Résultats : 17070 texte(s)
Détail
Liste
1853
p. 371-372
SONNET ENIGMATIQUE.
Début :
Des plus foibles humains sûr & charmant mobile, [...]
Mots clefs :
Berceau
1855
p. 396-397
ENIGME.
Début :
Quoy que mon secours soit vulgaire [...]
Mots clefs :
Chaise de commodité
1858
p. 370-371
ENIGME.
Début :
Nez d'un Pere commun, peut-estre en même jour, [...]
Mots clefs :
Jeu d'échecs
1864
p. 418
ENIGME.
Début :
A peine suis-je né, qu'ennemi de moi-même, [...]
Mots clefs :
Ver à soie
1868
p. 312-313
ENIGME.
Début :
Dans les quatre saisons, je suis toûjours de même [...]
Mots clefs :
Poudre à poudrer
1871
p. 406
ENIGME.
Début :
Je vous envoye une Enigme nouvelle. Elle est de Mr l'Abbé / J'habite dans des lieux d'un accés difficile, [...]
Mots clefs :
Suie
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texteReconnaissance textuelle : ENIGME.
Je vous envoye une Enigme
nouvelle. Elle eſt de Mr l'Abbé
D. L. M. *****
ENIGM E.
F'habite dans des lieux d'un accés
:
difficile ,
Etpour m'en faire déloger ,
on fait venir un Etranger ,
En cela plus qu'un autre habile
Alors lefer en main , &semblable
à l'Amour ,
Il me coupe ; il m'abat , &fier de
fa victoire ,
Si- toft qu'il voit lejour
Il chante àhaute voix ma deffaite
sa gloire.
nouvelle. Elle eſt de Mr l'Abbé
D. L. M. *****
ENIGM E.
F'habite dans des lieux d'un accés
:
difficile ,
Etpour m'en faire déloger ,
on fait venir un Etranger ,
En cela plus qu'un autre habile
Alors lefer en main , &semblable
à l'Amour ,
Il me coupe ; il m'abat , &fier de
fa victoire ,
Si- toft qu'il voit lejour
Il chante àhaute voix ma deffaite
sa gloire.
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1872
p. 355-356
ENIGME.
Début :
Nous sommes nombre impair de gaillardes femelles [...]
Mots clefs :
Notes de musique
1873
p. 370-372
ENIGME.
Début :
Nous sommes quatre enfans aussi vieux que le monde, [...]
Mots clefs :
Quatre éléments
1890
s. p.
« Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Début :
Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...]
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texteReconnaissance textuelle : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
Com
Omme il eft impoffible dans la conjoncture prefente de ne pas groffir
le Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix, Ainfi les
volumes qui feront reliez en veau fe vendront dorefnavant 18. fols. Quant
aux volumes qui feront reliez en parche
min , on n'en payera que trente-cinq.
Les Relations fe vendront autant que
Ies Mercures.
さ
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
Omme il eft impoffible dans la conjoncture prefente de ne pas groffir
le Mercure, ce qui en augmente confiderablement les frais , on ne peut fe difpenfer d'en augmenter auffi le prix, Ainfi les
volumes qui feront reliez en veau fe vendront dorefnavant 18. fols. Quant
aux volumes qui feront reliez en parche
min , on n'en payera que trente-cinq.
Les Relations fe vendront autant que
Ies Mercures.
さ
Chez MICHEL BRUNET, grande
Salle du Palais , au Mercure
Galant.
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
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Résumé : « Comme il est impossible dans la conjoncture presente de ne pas grossir [...] »
En 1709, les prix des publications du Mercure augmentent en raison des coûts de production. Les volumes reliés en veau coûtent 18 sols, ceux en parchemin 35 sols. Les Relations ont le même prix que les Mercures. Les publications sont disponibles chez Michel Brunet au Palais, à Paris, avec le privilège du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1891
s. p.
AU LECTEUR.
Début :
Il y a lieu de croire qu'on ne lit plus l'Avis qui a [...]
Mots clefs :
Caractères lisibles, Port
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texteReconnaissance textuelle : AU LECTEUR.
AULECTEUR.
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuistantd'années.
aucommencement de chaque
Volume du Mercure , puifque malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quifetrouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on níglige de le faire , ce qui eft
caufe qu'il y en a quantité
A ij
AULECTEUR
dedéfigurez, etant impoffible
dedevinerlenom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tous lesbonsOuvrages àleur
tour , pourvu qu'ils ne defobligent perfonne , &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent leport
ILya lieu de croire qu'on
ne lit plus l'Avis qui a
efté mis depuistantd'années.
aucommencement de chaque
Volume du Mercure , puifque malgréles prieres réiterées qu'onafaites d'écrire en
caracteres lifibles les Noms
propres quifetrouvent dans
les Memoires qu'on envoye
pour eftre employez , on níglige de le faire , ce qui eft
caufe qu'il y en a quantité
A ij
AULECTEUR
dedéfigurez, etant impoffible
dedevinerlenom d'une Terre , ou d'une Famille , s'il
n'eft bien écrit. On prie de
nouveau ceux qui en envoyent d'y prendre garde ,
s'ils veulent que les noms
propres foient corrects. On
avertitencore qu'on neprend
aucun argent pour ces Memoires, & quel'on employera
tous lesbonsOuvrages àleur
tour , pourvu qu'ils ne defobligent perfonne , &que
ceux qui les envoyeront en
affranchiffent leport
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Résumé : AU LECTEUR.
L'éditeur du Mercure déplore la mauvaise habitude de ne pas écrire les noms propres de manière lisible dans les mémoires envoyés. Il rappelle l'importance de bien orthographier les noms pour éviter toute confusion. Le Mercure ne rémunère pas les mémoires reçus et publie tous les bons ouvrages à condition qu'ils ne nuisent à personne et que les auteurs en assument les frais d'envoi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1892
p. 5-27
Prelude qui renferme un abrégé de tout ce que le Roy a fait de grand pendant sa vie. [titre d'après la table]
Début :
Si vous avez esté contente des Ouvrages composez à [...]
Mots clefs :
Éloge, Souverain, Justice, Ordres, Sagesse, Roi, Mazarin, Orateur, Père Cottin, Royaume, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prelude qui renferme un abrégé de tout ce que le Roy a fait de grand pendant sa vie. [titre d'après la table]
I vous avez eſté contente
des Ouvrages compofez à
la gloire du Roy, & des Eloges
de Sa Majesté prononcez en
divers lieux & en diverfes occafions que je vous envoyay
A iij
6 MERCURE
le mois dernier , vous ne devez
pas prendre moins de plaiſir à
Îire l'Article qui fuit , où vous
trouverez un Abregé de tout
ce que ce Monarque a fait de
grand pendant la vie , & particulierement pour le bien de
Les Sujets.
Le Pere Cottin , Profeſſeur
d'Eloquence dans le petit College de la Ville de Lyon , prononça le jour de Saint André
un Eloge du Roy, en preſence de M' le Prevoft des Marchands & de tout le Confulat ;
l'amour paternel de ce Prince
pour les Sujets , & ce que cet
GALANT 7
amour luy a fait faire firent la
divifion de ce Difcours , qui
reçus de grands applaudiffemens. Avant que d'entrer dans
la premiere partie , il fit un
Compliment à Mrs du Confulat fur le zele avec lequel ils
rempliffent les bonnes intentions du Roy pourfon peuple ,
en faifant voir que quelques
bonnes que fuffent ces intentions & quelque affection que
le Souverain cut pour fon
peuple , il luy feroit preſque
impoffible de les executer ; &
d'en faire gouter les fruits à
fes Sujets , fi fes Miniftres &
1
A iiij
8 MERCURE
ceux qui font chargez de
l'execution de fes ordres dans
les Provinces , n'entroiene fur
cela dans fes veües , & n'étoient
animez du même efprit . Cette
penfée fut délicatement maniée ; & elle luy fournit un
champ fecond d'Eloges pour
Mr Ravat Prevoft des Marchands , & pour les Echevins
dont l'Adminiſtration a efté
d'autant plus difficile que la
faifon a elté des plus fterile &
des plus rigoureufe. Avant de
prouver lamour paternel de
Sa Majefté pour fes Sujets &
de mettre dans une pleine •
GALANT 9
évidence cette qualité fi glorieuſe à un Souverain , & que
les Rois doivent plus eftimer
que tous les lauriers dont ils
peuvent couronner leur tête ,
il fit de ce Monarque , un
portrait auffi beau que naturel;
il le fit voir par tous les endroits qui découvrent en luy
Heroilme , & qui dans le
Paganifme ou dans la folle
Antiquité luy auroit fait meriter à plus jufte titre qu'à plufieurs Empereurs , les honneurs de l'Apotheofe. Il parla
des glorieufes campagnes qu'il
a faites en Perfonne & fur
10 •
MERCURE
ce Printout de celle de 1672. dont
il fut l'ame & le mobile par fa
prudence , fon activité & la
fageffe de fes ordres. Il parla
enfuite de l'amour quece
ceatoûjours eu pour la juftice,
l'exactitude avec laquelle il
l'a toujours fait rendre &
même contre fes interefts ; fa
prudence dans les Confeils où
il a toujours prefidé en perfonne ; fa penetration , & fa
fagacité qui ont brillé d'une
maniere fi extraordinaire dans
les conjonctures les plus difficiles , & dans les affaires les
plus délicates ; enfin fa modé
GALANT II
la
ration dans les profperitez les
plus rapides , & la fermeté
dans les revers les moins meritez & les plus accablans pour
un Prince toujours accoûtumé
à vaincre, fournirent au jeune,
mais éloquent Orateur.
matiere d'un Eloge également
folide & délicat. Il dit enfuite
que toutes ces vertus , & toutes ces qualitezquelques éclatantes
qu'elles fuffent , auroient esté
ternies , ou du moins qu'il leur
auroit manqué quelque chofe , fi
elles n'avoient efté relevées par
l'amour vrayment paternel de ce
Prince pour fes Sujets ; amour
12 MERCURE
auffi effectifque veritable &auffi
veritable qu'il a efté foutenu par
mille traits qui l'ont découvert
durant tout le cours d'un regne
que la Providence n'apermis qui
futfi long que pour en faire le
modele d'un bon & jufte regne
pour montrer à la pofterité en la
perfonne de Louis le Grand
l'image du meilleur Prince qui
fut jamais ; mais d'autant plus
digne des louanges de ceux qui
viendront aprés nous que Sa
bonté a esté naturelle & acqufe.
Louis le Grand a esté bon par
nature ; il n'a fait que fuivre
fon penchant lapensée defon.
,
2
GALANT 13
cœur quand il a aiméfon Peuple;
mais il s'eft auffi fait une étude
particuliere de cet amour ; il l'a
regardé comme le devoir le plus
indifpenfable de fa condition fuprême , & il s'eft dit tous les
jours defa vie , que regner fans.
amour c'eftoit expofer la Royauté
à degenerer en tirannie ; que
rien ne rereffembloit mieux à l'oppreffion que le pouvoir arbitraire
l'amour ne tempere point ;
que l'amour paternel du Roy
parut dés les premieres années de
fon regne ; & que lespremieres
que
étincelles defaraifon furent , pour
ainfi dire , les premieres fignes de
14 MERCURE
l'amour qu'il avoit pour le Peuple dont la nature l'avoit fait
naître le maître ; que cet amour
l'avoit rendu dans tous les temps
defa vic , & prefque dans toutes
les heures de lajournée , accefible à
fes Sujets également prêt à
écouter leurs plaintes & à leur
rendre juftices que le moment où
on l'a veu preferer à un devoir
fi effentiel , maisfifouvent négli
ge, les foins de fa gloire où des
paffions attachées à l'humanité.
eft encore à naître ; mais qu'infenfiblement il anticipoit fur la
deuxième partie. Il la commença en faiſant voir les mar-
GALANT 15
ques de cet amour paternel
que le Roy donna dés qu'il
gouverna par luy- même auffitôt que le Cardinal Mazarin
cur les yeux fermez. Il ajoûta
qu'alors tout futfurfon compte;
& que comme on n'auroit pas mis
fur le compte du Miniftre qui ne
voyoit pas ce qu'il y auroit pú
avoir de plus réprehenfible dans
le Gouvernement fi on y eut remarqué quelque chofe de pareil ,
qu'auffi ne devoit on mettre que
furlefeul compte de ce Monarque
les traits de bonté qui échapoient
en foule defon cœur dés ce tempslà ; il continua ainfi ; ces fages
16 MERCURE
le
judicieufes Ordonnances ont
fait revivrela majefté des Loix ;
ont donné uneformeſtable &
conftante à laJurifprudence Francoife,qui varioitfelon la difference
des Tribunaux , & ont affuré
repos des familles. Loix dont
lafageſſe met leur Auteur au deffus de Licurgue , tant chanté des
Lacedemoniens , des Acheniens , dont l'utilité , & les
avantages éleventLouis le Grand,
non-feulement au- deffus de ces
Legiflateurs Romains ; mais auffi au deffus du celebre Roy des
نوع
Atheniens Codrus , de bonne
d'éternelle memoire , qui pour
GALAN 17
remplir l'Oracle fatal fe dévoüa
pour le falut de fa Patrie ; &
qui ayant efté ledix-feptiéme Roy
de ce Peuple enfut auffi le dernier.
Les Atheniens pour honorer Ja
memoire pour reconnoître autant qu'il eftoit en eux le facrifice de ce genereux Roy abolirent
la Royauté , defefperant d'avoir
un auffi bon Prince pour Souverain. De là le Gouvernement des
Archontes , dont le fils du bon
Codrusfut lepremier. AMANTI
NIL DIFFICILE a dit
un Ancien ;
auffi Louis le
Grand , n'a rien trouvé de difficile quand il a fallu fatisfaire
Janvier 1710.
B
18 MERCURE
l'inclination qu'il a pourfon Peuple ; de cette tendreffe , de cette
"bontépaternellefontnez tant d'Edits pour affurer le repos de fes
Sujets , pour éteindre parmi cette
generofité cruelle & feroce qui
détruifoit la Nobleffe du Royaume ; jeparle de l'Edit des Duels ;
Edit quifoûtenu par la feverité
de la Loy aenfin détruit cettepefte
publique ; de cette bonté paternelle
font forties tant de fages Ordonnances pour la Police exterieure
du Royaume , pour le Reglement
des conditions , &pour donner des
bornes au luxe exceffifauquelfe
livroit infenfiblement la Nation:
GALANT 19
qu'onon ne nous vanteplus , s'écria
l'Orateur, le zele de l'Orateur
Romain ; l'amour de la Patriequi
animoit Ciceron & qui luy fit
découvrir l'horrible conjuration de
Catilina ; la tendreffe que Jules
Cefar conferva pour fes Compa
triotes dans les terreurs delaguer
re qui déchiroit fa malheureuſe
Patrie ; tendreffe qui luy fit recommander à la Bataille de Pharfale qu'on épargnât les Citoyens
Romains ; ne voulant pas qu'unfi
noblefangcoulât àfesyeux quilui
fit envier la mortdufageCaton &
qui luyfit répandre des larmes à la
vue de la teftefanglante de PomBij
20 MERCURE
pée; qu'on ne vante plus fur cette
mort la bontéde celui ci qui deffenditfi long-temps la liberté de
Rome & qui la vit finir avecfa
vie dans cette journée memorable
qui decida du fort de l'Univers ;
que les Panegyriftes deTite & de
Trajan fe taifent , puifque de l'aveu même dupremier ily a euune
journée inutile qui luyfit regretter de n'avoir rien fait pour fes
Sujets , en difant à quelques -uns
de fes Courtifans ; Mes Amis ,
nous avons perdu ce jour ; &
que lefecond contre ce qu'il avoit
écrit au Senat à son élevation à
l'Empire , que jamais par fes
GALANT 21
ordres un homme de bien ne
feroit condamné à la mort , ne
$
donna que trop de preuves de la
haine qu'il portoit aux Chreftiens,
quoy qu'il aff. ctât de ne point publier d'Edit contr'eux : Louis
Le Grand a furpaffé tous ces
modeles de bonté. L'Orateur fit
alors un détail fuivi & foûtenu
par le feu de fon imagination
& par toutes les fineffes de
l'Art , de toutes les marques
de bonté que ce Prince a don
nées à fon peuple. L'Europe fi
fouvent pacifiée dans les temps
où le torrent de fes profperitez luy pouvoit faire tout ef
22 MERCURE
perer de la continuation d'une
guerre jufte. Sa prévoyance
comme un autre Jofeph, àfaire
remplir les greniers publics
dans les temps de fterilité ,
& à envoyer chercher du
Grain dans un autre Hemifphere,dans des terres éloignées
& que nous ne connoiffons
que fur la foy des Relations ;
&fon aplication à rendre par
une heureufe induftrie à fon
Peuple ce que la terre fterile &
infidelle luy refufe , furent des
morceaux habilement maniez.
Il rapella en cet endroit les
horreurs de l'année de calami-
GALANT 23
té qui fit éprouver tant de
rigeurs fur la fin du dernier .
ficcle ; & dont on fe fouviendroit encore avec une espece
de frayeur , fi une calamité &
plus preffante &auffi plus prefente n'en étoufoit le fouvenir. Cefut en cet endroit que
de Pere Cottin fe furpaffa &
que piqué d'une noble émulation contre luy-même , il
tâcha autant de s'élever aúdeffus de luy-même qu'il s'étoit élevé au commencement
de fon Difcours audeffus des
Orateurs ordinaires ; mais le
chef- d'œuvre de l'Art & où
24 MERCURE
il fit de plus grands efforts pour
s'élever & pour loüer plus
magnifiquement fon Heros
c'eft dans le chef d'œuvre de
fa vic , c'eft à dire , dans l'extinction de l'Herefie :il loüa
& avec juftice ce Monarque
d'avoir purgé fes Etats d'un
Monftre qui a efté plufieurs
fois preft àles bouleverfer. Ce
qu'il dit à ce fujet des troubles
que les nouveautez Calviniennes exciterent en France ; &
les defordres aufquelles elles
donnerent licu fur la fin du
16 fiecle , fut curieux & recherché. La fermeté de ce
Prince
GALANT 25
Prince à refufer les offres les
plus éblouiffantes & les plus
capables de tenter une ame
moins grande que la fienne
auprix même de fon repos ;
en quelque maniere de fa
pre gloire , fut mife dans le
plus beau jour qu'elle pouvoit
&
prorecevoir. La France armée
pour la défenſe de la Religion
contre des Princes qui ont
toûjours fait une oftentation
orgüeilleuse de Catholicité &
qui la veulent oprimer en établiffant le culte d'une fauffe
Religion & de toutes les fectes
impies que l'enfer a vomis dans
Fanvier 1710.
C
26 MERCURE
l'Angleterre ; & qui la veulent
oprimer dans le Royaume le
plus Catholique qui ait jamais
efté , donna une belle matiere
& ouvrit un beau champ à
l'Orateur. On connut bien
qu'il parloit de l'Espagne des
fecours & de la protection
donnez au Roy Catholique
& à celuy d'Angleterre , & ces
endroits furent délicatement
touchez. Ce morceau refervé
pour la fin & pour donner
un nouveau relief à toutes les
vertus & à l'amour paternel
de Louis le Grand , eftoit
un effet fufceptible de toutes
GALANT 27
les beautez de l'éloquence
& plus l'Orateur fe trouva en
cet endroit comme en beaucoup d'autres endroits de fon
Difcours , au deffous du fujer
qu'il traitoit , plus onle trouva
digne de le traiter ; & iléprouva en cette occafion que ceux
qui ont le plus d'efprit font
ordinairement ceux qui font
toujours moins fatisfaits d'euxmêmes ; & cependant il a dû
l'eftre des grands applaudiffemens qu'il a reçus.
des Ouvrages compofez à
la gloire du Roy, & des Eloges
de Sa Majesté prononcez en
divers lieux & en diverfes occafions que je vous envoyay
A iij
6 MERCURE
le mois dernier , vous ne devez
pas prendre moins de plaiſir à
Îire l'Article qui fuit , où vous
trouverez un Abregé de tout
ce que ce Monarque a fait de
grand pendant la vie , & particulierement pour le bien de
Les Sujets.
Le Pere Cottin , Profeſſeur
d'Eloquence dans le petit College de la Ville de Lyon , prononça le jour de Saint André
un Eloge du Roy, en preſence de M' le Prevoft des Marchands & de tout le Confulat ;
l'amour paternel de ce Prince
pour les Sujets , & ce que cet
GALANT 7
amour luy a fait faire firent la
divifion de ce Difcours , qui
reçus de grands applaudiffemens. Avant que d'entrer dans
la premiere partie , il fit un
Compliment à Mrs du Confulat fur le zele avec lequel ils
rempliffent les bonnes intentions du Roy pourfon peuple ,
en faifant voir que quelques
bonnes que fuffent ces intentions & quelque affection que
le Souverain cut pour fon
peuple , il luy feroit preſque
impoffible de les executer ; &
d'en faire gouter les fruits à
fes Sujets , fi fes Miniftres &
1
A iiij
8 MERCURE
ceux qui font chargez de
l'execution de fes ordres dans
les Provinces , n'entroiene fur
cela dans fes veües , & n'étoient
animez du même efprit . Cette
penfée fut délicatement maniée ; & elle luy fournit un
champ fecond d'Eloges pour
Mr Ravat Prevoft des Marchands , & pour les Echevins
dont l'Adminiſtration a efté
d'autant plus difficile que la
faifon a elté des plus fterile &
des plus rigoureufe. Avant de
prouver lamour paternel de
Sa Majefté pour fes Sujets &
de mettre dans une pleine •
GALANT 9
évidence cette qualité fi glorieuſe à un Souverain , & que
les Rois doivent plus eftimer
que tous les lauriers dont ils
peuvent couronner leur tête ,
il fit de ce Monarque , un
portrait auffi beau que naturel;
il le fit voir par tous les endroits qui découvrent en luy
Heroilme , & qui dans le
Paganifme ou dans la folle
Antiquité luy auroit fait meriter à plus jufte titre qu'à plufieurs Empereurs , les honneurs de l'Apotheofe. Il parla
des glorieufes campagnes qu'il
a faites en Perfonne & fur
10 •
MERCURE
ce Printout de celle de 1672. dont
il fut l'ame & le mobile par fa
prudence , fon activité & la
fageffe de fes ordres. Il parla
enfuite de l'amour quece
ceatoûjours eu pour la juftice,
l'exactitude avec laquelle il
l'a toujours fait rendre &
même contre fes interefts ; fa
prudence dans les Confeils où
il a toujours prefidé en perfonne ; fa penetration , & fa
fagacité qui ont brillé d'une
maniere fi extraordinaire dans
les conjonctures les plus difficiles , & dans les affaires les
plus délicates ; enfin fa modé
GALANT II
la
ration dans les profperitez les
plus rapides , & la fermeté
dans les revers les moins meritez & les plus accablans pour
un Prince toujours accoûtumé
à vaincre, fournirent au jeune,
mais éloquent Orateur.
matiere d'un Eloge également
folide & délicat. Il dit enfuite
que toutes ces vertus , & toutes ces qualitezquelques éclatantes
qu'elles fuffent , auroient esté
ternies , ou du moins qu'il leur
auroit manqué quelque chofe , fi
elles n'avoient efté relevées par
l'amour vrayment paternel de ce
Prince pour fes Sujets ; amour
12 MERCURE
auffi effectifque veritable &auffi
veritable qu'il a efté foutenu par
mille traits qui l'ont découvert
durant tout le cours d'un regne
que la Providence n'apermis qui
futfi long que pour en faire le
modele d'un bon & jufte regne
pour montrer à la pofterité en la
perfonne de Louis le Grand
l'image du meilleur Prince qui
fut jamais ; mais d'autant plus
digne des louanges de ceux qui
viendront aprés nous que Sa
bonté a esté naturelle & acqufe.
Louis le Grand a esté bon par
nature ; il n'a fait que fuivre
fon penchant lapensée defon.
,
2
GALANT 13
cœur quand il a aiméfon Peuple;
mais il s'eft auffi fait une étude
particuliere de cet amour ; il l'a
regardé comme le devoir le plus
indifpenfable de fa condition fuprême , & il s'eft dit tous les
jours defa vie , que regner fans.
amour c'eftoit expofer la Royauté
à degenerer en tirannie ; que
rien ne rereffembloit mieux à l'oppreffion que le pouvoir arbitraire
l'amour ne tempere point ;
que l'amour paternel du Roy
parut dés les premieres années de
fon regne ; & que lespremieres
que
étincelles defaraifon furent , pour
ainfi dire , les premieres fignes de
14 MERCURE
l'amour qu'il avoit pour le Peuple dont la nature l'avoit fait
naître le maître ; que cet amour
l'avoit rendu dans tous les temps
defa vic , & prefque dans toutes
les heures de lajournée , accefible à
fes Sujets également prêt à
écouter leurs plaintes & à leur
rendre juftices que le moment où
on l'a veu preferer à un devoir
fi effentiel , maisfifouvent négli
ge, les foins de fa gloire où des
paffions attachées à l'humanité.
eft encore à naître ; mais qu'infenfiblement il anticipoit fur la
deuxième partie. Il la commença en faiſant voir les mar-
GALANT 15
ques de cet amour paternel
que le Roy donna dés qu'il
gouverna par luy- même auffitôt que le Cardinal Mazarin
cur les yeux fermez. Il ajoûta
qu'alors tout futfurfon compte;
& que comme on n'auroit pas mis
fur le compte du Miniftre qui ne
voyoit pas ce qu'il y auroit pú
avoir de plus réprehenfible dans
le Gouvernement fi on y eut remarqué quelque chofe de pareil ,
qu'auffi ne devoit on mettre que
furlefeul compte de ce Monarque
les traits de bonté qui échapoient
en foule defon cœur dés ce tempslà ; il continua ainfi ; ces fages
16 MERCURE
le
judicieufes Ordonnances ont
fait revivrela majefté des Loix ;
ont donné uneformeſtable &
conftante à laJurifprudence Francoife,qui varioitfelon la difference
des Tribunaux , & ont affuré
repos des familles. Loix dont
lafageſſe met leur Auteur au deffus de Licurgue , tant chanté des
Lacedemoniens , des Acheniens , dont l'utilité , & les
avantages éleventLouis le Grand,
non-feulement au- deffus de ces
Legiflateurs Romains ; mais auffi au deffus du celebre Roy des
نوع
Atheniens Codrus , de bonne
d'éternelle memoire , qui pour
GALAN 17
remplir l'Oracle fatal fe dévoüa
pour le falut de fa Patrie ; &
qui ayant efté ledix-feptiéme Roy
de ce Peuple enfut auffi le dernier.
Les Atheniens pour honorer Ja
memoire pour reconnoître autant qu'il eftoit en eux le facrifice de ce genereux Roy abolirent
la Royauté , defefperant d'avoir
un auffi bon Prince pour Souverain. De là le Gouvernement des
Archontes , dont le fils du bon
Codrusfut lepremier. AMANTI
NIL DIFFICILE a dit
un Ancien ;
auffi Louis le
Grand , n'a rien trouvé de difficile quand il a fallu fatisfaire
Janvier 1710.
B
18 MERCURE
l'inclination qu'il a pourfon Peuple ; de cette tendreffe , de cette
"bontépaternellefontnez tant d'Edits pour affurer le repos de fes
Sujets , pour éteindre parmi cette
generofité cruelle & feroce qui
détruifoit la Nobleffe du Royaume ; jeparle de l'Edit des Duels ;
Edit quifoûtenu par la feverité
de la Loy aenfin détruit cettepefte
publique ; de cette bonté paternelle
font forties tant de fages Ordonnances pour la Police exterieure
du Royaume , pour le Reglement
des conditions , &pour donner des
bornes au luxe exceffifauquelfe
livroit infenfiblement la Nation:
GALANT 19
qu'onon ne nous vanteplus , s'écria
l'Orateur, le zele de l'Orateur
Romain ; l'amour de la Patriequi
animoit Ciceron & qui luy fit
découvrir l'horrible conjuration de
Catilina ; la tendreffe que Jules
Cefar conferva pour fes Compa
triotes dans les terreurs delaguer
re qui déchiroit fa malheureuſe
Patrie ; tendreffe qui luy fit recommander à la Bataille de Pharfale qu'on épargnât les Citoyens
Romains ; ne voulant pas qu'unfi
noblefangcoulât àfesyeux quilui
fit envier la mortdufageCaton &
qui luyfit répandre des larmes à la
vue de la teftefanglante de PomBij
20 MERCURE
pée; qu'on ne vante plus fur cette
mort la bontéde celui ci qui deffenditfi long-temps la liberté de
Rome & qui la vit finir avecfa
vie dans cette journée memorable
qui decida du fort de l'Univers ;
que les Panegyriftes deTite & de
Trajan fe taifent , puifque de l'aveu même dupremier ily a euune
journée inutile qui luyfit regretter de n'avoir rien fait pour fes
Sujets , en difant à quelques -uns
de fes Courtifans ; Mes Amis ,
nous avons perdu ce jour ; &
que lefecond contre ce qu'il avoit
écrit au Senat à son élevation à
l'Empire , que jamais par fes
GALANT 21
ordres un homme de bien ne
feroit condamné à la mort , ne
$
donna que trop de preuves de la
haine qu'il portoit aux Chreftiens,
quoy qu'il aff. ctât de ne point publier d'Edit contr'eux : Louis
Le Grand a furpaffé tous ces
modeles de bonté. L'Orateur fit
alors un détail fuivi & foûtenu
par le feu de fon imagination
& par toutes les fineffes de
l'Art , de toutes les marques
de bonté que ce Prince a don
nées à fon peuple. L'Europe fi
fouvent pacifiée dans les temps
où le torrent de fes profperitez luy pouvoit faire tout ef
22 MERCURE
perer de la continuation d'une
guerre jufte. Sa prévoyance
comme un autre Jofeph, àfaire
remplir les greniers publics
dans les temps de fterilité ,
& à envoyer chercher du
Grain dans un autre Hemifphere,dans des terres éloignées
& que nous ne connoiffons
que fur la foy des Relations ;
&fon aplication à rendre par
une heureufe induftrie à fon
Peuple ce que la terre fterile &
infidelle luy refufe , furent des
morceaux habilement maniez.
Il rapella en cet endroit les
horreurs de l'année de calami-
GALANT 23
té qui fit éprouver tant de
rigeurs fur la fin du dernier .
ficcle ; & dont on fe fouviendroit encore avec une espece
de frayeur , fi une calamité &
plus preffante &auffi plus prefente n'en étoufoit le fouvenir. Cefut en cet endroit que
de Pere Cottin fe furpaffa &
que piqué d'une noble émulation contre luy-même , il
tâcha autant de s'élever aúdeffus de luy-même qu'il s'étoit élevé au commencement
de fon Difcours audeffus des
Orateurs ordinaires ; mais le
chef- d'œuvre de l'Art & où
24 MERCURE
il fit de plus grands efforts pour
s'élever & pour loüer plus
magnifiquement fon Heros
c'eft dans le chef d'œuvre de
fa vic , c'eft à dire , dans l'extinction de l'Herefie :il loüa
& avec juftice ce Monarque
d'avoir purgé fes Etats d'un
Monftre qui a efté plufieurs
fois preft àles bouleverfer. Ce
qu'il dit à ce fujet des troubles
que les nouveautez Calviniennes exciterent en France ; &
les defordres aufquelles elles
donnerent licu fur la fin du
16 fiecle , fut curieux & recherché. La fermeté de ce
Prince
GALANT 25
Prince à refufer les offres les
plus éblouiffantes & les plus
capables de tenter une ame
moins grande que la fienne
auprix même de fon repos ;
en quelque maniere de fa
pre gloire , fut mife dans le
plus beau jour qu'elle pouvoit
&
prorecevoir. La France armée
pour la défenſe de la Religion
contre des Princes qui ont
toûjours fait une oftentation
orgüeilleuse de Catholicité &
qui la veulent oprimer en établiffant le culte d'une fauffe
Religion & de toutes les fectes
impies que l'enfer a vomis dans
Fanvier 1710.
