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1
p. 20-30
ODE A Mr D**. Sur les affaires de sa Famille.
Début :
Esprit né pour servir d'exemple [...]
Mots clefs :
Bonheur, Vice, Amitié, Malheur
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texteReconnaissance textuelle : ODE A Mr D**. Sur les affaires de sa Famille.
ODE5
AMe D * ».
Sur les affaires de fl
Famille.
Espritné pour servir d'exemple
Aux coeurs dela vertu touchez
Quisans guideà pu de fom
Temple
Penetrer les sentiers cachez,
CherD. quelle inquiétude
Tç fait une-
Des chagrins & de la douleur
Et Ministre de ton fuplicc
,
Pourquoy par un sombre
caprice
Veux-tu secondcr ton mak
heur.
Chasse cet cnnuy volontaire
Qui tiens ton esprit dans les
fers
Et que dans une ame vulgaire
Jettel'épreuve des revers
Fais teste au malheur qui
t'opprime
Qu'une esperance légitime,
Te munisse contre le sort
L'air fisle,une horrible tempeste
Aujourd'huy gronde sur ta
teste
Demain tu feras dans le
port
f!)2
Toujours la Mer n'est pas
en bute
Aux ravage des Aquillons
Toujours les torrens par
leur chûte
Ne désolent pas nos Va
lonsLes
disgraces désesperées
Et de nul espoir tempcrées
Sont affreuses à soutenir
Mais leur charge en moins.
importune
Lorsqu'on gémit d'une infortune
Qu'onest au point de voir"
finir
Un jour le
trou
ble qui te*
ronge
En un doux repos transfor1
me
Ne sera plus pour toy qu'un
songe
Que le réveil aura calméEspere
donc aveccourage
Sile Pilote craint l'orage
Quand Neptune cnchainc
les flots
L'espoir du calme le raflurc
Quand les vents & la nuë
obscure
Glacent le coeur des Matelots.
c Jesçay que l'homme le plus
Cage
Par les disgraces combatu-
Peut fouhaitterpour apanage.
La Fortune après la Vertu
Mais dans un bonheur ùns
mélange Souvent
Souvent cettevertusechange
En une honteuse langeur
Autour de l'aveugle richesse
Marrchuentdl'oergesüils&e.\x
,Qtlcfuit la dureté du coeur.
Non que ça' fagcffccndor-,
mie yl
,
Au temps de tes prosperitez
Eut besoin d'eîke r'affermie
Par de dutes
-
fatalitez
Ny que ta gloire peu fidel- lev.;
Eut jamais choisi pour modelle
Ce fol superbe
, & ténébreux
Qui gonfléd'une fiertébafse
N'a jamais eu d'autres difgraccs
Que de n'estre point malheux.
Mais si les maux & la tristesse
Nous font des secours super
flus
Quand des bornes de la fagesse
Les biens ne nous sont point
exclus
Ils nous fonc trouver plus
charmante
Nostre felicité presente
Comparéeau malheur passé
Et leur influence tragique
Reveille un bonheur létargique
Que rien n'a jamais traversé.
.PA*- SK
Ainsi que le cours des années
Se forme des jours & des
nuits
Le cercle de nos destinées
Est marqué de joye,&de
d'ennuys
Le Ciel par un ordre équitable
Rend l'un à l'autre profitable
Et dans ces inégalitez
Souvent lasagesse supr ême
Sçait tirer nostre bonheur
même
Du fein de nos calamitez
•
Moymêmea qui l'horreur
*du vice
Jadis, non sans temerité
Chargea la main encore novice
Du flambeau dela verité
Si contre mes rimes sinceres
J'ay vû de honteux aversaires
Lancer tant de traits inoüis ;
Loin de gémir de cet ou-
Peutestrtargeeje dois à leur ra.
S~
Toutlerepos dont je joüis.
Ê~k
A force d'exciter ma bile
Eux-mêmes l'ont fçu corriger
J'ay veu qu'il estoit plus facile
De souffrir, que de (e vanger
Et tel donc ma verve orageuse
Pour prix de sa haine outrageuse
Eut fait un sujet de pitié
Puni par un mépris paisible
Me laisse seulement sensible
Aux charmes de ton amitié.
AMe D * ».
Sur les affaires de fl
Famille.
Espritné pour servir d'exemple
Aux coeurs dela vertu touchez
Quisans guideà pu de fom
Temple
Penetrer les sentiers cachez,
CherD. quelle inquiétude
Tç fait une-
Des chagrins & de la douleur
Et Ministre de ton fuplicc
,
Pourquoy par un sombre
caprice
Veux-tu secondcr ton mak
heur.
Chasse cet cnnuy volontaire
Qui tiens ton esprit dans les
fers
Et que dans une ame vulgaire
Jettel'épreuve des revers
Fais teste au malheur qui
t'opprime
Qu'une esperance légitime,
Te munisse contre le sort
L'air fisle,une horrible tempeste
Aujourd'huy gronde sur ta
teste
Demain tu feras dans le
port
f!)2
Toujours la Mer n'est pas
en bute
Aux ravage des Aquillons
Toujours les torrens par
leur chûte
Ne désolent pas nos Va
lonsLes
disgraces désesperées
Et de nul espoir tempcrées
Sont affreuses à soutenir
Mais leur charge en moins.
importune
Lorsqu'on gémit d'une infortune
Qu'onest au point de voir"
finir
Un jour le
trou
ble qui te*
ronge
En un doux repos transfor1
me
Ne sera plus pour toy qu'un
songe
Que le réveil aura calméEspere
donc aveccourage
Sile Pilote craint l'orage
Quand Neptune cnchainc
les flots
L'espoir du calme le raflurc
Quand les vents & la nuë
obscure
Glacent le coeur des Matelots.
c Jesçay que l'homme le plus
Cage
Par les disgraces combatu-
Peut fouhaitterpour apanage.
