AUTRE ENIGME.
J
E n'aime
que la nuit, &jefuis le
grandjour.
Si je tire d'un Labyrinthe
Celuy qui n'y vivoit qu'en crainte,
C'est bien plus par devoir, qué ce n'eſt
par amour.
GALANT. 317
Sa
Mais il faut quej'emprunte unfecours
queje cache,
Pour me regler moy- mefme , &le
regler auffis
Et toutefois de deux que nous fommes
ainfi,
Nous ne faifons qu'un corpspar une
mefme attache.
Sa
D'aveugle quejefuis ,fi l'on mefait
voir clair,
Fay divers Ennemis , puiſſans , mais
invifibles,
Qui cependant en leurs courfes terribles
,
Rodant autour de moy, tâchent de
m'aveugler.
S &
Comme leur violence estfans regle &
fansbornes,
Dd iij
318 MERCURE
Je n'y puis réfifter, qu'en leur montrant
mes Cornes ;
C'est par là feulement que je vaincs
leur efforts
Mais s'ils ontle deffus ,fans mourir
c'est ma mort.
Quoy queje fois legere , ou baffe , ou
haute, ou lourde,
Je cours rifque d'un autre fort,
Car on fait mon Procés d'abordqueje
fuisfourde.
Reconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen,
le 1 Juin 1730.anfujet de la Cérémonie de
la FIERTE.
A Cérémonie de la FIERTE s'eft faite
Licy lejeme det de la FUERTE s'eft
LA
dinaire , avec un grand concours de Peuple
& d'Etrangers , que cette curiofité attire
tous les ans , pour voir ce qui fe paffe
au fujet du Prifonnier qu'on y délivre.
C'eſt un des plus anciens monumens de
la piété de nos Rois , & une conceffion des.
plus authentiques qu'ils ayent jamais faite
aucune Eglife de leur Royaume.
Ca
JUILLET. 1730. 1679
Ce Privilege de la ( a ) Fierte, ou Châſſe
de S. Romain , confifte dans l'abfolution
d'un Criminel & de fes complices , à la
Fête de l'Afcenfion ; pourvu qu'il ne foit
pas accufé de crime de Léze- Majefté, d'Héréfie
, de Faufle monnoye,de Viol ou d'Aſfaffinat
de guet-à-pens . Dans le choix que
le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine &
Primatialle de Rouen , fait de celui qui
doit jouir de ce Privilege , il obſerve tresreligieufement
la forme ancienne de cette
ceremonie.
"
Le Lundy quinziéme jour avant les Rogations
, il députe au Parlement,à la Cour
des Aydes & au Préfidial quatre Chanoines
pour vérifier & infinuer le Privilege
afin que depuis ce jour- là jufqu'à ce qu'il
ait eu fon effet , aucun Criminel des Prifons
de la Ville & des Faubourgs ne foit
transféré , mis à la queſtion , ni exécuté.
Pendant les trois jours des Rogations, le
Chapitre nomme deux Chanoines Prêtres,
qui le tranfportent dans les Prifons avec
fe Greffier , pour y entendre les confeſfions
des Criminels qui prétendent au Privilege,
& pour recevoir leurs déclarations
fur les cas dont on les accufe.
Le jour de l'Afcenfion , le Chapitre
compofé feulement des Chanoines- Prê
( a ) Flerte , mot corrompu du Latin , Feretrum
, Cereneil , &cg
Tres
1680 MERCURE DE FRANCE
tres , s'affemble
pour
l'élection
du criminel
qui doit
être
délivré
. Après
avoir
invoqué
le S. Efprit
, & fait
ferment
de
garder
le fecret
, on fait
la lecture
des
confeffions
des
prifonniers
, qui
font
brûlées
dans
le même
lieu
, fi - tôt
que
la
Grace
du criminel
eft admife
.
