Résultats : 57 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 187
PEINTURE. A M. le Comte de Caylus, sur un tableau représentant Minerve, qu'il a fait peindre à la cire & au feu, après avoir découvert un secret perdu de cet ancien genre de peinture, appellée Encaustique.
Début :
AFFULGET vultus, redivivae nuncius artis, [...]
Mots clefs :
Minerve, Peinture à l'encaustique
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texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. A M. le Comte de Caylus, sur un tableau représentant Minerve, qu'il a fait peindre à la cire & au feu, après avoir découvert un secret perdu de cet ancien genre de peinture, appellée Encaustique.
PEINTURE.
A M. le Comte de Caylus , fur un tableau
repréſentant Minerve , qu'il afait peindre
à la cire aufeu , après avoir découvert
le fecret perdu de cet ancien genre de peinture
, appellée Encaustique.
AFFULGET vultus , rediviva nuncius artis ,
Dignum Pauliacæ dexteritatis opus.
Fallor , & eft hominum præftantior arte tabella ,
Admovitque fuas fors fibi diva manus.
Sin tu fpirantes ceras fic reddis ab igne ,
Furta Promethei te renovaffe probas.
A M. le Comte de Caylus , fur un tableau
repréſentant Minerve , qu'il afait peindre
à la cire aufeu , après avoir découvert
le fecret perdu de cet ancien genre de peinture
, appellée Encaustique.
AFFULGET vultus , rediviva nuncius artis ,
Dignum Pauliacæ dexteritatis opus.
Fallor , & eft hominum præftantior arte tabella ,
Admovitque fuas fors fibi diva manus.
Sin tu fpirantes ceras fic reddis ab igne ,
Furta Promethei te renovaffe probas.
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2
p. 187-188
GRAVURE.
Début :
Le Médecin empirique, gravé d'après le tableau original de David Teniers, du [...]
Mots clefs :
Gravure, Estampe
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texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
Le Médecin empirique , gravé d'après
le tableau original de David Teniers , du
cabinet de M. le Comte de Vence , par
J. Tardieu , Graveur du Roi , rue des
Noyers , vis-à- vis celle des Anglois. -
188 MERCURE DE FRANCE.
MOYREAU , Graveur du Roi , en for
Académie royale de Peinture & Sculpture,
vient de mettre au jour une nouvelle
Eftampe qu'il a gravée d'après P. Wouvermens
, qui repréfente le Départ des Cavaliers.
Le tableau original eft au cabinet
de M. L. B. D. H. C'eſt le n° . 78 de la
fuite. Sa demeure eft rue des Mathurins ,
la quatrième porte cochere à gauche , en
entrant par la rue de la Harpe.
Le Médecin empirique , gravé d'après
le tableau original de David Teniers , du
cabinet de M. le Comte de Vence , par
J. Tardieu , Graveur du Roi , rue des
Noyers , vis-à- vis celle des Anglois. -
188 MERCURE DE FRANCE.
MOYREAU , Graveur du Roi , en for
Académie royale de Peinture & Sculpture,
vient de mettre au jour une nouvelle
Eftampe qu'il a gravée d'après P. Wouvermens
, qui repréfente le Départ des Cavaliers.
Le tableau original eft au cabinet
de M. L. B. D. H. C'eſt le n° . 78 de la
fuite. Sa demeure eft rue des Mathurins ,
la quatrième porte cochere à gauche , en
entrant par la rue de la Harpe.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte décrit deux gravures récentes. La première, 'Le Médecin empirique', est de J. Tardieu, d'après David Teniers, et appartient au Comte de Vence. La seconde, 'Le Départ des Cavaliers', est de MOYREAU, d'après P. Wouvermans, et se trouve au cabinet de M. L. B. D. H., rue des Mathurins.
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3
p. *188-188
MUSIQUE.
Début :
Le Triomphe des plaisirs, cantatille à voix seule, avec accompagnement de violon [...]
Mots clefs :
Cantatille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE
Le Triomphe des plaifirs , cantatille à
voix feule , avec accompagnement de violon
& baffe continue , compofée par Me
Papavoine , gravée par Me Le Clair , prix
I liv. 4 fols. A Paris chez l'Auteur , rae
Sainte-Anne , butte Saint-Roch ; chez le
fieur Vernadé , rue du Roule , à la Croix
d'or ; le fieur Bayard , rue S. Honoré , à la
Régle d'or ; & chez Mlle Caftagnery , rue
des Prouvaires , à la Muſique royale .
Le Triomphe des plaifirs , cantatille à
voix feule , avec accompagnement de violon
& baffe continue , compofée par Me
Papavoine , gravée par Me Le Clair , prix
I liv. 4 fols. A Paris chez l'Auteur , rae
Sainte-Anne , butte Saint-Roch ; chez le
fieur Vernadé , rue du Roule , à la Croix
d'or ; le fieur Bayard , rue S. Honoré , à la
Régle d'or ; & chez Mlle Caftagnery , rue
des Prouvaires , à la Muſique royale .
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4
p. 147
MUSIQUE.
Début :
LE RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES DU SOMMEIL, Cantates nouvelles à [...]
Mots clefs :
Sonates, Cantates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
E RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES
DU SOMMEIL , Cantates nouvelles à
voix feule & grande fymphonie , avec les
ariettes dans le goût Italien ; dédiées &
préfentées à Madame la Dauphine , par M.
d'Herbain , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Capitaine au Régiment de Tournaifiş.
SIX SONATES EN TRIO , pour deux vio-
Jons & baffe ; par le même Auteur : dédiées
à Madame la Marquife de Pompadour ."
Ces différentes piéces , gravées par Mlle
Vendôme , fe vendent à Paris , aux adref
fes ordinaires.
E RETOUR DE FLORE , & LES CHARMES
DU SOMMEIL , Cantates nouvelles à
voix feule & grande fymphonie , avec les
ariettes dans le goût Italien ; dédiées &
préfentées à Madame la Dauphine , par M.
d'Herbain , Chevalier de l'Ordre de Saint
Louis , & Capitaine au Régiment de Tournaifiş.
SIX SONATES EN TRIO , pour deux vio-
Jons & baffe ; par le même Auteur : dédiées
à Madame la Marquife de Pompadour ."
Ces différentes piéces , gravées par Mlle
Vendôme , fe vendent à Paris , aux adref
fes ordinaires.
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Résumé : MUSIQUE.
Le texte mentionne deux œuvres de M. d'Herbain, Chevalier de l'Ordre de Saint Louis et Capitaine au Régiment de Tournaisis. La première est la cantate 'E RETOUR DE FLORE, & LES CHARMES DU SOMMEIL', dédiée à Madame la Dauphine, pour voix seule et grande symphonie avec des ariettes italiennes. La seconde est un recueil de 'SIX SONATES EN TRIO' pour deux violons et basse, dédié à Madame la Marquise de Pompadour. Ces œuvres sont gravées par Mlle Vendôme et disponibles à Paris.
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5
p. 147-148
GRAVURE.
Début :
LE CAFFÉ HOLLANDOIS, gravé d'après le tableau original d'Adrien Ostade, qui [...]
Mots clefs :
Graveur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
LE CAFFÉ HOLLANDOIS , gravé d'après
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
le tableau original d'Adrien Oftade , qui
eft au cabinet de M. le Comte de Vence ;
par J. Beauvarlet. Ce jeune Graveur a trèsbien
réuffi dans le goût & dans le coloris
du peintre ; il a fuivi en cela le fameux
Wicher. Il demeure rue Saint Jacques , an
Temple du Goût.
LE CAFFÉ HOLLANDOIS , gravé d'après
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
le tableau original d'Adrien Oftade , qui
eft au cabinet de M. le Comte de Vence ;
par J. Beauvarlet. Ce jeune Graveur a trèsbien
réuffi dans le goût & dans le coloris
du peintre ; il a fuivi en cela le fameux
Wicher. Il demeure rue Saint Jacques , an
Temple du Goût.
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6
p. 145-146
PEINTURE.
Début :
Il y a des surprises dans les productions des arts comme dans les ouvrages de [...]
Mots clefs :
Estampes, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE.
PEINTURE.
y a des furpriſes dans les productions
des arts comme dans les ouvrages de
littérature ; il eſt également important de
garantir le public des unes & des autres ,
tant pour la perfection de fes connoiffances
que pour l'honneur des arts & la réputation
légitime de chaque artiſte . On
ne peut donc fe difpenfer d'informer tous
les amateurs de la peinture , qu'une fuitë
d'eſtampes nouvellement mife au jour par
le fieur Duflos , comme étant d'après les
tableaux du fieur Boucher , Peintre du Roi ,
n'a été gravée que fur des deffeins informes
, furtivement tirés par les éleves de
ce Peintre , les moins capables & les moins
avancés , livrés enfuite , à fon infçu , au
Graveur , lequel à fon tour a terminé &
mis en vente ces eftampes fans la participation
de l'auteur des tableaux , qui ne peut
G
146 MERCURE DE FRANCE:
ni les reconnoître , ni encore moins les
avouer dans des copies auffi infideles.
y a des furpriſes dans les productions
des arts comme dans les ouvrages de
littérature ; il eſt également important de
garantir le public des unes & des autres ,
tant pour la perfection de fes connoiffances
que pour l'honneur des arts & la réputation
légitime de chaque artiſte . On
ne peut donc fe difpenfer d'informer tous
les amateurs de la peinture , qu'une fuitë
d'eſtampes nouvellement mife au jour par
le fieur Duflos , comme étant d'après les
tableaux du fieur Boucher , Peintre du Roi ,
n'a été gravée que fur des deffeins informes
, furtivement tirés par les éleves de
ce Peintre , les moins capables & les moins
avancés , livrés enfuite , à fon infçu , au
Graveur , lequel à fon tour a terminé &
mis en vente ces eftampes fans la participation
de l'auteur des tableaux , qui ne peut
G
146 MERCURE DE FRANCE:
ni les reconnoître , ni encore moins les
avouer dans des copies auffi infideles.
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Résumé : PEINTURE.
Une controverse entoure des estampes publiées par Duflos, prétendument basées sur les œuvres de Boucher. Ces estampes ont été gravées à partir de dessins réalisés par les élèves les moins compétents de Boucher, sans son accord. Boucher ne reconnaît pas ces copies, jugées infidèles. Le texte insiste sur l'importance d'informer le public pour préserver l'honneur des arts et la réputation des artistes.
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7
p. 146-151
LETTRE A M. *** Sur la Peinture encaustique.
Début :
Le goût que vous avez pour les arts m'étoit garant de la satisfaction que [...]
Mots clefs :
Peinture à l'encaustique, Peinture, Tableaux, Couleurs, Ombres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. *** Sur la Peinture encaustique.
LETTRE
@
A M. **
Sur la Peinture encaustique .
E goût que vous avez pour les arts
m'étoit garant de la fatisfaction que
devoit vous procurer la découverte qu'on
vient de faire , & j'étois perfuadé d'avance
que vous feriez infiniment flaté d'apprendre
qu'on pouvoit avoir retrouvé une façon
de peindre perdue depuis un fi grand
nombre de fiécles. Mais je fuis fâché d'être
hors d'état de fatisfaire votre curiofité, qui
eft bien naturelle à un amateur tel que vous.
Tous les papiers publics , dites-vous , vous
ont parlé de la peinture encauftique , mais
aucun ne vous à dévoilé le myftere de cette
maniere de peindre . Comment vous en auroient-
ils inftruit , puifque malgré toutes
mes démarches , je ne puis vous en parler
moi-même qu'en général ? Vous avez raiſon
d'obferver qu'il y a un très-grand avan
tage à préfenter aux Peintres une augmen
tation de moyens pour le charme de nos
yeux .
L'impatience de nos Artiftes , qui n'eft
dans eux qu'une noble émulation , en a
MARS. 1755. 147
déja engagé plufieurs à peindre avec de
la cire. Ils font même parvenus à faire des
chofes très belles & très - agréables ; mais
leur préparation avantageufe en elle - même,
ne me paroît point être celle du tableau
que M. Vien a expofé à la derniere
affemblée publique de l'Académie des Belles-
Lettres. J'ai eu occafion d'examiner de
près ce beau buite de Minerve , j'ai confideré
avec toute l'attention dont je fuis
capable , les tableaux des autres Artiſtes
dont je viens de vous parler , & je vous
avoue que par cette comparaifon j'ai cru
reconnoître de grandes différences dans
leur pratique ; & foit que le feu ait moins
de part à l'opération de ces derniers ; je
fuis perfuadé que peindre à la cine n'eft
pas la maniere encauftique dont on eſt
occupé,
Pour éclaircir mes doutes & les vôtres ,
j'ai été voir M. le Comte de Caylus ; &
fur les queftions que je lui ai faites , il
m'a répondu avec cette franchiſe que vous
Jui connoiffez , qu'il ne pouvoit m'inftrui.
re. J'ai témoigné avoir envie de confulter
auffi M. Majault , Médecin de la Faculté ,
qui l'a aidé de fes lumieres dans la recherche
de la peinture en queftion ; mais il m'a
très fort affuré que je ne ferois pas plus
heureux auprès de ce Docteur , & qu'il
-
?
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
uferoit de la même difcrétion . Au reſte
M. le C. de Caylus ne m'a point laiffé
ignorer le motif de fon filence : il eft dans
le deffein de rendre cette pratique publique
, & il ne veut point découvrir fon fecret
avant ce tems- là. Il m'a affuré n'avoir
point d'autre objet que l'explication de
quelques paffages de Pline , mais il eſt retenu
par une idée de bon citoyen. Il voudroit
que la pratique en queſtion ne fût
connue , au moins pendant quelques mois ,
que par les Peintres de l'école françoiſe ;
mais l'exécution de ce projet eft d'autant
plus difficile , qu'une Académie entiere n'a
jamais gardé de fecret : ainfi j'efpere que
nous ferons bientôt éclaircis du véritable
moyen qui vraiſemblablement doit êtrè
le plus approchant de celui des anciens.
Nous aurons à la fois toutes les préparations
néceffaires pour employer l'encauftique
fur le bois , la toile , le plâtre & la
pierre on me l'a ainfi perfuadé. Mais
avant que nous foyons inftruits des détails
de cette découverte , permettez que je
vous communique quelques réflexions gé
nérales , qui pourront fervir de réponſe à
plufieurs de vos questions.
Il ne doit jamais y avoir d'exclufion
dans les Arts. Un moyen de plus eft un
avantage pour l'art & pour l'Artifte ; cat
MAR S. 1755 149
enfin une pratique peut convenir à un objet
plutôt qu'une autre. La peinture encauftique
, par exemple , a plus d'attrait
pour l'oeil , & peut être préférée pour une
place au plus grand jour , à un jour de face ,
car elle n'a point de luifant & fe voit également
de tous les points de vûe : d'ailleurs
, comme vous l'avez très -bien obfervé
, elle ne change rien au génie , non plus
qu'au faire d'un Artifte , & le maniment
de l'outil ne cauſe aucune différence ; il eſt
abfolument le même , & ne craignez pas
que l'encauftique porte aucun préjudice à
la peinture à l'huile. La premiere n'eft qu'un
moyen de plus , une variété dans l'exécution
: je prévois qu'elle pourra produire
un grand avantage , celui de conduire les
Artiſtes à fe donner plus de foin pour le
choix & pour la préparation des couleurs.
Vous fçavez , Monfieur , que la peinture
n'eft qu'une oppofition de la lumiere aux
ombres ; vous n'ignorez pas que l'huile
jaunit toutes les couleurs , les plus claires
ne font pas à l'abri de cet inconvénient ,
qui fe fait fentir , pour ainfi dire , même
fur la palette . Par une conféquence
néceffaire les ombres font toujours plus
fortes ; c'eft ce qui a fait contracter l'habitude
du noir. Cette habitude eft d'autant
plus dangereufe que le public regarde les
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
tableaux dans lefquels les ombres font
noircies au point de ne rien diftinguer ,
comme des tableaux vigoureux : cette vigueur
eft vraie quelquefois , mais elle n'a
point fon principe dans une couleur outrée
, mais feulement dans la maniere de
penfer de l'artiſte & dans fa façon de voir
la nature. Quoiqu'il en foit , les tableaux
des plus grands Maîtres ont tellement noirci
, qu'il n'y a plus d'harmonie , & que
nous ne jugeons aujourd'hui dans le plus
grand nombre de leurs ouvrages , que du
trait & de la beauté du pinceau dans les
clairs , fans qu'il foit poffible d'avoir une
idée jufte de l'harmonie ; on eft presque
toujours dans la néceffité de la fuppofer.
Au contraire une peinture toujours claire ,
dont les lumieres font rendues avec plus
de vérité , dont les ombres font vraies fans
être chargées , & dans lefquelles l'oeil fe
promene , accoutumera ceux qui pratiquent
l'une & l'autre maniere , à éviter le
noir fi funefte au Peintre & à la peinture.
L'encauftique fera plus encore , elle por
tera ceux qui travailleront à l'huile , &
qui verront dans les cabinets , dans les
Eglifes , &c. des tableaux plus lumineux ,
à fe tenir eux - mêmes plus hauts & plus
clairs enfin l'harmonie , cette fille du
ciel, fe confervera plus long-tems dans leurs
:
M. AR S. 1755. 151
ouvrages , telle qu'ils l'auront produite..
Un grand bien qui pourroit encore en réfulter
, c'eft d'engager les artiftes à fe donner
pour les couleurs qu'ils employent en
travaillant à l'huile , les attentions , les foins
& la propreté dont nous admirons le fuccès
& le fruit dans les ouvrages des plus
anciens Peintres modernes , c'eft - à - dire
ceux qui ont travaillé dans les commencemens
de la découverte de la peinture à
F'huile. Les artistes de ce tems faifoient
préparer leurs couleurs fous leurs yeux &
dans leur attelier , ainfi que les Médecins
des premiers fiécles compofoient eux-mê
mes leurs remedes ; mais depuis long- tems
ils fe confient entierement , ceux-ci aux
pharmaciens , les autres aux marchands de
couleurs , & la peinture en fouffre confidérablement.
Mais en voilà affez fur cette
matiere : je me fuis jetté dans des réflexions
générales , parce que je ne pouvois vous
inftruire de ce qui fait l'objet de votre
lettre. Vous me pardonnerez les longueurs
de celle - ci , à cauſe du motif qui m'anime.
Je fuis , & c.
P. S, J'ouvre ma lettre pour vous dire
qu'ayant été de nouveau chez M. Vien
j'y ai vû une tête d'Anacréon peinte en
encauftique fur un des plus gros coutils
& qui produit un effet furprenant.
@
A M. **
Sur la Peinture encaustique .
E goût que vous avez pour les arts
m'étoit garant de la fatisfaction que
devoit vous procurer la découverte qu'on
vient de faire , & j'étois perfuadé d'avance
que vous feriez infiniment flaté d'apprendre
qu'on pouvoit avoir retrouvé une façon
de peindre perdue depuis un fi grand
nombre de fiécles. Mais je fuis fâché d'être
hors d'état de fatisfaire votre curiofité, qui
eft bien naturelle à un amateur tel que vous.
Tous les papiers publics , dites-vous , vous
ont parlé de la peinture encauftique , mais
aucun ne vous à dévoilé le myftere de cette
maniere de peindre . Comment vous en auroient-
ils inftruit , puifque malgré toutes
mes démarches , je ne puis vous en parler
moi-même qu'en général ? Vous avez raiſon
d'obferver qu'il y a un très-grand avan
tage à préfenter aux Peintres une augmen
tation de moyens pour le charme de nos
yeux .
L'impatience de nos Artiftes , qui n'eft
dans eux qu'une noble émulation , en a
MARS. 1755. 147
déja engagé plufieurs à peindre avec de
la cire. Ils font même parvenus à faire des
chofes très belles & très - agréables ; mais
leur préparation avantageufe en elle - même,
ne me paroît point être celle du tableau
que M. Vien a expofé à la derniere
affemblée publique de l'Académie des Belles-
Lettres. J'ai eu occafion d'examiner de
près ce beau buite de Minerve , j'ai confideré
avec toute l'attention dont je fuis
capable , les tableaux des autres Artiſtes
dont je viens de vous parler , & je vous
avoue que par cette comparaifon j'ai cru
reconnoître de grandes différences dans
leur pratique ; & foit que le feu ait moins
de part à l'opération de ces derniers ; je
fuis perfuadé que peindre à la cine n'eft
pas la maniere encauftique dont on eſt
occupé,
Pour éclaircir mes doutes & les vôtres ,
j'ai été voir M. le Comte de Caylus ; &
fur les queftions que je lui ai faites , il
m'a répondu avec cette franchiſe que vous
Jui connoiffez , qu'il ne pouvoit m'inftrui.
re. J'ai témoigné avoir envie de confulter
auffi M. Majault , Médecin de la Faculté ,
qui l'a aidé de fes lumieres dans la recherche
de la peinture en queftion ; mais il m'a
très fort affuré que je ne ferois pas plus
heureux auprès de ce Docteur , & qu'il
-
?
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
uferoit de la même difcrétion . Au reſte
M. le C. de Caylus ne m'a point laiffé
ignorer le motif de fon filence : il eft dans
le deffein de rendre cette pratique publique
, & il ne veut point découvrir fon fecret
avant ce tems- là. Il m'a affuré n'avoir
point d'autre objet que l'explication de
quelques paffages de Pline , mais il eſt retenu
par une idée de bon citoyen. Il voudroit
que la pratique en queſtion ne fût
connue , au moins pendant quelques mois ,
que par les Peintres de l'école françoiſe ;
mais l'exécution de ce projet eft d'autant
plus difficile , qu'une Académie entiere n'a
jamais gardé de fecret : ainfi j'efpere que
nous ferons bientôt éclaircis du véritable
moyen qui vraiſemblablement doit êtrè
le plus approchant de celui des anciens.
Nous aurons à la fois toutes les préparations
néceffaires pour employer l'encauftique
fur le bois , la toile , le plâtre & la
pierre on me l'a ainfi perfuadé. Mais
avant que nous foyons inftruits des détails
de cette découverte , permettez que je
vous communique quelques réflexions gé
nérales , qui pourront fervir de réponſe à
plufieurs de vos questions.
Il ne doit jamais y avoir d'exclufion
dans les Arts. Un moyen de plus eft un
avantage pour l'art & pour l'Artifte ; cat
MAR S. 1755 149
enfin une pratique peut convenir à un objet
plutôt qu'une autre. La peinture encauftique
, par exemple , a plus d'attrait
pour l'oeil , & peut être préférée pour une
place au plus grand jour , à un jour de face ,
car elle n'a point de luifant & fe voit également
de tous les points de vûe : d'ailleurs
, comme vous l'avez très -bien obfervé
, elle ne change rien au génie , non plus
qu'au faire d'un Artifte , & le maniment
de l'outil ne cauſe aucune différence ; il eſt
abfolument le même , & ne craignez pas
que l'encauftique porte aucun préjudice à
la peinture à l'huile. La premiere n'eft qu'un
moyen de plus , une variété dans l'exécution
: je prévois qu'elle pourra produire
un grand avantage , celui de conduire les
Artiſtes à fe donner plus de foin pour le
choix & pour la préparation des couleurs.
Vous fçavez , Monfieur , que la peinture
n'eft qu'une oppofition de la lumiere aux
ombres ; vous n'ignorez pas que l'huile
jaunit toutes les couleurs , les plus claires
ne font pas à l'abri de cet inconvénient ,
qui fe fait fentir , pour ainfi dire , même
fur la palette . Par une conféquence
néceffaire les ombres font toujours plus
fortes ; c'eft ce qui a fait contracter l'habitude
du noir. Cette habitude eft d'autant
plus dangereufe que le public regarde les
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
tableaux dans lefquels les ombres font
noircies au point de ne rien diftinguer ,
comme des tableaux vigoureux : cette vigueur
eft vraie quelquefois , mais elle n'a
point fon principe dans une couleur outrée
, mais feulement dans la maniere de
penfer de l'artiſte & dans fa façon de voir
la nature. Quoiqu'il en foit , les tableaux
des plus grands Maîtres ont tellement noirci
, qu'il n'y a plus d'harmonie , & que
nous ne jugeons aujourd'hui dans le plus
grand nombre de leurs ouvrages , que du
trait & de la beauté du pinceau dans les
clairs , fans qu'il foit poffible d'avoir une
idée jufte de l'harmonie ; on eft presque
toujours dans la néceffité de la fuppofer.
Au contraire une peinture toujours claire ,
dont les lumieres font rendues avec plus
de vérité , dont les ombres font vraies fans
être chargées , & dans lefquelles l'oeil fe
promene , accoutumera ceux qui pratiquent
l'une & l'autre maniere , à éviter le
noir fi funefte au Peintre & à la peinture.
L'encauftique fera plus encore , elle por
tera ceux qui travailleront à l'huile , &
qui verront dans les cabinets , dans les
Eglifes , &c. des tableaux plus lumineux ,
à fe tenir eux - mêmes plus hauts & plus
clairs enfin l'harmonie , cette fille du
ciel, fe confervera plus long-tems dans leurs
:
M. AR S. 1755. 151
ouvrages , telle qu'ils l'auront produite..
Un grand bien qui pourroit encore en réfulter
, c'eft d'engager les artiftes à fe donner
pour les couleurs qu'ils employent en
travaillant à l'huile , les attentions , les foins
& la propreté dont nous admirons le fuccès
& le fruit dans les ouvrages des plus
anciens Peintres modernes , c'eft - à - dire
ceux qui ont travaillé dans les commencemens
de la découverte de la peinture à
F'huile. Les artistes de ce tems faifoient
préparer leurs couleurs fous leurs yeux &
dans leur attelier , ainfi que les Médecins
des premiers fiécles compofoient eux-mê
mes leurs remedes ; mais depuis long- tems
ils fe confient entierement , ceux-ci aux
pharmaciens , les autres aux marchands de
couleurs , & la peinture en fouffre confidérablement.
Mais en voilà affez fur cette
matiere : je me fuis jetté dans des réflexions
générales , parce que je ne pouvois vous
inftruire de ce qui fait l'objet de votre
lettre. Vous me pardonnerez les longueurs
de celle - ci , à cauſe du motif qui m'anime.
Je fuis , & c.
P. S, J'ouvre ma lettre pour vous dire
qu'ayant été de nouveau chez M. Vien
j'y ai vû une tête d'Anacréon peinte en
encauftique fur un des plus gros coutils
& qui produit un effet furprenant.
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Résumé : LETTRE A M. *** Sur la Peinture encaustique.
La lettre aborde la redécouverte de la peinture encaustique, une technique ancienne perdue depuis des siècles. L'auteur regrette de ne pas pouvoir fournir des détails précis sur cette méthode, malgré de nombreuses tentatives. Plusieurs artistes ont expérimenté la peinture à la cire, mais les résultats obtenus diffèrent et ne correspondent pas toujours à la véritable technique encaustique. L'auteur a consulté le Comte de Caylus et le médecin Majault, tous deux impliqués dans la recherche, mais ils ont refusé de divulguer le secret, souhaitant le garder confidentiel jusqu'à ce qu'il soit partagé avec les peintres de l'école française. La lettre met en avant les avantages potentiels de la peinture encaustique, notamment son attrait visuel et son absence de luisant, ce qui la rend adaptée pour des expositions en plein jour. L'auteur espère que cette redécouverte encouragera les artistes à accorder plus d'attention à la préparation et au choix des couleurs, améliorant ainsi la qualité et la durabilité des œuvres. Il conclut en exprimant l'espoir que cette nouvelle technique bénéficiera à l'art et aux artistes, sans porter préjudice à la peinture à l'huile.
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8
p. 152-154
GRAVURE.
Début :
L'Accueil favorable que le public a fait à l'estampe du Philosophe en méditation, [...]
Mots clefs :
Tableau, Estampe, Roi
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texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAV U R E.
' Accueil favorable que le public a fait
que le fieur Surugue , Graveur du Roi , a
faite d'après le précieux tableau de Rimbrant
, qui eft dans le cabinet de M. leComte
de Vence , & la bienveillance de cet
illuftre amateur pour les Artiftes , ont engagé
l'auteur à entreprendre de graver le
fecond tableau du même Maître qu'il poffede
auffi , & qui fait le regard du premier.
Il repréfente un autre Philofophe
affis devant une table tout proche d'une
fenêtre , d'où vient la lumiere qui éclaire
le fujet ; l'attitude attentive de la tête &
des mains jointes pofées fur fes genoux ,
font voir qu'il eft abforbé , pour ainfi dire,
par la contemplation de quelque idée abſtraite
. Sur le devant à droite de celui qui
regarde l'eftampe , eft une cuifiniere qui
en tirant à elle d'une main une marmite ,
de l'autre attife le feu ; dans le fond eft
un efcalier fingulier , fur lequel , & dans
l'ombre, eft une Dame qui ouvre une porte
& tient d'une main une theïere.
Rimbrant paroît avoir voulu repréſenter
dans ces deux tableaux les effets de deux
MAR S. 1755. 153
:
lumieres différentes pour éclairer un même
lieu dans le premier c'eft un coup de foleil
, qui entrant par une fenêtre produit
une lumiere vive , mais fixée en un endroit.
Le tableau que l'on donne aujour
d'hui eft de même éclairé par une fenêtre
ouverte , mais feulement par un jour naturel
, fans foleil , qui répand une lumiere
plus douce fur les objets qu'elle rencontre
; cette différence extrêmement difficile
à exprimer en peinture & encore plus en
gravûre , fe trouve auffi vraie dans les
eftampes qu'elles le font dans les tableaux.
Ces eftampes fe débitent chez l'auteur
rue des Noyers , attenant un magafin de
papier , vis -à- vis S. Yves , à Paris.
Nous donnons avis auffi , & nous croyons
obliger le public , que l'on trouve chez ledit
fieur Surugue , Graveur du Roi , Phif
toire de Don Quichote , en vingt- cinq eftampes
, peintes par Ch. Coypel , premier
Peintre du Roi.
Le Roman comique de Scarron , en feize
eftampes , peintes par Pater , dont les tableaux
deviennent très-rares.
C
La galerie de l'Hôtel de Bretonvilliers ,
peinte en quatorze tableaux , par Sebaftien
Bourdon , dont le grand mérite eft connu
elles font gravées par lui -même.
La galerie du Palais royal , repréſentant
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
l'Énéïde de Virgile , en quinze eftampes ,
gravées par les plus habiles Graveurs de
Paris , fur les tableaux d'Ant. Coypel .
Et auffi toutes fortes d'eftampes , dont
il diftribue gratis le catalogue.
' Accueil favorable que le public a fait
que le fieur Surugue , Graveur du Roi , a
faite d'après le précieux tableau de Rimbrant
, qui eft dans le cabinet de M. leComte
de Vence , & la bienveillance de cet
illuftre amateur pour les Artiftes , ont engagé
l'auteur à entreprendre de graver le
fecond tableau du même Maître qu'il poffede
auffi , & qui fait le regard du premier.
Il repréfente un autre Philofophe
affis devant une table tout proche d'une
fenêtre , d'où vient la lumiere qui éclaire
le fujet ; l'attitude attentive de la tête &
des mains jointes pofées fur fes genoux ,
font voir qu'il eft abforbé , pour ainfi dire,
par la contemplation de quelque idée abſtraite
. Sur le devant à droite de celui qui
regarde l'eftampe , eft une cuifiniere qui
en tirant à elle d'une main une marmite ,
de l'autre attife le feu ; dans le fond eft
un efcalier fingulier , fur lequel , & dans
l'ombre, eft une Dame qui ouvre une porte
& tient d'une main une theïere.
Rimbrant paroît avoir voulu repréſenter
dans ces deux tableaux les effets de deux
MAR S. 1755. 153
:
lumieres différentes pour éclairer un même
lieu dans le premier c'eft un coup de foleil
, qui entrant par une fenêtre produit
une lumiere vive , mais fixée en un endroit.
Le tableau que l'on donne aujour
d'hui eft de même éclairé par une fenêtre
ouverte , mais feulement par un jour naturel
, fans foleil , qui répand une lumiere
plus douce fur les objets qu'elle rencontre
; cette différence extrêmement difficile
à exprimer en peinture & encore plus en
gravûre , fe trouve auffi vraie dans les
eftampes qu'elles le font dans les tableaux.
Ces eftampes fe débitent chez l'auteur
rue des Noyers , attenant un magafin de
papier , vis -à- vis S. Yves , à Paris.
Nous donnons avis auffi , & nous croyons
obliger le public , que l'on trouve chez ledit
fieur Surugue , Graveur du Roi , Phif
toire de Don Quichote , en vingt- cinq eftampes
, peintes par Ch. Coypel , premier
Peintre du Roi.
Le Roman comique de Scarron , en feize
eftampes , peintes par Pater , dont les tableaux
deviennent très-rares.
C
La galerie de l'Hôtel de Bretonvilliers ,
peinte en quatorze tableaux , par Sebaftien
Bourdon , dont le grand mérite eft connu
elles font gravées par lui -même.
La galerie du Palais royal , repréſentant
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
l'Énéïde de Virgile , en quinze eftampes ,
gravées par les plus habiles Graveurs de
Paris , fur les tableaux d'Ant. Coypel .
Et auffi toutes fortes d'eftampes , dont
il diftribue gratis le catalogue.
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Résumé : GRAVURE.
Le graveur du Roi, Surugue, a reçu un accueil favorable pour une gravure réalisée d'après un tableau de Rembrandt appartenant au comte de Vence. Encouragé par ce succès, Surugue a gravé un second tableau de Rembrandt, représentant un philosophe en contemplation abstraite. Cette scène inclut une cuisinière et une dame dans l'ombre, éclairée par une lumière naturelle douce, contrastant avec la lumière vive du premier tableau. Les estampes de Surugue sont vendues rue des Noyers à Paris. Parmi les autres œuvres disponibles, on trouve des estampes de 'Don Quichotte' par Charles Coypel, du 'Roman comique' de Scarron par Pater, et des gravures de la galerie de l'Hôtel de Bretonvilliers par Sébastien Bourdon. Une série d'estampes représentant 'L'Énéïde' de Virgile, gravées par des artistes parisiens d'après les tableaux d'Antoine Coypel, est également mentionnée. Surugue distribue gratuitement le catalogue de ces œuvres.
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9
p. 154-156
MUSIQUE.
Début :
Nouvelles pieces de clavecin, avec un accompagnement de violon & de [...]
Mots clefs :
Accompagnement, Clavecin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
Nouvelles pieces de clavecin , avec un accompagnement de violon & de
baffe , fait en concert & gravé féparément.
Ces piéces font de la compofition du fieur
Clément , connu par plufieurs autres ouvrages
pour le clavecin , que le public a vûs
avec plaifir. On peut jouer les pieces de
clavecin feules , fans accompagnement
, &
fans que cela nuife à leur harmonie. Elles
fe vendent chez l'auteur , rue & cloître
S. Thomas du Louvre , & aux adreffes ordinaires
de Mufique. Le prix en blanc
avec les parties féparées , douze liv.
METHODE
plus courte & plus facile
que l'ancienne , pour l'accompagnement
du
clavecin ; dédiée aux Dames , par M.
Dubugrarre , Organiste de S. Sauveur
Maître de clavecin.
CE
Ette Méthode , qui fuppofe la connoiffance
de l'accord parfait fur tous
les tons , tant majeurs que mineurs , fuffic
MARS.
1755. 735
pour l'accompagnement du clavecin , comme
l'experience qu'en font journellement
les Ecoliers de l'auteur , en eſt une preuve
incontestable. En faveur des perfonnes qui
defirent joindre à la facilité de l'exécution
une connoiffance étendue & diftincte de
tous les principes qui forment la théorie parfaite
de l'accompagnement , l'auteur , dans
un fupplément ou addition par demandes &
par réponſes , a détaillé ces mêmes principes
de la maniere la plus exacte & la plus
précife. Les peres & meres procureront à
leurs enfans le moyen de faire des progrès
rapides dans l'étude du clavecin , en leur
faifant apprendre par coeur ces principes.
L'Ecolier qui par la méthode & le fupplé
ment, eft fuppofé connoître de quoi fe préparent
& fe fauvent les accords , & fur
quels dégrés fixes ils fe forment , verra auffi
les régles invariables de la baffe fondamentale
; ce qui lui donnera des lumieres
pour la compofition . A la fin du fupplé
ment il trouvera une méthode de chiffrer
les accords , plus abrégée & plus facile
que celle dont on fe fert aujourd'hui ; cependant
on n'a pas négligé de donner dans
la méthode toutes les variations dans la
maniere de chiffrer les accords , afin que
P'Ecolier puiffe exécuter les pieces des différens
auteurs , quelle que foit leur coutume
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
de chiffrer ces mêmes accords.
L'auteur diftribuera gratis le fupplément,
chez lui & non ailleurs , aux perfonnes qui
auront déja acheté fa méthode . Celles qui
feront l'acquifition de fa méthode & de
fon fupplément , payeront le tout 6 livres.
La vente s'en fait aux adreffes ordinaires ,
& chez l'auteur , fauxbourg S. Denis.
On y trouve de plus , Borée & Orithie ,
Cantatille nouvelle , à voix feule , avec
accompagnement de flûte & de violon.
Nouvelles pieces de clavecin , avec un accompagnement de violon & de
baffe , fait en concert & gravé féparément.
Ces piéces font de la compofition du fieur
Clément , connu par plufieurs autres ouvrages
pour le clavecin , que le public a vûs
avec plaifir. On peut jouer les pieces de
clavecin feules , fans accompagnement
, &
fans que cela nuife à leur harmonie. Elles
fe vendent chez l'auteur , rue & cloître
S. Thomas du Louvre , & aux adreffes ordinaires
de Mufique. Le prix en blanc
avec les parties féparées , douze liv.
METHODE
plus courte & plus facile
que l'ancienne , pour l'accompagnement
du
clavecin ; dédiée aux Dames , par M.
Dubugrarre , Organiste de S. Sauveur
Maître de clavecin.
CE
Ette Méthode , qui fuppofe la connoiffance
de l'accord parfait fur tous
les tons , tant majeurs que mineurs , fuffic
MARS.
1755. 735
pour l'accompagnement du clavecin , comme
l'experience qu'en font journellement
les Ecoliers de l'auteur , en eſt une preuve
incontestable. En faveur des perfonnes qui
defirent joindre à la facilité de l'exécution
une connoiffance étendue & diftincte de
tous les principes qui forment la théorie parfaite
de l'accompagnement , l'auteur , dans
un fupplément ou addition par demandes &
par réponſes , a détaillé ces mêmes principes
de la maniere la plus exacte & la plus
précife. Les peres & meres procureront à
leurs enfans le moyen de faire des progrès
rapides dans l'étude du clavecin , en leur
faifant apprendre par coeur ces principes.
L'Ecolier qui par la méthode & le fupplé
ment, eft fuppofé connoître de quoi fe préparent
& fe fauvent les accords , & fur
quels dégrés fixes ils fe forment , verra auffi
les régles invariables de la baffe fondamentale
; ce qui lui donnera des lumieres
pour la compofition . A la fin du fupplé
ment il trouvera une méthode de chiffrer
les accords , plus abrégée & plus facile
que celle dont on fe fert aujourd'hui ; cependant
on n'a pas négligé de donner dans
la méthode toutes les variations dans la
maniere de chiffrer les accords , afin que
P'Ecolier puiffe exécuter les pieces des différens
auteurs , quelle que foit leur coutume
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
de chiffrer ces mêmes accords.
L'auteur diftribuera gratis le fupplément,
chez lui & non ailleurs , aux perfonnes qui
auront déja acheté fa méthode . Celles qui
feront l'acquifition de fa méthode & de
fon fupplément , payeront le tout 6 livres.
La vente s'en fait aux adreffes ordinaires ,
& chez l'auteur , fauxbourg S. Denis.
On y trouve de plus , Borée & Orithie ,
Cantatille nouvelle , à voix feule , avec
accompagnement de flûte & de violon.
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Résumé : MUSIQUE.
Le texte présente deux ouvrages musicaux. Le premier est une collection de nouvelles pièces pour clavecin, avec un accompagnement optionnel de violon et de basse, composée par le sieur Clément. Ces pièces peuvent être jouées seules sans nuire à leur harmonie et sont disponibles à la vente chez l'auteur, rue et cloître Saint Thomas du Louvre, ainsi que dans les adresses ordinaires de musique, au prix de douze livres. Le second ouvrage est une méthode pour l'accompagnement du clavecin, dédiée aux dames, écrite par M. Dubugrarre, organiste de Saint Sauveur et maître de clavecin. Cette méthode, supposant la connaissance de l'accord parfait sur tous les tons, est jugée efficace par les élèves de l'auteur. Elle inclut un supplément détaillant les principes théoriques de l'accompagnement, facilitant ainsi les progrès rapides des étudiants. Le supplément propose également une méthode de chiffrage des accords plus abrégée et facile. L'auteur distribue gratuitement le supplément aux acheteurs de la méthode et vend l'ensemble pour six livres. De plus, le texte mentionne la disponibilité d'une cantatille nouvelle, 'Borée & Orithie', pour voix seule avec accompagnement de flûte et de violon.
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10
p. 153
PEINTURE. Vers pour être mis au bas du portrait de M. Boucher, dessiné par M. Cochin*.
Début :
Ses ouvrages charmans sont pleins de volupté. [...]
Mots clefs :
Portrait, Peintre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. Vers pour être mis au bas du portrait de M. Boucher, dessiné par M. Cochin*.
ARTS AGRÉABLES.
PEINTURE.
Vers pour être mis au bas du portrait de M.
Boucher , deffiné par M. Cochin *.
S.Es ouvrages charmans font pleins de volupté.
Rival de la nature , il marche fur fes traces :
C'eft le peintre de la beauté ;
Il embellit même les Graces.
SILEUIL.
PEINTURE.
Vers pour être mis au bas du portrait de M.
Boucher , deffiné par M. Cochin *.
S.Es ouvrages charmans font pleins de volupté.
Rival de la nature , il marche fur fes traces :
C'eft le peintre de la beauté ;
Il embellit même les Graces.
SILEUIL.
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11
p. 153-158
GRAVURE.
Début :
TEMPLE EN L'HONNEUR DE LA DEESSE VENUS, décoration en relief, qui a [...]
Mots clefs :
Gravure, Estampes, Vénus, Rembrandt, Graveur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
EMPLE EN L'HONNEUR DE LA DEESSE
VENUS , décoration en relief , qui a
été exécutéé à Rome , dans la place Farnefe
, en 1747 , à l'occafion de la cérémo-
* On n'a pas cru pouvoir mieux commencer cet
article que par des vers confacrés à la gloire d'unfi
grand Peintre.
Gv
154 MERCURE DE FRANCE:
nie de l'hommage que le royaume de Naples
rend au Saint Siége ; dédié à M. le
Baron de Hutten , Miniftre de S. A. Mgr.
le Prince Evêque de Spire , à la Cour de
France ; gravé par P. Patte , & ſe vend
chez lui , rue des Noyers , la fixiéme porte
cochere à droite en entrant par la rue Saint
Jacques. Prix livre 10 fols , grandeur
de la feuille du Nom de Jefus.
On fçait que depuis long tems le royaume
de Naples paye un tribut au Saint Siége.
Cette cérémonie fe célébre tous les ans à
Rome la veille de la fête de S. Pierre , avecla
plus grande magnificence. Le Prince
Colonne , Grand Connétable de ce royaume
, accompagné de la plupart des Princes
Romains , va en grand frofque préfenter
au Pape , au nom du Roi fon maître , dans
l'Eglife de S. Pierre , une haquenée blanchequi
eft chargée d'une petite caffette , contenant
en cédules * la redevance que le
royaume de Naples paye chaque année au
Saint Siége . A l'occafion de cette cérémonie
on éleve en relief , au milieu de la place
Farneſe , une magnifique décoration d'architecture
, faifant allufion à quelqu'une
des antiquités qui fe voyent à Naples , ou
* Les cédules font des efpéces de billets d'Etat
ou de lettres de change qui ont cours dans l'Etat
Eccléfiaftique.
AVRIL. 1755 I'S'S
dans fes environs , à Pouzzol , à Bayes ,
& autres lieux . Meffieurs les Penfionnaires
du Roi de France à Rome , font fucceffivement
chargés de compofer cette décoration
, & à l'envi cherchent à fe fignaler
tous les ans par quelques penfées d'architecture
grande & fublime. C'eſt une
de ces compofitions qui a fait l'admiration
unanime des connoiffeurs , que l'on vient
de graver fur les deffeins qu'en fit , en
1747 , M. le Lorrain , aujourd'hui Peintre
du Roi , & pour lors Penfionnaire de S. M.
à fon Accadémie de Rome. On ne craint
point d'affurer que cette eftampe eft de
toute beauté pour l'architecture & les effets
piquans de fa perfpective : elle eft
gravée à l'aide d'une feule ligne,, fuivant
la nouvelle maniere de l'auteur , dont nous
avons parlé dans le Mercure du mois de
Février dernier , & elle mérite d'occuper
un rang diſtingué dans les cabinets des
curieux.; be but
LA PLACE DE LOUIS XV , que l'on
éxécute fur l'efplanade du Pont tournant ,
en face des Tuileries , d'après les deffeins
de M. Gabriel ; premier Architecte du Roi ,
dont la premiere pierre a été pofée par la
Ville le 22 Avril 1754 , fe vend gravée
chez le même P. Patte.
i
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
PORTRAIT DE M. GRANDVAL , peint
par Lancret , Peintre du Roi , en 1742 , &
gravé par J. Le Bas , Graveur du cabinet
du Roi ; de même grandeur que celui de
Mlle Camargo. Prix 3 livres. On lit ces
quatre vers au bas du portrait.
D'attendrir , d'égayer , également capable ;
Tantôt héros , tantôt petit- maître galant :
Il repréſente l'un en copifte excellent ,
L'autre en original aimable.
COLLECTION DE SCULPTURES ANTIQUES
Grecques & Romaines , trouvées à Rome
dans les ruines du palais de Neron & de
Marius .
Cette collection eft rare & finguliere ,
tant par la beauté que par la variété des
morceaux qui la compofent. Les originaux
en marbre de Paros & de Salin , font chez
le fieur Adam l'aîné , Sculpteur ordinaire
du Roi , rue Baffe du chemin du Rempart 3
No. 13. derriere la place de Vendôme ,
entre la rue Saint Louis & la rue Neuve
des Capucines . La collection fe vend à Paris
, chez Joullain , Marchand d'eftampes ,
quai de la Megifferie , à l'enſeigne de la
ville de Rome. 1755.
La façon de graver du fameux Rem
AVRIL 17556
137
1
brandt , qui , fous un heureux defordre ,
peint fi fpirituellement les objets avec att
tant de force que de vérité , paroît avoir
été enfévelie avec fon inventeur ; les difficultés
dont elle eft remplie , ont fans doute
été un obftacle pour ceux qui ont
tenté de marcher fur les traces de cet habile
Peintre & Graveur ; heureufement
elles n'ont point effrayé M. de Marcenay ;
il vient de mettre au jour le portrait de
Rembrandt , peint par lui -même , dont
l'original haut de trois pieds & demi fur
trois de large , fe voit dans le cabinet de
M. le Comte de Vence. Ce Peintre y eft
repréſenté dans fa vieilleffe ; le tableau
ne fe reffent en aucune maniere du froid ,
trop ordinaire à cet âge , bien au contraire
touché à plein pinceau , il eft d'un relief
à étonner ; la lumiere qui vient d'en haut
eft habilement dégradée , ce qui répand.
beaucoup de repos & d'harmonie. Ce Peintre
ayant tout facrifié à la tête , s'eft fervi
d'un fond leger , mais éteint , fur lequel
elle fe détache merveilleufement ; & a af
fecté de négliger les mains , la palette , &
tous les acceffoires qui ne femblent qu'indiqués.
L'accueil favorable que les connoiffeurs
ont fait à ce portrait d'une exécution
très-difficile , & qu'on ofe dire qui
118 MERCURE DE FRANCE.
imite le Rembrandt à s'y tromper , a en
gagé cet artifte à graver le pendant , qui
eft le portrait du Teintoret , également
peint par lui-même ; mais celui- ci eft auffi
correct que l'autre eft négligé. L'un &
l'autre fe vendent chez l'auteur , rue des
Vieux Auguftins , près l'égout . Il donnera
dans peu une fuite de divers morceaux
du Rembrandt , & il grave actuellement
une piece capitale tirée du cabinet de M.
le Marquis de Voyer.
EMPLE EN L'HONNEUR DE LA DEESSE
VENUS , décoration en relief , qui a
été exécutéé à Rome , dans la place Farnefe
, en 1747 , à l'occafion de la cérémo-
* On n'a pas cru pouvoir mieux commencer cet
article que par des vers confacrés à la gloire d'unfi
grand Peintre.
Gv
154 MERCURE DE FRANCE:
nie de l'hommage que le royaume de Naples
rend au Saint Siége ; dédié à M. le
Baron de Hutten , Miniftre de S. A. Mgr.
le Prince Evêque de Spire , à la Cour de
France ; gravé par P. Patte , & ſe vend
chez lui , rue des Noyers , la fixiéme porte
cochere à droite en entrant par la rue Saint
Jacques. Prix livre 10 fols , grandeur
de la feuille du Nom de Jefus.
On fçait que depuis long tems le royaume
de Naples paye un tribut au Saint Siége.
Cette cérémonie fe célébre tous les ans à
Rome la veille de la fête de S. Pierre , avecla
plus grande magnificence. Le Prince
Colonne , Grand Connétable de ce royaume
, accompagné de la plupart des Princes
Romains , va en grand frofque préfenter
au Pape , au nom du Roi fon maître , dans
l'Eglife de S. Pierre , une haquenée blanchequi
eft chargée d'une petite caffette , contenant
en cédules * la redevance que le
royaume de Naples paye chaque année au
Saint Siége . A l'occafion de cette cérémonie
on éleve en relief , au milieu de la place
Farneſe , une magnifique décoration d'architecture
, faifant allufion à quelqu'une
des antiquités qui fe voyent à Naples , ou
* Les cédules font des efpéces de billets d'Etat
ou de lettres de change qui ont cours dans l'Etat
Eccléfiaftique.
AVRIL. 1755 I'S'S
dans fes environs , à Pouzzol , à Bayes ,
& autres lieux . Meffieurs les Penfionnaires
du Roi de France à Rome , font fucceffivement
chargés de compofer cette décoration
, & à l'envi cherchent à fe fignaler
tous les ans par quelques penfées d'architecture
grande & fublime. C'eſt une
de ces compofitions qui a fait l'admiration
unanime des connoiffeurs , que l'on vient
de graver fur les deffeins qu'en fit , en
1747 , M. le Lorrain , aujourd'hui Peintre
du Roi , & pour lors Penfionnaire de S. M.
à fon Accadémie de Rome. On ne craint
point d'affurer que cette eftampe eft de
toute beauté pour l'architecture & les effets
piquans de fa perfpective : elle eft
gravée à l'aide d'une feule ligne,, fuivant
la nouvelle maniere de l'auteur , dont nous
avons parlé dans le Mercure du mois de
Février dernier , & elle mérite d'occuper
un rang diſtingué dans les cabinets des
curieux.; be but
LA PLACE DE LOUIS XV , que l'on
éxécute fur l'efplanade du Pont tournant ,
en face des Tuileries , d'après les deffeins
de M. Gabriel ; premier Architecte du Roi ,
dont la premiere pierre a été pofée par la
Ville le 22 Avril 1754 , fe vend gravée
chez le même P. Patte.
i
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
PORTRAIT DE M. GRANDVAL , peint
par Lancret , Peintre du Roi , en 1742 , &
gravé par J. Le Bas , Graveur du cabinet
du Roi ; de même grandeur que celui de
Mlle Camargo. Prix 3 livres. On lit ces
quatre vers au bas du portrait.
D'attendrir , d'égayer , également capable ;
Tantôt héros , tantôt petit- maître galant :
Il repréſente l'un en copifte excellent ,
L'autre en original aimable.
COLLECTION DE SCULPTURES ANTIQUES
Grecques & Romaines , trouvées à Rome
dans les ruines du palais de Neron & de
Marius .
Cette collection eft rare & finguliere ,
tant par la beauté que par la variété des
morceaux qui la compofent. Les originaux
en marbre de Paros & de Salin , font chez
le fieur Adam l'aîné , Sculpteur ordinaire
du Roi , rue Baffe du chemin du Rempart 3
No. 13. derriere la place de Vendôme ,
entre la rue Saint Louis & la rue Neuve
des Capucines . La collection fe vend à Paris
, chez Joullain , Marchand d'eftampes ,
quai de la Megifferie , à l'enſeigne de la
ville de Rome. 1755.
La façon de graver du fameux Rem
AVRIL 17556
137
1
brandt , qui , fous un heureux defordre ,
peint fi fpirituellement les objets avec att
tant de force que de vérité , paroît avoir
été enfévelie avec fon inventeur ; les difficultés
dont elle eft remplie , ont fans doute
été un obftacle pour ceux qui ont
tenté de marcher fur les traces de cet habile
Peintre & Graveur ; heureufement
elles n'ont point effrayé M. de Marcenay ;
il vient de mettre au jour le portrait de
Rembrandt , peint par lui -même , dont
l'original haut de trois pieds & demi fur
trois de large , fe voit dans le cabinet de
M. le Comte de Vence. Ce Peintre y eft
repréſenté dans fa vieilleffe ; le tableau
ne fe reffent en aucune maniere du froid ,
trop ordinaire à cet âge , bien au contraire
touché à plein pinceau , il eft d'un relief
à étonner ; la lumiere qui vient d'en haut
eft habilement dégradée , ce qui répand.
beaucoup de repos & d'harmonie. Ce Peintre
ayant tout facrifié à la tête , s'eft fervi
d'un fond leger , mais éteint , fur lequel
elle fe détache merveilleufement ; & a af
fecté de négliger les mains , la palette , &
tous les acceffoires qui ne femblent qu'indiqués.
L'accueil favorable que les connoiffeurs
ont fait à ce portrait d'une exécution
très-difficile , & qu'on ofe dire qui
118 MERCURE DE FRANCE.
imite le Rembrandt à s'y tromper , a en
gagé cet artifte à graver le pendant , qui
eft le portrait du Teintoret , également
peint par lui-même ; mais celui- ci eft auffi
correct que l'autre eft négligé. L'un &
l'autre fe vendent chez l'auteur , rue des
Vieux Auguftins , près l'égout . Il donnera
dans peu une fuite de divers morceaux
du Rembrandt , & il grave actuellement
une piece capitale tirée du cabinet de M.
le Marquis de Voyer.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte présente plusieurs œuvres artistiques et événements historiques. En 1747, une décoration en relief honorant la déesse Vénus a été réalisée à Rome, sur la place Farnèse, à l'occasion d'une cérémonie annuelle où le royaume de Naples rend hommage au Saint-Siège. Cette cérémonie, dirigée par le Prince Colonne, se déroule la veille de la fête de Saint-Pierre et inclut la présentation d'une haquenée blanche portant une cassette contenant des cédules représentant la redevance annuelle. La décoration a été composée par un pensionnaire du Roi de France à Rome et gravée par P. Patte. Elle est disponible à la vente. Le texte mentionne également la place Louis XV, en construction à Paris. Il évoque aussi un portrait de M. Grandval peint par Lancret et gravé par J. Le Bas. Une collection de sculptures antiques grecques et romaines, découvertes dans les ruines du palais de Néron et de Marius, est présentée. Cette collection, composée de morceaux en marbre de Paros et de Salin, est disponible chez le sculpteur Adam l'aîné et chez Joullain, marchand d'estampes. Enfin, le texte évoque le travail de gravure de M. de Marcenay, qui a reproduit des portraits de Rembrandt et du Tintoret, peints par eux-mêmes. Ces gravures sont disponibles chez l'auteur, rue des Vieux Augustins.
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12
p. 158-160
MUSIQUE.
Début :
Le sieur Lanzetti, Ordinaire de la musique de S. M. le Roi de Sardaigne, [...]
Mots clefs :
Violon, Flûte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
E fieur Lanzetti , Ordinaire de la mu-
Lfique de S. M. le Roi de Sardaigne ,
fait graver préfentement un quatrième
oeuvre de fix nouvelles fonates pour le
violoncelle , & un cinquiéme oeuvre de
fix duo à parties féparées , pour le même
inftrument , dont le deuxième deffus peut
fe jouer fur le violon , baffe de viele , &
baffon. Il avertit le Public que les deuxiéme
& troifiéme oeuvres de fonates pour le
violoncelle qu'on a fait graver à Paris,
fous fon nom & à fon infçu , font pleins
de fautes , contiennent même quelques
piéces qui ne font point de lui , & qu'il
compte les redonner par la fuite corrigées
AVRIL. 1755.
& comme il les a faits. Il demeure rue des
Bons Enfans , à l'hôtel d'Orléans , vis- àvis
le paffage du Cloître S. Honoré , où
on trouvera inceffamment les fufdits cuvres.
