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1
p. 257-281
Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
Début :
Il est temps de satisfaire la curiosité de vos Belles [...]
Mots clefs :
Couleurs, Modes, Jupes, Dentelle, Marchands, Habillements, Étoffes, Gazes, Toiles, Manteaux, Point de France, Échelles, Mousseline, Satin, Coiffes, Rubans, Boutons, Noeuds, Manches
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texteReconnaissance textuelle : Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
uriofité de vos Belles de Province , & de vous entretenir
desModesnouvellesdontvous
m'avez mandé pluſieurs fois qu'elles ſouhaitoient de trou- ver quelque Article dans les Lettres queje vous envoye.Ce n'eſt pas une affaire peu amba- raffante,&je ne ſçay comment j'aurois pû m'acquiter de ma parole, fi je ne me fuſſe trouvé dernierement dans une Ruelle
abondante en Perſonnesdu bel
air. On yrailloit un Mary ja- loux, lors que je vis entrer une Féme moitié Pretieuſe,& moitie Coquette. Queje fuis fati- guée:dit- elle, apres avoir ſalüé la Compagnie;l'ay eſté aujourQij
184 LE MERCVRE d'hui chez plus de vingt Mar- chands , &je n'en fuis guéres fortie plus ſçavante quej'y ſuis entrée. J'ay reçeu dix Lettres de la Campagne, parleſquelles on me prie de mander les Mo- des nouvelles , & je ne ſçay qu'écrire là-deſſus. Onn'a ja- mais veu en France ce que l'on voit aujourd'hui, il n'y a plus deModesgenerales,parce qu'il yen a tropde particulieres; à
peinetrouve-t- ondeux Perſon- nes veſtuës de la meſme maniere , chacun s'habille à ſa fantaiſie, &l'on ne paroiſt plus extravagant comme autrefois,
lors qu'on n'eſt pasmis comme les autres. Pour moy , continua-t-elle, je ne feray point de réponſe,&je ne finirois jamais,
fije voulois écrire la diverſité
des Habillemens de chaque
GALANT. 185 Particulier. Je donnay d'abord dans ſon ſens , pour l'amener apres plus facilement à mon but &je luidis enſuite que fi
elle vouloit prier toute laCom- pagnie de s'entretenir ſur cette matiere , & que chacundit les
Modesqu'il croyoit les plusge- nerales,je les écrirois fur l'heu- re , &qu'ainſi elle trouveroit fon Memoire des Modes tout
fait, ſans qu'elle fift autre cho- ſe que dire ſon avis.Cette pen- ſee lui plût , chacun promit d'expliquer ce qu'il ſçavoition me donna de l'encre &du pa- pier, &j'écrivis pour elle &
pour moy, ceque vous allez li- re touchant les Modes dont on
ſe fert depuis qu'on ne porte plus d'or&d'argent.
On parla d'abord des Eto- fes , ou plutoft on en voulut
üj
Σ
186 LE MERCVRE
parler ; car à peine euft-on-en-- tâmé ce difcours, qu'unejeune Beauté prit la parole,&dit que de cinquante Femmes du bel
air, à peine on trouvoit - on deux qui portaffent des Etof- fes ; &que hors quelques Taf- fetas & Tabis decoupez &
mouchetez, gris &changeans,
qui estoient un reſte de Mode
des Habits d'Etamine & de
Serge des Grifettes du Printemps , on ne voyoit plus de Femmes veſtuës que deToil- les&deGazes ; &elle adjoûta qu'elle les aimoit tellement ;
qu'elle avoit voulu voir toutes celles qui avoient eſté faites,&
que leur diverſité & leur
beauté eſtoient des chofes ad
mirables. On la pria de par.
ler de toutes celles qu'el
le avoit veuës , & voicy de
GALANT. 187
t
i
quelle maniere elle s'en ac- quita.
Onfait, depuis que les cha-- leurs ont commencé,des Man--
teaux&des Jupes de pluſieurs fortes de Gazes; les moindres
4
font les unies, les rayees , & ALE DE carreaux.
LYON celles qui font à E
leurs, meflees, & fans eftreme
lées. If y en a auffi beaucoup de rebrochées , dont les fleurs
paroiffent de relief. On en voit
fur des fonds bruns couvertes.
de fleurs de toutes couleurs;
&il s'en trouve de meſme fur
des fonds blancs qui font le plus bel effet du monde ; d'au- tres font fur des fonds mou
chetez, & d'autres font à colomnes. Les Femmes du grand air qui ont le petit deüil , en portentde blanches , avec des
preſque de toutes con-
188 LE MERCVRE
fleurs noires rebrochées ; &
celles qui font plus modeftes,
en mettent de noires unies ,
avec des Jupes de Gaze bleuës deffous. Les Gazes dont les
fonds & les fleurs font blanches, ſe portentbeaucoup plus enJupesqu'enManteaux.Cel- les qui ſont rayées , & qui ont de grandes eſpaces entre les ra- yes , remplies de toutes fortes de fleurs,fonttres-belles : Mais
quelque beauté qu'ayenttou- tes ces Gazes , pourſuivit-elle,
je ne defefpere pas d'en voir encor deplus extraordinaires,
puis qu'il n'eſt point de jour qu'on n'en remarque aux Thuilleries d'un deſſein tout
nouveau. Il n'eſt rien de plus agreable que tous les Mateaux deGaze, continua la meſme,&
ils ne font effacez que par ceux
GALANT. 189 de Poincts de France fur de la
Toille jaune,qui eftant accom-- pagnez d'Echelles de mefme
Poinct, donnent un certain air
degrandeur à ceux quiles por- tent , que les Etofés les plus remplies d'or &d'arget ne font pas toûjours remarquer dans les Perſonnes les plus quali- lifiées..Onvoit aufli , adjoûtat- elle , quelques Manteaux &
Jupes de Taffetas volans &
changeas, mais le nombre n'en eſt pas grand. Puis que vous avez parle des Manteaux , re- prit une autre,je vais parlerdes Jupes;j'en achetayhyer,& ce- la fur cauſe que je m'infor-- may de celles quifont les plus àla mode.On en voitencor qui fonttoutes de Poinct de Frace,
&dautres toutes de Poinct
d'Angleterre mais comme elles
190 LE MERCVRE
font extrémement cheres , le
nombre n'en eſt pas fi grand;&
celles dont on porte le plus ,
font desMouffeline rayée,avec unPoinct au bas des plus hauts que l'on puiſſe trouver. Ily en a auſſi beaucoup de Taffetas de toutes fortes de couleurs , fous des Gazes que chacun choifit àſa fantaiſie ; mais la plupart les prennentblanches. On en voit depuis quelques jours de Toille decoupée , comme on decoupoit le Tabis & le Satin.
Les Femmes qui font un peu fur le retour,&quelques autres
encor , portent des Jupes de Brocard , & d'autres Etofes ;
les unesmettentun petitPoinct
de Erance enbas,les autres une
Dantelle noire. Il y en a qui mettent des Guipures de tou- tes couleurs;mais quand on les
GALANT. 191 pliffe, on met des Dantelles de foye douce, fans fonds, & fans eftre guipées ni gommées. Il yadiverſesmanieres de mettre
ces Dantelles ; les unes en ont
une grande pliffée, &un Pied qui releve; & les autres deux
grandes pliſſées à deux doigts l'une de l'autre, & toutes deux tombantes.
Quandcelle quiavoitparlé desJupes àlamode eu finy fon diſcours , on preſſa une vieille Fille qui n'avoit ni beauté ni agrément,&qui par toutesces raiſons ſe retranchoit ſur lebel
Eſprit , de dire quelque choſe furle ſujet dela Converſation,
Elle répondit avec un air dé- daigneux,qu'elle ne ſçavoitpas commenton pouvoit perdre le temps à parler de ces bagatel- les,&que cette matiere n'étoit
192 LE MERCVRE
bonne que pour certaines Fé- mes qui n'auroientjamais rien àdire, fans le ſecours de leurs
Habillemens. On luyrépondit qu'elle avoit raiſon ; mais que
lors qu'on eſtoit en compagnie,
onſe rendoit ridicule, fi l'on ne
faifoit comme les autres , puis qu'ilſembloitqu'on lesmépri- faft , &qu'onvoulut ſe diſtinguer; cequ'unEfprit bien tour- né de devoit jamais faire. He bien, reprit-elle bruſquement,
puis que l'eſprit de bagatelle regne aujourd'hui , ilfaut faire
comme les autres. Si je me ſuis défenduë de parler des Modes nouvelles , ce n'eſt pas que je les ignore : comme il ne faut point d'eſprit pour les apprendre,& qu'on n'abeſoin que d'avoir des yeux , tout le monde les doit ſçavoir , &je
croy
GALANT. 193
croy n'en ignorer aucune. Elle s'arreſta un moment , puis elle entra dans le détail de toutes
les Modes dont on n'avoit
point encor parle , qu'elle de- bita avec un torrent de paroles,
ſans s'arreſter un moment , ni
laifſfer le temps à aucun de la Compagnie de lui repliquer par unſeul mot. Voicy tout cequ'elledit.
Laplupart des Coëffes que l'on porte à preſent , font à co- lomnes blanches & fans fonds;
onen voit auffi de noires à pe- tites Mouches , de Gazes fort claires d'Angleterre fans fods,
deblanches, de rouffes , &des
Cornettes de mefme ces dornieres. Onne fait plus de Bonnets friſez ,&l'on met deux petites Cornettes &une grande.
On fe cordonne de Poinct de
Tome V. R
194 LE MERCVRE
France &de Rubans detoutes
couleurs. Jamais ils n'ont tant
eſté enregne qu'ils fontdepuis la Defenſe de l'or &de l'argét;
&l'on mettat d'Echelles,qu'il eſt impoffible que cette Mode foit long-tempsen regne,parce quelesGensdequalité nemã- quent jamais de quitter celles qui deviennent trop commu- nes. On porte beaucoup de Gandsgarnis,&tous les Man- teaux font retrouffez avecdes
Rubans. Toutes lesGarnitures
fontrempliesde Ferets ; ils font plus courts , plus brillans , &
mieux travaillezque les ronds quel'onportoit ilya quelques années, & il n'y ariendeplus agreable ; on en met juſques aux Rubans de Souliers. Les
Manchesdont onſeſert à pre- ſent,ſont de pluſieurs manières.
GALANT. 195
1
2
Il y en a de pliſſées , avec du Poinct enbas.On en voitd'autres qui ne font point pliffées,
&qui ontune Dentelle qui re- leve, avec un petit Pied. Il s'en
trouve auſſi beaucoup à boüil- lons. Laplupart des Manchettes qui accompagnent ces Mã- ches, font à trois rangs. On porte toûjours des Bas de la Chine , & l'on n'en met plus guéres de marbrez. Les Sou- liers font de pluſieurs manieres. Ondecoupe des Cuirs fur des Etofes de toutes fortes de
couleurs. Il yen a de mouche- tez, laffez aux coſtez avec un
petit Molet , & de brodez de
Soye.Les plus magnifiques ſont ceux qui font de Toille de Marſeille piquée , &qui font garnis deDantelle d'Angleter- re ou de Poinct de France,forRij
196 LE MERCVRE
mantune maniere deRoze antique , comme on en mettoit
autrefois fur les Souliers. On
envoit auſſi de Geais de toutes couleurs. Les Eventails les
plus ordinaires font de Peaux de Vélin , avec des Bâtons de
Calanbourg.On les porte toû- jours grādes,& les belles Pein- tures ſonttoûjours à la mode.
On fait à preſent beaucoup dePoincts de Frace fans fonds,
&des Picots en compannes à
tous lesbeaux Mouchoirs. On
en aveu quelques-uns avec de petites Fleurs fur les grandes,
que l'on pouroit appeller des Fleurs volantes, n'eſtant atta--
chées que par le milieu ; mais il n'y a pas d'apparence que cetteModeſoit ſuivie.
Toutes ces choſes ayanteſté dites de fuite , celle qui en fit
GALANT. 197
de
al
le recit ſe trouva tellemét hors
d'haleine,qu'apres avoir ache- vé,elle ne pût dire autre choſe.
La Belle qui vouloit mander
des Modes en Province , crût
en ſçavoir aſſez , & l'on auroit
finy cette matiere , fi une Per- fonne de la compagnie n'euſt dit qu'il faloit auſſi s'entretenir des manieresde s'habiller des
Hommes. N'en foyez point en peine, repartit uneBeauté en- joüée , j'ay vingt Amans qui àl'envy s'eforcentde ſemettre bienpour meplaire , &je ſçay comment il faut qu'un Hom- me ſoit pour eſtre à la mode.
Elle prononça ces paroles d'un air qui plût à toute l'Affem- blée. On la pria de dire ce qu'elle ſçavoit là-deffus , &
fans ſe faire preffer , elle com- mençade la forte.
Riij
198 LE MERCVRE
L'ajustement eſt moins ne- ceffaire aux Hommes qu'à la plupart des Femmes , & il ca- che moins leurs defauts. Un
Homme eſt toûjours affez pa- ré quand il a bonne mine; il plaiſt enHabit de Cavalier, &
fans ornemens ; & les Femmes
qui ne font point ajuſtées,plai- fent rarement , à moins que leurbeauté ne foit veritable &
toute à elles. On dira , pour- ſuivit cette Charmate Perfonne , que j'aime bien les Hom- mes,de parler ainfi à leur avantage : Cependant tous mes Amans font également bien auprés de moy,&publient que je ſuis la plus cruelle Perſonne du monde. Tantqu'ils parlerõt ainfi , je ne me plaindray pas d'eux ,&je croirois qu'on ne medevroitguéres eſtimer, s'ils
GALANT. 199 tenoient un autre langage. Le defir qu'ils ontde me plaire,fait qu'ils ne paroiffent devat moy qu'avec une propreté ache- vée,&tout cela ſans avoir d'Erofes magnifiques. On n'en voit point preſentement , elles ſont preſque toutes unies; à
peine en trouve-t-onde ſoye,
&l'on ne porte que des Dro- guets,desEtamines &des Ser- ges; mais quand un Homme eft bien coëffé &bie chauffé,
qu'il a de beau Linge, une belle Garniture, &unebelle Veſte,il eſt plusparé que s'il eſtoit chargé de Broderie ou de gros Galons d'or , qui ne feroient que l'épaiffir. Les Hommes portent à preſent des Véftes fort lõgues, garnies de Poincts.
Les plus nouvelles ſont de Mouſſeline claire rayée , avec
200 LE MERCVRE
de la Toille jaune deſſous , &
du Poinct deſſus. Leurs Chapeaux ſont petits, leurs Gands garnis de Rubans étroits , &
toute leurGarniture de méme.
Aumilieude ces petits Rubas,
ils ont àleur Chapeau, fur leur Manches , au Nœud de leurs
Epées,&quelquefois auxdeux coſtez de leurs Culotes ou
Rhingraves,desNœudsdeRu- ban large, auxdeux coſtez du- quel eft coufuë uneDentelle
blache. Depuisquelques jours ony en met de noire,qu'on fait
coudre aumilieu du Ruban,de
maniere qu'elle le couvre tout entier. Onvoit pluſieurs Ha- bits avec quantité de rangs d'œillets; ilsn'eſtoient d'abord
que blancs , & aux revers des
Manches ; on en met preſente- ment par tout , &ils font de
GALAN T. 201
toutes couleurs ; on commence meſme à les entourerde pe- tits Cordonnets qui font pluſieurs figures, comme aux Bau- driers. D'abord que l'argent fut defendu, on porta desCor- donsde foye aurore , &de foye blanche , qu'on prenoit pour del'or &pourde l'argent. On met des Boutons des meſmes
couleurs ,&depuis peu on en porte de meflez comme les Garnitures. Les Hommes commencent à devenir magnifiques en Souliers"; ils en ontde
brodez qui coûtent quatre Loüis la paire , mais on en voit encor peu. La Converſation auroit eſté plus longue , ſans une viſite ſerieuſe qui ſurvint,
& qui l'interrompit ; c'eſt pourquoy je prie vos belles Provinciales de ſe conten
202. LE MERCVRE
ter de ce je vous envoye.
desModesnouvellesdontvous
m'avez mandé pluſieurs fois qu'elles ſouhaitoient de trou- ver quelque Article dans les Lettres queje vous envoye.Ce n'eſt pas une affaire peu amba- raffante,&je ne ſçay comment j'aurois pû m'acquiter de ma parole, fi je ne me fuſſe trouvé dernierement dans une Ruelle
abondante en Perſonnesdu bel
air. On yrailloit un Mary ja- loux, lors que je vis entrer une Féme moitié Pretieuſe,& moitie Coquette. Queje fuis fati- guée:dit- elle, apres avoir ſalüé la Compagnie;l'ay eſté aujourQij
184 LE MERCVRE d'hui chez plus de vingt Mar- chands , &je n'en fuis guéres fortie plus ſçavante quej'y ſuis entrée. J'ay reçeu dix Lettres de la Campagne, parleſquelles on me prie de mander les Mo- des nouvelles , & je ne ſçay qu'écrire là-deſſus. Onn'a ja- mais veu en France ce que l'on voit aujourd'hui, il n'y a plus deModesgenerales,parce qu'il yen a tropde particulieres; à
peinetrouve-t- ondeux Perſon- nes veſtuës de la meſme maniere , chacun s'habille à ſa fantaiſie, &l'on ne paroiſt plus extravagant comme autrefois,
lors qu'on n'eſt pasmis comme les autres. Pour moy , continua-t-elle, je ne feray point de réponſe,&je ne finirois jamais,
fije voulois écrire la diverſité
des Habillemens de chaque
GALANT. 185 Particulier. Je donnay d'abord dans ſon ſens , pour l'amener apres plus facilement à mon but &je luidis enſuite que fi
elle vouloit prier toute laCom- pagnie de s'entretenir ſur cette matiere , & que chacundit les
Modesqu'il croyoit les plusge- nerales,je les écrirois fur l'heu- re , &qu'ainſi elle trouveroit fon Memoire des Modes tout
fait, ſans qu'elle fift autre cho- ſe que dire ſon avis.Cette pen- ſee lui plût , chacun promit d'expliquer ce qu'il ſçavoition me donna de l'encre &du pa- pier, &j'écrivis pour elle &
pour moy, ceque vous allez li- re touchant les Modes dont on
ſe fert depuis qu'on ne porte plus d'or&d'argent.
On parla d'abord des Eto- fes , ou plutoft on en voulut
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parler ; car à peine euft-on-en-- tâmé ce difcours, qu'unejeune Beauté prit la parole,&dit que de cinquante Femmes du bel
air, à peine on trouvoit - on deux qui portaffent des Etof- fes ; &que hors quelques Taf- fetas & Tabis decoupez &
mouchetez, gris &changeans,
qui estoient un reſte de Mode
des Habits d'Etamine & de
Serge des Grifettes du Printemps , on ne voyoit plus de Femmes veſtuës que deToil- les&deGazes ; &elle adjoûta qu'elle les aimoit tellement ;
qu'elle avoit voulu voir toutes celles qui avoient eſté faites,&
que leur diverſité & leur
beauté eſtoient des chofes ad
mirables. On la pria de par.
ler de toutes celles qu'el
le avoit veuës , & voicy de
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quelle maniere elle s'en ac- quita.
Onfait, depuis que les cha-- leurs ont commencé,des Man--
teaux&des Jupes de pluſieurs fortes de Gazes; les moindres
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font les unies, les rayees , & ALE DE carreaux.
LYON celles qui font à E
leurs, meflees, & fans eftreme
lées. If y en a auffi beaucoup de rebrochées , dont les fleurs
paroiffent de relief. On en voit
fur des fonds bruns couvertes.
de fleurs de toutes couleurs;
&il s'en trouve de meſme fur
des fonds blancs qui font le plus bel effet du monde ; d'au- tres font fur des fonds mou
chetez, & d'autres font à colomnes. Les Femmes du grand air qui ont le petit deüil , en portentde blanches , avec des
preſque de toutes con-
188 LE MERCVRE
fleurs noires rebrochées ; &
celles qui font plus modeftes,
en mettent de noires unies ,
avec des Jupes de Gaze bleuës deffous. Les Gazes dont les
fonds & les fleurs font blanches, ſe portentbeaucoup plus enJupesqu'enManteaux.Cel- les qui ſont rayées , & qui ont de grandes eſpaces entre les ra- yes , remplies de toutes fortes de fleurs,fonttres-belles : Mais
quelque beauté qu'ayenttou- tes ces Gazes , pourſuivit-elle,
je ne defefpere pas d'en voir encor deplus extraordinaires,
puis qu'il n'eſt point de jour qu'on n'en remarque aux Thuilleries d'un deſſein tout
nouveau. Il n'eſt rien de plus agreable que tous les Mateaux deGaze, continua la meſme,&
ils ne font effacez que par ceux
GALANT. 189 de Poincts de France fur de la
Toille jaune,qui eftant accom-- pagnez d'Echelles de mefme
Poinct, donnent un certain air
degrandeur à ceux quiles por- tent , que les Etofés les plus remplies d'or &d'arget ne font pas toûjours remarquer dans les Perſonnes les plus quali- lifiées..Onvoit aufli , adjoûtat- elle , quelques Manteaux &
Jupes de Taffetas volans &
changeas, mais le nombre n'en eſt pas grand. Puis que vous avez parle des Manteaux , re- prit une autre,je vais parlerdes Jupes;j'en achetayhyer,& ce- la fur cauſe que je m'infor-- may de celles quifont les plus àla mode.On en voitencor qui fonttoutes de Poinct de Frace,
&dautres toutes de Poinct
d'Angleterre mais comme elles
190 LE MERCVRE
font extrémement cheres , le
nombre n'en eſt pas fi grand;&
celles dont on porte le plus ,
font desMouffeline rayée,avec unPoinct au bas des plus hauts que l'on puiſſe trouver. Ily en a auſſi beaucoup de Taffetas de toutes fortes de couleurs , fous des Gazes que chacun choifit àſa fantaiſie ; mais la plupart les prennentblanches. On en voit depuis quelques jours de Toille decoupée , comme on decoupoit le Tabis & le Satin.
Les Femmes qui font un peu fur le retour,&quelques autres
encor , portent des Jupes de Brocard , & d'autres Etofes ;
les unesmettentun petitPoinct
de Erance enbas,les autres une
Dantelle noire. Il y en a qui mettent des Guipures de tou- tes couleurs;mais quand on les
GALANT. 191 pliffe, on met des Dantelles de foye douce, fans fonds, & fans eftre guipées ni gommées. Il yadiverſesmanieres de mettre
ces Dantelles ; les unes en ont
une grande pliffée, &un Pied qui releve; & les autres deux
grandes pliſſées à deux doigts l'une de l'autre, & toutes deux tombantes.
Quandcelle quiavoitparlé desJupes àlamode eu finy fon diſcours , on preſſa une vieille Fille qui n'avoit ni beauté ni agrément,&qui par toutesces raiſons ſe retranchoit ſur lebel
Eſprit , de dire quelque choſe furle ſujet dela Converſation,
Elle répondit avec un air dé- daigneux,qu'elle ne ſçavoitpas commenton pouvoit perdre le temps à parler de ces bagatel- les,&que cette matiere n'étoit
192 LE MERCVRE
bonne que pour certaines Fé- mes qui n'auroientjamais rien àdire, fans le ſecours de leurs
Habillemens. On luyrépondit qu'elle avoit raiſon ; mais que
lors qu'on eſtoit en compagnie,
onſe rendoit ridicule, fi l'on ne
faifoit comme les autres , puis qu'ilſembloitqu'on lesmépri- faft , &qu'onvoulut ſe diſtinguer; cequ'unEfprit bien tour- né de devoit jamais faire. He bien, reprit-elle bruſquement,
puis que l'eſprit de bagatelle regne aujourd'hui , ilfaut faire
comme les autres. Si je me ſuis défenduë de parler des Modes nouvelles , ce n'eſt pas que je les ignore : comme il ne faut point d'eſprit pour les apprendre,& qu'on n'abeſoin que d'avoir des yeux , tout le monde les doit ſçavoir , &je
croy
GALANT. 193
croy n'en ignorer aucune. Elle s'arreſta un moment , puis elle entra dans le détail de toutes
les Modes dont on n'avoit
point encor parle , qu'elle de- bita avec un torrent de paroles,
ſans s'arreſter un moment , ni
laifſfer le temps à aucun de la Compagnie de lui repliquer par unſeul mot. Voicy tout cequ'elledit.
Laplupart des Coëffes que l'on porte à preſent , font à co- lomnes blanches & fans fonds;
onen voit auffi de noires à pe- tites Mouches , de Gazes fort claires d'Angleterre fans fods,
deblanches, de rouffes , &des
Cornettes de mefme ces dornieres. Onne fait plus de Bonnets friſez ,&l'on met deux petites Cornettes &une grande.
On fe cordonne de Poinct de
Tome V. R
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France &de Rubans detoutes
couleurs. Jamais ils n'ont tant
eſté enregne qu'ils fontdepuis la Defenſe de l'or &de l'argét;
&l'on mettat d'Echelles,qu'il eſt impoffible que cette Mode foit long-tempsen regne,parce quelesGensdequalité nemã- quent jamais de quitter celles qui deviennent trop commu- nes. On porte beaucoup de Gandsgarnis,&tous les Man- teaux font retrouffez avecdes
Rubans. Toutes lesGarnitures
fontrempliesde Ferets ; ils font plus courts , plus brillans , &
mieux travaillezque les ronds quel'onportoit ilya quelques années, & il n'y ariendeplus agreable ; on en met juſques aux Rubans de Souliers. Les
Manchesdont onſeſert à pre- ſent,ſont de pluſieurs manières.
