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1
p. 318-323
Comédies nouvelles, [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens François représentent depuis un mois une Tragédie intitulée [...]
Mots clefs :
Tragédie, Comédien, Larmes, Pièces, Représentation, Bon goût, Vérité, Auteur, Acte, Personnages, Comédie, Vices
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texteReconnaissance textuelle : Comédies nouvelles, [titre d'après la table]
Les Comédiens François repréfentent
depuis un mois une
Tragédie intitulée Andronic. Cet
Ouvrage eft le charme de la Cour
& de Paris. Il tire des larmes des
plus infenfibles ; & l'ona rien vû
depuis long temps , qui ait eu un
auffi grand fuccés. La Comédie
de l'Ufurier , qu'on jouë alterGALANT.
319
nativement avec cette Piéce , n'a
pas efté traitée d'abord fi favorablement
, & plufieurs ont imité
le Marquis de la Critique de l'E .
cole des Femmes. C'eft le fort
des Piéces qui reprennent les vices,
d'eftre condamnées dans les
premieres Repréſentations. Le
chagrin de fe reconnoiftre dans
des Portraits genéraux , & de
s'accufer en fecret des defauts .
qu'on blâme , oblige ceux qui fe
les reprochent à eux -meſmes , à ›
décrier une Piéce , afin d'empêcher
qu'on ne la voye ; mais les
Gens finceres & de bon gouft,
rétabliffent dans la fuite ce que
ces Critiques intéreffez ont tâché
d'abatre . C'est ce qui ne
pouvoit manquer à l'Ufurier, puis
que la Piéce paffe pour bien
320 MERCURE
écrite , & bien conduire , & qu'on
Y rit depuis le commencement
jufques à la fin , fans qu'il y ait
ny fade plaifancerie , ny équivoque
dont la modeftie puiffe eftre
bleffée. Ainfi l'on n'y peut rire
que de la verité des chofes qu'on
y dit en reprenant les defauts des
Hommes . Ces fortes de chofes
ne peuvent rendre un Autheur
blâmable . Quand on fera voir
que de certains Courtifans font
gueux par leur faute , loin de s'en
fâcher,ils doivent remercier ceux
qui en leur faifant ouvrir les yeux ,
leur donnent moyen d'éviter leur
ruine entiere. Il eft fi vray qu'on
n'a pas eu deffein de choquer la
Cour dans cette Piéce , qu'apres
avoir donné dans un Acte un Por.
trait des Courtiſans qui vivent
GALANT. 321
1
dans le defordre, on en donne un
dans l'Acte qui fuit , entièrement
à l'avantage de la Cour. On s'eft
réché fur ce que dans cette Piéce
on avoit mis des Abb.z fur le
Théatre ; mais fi ceux qui critiquent
cet endroit , l'avoient bien
examiné , ils connoiftroient que
le Perfonnage qu'ils prennent
pour un Abbé , n'eft qu'un des
Ufurpateurs de ce Tître , qui s'en
fervent feulement afin d'eftre
mieux receus dans les Compagnies
; de forte qu'on ne peut
faire aucune comparaifon de ce
Perfonnage avec un veritable
Abbé. D'ailleurs quand c'en feroit
un , on ne pourroit alleguer
qu'il defigne particulierement
aucun Abbé , puis qu'il dit des
chofes genérales , & qui ne peu
322 MERCURE
"
vent eftre appliquées à une mef
me Perfonne. Cela fait voir
que
c'eft fort injuftement que l'on
impute à un Particulier ce qui en
regarde plus de cent . Il en eft de
mefme des Banquiers dont on
parle dans la Piéce. Il cft certain
que l'Autheur n'en a eu aucun
en veuë , mais feulement les vices
de leur Profeffion. Ceux qui prêtent
à ufure , peuvent ne fe pas
corriger pour cela , mais le Pu
blic fera du moins averty de
beaucoup de chofes qu'il doit
éviter à leur égard . Cette maniere
de corriger les vices a efté
trouvée fi utile de tout temps ,
que les Anciens fe fervoient de
Mafques femblables à ceux dont
ils vouloient faire voir les - defauts,
afin de les faire remarquer
GALANT. 323
au Public Il n'en eft pas de mê
me aujourd'huy ; & l'on n'attaque
à la Comédie que les vices,
& non pas les Hommes.
depuis un mois une
Tragédie intitulée Andronic. Cet
Ouvrage eft le charme de la Cour
& de Paris. Il tire des larmes des
plus infenfibles ; & l'ona rien vû
depuis long temps , qui ait eu un
auffi grand fuccés. La Comédie
de l'Ufurier , qu'on jouë alterGALANT.
319
nativement avec cette Piéce , n'a
pas efté traitée d'abord fi favorablement
, & plufieurs ont imité
le Marquis de la Critique de l'E .
cole des Femmes. C'eft le fort
des Piéces qui reprennent les vices,
d'eftre condamnées dans les
premieres Repréſentations. Le
chagrin de fe reconnoiftre dans
des Portraits genéraux , & de
s'accufer en fecret des defauts .
qu'on blâme , oblige ceux qui fe
les reprochent à eux -meſmes , à ›
décrier une Piéce , afin d'empêcher
qu'on ne la voye ; mais les
Gens finceres & de bon gouft,
rétabliffent dans la fuite ce que
ces Critiques intéreffez ont tâché
d'abatre . C'est ce qui ne
pouvoit manquer à l'Ufurier, puis
que la Piéce paffe pour bien
320 MERCURE
écrite , & bien conduire , & qu'on
Y rit depuis le commencement
jufques à la fin , fans qu'il y ait
ny fade plaifancerie , ny équivoque
dont la modeftie puiffe eftre
bleffée. Ainfi l'on n'y peut rire
que de la verité des chofes qu'on
y dit en reprenant les defauts des
Hommes . Ces fortes de chofes
ne peuvent rendre un Autheur
blâmable . Quand on fera voir
que de certains Courtifans font
gueux par leur faute , loin de s'en
fâcher,ils doivent remercier ceux
qui en leur faifant ouvrir les yeux ,
leur donnent moyen d'éviter leur
ruine entiere. Il eft fi vray qu'on
n'a pas eu deffein de choquer la
Cour dans cette Piéce , qu'apres
avoir donné dans un Acte un Por.
trait des Courtiſans qui vivent
GALANT. 321
1
dans le defordre, on en donne un
dans l'Acte qui fuit , entièrement
à l'avantage de la Cour. On s'eft
réché fur ce que dans cette Piéce
on avoit mis des Abb.z fur le
Théatre ; mais fi ceux qui critiquent
cet endroit , l'avoient bien
examiné , ils connoiftroient que
le Perfonnage qu'ils prennent
pour un Abbé , n'eft qu'un des
Ufurpateurs de ce Tître , qui s'en
fervent feulement afin d'eftre
mieux receus dans les Compagnies
; de forte qu'on ne peut
faire aucune comparaifon de ce
Perfonnage avec un veritable
Abbé. D'ailleurs quand c'en feroit
un , on ne pourroit alleguer
qu'il defigne particulierement
aucun Abbé , puis qu'il dit des
chofes genérales , & qui ne peu
322 MERCURE
"
vent eftre appliquées à une mef
me Perfonne. Cela fait voir
que
c'eft fort injuftement que l'on
impute à un Particulier ce qui en
regarde plus de cent . Il en eft de
mefme des Banquiers dont on
parle dans la Piéce. Il cft certain
que l'Autheur n'en a eu aucun
en veuë , mais feulement les vices
de leur Profeffion. Ceux qui prêtent
à ufure , peuvent ne fe pas
corriger pour cela , mais le Pu
blic fera du moins averty de
beaucoup de chofes qu'il doit
éviter à leur égard . Cette maniere
de corriger les vices a efté
trouvée fi utile de tout temps ,
que les Anciens fe fervoient de
Mafques femblables à ceux dont
ils vouloient faire voir les - defauts,
afin de les faire remarquer
GALANT. 323
au Public Il n'en eft pas de mê
me aujourd'huy ; & l'on n'attaque
à la Comédie que les vices,
& non pas les Hommes.
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Résumé : Comédies nouvelles, [titre d'après la table]
Les Comédiens Français jouent depuis un mois la tragédie 'Andronic', qui connaît un grand succès à la cour et à Paris. La comédie 'L'Ufurier', alternée avec 'Andronic', a d'abord été mal reçue, certains critiques la comparant à la critique de l'École des Femmes. Les pièces dénonçant les vices sont souvent mal accueillies lors des premières représentations, car les spectateurs se reconnaissent dans les portraits tracés. Cependant, les gens sincères et de bon goût finissent par rétablir la réputation de la pièce. 'L'Ufurier' est bien écrite et offre un rire constant sans recourir à des plaisanteries fades ou blessantes. Le rire provient de la vérité des choses reprochées aux hommes. La pièce ne vise pas à choquer la cour, alternant entre des portraits de courtisans vivant dans le désordre et des portraits flatteurs de la cour. Les critiques ont également reproché la présence d'abbés sur scène, mais le personnage en question est un usurpateur du titre. Les banquiers mentionnés ne sont pas visés individuellement, mais leurs vices professionnels sont mis en lumière pour avertir le public. Cette méthode de correction des vices est jugée utile et a été utilisée par les Anciens pour faire remarquer les défauts au public. Aujourd'hui, on attaque les vices et non les hommes à la comédie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 28-31
Opera & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Début :
Mr de Lully ayant esté les voir le matin de cette [...]
Mots clefs :
Opéra, Lully, Académie de musique, Représentation, Machines, Spectacle
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texteReconnaissance textuelle : Opera & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Me de Lully ayant effe
les voir le marin de certe
meſime journée , ils le prierent
de dîner avec eux, fi toſt
of qu'ils curent appris l'eſtime
dont le Roy Thonore , àcau
ſe de la beauté de ſon Genie
pour tout ce qui regarde la
Muſique. Ils fe rendirent à
l'Opera , & Mrde Lully les
receur à la porte de l'Acade-
#mie. Commeon reprefentoit
celuy d'Acis & de Galatée ,
dans lequel il n'y a point de
Machines , on leur ditpen-
1
Cij
28 SuiteduVoyage
adant
la repreſentation , Que
ces fortes de Spectacles estoient ordinairement
plus grands que celuy
qu'ils voyoient , parce que celuy-
là avoit eſté fait pour repreſenter
dans un lieu où il n'y avoit
point de Sale , & on leur expliqua
meſme la Feſte pour laquelle
ce Divertiſſement
voit eſté fait. Le premier
Ambaſſadeur dit , Quele Spe-
Etacle dont il eſtoit témoin , &ce
qu'on luy diſoit des autres Opera,
luy faisoit concevoir de grandes
chofes de ce qu'il ne voyoit pas,
s'il estoit vray pourtant que l'on
puſt rien faire de plus beau en ce
geureand. Il marqua pendant
ز
des Amb. de Siam. 29
٥٢٠
cecede
la repreſentation qu'il en
comprenoit le Sujet , & dit
tt des choſes fort galantes ladeſſus.
Ce qu'il dit à Madeto
moiſelle Rochoir , qui l'alla
mot voir aprés l'Opera à l'Hoſtel
oldes Ambaſſadeurs , fait bien
la connoiſtre qu'il l'avoit coma
pris. Il la fit affeoir , & luy
niet dit. Qu'ils ne pouvoientfaire trop
pt d'honneur à la Fille du Dieu de la
Mer , & qu'ils avoient beſoin
74, d'elle ,afin qu'elle calmaſt les flots
da à leur retour , & leurfistfaire une
Dah Navigation beureuſe.
les voir le marin de certe
meſime journée , ils le prierent
de dîner avec eux, fi toſt
of qu'ils curent appris l'eſtime
dont le Roy Thonore , àcau
ſe de la beauté de ſon Genie
pour tout ce qui regarde la
Muſique. Ils fe rendirent à
l'Opera , & Mrde Lully les
receur à la porte de l'Acade-
#mie. Commeon reprefentoit
celuy d'Acis & de Galatée ,
dans lequel il n'y a point de
Machines , on leur ditpen-
1
Cij
28 SuiteduVoyage
adant
la repreſentation , Que
ces fortes de Spectacles estoient ordinairement
plus grands que celuy
qu'ils voyoient , parce que celuy-
là avoit eſté fait pour repreſenter
dans un lieu où il n'y avoit
point de Sale , & on leur expliqua
meſme la Feſte pour laquelle
ce Divertiſſement
voit eſté fait. Le premier
Ambaſſadeur dit , Quele Spe-
Etacle dont il eſtoit témoin , &ce
qu'on luy diſoit des autres Opera,
luy faisoit concevoir de grandes
chofes de ce qu'il ne voyoit pas,
s'il estoit vray pourtant que l'on
puſt rien faire de plus beau en ce
geureand. Il marqua pendant
ز
des Amb. de Siam. 29
٥٢٠
cecede
la repreſentation qu'il en
comprenoit le Sujet , & dit
tt des choſes fort galantes ladeſſus.
Ce qu'il dit à Madeto
moiſelle Rochoir , qui l'alla
mot voir aprés l'Opera à l'Hoſtel
oldes Ambaſſadeurs , fait bien
la connoiſtre qu'il l'avoit coma
pris. Il la fit affeoir , & luy
niet dit. Qu'ils ne pouvoientfaire trop
pt d'honneur à la Fille du Dieu de la
Mer , & qu'ils avoient beſoin
74, d'elle ,afin qu'elle calmaſt les flots
da à leur retour , & leurfistfaire une
Dah Navigation beureuſe.
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Résumé : Opera & ce qu'ils en ont dit, [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam ont été invités à dîner et à assister à une représentation de l'œuvre 'Acis et Galatée' de Jean-Baptiste Lully à l'Opéra, en raison de l'estime que le roi Louis XIV portait à Lully. Lors de la représentation, ils découvrirent que ce spectacle était plus modeste que d'autres opéras, car il avait été conçu pour un lieu sans salle. Un des ambassadeurs exprima son admiration pour le spectacle et son intérêt pour d'autres opéras, imaginant leur grandeur. Il montra également qu'il comprenait le sujet de la représentation et fit des compliments élégants à ce sujet. Après l'Opéra, l'ambassadeur rencontra Mademoiselle Rochoir à leur hôtel et lui fit des compliments, la comparant à la fille du dieu de la mer et exprimant le besoin de sa protection pour leur retour en bateau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. [1]-9
LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE SECOND. POEME. Quel homme étoit le Sieur de la Rapiniere.
Début :
Ayant donc pris quelque repos, [...]
Mots clefs :
Sieur de la Rapinière, Humour, Comédie, Troupe de théâtre , Ville du Mans, Mésaventures , Improvisation, Costumes , Représentation, Tumulte
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texteReconnaissance textuelle : LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE SECOND. POEME. Quel homme étoit le Sieur de la Rapiniere.
LE ROMAN COMIQUE,
CHAPITRE SECOND.
.
POEM E.
Quel homme étoit le Sieur de la Rapiniere:
ADIO Yant donc pris quelque repos ,
A Je vais vous dire en peu
de mots
Que le sieur de la Rapiniere ,
Etoit le Rieur ordinaire
De la bonne Ville du Mans ;
L'on trouve partout de ces gens ,
C'ef
2 MERCURE DE FRANCE.
1
C'est une race trés- fertile ,
Il n'est point de petite Ville ,
Qui n'ait son Rieur importun
Et Paris n'en a pas pour un ;
Souvent le nombre en est extrême`,
Dans chaque quartier , & moi-même ,
Si j'avois voulu , l'on sçait bien ,
Que je le serois dans le mien ,
Mais depuis trop long-tems je gronde ,
Contre les vanitez du monde ,
Et c'eft un fort vilain métier
2
D'être le Rieur d'un quartier.
Revenons à la Rapiniere ,
Qui pour mieux entrer en matiere ,
Reprit la conversation ,
Que les coups et l'émotion ,
Avoient d'abord interrompuë ,
Dans le beau milieu de la ruë
Et s'adressant au sieur Destin ,?
'
" Qui décrotoit son Brodequin ,
Lui conta mainte baliverne ,
Et demanda si la Caverne ,´
Monsieur de la Rancune et lui ,
Dont il vouloit être l'appui ,
Pouvoient composer une Troupe ,
Et s'ils avoient le vent en poupe ;
Notre Troupe , répondit- il ,
En fronçant un peu le sourcil ,
Vaut
JANVIER. 1731.
Vaut bien , sans outrer la louange
Et celle du Prince d'Orange,
Et celle du Duc d'Epernon .
Nous ne manquons pas
de renom
*
Nous déclamons tous avec grace ;
Mais , hélas ! par une disgrace
Qui nous est arrivée à Tours
Je m'en ressouviendrai toujours ,
Car la récolte étoit fertile ,
Dans cette grande et belle,Ville ,
Ou notre étourdi de Portier ,
A mis à mort un Fuzelier ,
De l'Intendant de la Province ,
Sçachant l'Ordonnance du Prince
Chacun s'est enfui tout ému
2
Le pied droit chaussé , l'autre nu ,
Dans un assez triste équipage ,
Comme vous voyez , j'en enrage ;
Les Fuzeliers de l'Intendant ,
A la Fleche en on fait autant ,,
Dit le sieur de la Rapiniere ,
Ventrebleu , dit la Tripotiere ,,
Ces gens me causent des transports .
Que le diable soit dans leurs corps ,
Qu'après mainte et mainte nazarde
Le feu S. Antoine les arde.
Ils méritent ce châtiment ;
Quel terrible dérangement }
97
Au
1
4
MERCURE DE FRANCE.
Aujourd'hui par leur perfidie,
Nous n'aurons point la Comedie ;
Ah ! tout cela ne seroit rien ,
Répond le vieux Comédien ,
Ma peine seroit moins fatale ,
Si j'avois la clef d'une Male,
Où sont la plupart des habits ;
Je serais vraiment bien d'avis ,
De ne pas rester inutile ,
Pour plaire à Messieurs de la Ville ,
Trois ou quatre jours sans faço n ,
Avant de gagner Alençon ,
Où notre Troupe doit se rendre.
Comme on ne devoit pas s'attendre
A cette réponse , aussi - tôt ,
Le sieur Lieutenant de Prévôt ,
Offrit
gayement à la Caverne ,
Robbe qui n'étoit pas moderne ,
Puisque sa femme et ses enfans ,
S'en servoient depuis quatorze ans ;
De son côté la Tripotiere ,
Qui cherchoit à se satisfaire ,
Dit que chez elle on avoit mis ,
gage deux ou trois habits ,
Fort propres pour la Mascarade ,
Que Destin et son Camarade ,
Pouvoient aisément s'en saisir,
Que cela lui feroit plaisir ;
En
Mais
JANVIER.
1731.
Mais quelqu'un de la Compagnie',
Ajoûta que la Comedie ,
Seroit tout d'un coup
aux abois ,
N'étant pour cet effet que
trois ;
Oh oh ! s'écria la Rancune ,
L'avanture est assez commune
Sur les leçons de mon Ayeul ,
Je joue une Piece moi seul ,
Je puis faire sans grande peine ,'
En même-temps le Roi , la Reine ,
Aussi-bien que l'Ambassadeur ;
Je sçai tous les Rôies par coeur
Par exemple dans une Scene ,
Qui doit commencer par la Reine ,
Je garde un moment le tacet ,
Après quoi je parle en faucet ;
Pour l'Ambassadeur je nazonne ,
En me tournant vers ma Couroe ,
Que je mets sur un Tabouret ;
Cependant admirez ce trait :
Pour le Roi , sans aucun cortege ,
Je prens ma Couronne et mon Siege ,
Et grossissant un peu ma voix ,
Je
MERCURE DE FRANCE.
Je parle avec beaucoup de poids ,
Mais qu'ainsi ne soit pour vous plaire ,
Nous voulons bien vous satisfaire
Par un plat de notre métier ;
Messieurs contentez le Chartier ,
Avant qu'il aille à l'Ecurie ,
Et payez notre Hôtellerie J
*
Fournissez à chacun l'habit ,
Et nous joueront avant la nuit ;
Sur ma parole on m'en doit croire ,
Ou bien ma foi nous allons boire ,
Chacun quatre coups seulement ,
Puis reposer tranquilement ;
Car nous n'avons point de l'année
Fait une si grande journée.
Un tel parti si bien conçu ,
Unanimement fut reçû ,
Et le diable de Rapiniere ,
Malicieux à l'ordinaire ,
Dit que sans chercher au taudis ,
Il falloit prendre les habits ,
De deux jeunes gens de la Ville ,
Que la chose étoit fort facile ,
Parce
JANVIER. 1731 .
>
Farce que ces deux jeunes gens ,
Dans le Tripot joüeroient long-temps;
Que la Caverne pourroit faire ,
Avec son habit ordinaire ,
Tel personnage qu'on voudroit ,
Que partout elle passeroit ,
Soit dans une Piece tragique ,
Soit dans une Piece comique ;
Aussi-tôt dit , aussi-tôt fait
Les Comédiens en effet ,
Vuiderent bien vîte une pinte ,
La mesure parut succinte ,
Et s'emparant desdits habits ,
Ils furent bien- tôt travestis ;
L'Assemblée étant fort grossie ,
Par la meilleure Bourgeoisie ,
Prit place dans un Galetas ,
Dont le plancher étoit très-bas ;
On leva d'abord un drap sale ,
D'une maniere originale ,
Et l'on vit sur un matelas ,
Le Destin qui paroissoit las ,
Le Corbillon de quelque Nonne ,
Lui servoit alors de Couronne ,
Il n'avoit pas de quoi choisir ,
Donc il faloit bien s'en servir ;
Se frotant les yeux et l'oreille ,
Comme un homme qui se réveille ,
's MERCURE DE FRANCE.
Il fit un peu le rencheri ,
Et sur un ton de Mondori ,
Parce qu'il étoit à la mode ,
Récita le Rôle d'Herode ,
Qui commence par ces cinq mots ,
Ombre qui troubles mon repos.
Il déclama d'un grand courage ;
Et l'emplâtre de son visage ,
N'empêcha pas qu'on ne vît bien ,
Qu'il étoit bon Comedien ;
La Caverne fit à merveille ,
L'on n'avoit point vû sa pareille ,
Et tout le monde l'approuva ,
Dans les Rôles qu'elle joua ,
De Mariane et de Salome ;
La Rancune n'étoit pas homme ,
A ne point plaire au Spectateur ,
Aussi parut-il bon Acteur ,
En montrant beaucoup de noblesse ,
Dans plusieurs Rôles de la Piece ,
On alloit tirer le Rideau
Ce n'étoit pas la le moins beau ,
Quand le diable , qui rien n'oublie ,
Fit finir cette Tragedie ,
Non-pas par la cruelle mort ,
De Mariane qu'on plaint fort
Ni par les desespoirs d'Hérode ;
Mais si le sieur Scaron ne brode ,
Y
Ce
JANVIER.
1731 .
Ce fut par mille coups complets ,
Du poing , des pieds , sans les soufflets
Par des juremens effroyables ,
Que n'auroient pas fait tous les diables
Dans une telle occasion ,
Et par une information ,
Que fit le sieur la Rapiniere ,
Fort expert en cette matiere ,
Et plus sçavant que .... mais ,
hola !
Notre Chapitre finit là.
Par M. le Tellier d'Orvilliers , Lieutenant
General d'Epée à Vernon.
La suite pour les Mercures suivans.
CHAPITRE SECOND.
.
POEM E.
Quel homme étoit le Sieur de la Rapiniere:
ADIO Yant donc pris quelque repos ,
A Je vais vous dire en peu
de mots
Que le sieur de la Rapiniere ,
Etoit le Rieur ordinaire
De la bonne Ville du Mans ;
L'on trouve partout de ces gens ,
C'ef
2 MERCURE DE FRANCE.
1
C'est une race trés- fertile ,
Il n'est point de petite Ville ,
Qui n'ait son Rieur importun
Et Paris n'en a pas pour un ;
Souvent le nombre en est extrême`,
Dans chaque quartier , & moi-même ,
Si j'avois voulu , l'on sçait bien ,
Que je le serois dans le mien ,
Mais depuis trop long-tems je gronde ,
Contre les vanitez du monde ,
Et c'eft un fort vilain métier
2
D'être le Rieur d'un quartier.
Revenons à la Rapiniere ,
Qui pour mieux entrer en matiere ,
Reprit la conversation ,
Que les coups et l'émotion ,
Avoient d'abord interrompuë ,
Dans le beau milieu de la ruë
Et s'adressant au sieur Destin ,?
'
" Qui décrotoit son Brodequin ,
Lui conta mainte baliverne ,
Et demanda si la Caverne ,´
Monsieur de la Rancune et lui ,
Dont il vouloit être l'appui ,
Pouvoient composer une Troupe ,
Et s'ils avoient le vent en poupe ;
Notre Troupe , répondit- il ,
En fronçant un peu le sourcil ,
Vaut
JANVIER. 1731.
Vaut bien , sans outrer la louange
Et celle du Prince d'Orange,
Et celle du Duc d'Epernon .
Nous ne manquons pas
de renom
*
Nous déclamons tous avec grace ;
Mais , hélas ! par une disgrace
Qui nous est arrivée à Tours
Je m'en ressouviendrai toujours ,
Car la récolte étoit fertile ,
Dans cette grande et belle,Ville ,
Ou notre étourdi de Portier ,
A mis à mort un Fuzelier ,
De l'Intendant de la Province ,
Sçachant l'Ordonnance du Prince
Chacun s'est enfui tout ému
2
Le pied droit chaussé , l'autre nu ,
Dans un assez triste équipage ,
Comme vous voyez , j'en enrage ;
Les Fuzeliers de l'Intendant ,
A la Fleche en on fait autant ,,
Dit le sieur de la Rapiniere ,
Ventrebleu , dit la Tripotiere ,,
Ces gens me causent des transports .
Que le diable soit dans leurs corps ,
Qu'après mainte et mainte nazarde
Le feu S. Antoine les arde.
Ils méritent ce châtiment ;
Quel terrible dérangement }
97
Au
1
4
MERCURE DE FRANCE.
Aujourd'hui par leur perfidie,
Nous n'aurons point la Comedie ;
Ah ! tout cela ne seroit rien ,
Répond le vieux Comédien ,
Ma peine seroit moins fatale ,
Si j'avois la clef d'une Male,
Où sont la plupart des habits ;
Je serais vraiment bien d'avis ,
De ne pas rester inutile ,
Pour plaire à Messieurs de la Ville ,
Trois ou quatre jours sans faço n ,
Avant de gagner Alençon ,
Où notre Troupe doit se rendre.
Comme on ne devoit pas s'attendre
A cette réponse , aussi - tôt ,
Le sieur Lieutenant de Prévôt ,
Offrit
gayement à la Caverne ,
Robbe qui n'étoit pas moderne ,
Puisque sa femme et ses enfans ,
S'en servoient depuis quatorze ans ;
De son côté la Tripotiere ,
Qui cherchoit à se satisfaire ,
Dit que chez elle on avoit mis ,
gage deux ou trois habits ,
Fort propres pour la Mascarade ,
Que Destin et son Camarade ,
Pouvoient aisément s'en saisir,
Que cela lui feroit plaisir ;
En
Mais
JANVIER.
1731.
Mais quelqu'un de la Compagnie',
Ajoûta que la Comedie ,
Seroit tout d'un coup
aux abois ,
N'étant pour cet effet que
trois ;
Oh oh ! s'écria la Rancune ,
L'avanture est assez commune
Sur les leçons de mon Ayeul ,
Je joue une Piece moi seul ,
Je puis faire sans grande peine ,'
En même-temps le Roi , la Reine ,
Aussi-bien que l'Ambassadeur ;
Je sçai tous les Rôies par coeur
Par exemple dans une Scene ,
Qui doit commencer par la Reine ,
Je garde un moment le tacet ,
Après quoi je parle en faucet ;
Pour l'Ambassadeur je nazonne ,
En me tournant vers ma Couroe ,
Que je mets sur un Tabouret ;
Cependant admirez ce trait :
Pour le Roi , sans aucun cortege ,
Je prens ma Couronne et mon Siege ,
Et grossissant un peu ma voix ,
Je
MERCURE DE FRANCE.
Je parle avec beaucoup de poids ,
Mais qu'ainsi ne soit pour vous plaire ,
Nous voulons bien vous satisfaire
Par un plat de notre métier ;
Messieurs contentez le Chartier ,
Avant qu'il aille à l'Ecurie ,
Et payez notre Hôtellerie J
*
Fournissez à chacun l'habit ,
Et nous joueront avant la nuit ;
Sur ma parole on m'en doit croire ,
Ou bien ma foi nous allons boire ,
Chacun quatre coups seulement ,
Puis reposer tranquilement ;
Car nous n'avons point de l'année
Fait une si grande journée.