La Fortune après la Vertu
Mais dans un bonheur ùns
mélange Souvent
Souvent cettevertusechange
En une honteuse langeur
Autour de l'aveugle richesse
Marrchuentdl'oergesüils&e.\x
,Qtlcfuit la dureté du coeur.
Non que ça' fagcffccndor-,
mie yl
,
Au temps de tes prosperitez
Eut besoin d'eîke r'affermie
Par de dutes
-
fatalitez
Ny que ta gloire peu fidel- lev.;
Eut jamais choisi pour modelle
Ce fol superbe
, & ténébreux
Qui gonfléd'une fiertébafse
N'a jamais eu d'autres difgraccs
Que de n'estre point malheux.
Mais si les maux & la tristesse
Nous font des secours super
flus
Quand des bornes de la fagesse
Les biens ne nous sont point
exclus
Ils nous fonc trouver plus
charmante
Nostre felicité presente
Comparéeau malheur passé
Et leur influence tragique
Reveille un bonheur létargique
Que rien n'a jamais traversé.
.PA*- SK
Ainsi que le cours des années
Se forme des jours & des
nuits
Le cercle de nos destinées
Est marqué de joye,&de
d'ennuys
Le Ciel par un ordre équitable
Rend l'un à l'autre profitable
Et dans ces inégalitez
Souvent lasagesse supr ême
Sçait tirer nostre bonheur
même
Du fein de nos calamitez
•
Moymêmea qui l'horreur
*du vice
Jadis, non sans temerité
Chargea la main encore novice
Du flambeau dela verité
Si contre mes rimes sinceres
J'ay vû de honteux aversaires
Lancer tant de traits inoüis ;
Loin de gémir de cet ou-
Peutestrtargeeje dois à leur ra.
S~
Toutlerepos dont je joüis.
Ê~k
A force d'exciter ma bile
Eux-mêmes l'ont fçu corriger
J'ay veu qu'il estoit plus facile
De souffrir, que de (e vanger
Et tel donc ma verve orageuse
Pour prix de sa haine outrageuse
Eut fait un sujet de pitié
Puni par un mépris paisible
Me laisse seulement sensible
Aux charmes de ton amitié.
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Résumé : ODE A Mr D**. Sur les affaires de sa Famille.
Le poème traite des épreuves de la vie et des moyens de les surmonter. Il commence par une réflexion sur les chagrins et la douleur, exhortant le lecteur à ne pas se laisser abattre par les malheurs. Les difficultés de la vie sont comparées à une tempête en mer, avec l'espoir d'un retour au calme même dans les moments les plus sombres. Le texte encourage à résister aux disgrâces et à trouver du courage dans l'espoir, malgré les vents et les nuages qui obscurcissent le cœur. Il met en garde contre les dangers de la richesse et du bonheur sans mélange, qui peuvent conduire à une langueur honteuse. Les maux et la tristesse sont présentés comme des secours supplémentaires, rendant la félicité présente plus charmante lorsqu'elle est comparée au malheur passé. Le poème conclut en soulignant que les destinées humaines sont marquées de joie et d'ennuis, et que la sagesse suprême sait tirer le bonheur même des calamités. L'auteur exprime sa gratitude envers ceux qui ont critiqué ses rimes sincères, car leurs attaques l'ont rendu plus fort et plus paisible. Il se réjouit de la fin de ces conflits et se déclare sensible uniquement aux charmes de l'amitié.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2631-2641
DISCOURS sur ces paroles : Le vice lui-même est forcé de rendre hommage à la vertu.
Début :
Il est si beau d'être vertueux, & la droite raison trouve la vertu si conforme [...]
Mots clefs :
Vice, Vertu, Hommes, Mérite, Force, Vertueux, Ennemi, Hommage, Sentiments, Aveugle, Yeux
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texteReconnaissance textuelle : DISCOURS sur ces paroles : Le vice lui-même est forcé de rendre hommage à la vertu.
DISCOURS fur ces paroles Le
vice lui-même eft forcé de rendre hom
à la vertu.
mage
Left fi beau d'être vertueux , & la
I droite raifon trouve la vertu fi conforme
à fes premieres idées , qu'il n'y a
pas de quoi s'étonner fi les hommes dans
Tous les âges ont, à l'envi , fouhaité ou affecté
d'être vertueux , & s'ils ont accor
dé à la vertu les plus grands éloges..
L'amour de l'eftime & de la gloire, qui
remue avec tant d'empire & de fuccès les
refforts du coeur de l'homme , l'a toujours
déterminé à chercher fa véritable
grandeur dans le fein de la vertu , où
d'un Phantôme qu'il a pris pour elle.
Dvj Peut I.Vol
2632 MERCURE DE FRANCE
Peut- être que ces hommages confondus
avec les intérêts de l'amour propre , ne:
furent pas affez purs ; mais quoique la
vertu pût en reprouver les intentions
& les motifs , ils ont fervi à publier &
à étendre fa gloire.
i
L'Univers entier a confpiré à relever
fon excellence ; & ceux qui ont ignoré
Dieu même , fe font fait un merite de
la connoître & de la pratiquer.
