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1
p. 93-111
LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
Début :
Il nous arriva hier de Lisbonne une Barque chargée de [...]
Mots clefs :
Perroquet, Guenuche, Amour, Animaux, Galanterie, Berger, Conversation, Belle, Laide, Inconstance, Métamorphose, Portugal, Histoire, Morale
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texteReconnaissance textuelle : LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
LE
PERROQUET
ET LA GUENUCHE.
7
FABLE.
A MADEMOISELLE DE M**
1
Lnous arriva hier de Lisbonneune
Barque chargéedeSinges &de Per- roquets. Vousjugezbien, Mademoiselle,
GALANT 61
que je n'ay pas perduune si belle occa- fion devous tenirparole. F'aychoisipar- my cegrand nombre un Perroquet d'un plumage tres particulier , &une Gue- nuche d'une petiteſſefort rare. Ce qu'il yade fâcheux , c'est que le Perroquet
neparle point François , que la Guenu- che ne sçait point danser , &que mesme elle est encore habillée à la Portugaise;
mais vous serez peut-estre bien aise d'estre leur Maiſtreſſe en toutes façons.
Vos Leçons leur apprendront la belle maniere. Tous les autres Perroquets ne Sçavent prononcerque des injures grof- fieres , & quand vous aurezinſtruit le voſtre , il sçaura dire des malices inge- nieuses. A voſtre Ecole la Guenuche
apprendra bien- toft la Bourrée & le
Menuët ; &fi vous avezſoin de l'ha biller à la mode & de voſtremain ,je
gage qu'on la trouvera plus propre &
demeilleur air que vostre petite laide Voisine. Cependant comme vous n'en- tendrez point d'abord le jargon ny de la Guenuche ny du Perroquet , je me crois obligé en vous les envoyant, d'estre aupres de vous leur Interprete. SansSça-
62 LE MERCVRE
voir la Langue de leur Pays, j'ay bien- toft compris leurs discours, parce qu'ils estoient tendres &amoureux..
Entendre àdemymotfut toûjoursmon
partage;
Si- toſt que l'on parle d'amour ,
Iln'eſt point pour moy de langage Qui ne foit clair comme le jour.
Pour vous ma , jeune Demoiselle,
Quand memes en François l'amour fertd'entretien ,
Malgré tout voſtre Eſprit , vous ne ré- pondez rien Et vousn'entendez pas la langue ma- ternelle;
Vous voila cependant dans la belle ſaiſon ,
Vous avez quatorze ans, à cet âge, ma Belle,
N'entendre pas l'Amour , mafoy cela s'appelle N'entendre pas raiſon.
Jeveux aujourd'huy tâcher devous rendre raisonnable , en vous faisant comprendre l'Histoire amoureuse de
GALAN T. 63 vostre Guenuche & de vostre Perroquet.
Aufſi- toft que ces deux petits Animauxfurent entre mes mains , ils parle- rent entr'eux certain jargon Moresque,
&j'entendis quele Perroquet reprochoit àla Guenucheſes ſingeries , & la Gue- nuche luy reprochoitſon caquet. Comme leursdiscours meſemblerent aſſez plai- Sans, j'entray dans leur conversation.
Ils enfurent d'abordsurpris , mais en- fin nous devinſmes familiers &fûmes bien toſt ſi grands Amis , que je les obligeay àme conter leurHistoire. Le Perroquet , comme le plus grand Cau- feur , voulut estre l'Historien ; &vo cy en François àpeu pres comme il pliqua en Moresque.. *
LYON
1893-
MaMere me donna le jour
Dans un Climat de la Guinée ,
Où le Soleil joint à l'Amour ,
Enflame tout toute l'année.
L'on n'y voit point de Cœur glacé,
N'yde Bergere indiferente;
Quand unBerger eſt empreſſé LaBergere ſe montre ardente.
64 LE MERCVRE
Là je vivois jadis enBerger fort coquet,
Aujourd'huyje ſuis Perroquet,
Car , helas ! ma Coqueterie ,
Queje nommois Galanterie ,
Choqua le cruel Cupidon ,
Qui ſans m'accorder de pardon ,
Fit de moy la Métamorphoſe ,
Queje vais vous conter en Profe.
Sur les bords du Fleuve Niger on ne fait pas l'amour ainſi que fur les bords de la Seine on du Rhône. On m'a dit
qu'icyla constance paſſe pour une vertu,
là elle paſſeroit pour un vice : En France un Amant bien reglé n'a beſoin que d'une Amante , &ſouvent en ayant une , il en a trop ; mais en Ethiopie les Galans ont beſoin de diverſes Maiſtref.
Ses , &nostre miserable Roy qui mourut ilyaquelque temps dans ce Royaume,
pourroit estre un témoin de cette verité.
Estant Berger je voyois ſuivant noftre coustume diverſesBergeres , &je témoi gnois à toutes beaucoup d'amour,mais àlaveritéje n'en reſſentois queres. Dans ma conversation, dans mes Chansons
GALANT. 65 dans mes Billets , je paroiſſois l' Amant du monde leplus ardent , &dans mon cœur ie mesentois fort tranquille; enfin tout mon amour n'estoit que du caquet.
Mais,helas ! depuis ce temps j'ay bien appris que Cupidon est un Dieu qui pu- nit cruellement le mensonge. Pour com.
mencer àse vanger demoy , il me fit devenir trop veritablement amoureux d'une petite Laide , plus volage &plus.
coquette que je n'estois , &c'est iuste.
ment Dame Guenuche que vous voyez là , qui a esté Bergere dans le temps que i'estois Berger. Apresavoir trompé tant de Perſonnes parmesfaux Sermens , ie ne pûs pas mesine perfuader mapetite Laide par des veritez tres- constantes.
Cependantpour mefaire mieux enrager,
au commencement elle fit mine de m'aimer, elle affecta toutes les petites ma- nieres d'une Perſonnefort paſſionnée, &
quand elle me vit bien ſenſiblement tou- ché , elle me fit cent malices & mequit- ta enfin pour un autre Bergerauffi laid qu'un vieux Singe.
Dieux ! qu'un Berger vivroit content
66 LE MERCVRE
Silchangeoit auffi-toft que changeſon Amante !
Mais,helas ! que de maux nous cauſe
une Inconftante,
Quandon ne peut être inconſtant !
L'amourque ieſentois pour mapetite Ingrate , & la haine que i'avois pour mon laid Rival , me mirent dans untel
deſeſpoir , que ie quitay mes Moutons,
&laſocietédes autres Bergers. Je m'en allay comme un furieux ,errant dans lesDeserts : ie déchiray mes habits , ie me couvris defeüilles d'arbres , &enfin
icdevins tout-à-fait infensé. L'Amour alors me voyantdans une Forest en estat demourir ,voulut meſauver la vie , &
ie nesçay si cefutparpitiéouparven- geance. Il changea mapeau &monha- bit en plumesde la couteur des feüilles
qui me couvroient , ma bouche en bec ,
mes bras en cuiſſes , &ainfi du reſte de
mon Corps. Voila comme ie me trouvay Perroquet , &ie vousiureque ien'en ay point confervé de regret.
Nehaïſſant plus monRival,
GALANT. 67 Etn'aimantplus mon Inconſtante Je ſens monAme plus contente ,
D'animer pour toûjours le Corps d'un Animal ,
Que celuy d'un Berger ,quand l'A- mour le tourmente.
Mapetite Laide ne demeura pas auſſiſans châtiment , parce qu'elle n'a- voit aiméqu'en apparence, & que toute fa tendreſſe n'avoit esté que fingerie ;
l'Amour n'ayant point esté trompépar ſes grimaces , voulut punirfonhipocri fie ,comme il avoit puny mon liberti- nage. Il la changea donc en Guenuche ; &comme c'estoit unepetite Berge- re fort laide &fort malicieuse , il n'eut
pas beaucoup depeine àfaire ce changement.
Depuis cette double Metamorphose nousavons vescu, maMaiſtreſſe &moy,
dans les Solitudes & dans les Forests.
Cependant nous n'eſtions pas tout -à-fait Sauvages , & cela est si vray que nous noussommes laislé prendre aux premiers Hommes qui ſeſont preſentez. D'abord onnous mena en Portugal , où l'humeur
68 LE MERCVRE
de la Nation ne nous plaiſoit gueres,
parcequele caquet &les fingeriesn'y ont pas tant de coursqu'en France , ou i'ap- prens que nous sommes auiourd'huy.
Nous nousyplaifons ſans doute ,parce que nous avons encoreconfervéquelque choſe de nostre premier caractere. Pour moy quipendantque i'estois Berger di- fois centfleurettesfans penser àce queie difois,iedis encore eftant Perroquet cent parolesfanssçavoir ce que ie dis. Pour ma Maistreffe , qui estant Bergerecon- trefaisoit l' Amante ſansſentird'amour,
&qui de plusfaisoit tous les jours mil- temalices , estant Guenuche elle enfait
encore, & contrefait mille choſesqu'elle voit faire.
Voila , me dit le Perroquet , noſtre Histoireiusques icy : c'est àvous, Mon- fieur, ànous apprendre le reſte. Dites- nous pourquoy nous sommes entre vos mains , &àquoy nousſommes deſtinez,
puis que vous nousfaitespartirpourun SecondVoyage. Acette question i'ay ré- pondude cettemaniere.
Allez trop heureux Animaux ,
GALAN T. 69
Voicy la fin de tous vos maux :
Aprenez que l'on vous deſtine Pour aller faire les plaiſirs D'une belle & jeune Blondine ,
Quidonne mille ardens defirs,
Etqui cauſe mille ſoûpirs Amille Amans qui n'oſent dire ,
Belle, c'est pour vous qu'on ſoûpire;
Vous, Peroquet , & nuit &jour ,
Vous luy pourrez parler d'amour ;
Vous pourrez dire , ie vous aime,
Sans vous attirer ſon courroux.
Que mon bonheur ſeroit extrême
Si j'ofois parler comme vous !
Vous Guenuche, VOS fingeries LYON
Loin de luy donnerdu chagrin,
La charmeront ſoir & matin ;
ODieux ! que'mes Galanteries N'ont-elles le meſmedeſtin !