Un tel parti si bien conçu ,
Unanimement fut reçû ,
Et le diable de Rapiniere ,
Malicieux à l'ordinaire ,
Dit que sans chercher au taudis ,
Il falloit prendre les habits ,
De deux jeunes gens de la Ville ,
Que la chose étoit fort facile ,
Parce
JANVIER. 1731 .
>
Farce que ces deux jeunes gens ,
Dans le Tripot joüeroient long-temps;
Que la Caverne pourroit faire ,
Avec son habit ordinaire ,
Tel personnage qu'on voudroit ,
Que partout elle passeroit ,
Soit dans une Piece tragique ,
Soit dans une Piece comique ;
Aussi-tôt dit , aussi-tôt fait
Les Comédiens en effet ,
Vuiderent bien vîte une pinte ,
La mesure parut succinte ,
Et s'emparant desdits habits ,
Ils furent bien- tôt travestis ;
L'Assemblée étant fort grossie ,
Par la meilleure Bourgeoisie ,
Prit place dans un Galetas ,
Dont le plancher étoit très-bas ;
On leva d'abord un drap sale ,
D'une maniere originale ,
Et l'on vit sur un matelas ,
Le Destin qui paroissoit las ,
Le Corbillon de quelque Nonne ,
Lui servoit alors de Couronne ,
Il n'avoit pas de quoi choisir ,
Donc il faloit bien s'en servir ;
Se frotant les yeux et l'oreille ,
Comme un homme qui se réveille ,
's MERCURE DE FRANCE.
Il fit un peu le rencheri ,
Et sur un ton de Mondori ,
Parce qu'il étoit à la mode ,
Récita le Rôle d'Herode ,
Qui commence par ces cinq mots ,
Ombre qui troubles mon repos.
Il déclama d'un grand courage ;
Et l'emplâtre de son visage ,
N'empêcha pas qu'on ne vît bien ,
Qu'il étoit bon Comedien ;
La Caverne fit à merveille ,
L'on n'avoit point vû sa pareille ,
Et tout le monde l'approuva ,
Dans les Rôles qu'elle joua ,
De Mariane et de Salome ;
La Rancune n'étoit pas homme ,
A ne point plaire au Spectateur ,
Aussi parut-il bon Acteur ,
En montrant beaucoup de noblesse ,
Dans plusieurs Rôles de la Piece ,
On alloit tirer le Rideau
Ce n'étoit pas la le moins beau ,
Quand le diable , qui rien n'oublie ,
Fit finir cette Tragedie ,
Non-pas par la cruelle mort ,
De Mariane qu'on plaint fort
Ni par les desespoirs d'Hérode ;
Mais si le sieur Scaron ne brode ,
Y
Ce
JANVIER.
1731 .
Ce fut par mille coups complets ,
Du poing , des pieds , sans les soufflets
Par des juremens effroyables ,
Que n'auroient pas fait tous les diables
Dans une telle occasion ,
Et par une information ,
Que fit le sieur la Rapiniere ,
Fort expert en cette matiere ,
Et plus sçavant que .... mais ,
hola !
Notre Chapitre finit là.
Par M. le Tellier d'Orvilliers , Lieutenant
General d'Epée à Vernon.
La suite pour les Mercures suivans.
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Résumé : LE ROMAN COMIQUE, CHAPITRE SECOND. POEME. Quel homme étoit le Sieur de la Rapiniere.
Le texte extrait du 'Roman Comique' intitulé 'Quel homme étoit le Sieur de la Rapinière' présente le Sieur de la Rapinière comme le 'Rieur ordinaire' de la ville du Mans, une figure connue dans de nombreuses villes. Il fait partie d'une troupe de comédiens qui se retrouvent en difficulté après qu'un portier ait tué un Fuzelier à Tours, forçant les comédiens à fuir. La troupe, composée de la Rapinière, Destin, la Caverne, la Tripotiere et la Rancune, se trouve confrontée à un problème : ils manquent d'habits pour jouer. Ils décident alors d'emprunter les vêtements de deux jeunes gens de la ville pour se déguiser et monter une pièce devant une assemblée de bourgeois. La représentation commence, mais elle est interrompue par une bagarre déclenchée par le diable, mettant fin à la tragédie. Le chapitre se termine sans conclusion définitive, laissant la suite des événements à découvrir dans les prochains numéros du Mercure de France.
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4
p. 142-143
Le Chevalier à la mode, [titre d'après la table]
Début :
Les Comédiens François ont remis au Théâtre au commencement de [...]
Mots clefs :
Comédie, Théâtre, Acteurs, Représentation, Tragédie
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texteReconnaissance textuelle : Le Chevalier à la mode, [titre d'après la table]
LE
SPECTACLES.
Es Comédiens François ont remis
au Théatre au commencement de ce
mois , la Comédie en Prose et en cinq
Actes du Chevalier à la mode , que le Public
revoit avec beaucoup de plaisir ,
d'autant plus qu'elle est fort bien représentée.
Elle est d'ailleurs des meilleureset
des plus comiques du Theatre François
; feu M. de Saintion en est Auteur
aussi bien que des Bourgeoises à la mode ;.
mais ces deux Pieces n'ont jamais parû
sous son nom. Le S Quinaut y jouë le
principal Rôle. Ceux de Migand , de
Serrefort et de Crispin sont remplis par
les S Dangeville , Du Chemin et Poisson,
Ceux de Madame Patin , de sâ niece , de
la Barone et de la Suivante sont joués par
les Diles Lamote , Labat , Dangeville et
Dangeville la jeune.
Dans la nouveauté de cette Pièce , le
St de Villiers , Acteur Comique , dont:
le Theatre François ne perdra jamais le
souvenir , y joüoit le Rôle dù Chevalier..
Ceux de Madame Patin et de la Barone
étoient remplis par les Diles La Grange et
Durieux , deux Actrices d'un grand talent
JANVIER. 1731. 243
Ient pour ces sortes de Rôles chargés .
Le Jeudi 4. de ce mois , ils représenterent
à la Cour la Tragédie d'Absalon et
la petite Comédie du Medecin malgré lui.
Le 27. la Tragédie d'Amasis et la Serenade.
Le 30. le Chevalier à la mode et le
Cocher supposé.
Ils ont aussi remis la petite Comédie
du Balet Extravagant , de feu M. Palapra .
Le 17. de ce mois ils donnerent la quinziéme
Représentation de Brutus , de M. de
Voltaire, et le surlendemain ils remirent
au Théatre la Tragédie de Médée , de
feu M. de Longepierre , que le Public
revoit avec beaucoup de plaisir.La DeBalicourt
y joue le principal Rôle.
SPECTACLES.
Es Comédiens François ont remis
au Théatre au commencement de ce
mois , la Comédie en Prose et en cinq
Actes du Chevalier à la mode , que le Public
revoit avec beaucoup de plaisir ,
d'autant plus qu'elle est fort bien représentée.
Elle est d'ailleurs des meilleureset
des plus comiques du Theatre François
; feu M. de Saintion en est Auteur
aussi bien que des Bourgeoises à la mode ;.
mais ces deux Pieces n'ont jamais parû
sous son nom. Le S Quinaut y jouë le
principal Rôle. Ceux de Migand , de
Serrefort et de Crispin sont remplis par
les S Dangeville , Du Chemin et Poisson,
Ceux de Madame Patin , de sâ niece , de
la Barone et de la Suivante sont joués par
les Diles Lamote , Labat , Dangeville et
Dangeville la jeune.
Dans la nouveauté de cette Pièce , le
St de Villiers , Acteur Comique , dont:
le Theatre François ne perdra jamais le
souvenir , y joüoit le Rôle dù Chevalier..
Ceux de Madame Patin et de la Barone
étoient remplis par les Diles La Grange et
Durieux , deux Actrices d'un grand talent
JANVIER. 1731. 243
Ient pour ces sortes de Rôles chargés .
Le Jeudi 4. de ce mois , ils représenterent
à la Cour la Tragédie d'Absalon et
la petite Comédie du Medecin malgré lui.
Le 27. la Tragédie d'Amasis et la Serenade.
Le 30. le Chevalier à la mode et le
Cocher supposé.
Ils ont aussi remis la petite Comédie
du Balet Extravagant , de feu M. Palapra .
Le 17. de ce mois ils donnerent la quinziéme
Représentation de Brutus , de M. de
Voltaire, et le surlendemain ils remirent
au Théatre la Tragédie de Médée , de
feu M. de Longepierre , que le Public
revoit avec beaucoup de plaisir.La DeBalicourt
y joue le principal Rôle.
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Résumé : Le Chevalier à la mode, [titre d'après la table]
En janvier 1731, les comédiens français ont repris la comédie en prose et en cinq actes 'Le Chevalier à la mode' de M. de Saintion, qui a été bien accueillie par le public. Les rôles principaux étaient interprétés par Quinaut, Dangeville, Du Chemin, Poisson, Lamote, Labat, Dangeville et Dangeville la jeune. Le rôle du Chevalier était joué par l'acteur comique de Villiers. Le 4 janvier, les comédiens ont représenté à la cour la tragédie 'Absalon' et la comédie 'Le Médecin malgré lui'. Le 27 janvier, ils ont joué 'Amasis' et une sérénade, et le 30 janvier, 'Le Chevalier à la mode' et 'Le Cocher supposé'. Ils ont également repris 'Le Ballet Extravagant' de M. Palaprat. Le 17 janvier, ils ont donné la quinzième représentation de 'Brutus' de M. de Voltaire, et le 19 janvier, ils ont repris la tragédie 'Médée' de M. de Longepierre, avec Mme De Balicourt dans le rôle principal.
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5
p. 143-145
La Devineresse, Comédie, [titre d'après la table]
Début :
Le 19. ils remirent la Comédie de la Devineresse ou [...]
Mots clefs :
Comédie, Théâtre, Succès, Acteurs, Représentation, Donneau de Visé, Thomas Corneille, Mercure galant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : La Devineresse, Comédie, [titre d'après la table]
Le 19. ils remirent la Comédie de la
Devineresse ou Madame Jobin , dont les
Représentations attirerent beaucoup de
morde. Le principal Rôle est rempli par
Fa Dlle Dubreuil . Au mois de Février 1722 .
lors de la derniere reprise de cette Piece,
la Dlle Gautier , aujourd'hui Religieuse
Carmelite , à Lyon , joüoit ce Rôle . Les
autres de Dame Françoise , Mathurine , la
Comtesse d'Estragon , Mad Noblet , la
Marquise, Me du Buisson , Mad de Clerimont
, Mad de Troufignac , et la petite
Paysanne , sont jouez par le sieur d'Ange
ville, en femme; et par les Des Jouvenot ,
Labat , Balicour , du Fresne, du Baccage ,
G. vj
d'An144
MERCURE DE FRANCE.
·
d'Angeville , Lamotte et Dangeville la
jeune.Ceux de Duclos, Gosselin, Procureur
Fiscal , le Marquis, la Giraudiere, le Chevalier,
Gilet, M.deTroufignac,sont remplis par
les sieurs Armand , Berci , Quinaut, Montmenil
, du Breuil , Poisson , la Thorilliere fils.
Dans le Mercure Galant du mois de May
1710. on lit cet Article :
» Les Comédiens ayant fort pressé feu
» M. de Visé , Auteur du Mercure , de
>>mettre après la mort de la Dame Voisin,
>> tout ce qui s'étoit passé chez elle pen-
» dant sa vie , à l'occasion du métier dont
>> elle s'étoit mêlée ; il fit un grand nom-
» bre de Scenes qui auroient pû fournir
»de la matiere pour trois ou quatre Pie-
»ces , mais qui ne pouvoient former un
»sujet , parce qu'il étoit trop uniforme ,
» et qu'il ne s'agissoit que de gens qui al-
» loient demander leur bonne avanture, et
» faire des propositions qui la regardoients
>> máis toutes cesScenes ne pouvant former
>> le noeud d'une Comédie , parce que
» toutes ces personnes se fuyant et évitant
» de se parler , il étoit impossible de faire
» une liaison de Scenes , et que la Piece
» pût avoir un noud . M. de Visé donna
» les Scenes qu'il avoit faites à M. Cor-
»> neille,lequel en choisit un certain nom-
» bre avec lesquelles il composa un sujet
»dont le noeud parut des plus agréables ,
» et
JANVIER. 1731. T45
» et qui a été regardé comme un chef- ·
» doeuvre. Le succès de cette Piece a été
» un des plus grands.
>
La Devineresse , ou les faux Enchantemens
de Made Jobin , titre sous lequel
cette Piece étoit représentée sur le Théatre
de Guenegaud , dans sa nouveauté ,
le 19. Novembre 1679. fut joüće 48. fois
de suite sans intermission d'aucune autre
Piece. Les 18. premieres Représentations
furent jouées au double. En ce tems- là le
sieur Hubert remplissoit le Rôle de Mad.
Fobin. On sçait qu'il étoit inimitable dans
ces sortes de Personnages. Les Rôles de
Mad. Pernelle , Mad. Fourdain , Mad. de
Sottenville , Mad. d'Escarbagnas , &c. des
Pieces de Moliere , avoient été faits pour
lui.
Devineresse ou Madame Jobin , dont les
Représentations attirerent beaucoup de
morde. Le principal Rôle est rempli par
Fa Dlle Dubreuil . Au mois de Février 1722 .
lors de la derniere reprise de cette Piece,
la Dlle Gautier , aujourd'hui Religieuse
Carmelite , à Lyon , joüoit ce Rôle . Les
autres de Dame Françoise , Mathurine , la
Comtesse d'Estragon , Mad Noblet , la
Marquise, Me du Buisson , Mad de Clerimont
, Mad de Troufignac , et la petite
Paysanne , sont jouez par le sieur d'Ange
ville, en femme; et par les Des Jouvenot ,
Labat , Balicour , du Fresne, du Baccage ,
G. vj
d'An144
MERCURE DE FRANCE.
·
d'Angeville , Lamotte et Dangeville la
jeune.Ceux de Duclos, Gosselin, Procureur
Fiscal , le Marquis, la Giraudiere, le Chevalier,
Gilet, M.deTroufignac,sont remplis par
les sieurs Armand , Berci , Quinaut, Montmenil
, du Breuil , Poisson , la Thorilliere fils.
Dans le Mercure Galant du mois de May
1710. on lit cet Article :
» Les Comédiens ayant fort pressé feu
» M. de Visé , Auteur du Mercure , de
>>mettre après la mort de la Dame Voisin,
>> tout ce qui s'étoit passé chez elle pen-
» dant sa vie , à l'occasion du métier dont
>> elle s'étoit mêlée ; il fit un grand nom-
» bre de Scenes qui auroient pû fournir
»de la matiere pour trois ou quatre Pie-
»ces , mais qui ne pouvoient former un
»sujet , parce qu'il étoit trop uniforme ,
» et qu'il ne s'agissoit que de gens qui al-
» loient demander leur bonne avanture, et
» faire des propositions qui la regardoients
>> máis toutes cesScenes ne pouvant former
>> le noeud d'une Comédie , parce que
» toutes ces personnes se fuyant et évitant
» de se parler , il étoit impossible de faire
» une liaison de Scenes , et que la Piece
» pût avoir un noud . M. de Visé donna
» les Scenes qu'il avoit faites à M. Cor-
»> neille,lequel en choisit un certain nom-
» bre avec lesquelles il composa un sujet
»dont le noeud parut des plus agréables ,
» et
JANVIER. 1731. T45
» et qui a été regardé comme un chef- ·
» doeuvre. Le succès de cette Piece a été
» un des plus grands.
>
La Devineresse , ou les faux Enchantemens
de Made Jobin , titre sous lequel
cette Piece étoit représentée sur le Théatre
de Guenegaud , dans sa nouveauté ,
le 19. Novembre 1679. fut joüće 48. fois
de suite sans intermission d'aucune autre
Piece. Les 18. premieres Représentations
furent jouées au double. En ce tems- là le
sieur Hubert remplissoit le Rôle de Mad.
Fobin. On sçait qu'il étoit inimitable dans
ces sortes de Personnages. Les Rôles de
Mad. Pernelle , Mad. Fourdain , Mad. de
Sottenville , Mad. d'Escarbagnas , &c. des
Pieces de Moliere , avoient été faits pour
lui.
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Résumé : La Devineresse, Comédie, [titre d'après la table]
Le 19 novembre 1679, la pièce 'La Devineresse ou Madame Jobin' fut représentée pour la première fois au Théâtre de Guénégaud. Cette comédie attira beaucoup de monde grâce au rôle principal interprété par la demoiselle Dubreuil. En février 1722, lors de la dernière reprise, la demoiselle Gautier, devenue religieuse carmélite à Lyon, joua ce rôle. Les autres personnages furent interprétés par des acteurs tels que le sieur d'Angeville, Des Jouvenot, Labat, Balicour, du Fresne, du Baccage, Lamotte et Dangeville le jeune, ainsi que les sieurs Armand, Berci, Quinaut, Montmenil, du Breuil, Poisson et la Thorilliere fils. En 1710, le Mercure Galant mentionna que les comédiens avaient demandé à M. de Visé d'écrire des scènes basées sur la vie de la Dame Voisin. Ces scènes furent transmises à M. Corneille, qui en composa la pièce 'La Devineresse, ou les faux Enchantements de Madame Jobin', jouée 48 fois consécutivement. Le rôle de Madame Jobin était interprété par le sieur Hubert.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 339-340
« Le Samedi 10. de ce mois, les Comédiens François donnerent [...] »
Début :
Le Samedi 10. de ce mois, les Comédiens François donnerent [...]
Mots clefs :
Représentation, Comédie, Tragédie, Comédiens-Français
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Samedi 10. de ce mois, les Comédiens François donnerent [...] »
Ldiens François donnerent la premiere
Représentation de la Comédie de l'Effet
de la Prévention , en un Acte , en Prose ,.
avec un Divertissement à la fin . Elle n'a
pas été rejoüée.
Lc
340 MERCURE DE FRANCE.
Le 13. ils représenterent à la Cour la
Tragédie d'Ariane et la petite Comédie
du Balet Extravagant. La Dlle La Traverse
joüa le principal Rôle dans la Tragédie ,
et y fut fort applaudie , ainsi que dans
celui de Roxane , dans Bajazet qu'on joiia
le 20. Cette Actrice , petite- fille du feu
sieur Baron , a été reçue sur le pied de
demi-part.
Les mêmes Comédiens joüerent aussi à
la Cour le 15. la Comédie du Médisant
et leMariage forcé. Le 22. la Devineresse , et
le 27. Mědée et le Bon Soldat.
Représentation de la Comédie de l'Effet
de la Prévention , en un Acte , en Prose ,.
avec un Divertissement à la fin . Elle n'a
pas été rejoüée.
Lc
340 MERCURE DE FRANCE.
Le 13. ils représenterent à la Cour la
Tragédie d'Ariane et la petite Comédie
du Balet Extravagant. La Dlle La Traverse
joüa le principal Rôle dans la Tragédie ,
et y fut fort applaudie , ainsi que dans
celui de Roxane , dans Bajazet qu'on joiia
le 20. Cette Actrice , petite- fille du feu
sieur Baron , a été reçue sur le pied de
demi-part.
Les mêmes Comédiens joüerent aussi à
la Cour le 15. la Comédie du Médisant
et leMariage forcé. Le 22. la Devineresse , et
le 27. Mědée et le Bon Soldat.
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Résumé : « Le Samedi 10. de ce mois, les Comédiens François donnerent [...] »
Le texte décrit des représentations théâtrales à la cour par des comédiens français. Le 13, ils jouèrent 'Ariane' et 'Le Balet Extravagant'. La Traverse interpréta Ariane et Roxane dans 'Bajazet' le 20. D'autres pièces comme 'Le Médisant', 'Le Mariage forcé', 'La Devineresse', 'Médée' et 'Le Bon Soldat' furent également représentées. 'La Comédie de l'Effet de la Prévention' fut jouée une seule fois avec un divertissement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 342-357
Bolus, Parodie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
Début :
Le 17. Le Naufrage, et Bolus, Parodie de la nouvelle [...]
Mots clefs :
Tragédie, Parodie, Médecins, Brutus , Représentation, Scène, Discours, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bolus, Parodie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
Le 17.Le Naufrage , et Bolus, Parodie de
la nouvelle Tragedie de Brutus, qu'ils donnerent
pour la premiere fois , et dont
les Sieurs Dominique et Romagnesi sont
les Auteurs .
La Scene est dans l'Ecole de Medecine.
Les Medecins y sont assemblez : Bolus
leur addresse la parole , en commençant
par ces vers : IllusFEVRIER.
1731. 343
Illustres Médecins , dont les divines Loix ,
Disposent du salut des Peuples et des Rois.
Notre ennemi , continue - t - il , commence
à nous connoître , et Tufquin nous
envoye un Frater pour traiter avec nous.
La Sonde , député des Chirurgiens , s'avance ;
Comme un Ambassadeur , il demande Audiance.
Il est dans l'Anti-Chambre à croquer le marmot
,.
Voulez-vous lui parler , ou ne lui dire mot ?
Coclicola répond que puisqu'il se porte
bien , il ne faut point l'entendre .
Tel est mon sentiment , et notre auguste corps ;
Ne voit ses ennemis que malades ou morts.
La cure que votre fils a faite , ajoute-t - il , ap.
prend à ces mutins ,
Qu'ils doivent se restraindre au travail de leurs
mains.
Cependant entraînez par d'extrêmes licences ,
Ils saignoient malgré nous , faisoient des or
donnances.
Enfin il conclut qu'il ne faut point lui
parler ; mais Bolus n'est pas du même
sentiment , et continue ainsi :
La
$ 44 MERCURE DE FRANCE.
La Sonde croit peut-être aux enfans d'Hypocrate
,
Inspirer la pitié , mais en vain il s'en flate ;
Nous avons tous juré de n'en jamais avoir.
Docteurs , c'est pour cela qu'il le faut recévoir.
Qu'il vienne contempler nos superbes Hermines,
Et qu'il tremble à l'aspect de nos augustes mines.
Coclicola approuve l'avis de Bolus , et
ordonne aux Bedeaux d'introduire la Sonde
, par ces deux vers :
Bedeaux , qu'on l'introduise , et par trois révé
rences ,
Qu'il marque le respect qu'il doit à nos presen
ces
La Sonde , Gascon , accompagné par
les Bédéaux , entre avec Syrop , se place
surun Tabouret , et commence ainsi :
Sçavante Faculté , qu'il m'est doux d'être admis
,
Dans ce Cercle fameux de sages ennemis !
Il vient , dit - il , de la part de Tusquin
pour leur offrir la paix ; par où , continue-
t-il.
Mon Maître Tusquin , a- t-il merité
cette fureur extrême ; et qui peut le dépoüiller
de ses droits ?
Luiz
FEVRIER . 1731 .
345.
Lui-même , répond Bolus.
S'il ne s'en fut tenu qu'à l'opération ,
Il n'auroit point perdu notre protection.
La Sonde.
Orgueilleux Medecins , qu'elle est votre manie
N'ose-t-on s'affranchir de votre tyrannie ?
Un malade à nos soins , n'ose-t-il recourir ?
N'est- il permis qu'à vous de le faire mourir a
Bolus.
Ouy-, nous faisons valoir les droits de nos an
cêtres ,
Et vos pareils sont nez pour servir sous des
Maîtres .
Voicy le serment que fait Bolus , et
qu'il adresse à Esculape.
L
Si jamais parmi nous il se trouvoit un traître ;
Qui regretta Tusquin , qui pût le reconnoître ,
Que le perfide meure au milieu des tourmens .
Et que son corps privé de nos médicamens ,
Languisse sans secours, et qu'au lieu d'Emétique,
De la Pierre infernale , on lui fasse un Topique.
t
Tous les Medecins se levent et jurent
sur un grand Livre;ce qui oblige la Sonde
de faire cet autre serment.
G Et
346 MERCURE DE FRANCE
Et moi sur ces Lancettes ,
Instrumens bien plus sûrs , sandis , que vos re
cettes ,
Je vous jure la guerre , au nom du grand Tusquin
,
Comme vous la jurez à tout le genre humain,
13
Bolus finit la Scene déliberative par ces
vers.:
Allons , plus longs discours rendroient la Scene
fade ;
lieu , vous avez fait une belle ambassade !
yous , Docteurs , suivez - moi , c'en est assez ♦
partons :
S'addressant à la Sonde.
Vous devriez sortir , et c'est nous qui sortons.
La Sonde reste avec Syrop , il lui demande
si Massacra osera venir chez Bolus
, et le prie de lui en faire le portrait,
Syrop après avoir exposé son mauvais caractere
, finit par ces vers :
Incrédule à la fois , et sur la Pharmacie
Et sur la Médecine , et sur la Chirurgie ;
Il les détruit , les sert sans aucun fondement ,
C'est un Pirrhonien anté sur un Normant,
Massacra arrive ; la Sonde lui dit qu'il
a pû sien gagner sur l'esprit des Médedecins
;
FEVRIER. 1731
347
decins la Sonde lui demande s'il connoît
quelqu'un qui voulut servir Tusquin , et
conspirer contre les Médecins. Massacra
répond que peu sont de cet avis .
Les esprits prévenus
Des Médecins encor ne sont pas revenus.
Il en est cependant dont la masle constance ,
Brave des Médecins la frivole assistance ,
Et meurent en Héros sans attendre leurs coups
Comptez sur leur appui , ces gens- là sont à vous.
De quel oeil , ajoute la Sonde , Tutie
voit- il l'injustice que les Médecins lui
font , en lui refusant le Bonnet de Docteur;
il est , répond Massacra , tout plein
de cette injure , et adore Tutie , la fille de
Tusquin. Que ne me le disiez -vous d'abord
, répond la Sonde , vous auriez épargné
des Portraits inutiles. Il envoye Syrop
versTusquin, et ils entrent tous deux chez
Tutie, pour tâcher de s'éclaircir et pour
pénétrer les secrets de son coeur.
Tutie apprend à Claudine sa suivante ,
qu'elle va bien-tôt partir , et que son pere
l'a fait revenir pourlui donner un Epoux.
A la sixième Scene , Tetu entre ; Tutie
veut le fuir , mais elle ne peut s'y résoudre.
Puis-je esperer , lui dit Tetu , que vous
recevrez sans colere l'ennemi de M. votr
Gij pere ;
348 MERCURE DE FRANCE
pere ; vous allez partir , je viens vous dire
adien.
Un grand Operateur deviendra votre Epoux ;
C'est le seul Charlatan dont mon coeur soit jaloux
,
Le seul dans l'Univers digne de mon envie,
Tutie.
Cache bien ton amour , malheureuse Tutie !
Sortons , où suis- je ?
Tetu.
Helas , où vais-je m'emporter a
Vous partez , et je viens ici vous en conter !
J'ai perdu l'heureux tems où je devois vous faire
Un aveu qui devient aujourd'hui temeraire.
Avant tout ce procès , imbécile Tetu ,
Tu ne lui disois rien ; à quoi t'amusois-tu ? &c .
Tutie.
Vous attendiez , Monsieur , pour me parler d'amour
Que de mon hymenée on eut marqué le jour.
Elle s'en va,cn lui disant qu'il manque
de respect à son futur Epoux . Tetu reste
desesperé.
Massacra arrive , qui le voyant dans
l'agitation , lui dit qu'il connoît aisément
la cause de son chagrin. L'injuste Faculté
vous refuse le grand nom de Docteur ,
parce-
་
FEVRIER. 1731. 349
parceque vous n'avez pas l'âge , et c'est ,
sans doute , ce refus injurieux qui fait naî
trevotre desespoir.
Ah ! ce n'est pas , répond Tetu , ce qui
me désole le plus , c'est la perte
de Tutie que
l'on m'enleve , et pour qui on a choisi un
Epoux. Ma foi , lui dit Massacra , sij'étois
en votre place j'épouserois Tutie , malgré
les Medecins qui s'y opposent.
Jeser virois Tusquin , même tout au plutôt.
Tetu.
Que dis-tu ? ce conseil est d'un fieffé maraut.
Vous ignorez aparemment , reprend
Massacra , que votre frere est déjà dans
notre parti.
Tutie.
A trahir son devoir il auroit consenti !
Mais la Soude paroît ; adieu , je me retire ,
Autre fripon , qui vient encor pour me séduire :
Evitons les discours d'un fourbe mal adroit
Passons à l'interêt , si tant est qu'il en soit.
>
La Sonde présente une Lettre à Tutie
de la part de Tusquin . N'est- ce point une
attrape , dit Tutie : voici ce que contient
sa lettre
Je ne veux point troubler les jours de votre vie,
G iij
Si
350 MERCURE DE FRANCE
Si vous aimez Tetu , j'en ferai votre Epoux ;
Mais à condition que de la Chirurgie
Il soutienne les droits , et s'unisse avec nous.
Tutie reste avec Claudine , et lui dit
avec empressement d'aller chercher Tetu
, qu'elle veut absolument lui parler.