Les Sages , les Philofophes , les Poë
tes , les Orateurs , les Guerriers & les Politiques
, tous ont voulu être du nombre
de fes amis. Les Arts & les Sciences ont
épuisé leurs talens , ont employé leurs
plus belles couleurs pour la peindre dans
tout fon éclat . Au milieu de tant de
gloire & d'honneur acquis à la vertu , ce
qui la diſtingue effentiellement , c'eſt de
n'avoir jamais trouvé d'autre ennemi que
le vice. Soit envie , chagrin , ou confufion
de la part de cet ennemi , l'oppofi
tion qui regne entre l'aimable vertu , &
ce monftre hydeux fera toujours une
fource de guerre : mais telle eft la fin de
Piniquité , elle fe dément elle- même , &
les traits injurieux du vice ne fervent
qu'à relever la vertu. C'eft ainfi que
contre fon intention il forme , façonne ,
embélit de ces propres mains la Cou
ronne dont il doit ceindre fa tête . Plus-
1. Vola il
DECEMBRE. 1730 : 3633
tâche à la déprifer , plus il la rend aimable
& précieufe , fes fatyres , & fes
dédains font pour elle un Panégyrique.
Ecoutons- le parler , pénétrons fes fentimens
, étudions fes démarches , nous le
verrons par tout forcé de rendre hom
mage à la vertu..
Il n'y a qu'à fe déprévenir , qu'à fixer
le veritable fens , & la valeur des expreffions
dont le vice fe fert pour dégrader
la vertu : Si nous les examinons de près ,
nous trouverons qu'au fond ces vaines
déclamations ne portent que fur l'erreur
& l'aveuglement , qui eft l'apanage du
vice. Ingénieux à fe féduire , il fe forme:
de foles chimeres qu'il prend plaifir à
combattre ; ainfi rehauffe t- il d'autant
plus l'éclatde la veritable vertu , qu'il s'ef
force de groffir les traits dont il peint ces
monftres difformes , qu'il voudroit con--
fondre avec elle. Aveugle , s'il ne peut entierement
fe cacher à fa vive lumiere , il
en détourne ce refte de vûë ; & cherchant
ailleurs les feules apparences de la vertu ,
il penfe triompher , s'il en montre le
vuide. Funefte illufion ! Que n'eft- il per--
mis à l'humble vertu de vaincre fa mo
deftie , elle triompheróit bien glorieufement
à fon tour de cet ennemi obſtiné
à lui nuire : mais il eft une victoire , qui
lui eft plus chere. Bien - tôt cet ennemi
Is-Kobo avouera
1634 MERCURE DE FRANCE
;
avouëra fa défaite, & fera forcé de préparer
le fuperbe Triomphe où il fera traîné
captif. En effet , il fe combat lui -même
& releve la vertu par où il femble voufoir
la détruire.
Il n'apperçoit pas , dit- il , de vraie vertu,
ce ne font que des apparences vaines, une
imitation frivole , un foible crayon qu'il
découvre , au lieu de ce parfait original ;
de cette réalité effective qu'il fe croyoit
en droit de trouver. Qu'if combatte tant
qu'il voudra ces apparences frivoles, qu'il
démafque cette imitation hipocrite , qu'il
confonde ce crayon imparfait. Qu'a- t'elle
à craindre , l'innocente vertu ou plutôt
qu'elle gloire pour elle ; que fon ennemi
apprenne aux hommes à reconnoître fes
véritables traits : & à la diftinguer de ces
phantômes qui ne lui reflemblent que
pour la trahir ! Non le vice ne l'attaque
point ouvertement ; il y auroit trop à
perdre pour lui , & trop de honte à ´effuyer
, de combatre à vifage découvert
contre la vertu , elle qui eft feule aimable
, & qui merite d'être adorée de toute
la terre.
Les combats qu'il lui livre font bien
differens des combats ordinaires. C'eft
par fes éloges qu'il l'attaque , c'est par
les portraits outrez & chimériques qu'il
en fait , qu'il veut l'élever au deffus de la
I. Vol
portée
DECEMBRE. 1730. 2635
portée des hommes , & dégouter ainfi de
fa fuivre fes amis les plus paffionez.
Envain cette fille du ciel vient- elle habiter
parmi les hommes : envain ſe montre-
t- elle avec cette majefté , cette grandeur
, cette nobleffe qui lui eft propre::
envain vient elle étaler aux yeux des
mortels , cette heureufe fimplicité, cette
innocence pure , ce défintereffement genereux
, toutes les qualitez qui forment
fon caractere ; fi elle ne paroît feule , le
vice , par les impoftures , s'atttibuë tout
fon mérite ,
, pour faire difparoitre à nos
yeux fes attraits raviffans.
Ne craignons pas pourtant qu'il lui
faffe du tort ; il ne la méconnoit qu'à
force d'en relever le mérite , & d'en concevoir
de brillantes idées. Conduite , à la
verité , injurieuſe à l'homme vertueux ,
mais toujours glorieufe à la vertu ; il veut
qu'elle foit fans deffaut , qu'elle brille de
toutes parts ,fans obfcurité , fans nuage ;
c'eft peut-être le feul endroit , par où le
vice entretient encore quelque commerce
avec la verité & la lumiere. Il a fauvé du
naufrage de toutes les idées du jufte & du
vrai la feule notion de l'integrité de la
vertu ; refte bien honorable pour elle.