L'Election faite , le nom du criminel
eft porté au Parlement , qui ordonne à
deux Huiffiers d'aller avec le Chapelain
de S. Romain , le prendre dans la prifone
Ils le conduifent au Parlement , où il eft
mis fur la fellette. Après qu'il a été
interrogé , & que fes informations ont été
rapportées , fa remiffion eft admife fur les
Conclufions du Procureur General . Enfuite
le Premier Préfident luy fait une
correction ; & l'ayant déclaré abſous , il
le renvoye au Chapitre , pour le faire
joüir du Privilege de S. Romain ..
L'Eglife Metropolitaine va enfuite proceffionnellement
à la vieille Tour , ancien
Palais des Ducs de Normandie . On y
conduit le prifonnier , & il y reçoit une
feconde correction du Celebrant , qui luifait
porter la Fierte ou Châffe de S. Romain
jufqu'à la grande Eglife, où il feprof
terne aux pieds de chaque Chanoine ; il
quitte fes fers à la Chappelle de S. Romain
; & après avoir entendu la Meffe
qui eft quelquefois differée jufqu'à fix
heures
و
JUILLET . 1730. 1687
heures du foir , à caufe des conteftations
qui furviennent touchant fon élection
il va à la Vicomté de l'Eau , où le Prieur
du Monaftere de Bonnes - Nouvelles , Ordre
de S. Benoît , luy fait encore une remontrance
.
Le lendemain il reçoit une derniere
correction en plein Chapitre , devant tout
le peuple , tête nue , & à genoux . Delà il
eft conduit au Confeffionnal du Grand-
Penitencier qui entend fa confeffion .
Après cette efpece d'amende honorable il
eft renvoyé.
,
Ce qui a donné lieu à ce Privilege , ſelon
la tradition , c'eft que Saint Romain,
Archevêque de Rouen , ayant été averti
que dans la forêt de Rouvray , près des
faubourgs de la Ville , un ferpent d'une
grandeur monstrueufe faifoit des dégats
horribles , il réfolut de l'aller chaffer , &
demanda pour l'accompagner deux hommes
retenus dans les prifons , l'un con
vaincu de meurtre , & l'autre de vol. Le
voleur s'enfuit fi-tôt qu'il vit le ferpent,
le meurtrier demeura & ne quitta point
le faint Prélat , qui jetta fon Etole au cou
de la bête , la fit conduire par ce prifonnier
jufqu'à la Place publique de la Ville,
où elle fe laiffa attacher , & fut brûlée ;
après quoy on fit grace au meurtrier qui
ne s'étoit point épouventé. S. Ouen, fucceffeur
1682 MERCURE DE FRANCE
3
,
ceffeur de S. Romain , pour conferver la
memoire de ce miracle , obtint du Roy ,
Dagobert , dont il étoit Chancelier , le
Privilege en queftion , tel qu'il s'obferve
encore aujourd'huy.
Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
La cérémonie de la FIERTE, ou Châsse de Saint Romain, se tient annuellement à Rouen et rassemble un grand nombre de participants. Ce privilège, l'un des plus anciens monuments de la piété des rois de France, permet l'absolution d'un criminel et de ses complices lors de la fête de l'Ascension. Cependant, cette grâce n'est pas accordée aux criminels accusés de lèse-majesté, d'hérésie, de fausse monnaie, de viol ou d'assassinat de guet-à-pens. La procédure débute le lundi quinzième jour avant les Rogations, lorsque quatre chanoines sont envoyés au Parlement, à la Cour des Aydes et au Présidial pour vérifier et insérer le privilège. Pendant les trois jours des Rogations, deux chanoines et un greffier recueillent les confessions des criminels prétendant au privilège. Le jour de l'Ascension, les chanoines se réunissent pour élire le criminel à délivrer. Après lecture des confessions, le nom du criminel est porté au Parlement, qui ordonne son transfert et son interrogatoire. Une fois sa rémission admise, il est conduit en procession à la vieille Tour, où il reçoit une correction et porte la châsse de Saint Romain jusqu'à la grande église. Il y reçoit une messe et est finalement renvoyé après une confession et une amende honorable. Selon la tradition, ce privilège trouve son origine dans un miracle attribué à Saint Romain, archevêque de Rouen, qui délivra un prisonnier ayant fait preuve de courage face à un serpent monstrueux. Son successeur, Saint Ouen, obtint du roi Dagobert le privilège qui est encore observé de nos jours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Reconnaissance textuelle : A Madlle de Malcrais de la Vigne, par M. de Claville, Trésorier de France à Rouen ; en lui envoyant son Traité du vrai Merite, qu'il vient de donner au Public, qui s'imprime chez Saugrin, à Paris.