GALANT. 195
1
2
Il y en a de pliſſées , avec du Poinct enbas.On en voitd'autres qui ne font point pliffées,
&qui ontune Dentelle qui re- leve, avec un petit Pied. Il s'en
trouve auſſi beaucoup à boüil- lons. Laplupart des Manchettes qui accompagnent ces Mã- ches, font à trois rangs. On porte toûjours des Bas de la Chine , & l'on n'en met plus guéres de marbrez. Les Sou- liers font de pluſieurs manieres. Ondecoupe des Cuirs fur des Etofes de toutes fortes de
couleurs. Il yen a de mouche- tez, laffez aux coſtez avec un
petit Molet , & de brodez de
Soye.Les plus magnifiques ſont ceux qui font de Toille de Marſeille piquée , &qui font garnis deDantelle d'Angleter- re ou de Poinct de France,forRij
196 LE MERCVRE
mantune maniere deRoze antique , comme on en mettoit
autrefois fur les Souliers. On
envoit auſſi de Geais de toutes couleurs. Les Eventails les
plus ordinaires font de Peaux de Vélin , avec des Bâtons de
Calanbourg.On les porte toû- jours grādes,& les belles Pein- tures ſonttoûjours à la mode.
On fait à preſent beaucoup dePoincts de Frace fans fonds,
&des Picots en compannes à
tous lesbeaux Mouchoirs. On
en aveu quelques-uns avec de petites Fleurs fur les grandes,
que l'on pouroit appeller des Fleurs volantes, n'eſtant atta--
chées que par le milieu ; mais il n'y a pas d'apparence que cetteModeſoit ſuivie.
Toutes ces choſes ayanteſté dites de fuite , celle qui en fit
GALANT. 197
de
al
le recit ſe trouva tellemét hors
d'haleine,qu'apres avoir ache- vé,elle ne pût dire autre choſe.
La Belle qui vouloit mander
des Modes en Province , crût
en ſçavoir aſſez , & l'on auroit
finy cette matiere , fi une Per- fonne de la compagnie n'euſt dit qu'il faloit auſſi s'entretenir des manieresde s'habiller des
Hommes. N'en foyez point en peine, repartit uneBeauté en- joüée , j'ay vingt Amans qui àl'envy s'eforcentde ſemettre bienpour meplaire , &je ſçay comment il faut qu'un Hom- me ſoit pour eſtre à la mode.
Elle prononça ces paroles d'un air qui plût à toute l'Affem- blée. On la pria de dire ce qu'elle ſçavoit là-deffus , &
fans ſe faire preffer , elle com- mençade la forte.
Riij
198 LE MERCVRE
L'ajustement eſt moins ne- ceffaire aux Hommes qu'à la plupart des Femmes , & il ca- che moins leurs defauts. Un
Homme eſt toûjours affez pa- ré quand il a bonne mine; il plaiſt enHabit de Cavalier, &
fans ornemens ; & les Femmes
qui ne font point ajuſtées,plai- fent rarement , à moins que leurbeauté ne foit veritable &
toute à elles. On dira , pour- ſuivit cette Charmate Perfonne , que j'aime bien les Hom- mes,de parler ainfi à leur avantage : Cependant tous mes Amans font également bien auprés de moy,&publient que je ſuis la plus cruelle Perſonne du monde. Tantqu'ils parlerõt ainfi , je ne me plaindray pas d'eux ,&je croirois qu'on ne medevroitguéres eſtimer, s'ils
GALANT. 199 tenoient un autre langage. Le defir qu'ils ontde me plaire,fait qu'ils ne paroiffent devat moy qu'avec une propreté ache- vée,&tout cela ſans avoir d'Erofes magnifiques. On n'en voit point preſentement , elles ſont preſque toutes unies; à
peine en trouve-t-onde ſoye,
&l'on ne porte que des Dro- guets,desEtamines &des Ser- ges; mais quand un Homme eft bien coëffé &bie chauffé,
qu'il a de beau Linge, une belle Garniture, &unebelle Veſte,il eſt plusparé que s'il eſtoit chargé de Broderie ou de gros Galons d'or , qui ne feroient que l'épaiffir. Les Hommes portent à preſent des Véftes fort lõgues, garnies de Poincts.
Les plus nouvelles ſont de Mouſſeline claire rayée , avec
200 LE MERCVRE
de la Toille jaune deſſous , &
du Poinct deſſus. Leurs Chapeaux ſont petits, leurs Gands garnis de Rubans étroits , &
toute leurGarniture de méme.
Aumilieude ces petits Rubas,
ils ont àleur Chapeau, fur leur Manches , au Nœud de leurs
Epées,&quelquefois auxdeux coſtez de leurs Culotes ou
Rhingraves,desNœudsdeRu- ban large, auxdeux coſtez du- quel eft coufuë uneDentelle
blache. Depuisquelques jours ony en met de noire,qu'on fait
coudre aumilieu du Ruban,de
maniere qu'elle le couvre tout entier. Onvoit pluſieurs Ha- bits avec quantité de rangs d'œillets; ilsn'eſtoient d'abord
que blancs , & aux revers des
Manches ; on en met preſente- ment par tout , &ils font de
GALAN T. 201
toutes couleurs ; on commence meſme à les entourerde pe- tits Cordonnets qui font pluſieurs figures, comme aux Bau- driers. D'abord que l'argent fut defendu, on porta desCor- donsde foye aurore , &de foye blanche , qu'on prenoit pour del'or &pourde l'argent. On met des Boutons des meſmes
couleurs ,&depuis peu on en porte de meflez comme les Garnitures. Les Hommes commencent à devenir magnifiques en Souliers"; ils en ontde
brodez qui coûtent quatre Loüis la paire , mais on en voit encor peu. La Converſation auroit eſté plus longue , ſans une viſite ſerieuſe qui ſurvint,
& qui l'interrompit ; c'eſt pourquoy je prie vos belles Provinciales de ſe conten
202. LE MERCVRE
ter de ce je vous envoye.
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Résumé : Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
Le texte relate une conversation entre plusieurs personnes discutant des nouvelles modes à Paris après l'interdiction de porter de l'or et de l'argent. Une femme, épuisée par ses recherches, exprime son désarroi face à la diversité des modes actuelles et demande à la compagnie de décrire les modes les plus générales. La discussion commence par les étoffes. Les femmes portent principalement des toiles et des gazes, avec une grande variété de motifs et de couleurs. Les mantaux et les jupes en gaze sont particulièrement à la mode, avec des fonds et des fleurs de différentes couleurs. Les femmes en deuil portent des gazes blanches avec des fleurs noires rebrochées, tandis que celles plus modestes optent pour des gazes noires unies avec des jupes en gaze bleue. Les mantaux et jupes en taffetas volants et changeants sont également mentionnés, bien que moins courants. Les jupes en point de France et d'Angleterre sont très chères, donc moins répandues. Les jupes en mousseline rayée avec un point au bas sont plus courantes, ainsi que celles en taffetas de diverses couleurs sous des gazes blanches. Certaines femmes portent des jupes en brocart ou en autres étoffes, avec des dentelles ou des guipures de différentes couleurs. Une vieille fille, initialement réticente à parler des modes, finit par détailler les coiffes, les rubans, les ferrets, les manches, les manchettes, les bas, les souliers, les éventails, les points de France, et les mouchoirs. Elle mentionne également les nouvelles modes masculines, où les hommes portent des vêtements simples mais bien ajustés, avec des vestes longues garnies de points, des chapeaux petits, et des rubans étroits. Enfin, une beauté de l'assemblée décrit les modes masculines, soulignant que les hommes se distinguent par leur propreté et leur bon goût, plutôt que par des ornements luxueux. Les vêtements masculins actuels incluent des vestes longues en mousseline claire rayée, des chapeaux petits, et des rubans étroits pour la garniture. Les hommes commencent également à porter des souliers brodés plus coûteux. La conversation est interrompue par une visite sérieuse. L'auteur mentionne que la discussion aurait pu se prolonger sans cette interruption et demande aux destinataires, désignées comme 'vos belles Provinciales', de se contenter de ce qu'il leur envoie. Le texte se termine par une référence à 'LE MERCVRE'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2840-2870
Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
Début :
Il est aisé de voir par votre Lettre, MADAME, qu'on ne nous a point épargnées dans le Public [...]
Mots clefs :
Saignement, Nez, Fièvre, Éruption, Petite vérole, Maladie, Malades, Maux, Ventre, Saignée, Convulsions, Modération, Secours, Accablement, Lavement, Boutons, Inquiétude, Religieuse, Coeur, Etouffement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
NOUS croyons faire plaifir au Public ,
de lui communiquer une Lettre qui nous
eft tombée entre les mains ; elle eft d'une
Religienfe de S. Cyr , qui rend compte à
une de fes amies , de la conduite qu'on a
tenue dans la petite Vérole , dont cette
Maifon a été affligée cette année. Nous
aurions fouhaité pouvoir la donner en
entier; mais comme il n'étoit pas poffible
de la renfermer dans un feul volume
nous nous fommes déterminez à retrancher
de cent trente articles qu'elle contenoit
ceux qui étoient les moins interreffans.
1
L eft aifé de voir par votre Lettre, MADAME ,
qu'on ne nous a point épargnées dans le Public
fur la conduite que nous avons tenue dans la
petite Verole , dont notre Maiſon vient d'être
accablée . On nous blafme fur tour de n'avoir pas
féparé du reste de la Maifon celles qui en ont été
attaquées. Des perfonnes refpectables , dites -vous,
nous accufent de témerité & d'imprudence . Le
reproche auroit fans doute été plus loin , fi l'on
avoit fçû le traitement, avant que d'être informé
du fuccès. Je vais vous rendre compte de ce qui
s'eft paffé chez nous dans cette occafion ; ce fera
un expofé fimple de notre conduite. Vous y
verrez la maniere dont on a penfé fur la crainte
de gagner la petite Vérole , les moyens dont on
s'eft fervi pour la détruire;les obſervations qu'on
a faites , l'ordre qu'on a gardé dans les Infirmeries,
l'état des malades & les remedes qu'on a em-
LI, Vol. ployez
DECEMBRE. 1730. 2841
ployez. L'efperance de nous juftifier du moins
auprès de vous , me fait entreprendre ce détail.
Les preuves que j'ai de votre amitié pour notre
Mailon & de votre indulgence pour moi , achevent
de m'y déterminer ; je ne vous écrirai que
des faits ils fuffiront pour les perfonnes équitables
& fenfées .
Au commencement de cette année nous eûmes
à S. Cyr quelques Fiévres malignes . Vers les
premiers jours de Février , il parut tout à coup
quatorze petites Véroles. L'effroi fe rendit auffitôt
dans la Maiſon. Madame la Superieure confulta
le Medecin , fur le parti qu'il y avoit à
prendre , en prefence des Infirmieres & de plufieurs
autres Religieufes. Le temps feul , nous
dit-il , ou la conftitution particuliere de l'air
difpofe infenfiblement les liqueurs à produire la
petite Vérole , bien- tôt l'experience vous convaincra
que cette caufe agit également fur toutes
les perfonnes qui habitent le même lieu ; que la
fréquentation des malades n'y a aucune part , &
qu'il est bien plus fage de ne point féparer les
malades , & de ne mettre aucune difference dans
leur fervice. Il ajouta pour celles qui étoient
chargées du foin des Infirmeries , que l'ancienne
méthode de donner des cordiaux & de procurer
une chaleur exceffive aux malades , étoit meurtriere
, que l'Emétique & la Saignée étoient prefles
feuls fecours fur lefquels il y eut à compter
, & que dans les cas preffans , il faudroit y
recourir , pour ainfi dire , fans nombre & fans
mefure.
que
Un pareil difcours , de tou autre , nous auroit
paru fort étrange ; mais comme il nous eft atta
ché depuis plufieurs années , & qu'il a notre confiance
, fa maniere de penfer fut notre regle. On
laila les malades enfemble , & tout le monde
II. Vol com- Dij
4
2842 MERCURE DE FRANCE
cominença à fe raffurer . Dix- huit ou vingt jours
s'écoulerent & la convalefcence de nos malades
s'avançoit , lorfqu'il nous furvint en moins de
trois jours près de cinquante petites Véroles.
L'inquiétude vint , mais nous trouvâmes dans
cet évenement même de quoi la diffiper. 1. Prefque
aucune des dernieres malades , n'avoit eu de
communication avec les précédentes . 2. Nos Infirmieres
auffi - bien que Madame la Superieure ,
qui partageoit leurs travaux , étoient préfervées
au milieu des malades , quoique la pluſpart n'euffent
point en la petite Vérole.Ces deux faits diffiperent
nos préventions , & l'expérience du paffé
nous rendit cette vérité plus fenfible.
L'ancien ufage de la Maiſon étoit de ſéparer
les malades au moindre foupçon de petite Vérole
; malgré cette précaution,nos Journaux font
foy , qu'il n'y avoit pas moins de malades , &
nous fçavons par le témoignage des anciennes ,
que celles qui avoient le plus d'attention à fuír le
danger , étoient ordinairement plutôt attaquées
que les autres,
Mais fi la chofe étoit alors égale pour le nombre
, lorfque la communication étoit févérement
interdite , il n'en étoit plus de même pour les inconveniens.
La féparation jettoit dans les malades
qu'on tranfportoit un effroy inévitable , qui
en augmentoit infiniment le danger. C'étoit au
commencement de l'éruption qu'on les changeoit
de lieu ; moment précieux pour agir &
qu'on ne retrouve quelquefois plus dans le cours
de la maladie ; ( on fçait à quel point la crainte
ralentit le mouvement du coeur , & qu'elle donne
occafion à l'air d'agir fur les liqueurs avec plus
de force ) d'ailleurs , au milieu de la confternation
, le fecours manque , peu de perfonnes ont
affez de courage pour folliciter les malades , &
LL. Vol.
nc
DECEMBRE. 1730. 2843
ne le font qu'en tremblant. La Maiſon regrette
encore les funeftes fuites & la féparation à laquelle
on étoit autrefois affervi.
Affranchies de bonne heure des préjugez ordinaires
, nous fûmes en état d'examiner les differens
momens qui fe paffoient dans nos petites
Véroles , & de les comparer aux veritez que
nous avions déja apperçues. Notre Medecin nous
les dévelopoit d'une maniere fi fimple, que nous
étions à portée de les entendre. Elles ont tant de
rapport entr'elles qu'elles forment une démonftration
pour les perfonnes qui aiment à voir
clair.
;
Pendant trois mois que la petite Vérole a regné
à S.Cyr , nous n'avons pas eu une feule maladie
d'une autre nature les fantés délicates
étoient plus fermes , quelques perfonnes qui
avoient eu déja la petite Vérole , font venues à
l'Infirmerie avec des maux de Coeur , des douleurs
de reins , une pefanteur de Tête & la Fiévre
vive ; tous ces accidens ont ordinairement
diminué du 3 au 4, & le refte de la maladie a été
fi conforme à la petite Vérole, que quoi qu'il n'y
ait point eu d'éruption , nous n'avons pas douté
que ce ne fut une vraye Fiévre de petite Vérole.
On ne pouvoit les diftinguer au commencement
que parce que la malade avoit eu déja la petite
Vérole ; car il eft prefque fans exemple que quelqu'une
dans la maiſon l'ait euë veritablement
deux fois .
Toutes nos malades en general ont rendu une
Bile extremement verte dans les petites Véroles
dans les Fiévres du même caractere , dans les
convalefcences , dans les perfonnes qui ont été
purgées par précaution ou après des chutes ; nous
avons toujours remarqué le même caractere
d'humeur. Dès que le temps changeoit, nous re-
11. Vol.
Diij mar2844
MERCURE DE FRANCÈ
marquions du changement dans nos petites Véroles
, & lorfque le vent tournoit bruſquement
au Nord ,
ordinairement les accidens reparoiffoient
ou devenoient plus preffans.
De plus de vingt perfonnes qui ont rempli les
diverfes fonctions de l'Infirmerie , dont plus de
la moitié n'avoient pas eu la petite Vérole , une
feule en a été attaquée , encore par un effet viſible
de la frayeur ; car ce fut à la fuite d'un Difcours,
fur la crainte de gagner cette maladie , dont elle
fut fi vivement faifie, qu'elle tomba ſur le champ
dans des
friffonnemens qui ne cefferent que par
l'éruption.
Raffemblons ces faits & convenons du vrai,
Puifqu'il n'y a eu aucun autre genre de maladie
à S. Cyr pendant plus de trois mois que la
petite Vérole y a régné ; puifque toutes les
fonnes de la Maiſon qui ont été purgées dans
perquelque
circonftance que ce fut , ont rendu une
bile
extrémement verte; puifque les
changemens
de temps, en ont régulierement produit dans nos
malades ,, que d'ailleurs les perfonnes écartées des
malades , en ont été par proportion moins ga-
Tanties que celles qui en approchoient, & ces faits
conftament obfervez dans une
Communauté de
près de quatre cent perfonnes ; où l'on a compté
130 malades ; il faut
neceffairement reconnoître
une caufe generale dans l'air ,
de cette maladie , & avouer que la
fréquentation , pour feul principe
des malades n'y a aucune part.
Les differentes époques de petite Vérole qu'a
eues notre Maiſon , font voir qu'elle attaque plus
de perfonnes àproportion qu'il s'eft écoulé plus de
temps fans qu'elle y ait paru. En 1715. nous en
eûmes près de cent ; il n'y avoit alors pas plus de
quatre ans que nous en étions exemtes. Depuis il
n'en a pas paru à S. Cyr , & la Maiſon s'eſt preſ-
11. Vel.
que
DECEMBRE 1730. 2845
que entierement renouvellée; ainfi il n'eft pas furprenant
qu'en dernier lieu , le nombre de nos
malades ait été plus confidérable .
Nous remarquâmes dès les premiers temps que
celles qui n'avoient pas été faignées & purgées
dans le commencement de leur maladie , avoient
une fupuration & une convalefcence plus difficiles.
Dans la fuite on a d'abord employé ces fetours
, pour peu que la Fiévre fut forte , & on
prenoit foin de faire les faignées fort grandes
pour ne pas effrayer le nombre ; très- fouvent des
petites Véroles qui s'annonçoient par les accidens
les plus effrayans , prenoient un caractere heureux
après trois ou quatre faignées du pied , brufquement
faites , & d'amples évacuations , procurées
par l'Emétique .
Je viens à l'état de nos malades , je ne m'arreterai
point fur les accidens ordinaires , ni fur la
figure des boutons à laquelle notre Médecin ne
faifoit aucune attention à moins qu'ils n'euffent
difparu. Vous verrez par les partis qu'il a pris
dans les cas particuliers , que le feul dégré de la
Fiévre , comparé avec l'état du cerveau , a toujours
déterminé fa conduite. Pour éviter la confufion
& n'être point obligée de citer l'âge de
chaque Demoiselle , je fuivrai l'ordre des Claffes.
Comme il fera neceffaire de parler de leur temperamment
, j'ai cru devoir me difpenfer de vous
marquer leurs noms. Les Demoifelles Noires font
dans leur vingtiéme année ; les Bleues ont depuis
dix-fept jufqu'à vingt ans ; les Jaunes depuis quatorze
jufqu'à dix fept ; les Vertes , depuis onze
jufqu'à quatorze , les Rouges , depuis fept jufqu'à
onze.
Demoiselles NOIRES . 19. Infirme , quoique replette
, & fe plaignant d'une douleur habituelle
au côté droit , eut une Fiévre affez forte , des
II. Vol. D iiij maux
2846 MERCURE DE FRANCE
maux de reins & une pefanteur de tête . Elle fut
faignée du pied le 1 & le 2 jour , & le 3 abondamment
purgée avec l'Emétique. Immédiatement
après la petite Vérole parut en petite quantité.
Dans la fupuration , un mal de gorge
étouffement confiderable donnerent de l'inquiétude.
Une troifiéme faignée du pied la diffipa.
& un
2º. D'une forte conftitution , eût la Fiévre
très-vive,un grand accablement, la poitrine ferrée
& un mal de tête des plus violens. En quatre jours
elle fut faignée huit fois du pied. Le cinquiéme
on donna l'Emétique en lavage , qu'on continua
plufieurs jours. Les accidens diminuerent par ces
évacuations ; mais la convalefcence avoit de la
peine à fe montrer. Vers le 20. à la fuite d'un
mouvement de Fiévre plus fort & d'une augmentation
de mal de tête , la petite Vérole fe declara.
Comme elle ne parut pas confidérable par la
quantité,& que les accidens fe calmerent , on ne
fit rien jufqu'au temps de la fupuration , qu'on
fut obligé de purger la malade,& de foûtenir l'évacuation
à caufe d'une bouffifure confidérable
& que la tête redevenoit pefante.
30. Tres-infirme depuis long-temps, & épuisée
par beaucoup de maladies , eut la Fiévre & une
pefanteur de tête confidérable. On la faigna du
pied le 1 & le 2 jour. Le 3 il furvint un dévoiement
fereux ; on purgea la malade avec deux
grains de Tartre émétique , qu'on réitera le lenlemain.
L'éruption fe fit , & le refte de la maladie
fe paffa fans accidens , quoique la petite Vérole
fut fort abondante & prefentât un mauvais
aspect.
4°. D'une bonne fanté , tomba dans un accablement
profond , la Fiévre étoit forte & la tête
prife ; on lui tira d'abord fix paletes de fang du
pied. La faignée fut réiterée le ſoir , dans la nuit
II. Vel. &
DECEMBRE. 1730. 2847
& le lendemain , le troifiéme jour il furvint une
perte abondante ; la petite Vérole fortit en médiocre
quantité , la Fiévre & les accidens furent
plus moderés , le 2 , le 3 & le 4 de l'éruption.
Les , la perte ceffa, le tranfport devint plus violent
& fut accompagné de convulfions . În tenta
quatre grains de Tartre émétique en lavage ,
qu'on réitera fans fuccez. La Fievre ayant redoublé
du 5 au 6 , on réitera la faignée du pied ; il falut
encore y revenir le lendemain une fixiéme &
feptiéme fois, enfuite les boiffons émétiſées qu'on
fut obligé de changer jufqu'à en confommer
plus de trente grains en 24 heures , & d'y joindre
les Ptifannes laxatives. Il fallut continuer les
évacuations jufqu'au 18 de l'éruption , à cauſe de
la pefanteur de tête qui fe renouvellois ; des Symcopes
dans le temps des convulfions firent recourir
au Lilium deux fois . Il eft à remarquer que
fur la fin , lorfque le tranfport ceffoit , la vue
reftoit éteinte, & que la malade fe plaignoit d'une
péfanteur , & d'un froid infuportable à la tête
enfin tous les accidens difparurent & la malade
revint en convalefcence.
;
5º. D'un temperamment robufte , fa maladie
commença par une Fiévre forte , avec des redoublemens
fréquens , des maux de reins & une
grande pefanteur de tête ; on la faigna du pied.
La nuit il y eu du tranſport ; on réitera la faignée
la même nuit , & le lendemain ; le 3 il y eut
du relâche dans la Fiévre ; on jetta fix grains de
Tartre émétique fur la boiffon ; l'évacuation fut
ample , la petite Vérole fortit confluante, les accidens
& la Fiévre diminuerent, la liberté du ventre
fut foûtenue par une boiffon émétiſée. Du 4
aus de l'éruption , la Fiévre devint plus forte ,
la gorge & la tête enflerent fi prodigieufement ,
qu'il fallut faire deux faignées dupied ; on char-
>
II. Vol: D Y gea
2848 MERCURE DE FRANCE
gea enfuite davantage les boiffons émétifées, l'é
vacuation diffipa les accidens. La nuit du 10 au
1 la tête devint plus pefante & la gorge plus
ferrée. On revint aux évacuations , qu'on continua
jufqu'à la convaleſcence.
6º. Délicate , fentit d'abord du mal aux reins
& à la tête, avec peu de Fiévre , on la faigna du
pied. La nuit fuivante la fiévre devint forte , le
poux paru embarraffé ; on réitera la faignée du
pied deux fois , la fiévre & le mal de tête ayant
diminué , le 3 on la purgea avec l'émétique
abondamment ; à l'entrée du 4 la petite Vérole
fortit confluante , la fiévre diminua confiderablement.
Du 3 au 4 de l'éruption , la gorge fut
tres douloureufe , la tête enfla exceffivement , il
furvint une forte hémoragie , la tête étoit embaraffée
, on revint à la faignée du pied , qu'ilfailut
réiterer jufqu'à la fixième fois , alors l'hémoragie
ceffa , & les autres accidens diminuerent ; on
chargea les boiffons d'émétique , & on les continua
jufqu'au 14 de l'éruption , que tous les
accidens difparurent.