Livrons lui donc fans crainte les
deffauts des hommes vertueux ; avouons
lui , s'il le faut , que malgré leurs efforts,
I.Vol.
ils
2636 MERCURE DE FRANCE
Ils ne peuvent point fe garantir de quelqu'une
de fes atteintes. Nous fçaurons
Bien-tôt les deffendré de ces réproches ;
mais qu'il foit forcé , ce perfécuteur in
jufte , de rendre hommage à la vraie
vertu , dont les deffauts des hommes ne
fçauroient jamais ternir l'éclat nila beauté.
Que dis-je , ne le rend- il pas cet hom-.
mage ? & puifque par tout où il recon →
noit fon empire , il dédaigne de retrouver
la vertu . N'avoue- t-il pas qu'elle lui
eft toujours contraire , & que l'augufte'
privilege dont elle joüit , c'eſt de ne pouvoir
jamais fouffrir aucun commerce , ni
aucune liaiſon avec lui.
Pénétrons encore'fes fentimens en faveur
de la vertu ; ils vont plus loin que
fes paroles ; & cet hommage , tout muet
qu'il eft , ne releve pas ſeulement la verta ,
il honore encore infiniment les hommes
vertueux .
Faifons au vice , pour un inftant , la
plus grande grace que nous puiffions lui
faire ; donnons- lui un peu de bonne foi
& de candeur. Qu'il mette au jour fes
fentimens les plus intimes. Amateurs de
la vertu , voici votre éloge , & un éloge
qui n'eft point flaté . Déja j'apperçois au
fond de fon coeur ce fentiment gravé en¹
caracteres inéfaçables : VOUS ESTES PLUS
JUSTE QUE MOY. La haine , le dépit , l'en--
J. Volo vie
DECEMBRE. 1730. 2637
vie , la jaloufie , n'ont pû étouffer ce cri
interieur. Qu'il eft doux à la vertu & à
fes Partifans , de trouver dans le fein du
vice , de quoi le faire rougir , & fans infulter
à fon impuiffante malice , de quoi
le confondre par un fimple regard.
,
Telle eft cependant la fituation du vice
& de fes efclaves , ils ont beau affecter une
contenance affurée un air content &
tranquille ; on les approfondit , & plus
on les penetre, plus on découvre que s'ils
font capables de tromper, ils ne trompent
pas long- temps , leur gêne & leur contrainte
les trahit.
Paroiffes ici , hommes vicieux , & fouf
frez qu'on voye ce qui fe paffe dans le
fond de votre ame. Eft -il vrai que vous
n'eftimés pas la vertu , & que fes Amateurs
font l'objet de vos mépris , comme
ils le font quelquefois
de vos railleries &
de vos infultes Sçavez -vous bien accor
der vos fentimens
avec vos difcours ?
Quelle contradiction
étrange ! Ils fe fati
guent , ils fuent , ils s'expofent , fe facrifient
pour leurs paffions ; fouvent tout les
contredit , & jamais rien ne les rebute ;
chargés de mille chaînes qui les captivent,
ils perdentleur liberté : n'importe ; habiles
à charmer leur aveugle fureur , ils lui
donnent les noms les plus honorables
;
habileté , grandeur d'ame , nobleffe de
I Vol . coeur
2638 MERCURE DE FRANCÉ
coeur ; eft-il rien qui l'égale ! Mais qu'it
eft douloureux pour eux de ne pouvoir
faire taire une voix importune & fecrete
qui leur rappelle les charmes de l'aima-
Ble vertu, de cette précieuſe indépendan→
ce que la feule vertu donne ! On peut
s'agiter , s'étourdir , détourner les yeux
de ce port , d'où l'on s'eft éloigné par
une fole & aveugle conduite ; mais malgré
foy le coeur y rappelle : tels que dans
ces torrens rapides qui ravagent tout ce
qui s'oppofe à leur courſe , on voit fe
former des tourbillons , où les eaux fe
tournant vers leur fource , femblent fe
repentir de leur violence & porter envie
à la noble tranquillité de ces Fleuves bien
faifants & paifibles , qui répandent par
tout & la fertilité & l'abondance.
L'ambitieux , efclave de fa fortune , facrifie
inutilemment à cette Divinité inconſtante
& aveugle , fon repos & fa vie .
Que ne va-t'il chercher dans la modération
de la vertu , un bonheur qu'il cherche
vainement ailleurs ? bonheur qu'il
apperçoit , qu'il eftime , qu'il honore &
qu'il ne peut fe déterminer de gouter en
paix.
Trifte condition de l'homme vicieux !
toujours contraint de fe fuir lui- même,
d'être toujours en guerre avec fa propre
confcience , & de n'en pouvoir fouf-
I. Vol. frir
DECEMBRE. 1730. 2639
frir le regard critique. C'eft l'hommage
le plus honorable que le vice puiffe fendre
à la vertu , qui en tout bien differente
de lui , s'enveloppe de fon propre mérite ,
& fans courir de dangers , ni effuyer de
fatigues , fans traverſer les mers , ni franchir
les montagnes pour acquerir du relief
, pour fixer fur elle les regards des
hommes , fçait captiver leur eftime ; &
par la même force le vice à fe revêtir
du moins de fes apparences pour fe fau
ver de l'opprobre qui lui eft dû.
