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p. 1-38
LE BON MEDECIN, HISTORIETTE.
Début :
L'Esté dernier un riche Bourgeois de Paris alla faire [...]
Mots clefs :
Médecin, Amant, Amour, Dame, Mariage, Mari, Fille, Maladie, Malade, Désespoir, Enceinte, Rupture, Femme grosse, Colère, Rouen, Paris, Père
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texteReconnaissance textuelle : LE BON MEDECIN, HISTORIETTE.
ieJnt7iue1rnetMçoiéiimsdoainreslseuyrumnoeavanture,
je vrJudroü
pour l'amour du Lecteur,
quellefût-inotos verita-
,
ble (f'plw jolie ,elle MOIriteroit
mieux le nom
d'Historiette que jeiluy
donné feulefnent parcs
quon en <veu\ une chaque,
mois ,
pardonnez, U
négligence du style,,, les
lm'oissontbien cours pour Autheur du ivercore.
LE BON MEDECIN,
HISTORIETTE. L £ftc dernierunriche
Bourgeois de
Paris alla faire un voyage
à Rouen, & laissa
chez lui sa fille, pour
avoirsoin de son ménage,
elle prit tant de plaisirà
le gouverner, que
cela luy donna envie
d'en avoir un à elle; un
jolivoisin qu'elle voyoit
quelquefois fortisioit
beaucoup cette envie,
elle l'aimoit,elle en étoit
aimée, en un mot ils se
* convenoient, c'étoit un
mariage fait, il n'y manquoitque
le consentement
dupere, &ils ne
doutoient point del'obtenir
àson retour : il$
se repaissoient un jour
ensemblede cette douce
efpprance, lorsque la
fillereçût une lettre de
ce pere absent,; elle ouvre
la lettre,la lit, fait
,
un cri, & la laisse tomber
: l'amant la ramasse,
jette les yeux dessus, Be
.faitun autre cri.CrueLlesurprisepour
ces deux
tendres amans!pendant
qquueecectettetfei4l..1lte se marioic
de san côté, le pere l'avoit
mariée du fien, &c
luy écrivoit quelle se
préparât à recevoir un
mary qu'illuy amenoit
de Roüen.
Quoiqu'il vienne de
t bons maris de ce pays- là, elle aimoit mieux
celui de Paris. La voila
desolée
,
son ainant se
desespere] après les
pleurs & les plaintes on
songe au remede
,
la
fille n'en voit point
d'autre pour prévenir
un si cruel mariage qua
de mourir de douleur
avant que son pere arrive.
Le jeune amant
imagina quelque chofç
de mieux, maisil n'osa
dé-1 couvrir s{'on ddesrs("ein et
sa maîtress.Non,difoitil
en luy-même, elle
n 'approuvera jamais un
projet si hardi, mais
quand j'aurai réiïfli, elle
me pardonnera la hardiesse
de l'entreprise, les
Dames pardonnent fouvent
ce qu'elles n'auroient
jamais permis.
Notreamantlaconjura
de seindre une maladie
subite pour favoriser un
dessein qu'il ayoit, &
sans s'expliquer davantage
il courut à l'expedient
qui nétoit pas
pas trop bien concerté:
Le jeune homme étoit
vif, amoureux & étourdi,
a cela près très raisonnable
:mais les
amans les plus raisonnables
ne sont pas ceux
qui réussissent le mieux.
s: Célui-ci s'étoit souvenu
a propos qu'un
Medecin de Rouen ctoic
arrive chez un ,a~utre Medecin son frere, qui
logeoit chez un de ses
amis; il s'imagina !que
celMédecin de Rôiléh
pourroit bien être Ton.
rival, il prit ses mesures
là-dessus.
'*.Tl. etoit
-
allez beau
garçonpour avoir couru
plusiéurs fois'le bal
en habit de fille.A ce
déguisement,Soutenu
d'une voixunpeu fe^
minine,il ajouta un corset
garni d'ouatre à peu
pré^jufeju^ala grosseur
Convenable à une fille
enceinte de sept àdlUic
mois:ainsidéguisé dans
une chaise à porteur,
sur la brune il va mysserieusement
chez le
Medecin, se. dourantf
bien que le secret qu'it
alloit luiconfier fcroiei
bientôt revelé à Fautro
Medecinson frere ; La
choseluyrétissit mieux!
encore, car le Medecin
de Paris n'étoit point
chez luy
3
n'y devoit
rentrer que fort tard, &
le Médecin de Rouën
étoit arrivé ce jour-là ,
&C se trouvant dans la
salle se crut obligé de
recevoir cette Dame 1
qui avoitl'aird'unepratique
im portance pour
son frère. Ilengageala
conversation avec la
fausse fille, qui ne luy
laissoit voir son visage
qu'à travers une cocfFer
Elle luy tint des discours
propres à exciter
la curiosité, & paroissoit
prend re confiance
aux fiens à mesure qu'il
étaloit son éloquence
provinciale pour luy
paraître le plus habile
ce le plus discret Medecin
du monde. Dés qu'-
elle eut reconnu son
homme pour être celuy
qui la dévoie épouser,;
c'est-à-dire qui dévoie
épouser sa maîtresse dont il vouloit faire , ici
le personnage
)
il tirât
son mouchoir, se migt
à pleurer & sanglotter
fous ses coësses, & après
quelqu'une de ces ceremonies
de pudeur que
l'usage a presquautant
abrégées que les autres
ceremonies du vieux
temps; il parla au Me"
decin en ces termes.
Monsieur ,vous me
paroissez si habile M si
galant homme, que ne
connoissant pas Monsieur
vôtre frere plus
.) que vous,jaime encof
rree mieux me ccoonn-fsieir %àa
vous qu'a luy: esuite
la considence se fit presque
sans parler, la jeune
personneredoubla
¡
les pleurs, Se entr'ouvrant
son écharpe pour
faire voir la tailled'une
femmegrosse,elle dit,
Vous voyez, la plus malheureusefille
dumonde.
LeMedecin des plus
habiles, connut, sans
luy tâter le poulx, de
quelle maladie elle vou- loitguérir,il luy dit,
pour la consoler, qu'il
couroit beaucoup de ces
maladies-là cette année
6C qu'apparemment on
luy avoit promis ma*.
riage,helas !oüi, repliqua-
t-elle, mais le
malheureuxqui m'a séduiten'a
ni parole,ni
honneur.
Aprés plusieurs invectivescontre
le se..
tduâxur .& contre ellemême
,elleconjura Ile
: Medecin de luy donner
quelqu'unde cesremedes
innocens,qui précipitent
le dénouëment
del'avanture,parce
«
qu'elle attendoit dans
vpeuiunn Mcarey d.e Pro-
Quoique leMedecin
nes'imaginapasd'abord
qu'il put être ce Mary
de Province qu'on attendoit,
il ne laissa pas
d'avoir plus de curiosité
qu'il n'enavoit eu
jusques-là, & pour s'attirer
Uconfidence entiere
,
il redoubla ses:
protestations de zele ÔC
dediscretion, Enfin
aprés
aprés toutes les simagréesnecessaires
nôtre
jeune homme déguisé
luy dit : Je fuis la fille
d'un tel, qui m'a écrit
de Rouën, qu'il m'avoit
destinée un honnê-
, te homme, mais tel qu'il
soit, on est trop heureuse
de trouver un Mary
a prés avoir ététrompée
par un amant. Vous
comprenez bien quel
fut l'effet d'une telle
confidence sur le Medecin,
qui crut voir sa
future épouse enceinte
par avance, il demeura
immobile, pendant que
luy embrasant les genoux,
elle le conjuroit
de conduire la chose de
sa çon, queni sonPere,
ni le Mary qu'elle attendoit,
ne pût jamais
soupçonner sa sagesse.
Le Medecin prit ladessus
le parti de la difcretion,
& sans témoigner
qu'il fût l'honnête
homme, que l'on vouloit
charger de l'iniquité
d'autrui, il offrit son
secours, mais on ne l'accepta
qu'à condition
qu-il ne la verroit point
chez son Pere, on fupposoit
quele Medecin
feroit assez delicat pour
rompre un tel mariage,
& assezhonnête homme
pournepoint dire
la cause de la rupture.
Le Medecinallachez
Je Pere dés qu'il le fçut
arrivé, ce Pere luy dit
avec douleur qu'il avoit
trouvé - en arrivant sa
fille tres malade,& ce#*
lui-ci, qui croyoitbien
sçavoir quelle étoit sa
maladie, inventa plusieurs
pretextes de rupture,
mais le Pere esperant
que la beauté de
sa fille pourroitrenouër
cette affaire qu'il souhaittoit
fort, mena nôtre
homme voir la malade
comme Medecin, J
i&C elle le reçût comme
tel, ne se doutant point
qu'ilfût celuiqu'on lui
vouloit donner pour
mary, son Pere n'avoit
encor eu là-dessus aucun
éclaircissemetavec elle,
tla voyant trop mal pour
luiparler si-tôt de mariage
;le Medecin, qu'il
[pria d'examiner la ma- ladie de sa fille, parla
avec toute la circonspey<
5tion d'un homme, qui
ne vouloit rien approfondir;
il demanda du*
temps pour ne point
agir imprudemment,
cette discretion plût
beaucoupà la malade,
elle crût que
connoissant
bien qu'elle fei-1
gnoit cette maladie, &:Il
qu'elle avoit quelque
raison importante pour
feindre, il vouloit lui
rendre service; dans
cette idée elle le gracieusa
fort, il répondit
à ses gracieusetez en
Medecin qui sçavoit le
monde, en forte que cette
consultation devint
insensiblement uneconversation
galante, cc&
assez la methode de nos
Consultans modernes,
&C elle vaut bien,pour
les Dames, celle des anciens
Sectateurs d'Hipocrates.
Letouragreable
que prit cette entrevue
,donna de la gayeté
au Pere, qui dit en badinant,
que comme Perc
discret illaissoit sa fille
consulter en liberté son
Medecin,& les quitta,
croyant s'appercevoir
qu'ils ne se déplaifoient
pas l'un à l'autre.
Voila donc le Medecin
& la malade en liberté
, leur tête-à-tête
commença par le silence,
la fille avoit remarqué
dans ce Medecîn
tous les sentimens d'un
galant homme, mais
elle hesitoit pourtant
encor
encore à lui con fier
son secret. Lui de son
côténecomprenoic pas
bien pourquoy elle hesitost
tant; si l'on fc
souvient icy de l'entrevue
du Medecin & de
l'amant déguisé en fille
enceinte, on comprendra
qu'une si grande
refcrvc dans cette fille
tquil croyoit la racine,
devoit le surprendre;
cependant il y a des
filles si vertueuses,qu'-
un secondaveu leur
coûte presque autant
que le premier. Nôtre
Medecintâchade rIapa
peller en celle-cy cette
confiance dontil croyoit
avoir été déja honoré.
Cela produisit une
conversation équivoque,
qu'on peut aisément
imaginer, la fille
lui parloit d'une maladie
qu'elle vouloit feindre
pour éloigner un '¡
mariage, & le Medecin
d'une autre maladie
plus réelle, dont il croyoit
avoir été déja le
confident. Quoyqu'il
touchât cette corde tres
delicatement, la fille en
fremit de surprise &
d'horreur
,
elle pâlit,
elle rougit,elle se trouble,
tous ces symptomes
étoient encor équivoques
pour le Medecin,
la honte jointe au
repentir fait à peu prés
le même effet, il se fer
pour la rassurer des lieux
communs les plus confolans
) vous n'êtes pas
la feule à Paris, lui dits
il, ce malheur arrive
quelquefois aux plus
honnêtes filles,les meilleurs
coeurs font les
plus credules, il faut esperer
qu'il vous épousera.
On juge bien que Pcclairciffement
suivit de
, prés de pareils discours,
mais on ne sçauroit imaginer,
la
-
surpriseoùils
furent tous deux quand
la chose fut mireau net,
le Pere arriva assez tôt
pour avoir part à eclairciffement
& à la
surprise, ils se regardoient
tous trois sans de-
(Sviner de quelle part venoit
une si horrible calomnie
, la fille même
n'étoit pas encor au fait
lorsque son amant arriva
de la maniere que
vous allez voir.
Pendant que cecy se
passoit, l'amant inquiet
vint s'informer de la
fille de Chambre sur le
mariage qu'il craignoit
tant; elle avoit entendu
quelque chose de la rupture,
elle l'en instruisit,
& il fut d'abord
transporté de joye :
mais ayant appris enfuite
que le Medecin
venoit d'avoir un grand
éclaircissement avec Je
Perc &; la fille,il perdit
la tramontanne & courut
comme unfolà la
chambre de sa Maîtresse,
& la transporté de
desespoir il lui demanda
permission de se percer
le coeur avec son
épée, il n'osa faire sans
permission cette seconde
sottise qu'elle n'auroit
pas plus approuvéeque
la premiere; il entra
donc, & se jetta la face
contre terre entre le
Pere, lafille & leMedecin,
qui le regardoiêïq
toustrois sans dirernOt
lafille parla la pretnÍre,
comme de raison, <
& son amour s'étant
changé en colère,cilen
ne parla que pour fini- j
droyer le pauvre jeune
homme,elle commença
par lui défendre de i
la voir jamais, 1-e Pere j
aussioutré qu'e lle
,
le
fît sortit de sa Maiion,
S£ la fille aussi-tôt
offrir la main au Me*
edecin pour se vengerde
ITofFenfè qu'elle avoit
reçûë du jeune homme, .f
Ile Medecin convint
qu'il meritoit punition,
S8c dit qu'il alloit luymêmelefaire
avertir
b,qu"il1 n'avoit plus rien. à _1 prétendre , , ainsi après
que le pere & la fille eurent
donne leur paroleau
Medecin, il promit - de revenir le lendema in
[pour terminer le maria-
JSeLe
Pere& lafillepaf-j
ferent le reste du jour àj
parler contre Fimprudent
jeune homme ;
laj
fille ne pouvoit s'en laf-j
fer,& son Pere en laj
quittant lui conseilla de
dormir un peu pour appasser
sa colere, lui
faisant comprendre qu'-
un amant capable d'une
telle action ne meritoit
que du mépris. La nuit
calma la violence de ses
transports,maisaulieu
Bu mépris qu'elle atten-
Boit, elle ne sentit sucseder
à sa colere que de
l'amour,^lle fit tant pourcent
reflexions sur
te rifqueou l'avoitmise
zc jeune homme d'être
'c.[ujet d'un Vaudevil-
4e, maiselle ne put trouver
dans cette action
f"que de l'imprudence 8c
tle l'amour, & le plus
blâmable des deux
rnieelseerrttqquu'aà pprorouuvveerr
l'excez de l'autre, en.~
sorte qu'avant le jour
elle se repentitd'avoir
donné sa parole, & fut
bientôt après au desespoir
de ce qu'il n'y avoit
plus moyen de la retirer.
Quand le Medecin revint
il trouva son épou"f1
se fort triste, je me doutois
bien,dit-il au Pere
en presence de sa fille,,
qu'elle n'oublierait pas
b-rôt) ni l'offence
,
ni
l'offenceur
,
elle pour
roit s'en souvenir encor
après son mariage, son
amant n'est pas prest
non plus d'oublier son
amour, je viens de le
rvoir
,
j'ai voulu le puinir,
en lui laissantcroire
[pendant vingt-quatre
heures qu'il feroit malheureux
par son imprudence,
il en est assez puni,
car il a pensé mourir
cette nuit, je m'apperçois
aussique vôtre
fille est fort mal, voila
de ces maladies que fça-j
vent guerir les bons Medecins
: mariez-les tous
deux,voila mon Ordon.
nance. ]
Le jeune amant étoit
riche, la fille eût été
au desespoir; le pere
rut raisonnable, le mariage
se fit. le même
jour par l'entremise du
bon Medecin.
je vrJudroü
pour l'amour du Lecteur,
quellefût-inotos verita-
,
ble (f'plw jolie ,elle MOIriteroit
mieux le nom
d'Historiette que jeiluy
donné feulefnent parcs
quon en <veu\ une chaque,
mois ,
pardonnez, U
négligence du style,,, les
lm'oissontbien cours pour Autheur du ivercore.
LE BON MEDECIN,
HISTORIETTE. L £ftc dernierunriche
Bourgeois de
Paris alla faire un voyage
à Rouen, & laissa
chez lui sa fille, pour
avoirsoin de son ménage,
elle prit tant de plaisirà
le gouverner, que
cela luy donna envie
d'en avoir un à elle; un
jolivoisin qu'elle voyoit
quelquefois fortisioit
beaucoup cette envie,
elle l'aimoit,elle en étoit
aimée, en un mot ils se
* convenoient, c'étoit un
mariage fait, il n'y manquoitque
le consentement
dupere, &ils ne
doutoient point del'obtenir
àson retour : il$
se repaissoient un jour
ensemblede cette douce
efpprance, lorsque la
fillereçût une lettre de
ce pere absent,; elle ouvre
la lettre,la lit, fait
,
un cri, & la laisse tomber
: l'amant la ramasse,
jette les yeux dessus, Be
.faitun autre cri.CrueLlesurprisepour
ces deux
tendres amans!pendant
qquueecectettetfei4l..1lte se marioic
de san côté, le pere l'avoit
mariée du fien, &c
luy écrivoit quelle se
préparât à recevoir un
mary qu'illuy amenoit
de Roüen.
Quoiqu'il vienne de
t bons maris de ce pays- là, elle aimoit mieux
celui de Paris. La voila
desolée
,
son ainant se
desespere] après les
pleurs & les plaintes on
songe au remede
,
la
fille n'en voit point
d'autre pour prévenir
un si cruel mariage qua
de mourir de douleur
avant que son pere arrive.
Le jeune amant
imagina quelque chofç
de mieux, maisil n'osa
dé-1 couvrir s{'on ddesrs("ein et
sa maîtress.Non,difoitil
en luy-même, elle
n 'approuvera jamais un
projet si hardi, mais
quand j'aurai réiïfli, elle
me pardonnera la hardiesse
de l'entreprise, les
Dames pardonnent fouvent
ce qu'elles n'auroient
jamais permis.
Notreamantlaconjura
de seindre une maladie
subite pour favoriser un
dessein qu'il ayoit, &
sans s'expliquer davantage
il courut à l'expedient
qui nétoit pas
pas trop bien concerté:
Le jeune homme étoit
vif, amoureux & étourdi,
a cela près très raisonnable
:mais les
amans les plus raisonnables
ne sont pas ceux
qui réussissent le mieux.
s: Célui-ci s'étoit souvenu
a propos qu'un
Medecin de Rouen ctoic
arrive chez un ,a~utre Medecin son frere, qui
logeoit chez un de ses
amis; il s'imagina !que
celMédecin de Rôiléh
pourroit bien être Ton.
rival, il prit ses mesures
là-dessus.
'*.Tl. etoit
-
allez beau
garçonpour avoir couru
plusiéurs fois'le bal
en habit de fille.A ce
déguisement,Soutenu
d'une voixunpeu fe^
minine,il ajouta un corset
garni d'ouatre à peu
pré^jufeju^ala grosseur
Convenable à une fille
enceinte de sept àdlUic
mois:ainsidéguisé dans
une chaise à porteur,
sur la brune il va mysserieusement
chez le
Medecin, se. dourantf
bien que le secret qu'it
alloit luiconfier fcroiei
bientôt revelé à Fautro
Medecinson frere ; La
choseluyrétissit mieux!
encore, car le Medecin
de Paris n'étoit point
chez luy
3
n'y devoit
rentrer que fort tard, &
le Médecin de Rouën
étoit arrivé ce jour-là ,
&C se trouvant dans la
salle se crut obligé de
recevoir cette Dame 1
qui avoitl'aird'unepratique
im portance pour
son frère. Ilengageala
conversation avec la
fausse fille, qui ne luy
laissoit voir son visage
qu'à travers une cocfFer
Elle luy tint des discours
propres à exciter
la curiosité, & paroissoit
prend re confiance
aux fiens à mesure qu'il
étaloit son éloquence
provinciale pour luy
paraître le plus habile
ce le plus discret Medecin
du monde. Dés qu'-
elle eut reconnu son
homme pour être celuy
qui la dévoie épouser,;
c'est-à-dire qui dévoie
épouser sa maîtresse dont il vouloit faire , ici
le personnage
)
il tirât
son mouchoir, se migt
à pleurer & sanglotter
fous ses coësses, & après
quelqu'une de ces ceremonies
de pudeur que
l'usage a presquautant
abrégées que les autres
ceremonies du vieux
temps; il parla au Me"
decin en ces termes.
Monsieur ,vous me
paroissez si habile M si
galant homme, que ne
connoissant pas Monsieur
vôtre frere plus
.) que vous,jaime encof
rree mieux me ccoonn-fsieir %àa
vous qu'a luy: esuite
la considence se fit presque
sans parler, la jeune
personneredoubla
¡
les pleurs, Se entr'ouvrant
son écharpe pour
faire voir la tailled'une
femmegrosse,elle dit,
Vous voyez, la plus malheureusefille
dumonde.
LeMedecin des plus
habiles, connut, sans
luy tâter le poulx, de
quelle maladie elle vou- loitguérir,il luy dit,
pour la consoler, qu'il
couroit beaucoup de ces
maladies-là cette année
6C qu'apparemment on
luy avoit promis ma*.
riage,helas !oüi, repliqua-
t-elle, mais le
malheureuxqui m'a séduiten'a
ni parole,ni
honneur.
Aprés plusieurs invectivescontre
le se..
tduâxur .& contre ellemême
,elleconjura Ile
: Medecin de luy donner
quelqu'unde cesremedes
innocens,qui précipitent
le dénouëment
del'avanture,parce
«
qu'elle attendoit dans
vpeuiunn Mcarey d.e Pro-
Quoique leMedecin
nes'imaginapasd'abord
qu'il put être ce Mary
de Province qu'on attendoit,
il ne laissa pas
d'avoir plus de curiosité
qu'il n'enavoit eu
jusques-là, & pour s'attirer
Uconfidence entiere
,
il redoubla ses:
protestations de zele ÔC
dediscretion, Enfin
aprés
aprés toutes les simagréesnecessaires
nôtre
jeune homme déguisé
luy dit : Je fuis la fille
d'un tel, qui m'a écrit
de Rouën, qu'il m'avoit
destinée un honnê-
, te homme, mais tel qu'il
soit, on est trop heureuse
de trouver un Mary
a prés avoir ététrompée
par un amant. Vous
comprenez bien quel
fut l'effet d'une telle
confidence sur le Medecin,
qui crut voir sa
future épouse enceinte
par avance, il demeura
immobile, pendant que
luy embrasant les genoux,
elle le conjuroit
de conduire la chose de
sa çon, queni sonPere,
ni le Mary qu'elle attendoit,
ne pût jamais
soupçonner sa sagesse.
Le Medecin prit ladessus
le parti de la difcretion,
& sans témoigner
qu'il fût l'honnête
homme, que l'on vouloit
charger de l'iniquité
d'autrui, il offrit son
secours, mais on ne l'accepta
qu'à condition
qu-il ne la verroit point
chez son Pere, on fupposoit
quele Medecin
feroit assez delicat pour
rompre un tel mariage,
& assezhonnête homme
pournepoint dire
la cause de la rupture.
Le Medecinallachez
Je Pere dés qu'il le fçut
arrivé, ce Pere luy dit
avec douleur qu'il avoit
trouvé - en arrivant sa
fille tres malade,& ce#*
lui-ci, qui croyoitbien
sçavoir quelle étoit sa
maladie, inventa plusieurs
pretextes de rupture,
mais le Pere esperant
que la beauté de
sa fille pourroitrenouër
cette affaire qu'il souhaittoit
fort, mena nôtre
homme voir la malade
comme Medecin, J
i&C elle le reçût comme
tel, ne se doutant point
qu'ilfût celuiqu'on lui
vouloit donner pour
mary, son Pere n'avoit
encor eu là-dessus aucun
éclaircissemetavec elle,
tla voyant trop mal pour
luiparler si-tôt de mariage
;le Medecin, qu'il
[pria d'examiner la ma- ladie de sa fille, parla
avec toute la circonspey<
5tion d'un homme, qui
ne vouloit rien approfondir;
il demanda du*
temps pour ne point
agir imprudemment,
cette discretion plût
beaucoupà la malade,
elle crût que
connoissant
bien qu'elle fei-1
gnoit cette maladie, &:Il
qu'elle avoit quelque
raison importante pour
feindre, il vouloit lui
rendre service; dans
cette idée elle le gracieusa
fort, il répondit
à ses gracieusetez en
Medecin qui sçavoit le
monde, en forte que cette
consultation devint
insensiblement uneconversation
galante, cc&
assez la methode de nos
Consultans modernes,
&C elle vaut bien,pour
les Dames, celle des anciens
Sectateurs d'Hipocrates.
Letouragreable
que prit cette entrevue
,donna de la gayeté
au Pere, qui dit en badinant,
que comme Perc
discret illaissoit sa fille
consulter en liberté son
Medecin,& les quitta,
croyant s'appercevoir
qu'ils ne se déplaifoient
pas l'un à l'autre.
Voila donc le Medecin
& la malade en liberté
, leur tête-à-tête
commença par le silence,
la fille avoit remarqué
dans ce Medecîn
tous les sentimens d'un
galant homme, mais
elle hesitoit pourtant
encor
encore à lui con fier
son secret. Lui de son
côténecomprenoic pas
bien pourquoy elle hesitost
tant; si l'on fc
souvient icy de l'entrevue
du Medecin & de
l'amant déguisé en fille
enceinte, on comprendra
qu'une si grande
refcrvc dans cette fille
tquil croyoit la racine,
devoit le surprendre;
cependant il y a des
filles si vertueuses,qu'-
un secondaveu leur
coûte presque autant
que le premier. Nôtre
Medecintâchade rIapa
peller en celle-cy cette
confiance dontil croyoit
avoir été déja honoré.
Cela produisit une
conversation équivoque,
qu'on peut aisément
imaginer, la fille
lui parloit d'une maladie
qu'elle vouloit feindre
pour éloigner un '¡
mariage, & le Medecin
d'une autre maladie
plus réelle, dont il croyoit
avoir été déja le
confident. Quoyqu'il
touchât cette corde tres
delicatement, la fille en
fremit de surprise &
d'horreur
,
elle pâlit,
elle rougit,elle se trouble,
tous ces symptomes
étoient encor équivoques
pour le Medecin,
la honte jointe au
repentir fait à peu prés
le même effet, il se fer
pour la rassurer des lieux
communs les plus confolans
) vous n'êtes pas
la feule à Paris, lui dits
il, ce malheur arrive
quelquefois aux plus
honnêtes filles,les meilleurs
coeurs font les
plus credules, il faut esperer
qu'il vous épousera.
On juge bien que Pcclairciffement
suivit de
, prés de pareils discours,
mais on ne sçauroit imaginer,
la
-
surpriseoùils
furent tous deux quand
la chose fut mireau net,
le Pere arriva assez tôt
pour avoir part à eclairciffement
& à la
surprise, ils se regardoient
tous trois sans de-
(Sviner de quelle part venoit
une si horrible calomnie
, la fille même
n'étoit pas encor au fait
lorsque son amant arriva
de la maniere que
vous allez voir.
Pendant que cecy se
passoit, l'amant inquiet
vint s'informer de la
fille de Chambre sur le
mariage qu'il craignoit
tant; elle avoit entendu
quelque chose de la rupture,
elle l'en instruisit,
& il fut d'abord
transporté de joye :
mais ayant appris enfuite
que le Medecin
venoit d'avoir un grand
éclaircissement avec Je
Perc &; la fille,il perdit
la tramontanne & courut
comme unfolà la
chambre de sa Maîtresse,
& la transporté de
desespoir il lui demanda
permission de se percer
le coeur avec son
épée, il n'osa faire sans
permission cette seconde
sottise qu'elle n'auroit
pas plus approuvéeque
la premiere; il entra
donc, & se jetta la face
contre terre entre le
Pere, lafille & leMedecin,
qui le regardoiêïq
toustrois sans dirernOt
lafille parla la pretnÍre,
comme de raison, <
& son amour s'étant
changé en colère,cilen
ne parla que pour fini- j
droyer le pauvre jeune
homme,elle commença
par lui défendre de i
la voir jamais, 1-e Pere j
aussioutré qu'e lle
,
le
fît sortit de sa Maiion,
S£ la fille aussi-tôt
offrir la main au Me*
edecin pour se vengerde
ITofFenfè qu'elle avoit
reçûë du jeune homme, .f
Ile Medecin convint
qu'il meritoit punition,
S8c dit qu'il alloit luymêmelefaire
avertir
b,qu"il1 n'avoit plus rien. à _1 prétendre , , ainsi après
que le pere & la fille eurent
donne leur paroleau
Medecin, il promit - de revenir le lendema in
[pour terminer le maria-
JSeLe
Pere& lafillepaf-j
ferent le reste du jour àj
parler contre Fimprudent
jeune homme ;
laj
fille ne pouvoit s'en laf-j
fer,& son Pere en laj
quittant lui conseilla de
dormir un peu pour appasser
sa colere, lui
faisant comprendre qu'-
un amant capable d'une
telle action ne meritoit
que du mépris. La nuit
calma la violence de ses
transports,maisaulieu
Bu mépris qu'elle atten-
Boit, elle ne sentit sucseder
à sa colere que de
l'amour,^lle fit tant pourcent
reflexions sur
te rifqueou l'avoitmise
zc jeune homme d'être
'c.[ujet d'un Vaudevil-
4e, maiselle ne put trouver
dans cette action
f"que de l'imprudence 8c
tle l'amour, & le plus
blâmable des deux
rnieelseerrttqquu'aà pprorouuvveerr
l'excez de l'autre, en.~
sorte qu'avant le jour
elle se repentitd'avoir
donné sa parole, & fut
bientôt après au desespoir
de ce qu'il n'y avoit
plus moyen de la retirer.
Quand le Medecin revint
il trouva son épou"f1
se fort triste, je me doutois
bien,dit-il au Pere
en presence de sa fille,,
qu'elle n'oublierait pas
b-rôt) ni l'offence
,
ni
l'offenceur
,
elle pour
roit s'en souvenir encor
après son mariage, son
amant n'est pas prest
non plus d'oublier son
amour, je viens de le
rvoir
,
j'ai voulu le puinir,
en lui laissantcroire
[pendant vingt-quatre
heures qu'il feroit malheureux
par son imprudence,
il en est assez puni,
car il a pensé mourir
cette nuit, je m'apperçois
aussique vôtre
fille est fort mal, voila
de ces maladies que fça-j
vent guerir les bons Medecins
: mariez-les tous
deux,voila mon Ordon.
nance. ]
Le jeune amant étoit
riche, la fille eût été
au desespoir; le pere
rut raisonnable, le mariage
se fit. le même
jour par l'entremise du
bon Medecin.
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Résumé : LE BON MEDECIN, HISTORIETTE.
Le texte relate l'histoire d'une jeune fille parisienne dont le père, un riche bourgeois, part en voyage à Rouen. Pendant son absence, la fille, qui apprécie de gérer le ménage, développe des sentiments pour un voisin. Ils s'aiment et envisagent de se marier, espérant obtenir le consentement du père à son retour. Cependant, la fille reçoit une lettre de son père annonçant qu'il lui a trouvé un mari à Rouen. Désespérée, elle envisage de mourir pour éviter ce mariage. Son amant, plus raisonnable, imagine un plan. Il se déguise en femme enceinte et se rend chez un médecin de Rouen, frère d'un médecin parisien, pour obtenir son aide. Le médecin, croyant que la 'fille' est enceinte d'un autre homme, accepte de l'aider à éviter le mariage. Le père, de retour, trouve sa fille malade et accepte la rupture du mariage arrangé. Le médecin et la fille ont une conversation équivoque, révélant finalement la vérité. Le père, l'amant et le médecin sont tous surpris. L'amant, désespéré, veut se suicider, mais la fille le chasse. Le médecin, comprenant la situation, propose de marier les deux jeunes gens. Le père accepte, et le médecin prescrit ce mariage comme remède à leur malheur.
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2
p. 68-74
L'AMOUR A IRIS malade. Par Mr C.
Début :
Iris je viens vous secourir, [...]
Mots clefs :
Iris, Amour, Malade, Guérir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR A IRIS malade. Par Mr C.
L'AMOUR A IRIS
malade.
ParMrC, I Ris je viens vous secou
rir,
-
Le mal que vous souffrez
m'accable,
Lapitié,l'interestm'enga-
ge a vous guerir,
Mon Empire sans vous
n'auroit rien d'agréable.
Desja mes Temples sont
deserts,
Il faut l'avouërà ma honte;
J'ay veu cesser dans Amatonte,
Tous les voeux qui mettoient offerts.
Cette foule d'Amants de
qui l'unique envie
Est de vous plaire, ou de
mourir pour vous,
Et qui dans les transports
de leur ame ravie,
Attendaient leur bonheur
de quelqu'un de mes
coups,
Ne sont plus animez de cet
espoir sidoux.
Leurs tendres cœurs tremblent pour vostre vie,
Etce [cal Apollon dans ce
commun effroy,
Trouve un merveilleux
avantage
, Comme la Medecine ca
son premier employ
, On porte à ses Autels, &
l'encens, & l'hommage,
Qui n'auroient esté que
«
4\. pour moy. b
Transportécontre luyd'il»
ne juste colere,
J'ay volé vers Delos, j'ay
couru l'y chercher,
Et voicy de quelle maniere
Je m'y suis pris pour le toucher:
Dieu cruel, ay-je dit, redoute ma vengeance,
Tu m'as réduit au desespoir ;
Si la santéd'Iris dépend de
ta puissance,
Ton cœur dépend de mon
-
pouvoir.
Pour la Nymphe la plus
cruelle,
Jete feray brusser d'un
amour obstine',,
Et je blefferay cette belle
Du mesme trait dont je
blessay Daphné.
Apollon de tout temps fut
tendre,
-
Son penchant le force
d'aimer;
Pour éviter le sort que luy
faisoit attendre
Le courroux dont vos maux avoitsceum'enflammer,
Ila pris pour le desarmer
Le seul party qu'il pouvoit
prendre.
Amour, ioyons
t'il
eu dit aussi-tost,
Va rendre à ton Iris une
santé parfaite;
Ces anneaux constellez ont
la vertu qu'il faut.
Sans employer d'autre recette.
Tu la verras dans peubriller des mesmes charmes
Qu'elle eut aux plus beaux
de ses jours,
Va, cours, & sers-toy de
ses armes,
Le moindre de leurs coups
te fait regner toujours.
- Je fuis venu plein d'allégresse,
Vous offrir. ce secours divin. >
J'en vois le prompt effet,
&le malqui vous presse,
Me paroist desja sur sa fin.
Pour recompense legitime
D'avoir gueri ce mal prest
à vous accabler
,
Je n'exigede vous qu'un
peu de vostre estime
Pour celuy qui m'a fait
parler
malade.
ParMrC, I Ris je viens vous secou
rir,
-
Le mal que vous souffrez
m'accable,
Lapitié,l'interestm'enga-
ge a vous guerir,
Mon Empire sans vous
n'auroit rien d'agréable.
Desja mes Temples sont
deserts,
Il faut l'avouërà ma honte;
J'ay veu cesser dans Amatonte,
Tous les voeux qui mettoient offerts.
Cette foule d'Amants de
qui l'unique envie
Est de vous plaire, ou de
mourir pour vous,
Et qui dans les transports
de leur ame ravie,
Attendaient leur bonheur
de quelqu'un de mes
coups,
Ne sont plus animez de cet
espoir sidoux.
Leurs tendres cœurs tremblent pour vostre vie,
Etce [cal Apollon dans ce
commun effroy,
Trouve un merveilleux
avantage
, Comme la Medecine ca
son premier employ
, On porte à ses Autels, &
l'encens, & l'hommage,
Qui n'auroient esté que
«
4\. pour moy. b
Transportécontre luyd'il»
ne juste colere,
J'ay volé vers Delos, j'ay
couru l'y chercher,
Et voicy de quelle maniere
Je m'y suis pris pour le toucher:
Dieu cruel, ay-je dit, redoute ma vengeance,
Tu m'as réduit au desespoir ;
Si la santéd'Iris dépend de
ta puissance,
Ton cœur dépend de mon
-
pouvoir.
Pour la Nymphe la plus
cruelle,
Jete feray brusser d'un
amour obstine',,
Et je blefferay cette belle
Du mesme trait dont je
blessay Daphné.
Apollon de tout temps fut
tendre,
-
Son penchant le force
d'aimer;
Pour éviter le sort que luy
faisoit attendre
Le courroux dont vos maux avoitsceum'enflammer,
Ila pris pour le desarmer
Le seul party qu'il pouvoit
prendre.
Amour, ioyons
t'il
eu dit aussi-tost,
Va rendre à ton Iris une
santé parfaite;
Ces anneaux constellez ont
la vertu qu'il faut.
Sans employer d'autre recette.
Tu la verras dans peubriller des mesmes charmes
Qu'elle eut aux plus beaux
de ses jours,
Va, cours, & sers-toy de
ses armes,
Le moindre de leurs coups
te fait regner toujours.