METHODE RAISONNE'E , pour apprendre
la mufique d'une façon plus claire & plus
précife , à laquelle on joint l'étendue de
lá flûte traverfiere , du violon , du pardeffus
de viole , de la vielle & de la mufette
; leur accord , quelques obfervations
fur la touche defdits inftrumens , & des
leçons fimples , mefurées & variées , fuivies
d'un recueil de plus de cent airs en
duo , choifis , faciles , & connus pour la
plupart , propres pour la flûte traverſiere ,
le violon & le par- deffus de viole , & mis
à l'ufage de la vielle & de la mufette par
des clefs fuppofées de tranfpofitions. Ou
vrage fait pour la commodité des maîtres
& l'utilité des écoliers ; dédié à M. le
Marquis de Montpezat , Lieutenant de
Roi de la province de Languedoc , l'un
des quatre premiers Barons du Dauphiné ;
par M. Bordet , maître de flûte traverfiere.
Livre premier , gravé par Labaffée ; prix
en blanc 6 livres. A Paris , chez l'Auteur ,
rue du Ponceau , la deuxième porte à droite
en entrant par la rue Saint Denis ; Bayard ,
160 MERCURE DE FRANCE .
Marchand , rue Saint Honoré , à la Regle
d'or ; Vernadé , Marchand , rue du Roule ,
à la Croix d'or'; Mlle Caftagneri , rue des
Prouvaires , à la Mufique royale.
E fieur Lanzetti , Ordinaire de la mu-
Lfique de S. M. le Roi de Sardaigne ,
fait graver préfentement un quatrième
oeuvre de fix nouvelles fonates pour le
violoncelle , & un cinquiéme oeuvre de
fix duo à parties féparées , pour le même
inftrument , dont le deuxième deffus peut
fe jouer fur le violon , baffe de viele , &
baffon. Il avertit le Public que les deuxiéme
& troifiéme oeuvres de fonates pour le
violoncelle qu'on a fait graver à Paris,
fous fon nom & à fon infçu , font pleins
de fautes , contiennent même quelques
piéces qui ne font point de lui , & qu'il
compte les redonner par la fuite corrigées
AVRIL. 1755.
& comme il les a faits. Il demeure rue des
Bons Enfans , à l'hôtel d'Orléans , vis- àvis
le paffage du Cloître S. Honoré , où
on trouvera inceffamment les fufdits cuvres.
METHODE RAISONNE'E , pour apprendre
la mufique d'une façon plus claire & plus
précife , à laquelle on joint l'étendue de
lá flûte traverfiere , du violon , du pardeffus
de viole , de la vielle & de la mufette
; leur accord , quelques obfervations
fur la touche defdits inftrumens , & des
leçons fimples , mefurées & variées , fuivies
d'un recueil de plus de cent airs en
duo , choifis , faciles , & connus pour la
plupart , propres pour la flûte traverſiere ,
le violon & le par- deffus de viole , & mis
à l'ufage de la vielle & de la mufette par
des clefs fuppofées de tranfpofitions. Ou
vrage fait pour la commodité des maîtres
& l'utilité des écoliers ; dédié à M. le
Marquis de Montpezat , Lieutenant de
Roi de la province de Languedoc , l'un
des quatre premiers Barons du Dauphiné ;
par M. Bordet , maître de flûte traverfiere.
Livre premier , gravé par Labaffée ; prix
en blanc 6 livres. A Paris , chez l'Auteur ,
rue du Ponceau , la deuxième porte à droite
en entrant par la rue Saint Denis ; Bayard ,
160 MERCURE DE FRANCE .
Marchand , rue Saint Honoré , à la Regle
d'or ; Vernadé , Marchand , rue du Roule ,
à la Croix d'or'; Mlle Caftagneri , rue des
Prouvaires , à la Mufique royale.
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Résumé : MUSIQUE.
Le texte annonce deux publications musicales. Le sieur Lanzetti, musicien du Roi de Sardaigne, publie un quatrième ouvrage de six nouvelles sonates pour violoncelle et un cinquième ouvrage de six duos pour violoncelle, certains pouvant être joués sur d'autres instruments comme le violon, la basse de viole et le basson. Lanzetti corrige les erreurs et les pièces non authentiques des deuxième et troisième œuvres de sonates pour violoncelle, gravées à Paris, et prévoit de les republier. Ses œuvres sont disponibles rue des Bons Enfants, à l'hôtel d'Orléans. Par ailleurs, une 'Méthode raisonnée' pour apprendre la musique est présentée. Elle inclut l'étendue de divers instruments comme la flûte traversière, le violon, le pardeffus de viole, la vielle et la musette. Cette méthode propose des observations sur la touche des instruments et des leçons simples et variées, suivies d'un recueil de plus de cent airs en duo. Ces airs sont adaptés à plusieurs instruments et peuvent être joués sur la vielle et la musette grâce à des clefs de transposition. L'ouvrage, dédié au Marquis de Montpezat, est écrit par M. Bordet, maître de flûte traversière, et gravé par Labaffée. Il est vendu six livres et disponible chez plusieurs marchands à Paris.
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13
p. 160-163
CLAVECIN OCULAIRE. LETTRE de M. Rondet, Maître de Mathématiques, sur un article de la réponse du R. P. Laugier, dans le Mercure d'Octobre dernier, aux remarques de M. Frezier, dans celui de Juillet 1754.
Début :
M. R. P. Il y a dix à douze ans que regardant le [...]
Mots clefs :
Clavecin, Couleurs, Mathématiques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CLAVECIN OCULAIRE. LETTRE de M. Rondet, Maître de Mathématiques, sur un article de la réponse du R. P. Laugier, dans le Mercure d'Octobre dernier, aux remarques de M. Frezier, dans celui de Juillet 1754.
CLAVECINOCULAIRE.
LETTRE de M. Rondet , Maître de Mathématiques
, fur un article de la réponse
du R. P. Laugier , dans le Mercure
d'Octobre dernier , aux remarques de M..
Frezier , dans celui de Juillet 1754.
Ik
M. R. P.
Ly a dix à douze ans que regardant le
R. P. Caftel comme un des plus grands
Phyficiens & des plus profonds Géometres
de l'Europe , vous voulûtes avoir un
maître de fa main pour une perfonne à laquelle
vous vous intéreffiez . Le choix tombafur
moi , & vous fûtes étonné des progrès
que je lui fis faire en quatre mois .
Cela me donna lieu d'avoir avec vous
quelques conférences , où vous ne cefliez
d'admirer la méthode de la Mathématique
univerfelle.
Vous me parliez même avec extafe de
l'invention du clavecin oculaire , & de la
maniere frappante dont l'auteur en avoit
AVRIL 1755. 161
démontré la théorie , fans doute après les
lettres que ce R. P. avoit écrites à l'illuftre
Préſident de Montefquieu , dans les Mercures
de 1735. Il avoit gagné le public
& les plus opiniâtres étoient convaincus.
Jugez quelle a été ma furpriſe , lorf
qu'en lifant votre réponſe aux remarques
de M. Frezier , j'ai trouvé ces mots : l'idée
d'un clavecin oculaire ne peut trouver place
que dans une imagination féconde en fingularité
, mais peu amie du vrai & du folide.
1
Sans doute , que le P, Caftel a une imagination
féconde en fingularité , c'eft un
don du Ciel affez rare pour être refpecté ;
mais il n'eft pas ami du vrai & du folide ,
& la preuve s'en tire de l'invention de fon
clavecin cependant cette imagination l'a
fait admettre dans la Société de Londres
quoiqu'adverfaire décidé du grand Newton.
Elle lui a attiré des éloges d'une
Académie plus reculée encore , & par là
mêmeplus impartiale , celle de Peterſbourg.
Elle a produit un cours de Phyfique qui
fe dicte publiquement à Paris & ailleurs ;
elle a réuni les fuffrages de plufieurs illuftres
de toutes les nations ; de M. de
Voltaire entr'autres , lui qui loue fi peu.
En quoi donc le clavecin oculaire décele-
t-il une imagination peu amie du vrai
& du folide ? N'eft- il pas vrai que les
162 MERCURE DE FRANCE:
couleurs ont entr'elles des rapports appré
ciables , auffi précisément que ceux des
fons ? C'eſt une fingularité démontrée :
n'eft- il pas vrai les couleurs vont enque
tr'elles par teintes , demi- teintes , & quarts
de teintes ; comme les fons par tons demi-
tons , & quarts de tons ? c'eſt encore
une fingularité demontrée : & ce qui eft
encore plus fingulier , même unique , quoiqu'également
démontré , qu'il y a juftement,
& ni plus ni moins de couleurs fenfibles
à la vûe que de fons fenfibles à
l'oreille . De plus n'eft- il pas vrai que la
variété des couleurs plaît comme la variété
des fons que ces fons ayant entr'eux des
rapports fixes , on y peut mettre de l'harmonie
? que ce n'eft donc plus qu'une affaire
de goût , de pratique , de méchanique
, de faire jouer les couleurs comme
les fons qu'un clavier peut produire cet
effet , tant pour le choix & le brillant des
couleurs , que pour la régularité & l'efpéce
des mouvemens ? & que ce jeu peut
être pouffé par les lumieres & les ténébres ,
artiftement ménagées, à une perfection furprenante
?
Il y aura donc très-réellement & à la
lettre une mufique vifible , comme il y en
a une acoustique. Quant au folide , il eft
le même que celui de la mufique ordiAVRI
L. 1755 163
naire , & c'eft un plaifir de plus dont l'inventeur
fait préfent aux hommes ; mais
il y a plus , c'eft aux Peintres , & fur-tout
aux Teinturiers que j'en appelle ; ceux qui
font plus intelligens peuvent dire de quel
avantage eft pour leur art la nouvelle
théorie des couleurs .
Je vous eftime trop . fincerement
pour
croire que ma franchiſe vous offenfe , & ce
n'eft que par la force de cette eftime que
j'ai cru devoir prévenir un certain public
contre le jugement d'un homme d'efprit
qui s'eſt fait un nom.
J'ai l'honneur d'être , & c.
RONDET.
LETTRE de M. Rondet , Maître de Mathématiques
, fur un article de la réponse
du R. P. Laugier , dans le Mercure
d'Octobre dernier , aux remarques de M..
Frezier , dans celui de Juillet 1754.
Ik
M. R. P.
Ly a dix à douze ans que regardant le
R. P. Caftel comme un des plus grands
Phyficiens & des plus profonds Géometres
de l'Europe , vous voulûtes avoir un
maître de fa main pour une perfonne à laquelle
vous vous intéreffiez . Le choix tombafur
moi , & vous fûtes étonné des progrès
que je lui fis faire en quatre mois .
Cela me donna lieu d'avoir avec vous
quelques conférences , où vous ne cefliez
d'admirer la méthode de la Mathématique
univerfelle.
Vous me parliez même avec extafe de
l'invention du clavecin oculaire , & de la
maniere frappante dont l'auteur en avoit
AVRIL 1755. 161
démontré la théorie , fans doute après les
lettres que ce R. P. avoit écrites à l'illuftre
Préſident de Montefquieu , dans les Mercures
de 1735. Il avoit gagné le public
& les plus opiniâtres étoient convaincus.
Jugez quelle a été ma furpriſe , lorf
qu'en lifant votre réponſe aux remarques
de M. Frezier , j'ai trouvé ces mots : l'idée
d'un clavecin oculaire ne peut trouver place
que dans une imagination féconde en fingularité
, mais peu amie du vrai & du folide.
1
Sans doute , que le P, Caftel a une imagination
féconde en fingularité , c'eft un
don du Ciel affez rare pour être refpecté ;
mais il n'eft pas ami du vrai & du folide ,
& la preuve s'en tire de l'invention de fon
clavecin cependant cette imagination l'a
fait admettre dans la Société de Londres
quoiqu'adverfaire décidé du grand Newton.
Elle lui a attiré des éloges d'une
Académie plus reculée encore , & par là
mêmeplus impartiale , celle de Peterſbourg.
Elle a produit un cours de Phyfique qui
fe dicte publiquement à Paris & ailleurs ;
elle a réuni les fuffrages de plufieurs illuftres
de toutes les nations ; de M. de
Voltaire entr'autres , lui qui loue fi peu.
En quoi donc le clavecin oculaire décele-
t-il une imagination peu amie du vrai
& du folide ? N'eft- il pas vrai que les
162 MERCURE DE FRANCE:
couleurs ont entr'elles des rapports appré
ciables , auffi précisément que ceux des
fons ? C'eſt une fingularité démontrée :
n'eft- il pas vrai les couleurs vont enque
tr'elles par teintes , demi- teintes , & quarts
de teintes ; comme les fons par tons demi-
tons , & quarts de tons ? c'eſt encore
une fingularité demontrée : & ce qui eft
encore plus fingulier , même unique , quoiqu'également
démontré , qu'il y a juftement,
& ni plus ni moins de couleurs fenfibles
à la vûe que de fons fenfibles à
l'oreille . De plus n'eft- il pas vrai que la
variété des couleurs plaît comme la variété
des fons que ces fons ayant entr'eux des
rapports fixes , on y peut mettre de l'harmonie
? que ce n'eft donc plus qu'une affaire
de goût , de pratique , de méchanique
, de faire jouer les couleurs comme
les fons qu'un clavier peut produire cet
effet , tant pour le choix & le brillant des
couleurs , que pour la régularité & l'efpéce
des mouvemens ? & que ce jeu peut
être pouffé par les lumieres & les ténébres ,
artiftement ménagées, à une perfection furprenante
?
Il y aura donc très-réellement & à la
lettre une mufique vifible , comme il y en
a une acoustique. Quant au folide , il eft
le même que celui de la mufique ordiAVRI
L. 1755 163
naire , & c'eft un plaifir de plus dont l'inventeur
fait préfent aux hommes ; mais
il y a plus , c'eft aux Peintres , & fur-tout
aux Teinturiers que j'en appelle ; ceux qui
font plus intelligens peuvent dire de quel
avantage eft pour leur art la nouvelle
théorie des couleurs .
Je vous eftime trop . fincerement
pour
croire que ma franchiſe vous offenfe , & ce
n'eft que par la force de cette eftime que
j'ai cru devoir prévenir un certain public
contre le jugement d'un homme d'efprit
qui s'eſt fait un nom.
J'ai l'honneur d'être , & c.
RONDET.
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Résumé : CLAVECIN OCULAIRE. LETTRE de M. Rondet, Maître de Mathématiques, sur un article de la réponse du R. P. Laugier, dans le Mercure d'Octobre dernier, aux remarques de M. Frezier, dans celui de Juillet 1754.
La lettre de M. Rondet, Maître de Mathématiques, répond à un article du R. P. Laugier publié dans le Mercure d'octobre 1754, qui critiquait les remarques de M. Frezier de juillet 1754. Rondet rappelle que le R. P. Laugier l'avait autrefois admiré pour ses compétences en mathématiques et son travail avec une personne recommandée par lui. Ils avaient discuté de la méthode de la mathématique universelle et de l'invention du clavecin oculaire, dont la théorie avait été démontrée par le R. P. Castel. Rondet exprime sa surprise face à la critique du R. P. Laugier, qui décrivait l'idée du clavecin oculaire comme une singularité peu amie du vrai et du solide. Rondet défend l'invention en soulignant les reconnaissances obtenues par le R. P. Castel, notamment son admission à la Société de Londres et les éloges de l'Académie de Petersbourg. Il mentionne également les cours de physique dictés par Castel et les suffrages de plusieurs illustres personnes, y compris Voltaire. Rondet argue que les couleurs ont des rapports appréciables entre elles, tout comme les sons, et que cette singularité a été démontrée. Il explique que les couleurs et les sons suivent des rapports fixes permettant l'harmonie et que le clavecin oculaire peut produire un effet similaire à celui d'un clavier musical. Il conclut en affirmant que cette invention offre un plaisir supplémentaire et un avantage pour les peintres et les teinturiers, tout en appelant à un jugement plus éclairé sur la nouvelle théorie des couleurs.
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14
p. 163-166
MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
Début :
TRESOR ROYAL. Un grand fleuve qui se divise en plusieurs [...]
Mots clefs :
Jetons, Médailles, Trésor royal, Parties casuelles, Maison de la reine, Madame la Dauphine, Chambre aux deniers, Marine, Guerres, Artillerie, Colonies françaises en Amérique, Bâtiments du roi, Extraordinaire des guerres, Ordinaire des guerres, Affaires de la chambre
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texteReconnaissance textuelle : MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
MÉDAILLES.
Devifes pour les Jettons du premier Janvier
1755.
TRESOR ROYAL.
UNgrand fleuve qui fe diviſe en plufieurs
canaux.
Légende . Divifus prodeft.
Exergue.
Tréfor royal.
1755.
164 MERCURE DE FRANCE.
PARTIES CASUELLES .
Des greffes qu'on ente fur un arbre
effepé .
Legende. Carpent tua poma nepotes.
Exergue.
Parties cafuelles .
1755 .
MAISON DE LA REIN E.
Des lys plantés dans un parterre avec
fymmétrie.
Légende.
Exergue.
Novum ex ferie decus.
Maifon de la Reine.
1755 .
MAISON DE MADAME LA DAUPHINE.
Un foleil , dont la lumiere peinte dans
des nuées voisines , forme trois autres foleils
ou parhélies , qui font les emblêmes
de Mgr le Dauphin , & de Mgrs les Ducs
de Bourgogne & de Berri.
Légende.
Exergue.
Cali Decus.
Maifon de Madame la Dauphine.
1755.
CHAMBRE AUX DENIERS .
Une chambre au milieu de laquelle il y
a une table avec plufieurs facs d'argent deffus
, & quelques - uns de ces facs d'argent
monnoyé répandus fur la table .
Légende. Regali fuppetit ufui.
Exergue.
Chambre aux Deniers.
1755.
EXTRAORDINAIRE DES GUERRES .
Deux Chevaliers armés joûtant dans une
lice .
Légende. Et ludus in armis .
Exergue.
Extraordinaire des guerres.
1755 .
ORDINAIRE DES GUERRES.
Un cheval couché , levant fierement la
tête,
Légende. Dum ad pralia furgat.
Exergue.
Ordinaire des Guerres.
1755 .
MARINE.
Jafon rapportant la toifon d'or .
Légende. Juvat nunc parta tueri.
Exergue.
Marine .
1755.
COLONIES FRANÇOISES EN AMÉRIQUE.
Le navire Argo , avec des peaux de caftor
fufpendues à la place de la toifon d'or.
Legende. Non vilius aures.
166 MERCURE DE FRANCE.
Exergue . Colonies françoiſes en.
Amérique.
1755.
BATIMENS DU ROY.
Minerve , avec l'égide & la cuiraffe , tenant
d'une main des inftrumens d'architecture
; dans le lointain un bâtiment commence
à s'élever .
་
Légende.
Exergue.
Condit quas incolet ades.
Bâtimens du Roi.
1755.
ARTILLERIE .
Des canons fur leurs affuts , liés enſemble
& enchaînés par des branches d'olivier
qui ferpentent à l'entour.
Légende. Va quibus has rupiffe catenas
contigerit.
1755.
MENUS PLAISIRS ET AFFAIRES
DE LA CHAMBRE.
Therpficore , Melpomene & Thalie.
Légende. Latitia lacrymaque decora .
Exergue. Argenterie & menus plaifirs.
1755
Devifes pour les Jettons du premier Janvier
1755.
TRESOR ROYAL.
UNgrand fleuve qui fe diviſe en plufieurs
canaux.
Légende . Divifus prodeft.
Exergue.
Tréfor royal.
1755.
164 MERCURE DE FRANCE.
PARTIES CASUELLES .
Des greffes qu'on ente fur un arbre
effepé .
Legende. Carpent tua poma nepotes.
Exergue.
Parties cafuelles .
1755 .
MAISON DE LA REIN E.
Des lys plantés dans un parterre avec
fymmétrie.
Légende.
Exergue.
Novum ex ferie decus.
Maifon de la Reine.
1755 .
MAISON DE MADAME LA DAUPHINE.
Un foleil , dont la lumiere peinte dans
des nuées voisines , forme trois autres foleils
ou parhélies , qui font les emblêmes
de Mgr le Dauphin , & de Mgrs les Ducs
de Bourgogne & de Berri.
Légende.
Exergue.
Cali Decus.
Maifon de Madame la Dauphine.
1755.
CHAMBRE AUX DENIERS .
Une chambre au milieu de laquelle il y
a une table avec plufieurs facs d'argent deffus
, & quelques - uns de ces facs d'argent
monnoyé répandus fur la table .
Légende. Regali fuppetit ufui.
Exergue.
Chambre aux Deniers.
1755.
EXTRAORDINAIRE DES GUERRES .
Deux Chevaliers armés joûtant dans une
lice .
Légende. Et ludus in armis .
Exergue.
Extraordinaire des guerres.
1755 .
ORDINAIRE DES GUERRES.
Un cheval couché , levant fierement la
tête,
Légende. Dum ad pralia furgat.
Exergue.
Ordinaire des Guerres.
1755 .
MARINE.
Jafon rapportant la toifon d'or .
Légende. Juvat nunc parta tueri.
Exergue.
Marine .
1755.
COLONIES FRANÇOISES EN AMÉRIQUE.
Le navire Argo , avec des peaux de caftor
fufpendues à la place de la toifon d'or.
Legende. Non vilius aures.
166 MERCURE DE FRANCE.
Exergue . Colonies françoiſes en.
Amérique.
1755.
BATIMENS DU ROY.
Minerve , avec l'égide & la cuiraffe , tenant
d'une main des inftrumens d'architecture
; dans le lointain un bâtiment commence
à s'élever .
་
Légende.
Exergue.
Condit quas incolet ades.
Bâtimens du Roi.
1755.
ARTILLERIE .
Des canons fur leurs affuts , liés enſemble
& enchaînés par des branches d'olivier
qui ferpentent à l'entour.
Légende. Va quibus has rupiffe catenas
contigerit.
1755.
MENUS PLAISIRS ET AFFAIRES
DE LA CHAMBRE.
Therpficore , Melpomene & Thalie.
Légende. Latitia lacrymaque decora .
Exergue. Argenterie & menus plaifirs.
1755
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Résumé : MÉDAILLES. Devises pour les Jettons du premier Janvier 1755.
En 1755, des médailles et jetons ont été émis pour diverses institutions et maisons royales françaises. Chaque médaille possède une légende et un exergue spécifiques. Pour le Trésor Royal, la médaille montre un fleuve se divisant en canaux, avec la légende 'Divifus prodeft' et l'exergue 'Trésor royal'. La médaille des Parties Casuelles représente des greffes sur un arbre effepé, avec la légende 'Carpent tua poma nepotes' et l'exergue 'Parties casuelles'. La Maison de la Reine est illustrée par des lys plantés symétriquement, avec la légende 'Novum ex ferie decus' et l'exergue 'Maison de la Reine'. La Maison de Madame la Dauphine présente un soleil formant trois autres soleils, symbolisant le Dauphin et les Ducs de Bourgogne et de Berry, avec la légende 'Cali Decus' et l'exergue 'Maison de Madame la Dauphine'. La Chambre aux Deniers montre une table avec des sacs d'argent défaits et des pièces monnoyées, avec la légende 'Regali fuppetit ufui' et l'exergue 'Chambre aux Deniers'. L'Extraordinaire des Guerres illustre deux chevaliers armés joutant dans une lice, avec la légende 'Et ludus in armis' et l'exergue 'Extraordinaire des guerres'. L'Ordinare des Guerres montre un cheval couché levant fièrement la tête, avec la légende 'Dum ad pralia furgat' et l'exergue 'Ordinare des Guerres'. La Marine représente Jason rapportant la toison d'or, avec la légende 'Juvat nunc parta tueri' et l'exergue 'Marine'. Les Colonies Françaises en Amérique montrent le navire Argo avec des peaux de castor suspendues, avec la légende 'Non vilius aures' et l'exergue 'Colonies françoises en Amérique'. Les Bâtimens du Roi présentent Minerve tenant des instruments d'architecture, avec la légende 'Condit quas incolet ades' et l'exergue 'Bâtimens du Roi'. L'Artillerie illustre des canons liés par des branches d'olivier, avec la légende 'Va quibus has rupiffe catenas contigerit' et l'exergue 'Artillerie'. Enfin, les Menus Plaisirs et Affaires de la Chambre montrent les muses Thespiscore, Melpomène et Thalie, avec la légende 'Latitia lacrymaque decora' et l'exergue 'Argenterie & menus plaifirs'.
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15
p. 123-126
MUSIQUE.
Début :
Le Vendredi 4 Avril, Mlle Fel chanta au Concert spirituel Exultate Deo, [...]
Mots clefs :
Musique, Succès, Concert spirituel, Opéra italien, Chevalier d'Herbain
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texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.·´
E Vendredi 4 Avril , Mlle Fel chanta
au Concert fpirituel Exultate Deo ,
petit motet nouveau , dont le fuccès engagea
l'auteur , qu'on ne connoiffoit pas ,
à fe déclarer.
C'eft M. le Chevalier d'Herbain , de
l'Ordre militaire de S. Louis , Capitaine
d'infanterie dans le régiment de Tournaifis
, fi connu en Italie par plufieurs grands
ouvrages en mufique qu'il y a fait repréfenter
en des tems différens , & qui
y ont été reçus avec l'applaudiffement général
d'une nation trop riche en grands
compofiteurs , & trop exercée à les apprécier
, pour que fon fuffrage en ce genre
puiffe être jamais foupçonné de méprife.
M. le Chevalier d'Herbain avoit débuté
à Rome par Il Gelofo , intermede qu'il y
fit repréfenter en 1751 , & qui le fut en-
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
à fuite à Florence & à la Baſtia en 1753 ›
la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Bourgogne. Les troupes Françoifes qui
étoient en Corfe, chercherentfà feconder le
zele de leur Général , pour faire éclater aux
yeux d'une nation étrangere la joie vive
des François . C'eſt toujours le caractere
d'efprit de celui qui commande qui devient
l'efprit du corps entier qu'il a fous
fes ordres ; auffi dans cette occafion on eut
l'adreffe de joindre à beaucoup de foin &
de dépenfe toutes les graces ingénieufes
des arts ; & les fêtes que M. le Marquis
de Curfay donna à la Baſtia en 1751 , commencerent
par le Triomphe des lys , opéra
Italien en trois actes , poëme fait exprès ,
que M. le Chevalier d'Herbain mit en
mufique , qu'on repréfenta avec beaucoup
de magnificence , qui mérita un fort grand
fuccès , & qui fut dédié à Monfeigneur
le Dauphin , dont il fut reçu avec cette
bonté qui lui eft fi naturelle .
M. le Chevalier d'Herbain donna l'année
fuivante l'opéra de * Lavinie fur le
théatre de la Baftia. Le fort de cet ouvrage
fut fi heureux , qu'on voulut l'avoir
à Milan pendant le carnaval de 17.53 ,
& qu'on le donna enfuite à Florence & à
* Lavinia,
1
MA 1. 1755. 125
Genes pendant le carnaval de 1754 , avec
le même fuccès.
De retour en France , M. le Chevalier
d'Herbain a fait graver les Charmes du
Sommeil, & le Retour de Flore , cantates , qu'on
trouvera aux adreffes ordinaires , & qu'il
a eu l'honneur de dédier & de préfenter
à Madame la Dauphine le premier jour de
cette année .
la
Exultate , petit motet qui a donné lieu
à cette digreffion , eft le dernier ouvrage
que nous avons de cet auteur fi digne de
nos applaudiffemens. Il fut exécuté pour
feconde fois au Concert fpirituel , avec un
très -grand fuccès , le Lundi 7 de ce mois ,
par Mlle Fel , qui lui prêta les charmes
d'une voix unique , ces graces vives d'une
exécution toujours précife , & ces traits
finis , que leur facilité fait attribuer à la
nature , & qui font le chef-d'oeuvre du
talent & de l'art. Tous les fpectateurs en
écoutant des chants fi agréables & de fi
bon goût , formoient le voeu unanime de
voir un jour M. d'Herbain confacrer fest
loisirs à un plus grand théatre qui réclame
fes talens , & aux plaifirs de fa nation.
qui en fent déja tout le prix.
Ce motet fe vend à Paris , chez le fieur
Bayard , à la Régle d'or , rue S. Honoré ;
Mlle le Clair , à la Croix d'or , rue du Rou-
F iij
126 MERCURE DE FRANCE.
le ; & Mlle Caftagneri , rue des Prouvairos
, à la Mufique royale .
On y trouve auffi , Scelta d'Arie del
dramma ( la Lavinia ) e di alcuni altri ,
meffi in mufica dal Signore Cavagliere
d'Herbain , e rappreſentati in varri teatri
d'Italia ; dedicate a fua Altezza Sereniffima
il Principe Luigi , Duca di Wurtemberg
, & c.
Recueil d'Aria de l'Opéra italien , intitulé
Lavinie , & de quelques autres , mis
en mufique par M. le Chevalier d'Herbain
, & exécutés fur plufieurs théatres.
d'Italie ; dédiés à fon A. S. Mgr le Prince
Louis , Duc de Wurtemberg , &c.
E Vendredi 4 Avril , Mlle Fel chanta
au Concert fpirituel Exultate Deo ,
petit motet nouveau , dont le fuccès engagea
l'auteur , qu'on ne connoiffoit pas ,
à fe déclarer.
C'eft M. le Chevalier d'Herbain , de
l'Ordre militaire de S. Louis , Capitaine
d'infanterie dans le régiment de Tournaifis
, fi connu en Italie par plufieurs grands
ouvrages en mufique qu'il y a fait repréfenter
en des tems différens , & qui
y ont été reçus avec l'applaudiffement général
d'une nation trop riche en grands
compofiteurs , & trop exercée à les apprécier
, pour que fon fuffrage en ce genre
puiffe être jamais foupçonné de méprife.
M. le Chevalier d'Herbain avoit débuté
à Rome par Il Gelofo , intermede qu'il y
fit repréfenter en 1751 , & qui le fut en-
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
à fuite à Florence & à la Baſtia en 1753 ›
la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Bourgogne. Les troupes Françoifes qui
étoient en Corfe, chercherentfà feconder le
zele de leur Général , pour faire éclater aux
yeux d'une nation étrangere la joie vive
des François . C'eſt toujours le caractere
d'efprit de celui qui commande qui devient
l'efprit du corps entier qu'il a fous
fes ordres ; auffi dans cette occafion on eut
l'adreffe de joindre à beaucoup de foin &
de dépenfe toutes les graces ingénieufes
des arts ; & les fêtes que M. le Marquis
de Curfay donna à la Baſtia en 1751 , commencerent
par le Triomphe des lys , opéra
Italien en trois actes , poëme fait exprès ,
que M. le Chevalier d'Herbain mit en
mufique , qu'on repréfenta avec beaucoup
de magnificence , qui mérita un fort grand
fuccès , & qui fut dédié à Monfeigneur
le Dauphin , dont il fut reçu avec cette
bonté qui lui eft fi naturelle .
M. le Chevalier d'Herbain donna l'année
fuivante l'opéra de * Lavinie fur le
théatre de la Baftia. Le fort de cet ouvrage
fut fi heureux , qu'on voulut l'avoir
à Milan pendant le carnaval de 17.53 ,
& qu'on le donna enfuite à Florence & à
* Lavinia,
1
MA 1. 1755. 125
Genes pendant le carnaval de 1754 , avec
le même fuccès.
De retour en France , M. le Chevalier
d'Herbain a fait graver les Charmes du
Sommeil, & le Retour de Flore , cantates , qu'on
trouvera aux adreffes ordinaires , & qu'il
a eu l'honneur de dédier & de préfenter
à Madame la Dauphine le premier jour de
cette année .
la
Exultate , petit motet qui a donné lieu
à cette digreffion , eft le dernier ouvrage
que nous avons de cet auteur fi digne de
nos applaudiffemens. Il fut exécuté pour
feconde fois au Concert fpirituel , avec un
très -grand fuccès , le Lundi 7 de ce mois ,
par Mlle Fel , qui lui prêta les charmes
d'une voix unique , ces graces vives d'une
exécution toujours précife , & ces traits
finis , que leur facilité fait attribuer à la
nature , & qui font le chef-d'oeuvre du
talent & de l'art. Tous les fpectateurs en
écoutant des chants fi agréables & de fi
bon goût , formoient le voeu unanime de
voir un jour M. d'Herbain confacrer fest
loisirs à un plus grand théatre qui réclame
fes talens , & aux plaifirs de fa nation.
qui en fent déja tout le prix.
Ce motet fe vend à Paris , chez le fieur
Bayard , à la Régle d'or , rue S. Honoré ;
Mlle le Clair , à la Croix d'or , rue du Rou-
F iij
126 MERCURE DE FRANCE.
le ; & Mlle Caftagneri , rue des Prouvairos
, à la Mufique royale .
On y trouve auffi , Scelta d'Arie del
dramma ( la Lavinia ) e di alcuni altri ,
meffi in mufica dal Signore Cavagliere
d'Herbain , e rappreſentati in varri teatri
d'Italia ; dedicate a fua Altezza Sereniffima
il Principe Luigi , Duca di Wurtemberg
, & c.
Recueil d'Aria de l'Opéra italien , intitulé
Lavinie , & de quelques autres , mis
en mufique par M. le Chevalier d'Herbain
, & exécutés fur plufieurs théatres.
d'Italie ; dédiés à fon A. S. Mgr le Prince
Louis , Duc de Wurtemberg , &c.
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Résumé : MUSIQUE.
Le 4 avril, Mlle Fel a interprété le motet 'Exultate Deo' au Concert Spirituel, révélant ainsi l'auteur comme étant le Chevalier d'Herbain. Ce dernier, membre de l'Ordre militaire de Saint-Louis et capitaine d'infanterie dans le régiment de Tournai, est reconnu en Italie pour ses œuvres musicales. Il a débuté à Rome en 1751 avec l'intermède 'Il Geloso', représenté ensuite à Florence et à Bastia en 1753. En Corse, les troupes françaises, sous le commandement du Marquis de Cursay, ont célébré la naissance du Duc de Bourgogne avec l'opéra 'Le Triomphe des lys' du Chevalier d'Herbain, dédié au Dauphin. L'année suivante, son opéra 'Lavinie' a été représenté à Bastia, puis à Milan, Florence et Gênes, rencontrant un grand succès. De retour en France, le Chevalier d'Herbain a fait graver les cantates 'Les Charmes du Sommeil' et 'Le Retour de Flore', dédiées à la Dauphine. Le motet 'Exultate Deo' a été exécuté une seconde fois le 7 avril au Concert Spirituel, avec Mlle Fel, et a été acclamé par le public. Ce motet est disponible à la vente à Paris chez plusieurs adresses mentionnées. Un recueil d'airs de l'opéra 'Lavinie' et d'autres œuvres est dédié au Prince Louis, Duc de Wurtemberg.
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16
p. 126-131
PEINTURE. Avis aux Dames.
Début :
C'est bien injustement qu'on accuse les Dames d'oisiveté, & qu'on leur [...]
Mots clefs :
Peinture, Dames, Cire, Secret
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. Avis aux Dames.
PEINTURE.
Avis aux Dames.
C'ler Dames d'oifiveté , & qu'on leur
reproche le tems qu'elles paffent à leur
toilette. Si l'on y réfléchit , on trouvera
qu'elles y donnent le moins de momens
qu'il leur eft poffible , & qu'elles faiſiſſent
avec avidité tous les moyens qu'on leur
préfente de les abréger. Une preuve convaincante
de cette vérité eft la mode des
' Eft bien injuftement qu'on accufe
MAI. 1755. 127
perruques qu'elles ont adoptées , quoiqu'elles
fçachent bien qu'elles en font défigurées
, & que tout le monde s'apperçoit
qu'elles portent de faux cheveux : on
a vû même plufieurs d'entr'elles facrifier
la plus belle chevelure , & par conféquent
une partie confidérable de leurs graces naturelles
, à cette commodité.
Cette expérience fait croire que toutes
les inventions qui pourront tendre au bur
de leur épargner du tems , feront également
bien reçues d'elles . Une des chofes
qui les occupe le plus , c'eft l'art de fe mettre
le rouge , qui eft devenu une chofe fi
importante dans l'état , quelque laid qu'il
paroiffe en foi , qu'il eft la marque diftinctive
du rang ou de la richeffe , ou du défaut
de l'un & de l'autre , réparé par des
fervices rendus à la fociété . On a donc
çru faire fa cour aux Dames , en leur donnant
des moyens de fe rendre auffi de fe rendre auffi rouges
qu'elles peuvent le defirer , en peu d'inftans
& d'une maniere permanente , qui
leur épargnera la peine de recommencer
tous les jours.
Le Sr P.... qui depuis long- tems eft
confommé dans l'art de maroufler , c'est- àdire
de coller les toiles peintes ou à peindre
, avertit qu'il a trouvé un fecret admirable
pour maroufler fur le vifage des Da-
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
mes , de petites pieces de la plus belle écarlate
, taillées dans la meilleure forme de
couper le rouge , & du dernier goût. Il ofe
affurer qu'ainfi collées , elles pourront
refter attachées pendant environ une an
née pour les perfonnes qui voudront économifer
, & au moins fix mois dans toute
leur fraîcheur
pour les perfonnes plus opulentes
.
On doit remarquer en bon citoyen ,
que ce feroit un encouragement pour les
manufactures d'écarlate établies dans le
royaume , & que cela leur procureroit une
grande confommation , fans fouler perfonne
.
Second avis . Le fieur Loriot a trouvé le
fecret de fixer les paſtels fans altérer la
beauté des couleurs . Il feroit donc facile
de fe faire une fois bien peindre les joues,
foit dans la maniere noble , c'eſt - à - dire
tranchée , foit dans la maniere bourgeoife ,
c'eſt-à- dire imitant le naturel. On pourroit
s'adreffer à quelqu'un des Peintres en paftel
, dont Paris fourmille , & enfuite fixer
cette couleur , de telle maniere que rien
ne puiffe l'altérer.
Troifieme avis. Celui- ci eft le plus important.
Le Sr B .... Peintre du Roi , a
trouvé un nouveau fecret de peindre en
cire , qui n'a ni mauvaiſe odeur ni aucun
MAI. 1755. 129
defagrément ; il délaye la cire dans de l'eau,
& la broye avec les couleurs dont elle femble
diminuer un peu la vivacité ; enfuite il
paffe auprès un fer chaud , qui fond la cire ,
la lie parfaitement avec les couleurs , leur
rend toute leur beauté , & leur procure un
dégré de folidité immuable . On n'oſe cependant
confeiller l'ufage de ce merveilfeux
fecret à toute Dame qui craindroit de
hazarder l'épreuve du fer chaud : peut- être
cette difficulté pourroit - elle reftreindre
l'emploi de cette cire colorée à fi peu de
perfonnes , que celles qui feroient les plus
fûres de s'en fervir fans danger , auroient
lieu de craindre qu'on ne les accusât de
vouloir fe diftinguer dans la fociété .
Ce feroit dommage cependant qu'une
fi belle découverte demeurât inutile , car
elle a un avantage que n'ont pas les deux
autres : c'eft que l'on peut fe laver le vifage
avec de l'eau fans rien ôter à la beauté
de ce rouge. De plus , avec une petite
vergette on y peut donner un luifant qui
égale les plus beaux vernis .
Au refte , comme on donne ici trois
moyens tendans au même but, chacun peut
choifir celui qui lui eft convenable . On efpere
que le beau fexe voudra bien fçavoir
quelque gré à ceux qui s'occupent ainfi
de ce qui peut lui être commode .
Ev
130 MERCURE DE FRANCE.
Réflexion.
On fçait affez que le rouge n'eft que la
marque du rang ou de l'opulence ; car on:
ne peut pas fuppofer que perfonne ait cru
s'embellir avec cette effroyable tache cramoiſie
. Il eſt étonnant qu'on ait attaché cette
diſtinction à une couleur qui eft fi commune
& à fi bon marché , que les plus petites
grifettes pourroient faire cette dépense
auffi abondamment qu'une perfonne de la
plus haute naiffance ; il fembleroit bien plus.
raifonnable qu'on eût adopté l'ufage du
bleu d'outre- mer. *. Cette couleur qui eft
plus chere que la poudre d'or , & dont une
Dame pourroit confommer dans une année
pour la valeur de plus de deux mille écus ,
feroit une preuve de richeffe bien moins
équivoque .
C'eft un Lord qui donne ces importans
avis â nos Dames . Elles trouveront peutêtre
la plaifanterie un peu trop angloife ,
& diront avec dédain qu'elle eft de mauvais
goût ; mais elles doivent la pardonner
à un étranger qui eft plus au fait des
,
* Cet ufage n'eft pas fans exemple. Il y a des
beautés indiennes qui mettent du bleu comme
les nôtres mettent du rouge ; il eft vrai qu'elles
le diftribuent avec plus d'économie , & par petites
veines.
MA I 1755 : 131
beaux arts que du bon ton . D'ailleurs , l'attachement
au rouge eft un mal invétéré ;
on ne peut le guérir que par un cauftique .
Avis aux Dames.
C'ler Dames d'oifiveté , & qu'on leur
reproche le tems qu'elles paffent à leur
toilette. Si l'on y réfléchit , on trouvera
qu'elles y donnent le moins de momens
qu'il leur eft poffible , & qu'elles faiſiſſent
avec avidité tous les moyens qu'on leur
préfente de les abréger. Une preuve convaincante
de cette vérité eft la mode des
' Eft bien injuftement qu'on accufe
MAI. 1755. 127
perruques qu'elles ont adoptées , quoiqu'elles
fçachent bien qu'elles en font défigurées
, & que tout le monde s'apperçoit
qu'elles portent de faux cheveux : on
a vû même plufieurs d'entr'elles facrifier
la plus belle chevelure , & par conféquent
une partie confidérable de leurs graces naturelles
, à cette commodité.
Cette expérience fait croire que toutes
les inventions qui pourront tendre au bur
de leur épargner du tems , feront également
bien reçues d'elles . Une des chofes
qui les occupe le plus , c'eft l'art de fe mettre
le rouge , qui eft devenu une chofe fi
importante dans l'état , quelque laid qu'il
paroiffe en foi , qu'il eft la marque diftinctive
du rang ou de la richeffe , ou du défaut
de l'un & de l'autre , réparé par des
fervices rendus à la fociété . On a donc
çru faire fa cour aux Dames , en leur donnant
des moyens de fe rendre auffi de fe rendre auffi rouges
qu'elles peuvent le defirer , en peu d'inftans
& d'une maniere permanente , qui
leur épargnera la peine de recommencer
tous les jours.
Le Sr P.... qui depuis long- tems eft
confommé dans l'art de maroufler , c'est- àdire
de coller les toiles peintes ou à peindre
, avertit qu'il a trouvé un fecret admirable
pour maroufler fur le vifage des Da-
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
mes , de petites pieces de la plus belle écarlate
, taillées dans la meilleure forme de
couper le rouge , & du dernier goût. Il ofe
affurer qu'ainfi collées , elles pourront
refter attachées pendant environ une an
née pour les perfonnes qui voudront économifer
, & au moins fix mois dans toute
leur fraîcheur
pour les perfonnes plus opulentes
.
On doit remarquer en bon citoyen ,
que ce feroit un encouragement pour les
manufactures d'écarlate établies dans le
royaume , & que cela leur procureroit une
grande confommation , fans fouler perfonne
.
Second avis . Le fieur Loriot a trouvé le
fecret de fixer les paſtels fans altérer la
beauté des couleurs . Il feroit donc facile
de fe faire une fois bien peindre les joues,
foit dans la maniere noble , c'eſt - à - dire
tranchée , foit dans la maniere bourgeoife ,
c'eſt-à- dire imitant le naturel. On pourroit
s'adreffer à quelqu'un des Peintres en paftel
, dont Paris fourmille , & enfuite fixer
cette couleur , de telle maniere que rien
ne puiffe l'altérer.
Troifieme avis. Celui- ci eft le plus important.
Le Sr B .... Peintre du Roi , a
trouvé un nouveau fecret de peindre en
cire , qui n'a ni mauvaiſe odeur ni aucun
MAI. 1755. 129
defagrément ; il délaye la cire dans de l'eau,
& la broye avec les couleurs dont elle femble
diminuer un peu la vivacité ; enfuite il
paffe auprès un fer chaud , qui fond la cire ,
la lie parfaitement avec les couleurs , leur
rend toute leur beauté , & leur procure un
dégré de folidité immuable . On n'oſe cependant
confeiller l'ufage de ce merveilfeux
fecret à toute Dame qui craindroit de
hazarder l'épreuve du fer chaud : peut- être
cette difficulté pourroit - elle reftreindre
l'emploi de cette cire colorée à fi peu de
perfonnes , que celles qui feroient les plus
fûres de s'en fervir fans danger , auroient
lieu de craindre qu'on ne les accusât de
vouloir fe diftinguer dans la fociété .
Ce feroit dommage cependant qu'une
fi belle découverte demeurât inutile , car
elle a un avantage que n'ont pas les deux
autres : c'eft que l'on peut fe laver le vifage
avec de l'eau fans rien ôter à la beauté
de ce rouge. De plus , avec une petite
vergette on y peut donner un luifant qui
égale les plus beaux vernis .
Au refte , comme on donne ici trois
moyens tendans au même but, chacun peut
choifir celui qui lui eft convenable . On efpere
que le beau fexe voudra bien fçavoir
quelque gré à ceux qui s'occupent ainfi
de ce qui peut lui être commode .
Ev
130 MERCURE DE FRANCE.
Réflexion.
On fçait affez que le rouge n'eft que la
marque du rang ou de l'opulence ; car on:
ne peut pas fuppofer que perfonne ait cru
s'embellir avec cette effroyable tache cramoiſie
. Il eſt étonnant qu'on ait attaché cette
diſtinction à une couleur qui eft fi commune
& à fi bon marché , que les plus petites
grifettes pourroient faire cette dépense
auffi abondamment qu'une perfonne de la
plus haute naiffance ; il fembleroit bien plus.
raifonnable qu'on eût adopté l'ufage du
bleu d'outre- mer. *. Cette couleur qui eft
plus chere que la poudre d'or , & dont une
Dame pourroit confommer dans une année
pour la valeur de plus de deux mille écus ,
feroit une preuve de richeffe bien moins
équivoque .
C'eft un Lord qui donne ces importans
avis â nos Dames . Elles trouveront peutêtre
la plaifanterie un peu trop angloife ,
& diront avec dédain qu'elle eft de mauvais
goût ; mais elles doivent la pardonner
à un étranger qui eft plus au fait des
,
* Cet ufage n'eft pas fans exemple. Il y a des
beautés indiennes qui mettent du bleu comme
les nôtres mettent du rouge ; il eft vrai qu'elles
le diftribuent avec plus d'économie , & par petites
veines.
MA I 1755 : 131
beaux arts que du bon ton . D'ailleurs , l'attachement
au rouge eft un mal invétéré ;
on ne peut le guérir que par un cauftique .
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Résumé : PEINTURE. Avis aux Dames.
En mai 1755, un texte traite des pratiques de maquillage des femmes et des innovations visant à simplifier leur toilette. Les femmes cherchent à réduire le temps passé à leur maquillage et adoptent des perruques malgré leurs inconvénients esthétiques. Plusieurs inventions sont présentées pour faciliter l'application du rouge, un marqueur de rang ou de richesse. Le Sr P.... propose des pièces d'écarlate à coller sur le visage pour un effet durable. Le sieur Loriot offre un secret pour fixer les pastels, permettant une application permanente du rouge. Le Sr B...., peintre du Roi, présente une technique de peinture en cire sans odeur désagréable, offrant une solidité et une durabilité supérieures. Cependant, son usage pourrait être limité par la peur du fer chaud. Le texte se termine par une réflexion sur l'usage du rouge comme marque de statut, suggérant que le bleu d'outre-mer serait un meilleur indicateur de richesse. Un lord anglais propose ces idées, reconnaissant que les femmes pourraient trouver ses suggestions trop anglo-saxonnes.
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17
p. 131-134
GRAVURE. Lettre à l'Auteur du Mercure.
Début :
Je vous adresse, Monsieur, la justification de M. Duflos, attaqué dans l'article [...]
Mots clefs :
Gravure, Estampe, Claude-Augustin Duflos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE. Lettre à l'Auteur du Mercure.
GRAVURE.
Lettre à l'Auteur du Mercure.
E vous adreffe , Monfieur , la juftifica-
Jinus ad. Duños , attaqué dans l'article
quatrieme du Mercure de Mars : je
vous crois trop équitable pour ne pas
l'inférer
dans celui de Mai ; vous le devez
d'autant plus volontiers qu'elle y tiendra
peu de place ; elle eft auffi courte que fim- eſt
ple.
Un ancien éleve de M. Boucher , &
qu'il ne defavoueroit pas , a remis gratuitement
des deffeins de fon Maître au fieur
Duflos , dont il eft l'ami ; ce Graveur en a
fait l'ufage que tous fes confreres en euffent
fait à fa place. Les deffeins de M. Boucher
plaifent , on fe les arrache ; ils tombent
dans fes mains , il les grave ; affuré du
débit , il les recherche avec plus de foin .
Mais je veux qu'il les eut acquis par des
voies illégitimes ; la mauvaiſe humeur ne
laiffoit- elle à notre fçavant artifte d'autre
reffource que de rendre le larcin public ?:
C'eftun moyen ignoré jufqu'ici de fes con
E vj
132 MERCURE DE FRANCE.
Freres , & qui plus d'une fois dans le cas
de fe plaindre auffi hautement , n'en ont
rien fait ; la réputation étant , au jugement
des hommes , le plus précieux de tous les
biens , demande des égards infinis . Celle
de notre illuftre Académicien eft fi folidement
établie , que des gravûres qu'il ne
veut pas reconnoître , n'étoient pas faites
pour y porter atteinte : que ne laiffoit- il
juger le public ? Il eût vu clair , & il eût
rendu autant de juftice à fa modération
qu'il en rend à fes ouvrages.
Mais tout grand homme a fa manie ;
celle de M. Boucher eft de n'être point
gravé occupé de beaucoup d'ouvrages
qui plaifent , les momens lui échappent
>
n'a pas toujours le tems d'être neuf ; fes
rableaux répandus chez des particuliers ,
ne font pas connus de tout le monde ; fi
la province lui en demande, quelques coups .
de crayon
, quelques traits habilement
ajoûtés ou changés , en font des portraits
nouveaux , & donnent aux Peintres le tems
de refpirer la gravûre y perd , & le public
auffi , mais l'Académicien
y gagne.
:
Inconnu à M. Boucher & à M. Duflos ,
je n'ai d'autre but , Monfieur , que de défendre
un artifte , dont la bonne foi méritoit
plus d'indulgence ; je fouhaiterois apprendre
à leurs femblables les égards qu'ils
MAÍ. 1755. 133
fe doivent réciproquement , & faite connoître
à tous les Peintres qu'ils trouveront
toujours les Graveurs prêts à profiter de
leurs inftructions lorfqu'ils voudront bien
fe communiquer avec le ton de politeffe
& d'affabilité , qui jette autant d'éclat fur
les arts , qu'il honore & diftingue les François.
J'ai l'honneur d'être , & c.
Ce 20 Mars 1755.
LE fieur Gaillard , Graveur en tailledouce
, qui a déja mis au jour plufieurs
eftampes dont le public a été fort fatisfait
, lui en préfente encore une nouvelle
qui pourra également mériter fon fuffrage.
Elle eft gravée d'après un tableau du célebre
M. Boucher , & repréſente une jeune
& belle Dame à fa toilette. Une jolie Marchande
de modes eft affife par terre à fes
pieds , & étale à fes yeux tous les brillans
colifichets dont le beau fexe fait aujourd'hui
fa parure.
On trouve cette eftampe chez l'auteur ,
rue S. Jacques , au- deffus des Jacobins
chez un Perruquier.
*
PORTRAIT du P. Rainaud , gravé par Audrand
, d'après Bonnet. La reffemblance y
eft très bien faifie. On lit ce quatrain au
134
MERCURE DE FRANCE.
bas de l'eftampe , qui fe vend chez l'auteur ,
rue S. Jacques , à la ville de Paris .
Aux applaudiffemens dûs à fon éloquence ,
Ce grand Orateur échappé ,
Dans les vertus enveloppé ,
Prêche encore par fon filence .
M. NATTIER , Peintre du Roi , & Profeffeur
en fon Académie , vient de donner au
public l'eftampe qu'il a fait graver d'après
le portrait de la Reine , qui a paru au falon
du Louvre en 1748. La reffemblance & la
délicateffe du burin font honneur à M.
Tardieu , Graveur du Roi , connu depuis.
long - tems par les foins qu'il prend de bienfinir
fes ouvrages
.
Cette eftampe , qui s'imprime fur la demi-
feuille de papier grand aigle , fe diftribue
à Paris , chez M. Tardieu , rue des
Noyers , à côté du Commiffaire ; & chez
Joullain , quai de la Mégifferie , à la ville
de Rome.
Lettre à l'Auteur du Mercure.
E vous adreffe , Monfieur , la juftifica-
Jinus ad. Duños , attaqué dans l'article
quatrieme du Mercure de Mars : je
vous crois trop équitable pour ne pas
l'inférer
dans celui de Mai ; vous le devez
d'autant plus volontiers qu'elle y tiendra
peu de place ; elle eft auffi courte que fim- eſt
ple.
Un ancien éleve de M. Boucher , &
qu'il ne defavoueroit pas , a remis gratuitement
des deffeins de fon Maître au fieur
Duflos , dont il eft l'ami ; ce Graveur en a
fait l'ufage que tous fes confreres en euffent
fait à fa place. Les deffeins de M. Boucher
plaifent , on fe les arrache ; ils tombent
dans fes mains , il les grave ; affuré du
débit , il les recherche avec plus de foin .
Mais je veux qu'il les eut acquis par des
voies illégitimes ; la mauvaiſe humeur ne
laiffoit- elle à notre fçavant artifte d'autre
reffource que de rendre le larcin public ?:
C'eftun moyen ignoré jufqu'ici de fes con
E vj
132 MERCURE DE FRANCE.
Freres , & qui plus d'une fois dans le cas
de fe plaindre auffi hautement , n'en ont
rien fait ; la réputation étant , au jugement
des hommes , le plus précieux de tous les
biens , demande des égards infinis . Celle
de notre illuftre Académicien eft fi folidement
établie , que des gravûres qu'il ne
veut pas reconnoître , n'étoient pas faites
pour y porter atteinte : que ne laiffoit- il
juger le public ? Il eût vu clair , & il eût
rendu autant de juftice à fa modération
qu'il en rend à fes ouvrages.
Mais tout grand homme a fa manie ;
celle de M. Boucher eft de n'être point
gravé occupé de beaucoup d'ouvrages
qui plaifent , les momens lui échappent
>
n'a pas toujours le tems d'être neuf ; fes
rableaux répandus chez des particuliers ,
ne font pas connus de tout le monde ; fi
la province lui en demande, quelques coups .
de crayon
, quelques traits habilement
ajoûtés ou changés , en font des portraits
nouveaux , & donnent aux Peintres le tems
de refpirer la gravûre y perd , & le public
auffi , mais l'Académicien
y gagne.
:
Inconnu à M. Boucher & à M. Duflos ,
je n'ai d'autre but , Monfieur , que de défendre
un artifte , dont la bonne foi méritoit
plus d'indulgence ; je fouhaiterois apprendre
à leurs femblables les égards qu'ils
MAÍ. 1755. 133
fe doivent réciproquement , & faite connoître
à tous les Peintres qu'ils trouveront
toujours les Graveurs prêts à profiter de
leurs inftructions lorfqu'ils voudront bien
fe communiquer avec le ton de politeffe
& d'affabilité , qui jette autant d'éclat fur
les arts , qu'il honore & diftingue les François.
J'ai l'honneur d'être , & c.
Ce 20 Mars 1755.
LE fieur Gaillard , Graveur en tailledouce
, qui a déja mis au jour plufieurs
eftampes dont le public a été fort fatisfait
, lui en préfente encore une nouvelle
qui pourra également mériter fon fuffrage.
Elle eft gravée d'après un tableau du célebre
M. Boucher , & repréſente une jeune
& belle Dame à fa toilette. Une jolie Marchande
de modes eft affife par terre à fes
pieds , & étale à fes yeux tous les brillans
colifichets dont le beau fexe fait aujourd'hui
fa parure.
On trouve cette eftampe chez l'auteur ,
rue S. Jacques , au- deffus des Jacobins
chez un Perruquier.
*
PORTRAIT du P. Rainaud , gravé par Audrand
, d'après Bonnet. La reffemblance y
eft très bien faifie. On lit ce quatrain au
134
MERCURE DE FRANCE.
bas de l'eftampe , qui fe vend chez l'auteur ,
rue S. Jacques , à la ville de Paris .
Aux applaudiffemens dûs à fon éloquence ,
Ce grand Orateur échappé ,
Dans les vertus enveloppé ,
Prêche encore par fon filence .