I
7. D'une affez bonne fanté , eut des maux de
reins & de tête , & la fiévre affez forte ; on la
faigna du pied le 1 & le a jour , le 3 elle fut purgée
avec l'émétique en lavage . La petite Vérole
fortit le 4, en médiocre quantité , la fiévre & les
accidens tomberent dans la fupuration, la tête devint
fort lourde , la fiévre étoit forte , on réitera
la faignée du pied jufqu'à la quatrième fois , on
y joignit les boiffons émétifées , & tous les accidens
cefferent.
Demoiselles BLEUES. 8. Languiffantes. de pâles
couleurs depuis long - temps , avoit effuie une
diffen rie extrême , pour laquelle on l'avoit faignée
8 fois, dont elle étoit à peine rétablie, tomba
dans un profond accablement , avec des élan
11. Vola cemen
DECEMBRE. 1730. 2849
cemens à la tête & une fiévre fi vive , qu'il fallut la
faigner 3 fois du pied le mêmejour. Le lendemain.
le poux s'étant un peu relâché, on tenta un lavage
de Tartre émétique; les élancemens de tête qui augmentoient,
obligerent de l'interrompre. A la fin
du 3 la petiteVérole fortit confluante,la fiévre& les .
accidens diminuerent fort peu. Le 3 de l'éruption
la petite Vérole n'avoit prefque point fait de progrès
, on revint à la faignée du pied , les boiffons
émétifées pafferent. La petite Vérole fit du progrès
& il y cut plus de modération dans les accidens
jufques au 6. La nuit fuivante la fiévre devint
plus forte , les élancemens à la tête furent
extrêmes , on la refaigna 2 fois du pied & les
boiffons émétifées furent continuées plufieurs
jours de fuite. La convalefcence ne fe montra que
yers le 17. Il y eut plufieurs Sincopes dans le
cours de la maladie qui firent recourir au Lilium.
9. Sujette à de fréquents éréfipelles à la tête
fentit tout à coup un violent mal de tête,il parut
une difpofition éréfipélateufe au vifage. La fiévre
devint quarte , la malade fut faignée du pied les
a premiers jours ; le 3 il y eut du relâche , on
lui donna 4 grains de Tartre émétique en lavage,
l'évacuation fut abondante & produifit un calme
de trois jours ; la fiévre fe ralluma, le mal de tête
& les élancemens furent extrêmes ; on revint à la
faignée du pied 2 fois le même jour . Le lendemain
la petite Vérole fe déclara en médiocre
quantité , avec une difpofition éréfipélateuſe ; la
fiévre & les accidens perfifterent. Comme il n'y
avoit point de diminution le 3. de l'éruption , on
la faigna , on jetta quelques grains de Tartre
émétique fur les boiffons ; malgré ce fecours ,
aídé des lavemens , les élancemens à la tête & la
fiévre augmenterent à un point , qu'il fallut la
11. Vol. D vj refai
2850 MERCURE DE FRANCE
refaigner dans le temps de la fupuration une fixiéme
& feptiéme fois du pied , & entretenir les
boiffons émétifées jufqu'au is de l'éruption que
l'état de la malade fut affuré.
10. D'un temperament robufte , avec de l'embonpoint
, eut une fiévre forte , de grands maux
de reins & la tête extrêmement pefante ; on la
faigna 2 fois du pied le 1 jour ; dès le fecond la
petite Vérole parut confluante ; la fiévre & les
autres accidens ne diminuerent prefque point;les
boutons ne faifoient aucun progrès . On réitera
la faignée du pied le 1 & le 2 jour de l'éruptions
il y eut quelque relâche. Les boiffons furent égui
fées par le Tartre émétique , mais une perte
abondante qui furvint , obligea de le fufpendre.
Le même état continua jufqu'au temps de la fapuration
que la fiévre devint plus vive , avec
des feux à la tête & un gouflement prodigieux .
On réitera deux fois la faignée du pied; on chargea
les boiffons de Tartre émétique , quoique la
perte continua. Les premieres évacuations firent
ceffer la perte & modererent les autres accidens ;
il fallut infifter fur la liberté du ventre pour
combattre la pefanteur de tête , juſqu'au 16 de
l'éruption que la convalefcence parut.
11. Peu forte , tomba dans un grand affou
piffement ; la fiévre & l'accablement étoient confiderables.
Les deux premiers jours elle fut faignée
du pied 3 fois. Le 3 , il y eut quelque degré
de moderation dans la fievre ; on tenta l'émetique
en lavage ; mais comme les accidens
augmentoient , il fallut l'interrompre & revenir
à la faignée du pied . La petite Verole fortit le
4 , la fievre fut plus moderée. Le 4 de l'éruption
on tenta de nouveau les boiffons émétifées ; la
fievre devint plus forte ; on les fufpendit ; on fit
une cinquiéme faignée du pied à l'entrée de la
II. Vola ſup
DECEMBRE. 1730. 2851
.
fupuration ; alors les boiffons émétifées pafferent
; on les continua juſqu'à la fin de la maladie,
parce que la tête redevenoit pefante dès que le
ventre ceffoit d'aller.
12. D'une bonne fanté , fut prise d'une fievre
qui augmentoit par redoublement , accompagnée
de maux de reins & d'une violente douleur de
tête. Les 2 premiers jours on la faigna 3 fois du
pied. Le 3 & le 4 on effaya le Tartre émetique
en lavage , fans prefque aucun fruit ; les , la petite
Verole fortit très- abondante , & en mêmetemps
il furvint une pcrte ; la fievre ſe ſoutint .
Le z de l'éruption , la tête fut priſe ; on revint à
la faignée du pied . Les accidens ayant augmenté
à l'entrée de la fuppuration , on fir une cinquiéme
faignée du pied , & on jetta, malgré la perte,
quelques grains de Tartre émetique fur la boiffon.
Ôn continua les évacuations , jufqu'à ce que tous
les accidens euffent entierement diſparu.
2
13. D'un bon temperament , eut une fievre &
un mal de reins , des élancemens à la tête violens
qui obligerent de la faigner 3 fois du pied les 2
premiers jours. Le 3 on chargea la boiffon de
Tartre émetique ; la petite Verole fortit pendant
l'évacuation & fut affez abondante , mais la
fievre perfifta . Le 3 de l'éruption elle devint plus
forte , la tête s'embaraffa , on recourut à la faignée
du pied, & on la réitera pour la cinquième
fois dans la fupuration , parce que l'embaras de
la tête fubfiftoit , & qu'il y avoit une tenfion generale.
Les boiffons émetifées pafferent avec le
fecours des lavemens enfuite , & il fallut foutenir
les évacuations jufqu'au 14. de l'éruption .
14. D'une forte fanté , eut une fievre & un
mal de tête fort vifs ; les 2 premiers jours , elle
fut faignée 3 fois du pied ; le 3 purgée avec l'émetique
, immédiatement après la petite Vérole
II. Vol
fortit
2852 MERCURE DE FRANCE
fortit abondamment; il reftoit encore de la fieyre.
Le 3 de l'éruption , la tête devint fort pefante ;
on revint à la faignée du pied & on éguifa les
boiffons de Tartre émetique , jufqu'à la conva¬
lefcence , pour empêcher que la tête ne s'embaraffât.
Le 4,
་
15.Bien conftituée, eut d'abord une fievre tres- violente
avec des élancemens à la tête & un faigne.
ment de nez confiderable. On la faigna 3 fois du
pied la même nuit . Il parut le lendemain quelque
modération dans la fievre & dans les accidens.On
tenta l'émetique en lavage , qu'on continua le 3 .
la petite Verole fortit en médiocre quan→
tité,mais elle fut accompagnée d'une oppreffion &
d'un fond d'affoupiffement ; la fievre étoit affez
forte ; on revint à la faignée & à l'émetique.L'abondance
des évacuations procura de la modération
dans les accidens jufqu'au 5. La nuit du 5 au
6 , les boutons rentrerent , & à leur place parut
un Eréfipelle univerfel. La fievre & l'affoupiffement
devinrent plus forts ; la tête ſe prit , le poux
étoit embaraffé , ou réitera la faignée du pied 2
fois à peu de diftance ; quelques heures après on
revint à l'émetique en lavage , on foutint les évacuations
par des Prifannes laxatives. Dans le tems
des évacuations il furvint une Syncope fi forte ,
qu'on fut obligé de recourir au Lilium .La petite
Verole reprit fon cours , les accidens fe modererent
, on continua les évacuations juſqu'au 14 de
P'éruption que tous les accidens furent calmez.
16. Délicate , eut une fievre affez forte , un faignement
de nez , & la tête extrêmement lourde .
Le 1 jour elle fut faignée 2 fois du pied ; la petite
Verole fortit le 2 abondante, entremêlée de marques
pourprées. Le 3 , on employa les boiffons
émetifées , l'évacuation modera les accidens. La
fievre fe foutenoit , elle augmenta vivement du s
IL, Vol.
au •
9
DECEMBRE. 1730. 2853
au 6 de l'éruption ; la tête fe prit , on réitera la
faignée du pied la nuit & le lendemain pour la
cinquième fois. Enfuite on continua les boiffons
émetifées , qu'il fallut foutenir jufqu'au 14.
17. Très-forte , tomba dans un accablement
profond , la tête prife , des convulfions & des
fyncopes ; la fievre étoit forte , le poux embaraffé
.Ces accidens augmenterent à tel point qu'on
fut obligé de faigner la malade du pied , f fois
en moins de 30 heures ; enfuite l'émétique en lavage
, qu'il fallut aider par les lavemens & des
ptifannes laxatives; on infifta fur l'émétique for
tement ; à la fin le ventre ſe déboucha , l'évacuation
fut foutenuë , & la nuit du 3 au 4 la petite
Verole fortit abondamment , les accidens fe calmerent
, & la maladie finit fans autre fecours
qu'une boiſſon émetifée , aux aproches de la fupuration
, parce que la tête redevenoir pefante.
Damoifelles JAUNES. 18. D'une bonne fanté..
Sa fievre marqua d'abord entiere ; au troifiéme
accès elle devint continuë ; la douleur de tête étant
devenue forte , on la faigna du pied ; il fallut réiterer
la nuit & le lendemain. On purgea la ma→
lade avec l'émetique , l'évacuation fut abondante
, & fuivie d'un relâchement prefque entier.
Trois jours fe pafferent dans le même calme. La
petite Verole parut le quatriéme en médiocre
quantité & fans accidens , le 4 de l'éruption les
boutons difparurent, la fievre fe railuma , la tête
fut prife avec de violents étouffemens ; on revint
à la faignée du pied , qu'on repeta 3 fois à peu de
diftance. Toute l'habitude du corps étoit devenue:
érefipelateufe. Le 6 , la malade fouffroit exceffivement
, il fallut faire une e faignée du pied..
Quelques heures après on chargea la boiffon de
Tartre émetique , la tenfion érefipelateufe dimi
nua ; les boutons reprirent corps , on foutint les
Io. Vola
éva
2854 MERCURE DE FRANCE
évacuations jufqu'au 17 de l'éruption pour def
fendre la tête qui fe reprenoit de tems en tems.
19. La poitrine délicate , parut fort afſoupie
avec une fievre ardente ; on la faigna 2 fois du
pied le même jour ; dès le foir il parut quelquesboutons
, fans que les accidens euffent diminués ;
la peau devint pourprée ; on revint à la faignée
du pied le 2 , & le 3 la petite Verole ne faifoit
aucun progrès , & les accidens avoient fort peu
relâché. Les de l'éruption, la fievre augmenta, on
fit une se faignée ; il furvint un vomiffement
que l'on foutint par une boiffon émetifée. Les
accidens fe calmerent , on continua la même
boiffon le refte de la maladie.
20. D'une grande délicateffe , fut prise d'un
mal de tête & d'une fievre fi forte , qu'on fut obligé
de la faigner cinq fois du pied les deux premiers
jours. Le 3. il y eut de la modération
on mit trois grains de tartre fur la boiſſon. A
la fuite de l'évacuation , la petite Verole fortit
& tous les accidens tomberent .
21. D'une forte fanté , eut la fievre , des maux
de coeur & une pefanteur de tête confiderable.
Le premier jour on la faigna deux fois du pied.
Dès le fecond la petite Verole fortit très- abondante.
La pefanteur de tête continuoit : on chargea
les boiffons de tartre émetique qu'il fallut
continuer toute la maladie , & les foutenir par
des ptifanes laxatives ; car dès que le ventre ceffoit
de couler , la pefanteur de tête augmentoit.
L'état de la malade ne fut certain que vers le 14.
de l'éruption .
22. D'un temperament délicat , avoit une fievre
vive & des redoublemens fréquens. La tête étoit
menacée ; on la faigna du pied quatre fois les
deux premiers jours. Le la 3 on purgea avec
l'émetique en lavage ; l'éruption fe fit. L'embardda
Vol
ras
DECEMBRE. 1730. 2855
ras de la tête continuoit encore le 3. de l'éruption
; on fit une cinquiéme faignée du pied ; l'émetique
en lavage fut repeté chaque jour juſqu'
la fin de la maladie .
que
23. Foible , fe plaignoit d'un grand mal de
tête , quoique la fievre ne fut pas forte. Une faignée
du pied calma cette douleur pendant deux
jours. Le 3. elle eut un tranfport & un étouffement
violent fans la fievre fut beaucoup augmentée
; on fit une feconde & une troifiéme faignée
du pied , & enfuite l'émetique en lavage.
La petite Verole fe déclara à la fin de l'évacuation
; mais fon progrès fut lent , la tête demeura
embaraffée , on réitera chaque jour l'émetique
en lavage. Le 6. de l'éruption le poux parut embaraffé
, le tranfport étoit plus violent , & la tête
avoit prodigieufement enflé ; on fit une cinquié
me faignée du pied qui produifit un relâchement)
fenfible. On infifta fur les évacuations , & tous
les accidens fe calmerent.
24. Bien conftituée , eut des élancemens à la
tête , & une fievre vive qui augmentoit à differentes
heures . Les deux premiers jours elle fut
faignée du pied trois fois. Le 3. il furvint un af
foupiffement , un tranfport & des étouffemens
fréquents ; on fut obligé de réiterer la faignée'
du pied deux fois ; il falut y revenir le lendemain
pour la fixième fois , enfuite l'émetique en lavage
; comme elle avoit de la peine à pouffer , on
eut recours aux ptifannes laxatives. Après deux
jours d'évacution la petite Verole fortit , & tous
les accidens tomberent.
25. D'une fanté foible , eut la fievre & mal à
la tête pendant près de huit jours fans fe plaindre
; alors la fievre & le mal de tête ayant augmenté
, elle fut faignée trois fois du pied en deux
jours , & purgée enfuite avec l'émétique en la-
II. Vol. vage!
2856 MERCURE DE FRANCE
vage. Le furlendemain la petite Verole fe déclara
; commè les accidens réfiftoient encore , on
continua les boiffons émetifées jufqu'à la fin de
la maladie .
26. D'une bonne conftitution ,fut prise d'un vo .
miffement & d'un accablement confiderable . La
fievre étoit forte , & marquoit par redoublemens .
Elle fut faignée trois fois du pied les deux premiers
jours ; le 3 purgée avec l'émetique en
lavage , la petite Verole fortit abondamment , les
accidens fe modererent. A l'entrée de la fuppuration
, la malade tomba dans une fincope qui
fut fuivie de mouvemens convulfifs & d'une
falivation abondante. Comme la fievre n'avait
pas augmenté à proportion des accidens , on fe
contenta de revenir au tartre émetique dont il
fallut aider l'effet par les ptifanes laxatives. Dès
que les évacuations diminuoient , il furvenoit des
étouffemens , ce qui obligea de les continuer juf
qu'au quatorze de l'éruption.
1. A
27. D'une bonne fanté , eut une fievre forte ,
accompagnée d'un point fixe dans les reins ,
d'un faignement de nez & d'une douleur de tête
infuportabie. On la faigna quatre fois du pied los
deux premiers jours.. Le 3. il y eut de la modération
, le 4. elle fut purgée avec l'émetique en
lavage ; la petite Verole fortit confluante , les
accidens diminuerent confiderablement ; on favorifa
la liberté du ventre par quelques grains
de tartre émetique fur la boiffon jufqu'à la fin
de la maladie , qui fe termina fans aucun autre
accident.
"
28. Sujette aux maux d'eftomach eut les mêmes
douleurs. Comme elles augmentoient , qu'il
y avoit de la fievre , accompagnée de mal de tête ,
on la faigna du pied le 3 , fes & le 6. Le 7. elle
tomba dans la tranfport , le poux étoit concen-
II. Vol. tré ;
DECEMBRE. 1730. 2857
éré ; on lui donna un lavage de tartre émetique ,
l'évacuation ne fut pas abondante , la fievre devint
plus forte , & l'embarras de la tête continuoit
. On fit deux faignées du pied à peu de diftance
, & on revint à l'émetique qui paffa plus
heureufement. La petite Verole fortit , & ne fut
fuivie d'aucun accident .
: on
D'une forte ſanté , tomba dans un abbatement
extrême , quoique la fievre ne fut pas forte :
la faigna du pied. Le 2. la fievre augmenta , la
faignée fut réiterée. La nuit fuivante la malade
cut de fortes convulfions & une fincope qui fut
portée à l'excès . Il fallut recourir au Lilium
& le repéter au delà des dofes ordinaires : le
poux revint : on fit une troifiéme faignée du pied,
& immédiatement après on donna l'émetique
l'évacuation fut abondante. La petite Verole fortit
en grande quantité , & les accidens commencerent
à fe calmer. On continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie , à cauſe que
la tête n'étoit pas dans fon caractere ordinaire.
30. Infirme , eut une fievre vive , accompagnée
d'élancemens à la tête , le poux étoit embaraffé :
on fit trois faignées du pied les deux premiers
jours. La nuit du 2 au 3. la tête fut menacée ,
on revint à la faignée du pied , qui produifit un
relâchement dans la fievre ; l'émetique en lavage
fut employé le lendemain. Après l'évacuation
la petite Verole fortit en médiocre quantité , les
accidens diminuerent ; mais comme il reftoit un
fond de fievre , & que la tête laiffoit quelque inquiétude
on continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie.
>
31. Sujette à une toux habituelle , & crachant
quelquefois du fang , fut prife d'une fievre trèsvive
fuivie de fréquents redoublemens. Les
deux premiers jours on fit trois faignées du
II. Vel. pied..
2858 MERCURE DE FRANCË
pied. Le 3. la tête fe prit : on réïtera la faignée
du pied qui produifit quelque modération dans
la fievre. La nuit du 4. la malade tomba dans
un affoupiffement profond ; le poux étoit emba
raffé , on tenta l'émetique inutilement , il fallut
revenir à une cinquiéme faignée du pied . Quelques
heures après la malade eut de fortes convulfions
, accompagnées de fréquentes fyncopes ,
on revint à l'émetique qu'on cut bien de la peins
à faire avaler. Comme il n'agiffoit point , on
força la dofe , le vomiffement débaraffa la tête.
Cependant fur le foir les convulfions redoublerent
, le hoquet fut fréquent & les extrémités
devinrent froides. On infifta fur l'émerique qui
à la fin produifit une abondante évacuation , les
accidens fe calmerent , la petite Verole fortit
très abondante , & finit fans donner d'autre inquiétude.
32. D'une fanté languiffante , cut une fievre
qui varioit à toute heure , accompagnée d'un
grand mal de tête ; elle fut faignée du pied , &
purgée le lendemain avec l'émetique en lavage.
Le foir la malade entra dans un calme parfait ;
les . la fiévre fe ralluma & fut accompagnée
d'un rire continuel & forcé ; on la faigna deux
fois du pied le même jour. Le lendemain la petite
Verole fortit affez abondante , cependant la
fievre & l'embarras de la tête continuerent. Le
3. de l'éruption , la malade tomba dans un aſſoupiffement
profond ; le poux étoit envelopé , on
fit une quatriéme faignée du pied , & enfuite
l'émetique en lavage qu'on réitera le lendemain ,
alors le poux fe dévelopa ; la petite Verole fit du
progrès ; la tête demeura pourtant embaraffée
on continua les boiflons émetifées jufques dans
le fort de la fupuration . Comme la tête étoit un
peu plus libre , & que la fievre avoit augmenté ,
II. Vol. 01 .
DECEMBRE. 1730. 2859
on en fufpendit l'uſage . 24. heures après la petite
Verole rentra: le tranfport accompagné de convulfrons
fut violent, la gorge prodigieufement enflée :
on revint à la faignée du pied , & immédiatement
après l'émerique , l'évacuation fut abondante ; la
petite Verole reprit cours , les accidens fe calmerent
; mais on ne difcontinua plus l'ufage de
la boiffon émetifée , aidée par les lavemens juſqu'au
16. de l'éruption qui termina la maladie.
Demoiselles VERTES . 33. D'une mauvaiſe
fanté , tomba dans un grand accablement , la
févre étoit vive ; elle fut faignée trois fois du
pied le même jour , la petite Verole fortit abondamment.
Il reftoit un fond de fievre à la malade
qui ayant mal à la gorge depuis long- tems
ne put rien avaler le 2 & le 3. de l'éruption . Le
4. on réitera la faignée , & les boiffons émetifées
pafferent enfuite , il falut les continuer le refte
de la maladie à caufe que la gorge & la tête
étoient menacées .
34 D'une fanté foible , cut des maux de reins ,
de violens élancemens à la tête & une fievre quartes
on la faigna deux fois du pied à une heure
de diſtance , on réitera la faignée le lendemain.
Le 3. il y eut du mieux , on employa le tartre
émetique en lavage , la perite Verole fortit trés
abondante , il y eut une remiffion prefque entiere
. A l'entrée de la fupuration la tête devint
fort pefante , la malade y fentoit de grands feux,
la fievre n'étant point forte , on fe contenta
d'employer les boiffons émetifées pendant la fupuration.
35. D'un temperament foible , eut d'abord peu
de fievre. Le 3. la fievre s'alluma avec un violent
tranfport , on la faigna trois fois du pied à
peu de distance , la fievre fe modera , on mit
trois grains de tartre émetique fur la boiffon.
14. Vol.
Après
2860 MERCURE DE FRANCE
Après l'évacuation la petite Verole fortit confluante
, la tête refta embaraffée , & la fievre ,
quoique moderée , perfiftoit ; on réitera la faignée
du pied le 3. de l'éruption , & on reprit
l'ufage des boiffons émetifées , qu'on continua
jufqu'au 14. de l'éruption que la tête fut totalement
debarraffée.
36. D'une forte fanté , eut de grands maux de
reins , un faignement de nez , la fievre étoit vive,
& fuivie de redoublemens . Les deux premiers
jours on la faigna du pied trois fois , à l'entrée
du 4. on reitera la faignée , la petite Verole ne
fit que fe montrer pendant deux jours , & dif-
La malade tomba dans un accablement
parut.
& un affoupiffement profond , le poux étoit petit ;
on jetta quatre grains de tartre émetique fur la
boiffon , l'évacuation fut abondante. La petite
Verole fit des progrès , & les accidens tomberent,
la fupuration fut longue , mais elle n'exigea aucun
fecours.
37. Délicate , avoit de la fievre depuis plufieurs
jours , & mal à la tête ; elle fut faignée & purgée.
Il y eut du mieux pendant huit jours , enfuite
elle tomba dans une fincope forte , la tête.
fe prit , la fievre étoit vive ; on la faigna deux
fois du pied à une heure de diftance. Quelque
tems après il y eut du relâche dans la fievre , on
mit quatre grains de tartre dans la boiffon , on
infifta fur le même remede . Le lendemain l'évacuation
fut forte , les accidens diminuerent , la
petite Verole fortit abondament , on continua
les évacuations juſqu'à la fin de la maladie.
38. D'une délicateffe extrême , eut un grand
accablement , la tête embarraffée , & une fievre
vive qui augmentoit par redoublemens ; le premier
jour on lui fit 2. faignées du pied ; le 2. on
réitera ; le 3. il y avoit quelque relâche , on
11. Vol "
mit
DECEMBRE. 1730. 2.86-1
mit deux grains de Tartre émetique fur la boiffon
, la petite Verole fortit confluante , la fievre &
l'embarras de tête diminuerent confiderablement,
il reftoit encore une grande pefanteur qui détermina
à continuer la boiffon émetiſée pendant le
refte de la maladie , qui par ce moyen finit heureufement.
39. D'un bon tempérament , eut un grand accablement
, un point fixe dans les reins ; la fievre
étoit forte & le poux embarraffé , des redoublemens
fréquents , le tranfport s'y joignit ; le premier
jour on lafaigna deux fois du pied , on réi
tira la faignée la nuit , le lendemain la fievre étoit
relâchée , on mit 4. grains de Tartre émetique
fur la boiffon ; la petite Verole fortit confluante,
du 3 au 4 les accidens tomberent prefque entierement;
le 4 de l'éruption la petite Verole rentra,
la tête fe prit , il y avoit de l'embarras dans le
poux & des étouffemens frequens ; on fit une 4° .