- Je fuis venu plein d'allégresse,
Vous offrir. ce secours divin. >
J'en vois le prompt effet,
&le malqui vous presse,
Me paroist desja sur sa fin.
Pour recompense legitime
D'avoir gueri ce mal prest
à vous accabler
,
Je n'exigede vous qu'un
peu de vostre estime
Pour celuy qui m'a fait
parler
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Résumé : L'AMOUR A IRIS malade. Par Mr C.
Le texte 'L'AMOUR À IRIS' relate la détresse d'un narrateur face à la maladie d'Iris. Il exprime sa douleur et son désir de la guérir, notant que son empire perd de son attrait sans elle. Les temples sont désertés et les amants d'Amantonte, autrefois espérant plaire à Iris, sont désormais désespérés. Apollon, profitant de la situation, reçoit des hommages destinés au narrateur. Ce dernier se rend à Delos pour implorer Apollon, menaçant de le faire tomber amoureux d'une nymphe cruelle si Iris n'est pas guérie. Apollon, connu pour sa tendresse, accepte de rendre la santé à Iris en utilisant des anneaux constellés. Le narrateur revient avec ce remède divin, espérant voir Iris retrouver rapidement sa beauté et sa santé. En échange de ce secours, il ne demande qu'un peu d'estime pour celui qui a parlé en son nom.
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3
p. 172-179
LE MARY MALADE.
Début :
Malgré les soins des suppôts d'Esculape [...]
Mots clefs :
Mari, Malade, Lubin, Coquette, Thersite, Femme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MARY MALADE.
LE MARY MALADE .
Malgré les foins des
Suppots d'Efculape
Davegémit, & fent des
maux affreux.
Sa femme en fouffre ; ils
craignent tous les deux,
Lui , qu'il n'en meure , elle,
qu'il n'en réchape.
Anne jeune femme
>
coquete .
Tu prêtois dés dix ans
l'oreille à la Fleurete.
GALANT. 173
Quoique tu fois encor dans
ta jeune faiſon ,
Life , on t'appelle avec
raifon,
Jeune femme , & vieille
Coquete.
La
A CELIE .
En te voyant , laide
Celie ,
peau de la couleur des
plumes d'un Corbeau ,
On te croiroit d'Ethiopie
,
Si tu n'avois
les dents plus
noires que lapeau
.
Piij
174 MERGURE
A la Coquete Alix .
Sur tous mes rivaux
voftre coeur ,
Alix , me cede la Victoire
:
Vous le jurez fur vostre
honneur ;
Sur ce ferment doit - on
vous croire
?
Le Parafite diligent.
Chez Therfite , Lubin
ce pauore Parafite ,
Aſouper étoit invité :
GALANT. 175.
Itpart dés le matin d'un
pasprécipité
Se rend au logis de Therfite
,
Et dit qu'il vient fouper :
Lubin ,
Dit Therfite , ce foir je
tiendray ma promeffe :
Lubin répond , la faim me
presse ,
·Faites - moifouper ce matin.
Sur le même
Lubin ce Parafite étrange
Piiij
276 MERCURE
Mange beaucoup , chacun
le voit :
Il boit encor plus qu'il ne
mange,
Et parle encore plus qu'il·
ne boit.
La voix horrible.
Quand par tes chants
Arcadiens
Ta voix ébranle - nos organes
,
Tu fais aboïer tous les
chiens ,
Et tu fais braire tous les
ânes.
GALANT. 177.
La douleur d'une veuve
toûjours fufpecte.
Artemife en pleurs , défolée,
Fait élever un Mauſolée
A l'époux dont fes yeux
regretent le trépas :
Mais à ce monument
que fa douleur lui
dreffe ?
La
vanité n'at-elle pas
Autant de part que la tendreffe
?
778 MERCURE
La beautéfans l'efprit n'eft
qu'un foible avantage.
! Quand une beauté que
l'on aime , C
N'a point d'enjouement ,
d'esprit ,
L'amour qu'on a, fut- il
·En
extrême ,
pew
nouit :
de tems s'éva
Le coeur eft bien - toft infidelle,
Ilfent le dégoût , & l'ennui
;
GALANT. 179
Et la raifon brife avec
lui
Les nauds qu'il a formé
fans elle.
Malgré les foins des
Suppots d'Efculape
Davegémit, & fent des
maux affreux.
Sa femme en fouffre ; ils
craignent tous les deux,
Lui , qu'il n'en meure , elle,
qu'il n'en réchape.
Anne jeune femme
>
coquete .
Tu prêtois dés dix ans
l'oreille à la Fleurete.
GALANT. 173
Quoique tu fois encor dans
ta jeune faiſon ,
Life , on t'appelle avec
raifon,
Jeune femme , & vieille
Coquete.
La
A CELIE .
En te voyant , laide
Celie ,
peau de la couleur des
plumes d'un Corbeau ,
On te croiroit d'Ethiopie
,
Si tu n'avois
les dents plus
noires que lapeau
.
Piij
174 MERGURE
A la Coquete Alix .
Sur tous mes rivaux
voftre coeur ,
Alix , me cede la Victoire
:
Vous le jurez fur vostre
honneur ;
Sur ce ferment doit - on
vous croire
?
Le Parafite diligent.
Chez Therfite , Lubin
ce pauore Parafite ,
Aſouper étoit invité :
GALANT. 175.
Itpart dés le matin d'un
pasprécipité
Se rend au logis de Therfite
,
Et dit qu'il vient fouper :
Lubin ,
Dit Therfite , ce foir je
tiendray ma promeffe :
Lubin répond , la faim me
presse ,
·Faites - moifouper ce matin.
Sur le même
Lubin ce Parafite étrange
Piiij
276 MERCURE
Mange beaucoup , chacun
le voit :
Il boit encor plus qu'il ne
mange,
Et parle encore plus qu'il·
ne boit.
La voix horrible.
Quand par tes chants
Arcadiens
Ta voix ébranle - nos organes
,
Tu fais aboïer tous les
chiens ,
Et tu fais braire tous les
ânes.
GALANT. 177.
La douleur d'une veuve
toûjours fufpecte.
Artemife en pleurs , défolée,
Fait élever un Mauſolée
A l'époux dont fes yeux
regretent le trépas :
Mais à ce monument
que fa douleur lui
dreffe ?
La
vanité n'at-elle pas
Autant de part que la tendreffe
?
778 MERCURE
La beautéfans l'efprit n'eft
qu'un foible avantage.
! Quand une beauté que
l'on aime , C
N'a point d'enjouement ,
d'esprit ,
L'amour qu'on a, fut- il
·En
extrême ,
pew
nouit :
de tems s'éva
Le coeur eft bien - toft infidelle,
Ilfent le dégoût , & l'ennui
;
GALANT. 179
Et la raifon brife avec
lui
Les nauds qu'il a formé
fans elle.
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Résumé : LE MARY MALADE.
Le texte décrit plusieurs scènes et personnages dans un style littéraire ancien. Un homme nommé Mary endure des souffrances malgré les soins médicaux, et sa femme, bien que coquette, partage ses peines. Alix, une jeune femme coquette, est courtisée par un galant. Lubin, un homme glouton et bavard, est invité à souper chez Thériste. Célie est critiquée pour sa laideur et la couleur de sa peau. Artémise, une veuve, érige un mausolée pour son époux défunt, mais sa vanité égale sa tendresse. Le texte souligne également que la beauté sans esprit est un faible avantage, car elle ne suffit pas à maintenir l'amour à long terme, le cœur étant sujet à l'infidélité et à l'ennui.
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4
p. 2015
A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
Début :
Les services que je vous rends, [...]
Mots clefs :
Convalescence, Baronne d'Igé, Malade, Triolets
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
A MADAME LA BARONNE D'IGE' ,
MADRIGAL,
Fait ensuite d'une maladie.
L
Es ſervices que je vous rends ,
Sont d'une affez grande importance
Quand nous ne ferions point parens ,
Pour vous intereſſer à ma convalefcence :
Il ſemble que mes maux vous foient indiffe
rens ,
Et c'eſt ce que m'annonce un rigoureux filence.
Cependant , belle Igé , quand je ne ſerai plus ,
A faute d'une douce oeillade ,
Qui pourroit du trèpas préſerver un Malade ,
Vous connoîtrez les biens que vous aurez
perdus .
Onpeut vous donner ſerenade,
Ou vous écrire des Poulets ,
On peut, s'il vous en prend envie,
Devant vons danſer des Balets ;
Mais , quand j'aurai perdu la vie ,
Qui vous fera des Triolets ?
MADRIGAL,
Fait ensuite d'une maladie.
L
Es ſervices que je vous rends ,
Sont d'une affez grande importance
Quand nous ne ferions point parens ,
Pour vous intereſſer à ma convalefcence :
Il ſemble que mes maux vous foient indiffe
rens ,
Et c'eſt ce que m'annonce un rigoureux filence.
Cependant , belle Igé , quand je ne ſerai plus ,
A faute d'une douce oeillade ,
Qui pourroit du trèpas préſerver un Malade ,
Vous connoîtrez les biens que vous aurez
perdus .
Onpeut vous donner ſerenade,
Ou vous écrire des Poulets ,
On peut, s'il vous en prend envie,
Devant vons danſer des Balets ;
Mais , quand j'aurai perdu la vie ,
Qui vous fera des Triolets ?
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Résumé : A MADAME LA BARONNE D'IGÉ. MADRIGAL, Fait ensuite d'une maladie.
Le texte est un madrigal adressé à la Baronne d'Igé. L'auteur y exprime ses services et déplore son indifférence face à sa maladie. Il prévient qu'elle regrettera son silence après sa mort, car personne ne pourra lui offrir les mêmes attentions. Il souligne l'unicité de ses triolets, qu'elle ne pourra plus recevoir après sa disparition.
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5
p. 1826-1829
LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
Début :
MONSIEUR, Démontrer par le raisonnement qu'une découverte peut être bonne, c'est une façon de mettre [...]
Mots clefs :
Pierre, Opération, Malade, Guérison, Opération de la taille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
LETTRE de M. Morand , Chirurgien , à
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
M. Falconet le fils , Docteur en Medecine
, de l'Académie des Belles - Lettres
, &c.
MONSIEUR ;
Démontrer par le raifonnement qu'une décou
verte peut être bonne , c'eſt une façon de mettre
les connoiffeurs en état de juger du merite de
la choſe , mais elle ne perfuade pas tout le monde.
Prouver par des Experiences que la pratique
en eft utile , c'eſt une façon sûre de convaincre
les incrédules , & de ruiner les préjugés:appuyer
enfin cette découverte fur le raifonnement &
Pexperience en même- tems , n'est- ce pas remplir
tout ce que l'on peut exiger de celui qui la
propofe
>
Je n'examine point ici , Monfieur,fi la Méthode
de tailler de la Pierre par l'appareil lateral
que quelques - uns ont nommé à l'Angloife , eft
une opération nouvelle ou non , cela fera difcuzé
ailleurs ; il me fuffit de la propofer comme
une opération excellente , à laquelle on peut appliquer
A O UST . 1730. 1827
pliquer ce que je viens de dire fur une découverte
en general.
>
Tout ce qui regarde la théorie de cette opération
a été parfaitement traité , Monfieur , dans
votre fçavante Thefe : An , educendo calculo ,
cateris anteferendus Apparatus lateralis . Une
érudition recherchée , une Logique judicieufe ,
un parallele exact de cette Méthode avec les
autres en établiffent le mérite , mais il falloit
des faits , & les plus pénetrés de la verité de la
Thefe fe difoient mutuellement , il ne manque
plus que de mettre l'opération en pratique. Permettez
donc , Monfieur , que je vous adreffe
l'Argument victorieux de votre Theſe , c'eft ainfi
que je nomme la Lifte vraye de ceux qui ont
été taillés à Paris par l'Appareil latéral. /
1. Claude Mony , âgé de 8 ans , taillé chez,
une garde , dans la rue Jacob , le 7 Septembre
1729. par M. Perchet , guéri.
2. M. l'Abbé Lambert ; Curé de Sercey , Diocèfe
de Langres , âgé de 61 ans , je l'ai taillé le 9
mai 1730. je lui ai tiré cinq pierres groffes comme
des maffepains , guéri.
3. Pierre la Chapelle , âgé de 9 ans , je l'ai
taillé le 9. Mai : je lui ai tiré deux petites pierres
, guéri.
4. Louis - Martin Caillau , âgé de 8 aus ; je
l'ai taillé le 9 May : je lui ai tiré une pierre
groffe comme un gros Abricot , guéri.
f . Louis Durié , âgé de 7 ans : je l'ai taillé le
13 May , je lui ai tiré une petite pierre , guéri.
6 Louis - Jofeph Coquo , âgé de 9 ans : je l'ai
taillé le 13 May , jè lui ai tiré une groffe pierre ,
guéri.
7. Nicolas Desjardins , âgé de 26 ans , je l'ai
taillé le 23 May : je lui ai tiré une pierre murale
, pleine d'afperités , mort.
8.
1828 MERCURE DE FRANCE
8. Claude Barbereau , âgé de 22 ans : Je l'ai
taillé le 23 May ; je lui ai tiré une très- groffe
pierre , chargée de trois pointes , guéri.
9. Pierre Goupy , âgé de cinq ans , taillé par
M. Perchet le 9 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
10. Jean- Noël Sellier , âgé de 5 ans , taillé
par M. Perchet , le 9 May : il avoit deux petites
pierres , mort.
11. Edme Fievet , âgé de 6 ans , taillé pár
M. Perchet le 13 May : la pierre étoit petite ,
guéri.
12. Jacques Defroſiers , âgé de 7 ans , taillé
par M. Perchet le 13 May : il avoit deux petites
pierres , guéri.
13. Louis Moutier , âgé de 12 ans
taillé pár
M. Perchet le 24 May , la pierre étoit groffe
comme un petit oeuf, guéri.
14. M. l'Abbé Turcan , âgé de 40 ans , taillé
le 16 May par M. Perchet ; la pierre étoit petite ,
guéri.
15. M. Le Muet , Marchand de Troyes , âgé de
55 ans ; je l'ai taillé le 30 Juillet dernier , malgré
la chaleur , attendu qu'il étoit en danger par
les grandes douleurs qu'il fouffroit de la pierre ,
je lui en ai tiré une affez groffe.
Voilà , Monfieur , quinze Malades taillés par
l'Appareil latéral , dont deux font morts , douze
font gueris & le dernier le fera inceffamment
>
Vous imagineriez
des gens
-
>
vous bien , Monfieur
affez déraisonnables pour nier ces faits
dans desAffemblées refpectables , & vouloir affoiblir
des témoignages vivans que Mr de l'Académie
Royale des Sciences ont vus avec plaifir, & que
les Curieux & les bons Citoyens , ont épluchés
eux-mêmes,pour rendre hommage à la verité, Oui,
Monfieur, il y a de ces gens déraisonnables; mais
ce
A O UST . 1730. 1329
ce qu'il y a de monftrueux , c'eft qu'il s'en trouve
parmi mes Confreres . En verité , tel qui jouit
de la réputation de bon Chirurgien , devroit
bien fe menager celle de veridique . C'est au Public.
équitable à juger d'un procedé pareil ; pour
moi je ne fouhaite rien tant que l'examen
des faits que j'avance , les Regiftres de l'Hôpital
de la Charité en prouveront douze , & rien n'eſt
plus facile à verifier que les trois autres. J'ay
T'honneur d'être , & c.
7
A Paris , ce 24 Août 1730.
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Résumé : LETTRE de M. Morand, Chirurgien, à M. Falconet le fils, Docteur en Medecine, de l'Académie des Belles-Lettres, &c.
La lettre de M. Morand, Chirurgien, adressée à M. Falconet, Docteur en Médecine, traite de la méthode de taille de la pierre par l'appareil latéral, une technique chirurgicale. Morand insiste sur l'importance de démontrer la valeur d'une découverte par le raisonnement et l'expérience pour convaincre les sceptiques et ruiner les préjugés. Il présente cette méthode comme excellente, sans se prononcer sur son caractère novateur. La théorie de cette opération a été abordée dans la thèse de Falconet, mais des faits concrets sont nécessaires pour prouver son efficacité. Morand fournit une liste de quinze patients opérés avec succès par l'appareil latéral, dont douze guéris et deux décédés. Les cas incluent des personnes de différents âges et conditions, opérées par Morand ou M. Perchet. Morand défie ceux qui nient ces faits, notamment certains de ses confrères, et invite à examiner les registres de l'Hôpital de la Charité pour vérifier les résultats. Il exprime son souhait que les faits soient examinés et jugés équitablement par le public. La lettre se conclut par l'expression de son honneur et de sa disponibilité à fournir des preuves supplémentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 2602-2614
REFLEXIONS sur ces paroles d'Hippoctates, Aphorisme XXXIII. Section II. In omni morbo mente valere bonum est ; contrarium vero malum.
Début :
Puisque nous voyons tous les jours que les moindres passions de l'ame [...]
Mots clefs :
Corps, Tension, Passions, Organes, Malade, Maladie, Imagination, Affection, Remède, Médecine, Hippocrate
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texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS sur ces paroles d'Hippoctates, Aphorisme XXXIII. Section II. In omni morbo mente valere bonum est ; contrarium vero malum.
REFLEXIONS fur ces paroles
d'Hippoctates , Aphorifme XXXIII.
Section II. In omni morbo mente valere
bonum eft ; contrarium vero malum.
Puifque Uifque nous voyons tous les jours
les moindres paffions de l'ame
occafionnent dans la fanté la mieux établie
mille dérangemens dangereux pour
la vie; pouvons- nous douter que la crainte
ou l'appréhenfion de mourir ne faſſe
de plus grands defordres dans un Malade?
Mais plutôt qui d'entre les hommes , le
plus intrépide même , lorſque le mal eſt
affez férieux , fe fent à l'abri des troubles
qu'une penſée fi affreuſe jette dans
tout le corps ? L'on ne doit donc point
refufer , pour peu que le bien des Malades
tienne à coeur , une attention particuliere
à ces mouvemens de l'ame qui
I. Vol. agiffent
DECEMBRE . 1730. 2603
3.
agiffent fi puiffamment à nos yeux , &
la faine pratique de Medecine ne fçauroit
les abandonner à eux- mêmes fans rendre
les meilleurs remedes de l'Art , ou inutiles
ou pernicieux dans leur ufage. C'eft fur
un fondement fi folide qu'on eft porté à
croire que la plupart des Maladies ne deviennent
ferieufes , intraitables même, que
parce que la crainte , l'abattement , la
frayeur & le defefpoir , font toujours aux
trouffes des pauvres Malades; & que la fermeté
en enleveroit un plus grand nombre à
la Parque, que les Remedes les plus fpecifi
ques,qui ne meritent pas fouvent un nom
fi impofant : de- là vient qu'on a tout fujet
de penfer que dans les moins dangereufes
maladies comme dans celles qui le font
veritablement , on épargneroit plus de
vies au genre humain , fi on s'attachoit
moins àdonner des remedes, qu'à raffures
l'efprit allarmé des Malades.
Pour le convaincre de ce que nous ve
nons d'avancer , il ne faut que jetter les
yeux fur ces mélancoliques hypocondriaques
, fujets à des prétendues vapeurs qui
ne reconnoiffent pour caufe que le vice
de leur imagination ; c'eft ainfi que nous
trouvons quelquefois dans notre pratique
de ces hommes que les biens & les honneurs
inondent de toutes parts , au milieu
des plaifirs , qu'une fanté parfaite-
Cij ment I. Vol.
2604 MERCURE DE FRANCE
&
ment bonne & vigoureufe laiffe gouter
paifiblement à la fleur de leur âge , tomber
tout à coup dans un abattement &
dans une langueur toujours funefte à la
vie , fe rendre infupportables aux autres ,
le devenir à eux mêmes , fe laiffer aller
à des contentions trop longues , à des afflictions
extrêmes ; en un mot , ſe montrer
le jouet de leur imagination par ces récits
ennuyeux des plus legeres circonftances
de leurs maux dont ils accablent ceux
qu'ils engagent férieufement à les entendre
. Des Malades de cette efpece peuventils
trouver du fecours dans l'adminiftration
des remedes , & ne feroit- ce pas pour
lors réfifter à l'experience qui apprend
conftamment au prix de la vie de ceux
qui la confient aux ignorans , que l'abattement
, la langueur de l'efprit , fe guerit
moins par l'ufage des remedes , que par
la diverfité des idées , les converfations ,
les Affemblées des perfonnes enjoüées ,
& fur tout par la fermeté ou le courage
que les bons Medecins ne manquent
jamais de préferer falutairement à tout
autre fecours ? d'ailleurs comme l'oifiveté
leur donne occafion de fe trop écouter
les exercices moderez du corps ne feroient
ils pas pour ces Malades un bon régime.
de vie ? peut être même que la reflexion
fuivante auroit affez de force pour
I. Vol.
préDECEMBRE
. 1730. 2605
prévenir & détourner la foibleffe de leur
imagination .
Il n'eft pas poffible que cette foule de
fonctions qui s'exercent par tant de differens
inftrumens dans une machine auffi délicate
que le corps
de l'homme
, ſe faffent
dans
la fanté
même
la plus
parfaite
d'une
égale
jufteffe
, puifque
tout
de même
que
dans
une
Montre
ou dans
des machines
femblables
le peu de folidité
de la matiere
dont
on conſtruit
les differentes
pieces
qui
les compofent
, les frottemens
des roues
de
leurs
arbres
qui
touchent
par
plufieurs
points
à des furfaces
jamais
planes
ou unies
;
en un mot,mille
caufes
, tant
internes
qu'externes
, font
de très- grands
obftacles
à la
perfection
de leurs
mouvemens
; de même
dans
le corps
humain
les roues
qu'on
y
découvre
, ou , pour
mieux
dire, les mouvemens
circulaires
, foit
dans
les folides
foit
dans
les liquides
, les leviers
, les puiffances
& leur
point
d'appui
, dans
le tems
que
tout
eft en jeu , fe trouvent
fujets
aux
mêmes
imperfections
que
les rouës
& les refforts
de la montre
en mouvement
;
& ces obftacles
font
d'autant
plus
fenfibles
à l'homme
,que
ceux
qui vivent
dans
une
fcrupuleufe
attention
fur
ce qui fe
pafle
au dedans
du corps
, ne fe croyent
malades
que
pour les trop
écouter
.
Si ceux qui fe montrent moins occupez
I. Vol. Cy dans
2606 MERCURE DE FRANCE
dans la pratique de Medecine à guerir
l'efprit,fouvent plus allarmé que le corps
n'eft malade , faifoient attention qu'on
doit toujours envifager dans un malade
la guérifon de deux maladies , dont la
violence ou la durée de tous les tems
qu'elles parcourent , fe répondent exactement
, & que chacune d'elles exige des
fecours differens , fuivant la fuperiorité
que l'une gagne fur l'autre , ils fe défabuferoient
avec plaifir de ce grand nombre
inutile ou meurtrier de remedes , que
Pandore a laiffé échaper , que l'avarice
fait employer , que l'honneur de la profeffion
défaprouve , & que la feule fermeté
dont les malades ont befoin ordi
nairement , ne permet jamais qu'on lui
préfere , fans reprocher les funeftes fuites
d'une fi injufte préférence à ceux qui ne
connoiffent point l'union ou la dépendance
mutuelle de ces deux fubftances qui
compofent l'homme.
Quoique l'union de l'ame avec le corps
doive plutôt paffer pour un fecret réfervé
à la Toute puiffance Divine , que pour
une connoiffance dûe aux plus profondes
recherches de l'efprit humain ; l'heureuſe
témerité des fçavans dans leurs découvertes
a fçû nous engager trop avant , pour
pouvoir nous difpenfer maintenant de
propofer nos conjectures . Cependant pour
I.Vol
AC
DECEMBRE . 1730. 2607
ne pas priver de leurs droits ceux qui pré
tendent en avoir fur cette queftion , nous
ne prendrons que ce qu'il nous faut pour
fatisfaire à notre projet.
Les Loix uniformes , & les raports réciproques
que l'Auteur de la nature a établis
dans l'union de l'ame & du corps ,
maintiennent ces deux fubftances dans
une dépendance mutuelle ; ce qui fait que
l'ame a des affections à l'occafion de certains
mouvemens du Corps, & que celui - ci
exécute des mouvemens , à l'occafion de
certaines affections de l'ame. La vivacité
de ces affections dépend de la violence des
impreffions, des objets externes fur les or
ganes du corps , & l'énergie de la puiffance
de l'ame fur le corps , de la vivacité
de fes affections; l'ame fera parconfequent
d'autant plus vivement affectée que le
.corps fera fortement émû; & le corps fera
d'autant plus puiffamment émû , que l'a
me fera vivement affectée ; le fentiment
interieur & l'expérience journaliere ne
nous permettent point de refufer notre
confentement à des véritez fi fenfibles &
fi connues.
C'eft à la faveur du genre nerveux que
les impreffions des objets externes fur les
organes du corps, d'où dépendent les fenfations
, fe tranfmettent dans le cerveau
jufqu'à l'origine des nerfs . C'eft auffi par
C vi I. Vol.
2608 MERCURE DE FRANCE
les mêmes voyes que les paffions de l'ame
agiffent fur la machine .
On peut donc regarder le genre nerveux
, comme un affemblage de petits
cordons difperfez par tout le corps ,
dans
un certain dégré de tenfion que la nature
leur a donné , réünis à la baze du crane ,
dans cet endroit du cerveau , qu'on nomme
moëlle allongée , & que nous appellerons
dans la fuite Emporeum. C'eft- là où
toutes les impreffions faites fur les organes
du corps aboutiffent , qu'on peut
placer le fiége des perceptions de l'âme.
Mais découvre-t- on dans cette parque
tie ? fi ce n'eft un tas de fibrilles fufceptibles
de vibration , capables de fe redreffer
& de fe remettre lorſque la cauſe
qui en a fait perdre la direction , ceſſe
d'agir ? Comment peut- il donc fe faire
que l'ame foit affectée dans les fenfations,
à l'occafion des impreffions faites par les
objets externes fur les organes
du corps ,
ou agir elle-même fur la machine dans,
les paffions ? une fubftance fpirituelle n'eftelle
point à l'abri des atteintes de la matiere
? Et celle - cy fouffrira-t- elle quelque
changement de la part de l'autre ? J'avouë
prefentement , que fi les fçavans fe
payoient moins de raifonnemens ingénieux
, que d'aveus finceres de la foibleffe
du génie , je n'aurois point de hon-
I.Vol
DECEMBRE . 1730. 2609
coup
te de la déclarer à des hommes dans cette
occafion , mais comme elles doivent beauà
la témérité des curieux , elles veulent
encore leur être plus redevables ; ) le
corps ne pouvant donc point agir materiellement
fur l'ame, ni l'ame fur le corps ,
il faut que le Créateur dans l'union de ces
deux fubftances , ait voulu , fuivant les
décrets immuables , qu'à l'occafion d'un
tel mouvement , où bien d'une vibration
plus ou moins forte des fibres de l'Emporeum
, l'ame fut plus ou moins vivement
ébranlée ; & qu'à l'occafion de certaines
perceptions de l'ame , il furvint à ces mêmes
fibres des vibrations dont la force
répondit exactement à la vivacité de ces
perceptions , pour lors le cordon de
nerf continu à la fibre vibrée , fera plus
ou moins tiraillé auffi-bien que les divifions
& les rameaux qui en partent, & qui
vont fe perdre dans les parties du corps.
Ainfi fuppofé maintenant que l'ame foit
vivement affectée ( comme il lui arrive
dans differentes paffions , mais fur tout
dans la crainte ou l'apprehenfion de mourir
) la vibration d'une , ou de plufieurs
fibres de l'Emporeum fera violente, le tiraillement
du cordon de nerf ne le fera
pas
moins, &fes filamens diviſez ,diſperſez dans
a machine , donneront bien - tôt des marques
tres- fenfibles de leur défordre , icy
L. Vol par
2610 MERCURE DE FRANCE
par la tenfion exceffive des membranes ,
par le retréciffement du diametre des
vaiffeaux dont les parois font devenuës
moins dociles aux caufes pulcifiques ; là,
par les douleurs infupportables , les convulfions
d'une ou de plufieurs parties , &
par l'état tonique qui fe prend au reffort
des folides ; d'où fuit le trouble, l'inégalité
de la circulation du fang , de la lymphe ,
leur féjour dans les chairs , ou dans les
vifceres qui s'enflamment , les fécretions
fufpendues , les coctions léfées , abolies
même ; enfin le bouleverfement de tout
le corps , qui fera toujours d'autant plus
puiffant fur les caufes de la vie , que le
moindre effet mentionné fuffit pour la
faire perdre.
il
Il ne fera pas difficile à prefent , de rendre
raifon des differens dégrez de dérangement
& de défordre , qui arrivent au
Corps humain ,à l'occafion des paffions de
l'ame , pour peu qu'on donne fes atten
tions à leur vivacité , à la difpofition des
fibres de l'Emporeum, & à l'état du corps
fain ou malade.
Nous avons déja vû que les affections
de l'ame occafionnent des vibrations dans
les fibres de l'Emporeum , fuivant donc le
different dégré de tenfion , de foupleffe
de rigidité , & de reffort , que la nature
feur a donné , elles font plus ou moins
I. Vol. vibraDECEMBRE
. 1730. 2611
vibratiles. Par exemple : Si l'ame eft vivement
affectée , la vibration que cette affection
occafionnera d'abord dans une ou
plufieurs fibres fera violente ; & fi les
fibres vibrées fe trouvent bien tenduës
naturellement , la force d'une telle fecouffe
produira un double effet. Il en eft à
peu près de même des autres qualitez ,
qu'on attribue à ces fibres qui varient
dans des fujets differens , par rapport au
fexe , à l'âge , au temperamment , & à la
maniere de vivre , & quelquefois dans le
même homme,à raifon de bien des circonftances,
mais fur tout de la frequence des
vibrations , d'où elles ont acquis la difpofition
d'obéir au moindre tremouffement.
Si les organes du corps fe trouvent
dans l'état le plus éloigné de la maladie ,
& que l'imagination ne foit que peu dérangée
, il eft clair que le corps n'en fera
pas fort incommodé ; delà vient qu'on'
voit une foule de mélancoliques , fe
porter d'ailleurs le mieux du monde ;
mais fi dans ce cas l'imagination eft conſiderablement
détraquée, le corps s'appro
chera pour lors de l'état malade , à proportion
que le dérangemeut de l'efprit
fera grand ; je crois même , que ce ne
feroit point fans fondement , fil'on avançoit
que l'imagination vivement frappée
de trifteffe , de crainte , &c . a affez de
I. Vol.
pou2612
MERCURE DE FRANCE
pouvoir fur la machine , pour en occafionner
la ruine.
Si dans un corps peu malade , l'imagination
n'eft que peu allarmée ; ces deux
maladies enſemble ne font point à crain
dre , on s'en releve facilement ; mais fi
dans ce même cas , l'ame eft fortement
agitée , le trouble dans la Machine fera
très -dangereux ; on voit bien fouvent des
malades guériffables par la nature du
mal , devenir incurables , fe défefpérer &
périr malheureuſement par la préférence
qu'on a fait des remedes quelquefois fort
violens , à cette fermeté dont le retour de
la fanté ne pouvoit fe paffer fans la perte
de la vie.
Enfin fi l'imagination & le corps font
tres dérangez , dans un pareil cas le malade
fera défefpéré , pour peu qu'on néglige
de lui donner du courage , ouqu'on
fe ferve des remedes qui le tour
mentent trop.
On voit par toute cetteThéorie que dans
le concours de ces cauſes , l'ame doit agir
fur la Machine , avec un pouvoir inſurmontable
, dont les effets feront par conféquent
très -funeftes.
On reconnoît encore d'où vient que
certaines perfonnes font plus fufceptibles
de chagrin , de trifteffe , d'abattement
de crainte & de defefpoir que bien d'au-
1. Vol. tres
DECEMBRE . 1730. 2613
tres , & en reffentent de plus grands maux
dans l'ufage de la vie.
Puifqu'on ne fçauroit à prefent difconvenir
que la trifteffe & la langueur de
l'efprit, ne dérangent confidérablement la
fanté la plus affurée , & que la crainte &
l'apprehenfion de mourir n'occafionne de
nouveaux défordres dans un malade ;
n'a- t-on pas raifon de penfer que les malades
auroient moins de mal s'ils avoient
moins de peur ? In omni morbo mente valere
bonum eft , contrarium verò malum.
C'eft fur ce principe de la veritable
Médecine , où tout ce que l'avarice de
l'homme a de plus haïffable , & de plus
dangereux dans les moyens qu'elle offre
pour affouvir le défir de groffir fes richeffes
, n'a aucune part , que nous avons
prétendu faire voir :
Premierement , que les gens de notre profeffion
moins ambitieux des biens que jaloux
de leur honneur , doivent s'attirer
des malades de la confiance, plutôt par une
jufte réputation que par une effronterie
odieufe , qui ne peut tourner qu'à leur
confuſion & au malheur de ceux qui ne
diftinguant point le vrai mérite , apprennent
par leur mort violente , à des héritiers
à ne pas les fuivre dans leur funefte
choix .
Secondement , que
I. Vol.
dans les maladies férieu2614
MERCURE DE FRANCE
rieuſes , où les malades craignent fort
pour leur vie , la préfence fréquente ,
mais jamais importune , du Medecin de
confiance , eft plus falutaire qu'un grand
appareil de remedes .
3mt, Et qu'ainfi on ne doit pas faire dif
Aculté de bannir , de retrancher de la
Médecine un grand nombre de remedes ,
non feulement comme inutiles , mais encore
comme très - pernicieux , & le malade
fera guéri pour lors à moins de frais &
plus furement.
Enfin , qu'on n'a confulté , dans le def
fein de mettre au jour ce petit Ouvrage ,
que l'honneur de la profeffion , & le verible
bien des malades.
Par G B. Barrés , de Pezenas , Docteur
en Médecine, de la Faculté de Montpellier.
d'Hippoctates , Aphorifme XXXIII.
Section II. In omni morbo mente valere
bonum eft ; contrarium vero malum.
Puifque Uifque nous voyons tous les jours
les moindres paffions de l'ame
occafionnent dans la fanté la mieux établie
mille dérangemens dangereux pour
la vie; pouvons- nous douter que la crainte
ou l'appréhenfion de mourir ne faſſe
de plus grands defordres dans un Malade?
Mais plutôt qui d'entre les hommes , le
plus intrépide même , lorſque le mal eſt
affez férieux , fe fent à l'abri des troubles
qu'une penſée fi affreuſe jette dans
tout le corps ? L'on ne doit donc point
refufer , pour peu que le bien des Malades
tienne à coeur , une attention particuliere
à ces mouvemens de l'ame qui
I. Vol. agiffent
DECEMBRE . 1730. 2603
3.
agiffent fi puiffamment à nos yeux , &
la faine pratique de Medecine ne fçauroit
les abandonner à eux- mêmes fans rendre
les meilleurs remedes de l'Art , ou inutiles
ou pernicieux dans leur ufage. C'eft fur
un fondement fi folide qu'on eft porté à
croire que la plupart des Maladies ne deviennent
ferieufes , intraitables même, que
parce que la crainte , l'abattement , la
frayeur & le defefpoir , font toujours aux
trouffes des pauvres Malades; & que la fermeté
en enleveroit un plus grand nombre à
la Parque, que les Remedes les plus fpecifi
ques,qui ne meritent pas fouvent un nom
fi impofant : de- là vient qu'on a tout fujet
de penfer que dans les moins dangereufes
maladies comme dans celles qui le font
veritablement , on épargneroit plus de
vies au genre humain , fi on s'attachoit
moins àdonner des remedes, qu'à raffures
l'efprit allarmé des Malades.
Pour le convaincre de ce que nous ve
nons d'avancer , il ne faut que jetter les
yeux fur ces mélancoliques hypocondriaques
, fujets à des prétendues vapeurs qui
ne reconnoiffent pour caufe que le vice
de leur imagination ; c'eft ainfi que nous
trouvons quelquefois dans notre pratique
de ces hommes que les biens & les honneurs
inondent de toutes parts , au milieu
des plaifirs , qu'une fanté parfaite-
Cij ment I. Vol.
2604 MERCURE DE FRANCE
&
ment bonne & vigoureufe laiffe gouter
paifiblement à la fleur de leur âge , tomber
tout à coup dans un abattement &
dans une langueur toujours funefte à la
vie , fe rendre infupportables aux autres ,
le devenir à eux mêmes , fe laiffer aller
à des contentions trop longues , à des afflictions
extrêmes ; en un mot , ſe montrer
le jouet de leur imagination par ces récits
ennuyeux des plus legeres circonftances
de leurs maux dont ils accablent ceux
qu'ils engagent férieufement à les entendre
. Des Malades de cette efpece peuventils
trouver du fecours dans l'adminiftration
des remedes , & ne feroit- ce pas pour
lors réfifter à l'experience qui apprend
conftamment au prix de la vie de ceux
qui la confient aux ignorans , que l'abattement
, la langueur de l'efprit , fe guerit
moins par l'ufage des remedes , que par
la diverfité des idées , les converfations ,
les Affemblées des perfonnes enjoüées ,
& fur tout par la fermeté ou le courage
que les bons Medecins ne manquent
jamais de préferer falutairement à tout
autre fecours ? d'ailleurs comme l'oifiveté
leur donne occafion de fe trop écouter
les exercices moderez du corps ne feroient
ils pas pour ces Malades un bon régime.
de vie ? peut être même que la reflexion
fuivante auroit affez de force pour
I. Vol.
préDECEMBRE
. 1730. 2605
prévenir & détourner la foibleffe de leur
imagination .