M. NATTIER , Peintre du Roi , & Profeffeur
en fon Académie , vient de donner au
public l'eftampe qu'il a fait graver d'après
le portrait de la Reine , qui a paru au falon
du Louvre en 1748. La reffemblance & la
délicateffe du burin font honneur à M.
Tardieu , Graveur du Roi , connu depuis.
long - tems par les foins qu'il prend de bienfinir
fes ouvrages
.
Cette eftampe , qui s'imprime fur la demi-
feuille de papier grand aigle , fe diftribue
à Paris , chez M. Tardieu , rue des
Noyers , à côté du Commiffaire ; & chez
Joullain , quai de la Mégifferie , à la ville
de Rome.
Fermer
Résumé : GRAVURE. Lettre à l'Auteur du Mercure.
Une lettre adressée à l'auteur du Mercure de France défend un graveur nommé Duflos, accusé dans un article précédent. L'auteur de la lettre, un ancien élève de François Boucher, explique que Duflos a utilisé des dessins de Boucher pour créer des gravures, une pratique courante parmi les graveurs. Il justifie Duflos en précisant que, bien que les dessins aient été obtenus de manière illégitime, Duflos n'a pas cherché à nuire à la réputation de Boucher, dont la renommée est bien établie. La lettre critique également Boucher pour son manque de disponibilité et son désir de contrôler les reproductions de ses œuvres. L'auteur espère que cette affaire servira de leçon sur les égards réciproques entre peintres et graveurs. De plus, le texte mentionne plusieurs gravures récentes, dont une de Gaillard d'après un tableau de Boucher, une de Audrand représentant le Père Rainaud, et une de Tardieu d'après un portrait de la Reine par Nattier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 129-140
SCULPTURE. LETTRE de M. Voisin, Avocat au Parlement de Paris, à M. le Comte de Tressan, Lieutenant général des armées du Roi, & Commandant pour Sa Mejesté en Lorraine.
Début :
MONSIEUR, permettez-moi de me renouveller dans l'honneur de votre [...]
Mots clefs :
Marbre, Antiquités romaines, Antiquités grecques, Sculpture, Rome, Palais, Relief, Ruines, Collection
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SCULPTURE. LETTRE de M. Voisin, Avocat au Parlement de Paris, à M. le Comte de Tressan, Lieutenant général des armées du Roi, & Commandant pour Sa Mejesté en Lorraine.
SCULPTURE.
LETTRE de M. Voifin , Avocat au Par
lement de Paris , à M. le Comte de Treffan,
Lieutenant général des armées du Roi , &
Commandant pour Sa Majesté en Lorraine.
MONSIEUR , permettez - moi de me
renouveller dans l'honneur de votre
fouvenir , & de faifir pour cela l'occafion
de vous faire part d'une collection confidérable
d'antiques grecques & romaines
que M. Adam l'aîné , de Nanci , Sculpteur
ordinaire du Roi , & Profeffeur de l'Académie
royale de Peinture & de Sculpture
expofe à la curiofité publique dans fa maifon
, rue baffe du Rempart , quartier de la
Ville-l'Evêque , après avoir eu l'honneur
,
Fv
310 MERCURE DE FRANCE.
d'en préfenter le recueil gravé à Sa Majesté,
& après l'avoir envoyé aux autres Souverains
de l'Europe..
Les 68 morceaux de cette collection
exécutés en marbre de Paros & de Salin ,
ont été trouvés à Rome dans le Palais de
Néron , au mont Palatin , & dans les ruines
du palais de Marius , entre Rome & Frelcati
: auffi M. Adam a- t- il deffiné & gravé
lui-même pour frontifpice à fon recueil
avec cette délicateffe & ce goût qui affectent
fi fingulierement les fçavans , le tems
qui découvre les ruines du palais de Marius
en 1729 .
C'eft des héritiers de M. le Cardinal
de Polignac , qui avoit raffemblé la plus
grande partie de ces antiques pendant fon
ambaffade à Rome , & qui les avoit fait
tranfporter en France , que M. Adam les a
acquifes. Il y a joint auffi plufieurs autres
morceaux également antiques , que dix ans
de féjour à Rome lui avoient procurés,
Cette collection , auffi rare que piquante
par la beauté & par la variété des objets ,
paroît déterminément propre à décorer une
une galerie ou une bibliothéque.
Elle feroit auffi d'une très- grande utilité
dans une académie , pour l'étude & pour
former le goût des éleves , foit de peinture ,
ou de ſculpture.
JUIN. 1755 131
Le bas-relief du tombeau d'un des fils
de Fauſtine , d'un pied de haut fur trois de
large , ouvrage romain én marbre de Paros
, fait la vignette initiale du recueil de
M.Adam : on y voit le bufte de ce fils chéri ,
avec une allégorie fçavamment imaginée.
Enfuite fe préfente un autel triangulaire
dédié à Bacchus : il a trois pieds trois pouces
de haut , & il eft monté fur trois vafes.
de bronze , foutenus par un piédeſtal ;
ouvrage grec de marbre de Paros . Le basrelief
de deux de ces faces repréfente un
Faune & une Bacchante , d'un pied de hauteur
on voit Silene fur le bas- relief de la
troiſieme face.
Un autre bas- relief de trois pieds de
hauteur & de deux pieds dix pouces de
largeur ; ouvrage grec de marbre de Salin ,
& tiré du tombeau de Marc- Antoine , repréfente
la conquête des Indes par Bacchus .
Les figures de ce bas- relief ont un pied
dix pouces de hauteur ce morceau eft
fans contredit un des plus beaux de l'antiquité
grecque.
Combien deux médaillons qu'on remarque
après , n'excitent- ils pas notre curiofité
de ces deux médaillons de marbre de
Paros , de deux pieds trois pouces de hau
teur chacun , l'un repréfente Diane, & l'autre
Vénus.
F vj
432 MERCURE DE FRANCE.
Deux médaillons d'Aurelien & de Vitellus
, de marbre de Paros , d'un pied trois
pouces de haut , font aux yeux l'éloge de
l'artifte romain antique qui les a exécutés.
Les gens de goût pourront- ils n'être pas
faifis de cette figure faillante & neuve ,
malgré fon antiquité , après nombre de
fiecles ? c'eft un Amour repréfenté de deux
faces , monté fur une panthere ; ouvrage
grec de marbre de Paros , de deux pieds fept
pouces de haut , dont le plinthe eft de deux
pieds trois pouces , & l'Amour de deux
pieds de proportion.
Arrive un petit Bacchus , enfant monté
fur un bouc , & préfenté de deux côtés :
c'eft un ouvrage grec de marbre de Paros ,
de deux pieds de haut fur un plinthe de
trois.
L'Hercule Farnefe eft fans doute connu ,
foit à Rome dans le palais Farnefe , où il
eft en original , foit en copies à Verfailles ,
même foit dans différens cabinets . Il s'agit
ici d'un Hercule appellé Farnefe improprement
, mais qui eft un monument grec
de marbre de Paros , d'un pied fix
de hauteur.
pouces
Après ce qui vient d'être remarqué ,
l'Amour pour l'antiquité fe trouve animé
par une figure de Minerve , d'éxécution
JUIN. 1755: 133
grecque, & de bréche violette, de la hauteur
de deux pieds.
Une autre antique grecque de marbre
de Paros , de deux pieds de haut , repréſentant
Bellonne , a immédiatement après elle
la place qui lui convient.
Enfuite fe préfente dans la galerie de
M. Adam , l'Abondance , antiquité romaine
de marbre de Salin , d'un pied onze pouces
de haut.
Les yeux s'arrêtent après fur un Jupiter
de deux pieds de hauteur , antiquité romaine
, de marbre de Paros.
On ne peut pas fe refufer à la beauté
fçavante de la Junon romaine , de marbre
de Paros , de deux pieds de hauteur . "
La Vénus à la pomme d'or , ouvrage
romain de marbre de Paros , d'un pied onze
pouces de haut , mérite ici toute notre attention
; c'eſt un précieux original dans fa
mefure déterminée , mais dont la copie ſe
remarque dans une étendue plus confidérable
le long de l'allée qui conduit au canal
de Verſailles ; & c'eft cette figure que le
feu célebre Vaillant qualifioit Dea Delphina
, à la différence que la Déeffe du
tapis verd ne tient point de pomme d'or ,
quoiqu'on lui attribue le même gefte .
La Vénus fortant du bain ne cede rien
à la précédente ; elle a une partie de fon
134 MERCURE DE FRANCE.
attitude du côté de la pudicité , & peu s'en
faut qu'à cet égard elle ne fe trouve au
niveau de la perfection de l'original de la
Vénus appellée vulgairement de Médicis ,
& qui eft dans le plus précieux cabinet du
palais de Florence. Cette Vénus fortant du
bain , qui eft une antique romaine de
marbre de Paros , a deux pieds deux pouces
de haut.
Vient enfuite une autre antique romaine
, auffi de marbre de Paros, de deux pieds
quatre pouces , repréfentant un enfant.
A côté , Bacchus enfant affis fur une peau
de bouc , d'un pied neuf pouces de haut en
marbre de Paros ; antiquité romaine.
Achelous à demi - couché & tenant une
corne d'abondance ; antiquité grecque de
marbre de Paros , de deux pieds huit pouces
de proportion , fur un plinthe de deux
pieds fept pouces .
Autre antiquité grecque de marbre de
Paros, de trois pieds de proportion , repréfentant
une Nereïde endormie & couchée
fur le rivage.
On ne peut trop admirer la beauté d'un
Hercule vainqueur du dragon du jardin
des Hefpérides ; antiquité romaine de
marbre de Paros, de deux pieds cinq pouces.
A côté on remarque avec la même fatisfaction
la figure de l'Empereur Commode
JUIN. 1755.
135
en Hercule , après la même victoire ; antiquité
romaine de marbre de Paros , de deux
pieds onze pouces de hauteur.
Un Efculape ; autre antiquité romaine
de marbre de Salin , de deux pieds onze
pouces de haut , égale en beauté les deux
précédentes figures .
Rien de plus précieux que la Vénus pu
dique qu'on voit enfuite ; antiquité grecque
de marbre de Paros , de deux pieds
onze pouces de haut. Cette figure eft régulierement
belle de tous les côtés.
On fixe enfuite fes regards fur une
Pallas armée de fon égide ; antiquité grecque
de marbre de Paros , de deux pieds
onze pouces de hauteur.
La Junon qui eft à côté , eft de la plus
rare beauté par la précifion avec laquelle
le nud fe trouve deffiné fous la draperie :
c'eſt une antiquité grecque , de deux pieds
onze pouces de hauteur , en marbre de
Paros.
Une Flore également belle ; antiquité
grecque , du même marbre & de la même.
proportion .
La curiofité est enfuite extrêmement
piquée par une autre antique grecque , de
trois pieds fix pouces de proportion , &
deux pieds fix pouces de hauteur , en marbre
Crétois , repréfentant un Phrygien qui
136 MERCURE DE FRANCE.
au bas d'une tour fe garantit des traits ennemis
par fon bouclier. Cette figure : eft
également avantageufe de tous côtés .
Une Diane fait partie de la collection de
M. Adam : c'eſt une antique romaine de
marbre de Paros , de trois pieds fix pouces
de hauteur , qui eft d'une beauté parfaite
ainfi que l'Apollon , antiquité grecque , du
même marbre & de la même hauteur. I
Il ne fe voit rien de fupérieur à une
autre antiquité grecque , du même marbre,
de trois pieds fept pouces de haut , repréfentant
une des filles de Lycomede , fous
la draperie de laquelle les yeux développent
le nud.
A côté fe trouve un Pâris à la pomme
d'or ; antiquité grecque , du même marbre
& de la même hauteur , figure admirable
pour fervir de modele.
Ifis , fous les attributs de la Déeffe de la
fanté ; antiquité grecque de marbre de
Paros , de quatre pieds de hauteur , s'offre
enfuite aux yeux.
Une des plus précieufes figures qu'on
puiffe voir fe préfente après ; c'eſt une antiquité
grecque de marbre de Salin, de quatre
pieds dix pouces de haut , repréfentant
l'Hymen , tenant un flambeau d'une main
& une couronne de l'autre à côté de fon
autel.
JUI N. 1755: 137
Il eft fuivi de trois autres antiquités
grecques , du même marbre & de la même
hauteur , repréfentant Mercure , Bacchus
& Méléagre , d'une beauté rare.
,
Enfuite la vûe fe fixe fur une antiquité
grecque , de marbre de Paros , de fix pieds
fix pouces de proportion repréſentant
Perfée qui , après la délivrance d'Andromede
, pofe la tête de Medufe fur du corail
pétrifié & teint de fon fang. La vûe
de cette figure eft piquante de tous les
côtés : on pourroit incrufter dans fon
piédeſtal un bas- relief, partie de la collection
, antiquité grecque , de deux pieds
trois pouces de haut & d'un pied fix
pouces de large , de marbre de Paros ,
repréfentant la même délivrance d'Andromede
, & dont les figures ont un pied huit
pouces.
Deux buftes , antiquités grecques , fe
trouvent enfuite , d'un pied fix pouces de
hauteur chacune ; l'une de marbre de Paros
, & l'autre de marbre de Salin , repréfentant
Germanicus & Lepida .
Deux autres buftes , l'un d'une femme
inconnue , & l'autre d'Adrien , jeune ; an
tiquités romaines , de marbre de Paros ,
d'un pied huit pouces de hauteur.
Deux autres de marbre de Paros , d'un
pied deux pouces de hauteur ; antiquités
138 MERCURE DE FRANCE.
i
romaines, repréfentant une Matrone & une
Nymphe.
Deux autres buftes ; antiquités grecques,
de marbre de Paros, d'un pied cinq pouces
de hauteur , repréfentant une Veftale &
une Sabine .
Deux autres , l'un romain , & l'autre
grec , de marbre de Paros , d'un pied fept
pouces de haut , repréfentant une Bacchante
& Antinous.
Deux autres ; l'un romain & l'autre grec,
de marbre de Paros , de deux pieds de hauteur
, repréfentant Pâris & Cybelle..
Deux autres , de deux pieds trois pouces
de haut ; antiquités romaines , de marbre
de Paros , repréfentant Neron & Meffa-
-line .
C
Deux autres de marbre de Páros , de
deux pieds trois pouces de haut ; antiquités
romaines , qui repréfentent Longina
& Cefonia.
Deux autres , de la même hauteur & du
même marbre ; antiquités grecques , repréfentant
Pompeia & Caligula.
Deux autres du même marbre , l'un de
deux pieds trois pouces , & l'autre de deux
pieds un pouce ; antiquités romaines , repréfentant
Séneque & l'Empereur Commode
.
Deux autres du même marbre , de deux
JUIN. 1755. 139
pieds fept pouces ; antiquités romaines ,
repréfentant Annibal & Septime Sévere.
pouces ,
Deux autres , du même marbre ; antiquités
romaines , l'un d'un pied neuf
& l'autre de deux pieds trois pouces , repréfentant
Narciffe & Faune.
Deux autres du même marbre , de deux
pieds quatre pouces de haut ; antiquités
romaines , repréfentant Tibere & Galba .
Deux autres du même marbre , de deux
pieds dix pouces ; antiques romaines , repréfentant
Augufte & Lepide.
M. Adam a joint à fa collection cinq
buftes de lui , qui ont excité la curiofité,
publique.
Le premier eft un Apollon françois ,
de marbre de Carare , de deux pieds huit
pouces de hauteur. Ce bufte eft un portrait
allégorique du Roi , auquel Apollon , fi
c'étoit une divinité réelle comme c'eft
une fiction poëtique , auroit fouhaité de
reffembler .
Les quatre autres , de deux pieds fix pouces
chacun de haut , du même marbre
repréfentent élégamment & avec énergie
l'eau , l'air , le feu & la terre.
Tous ces différens morceaux , au nombre
de foixante & treize , font rangés avec intelligence
dans une galerie de la maiſon
140 MERCURE DE FRANCE!
où loge M. Adam. La fuite en eft trop
intéreffante pour qu'elle puiffe être féparée
, & fans doute que le Prince curieux
d'une auffi rare collection , ne trouvera fa
curiofité fatisfaite que par l'acquifition de
la totalité.
Je fuis perfuadé , Monfieur , que vous
me fçaurez quelque gré du détail que j'ai
l'honneur de vous faire ; votre goût pour
les fciences & pour les arts m'en eſt un sûr
garant. Excellent Général & homme de
Lettres , vous réuniffez les motifs les plus
preffans de vous vouer l'attachement le
plus inviolable & le plus refpectueux : c'eft
auffi avec ces fentimens que j'ai l'honneur
d'être pour toute ma vie , & c.
LETTRE de M. Voifin , Avocat au Par
lement de Paris , à M. le Comte de Treffan,
Lieutenant général des armées du Roi , &
Commandant pour Sa Majesté en Lorraine.
MONSIEUR , permettez - moi de me
renouveller dans l'honneur de votre
fouvenir , & de faifir pour cela l'occafion
de vous faire part d'une collection confidérable
d'antiques grecques & romaines
que M. Adam l'aîné , de Nanci , Sculpteur
ordinaire du Roi , & Profeffeur de l'Académie
royale de Peinture & de Sculpture
expofe à la curiofité publique dans fa maifon
, rue baffe du Rempart , quartier de la
Ville-l'Evêque , après avoir eu l'honneur
,
Fv
310 MERCURE DE FRANCE.
d'en préfenter le recueil gravé à Sa Majesté,
& après l'avoir envoyé aux autres Souverains
de l'Europe..
Les 68 morceaux de cette collection
exécutés en marbre de Paros & de Salin ,
ont été trouvés à Rome dans le Palais de
Néron , au mont Palatin , & dans les ruines
du palais de Marius , entre Rome & Frelcati
: auffi M. Adam a- t- il deffiné & gravé
lui-même pour frontifpice à fon recueil
avec cette délicateffe & ce goût qui affectent
fi fingulierement les fçavans , le tems
qui découvre les ruines du palais de Marius
en 1729 .
C'eft des héritiers de M. le Cardinal
de Polignac , qui avoit raffemblé la plus
grande partie de ces antiques pendant fon
ambaffade à Rome , & qui les avoit fait
tranfporter en France , que M. Adam les a
acquifes. Il y a joint auffi plufieurs autres
morceaux également antiques , que dix ans
de féjour à Rome lui avoient procurés,
Cette collection , auffi rare que piquante
par la beauté & par la variété des objets ,
paroît déterminément propre à décorer une
une galerie ou une bibliothéque.
Elle feroit auffi d'une très- grande utilité
dans une académie , pour l'étude & pour
former le goût des éleves , foit de peinture ,
ou de ſculpture.
JUIN. 1755 131
Le bas-relief du tombeau d'un des fils
de Fauſtine , d'un pied de haut fur trois de
large , ouvrage romain én marbre de Paros
, fait la vignette initiale du recueil de
M.Adam : on y voit le bufte de ce fils chéri ,
avec une allégorie fçavamment imaginée.
Enfuite fe préfente un autel triangulaire
dédié à Bacchus : il a trois pieds trois pouces
de haut , & il eft monté fur trois vafes.
de bronze , foutenus par un piédeſtal ;
ouvrage grec de marbre de Paros . Le basrelief
de deux de ces faces repréfente un
Faune & une Bacchante , d'un pied de hauteur
on voit Silene fur le bas- relief de la
troiſieme face.
Un autre bas- relief de trois pieds de
hauteur & de deux pieds dix pouces de
largeur ; ouvrage grec de marbre de Salin ,
& tiré du tombeau de Marc- Antoine , repréfente
la conquête des Indes par Bacchus .
Les figures de ce bas- relief ont un pied
dix pouces de hauteur ce morceau eft
fans contredit un des plus beaux de l'antiquité
grecque.
Combien deux médaillons qu'on remarque
après , n'excitent- ils pas notre curiofité
de ces deux médaillons de marbre de
Paros , de deux pieds trois pouces de hau
teur chacun , l'un repréfente Diane, & l'autre
Vénus.
F vj
432 MERCURE DE FRANCE.
Deux médaillons d'Aurelien & de Vitellus
, de marbre de Paros , d'un pied trois
pouces de haut , font aux yeux l'éloge de
l'artifte romain antique qui les a exécutés.
Les gens de goût pourront- ils n'être pas
faifis de cette figure faillante & neuve ,
malgré fon antiquité , après nombre de
fiecles ? c'eft un Amour repréfenté de deux
faces , monté fur une panthere ; ouvrage
grec de marbre de Paros , de deux pieds fept
pouces de haut , dont le plinthe eft de deux
pieds trois pouces , & l'Amour de deux
pieds de proportion.
Arrive un petit Bacchus , enfant monté
fur un bouc , & préfenté de deux côtés :
c'eft un ouvrage grec de marbre de Paros ,
de deux pieds de haut fur un plinthe de
trois.
L'Hercule Farnefe eft fans doute connu ,
foit à Rome dans le palais Farnefe , où il
eft en original , foit en copies à Verfailles ,
même foit dans différens cabinets . Il s'agit
ici d'un Hercule appellé Farnefe improprement
, mais qui eft un monument grec
de marbre de Paros , d'un pied fix
de hauteur.
pouces
Après ce qui vient d'être remarqué ,
l'Amour pour l'antiquité fe trouve animé
par une figure de Minerve , d'éxécution
JUIN. 1755: 133
grecque, & de bréche violette, de la hauteur
de deux pieds.
Une autre antique grecque de marbre
de Paros , de deux pieds de haut , repréſentant
Bellonne , a immédiatement après elle
la place qui lui convient.
Enfuite fe préfente dans la galerie de
M. Adam , l'Abondance , antiquité romaine
de marbre de Salin , d'un pied onze pouces
de haut.
Les yeux s'arrêtent après fur un Jupiter
de deux pieds de hauteur , antiquité romaine
, de marbre de Paros.
On ne peut pas fe refufer à la beauté
fçavante de la Junon romaine , de marbre
de Paros , de deux pieds de hauteur . "
La Vénus à la pomme d'or , ouvrage
romain de marbre de Paros , d'un pied onze
pouces de haut , mérite ici toute notre attention
; c'eſt un précieux original dans fa
mefure déterminée , mais dont la copie ſe
remarque dans une étendue plus confidérable
le long de l'allée qui conduit au canal
de Verſailles ; & c'eft cette figure que le
feu célebre Vaillant qualifioit Dea Delphina
, à la différence que la Déeffe du
tapis verd ne tient point de pomme d'or ,
quoiqu'on lui attribue le même gefte .
La Vénus fortant du bain ne cede rien
à la précédente ; elle a une partie de fon
134 MERCURE DE FRANCE.
attitude du côté de la pudicité , & peu s'en
faut qu'à cet égard elle ne fe trouve au
niveau de la perfection de l'original de la
Vénus appellée vulgairement de Médicis ,
& qui eft dans le plus précieux cabinet du
palais de Florence. Cette Vénus fortant du
bain , qui eft une antique romaine de
marbre de Paros , a deux pieds deux pouces
de haut.
Vient enfuite une autre antique romaine
, auffi de marbre de Paros, de deux pieds
quatre pouces , repréfentant un enfant.
A côté , Bacchus enfant affis fur une peau
de bouc , d'un pied neuf pouces de haut en
marbre de Paros ; antiquité romaine.
Achelous à demi - couché & tenant une
corne d'abondance ; antiquité grecque de
marbre de Paros , de deux pieds huit pouces
de proportion , fur un plinthe de deux
pieds fept pouces .
Autre antiquité grecque de marbre de
Paros, de trois pieds de proportion , repréfentant
une Nereïde endormie & couchée
fur le rivage.
On ne peut trop admirer la beauté d'un
Hercule vainqueur du dragon du jardin
des Hefpérides ; antiquité romaine de
marbre de Paros, de deux pieds cinq pouces.
A côté on remarque avec la même fatisfaction
la figure de l'Empereur Commode
JUIN. 1755.
135
en Hercule , après la même victoire ; antiquité
romaine de marbre de Paros , de deux
pieds onze pouces de hauteur.
Un Efculape ; autre antiquité romaine
de marbre de Salin , de deux pieds onze
pouces de haut , égale en beauté les deux
précédentes figures .
Rien de plus précieux que la Vénus pu
dique qu'on voit enfuite ; antiquité grecque
de marbre de Paros , de deux pieds
onze pouces de haut. Cette figure eft régulierement
belle de tous les côtés.
On fixe enfuite fes regards fur une
Pallas armée de fon égide ; antiquité grecque
de marbre de Paros , de deux pieds
onze pouces de hauteur.
La Junon qui eft à côté , eft de la plus
rare beauté par la précifion avec laquelle
le nud fe trouve deffiné fous la draperie :
c'eſt une antiquité grecque , de deux pieds
onze pouces de hauteur , en marbre de
Paros.
Une Flore également belle ; antiquité
grecque , du même marbre & de la même.
proportion .
La curiofité est enfuite extrêmement
piquée par une autre antique grecque , de
trois pieds fix pouces de proportion , &
deux pieds fix pouces de hauteur , en marbre
Crétois , repréfentant un Phrygien qui
136 MERCURE DE FRANCE.
au bas d'une tour fe garantit des traits ennemis
par fon bouclier. Cette figure : eft
également avantageufe de tous côtés .
Une Diane fait partie de la collection de
M. Adam : c'eſt une antique romaine de
marbre de Paros , de trois pieds fix pouces
de hauteur , qui eft d'une beauté parfaite
ainfi que l'Apollon , antiquité grecque , du
même marbre & de la même hauteur. I
Il ne fe voit rien de fupérieur à une
autre antiquité grecque , du même marbre,
de trois pieds fept pouces de haut , repréfentant
une des filles de Lycomede , fous
la draperie de laquelle les yeux développent
le nud.
A côté fe trouve un Pâris à la pomme
d'or ; antiquité grecque , du même marbre
& de la même hauteur , figure admirable
pour fervir de modele.
Ifis , fous les attributs de la Déeffe de la
fanté ; antiquité grecque de marbre de
Paros , de quatre pieds de hauteur , s'offre
enfuite aux yeux.
Une des plus précieufes figures qu'on
puiffe voir fe préfente après ; c'eſt une antiquité
grecque de marbre de Salin, de quatre
pieds dix pouces de haut , repréfentant
l'Hymen , tenant un flambeau d'une main
& une couronne de l'autre à côté de fon
autel.
JUI N. 1755: 137
Il eft fuivi de trois autres antiquités
grecques , du même marbre & de la même
hauteur , repréfentant Mercure , Bacchus
& Méléagre , d'une beauté rare.
,
Enfuite la vûe fe fixe fur une antiquité
grecque , de marbre de Paros , de fix pieds
fix pouces de proportion repréſentant
Perfée qui , après la délivrance d'Andromede
, pofe la tête de Medufe fur du corail
pétrifié & teint de fon fang. La vûe
de cette figure eft piquante de tous les
côtés : on pourroit incrufter dans fon
piédeſtal un bas- relief, partie de la collection
, antiquité grecque , de deux pieds
trois pouces de haut & d'un pied fix
pouces de large , de marbre de Paros ,
repréfentant la même délivrance d'Andromede
, & dont les figures ont un pied huit
pouces.
Deux buftes , antiquités grecques , fe
trouvent enfuite , d'un pied fix pouces de
hauteur chacune ; l'une de marbre de Paros
, & l'autre de marbre de Salin , repréfentant
Germanicus & Lepida .
Deux autres buftes , l'un d'une femme
inconnue , & l'autre d'Adrien , jeune ; an
tiquités romaines , de marbre de Paros ,
d'un pied huit pouces de hauteur.
Deux autres de marbre de Paros , d'un
pied deux pouces de hauteur ; antiquités
138 MERCURE DE FRANCE.
i
romaines, repréfentant une Matrone & une
Nymphe.
Deux autres buftes ; antiquités grecques,
de marbre de Paros, d'un pied cinq pouces
de hauteur , repréfentant une Veftale &
une Sabine .
Deux autres , l'un romain , & l'autre
grec , de marbre de Paros , d'un pied fept
pouces de haut , repréfentant une Bacchante
& Antinous.
Deux autres ; l'un romain & l'autre grec,
de marbre de Paros , de deux pieds de hauteur
, repréfentant Pâris & Cybelle..
Deux autres , de deux pieds trois pouces
de haut ; antiquités romaines , de marbre
de Paros , repréfentant Neron & Meffa-
-line .
C
Deux autres de marbre de Páros , de
deux pieds trois pouces de haut ; antiquités
romaines , qui repréfentent Longina
& Cefonia.
Deux autres , de la même hauteur & du
même marbre ; antiquités grecques , repréfentant
Pompeia & Caligula.
Deux autres du même marbre , l'un de
deux pieds trois pouces , & l'autre de deux
pieds un pouce ; antiquités romaines , repréfentant
Séneque & l'Empereur Commode
.
Deux autres du même marbre , de deux
JUIN. 1755. 139
pieds fept pouces ; antiquités romaines ,
repréfentant Annibal & Septime Sévere.
pouces ,
Deux autres , du même marbre ; antiquités
romaines , l'un d'un pied neuf
& l'autre de deux pieds trois pouces , repréfentant
Narciffe & Faune.
Deux autres du même marbre , de deux
pieds quatre pouces de haut ; antiquités
romaines , repréfentant Tibere & Galba .
Deux autres du même marbre , de deux
pieds dix pouces ; antiques romaines , repréfentant
Augufte & Lepide.
M. Adam a joint à fa collection cinq
buftes de lui , qui ont excité la curiofité,
publique.
Le premier eft un Apollon françois ,
de marbre de Carare , de deux pieds huit
pouces de hauteur. Ce bufte eft un portrait
allégorique du Roi , auquel Apollon , fi
c'étoit une divinité réelle comme c'eft
une fiction poëtique , auroit fouhaité de
reffembler .
Les quatre autres , de deux pieds fix pouces
chacun de haut , du même marbre
repréfentent élégamment & avec énergie
l'eau , l'air , le feu & la terre.
Tous ces différens morceaux , au nombre
de foixante & treize , font rangés avec intelligence
dans une galerie de la maiſon
140 MERCURE DE FRANCE!
où loge M. Adam. La fuite en eft trop
intéreffante pour qu'elle puiffe être féparée
, & fans doute que le Prince curieux
d'une auffi rare collection , ne trouvera fa
curiofité fatisfaite que par l'acquifition de
la totalité.
Je fuis perfuadé , Monfieur , que vous
me fçaurez quelque gré du détail que j'ai
l'honneur de vous faire ; votre goût pour
les fciences & pour les arts m'en eſt un sûr
garant. Excellent Général & homme de
Lettres , vous réuniffez les motifs les plus
preffans de vous vouer l'attachement le
plus inviolable & le plus refpectueux : c'eft
auffi avec ces fentimens que j'ai l'honneur
d'être pour toute ma vie , & c.
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Résumé : SCULPTURE. LETTRE de M. Voisin, Avocat au Parlement de Paris, à M. le Comte de Tressan, Lieutenant général des armées du Roi, & Commandant pour Sa Mejesté en Lorraine.
La lettre de M. Voifin, avocat au Parlement de Paris, est adressée à M. le Comte de Treffan, lieutenant général des armées du Roi et commandant en Lorraine. Elle présente une collection d'antiquités grecques et romaines exposée par M. Adam l'aîné, sculpteur ordinaire du Roi et professeur à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Cette collection, composée de 68 pièces en marbre de Paros et de Salin, a été découverte à Rome et dans ses environs. M. Adam a acquis la majorité des pièces des héritiers du Cardinal de Polignac, qui les avait rassemblées pendant son ambassade à Rome. La collection inclut divers bas-reliefs, médaillons et statues, tels qu'un bas-relief du tombeau d'un fils de Faustine, un autel dédié à Bacchus, et des représentations de figures mythologiques comme Bacchus, Diane, Vénus et Hercule. La collection est décrite comme rare et variée, appropriée pour décorer une galerie ou une bibliothèque, et utile pour l'étude et la formation du goût des élèves en peinture et sculpture. La lettre se conclut par une expression de respect et d'attachement envers le Comte de Treffan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 140-143
GRAVURE.
Début :
JEAN-BAPTISTE MASSÉ, Peintre & Conseiller de l'Académie royale de [...]
Mots clefs :
Gravure, Estampes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
EAN- BAPTISTE MASSÉ , Peintre
& Confeiller de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture , a deffiné & fait
graver fous fes yeux tous les tableaux de
la grande galerie de Verfailles & des
deux fallons qui l'accompagnent , peints par
Charles le Brun , premier Peintre de Louis
XIV . Cette admirable collection de gravûre
a donné lieu à un Artiſte , qu'un beau
zéle a rendu Poëte , de faire les vers que
JUIN. 1755. 141
nous avons inférés dans le Mercure de
Mai.
Quoique dans ce genre il n'ait jamais ,
paru d'ouvrage plus digne de la curiofité du
public , tant par fon étendue que par la
beauté de fon exécution , quoiqu'il ait été
univerfellement admiré au fallon , où il a
été exposé en 1753 , & que les Gazettes ,
les Mercures & les Journaux en ayent parlé
avec beaucoup d'éloge , il eft furprenant
qu'on n'ait point indiqué où il fe vendoit ,
ni fur les planches ni dans le livret * que
l'auteur nous a donné lui-même de l'explication
de chacun de ces morceaux. Après
tout un pareil oubli de fa part tourne à fa
louange ; il prouve qu'un noble defintéreffement
l'a feul conduit dans le cours
d'un fi long travail , & que fon objet principal
étoit la gloire de la nation . Pour y
fuppléer , nous avertiffons que cet ouvrage
fe vend à Paris , chez le fieur Maffé
place Dauphine.
Si l'on pouvoit fuppofer qu'il y eût
quelques amateurs d'eftampes qui n'euffent
point entendu parler d'une fi belle
collection , ils pourroient en prendre connoiffance
dans les Journaux de Trévoux ,
* Ce livret ſe vend chez la veuve Amaulry , ay
Palais.
142 MERCURE DE FRANCE.
Décembre 1753 , 1 vol . & Mai 1754 , 2
vol. Le R. P. Bertier l'ayant eue entre fes
mains eft celui qui en a fait l'analyſe la
plus exacte.
AMPHITHEATRE DE LA VILLE
D'HERCULANUM ; décoration faifant allu-.
fion à la nouvelle découverte de cette ville
qui fut enfevelie par les cendres du mont
Vefuve fous l'empire de Titus , laquelle a
été exécutée en relief à Rome dans la place
Farnèfe en 1749 , fur les deffeins de M.
Petitot , premier Architecte de S. A. S.
l'Infant Duc de Parme , à l'occaſion de la
cérémonie de l'hommage que le Royaume
de Naples rend au Saint Siége. Dédié à M.
de Montullé , Baron de Saint-Port , & Secrétaire
des commandemens de la Reine.
Cette perfpective qui eft de la grandeur de
la feuille de nom de Jefus , eft gravée par
P. Patte , & fe vend chez lui , rue des
Noyers , la fixieme porte cochere à droite
en entrant par la rue S. Jacques. Prix 1 liv.
10 fols.
I
Cette eftampe eft le digne pendant du
Temple de Venus annoncé dans le Mercure
du mois d'Avril dernier ; elle repréſente
une de ces décorations que l'on exécute
tous les ans à Rome la veille de la Fête de
5. Pierre , lefquelles font toujours allufion,
JUIN. 1755
143
ainfi que nous l'avons déja dit , à quelques-
unes des antiquités du Royaume de
Naples , dont il eft d'ufage de leur faire
retenir le nom , quoiqu'elles ne forent en
effet que des compofitions de MM. les
Penfionnaires de l'Académie de France à
Rome. Comme chaque ville n'avoit qu'un
amphithéatre , & que c'étoit l'édifice le
plus vafte & le plus remarquable , il eft
naturel qu'on ait défigné cette ville par ce
monument ; ainfi on ne doit pas s'étonner
du titre de cette eftampe , qui eft des plus
remarquables par la beauté de fon architecture
& de fa perfpective , ce qui doit lui
mériter un rang diftingué dans les cabinets
des curieux & des amateurs.
EAN- BAPTISTE MASSÉ , Peintre
& Confeiller de l'Académie royale de
Peinture & de Sculpture , a deffiné & fait
graver fous fes yeux tous les tableaux de
la grande galerie de Verfailles & des
deux fallons qui l'accompagnent , peints par
Charles le Brun , premier Peintre de Louis
XIV . Cette admirable collection de gravûre
a donné lieu à un Artiſte , qu'un beau
zéle a rendu Poëte , de faire les vers que
JUIN. 1755. 141
nous avons inférés dans le Mercure de
Mai.
Quoique dans ce genre il n'ait jamais ,
paru d'ouvrage plus digne de la curiofité du
public , tant par fon étendue que par la
beauté de fon exécution , quoiqu'il ait été
univerfellement admiré au fallon , où il a
été exposé en 1753 , & que les Gazettes ,
les Mercures & les Journaux en ayent parlé
avec beaucoup d'éloge , il eft furprenant
qu'on n'ait point indiqué où il fe vendoit ,
ni fur les planches ni dans le livret * que
l'auteur nous a donné lui-même de l'explication
de chacun de ces morceaux. Après
tout un pareil oubli de fa part tourne à fa
louange ; il prouve qu'un noble defintéreffement
l'a feul conduit dans le cours
d'un fi long travail , & que fon objet principal
étoit la gloire de la nation . Pour y
fuppléer , nous avertiffons que cet ouvrage
fe vend à Paris , chez le fieur Maffé
place Dauphine.
Si l'on pouvoit fuppofer qu'il y eût
quelques amateurs d'eftampes qui n'euffent
point entendu parler d'une fi belle
collection , ils pourroient en prendre connoiffance
dans les Journaux de Trévoux ,
* Ce livret ſe vend chez la veuve Amaulry , ay
Palais.
142 MERCURE DE FRANCE.
Décembre 1753 , 1 vol . & Mai 1754 , 2
vol. Le R. P. Bertier l'ayant eue entre fes
mains eft celui qui en a fait l'analyſe la
plus exacte.
AMPHITHEATRE DE LA VILLE
D'HERCULANUM ; décoration faifant allu-.
fion à la nouvelle découverte de cette ville
qui fut enfevelie par les cendres du mont
Vefuve fous l'empire de Titus , laquelle a
été exécutée en relief à Rome dans la place
Farnèfe en 1749 , fur les deffeins de M.
Petitot , premier Architecte de S. A. S.
l'Infant Duc de Parme , à l'occaſion de la
cérémonie de l'hommage que le Royaume
de Naples rend au Saint Siége. Dédié à M.
de Montullé , Baron de Saint-Port , & Secrétaire
des commandemens de la Reine.
Cette perfpective qui eft de la grandeur de
la feuille de nom de Jefus , eft gravée par
P. Patte , & fe vend chez lui , rue des
Noyers , la fixieme porte cochere à droite
en entrant par la rue S. Jacques. Prix 1 liv.
10 fols.
I
Cette eftampe eft le digne pendant du
Temple de Venus annoncé dans le Mercure
du mois d'Avril dernier ; elle repréſente
une de ces décorations que l'on exécute
tous les ans à Rome la veille de la Fête de
5. Pierre , lefquelles font toujours allufion,
JUIN. 1755
143
ainfi que nous l'avons déja dit , à quelques-
unes des antiquités du Royaume de
Naples , dont il eft d'ufage de leur faire
retenir le nom , quoiqu'elles ne forent en
effet que des compofitions de MM. les
Penfionnaires de l'Académie de France à
Rome. Comme chaque ville n'avoit qu'un
amphithéatre , & que c'étoit l'édifice le
plus vafte & le plus remarquable , il eft
naturel qu'on ait défigné cette ville par ce
monument ; ainfi on ne doit pas s'étonner
du titre de cette eftampe , qui eft des plus
remarquables par la beauté de fon architecture
& de fa perfpective , ce qui doit lui
mériter un rang diftingué dans les cabinets
des curieux & des amateurs.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte décrit deux principales gravures et leurs contextes. La première gravure est une collection de tableaux de la grande galerie de Versailles et des deux salons adjacents, peints par Charles Le Brun, premier Peintre de Louis XIV. Ces tableaux ont été définis et gravés sous la supervision de Jean-Baptiste Massé, Peintre et Conseiller de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Cette collection, exposée en 1753, a été largement élogiée. Elle se vend à Paris chez le sieur Massé, place Dauphine, et un livret explicatif est disponible chez la veuve Amaulry, au Palais. La seconde gravure représente l'amphithéâtre de la ville d'Herculanum, exécuté en relief à Rome en 1749 pour l'hommage du Royaume de Naples au Saint Siège. Gravée par P. Patte, elle est dédiée à M. de Montullé, Baron de Saint-Port, et Secrétaire des commandements de la Reine. Elle se vend chez P. Patte, rue des Noyers, au prix de 1 livre 10 sols. Cette estampe est décrite comme le pendant du Temple de Vénus et est remarquée pour la beauté de son architecture et de sa perspective.
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20
p. 143
MUSIQUE.
Début :
RECUEIL d'airs de contredanses, menuets, & vaudevilles nouveaux [...]
Mots clefs :
Recueil d'airs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQU E.
ECUEIL d'airs de contredanfes
menuets , & vaudevilles nouveaux
chantés fur les théâtres de l'Académie
royale de Muſique & de l'Opéra Comique
, lefquels fe jouent fur toutes fortes
d'inftrumens : 13 partie , prix 24 fols.
A Paris , chez M. Boivin , rue S. Honoré ,
à la Regle d'or ; M. le Clerc , rue du Roule ,
à la Croix d'or ; Mile Caftagnery , rue des
Prouvaires , au Luth royal ; & le fieur
Duchesne , rue S. Jacques , au Temple du
Goût.
Le Deffert des petits foupers , fixieme
feptieme , huitieme , neuvieme & dixieme
parties. A Paris , aux mêmes adreſſes .
Chaque partie 24 fols.
ECUEIL d'airs de contredanfes
menuets , & vaudevilles nouveaux
chantés fur les théâtres de l'Académie
royale de Muſique & de l'Opéra Comique
, lefquels fe jouent fur toutes fortes
d'inftrumens : 13 partie , prix 24 fols.
A Paris , chez M. Boivin , rue S. Honoré ,
à la Regle d'or ; M. le Clerc , rue du Roule ,
à la Croix d'or ; Mile Caftagnery , rue des
Prouvaires , au Luth royal ; & le fieur
Duchesne , rue S. Jacques , au Temple du
Goût.
Le Deffert des petits foupers , fixieme
feptieme , huitieme , neuvieme & dixieme
parties. A Paris , aux mêmes adreſſes .
Chaque partie 24 fols.
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Résumé : MUSIQUE.
Le document présente une collection de partitions musicales intitulée 'ECUEIL d'airs de contredanfes, menuets, & vaudevilles nouveaux'. Ces airs sont joués sur les théâtres de l'Académie royale de Musique et de l'Opéra Comique. La collection est divisée en 13 parties, chacune vendue 24 sols. Les partitions sont disponibles chez plusieurs libraires parisiens. Le document mentionne aussi 'Le Deffert des petits foupers', disponible en cinq parties au même prix.
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21
p. 144-158
LETTRE DU PERE CASTEL, A M. Rondet, Mathématicien, sur sa Réponse au P. L. J. au sujet du Clavecin des couleurs.
Début :
Vous vous honorez, Monsieur, en m'honorant. J'aime sur-tout la décence [...]
Mots clefs :
Clavecin, Clavecin des couleurs, Harmonie, Public, Plaisirs, Arts, Couleurs, Jeu, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE DU PERE CASTEL, A M. Rondet, Mathématicien, sur sa Réponse au P. L. J. au sujet du Clavecin des couleurs.
LETTRE
DU PERE CASTEL ,
A M. Rondet , Mathématicien , furfa Réponſe
au P. L. J. au fujet du Clavecin
des couleurs.
pour
Ous vous honorez , Monfieur , en
m'honorant. J'aime fur -tout la décence
: je vous fçais gré d'avoir preffenti l'embarras
où j'allois être d'entrer en lice avec un
adverfaire dans lequel je devois beaucoup
me refpecter moi- même. Je ne vous con-
Hoiffois pas malin. Vous aimez à prolonger
votte triomphe , & vous gardez le plus beau
le dernier. Pour toute apologie vous
pouviez dire comme Scipion accufe devant
le peuple : Meffieurs , allons au Capitole
remercier les Dieux de ce qu'à pareil jour
Numance ou Carthage ont été foudroyées.
Car duofulmina Belli , Scipiadas , dit Virgile
) . Meffieurs , pouviez - vous dire , remercions
Dieu de ce que le clavecin a joué
avec l'applaudiffement de 200 perfonnes
le premier de l'an 1755 , pour les étrennes
du public . Il avoit bien joué devant cinquante
perfonnes , qui battirent des mains
àquatre reprifes , le 21 de Décembre 1754,
le
JUILLET . 1755. 145
le jour de faint Thomas , Apôtre , qui en
eft le Patron. Chaque art , chaque métier
a le fien.
J'aime les arts , vous le fçavez mon
cher Monfieur , je les aime dans le vrai ,
en géometre , en homme même , & avec
une forte de paffion ; je les chéris en citoyen
, ne connoiffant d'autre reffource
momentanée aux befoins renaiffans de
l'humanité . Par le ſentiment , j'ofe dire ,
plus que par la fenfation : Humani à me
nil alienum puto. Je fuis vivement affecté
des befoins de mon prochain , & je ne
m'en connois d'autre bien preffant que
celui d'y pourvoir en commun , felon la
mefure de mes petits talens , dont toute la
fingularité , ce me femble , n'eft que d'être.
en commun & fort gratuitement au fervice
du public , felon le devoir de mon état &
l'efprit de ma vocation.
Plein de cet amour affez pur pour les
arts , je gémis donc de les voir tomber par
une ambition de ſtyle & de bel-efprit qui
ne remplace point la noble émulation ni
le vrai goût du travail , caractériſé par ce
beau vers de Virgile que j'inculque à tous
venans :
Difce puer virtutem ex me , verumque laborem ;
C'eſt ce verus labor qui n'eft point affez
G
146 MERCURE DE FRANCE .
connu. J'en gémirois bien davantage fi je
pouvois me croire auteur de cette décadence
des arts. Peut- être les montai -je trop
haut , les mets-je à trop haut prix ? En
doublant la mufique , je n'ôte rien à la
mufique vulgaire , que j'ai même un peu
perfectionnée , peut- être il y a 30 ans ,
avant & depuis mon clavecin .
·
Point d'éloge en effet auquel j'aie été
plus fenfible , qu'à celui du brillant M. de
Voltaire , qui dit que j'aggrandis la carriere
des arts , de la nature des plaifirs,
Plaiſirs honnêtes , plaifirs même d'efprit ,
tels que la mufique , la peinture , les couleurs
, les belles nuances de toutes choſes.
En faveur de cet éloge , je lui en paffai un
autre moins brillant , où il dit du clavecin
il y a travaillé de fes mains. Il le dit en
grand poete ( vates ) par une forte d'infpiration
qui a droit d'infpirer ce travail .
Entre têtes , je ne dis rien des coeurs ,
l'enthoufiafme eft contagieux , fur- tour
lorfqu'il eft à l'uniffon de deux autres têtes,
telles qu'un Montefquieu & un Fontenelfe
, dont le premier en réponſe à bien des
chofes , m'écrivoit , il y a un an , faites le
clavecin , & tout ira ; & le dernier m'envoya
dire , il y a neuf mois , qu'il ne vouloit
pas mourir fans voir le clavecin : ce
qui auroit dû peut- être m'empêcher de le
JUILLET. 1755. 147
faire fi vîte , fi j'étois fuperftitieux avec
gens peu fufpects fur l'article , mais dont la
miféricorde divine peut couronner la vie
de bel-efprit d'une fin folidement religieufe
& chrétienne , comme on vient de
le voir dans un événement qui m'affligeroit
trop , fans la bonne part que Dieu a
bien voulu me donner dans cette vraie
confolation .
Bien des découvertes fe perdent avec
leurs auteurs , immortels en paroles &
mortels en réalité . Voici de quoi le public
doit remercier Dieu avec moi , c'est qu'il
m'ait laiffé furvivre 30 ans à la premiere
idée de mon clavecin. De fçavant fpéculatif
, il m'a régulierement fallu devenir
artifte de goût , & enfin artiſan de fait , &
comme de métier . Sutor erit fapiens ; c'eft
de moi qu'Horace l'a dit .
Quand j'annonçai cette bagatelle , point
fi bagatelle , dit- on , en 1725 ; ce n'étoit
en effet qu'une idée , & je n'avois nulle
intention de l'exécuter. J'en pris acte dans
le même Journal ( le Mercure ) au fujet
d'un foi-difant Philofophe Gafcon , anonyme
à cela près , qui me fommoit familierement
d'y mettre la main. A quoi je repli.
quai trop fierement peut- être : Monfieur ,
Monfieur , je fuis Geometre , je fuis Philofophe
, & ne fuis luthier , facteur , ou faiseur
G ij
148 MERCURE DE FRANCE:
d'orgues ni de clavecin. Dieu m'en a puni ,
j'ai fait un orgue en quatre jeux de rofeau
de mes mains depuis ce tems- là . Mais en
ce tems-là , je n'étois pas même artifte , &
l'anonyme , que j'ai bien reconnu depuis ,
n'étoit ni un Voltaire , ni un Fontenelle ,
ni un Montefquieu pour m'infpirer.
Je devins artiſte en 1735 , dans mes fix
grandes lettres à l'illuftre Préfident que je
n'ofe fi fouvent nommer ; & tout le monde
convint que l'art du clavecin étoit démontré
en douze dégrés bien tranchés de coloris
, & en douze octaves préciſes de clairebfcur
, faifant en tout 144 nuances ou
demi-teintes , depuis le grand noir jufqu'au
blanc extrême, en parallele exact aux douze
demi- tons chromatiques , & aux douze
octaves de grave aigu , faifant 144 demitons
de fon depuis le plus bas tuyau poffible
de 64 pieds qui râle , jufqu'à celui
de deux ou trois lignes qui glapit.
L'art eft chofe encore trop fine pour
ceux qui n'ont que des yeux pour en juger :
j'eus beau montrer & démontrer tout cela
en nature , fur des papiers colorés , dans
des rubans même & des étoffes faites exprès
, & que tout le monde a vûes avec
empreffement , je puis même dire admirées.
C'étoient bien là les propres cordes , les
propres touches du clavecin , aufquelles il
JUILLET. 1755 : 149
ne manquoit plus que la groffe facture des
ouvriers en titre pour le monter. Point du
tout , il s'éleva une voix qui dit que le
clavecin étoit démontré vrai en théorie , mais
qu'il étoit faux & infaifable en pratique . Et
de ce feul coup de langue le clavecin non
monté fut démonté , tout mon art réduit
à rien , & mes étoffes , rubans & couleurs
au pillage , comme s'il s'agiffoit de
l'élection d'un Roi de Pologne , où le fuffrage
d'un feul eft l'oracle de la multitude.
J'ai toujours dit , toujours éprouvé du
moins que les paroles de l'envie étoient de
foi efficaces : elles intimident , elles décou
ragent , elles tiennent en arrêt un inventeur.
Cela feul d'avoir déclaré le clavecin
infaifable , l'a rendu tel pendant 20 ans ;
car s'il ne m'a fallu que 10 ans pour devenir
artifte , il m'en a fallu deux fois 10 enfuite
pour devenir artifan , en me dégradant toujoursde
l'efprit au goût & du goût au travail
des mains , qui eft pourtant le vrai goût
de néceffité , de bon fens même , au lieu
de tout ce babil de bel - efprit , non faifeur
, mais fimplement difcoureur , qui
dégrade les arts & l'humanité , la raifon
même. Car homo natus ad laborem.
Je reconnois cependant avec plaifir , en
honnête-homme , que fi j'ai perdu à cela
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
du repos & une honnête fatisfaction d'efprit
, le public y a gagné. Par ces prétendues
dégradations , comme de moi - même
je me fuis toujours rapproché du public ,
de fes befoins , de fes plaifirs. C'est bien
lui qui me difoit toujours faites le claveein,
& foyez plutôt maçon ſi c'est votre talent.
Le public entend fur-tout fes intérêts . Le
clavecin lui auroit trop coûté dans fa primeur.
Je n'ai fait que le mûrir", le rendre
pratiquable. En 1725 , on ne l'auroit pas
fait pour 100 , 000 écus par les mains des
ouvriers & artiſtes qui s'offroient aſſez à
moi , mais avec des bouches plus qu'avec
des mains , & avec plus d'appétit que de
fçavoir faire. En 1735 , je n'eftimois plus
la facture du clavecin que 20 , coc écus :
en 45 , 10 , 000 écus ou même 1000 guinées
, difois -je aux Anglois. Il y a 3 ans,
que je le voyois faifable pour 100 louis ,
quelqu'un le mettoit à 2000 écus ; & voilà
qu'aujourd'hui je viens de le faire fans
ouvriers pour 50 écus.
On m'a prié de dire tout cela naïvement
, & je fuis bien aiſe de compter tout
au public pour n'avoir jamais à compter
avec lui. Qu'on s'en prenne à la langue fi
je fais des jeux de mots . Encore eft- il bon
de jouer, à propos de clavecin ; & deformais
on ne me défieroit pas impunément
JUILLET.
1755. ISL
de faire jouer tout ce que les hommes traitent
de plus férieux dans leurs prétendues
affaires qui ne font que jeu , difent les
plus experts même.
En tout cas , je ne furfais point mon
ouvrage , & j'aggrandis la carriere des arts
en écartant les artiftes , les ouvriers , les
mains , & tout ce qui n'eft que bouche &
appétit au fervice du public : car les bouches
mangent les arts , on ne fçauroit trop
le répéter. Plus on m'a difputé la poffibi
lité du clavecin , plus j'ai pris à tâche d'en
conftater la facilité & d'en fimplifier la
pratique. Et puifque toutes mes démonftrations
ne m'ont fervi de rien , me voilà
de démonftrateur devenu monftrateur , ou
montreur de curiofité , de rareté , de fingularité
, puifque ce mot plaît tant à la
pluralité de deux ou trois beaux efprits.
Je veux bien en convenir ; la chofe eft
finguliere , rare & curieufe , de colorer le
fon , de faire fonner la couleur , de rendre
l'aveugle juge des couleurs par l'oreille , &
le fourd juge du fon par l'oeil . Autrefois je
m'en défendois comme d'un beau meutre :
aujourd'hui je me livre à tout le paradoxe
de mon entrepriſe depuis que j'en ai fait
un jeu . Or je n'avois promis qu'un jeu .
Et en bonne- foi , mon cher ami , vous le
fçavez , vous le voyez , vous en avez vû
G iiij
152 MERCURE DE FRANCE.
isz
tous les progrès nuancés ; n'eft - ce pas un
jeu de trouver même fi difficile , fi impoffible
, en tirant un cordon , une targette ;
en baiffant une touche d'ouvrir une foupape
de lumiere , lorfqu'on ouvre une foupape
de fon , & de faire voir bleu , lorfqu'on
entend ut , rouge en entendant ſol ;
de faire voir du clair , lorfqu'on entend
de l'aigu , du fombre , en entendant du
grave ?
Du refte , il n'y a que du bien dans mon
projet , & quand je ne réuffirois pas à aggrandir
la carriere des arts , je n'ôte rien à
fa grandeur , & perfonne n'a droit de la
refferrer , de la borner plus qu'elle n'eft
jufqu'ici bornée & refferrée. Ce n'eft pas
moi qui ai le premier affirmé l'harmonie
des couleurs , de la peinture , de l'architecture
. Je n'ai fait que les démontrer &
les montrer. Avant moi Pline , les Grecs
Felibien même , en avoient beaucoup difcouru
par instinct , par fentiment , en gens
d'efprit , en experts . Mais voilà peut - être
comme on aime les chofes dans le nuage ,
dans le myftere , dans ce fameux je ne fçais
quoi dont les littérateurs font tant d'éloges.
›
On a voulu voir & revoir mes couleurs ,
& je crois que je ne les ai que trop montrées
, & que je n'y ai été que trop d'abord
JUILLET. 17550 153
·
en mal habile artifte , en mauffade ouvrier.
Elles ont ébloui , fatigué , offufqué la vûe ,
les yeux. M. de Voltaire le difoit , le prédifoit
, le préfentoit ainfi il y a 20 ans. Ne
montrons donc point tant , difcourons en
fimples littérateurs , en poëtes même . Horace
, le poëte du goût , définit l'harmonie
une unité , une fimplicité : Denique fit
quod vis fimplex dum taxat & unum. Ailleurs
il la définit l'ordre , la régularité : Ordinis
hac virtus erit & verus. Les peintres la
font confifter dans l'entente des couleurs
dans l'unité du deffein , dans le beau toutenfemble.
