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1
p. 13-39
L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
Début :
Tout Paris a crû trop legerement qu'un époux, de [...]
Mots clefs :
Gascon, Peintre, Nièce, Oncle, Mariage, Intrigue, Lettre, Vanité, Duperie, Comédie, Rouge, Métamorphose, Fiançailles
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texteReconnaissance textuelle : L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
L'HOMME ROUGE.
-1vouirgiu
TOut Larissacrûtrop
iegercment qu'un é-•
poux. de concert avec
sa n|s: -•
aimable: moitié,
avoit teint en verd
un galantehomme, qui les incommodait:
par lès frequentcs fie
très- importunés visites
, 8c
- par la liberté
qu'il prenoit tous les
jours de faire nombrea
leur table sans. t~t avoir
jamais été invité. Il efli
inutile de rapporter 1^
détail de cette fiétion,
où personnen'a varié J
ni change la moindres
circonstancepour larendre
encore plus croya
ble sur le comptede ce
luiauxdépens de quvJ
elle a été imaginée ; &t::
comme le public se dédit
rarement ,
l'homme
verd passe aujourd'hui
dans sescroniques pour
être parvenu, en se lavant
&frotanc bien tous
les jours, à n'être plus
que de couleur de verd
de Tourville;cesont encore
deux ou troisnuan*
ces vertes qu'ilfautqu'il
essuye pour se trouver à
sa couleur naturelle.
Un jeune &.très
tourdi Gascon n'en fera
pas quitte a meilleur
marché. On amande ici
qu'ilénoitd'Aire, ville,
& Evêché deGascogne.
&,' qu'étant arrivé sur Jai
fin du printemps, der-;
niér à Marseille en qualité
de jeune Peintre qui
voyageyiisymit en
testedefairelafortune
àlanieced'un Peintre,
qui est jolie
,
& qui a
vingt,foisplusde bien
que lui. Elleaperdu très
jeuneson pere & sa mci
re , &C a été élevée par
un oncle, quiest sontu^
teur,
teur, avecplusdesoin
que si elleeût été sa propre
fille. Lescomplimens
outrez 8c lesoffres
dé services à perte
de vue duGascon furent
d'abord reçues par
l'oncle, avec beaucoup
d'indifference. Les Provençaux,
trop prévenus
contre les Gascons, font
persuadez que tout l'univers
met de grandes
différences entre leurcarters&
ccl'uid'ullLatl
guedockien,d'un Ptri.
gourdin, d'un Gascon &
de tous leurs autres voisins
; semblables en cela
aux Normands & aux
Manceaux, qui quoy
qu'également fins, subtils&
c prévoyans, affectent
neanmoins d'avoir
en particulier de belles
qualitez, & de n'estre
jamais fuicts) a certains
défauts dont les quolibets
& mauvais proverbescaracterisent
également
les uns & les autres.
Le fcul nom de
Gascon mit donc en
garde lé Provençal, qui
ne prit pas pour argent
comptant les vingt mil
écus quele jeune Peintre
disoit que son pere
étoit fort en état de luy
donner s'il se presentoit
un partiquilui convinst.
Il avançoitautïi que sa
famille étoit alliée à toute
la noblessedeson pays;
que les ancestres avoient
blanchi auservicedu
Prince. Il ne manquoit
que des preuves &•des
titres a tout cela ;&,l'oncle,
quicomeriça$ecou->
ter avec plaisirlesrécits
romanesques quçle¡Ga(j
con faisoitdesesançêrres-
& de fafortune,affecta
de ne le contredire en
rien. Il nerebutadoncpoint
le dessein qu'ilavoit
d'epouser sa niece;
& pour rendre le roman
plus long & plus complçt,
ilfdpm#n4.a à l'amant
des lettres Se des
assurancesdp, ses parens quiprouvaientque là
recherche de-sa nièce
leur étoit agréable.