& se. faignée du pied , & enfuite l'émetique en
lavage fur lequel on infifta ; l'évacuation fur
abondante , la petite Verole reprit corps , les ac
cidens diminuerent , on continua la boiffon émetifée
jufqu'au 14. de l'éruption qu'on foutenoit
les lavemens : dès le ventre ceffoit d'aller
l'embarras de la tête & les étouffemens reparoif
foient .
par
que
40. Damoifelles ROUGES. Fort replette ,
tomba dans un grand affoupiffement , la fievre
étoit forte , la refpiration gênée ; elle fut faignée
3. fois du pied les 2. premiers jours ; le 3. on mit
3. grains de Tartre émetique fur la boiffon ;
L'embarras de la tête ceffa , la petite Verole
fortit en grande quantité , les accidens fe calmerent
, la fuppuration fut très- laborieufe ; mais
comme la fievre n'étoit pas forte , on fe contenta
de tenir le ventre libre par les boiffons émetiſées,
AI. Volo
2862 MERCURE DE FRANCE
& les lavemens jufqu'à la fin de la maladie.
41. D'une forte fanté, eut la fievre vive , accompagnée
de tranfport ; on la faigna 2. fois du
pied le même jour ; le lendemain le relâchement
de la fievre donna lieu à Pémetique ; l'évacuation
fut abondante & fuivie de l'éruption , l'embarras
de la tête & un mouvement de fievre continuoits
on infifta fur la boiffon émetifée pendant toute
la maladie , parce que la tête fe broüilloit dès que
le ventre n'alloit plus.
1
42. Delicate , fut près de 8. jours languiffante,
eut enfuite un éclat de tranfport & un rire forcé
qui ne difcontinuoit pas ; la fievre n'étoit pas vive;
elle fut faignée 3. fois du pied les 2. premiers jours
& purgée le 3. avec l'émerique ; une éruption
abondante fuivit de près l'évacuation ; les accidens
diminuerent , mais il reftoit une pente à l'affoupiffement
& la tête n'étoit pas entierement libre
, ce qui détermina à continuer les boiffons
émetifées pendant la maladie.
43. Valetudinaire , eut la fievre par redoublemens
; la tête étoit prife , elle fut faignée 2. fois
du pied le premier jour ; le fecond , à la faveur
d'une rémiffion fenfible dans le poux , on tenta
l'émetique qu'il fallut interrompre & revenir à la
faignée le foir ; le 3. la tête étoit toujours priſe ,
mais le poux étoit petit ; après quelques grains
de Tartre émetique fur la boiffon qui n'agiffoient
pas , on donna le vin d'Eſpagne émetique ; l'évacuation
fut foutenuë le lendemain , le 5. P'éruption
fut très -abondante , les accidens fe calmerent
; on aida la liberté du ventre dans le cours
de la maladie , parce que la tête avoit une difpotion
à s'embarafler.
44. D'une bonne fanté , eut une forte fievre ,
accompagnée d'un faignement de néz. On fit 3 .
Laignées du pied le premier jour ; la petite Ve
11. Vol
role
DECEMBRE. 1730. 2863
role fortit le lendemain ; comme les accidens s'étoient
moderez , on ne fit rien juſqu'au 3. de l'éruption
que la fievre augmenta ; la tête ſe prit ,
on revint à la faignée du pied , & enfuite à l'émetique
en lavage ; les évacuations débarafferent la
tête , on les a continuées jufqu'à la fin de la fupuration.
45. D'une fanté médiocre , fut prife d'un grand
accablement ; la fievre étoit forte , on la faigna
2 fois du pied le premier jour ; un peu de relâche
le lendemain détermina à donner un lavage de
Tartre émetique; l'évacuation fut fuivie d'un calme
de 4. jours ; la fievre fe ralluma , le tranſport
& de fortes convulfions s'y joignirent , le poux
étoit embaraffé ; on refit deux faignées du pied à
peu de diftance , & immediatement après l'émetique
en lavage ; on foutint l'évacuation ; la petite
Verole fortit le lendemain , accompagnée de
marques pourprées ; les accidens ſe modererent ,
on a foutenu foigneuſement la liberté du ventre
jufqu'à la fin de la maladie.
45. Robufte , eut une groffe fievre , accompa
gnée d'un faignement de nez & de violens élancemens
à la tête ; on la faigna du pied & la petite
Verole parut le même jour confluante. Les accidens
ne diminuerent point ; les boutons ne faifoient
aucun progrès ; la faignée du pied fut réïterée
le 2. & le 3. La nuit du 3. au 4. de l'éruption
il furvint un redoublement vif ; on refaigna
la Malade , elle fut vuidée le lendemain avec l'E
netique en lavage. L'évacuation qui fut abondante
modera les accidens jufqu'au 7. que la
fievre devint plus forte ; la tête fe prit & enfla
prodigieufement. On réïtera la faignée du pied
& l'ufage des boiffons émetifées qui furent continuées
jufqu'à la fin de la maladie.
47. Bien conftituée , fut lauguiffante plufieurs
11. Vol.
jours E
2864 MERCURE DE FRANCE
jours , la petite Verole fortit en petite quantité
fans accident ni mouvement de fievre. Le 4. de
P'éruption elle tomba dans un affoupiffement ;
la tête fut prife , il furvint un faignement de nez ;
on fit deux faignées du pied à peu de diftance , &
Pufage d'une boiffon emetifée qu'on continuą
plufieurs jours , débaraffa la tête.
48. Infirme & fujette à des coliques d'eftomach
, eut le même accident , accompagné d'une
fievre très-vive & d'une grande pefanteur de tête;
elle fut faignée quatre fois du pied les deux premiers
jours , le trois il y eut de la moderation ;
on jetta 4. grains de Tartre émetique fur la boif
fon , qui pafferene heureufement , & à la fin de
Pévacuation la petite Verole fortit ; il a fallu
foutenir la liberté du ventre le reſte de la maladie,
pour combattre la pefanteur de tête.
49. D'une médiocre fanté , eut une grande pefanteur
de tête , un faignement de nez , la fievre
étoit vive , les 2. premiers jours elle fut faignée
4. fois du pied ; le 3. la petite Verole fortit , le
4. l'éruption ne faifoit nul progrès ; on éguifa les
boiffons de quelques grains de Tartre émetique ,
il fallut en augmenter la doſe dans les tems de la
fupuration.
so, Dune délicateffe extrême , la fievre & les
accidens ne furent pas confiderables ; on ne fit
rien , la petite Verole fortit en médiocre quantité.
A l'entrée de la fupuration là fievre devint vive ,
la tête fè prit ; on fit deux faignées du pied à peu
de diftance , & les boiffons émetifées enfuite
qu'on continua jufqu'au 12. de l'éruption .
SI. DAMES RELIGIEUSES. Agée de
8, ans , d'un tempérament affez fort , quoique
fujette à des maux d'eftomach , cut une fievre des
plus vives , un grand accablement , des maux de
teins , un fond d'affoupiffement & des friffonne-
11. Vols
mens
DECEMBRE. 1730. 2865
3.
mens continuels ; on lui fit quatre fortes faignées
du pied les deux premiers jours ; comme il y eur
de la modération dans la fievre , le elle fut purgée
avec quatre grains de Tartre émetique en layage
, qui produifirent peu d'effet . On y revint le
lendemain , l'évacuation fut plus heureuſe , la petite
Verole fe déclara confluante & fut accompagnée
d'un fond de fievre & d'affoupiffement ; on
continua les boiffons émetifées qu'on aidoit par
les lavemens foir & matin. Malgré ces fecours le
. de l'éruption le ventre ne coula plus , l'affoupiffement
devint profond ; la fievte n'ayant pas
augmenté à proportion des autres accidens , on
fe contenta de doubler la doſe de l'émetique ; le
ventre ne s'ouvrant pas , on infifta fur le même
remede , aidé par les Ptifannes laxatives ; enfin on
eut recours au vin d'Efpagne émerique qui fut
fuivi d'une évacuation abondante . La Malade
avoit pris dans les 24 heures la valeur de plus de
30 grains de Tartre émetique ; la petite Verole
repouffa , la tête fut déchargée ; on continua les
boiffons émetifées jufqu'à la fin de la maladie :
l'état de la Malade n'a été certain que vers le 15
de l'éruption.
52. Agée de 56 ans , d'un temperament trèsdélicat
, fujette à cracher du fang , & les jambes
fouvent enflées , eut une fievre affez vive , accompagnée
de maux de reins & d'une grande
douleur de tête , on la faigna deux fois du pied
les deux premiers jours ; le 3. il y eut un dévoiement
; on mit deux grains de Tartre fur la boiffon
, qu'on réitera le lendemain. La petite Verole
fortit à la fin du 4. en médiocre quantité, tous les
accidens fe modererent. Le 5. de l'éruption , la
pefanteur de tête & le dévoiement recommencerent
, on mit encore deux. grains de Tartre fur
la boiffon , on les repeta le lendemain & la maladie
finit heureuſement. Eij 53
2866 MERCURE DE FRANCE
53. Agée de 24. ans , d'un tempérament fort
vif , dans une difpofition à une fievre étique , eut
des élancemens à la tête , des maux de reins , des
fux dans la poitrine ; la fievre étoit forte , elle
fut faignée trois fois du pied les 2 premiers jours,
il y eut peu de moderation le 3. Le 4. elle étoit
plus fenfible ; on mit deux grains de Tartre fur
la boiffon ; la petite Verole fortit en affez grande
quantité. Le 3. de l'éruption la fievre & les élancemens
à la tête augmenterent ; on revint à la faignée
du pied qui calma les accidens ; le refte de
la maladie elle n'eut befoin que d'une Eau de
Pavot pour calmer les tiraillemens de poitrine
qui fe réveilloient de tems en tems , plutôt comme
une fuite de fa difpofition habituelle , que de
la maladie preſente.
>
54. Agée de 23. ans , fortoit d'une fluxion de
poitrine , pour laquelle on avoit été obligé de la
faigner plufieurs fois ; la convalefcence n'étoit
pas entièrement confirmée , lorfqu'elle fut prife -
d'une fievre vive , accompagnée d'élancemens à
la tête , & en même- tems d'une perte confiderable.
On fit 2. faignées du pied le premier jour
le 3. on réitera ; de la moderation dans la
fievre & dans la perte firent paffer à un lavage
de Tartre émetique ; l'évacuation fut ample , elle
diminua tous les accidens , fit ceffer la perte . La
petite Verole fortit abondante ; le 5. l'éruption ,
la pefanteur de tête revint , on mit quelques
grains de Tartre fur la boiffon, qui ne produifirent
prefque aucun effet ; la pefanteur de tête fut plus
forte & la fievre augmenta , on fit une quatrième
faignée du pied & enfuite les boiffons émetifées
pafferent heureufement , on en continua l'ufage
jufqu'à la fin de la maladie.
55. Agée de 35. ans , d'un bon temperament
& fort replete,cut de violens maux de reins,la tête
14 Vol
CxDECEMBRE
. 1730. 2867
extrémement pefante & la fievre forte ; on fit 4.
grandes faignées du pied les deux premiers jours ;
le 4. il fallut réiterer quelque moderation
donna lieu à l'émetique en lavage ; après l'évacuation
la petite Verole fortit confluante ; il reftoit
encore de la pefanteur à la tête ; on inſiſta
fur les boiffons émetifées qu'il fallut aider plus
d'une fois par des Ptifannes laxatives & les lavemens
jufqu'au 14. de l'éruption .
Voilà,Madame,un Extrait bien fidele du Journal
de nos Malades ; j'y ai trouvé qu'en 3. mois nous
avons fait près de 500. faignées du pied , &
donné environ 2000. grains de Tartre émetique ;
à la verité je comprens toujours dans nos petites
Veroles , les fievres du même tems , parce qu'excepté
les boutons , c'étoit le même caractere , &
qu'on y a employé les mêmes fecours ; j'en citerai
feulement une des plus fortes pour exemple.
>
Mle *** âgée de 18. ans , avoit de l'embonpoint
& des couleurs vives , toutefois fujette aux
maux de tête ; elle tomba dans un grand accablement
la fievre étoit forte & la pefanteur de tête extrême
, elle avoit des maux de reins,des envies de
vomir & un fond d'oppreffion ; on la faigna 5 .
fois du pied les deux premiers jours ; le 3, un peu
de modération fit tenter l'émetique en "lavage
mais inutilement ; la fievre augmenta , on réïtera
la faignée le foir ; le 4. il y eut du mieux ; on
revint à l'émetique , on y joignit le fecours des
lavemens ; on continua le 5. le 6. & le 7. la pefanteur
de tête diminuoit à mefure des évacuations
. Du 8. au 9. la fievre devint plus forte , la
tête fe prit totalement ; on apperçut quelques
mouvemens convulfifs ; il fe répandit un engourdiffement
abfolu fur tout le côté droit ; on fit
2. faignées du pied à peu de diſtance; la fievre ſe
modera , & on revint à l'émetique en lavage ; les
II. Vol.
éva- E iij
2868 MERCURE DE FRANCE
évacuations foutenues pendant plufieurs jours
diffiperent enfin les accidens , & là convalefcence
commença vers le 20 .
Notre Medecin avoit extrémement fimplifié
notre travail , la boiffon étoit l'eau naturelle ; on
la faifoit tiédir lorfque les malades étoient dans
la moiteur ; la nourriture , un bouillon fort fimple
que l'on fuprimoit les premiers jours , & méme
dans le cours de la maladie , lorfque les accidens
étoient violens. On changeoit les Malades
de linge & de lit dans tous les tems de la maladie,
lorfqu'elles en avoient befoin. Il n'y avoit ni plus
de couvertures , ni plus de feu dans les Infirme
ries que pendant les autres maladies . Les lavemens
étoient d'un ufage journalier. Quelque narcotique
, du Lilium dans les fyncopes fortes , nul
remede exterieur pour préferver les Malades de
l'impreffion que cette maladie laiffe ordinairement,
perfuadez qu'ils font inutiles, & que c'eft du caractere
du fang que dépend cette impreffion,du refte
la faignée & l'émetique. On adopte fans peine
une pratique aufli fimple, fur tout lorfqu'elle eft
fuivie d'un fuccès auffi heureux . Il paroiffoit difficile
à croire à ceux qui n'en ont pas été témoins.
De plus de 125. Demoifelles, il n'en eft pas inort
une feule , & de 7. Religieufes & une Soeur , nous
n'en avons perdu qu'une , plus encore par fes
grandes infirmitez & fon âge avancé , que par la
maladie courante qui ne put pas fortir
J'avoue qu'il y a des années où la petite Verole
n'eft pas meurtriere, & qu'elle feroit peu de ravage
, quand même on n'y donneroit aucun fecours;
mais celle-cy étoit bien differente , l'excès où l'on
a été obligé de porter la faignée du pied & les autres
évacuations dans la plupart des Malades , ne
prouve que trop fa violence. Dans le Village de S.
Cyr,où cette maladie étoit en même tems répan-
II. Vol
duë ,
DECEMBRE . 1730. 2869
2
due , & fans autre fecours que celui qu'admet le
préjugé, on a perdu un grand nombre de Malades;
or fi la petite Verole a fait beaucoup de defordre
dans un Village où la jeuneffe jouit d'une forte
fanté , parce qu'elle vit dans une liberté entiere
quel ravage n'auroit-elle pas fait avec de fi foibles
fecours dans une Maifon où un grand nombre
de Demoifelles raffemblées dès leur enfance , vi
vent dans une grande régularité & dans une con
tention d'efprit perpetuelle à remplir leur devoir,
on parconfequent les meilleures fantez ne font pas
fans nuage, & parmi lesquelles il y en a beaucoup
d'infirmes ?
Mais s'il a fallu porter les évacuations auffi
loin dans des perfonnes qui menent une vie fimple
, que ne faudrait - il point faire dans celles
dont le fang nourri d'excès & de Liqueurs fpiritueufes
eft toujours prêt à s'enflammer ?
Ce n'eft pas pour faire valoir nos foins que
fais ici ces Reflexions , c'eft uniquement pour
détruire la prévention où prefque tout le monde
eft de croire que l'émetique & la faignée font
d'un ufage dangereux , fur tout lorfque la petite
Verole eft fortie. Je vous avoue que je fuis indi
gnée contre moi- même d'avoir penfé de la forte
autrefois , revenue de mon erreur , je ne laiffe
paffer aucune occafion d'écrire ou de parler des
prodiges que la faignée & l'émetique ont operez
chez nous dans cette maladie. Je fuis bien affurée
que vous ne trouverez pas l'expreffion trop forte,
fi vous vous faites une idée qui approche de la
réalité fur les horreurs où nous nous fommes
trouvées. Il y a eu des nuits où nous avions 5. à
6.Malades à tel point d'extrémité, qu'on n'auroit
ofé répondre de la vie d'aucune pour quelques
heures. Il nous eft arrivé plus d'une fois d'abandonner
une Malade avec la veine ouverte dans
II. Vol. Ejuj l'eau
2870 MERCURE DE FRANCE
l'eau pour courir à une autre qui tomboit dans
an accident plus brufque. Nous ne manquions
pas alors de propofer à notre Medecin d'employer
une quantité de remedes vantez pour cette malaladie
, comme la Poudre de la Comteffe , le Befoard
, la Poudre de Vipere , le Sang de Bouquetin
, &c. mais il nous répondoit froidement que
´ces cas là étoient trop férieux pour s'en tenir à
des amufemens. Les Vefiçatoires furent rejettez ,
même en nous difant leur effet étoit d'entreque
tenir & de fondre le fang , deux écueils les plus
redoutables dans cette maladie.
Je crois n'avoir pas befoin de vous dire que ce
récit eft d'une grande exactitude , je fuis perfuadée
que vous n'aurez aucun doute fur cela ; mais comme
vous pouriez le faire lire à d'autres perfonnes ,
& que je fuis bien aife que le parti de la verité ait
de la force , j'ai prié Mefdames de Garnier , de
Vaudancour , de Montchevreuil , d'examiner s'il
ne me feroit point échappé d'alterer ou de groffir
quelque circonftance , & d'y mettre leurs fignatures
, fi elles le trouvoient dans une exacte verité.
Leur témoignage doit faire foi , puifque les deux
premieres ont foutenu le fort du travail en qualité
d'Infirmieres principales , & que la troifiéme partageoit
avec moi les foins de l'Apoticairerie . J'ai
l'honneur d'être , &c. Signé , Soeurs de Garnier.
De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier.
AS. Cyr , ce 30. Août 1730.
de lui communiquer une Lettre qui nous
eft tombée entre les mains ; elle eft d'une
Religienfe de S. Cyr , qui rend compte à
une de fes amies , de la conduite qu'on a
tenue dans la petite Vérole , dont cette
Maifon a été affligée cette année. Nous
aurions fouhaité pouvoir la donner en
entier; mais comme il n'étoit pas poffible
de la renfermer dans un feul volume
nous nous fommes déterminez à retrancher
de cent trente articles qu'elle contenoit
ceux qui étoient les moins interreffans.
1
L eft aifé de voir par votre Lettre, MADAME ,
qu'on ne nous a point épargnées dans le Public
fur la conduite que nous avons tenue dans la
petite Verole , dont notre Maiſon vient d'être
accablée . On nous blafme fur tour de n'avoir pas
féparé du reste de la Maifon celles qui en ont été
attaquées. Des perfonnes refpectables , dites -vous,
nous accufent de témerité & d'imprudence . Le
reproche auroit fans doute été plus loin , fi l'on
avoit fçû le traitement, avant que d'être informé
du fuccès. Je vais vous rendre compte de ce qui
s'eft paffé chez nous dans cette occafion ; ce fera
un expofé fimple de notre conduite. Vous y
verrez la maniere dont on a penfé fur la crainte
de gagner la petite Vérole , les moyens dont on
s'eft fervi pour la détruire;les obſervations qu'on
a faites , l'ordre qu'on a gardé dans les Infirmeries,
l'état des malades & les remedes qu'on a em-
LI, Vol. ployez
DECEMBRE. 1730. 2841
ployez. L'efperance de nous juftifier du moins
auprès de vous , me fait entreprendre ce détail.
Les preuves que j'ai de votre amitié pour notre
Mailon & de votre indulgence pour moi , achevent
de m'y déterminer ; je ne vous écrirai que
des faits ils fuffiront pour les perfonnes équitables
& fenfées .
Au commencement de cette année nous eûmes
à S. Cyr quelques Fiévres malignes . Vers les
premiers jours de Février , il parut tout à coup
quatorze petites Véroles. L'effroi fe rendit auffitôt
dans la Maiſon. Madame la Superieure confulta
le Medecin , fur le parti qu'il y avoit à
prendre , en prefence des Infirmieres & de plufieurs
autres Religieufes. Le temps feul , nous
dit-il , ou la conftitution particuliere de l'air
difpofe infenfiblement les liqueurs à produire la
petite Vérole , bien- tôt l'experience vous convaincra
que cette caufe agit également fur toutes
les perfonnes qui habitent le même lieu ; que la
fréquentation des malades n'y a aucune part , &
qu'il est bien plus fage de ne point féparer les
malades , & de ne mettre aucune difference dans
leur fervice. Il ajouta pour celles qui étoient
chargées du foin des Infirmeries , que l'ancienne
méthode de donner des cordiaux & de procurer
une chaleur exceffive aux malades , étoit meurtriere
, que l'Emétique & la Saignée étoient prefles
feuls fecours fur lefquels il y eut à compter
, & que dans les cas preffans , il faudroit y
recourir , pour ainfi dire , fans nombre & fans
mefure.
que
Un pareil difcours , de tou autre , nous auroit
paru fort étrange ; mais comme il nous eft atta
ché depuis plufieurs années , & qu'il a notre confiance
, fa maniere de penfer fut notre regle. On
laila les malades enfemble , & tout le monde
II. Vol com- Dij
4
2842 MERCURE DE FRANCE
cominença à fe raffurer . Dix- huit ou vingt jours
s'écoulerent & la convalefcence de nos malades
s'avançoit , lorfqu'il nous furvint en moins de
trois jours près de cinquante petites Véroles.
L'inquiétude vint , mais nous trouvâmes dans
cet évenement même de quoi la diffiper. 1. Prefque
aucune des dernieres malades , n'avoit eu de
communication avec les précédentes . 2. Nos Infirmieres
auffi - bien que Madame la Superieure ,
qui partageoit leurs travaux , étoient préfervées
au milieu des malades , quoique la pluſpart n'euffent
point en la petite Vérole.Ces deux faits diffiperent
nos préventions , & l'expérience du paffé
nous rendit cette vérité plus fenfible.
L'ancien ufage de la Maiſon étoit de ſéparer
les malades au moindre foupçon de petite Vérole
; malgré cette précaution,nos Journaux font
foy , qu'il n'y avoit pas moins de malades , &
nous fçavons par le témoignage des anciennes ,
que celles qui avoient le plus d'attention à fuír le
danger , étoient ordinairement plutôt attaquées
que les autres,
Mais fi la chofe étoit alors égale pour le nombre
, lorfque la communication étoit févérement
interdite , il n'en étoit plus de même pour les inconveniens.
La féparation jettoit dans les malades
qu'on tranfportoit un effroy inévitable , qui
en augmentoit infiniment le danger. C'étoit au
commencement de l'éruption qu'on les changeoit
de lieu ; moment précieux pour agir &
qu'on ne retrouve quelquefois plus dans le cours
de la maladie ; ( on fçait à quel point la crainte
ralentit le mouvement du coeur , & qu'elle donne
occafion à l'air d'agir fur les liqueurs avec plus
de force ) d'ailleurs , au milieu de la confternation
, le fecours manque , peu de perfonnes ont
affez de courage pour folliciter les malades , &
LL. Vol.
nc
DECEMBRE. 1730. 2843
ne le font qu'en tremblant. La Maiſon regrette
encore les funeftes fuites & la féparation à laquelle
on étoit autrefois affervi.
Affranchies de bonne heure des préjugez ordinaires
, nous fûmes en état d'examiner les differens
momens qui fe paffoient dans nos petites
Véroles , & de les comparer aux veritez que
nous avions déja apperçues. Notre Medecin nous
les dévelopoit d'une maniere fi fimple, que nous
étions à portée de les entendre. Elles ont tant de
rapport entr'elles qu'elles forment une démonftration
pour les perfonnes qui aiment à voir
clair.
;
Pendant trois mois que la petite Vérole a regné
à S.Cyr , nous n'avons pas eu une feule maladie
d'une autre nature les fantés délicates
étoient plus fermes , quelques perfonnes qui
avoient eu déja la petite Vérole , font venues à
l'Infirmerie avec des maux de Coeur , des douleurs
de reins , une pefanteur de Tête & la Fiévre
vive ; tous ces accidens ont ordinairement
diminué du 3 au 4, & le refte de la maladie a été
fi conforme à la petite Vérole, que quoi qu'il n'y
ait point eu d'éruption , nous n'avons pas douté
que ce ne fut une vraye Fiévre de petite Vérole.
On ne pouvoit les diftinguer au commencement
que parce que la malade avoit eu déja la petite
Vérole ; car il eft prefque fans exemple que quelqu'une
dans la maiſon l'ait euë veritablement
deux fois .
Toutes nos malades en general ont rendu une
Bile extremement verte dans les petites Véroles
dans les Fiévres du même caractere , dans les
convalefcences , dans les perfonnes qui ont été
purgées par précaution ou après des chutes ; nous
avons toujours remarqué le même caractere
d'humeur. Dès que le temps changeoit, nous re-
11. Vol.
Diij mar2844
MERCURE DE FRANCÈ
marquions du changement dans nos petites Véroles
, & lorfque le vent tournoit bruſquement
au Nord ,
ordinairement les accidens reparoiffoient
ou devenoient plus preffans.