C
26 MERCURE
l'Angleterre ; & qui la veulent
oprimer dans le Royaume le
plus Catholique qui ait jamais
efté , donna une belle matiere
& ouvrit un beau champ à
l'Orateur. On connut bien
qu'il parloit de l'Espagne des
fecours & de la protection
donnez au Roy Catholique
& à celuy d'Angleterre , & ces
endroits furent délicatement
touchez. Ce morceau refervé
pour la fin & pour donner
un nouveau relief à toutes les
vertus & à l'amour paternel
de Louis le Grand , eftoit
un effet fufceptible de toutes
GALANT 27
les beautez de l'éloquence
& plus l'Orateur fe trouva en
cet endroit comme en beaucoup d'autres endroits de fon
Difcours , au deffous du fujer
qu'il traitoit , plus onle trouva
digne de le traiter ; & iléprouva en cette occafion que ceux
qui ont le plus d'efprit font
ordinairement ceux qui font
toujours moins fatisfaits d'euxmêmes ; & cependant il a dû
l'eftre des grands applaudiffemens qu'il a reçus.
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Résumé : Prelude qui renferme un abrégé de tout ce que le Roy a fait de grand pendant sa vie. [titre d'après la table]
Le texte relate la satisfaction du destinataire concernant les œuvres et éloges en l'honneur du roi, précédemment envoyés. Il annonce un article résumant les grandes actions du monarque au profit de ses sujets. Le Père Cottin, professeur d'éloquence à Lyon, a prononcé un éloge du roi lors de la fête de Saint-André, en présence du prévôt des marchands et du consulat. Cet éloge mettait en avant l'amour paternel du roi pour ses sujets et les actions entreprises pour leur bien-être. Le discours était divisé en deux parties. La première rendait hommage aux ministres et échevins pour leur zèle et leur administration difficile dans un contexte stérile et rigoureux. La seconde partie soulignait l'héroïsme, la justice, la prudence, la pénétration et la modération du roi, illustrées par ses campagnes militaires, notamment celle de 1672. Le Père Cottin a souligné l'amour paternel du roi, naturel et acquis, qui tempère le pouvoir arbitraire et prévient la tyrannie. Il a évoqué les premières manifestations de cet amour dès les débuts du règne, après la mort du Cardinal Mazarin. Le roi a promulgué des ordonnances sages et justes, assurant la majesté des lois et le repos des familles. L'orateur a comparé Louis le Grand à des législateurs antiques comme Licurgue et Codrus, soulignant son dévouement pour son peuple. Il a mentionné divers édits et ordonnances pour assurer la paix et la justice, comme l'édit contre les duels et les régulations contre le luxe excessif. Le discours a également abordé la prévoyance du roi en temps de disette, rappelant les rigueurs de la fin du XVIIe siècle. L'orateur a loué le roi pour avoir purgé le royaume de l'hérésie et pour sa fermeté face aux offres tentantes, notamment en défendant la religion catholique contre les princes protestants. Enfin, le Père Cottin a conclu en soulignant la grandeur de l'amour paternel du roi, illustrée par ses actions en faveur de la France et de ses sujets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1893
p. 27-73
Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
Début :
Quoyqu'il s'agisse d'une Oraison funebre dans l'article qui suit, [...]
Mots clefs :
Oraison funèbre, Madame de Maubuisson, Plaisir, Exorde, Électeurs, Histoire, Princesse Louise Hollandine Palatine, Maison Palatine, Abbé Maboul, Gloire, Religion, Dieu, Éloge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
Quoyqu'il s'agiffe d'une Oraifon funebre dans l'article Cij 28 MERCURE qui fuit, vous le trouverez bien different de ce qui regarde ordinairement ces fortes d'ouvrages qui contiennent plus de traits d'éloquence & de loüanges que de faits , ceux qui s'y trouvent n'yétant prefque toujours rapportezque pour donner lieu de briller à l'éloquence de l'Orateur ; mais ce que vous allez lire doit être regardé comme l'Hiftoire entiere d'une vie remplie d'incidens merveilleux & de l'hiftoire d'une converfion encore plus mer veilleufe , & dont la lecture ne doit pas moins attacher GALANT 29 & faire de plaifir , que feroit celle de l'hiftoire la plus curieufe. On a fait un Service magnifique dans l'Eglife de l'Abbaye de Maubuiffon , pour la Princeffe Loüife Hollandine , Palatine , dernière Abbeffe de cette Abbaye. Mr l'Evêque de Beziers officia ; & Mr l'Abbé 'Maboul , Grand Vicaire de Poitiers , & nommé à l'Evêché d'Alet , prononça l'Oraiſon funebre en prefence de Madame la Princeffe. Mr l'Evêque d'Alet prit pour texte ces paroles du 44. Pfeaume : OMNIS GLOC iij 30 MERCURE 1 les RIA EJUS FILIE REGIS AB INTUS. Toute la gloire de la Fille du Roy vient de fon cœur. Lefaint Efprit , dit- il , dans fon Exorde , parlant dans l'Ecriture de la Fille du Roy , ne fait entendre dans fon éloge , ni les avantages de la naiſſance , ni preeminences du rang: il ne la louë ni par la majefté de fes traits, ni parla dignité defa perfonne ; il ne luy fait un merite ni de l'éclat de fes richeffes , ni de la magnifi cence defa Cour: il ne la chèrche, il ne la regarde qu'en elle- même, il met toutefa gloire dansfon cœur. Chargé du glorieux , mais GALANT 31 difficile Miniftere de rendre à la Fille d'un Roy un jufte tribut de louange , me fera-t - il permis de chercher hors d'elle- même les titres de fa gloire ? Vousparleray je de la nobleffe de ce Sang illuſtre, qui deHeros en Heros a coulétout pur dans fes veines ? Affembleray - je fur fon tombeau les lauriers que fes Anceftres ont ceüillis en tant d'occafions ? Vous reprefenteray-je la hauteur de tant de Trônes , au milieu defquels elle est née ? Feray-je le dénombrement det Empereurs , des Rois , des Electeurs que fa Maiſon a donnez à l'Europe &qui ont rempli le monde C iiij 32 MERCURE entier du bruit de leur nom? Elle-même m'en défavoüeroit , & elle me défend encore aprés fa mort de la revêtir de ces grandeurs hereditaires , & dont elle s'eft pendant fa vie figenereusement dépouillée ? Cette Princeffe étoit feconde fille de Frederic V. dit le Contant , Electeur Palatin , & élú Royde Boheme , d'Elizabeth Stuart , fille de Facques 1. Roy d'Angleterre. L'Ŏrateur tira le partage de fon Difcours de l'Hiftoire de la Converfion de cette Princeffe. Egalement fuperieure , dit-il , e aux obftacles & aux devoirs , CALANT 33 elle furmonte ces obftacles par la grandeur de fafoy ; elle remplit &furpaffe même fes devoirs , par l'étendue de fa charité. L'herefte continua- t- il au commencement de la premiere partie , qui comme un torrent impetueux , innonda dans le penultiémefiecle toute l'Allemagne & qui foûtenu par les interrefts d'u ne politique mondaine , entraîna prefque malgré eux , tous les plus puiffans Princes de l'Empire , s'étoit fait du Chef de la Marfon Palatine un de fes plus grands Protecteurs. ( C'étoit l'Ayeul de Madame l'Abbeffe de Maubuif- 34 MERCURE fon ) devenue comme hereditaire dans cette augufte Maifon , elle paffa auxPrinces fes defcendans , elle fe vantoit d'avoir en eux fes plus fermes appuis , & de trouver dans leur haute valeur, dans leur faux zele autant que des armes pour pouffer plus loin fes conqueftes. Vous le permites. ainfi, o mon Dieu , pourſuivit Mr d'Alet , non pour détruire, maispour purifier votre Eglife : Vousfiftes de ces Princes , les nobles inftrumens de vôtre Justice : Vous empruntates leurs bras pour châtier Ifrael, y établirparces falutaires effets de vôtre colere pa- GALANT 35 ternelle, la pureté de vôtre culte... Le Duc de Brunſwick & la Republique d'Hollande prefenterent au Baptême le Princeffe Loüife , ces Princes , continua- t- il , quifuivant lafage Inftitution de cette ancienne ceremonie auroient dú répondre à l'Eglife de l'integritéde fa foy , fervirent de caution & d'interpreftes de fon dévouement au Calvinisme. Il parla enfuite de l'éducation que lui donna Sybille de Keller de la Maifon des Ducs de Curlande, qui avoit auffi eu ſoin de celle du Roy de Boheme fon pere. Faifant de la droiture du 36 MERCURE cœur, dit- il , en parlant de cette Dame & de la pureté des moeurs , du mépris de la vanité de l'horreur du menfonge ; de lacompaffion pour les pauvres , de la tendreffe pour les malheu reux ; de la crainte de Dieu & de fon amour , fes plus familieres inftructions , elle verfoit dans cette amo tendre lepoifon de l'erreur avec d'autant plus de facilité , qu'à lafaveurde ces grandes vertus , ils y trouvoientplus d'accés & qu'ils fe prefentoient à elle fous les noms empruntez de verité & de Religion.... Les préjugezde la Princeffe, continua t - il, GALANT 37 pour groffiffoient encore par lapolitique des Miniftres attentifs à les cultiver : découvrant de jour en jour en elle de nouvelles vertus qui meuriffoient avec l'âge , comprenant tout ce qu'ils devoient en attendre l'honneur de la fecte pour leurpropre reputation , ils s'accrediterentde plus en plus auprés d'elle fous la qualité uſurpée d'Envoyez du Seigneur , & couvrant leur fauffe doctrine de la parole de Dieu , pour elle toujours reſpectable , ils n'oublioient rien pour luy en faire une religieufe habitude , toujoursplusforte plus infurmontable que la 38 MERCURE . nature même. Il dit enfuite , que la lecture affiduè de l'Ecriturefainte commença à diffiper fes tenebres , & il oppofa l'utilité de cette lecture au danger inévitable de celle des Romans , & autres Livres profanes. Cet endroit fut délicatement touché , & aprés quelques foli- · des réflexions fur la témerité des Proteftans , qui prétendent être feuls les Juges & les Interpretes de l'Ecriture. Il fit voir le premier moyen dont la Providence fe feroit pourtoucher le cœur de la Princeffe , la conference qu'un Medecin Catho- GALANT 39 lique de la Reine de Boheme eut en preſence de ces deux Princeffes fur le Baptême des enfans , & il dit : Que le Mini tre étant demeuré fans replique , demanda huit jours poury répondre, qu'à la fin de ce terme ayant manqué au rendez- vous s'excufant fur des affaires ; enfin preffé par la Reine , il luy avoia qu'aprés une longue attention & un penible travail , il n'avoit rien trouvédans la Bible de quoy répondre aux objections du Medecin ; que la Princeffe alors âgée de huit ans s'enfouvint toûjours depuis que la grace luy en fit 1 40 MERCUKE tirer dans un ageplus avancé des motifs de converfion. La mauvai fe foy d'un Miniftre , ajoûta ce Prélat , dont dans un âge tendre , elle avoit esté un témoin nonfufpect , vint fortifier fes doutes.... Cesfalutaires doutes , ces heureufes inquiétudes croiffoient encore lorfque lifant dans l'Ecriture les terribles vengeances que Dieu jaloux de l'honneur de fon Culte, exerce contre les Rois qui l'ont abandonné, elle enfaifoit une trifte mais juſte application aux difgraces du Royfon pere. L'Orateur fit en cet endroit un détail des mécontentemens des Etats de GALANT 41 Boheme, qui appellerent à leur fecours l'Electeur Palatin , & le firent leur Roy ; & dit que l'on trouvoit l'éloge de ce ' Prince terminé par cette penLéc. Quel Prince plus digne du trônefi l'herefie ne luy avoitfervi de premier degré pour y monter. Il fit enfuite un détail de la bataille de Prague ( en 1620) que Maximilien , Duc de Baviere , ayeul de l'Electeur de ce nom , gagna fur le Roy de Boheme : Bataille , continuat-il,dontlesfuitesfurentfifuneftes pour ce dernier &fi avantageufespour lepremier , puifque la Janvier 1710. D 42 MERCURE dignité Electorale fut transportée de la branche aînée dans la branche cadete de la Maiſon Palatine de Baviere ; pendant que les Courtisans , continua le Prélat, regardoient ces évenemens commed'injuftes caprices d'une aveuglefortune, la Princeffe yadoroit lesJugemensprofonds d'unefecrette providence, la grace fe me lant à fes réflexions , luy faifoit appercevoir dans ces malheursdomeftiques , les malheurs inévita bles que doivent craindre toft ou tard les protecteurs de l'Herefie. Il parla enfuite des Révolutions d'Angleterre, qui furent GALANT 43 pour la Princeffe un champfecond de falutaires reflexions : >> Ce Schifme fameux ', dit - il , d'un Roy , qui comme un autre Salomon abandonna la Sageffe pourfacrifierauxIdoles d'une bon teufe volupté ( il parloit d'Henry VIII.) & qui pour ferrer de plus prés les liens fcandaleuxqu'- une aveuglepaffion avoitformez, rompit les nœuds facrez qui l'attachoient à l'Eglife. Ce Schifme qui par une malheureufe fecondi. té produifit dans un Royaume autrefois fi fidelle ces monstrueuses Sectes , qui divifées entre ellesmêmes , ont donné prefque de nos Dij 44 MERCURE Į jours le plus horrible fpectacle ( il parloit de la mort tragique du Roy Charles I. oncle maternel de cette Abbeffe ) que tous les crimes enfemble puiffent donner à l'Univers : ce Schifme lafunefte origine des malheurs d'une Royale Maifon dont les plus heroïques vertus unies aux droits du fang n'ont pú la garentir. Cette Princeffe inftruite par des pieces - authentiques, & d'autant moinsfufpectes , parce qu'elle les tenoit des mains même les plus intereffées à les cacher, ne pût voir fans horreur les que nomsfpecieux de pureté &de reforme , qui l'avoient GALANT 45 n abufée , n'avoient efté que le maf que de l'ambition & de l'intereft; le zele qu'une aveugle fureur; lafeparation de l'Eglife , qu'une revolte declarée contre les Puiffances legitimes , E... Aidée, dans lafituation où ces reflexions la mettoient , des confeils de la Princeffe d'Oxeldre , fon illuftre Amie, quefon merite plus quefa naiffance luy avoit justement acquife ; éclairée de Miniftresfideles ( des Preftres Ecoffois ) enfin pleinement convaincuëpar la lecture d'un livre où l'herefie forcée dans fes derniers retranchemens , fe trouve accablée fous le poids 46 MERCURE immenfe de l'éternelle verité(c'eft un Traité écrit en Langue Flamande contre les Miniftres de BofLeduc ) elle fe declara àfes Confi dens : Catholique dans le cœur , il ne manquoit àfaparfaite converfion qu'uneprofeffion publique. Réjouiffez- vous , s'écria le Prelat en cet endroit , Anges du Ciel, la Brebis égarée eft fur les épaules du Pafteur ; la dragme perduë eſt retrouvée ; l'enfantprodigue va revenir dans la maiſon paternelle. Il fit enfuite un éloquent détail des combats interieurs que la Princeffe eut à foûtenir pour manifeſter ſa GALANT 47 1 que creance. Latendreffe paternelle , les préjugez , & les liens l'éducation luy avoit formez dans Lafamilles les hommages les deferences refpectueufes qu'unepuifSante Republique luy rendoient ; la note d'ingratitude qu'elle alloit encourir ; le regret de l'avoir efti mée prendre la place de l'eftime qu'on a eu pour elle; foûtenirfeu · le contre tous une Religionprofcrite décriée, fefaire de tous ceux qu'elle connoiffoit & qu'elle aimoit fes plus implacables ennemis. Quelle tentation ! quelle épreuve ! fondez vous icy, Grands dumonde , s'écria l'éloquent Prelat , 48 MERCURE interrogez vos cœurs nous dites quels efforts il en coûteroit à voftre Foy, fi au préjudice des plus forts des plus anciens engagemens ;ft au préjudice des liaifons les plus tendres ; jîau préjudice de vôtrefortune & de vôtre gloire ; fi au préjudice des plus flatteufes efperances elle avoit à fe declarer.... Une tentation encore plus forte s'éleva , la crainte de déplaire à une Mere Angufte qu'elle aimoit uniquement & dont elle eftoit tendrement aimée , qui faifoitfeule toutefajoye , &dont elle eftoit reciproquement la plus douce confolation ; cette crainte formée GALANT 49 formée par les plus nobles & les plus religieuxfentimens luy deffendoit de fe découvrir : elle fe défia d'elle - même ; elle apprehendoit deftre trahie par fa propre tendreffe ; elle redoutoit des larmes puiffantes; elle craignoit une douleur refpectable & n'ofant s'expofer à un combat trop inégal , elle fermapour lapremierefois defa vie à la Reinefa mere lefanctuaire de fon cœur.... Mais une voix evangelique luycriafans ceffe que quiconque ne haïfſoit pas fon pere & fa mere ne pouvoit eftre Difciple de Jefus Chrift. La Princeffe fe réveilla à cette Janvier 1710. E So MERCURE voix, penetrée de cette importante maxime, fit taire la nature pour n'entendre que la Grace & quoy qu'il en puft coûter à fon cœur , elle s'arracha par une fuite genereufe du fein de la Reine pour Je réunirà l'Eglife. Ce Prelat fit enfuite le détail de la fuite de cette Princeffe , qui déguiféc traverfa toutes les rues de la Haye, & fans aucun fecours ny aucune des précautions que la prudence peut fuggerer en pareille occafion , arriva à Anvers où elle fe jetta dans les Carmelites Angloifes. Le détail de cette fuite fut fuivi de GALANT 51 1 celuy de la defolation où fe trouva la Cour de Boheme , touchant l'éclypfe de la Princeffe , & fur tout aprés qu'on en cut reconnu le motif par un billet trouvéfur la toilette, & où eftoient écrits ces mots: Je paffe en France pour me faire Catholique merendre Religieufe ( paroles courtes , s'écria MrdAlet) mais admirables , dignes d'eftre tranfmifes à la pofteri té dans les Annales de l'Eglife , paroles marquées dufceau de l'Ef prit de Dieu qui les a dictées qui refpirant cette noble fimplicité de l'Evangile qui ne connoift ny E ij 52 MERCURE de déguisement , ny artifice , font un miroirfidelle de la candeur lapureté du cœur de la Princeffe qui les a écrites..... Aprés s'eftre affermie , ajoûta - t - il , de plus enplus fous la conduite d'un Miniftre habile & fidelle ( un Pere Jefuite) quicomme un autre Ananie , luy ouvrit deplus en plus les yeuxfur la verité de nos Myfteres , elle renonça publiquement à l'Herefie , qu'elle avoit depuis long-temps abjurée dansfon cœur. Il parla enfuite de fon exactitude fur les moindres pratiques de la Religion Catholique. Point de doutes inquiets , GALANT 53 dit-il , point de curiofité indifcrette , point d'orgueilleufe fingularité ; respectant jufques dans les moindres Ceremonies l'autorité de l'Eglife , toutluyenparoiftgrand, tout luy en paroift auguste. elleParlant cutduitedu defir qu fe confacrer à Dieu dans la Religion , il rapporta ſon voyage en France , & dit qu'elle fut reçue à Rouen par Edouard Prince Palatin fonfrere. Vous diray-je , s'écria-t - il , quels furent les tranfports de leur mutuelle amitié , qui formée par les plus purs fentimens de la nature empruntoit de nouvelles forces de E ij 54 MERCURE la conformité de Religion ? ( ce Prince ayant abjuré la Religion Proteftante) vousreprefenteray je les tendres mouvemens de fon cœur, lorfquepaffantpar la Royale Abbaye de Maubuiffon , elle embraffa les trois Princeffes fes nieces , Marie-Loüife Princeffe de Salms , AnnePrinceffe de Condé , devant qui Mr d'Alet pare loit , Benedicte de Brunswick, mere de l'Imperatrice & de la Ducheſſe de Modene; &que dans leurs vertus naiffantes elle appergutpar un heureuxpreffentiment , tout ce que l'Europe en devoit attendre , non-feulementpour le bon- GALANT 55 heur des Etats où la Providence les deftinoit mais plus encore pour lagloire & l'édification de l'Eglife. gue Il fit enfuite un éloge court, mais vif , d'Anne de Gonzaleur mere, & belle-four de Me de Maubuiffon. Enfin dit- il , la Princeffe arrivée à la Cour fut prefentée au Roy par Henriette-Marie de France , Reine d'Angleterre , Princeffe plus celebre par lagrandeur defon courage que par la fingularité de fes malheurs. Ce Prince , en parlant du Roy , joignant aux bien-faits l'accueil le plus gratieux , fit conE iiij 56 MERCURE noiftre par ce noble effai defa bondefa liberalité Royale qu'il té feroit deformaisle Protecteur, & lazile des Princes perfecutez pour laJustice, &que malgré la duretédes temps les plus difficiles il leur fourniroit du fonds de fes propres befoins dequoy foutenir avec éclar la majesté des Rois & l'honneur de la Religion. La Prin ceffe fe retira enfuite à la Vifitation de Chaillot auprés de la Reine d'Angleterre fa tante , & aprés y avoir affermifa vocation pendant une année , elle alla fe renfermer àMaubuiffon. Mr d'Alet commença faſe- GALANT 57 conde Partie par une peinture de l'état Monaftique, qui fut vi ve & touchante & qu'il finis par ces paroles : quel prodige de voir une Princeffe de 36. ans qui joignoit à la noble fierté qu'elle avoit puifée dans fon fang, un efprit folide & élevé ; & qui accoûtumée aux douceurs d'une Courflatenfe voyoit l'obeiffance courir au-devant d'elle de la voir , dis-je ,fe plier tout d'un coup àdes obfervancesfi penibles ; courir à fon tour au devant de L'obeïſſance , & oublier ce qu'elle eftoit néepour defcendre à ce qu'il yadeplus bas er de plus humi1 58 MERCURE Veut liant dans la Religion ; en vain une Sage Abbeſſe ( Catherine Angelique d'Orleans ) ménager une foy naiffante & épargnerà un temperament délicar ce que la Religion à de trop auftere ; la Princeffe n'y peut confentir leur charité en cela peu d'accord fe manifefte également dans la Superieure par la prudence & dans la Novice par la ferveur. Il prit à témoin de fa ferveur & de fon exactitude de fon humilité ; & de fes autres vertus Religieufes les Vierges fes compagnes qui luy ont furvécu. рец GALANT 59 Me de Maubuiffon , dit-il , attaquée d'une maladie mortelle & dépofitaire des vœux unanimes de fa Communauté dont tous les regards eftoient fixez fur la Princeffe , écrivit au Roj pour luy reprefenter des vœux fi juftes. Ce Prince , ajoûta-t il , qui dans le choix des Miniftres de l'Eglife a plus d'égard à la grandeur de la vertu qu'à éclat de la naiffance , les trouvant réünis au plus haut degré dans la perfonne de la Princeffe, la nomma à cette a Abbaye choix le bonheur de ce Monaftere ilpropofa àtousceuxdu Royaume affurant par ce noble 60 MERCURL من unmodele duplus fage du plus heureux Gouvernement. L'Orateur , fit enfuite un portrait de la nouvelle Abbeffe dont il oppofa la conduite à celle de quelques autres Abbelfes dont la digniténe fait qu'amollir la vertu ; & aptés les avoir peintes d'aprés le naturel , il s'écria, plut au Cielque ce nefût icy qu'un portrait defantaifie qui ne trouvat point de reffemblance; & ayant encore chargé celuy de la nouvelle Abbeffe de Maubuiffon de nouveaux traits,il le finit ainfi : contente de porter la Croix de Jefus- Chrift, GALANT 61 dans le cœur , elle ne portajamais celle qui eftant dans l'inftitution un fymbole de penitence , eft devenue dans l'opinion des hommes un ornement de dignité : confentant à peine d'eftre la premiere dans le Choeur , elle defcendit de Chaire qui l'élevoit au-deffus des autres pouryplacer l'Image de la Sainte Vierge , ofterpar cette fage conduite à celles qui viendront aprés elle jusqu'à la tentation d'y remonter ; elle effaça elle-mêmefes Armes qu'on avoit peintes à coté d'un Autel , perJonne n'ofant toucher à un monumentfirefpectable ; ce qui don. 62 MERCURE na occafion à l'Orateur de dire , qu'elle fçavoit peindre ; & que dansfes heures de loifir , elle avoit fait un grand nombre de Tableaux dont l'Eglife & fa Maifon font remplies , & qu'elle en avoit donné pluſieurs auxParoiffes , & Communautez voifines. En parlant de fon humilité, il raporta une délicate conceffion qu'elle fit à une autre Abbeſſe , ſur la fimplicité d'une naïve réponfe. Cette Abbeffe voulant venir àMaubuiffon , fit demander à la Princeffe fi elle luy donneroit la droite , Me de GALANT 63 Maubuiffon répondit : depuis que je fuis Religieufe je ne connois ni la droite ni lagauche que pourfairelefigne de la Croix. Un Orateur continua t'il la montrant elle-même dans un portrait fidelle , tout le monde s'y reconnoift , elle feule ne s'y trou ve pas , elle regarde un éloge délicat & détourné comme un innocent moyen pratiqué avec Art pour l'inftruireplus poliment de fes devoirs. Mr d'Alet s'étendit fur les fruits & l'utilité du bon exemple : les hommes, dit il , naturellementportez à l'imitation ne s'ac- 64 MERCURE ! coutument qu'à ce qu'il voyent, &l'obéiffance aux loix penibles rigoureufes par elles - mêmes ne leur devient fuportable & facile qu'autant qu'elles font gardées par ceux mêmes qui les ontfaites. Cela fut precedé d'un détail circonftancié de l'exactitude & de la pureté des mœurs de Me de Maubuiffon ; ce qu'il dit de fa douceur eftoit peint d'aprés le naturel , &il finit cet endroit par ces paroles : cette fage Abbeffe naturellement incapable des foupçons inquiets & des injurieufes défiances qui font plus d'Hypocrites que de Saints GALANT 65 Reg Jaiffoit à fes filles une liberté honnefte qui loin de dégenerer en abus ne fervoit qu'à donner de l'éclat plus de merite à la ferveur. La familiarité avec laquelle elle vivoit avec fes + Religieufes & l'accés qu'elle leur donnoit en tout temps auprés d'elle , fournirent de beaux traits à l'Orateur , mais par quel fecret pensez- vous ajouta t il , qu'elle ait entretenu danscettefainte Maiſon ( Maubuiſſon ) cette auftere regularité qui depuis tant d'années ne s'eft jamais démentie & qui fervant d'exemple aà toutes les CommuJanvier 1710, F 66 MERCURE nautez de fon Ordre , en eft en même temps l'admiration ; cefut parunrare & prudent defintereffe ment une attention particuliere à n'y admettre que des filles d'une vocation éprouvée. Il s'éleva alors contre les maximes de quelques Superieures qui fous le nom tant vanté du bien du Monaftere cachant fouvent une infatiable avarice qui met à prix l'entrée du Sanctuaire , &font un indigne trafic du vœu de pauvreté , & qui jaloufes de fignaler leur Gouvernement par de fuperbes édifices , le font peu de GALANT 67 former des temples vivans au Saint8 Elprit. Le refte fut également fort & foutenu &ce fut undes plus beaux endroits du Difcours. Jamais Traité jamais Convention , ajoutatil , en parlant de Me de Maubuiffon , dans la reception desfujets , elle laiffoit à la difcretion des parens ce que leur tendreffe ou leur charité leur infpiroit & les recevant comme une aumofne elle ne l'exigea jamais comme une dette. Ce qu'elle faifoit pour examiner la vocation des filles fut extraordinaire & éloquemment traité Fij 68 MERCURE & en parlant de fon amour pour les Pauvres , il poursuivic de la forte: dans une année de calamité dont le trifte fouvenir dureroit encore , s'il n'eftoit étouf fé fous lepoids d'une calamitéprefente , plus longue & plus rigoureufe, Mde Maubuiffonfe trou vaaffiegée parune infinité de malheureuxque lafaim, lanudité,les maladies , plus encore la répu tation de ce charitableMonafterey attiroientde toutes parts ; lesfonds prefque épuifez, &fa Communauté prête à tomber dans l'indigence qu'elle avoit voulu faire éviter aux autres , elle voit croî- GALANT 69 tre toutd'un coup les reffources & cette providence aux promeffes de qui elle avoit eftéfidelle foutenir fa Communautéallarméefans que les paurores ceffaffent d'eftre fecourus , ce qui donna lieu à M d'Alet de s'élever avec force contre les riches avares qui fe refuſent aux befoins connus • d'une mifere prefente pour prévenir les befoins incertains d'une mifere à venir. Cet endroit fur fort applaudi , & à l'occafion des vœux que M de Maubuiffon faifoit con. tinuellement pour l'extirpation de l'Herefie , & la part 70 MERCURE qu'elle prenoit aux malheurs de ceux qui errent dans la foy, l'Orateur dit qu'elle redoubloit chaque jour fes prieres & fes vœux pour la Perfonne Sacrée du Roy. L'Herefie vaincuë par fes bontez & profcrite parfapuiffance , les Nouveautez confonduës ; la Veritéprotegée , la Pieté en honneur ; la Religion affife avecluy fur le Trône ; ces merveilles toujours prefentes àſon efprit , luy faifoient compter les triomphes de la Foy par les jours de Louis le Grand, e fa charité en cela d'accordavec fa reconnoif fance , luyfaifoit un devoirpar- GALANT 71 ticulier & perfonnel d'implorer fans ceffe de nouvelles Benedictionsfurfon regne & de demander à Dieu la confervation d'un Prince fi cher à fes fujets , & fi neceffaire à l'Eglife. A des vœux fi legitimes &fi faints , continua l'eloquent Prelat , fe joignoit un zele ardent pour les Princes de l'Augufte Maifon Pa latine. Zele qui formépar la tendreffe & la charité unies enfemble, avoit moins pour objet leurs profperitez temporelles , que leur fanctification. Zele glorieufement récompenfe parla converfion d'une grande Princeffe ( Mr l'Evê 72 MERCURE que d'Alet parloit en cet endroit de S. A. R. Madame ) qui dans la place la plus proche du premier Trône du monde , ne s'y fait pas moins aimer parfes rares bontez, qu'elle y eft admirée par le brillant éclat de fes heroiques vertus. Cet endroit fut extrê mement applaudi , & il convenoit d'autant plus de louer ces deux Princeffes , que Madame & M la Princeffe qui eftoir prefente à la Ceremonie , font toutes deux niéces de feuë M de Maubuiffon , & filles de fes deux freres , feu M' l'Electeur Palatin & le feu Prince Edouard. GALANT 73 douard. Ce Prelat finit par un Compliment qu'il fit à M˚ la Princeffe ; par des éloges de la Maifon de Condé , & par un détail de la mort de cette illuftre Abbeffe à laquelleelle s'étoit preparée pendant une maladie de fept ans
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Résumé : Extrait de l'Oraison Funebre de Madame de Maubuisson, non pas de la maniere ordinaire, mais dont la lecture ne doit pas moins attacher & faire de plaisir que feroit celle de l'Histoire la plus curieuse. [titre d'après la table]
L'oraison funèbre pour Louise Hollandine, princesse palatine et dernière abbesse de l'abbaye de Maubuisson, se distingue par son accent sur les faits plutôt que sur l'éloquence. Prononcée par l'abbé Maboul, grand vicaire de Poitiers et nommé à l'évêché d'Alet, cette oraison relate la vie de Louise Hollandine, marquée par des événements remarquables et une conversion religieuse significative. Louise Hollandine était la seconde fille de Frédéric V, électeur palatin et roi de Bohême, et d'Élisabeth Stuart, fille de Jacques Ier, roi d'Angleterre. Son éducation rigoureuse l'avait formée aux valeurs de droiture, de pureté et de compassion. La princesse avait été influencée par des lectures assidues des Écritures saintes et par des ministres, ce qui avait conduit à sa conversion au catholicisme. Cette conversion fut le résultat de réflexions profondes et de rencontres, notamment avec un médecin catholique, et elle dut surmonter des obstacles intérieurs et sociaux pour manifester sa foi. Après sa conversion, Louise Hollandine quitta la Cour de Bohême pour se rendre en France. Elle fut influencée par un ministre jésuite et renonça publiquement à l'hérésie protestante. En France, elle fut reçue à Rouen par son frère, le prince Édouard Palatin, également converti au catholicisme. Elle exprima son désir de se consacrer à Dieu et fut présentée au roi de France par Henriette-Marie de France, reine d'Angleterre. Le roi promit de protéger les princes persécutés pour la justice et la religion. Louise Hollandine se retira ensuite à la Visitation de Chaillot auprès de sa tante, la reine d'Angleterre, avant de s'installer à l'abbaye de Maubuisson. Elle y affirma sa vocation pendant une année avant de devenir abbesse. Malgré son rang noble, elle s'adapta aux observances monastiques avec humilité et ferveur. L'orateur loua sa sagesse, son humilité, son exactitude et sa charité envers les pauvres. Elle maintint une austère régularité dans l'abbaye, formant des 'temples vivants au Saint-Esprit'. Louise Hollandine priait continuellement pour l'extirpation de l'hérésie et la protection de la foi. Son zèle se manifesta également par ses prières pour la famille palatine et pour la conversion de la princesse Madame. La princesse s'était préparée à sa mort pendant une maladie qui avait duré sept ans. L'oraison funèbre se conclut par des éloges à la princesse présente lors de la cérémonie.