C'est ainsi , Mademoiselle , que finit la conversation que i'ay cue avecvostre Perroquet & vostre Guenuche. L'ay crû que ie devois vous enfaire part,
quevousferiez bien aiſe deſçavoir leurs
Avantures, le pourrois bien tirer de cette Hiftoire une belle Morale en faveur de
70 LE MERCVRE l'Amour; mais belas ,je n'oferoisavec vous moraliſerſur cette matiere.
De Marſeille.
PERROQUET
ET LA GUENUCHE.
7
FABLE.
A MADEMOISELLE DE M**
1
Lnous arriva hier de Lisbonneune
Barque chargéedeSinges &de Per- roquets. Vousjugezbien, Mademoiselle,
GALANT 61
que je n'ay pas perduune si belle occa- fion devous tenirparole. F'aychoisipar- my cegrand nombre un Perroquet d'un plumage tres particulier , &une Gue- nuche d'une petiteſſefort rare. Ce qu'il yade fâcheux , c'est que le Perroquet
neparle point François , que la Guenu- che ne sçait point danser , &que mesme elle est encore habillée à la Portugaise;
mais vous serez peut-estre bien aise d'estre leur Maiſtreſſe en toutes façons.
Vos Leçons leur apprendront la belle maniere. Tous les autres Perroquets ne Sçavent prononcerque des injures grof- fieres , & quand vous aurezinſtruit le voſtre , il sçaura dire des malices inge- nieuses. A voſtre Ecole la Guenuche
apprendra bien- toft la Bourrée & le
Menuët ; &fi vous avezſoin de l'ha biller à la mode & de voſtremain ,je
gage qu'on la trouvera plus propre &
demeilleur air que vostre petite laide Voisine. Cependant comme vous n'en- tendrez point d'abord le jargon ny de la Guenuche ny du Perroquet , je me crois obligé en vous les envoyant, d'estre aupres de vous leur Interprete. SansSça-
62 LE MERCVRE
voir la Langue de leur Pays, j'ay bien- toft compris leurs discours, parce qu'ils estoient tendres &amoureux..
Entendre àdemymotfut toûjoursmon
partage;
Si- toſt que l'on parle d'amour ,
Iln'eſt point pour moy de langage Qui ne foit clair comme le jour.
Pour vous ma , jeune Demoiselle,
Quand memes en François l'amour fertd'entretien ,
Malgré tout voſtre Eſprit , vous ne ré- pondez rien Et vousn'entendez pas la langue ma- ternelle;
Vous voila cependant dans la belle ſaiſon ,
Vous avez quatorze ans, à cet âge, ma Belle,
N'entendre pas l'Amour , mafoy cela s'appelle N'entendre pas raiſon.
Jeveux aujourd'huy tâcher devous rendre raisonnable , en vous faisant comprendre l'Histoire amoureuse de
GALAN T. 63 vostre Guenuche & de vostre Perroquet.
Aufſi- toft que ces deux petits Animauxfurent entre mes mains , ils parle- rent entr'eux certain jargon Moresque,
&j'entendis quele Perroquet reprochoit àla Guenucheſes ſingeries , & la Gue- nuche luy reprochoitſon caquet. Comme leursdiscours meſemblerent aſſez plai- Sans, j'entray dans leur conversation.
Ils enfurent d'abordsurpris , mais en- fin nous devinſmes familiers &fûmes bien toſt ſi grands Amis , que je les obligeay àme conter leurHistoire. Le Perroquet , comme le plus grand Cau- feur , voulut estre l'Historien ; &vo cy en François àpeu pres comme il pliqua en Moresque.. *
LYON
1893-
MaMere me donna le jour
Dans un Climat de la Guinée ,
Où le Soleil joint à l'Amour ,
Enflame tout toute l'année.
L'on n'y voit point de Cœur glacé,
N'yde Bergere indiferente;
Quand unBerger eſt empreſſé LaBergere ſe montre ardente.
64 LE MERCVRE
Là je vivois jadis enBerger fort coquet,
Aujourd'huyje ſuis Perroquet,
Car , helas ! ma Coqueterie ,
Queje nommois Galanterie ,
Choqua le cruel Cupidon ,
Qui ſans m'accorder de pardon ,
Fit de moy la Métamorphoſe ,
Queje vais vous conter en Profe.
Sur les bords du Fleuve Niger on ne fait pas l'amour ainſi que fur les bords de la Seine on du Rhône. On m'a dit
qu'icyla constance paſſe pour une vertu,
là elle paſſeroit pour un vice : En France un Amant bien reglé n'a beſoin que d'une Amante , &ſouvent en ayant une , il en a trop ; mais en Ethiopie les Galans ont beſoin de diverſes Maiſtref.
Ses , &nostre miserable Roy qui mourut ilyaquelque temps dans ce Royaume,
pourroit estre un témoin de cette verité.
Estant Berger je voyois ſuivant noftre coustume diverſesBergeres , &je témoi gnois à toutes beaucoup d'amour,mais àlaveritéje n'en reſſentois queres. Dans ma conversation, dans mes Chansons
GALANT. 65 dans mes Billets , je paroiſſois l' Amant du monde leplus ardent , &dans mon cœur ie mesentois fort tranquille; enfin tout mon amour n'estoit que du caquet.
Mais,helas ! depuis ce temps j'ay bien appris que Cupidon est un Dieu qui pu- nit cruellement le mensonge. Pour com.
mencer àse vanger demoy , il me fit devenir trop veritablement amoureux d'une petite Laide , plus volage &plus.
coquette que je n'estois , &c'est iuste.
ment Dame Guenuche que vous voyez là , qui a esté Bergere dans le temps que i'estois Berger. Apresavoir trompé tant de Perſonnes parmesfaux Sermens , ie ne pûs pas mesine perfuader mapetite Laide par des veritez tres- constantes.
Cependantpour mefaire mieux enrager,
au commencement elle fit mine de m'aimer, elle affecta toutes les petites ma- nieres d'une Perſonnefort paſſionnée, &
quand elle me vit bien ſenſiblement tou- ché , elle me fit cent malices & mequit- ta enfin pour un autre Bergerauffi laid qu'un vieux Singe.
Dieux ! qu'un Berger vivroit content
66 LE MERCVRE
Silchangeoit auffi-toft que changeſon Amante !
Mais,helas ! que de maux nous cauſe
une Inconftante,
Quandon ne peut être inconſtant !
L'amourque ieſentois pour mapetite Ingrate , & la haine que i'avois pour mon laid Rival , me mirent dans untel
deſeſpoir , que ie quitay mes Moutons,
&laſocietédes autres Bergers. Je m'en allay comme un furieux ,errant dans lesDeserts : ie déchiray mes habits , ie me couvris defeüilles d'arbres , &enfin
icdevins tout-à-fait infensé. L'Amour alors me voyantdans une Forest en estat demourir ,voulut meſauver la vie , &
ie nesçay si cefutparpitiéouparven- geance. Il changea mapeau &monha- bit en plumesde la couteur des feüilles
qui me couvroient , ma bouche en bec ,
mes bras en cuiſſes , &ainfi du reſte de
mon Corps. Voila comme ie me trouvay Perroquet , &ie vousiureque ien'en ay point confervé de regret.
Nehaïſſant plus monRival,
GALANT. 67 Etn'aimantplus mon Inconſtante Je ſens monAme plus contente ,
D'animer pour toûjours le Corps d'un Animal ,
Que celuy d'un Berger ,quand l'A- mour le tourmente.
Mapetite Laide ne demeura pas auſſiſans châtiment , parce qu'elle n'a- voit aiméqu'en apparence, & que toute fa tendreſſe n'avoit esté que fingerie ;
l'Amour n'ayant point esté trompépar ſes grimaces , voulut punirfonhipocri fie ,comme il avoit puny mon liberti- nage. Il la changea donc en Guenuche ; &comme c'estoit unepetite Berge- re fort laide &fort malicieuse , il n'eut
pas beaucoup depeine àfaire ce changement.
Depuis cette double Metamorphose nousavons vescu, maMaiſtreſſe &moy,
dans les Solitudes & dans les Forests.
Cependant nous n'eſtions pas tout -à-fait Sauvages , & cela est si vray que nous noussommes laislé prendre aux premiers Hommes qui ſeſont preſentez. D'abord onnous mena en Portugal , où l'humeur
68 LE MERCVRE
de la Nation ne nous plaiſoit gueres,
parcequele caquet &les fingeriesn'y ont pas tant de coursqu'en France , ou i'ap- prens que nous sommes auiourd'huy.
Nous nousyplaifons ſans doute ,parce que nous avons encoreconfervéquelque choſe de nostre premier caractere. Pour moy quipendantque i'estois Berger di- fois centfleurettesfans penser àce queie difois,iedis encore eftant Perroquet cent parolesfanssçavoir ce que ie dis. Pour ma Maistreffe , qui estant Bergerecon- trefaisoit l' Amante ſansſentird'amour,
&qui de plusfaisoit tous les jours mil- temalices , estant Guenuche elle enfait
encore, & contrefait mille choſesqu'elle voit faire.
Voila , me dit le Perroquet , noſtre Histoireiusques icy : c'est àvous, Mon- fieur, ànous apprendre le reſte. Dites- nous pourquoy nous sommes entre vos mains , &àquoy nousſommes deſtinez,
puis que vous nousfaitespartirpourun SecondVoyage. Acette question i'ay ré- pondude cettemaniere.
Allez trop heureux Animaux ,
GALAN T. 69
Voicy la fin de tous vos maux :
Aprenez que l'on vous deſtine Pour aller faire les plaiſirs D'une belle & jeune Blondine ,
Quidonne mille ardens defirs,
Etqui cauſe mille ſoûpirs Amille Amans qui n'oſent dire ,
Belle, c'est pour vous qu'on ſoûpire;
Vous, Peroquet , & nuit &jour ,
Vous luy pourrez parler d'amour ;
Vous pourrez dire , ie vous aime,
Sans vous attirer ſon courroux.
Que mon bonheur ſeroit extrême
Si j'ofois parler comme vous !
Vous Guenuche, VOS fingeries LYON
Loin de luy donnerdu chagrin,
La charmeront ſoir & matin ;
ODieux ! que'mes Galanteries N'ont-elles le meſmedeſtin !