De plus de vingt perfonnes qui ont rempli les
diverfes fonctions de l'Infirmerie , dont plus de
la moitié n'avoient pas eu la petite Vérole , une
feule en a été attaquée , encore par un effet viſible
de la frayeur ; car ce fut à la fuite d'un Difcours,
fur la crainte de gagner cette maladie , dont elle
fut fi vivement faifie, qu'elle tomba ſur le champ
dans des
friffonnemens qui ne cefferent que par
l'éruption.
Raffemblons ces faits & convenons du vrai,
Puifqu'il n'y a eu aucun autre genre de maladie
à S. Cyr pendant plus de trois mois que la
petite Vérole y a régné ; puifque toutes les
fonnes de la Maiſon qui ont été purgées dans
perquelque
circonftance que ce fut , ont rendu une
bile
extrémement verte; puifque les
changemens
de temps, en ont régulierement produit dans nos
malades ,, que d'ailleurs les perfonnes écartées des
malades , en ont été par proportion moins ga-
Tanties que celles qui en approchoient, & ces faits
conftament obfervez dans une
Communauté de
près de quatre cent perfonnes ; où l'on a compté
130 malades ; il faut
neceffairement reconnoître
une caufe generale dans l'air ,
de cette maladie , & avouer que la
fréquentation , pour feul principe
des malades n'y a aucune part.
Les differentes époques de petite Vérole qu'a
eues notre Maiſon , font voir qu'elle attaque plus
de perfonnes àproportion qu'il s'eft écoulé plus de
temps fans qu'elle y ait paru. En 1715. nous en
eûmes près de cent ; il n'y avoit alors pas plus de
quatre ans que nous en étions exemtes. Depuis il
n'en a pas paru à S. Cyr , & la Maiſon s'eſt preſ-
11. Vel.
que
DECEMBRE 1730. 2845
que entierement renouvellée; ainfi il n'eft pas furprenant
qu'en dernier lieu , le nombre de nos
malades ait été plus confidérable .
Nous remarquâmes dès les premiers temps que
celles qui n'avoient pas été faignées & purgées
dans le commencement de leur maladie , avoient
une fupuration & une convalefcence plus difficiles.
Dans la fuite on a d'abord employé ces fetours
, pour peu que la Fiévre fut forte , & on
prenoit foin de faire les faignées fort grandes
pour ne pas effrayer le nombre ; très- fouvent des
petites Véroles qui s'annonçoient par les accidens
les plus effrayans , prenoient un caractere heureux
après trois ou quatre faignées du pied , brufquement
faites , & d'amples évacuations , procurées
par l'Emétique .
Je viens à l'état de nos malades , je ne m'arreterai
point fur les accidens ordinaires , ni fur la
figure des boutons à laquelle notre Médecin ne
faifoit aucune attention à moins qu'ils n'euffent
difparu. Vous verrez par les partis qu'il a pris
dans les cas particuliers , que le feul dégré de la
Fiévre , comparé avec l'état du cerveau , a toujours
déterminé fa conduite. Pour éviter la confufion
& n'être point obligée de citer l'âge de
chaque Demoiselle , je fuivrai l'ordre des Claffes.
Comme il fera neceffaire de parler de leur temperamment
, j'ai cru devoir me difpenfer de vous
marquer leurs noms. Les Demoifelles Noires font
dans leur vingtiéme année ; les Bleues ont depuis
dix-fept jufqu'à vingt ans ; les Jaunes depuis quatorze
jufqu'à dix fept ; les Vertes , depuis onze
jufqu'à quatorze , les Rouges , depuis fept jufqu'à
onze.
Demoiselles NOIRES . 19. Infirme , quoique replette
, & fe plaignant d'une douleur habituelle
au côté droit , eut une Fiévre affez forte , des
II. Vol. D iiij maux
2846 MERCURE DE FRANCE
maux de reins & une pefanteur de tête . Elle fut
faignée du pied le 1 & le 2 jour , & le 3 abondamment
purgée avec l'Emétique. Immédiatement
après la petite Vérole parut en petite quantité.
Dans la fupuration , un mal de gorge
étouffement confiderable donnerent de l'inquiétude.
Une troifiéme faignée du pied la diffipa.
& un
2º. D'une forte conftitution , eût la Fiévre
très-vive,un grand accablement, la poitrine ferrée
& un mal de tête des plus violens. En quatre jours
elle fut faignée huit fois du pied. Le cinquiéme
on donna l'Emétique en lavage , qu'on continua
plufieurs jours. Les accidens diminuerent par ces
évacuations ; mais la convalefcence avoit de la
peine à fe montrer. Vers le 20. à la fuite d'un
mouvement de Fiévre plus fort & d'une augmentation
de mal de tête , la petite Vérole fe declara.
Comme elle ne parut pas confidérable par la
quantité,& que les accidens fe calmerent , on ne
fit rien jufqu'au temps de la fupuration , qu'on
fut obligé de purger la malade,& de foûtenir l'évacuation
à caufe d'une bouffifure confidérable
& que la tête redevenoit pefante.
30. Tres-infirme depuis long-temps, & épuisée
par beaucoup de maladies , eut la Fiévre & une
pefanteur de tête confidérable. On la faigna du
pied le 1 & le 2 jour. Le 3 il furvint un dévoiement
fereux ; on purgea la malade avec deux
grains de Tartre émétique , qu'on réitera le lenlemain.
L'éruption fe fit , & le refte de la maladie
fe paffa fans accidens , quoique la petite Vérole
fut fort abondante & prefentât un mauvais
aspect.
4°. D'une bonne fanté , tomba dans un accablement
profond , la Fiévre étoit forte & la tête
prife ; on lui tira d'abord fix paletes de fang du
pied. La faignée fut réiterée le ſoir , dans la nuit
II. Vel. &
DECEMBRE. 1730. 2847
& le lendemain , le troifiéme jour il furvint une
perte abondante ; la petite Vérole fortit en médiocre
quantité , la Fiévre & les accidens furent
plus moderés , le 2 , le 3 & le 4 de l'éruption.
Les , la perte ceffa, le tranfport devint plus violent
& fut accompagné de convulfions . În tenta
quatre grains de Tartre émétique en lavage ,
qu'on réitera fans fuccez. La Fievre ayant redoublé
du 5 au 6 , on réitera la faignée du pied ; il falut
encore y revenir le lendemain une fixiéme &
feptiéme fois, enfuite les boiffons émétiſées qu'on
fut obligé de changer jufqu'à en confommer
plus de trente grains en 24 heures , & d'y joindre
les Ptifannes laxatives. Il fallut continuer les
évacuations jufqu'au 18 de l'éruption , à cauſe de
la pefanteur de tête qui fe renouvellois ; des Symcopes
dans le temps des convulfions firent recourir
au Lilium deux fois . Il eft à remarquer que
fur la fin , lorfque le tranfport ceffoit , la vue
reftoit éteinte, & que la malade fe plaignoit d'une
péfanteur , & d'un froid infuportable à la tête
enfin tous les accidens difparurent & la malade
revint en convalefcence.
;
5º. D'un temperamment robufte , fa maladie
commença par une Fiévre forte , avec des redoublemens
fréquens , des maux de reins & une
grande pefanteur de tête ; on la faigna du pied.
La nuit il y eu du tranſport ; on réitera la faignée
la même nuit , & le lendemain ; le 3 il y eut
du relâche dans la Fiévre ; on jetta fix grains de
Tartre émétique fur la boiffon ; l'évacuation fut
ample , la petite Vérole fortit confluante, les accidens
& la Fiévre diminuerent, la liberté du ventre
fut foûtenue par une boiffon émétiſée. Du 4
aus de l'éruption , la Fiévre devint plus forte ,
la gorge & la tête enflerent fi prodigieufement ,
qu'il fallut faire deux faignées dupied ; on char-
>
II. Vol: D Y gea
2848 MERCURE DE FRANCE
gea enfuite davantage les boiffons émétifées, l'é
vacuation diffipa les accidens. La nuit du 10 au
1 la tête devint plus pefante & la gorge plus
ferrée. On revint aux évacuations , qu'on continua
jufqu'à la convaleſcence.
6º. Délicate , fentit d'abord du mal aux reins
& à la tête, avec peu de Fiévre , on la faigna du
pied. La nuit fuivante la fiévre devint forte , le
poux paru embarraffé ; on réitera la faignée du
pied deux fois , la fiévre & le mal de tête ayant
diminué , le 3 on la purgea avec l'émétique
abondamment ; à l'entrée du 4 la petite Vérole
fortit confluante , la fiévre diminua confiderablement.
Du 3 au 4 de l'éruption , la gorge fut
tres douloureufe , la tête enfla exceffivement , il
furvint une forte hémoragie , la tête étoit embaraffée
, on revint à la faignée du pied , qu'ilfailut
réiterer jufqu'à la fixième fois , alors l'hémoragie
ceffa , & les autres accidens diminuerent ; on
chargea les boiffons d'émétique , & on les continua
jufqu'au 14 de l'éruption , que tous les
accidens difparurent.
I
7. D'une affez bonne fanté , eut des maux de
reins & de tête , & la fiévre affez forte ; on la
faigna du pied le 1 & le a jour , le 3 elle fut purgée
avec l'émétique en lavage . La petite Vérole
fortit le 4, en médiocre quantité , la fiévre & les
accidens tomberent dans la fupuration, la tête devint
fort lourde , la fiévre étoit forte , on réitera
la faignée du pied jufqu'à la quatrième fois , on
y joignit les boiffons émétifées , & tous les accidens
cefferent.
Demoiselles BLEUES. 8. Languiffantes. de pâles
couleurs depuis long - temps , avoit effuie une
diffen rie extrême , pour laquelle on l'avoit faignée
8 fois, dont elle étoit à peine rétablie, tomba
dans un profond accablement , avec des élan
11. Vola cemen
DECEMBRE. 1730. 2849
cemens à la tête & une fiévre fi vive , qu'il fallut la
faigner 3 fois du pied le mêmejour. Le lendemain.
le poux s'étant un peu relâché, on tenta un lavage
de Tartre émétique; les élancemens de tête qui augmentoient,
obligerent de l'interrompre. A la fin
du 3 la petiteVérole fortit confluante,la fiévre& les .
accidens diminuerent fort peu. Le 3 de l'éruption
la petite Vérole n'avoit prefque point fait de progrès
, on revint à la faignée du pied , les boiffons
émétifées pafferent. La petite Vérole fit du progrès
& il y cut plus de modération dans les accidens
jufques au 6. La nuit fuivante la fiévre devint
plus forte , les élancemens à la tête furent
extrêmes , on la refaigna 2 fois du pied & les
boiffons émétifées furent continuées plufieurs
jours de fuite. La convalefcence ne fe montra que
yers le 17. Il y eut plufieurs Sincopes dans le
cours de la maladie qui firent recourir au Lilium.
9. Sujette à de fréquents éréfipelles à la tête
fentit tout à coup un violent mal de tête,il parut
une difpofition éréfipélateufe au vifage. La fiévre
devint quarte , la malade fut faignée du pied les
a premiers jours ; le 3 il y eut du relâche , on
lui donna 4 grains de Tartre émétique en lavage,
l'évacuation fut abondante & produifit un calme
de trois jours ; la fiévre fe ralluma, le mal de tête
& les élancemens furent extrêmes ; on revint à la
faignée du pied 2 fois le même jour . Le lendemain
la petite Vérole fe déclara en médiocre
quantité , avec une difpofition éréfipélateuſe ; la
fiévre & les accidens perfifterent. Comme il n'y
avoit point de diminution le 3. de l'éruption , on
la faigna , on jetta quelques grains de Tartre
émétique fur les boiffons ; malgré ce fecours ,
aídé des lavemens , les élancemens à la tête & la
fiévre augmenterent à un point , qu'il fallut la
11. Vol. D vj refai
2850 MERCURE DE FRANCE
refaigner dans le temps de la fupuration une fixiéme
& feptiéme fois du pied , & entretenir les
boiffons émétifées jufqu'au is de l'éruption que
l'état de la malade fut affuré.
10. D'un temperament robufte , avec de l'embonpoint
, eut une fiévre forte , de grands maux
de reins & la tête extrêmement pefante ; on la
faigna 2 fois du pied le 1 jour ; dès le fecond la
petite Vérole parut confluante ; la fiévre & les
autres accidens ne diminuerent prefque point;les
boutons ne faifoient aucun progrès . On réitera
la faignée du pied le 1 & le 2 jour de l'éruptions
il y eut quelque relâche. Les boiffons furent égui
fées par le Tartre émétique , mais une perte
abondante qui furvint , obligea de le fufpendre.
Le même état continua jufqu'au temps de la fapuration
que la fiévre devint plus vive , avec
des feux à la tête & un gouflement prodigieux .
On réitera deux fois la faignée du pied; on chargea
les boiffons de Tartre émétique , quoique la
perte continua. Les premieres évacuations firent
ceffer la perte & modererent les autres accidens ;
il fallut infifter fur la liberté du ventre pour
combattre la pefanteur de tête , juſqu'au 16 de
l'éruption que la convalefcence parut.
11. Peu forte , tomba dans un grand affou
piffement ; la fiévre & l'accablement étoient confiderables.
Les deux premiers jours elle fut faignée
du pied 3 fois. Le 3 , il y eut quelque degré
de moderation dans la fievre ; on tenta l'émetique
en lavage ; mais comme les accidens
augmentoient , il fallut l'interrompre & revenir
à la faignée du pied . La petite Verole fortit le
4 , la fievre fut plus moderée. Le 4 de l'éruption
on tenta de nouveau les boiffons émétifées ; la
fievre devint plus forte ; on les fufpendit ; on fit
une cinquiéme faignée du pied à l'entrée de la
II. Vola ſup
DECEMBRE. 1730. 2851
.
fupuration ; alors les boiffons émétifées pafferent
; on les continua juſqu'à la fin de la maladie,
parce que la tête redevenoit pefante dès que le
ventre ceffoit d'aller.
12. D'une bonne fanté , fut prise d'une fievre
qui augmentoit par redoublement , accompagnée
de maux de reins & d'une violente douleur de
tête. Les 2 premiers jours on la faigna 3 fois du
pied. Le 3 & le 4 on effaya le Tartre émetique
en lavage , fans prefque aucun fruit ; les , la petite
Verole fortit très- abondante , & en mêmetemps
il furvint une pcrte ; la fievre ſe ſoutint .
Le z de l'éruption , la tête fut priſe ; on revint à
la faignée du pied . Les accidens ayant augmenté
à l'entrée de la fuppuration , on fir une cinquiéme
faignée du pied , & on jetta, malgré la perte,
quelques grains de Tartre émetique fur la boiffon.
Ôn continua les évacuations , jufqu'à ce que tous
les accidens euffent entierement diſparu.
2
13. D'un bon temperament , eut une fievre &
un mal de reins , des élancemens à la tête violens
qui obligerent de la faigner 3 fois du pied les 2
premiers jours. Le 3 on chargea la boiffon de
Tartre émetique ; la petite Verole fortit pendant
l'évacuation & fut affez abondante , mais la
fievre perfifta . Le 3 de l'éruption elle devint plus
forte , la tête s'embaraffa , on recourut à la faignée
du pied, & on la réitera pour la cinquième
fois dans la fupuration , parce que l'embaras de
la tête fubfiftoit , & qu'il y avoit une tenfion generale.
Les boiffons émetifées pafferent avec le
fecours des lavemens enfuite , & il fallut foutenir
les évacuations jufqu'au 14. de l'éruption .
14. D'une forte fanté , eut une fievre & un
mal de tête fort vifs ; les 2 premiers jours , elle
fut faignée 3 fois du pied ; le 3 purgée avec l'émetique
, immédiatement après la petite Vérole
II. Vol
fortit
2852 MERCURE DE FRANCE
fortit abondamment; il reftoit encore de la fieyre.
Le 3 de l'éruption , la tête devint fort pefante ;
on revint à la faignée du pied & on éguifa les
boiffons de Tartre émetique , jufqu'à la conva¬
lefcence , pour empêcher que la tête ne s'embaraffât.
Le 4,
་
15.Bien conftituée, eut d'abord une fievre tres- violente
avec des élancemens à la tête & un faigne.
ment de nez confiderable. On la faigna 3 fois du
pied la même nuit . Il parut le lendemain quelque
modération dans la fievre & dans les accidens.On
tenta l'émetique en lavage , qu'on continua le 3 .
la petite Verole fortit en médiocre quan→
tité,mais elle fut accompagnée d'une oppreffion &
d'un fond d'affoupiffement ; la fievre étoit affez
forte ; on revint à la faignée & à l'émetique.L'abondance
des évacuations procura de la modération
dans les accidens jufqu'au 5. La nuit du 5 au
6 , les boutons rentrerent , & à leur place parut
un Eréfipelle univerfel. La fievre & l'affoupiffement
devinrent plus forts ; la tête ſe prit , le poux
étoit embaraffé , ou réitera la faignée du pied 2
fois à peu de diftance ; quelques heures après on
revint à l'émetique en lavage , on foutint les évacuations
par des Prifannes laxatives. Dans le tems
des évacuations il furvint une Syncope fi forte ,
qu'on fut obligé de recourir au Lilium .La petite
Verole reprit fon cours , les accidens fe modererent
, on continua les évacuations juſqu'au 14 de
P'éruption que tous les accidens furent calmez.
16. Délicate , eut une fievre affez forte , un faignement
de nez , & la tête extrêmement lourde .
Le 1 jour elle fut faignée 2 fois du pied ; la petite
Verole fortit le 2 abondante, entremêlée de marques
pourprées. Le 3 , on employa les boiffons
émetifées , l'évacuation modera les accidens. La
fievre fe foutenoit , elle augmenta vivement du s
IL, Vol.
au •
9
DECEMBRE. 1730. 2853
au 6 de l'éruption ; la tête fe prit , on réitera la
faignée du pied la nuit & le lendemain pour la
cinquième fois. Enfuite on continua les boiffons
émetifées , qu'il fallut foutenir jufqu'au 14.
17. Très-forte , tomba dans un accablement
profond , la tête prife , des convulfions & des
fyncopes ; la fievre étoit forte , le poux embaraffé
.Ces accidens augmenterent à tel point qu'on
fut obligé de faigner la malade du pied , f fois
en moins de 30 heures ; enfuite l'émétique en lavage
, qu'il fallut aider par les lavemens & des
ptifannes laxatives; on infifta fur l'émétique for
tement ; à la fin le ventre ſe déboucha , l'évacuation
fut foutenuë , & la nuit du 3 au 4 la petite
Verole fortit abondamment , les accidens fe calmerent
, & la maladie finit fans autre fecours
qu'une boiſſon émetifée , aux aproches de la fupuration
, parce que la tête redevenoir pefante.
Damoifelles JAUNES. 18. D'une bonne fanté..
Sa fievre marqua d'abord entiere ; au troifiéme
accès elle devint continuë ; la douleur de tête étant
devenue forte , on la faigna du pied ; il fallut réiterer
la nuit & le lendemain. On purgea la ma→
lade avec l'émetique , l'évacuation fut abondante
, & fuivie d'un relâchement prefque entier.
Trois jours fe pafferent dans le même calme. La
petite Verole parut le quatriéme en médiocre
quantité & fans accidens , le 4 de l'éruption les
boutons difparurent, la fievre fe railuma , la tête
fut prife avec de violents étouffemens ; on revint
à la faignée du pied , qu'on repeta 3 fois à peu de
diftance. Toute l'habitude du corps étoit devenue:
érefipelateufe. Le 6 , la malade fouffroit exceffivement
, il fallut faire une e faignée du pied..
Quelques heures après on chargea la boiffon de
Tartre émetique , la tenfion érefipelateufe dimi
nua ; les boutons reprirent corps , on foutint les
Io. Vola
éva
2854 MERCURE DE FRANCE
évacuations jufqu'au 17 de l'éruption pour def
fendre la tête qui fe reprenoit de tems en tems.
19. La poitrine délicate , parut fort afſoupie
avec une fievre ardente ; on la faigna 2 fois du
pied le même jour ; dès le foir il parut quelquesboutons
, fans que les accidens euffent diminués ;
la peau devint pourprée ; on revint à la faignée
du pied le 2 , & le 3 la petite Verole ne faifoit
aucun progrès , & les accidens avoient fort peu
relâché. Les de l'éruption, la fievre augmenta, on
fit une se faignée ; il furvint un vomiffement
que l'on foutint par une boiffon émetifée. Les
accidens fe calmerent , on continua la même
boiffon le refte de la maladie.
20. D'une grande délicateffe , fut prise d'un
mal de tête & d'une fievre fi forte , qu'on fut obligé
de la faigner cinq fois du pied les deux premiers
jours. Le 3. il y eut de la modération
on mit trois grains de tartre fur la boiſſon. A
la fuite de l'évacuation , la petite Verole fortit
& tous les accidens tomberent .
21. D'une forte fanté , eut la fievre , des maux
de coeur & une pefanteur de tête confiderable.
Le premier jour on la faigna deux fois du pied.
Dès le fecond la petite Verole fortit très- abondante.
La pefanteur de tête continuoit : on chargea
les boiffons de tartre émetique qu'il fallut
continuer toute la maladie , & les foutenir par
des ptifanes laxatives ; car dès que le ventre ceffoit
de couler , la pefanteur de tête augmentoit.
L'état de la malade ne fut certain que vers le 14.
de l'éruption .
22. D'un temperament délicat , avoit une fievre
vive & des redoublemens fréquens. La tête étoit
menacée ; on la faigna du pied quatre fois les
deux premiers jours. Le la 3 on purgea avec
l'émetique en lavage ; l'éruption fe fit. L'embardda
Vol
ras
DECEMBRE. 1730. 2855
ras de la tête continuoit encore le 3. de l'éruption
; on fit une cinquiéme faignée du pied ; l'émetique
en lavage fut repeté chaque jour juſqu'
la fin de la maladie .
que
23. Foible , fe plaignoit d'un grand mal de
tête , quoique la fievre ne fut pas forte. Une faignée
du pied calma cette douleur pendant deux
jours. Le 3. elle eut un tranfport & un étouffement
violent fans la fievre fut beaucoup augmentée
; on fit une feconde & une troifiéme faignée
du pied , & enfuite l'émetique en lavage.
La petite Verole fe déclara à la fin de l'évacuation
; mais fon progrès fut lent , la tête demeura
embaraffée , on réitera chaque jour l'émetique
en lavage. Le 6. de l'éruption le poux parut embaraffé
, le tranfport étoit plus violent , & la tête
avoit prodigieufement enflé ; on fit une cinquié
me faignée du pied qui produifit un relâchement)
fenfible. On infifta fur les évacuations , & tous
les accidens fe calmerent.
24. Bien conftituée , eut des élancemens à la
tête , & une fievre vive qui augmentoit à differentes
heures . Les deux premiers jours elle fut
faignée du pied trois fois. Le 3. il furvint un af
foupiffement , un tranfport & des étouffemens
fréquents ; on fut obligé de réiterer la faignée'
du pied deux fois ; il falut y revenir le lendemain
pour la fixième fois , enfuite l'émetique en lavage
; comme elle avoit de la peine à pouffer , on
eut recours aux ptifannes laxatives. Après deux
jours d'évacution la petite Verole fortit , & tous
les accidens tomberent.
25. D'une fanté foible , eut la fievre & mal à
la tête pendant près de huit jours fans fe plaindre
; alors la fievre & le mal de tête ayant augmenté
, elle fut faignée trois fois du pied en deux
jours , & purgée enfuite avec l'émétique en la-
II. Vol. vage!
2856 MERCURE DE FRANCE
vage. Le furlendemain la petite Verole fe déclara
; commè les accidens réfiftoient encore , on
continua les boiffons émetifées jufqu'à la fin de
la maladie .
26. D'une bonne conftitution ,fut prise d'un vo .
miffement & d'un accablement confiderable . La
fievre étoit forte , & marquoit par redoublemens .
Elle fut faignée trois fois du pied les deux premiers
jours ; le 3 purgée avec l'émetique en
lavage , la petite Verole fortit abondamment , les
accidens fe modererent. A l'entrée de la fuppuration
, la malade tomba dans une fincope qui
fut fuivie de mouvemens convulfifs & d'une
falivation abondante. Comme la fievre n'avait
pas augmenté à proportion des accidens , on fe
contenta de revenir au tartre émetique dont il
fallut aider l'effet par les ptifanes laxatives. Dès
que les évacuations diminuoient , il furvenoit des
étouffemens , ce qui obligea de les continuer juf
qu'au quatorze de l'éruption.
1. A
27. D'une bonne fanté , eut une fievre forte ,
accompagnée d'un point fixe dans les reins ,
d'un faignement de nez & d'une douleur de tête
infuportabie. On la faigna quatre fois du pied los
deux premiers jours.. Le 3. il y eut de la modération
, le 4. elle fut purgée avec l'émetique en
lavage ; la petite Verole fortit confluante , les
accidens diminuerent confiderablement ; on favorifa
la liberté du ventre par quelques grains
de tartre émetique fur la boiffon jufqu'à la fin
de la maladie , qui fe termina fans aucun autre
accident.