': Le
Gascon; fij^d'un pere-
CltJtar' .ptyscfçvi&.plusi
vajfl-que lui ,-e0, reçut
bientost réponsesur l'avis^
u'U:lvy eivit.,4on-;
nétiqUi'iJIé^oit-defiri.ejrt»
m.rlag': '-pa,i unetrèsbc:,
Uef &. , Jirés.-riche'Da-,
rfioUeJlejquiiherït^roiC:
encore d'un oncle, qui
le pressoit l'épée dans les
reins pour la conclusion
du mariage de sa niece ;
dont tout le pays de
Marseille jazoit, depuis
qu'il lui comptoit des
fleurettes. Le Gasconlogeoitchez
un hôte malin,
& qui nemanquoit
pas d'esprit > il lui confial'intrigile
de son mariage,
Se ils firent ensemble
la lettre qu'il écrivit
à son pere ; c'cft*
de lui qu'on a sçû ce
qu'elle contenoit:voici
la reponef du pere.
Vôtremere, vos quatre
freres toutesVQ$
fteurs craignent,comme, "Jnemam
foyezxtrvp )'ren,J"tIII/#
appas de,la belle que
?etts 'VwlezJ épojifèr i
V0.ttsa'veT^anotre pàrtç
des filles richest belles
f5 de condition
-,
qui ne
demandentpas mieux.
%7\
que notre alliancei&si
nous gagnons le procès
de la demande que mes
'-la!cy'.culs font depuis prés
cent: ans àlamaifon
'-¡Braqucnagt.
, vous
IJtIW--¡t#Ji:oJfe- asix
vthmnaux ylmo*WMi*Q$r\W^ le droit de vosports)f5
ne> vousméfalhe^ pasa
qu'àconditionquelafille
que vous pÓurfùi'Vt'en
mariagefiitune grande
hmmre;e.t"rmnk.
aufifi
àu,et dans ses parens
9 tant paternels que maternels
ilny en a point
eu qui eurent des vices
de corps ou d'iffrit; car
parbleu on ne peut rien
reprocher à ma race> eS
nous efmmes tous gaillards
f5 Jains comme
des poissons:je vous envoirai
par la premiere
sosievôtre extrait ba..
ptiftaireFlJ un pouvoir
de moy f5 de votre me
n de vous marier à t'()ô:" -
tre gré
s en'vous refera
vant al, nos(uccejjions dés
que nous ferons mortsjouhliois de : vous dire
que vo/1tre mere a une
bellef5 riche croix d'or
ou pendent six rubis
troisperlesfinesdegrand
prix; elle a aussi un fort
beau colier f5 des hraf
felets dambre
>
quiJont
les preftns de nôce que
rvotreajeule luifit lors
que je l'épousai, elle les
çonfèrve bien chèrement
pour en faire un-presènt
à evotre épouse ,
a qui
nous vous chargeons de
faire e5 redoubler quelque
joli compliment de
nôtre part. Jefuisvotre
fere es bon ami,
DE CAGANAC.
Le Gascon qui craignoit
que son pere n'eût
pas resprit de lui faire
unereponseequ"il pûtmotrer
en avoit une toute
preste de sa façon,si celle
qu'il reçut neutt pas
satisfait sa folle vanité:
mais il la trouva encore
plus à son gré que la
sienne, qu'il avoit déjà
fait voir & corriger par
son hte, railleur de
profession, & qui aassuré
que l'une valoit bien
l'autre. La reponse du
pere fut bientost communiquée
à l'oncle, qui
la trouva si singuliere&
si piaisante, qu'il pria le
Gascon de la lui laisser,
afin qu'il la montrât à
sa niece, & à ses proches
parens , qui s'en divertirent
en perfection avec
tous leurs amis: on ne
parla pendant plus d'un
mois dans Marseille que
de la lettre du pere Gascon,
que tout le monde
voulut voir &C copier;
on en parloit au fils avec
des éloges pour sa belle
famille, & pour toutes
les grandes demandes
qu'elle faisoit à Messieurs
de Braquenage. LeGascon
recevoit tout ce quon
lui disoit comme
choses qui lui eussent
esté fort deuës, & quoiqu'on
sçust qu'il n'estoit
que le fils d'un petit
marchand de drap, on
le traittoit ~néanmoins
en homme de qualité,
& avec des maniérés qui
acheverent de lui gâter
l'esprit : mais le peintre,
qui le recevoit toûjours
gracieusement, & qui
l'arrestoitquelquefois à
souper, se trouva embarrassé
dans le dénoue..
ment du pretendu mariage
de sa niece, que le
Gascon disoit en confidence
à tout le monde ne
dépendre plus que de
lui, d'autant qu'il avoic
mis la Demoiselle sur le
pied de le traiter autant
bien qu'it pouvoitl'esperer
d'une personne à
qui il feroit sa fortune,
& qui recevroitde grads
honneurs de son allince;
on redisoit à l'oncle &
à la niece les sotises ÔC
toutes les gasconades
qu'imaginoit de jour en
jour le pretendu futur;
& comme la matière en
étoit delicate, & extravagament
mise en oeuvre
par le Gascon, on
crut qu'il étoit necessaire
de finir cette comedie.