A Madlle de Malerais de la Vigne , par
M. de Claville , Trésorier de France à
Rouen ; en lui envoyant son Traité du
vrai Merite , qu'il vient de donner an
Public , qui s'imprime chez Sangrin , à
Paris.
LA fine fleur des beaux esprits ;
Dont les talens divins font honneur au Parnasse,
De qui les sublimes Ecrits ,
Vol. Plei
roso MERCURE DE FRANCE
Pleins de force , de feu , de justesse et de grace ,
Ont enlevé la Cour , la Province et Paris ;
Enfin cette Sapho qui fait revivre Horace ,
Trouvera t'elle un jour , c'est trop dire , un mo
ment ,
A vouloir s'amuser de mon amusement ?
Je lui dois , et je m'acquitte ;
Non un respect hypocrite
Pour m'en faire préconiser ;
Prétens-je m'immortaliser
Le sot orgueil n'est pas ma vertu favorite ;
Et sur ce qui me manque on doit bien m'excu
ser .
Loin du Croisic peut- on puiser
A la source du vrai merite
Vîte donc , parlez mon Traité .
Sans espoir, sans timidité ,
Montrez-vous à Malcrais d'un air modeste er
sage ;
Vous recevrez pour prix d'un tendre hommage
Du moins des marques de bonté ;
Mais ne volez pas son suffrage ,
On me soupçouneroit de trop de vanité.
Résumé : A Madlle de Malcrais de la Vigne, par M. de Claville, Trésorier de France à Rouen ; en lui envoyant son Traité du vrai Merite, qu'il vient de donner au Public, qui s'imprime chez Saugrin, à Paris.
M. de Claville, Trésorier de France à Rouen, adresse une lettre à Mademoiselle de Malerais de la Vigne pour lui envoyer son ouvrage 'Traité du vrai Mérite', publié chez Sangrin à Paris. Il admire les écrivains talentueux dont les œuvres ont conquis la Cour, la Province et Paris, comparant l'un d'eux à Sapho et Horace. Claville reconnaît humblement ses propres limites et espère que son traité sera bien accueilli. Il demande à Mademoiselle de Malerais de le présenter avec modestie et sagesse, sans chercher à obtenir son approbation pour éviter toute accusation de vanité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
E NVO I.
Eauté pour qui ces vers font faits ;
Et que mon coeur connoît pour fouveraine ;
Marquez vos jours par vos bienfaits ,
N'affectez point d'être inhumaine.
Couronnez un fincere amant ,
Qui dès long- tems pour vous foupire ,
Et que de votre aimable empire ,
La bonté foit le fondement.
De Rouen , ce 26 Juin 1754.
Reconnaissance textuelle : A Rouen, le 18 Mars 1755.
A Rouen , le 18 Mars 1755.
Monfieur, j'ai lú dans le Mercure de ce mois les remarques que vous y avez inférées au
fujet de la lotterie de Bruxelles. Il auroit été à
fouhaiter que l'auteur , en faifant connoître le
piege auquel on s'eft livré , eût prévenu celui auquel
on peut être de nouveau expofé .
On defireroit pour cela que l'auteur de ces re
marques inftruisît de ce qui fuit.