Il n'eft pas poffible que cette foule de
fonctions qui s'exercent par tant de differens
inftrumens dans une machine auffi délicate
que le corps
de l'homme
, ſe faffent
dans
la fanté
même
la plus
parfaite
d'une
égale
jufteffe
, puifque
tout
de même
que
dans
une
Montre
ou dans
des machines
femblables
le peu de folidité
de la matiere
dont
on conſtruit
les differentes
pieces
qui
les compofent
, les frottemens
des roues
de
leurs
arbres
qui
touchent
par
plufieurs
points
à des furfaces
jamais
planes
ou unies
;
en un mot,mille
caufes
, tant
internes
qu'externes
, font
de très- grands
obftacles
à la
perfection
de leurs
mouvemens
; de même
dans
le corps
humain
les roues
qu'on
y
découvre
, ou , pour
mieux
dire, les mouvemens
circulaires
, foit
dans
les folides
foit
dans
les liquides
, les leviers
, les puiffances
& leur
point
d'appui
, dans
le tems
que
tout
eft en jeu , fe trouvent
fujets
aux
mêmes
imperfections
que
les rouës
& les refforts
de la montre
en mouvement
;
& ces obftacles
font
d'autant
plus
fenfibles
à l'homme
,que
ceux
qui vivent
dans
une
fcrupuleufe
attention
fur
ce qui fe
pafle
au dedans
du corps
, ne fe croyent
malades
que
pour les trop
écouter
.
Si ceux qui fe montrent moins occupez
I. Vol. Cy dans
2606 MERCURE DE FRANCE
dans la pratique de Medecine à guerir
l'efprit,fouvent plus allarmé que le corps
n'eft malade , faifoient attention qu'on
doit toujours envifager dans un malade
la guérifon de deux maladies , dont la
violence ou la durée de tous les tems
qu'elles parcourent , fe répondent exactement
, & que chacune d'elles exige des
fecours differens , fuivant la fuperiorité
que l'une gagne fur l'autre , ils fe défabuferoient
avec plaifir de ce grand nombre
inutile ou meurtrier de remedes , que
Pandore a laiffé échaper , que l'avarice
fait employer , que l'honneur de la profeffion
défaprouve , & que la feule fermeté
dont les malades ont befoin ordi
nairement , ne permet jamais qu'on lui
préfere , fans reprocher les funeftes fuites
d'une fi injufte préférence à ceux qui ne
connoiffent point l'union ou la dépendance
mutuelle de ces deux fubftances qui
compofent l'homme.
Quoique l'union de l'ame avec le corps
doive plutôt paffer pour un fecret réfervé
à la Toute puiffance Divine , que pour
une connoiffance dûe aux plus profondes
recherches de l'efprit humain ; l'heureuſe
témerité des fçavans dans leurs découvertes
a fçû nous engager trop avant , pour
pouvoir nous difpenfer maintenant de
propofer nos conjectures . Cependant pour
I.Vol
AC
DECEMBRE . 1730. 2607
ne pas priver de leurs droits ceux qui pré
tendent en avoir fur cette queftion , nous
ne prendrons que ce qu'il nous faut pour
fatisfaire à notre projet.
Les Loix uniformes , & les raports réciproques
que l'Auteur de la nature a établis
dans l'union de l'ame & du corps ,
maintiennent ces deux fubftances dans
une dépendance mutuelle ; ce qui fait que
l'ame a des affections à l'occafion de certains
mouvemens du Corps, & que celui - ci
exécute des mouvemens , à l'occafion de
certaines affections de l'ame. La vivacité
de ces affections dépend de la violence des
impreffions, des objets externes fur les or
ganes du corps , & l'énergie de la puiffance
de l'ame fur le corps , de la vivacité
de fes affections; l'ame fera parconfequent
d'autant plus vivement affectée que le
.corps fera fortement émû; & le corps fera
d'autant plus puiffamment émû , que l'a
me fera vivement affectée ; le fentiment
interieur & l'expérience journaliere ne
nous permettent point de refufer notre
confentement à des véritez fi fenfibles &
fi connues.
C'eft à la faveur du genre nerveux que
les impreffions des objets externes fur les
organes du corps, d'où dépendent les fenfations
, fe tranfmettent dans le cerveau
jufqu'à l'origine des nerfs . C'eft auffi par
C vi I. Vol.
2608 MERCURE DE FRANCE
les mêmes voyes que les paffions de l'ame
agiffent fur la machine .
On peut donc regarder le genre nerveux
, comme un affemblage de petits
cordons difperfez par tout le corps ,
dans
un certain dégré de tenfion que la nature
leur a donné , réünis à la baze du crane ,
dans cet endroit du cerveau , qu'on nomme
moëlle allongée , & que nous appellerons
dans la fuite Emporeum. C'eft- là où
toutes les impreffions faites fur les organes
du corps aboutiffent , qu'on peut
placer le fiége des perceptions de l'âme.
Mais découvre-t- on dans cette parque
tie ? fi ce n'eft un tas de fibrilles fufceptibles
de vibration , capables de fe redreffer
& de fe remettre lorſque la cauſe
qui en a fait perdre la direction , ceſſe
d'agir ? Comment peut- il donc fe faire
que l'ame foit affectée dans les fenfations,
à l'occafion des impreffions faites par les
objets externes fur les organes
du corps ,
ou agir elle-même fur la machine dans,
les paffions ? une fubftance fpirituelle n'eftelle
point à l'abri des atteintes de la matiere
? Et celle - cy fouffrira-t- elle quelque
changement de la part de l'autre ? J'avouë
prefentement , que fi les fçavans fe
payoient moins de raifonnemens ingénieux
, que d'aveus finceres de la foibleffe
du génie , je n'aurois point de hon-
I.Vol
DECEMBRE . 1730. 2609
coup
te de la déclarer à des hommes dans cette
occafion , mais comme elles doivent beauà
la témérité des curieux , elles veulent
encore leur être plus redevables ; ) le
corps ne pouvant donc point agir materiellement
fur l'ame, ni l'ame fur le corps ,
il faut que le Créateur dans l'union de ces
deux fubftances , ait voulu , fuivant les
décrets immuables , qu'à l'occafion d'un
tel mouvement , où bien d'une vibration
plus ou moins forte des fibres de l'Emporeum
, l'ame fut plus ou moins vivement
ébranlée ; & qu'à l'occafion de certaines
perceptions de l'ame , il furvint à ces mêmes
fibres des vibrations dont la force
répondit exactement à la vivacité de ces
perceptions , pour lors le cordon de
nerf continu à la fibre vibrée , fera plus
ou moins tiraillé auffi-bien que les divifions
& les rameaux qui en partent, & qui
vont fe perdre dans les parties du corps.
Ainfi fuppofé maintenant que l'ame foit
vivement affectée ( comme il lui arrive
dans differentes paffions , mais fur tout
dans la crainte ou l'apprehenfion de mourir
) la vibration d'une , ou de plufieurs
fibres de l'Emporeum fera violente, le tiraillement
du cordon de nerf ne le fera
pas
moins, &fes filamens diviſez ,diſperſez dans
a machine , donneront bien - tôt des marques
tres- fenfibles de leur défordre , icy
L. Vol par
2610 MERCURE DE FRANCE
par la tenfion exceffive des membranes ,
par le retréciffement du diametre des
vaiffeaux dont les parois font devenuës
moins dociles aux caufes pulcifiques ; là,
par les douleurs infupportables , les convulfions
d'une ou de plufieurs parties , &
par l'état tonique qui fe prend au reffort
des folides ; d'où fuit le trouble, l'inégalité
de la circulation du fang , de la lymphe ,
leur féjour dans les chairs , ou dans les
vifceres qui s'enflamment , les fécretions
fufpendues , les coctions léfées , abolies
même ; enfin le bouleverfement de tout
le corps , qui fera toujours d'autant plus
puiffant fur les caufes de la vie , que le
moindre effet mentionné fuffit pour la
faire perdre.
il
Il ne fera pas difficile à prefent , de rendre
raifon des differens dégrez de dérangement
& de défordre , qui arrivent au
Corps humain ,à l'occafion des paffions de
l'ame , pour peu qu'on donne fes atten
tions à leur vivacité , à la difpofition des
fibres de l'Emporeum, & à l'état du corps
fain ou malade.
Nous avons déja vû que les affections
de l'ame occafionnent des vibrations dans
les fibres de l'Emporeum , fuivant donc le
different dégré de tenfion , de foupleffe
de rigidité , & de reffort , que la nature
feur a donné , elles font plus ou moins
I. Vol. vibraDECEMBRE
. 1730. 2611
vibratiles. Par exemple : Si l'ame eft vivement
affectée , la vibration que cette affection
occafionnera d'abord dans une ou
plufieurs fibres fera violente ; & fi les
fibres vibrées fe trouvent bien tenduës
naturellement , la force d'une telle fecouffe
produira un double effet. Il en eft à
peu près de même des autres qualitez ,
qu'on attribue à ces fibres qui varient
dans des fujets differens , par rapport au
fexe , à l'âge , au temperamment , & à la
maniere de vivre , & quelquefois dans le
même homme,à raifon de bien des circonftances,
mais fur tout de la frequence des
vibrations , d'où elles ont acquis la difpofition
d'obéir au moindre tremouffement.
Si les organes du corps fe trouvent
dans l'état le plus éloigné de la maladie ,
& que l'imagination ne foit que peu dérangée
, il eft clair que le corps n'en fera
pas fort incommodé ; delà vient qu'on'
voit une foule de mélancoliques , fe
porter d'ailleurs le mieux du monde ;
mais fi dans ce cas l'imagination eft conſiderablement
détraquée, le corps s'appro
chera pour lors de l'état malade , à proportion
que le dérangemeut de l'efprit
fera grand ; je crois même , que ce ne
feroit point fans fondement , fil'on avançoit
que l'imagination vivement frappée
de trifteffe , de crainte , &c . a affez de
I. Vol.
pou2612
MERCURE DE FRANCE
pouvoir fur la machine , pour en occafionner
la ruine.
Si dans un corps peu malade , l'imagination
n'eft que peu allarmée ; ces deux
maladies enſemble ne font point à crain
dre , on s'en releve facilement ; mais fi
dans ce même cas , l'ame eft fortement
agitée , le trouble dans la Machine fera
très -dangereux ; on voit bien fouvent des
malades guériffables par la nature du
mal , devenir incurables , fe défefpérer &
périr malheureuſement par la préférence
qu'on a fait des remedes quelquefois fort
violens , à cette fermeté dont le retour de
la fanté ne pouvoit fe paffer fans la perte
de la vie.
Enfin fi l'imagination & le corps font
tres dérangez , dans un pareil cas le malade
fera défefpéré , pour peu qu'on néglige
de lui donner du courage , ouqu'on
fe ferve des remedes qui le tour
mentent trop.
On voit par toute cetteThéorie que dans
le concours de ces cauſes , l'ame doit agir
fur la Machine , avec un pouvoir inſurmontable
, dont les effets feront par conféquent
très -funeftes.
On reconnoît encore d'où vient que
certaines perfonnes font plus fufceptibles
de chagrin , de trifteffe , d'abattement
de crainte & de defefpoir que bien d'au-
1. Vol. tres
DECEMBRE . 1730. 2613
tres , & en reffentent de plus grands maux
dans l'ufage de la vie.
Puifqu'on ne fçauroit à prefent difconvenir
que la trifteffe & la langueur de
l'efprit, ne dérangent confidérablement la
fanté la plus affurée , & que la crainte &
l'apprehenfion de mourir n'occafionne de
nouveaux défordres dans un malade ;
n'a- t-on pas raifon de penfer que les malades
auroient moins de mal s'ils avoient
moins de peur ? In omni morbo mente valere
bonum eft , contrarium verò malum.
C'eft fur ce principe de la veritable
Médecine , où tout ce que l'avarice de
l'homme a de plus haïffable , & de plus
dangereux dans les moyens qu'elle offre
pour affouvir le défir de groffir fes richeffes
, n'a aucune part , que nous avons
prétendu faire voir :
Premierement , que les gens de notre profeffion
moins ambitieux des biens que jaloux
de leur honneur , doivent s'attirer
des malades de la confiance, plutôt par une
jufte réputation que par une effronterie
odieufe , qui ne peut tourner qu'à leur
confuſion & au malheur de ceux qui ne
diftinguant point le vrai mérite , apprennent
par leur mort violente , à des héritiers
à ne pas les fuivre dans leur funefte
choix .
Secondement , que
I. Vol.
dans les maladies férieu2614
MERCURE DE FRANCE
rieuſes , où les malades craignent fort
pour leur vie , la préfence fréquente ,
mais jamais importune , du Medecin de
confiance , eft plus falutaire qu'un grand
appareil de remedes .
3mt, Et qu'ainfi on ne doit pas faire dif
Aculté de bannir , de retrancher de la
Médecine un grand nombre de remedes ,
non feulement comme inutiles , mais encore
comme très - pernicieux , & le malade
fera guéri pour lors à moins de frais &
plus furement.
Enfin , qu'on n'a confulté , dans le def
fein de mettre au jour ce petit Ouvrage ,
que l'honneur de la profeffion , & le verible
bien des malades.
Par G B. Barrés , de Pezenas , Docteur
en Médecine, de la Faculté de Montpellier.
Fermer
Résumé : REFLEXIONS sur ces paroles d'Hippoctates, Aphorisme XXXIII. Section II. In omni morbo mente valere bonum est ; contrarium vero malum.
Le texte explore l'impact des émotions et des pensées sur la santé physique, en s'appuyant sur les réflexions d'Hippocrate. Il met en évidence l'importance de la santé mentale dans toute maladie et souligne que les troubles émotionnels peuvent aggraver l'état du patient. Les passions de l'âme, même mineures, peuvent provoquer des désordres corporels dangereux. La crainte ou l'appréhension de la mort est particulièrement néfaste pour les malades. Même les individus les plus intrépides ne sont pas à l'abri des troubles émotionnels lorsqu'ils sont gravement malades. Les médecins doivent donc prêter attention aux mouvements de l'âme, car ils influencent fortement la santé physique. Les maladies deviennent souvent sérieuses et intraitables en raison de la peur, de l'abattement, de la frayeur et du désespoir qui accompagnent les patients. La fermeté et le courage sont souvent plus efficaces que les remèdes spécifiques pour guérir les malades. Le texte illustre cela avec des exemples de mélancoliques hypocondriaques, dont les troubles sont souvent causés par l'imagination plutôt que par des causes physiques. Pour ces patients, les remèdes médicaux sont moins efficaces que les distractions et les activités physiques modérées. Le texte compare également le corps humain à une machine délicate, où divers facteurs internes et externes peuvent perturber son fonctionnement. Il conclut en soulignant l'importance de traiter à la fois le corps et l'esprit dans la pratique médicale. Le texte traite également des interactions entre l'esprit et le corps dans les maladies, mettant en garde contre les tourments excessifs infligés aux malades, qui peuvent les rendre désespérés. La tristesse et la peur perturbent la santé, et les malades souffriraient moins s'ils avaient moins peur. L'auteur critique l'avarice dans la médecine et prône une approche éthique. Les médecins doivent gagner la confiance des patients par leur réputation plutôt que par des méthodes odieuses. Dans les maladies graves, la présence fréquente mais non importune du médecin est plus bénéfique qu'un grand nombre de remèdes. Le texte recommande de bannir les remèdes inutiles et pernicieux pour soigner les malades de manière plus économique et efficace. L'objectif est de promouvoir l'honneur de la profession médicale et le bien-être des patients. L'auteur est G. B. Barrés, Docteur en Médecine de la Faculté de Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2166-2170
LETTRE d'un Chirurgien de Soissons, à M. FOUBERT, Maître Chirurgien de Paris, sur l'Opération de la Taille.
Début :
Vous connoissez sans doute, Monsieur, une Lettre de M. Morand, [...]
Mots clefs :
Opération de la taille, Méthode, M. Cheselden, Chirurgien, Malade, M. Morand, Guérisons, Académie de Saint Côme, Lithotomie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE d'un Chirurgien de Soissons, à M. FOUBERT, Maître Chirurgien de Paris, sur l'Opération de la Taille.
LETTRE d'un Chirurgien de Soissons,
à M. FOUBERT, Maître Chirurgien
de Paris , sur l'Opération de la Taille.
V
Ous connoissez sans doute , Monsieur , une Lettre de M. Morand
Chirurgien de Paris , insérée dans le Mercure d'Aoust , et qui contient le détail de
quelques Tailles faites selon la Méthode
de M. Cheselden. J'ai appris avec étonnement par cette Lettre , que vous aviez
fait deux Tailles , selon la Méthode Angloise , ou du moins avec si peu de changemens , que M. Morand se croit en droit
de rapporter à la Méthode de M. Cheselden , le succès de vos Opérations.
Seroit
OCTOBRE. 1732. 2167
Seroit-il donc vrai , Monsieur , que
vous auriez abandonné la Méthode dont
je vous ai cru l'inventeur , et queje vous
vis pratiquer icy il y a quelques mois ?
Au premier coup d'œil elle me parut
pour le manuel entierement differente
de celle de M. Ch selden; mais vous eûtes
la bonté de me faire connoître que le lieu
de l'incision la rendoit encore plus diffé
rente ; en effet , vous incisicz , si je ne me
trompe, le corps même de la Vessie , au
dessus des Prostates ; et au contraire , M.
Cheselden , dans son Opération , coupe le
col de la Vessie , la Prostate et le com-"
mencement de l'Uretre.
Ces deux Opérations sont si differentes
que je ne puis me persuader que M. Morand les ait regardées comme semblables;
mandez moi donc , je vous supplie , ce
qui vous détermine à quitter votre ancienne façon d'opérer.
Au reste , le malade que je vous ai vû
tailler se trouve parfaitement guéri ; mais
c'est moins sur ce succès que sur les raisons que vous me donnâtes dans le tems
que j'ai jugé de la bonté de votre opération.
Je vous avouerai que l'argument qu'on
voudroit tirer d'un grand nombre de guérisons faites par une méthode , est , à
mon
2168 MERCURE DE FRANCE
mon avis , l'argument le moins décisif
qu'on puisse employer pour prouver que
cette Méthode mérite la préference sur
toutes les autres.
Pour qu'on pût décider de l'excellence
d'une Méthode , sur ce qu'elle auroit
operé des guérisons plus nombreuses , il
faudroit que le concours des circonstances se fut trouvé précisement le même .
dans les opérations faites selon les unes et
les autres Méthodes , ce qui est moralement impossible ; aussi arrive- t'il souvent
qu'après la guérison , une cicatrice cache
aux yeux des plus habiles gens , les fautes
qui ont peut-être été commises dans une
opération ; lors qu'au contraire on trouve
quelquefois dans l'ouverture du cadavre
de quoi justifier pleinement et l'Operareur et la Methode qu'on a suivie.
Les illustres Lithotomistes que vous
possedez à Paris , sentent bien, à ce qu'il
paroît , Monsieur , le peu de fondement
qu'on doit faire sur les listes semblables
àcelles que produit M. Morand: sans cela
nous verrions les nouvelles publiques
remplies de leurs promesses. Mais si les
listes dont il s'agit font peu d'impression
sur l'esprit des gens éclairés , ou de ceux
qui libres de préjugés et d'interêts , cherchent sincerement la verité , elles servent
du
OCTOBRE. 1732. 2169
du moins à faire observer avec attention
ceux qui les fournissent.
Pour moi , j'approuve beaucoup les efforts qu'on fait pour se rendre habile ;
mais je voudrois que le bien general' n'en
souffrit jamais ; cependant rien ne me paroît plus dangereux que de prévenir le
Public en faveur d'une opération à laquelle il ne doit néanmoins donner sa
confiance que lorsque les gens les plus
fameux dans l'Art l'auront approuvée.
Donner avec appareil dans le Mercure des
listes de guérisons , ce n'est pas sculement
vouloir remettre au Public la décision
d'une question sur laquelle il ne peut ju
ger; c'est presque , j'ose le dire , le séduire , en lui présentant l'état de la question dans un point de vûë tout different
de celui dans lequel il conviendroit de
l'envisager.
Les guérisons que M. Morand publie ,
sont des faits qu'il n'est peut- être pas
inutile de conserver ; j'en conviens avec
vous , Monsieur , mais je pense qu'il eut
encore mieux valu les laisser dans l'oubli
que de les divulguer sans mettre le Public en garde contre l'abus qu'il en peut
faire. Pourquoi ne se pas contenter d'annoncer ces cures aux gens de la Profession ? Votre Académie de S. Côme ne
D de-
2170 MERCURE DE FRANCE
devoit-elle point naturellement en être
la dépositaire , elle de qui le Public attend la perfection de la Lithotomie, comme celle de toutes les autres opérations
de Chirurgie. J'ai l'honneur d'être , &c.
F. J.
A Soissons , le 14 Septembre 1732
à M. FOUBERT, Maître Chirurgien
de Paris , sur l'Opération de la Taille.
V
Ous connoissez sans doute , Monsieur , une Lettre de M. Morand
Chirurgien de Paris , insérée dans le Mercure d'Aoust , et qui contient le détail de
quelques Tailles faites selon la Méthode
de M. Cheselden. J'ai appris avec étonnement par cette Lettre , que vous aviez
fait deux Tailles , selon la Méthode Angloise , ou du moins avec si peu de changemens , que M. Morand se croit en droit
de rapporter à la Méthode de M. Cheselden , le succès de vos Opérations.
Seroit
OCTOBRE. 1732. 2167
Seroit-il donc vrai , Monsieur , que
vous auriez abandonné la Méthode dont
je vous ai cru l'inventeur , et queje vous
vis pratiquer icy il y a quelques mois ?
Au premier coup d'œil elle me parut
pour le manuel entierement differente
de celle de M. Ch selden; mais vous eûtes
la bonté de me faire connoître que le lieu
de l'incision la rendoit encore plus diffé
rente ; en effet , vous incisicz , si je ne me
trompe, le corps même de la Vessie , au
dessus des Prostates ; et au contraire , M.
Cheselden , dans son Opération , coupe le
col de la Vessie , la Prostate et le com-"
mencement de l'Uretre.
Ces deux Opérations sont si differentes
que je ne puis me persuader que M. Morand les ait regardées comme semblables;
mandez moi donc , je vous supplie , ce
qui vous détermine à quitter votre ancienne façon d'opérer.
Au reste , le malade que je vous ai vû
tailler se trouve parfaitement guéri ; mais
c'est moins sur ce succès que sur les raisons que vous me donnâtes dans le tems
que j'ai jugé de la bonté de votre opération.
Je vous avouerai que l'argument qu'on
voudroit tirer d'un grand nombre de guérisons faites par une méthode , est , à
mon
2168 MERCURE DE FRANCE
mon avis , l'argument le moins décisif
qu'on puisse employer pour prouver que
cette Méthode mérite la préference sur
toutes les autres.
Pour qu'on pût décider de l'excellence
d'une Méthode , sur ce qu'elle auroit
operé des guérisons plus nombreuses , il
faudroit que le concours des circonstances se fut trouvé précisement le même .
dans les opérations faites selon les unes et
les autres Méthodes , ce qui est moralement impossible ; aussi arrive- t'il souvent
qu'après la guérison , une cicatrice cache
aux yeux des plus habiles gens , les fautes
qui ont peut-être été commises dans une
opération ; lors qu'au contraire on trouve
quelquefois dans l'ouverture du cadavre
de quoi justifier pleinement et l'Operareur et la Methode qu'on a suivie.
Les illustres Lithotomistes que vous
possedez à Paris , sentent bien, à ce qu'il
paroît , Monsieur , le peu de fondement
qu'on doit faire sur les listes semblables
àcelles que produit M. Morand: sans cela
nous verrions les nouvelles publiques
remplies de leurs promesses. Mais si les
listes dont il s'agit font peu d'impression
sur l'esprit des gens éclairés , ou de ceux
qui libres de préjugés et d'interêts , cherchent sincerement la verité , elles servent
du
OCTOBRE. 1732. 2169
du moins à faire observer avec attention
ceux qui les fournissent.
Pour moi , j'approuve beaucoup les efforts qu'on fait pour se rendre habile ;
mais je voudrois que le bien general' n'en
souffrit jamais ; cependant rien ne me paroît plus dangereux que de prévenir le
Public en faveur d'une opération à laquelle il ne doit néanmoins donner sa
confiance que lorsque les gens les plus
fameux dans l'Art l'auront approuvée.
Donner avec appareil dans le Mercure des
listes de guérisons , ce n'est pas sculement
vouloir remettre au Public la décision
d'une question sur laquelle il ne peut ju
ger; c'est presque , j'ose le dire , le séduire , en lui présentant l'état de la question dans un point de vûë tout different
de celui dans lequel il conviendroit de
l'envisager.
Les guérisons que M. Morand publie ,
sont des faits qu'il n'est peut- être pas
inutile de conserver ; j'en conviens avec
vous , Monsieur , mais je pense qu'il eut
encore mieux valu les laisser dans l'oubli
que de les divulguer sans mettre le Public en garde contre l'abus qu'il en peut
faire. Pourquoi ne se pas contenter d'annoncer ces cures aux gens de la Profession ? Votre Académie de S. Côme ne
D de-
2170 MERCURE DE FRANCE
devoit-elle point naturellement en être
la dépositaire , elle de qui le Public attend la perfection de la Lithotomie, comme celle de toutes les autres opérations
de Chirurgie. J'ai l'honneur d'être , &c.
F. J.
A Soissons , le 14 Septembre 1732
Fermer
Résumé : LETTRE d'un Chirurgien de Soissons, à M. FOUBERT, Maître Chirurgien de Paris, sur l'Opération de la Taille.
Le chirurgien de Soissons adresse une lettre à M. Foubert, maître chirurgien de Paris, pour discuter de la méthode de l'opération de la taille. Il fait référence à une lettre de M. Morand, publiée dans le Mercure d'août, qui décrit des opérations effectuées selon la méthode de M. Cheselden. Le chirurgien de Soissons exprime sa surprise que M. Foubert ait adopté cette méthode, alors qu'il avait auparavant pratiqué une technique différente, jugée plus efficace. Le chirurgien de Soissons distingue les deux méthodes : M. Foubert incise le corps de la vessie au-dessus des prostates, tandis que M. Cheselden coupe le col de la vessie, la prostate et le début de l'urètre. Il demande à M. Foubert les raisons de ce changement de méthode. Il critique l'argument des guérisons nombreuses pour prouver l'excellence d'une méthode, soulignant que les circonstances des opérations ne sont jamais identiques. Il approuve les efforts pour améliorer les compétences, mais met en garde contre la divulgation prématurée de nouvelles méthodes au public. Il suggère que les décisions concernant les méthodes chirurgicales doivent être validées par les experts de la profession. Il estime que les guérisons publiées par M. Morand auraient dû être partagées uniquement avec les professionnels de la santé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 2697-2699
BOUQUET envoyé par M. P... C... à un malade de ses Amis le jour de sa Fête, avec un présent de Confiture séche d'Angelique.
Début :
Clemond, qu'une amitié sincere [...]
Mots clefs :
Bouquet, Malade, Fête, Amitié, Médecine, Fleurs, Guérir
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texteReconnaissance textuelle : BOUQUET envoyé par M. P... C... à un malade de ses Amis le jour de sa Fête, avec un présent de Confiture séche d'Angelique.
BOUQUETenvoyé par M. P... C....
à un malade de ses Amis le jour de sa
Fête , avec un présent de Confiture séche
d'Angelique.
CLemond, qu'une amitié sincere
Place au premier rang dans mon cœur,
Qui de la raison qui t'éclaire ,
Pourrois faire encor ton bonheur ;
Pourquoi de tes destins alterer la douceur ?
Et nourrir dans ton sein un mal imaginaire ?
Cherami , pour ta guérison
Vois ce que l'amitié m'inspire ;
C'est pour égayer ta raison ,
Que dans mon arriere Saison
Je risque de toucher la Lire.-
Mais que,q
Qui prétends célebrer ta Fête ,
dis je , ce n'est point moit 201
C'est Apollon , c'est lui , je l'entends , je le
voi ,
C'est lui qui s'interesse à toi ;
Et par lui , cher cher Clemond Clemond , ta guérison s'a
prête ,
Il est le pere des beaux Vers ,
Il est Dieu de la Médecine ,
Lui-même il vient par ses doux Airs
Dissiper cette humeur chagrine
II.Vol.
Hvi
2698 MERCURE DE FRANCE
Qui tient ton esprit dans les fers,
Il vient prévenir la ruine
Qui menaçoit ton foible corps ;
Et par la puissance divine
D'une salutaire racine ,
Il va rétablir les ressorts
De ta languissante machine.
Sa main a préparé ¡ es fleurs
Qu'aujourd'hui la mienne te donne
Ce cristal qui les environne
Est le remede à tes langueurs.
C'est une ambroisie efficace
Pour rassurer un cœur par son mal agité
Et les habitans du Parnasse
Dans l'usage de cette glace ,
Trouvent leur immortalité.
Mais ce remede , que t'envoye
D'un Dieu si bienfaisant l'attentive bonté,
Cher ami reçois-le avec joye ;
Sois toi-même ton Médecin ,
Un innocent, plaisir , une douce allegresse
Rend l'esprit vif, et le corps sain ;
Et l'homme n'a point d'assassin
Plus terrible que la tristesse.
Avaincre ce mortel poison ,
Mon exemple aujourd'hui t'engage
Quoi! pour monter sur l'Helicon ,
N'en coûte-il rien à mon âge ?
1. Vol. Si
THEQUE
DECEMBRE. 172, OTH
Ji ton amitié doit cherir *
1893
Les efforts que pour toi fait un ami sincer
Ose imiter , pour te guérir ,
Ce qu'il entreprend pour te plaire.
P. C.
à un malade de ses Amis le jour de sa
Fête , avec un présent de Confiture séche
d'Angelique.
CLemond, qu'une amitié sincere
Place au premier rang dans mon cœur,
Qui de la raison qui t'éclaire ,
Pourrois faire encor ton bonheur ;
Pourquoi de tes destins alterer la douceur ?
Et nourrir dans ton sein un mal imaginaire ?
Cherami , pour ta guérison
Vois ce que l'amitié m'inspire ;
C'est pour égayer ta raison ,
Que dans mon arriere Saison
Je risque de toucher la Lire.-
Mais que,q
Qui prétends célebrer ta Fête ,
dis je , ce n'est point moit 201
C'est Apollon , c'est lui , je l'entends , je le
voi ,
C'est lui qui s'interesse à toi ;
Et par lui , cher cher Clemond Clemond , ta guérison s'a
prête ,
Il est le pere des beaux Vers ,
Il est Dieu de la Médecine ,
Lui-même il vient par ses doux Airs
Dissiper cette humeur chagrine
II.Vol.
Hvi
2698 MERCURE DE FRANCE
Qui tient ton esprit dans les fers,
Il vient prévenir la ruine
Qui menaçoit ton foible corps ;
Et par la puissance divine
D'une salutaire racine ,
Il va rétablir les ressorts
De ta languissante machine.
Sa main a préparé ¡ es fleurs
Qu'aujourd'hui la mienne te donne
Ce cristal qui les environne
Est le remede à tes langueurs.
C'est une ambroisie efficace
Pour rassurer un cœur par son mal agité
Et les habitans du Parnasse
Dans l'usage de cette glace ,
Trouvent leur immortalité.
Mais ce remede , que t'envoye
D'un Dieu si bienfaisant l'attentive bonté,
Cher ami reçois-le avec joye ;
Sois toi-même ton Médecin ,
Un innocent, plaisir , une douce allegresse
Rend l'esprit vif, et le corps sain ;
Et l'homme n'a point d'assassin
Plus terrible que la tristesse.
Avaincre ce mortel poison ,
Mon exemple aujourd'hui t'engage
Quoi! pour monter sur l'Helicon ,
N'en coûte-il rien à mon âge ?
1. Vol. Si
THEQUE
DECEMBRE. 172, OTH
Ji ton amitié doit cherir *
1893
Les efforts que pour toi fait un ami sincer
Ose imiter , pour te guérir ,
Ce qu'il entreprend pour te plaire.
P. C.
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Résumé : BOUQUET envoyé par M. P... C... à un malade de ses Amis le jour de sa Fête, avec un présent de Confiture séche d'Angelique.
Un individu, identifié par les initiales M. P... C..., envoie un poème à un ami malade pour célébrer sa fête. L'expéditeur exprime son amitié sincère et son désir de contribuer à la guérison de son ami. Il lui envoie un présent de confiture sèche d'Angélique accompagnée d'un message poétique. L'auteur s'interroge sur les raisons du mal imaginaire de son ami et l'encourage à se laisser guérir par l'amitié. Il mentionne Apollon, dieu des beaux vers et de la médecine, qui s'intéresse à la guérison de son ami. Apollon est décrit comme celui qui dissipe les humeurs chagrinées et prévient la ruine du corps faible. Le poème souligne que le présent envoyé est un remède efficace, comparé à une ambroisie, capable de rassurer un cœur agité. Les habitants du Parnasse trouvent leur immortalité dans l'usage de cette glace. L'auteur encourage son ami à recevoir ce remède avec joie et à se soigner en cultivant des plaisirs innocents et une douce allégresse, car la tristesse est un poison mortel. Il conclut en exhortant son ami à imiter ses efforts pour lui plaire et à se guérir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 1356-1371
SEANCE PUBLIQUE de l'Académie Royale de Chirurgie.
Début :
Le 2. Juin, premier Mardy d'après la Trinité, l'Académie Royale de [...]
Mots clefs :
Académie royale de chirurgie, Chirurgie, Malade, Pierre, Mémoire, Pouce, Observations, Sentir, Douleur, Prix, Poitrine, Signes, Panaris, M. Morand, Rupture
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texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE de l'Académie Royale de Chirurgie.
SEANCE PUBLIQUE de l'Académie
Royale de Chirurgie.
LE
E 2. Juin , premier Mardy d'après
la Trinité , l'Académie Royale de
Chirurgie , tint son Assemblée publique
dans la grande Salle de S. Côme. M. de
la Peyronie , dont le zele s'étend sur tout
ce qui peut contribuer au soutien d'un
établissement si utile , se rendit à Paris
pour présider à cette Assemblée.
M. Morand, Secretaire de l'Académie,
commença par instruire le Public de
quelques changemens arrivez depuis la
Séance publique de 1732. dont on a rendu
compte dans le temps.
Au mois de Septembre dernier , M. Le
Gendre, Premier Chirurgien du Roi d'Espagne
, et un des plus anciens Maîtres
de Paris , fut nommé par Sa Majesté , à
la place d'Académicien libre.
Vers ce même temps , l'Académie se
proposant de composer une Classe d'Associez
étrangers , conformément à l'Article
XII. de son Reglement , commença
par élire Mrs Cheselden et Belair , qui
furent agréez par S. M.
II. Vol.
M :
JUIN. 1733 . 1357
M. Cheselden est Premier Chirur
gien de la Reine d'Angleterre et de l'Hôpital
de S. Thomas , Membre de la Societé
Royale de Londres , Correspondant
de l'Académie Royale des Sciences , et
connu par plusieurs Ouvrages d'Anatomie
et de Chirurgie.
M. Belair est Premier Chirurgien de
M. le Duc de Wirtemberg ; et c'est à șa
sollicitation que ce Prince a consenti
qu'on transportât en France un des principaux
ornemens de son Cabinet. Cette
Piece si curieuse est le fameux Foetus de
Wirtemberg , qui s'est conservé pendant
46. ans dans le ventre de sa mere .
M. Morand fit aussi part à l'Assemblée
de la Mort de M: Delon , Académicien
libre , qui s'étant depuis long- temps dévoüé
d'une maniere particuliere à l'ins
truction des Eleves en Chirurgie , a mérité
par son assiduité , par son zele et
par ses lumieres , les regrets de la Compagnie.
Il est mort le 18. Septembre 1732.
âgé de 75. ans . Sa place n'est point encore
remplie.
L'Académie a reçû 113. Memoires sur
la question proposée pour le Prix de
l'année derniere ; sçavoir, 95. dans le terme
prescript par le Programme , et 18 .
au commencement de 1733. Ces derniers
n'ont point été admis, E j
1.
1358 MERCURE DE FRANCE
Le Prix a été adjugé à la Picce N ° . 85 .
dont la Devise est Amica manu .
L'Académie , parmi les Pieces qui lui
ont été envoyées , en a trouvé deux
qui méritoient de concourir ; sçavoir , la
Piece N° . 63. dont la Devise est Catteus
offert , et un Memoire Latin , Nº . 44 •
qui avoit sous son cachet Henricus
Bassius , Med. Anat. et Chir. D. ac P. P.
in Academia Halensi.