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1894
p. 73-77
Mr Dom Joseph Antonio de Amezaga, est fait Chevalier d'Alcantara, dans le grand Convent des Augustins. [titre d'après la table]
Début :
L'Article qui suit doit vous paroistre curieux, le 20. Novembre [...]
Mots clefs :
Joseph Antonio de Amezaga, Espagne, Chevalier de l'Ordre d'Alcantara, Église
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texteReconnaissance textuelle : Mr Dom Joseph Antonio de Amezaga, est fait Chevalier d'Alcantara, dans le grand Convent des Augustins. [titre d'après la table]
L'Article qui fuit doit vous
paroiftre curieux , le 20. Novembre1709. M DomJoſeph
Antonio de Amezaga , natif
de la Ville de Bilbao , dans la
Seigneuriede Bifcaye , fe trouvant enFrance , & ne pouvant
aller en Espagne , fut fait par
difpenfe Chevalier de l'Ordre
Fanvier 1710.
G
74 MERCURE
d'Alcantara en vertu de deux
Patentes du Roy Catholique
Philippe V. comme Adminiftrateur perpetuel Apoftoliquedes trois Ordres Militaires,
Saint Jacques , Calatrava , &
Alcantara , par lefquelles Sa
Majefté Catholique donne
plein pouvoir & permiffion à
tous Commandeurs où Chevaliers Profés d'Alcantara ou
de Saint Jacques , s'il s'en trouve à Paris ou ailleurs , de le faire
& armer en fon nom & par
fonautorité Chevalier de l'Ordre d'Alcantara ; pareille permiffion & pouvoir cftant ac-
GALANT 75
cordé au Prieur des grands Auguſtins de luy en donner l'Habit & la Marque auffi en fon
nom , & par fon authorité ,
avec toutes les folemnirez accoûtumées , la Ceremonie fut
faite dans l'Eglife des grands
Auguftins , où Mr Dom Jofeph Franciſco de Cañas , Chevalier Profés de l'Ordre de S.
Jacques , accompagné du R.
P. Raft , Docteur de Sorbonne , & Prieur deſdits Religieux,
de Mrs Dom Juan de Goyneche, & Dom Piedro de Zuniga ,
Chevaliers de S. Jacques ;
de Dom Jofeph de Amezaga
G ij
76 MERCURE
& de Mr le Maequis de Saint
André, Chevaliers de Calatrava, & de Mr le Comte deCaf
telblanco , Chevalier d'Alcantara , revêtus de leurs grands
Manteaux blancs de l'Ordre ,
fit & arma Chevalier d'Alcantara ledit Afpirant Dom Jofeph Antonio de Amezaga ,
fuivant les Statuts & Regle
mens de l'Ordre , aprés qu'il
eut fait tous les fermens qui fe
pratiquent en pareille occafion ; le tout en prefence de
tous les Religieux affemblez
dans leur Eglife à cet effet.
Aprés cette Ceremonie Mrs
*
GALANT 77
*
,
&
DomJofephdeAmezaga, Dom
Juan de Goyneche & le Comte de Caftelblanco attacherent
les Eperons à l'Afpirant , &
Mr Dom Joſeph Franciſco de
Cañas luy mit l'Epée au cofté ,
enfuite de quoy le P. Raft
Docteur de Sorbonne
Prieur des grands Auguftins ,
luy donna l'Habit & la Marque de l'Ordre , en faifant les
Benedictions & les Oraifons
accoûtumées, &ainfi Mr Dona
Jofeph Antoine de Amezaga
fut fait & armé Chevalier
d'Alcantara
paroiftre curieux , le 20. Novembre1709. M DomJoſeph
Antonio de Amezaga , natif
de la Ville de Bilbao , dans la
Seigneuriede Bifcaye , fe trouvant enFrance , & ne pouvant
aller en Espagne , fut fait par
difpenfe Chevalier de l'Ordre
Fanvier 1710.
G
74 MERCURE
d'Alcantara en vertu de deux
Patentes du Roy Catholique
Philippe V. comme Adminiftrateur perpetuel Apoftoliquedes trois Ordres Militaires,
Saint Jacques , Calatrava , &
Alcantara , par lefquelles Sa
Majefté Catholique donne
plein pouvoir & permiffion à
tous Commandeurs où Chevaliers Profés d'Alcantara ou
de Saint Jacques , s'il s'en trouve à Paris ou ailleurs , de le faire
& armer en fon nom & par
fonautorité Chevalier de l'Ordre d'Alcantara ; pareille permiffion & pouvoir cftant ac-
GALANT 75
cordé au Prieur des grands Auguſtins de luy en donner l'Habit & la Marque auffi en fon
nom , & par fon authorité ,
avec toutes les folemnirez accoûtumées , la Ceremonie fut
faite dans l'Eglife des grands
Auguftins , où Mr Dom Jofeph Franciſco de Cañas , Chevalier Profés de l'Ordre de S.
Jacques , accompagné du R.
P. Raft , Docteur de Sorbonne , & Prieur deſdits Religieux,
de Mrs Dom Juan de Goyneche, & Dom Piedro de Zuniga ,
Chevaliers de S. Jacques ;
de Dom Jofeph de Amezaga
G ij
76 MERCURE
& de Mr le Maequis de Saint
André, Chevaliers de Calatrava, & de Mr le Comte deCaf
telblanco , Chevalier d'Alcantara , revêtus de leurs grands
Manteaux blancs de l'Ordre ,
fit & arma Chevalier d'Alcantara ledit Afpirant Dom Jofeph Antonio de Amezaga ,
fuivant les Statuts & Regle
mens de l'Ordre , aprés qu'il
eut fait tous les fermens qui fe
pratiquent en pareille occafion ; le tout en prefence de
tous les Religieux affemblez
dans leur Eglife à cet effet.
Aprés cette Ceremonie Mrs
*
GALANT 77
*
,
&
DomJofephdeAmezaga, Dom
Juan de Goyneche & le Comte de Caftelblanco attacherent
les Eperons à l'Afpirant , &
Mr Dom Joſeph Franciſco de
Cañas luy mit l'Epée au cofté ,
enfuite de quoy le P. Raft
Docteur de Sorbonne
Prieur des grands Auguftins ,
luy donna l'Habit & la Marque de l'Ordre , en faifant les
Benedictions & les Oraifons
accoûtumées, &ainfi Mr Dona
Jofeph Antoine de Amezaga
fut fait & armé Chevalier
d'Alcantara
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Résumé : Mr Dom Joseph Antonio de Amezaga, est fait Chevalier d'Alcantara, dans le grand Convent des Augustins. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'investiture de Dom Joseph Antonio de Amezaga comme Chevalier de l'Ordre d'Alcantara, le 20 novembre 1709. Né à Bilbao, Amezaga résidait en France et ne pouvait se rendre en Espagne. Il fut nommé Chevalier par dispense en janvier 1710, grâce à deux patentes du roi Philippe V d'Espagne, lui conférant le pouvoir d'administrer les Ordres Militaires de Saint Jacques, Calatrava et Alcantara. La cérémonie eut lieu dans l'église des Grands Augustins à Paris. Dom Joseph Francisco de Cañas, Chevalier Profès de l'Ordre de Saint Jacques, présida l'événement, accompagné de plusieurs autres Chevaliers. Après les serments requis, Amezaga fut fait et armé Chevalier d'Alcantara. Les Éperons lui furent attachés par Dom Joseph de Amezaga, Dom Juan de Goyneche et le Comte de Castelblanco, tandis que l'Épée lui fut remise par Dom Joseph Francisco de Cañas. Le Père Rast, Docteur de Sorbonne et Prieur des Grands Augustins, lui remit l'Habit et la Marque de l'Ordre, accompagnés des bénédictions et prières habituelles.
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1895
p. 77-81
Portrait d'un honneste homme. [titre d'après la table]
Début :
Je vous envoye le Portrait d'un parfaitement honneste-homme [...]
Mots clefs :
Portrait, Honnête homme, Salut, Vertus héroïques, Énigme, Deviner
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texteReconnaissance textuelle : Portrait d'un honneste homme. [titre d'après la table]
Je vous envoye le Portrait
Giij
78 MERCURE
d'un parfaitement honneftehomme; & quoy qu'il puiffe
eſtre appliqué à beaucoup de
perfonnes , on prétend néanmoins qu'il a efté fait d'aprés
nature. Je ne vous en nomme
point l'Original , & vous l'envoye feulement comme une
Enigme à deviner pour avoir
le plaifir de voir fi dans les
noms que l'on m'enverra ,
l'Original fe trouvera. Ce fera
faire honneur à ceux que l'on
nommera , & quand ce portrait n'auroit pas efté fait d'aprés eux, ce fera une marque
qu'ils luy reffembleront beaucoup.
1
GALANT 79
toutes les digni
Préfererfon falut à toutes les
Couronnes &
tezdu monde ; aimerla verité es
dérefter toutce qui aproche de l'erreur; fe déclarer ennemy de l'impieté de l'hypocrifie & du
menfonge ; avoirpour guide dans
fes actions , la Foy, l'Esperance,
la Charité; adorer avec humilité les œuvres de Dieu que
l'efprit humain ne peut comprendre; porter à l'Agneau fans tache immolé fur l'Autel des vœux
finceres , des penfees pures &
des affections Spirituelles ; renoncer àfes defirs , & à fes inclinations ; trouver dans laparfaite
a
G iiij
80 MERCURE
es
foumiffion aux ordres de Dieu ,
une paix veritable une
folide confolation ; méprifer les
faux plaifirs du fiecle & goûter
paravance lesdouceurs dufouverain bien avant que d'en avoir
la poffeffion ; mettre fes délices
dans la priere , dans le recüeillement dans la retraite ; rendre
fa vie conforme à fa créance ;
fuir la moindre aparence du mal
purifier fes fautes par une
fevere penitence ; eftre humble
fans baffeffe fimplefans fuperfti
tion , exact fans fcrupule &fublimefans prefomption ; conduire
fa langue avecprudence ; obferver
GALANT 8r
la Loy du Seigneur dans toute
fan étendue ; fe retrancher de fon
• neceffaire pour fecourirles Pauvres dans leurs preffans befoins ;
pardonnerà fes ennemis rendre
le bien pour le mal; fe nourrir du
paindes Anges pourfe fortifier
fe difpofer au voyage de l'éternité; attendre avec vigilance
avec joye la diffolution de fon
corpspourfe réunirà Dieu ; gémir
comme étranger fur la terre' ;
foupireraprés le celefte patrie ; &
acquerirpardes vertus Heroïques
les récompenfes éternelles. C'eft
remplir les devoirs de l'honnefte
homme, &du veritable Cheftien
Giij
78 MERCURE
d'un parfaitement honneftehomme; & quoy qu'il puiffe
eſtre appliqué à beaucoup de
perfonnes , on prétend néanmoins qu'il a efté fait d'aprés
nature. Je ne vous en nomme
point l'Original , & vous l'envoye feulement comme une
Enigme à deviner pour avoir
le plaifir de voir fi dans les
noms que l'on m'enverra ,
l'Original fe trouvera. Ce fera
faire honneur à ceux que l'on
nommera , & quand ce portrait n'auroit pas efté fait d'aprés eux, ce fera une marque
qu'ils luy reffembleront beaucoup.
1
GALANT 79
toutes les digni
Préfererfon falut à toutes les
Couronnes &
tezdu monde ; aimerla verité es
dérefter toutce qui aproche de l'erreur; fe déclarer ennemy de l'impieté de l'hypocrifie & du
menfonge ; avoirpour guide dans
fes actions , la Foy, l'Esperance,
la Charité; adorer avec humilité les œuvres de Dieu que
l'efprit humain ne peut comprendre; porter à l'Agneau fans tache immolé fur l'Autel des vœux
finceres , des penfees pures &
des affections Spirituelles ; renoncer àfes defirs , & à fes inclinations ; trouver dans laparfaite
a
G iiij
80 MERCURE
es
foumiffion aux ordres de Dieu ,
une paix veritable une
folide confolation ; méprifer les
faux plaifirs du fiecle & goûter
paravance lesdouceurs dufouverain bien avant que d'en avoir
la poffeffion ; mettre fes délices
dans la priere , dans le recüeillement dans la retraite ; rendre
fa vie conforme à fa créance ;
fuir la moindre aparence du mal
purifier fes fautes par une
fevere penitence ; eftre humble
fans baffeffe fimplefans fuperfti
tion , exact fans fcrupule &fublimefans prefomption ; conduire
fa langue avecprudence ; obferver
GALANT 8r
la Loy du Seigneur dans toute
fan étendue ; fe retrancher de fon
• neceffaire pour fecourirles Pauvres dans leurs preffans befoins ;
pardonnerà fes ennemis rendre
le bien pour le mal; fe nourrir du
paindes Anges pourfe fortifier
fe difpofer au voyage de l'éternité; attendre avec vigilance
avec joye la diffolution de fon
corpspourfe réunirà Dieu ; gémir
comme étranger fur la terre' ;
foupireraprés le celefte patrie ; &
acquerirpardes vertus Heroïques
les récompenfes éternelles. C'eft
remplir les devoirs de l'honnefte
homme, &du veritable Cheftien
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Résumé : Portrait d'un honneste homme. [titre d'après la table]
Le texte décrit un homme parfaitement honnête, inspiré par un modèle spécifique dont l'identité reste secrète. Cet homme privilégie la galanterie aux dignités mondaines, aime la vérité et s'oppose à l'impiété, à l'hypocrisie et au mensonge. Ses actions sont guidées par la foi, l'espérance et la charité. Il adore les œuvres de Dieu avec humilité, renonce à ses désirs et trouve la paix dans la soumission à Dieu. Il méprise les plaisirs mondains et se délecte des douceurs du souverain bien. Sa vie est conforme à sa foi, et il évite toute apparence de mal, purifiant ses fautes par une sévère pénitence. Humble sans bassesse, simple sans superstition, exact sans scrupule et sublime sans présomption, il conduit sa langue avec prudence et observe la loi du Seigneur. Il se prive de son nécessaire pour secourir les pauvres, pardonne à ses ennemis et rend le bien pour le mal. Il se nourrit du pain des anges pour se fortifier en vue de l'éternité, attendant avec vigilance et joie la dissolution de son corps pour se réunir à Dieu. Il gémit comme un étranger sur la terre et soupire après la patrie céleste, acquérant par des vertus héroïques des récompenses éternelles. Ce portrait illustre les devoirs de l'homme honnête et du véritable chrétien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1896
p. 82-89
Autre Portrait aussi d'un honneste homme; mais en Vers. [titre d'après la table]
Début :
Voicy un autre Portrait fait par Mr le Chevalier de Vertron, / Heureux, qui n'a point de desirs ! [...]
Mots clefs :
Portrait, Ressembler, Heureux, Bonne foi, Sage, Bien vivre
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texteReconnaissance textuelle : Autre Portrait aussi d'un honneste homme; mais en Vers. [titre d'après la table]
Voicyun autre Portrait fait
par Mr le Chevalier de Verdont on pourra auſſi tron ,
envoyer les noms de ceux que
l'on croira reffembler à ce portrait.
Heureux, quin'apoint dedefirs !
Heureux , quife fait violence !
Quifeprive de fes plaifirs ,
Etfe plaift dans la dépendance!
Heureux l'homme de bonnefoy,
Simple , fage , plein d'innocence ,
Qui toûjours fevere pourfoy ,
Pourfonprochain eft rempli de clemence!
GALANT 83
Heureux , qui cherit lefilence ,
Qui neparle qu'utilement ,
Et fe repofe uniquement
Sur la divine Providence
Heureux , qui connoiffantfon extrême indigence ,
L'expofe auCiel inceffamment ;
Et qui defonDieu feulement
Attend toutefon affiftance !
Heureux , qui n'a rien d'affecté !
Heureux l'homme fans olonté;
Et qui tout vuide de luy- même,
84 MERCURE
Eft tout plein du
qu'il aime !
vray Dien
Heureux qui penetré des befoins
du Prochain ,
Lui partagefon cœur , fon efprit ,
&fon pain!
Heureuxceluy qui l'édifie !
Heureux celuy qu'on humilie ,
Et quifçait profiter de fes abaiffemens !
52
Heureux , qui n'ajamais de vertus chimeriques ;
Etquicherit fes domestiques ,
Comme s'ils eftoient fes enfans !
ALANT
: 85
Heureux, qui ne va point pardes
routes obliques !
Heureux , plus heureux qu'on
ne croit ,
Qui marche conftamment dans le
chemin étroit !
Heureuxquiparfesfoins ,parfon
œconomie
Scaitamafferpour l'autre vie ;
Et ménager fi bien fes precieux
momens
Qu'il n'en perd pas un feul en
vains amuſemens !
Heureux, qui fe voitfans attache i
86 MERCURE
Quife faitpetit , quifecache ;
Et qui ne fuit jamais fes propres
mouvemens !
Heureux qui fur la Grace uniquement e fonde;
Qui fçait, & ne croit rien fçavoir ;
Qui peut, &qui n'a du pouvoir,
Quepour obliger tout le monde.
Heureux celuy qui du Sauveur
S'efforce d'eftre la copie !
Heureux celuy de qui le cœur.
Goûte la parole de vie !
GALANT 87
Heureux qui fçait aimer , craindre, croire , efperer
Commeledoit un vray Fidelle !
Heureuxqui fçait perfeverer ,
Etfoumettre à l'efprit une chair
firebelle !
Heureux l'homme nouveau , qui
fouvent dansfoncœur
Trouve une utile , douce &fainte
folitude:
Et qui fait toute fon étude
De la Croix de fon Redempteur!
Heureux le Grand fans tyrannie!
88 MERCURE
Heureuxle Petitfans euvie!
Heureux l'Homme toujours égal',
Qui ne penfe d'autruy , ny ne dit
aucun mal!
強
Heureuxqui gemit&quiprie
Pour le prochain comme pour
Joy;
Et qui fent pour le vice une horreur infinie !
Heureux qui fefait une loy
Defondevoir, qu'il aime & qu'il
veut toûjours fuivre !
Heureux quifouffre tout, & në
faitrienfouffrir!
ITALANT 8)
Heureux , celuy qui fait bien
vivre !
C'est le moyen de bien mourir!
par Mr le Chevalier de Verdont on pourra auſſi tron ,
envoyer les noms de ceux que
l'on croira reffembler à ce portrait.
Heureux, quin'apoint dedefirs !
Heureux , quife fait violence !
Quifeprive de fes plaifirs ,
Etfe plaift dans la dépendance!
Heureux l'homme de bonnefoy,
Simple , fage , plein d'innocence ,
Qui toûjours fevere pourfoy ,
Pourfonprochain eft rempli de clemence!
GALANT 83
Heureux , qui cherit lefilence ,
Qui neparle qu'utilement ,
Et fe repofe uniquement
Sur la divine Providence
Heureux , qui connoiffantfon extrême indigence ,
L'expofe auCiel inceffamment ;
Et qui defonDieu feulement
Attend toutefon affiftance !
Heureux , qui n'a rien d'affecté !
Heureux l'homme fans olonté;
Et qui tout vuide de luy- même,
84 MERCURE
Eft tout plein du
qu'il aime !
vray Dien
Heureux qui penetré des befoins
du Prochain ,
Lui partagefon cœur , fon efprit ,
&fon pain!
Heureuxceluy qui l'édifie !
Heureux celuy qu'on humilie ,
Et quifçait profiter de fes abaiffemens !
52
Heureux , qui n'ajamais de vertus chimeriques ;
Etquicherit fes domestiques ,
Comme s'ils eftoient fes enfans !
ALANT
: 85
Heureux, qui ne va point pardes
routes obliques !
Heureux , plus heureux qu'on
ne croit ,
Qui marche conftamment dans le
chemin étroit !
Heureuxquiparfesfoins ,parfon
œconomie
Scaitamafferpour l'autre vie ;
Et ménager fi bien fes precieux
momens
Qu'il n'en perd pas un feul en
vains amuſemens !
Heureux, qui fe voitfans attache i
86 MERCURE
Quife faitpetit , quifecache ;
Et qui ne fuit jamais fes propres
mouvemens !
Heureux qui fur la Grace uniquement e fonde;
Qui fçait, & ne croit rien fçavoir ;
Qui peut, &qui n'a du pouvoir,
Quepour obliger tout le monde.
Heureux celuy qui du Sauveur
S'efforce d'eftre la copie !
Heureux celuy de qui le cœur.
Goûte la parole de vie !
GALANT 87
Heureux qui fçait aimer , craindre, croire , efperer
Commeledoit un vray Fidelle !
Heureuxqui fçait perfeverer ,
Etfoumettre à l'efprit une chair
firebelle !
Heureux l'homme nouveau , qui
fouvent dansfoncœur
Trouve une utile , douce &fainte
folitude:
Et qui fait toute fon étude
De la Croix de fon Redempteur!
Heureux le Grand fans tyrannie!
88 MERCURE
Heureuxle Petitfans euvie!
Heureux l'Homme toujours égal',
Qui ne penfe d'autruy , ny ne dit
aucun mal!
強
Heureuxqui gemit&quiprie
Pour le prochain comme pour
Joy;
Et qui fent pour le vice une horreur infinie !
Heureux qui fefait une loy
Defondevoir, qu'il aime & qu'il
veut toûjours fuivre !
Heureux quifouffre tout, & në
faitrienfouffrir!
ITALANT 8)
Heureux , celuy qui fait bien
vivre !
C'est le moyen de bien mourir!
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Résumé : Autre Portrait aussi d'un honneste homme; mais en Vers. [titre d'après la table]
Le texte décrit les qualités idéales d'un homme heureux et vertueux. Cet individu maîtrise ses désirs, fait preuve de simplicité, de sagesse et d'innocence, et est rempli de clémence. Il est silencieux, parle utilement et se repose sur la divine Providence. Il connaît sa pauvreté, prie Dieu inlassablement et attend de Lui toute assistance. Humble et sans orgueil, il est plein de l'amour du vrai Dieu. Il partage son cœur, son esprit et son pain avec autrui, édifie les autres et profite de ses abaissements. Il ne possède pas de vertus chimériques, aime ses domestiques comme ses enfants et ne suit pas des routes obliques. Il marche constamment dans le chemin étroit, économise ses moments précieux pour l'au-delà et évite les vains amusements. Détaché, il se fait petit, cache ses propres mouvements et se fonde uniquement sur la grâce. Il sait aimer, craindre, croire et espérer comme un vrai fidèle, persévère et soumet l'esprit à une chair sobre. Il est grand sans tyrannie, petit sans envie, toujours égal, ne pense ni ne dit de mal d'autrui, gémit et prie pour le prochain, et ressent une horreur infinie pour le vice. Il souffre tout et ne fait souffrir personne, et vit bien pour bien mourir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1897
p. 89-97
Premier Article de Marine. [titre d'après la table]
Début :
Je passe aux Articles de Marine, que d'autres vous ont déja [...]
Mots clefs :
Vaisseau, Marine, Tonneaux, Canons, Equipage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premier Article de Marine. [titre d'après la table]
Je paffe aux Articles de Marine , qued'autres vous ont déja appris ; mais avec moins de
détail que ce que vous allez
lire.
Le Vaiffeau le Saint Louis
appartenant à Mrs de la Compagnie Royale des Indes
Orientalles , eft arrivé au Port
Louis venant de Pondichery
d'où il eftoit party le
Fevrier 1768. commandé par
Mr de Boiffieux , Lieutenant
17.
Fanvier 1710.
+ H
90 MERCURE
& d'autres
de Vaiffeau de Roy. Il a aporté
plus de 5oo. ballots de poivre,
dindigo , de cannes , de benjouin , de muc
marchandiſes precieuſes qu'il
avoit chargées à Pondichery ,
à Bengale , & à la Côte de
Coromandel. Il a paffé aux
Indes par le Cap de Horne
c'eſt une Navigation qui n'avoit point encore eſté entrepriſe.
La Fregate la Rufée commandée par M' Simon Taillefier , & la Trompeuſe par M
Jean Bachelier , de quatre
canons chacune , font rentrées
GALANT 91
·
3
à Calais avec plufieurs ballots
de Pelleteries , & de cuir de
Rouffi , pris fur une Flufte
Hollandoife de soo. tonneaux nommée le Corbeau de
Roterdam , qu'ils avoient enlevée venant de Mofcovie
quoyque fon équipage fut
fortifié de trente foldats qui y
avoient efté mis par le Gouverneur d'Yarmouth avec un
Officier pour la conduire
Londres. Ces deux Corfaires
en amenant cette prife ont
cû le malheur de rencontrer
à la veüe de Calais deux Vaiffeaux de Guerre Anglois de
Hij
92 MERCURE
60. & de 26. canons qui les
ont obligez de l'abandonner :
elle eftoit chargée de 300.
tonneaux de bled , de Pelleteries , de chanvres , & de cuir
de Rouffi.
Le Capitaine Jean l'Eguillon , commandant la Barque
longue la Prompte a amené à
Calais deux rançons l'une de
4000. livres en argent , & une
45. livres fterlin en billets.
Le Vaiffeau du Roy le Sor
lingue , armé en courſe a amené à Saint Malo le Vaiffeau
la Marie de Londres , de 200.
tonneaux chargé de 300.
SCALANT 93
boucauts de fucre , vingt- fix
barils d'Indigo , & de douze
de tefte de clouds de geroffle ,
venant de Montfarra , eftimé
foixante mille livres . La Couronne , autre Corfaire a amené
auffià Saint Malo deux prifes ,
l'unc nommée le Richard Henry de Plimouth , venant de la
Virginie chargée de 350.
boucauts de tabac , l'autre
nommée la Prudence , venant
de la Caroline chargée de
bray de ris & de goudron.
Le Vaiffeau du Roy le Tigre,
arrivé en courfe s'eft battu
contre un Corfaire de Fleffin-
94 MERCURE
gue , de 32. pieces de canon.
Ce Vaiffeau eftoit en compagnie de deux autres qui forcerent de Voille pour avoir part
àl'action mais cepremierCorfaire eftoit déja fi incommodé
qu'il fut obligé de mettre à
la bande & de tirer plufieurs
coups de canon d'affiſtance ;
enforte que fes camarades arriverent fur luy pour le fecourir ; mais inutilement puifqu'on a appris qu'il a coulé
bas. Les Corfaires Fleffingois
ont efté malheureux pendant
le cours de l'année derniere
M' Saus , commandant les
GALANT 95
Vaiffeaux du Roy l'Augufte ,
& le Blakwal , en ayant pris
encore nouvellement , deux
l'un nommé la Dianne , de
36. canons , tout neuf tresbeau & d'un pont avec deux
gaillards. Il avoit 300. hommes d'équipage & il avoit
mieux aimé s'échouer fur la
cofte de Nieuport que de fe
鲞
l'autre eſt laiffer prendre
le Faucon , de 28. canons &
de 200. hommes d'équipage ;
le premier a efté relevé de la
colte ; & ces deux Vaiffeaux
ont eſté amenez à Dunkerque.
M'
Vandebruce comman
96 MERCURE
une
dant un petit Corſaire de Calais de fix canons , a pris u
Flutte Hollandoife , chargée
de mats ; & de graine de lin
venant de Riga eftimée 70000.
livres.
Un autre Corfaire a amené
à Dunkerque , une prife venant de Lille de Fayal , chargée
de 300. caiffes de fucre , chaque caiffe pefant douze mille
livres eftimée cent mille francs.
La Fregatte la Victoire ,
conduit au Havre , une prife
ftimée cent mille livres ; elle
eft chargée d'eftain , de cacao ,
de draps , de harangs , &
a
d'autres
GALANT 97
d'autres Marchandiſes.
M Blanque commandant
la Fregatte du Roy le Zephire,
prit le trois Decembre entre
Qüellant &
Sorlingue un Brigantin de 40. tonneaux venant
de Bafton , chargé de molüe
verte & feche , d'huille de
baleine , &de Pelleteries.
