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1
p. 37-40
IMITATION DE LA GALATEE de Virgile.
Début :
Si nostre Amy dont vous me demandez des nouvelles ne / Mon Troupeau quelquefois, en paissant, me conduit [...]
Mots clefs :
Pomme, Berger, Virgile, Flamme
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION DE LA GALATEE de Virgile.
Si noftre Amy dont vous me demandés des nouvelles ne s'eſtoit pas fait une Vertu d'aimer conftamment, il ſe ſeroit épar--
gné bien des chagrins , donten- fin il a eſté récompenfé. C'eſt une nouvelle à vous apprendre.
La Belle qui ſembloit avoir pour luy les froideurs dont il ſeplai- gnoit , n'affectoit cette fauſſe inſenſibilité, que pour l'engager àplus d'amour. Cela me fait fou- venir de la Galatée de Virgile dont je croy vous avoir parlé.
Elle fuyoit apres avoir jetté une Pomme à un Berger dont elle ſe connoiſſoit aymé , & fe laiſſoit voir en fuyant pour le faire courir apres elle. Cette penſée a eſté renduë fort agrea- blement
GALANT. 25
blement par ces Vers-dont on ne m'a point fait connoiſtre
l'Autheur.
IMITATION DE LA GALATEE
deVirgile.
M
On Troupeau quelquefois ,
paiſſant ,
me conduit
en
Surles bordsd'un Torrent dont lavague irritée ,
Dufrein qu'elle s'est fait d'une Roche emportée ,
Vientd'unflot bondiſſant l'affaillir, mais fansfruit.
Laragedeſe voir domptée La ramene cent fois , & cent fois ne produitd'écume&plusdebruit. Queplus Lareſvant l'ame triste , & la veue
arrestée ;
د
Ainsi,diſois-je un jour ,maflame re- butée
Envain jusqu'icy ma rédnit
Tome IV. B
26 LE MERCVRE
Ades ſoins obſtinezdeplaire à Ga latée ,
Quandfortant àpas lents d'une Rdche écartée
Cette Belleme jette une Pomme ,
s'enfuit D'une courſe précipitée.
Ie me détourne, &vois qu'elle se laiſſe choir
Sous un Saule où d'abord fafuite l'a
portée
Ah ! dis-jeeny courantreprenonsquel que espoir
Maflame en peut estre flatée,
Puisquepour mefaire sçavoir Que c'est elle par qui la Pominem'est jettée,
La Follette en tombant veut bien se
laiffervoir.
gné bien des chagrins , donten- fin il a eſté récompenfé. C'eſt une nouvelle à vous apprendre.
La Belle qui ſembloit avoir pour luy les froideurs dont il ſeplai- gnoit , n'affectoit cette fauſſe inſenſibilité, que pour l'engager àplus d'amour. Cela me fait fou- venir de la Galatée de Virgile dont je croy vous avoir parlé.
Elle fuyoit apres avoir jetté une Pomme à un Berger dont elle ſe connoiſſoit aymé , & fe laiſſoit voir en fuyant pour le faire courir apres elle. Cette penſée a eſté renduë fort agrea- blement
GALANT. 25
blement par ces Vers-dont on ne m'a point fait connoiſtre
l'Autheur.
IMITATION DE LA GALATEE
deVirgile.
M
On Troupeau quelquefois ,
paiſſant ,
me conduit
en
Surles bordsd'un Torrent dont lavague irritée ,
Dufrein qu'elle s'est fait d'une Roche emportée ,
Vientd'unflot bondiſſant l'affaillir, mais fansfruit.
Laragedeſe voir domptée La ramene cent fois , & cent fois ne produitd'écume&plusdebruit. Queplus Lareſvant l'ame triste , & la veue
arrestée ;
د
Ainsi,diſois-je un jour ,maflame re- butée
Envain jusqu'icy ma rédnit
Tome IV. B
26 LE MERCVRE
Ades ſoins obſtinezdeplaire à Ga latée ,
Quandfortant àpas lents d'une Rdche écartée
Cette Belleme jette une Pomme ,
s'enfuit D'une courſe précipitée.
Ie me détourne, &vois qu'elle se laiſſe choir
Sous un Saule où d'abord fafuite l'a
portée
Ah ! dis-jeeny courantreprenonsquel que espoir
Maflame en peut estre flatée,
Puisquepour mefaire sçavoir Que c'est elle par qui la Pominem'est jettée,
La Follette en tombant veut bien se
laiffervoir.
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Résumé : IMITATION DE LA GALATEE de Virgile.
Le texte raconte une histoire d'amour où un homme, nommé Amy, souffre de son amour constant pour une femme froide, surnommée 'La Belle'. Cette femme utilise une stratégie similaire à celle de Galatée dans la mythologie virgilienne, feignant l'insensibilité pour stimuler l'amour de son amant. Galatée, dans la mythologie, fuyait un berger après lui avoir jeté une pomme, se laissant voir pour qu'il la poursuive. Le texte inclut une imitation poétique de cet épisode. Le poème décrit un troupeau paissant près d'un torrent tumultueux, symbolisant les émotions conflictuelles de l'amant. La femme, comparée à Galatée, jette une pomme à l'amant et s'enfuit, se laissant voir pour l'inciter à la poursuivre. L'amant interprète ces gestes comme un signe d'espoir et de reconnaissance de son amour.
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2
p. 447-450
IMITATION De la onziéme Ode d'Horace, Livre II. Eheu fugaces Posthume Posthume labuntur anni, &c.
Début :
Helas ! de tes plaisirs quel sera le retour ? [...]
Mots clefs :
Horace, Imitation
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION De la onziéme Ode d'Horace, Livre II. Eheu fugaces Posthume Posthume labuntur anni, &c.
IMITATION
De la onzième Ode d'Horace , Livre IL
Eheu fugaces Pofthume Posthume
labuntur anni , &c.
HElas !
Elas ! de tes plaifirs quel fera le retour ?
Tu vieilliras , Pofthume, & tu mourras un jour.
Leplus beau de tes ans s'écoule avec vîteſſe
Et tu fens ralentir les feux de ta jeuneffe ;
Ton culte envers le Ciel , ton encens , ni tes
voeux ,
Ne pourront t'exempter d'une lente vicilleffe ,
Ils n'arrêteront pas le temps qui fuit fans ceffe,
Et qui de jour en jour vient blanchir tes cheveux.
Quand tu devrois immoler cent Victimes ,
Au Dieu terrible des Enfers
Au Dieu dont le pouvoir par des droits legitimes
,
Comprend tout ce vafte Univers ,
Tu ne flechiras point fon coeur inexorable.
C'eſt une Loi pour tous inévitable ,
Qu'il faut que chacun à fon tour ,
Le Riche, l'Indigent , le Berger , le Monarque,
Paffent confufément , fans efpoir de retour ,
Dans la funefte Barque ,
B En
448 MERCURE DE FRANCE.
En vain l'on voudroit prolonger ,
Le foible cours de nos années ,
Le terme en eft marqué , les Dieux les ont boşnées
:
En vain l'on tâche à ménager ,
De nos tranquiles jours les douces deſtinées ,
En ne s'expofant pas aux funeftes hazards
De Bellone & de Mars .
En vain l'art d'un Pilote & le vent favorable ;
Conduiront fur les flots d'une Mer redoutable ,
Notre Navire jufqu'au Port .
En vain , pour éloigner la mort qui nous
étonne ,
Nous voudrons éviter dans la faifon d'Automne
,
D'un vent froid & mal fain l'impetueux effort.
Il faut fubir les coups de la Parque fatale ,
Et payer tôt ou tard le tribut à Caron ;
Voir le trifte Cocyte & le noir Acheron ;
Habiter de Pluton la demeure infernale :
Là , parmi les horreurs d'une obfcure prifon ,
La race Danaïde & l'orgueilleux Typhon
Syfiphe , Ixion & Tantale.
Eprouvent éternellement ,
De leurs forfaits divers le jufte châtiment.
II
MARS. 1730. 449
Al te faudra quitter tes Maifons de Campagne ,
Tes meubles fomptueux , tes fuperbes Palais ,
Abandonner & perdre pour jamais ,
Ton Epouſe fi chere & ta douce Compagne ;
Tu périras toi- même , & la mort fans pitié ,
Prendra d'un tout fi beau, l'une & l'autre moitié.
Que deviendront alors ces lieux pleins de dé
lices ,
De tes plaifirs fecrets confidens & complices
?
Ces bois fombres & frais ; ces Jardins toûjours
verds ,
Où pendant la rigueur d'une ſaiſon rebelle ,
Par ton art & tes foins Flore fe renouvelle ,
Et conferve un printemps au milieu des hyvers.
Ces Oeillets , ces Lys & ces Rofes ,
Que dès l'Aurore on voit éclofes ,
Et qui ne durent qu'un matin ,
Sont de tes foibles jours une vive peinture ,
Qui fans ceffe t'apprend quel fera ton deftin.
De tant d'arbres , dont la verdure ,
Découvre à tes yeux mille attraits ,
Quand tu fatisferas aux Loix de la Nature a
Il ne te reftera que les triftes Cyprès.
Bij
Alors
450 MERCURE DE FRANCE.
Alors un heritier & prodigue & peu fage ,
Croira de tes grands biens faire un meilleur
ufage ;
Bientôt on le verra fe livrant aux plaiſirs ,
Les répandre par tout au gré de ſes defirs .
Il boira largement fans nulle prévoyance ,
Tes vins les plus exquis & les plus eſtimez ,
Vins qu'avec tant de foin & tant de vigilance,
Ta tenois fous cent clefs dans ta cave enfer
mez.
శ్రీ శ్రీ
Moreau de Mautour.
De la onzième Ode d'Horace , Livre IL
Eheu fugaces Pofthume Posthume
labuntur anni , &c.
HElas !
Elas ! de tes plaifirs quel fera le retour ?
Tu vieilliras , Pofthume, & tu mourras un jour.
Leplus beau de tes ans s'écoule avec vîteſſe
Et tu fens ralentir les feux de ta jeuneffe ;
Ton culte envers le Ciel , ton encens , ni tes
voeux ,
Ne pourront t'exempter d'une lente vicilleffe ,
Ils n'arrêteront pas le temps qui fuit fans ceffe,
Et qui de jour en jour vient blanchir tes cheveux.
Quand tu devrois immoler cent Victimes ,
Au Dieu terrible des Enfers
Au Dieu dont le pouvoir par des droits legitimes
,
Comprend tout ce vafte Univers ,
Tu ne flechiras point fon coeur inexorable.
C'eſt une Loi pour tous inévitable ,
Qu'il faut que chacun à fon tour ,
Le Riche, l'Indigent , le Berger , le Monarque,
Paffent confufément , fans efpoir de retour ,
Dans la funefte Barque ,
B En
448 MERCURE DE FRANCE.
En vain l'on voudroit prolonger ,
Le foible cours de nos années ,
Le terme en eft marqué , les Dieux les ont boşnées
:
En vain l'on tâche à ménager ,
De nos tranquiles jours les douces deſtinées ,
En ne s'expofant pas aux funeftes hazards
De Bellone & de Mars .
En vain l'art d'un Pilote & le vent favorable ;
Conduiront fur les flots d'une Mer redoutable ,
Notre Navire jufqu'au Port .
En vain , pour éloigner la mort qui nous
étonne ,
Nous voudrons éviter dans la faifon d'Automne
,
D'un vent froid & mal fain l'impetueux effort.
Il faut fubir les coups de la Parque fatale ,
Et payer tôt ou tard le tribut à Caron ;
Voir le trifte Cocyte & le noir Acheron ;
Habiter de Pluton la demeure infernale :
Là , parmi les horreurs d'une obfcure prifon ,
La race Danaïde & l'orgueilleux Typhon
Syfiphe , Ixion & Tantale.
Eprouvent éternellement ,
De leurs forfaits divers le jufte châtiment.
II
MARS. 1730. 449
Al te faudra quitter tes Maifons de Campagne ,
Tes meubles fomptueux , tes fuperbes Palais ,
Abandonner & perdre pour jamais ,
Ton Epouſe fi chere & ta douce Compagne ;
Tu périras toi- même , & la mort fans pitié ,
Prendra d'un tout fi beau, l'une & l'autre moitié.
Que deviendront alors ces lieux pleins de dé
lices ,
De tes plaifirs fecrets confidens & complices
?
Ces bois fombres & frais ; ces Jardins toûjours
verds ,
Où pendant la rigueur d'une ſaiſon rebelle ,
Par ton art & tes foins Flore fe renouvelle ,
Et conferve un printemps au milieu des hyvers.
Ces Oeillets , ces Lys & ces Rofes ,
Que dès l'Aurore on voit éclofes ,
Et qui ne durent qu'un matin ,
Sont de tes foibles jours une vive peinture ,
Qui fans ceffe t'apprend quel fera ton deftin.
De tant d'arbres , dont la verdure ,
Découvre à tes yeux mille attraits ,
Quand tu fatisferas aux Loix de la Nature a
Il ne te reftera que les triftes Cyprès.
Bij
Alors
450 MERCURE DE FRANCE.
Alors un heritier & prodigue & peu fage ,
Croira de tes grands biens faire un meilleur
ufage ;
Bientôt on le verra fe livrant aux plaiſirs ,
Les répandre par tout au gré de ſes defirs .
Il boira largement fans nulle prévoyance ,
Tes vins les plus exquis & les plus eſtimez ,
Vins qu'avec tant de foin & tant de vigilance,
Ta tenois fous cent clefs dans ta cave enfer
mez.
శ్రీ శ్రీ
Moreau de Mautour.
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Résumé : IMITATION De la onziéme Ode d'Horace, Livre II. Eheu fugaces Posthume Posthume labuntur anni, &c.
Le texte imite la onzième Ode d'Horace, Livre II, et médite sur la fugacité du temps et l'inévitabilité de la mort. L'auteur souligne que les années passent rapidement et que nul ne peut échapper au vieillissement et à la mort, même par des prières ou des sacrifices. Le temps avance inexorablement, apportant la vieillesse et blanchissant les cheveux. Les efforts pour prolonger la vie ou éviter les dangers sont vains face à la mort inévitable. L'auteur évoque la nécessité de subir les coups du destin et de payer le tribut à Caron, le passeur des âmes. Il décrit les supplices éternels des damnés dans les enfers, comme Sisyphe, Ixion et Tantale. Le texte se conclut par une réflexion sur la perte des biens matériels et des êtres chers, ainsi que sur la vanité des plaisirs terrestres, comparés à des fleurs éphémères.
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3
p. 524-525
IMITATION D'une Ode d'Anacreon.
Début :
Bacchus est ma gloire, [...]
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION D'une Ode d'Anacreon.
IMITATION
D'une Ode d'Anacreon.
Acchus eft ma gloire ,
Sans lui je fuis mort ;
Content de mon fort ,
I
Avec
MARS. 1730. 525
A force de boire ,
Avec ma mémoire , bis ,
Mon chagrin s'endort.
Affis fur la tonne ,
J'ai le front couvert
D'un pampre plus verd
Que n'eft la Couronne
Qu'obtient de Bellonne
Celui qui la fert.
Qu'un autre aille aux armes
Las d'être vivant ,
Pour un peu
de vent
>
"
Chercher des allarmes ;
J'aime les vacarmes ,
Mais c'eft en buvant.
Que chacun fe livre
A ce jus divin ;
Verfe , Poitevin ,
Il vaut mieux être yvre ,
Ou ceffer de vivre ,
Que manquer de vin.
M. Dufrefne l'aîné.
D'une Ode d'Anacreon.
Acchus eft ma gloire ,
Sans lui je fuis mort ;
Content de mon fort ,
I
Avec
MARS. 1730. 525
A force de boire ,
Avec ma mémoire , bis ,
Mon chagrin s'endort.
Affis fur la tonne ,
J'ai le front couvert
D'un pampre plus verd
Que n'eft la Couronne
Qu'obtient de Bellonne
Celui qui la fert.
Qu'un autre aille aux armes
Las d'être vivant ,
Pour un peu
de vent
>
"
Chercher des allarmes ;
J'aime les vacarmes ,
Mais c'eft en buvant.
Que chacun fe livre
A ce jus divin ;
Verfe , Poitevin ,
Il vaut mieux être yvre ,
Ou ceffer de vivre ,
Que manquer de vin.
M. Dufrefne l'aîné.
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Résumé : IMITATION D'une Ode d'Anacreon.
Le texte, une imitation d'une ode d'Anacreon datée de mars 1730, exprime la dépendance de l'auteur à Bacchus. Il trouve du contentement dans l'alcool pour apaiser son chagrin et préfère les plaisirs de la boisson aux combats. Il encourage chacun à se livrer au vin et conclut qu'il vaut mieux être ivre ou cesser de vivre plutôt que de manquer de vin. Le poème est attribué à M. Dufresne l'aîné.
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4
p. 1109-1111
IMITATION D'une Piece en Vers Latins, de M. de la Monnoye.
Début :
L'Autre jour Lycoris Tapie, [...]
Mots clefs :
Papillon, Roses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION D'une Piece en Vers Latins, de M. de la Monnoye.
IMITATION
D'une Piece en Vers Latins , de M. de la
Monnoye.
L'Autre jour Lycoris Tapie ,
Sur un tendre Gazon , à l'abri du Soleil ,
En lifant s'étant affoupie,
Goutoit les douceurs du fommeil ,
Tout fe taifoit dans le Bocage ,
N
A peine on entendoit le fouffle des Zéphirs ,
Zo Volo
Les Cij
1110 MERCURE DE FRANCE
Les Oiseaux ,
ceffant leur ramage ,
Gazouilloient tout bas leurs foupirs.
Tout près un Ruiffeau , dont l'eau pure ,
Fat une fraîcheur douce invitoit au repos ,
Sembloit adoucir fon murmure ,
De concert avec les Echos ;
Voltigeant de Rofes en Rofes ,
Un Papillon trompé , fans doute , au coloris ,
Crut en voir fraîchement écloſes ,
Sur les levres de Lycoris..
M
Il profitoit de fa capture ,
Savourant à longs traits un fuc délicieux
Quand la douleur de la picquure ,
De cette Belle ouvrit les yeux..
Brulant d'un courroux inutile ,
C'eſt envain qu'elle cherche à punir l'inhumain ,
Elle voit fuir le Volatile ,
S'applaudiffant de ſon larcin .
A punir une telle offenſe ,
Cupidon , n'cft-tu pas toi - même intereffé
I. Vol. Si
JU I N. 1730 . 111E
Si tu la laiffois fans vengeance ,
Ton pouvoir en feroit bleffé.
Quoi donc , cette Beauté fi fiere
Voit fon repos troublé par un vain Papillon ,
Et ce que tes Traits n'ont pû faire ,
Eft l'ouvrage d'un Aiguillon.
Bordes de Malfart.
D'une Piece en Vers Latins , de M. de la
Monnoye.
L'Autre jour Lycoris Tapie ,
Sur un tendre Gazon , à l'abri du Soleil ,
En lifant s'étant affoupie,
Goutoit les douceurs du fommeil ,
Tout fe taifoit dans le Bocage ,
N
A peine on entendoit le fouffle des Zéphirs ,
Zo Volo
Les Cij
1110 MERCURE DE FRANCE
Les Oiseaux ,
ceffant leur ramage ,
Gazouilloient tout bas leurs foupirs.
Tout près un Ruiffeau , dont l'eau pure ,
Fat une fraîcheur douce invitoit au repos ,
Sembloit adoucir fon murmure ,
De concert avec les Echos ;
Voltigeant de Rofes en Rofes ,
Un Papillon trompé , fans doute , au coloris ,
Crut en voir fraîchement écloſes ,
Sur les levres de Lycoris..
M
Il profitoit de fa capture ,
Savourant à longs traits un fuc délicieux
Quand la douleur de la picquure ,
De cette Belle ouvrit les yeux..
Brulant d'un courroux inutile ,
C'eſt envain qu'elle cherche à punir l'inhumain ,
Elle voit fuir le Volatile ,
S'applaudiffant de ſon larcin .
A punir une telle offenſe ,
Cupidon , n'cft-tu pas toi - même intereffé
I. Vol. Si
JU I N. 1730 . 111E
Si tu la laiffois fans vengeance ,
Ton pouvoir en feroit bleffé.
Quoi donc , cette Beauté fi fiere
Voit fon repos troublé par un vain Papillon ,
Et ce que tes Traits n'ont pû faire ,
Eft l'ouvrage d'un Aiguillon.
Bordes de Malfart.
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Résumé : IMITATION D'une Piece en Vers Latins, de M. de la Monnoye.