Tout cela ne vient il pas au fimple accord
des parties confonantes des muficiens,
vrais juges en cette matiere ? Et puis la
vraie étymologie du mot harmonie décide
de tout. Apta commiſſura , junctura , difent
les Grecs , que je traduirois même plus littéralement
, ce me femble , par apta unitas ,
comme Horace , fimplex unitas ; car il y a
du monas dans harmonie. En un mot , variété
& unité , variété de parties , unité de
tout , font l'harmonie en tout genre felon
tout le monde . Eft - ce que les couleurs
manquent de variété en elles- mêmes ? Il y
en a autant que de fons . Eft- ce que la nature
, eft-ce que l'art n'en font pas tous
les jours des grouppes , des contraftes ,
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
des affortimens , des accords charmans ?
Mais c'eft l'architecture , calomniée à
mon occafion , que je me reprocherois de
laiffer retomber dans une barbarie pis qué
gothique , en l'abandonnant à l'enharmonie
où on l'a réduit. Quoi ! un grand
fuperbe & majestueux édifice , une bafili
que telle que S. Pierre de Rome , Notre
Dame de Paris , & mille autres magnifiques
temples du Seigneur. Un palais de
Roi , le Louvre , le Luxembourg , le Vatitan
même , & des millions de palais &
d'hôtels n'ont donc point d'harmonie
d'union de parties , de régularité , d'ordre
d'accord , de beau tout- enfemble , capable
d'impofer à l'oeil , de charmer l'efprit ?
›
Je vois , j'entends , je fens dequoi il s'a
git. Nos adverfaires fe trompent en habiles
gens. Ils me battent de mes armes : ils me
prennent en géometre, lorfque je leur écha
pe en artiſte , & me dérobe à leurs yeux fçavans
en artifan. Odi profanum vulgus , me
difent- ils noblement. Il y a long-tems que
j'ai obfervé que la géométrie eft une fcience
fublime , mais fiere , guindée & abftraite
, qui n'éclaire que la plus haute
région de l'efprit , dédaignant de rayoner
fur des mains. Auffi m'en fuis-je toujours
préparé l'échapatoire , fi ce terme eft permis
à un artifan , & vous ai répété vingt fois
JUILLET. 1755 155
mon cher Monfieur , que l'efprit géométrique
valoit mieux dans les arts que la géométrie
même & en perfonne.
La géométrie , qu'il me foit permis de
le redire , eft le corps fec , le fquelete décharné
de tous les objets fenfibles , réduits
non à leurs linéamens propres , comme le
deffein , mais à leurs dimenfions vagues ,
longueur , largeur , profondeur , lignes
furfaces & points extrêmes , figures marginales
, coupes & profils. Les arts net
manient point toutes ces impalpabilités là ,
vrais fpectres , vains fantômes dans l'uſage
ordinaire de la vie.
Nommément l'harmonie , les anciens
l'ont tout-à- fait alembiquée & rendue immaniable
, en la remontant aux proportions
géométriques , compliquées avec les
proportions arithmétiques , complication
qui acheve d'en débouter les arts . Or on la
voit dans ces différences de nombres combinées
avec leurs rapports : car qui dit
différence , dit de l'arithmétique ; & qui
dit rapport , dit du géométrique. Et tout
` eft dit.
Parce qu'on n'a pû ou fçû retrouver
l'harmonie des muficiens même , & à plus
forte raifon des peintres & des architectes ,
dans cette proportion foi-difant harmonique
, on a conclu néant d'harmonie pour
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
ces derniers arts , comme fi les mefures ;
par exemple , d'une colonne , de fon renflement
, de fa bafe , de fon piédeftal , focle
, couronnement , corniche , volute , architrave
, & d'un fimple fefton même ,
n'étoient pas chofes déterminées par des
nombres précis dans les fimples devis d'un
architecte comme fi la détermination du
module ne fondoit pas tous les rapports
des parties d'un ornement , d'un bâtiment
même tout entier. Or qui dit nombre ,
rapports quelconques , modules & détermination
, dit évidemment harmonie ; harmonie
même ici pour les yeux , n'y manquant
que le jeu pour en faire un clavecin .
Le feul plaifir de l'oeil ou de tout autre
de nos fens , ne peut- être qu'un plaifir
d'harmonie : car tel qui m'avoue que le
jeu de mon clavecin fait ou fera plaifir à
voir , fe croit un habile homme à me difputer
que ce plaifir foit un plaifir d'harmonie
, comme s'il pouvoit y en avoir
d'autre. On ne chicane pas les plaifirs , &
l'on feroit mieux de fe rendre acceffible à
celui- ci , que de me forcer à le tout analyfer
. La plupart de nos plaifirs analyſés
ne font plus des plaifirs : ils font faits pour
être fentis & non pour être connus . Con◄
noître eft un plaifir d'efprit , la plûpart ne
s'en foucient gueres. Dès que nos plaifirs
JUILLET. 1755. 157
font le réfultat de plufieurs fentimens caufés
par une fucceffion , ou une diverfité
d'objets , de mouvemens & d'opérations ;
il eft hors de doute que ce réſultat doit
être un & fimple , naiffant du concert &
de l'accord de toutes les parties , objets ,
mouvemens & fentimens qui le compofent.
Pour moi , je ne conçois que l'enfer ubi
nullus ordo , fed fempiternus horror inhabitat ,
& j'aime à penfer que le paradis eſt tout
harmonie .
C'eft tout franc la bonne & belle littérature
, & le bon goût même de toutes
chofes qui me paroiffent de tous les arts
les plus tombés , par un bel efprit foidifant
de philofophie bien plus que de
géométrie. Sans géométrie même ni arithmétique
, il ne m'a fallu qu'un peu de
goût de la belle nature , pour trouver que
le bleu mene au verd par le celadon , le
verd au jaune par l'olive , le jaune au
rouge par l'aurore & l'orangé , le rouge
aux violets par les cramoifis ; les violets.
nous ramenant au bleu pour recommencer
une nouuelle octave nuancée de coloris , à
l'aide du clair- obſcur , dont voici les dégrés.
Le noir ténébreux mene à l'obfcur , l'obfcur
au fombre , le fombre au brun , le
brun au foncé , le foncé au férieux , le
158 MERCURE DE FRANCE.
férieux au majeftuenx , le majestueux au
noble , le noble au beau , le beau au gracieux
, le gracieux au joli , au gai , le gai
au clair , le clair au blanc , le blanc au
lumineux éblouiffant qui ne fe laiffe point
voir , mais par qui tout eft vû . Sont-ce là
des termes mais on en a vû les échantillons
, il y a zo ans , & tous les jours ces
termes nous fervent à caractérifer les couleurs.
Eft-ce ma faute s'il y a des efprits ,
des yeux même pour qui les termes ne
font que des termes , des mots , verba &
voces.
J'aurois pû me fervir des mots un peu
plus techniques de gris noir , gris brun ,
gris d'ardoife , gris de fouris , &c . J'ai
mieux aimé me fervir des termes qui réveillent
des fentimens . Les anciens difoient
lés couleurs , c'eft le clair-obfcur qui eft unt
mêlange d'ombre & de lumiere. Je fuis
avec beaucoup de confidération , mon cher
Monfieur , & c.
L. CASTEL.
DU PERE CASTEL ,
A M. Rondet , Mathématicien , furfa Réponſe
au P. L. J. au fujet du Clavecin
des couleurs.
pour
Ous vous honorez , Monfieur , en
m'honorant. J'aime fur -tout la décence
: je vous fçais gré d'avoir preffenti l'embarras
où j'allois être d'entrer en lice avec un
adverfaire dans lequel je devois beaucoup
me refpecter moi- même. Je ne vous con-
Hoiffois pas malin. Vous aimez à prolonger
votte triomphe , & vous gardez le plus beau
le dernier. Pour toute apologie vous
pouviez dire comme Scipion accufe devant
le peuple : Meffieurs , allons au Capitole
remercier les Dieux de ce qu'à pareil jour
Numance ou Carthage ont été foudroyées.
Car duofulmina Belli , Scipiadas , dit Virgile
) . Meffieurs , pouviez - vous dire , remercions
Dieu de ce que le clavecin a joué
avec l'applaudiffement de 200 perfonnes
le premier de l'an 1755 , pour les étrennes
du public . Il avoit bien joué devant cinquante
perfonnes , qui battirent des mains
àquatre reprifes , le 21 de Décembre 1754,
le
JUILLET . 1755. 145
le jour de faint Thomas , Apôtre , qui en
eft le Patron. Chaque art , chaque métier
a le fien.
J'aime les arts , vous le fçavez mon
cher Monfieur , je les aime dans le vrai ,
en géometre , en homme même , & avec
une forte de paffion ; je les chéris en citoyen
, ne connoiffant d'autre reffource
momentanée aux befoins renaiffans de
l'humanité . Par le ſentiment , j'ofe dire ,
plus que par la fenfation : Humani à me
nil alienum puto. Je fuis vivement affecté
des befoins de mon prochain , & je ne
m'en connois d'autre bien preffant que
celui d'y pourvoir en commun , felon la
mefure de mes petits talens , dont toute la
fingularité , ce me femble , n'eft que d'être.
en commun & fort gratuitement au fervice
du public , felon le devoir de mon état &
l'efprit de ma vocation.
Plein de cet amour affez pur pour les
arts , je gémis donc de les voir tomber par
une ambition de ſtyle & de bel-efprit qui
ne remplace point la noble émulation ni
le vrai goût du travail , caractériſé par ce
beau vers de Virgile que j'inculque à tous
venans :
Difce puer virtutem ex me , verumque laborem ;
C'eſt ce verus labor qui n'eft point affez
G
146 MERCURE DE FRANCE .
connu. J'en gémirois bien davantage fi je
pouvois me croire auteur de cette décadence
des arts. Peut- être les montai -je trop
haut , les mets-je à trop haut prix ? En
doublant la mufique , je n'ôte rien à la
mufique vulgaire , que j'ai même un peu
perfectionnée , peut- être il y a 30 ans ,
avant & depuis mon clavecin .
·
Point d'éloge en effet auquel j'aie été
plus fenfible , qu'à celui du brillant M. de
Voltaire , qui dit que j'aggrandis la carriere
des arts , de la nature des plaifirs,
Plaiſirs honnêtes , plaifirs même d'efprit ,
tels que la mufique , la peinture , les couleurs
, les belles nuances de toutes choſes.
En faveur de cet éloge , je lui en paffai un
autre moins brillant , où il dit du clavecin
il y a travaillé de fes mains. Il le dit en
grand poete ( vates ) par une forte d'infpiration
qui a droit d'infpirer ce travail .
Entre têtes , je ne dis rien des coeurs ,
l'enthoufiafme eft contagieux , fur- tour
lorfqu'il eft à l'uniffon de deux autres têtes,
telles qu'un Montefquieu & un Fontenelfe
, dont le premier en réponſe à bien des
chofes , m'écrivoit , il y a un an , faites le
clavecin , & tout ira ; & le dernier m'envoya
dire , il y a neuf mois , qu'il ne vouloit
pas mourir fans voir le clavecin : ce
qui auroit dû peut- être m'empêcher de le
JUILLET. 1755. 147
faire fi vîte , fi j'étois fuperftitieux avec
gens peu fufpects fur l'article , mais dont la
miféricorde divine peut couronner la vie
de bel-efprit d'une fin folidement religieufe
& chrétienne , comme on vient de
le voir dans un événement qui m'affligeroit
trop , fans la bonne part que Dieu a
bien voulu me donner dans cette vraie
confolation .
Bien des découvertes fe perdent avec
leurs auteurs , immortels en paroles &
mortels en réalité . Voici de quoi le public
doit remercier Dieu avec moi , c'est qu'il
m'ait laiffé furvivre 30 ans à la premiere
idée de mon clavecin. De fçavant fpéculatif
, il m'a régulierement fallu devenir
artifte de goût , & enfin artiſan de fait , &
comme de métier . Sutor erit fapiens ; c'eft
de moi qu'Horace l'a dit .
Quand j'annonçai cette bagatelle , point
fi bagatelle , dit- on , en 1725 ; ce n'étoit
en effet qu'une idée , & je n'avois nulle
intention de l'exécuter. J'en pris acte dans
le même Journal ( le Mercure ) au fujet
d'un foi-difant Philofophe Gafcon , anonyme
à cela près , qui me fommoit familierement
d'y mettre la main. A quoi je repli.
quai trop fierement peut- être : Monfieur ,
Monfieur , je fuis Geometre , je fuis Philofophe
, & ne fuis luthier , facteur , ou faiseur
G ij
148 MERCURE DE FRANCE:
d'orgues ni de clavecin. Dieu m'en a puni ,
j'ai fait un orgue en quatre jeux de rofeau
de mes mains depuis ce tems- là . Mais en
ce tems-là , je n'étois pas même artifte , &
l'anonyme , que j'ai bien reconnu depuis ,
n'étoit ni un Voltaire , ni un Fontenelle ,
ni un Montefquieu pour m'infpirer.
Je devins artiſte en 1735 , dans mes fix
grandes lettres à l'illuftre Préfident que je
n'ofe fi fouvent nommer ; & tout le monde
convint que l'art du clavecin étoit démontré
en douze dégrés bien tranchés de coloris
, & en douze octaves préciſes de clairebfcur
, faifant en tout 144 nuances ou
demi-teintes , depuis le grand noir jufqu'au
blanc extrême, en parallele exact aux douze
demi- tons chromatiques , & aux douze
octaves de grave aigu , faifant 144 demitons
de fon depuis le plus bas tuyau poffible
de 64 pieds qui râle , jufqu'à celui
de deux ou trois lignes qui glapit.
L'art eft chofe encore trop fine pour
ceux qui n'ont que des yeux pour en juger :
j'eus beau montrer & démontrer tout cela
en nature , fur des papiers colorés , dans
des rubans même & des étoffes faites exprès
, & que tout le monde a vûes avec
empreffement , je puis même dire admirées.
C'étoient bien là les propres cordes , les
propres touches du clavecin , aufquelles il
JUILLET. 1755 : 149
ne manquoit plus que la groffe facture des
ouvriers en titre pour le monter. Point du
tout , il s'éleva une voix qui dit que le
clavecin étoit démontré vrai en théorie , mais
qu'il étoit faux & infaifable en pratique . Et
de ce feul coup de langue le clavecin non
monté fut démonté , tout mon art réduit
à rien , & mes étoffes , rubans & couleurs
au pillage , comme s'il s'agiffoit de
l'élection d'un Roi de Pologne , où le fuffrage
d'un feul eft l'oracle de la multitude.
J'ai toujours dit , toujours éprouvé du
moins que les paroles de l'envie étoient de
foi efficaces : elles intimident , elles décou
ragent , elles tiennent en arrêt un inventeur.
Cela feul d'avoir déclaré le clavecin
infaifable , l'a rendu tel pendant 20 ans ;
car s'il ne m'a fallu que 10 ans pour devenir
artifte , il m'en a fallu deux fois 10 enfuite
pour devenir artifan , en me dégradant toujoursde
l'efprit au goût & du goût au travail
des mains , qui eft pourtant le vrai goût
de néceffité , de bon fens même , au lieu
de tout ce babil de bel - efprit , non faifeur
, mais fimplement difcoureur , qui
dégrade les arts & l'humanité , la raifon
même. Car homo natus ad laborem.
Je reconnois cependant avec plaifir , en
honnête-homme , que fi j'ai perdu à cela
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
du repos & une honnête fatisfaction d'efprit
, le public y a gagné. Par ces prétendues
dégradations , comme de moi - même
je me fuis toujours rapproché du public ,
de fes befoins , de fes plaifirs. C'est bien
lui qui me difoit toujours faites le claveein,
& foyez plutôt maçon ſi c'est votre talent.
Le public entend fur-tout fes intérêts . Le
clavecin lui auroit trop coûté dans fa primeur.
Je n'ai fait que le mûrir", le rendre
pratiquable. En 1725 , on ne l'auroit pas
fait pour 100 , 000 écus par les mains des
ouvriers & artiſtes qui s'offroient aſſez à
moi , mais avec des bouches plus qu'avec
des mains , & avec plus d'appétit que de
fçavoir faire. En 1735 , je n'eftimois plus
la facture du clavecin que 20 , coc écus :
en 45 , 10 , 000 écus ou même 1000 guinées
, difois -je aux Anglois. Il y a 3 ans,
que je le voyois faifable pour 100 louis ,
quelqu'un le mettoit à 2000 écus ; & voilà
qu'aujourd'hui je viens de le faire fans
ouvriers pour 50 écus.
On m'a prié de dire tout cela naïvement
, & je fuis bien aiſe de compter tout
au public pour n'avoir jamais à compter
avec lui. Qu'on s'en prenne à la langue fi
je fais des jeux de mots . Encore eft- il bon
de jouer, à propos de clavecin ; & deformais
on ne me défieroit pas impunément
JUILLET.
1755. ISL
de faire jouer tout ce que les hommes traitent
de plus férieux dans leurs prétendues
affaires qui ne font que jeu , difent les
plus experts même.
En tout cas , je ne furfais point mon
ouvrage , & j'aggrandis la carriere des arts
en écartant les artiftes , les ouvriers , les
mains , & tout ce qui n'eft que bouche &
appétit au fervice du public : car les bouches
mangent les arts , on ne fçauroit trop
le répéter. Plus on m'a difputé la poffibi
lité du clavecin , plus j'ai pris à tâche d'en
conftater la facilité & d'en fimplifier la
pratique. Et puifque toutes mes démonftrations
ne m'ont fervi de rien , me voilà
de démonftrateur devenu monftrateur , ou
montreur de curiofité , de rareté , de fingularité
, puifque ce mot plaît tant à la
pluralité de deux ou trois beaux efprits.
Je veux bien en convenir ; la chofe eft
finguliere , rare & curieufe , de colorer le
fon , de faire fonner la couleur , de rendre
l'aveugle juge des couleurs par l'oreille , &
le fourd juge du fon par l'oeil . Autrefois je
m'en défendois comme d'un beau meutre :
aujourd'hui je me livre à tout le paradoxe
de mon entrepriſe depuis que j'en ai fait
un jeu . Or je n'avois promis qu'un jeu .
Et en bonne- foi , mon cher ami , vous le
fçavez , vous le voyez , vous en avez vû
G iiij
152 MERCURE DE FRANCE.
isz
tous les progrès nuancés ; n'eft - ce pas un
jeu de trouver même fi difficile , fi impoffible
, en tirant un cordon , une targette ;
en baiffant une touche d'ouvrir une foupape
de lumiere , lorfqu'on ouvre une foupape
de fon , & de faire voir bleu , lorfqu'on
entend ut , rouge en entendant ſol ;
de faire voir du clair , lorfqu'on entend
de l'aigu , du fombre , en entendant du
grave ?
Du refte , il n'y a que du bien dans mon
projet , & quand je ne réuffirois pas à aggrandir
la carriere des arts , je n'ôte rien à
fa grandeur , & perfonne n'a droit de la
refferrer , de la borner plus qu'elle n'eft
jufqu'ici bornée & refferrée. Ce n'eft pas
moi qui ai le premier affirmé l'harmonie
des couleurs , de la peinture , de l'architecture
. Je n'ai fait que les démontrer &
les montrer. Avant moi Pline , les Grecs
Felibien même , en avoient beaucoup difcouru
par instinct , par fentiment , en gens
d'efprit , en experts . Mais voilà peut - être
comme on aime les chofes dans le nuage ,
dans le myftere , dans ce fameux je ne fçais
quoi dont les littérateurs font tant d'éloges.
›
On a voulu voir & revoir mes couleurs ,
& je crois que je ne les ai que trop montrées
, & que je n'y ai été que trop d'abord
JUILLET. 17550 153
·
en mal habile artifte , en mauffade ouvrier.
Elles ont ébloui , fatigué , offufqué la vûe ,
les yeux. M. de Voltaire le difoit , le prédifoit
, le préfentoit ainfi il y a 20 ans. Ne
montrons donc point tant , difcourons en
fimples littérateurs , en poëtes même . Horace
, le poëte du goût , définit l'harmonie
une unité , une fimplicité : Denique fit
quod vis fimplex dum taxat & unum. Ailleurs
il la définit l'ordre , la régularité : Ordinis
hac virtus erit & verus. Les peintres la
font confifter dans l'entente des couleurs
dans l'unité du deffein , dans le beau toutenfemble.
Tout cela ne vient il pas au fimple accord
des parties confonantes des muficiens,
vrais juges en cette matiere ? Et puis la
vraie étymologie du mot harmonie décide
de tout. Apta commiſſura , junctura , difent
les Grecs , que je traduirois même plus littéralement
, ce me femble , par apta unitas ,
comme Horace , fimplex unitas ; car il y a
du monas dans harmonie. En un mot , variété
& unité , variété de parties , unité de
tout , font l'harmonie en tout genre felon
tout le monde . Eft - ce que les couleurs
manquent de variété en elles- mêmes ? Il y
en a autant que de fons . Eft- ce que la nature
, eft-ce que l'art n'en font pas tous
les jours des grouppes , des contraftes ,
Gv
154 MERCURE DE FRANCE.
des affortimens , des accords charmans ?
Mais c'eft l'architecture , calomniée à
mon occafion , que je me reprocherois de
laiffer retomber dans une barbarie pis qué
gothique , en l'abandonnant à l'enharmonie
où on l'a réduit. Quoi ! un grand
fuperbe & majestueux édifice , une bafili
que telle que S. Pierre de Rome , Notre
Dame de Paris , & mille autres magnifiques
temples du Seigneur. Un palais de
Roi , le Louvre , le Luxembourg , le Vatitan
même , & des millions de palais &
d'hôtels n'ont donc point d'harmonie
d'union de parties , de régularité , d'ordre
d'accord , de beau tout- enfemble , capable
d'impofer à l'oeil , de charmer l'efprit ?
›
Je vois , j'entends , je fens dequoi il s'a
git. Nos adverfaires fe trompent en habiles
gens. Ils me battent de mes armes : ils me
prennent en géometre, lorfque je leur écha
pe en artiſte , & me dérobe à leurs yeux fçavans
en artifan. Odi profanum vulgus , me
difent- ils noblement. Il y a long-tems que
j'ai obfervé que la géométrie eft une fcience
fublime , mais fiere , guindée & abftraite
, qui n'éclaire que la plus haute
région de l'efprit , dédaignant de rayoner
fur des mains. Auffi m'en fuis-je toujours
préparé l'échapatoire , fi ce terme eft permis
à un artifan , & vous ai répété vingt fois
JUILLET. 1755 155
mon cher Monfieur , que l'efprit géométrique
valoit mieux dans les arts que la géométrie
même & en perfonne.
La géométrie , qu'il me foit permis de
le redire , eft le corps fec , le fquelete décharné
de tous les objets fenfibles , réduits
non à leurs linéamens propres , comme le
deffein , mais à leurs dimenfions vagues ,
longueur , largeur , profondeur , lignes
furfaces & points extrêmes , figures marginales
, coupes & profils. Les arts net
manient point toutes ces impalpabilités là ,
vrais fpectres , vains fantômes dans l'uſage
ordinaire de la vie.
Nommément l'harmonie , les anciens
l'ont tout-à- fait alembiquée & rendue immaniable
, en la remontant aux proportions
géométriques , compliquées avec les
proportions arithmétiques , complication
qui acheve d'en débouter les arts . Or on la
voit dans ces différences de nombres combinées
avec leurs rapports : car qui dit
différence , dit de l'arithmétique ; & qui
dit rapport , dit du géométrique. Et tout
` eft dit.
Parce qu'on n'a pû ou fçû retrouver
l'harmonie des muficiens même , & à plus
forte raifon des peintres & des architectes ,
dans cette proportion foi-difant harmonique
, on a conclu néant d'harmonie pour
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
ces derniers arts , comme fi les mefures ;
par exemple , d'une colonne , de fon renflement
, de fa bafe , de fon piédeftal , focle
, couronnement , corniche , volute , architrave
, & d'un fimple fefton même ,
n'étoient pas chofes déterminées par des
nombres précis dans les fimples devis d'un
architecte comme fi la détermination du
module ne fondoit pas tous les rapports
des parties d'un ornement , d'un bâtiment
même tout entier. Or qui dit nombre ,
rapports quelconques , modules & détermination
, dit évidemment harmonie ; harmonie
même ici pour les yeux , n'y manquant
que le jeu pour en faire un clavecin .
Le feul plaifir de l'oeil ou de tout autre
de nos fens , ne peut- être qu'un plaifir
d'harmonie : car tel qui m'avoue que le
jeu de mon clavecin fait ou fera plaifir à
voir , fe croit un habile homme à me difputer
que ce plaifir foit un plaifir d'harmonie
, comme s'il pouvoit y en avoir
d'autre. On ne chicane pas les plaifirs , &
l'on feroit mieux de fe rendre acceffible à
celui- ci , que de me forcer à le tout analyfer
. La plupart de nos plaifirs analyſés
ne font plus des plaifirs : ils font faits pour
être fentis & non pour être connus . Con◄
noître eft un plaifir d'efprit , la plûpart ne
s'en foucient gueres. Dès que nos plaifirs
JUILLET. 1755. 157
font le réfultat de plufieurs fentimens caufés
par une fucceffion , ou une diverfité
d'objets , de mouvemens & d'opérations ;
il eft hors de doute que ce réſultat doit
être un & fimple , naiffant du concert &
de l'accord de toutes les parties , objets ,
mouvemens & fentimens qui le compofent.
Pour moi , je ne conçois que l'enfer ubi
nullus ordo , fed fempiternus horror inhabitat ,
& j'aime à penfer que le paradis eſt tout
harmonie .
C'eft tout franc la bonne & belle littérature
, & le bon goût même de toutes
chofes qui me paroiffent de tous les arts
les plus tombés , par un bel efprit foidifant
de philofophie bien plus que de
géométrie. Sans géométrie même ni arithmétique
, il ne m'a fallu qu'un peu de
goût de la belle nature , pour trouver que
le bleu mene au verd par le celadon , le
verd au jaune par l'olive , le jaune au
rouge par l'aurore & l'orangé , le rouge
aux violets par les cramoifis ; les violets.
nous ramenant au bleu pour recommencer
une nouuelle octave nuancée de coloris , à
l'aide du clair- obſcur , dont voici les dégrés.
Le noir ténébreux mene à l'obfcur , l'obfcur
au fombre , le fombre au brun , le
brun au foncé , le foncé au férieux , le
158 MERCURE DE FRANCE.
férieux au majeftuenx , le majestueux au
noble , le noble au beau , le beau au gracieux
, le gracieux au joli , au gai , le gai
au clair , le clair au blanc , le blanc au
lumineux éblouiffant qui ne fe laiffe point
voir , mais par qui tout eft vû . Sont-ce là
des termes mais on en a vû les échantillons
, il y a zo ans , & tous les jours ces
termes nous fervent à caractérifer les couleurs.
Eft-ce ma faute s'il y a des efprits ,
des yeux même pour qui les termes ne
font que des termes , des mots , verba &
voces.
J'aurois pû me fervir des mots un peu
plus techniques de gris noir , gris brun ,
gris d'ardoife , gris de fouris , &c . J'ai
mieux aimé me fervir des termes qui réveillent
des fentimens . Les anciens difoient
lés couleurs , c'eft le clair-obfcur qui eft unt
mêlange d'ombre & de lumiere. Je fuis
avec beaucoup de confidération , mon cher
Monfieur , & c.
L. CASTEL.
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Résumé : LETTRE DU PERE CASTEL, A M. Rondet, Mathématicien, sur sa Réponse au P. L. J. au sujet du Clavecin des couleurs.
Le Père Castel répond à M. Rondet concernant une critique de son clavecin des couleurs. Il exprime sa gratitude pour l'éviterment d'un débat direct et se réjouit du succès public de son invention, acclamée par 200 personnes le 1er janvier 1755 et par 50 personnes le 21 décembre 1754. Castel souligne son amour pour les arts et son désir de les servir gratuitement pour le bien public. Il déplore la décadence des arts due à une ambition de style et de bel-esprit, préférant la véritable émulation et le travail honnête. Il mentionne les éloges de Voltaire et d'autres personnalités comme Montesquieu et Fontenelle, qui ont soutenu son projet. Castel raconte l'histoire de son clavecin, annoncé en 1725 mais réalisé seulement en 1755 après des années de développement et de critiques. Il insiste sur la simplicité et la praticabilité de son invention, qui a été rendue accessible au public malgré les obstacles. Il conclut en affirmant que son projet apporte du bien et ne nuit en rien à la grandeur des arts. Le texte discute également de la relation entre la géométrie et les arts, soulignant que la géométrie est une science sublime mais abstraite, dédaignant les aspects pratiques. L'auteur préfère l'esprit géométrique dans les arts plutôt que la géométrie elle-même. Il critique l'approche des anciens qui ont compliqué l'harmonie en la liant aux proportions géométriques et arithmétiques, rendant ainsi les arts inaccessibles. L'auteur affirme que l'harmonie est essentielle à tous les plaisirs sensoriels, y compris la vision. Il explique que les plaisirs résultent de la combinaison de divers sentiments et objets, créant une expérience harmonieuse. Il compare l'enfer à l'absence d'ordre et le paradis à l'harmonie. Le texte se termine par une réflexion sur les couleurs et leur transition, illustrant comment les nuances peuvent être décrites et perçues. L'auteur utilise des termes évocateurs pour décrire les dégradés de couleurs, préférant des mots qui éveillent des sentiments plutôt que des termes techniques. Il conclut en exprimant son admiration pour la beauté naturelle et l'harmonie dans les arts.
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22
p. 207-208
DANSE.
Début :
Comme le Mercure est fait pour être le héraut des arts, & que notre devoir [...]
Mots clefs :
Danse, Opéra, Ballet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DANSE.
ARTS AGRÉABLE S.
Co
DANS E.
Omme le Mercure eft fait pour être
le héraut des arts , & que notre devoir
eft furtout de marquer leurs progrès ,
à mesure qu'ils fe perfectionnent , nous
croirions y manquer , fi nous tardions plus
long tems à parler ici de la danfe. Elie eft
actuellement la premiere colonne de l'Opéra
. L'art acceffoire y eft devenu l'art principal.
Les balets de M. Lani contribuent à
lui mériter cette gloire. Qu'on juge de leur
pouvoir par leurs effets . Ils ont réchauffé
la froideur d'Ajax , & viennent d'égayer
la trifteffe du Carnaval. Il est vrai que les
talens de la foeur ont bien fecondé les travaux
du frere. Mlle Lani met dans fes pas
la précifion , l'aifance , la légereté , en un
mot le fini que Mlle Fel met dans le chant ,
c'est dire qu'elle vient de porter la haute
danfe à fon point de perfection . Mlle Camargo
avoit commencé le genre , Mlle Lani
208 MERCURE DE FRANCE
l'acheve. Mlle Puvigné de fon côté fou
tient avec fuccès la danfe terre à terre. Elle
a heureuſement remplacé Mlle Salé. Quel
éloge ! les graces nobles & détentes la diftinguent.
La gaieté vive & brillante caractérife
Mlle Lyonnois , & l'effor prompt &
facile d'un oifeau qui vole de branche en
branche peint l'agilité de Mlle Rey. On
peut dire pour le coup que la danfe eft
tombée en quenouille , les femmes en font
tout l'ornement , elles tiennent le premier
rang à l'Opéra , ainfi qu'à tous les autres
fpectacles. Rien ne manqueroit au tableau
varié qu'elles offrent aujourd'hui ſur la
fcene danfante , fi on y voyoit paroître
Mlle Veftris , cette aimable danſeuſe de la
volupté , dont l'expreffion paffionnée porte
le feu du plaifir dans les ames les plus froides.
Il feroit à fouhaiter pour l'honneur des
hommes , & pour le bien de ce théâtre ,
que M. Veftris fon frere y rentrât au plutôt
avec elle . Son abſence y fait un vuide ,
que rien ne peut remplir ; & qui laiffe la
danfe imparfaite.
Co
DANS E.
Omme le Mercure eft fait pour être
le héraut des arts , & que notre devoir
eft furtout de marquer leurs progrès ,
à mesure qu'ils fe perfectionnent , nous
croirions y manquer , fi nous tardions plus
long tems à parler ici de la danfe. Elie eft
actuellement la premiere colonne de l'Opéra
. L'art acceffoire y eft devenu l'art principal.
Les balets de M. Lani contribuent à
lui mériter cette gloire. Qu'on juge de leur
pouvoir par leurs effets . Ils ont réchauffé
la froideur d'Ajax , & viennent d'égayer
la trifteffe du Carnaval. Il est vrai que les
talens de la foeur ont bien fecondé les travaux
du frere. Mlle Lani met dans fes pas
la précifion , l'aifance , la légereté , en un
mot le fini que Mlle Fel met dans le chant ,
c'est dire qu'elle vient de porter la haute
danfe à fon point de perfection . Mlle Camargo
avoit commencé le genre , Mlle Lani
208 MERCURE DE FRANCE
l'acheve. Mlle Puvigné de fon côté fou
tient avec fuccès la danfe terre à terre. Elle
a heureuſement remplacé Mlle Salé. Quel
éloge ! les graces nobles & détentes la diftinguent.
La gaieté vive & brillante caractérife
Mlle Lyonnois , & l'effor prompt &
facile d'un oifeau qui vole de branche en
branche peint l'agilité de Mlle Rey. On
peut dire pour le coup que la danfe eft
tombée en quenouille , les femmes en font
tout l'ornement , elles tiennent le premier
rang à l'Opéra , ainfi qu'à tous les autres
fpectacles. Rien ne manqueroit au tableau
varié qu'elles offrent aujourd'hui ſur la
fcene danfante , fi on y voyoit paroître
Mlle Veftris , cette aimable danſeuſe de la
volupté , dont l'expreffion paffionnée porte
le feu du plaifir dans les ames les plus froides.
Il feroit à fouhaiter pour l'honneur des
hommes , & pour le bien de ce théâtre ,
que M. Veftris fon frere y rentrât au plutôt
avec elle . Son abſence y fait un vuide ,
que rien ne peut remplir ; & qui laiffe la
danfe imparfaite.
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Résumé : DANSE.
Le texte du Mercure de France souligne l'importance croissante de la danse à l'Opéra, où elle est devenue l'art principal. Les ballets de M. Lani ont contribué à cette reconnaissance, notamment avec les productions Ajax et le Carnaval. Mlle Lani, sœur de M. Lani, est particulièrement saluée pour sa précision, son aisance et sa légèreté, achevant ainsi la perfection de la haute danse initiée par Mlle Camargo. D'autres danseuses comme Mlle Puvigné, Mlle Lyonnois et Mlle Rey sont également mentionnées pour leurs qualités respectives : Mlle Puvigné pour sa grâce noble et détendue, Mlle Lyonnois pour sa gaieté vive et brillante, et Mlle Rey pour son agilité. Le texte met en avant la domination des femmes sur la scène de la danse, tenant le premier rang à l'Opéra et dans d'autres spectacles. L'absence de Mlle Vestris, connue pour son expression passionnée, est regrettée, ainsi que l'absence de son frère, M. Vestris, dont le retour est souhaité pour compléter l'excellence de la danse à l'Opéra.
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23
p. 209-210
MUSIQUE.
Début :
SECOND livre ou recueil d'airs en duo choisis & ajustés pour les flûtes, violons, [...]
Mots clefs :
Musique, Flûte, Musette, Violons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
SECOND ECOND livre ou recueil d'airs en duo,
choifis & ajuftés pour les flûtes , violons ,
& pardeffus de violes , dont la plûpart
peuvent le jouer fur la vielle & la mufette ,
tant naturellement , que par des clefs de
tranfpofition pofées au commencement
defdits airs , divifés en fept fuites , avec
un prélude fur chaque ton , par M. Bordet,
Maître de flûte traverfière , gravé par Labaffée.
Prix fix livres en blanc ; fe vend à
Paris , chez ledit fieur Bordet , rue du Ponceau
, près la Fontaine , la feconde porte
cochere à droite en entrant par la rue faint
Denis ; le fieur Bayard Marchand , rue S.
Honoré , à la Régle d'or ; le fieur Le Clerc
Marchand , rue du Roule , à la Croix d'or ;
Mlle Caftagnery Marchande , rue des Prou
vaires , à la Mufique royale ; & à Lyon ,
chez M. Bretonne Marchand , grande rue
Merciere .
L'on trouvera aux même adreffes le premier
livre , auffi à l'ufage de la flûte , du
violon , du pardeffus de viole , & de la
mufette , avec des obfervations fur la touche
defdits inftrumens , en tête duquel eft
un précis des principes de la Mufique , ou
210 MERCURE DE FRANCE.
vrage
fait pour la commodité des Maîtres
& l'utilité des Ecoliers. Ces deux livres
font encore fort utiles aux perfonnes qui
apprennent la Mufique vocale , parce que
la plus grande partie des airs qu'ils contiennent
, font des airs chantans & connus
, & qu'après avoir folfiés les premiers
deffus ils pourront auffi s'exercer fur les
feconds deffus , ce qui ne contribuera
peu à leur avancement & à les amufer.
pas
Le premier livre ayant été fini avec
beaucoup de précipitation , il s'y étoit
gliffé quelques fautes que l'on a corrigées
avant d'en tirer de nouveaux exemplaires.
L'on trouvera encore aux mêmes adreffes
à Paris deux grands concerto pour la
flûte , du même Auteur , en huit parties
féparées ; fçavoir , la flûte , quatre violons,
un alto viole , & deux baffes particulieres.
SECOND ECOND livre ou recueil d'airs en duo,
choifis & ajuftés pour les flûtes , violons ,
& pardeffus de violes , dont la plûpart
peuvent le jouer fur la vielle & la mufette ,
tant naturellement , que par des clefs de
tranfpofition pofées au commencement
defdits airs , divifés en fept fuites , avec
un prélude fur chaque ton , par M. Bordet,
Maître de flûte traverfière , gravé par Labaffée.
Prix fix livres en blanc ; fe vend à
Paris , chez ledit fieur Bordet , rue du Ponceau
, près la Fontaine , la feconde porte
cochere à droite en entrant par la rue faint
Denis ; le fieur Bayard Marchand , rue S.
Honoré , à la Régle d'or ; le fieur Le Clerc
Marchand , rue du Roule , à la Croix d'or ;
Mlle Caftagnery Marchande , rue des Prou
vaires , à la Mufique royale ; & à Lyon ,
chez M. Bretonne Marchand , grande rue
Merciere .
L'on trouvera aux même adreffes le premier
livre , auffi à l'ufage de la flûte , du
violon , du pardeffus de viole , & de la
mufette , avec des obfervations fur la touche
defdits inftrumens , en tête duquel eft
un précis des principes de la Mufique , ou
210 MERCURE DE FRANCE.
vrage
fait pour la commodité des Maîtres
& l'utilité des Ecoliers. Ces deux livres
font encore fort utiles aux perfonnes qui
apprennent la Mufique vocale , parce que
la plus grande partie des airs qu'ils contiennent
, font des airs chantans & connus
, & qu'après avoir folfiés les premiers
deffus ils pourront auffi s'exercer fur les
feconds deffus , ce qui ne contribuera
peu à leur avancement & à les amufer.
pas
Le premier livre ayant été fini avec
beaucoup de précipitation , il s'y étoit
gliffé quelques fautes que l'on a corrigées
avant d'en tirer de nouveaux exemplaires.
L'on trouvera encore aux mêmes adreffes
à Paris deux grands concerto pour la
flûte , du même Auteur , en huit parties
féparées ; fçavoir , la flûte , quatre violons,
un alto viole , & deux baffes particulieres.
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Résumé : MUSIQUE.
Le document présente le 'SECOND ECOND livre ou recueil d'airs en duo' composé par M. Bordet, Maître de flûte traversière. Ce recueil est destiné aux flûtes, violons et pardeffus de violes, et peut également être joué sur la vielle et la musette grâce à des clefs de transposition fournies. Il est structuré en sept suites, chacune précédée d'un prélude, et est gravé par Labaffée. Le prix est fixé à six livres. Le recueil est disponible à Paris chez plusieurs marchands, dont M. Bordet, rue du Ponceau, et à Lyon chez M. Bretonne. Le premier livre, également disponible, inclut des observations sur la touche des instruments et un précis des principes de la musique, utile pour les maîtres et les élèves. Les deux livres sont bénéfiques pour ceux qui apprennent la musique vocale, car ils contiennent des airs chantants et connus. Le premier livre a été corrigé pour éliminer les fautes présentes dans les premières éditions. De plus, deux grands concertos pour la flûte en huit parties séparées sont également disponibles.
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24
p. 210-212
GRAVURE.
Début :
M. de Marcenay vient de faire paroître l'estampe qu'il a gravée d'après le tableau [...]
Mots clefs :
Estampes, Gravure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
M. de Marcenay vient de faire paroître
l'eftampe qu'il a gravée d'après le tableau
original du cabinet de M. le Marquis
de Voyer, que nous avons annoncé dans
le Mercure du mois d'Avril dernier , en
parlant du début de cet Artifte. Il eft de
AOUST. 1755 211
Rembrandt , & repréfente Tobie recouvrant
la vûe. La fcene fe paffe dans l'intérieur
d'une maifon où le Peintre a préféré
certain defordre pittorefque à une architecture
affervie au coftume. Il paroît s'y
être furpaffé dans les effets furprenans qu'il
y a introduits : fon grouppe principal compofé
de quatre figures, Tobie , fa femme ,
fon fils , & l'Ange qui lui avoit fervi de
guide , eft placé dans le centre de la viſion ,
recevant immédiatement le jour de la fenêtre
, d'autant plus éclatant , qu'il a éteint
les extrêmités du tableau , qui d'ailleurs ne
laiffe rien à defirer fur cette partie fi difficile
à traiter , je veux dire le clair- obfcur.
La fingularité qui fouvent a déterminé
Rembrandt dans fes penfées , l'a fait écar
ter ici du texte de l'Ecriture pour transformer
le jeune tobie en oculifte , qui ,
l'aiguille à la main , leve la cataracte à fon
pere. Il eft très attentif à cette opération
délicate , & le vieillard fort fenfible à la
douleur dont il eft affecté ; fa femme femble
l'exhorter à la patience , & prendre
part à fa peine par la façon affectueufe
dont elle lui ferre la main. Plufieurs figures
grouppées dans l'ombre témoignent
leur furpriſe d'une pareille cure .
Ce grand Maître a fçu tirer parti de
tous les accidens qui ont pu le favorifer
212 MERCURE DE FRANCE.
dans la conduite d'un ouvrage auffi extraordinaire.
Il a allumé du feu dans la cheminée
afin de détacher de ce fond enfumé
l'habillement du jeune homme d'un bleu
tirant fur le noir , dont avoit également
befoin une écharpe en or à qui l'ombre auroit
ôté l'effet fans ce ftratagême. C'eft en
core par une fuite de ce folide raiſonnement
qu'il s'eft fervi de ce même vêtement
comme du fond le plus avantageux à la
poignée de fon fabre , qui pour être d'argent
, & frappée du jour principal , paroît
fortir fort réellement du tableau
violence de la pofition.
par
la
Ce détail , quoique fuccinct , pourra
néanmoins donner une idée légere des
beautés répandues dans cette production
piquante , où la touche eft auffi vraie que
fpirituelle , & le clair- obfcur porté à un
dégré de fublimité , fi j'ofe le dire par la
maniere excellente dont il y eft traité.
M. de Marcenay n'a point méconnu les
difficultés d'une pareille entreprife ; mais
les bontés du public fur fon effai l'ont excité
à les mériter de nouveau par des tra
vaux plus confidérables .
L'Eftampe fe vend à Paris chez l'Auteur,
sue des vieux Auguftins , près l'Egoût.
M. de Marcenay vient de faire paroître
l'eftampe qu'il a gravée d'après le tableau
original du cabinet de M. le Marquis
de Voyer, que nous avons annoncé dans
le Mercure du mois d'Avril dernier , en
parlant du début de cet Artifte. Il eft de
AOUST. 1755 211
Rembrandt , & repréfente Tobie recouvrant
la vûe. La fcene fe paffe dans l'intérieur
d'une maifon où le Peintre a préféré
certain defordre pittorefque à une architecture
affervie au coftume. Il paroît s'y
être furpaffé dans les effets furprenans qu'il
y a introduits : fon grouppe principal compofé
de quatre figures, Tobie , fa femme ,
fon fils , & l'Ange qui lui avoit fervi de
guide , eft placé dans le centre de la viſion ,
recevant immédiatement le jour de la fenêtre
, d'autant plus éclatant , qu'il a éteint
les extrêmités du tableau , qui d'ailleurs ne
laiffe rien à defirer fur cette partie fi difficile
à traiter , je veux dire le clair- obfcur.
La fingularité qui fouvent a déterminé
Rembrandt dans fes penfées , l'a fait écar
ter ici du texte de l'Ecriture pour transformer
le jeune tobie en oculifte , qui ,
l'aiguille à la main , leve la cataracte à fon
pere. Il eft très attentif à cette opération
délicate , & le vieillard fort fenfible à la
douleur dont il eft affecté ; fa femme femble
l'exhorter à la patience , & prendre
part à fa peine par la façon affectueufe
dont elle lui ferre la main. Plufieurs figures
grouppées dans l'ombre témoignent
leur furpriſe d'une pareille cure .
Ce grand Maître a fçu tirer parti de
tous les accidens qui ont pu le favorifer
212 MERCURE DE FRANCE.
dans la conduite d'un ouvrage auffi extraordinaire.
Il a allumé du feu dans la cheminée
afin de détacher de ce fond enfumé
l'habillement du jeune homme d'un bleu
tirant fur le noir , dont avoit également
befoin une écharpe en or à qui l'ombre auroit
ôté l'effet fans ce ftratagême. C'eft en
core par une fuite de ce folide raiſonnement
qu'il s'eft fervi de ce même vêtement
comme du fond le plus avantageux à la
poignée de fon fabre , qui pour être d'argent
, & frappée du jour principal , paroît
fortir fort réellement du tableau
violence de la pofition.
par
la
Ce détail , quoique fuccinct , pourra
néanmoins donner une idée légere des
beautés répandues dans cette production
piquante , où la touche eft auffi vraie que
fpirituelle , & le clair- obfcur porté à un
dégré de fublimité , fi j'ofe le dire par la
maniere excellente dont il y eft traité.
M. de Marcenay n'a point méconnu les
difficultés d'une pareille entreprife ; mais
les bontés du public fur fon effai l'ont excité
à les mériter de nouveau par des tra
vaux plus confidérables .
L'Eftampe fe vend à Paris chez l'Auteur,
sue des vieux Auguftins , près l'Egoût.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte annonce la publication d'une gravure réalisée par M. de Marcenay, inspirée d'un tableau original de Rembrandt appartenant au Marquis de Voyer. Cette œuvre, intitulée 'Tobie recouvrant la vue', avait été précédemment annoncée dans le Mercure d'avril 1755. La scène se déroule à l'intérieur d'une maison, où Rembrandt a privilégié un désordre pictural à une architecture conforme aux coutumes. Le groupe principal, composé de Tobie, sa femme, leur fils et un ange, est placé au centre de la composition, recevant la lumière directe d'une fenêtre, contrastant avec les extrémités plus sombres du tableau. Rembrandt a modifié le texte biblique en représentant le jeune Tobie comme un oculiste opérant son père. La femme de Tobie exhorte son mari à la patience, tandis que plusieurs figures dans l'ombre témoignent de leur surprise. Rembrandt utilise divers artifices, comme un feu dans la cheminée, pour mettre en valeur certains éléments du tableau. La gravure est disponible à la vente à Paris chez l'auteur, rue des Vieux Augustins, près l'Égout.
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25
p. 213
VERS pour être mis au bas de l'Estampe de feu M. Languet, Archevêque de Sens.
Début :
Digne de nos respects, digne de notre amour, [...]
Mots clefs :
Estampe, Jean-Joseph Languet de Gergy
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VERS pour être mis au bas de l'Estampe de feu M. Languet, Archevêque de Sens.
VERS
Pour être mis an bas de l'Eftampe defeu
M. Languet , Archevêque de Sens.
Digne de nos refpects , digne de notre amour ,
De la foi , défenſeur fidele .
Languet , du céleſte ſéjour ,
Protege le Clergé dont tu fus le modele .
Chevalier pinxit 1752. Gaillard fculpfit 1753 .
Hac Beneficiorum memor dicavit Mauroy, Cantor
regalis Ecclefia de Meloduno.
Les Villageois de l'Apennin. J. Ouvrier les
a gravés d'après le tableau original d'un
pied cinq pouces de hauteur fur un pied
dix pouces de largeur , peint par M. Pierre,
& les a dédiés à M. Cochin , dont je fupprime
ici les qualités , perfuadé que fon
nom eft fon plus beau titre, L'Auteur de
cette Eftampe a l'avantage d'être fon éleve.
On y reconnoit le goût d'un fi grand
Maître . C'eft l'éloge le plus flateur qu'on
en puiffe faire. On la trouve à Paris , chez
lui ( J. Ouvrier , ) rue des Noyers , chez
M. Bertrand, Chirurgien .
Les Pêcheurs à la ligne . Cette Eftampe
eft gravée par J. B. Derrey , d'après le tableau
de J. Afelein du cabinet de M. Aved,
& fe vend à Paris , chez Noëlle Mire, rue
S. Jacques , au Soleil d'or , vis - à - vis le
Pleffis .
Pour être mis an bas de l'Eftampe defeu
M. Languet , Archevêque de Sens.
Digne de nos refpects , digne de notre amour ,
De la foi , défenſeur fidele .
Languet , du céleſte ſéjour ,
Protege le Clergé dont tu fus le modele .
Chevalier pinxit 1752. Gaillard fculpfit 1753 .
Hac Beneficiorum memor dicavit Mauroy, Cantor
regalis Ecclefia de Meloduno.
Les Villageois de l'Apennin. J. Ouvrier les
a gravés d'après le tableau original d'un
pied cinq pouces de hauteur fur un pied
dix pouces de largeur , peint par M. Pierre,
& les a dédiés à M. Cochin , dont je fupprime
ici les qualités , perfuadé que fon
nom eft fon plus beau titre, L'Auteur de
cette Eftampe a l'avantage d'être fon éleve.
On y reconnoit le goût d'un fi grand
Maître . C'eft l'éloge le plus flateur qu'on
en puiffe faire. On la trouve à Paris , chez
lui ( J. Ouvrier , ) rue des Noyers , chez
M. Bertrand, Chirurgien .
Les Pêcheurs à la ligne . Cette Eftampe
eft gravée par J. B. Derrey , d'après le tableau
de J. Afelein du cabinet de M. Aved,
& fe vend à Paris , chez Noëlle Mire, rue
S. Jacques , au Soleil d'or , vis - à - vis le
Pleffis .
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Résumé : VERS pour être mis au bas de l'Estampe de feu M. Languet, Archevêque de Sens.
Le document décrit plusieurs estampes et leurs caractéristiques. La première estampes est dédiée à M. Languet, Archevêque de Sens, et a été peinte par Chevalier en 1752 et gravée par Gaillard en 1753. Elle a été dédiée par Mauroy, chantre de l'église royale de Melun. Une autre estampe, intitulée 'Les Villageois de l'Apennin', a été gravée par J. Ouvrier d'après un tableau original de M. Pierre. Elle mesure un pied cinq pouces de hauteur sur un pied dix pouces de largeur et est dédiée à M. Cochin, élève de l'auteur. Enfin, l'estampe 'Les Pêcheurs à la ligne' a été gravée par J. B. Derrey d'après un tableau de J. Afelein du cabinet de M. Aved. Cette estampe est disponible à Paris chez Noëlle Mire, rue Saint-Jacques, au Soleil d'or, en face des Pressoirs.
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26
p. 199-201
PEINTURE. Explication d'un tableau peint à l'encre de la Chine, représentant l'Union de Psiché avec l'Amour, dédié à Madame la Comtesse de Gisors ; par M. Gosmond de Vernon, Dessinateur & Pensionnaire du Roi.
Début :
Ce tableau, qui a pour objet le mariage de M. le Comte de Gisors, avec Mlle [...]
Mots clefs :
Tableau, Psyché, Amour, Comte de Gisors, Augustin Gosmond de Vernon, Dessinateur du Roi, Pensionnaire du Roi
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texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. Explication d'un tableau peint à l'encre de la Chine, représentant l'Union de Psiché avec l'Amour, dédié à Madame la Comtesse de Gisors ; par M. Gosmond de Vernon, Dessinateur & Pensionnaire du Roi.
PEINTURE.
Explication d'un tableau peint à l'encre de la
Chine, repréfentant l'Union de Pfiché avec .
l'Amour , dédié à Madame la Comteffe
de Gifors ; par M. Gofmond de Vernon ,
Deffinateur & Penfionnaire du Roi.
E tableau, qui a pour objet le mariage
de M. le Comte de Gifors, avec Mlle
de Nivernois , eft compofé de plufieurs
grouppes de figures.
Le grouppe fupérieur repréſente Jupiter
dans la gloire , accompagné de Junon . Le
Souverain des Dieux paroît donner fon
applaudiffement à l'Union de Pfiché avec
l'Amour , qui fait le principal fujet du tableau.
Junon appuyée fur une corne d'abondance,
répand des fleurs fur les époux :
heureux préfage des douceurs & des fruits
précieux que doit produire cet Hymenée !
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Ces Divinités qui , chez les anciens , préfidoient
aux mariages illuftres , ont pour
but de défigner l'augufte approbation que
le Roi & la Reine ont fait l'honneur d'accorder
à celui- ci .
On voit au -deffous , l'autel de l'Hymen :
Pfiché eft à côté , couronnée de roſes, qui
donne modeftement fa main à l'Amour.
Ce Dieu vole à elle , & marque par fon
air empreffé , combien il eft fenfible au
bonheur , dont il va jouir. L'Union de ce
Dieu & de cette Déeffe , préfente d'une
maniere allégorique M. le Comte de Gifors
, fous la forme de l'Amour ; & fous
celle de Pfiché , les perfections de Madame
la Comteffe fon épouse .
Au bas de l'autel eft l'Hymen , qui
tient un cartouche , où les armes des époux
font réunies . Il exprime par fon foûrire ,
la joie qu'il reffent d'unir le plus aimable
& le plus chéri des Dieux à la Beauté , qui
feule a eu droit de le charmer. Le flambeau
& l'arc de l'Amour dépofés , près de lui ,
auffi bien que les palmes jointes à l'écuffon
, font des types affez clairs de la tendreffe
& de la gloire qui doivent réfulter
d'une femblable alliance .
Les grouppes qu'on obferve fur les côtés
, font allufion aux maifons refpectables
qui s'uniffent enſemble par ce mariage.
SEPTEMBRE . 1755. 201
Celui qui eft auprès de l'Amour , défigne
allégoriquement Mr le Maréchal Duc
de Belle- Ifle , fous les figures de Minerve
& d'Hercule , images de la fageffe , du
goût , de la fublimité des talens & de là
force du courage du héros qu'on a voulu
caractériſer. Hercule appuyé fur fa maffue
& fon bouclier , regarde avec fatisfaction
un Hymenée qui met le comble à tous fes
voeux , & Minerve offre une branche d'olivier
, fymbole du bonheur qui doit naître
d'une union que fa prudence a fçu ménager.
Le grouppe proche de Pfiché , eft compofé
d'Apollon & des Graces , Divinités
qui caractérisent M. le Duc & Madame la
Ducheffe de Nivernois. Les graces couronnées
de myrthes , préfentent une pareille
couronne fur la tête de Pfiché , &
paroiffent répandre fur elle par leur regards
affectionnées tous les dons aimables
dont elles peuvent gratifier les mortels .
Apollon , que la deftinée unit à ces filles
du ciel , confidere avec tranfport une liarfon
qui lui eft fi chere , puifqu'il y voit
réuni tout le prix de fes heureux talens &
de fes lumieres .
Explication d'un tableau peint à l'encre de la
Chine, repréfentant l'Union de Pfiché avec .
l'Amour , dédié à Madame la Comteffe
de Gifors ; par M. Gofmond de Vernon ,
Deffinateur & Penfionnaire du Roi.
E tableau, qui a pour objet le mariage
de M. le Comte de Gifors, avec Mlle
de Nivernois , eft compofé de plufieurs
grouppes de figures.
Le grouppe fupérieur repréſente Jupiter
dans la gloire , accompagné de Junon . Le
Souverain des Dieux paroît donner fon
applaudiffement à l'Union de Pfiché avec
l'Amour , qui fait le principal fujet du tableau.
Junon appuyée fur une corne d'abondance,
répand des fleurs fur les époux :
heureux préfage des douceurs & des fruits
précieux que doit produire cet Hymenée !
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Ces Divinités qui , chez les anciens , préfidoient
aux mariages illuftres , ont pour
but de défigner l'augufte approbation que
le Roi & la Reine ont fait l'honneur d'accorder
à celui- ci .
On voit au -deffous , l'autel de l'Hymen :
Pfiché eft à côté , couronnée de roſes, qui
donne modeftement fa main à l'Amour.