"
28. Sujette aux maux d'eftomach eut les mêmes
douleurs. Comme elles augmentoient , qu'il
y avoit de la fievre , accompagnée de mal de tête ,
on la faigna du pied le 3 , fes & le 6. Le 7. elle
tomba dans la tranfport , le poux étoit concen-
II. Vol. tré ;
DECEMBRE. 1730. 2857
éré ; on lui donna un lavage de tartre émetique ,
l'évacuation ne fut pas abondante , la fievre devint
plus forte , & l'embarras de la tête continuoit
. On fit deux faignées du pied à peu de diftance
, & on revint à l'émetique qui paffa plus
heureufement. La petite Verole fortit , & ne fut
fuivie d'aucun accident .
: on
D'une forte ſanté , tomba dans un abbatement
extrême , quoique la fievre ne fut pas forte :
la faigna du pied. Le 2. la fievre augmenta , la
faignée fut réiterée. La nuit fuivante la malade
cut de fortes convulfions & une fincope qui fut
portée à l'excès . Il fallut recourir au Lilium
& le repéter au delà des dofes ordinaires : le
poux revint : on fit une troifiéme faignée du pied,
& immédiatement après on donna l'émetique
l'évacuation fut abondante. La petite Verole fortit
en grande quantité , & les accidens commencerent
à fe calmer. On continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie , à cauſe que
la tête n'étoit pas dans fon caractere ordinaire.
30. Infirme , eut une fievre vive , accompagnée
d'élancemens à la tête , le poux étoit embaraffé :
on fit trois faignées du pied les deux premiers
jours. La nuit du 2 au 3. la tête fut menacée ,
on revint à la faignée du pied , qui produifit un
relâchement dans la fievre ; l'émetique en lavage
fut employé le lendemain. Après l'évacuation
la petite Verole fortit en médiocre quantité , les
accidens diminuerent ; mais comme il reftoit un
fond de fievre , & que la tête laiffoit quelque inquiétude
on continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie.
>
31. Sujette à une toux habituelle , & crachant
quelquefois du fang , fut prife d'une fievre trèsvive
fuivie de fréquents redoublemens. Les
deux premiers jours on fit trois faignées du
II. Vel. pied..
2858 MERCURE DE FRANCË
pied. Le 3. la tête fe prit : on réïtera la faignée
du pied qui produifit quelque modération dans
la fievre. La nuit du 4. la malade tomba dans
un affoupiffement profond ; le poux étoit emba
raffé , on tenta l'émetique inutilement , il fallut
revenir à une cinquiéme faignée du pied . Quelques
heures après la malade eut de fortes convulfions
, accompagnées de fréquentes fyncopes ,
on revint à l'émetique qu'on cut bien de la peins
à faire avaler. Comme il n'agiffoit point , on
força la dofe , le vomiffement débaraffa la tête.
Cependant fur le foir les convulfions redoublerent
, le hoquet fut fréquent & les extrémités
devinrent froides. On infifta fur l'émerique qui
à la fin produifit une abondante évacuation , les
accidens fe calmerent , la petite Verole fortit
très abondante , & finit fans donner d'autre inquiétude.
32. D'une fanté languiffante , cut une fievre
qui varioit à toute heure , accompagnée d'un
grand mal de tête ; elle fut faignée du pied , &
purgée le lendemain avec l'émetique en lavage.
Le foir la malade entra dans un calme parfait ;
les . la fiévre fe ralluma & fut accompagnée
d'un rire continuel & forcé ; on la faigna deux
fois du pied le même jour. Le lendemain la petite
Verole fortit affez abondante , cependant la
fievre & l'embarras de la tête continuerent. Le
3. de l'éruption , la malade tomba dans un aſſoupiffement
profond ; le poux étoit envelopé , on
fit une quatriéme faignée du pied , & enfuite
l'émetique en lavage qu'on réitera le lendemain ,
alors le poux fe dévelopa ; la petite Verole fit du
progrès ; la tête demeura pourtant embaraffée
on continua les boiflons émetifées jufques dans
le fort de la fupuration . Comme la tête étoit un
peu plus libre , & que la fievre avoit augmenté ,
II. Vol. 01 .
DECEMBRE. 1730. 2859
on en fufpendit l'uſage . 24. heures après la petite
Verole rentra: le tranfport accompagné de convulfrons
fut violent, la gorge prodigieufement enflée :
on revint à la faignée du pied , & immédiatement
après l'émerique , l'évacuation fut abondante ; la
petite Verole reprit cours , les accidens fe calmerent
; mais on ne difcontinua plus l'ufage de
la boiffon émetifée , aidée par les lavemens juſqu'au
16. de l'éruption qui termina la maladie.
Demoiselles VERTES . 33. D'une mauvaiſe
fanté , tomba dans un grand accablement , la
févre étoit vive ; elle fut faignée trois fois du
pied le même jour , la petite Verole fortit abondamment.
Il reftoit un fond de fievre à la malade
qui ayant mal à la gorge depuis long- tems
ne put rien avaler le 2 & le 3. de l'éruption . Le
4. on réitera la faignée , & les boiffons émetifées
pafferent enfuite , il falut les continuer le refte
de la maladie à caufe que la gorge & la tête
étoient menacées .
34 D'une fanté foible , cut des maux de reins ,
de violens élancemens à la tête & une fievre quartes
on la faigna deux fois du pied à une heure
de diſtance , on réitera la faignée le lendemain.
Le 3. il y eut du mieux , on employa le tartre
émetique en lavage , la perite Verole fortit trés
abondante , il y eut une remiffion prefque entiere
. A l'entrée de la fupuration la tête devint
fort pefante , la malade y fentoit de grands feux,
la fievre n'étant point forte , on fe contenta
d'employer les boiffons émetifées pendant la fupuration.
35. D'un temperament foible , eut d'abord peu
de fievre. Le 3. la fievre s'alluma avec un violent
tranfport , on la faigna trois fois du pied à
peu de distance , la fievre fe modera , on mit
trois grains de tartre émetique fur la boiffon.
14. Vol.
Après
2860 MERCURE DE FRANCE
Après l'évacuation la petite Verole fortit confluante
, la tête refta embaraffée , & la fievre ,
quoique moderée , perfiftoit ; on réitera la faignée
du pied le 3. de l'éruption , & on reprit
l'ufage des boiffons émetifées , qu'on continua
jufqu'au 14. de l'éruption que la tête fut totalement
debarraffée.
36. D'une forte fanté , eut de grands maux de
reins , un faignement de nez , la fievre étoit vive,
& fuivie de redoublemens . Les deux premiers
jours on la faigna du pied trois fois , à l'entrée
du 4. on reitera la faignée , la petite Verole ne
fit que fe montrer pendant deux jours , & dif-
La malade tomba dans un accablement
parut.
& un affoupiffement profond , le poux étoit petit ;
on jetta quatre grains de tartre émetique fur la
boiffon , l'évacuation fut abondante. La petite
Verole fit des progrès , & les accidens tomberent,
la fupuration fut longue , mais elle n'exigea aucun
fecours.
37. Délicate , avoit de la fievre depuis plufieurs
jours , & mal à la tête ; elle fut faignée & purgée.
Il y eut du mieux pendant huit jours , enfuite
elle tomba dans une fincope forte , la tête.
fe prit , la fievre étoit vive ; on la faigna deux
fois du pied à une heure de diftance. Quelque
tems après il y eut du relâche dans la fievre , on
mit quatre grains de tartre dans la boiffon , on
infifta fur le même remede . Le lendemain l'évacuation
fut forte , les accidens diminuerent , la
petite Verole fortit abondament , on continua
les évacuations juſqu'à la fin de la maladie.
38. D'une délicateffe extrême , eut un grand
accablement , la tête embarraffée , & une fievre
vive qui augmentoit par redoublemens ; le premier
jour on lui fit 2. faignées du pied ; le 2. on
réitera ; le 3. il y avoit quelque relâche , on
11. Vol "
mit
DECEMBRE. 1730. 2.86-1
mit deux grains de Tartre émetique fur la boiffon
, la petite Verole fortit confluante , la fievre &
l'embarras de tête diminuerent confiderablement,
il reftoit encore une grande pefanteur qui détermina
à continuer la boiffon émetiſée pendant le
refte de la maladie , qui par ce moyen finit heureufement.
39. D'un bon tempérament , eut un grand accablement
, un point fixe dans les reins ; la fievre
étoit forte & le poux embarraffé , des redoublemens
fréquents , le tranfport s'y joignit ; le premier
jour on lafaigna deux fois du pied , on réi
tira la faignée la nuit , le lendemain la fievre étoit
relâchée , on mit 4. grains de Tartre émetique
fur la boiffon ; la petite Verole fortit confluante,
du 3 au 4 les accidens tomberent prefque entierement;
le 4 de l'éruption la petite Verole rentra,
la tête fe prit , il y avoit de l'embarras dans le
poux & des étouffemens frequens ; on fit une 4° .
& se. faignée du pied , & enfuite l'émetique en
lavage fur lequel on infifta ; l'évacuation fur
abondante , la petite Verole reprit corps , les ac
cidens diminuerent , on continua la boiffon émetifée
jufqu'au 14. de l'éruption qu'on foutenoit
les lavemens : dès le ventre ceffoit d'aller
l'embarras de la tête & les étouffemens reparoif
foient .
par
que
40. Damoifelles ROUGES. Fort replette ,
tomba dans un grand affoupiffement , la fievre
étoit forte , la refpiration gênée ; elle fut faignée
3. fois du pied les 2. premiers jours ; le 3. on mit
3. grains de Tartre émetique fur la boiffon ;
L'embarras de la tête ceffa , la petite Verole
fortit en grande quantité , les accidens fe calmerent
, la fuppuration fut très- laborieufe ; mais
comme la fievre n'étoit pas forte , on fe contenta
de tenir le ventre libre par les boiffons émetiſées,
AI. Volo
2862 MERCURE DE FRANCE
& les lavemens jufqu'à la fin de la maladie.
41. D'une forte fanté, eut la fievre vive , accompagnée
de tranfport ; on la faigna 2. fois du
pied le même jour ; le lendemain le relâchement
de la fievre donna lieu à Pémetique ; l'évacuation
fut abondante & fuivie de l'éruption , l'embarras
de la tête & un mouvement de fievre continuoits
on infifta fur la boiffon émetifée pendant toute
la maladie , parce que la tête fe broüilloit dès que
le ventre n'alloit plus.
1
42. Delicate , fut près de 8. jours languiffante,
eut enfuite un éclat de tranfport & un rire forcé
qui ne difcontinuoit pas ; la fievre n'étoit pas vive;
elle fut faignée 3. fois du pied les 2. premiers jours
& purgée le 3. avec l'émerique ; une éruption
abondante fuivit de près l'évacuation ; les accidens
diminuerent , mais il reftoit une pente à l'affoupiffement
& la tête n'étoit pas entierement libre
, ce qui détermina à continuer les boiffons
émetifées pendant la maladie.
43. Valetudinaire , eut la fievre par redoublemens
; la tête étoit prife , elle fut faignée 2. fois
du pied le premier jour ; le fecond , à la faveur
d'une rémiffion fenfible dans le poux , on tenta
l'émetique qu'il fallut interrompre & revenir à la
faignée le foir ; le 3. la tête étoit toujours priſe ,
mais le poux étoit petit ; après quelques grains
de Tartre émetique fur la boiffon qui n'agiffoient
pas , on donna le vin d'Eſpagne émetique ; l'évacuation
fut foutenuë le lendemain , le 5. P'éruption
fut très -abondante , les accidens fe calmerent
; on aida la liberté du ventre dans le cours
de la maladie , parce que la tête avoit une difpotion
à s'embarafler.
44. D'une bonne fanté , eut une forte fievre ,
accompagnée d'un faignement de néz. On fit 3 .
Laignées du pied le premier jour ; la petite Ve
11. Vol
role
DECEMBRE. 1730. 2863
role fortit le lendemain ; comme les accidens s'étoient
moderez , on ne fit rien juſqu'au 3. de l'éruption
que la fievre augmenta ; la tête ſe prit ,
on revint à la faignée du pied , & enfuite à l'émetique
en lavage ; les évacuations débarafferent la
tête , on les a continuées jufqu'à la fin de la fupuration.
45. D'une fanté médiocre , fut prife d'un grand
accablement ; la fievre étoit forte , on la faigna
2 fois du pied le premier jour ; un peu de relâche
le lendemain détermina à donner un lavage de
Tartre émetique; l'évacuation fut fuivie d'un calme
de 4. jours ; la fievre fe ralluma , le tranſport
& de fortes convulfions s'y joignirent , le poux
étoit embaraffé ; on refit deux faignées du pied à
peu de diftance , & immediatement après l'émetique
en lavage ; on foutint l'évacuation ; la petite
Verole fortit le lendemain , accompagnée de
marques pourprées ; les accidens ſe modererent ,
on a foutenu foigneuſement la liberté du ventre
jufqu'à la fin de la maladie.
45. Robufte , eut une groffe fievre , accompa
gnée d'un faignement de nez & de violens élancemens
à la tête ; on la faigna du pied & la petite
Verole parut le même jour confluante. Les accidens
ne diminuerent point ; les boutons ne faifoient
aucun progrès ; la faignée du pied fut réïterée
le 2. & le 3. La nuit du 3. au 4. de l'éruption
il furvint un redoublement vif ; on refaigna
la Malade , elle fut vuidée le lendemain avec l'E
netique en lavage. L'évacuation qui fut abondante
modera les accidens jufqu'au 7. que la
fievre devint plus forte ; la tête fe prit & enfla
prodigieufement. On réïtera la faignée du pied
& l'ufage des boiffons émetifées qui furent continuées
jufqu'à la fin de la maladie.
47. Bien conftituée , fut lauguiffante plufieurs
11. Vol.
jours E
2864 MERCURE DE FRANCE
jours , la petite Verole fortit en petite quantité
fans accident ni mouvement de fievre. Le 4. de
P'éruption elle tomba dans un affoupiffement ;
la tête fut prife , il furvint un faignement de nez ;
on fit deux faignées du pied à peu de diftance , &
Pufage d'une boiffon emetifée qu'on continuą
plufieurs jours , débaraffa la tête.
48. Infirme & fujette à des coliques d'eftomach
, eut le même accident , accompagné d'une
fievre très-vive & d'une grande pefanteur de tête;
elle fut faignée quatre fois du pied les deux premiers
jours , le trois il y eut de la moderation ;
on jetta 4. grains de Tartre émetique fur la boif
fon , qui pafferene heureufement , & à la fin de
Pévacuation la petite Verole fortit ; il a fallu
foutenir la liberté du ventre le reſte de la maladie,
pour combattre la pefanteur de tête.
49. D'une médiocre fanté , eut une grande pefanteur
de tête , un faignement de nez , la fievre
étoit vive , les 2. premiers jours elle fut faignée
4. fois du pied ; le 3. la petite Verole fortit , le
4. l'éruption ne faifoit nul progrès ; on éguifa les
boiffons de quelques grains de Tartre émetique ,
il fallut en augmenter la doſe dans les tems de la
fupuration.
so, Dune délicateffe extrême , la fievre & les
accidens ne furent pas confiderables ; on ne fit
rien , la petite Verole fortit en médiocre quantité.
A l'entrée de la fupuration là fievre devint vive ,
la tête fè prit ; on fit deux faignées du pied à peu
de diftance , & les boiffons émetifées enfuite
qu'on continua jufqu'au 12. de l'éruption .
SI. DAMES RELIGIEUSES. Agée de
8, ans , d'un tempérament affez fort , quoique
fujette à des maux d'eftomach , cut une fievre des
plus vives , un grand accablement , des maux de
teins , un fond d'affoupiffement & des friffonne-
11. Vols
mens
DECEMBRE. 1730. 2865
3.
mens continuels ; on lui fit quatre fortes faignées
du pied les deux premiers jours ; comme il y eur
de la modération dans la fievre , le elle fut purgée
avec quatre grains de Tartre émetique en layage
, qui produifirent peu d'effet . On y revint le
lendemain , l'évacuation fut plus heureuſe , la petite
Verole fe déclara confluante & fut accompagnée
d'un fond de fievre & d'affoupiffement ; on
continua les boiffons émetifées qu'on aidoit par
les lavemens foir & matin. Malgré ces fecours le
. de l'éruption le ventre ne coula plus , l'affoupiffement
devint profond ; la fievte n'ayant pas
augmenté à proportion des autres accidens , on
fe contenta de doubler la doſe de l'émetique ; le
ventre ne s'ouvrant pas , on infifta fur le même
remede , aidé par les Ptifannes laxatives ; enfin on
eut recours au vin d'Efpagne émerique qui fut
fuivi d'une évacuation abondante . La Malade
avoit pris dans les 24 heures la valeur de plus de
30 grains de Tartre émetique ; la petite Verole
repouffa , la tête fut déchargée ; on continua les
boiffons émetifées jufqu'à la fin de la maladie :
l'état de la Malade n'a été certain que vers le 15
de l'éruption.
52. Agée de 56 ans , d'un temperament trèsdélicat
, fujette à cracher du fang , & les jambes
fouvent enflées , eut une fievre affez vive , accompagnée
de maux de reins & d'une grande
douleur de tête , on la faigna deux fois du pied
les deux premiers jours ; le 3. il y eut un dévoiement
; on mit deux grains de Tartre fur la boiffon
, qu'on réitera le lendemain. La petite Verole
fortit à la fin du 4. en médiocre quantité, tous les
accidens fe modererent. Le 5. de l'éruption , la
pefanteur de tête & le dévoiement recommencerent
, on mit encore deux. grains de Tartre fur
la boiffon , on les repeta le lendemain & la maladie
finit heureuſement. Eij 53
2866 MERCURE DE FRANCE
53. Agée de 24. ans , d'un tempérament fort
vif , dans une difpofition à une fievre étique , eut
des élancemens à la tête , des maux de reins , des
fux dans la poitrine ; la fievre étoit forte , elle
fut faignée trois fois du pied les 2 premiers jours,
il y eut peu de moderation le 3. Le 4. elle étoit
plus fenfible ; on mit deux grains de Tartre fur
la boiffon ; la petite Verole fortit en affez grande
quantité. Le 3. de l'éruption la fievre & les élancemens
à la tête augmenterent ; on revint à la faignée
du pied qui calma les accidens ; le refte de
la maladie elle n'eut befoin que d'une Eau de
Pavot pour calmer les tiraillemens de poitrine
qui fe réveilloient de tems en tems , plutôt comme
une fuite de fa difpofition habituelle , que de
la maladie preſente.
>
54. Agée de 23. ans , fortoit d'une fluxion de
poitrine , pour laquelle on avoit été obligé de la
faigner plufieurs fois ; la convalefcence n'étoit
pas entièrement confirmée , lorfqu'elle fut prife -
d'une fievre vive , accompagnée d'élancemens à
la tête , & en même- tems d'une perte confiderable.
On fit 2. faignées du pied le premier jour
le 3. on réitera ; de la moderation dans la
fievre & dans la perte firent paffer à un lavage
de Tartre émetique ; l'évacuation fut ample , elle
diminua tous les accidens , fit ceffer la perte . La
petite Verole fortit abondante ; le 5. l'éruption ,
la pefanteur de tête revint , on mit quelques
grains de Tartre fur la boiffon, qui ne produifirent
prefque aucun effet ; la pefanteur de tête fut plus
forte & la fievre augmenta , on fit une quatrième
faignée du pied & enfuite les boiffons émetifées
pafferent heureufement , on en continua l'ufage
jufqu'à la fin de la maladie.
55. Agée de 35. ans , d'un bon temperament
& fort replete,cut de violens maux de reins,la tête
14 Vol
CxDECEMBRE
. 1730. 2867
extrémement pefante & la fievre forte ; on fit 4.
grandes faignées du pied les deux premiers jours ;
le 4. il fallut réiterer quelque moderation
donna lieu à l'émetique en lavage ; après l'évacuation
la petite Verole fortit confluante ; il reftoit
encore de la pefanteur à la tête ; on inſiſta
fur les boiffons émetifées qu'il fallut aider plus
d'une fois par des Ptifannes laxatives & les lavemens
jufqu'au 14. de l'éruption .
Voilà,Madame,un Extrait bien fidele du Journal
de nos Malades ; j'y ai trouvé qu'en 3. mois nous
avons fait près de 500. faignées du pied , &
donné environ 2000. grains de Tartre émetique ;
à la verité je comprens toujours dans nos petites
Veroles , les fievres du même tems , parce qu'excepté
les boutons , c'étoit le même caractere , &
qu'on y a employé les mêmes fecours ; j'en citerai
feulement une des plus fortes pour exemple.
>
Mle *** âgée de 18. ans , avoit de l'embonpoint
& des couleurs vives , toutefois fujette aux
maux de tête ; elle tomba dans un grand accablement
la fievre étoit forte & la pefanteur de tête extrême
, elle avoit des maux de reins,des envies de
vomir & un fond d'oppreffion ; on la faigna 5 .
fois du pied les deux premiers jours ; le 3, un peu
de modération fit tenter l'émetique en "lavage
mais inutilement ; la fievre augmenta , on réïtera
la faignée le foir ; le 4. il y eut du mieux ; on
revint à l'émetique , on y joignit le fecours des
lavemens ; on continua le 5. le 6. & le 7. la pefanteur
de tête diminuoit à mefure des évacuations
. Du 8. au 9. la fievre devint plus forte , la
tête fe prit totalement ; on apperçut quelques
mouvemens convulfifs ; il fe répandit un engourdiffement
abfolu fur tout le côté droit ; on fit
2. faignées du pied à peu de diſtance; la fievre ſe
modera , & on revint à l'émetique en lavage ; les
II. Vol.
éva- E iij
2868 MERCURE DE FRANCE
évacuations foutenues pendant plufieurs jours
diffiperent enfin les accidens , & là convalefcence
commença vers le 20 .
Notre Medecin avoit extrémement fimplifié
notre travail , la boiffon étoit l'eau naturelle ; on
la faifoit tiédir lorfque les malades étoient dans
la moiteur ; la nourriture , un bouillon fort fimple
que l'on fuprimoit les premiers jours , & méme
dans le cours de la maladie , lorfque les accidens
étoient violens. On changeoit les Malades
de linge & de lit dans tous les tems de la maladie,
lorfqu'elles en avoient befoin. Il n'y avoit ni plus
de couvertures , ni plus de feu dans les Infirme
ries que pendant les autres maladies . Les lavemens
étoient d'un ufage journalier. Quelque narcotique
, du Lilium dans les fyncopes fortes , nul
remede exterieur pour préferver les Malades de
l'impreffion que cette maladie laiffe ordinairement,
perfuadez qu'ils font inutiles, & que c'eft du caractere
du fang que dépend cette impreffion,du refte
la faignée & l'émetique. On adopte fans peine
une pratique aufli fimple, fur tout lorfqu'elle eft
fuivie d'un fuccès auffi heureux . Il paroiffoit difficile
à croire à ceux qui n'en ont pas été témoins.
De plus de 125. Demoifelles, il n'en eft pas inort
une feule , & de 7. Religieufes & une Soeur , nous
n'en avons perdu qu'une , plus encore par fes
grandes infirmitez & fon âge avancé , que par la
maladie courante qui ne put pas fortir
J'avoue qu'il y a des années où la petite Verole
n'eft pas meurtriere, & qu'elle feroit peu de ravage
, quand même on n'y donneroit aucun fecours;
mais celle-cy étoit bien differente , l'excès où l'on
a été obligé de porter la faignée du pied & les autres
évacuations dans la plupart des Malades , ne
prouve que trop fa violence. Dans le Village de S.
Cyr,où cette maladie étoit en même tems répan-
II. Vol
duë ,
DECEMBRE . 1730. 2869
2
due , & fans autre fecours que celui qu'admet le
préjugé, on a perdu un grand nombre de Malades;
or fi la petite Verole a fait beaucoup de defordre
dans un Village où la jeuneffe jouit d'une forte
fanté , parce qu'elle vit dans une liberté entiere
quel ravage n'auroit-elle pas fait avec de fi foibles
fecours dans une Maifon où un grand nombre
de Demoifelles raffemblées dès leur enfance , vi
vent dans une grande régularité & dans une con
tention d'efprit perpetuelle à remplir leur devoir,
on parconfequent les meilleures fantez ne font pas
fans nuage, & parmi lesquelles il y en a beaucoup
d'infirmes ?
Mais s'il a fallu porter les évacuations auffi
loin dans des perfonnes qui menent une vie fimple
, que ne faudrait - il point faire dans celles
dont le fang nourri d'excès & de Liqueurs fpiritueufes
eft toujours prêt à s'enflammer ?