L'oncle pour y
parvenir ménagea un entretien
seul à seul avec
l'amant àquiilfit confidence
d'un bruit qui
couroit de sa niece, non
pas qu'il le crustcapable
d'un pareil attentat:mais
bien un Gentil-homme
que sa niece écoutoit
trop favorablement depuis
prés de deux ans.
LeGascon qui avoit toutes
les preuves de sa
continence avec laniece
du Peintre,se mordit le
doigt au recit de cette
confidence, & neanmoins
aprés un moment
de reflexion il se jetta
aux pieds de l'oncle en
le conjurant de ne pas
aprofondir un mystere
amoureux; le Gascon
s'imagina apparemment
que la niece mourant
d'envie de l'épouser auroit
eu l'adressede faire
courir ce faux bruit, &
il continua de supplier
l'oncle de ne point faire
d'éclat pour une bagatelle
: mais l'oncle, qui
avec une pareille fuposition
ne trouva point
l'interessé Gascon dégouté
de sa niecc, prit sur
le champ le parti de lui
défendrel'entrée de sa
maison, en lui disant
qu'il étoit resolu de laisfer
époufer à sa niece le
Gentil-homme dontelle
estoit en-testéè. Le Gascon
ne se tint pas pour
irrevocablement rcfufé,
& parut dés le lendemain
chez le peintre à
l'heure de son souper,
il se mit à table sans en
estre prié,&buteffron.
tement à la santé de la
belle qui ne pouvoit
plus S'ên dédire;la niece
qui étoit trés-sage sortit
de table dés qu'elle eut
entendu ce compliment,
& l'oncle, pour ôter abfolument
au Gascon
toutes ses folles pretentions,
le fit inviter dés
le lendemain à souper
chez lui, où il pria deux
de les amis de le venir
seconder pour mieux
jouër sa piece 5 illeur en
fit considence, & leur
dit qu'ils ne feroient
qu'imiter ce qu'on avoit
fait à Paris depuis trois
mois à l' homme verd.
On convint que la niece
ne feroit point du souper,
pour être en état de
parler gayment & à
coeur ouvert de ce que
le Gascon pretendoits'êtrepassé
entre elle & lui;
on se mit à table à l'heure
convenue, 84 on y
tint des propos à mettre
l'imagination du Gascon
en campagne > on lui
porta coup sur coup la
sante de sa maîtresse, &C
dés qu'on le vit pris de
vin, on lui en donna de
préparé dont l'effet fut
d'assoupir ses sens de
telle maniéré qu'on le
coucha sur un lit de repos,
où ilnesetouvient
point d'avoir été mis,ni
d'avoir été porté chez
lui, après qu'on lui eut
peint tout le visage en
rouge couleur de masque
de furie. Ne voila
que deux couleursusées
pour des amans importuns
& indiscrets
t &
tous ceux qui leur ressemblent
meritent au
moins de pareils traitemens.
Cetteavanture m'aété
envoyée par M. l¥-.¥¥
-1vouirgiu
TOut Larissacrûtrop
iegercment qu'un é-•
poux. de concert avec
sa n|s: -•
aimable: moitié,
avoit teint en verd
un galantehomme, qui les incommodait:
par lès frequentcs fie
très- importunés visites
, 8c
- par la liberté
qu'il prenoit tous les
jours de faire nombrea
leur table sans. t~t avoir
jamais été invité. Il efli
inutile de rapporter 1^
détail de cette fiétion,
où personnen'a varié J
ni change la moindres
circonstancepour larendre
encore plus croya
ble sur le comptede ce
luiauxdépens de quvJ
elle a été imaginée ; &t::
comme le public se dédit
rarement ,
l'homme
verd passe aujourd'hui
dans sescroniques pour
être parvenu, en se lavant
&frotanc bien tous
les jours, à n'être plus
que de couleur de verd
de Tourville;cesont encore
deux ou troisnuan*
ces vertes qu'ilfautqu'il
essuye pour se trouver à
sa couleur naturelle.
