'autre
, lorfqu'ils chantent le François , qu'il
eft aifé de juger du charme de leur voix ,
de la fineffe de leur expreffion , de la
fection de leurs traits , en rendant le langage
du pays riant auquel nous devons
leur naiffance.
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Résumé : Extrait de Daphnis & Alcimadure.
L'opéra 'Daphnis & Alcimadure' de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville illustre le premier âge des lettres et des arts en France. Mondonville, à la fois poète et musicien, en est l'auteur des paroles et de la musique, s'inspirant des troubadours d'antan. La pastorale est écrite en langage toulousain, tandis que le prologue est en français. Ce prologue célèbre l'institution des Jeux Floraux, fondée par Clémence Isaure, et la met en scène entourée de peuples, de jardiniers et de jardinières. Clémence Isaure propose de célébrer l'amour à travers des concours de chant et de poésie. L'intrigue se concentre sur trois personnages principaux : Daphnis, amoureux d'Alcimadure, Alcimadure, qui refuse l'amour, et Jeannet, le frère d'Alcimadure, toujours gai et bienveillant. Daphnis exprime son amour pour Alcimadure, qui le repousse initialement. Jeannet tente de convaincre Alcimadure des qualités de Daphnis, mais elle reste réticente, préférant sa liberté. Une fête est organisée, durant laquelle Daphnis chante son amour. Alcimadure interrompt la fête, prétextant devoir rejoindre son frère. Dans le second acte, Jeannet et des villageois partent chasser le loup. Jeannet rencontre Daphnis et le défie, mais finit par reconnaître la sincérité de son amour. Alcimadure est attaquée par un loup, et Daphnis la sauve. Le village célèbre alors la bravoure de Daphnis. Dans le troisième acte, Alcimadure lutte contre ses sentiments amoureux. Jeannet révèle à Alcimadure que Daphnis est mort, la poussant à vouloir se suicider. Daphnis réapparaît, et Alcimadure, folle de joie, lui avoue son amour. Un duo charmant et un divertissement final concluent l'opéra, mettant en scène les compagnons de Daphnis et les compagnes d'Alcimadure. Les rôles de Jeannet, Alcimadure et Daphnis sont interprétés par des artistes dont les performances sont saluées pour leur charme et leur authenticité.
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293
p. 211-215
« Le lendemain 30 Octobre, la Comédie Françoise représenta Cinna, de P. Corneille [...] »
Début :
Le lendemain 30 Octobre, la Comédie Françoise représenta Cinna, de P. Corneille [...]
Mots clefs :
Comédie-Française, Opéra
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texteReconnaissance textuelle : « Le lendemain 30 Octobre, la Comédie Françoise représenta Cinna, de P. Corneille [...] »
Le lendemain 30 Octobre , la Comédie
Françoife repréfenta Cinna , de P. Corneille
; & le Fat puni , petite piece , en un acte
& en profe de M ****
Les Fêtes de la Touffaint
fufpendirent
pour peu de jours le cours de tous ces brillans
fpectacles . On le reprit le 4 Novembre
, par une feconde
repréſentation d'Alcimadure
, dans laquelle on chanta deux
fois le duo du dernier acte , ainfi que la
Cour avoit paru le defirer .
Le 7 , c'est- à-dire après deux jours d'intervalle
feulement , on repréſenta Alcefte
ou le Triomphe d'Alcide , un des plus beaux
Opéra de Quinault & de Lulli.
du
Cet ouvrage a un mérite qui lui eft
propre
, & qui lui avoit toujours été contraire.
On ne l'avoit gueres envisagé que
côté du tendre intérêt dont il eft rempli ,
fans s'appercevoir que Quinault avoit en
le deffein d'en faire un chef- d'oeuvre de
grand fpectacle. Ainfi , foit défaut de goût ,
foit économie mal raiſonnée , les différens
212 MERCURE DE FRANCE.
objets que ce bel Opéra raffemble n'avoient
point encore été foignés avec l'habileté
qu'ils exigent , on en avoit toujours
négligé certaines parties ; celles qui dans
l'exécution avoient paru trop difficiles
avoient été mutilées ; quelques autres qui
demandent de la dépenſe , avoient été fupprimées
; d'autres enfin , telles que le Siége
de Scyros , n'avoient été rendues que
d'une maniere ou peu noble ou ridicule .
Les fautes paffées ont été réparées cette
année , & ce bel Opéra a été enfin exécuté
, comme Quinault auroit mérité de le
voir & de l'entendre.
L'orage fufcité par Thétis & calmé par Eole
, traité en grand ; le fiége de Scyros formé
de plufieurs belles manoeuvres de guerre
des anciens , conduit avec art, exécuté avec
chaleur ; les fleuves des enfers & la barque
à Caron préfentés fous des couleurs impofantes
, qui ennobliffoient par un chef.
d'oeuvre de l'art cette fituation hazardée ;
le paffage rapide du rivage fombre au palais
éclatant de Pluton ; les rideaux du fond
prolongeant toujours les perfpectives ; une
derniere décoration de génie , les ballets
animés de tout ce que la danfe peut fournir
de plus pittorefque & de plus brillant ,
la magnificence & la variété des habits ,
le jeu exact des machines , l'accord furDECEMBRE.