Claudine rentre ; Tutie reste , et dit les
mêmes Vers qui sont dans la Tragédie .
Toi que je puis aimer , quand pourrai- je t'apprendre
Ce changement du sort où nous n'osions préten
dre !
Quand pourrai-je avec toi , libre dans mes transports
,
T'entendre , t'adorer , te parler sans remords ...
Mettons dans nos discours un peu de modestie ,
Ils ne peuvent passer que dans la Tragédie ,.
Qu'importe , puisqu'enfin ce sont ses propres
mots ;
Je fais la délicate ici mal à propos.
Tetu entre avec précipitation , et com
mence par ces Vers d'Oreste à Hermione ,
qui sont à peu près les mêmes dans la
Tragédie de Brutus .
Ah! Madame , est - il vrai qu'une fois
Je puisse en vous cherchant obéir à vos loix ?
Avez- vous,en effet , souhaité ma personne ¡
Tutie.
FEVRIER.
1731. 3fr
+
Tutie.
Vous me prenez sans doute , ici pour Her
mione ,
,
Et pour parler ainsi que vous vous exprimez.
Hé bien :
Tetu.
Tutie.
Je veux sçavoir , Seigneur , si vous m'aimez.
Tout vous en assure , lui répond tendrement
Tetu , mon sort est en vos mains.
Le mien dépend de vous , réprend Tutie :
Par cet heureux billet nos maux sont appaisés,
Seigneur , sçavez - vous lire ?
Tetu.
Oui , Madame.
Tutie.
Lisez.
Tetu prend la Lettre , et en la lisant
change de visage : vous trouvez -vous mal ,
s'écrie Tutie :
Tetu.
Non , je me porte bien :
Et puis vous épouser ; mais je n'en ferai rien.
G iiij
Tutie.
352 MERCURE DE FRANCE
Tutie .
D'un autre que de vous je serai donc la femme >
Et je vais epouser ...
Tetu.
Non , s'il vous plaît , Madame ;
Et je mourrai plutôt qu'un autre ait votre foi.
Tutie.
Que prétendez -vous donc , Monsieur , faire de
moi?
Je veux , répond Tetu , que vous deveniez
la fille de Bolus. Non , si tu veux
m'obtenir pour ta femme , ajoûte Tutie ,
il faut que tu te déclares en faveur de
Tusquin , ou tu me vas voir expirer à tes
yeux. Ah ! pour le coup ,
c'en est trop
me voilà rendu , réplique Tetu ,
Je ne le cache point , ce noir projet me choque:
La vertu le deffend ; mais mon amour s'en mocque.
Tutie sort ; Tetu reste , et ordonne
qu'on fasse venir Massacra , qui arrive sur
le champ. Tetu le prie de servir la fureur
d'un malheureux Amant : j'ai tout prévû,
répond Massacra , j'ai fait une cabale dans
un Cabaret qu'on nomme la Porte Royale :
Tusquin nous y attend , ne perdons point
des momen's précieux. Lors qu'ils veulent.
partir
FEVRIER. 1731. 3.5.3
partir , Bolus arrive ; il dit à son fils de
se préparer à guerir un malade en danger
, qui loge à la Porte Royale , que certain
Chirurgien doit traiter cette nuit :
ravis lui , continuë- t'il , cet avantage.
En un mot , qu'il guerisse ou qu'il perde la vie;
Quoiqu'il puisse arriver , tu feras mon envie.
;
Tetu ne peut cacher son trouble ; dans
le moment arrive Coclicola , qui prie
Bolus de les faire retirer . Tetu sort avec
Massacra Coclicola apprend à Bolus que
de rebelles enfans de la Faculté conspirent
;aussi-tôt on vient dire à Bolus qu'un
Apoticaire le demande ; Bolus renvoye
Coclicola , et le charge de s'informer des
Conjurés et de venir incessament l'en
éclaircir.
>
Scene 18. M. Fleurant vient , et dit à
Bolus :
Enfin j'ai découvert cette ligue fatale
Ils étoient rassemblés à la Porte Royale :
J'ai conduit avec moi vos fideles bedeaux
Qui portoient des bâtons en guise de faisceaux.
Fapperçois Massacrá , mon zele me transporte
Je le fais entourer soudain par mon escorte
Ne pouvant plus cacher sa noire trahison ,
Il fouille dans sa poche , il en tire un poison ,
Poison qu'à vous , Docteurs , il destinoit peut -être
་ ་ EF
354 MERCURE DE FRANCE.
Et meurt en Medecin , quoiqu'indigne de l'être.
Ah ! quand nous connoîtrons les Auteurs
de cette sédition , il faudra , die
Bolus , les en punir , selon notre serment;
puis s'adressant à Fleurant.
O toi , dont l'ignorance et l'aveugle Destin ,
Au lieu d'un Clistorel , dût faire un Medecin ,
Sois-le , prens ce Bonnet , que ta tête le porte,
Fleurant.
Je ne sçais pas un mot de Latin.
Bolus.
Et qu'importe ?
Coclicola vient avec empressement
présenter des Tablettes à Bolus , où les
noms des conjurez sont écrits . Il lit le
nom de Viperinus , son fils ; ensuite celui
de Tetu ; il témoigne sa douleur et
dit ensuite que cela ne peut être ; bon
répond Coclicola , il est sur la Liste que
Rhubarbus a trouvée chez Massacra ; čela
ne prouve rien , répond Bolus , on peut
par malice avoir écrit son nom ; écoutez
Pautre indice , dit Coclicola.
Sans armes on l'a vû seul qui se promenoit ,
Et qui ne parloit point , le fait est clair et net .
Voilà une plaisante preuve , dit Bolus ;
et
FEVRIER. 1731. 355
et Tutie , qu'est-elle devenue ? Voulezvous
, répond Coclicola , qu'elle vienne
se tuer ici , ou que je vous fasse un récit
de sa mort ; ni l'un ni l'autre , lui dit
Bolus ; mais faites venir mon fils , je veux
l'interroger. Puis s'adressant aux Medecins
, Messieurs , il n'est pas nécessaire
que vous soyez presens à ce que je vais
faire ici.
Adieu , retirez-vous , vos rôles sont remplis ,
Je vous suis obligé de tous vos bons avis.
Bolus reste seul , Coclicola rentre ,, après
avoir annoncé à Bolus que la volonté des
Medecins est qu'il prononce sur son fils ;
ils me font bien de l'honneur , reprend
Bolus ; cependant je doute de son crime ;
tous les conjurez l'accusent , ajoûte Coclicolas
cependant quand on l'a pris , il
étoit desarmé , et ne songeoit à rien , dit
Bolus , je le crois innocent ; cela pouroit
bien être , répond Coclicola , mais le voici
lui - même .
Tetu veut se jetter aux genoux
de son
pere , mais il l'arrête. Tu devrois , lui
dit-il , traiter cette nuit avec Tusquin ,
qu'avois-tu résolu ? je n'ai résolu rien , répond
Tétu .
Bolus.
Un tel discours renferme un sens impenetrable ,
G vj n'ayant
38 MERCURE DE FRANCE
N'ayant résolu rien , tu n'es donc pas coupable.
Si je n'ai plus de fils , tu n'es pas innocent ?
Ergo , ... ceci pour moi devient embarrassant.
Hé bien , voici le fait , répond Tétu ;
Massacra et la Sonde , par leurs mauvais
discours , secondant les transports de Tu
tie, m'ont débauché pour un seul moment.
Disposez de ma vie ;
A de vains préjugez Tétu la sacrific.
Honorez-moi , continuë t'il , de vos em
brassemens.
Bolus.
Pour te les refuser , serois - je assez barbare ...
Qu'on mene de ce pas mon fils à saint Lazare.
Bolus , seul.
Ah !puisqu'on me dictoit un Arrêt si cruel ,
On devoit rendre , au moins , mon fils plus cri
minel.
Coclicola s'avance , Bolus lui dit qu'on
ne voit que lui , et lui demande s'il vient
de la part des Medecins pour le complimenter
? Non , reprend-il , c'est pour
vous garroter,
La sage Faculté , pour de bonnes raisons ,
Yous envoye à l'instant aux petites Maisons.
Bolus.
FEVRIER. 1731. 35T
Bolus
Aux petites Maisons !
Rendons
Coclicola.
Oui , vous dis -je , et pour cause.
Bolus,
graces aux Dieux !
Coclicola.
C'est bien prendre la chose.
Le 22. les mêmes Comédiens donnerent
la premiere Représentation d'Arlequin
Phaeton , Piece en un Acte , mêlée
de Vaudevilles et de Divertissemens; c'est
la Parodie de l'Opera qu'on joue actuel
lement , composée par les S" Dominique
et Romagnesi , dont on parlera plus au
long , ayant été reçue très favorablement
du Public.
la nouvelle Tragedie de Brutus, qu'ils donnerent
pour la premiere fois , et dont
les Sieurs Dominique et Romagnesi sont
les Auteurs .
La Scene est dans l'Ecole de Medecine.
Les Medecins y sont assemblez : Bolus
leur addresse la parole , en commençant
par ces vers : IllusFEVRIER.
1731. 343
Illustres Médecins , dont les divines Loix ,
Disposent du salut des Peuples et des Rois.
Notre ennemi , continue - t - il , commence
à nous connoître , et Tufquin nous
envoye un Frater pour traiter avec nous.
La Sonde , député des Chirurgiens , s'avance ;
Comme un Ambassadeur , il demande Audiance.
Il est dans l'Anti-Chambre à croquer le marmot
,.
Voulez-vous lui parler , ou ne lui dire mot ?
Coclicola répond que puisqu'il se porte
bien , il ne faut point l'entendre .
Tel est mon sentiment , et notre auguste corps ;
Ne voit ses ennemis que malades ou morts.
La cure que votre fils a faite , ajoute-t - il , ap.
prend à ces mutins ,
Qu'ils doivent se restraindre au travail de leurs
mains.
Cependant entraînez par d'extrêmes licences ,
Ils saignoient malgré nous , faisoient des or
donnances.
Enfin il conclut qu'il ne faut point lui
parler ; mais Bolus n'est pas du même
sentiment , et continue ainsi :
La
$ 44 MERCURE DE FRANCE.
La Sonde croit peut-être aux enfans d'Hypocrate
,
Inspirer la pitié , mais en vain il s'en flate ;
Nous avons tous juré de n'en jamais avoir.
Docteurs , c'est pour cela qu'il le faut recévoir.
Qu'il vienne contempler nos superbes Hermines,
Et qu'il tremble à l'aspect de nos augustes mines.
Coclicola approuve l'avis de Bolus , et
ordonne aux Bedeaux d'introduire la Sonde
, par ces deux vers :
Bedeaux , qu'on l'introduise , et par trois révé
rences ,
Qu'il marque le respect qu'il doit à nos presen
ces
La Sonde , Gascon , accompagné par
les Bédéaux , entre avec Syrop , se place
surun Tabouret , et commence ainsi :
Sçavante Faculté , qu'il m'est doux d'être admis
,
Dans ce Cercle fameux de sages ennemis !
Il vient , dit - il , de la part de Tusquin
pour leur offrir la paix ; par où , continue-
t-il.
Mon Maître Tusquin , a- t-il merité
cette fureur extrême ; et qui peut le dépoüiller
de ses droits ?
Luiz
FEVRIER . 1731 .
345.
Lui-même , répond Bolus.
S'il ne s'en fut tenu qu'à l'opération ,
Il n'auroit point perdu notre protection.
La Sonde.
Orgueilleux Medecins , qu'elle est votre manie
N'ose-t-on s'affranchir de votre tyrannie ?
Un malade à nos soins , n'ose-t-il recourir ?
N'est- il permis qu'à vous de le faire mourir a
Bolus.
Ouy-, nous faisons valoir les droits de nos an
cêtres ,
Et vos pareils sont nez pour servir sous des
Maîtres .
Voicy le serment que fait Bolus , et
qu'il adresse à Esculape.
L
Si jamais parmi nous il se trouvoit un traître ;
Qui regretta Tusquin , qui pût le reconnoître ,
Que le perfide meure au milieu des tourmens .
Et que son corps privé de nos médicamens ,
Languisse sans secours, et qu'au lieu d'Emétique,
De la Pierre infernale , on lui fasse un Topique.
t
Tous les Medecins se levent et jurent
sur un grand Livre;ce qui oblige la Sonde
de faire cet autre serment.
G Et
346 MERCURE DE FRANCE
Et moi sur ces Lancettes ,
Instrumens bien plus sûrs , sandis , que vos re
cettes ,
Je vous jure la guerre , au nom du grand Tusquin
,
Comme vous la jurez à tout le genre humain,
13
Bolus finit la Scene déliberative par ces
vers.:
Allons , plus longs discours rendroient la Scene
fade ;
lieu , vous avez fait une belle ambassade !
yous , Docteurs , suivez - moi , c'en est assez ♦
partons :
S'addressant à la Sonde.
Vous devriez sortir , et c'est nous qui sortons.
La Sonde reste avec Syrop , il lui demande
si Massacra osera venir chez Bolus
, et le prie de lui en faire le portrait,
Syrop après avoir exposé son mauvais caractere
, finit par ces vers :
Incrédule à la fois , et sur la Pharmacie
Et sur la Médecine , et sur la Chirurgie ;
Il les détruit , les sert sans aucun fondement ,
C'est un Pirrhonien anté sur un Normant,
Massacra arrive ; la Sonde lui dit qu'il
a pû sien gagner sur l'esprit des Médedecins
;
FEVRIER. 1731
347
decins la Sonde lui demande s'il connoît
quelqu'un qui voulut servir Tusquin , et
conspirer contre les Médecins. Massacra
répond que peu sont de cet avis .
Les esprits prévenus
Des Médecins encor ne sont pas revenus.
Il en est cependant dont la masle constance ,
Brave des Médecins la frivole assistance ,
Et meurent en Héros sans attendre leurs coups
Comptez sur leur appui , ces gens- là sont à vous.
De quel oeil , ajoute la Sonde , Tutie
voit- il l'injustice que les Médecins lui
font , en lui refusant le Bonnet de Docteur;
il est , répond Massacra , tout plein
de cette injure , et adore Tutie , la fille de
Tusquin. Que ne me le disiez -vous d'abord
, répond la Sonde , vous auriez épargné
des Portraits inutiles. Il envoye Syrop
versTusquin, et ils entrent tous deux chez
Tutie, pour tâcher de s'éclaircir et pour
pénétrer les secrets de son coeur.
Tutie apprend à Claudine sa suivante ,
qu'elle va bien-tôt partir , et que son pere
l'a fait revenir pourlui donner un Epoux.
A la sixième Scene , Tetu entre ; Tutie
veut le fuir , mais elle ne peut s'y résoudre.
Puis-je esperer , lui dit Tetu , que vous
recevrez sans colere l'ennemi de M. votr
Gij pere ;
348 MERCURE DE FRANCE
pere ; vous allez partir , je viens vous dire
adien.
Un grand Operateur deviendra votre Epoux ;
C'est le seul Charlatan dont mon coeur soit jaloux
,
Le seul dans l'Univers digne de mon envie,
Tutie.
Cache bien ton amour , malheureuse Tutie !
Sortons , où suis- je ?
Tetu.
Helas , où vais-je m'emporter a
Vous partez , et je viens ici vous en conter !
J'ai perdu l'heureux tems où je devois vous faire
Un aveu qui devient aujourd'hui temeraire.
Avant tout ce procès , imbécile Tetu ,
Tu ne lui disois rien ; à quoi t'amusois-tu ? &c .
Tutie.
Vous attendiez , Monsieur , pour me parler d'amour
Que de mon hymenée on eut marqué le jour.
Elle s'en va,cn lui disant qu'il manque
de respect à son futur Epoux . Tetu reste
desesperé.
Massacra arrive , qui le voyant dans
l'agitation , lui dit qu'il connoît aisément
la cause de son chagrin. L'injuste Faculté
vous refuse le grand nom de Docteur ,
parce-
་
FEVRIER. 1731. 349
parceque vous n'avez pas l'âge , et c'est ,
sans doute , ce refus injurieux qui fait naî
trevotre desespoir.
Ah ! ce n'est pas , répond Tetu , ce qui
me désole le plus , c'est la perte
de Tutie que
l'on m'enleve , et pour qui on a choisi un
Epoux. Ma foi , lui dit Massacra , sij'étois
en votre place j'épouserois Tutie , malgré
les Medecins qui s'y opposent.
Jeser virois Tusquin , même tout au plutôt.
Tetu.
Que dis-tu ? ce conseil est d'un fieffé maraut.
Vous ignorez aparemment , reprend
Massacra , que votre frere est déjà dans
notre parti.
Tutie.
A trahir son devoir il auroit consenti !
Mais la Soude paroît ; adieu , je me retire ,
Autre fripon , qui vient encor pour me séduire :
Evitons les discours d'un fourbe mal adroit
Passons à l'interêt , si tant est qu'il en soit.
>
La Sonde présente une Lettre à Tutie
de la part de Tusquin . N'est- ce point une
attrape , dit Tutie : voici ce que contient
sa lettre
Je ne veux point troubler les jours de votre vie,
G iij
Si
350 MERCURE DE FRANCE
Si vous aimez Tetu , j'en ferai votre Epoux ;
Mais à condition que de la Chirurgie
Il soutienne les droits , et s'unisse avec nous.
Tutie reste avec Claudine , et lui dit
avec empressement d'aller chercher Tetu
, qu'elle veut absolument lui parler.
Claudine rentre ; Tutie reste , et dit les
mêmes Vers qui sont dans la Tragédie .
Toi que je puis aimer , quand pourrai- je t'apprendre
Ce changement du sort où nous n'osions préten
dre !
Quand pourrai-je avec toi , libre dans mes transports
,
T'entendre , t'adorer , te parler sans remords ...
Mettons dans nos discours un peu de modestie ,
Ils ne peuvent passer que dans la Tragédie ,.
Qu'importe , puisqu'enfin ce sont ses propres
mots ;
Je fais la délicate ici mal à propos.
Tetu entre avec précipitation , et com
mence par ces Vers d'Oreste à Hermione ,
qui sont à peu près les mêmes dans la
Tragédie de Brutus .
Ah! Madame , est - il vrai qu'une fois
Je puisse en vous cherchant obéir à vos loix ?
Avez- vous,en effet , souhaité ma personne ¡
Tutie.
FEVRIER.
1731. 3fr
+
Tutie.
Vous me prenez sans doute , ici pour Her
mione ,
,
Et pour parler ainsi que vous vous exprimez.
Hé bien :
Tetu.
Tutie.
Je veux sçavoir , Seigneur , si vous m'aimez.
Tout vous en assure , lui répond tendrement
Tetu , mon sort est en vos mains.
Le mien dépend de vous , réprend Tutie :
Par cet heureux billet nos maux sont appaisés,
Seigneur , sçavez - vous lire ?
Tetu.
Oui , Madame.
Tutie.
Lisez.
Tetu prend la Lettre , et en la lisant
change de visage : vous trouvez -vous mal ,
s'écrie Tutie :
Tetu.
Non , je me porte bien :
Et puis vous épouser ; mais je n'en ferai rien.
G iiij
Tutie.
352 MERCURE DE FRANCE
Tutie .
D'un autre que de vous je serai donc la femme >
Et je vais epouser ...
Tetu.
Non , s'il vous plaît , Madame ;
Et je mourrai plutôt qu'un autre ait votre foi.
Tutie.
Que prétendez -vous donc , Monsieur , faire de
moi?
Je veux , répond Tetu , que vous deveniez
la fille de Bolus. Non , si tu veux
m'obtenir pour ta femme , ajoûte Tutie ,
il faut que tu te déclares en faveur de
Tusquin , ou tu me vas voir expirer à tes
yeux. Ah ! pour le coup ,
c'en est trop
me voilà rendu , réplique Tetu ,
Je ne le cache point , ce noir projet me choque:
La vertu le deffend ; mais mon amour s'en mocque.
Tutie sort ; Tetu reste , et ordonne
qu'on fasse venir Massacra , qui arrive sur
le champ. Tetu le prie de servir la fureur
d'un malheureux Amant : j'ai tout prévû,
répond Massacra , j'ai fait une cabale dans
un Cabaret qu'on nomme la Porte Royale :
Tusquin nous y attend , ne perdons point
des momen's précieux. Lors qu'ils veulent.
partir
FEVRIER. 1731. 3.5.3
partir , Bolus arrive ; il dit à son fils de
se préparer à guerir un malade en danger
, qui loge à la Porte Royale , que certain
Chirurgien doit traiter cette nuit :
ravis lui , continuë- t'il , cet avantage.
En un mot , qu'il guerisse ou qu'il perde la vie;
Quoiqu'il puisse arriver , tu feras mon envie.
;
Tetu ne peut cacher son trouble ; dans
le moment arrive Coclicola , qui prie
Bolus de les faire retirer . Tetu sort avec
Massacra Coclicola apprend à Bolus que
de rebelles enfans de la Faculté conspirent
;aussi-tôt on vient dire à Bolus qu'un
Apoticaire le demande ; Bolus renvoye
Coclicola , et le charge de s'informer des
Conjurés et de venir incessament l'en
éclaircir.
>
Scene 18. M. Fleurant vient , et dit à
Bolus :
Enfin j'ai découvert cette ligue fatale
Ils étoient rassemblés à la Porte Royale :
J'ai conduit avec moi vos fideles bedeaux
Qui portoient des bâtons en guise de faisceaux.
Fapperçois Massacrá , mon zele me transporte
Je le fais entourer soudain par mon escorte
Ne pouvant plus cacher sa noire trahison ,
Il fouille dans sa poche , il en tire un poison ,
Poison qu'à vous , Docteurs , il destinoit peut -être
་ ་ EF
354 MERCURE DE FRANCE.
Et meurt en Medecin , quoiqu'indigne de l'être.
Ah ! quand nous connoîtrons les Auteurs
de cette sédition , il faudra , die
Bolus , les en punir , selon notre serment;
puis s'adressant à Fleurant.
O toi , dont l'ignorance et l'aveugle Destin ,
Au lieu d'un Clistorel , dût faire un Medecin ,
Sois-le , prens ce Bonnet , que ta tête le porte,
Fleurant.
Je ne sçais pas un mot de Latin.
Bolus.
Et qu'importe ?
Coclicola vient avec empressement
présenter des Tablettes à Bolus , où les
noms des conjurez sont écrits . Il lit le
nom de Viperinus , son fils ; ensuite celui
de Tetu ; il témoigne sa douleur et
dit ensuite que cela ne peut être ; bon
répond Coclicola , il est sur la Liste que
Rhubarbus a trouvée chez Massacra ; čela
ne prouve rien , répond Bolus , on peut
par malice avoir écrit son nom ; écoutez
Pautre indice , dit Coclicola.
Sans armes on l'a vû seul qui se promenoit ,
Et qui ne parloit point , le fait est clair et net .
Voilà une plaisante preuve , dit Bolus ;
et
FEVRIER. 1731. 355
et Tutie , qu'est-elle devenue ? Voulezvous
, répond Coclicola , qu'elle vienne
se tuer ici , ou que je vous fasse un récit
de sa mort ; ni l'un ni l'autre , lui dit
Bolus ; mais faites venir mon fils , je veux
l'interroger. Puis s'adressant aux Medecins
, Messieurs , il n'est pas nécessaire
que vous soyez presens à ce que je vais
faire ici.
Adieu , retirez-vous , vos rôles sont remplis ,
Je vous suis obligé de tous vos bons avis.
Bolus reste seul , Coclicola rentre ,, après
avoir annoncé à Bolus que la volonté des
Medecins est qu'il prononce sur son fils ;
ils me font bien de l'honneur , reprend
Bolus ; cependant je doute de son crime ;
tous les conjurez l'accusent , ajoûte Coclicolas
cependant quand on l'a pris , il
étoit desarmé , et ne songeoit à rien , dit
Bolus , je le crois innocent ; cela pouroit
bien être , répond Coclicola , mais le voici
lui - même .
Tetu veut se jetter aux genoux
de son
pere , mais il l'arrête. Tu devrois , lui
dit-il , traiter cette nuit avec Tusquin ,
qu'avois-tu résolu ? je n'ai résolu rien , répond
Tétu .
Bolus.
Un tel discours renferme un sens impenetrable ,
G vj n'ayant
38 MERCURE DE FRANCE
N'ayant résolu rien , tu n'es donc pas coupable.
Si je n'ai plus de fils , tu n'es pas innocent ?
Ergo , ... ceci pour moi devient embarrassant.
Hé bien , voici le fait , répond Tétu ;
Massacra et la Sonde , par leurs mauvais
discours , secondant les transports de Tu
tie, m'ont débauché pour un seul moment.
Disposez de ma vie ;
A de vains préjugez Tétu la sacrific.
Honorez-moi , continuë t'il , de vos em
brassemens.
Bolus.
Pour te les refuser , serois - je assez barbare ...
Qu'on mene de ce pas mon fils à saint Lazare.
Bolus , seul.
Ah !puisqu'on me dictoit un Arrêt si cruel ,
On devoit rendre , au moins , mon fils plus cri
minel.
Coclicola s'avance , Bolus lui dit qu'on
ne voit que lui , et lui demande s'il vient
de la part des Medecins pour le complimenter
? Non , reprend-il , c'est pour
vous garroter,
La sage Faculté , pour de bonnes raisons ,
Yous envoye à l'instant aux petites Maisons.
Bolus.
FEVRIER. 1731. 35T
Bolus
Aux petites Maisons !
Rendons
Coclicola.
Oui , vous dis -je , et pour cause.
Bolus,
graces aux Dieux !
Coclicola.
C'est bien prendre la chose.
Le 22. les mêmes Comédiens donnerent
la premiere Représentation d'Arlequin
Phaeton , Piece en un Acte , mêlée
de Vaudevilles et de Divertissemens; c'est
la Parodie de l'Opera qu'on joue actuel
lement , composée par les S" Dominique
et Romagnesi , dont on parlera plus au
long , ayant été reçue très favorablement
du Public.
Fermer
Résumé : Bolus, Parodie de Brutus, Extrait, [titre d'après la table]
Le texte décrit une parodie de tragédie intitulée 'Le Naufrage, et Bolus', représentée pour la première fois en février 1731. L'action se déroule dans l'École de Médecine, où les médecins sont réunis. Bolus, s'adressant à ses collègues, mentionne un ennemi, Tufquin, qui envoie un représentant, la Sonde, pour négocier. Coclicola, un médecin, refuse de recevoir la Sonde, mais Bolus insiste pour l'accueillir. La Sonde, accompagnée de Syrop, entre et demande pourquoi Tusquin est persécuté. Bolus répond que Tusquin a perdu la protection des médecins en raison de ses actions. La Sonde accuse les médecins de tyrannie et de monopoliser les soins aux malades. Bolus et les médecins jurent de rester fidèles à leurs principes et de ne pas trahir leur serment. La Sonde, à son tour, jure la guerre au nom de Tusquin. La scène se poursuit avec l'arrivée de Massacra, qui discute avec la Sonde des conspirateurs contre les médecins. Tutie, la fille de Tusquin, est impliquée dans une intrigue amoureuse avec Tetu, un médecin. Tetu est déchiré entre son amour pour Tutie et sa loyauté envers les médecins. Massacra et la Sonde tentent de convaincre Tetu de trahir les médecins pour épouser Tutie. Tetu, après une confrontation avec Tutie, décide de se rallier à Tusquin. Bolus, informé de la conspiration, découvre que son fils Tetu et Viperinus sont impliqués. Malgré les preuves, Bolus doute de la culpabilité de son fils. La pièce se termine par l'interrogatoire de Tetu par Bolus, laissant en suspens la résolution du conflit. Le texte mentionne également la première représentation de la pièce 'Arlequin Phaeton', une parodie d'un opéra contemporain, composée par Dominique et Romagnesi, qui a été bien accueillie par le public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 575-577
« Les Comédiens François répresenterent le premier de ce mois à la Cour, [...] »
Début :
Les Comédiens François répresenterent le premier de ce mois à la Cour, [...]
Mots clefs :
Comédie, Tragédie, Théâtre, Académie royale de musique, Opéra, Représentation
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texteReconnaissance textuelle : « Les Comédiens François répresenterent le premier de ce mois à la Cour, [...] »
LE
rent le premier de ce mois à la Cour,.
la Comedie du double Veuvage , du feu
sieur Dufresni , et la Comedie nouvelled'Alcibiade,
qui firent beaucoup de plaisir ..
Le 6. la Tragedie de Polieucie , et la petite
Comedie du Deüil.
Le 8. Alcibiade et le double Veuvage .
Le 17. ils donnerent pour la clôture de
leur
576 MERCURE DE FRANCEfeur
Théatre , la Tragedie d'Absalon ;
qui fut bien représentée et fort goutée
par une nombreuse Assemblée. Le sieur
de Montmenil fit un Compliment au Public
, qui fut fort bien reçû .