C'est ainsi , Mademoiselle , que finit la conversation que i'ay cue avecvostre Perroquet & vostre Guenuche. L'ay crû que ie devois vous enfaire part,
quevousferiez bien aiſe deſçavoir leurs
Avantures, le pourrois bien tirer de cette Hiftoire une belle Morale en faveur de
70 LE MERCVRE l'Amour; mais belas ,je n'oferoisavec vous moraliſerſur cette matiere.
De Marſeille.
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Résumé : LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
La fable 'Le Perroquet et la Guenuche' est adressée à Mademoiselle de M**. L'auteur décrit l'arrivée d'une barque de Lisbonne transportant des singes et des perroquets. Parmi eux, il choisit un perroquet au plumage particulier et une guenuche de petite taille. Cependant, le perroquet ne parle pas français et la guenuche ne sait pas danser, étant encore vêtue à la portugaise. L'auteur espère que la demoiselle pourra leur apprendre les bonnes manières, la danse et les habits à la mode. L'auteur raconte ensuite l'histoire amoureuse du perroquet et de la guenuche. Originaires de Guinée, ils vivaient autrefois comme bergers. Le perroquet, coquet et galant, séduisait plusieurs bergères sans ressentir de véritable amour. Cupidon le punit en le rendant amoureux d'une laide et volage bergère, la guenuche. Après avoir été trompé, le perroquet tomba dans le désespoir et fut transformé en perroquet. La guenuche, punie pour son hypocrisie, fut transformée en guenuche. Les deux animaux vécurent ensuite dans les solitudes et les forêts avant d'être capturés et emmenés au Portugal, puis en France. L'auteur les destine à la demoiselle, espérant qu'ils pourront lui parler d'amour et la charmer par leurs danses et leurs grimaces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1-14
METAMORPHOSE DU BUTOR EN SABOT.
Début :
La Métamorphose par laquelle je commence cette XXX. Lettre Extraordinaire / Dans l'enceinte des Murs où la petite Canche [...]
Mots clefs :
Métamorphose, Morale, Peintre, Terroir, Oiseaux, Beauté, Fortune, Cieux, Récits, Bonheur, Affection, Amants, Jardin, Injustice, Téméraire, Punition, Cruauté, Mort, Divin
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texteReconnaissance textuelle : METAMORPHOSE DU BUTOR EN SABOT.
6tia coutume d'inventer,
pourinstruirele Leffeurpar
quelque trait de Morale. UneAvantureauffi
plaijittJte que particulière, en
afourny lesujet, & ïAutheurs'est
diverty à la déguifer fous des noms
d'Oyséaux. Elle est écrired'unfiile
.fort naturel ,& veritable dans toutes
ses circonfiances. le ne nomme
point le lieu ou la chose est arrivée. Ilfùjjitquon la rapporte de la manitre
quetouts'estpassé, &isseroit
inutile de donnermoyen aux Curieux
de découvrir les Intéressez,.Quelque
avtrfionquon ait pour les Mtdisans
,surtoutpour ceux quisevantent
de faveurs receues des Belles,
J*bonnefieté veut qutonles épargne-,
quand ils ont*(ïé punis aussi rigoureusement
que le Cavalier qui a donné
Aim à ceque -v#waeezltre.
METAMORPHOSE
DU BU.TOR
EN SABOTDAm
ïençem'tdfrMfiria»Upetite.
Canche
SêmbUp4taf%GMtt>ûrsrltwrmr sur[el.
PM, V.don les brillm*C
"c'Issi. -,: ,,' -,,'\"¡N',
Sontandfjjfti de tart du Peintre &dele
Planche* - - Le Terroir abondant, les P-rez, les Boù,
les Eaux, ..; - 'A v"7 F"d- 'O.jfJ<'4Jotù.ei'<.V^n'.\j - "'r'tt '-04 \, l') ", Cefutlaque.fah4V*ntnh
Vn BHt" èblàmde ktivive, beauté
n'tuue Fauvette,&"desapropreté,
Fit un effortsursa nature. itantftnnid AHmilieu du grand,jour]
Pour luy conter Cexcèsdesen amour, Il sInhardlt & luy renditvisite;
Mais de/litué de conduite
Il neput s'arrester
jiu choix desa bonnefertune;
mtsans enfaire cas, il allafureter
DesNidsd'une Espêcecommune,
fOù pour certains égardsilfuttrès-bien
receu,
(Comme un nombre d'OJ[eAHX de difèrent
plumage, J)ontilnefuivitpasta règle&leménage
Son dessein avortantfitoflqu'issutconcen,
Bnforte qu'ilhauffkfon vol&sabrifte>
¡Cr,}"nt trouver par tout unevictoire •aisèe;• -• .:-
EtceBrutal audacieux
-, ':.
u CherchantdePlaceeilPldse,
Orporter bienprésdefCùux
-SApajfiQltr!Tr(Jn4IJd..
QuipourracroireyuHttBHtot
\Aitvoulu prendreun tel essars
Sachance luy sembloit trop bonne
Pour voirrien cféclatant qu'il»ettftosé
tenter,
Ce qui fémlet à visîterfAiglonne.
L'acneilqu'elle luyfitdevaitle contenter;
Mais par des récits teméraires
ZfEtourdyminal'état desesaffaires.-
Les Amansdaujourd'huysuivent cette,
leçon;
Moins ils ont defaveurs, plutilsenfont*
paroifire,
Et telsouventauroitpeine a connoiflrt
Celle qu'ilfaitfenfible afon ajfeflion.
Leur but ness plus la déférence,
Lefecret,oulaioüiffance.
Ilssefont de l'éclat un bonheursiparfait$,
Queces Extravagantpréfèrent laNou*
velle
Decequejamaisils nontfait
Ala peffejfionde la Causeréelle.
Maissans plus m'ilnefler à leur legèreté,
Et les abandonnant à leur peu de conduite
Contre qui la raison ç'irrite,
Revenons à noflrèEventé.
Jlfut a ptint introduitchez, l'Aiglonnet
QuJllnycontafesprêgrésgloriekx,
Etcrut gaigner une Couronne
JP<triadefcriptu'm des Lieux.
CetteReyne du Volatile,
CommennEspiontres-habile,
Feignit del'écouterpar admirâtion,
Pvkrinduire/onitifoletice
A plus grande narration,
Ëllepunirdtfonoffertse.
Ildit que la Fauvette estoit à petit prix,
Quesa ihtJe Alliance attiraitfin mépris;
Quedtttxautreune Effiece
étrangere
Sur elle nenchérifoientguém
-
Brefilosadansfinraport
Insulter a l'honneurd'uneagréable Pie,
Disant eju'illa mettoit au rang de la
charpie,
Pourefiresansdéfenseaupluspetit effort.
VAiglonneaimant la Pie, eut peineàse
contraindre,
ToutefoiseHecrut yuilfaloitencorfeindre,
Espérantvoir en pM de jours
Celles qu'ildédiireitparses lâches discours.
^Enfuit?ilrevitsesMaistresses,
Dont croyant obtenir quelques douces cth
refis,
Enruppoflmt un traitement bien doux,
Hfit uneféconde &femblakl* NouvelleJ
Mitpar unfauxrécit fAiglonne enfa*
rallele,
Excepté qu'ilparlade Jardin &deChoux.
Vn jour ellesse rencontrèrent
JPar un coup,du hasard danssonAparté"
ment,
Et comme elles cherchoientun éclirciffi.
ment,
Leurcommun intèreiffit<jmelless*acceptirent,
Et qu'un pareil motifleur échauffant le
caur,
Tout leurentretienfut du Calomniateur,
Dont l'utti blâmoit Ucaprice,
L'autre cenddrnnoit Cinjttjlice;
Et-defcs entretienstoutesfaifmt l'aveu^
T trouvaient beaucoup d'insolence,
Lors que l'Aiglonne entra, qui reconnutunfeu
Plusardent queceluy cjuinfpiroitsa pri.
fence.
J'ay, dit-elle en raillant. ce me semble,
observé
Sur vos visages quelques flames;
Vous devez bien ouvrir vos ames
A celle qui pour vous n'a rien de réservé.
Hélas! dit la Pie en colere,
Vous avez part à ce mistere;
Le Butor hautement devant moys'est
vanté
Qu'il faisoitdevous à sa guise.
Une autre interrompit, C'estce quilm'a
conté,
Et j'en demeuray sisurprise,
Que mon esprit en fut quelque temps
obscurcy.
Certes, dit la troisième, il mel'a dit aussi
11 vous l'a dit, reprit l'Aiglonne?
La Fauvetttaussi-tft tun accent tendre
ô- doux,
ÁJe}. répondit, Madame, jefrissonne
Quand je resve aux discoursqu'il avance
de vous..
Ah, l'Insolent,le Teméraire!
Je le feray ressouvenir,
Quoy qu'indigne de ma colere,
Des propos qu'il a sçû tenir;
Et pourvous obligerà suivre ma vangeance,
Apprenez que cetIndiscret,
Bien loin de garder le secret,
M'a fait sur vous pareille confidence,
O Justes Dieux! dirent elles alors,
Il faut luy mutiler le corps,
En prendre un châtiment qui lay-merrne
l'étonne,
Etle mette en état de donner de l'horreur.
N'allons passi loin, dit l'Aiglonne,
Il faut en toute chose avoir foin de l'honneur.
On doit mesme en Judicature
Agir avec proportion,
Etformer la punition
Sur le rang de celuy qui commet une
injure.
Plus il est élevé, plus le crime commis
Exige de peines cruelles;
Mais quand il part d'un Sex trop
soûmis,
Onle punit comme des bagatelles.
Ainsij'ordonne un châtiment
Digne d'un Butor insolent.
Etse retournantvtrs la Pie,
C'est à vous, m'a-t-on dit, seulement,
qu'ilsefie;
Par là nous pouvons profiter
De sa confiance crédule,
L'obligeant à vous visiter,
Demain seul dansvostre Cellule,
Oùjeferay portertrois ou quatre balais
Par mes plus robustes Valets.
Ce complot pris,onse retire
Dans le dejjein d'écorcherle bon Sire,
Qtûfuivantson tempérament,
Sa teflevuide & sans cervelle,
'^epouvant demeurer en repos us mo- -
mlnt
Vint Je brûler à la chandelle,
Ou-bien, si vous voulez., accomplitson ;v.dessin,
En rendant à la Pie un devoir clMUleflin.
Elle feinit deflreaffairée,
Et luy dit tendrement, Faites-moy le
plaisir
De me laisser toute cette soirée;
Demainnous nous verrons, seuls, &
plus à loisir.