Ce Dieu vole à elle , & marque par fon
air empreffé , combien il eft fenfible au
bonheur , dont il va jouir. L'Union de ce
Dieu & de cette Déeffe , préfente d'une
maniere allégorique M. le Comte de Gifors
, fous la forme de l'Amour ; & fous
celle de Pfiché , les perfections de Madame
la Comteffe fon épouse .
Au bas de l'autel eft l'Hymen , qui
tient un cartouche , où les armes des époux
font réunies . Il exprime par fon foûrire ,
la joie qu'il reffent d'unir le plus aimable
& le plus chéri des Dieux à la Beauté , qui
feule a eu droit de le charmer. Le flambeau
& l'arc de l'Amour dépofés , près de lui ,
auffi bien que les palmes jointes à l'écuffon
, font des types affez clairs de la tendreffe
& de la gloire qui doivent réfulter
d'une femblable alliance .
Les grouppes qu'on obferve fur les côtés
, font allufion aux maifons refpectables
qui s'uniffent enſemble par ce mariage.
SEPTEMBRE . 1755. 201
Celui qui eft auprès de l'Amour , défigne
allégoriquement Mr le Maréchal Duc
de Belle- Ifle , fous les figures de Minerve
& d'Hercule , images de la fageffe , du
goût , de la fublimité des talens & de là
force du courage du héros qu'on a voulu
caractériſer. Hercule appuyé fur fa maffue
& fon bouclier , regarde avec fatisfaction
un Hymenée qui met le comble à tous fes
voeux , & Minerve offre une branche d'olivier
, fymbole du bonheur qui doit naître
d'une union que fa prudence a fçu ménager.
Le grouppe proche de Pfiché , eft compofé
d'Apollon & des Graces , Divinités
qui caractérisent M. le Duc & Madame la
Ducheffe de Nivernois. Les graces couronnées
de myrthes , préfentent une pareille
couronne fur la tête de Pfiché , &
paroiffent répandre fur elle par leur regards
affectionnées tous les dons aimables
dont elles peuvent gratifier les mortels .
Apollon , que la deftinée unit à ces filles
du ciel , confidere avec tranfport une liarfon
qui lui eft fi chere , puifqu'il y voit
réuni tout le prix de fes heureux talens &
de fes lumieres .
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Résumé : PEINTURE. Explication d'un tableau peint à l'encre de la Chine, représentant l'Union de Psiché avec l'Amour, dédié à Madame la Comtesse de Gisors ; par M. Gosmond de Vernon, Dessinateur & Pensionnaire du Roi.
Le texte décrit un tableau à l'encre de Chine représentant l'union de Psyché et de l'Amour, dédié à Madame la Comtesse de Gifors. Réalisé par M. Gofmond de Vernon, il célèbre le mariage de M. le Comte de Gifors et de Mlle de Nivernois. Le tableau est structuré en plusieurs groupes de figures. Le groupe supérieur montre Jupiter et Junon approuvant l'union, symbolisant l'approbation royale. Junon, appuyée sur une corne d'abondance, répand des fleurs sur les époux, représentant les douceurs et les fruits précieux de cette union. En dessous, l'autel de l'Hymen est présent, avec Psyché couronnée de roses donnant sa main à l'Amour. Cette scène allégorique représente M. le Comte de Gifors sous la forme de l'Amour et Madame la Comtesse sous celle de Psyché. L'Hymen, au bas de l'autel, tient un cartouche avec les armes des époux et exprime sa joie de les unir. Les symboles autour de lui, comme le flambeau et l'arc de l'Amour, évoquent la tendresse et la gloire de cette alliance. Les groupes sur les côtés font référence aux maisons respectables unies par ce mariage. Près de l'Amour, le Maréchal Duc de Belle-Isle est représenté par Minerve et Hercule, symbolisant la sagesse et la force. Près de Psyché, Apollon et les Grâces représentent M. le Duc et Madame la Duchesse de Nivernois, offrant une couronne de myrtes à Psyché et représentant les talents et les lumières d'Apollon.
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27
p. 202-203
GRAVURE.
Début :
Nous annonçons une estampe représentant une vûe de marine peinte par [...]
Mots clefs :
Gravure, Claude Joseph Vernet, Estampe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
Nfentant une vue de marine peinte par
OUS annonçons une eftampe repréqu'e
le célébre M. Vernet , dédiée à M. le Marquis
de Marigny. L'accueil & les éloges
'elle a reçus , prouvent affez le mérite
de cette gravûre. Nous ne pouvons mieux
la louer que de tranfcrire ici les propres
expreffions de M. Vernet fur cet ouvrage
, tirées de la lettre qu'il a écrite à M.
Balechou , & préfentée à M. de Marigny
en même tems que l'eftampe gravée
Avignon.
·
Lettre de M. Vernet.
Monfieur , je fuis extrêmement fatisfait
de l'eftampe que vous avez gravée d'après
un de mes tableaux ; elle eft bien entendue,
& a toute la force & l'harmonie qu'on
peut defirer dans une gravûre. J'approuve
très-fort l'intention où vous êtes de la dédier
à M. le Marquis de Marigny , il y va
de ma gloire & de mon intérêt , puifque
cela pourra augmenter la bonne opinion
qu'il a de mes talens , lorfqu'il verra que
vous employez le vôtre à tranſmettre à la
SEPTEMBRE . 1755. 203
postérité mes ouvrages . M. de Marigny a
trop de goût & de difcernement pour ne
pas faire un bon accueil à votre eftampe
& vous rendre toute la juftice que vous
méritez.
J'ai l'honneur d'être , & c.
A Toulon , le 3 Mai 1755 .
Vernet.
LE ST LE ROUGE , Ingénieur , Géographe
du Roi , rue des Auguftins , près
la rue S André , vient de publier une nouvelle
carte du Canada & de la Louifiane
pour l'intelligence des affaires actuelles en
Amérique.
Un effai du cours de l'Oyo ; l'élévation
perfpective de l'école royale militaire ; le
plan de la place de Louis XV. On trouve
chez le même l'Amérique feptentrionale ,
en huit feuilles , publiée a Londres par le
Docteur Mitchel . Prix 36 liv . Plus , un
affortiment des meilleures cartes & eftampes
Angloifes ; & un catalogue général des
meilleurs livres qui ont paru depuis cinquante
ans , en diverfes capitales de l'Allemagne
, & qu'il fournira à jufte prix .
Nfentant une vue de marine peinte par
OUS annonçons une eftampe repréqu'e
le célébre M. Vernet , dédiée à M. le Marquis
de Marigny. L'accueil & les éloges
'elle a reçus , prouvent affez le mérite
de cette gravûre. Nous ne pouvons mieux
la louer que de tranfcrire ici les propres
expreffions de M. Vernet fur cet ouvrage
, tirées de la lettre qu'il a écrite à M.
Balechou , & préfentée à M. de Marigny
en même tems que l'eftampe gravée
Avignon.
·
Lettre de M. Vernet.
Monfieur , je fuis extrêmement fatisfait
de l'eftampe que vous avez gravée d'après
un de mes tableaux ; elle eft bien entendue,
& a toute la force & l'harmonie qu'on
peut defirer dans une gravûre. J'approuve
très-fort l'intention où vous êtes de la dédier
à M. le Marquis de Marigny , il y va
de ma gloire & de mon intérêt , puifque
cela pourra augmenter la bonne opinion
qu'il a de mes talens , lorfqu'il verra que
vous employez le vôtre à tranſmettre à la
SEPTEMBRE . 1755. 203
postérité mes ouvrages . M. de Marigny a
trop de goût & de difcernement pour ne
pas faire un bon accueil à votre eftampe
& vous rendre toute la juftice que vous
méritez.
J'ai l'honneur d'être , & c.
A Toulon , le 3 Mai 1755 .
Vernet.
LE ST LE ROUGE , Ingénieur , Géographe
du Roi , rue des Auguftins , près
la rue S André , vient de publier une nouvelle
carte du Canada & de la Louifiane
pour l'intelligence des affaires actuelles en
Amérique.
Un effai du cours de l'Oyo ; l'élévation
perfpective de l'école royale militaire ; le
plan de la place de Louis XV. On trouve
chez le même l'Amérique feptentrionale ,
en huit feuilles , publiée a Londres par le
Docteur Mitchel . Prix 36 liv . Plus , un
affortiment des meilleures cartes & eftampes
Angloifes ; & un catalogue général des
meilleurs livres qui ont paru depuis cinquante
ans , en diverfes capitales de l'Allemagne
, & qu'il fournira à jufte prix .
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Résumé : GRAVURE.
Le document annonce la publication d'une gravure représentant une vue de marine, réalisée par M. Vernet et dédiée à M. le Marquis de Marigny. Cette œuvre a été bien accueillie et a reçu des éloges, confirmant sa qualité. M. Vernet, dans une lettre datée du 3 mai 1755 et signée à Toulon, exprime sa satisfaction à M. Balechou concernant la gravure et son harmonie. Il approuve la dédicace à M. de Marigny, espérant que cela renforcera la bonne opinion de ce dernier sur ses talents. Par ailleurs, le document mentionne la publication par M. Le St Le Rouge, ingénieur et géographe du Roi, d'une nouvelle carte du Canada et de la Louisiane pour mieux comprendre les affaires actuelles en Amérique. Il propose également divers autres ouvrages cartographiques et un catalogue de livres récents parus en Allemagne.
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28
p. 183-185
PEINTURE.
Début :
Vous destinez, Monsieur, dans votre Ouvrage périodique, une place aux [...]
Mots clefs :
Peinture, Salon du Louvre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE.
PEINTURE.
Ous deftinez , Monfieur , dans votre
Ouvrage périodique , une place aux
Beaux-arts ; & entr'autres à la Peinture .
Voici le récit fimple d'un fpectacle intéreffant
dont j'ai été le témoin , & qui peut
méritér fa place dans l'article dont je viens
de parler .
Le concours , que le goût généralement
répandu occafionne au fallon du Louvre ,
qui renferme les ouvrages des habiles Artiftes
, en tous genres , loin de fe réfroidir ,
femble tous les jours devenir plus vif.
L'interêt que le public prend à tout ce
qui regarde les Beaux-arts , s'eft fait fentir
encore par l'empreffement avec lequel
il a cherché à s'introduire dans l'affemblée
tenue le 10 du mois dernier à l'Académie
Royale de Peinture : cette affemblée étoit
184 MERCURE DE FRANCE .
destinée à diftribuer les prix remportés par
les Eleves , pendant le cours de l'année.
M. le Marquis de Marigny y diftribua les
médailles d'or & d'argent ( fignes plus précieux
que les métaux dont elles font formées
, puifqu'elles font la marque des fuccès
mérités ) . M. Watelet , Affocié libre de
cette Académie , fit la lecture d'un Poëme
en quatre chants , intitulé l'Art de peindre ;
depuis trois années confécutives , il avoit
contribué à l'émulation qu'occafionne cette
diftribution annuelle , par la lecture
d'un chant de fon ouvrage : il a fini par le
foumettre tout entier au jugement des Artiftes
, des Amateurs , & d'une Affemblée.
brillante & nombreufe , qui par
leurs applaudiffemens
ont rendu justice à la difficulté
vaincue , & aux foins qu'a pris le
Poëte de renfermer dans un plan fuivi ,
& de lier , par d'heureufes tranfitions , les
préceptes d'un art profond & les agrémens
de la Poéfie.
J'ai l'honneur d'être , &c .
fe.
Nous ne pouvons rendre compte que
mois prochain des tableaux qui ont été expofés
cette année au fallon du Louvre , où
tout Paris a couru les voir en foule , &
d'où il eft forti enchanté. Cependant tout
brillant qu'il a paru , on peut dire en quelOCTOBRE.
1795. 195
que façon qu'il eft refté imparfait. On n'y
a rien vu de M. Boucher , ni de M. Pierre .
Ous deftinez , Monfieur , dans votre
Ouvrage périodique , une place aux
Beaux-arts ; & entr'autres à la Peinture .
Voici le récit fimple d'un fpectacle intéreffant
dont j'ai été le témoin , & qui peut
méritér fa place dans l'article dont je viens
de parler .
Le concours , que le goût généralement
répandu occafionne au fallon du Louvre ,
qui renferme les ouvrages des habiles Artiftes
, en tous genres , loin de fe réfroidir ,
femble tous les jours devenir plus vif.
L'interêt que le public prend à tout ce
qui regarde les Beaux-arts , s'eft fait fentir
encore par l'empreffement avec lequel
il a cherché à s'introduire dans l'affemblée
tenue le 10 du mois dernier à l'Académie
Royale de Peinture : cette affemblée étoit
184 MERCURE DE FRANCE .
destinée à diftribuer les prix remportés par
les Eleves , pendant le cours de l'année.
M. le Marquis de Marigny y diftribua les
médailles d'or & d'argent ( fignes plus précieux
que les métaux dont elles font formées
, puifqu'elles font la marque des fuccès
mérités ) . M. Watelet , Affocié libre de
cette Académie , fit la lecture d'un Poëme
en quatre chants , intitulé l'Art de peindre ;
depuis trois années confécutives , il avoit
contribué à l'émulation qu'occafionne cette
diftribution annuelle , par la lecture
d'un chant de fon ouvrage : il a fini par le
foumettre tout entier au jugement des Artiftes
, des Amateurs , & d'une Affemblée.
brillante & nombreufe , qui par
leurs applaudiffemens
ont rendu justice à la difficulté
vaincue , & aux foins qu'a pris le
Poëte de renfermer dans un plan fuivi ,
& de lier , par d'heureufes tranfitions , les
préceptes d'un art profond & les agrémens
de la Poéfie.
J'ai l'honneur d'être , &c .
fe.
Nous ne pouvons rendre compte que
mois prochain des tableaux qui ont été expofés
cette année au fallon du Louvre , où
tout Paris a couru les voir en foule , &
d'où il eft forti enchanté. Cependant tout
brillant qu'il a paru , on peut dire en quelOCTOBRE.
1795. 195
que façon qu'il eft refté imparfait. On n'y
a rien vu de M. Boucher , ni de M. Pierre .
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Résumé : PEINTURE.
Le texte évoque un événement marquant dans le domaine des Beaux-Arts. Un concours au salon du Louvre a attiré un public de plus en plus intéressé par les arts. Le 10 du mois précédent, une assemblée à l'Académie Royale de Peinture a récompensé les élèves. M. le Marquis de Marigny a remis des médailles d'or et d'argent. M. Watelet, associé libre de l'Académie, a présenté son poème 'L'Art de peindre' en quatre chants, après l'avoir lu par chant durant trois années consécutives. L'assemblée, composée d'artistes, d'amateurs et de personnalités brillantes, a salué la qualité de l'œuvre. L'exposition annuelle au salon du Louvre a enchanté le public, malgré l'absence de certains artistes notables comme M. Boucher et M. Pierre.
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29
p. 185-202
Discours sur la Peinture par M. Nonnotte, Peintre du Roi, de l'Académie Royale de Peinture & Sculpture, & de la Société Royale de Lyon.
Début :
MESSIEURS, la Peinture, dont je dois avoir l'honneur de vous entretenir [...]
Mots clefs :
Peintre du roi, Académie royale de peinture et de sculpture, Société royale de Lyon, Peinture, Dessin, Nature, Corps humain, Parties du corps, Goût, Peintre, Muscles, Art, Femme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Peinture par M. Nonnotte, Peintre du Roi, de l'Académie Royale de Peinture & Sculpture, & de la Société Royale de Lyon.
Difcours fur la Peinture par M. Nonnotte ;
Peintre du Roi , de l'Académie Royale de
Peinture & Sculpture , & de la Société
! Royale de Lyon.
MESS
ESSIEURS , la Peinture , dont je dois
avoir l'honneur de vous entretenir
aujourd'hui pour mon premier tribut académique
, elt connue pour être au rang
des Arts qui , dans tous les tems éclairés ,
ont mérité les empreffemens des perfonnes
d'efprit & de goût,
Difpenfez-moi , je vous prie , de remonter
à la fombre recherche de fon origine
, de même que de vous informer du
tems précis où elle a pris naiffance ; cette
découverte me paroît être auffi inutile
qu'incertaine. En effet , qu'importe à cette
Académie dans le but qu'elle fe propofe ,
que ce foit les Egyptiens ou les Grecs qui
en foient les premiers inventeurs , ou que
l'amour , plutôt qu'une curiofité raifonnable
, y ait donné lieu . J'aime à m'entrete
nir des connoiffances & des faits certains
& quoique l'Ecriture Sainte foit celle qui
répand le plus de clarté fur l'ancienneté
de la Peinture & de la Sculpture , je crois
i86 MERCURE DE FRANCE.
en trouver encore d'avantage dans le goût
naturel de l'homme pour les Beaux Arts .
Leur utilité , leurs agrémens ne pouvoient
que nous engager à les cultiver le dégré
de leur perfection , eft ce qui doit attirer
toute notre attention & notre eſtime.
Je ne m'arrêterai donc point , Meffieurs,
à une ennuyeuſe chronologie des progrès
de la Peinture , encore moins à vous en
faire l'éloge ; jufqu'ici on en a dit affez à
ce fujet , & ce qu'on en a dit vous eft connu.
Je ne rappellerai point non plus la préférence
qu'elle a pu recevoir fur plufieurs
des autres Arts , j'agirois contre l'efprit qui
m'anime & qui eft la bafe de cette illuftre
fociété , dont l'établiffement en réuniffant
les Arts & les Sciences , ne doit pas moins
réunir les fentimens & les coeurs .
J'examinerai fimplement , ce que la
Peinture eft en elle- même , les parties
qu'elle renferme , & le goût qui en fait le
beau & l'agréable . Je chercherai à me retracer
les entretiens que j'ai eus à ce fujet ,
avec feu M. le Moine , premier Peintre du
Roi , fous lequel j'ai été affez heureux
pour étudier les fix dernieres années de fa
vie ; c'eft le tems , où ce grand . Artiste a
mis au jour les ouvrages les plus dignes de
l'immortalifer , & les plus propres à inftruire
un Eleve. La coupole de la chapelle de
OCTOBRE. 1755. 187
la Vierge de S. Sulpice , & le plafond du
fallon d'Hercule à Verfailles, font actuellement
l'admiration des connoiffeurs , &
feront furement celle de la poftérité. C'eſt
à ces ouvrages , & à l'emploi que M. le
Moine daigna m'y donner , que je dois le
peu de connoiffance que j'ai de la Peinture .
Pour mettre quelque ordre à ce Difcours
, je diviferai la Peinture en trois
parties principales ; le deffein , la compofition
, & le coloris. La premiere qui eft le
deffein , fera le fujet de cet entretien.
c'eft On me demandera peut- être ce que
que le deffein ? Dans ce cas , Meffieurs , je
dois répondre que c'eft un compofé de différentes
lignes , qui étant réunies , doivent
nous préfenter au premier coup d'oeil , l'objet
que nous nous fommes propofé de rendre.
Tout ce que nous voyons porte par la
forme , au quarré , au rond , ou à un mêlange
agréable de l'un & de l'autre ; il faut
donc , lorfque nous avons l'une de ces formes
à jetter fur le papier ou fur la toile , la
faifir par le contour ; & fi du quarré plus
ou moins fenfible , elle porte enfuite à quelques
rondeurs , faire fléchir fon trait , pour
parvenir à la jufteffe & à la vérité du mêlange
des formes .
L'imitation de tout ce qui eft créé fut
réfervé à l'homme feul ; auffi l'homme y
188 MERCURE DE FRANCE.
eft-il porté naturellement ; & quand il le
fait avec choix , il féduit , it enchante.
Nulle imitation ne fut plus digne de lui
que celle du corps humain ; c'eft celle qu'il
devoit étudier par préférence , & qui fait
notre principal fujet. Paffons à l'examen.
J'ai dit que tout ce que nous voyons ,
porte par la forme au quarré , au rond , ou
à un mêlange agréable de l'un & de l'autre.
C'est dans l'extérieur du corps humain ,
qu'on peut mieux remarquer les effets de
ce mêlange ; c'eft - là qu'il fe montre avec
plus de grace. Les formes qui tendent au
quarré , font fenfibles partout où les os
font plus près de la peau , ainfi que dans
l'étendue des muſcles plats . Les rondes paroiffent
aux parties charnues ou chargées
par la graiffe. En forte que quand on prend
des enfembles , toujours par les contours
foit généraux , foit particuliers , il faut
d'abord les faifir quarrément pour la diftribution
, & les arrondir enfuite imperceptiblement
felon leur befoin.
Les formes quarrées plus ou moins fenfibles
, dont je parle au fujet du corps humain
, je ne prétens point , Meffieurs , leur
donner aucun angle vif , les angles y ont
toujours quelques arrondiffemens. Le terme
de quarré eft expreffif pour l'ufage des
Peintres : il eft connu dans toutes les écoles,
OCTOBRE. 1755 . 189
Faut-il en prenant le trait d'une figure ,
le rendre également fenfible ? Comme le
Peintre doit donner de l'intelligence à ce
qu'il fait , & qu'elle ne peut trop- tôt paroître
, il doit procurer au premier trait ,
plus de fermeté partout où paroiffent les
os , qui font d'une nature plus dure ; &
paffer légerement fur les parties rondes qui
font les plus tendres. Excepté les côtés deftinés
pour les ombres , ainfi que les infertions
des muſcles qui s'approchant les
uns des autres , pour former leurs liaiſons,
demandent alors une plus forte expreffion .
Mais il faut remarquer , que cette expreffion
ne doit être plus vive , que dans ce
qui caractériſe l'enſemble des grandes parties
; celles qui font plus petites voulant
être moins fenfibles à mesure qu'elles diminuent
de volume ; fi ce n'eft dans le cas ,
où ces petites parties auront auffi des os ;
car alors elles demandent la premiere fermeté
, fans vouloir rien perdre de leur détail.
C'eft de cette façon qu'il faut traiter
les pieds , les mains , & les têtes .
Je laiffe quant-à - préfent les réflexions
à faire fur les maffes d'ombres & fur le
clair -obfcur. Ces parties dépendent de la
compofition , qui eft la feconde de mon
plan général.
Le deffein eft le point principal de la
190 MERCURE DE FRANCE.
癜
Peinture , & l'écueil où il eft le plus dangereux
d'échouer. C'est lui qui fépare les
maffes informes , qui diftribue les parties
des différens corps que l'on veut repréfenter
, qui les lie , & forme le tout de chaque
chofe dans ce qu'elle doit être . Sans
lui point d'enſemble & point de forme ;
fans forme point de grace , point de nobleffe
& nulle expreffion ; fans expreffion
point d'ame ; & fans ame , que devient le
Prométhée de la Peinture & fes illufions.
C'eſt le deffein qui fait diftinguer dans le
corps humain , les différens âges & les différentes
conditions , les différens fexes , &
ce que leurs faifons peuvent y donner de
variété. Il défigne les caracteres en tous genres
, ainfi que toutes les paffions. Enfin fans
lui , un tableau ne feroit , à proprement
parler , qu'une palette chargée de couleurs ,
qui ne dit mot , par conféquent ne reffemble
à rien.
Voyons , Meffieurs , ce que le deffein
doit être par rapport aux âges ; tâchons à
en développer les différens caracteres :
commençons par l'âge le plus tendre .
Les enfans naiffent avec la diftribution
complette de toutes les parties , qui dans
un autre âge forment un grand corps , foit
par les os , foit par les muſcles. Mais comme
les os & les muſcles , n'ont point enOCTOBRE.
1755. 191
L
core dans celui- ci , leur force , ni leur
étendue , & que d'ailleurs les chairs font
d'ordinaire , plus enveloppées par la graiffe
; les formes extérieures fe trouvent être
différentes , dans le plus grand nombre
des parties , & dans d'autres abfolument
oppofées à ce qu'elles font dans un âge
plus avancé.
pour
Dans tous les âges , les attaches des diverſes
parties du corps humain , ne font
point , ou font peu fufceptibles d'être
chargées par la graiffe . Elles ne le font que
par ce qui eft décidément néceffaire
lier les chairs ; en forte que la peau qui
les couvre , fe trouve alors beaucoup plus
près des os , qu'elle ne peut l'être dans
les parties charnues , & nourries par la
graiffe . Il en résulte pour les enfans , que
telle attache qui fait une élévation dans un
corps entierement formé , ainfi que nous
l'appercevons , aux épaules , aux coudes
aux poignets , aux falanges des doigts &
toutes autres attaches , ne font point aux
enfans des élévations , mais des creux ; la
peau , comme nous l'avons dit , demeurant
près des os , pour faire à cet âge , la
distinction de s'élever enfuite avec complaifance,
& le prêter aux mufcles encore
tendres & à la graiffe qui y eft adhérente. Le
Peintre doit donc obferver toutes ces cho192
MERCURE DE FRANCE.
de
fes , & fans outrer la matiere , comme la
nature l'eft elle- même quelquefois , il doit
ménager la molleffe & la rondeur , par
légers méplars , & laiffer paroître imperceptiblement
les maffes générales des principaux
muſcles ; c'eft ainfi que l'ont pratiqué
admirablement bien tous ceux qui
ont excellés dans ce genre , comme l'Albane
, Paul -Véronefe , Rubens , Pietre-
Tefte , & en fculpture , François Flamand
& Puget.
Le terme de méplat , que j'ai employé
il y a un moment , Meffieurs , eft un terme
de l'Art , ufité , pour exprimer des parties
rondes un peu applaties ; nous admettons
pour principe , qu'il n'y a rien de parfaitement
rond dans l'extérieur du corps humain
, comme rien de parfaitement quarré.
L'office des mufcles & leurs liaifons mutuelles
empêchent cette régularité de forme.
Venons au fecond âge.
La diverfité des contours dépend de la
diverfité des formes , & c'eft peut- être
dans cet âge qu'elles different davantage .
Toutes les parties du corps
dans le premier
âge , font raccourcies , & comme foufflées
par les fucs & le lait qui doivent
leur fervir de nourriture : Dans le fecond ,
toutes les parties fe développent , & femblent
ne travailler que pour fe procurer
les
OCTOBRE . 1755 195
les longueurs proportionnées , auxquelles
elles doivent naturellement arriver . C'eft
pourquoi nous voyons les jeunes gens de
l'âge de douze à quatorze ans , être d'une
proportion fvelte & légere. Les os dans
leur attache ne montrent point encore toute
leur groffeur , & les muſcles dans leur
largeur montrent encore moins leur nourriture.
Ceci doit attirer toute l'attention
du Peintre , & c'eft auffi ce qui produit
en cette rencontre de fi grandes difficutés
à bien rendre la vérité. Tout y eft fin &
délicat dans l'expreffion , on ne peut s'y
fauver par rien de bien ſenſible. Les attaches
n'y forment point de creux comme à
celles des enfans , ni des élévations marquées
comme dans l'âge fait . Les contours
par cette raifon y font coulans , gracieux ,
étendus ; & comme ils font peu chargés ,
ils exigent d'être peu reffentis , c'est- à -dire
peu marqués dans leur infertion . Semblable
d'ailleurs à des jeunes plantes , la nature
à cet âge , fans avoir rien de dur dans
le caractere , doit fe foutenir ; & comme
elle n'eft point encore affujettie à la violence
des paffions , elle doit conferver une
aimable tranquillité. Les figures antiques
de Caftor & de Pollux peuvent fervir de regles
pour celles dont je parle , & la maniere
de deffiner de Raphaël me paroît être
I
194 MERCURE DE FRANCE .
celle qui y convient le mieux. Ceux de
nos modernes qui ont fuivi de plus près
nos premiers Maîtres dans cette route ,font
à mon gré le Sueur , & le Moine premier
Peintre du Roi.
Toutes les perfections du corps humain ,
fa beauté , & toute fa vigueur fe montre
dans le troifiéme âge auquel je paffe maintenant.
L'ame qui foutient & anime ce
corps , y commande en fouveraine , &
toutes fes facultés y agiffent avec d'autant
plus de force & de liberté , que les refforts
qui le font mouvoir en font plus déliés .
Jufqu'ici la nature n'a rien fait voir de
refolu , ni rien de décidé dans les formes
extérieures ; mais arrivée à fon but , elle
s'exprime avec netteté , & avec la nobleffe
dont fon auteur a daigné la décorer . Examinons
, Meffieurs , comment on peut réduire
en pratique toutes ces chofes & les
repréfenter fur la toile. La vraie théorie
de l'art doit accompagner le peintre dans
toutes fes opérations , & une étude conftante
de l'anatomie doit être fon guide. Il
jugera alors que les attaches de toutes les
parties du corps humain arrivé à fa perfection
, doivent être expliquées avec fermeté
fans féchereffe , & que les os qui s'y
font fentir , quoique quarrément, doivent
donner l'idée de leur forme fans aucune
OCTOBRE. 1755. 195
dureté de travail. Les mufcles principaux
ne peuvent laiffer aucun doute fur leur
caractere & leur office , & ceux d'une
moindre étendue paroîtront rélativement
aux fonctions des premiers. C'eft pour ces
raifons que dans cet âge les contours font
moins coulans , ou pour mieux dire plus
chargés & plus caracterifés que dans le
précédent , & que les infertions des mufcles
, ainfi que toutes les jointures , font
plus reffenties . Comme l'ame commande
abfolument au corps , de même les principales
parties du corps commandent par
leur groffeur & leur élévation à celles qui
font moindres. Les extrêmités de chaque
membre doivent donc être légeres & dénouées
, afin de montrer par là qu'ils n'en
font que plus difpofés à obéir promptement
à la volonté. La fûreté de ces principes
peut fe voir bien expliquée dans la
figure du Gladiateur qui eft regardée
comme la plus parfaite de l'antiquité dans
le genre que je viens de rapporter. Le
goût de deffein du Carrache , & de prefque
toute fon école , eft auffi celui qui le
rend mieux : on le préfere pour cette étude
à la plupart des autres maîtres .
›
Le dernier âge , Meffieurs , nous préfente
la nature dans fon déclin : ce n'eſt
>
plus cette fraîcheur ce foutien , cette
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fermeté , & cette vigueur de ceux qui ont
précédés. Les efprits fe diffipent dans celui
- ci , les chairs s'amolliffent , la peau fe
vuide & fe féche , & le corps ne préfente
plus que des formes & des contours incertains.
Les os, premier fondement de toute
la machine , femblent fuccomber par l'affaiffement
des parties qui les lient , &
nous ne voyons plus que tremblement &
crainte dans tous les mouvemens de ce
corps fi foutenu dans fa jeuneffe. L'intelligence
du Peintre , en remontant toujours
aux principes , lui fera fentir aifément la
conduite qu'il doit tenir en pareille rencontre
; & qu'avec la variété des formes
qui fuivent les âges , il doit varier les caracteres
du deffein autant que la nature
le lui indique. Ici les formes du corps humain
ayant dégéneré , on ne doit plus
leur donner cette prononciation ni ce développement
actif du troifieme âge. Les
os font plus découverts ; mais les muſcles
refroidis & defféchés ne préfentent plus
que beaucoup d'égalité dans les contours.
La peau moins foutenue qu'auparavant ,
augmente par fes plis le travail extérieur ,
& montre en tout , de concert avec les os ,
une espece d'aridité générale à laquelle
l'artifte doit porter attention. Il fautdone ,
lorfqu'on aime la vérité , donner moins
OCTOBRE . 1755 197
de moëlleux & moins d'arrondiffement à
ces fortes de parties , & cependant ne pas
outrer la matiere . La peinture doit plaire
aux yeux , comme la mufique doit plaire
aux oreilles ; & tel fujet qu'on puiffe avoir
à traiter , il en faut bannir le défectueux
& le répugnant. Il n'eft rien que l'art ne
puiffe embellir , & c'eft la feule délicateffe
dans le choix , & le goût agréable à rendre
les chofes , qui peut acquerir , à juſte
titre , de la diftinction à un Peintre , quelque
fçavant qu'il foit d'ailleurs. Ici la nature
fuffit pour prouver ce que j'ai dit du
dernier âge.
Ce que je viens d'avancer fur les âges ,
par rapport aux deffeins , Meffieurs , n'eft
qu'un précis , ainfi que je l'ai promis au
commencement de ce difcours , des entretiens
que j'ai eus à ce fujet avec feu M. le
Moine je l'ai appuyé de l'exemple de
quelques antiques , de celui de plufieurs
de nos meilleurs maîtres , & j'ai cru y devoir
joindre les lumieres que la nature m'a
pu fournir. Perfonne ne doute que nous
ne devions recevoir d'un habile homme
les premieres leçons dont nous avons befoin
pour l'étude de la peinture. Le bel
antique doit être notre fecond guide , &
nous inftruire fur les belles formes qu'il
réunit . Mais l'ame & la vie font le pre
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
.
mier mérite d'un tableau , & nous ne pou
vons les tenir que de ce feu divin qui
caracterife la nature vivante . Le froid des
marbres antiques a paffé dans les veines
de quelques-uns de fes adorateurs . Il n'y
a que ceux qui par leur capacité à en faire
un bon choix , ont feu y joindre le fentiment
que la feule vérité infpire , qui en
ayent tiré un parti avantageux. On peut
voir à ce fujet dans M. de Piles , le jugement
que Rubens en a porté , où il dit
qu'il y a des Peintres à qui l'imitation
des ftatues antiques eft très- utile , & à
d'autres dangereufe , même jufqu'à la deftruction
de leur art. De Piles ajoute qu'on
doit convenir que l'antique n'a de vraies
beautés qu'autant qu'elles font d'accord
avec la belle nature , dans la convenance
de chaque objet . On ne peut donc raifonnablement
difputer que ce font les
feules beautés réunies de la nature , qui
ont fait mettre au jour ce que nous admirons
avec juftice dans les plus fameux
chefs-d'oeuvres de la Gréce . Ces mêmes
beautés feules ont auffi formé des Peintres
du premier ordre ; mais l'étude des
plus belles ftatues antiques , fans celle de
la nature , n'a jamais fait ce miracle. Je
conclus delà , avec un très bon écrivain
de nos jours , que le vrai eft la fource
OCTOBRE. 1755. 199
où l'art doit aller puifer : c'eft-là qu'il
peut s'enrichir . La multitude des objets
créés & leurs perfections y font à l'infini ;
chacun d'eux ont leurs graces particulieres
; aucun n'en renferme comme celui
duquel il me reste à vous entretenir .
C'eſt par le deffein , Meffieurs , que fe
trouve marquée dans la peinture la diftinction
des âges ; c'eft également par lui
qu'on y fait celle des fexes. Toutes les
créatures font ornées des dons de la nature
, la femme l'eft fupérieurement. Née
pour fixer l'attention & le goût de l'homme
, fon empire fur lui ne pouvoit être
mieux foutenu que par les graces. Ce
font ces graces charmantes qui doivent
entierement diriger le Peintre dans la repréſentation
du corps d'une femme , &
P'aider à tranfmettte fur la toile les impreffions
du beau naturel. Je conviens
que la chofe n'eft point aifée pour l'artifte
, quelque habile qu'il foit ; mais s'il
y a des moyens d'y réuffir , ce ne peut
être encore qu'avec le concours du deſſein .
Ce que j'ai avancé ci- devant au fujet des
âges , a eu prefque tout fon rapport au
corps de l'homme. Examinons les diftinctions
qu'on peut faire pour celui dont
j'entreprens de donner une idée.
Un travail tendre & arrondi , des con-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
tours aifés & fimples , une touche naïve
font ici des articles très - effentiels . Les attaches
, quoique délicates , ne peuvent annoncer
que très- peu , ou prefque point les
os ; les parties dominantes , fans être trop
chargées , feront foutenues & nourries ,
afin de montrer une fermeté convenable
aux chairs de la femme ; le repos qui lui
eft naturel , & les paffions douces s'exprimeront
par des mouvemens gracieux &
tranquiles , & par des contours peu refſentis.
Sa vivacité fera feulement dans les
yeux , ils font les miroirs de l'ame ; &
comme elle n'eft point affujettie à aucun
travail pénible , les pieds , les mains , &
plus encore les bouts des doigts , feront
délicats & menus. Les principaux mufcles ,
ou les parties dominantes dans le corps
d'une femme formée , doivent être plus
fenfibles en expreffion que dans le corps
du fecond âge ; mais cette expreffion ne
doit point atteindre à la fermeté de travail
dont j'ai parlé touchant les hommes faits.
Enfin , plus le Peintre pourra réduire en
pratique ces obfervations fur le caractere
du deffein rélativement à la femme , plus
il donnera de nobleffe & de graces à celle
qui naturellement les réunit . On trouvera
dans la Vénus de Médicis , & dans tous les
ouvrages de Raphaël qui font de ce genOCTOBRE
. 1755. 201
re , les preuves certaines de ceux que je
viens de dire.
Dans le foible effai que je viens d'avoir
l'honneur de vous expofer , Meffieurs , fur
les principales parties du deffein ; j'ai cru ,
après en avoir retranché les recherches
inutiles & rebattues de fon origine , devoir
le préfenter par la variété de fes caracteres .
J'ai tâché de montrer d'abord ce qu'il eft
en lui-même , & je l'ai fuivi dans fes différences
par rapport aux âges , & par rapport
aux fexes. Cette route m'a paru ,
quoique moins frayée , plus fimple & plus
propre à lier intimément la théorie avec la
pratique, que l'on a fouvent trop féparées,
en fe livrant par préférence prefqu'entierement
à l'une ou à l'autre. La feule théorie
ne formera pas un bon Peintre , mais
fans elle les ouvrages du meilleur praticien
toucheront peu l'homme de goût.
Eloigné de toute prévention , j'ai dit ce
que je penfe de l'étude de l'antique , mife
en comparaison avec celle qu'on doit
faire de la nature. En prenant la premiere
pour guide ne doit - on pas regarder
l'autre comme le but principal ? Ce fentiment
, Meffieurs , me paroîtroit d'autant
plus jufte qu'il eft appuyé de celui de plufieurs
de nos plus grands Maîtres ; néanmoins
, comme je trouverai toujours un
>
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
avantage certain à être aidé de vos lumieres
, j'y défére , & foumets le tout à votre
jugement.
Lu à la fociété royale de Lyon , le 29 Novembre
1754 , & à l'Académie royale de
Peinture & Sculpture , les Avril fuivant.
Peintre du Roi , de l'Académie Royale de
Peinture & Sculpture , & de la Société
! Royale de Lyon.
MESS
ESSIEURS , la Peinture , dont je dois
avoir l'honneur de vous entretenir
aujourd'hui pour mon premier tribut académique
, elt connue pour être au rang
des Arts qui , dans tous les tems éclairés ,
ont mérité les empreffemens des perfonnes
d'efprit & de goût,
Difpenfez-moi , je vous prie , de remonter
à la fombre recherche de fon origine
, de même que de vous informer du
tems précis où elle a pris naiffance ; cette
découverte me paroît être auffi inutile
qu'incertaine. En effet , qu'importe à cette
Académie dans le but qu'elle fe propofe ,
que ce foit les Egyptiens ou les Grecs qui
en foient les premiers inventeurs , ou que
l'amour , plutôt qu'une curiofité raifonnable
, y ait donné lieu . J'aime à m'entrete
nir des connoiffances & des faits certains
& quoique l'Ecriture Sainte foit celle qui
répand le plus de clarté fur l'ancienneté
de la Peinture & de la Sculpture , je crois
i86 MERCURE DE FRANCE.
en trouver encore d'avantage dans le goût
naturel de l'homme pour les Beaux Arts .
Leur utilité , leurs agrémens ne pouvoient
que nous engager à les cultiver le dégré
de leur perfection , eft ce qui doit attirer
toute notre attention & notre eſtime.
Je ne m'arrêterai donc point , Meffieurs,
à une ennuyeuſe chronologie des progrès
de la Peinture , encore moins à vous en
faire l'éloge ; jufqu'ici on en a dit affez à
ce fujet , & ce qu'on en a dit vous eft connu.
Je ne rappellerai point non plus la préférence
qu'elle a pu recevoir fur plufieurs
des autres Arts , j'agirois contre l'efprit qui
m'anime & qui eft la bafe de cette illuftre
fociété , dont l'établiffement en réuniffant
les Arts & les Sciences , ne doit pas moins
réunir les fentimens & les coeurs .
J'examinerai fimplement , ce que la
Peinture eft en elle- même , les parties
qu'elle renferme , & le goût qui en fait le
beau & l'agréable . Je chercherai à me retracer
les entretiens que j'ai eus à ce fujet ,
avec feu M. le Moine , premier Peintre du
Roi , fous lequel j'ai été affez heureux
pour étudier les fix dernieres années de fa
vie ; c'eft le tems , où ce grand . Artiste a
mis au jour les ouvrages les plus dignes de
l'immortalifer , & les plus propres à inftruire
un Eleve. La coupole de la chapelle de
OCTOBRE. 1755. 187
la Vierge de S. Sulpice , & le plafond du
fallon d'Hercule à Verfailles, font actuellement
l'admiration des connoiffeurs , &
feront furement celle de la poftérité. C'eſt
à ces ouvrages , & à l'emploi que M. le
Moine daigna m'y donner , que je dois le
peu de connoiffance que j'ai de la Peinture .
Pour mettre quelque ordre à ce Difcours
, je diviferai la Peinture en trois
parties principales ; le deffein , la compofition
, & le coloris. La premiere qui eft le
deffein , fera le fujet de cet entretien.
c'eft On me demandera peut- être ce que
que le deffein ? Dans ce cas , Meffieurs , je
dois répondre que c'eft un compofé de différentes
lignes , qui étant réunies , doivent
nous préfenter au premier coup d'oeil , l'objet
que nous nous fommes propofé de rendre.
Tout ce que nous voyons porte par la
forme , au quarré , au rond , ou à un mêlange
agréable de l'un & de l'autre ; il faut
donc , lorfque nous avons l'une de ces formes
à jetter fur le papier ou fur la toile , la
faifir par le contour ; & fi du quarré plus
ou moins fenfible , elle porte enfuite à quelques
rondeurs , faire fléchir fon trait , pour
parvenir à la jufteffe & à la vérité du mêlange
des formes .
L'imitation de tout ce qui eft créé fut
réfervé à l'homme feul ; auffi l'homme y
188 MERCURE DE FRANCE.
eft-il porté naturellement ; & quand il le
fait avec choix , il féduit , it enchante.
Nulle imitation ne fut plus digne de lui
que celle du corps humain ; c'eft celle qu'il
devoit étudier par préférence , & qui fait
notre principal fujet. Paffons à l'examen.
J'ai dit que tout ce que nous voyons ,
porte par la forme au quarré , au rond , ou
à un mêlange agréable de l'un & de l'autre.
C'est dans l'extérieur du corps humain ,
qu'on peut mieux remarquer les effets de
ce mêlange ; c'eft - là qu'il fe montre avec
plus de grace. Les formes qui tendent au
quarré , font fenfibles partout où les os
font plus près de la peau , ainfi que dans
l'étendue des muſcles plats . Les rondes paroiffent
aux parties charnues ou chargées
par la graiffe. En forte que quand on prend
des enfembles , toujours par les contours
foit généraux , foit particuliers , il faut
d'abord les faifir quarrément pour la diftribution
, & les arrondir enfuite imperceptiblement
felon leur befoin.
Les formes quarrées plus ou moins fenfibles
, dont je parle au fujet du corps humain
, je ne prétens point , Meffieurs , leur
donner aucun angle vif , les angles y ont
toujours quelques arrondiffemens. Le terme
de quarré eft expreffif pour l'ufage des
Peintres : il eft connu dans toutes les écoles,
OCTOBRE. 1755 . 189
Faut-il en prenant le trait d'une figure ,
le rendre également fenfible ? Comme le
Peintre doit donner de l'intelligence à ce
qu'il fait , & qu'elle ne peut trop- tôt paroître
, il doit procurer au premier trait ,
plus de fermeté partout où paroiffent les
os , qui font d'une nature plus dure ; &
paffer légerement fur les parties rondes qui
font les plus tendres. Excepté les côtés deftinés
pour les ombres , ainfi que les infertions
des muſcles qui s'approchant les
uns des autres , pour former leurs liaiſons,
demandent alors une plus forte expreffion .
Mais il faut remarquer , que cette expreffion
ne doit être plus vive , que dans ce
qui caractériſe l'enſemble des grandes parties
; celles qui font plus petites voulant
être moins fenfibles à mesure qu'elles diminuent
de volume ; fi ce n'eft dans le cas ,
où ces petites parties auront auffi des os ;
car alors elles demandent la premiere fermeté
, fans vouloir rien perdre de leur détail.
C'eft de cette façon qu'il faut traiter
les pieds , les mains , & les têtes .
Je laiffe quant-à - préfent les réflexions
à faire fur les maffes d'ombres & fur le
clair -obfcur. Ces parties dépendent de la
compofition , qui eft la feconde de mon
plan général.
Le deffein eft le point principal de la
190 MERCURE DE FRANCE.
癜
Peinture , & l'écueil où il eft le plus dangereux
d'échouer. C'est lui qui fépare les
maffes informes , qui diftribue les parties
des différens corps que l'on veut repréfenter
, qui les lie , & forme le tout de chaque
chofe dans ce qu'elle doit être . Sans
lui point d'enſemble & point de forme ;
fans forme point de grace , point de nobleffe
& nulle expreffion ; fans expreffion
point d'ame ; & fans ame , que devient le
Prométhée de la Peinture & fes illufions.
C'eſt le deffein qui fait diftinguer dans le
corps humain , les différens âges & les différentes
conditions , les différens fexes , &
ce que leurs faifons peuvent y donner de
variété. Il défigne les caracteres en tous genres
, ainfi que toutes les paffions. Enfin fans
lui , un tableau ne feroit , à proprement
parler , qu'une palette chargée de couleurs ,
qui ne dit mot , par conféquent ne reffemble
à rien.
Voyons , Meffieurs , ce que le deffein
doit être par rapport aux âges ; tâchons à
en développer les différens caracteres :
commençons par l'âge le plus tendre .
Les enfans naiffent avec la diftribution
complette de toutes les parties , qui dans
un autre âge forment un grand corps , foit
par les os , foit par les muſcles. Mais comme
les os & les muſcles , n'ont point enOCTOBRE.
1755. 191
L
core dans celui- ci , leur force , ni leur
étendue , & que d'ailleurs les chairs font
d'ordinaire , plus enveloppées par la graiffe
; les formes extérieures fe trouvent être
différentes , dans le plus grand nombre
des parties , & dans d'autres abfolument
oppofées à ce qu'elles font dans un âge
plus avancé.
pour
Dans tous les âges , les attaches des diverſes
parties du corps humain , ne font
point , ou font peu fufceptibles d'être
chargées par la graiffe . Elles ne le font que
par ce qui eft décidément néceffaire
lier les chairs ; en forte que la peau qui
les couvre , fe trouve alors beaucoup plus
près des os , qu'elle ne peut l'être dans
les parties charnues , & nourries par la
graiffe . Il en résulte pour les enfans , que
telle attache qui fait une élévation dans un
corps entierement formé , ainfi que nous
l'appercevons , aux épaules , aux coudes
aux poignets , aux falanges des doigts &
toutes autres attaches , ne font point aux
enfans des élévations , mais des creux ; la
peau , comme nous l'avons dit , demeurant
près des os , pour faire à cet âge , la
distinction de s'élever enfuite avec complaifance,
& le prêter aux mufcles encore
tendres & à la graiffe qui y eft adhérente. Le
Peintre doit donc obferver toutes ces cho192
MERCURE DE FRANCE.
de
fes , & fans outrer la matiere , comme la
nature l'eft elle- même quelquefois , il doit
ménager la molleffe & la rondeur , par
légers méplars , & laiffer paroître imperceptiblement
les maffes générales des principaux
muſcles ; c'eft ainfi que l'ont pratiqué
admirablement bien tous ceux qui
ont excellés dans ce genre , comme l'Albane
, Paul -Véronefe , Rubens , Pietre-
Tefte , & en fculpture , François Flamand
& Puget.
Le terme de méplat , que j'ai employé
il y a un moment , Meffieurs , eft un terme
de l'Art , ufité , pour exprimer des parties
rondes un peu applaties ; nous admettons
pour principe , qu'il n'y a rien de parfaitement
rond dans l'extérieur du corps humain
, comme rien de parfaitement quarré.
L'office des mufcles & leurs liaifons mutuelles
empêchent cette régularité de forme.
Venons au fecond âge.
La diverfité des contours dépend de la
diverfité des formes , & c'eft peut- être
dans cet âge qu'elles different davantage .
Toutes les parties du corps
dans le premier
âge , font raccourcies , & comme foufflées
par les fucs & le lait qui doivent
leur fervir de nourriture : Dans le fecond ,
toutes les parties fe développent , & femblent
ne travailler que pour fe procurer
les
OCTOBRE . 1755 195
les longueurs proportionnées , auxquelles
elles doivent naturellement arriver . C'eft
pourquoi nous voyons les jeunes gens de
l'âge de douze à quatorze ans , être d'une
proportion fvelte & légere. Les os dans
leur attache ne montrent point encore toute
leur groffeur , & les muſcles dans leur
largeur montrent encore moins leur nourriture.
Ceci doit attirer toute l'attention
du Peintre , & c'eft auffi ce qui produit
en cette rencontre de fi grandes difficutés
à bien rendre la vérité. Tout y eft fin &
délicat dans l'expreffion , on ne peut s'y
fauver par rien de bien ſenſible. Les attaches
n'y forment point de creux comme à
celles des enfans , ni des élévations marquées
comme dans l'âge fait . Les contours
par cette raifon y font coulans , gracieux ,
étendus ; & comme ils font peu chargés ,
ils exigent d'être peu reffentis , c'est- à -dire
peu marqués dans leur infertion . Semblable
d'ailleurs à des jeunes plantes , la nature
à cet âge , fans avoir rien de dur dans
le caractere , doit fe foutenir ; & comme
elle n'eft point encore affujettie à la violence
des paffions , elle doit conferver une
aimable tranquillité. Les figures antiques
de Caftor & de Pollux peuvent fervir de regles
pour celles dont je parle , & la maniere
de deffiner de Raphaël me paroît être
I
194 MERCURE DE FRANCE .
celle qui y convient le mieux. Ceux de
nos modernes qui ont fuivi de plus près
nos premiers Maîtres dans cette route ,font
à mon gré le Sueur , & le Moine premier
Peintre du Roi.
Toutes les perfections du corps humain ,
fa beauté , & toute fa vigueur fe montre
dans le troifiéme âge auquel je paffe maintenant.
L'ame qui foutient & anime ce
corps , y commande en fouveraine , &
toutes fes facultés y agiffent avec d'autant
plus de force & de liberté , que les refforts
qui le font mouvoir en font plus déliés .
Jufqu'ici la nature n'a rien fait voir de
refolu , ni rien de décidé dans les formes
extérieures ; mais arrivée à fon but , elle
s'exprime avec netteté , & avec la nobleffe
dont fon auteur a daigné la décorer . Examinons
, Meffieurs , comment on peut réduire
en pratique toutes ces chofes & les
repréfenter fur la toile. La vraie théorie
de l'art doit accompagner le peintre dans
toutes fes opérations , & une étude conftante
de l'anatomie doit être fon guide. Il
jugera alors que les attaches de toutes les
parties du corps humain arrivé à fa perfection
, doivent être expliquées avec fermeté
fans féchereffe , & que les os qui s'y
font fentir , quoique quarrément, doivent
donner l'idée de leur forme fans aucune
OCTOBRE. 1755. 195
dureté de travail. Les mufcles principaux
ne peuvent laiffer aucun doute fur leur
caractere & leur office , & ceux d'une
moindre étendue paroîtront rélativement
aux fonctions des premiers. C'eft pour ces
raifons que dans cet âge les contours font
moins coulans , ou pour mieux dire plus
chargés & plus caracterifés que dans le
précédent , & que les infertions des mufcles
, ainfi que toutes les jointures , font
plus reffenties . Comme l'ame commande
abfolument au corps , de même les principales
parties du corps commandent par
leur groffeur & leur élévation à celles qui
font moindres. Les extrêmités de chaque
membre doivent donc être légeres & dénouées
, afin de montrer par là qu'ils n'en
font que plus difpofés à obéir promptement
à la volonté. La fûreté de ces principes
peut fe voir bien expliquée dans la
figure du Gladiateur qui eft regardée
comme la plus parfaite de l'antiquité dans
le genre que je viens de rapporter. Le
goût de deffein du Carrache , & de prefque
toute fon école , eft auffi celui qui le
rend mieux : on le préfere pour cette étude
à la plupart des autres maîtres .
›
Le dernier âge , Meffieurs , nous préfente
la nature dans fon déclin : ce n'eſt
>
plus cette fraîcheur ce foutien , cette
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
fermeté , & cette vigueur de ceux qui ont
précédés. Les efprits fe diffipent dans celui
- ci , les chairs s'amolliffent , la peau fe
vuide & fe féche , & le corps ne préfente
plus que des formes & des contours incertains.
Les os, premier fondement de toute
la machine , femblent fuccomber par l'affaiffement
des parties qui les lient , &
nous ne voyons plus que tremblement &
crainte dans tous les mouvemens de ce
corps fi foutenu dans fa jeuneffe. L'intelligence
du Peintre , en remontant toujours
aux principes , lui fera fentir aifément la
conduite qu'il doit tenir en pareille rencontre
; & qu'avec la variété des formes
qui fuivent les âges , il doit varier les caracteres
du deffein autant que la nature
le lui indique. Ici les formes du corps humain
ayant dégéneré , on ne doit plus
leur donner cette prononciation ni ce développement
actif du troifieme âge. Les
os font plus découverts ; mais les muſcles
refroidis & defféchés ne préfentent plus
que beaucoup d'égalité dans les contours.
La peau moins foutenue qu'auparavant ,
augmente par fes plis le travail extérieur ,
& montre en tout , de concert avec les os ,
une espece d'aridité générale à laquelle
l'artifte doit porter attention. Il fautdone ,
lorfqu'on aime la vérité , donner moins
OCTOBRE . 1755 197
de moëlleux & moins d'arrondiffement à
ces fortes de parties , & cependant ne pas
outrer la matiere . La peinture doit plaire
aux yeux , comme la mufique doit plaire
aux oreilles ; & tel fujet qu'on puiffe avoir
à traiter , il en faut bannir le défectueux
& le répugnant. Il n'eft rien que l'art ne
puiffe embellir , & c'eft la feule délicateffe
dans le choix , & le goût agréable à rendre
les chofes , qui peut acquerir , à juſte
titre , de la diftinction à un Peintre , quelque
fçavant qu'il foit d'ailleurs. Ici la nature
fuffit pour prouver ce que j'ai dit du
dernier âge.
Ce que je viens d'avancer fur les âges ,
par rapport aux deffeins , Meffieurs , n'eft
qu'un précis , ainfi que je l'ai promis au
commencement de ce difcours , des entretiens
que j'ai eus à ce fujet avec feu M. le
Moine je l'ai appuyé de l'exemple de
quelques antiques , de celui de plufieurs
de nos meilleurs maîtres , & j'ai cru y devoir
joindre les lumieres que la nature m'a
pu fournir. Perfonne ne doute que nous
ne devions recevoir d'un habile homme
les premieres leçons dont nous avons befoin
pour l'étude de la peinture. Le bel
antique doit être notre fecond guide , &
nous inftruire fur les belles formes qu'il
réunit . Mais l'ame & la vie font le pre
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
.
mier mérite d'un tableau , & nous ne pou
vons les tenir que de ce feu divin qui
caracterife la nature vivante . Le froid des
marbres antiques a paffé dans les veines
de quelques-uns de fes adorateurs . Il n'y
a que ceux qui par leur capacité à en faire
un bon choix , ont feu y joindre le fentiment
que la feule vérité infpire , qui en
ayent tiré un parti avantageux. On peut
voir à ce fujet dans M. de Piles , le jugement
que Rubens en a porté , où il dit
qu'il y a des Peintres à qui l'imitation
des ftatues antiques eft très- utile , & à
d'autres dangereufe , même jufqu'à la deftruction
de leur art. De Piles ajoute qu'on
doit convenir que l'antique n'a de vraies
beautés qu'autant qu'elles font d'accord
avec la belle nature , dans la convenance
de chaque objet . On ne peut donc raifonnablement
difputer que ce font les
feules beautés réunies de la nature , qui
ont fait mettre au jour ce que nous admirons
avec juftice dans les plus fameux
chefs-d'oeuvres de la Gréce . Ces mêmes
beautés feules ont auffi formé des Peintres
du premier ordre ; mais l'étude des
plus belles ftatues antiques , fans celle de
la nature , n'a jamais fait ce miracle. Je
conclus delà , avec un très bon écrivain
de nos jours , que le vrai eft la fource
OCTOBRE. 1755. 199
où l'art doit aller puifer : c'eft-là qu'il
peut s'enrichir . La multitude des objets
créés & leurs perfections y font à l'infini ;
chacun d'eux ont leurs graces particulieres
; aucun n'en renferme comme celui
duquel il me reste à vous entretenir .