L'Académie Royale de Musique donna
le s . Mars et le 10. jour de la clôture
du Théatre , deux Représentations de
l'Opera de Thesée , pour les Acteurs
comme cela se pratique toutes les années ;
la Dlle Petitpas chanta une Ariette Italienne
, et la De Camargo dansa à la fin les
caracteres de la Danse avec toute la vivacité
dont elle est capable. On prépare
l'Opera d'Idomenée de M. Campra , pour
être donné à l'ouverture du Théatre.
Le 3. les Comediens
Italiens
représenterent
à la Cour l'Embarras
des Richesses
et le Retour de Tendresse
.
Le 9. ils représenterent à l'Hôtel de
Bourgogne Sanson et la Parodie de Phaeton
, pour la clôture du Théatre ; la De
Thomassin fit le Compliment qu'on fait
ordinairement toutes les années , lequel
fut reçû favorablement.
Le 10. ils jouerent à la Cour la Surprise
de l'Amour et l'Horoscope accompli.
Dile Marguerite Rusca , Epouse du sieur
Thomassin , originaire de Boulogne , l'une
MARS. 1731. 577
ne des Comediennes Italiennes de l'Hôtel
de Bourgogne , connue sous le nom
de Violetta , mourut le dernier Fevrier ,
âgée d'environ 40. ans , après une longue
maladie. Elle joüoit ordinairement dans
les Comedies Italiennes les Rôles de Suivantes
, avec beaucoup de feu. Elle a été
inhumée à S. Laurent sa Paroisse , après
avoir reçû tous ses Sacremens.
LE BOLUS , PARODIE DU BRUTUS.
Par Mr Dominique et Romagnesi , Comédiens
du Roi , représentée le 24. Janvier
dernier , .& c. A Paris , ruë de la
Harpe , chez L. D. Delatour , 1731 .
Nous sommes dispensez de nous arrêter
sur cette Piece, en ayant donné un Extrait
fort étendu dans le Mercure de Février.
rent le premier de ce mois à la Cour,.
la Comedie du double Veuvage , du feu
sieur Dufresni , et la Comedie nouvelled'Alcibiade,
qui firent beaucoup de plaisir ..
Le 6. la Tragedie de Polieucie , et la petite
Comedie du Deüil.
Le 8. Alcibiade et le double Veuvage .
Le 17. ils donnerent pour la clôture de
leur
576 MERCURE DE FRANCEfeur
Théatre , la Tragedie d'Absalon ;
qui fut bien représentée et fort goutée
par une nombreuse Assemblée. Le sieur
de Montmenil fit un Compliment au Public
, qui fut fort bien reçû .
L'Académie Royale de Musique donna
le s . Mars et le 10. jour de la clôture
du Théatre , deux Représentations de
l'Opera de Thesée , pour les Acteurs
comme cela se pratique toutes les années ;
la Dlle Petitpas chanta une Ariette Italienne
, et la De Camargo dansa à la fin les
caracteres de la Danse avec toute la vivacité
dont elle est capable. On prépare
l'Opera d'Idomenée de M. Campra , pour
être donné à l'ouverture du Théatre.
Le 3. les Comediens
Italiens
représenterent
à la Cour l'Embarras
des Richesses
et le Retour de Tendresse
.
Le 9. ils représenterent à l'Hôtel de
Bourgogne Sanson et la Parodie de Phaeton
, pour la clôture du Théatre ; la De
Thomassin fit le Compliment qu'on fait
ordinairement toutes les années , lequel
fut reçû favorablement.
Le 10. ils jouerent à la Cour la Surprise
de l'Amour et l'Horoscope accompli.
Dile Marguerite Rusca , Epouse du sieur
Thomassin , originaire de Boulogne , l'une
MARS. 1731. 577
ne des Comediennes Italiennes de l'Hôtel
de Bourgogne , connue sous le nom
de Violetta , mourut le dernier Fevrier ,
âgée d'environ 40. ans , après une longue
maladie. Elle joüoit ordinairement dans
les Comedies Italiennes les Rôles de Suivantes
, avec beaucoup de feu. Elle a été
inhumée à S. Laurent sa Paroisse , après
avoir reçû tous ses Sacremens.
LE BOLUS , PARODIE DU BRUTUS.
Par Mr Dominique et Romagnesi , Comédiens
du Roi , représentée le 24. Janvier
dernier , .& c. A Paris , ruë de la
Harpe , chez L. D. Delatour , 1731 .
Nous sommes dispensez de nous arrêter
sur cette Piece, en ayant donné un Extrait
fort étendu dans le Mercure de Février.
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Résumé : « Les Comédiens François répresenterent le premier de ce mois à la Cour, [...] »
En mars 1731, plusieurs représentations théâtrales ont eu lieu à la Cour et à l'Hôtel de Bourgogne. Le 1er mars, la Comédie du double Veuvage de Dufresni et la Comédie nouvelle d'Alcibiade ont été jouées. Le 6 mars, la Tragédie de Polyeucte et la petite Comédie du Deuil ont été présentées. Le 8 mars, Alcibiade et le double Veuvage ont été rejoués. Le 17 mars, la Tragédie d'Absalon a marqué la clôture du théâtre, avec un compliment du sieur de Montmenil au public. L'Académie Royale de Musique a donné deux représentations de l'Opéra de Thésée les 1er et 10 mars, avec des performances de la demoiselle Petitpas et Camargo. L'Opéra d'Idoménée de Campra était préparé pour l'ouverture du théâtre. Les Comédiens Italiens ont représenté à la Cour l'Embarras des Richesses et le Retour de Tendresse le 3 mars, et à l'Hôtel de Bourgogne Sanson et la Parodie de Phaéton le 9 mars. La demoiselle Thomassin a fait le compliment annuel. Le 10 mars, ils ont joué à la Cour la Surprise de l'Amour et l'Horoscope accompli. Marguerite Rusca, épouse de Thomassin et comédienne italienne connue sous le nom de Violetta, est décédée en février à l'âge d'environ 40 ans après une longue maladie. Elle jouait souvent les rôles de suivantes dans les comédies italiennes et a été inhumée à Saint-Laurent. La pièce Le Bolus, parodie du Brutus, a été représentée le 24 janvier par les comédiens Dominique et Romagnesi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 2224-2231
Le Cheveu. Parodie de Scylla. [titre d'après la table]
Début :
Le 25 Septembre le même Opera Comique donna la premiere Représentation [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Scylla, Parodie, Cheveu, Représentation
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texteReconnaissance textuelle : Le Cheveu. Parodie de Scylla. [titre d'après la table]
Le 25 Septembre le même Opera Comique
OCTOBRE. 1732. 2225
mique donna la premiere Représentation
du Cheveu , Parodie de Scylla , éxecutée
par les petits Comédiens. La Scene ouvre
par Doris, qui dit à Scylla :Il y a une heure
que je vous cherche , qui diantre auroit cri
vous trouver ici dans le beau milieu de la
campagne , et près du camp des ennemis ?
est-ce là une promenade pour une Princesse
assiegée ? Doris lui apprend que la paix
va se conclure entre le Roi Nisus , Pere
de la Princesse ambulante , et Minos , et
même que son Mariage pourra s'achever
avec Dardanus , à qui elle est promise
cette nouvelle réjouit peu Scylla , qui
avoüe franchement à sa Confidente qu'elle est charmée du Roi de Crete , et de la
grace qu'il avoit en tuant les Sujets de
son Pere. Dardanus arrive et confirme la
nouvelle de la paix et de son Mariage.
Scylla le reçoit assez froidement , et lui
dit à propos de rien , sur l'air : Cela m'est
bien dur.
Mon Pere , du Dieu de la Guerre ,
Est le fils le mieux partagé ;
Il n'est aucun Roi sur la terre
Qui soit si bien avantagé ;
Un seul Cheveu -le rend invulnerable ,
Quel poil admirable !
Fv Ni
2226 MERCURE DE FRANCE
Nisus peut se battre à coup
Il a le cuir dur.
sûr;
Ovide , par parentese , nous apprend
que le Cheveu qui établissoit l'invulnerabilité de Nisus étoit couleur de pourpre ;
Scylla , après quelques mauvaises défaites
se retire en voyant Capis et Dardanus
qui ne s'apperçoit pas que c'est lui seul
qu'elle fuit ; il la suit pourtant impitoya
blement. Capis apprend à sa Confidente
Ismene , qu'elle est jalouse de Scylla , et
amoureuse de Dardanus ; Il n'est rien , lui
répond Ismene , que je nefasse pour votre
service , et chante sur l'air : Tourelontonton.
Dans votre Cour où j'ai reçû la vie ,
On m'a donné bonne éducation ,
Partant je sçai joliment la Magie ,
Et de l'Enfer j'ai la protection ,
Et tourelontonton ,
De notre diablerie
Je vous ferai voir un échantillon.
Capis qui doit être accoûtumée aux
Fêtes infernales ( puisqu'elle a une Sorciere pour Femme de chambre ) refuse la
galanterie d'Ismene , et reste pour être
témoin de la succinte cérémonie qui se fait
OCTOBRE 1732. 2227
fait en plein vent pour jurer la paix que
Nisus , Minos et Dardanus se promettent, le verre à la main. Leur serment est
interrompu par le Tonnere , et qui pis
est par la pluye. Les Princes mouillés
prennentle parti d'aller consulter l'Oracle
de Pallas sur cette subite ondée. Scylla
revient dans cette campagne cherie , où
Minos la trouve et lui reproche son indévotion.
Princesse , quel sujet dans ce lieu vous arrête ?
Le peuple court en foule au Temple de Pallas.
و
,
1
Ensuite il lui parle en jaloux de Dardanus. Scylla qui est sincere outre mesure , ne le laisse pas long- tems dans
l'erreur et l'instruit charitablement de
P'amour qu'elle ressent pour lui , et enfin lui promet d'obtenir de son pere Ni- sus qu'il differe son Mariage. Minos
content d'un si heureux début , quitte
Scylla qui est abordée par Capis ; Scylla
laisse deviner à Capis qu'elle n'aime pas
trop Dardanus , et se sépare d'elle séchement. Capis conjure sa Sorciere domestique de se servir de sa noire science pour
sçavoir positivement le destin de sa tendresse , qui à l'Opéra est pompeusement
et inutilement éclaircie par une évocation
F vj pos-
2228 MERCURE DE FRANCE
و
postiche. Ismene foraine se refuse à
cette ridicule opération en s'écriant
quelle imagination ! A-t-on jamais chargé
le Diable d'une déclaration d'amour ? et
chante sur l'air : J'enjurerois presque sur sa
laideur.
Je n'aurai pas la sotte fantaisie
De remuer tout l'Enfer pour un rien
Et d'évoquer l'ombre de Tirésie
Pour dire un mot que je dirai fort bien .
Elle tient sur le champ sa parole , et
déclare intelligiblement à Dardanus la
passion de Capis , qui est reçûë , Dieu
sçait ce qui fait dire à la Reine rebutée , sur l'air du nouveau monde...
J'admire l'opération
De notre déclaration !
Dardanus assez peu s'y prête s
Il la reçoit tout aussi mal ,
Que si par un charme infernal ;
Un mort obligeant l'avoit faite.
Minos et Scylla reviennent faire une
Scene très- singuliere , puisque la Tréve
est rompuë ; Minos se trouve dans une
Ville ennemie , et y fait l'amour en veritable Chevalier errant ; quelle étourderie
pour
OCTOBRE. 1732 2229
pourMinos , qui devoit être après sa mort
un flegmatique Juge des Enfers ! il part
désesperé , et la Princesse , allarmée du
péril qu'il va courir en se battant contre
l'invulnerable Nisus , éxamine quel reméde elle apportera dans cette dangereuse conjoncture; elle se détermine enfin contre son Pere en fille qui n'a
jugés. Allons , dit-elle ,
pas de préPuisqu'un cheveu rend Nisus invincible ,
Qu'il soit rasé : mettons tous ses cheveux i
bas...
Mais quel conte ! non sible ,
non, cela
n'est pas pos
Un cheveu braveroit cent et cent coutelas .
Sur l'air : Pour voir comment ça fera.
".
O Dieux ! sont- ce là de vos soins ;
Comment voulés- vous qu'on les nomme ?
Quoi d'un Poil de plus ou de moins
Dépendroit la valeur d'un homme
Il faut couper ce cheveu là
Pour voir un peu comment ça fera.
Cette louable résolution est d'abord ac
complie , après pourtant que la paix et la
discorde ont fourni des épisodes em
brouillés et mal cousus ; la Princesse ,
après.
2230 MERCURE DE FRANCE
après avoir tondu son pere , sent l'énormité de son crime , qui lui est détaillé par
Doris dans un seul Couplet qui contient
une liste de morts à l'instar de l'Opera ;
Scylla s'empoisonne , et Minos vient à
propos pour la voir mourir. Le poison
n'empêche pas l'agonisante d'avoir une
assez longue conversation avec le prudent Minos ; ah ! lui dit- elle :
L'arsenic dans le corps , pâle foible mou
rante ›
>
Je veux jaser autant que la Scylla chantante.
Viens , soutiens -moi , Doris , car ce petit vi- lain ,
>
Songe-t'il seulement à me donner la main ?
C'est ainsi qu'un Heros trépasse sur la Scene
Qu'il gobe du poison , qu'il perce sa bedaine ,
On le laisse languir et crever comme un chien ,
Ou sans Orvietan , ou sans Chirurgien ;
Et le Vainqueur orné des Palmes les plus belles ,
Ne voit à son trépas qu'un moucheur de chan- delles.
Minos.
C'est la régle au Théatre , on a beau se blesser ,
Personne ne s'occupe à vous faire panser...
Mais vous agonisés , je crois , et je l'endure
Sans
OCTOBRE. 1732. 2238
Sans risquer , par honneur , la moindre égrati→
gnure.
C'est mon Rôle ceci.
Scylla.
Dites du moins un mor.
Minos.
J'imite l'Opera, je m'en vais comme un sot.
En chantant , ô grands Dieux, trop soigneux de
ma gloire ,
Ce n'est donc qu'un Cheveu que coûte ma victoire.
Scylla.
Ce n'est donc qu'un Cheveu qui fait mourir.
Scylla ,
Ce n'est donc qu'un Cheveu qui lie un Opera
OCTOBRE. 1732. 2225
mique donna la premiere Représentation
du Cheveu , Parodie de Scylla , éxecutée
par les petits Comédiens. La Scene ouvre
par Doris, qui dit à Scylla :Il y a une heure
que je vous cherche , qui diantre auroit cri
vous trouver ici dans le beau milieu de la
campagne , et près du camp des ennemis ?
est-ce là une promenade pour une Princesse
assiegée ? Doris lui apprend que la paix
va se conclure entre le Roi Nisus , Pere
de la Princesse ambulante , et Minos , et
même que son Mariage pourra s'achever
avec Dardanus , à qui elle est promise
cette nouvelle réjouit peu Scylla , qui
avoüe franchement à sa Confidente qu'elle est charmée du Roi de Crete , et de la
grace qu'il avoit en tuant les Sujets de
son Pere. Dardanus arrive et confirme la
nouvelle de la paix et de son Mariage.
Scylla le reçoit assez froidement , et lui
dit à propos de rien , sur l'air : Cela m'est
bien dur.
Mon Pere , du Dieu de la Guerre ,
Est le fils le mieux partagé ;
Il n'est aucun Roi sur la terre
Qui soit si bien avantagé ;
Un seul Cheveu -le rend invulnerable ,
Quel poil admirable !
Fv Ni
2226 MERCURE DE FRANCE
Nisus peut se battre à coup
Il a le cuir dur.
sûr;
Ovide , par parentese , nous apprend
que le Cheveu qui établissoit l'invulnerabilité de Nisus étoit couleur de pourpre ;
Scylla , après quelques mauvaises défaites
se retire en voyant Capis et Dardanus
qui ne s'apperçoit pas que c'est lui seul
qu'elle fuit ; il la suit pourtant impitoya
blement. Capis apprend à sa Confidente
Ismene , qu'elle est jalouse de Scylla , et
amoureuse de Dardanus ; Il n'est rien , lui
répond Ismene , que je nefasse pour votre
service , et chante sur l'air : Tourelontonton.
Dans votre Cour où j'ai reçû la vie ,
On m'a donné bonne éducation ,
Partant je sçai joliment la Magie ,
Et de l'Enfer j'ai la protection ,
Et tourelontonton ,
De notre diablerie
Je vous ferai voir un échantillon.
Capis qui doit être accoûtumée aux
Fêtes infernales ( puisqu'elle a une Sorciere pour Femme de chambre ) refuse la
galanterie d'Ismene , et reste pour être
témoin de la succinte cérémonie qui se fait
OCTOBRE 1732. 2227
fait en plein vent pour jurer la paix que
Nisus , Minos et Dardanus se promettent, le verre à la main. Leur serment est
interrompu par le Tonnere , et qui pis
est par la pluye. Les Princes mouillés
prennentle parti d'aller consulter l'Oracle
de Pallas sur cette subite ondée. Scylla
revient dans cette campagne cherie , où
Minos la trouve et lui reproche son indévotion.
Princesse , quel sujet dans ce lieu vous arrête ?
Le peuple court en foule au Temple de Pallas.
و
,
1
Ensuite il lui parle en jaloux de Dardanus. Scylla qui est sincere outre mesure , ne le laisse pas long- tems dans
l'erreur et l'instruit charitablement de
P'amour qu'elle ressent pour lui , et enfin lui promet d'obtenir de son pere Ni- sus qu'il differe son Mariage. Minos
content d'un si heureux début , quitte
Scylla qui est abordée par Capis ; Scylla
laisse deviner à Capis qu'elle n'aime pas
trop Dardanus , et se sépare d'elle séchement. Capis conjure sa Sorciere domestique de se servir de sa noire science pour
sçavoir positivement le destin de sa tendresse , qui à l'Opéra est pompeusement
et inutilement éclaircie par une évocation
F vj pos-
2228 MERCURE DE FRANCE
و
postiche. Ismene foraine se refuse à
cette ridicule opération en s'écriant
quelle imagination ! A-t-on jamais chargé
le Diable d'une déclaration d'amour ? et
chante sur l'air : J'enjurerois presque sur sa
laideur.
Je n'aurai pas la sotte fantaisie
De remuer tout l'Enfer pour un rien
Et d'évoquer l'ombre de Tirésie
Pour dire un mot que je dirai fort bien .
Elle tient sur le champ sa parole , et
déclare intelligiblement à Dardanus la
passion de Capis , qui est reçûë , Dieu
sçait ce qui fait dire à la Reine rebutée , sur l'air du nouveau monde...
J'admire l'opération
De notre déclaration !
Dardanus assez peu s'y prête s
Il la reçoit tout aussi mal ,
Que si par un charme infernal ;
Un mort obligeant l'avoit faite.
Minos et Scylla reviennent faire une
Scene très- singuliere , puisque la Tréve
est rompuë ; Minos se trouve dans une
Ville ennemie , et y fait l'amour en veritable Chevalier errant ; quelle étourderie
pour
OCTOBRE. 1732 2229
pourMinos , qui devoit être après sa mort
un flegmatique Juge des Enfers ! il part
désesperé , et la Princesse , allarmée du
péril qu'il va courir en se battant contre
l'invulnerable Nisus , éxamine quel reméde elle apportera dans cette dangereuse conjoncture; elle se détermine enfin contre son Pere en fille qui n'a
jugés. Allons , dit-elle ,
pas de préPuisqu'un cheveu rend Nisus invincible ,
Qu'il soit rasé : mettons tous ses cheveux i
bas...
Mais quel conte ! non sible ,
non, cela
n'est pas pos
Un cheveu braveroit cent et cent coutelas .
Sur l'air : Pour voir comment ça fera.
".
O Dieux ! sont- ce là de vos soins ;
Comment voulés- vous qu'on les nomme ?
Quoi d'un Poil de plus ou de moins
Dépendroit la valeur d'un homme
Il faut couper ce cheveu là
Pour voir un peu comment ça fera.
Cette louable résolution est d'abord ac
complie , après pourtant que la paix et la
discorde ont fourni des épisodes em
brouillés et mal cousus ; la Princesse ,
après.
2230 MERCURE DE FRANCE
après avoir tondu son pere , sent l'énormité de son crime , qui lui est détaillé par
Doris dans un seul Couplet qui contient
une liste de morts à l'instar de l'Opera ;
Scylla s'empoisonne , et Minos vient à
propos pour la voir mourir. Le poison
n'empêche pas l'agonisante d'avoir une
assez longue conversation avec le prudent Minos ; ah ! lui dit- elle :
L'arsenic dans le corps , pâle foible mou
rante ›
>
Je veux jaser autant que la Scylla chantante.
Viens , soutiens -moi , Doris , car ce petit vi- lain ,
>
Songe-t'il seulement à me donner la main ?
C'est ainsi qu'un Heros trépasse sur la Scene
Qu'il gobe du poison , qu'il perce sa bedaine ,
On le laisse languir et crever comme un chien ,
Ou sans Orvietan , ou sans Chirurgien ;
Et le Vainqueur orné des Palmes les plus belles ,
Ne voit à son trépas qu'un moucheur de chan- delles.
Minos.
C'est la régle au Théatre , on a beau se blesser ,
Personne ne s'occupe à vous faire panser...
Mais vous agonisés , je crois , et je l'endure
Sans
OCTOBRE. 1732. 2238
Sans risquer , par honneur , la moindre égrati→
gnure.
C'est mon Rôle ceci.
Scylla.
Dites du moins un mor.
Minos.
J'imite l'Opera, je m'en vais comme un sot.
En chantant , ô grands Dieux, trop soigneux de
ma gloire ,
Ce n'est donc qu'un Cheveu que coûte ma victoire.
Scylla.
Ce n'est donc qu'un Cheveu qui fait mourir.
Scylla ,
Ce n'est donc qu'un Cheveu qui lie un Opera
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Résumé : Le Cheveu. Parodie de Scylla. [titre d'après la table]
Le 25 septembre 1732, l'Opéra Comique présente 'Le Cheveu', une parodie de 'Scylla'. La pièce commence avec Doris cherchant Scylla près du camp ennemi. Doris annonce à Scylla que la paix sera conclue entre le roi Nisus, père de Scylla, et Minos, permettant ainsi le mariage de Scylla avec Dardanus. Scylla avoue à Doris son attirance pour Minos et admire sa grâce. Dardanus arrive et confirme la nouvelle de la paix et du mariage, mais Scylla le reçoit froidement. Scylla exprime son admiration pour le cheveu invulnérable de Nisus, qui le rend invincible. Après quelques défaites, Scylla fuit en voyant Capis et Dardanus. Capis révèle à Ismene, sa confidente jalouse de Scylla et amoureuse de Dardanus, qu'elle est prête à tout pour lui. Ismene propose ses services magiques, mais Capis refuse et assiste à la cérémonie de paix entre Nisus, Minos et Dardanus. Leur serment est interrompu par un orage, les poussant à consulter l'oracle de Pallas. Scylla rencontre Minos, qui lui reproche son indévotion et sa jalousie envers Dardanus. Scylla avoue son amour pour Minos et promet de différer son mariage avec Dardanus. Minos, content, quitte Scylla, qui est ensuite abordée par Capis. Capis, jalouse, conjure sa sorcière domestique pour connaître le destin de sa tendresse. Ismene refuse d'évoquer les morts pour une déclaration d'amour et révèle la passion de Capis à Dardanus, qui la reçoit mal. Minos et Scylla reviennent alors que la trêve est rompue. Minos, désespéré, part se battre contre Nisus. Scylla décide de raser le cheveu invulnérable de son père pour sauver Minos. Après avoir accompli cet acte, Scylla se sent coupable et s'empoisonne. Minos la trouve agonisante et ils ont une longue conversation avant sa mort. Scylla critique la règle du théâtre où les héros meurent sans soins, et Minos part en chantant, soulignant l'absurdité de sa victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 2231-2237
L'Allure. Compliment. [titre d'après la table]
Début :
Le 27. on donna sur le même Théatre la premiere Représentation de l'Allure. [...]
Mots clefs :
L'Allure, Représentation, Mode, Goût, Théâtre, Ballet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Allure. Compliment. [titre d'après la table]
Le 27. on donna sur le même Theatre.
la premiete Représentation de l'Allure.
La fortune de ce mot l'a presque suivie
sur le Théatre , et l'Allure personifiée
a fort réussi.
La Scene ouvre par la Mode et le Goût,
qui paroît triste ; la Mode lui demande
le sujet de son chagrin... Il lui cite le
dernier affront qu'il a reçû à Paris sous le
nom d'Ergone dans le Ballet des Sens , et
chante :
Helas
2232 MERCURE DE FRANCE
Helas en plein Parterre ,
Le Goût s'est vû , ma chere ,
Siffler à l'Opera.
Ecoutez , lui dit la Mode , vous ne serés
plus guére suivi. Le Caprice fait mieux ses
affaires que vous ; il a une fille bâtarde nouvellement établie ici qui vous coupe l'herbe
sous le pied , elle s'appelle l' Allure.
Le Goût se récrie sur ce nom pitoyable
et sur l'imbecilité enfantine du Public ,
qui s'amuse souvent , sans sçavoir pourquoi,d'un rien , qui n'est pas même ingé- nieux. La mode insiste sur les miracles de
l'Allure.
Par tout l'Allure est nécessaire :
Une Vieille veut- elle plaire ?
L'Allure vient à son secours ;
Tel que pour sincere on renomme ,
Sans l'Allure seroit toujours
Connu pour un malhonnête homme.
Le goût piqué , prend congé de Paris ;
dont il n'est pas content , et n'a pas tort.
L'Allure paroît , qui est extrêmement
complimentée par la Mode. Elle reste
seule sur le Théatre ; un Campagnard
l'aborde , et la prie de façonner ses deux
filles qu'il lui présente : l'Allure les interroge , et les trouvent dignes de son atten
OCTOBRE. 1732: 2235
tention et de figurer dans la bonne Ville
de Paris ; voici , dit- elle
manque. Air de Joconde.
Un peu moins d'ingénuité
Et des façons plus fieres ,
Une fine naïveté
Sur les tendres matieres ;
C'est le manége qu'à Paris ,
Un chacun nomme Allure ,
Et qui procure à tant d'Iris
Le bien et la parure.
tout ce qui leur
Au Campagnard succede un Auteur
qui vient demander à l'Allure le don de
plaire à l'Opera Comique.
L'Auteur est suivi d'une Plaideuse Normande , qui implore à son tour la protection de l'Allure , pour engager ses Juges
dans ses interêts. Après la Plaideuse paroît une jeune et jolie Procureuse , mariée à un vieux jaloux ; elle expose son
sort dans le Couplet suivant sur l'air
De la Syrene du Ballet des Sens.
D'un époux je subis les loix ,
Si l'Amour en eût fait le choix ,
Cet époux auroit l'art de plaire. . .
Je maudis monsort mille fois ;
Si l'Himen a tant de rigueurs ,
.
Pour-
2234 MERCURE DE FRANCE
Pourquoi donc force- t'on nos cœurs
A donner à ce Dieu sévere
La plus belle des fleurs ?
Les beaux jours sont pour les Amans,
Les Epoux n'ont que des tourmens ,
Des malheurs toujours renaissans ,
Et des maux plus ou moins rebutans.
D'un époux je subis , &c...
Les maris sont toujours jaloux ;
Avec eux il n'est point de charmes ;
Ils font sentir leur couroux ;
Dieu d'Himen , te rend- on les armes ♪
On est tourmenté ,
Plus d'amour , adieu la liberté .
D'un époux , je subis , &c.
Une Comédienne de Campagne qui
veut débuter à Paris , se présente ensuite
et dit:
'Ah ! j'ai brillé dans plus d'un Rôle ,
Mais Paris veut de grands talens.
L'Allure.
Oui , c'est une excellente Ecole
Pour se former en peu de tems.
Vous réussirés , je vous jure ;
Du Théatre voici l'Allure :
་
Suivés
OCTOBRE. 1732. 2235
Suivés bien ce principe-là ,
Résistés... jusqu'à ce point-là.
Ces derniers mots se chantent en faisant le lazzi de compter de l'argent. La
Comédienne céde la place à un Paysan
qui
demande
à
l'Allure
d'ôter
à sa
petite
femme
ce
que
les
autres
vont
chercher
à
son
Audience
. Un
Fiacre
yvre
le chasse
et
conte
ses
proüesses
de
Cocher
à la
Déesse
nouvelle
.
Un Maître de Ballet des bords de la
Garone couronne l'œuvre par ses gasconades , voici comme il commence , air :
Quand Iris pron plaisir à boire.
A mes talens , aimable Allure ,
Répondés , je vous en conjure ,
Je suis le Heros de mon Art ;
Mes pas divins me font assés connoître
Ceux que je fais même au hazard ,
Sont des pas où l'Amour a part ,
De tous les cœurs je suis le maître.