1754 213
prenant d'une foule d'exécutans en fousordre
, l'expreffion , les talens marqués &
le feu des premiers acteurs , tout s'eft réuni
pour faire d'Alcefte le fpectacle le mieux
ordonné & le plus étonnant qui eût encore
paru fur les théatres de la nation .
Mile Chevalier & Mile Fel repréſentoient
les rolles d'Alcefte & de Céphife.
Mr de Chaffé , celui d'Alcide ; & Mr Jéliote
, celui d'Admete .
Le lendemain de cette repréſentation
brillante , les Comédiens François donnerent
le Complaifant , Comédie en cinq actes
en profe , du même auteur que celle du
Fat puni ; & l'Impromptu de campagne , de
Poiffon.
Le 9 , l'Opéra repréfenta une feconde
fois Alcefte , avec cet enſemble admirable
dont on avoit été frappé à la premiere repréfentation
; auffi le fuccès fut- il égal . Ik
auroit été plus grand , s'il avoit
tre.
pu croî
On préparoit cependant l'Opéra de Thétis
, qui avoit été demandé quelques jours
auparavant. Rien n'eft impoffible au vrai
zéle ; car après que le 12 , la Comédie
Françoiſe eut repréfenté Amalazonte , Tra→
gédie de M. le Marquis de Ximenès , & le
Préjugé vaincu , petite Comédie de Mr
de Marivaux , on prit deux jours pour l'ar
214 MERCURE DE FRANCE.
rangement du théatre ; & le 14 Thétis &
Pélée , Opéra de M. de Fontenelle & de
Colaffe , fut repréſenté avec tout fon fpectacle
, comme ſi on avoit eu beaucoup
de tems pour le préparer . La fcene du fecond
acte dans laquelle le tonnerre , s'il
eft permis de s'exprimer ainfi , joue un fi
beau rolle , n'a jamais peut- être été rendue
avec tant de feu , de précifion & de
tendreffe , qu'elle le fut par Mlle Chevalier
& Mr Jéliore. Les principaux rolles
de cet Opéra furent exécutés ; fçavoir ,
Thétis par Mlle Chevalier , Doris par
Mlle Fel , Jupiter par Mr Gelin , Neptune
par Mr de Chaffé , & Pélée par Mr
Jéliote .
Le is , la Comédie Françoife repréfenta
les Debors trompeurs , Comédie en vers ,
en cinqactes , de Mr de Boiffy ; & le Mariage
fait & rompu , Comédie en vers , en
trois actes , de Dufrefni ; & le 16 l'Opéra
fit la clôture du théatre par une feconde
repréſentation de Thétis & Pélée , dont
l'exécution fut auffi agréable que la premiere
.
..MM. Slodtz , de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture , Décorateurs des
théatres de S. M , ont été les Décorateurs
de tous ces fpectacles.
Mr. Arnoult Machiniſte du Roi , a
7
DECEMBRE.
1754. 215
conftruit & fait jouer les belles machines
qu'on y a vûes.
Mr de Laval , Compofiteur des ballets
de S. M , a fait les ballets des cinq premiers
Opéras ; & Mr de Laval fon fils eft
entré pour moitié dans la compofition de
ceux de Thétis .
MM . Rebel & Francoeur , Surintendans
de la Mufique du Roi , qui ont fait le
choix des differens morceaux de chant ou
de fymphonies dont on a embelli les ouvrages
anciens , étoient chargés de l'exécution.
Tous ces différens fpectacles ont été ordonnés
par M. le Duc d'Aumont , premier
Gentilhomme de la Chambre de S. M , en
exercice ; & conduits par les foins de M.
Blondel de Gagny , Intendant des menus
plaifirs du Roi , en exercice .
Françoife repréfenta Cinna , de P. Corneille
; & le Fat puni , petite piece , en un acte
& en profe de M ****
Les Fêtes de la Touffaint
fufpendirent
pour peu de jours le cours de tous ces brillans
fpectacles . On le reprit le 4 Novembre
, par une feconde
repréſentation d'Alcimadure
, dans laquelle on chanta deux
fois le duo du dernier acte , ainfi que la
Cour avoit paru le defirer .
Le 7 , c'est- à-dire après deux jours d'intervalle
feulement , on repréſenta Alcefte
ou le Triomphe d'Alcide , un des plus beaux
Opéra de Quinault & de Lulli.
du
Cet ouvrage a un mérite qui lui eft
propre
, & qui lui avoit toujours été contraire.
On ne l'avoit gueres envisagé que
côté du tendre intérêt dont il eft rempli ,
fans s'appercevoir que Quinault avoit en
le deffein d'en faire un chef- d'oeuvre de
grand fpectacle. Ainfi , foit défaut de goût ,
foit économie mal raiſonnée , les différens
212 MERCURE DE FRANCE.
objets que ce bel Opéra raffemble n'avoient
point encore été foignés avec l'habileté
qu'ils exigent , on en avoit toujours
négligé certaines parties ; celles qui dans
l'exécution avoient paru trop difficiles
avoient été mutilées ; quelques autres qui
demandent de la dépenſe , avoient été fupprimées
; d'autres enfin , telles que le Siége
de Scyros , n'avoient été rendues que
d'une maniere ou peu noble ou ridicule .
Les fautes paffées ont été réparées cette
année , & ce bel Opéra a été enfin exécuté
, comme Quinault auroit mérité de le
voir & de l'entendre.
