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1
p. [187]-224
Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Début :
Ce Pays-ci est maintenant fort tranquille au dedans & [...]
Mots clefs :
Côtes, Noblesse, Bourgeois, Officiers, Acadie, Abénaquis, Froid, Amérique septentrionale, Ambassade
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texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
dernier, d 'ùx Ambassadeurs
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
Iroquois de la - Nation des
Onciout arriverent au Montreal
avec deux Colliers de
porcelaine,p- resens ordin aires
des Naturels de l'Amerique
Septentrionale, l'un de ces
colliers étoit destiné pour
Ononthio
,
c'est- à
- dire
pour le Gouverneur General
& l'autre pour les Sauvages
des environs de l'lue de
Montreal.Peu de jours aprés
l'arrivée de ces Iroqois partirent
pour ?Aifilim,¡ktna(,
le sieur de Ligneri, pour les
Miamis, le sieurde Vincen-
Des pour les Ilinois, le sieur
~Ddltetres; tous Officiers de
guerre qui sçavent la langue
de ces differentesNations,
& qui en connoissent le
genie; on a envoyé en même
temps quelques Canots pour
le Detroit.
1
Dans leS- temps de l'arrivée
du Héros, Vaisseau de
cinquante pieces de canon,
commandé par le Chevalier
de Beau- Charnois de Beaumont
au commencement
d'Octobre, nos Philibustiers
sont venus mouiller dans la
rade de Québec avec une
prise Angloise qui leur avoie
été ménagée p::r les Abna fej's
Sauvages de l'Acadie& tresfidele
aux François.
On fit le 2j. du mois
d'Octobre dernier dans
nostreEglise Cathedrale un
Servicesolémnel pour feu
Monseigneur & Madame la
Dauphine, le luminaire a
été des plus beaux qu'on ait
jamais vu dans la Nouvelle
France, tour étoit parfaitement
bien entendu
,
& a e,re executé avec toute 1la
pompe imaginable) cette
relation 6nr par une choseétonnante.
Unenff-ant â"g,édd'un
an& quelques mois a été
vu par plusieurs personnes
fumer comme s'il en avoir eu
l'ha bitude depuis long-tems.
Le Canada cil peut-estre le
Puïs du monde où l'on use
le plusde tabac, & où-l'on
fume le plus, aussi- bien les
petits que les grands; c'est
une pratique & un usage universe
dans toute la Colonie,
parmi même la plufparc
de ceux qui y menent la vie
la plus fefieufe.
Les Sauvages ne font aucune
difficulté de faire de
grands feux dans les Bois
pour y allumer ce que nous
appellons ici le Calumet,
c'est- à-dire la Pipe, ils
laissent sans façon au mi-
1reu d'une Forest de grands
Arbres tousembrasez, dont
la flâme aidée par les vents
& poussée au loin, cause des
incendies qui ne sont point
rares en ce Païsci.
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Résumé : Extrait d'une Lettre de Quebec du 11. Novembre 1712.
Le texte décrit divers événements et pratiques en Nouvelle-France. Des Iroquois de la Nation des Onciouts apportèrent à Montréal deux colliers de porcelaine, l'un pour le Gouverneur Général et l'autre pour les Amérindiens locaux. Plusieurs officiers de guerre se rendirent ensuite auprès de différentes nations amérindiennes, accompagnés de canots vers le Detroit. En octobre, le vaisseau 'Le Héros', commandé par le Chevalier de Beau-Charnois de Beaumont, arriva à Québec. Des philibustiers français y accostèrent avec une prise anglaise, aidés par les Abénaquis de l'Acadie, fidèles aux Français. Le 2 octobre, un service solennel fut organisé dans l'église cathédrale de Québec en mémoire de feu Monseigneur et Madame la Dauphine, avec un luminaire exceptionnel. Le texte mentionne également la consommation courante de tabac au Canada, y compris chez les enfants. Les Amérindiens allument souvent des feux dans les bois pour fumer la pipe, ce qui peut provoquer des incendies. Cette pratique est répandue dans la colonie, même parmi les personnes très pieuses.
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2
p. 198-200
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
La Cour a envoyé ordre à Portsmouth d'y préparer pour la [...]
Mots clefs :
Londres, Sa Majesté, Chambre des communes, Comte de Holderness, Amérique septentrionale, Régiment, Mobilisation, Français
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
DE LONDRES , le 25 Mars.
La Cour a envoyé ordre à Portſmouth d'y préparer
pour la Méditerranée une Eſcadre de dix
Vaiffeaux de guerre , dont les Amiraux Byng &
Weft auront le commandement . Les Commiffaires
de l'Amirauté ont fait arrêter à Sandwich l'équipage
d'une Chaloupe , qui a été détenue quelques
jours à Dunkerque , d'où elle a été relâchée .
Le 23 le Comte de Holderneff remit à la Chambre
, de la part du Roi , un Meffage , dont voici la
teneur. « Sa Majefté a reçu de différens endroits
» plufieurs avis réitérés , que la Cour de France
» a formé le projet de faire une invafion dans la
» Grande- Bretagne . Les grands préparatifs auf
» quels on travaille dans les Ports,de France , voiAVRIL.