Il donne à l'Allure un Ballet de sa composition , qui est terminé
ville suivant.
par le VaudeAujourd'hui pour faire figure,
On se passe fort bien d'esprit ;
Qu'un faquin porte la dorure
2236 MERCURE DE FRANCE
On trouve bon tout ce qu'il dit ,
En lui qu'est-ce qu'on applaudit
C'estl'Allure.
>
Plus d'un Fat , rempli de roture ,
Que la fortune a mis fur pié ,
Cache de sa naissance obscure ,
Anos yeux plus de la moitié ,
A chacun il feroit pitié ,
Sans l'Allure.
Un Amant qui craint la coëffure ,
Que portent nombre de Maris ,
Epouse fille qui lui jure ,
Que sa vertu n'a point de prix
Qui fait que ce Benès est pris è
C'est l'Allure.
Une Iris , qui cent fois vous jure ,
Que ses feux sont toujours constans
Saisit la premiere avanture ,
Que l'amour offre à ses talens ,
Qu'est-ce qui trompe tant d'Amans ?
C'est l'Allure.
Un Cocher de Fiacre.
Qu'un Galant presne ma voiture ,
Et
OCTOBRE. 1732 2237.
Et me faffe sortir Paris ,
Je me mocque de l'avanture ;
S'il vient à bout de son Iris ,
Il ne dispute point du prix ;
C'est l'Allure.
1
Au Public.
Lorsque le Public nous censure ,
il prononce équitablement ;
La Piece qu'on croît la plus sûre ,
Reçoit un fâcheux compliment ,
Consultons son discernement
C'est l'Allure.
Couplet du Gascon , sur l'air de l' Allure.
C'est dans notre Païs ,
Cadedis ;
Qu'on voit vriller l'Allure ;
Sans un teston ,
Par tout un Gascon
Vit à son aise , et fait le fanfaron ,
Voilà du Païs
L'Allure ,
Mes Cousis ,
Du Païs ,
Cousis ,
C'est l'Allure.
la premiete Représentation de l'Allure.
La fortune de ce mot l'a presque suivie
sur le Théatre , et l'Allure personifiée
a fort réussi.
La Scene ouvre par la Mode et le Goût,
qui paroît triste ; la Mode lui demande
le sujet de son chagrin... Il lui cite le
dernier affront qu'il a reçû à Paris sous le
nom d'Ergone dans le Ballet des Sens , et
chante :
Helas
2232 MERCURE DE FRANCE
Helas en plein Parterre ,
Le Goût s'est vû , ma chere ,
Siffler à l'Opera.
Ecoutez , lui dit la Mode , vous ne serés
plus guére suivi. Le Caprice fait mieux ses
affaires que vous ; il a une fille bâtarde nouvellement établie ici qui vous coupe l'herbe
sous le pied , elle s'appelle l' Allure.
Le Goût se récrie sur ce nom pitoyable
et sur l'imbecilité enfantine du Public ,
qui s'amuse souvent , sans sçavoir pourquoi,d'un rien , qui n'est pas même ingé- nieux. La mode insiste sur les miracles de
l'Allure.
Par tout l'Allure est nécessaire :
Une Vieille veut- elle plaire ?
L'Allure vient à son secours ;
Tel que pour sincere on renomme ,
Sans l'Allure seroit toujours
Connu pour un malhonnête homme.
Le goût piqué , prend congé de Paris ;
dont il n'est pas content , et n'a pas tort.
L'Allure paroît , qui est extrêmement
complimentée par la Mode. Elle reste
seule sur le Théatre ; un Campagnard
l'aborde , et la prie de façonner ses deux
filles qu'il lui présente : l'Allure les interroge , et les trouvent dignes de son atten
OCTOBRE. 1732: 2235
tention et de figurer dans la bonne Ville
de Paris ; voici , dit- elle
manque. Air de Joconde.
Un peu moins d'ingénuité
Et des façons plus fieres ,
Une fine naïveté
Sur les tendres matieres ;
C'est le manége qu'à Paris ,
Un chacun nomme Allure ,
Et qui procure à tant d'Iris
Le bien et la parure.
tout ce qui leur
Au Campagnard succede un Auteur
qui vient demander à l'Allure le don de
plaire à l'Opera Comique.
L'Auteur est suivi d'une Plaideuse Normande , qui implore à son tour la protection de l'Allure , pour engager ses Juges
dans ses interêts. Après la Plaideuse paroît une jeune et jolie Procureuse , mariée à un vieux jaloux ; elle expose son
sort dans le Couplet suivant sur l'air
De la Syrene du Ballet des Sens.
D'un époux je subis les loix ,
Si l'Amour en eût fait le choix ,
Cet époux auroit l'art de plaire. . .
Je maudis monsort mille fois ;
Si l'Himen a tant de rigueurs ,
.
Pour-
2234 MERCURE DE FRANCE
Pourquoi donc force- t'on nos cœurs
A donner à ce Dieu sévere
La plus belle des fleurs ?
Les beaux jours sont pour les Amans,
Les Epoux n'ont que des tourmens ,
Des malheurs toujours renaissans ,
Et des maux plus ou moins rebutans.
D'un époux je subis , &c...
Les maris sont toujours jaloux ;
Avec eux il n'est point de charmes ;
Ils font sentir leur couroux ;
Dieu d'Himen , te rend- on les armes ♪
On est tourmenté ,
Plus d'amour , adieu la liberté .
D'un époux , je subis , &c.
Une Comédienne de Campagne qui
veut débuter à Paris , se présente ensuite
et dit:
'Ah ! j'ai brillé dans plus d'un Rôle ,
Mais Paris veut de grands talens.
L'Allure.
Oui , c'est une excellente Ecole
Pour se former en peu de tems.
Vous réussirés , je vous jure ;
Du Théatre voici l'Allure :
་
Suivés
OCTOBRE. 1732. 2235
Suivés bien ce principe-là ,
Résistés... jusqu'à ce point-là.
Ces derniers mots se chantent en faisant le lazzi de compter de l'argent. La
Comédienne céde la place à un Paysan
qui
demande
à
l'Allure
d'ôter
à sa
petite
femme
ce
que
les
autres
vont
chercher
à
son
Audience
. Un
Fiacre
yvre
le chasse
et
conte
ses
proüesses
de
Cocher
à la
Déesse
nouvelle
.
Un Maître de Ballet des bords de la
Garone couronne l'œuvre par ses gasconades , voici comme il commence , air :
Quand Iris pron plaisir à boire.
A mes talens , aimable Allure ,
Répondés , je vous en conjure ,
Je suis le Heros de mon Art ;
Mes pas divins me font assés connoître
Ceux que je fais même au hazard ,
Sont des pas où l'Amour a part ,
De tous les cœurs je suis le maître.
Il donne à l'Allure un Ballet de sa composition , qui est terminé
ville suivant.
par le VaudeAujourd'hui pour faire figure,
On se passe fort bien d'esprit ;
Qu'un faquin porte la dorure
2236 MERCURE DE FRANCE
On trouve bon tout ce qu'il dit ,
En lui qu'est-ce qu'on applaudit
C'estl'Allure.
>
Plus d'un Fat , rempli de roture ,
Que la fortune a mis fur pié ,
Cache de sa naissance obscure ,
Anos yeux plus de la moitié ,
A chacun il feroit pitié ,
Sans l'Allure.
Un Amant qui craint la coëffure ,
Que portent nombre de Maris ,
Epouse fille qui lui jure ,
Que sa vertu n'a point de prix
Qui fait que ce Benès est pris è
C'est l'Allure.
Une Iris , qui cent fois vous jure ,
Que ses feux sont toujours constans
Saisit la premiere avanture ,
Que l'amour offre à ses talens ,
Qu'est-ce qui trompe tant d'Amans ?
C'est l'Allure.
Un Cocher de Fiacre.
Qu'un Galant presne ma voiture ,
Et
OCTOBRE. 1732 2237.
Et me faffe sortir Paris ,
Je me mocque de l'avanture ;
S'il vient à bout de son Iris ,
Il ne dispute point du prix ;
C'est l'Allure.
1
Au Public.
Lorsque le Public nous censure ,
il prononce équitablement ;
La Piece qu'on croît la plus sûre ,
Reçoit un fâcheux compliment ,
Consultons son discernement
C'est l'Allure.
Couplet du Gascon , sur l'air de l' Allure.
C'est dans notre Païs ,
Cadedis ;
Qu'on voit vriller l'Allure ;
Sans un teston ,
Par tout un Gascon
Vit à son aise , et fait le fanfaron ,
Voilà du Païs
L'Allure ,
Mes Cousis ,
Du Païs ,
Cousis ,
C'est l'Allure.
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Résumé : L'Allure. Compliment. [titre d'après la table]
Le 27 octobre 1732, la première représentation de la pièce 'L'Allure' a eu lieu sur une scène théâtrale et a rencontré un succès notable. L'œuvre met en scène 'L'Allure' personnifiée, qui obtient un bon accueil. La scène initiale présente la Mode et le Goût. Ce dernier est triste car il a été sifflé à l'Opéra lors du ballet des Sens, où il était connu sous le nom d'Ergone. La Mode informe le Goût que le Caprice et sa fille bâtarde, 'L'Allure', sont désormais plus populaires. Mécontent, le Goût décide de quitter Paris. 'L'Allure' apparaît alors et est complimentée par la Mode. Elle rencontre ensuite divers personnages, chacun sollicitant son aide pour réussir dans leurs domaines respectifs. Parmi eux, un campagnard souhaite façonner ses filles pour qu'elles puissent briller à Paris, un auteur désire plaire à l'Opéra Comique, une plaideuse normande, une jeune procureuse mariée à un époux jaloux, une comédienne de campagne, un paysan, un cocher de fiacre ivre, et un maître de ballet gascon. La pièce se conclut par une réflexion sur l'importance de 'L'Allure' dans la société parisienne, soulignant comment elle permet aux individus de masquer leurs défauts et de se faire valoir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 354
« Le 22. on donna la derniere Représentation d'Omphale, dont on vient de parler, et on remit [...] »
Début :
Le 22. on donna la derniere Représentation d'Omphale, dont on vient de parler, et on remit [...]
Mots clefs :
Comédie, Théâtre, Représentation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 22. on donna la derniere Représentation d'Omphale, dont on vient de parler, et on remit [...] »
Le 22. on donna la derniere Représentation
d'Omphale, dont on vient de parler , et on remit
au Théatre le 26. Jephté , Tragédie jouée
l'année derniere avec beaucoup de succès , et que
le Public revoit avec le même plaisir.
On apprend de Vienne , que le 27. du mois
dernier , on représenta au Palais pour la premiere
fois , le nouvel Opera Italien de Sancho Pansa
, Gouverneur , qui eut un fort grand succès.
Il fut honoré de la présence de L. M. Imp . et des
Archiduchesses. La composition du Poeme est
de l'Abbé Claude Pasquini , et la Musique du
Signor Antoine Caldara.
Quelques jours après , plusieurs Musiciens de
la Chambre de l'Empereur , représenterent devant
L. M. Imp sur le petit Théatre de la Cour
la Comédie en Prose , intitulée : Il Don Pilone.
On apprend par les Lettres de Rome , qu'on
donna le 12. du mois dernier , la premiere Représentation
de la Tragi- Comédie , intitulée : La
Fidelité victorieuse de la Trahison , qui eut beaucoup
d'applaudissemens .
d'Omphale, dont on vient de parler , et on remit
au Théatre le 26. Jephté , Tragédie jouée
l'année derniere avec beaucoup de succès , et que
le Public revoit avec le même plaisir.
On apprend de Vienne , que le 27. du mois
dernier , on représenta au Palais pour la premiere
fois , le nouvel Opera Italien de Sancho Pansa
, Gouverneur , qui eut un fort grand succès.
Il fut honoré de la présence de L. M. Imp . et des
Archiduchesses. La composition du Poeme est
de l'Abbé Claude Pasquini , et la Musique du
Signor Antoine Caldara.
Quelques jours après , plusieurs Musiciens de
la Chambre de l'Empereur , représenterent devant
L. M. Imp sur le petit Théatre de la Cour
la Comédie en Prose , intitulée : Il Don Pilone.
On apprend par les Lettres de Rome , qu'on
donna le 12. du mois dernier , la premiere Représentation
de la Tragi- Comédie , intitulée : La
Fidelité victorieuse de la Trahison , qui eut beaucoup
d'applaudissemens .
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Résumé : « Le 22. on donna la derniere Représentation d'Omphale, dont on vient de parler, et on remit [...] »
Le 22, la pièce 'Omphale' a été jouée pour la dernière fois. Le 26, la tragédie 'Jephté' a été acclamée. À Vienne, le 27 du mois précédent, l'opéra 'Sancho Pansa, Gouverneur' a été représenté en présence de l'Empereur. À Rome, le 12 du mois précédent, la tragi-comédie 'La Fidélité victorieuse de la Trahison' a été applaudie. Des musiciens ont joué 'Il Don Pilone' devant l'Empereur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 2249-2250
« On apprend de Rome qu'on y fit le 7 du mois dernier, l'ouverture du Théatre [...] »
Début :
On apprend de Rome qu'on y fit le 7 du mois dernier, l'ouverture du Théatre [...]
Mots clefs :
Comédie, Comédiens, Théâtre de Viterbe, Représentation, Fausse antipathie, Dangeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On apprend de Rome qu'on y fit le 7 du mois dernier, l'ouverture du Théatre [...] »
On apprend de Rome qu'on y fit le 7
du mois dernier , l'ouverture du Théatre
de Viterbe, par la premiere Représentation
d'un Opera , intitulé : Il Siroe , qui
fut tres -applaudi .
Le z. de ce mois , les Comédiens François
donnerent la premiere Représentation de la
Fausse Antipatie , Comédie en Vers , en trois
Actes,avec un Prologue , Cette Piece est de M. de
la
4150 MERCURE DE FRANCE
la Chaussée. Le Public a beaucoup applaudi à cer
Ouvrage, qu'il trouve ingenieux , plein d'esprit er
très-bien écrit. Nous en parlerons plus au long.
Ils ont remis depuis peu une petite Comédie de
feu M. Dancourt , sous le titre du Tuteur, en um
Acte.
Les mêmes Comédiens ont aussi remis an
Théatre , La Comédie des Comédiens , et l'Amour
Charlatan, du même Auteur , qui furent goûtées
dans leur nouveauté en 1710. et qu'on revoit
avec plaisir . La Dile Dangeville y joue le
Rôle de l'Amour , avec les graces et la legereté
tout le monde lui connoît.
que
On va jouer incessamment sur le même Théatre
, le Badinage , Comédie nouvelle , dont nous
parlerons dans le prochain Mercure.
du mois dernier , l'ouverture du Théatre
de Viterbe, par la premiere Représentation
d'un Opera , intitulé : Il Siroe , qui
fut tres -applaudi .
Le z. de ce mois , les Comédiens François
donnerent la premiere Représentation de la
Fausse Antipatie , Comédie en Vers , en trois
Actes,avec un Prologue , Cette Piece est de M. de
la
4150 MERCURE DE FRANCE
la Chaussée. Le Public a beaucoup applaudi à cer
Ouvrage, qu'il trouve ingenieux , plein d'esprit er
très-bien écrit. Nous en parlerons plus au long.
Ils ont remis depuis peu une petite Comédie de
feu M. Dancourt , sous le titre du Tuteur, en um
Acte.
Les mêmes Comédiens ont aussi remis an
Théatre , La Comédie des Comédiens , et l'Amour
Charlatan, du même Auteur , qui furent goûtées
dans leur nouveauté en 1710. et qu'on revoit
avec plaisir . La Dile Dangeville y joue le
Rôle de l'Amour , avec les graces et la legereté
tout le monde lui connoît.
que
On va jouer incessamment sur le même Théatre
, le Badinage , Comédie nouvelle , dont nous
parlerons dans le prochain Mercure.
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Résumé : « On apprend de Rome qu'on y fit le 7 du mois dernier, l'ouverture du Théatre [...] »
Le texte décrit des événements récents dans le monde du théâtre à Rome et à Paris. À Rome, le Théâtre de Viterbe a été inauguré le 7 du mois précédent avec la représentation de l'opéra 'Il Siroe', qui a été très applaudie. À Paris, le 20 du mois, les Comédiens Français ont présenté la première de 'La Fausse Antipathie', une comédie en vers en trois actes avec un prologue, écrite par M. de la Chaussée. Cette pièce a été bien accueillie pour son ingéniosité, son esprit et sa qualité d'écriture. Les Comédiens Français ont également repris plusieurs œuvres, dont 'Le Tuteur' de feu M. Dancourt, 'La Comédie des Comédiens' et 'L'Amour Charlatan', toutes deux de l'auteur et jouées avec succès en 1710. La comédienne Dangeville a interprété le rôle de l'Amour avec grâce et légèreté. Une nouvelle comédie intitulée 'Le Badinage' est prévue pour être jouée prochainement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 139-141
« Le 14 de ce mois les Comédiens François remirent au Theatre la [...] »
Début :
Le 14 de ce mois les Comédiens François remirent au Theatre la [...]
Mots clefs :
Théâtre, Comédie, Comédiens, Représentation, Comédiens-Français, Théâtre-Français, Comédiens-Italiens, Théâtre de l'Opéra, Bajazet, Adélaïde du Guesclin, Voltaire, Arlequin Grand Mogol, Misanthrope, Fêtes grecques et romaines, Fabrice, Théâtre du marché au foin, Carnaval
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 14 de ce mois les Comédiens François remirent au Theatre la [...] »
E 14 de ce mois les Comédiens
François remirent au Theatre la
Tragédie de Bajazet , dans laquelle la
Dlle Grandval, épouse du Sr Grandval
Comédien du Roy , joia pour la
premiere
fois le rôle d'Atalide et le joua
fort naturellement et avec intelligence .
Elle fut fort applaudie ; ce n'est cependant
que son coup d'essai. Les rôles Comiques
qu'elle a joués depuis, ont encore,
confirmé la bonne opinion qu'on a de ses,
talens , sur tout dans le rôle d'Hortense
dans la petite Comédie du Florentin.
. Le Lundi 18 , on donna sur le Theatre
François la premiere représentation d'Adelaide
Tragédie de M. de Voltaire :
elle fut aussi extraordinairement applaudie
و
que sevérement critiquée par une très
nombreuse assemblée , et peut- être à
l'excès ; car le Public, ne se contient
gueres dans de justes bornes sur les premieres
impressions qu'il reçoit d'un Ouvrage
d'esprit. Celui - ci fut beaucoup
mieux entendu , plus goûté et plus applaudi
à la seconde représentation qu'on
en donna le Mercredy 27. après quelques
Gvj chan
140 MERCURE DE FRANCE
changemens
faits par l'Auteur sur les
observations
du Public. Nous parlerons.
plus au long de cette Tragédie , dont
tous les Personnages
portent des noms
illustres
connus dans l'Histoire de
France .
>
On doit donner sur le même Theatre
au commencement de Février, une petite
Comédie nouvelle en un Acte , en Prose
de M. Fagan , sous le titre de la Grondense.
Le 14. les Comédiens Italiens donnerent
la premiere représentation d'une Comédie
nouvelle en Prose , en trois Actes , ornée
de trois Divertissements de Chant et de
Danses , ayant pour titre , Arlequin
Grand Mogo'. Elle est de la composition
de M. Delisle , Auteur de Timon le Misantrope,
et d'autres Piéces qu'il a données
au Theatre Italien .
Le 5. de ce mois les Comédiens François
représenterent à Versailles la Comédie
du Misantrope et la petite Piéce du
Tuteur. Le Sr Fiet ville joua avec applaudissement
le principal rôle dans la premiere
, et celui de Lucas dans l'autre.
Le 28. Andronic , et l'Impromptu de
Campagne.
Le 30. Janvier les Comédiens Italiens
représenterent à la Cour la Comédie
JANVIER . 1734. 141
Arlequin Sauvage , et celle d'Arlequin
Poli par l'Amour.
On continue sur le Theatre de l'Opera
les représentations d'Issé , et de Hypolite
et Aricie. On remettra au commencement
du mois prochain, le Ballet des Fêtes Grecques
etRomaines , avec une nouvelleEntrée,
Les paroles sont de M. Fuzelier , et la
Musique de M. de Blamont.
le 9
L'Opera de Fabrice en Italien,a été représenté
depuis peu à Londres , en présence
du Roy , de la Reine et de la Famille
Royale , avec beaucoup de succès.
On a appris de la même Ville que
de ce mois , on représenta en présence
du Roy et de la Reine sur le Theatre de
Lincols Innfiglds , le nouvel Opera
d'Ariadne. C'est le premier qu'on ait representé
sur ce Theâtre.
-
Le 16. on représenta à Londres , sur le
Theatre du Marché au Foin l'Opera
d'Arbaces. Et le même jour on joüa sur
le Theatre de Lincolns Innfields , celui
d'Ariadne.
On représenta le même jour pour l'ouverturedu
Carnaval à Rome , on donna sur le Theatre
de Florence , la premiere représentation d'une
Piéce intitulée Neron , ou le Mariage par interests:
François remirent au Theatre la
Tragédie de Bajazet , dans laquelle la
Dlle Grandval, épouse du Sr Grandval
Comédien du Roy , joia pour la
premiere
fois le rôle d'Atalide et le joua
fort naturellement et avec intelligence .
Elle fut fort applaudie ; ce n'est cependant
que son coup d'essai. Les rôles Comiques
qu'elle a joués depuis, ont encore,
confirmé la bonne opinion qu'on a de ses,
talens , sur tout dans le rôle d'Hortense
dans la petite Comédie du Florentin.
. Le Lundi 18 , on donna sur le Theatre
François la premiere représentation d'Adelaide
Tragédie de M. de Voltaire :
elle fut aussi extraordinairement applaudie
و
que sevérement critiquée par une très
nombreuse assemblée , et peut- être à
l'excès ; car le Public, ne se contient
gueres dans de justes bornes sur les premieres
impressions qu'il reçoit d'un Ouvrage
d'esprit. Celui - ci fut beaucoup
mieux entendu , plus goûté et plus applaudi
à la seconde représentation qu'on
en donna le Mercredy 27. après quelques
Gvj chan
140 MERCURE DE FRANCE
changemens
faits par l'Auteur sur les
observations
du Public. Nous parlerons.
plus au long de cette Tragédie , dont
tous les Personnages
portent des noms
illustres
connus dans l'Histoire de
France .
>
On doit donner sur le même Theatre
au commencement de Février, une petite
Comédie nouvelle en un Acte , en Prose
de M. Fagan , sous le titre de la Grondense.
Le 14. les Comédiens Italiens donnerent
la premiere représentation d'une Comédie
nouvelle en Prose , en trois Actes , ornée
de trois Divertissements de Chant et de
Danses , ayant pour titre , Arlequin
Grand Mogo'. Elle est de la composition
de M. Delisle , Auteur de Timon le Misantrope,
et d'autres Piéces qu'il a données
au Theatre Italien .
Le 5. de ce mois les Comédiens François
représenterent à Versailles la Comédie
du Misantrope et la petite Piéce du
Tuteur. Le Sr Fiet ville joua avec applaudissement
le principal rôle dans la premiere
, et celui de Lucas dans l'autre.
Le 28. Andronic , et l'Impromptu de
Campagne.
Le 30. Janvier les Comédiens Italiens
représenterent à la Cour la Comédie
JANVIER . 1734. 141
Arlequin Sauvage , et celle d'Arlequin
Poli par l'Amour.
On continue sur le Theatre de l'Opera
les représentations d'Issé , et de Hypolite
et Aricie. On remettra au commencement
du mois prochain, le Ballet des Fêtes Grecques
etRomaines , avec une nouvelleEntrée,
Les paroles sont de M. Fuzelier , et la
Musique de M. de Blamont.
le 9
L'Opera de Fabrice en Italien,a été représenté
depuis peu à Londres , en présence
du Roy , de la Reine et de la Famille
Royale , avec beaucoup de succès.
On a appris de la même Ville que
de ce mois , on représenta en présence
du Roy et de la Reine sur le Theatre de
Lincols Innfiglds , le nouvel Opera
d'Ariadne. C'est le premier qu'on ait representé
sur ce Theâtre.
-
Le 16. on représenta à Londres , sur le
Theatre du Marché au Foin l'Opera
d'Arbaces. Et le même jour on joüa sur
le Theatre de Lincolns Innfields , celui
d'Ariadne.
On représenta le même jour pour l'ouverturedu
Carnaval à Rome , on donna sur le Theatre
de Florence , la premiere représentation d'une
Piéce intitulée Neron , ou le Mariage par interests:
Fermer
Résumé : « Le 14 de ce mois les Comédiens François remirent au Theatre la [...] »
En janvier 1734, plusieurs événements marquants eurent lieu dans le monde du théâtre. Le 14 janvier, les Comédiens Français reprirent 'Bajazet', avec la demoiselle Grandval interprétant Atalide pour la première fois, recevant des applaudissements. Le 18 janvier, la tragédie 'Adélaïde' de Voltaire fut jouée au Théâtre Français, mieux appréciée lors de la seconde représentation le 27 janvier après modifications. Les Comédiens Italiens présentèrent 'Arlequin Grand Mogo', une comédie en prose en trois actes avec des divertissements. Les Comédiens Français jouèrent 'Le Misanthrope' et 'Le Tuteur' à Versailles le 5 janvier, et 'Andronic' et 'L'Impromptu de Versailles' le 28 janvier. Le 30 janvier, les Comédiens Italiens interprétèrent 'Arlequin Sauvage' et 'Arlequin Poli par l'Amour' à la Cour. À l'Opéra, les représentations d''Issé' et d''Hypolite et Aricie' continuaient, avec le ballet 'Les Fêtes Grecques et Romaines' prévu pour le mois suivant. À Londres, l'opéra 'Fabrice' fut représenté en présence de la famille royale, ainsi que 'Ariadne'. Le 16 janvier, 'Arbaces' et 'Ariadne' furent joués sur différents théâtres. À Rome, la pièce 'Néron, ou le Mariage par intérêts' ouvrit le carnaval.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 581
« Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Début :
Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...]
Mots clefs :
Duchesse du Maine, Théâtre de l'Arsenal, Représentation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe,
qui représentent des Comédies à l'Arsenal
, dont nous avons parlé dans le
dernier Mercure , donnerent le 28. Février
une Représentation de l'Ecole des
Femmes , suivie de la Parisienne , en présence
de S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine ; ces deux Pieces furent extrémement
applaudies , et cette petite
Societé a encore augmenté dans le genre
Comique , la réputation qu'elle s'est acquise
dans le sérieux ; quelques- uns de
ces Sujets , dont les talents sont très- goû
tez , mériteroient bien en effet d'être.
nommez et plus connus .
M. de Morand , Auteur du Prologue
dont nous avons donné l'Extrait , et qui
avoit affecté de ne rien dire de Mademoiselle
du Maine , prononça avant la
Représentation de la Coniédie , les Vers
suivans , qui furent extrémement applaudis,
et qui lui attirerent de nouvelles
marques de bonté de Madame et de Mademoiselle
du Maine .
qui représentent des Comédies à l'Arsenal
, dont nous avons parlé dans le
dernier Mercure , donnerent le 28. Février
une Représentation de l'Ecole des
Femmes , suivie de la Parisienne , en présence
de S. A. S. Madame la Duchesse
du Maine ; ces deux Pieces furent extrémement
applaudies , et cette petite
Societé a encore augmenté dans le genre
Comique , la réputation qu'elle s'est acquise
dans le sérieux ; quelques- uns de
ces Sujets , dont les talents sont très- goû
tez , mériteroient bien en effet d'être.
nommez et plus connus .
M. de Morand , Auteur du Prologue
dont nous avons donné l'Extrait , et qui
avoit affecté de ne rien dire de Mademoiselle
du Maine , prononça avant la
Représentation de la Coniédie , les Vers
suivans , qui furent extrémement applaudis,
et qui lui attirerent de nouvelles
marques de bonté de Madame et de Mademoiselle
du Maine .
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Résumé : « Les jeunes gens de l'un et l'autre Sexe, qui représentent des Comédies à l'Arsenal, [...] »
Le 28 février, des jeunes ont joué 'L'École des Femmes' et 'La Parisienne' à l'Arsenal devant Madame la Duchesse du Maine. Les pièces ont été très applaudies, confirmant le talent de cette société. M. de Morand, auteur du prologue, a reçu des éloges de Madame et Mademoiselle du Maine pour ses vers.
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15
p. 172-177
Nouveau projet de décoration pour les Théatres.
Début :
L'économie d'accord avec le bon goût & la raison, a porté M*** à construire [...]