Cet Idiotcroyantsafortune meilleure,
Dit,yyvierndray seul, ou je meure.-
Ilsortit, dormit peu, s'éveilla,se rendit
jiu lieuqu'ilpréfftmoit tint remply de
-* M". v-
Jugez*ejueltroublelesaisit, -
Voyanten tant de mains l'objet âtftsfu*
plices.
Il fçavùt que tout ses raports - Esitientfaux, ou peu ventables.
Aafft pour s'évaderfit-ildegrandsefforts,-
Mais il avoit a fai-eades lnéxorteblu,.
Quisansavoirégardasesfoibles raisons.
Crioient incessamment, Tuons, tuons,
tuons.
L'Aiglonnedit, Je sçay ce qu'on doit
auxImpies, la mort leur est. un châtiment trop
doux;
Mes deux Servantes, ou Harpies,
Luyferont rëssentirl'effet de moncouroux.
Allons vîte, qu'on le dépoüille,
Et que dans son fang on lemoüille.
Alors ces barbaresOyseaux,
Suivant leur naturelsauvage,
Imprimèrent auxreins de ceRoy desLou;
datifs
LesfangUns effets de leur rage,
Etpar des coups defouetfortementredoublez.
Lemirent en l'état qu'on peintles Fia-*
elle.
Ena-t-il assez,ditl'Aiglonne?
Non, répanditcetteTroupefélonne,
Il fautrecommencer, & ne se lasser pas
Montrez tout de nouveau la force de,
- vos bras.
Se levant cites empoignèrent
Les mtmbres quise préfentérettt.
L'une lesaisit par devant,
Celle-làparlespieds,celk-cy par les ailes,
rrandü que sanscesser deux Mègeres
cruelles
Le mirent en moins d'un infiant
Dansun étatsipitoyable,
IQue le récitsembleroit une Fable,
Le dépitles tenant tropfort
>
Tours'éteindre/queparsamort,
Quirieuftpasfaitsans douteunplus long
intervalle,
Sans le Dieu Mars, quiparcompàjfton
ClfllngeAtcflre de ce Bouffon
Dont il chérissoit la Caballe,
.En Itty donnant laformed'un Sabot*
JQttil ventfaut dépeindre en un mot.
Sans cesseildort, ou s'ils'éveille,
Ceflauseul bruit desapunition;
Nature en ce seul cas luy conferva lortitley
.:':. Comme umfurcfoifl à fin aJfUEHon*
* Sorte de Toupie sansferauboutd'en-bas,
dontles Enfans joüent, en la faisant tournât
avec un foüet de cuir.
Tant elle est rigmreufeÀpunir les tnfxmes
JQui disent lesfaveurs,ou le[cent des
Dames.
JUBEIRT, de laDoüanne
deLyon.
pourinstruirele Leffeurpar
quelque trait de Morale. UneAvantureauffi
plaijittJte que particulière, en
afourny lesujet, & ïAutheurs'est
diverty à la déguifer fous des noms
d'Oyséaux. Elle est écrired'unfiile
.fort naturel ,& veritable dans toutes
ses circonfiances. le ne nomme
point le lieu ou la chose est arrivée. Ilfùjjitquon la rapporte de la manitre
quetouts'estpassé, &isseroit
inutile de donnermoyen aux Curieux
de découvrir les Intéressez,.Quelque
avtrfionquon ait pour les Mtdisans
,surtoutpour ceux quisevantent
de faveurs receues des Belles,
J*bonnefieté veut qutonles épargne-,
quand ils ont*(ïé punis aussi rigoureusement
que le Cavalier qui a donné
Aim à ceque -v#waeezltre.
METAMORPHOSE
DU BU.TOR
EN SABOTDAm
ïençem'tdfrMfiria»Upetite.
Canche
SêmbUp4taf%GMtt>ûrsrltwrmr sur[el.
PM, V.don les brillm*C
"c'Issi. -,: ,,' -,,'\"¡N',
Sontandfjjfti de tart du Peintre &dele
Planche* - - Le Terroir abondant, les P-rez, les Boù,
les Eaux, ..; - 'A v"7 F"d- 'O.jfJ<'4Jotù.ei'<.V^n'.\j - "'r'tt '-04 \, l') ", Cefutlaque.fah4V*ntnh
Vn BHt" èblàmde ktivive, beauté
n'tuue Fauvette,&"desapropreté,
Fit un effortsursa nature. itantftnnid AHmilieu du grand,jour]
Pour luy conter Cexcèsdesen amour, Il sInhardlt & luy renditvisite;
Mais de/litué de conduite
Il neput s'arrester
jiu choix desa bonnefertune;
mtsans enfaire cas, il allafureter
DesNidsd'une Espêcecommune,
fOù pour certains égardsilfuttrès-bien
receu,
(Comme un nombre d'OJ[eAHX de difèrent
plumage, J)ontilnefuivitpasta règle&leménage
Son dessein avortantfitoflqu'issutconcen,
Bnforte qu'ilhauffkfon vol&sabrifte>
¡Cr,}"nt trouver par tout unevictoire •aisèe;• -• .:-
EtceBrutal audacieux
-, ':.
u CherchantdePlaceeilPldse,
Orporter bienprésdefCùux
-SApajfiQltr!Tr(Jn4IJd..
QuipourracroireyuHttBHtot
\Aitvoulu prendreun tel essars
Sachance luy sembloit trop bonne
Pour voirrien cféclatant qu'il»ettftosé
tenter,
Ce qui fémlet à visîterfAiglonne.
L'acneilqu'elle luyfitdevaitle contenter;
Mais par des récits teméraires
ZfEtourdyminal'état desesaffaires.-
Les Amansdaujourd'huysuivent cette,
leçon;
Moins ils ont defaveurs, plutilsenfont*
paroifire,
Et telsouventauroitpeine a connoiflrt
Celle qu'ilfaitfenfible afon ajfeflion.
Leur but ness plus la déférence,
Lefecret,oulaioüiffance.
Ilssefont de l'éclat un bonheursiparfait$,
Queces Extravagantpréfèrent laNou*
velle
Decequejamaisils nontfait
Ala peffejfionde la Causeréelle.
Maissans plus m'ilnefler à leur legèreté,
Et les abandonnant à leur peu de conduite
Contre qui la raison ç'irrite,
Revenons à noflrèEventé.
Jlfut a ptint introduitchez, l'Aiglonnet
QuJllnycontafesprêgrésgloriekx,
Etcrut gaigner une Couronne
JP<triadefcriptu'm des Lieux.
CetteReyne du Volatile,
CommennEspiontres-habile,
Feignit del'écouterpar admirâtion,
Pvkrinduire/onitifoletice
A plus grande narration,
Ëllepunirdtfonoffertse.
Ildit que la Fauvette estoit à petit prix,
Quesa ihtJe Alliance attiraitfin mépris;
Quedtttxautreune Effiece
étrangere
Sur elle nenchérifoientguém
-
Brefilosadansfinraport
Insulter a l'honneurd'uneagréable Pie,
Disant eju'illa mettoit au rang de la
charpie,
Pourefiresansdéfenseaupluspetit effort.
VAiglonneaimant la Pie, eut peineàse
contraindre,
ToutefoiseHecrut yuilfaloitencorfeindre,
Espérantvoir en pM de jours
Celles qu'ildédiireitparses lâches discours.
^Enfuit?ilrevitsesMaistresses,
Dont croyant obtenir quelques douces cth
refis,
Enruppoflmt un traitement bien doux,
Hfit uneféconde &femblakl* NouvelleJ
Mitpar unfauxrécit fAiglonne enfa*
rallele,
Excepté qu'ilparlade Jardin &deChoux.
Vn jour ellesse rencontrèrent
JPar un coup,du hasard danssonAparté"
ment,
Et comme elles cherchoientun éclirciffi.
ment,
Leurcommun intèreiffit<jmelless*acceptirent,
Et qu'un pareil motifleur échauffant le
caur,
Tout leurentretienfut du Calomniateur,
Dont l'utti blâmoit Ucaprice,
L'autre cenddrnnoit Cinjttjlice;
Et-defcs entretienstoutesfaifmt l'aveu^
T trouvaient beaucoup d'insolence,
Lors que l'Aiglonne entra, qui reconnutunfeu
Plusardent queceluy cjuinfpiroitsa pri.
fence.
J'ay, dit-elle en raillant. ce me semble,
observé
Sur vos visages quelques flames;
Vous devez bien ouvrir vos ames
A celle qui pour vous n'a rien de réservé.
Hélas! dit la Pie en colere,
Vous avez part à ce mistere;
Le Butor hautement devant moys'est
vanté
Qu'il faisoitdevous à sa guise.
Une autre interrompit, C'estce quilm'a
conté,
Et j'en demeuray sisurprise,
Que mon esprit en fut quelque temps
obscurcy.
Certes, dit la troisième, il mel'a dit aussi
11 vous l'a dit, reprit l'Aiglonne?
La Fauvetttaussi-tft tun accent tendre
ô- doux,
ÁJe}. répondit, Madame, jefrissonne
Quand je resve aux discoursqu'il avance
de vous..
Ah, l'Insolent,le Teméraire!
Je le feray ressouvenir,
Quoy qu'indigne de ma colere,
Des propos qu'il a sçû tenir;
Et pourvous obligerà suivre ma vangeance,
Apprenez que cetIndiscret,
Bien loin de garder le secret,
M'a fait sur vous pareille confidence,
O Justes Dieux! dirent elles alors,
Il faut luy mutiler le corps,
En prendre un châtiment qui lay-merrne
l'étonne,
Etle mette en état de donner de l'horreur.
N'allons passi loin, dit l'Aiglonne,
Il faut en toute chose avoir foin de l'honneur.
On doit mesme en Judicature
Agir avec proportion,
Etformer la punition
Sur le rang de celuy qui commet une
injure.
Plus il est élevé, plus le crime commis
Exige de peines cruelles;
Mais quand il part d'un Sex trop
soûmis,
Onle punit comme des bagatelles.
Ainsij'ordonne un châtiment
Digne d'un Butor insolent.