L'orage fufcité par Thétis & calmé par Eole
, traité en grand ; le fiége de Scyros formé
de plufieurs belles manoeuvres de guerre
des anciens , conduit avec art, exécuté avec
chaleur ; les fleuves des enfers & la barque
à Caron préfentés fous des couleurs impofantes
, qui ennobliffoient par un chef.
d'oeuvre de l'art cette fituation hazardée ;
le paffage rapide du rivage fombre au palais
éclatant de Pluton ; les rideaux du fond
prolongeant toujours les perfpectives ; une
derniere décoration de génie , les ballets
animés de tout ce que la danfe peut fournir
de plus pittorefque & de plus brillant ,
la magnificence & la variété des habits ,
le jeu exact des machines , l'accord furDECEMBRE.
1754 213
prenant d'une foule d'exécutans en fousordre
, l'expreffion , les talens marqués &
le feu des premiers acteurs , tout s'eft réuni
pour faire d'Alcefte le fpectacle le mieux
ordonné & le plus étonnant qui eût encore
paru fur les théatres de la nation .
Mile Chevalier & Mile Fel repréſentoient
les rolles d'Alcefte & de Céphife.
Mr de Chaffé , celui d'Alcide ; & Mr Jéliote
, celui d'Admete .
Le lendemain de cette repréſentation
brillante , les Comédiens François donnerent
le Complaifant , Comédie en cinq actes
en profe , du même auteur que celle du
Fat puni ; & l'Impromptu de campagne , de
Poiffon.
Le 9 , l'Opéra repréfenta une feconde
fois Alcefte , avec cet enſemble admirable
dont on avoit été frappé à la premiere repréfentation
; auffi le fuccès fut- il égal . Ik
auroit été plus grand , s'il avoit
tre.
pu croî
On préparoit cependant l'Opéra de Thétis
, qui avoit été demandé quelques jours
auparavant. Rien n'eft impoffible au vrai
zéle ; car après que le 12 , la Comédie
Françoiſe eut repréfenté Amalazonte , Tra→
gédie de M. le Marquis de Ximenès , & le
Préjugé vaincu , petite Comédie de Mr
de Marivaux , on prit deux jours pour l'ar
214 MERCURE DE FRANCE.
rangement du théatre ; & le 14 Thétis &
Pélée , Opéra de M. de Fontenelle & de
Colaffe , fut repréſenté avec tout fon fpectacle
, comme ſi on avoit eu beaucoup
de tems pour le préparer . La fcene du fecond
acte dans laquelle le tonnerre , s'il
eft permis de s'exprimer ainfi , joue un fi
beau rolle , n'a jamais peut- être été rendue
avec tant de feu , de précifion & de
tendreffe , qu'elle le fut par Mlle Chevalier
& Mr Jéliore. Les principaux rolles
de cet Opéra furent exécutés ; fçavoir ,
Thétis par Mlle Chevalier , Doris par
Mlle Fel , Jupiter par Mr Gelin , Neptune
par Mr de Chaffé , & Pélée par Mr
Jéliote .
Le is , la Comédie Françoife repréfenta
les Debors trompeurs , Comédie en vers ,
en cinqactes , de Mr de Boiffy ; & le Mariage
fait & rompu , Comédie en vers , en
trois actes , de Dufrefni ; & le 16 l'Opéra
fit la clôture du théatre par une feconde
repréſentation de Thétis & Pélée , dont
l'exécution fut auffi agréable que la premiere
.
..MM. Slodtz , de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture , Décorateurs des
théatres de S. M , ont été les Décorateurs
de tous ces fpectacles.
Mr. Arnoult Machiniſte du Roi , a
7
DECEMBRE.
1754. 215
conftruit & fait jouer les belles machines
qu'on y a vûes.
Mr de Laval , Compofiteur des ballets
de S. M , a fait les ballets des cinq premiers
Opéras ; & Mr de Laval fon fils eft
entré pour moitié dans la compofition de
ceux de Thétis .
MM . Rebel & Francoeur , Surintendans
de la Mufique du Roi , qui ont fait le
choix des differens morceaux de chant ou
de fymphonies dont on a embelli les ouvrages
anciens , étoient chargés de l'exécution.
Tous ces différens fpectacles ont été ordonnés
par M. le Duc d'Aumont , premier
Gentilhomme de la Chambre de S. M , en
exercice ; & conduits par les foins de M.
Blondel de Gagny , Intendant des menus
plaifirs du Roi , en exercice .
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Résumé : « Le lendemain 30 Octobre, la Comédie Françoise représenta Cinna, de P. Corneille [...] »
Du 30 octobre au 16 décembre 1754, une série de représentations théâtrales et opératiques ont été organisées. Le 30 octobre, la Comédie-Française a présenté 'Cinna' de Pierre Corneille et 'Le Fat puni'. Les festivités de la Toussaint ont interrompu les spectacles pendant quelques jours. Le 4 novembre, 'Alcimadure' a été joué, avec des reprises de duos. Le 7 novembre, 'Alceste ou le Triomphe d'Alcide' de Quinault et Lully a été représenté, avec des améliorations notables dans la mise en scène et les décors. Les acteurs principaux étaient Mlle Chevalier, Mlle Fel, Mr de Chassé et Mr Jéliote. Le 8 novembre, la Comédie-Française a présenté 'Le Complaisant' et 'L'Impromptu de campagne'. Le 9 novembre, 'Alceste' a été rejoué avec le même succès. Le 14 novembre, l'opéra 'Thétis et Pélée' de Fontenelle et Colasse a été représenté, avec une scène du tonnerre particulièrement remarquée. Les 15 et 16 novembre, la Comédie-Française a joué 'Les Dehors trompeurs' et 'Le Mariage fait et rompu', tandis que l'Opéra a clôturé avec une seconde représentation de 'Thétis et Pélée'. Les décorations étaient réalisées par MM. Slodtz, les machines par Mr. Arnoult, et les ballets par Mr. de Laval et son fils. La musique était dirigée par MM. Rebel et Francoeur, sous la supervision de M. le Duc d'Aumont et M. Blondel de Gagny.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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294
p. *188-188
MUSIQUE.