Un jeune &.très
tourdi Gascon n'en fera
pas quitte a meilleur
marché. On amande ici
qu'ilénoitd'Aire, ville,
& Evêché deGascogne.
&,' qu'étant arrivé sur Jai
fin du printemps, der-;
niér à Marseille en qualité
de jeune Peintre qui
voyageyiisymit en
testedefairelafortune
àlanieced'un Peintre,
qui est jolie
,
& qui a
vingt,foisplusde bien
que lui. Elleaperdu très
jeuneson pere & sa mci
re , &C a été élevée par
un oncle, quiest sontu^
teur,
teur, avecplusdesoin
que si elleeût été sa propre
fille. Lescomplimens
outrez 8c lesoffres
dé services à perte
de vue duGascon furent
d'abord reçues par
l'oncle, avec beaucoup
d'indifference. Les Provençaux,
trop prévenus
contre les Gascons, font
persuadez que tout l'univers
met de grandes
différences entre leurcarters&
ccl'uid'ullLatl
guedockien,d'un Ptri.
gourdin, d'un Gascon &
de tous leurs autres voisins
; semblables en cela
aux Normands & aux
Manceaux, qui quoy
qu'également fins, subtils&
c prévoyans, affectent
neanmoins d'avoir
en particulier de belles
qualitez, & de n'estre
jamais fuicts) a certains
défauts dont les quolibets
& mauvais proverbescaracterisent
également
les uns & les autres.
Le fcul nom de
Gascon mit donc en
garde lé Provençal, qui
ne prit pas pour argent
comptant les vingt mil
écus quele jeune Peintre
disoit que son pere
étoit fort en état de luy
donner s'il se presentoit
un partiquilui convinst.
Il avançoitautïi que sa
famille étoit alliée à toute
la noblessedeson pays;
que les ancestres avoient
blanchi auservicedu
Prince. Il ne manquoit
que des preuves &•des
titres a tout cela ;&,l'oncle,
quicomeriça$ecou->
ter avec plaisirlesrécits
romanesques quçle¡Ga(j
con faisoitdesesançêrres-
& de fafortune,affecta
de ne le contredire en
rien. Il nerebutadoncpoint
le dessein qu'ilavoit
d'epouser sa niece;
& pour rendre le roman
plus long & plus complçt,
ilfdpm#n4.a à l'amant
des lettres Se des
assurancesdp, ses parens quiprouvaientque là
recherche de-sa nièce
leur étoit agréable.
': Le
Gascon; fij^d'un pere-
CltJtar' .ptyscfçvi&.plusi
vajfl-que lui ,-e0, reçut
bientost réponsesur l'avis^
u'U:lvy eivit.,4on-;
nétiqUi'iJIé^oit-defiri.ejrt»
m.rlag': '-pa,i unetrèsbc:,
Uef &. , Jirés.-riche'Da-,
rfioUeJlejquiiherït^roiC:
encore d'un oncle, qui
le pressoit l'épée dans les
reins pour la conclusion
du mariage de sa niece ;
dont tout le pays de
Marseille jazoit, depuis
qu'il lui comptoit des
fleurettes. Le Gasconlogeoitchez
un hôte malin,
& qui nemanquoit
pas d'esprit > il lui confial'intrigile
de son mariage,
Se ils firent ensemble
la lettre qu'il écrivit
à son pere ; c'cft*
de lui qu'on a sçû ce
qu'elle contenoit:voici
la reponef du pere.
Vôtremere, vos quatre
freres toutesVQ$
fteurs craignent,comme, "Jnemam
foyezxtrvp )'ren,J"tIII/#
appas de,la belle que
?etts 'VwlezJ épojifèr i
V0.ttsa'veT^anotre pàrtç
des filles richest belles
f5 de condition
-,
qui ne
demandentpas mieux.
%7\
que notre alliancei&si
nous gagnons le procès
de la demande que mes
'-la!cy'.culs font depuis prés
cent: ans àlamaifon
'-¡Braqucnagt.