Le texte imite une pièce en vers latins de M. de la Monnoye et décrit une scène paisible où Lycoris Tapie sommeille sur un gazon, à l'abri du soleil. Le cadre est apaisant, avec des zéphyrs légers, des oiseaux gazouillant et un ruisseau murmurant. Un papillon, attiré par les lèvres de Lycoris, la pique et la réveille brutalement. Furieuse, Lycoris tente de punir le papillon, mais celui-ci s'enfuit, se réjouissant de son acte. Le texte se conclut par une réflexion sur le pouvoir de Cupidon, suggérant que même une beauté fière comme Lycoris peut être troublée par un simple papillon, là où les flèches de Cupidon n'auraient pas réussi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 2641-2645
IMITATION de l'Ode Latine du P. Sanadon, adressée aux Poëtes du College de Louis le Grand, pendant l'Octave de la Canonisatton des SS. Louis DE GONZAGUE & Stanislas KOSTKA.
Début :
Suivez les doux transports d'une celeste ivresse, [...]
Mots clefs :
Canonisation, Louis de Gonzague, Stanislas Kostka, Collège Louis le Grand, Coeur, Compagnie de Jésus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode Latine du P. Sanadon, adressée aux Poëtes du College de Louis le Grand, pendant l'Octave de la Canonisatton des SS. Louis DE GONZAGUE & Stanislas KOSTKA.
IMITATION de l'Ode Latine du
P. Sanadon , adreffée aux Poëtes du
College de Louis le Grand , pendant l'Oc
tave de la Canonifatton des S S. Louis
DE GONZAGUE Staniflas KOSTKA,
Suivez les doux tranfports d'une celeſte ivreffe
Vous dont l'amour du Créateur ,
Mieux que l'arbitre du Permeffe ,
Anime fans effort & l'efprit & le coeur.
Aux pieds du facré Tabernacle ,
Approchez ; un nouveau fpectacle ,
Doit fixer en ce jour vos regards affidus .
Deux Héros au fein de la Gloire
I. Vol. Cou
1642 MERCURE DE FRANCE
Goutent le prix de leur Victoire ,
Et l'Univers charmé célebre leurs vertus.
器
Sur les bords où le Pô répand fes eaux fertiles,
Et que Manto rendit fameux ,
Et dans ces climats plus ftériles ,
Que l'auftere Sarmate a rendu belliqueux ,
Deux Princes au printems de l'âge ,
Mériterent le tendre hommage ,
Qui fait en leur honneur ériger des Autels
La vertu leur fraïant les routes >
Ils fçurent aux céleſtes voutes ,
S'affurer un grand nom parmi les Immortels,
諾
A mes yeux ébloüis une lumiere pure ,
Ouvre les barrieres du Ciel :
Que vois-je foible créature ,
Tu brilles fur un Trône & tu vois l'Eternel
Exemt des malheurs & des vices ,
D'un torrent de faintes délices ,
GONZAGUEà chaque inftant fent inonder fon
coeur :
STANISLAS après une vie
Aux mêmes devoirs affervie ,
D'un vol précipité court au même bonheur.
IGNACE , qui forma leurs coeurs à la fageffe ,
1. Vol.
Dans
DECEMBRE. 1730. 2643
Dans l'étroit fentier des Elus ,
En eux , au gré de fa tendreffe ,
Couronne peu de jours & beaucoup de vertus,
Quelle fplendeur les accompagne ?
La gloire & l'appui de l'Eſpagne ,
XAVIER & BORGIA paroiffent à leur tour.
Au culte de l'efprit immonde,
L'un arracha le nouveau Monde ,
L'autre fçut méprifer les attraits de la Cour,
淡
Le modefte REGIS vers la troupe s'avance
Tel dans fon air & fon maintien ,
Qu'il fe montre aux yeux de la France
Dont il rappelle encor qu'il fut le citoyen.
A leur fuite combien d'Apôtres ,
Se fuccedent les uns aux autres ?
La plus pure vertu régle feule leur rang.
Malgré l'erreur & fes preftiges ,
La foi fur leurs facrés veftiges ,
Eclaira l'Univers inondé de leur fang.
諾
Dans GONZAGUE & KOSTKA tout l'Olympe
révere
Le zele & les talens divers ,
Qu'il a couronnés dans le pere ,
Et par qui les enfans défarment les Enfers.
Formés par les mêmes maximes ,
En ce jour fur des tons fublimes
I. Vol,
Chan
2644 MERCURE DE FRANCE
Chantres ingénieux , multipliés vos airs ,
Et , dociles à vos exemples ,
Que vos éleves dans nos Temples ,
Célebrent un fujet fi propre à leurs Concerts.
Héritiers d'un grand nom confacré dans l'hiftoire
;
On vit GONZAGUE & STANISLAS
Rougir d'un titre , dont la gloire
A le fort pour principe , & pour fin le trépas,
Nés dans le fein de la molleffe ,
Des préjugés de la Nobleffe ,
Leur coeur ne fe fit point un agréable écueil . *
Ils fçavoient que les Grands périſſent ,
Et qu'avec les Héros finiffent
Dans l'horreur du tombeau leur fafte & leur or
gueil.
La Grace qui parut , pour embellir leur ame
Epuifer fes riches tréfors ,
Par les traits d'une vive flamme ,
En dirigea toujours les dociles refforts,
En eux déja les connoiffances ,
Sondoient l'abîme des Sciences ,
Quant à l'efpoir public la mort vint les ravir
Telles à l'afpect de l'Aurore ,
Des rofes fe hâtent d'éclore ,
Que le même Soleil voit naître & fe flétrir,
1.Vol. Mais
DECEMBRE . 1730. 2645
Mais plus que le rapport d'état , d'âge ou d'étude,
Dans leurs penchants & dans leurs moeurs
Même attrait , même exactitude ,
Les rendit l'un & l'autre heureux imitateurs,
L'Ambition au coeur barbare ,
Le Plaifir , enfant du Ténáre ,
Effayerent en vain de captiver leur coeur ,
Leur innocence fous l'écorce ,
Démêla la fatale amorce ,
Qu'aux Mortels , qu'il féduit , offre le Tentateur,
Echappés aux dangers d'un Monde tyrannique ,
Sans crainte , au ſéjour de la paix ,
Dans le fein d'un Dieu magnifique ,
Le plus parfait bonheur les fixe pour jamais,
Tel un Marchand , à qui Porage ,
Dans l'attente d'un promt naufrage ;
A retracé cent fois les horreurs de la mort ,'
Exemt de terreurs & d'allarmes ,
Se livre fans réſerve aux charmes
De contempler fa barque à l'abri dans le porta
F. L. de la Compagnie de Jefus,
P. Sanadon , adreffée aux Poëtes du
College de Louis le Grand , pendant l'Oc
tave de la Canonifatton des S S. Louis
DE GONZAGUE Staniflas KOSTKA,
Suivez les doux tranfports d'une celeſte ivreffe
Vous dont l'amour du Créateur ,
Mieux que l'arbitre du Permeffe ,
Anime fans effort & l'efprit & le coeur.
Aux pieds du facré Tabernacle ,
Approchez ; un nouveau fpectacle ,
Doit fixer en ce jour vos regards affidus .
Deux Héros au fein de la Gloire
I. Vol. Cou
1642 MERCURE DE FRANCE
Goutent le prix de leur Victoire ,
Et l'Univers charmé célebre leurs vertus.
器
Sur les bords où le Pô répand fes eaux fertiles,
Et que Manto rendit fameux ,
Et dans ces climats plus ftériles ,
Que l'auftere Sarmate a rendu belliqueux ,
Deux Princes au printems de l'âge ,
Mériterent le tendre hommage ,
Qui fait en leur honneur ériger des Autels
La vertu leur fraïant les routes >
Ils fçurent aux céleſtes voutes ,
S'affurer un grand nom parmi les Immortels,
諾
A mes yeux ébloüis une lumiere pure ,
Ouvre les barrieres du Ciel :
Que vois-je foible créature ,
Tu brilles fur un Trône & tu vois l'Eternel
Exemt des malheurs & des vices ,
D'un torrent de faintes délices ,
GONZAGUEà chaque inftant fent inonder fon
coeur :
STANISLAS après une vie
Aux mêmes devoirs affervie ,
D'un vol précipité court au même bonheur.
IGNACE , qui forma leurs coeurs à la fageffe ,
1. Vol.
Dans
DECEMBRE. 1730. 2643
Dans l'étroit fentier des Elus ,
En eux , au gré de fa tendreffe ,
Couronne peu de jours & beaucoup de vertus,
Quelle fplendeur les accompagne ?
La gloire & l'appui de l'Eſpagne ,
XAVIER & BORGIA paroiffent à leur tour.
Au culte de l'efprit immonde,
L'un arracha le nouveau Monde ,
L'autre fçut méprifer les attraits de la Cour,
淡
Le modefte REGIS vers la troupe s'avance
Tel dans fon air & fon maintien ,
Qu'il fe montre aux yeux de la France
Dont il rappelle encor qu'il fut le citoyen.
A leur fuite combien d'Apôtres ,
Se fuccedent les uns aux autres ?
La plus pure vertu régle feule leur rang.
Malgré l'erreur & fes preftiges ,
La foi fur leurs facrés veftiges ,
Eclaira l'Univers inondé de leur fang.
諾
Dans GONZAGUE & KOSTKA tout l'Olympe
révere
Le zele & les talens divers ,
Qu'il a couronnés dans le pere ,
Et par qui les enfans défarment les Enfers.
Formés par les mêmes maximes ,
En ce jour fur des tons fublimes
I. Vol,
Chan
2644 MERCURE DE FRANCE
Chantres ingénieux , multipliés vos airs ,
Et , dociles à vos exemples ,
Que vos éleves dans nos Temples ,
Célebrent un fujet fi propre à leurs Concerts.
Héritiers d'un grand nom confacré dans l'hiftoire
;
On vit GONZAGUE & STANISLAS
Rougir d'un titre , dont la gloire
A le fort pour principe , & pour fin le trépas,
Nés dans le fein de la molleffe ,
Des préjugés de la Nobleffe ,
Leur coeur ne fe fit point un agréable écueil . *
Ils fçavoient que les Grands périſſent ,
Et qu'avec les Héros finiffent
Dans l'horreur du tombeau leur fafte & leur or
gueil.
La Grace qui parut , pour embellir leur ame
Epuifer fes riches tréfors ,
Par les traits d'une vive flamme ,
En dirigea toujours les dociles refforts,
En eux déja les connoiffances ,
Sondoient l'abîme des Sciences ,
Quant à l'efpoir public la mort vint les ravir
Telles à l'afpect de l'Aurore ,
Des rofes fe hâtent d'éclore ,
Que le même Soleil voit naître & fe flétrir,
1.Vol. Mais
DECEMBRE . 1730. 2645
Mais plus que le rapport d'état , d'âge ou d'étude,
Dans leurs penchants & dans leurs moeurs
Même attrait , même exactitude ,
Les rendit l'un & l'autre heureux imitateurs,
L'Ambition au coeur barbare ,
Le Plaifir , enfant du Ténáre ,
Effayerent en vain de captiver leur coeur ,
Leur innocence fous l'écorce ,
Démêla la fatale amorce ,
Qu'aux Mortels , qu'il féduit , offre le Tentateur,
Echappés aux dangers d'un Monde tyrannique ,
Sans crainte , au ſéjour de la paix ,
Dans le fein d'un Dieu magnifique ,
Le plus parfait bonheur les fixe pour jamais,
Tel un Marchand , à qui Porage ,
Dans l'attente d'un promt naufrage ;
A retracé cent fois les horreurs de la mort ,'
Exemt de terreurs & d'allarmes ,
Se livre fans réſerve aux charmes
De contempler fa barque à l'abri dans le porta
F. L. de la Compagnie de Jefus,
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Résumé : IMITATION de l'Ode Latine du P. Sanadon, adressée aux Poëtes du College de Louis le Grand, pendant l'Octave de la Canonisatton des SS. Louis DE GONZAGUE & Stanislas KOSTKA.
Le texte est une imitation d'une ode latine adressée aux poètes du Collège de Louis le Grand lors de la canonisation des saints Louis de Gonzague et Stanislas Kostka. L'ode les invite à célébrer les vertus de ces deux héros en se rapprochant du tabernacle sacré. Elle décrit les lieux de naissance et les vertus des saints, soulignant leur ascension vers les cieux et leur renommée immortelle. Ignace de Loyola est mentionné comme celui qui a formé leurs cœurs à la sagesse, ainsi que d'autres saints comme François Xavier et Alphonse de Liguori, qui ont contribué à la gloire de l'Espagne. L'ode évoque également le saint Jean-Baptiste de Régis et une succession d'apôtres dont la pure vertu éclaire l'univers. Elle met en lumière le zèle et les talents divers des saints, couronnés par l'Olympe, et leur formation par les mêmes maximes. Les saints Gonzague et Kostka sont décrits comme ayant rejeté les préjugés de la noblesse et ayant conscience de la mortalité des grands. Leur grâce les a dirigés vers des connaissances profondes, mais la mort les a ravis prématurément. Leur innocence et leur exactitude les ont rendus heureux imitateurs des vertus chrétiennes. Enfin, l'ode compare leur parcours à celui d'un marchand échappant aux dangers de la mer pour trouver un bonheur parfait dans le sein de Dieu. Le texte se conclut par une référence à la Compagnie de Jésus.
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6
p. 479-480
IMITATION De l'Ode IX. du troisieme Livre d'Horace, Donec gratus eram &c. DIALOGUE. Tirsis, Philis.
Début :
Philis tant que sensible à mes vives tendresses [...]
Mots clefs :
Dialogue, Ode, Horace, Trahison, Fidélité, Réconciliation
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION De l'Ode IX. du troisieme Livre d'Horace, Donec gratus eram &c. DIALOGUE. Tirsis, Philis.
IMITATION
De l'Ode IX. du troisieme Livre d'Horace ..
Donec gratus eram & c.
DIALOGUE ,
Tirsis , Philis.
Tirsis.
PHilis tant que sensible à mes vives tendresses
De tout autre Berger tu dédaignas la foi ,
Je préferois ton coeur à l'éclat des Richesses
Je le préferois même à la pourpre d'un Roi.
Philis
480 MERCURE DE FRANCE
Philis.
Ingrat , jusqu'au moment que je te vis changer
J'estimois plus mon sort que celui d'une Reine ; -
Le beau Médor n'eut pû rendre mon coeur leger
Lorsque tu me quittas pour la jeune Climene..
Tirsis.
Elle chante souvent nos amoureux transports;
Le charme de sa voix tient mon ame ravie ;
Climene me feroit voler à mille morts
Si ma mort ajoûtoit quelques jours à sa vie..
Philis.
Oui , je dois à Medor une ardeur éternelle ,
Malgré mes longs mépris il resta sous ma loi;
Il est respectueux , ardent , tendre , fidelle ,
Je lui jure ma vie est plus à lui qu'à moi.
Tirsis.
Quoique son coeur leger m'ait payé de froideur,
Quoiqu'en appas Venus le cede à ma Bergere ,
Si l'oubliant pour toi je te rendois mon coeur
Flechirois - tu , Philis , ton injuste colere ?
Philis.
Quoique Medor soit beau plus que l'Astre du jour
Quoique le vent soit moins inconstant que ton ame
Hélas!rends-moi ton coeur ,je te rends mon amour ,
Et la mort pourra seule en éteindre la flamme.
Le Chevalier de Montador.
De l'Ode IX. du troisieme Livre d'Horace ..
Donec gratus eram & c.
DIALOGUE ,
Tirsis , Philis.
Tirsis.
PHilis tant que sensible à mes vives tendresses
De tout autre Berger tu dédaignas la foi ,
Je préferois ton coeur à l'éclat des Richesses
Je le préferois même à la pourpre d'un Roi.
Philis
480 MERCURE DE FRANCE
Philis.
Ingrat , jusqu'au moment que je te vis changer
J'estimois plus mon sort que celui d'une Reine ; -
Le beau Médor n'eut pû rendre mon coeur leger
Lorsque tu me quittas pour la jeune Climene..
Tirsis.
Elle chante souvent nos amoureux transports;
Le charme de sa voix tient mon ame ravie ;
Climene me feroit voler à mille morts
Si ma mort ajoûtoit quelques jours à sa vie..
Philis.
Oui , je dois à Medor une ardeur éternelle ,
Malgré mes longs mépris il resta sous ma loi;
Il est respectueux , ardent , tendre , fidelle ,
Je lui jure ma vie est plus à lui qu'à moi.
Tirsis.
Quoique son coeur leger m'ait payé de froideur,
Quoiqu'en appas Venus le cede à ma Bergere ,
Si l'oubliant pour toi je te rendois mon coeur
Flechirois - tu , Philis , ton injuste colere ?
Philis.
Quoique Medor soit beau plus que l'Astre du jour
Quoique le vent soit moins inconstant que ton ame
Hélas!rends-moi ton coeur ,je te rends mon amour ,
Et la mort pourra seule en éteindre la flamme.
Le Chevalier de Montador.
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Résumé : IMITATION De l'Ode IX. du troisieme Livre d'Horace, Donec gratus eram &c. DIALOGUE. Tirsis, Philis.
Le texte relate un dialogue entre Tirsis et Philis, deux bergers, qui discutent de leurs amours et déceptions. Tirsis rappelle à Philis qu'elle avait autrefois choisi son amour plutôt que les richesses et la royauté. Philis accuse Tirsis d'ingratitude après qu'il l'a quittée pour Climène. Tirsis admire Climène, tandis que Philis confesse son amour éternel pour Médor, qui est resté fidèle malgré ses mépris. Tirsis propose de revenir vers Philis, mais elle refuse d'abord, critiquant son inconstance. Finalement, Philis accepte de pardonner Tirsis et de lui rendre son amour, affirmant que seule la mort pourra éteindre leur flamme.
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7
p. 46-50
IMITATION de la XVI. Ode du II. Livre d'Horace, sur la Tranquilité.
Début :
Lorsqu'une Tempête soudaine, [...]
Mots clefs :
Imitation, Horace, Thrace, Tempête, Destinées, Tranquilité
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION de la XVI. Ode du II. Livre d'Horace, sur la Tranquilité.
IMITATION de la XVI Ode
du II. Livre d'Horace , sur la...
Lorsqu'un
Tranquilité.
Orsqu'une Tempête soudaine ,,
De Thétis agite les flots,
L'image d'une mort certaine ,
S'offre aux timides Matelots :
Pour guide ils n'ont plus les Etoiles ,
La nuit étend ses sombres voiles ,
Lez
JANVIER. 1731. 47"
Le Pilote déconcerté ,
Pendant les cruelles allarmes ,
Demande , en répandant des larmes ,
Le repos , la tranquilité.
Le Thrace dont le cœur respire ,
Et le carnage, et la fureur ,
Dans les Combats pourtant soupire ,
Après la Paix et sa douceur ;
Les Medes qu'un beau Carquois pare,
Font des vœux pour un bien si rare ;
Les Diamans , la Pourpre , l'or ,
Ne sçauroient les rendre tranquiles ;.
Tous leurs efforts sont inutiles ,
Pour joüir d'un si cher trésor...
Avec les richesses d'Attale
Notre esprit est-il plus serein ?
Lés honneurs rendent-ils égale ,
L'ame de quelque Souverain ? '
Les Grands ont leurs soins pour escorte s
La Garde qui veille à leur porte ,
N'en deffendra point leurs Palais ;
Sous leurs toits ils volent sans cesse
Et le Licteur qui fend la
Neles écartera jamais.
pressé ,
Content :
48 MERCURE DE FRANCE
Content du modique heritage ,
Que lui transmirent ses Ayeux ,
Parmi les Mortels, le seul Sage ,
Goute un repos délicieux .
Sa table n'est point magnifique ,
On sert sur sa vaisselle antique ,
Peu de mets , sans trop d'appareil ;
Jamais l'avarice sordide,
La crainte au visage livide ,
N'interrompirent son sommeil.
Tel est l'ordre des Destinées
Que l'homme vive peu de temps ,
Ou que ses forces ruinées ,
Succombent sans le poids des ans.
Pourquoi des trésors de la Perse ,
Ce Marchand par un long commerce ,
A-t'il enrichi notre Bord 1
Il trouva dans chaque Hemisphere,
Des ressources à la misere ;
Mais en est- il contre la mort ?
Envain en des plages lointaines ,
Fuyons nous pour çhasser l'ennui ;
De l'Est les bruyantes haleines ,
Ne vont pas si vite que lui ;
Il nous suit sur Mer et sur Terse ,
II-
JANVIER. 1731. 49
Il nous accompagne à la guerre ,
Parmi les Escadrons nombreux
Sa course paroît plus rapide .
Que n'est celle du Cerftimide,
Suivi du Chasseur vigoureux,
Qu'une secrette inquietude ,
Ne trouble jamais nos plaisirs ;
Faisons notre premiere étude ,
De moderer tous nos desirs ;
Adoucissons par notre joye ,
Les maux dont nous sommes la proye
Il n'est point de bonheur parfait ;
Mon esprit joyeux et facile ,
Sur l'avenir se tient tranquile ,
Et du présent est satisfait.
Le fameux vainqueur de Pergame ,
Périt sous le fatal Cizeau ,
Lorsqu'il restoit beaucoup de trame ,
Pour faire tourner le Fuseau.