Début :
Le Triomphe des plaisirs, cantatille à voix seule, avec accompagnement de violon [...]
Mots clefs :
Cantatille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE
Le Triomphe des plaifirs , cantatille à
voix feule , avec accompagnement de violon
& baffe continue , compofée par Me
Papavoine , gravée par Me Le Clair , prix
I liv. 4 fols. A Paris chez l'Auteur , rae
Sainte-Anne , butte Saint-Roch ; chez le
fieur Vernadé , rue du Roule , à la Croix
d'or ; le fieur Bayard , rue S. Honoré , à la
Régle d'or ; & chez Mlle Caftagnery , rue
des Prouvaires , à la Muſique royale .
Le Triomphe des plaifirs , cantatille à
voix feule , avec accompagnement de violon
& baffe continue , compofée par Me
Papavoine , gravée par Me Le Clair , prix
I liv. 4 fols. A Paris chez l'Auteur , rae
Sainte-Anne , butte Saint-Roch ; chez le
fieur Vernadé , rue du Roule , à la Croix
d'or ; le fieur Bayard , rue S. Honoré , à la
Régle d'or ; & chez Mlle Caftagnery , rue
des Prouvaires , à la Muſique royale .
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295
p. 193
OPERA.
Début :
L'Académie royale de musique a donné le 3 Décembre la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique, Opéra
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OPERA.
OPERA .
'Académie royale de mufique a donné
le 3 Décembre la premiere repréfentation
de Thefee , qu'elle avoit executé à
Fontainebleau le 18 & le 21 Octobre. Comme
il a paru ici avec moins de magnificence
qu'à la Cour , on lui a fait un accueil trèsinférieur
à fon mérite ; cependant il attire
de nombreuſes affemblées , les Vendredis
fur- tout font très- beaux . Les Dimanches
font moins brillans : on ne le joue que ces
deux jours de la femaine. On a repris
les Elémens le Mardi & le Jeudi , pour
ne pas fatiguer le grand Opéra. Les de ce
mois on doit donner à fa place Daphnis &
Alcimadure , Paftorale Languedocienne
en trois actes , précédée d'un Prologue . Je
n'entrerai dans aucun détail de ces Opera ,
le dernier volume de Décembre a tout dit
fur ce fujer dans l'article des Spectacles de
Fontainebleau .
'Académie royale de mufique a donné
le 3 Décembre la premiere repréfentation
de Thefee , qu'elle avoit executé à
Fontainebleau le 18 & le 21 Octobre. Comme
il a paru ici avec moins de magnificence
qu'à la Cour , on lui a fait un accueil trèsinférieur
à fon mérite ; cependant il attire
de nombreuſes affemblées , les Vendredis
fur- tout font très- beaux . Les Dimanches
font moins brillans : on ne le joue que ces
deux jours de la femaine. On a repris
les Elémens le Mardi & le Jeudi , pour
ne pas fatiguer le grand Opéra. Les de ce
mois on doit donner à fa place Daphnis &
Alcimadure , Paftorale Languedocienne
en trois actes , précédée d'un Prologue . Je
n'entrerai dans aucun détail de ces Opera ,
le dernier volume de Décembre a tout dit
fur ce fujer dans l'article des Spectacles de
Fontainebleau .
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Résumé : OPERA.
L'Académie royale de musique a présenté 'Théée' à Paris le 3 décembre. Cet opéra, déjà joué à Fontainebleau, attire un public nombreux les vendredis et dimanches. Pour éviter la fatigue du public, 'Les Éléments' sont repris les mardis et jeudis. En décembre, 'Daphnis et Alcimadure' remplacera 'Théée'. Les détails sont dans l'article des Spectacles de Fontainebleau de décembre.
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296
p. 200-201
SPECTACLES DE LA COUR.
Début :
Le 27 Novembre, les Comédiens Italiens donnerent en présence du Roi & [...]
Mots clefs :
Comédiens-Italiens, Ballet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SPECTACLES DE LA COUR.
SPECTACLES DE LA COUR.
E 27 Novembre , les Comédiens Italiens
donnerent en préſence du Roi &
de toute la Famille royale , Arlequin veleur
, Prévôt & Juge.
:
Le 4 Décembre , le Retour d'Arlequin &
la Servante Maîtreffe. A la fin de la premiere
piece on donna un divertiffement
exécuté par Mlle Catinon & M. Balletti
cadet en pas de deux à la fin de la Servante
Maitreffe on ajouta le Colin maillard
, danfé par Mlle Camille & M. Billioni
, en pas de deux ; Mlle Marine feule
; Mlle Maffon & M. Berquelor en pas
de deux .