Après la proclamation du Prix , M.Morand
lut l'Extrait de plusieurs Observations
très importantes sur les playes de
tête. On jugera aisément du mérite de
ces Observations par le nom seul de leur
Auteur. M.Mareschal ne pouvant se trouver
à cette Séance , les avoit envoyez à
M. Morand , pour en faire part à la
Compagnie.
Parmi ces faits , ceux qui ont paru les
plus interessants pour la pratique sont ,
1. l'Histoire d'une Demoiselle à qui
M. Mareschal appliqua douze Trépans, il
y a environ 28. ans , et qui depuis a
toujours joui d'une bonne santé .
2º. Une Hémoragie fort considerable
par le diploé , dans l'opération du Trépan.
3°. Une espece de Hernie de la duremere
et du cerveau sous une cicatrice
parfaite d'une playe de tête , Hernie qui
II. Vol. fut
JUIN. 1733. 1359
!
fut contenue par un point d'appui , sans
lequel le malade souffroit de grandes
incommoditez .
5. Un Trépan fait à l'occasion d'une
douleur de tête que rien n'avoit soulagée,
et par lequel cette douleur fut radicalement
guérie.
6º. Une bale perdue dans le cerveau
d'un homme guéri de sa blessure et mort
subitement un an après.
L'Extrait de ces Observations fut terminé
par celui des Remarques de M. Mareschal
sur les abscès au foye, qui arrivent
à la suite des playes de tête.
M. de la Peyronie lut ensuite un Mémoire
sur la rupture des muscles et des
tendons. Le cours de la pratique lui a
offert un si grand nombre d'exemples de
pareilles ruptures, qu'il est surpris que les
Anciens n'ayent presque fait aucune mention
de ces sortes de maladies , et que
le peu de faits rapportez à ce sujet par
les Modernes , aye souffert tant de contradictions.
Passant de- là aux différens
simptômes des ruptures complettes , il
fait observer ce qui les peut principalement
caracterisers et après avoir fait sentir
les différens degrez de difficulté qu'oposent
à la réunion la différente solidité
des parties et la rigidité ou la du-
II. Vol. Ey reté
1360 MERCURE DE FRANCE
reté que l'âge leur donne , il démontre
que la rupture complette , soit des muscles
, soit des tendons , est moins dangereuse
, et en même tems plus facile à
guérir que la rupture incomplette.
Pour prouver ce qu'il avance ,
il choisit
entre plusieurs Observations , les deux
suivantes .
›
Un homme âgé de 81. an , étant tombé
du haut jusques en bas d'un escalier
de sept à huit marches , s'apperçur en se
relevant , que sa jambe droite , à laquelle
il ne sentoit cependant aucune douleur ,
ne pouvoit le soutenir. La foiblesse de
cette jambe avoit pour cause la rupture
du tendon des muscles extenseurs
environ un pouce au- dessus de son attache
à la rotule. On appliqua un appareil
propre à raprocher et à réunir les
bours du tendon rompu , et six semaines
après le Malade fut en état de se soutenir
fermement sur sa jambe et de mar.
cher comme à son ordinaire."
Un autre fait des plus singuliers vient
à l'appui du premier , et justifie qu'il en
est de la rupture complette des muscles
comme de celle des tendons . En effet on
voit que le muscle fléchisseur du pouce,
non- seulement a été complettement déchiré
, mais qu'il a même été arraché et
11. Vol.
cn2
1361
JUI N. 1733 .
entierement séparé du corps avec la derniere
phalange du pouce , sans qu'à la
suite d'une telle blessure il soit survenu
le moindre accident.
A ces Observations M, de la Peyronie
ajouta la méthode particuliere qu'il a suivie
pour les pansemens , et les conséquences
qui en résultent pour la pratique , ont été
regardées comme autant de préceptes dont
cet illustre Chirurgien enrichit son Arr.
Une matiere bien importante fait le
sujet du troisiéme Mémoire . Il s'agit d'éviter
l'erreur dans un cas fort équivoque,
et dans lequel les méprises peuvent avoir
de très-funestes suites. Voici l'Exposé
qu'en fait M. Peit , le pere , Directeur
de l'Académie,
Si le foye et la vessicule du fiel sont
attaquez d'une inflammation , dont les
simptômes se soutiennent et augmentent
jusqu'au tems qu'on nomme l'Etat , alors
cette inflammation peut se terminer ou
par résolution ou par suppuration . Si elle
suppure , la douleur et la fievre diminuëront
, le Malade aura des frissons irréguliers
, il s'élevera une tumeur à l'hipqcondre
droit , cette tumeur deviendra
molle et la fluctuation , c'est-à- dire le
flot du pus qu'elle renferme , se fera sentir
en la touchant, Ce sont- là autant de
II. Vol.
signes E vi
1362 MERCURE DE FRANCE
signes qui semblent indiquer la nécessité
absoluë de faire l'ouverture ; cependant
M. Petit exige qu'avant d'ouvrir
on se rappelle bien tout ce qui s'est passé
pendant le cours de la maladie , et qu'on
examine chaque simptôme avec l'exactitu
de la plus scrupuleuse ,parce que toutes ces
apparences d'abscés peuvent se rencontrer,
quoique l'inflammation se soit terminée
par résolution .
La bile , dit- il , qui pendant le fort
de l'inflammation , ne se filtroit point au
foye, commence de s'y séparer si - tôt que
la résolution a suffisamment dégagé les
glandes de ce viscere ; mais si la résolution
n'est pas assez avancée pour que
le canal colidoque soit débouché , la bile
qui entrera dans la vessicule du fiel , ne
pourra s'écouler ; elle remplira cette vessicule
et s'y accumulera au point qu'elle
formera sous l'hipocondre droit une tumeur
avec fluctuation sensible ; ce qui
joint à des frissons irréguliers , à la diminution
de la fievre et de la douleur
donnera des signes semblables à ceux de
l'abscès.
Quel parti prendre dans un cas semblable
? Risquera t'on d'ouvrir la vesicule
du fiel , croyant faire ouverture
d'un abscès , ou laissera- t'on périr un Ma-
II. Vol lade
JUIN . 1733 . 1263
lade de l'abscès , dans la crainte d'ouvrir
la vessicule du fiel ? Mais M. Petit ne se
contente pas de faire sentir tout le danger
de l'équivoque , il fournit les moyens
de se garantir de l'erreur. Il fait d'abord
observer que si la diminution de la fievre
et celle de la douleur , sont des signes
de la résolution commencée et de la supuration
faite , il y a cependant quelque
différence dans la maniere dont cette
diminution arrive. Il fait voir de même
que les frissons irréguliers ont des
caracteres qui les distinguent ; il remarque.
enfin des différences notables
dans la façon dont la tumeur se manifeste
, et sur tout dans la maniere dont la
fluctuation s'y fait sentir.
4 Le détail de ces différences nous meneroit
trop loin. Au reste tout ceci n'est
fondé que sur plusieurs observations qui
prouvent évidemment que si dans le cas
dont il s'agit , la ressemblance des simptômes
peut en imposer , une comparaison
exacte peut y faire reconnoître des
différences , à la verité difficiles à saisir
d'abord , mais cependant suffisantes pour
fonder un juste discernement.
Le quatrième Mémoire a pour sujet le
Panaris. M. Malaval , Vice- Directeur , y
rapporte trois Observations d'autant plus
11. Vol.
impor1364
MERCURE DE FRANCE
importantes pour le Public , qu'elles peuvent
le désabuser des préjugez qu'il y a sur
cette maladie. Peu de gens regardent le
Panaris comme un mal d'aussi grande im
portance qu'il l'est en effet , et la plupart
ou le négligent dans ses commencemens,
ou se servent avec une confiance aveugle
de tous les remedes que peuvent ins
pirer le caprice , l'ignorance et la supercherie.
La premiere Observation offre le triste
exemple d'une femme, qui, attaquée d'un
Panaris à la suite d'une piquure au doigt
indicateur ; et ne pouvant se résoudre
à souffrir les opérations nécessaires , livra
sa confiance à des empiriques . Dans
l'espace d'environ 25. jours , le mal augmenta
si considérablement, que la main,
l'avant- bras et le bras , étant tombez successivement
en gangréne , la Malade mou
rut victime de sa répugnance pour les
secours de la Chirurgie.
La seconde Observation montre au
contraire jusqu'où vont les ressources de
l'Art pour la guérison de ces maux , lors
même qu'ils sont portez à leur plus haut
degré . Tel est le Panaris dont il est fait
mention dans cette seconde Observation.
Ce Panaris négligé pendant trois jours ,
fit tout- à-coup des progrès si rapides ,
II. Vol.
qu'en
JUIN. 1732. 1365
qu'en une seule nuit la gangréne se manifesta
au pouce , et que peu après il se
forma successivement à la main et à l'avant-
bras , trois dépôts des plus considérables
. M. Malaval , non-seulement sauva
les jours du Malade , mais réussit même
à lui conserver le pouce et la liberté
du mouvement de ses doigts.
La troisiéme Observation prouve enfin
que les secours de la Chirurgie ,
lorsqu'on a la précaution d'y recourir
de bonne heure , sont encore plus
efficaces pour prévenir les suites de ces
maux.
Le cinquiéme Mémoire est de M. Ledran,
Secretaire chargé des correspondances
de l'Académie. Appellé par un Malade
attaqué de la pierre pour la troisiéme
fois , il lui fit l'opération de la taille ;
mais n'ayant pû trouver la pierre , il cessa
bien-tôt de fatiguer le Malade , mit
une canule dans la playe , et au bout de
quelques jours , commença à faire des
injections émollientes dans la vessie . Par
la suite , au moyen d'une sonde à femme ,
il toucha plusieurs fois la pierre , mais
dans un point d'une fort petite étenduë
et constamment au même endroit ; c'étoit
du côté gauche et en tournant vers le
rectum , le bout de la sonde qu'on sçait
•
être un peu courbée.
1366 MERCURE DE FRANCE
La fixité de la pierre sembloit indiquer
qu'elle étoit enkistée , et le lieu qu'elle
affectoit fit présumer à M. Ledran qu'el
le étoit retenue dans l'urethére. Il abandonna
à la Nature le soin de l'en dégager
, et six semaines après l'opération ,
ayant touché pour la premiere fois la
pierre avec une sonde droite , il jugea
qu'elle ne se faisoit ainsi sentir , que parce
qu'elle avoit changé de place , n'étant
plus retenue dans l'espece de châton où
elle étoit d'abord fixée. Il crut alors pouvoir
sans danger en tenter l'extraction
et il la tira en effet sans aucune résistance.
La pierre avoit deux pouces de
longueur , étoit fort menue par l'extrémité
qui fut saisie avec la tenette , et
avoit à peu près par l'autre bout la
seur du pouce. Cette figure prouve assez
le danger qu'il y auroit d'arracher une
pareille pierre , avant que son châton fût
ramoli ou détruit par la suppuration.
gros-
M. Ledran finit par un détail de ce
que le Malade sentoit avant l'opération ;
et cet habile Lithotomiste propose ces différentes
circonstances , comme autant de
signes qui du moins suffisent pour faire
soupçonner que la pierre est ainsi engagée
.
L'Observation suivante fait honneur
II. Vol. a
JUIN.
1367 1733 .
au génie et à l'invention du Chirurgien
qui l'a fournie .
I un
Un homme âgé de 23. ans , ayant reçû
violent coup de couteau sur la partie
antérieure de la quatriéme des vrayes
côtes, fut pansé très-simplement pendant
les trois premiers jours ; mais une toux
extraordinaire et un crachement de sang
abondant étant survenus , on eut recours
à M. Gerard. Il reconnut que ces accidens
dépendoient de la présence d'une portion
de la lame du couteau qui traversoit
la côte , et dont la pointe excedoit
d'environ six lignes dans la cavité de la
poitrine.
Ce corps étranger débordoit si peu
l'extérieur de la côte , et y étoit tellement
fixé , qu'il ne fut pas possible de
le tirer avec différentes pincettes ou tenailles
, ni même de l'ébranler au moyen
des ciseaux et du marteau de plomb ; et
quoique dans un cas aussi pressant , il
semble qu'on n'eut d'autre parti à prendre
que celui de scier ou de couper la
côte, M. Gérard crut , avant d'en venir à
cette extrémité , devoir tenter de dégager
le corps étranger , en le
dedans en dehors.
poussant de
Dans ce dessein , il alla choisir un dé
dont les Tailleurs se servent pour coudre.
11. Vol. Il
1368 MERCURE DE FRANCE
Il en prit par préférence un de fer , un
peu épais et fermé par le bout ; il y fit
creuser une petite goutiere pour y mieux
fixer la pointe du couteau , et ayant suffisamment
assujetti ce dé sur son doigt
index , il porta ce doigt ainsi armé dans
la cavité de la poitrine , et réussit par
ce moyen à chasser le morceau du couteau
, en le poussant avec force de de
dans en dehors .
Ayant tire le corps étranger , il quitta
le dé et remit l'index à nud dans la poitrine
, pour examiner si le couteau >
en
traversant la côte , ne l'auroit point fait
éclater en dedans . Il trouva un éclat capable
de piquer , et qui tenoit trop fortement
au corps de la côte pour qu'on
pût l'en séparer entierement . Il prit donc
parti de l'en rapprocher , et pour le
tenir au niveau de la côte , il se servit
du doigt qui étoit dans la poitrine, pour
conduire une aiguille courbe , enfilée
d'un fil ciré. Il fit sortir cette aiguille
au-dessus de la côte,qui par ce moyen se
trouva embrassée par le fil, vers l'endroit
de l'éclat. Il lia ce fil en dehors de la
poitrine sur une compresse épaisse d'un
pouce , et serra assez le noeud pour appliquer
exactement,et remettre au niveau,
l'esquille saillante.
11. Vel . Au
JUIN. 1733. 1369
On sent aisément que l'effet d'une manoeuvre
aussi ingénieuse , a dû être nonseulement
la cessation des accidens , mais
encore une prompte guérison..
par
M. Arnauld , le fils , termina la Séance
la lecture d'un Mémoire contenant
une Dissertation sur les Hermaphrodites.
Une operation qu'il a faite à une de ces
personnes en qui les parties qui sont propres
à chaque sexe , semblent réunies, lui a
fourni l'occasion de cette Dissertation .
Il établit d'abord les différentes especes
, parcourt sur chacune les faits les
plus intéressants que nous ayent transmis
les Auteurs ; et sans nier expressément
la possibilité des vrais Hermaphrodites
, ce qu'on ne peut faire sans intéresser
la réputation d'un nombre
grand
d'Ecrivains respectables , il fait sentir
combien il est facile de se méprendre
dans certains cas. M. Arnault ne traite
pas seulement la matiere de facon à contenter
la curiosité ; on trouve dans son
Mémoire plusieurs choses dont la connoissance
est très- necessaire à un Chirurgien
, soit pour instruire les Juges
lorsqu'il s'agit de constater l'état de ceux
dont les parties défigurées déguisent en
quelque façon le sexe , soit lorsqu'il est
question de remédier à ces difformitez
des opérations de Chirurgie.
par
1370 MERCURE DE FRANC
La lecture de ces differens Mémoires P
rut satisfaire beaucoup l'Assemblée . No
venons d'apprendre que le Memoire qu
a remporté le Prix , est de M. Medalon
ancien Directeur de la Societé de Arts
et Associé libre dans la distribution d
l'Anatomie . Il vient de dédier cet Ou
vrage à l'Académie par une Lettre aus
pleine de sentimens que de poli ese
On voit par cette Lettre que M.Medalon
redevable aux Chirurgiens de S. Côn
de tout ce qu'il sçait en Chirurgie , pro
fite de cette occasion pour leur donner
un témoignage public de sa reconnois
sance.
Nous avons cru qu'on verroit ici avec
plaisir l'Estampe gravée de la Médaille
frappée en or pour le Prix.
Elle a pour sujet l'établissement de l'Académie
de Chirurgie . On voit d'un
côté le Portrait de Louis XV . avec la
Légende ordinaire , et sur le revers , ce
Prince est représenté sous la figure d'un
jeune Apollon , ayant près de lui , d'un
côté tous les simboles de la Théorie , de
la Chirurgie , et de l'autre les principaux
instrumens qui en caracterisent la prati
que. Il semble dicter à Minerve Hygiea ,
Déesse de la Santé , des Remarques sur
T'une et l'autre partie de cet Art. La Légende
est Apollo salutaris.
BoulodgAenle.
APOLLO
SOCIETAS
ACADEMICA
CHIRURG
PARISTENS,
M.DCCXXXI
SALUTARIS
Simonneau Sculp.
rs ,
m
3
9
P
PP
ม
JUIN.
1733. 1371
Les Anciens regardoient Apollon com-
1e le Dieu de la Médecine, aussi - bien que
omme celui de la Poësie ; et c'est en cette
ualité qu'il est nommé Apollo salutaris ,
ans plusieurs Monumens, et sur quantité
le Médailles d'Empereurs Romains deuis
Auguste jusqu'à Posthume , qui rena
particulierement dans les Gaules.
On lit dans l'Exergue : Societas Acadénica
Chirurgorum Parisiensium M.DCC XXXI .
• Nous avons annoncé
annoncé depuis plufieurs
mois , le sujet du Prix pour cette
année . L'Académie demande , Quels sont,
suivant les differens cas , les avantages et
les inconveniens de l'usage des Tentes et
autres Dilatans,
Les Memoires seront reçus francs de
port , jusqu'au dernier Décembre inclusivement.
On les adressera à M. Morand,
Secretaire de l'Académie.
Royale de Chirurgie.
LE
E 2. Juin , premier Mardy d'après
la Trinité , l'Académie Royale de
Chirurgie , tint son Assemblée publique
dans la grande Salle de S. Côme. M. de
la Peyronie , dont le zele s'étend sur tout
ce qui peut contribuer au soutien d'un
établissement si utile , se rendit à Paris
pour présider à cette Assemblée.
M. Morand, Secretaire de l'Académie,
commença par instruire le Public de
quelques changemens arrivez depuis la
Séance publique de 1732. dont on a rendu
compte dans le temps.
Au mois de Septembre dernier , M. Le
Gendre, Premier Chirurgien du Roi d'Espagne
, et un des plus anciens Maîtres
de Paris , fut nommé par Sa Majesté , à
la place d'Académicien libre.
Vers ce même temps , l'Académie se
proposant de composer une Classe d'Associez
étrangers , conformément à l'Article
XII. de son Reglement , commença
par élire Mrs Cheselden et Belair , qui
furent agréez par S. M.
II. Vol.
M :
JUIN. 1733 . 1357
M. Cheselden est Premier Chirur
gien de la Reine d'Angleterre et de l'Hôpital
de S. Thomas , Membre de la Societé
Royale de Londres , Correspondant
de l'Académie Royale des Sciences , et
connu par plusieurs Ouvrages d'Anatomie
et de Chirurgie.
M. Belair est Premier Chirurgien de
M. le Duc de Wirtemberg ; et c'est à șa
sollicitation que ce Prince a consenti
qu'on transportât en France un des principaux
ornemens de son Cabinet. Cette
Piece si curieuse est le fameux Foetus de
Wirtemberg , qui s'est conservé pendant
46. ans dans le ventre de sa mere .
M. Morand fit aussi part à l'Assemblée
de la Mort de M: Delon , Académicien
libre , qui s'étant depuis long- temps dévoüé
d'une maniere particuliere à l'ins
truction des Eleves en Chirurgie , a mérité
par son assiduité , par son zele et
par ses lumieres , les regrets de la Compagnie.
Il est mort le 18. Septembre 1732.
âgé de 75. ans . Sa place n'est point encore
remplie.
L'Académie a reçû 113. Memoires sur
la question proposée pour le Prix de
l'année derniere ; sçavoir, 95. dans le terme
prescript par le Programme , et 18 .
au commencement de 1733. Ces derniers
n'ont point été admis, E j
1.
1358 MERCURE DE FRANCE
Le Prix a été adjugé à la Picce N ° . 85 .
dont la Devise est Amica manu .
L'Académie , parmi les Pieces qui lui
ont été envoyées , en a trouvé deux
qui méritoient de concourir ; sçavoir , la
Piece N° . 63. dont la Devise est Catteus
offert , et un Memoire Latin , Nº . 44 •
qui avoit sous son cachet Henricus
Bassius , Med. Anat. et Chir. D. ac P. P.
in Academia Halensi.
Après la proclamation du Prix , M.Morand
lut l'Extrait de plusieurs Observations
très importantes sur les playes de
tête. On jugera aisément du mérite de
ces Observations par le nom seul de leur
Auteur. M.Mareschal ne pouvant se trouver
à cette Séance , les avoit envoyez à
M. Morand , pour en faire part à la
Compagnie.
Parmi ces faits , ceux qui ont paru les
plus interessants pour la pratique sont ,
1. l'Histoire d'une Demoiselle à qui
M. Mareschal appliqua douze Trépans, il
y a environ 28. ans , et qui depuis a
toujours joui d'une bonne santé .
2º. Une Hémoragie fort considerable
par le diploé , dans l'opération du Trépan.
3°. Une espece de Hernie de la duremere
et du cerveau sous une cicatrice
parfaite d'une playe de tête , Hernie qui
II. Vol. fut
JUIN. 1733. 1359
!
fut contenue par un point d'appui , sans
lequel le malade souffroit de grandes
incommoditez .
5. Un Trépan fait à l'occasion d'une
douleur de tête que rien n'avoit soulagée,
et par lequel cette douleur fut radicalement
guérie.
6º. Une bale perdue dans le cerveau
d'un homme guéri de sa blessure et mort
subitement un an après.
L'Extrait de ces Observations fut terminé
par celui des Remarques de M. Mareschal
sur les abscès au foye, qui arrivent
à la suite des playes de tête.
M. de la Peyronie lut ensuite un Mémoire
sur la rupture des muscles et des
tendons. Le cours de la pratique lui a
offert un si grand nombre d'exemples de
pareilles ruptures, qu'il est surpris que les
Anciens n'ayent presque fait aucune mention
de ces sortes de maladies , et que
le peu de faits rapportez à ce sujet par
les Modernes , aye souffert tant de contradictions.
Passant de- là aux différens
simptômes des ruptures complettes , il
fait observer ce qui les peut principalement
caracterisers et après avoir fait sentir
les différens degrez de difficulté qu'oposent
à la réunion la différente solidité
des parties et la rigidité ou la du-
II. Vol. Ey reté
1360 MERCURE DE FRANCE
reté que l'âge leur donne , il démontre
que la rupture complette , soit des muscles
, soit des tendons , est moins dangereuse
, et en même tems plus facile à
guérir que la rupture incomplette.
Pour prouver ce qu'il avance ,
il choisit
entre plusieurs Observations , les deux
suivantes .
›
Un homme âgé de 81. an , étant tombé
du haut jusques en bas d'un escalier
de sept à huit marches , s'apperçur en se
relevant , que sa jambe droite , à laquelle
il ne sentoit cependant aucune douleur ,
ne pouvoit le soutenir. La foiblesse de
cette jambe avoit pour cause la rupture
du tendon des muscles extenseurs
environ un pouce au- dessus de son attache
à la rotule. On appliqua un appareil
propre à raprocher et à réunir les
bours du tendon rompu , et six semaines
après le Malade fut en état de se soutenir
fermement sur sa jambe et de mar.
cher comme à son ordinaire."
Un autre fait des plus singuliers vient
à l'appui du premier , et justifie qu'il en
est de la rupture complette des muscles
comme de celle des tendons . En effet on
voit que le muscle fléchisseur du pouce,
non- seulement a été complettement déchiré
, mais qu'il a même été arraché et
11. Vol.
cn2
1361
JUI N. 1733 .
entierement séparé du corps avec la derniere
phalange du pouce , sans qu'à la
suite d'une telle blessure il soit survenu
le moindre accident.
A ces Observations M, de la Peyronie
ajouta la méthode particuliere qu'il a suivie
pour les pansemens , et les conséquences
qui en résultent pour la pratique , ont été
regardées comme autant de préceptes dont
cet illustre Chirurgien enrichit son Arr.
Une matiere bien importante fait le
sujet du troisiéme Mémoire . Il s'agit d'éviter
l'erreur dans un cas fort équivoque,
et dans lequel les méprises peuvent avoir
de très-funestes suites. Voici l'Exposé
qu'en fait M. Peit , le pere , Directeur
de l'Académie,
Si le foye et la vessicule du fiel sont
attaquez d'une inflammation , dont les
simptômes se soutiennent et augmentent
jusqu'au tems qu'on nomme l'Etat , alors
cette inflammation peut se terminer ou
par résolution ou par suppuration . Si elle
suppure , la douleur et la fievre diminuëront
, le Malade aura des frissons irréguliers
, il s'élevera une tumeur à l'hipqcondre
droit , cette tumeur deviendra
molle et la fluctuation , c'est-à- dire le
flot du pus qu'elle renferme , se fera sentir
en la touchant, Ce sont- là autant de
II. Vol.
signes E vi
1362 MERCURE DE FRANCE
signes qui semblent indiquer la nécessité
absoluë de faire l'ouverture ; cependant
M. Petit exige qu'avant d'ouvrir
on se rappelle bien tout ce qui s'est passé
pendant le cours de la maladie , et qu'on
examine chaque simptôme avec l'exactitu
de la plus scrupuleuse ,parce que toutes ces
apparences d'abscés peuvent se rencontrer,
quoique l'inflammation se soit terminée
par résolution .
La bile , dit- il , qui pendant le fort
de l'inflammation , ne se filtroit point au
foye, commence de s'y séparer si - tôt que
la résolution a suffisamment dégagé les
glandes de ce viscere ; mais si la résolution
n'est pas assez avancée pour que
le canal colidoque soit débouché , la bile
qui entrera dans la vessicule du fiel , ne
pourra s'écouler ; elle remplira cette vessicule
et s'y accumulera au point qu'elle
formera sous l'hipocondre droit une tumeur
avec fluctuation sensible ; ce qui
joint à des frissons irréguliers , à la diminution
de la fievre et de la douleur
donnera des signes semblables à ceux de
l'abscès.
Quel parti prendre dans un cas semblable
? Risquera t'on d'ouvrir la vesicule
du fiel , croyant faire ouverture
d'un abscès , ou laissera- t'on périr un Ma-
II. Vol lade
JUIN . 1733 . 1263
lade de l'abscès , dans la crainte d'ouvrir
la vessicule du fiel ? Mais M. Petit ne se
contente pas de faire sentir tout le danger
de l'équivoque , il fournit les moyens
de se garantir de l'erreur. Il fait d'abord
observer que si la diminution de la fievre
et celle de la douleur , sont des signes
de la résolution commencée et de la supuration
faite , il y a cependant quelque
différence dans la maniere dont cette
diminution arrive. Il fait voir de même
que les frissons irréguliers ont des
caracteres qui les distinguent ; il remarque.
enfin des différences notables
dans la façon dont la tumeur se manifeste
, et sur tout dans la maniere dont la
fluctuation s'y fait sentir.
4 Le détail de ces différences nous meneroit
trop loin. Au reste tout ceci n'est
fondé que sur plusieurs observations qui
prouvent évidemment que si dans le cas
dont il s'agit , la ressemblance des simptômes
peut en imposer , une comparaison
exacte peut y faire reconnoître des
différences , à la verité difficiles à saisir
d'abord , mais cependant suffisantes pour
fonder un juste discernement.
Le quatrième Mémoire a pour sujet le
Panaris. M. Malaval , Vice- Directeur , y
rapporte trois Observations d'autant plus
11. Vol.
impor1364
MERCURE DE FRANCE
importantes pour le Public , qu'elles peuvent
le désabuser des préjugez qu'il y a sur
cette maladie. Peu de gens regardent le
Panaris comme un mal d'aussi grande im
portance qu'il l'est en effet , et la plupart
ou le négligent dans ses commencemens,
ou se servent avec une confiance aveugle
de tous les remedes que peuvent ins
pirer le caprice , l'ignorance et la supercherie.
La premiere Observation offre le triste
exemple d'une femme, qui, attaquée d'un
Panaris à la suite d'une piquure au doigt
indicateur ; et ne pouvant se résoudre
à souffrir les opérations nécessaires , livra
sa confiance à des empiriques . Dans
l'espace d'environ 25. jours , le mal augmenta
si considérablement, que la main,
l'avant- bras et le bras , étant tombez successivement
en gangréne , la Malade mou
rut victime de sa répugnance pour les
secours de la Chirurgie.
La seconde Observation montre au
contraire jusqu'où vont les ressources de
l'Art pour la guérison de ces maux , lors
même qu'ils sont portez à leur plus haut
degré . Tel est le Panaris dont il est fait
mention dans cette seconde Observation.
Ce Panaris négligé pendant trois jours ,
fit tout- à-coup des progrès si rapides ,
II. Vol.
qu'en
JUIN. 1732. 1365
qu'en une seule nuit la gangréne se manifesta
au pouce , et que peu après il se
forma successivement à la main et à l'avant-
bras , trois dépôts des plus considérables
. M. Malaval , non-seulement sauva
les jours du Malade , mais réussit même
à lui conserver le pouce et la liberté
du mouvement de ses doigts.
La troisiéme Observation prouve enfin
que les secours de la Chirurgie ,
lorsqu'on a la précaution d'y recourir
de bonne heure , sont encore plus
efficaces pour prévenir les suites de ces
maux.
Le cinquiéme Mémoire est de M. Ledran,
Secretaire chargé des correspondances
de l'Académie. Appellé par un Malade
attaqué de la pierre pour la troisiéme
fois , il lui fit l'opération de la taille ;
mais n'ayant pû trouver la pierre , il cessa
bien-tôt de fatiguer le Malade , mit
une canule dans la playe , et au bout de
quelques jours , commença à faire des
injections émollientes dans la vessie . Par
la suite , au moyen d'une sonde à femme ,
il toucha plusieurs fois la pierre , mais
dans un point d'une fort petite étenduë
et constamment au même endroit ; c'étoit
du côté gauche et en tournant vers le
rectum , le bout de la sonde qu'on sçait
•
être un peu courbée.
1366 MERCURE DE FRANCE
La fixité de la pierre sembloit indiquer
qu'elle étoit enkistée , et le lieu qu'elle
affectoit fit présumer à M. Ledran qu'el
le étoit retenue dans l'urethére. Il abandonna
à la Nature le soin de l'en dégager
, et six semaines après l'opération ,
ayant touché pour la premiere fois la
pierre avec une sonde droite , il jugea
qu'elle ne se faisoit ainsi sentir , que parce
qu'elle avoit changé de place , n'étant
plus retenue dans l'espece de châton où
elle étoit d'abord fixée. Il crut alors pouvoir
sans danger en tenter l'extraction
et il la tira en effet sans aucune résistance.
La pierre avoit deux pouces de
longueur , étoit fort menue par l'extrémité
qui fut saisie avec la tenette , et
avoit à peu près par l'autre bout la
seur du pouce. Cette figure prouve assez
le danger qu'il y auroit d'arracher une
pareille pierre , avant que son châton fût
ramoli ou détruit par la suppuration.
gros-
M. Ledran finit par un détail de ce
que le Malade sentoit avant l'opération ;
et cet habile Lithotomiste propose ces différentes
circonstances , comme autant de
signes qui du moins suffisent pour faire
soupçonner que la pierre est ainsi engagée
.
L'Observation suivante fait honneur
II. Vol. a
JUIN.
1367 1733 .
au génie et à l'invention du Chirurgien
qui l'a fournie .
I un
Un homme âgé de 23. ans , ayant reçû
violent coup de couteau sur la partie
antérieure de la quatriéme des vrayes
côtes, fut pansé très-simplement pendant
les trois premiers jours ; mais une toux
extraordinaire et un crachement de sang
abondant étant survenus , on eut recours
à M. Gerard. Il reconnut que ces accidens
dépendoient de la présence d'une portion
de la lame du couteau qui traversoit
la côte , et dont la pointe excedoit
d'environ six lignes dans la cavité de la
poitrine.
Ce corps étranger débordoit si peu
l'extérieur de la côte , et y étoit tellement
fixé , qu'il ne fut pas possible de
le tirer avec différentes pincettes ou tenailles
, ni même de l'ébranler au moyen
des ciseaux et du marteau de plomb ; et
quoique dans un cas aussi pressant , il
semble qu'on n'eut d'autre parti à prendre
que celui de scier ou de couper la
côte, M. Gérard crut , avant d'en venir à
cette extrémité , devoir tenter de dégager
le corps étranger , en le
dedans en dehors.
poussant de
Dans ce dessein , il alla choisir un dé
dont les Tailleurs se servent pour coudre.
11. Vol. Il
1368 MERCURE DE FRANCE
Il en prit par préférence un de fer , un
peu épais et fermé par le bout ; il y fit
creuser une petite goutiere pour y mieux
fixer la pointe du couteau , et ayant suffisamment
assujetti ce dé sur son doigt
index , il porta ce doigt ainsi armé dans
la cavité de la poitrine , et réussit par
ce moyen à chasser le morceau du couteau
, en le poussant avec force de de
dans en dehors .
Ayant tire le corps étranger , il quitta
le dé et remit l'index à nud dans la poitrine
, pour examiner si le couteau >
en
traversant la côte , ne l'auroit point fait
éclater en dedans . Il trouva un éclat capable
de piquer , et qui tenoit trop fortement
au corps de la côte pour qu'on
pût l'en séparer entierement . Il prit donc
parti de l'en rapprocher , et pour le
tenir au niveau de la côte , il se servit
du doigt qui étoit dans la poitrine, pour
conduire une aiguille courbe , enfilée
d'un fil ciré. Il fit sortir cette aiguille
au-dessus de la côte,qui par ce moyen se
trouva embrassée par le fil, vers l'endroit
de l'éclat. Il lia ce fil en dehors de la
poitrine sur une compresse épaisse d'un
pouce , et serra assez le noeud pour appliquer
exactement,et remettre au niveau,
l'esquille saillante.
11. Vel . Au
JUIN. 1733. 1369
On sent aisément que l'effet d'une manoeuvre
aussi ingénieuse , a dû être nonseulement
la cessation des accidens , mais
encore une prompte guérison..
par
M. Arnauld , le fils , termina la Séance
la lecture d'un Mémoire contenant
une Dissertation sur les Hermaphrodites.
Une operation qu'il a faite à une de ces
personnes en qui les parties qui sont propres
à chaque sexe , semblent réunies, lui a
fourni l'occasion de cette Dissertation .
Il établit d'abord les différentes especes
, parcourt sur chacune les faits les
plus intéressants que nous ayent transmis
les Auteurs ; et sans nier expressément
la possibilité des vrais Hermaphrodites
, ce qu'on ne peut faire sans intéresser
la réputation d'un nombre
grand
d'Ecrivains respectables , il fait sentir
combien il est facile de se méprendre
dans certains cas. M. Arnault ne traite
pas seulement la matiere de facon à contenter
la curiosité ; on trouve dans son
Mémoire plusieurs choses dont la connoissance
est très- necessaire à un Chirurgien
, soit pour instruire les Juges
lorsqu'il s'agit de constater l'état de ceux
dont les parties défigurées déguisent en
quelque façon le sexe , soit lorsqu'il est
question de remédier à ces difformitez
des opérations de Chirurgie.
par
1370 MERCURE DE FRANC
La lecture de ces differens Mémoires P
rut satisfaire beaucoup l'Assemblée . No
venons d'apprendre que le Memoire qu
a remporté le Prix , est de M. Medalon
ancien Directeur de la Societé de Arts
et Associé libre dans la distribution d
l'Anatomie . Il vient de dédier cet Ou
vrage à l'Académie par une Lettre aus
pleine de sentimens que de poli ese
On voit par cette Lettre que M.Medalon
redevable aux Chirurgiens de S. Côn
de tout ce qu'il sçait en Chirurgie , pro
fite de cette occasion pour leur donner
un témoignage public de sa reconnois
sance.
Nous avons cru qu'on verroit ici avec
plaisir l'Estampe gravée de la Médaille
frappée en or pour le Prix.
Elle a pour sujet l'établissement de l'Académie
de Chirurgie . On voit d'un
côté le Portrait de Louis XV . avec la
Légende ordinaire , et sur le revers , ce
Prince est représenté sous la figure d'un
jeune Apollon , ayant près de lui , d'un
côté tous les simboles de la Théorie , de
la Chirurgie , et de l'autre les principaux
instrumens qui en caracterisent la prati
que. Il semble dicter à Minerve Hygiea ,
Déesse de la Santé , des Remarques sur
T'une et l'autre partie de cet Art. La Légende
est Apollo salutaris.
BoulodgAenle.
APOLLO
SOCIETAS
ACADEMICA
CHIRURG
PARISTENS,
M.DCCXXXI
SALUTARIS
Simonneau Sculp.
rs ,
m
3
9
P
PP
ม
JUIN.
1733. 1371
Les Anciens regardoient Apollon com-
1e le Dieu de la Médecine, aussi - bien que
omme celui de la Poësie ; et c'est en cette
ualité qu'il est nommé Apollo salutaris ,
ans plusieurs Monumens, et sur quantité
le Médailles d'Empereurs Romains deuis
Auguste jusqu'à Posthume , qui rena
particulierement dans les Gaules.
On lit dans l'Exergue : Societas Acadénica
Chirurgorum Parisiensium M.DCC XXXI .