La vieillesse la plus chagrine ,
Use Tithon, elle le mine ;
O Grosphus , cet heureux moment ,
M'accorde une faveur durable ;
Pour vous peut être inexorable ,
La refuse-t'il constamment.
Auteur
so MERCURE DE FRANCE
Autour de vous vos Boeufs mugissent 3-
Vous voyez croître vos Troupeaux ;
Qui tantôt dans vos Prez bondissent ,
Tantôt errent sur vos Côteaux ;
De vos trésors ils sont la source ;
Vos Haras seront pour la course ;
Votre superbe ameublement
Ravit le Spectateur , l'enchante ;
La Pourpre n'est pas trop brillante ,
Pour vous servir de vêtement..
Pour moi , la bienfaisante Parque
M'accorde un champ fort limité ;
Mais c'est une plus grande marque ,›
De sa singuliere bonté ;
Si je n'ai qu'un petit Domaine ,
Elle m'a doté de la veine ,
D'ou coulent les lyriques chants &
Aux Sçavans je tâche de plaire ,
Et je méprise le vulgaire ,
Qui trouve mes Vers peu touchants.
Par M. Chabaud.
du II. Livre d'Horace , sur la...
Lorsqu'un
Tranquilité.
Orsqu'une Tempête soudaine ,,
De Thétis agite les flots,
L'image d'une mort certaine ,
S'offre aux timides Matelots :
Pour guide ils n'ont plus les Etoiles ,
La nuit étend ses sombres voiles ,
Lez
JANVIER. 1731. 47"
Le Pilote déconcerté ,
Pendant les cruelles allarmes ,
Demande , en répandant des larmes ,
Le repos , la tranquilité.
Le Thrace dont le cœur respire ,
Et le carnage, et la fureur ,
Dans les Combats pourtant soupire ,
Après la Paix et sa douceur ;
Les Medes qu'un beau Carquois pare,
Font des vœux pour un bien si rare ;
Les Diamans , la Pourpre , l'or ,
Ne sçauroient les rendre tranquiles ;.
Tous leurs efforts sont inutiles ,
Pour joüir d'un si cher trésor...
Avec les richesses d'Attale
Notre esprit est-il plus serein ?
Lés honneurs rendent-ils égale ,
L'ame de quelque Souverain ? '
Les Grands ont leurs soins pour escorte s
La Garde qui veille à leur porte ,
N'en deffendra point leurs Palais ;
Sous leurs toits ils volent sans cesse
Et le Licteur qui fend la
Neles écartera jamais.
pressé ,
Content :
48 MERCURE DE FRANCE
Content du modique heritage ,
Que lui transmirent ses Ayeux ,
Parmi les Mortels, le seul Sage ,
Goute un repos délicieux .
Sa table n'est point magnifique ,
On sert sur sa vaisselle antique ,
Peu de mets , sans trop d'appareil ;
Jamais l'avarice sordide,
La crainte au visage livide ,
N'interrompirent son sommeil.
Tel est l'ordre des Destinées
Que l'homme vive peu de temps ,
Ou que ses forces ruinées ,
Succombent sans le poids des ans.
Pourquoi des trésors de la Perse ,
Ce Marchand par un long commerce ,
A-t'il enrichi notre Bord 1
Il trouva dans chaque Hemisphere,
Des ressources à la misere ;
Mais en est- il contre la mort ?
Envain en des plages lointaines ,
Fuyons nous pour çhasser l'ennui ;
De l'Est les bruyantes haleines ,
Ne vont pas si vite que lui ;
Il nous suit sur Mer et sur Terse ,
II-
JANVIER. 1731. 49
Il nous accompagne à la guerre ,
Parmi les Escadrons nombreux
Sa course paroît plus rapide .
Que n'est celle du Cerftimide,
Suivi du Chasseur vigoureux,
Qu'une secrette inquietude ,
Ne trouble jamais nos plaisirs ;
Faisons notre premiere étude ,
De moderer tous nos desirs ;
Adoucissons par notre joye ,
Les maux dont nous sommes la proye
Il n'est point de bonheur parfait ;
Mon esprit joyeux et facile ,
Sur l'avenir se tient tranquile ,
Et du présent est satisfait.
Le fameux vainqueur de Pergame ,
Périt sous le fatal Cizeau ,
Lorsqu'il restoit beaucoup de trame ,
Pour faire tourner le Fuseau.
La vieillesse la plus chagrine ,
Use Tithon, elle le mine ;
O Grosphus , cet heureux moment ,
M'accorde une faveur durable ;
Pour vous peut être inexorable ,
La refuse-t'il constamment.
Auteur
so MERCURE DE FRANCE
Autour de vous vos Boeufs mugissent 3-
Vous voyez croître vos Troupeaux ;
Qui tantôt dans vos Prez bondissent ,
Tantôt errent sur vos Côteaux ;
De vos trésors ils sont la source ;
Vos Haras seront pour la course ;
Votre superbe ameublement
Ravit le Spectateur , l'enchante ;
La Pourpre n'est pas trop brillante ,
Pour vous servir de vêtement..
Pour moi , la bienfaisante Parque
M'accorde un champ fort limité ;
Mais c'est une plus grande marque ,›
De sa singuliere bonté ;
Si je n'ai qu'un petit Domaine ,
Elle m'a doté de la veine ,
D'ou coulent les lyriques chants &
Aux Sçavans je tâche de plaire ,
Et je méprise le vulgaire ,
Qui trouve mes Vers peu touchants.
Par M. Chabaud.
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Résumé : IMITATION de la XVI. Ode du II. Livre d'Horace, sur la Tranquilité.
Le texte, publié en janvier 1731, imite la seizième ode du deuxième livre d'Horace et explore la quête de tranquillité et de paix. Lors d'une tempête en mer, marins et pilote cherchent la tranquillité. De même, les Thraces, les Mèdes, les riches et les puissants aspirent à la paix, mais leurs efforts sont vains. Les honneurs et les richesses ne garantissent pas la sérénité. Seul un homme content de son modeste héritage trouve un repos délicieux, sans être troublé par l'avarice ou la crainte. La mort, inévitable, poursuit chacun, que ce soit sur mer, sur terre ou à la guerre. Le poète exhorte à modérer ses désirs et à se contenter du présent. Il compare la brièveté de la vie à celle du vainqueur de Pergame, mort prématurément. Le poète se réjouit de sa condition modeste mais heureuse, doté de la veine poétique, et méprise ceux qui ne comprennent pas ses vers.
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8
p. 1138-1140
IMITATION DE LA MESME FABLE.
Début :
Ecole de mauvais plaisants, [...]
Mots clefs :
Enfants, Grenouilles, Ricochets, Marais
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION DE LA MESME FABLE.
ΙΜΙΤΑΤΙΟΝ
DE LA MESME FABLE.
EColede mauvais plaisants ,
Suppôts du Dieu de la Calotte,
Vous dont la coupable marotte ,
Enfante ces Ecrits sanglants ,
Où la vertu , l'honneur , et l'innocence
D'un public insolent deviennent le jouet ,
De votre cynique licence
Sentez- vous l'énorme forfaît ?
Des sottises d'autruy l'on est en droit de rire ,
Me direz-vous d'accord ; mais riez en tout bas ,
I. Vol. Me
JUIN. 1732. 1139
Et n'allez point avec fracas
Dans une infamante Satyre
Annoncer à tout l'Univers
Des fragiles mortels les plus obscurs travers ,
Travestir en noirceurs de legeres foiblesses,
Sous de grotesques traits déguiser les vertus ,
Eriger le zele en abus
Et les ménagements en perfides souplesses.
O vous ! qui vous plaisez à ces jeux inhu
mains,
Apprenez que souvent votre noire manie
Surpasse en ses excès des cruels assassing
L'impitoyable barbarie.
S'ils abregent nos jours, vous ravissez l'hon
neur ;
›
L'honneur , ce bien plus cher que n'est encor la vie ;
Venez dans une simple & juste allegorie
De vos mordants Ecrits reconnoître l'horreur,
Certains Enfans , troupe volage,
Troupe fuyant les importuns soucis ,
Un jour au bord d'un marécage
Vinrent égayer leurs esprits,
La malice , qui dès cet âge ,
Est des humains l'ordinaire appanage ,
fades
D'un plaisir innocent ne connoît point le prix ,
Se divertir sans nuire est un plaisir trop
Ainsi nos jeunes Gars , après mainte gambade ,
I. Vel. Maints
140 MERCURE DE FRANCE
114
Maints sauts , maints tours , maints
ricochets
Poussez sur la face des ondes ,
Voyant sortir de leurs grottes pros
fondes
Quelques habitans du Marais ,
Quittent tout pour courir sur ce peuple aquatique,
Et contre luy lancer mille & mille Cailloux,
Tant qu'eussiez crû voit un Ost en
courroux
Combattre l'ennemi de la chose publique.
Tel est le jeu qui plaît à nos rustauts ;
Sous leurs coups redoublez mainte grenouille expire
Et les grimauts à chaque coup de rireg
L'une d'elles enfin blessée au fond des eaux
Prête à mourir ainsi s'exprime.
Enfans , qui n'écoutez qu'un folâtre transport ,
Songez que ces ébats dont je fuis la victime ,
S'ils sont unjeupour vous , pour moy sont une mort.
DE LA MESME FABLE.
EColede mauvais plaisants ,
Suppôts du Dieu de la Calotte,
Vous dont la coupable marotte ,
Enfante ces Ecrits sanglants ,
Où la vertu , l'honneur , et l'innocence
D'un public insolent deviennent le jouet ,
De votre cynique licence
Sentez- vous l'énorme forfaît ?
Des sottises d'autruy l'on est en droit de rire ,
Me direz-vous d'accord ; mais riez en tout bas ,
I. Vol. Me
JUIN. 1732. 1139
Et n'allez point avec fracas
Dans une infamante Satyre
Annoncer à tout l'Univers
Des fragiles mortels les plus obscurs travers ,
Travestir en noirceurs de legeres foiblesses,
Sous de grotesques traits déguiser les vertus ,
Eriger le zele en abus
Et les ménagements en perfides souplesses.
O vous ! qui vous plaisez à ces jeux inhu
mains,
Apprenez que souvent votre noire manie
Surpasse en ses excès des cruels assassing
L'impitoyable barbarie.
S'ils abregent nos jours, vous ravissez l'hon
neur ;
›
L'honneur , ce bien plus cher que n'est encor la vie ;
Venez dans une simple & juste allegorie
De vos mordants Ecrits reconnoître l'horreur,
Certains Enfans , troupe volage,
Troupe fuyant les importuns soucis ,
Un jour au bord d'un marécage
Vinrent égayer leurs esprits,
La malice , qui dès cet âge ,
Est des humains l'ordinaire appanage ,
fades
D'un plaisir innocent ne connoît point le prix ,
Se divertir sans nuire est un plaisir trop
Ainsi nos jeunes Gars , après mainte gambade ,
I. Vel. Maints
140 MERCURE DE FRANCE
114
Maints sauts , maints tours , maints
ricochets
Poussez sur la face des ondes ,
Voyant sortir de leurs grottes pros
fondes
Quelques habitans du Marais ,
Quittent tout pour courir sur ce peuple aquatique,
Et contre luy lancer mille & mille Cailloux,
Tant qu'eussiez crû voit un Ost en
courroux
Combattre l'ennemi de la chose publique.
Tel est le jeu qui plaît à nos rustauts ;
Sous leurs coups redoublez mainte grenouille expire
Et les grimauts à chaque coup de rireg
L'une d'elles enfin blessée au fond des eaux
Prête à mourir ainsi s'exprime.
Enfans , qui n'écoutez qu'un folâtre transport ,
Songez que ces ébats dont je fuis la victime ,
S'ils sont unjeupour vous , pour moy sont une mort.
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Résumé : IMITATION DE LA MESME FABLE.
Le texte critique les écrivains satiriques, les qualifiant de 'mauvais plaisants' et de 'suppôts du Dieu de la Calotte'. Ces auteurs sont accusés de produire des écrits sanglants où la vertu, l'honneur et l'innocence sont moqués. Le narrateur condamne leur licence cynique, estimant que, bien que l'on puisse rire des sottises des autres, il est inacceptable de le faire de manière fracassante et infamante. Il dénonce la transformation des faiblesses en noirceurs et des vertus en traits grotesques, ainsi que l'érection du zèle en abus. Le texte compare ces écrivains à des enfants malicieux lançant des cailloux sur des grenouilles, causant leur mort. Une grenouille blessée exprime sa douleur, soulignant que ce qui est un jeu pour les enfants est une mort pour elle. Cette allégorie vise à montrer l'horreur des écrits mordants de ces auteurs, qui ravissent l'honneur des individus, un bien plus précieux que la vie elle-même.
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9
p. 2154-2159
IMITATIONE D'Alcuni Madrigaletti, del Signor Cavaliere Battista Guarini, fatta da Madamigella Malcresia della Vigna, del Crusico in Bretagna.
Début :
Donna, lasciare i Boschi: [...]
Mots clefs :
Imitation, Battista Guarini, Madrigal, Oiseau, Amant, Brasier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATIONE D'Alcuni Madrigaletti, del Signor Cavaliere Battista Guarini, fatta da Madamigella Malcresia della Vigna, del Crusico in Bretagna.
IMITATIONE
D'Alcuni Madrigaletti , del Signor Ca
valiere Battista Guarini , fatta la Madamigella Malcresia della Vigna , del
Crusico in Bretagna.
Madrigale xvii. La bella Cacciatrice.
DOnna , lasciate i Boschi :
Che fù ben Cintia cacciatrice anch'ella ,
Ma non fù ; comme voi Leggiadra , e Bella.
Voihavete beltate
Da far preda di cori , e non di Belve.
Venar infra le selve ,
Star non conviene e se convien , debbiate
Fera solo à le fere , à me benigna ,
Cintia ne, Boschi , e nel mio sen Ciprigna..
Abandonnez Iris , les Monts et les Forêts ;
Si Diane autrefois se plaisoit à la chasse
Eut-elle à menager de si rares attraits ?
Loin
OCTOBRE. 1732. 2155
Loin d'aller contre un Cerf essayer votre audace ,
Ahi c'est sur les Humains qu'il faut lancer vos traits.
Ce plaisir dont la peine est le seul avantage ,
Certes s'ajuste mal avec tant de beauté.
Mais si le sort en est jetté ;
Si votre humeur guerriere à chasser vous en
gage ;
Bornez à terrasser quelqu'Animal sauvage ,
Votre impitoyable rigueur
Et soyez ,
tage ,
chere Iris , par un charmant parDiane dans les Bois et Venus dans mon
cœur.
>
Cangiati Sguardi, Madr. xxiv.
Oechi , un tempo mia vita ,
Occhi di questo cor dolci sostegni ,
Voi mi negate aita.
Questi son ben de la mia morte i segni.
Non più speme, ò conforto.
Tempo è sol di morire ; à che più tardo ?
Occhi ch'a si gran terro ,
Morirme fate , à che torcete il guardo?
Forse per non mirar, come va dora ,
Mirate almen ch'io more.
S vi Les
2156 MERCURE DE FRANCE
Les Regards changez , Imit.
Beaux yeux qui secondant autrefois mon en vie ,
Eclairiez de vos feux l'orison de mes jours ,
En me refusant du secours ,
Vous annoncez ma mort, vous qui faisiez ma
vie.
Mon espoir s'est enfui , le Destin me convie
Avoler sans retour au trépas qui m'attend.
Daignez avant ma mort trop aimable ennemie ,
Tourner vos yeux cruels sur un Berger cons tant ;
Et si ce n'est pour voir sa tendresse infinie
Si vous voulez le perdre au lieu de le guérir ;
Ah ! c'est à vos genoux que l'Amour vous en
prie ,
Du moins regardez-le mourir..
L'Huomo è picciol mondo. Mad. CLX.
E l'huomo un picciol mondo ,
Ma , grande à l'hor ch'è con la Donna unito ,
Che l'un per l'altro hà la Natura ordito.
Hà l'huom del mondo frale
Quanto enlui di caduco e di mortale ;
Ma ne la Donna si contien l'eterno.
Il volto è l'Paradiso , e'l cor l'Inferno.
Hom
OCTOBRE. 1732 2157
L'Homme est un petit monde , alors que sans
appui
Il languit séparé de son autre Hemisphere ;
Mais quand un double accord sombre ami du mistere ,
Compose un tout vivant de la femme et de
lui.
La féconde Nature en ce moment ravie
De se voir tendrement servie ,
De l'homme illustré forme un grand monde aussi tôt
Et l'homme à la femme en un mot
Devroit-il s'enhardir de contester l'Empire ?
Le Ciel ne lui donna que ce qu'il cut de pire ,
De caduc , de pesant , de grossier , de mortel ,
Mais la femme au contraire eut par un beat
partage ,
Le vif, le volatil , le charmant , l'éternel ,
Le brulant , l'immateriel.
Qui pourroit s'il n'étoit peu sage ,
En ceci me taxer d'erreur ?
Puisque , sur son divin visage ,
Elle a le Paradis , et l'Enfer dans son cœur.
Auventurosa Augello. LII.
O comme se' gentile ,
Caro Augellino, è quanto
E'l mio stato amoroso al tuo simile !
Th
2158 MERCURE DE FRANCE
Tu prigion , io prigion , tu canti , io canto;
Tu canti per colei
Che t'ha legato , ed io canto per lei.
Mà inquesto è differente
La mia sorte dolente ,
Che giova pur à te l'esser canoro ;
Vivi cantando , ed io cantando more.
ODE Anacréontique. Imitation.
L'Oiseau plus heureux que
Serin qu'Iris tient en cage ,
Mon état ressemble au tien
Tu lui dois ton esclavage ,
C'est elle qui fit le mien.
l'Amant.
Nous chantons tous deux pour celle
Dont nous sommes prisonniers ;
Et pour 's'amuser , la Belle
Nous entend les jours entiers.
Mais que le mal qui m'enigre
Rend notre sort different !
C'est ton chant qui te fait vivre ,
Et moi je meurs en chantant.
Donna
OCTOBRE. 1732. 2159,
Donna che❜n Vecchia. XXXIX.
Gia commincia à sentire
La bella Dona mia , l'ingiurie e i danni
De l'etate , e degli anni ,
Neperò il mio desire
Vien , che s'intepidisca , o si rallenti.
O veloci , e possenti
Armi del Tempo al mio soccorso tarde !
Lafiamma mia incenerisce , e'l cor mio arde.
IMITATION.
Les ans de mon Iris qui deviennent nom- breux
Sur ses attraits brillans exercent leur ravage ;
Cependant aujourd'hui mon cœur bravant leur
rage ,
Est embrasé de mille feux ,
O Tems ; ô cruel Tems , ton dévorant Em
pire ,
Soumet tout à ses loix , excepté mes amours.
Ta fureur ne sçauroit leur nuire ,
Mon brasier tombe en cendre , et je brûle ton
jours.
D'Alcuni Madrigaletti , del Signor Ca
valiere Battista Guarini , fatta la Madamigella Malcresia della Vigna , del
Crusico in Bretagna.
Madrigale xvii. La bella Cacciatrice.
DOnna , lasciate i Boschi :
Che fù ben Cintia cacciatrice anch'ella ,
Ma non fù ; comme voi Leggiadra , e Bella.
Voihavete beltate
Da far preda di cori , e non di Belve.
Venar infra le selve ,
Star non conviene e se convien , debbiate
Fera solo à le fere , à me benigna ,
Cintia ne, Boschi , e nel mio sen Ciprigna..
Abandonnez Iris , les Monts et les Forêts ;
Si Diane autrefois se plaisoit à la chasse
Eut-elle à menager de si rares attraits ?
Loin
OCTOBRE. 1732. 2155
Loin d'aller contre un Cerf essayer votre audace ,
Ahi c'est sur les Humains qu'il faut lancer vos traits.
Ce plaisir dont la peine est le seul avantage ,
Certes s'ajuste mal avec tant de beauté.
Mais si le sort en est jetté ;
Si votre humeur guerriere à chasser vous en
gage ;
Bornez à terrasser quelqu'Animal sauvage ,
Votre impitoyable rigueur
Et soyez ,
tage ,
chere Iris , par un charmant parDiane dans les Bois et Venus dans mon
cœur.
>
Cangiati Sguardi, Madr. xxiv.
Oechi , un tempo mia vita ,
Occhi di questo cor dolci sostegni ,
Voi mi negate aita.
Questi son ben de la mia morte i segni.
Non più speme, ò conforto.
Tempo è sol di morire ; à che più tardo ?
Occhi ch'a si gran terro ,
Morirme fate , à che torcete il guardo?
Forse per non mirar, come va dora ,
Mirate almen ch'io more.
S vi Les
2156 MERCURE DE FRANCE
Les Regards changez , Imit.
Beaux yeux qui secondant autrefois mon en vie ,
Eclairiez de vos feux l'orison de mes jours ,
En me refusant du secours ,
Vous annoncez ma mort, vous qui faisiez ma
vie.
Mon espoir s'est enfui , le Destin me convie
Avoler sans retour au trépas qui m'attend.