Hommage public & intereffant pour
elle. Oui , le vice dont le pouvoir eſt ſi
étendu & fi defpotique , emprunte les
dehors & les démarches de la vertu pour
affermir fon empire.
Ici naît le penible embarras où nous
nous trouvons , lorfqu'il s'agit de diftin
guer au vrai la vertu folide du vice tra
vefti. Tout est égal à nos yeux dans l'un
& dans l'autre. La vertu ne fçauroit faire
un gefte que le vice ne prétende fe rendre
propre, & qu'il ne fçache imiter . Pourroit-
il mieux faire connoître qu'il en fent
le mérite , que de n'ofer fe produire que
fous ces dehors empruntez.
Ne diſons rien de ces Monftres d'iniquité
que le vice met au jour , Monſtres
dont il rougit & qu'il defavoûë ; laiffons
part ces horribles, forfaits que le Soà
I. Vol leil
2640 MERCURE DE FRANCE
leil n'éclaire qu'à regret. Il eft un autre
vice , pour ainfi dire , civilifé , qu'on ne
diftingue de la vertu que par l'intention
qui le fait agir & par les projets qui l'occupent
, c'eft ce vice ainfi déguifé qui
tend hommage à la vertu en fe cachant
fous la vettu même.
Voyez-vous cet homme affable , gracieux
, prévenant ; remarquez cet air em
preffé à vous fervir , cette modeftie dans
fes prétentions , ce dégagement de fes
propres interêts. Ne diriez-vous pas que
c'eft la feule vertu qui le guide ? Non , on
ne s'y trompe plus ; on le laiffe faire , H
cherche à s'élever en fe rabaiffant ; bientôt
, fi la fortune le favorife , il fçait fe
dédommager de tous les facrifices que fa
paffion lui coûte , & on le voit confacrer
au vice les récompenfes de la vertu.
Tout le monde le fçait , & le vice ne
l'ignore pas . La feule vertu a droit de
plaire , elle feule mérite d'être avoiiée de
l'homme né pour être vertueux. Ainfi à
quelque prix que ce foit il faut être vertueux
ou le paroître , fi l'on cherche à
regner dans l'efprit & le coeur des hommes.
Et qui eft- ce qui ne le cherche pas ?
Neceffité indifpenfable aux vicieux mêmes
, & de- là cet hommage forcé que le
vice rend à la vertu ; mais en eft- il moins
glorieux pour elle ?
I. Vol:
DECEMBRE . 1730. 2641
Il n'eft donc plus de prétexte qui autorife
l'homme à ne pas fe ranger du parti de
la vertu . Mille raifons concourent à
prouver fon mérite . Son feul ennemi . le
vice eft forcé de lui rendre hommage. Les
difcours , les fentimens , les oeuvres de
cet ennemi dépofent en fa faveur . Pourquoi
faut-il que nous méconnoiffions nos
vrais interêts ? notre veritable bonheur?
notre folide gloire ?
Videbunt recti & lætabuntur & omnis
iniquitas oppilabit os fuum, Pfal . 106. v. 429
vice lui-même eft forcé de rendre hom
à la vertu.
mage
Left fi beau d'être vertueux , & la
I droite raifon trouve la vertu fi conforme
à fes premieres idées , qu'il n'y a
pas de quoi s'étonner fi les hommes dans
Tous les âges ont, à l'envi , fouhaité ou affecté
d'être vertueux , & s'ils ont accor
dé à la vertu les plus grands éloges..
L'amour de l'eftime & de la gloire, qui
remue avec tant d'empire & de fuccès les
refforts du coeur de l'homme , l'a toujours
déterminé à chercher fa véritable
grandeur dans le fein de la vertu , où
d'un Phantôme qu'il a pris pour elle.
Dvj Peut I.Vol
2632 MERCURE DE FRANCE
Peut- être que ces hommages confondus
avec les intérêts de l'amour propre , ne:
furent pas affez purs ; mais quoique la
vertu pût en reprouver les intentions
& les motifs , ils ont fervi à publier &
à étendre fa gloire.
i
L'Univers entier a confpiré à relever
fon excellence ; & ceux qui ont ignoré
Dieu même , fe font fait un merite de
la connoître & de la pratiquer.
Les Sages , les Philofophes , les Poë
tes , les Orateurs , les Guerriers & les Politiques
, tous ont voulu être du nombre
de fes amis. Les Arts & les Sciences ont
épuisé leurs talens , ont employé leurs
plus belles couleurs pour la peindre dans
tout fon éclat . Au milieu de tant de
gloire & d'honneur acquis à la vertu , ce
qui la diſtingue effentiellement , c'eſt de
n'avoir jamais trouvé d'autre ennemi que
le vice. Soit envie , chagrin , ou confufion
de la part de cet ennemi , l'oppofi
tion qui regne entre l'aimable vertu , &
ce monftre hydeux fera toujours une
fource de guerre : mais telle eft la fin de
Piniquité , elle fe dément elle- même , &
les traits injurieux du vice ne fervent
qu'à relever la vertu. C'eft ainfi que
contre fon intention il forme , façonne ,
embélit de ces propres mains la Cou
ronne dont il doit ceindre fa tête . Plus-
1. Vola il
DECEMBRE. 1730 : 3633
tâche à la déprifer , plus il la rend aimable
& précieufe , fes fatyres , & fes
dédains font pour elle un Panégyrique.