JANVIER. 1755. 201
Corps de Ballet.
MESSIEURS.
Rouſſeau ,
Martin ,
MESDEMOISELLES .
Gotton ,
Rouffelet ,
Foulquier , Granger
Giguet ,
Defmartins.
Rouffe ,
Verfian.
Le 11 , Monfeigneur le Dauphin fir
donner la repréſentation d'Arlequin perſecuté
par la Dame invisible . Hauteroche en
a tiré l'Esprit follet , que les Comédiens
François avoient donné huit jours auparavant.
Le 18 , on repréſenta les Déguisemens
amoureuxx Comédie Italienne en trois
actes.
E 27 Novembre , les Comédiens Italiens
donnerent en préſence du Roi &
de toute la Famille royale , Arlequin veleur
, Prévôt & Juge.
:
Le 4 Décembre , le Retour d'Arlequin &
la Servante Maîtreffe. A la fin de la premiere
piece on donna un divertiffement
exécuté par Mlle Catinon & M. Balletti
cadet en pas de deux à la fin de la Servante
Maitreffe on ajouta le Colin maillard
, danfé par Mlle Camille & M. Billioni
, en pas de deux ; Mlle Marine feule
; Mlle Maffon & M. Berquelor en pas
de deux .
JANVIER. 1755. 201
Corps de Ballet.
MESSIEURS.
Rouſſeau ,
Martin ,
MESDEMOISELLES .
Gotton ,
Rouffelet ,
Foulquier , Granger
Giguet ,
Defmartins.
Rouffe ,
Verfian.
Le 11 , Monfeigneur le Dauphin fir
donner la repréſentation d'Arlequin perſecuté
par la Dame invisible . Hauteroche en
a tiré l'Esprit follet , que les Comédiens
François avoient donné huit jours auparavant.
Le 18 , on repréſenta les Déguisemens
amoureuxx Comédie Italienne en trois
actes.
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Résumé : SPECTACLES DE LA COUR.
En novembre 1754 et janvier 1755, la cour a assisté à plusieurs spectacles. Les Comédiens Italiens ont joué 'Arlequin veleur, Prévôt & Juge' le 27 novembre et 'Le Retour d'Arlequin & la Servante Maîtreffe' le 4 décembre. En janvier 1755, 'Arlequin persecuté par la Dame invisible' et 'Les Déguisemens amoureux' ont été représentés. Divers danseurs et membres du corps de ballet ont participé à ces divertissements.
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297
p. 201-202
CONCERT SPIRITUEL.
Début :
Le Concert spirituel qui fut exécuté le 9 Décembre, jour de la Conception de la Vierge [...]
Mots clefs :
Concert spirituel, Académie royale de musique, Choeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CONCERT SPIRITUEL.
CONCERT SPIRITUEL.
១
E Concert fpirituel qui fut exécuté le 9 Décembre
, jour de la Conception de la Vierge
, commença par une fymphonie à cor- dechaffe
; elle fut fuivie d'Exaltabo te , PL. 144.
motet à grand choeur de la Lande . Mlle Cohender
y chanta le récit Miferator. M. l'Abbé Renaud
baffe- taille de Notre-Dame , chanta Diligam te ,,
petit motet de la compofition de M. Goulet ,
Maître de mufique de Notre-Dame. M. Canavas
joua un concerto de violon . Mme Tedeſchini chan-
"'
202 MERCURE DE FRANCE.
ta un air Italien , enſuite un duo Italien avec M.
Ranieri . Le concert finit par Deus venerunt gentes
, motet à grand - choeur de M. Fanton . Mile Fel
chanta les récits Ne memineris , Nos autem , &
l'ariette In generationem , avec le dernier choeur.
Le Concert du 24 Décembre , veille de Noël ,.
commença par une fymphonie de M. Caraffe le
jeune , ordinaire de la mufique de la Chambre du
Roi. Enfuite Judica , Domine , nocentes me , moter
nouveau à grand choeur de M. Fanton . Mlle Duperey
chanta le Venite exultemus , petit motet de
M. Mouret. M. Soret le fils joua un concerto de la
compofition de M. Guignon . Mme Tedeſchini
chanta des airs Italiens . MM . Salantin& Bureau
Labbé le fils & Perrier , exécuterent une fuite d'airs
arrangés par M. Labbé le fils , à deux hautbois
une viole d'amour & une quinte. Le Concert finit
par Fugit nox , motet à grand choeur mêlé de
Noëls , de M. Boimortier , dans lequel M. Daquin
, Organiſte du Roi , joua ſeul . Mile Fel
chanta l'ariette Surgite Paftores & le récit Vocabitur
nomen ejus.
Le Concert du jour de Noël commença par
une fymphonie de M. Labbé le fils , ordinaire de
l'Académie royale de mufique. Enfuite Fugit nox ,
motet à grand choeur , mêlé de Noëls de M. Boimortier
, dans lequel M. Daquin , Organiſte du
Roi , joua feul . Mlle Fel chanta l'ariette Surgite
Paftores , & le récit Vocabitur nomen ejus. MM.
Salantin & Bureau , Labbé le fils & Perrier executerent
une fuite d'airs arrangés par M. Labbé
le fils . Mlle Fel chanta Laudate pueri Dominum ,
petit motet de M. Fioco. Mr Canavas joua un
concerto de violon. Le Concert finit par Deus
venerunt gentes , motet à grand choeur de M.