Etse retournantvtrs la Pie,
C'est à vous, m'a-t-on dit, seulement,
qu'ilsefie;
Par là nous pouvons profiter
De sa confiance crédule,
L'obligeant à vous visiter,
Demain seul dansvostre Cellule,
Oùjeferay portertrois ou quatre balais
Par mes plus robustes Valets.
Ce complot pris,onse retire
Dans le dejjein d'écorcherle bon Sire,
Qtûfuivantson tempérament,
Sa teflevuide & sans cervelle,
'^epouvant demeurer en repos us mo- -
mlnt
Vint Je brûler à la chandelle,
Ou-bien, si vous voulez., accomplitson ;v.dessin,
En rendant à la Pie un devoir clMUleflin.
Elle feinit deflreaffairée,
Et luy dit tendrement, Faites-moy le
plaisir
De me laisser toute cette soirée;
Demainnous nous verrons, seuls, &
plus à loisir.
Cet Idiotcroyantsafortune meilleure,
Dit,yyvierndray seul, ou je meure.-
Ilsortit, dormit peu, s'éveilla,se rendit
jiu lieuqu'ilpréfftmoit tint remply de
-* M". v-
Jugez*ejueltroublelesaisit, -
Voyanten tant de mains l'objet âtftsfu*
plices.
Il fçavùt que tout ses raports - Esitientfaux, ou peu ventables.
Aafft pour s'évaderfit-ildegrandsefforts,-
Mais il avoit a fai-eades lnéxorteblu,.
Quisansavoirégardasesfoibles raisons.
Crioient incessamment, Tuons, tuons,
tuons.
L'Aiglonnedit, Je sçay ce qu'on doit
auxImpies, la mort leur est. un châtiment trop
doux;
Mes deux Servantes, ou Harpies,
Luyferont rëssentirl'effet de moncouroux.
Allons vîte, qu'on le dépoüille,
Et que dans son fang on lemoüille.
Alors ces barbaresOyseaux,
Suivant leur naturelsauvage,
Imprimèrent auxreins de ceRoy desLou;
datifs
LesfangUns effets de leur rage,
Etpar des coups defouetfortementredoublez.
Lemirent en l'état qu'on peintles Fia-*
elle.
Ena-t-il assez,ditl'Aiglonne?
Non, répanditcetteTroupefélonne,
Il fautrecommencer, & ne se lasser pas
Montrez tout de nouveau la force de,
- vos bras.
Se levant cites empoignèrent
Les mtmbres quise préfentérettt.
L'une lesaisit par devant,
Celle-làparlespieds,celk-cy par les ailes,
rrandü que sanscesser deux Mègeres
cruelles
Le mirent en moins d'un infiant
Dansun étatsipitoyable,
IQue le récitsembleroit une Fable,
Le dépitles tenant tropfort
>
Tours'éteindre/queparsamort,
Quirieuftpasfaitsans douteunplus long
intervalle,
Sans le Dieu Mars, quiparcompàjfton
ClfllngeAtcflre de ce Bouffon
Dont il chérissoit la Caballe,
.En Itty donnant laformed'un Sabot*
JQttil ventfaut dépeindre en un mot.
Sans cesseildort, ou s'ils'éveille,
Ceflauseul bruit desapunition;
Nature en ce seul cas luy conferva lortitley
.:':. Comme umfurcfoifl à fin aJfUEHon*
* Sorte de Toupie sansferauboutd'en-bas,
dontles Enfans joüent, en la faisant tournât
avec un foüet de cuir.
Tant elle est rigmreufeÀpunir les tnfxmes
JQui disent lesfaveurs,ou le[cent des
Dames.
JUBEIRT, de laDoüanne
deLyon.
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3
p. 13-39
L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
Début :
Tout Paris a crû trop legerement qu'un époux, de [...]
Mots clefs :
Gascon, Peintre, Nièce, Oncle, Mariage, Intrigue, Lettre, Vanité, Duperie, Comédie, Rouge, Métamorphose, Fiançailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
L'HOMME ROUGE.
-1vouirgiu
TOut Larissacrûtrop
iegercment qu'un é-•
poux. de concert avec
sa n|s: -•
aimable: moitié,
avoit teint en verd
un galantehomme, qui les incommodait:
par lès frequentcs fie
très- importunés visites
, 8c
- par la liberté
qu'il prenoit tous les
jours de faire nombrea
leur table sans. t~t avoir
jamais été invité. Il efli
inutile de rapporter 1^
détail de cette fiétion,
où personnen'a varié J
ni change la moindres
circonstancepour larendre
encore plus croya
ble sur le comptede ce
luiauxdépens de quvJ
elle a été imaginée ; &t::
comme le public se dédit
rarement ,
l'homme
verd passe aujourd'hui
dans sescroniques pour
être parvenu, en se lavant
&frotanc bien tous
les jours, à n'être plus
que de couleur de verd
de Tourville;cesont encore
deux ou troisnuan*
ces vertes qu'ilfautqu'il
essuye pour se trouver à
sa couleur naturelle.
Un jeune &.très
tourdi Gascon n'en fera
pas quitte a meilleur
marché. On amande ici
qu'ilénoitd'Aire, ville,
& Evêché deGascogne.
&,' qu'étant arrivé sur Jai
fin du printemps, der-;
niér à Marseille en qualité
de jeune Peintre qui
voyageyiisymit en
testedefairelafortune
àlanieced'un Peintre,
qui est jolie
,
& qui a
vingt,foisplusde bien
que lui. Elleaperdu très
jeuneson pere & sa mci
re , &C a été élevée par
un oncle, quiest sontu^
teur,
teur, avecplusdesoin
que si elleeût été sa propre
fille. Lescomplimens
outrez 8c lesoffres
dé services à perte
de vue duGascon furent
d'abord reçues par
l'oncle, avec beaucoup
d'indifference. Les Provençaux,
trop prévenus
contre les Gascons, font
persuadez que tout l'univers
met de grandes
différences entre leurcarters&
ccl'uid'ullLatl
guedockien,d'un Ptri.
gourdin, d'un Gascon &
de tous leurs autres voisins
; semblables en cela
aux Normands & aux
Manceaux, qui quoy
qu'également fins, subtils&
c prévoyans, affectent
neanmoins d'avoir
en particulier de belles
qualitez, & de n'estre
jamais fuicts) a certains
défauts dont les quolibets
& mauvais proverbescaracterisent
également
les uns & les autres.
Le fcul nom de
Gascon mit donc en
garde lé Provençal, qui
ne prit pas pour argent
comptant les vingt mil
écus quele jeune Peintre
disoit que son pere
étoit fort en état de luy
donner s'il se presentoit
un partiquilui convinst.
Il avançoitautïi que sa
famille étoit alliée à toute
la noblessedeson pays;
que les ancestres avoient
blanchi auservicedu
Prince. Il ne manquoit
que des preuves &•des
titres a tout cela ;&,l'oncle,
quicomeriça$ecou->
ter avec plaisirlesrécits
romanesques quçle¡Ga(j
con faisoitdesesançêrres-
& de fafortune,affecta
de ne le contredire en
rien. Il nerebutadoncpoint
le dessein qu'ilavoit
d'epouser sa niece;
& pour rendre le roman
plus long & plus complçt,
ilfdpm#n4.a à l'amant
des lettres Se des
assurancesdp, ses parens quiprouvaientque là
recherche de-sa nièce
leur étoit agréable.
': Le
Gascon; fij^d'un pere-
CltJtar' .ptyscfçvi&.plusi
vajfl-que lui ,-e0, reçut
bientost réponsesur l'avis^
u'U:lvy eivit.,4on-;
nétiqUi'iJIé^oit-defiri.ejrt»
m.rlag': '-pa,i unetrèsbc:,
Uef &. , Jirés.-riche'Da-,
rfioUeJlejquiiherït^roiC:
encore d'un oncle, qui
le pressoit l'épée dans les
reins pour la conclusion
du mariage de sa niece ;
dont tout le pays de
Marseille jazoit, depuis
qu'il lui comptoit des
fleurettes. Le Gasconlogeoitchez
un hôte malin,
& qui nemanquoit
pas d'esprit > il lui confial'intrigile
de son mariage,
Se ils firent ensemble
la lettre qu'il écrivit
à son pere ; c'cft*
de lui qu'on a sçû ce
qu'elle contenoit:voici
la reponef du pere.
Vôtremere, vos quatre
freres toutesVQ$
fteurs craignent,comme, "Jnemam
foyezxtrvp )'ren,J"tIII/#
appas de,la belle que
?etts 'VwlezJ épojifèr i
V0.ttsa'veT^anotre pàrtç
des filles richest belles
f5 de condition
-,
qui ne
demandentpas mieux.
%7\
que notre alliancei&si
nous gagnons le procès
de la demande que mes
'-la!cy'.culs font depuis prés
cent: ans àlamaifon
'-¡Braqucnagt.
, vous
IJtIW--¡t#Ji:oJfe- asix
vthmnaux ylmo*WMi*Q$r\W^ le droit de vosports)f5
ne> vousméfalhe^ pasa
qu'àconditionquelafille
que vous pÓurfùi'Vt'en
mariagefiitune grande
hmmre;e.t"rmnk.
aufifi
àu,et dans ses parens
9 tant paternels que maternels
ilny en a point
eu qui eurent des vices
de corps ou d'iffrit; car
parbleu on ne peut rien
reprocher à ma race> eS
nous efmmes tous gaillards
f5 Jains comme
des poissons:je vous envoirai
par la premiere
sosievôtre extrait ba..
ptiftaireFlJ un pouvoir
de moy f5 de votre me
n de vous marier à t'()ô:" -
tre gré
s en'vous refera
vant al, nos(uccejjions dés
que nous ferons mortsjouhliois de : vous dire
que vo/1tre mere a une
bellef5 riche croix d'or
ou pendent six rubis
troisperlesfinesdegrand
prix; elle a aussi un fort
beau colier f5 des hraf
felets dambre
>
quiJont
les preftns de nôce que
rvotreajeule luifit lors
que je l'épousai, elle les
çonfèrve bien chèrement
pour en faire un-presènt
à evotre épouse ,
a qui
nous vous chargeons de
faire e5 redoubler quelque
joli compliment de
nôtre part. Jefuisvotre
fere es bon ami,
DE CAGANAC.