Ecoutons- le parler , pénétrons fes fentimens
, étudions fes démarches , nous le
verrons par tout forcé de rendre hom
mage à la vertu..
Il n'y a qu'à fe déprévenir , qu'à fixer
le veritable fens , & la valeur des expreffions
dont le vice fe fert pour dégrader
la vertu : Si nous les examinons de près ,
nous trouverons qu'au fond ces vaines
déclamations ne portent que fur l'erreur
& l'aveuglement , qui eft l'apanage du
vice. Ingénieux à fe féduire , il fe forme:
de foles chimeres qu'il prend plaifir à
combattre ; ainfi rehauffe t- il d'autant
plus l'éclatde la veritable vertu , qu'il s'ef
force de groffir les traits dont il peint ces
monftres difformes , qu'il voudroit con--
fondre avec elle. Aveugle , s'il ne peut entierement
fe cacher à fa vive lumiere , il
en détourne ce refte de vûë ; & cherchant
ailleurs les feules apparences de la vertu ,
il penfe triompher , s'il en montre le
vuide. Funefte illufion ! Que n'eft- il per--
mis à l'humble vertu de vaincre fa mo
deftie , elle triompheróit bien glorieufement
à fon tour de cet ennemi obſtiné
à lui nuire : mais il eft une victoire , qui
lui eft plus chere. Bien - tôt cet ennemi
Is-Kobo avouera
1634 MERCURE DE FRANCE
;
avouëra fa défaite, & fera forcé de préparer
le fuperbe Triomphe où il fera traîné
captif. En effet , il fe combat lui -même
& releve la vertu par où il femble voufoir
la détruire.
Il n'apperçoit pas , dit- il , de vraie vertu,
ce ne font que des apparences vaines, une
imitation frivole , un foible crayon qu'il
découvre , au lieu de ce parfait original ;
de cette réalité effective qu'il fe croyoit
en droit de trouver. Qu'if combatte tant
qu'il voudra ces apparences frivoles, qu'il
démafque cette imitation hipocrite , qu'il
confonde ce crayon imparfait. Qu'a- t'elle
à craindre , l'innocente vertu ou plutôt
qu'elle gloire pour elle ; que fon ennemi
apprenne aux hommes à reconnoître fes
véritables traits : & à la diftinguer de ces
phantômes qui ne lui reflemblent que
pour la trahir ! Non le vice ne l'attaque
point ouvertement ; il y auroit trop à
perdre pour lui , & trop de honte à ´effuyer
, de combatre à vifage découvert
contre la vertu , elle qui eft feule aimable
, & qui merite d'être adorée de toute
la terre.
Les combats qu'il lui livre font bien
differens des combats ordinaires. C'eft
par fes éloges qu'il l'attaque , c'est par
les portraits outrez & chimériques qu'il
en fait , qu'il veut l'élever au deffus de la
I. Vol
portée
DECEMBRE. 1730. 2635
portée des hommes , & dégouter ainfi de
fa fuivre fes amis les plus paffionez.
Envain cette fille du ciel vient- elle habiter
parmi les hommes : envain ſe montre-
t- elle avec cette majefté , cette grandeur
, cette nobleffe qui lui eft propre::
envain vient elle étaler aux yeux des
mortels , cette heureufe fimplicité, cette
innocence pure , ce défintereffement genereux
, toutes les qualitez qui forment
fon caractere ; fi elle ne paroît feule , le
vice , par les impoftures , s'atttibuë tout
fon mérite ,
, pour faire difparoitre à nos
yeux fes attraits raviffans.
Ne craignons pas pourtant qu'il lui
faffe du tort ; il ne la méconnoit qu'à
force d'en relever le mérite , & d'en concevoir
de brillantes idées. Conduite , à la
verité , injurieuſe à l'homme vertueux ,
mais toujours glorieufe à la vertu ; il veut
qu'elle foit fans deffaut , qu'elle brille de
toutes parts ,fans obfcurité , fans nuage ;
c'eft peut-être le feul endroit , par où le
vice entretient encore quelque commerce
avec la verité & la lumiere. Il a fauvé du
naufrage de toutes les idées du jufte & du
vrai la feule notion de l'integrité de la
vertu ; refte bien honorable pour elle.
Livrons lui donc fans crainte les
deffauts des hommes vertueux ; avouons
lui , s'il le faut , que malgré leurs efforts,
I.Vol.
ils
2636 MERCURE DE FRANCE
Ils ne peuvent point fe garantir de quelqu'une
de fes atteintes. Nous fçaurons
Bien-tôt les deffendré de ces réproches ;
mais qu'il foit forcé , ce perfécuteur in
jufte , de rendre hommage à la vraie
vertu , dont les deffauts des hommes ne
fçauroient jamais ternir l'éclat nila beauté.
Que dis-je , ne le rend- il pas cet hom-.
mage ? & puifque par tout où il recon →
noit fon empire , il dédaigne de retrouver
la vertu . N'avoue- t-il pas qu'elle lui
eft toujours contraire , & que l'augufte'
privilege dont elle joüit , c'eſt de ne pouvoir
jamais fouffrir aucun commerce , ni
aucune liaiſon avec lui.
Pénétrons encore'fes fentimens en faveur
de la vertu ; ils vont plus loin que
fes paroles ; & cet hommage , tout muet
qu'il eft , ne releve pas ſeulement la verta ,
il honore encore infiniment les hommes
vertueux .