Le 22. du même mois eftant
fur le Cap Lezard il prit auffi
un Navire Anglois de 250.
tonneaux venant de la Virginie chargé de 532. boucauts
de tabac cftimé 85. mille
livres
détail que ce que vous allez
lire.
Le Vaiffeau le Saint Louis
appartenant à Mrs de la Compagnie Royale des Indes
Orientalles , eft arrivé au Port
Louis venant de Pondichery
d'où il eftoit party le
Fevrier 1768. commandé par
Mr de Boiffieux , Lieutenant
17.
Fanvier 1710.
+ H
90 MERCURE
& d'autres
de Vaiffeau de Roy. Il a aporté
plus de 5oo. ballots de poivre,
dindigo , de cannes , de benjouin , de muc
marchandiſes precieuſes qu'il
avoit chargées à Pondichery ,
à Bengale , & à la Côte de
Coromandel. Il a paffé aux
Indes par le Cap de Horne
c'eſt une Navigation qui n'avoit point encore eſté entrepriſe.
La Fregate la Rufée commandée par M' Simon Taillefier , & la Trompeuſe par M
Jean Bachelier , de quatre
canons chacune , font rentrées
GALANT 91
·
3
à Calais avec plufieurs ballots
de Pelleteries , & de cuir de
Rouffi , pris fur une Flufte
Hollandoife de soo. tonneaux nommée le Corbeau de
Roterdam , qu'ils avoient enlevée venant de Mofcovie
quoyque fon équipage fut
fortifié de trente foldats qui y
avoient efté mis par le Gouverneur d'Yarmouth avec un
Officier pour la conduire
Londres. Ces deux Corfaires
en amenant cette prife ont
cû le malheur de rencontrer
à la veüe de Calais deux Vaiffeaux de Guerre Anglois de
Hij
92 MERCURE
60. & de 26. canons qui les
ont obligez de l'abandonner :
elle eftoit chargée de 300.
tonneaux de bled , de Pelleteries , de chanvres , & de cuir
de Rouffi.
Le Capitaine Jean l'Eguillon , commandant la Barque
longue la Prompte a amené à
Calais deux rançons l'une de
4000. livres en argent , & une
45. livres fterlin en billets.
Le Vaiffeau du Roy le Sor
lingue , armé en courſe a amené à Saint Malo le Vaiffeau
la Marie de Londres , de 200.
tonneaux chargé de 300.
SCALANT 93
boucauts de fucre , vingt- fix
barils d'Indigo , & de douze
de tefte de clouds de geroffle ,
venant de Montfarra , eftimé
foixante mille livres . La Couronne , autre Corfaire a amené
auffià Saint Malo deux prifes ,
l'unc nommée le Richard Henry de Plimouth , venant de la
Virginie chargée de 350.
boucauts de tabac , l'autre
nommée la Prudence , venant
de la Caroline chargée de
bray de ris & de goudron.
Le Vaiffeau du Roy le Tigre,
arrivé en courfe s'eft battu
contre un Corfaire de Fleffin-
94 MERCURE
gue , de 32. pieces de canon.
Ce Vaiffeau eftoit en compagnie de deux autres qui forcerent de Voille pour avoir part
àl'action mais cepremierCorfaire eftoit déja fi incommodé
qu'il fut obligé de mettre à
la bande & de tirer plufieurs
coups de canon d'affiſtance ;
enforte que fes camarades arriverent fur luy pour le fecourir ; mais inutilement puifqu'on a appris qu'il a coulé
bas. Les Corfaires Fleffingois
ont efté malheureux pendant
le cours de l'année derniere
M' Saus , commandant les
GALANT 95
Vaiffeaux du Roy l'Augufte ,
& le Blakwal , en ayant pris
encore nouvellement , deux
l'un nommé la Dianne , de
36. canons , tout neuf tresbeau & d'un pont avec deux
gaillards. Il avoit 300. hommes d'équipage & il avoit
mieux aimé s'échouer fur la
cofte de Nieuport que de fe
鲞
l'autre eſt laiffer prendre
le Faucon , de 28. canons &
de 200. hommes d'équipage ;
le premier a efté relevé de la
colte ; & ces deux Vaiffeaux
ont eſté amenez à Dunkerque.
M'
Vandebruce comman
96 MERCURE
une
dant un petit Corſaire de Calais de fix canons , a pris u
Flutte Hollandoife , chargée
de mats ; & de graine de lin
venant de Riga eftimée 70000.
livres.
Un autre Corfaire a amené
à Dunkerque , une prife venant de Lille de Fayal , chargée
de 300. caiffes de fucre , chaque caiffe pefant douze mille
livres eftimée cent mille francs.
La Fregatte la Victoire ,
conduit au Havre , une prife
ftimée cent mille livres ; elle
eft chargée d'eftain , de cacao ,
de draps , de harangs , &
a
d'autres
GALANT 97
d'autres Marchandiſes.
M Blanque commandant
la Fregatte du Roy le Zephire,
prit le trois Decembre entre
Qüellant &
Sorlingue un Brigantin de 40. tonneaux venant
de Bafton , chargé de molüe
verte & feche , d'huille de
baleine , &de Pelleteries.
Le 22. du même mois eftant
fur le Cap Lezard il prit auffi
un Navire Anglois de 250.
tonneaux venant de la Virginie chargé de 532. boucauts
de tabac cftimé 85. mille
livres
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Résumé : Premier Article de Marine. [titre d'après la table]
Le texte décrit plusieurs événements maritimes et commerciaux impliquant des navires français. En février 1768, le vaisseau le Saint Louis, appartenant à la Compagnie Royale des Indes Orientales, est arrivé au Port Louis en provenance de Pondichéry, commandé par M. de Boiffieux. Il transportait plus de 500 ballots de poivre, d'indigo, de cannes, de benjoin et de muc, chargés à Pondichéry, au Bengale et sur la Côte de Coromandel. Le Saint Louis a emprunté une route inédite en passant par le Cap de Horn. Les frégates la Rufée et la Trompeuse, commandées respectivement par M. Simon Taillevier et M. Jean Bachelier, ont capturé une flûte hollandaise nommée le Corbeau de Rotterdam, chargée de pelleteries et de cuir de Russie. Cependant, elles ont dû abandonner leur prise face à deux vaisseaux de guerre anglais près de Calais. Le capitaine Jean L'Eguillon a ramené à Calais deux rançons, l'une en argent et l'autre en billets. Le vaisseau du roi le Sorlingue a capturé le vaisseau la Marie de Londres, chargé de sucre, d'indigo et de girofle. La Couronne a également ramené deux prises à Saint-Malo : le Richard Henry de Plymouth, chargé de tabac, et la Prudence de la Caroline, chargée de brai de riz et de goudron. Le vaisseau du roi le Tigre s'est battu contre un corsaire de Flessingue et a coulé après avoir été secouru par deux autres vaisseaux français. Les corsaires français ont également capturé deux navires anglais, la Diane et le Faucon, près de Nieuport. D'autres prises notables incluent une flûte hollandaise capturée par un corsaire de Calais, commandé par M. Vandebruce, et une prise venue de Lille à Fayal, chargée de sucre. La frégate la Victoire a ramené une prise estimée à cent mille livres au Havre, chargée d'étain, de cacao, de draps et d'autres marchandises. Enfin, la frégate le Zéphire a capturé un brigantin et un navire anglais chargé de tabac près du Cap Lizard.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1898
p. 97-153
Premier Article des Morts. [titre d'après la table]
Début :
Vous trouverez beaucoup de faits curieux dans l'Article [...]
Mots clefs :
Mort, Nicolas Lair, César Egasse du Boulay, Bernardin de Piquigny, Gomer de Lusancy, Père Violet, Pierre Eon, Du Peray, Gilles Brunet, Deshayettes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premier Article des Morts. [titre d'après la table]
ous trouverez beaucoup
Fanvier 1709.
I
98 MERCURE
de faits curieux dans l'Article
que vous allez lire. Vi
Maître Nicolas Lair , un
des premiersSuppôts de l Univerfité de Paris , eft mort âgé
de 85. ans , fans s'eftre jamaisfervi de Lunettes. Il eftoit
Doyen de la Nation de Normandie , & le plus ancien des
Doyens du Corps de l'Univerfité. Il y avoit efté aggregé en
1650. & s'y eftoit acquis par
fon travail une reputation
d'homme confommé dans les
belles Lettres , &
principalement dans l'éloquence qu'il
avoit profeffée jufqu'à 1682 .
THEQUE
O
LYON
DELTELA VILLE
THEQUE
QUE
DELE
TON
GALANT
au College d'Harcourt on
il avoit efté l'éleve fous le ce
lebre M Pierre Padet , & ou
il avoit plufieurs fois exercé
pendant la Regence , la Charge de Prieur des deux Maiſons
de Theologie & des Arts. Il a
poffedé les premieres dignitez
de fa Nation, fçavoir celles de
Procureur & de Cenfeur , & il
a cu la gloire de fe voir élevé
pendant deux années à la premiere place de l'Univerfité. En
1669. il cût l'avantage, eftant
Recteur, d'haranguer à la tefte
de cet illuftre Corps , le Roy
dans le Palais du Louvre , la
I ij
100 MERCURE
Reine , la Reine d'Angleterre, Monfeigneur le Dauphin,
Monfeigneur le Duc d'Anjou,
en preſentant à leurs Majeſtez,
& aux Princes du Sang , des
Cierges le jour de la Chandeleur. Il harangua à l'Hoſtel de
Condé , feue S. A. S. Monfieur le Prince Le Recteur harangue toujours en François
le Roy & les Princes , & ils
répondent ordinairement en
la mefme Langue. Monfieur
le Prince luy répondit en Grec;
mais toute la Cour ne fut pas
moins furprife que ce Prince,
d'entendre fur le champ le
GALANT 1of
Recteur faire fon Eloge , en
luy repliquant auffi en Grec,
que la France eftoit glorieufe de
renfermer dans fon fein unHeros
qui faifoit revivre l'ancienne
Grece , à quoy il ajouta beaucoup de chofes qui rendoient
ce Prince l'admiration de fon
fiecle. Mr le Prince jugeant
par là du grand merite & du
grand fçavoir de Maître Nicolas Lair , oublia fon rang,
& en traverfant fon appartement , il le conduifit jufqu'à.
l'efcalier , en luy donnant des
marques de fa bien veillance,
accompagnées de beaucoup de
I iij
102 MERCURE
loüanges. Tous ceux qui ſe³
trouverentprefens furent d'autant plus furpris de ce qui fe
paffa en cette occafion , que
peu de gens parlent en Grec
fur le champ fur toutes fortes
de fujets , & que ce que l'on
appelle fçavoir le Grec , n'eft
que le fçavoir expliquer , ou
dire des chofes que l'on a travaillées avec application , &
non répondre avec la mefme
facilité l'on feroit en d'au- que
tres Langues fur toutes fortes
de matieres.
En 1679. le 20 Juin , il·
cut encore l'honneur de por-
GALANT 103.
"
ter la parole au nomde l'Univerfité , & d'haranguer le Roy
à faint Germain en Laye fur
la Paix que Sa Majesté venoit
d'accorder à toute l'Europe: Ec
le 7. Septembre fuivant , il
complimenta au Palais Royal,
en cette mefme qualité de Recteur , Mademoifelle , fille de
Monfieur Frere unique du
Roy , fur fon mariage avec le
Roy d'Espagne ; & dans la
melme année , le College des
Jacobins de la rue S. Jacques
luy dédia par un de fes Etudians une Theſe , comme au
Chefde la premiere Univerſité
du monde.
I iiij
104 MERCURE
Aprés la mort de Me Cefar
Egaffe du Boulay , Greffier &
Hiftoriographe de l'Univerfr
té, la Faculté des Arts luy don
na la Charge de Greffier qu'il
a exercée pendant 28. ans avec
toute l'application qu'on avoit
attendue de luy. Il s'en démit
volontairement en 1706. en
faveur de Me Pierre Viel alors
Recteur , & qui eftoit de la
mefme Nation de Normandie,
afin de finir fes jours avec plus
de tranquilité. Feu Mr Col
bert avoit autrefois jetté les
yeux fur luy , pour le placer
auprés de Mrs fes enfans ; mais
GALANT 105
preferant l'étude de fon Cabinet à un employ où il falloit
partager fontems, il le remercia du grand avantage qu'il
vouloit bien luy offrir . Un fi
grand merite , & toutes les
Charges qu'il a dignement
remplies , luy ont fait donner
des marques de diftinction , &
mefme aprés la mort.
Deux jours aprés, la Faculté
des Arts fe rendit au College
d'Harcourt pour honorer les
funerailles avec toute la pompe dont elle eft reveftue. Les
deux Bedeaux de la Nation de
Normandie , portant
leurs
106 MERCURE
Maffes couvertes de crêpe ,
marchoient devant le Corps.
Quatre anciens Recteurs avec
le Chapperon violet doublé
d'hermine , tenoient les quatre coints du Poil , fur lequel
on voyoit les Ecuffons de la
Nation de Normandie , qui
font de Geules à deux Leopards l'un fur l'autre lampaffez d'azur. Le Recteur reveftu
du Manteau violet, de fa Chappe d'hermine , & de la Bourfe
Rectorale, marchoit aprés,precedez de fix Maffiers. Les quatre Procureurs des quatre Nations , en robbes rouges dou-
GALANT 107
blées d'hermine l'accompagnoient . On y voyoit enfuite les Profeffeurs du College
d'Harcourt en robbe avec le
Chapperon & le Bonnet quarré, fuivis d'un grand nombre
de perfonnes de l'Univerfité &
de la Ville. Quelques jours
aprés la Nation de Normandie
luy fit un Service dans la Chapelle du College d'Harcourt
où elle s'affemble ordinairement , avec toute la folemnité
qu'elle a coûtume d'obſerver
à la mort de fon Doyen , où
Me François Guenon , Licencié en Theologie , Profeffeur
108 MERCORE
Philofophie , & maintenant
Doyen de la Nation tion
officia
avec
les ceremonies
ordinaires.
On he peut affez regretter
le PereBernardin de Piquigny ,
Capucin du Convent du Marais ; c'étoit un Religieux d'un
vray merite , qu'une pieté rare,
& one vertu folide , foûtenuë
d'un air toûjours modefte &
majestueux rendoient également aimable & refpectable ;
& on peut dire que fon Ordre
a perdu en fa perfonne un de
fes meilleurs fujets , l'Eglife un
excellent Theologien , & la
GALANT 109
ans
Republique des Lettres une de
fes meilleurs plumes. De 76.
dont il étoit âgé , il en a
paffé prés de 60. enfon Ordre,
tant dans les emplois de Profeffeur & de Superieur , dont
il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup de fageffe & de capacité , que dans la conduite des
confciences , & dans la compofition de plufieur's beaux Ouvrages qu'il a donné au Public.
Il s'eft fur tout diftingué par fa
triple expofition latine des Epiftres de faint Paul , Ouvrage
generalement eftimé , non feulement des Prélats & des Theo-
110 MERCURE
logiens de France , mais auffi
de toute l'Eglife , & du Pape
même, quia dirplufieurs fois à
la louange de cet Auteur : Que
peu de perfonnes avoientpris auffibien que luy l'efprit defaint Paul.
Il ne vouloit pas en reſter à ce
feul chef d'œuvre, &il eft mort,
pour ainfi dire , la plume à la
main en achevant de compofer par ordre de fa Sainteté un
Commentaire fur les quatre
Evangeliftes , qui ne diminuera rien de cette haute réputation que le premier luy a acquife.
MN...Gomerde Lufan-
IGALANT
cys, Preftre Docteur de la
Maifon & Societé de Sorbonne Abbé de Nôtre- Dame de
Vertus , ancien Chanoine &
Archidiacre de Meaux , eft
auffi decedé. Cet Abbé étoit
d'une naiffance diftinguée ; il
étoit proche parent de Monfieur le Cardinal de Noailles ,
& il étoit petit Neveu des
Grands Maîtres de Malte de
Vignacour , & il dedia même
au dernier mort feulement
depuis quelques années, une de
fes Thefes de Sorbonne. La
Maiſon de Gomer Lufancy
eft de Picardie , elle eft alliée à
,
112 MARCURE
de
celle de Mailly , de Bouflers ,
d'Ailly , d'Auxi , & autres do
cette qualité de la même Province. Le frère de cet Abbé,
qui étoit Capitaine aux Gatdes , fut tué à la journée de Seneff . Il laiffa deux fils âgez de
quatre à cinq ans, dont feu Mr
le Duc de Gefvres qui eftoit
auffi allié à cette Maifon , prit
foin; il les fit élever Pages de
la Chambre; ils entrerent enfuite dans le Regiment des
Gardes , & l'aîné fut tué dans
cours de la derniere guerre ; &
le cadet eût le même fort à la
bataille de Ramillies. Il étoit
GALANT 13
Ayde- Major du Regiment des
Gardes , & le Roy l'avoit envoyé en Eſpagne pour dreffer
le Regiment des Gardes de Sa
Majefté Catholique
M. luy donna
pour
,
& S.
en partant ,
l'encourager , un Brevet
de Colonel , la Croix de faint
Louis , & une penfion . S'il cuft
échapé à la journée de Ramillies ilauroit eu uneCompagnie,
& le Roy avoit dit de luy ,
que c'étoit un fujer propre à
être unjour un bon Major.
La Mere de ces deux Meffieurs
fe fit Carmelite à la rue Chapon , il y a environ fix ans •
Fanvier $ 710.
K
114 MERCURE
Evêque de & feu Monfieur
caux prêcha à fa prife d'Ha
bit; elle a efté enfuite tranferée
au Convent de la rue faint
Jacques. Meffieurs de Goumer
de Lufancy , defcendent du
Chancelier Henry de Matle ,
en 1413. & qui avoit eſté pendant neuf ans premier Prefident au Parlement de Paris.
Ce Magiftrat perit en 1418
par la violence &la faction des
Ducs de Bourgogne. Mr l'Abé de Lufancy étoit fort eftiméen Sorbonne , par fa vertu
&
par
fon merite.
Mre Charles de Raouffet
"GADANY 15
Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Lieutenant de Roy
du vieux Brifac a fubi le
mêre fort. Il avoit longtemps fervi dans l'Infanterie
& il y a eu peu d'occafions
dans le cours de la derniere
Guerre où il ne fe foit trouvé,
& où il n'ait donné des preuves
de fa valeur. Il avoit longtempsferviavec Mr le Comte
de Reignac Brigadier , Commandeur de l'Ordre de Saint
Louis , & aujourd'huy Commandant dans la même place
dont Mr de Raouffer , eftoit
Lieutenantde Roy; la fortune
Kij
116 MERCURE
s'eftant plû a réunir dans un
même lieu deux Officiers de
diftinction qui avoient fervi
une partie de leur vie enfemble & qui eftoient liez depuis
leur premiere jeuneffe par une
tendre & fincere affection . Mr
de Raouffet dont je vous
aprens la mort eftoit affez
proche parent de Mr Raouffer
Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel & attaché depuis
long temps à Mr le Cardinal
deBouillon, & ils eftoient d'une
ancienne famille originaire de
Champagne ; & connue dans
le Royaume depuis le regne
GALANT 17
de Philippes de Valois. Elle a
produit de celebres perfonnages dans l'Eglife, & dans la profeffion Militaire. Sous le regne
d'Henry III. un celebre Predicateur de ce nom & qui
eftoit de l'Ordre de Saint Benoift , fe diftingua à la Cour
par fon zele contre ceux qui
favorifoient fecretement les
nouvelles opinions ; & il arrêta
parefa fermeté Apoftolique
plufieurs perfonnes qui commençoient à fe déclarer & à
foutenir les nouveaux Heretiques.
MreN...de Thelis- Valor-
1,8 MERCURE
ges, Religieux & Hoſtellier de
l'Abbaye de Savigny , où il
n'entre que des perfonnes d'une naiffance diftinguée , y eft
mort à la fleur de fon âge. Il
eftoit frere de Mr.l'Abbé de
Valorges , Abbé del If barbe
une des plus belles Abbayes de
Royaume,& proche parent du
feu Pere de la Chaife ; fon metite & fes talens le rendoient
encore plus confiderable parmi
fes Confreres , & tous ceux
qui le connoiffoient . Il entendoit parfaitement les affaires
Ecclefiaftiques , & il feroit dif
ficile de trouver quelqu'un qui
GALANT 19
fut plus verfé que luy dans la
Jurifprudence Canonique:
+ - La Maifon de Thelis eft
originaire d'Angleterre, & elle
eft établie en France dés le
temps de Saint Louis ; Hugues
de Thelis dont tous ceux qui
portent aujourd'huy ce nom ,
defcendent , vivoit en 1260.
Guillaume de Thelis fon arriere-petit fils , fut Chanoine &
Comte de Lyon ; & Guichard
de Thelis petit neveu de ce
Comte,époula Jeanne de Fouldras Courcenay, d'une illuftre
famille , dont il y a encore aujourd'huy deux Comtes dans
120 MERCURE
+
l'Eglife de Lyon. Jean de Thelis Seigneur de Farges & de
Cornillon , qui époufa Marie
de Puttcy , fœur de Jeanne de
Puttey époufe de Guillaume
de Vitry , d'une des plus grandes Maifons de Savoye, fortit
de ce mariage , & fut grand',
pere d'Antoine de Thelis , Ecuyer du Duc de Bourbon , à
quiil rendit degrands & fignalez fervices ; cet Antoine , un
des plus grands guerriers de
fon temps , époufa Huguette
de Saint Romain, fille de haut
& puiffant Seigneur Pierre de
Saint Romain , Chevalier Seigneur
GALANT · 121
gneur de Larcy , & de Claude
de Thalaru , niece des deux
Cardinaux de Talaru , Archevêques de Lyon. Une fille unique fortie de ce mariage époufa Louis d'Angerolles , Seigneur de Commiers en Forez.
Guillaume de Thelis fon frere
& Chevalier de l'Ordre de S.
Jean de Jerufalem , quitta la
Croix & époufa Françoife de
Rougemont , d'une illuftre famille qui eft éteinte à prefent
& qui a donné plufieurs Comtes à l'Eglife de Lyon. Les
defcendans de Guillaume
eftant entrez dans la Robbe
Fanvier 1710. L
122 MERCURE
en eurent les premieres Charges dans les Parlemens de Paris
& de Touloufe. Guichard de
Thelis d'une branche de l'E
pinaffe , avoit époufé dés le
13 ° fiecle Catherine de Talaru , grande tante des Cardinaux dont je viens de parler.
Geoffroy & Eftienne de Thelis fes petits fils furent Chanoines & Comtes de Lyon.
Jean de Thelis leur neveu époufa Catherine de SainteColombe, d'une famille qui a
donné auffi des Comtes à l'Eglife de Lyon , &Antoine leur
petit- neveu eft allié auffi à
GALANT 123
la Maifon de Saint Romain.
Gilbert de Thelis un des plus
grands hommes de C
guerre
du
16 fiecle , leur petit
- neveu
,
époufa
Antoinette
de Damas
,
&par là la Maifon
de Thelis
eft alliée à celle de Thianges
.
C'eftoit
ce Gilbert
de Thelis
qui eftoit Seigneur
de Valorges & qui n'ayant
point d'enfans donna
cette Terre
à Jean
de Thelis
fon neveu
, qui s'étoit fignalé
au ſervice
d'Henry IV. fur la fin du 16° fiecle.
Jean épouſa
Henriette
de SarFon , d'une illuftre Maiſon
,
dont il y a aujourd'huy
deux
Lij
124 MERCURE
Comtes dans l'Eglife de Lyon.
George de Thelis fon petitfils époufa Catherine de Malivert d'une Maifon de Breffe.
Antoine fils cadet de Jean dont
je viens de parler , fit la branche de Valorges au commencement du dernier fiecle. Il fut
ayeul de Mr le Comte de Valorges d'aujourd'huy , & du
Chevalier de Thelis qui fut tué
d'un coup decanon en 1674.
devant le Fort de Sainte Anne
en Comté. Ily a encore de cette illuftre Maifon les branches
de Charnay , de Peiffelay & des
Forges. Milon de Thelis Che-
GALANT 125
valier forma celle de Charnay
au commencement du dernier
fiecle. Il eftoit fecond fils de
Jean de Thelis & d'Arthaude
de Charnay d'une ancienne famille de Franche - Comté. Ils
s'allierent auffi aux Maifons de
Varennes, de Talaru, de ChielGigny : ce Milon fut Colonel
dans les Troupes Françoiſes ,
& fe diftingua dans toutes les
occafions de fon temps. Pierre
de Thelis forma la branche de
Peiffelay en Beaujollois ; il êpoufa Clemence de la Olpilliere. Guillaume de Thelis ,
Chevalier Seigneur des Forges,
Liij
126 MERGURE
forma la branche de ce nom
en 1534.Cette Terre paffaenfuite dans la Maifon de Sarron,
où elle eſt à preſent , & dont
un Comte de S. Jean porte le
nom. Cette beanche s'établit
enfuite dans le Nivernois , où
Marguerite de Thelis avoit
époufé Guillaume d'Orgeres.
Philibert Confeigneur des Forges fe diftingua à la teſte d'une
Compagnie de Lances à la Bataille de Coutras , & le Duc
d'Anjou depuis Roy de France,
fous le nom d'Henry III. luy
donna une gratification confiderable. L'Abbé de Valorges
GALANT 127
qui vient de moutir , n'eft pas
Je feul de fa Maifon qui ait efté
Religieux de Savigny. Hugonin de Thelis l'eftoit auffi dans
le quatorziéme ficcle.
Le Pere Violet de la Compagnie de Jefus , eft mort
dans le Grand College des
Jefuites de la Ville de Lyon.
Il eftoit un des plus grands
Theologiens de faCompagnie;
Il avoit enfeigné la Theologie
Scholaftique ou Pofitive durant 20. ans entiers & avec
une grande reputation. Il avoit
efté auffi Profeffeur en langue
Hebraïque pendant quelques
Liiij
128 MERCURE
années avec beaucoup de fuccés. Ce Pere eftoit auffi
grandCafuifte. On le confultoit de toutes parts , & fes
décifions eftoient toujours
foutenues par celles des plus
grands Theologiens du
Royaume. Nous avons quan
tité de fes Poëfies Latines. Ily
en à quelques unes adreffées à
Mr le Prefident Dugas , à qui
il avoit donné les Principes de
la langue Hebraïque dans
laquelle ce Magiftrat a fait
de grands progrés. Il avoit
fait aufli quelques Differtations fur la Baguette dans le
a
GALANT 139
.
temps que l'homme qui la
faifoit tourner comme il vouloit parut en France , & ces
Differtations furent tres- eltimées. Ce Pere avoit reſolu de
donner un Traité De triplici
anima , c'est- à- dire , fur les
trois fortes d'Ames , la Vegetante , la Senfitive ; & la Raifonnable ; mais fon grand
âge ; & fes infirmitez l'empecherent d'executer ce deffein.
Il eftoit de Seyffel , petite Ville
de Bugey , dont il avoit entrepris de donner l'Hiftoire au
Public , ce qu'il n'a pu executer àcaufe de diverfes occupa-
+
130 MERCURE
tions dont fes Superieurs l'ont
chargé en divers temps. Il
faifoit voir dans cet Ouvrage
que C. Sextius Gouverneur du
Pays des Allobroges pour les
Romains fit baftir Seyffel qu'il
fit appeller Sextellum de fon
nom & quepar abus au lieu de
Sextel on a dit Seyffel. Amé
IV. du nom Comte de Savoye,
accorda , felon cet Auteur , de
grands Privileges à cette Ville.
Onefpere que ceux qui auront
foin des Papiers de ce fçavant
hommedonneront cette Hiftoire au Public qui fera d'autant plus curieufe que Seyffel ,
GALANT 131
a efté le Theatre de la Guerre
de Savoye. Le Pere Violet eft
mort âgéesde 84. ans.
Mr le Marquis de Barbefieres Chevalier de l'Ordre de
faint Louis , Gouverneur de
faint Quentin , Lieutenant General des Armées du Roy, eft
mort dans un âge fort avancé ,
regretté de tous ceux qui le
connoiffoient ; il joignoit à de
longs & anciens fervices rendus
au Roy & à l'Etat, un genie capable des plus grandes affaires.
Il avoit fervi toutefa vie dans
la Cavalerie & à la tête duRegiment qui a long- temps por-
132 MERCURE
té fon nom. Il donna dans le
cours de la derniere guerre, de
frequentes preuves de fon courage & de fon experience dans
la Diſcipline militaire. Il a vêcu
pendant les dernieres années de
fa vie dans la pratiqne des vertus Chrêtiennes & en cela il a
fçû allier ceux de fa Profeffion
avec ceux d'un état qui luy paroift quelquefois affez oppofé. Ce Marquis étoit d'une
ancienne Maifon originaire de
Lorraine , où elle étoit connuë
dés le temps du Duc René II.
dont la vie fut remplie de fi
beaux & de fi grands évene-
GALANT 133
mens.Mrs deBarbefieres poffedoient dans cette Cour les premieres dignitez. Ils pafferent
enfuite en France , lorfque les
Princes cadets de cette Maifon
y vinrent & y formerent la
Branche de Guife , dont toutes
les autres font forties. Depuis
ce temps - là ceux de cette Maifon fe font toûjours diftinguez
dans la profeffion des armes.
Dame N... de la Chaife ,
plufieurs fois Superieure de la
troifiéme Maiſon des Filles de
Sainte Elifabeth , de l'Ordre
de faint François , de la Ville
de Lyon , qu'on nomme vul-
134 MERCURE
gairement Colinettes , à caufe
du bien que feus Mr & Me dé
Coligni ont fait à cette Maifon , y eft morte d'apoplexie ,
agée de 77. ans. C'étoit la feule qui reftoit des freres & des
fœurs du Pere de la Chaiſe. On
a remarquéque ce Pere mourut au commencement de l'année derniere , & que Madame
de la Chaiſe eft morteà la fin ;
c'eſt à dire , dans les derniers
jours de Decembre. La memoire de Madame de la Chaife fera long temps en benediction dans cette Maiſon , à caufe des bons exemples qu'elle y
GALANT 135
a donnez durant une vie affez
longue , & par le bien qu'elles luy a procuré , ayant fait
unir , il n'y a pas encore longtemps , un Prieuré à ce Monaftere Elle étoit fille de feu
Mre Gorge d'Aix, Seigneur de
la Chaife , & de Dame Renée
de Rochefort , & petite fille
Mre N.. de la Chaife, &de N...
de Cotton , fœur du Pere Cotton , Confeffeur d'Henry IV.
Elle étoit auffi fœur de Mr le
Marquis d'Aix , pere de Mr de
Souternon , de Mr le Comte
de la Chaife, pere du Marquis
de ce nom , Capitaine des Gar-
136 MERCURE
2
des de la Porte ; de feu Mr
d'Aix , Abbé d'Ambronay ;
de Mr l'Abbé du But , Abbé
& Prieur de Savigny ; de Mr
l'Abbé de la Chaiſe , nommé
Coadjuteur de Clermont , mais
qui mourut avant d'avoir fes
Bulles, & de feue Madame l'Abeffe de Marcilly. La Maiſon
de la Chaife eft de Forcz.