Ce n'eft pas pour faire valoir nos foins que
fais ici ces Reflexions , c'eft uniquement pour
détruire la prévention où prefque tout le monde
eft de croire que l'émetique & la faignée font
d'un ufage dangereux , fur tout lorfque la petite
Verole eft fortie. Je vous avoue que je fuis indi
gnée contre moi- même d'avoir penfé de la forte
autrefois , revenue de mon erreur , je ne laiffe
paffer aucune occafion d'écrire ou de parler des
prodiges que la faignée & l'émetique ont operez
chez nous dans cette maladie. Je fuis bien affurée
que vous ne trouverez pas l'expreffion trop forte,
fi vous vous faites une idée qui approche de la
réalité fur les horreurs où nous nous fommes
trouvées. Il y a eu des nuits où nous avions 5. à
6.Malades à tel point d'extrémité, qu'on n'auroit
ofé répondre de la vie d'aucune pour quelques
heures. Il nous eft arrivé plus d'une fois d'abandonner
une Malade avec la veine ouverte dans
II. Vol. Ejuj l'eau
2870 MERCURE DE FRANCE
l'eau pour courir à une autre qui tomboit dans
an accident plus brufque. Nous ne manquions
pas alors de propofer à notre Medecin d'employer
une quantité de remedes vantez pour cette malaladie
, comme la Poudre de la Comteffe , le Befoard
, la Poudre de Vipere , le Sang de Bouquetin
, &c. mais il nous répondoit froidement que
´ces cas là étoient trop férieux pour s'en tenir à
des amufemens. Les Vefiçatoires furent rejettez ,
même en nous difant leur effet étoit d'entreque
tenir & de fondre le fang , deux écueils les plus
redoutables dans cette maladie.
Je crois n'avoir pas befoin de vous dire que ce
récit eft d'une grande exactitude , je fuis perfuadée
que vous n'aurez aucun doute fur cela ; mais comme
vous pouriez le faire lire à d'autres perfonnes ,
& que je fuis bien aife que le parti de la verité ait
de la force , j'ai prié Mefdames de Garnier , de
Vaudancour , de Montchevreuil , d'examiner s'il
ne me feroit point échappé d'alterer ou de groffir
quelque circonftance , & d'y mettre leurs fignatures
, fi elles le trouvoient dans une exacte verité.
Leur témoignage doit faire foi , puifque les deux
premieres ont foutenu le fort du travail en qualité
d'Infirmieres principales , & que la troifiéme partageoit
avec moi les foins de l'Apoticairerie . J'ai
l'honneur d'être , &c. Signé , Soeurs de Garnier.
De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier.
AS. Cyr , ce 30. Août 1730.
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Résumé : Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
En 1730, une religieuse de la Maison de Saint-Cyr écrit à une amie pour expliquer la gestion de l'épidémie de petite vérole qui a frappé la communauté. Elle répond aux critiques publiques concernant la décision de ne pas séparer les malades du reste de la Maison. Le médecin a recommandé de ne pas isoler les malades et de privilégier l'émétique et la saignée comme traitements. La lettre détaille les observations faites pendant l'épidémie, notamment l'absence de contagion par fréquentation des malades et l'influence des conditions atmosphériques sur la maladie. La religieuse mentionne également les différentes classes de malades et les traitements spécifiques administrés. Les symptômes courants incluent la fièvre, des maux de tête, des vomissements et des douleurs diverses. Les traitements principaux consistent en des saignées, des purgations avec du tartre émétique, et l'administration de boissons émétiques. Les patientes sont classées en fonction de leur constitution : délicates, en bonne santé, robustes ou infirmes. Les traitements visent à réduire la fièvre, calmer les maux de tête et les convulsions, et favoriser l'évacuation par des purgations et des saignées. Les soins incluent également des changements de linge, des lavements, et une alimentation simple. Les résultats sont globalement positifs, avec une seule religieuse décédée en raison de ses grandes infirmités et de son âge avancé. L'auteur réfute l'idée que l'émétique et la saignée soient dangereux, surtout lorsque la maladie est fortifiée. Elle témoigne des effets bénéfiques de ces traitements, ayant elle-même changé d'avis après avoir observé leurs résultats positifs. Les vésicatoires étaient rejetés en raison de leurs effets potentiellement dangereux sur le sang. Les sœurs Garnier, Vaudancour, et Montchevreuil, ayant joué des rôles clés en tant qu'infirmières et apothicaires, attestent de la vérité du récit. Le document est signé par les sœurs et daté du 30 août 1730.
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3
p. 64
QUATRAIN. A une femme laide qui avoit des boutons, & qui vouloit en guérir à quelque prix que ce fût.
Début :
Si vous pouviez pour argent ou pour or, [...]
Mots clefs :
Boutons
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texteReconnaissance textuelle : QUATRAIN. A une femme laide qui avoit des boutons, & qui vouloit en guérir à quelque prix que ce fût.
QUATRAIN.
A une femme laide qui avoit des boutons ;
& qui vouloit en guérir à quelque prix
que ce fut.
ST
I vous pouviez pour argent ou pour or ,
A vos boutons trouver quelque remede ,
Vons feriez , j'en conviens , moins laide ;
Mais vous feriez bien laide encor.
A une femme laide qui avoit des boutons ;
& qui vouloit en guérir à quelque prix
que ce fut.
ST
I vous pouviez pour argent ou pour or ,
A vos boutons trouver quelque remede ,
Vons feriez , j'en conviens , moins laide ;
Mais vous feriez bien laide encor.
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4
p. 237-238
AUTRE.
Début :
Le Sieur Maille, Vinaigrier-Distillateur ordinaire de leurs Majestés Impériales, & [...]
Mots clefs :
Sieur Maille, Vinaigrier, Vinaigre de turbie, Maux de dents, Guérison, Vinaigres divers, Boutons, Dartres, Peau, Moutardes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
LE Sieur Maille , Vinaigrier- Diftillateur or
dinaire de Leurs Majeftés Impériales , & le feul
pour la compofition des Vinaigres de propriétés ,
donne avis qu'il continue avec les plus heureux
fuccès , la vente du Vinaigre de Turbie ,
pour la guérifon des maux de dent , ainfi que
celle du Vinaigre Romain , qui les blanchit parfaitement
, arrête le progrès de la carie , & empêche
que les autres dents ne cariffent , & les raffermit
dans leur alvéole , guérit tous les chancres
de la bouche , & previent l'haleine forte. Les heureux
effet que ce Vinaigre a produits dans la bouche
d'un très - grand nombre de perfonnes , fait
connoître que cette compofition eft la plus parfaite
que l'on ait encore trouvée , & qu'elle renferme
des propriétés admirables pour la confervation
de la bouche . Il fe trouve chez ledit Sieur
Maille , différens Vinaigres fervant à l'uſage de la
peau , foit pour en ôter les boutons , dartres
farineufes , taches de rouffeurs , & la blanchir ,
noircir les cheveux & fourcils roux ou blancs ,
fans que cela foit préjudiciable à la tête ni aux
yeux. Ledit Sieur Maille tient magaſin général
de toutes fortes . de Vinaigres , tant pour la ta
238 MERCURE DE FRANCE.
ble que pour les bains & toilettes , au nombre
de cent foixante - deux fortes , & différens fruits
confits au vinaigre. L'on continue le débit de
la nouvelle Moutarde des fix graines , & l'excellente
Moutarde aux capes & anchois , par extrait
d'herbes fines à quatre livres le pot de pinte.
Les perfonnes des Provinces de France & des
Royaumes étrangers , font avertis qu'il n'y a que
1 : dit Sieur Maille qui fait & compofe ces fortes
de Vinaigres. Les perfonnes qui feront dans le cas
d'en avoir befoin , en écrivant une lettre d'avis
audit Sieur , & remettant l'argent par la pofte
tout affranchi de port , on leur enverra exactement
le Vinaigre dont elles auront beſoin , avec la
façon de s'en fervir. Les moindres bouteilles de
cès fortes de Vinaigres de propriété , ſoit pour
les dents ou le vifage , font de trois livres .
Il demeure à Paris rue de l'Hirondelle , aux
armes Impériales .
LE Sieur Maille , Vinaigrier- Diftillateur or
dinaire de Leurs Majeftés Impériales , & le feul
pour la compofition des Vinaigres de propriétés ,
donne avis qu'il continue avec les plus heureux
fuccès , la vente du Vinaigre de Turbie ,
pour la guérifon des maux de dent , ainfi que
celle du Vinaigre Romain , qui les blanchit parfaitement
, arrête le progrès de la carie , & empêche
que les autres dents ne cariffent , & les raffermit
dans leur alvéole , guérit tous les chancres
de la bouche , & previent l'haleine forte. Les heureux
effet que ce Vinaigre a produits dans la bouche
d'un très - grand nombre de perfonnes , fait
connoître que cette compofition eft la plus parfaite
que l'on ait encore trouvée , & qu'elle renferme
des propriétés admirables pour la confervation
de la bouche . Il fe trouve chez ledit Sieur
Maille , différens Vinaigres fervant à l'uſage de la
peau , foit pour en ôter les boutons , dartres
farineufes , taches de rouffeurs , & la blanchir ,
noircir les cheveux & fourcils roux ou blancs ,
fans que cela foit préjudiciable à la tête ni aux
yeux. Ledit Sieur Maille tient magaſin général
de toutes fortes . de Vinaigres , tant pour la ta
238 MERCURE DE FRANCE.
ble que pour les bains & toilettes , au nombre
de cent foixante - deux fortes , & différens fruits
confits au vinaigre. L'on continue le débit de
la nouvelle Moutarde des fix graines , & l'excellente
Moutarde aux capes & anchois , par extrait
d'herbes fines à quatre livres le pot de pinte.
Les perfonnes des Provinces de France & des
Royaumes étrangers , font avertis qu'il n'y a que
1 : dit Sieur Maille qui fait & compofe ces fortes
de Vinaigres. Les perfonnes qui feront dans le cas
d'en avoir befoin , en écrivant une lettre d'avis
audit Sieur , & remettant l'argent par la pofte
tout affranchi de port , on leur enverra exactement
le Vinaigre dont elles auront beſoin , avec la
façon de s'en fervir. Les moindres bouteilles de
cès fortes de Vinaigres de propriété , ſoit pour
les dents ou le vifage , font de trois livres .
Il demeure à Paris rue de l'Hirondelle , aux
armes Impériales .
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Résumé : AUTRE.
Le document présente les produits du Sieur Maille, vinaigrier-distillateur des Majestés Impériales. Maille propose divers vinaigres, dont le Vinaigre de Turbie pour les maux de dents et le Vinaigre Romain pour blanchir les dents, prévenir la carie, la mauvaise haleine et guérir les chancres buccaux. Il offre également des vinaigres pour la peau, éliminant les boutons, les dartres, les taches de rousseur et blanchissant la peau, ainsi que des vinaigres pour noircir les cheveux et sourcils roux ou blancs sans effets secondaires. Maille vend aussi des vinaigres pour la table, les bains et les toilettes, ainsi que des fruits confits au vinaigre. Il propose la nouvelle moutarde aux six graines et la moutarde aux câpres et anchois. Les commandes peuvent être passées par lettre avec paiement à l'avance, et les produits sont expédiés avec les instructions d'utilisation. Les prix des bouteilles de vinaigres de propriété commencent à trois livres. Maille réside à Paris, rue de l'Hirondelle, aux armes Impériales.
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5
p. 236-237
A M. DE BOISSY.
Début :
Le Beaume de vie de M. le Lievre, Distillateur ordinaire du Roi, [...]
Mots clefs :
Baume de vie, Distillateur, Allaitement maternel, Boutons, Démangeaison, Pue, Maux de tête, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A M. DE BOISSY.
A M. DE BOISS r
E Beaume de vie de M. le Lievre , Diſtillateur
ordinaire du Roi , a produit de fi bons effets fur
moi & fur mes deux jeunes filles , que je ne pourrois
m'en taire fans ingratitude. Daignez donc ,
Monfieur , m'aider à faire connoître ma vive reconnoiffance.
Après une couche , j'avois un lait répandu , qui
me caufoit au bras droit une telle incommodité ,
que je ne pouvois en faire aucun ufage . Au bout
de quatre ans de fouffrances , je pris du Baume
de vie ; & d'abord , comme fi je venois encore
d'accoucher , il fortit , par la voie ordinaire , une
fi grande quantité d'humeurs laiteufes , que je me
trouvai entiérement guérie .
En fecond lieu , une de mes filles , fortant de
nourrice , étoit fi couverte fur tout le corps de
clous & de boutons , qu'on la jugeoit attaquée
d'une très- dangereufe galle. Très- affligée de la
voir dans un fi pitoyable état , je confultai un fçavant
Médecin , qui me dit qu'il ne fçavois rien
de plus fouverain pour la fecourir , que ce Baume.
MARS. 1757. 237
L'enfant qui ne pouvoit fouffrir aucune médecine
, en prit heureuſement , & dès la premiere bouteille
jetta plufieurs vers : cela fat ſuivi d'un dévoiement
qui ne fourniffoit que de l'eau claire ,
mais dont l'odeur étoit infupportable ; alors , au
lieu de deux cueillerées de baume qu'on lui donnoit
chaque jour , on lai en fit prendre quatre :
par ce puiffant remede la inalade rendit à diverſes
fois jufqu'à foixante vers ; les boutons difparurent ,
& le dévoiement fut arrêté. Il eft à remarquer que
pendant environ deux mois que dura ce traitement
, l'enfant ne perdit ni fon fommeil ni ſon appétit
, &
que fon teint conferva toujours les vives
couleurs.
Troifiémement , étant furvenu à mon aînée un
mal fous les aiffelles , & la voyant tourmentée par
de petits boutons , d'où fortoit une eau rouffe , &
qui lui caufoient une cruelle démangeaifon , j'eus
recours au Baume de vie ; j'en employai le marc ,
délayé dans de l'huile d'holive , à frotter les parties
malades ; je fis boire à cette enfant de cette liqueur,
& dès la deuxieme bouteille elle a joui d'une parfaite
fanté.
Je crois devoir , pour l'intérêt public , ajouter
que mon époux étant fujet aux maux de tête les
plus accablans , en a été plufieurs fois délivré , foit
en refpirant de ce Baume par le nez , foit en le
prenant par la bouche,
Je fuis , Monfieur , &c. Femme Chenų.
E Beaume de vie de M. le Lievre , Diſtillateur
ordinaire du Roi , a produit de fi bons effets fur
moi & fur mes deux jeunes filles , que je ne pourrois
m'en taire fans ingratitude. Daignez donc ,
Monfieur , m'aider à faire connoître ma vive reconnoiffance.
Après une couche , j'avois un lait répandu , qui
me caufoit au bras droit une telle incommodité ,
que je ne pouvois en faire aucun ufage . Au bout
de quatre ans de fouffrances , je pris du Baume
de vie ; & d'abord , comme fi je venois encore
d'accoucher , il fortit , par la voie ordinaire , une
fi grande quantité d'humeurs laiteufes , que je me
trouvai entiérement guérie .
En fecond lieu , une de mes filles , fortant de
nourrice , étoit fi couverte fur tout le corps de
clous & de boutons , qu'on la jugeoit attaquée
d'une très- dangereufe galle. Très- affligée de la
voir dans un fi pitoyable état , je confultai un fçavant
Médecin , qui me dit qu'il ne fçavois rien
de plus fouverain pour la fecourir , que ce Baume.
MARS. 1757. 237
L'enfant qui ne pouvoit fouffrir aucune médecine
, en prit heureuſement , & dès la premiere bouteille
jetta plufieurs vers : cela fat ſuivi d'un dévoiement
qui ne fourniffoit que de l'eau claire ,
mais dont l'odeur étoit infupportable ; alors , au
lieu de deux cueillerées de baume qu'on lui donnoit
chaque jour , on lai en fit prendre quatre :
par ce puiffant remede la inalade rendit à diverſes
fois jufqu'à foixante vers ; les boutons difparurent ,
& le dévoiement fut arrêté. Il eft à remarquer que
pendant environ deux mois que dura ce traitement
, l'enfant ne perdit ni fon fommeil ni ſon appétit
, &
que fon teint conferva toujours les vives
couleurs.
Troifiémement , étant furvenu à mon aînée un
mal fous les aiffelles , & la voyant tourmentée par
de petits boutons , d'où fortoit une eau rouffe , &
qui lui caufoient une cruelle démangeaifon , j'eus
recours au Baume de vie ; j'en employai le marc ,
délayé dans de l'huile d'holive , à frotter les parties
malades ; je fis boire à cette enfant de cette liqueur,
& dès la deuxieme bouteille elle a joui d'une parfaite
fanté.
Je crois devoir , pour l'intérêt public , ajouter
que mon époux étant fujet aux maux de tête les
plus accablans , en a été plufieurs fois délivré , foit
en refpirant de ce Baume par le nez , foit en le
prenant par la bouche,
Je fuis , Monfieur , &c. Femme Chenų.
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Résumé : A M. DE BOISSY.
Madame Chenų adresse une lettre à Monsieur de Boiss r pour témoigner des bienfaits du Baume de vie de Monsieur le Lièvre, distillateur du Roi. Après une grossesse, elle souffrait d'une incommodité au bras droit due à un lait répandu. Quatre ans de souffrances plus tard, elle prit du Baume de vie, ce qui provoqua l'expulsion de liquides laiteux et la guérit. Sa fille cadette, atteinte de boutons et de clous sur le corps, fut soignée avec le Baume. L'enfant, qui ne supportait pas les médicaments, prit du Baume et expulsa plusieurs vers, ce qui arrêta la maladie sans perturber son sommeil ou son appétit. Sa fille aînée, souffrant de boutons sous les aisselles, fut également guérie après avoir utilisé le Baume. De plus, son époux fut soulagé de maux de tête en utilisant le Baume par inhalation ou ingestion. Madame Chenų exprime sa reconnaissance et souhaite faire connaître les bienfaits du Baume pour l'intérêt public.
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6
p. 208-209
Lettre de M. Perrin maître en Chirurgie, & Greffier de M. le premier Chirurgien du Roi, à Vernon en Normandie, à M. Keyser.
Début :
J'ai été longtemps sans vous donner de mes nouvelles, Monsieur, parce qu'avant de rien [...]
Mots clefs :
Remèdes, Efficacité, Enfant, Nourrice, Boutons, Mort, Douleurs, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de M. Perrin maître en Chirurgie, & Greffier de M. le premier Chirurgien du Roi, à Vernon en Normandie, à M. Keyser.
Lettre de M. Perrin maître en Chirurgie , & Gref
fier de M. le premier Chirurgien du Roi ,
Vernon en Normandie , à M. Keyfer.
J'ai été longtemps fans vous donner de mes
nouvelles , Monfieur , parce qu'avant de rien pro
noncer fur l'efficacité de vos remedes , & malgré
la quantité des cures que je vous ai vu faire , j'ai
voulu par moi-même être sûr d'une qui fût bien
radicale ; la voici , & je me hâte de vous en faire
part , en vous priant de la faire inférer dans le
Mercure.
Elizabeth Laurent âgée de 35 ans , femme de
Jean Grenier Vigneron de la Paroiffe de Nieville
avoit pris à Paris en 1756 un nourriffon . Quel
que temps après fon retour , cet enfant deving
cruel ce qu'elle attribua à des tranchées , mala
dies affez ordinaires aux enfans nouveaux nés. Auk
mois de mars , il furvint des boutons à cet enfanc
efquels jettoient un pus verdâtre , & ne furent
pas regardés comme des puftules , quoique c'em
étoit bien effectivement. L'on fe contenta de faigner
& purger la nourrice , de lui faire prendre
des plantes rafraichiffantes , ce qui ne ' fit aucun
effer . Les boutons fe multiplierent de plus en plus
AVRIL 1758. 209
furvint des ulceres , l'enfant mourut & fon corps
devint dans une fi grande mortification , qu'on fut
obligé de l'enterrer deux heures après.
La nourrice vers ce même temps fut at aquée
des plus violens maux de tête , des douleurs dans
tous les membres & dans les articulations des démangeaifons
cruelles aux nymphos , des ulceres
& deux chancres , dont il y en avoit un qui conmençoit
à ronger les parties , un condiiôme ; enfin
cette femme étoit dans un état affreux , fans
qu'on eût voulu connoître fon mal , ni que le
Chirurgien qui la foignoit , eût imaginé de lui
donner le Mercure. Dans cet état , elle vint donc
me confulter , je n'eus rien de plus preffé que de
lui confeiller votre remede , je la fis voir à un
Seigneur de notre Ville , qui toujours prêt à fecourir
& protéger les malheureux , voulut bien
écrire à M. le Major des Gardes- Françoiſes , pour
lui procurer le remede qu'elle a pris , & au moyen
de quoi elle eft parfaitement guérie , dormant
bien , & dans le meilleur embonpoint . Je l'ai fuivie
exactement. Aucun fymptôme n'a reparu , &
la femme a accouché depuis très- heureuſement.
Or , quoique votre remede n'ait pas befoin , Monfieur
, de l'authenticité de cette cure pour le faire
adopter , je me ferois reproché de ne l'avoir pas
rendue publique , en certifiant avec vérité que
l'effet de la cure a été prompt & radical , le traitement
fort doux , & que cette malheureuſe n'a
fouffert en aucune maniere. A Vernon , ce 6 décembre
1757. Perrin
fier de M. le premier Chirurgien du Roi ,
Vernon en Normandie , à M. Keyfer.
J'ai été longtemps fans vous donner de mes
nouvelles , Monfieur , parce qu'avant de rien pro
noncer fur l'efficacité de vos remedes , & malgré
la quantité des cures que je vous ai vu faire , j'ai
voulu par moi-même être sûr d'une qui fût bien
radicale ; la voici , & je me hâte de vous en faire
part , en vous priant de la faire inférer dans le
Mercure.
Elizabeth Laurent âgée de 35 ans , femme de
Jean Grenier Vigneron de la Paroiffe de Nieville
avoit pris à Paris en 1756 un nourriffon . Quel
que temps après fon retour , cet enfant deving
cruel ce qu'elle attribua à des tranchées , mala
dies affez ordinaires aux enfans nouveaux nés. Auk
mois de mars , il furvint des boutons à cet enfanc
efquels jettoient un pus verdâtre , & ne furent
pas regardés comme des puftules , quoique c'em
étoit bien effectivement. L'on fe contenta de faigner
& purger la nourrice , de lui faire prendre
des plantes rafraichiffantes , ce qui ne ' fit aucun
effer . Les boutons fe multiplierent de plus en plus
AVRIL 1758. 209
furvint des ulceres , l'enfant mourut & fon corps
devint dans une fi grande mortification , qu'on fut
obligé de l'enterrer deux heures après.
La nourrice vers ce même temps fut at aquée
des plus violens maux de tête , des douleurs dans
tous les membres & dans les articulations des démangeaifons
cruelles aux nymphos , des ulceres
& deux chancres , dont il y en avoit un qui conmençoit
à ronger les parties , un condiiôme ; enfin
cette femme étoit dans un état affreux , fans
qu'on eût voulu connoître fon mal , ni que le
Chirurgien qui la foignoit , eût imaginé de lui
donner le Mercure. Dans cet état , elle vint donc
me confulter , je n'eus rien de plus preffé que de
lui confeiller votre remede , je la fis voir à un
Seigneur de notre Ville , qui toujours prêt à fecourir
& protéger les malheureux , voulut bien
écrire à M. le Major des Gardes- Françoiſes , pour
lui procurer le remede qu'elle a pris , & au moyen
de quoi elle eft parfaitement guérie , dormant
bien , & dans le meilleur embonpoint . Je l'ai fuivie
exactement. Aucun fymptôme n'a reparu , &
la femme a accouché depuis très- heureuſement.
Or , quoique votre remede n'ait pas befoin , Monfieur
, de l'authenticité de cette cure pour le faire
adopter , je me ferois reproché de ne l'avoir pas
rendue publique , en certifiant avec vérité que
l'effet de la cure a été prompt & radical , le traitement
fort doux , & que cette malheureuſe n'a
fouffert en aucune maniere. A Vernon , ce 6 décembre
1757. Perrin
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Résumé : Lettre de M. Perrin maître en Chirurgie, & Greffier de M. le premier Chirurgien du Roi, à Vernon en Normandie, à M. Keyser.
La lettre de M. Perrin, maître en chirurgie et greffier du premier chirurgien du roi, adressée à M. Keyfer, décrit une cure réussie grâce aux remèdes de ce dernier. M. Perrin a voulu vérifier personnellement l'efficacité des remèdes avant de les recommander. Il relate le cas d'Elizabeth Laurent, âgée de 35 ans, femme de Jean Grenier, vigneron de la paroisse de Nieville. En 1756, Elizabeth Laurent avait pris un nourrisson à Paris, qui tomba malade peu après leur retour. L'enfant développa des boutons purulents, des ulcères, et mourut rapidement. La nourrice contracta ensuite des maux de tête violents, des douleurs articulaires, des démangeaisons, des ulcères et des chancres. Un seigneur de Vernon intervint pour lui procurer le remède de M. Keyfer, qui la guérit parfaitement. M. Perrin certifie que le traitement a été prompt et radical, sans souffrances pour la patiente, qui accoucha ensuite heureusement. La lettre est datée du 6 décembre 1757.
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7
p. 212
AUTRE.
Début :
Le sieur Cartier, nouvellement arrivé en cette Ville, débite une pommade [...]
Mots clefs :
Pommade, Teint, Rides, Boutons, Couperose, Coups de soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
LE fieur Cartier , nouvellement arrivé en cette
Ville , débite une pommade faite avec des fimples
, pour le teint , & qui a beaucoup de vertus ,
entr'autres. 1 °. Elle conferve le teint toujours trèsfrais
& la peau très- blanche. Elle empêche les rides
, & ôte les taches de rouffeur , en s'en fervant
tous les foirs : elle ôte auffi parfaitement le rouge.