C'eſt par le deffein , Meffieurs , que fe
trouve marquée dans la peinture la diftinction
des âges ; c'eft également par lui
qu'on y fait celle des fexes. Toutes les
créatures font ornées des dons de la nature
, la femme l'eft fupérieurement. Née
pour fixer l'attention & le goût de l'homme
, fon empire fur lui ne pouvoit être
mieux foutenu que par les graces. Ce
font ces graces charmantes qui doivent
entierement diriger le Peintre dans la repréſentation
du corps d'une femme , &
P'aider à tranfmettte fur la toile les impreffions
du beau naturel. Je conviens
que la chofe n'eft point aifée pour l'artifte
, quelque habile qu'il foit ; mais s'il
y a des moyens d'y réuffir , ce ne peut
être encore qu'avec le concours du deſſein .
Ce que j'ai avancé ci- devant au fujet des
âges , a eu prefque tout fon rapport au
corps de l'homme. Examinons les diftinctions
qu'on peut faire pour celui dont
j'entreprens de donner une idée.
Un travail tendre & arrondi , des con-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
tours aifés & fimples , une touche naïve
font ici des articles très - effentiels . Les attaches
, quoique délicates , ne peuvent annoncer
que très- peu , ou prefque point les
os ; les parties dominantes , fans être trop
chargées , feront foutenues & nourries ,
afin de montrer une fermeté convenable
aux chairs de la femme ; le repos qui lui
eft naturel , & les paffions douces s'exprimeront
par des mouvemens gracieux &
tranquiles , & par des contours peu refſentis.
Sa vivacité fera feulement dans les
yeux , ils font les miroirs de l'ame ; &
comme elle n'eft point affujettie à aucun
travail pénible , les pieds , les mains , &
plus encore les bouts des doigts , feront
délicats & menus. Les principaux mufcles ,
ou les parties dominantes dans le corps
d'une femme formée , doivent être plus
fenfibles en expreffion que dans le corps
du fecond âge ; mais cette expreffion ne
doit point atteindre à la fermeté de travail
dont j'ai parlé touchant les hommes faits.
Enfin , plus le Peintre pourra réduire en
pratique ces obfervations fur le caractere
du deffein rélativement à la femme , plus
il donnera de nobleffe & de graces à celle
qui naturellement les réunit . On trouvera
dans la Vénus de Médicis , & dans tous les
ouvrages de Raphaël qui font de ce genOCTOBRE
. 1755. 201
re , les preuves certaines de ceux que je
viens de dire.
Dans le foible effai que je viens d'avoir
l'honneur de vous expofer , Meffieurs , fur
les principales parties du deffein ; j'ai cru ,
après en avoir retranché les recherches
inutiles & rebattues de fon origine , devoir
le préfenter par la variété de fes caracteres .
J'ai tâché de montrer d'abord ce qu'il eft
en lui-même , & je l'ai fuivi dans fes différences
par rapport aux âges , & par rapport
aux fexes. Cette route m'a paru ,
quoique moins frayée , plus fimple & plus
propre à lier intimément la théorie avec la
pratique, que l'on a fouvent trop féparées,
en fe livrant par préférence prefqu'entierement
à l'une ou à l'autre. La feule théorie
ne formera pas un bon Peintre , mais
fans elle les ouvrages du meilleur praticien
toucheront peu l'homme de goût.
Eloigné de toute prévention , j'ai dit ce
que je penfe de l'étude de l'antique , mife
en comparaison avec celle qu'on doit
faire de la nature. En prenant la premiere
pour guide ne doit - on pas regarder
l'autre comme le but principal ? Ce fentiment
, Meffieurs , me paroîtroit d'autant
plus jufte qu'il eft appuyé de celui de plufieurs
de nos plus grands Maîtres ; néanmoins
, comme je trouverai toujours un
>
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
avantage certain à être aidé de vos lumieres
, j'y défére , & foumets le tout à votre
jugement.
Lu à la fociété royale de Lyon , le 29 Novembre
1754 , & à l'Académie royale de
Peinture & Sculpture , les Avril fuivant.
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Résumé : Discours sur la Peinture par M. Nonnotte, Peintre du Roi, de l'Académie Royale de Peinture & Sculpture, & de la Société Royale de Lyon.
M. Nonnotte, peintre du Roi et membre de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture, prononce un discours sur la peinture. Il évite de remonter à l'origine de la peinture, préférant se concentrer sur les connaissances et les faits certains, ainsi que sur l'utilité et les agréments des Beaux-Arts. Il divise son discours en trois parties principales : le dessin, la composition et le coloris. Nonnotte commence par le dessin, qu'il définit comme un composé de différentes lignes réunies pour représenter un objet au premier coup d'œil. Le dessin est crucial car il sépare les masses informes, distribue les parties des corps, les lie et forme l'ensemble de chaque chose. Il détaille ensuite les caractéristiques du dessin selon les âges de la vie. Pour les enfants, les formes extérieures diffèrent en raison de la faible force des os et des muscles, ce qui donne des creux plutôt que des élévations. Le peintre doit observer ces particularités et ménager la mollesse et la rondeur par légers méplats. Pour le second âge, les contours sont coulants, gracieux et étendus, nécessitant peu de rehauts. Les figures antiques de Castor et Pollux servent de règles pour cet âge, et la manière de dessiner de Raphaël est appropriée. Dans le troisième âge, toutes les perfections du corps humain se montrent. Les attaches des parties du corps doivent être expliquées avec fermeté sans sécheresse, et les muscles principaux doivent être clairement définis. Les contours sont plus chargés et caractérisés, et les insertions des muscles sont plus rehaussées. Le texte traite également des différences entre les âges et les sexes. Pour les jeunes, les extrémités des membres doivent être légères et dénouées, prêtes à obéir promptement à la volonté. Le goût du Carrache et de son école est préféré pour cette étude. Le dernier âge montre la nature en déclin, avec des esprits dispersés, des chairs amollies, et des contours incertains. Le peintre doit adapter son dessin en fonction de ces changements, évitant les formes trop prononcées et développées. Pour les femmes, un travail tendre et arrondi, des contours aisés et simples, et une touche naïve sont essentiels. Les attaches délicates ne doivent pas révéler les os, et les parties dominantes doivent être soutenues et nourries. Les mouvements doivent être gracieux et tranquilles, avec une vivacité exprimée uniquement dans les yeux. Le texte conclut en soulignant l'importance de l'étude de la nature en complément de l'antique pour enrichir l'art. Il met en avant la nécessité de lier théorie et pratique pour former un bon peintre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 202-204
GRAVURE.
Début :
Plan géométral de la ville de Bordeaux, levé par ordre de M. de Tourny Intendant [...]
Mots clefs :
Gravure, Bordeaux, Rembrandt
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
Plevé par ordre de M. de Tourny In-
Lan géométral de la ville de Bordeaux ,
tendant de la généralité , dédié & préſenté
au Roi par Meffieurs les Maire
Sous-
Maire , Jurats , Procureur , Syndic &
Secrétaire de cette ville : les élévations
de fes principaux édifices , forment une
bordure autour de ce plan ; une vue des
promenades de la même ville du côté du
château Trompette , une autre de la Porte
& Place de Bourgogne du côté du Port.
A Paris , chez Lattré , Graveur , rue faint
Jacques , où l'on trouve aufli les Plans
de Malte , la Carte géofphérique du Globe
terreftre , le Plan de Nancy , les Campagnes
du Roi repréfentées par des figures
allégoriques , & le projet d'une Place de
Louis XV , fur l'efplanade des Tuileries
préfenté à la Ville de Paris en 1752 , par
M. d'Aquinot architecte.
OCTOBRE 1755 . 203
LA DOUZIEME planche de M. de Marcenay
vient de paroître , elle eft gravée d'après
un tableau de Rembrant , ( large de
fix pieds fur quatre de haut , du cabinet de
M. le Comte de Vence , ) où vraifemblablement
il a peint les portraits de deux
perfonnes de grande diftinction à en juger
par la magnificence de leurs habillemens
qui pour lors n'étoient point équivoques ,
le luxe n'ayant point encore confondu les
conditions ni fuggéré l'idée d'en impofer à
la postérité.
On y voit une femme vêtue de fatin
blanc , fon manteau de pareille étoffe ,
doublé d'hermine , eft attaché par une
agrafe de pierreries. Le voile qu'elle a
fur la tête négligemment rejetté en arriere
, les perles dont elle eft ornée, & plus
encore fon chapeau de fleurs , dénotent
affez que c'eft une victime de l'Hymenée .
Son époux la conduit par la main , & ne
lui cede point en magnificence ; fur une
vefte de fatin brodée , il porte un manteau
de velours ponceau , enrichi d'une broderie
en or , parfeméé de diamans ; fur l'épaule
eft attachée une toile d'or pliée en
forme de noeud d'épaule , & fa tête eft
couverte d'une toque de velours noir , relevée
par une plume blanche & un cordon
de diamans ; fon hauſle- col défigne affez
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
que c'est un guerrier , peut - être feroit- il
de l'illuftre maifon de Naffau , ce que
Meffieurs les amateurs Hollandois pourront
fort aisément fçavoir à la vue de l'eftampe
, par la connoiffance exacte qu'ils ont
des ouvrages
de cet habile Peintre qui fait
tant d'honneur à leur patrie.
Un détail plus étendu ennuieroit plutôt
qu'il ne rendroit raifon de la maniere excellente
dont Rembrant s'eft tiré de ce
pompeux étalage qui eft pour l'ordinaire
l'écueil du pinceau . Rien ne trouble l'unité
de vifion , s'il eft permis de hafarder cette
expreffion , bien loin de là : diamans , étoffes
, payfage , tout , en un mot , par un
merveilleux affemblage , foumis à ce moteur
puiffant de l'harmonie , le clair - obfcur
, répand fur les chairs cet éclat féduifant
fi néceffaire aux portraits où le vrai
ne peut exifter fans le relief. On trouve
cette eftampe chez l'Auteur , rue des
Vieux Auguftins , près l'Egoût , vis- à -vis la
2º. lanterne , & chez M. Lutton , Commis
au recouvrement du Mercure , rue fainte
Anne , butte S. Roch , entre deux Selliers.
Plevé par ordre de M. de Tourny In-
Lan géométral de la ville de Bordeaux ,
tendant de la généralité , dédié & préſenté
au Roi par Meffieurs les Maire
Sous-
Maire , Jurats , Procureur , Syndic &
Secrétaire de cette ville : les élévations
de fes principaux édifices , forment une
bordure autour de ce plan ; une vue des
promenades de la même ville du côté du
château Trompette , une autre de la Porte
& Place de Bourgogne du côté du Port.
A Paris , chez Lattré , Graveur , rue faint
Jacques , où l'on trouve aufli les Plans
de Malte , la Carte géofphérique du Globe
terreftre , le Plan de Nancy , les Campagnes
du Roi repréfentées par des figures
allégoriques , & le projet d'une Place de
Louis XV , fur l'efplanade des Tuileries
préfenté à la Ville de Paris en 1752 , par
M. d'Aquinot architecte.
OCTOBRE 1755 . 203
LA DOUZIEME planche de M. de Marcenay
vient de paroître , elle eft gravée d'après
un tableau de Rembrant , ( large de
fix pieds fur quatre de haut , du cabinet de
M. le Comte de Vence , ) où vraifemblablement
il a peint les portraits de deux
perfonnes de grande diftinction à en juger
par la magnificence de leurs habillemens
qui pour lors n'étoient point équivoques ,
le luxe n'ayant point encore confondu les
conditions ni fuggéré l'idée d'en impofer à
la postérité.
On y voit une femme vêtue de fatin
blanc , fon manteau de pareille étoffe ,
doublé d'hermine , eft attaché par une
agrafe de pierreries. Le voile qu'elle a
fur la tête négligemment rejetté en arriere
, les perles dont elle eft ornée, & plus
encore fon chapeau de fleurs , dénotent
affez que c'eft une victime de l'Hymenée .
Son époux la conduit par la main , & ne
lui cede point en magnificence ; fur une
vefte de fatin brodée , il porte un manteau
de velours ponceau , enrichi d'une broderie
en or , parfeméé de diamans ; fur l'épaule
eft attachée une toile d'or pliée en
forme de noeud d'épaule , & fa tête eft
couverte d'une toque de velours noir , relevée
par une plume blanche & un cordon
de diamans ; fon hauſle- col défigne affez
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
que c'est un guerrier , peut - être feroit- il
de l'illuftre maifon de Naffau , ce que
Meffieurs les amateurs Hollandois pourront
fort aisément fçavoir à la vue de l'eftampe
, par la connoiffance exacte qu'ils ont
des ouvrages
de cet habile Peintre qui fait
tant d'honneur à leur patrie.
Un détail plus étendu ennuieroit plutôt
qu'il ne rendroit raifon de la maniere excellente
dont Rembrant s'eft tiré de ce
pompeux étalage qui eft pour l'ordinaire
l'écueil du pinceau . Rien ne trouble l'unité
de vifion , s'il eft permis de hafarder cette
expreffion , bien loin de là : diamans , étoffes
, payfage , tout , en un mot , par un
merveilleux affemblage , foumis à ce moteur
puiffant de l'harmonie , le clair - obfcur
, répand fur les chairs cet éclat féduifant
fi néceffaire aux portraits où le vrai
ne peut exifter fans le relief. On trouve
cette eftampe chez l'Auteur , rue des
Vieux Auguftins , près l'Egoût , vis- à -vis la
2º. lanterne , & chez M. Lutton , Commis
au recouvrement du Mercure , rue fainte
Anne , butte S. Roch , entre deux Selliers.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte décrit une gravure commandée par M. de Tourny, représentant le plan géométrique de la ville de Bordeaux. Ce plan, dédié au roi, inclut les élévations des principaux édifices bordelais et des vues des promenades et lieux emblématiques comme le château Trompette et la Porte de Bourgogne. La gravure est disponible chez Lattré, graveur à Paris, qui propose également d'autres plans et cartes, tels que ceux de Malte, Nancy, et des campagnes du roi. Par ailleurs, la douzième planche de M. de Marcenay, gravée d'après un tableau de Rembrandt, a été publiée. Ce tableau, provenant du cabinet du Comte de Vence, représente deux personnes de grande distinction. La femme, vêtue de satin blanc et d'hermine, porte des perles et un chapeau de fleurs, indiquant son statut de mariée. Son époux, en satin brodé et velours ponceau, arbore des diamants et une toque noire, suggérant qu'il pourrait être un guerrier de la maison de Nassau. La gravure est disponible chez l'auteur, rue des Vieux Augustins, et chez M. Lutton, rue Sainte-Anne. Le texte souligne la maîtrise de Rembrandt dans la représentation harmonieuse des détails luxueux sans troubler l'unité de la vision.
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31
p. 204-206
« LE Sr ALIAMET, habile Graveur, vient de donner au Public deux estampes qu'il a [...] »
Début :
LE Sr ALIAMET, habile Graveur, vient de donner au Public deux estampes qu'il a [...]
Mots clefs :
Estampes, Graveur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « LE Sr ALIAMET, habile Graveur, vient de donner au Public deux estampes qu'il a [...] »
LE SI ALTAMET , habile Graveur , vient
de donner au Public deux eftampes qu'il a
gravées d'aprèsTeniers.Elles ont pour titre ,
OCTOBRE . 1755 205
l'une le départ pour le Sabbat , & l'autre
l'arrivée au Sabbat . Les deux tableaux tirés
du cabinet de M. le Comte de Vence ,
palfent pour les plus ingénieux que ce
Peintre Flamand ait compofes. Comme
tout y eft fiction , il y a donné l'eſſor à
fon génie , il en a fait deux fujets de nuit ,
parce que les fcènes magiques qui y font
dépeintes , s'affortiffent mieux avec les ténebres
qu'avec la trop grande lumiere .
Dans le premier , on voit une Magicienne
occupée à préparer des onguents
pour frotter ceux qu'elle envoie au Sabbat .
Autour d'elle font fous les formes les plus
grotéfques , les fuppots du royaume Infernal
, qui applaudiffent à fon travail .
L'un d'eux tient une efpece de flute à bec
pour fonner le départ , d'autres paroiffent
l'accompagner de leurs cris lugubres. Sur
le devant du fujet font tous les attributs de
l'art de la divination . Têtes & offemens de
morts , caracteres écrits en cercle fur le
carreau , cartes difperfées , couteau fiché
en terre , & c. Dans le fond est une femme
qui tient le livre des paroles magiques
, & fait partir par la cheminée à
l'aide de la fumée d'un grand feu , ceux
qui font prêts , & qui ont en main le balet
chargé d'une torche ardente qui doit les
éclairer dans leur route,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le fecond fujet repréfente l'arrivée au
Sabbat. On y voit la forciere & fa fervante
accompagnées de toute la cohorte ténébreufe
, occupées à chercher des trafors à la
lueur du flambeau déja décrit . L'une fouille
la terre , l'autre apporte des herbes & des
racines magiques parmi lesquelles eft une
mandragore : la Scene eft en pleine campagne
au pied d'un gibet en ruine , dont
il ne refte qu'un poteau. Les oiſeaux de
nuit voltigeant ça & là , accompagnent de
leurs cris les inftrumens de mufique qui
annoncent d'une façon comique la joie de
toute la troupe.
Ces deux eftampes expriment parfaitement
les beautés & les fineffes des deux
tableaux & rendent très-bien les effets du
clair-obfcur. Elles fe vendent chez l'Auteur
rue des Mathurins , la quatrieme porte
cochere à gauche en entrant par la rue de
la Harpe , à Paris , 1755 .
de donner au Public deux eftampes qu'il a
gravées d'aprèsTeniers.Elles ont pour titre ,
OCTOBRE . 1755 205
l'une le départ pour le Sabbat , & l'autre
l'arrivée au Sabbat . Les deux tableaux tirés
du cabinet de M. le Comte de Vence ,
palfent pour les plus ingénieux que ce
Peintre Flamand ait compofes. Comme
tout y eft fiction , il y a donné l'eſſor à
fon génie , il en a fait deux fujets de nuit ,
parce que les fcènes magiques qui y font
dépeintes , s'affortiffent mieux avec les ténebres
qu'avec la trop grande lumiere .
Dans le premier , on voit une Magicienne
occupée à préparer des onguents
pour frotter ceux qu'elle envoie au Sabbat .
Autour d'elle font fous les formes les plus
grotéfques , les fuppots du royaume Infernal
, qui applaudiffent à fon travail .
L'un d'eux tient une efpece de flute à bec
pour fonner le départ , d'autres paroiffent
l'accompagner de leurs cris lugubres. Sur
le devant du fujet font tous les attributs de
l'art de la divination . Têtes & offemens de
morts , caracteres écrits en cercle fur le
carreau , cartes difperfées , couteau fiché
en terre , & c. Dans le fond est une femme
qui tient le livre des paroles magiques
, & fait partir par la cheminée à
l'aide de la fumée d'un grand feu , ceux
qui font prêts , & qui ont en main le balet
chargé d'une torche ardente qui doit les
éclairer dans leur route,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le fecond fujet repréfente l'arrivée au
Sabbat. On y voit la forciere & fa fervante
accompagnées de toute la cohorte ténébreufe
, occupées à chercher des trafors à la
lueur du flambeau déja décrit . L'une fouille
la terre , l'autre apporte des herbes & des
racines magiques parmi lesquelles eft une
mandragore : la Scene eft en pleine campagne
au pied d'un gibet en ruine , dont
il ne refte qu'un poteau. Les oiſeaux de
nuit voltigeant ça & là , accompagnent de
leurs cris les inftrumens de mufique qui
annoncent d'une façon comique la joie de
toute la troupe.
Ces deux eftampes expriment parfaitement
les beautés & les fineffes des deux
tableaux & rendent très-bien les effets du
clair-obfcur. Elles fe vendent chez l'Auteur
rue des Mathurins , la quatrieme porte
cochere à gauche en entrant par la rue de
la Harpe , à Paris , 1755 .
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Résumé : « LE Sr ALIAMET, habile Graveur, vient de donner au Public deux estampes qu'il a [...] »
Le graveur Si Altamet a récemment publié deux estampes inspirées des œuvres de Teniers : 'Le départ pour le Sabbat' et 'L'arrivée au Sabbat'. Ces tableaux, provenant du cabinet du Comte de Vence, sont parmi les plus remarquables du peintre flamand Teniers. Les scènes, fictives et nocturnes, mettent en valeur des éléments magiques. Dans la première estampe, une magicienne prépare des onguents pour envoyer des personnes au Sabbat. Autour d'elle, des formes grotesques et des suppôts infernaux applaudissent. Un d'eux joue de la flûte à bec, tandis que d'autres émettent des cris lugubres. Des attributs de divination, comme des têtes de morts et des cartes, sont présents. Une femme tient un livre de paroles magiques et fait partir les participants par la cheminée, éclairés par une torche. La seconde estampe montre l'arrivée au Sabbat. Une sorcière et sa servante, accompagnées de créatures ténébreuses, cherchent des trésors à la lueur d'un flambeau. Elles fouillent la terre et ramassent des herbes magiques, dont une mandragore. La scène se déroule en pleine campagne au pied d'un gibet en ruine. Des oiseaux de nuit et des instruments de musique comique annoncent la joie de la troupe. Ces estampes sont disponibles à la vente chez l'auteur, rue des Mathurins à Paris, en 1755.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 177-187
PEINTURE. Réflexions sommaires sur les ouvrages exposés au Louvre cette année.
Début :
C'est à l'émulation que les artistes doivent leurs succès, mais c'est des [...]
Mots clefs :
Louvre, Tableaux, Ouvrage, Beauté, Portrait, Succès, Dessin, Composition, Public
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texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. Réflexions sommaires sur les ouvrages exposés au Louvre cette année.
PEINTURE.
Réflexionsfommaires fur les ouvrages expofes
C
au Louvre cette année.
EST à l'émulation que les artiſtes
doivent leurs fuccès , mais c'eſt des
connoiffeurs qu'ils en attendent la récompenfe.
Peu flattés des éloges que leur prodigue
l'ignorance , parce qu'elle admire
tout fans choix , & qu'elle confond dans
le tribut injurieux qu'elle offre aux talens ,
le beau & le médiocre , peu touchés des
efforts de la malignité & de l'envie , qui
fufcitent contr'eux des écrivains plus indigens
qu'éclairés , ils méprifent également
les louanges immoderées des panégyriſtes ,
& la licence effrénée de leurs Zoïles . Trop
grands pour être agités par ces petites paffions
qui ne caracterifentque les hommes
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
médiocres , ils n'emploient point un tems
entierement dévoué aux arts , à écouter
ces rumeurs inutiles , ou à y répondre le
génie , le gout enfante leurs travaux ; c'eſt
du genie , c'est du gout qu'ils s'efforcent
de mériter l'hommage. L'encens dont ils
les honorent eft précieux , la critique épurée
à ces rayons eft utile à la perfection
de leur art . L'un leur fert à marcher avec
encore plus de fuccès dans la route heureufe
qu'ils fe font tracée , l'autre leur
fait éviter dans la fuite les écueils où ils
font tombés. Ainfi tout jufqu'à leurs fautes
même leur devient utile. C'est dans cette
vue que fe fait l'expofition des peintures ,
fculptures & gravures . Dans les éloges que
l'on donne ici aux chefs -d'oeuvre en tout
genre qui s'y font faits remarquer , on a
le bonheur d'être à la fois l'interprete du
public & l'organe de la verité.
On a vu avec plaifir dans les tableaux de
M. Reftout ce même feu qui diftingue fi
bien tous fes ouvrages ; cette chaleur dans
la compofition digne de l'illuftre Jouvenet
fon oncle , cette grande ordonnance ,
cette belle difpofition fe font admirer dans
un grand tableau de cet auteur , repréfentant
Jesus-Chrift qui lave les pieds aux
Apôtres. Tout y eft digne de la grandeur
du fujer .
NOVEMBRE. 1755. 179
M. Carlo- Vanloo , déja fi connu par la
beauté de fon pinceau , & la vigueur de fon
coloris , eft digne des plus grands éloges.
Qu'on trouve de dignité dans fes deux
grands tableaux , dont l'an repréfente le
Baptême de S. Auguftin , celui d'Alipe
fon ami , & d'Adeodat fon fils ; l'autre le
même Docteur prechant devant Valere ,
Evêque d'Hyppone ! Le caractere de nobletfe
qui paroît fur le front des deux Evêques
qui font dans ce tableau , eft tel qu'on
fe fent pénetré de refpect & de veneration
à leur vue. Dans le premier de ces tableaux
on a reconnu facilement l'auteur
fous la figure d'un Acolyte , tenant un livre
à la main. Le public , quoiqu'accoutumé
depuis long- tems à ne rien voir que
d'admirable fortir des mains de ce maître ,
n'a vu cependant qu'avec furprife un tableau
de chevalet , réprefentant une converſation
. Il n'eft pas poffible de faire un
tableau mieux peint , plus galant & plus
gracieufement traité . Ce tableau auroit
fait honneur à Wandeik pour la couleur ,
& à Netfcher pour le fini. On peut donner
les mêmes éloges à deux deffus de porte
du même auteur , dont l'un reprefente
deux Sultanes travaillant à la tapifferie , &
l'autre une Sultane prenant du caffé.
MM. Collin de Vermont & Natoire fou-
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
tiennent dignement la réputation qu'ils fe
font acquife par la nobleffe de leur compofition
, & par l'élegance & la préciſion
de leur deffein .
On ne peut donner que
des
applaudiffemens
à M. Jeaurat . Semblable aux
grands Poëtes tragiques, qui ne dédaignent
point de prendre le brodequin après avoir
long- tems chauffé le Cothurne , on l'a vu
avec plaifir remporter la palme dans un
genre moins élevé que le fien , mais qui
n'a cependant pas moins de difficultés . Il
a rendu avec verité ces petits évenemens
qui fe multiplient fi fouvent dans la vie
populaire . Dans l'un de fes tableaux on
voit un Commiffaire vengeur de l'honnêteté
publique violée ; dans l'autre , un demenagement
troublé par des créanciers
importuns ; l'attelier du Peintre n'a pas
été moins applaudi.
M. Halle parcourt fa carriere avec
gloire. Il foutient avec fuccès un nom
déja cher aux amateurs . Le tableau de cet
auteur reprefentant les Difciples d'Emmaüs
eft bien compofé , & fait un bel
effet.
Le merite de M. Vien a peut - être été
encore plutôt connu que fa perfonne A
peine fes premiers ouvrages ont-ils paruque
le fuccès les a couronnés ? La repuNOVEMBRE
. 1755. 181
tation de cet artifte eft déja faite dans un
âge , où il eſt beau de l'avoir commencée.
Chacun de ſes tableaux a réuni les fuftrages
. On a rendu juftice à la beauté du
deffein , & à la fageffe de la compofition
dans le tableau repréfentant S. Germain &
S. Vincent. Sa maniere de traiter l'hiftoire
nous paroît la meilleure : elle eft vraie &
fimple .
L'illufion ne fe diffipe qu'à peine en
touchant le tableau de M. Chardin , imitant
un bas- relief de bronze.
Dans la foule des portaits dont le fallon
étoit decoré , celui de M. Elvetius , par M.
Louis- Michel Vanloo , m'a frappé ainfi que
la multitude . Il a le merite de la reffemblance
; on peut dire qu'il eft bien portrait
. On apperçoit d'ailleurs dans le deffein
une jufteffe qui décele aux yeux des
connoiffeurs le peintre d'hiftoire. Le portrait
de feue Madame Henriette de France
eft auffi parfaitement reffemblant , & fait
honneur au pinceau de M. Nattier. M.
Tocqué a foutenu fa grande réputation par
le portrait de M. le Duc de Chartres &
par celui de M. le Marquis de Marigny.
L'un eft d'une verité exacte , & l'autre
d'une force de pinceau finguliere. M. Jelyotte
peint en Apollon , ajoute un nouveau
rayon à la gloire de ce Maître. M.
182 MERCURE DE FRANCE.
de la Tour dans le portrait de Madame de
Pompadour , a montré la fuperiorité de
fes talens déja tant de fois applaudis . Il a
égalé fon fujet par la maniere habile dont
il l'a traité. Plus on a vu ce portrait, plus
on l'a eftimé. Il forme un tableau de la
plus grande beauté , & qui gagne à l'examen.
Tous les détails & les ornemens en
font finis .
M. Aved ne s'eft pas moins diftingué.
On a trouvé l'ordonnance & la compofition
du portrait de M. l'Evêque de Meaux
noble & belle , l'exécution heureufe , le
coloris vigoureux & la reffemblance parfaite.
Les regards du public fe font auth
arrêtés fur fes autres tableaux auxquels on
a rendu la juftice qu'ils meritoient.
Un grand tableau peint en cire , fuivant
la découverte ou procedé de M. Bachelier
, qu'il appelle inuftion , c'eſt-àdire
cire brulée , a recueilli toutes les voix .
Deja connu par des talens précieux , mais
moins grands, moins developpés que ceux
qu'il préfente aujourd'hui , il rend la perte
de M. Oudry moins amere ; & la peinture
defolée d'avoir perdu fou la Fontaine
féche fes pleurs en trouvant fon fucceffeur
dans M. Bachelier. Ce tableau repréſente
la fable du cheval & du loup.
L'oeil s'eft fixé avec bien de la fatisfacNOVEMBRE.
1755. 183
tion fur cinq tableaux de M. Vernet. Deux
d'entr'eux reprefentent deux différentes
vues du port du Marfeille ; le troiſieme
une vue du port neuf , ou de l'arfenal de
Toulon ; le quatrieme une pêche du thon ;
& le dernier une tempête. Que de beautés
dans tous ces tableaux , & qu'ils font ingénieufement
variés ! Ce n'eft point une
peinture , ce n'eft plus une repréfentation
d'objets , c'eft l'exiftence , c'eft la réalité
même. Vous y voyez ces ouvrages admirables
fi utiles au commerce de la nation .
Vous y voyez les habitans des quatre parties
du monde reunis par l'interêt & le
bien public agir , commercer enſemble. Le
deffein de l'auteur eft digne du Pouffin . Le
fpectateur eft effrayé à la vue de la tempê
te & du naufrage . Les vagues irritées engloutiffent
les débris d'un vaiffeau dont
quelques hommes s'échappent à peine. Les
figures de ce tableau paroiffent être de la
main de Salvator Roze.
L'art de la miniature s'embellit , & devient
un grand talent dans celles de M.
Venevault .
M. de La Grenée , jeune peintre d'hiftoire
, expofe dans une âge où l'on ne donne
guere que de grandes efperances , des
ouvrages qui font deja les fruits de la maturité
du genie.
184 MERCURE DE FRANCE.
MM. Roflin & Dronais le fils , tiennerit
un rang dittingué dans leur genre.
Dans fes payfages M. Juliard rend bien
les effets de la nature .
M. Antoine Le Bel a auffi fon merite.
M. de la Rue marche fur les pas du fameux
Parrocel , dont les connoiffeurs regretteront
long- tems la perte. M. Greuze
nourri par l'étude des Peintres Flamans ,
ces hommes fi habiles à faifir la nature ,
& fi propres à arracher de la bouche du
fpectateur ce cri d'admiration , qu'on ne
peut refufer à la verité de l'expreffion &
de l'imitation , n'eft point inférieur à ces
grands Maîtres. Il eft tout-à- la fois imitateur
heureux , & créateur aimable .
La Sculpture n'a montré que peu d'ouvrages.
Le bufte de M. le Marechal de
Coigny nous a paru d'une grande vérité ,
& digne de M. Confton.
Dans le Milon Crotoniate de M.Falconnet
, on a admiré la beauté du deffein , la
jufteffe des contours & la force du cifeau .
Ce morceau de fculpture repréſente un
lion devorant l'athlete . Il remplit à la fois
de terreur & de compaffion . M. Michel-
Ange Slodiz a expofé l'efquiffe d'un grouppe
de la victoire qui ramene la paix ,
d'une très- belle compofition , ainfi que le
projet d'une chaire de Prédicateur pour S.
NOVEMBRE . 1755. 185
Sulpice , qui en fait fouhaiter l'exécution.
Par quelle fatalité les Bouchardons , les
Pigalles fe refufent- ils à nos applaudiffemens
? Faits pour les obtenir tous , nous
priveront- ils encore long- tems des fruits
de leurs cifeaux ? *
* Nous fommes également fondés à former
cette plainte à l'égard de la peinture . M. Boucher
nous a tenu rigueur à ce fallon , de même que M.
Pierre. La plus belle moitié du public a foupiré de
n'y rien voir de ce Peintre aimable , qui eft le fien ,
puifqu'il eft celui des graces & de la beauté. On
foupçonne que ces petits écrits furtifs , que l'envie
ou le befoin produifent contre le talent à chaque
expofition , en font la caufe fecrete . On craint
même que les autres artiftes du premier ordre
comme lui , ne fuivent fon exemple. Tous fe plaignent
, dit- on , que ces fatyres , quelques méprifables
qu'elles foient, font impreffion dans la province
, & y nuifent à leur gloire , comme à leur
intérêt . On voit bien que les Peintres ne font pas
aguerris ainfi que les auteurs. Il est vrai qu'ils
difent pour leurs raifons que les ouvrages de ces
derniers vont partout en même tems que leurs
critiques , & leur fervent de contre-poifon ; au
lieu que leurs tableaux reſtent dans les cabinets
de la capitale , & que les libelles qui les déchirent
, courent feuls la province. La crainte que
j'ai de nous voir privés par là des nouveaux tréfors
dont ces grands Maîtres peuvent nous enrichir
, m'oblige à leur répondre , pour les raffurer,
que la gravure vient à leur fecours . Elle devient
chaque jour fi parfaite , qu'on peut l'appeller une
traduction auffi fidelle qu'élégante de leurs ta
186, MERCURE DE FRANCE.
Le genie de M. Cochin fait pour les délices
de la nation , l'enchante fans l'étonner.
L'imagination & l'agrément animent
à la fois fon crayon & fon burin .
MM. Cars, Surugue , Le Bas , Tardieu ;
Dupuis, & autres artistes anffi diftingués par
leurs talens , ne laiffent rien à defirer
que
de nouvelles productions de leur part. M.
Guay fait revivre le gout antique dont fes
ouvrages ont toute la beauté. Il excelle
dans un art négligé depuis long-tems, mais
cultivé auparavant avec fuccès par ces
bleaux. Elle en rend l'efprit avec les traits ; les
eftampes que fon burin met au jour d'après leur
pinceau , fe répandent dans toute la France , &
font partout leur apologie. Ces Meffieurs m'objecteront
peut-être que leurs grands tableaux ne
font pas traduits , & que d'ailleurs il refte toujours
une partie effentielle fur laquelle ils ne
font pas juftifiés , qui eft la couleur que la gravure
ne peut jamais rendre. Mais pour y fuppléer
les Journaux publics avertiffent les provinces &
même les pays étrangers où ils parviennent , du
mépris qu'on doit faire de ces critiques informes,
& du difcrédit où elles font à Paris . Tous ces petits
faifeurs de brochures peuvent inquietter un
moment nos Appelles françois , ou leur faire
tout au plus une piquure paflagere ; mais ces infectes
n'exiftent qu'un Automne. Le premier
froid de Phyver les tue heureufement & nous en
délivre , tandis que les chefs - d'oeuvres qu'ils attaquent
font confacrés par les années , & durent
éternellement.
NOVEMBRE . 1755. 187
hommes rares qui confacroient leurs travaux
à immortalifer les traits d'un Cefar ,
d'un Trajan . Il en fait un auffi bel ufage
qu'eux. Il les confacre à retracer à la pofterité
ceux d'un Monarque auffi grand que
ces heros. Siecle heureux , où tout concourt
à la gloire des arts , où il fe trouve
des hommes qui les cultivent , des connoiffeurs
qui les aiment , un Mecene qui
les encourage , & un Prince qui les recompenſe
!
Réflexionsfommaires fur les ouvrages expofes
C
au Louvre cette année.
EST à l'émulation que les artiſtes
doivent leurs fuccès , mais c'eſt des
connoiffeurs qu'ils en attendent la récompenfe.
Peu flattés des éloges que leur prodigue
l'ignorance , parce qu'elle admire
tout fans choix , & qu'elle confond dans
le tribut injurieux qu'elle offre aux talens ,
le beau & le médiocre , peu touchés des
efforts de la malignité & de l'envie , qui
fufcitent contr'eux des écrivains plus indigens
qu'éclairés , ils méprifent également
les louanges immoderées des panégyriſtes ,
& la licence effrénée de leurs Zoïles . Trop
grands pour être agités par ces petites paffions
qui ne caracterifentque les hommes
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
médiocres , ils n'emploient point un tems
entierement dévoué aux arts , à écouter
ces rumeurs inutiles , ou à y répondre le
génie , le gout enfante leurs travaux ; c'eſt
du genie , c'est du gout qu'ils s'efforcent
de mériter l'hommage. L'encens dont ils
les honorent eft précieux , la critique épurée
à ces rayons eft utile à la perfection
de leur art . L'un leur fert à marcher avec
encore plus de fuccès dans la route heureufe
qu'ils fe font tracée , l'autre leur
fait éviter dans la fuite les écueils où ils
font tombés. Ainfi tout jufqu'à leurs fautes
même leur devient utile. C'est dans cette
vue que fe fait l'expofition des peintures ,
fculptures & gravures . Dans les éloges que
l'on donne ici aux chefs -d'oeuvre en tout
genre qui s'y font faits remarquer , on a
le bonheur d'être à la fois l'interprete du
public & l'organe de la verité.
On a vu avec plaifir dans les tableaux de
M. Reftout ce même feu qui diftingue fi
bien tous fes ouvrages ; cette chaleur dans
la compofition digne de l'illuftre Jouvenet
fon oncle , cette grande ordonnance ,
cette belle difpofition fe font admirer dans
un grand tableau de cet auteur , repréfentant
Jesus-Chrift qui lave les pieds aux
Apôtres. Tout y eft digne de la grandeur
du fujer .
NOVEMBRE. 1755. 179
M. Carlo- Vanloo , déja fi connu par la
beauté de fon pinceau , & la vigueur de fon
coloris , eft digne des plus grands éloges.
Qu'on trouve de dignité dans fes deux
grands tableaux , dont l'an repréfente le
Baptême de S. Auguftin , celui d'Alipe
fon ami , & d'Adeodat fon fils ; l'autre le
même Docteur prechant devant Valere ,
Evêque d'Hyppone ! Le caractere de nobletfe
qui paroît fur le front des deux Evêques
qui font dans ce tableau , eft tel qu'on
fe fent pénetré de refpect & de veneration
à leur vue. Dans le premier de ces tableaux
on a reconnu facilement l'auteur
fous la figure d'un Acolyte , tenant un livre
à la main. Le public , quoiqu'accoutumé
depuis long- tems à ne rien voir que
d'admirable fortir des mains de ce maître ,
n'a vu cependant qu'avec furprife un tableau
de chevalet , réprefentant une converſation
. Il n'eft pas poffible de faire un
tableau mieux peint , plus galant & plus
gracieufement traité . Ce tableau auroit
fait honneur à Wandeik pour la couleur ,
& à Netfcher pour le fini. On peut donner
les mêmes éloges à deux deffus de porte
du même auteur , dont l'un reprefente
deux Sultanes travaillant à la tapifferie , &
l'autre une Sultane prenant du caffé.
MM. Collin de Vermont & Natoire fou-
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
tiennent dignement la réputation qu'ils fe
font acquife par la nobleffe de leur compofition
, & par l'élegance & la préciſion
de leur deffein .
On ne peut donner que
des
applaudiffemens
à M. Jeaurat . Semblable aux
grands Poëtes tragiques, qui ne dédaignent
point de prendre le brodequin après avoir
long- tems chauffé le Cothurne , on l'a vu
avec plaifir remporter la palme dans un
genre moins élevé que le fien , mais qui
n'a cependant pas moins de difficultés . Il
a rendu avec verité ces petits évenemens
qui fe multiplient fi fouvent dans la vie
populaire . Dans l'un de fes tableaux on
voit un Commiffaire vengeur de l'honnêteté
publique violée ; dans l'autre , un demenagement
troublé par des créanciers
importuns ; l'attelier du Peintre n'a pas
été moins applaudi.
M. Halle parcourt fa carriere avec
gloire. Il foutient avec fuccès un nom
déja cher aux amateurs . Le tableau de cet
auteur reprefentant les Difciples d'Emmaüs
eft bien compofé , & fait un bel
effet.
Le merite de M. Vien a peut - être été
encore plutôt connu que fa perfonne A
peine fes premiers ouvrages ont-ils paruque
le fuccès les a couronnés ? La repuNOVEMBRE
. 1755. 181
tation de cet artifte eft déja faite dans un
âge , où il eſt beau de l'avoir commencée.
Chacun de ſes tableaux a réuni les fuftrages
. On a rendu juftice à la beauté du
deffein , & à la fageffe de la compofition
dans le tableau repréfentant S. Germain &
S. Vincent. Sa maniere de traiter l'hiftoire
nous paroît la meilleure : elle eft vraie &
fimple .
L'illufion ne fe diffipe qu'à peine en
touchant le tableau de M. Chardin , imitant
un bas- relief de bronze.
Dans la foule des portaits dont le fallon
étoit decoré , celui de M. Elvetius , par M.
Louis- Michel Vanloo , m'a frappé ainfi que
la multitude . Il a le merite de la reffemblance
; on peut dire qu'il eft bien portrait
. On apperçoit d'ailleurs dans le deffein
une jufteffe qui décele aux yeux des
connoiffeurs le peintre d'hiftoire. Le portrait
de feue Madame Henriette de France
eft auffi parfaitement reffemblant , & fait
honneur au pinceau de M. Nattier. M.
Tocqué a foutenu fa grande réputation par
le portrait de M. le Duc de Chartres &
par celui de M. le Marquis de Marigny.
L'un eft d'une verité exacte , & l'autre
d'une force de pinceau finguliere. M. Jelyotte
peint en Apollon , ajoute un nouveau
rayon à la gloire de ce Maître. M.
182 MERCURE DE FRANCE.
de la Tour dans le portrait de Madame de
Pompadour , a montré la fuperiorité de
fes talens déja tant de fois applaudis . Il a
égalé fon fujet par la maniere habile dont
il l'a traité. Plus on a vu ce portrait, plus
on l'a eftimé. Il forme un tableau de la
plus grande beauté , & qui gagne à l'examen.
Tous les détails & les ornemens en
font finis .
M. Aved ne s'eft pas moins diftingué.
On a trouvé l'ordonnance & la compofition
du portrait de M. l'Evêque de Meaux
noble & belle , l'exécution heureufe , le
coloris vigoureux & la reffemblance parfaite.
Les regards du public fe font auth
arrêtés fur fes autres tableaux auxquels on
a rendu la juftice qu'ils meritoient.
Un grand tableau peint en cire , fuivant
la découverte ou procedé de M. Bachelier
, qu'il appelle inuftion , c'eſt-àdire
cire brulée , a recueilli toutes les voix .
Deja connu par des talens précieux , mais
moins grands, moins developpés que ceux
qu'il préfente aujourd'hui , il rend la perte
de M. Oudry moins amere ; & la peinture
defolée d'avoir perdu fou la Fontaine
féche fes pleurs en trouvant fon fucceffeur
dans M. Bachelier. Ce tableau repréſente
la fable du cheval & du loup.
L'oeil s'eft fixé avec bien de la fatisfacNOVEMBRE.
1755. 183
tion fur cinq tableaux de M. Vernet. Deux
d'entr'eux reprefentent deux différentes
vues du port du Marfeille ; le troiſieme
une vue du port neuf , ou de l'arfenal de
Toulon ; le quatrieme une pêche du thon ;
& le dernier une tempête. Que de beautés
dans tous ces tableaux , & qu'ils font ingénieufement
variés ! Ce n'eft point une
peinture , ce n'eft plus une repréfentation
d'objets , c'eft l'exiftence , c'eft la réalité
même. Vous y voyez ces ouvrages admirables
fi utiles au commerce de la nation .
Vous y voyez les habitans des quatre parties
du monde reunis par l'interêt & le
bien public agir , commercer enſemble. Le
deffein de l'auteur eft digne du Pouffin . Le
fpectateur eft effrayé à la vue de la tempê
te & du naufrage . Les vagues irritées engloutiffent
les débris d'un vaiffeau dont
quelques hommes s'échappent à peine. Les
figures de ce tableau paroiffent être de la
main de Salvator Roze.
L'art de la miniature s'embellit , & devient
un grand talent dans celles de M.
Venevault .
M. de La Grenée , jeune peintre d'hiftoire
, expofe dans une âge où l'on ne donne
guere que de grandes efperances , des
ouvrages qui font deja les fruits de la maturité
du genie.
184 MERCURE DE FRANCE.
MM. Roflin & Dronais le fils , tiennerit
un rang dittingué dans leur genre.
Dans fes payfages M. Juliard rend bien
les effets de la nature .
M. Antoine Le Bel a auffi fon merite.
M. de la Rue marche fur les pas du fameux
Parrocel , dont les connoiffeurs regretteront
long- tems la perte. M. Greuze
nourri par l'étude des Peintres Flamans ,
ces hommes fi habiles à faifir la nature ,
& fi propres à arracher de la bouche du
fpectateur ce cri d'admiration , qu'on ne
peut refufer à la verité de l'expreffion &
de l'imitation , n'eft point inférieur à ces
grands Maîtres. Il eft tout-à- la fois imitateur
heureux , & créateur aimable .
La Sculpture n'a montré que peu d'ouvrages.
Le bufte de M. le Marechal de
Coigny nous a paru d'une grande vérité ,
& digne de M. Confton.
Dans le Milon Crotoniate de M.Falconnet
, on a admiré la beauté du deffein , la
jufteffe des contours & la force du cifeau .
Ce morceau de fculpture repréſente un
lion devorant l'athlete . Il remplit à la fois
de terreur & de compaffion . M. Michel-
Ange Slodiz a expofé l'efquiffe d'un grouppe
de la victoire qui ramene la paix ,
d'une très- belle compofition , ainfi que le
projet d'une chaire de Prédicateur pour S.
NOVEMBRE . 1755. 185
Sulpice , qui en fait fouhaiter l'exécution.
Par quelle fatalité les Bouchardons , les
Pigalles fe refufent- ils à nos applaudiffemens
? Faits pour les obtenir tous , nous
priveront- ils encore long- tems des fruits
de leurs cifeaux ? *
* Nous fommes également fondés à former
cette plainte à l'égard de la peinture . M. Boucher
nous a tenu rigueur à ce fallon , de même que M.
Pierre. La plus belle moitié du public a foupiré de
n'y rien voir de ce Peintre aimable , qui eft le fien ,
puifqu'il eft celui des graces & de la beauté. On
foupçonne que ces petits écrits furtifs , que l'envie
ou le befoin produifent contre le talent à chaque
expofition , en font la caufe fecrete . On craint
même que les autres artiftes du premier ordre
comme lui , ne fuivent fon exemple. Tous fe plaignent
, dit- on , que ces fatyres , quelques méprifables
qu'elles foient, font impreffion dans la province
, & y nuifent à leur gloire , comme à leur
intérêt . On voit bien que les Peintres ne font pas
aguerris ainfi que les auteurs. Il est vrai qu'ils
difent pour leurs raifons que les ouvrages de ces
derniers vont partout en même tems que leurs
critiques , & leur fervent de contre-poifon ; au
lieu que leurs tableaux reſtent dans les cabinets
de la capitale , & que les libelles qui les déchirent
, courent feuls la province. La crainte que
j'ai de nous voir privés par là des nouveaux tréfors
dont ces grands Maîtres peuvent nous enrichir
, m'oblige à leur répondre , pour les raffurer,
que la gravure vient à leur fecours . Elle devient
chaque jour fi parfaite , qu'on peut l'appeller une
traduction auffi fidelle qu'élégante de leurs ta
186, MERCURE DE FRANCE.
Le genie de M. Cochin fait pour les délices
de la nation , l'enchante fans l'étonner.
L'imagination & l'agrément animent
à la fois fon crayon & fon burin .
MM. Cars, Surugue , Le Bas , Tardieu ;
Dupuis, & autres artistes anffi diftingués par
leurs talens , ne laiffent rien à defirer
que
de nouvelles productions de leur part. M.
Guay fait revivre le gout antique dont fes
ouvrages ont toute la beauté. Il excelle
dans un art négligé depuis long-tems, mais
cultivé auparavant avec fuccès par ces
bleaux. Elle en rend l'efprit avec les traits ; les
eftampes que fon burin met au jour d'après leur
pinceau , fe répandent dans toute la France , &
font partout leur apologie. Ces Meffieurs m'objecteront
peut-être que leurs grands tableaux ne
font pas traduits , & que d'ailleurs il refte toujours
une partie effentielle fur laquelle ils ne
font pas juftifiés , qui eft la couleur que la gravure
ne peut jamais rendre. Mais pour y fuppléer
les Journaux publics avertiffent les provinces &
même les pays étrangers où ils parviennent , du
mépris qu'on doit faire de ces critiques informes,
& du difcrédit où elles font à Paris . Tous ces petits
faifeurs de brochures peuvent inquietter un
moment nos Appelles françois , ou leur faire
tout au plus une piquure paflagere ; mais ces infectes
n'exiftent qu'un Automne. Le premier
froid de Phyver les tue heureufement & nous en
délivre , tandis que les chefs - d'oeuvres qu'ils attaquent
font confacrés par les années , & durent
éternellement.
NOVEMBRE . 1755. 187
hommes rares qui confacroient leurs travaux
à immortalifer les traits d'un Cefar ,
d'un Trajan . Il en fait un auffi bel ufage
qu'eux. Il les confacre à retracer à la pofterité
ceux d'un Monarque auffi grand que
ces heros. Siecle heureux , où tout concourt
à la gloire des arts , où il fe trouve
des hommes qui les cultivent , des connoiffeurs
qui les aiment , un Mecene qui
les encourage , & un Prince qui les recompenſe
!
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Résumé : PEINTURE. Réflexions sommaires sur les ouvrages exposés au Louvre cette année.
En 1755, le Louvre a accueilli des expositions de peintures, sculptures et gravures, où les artistes cherchaient l'émulation et la reconnaissance des connaisseurs, valorisant les critiques constructives et les éloges mérités. Plusieurs artistes ont été particulièrement remarqués pour leurs œuvres. M. Restout a été loué pour son tableau représentant Jésus-Christ lavant les pieds des Apôtres. M. Carlo Vanloo a été admiré pour ses tableaux du Baptême de Saint Augustin et de Saint Augustin prêchant devant Valère. M. Jeaurat a été apprécié pour ses scènes de la vie populaire. M. Halle a été salué pour son tableau des Disciples d'Emmaüs. M. Vien a été reconnu pour son tableau de Saint Germain et Saint Vincent. M. Chardin a impressionné avec son imitation de bas-relief en bronze. Les portraits de M. Elvetius par Louis-Michel Vanloo, de Madame Henriette de France par Nattier, et de Madame de Pompadour par La Tour ont également été remarqués pour leur ressemblance et leur qualité. M. Bachelier a été félicité pour son tableau en cire représentant la fable du cheval et du loup. M. Vernet a été acclamé pour ses tableaux de vues maritimes et de tempêtes. En sculpture, les œuvres de M. Falconet et de M. Michel-Ange Slodtz ont été admirées. Le texte déplore l'absence de certaines figures emblématiques comme Boucher et Pigalle, attribuant cela à des critiques malveillantes. La gravure a été saluée pour sa capacité à diffuser les œuvres des peintres et à contrer les critiques provinciales. Enfin, le texte célèbre un siècle où les arts sont cultivés, aimés, encouragés et récompensés.
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33
p. 187-189
« M. GAUTIER nous assure qu'il est l'inventeur de l'art d'imprimer les tableaux à [...] »
Début :
M. GAUTIER nous assure qu'il est l'inventeur de l'art d'imprimer les tableaux à [...]
Mots clefs :
Tableaux, Anatomie, Jacques Gautier d'Agoty, Couleurs
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texteReconnaissance textuelle : « M. GAUTIER nous assure qu'il est l'inventeur de l'art d'imprimer les tableaux à [...] »
M. GAUTIER nous affure qu'il eft l'inventeur
de l'art d'imprimer les tableaux à
quatre cuivres. Les tentatives infructueufes
qui ont été faites pour y parvenir depuis
plus de foixante ans , prouvent les
difficultés qu'il y a de réuffit dans ce nouveau
genre de gravure. Son origine comme
celle de toutes les autres inventions ,
eſt priſe dans les ſources les plus anciennes;
c'eft des Manufactures d'indiennes de Marfeille
que M. Gautier a conçu l'idée de
frapper des tableaux , comme on frappe
des fleurs fur ces fortes de toiles peintes ,
& il prétend avoir réuffi par la raifon qu'il
poffede la théorie des couleurs. Ces fortes
de tableaux peuvent fervir à l'Hiftoire natarelle
, à l'Anatomie , ainfi qu'à l'ornement
des cabinets. Jean - Baptifte - André
188 MERCURE DE FRANCE..
Gautier fon fils aîné , tient déja le burin ,
& va le feconder dans fes entrepriſes. Il
annonce au public , fous la direction & la
touche de fon pere , deux tableaux dans ce
genre , dont l'un repréfente la Toilette du
Soir , d'apres Arnoldus Boonen ; & l'autre
le Magifter Hollandois & fa jeure Ecoliere ,
d'après Therbourk , tous deux tirés du cabinet
de M. le Comte de Vence , & préfentés
à M. le Marquis de Marigny , avec
l'approbation de plufieurs Académiciens.
M. Gautier nous promet après la fecon-
Cde édition de fon cours d'Anatomie auquel
uel il eft fcrupuleufement attaché , de
donner des fuites de tableaux de plusieurs
genres , & les fuites d'Hiftoire naturelle
qu'il ne difcontinue point.
·
Les deux tableaux que nous venons d'annoncer
font fur toile de buit , c'est- à - dire de
quinze pouces de haut fur douze de large.
Le prix eft de trois livres en feuilles , & quatre
livres collés fur toile & vernis .
M. Gautier avertit les amateurs d'Anatomie
, que l'homme en cire n'eft plus chez
lui. Ce morceau a été moulé fur un fujet
difféqué aux Invalides de Paris , & repréfentant
exactement les vifceres , les mufcles
, les vaiffeaux & les nerfs , comme la
nature même ; il eft beaucoup eftimé des
connoiffeurs dans ce genre , & a été vu
NOVEMBRE. 1755. 189
de bien des perfonnes qui en ont loué le
travail & l'exactitude. C'eſt afin que l'on
ne fe donne plus la peine de l'aller voir
chez lui qu'il donne cet avis ; cependant'
les perfonnes de diftinction aufquelles on
ne peut rien réfufer , apprendront chez
M. Gautier où il eft actuellement , & le'
nom de l'amateur qui en a fait l'acquifi-'
tion ; & fi quelque Seigneur veut avoir une
pareille figure , les moules étant encore
entiers , il aura la bonté d'avertir un an
d'avance. Le prix eft de fix mille livres ,
avec la fuite des parties détachées , en
cire également.
de l'art d'imprimer les tableaux à
quatre cuivres. Les tentatives infructueufes
qui ont été faites pour y parvenir depuis
plus de foixante ans , prouvent les
difficultés qu'il y a de réuffit dans ce nouveau
genre de gravure. Son origine comme
celle de toutes les autres inventions ,
eſt priſe dans les ſources les plus anciennes;
c'eft des Manufactures d'indiennes de Marfeille
que M. Gautier a conçu l'idée de
frapper des tableaux , comme on frappe
des fleurs fur ces fortes de toiles peintes ,
& il prétend avoir réuffi par la raifon qu'il
poffede la théorie des couleurs. Ces fortes
de tableaux peuvent fervir à l'Hiftoire natarelle
, à l'Anatomie , ainfi qu'à l'ornement
des cabinets. Jean - Baptifte - André
188 MERCURE DE FRANCE..
Gautier fon fils aîné , tient déja le burin ,
& va le feconder dans fes entrepriſes. Il
annonce au public , fous la direction & la
touche de fon pere , deux tableaux dans ce
genre , dont l'un repréfente la Toilette du
Soir , d'apres Arnoldus Boonen ; & l'autre
le Magifter Hollandois & fa jeure Ecoliere ,
d'après Therbourk , tous deux tirés du cabinet
de M. le Comte de Vence , & préfentés
à M. le Marquis de Marigny , avec
l'approbation de plufieurs Académiciens.
M. Gautier nous promet après la fecon-
Cde édition de fon cours d'Anatomie auquel
uel il eft fcrupuleufement attaché , de
donner des fuites de tableaux de plusieurs
genres , & les fuites d'Hiftoire naturelle
qu'il ne difcontinue point.
·
Les deux tableaux que nous venons d'annoncer
font fur toile de buit , c'est- à - dire de
quinze pouces de haut fur douze de large.
Le prix eft de trois livres en feuilles , & quatre
livres collés fur toile & vernis .