, vous
IJtIW--¡t#Ji:oJfe- asix
vthmnaux ylmo*WMi*Q$r\W^ le droit de vosports)f5
ne> vousméfalhe^ pasa
qu'àconditionquelafille
que vous pÓurfùi'Vt'en
mariagefiitune grande
hmmre;e.t"rmnk.
aufifi
àu,et dans ses parens
9 tant paternels que maternels
ilny en a point
eu qui eurent des vices
de corps ou d'iffrit; car
parbleu on ne peut rien
reprocher à ma race> eS
nous efmmes tous gaillards
f5 Jains comme
des poissons:je vous envoirai
par la premiere
sosievôtre extrait ba..
ptiftaireFlJ un pouvoir
de moy f5 de votre me
n de vous marier à t'()ô:" -
tre gré
s en'vous refera
vant al, nos(uccejjions dés
que nous ferons mortsjouhliois de : vous dire
que vo/1tre mere a une
bellef5 riche croix d'or
ou pendent six rubis
troisperlesfinesdegrand
prix; elle a aussi un fort
beau colier f5 des hraf
felets dambre
>
quiJont
les preftns de nôce que
rvotreajeule luifit lors
que je l'épousai, elle les
çonfèrve bien chèrement
pour en faire un-presènt
à evotre épouse ,
a qui
nous vous chargeons de
faire e5 redoubler quelque
joli compliment de
nôtre part. Jefuisvotre
fere es bon ami,
DE CAGANAC.
Le Gascon qui craignoit
que son pere n'eût
pas resprit de lui faire
unereponseequ"il pûtmotrer
en avoit une toute
preste de sa façon,si celle
qu'il reçut neutt pas
satisfait sa folle vanité:
mais il la trouva encore
plus à son gré que la
sienne, qu'il avoit déjà
fait voir & corriger par
son hte, railleur de
profession, & qui aassuré
que l'une valoit bien
l'autre. La reponse du
pere fut bientost communiquée
à l'oncle, qui
la trouva si singuliere&
si piaisante, qu'il pria le
Gascon de la lui laisser,
afin qu'il la montrât à
sa niece, & à ses proches
parens , qui s'en divertirent
en perfection avec
tous leurs amis: on ne
parla pendant plus d'un
mois dans Marseille que
de la lettre du pere Gascon,
que tout le monde
voulut voir &C copier;
on en parloit au fils avec
des éloges pour sa belle
famille, & pour toutes
les grandes demandes
qu'elle faisoit à Messieurs
de Braquenage. LeGascon
recevoit tout ce quon
lui disoit comme
choses qui lui eussent
esté fort deuës, & quoiqu'on
sçust qu'il n'estoit
que le fils d'un petit
marchand de drap, on
le traittoit ~néanmoins
en homme de qualité,
& avec des maniérés qui
acheverent de lui gâter
l'esprit : mais le peintre,
qui le recevoit toûjours
gracieusement, & qui
l'arrestoitquelquefois à
souper, se trouva embarrassé
dans le dénoue..
ment du pretendu mariage
de sa niece, que le
Gascon disoit en confidence
à tout le monde ne
dépendre plus que de
lui, d'autant qu'il avoic
mis la Demoiselle sur le
pied de le traiter autant
bien qu'it pouvoitl'esperer
d'une personne à
qui il feroit sa fortune,
& qui recevroitde grads
honneurs de son allince;
on redisoit à l'oncle &
à la niece les sotises ÔC
toutes les gasconades
qu'imaginoit de jour en
jour le pretendu futur;
& comme la matière en
étoit delicate, & extravagament
mise en oeuvre
par le Gascon, on
crut qu'il étoit necessaire
de finir cette comedie.
L'oncle pour y
parvenir ménagea un entretien
seul à seul avec
l'amant àquiilfit confidence
d'un bruit qui
couroit de sa niece, non
pas qu'il le crustcapable
d'un pareil attentat:mais
bien un Gentil-homme
que sa niece écoutoit
trop favorablement depuis
prés de deux ans.