Daignez avant ma mort trop aimable ennemie ,
Tourner vos yeux cruels sur un Berger cons tant ;
Et si ce n'est pour voir sa tendresse infinie
Si vous voulez le perdre au lieu de le guérir ;
Ah ! c'est à vos genoux que l'Amour vous en
prie ,
Du moins regardez-le mourir..
L'Huomo è picciol mondo. Mad. CLX.
E l'huomo un picciol mondo ,
Ma , grande à l'hor ch'è con la Donna unito ,
Che l'un per l'altro hà la Natura ordito.
Hà l'huom del mondo frale
Quanto enlui di caduco e di mortale ;
Ma ne la Donna si contien l'eterno.
Il volto è l'Paradiso , e'l cor l'Inferno.
Hom
OCTOBRE. 1732 2157
L'Homme est un petit monde , alors que sans
appui
Il languit séparé de son autre Hemisphere ;
Mais quand un double accord sombre ami du mistere ,
Compose un tout vivant de la femme et de
lui.
La féconde Nature en ce moment ravie
De se voir tendrement servie ,
De l'homme illustré forme un grand monde aussi tôt
Et l'homme à la femme en un mot
Devroit-il s'enhardir de contester l'Empire ?
Le Ciel ne lui donna que ce qu'il cut de pire ,
De caduc , de pesant , de grossier , de mortel ,
Mais la femme au contraire eut par un beat
partage ,
Le vif, le volatil , le charmant , l'éternel ,
Le brulant , l'immateriel.
Qui pourroit s'il n'étoit peu sage ,
En ceci me taxer d'erreur ?
Puisque , sur son divin visage ,
Elle a le Paradis , et l'Enfer dans son cœur.
Auventurosa Augello. LII.
O comme se' gentile ,
Caro Augellino, è quanto
E'l mio stato amoroso al tuo simile !
Th
2158 MERCURE DE FRANCE
Tu prigion , io prigion , tu canti , io canto;
Tu canti per colei
Che t'ha legato , ed io canto per lei.
Mà inquesto è differente
La mia sorte dolente ,
Che giova pur à te l'esser canoro ;
Vivi cantando , ed io cantando more.
ODE Anacréontique. Imitation.
L'Oiseau plus heureux que
Serin qu'Iris tient en cage ,
Mon état ressemble au tien
Tu lui dois ton esclavage ,
C'est elle qui fit le mien.
l'Amant.
Nous chantons tous deux pour celle
Dont nous sommes prisonniers ;
Et pour 's'amuser , la Belle
Nous entend les jours entiers.
Mais que le mal qui m'enigre
Rend notre sort different !
C'est ton chant qui te fait vivre ,
Et moi je meurs en chantant.
Donna
OCTOBRE. 1732. 2159,
Donna che❜n Vecchia. XXXIX.
Gia commincia à sentire
La bella Dona mia , l'ingiurie e i danni
De l'etate , e degli anni ,
Neperò il mio desire
Vien , che s'intepidisca , o si rallenti.
O veloci , e possenti
Armi del Tempo al mio soccorso tarde !
Lafiamma mia incenerisce , e'l cor mio arde.
IMITATION.
Les ans de mon Iris qui deviennent nom- breux
Sur ses attraits brillans exercent leur ravage ;
Cependant aujourd'hui mon cœur bravant leur
rage ,
Est embrasé de mille feux ,
O Tems ; ô cruel Tems , ton dévorant Em
pire ,
Soumet tout à ses loix , excepté mes amours.
Ta fureur ne sçauroit leur nuire ,
Mon brasier tombe en cendre , et je brûle ton
jours.
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Résumé : IMITATIONE D'Alcuni Madrigaletti, del Signor Cavaliere Battista Guarini, fatta da Madamigella Malcresia della Vigna, del Crusico in Bretagna.
Le texte présente une série de madrigaux et d'imitations poétiques traduits en français, extraits de l'œuvre du cavalier Battista Guarini. Les thèmes principaux abordés incluent la beauté féminine, l'amour et la condition humaine. Dans le madrigale XVII, 'La bella Cacciatrice', l'auteur s'adresse à une femme, Iris, qu'il compare à Diane, la déesse de la chasse. Il l'encourage à abandonner la chasse et à diriger ses 'traits' vers les cœurs humains plutôt que vers les bêtes sauvages, soulignant que sa beauté est plus apte à séduire les hommes qu'à chasser des animaux. Le madrigale XXIV, 'Cangiati Sguardi', exprime la douleur d'un amant dont les yeux de sa bien-aimée, autrefois source de vie, annoncent maintenant sa mort. Il supplie ces yeux de se tourner vers lui, même pour voir sa mort, tant il souffre de leur indifférence. Dans le madrigale CLX, 'L'Huomo è picciol mondo', l'auteur compare l'homme et la femme à deux mondes complémentaires. L'homme est décrit comme fragile et mortel, tandis que la femme possède des qualités éternelles et divines. Il souligne que l'homme et la femme forment un tout harmonieux et que la femme a le pouvoir de transformer l'homme en un être supérieur. Enfin, le madrigale LII, 'Auventurosa Augello', et l'ode anacréontique comparent le sort d'un oiseau en cage à celui d'un amant prisonnier de son amour. Tous deux chantent pour leur bien-aimée, mais tandis que le chant maintient l'oiseau en vie, il conduit l'amant à la mort. Le texte se conclut par une réflexion sur le passage du temps et ses effets sur la beauté d'Iris, la bien-aimée. Malgré les ravages des années, l'amour de l'auteur reste inébranlable, défiant la fureur du temps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 2686-2688
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Sic te Diva potens Cypri, &c.
Début :
Puisses-tu de l'humide Plaine, [...]
Mots clefs :
Imitation, Ode, Horace, Rivage, Océan, Vaisseau, Ciel, Foudres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Sic te Diva potens Cypri, &c.
IMITATION de l'Ode d'Horace
qui commence par ces mots : Sie te
Diva potens Cypri , &c.
Puisses-tu de l'humide Plaine ,
Heureusement fendre les Flots ,
Guidé par les freres d'Helene ,
Et par la Reine de Paphos ;
Vaisseau , daigne Eole exorable ,
T'accorder un vent favorable ,
Enchaîner les vents ennemis ,
Afin qu'à l'attique Rivage ,
Tu portes sans aucun dommage,
Mon Virgile à ta foi commis.
Quiconque fut l'homme intrépide ,
Qui le premier put s'engager ,
A courir l'Ocean perfide ,
Sur un Vaisseau frêle et leger
Sourd aux menaces furibondes ,
Des vents divers qui sur les Ondes ,
Exercent leur droit souverain ;
Oui , quand il tenta cette route ,
Il eut le cœur muni , sans doute ,
Et de chêne et d'un triple airain.
谁
Quel degré de mort épouvante ,
1. Vol. Celui
DECEMBRE. 1732. 2687
Celui qui peut voir sans terreur ,
Les Monstres que la Mer enfante ,
Ses écueils , ses flots en fureur ?
En vain le Maître du Tonnerre ,
Prudent , a séparé la Terre ,
Du profond abîme des eaux ,
Si le Détroit le plus sauvage ,
Est contraint d'ouvrir un passage ,
Anos témeraires Vaisseaux.
N
C'est ainsi qu'à l'humaine audace
Les plus grands forfaits coûtent peu.
De Japet l'insolente Race ,
Dans les Cieux déroba le feu ;
Présent à la Terre funeste !
Mille maux la fievre , la peste ,
Regnerent dès-lors ici bas ;
Bien-tôt leur rigueur excessive ,
Fit que la mort jadis tardive ,
Vers les Humains doubla le pas.
Avec les aîles qu'il sçut faire,
Dédale s'éleva dans l'air.
Pour s'emparer du fier Cerbere ,
Hercule osa forcer l'Enfer.
Rien aux Mortels n'est difficile.
Notre fureur trop indocile ,
1. Vol. H Αν
2688 MERCURE DE FRANCE
Au Ciel même adresse ses coups ;
Sans fin nos attentats horribles ,
Excitent les foudres terribles ,
Que Jupiter lance sur nous.
F. M. F.
qui commence par ces mots : Sie te
Diva potens Cypri , &c.
Puisses-tu de l'humide Plaine ,
Heureusement fendre les Flots ,
Guidé par les freres d'Helene ,
Et par la Reine de Paphos ;
Vaisseau , daigne Eole exorable ,
T'accorder un vent favorable ,
Enchaîner les vents ennemis ,
Afin qu'à l'attique Rivage ,
Tu portes sans aucun dommage,
Mon Virgile à ta foi commis.
Quiconque fut l'homme intrépide ,
Qui le premier put s'engager ,
A courir l'Ocean perfide ,
Sur un Vaisseau frêle et leger
Sourd aux menaces furibondes ,
Des vents divers qui sur les Ondes ,
Exercent leur droit souverain ;
Oui , quand il tenta cette route ,
Il eut le cœur muni , sans doute ,
Et de chêne et d'un triple airain.
谁
Quel degré de mort épouvante ,
1. Vol. Celui
DECEMBRE. 1732. 2687
Celui qui peut voir sans terreur ,
Les Monstres que la Mer enfante ,
Ses écueils , ses flots en fureur ?
En vain le Maître du Tonnerre ,
Prudent , a séparé la Terre ,
Du profond abîme des eaux ,
Si le Détroit le plus sauvage ,
Est contraint d'ouvrir un passage ,
Anos témeraires Vaisseaux.
N
C'est ainsi qu'à l'humaine audace
Les plus grands forfaits coûtent peu.
De Japet l'insolente Race ,
Dans les Cieux déroba le feu ;
Présent à la Terre funeste !
Mille maux la fievre , la peste ,
Regnerent dès-lors ici bas ;
Bien-tôt leur rigueur excessive ,
Fit que la mort jadis tardive ,
Vers les Humains doubla le pas.
Avec les aîles qu'il sçut faire,
Dédale s'éleva dans l'air.
Pour s'emparer du fier Cerbere ,
Hercule osa forcer l'Enfer.
Rien aux Mortels n'est difficile.
Notre fureur trop indocile ,
1. Vol. H Αν
2688 MERCURE DE FRANCE
Au Ciel même adresse ses coups ;
Sans fin nos attentats horribles ,
Excitent les foudres terribles ,
Que Jupiter lance sur nous.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Sic te Diva potens Cypri, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace, débutant par 'Sie te Diva potens Cypri'. Il s'agit d'une prière pour qu'un vaisseau traverse heureusement les flots, guidé par les frères d'Hélène et la Reine de Paphos, avec un vent favorable d'Éole. Le poème admire l'audace de celui qui osa naviguer sur l'océan pour la première fois, malgré les dangers des vents et des monstres marins. Il évoque les terrifiantes créatures marines et les écueils, soulignant que même les détroits les plus sauvages doivent céder aux navires téméraires. Le texte met en avant l'audace humaine, illustrée par des exploits mythologiques comme le vol du feu par la race de Japet, la construction d'ailes par Dédale, et la descente aux enfers par Hercule. Ces actions montrent que rien n'est impossible pour les mortels, mais que leur fureur peut aussi attirer la colère divine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 2804-2805
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Nullus argento color est, &c. A M. F. Avocat à Saint Sauveur-le-Vicomte.
Début :
Des métaux estimez qu'enserre [...]
Mots clefs :
Imitation, Argent, Avarice, Amour, Vertu, Bassesse, Horace
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Nullus argento color est, &c. A M. F. Avocat à Saint Sauveur-le-Vicomte.
IMITATION de l'Ode d'Horace ,
qui commence par ces mots : Nullus
argento color est , &c.
A M. F. Avocat à Saint Sauveur
le-Vicomte.
DEs métaux estimez qu'enserre
Le centre avare de la terre
Ennemi toujours déclaré ,
Crispe , l'argent aux yeux du Sage
Brille seulement par l'usage
Qu'en sçait faire un cœur moderé.
諾
Les cent voix de la Nymphe aîlée
Far tout vanteront Proculée ;
Et l'amour vraiment paternel ,
Qu'au fort des plus grandes miseres
En lui reconnurent ses freres ,
Rendra son honneur éternel.
Çelui , qui maître de son ame
En bannit l'avarice infâme ,
Fégne plus souverainement ,
Que si de ses loix redoutées ,
II. Vol. L'Eu
DECEMBRE. 1732 2805
L'Europe et l'Affrique domptées
Portoient le joug docilement.
Envain de la soif qui le presse ,
L'Hydropique en bûvant sans cesse
Espere calmer la rigueur ;
Il ne fera qu'aigrir ses peines ,
Tandis qu'il aura dans les veines
Le principe de sa langueur.
諾
Phraate est remis sur le Trône;
Mais de l'éclat qui l'environne
La vertu connoissant le prix .
Bien differente du vulgaire
Pour ce bonheur imaginaire
N'aurajamais que du mépris.
Libre d'une bassesse indigne ,
Et toujours intégre elle assigne
Les vrais honneurs , les premiers rangs
A ceux qui doüez de sagesse
Peuvent regarder la richesse
Avec des yeux indiférens.
F. M. F.
qui commence par ces mots : Nullus
argento color est , &c.
A M. F. Avocat à Saint Sauveur
le-Vicomte.
DEs métaux estimez qu'enserre
Le centre avare de la terre
Ennemi toujours déclaré ,
Crispe , l'argent aux yeux du Sage
Brille seulement par l'usage
Qu'en sçait faire un cœur moderé.
諾
Les cent voix de la Nymphe aîlée
Far tout vanteront Proculée ;
Et l'amour vraiment paternel ,
Qu'au fort des plus grandes miseres
En lui reconnurent ses freres ,
Rendra son honneur éternel.
Çelui , qui maître de son ame
En bannit l'avarice infâme ,
Fégne plus souverainement ,
Que si de ses loix redoutées ,
II. Vol. L'Eu
DECEMBRE. 1732 2805
L'Europe et l'Affrique domptées
Portoient le joug docilement.
Envain de la soif qui le presse ,
L'Hydropique en bûvant sans cesse
Espere calmer la rigueur ;
Il ne fera qu'aigrir ses peines ,
Tandis qu'il aura dans les veines
Le principe de sa langueur.
諾
Phraate est remis sur le Trône;
Mais de l'éclat qui l'environne
La vertu connoissant le prix .
Bien differente du vulgaire
Pour ce bonheur imaginaire
N'aurajamais que du mépris.
Libre d'une bassesse indigne ,
Et toujours intégre elle assigne
Les vrais honneurs , les premiers rangs
A ceux qui doüez de sagesse
Peuvent regarder la richesse
Avec des yeux indiférens.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots: Nullus argento color est, &c. A M. F. Avocat à Saint Sauveur-le-Vicomte.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace dédiée à M. F., avocat à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il explore la valeur des métaux précieux et la sagesse dans leur usage. L'argent, bien que précieux, ne brille que par l'usage modéré qu'en fait un cœur sage. La vertu et l'amour paternel sont loués, comme dans le cas de Proculée, qui a montré un amour fraternel dans l'adversité. Le texte met en garde contre l'avarice, comparant l'hydropique qui boit sans cesse à celui qui cherche vainement à apaiser sa soif d'argent. Phraate, remis sur le trône, ne se laisse pas aveugler par l'éclat de sa position et connaît la véritable valeur de la vertu. La vertu, libre de toute bassesse, accorde les vrais honneurs à ceux qui, doués de sagesse, considèrent la richesse avec indifférence.
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12
p. 34-35
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Eheu ! fugaces, &c.
Début :
Le temps s'enfuit, hélas ! Posthume, ami Posthume, [...]
Mots clefs :
Horace, Vin, Postumus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Eheu ! fugaces, &c.
IM ITATION de POde dT-Iorace , qui
commence par ces mots: Eloen.’ fuga
ce: , Üc.
L E temps s’enfuit ,hé1as 1 Posthumc, ami Pas-I
rhum: _,
En vain à ses rigueurs ta piété présume , g
D’apportc_r du retardement ;
Ics priercs , ces voeux seront inéficaces l
la Viellcsse et 1a Mort vers toi, quoique tu fa»
5C8 5
Savanccne insensibleiment;
5%
Non .. quand pour empêcher que ton corpsnc
pénsse , _ _
Tu te signaler-ois par Pample Sacrifice ,
De trois cent Taureaux , chaque jour;
In ne fléchirois point le Roy de ces lieux 50m1
bres , — - -
Où 1’Ondc Stygiale a tant de milliers d’Ombtea
. Ravie tout espoir de retour. "
" "Yaineg"
1 r.‘
,_' ‘JANVIER. 175;. 3;
_ Nainement craindrons-nous les fièvres de PAIN
tomne , .
ÿainement de Théris , vainement de Bellone ,'
Eviterons-nous les dangers . ‘
‘Nous la passerons tous , cette Onde redoutée :
Nous la passerons tous , c’est une Loy dictée
-Pour les Rois e: pour les Bergers. _
M - 1
Il faudra Voir un jour le noir et lent Cocyte;
Du Cruel Danaüs la Famille maudite , '
Sisyphe et ses travaux affreux s
Il te faudra quitter cette riche Campagne,
Ce logis magnifique, et Qäccorda FHPyaimmeanblàe cteosmpvaoegunxe.,‘ i
M
De ces Arbres si beaux , que tes soins ont fait
croître ,
Excepté le Cyprês , nul ne suivra son Maître.
Ce vin , sous cent clefs conservé ,
Ce Vin qui des Dieux même égale le breuvage 5
Dam plus digne heritier devenu le partage ,
Teindra son superbe pave’.
F. M. F;
commence par ces mots: Eloen.’ fuga
ce: , Üc.
L E temps s’enfuit ,hé1as 1 Posthumc, ami Pas-I
rhum: _,
En vain à ses rigueurs ta piété présume , g
D’apportc_r du retardement ;
Ics priercs , ces voeux seront inéficaces l
la Viellcsse et 1a Mort vers toi, quoique tu fa»
5C8 5
Savanccne insensibleiment;
5%
Non .. quand pour empêcher que ton corpsnc
pénsse , _ _
Tu te signaler-ois par Pample Sacrifice ,
De trois cent Taureaux , chaque jour;
In ne fléchirois point le Roy de ces lieux 50m1
bres , — - -
Où 1’Ondc Stygiale a tant de milliers d’Ombtea
. Ravie tout espoir de retour. "
" "Yaineg"
1 r.‘
,_' ‘JANVIER. 175;. 3;
_ Nainement craindrons-nous les fièvres de PAIN
tomne , .
ÿainement de Théris , vainement de Bellone ,'
Eviterons-nous les dangers . ‘
‘Nous la passerons tous , cette Onde redoutée :
Nous la passerons tous , c’est une Loy dictée
-Pour les Rois e: pour les Bergers. _
M - 1
Il faudra Voir un jour le noir et lent Cocyte;
Du Cruel Danaüs la Famille maudite , '
Sisyphe et ses travaux affreux s
Il te faudra quitter cette riche Campagne,
Ce logis magnifique, et Qäccorda FHPyaimmeanblàe cteosmpvaoegunxe.,‘ i
M
De ces Arbres si beaux , que tes soins ont fait
croître ,
Excepté le Cyprês , nul ne suivra son Maître.
Ce vin , sous cent clefs conservé ,
Ce Vin qui des Dieux même égale le breuvage 5
Dam plus digne heritier devenu le partage ,
Teindra son superbe pave’.
F. M. F;
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Eheu ! fugaces, &c.
Le texte imite l'ode d'Horace 'Eloen. fuga ce' en réfléchissant sur la fuite inévitable du temps et l'inutilité des prières pour retarder la vieillesse et la mort. Même des sacrifices extrêmes, comme offrir trois cents taureaux chaque jour, ne peuvent empêcher la mort. Il souligne les dangers inévitables de la vie, qu'ils soient liés aux fièvres, aux maladies ou aux guerres, affirmant que tous, qu'ils soient rois ou bergers, doivent affronter la mort. Le texte évoque les âmes damnées dans les enfers, comme la famille de Danaos et Sisyphe. Il mentionne la nécessité de quitter les biens terrestres, y compris les logis magnifiques et les arbres cultivés, à l'exception du cyprès, symbole de deuil. Enfin, il parle d'un vin précieux, digne des dieux, qui finira par se gâter.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 228-230
ODE. Imitée de la XIX. du premier Livre d'Horace, par M. Des-Forges Maillard. A. A. P. D. B.
Début :
Que vois-je ? des Amours c'est la Mere cruelle, [...]
Mots clefs :
Dieux, Vénus, Coeur, Horace, Amour, Glicère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE. Imitée de la XIX. du premier Livre d'Horace, par M. Des-Forges Maillard. A. A. P. D. B.
OD E.
Imitée de la XIX. du premier Livre
d'Horace, par M. Des-Forges Maillard .
A. A. P. D. B.
Ue vois je des Amours c'est la Mere
cruelle ,
Q
Qui d'un tranquile coeur vient troubler le re
pos ;
Ses perfiles Enfans attachez auprès d'elle ,
Pour voler à ma perte , abandonnent Paphos.