Le Gascon qui craignoit
que son pere n'eût
pas resprit de lui faire
unereponseequ"il pûtmotrer
en avoit une toute
preste de sa façon,si celle
qu'il reçut neutt pas
satisfait sa folle vanité:
mais il la trouva encore
plus à son gré que la
sienne, qu'il avoit déjà
fait voir & corriger par
son hte, railleur de
profession, & qui aassuré
que l'une valoit bien
l'autre. La reponse du
pere fut bientost communiquée
à l'oncle, qui
la trouva si singuliere&
si piaisante, qu'il pria le
Gascon de la lui laisser,
afin qu'il la montrât à
sa niece, & à ses proches
parens , qui s'en divertirent
en perfection avec
tous leurs amis: on ne
parla pendant plus d'un
mois dans Marseille que
de la lettre du pere Gascon,
que tout le monde
voulut voir &C copier;
on en parloit au fils avec
des éloges pour sa belle
famille, & pour toutes
les grandes demandes
qu'elle faisoit à Messieurs
de Braquenage. LeGascon
recevoit tout ce quon
lui disoit comme
choses qui lui eussent
esté fort deuës, & quoiqu'on
sçust qu'il n'estoit
que le fils d'un petit
marchand de drap, on
le traittoit ~néanmoins
en homme de qualité,
& avec des maniérés qui
acheverent de lui gâter
l'esprit : mais le peintre,
qui le recevoit toûjours
gracieusement, & qui
l'arrestoitquelquefois à
souper, se trouva embarrassé
dans le dénoue..
ment du pretendu mariage
de sa niece, que le
Gascon disoit en confidence
à tout le monde ne
dépendre plus que de
lui, d'autant qu'il avoic
mis la Demoiselle sur le
pied de le traiter autant
bien qu'it pouvoitl'esperer
d'une personne à
qui il feroit sa fortune,
& qui recevroitde grads
honneurs de son allince;
on redisoit à l'oncle &
à la niece les sotises ÔC
toutes les gasconades
qu'imaginoit de jour en
jour le pretendu futur;
& comme la matière en
étoit delicate, & extravagament
mise en oeuvre
par le Gascon, on
crut qu'il étoit necessaire
de finir cette comedie.
L'oncle pour y
parvenir ménagea un entretien
seul à seul avec
l'amant àquiilfit confidence
d'un bruit qui
couroit de sa niece, non
pas qu'il le crustcapable
d'un pareil attentat:mais
bien un Gentil-homme
que sa niece écoutoit
trop favorablement depuis
prés de deux ans.
LeGascon qui avoit toutes
les preuves de sa
continence avec laniece
du Peintre,se mordit le
doigt au recit de cette
confidence, & neanmoins
aprés un moment
de reflexion il se jetta
aux pieds de l'oncle en
le conjurant de ne pas
aprofondir un mystere
amoureux; le Gascon
s'imagina apparemment
que la niece mourant
d'envie de l'épouser auroit
eu l'adressede faire
courir ce faux bruit, &
il continua de supplier
l'oncle de ne point faire
d'éclat pour une bagatelle
: mais l'oncle, qui
avec une pareille fuposition
ne trouva point
l'interessé Gascon dégouté
de sa niecc, prit sur
le champ le parti de lui
défendrel'entrée de sa
maison, en lui disant
qu'il étoit resolu de laisfer
époufer à sa niece le
Gentil-homme dontelle
estoit en-testéè. Le Gascon
ne se tint pas pour
irrevocablement rcfufé,
& parut dés le lendemain
chez le peintre à
l'heure de son souper,
il se mit à table sans en
estre prié,&buteffron.
tement à la santé de la
belle qui ne pouvoit
plus S'ên dédire;la niece
qui étoit trés-sage sortit
de table dés qu'elle eut
entendu ce compliment,
& l'oncle, pour ôter abfolument
au Gascon
toutes ses folles pretentions,
le fit inviter dés
le lendemain à souper
chez lui, où il pria deux
de les amis de le venir
seconder pour mieux
jouër sa piece 5 illeur en
fit considence, & leur
dit qu'ils ne feroient
qu'imiter ce qu'on avoit
fait à Paris depuis trois
mois à l' homme verd.
On convint que la niece
ne feroit point du souper,
pour être en état de
parler gayment & à
coeur ouvert de ce que
le Gascon pretendoits'êtrepassé
entre elle & lui;
on se mit à table à l'heure
convenue, 84 on y
tint des propos à mettre
l'imagination du Gascon
en campagne > on lui
porta coup sur coup la
sante de sa maîtresse, &C
dés qu'on le vit pris de
vin, on lui en donna de
préparé dont l'effet fut
d'assoupir ses sens de
telle maniéré qu'on le
coucha sur un lit de repos,
où ilnesetouvient
point d'avoir été mis,ni
d'avoir été porté chez
lui, après qu'on lui eut
peint tout le visage en
rouge couleur de masque
de furie. Ne voila
que deux couleursusées
pour des amans importuns
& indiscrets
t &
tous ceux qui leur ressemblent
meritent au
moins de pareils traitemens.
Cetteavanture m'aété
envoyée par M. l¥-.¥¥
-1vouirgiu
TOut Larissacrûtrop
iegercment qu'un é-•
poux. de concert avec
sa n|s: -•
aimable: moitié,
avoit teint en verd
un galantehomme, qui les incommodait:
par lès frequentcs fie
très- importunés visites
, 8c
- par la liberté
qu'il prenoit tous les
jours de faire nombrea
leur table sans. t~t avoir
jamais été invité. Il efli
inutile de rapporter 1^
détail de cette fiétion,
où personnen'a varié J
ni change la moindres
circonstancepour larendre
encore plus croya
ble sur le comptede ce
luiauxdépens de quvJ
elle a été imaginée ; &t::
comme le public se dédit
rarement ,
l'homme
verd passe aujourd'hui
dans sescroniques pour
être parvenu, en se lavant
&frotanc bien tous
les jours, à n'être plus
que de couleur de verd
de Tourville;cesont encore
deux ou troisnuan*
ces vertes qu'ilfautqu'il
essuye pour se trouver à
sa couleur naturelle.
Un jeune &.très
tourdi Gascon n'en fera
pas quitte a meilleur
marché. On amande ici
qu'ilénoitd'Aire, ville,
& Evêché deGascogne.
&,' qu'étant arrivé sur Jai
fin du printemps, der-;
niér à Marseille en qualité
de jeune Peintre qui
voyageyiisymit en
testedefairelafortune
àlanieced'un Peintre,
qui est jolie
,
& qui a
vingt,foisplusde bien
que lui. Elleaperdu très
jeuneson pere & sa mci
re , &C a été élevée par
un oncle, quiest sontu^
teur,
teur, avecplusdesoin
que si elleeût été sa propre
fille. Lescomplimens
outrez 8c lesoffres
dé services à perte
de vue duGascon furent
d'abord reçues par
l'oncle, avec beaucoup
d'indifference. Les Provençaux,
trop prévenus
contre les Gascons, font
persuadez que tout l'univers
met de grandes
différences entre leurcarters&
ccl'uid'ullLatl
guedockien,d'un Ptri.
gourdin, d'un Gascon &
de tous leurs autres voisins
; semblables en cela
aux Normands & aux
Manceaux, qui quoy
qu'également fins, subtils&
c prévoyans, affectent
neanmoins d'avoir
en particulier de belles
qualitez, & de n'estre
jamais fuicts) a certains
défauts dont les quolibets
& mauvais proverbescaracterisent
également
les uns & les autres.
Le fcul nom de
Gascon mit donc en
garde lé Provençal, qui
ne prit pas pour argent
comptant les vingt mil
écus quele jeune Peintre
disoit que son pere
étoit fort en état de luy
donner s'il se presentoit
un partiquilui convinst.
Il avançoitautïi que sa
famille étoit alliée à toute
la noblessedeson pays;
que les ancestres avoient
blanchi auservicedu
Prince. Il ne manquoit
que des preuves &•des
titres a tout cela ;&,l'oncle,
quicomeriça$ecou->
ter avec plaisirlesrécits
romanesques quçle¡Ga(j
con faisoitdesesançêrres-
& de fafortune,affecta
de ne le contredire en
rien. Il nerebutadoncpoint
le dessein qu'ilavoit
d'epouser sa niece;
& pour rendre le roman
plus long & plus complçt,
ilfdpm#n4.a à l'amant
des lettres Se des
assurancesdp, ses parens quiprouvaientque là
recherche de-sa nièce
leur étoit agréable.
': Le
Gascon; fij^d'un pere-
CltJtar' .ptyscfçvi&.plusi
vajfl-que lui ,-e0, reçut
bientost réponsesur l'avis^
u'U:lvy eivit.,4on-;
nétiqUi'iJIé^oit-defiri.ejrt»
m.rlag': '-pa,i unetrèsbc:,
Uef &. , Jirés.-riche'Da-,
rfioUeJlejquiiherït^roiC:
encore d'un oncle, qui
le pressoit l'épée dans les
reins pour la conclusion
du mariage de sa niece ;
dont tout le pays de
Marseille jazoit, depuis
qu'il lui comptoit des
fleurettes. Le Gasconlogeoitchez
un hôte malin,
& qui nemanquoit
pas d'esprit > il lui confial'intrigile
de son mariage,
Se ils firent ensemble
la lettre qu'il écrivit
à son pere ; c'cft*
de lui qu'on a sçû ce
qu'elle contenoit:voici
la reponef du pere.
Vôtremere, vos quatre
freres toutesVQ$
fteurs craignent,comme, "Jnemam
foyezxtrvp )'ren,J"tIII/#
appas de,la belle que
?etts 'VwlezJ épojifèr i
V0.ttsa'veT^anotre pàrtç
des filles richest belles
f5 de condition
-,
qui ne
demandentpas mieux.
%7\
que notre alliancei&si
nous gagnons le procès
de la demande que mes
'-la!cy'.culs font depuis prés
cent: ans àlamaifon
'-¡Braqucnagt.