Fanton. Mlle Fel chanta le récit Ne memineris , le
récit Nos autem , & l'ariette In generationem
avec le dernier 'cho ur.
១
E Concert fpirituel qui fut exécuté le 9 Décembre
, jour de la Conception de la Vierge
, commença par une fymphonie à cor- dechaffe
; elle fut fuivie d'Exaltabo te , PL. 144.
motet à grand choeur de la Lande . Mlle Cohender
y chanta le récit Miferator. M. l'Abbé Renaud
baffe- taille de Notre-Dame , chanta Diligam te ,,
petit motet de la compofition de M. Goulet ,
Maître de mufique de Notre-Dame. M. Canavas
joua un concerto de violon . Mme Tedeſchini chan-
"'
202 MERCURE DE FRANCE.
ta un air Italien , enſuite un duo Italien avec M.
Ranieri . Le concert finit par Deus venerunt gentes
, motet à grand - choeur de M. Fanton . Mile Fel
chanta les récits Ne memineris , Nos autem , &
l'ariette In generationem , avec le dernier choeur.
Le Concert du 24 Décembre , veille de Noël ,.
commença par une fymphonie de M. Caraffe le
jeune , ordinaire de la mufique de la Chambre du
Roi. Enfuite Judica , Domine , nocentes me , moter
nouveau à grand choeur de M. Fanton . Mlle Duperey
chanta le Venite exultemus , petit motet de
M. Mouret. M. Soret le fils joua un concerto de la
compofition de M. Guignon . Mme Tedeſchini
chanta des airs Italiens . MM . Salantin& Bureau
Labbé le fils & Perrier , exécuterent une fuite d'airs
arrangés par M. Labbé le fils , à deux hautbois
une viole d'amour & une quinte. Le Concert finit
par Fugit nox , motet à grand choeur mêlé de
Noëls , de M. Boimortier , dans lequel M. Daquin
, Organiſte du Roi , joua ſeul . Mile Fel
chanta l'ariette Surgite Paftores & le récit Vocabitur
nomen ejus.
Le Concert du jour de Noël commença par
une fymphonie de M. Labbé le fils , ordinaire de
l'Académie royale de mufique. Enfuite Fugit nox ,
motet à grand choeur , mêlé de Noëls de M. Boimortier
, dans lequel M. Daquin , Organiſte du
Roi , joua feul . Mlle Fel chanta l'ariette Surgite
Paftores , & le récit Vocabitur nomen ejus. MM.
Salantin & Bureau , Labbé le fils & Perrier executerent
une fuite d'airs arrangés par M. Labbé
le fils . Mlle Fel chanta Laudate pueri Dominum ,
petit motet de M. Fioco. Mr Canavas joua un
concerto de violon. Le Concert finit par Deus
venerunt gentes , motet à grand choeur de M.
Fanton. Mlle Fel chanta le récit Ne memineris , le
récit Nos autem , & l'ariette In generationem
avec le dernier 'cho ur.
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Résumé : CONCERT SPIRITUEL.
Le texte relate trois concerts spirituels organisés les 9 et 24 décembre, ainsi que le jour de Noël. Le premier concert, le 9 décembre, débuta par une symphonie suivie du motet 'Exaltabo te' de la Lande. Mlle Cohender chanta 'Miserator', et l'Abbé Renaud interpréta 'Diligam te' de Goulet. M. Canavas joua un concerto de violon, et Mme Tedeschini chanta des airs italiens, accompagnée de M. Ranieri pour un duo. Le concert se termina par 'Deus venerunt gentes' de M. Fanton, avec Mlle Fel chantant plusieurs récits et ariettes. Le concert du 24 décembre commença par une symphonie de M. Caraffe le jeune, suivie du motet 'Judica, Domine' de M. Fanton. Mlle Duperey chanta 'Venite exultemus' de M. Mouret, et M. Soret joua un concerto de M. Guignon. Mme Tedeschini interpréta des airs italiens, et plusieurs musiciens exécutèrent une suite d'airs arrangés par M. Labbé le fils. Le concert se conclut par 'Fugit nox' de M. Boimortier, avec M. Daquin à l'orgue, et Mlle Fel chantant plusieurs pièces. Le concert du jour de Noël débuta par une symphonie de M. Labbé le fils, suivie de 'Fugit nox' de M. Boimortier, avec M. Daquin à l'orgue. Mlle Fel chanta plusieurs pièces, et MM. Salantin, Bureau, Labbé le fils et Perrier exécutèrent une suite d'airs. Mlle Fel interpréta également 'Laudate pueri Dominum' de M. Fioco, et M. Canavas joua un concerto de violon. Le concert se termina par 'Deus venerunt gentes' de M. Fanton, avec Mlle Fel chantant plusieurs récits et ariettes.
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298
p. 147
MUSIQUE.
Début :
LE RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES DU SOMMEIL, Cantates nouvelles à [...]
Mots clefs :
Sonates, Cantates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
E RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES
DU SOMMEIL , Cantates nouvelles à
voix feule & grande fymphonie , avec les
ariettes dans le goût Italien ; dédiées &
préfentées à Madame la Dauphine , par M.
d'Herbain , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Capitaine au Régiment de Tournaifiş.