Mre N... Canau , Docteur
en Theologie de la Faculté de
Paris , & cy- devant Vicaire de
la Paroiffe de S. Euftache , eft
mort aprés 11. mois de maladie , dans le cours de laquelle
il a donné de frequentes marI
GALANT 137
par
ques de fa patience & de fa
foûmiffion aux ordres de la
Providence. Il eftoit connu par
rapport au talent qu'il avoit
pour la conduite des ames. Il
dirigeoit plufieurs perfonnes
de qualité , mefme quelques
Princeffes , & il a procuré de
grands biens le zele qu'il
infpircit à ceux dont il gouvernoit les confciences pour
le foulagement des Pauvres. Il
eftoit un des plus habiles Docteurs de la Faculté. Il y a brillé
dans plufieurs ocafions d'éclat.
Mr le Cardinal de Noailles
l'honoroit d'une eftime partiFanvier 1710.
M
138 MERCURE
culiere , & rien ne fait plus
d'honneur à la memoire de ce
Docteur que les regrets detoute la Paroiffe de S. Euftache,
lors qu'il en quitta la conduite ; & ces regrets ont redoublé lors qu'on a appris fa mort.
Mre Elie Camus de Pontcarré, Chevalier non Profés de
l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , eft mort dans un âge fort
avancé , aprés avoir mené une
vie qui a efté l'édification &
l'exemple de tous ceux qui le
connoiffoient. Il eftoit frere
de feu Mr Camus de Pontcarré, Confeiller d'honneur au
GALANT 139
Parlement , & pere de Mr de
Pontcarré , premier Prefident
du Parlement de Rouen. Mes
de Pontcarré , defcendent de
Mfe N... Camus Gentilhomme Lionnois , & leur quatriéme ayeul, qui ayant beaucoup
d'enfans , laiffa aux aînéz les
terres de Fougerolles , de Bagnols & d'Arginis : & c'eft
d'euxque font forties les Bran
ches d'Yvours , d'Aubourg,
Pufignan , Camus Chavanieu,
& Camus de Coindrieu , &
dont le Chef a épousé une
coufine germaine de Mr le
Maréchal de Villars. Mr CaMij
140 MERCURE
mus dontje viens de parler , en
établit les Cadets dans le Parlement de Paris , & il acheta à
l'aîné de ces deux cadets une
Charge de Confeiller au Parlement, qui ne luy coûta alors
que dix mille francs ; c'eftoit
vers le commencement du feiziéme fiecle. C'eft de ce Confeiller que defcendent Mrs de
Pontcarré. Il acheta à l'autre
une Chargé de Maistre des Requeftes , & Mr Camus Evêque
de Bellay , dont il a cſté tant
parlé dans le dernier fiecle , en
defcendoit , & cette branche
finit en ce Prelat. Mr de Pont-
GALANT 135
carré Confeiller d'honneur au
Parlement , laiffa plufieurs enfans , dont deux de fes filles
épouferent des Magiftrats de
tres anciennes Maifons de la
Robbe, & dont il y en a un
qui a efté Intendant. Mr le
premier Prefident de Rouen ,
qui eftoit l'aîné , ' a cu deux
femmes , la premiere , fille de
Mr le Prefident Boulanger ;
& la feconde , fille de Mr de
Bragelogne Maistre des R: -
queftes.
Mre N...... Deshayettes ,
Confeiller en la Cour des Aides , eft mort fort regretté
142 MERCURE
dans fa Compagnie , où fon
merite & fa probité lui avoient
acquis beaucoup de réputa
tion. Il eftoit d'une ancienne
famille originaire de Normandie , & qui a donné beaucoup
de Magiſtrats au Parlement de
Rouen. Il avoit de grandes al
liances dans la Cour des Aides' ,
tant de fon costé que du cofté
de fa femme, du nombre defquelles font M' Petit de Ville-neuve , Prefident du même
Corps & Mr Belayer , qui en
eft Avocat General. Toutes ces
alliances,l'avoient attiré dans
cette Compagnie. Il avoie
“
GALANT· 143
beaucoup de talens naturels ;
il eftoit éloquent , & avant
d'eftre en Charge il avoit
plaidépour s'exercer , plufieurs
Caufes d'appareil au Parlementavec beaucoup de fuccés.
Il fçavoit fort bien les Langues étrangeres ; il s'y eftoit
attaché depuis fa plus grande
jeuneffe , & il y auroit parfaitement réüffi , & fur tout à l'égard de la Langue Italienne.
dont il fçavoir toutes les fineffes. Il eftoit fort lié avec Mr le
Cardinal Gualterio , ci - devant
Nonce en France ; ce Prelat
qui a acquis avec juſtice la ré-
144 MERCURE
putation d'un des plus habiles
Prelats de l'Europe , fe plaifoit
fort avec Mr Deshayettes !
& ils rappelloient quand ils
eftoient enſemble tous les plus
beaux endroits des Auteurs
Italiens tels que font le Taffe ,
le Guarino , Bocace , Bonarel
li , & c.
Meffire Gilles Brunet , Con
feiller - Clerc de la Grand'
Chambre , eft mort dans un
âge affez avancé. Il étoit d'une
Famille de Bourgogne , originaire de Beaune , & qui a
donné plufieurs Officiers au
Parlement de Paris. Mr de
Chailly,
GALANT 145
Chailly, Prefident de la Chambre des Comptes eft neveu de
l'Abbé dont je vous apprens
la mort. Cet Abbé étoit fort
eftimé dans le Parlement , & il
y avoit acquis la réputation
d'un Juge fort integre & fort
éclairé. Il étoit Abbé de Villeloin , Ordre de faint Benoist &
Dioceſe de Tours , & il avoit
fait de grands biens à fon Abbaye , par le foin qu'il avoit
pris dans les premieres années
qu'il en fût pourvû , d'y faire
venir plufieurs fonds alienez. Il
y a auffi fait faire quantité de
reparations qui ont entiereN
"Janvier 1710.
146 MERCURE
1
4
ment fait changer de face d
cette Abbaye. Il étoit Docteur
en Theologie , & il avoit fait
fon Cours &fes Licences avec
beaucoup de fuccés. Il s'appli
qua enfuite à l'étude de la Jurif
prudence , dans le deffein d'entror dans la Robe ; & on con
vint alors qu'il y avoit peu de
perfonnes qui le furpaffaffent
dans la connoiffance du Droit,
& fur tout du Canonique , au
quel il s'étoit particulierement
attaché. Il avoit auffi fait une
longue étude des Libertez de
l'Eglife Gallicane , & il feroit
à fouhaiter que quelque ha
CALANT 147
bille main mit en ordre les
6
Memoires qu'il avoit affemblez fur cette importante matiere pour les donner auPublic.
Mr l'Abbé Joifel, par la mort
de Mr Bruner, eft monté à la
Grand Chambre , & eft neveu, à la mode de Bretagne, du
celebre Mr Joifel , Doyen de la
Faculté de Theologic de Paris.
Mr N... du Peray , Brigadier des Armées du Roy, & cydevant Lieutenant-Colonel du
Regiment Lyonnois , cft mort
dans un âge fort avancé , aprés avoir donné pendant un
grand nombre d'années qu'il a
Nij
748 MERCURE
non as
porté les armes , de frequentes preuves de fon courage &
de fon experience dans la Difcipline militaire. Il étoit de
Corbeil prés Paris , & d'une
famille qui avoit toûjours cfté
fort attachée à la Maifon de
Villeroy. Feue Madame la Ma
réchale de Villeroy, mere du
Maréchal de ce nom , luy fit
avoir uneCompagnie dans le
Regiment Lyonnois qu'on leva il y a plus de so. ans. Il vinc
par fon rang , & encore plus
par fon merite , au pofte de
Lieutenant-Colonel , & en cette qualité , comme en celle de
EGALANT 149
f
Capitaine, il s'étoit trouvé dans
toutes les occafions où le Regiment Lyonnois s'eft diſtingué , fur tout dans les guerres
de Franche- Comté, où cet Of
ficier s'attira des louanges de la
bouche même de Sa Majesté.
Il avoit quitté le fervice depuis quelques années à caufe de fon grand âge & de fes
incommoditez , & le Roy luy
donna une groffe penfion lors .
qu'il quitta. Mr de Tricaud ,
aujourd'huy Brigadier , & alors
Major du Regiment Lyonnois,
eut la Lieutenance Colonelle
aprés luy. Le défunt avoit pafN iij
150 MERCURE
4
fé fa vie dans le celibat , & il a
laiffe fes biens qui font fort
confiderables à Mr Renaud ,
fon petit neveu , & fils d'un
Confeiller au Parlement de Paris .Il a paffé les dernieres années
de fa vie dans une pratique
Credes devoirs de fa Religion. Ila fait en mourant de
grandes aumônes aux pauvres.
Mre Pierre Eon de la Baronie, Chevalier , Comte Marquis de Cely, Seigneur de Soyfy , Baron defaint Germain , &
Prefident en la Chambre des
Comptes , eft mort âgé de
quarante- huit ans. Il laiffe des
素
GALANT ast
enfans de Dame N..Dargou
ges de Rannes , fille de Mr
Dargouges de Rannes , & de
Dame N... le Pelletier , four
de Mr le Premier Prefident , &
fille de Mr. le Pelletier , Miniftre
d'Etat. Ce Magiftrat eft de S.
Malo, &il étoit parent du feu
Pere le Gobien Jefuite , qui a
donné plufieurs Recueils de
Lettres fur les Miffions d'O.
rient , & qui étoit auffi de faint
Malo. Il a efté fort regretté à
la Chambre des Comptes , où
fon application aux devoirs de
fa Charge , & fon merite particulier luy avoit fait beaucoup
Niiij
152 MERCURT
d'amis. Me la Prefidente fa veu
ve & à qui il a laiffé la gardenoble de fes biens , qui font
fort confiderables, eft niéce de
Mr le Marquis de Rannes, Colonel de Dragons , & Officier
General. C'eſt un des Officiers
qui entend le mieux la Cavalerie. Le Magiftrat dontje vous
apprens la mort , étoit allié du
côté maternel à la Maifon de
Coëtlogon,une desplus anciennes Maiſons & des plus qualifiées de Bretagne. Il étoit auffi du même côté à celle de
Guebriant , qui a produit dans
les derniers fiecles un Maréchal
GALANT 153
de France.Les pauvres
sont
beaucoup perdu à la mort, &
fa
il leur donnoit toutes les femaines de groffes fonimes.
Fanvier 1709.
I
98 MERCURE
de faits curieux dans l'Article
que vous allez lire. Vi
Maître Nicolas Lair , un
des premiersSuppôts de l Univerfité de Paris , eft mort âgé
de 85. ans , fans s'eftre jamaisfervi de Lunettes. Il eftoit
Doyen de la Nation de Normandie , & le plus ancien des
Doyens du Corps de l'Univerfité. Il y avoit efté aggregé en
1650. & s'y eftoit acquis par
fon travail une reputation
d'homme confommé dans les
belles Lettres , &
principalement dans l'éloquence qu'il
avoit profeffée jufqu'à 1682 .
THEQUE
O
LYON
DELTELA VILLE
THEQUE
QUE
DELE
TON
GALANT
au College d'Harcourt on
il avoit efté l'éleve fous le ce
lebre M Pierre Padet , & ou
il avoit plufieurs fois exercé
pendant la Regence , la Charge de Prieur des deux Maiſons
de Theologie & des Arts. Il a
poffedé les premieres dignitez
de fa Nation, fçavoir celles de
Procureur & de Cenfeur , & il
a cu la gloire de fe voir élevé
pendant deux années à la premiere place de l'Univerfité. En
1669. il cût l'avantage, eftant
Recteur, d'haranguer à la tefte
de cet illuftre Corps , le Roy
dans le Palais du Louvre , la
I ij
100 MERCURE
Reine , la Reine d'Angleterre, Monfeigneur le Dauphin,
Monfeigneur le Duc d'Anjou,
en preſentant à leurs Majeſtez,
& aux Princes du Sang , des
Cierges le jour de la Chandeleur. Il harangua à l'Hoſtel de
Condé , feue S. A. S. Monfieur le Prince Le Recteur harangue toujours en François
le Roy & les Princes , & ils
répondent ordinairement en
la mefme Langue. Monfieur
le Prince luy répondit en Grec;
mais toute la Cour ne fut pas
moins furprife que ce Prince,
d'entendre fur le champ le
GALANT 1of
Recteur faire fon Eloge , en
luy repliquant auffi en Grec,
que la France eftoit glorieufe de
renfermer dans fon fein unHeros
qui faifoit revivre l'ancienne
Grece , à quoy il ajouta beaucoup de chofes qui rendoient
ce Prince l'admiration de fon
fiecle. Mr le Prince jugeant
par là du grand merite & du
grand fçavoir de Maître Nicolas Lair , oublia fon rang,
& en traverfant fon appartement , il le conduifit jufqu'à.
l'efcalier , en luy donnant des
marques de fa bien veillance,
accompagnées de beaucoup de
I iij
102 MERCURE
loüanges. Tous ceux qui ſe³
trouverentprefens furent d'autant plus furpris de ce qui fe
paffa en cette occafion , que
peu de gens parlent en Grec
fur le champ fur toutes fortes
de fujets , & que ce que l'on
appelle fçavoir le Grec , n'eft
que le fçavoir expliquer , ou
dire des chofes que l'on a travaillées avec application , &
non répondre avec la mefme
facilité l'on feroit en d'au- que
tres Langues fur toutes fortes
de matieres.
En 1679. le 20 Juin , il·
cut encore l'honneur de por-
GALANT 103.
"
ter la parole au nomde l'Univerfité , & d'haranguer le Roy
à faint Germain en Laye fur
la Paix que Sa Majesté venoit
d'accorder à toute l'Europe: Ec
le 7. Septembre fuivant , il
complimenta au Palais Royal,
en cette mefme qualité de Recteur , Mademoifelle , fille de
Monfieur Frere unique du
Roy , fur fon mariage avec le
Roy d'Espagne ; & dans la
melme année , le College des
Jacobins de la rue S. Jacques
luy dédia par un de fes Etudians une Theſe , comme au
Chefde la premiere Univerſité
du monde.
I iiij
104 MERCURE
Aprés la mort de Me Cefar
Egaffe du Boulay , Greffier &
Hiftoriographe de l'Univerfr
té, la Faculté des Arts luy don
na la Charge de Greffier qu'il
a exercée pendant 28. ans avec
toute l'application qu'on avoit
attendue de luy. Il s'en démit
volontairement en 1706. en
faveur de Me Pierre Viel alors
Recteur , & qui eftoit de la
mefme Nation de Normandie,
afin de finir fes jours avec plus
de tranquilité. Feu Mr Col
bert avoit autrefois jetté les
yeux fur luy , pour le placer
auprés de Mrs fes enfans ; mais
GALANT 105
preferant l'étude de fon Cabinet à un employ où il falloit
partager fontems, il le remercia du grand avantage qu'il
vouloit bien luy offrir . Un fi
grand merite , & toutes les
Charges qu'il a dignement
remplies , luy ont fait donner
des marques de diftinction , &
mefme aprés la mort.
Deux jours aprés, la Faculté
des Arts fe rendit au College
d'Harcourt pour honorer les
funerailles avec toute la pompe dont elle eft reveftue. Les
deux Bedeaux de la Nation de
Normandie , portant
leurs
106 MERCURE
Maffes couvertes de crêpe ,
marchoient devant le Corps.
Quatre anciens Recteurs avec
le Chapperon violet doublé
d'hermine , tenoient les quatre coints du Poil , fur lequel
on voyoit les Ecuffons de la
Nation de Normandie , qui
font de Geules à deux Leopards l'un fur l'autre lampaffez d'azur. Le Recteur reveftu
du Manteau violet, de fa Chappe d'hermine , & de la Bourfe
Rectorale, marchoit aprés,precedez de fix Maffiers. Les quatre Procureurs des quatre Nations , en robbes rouges dou-
GALANT 107
blées d'hermine l'accompagnoient . On y voyoit enfuite les Profeffeurs du College
d'Harcourt en robbe avec le
Chapperon & le Bonnet quarré, fuivis d'un grand nombre
de perfonnes de l'Univerfité &
de la Ville. Quelques jours
aprés la Nation de Normandie
luy fit un Service dans la Chapelle du College d'Harcourt
où elle s'affemble ordinairement , avec toute la folemnité
qu'elle a coûtume d'obſerver
à la mort de fon Doyen , où
Me François Guenon , Licencié en Theologie , Profeffeur
108 MERCORE
Philofophie , & maintenant
Doyen de la Nation tion
officia
avec
les ceremonies
ordinaires.
On he peut affez regretter
le PereBernardin de Piquigny ,
Capucin du Convent du Marais ; c'étoit un Religieux d'un
vray merite , qu'une pieté rare,
& one vertu folide , foûtenuë
d'un air toûjours modefte &
majestueux rendoient également aimable & refpectable ;
& on peut dire que fon Ordre
a perdu en fa perfonne un de
fes meilleurs fujets , l'Eglife un
excellent Theologien , & la
GALANT 109
ans
Republique des Lettres une de
fes meilleurs plumes. De 76.
dont il étoit âgé , il en a
paffé prés de 60. enfon Ordre,
tant dans les emplois de Profeffeur & de Superieur , dont
il s'eft toûjours acquité avec
beaucoup de fageffe & de capacité , que dans la conduite des
confciences , & dans la compofition de plufieur's beaux Ouvrages qu'il a donné au Public.
Il s'eft fur tout diftingué par fa
triple expofition latine des Epiftres de faint Paul , Ouvrage
generalement eftimé , non feulement des Prélats & des Theo-
110 MERCURE
logiens de France , mais auffi
de toute l'Eglife , & du Pape
même, quia dirplufieurs fois à
la louange de cet Auteur : Que
peu de perfonnes avoientpris auffibien que luy l'efprit defaint Paul.
Il ne vouloit pas en reſter à ce
feul chef d'œuvre, &il eft mort,
pour ainfi dire , la plume à la
main en achevant de compofer par ordre de fa Sainteté un
Commentaire fur les quatre
Evangeliftes , qui ne diminuera rien de cette haute réputation que le premier luy a acquife.
MN...Gomerde Lufan-
IGALANT
cys, Preftre Docteur de la
Maifon & Societé de Sorbonne Abbé de Nôtre- Dame de
Vertus , ancien Chanoine &
Archidiacre de Meaux , eft
auffi decedé. Cet Abbé étoit
d'une naiffance diftinguée ; il
étoit proche parent de Monfieur le Cardinal de Noailles ,
& il étoit petit Neveu des
Grands Maîtres de Malte de
Vignacour , & il dedia même
au dernier mort feulement
depuis quelques années, une de
fes Thefes de Sorbonne. La
Maiſon de Gomer Lufancy
eft de Picardie , elle eft alliée à
,
112 MARCURE
de
celle de Mailly , de Bouflers ,
d'Ailly , d'Auxi , & autres do
cette qualité de la même Province. Le frère de cet Abbé,
qui étoit Capitaine aux Gatdes , fut tué à la journée de Seneff . Il laiffa deux fils âgez de
quatre à cinq ans, dont feu Mr
le Duc de Gefvres qui eftoit
auffi allié à cette Maifon , prit
foin; il les fit élever Pages de
la Chambre; ils entrerent enfuite dans le Regiment des
Gardes , & l'aîné fut tué dans
cours de la derniere guerre ; &
le cadet eût le même fort à la
bataille de Ramillies. Il étoit
GALANT 13
Ayde- Major du Regiment des
Gardes , & le Roy l'avoit envoyé en Eſpagne pour dreffer
le Regiment des Gardes de Sa
Majefté Catholique
M. luy donna
pour
,
& S.
en partant ,
l'encourager , un Brevet
de Colonel , la Croix de faint
Louis , & une penfion . S'il cuft
échapé à la journée de Ramillies ilauroit eu uneCompagnie,
& le Roy avoit dit de luy ,
que c'étoit un fujer propre à
être unjour un bon Major.
La Mere de ces deux Meffieurs
fe fit Carmelite à la rue Chapon , il y a environ fix ans •
Fanvier $ 710.
K
114 MERCURE
Evêque de & feu Monfieur
caux prêcha à fa prife d'Ha
bit; elle a efté enfuite tranferée
au Convent de la rue faint
Jacques. Meffieurs de Goumer
de Lufancy , defcendent du
Chancelier Henry de Matle ,
en 1413. & qui avoit eſté pendant neuf ans premier Prefident au Parlement de Paris.
Ce Magiftrat perit en 1418
par la violence &la faction des
Ducs de Bourgogne. Mr l'Abé de Lufancy étoit fort eftiméen Sorbonne , par fa vertu
&
par
fon merite.
Mre Charles de Raouffet
"GADANY 15
Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Lieutenant de Roy
du vieux Brifac a fubi le
mêre fort. Il avoit longtemps fervi dans l'Infanterie
& il y a eu peu d'occafions
dans le cours de la derniere
Guerre où il ne fe foit trouvé,
& où il n'ait donné des preuves
de fa valeur. Il avoit longtempsferviavec Mr le Comte
de Reignac Brigadier , Commandeur de l'Ordre de Saint
Louis , & aujourd'huy Commandant dans la même place
dont Mr de Raouffer , eftoit
Lieutenantde Roy; la fortune
Kij
116 MERCURE
s'eftant plû a réunir dans un
même lieu deux Officiers de
diftinction qui avoient fervi
une partie de leur vie enfemble & qui eftoient liez depuis
leur premiere jeuneffe par une
tendre & fincere affection . Mr
de Raouffet dont je vous
aprens la mort eftoit affez
proche parent de Mr Raouffer
Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel & attaché depuis
long temps à Mr le Cardinal
deBouillon, & ils eftoient d'une
ancienne famille originaire de
Champagne ; & connue dans
le Royaume depuis le regne
GALANT 17
de Philippes de Valois. Elle a
produit de celebres perfonnages dans l'Eglife, & dans la profeffion Militaire. Sous le regne
d'Henry III. un celebre Predicateur de ce nom & qui
eftoit de l'Ordre de Saint Benoift , fe diftingua à la Cour
par fon zele contre ceux qui
favorifoient fecretement les
nouvelles opinions ; & il arrêta
parefa fermeté Apoftolique
plufieurs perfonnes qui commençoient à fe déclarer & à
foutenir les nouveaux Heretiques.
MreN...de Thelis- Valor-
1,8 MERCURE
ges, Religieux & Hoſtellier de
l'Abbaye de Savigny , où il
n'entre que des perfonnes d'une naiffance diftinguée , y eft
mort à la fleur de fon âge. Il
eftoit frere de Mr.l'Abbé de
Valorges , Abbé del If barbe
une des plus belles Abbayes de
Royaume,& proche parent du
feu Pere de la Chaife ; fon metite & fes talens le rendoient
encore plus confiderable parmi
fes Confreres , & tous ceux
qui le connoiffoient . Il entendoit parfaitement les affaires
Ecclefiaftiques , & il feroit dif
ficile de trouver quelqu'un qui
GALANT 19
fut plus verfé que luy dans la
Jurifprudence Canonique:
+ - La Maifon de Thelis eft
originaire d'Angleterre, & elle
eft établie en France dés le
temps de Saint Louis ; Hugues
de Thelis dont tous ceux qui
portent aujourd'huy ce nom ,
defcendent , vivoit en 1260.
Guillaume de Thelis fon arriere-petit fils , fut Chanoine &
Comte de Lyon ; & Guichard
de Thelis petit neveu de ce
Comte,époula Jeanne de Fouldras Courcenay, d'une illuftre
famille , dont il y a encore aujourd'huy deux Comtes dans
120 MERCURE
+
l'Eglife de Lyon. Jean de Thelis Seigneur de Farges & de
Cornillon , qui époufa Marie
de Puttcy , fœur de Jeanne de
Puttey époufe de Guillaume
de Vitry , d'une des plus grandes Maifons de Savoye, fortit
de ce mariage , & fut grand',
pere d'Antoine de Thelis , Ecuyer du Duc de Bourbon , à
quiil rendit degrands & fignalez fervices ; cet Antoine , un
des plus grands guerriers de
fon temps , époufa Huguette
de Saint Romain, fille de haut
& puiffant Seigneur Pierre de
Saint Romain , Chevalier Seigneur
GALANT · 121
gneur de Larcy , & de Claude
de Thalaru , niece des deux
Cardinaux de Talaru , Archevêques de Lyon. Une fille unique fortie de ce mariage époufa Louis d'Angerolles , Seigneur de Commiers en Forez.
Guillaume de Thelis fon frere
& Chevalier de l'Ordre de S.
Jean de Jerufalem , quitta la
Croix & époufa Françoife de
Rougemont , d'une illuftre famille qui eft éteinte à prefent
& qui a donné plufieurs Comtes à l'Eglife de Lyon. Les
defcendans de Guillaume
eftant entrez dans la Robbe
Fanvier 1710. L
122 MERCURE
en eurent les premieres Charges dans les Parlemens de Paris
& de Touloufe. Guichard de
Thelis d'une branche de l'E
pinaffe , avoit époufé dés le
13 ° fiecle Catherine de Talaru , grande tante des Cardinaux dont je viens de parler.
Geoffroy & Eftienne de Thelis fes petits fils furent Chanoines & Comtes de Lyon.
Jean de Thelis leur neveu époufa Catherine de SainteColombe, d'une famille qui a
donné auffi des Comtes à l'Eglife de Lyon , &Antoine leur
petit- neveu eft allié auffi à
GALANT 123
la Maifon de Saint Romain.
Gilbert de Thelis un des plus
grands hommes de C
guerre
du
16 fiecle , leur petit
- neveu
,
époufa
Antoinette
de Damas
,
&par là la Maifon
de Thelis
eft alliée à celle de Thianges
.
C'eftoit
ce Gilbert
de Thelis
qui eftoit Seigneur
de Valorges & qui n'ayant
point d'enfans donna
cette Terre
à Jean
de Thelis
fon neveu
, qui s'étoit fignalé
au ſervice
d'Henry IV. fur la fin du 16° fiecle.
Jean épouſa
Henriette
de SarFon , d'une illuftre Maiſon
,
dont il y a aujourd'huy
deux
Lij
124 MERCURE
Comtes dans l'Eglife de Lyon.
George de Thelis fon petitfils époufa Catherine de Malivert d'une Maifon de Breffe.
Antoine fils cadet de Jean dont
je viens de parler , fit la branche de Valorges au commencement du dernier fiecle. Il fut
ayeul de Mr le Comte de Valorges d'aujourd'huy , & du
Chevalier de Thelis qui fut tué
d'un coup decanon en 1674.
devant le Fort de Sainte Anne
en Comté. Ily a encore de cette illuftre Maifon les branches
de Charnay , de Peiffelay & des
Forges. Milon de Thelis Che-
GALANT 125
valier forma celle de Charnay
au commencement du dernier
fiecle. Il eftoit fecond fils de
Jean de Thelis & d'Arthaude
de Charnay d'une ancienne famille de Franche - Comté. Ils
s'allierent auffi aux Maifons de
Varennes, de Talaru, de ChielGigny : ce Milon fut Colonel
dans les Troupes Françoiſes ,
& fe diftingua dans toutes les
occafions de fon temps. Pierre
de Thelis forma la branche de
Peiffelay en Beaujollois ; il êpoufa Clemence de la Olpilliere. Guillaume de Thelis ,
Chevalier Seigneur des Forges,
Liij
126 MERGURE
forma la branche de ce nom
en 1534.Cette Terre paffaenfuite dans la Maifon de Sarron,
où elle eſt à preſent , & dont
un Comte de S. Jean porte le
nom. Cette beanche s'établit
enfuite dans le Nivernois , où
Marguerite de Thelis avoit
époufé Guillaume d'Orgeres.
Philibert Confeigneur des Forges fe diftingua à la teſte d'une
Compagnie de Lances à la Bataille de Coutras , & le Duc
d'Anjou depuis Roy de France,
fous le nom d'Henry III. luy
donna une gratification confiderable. L'Abbé de Valorges
GALANT 127
qui vient de moutir , n'eft pas
Je feul de fa Maifon qui ait efté
Religieux de Savigny. Hugonin de Thelis l'eftoit auffi dans
le quatorziéme ficcle.
Le Pere Violet de la Compagnie de Jefus , eft mort
dans le Grand College des
Jefuites de la Ville de Lyon.
Il eftoit un des plus grands
Theologiens de faCompagnie;
Il avoit enfeigné la Theologie
Scholaftique ou Pofitive durant 20. ans entiers & avec
une grande reputation. Il avoit
efté auffi Profeffeur en langue
Hebraïque pendant quelques
Liiij
128 MERCURE
années avec beaucoup de fuccés. Ce Pere eftoit auffi
grandCafuifte. On le confultoit de toutes parts , & fes
décifions eftoient toujours
foutenues par celles des plus
grands Theologiens du
Royaume. Nous avons quan
tité de fes Poëfies Latines. Ily
en à quelques unes adreffées à
Mr le Prefident Dugas , à qui
il avoit donné les Principes de
la langue Hebraïque dans
laquelle ce Magiftrat a fait
de grands progrés. Il avoit
fait aufli quelques Differtations fur la Baguette dans le
a
GALANT 139
.
temps que l'homme qui la
faifoit tourner comme il vouloit parut en France , & ces
Differtations furent tres- eltimées. Ce Pere avoit reſolu de
donner un Traité De triplici
anima , c'est- à- dire , fur les
trois fortes d'Ames , la Vegetante , la Senfitive ; & la Raifonnable ; mais fon grand
âge ; & fes infirmitez l'empecherent d'executer ce deffein.
Il eftoit de Seyffel , petite Ville
de Bugey , dont il avoit entrepris de donner l'Hiftoire au
Public , ce qu'il n'a pu executer àcaufe de diverfes occupa-
+
130 MERCURE
tions dont fes Superieurs l'ont
chargé en divers temps. Il
faifoit voir dans cet Ouvrage
que C. Sextius Gouverneur du
Pays des Allobroges pour les
Romains fit baftir Seyffel qu'il
fit appeller Sextellum de fon
nom & quepar abus au lieu de
Sextel on a dit Seyffel. Amé
IV. du nom Comte de Savoye,
accorda , felon cet Auteur , de
grands Privileges à cette Ville.
Onefpere que ceux qui auront
foin des Papiers de ce fçavant
hommedonneront cette Hiftoire au Public qui fera d'autant plus curieufe que Seyffel ,
GALANT 131
a efté le Theatre de la Guerre
de Savoye. Le Pere Violet eft
mort âgéesde 84. ans.
Mr le Marquis de Barbefieres Chevalier de l'Ordre de
faint Louis , Gouverneur de
faint Quentin , Lieutenant General des Armées du Roy, eft
mort dans un âge fort avancé ,
regretté de tous ceux qui le
connoiffoient ; il joignoit à de
longs & anciens fervices rendus
au Roy & à l'Etat, un genie capable des plus grandes affaires.