Faut-il encore aimer ? quoi donc Bacchus luis
même ,
Qui m'offroit autrefois un azile en´ses bras,
Conspire avec l'Amour ces Dieux veulent que
j'aime !
A ces Dieux réunis peut- on ne ceder pas?
JA
FEVRIER. 1733. 229
Je l'avois dit cent fois , l'infidele Glicere
M'a trop long - tems joüé , je ne l'aimerai
plus.
Je l'avois dit cent fois , et malgré ma colere
Mes sermens, à sa vûë , ont été superflus.
Peut-on lui disputer P'honneur de la vic
toire ?
Peut-on quand on la voit lui refuser son'
coeur !
,
Plus vermeil que la Rose , et plus blanc que
l'ivoire ,
Son teint porte en tous lieux une vive splen
deur.
Son petit air badin qui m'irrite , et m'enflamme
,
L'étincelant éclat de ses regards perçans ,
L'un et l'autre ébranlant le siége de mon ame ;
Une douce fureur coule dans tous mes sens.
Venus m'a tout entier soumis à son em
pire ;
C'est en vain qu'animé d'un dessein géne
reux ,
Sur d'héroïques tons je croi monter ma Lyre ;
Je n'en sçaurois tirer que des sons amoureux .
B v A
230 MERCURE DE FRANCE
A mes voeux , ô Venus , rends Glicere prod
pice ;
Si de mes soins ardens tu m'accordes ce prix ,
Ton Autel fumera du tendre Sacrifice
D'un Agneau premier fruit d'une jeune brebis.
Imitée de la XIX. du premier Livre
d'Horace, par M. Des-Forges Maillard .
A. A. P. D. B.
Ue vois je des Amours c'est la Mere
cruelle ,
Q
Qui d'un tranquile coeur vient troubler le re
pos ;
Ses perfiles Enfans attachez auprès d'elle ,
Pour voler à ma perte , abandonnent Paphos.
Faut-il encore aimer ? quoi donc Bacchus luis
même ,
Qui m'offroit autrefois un azile en´ses bras,
Conspire avec l'Amour ces Dieux veulent que
j'aime !
A ces Dieux réunis peut- on ne ceder pas?
JA
FEVRIER. 1733. 229
Je l'avois dit cent fois , l'infidele Glicere
M'a trop long - tems joüé , je ne l'aimerai
plus.
Je l'avois dit cent fois , et malgré ma colere
Mes sermens, à sa vûë , ont été superflus.
Peut-on lui disputer P'honneur de la vic
toire ?
Peut-on quand on la voit lui refuser son'
coeur !
,
Plus vermeil que la Rose , et plus blanc que
l'ivoire ,
Son teint porte en tous lieux une vive splen
deur.
Son petit air badin qui m'irrite , et m'enflamme
,
L'étincelant éclat de ses regards perçans ,
L'un et l'autre ébranlant le siége de mon ame ;
Une douce fureur coule dans tous mes sens.
Venus m'a tout entier soumis à son em
pire ;
C'est en vain qu'animé d'un dessein géne
reux ,
Sur d'héroïques tons je croi monter ma Lyre ;
Je n'en sçaurois tirer que des sons amoureux .
B v A
230 MERCURE DE FRANCE
A mes voeux , ô Venus , rends Glicere prod
pice ;
Si de mes soins ardens tu m'accordes ce prix ,
Ton Autel fumera du tendre Sacrifice
D'un Agneau premier fruit d'une jeune brebis.
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Résumé : ODE. Imitée de la XIX. du premier Livre d'Horace, par M. Des-Forges Maillard. A. A. P. D. B.
Le poème 'OD E.' de M. Des-Forges Maillard s'inspire de la XIXème ode du premier livre d'Horace. Le narrateur y exprime son conflit intérieur face à l'amour, qu'il décrit comme une force cruelle perturbant sa tranquillité. Il mentionne que même Bacchus, autrefois son refuge, semble s'allier à l'amour pour le faire succomber. Le narrateur reconnaît l'inutilité de lutter contre ces dieux réunis. Il évoque ensuite son amour pour Glicère, une femme infidèle qui l'a trompé. Malgré ses serments de ne plus l'aimer, il se rend compte que sa beauté et son charme le subjuguent à nouveau. Glicère est décrite avec un teint plus vermeil que la rose et plus blanc que l'ivoire, et un air badin qui l'irrite et l'enflamme. Ses regards perçants et sa douce fureur ébranlent son âme, le rendant incapable de résister. Le narrateur conclut en suppliant Vénus de lui rendre Glicère favorable, promettant un sacrifice sous la forme d'un agneau, premier fruit d'une jeune brebis, s'il obtient son amour.
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14
p. 453-454
IMITATION de ces Vers de Seneque.
Début :
Stet quicumque volet potens, [...]
Mots clefs :
Sénèque, Éclat
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texteReconnaissance textuelle : IMITATION de ces Vers de Seneque.
IMITATION de ces Vers
de Seneque.
S Tet
quicumque volet potens ,
Aula culmine lubrico ;
Me dulcis saturet quies ;
Obscuro positus loco ,
Leni perfruar otio.
Nullis nota quiritibus
Aetas per tacitum fluet ;
Sic cum transierint mei
Nullo cum strepitu dies
Plebeius moriar Senex.
Illi mors gravis incubat ,
Qui notus nimis omnibus ,
Ignotus moritur sibi,
>
Déja depuis long - temps la raison triomphante ;
Des préjugez et de l'erreur ,
Dans la faveur la plus brillante ,
Ne m'offre qu'un éclat et fragile et trompeur.
A moi-même rendu dans un repos tranquile ,
Une charmante obscurité
ya
454 MERCURE DE FRANCE
De ce reste de jours , que la Parque me file ,
Va faire la félicité .
Jadis , avec plaisir , j'ai vû l'Europe entiere
Animer d'un regard mon audace guerriere ;
Frivole illusion dont je suis revenu ,
Aujourd'hui presqu'au bout de ma longue car
riere ,
Je ne me plains , hélas ! que d'être trop connu,
Tout cet éclat va disparoître.
Ah ! que la mort un jour me rempliroit d'effrois
Si content du grand Nom que je laisse après moi
Je n'eusse appris à me connoître.
de Seneque.
S Tet
quicumque volet potens ,
Aula culmine lubrico ;
Me dulcis saturet quies ;
Obscuro positus loco ,
Leni perfruar otio.
Nullis nota quiritibus
Aetas per tacitum fluet ;
Sic cum transierint mei
Nullo cum strepitu dies
Plebeius moriar Senex.
Illi mors gravis incubat ,
Qui notus nimis omnibus ,
Ignotus moritur sibi,
>
Déja depuis long - temps la raison triomphante ;
Des préjugez et de l'erreur ,
Dans la faveur la plus brillante ,
Ne m'offre qu'un éclat et fragile et trompeur.
A moi-même rendu dans un repos tranquile ,
Une charmante obscurité
ya
454 MERCURE DE FRANCE
De ce reste de jours , que la Parque me file ,
Va faire la félicité .
Jadis , avec plaisir , j'ai vû l'Europe entiere
Animer d'un regard mon audace guerriere ;
Frivole illusion dont je suis revenu ,
Aujourd'hui presqu'au bout de ma longue car
riere ,
Je ne me plains , hélas ! que d'être trop connu,
Tout cet éclat va disparoître.
Ah ! que la mort un jour me rempliroit d'effrois
Si content du grand Nom que je laisse après moi
Je n'eusse appris à me connoître.
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Résumé : IMITATION de ces Vers de Seneque.
Le texte explore la préférence pour une vie retirée et obscure plutôt que pour la renommée et la gloire. L'auteur aspire à une douce quiétude dans un lieu éloigné des tumultes du monde, où les années passeraient sans bruit. Il contraste cette vision avec la mort pesante de ceux qui sont trop connus et se méconnaissent. L'auteur évoque son passé glorieux, marqué par l'admiration pour son audace guerrière, mais revient à une vision plus humble et tranquille de la vie. Il craint la mort non pas pour elle-même, mais pour l'éclat qu'elle pourrait apporter à un nom trop célèbre. Il souhaite avoir appris à se connaître avant de mourir, trouvant ainsi une véritable félicité dans la simplicité et l'obscurité.
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15
p. 494-495
ODE IVe du premier Livre d'Horace. Solvitur acris hyems.
Début :
Ne craignons plus l'Hyver et ses ravages ; [...]
Mots clefs :
Faune, Temps
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE IVe du premier Livre d'Horace. Solvitur acris hyems.
ODE IVe du premier Livre d'Horace .
N
Solvitur acris hyems.
E craignons plus l'Hyver et ses ra
vages ;
Enfin il fait place au Printemps' ;
Nos Vaisseaux quittent les Rivages ,
Et les Troupeaux bondissent dans les
Champs.
Déja , Vénus se montre , et sur ses traces,
Folâtrent les Ris et les Jeux ,
Et l'on voit par tout avec eux ,
Danser les Nimphes et les Graces ,
Tandis qu'au Mont Æthna , Vulcain dans ses
Fourneaux ,
De ses noirs compagnons anime les Travaux.
Qu'il sied bien à présent de couronner sa têtë ;
De Myrthe ou de nouvelles Fleurs ;
Faune
.MARS . 1733.
498
Faune nous appelle à sa fête ,
Portons-lui nos voeux et nos coeurs
Ami du temps qui fuit , faisons un bon usage ,
La mort inexorable abbat des mêmes traits ,
" Les Pauvres sous le Chaume et les Rois sous le
Dais.
Le temps de cette vie est un trop court passage .
Pour former de vastes projets ,
Bien- tôt sujets du Roy des ombres ,
Nous descendrons dans ses Royaumes sombres,
Alors , plus d'amoureux désirs ,
Plus de festins , plus de plaisirs
P. R. T.
N
Solvitur acris hyems.
E craignons plus l'Hyver et ses ra
vages ;
Enfin il fait place au Printemps' ;
Nos Vaisseaux quittent les Rivages ,
Et les Troupeaux bondissent dans les
Champs.
Déja , Vénus se montre , et sur ses traces,
Folâtrent les Ris et les Jeux ,
Et l'on voit par tout avec eux ,
Danser les Nimphes et les Graces ,
Tandis qu'au Mont Æthna , Vulcain dans ses
Fourneaux ,
De ses noirs compagnons anime les Travaux.
Qu'il sied bien à présent de couronner sa têtë ;
De Myrthe ou de nouvelles Fleurs ;
Faune
.MARS . 1733.
498
Faune nous appelle à sa fête ,
Portons-lui nos voeux et nos coeurs
Ami du temps qui fuit , faisons un bon usage ,
La mort inexorable abbat des mêmes traits ,
" Les Pauvres sous le Chaume et les Rois sous le
Dais.
Le temps de cette vie est un trop court passage .
Pour former de vastes projets ,
Bien- tôt sujets du Roy des ombres ,
Nous descendrons dans ses Royaumes sombres,
Alors , plus d'amoureux désirs ,
Plus de festins , plus de plaisirs
P. R. T.
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Résumé : ODE IVe du premier Livre d'Horace. Solvitur acris hyems.
L'ode IVe du premier Livre d'Horace célèbre la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps. Les vaisseaux quittent les rivages, les troupeaux retournent aux champs, et Vénus apparaît, accompagnée de rires, de jeux, de nymphes et de grâces. Pendant ce temps, Vulcain travaille dans ses fourneaux sur le mont Æthna. Le texte invite à profiter de cette période en couronnant sa tête de myrthe ou de nouvelles fleurs, et à participer à la fête de Faune. Il met en garde contre la brièveté de la vie et l'inévitabilité de la mort, qui frappe aussi bien les pauvres que les rois. Le temps de la vie est décrit comme un passage court, rendant nécessaire de faire un bon usage du temps présent pour éviter de devenir rapidement sujets du roi des ombres.
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16
p. 498-500
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Otium Divos, &c.
Début :
Si tôt que sur l'Egée un tenebreux nuage, [...]
Mots clefs :
Horace, Heureux, Inutiles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Otium Divos, &c.
1MITATION de l'Ode d'Horace
qui commence par ces mots Ocium
Divos , & c .
Si tôt que sur l'Egée un tenebreux nuage ,
Ravit aux Matelots la lumiere des Cieux ,
Le plus hardi Pilote effrayé de l'orage ,
Demande le repos aux Dieux .
M
Grosphe , le Mede même et la Thrace indomptée,
Desirent ardemment ce précieux trésor ,
Dont la possession ne peut être achetée
në Ni par la Pourpre , ne par l'or.
Un magnifique Train , le Crédit , la Richesse ,
Inutiles secours , ne banniront jamais ,
Les Chagrins , les ennuis qui voltigent sans cesse
Autour des superbes Palais.
Celui- là vit heureux , qui frugal et modeste ,
Est content d'un repas simple et sans appareil
Qu'un sordide desir , qu'une crainte funeste ,
N'éloignent jamais du sommeil.
Pourquoi
MARS. 1733- 499
Pourquoi tant de projets avec si peu de vie ?
Dans un autre Climat pourquoi nous transporter?
Quél homme assez heureux , en fuyant sa Patric
A pû soi- même s'éviter ?
Dans les riches Vaisseaux le noir souci demeure
Pour y gêner sans fin l'avare Nautonnier.
Plus leger que le Cerf, plus rapide que l'Eure
Il suit par tout le Cavalier ,
Occupez du présent , sur l'avenir tranquilles à
Sçachons par le plaisir temperer la douleur :
Au surplus , renonçons à des soins inutiles :
Il n'est point de parfait bonheur.
M
Achille , jeune encor termine sa carriere :
Tithon accablé d'ans , languit foible et miné¿
Et ce que le Destin refuse à ta priere ,
Me sera peut-être donné.
M
Tandis qu'à cent Troupeaux tu fournis la pâture
Que pour traîner ton Char ces Coursiers sont
nourris ,
Et que de ton habit la superbe teinture ,
Attire les regards surpris.
La
388778
500 MERCURE DE FRANCE
La Parque favorable , avec un bien modiqué ,
*
Du Chantre de Lesbos m'accordant le talent ,
Entretient en mon ame un mépris héroïque ,
Four le vulgaire petulant.
* Alcée , Poëte Lyrique , qu'Horace a imité.
F. M. F.
qui commence par ces mots Ocium
Divos , & c .
Si tôt que sur l'Egée un tenebreux nuage ,
Ravit aux Matelots la lumiere des Cieux ,
Le plus hardi Pilote effrayé de l'orage ,
Demande le repos aux Dieux .
M
Grosphe , le Mede même et la Thrace indomptée,
Desirent ardemment ce précieux trésor ,
Dont la possession ne peut être achetée
në Ni par la Pourpre , ne par l'or.
Un magnifique Train , le Crédit , la Richesse ,
Inutiles secours , ne banniront jamais ,
Les Chagrins , les ennuis qui voltigent sans cesse
Autour des superbes Palais.
Celui- là vit heureux , qui frugal et modeste ,
Est content d'un repas simple et sans appareil
Qu'un sordide desir , qu'une crainte funeste ,
N'éloignent jamais du sommeil.
Pourquoi
MARS. 1733- 499
Pourquoi tant de projets avec si peu de vie ?
Dans un autre Climat pourquoi nous transporter?
Quél homme assez heureux , en fuyant sa Patric
A pû soi- même s'éviter ?
Dans les riches Vaisseaux le noir souci demeure
Pour y gêner sans fin l'avare Nautonnier.
Plus leger que le Cerf, plus rapide que l'Eure
Il suit par tout le Cavalier ,
Occupez du présent , sur l'avenir tranquilles à
Sçachons par le plaisir temperer la douleur :
Au surplus , renonçons à des soins inutiles :
Il n'est point de parfait bonheur.
M
Achille , jeune encor termine sa carriere :
Tithon accablé d'ans , languit foible et miné¿
Et ce que le Destin refuse à ta priere ,
Me sera peut-être donné.
M
Tandis qu'à cent Troupeaux tu fournis la pâture
Que pour traîner ton Char ces Coursiers sont
nourris ,
Et que de ton habit la superbe teinture ,
Attire les regards surpris.
La
388778
500 MERCURE DE FRANCE
La Parque favorable , avec un bien modiqué ,
*
Du Chantre de Lesbos m'accordant le talent ,
Entretient en mon ame un mépris héroïque ,
Four le vulgaire petulant.
* Alcée , Poëte Lyrique , qu'Horace a imité.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Otium Divos, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace, débutant par 'Ocium Divos, & c.' Il explore la quête du repos et du bonheur, inatteignable par la richesse ou le pouvoir. Les vers soulignent que les chagrins et les ennuis persistent malgré les luxes. Le bonheur est trouvé dans la frugalité et la modestie, loin des désirs avides et des craintes. Le poète s'interroge sur la fuite des hommes vers d'autres climats et sur l'impossibilité d'éviter ses propres malheurs. Il observe que les soucis accompagnent même les plus riches. Il prône de vivre l'instant présent et de tempérer la douleur par le plaisir, tout en renonçant à la quête d'un bonheur parfait. Le texte mentionne Achille et Tithon pour illustrer la brièveté de la vie et l'inévitabilité du destin. Le poète exprime son désir d'un talent poétique, comme celui accordé à Alcée, pour nourrir un mépris héroïque envers le vulgaire.
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17
p. 1077-[1]078
IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Début :
Un pecheur sur les bords d'une Rive profonde, [...]
Mots clefs :
Pêcheur, Poisson, Airs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
IMITATION de la Fable Latinė
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
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Résumé : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Le texte décrit une imitation de la fable latine 'Cæna insperata', publiée dans le Mercure de Novembre. L'histoire suit un pêcheur sur les bords d'une rivière profonde. Ce pêcheur, cherchant un repas, utilise des appâts empoisonnés pour attraper des poissons. Cependant, les poissons reconnaissent le danger et évitent les appâts. Déçu, le pêcheur se retire. En rentrant chez lui, il entend un bruit de combat. Une grue et sa troupe attaquent un poisson, que le pêcheur convoitait. Alors qu'il tente d'intervenir, un poisson tombe miraculeusement à ses pieds. La fable met en lumière l'inconstance de la fortune, qui offre souvent ce que l'on cherche sans effort là où on ne l'attend pas. Le texte se conclut par une réflexion sur l'inconstance et le caprice de la fortune. L'auteur de cette fable est originaire de Montpellier.
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18
p. 1772-1774
IMITATION de la XXIIe Ode d'Horace, liv. I. Integer vitae, &c.
Début :
Loin celui qui dans le vice, [...]
Mots clefs :
Horace, Terreur, Rage, Bois, Pallas, Guide, Méprise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de la XXIIe Ode d'Horace, liv. I. Integer vitae, &c.
IMITATION de la XXII Ode
d'Horace , liv. I.
Integer vita , & c.
Loin celui qui dans le vice
A passé ses plus beaux jours ;
Celui qui de l'injustice ,
A pratiqué les détours ;
Les Cyclopes effroyables
Dans leurs antres redoutables ,
Pour lui forgent mille traits ,
Qu'il arme sa main perfide ,
D'un Javelot homicide ,
Pour s'assurer ses forfaits.
▸
Celui qui de l'innocence ,
Suivit toujours le sentier ,
N'a besoin pour sa deffense ,
De Dard ni de Bouclier ;
も
Sa vertu lui sert d'Ægide ,
La sage Pallas son guide ,
Toujours le conduit au Port ;
Et d'une main salutaire
La sagesse qui l'éclaire ,
L'arrache aux coups
ì....
•
de la mort
Sans
AOUST. 1733 . 3773
Sans armes , seul et tranquille ,
Je m'égarois dans le Bois ,
Je chantois ; l'Echo docile ,
Rendoit les sons de ma voix ,
Que vois- je ? En ce lieu sauvage ,
Un Loup guidé par sa rage ,
Porte par tout la terreur ;
Pour moi l'Esperance est vaine ,
Ou fuir ! Ma perte est certaine
Dieux, prévenez mon malheur.
2
Prodige! heureuse méprise !
Il retourne sur ses pas ;
Est-ce une vaine surprise ,
Pour m'arracher au trépasz
Pallas vient sur une nuë ,
Je me rassure à sa vuë ,
Mortel , fidele à mes Loix ,
Dit-elle C'est le seul sage ,
Qui triomphe de la rage ,
Des Loups , habitans des Bois.
*
Loin la terreur au tein pâle.
Jaffronte tous les revers
Que la fureur infernale
Prépare pour mai des fers ;
Que
1974 MERCURE DE FRANCE
Que l'air gronde sur ma tête ,
Je méprise la tempête ;
Que la Mer ouvre son sein
Au milieu de cet abîme' ,
Un coeur exempt de tout crime
Est ferme comme l'airain .
Par P. D. C
d'Horace , liv. I.
Integer vita , & c.
Loin celui qui dans le vice
A passé ses plus beaux jours ;
Celui qui de l'injustice ,
A pratiqué les détours ;
Les Cyclopes effroyables
Dans leurs antres redoutables ,
Pour lui forgent mille traits ,
Qu'il arme sa main perfide ,
D'un Javelot homicide ,
Pour s'assurer ses forfaits.