Mots clefs :
Goût, Bon goût, Décoration pour les théâtres, Machine, Représentation, Scène
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texteReconnaissance textuelle : Nouveau projet de décoration pour les Théatres.
Nouveau projet de décoration pour les
L
Théatres.
'Économie d'accord avec le bon goût
& la raiſon , a porté M *** à conftruire
un théatre dans fon château , où il
a fupprimé les couliffes & les bandes
du haut de la ſcene , qui repréſentent tantôt
le ciel , d'autres fois le plafond d'un
appartement , des berceaux d'allées , ou la
voûte d'une caverne . Toute la fcene con--
fifte en un très- beau fallon , figuré par des
peintures plates , tant en haut qu'en bas ;
& quand cela a été fait , on a trouvé
cela étoit bon.
que
Au fond du théatre il y a deux piliers
de chaque côté ; ils font fort éclairés par
derriere , & font voir un tableau qui
change felon les pieces que l'on repréſente.
Tantôt c'est une place publique que
l'on voit , tantôt un palais , une forêt , la
mer , ou des jardins.
Ainfi l'endroit de la ſcene eft dormant ;
il eft composé d'un plafond , & de deux
côtés richement ornés d'architecture , méJUILLET.
1755. 173
nuiferie fculptée , ftatues & glaces , des
chandeliers à plufieurs branches , torcheres
& bras qui éclairent fort la fcene. On
y a ménagé deux portes de chaque côté
pour l'entrée & la fortie des Acteurs , ce
qui fait le même effet que les couliffes .
Aux quatre coins de la fcene font quatre
gros piliers , deux fur le devant furmontés
d'un fronton d'où defcend la toile ,
& les deux du fond avec pareil fronton ,
ou corniche pour encadrer la ferme ,
comme j'ai dit . Une de ces fermes ou décorations
, peut être affortie avec la ſcene,
& ne former qu'un bel appartement.
Il m'a paru que cette maniere de décorer
un théatre avoit de grands avantages
fur celle des couliffes changeantes & des
bandes d'en- haut qui les accompagnent
.
Toute illufion de l'art doit être rendue la
plus vraisemblable qu'il eft poffible ; celle
des couliffes approche trop près de l'oeil
du fpectateur , pour ne pas paroître pauvre
& groffiere. La perfpective , la dégradation
de lumiere , & les proportions des
perfonnages avec le lieu de la fcene ne
peuvent jamais s'y rencontrer. L'on apperçoit
par les couliffes le jeu des machines
& le travail des Machiniſtes : l'on y
voit tous les coopérateurs étrangers au
fpectacle , & on y place même des fpecta-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
teurs , dont la préfence & les mouvemens
choquent toujours la vérité des repréfentations.
Remarquons à ce fujet deux chofes intéreffantes
; l'une , combien les loges , balcons
, ou amphithéatre placés fur le théatre
, jettent de confufion dans les repréfentations
de l'Opéra ou de la Comédie ,
& combien les fpectateurs mêlés avec les
Acteurs y font nuifibles & indécens ; l'autre
obſervation eft que par ce même ufage
auquel on a accoutumé le public , on a
déja adopté mon fyftême , en deftinant
pour la fcene un lieu différent de celui
des décorations . Au théatre de Fontainebleau
, par exemple , la fcene fe paffe entre
deux rangs de loges , & la décoration
ne change qu'au fond du théatre ; mais
il feroit bien mieux d'adopter entierement
, ou de rejetter tout - à - fait ce ſyſtême.
Il confifte à deftiner un lieu exprès &
exclufivement pour la fcene , à l'imitation
des anciens. Ce lieu ne peut être mieux
entendu qu'en un très- beau fallon , & tout
un côté en feroit ouvert pour laiffer voir
celui que defire le fujet de la piece , on le
fuppoferoit joint aux lieux divers où fe
paffe l'action . Illufion pour illufion , le
fpectateur fe prêtera facilement à la moinJUILLET.
1755 175
dre des deux. Tout eft orné dans les repréfentations
dramatiques ; on y parle en
vers ou en chants ; les perfonnages les plus
fatigués fortans d'un naufrage , y font parés
& bien mis , les payfans y font galamment
vêtus. Ne peut-on pas fuppofer de
même qu'ils s'avancent vers le public , &
dans un lieu qui eft au public pour parler
de leurs intérêts , lorfqu'on voit par le
fond du théatre qu'ils en traitent dans
une chambre , dans une place , ou dans
une campagne ? L'on fuppofera que ce fallon
eft bâti fur le bord d'une forêt ou
d'une rue par cette illufion on ennoblit
la repréfentation , & par celle des couliffes
& de tout ce qui s'y paffe , on l'avilir.
Le jeu des machines , comme vols ,
chars , gloires , doit fe paffer au fond du
théatre & hors du lieu de la ſcene , pour
en mieux cacher les défauts.
La raifon d'économie feroit miférable
fi le ſpectacle ne s'en trouvoit pas mieux ;
en récompenfe fi l'on veut calculer les
frais , on pourra augmenter de dépense &
de magnificence fur d'autres chofes . La
fcene en fera mieux éclairée par des flambeaux
apparens que par ceux qui font à
moitié cachés derriere les couliffes ; l'on
pourra renouveller plus fouvent les décotations
& le fallon de la fcene ; l'on pro-
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
1
fitera des progrès de l'architecture moderne
& du deffein d'ornement.
La falle ( ou lieu des loges & des fpectateurs
) ne doit jamais avoir rien de commun
avec la fcene qui fe cache derriere
un rideau jufqu'au commencement de la
repréfentation : ce font , pour ainfi dire ,
deux pays différens ; l'on ne devroit orner
la falle qu'avec la plus grande fimplicité
pour contrafter & faire briller davantage
la magnificence & l'éclat du fpectacle
quand la toile fe leve .
On ne doit rien épargner pour la beauté
de la ferme du : ond du théatre. Dans
le plan que je propofe , ce devroit être
autant de tableaux exquis peints par les
meilleurs Maîtres , & toujours d'un coloris
frais ; ils ne doivent jamais être difpofés
en deux parties , ce qui y y forme au
milieu une raye noire & defagréable ; ces
tableaux feroient plus ou moins reculés &
diftans des deux colonnes de la fcene , felon
les lieux qu'ils repréſenteroient & les
machines qui devroient paroître dans cette
diſtance. On y verroit donc quelquefois
le théatre très- profond avec des morceaux
avancés ,, comme portiques , tours , arbres ,
rochers , &c. mais jamais de couliffes.
L'on pourroit effſayer ce projet au théatre
de l'Opéra qui y eft tout difpofé , l'on
JUILLE T. 1755. 177
formeroit un fallon des fix premieres couliffes
de chaque côté , & le goût du public
décideroit.
L
Théatres.
'Économie d'accord avec le bon goût
& la raiſon , a porté M *** à conftruire
un théatre dans fon château , où il
a fupprimé les couliffes & les bandes
du haut de la ſcene , qui repréſentent tantôt
le ciel , d'autres fois le plafond d'un
appartement , des berceaux d'allées , ou la
voûte d'une caverne . Toute la fcene con--
fifte en un très- beau fallon , figuré par des
peintures plates , tant en haut qu'en bas ;
& quand cela a été fait , on a trouvé
cela étoit bon.
que
Au fond du théatre il y a deux piliers
de chaque côté ; ils font fort éclairés par
derriere , & font voir un tableau qui
change felon les pieces que l'on repréſente.
Tantôt c'est une place publique que
l'on voit , tantôt un palais , une forêt , la
mer , ou des jardins.
Ainfi l'endroit de la ſcene eft dormant ;
il eft composé d'un plafond , & de deux
côtés richement ornés d'architecture , méJUILLET.
1755. 173
nuiferie fculptée , ftatues & glaces , des
chandeliers à plufieurs branches , torcheres
& bras qui éclairent fort la fcene. On
y a ménagé deux portes de chaque côté
pour l'entrée & la fortie des Acteurs , ce
qui fait le même effet que les couliffes .
Aux quatre coins de la fcene font quatre
gros piliers , deux fur le devant furmontés
d'un fronton d'où defcend la toile ,
& les deux du fond avec pareil fronton ,
ou corniche pour encadrer la ferme ,
comme j'ai dit . Une de ces fermes ou décorations
, peut être affortie avec la ſcene,
& ne former qu'un bel appartement.
Il m'a paru que cette maniere de décorer
un théatre avoit de grands avantages
fur celle des couliffes changeantes & des
bandes d'en- haut qui les accompagnent
.
Toute illufion de l'art doit être rendue la
plus vraisemblable qu'il eft poffible ; celle
des couliffes approche trop près de l'oeil
du fpectateur , pour ne pas paroître pauvre
& groffiere. La perfpective , la dégradation
de lumiere , & les proportions des
perfonnages avec le lieu de la fcene ne
peuvent jamais s'y rencontrer. L'on apperçoit
par les couliffes le jeu des machines
& le travail des Machiniſtes : l'on y
voit tous les coopérateurs étrangers au
fpectacle , & on y place même des fpecta-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
teurs , dont la préfence & les mouvemens
choquent toujours la vérité des repréfentations.
Remarquons à ce fujet deux chofes intéreffantes
; l'une , combien les loges , balcons
, ou amphithéatre placés fur le théatre
, jettent de confufion dans les repréfentations
de l'Opéra ou de la Comédie ,
& combien les fpectateurs mêlés avec les
Acteurs y font nuifibles & indécens ; l'autre
obſervation eft que par ce même ufage
auquel on a accoutumé le public , on a
déja adopté mon fyftême , en deftinant
pour la fcene un lieu différent de celui
des décorations . Au théatre de Fontainebleau
, par exemple , la fcene fe paffe entre
deux rangs de loges , & la décoration
ne change qu'au fond du théatre ; mais
il feroit bien mieux d'adopter entierement
, ou de rejetter tout - à - fait ce ſyſtême.
Il confifte à deftiner un lieu exprès &
exclufivement pour la fcene , à l'imitation
des anciens. Ce lieu ne peut être mieux
entendu qu'en un très- beau fallon , & tout
un côté en feroit ouvert pour laiffer voir
celui que defire le fujet de la piece , on le
fuppoferoit joint aux lieux divers où fe
paffe l'action . Illufion pour illufion , le
fpectateur fe prêtera facilement à la moinJUILLET.
1755 175
dre des deux. Tout eft orné dans les repréfentations
dramatiques ; on y parle en
vers ou en chants ; les perfonnages les plus
fatigués fortans d'un naufrage , y font parés
& bien mis , les payfans y font galamment
vêtus. Ne peut-on pas fuppofer de
même qu'ils s'avancent vers le public , &
dans un lieu qui eft au public pour parler
de leurs intérêts , lorfqu'on voit par le
fond du théatre qu'ils en traitent dans
une chambre , dans une place , ou dans
une campagne ? L'on fuppofera que ce fallon
eft bâti fur le bord d'une forêt ou
d'une rue par cette illufion on ennoblit
la repréfentation , & par celle des couliffes
& de tout ce qui s'y paffe , on l'avilir.
Le jeu des machines , comme vols ,
chars , gloires , doit fe paffer au fond du
théatre & hors du lieu de la ſcene , pour
en mieux cacher les défauts.
La raifon d'économie feroit miférable
fi le ſpectacle ne s'en trouvoit pas mieux ;
en récompenfe fi l'on veut calculer les
frais , on pourra augmenter de dépense &
de magnificence fur d'autres chofes . La
fcene en fera mieux éclairée par des flambeaux
apparens que par ceux qui font à
moitié cachés derriere les couliffes ; l'on
pourra renouveller plus fouvent les décotations
& le fallon de la fcene ; l'on pro-
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
1
fitera des progrès de l'architecture moderne
& du deffein d'ornement.
La falle ( ou lieu des loges & des fpectateurs
) ne doit jamais avoir rien de commun
avec la fcene qui fe cache derriere
un rideau jufqu'au commencement de la
repréfentation : ce font , pour ainfi dire ,
deux pays différens ; l'on ne devroit orner
la falle qu'avec la plus grande fimplicité
pour contrafter & faire briller davantage
la magnificence & l'éclat du fpectacle
quand la toile fe leve .
On ne doit rien épargner pour la beauté
de la ferme du : ond du théatre. Dans
le plan que je propofe , ce devroit être
autant de tableaux exquis peints par les
meilleurs Maîtres , & toujours d'un coloris
frais ; ils ne doivent jamais être difpofés
en deux parties , ce qui y y forme au
milieu une raye noire & defagréable ; ces
tableaux feroient plus ou moins reculés &
diftans des deux colonnes de la fcene , felon
les lieux qu'ils repréſenteroient & les
machines qui devroient paroître dans cette
diſtance. On y verroit donc quelquefois
le théatre très- profond avec des morceaux
avancés ,, comme portiques , tours , arbres ,
rochers , &c. mais jamais de couliffes.
L'on pourroit effſayer ce projet au théatre
de l'Opéra qui y eft tout difpofé , l'on
JUILLE T. 1755. 177
formeroit un fallon des fix premieres couliffes
de chaque côté , & le goût du public
décideroit.
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Résumé : Nouveau projet de décoration pour les Théatres.
Le texte présente un projet de décoration pour les théâtres, visant à allier économie et esthétique. L'auteur propose de supprimer les coulisses et les bandes au-dessus de la scène, remplacées par des peintures plates figurant un fallon. La scène est ainsi composée d'un plafond et de deux côtés richement ornés d'architecture, de menuiserie sculptée, de statues, de glaces, de chandeliers et de torches. Au fond du théâtre, deux piliers de chaque côté sont fortement éclairés par derrière, affichant des tableaux changeants selon les pièces représentées, tels qu'une place publique, un palais, une forêt, la mer ou des jardins. Deux portes de chaque côté permettent l'entrée et la sortie des acteurs, remplaçant ainsi les coulisses. L'auteur critique les coulisses changeantes et les bandes du haut, jugées trop proches de l'œil du spectateur, révélant les machines et le travail des machinistes, ce qui perturbe l'illusion du spectacle. Les loges et balcons placés sur le théâtre créent de la confusion et nuisent à la représentation. Le projet propose de définir un lieu exclusif pour la scène, imitant les anciens théâtres, avec un côté ouvert pour montrer le décor souhaité par la pièce. Les machines, comme les vols ou les chars, devraient se passer au fond du théâtre pour mieux cacher leurs défauts. L'auteur estime que, bien que l'économie soit une raison misérable, le spectacle en bénéficierait. La scène serait mieux éclairée par des flambeaux apparents, et les décorations pourraient être renouvelées plus souvent. La salle des spectateurs ne doit avoir rien en commun avec la scène, qui se cache derrière un rideau jusqu'au début de la représentation. La ferme du fond du théâtre devrait être ornée de tableaux exquis peints par les meilleurs maîtres, toujours d'un coloris frais, et jamais divisés en deux parties. Ce projet pourrait être testé au théâtre de l'Opéra, en utilisant les premières coulisses de chaque côté, et le goût du public déciderait de son succès.
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16
p. 211-212
DE VERSAILLES, le 3 Mai.
Début :
L'Ecole des Chevaux-Legers de la Garde ordinaire du Roi, vient de donner à Monseigneur [...]
Mots clefs :
Duc de Bourgogne, École, Garde du roi, Maniement des armes, Infanterie, Exercices, Représentation, Inspection, Milice, Abbaye, Diocèse, Ordre, Abbé, Sceau, Marquis, Sa Majesté
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texteReconnaissance textuelle : DE VERSAILLES, le 3 Mai.
DE VERSAILLES le 3 Mai.
L'Ecole des Chevaux- Legers de la Garde ordinaire
du Roi , vient de donner à Monfeigneur le
Duc de Bourgogne le même fpectacle qu'elle offrit
à Sa Majesté au mois de Juin 1756. Les Eleves
de cette Ecole firent devant ce Prince le maniement
des armes , les évolutions de l'infanterie ,
les exercices de l'efcrime & du voltiger. De la
falle de ces exercices , le Prince paffa à une galle
-rie qui domine une vafte carriere , d'où il vit faire
le manége , les évolutions de cavalerie & différentes
courfes de tête. Enfuite les Eléves lui donnèrent
des images de choc & de mêlée de cavalerie
, de poftes attaqués , d'infanterie forcée dans
212 MERCURE DE FRANCE .
fes retranchemens . Ce fpectacle guerrier fe ter
mina par la réunion de l'infanterie & de la cavalerie
formée en bataille devant le Prince , qui en
parut fort fatisfait.
Toutes les perfonnes qui accompagnèrent Monfeigneur
le Duc de Bourgogne, & une foule nombreuſe
de ſpectateurs , applaudirent aux ſuccès des
Eleves de cette Ecole , qui fe perfectionne tous les
jours.
Sa Majefté a chargé de l'Infpection des Milices
Gardes Côtes de la Province de Bretagne , le
Comte de la Noue de Vair , Colonel réformé à la
fuire du régiment de Picardie.
Du 1000
Le Roi a donné l'Abbaye de la Garde - Dieu ,
Ordre de Citeaux , Diocèle de Cahors , à l'Abbé
de Foy , Prêtre du Diocèle de Bourges.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Citeaux , Diocèle
de Limoges , à l'Abbé Defmarais , Grand-Vicaire
& Chanoine de la Cathédrale de Troyes.
L'Abbaye de Madion , Ordre de S. Benoît
Diocèle de Saintes , à l'Abbé d'Hériffon , Chanoine
de la Cathé Irale de Saintes.
Et le Prieuré de S. Pierre Defurunnes , Diocèfe
de la Rochelle , au fieur la Boucherie de Varaiſe ,
Chanoine de la Rochelle , & Confeiller- Clerc au
Préfidial de cette Ville.
Du 17.
Lei de ce mois , le Roi tint le fceau la
pour
quarante-neuvieme fois. Le Marquis de Bethune
prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté ,
pour la charge de Colonel- Général de la Cavalerie
Légere , vacante par la mort du Prince de Turenne.
L'Ecole des Chevaux- Legers de la Garde ordinaire
du Roi , vient de donner à Monfeigneur le
Duc de Bourgogne le même fpectacle qu'elle offrit
à Sa Majesté au mois de Juin 1756. Les Eleves
de cette Ecole firent devant ce Prince le maniement
des armes , les évolutions de l'infanterie ,
les exercices de l'efcrime & du voltiger. De la
falle de ces exercices , le Prince paffa à une galle
-rie qui domine une vafte carriere , d'où il vit faire
le manége , les évolutions de cavalerie & différentes
courfes de tête. Enfuite les Eléves lui donnèrent
des images de choc & de mêlée de cavalerie
, de poftes attaqués , d'infanterie forcée dans
212 MERCURE DE FRANCE .
fes retranchemens . Ce fpectacle guerrier fe ter
mina par la réunion de l'infanterie & de la cavalerie
formée en bataille devant le Prince , qui en
parut fort fatisfait.
Toutes les perfonnes qui accompagnèrent Monfeigneur
le Duc de Bourgogne, & une foule nombreuſe
de ſpectateurs , applaudirent aux ſuccès des
Eleves de cette Ecole , qui fe perfectionne tous les
jours.
Sa Majefté a chargé de l'Infpection des Milices
Gardes Côtes de la Province de Bretagne , le
Comte de la Noue de Vair , Colonel réformé à la
fuire du régiment de Picardie.
Du 1000
Le Roi a donné l'Abbaye de la Garde - Dieu ,
Ordre de Citeaux , Diocèle de Cahors , à l'Abbé
de Foy , Prêtre du Diocèle de Bourges.
L'Abbaye de Bonlieu , Ordre de Citeaux , Diocèle
de Limoges , à l'Abbé Defmarais , Grand-Vicaire
& Chanoine de la Cathédrale de Troyes.
L'Abbaye de Madion , Ordre de S. Benoît
Diocèle de Saintes , à l'Abbé d'Hériffon , Chanoine
de la Cathé Irale de Saintes.
Et le Prieuré de S. Pierre Defurunnes , Diocèfe
de la Rochelle , au fieur la Boucherie de Varaiſe ,
Chanoine de la Rochelle , & Confeiller- Clerc au
Préfidial de cette Ville.
Du 17.
Lei de ce mois , le Roi tint le fceau la
pour
quarante-neuvieme fois. Le Marquis de Bethune
prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté ,
pour la charge de Colonel- Général de la Cavalerie
Légere , vacante par la mort du Prince de Turenne.
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Résumé : DE VERSAILLES, le 3 Mai.
Le 3 mai, l'École des Chevaux-Légers de la Garde ordinaire du Roi a présenté un spectacle au Duc de Bourgogne, similaire à celui offert au Roi en juin 1756. Les élèves ont démontré le maniement des armes, les évolutions de l'infanterie, ainsi que les exercices d'escrime et de voltige. Le Duc a ensuite observé des manœuvres de cavalerie et diverses courses de tête depuis une galerie. Les élèves ont simulé des combats de cavalerie, des attaques de postes et de l'infanterie forcée dans ses retranchements. Le spectacle s'est conclu par une formation en bataille de l'infanterie et de la cavalerie devant le Prince, qui en a été très satisfait. Les spectateurs ont applaudi les performances des élèves, soulignant leur perfectionnement constant. Par ailleurs, le Roi a nommé le Comte de la Noue de Vair à l'inspection des Milices Gardes Côtes de la Province de Bretagne. Il a également attribué diverses abbayes et prieurés à des ecclésiastiques. Le 17 mai, le Roi a tenu le sceau pour la quarante-neuvième fois, et le Marquis de Béthune a prêté serment pour la charge de Colonel-Général de la Cavalerie Légère, vacante suite au décès du Prince de Turenne.
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17
p. 167-178
SUITE DES SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES.
Début :
LE Jeudi 17 Février, les Comédiens François représenterent Inès de Castro, [...]
Mots clefs :
Comédie, Rôle, Pièce, Théâtre, Représentation, Comédiens
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texteReconnaissance textuelle : SUITE DES SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES.
SUITE DES SPECTACLES DE LA
COUR A VERSAILLES .
L E Jeudi 17 Février , les Comédiens
François repréfenterent Inès de Caftro ,
Tragédie du feu fieur LA MOTTE ( a ) ,
& pour feconde Piéce l'Ecole amoureu--
fe , Comédie en un A&te & en vers du
fieur BRET ( b ).
Dans la Tragédie , le rôle d'Inès fut
( a) Première repréſentation d'Inès en 1720 ;
32 repréſent. de fuite.
(b) L'Ecole amoureuse en 1747. & repréſent.
168 MERCURE DE FRANCE .
joué par la Dlle GAUSSIN , celui de la
Reine par la Dile DUBOIS , & celui de
Conftance par la Dlle Huss. Le fieur
BELCOUR joua le rôle de Rodrigue , le
fieur MOLÉ , celui de D. Pedre , le fieur
BRIZART ,Alphonfe , le fieur DUBOIS,
l'Ambassadeur de Caftille , & le fieur
DAUBERVAL , le rôle de Henrique.
Le fieur MOLÉ , les Dlles Huss
PRÉVILLE , BELCOUR & LE Kain,
jouerent dans la Comédie.
Le Mardi 22 Fevrier , les mêmes Comédiens
repréſenterent les Femmes fçavantes
, ( c ) Comédie en vers , en cinq
Actes , de MOLIERE , Cette excellente
Piéce fut très-bien rendue ; elle fit fur
les Amateurs du vrai genre comique ,
l'effet qu'on doit toujours attendre des
Ouvrages de l'inimitable génie qui a
créé & en même temps . perfectionné
le Théâtre François , lorfqu'on apportera
, en remettant ces chefs-d'oeuvres ,
toutes les attentions qu'ils méritent .
La Dlle DUMESNIL jouoit le rôle
de Philaminte. Les Dlles PRÉVILLE &
Huss , ceux des deux filles. Belife
étoit jouée par la Dlle DROUIN , & la
Dlle BELCOUR jouoit le rôle de la
Servante Martine . Chrifalde & Arifte ,
( c ) Première repréſentation en 1651 .
par
AVRIL . 1763 . 169
2
par les fieurs BONNEVAL & DAUBERVAL.
Le rôle de Clitandre étoit joué
par le fieur BELCOUR ; ceux de Trillotin
& Vadius , par les fieurs DANGEVILLE
& ARMAND ; & celui de Julien,
par le fieur BOURET.
Cette Piéce fut fuivie de la Famille
extravagante ( d ) Comédie en un Acte
& en Vers du feu fieur LEGRAND.
Plufieurs des mêmes A&teurs & Actrices
de la grande Piéce repréfentoient
dans celle-ci , excepté le rôle de Cléon
Amant d'Elife , joué par le Sr MOLÉ ,
celui d'Elife par la Dlle DESPINAY , &
le rôle de Soubrette par la Dlle LE
KAIN. Le lendemain on repréſenta
pour la feconde fois Vertumne & Pomone
, Ballet extrait des Elémens, dont
nous avons parlé dans le Mercure de
Mars. Cette repréſentation d'Opéra fut
précédée d'une Comédie Italienne intitulée
le Diable boiteux , jouée par les
Acteurs de ce Théâtre.
Le 2 Mars on donna un Ballet en
un Acte intitulé la Vue , extrait du
Ballet des Sens; Poëme du fieur ROI
Mufique du feu fieur MOURet.
La Dlle LE MIERRE , ( époufe du
fieur LARRIVÉE , ) chanta le rôle de
( d ) Première repréſentation en 1709.
I. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
T
l'Amour , la Dlle VILLETTE , du
Théâtre des Italiens , ( époufe du feur
LA RUETTE ) chanta le rôle de Zé
phire. La Dile DUBOIS , l'ainée , celui
d'Iris , & le fieur LARRIVÉE celui
d'Aquilon. Une indifpofition accidentelle
dans la voix de la Dlle LE MIERRE
mit l'éxécution de ce Baliet en rifque de
n'être pas achevée , & nuifit à fon fuccès.
La Dlle LANI & le fieur GARDEL
danferent des Pas feuls ; le fieur LAVAL,
la Dile VESTRIS , les fieurs LANI
DAUBERVAL , les Dlles ALLARD &
PESLIN danfoient différens Pas
toutes les principales Entrées.
la
La repréſentation de cet Opéra fut
précédée d'une Comédie Italienne
nouvelle , en un A&te , intitulée Arlequin
cru mort , par le fieur GOLDONI .
Cette Comédie fit plaifir ; & l'on rendit ,
par des fuffrages très -honorables
même juftice aux talens de ce célébre
Etranger , que l'on avoit déjà rendue à
la repréfentation de l'Amour Paternel.
Le lendemain Jeudi 3 Mars
".
Comédiens François repréfenterent les
Déhors trompeurs ou l'Homme dujour,(e)
( e ) Premiere repréſentation en 1740. 17
repréſentations,
,
les
AVRIL 1763. 171
Comédie en cinq Actes & en Vers
du feu fieur DE BOISSY . Le Baron
étoit joué par le fieur BELCOUR ; le
Marquis , par le fieur MOLÉ ; M. de
Forlis , par le fieur BONNEVAL ; &
Champagne , par le fieur PREVILLE ;
le rôle de la Comteffe , par la Dlle DANGEVILLE
; ceux de Lucile & de Céliante,
par les Diles HUSS & PREVILLE;
celui de Lifette , par la Dlle BELCOUR .
La feconde Piéce étoit l'Ile déferte ,
Comédie en un A&te & en Vers , du
fieur COLLET. Le fieur MOLE y jonoit
le rôle de Ferdinand, le fieur BELCOUR,
celui de Timante ; & le fieur PRÉVILLE,
le Matelot ; les rôles de Conftance & de
Silvie , furent joués par les Diles PRÉ-
VILLE & HUSS.
Le Mardi , 8Mars , par les mêmes Comédiens,
le Dépit amoureux , Comédie
de MOLIERE en 5 Actes en Vers. (f)
Erafte étoit joué par le fieur BELCOUR
, & Gros- René , fon valet , par
le fieur ARMAND ; Valére , par le fieur
MOLÉ & Mafcarille ,, par le fieur
BOURET ; les deux Vieillards , par les
fieurs BONNEVAL & BLAINVILLE ;
le Pédant , par le fieur DANGEVILLE ;
Lucile, par la Dlle GAUSSIN , fa Sui-
(f) En 1658.
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
vante , Marinette , par la Dlle DANGEVILLE
, Afcagne , par la Dlle DUBOIS ,
& fa Suivante Frofine , par la Dlle LE
ΚΑΙΝ,
Pour feconde Piéce,on donna Annette
& Lubin , Comédie en un Acté , mêlée
d'Ariettes , de la Dlle FAVART & du
fieur L ***, Cette Piéce fut repréſen
tée par les Comédiens du Théâtre Italien
, ainfi qu'elle l'eft à Paris & par
les mêmes Acteurs.
Le lendemain , Mercredi , 9 Mars ,
après la repréſentation du Barbier paralitique
, Comédie Italienne , on éxécuta
le Devin du Village , ( g ) intermède ,
Paroles & Mufique du fieur ROUSSEau.