1. Pourquoi les billets de cette lotterie n'ontils
pas eu un prix fixe , ( s'en étant délivré depuis
vingt-fix jufqu'à vingt- huit livres ? )
2°. Quelle eft la différence de l'argent courant
de Brabant à l'argent de change
3º. Si l'évaluation des billets n'auroit pas dû
AVRIL. 175.5. 207
être faitee fur la parité des monnoies de Brabant
fur France ; en tout cas la jufte valeur deſdits billets
?
4°. Si les lots ne doivent pas être payés argent
Courant , pareillement fur la parité , fans aucune
déduction en France par les Collecteurs
Je me fate , Monfieur , qu'en ma confidération
vous voudrez bien inférer la préfente dans
votre Mercure prochain , fans faute : c'eft ce qu'a
lieu d'efperer celui qui à l'honneur d'être , & c.
L'Intérêt public.
Le 18 mars 1755, un individu à Rouen adresse une lettre à un destinataire non nommé concernant la lotterie de Bruxelles. L'auteur a lu des remarques dans le Mercure de mars et souhaite alerter le public sur un potentiel piège. Il pose quatre questions spécifiques : pourquoi les billets de la lotterie n'avaient-ils pas un prix fixe variant de vingt-six à vingt-huit livres ? Quelle est la différence entre l'argent courant de Brabant et l'argent de change ? L'évaluation des billets aurait-elle dû être faite sur la parité des monnaies de Brabant et de France, et quelle est la juste valeur des billets ? Les lots doivent-ils être payés en argent courant, également sur la parité, sans déduction en France par les collecteurs ? L'auteur demande à son destinataire d'insérer ces questions dans le prochain Mercure pour informer le public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
ENIGM E.
Six pieds , ami Lecteur , compoſent tout mon
être ,
Je fers à ton amuſement.
Tu me cherches avidemment ,
Et fouvent tu me vois longtems fans me coné
noître.
Par J. Rou ... fils aîné , de Rouen .
ENIGM E.
Rien n'eft égal à moi fous la voute des cieux;
L'on m'admire partout , mais pourras- tu bien
croire
Que mon deftin brillant puiffe être plein d'horreurs.
Apprens donc , cher Lecteur , que de cruels malheurs
Me conduifent toujours à ce faîte de gloire ,
Pouffés par l'intérêt , les avides humains
Courent pour me trouver dans des climats lointains
,
Malgré le fimple habit dont la fage nature
Semble m'avoir couvert pour tromper ces tyrans ,
Je ne puis échapper à leurs yeux pénétrans`,
Me trouver eft pour eux une heureuſe avan
ture.
T
On les voit , animés d'un plaifir fans égal,
M'arracher fans pitié de mon païs natal ,
Et forcer mes pareils , & comble d'infortunes !
A m'ôter mon habit , à me charger de coups ,
Dont la marque à jamais paroît aux yeux de tous.
Alors je fuis chéri des blondes & des brunes ,
Par mon mérite ſeul ſur le trône placé ,
Des Rois les plus puiffans j'orne la majefté.
Du tems qui détruit tout , je crains peu les outrages
,
70 MERCURE DE FRANCE .
Efclave fans retour , dans ma captivité
Si je joins mes attraits à ceux de la beauté ,
Je lui fais dans les coeurs caufer mille ravages ,
Si l'on ne me plaint pas , Lecteur , apprends
pourquoi , L
C'est que dans l'univers, rien n'eft plus dur que
moi.
Par Mademoiselle Gouin , de Rouen.
ENIGM E.
Au Maître à qui je fuis je fus toujours fidele
Jamais à fes fouhaits je ne parus rebelle :
Clair & vivant flambeau toujours je le conduis ;
Quelque danger qu'il courre , en tous lieux je le
fais.
Je lui découvre tout aveugle pour moi - même ;
Et pour preuve de ma foi ,
Sans lui je ne puis vivre , il peut vivre fans moi ;
Mais c'eſt toujours par un malheur extrême.
Souvent mon air doux & riant ,
N'eft qu'un appas double & perfide
Quelquefois j'ai l'air intrépide ,
Audacieux , entreprenant.