• Nous avons annoncé
annoncé depuis plufieurs
mois , le sujet du Prix pour cette
année . L'Académie demande , Quels sont,
suivant les differens cas , les avantages et
les inconveniens de l'usage des Tentes et
autres Dilatans,
Les Memoires seront reçus francs de
port , jusqu'au dernier Décembre inclusivement.
On les adressera à M. Morand,
Secretaire de l'Académie.
Fermer
Résumé : SEANCE PUBLIQUE de l'Académie Royale de Chirurgie.
Le 2 juin 1733, l'Académie Royale de Chirurgie tint sa séance publique dans la grande Salle de Saint-Côme. M. de la Peyronie présida cette assemblée, démontrant son engagement pour l'établissement. M. Morand, secrétaire de l'Académie, informa le public des changements survenus depuis la séance de 1732. En septembre 1732, M. Le Gendre fut nommé académicien libre par le roi d'Espagne. L'Académie créa également une classe d'associés étrangers, élisant M. Cheselden et M. Belair, approuvés par le roi. M. Cheselden est un chirurgien renommé en Angleterre, tandis que M. Belair est chirurgien du duc de Wurtemberg et a contribué à l'acquisition du célèbre fœtus de Wurtemberg. M. Morand annonça également le décès de M. Delon, académicien libre, connu pour son dévouement à l'instruction des élèves en chirurgie. L'Académie reçut 113 mémoires pour le prix de l'année précédente, dont 95 dans les délais prescrits. Le prix fut attribué au mémoire numéro 85, intitulé 'Amica manu'. Deux autres mémoires, le numéro 63 et un mémoire latin, furent également jugés dignes de concours. M. Morand lut ensuite un extrait d'observations sur les plaies de tête par M. Mareschal, qui ne put assister à la séance. Parmi ces observations, celle d'une demoiselle ayant subi douze trépanations et ayant récupéré, ainsi qu'un cas d'hémorragie lors d'une opération de trépan, furent particulièrement notables. M. de la Peyronie lut un mémoire sur la rupture des muscles et des tendons, soulignant que les ruptures complètes sont moins dangereuses et plus faciles à guérir que les ruptures incomplètes. Il présenta deux observations à l'appui de cette théorie. M. Petit, père, directeur de l'Académie, présenta un mémoire sur les erreurs à éviter dans les cas d'inflammation du foie et de la vésicule biliaire, distinguant les symptômes de résolution et de suppuration. M. Malaval, vice-directeur, rapporta trois observations sur le panaris, soulignant l'importance de recourir rapidement à la chirurgie pour éviter des complications graves. Enfin, M. Ledran, secrétaire chargé des correspondances, présenta une observation sur une opération de la taille pour extraire une pierre, soulignant les signes permettant de suspecter l'engagement de la pierre dans l'urètre. Le texte relate également une intervention chirurgicale réalisée par M. Gérard sur un homme de 23 ans ayant reçu un coup de couteau à la quatrième côte. Initialement pansé simplement, le patient développa une toux sévère et des crachements de sang. M. Gérard diagnostiqua la présence d'un fragment de lame de couteau dans la cavité thoracique. Malgré les difficultés pour extraire le fragment avec des outils conventionnels, M. Gérard utilisa un dé de tailleur modifié pour pousser le fragment de l'intérieur vers l'extérieur. Après avoir retiré le fragment, il vérifia la côte pour détecter des éclats et les fixa à l'aide d'une aiguille et d'un fil. Cette intervention ingénieuse permit une guérison rapide. Par ailleurs, M. Arnauld, le fils, présenta une dissertation sur les hermaphrodites, basée sur une opération qu'il avait réalisée. Il discuta des différentes espèces d'hermaphrodites et des erreurs possibles dans leur identification, offrant des connaissances essentielles pour les chirurgiens et les juges. Enfin, le texte mentionne que M. Medalon, ancien directeur de la Société de Arts, remporta un prix pour son ouvrage dédié à l'Académie de Chirurgie. Une médaille en or fut frappée pour célébrer cet événement, représentant Louis XV sous les traits d'Apollon, symbole de la médecine et de la poésie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 123-127
Progrès du Lithotome caché pour la taille.
Début :
Si la lettre suivante au Frere Jean de Saint-Côme est une preuve favorable [...]
Mots clefs :
Lithotome, Opération de la taille, Instrument, Douleurs, Chirurgien, Malade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Progrès du Lithotome caché pour la taille.
Progrès du Lithotome caché pour la taille.
I la lettre fuivante au Frere Jean de
Saint-Come
Saint-Côme eft une preuve favorable
pour fon inftrument , elle ne l'eft pas moins
pour celui qui s'en eft fervi.
* Page 37*
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
A Lille , ce 30 Janvier 1755-
Mon cher Frere , voici l'hiftoire d'une
taille que je viens de faire avec votre inftrument
, & fuivant votre méthode. Le
nommé Augufte , âgé de fept ans & demi ,
fils de Henri Cantinier , au quartier de la
Magdeleine à Lille , fut attaqué des douleurs
de la pierre dès l'âge de deux ans ,
& à quatre ans & demi il fe joignit à ces
douleurs une incontinence d'urine , qu'il
a confervée jufqu'au moment de l'opération
. Les douleurs devenant plus fortes de
jour en jour , les parens me firent appeller
dans le mois de Juillet dernier ; je leur annonçai
l'exiſtence d'une pierre dans la veffie
, & leur propofai l'opération : mais inquiers
fur la réuffice , ils ne voulurent pas
s'y prêter. Enfin je fus de nouveau prié de
revoir ce malade dans le mois de Décem
bre , je le trouvai dans un état déplorable ;
il y avoit plufieufs jours qu'il ne dormoit
plus ; la pierre faifoit une irritation fi confidérable
dans la veffie , que toutes les parties
du ventre étoient dans une contraction
violente , & prefque continuelle ; l'inteſtin
rectum étoit pouffé avec force , & bien loin
au-delà de l'anus : il y eut même une hémorrhagie
affez forte des vaiffeaux de cet
inteftin. Ce dernier accident me déserM.
A RS. $ 755. 125
•
mina à propofer une feconde fois l'opération
, & engagea les parens à l'accepter,
Je la fis le 21 Décembre dernier , malgré
les tems durs & fâcheux. Je tirai une
pierre d'une demi - once , & groffe.comme
un petit ceuf de pigeon ; la couche
extérieure de cette pierre étoit molle , &
fe détacha dans le tems de l'extraction :
j'en tirai le noyau avec la tenette , & la
curette me fervit à tirer le refte . Cette
opération ne fut néanmoins ni longue ni
difficile , quoique je n'eus porté mon inftrument
qu'au feptiéme dégré de dilatation
, qui me fuffit de refte à tirer la
pierre fans efforts & fans difficulté . Auffi
les fpectateurs qui étoient nombreux , furent-
ils fatisfaits . , & rendirent justice à
la méthode. Dès le lendemain les urines
commencerent à paffer par les voies ordinaires
; mais une indigeftion que le malade
fe donna le troifiéme jour , penfa le
faire périr. Il lui furvint de l'altération ,
des felles , & la fiévre ; la plaie deyint
pâle & feche , & les urines prirent cette
route. J'avois formé le deffein de ne faire
aucun panfement à mon malade ; mais. appercevant
le changement furvenu à ſa plaic ,
j'abandonnai ce projet , & le penſai régudierement
deux fois par jour avec un plumaceau
chargé de beaume d'arcoeüs , &
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
une languette de linge garni par fes deux
extrêmités d'emplâtre d'André de la Croix ;
cette languette me fervoit tout à la fois
à contenir mon plumaceau & à rapprocher
les deux levres de la plaie. Les autres
accidens furent combattus fi efficacement ,
que le malade fut parfaitement guéri , &
fa plaie cicatrifée le dix-neuviéme jour ;
fon incontinence d'urine n'eut plus lieu ,
& fut guérie en même tems que le refte.
Voilà , mon cher Frere , un fuccès d'autant
plus complet , que je l'ai obtenu dans
la plus mauvaiſe faifon de l'année , ce qui
prouve tout-à - fair pour votre inftrument.
J'en fuis d'autant plus enchanté que c'eft
ma premiere épreuve ; & je vous avouerai
franchement que fans votre méthode , que
je trouve d'une facile exécution , je n'euffe
peut- être jamais penfé à enrichir ma pratique
d'une opération , qui en me faifant
honneur , me met plus à portée de foulager
l'humanité.1
J'oubliois de vous dire que j'ai taillé ce
malade dans la fituation horizontale , &
des fpectateurs étoient Meffieurs Payerne ,
Chirurgien- major du régiment d'Eu infanterie
; Marchant , que vous connoiſſez ;
Baftide , Chirurgien -major de Royal-dra-
-gons , Prevôt-maître en Chirurgie à Lille ;
Defombrages , Médecin de cette ville , &
MARS. 1755. 727
Planeque , Chirurgien-major des Hôpitaux
militaires. Ce dernier , ainfi que M. Mar
chant , m'ont prié de vous faire mille
complimens.
J'efpere dans peu joindre d'autres fuccès
à celui- ci , pour feconder vos intentions &
celles de tous vos partifans .
Je fuis , & c.
L. CHASTANET ,
Maître en Chirurgie , & Chi
rurgien Aide- major des Hôpitaux
militaires.
I la lettre fuivante au Frere Jean de
Saint-Come
Saint-Côme eft une preuve favorable
pour fon inftrument , elle ne l'eft pas moins
pour celui qui s'en eft fervi.
* Page 37*
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
A Lille , ce 30 Janvier 1755-
Mon cher Frere , voici l'hiftoire d'une
taille que je viens de faire avec votre inftrument
, & fuivant votre méthode. Le
nommé Augufte , âgé de fept ans & demi ,
fils de Henri Cantinier , au quartier de la
Magdeleine à Lille , fut attaqué des douleurs
de la pierre dès l'âge de deux ans ,
& à quatre ans & demi il fe joignit à ces
douleurs une incontinence d'urine , qu'il
a confervée jufqu'au moment de l'opération
. Les douleurs devenant plus fortes de
jour en jour , les parens me firent appeller
dans le mois de Juillet dernier ; je leur annonçai
l'exiſtence d'une pierre dans la veffie
, & leur propofai l'opération : mais inquiers
fur la réuffice , ils ne voulurent pas
s'y prêter. Enfin je fus de nouveau prié de
revoir ce malade dans le mois de Décem
bre , je le trouvai dans un état déplorable ;
il y avoit plufieufs jours qu'il ne dormoit
plus ; la pierre faifoit une irritation fi confidérable
dans la veffie , que toutes les parties
du ventre étoient dans une contraction
violente , & prefque continuelle ; l'inteſtin
rectum étoit pouffé avec force , & bien loin
au-delà de l'anus : il y eut même une hémorrhagie
affez forte des vaiffeaux de cet
inteftin. Ce dernier accident me déserM.
A RS. $ 755. 125
•
mina à propofer une feconde fois l'opération
, & engagea les parens à l'accepter,
Je la fis le 21 Décembre dernier , malgré
les tems durs & fâcheux. Je tirai une
pierre d'une demi - once , & groffe.comme
un petit ceuf de pigeon ; la couche
extérieure de cette pierre étoit molle , &
fe détacha dans le tems de l'extraction :
j'en tirai le noyau avec la tenette , & la
curette me fervit à tirer le refte . Cette
opération ne fut néanmoins ni longue ni
difficile , quoique je n'eus porté mon inftrument
qu'au feptiéme dégré de dilatation
, qui me fuffit de refte à tirer la
pierre fans efforts & fans difficulté . Auffi
les fpectateurs qui étoient nombreux , furent-
ils fatisfaits . , & rendirent justice à
la méthode. Dès le lendemain les urines
commencerent à paffer par les voies ordinaires
; mais une indigeftion que le malade
fe donna le troifiéme jour , penfa le
faire périr. Il lui furvint de l'altération ,
des felles , & la fiévre ; la plaie deyint
pâle & feche , & les urines prirent cette
route. J'avois formé le deffein de ne faire
aucun panfement à mon malade ; mais. appercevant
le changement furvenu à ſa plaic ,
j'abandonnai ce projet , & le penſai régudierement
deux fois par jour avec un plumaceau
chargé de beaume d'arcoeüs , &
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
une languette de linge garni par fes deux
extrêmités d'emplâtre d'André de la Croix ;
cette languette me fervoit tout à la fois
à contenir mon plumaceau & à rapprocher
les deux levres de la plaie. Les autres
accidens furent combattus fi efficacement ,
que le malade fut parfaitement guéri , &
fa plaie cicatrifée le dix-neuviéme jour ;
fon incontinence d'urine n'eut plus lieu ,
& fut guérie en même tems que le refte.
Voilà , mon cher Frere , un fuccès d'autant
plus complet , que je l'ai obtenu dans
la plus mauvaiſe faifon de l'année , ce qui
prouve tout-à - fair pour votre inftrument.
J'en fuis d'autant plus enchanté que c'eft
ma premiere épreuve ; & je vous avouerai
franchement que fans votre méthode , que
je trouve d'une facile exécution , je n'euffe
peut- être jamais penfé à enrichir ma pratique
d'une opération , qui en me faifant
honneur , me met plus à portée de foulager
l'humanité.1
J'oubliois de vous dire que j'ai taillé ce
malade dans la fituation horizontale , &
des fpectateurs étoient Meffieurs Payerne ,
Chirurgien- major du régiment d'Eu infanterie
; Marchant , que vous connoiſſez ;
Baftide , Chirurgien -major de Royal-dra-
-gons , Prevôt-maître en Chirurgie à Lille ;
Defombrages , Médecin de cette ville , &
MARS. 1755. 727
Planeque , Chirurgien-major des Hôpitaux
militaires. Ce dernier , ainfi que M. Mar
chant , m'ont prié de vous faire mille
complimens.
J'efpere dans peu joindre d'autres fuccès
à celui- ci , pour feconder vos intentions &
celles de tous vos partifans .
Je fuis , & c.
L. CHASTANET ,
Maître en Chirurgie , & Chi
rurgien Aide- major des Hôpitaux
militaires.
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Résumé : Progrès du Lithotome caché pour la taille.
Le 21 décembre 1755, le chirurgien L. Chastanet a réalisé une opération à Lille pour extraire une pierre de la vessie d'un patient nommé Auguste, âgé de sept ans et demi. Depuis l'âge de deux ans, Auguste souffrait de douleurs et d'incontinence urinaire en raison de cette pierre. Malgré les réticences initiales des parents, l'opération a été effectuée en raison de l'aggravation de l'état du patient. Chastanet a utilisé un instrument et une méthode fournis par le frère Jean de Saint-Côme. La pierre, de la taille d'un petit œuf de pigeon, a été extraite sans difficulté majeure. La guérison complète, incluant la fin de l'incontinence urinaire, a été atteinte en dix-neuf jours. Plusieurs chirurgiens et médecins présents ont témoigné de la réussite de l'intervention. Chastanet a exprimé sa satisfaction et son espoir de reproduire ce succès à l'avenir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 190-192
LETTRE au Frere Côme, contenant une observation, qui prouve de plus en plus l'utilité du Lithotome caché pour l'opération de la Taille.
Début :
MONSIEUR, dans le courant du mois de Juillet de l'année 1754, je [...]
Mots clefs :
Opération de la taille, Chirurgien, Lithotome, Opération, Malade, Pierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE au Frere Côme, contenant une observation, qui prouve de plus en plus l'utilité du Lithotome caché pour l'opération de la Taille.
CHIRURGIE.
LETTRE au Frere Côme , contenant une
obfervation , qui prouve de plus en plus
l'utilité du Lithotome caché pour l'opération
de la Taille.
ONSIEUR › dans le courant du
Mmois de Juillet de l'année 1754 , je
fus appellé à Bourbon- l'Archambault ,
pour voir la nommée Anne de Canys , native
de Moulins en Bourbonnois , âgée de
huit ans , qui depuis trois ans reffentoit
des douleurs très -aigues , caufées par une
pierre dans la veffie . Dans l'hiftoire que
me firent les deux Médecins & le Chirurgien
du lieu , j'appris qu'un Maître en
Chirurgie de Paris , qui pour lors fe trouvoit
aux eaux , en venoit de tenter l'extraction
à l'ancienne maniere , & qu'il
avoit échoué. Il propofa , comme l'unique
moyen de l'extraire , votre lithotome caché
je voulus fonder la malade , mais
une inflammation confidérable du canal
de l'uretre caufée par cette tentative cideffus
, m'obligea de différer jufqu'à ce
que cette partie ait repris fon état naturel.
JUN. 1755... 191
Dans le commencement du mois d'Août
on fit tranfporter ladite malade à Moulins
: je la fondai & reconnus la pierre ;
mais un cours de ventre , accompagné
d'une fievre lente , jointe aux douleurs
caufées par ce calcul , avoient mis cet
enfant dans une fituation fi trifte que je
fus obligé de retarder l'opération , & de
travailler à détruire ou calmer tous les
accidens. Près de fix femaines s'écoulerent
fans que la nature ait voulu feconder
mes foins. Plufieurs de mes confreres qui
pafferent ici avec leurs régimens , & plufieurs
Maîtres de l'art les plus éclairés de
cette ville , qui virent cet enfant , me confeillerent
, pour ma réputation , de ne pas
entreprendre une opération qui ne pouvoit
être qu'infructueufe ; mais connoiffant
par expérience les fuccès de votre méthode
, je n'eus en vûe que la guériſon de
la malade , ou une diminution confidérable
dans cette complication de maux. Je
la taillai le huit Octobre de la même année
, en préſence de M. Jamé , Chirurgien
major du Régiment Dragons de Beaufremont
, & du R. P. Eleutere Benoît , Chirurgien
de la Charité je lui tirai une
pierre de la groffeur d'un oeuf de pigeon.
La malade a été guérie fans panfement le
,
192 MERCURE DE FRANCE.
dix-feptieme jour, & les accidens ci-deffus
ont totalement cellé : elle jouit aujourd'hui,
d'une parfaite fanté. Je vous prie , Monfieur
, s'il eft poffible , de faire inférer
cette opération dans le Mercure , je vous
en ferai très - obligé : j'ai quelque incrédule
à convaincre.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Gerard , Chirurgien major
du Régiment de Berry ,
Infanterie.
A Moulins , ce 23 Avril 1755.
LETTRE au Frere Côme , contenant une
obfervation , qui prouve de plus en plus
l'utilité du Lithotome caché pour l'opération
de la Taille.
ONSIEUR › dans le courant du
Mmois de Juillet de l'année 1754 , je
fus appellé à Bourbon- l'Archambault ,
pour voir la nommée Anne de Canys , native
de Moulins en Bourbonnois , âgée de
huit ans , qui depuis trois ans reffentoit
des douleurs très -aigues , caufées par une
pierre dans la veffie . Dans l'hiftoire que
me firent les deux Médecins & le Chirurgien
du lieu , j'appris qu'un Maître en
Chirurgie de Paris , qui pour lors fe trouvoit
aux eaux , en venoit de tenter l'extraction
à l'ancienne maniere , & qu'il
avoit échoué. Il propofa , comme l'unique
moyen de l'extraire , votre lithotome caché
je voulus fonder la malade , mais
une inflammation confidérable du canal
de l'uretre caufée par cette tentative cideffus
, m'obligea de différer jufqu'à ce
que cette partie ait repris fon état naturel.
JUN. 1755... 191
Dans le commencement du mois d'Août
on fit tranfporter ladite malade à Moulins
: je la fondai & reconnus la pierre ;
mais un cours de ventre , accompagné
d'une fievre lente , jointe aux douleurs
caufées par ce calcul , avoient mis cet
enfant dans une fituation fi trifte que je
fus obligé de retarder l'opération , & de
travailler à détruire ou calmer tous les
accidens. Près de fix femaines s'écoulerent
fans que la nature ait voulu feconder
mes foins. Plufieurs de mes confreres qui
pafferent ici avec leurs régimens , & plufieurs
Maîtres de l'art les plus éclairés de
cette ville , qui virent cet enfant , me confeillerent
, pour ma réputation , de ne pas
entreprendre une opération qui ne pouvoit
être qu'infructueufe ; mais connoiffant
par expérience les fuccès de votre méthode
, je n'eus en vûe que la guériſon de
la malade , ou une diminution confidérable
dans cette complication de maux. Je
la taillai le huit Octobre de la même année
, en préſence de M. Jamé , Chirurgien
major du Régiment Dragons de Beaufremont
, & du R. P. Eleutere Benoît , Chirurgien
de la Charité je lui tirai une
pierre de la groffeur d'un oeuf de pigeon.
La malade a été guérie fans panfement le
,
192 MERCURE DE FRANCE.
dix-feptieme jour, & les accidens ci-deffus
ont totalement cellé : elle jouit aujourd'hui,
d'une parfaite fanté. Je vous prie , Monfieur
, s'il eft poffible , de faire inférer
cette opération dans le Mercure , je vous
en ferai très - obligé : j'ai quelque incrédule
à convaincre.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Gerard , Chirurgien major
du Régiment de Berry ,
Infanterie.
A Moulins , ce 23 Avril 1755.
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Résumé : LETTRE au Frere Côme, contenant une observation, qui prouve de plus en plus l'utilité du Lithotome caché pour l'opération de la Taille.
En juillet 1754, le chirurgien Gérard fut appelé à Bourbon-l'Archambault pour soigner Anne de Canys, une fille de huit ans souffrant de douleurs intenses dues à une pierre dans la vessie. Un chirurgien parisien avait déjà tenté sans succès d'extraire la pierre. Gérard envisagea d'utiliser le lithotome caché, mais une inflammation de l'urètre l'obligea à reporter l'opération. En août 1755, la patiente fut transportée à Moulins. Malgré son état critique, Gérard décida d'opérer le 8 octobre 1755, en présence de collègues. Il retira une pierre de la taille d'un œuf de pigeon. La patiente se rétablit rapidement et fut guérie sans pansement le dix-septième jour. Gérard demanda la publication de cette opération dans le Mercure de France pour convaincre les sceptiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 120-123
LETTRE de M. Descastans a M. Dupuy, Maître en Chirurgie, Associé de l'Académie de Bordeaux, & Chirurgien-major de l'Hôpital S. André de ladite ville.
Début :
MONSIEUR, j'ai communiqué à mon oncle la lettre que vous m'avez fait [...]
Mots clefs :
Bordeaux, Remèdes, Traitement, Malade, Chirurgie
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Descastans a M. Dupuy, Maître en Chirurgie, Associé de l'Académie de Bordeaux, & Chirurgien-major de l'Hôpital S. André de ladite ville.
-LETTRE de M. Defcaftans a M. Dupuy,
Maître en Chirurgie , Affocié de l'Acadé-.
mie de Bordeaux , & Chirurgien -major
de l'Hôpital S. André de ladite ville.
Monde la letreque vous m'avez fait
ONSIEUR, j'ai communiqué à mon
l'honneur de m'écrire . Il a été ført furpris
qu'il y ait des Chirurgiens & autres perfonnes
dans votre province qui prétendent
qu'il foit en relation avec eux & qu'il leur.
fourniffe fes remedes , leurs mauvais fuccès
fans doute doivent détruire cette impofture
; mais il est très-certain que vous êtes
le feul à Bordeaux & dans tout le pays
avec qui il ait des correfpondances. Il vous
fera très- facile de tirer d'erreur ceux qui
yous en parleront ; il ne s'agit que d'exiger
de ces prétendus correfpondans qu'ils montrent
les lettres de M. Daran , qui feules
peuvent certifier leur commerce avec lui ,
ou d'engager ceux qui foupçonneront cette
liaifon , de lui écrire à lui- même , & il ne
manquera pas de leur faire auffi- tôt une
réponſe qui levera tous leurs doutes . Vous
connoiffez la fignature , & il ne fera pas
aifé de vous en impofer . Ce n'eft pas feulement
à Bordeaux que l'on fuppofe ces
•¿ ¿ di armik od vcorrefpondances
JUIN. 1755. 121
correfpondances avec M. Daran . On employe
le même artifice non feulement dans,
toute la France , mais encore dans les pays
étrangers ; d'autres fans avoir recours à
cette rufe , qui leur paroît apparemment
inutile , publient que les remedes dont ils
fe fervent ont été pris chez lui , & c'eſt le
plus grand nombre : ils font répandus en
plufieurs endroits , même à Paris , & ce
qu'il y a de plus étonnant , c'eft que des
gens qui jouiffent d'ailleurs de la plus
grande réputation , fe vantent auffi d'avoir
les mêmes remedes que lui , & ils le perfuadent
d'autant plus facilement , qu'ils fe
font acquis beaucoup de crédit & de confiance
dans le public toujours fi facile à
être trompé. Il eft vrai qu'on fe defabuſe
à la fin , mais c'eſt toujours à ſes dépens
après avoir reconnu par un traitement
long , douloureux & inutile , qu'on auroit
dû d'abord s'adreffer à M. Daran. Il m'eſt
arrivé fouvent en lifant les lettres qu'il
reçoit des malades , d'y trouver qu'ils s'étoient
confiés à des perfonnes qui difoient
tenir de M. Daran lui-même les fondes &
les bougies dont elles faifoient ufage. Ces
malades l'avoient cru bonnement , & le
confultoient fur leur état en lui demandant
ce qui pouvoit avoir empêché leur guérifon
, après qu'ils s'étoient fervis de fes
II. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE. ,
reniedes avec toute l'exactitude poffible &
le plus grand régime : mon oncle fe trouvoit
obligé de leur répondre qu'ils avoient
été trompés , & qu'il n'étoit point du tout
vrai qu'on eût pris les remedes chez lui.
Les malades de leur côté fe voyoient dans
la trifte néceffité de fe foumettre à un nouveau
traitement complet , trop heureux
encore d'en être quittes pour l'inutilité du
premier , & de n'avoir été qu'à demi les
victimes de cette contrebande fi funefte à
tant d'autres .
Mon oncle a reçu des plaintes de quan
tité de perfonnes à qui ces faux remedes
avoient caufé des accidens très - fâcheux.
J'ai cru devoir rendre cette lettre publique
, pour détromper les perfonnes qui ont
intérêt de l'être , & pour mettre un frein
à l'avidité de ceux qui fe croyent permis
d'abufer de la crédulité publique pour leur
profit particulier on fent bien quelles
font les fuites funeftes de cet artifice . Les
malades qui voyent leur état empirer , au
lieu de changer en mieux par l'ufage des
remedes qu'ils croyent de la compofition
de M. Daran , s'imaginent que leur mal
eft incurable , parce qu'il a réfifté aux fecours
qui font généralement reconnus
comme les plus propres pour le guérir , &
tombent dans un defefpoir auffi contraire
JUI N. 1735. 123
:
à leur rétabliſſement qu'affligeant pour
leur famille mais il leur fera facile de
s'épargner un fi cruel embarras , comme
auffi le defagrément d'un traitement repété
, s'ils veulent avant que de fe confier à
qui que ce foit , écrire à M. Daran , pour
fçavoir au jufte fi ceux qui ont entrepris de
les traiter , ont des correfpondances avec
lui . Ils recevront infailliblement une réponſe
qui éclaircira leurs doutes , & les
fauvera du danger où ils s'alloient peutêtre
expofer imprudemment.
J'ai l'honneur d'être , &c.
DESCASTANS.
A Paris , cè 8 Avril 1755•
Maître en Chirurgie , Affocié de l'Acadé-.
mie de Bordeaux , & Chirurgien -major
de l'Hôpital S. André de ladite ville.
Monde la letreque vous m'avez fait
ONSIEUR, j'ai communiqué à mon
l'honneur de m'écrire . Il a été ført furpris
qu'il y ait des Chirurgiens & autres perfonnes
dans votre province qui prétendent
qu'il foit en relation avec eux & qu'il leur.
fourniffe fes remedes , leurs mauvais fuccès
fans doute doivent détruire cette impofture
; mais il est très-certain que vous êtes
le feul à Bordeaux & dans tout le pays
avec qui il ait des correfpondances. Il vous
fera très- facile de tirer d'erreur ceux qui
yous en parleront ; il ne s'agit que d'exiger
de ces prétendus correfpondans qu'ils montrent
les lettres de M. Daran , qui feules
peuvent certifier leur commerce avec lui ,
ou d'engager ceux qui foupçonneront cette
liaifon , de lui écrire à lui- même , & il ne
manquera pas de leur faire auffi- tôt une
réponſe qui levera tous leurs doutes . Vous
connoiffez la fignature , & il ne fera pas
aifé de vous en impofer . Ce n'eft pas feulement
à Bordeaux que l'on fuppofe ces
•¿ ¿ di armik od vcorrefpondances
JUIN. 1755. 121
correfpondances avec M. Daran . On employe
le même artifice non feulement dans,
toute la France , mais encore dans les pays
étrangers ; d'autres fans avoir recours à
cette rufe , qui leur paroît apparemment
inutile , publient que les remedes dont ils
fe fervent ont été pris chez lui , & c'eſt le
plus grand nombre : ils font répandus en
plufieurs endroits , même à Paris , & ce
qu'il y a de plus étonnant , c'eft que des
gens qui jouiffent d'ailleurs de la plus
grande réputation , fe vantent auffi d'avoir
les mêmes remedes que lui , & ils le perfuadent
d'autant plus facilement , qu'ils fe
font acquis beaucoup de crédit & de confiance
dans le public toujours fi facile à
être trompé. Il eft vrai qu'on fe defabuſe
à la fin , mais c'eſt toujours à ſes dépens
après avoir reconnu par un traitement
long , douloureux & inutile , qu'on auroit
dû d'abord s'adreffer à M. Daran. Il m'eſt
arrivé fouvent en lifant les lettres qu'il
reçoit des malades , d'y trouver qu'ils s'étoient
confiés à des perfonnes qui difoient
tenir de M. Daran lui-même les fondes &
les bougies dont elles faifoient ufage. Ces
malades l'avoient cru bonnement , & le
confultoient fur leur état en lui demandant
ce qui pouvoit avoir empêché leur guérifon
, après qu'ils s'étoient fervis de fes
II. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE. ,
reniedes avec toute l'exactitude poffible &
le plus grand régime : mon oncle fe trouvoit
obligé de leur répondre qu'ils avoient
été trompés , & qu'il n'étoit point du tout
vrai qu'on eût pris les remedes chez lui.
Les malades de leur côté fe voyoient dans
la trifte néceffité de fe foumettre à un nouveau
traitement complet , trop heureux
encore d'en être quittes pour l'inutilité du
premier , & de n'avoir été qu'à demi les
victimes de cette contrebande fi funefte à
tant d'autres .
Mon oncle a reçu des plaintes de quan
tité de perfonnes à qui ces faux remedes
avoient caufé des accidens très - fâcheux.
J'ai cru devoir rendre cette lettre publique
, pour détromper les perfonnes qui ont
intérêt de l'être , & pour mettre un frein
à l'avidité de ceux qui fe croyent permis
d'abufer de la crédulité publique pour leur
profit particulier on fent bien quelles
font les fuites funeftes de cet artifice . Les
malades qui voyent leur état empirer , au
lieu de changer en mieux par l'ufage des
remedes qu'ils croyent de la compofition
de M. Daran , s'imaginent que leur mal
eft incurable , parce qu'il a réfifté aux fecours
qui font généralement reconnus
comme les plus propres pour le guérir , &
tombent dans un defefpoir auffi contraire
JUI N. 1735. 123
:
à leur rétabliſſement qu'affligeant pour
leur famille mais il leur fera facile de
s'épargner un fi cruel embarras , comme
auffi le defagrément d'un traitement repété
, s'ils veulent avant que de fe confier à
qui que ce foit , écrire à M. Daran , pour
fçavoir au jufte fi ceux qui ont entrepris de
les traiter , ont des correfpondances avec
lui . Ils recevront infailliblement une réponſe
qui éclaircira leurs doutes , & les
fauvera du danger où ils s'alloient peutêtre
expofer imprudemment.
J'ai l'honneur d'être , &c.
DESCASTANS.
A Paris , cè 8 Avril 1755•
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Résumé : LETTRE de M. Descastans a M. Dupuy, Maître en Chirurgie, Associé de l'Académie de Bordeaux, & Chirurgien-major de l'Hôpital S. André de ladite ville.
La lettre de M. Descastans à M. Dupuy, maître en chirurgie et associé de l'Académie de Bordeaux, met en lumière une fraude concernant les remèdes attribués à M. Daran. Des individus prétendent correspondre avec M. Daran et fournissent des remèdes, mais leurs échecs révèlent leur imposture. M. Daran affirme que M. Dupuy est le seul interlocuteur avec qui il correspond à Bordeaux. Pour démasquer les imposteurs, il est recommandé de demander des lettres authentiques de M. Daran ou de lui écrire directement. Cette fraude ne se limite pas à Bordeaux mais se répand en France et à l'étranger. Des personnes, même réputées, se vantent de posséder les mêmes remèdes que M. Daran, trompant ainsi le public. Les malades, après des traitements inefficaces, se retrouvent souvent dans des situations désespérées. M. Descastans conseille aux malades de vérifier auprès de M. Daran avant de se confier à quiconque, afin d'éviter des traitements inutiles et dangereux. La lettre vise à détromper les personnes intéressées et à freiner l'avidité de ceux qui abusent de la crédulité publique.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 131-141
Lettre écrite à M. M.... Professeur en Chirurgie, par M. Boucher, Capitaine d'Infanterie.
Début :
C'est un époux, Monsieur, qui va vous entretenir ; c'est un militaire qui va [...]
Mots clefs :
Chirurgie, Malade, Opération, Douleurs, Guérison, Capitaine d'infanterie, Professeur en chirurgie, Chirurgien
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre écrite à M. M.... Professeur en Chirurgie, par M. Boucher, Capitaine d'Infanterie.
Lettre écrite à M. M ....
Chirurgie , par M. Boucher , Capitaine
d'Infanterie.
C
'Eft un époux , Monfieur , qui va vous
entretenir ; c'eſt un militaire qui va
vous écrire ; c'eſt affez vous en dire pour
mériter votre indulgence . Ce préambule
vous feroit inutile fi j'étois initié dans l'art
de la Chirurgie. Ecrivant à un maître tel
que vous , je n'aurois befoin que de m'énoncer
, vous m'entendriez clairement
mais il s'agit de vous parler une langue qui
m'eft étrangere , & de vous donner à deviner
le plus aiſement que je pourrai. Ce
fera donc , Monfieur , l'amour conjugal
qui fera mon interprête ; c'eſt lui qui m'engage
aujourd'hui à vous rendre compte
d'une maladie que j'ai d'autant mieux étu-
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
diée qu'elle m'a tant effrayé pour les jours
de ma chere femme.
›
Vous ne rae remettez peut - être plus ,
Monfieur , & par conféquent il eft néceffaire
de vous dire qui je fuis. Mon nom
n'eft pas fuffifant pour vous remettre fur
la voie il faut vous dire qu'au mois de
Décembre dernier je vous invitai chez
moi , rue Poiffonniere , avec M. M ....
Chirurgien major de l'Hôtel - Dieu , pour
vous confulter für la maladie dont ma
femme étoit attaquée depuis treize ans.
Cette maladie , Monfieur , étoit la plus
terrible fiftule qu'on ait jamais eue Ma femme
eft créole , de l'ifle de Bourbon , & elle
attribue cette maladie à une chûte qu'elle
fit quelques années avant que je l'époufaffe
, d'une terraffe de vingt pieds de haut
pour le moins. Cette chûte ne lui caufa
que quelques douleurs & meurtriffures
qui fe diffiperen: en peu de tems , par les
fecours qu'on lui donna. Elle n'eût aucun.
fymptome de fiftule , mais un an après notre
mariage elle mit au monde un fils
foit effet de la groffefle ou de la couche ,
elle commença à fentir des douleurs à l'anus
, qui cefferent néanmoins lorfqu'elle
fut rélevée & rétablie de cette premiere
couche. Elle fut environ trois ans fans devenir
enceinte , pendant lequel tems elle
"
JUILLET . 1755. 133
ne fentit aucune douleur ; mais l'étant
devenue , fur le neuvieme meis de fa groffelle
il fe forma en neuf jours un dépot
ficonfidérable qu'elle fouffrit nuit & jour
Toutes les douleurs qu'un panari violent
peut occafionner . Les Chirurgiens de l'afle
peu au fait de leur métier , encore moins
de ces fortes de maladies , ne regarderent
ce dépôt que comme un abcès . Lorfque la
matiere fut bien formée la tumeur perça
d'elle- même , & vuida une quantité prodigieufe
de pûs . Cette évacuation foulagea
fubitement & totalement la malade
qui accoucha le lendemain d'une fille qui fe
porte très bien aujourd'hui. Nos Docteurs
laifferent fermer le fac de lui- même , &
fans doute le loup fut enfermé dans la bergerie
, puifqu'à une troifieme grofleffe.
l'abcès reparut. Pour lors d'autres Chirur
giens de vaiffeaux qui fe trouverent là ,
martyriferent la malade a grands coups de
biftouris , & s'efforcerent de cueillir un
fruit qui n'étoit pas mûr , & qu'ils ne connoilfoient
fans doute pas ; cependant elle
accoucha d'un garçon bien à terme , mais ,
mort par une peur qu'un incendie avoit
caufée à la mere chez elle . L'abcès diſparut
donc encore , & tant que ma femme ne
devenoit pas groffe elle ne fe fentoit de
rien. A la quatrieme groffeffe l'abcès re134
MERCURE DE FRANCE .
que cet
commença , à la cinquieme de même ; &
enfin à la fixieme qui eft arrivée l'année
derniere , il fe forma fur le dernier mois.