1756.
199
» fins de mes Royaumes , & le langage que tien-
» nent les Miniftres François dans quelques Cours
étrangeres , ne laiffent prefque point lieu de
» douter de la réalité d'un tel deffein ; c'eft pour-
» quoi Sa Majesté a jugé qu'il étoit néceffaire de
>> vous faire part d'une nouvelle de fi haute im-
» portance pour le falut & le bonheur de la Na-
>> tion , & de vous informer qu'en conféquence
» des avis & des affurances de fon Parlement
» Elle a augmenté fes forces de terre & de mer ,
>> & pris les mesures convenables pour mettre fes
» Royaumes en état de défenſe contre une entrefon
prife conçue en haine des précautions dont Elle
» à ufé pour maintenir les droits & les poffeffions
» de la Couronne dans l'Amérique Septentrio-
» nale . Dans la vue de fe fortifier d'un nouveau
» fecours , Sa Majefté a requis que le Landgrave
» de Heffe-Caffel envoyât les troupes que par
» dernier Traité il eft obligé de fournir ; & les
» ordres font déja donnés pour leur tranſport. Sa
» Majesté fe repòfant fur la Protection Divine ,
>> ainfi que fur le zele & l'affection de ſes Sujets ,
» dont Elle a fait fi fouvent l'expérience , eft dé-
» terminée à ne négliger aucun moyen de fe dé-
>> fendre , & d'employer toutes les forces que Dieu
>> a mifes en fes mains , pour repouffer les efforts
>> hardis de fes ennemis. Elle ne doute point que
>> vous ne concouriez à un objet fi effentiel à
>> l'honneur de cette Couronne , au maintien de
» la Religion Proteftante , & à la confervation
» des libertés de ces Royaumes » . Le fieur Fox
porta à la Chambre des Communes un femblable
Meffage. Les deux Chambres ont préſenté chacune
une Adreffe à Sa Majefté pour l'affurer
qu'elles la feconderoient de tout leur pouvoir.
On affure que la Chambre des Communes , afin
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
de mettre le Roi en état de pourvoir plus efficacement
à la fureté de fa Perfonne & de fon Gouvernement
, autorifera Sa Majefté à emprunter jufqu'à
la concurrence d'un million fterling..
Tous les Officiers des troupes qui font en garnifon
à Gibraltar & dans l'Ile Minorque , partent
fucceffivement pour rejoindre leurs Corps . Le
Lord Bertie eft allé à Portfimouth , où il s'embarquera
pour Gibraltar avec fon Régiment . L'Amiral
Byng , à qui le Roi a donné le commandement
de l'Efcadre deftinée pour la Méditerranée ,
fe difpofe à mettre à la voile . On doit former
deux camps en Irlande , & l'on a ordonné d'y mettre
toutes les Milices fur pied.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 25 mars 1756, la Cour britannique a ordonné la préparation d'une escadre de dix vaisseaux de guerre à Portsmouth, destinée à la Méditerranée, sous le commandement des amiraux Byng et West. Le 23 mars, le Comte de Holderness a informé la Chambre des préparatifs français pour une invasion de la Grande-Bretagne. En réponse, le Roi a augmenté les forces terrestres et navales et a pris des mesures de défense, incluant la requête d'envoi de troupes du Landgrave de Hesse-Cassel. Les Chambres ont assuré leur soutien au Roi et ont autorisé un emprunt d'un million de sterling pour la sécurité du Royaume. Les officiers des troupes à Gibraltar et Minorque ont rejoint leurs corps, et l'Amiral Byng se préparait à partir pour la Méditerranée. Deux camps devaient être formés en Irlande, et les milices y étaient mobilisées.
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3
p. 226-231
« Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Début :
Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...]
Mots clefs :
Ordonnance du roi, Déclaration de guerre, Roi d'Angleterre, Amérique septentrionale, Marines
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texteReconnaissance textuelle : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
ORDONNANCE du Roi , portant déclaration
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
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Résumé : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Le 9 juin 1756, le Roi de France a émis une ordonnance déclarant la guerre au Roi d'Angleterre. Cette décision fait suite à des agressions britanniques contre les possessions françaises en Amérique du Nord, débutées en 1754 et intensifiées en juin 1755, violant ainsi le droit des gens et les traités en vigueur. La France avait initialement réagi avec modération, renvoyant une frégate anglaise capturée et permettant aux navires anglais de continuer leur commerce en France. Cependant, l'Angleterre a traité durement les soldats et matelots français, exécutant des ordres contraires aux assurances de conciliation données à l'ambassadeur français. La France a tenté d'éviter l'implication d'autres puissances européennes et a espéré une résolution pacifique en demandant la restitution des navires français capturés. Le refus britannique a été interprété comme une déclaration de guerre. La Cour britannique a publié des griefs vagues et infondés contre la France, notamment concernant les travaux à Dunkerque et les troupes assemblées sur les côtes françaises, justifiés par les attaques anglaises précédentes. En réponse, le Roi de France a décidé de riposter par la force, tout en restant fidèle à ses principes de justice et de modération. Il a ordonné à ses sujets de cesser toute communication avec les sujets anglais et a révoqué toutes les permissions contraires. La déclaration de guerre a été publiée le 16 juin à Paris.