Le rôle de Colin , étoit parfaitement
rempli par le fieur GÉLIOTE, qui ne doit
rien du plaifir extrême que font fa voix &
fes talens à la difficulté d'en jouir depuis
fa retraite ; la Dlle VILLETTE
( époufe du fieur LARUETTE , ) a joué
& chanté très- agréablement le rôle de
Colette , dans lequel elle avoit déjà eu
du fuccès fur le Théâtre de l'Opéra ,
avant de paffer à celui de la Comédie
Italienne. Le fieur CAILLOT , Acteur
de ce dernier Théâtre , & des talens duquel
nous avons fi fouvent occafion de
( g ) Première repréſent . à l'Opéra en 1753•
AVRIL 1763. 173
parler avec de nouveaux éloges , a fort
bien chanté auffi le rôle du Devin dans
cet Interméde. On a pû reconnoître
quoique dans une petite étendue d'action
, ce que prête d'avantage au jeu
d'un chanteur l'habitude & l'art de la
Comédie . On parlera ci-après du Divertiffement
de la fin de cet Intermé-.
de , à l'Article de la feconde repriſe.
Le jour fuivant , 10 Mars , les Comédiens
François repréfenterent Brutus,
(h) Tragédie du Sr VOLTAIRE. Brutus
& Valérius , par les fieurs BRISART &
BLAINVILLE ; Arons , par le fieur
DUBOIS ; Titus , Fils de Brutus , par
le fieur LE KAIN ; Meffala , par le fieur
PAULIN ; Proculus , par le fieur DAUBERVAL
; Tullie , par la Dlle Huss , &
Algine , par la Dile DESPINAY.
Pour petite Piéce , l'Esprit de contradition,
Comédie en un Acte & en Profe,
du feu fieur DUFRESNI ( i ) . Le fieur
MOLE y jouoit le rôle de Valére ; le
fieur PAULIN , celui de Lucas ; le fieur
BONNEVAL , Oronte ; le fieur DANGEVILLE
, Tibaudois ; la Dlle DROUIN ,
Mde Oronte; & la Dlle Huss, Angélique.
(h ) Première Repréſentation en 1730.
35 repréfentations.
(i ) Première repréfent. en 1700. 16 repréf.
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
f
Le Mardi 15 , les Comédiens François
donnerent Mélanide , ( k ) Comédie en
Vers en cinq Actes , du feu fieur DE
LA CHAUSSÉE . Lefieur BRISART repréfentoit
le Marquis d'Orvigny ; le
fieur DUBOIS , Théodon ; le fieur BELCOUR
, Darviane , la Dlle GAUSSIN
Melanide ; la Dlle DROUIN , Dorifées
& la Dlle Huss , Rofalie.
A la fuite de cette Piéce les Acteurs
de la Comédie Italienne éxécuterent le
Bucheron , Comédie mêlée d'Ariettes.
Mufique du fieur PHILIDOR , Paroles
du fieur GUICHARD & du fieur C***
Cette efpèce d'Interméde comique ,
très-ſuivi à Paris & duquel nous parlerons
plus en détail ci- après , parut agréable
à la Cour ; ceux. mêmes qui n'approuvent
pas l'application des tours &
de l'accent de la Mufique Italienne aux
Paroles Françoiſes rendirent juftice aux
grands talens du fieur PHILIDOR : & le
fieur CAILLOT , qui a l'art de rendre
aimable tout ce qu'il éxécute , en adouciffant
cet accent mufical étranger à l'expreffion
de notre langue , réunit les
fuffrages des Amateurs de l'un & de
l'autre genre. On donnera connoiffance
de cet Ouvrage dans l'Article des
Spectacles de Paris.
( k) Première repréſent . en 1741. 16 repræl
AVRIL. 1763. 175
>
Le lendemain , 16 Mars , a été , pour
afnfi dire , un jour de fête diftinguée fur
le Théâtre de la Cour , par la réunion
des deux plus agréables Ouvrages en
Mufique & en Paroles dans différens
genres ,
éxécutés par les plus rares ta
lens propres à ce Spectacle. La troifiéme
repriſe de Vertumne & Pomone ,
Ballet , & la deuxième du Devin
du Village occupérent entiérement fa
Scène. Les Acteurs , dont on a parlé cideffus
parurent dans l'un & l'autre
Ballet s'être furpaffés. Le Divertiffement
de Vertumne & Pomone , compofé comme
tous ceux des autresSpectacles qu'on
avoit donnés , de plufieurs morceaux
choifis dans divers Opéra ou autres
Ouvrages , étoit particuliérement ajusté
pour donner beaucoup d'airs de différens
genres au fieur GÉLIOTE , qui
les chanta tous avec la même voix
qu'on a tant admirée & avec un
naturel dans les tours de fon chant &
des graces que peut- être , fans illufion ,
on pourroit regarder comme nouvellement
acquifes & ajoûtées encore à tout
ce qu'on lui connoiffoit de fupériorité
dans ce talent.
Le Divertiffement dans le Devin du
Village , fubftitué à celui de cet Inter-
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
méde , étoit charmant par la variété &
par la gaîté des morceaux dont il étoit
compofé. Le fieur CAILLOT y chantoit
une Ariette compofée pour cet objet
par le fieur PHILIDOR : mais ce qu'il
y avoit de plus faillant & d'unique en
fon genre , étoit un Pas de quatre Villageois
& Villageoifes
, éxécuté par le
fieur LANI , la Dlle ALLARD , le fieur
DAUBERVAL
& la Dlle PESLIN . Ces
quatre Sujets dont l'affortiment
du genre
, des tailles & des talens , feroit impoffible
à raffembler
dans toute l'Europe
, éxécutoient
ce Pas avec une double
préciſion de jufteffe & de graces co miques, qui méritoient
toute l'admiration
dont ils furent honorés & qui comblerent
le plaifir que faifoit l'enſemble
de ce Spectacle.
Ces divertiffemens étoient arrangés
ainfi que tous les précédens , par le fieur
REBEL , Surintendant de la Mufique
du Roi , de fémeftre depuis le premier
Janvier. Le goût du choix & la plus délicate
analogie dans les rapports de genre
avec les Ouvrages auxquels ces Divertiffemens
étoient adaptés , ont reçu
& mérité de très-juftes éloges .
Le Jeudi , 17 Mars , on donna Zaïre , (1)
(4) Prem. Repréfent, en 1732. 30 Repréfent.
AVRIL 1763. 177
1.
Tragédie du fieur de VOLTAIRE
Orofmane , repréfenté par le fieur LE
KAIN ;Lufignan, par le fieur BRISART;
Néreftan & Chatillon , par les fieurs
MOLE & DUBOIS ; Zaïre , par la Dlle
GAUSSIN ; Fatime , par la Dlle PRÉ-
VILLE .
Ce même jour , qui étoit , felon l'ufage
, celui de la clôture des Spectacles
à la Cour , fut auffi marqué par une repréfentation
très- intéreffante fçavoir
celle de l'Anglois à Bordeaux , Comédie
en un Acte , en Vers libres , du fieur
FAVART , à l'occafion de la Paix , repréfentée,
à Paris pour la premiere fois ,
le Lundi précédent , on diroit avec le
plus grand fuccès , fi celui qu'elle a eu à
la Cour n'avoit été en quelque forte encore
plus éclatant. Nous parlerons
dans l'Article de Paris , de cette Piéce
nouvelle dont l'Auteur a eu l'honneur
d'être préſenté au Roi .
P
N. B. On a éxactement nommé , dans
cettefin du Journal des Spectacles de la
Cour , tous les Acteurs qui ont repréſen
té dans chaque Piéce du Théâtre François
, afin de conftater en même temps
les Sujets éxiftans à ce Théatre pendant
cette derniere année & le fervice qu'ils
Ну
178 MERCURE DE FRANCE .
ont eu l'honneur de remplir en préfence
de leurs Majeftés.
COUR A VERSAILLES .
L E Jeudi 17 Février , les Comédiens
François repréfenterent Inès de Caftro ,
Tragédie du feu fieur LA MOTTE ( a ) ,
& pour feconde Piéce l'Ecole amoureu--
fe , Comédie en un A&te & en vers du
fieur BRET ( b ).
Dans la Tragédie , le rôle d'Inès fut
( a) Première repréſentation d'Inès en 1720 ;
32 repréſent. de fuite.
(b) L'Ecole amoureuse en 1747. & repréſent.
168 MERCURE DE FRANCE .
joué par la Dlle GAUSSIN , celui de la
Reine par la Dile DUBOIS , & celui de
Conftance par la Dlle Huss. Le fieur
BELCOUR joua le rôle de Rodrigue , le
fieur MOLÉ , celui de D. Pedre , le fieur
BRIZART ,Alphonfe , le fieur DUBOIS,
l'Ambassadeur de Caftille , & le fieur
DAUBERVAL , le rôle de Henrique.
Le fieur MOLÉ , les Dlles Huss
PRÉVILLE , BELCOUR & LE Kain,
jouerent dans la Comédie.
Le Mardi 22 Fevrier , les mêmes Comédiens
repréſenterent les Femmes fçavantes
, ( c ) Comédie en vers , en cinq
Actes , de MOLIERE , Cette excellente
Piéce fut très-bien rendue ; elle fit fur
les Amateurs du vrai genre comique ,
l'effet qu'on doit toujours attendre des
Ouvrages de l'inimitable génie qui a
créé & en même temps . perfectionné
le Théâtre François , lorfqu'on apportera
, en remettant ces chefs-d'oeuvres ,
toutes les attentions qu'ils méritent .
La Dlle DUMESNIL jouoit le rôle
de Philaminte. Les Dlles PRÉVILLE &
Huss , ceux des deux filles. Belife
étoit jouée par la Dlle DROUIN , & la
Dlle BELCOUR jouoit le rôle de la
Servante Martine . Chrifalde & Arifte ,
( c ) Première repréſentation en 1651 .
par
AVRIL . 1763 . 169
2
par les fieurs BONNEVAL & DAUBERVAL.
Le rôle de Clitandre étoit joué
par le fieur BELCOUR ; ceux de Trillotin
& Vadius , par les fieurs DANGEVILLE
& ARMAND ; & celui de Julien,
par le fieur BOURET.
Cette Piéce fut fuivie de la Famille
extravagante ( d ) Comédie en un Acte
& en Vers du feu fieur LEGRAND.
Plufieurs des mêmes A&teurs & Actrices
de la grande Piéce repréfentoient
dans celle-ci , excepté le rôle de Cléon
Amant d'Elife , joué par le Sr MOLÉ ,
celui d'Elife par la Dlle DESPINAY , &
le rôle de Soubrette par la Dlle LE
KAIN. Le lendemain on repréſenta
pour la feconde fois Vertumne & Pomone
, Ballet extrait des Elémens, dont
nous avons parlé dans le Mercure de
Mars. Cette repréſentation d'Opéra fut
précédée d'une Comédie Italienne intitulée
le Diable boiteux , jouée par les
Acteurs de ce Théâtre.
Le 2 Mars on donna un Ballet en
un Acte intitulé la Vue , extrait du
Ballet des Sens; Poëme du fieur ROI
Mufique du feu fieur MOURet.
La Dlle LE MIERRE , ( époufe du
fieur LARRIVÉE , ) chanta le rôle de
( d ) Première repréſentation en 1709.
I. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
T
l'Amour , la Dlle VILLETTE , du
Théâtre des Italiens , ( époufe du feur
LA RUETTE ) chanta le rôle de Zé
phire. La Dile DUBOIS , l'ainée , celui
d'Iris , & le fieur LARRIVÉE celui
d'Aquilon. Une indifpofition accidentelle
dans la voix de la Dlle LE MIERRE
mit l'éxécution de ce Baliet en rifque de
n'être pas achevée , & nuifit à fon fuccès.
La Dlle LANI & le fieur GARDEL
danferent des Pas feuls ; le fieur LAVAL,
la Dile VESTRIS , les fieurs LANI
DAUBERVAL , les Dlles ALLARD &
PESLIN danfoient différens Pas
toutes les principales Entrées.
la
La repréſentation de cet Opéra fut
précédée d'une Comédie Italienne
nouvelle , en un A&te , intitulée Arlequin
cru mort , par le fieur GOLDONI .
Cette Comédie fit plaifir ; & l'on rendit ,
par des fuffrages très -honorables
même juftice aux talens de ce célébre
Etranger , que l'on avoit déjà rendue à
la repréfentation de l'Amour Paternel.
Le lendemain Jeudi 3 Mars
".
Comédiens François repréfenterent les
Déhors trompeurs ou l'Homme dujour,(e)
( e ) Premiere repréſentation en 1740. 17
repréſentations,
,
les
AVRIL 1763. 171
Comédie en cinq Actes & en Vers
du feu fieur DE BOISSY . Le Baron
étoit joué par le fieur BELCOUR ; le
Marquis , par le fieur MOLÉ ; M. de
Forlis , par le fieur BONNEVAL ; &
Champagne , par le fieur PREVILLE ;
le rôle de la Comteffe , par la Dlle DANGEVILLE
; ceux de Lucile & de Céliante,
par les Diles HUSS & PREVILLE;
celui de Lifette , par la Dlle BELCOUR .
La feconde Piéce étoit l'Ile déferte ,
Comédie en un A&te & en Vers , du
fieur COLLET. Le fieur MOLE y jonoit
le rôle de Ferdinand, le fieur BELCOUR,
celui de Timante ; & le fieur PRÉVILLE,
le Matelot ; les rôles de Conftance & de
Silvie , furent joués par les Diles PRÉ-
VILLE & HUSS.
Le Mardi , 8Mars , par les mêmes Comédiens,
le Dépit amoureux , Comédie
de MOLIERE en 5 Actes en Vers. (f)
Erafte étoit joué par le fieur BELCOUR
, & Gros- René , fon valet , par
le fieur ARMAND ; Valére , par le fieur
MOLÉ & Mafcarille ,, par le fieur
BOURET ; les deux Vieillards , par les
fieurs BONNEVAL & BLAINVILLE ;
le Pédant , par le fieur DANGEVILLE ;
Lucile, par la Dlle GAUSSIN , fa Sui-
(f) En 1658.
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
vante , Marinette , par la Dlle DANGEVILLE
, Afcagne , par la Dlle DUBOIS ,
& fa Suivante Frofine , par la Dlle LE
ΚΑΙΝ,
Pour feconde Piéce,on donna Annette
& Lubin , Comédie en un Acté , mêlée
d'Ariettes , de la Dlle FAVART & du
fieur L ***, Cette Piéce fut repréſen
tée par les Comédiens du Théâtre Italien
, ainfi qu'elle l'eft à Paris & par
les mêmes Acteurs.
Le lendemain , Mercredi , 9 Mars ,
après la repréſentation du Barbier paralitique
, Comédie Italienne , on éxécuta
le Devin du Village , ( g ) intermède ,
Paroles & Mufique du fieur ROUSSEau.
Le rôle de Colin , étoit parfaitement
rempli par le fieur GÉLIOTE, qui ne doit
rien du plaifir extrême que font fa voix &
fes talens à la difficulté d'en jouir depuis
fa retraite ; la Dlle VILLETTE
( époufe du fieur LARUETTE , ) a joué
& chanté très- agréablement le rôle de
Colette , dans lequel elle avoit déjà eu
du fuccès fur le Théâtre de l'Opéra ,
avant de paffer à celui de la Comédie
Italienne. Le fieur CAILLOT , Acteur
de ce dernier Théâtre , & des talens duquel
nous avons fi fouvent occafion de
( g ) Première repréſent . à l'Opéra en 1753•
AVRIL 1763. 173
parler avec de nouveaux éloges , a fort
bien chanté auffi le rôle du Devin dans
cet Interméde. On a pû reconnoître
quoique dans une petite étendue d'action
, ce que prête d'avantage au jeu
d'un chanteur l'habitude & l'art de la
Comédie . On parlera ci-après du Divertiffement
de la fin de cet Intermé-.
de , à l'Article de la feconde repriſe.
Le jour fuivant , 10 Mars , les Comédiens
François repréfenterent Brutus,
(h) Tragédie du Sr VOLTAIRE. Brutus
& Valérius , par les fieurs BRISART &
BLAINVILLE ; Arons , par le fieur
DUBOIS ; Titus , Fils de Brutus , par
le fieur LE KAIN ; Meffala , par le fieur
PAULIN ; Proculus , par le fieur DAUBERVAL
; Tullie , par la Dlle Huss , &
Algine , par la Dile DESPINAY.
Pour petite Piéce , l'Esprit de contradition,
Comédie en un Acte & en Profe,
du feu fieur DUFRESNI ( i ) . Le fieur
MOLE y jouoit le rôle de Valére ; le
fieur PAULIN , celui de Lucas ; le fieur
BONNEVAL , Oronte ; le fieur DANGEVILLE
, Tibaudois ; la Dlle DROUIN ,
Mde Oronte; & la Dlle Huss, Angélique.
(h ) Première Repréſentation en 1730.
35 repréfentations.
(i ) Première repréfent. en 1700. 16 repréf.
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
f
Le Mardi 15 , les Comédiens François
donnerent Mélanide , ( k ) Comédie en
Vers en cinq Actes , du feu fieur DE
LA CHAUSSÉE . Lefieur BRISART repréfentoit
le Marquis d'Orvigny ; le
fieur DUBOIS , Théodon ; le fieur BELCOUR
, Darviane , la Dlle GAUSSIN
Melanide ; la Dlle DROUIN , Dorifées
& la Dlle Huss , Rofalie.
A la fuite de cette Piéce les Acteurs
de la Comédie Italienne éxécuterent le
Bucheron , Comédie mêlée d'Ariettes.
Mufique du fieur PHILIDOR , Paroles
du fieur GUICHARD & du fieur C***
Cette efpèce d'Interméde comique ,
très-ſuivi à Paris & duquel nous parlerons
plus en détail ci- après , parut agréable
à la Cour ; ceux. mêmes qui n'approuvent
pas l'application des tours &
de l'accent de la Mufique Italienne aux
Paroles Françoiſes rendirent juftice aux
grands talens du fieur PHILIDOR : & le
fieur CAILLOT , qui a l'art de rendre
aimable tout ce qu'il éxécute , en adouciffant
cet accent mufical étranger à l'expreffion
de notre langue , réunit les
fuffrages des Amateurs de l'un & de
l'autre genre. On donnera connoiffance
de cet Ouvrage dans l'Article des
Spectacles de Paris.
( k) Première repréſent . en 1741. 16 repræl
AVRIL. 1763. 175
>
Le lendemain , 16 Mars , a été , pour
afnfi dire , un jour de fête diftinguée fur
le Théâtre de la Cour , par la réunion
des deux plus agréables Ouvrages en
Mufique & en Paroles dans différens
genres ,
éxécutés par les plus rares ta
lens propres à ce Spectacle. La troifiéme
repriſe de Vertumne & Pomone ,
Ballet , & la deuxième du Devin
du Village occupérent entiérement fa
Scène. Les Acteurs , dont on a parlé cideffus
parurent dans l'un & l'autre
Ballet s'être furpaffés. Le Divertiffement
de Vertumne & Pomone , compofé comme
tous ceux des autresSpectacles qu'on
avoit donnés , de plufieurs morceaux
choifis dans divers Opéra ou autres
Ouvrages , étoit particuliérement ajusté
pour donner beaucoup d'airs de différens
genres au fieur GÉLIOTE , qui
les chanta tous avec la même voix
qu'on a tant admirée & avec un
naturel dans les tours de fon chant &
des graces que peut- être , fans illufion ,
on pourroit regarder comme nouvellement
acquifes & ajoûtées encore à tout
ce qu'on lui connoiffoit de fupériorité
dans ce talent.
Le Divertiffement dans le Devin du
Village , fubftitué à celui de cet Inter-
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
méde , étoit charmant par la variété &
par la gaîté des morceaux dont il étoit
compofé. Le fieur CAILLOT y chantoit
une Ariette compofée pour cet objet
par le fieur PHILIDOR : mais ce qu'il
y avoit de plus faillant & d'unique en
fon genre , étoit un Pas de quatre Villageois
& Villageoifes
, éxécuté par le
fieur LANI , la Dlle ALLARD , le fieur
DAUBERVAL
& la Dlle PESLIN . Ces
quatre Sujets dont l'affortiment
du genre
, des tailles & des talens , feroit impoffible
à raffembler
dans toute l'Europe
, éxécutoient
ce Pas avec une double
préciſion de jufteffe & de graces co miques, qui méritoient
toute l'admiration
dont ils furent honorés & qui comblerent
le plaifir que faifoit l'enſemble
de ce Spectacle.
Ces divertiffemens étoient arrangés
ainfi que tous les précédens , par le fieur
REBEL , Surintendant de la Mufique
du Roi , de fémeftre depuis le premier
Janvier. Le goût du choix & la plus délicate
analogie dans les rapports de genre
avec les Ouvrages auxquels ces Divertiffemens
étoient adaptés , ont reçu
& mérité de très-juftes éloges .
Le Jeudi , 17 Mars , on donna Zaïre , (1)
(4) Prem. Repréfent, en 1732. 30 Repréfent.
AVRIL 1763. 177
1.
Tragédie du fieur de VOLTAIRE
Orofmane , repréfenté par le fieur LE
KAIN ;Lufignan, par le fieur BRISART;
Néreftan & Chatillon , par les fieurs
MOLE & DUBOIS ; Zaïre , par la Dlle
GAUSSIN ; Fatime , par la Dlle PRÉ-
VILLE .
Ce même jour , qui étoit , felon l'ufage
, celui de la clôture des Spectacles
à la Cour , fut auffi marqué par une repréfentation
très- intéreffante fçavoir
celle de l'Anglois à Bordeaux , Comédie
en un Acte , en Vers libres , du fieur
FAVART , à l'occafion de la Paix , repréfentée,
à Paris pour la premiere fois ,
le Lundi précédent , on diroit avec le
plus grand fuccès , fi celui qu'elle a eu à
la Cour n'avoit été en quelque forte encore
plus éclatant. Nous parlerons
dans l'Article de Paris , de cette Piéce
nouvelle dont l'Auteur a eu l'honneur
d'être préſenté au Roi .
P
N. B. On a éxactement nommé , dans
cettefin du Journal des Spectacles de la
Cour , tous les Acteurs qui ont repréſen
té dans chaque Piéce du Théâtre François
, afin de conftater en même temps
les Sujets éxiftans à ce Théatre pendant
cette derniere année & le fervice qu'ils
Ну
178 MERCURE DE FRANCE .
ont eu l'honneur de remplir en préfence
de leurs Majeftés.
Fermer
Résumé : SUITE DES SPECTACLES DE LA COUR A VERSAILLES.
Du 17 février au 17 mars, la cour de Versailles a organisé une série de spectacles. Le 17 février, les Comédiens Français ont interprété 'Inès de Castro' de La Motte et 'L'École amoureuse' de Bret, avec des rôles principaux tenus par la Demoiselle Gaussin, la Demoiselle Dubois et la Demoiselle Huss. Le 22 février, ils ont joué 'Les Femmes savantes' de Molière, suivi de 'La Famille extravagante' de Legrand. Le 2 mars, un ballet intitulé 'La Vue' a été présenté, mais une indisposition de la Demoiselle Le Mierre a compromis sa réussite. Le 3 mars, les Comédiens Français ont joué 'Les Dehors trompeurs' de De Boissy et 'L'Île déserte' de Collet. Le 8 mars, 'Le Dépit amoureux' de Molière et 'Annette et Lubin' ont été représentés. Le 9 mars, après 'Le Barbier paralytique', 'Le Devin du Village' de Rousseau a été exécuté. Le 10 mars, 'Brutus' de Voltaire et 'L'Esprit de contradiction' de Dufresny ont été joués. Le 15 mars, 'Mélanide' de De La Chaussée et 'Le Bucheron' ont été présentés. Le 16 mars, 'Vertumne et Pomone' et 'Le Devin du Village' ont été repris. Enfin, le 17 mars, 'Zaïre' de Voltaire et 'L'Anglois à Bordeaux' de Favart ont été joués, marquant la clôture des spectacles à la cour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 180-192
COMÉDIE FRANÇOISE.
Début :
LE Mercredi, 2 Mars, on donna la premiere représentation de Théagêne & [...]
Mots clefs :
Théâtre, Public, Auteur, Pièce, Représentation, Talents, Comédie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMÉDIE FRANÇOISE.
COMÉDIE
FRANÇOISE.
L E Mercredi , 2 Mars , on donna la
premiere repréſentation de Théagêne &
Cariclée , Tragédie nouvelle. Le pre- .
mier Acte de cette Tragédie fut applaudi
, de même que plufieurs endroits
dans les autres Actes ; mais le Public.
'ayant pas paru approuver la conduite
de ce Poëme , il a été retiré après cette
repréfentation. Cet événement ne doit
ni préjudicier à l'opinion avantageufe
qu'on avoit des talens de l'Autenr , nî
AVRIL. 1763.
181
à l'encouragement qu'ils méritent.
Quand on applaudit à la touche & au
coloris d'un Peintre , il peut fe tromper
fur l'effet de la difpofition dans un tableau
, fans perdre du côté de la gloire
de fon art , & fans que les Amateurs
attendent moins de fes autres productions
dans la fuite ...
Il y avoit , pour la repréſentation de
cette Tragédie , une décoration d'un
effet très-pittorefque. Les ruines qu'elle
repréfentoit , interrompoient cette ouverture
uniforme que l'on laiffe toujours
au milieu de nos Théâtres. Ce genre de
décorer , lorfque les fites de la Scène
y prêtent , devroit être regardé par nos
Décorateurs comme un effai propre à
les éclairer fur les moyens de varier plus
fçavament leurs ouvrages.
Les Comédiens François ont remis
au Théâtre le 28 Février le Somnam
bule , (a) Comédie en profe en un A&te.
Cette Piéce ( Auteur Anonyme ) que
l'on croît être l'ouvrage d'une Société
de gens du monde & de beaucoup d'efprit
, a eu plus de fucès à cette repriſe
que dans fa nouveauté. Elle a été jouée
très agréablement. M. BELCOUR repréfentoit
le Somnambule de la manière la
plus vraie & la plus amufante. Mlle
fa) Premiere Bépréfent. le 19 Janvier 1739.
182 MERCURE DE FRANCE.
DROUIN , qui jouoit un rôle de carac
tère , a mis auffi un comique d'intelligence
que la Piéce éxige & qui contribuoit
à fon agrément. La vivacité de M.
MOLÉ & les graces comiques de M.
PRÉVILLE , complétoient l'effet heureux
des repréſentations de cette Comédie
qui a été fuivie avec fuccès.
Une autre remife de Piéce fur laquelle
nous nous permettons fans fcrupule de
répéter les éloges que méritent les Comédiens
François , eft celle des Femmes
Sçavantes , de MOLIERE , repriſe
le même jour ( 28 Février. ) Nous en
avons parlé ci- devant dans l'Article des
Spectacles de la Cour. Nous annonçons
avec plaifir qu'il reft encore parmi nous,
une portion de Spectateurs ( ce n'eft pas
à la vérité la plus nombreufe , ) qu'un
goût de préférence attache à ces beanrés
, malgré leur ancienneté & malgré la
mode de certaines gentilleffes dramatiques
fardées des graces volatiles de la
Mufique nouvelle .
Les repréſentations des Femmes Sçavantes
ont été fort applaudies ; & ces
applaudiffemens n'avoient certainement
pas leur fource dans la frivolité du goût
dominant.
La Débutante pour l'emploi des caAVRIL.
1763. 183
+
ractéres qui a paru dans quelques rôles
de ce genre eft Mlle DORVILLE , foeur
de. Mlle RIVIERE ( ci-devant Mlle
CATINON , ) de Mlle CARELIN & de
Mlle BOGNIOLI . Le Public a reconnu
dans cette Débutante , qu'elle avoit part
à l'efpèce de patrimoine de cette famlle
pour les talens du Théâtre. Les fuccès
dans ce genre , où l'on ne paroît jamais
dans l'age qui féduit & intéreffe ne
peuvent être auffi brillans que dans d'autres
; mais Mlle DORVILLE a eu la
fatisfaction de montrer à des Spectateurs
éclairés une connoiffance raifonnée de
fon talent & une pratique du Théâtre
qui peut la rendre très - utile à tous ceux
pour lefquels elle fera employée.