Faifons au vice , pour un inftant , la
plus grande grace que nous puiffions lui
faire ; donnons- lui un peu de bonne foi
& de candeur. Qu'il mette au jour fes
fentimens les plus intimes. Amateurs de
la vertu , voici votre éloge , & un éloge
qui n'eft point flaté . Déja j'apperçois au
fond de fon coeur ce fentiment gravé en¹
caracteres inéfaçables : VOUS ESTES PLUS
JUSTE QUE MOY. La haine , le dépit , l'en--
J. Volo vie
DECEMBRE. 1730. 2637
vie , la jaloufie , n'ont pû étouffer ce cri
interieur. Qu'il eft doux à la vertu & à
fes Partifans , de trouver dans le fein du
vice , de quoi le faire rougir , & fans infulter
à fon impuiffante malice , de quoi
le confondre par un fimple regard.
,
Telle eft cependant la fituation du vice
& de fes efclaves , ils ont beau affecter une
contenance affurée un air content &
tranquille ; on les approfondit , & plus
on les penetre, plus on découvre que s'ils
font capables de tromper, ils ne trompent
pas long- temps , leur gêne & leur contrainte
les trahit.
Paroiffes ici , hommes vicieux , & fouf
frez qu'on voye ce qui fe paffe dans le
fond de votre ame. Eft -il vrai que vous
n'eftimés pas la vertu , & que fes Amateurs
font l'objet de vos mépris , comme
ils le font quelquefois
de vos railleries &
de vos infultes Sçavez -vous bien accor
der vos fentimens
avec vos difcours ?
Quelle contradiction
étrange ! Ils fe fati
guent , ils fuent , ils s'expofent , fe facrifient
pour leurs paffions ; fouvent tout les
contredit , & jamais rien ne les rebute ;
chargés de mille chaînes qui les captivent,
ils perdentleur liberté : n'importe ; habiles
à charmer leur aveugle fureur , ils lui
donnent les noms les plus honorables
;
habileté , grandeur d'ame , nobleffe de
I Vol . coeur
2638 MERCURE DE FRANCÉ
coeur ; eft-il rien qui l'égale ! Mais qu'it
eft douloureux pour eux de ne pouvoir
faire taire une voix importune & fecrete
qui leur rappelle les charmes de l'aima-
Ble vertu, de cette précieuſe indépendan→
ce que la feule vertu donne ! On peut
s'agiter , s'étourdir , détourner les yeux
de ce port , d'où l'on s'eft éloigné par
une fole & aveugle conduite ; mais malgré
foy le coeur y rappelle : tels que dans
ces torrens rapides qui ravagent tout ce
qui s'oppofe à leur courſe , on voit fe
former des tourbillons , où les eaux fe
tournant vers leur fource , femblent fe
repentir de leur violence & porter envie
à la noble tranquillité de ces Fleuves bien
faifants & paifibles , qui répandent par
tout & la fertilité & l'abondance.
L'ambitieux , efclave de fa fortune , facrifie
inutilemment à cette Divinité inconſtante
& aveugle , fon repos & fa vie .
Que ne va-t'il chercher dans la modération
de la vertu , un bonheur qu'il cherche
vainement ailleurs ? bonheur qu'il
apperçoit , qu'il eftime , qu'il honore &
qu'il ne peut fe déterminer de gouter en
paix.
Trifte condition de l'homme vicieux !
toujours contraint de fe fuir lui- même,
d'être toujours en guerre avec fa propre
confcience , & de n'en pouvoir fouf-
I. Vol. frir
DECEMBRE. 1730. 2639
frir le regard critique. C'eft l'hommage
le plus honorable que le vice puiffe fendre
à la vertu , qui en tout bien differente
de lui , s'enveloppe de fon propre mérite ,
& fans courir de dangers , ni effuyer de
fatigues , fans traverſer les mers , ni franchir
les montagnes pour acquerir du relief
, pour fixer fur elle les regards des
hommes , fçait captiver leur eftime ; &
par la même force le vice à fe revêtir
du moins de fes apparences pour fe fau
ver de l'opprobre qui lui eft dû.
Hommage public & intereffant pour
elle. Oui , le vice dont le pouvoir eſt ſi
étendu & fi defpotique , emprunte les
dehors & les démarches de la vertu pour
affermir fon empire.
Ici naît le penible embarras où nous
nous trouvons , lorfqu'il s'agit de diftin
guer au vrai la vertu folide du vice tra
vefti. Tout est égal à nos yeux dans l'un
& dans l'autre. La vertu ne fçauroit faire
un gefte que le vice ne prétende fe rendre
propre, & qu'il ne fçache imiter . Pourroit-
il mieux faire connoître qu'il en fent
le mérite , que de n'ofer fe produire que
fous ces dehors empruntez.
Ne diſons rien de ces Monftres d'iniquité
que le vice met au jour , Monſtres
dont il rougit & qu'il defavoûë ; laiffons
part ces horribles, forfaits que le Soà
I. Vol leil
2640 MERCURE DE FRANCE
leil n'éclaire qu'à regret. Il eft un autre
vice , pour ainfi dire , civilifé , qu'on ne
diftingue de la vertu que par l'intention
qui le fait agir & par les projets qui l'occupent
, c'eft ce vice ainfi déguifé qui
tend hommage à la vertu en fe cachant
fous la vettu même.