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4
p. 202-203
DE LONDRES, le 10 Décembre.
Début :
Le Général Amherst, qui n'a pu réussir dans l'expédition qu'il avoit projettée contre [...]
Mots clefs :
Général, Expédition, Fort, Amérique septentrionale, Réparations, Forteresse, Troupes, Escadre, Amiral, Québec, Indes orientales
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 10 Décembre.
De' LONDRES , le 10 Décembre .
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
Le Général Amherst , qui n'a pu réuffir dans
l'expédition qu'il avoit projettée contre le fort
Saint Jean , fur le Lac Champlain dans l'Amérique
Septentrionale , n'a pas été plus heureux
dans le deffein d'occuper le pofte avantageux de
la Galette . Le Général Gage qu'il avoit chargé
de cette entrepriſe lui écrivit le 11 Septembre
que la faifon étoit trop avancée.
Les réparations du fort Carillon font entierement
finies. Le Général Amherſt affure que le terrein
fur lequel la Fortereffe de la pointe de la couronne
eft fituée , eft le plus avantageux qu'il ait
vu en Amérique. Rien ne le commande ; & il
préfente toutes les commodités pour une fortification
régulière. Les Grenadiers & les troupes
légères continuent de travailler à la conftruction
de trois forts , qui rendront cette place des
plus formidables. Le Général Amherſt ne ſe flatte
pas qu'il puiffe porter tous ces travaux au point
de leur perfection ; mais il croit pouvoir garantir
qu'ils feront affez avancés pour empêcher le fuccès
de l'ennemi , au cas qu'il tentât de reprendre fur
nous la pointe de la Couronne.
L'on a appris que trois des vaiffeaux de l'Efcadre
de l'Amiral Boys , qui eft depuis fi longtems
à la recherche du fieur Thurot , ont eu le malheur
d'être défemparés de tous leurs mâts par un
gros vent , & ont relâché dans un Port d'Ecoffe.
Sur cette nouvelle on affure que l'Amirauré
envoyé ordre au fieur Brett , qui étoit aux Dunes ,
d'en partir auffitôt avec les vailleaux à ſes ordres ,
pouraller à la pourfuite de la petite Efcadre Françoiſe.
a
JANVIER. 1760. 203
Nous avons ici de nouvelles Lettres de Québec
en date du to Octobre. Elles portent que le fieur
de Bougainville , Colonel dans les troupes Françoiſes
, eft venu dans cette Ville traiter de quelque
arrangement avec le fieur Murray , qui en eft le
Gouverneur ; mais on en ignore encore l'objet.
Les vivres y font extraordinairement chers ; toutes
les maifons abattues laiffoient le Soldat fans abri.
Un autre inconvénient , au moins aufli grand ,
c'eft qu'il n'y avoit point du tout de bois pour le
chauffage.
Di 15.
Un bâtiment venu des Indes Orientales nous
a apporté les nouvelles fuivantes. Le fieur d'Aché
eft parti de l'Ifle de Bourbon pour ſe rendre fur
la côte de Coromandel.
Il fut appercu le 2 du mois d'Août dernier au
Sud de Madagascar , faifant route avec onze
vaiffeaux , trois frégates , & plufieurs bâtimens
de tranfport. Les François fe flattent que ce Général
, avec des forces fi confidérables , réparera
les pertes qu'ils ont faites précédemment.
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Résumé : DE LONDRES, le 10 Décembre.
Le 10 décembre, le général Amherst a échoué dans son expédition contre le fort Saint Jean et le poste de la Galette. Le général Gage a justifié cet échec par l'avancement de la saison. Les réparations du fort Carillon sont terminées. Amherst juge le terrain de la forteresse de la pointe de la Couronne comme le plus avantageux en Amérique pour une fortification régulière. La construction de trois forts est en cours pour renforcer cette position. Amherst assure que ces travaux empêcheront toute tentative ennemie de reprendre la pointe de la Couronne. Trois vaisseaux de l'escadre de l'amiral Boys, cherchant Thurot, ont été endommagés par un gros vent et ont dû se réfugier dans un port écossais. L'amirauté a ordonné au sieur Brett de poursuivre une petite escadre française. Des lettres de Québec du 10 octobre signalent l'arrivée de Bougainville pour négocier avec Murray. À Québec, les vivres sont très chers, les maisons détruites laissent les soldats sans abri, et il manque de bois pour le chauffage. Un bâtiment venu des Indes Orientales rapporte que d'Aché est parti de l'île de Bourbon pour la côte de Coromandel avec onze vaisseaux, trois frégates et plusieurs bâtiments de transport, dans l'espoir de réparer les pertes françaises précédentes.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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