Mon épouſe fouffrit beaucoup , le Chirurgien
du logis qui avoit foin d'elle depuis
fon arrivée en Europe , me confia
abcès étoit fiftuleux , pour lors je lui
гар-
portai tout ce que je viens d'avoir l'honneur
de vous dire , & il la panfa en conféquence.
Elle étoit trop avancée dans fa
groffeffe pour entreprendre la guérifon
d'une pareille maladie ; mais loin de la
traiter comme on avoit fait aux Indes , au
contraire il eut grand foin de conferver
cet abcès ouvert , & de donner iffue à la
matiere qu'il fourniffoit journellement
illa panfoit deux fois par jour , & au terme
de neufmois elle accoucha d'une fille pleine
de fanté , & cela fans accident. Le
Chirurgien de la maifon continua à la
panſer exactement pendant deux mois depuis
fa couche , après lequel tems il me
confeilla lui-même de vous appeller au fecours
, me déclarant que la maladie étoit
une fiftule .
Voici , Monfieur , où la grande hiftoire
commence. Vous eûtes la bonté de vous
rendre chez moi avec M. M..... mon
Chirurgien y étoit , & on vous rendit
compte de tout ce que je viens de vous
JUILLET. 1755- 135
répéter. La malade étoit bien prévenue
qu'elle avoit une fiftule , mais elle n'étoit
point portée pour l'opération , parce que
quelques perfonnes lui avoient confeillé
les cauftiques. Vous fondâtes vous-même
le mal , & fuivant votre avis , ainfi que
celui de M. M. . . . vous jugeâtes que
c'étoit une fiftule borgne ; même , me
dites- vous alors , fans clapier & fans que
l'inteftin fût offenfé , car vous fuppofiez
encore une grande diſtance entre le vice &
l'inteftin. Eh bien , Monfieur , l'événement
a fait voir le contraire , & je m'en fuis
convaincu par ce que j'ai vû. Mais fuivez
moi , s'il vous plaît : vous jugeates donc
la fiftule borgne ordinaire , en un mot
point confidérable ; je vous demandai ce
qu'il y avoit à faire , vous me fites l'honneur
de me dire qu'il falloit faire l'opération
, que cela feroit peu de chofe , & que
ma femme n'avoit aucun rifque à courir ;
je vous dis que la malade ne s'y réfoudroit
jamais , & qu'elle préféreroit de fe faire
guérir par les cauftiques. M. Braffant
me dites - vous fur le champ , peut la
guérir ; mais je fuis furpris qu'on préfere
des fouffrances de cinq à fix mois à
une minute & demie. Cependant , continuates-
vous , je vous confeille de commencer
par lui guérir l'efprit. Elle préfere ce
>
136 MERCURE DE FRANCE.
remede , il faut le lui donner. Il détruir
par le feu ce que le nôtre détruit par le fer.
Ho! nous y voilà , Monfieur. Riez tant
qu'il vous ppllaaiirraa de mon extravagance ;
mais je ne veux point difputer avec vous .
Je prétens vous prouver que les événemens
dont je vous ai parlé , font feuls
capables de faire connoître les maladies.
De plus , je prétends vous démontrer que
la méthode des cauftiques eft préférable à
l'opération , fur- tout à de pareilles fiftulles .
Je vous vois déja me railler & me tourner
en ridicule : n'importe , je me hazarde , &
m'encourage ; c'eft que ma femme eft guérie.
Je commence.
La fiſtulle , Monfieur , me paroît à préfent
un terrier de lapin , lequel dans l'inté
rieur forme la figure de ziczac. Si je pouffe
un bâton par fon ouverture , il arrive que
je trouve bientôt une réſiſtance , mais ce
n'eſt pas le fond du terrier ; & quand j'em- -
porterois toute la furface , jufqu'à la profondeur
qui en a procuré la réfiſtance au
bâton , je n'aurois pas encore découvert le
fond de mon gîte. Or la fonde me paroît de
même dans une fiftulle à un pouce , deux
pouces , & plus , fi vous voulez ; elle peut
fentir un arrêt qui paroît être le fond , mais
Louvent ce n'eft que l'endroit où le finus
prend un détour, & qui s'étend encore à une
י
}
JUILLET. 1735 137
certaine profondeur , où il en prend encore
une autre. Comment la fonde peut- elle
nous dire tout cela ? Non , il est donc im- -
poffible de juger d'une fiftulle par la fonde
, & pour voir ce qu'il y a dans un vaſe ,
il faut le découvrir. Je fçais qu'avec l'inftrument
on emporte plus que moins , &
qu'enfuite les cifeaux fuppléent au beſoin ,
mais le fang accable & peut fort bien empêcher
de voir un malin finus qui pourſuit
fa route bien au- delà de ce qu'on s'imaginoit
; néanmoins l'opération guérit radicalement
la fiftulle , je le fçais , j'en conviens
; mais jamais elle n'eût guéri celle
de ma femme , puifque l'inftrument n'auroit
pû aller à la profondeur , & qu'encore
une fois on ne la croyoit pas confiderable .
Je fuis moralement sûr qu'elle eût été manquée
, elle n'auroit pas été la premiere ;
mais en outre quel rifque n'eut- elle point
couru ? les fouffrances des panfemens , les
douleurs de la garderobe , les rifques du
dévoiement , d'une fiévre , d'une hémoragie
, en un mot , un nombre de jours dans
un lit à fouffrir & à vivre fans manger.
Or par la méthode de M. Braffant avec fon
cauftique , il eft impoflible qu'il manque
une fiftulle , lorsqu'il la traitera lui -même,
& fon malade ne court aucun des rifques
que je viens de dire ; il eft vrai qu'on
138 MERCURE DE FRANCE.
fouffre le martyre. On dit qu'il en a guéri
& qu'il en a manqué : je foutiens qu'il n'en
a manqué aucun , à moins que ce foit des
gens aufquels les douleurs ont fait abandonner
le remede ; mais quand on voudra
les fouffrir , on eft sûr de la guérifon . Il
n'y a peut- être jamais eu perfonne que má
femme qui ait fouffert une quantité fi prodi
gieufe de cauftiques, puifqu'elle en a eu 33 ;
mais fi elle avoit abandonné au trentieme ,
sûrement elle n'eût point été guérie. J'appellai
donc M. Braffant le lendemain de votre
vifite. Je ne lui parlai point de la conful
tation qui avoit été faite la veille , je lui
dis fimplement que ma femme étoit atta
quée d'une fiftulle depuis 13 ans. Je lui fis
le détail de cette maladie tel que j'avois
eu l'honneur de vous le faire , & j'ajoûtai
que la malade ayant oui parler de fa méthode
la préféroit à l'opération . Il vit fon
mal & le confidera long- tems ; il tâta les
environs , & jugea que la fiftulle étoit con
fidérable , affurant que l'inteftin étoit of
fenfé ; mais qu'il étoit sûr de la guérifon
radicale , fi la malade vouloit avoir de la
confiance & du courage , parce que font
remede étoit violent : ma femme s'y livra
toute entiere , fur-tout efpérant de pouvoir
guérir fans opération . Elle lui demanda le
régime qu'elle avoit à fuivre ; mais quelle
JUILLET. 1755. 139
fut la joye & fa furpriſe lorfque M. Bralfant
lui dit qu'elle n'avoit qu'à vivre à ſon
ordinaire & conferver fon apétit.
Avouez , Monfieur , que voilà un régime
bien doux & bien différent de celui que
l'oppération exige. La malade avoit été
préparée , & deux mois s'étoient écoulés
depuis fa couche , ce qui fit que M. Braffant
la commença le lendemain 10 Décembre
1754. Il lui appliqua le premier cauftique
à 9 heures du matin , qui fit l'effet
qu'il en attendoit. La malade fouffrit la
douleur que ce remede lui caufa avec un
courage héroïque ; elle fouffroit , mais elle
difoit elle-même que c'étoit fupportable.
M. Braſſant vint la voir le foir , & il fut
furpris de trouver une femme fi courageufe.
Le lendemain matin il vint la panfer ,
les cauftiques avoient brûlé une quantité
de chairs qui commençoient à former un
efcard , ils avoient occafionné un gonfle→
ment confidérable dans toutes les parties
fpongieufes & vicieufes. Le troifieme jour
cet efcard tomba & occafionna une ouverture
affez confidérable , procura la facilité
à M. Braffant de voir différens finus renfermés
dans cette partie ; il les attaqua les
uns après les autres par fes cauftiques , &
plus il en détruifoit , plus l'ouverture s'agrandiffoit
& la profondeur paroiffoit.
140 MERCURE DE FRANCE.
Après que la malade cut fupporté dix a
douze cauftiques , pour lors M. Braffant vit
clairement toute l'étendue du mal ; il s'apperçut
que l'inteftin étoit percé , qu'un
finus fe pourfuivoit droit au gros boyau
il tint toujours ce finus découvert , & s'attachant
à détruire toutes les parties qui
l'environnoient & qui étoient offenfées ; it
y parvint par la fuite , & c'eft ce qui prolongea
la guérifon pour lors , il ne lui
refta plus que le finus principal , ou le fond
du fac qu'il attaqua avec tant de fuccès
que le 30 Avril il vit tout le vice détruit ,
& parvint à une guérifon radicale & certaine
. Voilà , Monfieur , tout le détail que
mon affiduité aux panfemens me permet
de vous faire ; mais vous ne pouvez vous
imaginer l'étendue de ce mal , & je crois
fermement que l'opération ne l'eût point
guéri , d'autant mieux qu'on ne jugeoit
point cette fiftulle fi confidérable. Remarquez
que par la méthode de M. Braffant ,
il n'y a point de fiévre à craindre , point
de dévoiement à appréhender , point de
régime à garder & point de douleurs en
allant à la garderobbe , en un mot point
de danger à courir pour le malade rout
cela , Monfieur , ne me feroit point balancer
à préferer cette méthode à l'opération
d'autant mieux encore qu'il eft impoffible
JUILLET. 1755- 141
qu'on laiffe la moindre chofe par cette fade
traiter une fiftulle.
çon
Il me reste encore à vous parler d'un
article auquel peu de Chirurgiens ajoûtent
foi , c'eft fur l'efpéce de cauftique dont
M. Braffant fe fert . Je crois réellement que
ce cauftique eft à lui feul & à fon fils , &
je ferois porté à croire qu'un autre que lui
qui voudroit traiter la fiftulle par ces cauftiques
y échoueroit , n'ayant ni la pratique
, ni le cauftique de M. Braffant : ne
feroit- ce pas cela qui auroit donné lieu de
croire au public que fi M. Braffant en a
guéri , il en a auffi manqué ? Cela fe
roit bien , Monfieur , & j'en ferois conyaincu
, fi quelqu'un me difoit avoir été
manqué par M. Braffant , pere ou fils.
pour-
Je fuis fâché , Monfieur , de vous avoir
diftrait & peut-être ennuyé par mon verbiage
; mais paffez- le moi en faveur de la
joye que me caufe la guérifon de ma femme
, & de la part que vous avez bien voulu
prendre à fa maladie .
J'ai l'honneur d'être , &c..
BOUCHER.
Paris , ce 2 Mai 1755 .
Chirurgie , par M. Boucher , Capitaine
d'Infanterie.
C
'Eft un époux , Monfieur , qui va vous
entretenir ; c'eſt un militaire qui va
vous écrire ; c'eſt affez vous en dire pour
mériter votre indulgence . Ce préambule
vous feroit inutile fi j'étois initié dans l'art
de la Chirurgie. Ecrivant à un maître tel
que vous , je n'aurois befoin que de m'énoncer
, vous m'entendriez clairement
mais il s'agit de vous parler une langue qui
m'eft étrangere , & de vous donner à deviner
le plus aiſement que je pourrai. Ce
fera donc , Monfieur , l'amour conjugal
qui fera mon interprête ; c'eſt lui qui m'engage
aujourd'hui à vous rendre compte
d'une maladie que j'ai d'autant mieux étu-
F vj
132 MERCURE DE FRANCE.
diée qu'elle m'a tant effrayé pour les jours
de ma chere femme.
›
Vous ne rae remettez peut - être plus ,
Monfieur , & par conféquent il eft néceffaire
de vous dire qui je fuis. Mon nom
n'eft pas fuffifant pour vous remettre fur
la voie il faut vous dire qu'au mois de
Décembre dernier je vous invitai chez
moi , rue Poiffonniere , avec M. M ....
Chirurgien major de l'Hôtel - Dieu , pour
vous confulter für la maladie dont ma
femme étoit attaquée depuis treize ans.
Cette maladie , Monfieur , étoit la plus
terrible fiftule qu'on ait jamais eue Ma femme
eft créole , de l'ifle de Bourbon , & elle
attribue cette maladie à une chûte qu'elle
fit quelques années avant que je l'époufaffe
, d'une terraffe de vingt pieds de haut
pour le moins. Cette chûte ne lui caufa
que quelques douleurs & meurtriffures
qui fe diffiperen: en peu de tems , par les
fecours qu'on lui donna. Elle n'eût aucun.
fymptome de fiftule , mais un an après notre
mariage elle mit au monde un fils
foit effet de la groffefle ou de la couche ,
elle commença à fentir des douleurs à l'anus
, qui cefferent néanmoins lorfqu'elle
fut rélevée & rétablie de cette premiere
couche. Elle fut environ trois ans fans devenir
enceinte , pendant lequel tems elle
"
JUILLET . 1755. 133
ne fentit aucune douleur ; mais l'étant
devenue , fur le neuvieme meis de fa groffelle
il fe forma en neuf jours un dépot
ficonfidérable qu'elle fouffrit nuit & jour
Toutes les douleurs qu'un panari violent
peut occafionner . Les Chirurgiens de l'afle
peu au fait de leur métier , encore moins
de ces fortes de maladies , ne regarderent
ce dépôt que comme un abcès . Lorfque la
matiere fut bien formée la tumeur perça
d'elle- même , & vuida une quantité prodigieufe
de pûs . Cette évacuation foulagea
fubitement & totalement la malade
qui accoucha le lendemain d'une fille qui fe
porte très bien aujourd'hui. Nos Docteurs
laifferent fermer le fac de lui- même , &
fans doute le loup fut enfermé dans la bergerie
, puifqu'à une troifieme grofleffe.
l'abcès reparut. Pour lors d'autres Chirur
giens de vaiffeaux qui fe trouverent là ,
martyriferent la malade a grands coups de
biftouris , & s'efforcerent de cueillir un
fruit qui n'étoit pas mûr , & qu'ils ne connoilfoient
fans doute pas ; cependant elle
accoucha d'un garçon bien à terme , mais ,
mort par une peur qu'un incendie avoit
caufée à la mere chez elle . L'abcès diſparut
donc encore , & tant que ma femme ne
devenoit pas groffe elle ne fe fentoit de
rien. A la quatrieme groffeffe l'abcès re134
MERCURE DE FRANCE .
que cet
commença , à la cinquieme de même ; &
enfin à la fixieme qui eft arrivée l'année
derniere , il fe forma fur le dernier mois.
Mon épouſe fouffrit beaucoup , le Chirurgien
du logis qui avoit foin d'elle depuis
fon arrivée en Europe , me confia
abcès étoit fiftuleux , pour lors je lui
гар-
portai tout ce que je viens d'avoir l'honneur
de vous dire , & il la panfa en conféquence.
Elle étoit trop avancée dans fa
groffeffe pour entreprendre la guérifon
d'une pareille maladie ; mais loin de la
traiter comme on avoit fait aux Indes , au
contraire il eut grand foin de conferver
cet abcès ouvert , & de donner iffue à la
matiere qu'il fourniffoit journellement
illa panfoit deux fois par jour , & au terme
de neufmois elle accoucha d'une fille pleine
de fanté , & cela fans accident. Le
Chirurgien de la maifon continua à la
panſer exactement pendant deux mois depuis
fa couche , après lequel tems il me
confeilla lui-même de vous appeller au fecours
, me déclarant que la maladie étoit
une fiftule .
Voici , Monfieur , où la grande hiftoire
commence. Vous eûtes la bonté de vous
rendre chez moi avec M. M..... mon
Chirurgien y étoit , & on vous rendit
compte de tout ce que je viens de vous
JUILLET. 1755- 135
répéter. La malade étoit bien prévenue
qu'elle avoit une fiftule , mais elle n'étoit
point portée pour l'opération , parce que
quelques perfonnes lui avoient confeillé
les cauftiques. Vous fondâtes vous-même
le mal , & fuivant votre avis , ainfi que
celui de M. M. . . . vous jugeâtes que
c'étoit une fiftule borgne ; même , me
dites- vous alors , fans clapier & fans que
l'inteftin fût offenfé , car vous fuppofiez
encore une grande diſtance entre le vice &
l'inteftin. Eh bien , Monfieur , l'événement
a fait voir le contraire , & je m'en fuis
convaincu par ce que j'ai vû. Mais fuivez
moi , s'il vous plaît : vous jugeates donc
la fiftule borgne ordinaire , en un mot
point confidérable ; je vous demandai ce
qu'il y avoit à faire , vous me fites l'honneur
de me dire qu'il falloit faire l'opération
, que cela feroit peu de chofe , & que
ma femme n'avoit aucun rifque à courir ;
je vous dis que la malade ne s'y réfoudroit
jamais , & qu'elle préféreroit de fe faire
guérir par les cauftiques. M. Braffant
me dites - vous fur le champ , peut la
guérir ; mais je fuis furpris qu'on préfere
des fouffrances de cinq à fix mois à
une minute & demie. Cependant , continuates-
vous , je vous confeille de commencer
par lui guérir l'efprit. Elle préfere ce
>
136 MERCURE DE FRANCE.
remede , il faut le lui donner. Il détruir
par le feu ce que le nôtre détruit par le fer.
Ho! nous y voilà , Monfieur. Riez tant
qu'il vous ppllaaiirraa de mon extravagance ;
mais je ne veux point difputer avec vous .
Je prétens vous prouver que les événemens
dont je vous ai parlé , font feuls
capables de faire connoître les maladies.
De plus , je prétends vous démontrer que
la méthode des cauftiques eft préférable à
l'opération , fur- tout à de pareilles fiftulles .
Je vous vois déja me railler & me tourner
en ridicule : n'importe , je me hazarde , &
m'encourage ; c'eft que ma femme eft guérie.
Je commence.
La fiſtulle , Monfieur , me paroît à préfent
un terrier de lapin , lequel dans l'inté
rieur forme la figure de ziczac. Si je pouffe
un bâton par fon ouverture , il arrive que
je trouve bientôt une réſiſtance , mais ce
n'eſt pas le fond du terrier ; & quand j'em- -
porterois toute la furface , jufqu'à la profondeur
qui en a procuré la réfiſtance au
bâton , je n'aurois pas encore découvert le
fond de mon gîte. Or la fonde me paroît de
même dans une fiftulle à un pouce , deux
pouces , & plus , fi vous voulez ; elle peut
fentir un arrêt qui paroît être le fond , mais
Louvent ce n'eft que l'endroit où le finus
prend un détour, & qui s'étend encore à une
י
}
JUILLET. 1735 137
certaine profondeur , où il en prend encore
une autre. Comment la fonde peut- elle
nous dire tout cela ? Non , il est donc im- -
poffible de juger d'une fiftulle par la fonde
, & pour voir ce qu'il y a dans un vaſe ,
il faut le découvrir. Je fçais qu'avec l'inftrument
on emporte plus que moins , &
qu'enfuite les cifeaux fuppléent au beſoin ,
mais le fang accable & peut fort bien empêcher
de voir un malin finus qui pourſuit
fa route bien au- delà de ce qu'on s'imaginoit
; néanmoins l'opération guérit radicalement
la fiftulle , je le fçais , j'en conviens
; mais jamais elle n'eût guéri celle
de ma femme , puifque l'inftrument n'auroit
pû aller à la profondeur , & qu'encore
une fois on ne la croyoit pas confiderable .
Je fuis moralement sûr qu'elle eût été manquée
, elle n'auroit pas été la premiere ;
mais en outre quel rifque n'eut- elle point
couru ? les fouffrances des panfemens , les
douleurs de la garderobe , les rifques du
dévoiement , d'une fiévre , d'une hémoragie
, en un mot , un nombre de jours dans
un lit à fouffrir & à vivre fans manger.
Or par la méthode de M. Braffant avec fon
cauftique , il eft impoflible qu'il manque
une fiftulle , lorsqu'il la traitera lui -même,
& fon malade ne court aucun des rifques
que je viens de dire ; il eft vrai qu'on
138 MERCURE DE FRANCE.
fouffre le martyre. On dit qu'il en a guéri
& qu'il en a manqué : je foutiens qu'il n'en
a manqué aucun , à moins que ce foit des
gens aufquels les douleurs ont fait abandonner
le remede ; mais quand on voudra
les fouffrir , on eft sûr de la guérifon . Il
n'y a peut- être jamais eu perfonne que má
femme qui ait fouffert une quantité fi prodi
gieufe de cauftiques, puifqu'elle en a eu 33 ;
mais fi elle avoit abandonné au trentieme ,
sûrement elle n'eût point été guérie. J'appellai
donc M. Braffant le lendemain de votre
vifite. Je ne lui parlai point de la conful
tation qui avoit été faite la veille , je lui
dis fimplement que ma femme étoit atta
quée d'une fiftulle depuis 13 ans. Je lui fis
le détail de cette maladie tel que j'avois
eu l'honneur de vous le faire , & j'ajoûtai
que la malade ayant oui parler de fa méthode
la préféroit à l'opération . Il vit fon
mal & le confidera long- tems ; il tâta les
environs , & jugea que la fiftulle étoit con
fidérable , affurant que l'inteftin étoit of
fenfé ; mais qu'il étoit sûr de la guérifon
radicale , fi la malade vouloit avoir de la
confiance & du courage , parce que font
remede étoit violent : ma femme s'y livra
toute entiere , fur-tout efpérant de pouvoir
guérir fans opération . Elle lui demanda le
régime qu'elle avoit à fuivre ; mais quelle
JUILLET. 1755. 139
fut la joye & fa furpriſe lorfque M. Bralfant
lui dit qu'elle n'avoit qu'à vivre à ſon
ordinaire & conferver fon apétit.
Avouez , Monfieur , que voilà un régime
bien doux & bien différent de celui que
l'oppération exige. La malade avoit été
préparée , & deux mois s'étoient écoulés
depuis fa couche , ce qui fit que M. Braffant
la commença le lendemain 10 Décembre
1754. Il lui appliqua le premier cauftique
à 9 heures du matin , qui fit l'effet
qu'il en attendoit. La malade fouffrit la
douleur que ce remede lui caufa avec un
courage héroïque ; elle fouffroit , mais elle
difoit elle-même que c'étoit fupportable.
M. Braſſant vint la voir le foir , & il fut
furpris de trouver une femme fi courageufe.
Le lendemain matin il vint la panfer ,
les cauftiques avoient brûlé une quantité
de chairs qui commençoient à former un
efcard , ils avoient occafionné un gonfle→
ment confidérable dans toutes les parties
fpongieufes & vicieufes. Le troifieme jour
cet efcard tomba & occafionna une ouverture
affez confidérable , procura la facilité
à M. Braffant de voir différens finus renfermés
dans cette partie ; il les attaqua les
uns après les autres par fes cauftiques , &
plus il en détruifoit , plus l'ouverture s'agrandiffoit
& la profondeur paroiffoit.
140 MERCURE DE FRANCE.
Après que la malade cut fupporté dix a
douze cauftiques , pour lors M. Braffant vit
clairement toute l'étendue du mal ; il s'apperçut
que l'inteftin étoit percé , qu'un
finus fe pourfuivoit droit au gros boyau
il tint toujours ce finus découvert , & s'attachant
à détruire toutes les parties qui
l'environnoient & qui étoient offenfées ; it
y parvint par la fuite , & c'eft ce qui prolongea
la guérifon pour lors , il ne lui
refta plus que le finus principal , ou le fond
du fac qu'il attaqua avec tant de fuccès
que le 30 Avril il vit tout le vice détruit ,
& parvint à une guérifon radicale & certaine
. Voilà , Monfieur , tout le détail que
mon affiduité aux panfemens me permet
de vous faire ; mais vous ne pouvez vous
imaginer l'étendue de ce mal , & je crois
fermement que l'opération ne l'eût point
guéri , d'autant mieux qu'on ne jugeoit
point cette fiftulle fi confidérable. Remarquez
que par la méthode de M. Braffant ,
il n'y a point de fiévre à craindre , point
de dévoiement à appréhender , point de
régime à garder & point de douleurs en
allant à la garderobbe , en un mot point
de danger à courir pour le malade rout
cela , Monfieur , ne me feroit point balancer
à préferer cette méthode à l'opération
d'autant mieux encore qu'il eft impoffible
JUILLET. 1755- 141
qu'on laiffe la moindre chofe par cette fade
traiter une fiftulle.
çon
Il me reste encore à vous parler d'un
article auquel peu de Chirurgiens ajoûtent
foi , c'eft fur l'efpéce de cauftique dont
M. Braffant fe fert . Je crois réellement que
ce cauftique eft à lui feul & à fon fils , &
je ferois porté à croire qu'un autre que lui
qui voudroit traiter la fiftulle par ces cauftiques
y échoueroit , n'ayant ni la pratique
, ni le cauftique de M. Braffant : ne
feroit- ce pas cela qui auroit donné lieu de
croire au public que fi M. Braffant en a
guéri , il en a auffi manqué ? Cela fe
roit bien , Monfieur , & j'en ferois conyaincu
, fi quelqu'un me difoit avoir été
manqué par M. Braffant , pere ou fils.
pour-
Je fuis fâché , Monfieur , de vous avoir
diftrait & peut-être ennuyé par mon verbiage
; mais paffez- le moi en faveur de la
joye que me caufe la guérifon de ma femme
, & de la part que vous avez bien voulu
prendre à fa maladie .
J'ai l'honneur d'être , &c..
BOUCHER.
Paris , ce 2 Mai 1755 .
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Résumé : Lettre écrite à M. M.... Professeur en Chirurgie, par M. Boucher, Capitaine d'Infanterie.
La lettre est rédigée par M. Boucher, capitaine d'infanterie, à un chirurgien de renom, M. M..., pour discuter de la maladie de son épouse. Cette dernière, une Créole de l'île de Bourbon, souffre d'une fistule anale depuis treize ans, causée par une chute avant leur mariage. La maladie s'est aggravée après chaque grossesse, entraînant des douleurs et des abcès. Plusieurs chirurgiens ont tenté de traiter la fistule sans succès durable. En décembre précédent, M. Boucher a consulté M. M... et un autre chirurgien pour évaluer la condition de sa femme. La fistule a été diagnostiquée comme borgne, sans clapet et sans atteinte de l'intestin. Cependant, il s'est avéré que l'intestin était bel et bien atteint. M. Boucher préfère les cautères à l'opération chirurgicale, estimant que cette méthode, pratiquée par M. Braffant, est moins risquée et plus efficace pour des fistules complexes. La femme de M. Boucher a subi 33 cautérisations, souffrant beaucoup mais sans les risques associés à l'opération chirurgicale. M. Braffant a réussi à détruire radicalement la fistule, confirmant que l'intestin était percé. M. Boucher conclut que la méthode des cautères est préférable pour traiter des fistules de cette nature, soulignant l'absence de fièvre, de déviation, de régime strict et de douleurs post-opératoires. Il exprime également sa confiance dans l'efficacité et l'unicité des cautères utilisés par M. Braffant. La lettre est datée du 2 mai 1755 et exprime la gratitude de M. Boucher pour la sollicitude manifestée à l'égard de la maladie de son épouse, désormais guérie. Il reconnaît que son interlocuteur pourrait être fatigué ou ennuyé par son discours, mais il le prie de l'excuser en raison de la joie qu'il éprouve face à la guérison de son épouse et de l'intérêt porté à sa santé. La lettre se conclut par une formule de politesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 163-182
Suite de la Séance publique de l'Académie de Chirurgie.
Début :
M. Pipelet fit la lecture d'une observation sur la cure d'une hernie ou descente [...]
Mots clefs :
Maladie, Malade, Urine, Urètre, Exostose, Pierres, Observations, Plaie, Incision, Tissu, Fistules, Tumeur, Opération, Académie royale de chirurgie
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texteReconnaissance textuelle : Suite de la Séance publique de l'Académie de Chirurgie.
CHIRURGIE.
Suite de la Séance publique de l'Académie
de Chirurgie.
M. Pipelet fit la lecture d'une obfervation
fur la cure d'une hernie ou deſcente
d'inteftins avec gangréne. La malade, âgée
de quarante - deux ans , fit en 1726 un
effort confidérable qui lui occafionna une
hernie crurale ; la tumeur devint en quinze
jours de tems du volume d'un oeuf de
poule , mais elle rentroit avec facilité. La
malade cacha fon état dont elle ne connoiffoit
pas le danger . Sa négligence donna
lieu à l'augmentation de la tumeur
qui fouffroit en 1738 un étranglement ,
avec tous les fymptomes qui l'accompa164
MERCURE DE FRANCE.
gnent , & les accidens qui en font les fuites
ordinaires . Les fecours que M. Pipelet
donna alors , fuivant les régles de l'art ,
difpenferent de l'opération . Il réduifit les
parties , & ordonna l'ufage continuel d'un
bandage pour les contenir. Au mois d'Ocbre
1740 l'hernie fe trouva étranglée de
nouveau. Les moyens les plus convénables
pour en procurer la réduction , ayant été
infructueux , la tenfion du ventre , la petiteffe
du poulx , & le vomiffement des
matieres ftercorales , exigeoient qu'on fit
promptement l'opération. M. Pipelet qui
n'étoit point encore membre du Collége
de Chirurgie , fit appeller en confultation
M. Guerin , & celui- ci fut choifi par les
perfonnes de qui la malade dépendoit , pour
faire l'opération . L'inteftin étoit gangréné .
L'épiploon & le fac herniaire étoient dans
une difpofition gangréneufe , & toutes ces
parties étoient confondues par des adhérences
intimes qu'il n'avoit pas été poffible
de détruire , quand on en auroit eu
l'intention . Auffi fe contenta -t- on de débrider
l'arcade crurale pour faire ceffer
l'étranglement , & mettre les parties à l'aife.
Il n'étoit ni poffible ni convenable d'en
faire la réduction. Le mauvais état de la
malade fit craindre pendant quelques jours
pour fa vie ; on la foutint par l'uſage
OCTOBRE. 1755 1657
d'une potion cordiale animée : enfin le
ventre fe relâcha , les efcarres gangréneufes
dont on avoit emporté une partie , fe
détâcherent , & l'onzième jour de l'opération
la portion d'inteftin qui faifoit l'ance
fous l'arcade crurale , fe détacha , elle
avoit environ cinq poulces de longueur.
Depuis ce moment , les matieres ftercorales
qui avoient coulé en partie par l'ouverture
de l'inteftin , & plus encore par le rectum ,
cefferent tout - à- coup de paffer par cette
derniere voie , & prirent abfolument leur
route par la plaie que M. Pipelet étoit
obligé de panfer dans le commencement
jufqu'à cinq & fix fois dans les vingt- quatre
heures. La plaie devint fimple , & au
bout de quatre mois fes parois furent rapprochées
au point de ne laiffer qu'une ouverture
large comme l'extrêmité du petit
doigt. Il y avoit tout lieu de préfumer
qu'après un fi long efpace de tems les matieres
fécales continueroient de fortir par
cet anus artificiel ; on ne pouvoit rien efpérer
ni prévoir de plus avantageux pour
la malade mais les chofes changerent fubitement
de face d'une maniere inopinée.
Cette femme qu'on avoit tenu à un régi
me affez févere , mangea indifcretement
des alimens qui lui donnerent la colique
& la fievre, M. Pipeler ayant jugé à pro166
MERCURE DE FRANCE.
pos de la purger avec un verre d'eau de
caffe & de manne , fut le témoin d'un
événement auffi fingulier qu'avantageux
pour la malade. Les matieres fécales , qui
depuis long- tems ne paffoient plus que par
la plaie , prirent dès ce jour leur route vers
le rectum , elles occafionnerent d'abord des
épreintes qui furent aifément calmées par
des lavemens adouciffans. On obferva ce
phénomène pendant quelques jours , l'indication
de travailler à la parfaite confolidation
de la plaie ne préfentoit plus aucun
inconvénient , & on y réuffit en douze
ou quinze jours. La malade qui a actuellement
foixante - onze ans , jouit depuis
quinze ans d'une bonne fanté. M. Pipelet
n'a eu pour le préfent d'autre objet
que de communiquer un fait auffi curieux
à l'Académie. Il remet à une autre occafion
les réflexions que la cure de cette ma->
ladie lui a fuggérées. Son attention à obferver
promet qu'elles feront judicieuſes
& utiles.
M. Houftet lut un mémoire fur les
exoftoſes bénignes des os cylindriques . On
entend par exoftofe une tuméfaction contre
nature , ou une excroiffance des os.
Cette maladie eft fouvent occafionnée par
le vice du fang. Le virus vénérien , le
OCTOBRE . 4755. 167
à
fcorbutique , le fcrophuleux , le cancereux
, font capables de gonfler les os dans
toute leur étendue , ou d'élever quelquesunes
de leurs parties au -deffus de la furface
naturelle. L'exoftole peut auffi être produite
par des cauſes extérieures. Un effort,
un coup , une chute , par lefquels le cours
de la lymphe & du fuc nourricier fera interrompu
dans le corps de l'os , & la fimple
contufion du périofte peuvent donner
lieu à l'extravafation des fucs qui occaſionnent
des protubérances capables d'accroiffement
au point de devenir monstrueuſes.
M. Houfter diftingue avec précifion les
différens ggeennrreess d'exoftofes
par rapport
leurs caufes , & les différentes efpeces que
chaque genre renferme. Les différences
accidentelles des exoftofes , ou ce qui en
conftitue l'efpece particuliere , fe tire de
la diverſe modification contre nature du
tiffu de l'os. Quand les fucs offeux s'amaffent
dans la grande cavité intérieure des
os cylindriques , ils étendent la fubftance
offeufe qui en forme les parois , lefquelles
diviennent minces , à proportion de
l'extenfion qu'elles ont fouffert. Ces fortes
d'exoftofes font fufceptibles d'acquerir un
volume confidérable , leur intérieur eft
toujours rempli des fucs épanchés , & on .
obferve communément qu'elles font bor168
MERCURE DE FRANCE
nées à une certaine étendue de l'os. Le
refte du canal qui n'a point de part à la
maladie conferve l'état naturel . M. Houftet
rapporte au fujet de cette efpece d'exoftofes
plufieurs obfervations particulieres
qu'il compare à celles que nous ont fourni
les grands maîtres. Ces faits rapprochés
fervent à déterminer ce premier caractere
d'exoftofe.
Quand l'engorgement des fucs fe fait
entre les lames qui compofent la fubſtance
de l'os , elle fe gonfle : de compacte.
qu'elle étoit naturellement , elle devient
fpongieufe & cellulaire . M. Houftet a
trouvé ces cellules remplies de fucs blancs
médiocrement épais . Lorfque ces fucs ne
font point viciés , & qu'ils ne contractent
aucune altération acrimonieufe dans le
tiffu de l'os qu'ils diftendent , ils peuvent
paffer de l'état de fluidité à celui d'une induration
parfaite. C'eft précisément le cas
de ce tibia fans cavité que Ruifck avoit
rangé parmi fes curiofités anatomiques ,
& dont il fit fabriquer des manches de
couteaux & de fourchettes. M. Houftet ,
dont les obfervations fur la formation de
ces fortes de tumeurs font très-fuivies , remarque
que des circonstances accidentel--
les peuvent changer la terminaiſon de ces :
exoftofes ; car leur folidité vient de l'endurciffement
OCTOBRE. 1755. 169
durciffement des fucs qui s'épanchoient
peu-à-peu , & par une efpece de fuintement
entre les lames offeufes. Un épanchement
plus copieux , le mêlange d'autres
liqueurs avec le fuc nourricier , une nouvelle
caufe d'épanchement , telle qu'un
coup , une chute , &c. qui raffembleroit
de nouveaux fucs encore fluides avec des
fucs durcis & épanchés depuis long-tems
feroit prendre à cette maladie une terminaifon
différente .
Enfin il y a des exoftofes qui n'affectent
que l'extérieur de l'os ; elles font produires
par l'épaiffiffement du périofte tumefié ,
ou par les fucs nourriciers qui fe répandent
fur la furface de l'os. Elles font ordinairement
d'un volume médiocre , & leur
maffe eft folide. M. Houftet a fait connoî.
tre une nouvelle efpece d'exoftofes différentes
de toutes celles dont on avoit parlé
jufqu'à préfent , en ce qu'elle eft d'un volume
confidérable & creufe , appliquée
feulement fur le corps de l'os qui étoit à
peu de choſe près dans l'état naturel , &
repréfentant en quelque forte un crâne
vuide qui feroit appliqué par fa baſe ſur
le cylindre de l'os. La defcription de toutes
les particularités de cette exoftofe finguliere
feroit déplacée dans un extrait.