Il avoit fervi toutefa vie dans
la Cavalerie & à la tête duRegiment qui a long- temps por-
132 MERCURE
té fon nom. Il donna dans le
cours de la derniere guerre, de
frequentes preuves de fon courage & de fon experience dans
la Diſcipline militaire. Il a vêcu
pendant les dernieres années de
fa vie dans la pratiqne des vertus Chrêtiennes & en cela il a
fçû allier ceux de fa Profeffion
avec ceux d'un état qui luy paroift quelquefois affez oppofé. Ce Marquis étoit d'une
ancienne Maifon originaire de
Lorraine , où elle étoit connuë
dés le temps du Duc René II.
dont la vie fut remplie de fi
beaux & de fi grands évene-
GALANT 133
mens.Mrs deBarbefieres poffedoient dans cette Cour les premieres dignitez. Ils pafferent
enfuite en France , lorfque les
Princes cadets de cette Maifon
y vinrent & y formerent la
Branche de Guife , dont toutes
les autres font forties. Depuis
ce temps - là ceux de cette Maifon fe font toûjours diftinguez
dans la profeffion des armes.
Dame N... de la Chaife ,
plufieurs fois Superieure de la
troifiéme Maiſon des Filles de
Sainte Elifabeth , de l'Ordre
de faint François , de la Ville
de Lyon , qu'on nomme vul-
134 MERCURE
gairement Colinettes , à caufe
du bien que feus Mr & Me dé
Coligni ont fait à cette Maifon , y eft morte d'apoplexie ,
agée de 77. ans. C'étoit la feule qui reftoit des freres & des
fœurs du Pere de la Chaiſe. On
a remarquéque ce Pere mourut au commencement de l'année derniere , & que Madame
de la Chaiſe eft morteà la fin ;
c'eſt à dire , dans les derniers
jours de Decembre. La memoire de Madame de la Chaife fera long temps en benediction dans cette Maiſon , à caufe des bons exemples qu'elle y
GALANT 135
a donnez durant une vie affez
longue , & par le bien qu'elles luy a procuré , ayant fait
unir , il n'y a pas encore longtemps , un Prieuré à ce Monaftere Elle étoit fille de feu
Mre Gorge d'Aix, Seigneur de
la Chaife , & de Dame Renée
de Rochefort , & petite fille
Mre N.. de la Chaife, &de N...
de Cotton , fœur du Pere Cotton , Confeffeur d'Henry IV.
Elle étoit auffi fœur de Mr le
Marquis d'Aix , pere de Mr de
Souternon , de Mr le Comte
de la Chaife, pere du Marquis
de ce nom , Capitaine des Gar-
136 MERCURE
2
des de la Porte ; de feu Mr
d'Aix , Abbé d'Ambronay ;
de Mr l'Abbé du But , Abbé
& Prieur de Savigny ; de Mr
l'Abbé de la Chaiſe , nommé
Coadjuteur de Clermont , mais
qui mourut avant d'avoir fes
Bulles, & de feue Madame l'Abeffe de Marcilly. La Maiſon
de la Chaife eft de Forcz.
Mre N... Canau , Docteur
en Theologie de la Faculté de
Paris , & cy- devant Vicaire de
la Paroiffe de S. Euftache , eft
mort aprés 11. mois de maladie , dans le cours de laquelle
il a donné de frequentes marI
GALANT 137
par
ques de fa patience & de fa
foûmiffion aux ordres de la
Providence. Il eftoit connu par
rapport au talent qu'il avoit
pour la conduite des ames. Il
dirigeoit plufieurs perfonnes
de qualité , mefme quelques
Princeffes , & il a procuré de
grands biens le zele qu'il
infpircit à ceux dont il gouvernoit les confciences pour
le foulagement des Pauvres. Il
eftoit un des plus habiles Docteurs de la Faculté. Il y a brillé
dans plufieurs ocafions d'éclat.
Mr le Cardinal de Noailles
l'honoroit d'une eftime partiFanvier 1710.
M
138 MERCURE
culiere , & rien ne fait plus
d'honneur à la memoire de ce
Docteur que les regrets detoute la Paroiffe de S. Euftache,
lors qu'il en quitta la conduite ; & ces regrets ont redoublé lors qu'on a appris fa mort.
Mre Elie Camus de Pontcarré, Chevalier non Profés de
l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , eft mort dans un âge fort
avancé , aprés avoir mené une
vie qui a efté l'édification &
l'exemple de tous ceux qui le
connoiffoient. Il eftoit frere
de feu Mr Camus de Pontcarré, Confeiller d'honneur au
GALANT 139
Parlement , & pere de Mr de
Pontcarré , premier Prefident
du Parlement de Rouen. Mes
de Pontcarré , defcendent de
Mfe N... Camus Gentilhomme Lionnois , & leur quatriéme ayeul, qui ayant beaucoup
d'enfans , laiffa aux aînéz les
terres de Fougerolles , de Bagnols & d'Arginis : & c'eft
d'euxque font forties les Bran
ches d'Yvours , d'Aubourg,
Pufignan , Camus Chavanieu,
& Camus de Coindrieu , &
dont le Chef a épousé une
coufine germaine de Mr le
Maréchal de Villars. Mr CaMij
140 MERCURE
mus dontje viens de parler , en
établit les Cadets dans le Parlement de Paris , & il acheta à
l'aîné de ces deux cadets une
Charge de Confeiller au Parlement, qui ne luy coûta alors
que dix mille francs ; c'eftoit
vers le commencement du feiziéme fiecle. C'eft de ce Confeiller que defcendent Mrs de
Pontcarré. Il acheta à l'autre
une Chargé de Maistre des Requeftes , & Mr Camus Evêque
de Bellay , dont il a cſté tant
parlé dans le dernier fiecle , en
defcendoit , & cette branche
finit en ce Prelat. Mr de Pont-
GALANT 135
carré Confeiller d'honneur au
Parlement , laiffa plufieurs enfans , dont deux de fes filles
épouferent des Magiftrats de
tres anciennes Maifons de la
Robbe, & dont il y en a un
qui a efté Intendant. Mr le
premier Prefident de Rouen ,
qui eftoit l'aîné , ' a cu deux
femmes , la premiere , fille de
Mr le Prefident Boulanger ;
& la feconde , fille de Mr de
Bragelogne Maistre des R: -
queftes.
Mre N...... Deshayettes ,
Confeiller en la Cour des Aides , eft mort fort regretté
142 MERCURE
dans fa Compagnie , où fon
merite & fa probité lui avoient
acquis beaucoup de réputa
tion. Il eftoit d'une ancienne
famille originaire de Normandie , & qui a donné beaucoup
de Magiſtrats au Parlement de
Rouen. Il avoit de grandes al
liances dans la Cour des Aides' ,
tant de fon costé que du cofté
de fa femme, du nombre defquelles font M' Petit de Ville-neuve , Prefident du même
Corps & Mr Belayer , qui en
eft Avocat General. Toutes ces
alliances,l'avoient attiré dans
cette Compagnie. Il avoie
“
GALANT· 143
beaucoup de talens naturels ;
il eftoit éloquent , & avant
d'eftre en Charge il avoit
plaidépour s'exercer , plufieurs
Caufes d'appareil au Parlementavec beaucoup de fuccés.
Il fçavoit fort bien les Langues étrangeres ; il s'y eftoit
attaché depuis fa plus grande
jeuneffe , & il y auroit parfaitement réüffi , & fur tout à l'égard de la Langue Italienne.
dont il fçavoir toutes les fineffes. Il eftoit fort lié avec Mr le
Cardinal Gualterio , ci - devant
Nonce en France ; ce Prelat
qui a acquis avec juſtice la ré-
144 MERCURE
putation d'un des plus habiles
Prelats de l'Europe , fe plaifoit
fort avec Mr Deshayettes !
& ils rappelloient quand ils
eftoient enſemble tous les plus
beaux endroits des Auteurs
Italiens tels que font le Taffe ,
le Guarino , Bocace , Bonarel
li , & c.
Meffire Gilles Brunet , Con
feiller - Clerc de la Grand'
Chambre , eft mort dans un
âge affez avancé. Il étoit d'une
Famille de Bourgogne , originaire de Beaune , & qui a
donné plufieurs Officiers au
Parlement de Paris. Mr de
Chailly,
GALANT 145
Chailly, Prefident de la Chambre des Comptes eft neveu de
l'Abbé dont je vous apprens
la mort. Cet Abbé étoit fort
eftimé dans le Parlement , & il
y avoit acquis la réputation
d'un Juge fort integre & fort
éclairé. Il étoit Abbé de Villeloin , Ordre de faint Benoist &
Dioceſe de Tours , & il avoit
fait de grands biens à fon Abbaye , par le foin qu'il avoit
pris dans les premieres années
qu'il en fût pourvû , d'y faire
venir plufieurs fonds alienez. Il
y a auffi fait faire quantité de
reparations qui ont entiereN
"Janvier 1710.
146 MERCURE
1
4
ment fait changer de face d
cette Abbaye. Il étoit Docteur
en Theologie , & il avoit fait
fon Cours &fes Licences avec
beaucoup de fuccés. Il s'appli
qua enfuite à l'étude de la Jurif
prudence , dans le deffein d'entror dans la Robe ; & on con
vint alors qu'il y avoit peu de
perfonnes qui le furpaffaffent
dans la connoiffance du Droit,
& fur tout du Canonique , au
quel il s'étoit particulierement
attaché. Il avoit auffi fait une
longue étude des Libertez de
l'Eglife Gallicane , & il feroit
à fouhaiter que quelque ha
CALANT 147
bille main mit en ordre les
6
Memoires qu'il avoit affemblez fur cette importante matiere pour les donner auPublic.
Mr l'Abbé Joifel, par la mort
de Mr Bruner, eft monté à la
Grand Chambre , & eft neveu, à la mode de Bretagne, du
celebre Mr Joifel , Doyen de la
Faculté de Theologic de Paris.
Mr N... du Peray , Brigadier des Armées du Roy, & cydevant Lieutenant-Colonel du
Regiment Lyonnois , cft mort
dans un âge fort avancé , aprés avoir donné pendant un
grand nombre d'années qu'il a
Nij
748 MERCURE
non as
porté les armes , de frequentes preuves de fon courage &
de fon experience dans la Difcipline militaire. Il étoit de
Corbeil prés Paris , & d'une
famille qui avoit toûjours cfté
fort attachée à la Maifon de
Villeroy. Feue Madame la Ma
réchale de Villeroy, mere du
Maréchal de ce nom , luy fit
avoir uneCompagnie dans le
Regiment Lyonnois qu'on leva il y a plus de so. ans. Il vinc
par fon rang , & encore plus
par fon merite , au pofte de
Lieutenant-Colonel , & en cette qualité , comme en celle de
EGALANT 149
f
Capitaine, il s'étoit trouvé dans
toutes les occafions où le Regiment Lyonnois s'eft diſtingué , fur tout dans les guerres
de Franche- Comté, où cet Of
ficier s'attira des louanges de la
bouche même de Sa Majesté.
Il avoit quitté le fervice depuis quelques années à caufe de fon grand âge & de fes
incommoditez , & le Roy luy
donna une groffe penfion lors .
qu'il quitta. Mr de Tricaud ,
aujourd'huy Brigadier , & alors
Major du Regiment Lyonnois,
eut la Lieutenance Colonelle
aprés luy. Le défunt avoit pafN iij
150 MERCURE
4
fé fa vie dans le celibat , & il a
laiffe fes biens qui font fort
confiderables à Mr Renaud ,
fon petit neveu , & fils d'un
Confeiller au Parlement de Paris .Il a paffé les dernieres années
de fa vie dans une pratique
Credes devoirs de fa Religion. Ila fait en mourant de
grandes aumônes aux pauvres.
Mre Pierre Eon de la Baronie, Chevalier , Comte Marquis de Cely, Seigneur de Soyfy , Baron defaint Germain , &
Prefident en la Chambre des
Comptes , eft mort âgé de
quarante- huit ans. Il laiffe des
素
GALANT ast
enfans de Dame N..Dargou
ges de Rannes , fille de Mr
Dargouges de Rannes , & de
Dame N... le Pelletier , four
de Mr le Premier Prefident , &
fille de Mr. le Pelletier , Miniftre
d'Etat. Ce Magiftrat eft de S.
Malo, &il étoit parent du feu
Pere le Gobien Jefuite , qui a
donné plufieurs Recueils de
Lettres fur les Miffions d'O.
rient , & qui étoit auffi de faint
Malo. Il a efté fort regretté à
la Chambre des Comptes , où
fon application aux devoirs de
fa Charge , & fon merite particulier luy avoit fait beaucoup
Niiij
152 MERCURT
d'amis. Me la Prefidente fa veu
ve & à qui il a laiffé la gardenoble de fes biens , qui font
fort confiderables, eft niéce de
Mr le Marquis de Rannes, Colonel de Dragons , & Officier
General. C'eſt un des Officiers
qui entend le mieux la Cavalerie. Le Magiftrat dontje vous
apprens la mort , étoit allié du
côté maternel à la Maifon de
Coëtlogon,une desplus anciennes Maiſons & des plus qualifiées de Bretagne. Il étoit auffi du même côté à celle de
Guebriant , qui a produit dans
les derniers fiecles un Maréchal
GALANT 153
de France.Les pauvres
sont
beaucoup perdu à la mort, &
fa
il leur donnoit toutes les femaines de groffes fonimes.
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Résumé : Premier Article des Morts. [titre d'après la table]
Le texte relate la vie et les réalisations de Maître Nicolas Lair, un éminent membre de l'Université de Paris, décédé en janvier 1709 à l'âge de 85 ans. Lair, Doyen de la Nation de Normandie, avait été agrégé à l'Université en 1650 et s'était distingué par son travail dans les belles-lettres et l'éloquence. Il avait exercé diverses charges prestigieuses, notamment celles de Procureur et de Censeur, et avait été Recteur de l'Université à plusieurs reprises. En 1669, en tant que Recteur, il avait harangué le roi Louis XIV, la reine, la reine d'Angleterre, le Dauphin et le Duc d'Anjou lors de la Chandeleur. Il avait également impressionné le Prince de Condé par sa maîtrise du grec ancien. En 1679, il avait harangué le roi à Saint-Germain-en-Laye pour célébrer la paix en Europe et avait complimenté Mademoiselle, fille du frère unique du roi, lors de son mariage avec le roi d'Espagne. Après la mort de César Egaffe du Boulay, Lair avait été nommé Greffier de l'Université, poste qu'il avait occupé pendant 28 ans avant de se démettre en 1706. Sa mort avait été marquée par des funérailles solennelles au Collège d'Harcourt. Le texte mentionne également la mort de plusieurs personnalités notables, dont le Père Bernardin de Piquigny, un capucin respecté pour sa piété et ses œuvres théologiques, et l'Abbé de Gomer Lufancy, un chanoine de Meaux issu d'une famille noble et alliée à plusieurs maisons illustres. Il évoque aussi la mort de Charles de Raouffet, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, et de N... de Thelis-Valorges, un religieux de l'Abbaye de Savigny, tous deux issus de familles nobles et distinguées. Le texte traite également de plusieurs familles nobles et de leurs alliances au cours des XVIe et XVIIe siècles. Gilbert de Thelis, seigneur de Valorges, avait légué cette terre à son neveu Jean de Thelis, qui s'était distingué au service d'Henry IV. Jean avait épousé Henriette de Sarfon, issue d'une illustre maison lyonnaise. Leur petit-fils, George de Thelis, avait épousé Catherine de Malivert. Antoine, fils cadet de Jean, avait fondé la branche de Valorges au début du XVIIe siècle. D'autres branches de la famille de Thelis incluent celles de Charnay, Peiffelay et des Forges. Le texte mentionne également plusieurs personnalités religieuses et intellectuelles, comme le Père Violet, un théologien jésuite de Lyon, connu pour son enseignement de la théologie et de l'hébreu. Le Marquis de Barbezières, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis et gouverneur de Saint-Quentin, est également mentionné pour ses services militaires et sa vie pieuse. D'autres figures notables incluent Dame N... de la Chaise, supérieure des Filles de Sainte Élisabeth à Lyon, et Monsieur Canau, docteur en théologie et vicaire de la paroisse de Saint-Eustache à Paris. Le texte mentionne également des membres de la famille Camus de Pontcarré, dont plusieurs occupèrent des postes importants au Parlement de Paris et de Rouen. Enfin, Monsieur Deshayettes, conseiller à la Cour des Aides, est loué pour son éloquence et sa maîtrise des langues étrangères. Le texte relate également la vie et les exploits d'un officier militaire et d'un magistrat. L'officier, originaire de Corbeil près Paris, avait servi dans le régiment Lyonnois et s'était distingué lors des guerres de Franche-Comté, recevant des éloges du roi. Après une carrière militaire marquée par le courage et l'expérience, il avait quitté le service en raison de son âge avancé et de ses problèmes de santé, recevant une pension royale. Il était décédé célibataire, laissant ses biens à son petit-neveu, fils d'un conseiller au Parlement de Paris. Il avait mené une vie pieuse et avait fait des dons aux pauvres. Le magistrat, Pierre Eon de la Baronie, Chevalier, Comte Marquis de Cely, était décédé à l'âge de quarante-huit ans. Il laissait des enfants de Dame N... Dargouges de Rannes. Originaire de Saint-Malo, il était parent du jésuite Père le Gobien et était très respecté à la Chambre des Comptes pour son dévouement et son mérite. Sa veuve, nièce du Marquis de Rannes, héritait de ses biens considérables.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1899
p. 153-175
DISSERTATION SUR la Goutte & le Rhumatisme, faite par Mr Dumont, Chirurgien Juré d'Auch.
Début :
Les hommes sont attaquez de tant de differentes maladiesqui leur font quitter ce monde [...]
Mots clefs :
Goutte, Dissertation, Rhumatisme, Sang, Jointures, Corps, Esprit, Chaleur, Douleurs, Tendons
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texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION SUR la Goutte & le Rhumatisme, faite par Mr Dumont, Chirurgien Juré d'Auch.
Les hommes font attaquez
de tant de differentes maladies
qui leur font quitter ce monde
avant que d'atteindre à l'âge
où ils pourroient parvenir fans
leurs infirmitez , il ne faut. pas
s'eftonner s'il fe trouve tant
de perfonnes qui travaillent à
chercher des remedes pour la
guerifon des differentes maladies dont les hommes font attaquez. L'Auteur de la Piece
que vous allez lire eft de ce
nombre.
15 4 MERCURE
DISSERTATION SUR
la Goutte &le Rhumatiſme,
faite par Mr Dumont, Chi
rurgien Juré d'Auch.
>
*
Il y a des Auteurs fameux,
qui pretendent que la pituite e
les ferofitez acres , qui fe feparent
des humeurs par le tiffu des
parties membraneufes & glandu
leufes , font la caufe de la Gouite
& du Rhumatifme , lesquelles
s'épanchant fur l'habitude di
corps , deviennent la fource feconde des douleurs arthritiques &
rhumatiques , procedant du vice
CALANT 155
des filtrations , ordinairement
de celles qui fe font dans la tefte,
appellée pour ce fujet , la ſource
des maladies.
Cependant lefentiment le plus
fuivi eft , que le fang chargédes
fels acides , & des fels acres , épanchez hors des routes de la circulation , par les extrémitez , ou
par les pores de plus petites arteres dans les jointures ; auquel lieu,
ils ne peuventplus eftre repris par
les veines, ou diffipez , il forme
la matiere de la goutre par le dérangement es le mélange difproportionné de fes principes , & par
te relâchement des parties. C'eft
156 MERCURE
donc uniquement dans le vice, &
dans la conftitution dépravée du
fang, qu'ilfaut chercher lafource le levain de la goutte &
du rhumatisme de forte qu'on
n'en peut attendre la guerifon
`vant qu'on n'ait reftablyſa tiffure , & redonné de l'élasticité aux
parties , en renouvellant tout le
fiftême dufang, & en lefaiſant
changer de nature.
*
aSur ce principe , il eft aifé de
s'imaginer que ces fels acides
acres , extravafez par voye d'épanchement , fe gliffent entre les
membranes , qui enveloppent les
mufcles , jufques à ce qu'ilsfoient
GALANT 157
onduits par la circulation dans
les parties membraneufes , vers
les tendons ligamens des jointures , où ils trouvent des cavitez
qui les arreftent , dont il refte
tres-fouvent au fonds une espece
de marc ou de vafe , en forme de
plâtre, ou defel , qui forme des
concretions des nœuds prefque
indiffolubles , par la coagulation
de leur fynovie , jusques ày con- tracter avec le temps la fermeté
de la pierre ; c'eſt- là le levain
qui occafionne la rechûte & le
retour periodique de la goutte
nouée , dans le temps que ces fels.
viennent à fe fermenter.
158 MERCURE
estes Il eft vray de dire , que
felsacides & acres s'arreſtent fuivant leur determination dans les
jointures , &dans les parties qui
les touchent , & qu'ils y caufent
des irritations des divulfions
douloureufes ; ils piquent &
ébranlent les filers membraneux
nerveuxqui en derivent ; ils
compriment & preffent les tendons , les ligamens , les aiffeaux
fanguins , les vaiffeaux lympha
tiques, & les tuyaux excreteurs ;
parce moyen troublent &empêchent la circulation dufang, &
confequemment le cours des efprits
animaux; &par là ils entretien
GALANT 159
de
ment une fenfation douloureuse
pendant tout le cours de la maladienab sonnets
Le rhumatiſme eſt une espece
goutte vague , par diftinction
de la gouttefixe , qui a fon fiege
precifement dans les jointures &
articulations des parties , au lieu
que la vague afflige tout le corps;
c'est à-dire les espaces entre les articles , les mufcles , leurs membranes , toute l'habitude , avec
une douleur cruelle , faifant fentir des élancemens indifferemment
le long des parties , tantoft dans
l'un des bras , tantoft dans l'autre,
commefi ces douleurs eftoienc er
160 MERCURE
rantes , la caufe de cette goutte
vague eftant uneferofité empreinte d'un nîtrefulfureux, qui abonde dans la maffe du fang, qui eft
d'une grande acrimonie , fouvent
accompagnée de vents ; il faut que
cette ferofitéfoit telle , puiſqu'elle
fe faitfentir par des chaleurs
par des piqueures douloureufes
"dans les parties , les chaleurs venant du fouffre , & les piqueures
procedant dufel.
la
Le rhumatifme nediffere d'avec
goutte que par fon eſtenduë ;
car la goutte s'infinue dans les
parties des articles , où les os emboitezlaiffentquelque eſpace vui-
GALANT 161
de , au lieu que le rhumatisme eft
comme un débordement qui fe répandfurtoute l'habitude du corps,
oufur quelque partie en particulier ; de maniere que cette ferofité
demeure quelquefois engagée entre
lesparties membranenfes & mufculeufes , vers le milieu des membres; mais lorsqu'elle coule le long
des tendons des ligamens, elle
fe jette dans les jointures, & par
fon explosion caufe , ou le rhumatifme qui fe termine fouvent
par la goutte , ou la goutte qui fe
change fouvent en rhumatifme..
Il n'y a point de doute que
l'acide ne foit l'ennemy juré du
Janvier 1710.
162 MERCURE
de toutes les genre nerveux , &
parties du corps , excepté l'eſtomac,
felon Vanhelmont, en digriffant
trop la male du fang, & luy
donnant trop de confiftance & de
groffiereté ; de forte que la circulation devenant plus difficile &
plus lente , le fang imprime aux
parties folides un caractere qui
affoiblit toutes leurs actions ; de
maniere que les efprits animaux
ทุกขอ
font comme engourdis noyez
dans les humeurs , dont les couloirs fontfarcis ; de forte que les
recremens du fang nagent & cir
culent avec luy dans les parties,
&deviennent les femences fecon-
GALANT 153
des de la goutte & du rhumatifme, par la feparation des parties
fereufes du fang, d'avec les fibrenfes & par la vapidité er
appan vriffement des liqueurs, e
des parties balfamiques &Spiri
tueuses du fang
Cela eftant fuppose & fondé,
je fuisfürdes experiences conftantesaverées ; &jofe dire, que
le plus für moyende combattre la
matiere de la goutte , eſt la voye
des urines de la tranfpiration,
procuréepar l'Or Diaphoretique
horizontal ( que j'ay composé:)
car enfin , fi dans la tranſpiration
naturelle , les épanchemens des
&
Ŏ ij
164 MERCUDE
eſt
il
fels acides & acres dans les jointures, fe confument d'eux memes
par leur ardeur propre , &parle
nouveau degré de chaleur qu'ils
reçoivent de l'obſtruction , en s'évaporant à travers les pores ,
eft à prefumer raifonnablement,
que la tranfpiration artificielle ferad'un tres-puiffantfecours ; &
comme la chaleur naturelle de ceux
quifont avancez en âge, qui va
toûjours en s'affaibliſſant, ne peut
pas faire entierement tranfpirer
la matiere qui s'amaffe dans les
jointures , les nerfs, les tendons
les ligamens continuellement
imbiber fe relâchent , & con-
GALANT 165
tractant une foibleffe qui augmen
res
fure
que la
douleur
diminues Enfin , lorsque les atteinres de la gouttefefont multipliées,
les vaiffeaux tant de fois décolez , obeiffent à la moindre effufion ; deforte que ces ferofitezfe
forment un paffage libre, jufques
aux articles , qui s'élargit toûjours , nefe bouchejamais ; ce
quifait que lagoutte devient plus
cruelle , à mesure qu'elle vieillit,
prend toutefaforce de la va
l'appauvriffement du مریم pidité de
fang, & de la foibleffe des levains digeftifs, & durelâchement
des partiesfibreufes ; ce qui donne
166 MERCURE
occasion à une espece de crudité
dans les humeurs. Les perfonnes
neanmoins avancées en age , ne
doivent pas defefperer de voirfou
vent foulager , quelquefois
guerir à fonds lears maux, comme je l'ay experimenté fur un
homme feptuagenaire , travaillé
de la goutte, & furplufieurs autres de tous ages , dont les uns
eftoient attaquezde lagoutte , &
les autres d'un rhumatisme chronique e inveteré.
L'experience en effet , prouve
sous les jours , qu'il eft des perfonnesfexagenaires, qui ont leurs
fermens vigoureux , le tonus des
GALANT 167
parties ferme la riffure du
9.
fangrobufte. Cependantj'avouë,
que la goutte nouée ne cedera pas
toujours à ce remede , mais elle
deviendra moins frequente
moins cruelle c'est toujours un
grand bien d'eftre foulagé d'un
mal, dont on ne peut entierement
guerir , qu'en tacbant de corriger
de rectifier la crudité outrée
des humeurs, & deprimerl'exal
tation de l'acide , de lalymphe, du
fuc pancreatique & de la bile,
qui prend toutefa force de l'aigre
avec lequel elle fermente ; car
l'exaltation de ces liqueurs ne
vient quepar un trop long fe-
168 MERCURE
jour qu'elles ont fait dans les filtres , fou par le relâchement des
fibres deſtinées à en faire l'expreffion , foit enfin par le vice des
fermens qui fixent le fang ; c'eft
de cette crudité que naiffent dans
les premieres voyes , &dans le
fang mefme, tous les fels étrangers , qui occafionnent des attaques fi frequentes de la goutte &
du rhumatisme.
Nous voyons au contraire, que
les jeunes gens , &fur tout les
enfans , trouvent une heureuſe
exemption dans lajufteffe de leur
temperament, qui n'a fouffert encore aucune attaque , parce que
leurs
GALANT 169
leurs vaiffeaux toujours également remplis , eftant étroitement
inferez les uns dans les autres , la
ferofité ne trouve aucune iffuë.
pour s'extravafer, ou s'il s'en
échape quelques gouttes , les muf
cles joints & ferrez entr'eux
leur refuſent le paſſage ; ellesfont
plutoft diffipées par la tranſpiration , qu'elles ne font arrivées aux
jointures ; car dans le bel âge , le
fang eft riche en efprits , les fermens font vigoureux , & dans
lequel les Parties ont tout leur
tonus ; enfin s'il arrive alors quelque defordre dans le Systême du
Jang, & qu'il faffe quelque im
Janvier 1710.
P
170 MERCURE
la
preffion mauvaife fur les Parties,
la nature fe fert heureufement de
fes efprits qui rayonnent dans les
liqueurs , pour en chaffer ce qu'il
y a de fucsfalins étrangers dans
la maffe , qui en troublent l'aco
nomie , &déconcertent pour ainfi
dire la machine; c'est pourquoy
fuppreffion de l'infenfible tranfpiration , produit une infinité de maladies , tant aigues que chroniques ; car ce quife diffipe ordinairement de nos corps , foit par le
paffage de la matierefubtile , qui
en détache continuellement quelques parties , ou par les filtrations
des glandes cutanées , & tuyaux
GALANT 171
excreteurs , eft bienfenfible, puifque Sanctorius prétend qu'ilfurpaffe quinze fois le volume des
autres excretions.
Il faut donc fuivant mon ſyſftême de pratique , pour guerir la
goutte & le rhumatisme , fefervir de la voye d'attenuer les humeurs afin qu'en leur donnant
plus defluidité, elles puiffent ai
fementfe débaraffer, ou pour entrer dans la maffe dufang& fuivrefon cours ; ou enfin pour fe
perdre par l'infenfible tranfpiration ; ce qui s'obtiendra par des remedes fondans , diuretiques , dépurans abforbans , diaphorePij
172 MERCURE
tiques , pour combattre la goutte
&lerbumatisme ; enfin l'or dia
phoretique horisontal renferme
enfoy ces cinq qualitez , &par
confequent c'est un remede fpecifi
que a ces maux.
la
Onpeut dont conclurrefuivant
les Anciens &les Modernes , que
a goutte vient par le vice de l'eftomac , d'où s'enfuit une digeftion
aigrie & alterée , le chile devient
groffier , & acide en forte que
d'un chile aigri , il ne peut eftre
produit qu'un fang empreint de
particules acides , lesquelles eftant
portées aux articles , &ne pou
vant eftre digerées & évacuées
ر
GALANT 173
par les efprits fixes de ces parties ,
deviennent plus acides par le fejour qu'elles y font , & caufent
les douleurs de la goutte : ainfi la
veritable indication , pourla guerifonde cette maladie , eft de fortifier l'eftomach , d'en abforber l'acide , & diffiper l'humeur qui eft
dans lapartie; l'or diaphoretique,
horifontal, corrige repare ce défaut, ranime e rectifie leferment
digeftif de l'eftomach , affaifonne
le chile , proportionne les coctions
donne de lafluidité auxfucs , rend
·les couloirs libres , refout les craf
fes du fyftême des nerfs & des
Piij
174 MERCURE
glandes , fournit aufang des
parties huileufes , balfamiques &
Spirituenfes , afin qu'il reprenne
fa premierepureté, &fapremiere
-force.
Il est certain que j'aydonné de
ce remede à un grand nombre de
perfonnes de tous âges dans laplus
grande rigueur de l'Hiver, &
dans la plus grande chaleur
l'Efté , fans que l'ufage de ce remede ait caufeplus d'émotion , ny
de chaleur , quefi l'on n'avoit rien
pris. L'or diaphoretique horizontal n'eftpasfeulement un fpecifique pour la goutte , mais encorepour les maladies chroniques
GALANT 175
rebelles , dont la miffe du fang
eft tout à fait dérangée fuivant
les experiences que j'en ay faites
tant à Paris qu'en Province.