Voyez-vous cet homme affable , gracieux
, prévenant ; remarquez cet air em
preffé à vous fervir , cette modeftie dans
fes prétentions , ce dégagement de fes
propres interêts. Ne diriez-vous pas que
c'eft la feule vertu qui le guide ? Non , on
ne s'y trompe plus ; on le laiffe faire , H
cherche à s'élever en fe rabaiffant ; bientôt
, fi la fortune le favorife , il fçait fe
dédommager de tous les facrifices que fa
paffion lui coûte , & on le voit confacrer
au vice les récompenfes de la vertu.
Tout le monde le fçait , & le vice ne
l'ignore pas . La feule vertu a droit de
plaire , elle feule mérite d'être avoiiée de
l'homme né pour être vertueux. Ainfi à
quelque prix que ce foit il faut être vertueux
ou le paroître , fi l'on cherche à
regner dans l'efprit & le coeur des hommes.
Et qui eft- ce qui ne le cherche pas ?
Neceffité indifpenfable aux vicieux mêmes
, & de- là cet hommage forcé que le
vice rend à la vertu ; mais en eft- il moins
glorieux pour elle ?
I. Vol:
DECEMBRE . 1730. 2641
Il n'eft donc plus de prétexte qui autorife
l'homme à ne pas fe ranger du parti de
la vertu . Mille raifons concourent à
prouver fon mérite . Son feul ennemi . le
vice eft forcé de lui rendre hommage. Les
difcours , les fentimens , les oeuvres de
cet ennemi dépofent en fa faveur . Pourquoi
faut-il que nous méconnoiffions nos
vrais interêts ? notre veritable bonheur?
notre folide gloire ?
Videbunt recti & lætabuntur & omnis
iniquitas oppilabit os fuum, Pfal . 106. v. 429
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Résumé : DISCOURS sur ces paroles : Le vice lui-même est forcé de rendre hommage à la vertu.
Le discours met en avant la supériorité de la vertu sur le vice. La vertu est décrite comme intrinsèquement belle et conforme à la raison, ce qui explique pourquoi elle a été aspirée et louée par les hommes de tous les âges. L'amour de l'estime et de la gloire pousse les individus à rechercher la véritable grandeur dans la vertu, bien que leurs motivations puissent parfois être mêlées à l'amour-propre. Le vice, malgré ses tentatives de dénigrer la vertu, ne fait que la magnifier. Les arts, les sciences, les sages, les philosophes, les poètes, les orateurs, les guerriers et les politiques ont tous célébré la vertu. En s'opposant à la vertu, le vice ne fait que renforcer son éclat. Les attaques du vice contre la vertu se retournent contre lui-même, car elles mettent en lumière les qualités de la vertu. Le vice, aveuglé par son propre aveuglement, ne peut cacher la lumière de la vertu. Il est forcé de reconnaître la supériorité de la vertu, même s'il essaie de la déprécier. Les hommes vicieux, malgré leurs efforts pour se déguiser en vertueux, finissent par révéler leur véritable nature. La vertu, par sa simplicité et son innocence, reste inébranlable et mérite d'être adorée. Le texte conclut en affirmant que la vertu est indispensable pour le bonheur et la gloire des hommes. Même le vice, malgré ses efforts pour la dénigrer, est forcé de lui rendre hommage. Il n'y a donc aucune excuse pour ne pas embrasser la vertu, car elle est la seule voie vers le véritable bonheur et la gloire.
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3
p. 805-806
A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Début :
Au milieu des travaux, où brille ta prudence, [...]
Mots clefs :
Lynx, Prudence, Simplicité, Vertu, Larcins, Vice, Sphynx, Vigilance , Équité
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texteReconnaissance textuelle : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
A M. HERAULT,
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
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Résumé : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Le texte est une fable dédiée à M. Hérault, conseiller d'État et lieutenant général de police. L'auteur sollicite son attention pour lui présenter une fable. Cette fable relate comment une forêt, autrefois paisible, fut perturbée par le vice, entraînant des larcins, des meurtres, des trahisons et des brigandages. Indigné par ces actes, le sultan Lyon décida d'y mettre fin. Il choisit un lynx, symbole de vigilance et d'équité, pour rétablir l'ordre. Grâce à la vigilance du lynx, la forêt retrouva la tranquillité, permettant aux animaux innocents de vivre sans crainte. L'auteur compare Hérault au lynx, soulignant que, comme ce dernier, Hérault veille sur Paris et y maintient l'ordre et la justice.
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4
p. 2580-2581
LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
Début :
Jaloux de la Lueur féconde, [...]
Mots clefs :
Fable, Intendant, La Tour, Nuages, Rayons, Vice, Lieux, Nuages, Soleil
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texteReconnaissance textuelle : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
LE SOLEIL ET LES NUAGES.
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
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Résumé : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
La fable 'Le Soleil et les Nuages' relate la tentative des nuages de se liguer contre le soleil pour obscurcir ses rayons. Ils se rassemblèrent en masse pour former des obstacles, mais leurs efforts échouèrent. Certains nuages éclatèrent, d'autres fondirent, et les autres furent dispersés par le vent. Cette fable illustre que le vice et ses partisans tentent d'opprimer la vertu, mais la vérité finit toujours par triompher. Le texte loue également l'intendant de Bretagne pour son mérite, sa probité, et son esprit humain et équitable. L'auteur adresse cette fable à l'intendant, suggérant qu'il est particulièrement apte à en comprendre le sens.
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