M. Houftet l'a fait d'une maniere fa-
'H
170 MERCURE DE FRANCE.
tisfaifante, & la démonſtration des parties
n'a rien laillé à defirer fur ce cas. L'exofto .
fe dont il s'agit étoit à la cuiffe . M. Houftet
donnoit fes foins à la perfonne qui en
étoit attaquée. C'étoit M. le Chevalier
de... Le commencement & le progrès de
la tumeur , les différens remedes qui furent
adminiftrés , tant par les perfonnes
de l'art que par des empiriques , & furtout
la différence des opinions qu'on a
eues fur cette maladie , rendent fort intéreffante
la relation que l'auteur en a
donné . L'examen judicieux des fignes qui
caractérisent les maladies avec lefquelles
on auroit pû confondre celle- ci , feront
des régles pour éviter de pareilles méprifes
. M. Houftet établiffant d'après plufieurs
obfervations de nouveaux fignes capables .
de fe conduire furement en pareil cas dans
la pratique , cette doctrine fera , dit- il , le
fruit des travaux de l'Académie , fi le
goût de la bonne obfervation , & l'efprit
d'émulation , & de recherche continuent
d'y fubfifter. M. Houftet a l'avantage de
donner en même tems le confeil &
l'exemple.
M. Ruffet fecond a fait part de deux
obfervations fur l'utilité des cauteres dans
la cure de l'épilepfie. Une Demoifelle de
dix- huit ans , qui avoit bien réguliéreOCTOBRE
. 1755. 171
ment fes évacuations périodiques , cut
une attaque d'épilepfie. Les faignées , les
purgations , les bains , les eaux de Balaruc
, n'empêcherent point une feconde attaque
environ un mois après la premiere ,
& la malade en eut de mois en mois
pendant deux ans, malgré tous les remédes
que l'on mit en ufage. M. Ruffet propofa
un cautere à la nuque. La malade confentit
à le porter au bras. Le premier accès reculé
de quatre mois fut moins violent que
ceux qui avoient précédé, & il ne fe forma
point d'écume autour de la bouche. Un
effet fi marqué fit demander l'application
d'un fecond cautere à l'autre bras , & la
malade a paffé neuf mois fans le moindre
reffentiment de fon mal . Surpriſe enfin
par une nouvelle attaque , plus légere
encore que les autres , elle fut foumife à
un troifiéme cautere , qu'on mit à une
jambe , & depuis ce tems il n'y a plus eu
d'accès d'épilepfie . Le bon effet des cauteres
multipliés eft prouvé par cette obfervation
. M. Ruffet en rapporte une autre
qui montre le danger de les fupprimer.
Un homme de foixante ans eut une
violente attaque d'épilepfie , qui fut fuivie
d'une autre quinze jours après , malgré
les remédes généraux dont on fit ufage
dans cet intervalle. L'application d'un
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
cautere retarda le troifiéme accès , & en
diminua les fymptomes . L'établiſſement
d'un fecond cautere ôta toute inquiétude
fur la récidive . Au bout de huit mois , le
malade fe croyant radicalement guéri, laiffa
fermer un de ces ulceres. Cette imprudence
fut marquée par le retour de l'épilepfie.
Dès le lendemain de cette dernière
attaque , M. Ruffet rétablit l'égoût dont
la fuppreffion avoit été nuifible ; & le malade
à vécu depuis fept années fans aucune
rechûte .
M. Louis fit enfuite la lecture d'un mémoire
fur les pierres urinaires formées
hors des voies naturelles de l'urine . Ce
cas préfente des circonstances affez variées,
dont il eft important d'être inftruit. Pour
la formation de ces pierres , il faut que
l'urine s'infiltre d'une maniere particuliere
dans les cellules du tiffu graiffeux qui
avoifine les réfervoirs & les conduits naturels
de cette liqueur. Un enfant de dix
ans avoit une tumeur douloureufe au périnée,
M. Louis dans l'examen qu'il en fit ,
trouva qu'elle étoit fituée fous une cicatrice
folide , veftige de l'opération de la
taille que cet enfant avoit foufferte deux
ans auparavant pour une pierre dans la
veffie. Cette tumeur fe termina par une
OCTOBRE. 1755. 173
ouverture à la peau , dans laquelle fe préfentoit
une concrétion pierreufe , & qui
permettoit la fortie de l'urine. M. Louis fit
l'extraction de cette pierre , qui étoit du
volume d'une groffe aveline. Il fentit avec
l'extrêmité boutonnée d'une fonde , que
toute la circonférence de l'efpace qu'avoit
occupé cette pierre , étoit fort dure , &
dans un des points la fonde portoit à nud
fur une concrétion calculeufe ; il fit en
conféquence mettre le malade en fituation
convénable. Il fit une incifion longitudinale
fur toute l'étendue de la tumeur jufqu'au
corps étranger , & il tira fucceffivement
fix petites pierres , dont la réunion
formeroit un corps du volume d'un noyau
de pêche. La cure ne fut point longue , les
panfemens étoient très-fimples , & ne tendoient
qu'à obtenir promptement la confolidation
de cette plaie. Il s'offrit cependant
quelques difficultés toutes les fois
que le malade rendoit fes urines , il en
paffoit une partie par la plaie. M. Louis
étoit bien für de n'avoir pas intéreffé le
canal de l'uretre dans fon opération ; &
la connoiffance de la caufe de la maladie
montroit affez que l'aretre étoit percé ,
l'infiltration de l'urine pour la formation
de ces pierres n'auroit pas eu lieu , s'il n'étoit
resté une fiftule intérieure au canal
Häj
174 MERCURE DE FRANCE .
de l'uretre. A la fuite de l'opération de la
taille faite deux ans auparavant , les bougies
avec les emplâtres fondans exciterent
de la fuppuration à l'orifice de cette filtule
, par la fonte des callofités , & procurerent
la confolidation intérieure .
Cette obfervation montre une maladie
nouvelle facile à prévenir , & contre laquelle
on n'a pris jufqu'ici aucune méfure :
l'on a toujours craint que les plaies faites
à l'uretre pour l'extraction de la pierre
ne reftaffent fiftuleufes , & cet accident
n'eft que trop commun dans la méthode
ancienne du grand appareil. M. Louis en
donne les raifons ; mais voici une espece
particuliere de fiſtule, une fiftule incomplette
, qu'on pourroit appeller borgne & interne
, en fe fervant de la dénomination ufitée
pour les fiftules de l'anus , qui ont une
ouverture dans le rectum fans iffue extérieure.
Cette obfervation eft de confé- .
quence dans la pratique , puifqu'elle prouve
évidemment que la parfaite confolidation
de la plaie des tégumens , après l'opération
de la taille , n'eft point une marque
certaine que l'intérieur de l'uretre foit
bien cicatrifé . On pourroit obtenir facilement
cette cicatrice parfaite par le moyen
des bougies , leur ufage en affurant une
guérifon folide empêcheroit cette infiltraOCTOBRE
. 1755. 175
tion lente de l'urine , qui pénétre en petite
quantité à la fois dans le tiffu cellulaire
, & qui en fe décompofant y produit
par la réunion de fes parties terref
tres & falines des concrétions pierrenfes ,
fufceptibles d'un accroisement confidérable.
Quoique les Auteurs n'ayent pas fait
une mention expreffe de ces fortes de cas ,
on trouve dans leurs écrits des faits ifolés ,
qui peuvent y être rapportés , & qui font
manifeftement de la même efpece. M.
Louis n'a pas négligé d'en faire la recher
che , & d'en faire ufage à propos dans fon
mémoire,pour prouver d'une maniere convaincante
que la formation des pierres
dans le tiffu cellulaire eft un accident confécutif
de l'opération de la taille . Une
obfervation communiquée à l'Académie ,
par M. le Gaigneau , Chirurgien à Coulanges
- la- Vineufe , près d'Auxerre , montre
qu'une pierre formée dans le tiffu cellulaire
a pu acquerir un volume monftrueux
& le poids de dix onces & demie.
Le malade l'a portée plus de trente ans , &
elle eft fortie d'elle-même , après avoir ufé
par fon poids les tégumens qui la recouvroient.
Après avoir levé par des faits incontef
tables tous les doutes qu'on pourroit avoir
Hiy
176 MERCURE DE FRANCE.
fur la fiftule incomplette & interne , que
M. Louis établit pour la caufe de l'infiltration
de l'urine , il recherche comment
cette fiftule peut fe former , & il en trouve
la caufe dans la maniere dont le fait
l'incifion dans le grand appareil ; il eft meme
furprenant , dit- il , que cette fiftule
intérieure n'arrive pas plus fouvent , ou
du moins que les faits qui la prouvent ne
foient pas plus connus . En effet , fuivant
la pratique reçue , l'incifion dans le grand
appareil , eft perpendiculaire , & fe fait à
côté du raphé parallelement. Cette incifion
ne peut être prolongée autant qu'on
le défireroit par rapport au rectum : il
faut donc pour pouvoir procurer la fortie
d'une pierre même médiocre , gagner par
en-haut pour la coupe des tégumens & de
l'uretre ; la peau du périnée eft tendue
& tirée vers l'os pubis par l'aide qui foutient
le fcrotum. Lorfque cette action.
ceffe , l'angle fupérieur de l'incifion des
tégumens fe rabbat , & couvre une partie
de l'incifion de l'uretre ; delà un accident
primitif affez commun , c'eft l'échymofe
du fcrotum. Il eſt donc démontré
que dans cette maniere d'opérer l'angle
fupérieur de l'incifion des tégumens ne
correfpond point à la partie fupérieure de
Pincifion de l'uretre ; celle - ci est tou
OCTOBRE. 1755. 177
jours plus haute ; c'eft pourquoi la cicatrice
du haut de la plaie des tégumens ne
confolide point l'angle fupérieur de l'inci
fion faite à l'urethre : Ainfi , lorfqu'on
croit la plaie parfaitement guérie , il refte
une folution de continuité intérieure .
Voilà , dit M. Louis , le point par où l'urine
s'infinue dans les cellules du tiffu qui
avoifine l'uretre ; c'eft là la caufe de la
fiftule intérieure & des concrétions calculeufes
, qui fe forment confécutivement
hors des voies naturelles de l'urine . Pour
prévenir cet accident , il fuffiroit , dir
l'auteur , d'avoir recours aux bougies après
la guérifon apparente des taillés , afin de
la rendre radicale par la parfaite confolidation
de la plaie intérieure .
Après avoir expliqué comment la méthode
du grand appareil donne lieu aux
fiftules complettes , M. Louis dit que cette
opération devroit être entierement abandonnée
, fes réflexions découvrent dans
cette maniere d'opérer des inconvéniens
lefquels mis en parallele avec les avantages
de la taille latérale , donnent à celleci
la prééminence qu'elle mérite.
Quoique l'objet principal de l'auteur
ait été de parler des pierres formées hors
des voies naturelles de l'urine , comme
accident confécutif de l'opération de la
HW
178 MERCURE DE FRANCE.
taille , il traite de la production de pareilles
pierres en des perfonnes qui n'avoient
point été foumifes à la lithotomie.
On fçait que l'urine peut fe frayer des
routes extraordinaires par différentes caufes
, & que par-tout où elle peut féjourner
, elle eft très- difpofée à former des
concrétions , fur- tout lorfqu'elle charrie
des parties graveleufes : cela fe voit dans
les fiftules urinaires. M. Louis en rapporte
plufieurs exemples , & il en tire des
conféquences utiles pour la pratique. Les
pierres font des corps étrangers dont il
faut faire l'extraction ; c'eft un principe général
, mais dans un cas où il y a des fiftules
, M. Louis penfe que ce n'eft pas cette
indication qu'il importe de fuivre en premier
lieu. Il lui paroît plus avantageux de
procurer d'abord un cours libre à l'urine
par une feule iffue , foit en rétabliffant le
conduit naturel dans fes fonctions par l'ufage
méthodique des bougies appropriées
au cas , foit en faifant une incifion au périnée
pour porter une canulle dans la veffie
, afin que l'urine forte directement &
ceffe de fe porter dans tous les finus fiftuleux.
Le premier parti eft le plus doux , &
par conféquent il eft préférable , s'il peut
avoir du fuccès. Quelque parti qu'on prenne
, ce ne fera qu'après avoir procuré une
OCTOBRE . 1755. 179
voie unique pour la fortie de l'urine qu'on
doit penfer à faire l'extraction des concrétions
calculeufes. Leur fituation peut
exiger beaucoup d'habileté de la part du
Chirurgien , & une grande préfence des
connoiffances anatomiques pour pénétrer
dans le fond de ces fiftules à travers des
parties délicates qu'il faut ménager : c'eft
dans ces cas que l'habitude ne peut conduire
la main. Les opérations qui y conviennent
n'ont aucune place ni aucune
étendue fixée par les préceptes. Les fecours
de la main doivent être déterminés par la
néceffité des circonftances dont on ne peut
exprimer les variations . On peut conclure
de tout ceci que dans l'exercice de la Chirurgie
il ne fuffit pas d'avoir des hommes
qui ne fçavent marcher que dans les routes
qui leur ont été frayées. On voit auſſi
combien s'abufent ceux qui , fans avoir
égard à la diverfité prefque infinie des
circonftances , s'arrêtent dans leurs recherches
par la confiance qu'ils ont en un
inftrument ou invention particuliere , par
laquelle ils croient que toutes les difficultés
d'une opération font applanies ; comme
s'il étoit poffible de fe perfuader qu'on
peur à fi peu de frais rendre court & facile
un art que les plus grands génies ont
trouvé long & difficile.
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
M. Dubertrand a terminé la féance
par
la lecture d'une obfervation fur un coup
d'épée qui a percé le diaphragme & l'eftomach.
Tout le monde connoît le danger
des bleffures des parties intérieures ; celles
de l'eftomach ont toujours été mifes au
nombre des plaies mortelles , quoiqu'elles
ne le foient pas néceffairement. Les foins.
d'un habile Chirurgien peuvent être efficaces
pour combattre les fymptomes de ces
fortes de plaies , & prévenir les accidens.
fâcheux qui pourroient en résulter.
Un homme de quarante ans, échauffé par
le vin , reçut un coup d'épée entre la derniere
des vraies côtes & la premiere des.
fauffes près de leurs portions cartilagineufes
du côté gauche ; il fit environ deux.
cens pas à la pourfuite de fon ennemi &
tomba fans connoiffance. Tranfporté chez
lui , il eut des convulfions violentes qui
ne cefferent qu'après lui avoir ferré le ventre
avec une ferviete , fecours qu'il avoit
demandé de lui -même avec inftance . M. Dubertrand
qui vit le malade une heure après
l'accident , le trouva couvert d'une fueur.
froide avec un pouls petit , concentré &
intermittent. La refpiration étoit laborieufe
; un hoquet affez fréquent , le vifage:
tiré & les yeux éteints menaçoient d'une
mort prochaine. Le ventre étoit extraordiOCTOBRE.
1755. 181
nairement dur & élevé. Pour vifiter la
plaie , on ôta la ferviete qui comprimoit
le ventre. Les mouvemens convulfifs fe renouvellerent
avec force. M. Dubertrand
fit prendre au malade quelques grains de
tartre émétique. Le vomiffement que ce
remede procura , fit rendre avec des alimens
non digérés plufieurs caillots de fang,
dont on eftima le poids de vingt onces , &
le malade en rendit environ dix onces par
en bas. La convulfion ceffa après cette évacuation
. La fituation de la plaie , fa direction
& les divers fymptomes qui fe manifeftoient
, firent juger que le diaphragme
avoit été bleffé auffi-bien que l'eftomach.
Le pouls s'étant un peu relevé , le malade
fur faigné quatorze fois pendant les deux
premiers jours chaque faignée n'étoit
que de deux paletes. La prudence ne permettoit
pas de plus grandes évacuations ,
parce que le malade tomboit en fyncope.
Les fomentations émollientes fur le basventre
, en relâcherent les parties. Une
boiffon rendue aigrelette par l'effence de
Rabel appaifoit la foif du bleffé , qui ne
prenoit par la bouche que quelques cueillerées
de cette tifanne & d'une eau de
poulet très- légere. Le troifiéme jour après
la feizieme faignée le malade tomba en
foibleffe , & rendit par les felles une gran
182 MERCURE DE FRANCE.
de quantité de matieres féreufes & foetides.
Quelques gouttes de Lilium dans de l'eau
de plantain , foutenoient artificiellement .
les forces du malade , qu'on tâchoit de réparer
en même tems par des lavemens
nourriffans. La nuit du au 10 le malade ,
fans confulter perfonne , mangea une petite
foupe dont il fut fort incommodé , &
qu'il vomit avec un peu de fang. Le lendemain
matin la fievre revint , ce qui fit
recourir encore à la faignée. Cet orage
étant calmé , on mit le malade par dégrés
aux bouillons nourriffans , à là gelée de
viande , & à la crême de ris. I prenoit
fenfiblement des forces , lorfque fans caufe
manifefte , il lui furvint le 17 une fievre
confidérable , des hoquets fréquens , une
toux violente & une espece de phrénéfie.
Deux faignées & des potions antifpafmodiques
calmerent ces accidens. Depuis , le
malade parut chaque jour fe rétablir ; il
prit des alimens folides par degrés , & le
33° jour il vacqua à fes exercices ordinaires
fans aucune incommodité.
Suite de la Séance publique de l'Académie
de Chirurgie.
M. Pipelet fit la lecture d'une obfervation
fur la cure d'une hernie ou deſcente
d'inteftins avec gangréne. La malade, âgée
de quarante - deux ans , fit en 1726 un
effort confidérable qui lui occafionna une
hernie crurale ; la tumeur devint en quinze
jours de tems du volume d'un oeuf de
poule , mais elle rentroit avec facilité. La
malade cacha fon état dont elle ne connoiffoit
pas le danger . Sa négligence donna
lieu à l'augmentation de la tumeur
qui fouffroit en 1738 un étranglement ,
avec tous les fymptomes qui l'accompa164
MERCURE DE FRANCE.
gnent , & les accidens qui en font les fuites
ordinaires . Les fecours que M. Pipelet
donna alors , fuivant les régles de l'art ,
difpenferent de l'opération . Il réduifit les
parties , & ordonna l'ufage continuel d'un
bandage pour les contenir. Au mois d'Ocbre
1740 l'hernie fe trouva étranglée de
nouveau. Les moyens les plus convénables
pour en procurer la réduction , ayant été
infructueux , la tenfion du ventre , la petiteffe
du poulx , & le vomiffement des
matieres ftercorales , exigeoient qu'on fit
promptement l'opération. M. Pipelet qui
n'étoit point encore membre du Collége
de Chirurgie , fit appeller en confultation
M. Guerin , & celui- ci fut choifi par les
perfonnes de qui la malade dépendoit , pour
faire l'opération . L'inteftin étoit gangréné .
L'épiploon & le fac herniaire étoient dans
une difpofition gangréneufe , & toutes ces
parties étoient confondues par des adhérences
intimes qu'il n'avoit pas été poffible
de détruire , quand on en auroit eu
l'intention . Auffi fe contenta -t- on de débrider
l'arcade crurale pour faire ceffer
l'étranglement , & mettre les parties à l'aife.
Il n'étoit ni poffible ni convenable d'en
faire la réduction. Le mauvais état de la
malade fit craindre pendant quelques jours
pour fa vie ; on la foutint par l'uſage
OCTOBRE. 1755 1657
d'une potion cordiale animée : enfin le
ventre fe relâcha , les efcarres gangréneufes
dont on avoit emporté une partie , fe
détâcherent , & l'onzième jour de l'opération
la portion d'inteftin qui faifoit l'ance
fous l'arcade crurale , fe détacha , elle
avoit environ cinq poulces de longueur.
Depuis ce moment , les matieres ftercorales
qui avoient coulé en partie par l'ouverture
de l'inteftin , & plus encore par le rectum ,
cefferent tout - à- coup de paffer par cette
derniere voie , & prirent abfolument leur
route par la plaie que M. Pipelet étoit
obligé de panfer dans le commencement
jufqu'à cinq & fix fois dans les vingt- quatre
heures. La plaie devint fimple , & au
bout de quatre mois fes parois furent rapprochées
au point de ne laiffer qu'une ouverture
large comme l'extrêmité du petit
doigt. Il y avoit tout lieu de préfumer
qu'après un fi long efpace de tems les matieres
fécales continueroient de fortir par
cet anus artificiel ; on ne pouvoit rien efpérer
ni prévoir de plus avantageux pour
la malade mais les chofes changerent fubitement
de face d'une maniere inopinée.
Cette femme qu'on avoit tenu à un régi
me affez févere , mangea indifcretement
des alimens qui lui donnerent la colique
& la fievre, M. Pipeler ayant jugé à pro166
MERCURE DE FRANCE.
pos de la purger avec un verre d'eau de
caffe & de manne , fut le témoin d'un
événement auffi fingulier qu'avantageux
pour la malade. Les matieres fécales , qui
depuis long- tems ne paffoient plus que par
la plaie , prirent dès ce jour leur route vers
le rectum , elles occafionnerent d'abord des
épreintes qui furent aifément calmées par
des lavemens adouciffans. On obferva ce
phénomène pendant quelques jours , l'indication
de travailler à la parfaite confolidation
de la plaie ne préfentoit plus aucun
inconvénient , & on y réuffit en douze
ou quinze jours. La malade qui a actuellement
foixante - onze ans , jouit depuis
quinze ans d'une bonne fanté. M. Pipelet
n'a eu pour le préfent d'autre objet
que de communiquer un fait auffi curieux
à l'Académie. Il remet à une autre occafion
les réflexions que la cure de cette ma->
ladie lui a fuggérées. Son attention à obferver
promet qu'elles feront judicieuſes
& utiles.
M. Houftet lut un mémoire fur les
exoftoſes bénignes des os cylindriques . On
entend par exoftofe une tuméfaction contre
nature , ou une excroiffance des os.
Cette maladie eft fouvent occafionnée par
le vice du fang. Le virus vénérien , le
OCTOBRE . 4755. 167
à
fcorbutique , le fcrophuleux , le cancereux
, font capables de gonfler les os dans
toute leur étendue , ou d'élever quelquesunes
de leurs parties au -deffus de la furface
naturelle. L'exoftole peut auffi être produite
par des cauſes extérieures. Un effort,
un coup , une chute , par lefquels le cours
de la lymphe & du fuc nourricier fera interrompu
dans le corps de l'os , & la fimple
contufion du périofte peuvent donner
lieu à l'extravafation des fucs qui occaſionnent
des protubérances capables d'accroiffement
au point de devenir monstrueuſes.
M. Houfter diftingue avec précifion les
différens ggeennrreess d'exoftofes
par rapport
leurs caufes , & les différentes efpeces que
chaque genre renferme. Les différences
accidentelles des exoftofes , ou ce qui en
conftitue l'efpece particuliere , fe tire de
la diverſe modification contre nature du
tiffu de l'os. Quand les fucs offeux s'amaffent
dans la grande cavité intérieure des
os cylindriques , ils étendent la fubftance
offeufe qui en forme les parois , lefquelles
diviennent minces , à proportion de
l'extenfion qu'elles ont fouffert. Ces fortes
d'exoftofes font fufceptibles d'acquerir un
volume confidérable , leur intérieur eft
toujours rempli des fucs épanchés , & on .
obferve communément qu'elles font bor168
MERCURE DE FRANCE
nées à une certaine étendue de l'os. Le
refte du canal qui n'a point de part à la
maladie conferve l'état naturel . M. Houftet
rapporte au fujet de cette efpece d'exoftofes
plufieurs obfervations particulieres
qu'il compare à celles que nous ont fourni
les grands maîtres. Ces faits rapprochés
fervent à déterminer ce premier caractere
d'exoftofe.
Quand l'engorgement des fucs fe fait
entre les lames qui compofent la fubſtance
de l'os , elle fe gonfle : de compacte.
qu'elle étoit naturellement , elle devient
fpongieufe & cellulaire . M. Houftet a
trouvé ces cellules remplies de fucs blancs
médiocrement épais . Lorfque ces fucs ne
font point viciés , & qu'ils ne contractent
aucune altération acrimonieufe dans le
tiffu de l'os qu'ils diftendent , ils peuvent
paffer de l'état de fluidité à celui d'une induration
parfaite. C'eft précisément le cas
de ce tibia fans cavité que Ruifck avoit
rangé parmi fes curiofités anatomiques ,
& dont il fit fabriquer des manches de
couteaux & de fourchettes. M. Houftet ,
dont les obfervations fur la formation de
ces fortes de tumeurs font très-fuivies , remarque
que des circonstances accidentel--
les peuvent changer la terminaiſon de ces :
exoftofes ; car leur folidité vient de l'endurciffement
OCTOBRE. 1755. 169
durciffement des fucs qui s'épanchoient
peu-à-peu , & par une efpece de fuintement
entre les lames offeufes. Un épanchement
plus copieux , le mêlange d'autres
liqueurs avec le fuc nourricier , une nouvelle
caufe d'épanchement , telle qu'un
coup , une chute , &c. qui raffembleroit
de nouveaux fucs encore fluides avec des
fucs durcis & épanchés depuis long-tems
feroit prendre à cette maladie une terminaifon
différente .
Enfin il y a des exoftofes qui n'affectent
que l'extérieur de l'os ; elles font produires
par l'épaiffiffement du périofte tumefié ,
ou par les fucs nourriciers qui fe répandent
fur la furface de l'os. Elles font ordinairement
d'un volume médiocre , & leur
maffe eft folide. M. Houftet a fait connoî.
tre une nouvelle efpece d'exoftofes différentes
de toutes celles dont on avoit parlé
jufqu'à préfent , en ce qu'elle eft d'un volume
confidérable & creufe , appliquée
feulement fur le corps de l'os qui étoit à
peu de choſe près dans l'état naturel , &
repréfentant en quelque forte un crâne
vuide qui feroit appliqué par fa baſe ſur
le cylindre de l'os. La defcription de toutes
les particularités de cette exoftofe finguliere
feroit déplacée dans un extrait.
M. Houftet l'a fait d'une maniere fa-
'H
170 MERCURE DE FRANCE.
tisfaifante, & la démonſtration des parties
n'a rien laillé à defirer fur ce cas. L'exofto .
fe dont il s'agit étoit à la cuiffe . M. Houftet
donnoit fes foins à la perfonne qui en
étoit attaquée. C'étoit M. le Chevalier
de... Le commencement & le progrès de
la tumeur , les différens remedes qui furent
adminiftrés , tant par les perfonnes
de l'art que par des empiriques , & furtout
la différence des opinions qu'on a
eues fur cette maladie , rendent fort intéreffante
la relation que l'auteur en a
donné . L'examen judicieux des fignes qui
caractérisent les maladies avec lefquelles
on auroit pû confondre celle- ci , feront
des régles pour éviter de pareilles méprifes
. M. Houftet établiffant d'après plufieurs
obfervations de nouveaux fignes capables .
de fe conduire furement en pareil cas dans
la pratique , cette doctrine fera , dit- il , le
fruit des travaux de l'Académie , fi le
goût de la bonne obfervation , & l'efprit
d'émulation , & de recherche continuent
d'y fubfifter. M. Houftet a l'avantage de
donner en même tems le confeil &
l'exemple.
M. Ruffet fecond a fait part de deux
obfervations fur l'utilité des cauteres dans
la cure de l'épilepfie. Une Demoifelle de
dix- huit ans , qui avoit bien réguliéreOCTOBRE
. 1755. 171
ment fes évacuations périodiques , cut
une attaque d'épilepfie. Les faignées , les
purgations , les bains , les eaux de Balaruc
, n'empêcherent point une feconde attaque
environ un mois après la premiere ,
& la malade en eut de mois en mois
pendant deux ans, malgré tous les remédes
que l'on mit en ufage. M. Ruffet propofa
un cautere à la nuque. La malade confentit
à le porter au bras. Le premier accès reculé
de quatre mois fut moins violent que
ceux qui avoient précédé, & il ne fe forma
point d'écume autour de la bouche. Un
effet fi marqué fit demander l'application
d'un fecond cautere à l'autre bras , & la
malade a paffé neuf mois fans le moindre
reffentiment de fon mal . Surpriſe enfin
par une nouvelle attaque , plus légere
encore que les autres , elle fut foumife à
un troifiéme cautere , qu'on mit à une
jambe , & depuis ce tems il n'y a plus eu
d'accès d'épilepfie . Le bon effet des cauteres
multipliés eft prouvé par cette obfervation
. M. Ruffet en rapporte une autre
qui montre le danger de les fupprimer.
Un homme de foixante ans eut une
violente attaque d'épilepfie , qui fut fuivie
d'une autre quinze jours après , malgré
les remédes généraux dont on fit ufage
dans cet intervalle. L'application d'un
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
cautere retarda le troifiéme accès , & en
diminua les fymptomes . L'établiſſement
d'un fecond cautere ôta toute inquiétude
fur la récidive . Au bout de huit mois , le
malade fe croyant radicalement guéri, laiffa
fermer un de ces ulceres. Cette imprudence
fut marquée par le retour de l'épilepfie.
Dès le lendemain de cette dernière
attaque , M. Ruffet rétablit l'égoût dont
la fuppreffion avoit été nuifible ; & le malade
à vécu depuis fept années fans aucune
rechûte .
M. Louis fit enfuite la lecture d'un mémoire
fur les pierres urinaires formées
hors des voies naturelles de l'urine . Ce
cas préfente des circonstances affez variées,
dont il eft important d'être inftruit. Pour
la formation de ces pierres , il faut que
l'urine s'infiltre d'une maniere particuliere
dans les cellules du tiffu graiffeux qui
avoifine les réfervoirs & les conduits naturels
de cette liqueur. Un enfant de dix
ans avoit une tumeur douloureufe au périnée,
M. Louis dans l'examen qu'il en fit ,
trouva qu'elle étoit fituée fous une cicatrice
folide , veftige de l'opération de la
taille que cet enfant avoit foufferte deux
ans auparavant pour une pierre dans la
veffie. Cette tumeur fe termina par une
OCTOBRE. 1755. 173
ouverture à la peau , dans laquelle fe préfentoit
une concrétion pierreufe , & qui
permettoit la fortie de l'urine. M. Louis fit
l'extraction de cette pierre , qui étoit du
volume d'une groffe aveline. Il fentit avec
l'extrêmité boutonnée d'une fonde , que
toute la circonférence de l'efpace qu'avoit
occupé cette pierre , étoit fort dure , &
dans un des points la fonde portoit à nud
fur une concrétion calculeufe ; il fit en
conféquence mettre le malade en fituation
convénable. Il fit une incifion longitudinale
fur toute l'étendue de la tumeur jufqu'au
corps étranger , & il tira fucceffivement
fix petites pierres , dont la réunion
formeroit un corps du volume d'un noyau
de pêche. La cure ne fut point longue , les
panfemens étoient très-fimples , & ne tendoient
qu'à obtenir promptement la confolidation
de cette plaie. Il s'offrit cependant
quelques difficultés toutes les fois
que le malade rendoit fes urines , il en
paffoit une partie par la plaie. M. Louis
étoit bien für de n'avoir pas intéreffé le
canal de l'uretre dans fon opération ; &
la connoiffance de la caufe de la maladie
montroit affez que l'aretre étoit percé ,
l'infiltration de l'urine pour la formation
de ces pierres n'auroit pas eu lieu , s'il n'étoit
resté une fiftule intérieure au canal
Häj
174 MERCURE DE FRANCE .
de l'uretre. A la fuite de l'opération de la
taille faite deux ans auparavant , les bougies
avec les emplâtres fondans exciterent
de la fuppuration à l'orifice de cette filtule
, par la fonte des callofités , & procurerent
la confolidation intérieure .
Cette obfervation montre une maladie
nouvelle facile à prévenir , & contre laquelle
on n'a pris jufqu'ici aucune méfure :
l'on a toujours craint que les plaies faites
à l'uretre pour l'extraction de la pierre
ne reftaffent fiftuleufes , & cet accident
n'eft que trop commun dans la méthode
ancienne du grand appareil. M. Louis en
donne les raifons ; mais voici une espece
particuliere de fiſtule, une fiftule incomplette
, qu'on pourroit appeller borgne & interne
, en fe fervant de la dénomination ufitée
pour les fiftules de l'anus , qui ont une
ouverture dans le rectum fans iffue extérieure.
Cette obfervation eft de confé- .
quence dans la pratique , puifqu'elle prouve
évidemment que la parfaite confolidation
de la plaie des tégumens , après l'opération
de la taille , n'eft point une marque
certaine que l'intérieur de l'uretre foit
bien cicatrifé . On pourroit obtenir facilement
cette cicatrice parfaite par le moyen
des bougies , leur ufage en affurant une
guérifon folide empêcheroit cette infiltraOCTOBRE
. 1755. 175
tion lente de l'urine , qui pénétre en petite
quantité à la fois dans le tiffu cellulaire
, & qui en fe décompofant y produit
par la réunion de fes parties terref
tres & falines des concrétions pierrenfes ,
fufceptibles d'un accroisement confidérable.
Quoique les Auteurs n'ayent pas fait
une mention expreffe de ces fortes de cas ,
on trouve dans leurs écrits des faits ifolés ,
qui peuvent y être rapportés , & qui font
manifeftement de la même efpece. M.
Louis n'a pas négligé d'en faire la recher
che , & d'en faire ufage à propos dans fon
mémoire,pour prouver d'une maniere convaincante
que la formation des pierres
dans le tiffu cellulaire eft un accident confécutif
de l'opération de la taille . Une
obfervation communiquée à l'Académie ,
par M. le Gaigneau , Chirurgien à Coulanges
- la- Vineufe , près d'Auxerre , montre
qu'une pierre formée dans le tiffu cellulaire
a pu acquerir un volume monftrueux
& le poids de dix onces & demie.
Le malade l'a portée plus de trente ans , &
elle eft fortie d'elle-même , après avoir ufé
par fon poids les tégumens qui la recouvroient.
Après avoir levé par des faits incontef
tables tous les doutes qu'on pourroit avoir
Hiy
176 MERCURE DE FRANCE.
fur la fiftule incomplette & interne , que
M. Louis établit pour la caufe de l'infiltration
de l'urine , il recherche comment
cette fiftule peut fe former , & il en trouve
la caufe dans la maniere dont le fait
l'incifion dans le grand appareil ; il eft meme
furprenant , dit- il , que cette fiftule
intérieure n'arrive pas plus fouvent , ou
du moins que les faits qui la prouvent ne
foient pas plus connus . En effet , fuivant
la pratique reçue , l'incifion dans le grand
appareil , eft perpendiculaire , & fe fait à
côté du raphé parallelement. Cette incifion
ne peut être prolongée autant qu'on
le défireroit par rapport au rectum : il
faut donc pour pouvoir procurer la fortie
d'une pierre même médiocre , gagner par
en-haut pour la coupe des tégumens & de
l'uretre ; la peau du périnée eft tendue
& tirée vers l'os pubis par l'aide qui foutient
le fcrotum. Lorfque cette action.
ceffe , l'angle fupérieur de l'incifion des
tégumens fe rabbat , & couvre une partie
de l'incifion de l'uretre ; delà un accident
primitif affez commun , c'eft l'échymofe
du fcrotum. Il eſt donc démontré
que dans cette maniere d'opérer l'angle
fupérieur de l'incifion des tégumens ne
correfpond point à la partie fupérieure de
Pincifion de l'uretre ; celle - ci est tou
OCTOBRE. 1755. 177
jours plus haute ; c'eft pourquoi la cicatrice
du haut de la plaie des tégumens ne
confolide point l'angle fupérieur de l'inci
fion faite à l'urethre : Ainfi , lorfqu'on
croit la plaie parfaitement guérie , il refte
une folution de continuité intérieure .
Voilà , dit M. Louis , le point par où l'urine
s'infinue dans les cellules du tiffu qui
avoifine l'uretre ; c'eft là la caufe de la
fiftule intérieure & des concrétions calculeufes
, qui fe forment confécutivement
hors des voies naturelles de l'urine . Pour
prévenir cet accident , il fuffiroit , dir
l'auteur , d'avoir recours aux bougies après
la guérifon apparente des taillés , afin de
la rendre radicale par la parfaite confolidation
de la plaie intérieure .
Après avoir expliqué comment la méthode
du grand appareil donne lieu aux
fiftules complettes , M. Louis dit que cette
opération devroit être entierement abandonnée
, fes réflexions découvrent dans
cette maniere d'opérer des inconvéniens
lefquels mis en parallele avec les avantages
de la taille latérale , donnent à celleci
la prééminence qu'elle mérite.
Quoique l'objet principal de l'auteur
ait été de parler des pierres formées hors
des voies naturelles de l'urine , comme
accident confécutif de l'opération de la
HW
178 MERCURE DE FRANCE.
taille , il traite de la production de pareilles
pierres en des perfonnes qui n'avoient
point été foumifes à la lithotomie.