2º. Elle emporte les boutons de telle efpece qu'ils
foient au vifage & au refte du corps , fans les faire
rentrer en dedans. 3°. Elle eft auffi très - bonne
pour les perfonnes couperofées , ou qui ont le
teint échauffé. 4° . Elle guérit les dartres vives &
farineufes. . Elle adoucit beaucoup les Hémorroïdes.
6° . Elle efface la marque que laiffent les
coups de foleil , en s'en fervant fur le champ. 7 °
Enfin elle eft bonne pour tous les vices auxquel's
la peau eft fujette. Elle peut fe conferver au moins
fix ans , en la tenant dans un endroit fec , fupporte
même la mer. Si elle jauniffoit , on la remanieroit
avec de l'eau de la Reine d'Hongrie , &
elle reprendroit fa premiere blanchear . Il eft bon
d'obferver que quand elle jauniroit , elle ne perdroit
que le coup d'oeil , fans perdre rien de fes
qualités . Cette pommade fe débite au café dans le
Palais du Luxembourg. Il y a des pots de 6. 1. &
de 3. L. Le nom de l'Auteur eft fur les pos
LE fieur Cartier , nouvellement arrivé en cette
Ville , débite une pommade faite avec des fimples
, pour le teint , & qui a beaucoup de vertus ,
entr'autres. 1 °. Elle conferve le teint toujours trèsfrais
& la peau très- blanche. Elle empêche les rides
, & ôte les taches de rouffeur , en s'en fervant
tous les foirs : elle ôte auffi parfaitement le rouge.
2º. Elle emporte les boutons de telle efpece qu'ils
foient au vifage & au refte du corps , fans les faire
rentrer en dedans. 3°. Elle eft auffi très - bonne
pour les perfonnes couperofées , ou qui ont le
teint échauffé. 4° . Elle guérit les dartres vives &
farineufes. . Elle adoucit beaucoup les Hémorroïdes.
6° . Elle efface la marque que laiffent les
coups de foleil , en s'en fervant fur le champ. 7 °
Enfin elle eft bonne pour tous les vices auxquel's
la peau eft fujette. Elle peut fe conferver au moins
fix ans , en la tenant dans un endroit fec , fupporte
même la mer. Si elle jauniffoit , on la remanieroit
avec de l'eau de la Reine d'Hongrie , &
elle reprendroit fa premiere blanchear . Il eft bon
d'obferver que quand elle jauniroit , elle ne perdroit
que le coup d'oeil , fans perdre rien de fes
qualités . Cette pommade fe débite au café dans le
Palais du Luxembourg. Il y a des pots de 6. 1. &
de 3. L. Le nom de l'Auteur eft fur les pos
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Résumé : AUTRE.
Le texte décrit une pommade créée par le sieur Cartier, récemment installé en ville. Cette pommade, à base de simples, offre divers bienfaits pour la peau. Elle préserve le teint frais et la blancheur de la peau, prévient les rides et élimine les taches de rousseur et les rougeurs. Elle traite les boutons sans les faire s'enfoncer, est bénéfique pour les personnes couperosées ou au teint échauffé, et guérit les dartres vives et farineuses. Elle adoucit également les hémorroïdes, efface les marques de coups de soleil et combat divers problèmes cutanés. La pommade se conserve au moins six ans dans un endroit sec et supporte les voyages en mer. En cas de jaunissement, elle peut être rafraîchie avec de l'eau de la Reine d'Hongrie sans perdre ses propriétés. Elle est disponible en pots de six et trois livres au café du Palais du Luxembourg, avec le nom de l'auteur indiqué sur les pots.
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8
p. 213-214
AUTRE.
Début :
La veuve du sieur Bunon, Dentiste des Enfans de France, donne avis [...]
Mots clefs :
Dentiste, Remède, Élixir anti-scorbutique, Gencives, Tumeurs, Boutons, Douleurs, Eau, Opiate, Poudre de corail
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
LAA veuve du fieur Bunon , Dentiſte des Enfans
de France , donne avis qu'elle débite journellement
chez elle , rue des Saints Peres , fauxbourg
Saint Germain , la troifieme porte cochere à main
droite en entrant par la rue de Grenelle , les Remedes
de feu fon mari , dont elle a feule la compofition
, & qu'elle a toujours préparés elle- même.
L'on en trouvera toujours chez le fieur Georget ,
fon frere , Chirurgien , rue Sainte Avoye , au coin
de la rue de Braque, pour la commodité des perfon
nes qui logent au Marais. Sçavoir , 1º. Un Elixir
anti -fcorbutique qui affermit les dents , diffipe le
gonflement & l'inflammation des gencives , les
fortifie , les fait recroître, diffipe & prévient toutes
les afflictions fcorbutiques , & appaiſe la douleur
des dents. 2° . Une Eau appellée Souveraine , qui
affermit auffi les dents , rétablit les gencives , en
diffipe toutes tumeurs , chancres & boutons qui
viennent auffi à la langue , à l'intérieur des levres
& des joues , en fe.rinçant la bouche de quelques
gouttes dans de l'eau tous les jours , & elle la rend
fraîche & fans odeurs , & en éloigne les corrup
tions , elle calme la douleur des dents. 3º. Un
Opiat pour affermir & blanchir les dents , diffiper
le fang épais & groffier des gencives , qui les rend
tendres & mollaffes , & caufe de l'odeur dans la
bouche, 4° . Une Poudre de Corail pour blanchir
les dents & les entretenir ; elle empêche que le
limon ne fe forme en tartre, & qu'il ne corrompe
les gencives, & elle les conferve fermes & bonnes
de forte qu'elle peut fouffrir pour les perfonnes
qui ont foin de leurs dents , fans qu'il ſoit nécef214
MERCURE DE FRANCE:
faire de leur faire nettoyer. Les plus petites boud
teilles d'Elixir font d'une livre dix fols. Les plus
petites bouteilles d'Eau Souveraine , font d'une livre
quatre fols , mais plus grandes que celles de
l'élixir. Les pots d'Opiat , les petits , font d'une
livre dix fols. Les boîtes de Poudre de Corail
font d'une livre quatre fols.
LAA veuve du fieur Bunon , Dentiſte des Enfans
de France , donne avis qu'elle débite journellement
chez elle , rue des Saints Peres , fauxbourg
Saint Germain , la troifieme porte cochere à main
droite en entrant par la rue de Grenelle , les Remedes
de feu fon mari , dont elle a feule la compofition
, & qu'elle a toujours préparés elle- même.
L'on en trouvera toujours chez le fieur Georget ,
fon frere , Chirurgien , rue Sainte Avoye , au coin
de la rue de Braque, pour la commodité des perfon
nes qui logent au Marais. Sçavoir , 1º. Un Elixir
anti -fcorbutique qui affermit les dents , diffipe le
gonflement & l'inflammation des gencives , les
fortifie , les fait recroître, diffipe & prévient toutes
les afflictions fcorbutiques , & appaiſe la douleur
des dents. 2° . Une Eau appellée Souveraine , qui
affermit auffi les dents , rétablit les gencives , en
diffipe toutes tumeurs , chancres & boutons qui
viennent auffi à la langue , à l'intérieur des levres
& des joues , en fe.rinçant la bouche de quelques
gouttes dans de l'eau tous les jours , & elle la rend
fraîche & fans odeurs , & en éloigne les corrup
tions , elle calme la douleur des dents. 3º. Un
Opiat pour affermir & blanchir les dents , diffiper
le fang épais & groffier des gencives , qui les rend
tendres & mollaffes , & caufe de l'odeur dans la
bouche, 4° . Une Poudre de Corail pour blanchir
les dents & les entretenir ; elle empêche que le
limon ne fe forme en tartre, & qu'il ne corrompe
les gencives, & elle les conferve fermes & bonnes
de forte qu'elle peut fouffrir pour les perfonnes
qui ont foin de leurs dents , fans qu'il ſoit nécef214
MERCURE DE FRANCE:
faire de leur faire nettoyer. Les plus petites boud
teilles d'Elixir font d'une livre dix fols. Les plus
petites bouteilles d'Eau Souveraine , font d'une livre
quatre fols , mais plus grandes que celles de
l'élixir. Les pots d'Opiat , les petits , font d'une
livre dix fols. Les boîtes de Poudre de Corail
font d'une livre quatre fols.
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Résumé : AUTRE.
La veuve du dentiste Bunon, connu sous le nom de 'dentiste des Enfants de France', vend quotidiennement les remèdes de son mari, dont elle seule maîtrise la composition et la préparation. Ces produits sont disponibles chez elle, rue des Saints Pères, dans le faubourg Saint-Germain, ainsi que chez son frère, le chirurgien Georget, rue Sainte Avoye, pour les habitants du Marais. Les remèdes incluent un élixir antiscorbutique qui affermit les dents, dissout les inflammations des gencives, les fortifie et prévient les affections scorbutiques. Une eau souveraine, utilisée en rinçage buccal, affermit les dents, dissout les tumeurs et les chancres, et rafraîchit la bouche. Un opiat est proposé pour affermir et blanchir les dents, dissoudre le sang épais des gencives et éliminer les mauvaises odeurs. Enfin, une poudre de corail est disponible pour blanchir et entretenir les dents, prévenir la formation de tartre et conserver les gencives en bonne santé. Les prix des produits varient selon leur taille et leur type.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 254-256
Eau de Perle, trouvée par le sieur Dubois.
Début :
Les Dames se plaignant à Londres du peu de soin que les Artistes [...]
Mots clefs :
Eau de perle, Dames, Teint, Peau, Soins, Crème, Rougeurs de la peau, Boutons, Vente, Europe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eau de Perle, trouvée par le sieur Dubois.
Eau de Perle , trouvée par le fieur Dubois.
Les Dames fe plaignant à Londres du peu de
foin que les Artiftes avoient de faire la recherche
d'une Eau propre à conferver le tein , & à
maintenir la fraîcheur de la peau ; le fieur Dubois ,
connu par des expériences chymiques & phyfiques,
s'eft mis à travailler à cette opération . Il a recherché
avec foin , ce qui pouvoit être le plus convenable
, & en ayant fait l'analyfe propre à ce fujet
, il a trouvé cette Eau admirable , préparée fans
feu, & fimplement travaillée à la faveur d'une chafeur
tempérée. Les expériences que ledit neur DuFEVRIER.
1760. 255
bois a faites de cette Eau de Perle , ( c'eft ainfi qu'il
l'appelle ) puifqu'elle tire fon origine de la plus pure
rofée , tirée par attraction dans le mois de Mai ,
& purifiée par l'Art avec des ingrédiens doux &
benins , qui l'a tranfment en crême & en lait ,
comme on le verra dans la manière de s'en fervir :
Les expériences , dis - je , qu'il en a faites fur différentes
perfonnes , lui ont fait connoître les propriétés
qu'elle renferme : les voici en peu de mots ,
telles qu'elles font approuvées des Médecins , &
connues du Public : Cette Eau , fans être du fard ,
ôte toutes les taches , auxquelles les peaux fines
font fujettes , & que le nitre de l'air leur procure ;
elle clarifie le tein de celles qui l'ont brouillé , blanchit
la peau des brunes , & ouvre les pores , & leur
procure un tein admirable. Elle ôte les rougeurs
du vilage , féche & guérit les boutons en peu de
jours , leur tient la peau fraîche & faine , la rafermit
en la nourriffant , & la conferve fans rites,
Les hommes s'en fervent , après que la barbe eſt
faite ; elle ôte le feu du rafoir , rafraîchit , & conferve
la peau.
Lifte des Bureaux établis en Europe , où l'on vend
cette Eau de Perle .
Amfterdam , chez le fieur Joly , Libraire.
Augsbourg , chez le fieur Manichenbauer ,
braire.
Li-
Bruxelles , chez le fieur Delille , fur la Canterfteen
.
Conftantinople , chez le fieur Broffard , Marchand
François .
Francfort fur le Mein , chez le fieur Pierre
Faffel .
Hambourg , chez les fieurs Petit & Dumoutier,
Libraires .
1
256 MERCURE DE FRANCE.
Leipzic , chez le fieur Bloeherberger , Libraire.
Liége , chez le fieur Mandoux , près l'Eglife S.
Lambert.
Londres , chez le fieur Kippax , vis - à- vis la
Bourie Royale.
A Paris , chez le fieur Leduc , Marchand Droguifte
, rue Dauphine , au Magazin de Provence.
Le Prix eft de trois livres la bouteille . C'eft où
fe vend le véritable Elixir de Garrus. On prie
d'affranchir les lettres.
Les Dames fe plaignant à Londres du peu de
foin que les Artiftes avoient de faire la recherche
d'une Eau propre à conferver le tein , & à
maintenir la fraîcheur de la peau ; le fieur Dubois ,
connu par des expériences chymiques & phyfiques,
s'eft mis à travailler à cette opération . Il a recherché
avec foin , ce qui pouvoit être le plus convenable
, & en ayant fait l'analyfe propre à ce fujet
, il a trouvé cette Eau admirable , préparée fans
feu, & fimplement travaillée à la faveur d'une chafeur
tempérée. Les expériences que ledit neur DuFEVRIER.
1760. 255
bois a faites de cette Eau de Perle , ( c'eft ainfi qu'il
l'appelle ) puifqu'elle tire fon origine de la plus pure
rofée , tirée par attraction dans le mois de Mai ,
& purifiée par l'Art avec des ingrédiens doux &
benins , qui l'a tranfment en crême & en lait ,
comme on le verra dans la manière de s'en fervir :
Les expériences , dis - je , qu'il en a faites fur différentes
perfonnes , lui ont fait connoître les propriétés
qu'elle renferme : les voici en peu de mots ,
telles qu'elles font approuvées des Médecins , &
connues du Public : Cette Eau , fans être du fard ,
ôte toutes les taches , auxquelles les peaux fines
font fujettes , & que le nitre de l'air leur procure ;
elle clarifie le tein de celles qui l'ont brouillé , blanchit
la peau des brunes , & ouvre les pores , & leur
procure un tein admirable. Elle ôte les rougeurs
du vilage , féche & guérit les boutons en peu de
jours , leur tient la peau fraîche & faine , la rafermit
en la nourriffant , & la conferve fans rites,
Les hommes s'en fervent , après que la barbe eſt
faite ; elle ôte le feu du rafoir , rafraîchit , & conferve
la peau.
Lifte des Bureaux établis en Europe , où l'on vend
cette Eau de Perle .
Amfterdam , chez le fieur Joly , Libraire.
Augsbourg , chez le fieur Manichenbauer ,
braire.
Li-
Bruxelles , chez le fieur Delille , fur la Canterfteen
.
Conftantinople , chez le fieur Broffard , Marchand
François .
Francfort fur le Mein , chez le fieur Pierre
Faffel .
Hambourg , chez les fieurs Petit & Dumoutier,
Libraires .
1
256 MERCURE DE FRANCE.
Leipzic , chez le fieur Bloeherberger , Libraire.
Liége , chez le fieur Mandoux , près l'Eglife S.
Lambert.
Londres , chez le fieur Kippax , vis - à- vis la
Bourie Royale.
A Paris , chez le fieur Leduc , Marchand Droguifte
, rue Dauphine , au Magazin de Provence.
Le Prix eft de trois livres la bouteille . C'eft où
fe vend le véritable Elixir de Garrus. On prie
d'affranchir les lettres.
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Résumé : Eau de Perle, trouvée par le sieur Dubois.
Le texte relate la découverte de l'Eau de Perle par le sieur Dubois, un expert en expériences chimiques et physiques. Cette eau a été conçue pour conserver le teint et maintenir la fraîcheur de la peau, en réponse aux préoccupations des dames à Londres. Dubois a utilisé une rosée pure, collectée en mai, et purifiée avec des ingrédients doux et bénins, transformant l'eau en crème et en lait. L'Eau de Perle élimine les taches, clarifie le teint, blanchit la peau, ouvre les pores et guérit les rougeurs et les boutons. Elle est également utilisée par les hommes pour apaiser la peau après le rasage. L'Eau de Perle est commercialisée dans plusieurs bureaux en Europe, notamment à Amsterdam, Augsbourg, Bruxelles, Constantinople, Francfort, Hambourg, Leipzig, Liège, Londres et Paris. Le prix est de trois livres la bouteille.
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10
p. 209
« L'Eau de Perle, par le sieur Dubois, sans être du fard, [...] »
Début :
L'Eau de Perle, par le sieur Dubois, sans être du fard, [...]
Mots clefs :
Vertu, Eau de perle, Rougeurs de la peau, Boutons, Raffermissement de la peau, Démangeaison, Soins
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texteReconnaissance textuelle : « L'Eau de Perle, par le sieur Dubois, sans être du fard, [...] »
L'EAU de Perle , par le fieur Dubois , fans être
du fard , a la vertu d'oter toutes les taches auxquelles
les peaux fines font fujettes . Elle modére
les rougeurs du vilage , féche & guérit les boutons
en peu de temps. Elle tient la peau fraîche & faihe
, la raffermit , la nourrit , la conferve fans rides.
Elle eft encore excellente pour les yeux. Les hommes
s'en fervent auffi , après que la barbe eft faite.
Elle ore le feu du rafoir , rafraîchit & conferve la
peau. Cette Eau fe vend à Paris , chez la veuve Leduc
, Marchande Epiciere- Droguifte , rue Dauphine,
au Magafin de Provence.
Le prix eft de 3. livres la bouteille. On prie d'affranchir
les Lettres.
du fard , a la vertu d'oter toutes les taches auxquelles
les peaux fines font fujettes . Elle modére
les rougeurs du vilage , féche & guérit les boutons
en peu de temps. Elle tient la peau fraîche & faihe
, la raffermit , la nourrit , la conferve fans rides.
Elle eft encore excellente pour les yeux. Les hommes
s'en fervent auffi , après que la barbe eft faite.
Elle ore le feu du rafoir , rafraîchit & conferve la
peau. Cette Eau fe vend à Paris , chez la veuve Leduc
, Marchande Epiciere- Droguifte , rue Dauphine,
au Magafin de Provence.
Le prix eft de 3. livres la bouteille. On prie d'affranchir
les Lettres.
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Résumé : « L'Eau de Perle, par le sieur Dubois, sans être du fard, [...] »
L'EAU de Perle, fabriquée par Dubois, élimine les taches et les rougeurs, guérit les boutons et prévient les rides. Elle rafraîchit, lisse et nourrit la peau, et apaise les hommes après le rasage. Disponible à Paris chez la veuve Leduc, rue Dauphine, au Magasin de Provence, au prix de 3 livres la bouteille.
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11
p. 211-212
« Le Sieur Maille, habile Distillateur dont nous annonçons de temps en temps [...] »
Début :
Le Sieur Maille, habile Distillateur dont nous annonçons de temps en temps [...]
Mots clefs :
Distillateur, Compositions, Vinaigre, Succès, Vente, Goût, Hygiène dentaire, Ulcères, Caries, Boutons
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texteReconnaissance textuelle : « Le Sieur Maille, habile Distillateur dont nous annonçons de temps en temps [...] »
Le Sieur MAILLE , habile Diſtillateur dont nous
annonçons de temps en temps quelques nouvelles
compofitions , avertit les perfonnes qui partent
pour les Ifles , & qui auront envie d'emporter de
fes différens Vinaigres ,dont l'ufage eft fi néceffaire
aux Ifles , qu'elles peuvent le faire fans craindre
que le tranfport quelqu'éloigné qu'il foit , puiffe
les corrompre. Il continue avec fuccès la vente
du Courier de Cythere , liqueur nouvelle qui par
la délicateffe de fon goûr , peut paffer pour une
des meilleures qui ayent paru jufqu'à préfent , &
débite avec autant de fuccès le Ratafiat des Sultannes
& le Ċaffis blanc , qui a la propriété de
fortifier l'eftomach , & de faciliter la digeftion.
Le Vinaigre Romain , qu'il diftribue pour conferver
les dents , les blanchir , arrêter le progrès de
la Carie, en préferver les dents , faines , raffermir
112 MERCURE DE FRANCE.
dans leurs alvéoles celles qui peuvent être ébran→
lées , guérir les petits chancres & les ulceres de la
bouche , adoucir l'haleine & rafraîchir les lévres 7.
remplit conftamment toutes ces propriétes . Il débite
auffi différens Vinaigres pour guérir les dartres
farineuſes & les boutons , noircir les cheveux
roux ou blancs , ôter les taches & mafques de
couche , blanchir le vifage & empêcher les rides.
de la peau ; & le Vinaigre des quatre voleurs ,
préfervatif excellent contre tout air contagieux.
On trouve encore chez lui des liqueurs & des Eaux
d'odeurs de toute eſpéce , & deux cens fortes de
Vinaigres , foit pour l'ufage de la table , foit pour
celui du bain & de la toilette. Pour le Courrier de
Cythere & les autres liqueurs , il faut s'adreffer à
fon Magafin à Sèvre près de Paris , route de Verfailles;
& pour les Vinaigres en fa Maifon à Paris ,
rue S. André- des- Arcs, la troifiéme Porte cochere
à droite. Le prix des bouteilles de pinte de Caffis
blanc eft de 4 liv. celui du Ratafiat des Sultannesde
6 liv. & celui du Courier de Cythere de 8 liv.
les moindres bouteilles de Vinaigre pour les dents
ou autres ufages font de 3 liv . En écrivant une
lettre d'Avis au fieur Maille , ' foit à Paris , ſoit à
Sèvre , & moyennant la remiſe de l'argent par la
Pofte, le tour franc de Port , il fait exactement
tous les envois qu'on demande , avec les inftructions
néceffaires.
annonçons de temps en temps quelques nouvelles
compofitions , avertit les perfonnes qui partent
pour les Ifles , & qui auront envie d'emporter de
fes différens Vinaigres ,dont l'ufage eft fi néceffaire
aux Ifles , qu'elles peuvent le faire fans craindre
que le tranfport quelqu'éloigné qu'il foit , puiffe
les corrompre. Il continue avec fuccès la vente
du Courier de Cythere , liqueur nouvelle qui par
la délicateffe de fon goûr , peut paffer pour une
des meilleures qui ayent paru jufqu'à préfent , &
débite avec autant de fuccès le Ratafiat des Sultannes
& le Ċaffis blanc , qui a la propriété de
fortifier l'eftomach , & de faciliter la digeftion.
Le Vinaigre Romain , qu'il diftribue pour conferver
les dents , les blanchir , arrêter le progrès de
la Carie, en préferver les dents , faines , raffermir
112 MERCURE DE FRANCE.
dans leurs alvéoles celles qui peuvent être ébran→
lées , guérir les petits chancres & les ulceres de la
bouche , adoucir l'haleine & rafraîchir les lévres 7.
remplit conftamment toutes ces propriétes . Il débite
auffi différens Vinaigres pour guérir les dartres
farineuſes & les boutons , noircir les cheveux
roux ou blancs , ôter les taches & mafques de
couche , blanchir le vifage & empêcher les rides.
de la peau ; & le Vinaigre des quatre voleurs ,
préfervatif excellent contre tout air contagieux.
On trouve encore chez lui des liqueurs & des Eaux
d'odeurs de toute eſpéce , & deux cens fortes de
Vinaigres , foit pour l'ufage de la table , foit pour
celui du bain & de la toilette. Pour le Courrier de
Cythere & les autres liqueurs , il faut s'adreffer à
fon Magafin à Sèvre près de Paris , route de Verfailles;
& pour les Vinaigres en fa Maifon à Paris ,
rue S. André- des- Arcs, la troifiéme Porte cochere
à droite. Le prix des bouteilles de pinte de Caffis
blanc eft de 4 liv. celui du Ratafiat des Sultannesde
6 liv. & celui du Courier de Cythere de 8 liv.
les moindres bouteilles de Vinaigre pour les dents
ou autres ufages font de 3 liv . En écrivant une
lettre d'Avis au fieur Maille , ' foit à Paris , ſoit à
Sèvre , & moyennant la remiſe de l'argent par la
Pofte, le tour franc de Port , il fait exactement
tous les envois qu'on demande , avec les inftructions
néceffaires.
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Résumé : « Le Sieur Maille, habile Distillateur dont nous annonçons de temps en temps [...] »
Le texte décrit les produits et services du Sieur Maille, un distillateur réputé. Maille propose une gamme de vinaigres et de liqueurs, dont le Courier de Cythère, le Ratafiat des Sultannes et le Cassis blanc, connu pour ses bienfaits sur la digestion. Le Vinaigre Romain est utilisé pour la conservation des dents, le traitement des petits chancres et ulcères buccaux, et l'adoucissement de l'haleine. D'autres vinaigres sont destinés à traiter les dartres farineuses, noircir les cheveux, ôter les taches, blanchir le visage et prévenir les rides. Le Vinaigre des quatre voleurs est recommandé comme préservatif contre les airs contagieux. Maille offre également diverses liqueurs et eaux de senteur, ainsi que deux cents sortes de vinaigres pour la table, le bain et la toilette. Les produits sont disponibles à son magasin à Sèvres ou à Paris, rue Saint-André-des-Arts. Les prix varient selon les articles, et Maille assure l'envoi des commandes par la poste moyennant le paiement à l'avance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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