LeGascon qui avoit toutes
les preuves de sa
continence avec laniece
du Peintre,se mordit le
doigt au recit de cette
confidence, & neanmoins
aprés un moment
de reflexion il se jetta
aux pieds de l'oncle en
le conjurant de ne pas
aprofondir un mystere
amoureux; le Gascon
s'imagina apparemment
que la niece mourant
d'envie de l'épouser auroit
eu l'adressede faire
courir ce faux bruit, &
il continua de supplier
l'oncle de ne point faire
d'éclat pour une bagatelle
: mais l'oncle, qui
avec une pareille fuposition
ne trouva point
l'interessé Gascon dégouté
de sa niecc, prit sur
le champ le parti de lui
défendrel'entrée de sa
maison, en lui disant
qu'il étoit resolu de laisfer
époufer à sa niece le
Gentil-homme dontelle
estoit en-testéè. Le Gascon
ne se tint pas pour
irrevocablement rcfufé,
& parut dés le lendemain
chez le peintre à
l'heure de son souper,
il se mit à table sans en
estre prié,&buteffron.
tement à la santé de la
belle qui ne pouvoit
plus S'ên dédire;la niece
qui étoit trés-sage sortit
de table dés qu'elle eut
entendu ce compliment,
& l'oncle, pour ôter abfolument
au Gascon
toutes ses folles pretentions,
le fit inviter dés
le lendemain à souper
chez lui, où il pria deux
de les amis de le venir
seconder pour mieux
jouër sa piece 5 illeur en
fit considence, & leur
dit qu'ils ne feroient
qu'imiter ce qu'on avoit
fait à Paris depuis trois
mois à l' homme verd.
On convint que la niece
ne feroit point du souper,
pour être en état de
parler gayment & à
coeur ouvert de ce que
le Gascon pretendoits'êtrepassé
entre elle & lui;
on se mit à table à l'heure
convenue, 84 on y
tint des propos à mettre
l'imagination du Gascon
en campagne > on lui
porta coup sur coup la
sante de sa maîtresse, &C
dés qu'on le vit pris de
vin, on lui en donna de
préparé dont l'effet fut
d'assoupir ses sens de
telle maniéré qu'on le
coucha sur un lit de repos,
où ilnesetouvient
point d'avoir été mis,ni
d'avoir été porté chez
lui, après qu'on lui eut
peint tout le visage en
rouge couleur de masque
de furie. Ne voila
que deux couleursusées
pour des amans importuns
& indiscrets
t &
tous ceux qui leur ressemblent
meritent au
moins de pareils traitemens.
Cetteavanture m'aété
envoyée par M. l¥-.¥¥
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Résumé : L'HOMME ROUGE. Nouvelle Metamorphose.
Le texte présente deux anecdotes distinctes. La première raconte l'histoire d'un homme qui se teint en vert pour se débarrasser d'un importun. Après s'être lavé et frotté quotidiennement, il parvient à retrouver une couleur de peau plus naturelle, bien que quelques nuances vertes subsistent encore. La seconde anecdote met en scène un jeune Gascon, peintre ambitieux, qui arrive à Marseille dans l'espoir d'épouser une jeune femme riche et belle, élevée par son oncle. Malgré les préjugés des Provençaux contre les Gascons, le jeune homme insiste sur sa richesse et sa noblesse. L'oncle, amusé par les récits romantiques du Gascon, ne le contredit pas et laisse croire que le mariage est possible. Encouragé, le Gascon écrit à son père pour obtenir son consentement. La réponse du père, exagérant la richesse et la noblesse de la famille, est communiquée à l'oncle et à la nièce, qui s'en divertissent. Flatté, le Gascon se comporte de plus en plus arrogamment. Pour mettre fin à cette situation, l'oncle organise un souper où il invite des amis pour jouer une pièce similaire à celle jouée à Paris contre l'homme vert. Lors du souper, ils font boire au Gascon du vin préparé qui l'endort. Pendant son sommeil, ils lui peignent le visage en rouge. À son réveil, le Gascon ne comprend pas ce qui lui est arrivé et est ainsi dissuadé de poursuivre ses avances.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 218-220
Réponse d'un Gascon à un Cartel.
Début :
Je n'aurois pas manqué de mettre à la suite de ce Sonnet / Vous estes, Monsieur, si peu de chose, que n'estoit l'insolence [...]
Mots clefs :
Gascon, Sonnet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Réponse d'un Gascon à un Cartel.
Je n'aurois pas manqué de
mettre à lasuite de ce Sonnet
deux autres Sonnets qu'on
m'a envoyez à la loüange de
Mr le Maréchal de Villars.
La Poësie en est belle, les expressions
en font nobles & les
chûtes magnifiques ; mais il y
a des fautes de quantité dans
lesixiéme & le dixieme vers
du premier, & dans le cinquiéme
du second. Si ccluy
à qui elles font échappées,
veut prendre la peine de corriger
ces deux Pieces, & de
me les renvoyer, je lesrendray
publiques.