SIX SONATES EN TRIO , pour deux vio-
Jons & baffe ; par le même Auteur : dédiées
à Madame la Marquife de Pompadour ."
Ces différentes piéces , gravées par Mlle
Vendôme , fe vendent à Paris , aux adref
fes ordinaires.
E RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES
DU SOMMEIL , Cantates nouvelles à
voix feule & grande fymphonie , avec les
ariettes dans le goût Italien ; dédiées &
préfentées à Madame la Dauphine , par M.
d'Herbain , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Capitaine au Régiment de Tournaifiş.
SIX SONATES EN TRIO , pour deux vio-
Jons & baffe ; par le même Auteur : dédiées
à Madame la Marquife de Pompadour ."
Ces différentes piéces , gravées par Mlle
Vendôme , fe vendent à Paris , aux adref
fes ordinaires.
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Résumé : MUSIQUE.
Le texte mentionne deux œuvres de M. d'Herbain, Chevalier de l'Ordre de Saint Louis et Capitaine au Régiment de Tournaisis. La première est la cantate 'E RETOUR DE FLORE, & LES CHARMES DU SOMMEIL', dédiée à Madame la Dauphine, pour voix seule et grande symphonie avec des ariettes italiennes. La seconde est un recueil de 'SIX SONATES EN TRIO' pour deux violons et basse, dédié à Madame la Marquise de Pompadour. Ces œuvres sont gravées par Mlle Vendôme et disponibles à Paris.
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299
p. 175
OPERA.
Début :
L'Académie royale de Musique a donné le 19 Janvier la premiere représentation [...]
Mots clefs :
Académie royale de musique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : OPERA.
OPERA.
,
L'Académie royale de Mufique a donné
le 19 Janvier la premiere repréfentation
de Daphnis & Alcimadure
Paftorale languedocienne , en trois actes ,
précédée d'un prologue , intitulé les Jeux
Floraux. Les paroles & la Mufique font de
M. de Mondonville , qui réunit les deux
talens. Cer Opéra n'a pas moins de fuccèsà
la ville qu'il en a eu à la Cour : je parle
d'après la voix publique. On le joue trois
fois la femaine ; le Vendredi , le Dimanche
& le Mardi . On continue les Elémens le
Jeudi. Comme le fecond Mercure de Décembre
a fait un extrait détaillé d'Alcimadure
, j'y renvoie ceux qui feront curieux
de le lire.
,
L'Académie royale de Mufique a donné
le 19 Janvier la premiere repréfentation
de Daphnis & Alcimadure
Paftorale languedocienne , en trois actes ,
précédée d'un prologue , intitulé les Jeux
Floraux. Les paroles & la Mufique font de
M. de Mondonville , qui réunit les deux
talens. Cer Opéra n'a pas moins de fuccèsà
la ville qu'il en a eu à la Cour : je parle
d'après la voix publique. On le joue trois
fois la femaine ; le Vendredi , le Dimanche
& le Mardi . On continue les Elémens le
Jeudi. Comme le fecond Mercure de Décembre
a fait un extrait détaillé d'Alcimadure
, j'y renvoie ceux qui feront curieux
de le lire.
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Résumé : OPERA.
L'Académie royale de Musique a présenté le 19 janvier 'Daphnis et Alcimadure', une pastorale languedocienne en trois actes de M. de Mondonville. L'œuvre, précédée d'un prologue, a connu un succès égal à la ville et à la cour. Elle est jouée trois fois par semaine. Les représentations des 'Éléments' continuent le jeudi. Des détails supplémentaires sont disponibles dans le second Mercure de décembre.
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300
p. 154-156
MUSIQUE.
Début :
Nouvelles pieces de clavecin, avec un accompagnement de violon & de [...]
Mots clefs :
Accompagnement, Clavecin
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texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
Nouvelles pieces de clavecin , avec un accompagnement de violon & de
baffe , fait en concert & gravé féparément.
Ces piéces font de la compofition du fieur
Clément , connu par plufieurs autres ouvrages
pour le clavecin , que le public a vûs
avec plaifir. On peut jouer les pieces de
clavecin feules , fans accompagnement
, &
fans que cela nuife à leur harmonie. Elles
fe vendent chez l'auteur , rue & cloître
S. Thomas du Louvre , & aux adreffes ordinaires
de Mufique. Le prix en blanc
avec les parties féparées , douze liv.
METHODE
plus courte & plus facile
que l'ancienne , pour l'accompagnement
du
clavecin ; dédiée aux Dames , par M.
Dubugrarre , Organiste de S. Sauveur
Maître de clavecin.
CE
Ette Méthode , qui fuppofe la connoiffance
de l'accord parfait fur tous
les tons , tant majeurs que mineurs , fuffic
MARS.
1755. 735
pour l'accompagnement du clavecin , comme
l'experience qu'en font journellement
les Ecoliers de l'auteur , en eſt une preuve
incontestable. En faveur des perfonnes qui
defirent joindre à la facilité de l'exécution
une connoiffance étendue & diftincte de
tous les principes qui forment la théorie parfaite
de l'accompagnement , l'auteur , dans
un fupplément ou addition par demandes &
par réponſes , a détaillé ces mêmes principes
de la maniere la plus exacte & la plus
précife. Les peres & meres procureront à
leurs enfans le moyen de faire des progrès
rapides dans l'étude du clavecin , en leur
faifant apprendre par coeur ces principes.