M. Gautier avertit les amateurs d'Anatomie
, que l'homme en cire n'eft plus chez
lui. Ce morceau a été moulé fur un fujet
difféqué aux Invalides de Paris , & repréfentant
exactement les vifceres , les mufcles
, les vaiffeaux & les nerfs , comme la
nature même ; il eft beaucoup eftimé des
connoiffeurs dans ce genre , & a été vu
NOVEMBRE. 1755. 189
de bien des perfonnes qui en ont loué le
travail & l'exactitude. C'eſt afin que l'on
ne fe donne plus la peine de l'aller voir
chez lui qu'il donne cet avis ; cependant'
les perfonnes de diftinction aufquelles on
ne peut rien réfufer , apprendront chez
M. Gautier où il eft actuellement , & le'
nom de l'amateur qui en a fait l'acquifi-'
tion ; & fi quelque Seigneur veut avoir une
pareille figure , les moules étant encore
entiers , il aura la bonté d'avertir un an
d'avance. Le prix eft de fix mille livres ,
avec la fuite des parties détachées , en
cire également.
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Résumé : « M. GAUTIER nous assure qu'il est l'inventeur de l'art d'imprimer les tableaux à [...] »
M. Gautier se présente comme l'inventeur de l'impression des tableaux à quatre cuivres, une technique inspirée par les manufactures d'indiennes de Marseille. Cette méthode permet de reproduire des tableaux comme on imprime des fleurs sur des toiles. Gautier attribue son succès à sa maîtrise de la théorie des couleurs. Ces impressions peuvent être utilisées pour l'histoire naturelle, l'anatomie ou l'ornementation de cabinets. Son fils, Jean-Baptiste-André Gautier, collabore avec lui et annonce deux tableaux : 'La Toilette du Soir' d'après Arnoldus Boonen et 'Le Magistre Hollandois et sa jeune Écolière' d'après Therbourk. Ces œuvres, tirées du cabinet de M. le Comte de Vence, ont été présentées à M. le Marquis de Marigny avec l'approbation de plusieurs académiciens. Après la seconde édition de son cours d'anatomie, Gautier prévoit de publier des suites de tableaux de divers genres et des suites d'histoire naturelle. Les deux tableaux annoncés sont sur toile de buit, mesurant quinze pouces de haut sur douze de large, et sont vendus trois livres en feuilles et quatre livres collés sur toile et vernis. Gautier informe également les amateurs d'anatomie que son modèle en cire de l'homme, moulé sur un sujet aux Invalides de Paris, a été acquis par un amateur. Il propose de reproduire le modèle pour ceux intéressés, à condition d'être averti un an à l'avance, pour un prix de six mille livres incluant la suite des parties détachées en cire.
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34
p. 189-191
GRAVURE.
Début :
L'Académie Royale de peinture & de sculpture, agréa au mois de Septembre [...]
Mots clefs :
Peintre, Graveur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
' Académie Royale de peinture & de
dernier le fieur Jean- George Will , Graveur .
Les progrès rapides qu'il a faits dans cet
art difficile , juftifient de plus en plus l'eftime
& l'amitié dont feu M. Rigaud l'avoit
honoré.
Ce grand Peintre jugeoit par les foins
qu'il lui voyoit prendre à fon ouvrage ,
qu'il parviendroit un jour au dégré de
perfection dont il vient de nous donner des
preuves dans les trois morceaux qui lui
190 MERCURE DE FRANCE.
ont mérité le fuffrage unanime de l'Académie
& les applaudiffemens du public ,
lors de leur expofition au fallon.
Les véritables amateurs en ce genre ont
remarqué avec plaifir que par la coupe
hardie de fon burin , fes eftampes n'ont
rien qui fente la fatigue , que les travaux
en font purs & variés , & qu'ils rendent
avec fidélité les caracteres particuliers des
tableaux qu'il a repréfentés ; ce qui eft un
point des plus effentiels de la gravure.
On croit voir dans la Cléopâtre de Netfcher
, la vigueur , la richeffe & furtout le
féduifant des fatins où ce peintre excelloit.
Par le magnifique portrait de M. le
Comte de Saint-Florentin , on reconnoit
dans les objets principaux , comme dans
les acceffoires , tout le fçavoir & toute
Pintelligence qui diftinguent avec tant
d'avantage l'illuftre Tocqué .
Dans celui du fieur Maffé que ce Graveur
vient de finir d'après le même Peintre,
les travaux font plus larges , plus fermes
& plus convenables à la fimplicité du fujet
, qui n'a d'autres richeffes que la beauté
de l'ordonnance , & celle des tons que
le graveur a parfaitement rendus . Čes
fortes de beautés naïves , méritent aux
yeux des connoiffeurs une diftinction particuliere.
Le célebre M. Piron , par fix vers
NOVEMBRE. 1755. 191
qu'il a mis au bas du portrait de M. Maffé,
n'a pas voulu qu'on pût voir cet Artiſte ,
fans fe reffouvenir que c'eft à fes foins &
à fon intelligence que nous devons la fuperbe
collection de la Gallerie de Verfailles
.
Le fieur Will vient d'achever auffi dans
le même tems & avec le même fuccès , une
planche d'après un tableau de Gerard Dow,
repréfentant la mere de ce Peintre en vieille
devideufe ( 1 ) : les qualités éminentes
du fimple , du vrai & du beau fini , qui
diftinguent ce maître fameux, ne pouvoient
jamais être rendues avec plus d'art & plus
de précifion. C'eft fur la vérité de cet expofé
que nous annonçons au Public avec
confiance , que le fieur Will vient de mettre
au jour ces deux dernieres Planches.
Sa demeure eft fur le quai des Auguftins ,
à côté de l'Hôtel d'Auvergne.
(1 ) Ce tableau eft du cabinet de M. le Comte
de Vence , ainsi que la Cléopâtre de Netfcher.
' Académie Royale de peinture & de
dernier le fieur Jean- George Will , Graveur .
Les progrès rapides qu'il a faits dans cet
art difficile , juftifient de plus en plus l'eftime
& l'amitié dont feu M. Rigaud l'avoit
honoré.
Ce grand Peintre jugeoit par les foins
qu'il lui voyoit prendre à fon ouvrage ,
qu'il parviendroit un jour au dégré de
perfection dont il vient de nous donner des
preuves dans les trois morceaux qui lui
190 MERCURE DE FRANCE.
ont mérité le fuffrage unanime de l'Académie
& les applaudiffemens du public ,
lors de leur expofition au fallon.
Les véritables amateurs en ce genre ont
remarqué avec plaifir que par la coupe
hardie de fon burin , fes eftampes n'ont
rien qui fente la fatigue , que les travaux
en font purs & variés , & qu'ils rendent
avec fidélité les caracteres particuliers des
tableaux qu'il a repréfentés ; ce qui eft un
point des plus effentiels de la gravure.
On croit voir dans la Cléopâtre de Netfcher
, la vigueur , la richeffe & furtout le
féduifant des fatins où ce peintre excelloit.
Par le magnifique portrait de M. le
Comte de Saint-Florentin , on reconnoit
dans les objets principaux , comme dans
les acceffoires , tout le fçavoir & toute
Pintelligence qui diftinguent avec tant
d'avantage l'illuftre Tocqué .
Dans celui du fieur Maffé que ce Graveur
vient de finir d'après le même Peintre,
les travaux font plus larges , plus fermes
& plus convenables à la fimplicité du fujet
, qui n'a d'autres richeffes que la beauté
de l'ordonnance , & celle des tons que
le graveur a parfaitement rendus . Čes
fortes de beautés naïves , méritent aux
yeux des connoiffeurs une diftinction particuliere.
Le célebre M. Piron , par fix vers
NOVEMBRE. 1755. 191
qu'il a mis au bas du portrait de M. Maffé,
n'a pas voulu qu'on pût voir cet Artiſte ,
fans fe reffouvenir que c'eft à fes foins &
à fon intelligence que nous devons la fuperbe
collection de la Gallerie de Verfailles
.
Le fieur Will vient d'achever auffi dans
le même tems & avec le même fuccès , une
planche d'après un tableau de Gerard Dow,
repréfentant la mere de ce Peintre en vieille
devideufe ( 1 ) : les qualités éminentes
du fimple , du vrai & du beau fini , qui
diftinguent ce maître fameux, ne pouvoient
jamais être rendues avec plus d'art & plus
de précifion. C'eft fur la vérité de cet expofé
que nous annonçons au Public avec
confiance , que le fieur Will vient de mettre
au jour ces deux dernieres Planches.
Sa demeure eft fur le quai des Auguftins ,
à côté de l'Hôtel d'Auvergne.
(1 ) Ce tableau eft du cabinet de M. le Comte
de Vence , ainsi que la Cléopâtre de Netfcher.
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Résumé : GRAVURE.
Jean-George Will est un graveur reconnu pour ses progrès rapides dans l'art de la gravure. Il a été soutenu par le défunt peintre Rigaud, qui voyait en lui un potentiel pour atteindre la perfection. Will a récemment exposé trois œuvres à l'Académie Royale de peinture et de sculpture, recevant l'unanimité des suffrages académiques et les applaudissements du public. Ses gravures sont appréciées pour leur coupe hardie, leur pureté, leur variété et leur fidélité aux tableaux originaux. Parmi ses œuvres notables, on trouve la gravure de 'Cléopâtre de Nestor', le portrait du Comte de Saint-Florentin et celui de M. Massé, salué pour ses traits larges et fermes. Le célèbre M. Piron a souligné l'importance de Will dans la création de la collection de la Galerie de Versailles. Will a également achevé une planche d'après un tableau de Gerard Dow, représentant la mère du peintre en vieille dévoteuse. Le texte se conclut par l'annonce de la mise au jour de deux nouvelles planches par Will, dont la demeure est située sur le quai des Augustins, à côté de l'Hôtel d'Auvergne.
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35
p. 191-192
A Monsieur le Comte de V.... sur l'Estampe gravée d'après Gerard Dow, par M. Will. HUITAIN.
Début :
Je désirois & Marot & Rousseau [...]
Mots clefs :
Estampe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Monsieur le Comte de V.... sur l'Estampe gravée d'après Gerard Dow, par M. Will. HUITAIN.
A Monfieur le Comte de V.... fur l'Estampe
gravée d'après Gerard Dow , par M.Will.
JE
HUITAIN.
E défirois & Marot & Rouffeau ,
En un dixain , s'ils étoient en ma place ,
192 MERCURE DE FRANCE.
De vous payer , Comte , le beau morceau
Que je poffede en bordure & fous glace.
Moi , pauvret , donc , que veut- on que je faffe ?
Je n'y fçais rien , fors d'avouer tout net ,
Qu'au grand jamais le clinquant du Parnaffe
Ne vaudra l'or de votre cabinet .
gravée d'après Gerard Dow , par M.Will.
JE
HUITAIN.
E défirois & Marot & Rouffeau ,
En un dixain , s'ils étoient en ma place ,
192 MERCURE DE FRANCE.
De vous payer , Comte , le beau morceau
Que je poffede en bordure & fous glace.
Moi , pauvret , donc , que veut- on que je faffe ?
Je n'y fçais rien , fors d'avouer tout net ,
Qu'au grand jamais le clinquant du Parnaffe
Ne vaudra l'or de votre cabinet .
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36
p. 192
DIXAIN.
Début :
Honneur du petit cabinet [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DIXAIN.
DIXAIN.
du petit cabinet
D'un Poëte qui vous encenſe ,
Maffon , Edelinck , & Drevet ,
Vous m'allez bien gronder , je penfe.
Grace au magnifique de V ...
Qui n'a pas de plaifir plus doux
Que de partager avec tous
Ce que le fien a d'admirable ,
Je vais placer Will entre vous ,
C'eft un voifin bien redoutable .
Piron ,
1755.
du petit cabinet
D'un Poëte qui vous encenſe ,
Maffon , Edelinck , & Drevet ,
Vous m'allez bien gronder , je penfe.
Grace au magnifique de V ...
Qui n'a pas de plaifir plus doux
Que de partager avec tous
Ce que le fien a d'admirable ,
Je vais placer Will entre vous ,
C'eft un voifin bien redoutable .
Piron ,
1755.
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37
p. 192-194
Vers qui sont au bas du Portrait de M. Massé, gravé par M. Vill.
Début :
Du célebre le Brun, sous ses riches lambris, [...]
Mots clefs :
Portrait
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Vers qui sont au bas du Portrait de M. Massé, gravé par M. Vill.
Vers quifont au bas du Portrait de M. Maſſë,
gravé par M. Vill.
Du célebre le Brun , fous fes riches lambris , U
Verfailles renfermoit les chefs- d'oeuvres fans prix ,
Qui de Louis le Grand nous ont tracé l'hiftoire.
Secondé du burin Maffé durant trente ans ,
Par
NOVEMBRE. 1755. 193
Par des travaux d'un genre à triompher des tems ,
De la France & du Peintre étend partout la
gloire.
Piron , 1755 .
Le fieur Surugue , Graveur du Roi ,
vient de mettre au jour deux jolies Eftampes
d'après les tableaux originaux de David
Teniers ; l'une fous le titre des Payfans
Hollandois revenans des champs ; & l'autre
fous celui de la Glaneufe Flamande . On
les vend chez l'Auteur , rue des Noyers ,
vis-à- vis S. Yves. On y trouve auffi le
portrait de Mlle Silvia , gravé par Suru-.
gue fils , d'après M. de la Tour. On lit
ces vers au bas de l'Eftampe.
Bu jeu de Silvia , la naïve éloquence
Sçait inftruire , égayer , attendrir tous les coeurs
A l'art de plaire uniflant la décence ,
Elle annoblit fon état par les moeurs.
La fuite d'Odieuvre paroît ; elle confifte
en huit nouveaux portraits. On la
trouve chez lui , cul- de-fac des vignes ,
à Paris. Le troifieme volume de l'Europe
Illuftre doit fe diftribuer inceffamment.
Les huit nouvelles planches du Lutrin ,
fe vendent à Paris , chez Gaillard , Graveur
, rue S. Jacques , au -deffus des Jacobins
, entre un Perruquier & une Lingere.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
LE ST LE ROUGE, Ingénieur, Géographe
du Roi , rue des Auguftins , piès la rue S.
André , vient de publier un recueil , contenant
les plans des principales villes & forts
de l'Amérique feptentrionale; fçavoir, Quebec
, vue de Quebec , Louifbourg , Ville-
Marie , Cayene , Nouvelle Orleans , Fort
Dauphin projetté , Fort S. Fréderic , Ville
de Hallifax , Fort de Hallifax , Fort Weftern
, Fort Francfort , Charles Toun , Port
Royal de Jamaique , Kingſton , Port de
Plaifance , Annapolis Royal , S. Domingo ,
Veracrux , Havanne , & le fameux faut de
Niagara , in-4° . broché , ; liv. 3
On trouve auffi chez le même une collection
des côtes d'Angleterre , qu'on nomme
le Pilote Côtier , par Collins, Impreffion
de Londres. prix 48 livres .
Plus , une carte Topographique de
l'ifthme de l'Acadie avec les Forts de
Beauféjour , Gafpereau , &c. levée fur les
lieux en Juin.
Plus , une très -belle carte de la partie
orientale du Canada , contenant l'Acadie
& le fleuve S. Laurent jufques à Quebec ,
terres que les Anglois nomment la nouvelle
Ecoffe , traduite d'une carte angloife , publiée
en Juin dernier par Jeffery.
Plus , toutes les cartes concernant les
affaires préfentes de l'Amérique .
gravé par M. Vill.
Du célebre le Brun , fous fes riches lambris , U
Verfailles renfermoit les chefs- d'oeuvres fans prix ,
Qui de Louis le Grand nous ont tracé l'hiftoire.
Secondé du burin Maffé durant trente ans ,
Par
NOVEMBRE. 1755. 193
Par des travaux d'un genre à triompher des tems ,
De la France & du Peintre étend partout la
gloire.
Piron , 1755 .
Le fieur Surugue , Graveur du Roi ,
vient de mettre au jour deux jolies Eftampes
d'après les tableaux originaux de David
Teniers ; l'une fous le titre des Payfans
Hollandois revenans des champs ; & l'autre
fous celui de la Glaneufe Flamande . On
les vend chez l'Auteur , rue des Noyers ,
vis-à- vis S. Yves. On y trouve auffi le
portrait de Mlle Silvia , gravé par Suru-.
gue fils , d'après M. de la Tour. On lit
ces vers au bas de l'Eftampe.
Bu jeu de Silvia , la naïve éloquence
Sçait inftruire , égayer , attendrir tous les coeurs
A l'art de plaire uniflant la décence ,
Elle annoblit fon état par les moeurs.
La fuite d'Odieuvre paroît ; elle confifte
en huit nouveaux portraits. On la
trouve chez lui , cul- de-fac des vignes ,
à Paris. Le troifieme volume de l'Europe
Illuftre doit fe diftribuer inceffamment.
Les huit nouvelles planches du Lutrin ,
fe vendent à Paris , chez Gaillard , Graveur
, rue S. Jacques , au -deffus des Jacobins
, entre un Perruquier & une Lingere.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
LE ST LE ROUGE, Ingénieur, Géographe
du Roi , rue des Auguftins , piès la rue S.
André , vient de publier un recueil , contenant
les plans des principales villes & forts
de l'Amérique feptentrionale; fçavoir, Quebec
, vue de Quebec , Louifbourg , Ville-
Marie , Cayene , Nouvelle Orleans , Fort
Dauphin projetté , Fort S. Fréderic , Ville
de Hallifax , Fort de Hallifax , Fort Weftern
, Fort Francfort , Charles Toun , Port
Royal de Jamaique , Kingſton , Port de
Plaifance , Annapolis Royal , S. Domingo ,
Veracrux , Havanne , & le fameux faut de
Niagara , in-4° . broché , ; liv. 3
On trouve auffi chez le même une collection
des côtes d'Angleterre , qu'on nomme
le Pilote Côtier , par Collins, Impreffion
de Londres. prix 48 livres .
Plus , une carte Topographique de
l'ifthme de l'Acadie avec les Forts de
Beauféjour , Gafpereau , &c. levée fur les
lieux en Juin.
Plus , une très -belle carte de la partie
orientale du Canada , contenant l'Acadie
& le fleuve S. Laurent jufques à Quebec ,
terres que les Anglois nomment la nouvelle
Ecoffe , traduite d'une carte angloife , publiée
en Juin dernier par Jeffery.
Plus , toutes les cartes concernant les
affaires préfentes de l'Amérique .
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Résumé : Vers qui sont au bas du Portrait de M. Massé, gravé par M. Vill.
En novembre 1755, Piron a écrit un poème en l'honneur de Charles Le Brun, peintre et graveur renommé, soulignant ses contributions à l'histoire de Louis XIV et sa collaboration avec Massé. Le poème met en avant les œuvres d'art conservées à Versailles et la renommée de Le Brun. Le graveur Surugue a publié deux estampes d'après les tableaux de David Teniers : 'Les Paysans Hollandais revenant des champs' et 'La Glaneuse Flamande'. Ces œuvres, ainsi qu'un portrait de Mlle Silvia gravé par Surugue fils d'après M. de la Tour, sont disponibles chez l'auteur. La suite d'Odieuvre, composée de huit nouveaux portraits, est également disponible chez l'auteur. Le troisième volume de 'L'Europe Illustre' et les huit nouvelles planches du 'Lutrin' sont en vente chez Gaillard, graveur. Le St Le Rouge, ingénieur et géographe du Roi, a publié un recueil de plans des principales villes et forts de l'Amérique septentrionale, ainsi qu'une collection des côtes d'Angleterre. Parmi les cartes disponibles, on trouve une carte topographique de l'isthme de l'Acadie et une carte de la partie orientale du Canada. Ces publications sont disponibles chez Le St Le Rouge.
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38
p. 205-206
PEINTURE.
Début :
COMME la lettre que nous avons insérée dans le Mercure d'Octobre sur [...]
Mots clefs :
Prix, Académie royale de peinture
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texteReconnaissance textuelle : PEINTURE.
PEINTURE.
Cférée dans le Mercure d'Octobre fur
OMME la lettre que nous avons in
la féance publique, tenue le ro Septembre
par l'Académie Royale de Peinture , n'eft
entrée dans aucun détail de la diftribution
des prix , nous allons y fuppléer avec
le plus de précision qu'il nous fera poffible.
M. le Marquis de Marigny , Directeur
& Ordonnateur général des bâtimens du
Roi , diftribua ce jour-là les médailles d'or
& d'argent , que Sa Majefté accorde aux
éleves de cette Académie leur encoupour
ragement. Son gout & fon amour pour les
arts lui font joindre tant de politeffe à
cette diftribution des graces du Roi , qu'en
quelque maniere elles en augmentent de
prix.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le premier prix de peinture fut adjugé
au Sr Chardin , fils du célébre M. Chardin
, Confeiller & Tréforier de la même
Académie. Le premier prix de Sculpture
au fieur Bridau. Le fecond prix de Peinture
au Sr Joullain , & le fecond de Sculpture
au Sr Berré. M. le Directeur général fit
enfuite la diftribution des médailles d'argent
accordées aux éleves fur des Académies
deffinées ou modelées . Nous attendons
, comme tout Paris , avec la plus vive
impatience l'impreffion du Poëme dont M.
Watelet fit la lecture dans cette féance ,
pour en rendre compte au Public , & lui
donner toutes les louanges qu'il mérite.
Cférée dans le Mercure d'Octobre fur
OMME la lettre que nous avons in
la féance publique, tenue le ro Septembre
par l'Académie Royale de Peinture , n'eft
entrée dans aucun détail de la diftribution
des prix , nous allons y fuppléer avec
le plus de précision qu'il nous fera poffible.
M. le Marquis de Marigny , Directeur
& Ordonnateur général des bâtimens du
Roi , diftribua ce jour-là les médailles d'or
& d'argent , que Sa Majefté accorde aux
éleves de cette Académie leur encoupour
ragement. Son gout & fon amour pour les
arts lui font joindre tant de politeffe à
cette diftribution des graces du Roi , qu'en
quelque maniere elles en augmentent de
prix.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le premier prix de peinture fut adjugé
au Sr Chardin , fils du célébre M. Chardin
, Confeiller & Tréforier de la même
Académie. Le premier prix de Sculpture
au fieur Bridau. Le fecond prix de Peinture
au Sr Joullain , & le fecond de Sculpture
au Sr Berré. M. le Directeur général fit
enfuite la diftribution des médailles d'argent
accordées aux éleves fur des Académies
deffinées ou modelées . Nous attendons
, comme tout Paris , avec la plus vive
impatience l'impreffion du Poëme dont M.
Watelet fit la lecture dans cette féance ,
pour en rendre compte au Public , & lui
donner toutes les louanges qu'il mérite.
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Résumé : PEINTURE.
Le 9 septembre, la distribution des prix de l'Académie Royale de Peinture a eu lieu sous la présidence de M. le Marquis de Marigny, Directeur et Ordonnateur général des bâtiments du Roi. Les médailles d'or et d'argent ont été remises aux lauréats. Le premier prix de peinture a été attribué au Sr Chardin, fils du célèbre M. Chardin, Conseiller et Trésorier de l'Académie. Le premier prix de sculpture a été décerné au Sr Bridau. Le second prix de peinture a été remporté par le Sr Joullain, et le second prix de sculpture par le Sr Berré. Des médailles d'argent ont également été distribuées aux élèves des académies dessinées ou modelées. Le poème de M. Watelet, lu lors de cette séance, sera imprimé pour être rendu public.
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39
p. 206-209
Lettre à l'Auteur du Mercure.
Début :
MONSIEUR, n'étant point connu de M. Gautier, & ne le connoissant [...]
Mots clefs :
Inventeur, Planches, Imprimer, Peinture, Couleurs, Jacques Gautier d'Agoty
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texteReconnaissance textuelle : Lettre à l'Auteur du Mercure.
Lettre à l'Auteur du Mercure.
MONSIEUR, cont
ONSIEUR , n'étant point connu
de M. Gautier , & ne le connoiffant
que par fa grande réputation qu'il appuie
de tout fon crédit auprès du Public , permettez-
moi que par votre moyen je lui
demande l'explication de ce qu'il a avancé
dans le Mercure du mois de Novembre
dernier. Il nous affure qu'il eft l'inventeur
de l'art d'imprimer les tableaux à quatre
Cuivres. Je n'ai jufqu'ici rien revoqué en
doute de tout ce qu'il lui a plu dire.puDECEMBRE.
1755. 207
bliquement , & fur fa parole j'ai cru , lui
voyant écrire fur toutes fortes de matieres
qu'il y étoit très -entendu . J'ai même
porté ma croyance jufqu'à me perfuader
qu'il avoit fait , ainfi qu'il le dit à qui
veut l'entendre , un fyftême meilleur que
celui de Newton , & j'attribuois à une obfl'inattention
tination impardonnable
,
allant jufqu'au mépris qu'ont les Sçavans
pour les découvertes : enfin j'étois
difpofé à croire des chofes encore plus incroyables
, & je fuis extrêmement affligé
de me voir dans la néceffité de lui retirer
cette confiance aveugle. Il fe dit l'inventeur
de ce qu'il appelle l'Art d'imprimer
les eftampes coloriées. Peut - il avoir oublié
qu'il eft de notoriété publique que M.
Le Blond l'avoit trouvé bien des années
avant qu'il fût en âge d'y penfer , & en
avoit donné des preuves connues pendant
long- tems en Angleterre , & dans fa vieilleffe
à Paris : que M. Gautier lui -même ,
entra chez M. Le Blond pour y apprendre
ce talent , auquel il ne s'étoit pas deftiné
d'abord , puifque s'il s'étoit propofé cette
Occupation plufieurs années auparavant ,
il s'y feroit apparemment préparé par une
longue étude du deffein ? La vafte étendue
des connoiffances dont on a vu depuis
les fruits , le tenoit alors dans une espece
zo8 MERCURE DE FRANCE.
d'indécifion , & c'eft maintenant fans
doute ce qui lui caufe ce manque de mémoire
. Je penfe cependant entrevoir quelque
caufe à l'erreur qui lui donne lieu de
fe croire inventeur.
M. Le Blond ne fe fervoit que de trois
planches chargées chacune d'une couleur ,
& plus ou moins travaillées , felon la quantité
dont cette couleur doit entrer dans la
teinte ; M. Gautier en a ajouté une quatrieme.
Seroit- ce là ce qu'il prendroit pour
une invention ? & fe peut-il qu'il ne s'apperçoive
pas que l'invention de cet art ,
affez peu important , confiſte à avoir conçu
le premier qu'on pourroit, par des planches
gravées & imprimées de différentes
couleurs , imiter les tons de la Peinture ?
M. Le Blond n'en mettoit que trois , M.
Gautier , pour ne faire que la même chofe,
en met quatre , un autre en mettra cinq ,
fix , tant que l'on voudra. Compteronsnous
le nombre des inventeurs par le nombre
des planches ? Quand on fuppoferoit
même que cette quatrieme planche auroit
apporté quelque perfection dans les ouvrages
de ce genre, ne devroit- on pas dire ,
pour parler exactement : M. Gautier , ani
moyen d'un privilege exclusif, a feul perfectionné
l'art d'imprimer les eftampes coloriées
à quatre cuivres.
DECEMBRE . 1755 : 209
Je fuis vraiment fâché que M. Gautier
m'ait mis dans le cas de l'incertitude à
l'égard du dégré de croyance qui lui eft
dûe ; & je ne vous cacherai pas que je
ferois curieux de fçavoir quels font ces
Académiciens qui ont approuvé les morceaux
qu'il a préfentés à M. le Marquis de
Marigny. Ces fuffrages font de poids , & je
crois que le Public , ainfi que moi , feroit
charmé de n'avoir là- deffus aucun doute.
J'ai l'honneur d'être , & c.
MONSIEUR, cont
ONSIEUR , n'étant point connu
de M. Gautier , & ne le connoiffant
que par fa grande réputation qu'il appuie
de tout fon crédit auprès du Public , permettez-
moi que par votre moyen je lui
demande l'explication de ce qu'il a avancé
dans le Mercure du mois de Novembre
dernier. Il nous affure qu'il eft l'inventeur
de l'art d'imprimer les tableaux à quatre
Cuivres. Je n'ai jufqu'ici rien revoqué en
doute de tout ce qu'il lui a plu dire.puDECEMBRE.
1755. 207
bliquement , & fur fa parole j'ai cru , lui
voyant écrire fur toutes fortes de matieres
qu'il y étoit très -entendu . J'ai même
porté ma croyance jufqu'à me perfuader
qu'il avoit fait , ainfi qu'il le dit à qui
veut l'entendre , un fyftême meilleur que
celui de Newton , & j'attribuois à une obfl'inattention
tination impardonnable
,
allant jufqu'au mépris qu'ont les Sçavans
pour les découvertes : enfin j'étois
difpofé à croire des chofes encore plus incroyables
, & je fuis extrêmement affligé
de me voir dans la néceffité de lui retirer
cette confiance aveugle. Il fe dit l'inventeur
de ce qu'il appelle l'Art d'imprimer
les eftampes coloriées. Peut - il avoir oublié
qu'il eft de notoriété publique que M.
Le Blond l'avoit trouvé bien des années
avant qu'il fût en âge d'y penfer , & en
avoit donné des preuves connues pendant
long- tems en Angleterre , & dans fa vieilleffe
à Paris : que M. Gautier lui -même ,
entra chez M. Le Blond pour y apprendre
ce talent , auquel il ne s'étoit pas deftiné
d'abord , puifque s'il s'étoit propofé cette
Occupation plufieurs années auparavant ,
il s'y feroit apparemment préparé par une
longue étude du deffein ? La vafte étendue
des connoiffances dont on a vu depuis
les fruits , le tenoit alors dans une espece
zo8 MERCURE DE FRANCE.
d'indécifion , & c'eft maintenant fans
doute ce qui lui caufe ce manque de mémoire
. Je penfe cependant entrevoir quelque
caufe à l'erreur qui lui donne lieu de
fe croire inventeur.
M. Le Blond ne fe fervoit que de trois
planches chargées chacune d'une couleur ,
& plus ou moins travaillées , felon la quantité
dont cette couleur doit entrer dans la
teinte ; M. Gautier en a ajouté une quatrieme.
Seroit- ce là ce qu'il prendroit pour
une invention ? & fe peut-il qu'il ne s'apperçoive
pas que l'invention de cet art ,
affez peu important , confiſte à avoir conçu
le premier qu'on pourroit, par des planches
gravées & imprimées de différentes
couleurs , imiter les tons de la Peinture ?
M. Le Blond n'en mettoit que trois , M.
Gautier , pour ne faire que la même chofe,
en met quatre , un autre en mettra cinq ,
fix , tant que l'on voudra. Compteronsnous
le nombre des inventeurs par le nombre
des planches ? Quand on fuppoferoit
même que cette quatrieme planche auroit
apporté quelque perfection dans les ouvrages
de ce genre, ne devroit- on pas dire ,
pour parler exactement : M. Gautier , ani
moyen d'un privilege exclusif, a feul perfectionné
l'art d'imprimer les eftampes coloriées
à quatre cuivres.
DECEMBRE . 1755 : 209
Je fuis vraiment fâché que M. Gautier
m'ait mis dans le cas de l'incertitude à
l'égard du dégré de croyance qui lui eft
dûe ; & je ne vous cacherai pas que je
ferois curieux de fçavoir quels font ces
Académiciens qui ont approuvé les morceaux
qu'il a préfentés à M. le Marquis de
Marigny. Ces fuffrages font de poids , & je
crois que le Public , ainfi que moi , feroit
charmé de n'avoir là- deffus aucun doute.
J'ai l'honneur d'être , & c.
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Résumé : Lettre à l'Auteur du Mercure.
L'auteur d'une lettre demande des éclaircissements à un destinataire concernant une affirmation de M. Gautier publiée dans le Mercure de novembre précédent. L'auteur avait initialement cru sans réserve les déclarations de M. Gautier, notamment l'invention de l'art d'imprimer les tableaux à quatre cuivres. Cependant, il remet en question cette affirmation en soulignant que M. Le Blond avait déjà développé cette technique avant M. Gautier. L'auteur précise que M. Gautier avait appris cette technique auprès de M. Le Blond et que l'ajout d'une quatrième planche par M. Gautier ne constitue pas une véritable invention, mais une modification mineure. L'auteur exprime son regret de devoir révoquer sa confiance en M. Gautier et souhaite connaître les académiciens ayant approuvé les travaux de M. Gautier pour lever tout doute.
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40
p. 209-212
Explication d'un Tableau peint à l'encre de la Chine, par M. Gosmond, représentant les Graces animant & encourageant les Talens ; dédié à Madame de Pompadour.
Début :
Les Graces descendant du Ciel, pour animer les Talens & les Arts, forment [...]
Mots clefs :
Tableau, Talents, Gloire, Grâces, Couronne, Madame de Pompadour
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texteReconnaissance textuelle : Explication d'un Tableau peint à l'encre de la Chine, par M. Gosmond, représentant les Graces animant & encourageant les Talens ; dédié à Madame de Pompadour.
Explication d'un Tableau peint à l'encre de
la Chine , par M. Gefmond , repréfentant
les Graces animant & encourageant les
Talens ; dédié à Madame de Pompadour.
Es Graces defcendant du Ciel , pour
, le
LE Grec lesTalens & les Arts , forment
le principal grouppe , & donnent ,
par la lumiere qui les environne
jour à tous les objets dont le Tableau
eft compofé. Elles font accompagnées de
la Libéralité , qui récompenfe les dons ,
que les Graces répandent fur les heureux
Génies des Sciences & des Beaux-
Arts. Ces mêmes Génies. font reprétentés
au deffous , travaillant à l'envi , pour
fe rendre dignes des faveurs qu'ils reçoivent
des Divinités qui les éclairent & qui
les animent. Ils caractériſent , la Mufique,
le Deffein , la Poéfie , l'Architecture , com210
MERCURE DE FRANCE.
me les attributs , qui font au milieu d'eux ,
défignent la Peinture & la Sculpture , Arts,
fi juftement & fi dignement protégés aujourd'hui.
On voit , fur le devant , la
Déelle des Talens , couronnée de laurier ,
& affife au pied d'un palmier , appuyée fur
un ancre , fymbole de l'Efpérance . Elle
tient un cartouche , où font gravées les
armes de Madame de Pompadour , & elle
contemple , avec autant de plaifir que d'admiration
, les Graces animer par leurs . regards
& leurs bienfaits , les Génies dont
elle eft la mere. Apollon , du côté oppofé ,
invite les Mufes qui l'environnent , à rendre
hommage aux Graces & à leur confaerer
leurs talens , puifque ce font elles fenles
, qui les peuvent faire valoir , & les
couronner d'une gloire immortelle . Au
bas du Tableau , on lit ces vers :
Dans les cieux , fur la terre , on invoque les
Graces ;
L'Amour leur doit les coeurs qui volent fur fes
traces ,
Apollon , tout le prix de fes heureux talens :
Elles ornent le coeur , l'efprit , les fentimens.
Sur le Tibre on les vit , dans Augufte & Mécene
Pour former le bon goût , prodiguer leurs faveurs :
Leur regne eft aujourd'hui fur le bord de la Seine ,
On le Dieu des Beaux- Arts leur doit les protecteurs.
DECEMBRE. 1755. 211
Nous ajouterons encore du même Auteur
, ( qui a donné au Public en 1752 .
Hiftoire métallique des campagnes du Roi ,
dédiée à Sa Majefté , & qui fe vend à
Paris , chez le fieur Vanheck , rue d'Enfer ,
près S. Landry, dans la Cité , ) la defcription
d'un tableau allégorique de fa compofition
, repréfentant Hercule couronné par
Les foins de la Sageffe , dédié à M. le Maréchal
Duc de Belle-Ifle , à qui il en avoit
fait un hommage particulier en 1752 , &
dont nous allons donner une légere explication.
Le principal objet qu'a eu l'Auteur de
ce tableau , eft d'y peindre la gloire que
s'eft acquife M. le Maréchal , par fes nobles
travaux . Le Roi y eft défigné fous la
forme de Jupiter , & Minerve eft auprès de
lui . L'illuftre feigneur que l'on a eu deffein
d'y caractériſer , y eft repréſenté fous la
figure d'Hercule. Ce Héros , foulant à fes
pieds l'Hydre de Lerne , Type du plus
glorieux de fes exploits , regarde le fouverain
des Dieux , avec une expreffion , qui
fait voir tout fon amour & toute fa reconnoiffance
; image dont l'objet eft de faire
allufion aux différens emplois politiques
& militares que Sa Majefté a confiés au
Maréchal Duc de Belle- Ifle , dans lesquels
il s'eft autant diftingué par la fupériorité
de fon génie , que par la force de fon cou-
#
212 MERCURE DE FRANCE.
rage . On voit la Victoire fur le devant du
tableau , aflife à l'ombre d'un palmier , fur
des trophées d'armes . Cette Déeffe , d'un
air fatisfait , confidere Hercule , couronné
par les mains de la Sageffe , & elle montre
fur fon bouclier cette infcription : Sic
Herculeo labore , novus Alcides , Heros Gallia
, immortali coronatur gloria , Jove probante
: qui fignifie : C'eft ainfi qu'un nouvel
Alcide , ce Héros François , a mérité , par des
travaux dignes d'Hercule , d'être couronné
d'une gloire immortelle , fous le bon plaifir
même de Jupiter. Au bas du tableau on lic
ces vers :
Un homme jufte , fage , & ferme en fes projets ;
Verroit , fans s'étonner , l'univers fe diffoudre ,
S'écrouler fur la tête , & le réduire en poudre,
Qu'il périrait conftant dans fes nobles objets .
Quand on fuit la vertu , jamais on ne recule :
C'eft par là qu'autrefois la Grece vit Hercule ,
Soutenant des deftins toute l'iniquité ; i
Vôler en dépit d'eux à l'immortalité.
Tel on vit de nos jours , le généreux BELLE-ISLE ,
Inébranlable au fort , à la gloire docile ,
A Prague , nous montrer un nouveau Xénophon ;
Fabius en Provence , au confeil un Caton .
Minerve , couronnant la Gloire qui le guide ,
Lecouronne aujourdhui fous tous les traits d'Alcide.
la Chine , par M. Gefmond , repréfentant
les Graces animant & encourageant les
Talens ; dédié à Madame de Pompadour.
Es Graces defcendant du Ciel , pour
, le
LE Grec lesTalens & les Arts , forment
le principal grouppe , & donnent ,
par la lumiere qui les environne
jour à tous les objets dont le Tableau
eft compofé. Elles font accompagnées de
la Libéralité , qui récompenfe les dons ,
que les Graces répandent fur les heureux
Génies des Sciences & des Beaux-
Arts. Ces mêmes Génies. font reprétentés
au deffous , travaillant à l'envi , pour
fe rendre dignes des faveurs qu'ils reçoivent
des Divinités qui les éclairent & qui
les animent. Ils caractériſent , la Mufique,
le Deffein , la Poéfie , l'Architecture , com210
MERCURE DE FRANCE.
me les attributs , qui font au milieu d'eux ,
défignent la Peinture & la Sculpture , Arts,
fi juftement & fi dignement protégés aujourd'hui.
On voit , fur le devant , la
Déelle des Talens , couronnée de laurier ,
& affife au pied d'un palmier , appuyée fur
un ancre , fymbole de l'Efpérance . Elle
tient un cartouche , où font gravées les
armes de Madame de Pompadour , & elle
contemple , avec autant de plaifir que d'admiration
, les Graces animer par leurs . regards
& leurs bienfaits , les Génies dont
elle eft la mere. Apollon , du côté oppofé ,
invite les Mufes qui l'environnent , à rendre
hommage aux Graces & à leur confaerer
leurs talens , puifque ce font elles fenles
, qui les peuvent faire valoir , & les
couronner d'une gloire immortelle . Au
bas du Tableau , on lit ces vers :
Dans les cieux , fur la terre , on invoque les
Graces ;
L'Amour leur doit les coeurs qui volent fur fes
traces ,
Apollon , tout le prix de fes heureux talens :
Elles ornent le coeur , l'efprit , les fentimens.
Sur le Tibre on les vit , dans Augufte & Mécene
Pour former le bon goût , prodiguer leurs faveurs :
Leur regne eft aujourd'hui fur le bord de la Seine ,
On le Dieu des Beaux- Arts leur doit les protecteurs.
DECEMBRE. 1755. 211
Nous ajouterons encore du même Auteur
, ( qui a donné au Public en 1752 .
Hiftoire métallique des campagnes du Roi ,
dédiée à Sa Majefté , & qui fe vend à
Paris , chez le fieur Vanheck , rue d'Enfer ,
près S. Landry, dans la Cité , ) la defcription
d'un tableau allégorique de fa compofition
, repréfentant Hercule couronné par
Les foins de la Sageffe , dédié à M. le Maréchal
Duc de Belle-Ifle , à qui il en avoit
fait un hommage particulier en 1752 , &
dont nous allons donner une légere explication.
Le principal objet qu'a eu l'Auteur de
ce tableau , eft d'y peindre la gloire que
s'eft acquife M. le Maréchal , par fes nobles
travaux . Le Roi y eft défigné fous la
forme de Jupiter , & Minerve eft auprès de
lui . L'illuftre feigneur que l'on a eu deffein
d'y caractériſer , y eft repréſenté fous la
figure d'Hercule. Ce Héros , foulant à fes
pieds l'Hydre de Lerne , Type du plus
glorieux de fes exploits , regarde le fouverain
des Dieux , avec une expreffion , qui
fait voir tout fon amour & toute fa reconnoiffance
; image dont l'objet eft de faire
allufion aux différens emplois politiques
& militares que Sa Majefté a confiés au
Maréchal Duc de Belle- Ifle , dans lesquels
il s'eft autant diftingué par la fupériorité
de fon génie , que par la force de fon cou-
#
212 MERCURE DE FRANCE.
rage . On voit la Victoire fur le devant du
tableau , aflife à l'ombre d'un palmier , fur
des trophées d'armes . Cette Déeffe , d'un
air fatisfait , confidere Hercule , couronné
par les mains de la Sageffe , & elle montre
fur fon bouclier cette infcription : Sic
Herculeo labore , novus Alcides , Heros Gallia
, immortali coronatur gloria , Jove probante
: qui fignifie : C'eft ainfi qu'un nouvel
Alcide , ce Héros François , a mérité , par des
travaux dignes d'Hercule , d'être couronné
d'une gloire immortelle , fous le bon plaifir
même de Jupiter. Au bas du tableau on lic
ces vers :
Un homme jufte , fage , & ferme en fes projets ;
Verroit , fans s'étonner , l'univers fe diffoudre ,
S'écrouler fur la tête , & le réduire en poudre,
Qu'il périrait conftant dans fes nobles objets .
Quand on fuit la vertu , jamais on ne recule :
C'eft par là qu'autrefois la Grece vit Hercule ,
Soutenant des deftins toute l'iniquité ; i
Vôler en dépit d'eux à l'immortalité.
Tel on vit de nos jours , le généreux BELLE-ISLE ,
Inébranlable au fort , à la gloire docile ,
A Prague , nous montrer un nouveau Xénophon ;
Fabius en Provence , au confeil un Caton .
Minerve , couronnant la Gloire qui le guide ,
Lecouronne aujourdhui fous tous les traits d'Alcide.
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Résumé : Explication d'un Tableau peint à l'encre de la Chine, par M. Gosmond, représentant les Graces animant & encourageant les Talens ; dédié à Madame de Pompadour.
Le texte présente deux tableaux allégoriques réalisés par M. Gefmond. Le premier tableau, exécuté à l'encre de Chine, est dédié à Madame de Pompadour et met en scène les Grâces animant et encourageant les talents. Les Grâces, descendues du ciel, illuminent les objets du tableau et sont accompagnées de la Libéralité, qui récompense les dons des Grâces aux génies des sciences et des beaux-arts. Ces génies, représentés au-dessous, travaillent pour se rendre dignes des faveurs des divinités. Les arts tels que la musique, le dessin, la poésie, l'architecture, la peinture et la sculpture sont également représentés. La Déesse des Talents, couronnée de laurier, contemple les Grâces animant les génies. Apollon invite les Muses à rendre hommage aux Grâces. Le tableau est orné de vers soulignant l'importance des Grâces dans les arts. Le second tableau, également de M. Gefmond, est dédié au Maréchal Duc de Belle-Isle et représente Hercule couronné par les fruits de la Sagesse. Hercule, foulant l'Hydre de Lerne, symbolise les exploits du Maréchal. Le Roi est représenté sous la forme de Jupiter, et Minerve est à ses côtés. La Victoire, assise à l'ombre d'un palmier, contemple Hercule couronné par la Sagesse. Une inscription sur le bouclier de la Victoire célèbre les travaux du Maréchal, comparés à ceux d'Hercule. Des vers en bas du tableau louent la fermeté et le courage du Maréchal, comparé à Hercule et à d'autres figures historiques.
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41
p. 213-216
GRAVURE.
Début :
Le Sieur Chenu, Graveur, vient de donner au Public deux parfaitement [...]
Mots clefs :
Gravure, Estampes, Tableau, Graveur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
E Sieur Chenu , Graveur , vient de
donner au Public deux parfaitement
belles eftampes d'après les tableaux peints
à Rome , par M. Pierré , Ecuyer , premier
Peintre de S. A. S. Mgneur le Duc d'Or-
Léans. Les fujets font deux Académies de
grandeur naturelle qui paroiffent ici ,
Tous les titres du Supplice de Promethée &
du Repos de Bacchus , parce que l'une qui
eft vue de face , eft attachée avec des chaînes
à un rocher; & l'autre vue par le dos
Le repofe fur une peau de Tigre & a des
pampres de vigne auprès , ce qui caractérife
l'un & l'autre fujet. Il n'eft pas poffible
d'exiger du burin une plus grande
précifion , & les chairs y font rendues avec
la plus grande vérité. Ces deux tableaux
font dans le cabinet de M. le Comte de
Vence. Le fieur Defcamps , Profeffeur de
l'école du deffein à Rouen , qui a eu l'honneur
de lui dédier la vie des Peintres Flamands
, Allemands & Hollandois , dont
les deux premiers tomes ont déja été donnés
au Public , n'a pu fe refufer aux juftes
éloges qu'ils méritent ; & malgré le principe
qu'il s'eft fait de ne parler que des
2
214 MERCURE DE FRANCE.
Peintres de ces trois nations , il dit dans
fon épître dédicatoire que ces tableaux
placés à côté d'un tableau du Rembrandt ,
s'y foutiennent par la couleur , & leur
font fort fupérieurs du côté de la correction
& de l'élegance du deſſein .
LE ST CHEDEL , Graveur , vient de donner
au Public une eftampe d'après Breugel
de Velour , de la même grandeur du tableau
; elle a pour titre Vente de poiffons à
Schevelinge. On y voit une grande multiplicité
de marchands , & plusieurs perfonnes
qui fe promenent au bord de la mer ,
foit à cheval ou dans des voitures. La rade
paroît couverte de vaiffeaux & de bâtimens
de pêcheurs. Ce tableau a tout le
précieux que l'on connoît à ceux de ce
Maître , & le Graveur connu depuis longtems
par fa touche fiere & hardie , en a
rendu les fineffes & les détails avec une
précifion qui né láiffe rien à défirer. Il
loge rue S. André des Arts , en face de la
rue Gît- le- coeur.
LE SI ALIAMET, Graveur, vient de donner
au Public en même tems une eftampe ,
qui a pour titre l'Humilité récompenſée ,
& qui fait pendant à la précédente ;
elle eft d'après le plus grand tableau que
DECEMBRE . 1755. 215
l'on connoiffe de Bartholomée Brehemberg.
Il eft peint fur bois , & a quatre pieds
de large fur trois de hauteur ; mais il a été
réduit de façon que les figures & le tout
fe trouvent en même proportion . Le Peintre
dont les tableaux font l'ornement des
cabinets des curieux , a choisi pour fon
fujet notre Seigneur , & le Centenier qui
eft à fes genoux ; plufieurs figures parfaitement
bien grouppées forment un cercle ,
& paroiffent l'écouter avec attention : le
payfage eft orné fur le devant d'un beau
morceau d'architecture en ruine. On apperçoit
une ville fur des rochers au bord
de la mer qui termine l'horizon ; & le ciel
qui paroît orageux , contribue à faire briller
les parties éclairées de ce tableau . Celui
de Breugel de Velour & ce dernier
font tous les deux du cabinet de M. le
Comte de Vence . Le Sieur Chedel a fait
l'eau- forte de l'un & de l'autre ; mais celle
de Bartholomée Brehemberg a été entierement
finie & retouchée au burin par le
fieur Aliamet , logé rue des Mathurins
la quatrieme porte cochere en entrant par
la rue de la Harpe. On trouvera chez l'un
& l'autre à acheter les deux pendans .
LE Sr DUFLOS vient de faire paroître
deux jolies eftampes qui ont pour titre
216 MERCURE DE FRANCE.
le Billet doux & la Revendeuse à la toilette.
Elles font gravées d'après deux tableaux
peints par M. Louis Aubert. L'un de ces
tableaux repréfente une Dame aflife fur un
fopha , lifant une lettre que vient de lui
apporter un domeftique. Dans l'autre tableau
on voit une Dame à fa toilette , qui
examine des dentelles que lui préfente une
marchande. Ces deux fujets font traités
dans le gout du célebre M. Chardin. Le
Graveur les a rendus avec beaucoup d'intelligence
, & a très bien faifi l'efprit du
Peintre. Les deux eftampes que j'annonce
au Public , fe vendent chez le fieur Duflos
Graveur , rue Galande, à côté de S. Blaiſe .
LE SE RIGAUD vient de mettre au jour
trois différentes vues du château de Bellevae.
Ces trois eftampes font dédiées à
Madame de Pompadour . On trouve chez
lui toutes les vues des Maifons Royales
& autres , & différentes marines & payafages
propres pour l'optique.
Il demeure rue S. Jacques , un peu audeffus
de la rue des Mathurins.
E Sieur Chenu , Graveur , vient de
donner au Public deux parfaitement
belles eftampes d'après les tableaux peints
à Rome , par M. Pierré , Ecuyer , premier
Peintre de S. A. S. Mgneur le Duc d'Or-
Léans. Les fujets font deux Académies de
grandeur naturelle qui paroiffent ici ,
Tous les titres du Supplice de Promethée &
du Repos de Bacchus , parce que l'une qui
eft vue de face , eft attachée avec des chaînes
à un rocher; & l'autre vue par le dos
Le repofe fur une peau de Tigre & a des
pampres de vigne auprès , ce qui caractérife
l'un & l'autre fujet. Il n'eft pas poffible
d'exiger du burin une plus grande
précifion , & les chairs y font rendues avec
la plus grande vérité. Ces deux tableaux
font dans le cabinet de M. le Comte de
Vence. Le fieur Defcamps , Profeffeur de
l'école du deffein à Rouen , qui a eu l'honneur
de lui dédier la vie des Peintres Flamands
, Allemands & Hollandois , dont
les deux premiers tomes ont déja été donnés
au Public , n'a pu fe refufer aux juftes
éloges qu'ils méritent ; & malgré le principe
qu'il s'eft fait de ne parler que des
2
214 MERCURE DE FRANCE.
Peintres de ces trois nations , il dit dans
fon épître dédicatoire que ces tableaux
placés à côté d'un tableau du Rembrandt ,
s'y foutiennent par la couleur , & leur
font fort fupérieurs du côté de la correction
& de l'élegance du deſſein .
LE ST CHEDEL , Graveur , vient de donner
au Public une eftampe d'après Breugel
de Velour , de la même grandeur du tableau
; elle a pour titre Vente de poiffons à
Schevelinge. On y voit une grande multiplicité
de marchands , & plusieurs perfonnes
qui fe promenent au bord de la mer ,
foit à cheval ou dans des voitures. La rade
paroît couverte de vaiffeaux & de bâtimens
de pêcheurs. Ce tableau a tout le
précieux que l'on connoît à ceux de ce
Maître , & le Graveur connu depuis longtems
par fa touche fiere & hardie , en a
rendu les fineffes & les détails avec une
précifion qui né láiffe rien à défirer. Il
loge rue S. André des Arts , en face de la
rue Gît- le- coeur.
LE SI ALIAMET, Graveur, vient de donner
au Public en même tems une eftampe ,
qui a pour titre l'Humilité récompenſée ,
& qui fait pendant à la précédente ;
elle eft d'après le plus grand tableau que
DECEMBRE . 1755. 215
l'on connoiffe de Bartholomée Brehemberg.
Il eft peint fur bois , & a quatre pieds
de large fur trois de hauteur ; mais il a été
réduit de façon que les figures & le tout
fe trouvent en même proportion . Le Peintre
dont les tableaux font l'ornement des
cabinets des curieux , a choisi pour fon
fujet notre Seigneur , & le Centenier qui
eft à fes genoux ; plufieurs figures parfaitement
bien grouppées forment un cercle ,
& paroiffent l'écouter avec attention : le
payfage eft orné fur le devant d'un beau
morceau d'architecture en ruine. On apperçoit
une ville fur des rochers au bord
de la mer qui termine l'horizon ; & le ciel
qui paroît orageux , contribue à faire briller
les parties éclairées de ce tableau . Celui
de Breugel de Velour & ce dernier
font tous les deux du cabinet de M. le
Comte de Vence . Le Sieur Chedel a fait
l'eau- forte de l'un & de l'autre ; mais celle
de Bartholomée Brehemberg a été entierement
finie & retouchée au burin par le
fieur Aliamet , logé rue des Mathurins
la quatrieme porte cochere en entrant par
la rue de la Harpe. On trouvera chez l'un
& l'autre à acheter les deux pendans .
LE Sr DUFLOS vient de faire paroître
deux jolies eftampes qui ont pour titre
216 MERCURE DE FRANCE.
le Billet doux & la Revendeuse à la toilette.
Elles font gravées d'après deux tableaux
peints par M. Louis Aubert. L'un de ces
tableaux repréfente une Dame aflife fur un
fopha , lifant une lettre que vient de lui
apporter un domeftique. Dans l'autre tableau
on voit une Dame à fa toilette , qui
examine des dentelles que lui préfente une
marchande. Ces deux fujets font traités
dans le gout du célebre M. Chardin. Le
Graveur les a rendus avec beaucoup d'intelligence
, & a très bien faifi l'efprit du
Peintre. Les deux eftampes que j'annonce
au Public , fe vendent chez le fieur Duflos
Graveur , rue Galande, à côté de S. Blaiſe .
LE SE RIGAUD vient de mettre au jour
trois différentes vues du château de Bellevae.
Ces trois eftampes font dédiées à
Madame de Pompadour . On trouve chez
lui toutes les vues des Maifons Royales
& autres , & différentes marines & payafages
propres pour l'optique.
Il demeure rue S. Jacques , un peu audeffus
de la rue des Mathurins.
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Résumé : GRAVURE.
Le texte présente plusieurs gravures récemment réalisées par des artistes renommés. Le Sieur Chenu a produit deux estampes d'après les tableaux de M. Pierré, premier Peintre du Duc d'Orléans. Ces œuvres, intitulées 'Le Supplice de Prométhée' et 'Le Repos de Bacchus', sont situées dans le cabinet du Comte de Vence et sont louées pour leur précision et la vérité des chairs représentées. Le Sieur Descamp, professeur à Rouen, a salué la qualité de ces tableaux, les comparant favorablement à un tableau de Rembrandt. Le Sieur Le St Chedel a gravé une estampe d'après Breugel de Velours, intitulée 'Vente de poissons à Schevelinge', montrant une scène maritime animée. Cette œuvre est appréciée pour sa précision et ses détails. Le Sieur Aliamet a publié une estampe, 'L'Humilité récompensée', d'après Bartholomée Brehemberg, représentant une scène biblique avec Jésus et un centurion. Cette gravure est également située dans le cabinet du Comte de Vence. Le Sieur Duflos a créé deux estampes, 'Le Billet doux' et 'La Revendeuse à la toilette', d'après les tableaux de M. Louis Aubert, dans le style de M. Chardin. Enfin, le Sieur Rigaud a publié trois vues du château de Bellevue, dédiées à Madame de Pompadour, ainsi que diverses autres vues et paysages.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 215
MUSIQUE.
Début :
Nous annonçons pour les Amateurs un excellent Recueil de Pieces Françoises [...]
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texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
Ous annonçons pour les Amateurs
un excellent Recueil de Pieces Frangoifes
& Italiennes , Petits Airs , Brunettes
Menuets , & c. avec des Doubles & Varia-
Lions accommodés pour deux Flûtes traverfieres
, Violons , Par- deffus de Viole ; par M.
Taillart l'aîné , maître de Flute , rue des
Lavandieres
On y trouve auffi beaucoup de morceaux
d'effet & d'exécution , qui font dignes
du nom & du talent de l'Auteur. Ce
Recueil fe vend fix livres chez le fieur
Bayard , rue S. Honoré , à la Regle d'or ;
le fieur Vernadé , rue du Roule , à la
Croix d'or ; & Mademoiſelle Caftagnery,
rue des Prouvaires.