▸
Celui qui de l'innocence ,
Suivit toujours le sentier ,
N'a besoin pour sa deffense ,
De Dard ni de Bouclier ;
も
Sa vertu lui sert d'Ægide ,
La sage Pallas son guide ,
Toujours le conduit au Port ;
Et d'une main salutaire
La sagesse qui l'éclaire ,
L'arrache aux coups
ì....
•
de la mort
Sans
AOUST. 1733 . 3773
Sans armes , seul et tranquille ,
Je m'égarois dans le Bois ,
Je chantois ; l'Echo docile ,
Rendoit les sons de ma voix ,
Que vois- je ? En ce lieu sauvage ,
Un Loup guidé par sa rage ,
Porte par tout la terreur ;
Pour moi l'Esperance est vaine ,
Ou fuir ! Ma perte est certaine
Dieux, prévenez mon malheur.
2
Prodige! heureuse méprise !
Il retourne sur ses pas ;
Est-ce une vaine surprise ,
Pour m'arracher au trépasz
Pallas vient sur une nuë ,
Je me rassure à sa vuë ,
Mortel , fidele à mes Loix ,
Dit-elle C'est le seul sage ,
Qui triomphe de la rage ,
Des Loups , habitans des Bois.
*
Loin la terreur au tein pâle.
Jaffronte tous les revers
Que la fureur infernale
Prépare pour mai des fers ;
Que
1974 MERCURE DE FRANCE
Que l'air gronde sur ma tête ,
Je méprise la tempête ;
Que la Mer ouvre son sein
Au milieu de cet abîme' ,
Un coeur exempt de tout crime
Est ferme comme l'airain .
Par P. D. C
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Résumé : IMITATION de la XXIIe Ode d'Horace, liv. I. Integer vitae, &c.
Le texte imite la XXII Ode d'Horace, intitulée 'Integer vita', et oppose deux types d'individus : ceux qui vivent dans le vice et l'injustice, et ceux qui suivent le chemin de l'innocence et de la vertu. Les premiers sont menacés par des forces maléfiques, symbolisées par les Cyclopes, qui forgent des armes pour assurer leurs forfaits. Les seconds, protégés par leur vertu et guidés par la sagesse, n'ont besoin d'aucune défense matérielle. Le narrateur, se promenant seul dans un bois, rencontre un loup enragé et invoque les dieux pour éviter le danger. Le loup recule et la déesse Pallas apparaît, confirmant que seul le sage triomphe des dangers. Le narrateur exprime sa confiance en sa propre innocence, affirmant qu'il peut affronter toutes les adversités, qu'elles viennent des éléments naturels ou des forces maléfiques. Un cœur exempt de tout crime est comparé à l'airain pour sa fermeté.
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19
p. 2157-2159
MADRIGAUX. Imitez de l'Italien du Guarini, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
LA SEDE D'AMORE. Madrig. IV. / Dov'hai tu Nido, Amore, [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Imitation, Battista Guarini
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MADRIGAUX. Imitez de l'Italien du Guarini, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
MADRIGAUX.
Imitez de l'Italien du Guarini
› par
Mlle de Malcrais de la Vigne , dn´
Croisic en Bretagne.
LA SEDE D'AMORE. Madrig. IV,
Dov'hai tu Nido , Amore ,
Nel viso di Madonna , o nel mio core ?
S'ia miro come splendi ,
Se' tutto in quel bel volto ;
Ma se poi come impiaghi , e come accendi ,
Se tutto in me raccolto.
V
Deb ! se mostrar le meraviglie vuoi ,
Del tuo poter in noi ;
Tal'hor cangia ricetto ,
Ed entra , à me nel viso , à lei nel petto.
La Demeure de l'Amour. Imitation ,
Amour, qui sous tes loix tiens mon ame asservie
Où loges-tu , cruel Amour ?
Est-ce sur le tein de Sylvie ?
.
Ou bien as-tu choisi mon coeur pour ton séjourt
Si je pense aux beautez dont l'éclat t'environne ,
Tu dois sur son visage avoir fondé ton Tròne;
Quand je pense au flambeau dont on t'a peint
ping ,
2158 FRCURE
DE FRANCE
Je sens que mon coeur allumé ,
Est la triste denture où s'exerce ta rage ;
Daigne faire un change, Amour , en ma fæyeur
;
Vien te placer sur mon visage ,
Et va te loger dans son coeur,
MIRAR MORTALE Madrig. LV.
To mi sento Morir , quando non miro
Colei , ch'è la mia vita ;
Poi se la miro , anco morir mi sento,
Perche del mio tormento
Non ha pietà la cruda , e non m'aità ,
E sa pur si l'adoro ,
Cosi mirando e non mirando i' more.
La vie de sa Maîtresse le met en danger
de sa vie , Imitation .
Aussi- tôt que je ne vois pas ,
Celle pour qui je voudrois vivre ,
Je sens approcher le trépas.
Quand je la voi , les maux où sa rigueur me
livre ,
Me menacent du même sort.
Ainsi la Belle que j'adore ,
Et qu'en vain ma douleur à chaque instant implore
,
Ne peut me donner que la mort.
FEDE
OCTOBRE. 1733 2159
FEDE GIUSTIFICATA . Madrig. XI.
To disleale ! ah cruda ,
Voi negate la fede' ,
Per non mi dar mercede.
Se non basta il languire ,
Provate mi al morire ;
E se ciù ricusate ,
Per che la fede negate ?
Che provar non volete
O provate , o credete.
La FIDELITE' JUSTIFIE'E , Imitation.
Moi je suis un perfide ! outrage ! ah ! cruauté!
Pour ne point accorder à ma persévérance ,
Le løyer qu'elle a mérité ,
Vous faignez de douter de ma fidelité .
Ah ! si mes tendres feux , mes tourmens , ma
constance
?
Si ces garans certains ne vous ssuufffisent pas ,
Pour vous en mieux convaincre, ordonnez mon
trépas.
}
Mais ne m'objectez point que l'épreuve est trop
dure ,
Vous dont la barbarie insulte à la Nature ;
Et lasse de me voir souffrir ,
Ou croyez-moy de grace, ou laissez-moi mourir .
Imitez de l'Italien du Guarini
› par
Mlle de Malcrais de la Vigne , dn´
Croisic en Bretagne.
LA SEDE D'AMORE. Madrig. IV,
Dov'hai tu Nido , Amore ,
Nel viso di Madonna , o nel mio core ?
S'ia miro come splendi ,
Se' tutto in quel bel volto ;
Ma se poi come impiaghi , e come accendi ,
Se tutto in me raccolto.
V
Deb ! se mostrar le meraviglie vuoi ,
Del tuo poter in noi ;
Tal'hor cangia ricetto ,
Ed entra , à me nel viso , à lei nel petto.
La Demeure de l'Amour. Imitation ,
Amour, qui sous tes loix tiens mon ame asservie
Où loges-tu , cruel Amour ?
Est-ce sur le tein de Sylvie ?
.
Ou bien as-tu choisi mon coeur pour ton séjourt
Si je pense aux beautez dont l'éclat t'environne ,
Tu dois sur son visage avoir fondé ton Tròne;
Quand je pense au flambeau dont on t'a peint
ping ,
2158 FRCURE
DE FRANCE
Je sens que mon coeur allumé ,
Est la triste denture où s'exerce ta rage ;
Daigne faire un change, Amour , en ma fæyeur
;
Vien te placer sur mon visage ,
Et va te loger dans son coeur,
MIRAR MORTALE Madrig. LV.
To mi sento Morir , quando non miro
Colei , ch'è la mia vita ;
Poi se la miro , anco morir mi sento,
Perche del mio tormento
Non ha pietà la cruda , e non m'aità ,
E sa pur si l'adoro ,
Cosi mirando e non mirando i' more.
La vie de sa Maîtresse le met en danger
de sa vie , Imitation .
Aussi- tôt que je ne vois pas ,
Celle pour qui je voudrois vivre ,
Je sens approcher le trépas.
Quand je la voi , les maux où sa rigueur me
livre ,
Me menacent du même sort.
Ainsi la Belle que j'adore ,
Et qu'en vain ma douleur à chaque instant implore
,
Ne peut me donner que la mort.
FEDE
OCTOBRE. 1733 2159
FEDE GIUSTIFICATA . Madrig. XI.
To disleale ! ah cruda ,
Voi negate la fede' ,
Per non mi dar mercede.
Se non basta il languire ,
Provate mi al morire ;
E se ciù ricusate ,
Per che la fede negate ?
Che provar non volete
O provate , o credete.
La FIDELITE' JUSTIFIE'E , Imitation.
Moi je suis un perfide ! outrage ! ah ! cruauté!
Pour ne point accorder à ma persévérance ,
Le løyer qu'elle a mérité ,
Vous faignez de douter de ma fidelité .
Ah ! si mes tendres feux , mes tourmens , ma
constance
?
Si ces garans certains ne vous ssuufffisent pas ,
Pour vous en mieux convaincre, ordonnez mon
trépas.
}
Mais ne m'objectez point que l'épreuve est trop
dure ,
Vous dont la barbarie insulte à la Nature ;
Et lasse de me voir souffrir ,
Ou croyez-moy de grace, ou laissez-moi mourir .
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Résumé : MADRIGAUX. Imitez de l'Italien du Guarini, par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Le texte présente une série de madrigaux, des poèmes lyriques d'origine italienne, imités par Mlle de Malcrais de la Vigne, originaire du Croisic en Bretagne. Ces madrigaux explorent divers aspects de l'amour et de la souffrance amoureuse. Dans 'La Sède d'Amore' (La Demeure de l'Amour), le poète s'interroge sur la localisation de l'amour, qu'il soit sur le visage de la bien-aimée ou dans son propre cœur, décrivant l'amour comme une force changeante. Dans 'MIRAR MORTALE', le poète exprime son tourment en présence ou en absence de sa maîtresse, se sentant mourir lorsqu'il ne la voit pas et souffrant lorsqu'il la voit, car elle ne montre aucune pitié. Dans 'FEDE GIUSTIFICATA' (La Fidélité Justifiée), le poète se plaint de l'infidélité de sa bien-aimée, qui doute de sa fidélité malgré ses souffrances et sa constance, allant jusqu'à envisager la mort comme preuve ultime. Ces madrigaux illustrent les thèmes de l'amour, de la souffrance et de la fidélité, mettant en avant les tourments du poète face à l'indifférence ou à la cruauté de sa bien-aimée.
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20
p. 2776-2778
IMITATIONE del Madrigale CVII del Signor Cavaliere Battista Guarini, lavorata da Madamigella MALCRESIA della Vigna del Crusico in Bretagna.
Début :
Si fugga l'Amore. / Chi Uuol haver felice, è lito il core, [...]
Mots clefs :
Amour, Foudre, Éclair, Mort
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texteReconnaissance textuelle : IMITATIONE del Madrigale CVII del Signor Cavaliere Battista Guarini, lavorata da Madamigella MALCRESIA della Vigna del Crusico in Bretagna.
IMITATIONE del Madrigale CVII del
Signor Cavaliere Battista Guarini, lavorata
da Madamigella MALCRESIA della
Vigna del Crusico in Bretagna.
Si fugga: l'Amore.
CHiUuol haverfelice , a lito il core ,
Non segna il crudo Amore,-
Quel lusinghier ch'ancide
Quando più scherza, e ride ,
Ma tema di Belta di leggiadria ,
L'aura fallace e ria.›
Al pregar non risponda , à la promessa
II. Vol. Nem
DECEMBRE . 1733. 2777
Non creda ; e se s'appressa ,
Függa pur , che baleno è quel ch'alletta,
Ne mai balena Amor , sc non saetta.
IMITATION.
Renoncez à l'Amour , tournez ailleurs la vuë ;
Que sur l'éclat subtil de ses apas trompeurs ;
Il blesse en caressant , en badinant il tuë ,
Des jours les plus serains , il trouble les dous
ceurs.
M
Comme un Nocher prudent . qui prévoit un
Orage ,
Pour le laisser passer , reste tranquille au port ;
Qu'ainsi l'homme au coeur tendre, évite un beau
visage ,
Qu'il fuye , et qu'il le craigne à l'égal de la
mort.
M
Qu'il soit sourd et muet , quand une Iris le
pric ;
Que même à ses sermens , il refuse sa foi ¿
Et s'il veut sans retour voir sou ame guérie ,
Qu'insensible il persiste à l'éloigner de soi.
Sur un Amant surpris quand un regard arrive
L'Enfer s'ouvre , et l'Amour lance un feu qui
fénd l'air,
11. Vol
B Mais
2778 MERCURE DE FRANCE
Mais l'Eclair ne part point , que la foudre ag
suive ,
Et la mort suit bien-tôt et la foudre et l'éclair.
Signor Cavaliere Battista Guarini, lavorata
da Madamigella MALCRESIA della
Vigna del Crusico in Bretagna.
Si fugga: l'Amore.
CHiUuol haverfelice , a lito il core ,
Non segna il crudo Amore,-
Quel lusinghier ch'ancide
Quando più scherza, e ride ,
Ma tema di Belta di leggiadria ,
L'aura fallace e ria.›
Al pregar non risponda , à la promessa
II. Vol. Nem
DECEMBRE . 1733. 2777
Non creda ; e se s'appressa ,
Függa pur , che baleno è quel ch'alletta,
Ne mai balena Amor , sc non saetta.
IMITATION.
Renoncez à l'Amour , tournez ailleurs la vuë ;
Que sur l'éclat subtil de ses apas trompeurs ;
Il blesse en caressant , en badinant il tuë ,
Des jours les plus serains , il trouble les dous
ceurs.
M
Comme un Nocher prudent . qui prévoit un
Orage ,
Pour le laisser passer , reste tranquille au port ;
Qu'ainsi l'homme au coeur tendre, évite un beau
visage ,
Qu'il fuye , et qu'il le craigne à l'égal de la
mort.
M
Qu'il soit sourd et muet , quand une Iris le
pric ;
Que même à ses sermens , il refuse sa foi ¿
Et s'il veut sans retour voir sou ame guérie ,
Qu'insensible il persiste à l'éloigner de soi.
Sur un Amant surpris quand un regard arrive
L'Enfer s'ouvre , et l'Amour lance un feu qui
fénd l'air,
11. Vol
B Mais
2778 MERCURE DE FRANCE
Mais l'Eclair ne part point , que la foudre ag
suive ,
Et la mort suit bien-tôt et la foudre et l'éclair.
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Résumé : IMITATIONE del Madrigale CVII del Signor Cavaliere Battista Guarini, lavorata da Madamigella MALCRESIA della Vigna del Crusico in Bretagna.
Le texte est une imitation du madrigale CVII de Battista Guarini, écrite par Madamigella Malcresia della Vigna del Crusico en Bretagne. Cette œuvre met en garde contre les dangers de l'amour, conseillant de le fuir pour éviter ses tromperies et ses souffrances. L'amour est décrit comme un ennemi cruel qui tue lorsqu'il semble le plus doux. Le texte recommande de ne pas répondre aux prières ou aux promesses amoureuses et de fuir les beautés séduisantes. Il compare l'amour à un orage que l'on doit éviter en restant prudent et immobile, comme un nocher au port. Il insiste sur l'importance de rester insensible aux regards et aux serments amoureux pour préserver son âme. Enfin, il souligne que l'amour, comme la foudre, apporte la mort.
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21
p. 2816-2819
IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
Début :
L'Homme juste et constant dans ses moeurs héroïques [...]
Mots clefs :
Horace, Fils, Ilion, Moyen, Dieux, Priam
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
IMITATION de l'Ode d'Horace ,
Justum et tenasem , &c.
L
'Homme juste et constant dans ses moeurs
héroïques
D'un Peuple mutiné dédaigne les pratiques ,
D'un Tiran menaçant le visage enflammé :
Immobile , il soutient l'effort de la tempête ;
Ferme , il entend gronder la foudre sur sa tête ;
L'Univers tomberoit sans qu'il fût allarmé.
Pour arriver au Ciel , ce moyen fut le guide
Qui dirigea les pas de Pollux et d'Aleide ;
( Auguste boit déjà le Nectar avec eux. )
Ce fut par ce moyen , puissant fils de Semele ,
Que t'éleva jadis à la gloire immortelle
Ton Chariot traîné par des Tigres fougueux .
Par ce moyen encore et si noble et si rare ,
Le divin Romulus évita le Tartare ,
Secondé des Coursiers au Dieu Mars consacrez ;
Après qu'aux Immortels , Junon moins couroucée
,
II. Vol. Dans
DECEMBR E. 1733. 2817
Dans le Conseil Celeste , eut marqué sa pensée ,
Par ces mots à la fois chéris et réverez.
"
»Un Juge incestueux , une Etrangere infâme ,
D'Ilion, par leur crime ont allumé la flam me ,
" Et quand Laomedon aux Dieux manqua de foi ,
» Nos coeurs s'interessant à vanger cette injure ,
La perte des Troyens et de leur Chef parjure ,
Dès -lors fut résoluë entre Minerve et moy.
» Enfin , de ses forfaits il a porté la peine ,
» Cet Hôte si fameux de l'adultere Helene ;
Priam de son Hector fatalement privé ,
» Aux ravages des Grecs n'oppose plus de digues ;
» Ce débat obstiné qu'allongeoient nos intrigues,
» Ce débat malheureux est enfin achevé.
50
לכ
53
C'en est fait , je renonce à ma juste colere ;
Mon petit-fils , Troyen du côté de sa Mere ,
M'est , en faveur de Mars , beaucoup moin
odieux :
Qu'il hahite avec nous ces demeures heureuses;
Qu'il goûte du Nectar les douceurs savoureuses
;
Qu'il vienne , j'y consens , s'asseoir au rang
des Dieux .
Pourvu qu'un long trajet partage Rome er
Troye ,
11. Vol. Qu'ins
1816 MERCURE DE FRANCE
Qu'insultez des Troupeaux,qu'aux Reptiles en
proye ,
De Priam , de Paris les Buchers soient deserts ,
Regnent ces Exilez de l'un à l'autre Pole ;
» Subsiste , j'y consens , l'éclatant Capitole ;
Puisse aux Medes vaincus Rome donner des fers.
Qu'elle étende son nom jusqu'aur bornes du
Monde ,
Bornes qu'entre l'Europe et l'Affrique met
l'Onde ,
Jusqu'en l'heureux Pais par le Nil arrosé :
Qu'en ne cherchant point l'or, vrayement pru
dente et sage ,
Elle aspire à l'honneur d'en dédaigner l'usage ,
Et s'épargne l'affront d'en avoir abusé.
Que de ses traits vainqueurs les atteintes more
telles
Se fassent ressentir à tous Peuples rebelles ,
Des climats les plus chauds , aux climats les
plus froids ;
» Mais à condition qu'une pieté vaine ,
N'excitera jamais la vaillance Romaine
A vouloir d'Ilion renouveller les Toits.
» Ilion rebâti , retombera par terre.
» Je veux , moi , femme et soeur du Maître d
Tonnerre ,
Rassembler contre lui tous mes Grecs en
courroux ; » Qu'ADECEMBRE.
1733. 2819
Qu'Apollon par trois fois d'un mur d'airais
l'entoure ,
Trois fois le renversant , leur fatale bravoure
» Fera pleurer la mort des Fils et des Epoux . )
Que faites-vous, ma Muse,où tend votre délire?
Ceci ne convient pas aux accents d'une Lyrë
Destinée à chanter les Amours et les Ris ;
Vous récitez des Dieux les Discours magna
nimes ;
Gardez - vous d'achever , et de ces Chants su
blimes ,
Par vos foibles accords n'abbaissez plus le prix.
F. M. F.
Justum et tenasem , &c.
L
'Homme juste et constant dans ses moeurs
héroïques
D'un Peuple mutiné dédaigne les pratiques ,
D'un Tiran menaçant le visage enflammé :
Immobile , il soutient l'effort de la tempête ;
Ferme , il entend gronder la foudre sur sa tête ;
L'Univers tomberoit sans qu'il fût allarmé.
Pour arriver au Ciel , ce moyen fut le guide
Qui dirigea les pas de Pollux et d'Aleide ;
( Auguste boit déjà le Nectar avec eux. )
Ce fut par ce moyen , puissant fils de Semele ,
Que t'éleva jadis à la gloire immortelle
Ton Chariot traîné par des Tigres fougueux .
Par ce moyen encore et si noble et si rare ,
Le divin Romulus évita le Tartare ,
Secondé des Coursiers au Dieu Mars consacrez ;
Après qu'aux Immortels , Junon moins couroucée
,
II. Vol. Dans
DECEMBR E. 1733. 2817
Dans le Conseil Celeste , eut marqué sa pensée ,
Par ces mots à la fois chéris et réverez.
"
»Un Juge incestueux , une Etrangere infâme ,
D'Ilion, par leur crime ont allumé la flam me ,
" Et quand Laomedon aux Dieux manqua de foi ,
» Nos coeurs s'interessant à vanger cette injure ,
La perte des Troyens et de leur Chef parjure ,
Dès -lors fut résoluë entre Minerve et moy.