A tout fpectacle je préfide.
Par ma grande légéreté ,
Je fuis le trait le plus rapide :
Sans langue & fans diſcours , je donne des confeils
;
J'enflamme , & de frayeur je frappe mes pareils ;
Je tue , & je guéris ; j'accorde , & je refuſe ;
Je permets , je défends , j'autorife , & j'excufe
Dans les uns , j'ai beaucoup plus de vivacité ,
Je puis fervir à différent ufage :
La Coquette furtout tire un grand avantage
De mon agilité :
Cx
SS MERCURE DE FRANCE.
D'un ruiffeau je ſuis l'image ;
J'ai des bords , un rivage;
J'ai toujours de l'humidité ,
Je ne coule que dans l'orage :
L'on m'employe en tous lieux à cent travaux
divers ;
Je fuis utile au Grand, au Bourgeois , au Cham
L
roll ¿pêtre,,, ormos liupssppul ev. 19
Et dans le moment même où tu veux me connoître
NOVA TUOY 517 , C
Cher Lecteur , je te fers.
N. T. BRÉMONTIER , de Rouen.
Reconnaissance textuelle : ORDONNANCE de Monseigneur l'Intendant, de la Généralité de Rouen, qui accorde aux Habitants de la Campagne, qui entretiennent des Mouches à miel, une diminution de leur Capitation proportionnée au nombre de Ruches qu'ils auront chaque année. Du 15 Novembre 1757.
ORDONNANCE de Monfeigneur l'Intendant
, de la Généralité de Rouen ,
qua
accorde anx Habitans de la Campagne
qui entretiennent des Mouches à miel , une
diminution de leur Capitation proportion
née au nombre de Ruches qu'ils auront
chaque année. Du 19 Novembre 1757%
ANTOINE- Paul- Jofeph Feydeau-de Brou , Che
valier , Confeiller du Roi en fes Confeils , Ma
tre des Requêtes ordinaires de fon Hôtel , Inten
dant de Juftice , Police & Finances en la Généra
Ité de Rouen. Etant informés que plufieurs ha
bitans de la campagne s'appliquent avec fuccès
élever & à entretenir des ruches à miel , nous avons
eru devoir , en les récompenfant de leurs foins
encourager ce genre d'induſtrie , capable de ré
pandre de Paifance dans les campagnes ; & d'y
accroftre les progrès de la culture , qui en font la
fuite néceffaire . Nous fommes portés d'autant plus
volontiers à former & à fuivre cette réfolution ,
qu'outre les avantages que la culture pent en retirer
, il en résultera également un avantage pour
le commerce , qui ne fera plas obligé de tirer de
l'étranger une auffi grande quantité de cires que
celle qu'il fait venir aujourd'hui en France , où la
confommation en devient de jour en jour plus
confidérable. Nous avons cru ne pouvoir exciter
plus furement les habitans de la campagne à fe
livrer à cette branche d'induſtrie qui s'allic fi nay
LOG MERCURE DE FRANCE.
turellement avec la culture des terres , qu'en ac
cordant , à ceux qui s'y appliqueront avec une
certaine émulation , des récompenfes qui , en
même temps qu'elles leur feront utiles , ne tour
neront point au préjudice de leurs concitoyens &
n'en augmenteront point les charges.
3
ART. 1. Ceux qui auront dix ruches garnies de
mouches à miel au mois d'Avril de chaque année ,
jouiront de cinq livres de diminution fur leur capitation
, pendant les fix premieres années ,
compter du mois d'Avril prochain , & plus long
temps même , s'il eft jugé néceffaire ; & fi leur
capitation ne monte point à cette fomme , ils fesont
déchargés du payement entier de celle à la
quelle ils étoient impofés.
II. Ceux qui auront vingt- cinq ruches gar
nies de mouches à miel au mois d'Avril , outre
les cinq livres de diminution far la capitation
jouiront encore du privilege d'être taxés d'office
à la taille ; & pour nous mettre en état de déterminer
la fomme à laquelle ils devront être taxés ,
ils feront tenus à nous repréfenter les quittances
des fommes qu'ils ont payées les trois années précédentes.