M³ Dumont , donnera à ceux
qui l'iront voir , des preuves
convaincantes , des heureufes
experiences qu'il a faites . Je
vous ay déja envoyé plufieurs
de fes Ouvrages dont les Journaux des Sçavans ont avantageufement parlé. Il loge au
Grand Turc , rue de la Huchette.
de tant de differentes maladies
qui leur font quitter ce monde
avant que d'atteindre à l'âge
où ils pourroient parvenir fans
leurs infirmitez , il ne faut. pas
s'eftonner s'il fe trouve tant
de perfonnes qui travaillent à
chercher des remedes pour la
guerifon des differentes maladies dont les hommes font attaquez. L'Auteur de la Piece
que vous allez lire eft de ce
nombre.
15 4 MERCURE
DISSERTATION SUR
la Goutte &le Rhumatiſme,
faite par Mr Dumont, Chi
rurgien Juré d'Auch.
>
*
Il y a des Auteurs fameux,
qui pretendent que la pituite e
les ferofitez acres , qui fe feparent
des humeurs par le tiffu des
parties membraneufes & glandu
leufes , font la caufe de la Gouite
& du Rhumatifme , lesquelles
s'épanchant fur l'habitude di
corps , deviennent la fource feconde des douleurs arthritiques &
rhumatiques , procedant du vice
CALANT 155
des filtrations , ordinairement
de celles qui fe font dans la tefte,
appellée pour ce fujet , la ſource
des maladies.
Cependant lefentiment le plus
fuivi eft , que le fang chargédes
fels acides , & des fels acres , épanchez hors des routes de la circulation , par les extrémitez , ou
par les pores de plus petites arteres dans les jointures ; auquel lieu,
ils ne peuventplus eftre repris par
les veines, ou diffipez , il forme
la matiere de la goutre par le dérangement es le mélange difproportionné de fes principes , & par
te relâchement des parties. C'eft
156 MERCURE
donc uniquement dans le vice, &
dans la conftitution dépravée du
fang, qu'ilfaut chercher lafource le levain de la goutte &
du rhumatisme de forte qu'on
n'en peut attendre la guerifon
`vant qu'on n'ait reftablyſa tiffure , & redonné de l'élasticité aux
parties , en renouvellant tout le
fiftême dufang, & en lefaiſant
changer de nature.
*
aSur ce principe , il eft aifé de
s'imaginer que ces fels acides
acres , extravafez par voye d'épanchement , fe gliffent entre les
membranes , qui enveloppent les
mufcles , jufques à ce qu'ilsfoient
GALANT 157
onduits par la circulation dans
les parties membraneufes , vers
les tendons ligamens des jointures , où ils trouvent des cavitez
qui les arreftent , dont il refte
tres-fouvent au fonds une espece
de marc ou de vafe , en forme de
plâtre, ou defel , qui forme des
concretions des nœuds prefque
indiffolubles , par la coagulation
de leur fynovie , jusques ày con- tracter avec le temps la fermeté
de la pierre ; c'eſt- là le levain
qui occafionne la rechûte & le
retour periodique de la goutte
nouée , dans le temps que ces fels.
viennent à fe fermenter.
158 MERCURE
estes Il eft vray de dire , que
felsacides & acres s'arreſtent fuivant leur determination dans les
jointures , &dans les parties qui
les touchent , & qu'ils y caufent
des irritations des divulfions
douloureufes ; ils piquent &
ébranlent les filers membraneux
nerveuxqui en derivent ; ils
compriment & preffent les tendons , les ligamens , les aiffeaux
fanguins , les vaiffeaux lympha
tiques, & les tuyaux excreteurs ;
parce moyen troublent &empêchent la circulation dufang, &
confequemment le cours des efprits
animaux; &par là ils entretien
GALANT 159
de
ment une fenfation douloureuse
pendant tout le cours de la maladienab sonnets
Le rhumatiſme eſt une espece
goutte vague , par diftinction
de la gouttefixe , qui a fon fiege
precifement dans les jointures &
articulations des parties , au lieu
que la vague afflige tout le corps;
c'est à-dire les espaces entre les articles , les mufcles , leurs membranes , toute l'habitude , avec
une douleur cruelle , faifant fentir des élancemens indifferemment
le long des parties , tantoft dans
l'un des bras , tantoft dans l'autre,
commefi ces douleurs eftoienc er
160 MERCURE
rantes , la caufe de cette goutte
vague eftant uneferofité empreinte d'un nîtrefulfureux, qui abonde dans la maffe du fang, qui eft
d'une grande acrimonie , fouvent
accompagnée de vents ; il faut que
cette ferofitéfoit telle , puiſqu'elle
fe faitfentir par des chaleurs
par des piqueures douloureufes
"dans les parties , les chaleurs venant du fouffre , & les piqueures
procedant dufel.
la
Le rhumatifme nediffere d'avec
goutte que par fon eſtenduë ;
car la goutte s'infinue dans les
parties des articles , où les os emboitezlaiffentquelque eſpace vui-
GALANT 161
de , au lieu que le rhumatisme eft
comme un débordement qui fe répandfurtoute l'habitude du corps,
oufur quelque partie en particulier ; de maniere que cette ferofité
demeure quelquefois engagée entre
lesparties membranenfes & mufculeufes , vers le milieu des membres; mais lorsqu'elle coule le long
des tendons des ligamens, elle
fe jette dans les jointures, & par
fon explosion caufe , ou le rhumatifme qui fe termine fouvent
par la goutte , ou la goutte qui fe
change fouvent en rhumatifme..
Il n'y a point de doute que
l'acide ne foit l'ennemy juré du
Janvier 1710.
162 MERCURE
de toutes les genre nerveux , &
parties du corps , excepté l'eſtomac,
felon Vanhelmont, en digriffant
trop la male du fang, & luy
donnant trop de confiftance & de
groffiereté ; de forte que la circulation devenant plus difficile &
plus lente , le fang imprime aux
parties folides un caractere qui
affoiblit toutes leurs actions ; de
maniere que les efprits animaux
ทุกขอ
font comme engourdis noyez
dans les humeurs , dont les couloirs fontfarcis ; de forte que les
recremens du fang nagent & cir
culent avec luy dans les parties,
&deviennent les femences fecon-
GALANT 153
des de la goutte & du rhumatifme, par la feparation des parties
fereufes du fang, d'avec les fibrenfes & par la vapidité er
appan vriffement des liqueurs, e
des parties balfamiques &Spiri
tueuses du fang
Cela eftant fuppose & fondé,
je fuisfürdes experiences conftantesaverées ; &jofe dire, que
le plus für moyende combattre la
matiere de la goutte , eſt la voye
des urines de la tranfpiration,
procuréepar l'Or Diaphoretique
horizontal ( que j'ay composé:)
car enfin , fi dans la tranſpiration
naturelle , les épanchemens des
&
Ŏ ij
164 MERCUDE
eſt
il
fels acides & acres dans les jointures, fe confument d'eux memes
par leur ardeur propre , &parle
nouveau degré de chaleur qu'ils
reçoivent de l'obſtruction , en s'évaporant à travers les pores ,
eft à prefumer raifonnablement,
que la tranfpiration artificielle ferad'un tres-puiffantfecours ; &
comme la chaleur naturelle de ceux
quifont avancez en âge, qui va
toûjours en s'affaibliſſant, ne peut
pas faire entierement tranfpirer
la matiere qui s'amaffe dans les
jointures , les nerfs, les tendons
les ligamens continuellement
imbiber fe relâchent , & con-
GALANT 165
tractant une foibleffe qui augmen
res
fure
que la
douleur
diminues Enfin , lorsque les atteinres de la gouttefefont multipliées,
les vaiffeaux tant de fois décolez , obeiffent à la moindre effufion ; deforte que ces ferofitezfe
forment un paffage libre, jufques
aux articles , qui s'élargit toûjours , nefe bouchejamais ; ce
quifait que lagoutte devient plus
cruelle , à mesure qu'elle vieillit,
prend toutefaforce de la va
l'appauvriffement du مریم pidité de
fang, & de la foibleffe des levains digeftifs, & durelâchement
des partiesfibreufes ; ce qui donne
166 MERCURE
occasion à une espece de crudité
dans les humeurs. Les perfonnes
neanmoins avancées en age , ne
doivent pas defefperer de voirfou
vent foulager , quelquefois
guerir à fonds lears maux, comme je l'ay experimenté fur un
homme feptuagenaire , travaillé
de la goutte, & furplufieurs autres de tous ages , dont les uns
eftoient attaquezde lagoutte , &
les autres d'un rhumatisme chronique e inveteré.
L'experience en effet , prouve
sous les jours , qu'il eft des perfonnesfexagenaires, qui ont leurs
fermens vigoureux , le tonus des
GALANT 167
parties ferme la riffure du
9.
fangrobufte. Cependantj'avouë,
que la goutte nouée ne cedera pas
toujours à ce remede , mais elle
deviendra moins frequente
moins cruelle c'est toujours un
grand bien d'eftre foulagé d'un
mal, dont on ne peut entierement
guerir , qu'en tacbant de corriger
de rectifier la crudité outrée
des humeurs, & deprimerl'exal
tation de l'acide , de lalymphe, du
fuc pancreatique & de la bile,
qui prend toutefa force de l'aigre
avec lequel elle fermente ; car
l'exaltation de ces liqueurs ne
vient quepar un trop long fe-
168 MERCURE
jour qu'elles ont fait dans les filtres , fou par le relâchement des
fibres deſtinées à en faire l'expreffion , foit enfin par le vice des
fermens qui fixent le fang ; c'eft
de cette crudité que naiffent dans
les premieres voyes , &dans le
fang mefme, tous les fels étrangers , qui occafionnent des attaques fi frequentes de la goutte &
du rhumatisme.
Nous voyons au contraire, que
les jeunes gens , &fur tout les
enfans , trouvent une heureuſe
exemption dans lajufteffe de leur
temperament, qui n'a fouffert encore aucune attaque , parce que
leurs
GALANT 169
leurs vaiffeaux toujours également remplis , eftant étroitement
inferez les uns dans les autres , la
ferofité ne trouve aucune iffuë.
pour s'extravafer, ou s'il s'en
échape quelques gouttes , les muf
cles joints & ferrez entr'eux
leur refuſent le paſſage ; ellesfont
plutoft diffipées par la tranſpiration , qu'elles ne font arrivées aux
jointures ; car dans le bel âge , le
fang eft riche en efprits , les fermens font vigoureux , & dans
lequel les Parties ont tout leur
tonus ; enfin s'il arrive alors quelque defordre dans le Systême du
Jang, & qu'il faffe quelque im
Janvier 1710.
P
170 MERCURE
la
preffion mauvaife fur les Parties,
la nature fe fert heureufement de
fes efprits qui rayonnent dans les
liqueurs , pour en chaffer ce qu'il
y a de fucsfalins étrangers dans
la maffe , qui en troublent l'aco
nomie , &déconcertent pour ainfi
dire la machine; c'est pourquoy
fuppreffion de l'infenfible tranfpiration , produit une infinité de maladies , tant aigues que chroniques ; car ce quife diffipe ordinairement de nos corps , foit par le
paffage de la matierefubtile , qui
en détache continuellement quelques parties , ou par les filtrations
des glandes cutanées , & tuyaux
GALANT 171
excreteurs , eft bienfenfible, puifque Sanctorius prétend qu'ilfurpaffe quinze fois le volume des
autres excretions.
Il faut donc fuivant mon ſyſftême de pratique , pour guerir la
goutte & le rhumatisme , fefervir de la voye d'attenuer les humeurs afin qu'en leur donnant
plus defluidité, elles puiffent ai
fementfe débaraffer, ou pour entrer dans la maffe dufang& fuivrefon cours ; ou enfin pour fe
perdre par l'infenfible tranfpiration ; ce qui s'obtiendra par des remedes fondans , diuretiques , dépurans abforbans , diaphorePij
172 MERCURE
tiques , pour combattre la goutte
&lerbumatisme ; enfin l'or dia
phoretique horisontal renferme
enfoy ces cinq qualitez , &par
confequent c'est un remede fpecifi
que a ces maux.
la
Onpeut dont conclurrefuivant
les Anciens &les Modernes , que
a goutte vient par le vice de l'eftomac , d'où s'enfuit une digeftion
aigrie & alterée , le chile devient
groffier , & acide en forte que
d'un chile aigri , il ne peut eftre
produit qu'un fang empreint de
particules acides , lesquelles eftant
portées aux articles , &ne pou
vant eftre digerées & évacuées
ر
GALANT 173
par les efprits fixes de ces parties ,
deviennent plus acides par le fejour qu'elles y font , & caufent
les douleurs de la goutte : ainfi la
veritable indication , pourla guerifonde cette maladie , eft de fortifier l'eftomach , d'en abforber l'acide , & diffiper l'humeur qui eft
dans lapartie; l'or diaphoretique,
horifontal, corrige repare ce défaut, ranime e rectifie leferment
digeftif de l'eftomach , affaifonne
le chile , proportionne les coctions
donne de lafluidité auxfucs , rend
·les couloirs libres , refout les craf
fes du fyftême des nerfs & des
Piij
174 MERCURE
glandes , fournit aufang des
parties huileufes , balfamiques &
Spirituenfes , afin qu'il reprenne
fa premierepureté, &fapremiere
-force.
Il est certain que j'aydonné de
ce remede à un grand nombre de
perfonnes de tous âges dans laplus
grande rigueur de l'Hiver, &
dans la plus grande chaleur
l'Efté , fans que l'ufage de ce remede ait caufeplus d'émotion , ny
de chaleur , quefi l'on n'avoit rien
pris. L'or diaphoretique horizontal n'eftpasfeulement un fpecifique pour la goutte , mais encorepour les maladies chroniques
GALANT 175
rebelles , dont la miffe du fang
eft tout à fait dérangée fuivant
les experiences que j'en ay faites
tant à Paris qu'en Province.
M³ Dumont , donnera à ceux
qui l'iront voir , des preuves
convaincantes , des heureufes
experiences qu'il a faites . Je
vous ay déja envoyé plufieurs
de fes Ouvrages dont les Journaux des Sçavans ont avantageufement parlé. Il loge au
Grand Turc , rue de la Huchette.
Fermer
Résumé : DISSERTATION SUR la Goutte & le Rhumatisme, faite par Mr Dumont, Chirurgien Juré d'Auch.
Le texte aborde les maladies de la goutte et du rhumatisme, fréquentes chez les personnes de tous âges. Ces affections sont causées par des humeurs acides et des substances irritantes qui se déposent dans les articulations, provoquant des douleurs arthritiques et rhumatismales. Une fois déposées, ces substances forment des concretions difficiles à dissoudre, entraînant des rechutes périodiques. Le rhumatisme est décrit comme une forme plus diffuse de goutte, affectant l'ensemble du corps plutôt que des articulations spécifiques. Les acides et les substances irritantes irritent les nerfs et compriment les tendons, perturbant la circulation sanguine et lymphatique, ce qui entraîne des douleurs persistantes. Le traitement proposé par M. Dumont, chirurgien juré d'Auch, consiste en un remède appelé 'Or Diaphorétique Horizontal'. Ce remède favorise la transpiration et l'élimination des substances acides par les urines, permettant ainsi de purifier le sang et de soulager les symptômes. L'auteur affirme avoir guéri plusieurs personnes, y compris des septuagénaires, grâce à ce remède. Il insiste sur l'importance de corriger la crudité des humeurs et de renforcer l'estomac pour prévenir les attaques de goutte et de rhumatisme. Le texte conclut en soulignant l'efficacité de ce remède pour traiter non seulement la goutte, mais aussi d'autres maladies chroniques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1900
p. 175-216
Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
Ce qui suit est bien digne de vostre curiosité, & à quelques [...]
Mots clefs :
Éloge funèbre, Jésuites, Collège de Bourges, Orateur, Henri-Jules de Bourbon-Condé, Héros, Auditeur, Oraison, Tableau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Ce qui fuit eft bien digne
P iiij
176 MERCURE
de voftre curiofité , & à quel
ques mots prés , je vous
l'envoye de la maniere qu'il
eft tombé entre mes mains
ceux qui ont écrit cette Relation à la quelle j'ay fait ferupule de toucher , eftant mieux
inftruits que moy desc hofes
dont il s'agit.
Les Peres Jefuites , du College de Bourges qui ont des
obligations particulieres à la
Maifon de Condé , ne ſe contenterent pas de celebrer les
Sacrez Mifteres pour l'ame de
3
GALANT 177
S. A. S. Henry Julles de Bourbon , fi to
dose
appris la mort de ce Prince ; ils .
voulurent encore donner des
marques fingulieres de leur
reconnoiffance par quelque
action publique qui fût entierement confacrée à fa memoire ; mais comme ils vouloient rendre la Ceremonie
celebre & que les Membres
des principaux Corps de la
Ville de Bourges
voient alors difperfez à la
campagne , ils remirent à
executer leur deffein juſqu'au
mois de Decembre dernier ,
fe trou-
178 MERCURE
oùtout le monde à coûtume
de fe raffembler dans la Ville ;
ce fut le 19. du même mois
qu'ils choifirent pour cerre
folemnité.
Le matin fut employé à
offrir le Saint Sacrifice fur
tous les Autels de leur Eglife ;
l'aprêdinée le Pere de Blainville , un des Profeffeurs de l'Elo.
quenceprononça en latin l'O
raifon funebre du Prince. M'
de Foullé , Intendant de Berry,
quatres Facultez de l'Univerfité enhabit de Ceremonie,
le Corps de Ville , les Magif
trats , les Superieurs d'Ordre ;
les
GALANT 179.
t
& prefque toutes les autres
perfonnes de diftinction de la
Ville formoient une Affemblée également nombreuſe &
choifie.
Le deffein de l'Orateur fut
de reprefenter Henry Jules
de Bourbon , comme un Prince accomply & qui poffedoit
toutes les qualitez d'un veritable Heros. Il fit voir que
fon Heros ne cédoit à aucun
autrepour les vertus du cocur
& que prefque aucun ne l'avoit égalé pour les qualitez de
l'efprit. Les preuves de la
premiere partie confifterent à
180 MERCURE
faire connoiftre qu'Henry Ju
les de Bourbon remplit toû
jours & en tout lieu les dep
voirsd'un Grand Prince ; c'eftà dire , qu'il fut à la Guerre
valeureux & intrepide ; à la
Cour fage également foumis
& fidele ; à la Ville & dans fa
famille , humain , complaifant , équitable. Ainfi les
vertus Militaires , celles qui
font propres d'un Prince à
la Cour , les civiles & les domeftiques firent le partage de
cette partie.
L'Orateur en parlant des
vertus Militaires fit fur tout
GALANT 181
valoir le paffage du Rhin , où
le Prince ne ceffa de combatre
que lorsqu'il eut vangé par la
mort ou la prife de tous les
Ennemis , la bleffure que fon
Pere y reçeut. L'Affemblée
applaudit beaucoup à cette
endroit & ne prit pas moins
de plaifir à entendre le recit
de la Bataille de Seneff , où le
Prince quoyque bleſſé en deux
endroits , &aprés avoir perdu
fon cheval , vint au fecours
de fon Pere le fauva des
mains des Ennemis , & en le
fauvant fut caufe de la Victoire & du falut de la France.
>
182 MERCURE
La prife de Limbourg, &
de plufieurs autres Places où
Henry Jules de Bourbon ,
fignála fa valeur , ne furent
pas oubliées.
Lorfqu'il vint aux vertus
que Monfieur le Prince avoit
pratiquées à la Cour , il loüa
fur tout fa fincerité , fa droiture , fon attachement à tous
fes devoirs , fon affiduité auprés du Roy , & fon attention à fe regler en tout fur les
volontez & fur les inclinations de Sa Majefté ; ce qui
parut plus glorieux pour le
Prince , fut la remarque qu'il
GALANT 183
fit • que toutes fes démarches
& toutes les actions n'eurent
jamais d'autre principe que
fon zele , fon amour & fon
eftime pour Louis le Grand.
Al'égard des vertus domeftiques & civiles , il s'étendit
particulierement fur la reconnoiffance & la pieté de Henry
Jules de Bourbon envers le
le grand Condé fon Pere , fur
fon foin pour l'éducation &
l'établiffement des Princes fes
enfans ; fur la protection qu'il
accorda toujours conftamment à la Province dont il
avoit le Gouvernement ; fur
184 MERCURE
a
fa bienveillance , fa charité , fa
clemence , pour tous ceux qui
curent recours ou qui curent
affaire à luy. Je ferois trop
long fi je vous raportois en
détail ce que dit l'Orateur fur
les fommes immenfes que
Henry Jules de Bourbon , fit
diftribuer aux Pauvres , aprés
la mort du Prince fon Pere ;
les Paroiffes qu'il fonda ; les
dettes qu'il acquita ; fur l'abondance qu'il conferva dans
la Bourgogne dans un temps
de famine ; fur fa facilité à
pardonner les injures ; ſa compaffion pour les malheureux ,
GALANY 185
quand même ils auroient efté
fes ennemis & fur la bonté de
fon cœur , qui alloit juſqu'à
luy faire répandre des larmes
au feul récit de quelque action
de pieté.
Mais l'endroit ou l'Auditeur témoigna le plus de joye,
fut lorfque l'Orateur , en parlant de l'amour paternel , fit
remarquer avec verité , que le
Prince n'avoit en fait pour
fes enfans , qu'il ne leur fuc
dû ; qu'ils meritoient encore plus que la fortune qu'il leur
avoit laiffée , & qu'à confideFer leurs vertus , il fembloit
Fanvier 1710.
186 MERCURE
même n'en avoir pas affez fait
pour eux. Ce fut à cette occafion que l'Orateur fit un caractere auffi jufte qu'avantageux de Son Alteffe Sereniffime Madame la Princeffe , qui
par fes exemples encore plus
que par fes leçons , a entretenu
tant de vertus heroïques dans
fon Augufte Famille.
Dansla feconde Partie, l'Orateur après avoir fait entendre,qu'on n'eft point veritablement Heros , fi on nejointaux
vertusdu cœur, les qualitez d'un
genie éminent , diftingua trois
fortes de connoiffances qu'un
GALANT 187
Prince doit avoir pour meriter la réputation d'un excellentefprit ; il dit que les premieres fervoient à deffendre & àfoutenir un Etat ; que les fecondes
contribuoient àfan embelliffement
&
àfa gloire ; que les troifiémes
fontneceffairespouryconferverla
Religion dans fa fplendeur , &
qu'Henry Jules de Bourbon n'avoit prefque point eu d'égal dans
ces troisfortes de connoiffances.
Entre les Sciences qui procurent le bien d'un Royaume,
comme la Militaire eft une des
principales , l'Orateur fans rien
repeterde ce qu'il avoit dit de
Q ij
188 MERCURE
la valeur du Prince , montra
combien il eftoit entendu dans
le mêtier de la guerre. On ne
peut expofer d'une maniere
plus variée qu'il fit , les dix
Campagnes où fon Heros s'eſt
fait remarquer par mille actions éclatantes , dans tous les
Sieges & tous les Combats differens dont la France fortoit
alors toûjours victorieufe.
Il ajoûta que Mr le Prince
ne fut pas moins admirable
dans les autres connoiffances ,
foit des chofes qui concernent
le dedans du Royaume , commeles Loix del Etat, les mœurs
ALANT 189
& les ufages des Peuples ; les
Coutumes & les Privileges des
Provinces ; foit celles qui appartiennent aux affaires Politiques , comme le genie & les
interefts des Nations étrangeres , les vues & les projets des
Princes. Il s'attacha fur tout à
faire le caractere particulier du
Prince en marquant l'étenduë
de ſon eſprit également capable des plus grandes & des plus
petites chofes. Le détail infini
où Son Alteffe entroit , foit
qu'il fallut mettre l'ordre dans
la on
du
Roy
, foit
qu'il
fallut regler la fienne pro-
190 MERCURE
pre , ou preſider aux Etats de
Bourgogne fut un des beaux
morceaux de la Harangue. 18
Il fut aîfé de montrer combien Henry Jules de Bourbon
excella dans la connoiffance de
tous les Arts qui contribuënt
à l'ornement & à la gloire d'un
Royaume. Le Portrait que
l'Orateur en fit comme d'un
Prince autant élevé par fa capacité que par fa naiffance ,
eftoit vif & donnoit une belle
idée de la fuperiorité de genie
que perfonne n'a jamais refufée au Prince de Condé.
Cefut avec la mêmefacilité
GALANT 191
qu'il fit voir que jamais perfonneneconnutmieux faReligion
& nefut plus docile à la fuivre.
Aprés une espece de Recapitulation que l'Orateur fit de
tant de rares qualitez , foit du
scœur , foit de l'efprit , il ne
craignit pas d'avancer qu'il
eftoit en quelque maniere de
la gloire de Dieu qu'un Heros
fi accompli mourut en parfait
Chreftien il dit qu'Henry-fules de Bourbon mourut en effet
avec une entiere connoiſſance , &
une fermeté inébranlable , muni
de tous les Sacremens de l'Eglife ,
qu'il reçut avec une pieté exem-
192 MERCURE
plaire , laiffant aprés ſa mort la
memoire d'un Prince encore plus
grand qu'il n'avoit paru pendant
fa vie..
Le lieu où cette Oraifon funebrefut prononcée eftoit une
grande Salle toute tenduë de
noir depuis le haut jufqu'au
bas , avec un appareil funebre
qui répondoit parfaitement au
deffein de l'Oraifon.
Dans un des fonds de la
Salle , à la droite de l'Orateur ,
on avoit élevé, un Dais magn fique fous lequel on avoit
placé un grand Tableau où
eftoient les armes du Prince ;
il
GALANT 193
il eftoit accompagné de chaque
côté de deux trophées , dont
l'un par divers inftrumens de
guerre, & l'autre par tous les
fymboles des Sciences , & des
Arts , marquoient que HenryJules de Bourbon eftoit également grand & dans la guerre
& dans la Paix ; au deffous on
avoit dreffé une grande table
parée d'un riche tapis : fur cette table eftoit la Couronne à
fleurs de lis , couverte d'un crefpe fur un carreau de velours
noir ; avec tous les ornemens
qui convenoient aux dignitez
Janvier 1710.
R
194 MERCURE
dontfeu Monfieur le Prince a
efté revêtu.
Dans l'autre fond de la Salle
eftoit élevé un autre tableau
de même grandeur , qui contedoit le chiffre du Prince , accompagné de deux trophées
differens des deux premiers.
Au- deffus de la tefte de l'O
rateur ou avoit placé un grand
Cartouche, qui reprefentoit un
Mars & unApollon foûtenant
les armes de la Maifon de Condé ; deux autres eftoient unpeu
au- deffous ; dans l'un du cofté
où eftoit Apollon , on avoit
peint un Parnaffe , où l'on
GALANT 195
voyoit toutes les Mufes qui
prefident aux Sciences & aux
beaux Arts ; dans l'autre on
avoit peint les differens Dieux
de la Fable , qui paffent pour
prefider à l'Art Militaire &
pour eftre les Inventeurs des
Inftrumens qui fervent à la
Guerre.
Aces trois Cartolesré
pondoit de l'autre coſté de la
Salle une nouvelle decoration ,
qui confiftoit en diverfes Figures , qui repreſentoient & les
vertus du cœur & les qualitez
de l'efprit , avec cette feule
Infcription , qui renfermoit
Rij
196 MERCURE
tout le deffein de l'Oraifon
& qui fe trouvoit juſtement
au milieu de la Salle & vis- à vis
l'Orateur.
PRINCIPI PERFECTO.
Au Prince accompli,
Àla droite de cette Infcription regnoient autour de la
Salle jufqu'à la Chaire de l'Orateur , des Infcriptions , des
Peintures & des Devifes, qui exprimoient les vertus du cœur
qui faifoient le fujet de la premiere partie de l'Oraiſon.
D'abord une Infcription
generale marquoit les vertus
Militaires ,
GALANT, 197
VIRTUTES BELLICA.
Au- deffous eftoient en formedequarré trois Infcriptions
particulieres & trois Tableaux
qui fe rapportoient à l'Infcription generale.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIS ULTORI.
Au Vengeur de fon Pere:
Elle eftoit accompagnée
d'un grand Tableau où l'on
avoit dépeint le Paffage du
Rhin , avec ces mots : ad Rhenum , pour marquer que Mr le
Prince n'avoit point quitté la
mêlée, que la mort où la prife
R iij
198 MERCURE
de tous les ennemis ne l'eut
fon vengé de la bleffure que
Pere avoit requë dans le ComSeconde Infcriprion partibat.
culiere.
PATRIS ET GALLIE
CONSERVATORL.
AuConfervateur defon Pere
de la France.
Le Tableau repreſentoit la
Bataille de Seneff , avec ces.
mots : AdSeneffum , pour marquer qu'enfecourant fon Pere,
tombé de cheval dans unfoffé,
& en le retirant des mains de
l'Ennemi , il avoit en même
порный
THEQUE DE
DA GALANT
temps fauvé la France.
Troifiéme Infcription par
ticuliere.
SUIS AUSPICIIS TRIUMPHANTI
Au Vainqueur qui ne doit qu'à
lui-même fa Victoire.
Le Tableau reprefentoit la
Villede Limbourg & plufieurs
Forts affiegez & pris par le
Prince , avec ces mots : Ad.
Limburgum , &c.
La feconde Infcription generale marquoit les vertus que
ce Prince a pratiquées à la
Cour.
VIRTUTES AULICE..
R iiij
200 MERCURE
Au - deffous eftoient trois
autres Infcriptions particulieres & trois Deviſes qui formoient une figure quarrée
femblable à la premiere.
Premiere Infcription particuliere.
REGIS OBSERVANTISSIMO.
Il fut toûjous attaché &foûmis
àfon Roy.
La Devile qui exprimoit ce
zele & cet amour pour Sa Majefté eftoit un Girafol penché
du cofté du Soleil , avec ces
mots :
HOC QUOCUNQUE SEQUOR.
Fe le fuis par tout.
GALANT 201
Seconde Infcription particu
liere.
RECTI TENACISSIMO.
Iln'eut pour regle que la droiture
&la vertu.
Devife : Une Bouffole toûjours tournée vers le Nord ,
avec ces mots :
DUCOR AMORE POLI.
Mon inclination mè porte vers
le Pole.
Troifiéme Infcription par.
ticuliere.
SUI SEMPER SIMILLIMO.
Ilfut toûjours égal à lui- même.
Devife : Un Laurier qui conferve en tout temps fa ver-
202 MERCURE
dure , avec ces mots :
NIL ESTAS ADDIT , NIL
TOLLIT HYEMS.
L'Efté ne medonne rien , l'Hyver
nem❜ofte rien.
La troifiéme Infcription
generale marquoit les vertus
civiles &
domeftiques ;
VIRTUTES DOMESTICE AC
CIVILES.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIA INDOLIS EFFIGIEM
RENOVANTI.
Ilfuivit les belles inclinations
defon Pere.
Devife: Un nouveau Phc-
GALANT 203
nix qu'on voit fortir des cendres de celuy qui l'a precedé ,
avec ces mots :
ALTER AB ILLO SURGIT.
Il s'en éleve un fecond ſemblable·
au premier.
Seconde Infcription particuliere.
PARENTI PROVIDENTISSIMO.