L'Ecolier qui par la méthode & le fupplé
ment, eft fuppofé connoître de quoi fe préparent
& fe fauvent les accords , & fur
quels dégrés fixes ils fe forment , verra auffi
les régles invariables de la baffe fondamentale
; ce qui lui donnera des lumieres
pour la compofition . A la fin du fupplé
ment il trouvera une méthode de chiffrer
les accords , plus abrégée & plus facile
que celle dont on fe fert aujourd'hui ; cependant
on n'a pas négligé de donner dans
la méthode toutes les variations dans la
maniere de chiffrer les accords , afin que
P'Ecolier puiffe exécuter les pieces des différens
auteurs , quelle que foit leur coutume
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
de chiffrer ces mêmes accords.
L'auteur diftribuera gratis le fupplément,
chez lui & non ailleurs , aux perfonnes qui
auront déja acheté fa méthode . Celles qui
feront l'acquifition de fa méthode & de
fon fupplément , payeront le tout 6 livres.
La vente s'en fait aux adreffes ordinaires ,
& chez l'auteur , fauxbourg S. Denis.
On y trouve de plus , Borée & Orithie ,
Cantatille nouvelle , à voix feule , avec
accompagnement de flûte & de violon.
Nouvelles pieces de clavecin , avec un accompagnement de violon & de
baffe , fait en concert & gravé féparément.
Ces piéces font de la compofition du fieur
Clément , connu par plufieurs autres ouvrages
pour le clavecin , que le public a vûs
avec plaifir. On peut jouer les pieces de
clavecin feules , fans accompagnement
, &
fans que cela nuife à leur harmonie. Elles
fe vendent chez l'auteur , rue & cloître
S. Thomas du Louvre , & aux adreffes ordinaires
de Mufique. Le prix en blanc
avec les parties féparées , douze liv.
METHODE
plus courte & plus facile
que l'ancienne , pour l'accompagnement
du
clavecin ; dédiée aux Dames , par M.
Dubugrarre , Organiste de S. Sauveur
Maître de clavecin.
CE
Ette Méthode , qui fuppofe la connoiffance
de l'accord parfait fur tous
les tons , tant majeurs que mineurs , fuffic
MARS.
1755. 735
pour l'accompagnement du clavecin , comme
l'experience qu'en font journellement
les Ecoliers de l'auteur , en eſt une preuve
incontestable. En faveur des perfonnes qui
defirent joindre à la facilité de l'exécution
une connoiffance étendue & diftincte de
tous les principes qui forment la théorie parfaite
de l'accompagnement , l'auteur , dans
un fupplément ou addition par demandes &
par réponſes , a détaillé ces mêmes principes
de la maniere la plus exacte & la plus
précife. Les peres & meres procureront à
leurs enfans le moyen de faire des progrès
rapides dans l'étude du clavecin , en leur
faifant apprendre par coeur ces principes.
L'Ecolier qui par la méthode & le fupplé
ment, eft fuppofé connoître de quoi fe préparent
& fe fauvent les accords , & fur
quels dégrés fixes ils fe forment , verra auffi
les régles invariables de la baffe fondamentale
; ce qui lui donnera des lumieres
pour la compofition . A la fin du fupplé
ment il trouvera une méthode de chiffrer
les accords , plus abrégée & plus facile
que celle dont on fe fert aujourd'hui ; cependant
on n'a pas négligé de donner dans
la méthode toutes les variations dans la
maniere de chiffrer les accords , afin que
P'Ecolier puiffe exécuter les pieces des différens
auteurs , quelle que foit leur coutume
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
de chiffrer ces mêmes accords.
L'auteur diftribuera gratis le fupplément,
chez lui & non ailleurs , aux perfonnes qui
auront déja acheté fa méthode . Celles qui
feront l'acquifition de fa méthode & de
fon fupplément , payeront le tout 6 livres.
La vente s'en fait aux adreffes ordinaires ,
& chez l'auteur , fauxbourg S. Denis.
On y trouve de plus , Borée & Orithie ,
Cantatille nouvelle , à voix feule , avec
accompagnement de flûte & de violon.
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Résumé : MUSIQUE.
Le texte présente deux ouvrages musicaux. Le premier est une collection de nouvelles pièces pour clavecin, avec un accompagnement optionnel de violon et de basse, composée par le sieur Clément. Ces pièces peuvent être jouées seules sans nuire à leur harmonie et sont disponibles à la vente chez l'auteur, rue et cloître Saint Thomas du Louvre, ainsi que dans les adresses ordinaires de musique, au prix de douze livres. Le second ouvrage est une méthode pour l'accompagnement du clavecin, dédiée aux dames, écrite par M. Dubugrarre, organiste de Saint Sauveur et maître de clavecin. Cette méthode, supposant la connaissance de l'accord parfait sur tous les tons, est jugée efficace par les élèves de l'auteur. Elle inclut un supplément détaillant les principes théoriques de l'accompagnement, facilitant ainsi les progrès rapides des étudiants. Le supplément propose également une méthode de chiffrage des accords plus abrégée et facile. L'auteur distribue gratuitement le supplément aux acheteurs de la méthode et vend l'ensemble pour six livres. De plus, le texte mentionne la disponibilité d'une cantatille nouvelle, 'Borée & Orithie', pour voix seule avec accompagnement de flûte et de violon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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