, vous
IJtIW--¡t#Ji:oJfe- asix
vthmnaux ylmo*WMi*Q$r\W^ le droit de vosports)f5
ne> vousméfalhe^ pasa
qu'àconditionquelafille
que vous pÓurfùi'Vt'en
mariagefiitune grande
hmmre;e.t"rmnk.
aufifi
àu,et dans ses parens
9 tant paternels que maternels
ilny en a point
eu qui eurent des vices
de corps ou d'iffrit; car
parbleu on ne peut rien
reprocher à ma race> eS
nous efmmes tous gaillards
f5 Jains comme
des poissons:je vous envoirai
par la premiere
sosievôtre extrait ba..
ptiftaireFlJ un pouvoir
de moy f5 de votre me
n de vous marier à t'()ô:" -
tre gré
s en'vous refera
vant al, nos(uccejjions dés
que nous ferons mortsjouhliois de : vous dire
que vo/1tre mere a une
bellef5 riche croix d'or
ou pendent six rubis
troisperlesfinesdegrand
prix; elle a aussi un fort
beau colier f5 des hraf
felets dambre
>
quiJont
les preftns de nôce que
rvotreajeule luifit lors
que je l'épousai, elle les
çonfèrve bien chèrement
pour en faire un-presènt
à evotre épouse ,
a qui
nous vous chargeons de
faire e5 redoubler quelque
joli compliment de
nôtre part. Jefuisvotre
fere es bon ami,
DE CAGANAC.
Le Gascon qui craignoit
que son pere n'eût
pas resprit de lui faire
unereponseequ"il pûtmotrer
en avoit une toute
preste de sa façon,si celle
qu'il reçut neutt pas
satisfait sa folle vanité:
mais il la trouva encore
plus à son gré que la
sienne, qu'il avoit déjà
fait voir & corriger par
son hte, railleur de
profession, & qui aassuré
que l'une valoit bien
l'autre. La reponse du
pere fut bientost communiquée
à l'oncle, qui
la trouva si singuliere&
si piaisante, qu'il pria le
Gascon de la lui laisser,
afin qu'il la montrât à
sa niece, & à ses proches
parens , qui s'en divertirent
en perfection avec
tous leurs amis: on ne
parla pendant plus d'un
mois dans Marseille que
de la lettre du pere Gascon,
que tout le monde
voulut voir &C copier;
on en parloit au fils avec
des éloges pour sa belle
famille, & pour toutes
les grandes demandes
qu'elle faisoit à Messieurs
de Braquenage. LeGascon
recevoit tout ce quon
lui disoit comme
choses qui lui eussent
esté fort deuës, & quoiqu'on
sçust qu'il n'estoit
que le fils d'un petit
marchand de drap, on
le traittoit ~néanmoins
en homme de qualité,
& avec des maniérés qui
acheverent de lui gâter
l'esprit : mais le peintre,
qui le recevoit toûjours
gracieusement, & qui
l'arrestoitquelquefois à
souper, se trouva embarrassé
dans le dénoue..
ment du pretendu mariage
de sa niece, que le
Gascon disoit en confidence
à tout le monde ne
dépendre plus que de
lui, d'autant qu'il avoic
mis la Demoiselle sur le
pied de le traiter autant
bien qu'it pouvoitl'esperer
d'une personne à
qui il feroit sa fortune,
& qui recevroitde grads
honneurs de son allince;
on redisoit à l'oncle &
à la niece les sotises ÔC
toutes les gasconades
qu'imaginoit de jour en
jour le pretendu futur;
& comme la matière en
étoit delicate, & extravagament
mise en oeuvre
par le Gascon, on
crut qu'il étoit necessaire
de finir cette comedie.
L'oncle pour y
parvenir ménagea un entretien
seul à seul avec
l'amant àquiilfit confidence
d'un bruit qui
couroit de sa niece, non
pas qu'il le crustcapable
d'un pareil attentat:mais
bien un Gentil-homme
que sa niece écoutoit
trop favorablement depuis
prés de deux ans.
LeGascon qui avoit toutes
les preuves de sa
continence avec laniece
du Peintre,se mordit le
doigt au recit de cette
confidence, & neanmoins
aprés un moment
de reflexion il se jetta
aux pieds de l'oncle en
le conjurant de ne pas
aprofondir un mystere
amoureux; le Gascon
s'imagina apparemment
que la niece mourant
d'envie de l'épouser auroit
eu l'adressede faire
courir ce faux bruit, &
il continua de supplier
l'oncle de ne point faire
d'éclat pour une bagatelle
: mais l'oncle, qui
avec une pareille fuposition
ne trouva point
l'interessé Gascon dégouté
de sa niecc, prit sur
le champ le parti de lui
défendrel'entrée de sa
maison, en lui disant
qu'il étoit resolu de laisfer
époufer à sa niece le
Gentil-homme dontelle
estoit en-testéè. Le Gascon
ne se tint pas pour
irrevocablement rcfufé,
& parut dés le lendemain
chez le peintre à
l'heure de son souper,
il se mit à table sans en
estre prié,&buteffron.
tement à la santé de la
belle qui ne pouvoit
plus S'ên dédire;la niece
qui étoit trés-sage sortit
de table dés qu'elle eut
entendu ce compliment,
& l'oncle, pour ôter abfolument
au Gascon
toutes ses folles pretentions,
le fit inviter dés
le lendemain à souper
chez lui, où il pria deux
de les amis de le venir
seconder pour mieux
jouër sa piece 5 illeur en
fit considence, & leur
dit qu'ils ne feroient
qu'imiter ce qu'on avoit
fait à Paris depuis trois
mois à l' homme verd.
On convint que la niece
ne feroit point du souper,
pour être en état de
parler gayment & à
coeur ouvert de ce que
le Gascon pretendoits'êtrepassé
entre elle & lui;
on se mit à table à l'heure
convenue, 84 on y
tint des propos à mettre
l'imagination du Gascon
en campagne > on lui
porta coup sur coup la
sante de sa maîtresse, &C
dés qu'on le vit pris de
vin, on lui en donna de
préparé dont l'effet fut
d'assoupir ses sens de
telle maniéré qu'on le
coucha sur un lit de repos,
où ilnesetouvient
point d'avoir été mis,ni
d'avoir été porté chez
lui, après qu'on lui eut
peint tout le visage en
rouge couleur de masque
de furie. Ne voila
que deux couleursusées
pour des amans importuns
& indiscrets
t &
tous ceux qui leur ressemblent
meritent au
moins de pareils traitemens.
Cetteavanture m'aété
envoyée par M. l¥-.¥¥
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Résumé : L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
Le texte présente deux anecdotes distinctes. La première raconte l'histoire d'un homme qui se teint en vert pour se débarrasser d'un importun. Après s'être lavé et frotté quotidiennement, il parvient à retrouver une couleur de peau plus naturelle, bien que quelques nuances vertes subsistent encore. La seconde anecdote met en scène un jeune Gascon, peintre ambitieux, qui arrive à Marseille dans l'espoir d'épouser une jeune femme riche et belle, élevée par son oncle. Malgré les préjugés des Provençaux contre les Gascons, le jeune homme insiste sur sa richesse et sa noblesse. L'oncle, amusé par les récits romantiques du Gascon, ne le contredit pas et laisse croire que le mariage est possible. Encouragé, le Gascon écrit à son père pour obtenir son consentement. La réponse du père, exagérant la richesse et la noblesse de la famille, est communiquée à l'oncle et à la nièce, qui s'en divertissent. Flatté, le Gascon se comporte de plus en plus arrogamment. Pour mettre fin à cette situation, l'oncle organise un souper où il invite des amis pour jouer une pièce similaire à celle jouée à Paris contre l'homme vert. Lors du souper, ils font boire au Gascon du vin préparé qui l'endort. Pendant son sommeil, ils lui peignent le visage en rouge. À son réveil, le Gascon ne comprend pas ce qui lui est arrivé et est ainsi dissuadé de poursuivre ses avances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 980-988
METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Début :
Avant que de m'engager dans la lecture de cette Métamorphose, je crois / Au monde il n'est plages si reculées [...]
Mots clefs :
Métamorphose, Histoire poétique, Histoire fabuleuse, Muses, Apollon, Joconde, Amant, Zéphyrs, Asile
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texteReconnaissance textuelle : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE.
Par M. de Verrieres , de l'Académie Royale
des Belles Lettres de Caen , lûë dans l'Académie
le 18. Janvier 1731.
A
ir
Vant que de m'engager dans la lecture
de cette Métamorphose , je crois
qu'il ne sera pas inutile de la faire préceder
de quelques Remarques qui pourront servir
à l'intelligence du sujet.
L'Enlevement de la Nimphe Orithie par
Borée , est un point de l'Histoire fabuleuse
si généralement connu , que je croirois blesser
les lumieres des personnes qui m'écoutent
, si j'entrois là- dessus dans le moindre
détail. Je dis même les lumieres des Dames.
Je dois croire que celles qui honorent aujour-
A
1
AVRIL. 1731. 981
jourd'hui l'Académie de leur présence ont
du goût pour les Lettres , et qu'au moins
ne sont elles pas ignorantes dans les Sciences
légeres. C'est ainsi que j'appelle les Sciences
où elles peuvent entrer par des lectures
simplement amusantes ; des lectures , disje
, détachées de ces Sciences abstraites , où
f'on trouve à chaque pas des ronces des
épines , et des terres immenses à défricher ,
avant que de jouir de son travail.
L'Histoire Poëtique, et les Métamorphoses
d'Ovide sont entre les mains de tout le
monde. A la verité elles n'ont pas tout dit.
Quand on veut pousser ses recherches dans
'Histoire fabuleuse , on trouve encore à glaner
abondamment dans d'autres Auteurs .
La Métamorphose dont je viens de lire le
titre est une preuve. Si l'Héroine est géné
ralement connue , il n'en est peut-être pas
de même du Héros . On le chercheroit envain
chez les Grecs et les Romains , source
ordinaire où l'on a recours pour les faits anciens.
Caulo étoit d'un Païs où les uns ni les
autres ne pénetrerent jamais . Le Nord leur
étoit inconnu , et pour leur honneur ils auroient
mieux fait de s'en taire , que d'en rapporter
le peur qu'ils en ont dit sur des Mémoires
qui se refutoient d'eux-mêmes par le
merveilleux incroyable dont ils étoient remplis.