›
Le Lundi 14 Mars on a donné la
première repréfentation de l'Anglois
à Bordeaux Comédie nouvelle en
vers libres & en un Acte , fuivie d'un
Divertiffement au fujet de la Paix, Le
plus grand fuccès , le plus unanime &
le moins fufpe & a couronné cet ouvra
ge . Le Public impatient de n'en pas voir
paroître l'Auteur, que fa modeftie avoit
fait fortir du Spectacle longtemps avant
la fin , après l'avoir inutilement deman
dé près d'un quart d'heure , ne permit
pas que l'on commençât le Divertiffe
V
184 MERCURE DE FRANCE .
W
ment , qu'au moins on n'eût publiquement
déclaré fon nom ; & lorfqu'un des
Acteurs eut nommé M. FAVART ( a ) ,
on applaudit pendant longtemps avec
une vivacité univerfelle. Cet Auteur a
été obligé à la feconde repréfentation
de céder à un empreffement auffi flat-
(a) Nous faififfons avec empreffement l'occa→
fion de rendre à cet égard un témoignage pur
blic à la vérité , & un témoignage que des circonftances
particulières nous ont mis en état
d'affirmer par ferment , s'il en étoit befoin . Nous
atteftons ici que M. FAVART eft feul l'Auteur de
cette Piéce. L'envie fecrette du Lecteur ou du
Spectateur qui cherche à fe venger pour ain
dire de ce qu'elle eft forcée d'admirer , le penchant
à croire autre chofe que ce que l'on nous
préfente ; la fauffe vanité de paroître inftruit de
certains fecrets de la Société toutes ces petites
caufes réunies , avoient concouru à accréditer une
efpéce de propos courant à la mode pour enlever
très-injuftement à M. FAVART l'honneur de
les talens , déja connus & eftimés , & fur le
loris defquels les Gens de Lettres , ( Juges natarels
en cette partié ) ne pourront jamais ſe méprendre
que volontairement. Au refte cet Auteur
, quoique dans un genre moins élevé , peut
Te flatter du même honneur qu'on a fait longtemps
à un grand homme , ( par la ridicule Fable
du Chartreux ) petit ftratagême de l'Envie
publique qui fe renouvellera fouvent contre bien
des Auteurs , tant qu'il y aura des Méchaas intéreffés
à femer un faux bruit , des Etourdis pour
Le débiter & des Sots pour le croire.
CoAVRIL
1763. 185
teur de la part du Public , & a reçu en
perfonne les témoignages éclatans de
fon fuffrage.
La morale la plus philofophique, embellie
des grâces & de toutes les fleurs
d'un ftyle où l'efprit & l'élégance brillent
toujours ; une délicateffe adroite à
peindre avec vérité deux Nations plus
rivales qu'ennemies ; des éloges fans flaterie
pour l'une & pour l'autre ; des critiques
fines & vives fans amertume fur
les caractères , les ufages & les moeurs
des François & des Anglois ; pardeffus,
tout , un fentiment vrai & touchant des
vertus de l'humanité ; voilà le précis de
l'ouvrage dont nous différons avec le
plus grand regret de donner un Extrait
détaillé : mais le peu d'efpace que l'abondance
des autres matières laiffe à
notre Article des Spectacles,nous oblige
à le remettre au Vol. du 15 de ce mois.
Cette Piéce a été jouée parfaitement;
& M. PREVILLE dans le rôle de Sudmner
a fait un plaifir tout nouveau .
Nous n'ofons prèfqu'ici rendre à Mlle,
DANGEVILLE le tribut d'éloges trop
mérités en cette occafion. Si ce tribut,
eft le dernier que nous devions payer
à cette inimitable Actrice , c'est renouveller
des regrets trop bien fondés.
186 MERCURE DE FRANCE.
AVIS SUR L'ÉDITION DE
L'ANGLOIS A BORDEAUX.
N. B. On apprend que plufieurs per
fonnes fefont affociées pour copier cette
Piéce aux repréfentations , afin d'envoyer
ces Copies à des Chefs de Troupes
de Province. On ne doute pas qu'il n'y
ait quelqu'Edition faite fur ces copies
& fans doute très-informe: On avertit
le Public que la véritable Edition fefait
chez DUCHESNE , rue S. Jacques ;
qu'elle fera facile à reconnoître par le
Divertiffement dont la Mufiquefera imprimée
à la fin , & par le Paraphe de
Auteur qui fera fur le titre.
9 Le Samedi , 19 Mars on donna
pour la clôture de ce Théâtre la quatriéme
repréſentation de cette même
Piéce ( l'Anglois à Bordeaux. ) Le concours
des Spectateurs y étoit auffi confidérable
qu'il puiffe être , les applau
diffemens perpétuels. Cette foirée ainfi
que toutes celles où cette Piéce avoit
été repréſentée , l'extérieur de l'Hôtel
des Comédiens a été illuminé.
L'Anglois à Bordeaux fut précédé
d'une repréſentation de Tancréde , dans
!
AVRIL. 1763. 187
laquelle Mlle DUBOIS , repréfentant à
la place de Mlle CLAIRON , eut un
fuccès très-agréable , & d'autant plus
flateur qu'il lui fut confirmé en fortant
du Théâtre , par le fuffrage de l'admirable
A&trice qu'elle avoit doublée &
qui avoit affifté à la repréſentation . ( b )
Mlle DUBOIS avoit déjà joué avec fuc
cès dans la repréfentation de Théagéne
& Cariclée , & dans celle de l'Orphelin
de la Chine . Paroître dans des rôles
que le Public eft accoutumé à voir ren
dre par Mlle CLAIRON & n'y être
que foufferte fans dèfagrément , feroit
pour une Actrice un titre de talent ; y
faire plaifir en beaucoup de parties , y
être applaudie de bonne foi , & ne paroître
dèfagréablement en aucun en
droit , c'eft , à ce qu'il femble , décider
Mlle DUBOIS , l'efpérance de ce Théâtre
pour le tragique . La conduite de
ce jeune Sujet dans l'étude de fon art ,
confirmera ou détruira cette efpérance.
Le même jour M. DAUBERVAL ,
Acteur du Théatre François , prononça
le Difcours fuivant.
(b ) La fanté de Mlle CLAIRON , quoiqu'extrémement
altérée , laiſſe eſpérer avec les fecours du
repos & du temps , un rétabliffement qui la ren
dra aux yeux du Public.
188 MERCURE DE FRANCE.
MESSIEURS ,
» Chargé de vous préfenter l'homma❤
» ge de notre reconnoiffance , il m'eft
» doux de penfer que cet emploi pré-,
> cieux à mon coeur appartient à celui
» fur lequel votre indulgence a le plus
» éclaté.
» Il eſt de ces momens où la Nature
» pour ainfi dire épuifée paroît rallen-
» tie dans fes productions,où les grands
» Modéles qui ont précédé , femblent
» avoir été formés aux dépens de leurs
Succeffeurs. Alors les difpofitions les.
» plus communes paroiffent avoir acquis
» quelques droits à votre bienveil-
» lance.
.
» Oui , Meffieurs , vous voulez bien
» avoir égard aux circonftances , & ne
pas nous juger toujours à la rigueur.
» Vous avez daigné jetter un regard
» favorable fur nos efforts , dans un
» temps où la retraite de M. GRAND-
" VAL vous laiffoit à regretter un Ac-
» teur inimitable , qui au talent le plus
» vrai joignoit l'art de rendre le Ridicule
fans rien faire perdre à fes rô-
" les dans leur nobleffe ; vous applau-
» diffiez en lui ce mérite fi rare d'être
AVRIL. 1763. 189
" le Peintre de fon Siécle , & de paroî-
» tre fur la Scène moins Acteur qu'-
» homme du monde ; l'homme même ;
» du jour qu'il repréfentoit.
כ
» Vous avez été frappés depuis , Mef-
» fieurs , d'une perte plus grande encore
: ce Spectacle vous la retracera
dans tous les temps. L'Auteur d'A-
» trée , de Rhadamifte , d'Electre, dont
le génie avoit porté tant de fois la
» terreur dans votre âme , l'Efchyle
François n'eft plus ; mais fes fublimes
» productions vous reftent , & fa gloi-
» re perfonnelle devient aujourd'hui
> celle de toute la Nation.
"
» Qu'il me foit permis , Meffieurs
» de guider vos regards vers ce Mau-
» folée que fait élever à ce grand Hom-
» me un Roi dont la tendreffe pater-
» nelle
pour fes Sujets perçe les ombres
?> de la mort.
» Nous ne vous envierons plus , Na-
» tions voiſines ! ces témoignages publics
de vénération pour les talens fu-
» blimes. Le marbre va vous exprimer
» cette grande vérité que le Père des
» Peuples eft auffi celui des Arts.
» Mais cet honneur rendu aux mâ-
» nes de CRÉBILLON eft encore atten-
» du de ceux du Grand CORNEILLE ,
190 MERCURE DE FRANCE .
» de RACINE , de MOLIERE ; oferaije
le dire , Meffieurs , ces mânes il-
» luftres l'attendent de vous.
»
» Héritiers de cette grandeur qui furt
" l'âme du fiécle dernier , tout ce qui
» lui eft échappé d'actions glorieuſes
» vous appartient . Ce lieu même vous
» rappelle encore à ces fentimens géné-
» reux qui ont arraché à l'infortune la
» petite fille du Grand CORNEILLE.
» Ce que vous avez fait pour le fang de
» ce grand homme marque ce qui vous
» refte à faire pour fa mémoire .
·
» Qu'il fera beau de voir un Monar-
» que & un Peuple rivaux fe difputer
» la gloire utile d'honorer les talens !
» quoi de plus propre à les encourager
» que ces témoignages éternels de votre
» admiration ? que ne devez - vous point
» attendre , Meffieurs , des Auteurs dra-
» matiques , lorfqu'ils pourront ſe flat-
» ter que les fuffrages dont vous les
» avez honorés feront perpétués fur le
» marbre ? oui , Meffieurs , les talens
» vous doivent tout leur éclat. Ils s'éteignent
loin du charme des applau
» diffemens & du flambeau de la criti-
» que . Que n'ont-ils de même leur four-
» ce dans le fentiment vrai du befoin de
> votre indulgence ! J'aurois en vous
AVRIL. 1763. 191
ม» la demandant , Meffieurs , l'efpoir fatisfaisant
de mériter un jour vos bon
» tés.
Ce Difcours fut généralement applaudi.
Le principal objet ( feu M. CRÉ-
BILLON , auquel pour la dernière fois
nous ajoutons - le Monfieur ) étoit récemment
renouvellé dans la mémoire
des Spectateurs , par un très -beau Portrait
de ce grand Poëte , que les Comédiens
venoient de faire placer depuis
quelques jours , au rang des illuftres
foutiens du Théâtre François. Ce Portrait
, admirable par la vérité de la reffemblance
& par toutes les grandes parties
de la Peinture , eft-l'ouvrage de M.
DOYEN , Peintre du ROI .
ne ,
Quoique la retraite de Mlle Dan-
GEVILLE ne paroiffe que trop certainous
remettons à donner les anecdotes
que nous fommes dans l'ufage
d'inférer dans nos Journaux fur les Sujets
de ce Théâtre en ces fortes d'occafions
: mais nous communiquerons un
des hommages que la Poëfie , qu'elle
a fi bien fervie , rend à cette excellente
Actrice.
#92 MERCURE DE FRANCE.
VERS à l'occafion de la retraite de
Mlle DAN GEVILLE.
Tout Paris l'adoroit , tout Paris la regrette ;
Du Théâtre François elle étoit l'ornement.
On ne perdra jamais d'Actrice plus parfaite :
Jamais on ne verra plus modeſte talent.
Chacun peut en juger par ce trait furprenant
Elle force l'envie à pleurer ſa retraite.
FRANÇOISE.
L E Mercredi , 2 Mars , on donna la
premiere repréſentation de Théagêne &
Cariclée , Tragédie nouvelle. Le pre- .
mier Acte de cette Tragédie fut applaudi
, de même que plufieurs endroits
dans les autres Actes ; mais le Public.
'ayant pas paru approuver la conduite
de ce Poëme , il a été retiré après cette
repréfentation. Cet événement ne doit
ni préjudicier à l'opinion avantageufe
qu'on avoit des talens de l'Autenr , nî
AVRIL. 1763.
181
à l'encouragement qu'ils méritent.
Quand on applaudit à la touche & au
coloris d'un Peintre , il peut fe tromper
fur l'effet de la difpofition dans un tableau
, fans perdre du côté de la gloire
de fon art , & fans que les Amateurs
attendent moins de fes autres productions
dans la fuite ...
Il y avoit , pour la repréſentation de
cette Tragédie , une décoration d'un
effet très-pittorefque. Les ruines qu'elle
repréfentoit , interrompoient cette ouverture
uniforme que l'on laiffe toujours
au milieu de nos Théâtres. Ce genre de
décorer , lorfque les fites de la Scène
y prêtent , devroit être regardé par nos
Décorateurs comme un effai propre à
les éclairer fur les moyens de varier plus
fçavament leurs ouvrages.
Les Comédiens François ont remis
au Théâtre le 28 Février le Somnam
bule , (a) Comédie en profe en un A&te.
Cette Piéce ( Auteur Anonyme ) que
l'on croît être l'ouvrage d'une Société
de gens du monde & de beaucoup d'efprit
, a eu plus de fucès à cette repriſe
que dans fa nouveauté. Elle a été jouée
très agréablement. M. BELCOUR repréfentoit
le Somnambule de la manière la
plus vraie & la plus amufante. Mlle
fa) Premiere Bépréfent. le 19 Janvier 1739.
182 MERCURE DE FRANCE.
DROUIN , qui jouoit un rôle de carac
tère , a mis auffi un comique d'intelligence
que la Piéce éxige & qui contribuoit
à fon agrément. La vivacité de M.
MOLÉ & les graces comiques de M.
PRÉVILLE , complétoient l'effet heureux
des repréſentations de cette Comédie
qui a été fuivie avec fuccès.
Une autre remife de Piéce fur laquelle
nous nous permettons fans fcrupule de
répéter les éloges que méritent les Comédiens
François , eft celle des Femmes
Sçavantes , de MOLIERE , repriſe
le même jour ( 28 Février. ) Nous en
avons parlé ci- devant dans l'Article des
Spectacles de la Cour. Nous annonçons
avec plaifir qu'il reft encore parmi nous,
une portion de Spectateurs ( ce n'eft pas
à la vérité la plus nombreufe , ) qu'un
goût de préférence attache à ces beanrés
, malgré leur ancienneté & malgré la
mode de certaines gentilleffes dramatiques
fardées des graces volatiles de la
Mufique nouvelle .
Les repréſentations des Femmes Sçavantes
ont été fort applaudies ; & ces
applaudiffemens n'avoient certainement
pas leur fource dans la frivolité du goût
dominant.
La Débutante pour l'emploi des caAVRIL.
1763. 183
+
ractéres qui a paru dans quelques rôles
de ce genre eft Mlle DORVILLE , foeur
de. Mlle RIVIERE ( ci-devant Mlle
CATINON , ) de Mlle CARELIN & de
Mlle BOGNIOLI . Le Public a reconnu
dans cette Débutante , qu'elle avoit part
à l'efpèce de patrimoine de cette famlle
pour les talens du Théâtre. Les fuccès
dans ce genre , où l'on ne paroît jamais
dans l'age qui féduit & intéreffe ne
peuvent être auffi brillans que dans d'autres
; mais Mlle DORVILLE a eu la
fatisfaction de montrer à des Spectateurs
éclairés une connoiffance raifonnée de
fon talent & une pratique du Théâtre
qui peut la rendre très - utile à tous ceux
pour lefquels elle fera employée.
›
Le Lundi 14 Mars on a donné la
première repréfentation de l'Anglois
à Bordeaux Comédie nouvelle en
vers libres & en un Acte , fuivie d'un
Divertiffement au fujet de la Paix, Le
plus grand fuccès , le plus unanime &
le moins fufpe & a couronné cet ouvra
ge . Le Public impatient de n'en pas voir
paroître l'Auteur, que fa modeftie avoit
fait fortir du Spectacle longtemps avant
la fin , après l'avoir inutilement deman
dé près d'un quart d'heure , ne permit
pas que l'on commençât le Divertiffe
V
184 MERCURE DE FRANCE .
W
ment , qu'au moins on n'eût publiquement
déclaré fon nom ; & lorfqu'un des
Acteurs eut nommé M. FAVART ( a ) ,
on applaudit pendant longtemps avec
une vivacité univerfelle. Cet Auteur a
été obligé à la feconde repréfentation
de céder à un empreffement auffi flat-
(a) Nous faififfons avec empreffement l'occa→
fion de rendre à cet égard un témoignage pur
blic à la vérité , & un témoignage que des circonftances
particulières nous ont mis en état
d'affirmer par ferment , s'il en étoit befoin . Nous
atteftons ici que M. FAVART eft feul l'Auteur de
cette Piéce. L'envie fecrette du Lecteur ou du
Spectateur qui cherche à fe venger pour ain
dire de ce qu'elle eft forcée d'admirer , le penchant
à croire autre chofe que ce que l'on nous
préfente ; la fauffe vanité de paroître inftruit de
certains fecrets de la Société toutes ces petites
caufes réunies , avoient concouru à accréditer une
efpéce de propos courant à la mode pour enlever
très-injuftement à M. FAVART l'honneur de
les talens , déja connus & eftimés , & fur le
loris defquels les Gens de Lettres , ( Juges natarels
en cette partié ) ne pourront jamais ſe méprendre
que volontairement. Au refte cet Auteur
, quoique dans un genre moins élevé , peut
Te flatter du même honneur qu'on a fait longtemps
à un grand homme , ( par la ridicule Fable
du Chartreux ) petit ftratagême de l'Envie
publique qui fe renouvellera fouvent contre bien
des Auteurs , tant qu'il y aura des Méchaas intéreffés
à femer un faux bruit , des Etourdis pour
Le débiter & des Sots pour le croire.
CoAVRIL
1763. 185
teur de la part du Public , & a reçu en
perfonne les témoignages éclatans de
fon fuffrage.
La morale la plus philofophique, embellie
des grâces & de toutes les fleurs
d'un ftyle où l'efprit & l'élégance brillent
toujours ; une délicateffe adroite à
peindre avec vérité deux Nations plus
rivales qu'ennemies ; des éloges fans flaterie
pour l'une & pour l'autre ; des critiques
fines & vives fans amertume fur
les caractères , les ufages & les moeurs
des François & des Anglois ; pardeffus,
tout , un fentiment vrai & touchant des
vertus de l'humanité ; voilà le précis de
l'ouvrage dont nous différons avec le
plus grand regret de donner un Extrait
détaillé : mais le peu d'efpace que l'abondance
des autres matières laiffe à
notre Article des Spectacles,nous oblige
à le remettre au Vol. du 15 de ce mois.
Cette Piéce a été jouée parfaitement;
& M. PREVILLE dans le rôle de Sudmner
a fait un plaifir tout nouveau .
Nous n'ofons prèfqu'ici rendre à Mlle,
DANGEVILLE le tribut d'éloges trop
mérités en cette occafion. Si ce tribut,
eft le dernier que nous devions payer
à cette inimitable Actrice , c'est renouveller
des regrets trop bien fondés.
186 MERCURE DE FRANCE.
AVIS SUR L'ÉDITION DE
L'ANGLOIS A BORDEAUX.
N. B. On apprend que plufieurs per
fonnes fefont affociées pour copier cette
Piéce aux repréfentations , afin d'envoyer
ces Copies à des Chefs de Troupes
de Province. On ne doute pas qu'il n'y
ait quelqu'Edition faite fur ces copies
& fans doute très-informe: On avertit
le Public que la véritable Edition fefait
chez DUCHESNE , rue S. Jacques ;
qu'elle fera facile à reconnoître par le
Divertiffement dont la Mufiquefera imprimée
à la fin , & par le Paraphe de
Auteur qui fera fur le titre.
9 Le Samedi , 19 Mars on donna
pour la clôture de ce Théâtre la quatriéme
repréſentation de cette même
Piéce ( l'Anglois à Bordeaux. ) Le concours
des Spectateurs y étoit auffi confidérable
qu'il puiffe être , les applau
diffemens perpétuels. Cette foirée ainfi
que toutes celles où cette Piéce avoit
été repréſentée , l'extérieur de l'Hôtel
des Comédiens a été illuminé.
L'Anglois à Bordeaux fut précédé
d'une repréſentation de Tancréde , dans
!
AVRIL. 1763. 187
laquelle Mlle DUBOIS , repréfentant à
la place de Mlle CLAIRON , eut un
fuccès très-agréable , & d'autant plus
flateur qu'il lui fut confirmé en fortant
du Théâtre , par le fuffrage de l'admirable
A&trice qu'elle avoit doublée &
qui avoit affifté à la repréſentation . ( b )
Mlle DUBOIS avoit déjà joué avec fuc
cès dans la repréfentation de Théagéne
& Cariclée , & dans celle de l'Orphelin
de la Chine . Paroître dans des rôles
que le Public eft accoutumé à voir ren
dre par Mlle CLAIRON & n'y être
que foufferte fans dèfagrément , feroit
pour une Actrice un titre de talent ; y
faire plaifir en beaucoup de parties , y
être applaudie de bonne foi , & ne paroître
dèfagréablement en aucun en
droit , c'eft , à ce qu'il femble , décider
Mlle DUBOIS , l'efpérance de ce Théâtre
pour le tragique . La conduite de
ce jeune Sujet dans l'étude de fon art ,
confirmera ou détruira cette efpérance.
Le même jour M. DAUBERVAL ,
Acteur du Théatre François , prononça
le Difcours fuivant.
(b ) La fanté de Mlle CLAIRON , quoiqu'extrémement
altérée , laiſſe eſpérer avec les fecours du
repos & du temps , un rétabliffement qui la ren
dra aux yeux du Public.
188 MERCURE DE FRANCE.
MESSIEURS ,
» Chargé de vous préfenter l'homma❤
» ge de notre reconnoiffance , il m'eft
» doux de penfer que cet emploi pré-,
> cieux à mon coeur appartient à celui
» fur lequel votre indulgence a le plus
» éclaté.
» Il eſt de ces momens où la Nature
» pour ainfi dire épuifée paroît rallen-
» tie dans fes productions,où les grands
» Modéles qui ont précédé , femblent
» avoir été formés aux dépens de leurs
Succeffeurs. Alors les difpofitions les.
» plus communes paroiffent avoir acquis
» quelques droits à votre bienveil-
» lance.
.
» Oui , Meffieurs , vous voulez bien
» avoir égard aux circonftances , & ne
pas nous juger toujours à la rigueur.
» Vous avez daigné jetter un regard
» favorable fur nos efforts , dans un
» temps où la retraite de M. GRAND-
" VAL vous laiffoit à regretter un Ac-
» teur inimitable , qui au talent le plus
» vrai joignoit l'art de rendre le Ridicule
fans rien faire perdre à fes rô-
" les dans leur nobleffe ; vous applau-
» diffiez en lui ce mérite fi rare d'être
AVRIL. 1763. 189
" le Peintre de fon Siécle , & de paroî-
» tre fur la Scène moins Acteur qu'-
» homme du monde ; l'homme même ;
» du jour qu'il repréfentoit.
כ
» Vous avez été frappés depuis , Mef-
» fieurs , d'une perte plus grande encore
: ce Spectacle vous la retracera
dans tous les temps. L'Auteur d'A-
» trée , de Rhadamifte , d'Electre, dont
le génie avoit porté tant de fois la
» terreur dans votre âme , l'Efchyle
François n'eft plus ; mais fes fublimes
» productions vous reftent , & fa gloi-
» re perfonnelle devient aujourd'hui
> celle de toute la Nation.
"
» Qu'il me foit permis , Meffieurs
» de guider vos regards vers ce Mau-
» folée que fait élever à ce grand Hom-
» me un Roi dont la tendreffe pater-
» nelle
pour fes Sujets perçe les ombres
?> de la mort.
» Nous ne vous envierons plus , Na-
» tions voiſines ! ces témoignages publics
de vénération pour les talens fu-
» blimes. Le marbre va vous exprimer
» cette grande vérité que le Père des
» Peuples eft auffi celui des Arts.
» Mais cet honneur rendu aux mâ-
» nes de CRÉBILLON eft encore atten-
» du de ceux du Grand CORNEILLE ,
190 MERCURE DE FRANCE .
» de RACINE , de MOLIERE ; oferaije
le dire , Meffieurs , ces mânes il-
» luftres l'attendent de vous.
»
» Héritiers de cette grandeur qui furt
" l'âme du fiécle dernier , tout ce qui
» lui eft échappé d'actions glorieuſes
» vous appartient . Ce lieu même vous
» rappelle encore à ces fentimens géné-
» reux qui ont arraché à l'infortune la
» petite fille du Grand CORNEILLE.
» Ce que vous avez fait pour le fang de
» ce grand homme marque ce qui vous
» refte à faire pour fa mémoire .
·
» Qu'il fera beau de voir un Monar-
» que & un Peuple rivaux fe difputer
» la gloire utile d'honorer les talens !
» quoi de plus propre à les encourager
» que ces témoignages éternels de votre
» admiration ? que ne devez - vous point
» attendre , Meffieurs , des Auteurs dra-
» matiques , lorfqu'ils pourront ſe flat-
» ter que les fuffrages dont vous les
» avez honorés feront perpétués fur le
» marbre ? oui , Meffieurs , les talens
» vous doivent tout leur éclat. Ils s'éteignent
loin du charme des applau
» diffemens & du flambeau de la criti-
» que . Que n'ont-ils de même leur four-
» ce dans le fentiment vrai du befoin de
> votre indulgence ! J'aurois en vous
AVRIL. 1763. 191
ม» la demandant , Meffieurs , l'efpoir fatisfaisant
de mériter un jour vos bon
» tés.
Ce Difcours fut généralement applaudi.
Le principal objet ( feu M. CRÉ-
BILLON , auquel pour la dernière fois
nous ajoutons - le Monfieur ) étoit récemment
renouvellé dans la mémoire
des Spectateurs , par un très -beau Portrait
de ce grand Poëte , que les Comédiens
venoient de faire placer depuis
quelques jours , au rang des illuftres
foutiens du Théâtre François. Ce Portrait
, admirable par la vérité de la reffemblance
& par toutes les grandes parties
de la Peinture , eft-l'ouvrage de M.
DOYEN , Peintre du ROI .
ne ,
Quoique la retraite de Mlle Dan-
GEVILLE ne paroiffe que trop certainous
remettons à donner les anecdotes
que nous fommes dans l'ufage
d'inférer dans nos Journaux fur les Sujets
de ce Théâtre en ces fortes d'occafions
: mais nous communiquerons un
des hommages que la Poëfie , qu'elle
a fi bien fervie , rend à cette excellente
Actrice.
#92 MERCURE DE FRANCE.
VERS à l'occafion de la retraite de
Mlle DAN GEVILLE.
Tout Paris l'adoroit , tout Paris la regrette ;
Du Théâtre François elle étoit l'ornement.
On ne perdra jamais d'Actrice plus parfaite :
Jamais on ne verra plus modeſte talent.
Chacun peut en juger par ce trait furprenant
Elle force l'envie à pleurer ſa retraite.
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Résumé : COMÉDIE FRANÇOISE.
Le 2 mars 1763, la tragédie 'Théagène et Cariclée' a été représentée pour la première fois. Bien que certains passages aient été applaudis, la pièce a été retirée après cette unique représentation en raison de l'absence d'approbation du public concernant la conduite du poème. Cet événement n'a pas affecté la réputation de l'auteur, dont les talents sont reconnus. Le 28 février, les Comédiens Français ont repris la comédie en prose 'Le Somnambule' en un acte, attribuée à une société de gens du monde. Cette représentation a connu un succès supérieur à la première, avec des performances remarquées de M. Belcour, M. Drouin, M. Molé et M. Préville. Le même jour, les 'Femmes savantes' de Molière ont été rejouées, acclamées par une partie du public appréciant les classiques malgré la mode des nouvelles pièces. Mlle Dorville a fait ses débuts dans des rôles de caractère, recevant des éloges pour son talent et sa connaissance du théâtre. Le 14 mars, la comédie en vers libres 'L'Anglais à Bordeaux' a été présentée, remportant un grand succès. L'auteur, M. Favart, a été acclamé par le public. La pièce a été jouée à plusieurs reprises, avec des représentations notables de M. Préville et Mlle Dangeville. Le 19 mars, pour la clôture du théâtre, 'L'Anglais à Bordeaux' a été représenté une dernière fois, avec un grand concours de spectateurs et des illuminations. Mlle Dubois a également été remarquée pour ses performances dans plusieurs rôles. M. Dauberval a prononcé un discours rendant hommage aux talents des acteurs et aux grands dramaturges français, soulignant l'importance du soutien du public pour encourager les auteurs dramatiques. Le texte annonce également la retraite de Mlle Dangeville, une actrice célèbre, et exprime la tristesse de Paris à cette occasion. Elle est décrite comme l'ornement du Théâtre Français et comme une actrice parfaite et modeste. Son talent était exceptionnel, au point de forcer même l'envie à pleurer sa retraite. Des hommages poétiques seront rendus à cette actrice en raison de son service remarquable à la poésie.
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