» Enfin , de ses forfaits il a porté la peine ,
» Cet Hôte si fameux de l'adultere Helene ;
Priam de son Hector fatalement privé ,
» Aux ravages des Grecs n'oppose plus de digues ;
» Ce débat obstiné qu'allongeoient nos intrigues,
» Ce débat malheureux est enfin achevé.
50
לכ
53
C'en est fait , je renonce à ma juste colere ;
Mon petit-fils , Troyen du côté de sa Mere ,
M'est , en faveur de Mars , beaucoup moin
odieux :
Qu'il hahite avec nous ces demeures heureuses;
Qu'il goûte du Nectar les douceurs savoureuses
;
Qu'il vienne , j'y consens , s'asseoir au rang
des Dieux .
Pourvu qu'un long trajet partage Rome er
Troye ,
11. Vol. Qu'ins
1816 MERCURE DE FRANCE
Qu'insultez des Troupeaux,qu'aux Reptiles en
proye ,
De Priam , de Paris les Buchers soient deserts ,
Regnent ces Exilez de l'un à l'autre Pole ;
» Subsiste , j'y consens , l'éclatant Capitole ;
Puisse aux Medes vaincus Rome donner des fers.
Qu'elle étende son nom jusqu'aur bornes du
Monde ,
Bornes qu'entre l'Europe et l'Affrique met
l'Onde ,
Jusqu'en l'heureux Pais par le Nil arrosé :
Qu'en ne cherchant point l'or, vrayement pru
dente et sage ,
Elle aspire à l'honneur d'en dédaigner l'usage ,
Et s'épargne l'affront d'en avoir abusé.
Que de ses traits vainqueurs les atteintes more
telles
Se fassent ressentir à tous Peuples rebelles ,
Des climats les plus chauds , aux climats les
plus froids ;
» Mais à condition qu'une pieté vaine ,
N'excitera jamais la vaillance Romaine
A vouloir d'Ilion renouveller les Toits.
» Ilion rebâti , retombera par terre.
» Je veux , moi , femme et soeur du Maître d
Tonnerre ,
Rassembler contre lui tous mes Grecs en
courroux ; » Qu'ADECEMBRE.
1733. 2819
Qu'Apollon par trois fois d'un mur d'airais
l'entoure ,
Trois fois le renversant , leur fatale bravoure
» Fera pleurer la mort des Fils et des Epoux . )
Que faites-vous, ma Muse,où tend votre délire?
Ceci ne convient pas aux accents d'une Lyrë
Destinée à chanter les Amours et les Ris ;
Vous récitez des Dieux les Discours magna
nimes ;
Gardez - vous d'achever , et de ces Chants su
blimes ,
Par vos foibles accords n'abbaissez plus le prix.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, Justum et tenacem, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace intitulée 'Justum et tenacem'. Il décrit un homme juste et constant dans ses mœurs héroïques, imperturbable face aux tempêtes et à la foudre. Des exemples mythologiques illustrent cette fermeté : Pollux et Aléide, Auguste, Bacchus, et Romulus, qui ont atteint la gloire immortelle par leur justice et leur constance. Le texte relate ensuite un discours de Junon, qui évoque la destruction de Troie en raison des crimes d'un juge incestueux, d'une étrangère infâme, et de la trahison de Laomédon envers les dieux. Junon renonce à sa colère contre Énée, le petit-fils de Priam, et consent à ce qu'il habite parmi les dieux, à condition que Rome et Troie restent séparées et que Troie ne soit jamais reconstruite. Junon menace de rassembler les Grecs pour détruire Troie si elle est rebâtie, utilisant la bravoure fatale des Grecs pour pleurer la mort des fils et des époux. La muse de l'auteur interrompt alors le récit, se reprochant de dévaloriser les chants lyriques destinés à célébrer les amours et les rires.
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22
p. 47-51
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Thyrrhena Regum, &c.
Début :
Rejetton de Roy qu'on honore, [...]
Mots clefs :
Horace, Temps, Voeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Thyrrhena Regum, &c.
IMITATION de l'Ode d'Horace ,
qui commence par ces mots : Thyrrhena
Regum , &c.
R Ejetton de Roy qu'on honore ,
Chez moi je vous réserve un muid tout plein
encore
D'un vin dont la douceur peut répondre à vos
voeux ,
Et je me suis pourvû , Mécêne , entre autre chose,
De Parfums exquis et de Roses
Que je destine à vos cheveux.
Hâtez-vous d'être mon Convive .
Que votre coeur au moins pour quelque temps
se prive
Des transports ravissans dont il se sent pressé ,
A l'aspect de Tibur , des Campagnes d'Esule ,
Et du Mont où fonda Tuscule ,
Le fils d'Ulisse et de Circé .
Quittez , pour remplir mon attente ,
Des repas superflus la pompe dégoutante ;
Quittez ce haut Palais superbement construit ,
Er de l'heureuse Rome , objet de vos tendresses
Cessez d'admirer les richesses ,
L'éclat, la fumée et le bruit
Le
48 MERCURE DE FRANCE
Le changement d'air et de table ,
A l'homme le plus riche est souvent agreable ;
Souvent le toît du pauvre a des charmes pour
Souvent la propreté d'une humble nourriture
Sans pourpre , tapis , ni doruré ,
De son front a chassé l'ennui.
luia
Déja le temps , à qui tout cede ,
Fait sur notre horison du Père d'Andromede
Reparoître les feux depuis long- temps cachez
Déja de Procyon on ressent l'inclémence ,
Et l'âpre Lion recominence.
A brûler nos Champs dessechez .
Les Bergers , les Troupeaux débiles ,
Contre l'ardeur du jour vont chercher pour azile
Les buissons de Sylvain , l'Ombrage et les Ruisseaux.
Tout languit accablé d'une chaleur extrême ,
Le vent ne rafraichit pas même
Les lieux les plus voisins des Eaux.
Cependant votre ame inquiete
S'abandonne aux soucis , dans l'embarras so
jette ,
Toujours craignant pour Rome et veillant à son
bien ;
Vous redoutez toujours , guidé par votre zele ,
Ce
JANVIER. 49 1734
Ce que pourroient tramer contre elle ,
Bactres , * le Scythe et l'Indien .
Le prudent Arbitre du Monde
Nous cache l'avenir dans une nuit profonde ,
Et rit de nos frayeurs qui vont jusqu'à l'excès:
Il suffit de regler les affaires présentes ;
Grace à vos démarches prudentes ,
Tout leur assure un bon succès.
Tout le reste a la ressemblance ,
D'un Fleuve , qui tantôt s'écoule avec silence ,
Et tantôt furieux dans son débordement ,
Entraîne Arbres , Maisons , Rochers, Troupeaux,
Racines ;
Des Monts et des Forêts voisines
Excite le mugissement .
L'inquiétude et les allarmes.
De la vie aux Mortels -enlevent tous les charmes;
Heureux cent fois celui qu'elles n'ont point
vaincu ! .
Et qui toujours exempt d'une crainte effrenée ,
A la fin de chaque journée ,
Peut dire aujourd'hui j'ai vécu. :
Que du nuage le plus sombre ,
* Ville Capitale d'un Pays voisin de la Scyshie,
autrefois subjuguée par Cyrus .
Demain
so MERCURE DE FRANCE
Demain le Roi des Dieux sur nous répande
l'ombre ,
Qu'il fasse du Soleil triompher la clarté ;
Des accidens passez Jupiter n'est plus Maître ,
Et ce qu'une fois il fit être ,
Ne peut plus n'avoir pas été.
La Fortune aveugle et cruelle
Prend un plaisir malin à nous être infidelle ,
Aime à faire passer ses dons de main en main ;
Et tantôt ennemie et tantôt bienfaictrice ,
Selon les loix de son caprice ,
Change du soir au lendemain.
Tant qu'elle est ferme , je la loue ;
Mais dès qu'en s'envolant la perfide me joüe ,
Je lui rends volontiers ce qu'elle m'a prêté.
Des traits du désespoir ma vertu me délivre ,
Et je me tiens content de vivre
Dans une honnête pauvreté.
Sur le sein de l'Onde en colere ,
On ne me verra point , Suppliant , Mercenaire
Traiter avec le Ciel par mille voeux formez ,
Pour empêcher que l'or dont ma Barque ese
chargée ,
N'aille de l'inconstante Egée
Enrichir les Flots affamez.
Libre
JANVIER. 1734. st
Libre d'une telle manie ,
A l'aide d'un Esquif j'aurai soin de ma vie ;
Ma plus grande richesse et mon plus cher trésor
Et bornant tous mes voeux gagner le rivage ,
J'obtienderai ce doux avantage
Et de Pollux et de Castor.
F. M. F.
qui commence par ces mots : Thyrrhena
Regum , &c.
R Ejetton de Roy qu'on honore ,
Chez moi je vous réserve un muid tout plein
encore
D'un vin dont la douceur peut répondre à vos
voeux ,
Et je me suis pourvû , Mécêne , entre autre chose,
De Parfums exquis et de Roses
Que je destine à vos cheveux.
Hâtez-vous d'être mon Convive .
Que votre coeur au moins pour quelque temps
se prive
Des transports ravissans dont il se sent pressé ,
A l'aspect de Tibur , des Campagnes d'Esule ,
Et du Mont où fonda Tuscule ,
Le fils d'Ulisse et de Circé .
Quittez , pour remplir mon attente ,
Des repas superflus la pompe dégoutante ;
Quittez ce haut Palais superbement construit ,
Er de l'heureuse Rome , objet de vos tendresses
Cessez d'admirer les richesses ,
L'éclat, la fumée et le bruit
Le
48 MERCURE DE FRANCE
Le changement d'air et de table ,
A l'homme le plus riche est souvent agreable ;
Souvent le toît du pauvre a des charmes pour
Souvent la propreté d'une humble nourriture
Sans pourpre , tapis , ni doruré ,
De son front a chassé l'ennui.
luia
Déja le temps , à qui tout cede ,
Fait sur notre horison du Père d'Andromede
Reparoître les feux depuis long- temps cachez
Déja de Procyon on ressent l'inclémence ,
Et l'âpre Lion recominence.
A brûler nos Champs dessechez .
Les Bergers , les Troupeaux débiles ,
Contre l'ardeur du jour vont chercher pour azile
Les buissons de Sylvain , l'Ombrage et les Ruisseaux.
Tout languit accablé d'une chaleur extrême ,
Le vent ne rafraichit pas même
Les lieux les plus voisins des Eaux.
Cependant votre ame inquiete
S'abandonne aux soucis , dans l'embarras so
jette ,
Toujours craignant pour Rome et veillant à son
bien ;
Vous redoutez toujours , guidé par votre zele ,
Ce
JANVIER. 49 1734
Ce que pourroient tramer contre elle ,
Bactres , * le Scythe et l'Indien .
Le prudent Arbitre du Monde
Nous cache l'avenir dans une nuit profonde ,
Et rit de nos frayeurs qui vont jusqu'à l'excès:
Il suffit de regler les affaires présentes ;
Grace à vos démarches prudentes ,
Tout leur assure un bon succès.
Tout le reste a la ressemblance ,
D'un Fleuve , qui tantôt s'écoule avec silence ,
Et tantôt furieux dans son débordement ,
Entraîne Arbres , Maisons , Rochers, Troupeaux,
Racines ;
Des Monts et des Forêts voisines
Excite le mugissement .
L'inquiétude et les allarmes.
De la vie aux Mortels -enlevent tous les charmes;
Heureux cent fois celui qu'elles n'ont point
vaincu ! .
Et qui toujours exempt d'une crainte effrenée ,
A la fin de chaque journée ,
Peut dire aujourd'hui j'ai vécu. :
Que du nuage le plus sombre ,
* Ville Capitale d'un Pays voisin de la Scyshie,
autrefois subjuguée par Cyrus .
Demain
so MERCURE DE FRANCE
Demain le Roi des Dieux sur nous répande
l'ombre ,
Qu'il fasse du Soleil triompher la clarté ;
Des accidens passez Jupiter n'est plus Maître ,
Et ce qu'une fois il fit être ,
Ne peut plus n'avoir pas été.
La Fortune aveugle et cruelle
Prend un plaisir malin à nous être infidelle ,
Aime à faire passer ses dons de main en main ;
Et tantôt ennemie et tantôt bienfaictrice ,
Selon les loix de son caprice ,
Change du soir au lendemain.
Tant qu'elle est ferme , je la loue ;
Mais dès qu'en s'envolant la perfide me joüe ,
Je lui rends volontiers ce qu'elle m'a prêté.
Des traits du désespoir ma vertu me délivre ,
Et je me tiens content de vivre
Dans une honnête pauvreté.
Sur le sein de l'Onde en colere ,
On ne me verra point , Suppliant , Mercenaire
Traiter avec le Ciel par mille voeux formez ,
Pour empêcher que l'or dont ma Barque ese
chargée ,
N'aille de l'inconstante Egée
Enrichir les Flots affamez.
Libre
JANVIER. 1734. st
Libre d'une telle manie ,
A l'aide d'un Esquif j'aurai soin de ma vie ;
Ma plus grande richesse et mon plus cher trésor
Et bornant tous mes voeux gagner le rivage ,
J'obtienderai ce doux avantage
Et de Pollux et de Castor.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence par ces mots : Thyrrhena Regum, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace adressée à Mécène. Le poète invite Mécène à fuir les plaisirs et les soucis de Rome pour un moment de détente et de simplicité. Il propose un repas modeste mais agréable, loin des richesses et des bruits de la ville. Le poète souligne que même les plus riches peuvent bénéficier d'un changement d'air et de table. Il décrit la chaleur accablante de l'été, affectant les bergers et les troupeaux, et contraste cela avec l'inquiétude constante de Mécène pour Rome. Le poète rappelle que l'avenir est incertain et que les soucis excessifs enlèvent les charmes de la vie. Il exprime son désir de vivre sans crainte, acceptant les caprices de la fortune. Il se déclare content de vivre dans une honnête pauvreté, libre des désirs excessifs. Enfin, il aspire à atteindre le rivage en toute sécurité, comme les dieux jumeaux Castor et Pollux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 199-202
IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence Qualem ministrum, &c.
Début :
Tel que le noble Oyseau, Ministre du Tonnere, [...]
Mots clefs :
Néron, Dieux, Horace
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence Qualem ministrum, &c.
IMITATION
De l'Ode d'Horace , qui commence
T
Qualem ministrum , &c .
El que le noble Oyseau , Ministre
du Tonnere ,
Que pour avoir ravi Ganimede
à la terre ,
Le Roy des Dieux fit Roy des habitans de l'air;
Quitte son nid , jaloux des forces paternelles ,
A ij
Et
200 MERCURE DE FRANCE
Et surpasse déja par l'effort de ses aîles,
Les paisiblés Zéphirs , successeurs de l'Hyver .
Bien-tôt l'expérience, augment ant son audace
Il va , fier ennemi d'une timide race ,
Jusqu'en leur Bergerie , attaquer les Agneaux ;
it bravant des Dragons la résistance vaine ,
Ose , pressé de faim , et transporté de haine
Leur livrer constamment les plus rudes assauts.
> Tel encor, que , sur soi , dans un Vallon
champêtre ,
Le Chevreuil occupé du soin de se repaître ,
A vû fondre un Lion , nouvellement sevré ,
Tel , au combat , donné près des Alpes altieres ,
Drusus , qu'accompagnoient mille vertus guer
rieres ,
Aux Vindéliciens , aux Rhetes s'est montré.
Leurs cruels Escadrons , jaloux de notre gloire,
Ayant long-temps volé de victoire en victoire
Vaincus par un jeune homme ont senti le pouvoir
3
D'un instinct vertueux qu'enrichit la culture ,
Et connu ce qu'ajoûte aux dons de la nature ,
Le soin que des Nerons , Auguste daigne avoir
Des forts naissent les forts ; la vigueur , le
Courage ,
Aux
FEVRIER. 1734. 201
Aux Coursiers, aux Taureaux passent en héritage,
L'Aigle n'engendre point un Ramier délicat ;
Mais un heureux exemple est ce qui vivifie ;
Toujours un coeur bien né par lui se fortifie ,
par lui la vertu conserve son éclat. Et
Rome, grace aux Nérons, tu subsistes encore;
Au vainqueur d'Asdrubal , défait près du Métaure
;
Tu dûs le premier jour de tes félicitez ,
Depuis qu'à la fureur joignant la perfidie ,
Tel qu'un vent orageux , ou tel qu'un incendie
Le superbe Affricain ravagent nos Citez .
Après ce jour heureux que nous fit luire Claude
,
La jeunesse Romaine , à la force , à la fraude ;
Sçut opposer des bras toujours victorieux ;
Et ceuillant de Lauriers les moissons les plus
amples ,
Sa vertu rétablit et le culte et les Temples ,
Que la rage Punique avoit ravis aux Dieux.
Le perfide Annibal , à cet aspect s'écrie ,
» C'est trop d'avides Loups ' provoquer la furie ,
Foibles Cerfs tant de fois vaincus et dispersez ;
» C'en est trop , c'en est trop , par une fuite
prompte ,
» D'une défaite entiere épargnons- nous la honte,
A iij Les ""
102 MERCURE DE FRANCE
» Les tromper en fuyant , c'est triompher assez-
Le Peuple , qui porta dans les Champs Italiques
Ses Enfans , ses Vieillards et ses Dieux domestiques
,
Sauvez des feux de Troye, et des flots de la Mer,
( Semblable au Chêne altier , qui , sur l'Algide
sombre ,
Jadis tondu , pullule en rejettons sans nombre )
Doit son accroissement aux outrages du fer.
L'Hydre fort de sa playe , étoit moins redoutable
:
Jamais Thebe ou Colchos n'eut un Monstre semblable
.
Qu'on le plonge dans l'Onde, il n'en sort que plus
beau ,
Proposer-lui la Lutte , il vous jette par terre ,
Et les femmes de ceux qui lui livrent la guerre ,
Chaque jour de pleurer ont un sujet nouveau.
C'est fait de notre honneur : Qu'esperer davans .
tage ?
Puisque Asdrubal est mort , que desormais Carthage
N'attende plus de moi de superbes Courriers ,
Aux forces des Nérons,tous succès sont possibles ,
Et Jupiter a mis , pour les rendre invincibles ,
Leur prudence au dessus de tout l'art des Gues
aiers.
F. M. F.
De l'Ode d'Horace , qui commence
T
Qualem ministrum , &c .
El que le noble Oyseau , Ministre
du Tonnere ,
Que pour avoir ravi Ganimede
à la terre ,
Le Roy des Dieux fit Roy des habitans de l'air;
Quitte son nid , jaloux des forces paternelles ,
A ij
Et
200 MERCURE DE FRANCE
Et surpasse déja par l'effort de ses aîles,
Les paisiblés Zéphirs , successeurs de l'Hyver .
Bien-tôt l'expérience, augment ant son audace
Il va , fier ennemi d'une timide race ,
Jusqu'en leur Bergerie , attaquer les Agneaux ;
it bravant des Dragons la résistance vaine ,
Ose , pressé de faim , et transporté de haine
Leur livrer constamment les plus rudes assauts.
> Tel encor, que , sur soi , dans un Vallon
champêtre ,
Le Chevreuil occupé du soin de se repaître ,
A vû fondre un Lion , nouvellement sevré ,
Tel , au combat , donné près des Alpes altieres ,
Drusus , qu'accompagnoient mille vertus guer
rieres ,
Aux Vindéliciens , aux Rhetes s'est montré.
Leurs cruels Escadrons , jaloux de notre gloire,
Ayant long-temps volé de victoire en victoire
Vaincus par un jeune homme ont senti le pouvoir
3
D'un instinct vertueux qu'enrichit la culture ,
Et connu ce qu'ajoûte aux dons de la nature ,
Le soin que des Nerons , Auguste daigne avoir
Des forts naissent les forts ; la vigueur , le
Courage ,
Aux
FEVRIER. 1734. 201
Aux Coursiers, aux Taureaux passent en héritage,
L'Aigle n'engendre point un Ramier délicat ;
Mais un heureux exemple est ce qui vivifie ;
Toujours un coeur bien né par lui se fortifie ,
par lui la vertu conserve son éclat. Et
Rome, grace aux Nérons, tu subsistes encore;
Au vainqueur d'Asdrubal , défait près du Métaure
;
Tu dûs le premier jour de tes félicitez ,
Depuis qu'à la fureur joignant la perfidie ,
Tel qu'un vent orageux , ou tel qu'un incendie
Le superbe Affricain ravagent nos Citez .
Après ce jour heureux que nous fit luire Claude
,
La jeunesse Romaine , à la force , à la fraude ;
Sçut opposer des bras toujours victorieux ;
Et ceuillant de Lauriers les moissons les plus
amples ,
Sa vertu rétablit et le culte et les Temples ,
Que la rage Punique avoit ravis aux Dieux.