On fçait que l'urine peut fe frayer des
routes extraordinaires par différentes caufes
, & que par-tout où elle peut féjourner
, elle eft très- difpofée à former des
concrétions , fur- tout lorfqu'elle charrie
des parties graveleufes : cela fe voit dans
les fiftules urinaires. M. Louis en rapporte
plufieurs exemples , & il en tire des
conféquences utiles pour la pratique. Les
pierres font des corps étrangers dont il
faut faire l'extraction ; c'eft un principe général
, mais dans un cas où il y a des fiftules
, M. Louis penfe que ce n'eft pas cette
indication qu'il importe de fuivre en premier
lieu. Il lui paroît plus avantageux de
procurer d'abord un cours libre à l'urine
par une feule iffue , foit en rétabliffant le
conduit naturel dans fes fonctions par l'ufage
méthodique des bougies appropriées
au cas , foit en faifant une incifion au périnée
pour porter une canulle dans la veffie
, afin que l'urine forte directement &
ceffe de fe porter dans tous les finus fiftuleux.
Le premier parti eft le plus doux , &
par conféquent il eft préférable , s'il peut
avoir du fuccès. Quelque parti qu'on prenne
, ce ne fera qu'après avoir procuré une
OCTOBRE . 1755. 179
voie unique pour la fortie de l'urine qu'on
doit penfer à faire l'extraction des concrétions
calculeufes. Leur fituation peut
exiger beaucoup d'habileté de la part du
Chirurgien , & une grande préfence des
connoiffances anatomiques pour pénétrer
dans le fond de ces fiftules à travers des
parties délicates qu'il faut ménager : c'eft
dans ces cas que l'habitude ne peut conduire
la main. Les opérations qui y conviennent
n'ont aucune place ni aucune
étendue fixée par les préceptes. Les fecours
de la main doivent être déterminés par la
néceffité des circonftances dont on ne peut
exprimer les variations . On peut conclure
de tout ceci que dans l'exercice de la Chirurgie
il ne fuffit pas d'avoir des hommes
qui ne fçavent marcher que dans les routes
qui leur ont été frayées. On voit auſſi
combien s'abufent ceux qui , fans avoir
égard à la diverfité prefque infinie des
circonftances , s'arrêtent dans leurs recherches
par la confiance qu'ils ont en un
inftrument ou invention particuliere , par
laquelle ils croient que toutes les difficultés
d'une opération font applanies ; comme
s'il étoit poffible de fe perfuader qu'on
peur à fi peu de frais rendre court & facile
un art que les plus grands génies ont
trouvé long & difficile.
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
M. Dubertrand a terminé la féance
par
la lecture d'une obfervation fur un coup
d'épée qui a percé le diaphragme & l'eftomach.
Tout le monde connoît le danger
des bleffures des parties intérieures ; celles
de l'eftomach ont toujours été mifes au
nombre des plaies mortelles , quoiqu'elles
ne le foient pas néceffairement. Les foins.
d'un habile Chirurgien peuvent être efficaces
pour combattre les fymptomes de ces
fortes de plaies , & prévenir les accidens.
fâcheux qui pourroient en résulter.
Un homme de quarante ans, échauffé par
le vin , reçut un coup d'épée entre la derniere
des vraies côtes & la premiere des.
fauffes près de leurs portions cartilagineufes
du côté gauche ; il fit environ deux.
cens pas à la pourfuite de fon ennemi &
tomba fans connoiffance. Tranfporté chez
lui , il eut des convulfions violentes qui
ne cefferent qu'après lui avoir ferré le ventre
avec une ferviete , fecours qu'il avoit
demandé de lui -même avec inftance . M. Dubertrand
qui vit le malade une heure après
l'accident , le trouva couvert d'une fueur.
froide avec un pouls petit , concentré &
intermittent. La refpiration étoit laborieufe
; un hoquet affez fréquent , le vifage:
tiré & les yeux éteints menaçoient d'une
mort prochaine. Le ventre étoit extraordiOCTOBRE.
1755. 181
nairement dur & élevé. Pour vifiter la
plaie , on ôta la ferviete qui comprimoit
le ventre. Les mouvemens convulfifs fe renouvellerent
avec force. M. Dubertrand
fit prendre au malade quelques grains de
tartre émétique. Le vomiffement que ce
remede procura , fit rendre avec des alimens
non digérés plufieurs caillots de fang,
dont on eftima le poids de vingt onces , &
le malade en rendit environ dix onces par
en bas. La convulfion ceffa après cette évacuation
. La fituation de la plaie , fa direction
& les divers fymptomes qui fe manifeftoient
, firent juger que le diaphragme
avoit été bleffé auffi-bien que l'eftomach.
Le pouls s'étant un peu relevé , le malade
fur faigné quatorze fois pendant les deux
premiers jours chaque faignée n'étoit
que de deux paletes. La prudence ne permettoit
pas de plus grandes évacuations ,
parce que le malade tomboit en fyncope.
Les fomentations émollientes fur le basventre
, en relâcherent les parties. Une
boiffon rendue aigrelette par l'effence de
Rabel appaifoit la foif du bleffé , qui ne
prenoit par la bouche que quelques cueillerées
de cette tifanne & d'une eau de
poulet très- légere. Le troifiéme jour après
la feizieme faignée le malade tomba en
foibleffe , & rendit par les felles une gran
182 MERCURE DE FRANCE.
de quantité de matieres féreufes & foetides.
Quelques gouttes de Lilium dans de l'eau
de plantain , foutenoient artificiellement .
les forces du malade , qu'on tâchoit de réparer
en même tems par des lavemens
nourriffans. La nuit du au 10 le malade ,
fans confulter perfonne , mangea une petite
foupe dont il fut fort incommodé , &
qu'il vomit avec un peu de fang. Le lendemain
matin la fievre revint , ce qui fit
recourir encore à la faignée. Cet orage
étant calmé , on mit le malade par dégrés
aux bouillons nourriffans , à là gelée de
viande , & à la crême de ris. I prenoit
fenfiblement des forces , lorfque fans caufe
manifefte , il lui furvint le 17 une fievre
confidérable , des hoquets fréquens , une
toux violente & une espece de phrénéfie.
Deux faignées & des potions antifpafmodiques
calmerent ces accidens. Depuis , le
malade parut chaque jour fe rétablir ; il
prit des alimens folides par degrés , & le
33° jour il vacqua à fes exercices ordinaires
fans aucune incommodité.
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Résumé : Suite de la Séance publique de l'Académie de Chirurgie.
Lors d'une séance publique de l'Académie de Chirurgie, plusieurs observations médicales ont été présentées. M. Pipelet a rapporté la cure d'une hernie crurale avec gangrène chez une patiente de 42 ans en 1726. La hernie, apparue après un effort physique, s'était étranglée en 1738, nécessitant une intervention chirurgicale. M. Pipelet et M. Guerin ont débridé l'arcade crurale pour soulager l'étranglement. La patiente a survécu et, après une convalescence, a retrouvé un trajet naturel pour les matières fécales. Quinze ans plus tard, elle jouissait d'une bonne santé. M. Houftet a lu un mémoire sur les exostoses bénignes des os cylindriques, des excroissances osseuses causées par diverses maladies ou traumatismes. Il a distingué plusieurs types d'exostoses en fonction de leur localisation et de leur origine, illustrant ses propos par des observations cliniques. M. Ruffet a partagé deux observations sur l'utilisation des cautères dans le traitement de l'épilepsie. Dans le premier cas, une jeune fille de 18 ans a vu ses crises épileptiques diminuer et cesser après l'application de cautères. Dans le second cas, un homme de 60 ans a connu une rémission de son épilepsie grâce à des cautères, mais a rechuté après avoir cessé leur utilisation. M. Louis a discuté des pierres urinaires formées en dehors des voies naturelles, souvent consécutives à une opération de la taille. La cause identifiée est une fistule intérieure dans l'urètre, résultant d'une cicatrisation incomplète. Cette fistule permet l'infiltration lente de l'urine dans les tissus cellulaires, favorisant la formation de concrétions calculeuses. M. Louis critique la méthode ancienne du grand appareil, qui ne permet pas une cicatrisation parfaite de l'urètre, et recommande l'utilisation de bougies pour assurer une consolidation intérieure après l'opération. Il propose également la taille latérale pour éviter ces complications et insiste sur l'importance de rétablir un cours libre à l'urine avant d'envisager l'extraction des concrétions. Enfin, M. Dubertrand a rapporté un cas de coup d'épée ayant percé le diaphragme et l'estomac, soulignant les soins nécessaires pour traiter de telles blessures.
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15
p. 203-204
Hôpital de M. le Maréchal-Duc de Biron. Onzieme traitement depuis son établissement.
Début :
Le nommé Daniel, Compagnie de Tourville, entré le premier Décembre, est sorti [...]
Mots clefs :
Malade, Guérison, Soldats
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texteReconnaissance textuelle : Hôpital de M. le Maréchal-Duc de Biron. Onzieme traitement depuis son établissement.
Hôpital de M. le Maréchal - Duc de Biron.
Onzieme traitement depuis ſon établiſſement.
Le nommé Daniel , Compagnie LE de Tourville ,
entré le premier Décembre, eft forti le 10 Janvier
parfaitement guéri . I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Le nommé Lavertu , Compagnie de la Ferriere,
entré le premier Décembre , eft forti le 10 Janvier
parfaitement guéri.
Le nommé Mille , Compagnie de Champignelles
, entré le 22 Décembre , eft forti le 31 Janvier
parfaitement guéri ..
Le nommé Joly , Compagnie de Coettrieux
entré le 23 Décembre , eft forti le 31 Janvier
parfaitement guéri.
Le nommé Popin , Compagne de Gauville ,
entré le s Janvier , eft forti le 14 Février parfaitement
guéri .
f
Le nommé Pagnon , Compagnie de Poudenx ,
entré les Janvier , eft forti le 14 Février parfaitement
guéri.
Le nommé Légal , Compagnie de la Tour ,
entré les Janvier , eft forti le 14 Février parfaite.
ment guéri .
Il faut obferver que le nombre des malades
diminue par celui des foldats guéris , & par le
départ du Régiment des Gardes.
Onzieme traitement depuis ſon établiſſement.
Le nommé Daniel , Compagnie LE de Tourville ,
entré le premier Décembre, eft forti le 10 Janvier
parfaitement guéri . I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Le nommé Lavertu , Compagnie de la Ferriere,
entré le premier Décembre , eft forti le 10 Janvier
parfaitement guéri.
Le nommé Mille , Compagnie de Champignelles
, entré le 22 Décembre , eft forti le 31 Janvier
parfaitement guéri ..
Le nommé Joly , Compagnie de Coettrieux
entré le 23 Décembre , eft forti le 31 Janvier
parfaitement guéri.
Le nommé Popin , Compagne de Gauville ,
entré le s Janvier , eft forti le 14 Février parfaitement
guéri .
f
Le nommé Pagnon , Compagnie de Poudenx ,
entré les Janvier , eft forti le 14 Février parfaitement
guéri.
Le nommé Légal , Compagnie de la Tour ,
entré les Janvier , eft forti le 14 Février parfaite.
ment guéri .
Il faut obferver que le nombre des malades
diminue par celui des foldats guéris , & par le
départ du Régiment des Gardes.
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Résumé : Hôpital de M. le Maréchal-Duc de Biron. Onzieme traitement depuis son établissement.
Le document décrit le onzième traitement de l'hôpital du Maréchal-Duc de Biron. Plusieurs soldats ont été soignés et déclarés parfaitement guéris. Daniel, de la Compagnie LE de Tourville, est entré le 1er décembre et sorti le 10 janvier. Lavertu, de la Compagnie de la Ferriere, a suivi le même parcours. Mille, de la Compagnie de Champignelles, est entré le 22 décembre et sorti le 31 janvier. Joly, de la Compagnie de Coettrieux, a été soigné entre le 23 décembre et le 31 janvier. Popin, de la Compagnie de Gauville, est entré le 5 janvier et sorti le 14 février. Pagnon, de la Compagnie de Poudenx, et Légal, de la Compagnie de la Tour, sont entrés les 5 et 6 janvier respectivement et sont sortis le 14 février. Le nombre de malades diminue grâce aux soldats guéris et au départ du Régiment des Gardes.
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16
p. 213-214
CURE particulière entreprise de l'ordre & par la charité de M. le Maréchal Duc de Biron.
Début :
Le nommé Francoeur Soldat de la Compagnie d'Hallot, traité à l'Hopital au mois [...]
Mots clefs :
Soldat, Malade, Guérison, Maladies vénériennes, M. Keyser, Médecins, Remède, Cure, Certificats
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texteReconnaissance textuelle : CURE particulière entreprise de l'ordre & par la charité de M. le Maréchal Duc de Biron.
CvRE particulière entrepriſe de l'ordre &
par la charité de M. le Maréchal Duc
de Biron.
Le nommé Francoeur Soldat de la Compagnie
d'Hallot, traité à l'Hopital au mois d'Aoûr 17 58,
& parfaitement guéri au mois de Septembre de la
même année, ainſi qu'il appert par les Regiſtres
de l'Hôpital & qn'il en a été rendu compte dans
le temps, avoit infeété de la 1maladie Vénérienne
dont il étoit attaqué ſa femme & un enfant de
dix-huit mois. L'un & l'autre étoient dignes de
compaſſion & dans un état inexprimable, l'enfant
reſpiroit à peine, une fiévre lente ne lê quittoit pas
depuis longtemps , & ce malheureux enfant étoit
menacé † mort la plus prochaine ; M. Keyſer
avant d'entreprendre la mere & l'enfant dans un
âge auſſi tendre, crut devoir inviter pluſieurs Mé
decins & Chirurgiens à les aller voir, tant pour
conſtater leur état que pour être témoins du trai
tement qu'il ſe diſpoſoit à en faire , & il raſſem
bla en conſéquence tous ceux qui ayant déjà quel- '
que connoiſſance du remède, lui étoient connus
pour être ſuſceptibles de vérité, dejuſtice & d'im
partialité; en conſéquence il entreprit ces malades
ſous leurs yeux, & a peine ſon remède commen
ça-t-il à leur être adminiſtré, que tous ceux qui
éclairèrent ſon adminiſtration, furent non-ſeule
nnent étonnés, mais pleins d'admiration de voir
ſurtout dans l'enfant les progrès miraculeux qui
furent ſuivis d'une cure radicale & complette, &
de plus de voir pendant le cours de ſon traite,
ment, pouſſer à ce malheureux enfant ſix dents,
ſaus que cet incident ni le remède parût luicauſer
aucune irrcommodité.
Ces faits ſont dans la plus exacte vérité , &
2 14 ME R CURE DE FRANCE.
à la connoiſſance de M. le Maréchal de Biron ,
· de M. de Cornillon Major général, de MM. les
Sergens-Majors , de MM. Guerin, Bourbelin,
Dieuzayde, & pluſieurs autres perſonnes de l'Art,
qui nous ont été par un exemple auſſi frappant
bien convaincus non ſeulement de l'innocence du
remède, mais même de ſa ſupériorité ſur tous au
tres pour les Maladies Vénériennes.
M. Keyſer prie Meſſieurs ſes Correſpondans
de vouloir bien , pour des raiſons particulières ,
faire décompoſer dans les principales Villes de
· leurs réſidences, par les plus habiles Chymiſtes
ou Apoticaires, quelques parties du remède qu'il
leur a envoyé & de vouloir bien après leurs opé
rations, lui envoyer les déclarations ou certificats
de ces mêmes perſonnes, quelles qu'elles ſoient ,
pour ou contre le remède, afin qu'il les faſſe in
ſérer dans les Mercures ſucceſſifs.
par la charité de M. le Maréchal Duc
de Biron.
Le nommé Francoeur Soldat de la Compagnie
d'Hallot, traité à l'Hopital au mois d'Aoûr 17 58,
& parfaitement guéri au mois de Septembre de la
même année, ainſi qu'il appert par les Regiſtres
de l'Hôpital & qn'il en a été rendu compte dans
le temps, avoit infeété de la 1maladie Vénérienne
dont il étoit attaqué ſa femme & un enfant de
dix-huit mois. L'un & l'autre étoient dignes de
compaſſion & dans un état inexprimable, l'enfant
reſpiroit à peine, une fiévre lente ne lê quittoit pas
depuis longtemps , & ce malheureux enfant étoit
menacé † mort la plus prochaine ; M. Keyſer
avant d'entreprendre la mere & l'enfant dans un
âge auſſi tendre, crut devoir inviter pluſieurs Mé
decins & Chirurgiens à les aller voir, tant pour
conſtater leur état que pour être témoins du trai
tement qu'il ſe diſpoſoit à en faire , & il raſſem
bla en conſéquence tous ceux qui ayant déjà quel- '
que connoiſſance du remède, lui étoient connus
pour être ſuſceptibles de vérité, dejuſtice & d'im
partialité; en conſéquence il entreprit ces malades
ſous leurs yeux, & a peine ſon remède commen
ça-t-il à leur être adminiſtré, que tous ceux qui
éclairèrent ſon adminiſtration, furent non-ſeule
nnent étonnés, mais pleins d'admiration de voir
ſurtout dans l'enfant les progrès miraculeux qui
furent ſuivis d'une cure radicale & complette, &
de plus de voir pendant le cours de ſon traite,
ment, pouſſer à ce malheureux enfant ſix dents,
ſaus que cet incident ni le remède parût luicauſer
aucune irrcommodité.
Ces faits ſont dans la plus exacte vérité , &
2 14 ME R CURE DE FRANCE.
à la connoiſſance de M. le Maréchal de Biron ,
· de M. de Cornillon Major général, de MM. les
Sergens-Majors , de MM. Guerin, Bourbelin,
Dieuzayde, & pluſieurs autres perſonnes de l'Art,
qui nous ont été par un exemple auſſi frappant
bien convaincus non ſeulement de l'innocence du
remède, mais même de ſa ſupériorité ſur tous au
tres pour les Maladies Vénériennes.
M. Keyſer prie Meſſieurs ſes Correſpondans
de vouloir bien , pour des raiſons particulières ,
faire décompoſer dans les principales Villes de
· leurs réſidences, par les plus habiles Chymiſtes
ou Apoticaires, quelques parties du remède qu'il
leur a envoyé & de vouloir bien après leurs opé
rations, lui envoyer les déclarations ou certificats
de ces mêmes perſonnes, quelles qu'elles ſoient ,
pour ou contre le remède, afin qu'il les faſſe in
ſérer dans les Mercures ſucceſſifs.
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Résumé : CURE particulière entreprise de l'ordre & par la charité de M. le Maréchal Duc de Biron.
En août 1758, M. Keyser, sous le patronage du Maréchal Duc de Biron, a mené une entreprise médicale impliquant un soldat nommé Francoeur, sa femme et leur enfant de dix-huit mois. Le soldat avait transmis la maladie vénérienne à sa famille. L'enfant, en état critique avec une fièvre persistante, était menacé de mort imminente. Avant de traiter la mère et l'enfant, M. Keyser a invité plusieurs médecins et chirurgiens pour constater leur état et témoigner du traitement. Le remède administré a rapidement montré des progrès miraculeux, notamment chez l'enfant, qui a guéri complètement et a même poussé six dents sans inconfort. Ces faits sont attestés par plusieurs personnalités, dont le Maréchal de Biron et M. de Cornillon, convaincus de l'innocuité et de la supériorité du remède pour les maladies vénériennes. M. Keyser demande à ses correspondants de faire analyser le remède par des chimistes ou apothicaires locaux et de lui envoyer leurs déclarations pour publication dans les Mercures.
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17
p. 196-197
DE HAMBOURG, le 30 Janvier.
Début :
Nous venons de recevoir la nouvelle que le Landgrave de Hesse, qui étoit depuis [...]
Mots clefs :
Landgrave, Hesse, Malade, Décès, Héritage, Russes, Mouvements des troupes, Général
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texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG, le 30 Janvier.
De HAMBOURG , le 30 Janvier.
Nous venons de recevoir la nouvelle que le
Landgrave de Heffe , qui étoit depuis quelque
MARS. 1760 197
temps malade dans le château de Rintelen , y
eft mort la nuit du 28 au 29 de ce mois dans la
foixante dix -huitième année . Il hérita du Landgraviat
de Helle , le 18 Avril 1751 , par la mort
de Frédéric , Roi de Suéde & Landgrave de Heffe,
fon frere aîné .
Suivant les Lettres de Dantzik , les Ruffes recommencent
à fe mettre en mouvement ; its
raffemblent à Méve , dans le diftrict de Marienbourg
, un corps de vingt mille hommes , fous le
commandement du Général de Tottleben . Les
difpofitins, pour la marche dece corps, annoncent
qu'il eft deftiné pour agir en Siléfie .
Nous venons de recevoir la nouvelle que le
Landgrave de Heffe , qui étoit depuis quelque
MARS. 1760 197
temps malade dans le château de Rintelen , y
eft mort la nuit du 28 au 29 de ce mois dans la
foixante dix -huitième année . Il hérita du Landgraviat
de Helle , le 18 Avril 1751 , par la mort
de Frédéric , Roi de Suéde & Landgrave de Heffe,
fon frere aîné .
Suivant les Lettres de Dantzik , les Ruffes recommencent
à fe mettre en mouvement ; its
raffemblent à Méve , dans le diftrict de Marienbourg
, un corps de vingt mille hommes , fous le
commandement du Général de Tottleben . Les
difpofitins, pour la marche dece corps, annoncent
qu'il eft deftiné pour agir en Siléfie .
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Résumé : DE HAMBOURG, le 30 Janvier.
Le Landgrave de Hesse est décédé la nuit du 28 au 29 janvier à l'âge de soixante-dix-huit ans. Il avait hérité du Landgraviat de Hesse en 1751. Par ailleurs, les Russes rassemblent vingt mille hommes à Méwe, sous le commandement du Général de Tottleben, pour agir en Silésie.
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18
p. 194-195
DE DRESDE, le 28 Mai.
Début :
Le Maréchal de Daun a été indisposé pendant plusieurs jours, [...]
Mots clefs :
Maréchal Daun, Goutte, Malade, Rétablissement, Ennemis, Roi de Prusse, Magistrats, Condamnation financière, Taxe, Armée prussienne, Armée autrichienne, Mouvements des troupes
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texteReconnaissance textuelle : DE DRESDE, le 28 Mai.
De DRESDE , le 28 Mai.
Le Maréchal de Daun a été indifpofé penJUILLET.
1760 . 195
dant
plufieurs jours , d'un violent accès de goutte ;
mais il est
aujourd'hui
parfaitement rétabli. Il
vifita
dernierement le pole de
Freyberg , & il
alla
reconnoître les portes avancés des
Ennemis.
Le
Général Comte de Lafcy a fon
quartier à
Neudorff , & le Baron de Beck eft pofté à Ullerfdorff.
On a appris,de Leipfick , que le Roi de Pruſſe a
condamné les
Magiftrats de cette Ville à payer
quarante mille écus , fous prétexte que
quelques
Négocians avoient
entrepris de faire paffer à
Drelde
quarante chariots qu'ils avoient déclaré
être deftinés pour Breflau. On
procéde , par
voie
d'exécution , à faire payer cette taxe .
L'Armée
Pruflienne fe difpofe à
abandonner
Ton camp de Meiffen . Une partie de cette Armée
s'eft replice fur Torgau , que l'on fortifie fans relâche.
Les portes de Léipfick font fermées depuis
quelques jours. On compte que cette Ville fera
incellamment
évacuée.
L'Armée
Autrichienne
paroît prête à
marcher fur Meiffen , où il ne
refte qu'un petit nombre de Pruffiens.
Le Maréchal de Daun a été indifpofé penJUILLET.
1760 . 195
dant
plufieurs jours , d'un violent accès de goutte ;
mais il est
aujourd'hui
parfaitement rétabli. Il
vifita
dernierement le pole de
Freyberg , & il
alla
reconnoître les portes avancés des
Ennemis.
Le
Général Comte de Lafcy a fon
quartier à
Neudorff , & le Baron de Beck eft pofté à Ullerfdorff.
On a appris,de Leipfick , que le Roi de Pruſſe a
condamné les
Magiftrats de cette Ville à payer
quarante mille écus , fous prétexte que
quelques
Négocians avoient
entrepris de faire paffer à
Drelde
quarante chariots qu'ils avoient déclaré
être deftinés pour Breflau. On
procéde , par
voie
d'exécution , à faire payer cette taxe .
L'Armée
Pruflienne fe difpofe à
abandonner
Ton camp de Meiffen . Une partie de cette Armée
s'eft replice fur Torgau , que l'on fortifie fans relâche.
Les portes de Léipfick font fermées depuis
quelques jours. On compte que cette Ville fera
incellamment
évacuée.
L'Armée
Autrichienne
paroît prête à
marcher fur Meiffen , où il ne
refte qu'un petit nombre de Pruffiens.
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Résumé : DE DRESDE, le 28 Mai.
Le 28 mai 1760, le maréchal de Daun, initialement indisponible en raison d'un accès de goutte, est désormais rétabli. Il a inspecté les positions de Freyberg et les portes avancées des ennemis. Le général comte de Laffy est à Neudorff, tandis que le baron de Beck est à Ullerfsdorff. À Leipzig, le roi de Prusse a imposé une taxe de quarante mille écus aux magistrats, accusant des négociants de vouloir acheminer des chariots vers Dresde. L'armée prussienne se prépare à quitter Meissen, une partie s'étant déjà repliée sur Torgau, où des fortifications sont en cours. Les portes de Leipzig sont fermées depuis quelques jours et la ville doit être évacuée prochainement. L'armée autrichienne se prépare à avancer sur Meissen, où seuls quelques Prussiens restent.
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19
p. 133-135
LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
Début :
Je crois devoir, Monsieur, vous faire part, par principe de Religion, & par [...]
Mots clefs :
Remède, Cendre, Malade, Hydropisie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
LETTRE A L'AUTEUR DU
MERCURE.
REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE .
E Je crois devoir , Monfieur , vous faire
part , par principe de Religion , & par
fenfibilité aux différentes maladies qui
attaquent le corps humain , d'un reméde
que j'ai contre l'hydropifie , efpéce
de maladie à laquelle nos Payfans
de cette Province font extrêmement
fujets. L'expérience heureufe que je
fais de ce reméde m'engage à vous
prier de l'inférer dans votre Mercure ;
rien n'eft plus fimple que ce reméde :
le voici.
On fait faire trois fagots de trois différens
bois , fçavoir de houx , de fureau
& de frefne , tous les trois de poids
égal ; on les brule enſemble , après quoi
on en paffe la cendre par un tamis
bien fin ; on , la met enfuite dans un
134 MERCURE DE FRANCE.
pot ou autre vafe bien couvert. Il faut
obferver qu'il faut couper ces différens
bois dans les deux temps de la féve ,
comme au mois de Mai ou au mois
d'Août , & les bruler auffitôt qu'ils font
coupés. Comme on a beaucoup de peine
à allumer ces bois verts je me fers
d'un réchaud rempli de braife que je
mets fous ces bois pour les allumer. Dès
que le feu eft bien pris , on retire le
réchaud avec la braize qui y étoit , afin
qu'il n'entre rien d'étranger dans la cen
dre . Il faut obferver que pour bien faire
confommer cette cendre , on a foin ,
après que tous les bois font brulés , de
la raffembler dans un tas ; on la couvre
enfuite , & on la laiffè dans la cheminée
l'efpace de trente- fix heures au
moins , enfuite on la paffe par le tamis
le plus fin. On donne au malade le poids
d'un liard de cette cendre dans une demie
chopine de vin blanc , que l'on répand
dans un vafe de terre ou autre ,
pourvu qu'il ne foit point de bois, parce
que cette cendre s'y attacheroit ; on la
mêle de même avec un inftrument qui
ne foit point de bois , après quoi on
donne le tout à boire au malade que
l'on a foin de bien couvrir , afin de le
faire fuer ; & trois ou quatre heures
AVRIL. 1763. 135
après on lui donne un potage. Il fautrecommander
au malade de n'ufer ni
de lait , ni de galette , ou autre nourriture
groffière, pendant cinq ou fix mois.
Ce reméde peut fe répéter jufqu'à trois
fois , pourvu que l'on laiffe huit jours
d'intervalle entre chaque prife. Voilà ,
Monfieur , le reméde dont j'ai cru devoir
vous inftruire ; il feroit inutile pour
une hydropifie de poitrine formée, mais
pour toute autre efpéce d'hydropific il
eft excellent , & je l'éprouve tous les
jours avec le plus grand fuccès.
J'ai l'honneur d'être , & c.
DULAS , Gentilhomme de Rennes en Bretagne..
MERCURE.
REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE .
E Je crois devoir , Monfieur , vous faire
part , par principe de Religion , & par
fenfibilité aux différentes maladies qui
attaquent le corps humain , d'un reméde
que j'ai contre l'hydropifie , efpéce
de maladie à laquelle nos Payfans
de cette Province font extrêmement
fujets. L'expérience heureufe que je
fais de ce reméde m'engage à vous
prier de l'inférer dans votre Mercure ;
rien n'eft plus fimple que ce reméde :
le voici.
On fait faire trois fagots de trois différens
bois , fçavoir de houx , de fureau
& de frefne , tous les trois de poids
égal ; on les brule enſemble , après quoi
on en paffe la cendre par un tamis
bien fin ; on , la met enfuite dans un
134 MERCURE DE FRANCE.
pot ou autre vafe bien couvert. Il faut
obferver qu'il faut couper ces différens
bois dans les deux temps de la féve ,
comme au mois de Mai ou au mois
d'Août , & les bruler auffitôt qu'ils font
coupés. Comme on a beaucoup de peine
à allumer ces bois verts je me fers
d'un réchaud rempli de braife que je
mets fous ces bois pour les allumer. Dès
que le feu eft bien pris , on retire le
réchaud avec la braize qui y étoit , afin
qu'il n'entre rien d'étranger dans la cen
dre . Il faut obferver que pour bien faire
confommer cette cendre , on a foin ,
après que tous les bois font brulés , de
la raffembler dans un tas ; on la couvre
enfuite , & on la laiffè dans la cheminée
l'efpace de trente- fix heures au
moins , enfuite on la paffe par le tamis
le plus fin. On donne au malade le poids
d'un liard de cette cendre dans une demie
chopine de vin blanc , que l'on répand
dans un vafe de terre ou autre ,
pourvu qu'il ne foit point de bois, parce
que cette cendre s'y attacheroit ; on la
mêle de même avec un inftrument qui
ne foit point de bois , après quoi on
donne le tout à boire au malade que
l'on a foin de bien couvrir , afin de le
faire fuer ; & trois ou quatre heures
AVRIL. 1763. 135
après on lui donne un potage. Il fautrecommander
au malade de n'ufer ni
de lait , ni de galette , ou autre nourriture
groffière, pendant cinq ou fix mois.
Ce reméde peut fe répéter jufqu'à trois
fois , pourvu que l'on laiffe huit jours
d'intervalle entre chaque prife. Voilà ,
Monfieur , le reméde dont j'ai cru devoir
vous inftruire ; il feroit inutile pour
une hydropifie de poitrine formée, mais
pour toute autre efpéce d'hydropific il
eft excellent , & je l'éprouve tous les
jours avec le plus grand fuccès.
J'ai l'honneur d'être , & c.
DULAS , Gentilhomme de Rennes en Bretagne..
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Résumé : LETTRE A L'AUTEUR DU MERCURE. REMEDE CONTRE L'HYDROPISIE.
Dans une lettre adressée à l'éditeur du Mercure, un auteur partage un remède contre l'hydropisie, une maladie courante dans sa province. Le traitement consiste à brûler trois fagots de bois de houx, de sureau et de frêne, coupés en mai ou en août, puis à tamiser la cendre obtenue. Cette cendre est mélangée à du vin blanc et administrée au malade, qui doit être bien couvert pour transpirer. Après quelques heures, un potage est donné au patient, qui doit éviter le lait et les aliments grossiers pendant cinq à six mois. Le traitement peut être répété jusqu'à trois fois, avec un intervalle de huit jours entre chaque prise. L'auteur précise que ce remède est efficace pour toutes les formes d'hydropisie sauf celle de la poitrine. Il se présente comme Dulas, gentilhomme de Rennes en Bretagne.
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20
p. 204-206
COPIE de la Lettre d'un Curé de Campagne, à M.... Médecin à Paris.
Début :
Monsieur, J'ai trouvé dans les papiers de mon Prédécesseur le reméde contre la rage, [...]
Mots clefs :
Remède, Rage, Effets positifs, Coquilles, Huître, Poudre, Malade, Aliments, Morsure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COPIE de la Lettre d'un Curé de Campagne, à M.... Médecin à Paris.
COPIE de la Lettre d'un Curé de
Campagne , à M.... Médecin à Paris.
MONSIEUR ,
J'AI trouvé dans les papiers de mon Prédéceffeur
le reméde contre la rage , que je joins
à la préfente , & tous les Habitans de ma Paroiffe
perfuadés de fon utilité , il m'a été rapporté
des effets fi falutaires de ce reméde , queconnoiffant
la bonté de votre coeur & l'étendue
de vos lumières >
j'ai vu que je pouvois vous
prier de l'éxaminer , afin qu'appuyé de votre
autorité , il puiffe acquérir dans le Royaume le
crédit qu'il a dans ma Paroiffe.
J'ai l'honneur d'être & c ,
NOVEMBRE. 1764. 2051
Remède contre la Rage.
Prenez des coquilles d'huîtres mâles ( celles
de dellous faites les calciner au feu ou au four
jufqu'à ce qu'elles fe rompent fans effort , redaifez
-les en poudre & la pallez au tamis faites
la prendre enfuite au malade comme il eft dit
ci - après.
en
Il y a trois manières de la prendre.
'
La première qui opére le plus promptement
eft d'en donner en bolle comme le Quinquina
mettant cette poudre fimplement dans du
pain à chanter mouillé , & en multipliant ces
bolles à proportion de la facilité avec laquelle le
malade pourra la prendre.
La deuxième eft de la donner dans du vin
blanc.
La troifiéme eft de battre cette poudre dans
quatre ceufs frais , d'en faire une omelette que
l'on fera cuire avec de l'huile au lieu de beurre
qui en empêcheroit abfolument l'effet. Il la faut
faire manger au malade fans pain & fans le
faire boire.
La dofe ordinaire pour ceux qui font dans
l'accès , eft le poids de fix gros pour la première
fois , & que l'on doit donner au malade le plus
promptement qu'il eft poffible après qu'on s'en
eft apperçu , & les deux jours fuivans il faut
lui en donner chaque jour quatre gros à jeun ,
& qu'il ne prenne aucune nourriture ni boiffon
que trois heures après.
La dofe pour ceux qui font mordus à fang
& pour ceux qui ont été manqués à la mer eſt
de quatre gros chacun des trois jours.
La dofe pour ceux qui n'ont été que pincés¿
206 MERCURE DE FRANCE.
léchés ou éraflés , ou qui craignent la Rage ;
ce qui eft fouvent auffi dangereux que la morfure
à fang , n'eft que de deux gros , & il n'en
faut prendre qu'une feule fois.
Campagne , à M.... Médecin à Paris.
MONSIEUR ,
J'AI trouvé dans les papiers de mon Prédéceffeur
le reméde contre la rage , que je joins
à la préfente , & tous les Habitans de ma Paroiffe
perfuadés de fon utilité , il m'a été rapporté
des effets fi falutaires de ce reméde , queconnoiffant
la bonté de votre coeur & l'étendue
de vos lumières >
j'ai vu que je pouvois vous
prier de l'éxaminer , afin qu'appuyé de votre
autorité , il puiffe acquérir dans le Royaume le
crédit qu'il a dans ma Paroiffe.
J'ai l'honneur d'être & c ,
NOVEMBRE. 1764. 2051
Remède contre la Rage.
Prenez des coquilles d'huîtres mâles ( celles
de dellous faites les calciner au feu ou au four
jufqu'à ce qu'elles fe rompent fans effort , redaifez
-les en poudre & la pallez au tamis faites
la prendre enfuite au malade comme il eft dit
ci - après.
en
Il y a trois manières de la prendre.
'
La première qui opére le plus promptement
eft d'en donner en bolle comme le Quinquina
mettant cette poudre fimplement dans du
pain à chanter mouillé , & en multipliant ces
bolles à proportion de la facilité avec laquelle le
malade pourra la prendre.
La deuxième eft de la donner dans du vin
blanc.
La troifiéme eft de battre cette poudre dans
quatre ceufs frais , d'en faire une omelette que
l'on fera cuire avec de l'huile au lieu de beurre
qui en empêcheroit abfolument l'effet. Il la faut
faire manger au malade fans pain & fans le
faire boire.
La dofe ordinaire pour ceux qui font dans
l'accès , eft le poids de fix gros pour la première
fois , & que l'on doit donner au malade le plus
promptement qu'il eft poffible après qu'on s'en
eft apperçu , & les deux jours fuivans il faut
lui en donner chaque jour quatre gros à jeun ,
& qu'il ne prenne aucune nourriture ni boiffon
que trois heures après.
La dofe pour ceux qui font mordus à fang
& pour ceux qui ont été manqués à la mer eſt
de quatre gros chacun des trois jours.
La dofe pour ceux qui n'ont été que pincés¿
206 MERCURE DE FRANCE.
léchés ou éraflés , ou qui craignent la Rage ;
ce qui eft fouvent auffi dangereux que la morfure
à fang , n'eft que de deux gros , & il n'en
faut prendre qu'une feule fois.
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