III. Ceux qui auront quarante- cinq ruches à
miel , jouiront du privilege d'être taxes d'office ,
& ils auront vingt livres de diminution fur leur
capitation.
7.
IV. Voulons que ceux que nous aurons ainfi
taxés d'office , ne puiffent être augmentés à la
taille , capitation , induftrie & autres impofitions ,
pour raifon dudit commerce tant qu'ils entretiendront
la quantité de ruches portée par l'arti
cle fecond , ou même une plus grande quantités
finon au marc la livre de l'augmentation de taille
que nous aurions été obligés de donner à leur pas
AVRIL. 1758. ἐσχ
toiffe , lors de nos départemens , & auffi feule
ment par proportion aux nouvelles occupatione
qu'ils pourroient prendre , & aux acquisitions
d'immeubles qu'ils auroient faites.
V. Pour nous mettre en état de faire jouir des
avantages accordés par les articles précédens ,
ceux qui auront été dans le cas de les mériter
nous ordonnons qu'ils feront tenus de nous repré
fenter pendant le cours du mois d'Avril de cha→
que année , un certificat figné du Syndic & de
quatre principaux habitans de la Paroiffe , qui
contiendra le nombre de ruches à miel que poffé
dera celui ou ceux qui defireront jouir defdits
avantages , & ledit certificat fera vité d'un de nos
fubdélégués , avant que de nous être envoyé.
VI. Défendons , fous telles peines qu'il appar
tiendra , de faire aucunes fauffes déclarations , ni
de chercher à furprendre notre religion par des fi
gnatures données à la follicitation & fans connoiffance
de cauſe.
VII. La diminution que nous accorderons fur
la capitation de ceux qui auront été dans le cas de
l'obtenir , ne fera point rejetée fur les autres ha→
bitans; mais elle paffera en décharge dans les
comptes des receveurs des tailles , en vertu des
ordonnances que nous rendrons à cet effet. Fait à
Rouen , en notre hôtel , le If Novembre 1757-
Signé , Feydeau. Et plus bas : Par Monfeigneur
Dailly.
Résumé : ORDONNANCE de Monseigneur l'Intendant, de la Généralité de Rouen, qui accorde aux Habitants de la Campagne, qui entretiennent des Mouches à miel, une diminution de leur Capitation proportionnée au nombre de Ruches qu'ils auront chaque année. Du 15 Novembre 1757.
L'ordonnance de l'Intendant de la Généralité de Rouen, datée du 19 novembre 1757, accorde des réductions de capitation aux habitants de la campagne qui élèvent des ruches à miel. Cette mesure, prise par Antoine-Paul-Joseph Feydeau de Brou, Intendant de Justice, Police et Finances, vise à encourager l'apiculture, considérée comme bénéfique pour la paix dans les campagnes et le développement de la culture. Elle cherche également à réduire les importations de cire en France. Les habitants peuvent obtenir des réductions de capitation en fonction du nombre de ruches qu'ils possèdent. Ceux ayant dix ruches bénéficient d'une diminution de cinq livres pendant les six premières années. Ceux ayant vingt-cinq ruches obtiennent la même réduction et sont taxés d'office à la taille. Ceux ayant quarante-cinq ruches bénéficient d'une réduction de vingt livres et sont également taxés d'office. Les apiculteurs ne peuvent voir leurs impôts augmentés tant qu'ils maintiennent leur activité apicole. Pour obtenir ces avantages, les apiculteurs doivent fournir un certificat signé par le syndic et quatre principaux habitants de la paroisse, attestant du nombre de ruches. Ce certificat doit être validé par un subdélégué. L'ordonnance interdit les fausses déclarations et précise que les réductions de capitation ne seront pas rejetées sur les autres habitants mais passeront en décharge dans les comptes des receveurs des tailles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.