Le perfide Annibal , à cet aspect s'écrie ,
» C'est trop d'avides Loups ' provoquer la furie ,
Foibles Cerfs tant de fois vaincus et dispersez ;
» C'en est trop , c'en est trop , par une fuite
prompte ,
» D'une défaite entiere épargnons- nous la honte,
A iij Les ""
102 MERCURE DE FRANCE
» Les tromper en fuyant , c'est triompher assez-
Le Peuple , qui porta dans les Champs Italiques
Ses Enfans , ses Vieillards et ses Dieux domestiques
,
Sauvez des feux de Troye, et des flots de la Mer,
( Semblable au Chêne altier , qui , sur l'Algide
sombre ,
Jadis tondu , pullule en rejettons sans nombre )
Doit son accroissement aux outrages du fer.
L'Hydre fort de sa playe , étoit moins redoutable
:
Jamais Thebe ou Colchos n'eut un Monstre semblable
.
Qu'on le plonge dans l'Onde, il n'en sort que plus
beau ,
Proposer-lui la Lutte , il vous jette par terre ,
Et les femmes de ceux qui lui livrent la guerre ,
Chaque jour de pleurer ont un sujet nouveau.
C'est fait de notre honneur : Qu'esperer davans .
tage ?
Puisque Asdrubal est mort , que desormais Carthage
N'attende plus de moi de superbes Courriers ,
Aux forces des Nérons,tous succès sont possibles ,
Et Jupiter a mis , pour les rendre invincibles ,
Leur prudence au dessus de tout l'art des Gues
aiers.
F. M. F.
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Résumé : IMITATION de l'Ode d'Horace, qui commence Qualem ministrum, &c.
Le texte imite une ode d'Horace et décrit la métamorphose d'un jeune aigle, comparé à Ganimède, qui quitte son nid et surpasse les Zéphyrs. L'aigle attaque les agneaux et brave les dragons, illustrant son audace croissante. Ce comportement est comparé à celui de Drusus, un jeune guerrier romain ayant vaincu les Vindéliciens et les Rhètes, démontrant que les forts naissent des forts. Le texte souligne que la vertu et le courage sont héréditaires et renforcés par l'exemple. Rome, sous des leaders comme Auguste et Claude, a résisté aux attaques d'Hannibal. Après la défaite d'Asdrubal près du Métaure, la jeunesse romaine a restauré la vertu et les temples. Hannibal, impressionné par la résilience romaine, reconnaît la futilité de continuer le combat. Le peuple romain, comparé à un chêne qui repousse après avoir été tondu, a su croître grâce aux épreuves. L'Hydre, symbole de Carthage, est décrit comme redoutable mais vaincue par la prudence et la force des Romains. Le texte se conclut par la certitude que, grâce à la prudence et à la force des Nérons, Rome est invincible.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 623-626
IMITATION De l'Ode d'Horace, qui commence : Mercuri, nam te docilis magistro, &c.
Début :
Mercure, inspire-moi ; docile à tes maximes, [...]
Mots clefs :
Horace, Mercure, Époux, Monstres, Dessein
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION De l'Ode d'Horace, qui commence : Mercuri, nam te docilis magistro, &c.
IMITATION
"
De l'Ode d'Horace , qui commences
Mercuri , nam te docilis magistro , &c.
M
Ercure , inspire-moi , docile à tes
maximes ,
Amphion ton Eleve eut jadis le
pouvoir
D'exciter par ses Chants , harmonieux, sublimes,
Les Rochers même à se mouvoir.
A ij
By
624 MERCURE DE FRANCE
Et toi , Lyre autrefois triste et presque muette ,
Mais dont on admira le charme séduisant ,
Aussi-tôt que ce Dieu , pour te rendre parfaite ,
De sept Cordes t'eut fait présent.
柒
Toi qui combles les coeurs d'un plaisir indicible,
A la Table des Grands , dans les Temples des
Dieux ,
Puisse la fiere Lyde être aujourd'hui sensible
A tes accords mélodieux .
Tu peux par leur douceur entraîner à ta suite
Les Monts et les Forêts , les Tygres et les Ours ;
Des Fleuves , des Ruisseaux les plus prompts dans
leur fuite ,
Tu sçais l'art d'enchaîner le cours.
M
Muni de trois gosiers , écumant de colere ,
Garde affreux d'un séjour aux Vivans interdit
Herissé de Serpens , le terrible Cerbere
A tes sons flateurs se rendit.
Ixion , Tityus , que leurs appas touche rent ,
Tressaillirent de joye au milieu des tourmens ,
Et des Brus d'Egyptus les Urnes se secherent ,
Immobiles quelques momens.
Qu'au
AVRIL. 1734 625
Qu'aujourd'hui Lyde écoute et leur crime perfide ,
Et la juste rigueur du châtiment divin
Qui les force à remplir un tonneau toujours
vuide ,
Et rend leur travail toujours vain.
Ces Monstres (que peut - on oser de plus atroce?)
Ces Monstres que le Ciel poursuit jusqu'aux Enfers
,
Oserent , ô noirceur ! ô cruauté féroce !
Perdre leurs Maris par le fer.
Pour conserver le sien , une entre autres insigne,
Trahissant noblement le dessein paternel ,
Du flambeau nuptial scule se montra digne ,
Et rendit son nom éternel.
諾
"Leve-toi , cher Epoux , d'un long sommeil ,
dit - elle ,
» Hâte- toi , malheureux , d'éviter les horreurs ,
Leve toi , trompe ainsi ton beau - pere infidele,
» Trompe ainsi mes barbares Soeurs .
» Hélas ! telles qu'on voit des Lionnes farouches
Déchirer les Agneaux dans leur ardent courroux
,
A iij >> Telles
626 MERCURE DE FRANCE
» Telles en ce moment elles soüillent leurs couches
ni
» Du sang de leurs jeunes Epoux.
» Ah ! je suis plus humaine , et j'ai trop de tendresse
,
-50
Pour pouvoir me résoudre à te percer le sein ;
Qui ! moi , trancher tes jours ! si j'en fis la
promesse ,
Je n'en eus jamais le dessein .
» Cher Epoux , que mon Pere en me chargeant
de chaînes ,
» Me punisse demain de t'avoir épargné :
" Qu'il m'éxile , s'il veut, dans les arides Plaines,
» Du climat le plus éloigné .
dérobe ta vie ,
Et par terre et par mer va ,
→ Á l'inhumanité d'un attentat affreux ;
La nuit te favorise et Venus t'y convie :
Va , fui sous un auspice heureux . "3
Adieu . Mais daigne au moins conserver la mémoire
,
De ma tendre pitié, de ma constante foi;
Daigne sur mon tombeau graver un jour l'histoire
,
).
De ce qu'ici je fais pour toi.
F. M , F.
"
De l'Ode d'Horace , qui commences
Mercuri , nam te docilis magistro , &c.
M
Ercure , inspire-moi , docile à tes
maximes ,
Amphion ton Eleve eut jadis le
pouvoir
D'exciter par ses Chants , harmonieux, sublimes,
Les Rochers même à se mouvoir.
A ij
By
624 MERCURE DE FRANCE
Et toi , Lyre autrefois triste et presque muette ,
Mais dont on admira le charme séduisant ,
Aussi-tôt que ce Dieu , pour te rendre parfaite ,
De sept Cordes t'eut fait présent.
柒
Toi qui combles les coeurs d'un plaisir indicible,
A la Table des Grands , dans les Temples des
Dieux ,
Puisse la fiere Lyde être aujourd'hui sensible
A tes accords mélodieux .
Tu peux par leur douceur entraîner à ta suite
Les Monts et les Forêts , les Tygres et les Ours ;
Des Fleuves , des Ruisseaux les plus prompts dans
leur fuite ,
Tu sçais l'art d'enchaîner le cours.
M
Muni de trois gosiers , écumant de colere ,
Garde affreux d'un séjour aux Vivans interdit
Herissé de Serpens , le terrible Cerbere
A tes sons flateurs se rendit.
Ixion , Tityus , que leurs appas touche rent ,
Tressaillirent de joye au milieu des tourmens ,
Et des Brus d'Egyptus les Urnes se secherent ,
Immobiles quelques momens.
Qu'au
AVRIL. 1734 625
Qu'aujourd'hui Lyde écoute et leur crime perfide ,
Et la juste rigueur du châtiment divin
Qui les force à remplir un tonneau toujours
vuide ,
Et rend leur travail toujours vain.
Ces Monstres (que peut - on oser de plus atroce?)
Ces Monstres que le Ciel poursuit jusqu'aux Enfers
,
Oserent , ô noirceur ! ô cruauté féroce !
Perdre leurs Maris par le fer.
Pour conserver le sien , une entre autres insigne,
Trahissant noblement le dessein paternel ,
Du flambeau nuptial scule se montra digne ,
Et rendit son nom éternel.
諾
"Leve-toi , cher Epoux , d'un long sommeil ,
dit - elle ,
» Hâte- toi , malheureux , d'éviter les horreurs ,
Leve toi , trompe ainsi ton beau - pere infidele,
» Trompe ainsi mes barbares Soeurs .
» Hélas ! telles qu'on voit des Lionnes farouches
Déchirer les Agneaux dans leur ardent courroux
,
A iij >> Telles
626 MERCURE DE FRANCE
» Telles en ce moment elles soüillent leurs couches
ni
» Du sang de leurs jeunes Epoux.
» Ah ! je suis plus humaine , et j'ai trop de tendresse
,
-50
Pour pouvoir me résoudre à te percer le sein ;
Qui ! moi , trancher tes jours ! si j'en fis la
promesse ,
Je n'en eus jamais le dessein .
» Cher Epoux , que mon Pere en me chargeant
de chaînes ,
» Me punisse demain de t'avoir épargné :
" Qu'il m'éxile , s'il veut, dans les arides Plaines,
» Du climat le plus éloigné .
dérobe ta vie ,
Et par terre et par mer va ,
→ Á l'inhumanité d'un attentat affreux ;
La nuit te favorise et Venus t'y convie :
Va , fui sous un auspice heureux . "3
Adieu . Mais daigne au moins conserver la mémoire
,
De ma tendre pitié, de ma constante foi;
Daigne sur mon tombeau graver un jour l'histoire
,
).
De ce qu'ici je fais pour toi.
F. M , F.
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Résumé : IMITATION De l'Ode d'Horace, qui commence : Mercuri, nam te docilis magistro, &c.
Le texte est une imitation de l'Ode d'Horace dédiée à Mercure, le dieu des arts et des voyageurs. Le poète sollicite l'inspiration de Mercure, évoquant Amphion, élève de Mercure, qui déplaçait les rochers par ses chants. Mercure a perfectionné la lyre en lui ajoutant sept cordes. Le poète souhaite que Lyde, une femme fière, soit sensible aux accords de la lyre. Cette lyre est décrite comme capable de déplacer les montagnes, les forêts, et même d'apaiser des créatures féroces comme les tigres et les ours. Elle ralentit le cours des fleuves et a apaisé Cerbère, le chien des Enfers, ainsi que des figures mythologiques telles qu'Ixion et Tityus. Le texte mentionne aussi les Danaïdes, condamnées à remplir un tonneau percé. Le poème se concentre ensuite sur Lyde, qui écoute les histoires de monstres ayant tué leurs maris. Une femme trahit le dessein paternel pour sauver son époux, préférant être punie par son père. Elle supplie son mari de fuir les horreurs et l'inhumanité de ses sœurs, lui demandant de se souvenir de sa tendresse et de graver cette histoire sur son tombeau.
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25
p. 33-36
LA LIBERTÉ, OU LA PARFAITE INDIFFÉRENCE. Imitation d'une Ode Italienne, de M. l'Abbé Métastase.
Début :
GRACE à ta perfidie, un amour malheureux [...]
Mots clefs :
Coeur, Yeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA LIBERTÉ, OU LA PARFAITE INDIFFÉRENCE. Imitation d'une Ode Italienne, de M. l'Abbé Métastase.
LA LIBERTÉ ,
O U
LA PARFAITE INDIFFÉRENCE.
Imitation d'une Ode Italienne , de M. l'Abbé
Métaftafe.
GRACE à ta perfidie , un amour malheureux
Ne livre plus mon ame au plus cruel martyre.
Les Dieux ont pris pitié de mon fort rigoureux :
Tes charmes pour mon coeur ne font plus dan
gereux ;
Et libre de ton joug , à la fin je reſpire .
Non , ce n'eft pas un fonge ; un dépit infenfé
Ne me déguiſe point une ardeur mal éteinte :
Vainement devant moi ton nom eft prononcé ;
Je l'entends fans allarme ; & ton afpect , Nicé ,
A ma tranquillité ne porte plus d'atteinte .
Je dors , & le fomineil ne m'offre point tes
traits :
Tu n'es plus cet objet qui m'occupoit fans ceffe ;
Ton abfence à mon coeur ne coute nuls regrets :
Je ne défire point de revoir tes attraits ;
Je les revois fans joie , ainsi que fans trifteffe.
Bv
34
MERCURE DE FRANCE .
D'aucun trouble , à tes yeux , les miens ne font
émus :
J'oppose à tes dédains une froideur extrême .
Tu t'approches de moi , fans me rendre confus :
Je puis , de ta beauté qui ne me touche plus ,
M'entretenir fans rifque avec mon rival même.
Parle- moi fiérement & d'un ton plein d'aigreur
;
Ou daigne m'honorer d'un regard , d'un ſourire :
Tout est égal pour moi , ta haine ou ta douceur.
Tes yeux ne fçavent plus le chemin de mon coeur;
Ta bouche fur mes fens n'a plus aucun empire.
Que je fois fatisfait , ou triſte déſormais ,
Ma joie ou mes ennuis ne font point ton ouvra
ge .
Je ne fuis plus tes pas dans le fond des forêts ;
Sur un côteau riant , loin de toi je me plais :
Je m'ennuie avec toi dans un féjour ſauvage.
1
Je fuis pourtant fincere. Oui , toujours t
verras
Ta beauté juftement attirer mon fuffrage :
Mais j'en fçais dont les yeux brillent de plus
d'appas ;
DECEMBRE . 1755 35
Et même ( que le vrai ne te révolte pas )
Je vois quelques défauts fur ton charmant vifage.
D'abord il m'en couta , je l'avoue ; & la mort
Me parut , en briſant une chaîne auffi rude ,
Devoir être le fruit d'un pénible effort ;
Mais pour redevenir le maître de fon fort ,
Que ne fait point un coeur las de fa fervitude
Pour fe débarraffer , l'oifeau pris au filet
De quelques plumes fait l'utile facrifice :
Bientôt il les recouvre , & rendu plus difcret
Il fçait fe garantir des piéges , qu'en fecret
Lui tend de l'Oifeleur l'impuiffant artifice.
Je jure fi fouvent que je ne t'aime plus ,
Que peut -être , Nicé , ta crois que je t'adore:
Non , ne t'en flate pas , mes liens font rompus ;
Mais après les dangers que le coeur a courus ,
L'efprit avec plaifir fe les retrace encore.
Ainfi par le guerrier fes faits font racontés ;
Des coups qu'il a reçus toujours il fait l'hiſtoire
Et cite les périls par fa valeur domptés :
B vj
36 MERCURE DE FRANCE.
Tel l'affranchi , des fers qu'il a long- tems portés
,
Se plaît à rappeller fans ceffe la mémoire .
Si je te parle donc , de ma flamme vainqueur ,
Ce n'eft plus pour te rendre un hommage fervile
;
C'est pour me contenter , pour braver ta rigueur ,
Et même fans daigner m'informer fi ton coeur
Eft , en fongeant au mien , inquiet ou tranquile.
En comparant ma perte à celle que tu fais ,
J'ignore qui des deux , Nicé , perd davantage :
Mais je fçais bien au moins , quelques foient tes
attraits ,
Qu'un amant tel que moi ne fe trouve jamais ,
Et qu'on trouve aifément une amante volage.
Par M ... G ... Dourx ...
O U
LA PARFAITE INDIFFÉRENCE.
Imitation d'une Ode Italienne , de M. l'Abbé
Métaftafe.
GRACE à ta perfidie , un amour malheureux
Ne livre plus mon ame au plus cruel martyre.
Les Dieux ont pris pitié de mon fort rigoureux :
Tes charmes pour mon coeur ne font plus dan
gereux ;
Et libre de ton joug , à la fin je reſpire .
Non , ce n'eft pas un fonge ; un dépit infenfé
Ne me déguiſe point une ardeur mal éteinte :
Vainement devant moi ton nom eft prononcé ;
Je l'entends fans allarme ; & ton afpect , Nicé ,
A ma tranquillité ne porte plus d'atteinte .
Je dors , & le fomineil ne m'offre point tes
traits :
Tu n'es plus cet objet qui m'occupoit fans ceffe ;
Ton abfence à mon coeur ne coute nuls regrets :
Je ne défire point de revoir tes attraits ;
Je les revois fans joie , ainsi que fans trifteffe.
Bv
34
MERCURE DE FRANCE .
D'aucun trouble , à tes yeux , les miens ne font
émus :
J'oppose à tes dédains une froideur extrême .
Tu t'approches de moi , fans me rendre confus :
Je puis , de ta beauté qui ne me touche plus ,
M'entretenir fans rifque avec mon rival même.
Parle- moi fiérement & d'un ton plein d'aigreur
;
Ou daigne m'honorer d'un regard , d'un ſourire :
Tout est égal pour moi , ta haine ou ta douceur.
Tes yeux ne fçavent plus le chemin de mon coeur;
Ta bouche fur mes fens n'a plus aucun empire.
Que je fois fatisfait , ou triſte déſormais ,
Ma joie ou mes ennuis ne font point ton ouvra
ge .
Je ne fuis plus tes pas dans le fond des forêts ;
Sur un côteau riant , loin de toi je me plais :
Je m'ennuie avec toi dans un féjour ſauvage.
1
Je fuis pourtant fincere. Oui , toujours t
verras
Ta beauté juftement attirer mon fuffrage :
Mais j'en fçais dont les yeux brillent de plus
d'appas ;
DECEMBRE . 1755 35
Et même ( que le vrai ne te révolte pas )
Je vois quelques défauts fur ton charmant vifage.
D'abord il m'en couta , je l'avoue ; & la mort
Me parut , en briſant une chaîne auffi rude ,
Devoir être le fruit d'un pénible effort ;
Mais pour redevenir le maître de fon fort ,
Que ne fait point un coeur las de fa fervitude
Pour fe débarraffer , l'oifeau pris au filet
De quelques plumes fait l'utile facrifice :
Bientôt il les recouvre , & rendu plus difcret
Il fçait fe garantir des piéges , qu'en fecret
Lui tend de l'Oifeleur l'impuiffant artifice.
Je jure fi fouvent que je ne t'aime plus ,
Que peut -être , Nicé , ta crois que je t'adore:
Non , ne t'en flate pas , mes liens font rompus ;
Mais après les dangers que le coeur a courus ,
L'efprit avec plaifir fe les retrace encore.
Ainfi par le guerrier fes faits font racontés ;
Des coups qu'il a reçus toujours il fait l'hiſtoire
Et cite les périls par fa valeur domptés :
B vj
36 MERCURE DE FRANCE.
Tel l'affranchi , des fers qu'il a long- tems portés
,
Se plaît à rappeller fans ceffe la mémoire .
Si je te parle donc , de ma flamme vainqueur ,
Ce n'eft plus pour te rendre un hommage fervile
;
C'est pour me contenter , pour braver ta rigueur ,
Et même fans daigner m'informer fi ton coeur
Eft , en fongeant au mien , inquiet ou tranquile.
En comparant ma perte à celle que tu fais ,
J'ignore qui des deux , Nicé , perd davantage :
Mais je fçais bien au moins , quelques foient tes
attraits ,
Qu'un amant tel que moi ne fe trouve jamais ,
Et qu'on trouve aifément une amante volage.
Par M ... G ... Dourx ...
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Résumé : LA LIBERTÉ, OU LA PARFAITE INDIFFÉRENCE. Imitation d'une Ode Italienne, de M. l'Abbé Métastase.
Le poème 'LA LIBERTÉ, OU LA PARFAITE INDIFFÉRENCE' est une imitation d'une ode italienne de l'Abbé Métastase. Le narrateur y exprime sa libération d'un amour malheureux pour une personne nommée Nicé. Il affirme que les charmes de Nicé ne le tourmentent plus et qu'il est désormais libre de son emprise. Il peut entendre le nom de Nicé sans alarme et sa présence ne trouble plus sa tranquillité. Le narrateur reconnaît la beauté de Nicé mais note avoir vu d'autres femmes plus attrayantes et quelques défauts sur son visage. Il compare sa libération à un oiseau se débarrassant de ses plumes pour échapper à un filet. Il jure qu'il ne l'aime plus, bien que les dangers passés du cœur puissent être rappelés avec plaisir. Le narrateur parle de sa victoire sur sa flamme non pour rendre hommage, mais pour se contenter et braver la rigueur de Nicé. Il conclut en se demandant qui des deux perd davantage, tout en sachant que les attraits de Nicé sont rares et qu'il est facile de trouver une amante volage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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