Pour ne rien omettre de ce
qui peut faire plaisir aux Lecteurs
,
je cherche de tous les
costez,tout ce qui peut contribuerà
leur satisfaction, je
reçois & je lis tout ce qu'on
m'envoye
,
je choisis aprés,
heureux si mon choix peut
plaire. Iln'y a pas jusqu'à clef
Gafconnadcs donc je veux
quelquefois les amuser. En
voicy une toute nouvelle.
Réponse d'un Gascon à un
Carcel.
Vous estes, Monsieur ,sipeude
chose
, que n'estoit l'insolence
- de vas parolesje ne me souviendroisjamais
de vous. Le present
porteur vous dira le lieu où je
suisavecdeuxépées
3
dont vous
- aurez le choix; si vous ave.,-<'
l'assurance d'y venir, je vous
épargneray lapeine de vous en
retourner.
mettre à lasuite de ce Sonnet
deux autres Sonnets qu'on
m'a envoyez à la loüange de
Mr le Maréchal de Villars.
La Poësie en est belle, les expressions
en font nobles & les
chûtes magnifiques ; mais il y
a des fautes de quantité dans
lesixiéme & le dixieme vers
du premier, & dans le cinquiéme
du second. Si ccluy
à qui elles font échappées,
veut prendre la peine de corriger
ces deux Pieces, & de
me les renvoyer, je lesrendray
publiques.
Pour ne rien omettre de ce
qui peut faire plaisir aux Lecteurs
,
je cherche de tous les
costez,tout ce qui peut contribuerà
leur satisfaction, je
reçois & je lis tout ce qu'on
m'envoye
,
je choisis aprés,
heureux si mon choix peut
plaire. Iln'y a pas jusqu'à clef
Gafconnadcs donc je veux
quelquefois les amuser. En
voicy une toute nouvelle.
Réponse d'un Gascon à un
Carcel.
Vous estes, Monsieur ,sipeude
chose
, que n'estoit l'insolence
- de vas parolesje ne me souviendroisjamais
de vous. Le present
porteur vous dira le lieu où je
suisavecdeuxépées
3
dont vous
- aurez le choix; si vous ave.,-<'
l'assurance d'y venir, je vous
épargneray lapeine de vous en
retourner.
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Résumé : Réponse d'un Gascon à un Cartel.
Le texte aborde la réception et la publication de poèmes à la louange du Maréchal de Villars. L'auteur mentionne deux sonnets dont la poésie est belle, les expressions nobles et les chutes magnifiques, mais qui contiennent des fautes de quantité dans certains vers. Il invite l'auteur des sonnets à les corriger pour qu'ils puissent être publiés. L'auteur du texte cherche à satisfaire ses lecteurs en recevant et en lisant tout ce qui lui est envoyé, choisissant ensuite les pièces qui pourraient leur plaire. Il inclut également des éléments divertissants, comme des clefs gaillardes, pour amuser les lecteurs. Le texte se conclut par une énigme ou une devinette intitulée 'Réponse d'un Gascon à un Carcel'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 993
PORTRAIT De Pibrac , Comte de Marigny.
Début :
Noble par ses Ayeux, encore plus par lui-même, [...]
Mots clefs :
Aïeux , Pibrac, Judicieux, Gascon
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texteReconnaissance textuelle : PORTRAIT De Pibrac , Comte de Marigny.
PORTRAIT
De Pibrac , Comte de Marigny .
Noblepar sesAyeux , encor plus par luiḍ
même ,
Pibrac est sage , doux , sincere , Officieux ,
Charitable , judicieux ,
Pour les sçavantes Soeurs son amour est extrê
me ;
Prudent , on le consulte en toute occasion
Et , ce qui plus que tout le reste'
Est digne d'admiration ,
Pibrac est Gascon et modeste.
COCQUARD.
De Pibrac , Comte de Marigny .
Noblepar sesAyeux , encor plus par luiḍ
même ,
Pibrac est sage , doux , sincere , Officieux ,
Charitable , judicieux ,
Pour les sçavantes Soeurs son amour est extrê
me ;
Prudent , on le consulte en toute occasion
Et , ce qui plus que tout le reste'
Est digne d'admiration ,
Pibrac est Gascon et modeste.
COCQUARD.
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