Il remplit tous les devoirs d'un
bon Pere.
fes enLa Devife qui exprimoit cette vigilance & cet amour paternel du Prince pour
fans , eftoit un Aigle occupé
à conftruire fon aire , avec
mots :
204 MERCURE
NON MEOS SED PROLIS IN
USUS.
Cen'eftpaspourmoymaispour
les miens queje travaille.
Troifiéme Infcription particuliere.
GUBENATORUM EXEMPLO.
Il fut l'exemple le modele
des Gouverneurs.
b
Devife : Un Soleil qui par
fa chaleur benigne fait porter
des fleurs & des fruits à des arbres qui font au- deffous de lui,
avec ces mots :
UBI PRÆEST , PRODEST.
Où il prefide, ilfait du bien.
Pour fignifier que M' le
GALANT 205
Prince a toûjours maintenu la
Bourgogne dans fes Privileges,
& qu'il y a confervé l'abondance dans les temps les plus
fâcheux.
A la gauche de la grande Inf
cription qui renfermoit tout
le fujet de l'Oraifon exprimé
par ces mots : Principi perfecto.
On avoit diftribué de la même
maniere trois autres quarrez ,
qui aboutiffoient pareillement
à la Chaire de l'Orateur , & qui
en reprefentant par de nouvelles Infcriptions & Devifes , les
diverfes connoiffances , qu'on
admira toujours dans le Prin-
206 MERCURE
ce de Condé , marquoient les
éminentes qualitez de fon efprit ;ce qui faifoit le ſujet de la
feconde Partie de l'Oraifon.
La premiere Infeription ge
nerale marquoit la connoiflance des Arts qui fervent à la
défenſe & au foutien des Empires.
ARTES REIPUBLICE
TUTELARES.
Premiere Infcription particuliere..
BELLI SCIENTISS IMO.
Ilfut tres experimenté dans
la Guerre.
Devife : une main fur un
GALANT 207
jeu d'Echecs , avec les pieces ,
& ces mots :
MIHI PRÆLIA LUDUS.
Les Combats font un
pour moy.
Fen
Seconde Infcription particuliere.
NATIONUM CONSSILIA
PERVADENTI.
Il connut parfaitement les interefts & les projets des differentes
Nations.
Devife : UneFléche volante
qui perce les nuës , avec ces
mots :
LONGE VOLAT ET PENETRAT.
C'eft fon propre de voler loin
&de penetrer.
208 MERCURE
Troifiéme Inſcription particuliere.
UTILITATI REGIA
CONSULENTI.
Il eut toûjours en vûël'utilité
du Roy.
Deviſe : Un Cadran expoſe
au Soleil , & placé ſur le Frontifpice d'un Palais Royal , avec
ces mots:
SOLE REGENTE, DOMUM
ORDINE.
Le Soleil eft ma regle , &je fuis
celle de toute la Maifon.
Pour faire allufion à l'ordre
admirable .que M' le Prince
avoit établi dans la Maiſondu
GALANT 2c9
Roy , dont il eftoit GrandMailtre.
La feconde Infcription generale marquoit la connoiffandes beaux Arts , qui contribuent à la gloire & à l'ornement d'un Royaume :
ARTES IMPERIIS GLORIOSÆ.
Premiere Infcription particuliere.
IMA ET ALTA COMPREHENDENTI.
Il fut également ce qu'ily a de
pluscommune deplusfublime.
Devife : Un Arc - en - Ciel
qui paroift par le milieu élevé
Fanvier 1710.
S
210 MERCURE
au deffus des airs , & dont les
extremitez femblent toucher
la terre , avec ces mos :
ASTRATENET, NEC SPERNIT
HUMUM.
Elevéjufqu'aux Cieux il ne
méprife point la Terre.
Seconde Infcription particuliere.
RERUM SINGULARUM ÆSTIMATORI SACAGISSIMO.
Il eut undifcernement exquis pour
juger de toutes chofes.
Devife : Une Balance fuf
penduë en l'air par une main
qui la foutient
mots :
avec ces
GALANT 201
NON REI MOLES , SED
GRAVITAS MOVET.
Ce n'est point le volume mais
le poids des chofes qui me font
pencher.
Troifiéme Infcription particuliere.
ELEGANTIARUM PATRI .
Ilfutcomme le Pere de l'Elegance
&de la Politeffe.
fa
Devife : Un Parterre couvert de fleurs differentes , &
au deffus un Soleil , qui par
lumiere forme l'agreable varieté de leurs couleurs ; avec
ces mots :
Sij
212 MERCURE
CUNCTA COLORAT.
Ildonne de la couleur & de l'éclat
à
tout.
La troifiéme Infcription generale marquoit la connoiffance des chofes qui appartiennent à la Religion.
Artes Religioni fervientes.
Premiere Infcription particuliere.
RELIGIONIS MYSTERIA
PERNOSCENTI.
Il approfondit les Mysteres
de la Religion.
Devife : Un Aigle au- deſſus
des nuës, qui regarde fixement
le Ciel , avec ces mots :
GALANT 213
ALTIORA VI DET.
Ses regards percentjuſqu'au plus
baut des Cieux.
Seconde Infcription particuliere.
RELIGIONIS INSTITUTA
PROFITENTI .
Il fe fir gloire en tout temps defa
Mind Religion.
Devife: UnVaiffeau qui fuit
toûjours dans fa courfe l'Etoile Polaire avec ces mots :
UBI FULSIT, UNAM
SEQUITUR.
Dés qu'elle paroift , il ne fuit
qu'elle.
214 MERCURE
Troifiéme Infcription parriculiere.
RELIGIONI ULTIMA
CONSECRANTI.
Il confacra fes derniers foupirs
à la Religion.
Devife: Un Encenfoir fur
un Autel , duquel on voit for
tir la fumée de l'Encens qui fe
confume , avec ces mots :
SOLVITUR NUMINI.
Il eft confumé à l'honneur du
vray Dieu.
Autour de la Salle , regnoit
en haut une longue rangée
d'Armoiries entre- melées de
Chiffres & au- deffous d'ef
GALANT 215
fix
pace en efpace pour remplir les
vuides qui eftoient entre les
quarrez que formoient les
Infcriptions & les Devifes , on
avoit placé des Tableaux qui
reprefentoient par differentes
figures , ce qu'on avoit déja
exprimé par ces mêmes Infcriptions & Devifes.
ས
Tout brilloit des lumieres ,
qu'on avoit diftribuées , de
maniere que chaque piece de
la décoration eftoit éclairée de
toutes parts par le moyen d'un
grandnombredeLuftresqu'onavoit fufpendus & de Plaques
qu'on avoit appliquées fur
216 MERCURE
la Tenture ce qui donnoit un
tres grand éclat à tout l'appareil.
P iiij
176 MERCURE
de voftre curiofité , & à quel
ques mots prés , je vous
l'envoye de la maniere qu'il
eft tombé entre mes mains
ceux qui ont écrit cette Relation à la quelle j'ay fait ferupule de toucher , eftant mieux
inftruits que moy desc hofes
dont il s'agit.
Les Peres Jefuites , du College de Bourges qui ont des
obligations particulieres à la
Maifon de Condé , ne ſe contenterent pas de celebrer les
Sacrez Mifteres pour l'ame de
3
GALANT 177
S. A. S. Henry Julles de Bourbon , fi to
dose
appris la mort de ce Prince ; ils .
voulurent encore donner des
marques fingulieres de leur
reconnoiffance par quelque
action publique qui fût entierement confacrée à fa memoire ; mais comme ils vouloient rendre la Ceremonie
celebre & que les Membres
des principaux Corps de la
Ville de Bourges
voient alors difperfez à la
campagne , ils remirent à
executer leur deffein juſqu'au
mois de Decembre dernier ,
fe trou-
178 MERCURE
oùtout le monde à coûtume
de fe raffembler dans la Ville ;
ce fut le 19. du même mois
qu'ils choifirent pour cerre
folemnité.
Le matin fut employé à
offrir le Saint Sacrifice fur
tous les Autels de leur Eglife ;
l'aprêdinée le Pere de Blainville , un des Profeffeurs de l'Elo.
quenceprononça en latin l'O
raifon funebre du Prince. M'
de Foullé , Intendant de Berry,
quatres Facultez de l'Univerfité enhabit de Ceremonie,
le Corps de Ville , les Magif
trats , les Superieurs d'Ordre ;
les
GALANT 179.
t
& prefque toutes les autres
perfonnes de diftinction de la
Ville formoient une Affemblée également nombreuſe &
choifie.
Le deffein de l'Orateur fut
de reprefenter Henry Jules
de Bourbon , comme un Prince accomply & qui poffedoit
toutes les qualitez d'un veritable Heros. Il fit voir que
fon Heros ne cédoit à aucun
autrepour les vertus du cocur
& que prefque aucun ne l'avoit égalé pour les qualitez de
l'efprit. Les preuves de la
premiere partie confifterent à
180 MERCURE
faire connoiftre qu'Henry Ju
les de Bourbon remplit toû
jours & en tout lieu les dep
voirsd'un Grand Prince ; c'eftà dire , qu'il fut à la Guerre
valeureux & intrepide ; à la
Cour fage également foumis
& fidele ; à la Ville & dans fa
famille , humain , complaifant , équitable. Ainfi les
vertus Militaires , celles qui
font propres d'un Prince à
la Cour , les civiles & les domeftiques firent le partage de
cette partie.
L'Orateur en parlant des
vertus Militaires fit fur tout
GALANT 181
valoir le paffage du Rhin , où
le Prince ne ceffa de combatre
que lorsqu'il eut vangé par la
mort ou la prife de tous les
Ennemis , la bleffure que fon
Pere y reçeut. L'Affemblée
applaudit beaucoup à cette
endroit & ne prit pas moins
de plaifir à entendre le recit
de la Bataille de Seneff , où le
Prince quoyque bleſſé en deux
endroits , &aprés avoir perdu
fon cheval , vint au fecours
de fon Pere le fauva des
mains des Ennemis , & en le
fauvant fut caufe de la Victoire & du falut de la France.
>
182 MERCURE
La prife de Limbourg, &
de plufieurs autres Places où
Henry Jules de Bourbon ,
fignála fa valeur , ne furent
pas oubliées.
Lorfqu'il vint aux vertus
que Monfieur le Prince avoit
pratiquées à la Cour , il loüa
fur tout fa fincerité , fa droiture , fon attachement à tous
fes devoirs , fon affiduité auprés du Roy , & fon attention à fe regler en tout fur les
volontez & fur les inclinations de Sa Majefté ; ce qui
parut plus glorieux pour le
Prince , fut la remarque qu'il
GALANT 183
fit • que toutes fes démarches
& toutes les actions n'eurent
jamais d'autre principe que
fon zele , fon amour & fon
eftime pour Louis le Grand.
Al'égard des vertus domeftiques & civiles , il s'étendit
particulierement fur la reconnoiffance & la pieté de Henry
Jules de Bourbon envers le
le grand Condé fon Pere , fur
fon foin pour l'éducation &
l'établiffement des Princes fes
enfans ; fur la protection qu'il
accorda toujours conftamment à la Province dont il
avoit le Gouvernement ; fur
184 MERCURE
a
fa bienveillance , fa charité , fa
clemence , pour tous ceux qui
curent recours ou qui curent
affaire à luy. Je ferois trop
long fi je vous raportois en
détail ce que dit l'Orateur fur
les fommes immenfes que
Henry Jules de Bourbon , fit
diftribuer aux Pauvres , aprés
la mort du Prince fon Pere ;
les Paroiffes qu'il fonda ; les
dettes qu'il acquita ; fur l'abondance qu'il conferva dans
la Bourgogne dans un temps
de famine ; fur fa facilité à
pardonner les injures ; ſa compaffion pour les malheureux ,
GALANY 185
quand même ils auroient efté
fes ennemis & fur la bonté de
fon cœur , qui alloit juſqu'à
luy faire répandre des larmes
au feul récit de quelque action
de pieté.
Mais l'endroit ou l'Auditeur témoigna le plus de joye,
fut lorfque l'Orateur , en parlant de l'amour paternel , fit
remarquer avec verité , que le
Prince n'avoit en fait pour
fes enfans , qu'il ne leur fuc
dû ; qu'ils meritoient encore plus que la fortune qu'il leur
avoit laiffée , & qu'à confideFer leurs vertus , il fembloit
Fanvier 1710.
186 MERCURE
même n'en avoir pas affez fait
pour eux. Ce fut à cette occafion que l'Orateur fit un caractere auffi jufte qu'avantageux de Son Alteffe Sereniffime Madame la Princeffe , qui
par fes exemples encore plus
que par fes leçons , a entretenu
tant de vertus heroïques dans
fon Augufte Famille.
Dansla feconde Partie, l'Orateur après avoir fait entendre,qu'on n'eft point veritablement Heros , fi on nejointaux
vertusdu cœur, les qualitez d'un
genie éminent , diftingua trois
fortes de connoiffances qu'un
GALANT 187
Prince doit avoir pour meriter la réputation d'un excellentefprit ; il dit que les premieres fervoient à deffendre & àfoutenir un Etat ; que les fecondes
contribuoient àfan embelliffement
&
àfa gloire ; que les troifiémes
fontneceffairespouryconferverla
Religion dans fa fplendeur , &
qu'Henry Jules de Bourbon n'avoit prefque point eu d'égal dans
ces troisfortes de connoiffances.
Entre les Sciences qui procurent le bien d'un Royaume,
comme la Militaire eft une des
principales , l'Orateur fans rien
repeterde ce qu'il avoit dit de
Q ij
188 MERCURE
la valeur du Prince , montra
combien il eftoit entendu dans
le mêtier de la guerre. On ne
peut expofer d'une maniere
plus variée qu'il fit , les dix
Campagnes où fon Heros s'eſt
fait remarquer par mille actions éclatantes , dans tous les
Sieges & tous les Combats differens dont la France fortoit
alors toûjours victorieufe.
Il ajoûta que Mr le Prince
ne fut pas moins admirable
dans les autres connoiffances ,
foit des chofes qui concernent
le dedans du Royaume , commeles Loix del Etat, les mœurs
ALANT 189
& les ufages des Peuples ; les
Coutumes & les Privileges des
Provinces ; foit celles qui appartiennent aux affaires Politiques , comme le genie & les
interefts des Nations étrangeres , les vues & les projets des
Princes. Il s'attacha fur tout à
faire le caractere particulier du
Prince en marquant l'étenduë
de ſon eſprit également capable des plus grandes & des plus
petites chofes. Le détail infini
où Son Alteffe entroit , foit
qu'il fallut mettre l'ordre dans
la on
du
Roy
, foit
qu'il
fallut regler la fienne pro-
190 MERCURE
pre , ou preſider aux Etats de
Bourgogne fut un des beaux
morceaux de la Harangue. 18
Il fut aîfé de montrer combien Henry Jules de Bourbon
excella dans la connoiffance de
tous les Arts qui contribuënt
à l'ornement & à la gloire d'un
Royaume. Le Portrait que
l'Orateur en fit comme d'un
Prince autant élevé par fa capacité que par fa naiffance ,
eftoit vif & donnoit une belle
idée de la fuperiorité de genie
que perfonne n'a jamais refufée au Prince de Condé.
Cefut avec la mêmefacilité
GALANT 191
qu'il fit voir que jamais perfonneneconnutmieux faReligion
& nefut plus docile à la fuivre.
Aprés une espece de Recapitulation que l'Orateur fit de
tant de rares qualitez , foit du
scœur , foit de l'efprit , il ne
craignit pas d'avancer qu'il
eftoit en quelque maniere de
la gloire de Dieu qu'un Heros
fi accompli mourut en parfait
Chreftien il dit qu'Henry-fules de Bourbon mourut en effet
avec une entiere connoiſſance , &
une fermeté inébranlable , muni
de tous les Sacremens de l'Eglife ,
qu'il reçut avec une pieté exem-
192 MERCURE
plaire , laiffant aprés ſa mort la
memoire d'un Prince encore plus
grand qu'il n'avoit paru pendant
fa vie..
Le lieu où cette Oraifon funebrefut prononcée eftoit une
grande Salle toute tenduë de
noir depuis le haut jufqu'au
bas , avec un appareil funebre
qui répondoit parfaitement au
deffein de l'Oraifon.
Dans un des fonds de la
Salle , à la droite de l'Orateur ,
on avoit élevé, un Dais magn fique fous lequel on avoit
placé un grand Tableau où
eftoient les armes du Prince ;
il
GALANT 193
il eftoit accompagné de chaque
côté de deux trophées , dont
l'un par divers inftrumens de
guerre, & l'autre par tous les
fymboles des Sciences , & des
Arts , marquoient que HenryJules de Bourbon eftoit également grand & dans la guerre
& dans la Paix ; au deffous on
avoit dreffé une grande table
parée d'un riche tapis : fur cette table eftoit la Couronne à
fleurs de lis , couverte d'un crefpe fur un carreau de velours
noir ; avec tous les ornemens
qui convenoient aux dignitez
Janvier 1710.
R
194 MERCURE
dontfeu Monfieur le Prince a
efté revêtu.
Dans l'autre fond de la Salle
eftoit élevé un autre tableau
de même grandeur , qui contedoit le chiffre du Prince , accompagné de deux trophées
differens des deux premiers.
Au- deffus de la tefte de l'O
rateur ou avoit placé un grand
Cartouche, qui reprefentoit un
Mars & unApollon foûtenant
les armes de la Maifon de Condé ; deux autres eftoient unpeu
au- deffous ; dans l'un du cofté
où eftoit Apollon , on avoit
peint un Parnaffe , où l'on
GALANT 195
voyoit toutes les Mufes qui
prefident aux Sciences & aux
beaux Arts ; dans l'autre on
avoit peint les differens Dieux
de la Fable , qui paffent pour
prefider à l'Art Militaire &
pour eftre les Inventeurs des
Inftrumens qui fervent à la
Guerre.
Aces trois Cartolesré
pondoit de l'autre coſté de la
Salle une nouvelle decoration ,
qui confiftoit en diverfes Figures , qui repreſentoient & les
vertus du cœur & les qualitez
de l'efprit , avec cette feule
Infcription , qui renfermoit
Rij
196 MERCURE
tout le deffein de l'Oraifon
& qui fe trouvoit juſtement
au milieu de la Salle & vis- à vis
l'Orateur.
PRINCIPI PERFECTO.
Au Prince accompli,
Àla droite de cette Infcription regnoient autour de la
Salle jufqu'à la Chaire de l'Orateur , des Infcriptions , des
Peintures & des Devifes, qui exprimoient les vertus du cœur
qui faifoient le fujet de la premiere partie de l'Oraiſon.
D'abord une Infcription
generale marquoit les vertus
Militaires ,
GALANT, 197
VIRTUTES BELLICA.
Au- deffous eftoient en formedequarré trois Infcriptions
particulieres & trois Tableaux
qui fe rapportoient à l'Infcription generale.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIS ULTORI.
Au Vengeur de fon Pere:
Elle eftoit accompagnée
d'un grand Tableau où l'on
avoit dépeint le Paffage du
Rhin , avec ces mots : ad Rhenum , pour marquer que Mr le
Prince n'avoit point quitté la
mêlée, que la mort où la prife
R iij
198 MERCURE
de tous les ennemis ne l'eut
fon vengé de la bleffure que
Pere avoit requë dans le ComSeconde Infcriprion partibat.
culiere.
PATRIS ET GALLIE
CONSERVATORL.
AuConfervateur defon Pere
de la France.
Le Tableau repreſentoit la
Bataille de Seneff , avec ces.
mots : AdSeneffum , pour marquer qu'enfecourant fon Pere,
tombé de cheval dans unfoffé,
& en le retirant des mains de
l'Ennemi , il avoit en même
порный
THEQUE DE
DA GALANT
temps fauvé la France.
Troifiéme Infcription par
ticuliere.
SUIS AUSPICIIS TRIUMPHANTI
Au Vainqueur qui ne doit qu'à
lui-même fa Victoire.
Le Tableau reprefentoit la
Villede Limbourg & plufieurs
Forts affiegez & pris par le
Prince , avec ces mots : Ad.
Limburgum , &c.
La feconde Infcription generale marquoit les vertus que
ce Prince a pratiquées à la
Cour.
VIRTUTES AULICE..
R iiij
200 MERCURE
Au - deffous eftoient trois
autres Infcriptions particulieres & trois Deviſes qui formoient une figure quarrée
femblable à la premiere.
Premiere Infcription particuliere.
REGIS OBSERVANTISSIMO.
Il fut toûjous attaché &foûmis
àfon Roy.
La Devile qui exprimoit ce
zele & cet amour pour Sa Majefté eftoit un Girafol penché
du cofté du Soleil , avec ces
mots :
HOC QUOCUNQUE SEQUOR.
Fe le fuis par tout.
GALANT 201
Seconde Infcription particu
liere.
RECTI TENACISSIMO.
Iln'eut pour regle que la droiture
&la vertu.
Devife : Une Bouffole toûjours tournée vers le Nord ,
avec ces mots :
DUCOR AMORE POLI.
Mon inclination mè porte vers
le Pole.
Troifiéme Infcription par.
ticuliere.
SUI SEMPER SIMILLIMO.
Ilfut toûjours égal à lui- même.
Devife : Un Laurier qui conferve en tout temps fa ver-
202 MERCURE
dure , avec ces mots :
NIL ESTAS ADDIT , NIL
TOLLIT HYEMS.
L'Efté ne medonne rien , l'Hyver
nem❜ofte rien.
La troifiéme Infcription
generale marquoit les vertus
civiles &
domeftiques ;
VIRTUTES DOMESTICE AC
CIVILES.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIA INDOLIS EFFIGIEM
RENOVANTI.
Ilfuivit les belles inclinations
defon Pere.
Devife: Un nouveau Phc-
GALANT 203
nix qu'on voit fortir des cendres de celuy qui l'a precedé ,
avec ces mots :
ALTER AB ILLO SURGIT.
Il s'en éleve un fecond ſemblable·
au premier.
Seconde Infcription particuliere.
PARENTI PROVIDENTISSIMO.
Il remplit tous les devoirs d'un
bon Pere.
fes enLa Devife qui exprimoit cette vigilance & cet amour paternel du Prince pour
fans , eftoit un Aigle occupé
à conftruire fon aire , avec
mots :
204 MERCURE
NON MEOS SED PROLIS IN
USUS.
Cen'eftpaspourmoymaispour
les miens queje travaille.
Troifiéme Infcription particuliere.
GUBENATORUM EXEMPLO.
Il fut l'exemple le modele
des Gouverneurs.
b
Devife : Un Soleil qui par
fa chaleur benigne fait porter
des fleurs & des fruits à des arbres qui font au- deffous de lui,
avec ces mots :
UBI PRÆEST , PRODEST.
Où il prefide, ilfait du bien.
Pour fignifier que M' le
GALANT 205
Prince a toûjours maintenu la
Bourgogne dans fes Privileges,
& qu'il y a confervé l'abondance dans les temps les plus
fâcheux.
A la gauche de la grande Inf
cription qui renfermoit tout
le fujet de l'Oraifon exprimé
par ces mots : Principi perfecto.
On avoit diftribué de la même
maniere trois autres quarrez ,
qui aboutiffoient pareillement
à la Chaire de l'Orateur , & qui
en reprefentant par de nouvelles Infcriptions & Devifes , les
diverfes connoiffances , qu'on
admira toujours dans le Prin-
206 MERCURE
ce de Condé , marquoient les
éminentes qualitez de fon efprit ;ce qui faifoit le ſujet de la
feconde Partie de l'Oraifon.
La premiere Infeription ge
nerale marquoit la connoiflance des Arts qui fervent à la
défenſe & au foutien des Empires.
ARTES REIPUBLICE
TUTELARES.
Premiere Infcription particuliere..
BELLI SCIENTISS IMO.
Ilfut tres experimenté dans
la Guerre.
Devife : une main fur un
GALANT 207
jeu d'Echecs , avec les pieces ,
& ces mots :
MIHI PRÆLIA LUDUS.
Les Combats font un
pour moy.
Fen
Seconde Infcription particuliere.
NATIONUM CONSSILIA
PERVADENTI.
Il connut parfaitement les interefts & les projets des differentes
Nations.
Devife : UneFléche volante
qui perce les nuës , avec ces
mots :
LONGE VOLAT ET PENETRAT.
C'eft fon propre de voler loin
&de penetrer.
208 MERCURE
Troifiéme Inſcription particuliere.
UTILITATI REGIA
CONSULENTI.
Il eut toûjours en vûël'utilité
du Roy.
Deviſe : Un Cadran expoſe
au Soleil , & placé ſur le Frontifpice d'un Palais Royal , avec
ces mots:
SOLE REGENTE, DOMUM
ORDINE.
Le Soleil eft ma regle , &je fuis
celle de toute la Maifon.
Pour faire allufion à l'ordre
admirable .que M' le Prince
avoit établi dans la Maiſondu
GALANT 2c9
Roy , dont il eftoit GrandMailtre.
La feconde Infcription generale marquoit la connoiffandes beaux Arts , qui contribuent à la gloire & à l'ornement d'un Royaume :
ARTES IMPERIIS GLORIOSÆ.
Premiere Infcription particuliere.
IMA ET ALTA COMPREHENDENTI.
Il fut également ce qu'ily a de
pluscommune deplusfublime.
Devife : Un Arc - en - Ciel
qui paroift par le milieu élevé
Fanvier 1710.
S
210 MERCURE
au deffus des airs , & dont les
extremitez femblent toucher
la terre , avec ces mos :
ASTRATENET, NEC SPERNIT
HUMUM.
Elevéjufqu'aux Cieux il ne
méprife point la Terre.
Seconde Infcription particuliere.
RERUM SINGULARUM ÆSTIMATORI SACAGISSIMO.
Il eut undifcernement exquis pour
juger de toutes chofes.
Devife : Une Balance fuf
penduë en l'air par une main
qui la foutient
mots :
avec ces
GALANT 201
NON REI MOLES , SED
GRAVITAS MOVET.
Ce n'est point le volume mais
le poids des chofes qui me font
pencher.
Troifiéme Infcription particuliere.
ELEGANTIARUM PATRI .
Ilfutcomme le Pere de l'Elegance
&de la Politeffe.
fa
Devife : Un Parterre couvert de fleurs differentes , &
au deffus un Soleil , qui par
lumiere forme l'agreable varieté de leurs couleurs ; avec
ces mots :
Sij
212 MERCURE
CUNCTA COLORAT.
Ildonne de la couleur & de l'éclat
à
tout.
La troifiéme Infcription generale marquoit la connoiffance des chofes qui appartiennent à la Religion.
Artes Religioni fervientes.
Premiere Infcription particuliere.
RELIGIONIS MYSTERIA
PERNOSCENTI.
Il approfondit les Mysteres
de la Religion.
Devife : Un Aigle au- deſſus
des nuës, qui regarde fixement
le Ciel , avec ces mots :
GALANT 213
ALTIORA VI DET.
Ses regards percentjuſqu'au plus
baut des Cieux.
Seconde Infcription particuliere.
RELIGIONIS INSTITUTA
PROFITENTI .
Il fe fir gloire en tout temps defa
Mind Religion.
Devife: UnVaiffeau qui fuit
toûjours dans fa courfe l'Etoile Polaire avec ces mots :
UBI FULSIT, UNAM
SEQUITUR.
Dés qu'elle paroift , il ne fuit
qu'elle.
214 MERCURE
Troifiéme Infcription parriculiere.
RELIGIONI ULTIMA
CONSECRANTI.
Il confacra fes derniers foupirs
à la Religion.
Devife: Un Encenfoir fur
un Autel , duquel on voit for
tir la fumée de l'Encens qui fe
confume , avec ces mots :
SOLVITUR NUMINI.
Il eft confumé à l'honneur du
vray Dieu.
Autour de la Salle , regnoit
en haut une longue rangée
d'Armoiries entre- melées de
Chiffres & au- deffous d'ef
GALANT 215
fix
pace en efpace pour remplir les
vuides qui eftoient entre les
quarrez que formoient les
Infcriptions & les Devifes , on
avoit placé des Tableaux qui
reprefentoient par differentes
figures , ce qu'on avoit déja
exprimé par ces mêmes Infcriptions & Devifes.
ས
Tout brilloit des lumieres ,
qu'on avoit diftribuées , de
maniere que chaque piece de
la décoration eftoit éclairée de
toutes parts par le moyen d'un
grandnombredeLuftresqu'onavoit fufpendus & de Plaques
qu'on avoit appliquées fur
216 MERCURE
la Tenture ce qui donnoit un
tres grand éclat à tout l'appareil.
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Résumé : Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Le texte relate une cérémonie organisée par les Pères Jésuites du Collège de Bourges en mémoire de Henry Jules de Bourbon, fils du Prince de Condé. Initialement prévue après l'annonce de la mort du prince, la cérémonie fut reportée au mois de décembre pour permettre la présence des membres des principaux corps de la ville de Bourges. Le 19 décembre, une messe fut célébrée dans l'église des Jésuites, suivie d'un discours funèbre en latin prononcé par le Père de Blainville. L'orateur loua les qualités militaires, civiles et domestiques du prince, soulignant notamment son courage lors du passage du Rhin et de la bataille de Seneff. Il mit également en avant sa droiture, sa fidélité et son dévouement envers le roi Louis XIV. Le discours insista sur les vertus du cœur et les qualités de l'esprit du prince, le présentant comme un héros accompli. La salle où se déroula l'oraison était décorée de manière solennelle, avec des tableaux, des trophées et des inscriptions célébrant les vertus et les exploits du prince. Les inscriptions étaient organisées en trois parties principales : les vertus civiles et domestiques, la connaissance des arts utiles à la défense et au soutien des empires, et la connaissance des beaux-arts contribuant à la gloire et à l'ornement d'un royaume. La première inscription générale mettait en avant les vertus civiles et domestiques du prince. Les inscriptions particulières soulignaient ses belles inclinations héritées de son père, sa vigilance et son amour paternel, et son rôle de modèle pour les gouverneurs. Les devises accompagnantes illustraient ces qualités par des métaphores, comme un aigle construisant son aire ou un soleil faisant pousser des fleurs et des fruits. La deuxième inscription générale se concentrait sur la connaissance des arts de défense. Les inscriptions particulières montraient son expertise en guerre, sa compréhension des intérêts des nations, et son dévouement à l'utilité du roi. Les devises utilisaient des images comme un jeu d'échecs, une flèche volante, et un cadran solaire pour symboliser ces compétences. La troisième inscription générale traitait des beaux-arts. Les inscriptions particulières soulignaient sa compréhension des aspects communs et sublimes, son discernement exquis, et son rôle de père de l'élégance et de la politesse. Les devises incluaient un arc-en-ciel, une balance, et un parterre de fleurs pour représenter ces qualités. Enfin, la dernière inscription générale abordait la connaissance des choses religieuses. Les inscriptions particulières montraient son approfondissement des mystères de la religion, son respect des institutions religieuses, et sa consécration finale à la religion. Les devises utilisaient des images comme un aigle regardant le ciel, un vaisseau suivant l'étoile polaire, et de l'encens se consumant sur un autel. La salle était décorée de manière à illustrer ces inscriptions et devises par des armoiries, des chiffres, des tableaux, et un éclairage abondant, créant ainsi une présentation éclatante et détaillée des qualités du prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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