A la verité je dirois peut-être trop , si
Passurois que les peuples de ces Païs glacés
Gvj
ont
982 MERCURE DE FRANCE
1 ont de tout tems cultivé les Sciences : mais au
moins avoient ils soin de ne pas laisser dans
P'oubli les faits mémorables de leur tems
Ils les gravoient sur des rochers pour les
garantir de l'injure des siecles , et les transmettre
à la posterité. Les monumens qui en
restent dans le Nord, en font foi . Ils les
écrivoient en Vers , préjugé favorable pour
eux. Apollon ne dédaignoit pas d'éclairer
ces Climats sauvages , et les Muses y trou
voient des Sectateurs de leur culte. Que
penserai- je de ces Peuples ? L'augure en ess
facile à tirer : Capables de Science , malheu
reux de n'être pas éclairés par des lumieres
supérieures , il ne leur manquoit qu'un Pro+
tecteur éloquent , judicieux , poli , zélé pour
les Lettres , tel enfin que le nôtre , pour
disputer peut-être de prééminence avec l'Académie
si vantée d'Athénes:
Je ne balance point à prendre ici l'affir
mative : Puis- je moins faire pour la mémoi
re de nos ayeux : je dis nos ayeux ; ils le sont
sans doute , et n'est- ce pas de ces Peuples
que nous tirons notre origine ? N'est-ce pas
d'eux qu'est descendu jusqu'à nous ce génie
si propre à cultiver les Muses , et dont la
Province , et cette Ville en particulier , ont
donné tant de grands exemples .
Les Chroniques d'Iflande remontent aux
tems les plus reculés . Elles ont leurs differens
âges , ainsi que l'Histoire des Grecs
avoir
AVRIL. 1731. 983
avoit les siens. Age fabuleux , âge historique.
Il étoit des Herodotes , des Diodores
en Norvege , en Laponie , et dans la fameu
se Thulé , comme il en étoit en Grece et en
Sicile : Ces Chroniques , quoiqu'en partie
défectueuses , subsistent encore , et c'est où
j'ai puisé.mon sujet.
XXXXXXXXXXXXXX**
METAMORPHOSE
DU PRINCE CAULO
ET
DE LA NIMPHE ORITHIE
A
U monde il n'est plages si reculées
Qui de l'Amour ne sentent les ardeurs :
Torrens glacés , neiges amoncelées ,
Ne sont remparts.contre ses traits vainqueurs
Sa chaleur n'est par le froid amartie ,
D'un seul regard il fondroit un glaçon.
Témoin le Dieu qui par rapt fait moisson
Des doux appas de la belle ORITHIE.
Ce fut BORE'E. En des Climats déserts
Il conduisit son amoureuse Proye ,
Climats affreux d'où ce Dieu nous envoye!
Et les frimats et les tristes hivers,
984 MERCURE
DE FRANCE .
Là , par raisons que l'Amour lui dictoit ,
Il essayoit d'aprivoiser la Belle ;
?
Mais sur ce point guéres ne profitoit
Assez galant , ni jeune assez n'étoit
Pour adoucir fillette un peu cruelle
Et sa Captive à ses soupirs rebelle ,
Du rapt commis , toujours se lamentoit.
Tant fit oüir clameurs sur ce rivage ,
A ce's clameurs tant l'Echo répondit
Que l'Heritier d'un Roi du voisinage
Par un beau jour enfin les entendit .
CAULO , c'étoit le nom du personnage :
En son maintien , en sa taille , en son air ,
Caulo n'avoit les graces de JocoNDE ;
Mais sur un corps d'embonpoint peu couvert,
Son col portoit tête massive et ronde ,
3
De coeur au reste et noble et genereux ,
Sensible aussi , trop bien le sçut apprendre ,
Sensible , dis-je , aux tourmens amoureux ,
Plus fortuné s'il eut pû s'en défendre.´
Aux tons plaintifs , aux douloureux accens
Dont bien au loin retentistoit la Rive >
Caulo s'avance , il voit notre Captive ,
Poussant au Ciel mille cris languissans.
L'Amour alors , de la froide Scythie
D'un vol leger traversant les hauts Monts ,
Alloit sous l'Ourse enflammer les Lampons ::
Il voit Caulo contemplant Orithie.
A
AVRIL.
1731. 985
A cet aspect il s'arrête soudain ,
Puis méditant un moment en soi-même, ..
Sur ce mortel essayons notre main ,
Pour Orithie embrasons- lui le sein ,
Qu'il rende homage à mon pouvoir suprême.
Il dit : un trait à l'instant fut lancé.
Du trait fatal déja Caulo blessé ,
Se sent ému de pitié pour la Belle :
Il s'intéresse au sujet de fes pleurs ,
Il s'attendrit , il s'afflige avec elle.
Tandis qu'il plaint son destin , ses malheurs ,
Un feu brûlant qu'il ne peut plus contraindre
Déja l'agite , et trouble son repos :
Son propre mal le force de se plaindre ,
Et pour lui-même il s'explique en ces mots :
Quand trop touché de votre peine extrême ,
Je prens sur moi de vos maux la moitié,
Vos yeux , helas ! me contraignent moi-même
A demander pour moi votre pitié.
Un feu cuisant dans mes veines s'allume ,
Ce feu pour vous me brûle , et me consume
Jusqu'en mon coeur sa flâme s'est fait jour ;
Je sens déja mille ardeurs inquiétes ::
J'ai plaint vós maux , daignez à votre tour
Etre sensible à ceux que vous me faites.
A ce début la Belle resta court
>
Tant se trouva du compliment surprise
Caulo n'étoit formé de telle guise
Là
186 MERCURE DE FRANCE
A faire tôt goûter propos d'Amour.
L'objet cruel de sa pudeur blessée
Par les efforts de son premier Amant ,
Revint d'abord s'offrir à sa pensée ,
Et sans lui dire un adieu seulement ,
Caulo la vit , d'une course empressée j
Bien loin de lui s'enfuir légerement.
Par de longs cris envain il la rapelle ,
Envain il veut par ses pleurs l'arrêter ,
Pour mieux courir , loin de les écouter
Elle reprend une force nouvelle .
Loin d'Orithie , une triste langueur
Saisit Caulo , lui dévore le coeur;'
Tous les matins il venoit sur la rive
Où de la Nimphe il avoit vû les yeux ,
Recommencer en ces sauvages lieux ,
De ses tourmens la légende plaintive.
Que ne peut point une ardeur jeune et vive ,
Quand un Amant sçait se plaindre à propos ›
Caulo croyoit ne parler qu'aux Echos ,
Mais Orithie à ses cris attentive ,
Tout entendoit. Tant et tant en ouit
Que de son coeur la trempe s'amollit.
Comme au hazard elle s'offre à sa vuë
Un vif éclat qui sur son tein brilloit
Effet certain du feu qui la brûloit ,
D'attraits nouveaux sembloit l'avoir pourvûë.
D'un air timide où son amour est peint ,
Caule
AVRIL. 173.1.
Canlo s'approche , à ses genoux il tombe ,
Pressé du mal dont son coeur est atteint :
Est-ce pitié des maux où je succombe ,
Dit cet Amant , qui guide ici vos pas ?
Où venez-vous , peu sensible à mes larmes ,
N'offrir encore à mes yeux tant de charmes
Que pour hâter l'instant de mon trépas.
A ces doux mots plus ne fuit Orithie ;
D'une union par l'Amour assortie ,
: Leurs coeurs déja pressentoient les plaisirs
Lorsque Borée à travers un nuage ,
Dont il venoit de chasser les Zéphirs ,
Jusques aux bords de l'Affriquain rivage ,
Vit nos Amans ,, entendit leurs soupirs.
Dans la fureur dont cet objet l'anime
Ce fier Rival si prompt à s'irriter ,
Fond sur un Chêne , en releve la cime ,
Et mesurant le coup qu'il va porter ,
Prend ORITHIE et CAULO pour
Le bruit fut tel qu'au loin il s'épandit.
Du haut des Cieux Appollon l'entendit
Sur nos Amans ce Dieu jette la vûë.
Ce triste objet sa course suspendit.
Pour eux enfin sa pitié fut émuë.
Des noeuds , dit- il , qui sçurent les unir
Ne laissons pas éteindre la mémoire ,
Par mes bienfaits conservons - en l'histoire ,
t la portons aux siécles à venir,
victime
Que
988 MERCURE DE FRANCE
Qué , chacun d'eux devenu plante utile ,
Ils soient l'honneur des Jardins potagers
Et que tous deux n'ayant qu'un même azile ,
Bravent toujours Borée et ses dangers.
Il dit alors leurs corps se retrécissent
De longs filets leurs jambes se hérissent.
Caulo déja n'est plus en ce moment
Qu'un tronc grossier surmonté pésammen
D'un lourd amas de feuilles entassées ;
Par cent replis entr'elles enlassées.
Aux mêmes loix soumise également ,
La tendre Nimphe encor peu
rassurée
Contre le coup qui vient de l'accabler
Erre sous terre , et và s'y receler ,
Ponr éviter les fureurs de Borée.
Là , de frayeur s'enfonçant jusqu'au cou ,
Tandis que l'autre à ses côtez s'éleve ,
Dans le moment que leur destin s'acheve ,
L'une devient CAROTTE , et l'autre CHOU.
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Résumé : METAMORPHOSE DU PRINCE CAULO ET DE LA NIMPHE ORITHIE. Par M. de Verrieres, de l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen, lûë dans l'Académie le 18. Janvier 1731.
Le texte 'Métamorphose du Prince Caulo et de la Nymphe Orithie' de M. de Verrières, présenté à l'Académie Royale des Belles Lettres de Caen le 18 janvier 1731, aborde l'enlèvement de la nymphe Orithie par Borée, un thème classique de la mythologie. L'auteur présume que son public, y compris les dames présentes, est familier avec les sciences légères et les métamorphoses d'Ovide. Il introduit ensuite Caulo, un héros méconnu des Grecs et des Romains, originaire du Nord, une région peu connue des anciens. L'histoire narre comment Borée enlève Orithie et tente de l'apprivoiser dans des climats déserts. Les plaintes d'Orithie attirent l'attention de Caulo, un prince au cœur noble et généreux. Ému par la souffrance d'Orithie, Caulo s'éprend d'elle. Après plusieurs tentatives infructueuses pour la séduire, Orithie finit par céder à ses avances. Leur union est interrompue par Borée, jaloux, qui les transforme en plantes. Apollon, touché par leur sort, décide de les métamorphoser en carotte et en chou, leur permettant ainsi de braver les dangers de Borée et de devenir utiles dans les jardins potagers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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AUTRE.
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Je suis ici, Lecteur, ce que tout est par moi ; [...]
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Métamorphose