Ous annonçons pour les Amateurs
un excellent Recueil de Pieces Frangoifes
& Italiennes , Petits Airs , Brunettes
Menuets , & c. avec des Doubles & Varia-
Lions accommodés pour deux Flûtes traverfieres
, Violons , Par- deffus de Viole ; par M.
Taillart l'aîné , maître de Flute , rue des
Lavandieres
On y trouve auffi beaucoup de morceaux
d'effet & d'exécution , qui font dignes
du nom & du talent de l'Auteur. Ce
Recueil fe vend fix livres chez le fieur
Bayard , rue S. Honoré , à la Regle d'or ;
le fieur Vernadé , rue du Roule , à la
Croix d'or ; & Mademoiſelle Caftagnery,
rue des Prouvaires.
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Résumé : MUSIQUE.
Le recueil de pièces musicales de M. Taillart l'aîné, maître de flûte, comprend des airs, brunettes, menuets et variations pour deux flûtes traversières, violons et viole. Disponible chez Bayard, Vernadé et Mademoiselle Caftagnery, il contient des morceaux d'effet et d'exécution remarquables. Prix : six livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 216
GRAVURE.
Début :
Le sieur Chenu vient de mettre encore au jour une nouvelle Estampe qui a [...]
Mots clefs :
Estampe
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texteReconnaissance textuelle : GRAVURE.
GRAVURE.
E fieur Chenu vient de mettre encore
au jour une nouvelle Eftampe qui a
pour titre La Moiffon on l'Eté. Il l'a
gravée d'après le Tableau original de A.
D. Velde , qui fe trouve dans le Cabinet
de fon Ex. Mgr. le Comte de Bruhl , Premier
Miniftre de S. M. le Roi de Pologne,
Electeur de Saxe. Nous croyons qu'elle
mérite l'approbation des Connoiffeurs. On
la vend chez l'Auteur , rue de la Harpe ,
près le paffage des Jacobins , vis- à-vis le
caffé de Condé.
Nous annonçons une autre belle Eftampe
repréfentant Jefus Chrift reffufcité ;
elle eft gravée par Salvador , Penfionnaire
du Roi d'Efpagne , à Paris , d'après le
Tableau de M. Carlo- Vanloo , qu'on voit
dans le Cabinet de M. de Julienne.
E fieur Chenu vient de mettre encore
au jour une nouvelle Eftampe qui a
pour titre La Moiffon on l'Eté. Il l'a
gravée d'après le Tableau original de A.
D. Velde , qui fe trouve dans le Cabinet
de fon Ex. Mgr. le Comte de Bruhl , Premier
Miniftre de S. M. le Roi de Pologne,
Electeur de Saxe. Nous croyons qu'elle
mérite l'approbation des Connoiffeurs. On
la vend chez l'Auteur , rue de la Harpe ,
près le paffage des Jacobins , vis- à-vis le
caffé de Condé.
Nous annonçons une autre belle Eftampe
repréfentant Jefus Chrift reffufcité ;
elle eft gravée par Salvador , Penfionnaire
du Roi d'Efpagne , à Paris , d'après le
Tableau de M. Carlo- Vanloo , qu'on voit
dans le Cabinet de M. de Julienne.
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Résumé : GRAVURE.
Deux gravures sont annoncées. La première, 'La Moisson en l'Été', par Chenu d'après van de Velde, appartient au Comte de Bruhl. La seconde, 'Jésus-Christ ressuscité', par Salvador d'après Vanloo, est dans la collection de Monsieur de Julienne. Les gravures sont disponibles à l'achat chez l'auteur, rue de la Harpe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 138-146
GRAVURE. ÉDITION des CONTES DE LA FONTAINE.
Début :
LA Littérature a été enrichie cette année d'une très belle édition des Contes [...]
Mots clefs :
Contes, Format, Papiers, Caractères, Culs-de-lampe, Portrait
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texteReconnaissance textuelle : GRAVURE. ÉDITION des CONTES DE LA FONTAINE.
GRAVURE.
EDITION des CONTES DE
LA
LA FONTAINE,
?
A Littérature a été enrichie cette année
d'une très-belle édition des Contes
de M. de la Fontaine en deux vol. in- 8°.
A Amfterdam .
Peu d'ouvrages ont été traités avec
autant de foins le texte en eft épuré
d'après les éditions du temps de l'Auteur.
Son ortographe même y a été fcru
puleufement confervée ; le format , le
papier , les caractères , tout annonce le
choix , le goût & l'élégance . Le premier
Tome commence par un court éloge
hiſtorique du Poëte , morceau neuf en
ce genre , & généralement eftimé. Les
deux volumes font ornés de 140 gravu
res , dont deux portraits , quatre - vingt
eftampes d'après les Contes , quatre fleurons
, deux vignettes & cinquante-deux
culs - de-lampe.
Le portrait de M. de la Fontaine regarde
le frontispice du premier Tome :
JANVIER: 1763. 139
celui du Deffinateur occupe la même
place dans le fecond : tous deux font gravés
par le fameux Fiquet.
1
"
Les deffeins des eftampes & des vignettes
font de M. Eifen. Si cet Artifte célébre
s'eft quelquefois négligé(qui peut fe flater
d'être toujours égal ? ) Les fujets de
Richard Minutolo , de la Fiancée du Roi
de Garbe dans la grotte , la feconde
Deftampe du Faucon , & nombre d'autres
, renferment une expreffion pleine
d'intérêt 8a de fentiment. On fe rappelle
la touche de Rubens dans le Magnifique;
celle de Tenières dans les Troqueurs ;
celle des grâces dans le Villageois qui
i cherchefon veau , dans les deux amis &
ailleurs. Le paysage de promettre eft un
eft plein degoût. L'architecture eft noble
udans le mari confeffeur , & la fineffe de
•fa femme eft bien rendue . C'eft un beau
-morceau que le deffein de comment l'efprit
vient aux filles . Le pittorefque , la
force & la correction ifrappent auffi les
Connoiffeurs dans le Glomon, le Juge de
-Mefle ,Feronde , Oraifon de S. Julien ,
son ne s'avife jamais de tout. Nombre
d'autres d'une compofition riche & heureufe
, fe font affez remarquer pour que
nous nous, difpenfions: d'en parler. La
collection ' eft d'autant plus précieuſe ,
140 MERCURE DE FRANCE .
que MM. Aliamet , Lemire , Phlipart &
Longueil ont répandu dans la gravure de
prèfque tous les deffeins , l'excellence
& le charme de leur Art.
C'eft par une fuite néceffaire des foins
qu'on a apportés à la perfection de cette
édition que nous nous trouvons engagés
à dire quelque chofe du genre d'ornement
& des allégories dont on s'eft ſervi
pour les culs-de - lampe & fleurons. Il
fuffit pour en apprécier le choix d'entrer
dans le caractère de poëfie des Contes
de la Fontaine , dans lefquels an
remarque les graces , la légéreté & la
naiveté réunies , en un mot , cette fineffe
de touche ( fi nous ofons nous exprimer
ainfi ) qui anime fes peintures : c'eftice
que M. Choffard , deffinateur & graveur
chargé de cette partie , femble avoir
fenti & éxprimé en employant le genre
Arabefque , genre léger , délicat , illuftré
dans le dernier fiècle , & malheureufement
oublié de nos jours. Il a fçu
le faire revivre par des pensées & des
allégories d'autant plus piquantes & heureufes
, qu'elles font en général d'une
exécution parfaite.
Nous éffleurerons nos remarques à
ce fujet , & nous nous contenterons
d'obferver en faveur de l'Artiſte , &
"
JANVIER. 1763. 141
1
pour la commodité des perfonnes peu
verfées en cette partie , quelques allégories
relatives à l'ouvrage en général , &
particulieres aux Contes.
Nous y avons remarqué le fleuron du
premier Tome repréfentant la Lyre de
la Fontaine placée en regard de fon
portrait , environnée de myrthes & de
rofes pofées fur des couronnes de même
efpéce , & furmontées par celle de l'im-
"mortalité.
Le fleuron qui termine la Préface repréfente
un Satyre , emblême connu de
la paffion de l'amour , qui léve d'une
main le voile qui couvroit les plaifirs
du monde , & femble prêt à les divulguer
avec une trompette fatyrique qu'il ·
tient de l'autre. Ce Satyre paroît regarder
le génie de la nature , embrafant tout de
fon flambeau , qui fait la vignette du
premier Conte.
"
Les culs-de -lampe du cocu battu , du
payfan qui avoit offenfe fon Seigneur
de la fervante juftifiée , de la gageure des
trois commeres &c , quoiqu'agréables
par leurs formes & leur élégance , laiffent
remarquer des allufions plus recherchées
dans ceux du Calendrier du
Gafcon puni , de la Fiancée du Roi de
Garbe , de la coupe enchantée , &c.
و
142 MERCURE DE FRANCE .
L'Artiste paroît avoir voulu exprimer
dans celui du Calendrier des vieillards ze
par un amour entouré de fleurs de la
jeuneffe , & qui montre l'heure de midi
à un globe horaire qu'il foutient , que
la fleur de l'âge eft le vrai temps du
mariage.
Celui de la Fiancée du Roi de Garbe
eft principalement formé des attributs
& du voile de l'hyménée , fur lequel
font pofés les chiffres d'Alaciel & de
Mamolin. Il couvre de fon ombre une
efpéce de chaîne de myrtes fleuris , enrichis
des huit médaillons de fes premiers
amans .... voile très-bienfaifant !
L'allégorie de la coupe enchantée ſẹ
trouve dans la nature de la jaloufie. On
diftingue au milieu des fumées funébres
le trepied d'Hecate , qui fervoit aux enchantèmens
, portant un coeur rongé
des ferpens de la jaloufie .
Les ornemens de ce volume font terminés
par le cul - de-lampe de la differta- i
tion fur la Joconde , où l'on voit des
grenouilles croaffant après les attributs
de la Poëfie , vrai fymbole des mauvais
critiques.
Le fecond volume s'ouvre par un
fleuron en regard du portrait de M.
Eifen. L'allégorie en eft animée & hoJANVIER.
1763 . 143
norable à la Peintnre. La Préface eft fuivie
d'une autre dont la penfée paroît liée
avec le fujet de la vignette fuivante . It
repréfente deux jeunes amours qui , dès
leur aurore , femblent offrir un myrthe ,
& confacrer une chaîne de fleurs à leur
mere , défignée fous l'emblême de la
volupté , fervant de vignette à la premiere
page où commence le Conte des
oies de Frère Philippe. Ce Conte eft
terminé par un cul-de-lampe des plus
agréables : c'eſt un jeune oifeau qui au
lever du foleil s'élance vers d'aimables
objets en cherchant à s'éloigner d'un
trifte féjour , d'une beface & d'un bâton
, où il eft encore attaché. Le fuivant
eft une allufion fenfible du Conte de
Richard Minutolo : l'amour au milieu
des rofes s'appuyant un maſque à la main
fur un fac d'argent , & entouré d'un
filet tendu , rend affez bien les moyens
& les reffources qu'un amant employe
en pareil cas .
L'Oraifon de S. Julien , Hermite , la
Mandragore , où l'on voir l'aveugle ftu
pidité bridée & enlacée par la fineffe ; les
Remois, la Courtifane amoureufe , Nicaife
, le diable de Papefiguierre ont auffi
leurs attributs dans celui de la Courtifanne,
qui eft le corps piqué d'or du Conte , fe
144 MERCURE DE FRANCE .
trouve brodée la Vanité faifant hommage
à l'Amour. Celui de Nicaife eft
tiré fans doute des deux derniers vers
qui ont fait naître l'idée de l'occafion
entourée de fes vapeurs s'échappant de
deffus un tapis.
Féronde , dont le travail eft précieux ,
mérite qu'on en recherche la penſée.
Celui du Roi Candaule & du Maître
en Droit réunit les attributs des deux
Contes dans un tableau furmonté d'un
trophée convenable à la famille des Héraclides.
C'eft un Prince , le bandeau fur
les yeux , répandant fes tréfors les plus
chers devant un courtisan prêt à s'en
emparer. Le bas du cul-de-lampe eſt
orné d'un bas-relief affez plaiſamment
couronné , qui repréſente le moment de
la lanterne du Maître en Droit.
Ceux du diable en enfer , de la Jument
du compere Pierre , de la chofe
impoffible , font très- ornés , & précedent
celui du tableau. Si l'Artiſte a eu
en vue ce mot de la Fontaine
Tout y fera voilé , mais de gaze & fi bien ,
Que je crois qu'on n'y perdra rien.
on peut dire à fa louange , qu'il a rendu
l'intention du Poëte.
Nous pourrions auffi parler avantageufement
JANVIER. 1763 . 145
geufement du bât , dufaifeur d'oreilles ,
du fleuve Scamandre , du reméde , du
contrat & de plufieurs autres que nous
n'avons point nommés ; mais ce feroit
priver le Lecteur intelligent des amufemens
qu'il y trouvera lui - même. Nous
finirons nos remarques par le cul - delampe
du Roffignol , qui eft le dernier
des Contes.
L'Auteur a profité de l'efpace pour y
placer un médaillon , dans lequel il a
gravé fon portrait , qu'on lui avoit demandé.
Quelques nuées légéres & tranfparentes
féparent ce médaillon & les ornemens
d'avec le Roffignol , qui y eft
dans fa cage , & donnent au tout enfemble
une douceur & une harmonie
intéreffante. Nous croyons l'allégorie.
& le fymbole de la guirlande d'olives
& les rofes qui entourent ce portrait ,
auffi-bien employés à ce fujet, que toutes
celles qui font répandues dans l'ouvrage
.
Lambert & Duchefne , rue de la Comédie
Françoife & rue S. Jacques , &
plufieurs autres Libraires , ont reçu quelques
exemplaires de cette belle édition .
I. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
LARÉCOMPENSE VILLAGEOISÉ ,
eftampe admirable gravée par M. Lebas ,
d'après C. Lorain , & dédiée à M. le Marquis
de Marigny , fe vend , ainfi que les
premiers & feconds Ports de France ,
chez l'Auteur , rue de la Harpe , vis- àvis
la rue Percée , en porte cochere .
EDITION des CONTES DE
LA
LA FONTAINE,
?
A Littérature a été enrichie cette année
d'une très-belle édition des Contes
de M. de la Fontaine en deux vol. in- 8°.
A Amfterdam .
Peu d'ouvrages ont été traités avec
autant de foins le texte en eft épuré
d'après les éditions du temps de l'Auteur.
Son ortographe même y a été fcru
puleufement confervée ; le format , le
papier , les caractères , tout annonce le
choix , le goût & l'élégance . Le premier
Tome commence par un court éloge
hiſtorique du Poëte , morceau neuf en
ce genre , & généralement eftimé. Les
deux volumes font ornés de 140 gravu
res , dont deux portraits , quatre - vingt
eftampes d'après les Contes , quatre fleurons
, deux vignettes & cinquante-deux
culs - de-lampe.
Le portrait de M. de la Fontaine regarde
le frontispice du premier Tome :
JANVIER: 1763. 139
celui du Deffinateur occupe la même
place dans le fecond : tous deux font gravés
par le fameux Fiquet.
1
"
Les deffeins des eftampes & des vignettes
font de M. Eifen. Si cet Artifte célébre
s'eft quelquefois négligé(qui peut fe flater
d'être toujours égal ? ) Les fujets de
Richard Minutolo , de la Fiancée du Roi
de Garbe dans la grotte , la feconde
Deftampe du Faucon , & nombre d'autres
, renferment une expreffion pleine
d'intérêt 8a de fentiment. On fe rappelle
la touche de Rubens dans le Magnifique;
celle de Tenières dans les Troqueurs ;
celle des grâces dans le Villageois qui
i cherchefon veau , dans les deux amis &
ailleurs. Le paysage de promettre eft un
eft plein degoût. L'architecture eft noble
udans le mari confeffeur , & la fineffe de
•fa femme eft bien rendue . C'eft un beau
-morceau que le deffein de comment l'efprit
vient aux filles . Le pittorefque , la
force & la correction ifrappent auffi les
Connoiffeurs dans le Glomon, le Juge de
-Mefle ,Feronde , Oraifon de S. Julien ,
son ne s'avife jamais de tout. Nombre
d'autres d'une compofition riche & heureufe
, fe font affez remarquer pour que
nous nous, difpenfions: d'en parler. La
collection ' eft d'autant plus précieuſe ,
140 MERCURE DE FRANCE .
que MM. Aliamet , Lemire , Phlipart &
Longueil ont répandu dans la gravure de
prèfque tous les deffeins , l'excellence
& le charme de leur Art.
C'eft par une fuite néceffaire des foins
qu'on a apportés à la perfection de cette
édition que nous nous trouvons engagés
à dire quelque chofe du genre d'ornement
& des allégories dont on s'eft ſervi
pour les culs-de - lampe & fleurons. Il
fuffit pour en apprécier le choix d'entrer
dans le caractère de poëfie des Contes
de la Fontaine , dans lefquels an
remarque les graces , la légéreté & la
naiveté réunies , en un mot , cette fineffe
de touche ( fi nous ofons nous exprimer
ainfi ) qui anime fes peintures : c'eftice
que M. Choffard , deffinateur & graveur
chargé de cette partie , femble avoir
fenti & éxprimé en employant le genre
Arabefque , genre léger , délicat , illuftré
dans le dernier fiècle , & malheureufement
oublié de nos jours. Il a fçu
le faire revivre par des pensées & des
allégories d'autant plus piquantes & heureufes
, qu'elles font en général d'une
exécution parfaite.
Nous éffleurerons nos remarques à
ce fujet , & nous nous contenterons
d'obferver en faveur de l'Artiſte , &
"
JANVIER. 1763. 141
1
pour la commodité des perfonnes peu
verfées en cette partie , quelques allégories
relatives à l'ouvrage en général , &
particulieres aux Contes.
Nous y avons remarqué le fleuron du
premier Tome repréfentant la Lyre de
la Fontaine placée en regard de fon
portrait , environnée de myrthes & de
rofes pofées fur des couronnes de même
efpéce , & furmontées par celle de l'im-
"mortalité.
Le fleuron qui termine la Préface repréfente
un Satyre , emblême connu de
la paffion de l'amour , qui léve d'une
main le voile qui couvroit les plaifirs
du monde , & femble prêt à les divulguer
avec une trompette fatyrique qu'il ·
tient de l'autre. Ce Satyre paroît regarder
le génie de la nature , embrafant tout de
fon flambeau , qui fait la vignette du
premier Conte.
"
Les culs-de -lampe du cocu battu , du
payfan qui avoit offenfe fon Seigneur
de la fervante juftifiée , de la gageure des
trois commeres &c , quoiqu'agréables
par leurs formes & leur élégance , laiffent
remarquer des allufions plus recherchées
dans ceux du Calendrier du
Gafcon puni , de la Fiancée du Roi de
Garbe , de la coupe enchantée , &c.
و
142 MERCURE DE FRANCE .
L'Artiste paroît avoir voulu exprimer
dans celui du Calendrier des vieillards ze
par un amour entouré de fleurs de la
jeuneffe , & qui montre l'heure de midi
à un globe horaire qu'il foutient , que
la fleur de l'âge eft le vrai temps du
mariage.
Celui de la Fiancée du Roi de Garbe
eft principalement formé des attributs
& du voile de l'hyménée , fur lequel
font pofés les chiffres d'Alaciel & de
Mamolin. Il couvre de fon ombre une
efpéce de chaîne de myrtes fleuris , enrichis
des huit médaillons de fes premiers
amans .... voile très-bienfaifant !
L'allégorie de la coupe enchantée ſẹ
trouve dans la nature de la jaloufie. On
diftingue au milieu des fumées funébres
le trepied d'Hecate , qui fervoit aux enchantèmens
, portant un coeur rongé
des ferpens de la jaloufie .
Les ornemens de ce volume font terminés
par le cul - de-lampe de la differta- i
tion fur la Joconde , où l'on voit des
grenouilles croaffant après les attributs
de la Poëfie , vrai fymbole des mauvais
critiques.
Le fecond volume s'ouvre par un
fleuron en regard du portrait de M.
Eifen. L'allégorie en eft animée & hoJANVIER.
1763 . 143
norable à la Peintnre. La Préface eft fuivie
d'une autre dont la penfée paroît liée
avec le fujet de la vignette fuivante . It
repréfente deux jeunes amours qui , dès
leur aurore , femblent offrir un myrthe ,
& confacrer une chaîne de fleurs à leur
mere , défignée fous l'emblême de la
volupté , fervant de vignette à la premiere
page où commence le Conte des
oies de Frère Philippe. Ce Conte eft
terminé par un cul-de-lampe des plus
agréables : c'eſt un jeune oifeau qui au
lever du foleil s'élance vers d'aimables
objets en cherchant à s'éloigner d'un
trifte féjour , d'une beface & d'un bâton
, où il eft encore attaché. Le fuivant
eft une allufion fenfible du Conte de
Richard Minutolo : l'amour au milieu
des rofes s'appuyant un maſque à la main
fur un fac d'argent , & entouré d'un
filet tendu , rend affez bien les moyens
& les reffources qu'un amant employe
en pareil cas .
L'Oraifon de S. Julien , Hermite , la
Mandragore , où l'on voir l'aveugle ftu
pidité bridée & enlacée par la fineffe ; les
Remois, la Courtifane amoureufe , Nicaife
, le diable de Papefiguierre ont auffi
leurs attributs dans celui de la Courtifanne,
qui eft le corps piqué d'or du Conte , fe
144 MERCURE DE FRANCE .
trouve brodée la Vanité faifant hommage
à l'Amour. Celui de Nicaife eft
tiré fans doute des deux derniers vers
qui ont fait naître l'idée de l'occafion
entourée de fes vapeurs s'échappant de
deffus un tapis.
Féronde , dont le travail eft précieux ,
mérite qu'on en recherche la penſée.
Celui du Roi Candaule & du Maître
en Droit réunit les attributs des deux
Contes dans un tableau furmonté d'un
trophée convenable à la famille des Héraclides.
C'eft un Prince , le bandeau fur
les yeux , répandant fes tréfors les plus
chers devant un courtisan prêt à s'en
emparer. Le bas du cul-de-lampe eſt
orné d'un bas-relief affez plaiſamment
couronné , qui repréſente le moment de
la lanterne du Maître en Droit.
Ceux du diable en enfer , de la Jument
du compere Pierre , de la chofe
impoffible , font très- ornés , & précedent
celui du tableau. Si l'Artiſte a eu
en vue ce mot de la Fontaine
Tout y fera voilé , mais de gaze & fi bien ,
Que je crois qu'on n'y perdra rien.
on peut dire à fa louange , qu'il a rendu
l'intention du Poëte.
Nous pourrions auffi parler avantageufement
JANVIER. 1763 . 145
geufement du bât , dufaifeur d'oreilles ,
du fleuve Scamandre , du reméde , du
contrat & de plufieurs autres que nous
n'avons point nommés ; mais ce feroit
priver le Lecteur intelligent des amufemens
qu'il y trouvera lui - même. Nous
finirons nos remarques par le cul - delampe
du Roffignol , qui eft le dernier
des Contes.
L'Auteur a profité de l'efpace pour y
placer un médaillon , dans lequel il a
gravé fon portrait , qu'on lui avoit demandé.
Quelques nuées légéres & tranfparentes
féparent ce médaillon & les ornemens
d'avec le Roffignol , qui y eft
dans fa cage , & donnent au tout enfemble
une douceur & une harmonie
intéreffante. Nous croyons l'allégorie.
& le fymbole de la guirlande d'olives
& les rofes qui entourent ce portrait ,
auffi-bien employés à ce fujet, que toutes
celles qui font répandues dans l'ouvrage
.
Lambert & Duchefne , rue de la Comédie
Françoife & rue S. Jacques , &
plufieurs autres Libraires , ont reçu quelques
exemplaires de cette belle édition .
I. Vol. G
146 MERCURE DE FRANCE.
LARÉCOMPENSE VILLAGEOISÉ ,
eftampe admirable gravée par M. Lebas ,
d'après C. Lorain , & dédiée à M. le Marquis
de Marigny , fe vend , ainfi que les
premiers & feconds Ports de France ,
chez l'Auteur , rue de la Harpe , vis- àvis
la rue Percée , en porte cochere .
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Résumé : GRAVURE. ÉDITION des CONTES DE LA FONTAINE.
Le texte décrit une édition des Contes de La Fontaine publiée en 1763 à Amsterdam. Cette édition, composée de deux volumes in-octavo, se distingue par un soin particulier apporté au texte, épuré selon les éditions contemporaines de l'auteur et respectant son orthographe. Le format, le papier et les caractères reflètent un choix élégant et raffiné. Le premier tome s'ouvre par un éloge historique du poète. Les deux volumes sont enrichis de 140 gravures, incluant des portraits, des estampes, des fleurons, des vignettes et des culs-de-lampe. Les portraits de La Fontaine et du défunteur sont gravés par Fiquet. Les dessins des estampes et des vignettes sont réalisés par Eisen, qui a su exprimer l'intérêt et le sentiment dans plusieurs sujets. Les gravures sont également l'œuvre de Aliamet, Lemire, Phlipart et Longueil. Les culs-de-lampe et fleurons sont réalisés par Choffard, qui a utilisé le genre arabe pour refléter la grâce, la légèreté et la naïveté des Contes. Les allégories et ornements sont choisis pour correspondre au caractère poétique des Contes. Cette édition est disponible chez plusieurs libraires, dont Lambert et Duchefne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 146-147
LETTRE à M. D...
Début :
Je ne fais aucun doute, Monsieur, que l'estampe que M. Fessard vient de [...]
Mots clefs :
Tableau, Collection, Coloris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M. D...
LETTRE à M. D ...
ga
JE
E ne fais
aucun
doute
, Monfieur
que
l'eftampe
que
M. Feffard
vient
de
donner
au Public
d'après
le beau
tableau
de P.P.
Rubens
, du cabinet
du Roi
, &
faite
pour
augmenter
la belle
collection
:
que
Pon
conferve
au cabinet
de S. M.
ne vous
ait fait
la même
impreffion
ainfi
qu'aux
foufcripteurs
& amateurs
, qu'elle
m'a
faite
à moi-même
. L'Auteur
me
paroît
confommé
dans
l'étude
de l'art
qu'il
profeffe
, & l'on
peut
dire
qu'il
a
rendu
Rubens
dans
fa touche
& dans
fes effets
avec
une
grande
vérité
. Je
crois
que
nous
devons
nous
attendre
encore
à de nouveaux
efforts
de fa part
pour
la fuite
de ce grand
projet
, puifqu'il
a rendir
le coloris
de Rubens
, &
les
différentes
étoffes
de fes tableaux
,par
JANVIER . 1763. 147
un genre de gravure & d'oppofitions qui
ne dérangent rien à l'effet. Je crois
donc que le fujet qu'il grave actuéllement
dont la pureté du deffein eft
d'une grande beauté & d'une belle ordonnance
, gagnera encore par l'étude
qu'il a faite du coloris de Rubens. Le peu
d'exemplaires qui lui refte de cette
eftampe , la planche étant déposée au
cabinet de S. M. doit l'encourager à
fuivre vivement fon entreprife. Quant
à moi , je fouhaite que fa convalefcence
lui permette un travail qui ne peut que
lui faire honneur : & je me flatte qu'il ne
fera pas fâché qu'un de fes foufcripteurs
ait entrepris de lui rendre la juftice qui
lui eft due.
J'ai l'honneur d'être , & c.
ga
JE
E ne fais
aucun
doute
, Monfieur
que
l'eftampe
que
M. Feffard
vient
de
donner
au Public
d'après
le beau
tableau
de P.P.
Rubens
, du cabinet
du Roi
, &
faite
pour
augmenter
la belle
collection
:
que
Pon
conferve
au cabinet
de S. M.
ne vous
ait fait
la même
impreffion
ainfi
qu'aux
foufcripteurs
& amateurs
, qu'elle
m'a
faite
à moi-même
. L'Auteur
me
paroît
confommé
dans
l'étude
de l'art
qu'il
profeffe
, & l'on
peut
dire
qu'il
a
rendu
Rubens
dans
fa touche
& dans
fes effets
avec
une
grande
vérité
. Je
crois
que
nous
devons
nous
attendre
encore
à de nouveaux
efforts
de fa part
pour
la fuite
de ce grand
projet
, puifqu'il
a rendir
le coloris
de Rubens
, &
les
différentes
étoffes
de fes tableaux
,par
JANVIER . 1763. 147
un genre de gravure & d'oppofitions qui
ne dérangent rien à l'effet. Je crois
donc que le fujet qu'il grave actuéllement
dont la pureté du deffein eft
d'une grande beauté & d'une belle ordonnance
, gagnera encore par l'étude
qu'il a faite du coloris de Rubens. Le peu
d'exemplaires qui lui refte de cette
eftampe , la planche étant déposée au
cabinet de S. M. doit l'encourager à
fuivre vivement fon entreprife. Quant
à moi , je fouhaite que fa convalefcence
lui permette un travail qui ne peut que
lui faire honneur : & je me flatte qu'il ne
fera pas fâché qu'un de fes foufcripteurs
ait entrepris de lui rendre la juftice qui
lui eft due.
J'ai l'honneur d'être , & c.
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Résumé : LETTRE à M. D...
La lettre à M. D... traite d'une estampe réalisée par M. Fessard d'après un tableau de Pierre-Paul Rubens, conservé au cabinet du Roi. L'auteur admire le travail de Fessard, soulignant sa maîtrise et sa fidélité à la touche et aux effets de Rubens. Il anticipe les futurs efforts de Fessard pour reproduire les couleurs et les étoffes des tableaux de Rubens, en utilisant une technique de gravure et d'oppositions qui préserve l'effet original. L'auteur mentionne également un sujet actuellement gravé par Fessard, notant la pureté de son dessin. Il encourage Fessard à poursuivre son entreprise malgré le faible nombre d'exemplaires restants, la planche étant déposée au cabinet du Roi. L'auteur espère que la convalescence de Fessard lui permettra de continuer son travail et se flatte d'avoir entrepris de rendre justice à Fessard.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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46
p. 147
MUSIQUE.
Début :
MDE de Saint-Aubin, connue par ses talens pour la Musique, a imaginé [...]
Mots clefs :
Lyre, Tons
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE.
MUSIQUE.
·
DE de Saint- Aubin , connue par
fes talens pour la Mufique , a imaginé
une lyre qu'elle a fait exécuter par le
fieur Macra. Il y a un méchanifme de
regiftres pour les diézis & les bémols
qui donne la facilité de jouer fur tous
les
tons.
·
DE de Saint- Aubin , connue par
fes talens pour la Mufique , a imaginé
une lyre qu'elle a fait exécuter par le
fieur Macra. Il y a un méchanifme de
regiftres pour les diézis & les bémols
qui donne la facilité de jouer fur tous
les
tons.
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47
p. 105-113
SUITE des Observations d'une Société d'Amateurs. QUEL genre de décoration & quelle maniere d'illuminer conviennent dans une Eglise ?
Début :
CETTE question, que nous allons discuter, a été proposée à la Société à [...]
Mots clefs :
Ministres du Sanctuaire, Églises paroissiales, Illuminations, Fêtes profanes, Lustres, Lampadaires, Cierges, Arcade
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE des Observations d'une Société d'Amateurs. QUEL genre de décoration & quelle maniere d'illuminer conviennent dans une Eglise ?
ARTS AGRÉABLES.
SUITE des Obfervations d'une Société
d'Amateurs .
QUEL genre de décoration & quelle maniere
d'illuminer conviennent dans une
Eglife ?
CETTE ETTE question , que nous allons
difcuter a été propofée à la Société à
l'occafion de la folemnité de Noël.
,
Depuis plufieurs années , le zéle des
Miniftres du Sanctuaire , fecondé apparemment
par celui des Particuliers
qui adminiftrent les revenus de quelques
Eglifes Paroiffiales , a tellement
étendu la pompe des illuminations intérieures
, qu'elles font devenues , avec
les Orgues , l'objet de l'attention du
Public , dans la nuit de Noël.
Cette nuit , fi folemnelle pour les
Chrétiens , & dont beaucoup de Fidéles
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
,
paffent une partie dans les Temples ,
demande en effet une plus grande quantité
de lumières que ce qu'on en allume
pour la feule majeſté du culte.
Une forte de néceffité fe joint à la
convenance de l'éclat en cette occafion.
Il eft affez fimple que lorfqu'on a voulu
tourner cette néceffité en décoration
on fe foit fervi d'abord de quelques
Luftres de criftal. Ces premiers moyens
faciles à trouver ont dû paroître fans
conféquence pour une fplendeur momentanée
; d'autant que les commencemens
font toujours modeftes & fans
prétentions. On n'a peut-être pas fait attention
qu'en les multipliant progreffivement
dans les lieux faints
loignoit d'autant du genre propre à les
décorer. Nous ne prétendons par-là ,
ni cenfurer ni rendre fufpectes les intentions
de ceux qui auroient pu fe
laiffer aller à un excès de zéle , & dont
nous ne refpectons pas moins les motifs
& l'objet. On nous interroge fur
des convenances ; nous fommes obligés,
pour répondre , de confidérer , de chercher
les rapports ; nous déclarons ingénuement
que nous n'en trouvons aucun
, entre l'auftère idée de nos faints
Myftères , entre celle d'une Maifon de
on s'éJANVIER.
1763. 107
prieres , tels que font nos Temples , &
de vaftes Edifices transformés en falles
de fêtés profanes.
Lorfque nous croyons que , fans banir
la magnificence & l'éclat qui doivent
régner dans le Tabernacle du
Très-Haut , tout parlera à nos fens de
fon augufte Majefté ; notre vue , au
contraire diftraite & agitée par le
reflet petillant de tant de lumiéres
dans ces cristaux , emporte naturellement
notre efprit fort loin du feul
objet qui devroit le fixer. On ne devroit
pas être étonné , qu'à cet afpect
, le vulgaire ne tombât dans les
mêmes irrévérences & ne fe portât aux
mêmes excès qu'il fe permet quelquefois
dans les lieux auxquels on rend ſi femblable
celui qui ne doit jamais infpirer
qu'une profonde vénération .
Si l'on veut bien le remarquer , on
s'apperçoit de plus , que par cette quantité
de luftres brillans exhauffés en
plufieurs rangs , dans le milieu d'une
Eglife , le principal Autel eft pour ainfi
dire éteint & refte dans une obfcurité
de comparaifon , qui fait que les Miniftres
célébrans n'y font apperçus que
comme des ombres mobiles . Rien n'eft
donc plus contraire aux principes qui ,
E vi
108 MERCURE DE FRANCE.
en général , préfcrivent de rendre toujours
dominant & dans la plus grande
évidence , l'objet auquel doivent fe rapporter
tous les autres. Dans l'application
de ces principes à notre fujet ; qui ne
fentira pas que cet Autel , qu'on laiffe
ainfi dans les ténébres , eft cependant
le point d'où devroit émaner toute la
clarté répandue dans le refte du vaiffeau
comme d'un foyer dont les autres lumiéres
paruffent n'être que des productions
? Si l'on convient de la jufteffe de
cette idée >
fi le rapport avec l'efprit
de la chofe en eft fenfible , on doit
donc convenir que l'ufage dont nous
venons de parler & la maniere dont
on éclaire aujourd'hui quelques Eglifes ,
font des abus , peut-être à plufieurs
égards , mais principalement contre les
loix du goût raifonné , ce qu'il nous appartient
feulement de confidérer.
Pour réformer cet abus , il faudroit ,
dira-t-on , indiquer d'autres moyens que
ceux que l'on critique , puifqu'il eft
vrai que nous convenons de la néceffité
d'éclairer & de la bienféance à éclairer
pompeufement.
Tant de célébres Artiftes , dont les
talens & le génie font fpécialement dirigés
à l'ordonnance des décorations en
JANVIER. 1763. 109
tout genre , fourniront bien mieux que
nous ces fortes de . moyens. Nous tracerons
feulement & fans aucune prétention
, ce que nous avons entrevû d'abord
de poffibilité pour faire rapporter
l'éxécution à ces mêmes principes.
>
Si , par exemple , au lieu des Luftres
de criſtal enhauffés dans les milieux
en de çà des pilaftres , on plaçoit fous
chacune des arcades , qui féparent la
nef de fes bas-côtés , un très - beau Lampadaire
de quelque riche métal ou de
matiere qui le repréfentât , & que ce
Lampadaire portât plufieurs Godets de
lampes à divers étages , lefquels par la
force ou par le nombre des méches formaffent
des efpéces de Pots-à-feu ; ce
genre de meuble confacré , fi l'on peut
dire , dans tous les temps & dans tous
les Rits , ne feroit- il pas beaucoup plus
analogue dans nos Temples , que les
meubles mondains , dont nous reconnoiffons
l'ufage fi inconféquent? Si l'on
appliquoit fur les pilaftres, des girandoles
, foit de métal , foit de quelque
matiere bronzée ou dorée ; que ces girandoles
, pofées dans une moindre élévation
que ne font les luftres , por
taffent tant de branches que l'on voudroit
, pour éclairer les Fidéles dans
110 MERCURE DE FRANCE.
,
leurs lectures plutôt que les voûtes de
l'Eglife , où la grande lumière étant inutile
, ne peut avoir qu'un vain faſte
pour objet ! penfe -t- on que cette diftribution
formât un effet moins auguſte
aux yeux , & n'eût pas davantage le
prétexte légitime d'une pieufe commo.
dité pour les affiftans ? Rien n'intercepteroit
plus la vue du principal objet ,
qui eft l'Autel ; mais au contraire ces
girandoles ou buiffons de lumières ,
par leur pofition fubordonnée aux pointes
des cierges de l'Autel , y conduiroient
les yeux par degrés inférieurs , &
ne difputeroient point d'effet. On propoferoit
encore de charger ( dans cette
occafion feulement ou de femblables )
le principal Autel des plus hauts & des
plus forts cierges par gradins , entre lefquels
on pourroit en mêler d'inférieurs ,
de telle forte que la maffe de cette lumière
fût prédominante fur toute autre.
Pour étendre davantage cette maffe
on garniroit de lumières dans toutes
leurs hauteurs , les deux pilaftres joignant
& renfermant l'Autel , jufqu'à
l'impofte de l'arcade , fous lequel il fe
trouveroit placé. A la clef de cette même
arcade on chercheroit le moyen d'appliquer
un très -fort groupe de lumières ,
و
JANVIER. 1763 . III
lefquelles on tâcheroit de continuer , en
dégradant jufqu'à l'impofte , qu'elles reviendroient
joindre. Ce que nous venons
de propofer ne pouvant avoir lieu
que dans les Eglifes dont l'architecture
favoriferoit cette difpofition , on trouvera
facilement dans les autres les
moyens d'y adapter d'autres diftribu-.
tions relatives à nos principes.
Il eſt encore à obferver que felon ces
mêmes principes , dans les Eglifes où il
fe trouveroit au- delà du choeur des
Chapelles ou autres lieux en perfpective
, ils doivent être frappés d'une
grande lumière , qui en faffe appercevoir
l'éclat ; mais que cette lumière , ou
plutôt fes cauſes , ne doivent point être
perceptibles du point milieu du vaiffeau
; en forte que ce foit l'éclat répandu
fur ces lieux qui forme le point de
yue , & non les bougies , cierges ou
autres lumières , dont l'effet feuldoit être
fénfible, mais non pas
les corps
corps lumineux.
La raifon de ceci eft naturellement déduit
de l'axiome inconteftable , répété
dans toutes nos obfervations fur les
Eglifes à l'égard de la prédominance
indifpenfable de l'Autel , axiome qui
n'en eft pas moins certain , quoique
chaque jour on s'en écarte de plus en
•
112 MERCURE DE FRANCE .
plus , & en faveur duquel nous ne cefferons
d'exciter le goût du Public , juſqu'à
ce que ceux qui devroient le maintenir
ceffent de le violer. Nous avons
déja fait voir l'abſurdité qu'il y auroit à
ne faire qu'un paffage à la vue de l'Autel
augufte , où fe célebre le plus faint
des Sacrifices (a). Ainfi les lumiéres apparentes
étant en cette occafion ce qui
marque davantage il s'enfuit que le
Maître-Autel , & ce qui l'environne
doivent être le plus chargés de ces lumières
, & qu'on ne doit en voir aucune
par-delà , afin que ce point termine le
fpectacle de la pompe.
que
,
Nous croyons convenable de nous
expliquer fur certaines Eglifes , telles
celles des Couvents & autres con- .
fidérées , comme Chapelles ou oratoires
domeftiques . Leur peu d'étendue , la
nature , pour ainfi dire , de leur conftitution
, & celle de leur deſtination , les
difpenfent fans doute des régles que
nous venons , non pas d'établir , n'en
ayant nul droit , mais feulement de développer
& de rappeller aux efprits conféquens
, à l'égard des Eglifes Cathé-
(a ) Voyez les obfervations des Amateurs dans
les années 1760 & 1761 de l'Obfervateur Litséraire.
I
JANVIER. 1763 . 113
drales ou Paroiffiales , qui feules doivent
être regardées comme Temples
publics.
SUITE des Obfervations d'une Société
d'Amateurs .
QUEL genre de décoration & quelle maniere
d'illuminer conviennent dans une
Eglife ?
CETTE ETTE question , que nous allons
difcuter a été propofée à la Société à
l'occafion de la folemnité de Noël.
,
Depuis plufieurs années , le zéle des
Miniftres du Sanctuaire , fecondé apparemment
par celui des Particuliers
qui adminiftrent les revenus de quelques
Eglifes Paroiffiales , a tellement
étendu la pompe des illuminations intérieures
, qu'elles font devenues , avec
les Orgues , l'objet de l'attention du
Public , dans la nuit de Noël.
Cette nuit , fi folemnelle pour les
Chrétiens , & dont beaucoup de Fidéles
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
,
paffent une partie dans les Temples ,
demande en effet une plus grande quantité
de lumières que ce qu'on en allume
pour la feule majeſté du culte.
Une forte de néceffité fe joint à la
convenance de l'éclat en cette occafion.
Il eft affez fimple que lorfqu'on a voulu
tourner cette néceffité en décoration
on fe foit fervi d'abord de quelques
Luftres de criftal. Ces premiers moyens
faciles à trouver ont dû paroître fans
conféquence pour une fplendeur momentanée
; d'autant que les commencemens
font toujours modeftes & fans
prétentions. On n'a peut-être pas fait attention
qu'en les multipliant progreffivement
dans les lieux faints
loignoit d'autant du genre propre à les
décorer. Nous ne prétendons par-là ,
ni cenfurer ni rendre fufpectes les intentions
de ceux qui auroient pu fe
laiffer aller à un excès de zéle , & dont
nous ne refpectons pas moins les motifs
& l'objet. On nous interroge fur
des convenances ; nous fommes obligés,
pour répondre , de confidérer , de chercher
les rapports ; nous déclarons ingénuement
que nous n'en trouvons aucun
, entre l'auftère idée de nos faints
Myftères , entre celle d'une Maifon de
on s'éJANVIER.
1763. 107
prieres , tels que font nos Temples , &
de vaftes Edifices transformés en falles
de fêtés profanes.
Lorfque nous croyons que , fans banir
la magnificence & l'éclat qui doivent
régner dans le Tabernacle du
Très-Haut , tout parlera à nos fens de
fon augufte Majefté ; notre vue , au
contraire diftraite & agitée par le
reflet petillant de tant de lumiéres
dans ces cristaux , emporte naturellement
notre efprit fort loin du feul
objet qui devroit le fixer. On ne devroit
pas être étonné , qu'à cet afpect
, le vulgaire ne tombât dans les
mêmes irrévérences & ne fe portât aux
mêmes excès qu'il fe permet quelquefois
dans les lieux auxquels on rend ſi femblable
celui qui ne doit jamais infpirer
qu'une profonde vénération .
Si l'on veut bien le remarquer , on
s'apperçoit de plus , que par cette quantité
de luftres brillans exhauffés en
plufieurs rangs , dans le milieu d'une
Eglife , le principal Autel eft pour ainfi
dire éteint & refte dans une obfcurité
de comparaifon , qui fait que les Miniftres
célébrans n'y font apperçus que
comme des ombres mobiles . Rien n'eft
donc plus contraire aux principes qui ,
E vi
108 MERCURE DE FRANCE.
en général , préfcrivent de rendre toujours
dominant & dans la plus grande
évidence , l'objet auquel doivent fe rapporter
tous les autres. Dans l'application
de ces principes à notre fujet ; qui ne
fentira pas que cet Autel , qu'on laiffe
ainfi dans les ténébres , eft cependant
le point d'où devroit émaner toute la
clarté répandue dans le refte du vaiffeau
comme d'un foyer dont les autres lumiéres
paruffent n'être que des productions
? Si l'on convient de la jufteffe de
cette idée >
fi le rapport avec l'efprit
de la chofe en eft fenfible , on doit
donc convenir que l'ufage dont nous
venons de parler & la maniere dont
on éclaire aujourd'hui quelques Eglifes ,
font des abus , peut-être à plufieurs
égards , mais principalement contre les
loix du goût raifonné , ce qu'il nous appartient
feulement de confidérer.
Pour réformer cet abus , il faudroit ,
dira-t-on , indiquer d'autres moyens que
ceux que l'on critique , puifqu'il eft
vrai que nous convenons de la néceffité
d'éclairer & de la bienféance à éclairer
pompeufement.
Tant de célébres Artiftes , dont les
talens & le génie font fpécialement dirigés
à l'ordonnance des décorations en
JANVIER. 1763. 109
tout genre , fourniront bien mieux que
nous ces fortes de . moyens. Nous tracerons
feulement & fans aucune prétention
, ce que nous avons entrevû d'abord
de poffibilité pour faire rapporter
l'éxécution à ces mêmes principes.
>
Si , par exemple , au lieu des Luftres
de criſtal enhauffés dans les milieux
en de çà des pilaftres , on plaçoit fous
chacune des arcades , qui féparent la
nef de fes bas-côtés , un très - beau Lampadaire
de quelque riche métal ou de
matiere qui le repréfentât , & que ce
Lampadaire portât plufieurs Godets de
lampes à divers étages , lefquels par la
force ou par le nombre des méches formaffent
des efpéces de Pots-à-feu ; ce
genre de meuble confacré , fi l'on peut
dire , dans tous les temps & dans tous
les Rits , ne feroit- il pas beaucoup plus
analogue dans nos Temples , que les
meubles mondains , dont nous reconnoiffons
l'ufage fi inconféquent? Si l'on
appliquoit fur les pilaftres, des girandoles
, foit de métal , foit de quelque
matiere bronzée ou dorée ; que ces girandoles
, pofées dans une moindre élévation
que ne font les luftres , por
taffent tant de branches que l'on voudroit
, pour éclairer les Fidéles dans
110 MERCURE DE FRANCE.
,
leurs lectures plutôt que les voûtes de
l'Eglife , où la grande lumière étant inutile
, ne peut avoir qu'un vain faſte
pour objet ! penfe -t- on que cette diftribution
formât un effet moins auguſte
aux yeux , & n'eût pas davantage le
prétexte légitime d'une pieufe commo.
dité pour les affiftans ? Rien n'intercepteroit
plus la vue du principal objet ,
qui eft l'Autel ; mais au contraire ces
girandoles ou buiffons de lumières ,
par leur pofition fubordonnée aux pointes
des cierges de l'Autel , y conduiroient
les yeux par degrés inférieurs , &
ne difputeroient point d'effet. On propoferoit
encore de charger ( dans cette
occafion feulement ou de femblables )
le principal Autel des plus hauts & des
plus forts cierges par gradins , entre lefquels
on pourroit en mêler d'inférieurs ,
de telle forte que la maffe de cette lumière
fût prédominante fur toute autre.
Pour étendre davantage cette maffe
on garniroit de lumières dans toutes
leurs hauteurs , les deux pilaftres joignant
& renfermant l'Autel , jufqu'à
l'impofte de l'arcade , fous lequel il fe
trouveroit placé. A la clef de cette même
arcade on chercheroit le moyen d'appliquer
un très -fort groupe de lumières ,
و
JANVIER. 1763 . III
lefquelles on tâcheroit de continuer , en
dégradant jufqu'à l'impofte , qu'elles reviendroient
joindre. Ce que nous venons
de propofer ne pouvant avoir lieu
que dans les Eglifes dont l'architecture
favoriferoit cette difpofition , on trouvera
facilement dans les autres les
moyens d'y adapter d'autres diftribu-.
tions relatives à nos principes.
Il eſt encore à obferver que felon ces
mêmes principes , dans les Eglifes où il
fe trouveroit au- delà du choeur des
Chapelles ou autres lieux en perfpective
, ils doivent être frappés d'une
grande lumière , qui en faffe appercevoir
l'éclat ; mais que cette lumière , ou
plutôt fes cauſes , ne doivent point être
perceptibles du point milieu du vaiffeau
; en forte que ce foit l'éclat répandu
fur ces lieux qui forme le point de
yue , & non les bougies , cierges ou
autres lumières , dont l'effet feuldoit être
fénfible, mais non pas
les corps
corps lumineux.
La raifon de ceci eft naturellement déduit
de l'axiome inconteftable , répété
dans toutes nos obfervations fur les
Eglifes à l'égard de la prédominance
indifpenfable de l'Autel , axiome qui
n'en eft pas moins certain , quoique
chaque jour on s'en écarte de plus en
•
112 MERCURE DE FRANCE .
plus , & en faveur duquel nous ne cefferons
d'exciter le goût du Public , juſqu'à
ce que ceux qui devroient le maintenir
ceffent de le violer. Nous avons
déja fait voir l'abſurdité qu'il y auroit à
ne faire qu'un paffage à la vue de l'Autel
augufte , où fe célebre le plus faint
des Sacrifices (a). Ainfi les lumiéres apparentes
étant en cette occafion ce qui
marque davantage il s'enfuit que le
Maître-Autel , & ce qui l'environne
doivent être le plus chargés de ces lumières
, & qu'on ne doit en voir aucune
par-delà , afin que ce point termine le
fpectacle de la pompe.
que
,
Nous croyons convenable de nous
expliquer fur certaines Eglifes , telles
celles des Couvents & autres con- .
fidérées , comme Chapelles ou oratoires
domeftiques . Leur peu d'étendue , la
nature , pour ainfi dire , de leur conftitution
, & celle de leur deſtination , les
difpenfent fans doute des régles que
nous venons , non pas d'établir , n'en
ayant nul droit , mais feulement de développer
& de rappeller aux efprits conféquens
, à l'égard des Eglifes Cathé-
(a ) Voyez les obfervations des Amateurs dans
les années 1760 & 1761 de l'Obfervateur Litséraire.
I
JANVIER. 1763 . 113
drales ou Paroiffiales , qui feules doivent
être regardées comme Temples
publics.
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Résumé : SUITE des Observations d'une Société d'Amateurs. QUEL genre de décoration & quelle maniere d'illuminer conviennent dans une Eglise ?
Le texte traite de la décoration et de l'illumination appropriées dans une église, en particulier lors de la nuit de Noël. Depuis plusieurs années, les ministres du sanctuaire et les administrateurs des revenus des églises paroissiales ont intensifié les illuminations intérieures, rendant les lustres et les orgues des éléments notables pour le public. La nuit de Noël, étant solennelle pour les chrétiens, nécessite une plus grande quantité de lumières que celles allumées pour la majesté du culte. Cependant, cette nécessité a conduit à une surabondance de lustres en cristal, faciles à obtenir mais inappropriés pour la décoration des lieux saints. Ces lustres, multipliés progressivement, éloignent de l'idée austère des mystères saints et transforment les églises en salles de fêtes profanes. L'éclat des lumières distrait l'esprit et peut entraîner des irrévérences. De plus, la quantité de lustres brillants dans le milieu de l'église éclaire l'autel principal de manière insuffisante, le rendant presque invisible. Cela contredit les principes qui exigent que l'autel soit dominant et évident. Pour réformer cet abus, le texte propose de remplacer les lustres par des lampadaires et des girandoles placés sous les arcades et sur les piliers, afin de diriger la vue vers l'autel. L'autel principal devrait être le point central de la lumière, avec des cierges de différentes hauteurs. Les chapelles et autres lieux en perspective doivent également être éclairés de manière à ce que leur éclat soit visible sans que les sources de lumière soient perceptibles depuis le milieu de la nef. Le texte conclut en rappelant que les petites églises, comme celles des couvents ou des oratoires domestiques, sont dispensées de ces règles, car elles ne sont pas des temples publics.
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48
p. 113-118
PEINTURE. ACADÉMIE de Peinture, de Sculpture & autres Arts de MARSEILLE.
Début :
LE 29, dernier Dimanche du mois d'Août, à quatre heures & demie après-midi [...]
Mots clefs :
Peintre, Exposition, Portrait, Tableaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PEINTURE. ACADÉMIE de Peinture, de Sculpture & autres Arts de MARSEILLE.
PEINTURE.
ACADÉMIE de Peinture , de Sculpture
& autres Arts de MARSEILLE .
LEE 29 , dernier Dimanche du mois
d'Août , à quatre heures & demie aprèsmidi
, l'Académie de Peinture , de Sculp
ture & autres Arts , tint fon affemblée
publique dans la grande Salle de l'Hôtel-
de-Ville. MM. de l'Académie des
Belles-Lettres & MM. les Amateurs
Honoraires y furent invités. M. Verdiguier
, Directeur ouvrit la féance par
un Difcours adreffé aux Eléves médailliftes
pour les exciter à faire de mieux
en mieux , après qu'il eut fait l'éloge des
protecteurs des Beaux- Arts en la perfonne
de MM. les Echevins qui diftribuerent
enfuite les Médailles adjugées aux Eléves
pour leurs deffeins académiques . La
premiere fut donnée à M. J. B. Cofte ,
fils de Profeffeur. La feconde à M. Antoine
Blanc , & la troifiéme à M. Michel
Henri. Les Médailles diftribuées
114 MERCURE DE FRANCE .
M. Dageville , Architecte , Voyer particulier
de Marfeille & Profeffeur d'Architecture
, prononça un difcours fur
l'état des eaux de la Ville , fur leur
diftribution & fur un projet de décoration
générale relativement à l'Hydraulique.
M. Moulinneuf, Profeffeur &
Secrétaire perpétuel , termina la féance
par quelques obfervations fur la Peinture
& fur la Sculpture. L'Affemblée fut
fort attentive à toutes ces differtations
qui marquoient combien l'Académie
s'empreffe de contribuer au bien & à
P'utilité du Public. Le meme jour il y
á eu dans la maifon de la veuve Androny
, rue de Paradis , vis - à - vis l'Eglife
S. Régis , l'expofition des ouvrages de
divers membres de l'Académie . Cette
expofition a continué le matin & l'après-
dîné pendant l'efpace de quinze
jours.
EXPOSITION des ouvrages de divers
Membres de l'Académie de Peinture ,
de Sculpture & autres Arts de Marfeille.
DIRECTEURS.
M. VERDIGUIER , Sculpteur.
Douze figures de cabinet en rondeJANVIER.
1763. 115
boffe , repréſentant divers fujets ; l'étude
d'un Encelade ; quatre petits basreliefs
.
M. VERNET , Peintre du Roi.
Deux tableaux payfages & marines
du cabinet de M. Poulhafiés.
PROFESSEURS.
M. COSTE , Peintre .
Deux Deffeins de Paftorales ; un Payfage
à la Gouache.
M. PICHAUME , Peintre.
Un grand Portrait & huit en Buftes.-
M. MOULINNEUF , Peintre.
Deux grands Tableaux de nature
morte repréfentant un cabinet de Mufique
& un de chaffe. Quatre Deffeins
fujets tirés de l'Hiftoire de S. George ,
éxécutés en grands tableaux pour M. le
Marquis de Roux. Trois Portraits en
mignature.
M. ZIRIO , Peintre.
Un Portrait en bufte. Une Magdeleine
, & un S. François en bufte .
་
116 MERCURE DE FRANCE.
M. BEAUFORT' , Peintre.
Deux Efquiffes en gouache repréfentant
, l'un Loth & fes deux filles , &
l'autre Noel couvert d'un manteau par
deux de fes fils . Un deffein à la fanguine
qui repréfente Dédale ajuſtant
des aîles à fon fils Icare.
M. KAPELLER , Peintre.
Deux Tableaux de Payfages , deux
de marine. Un d'architecture. Quatre de
fleurs. Quatre deffeins. Deux gouaches.
M. REVELLY , Peintre.
Un Portrait en_grand. Un moindre.
Deux en bufte. Trois en mignature.
M. ARNAUD , Peintre.
Trois portraits en buftes . Une efquiffe
repréfentant l'Afcenfion. Une têt de
vieillard. Uue Vierge peinte en mignature.
ACADEMICIENS.
M. DESPECHES , Peintre ,
Un tableau en Payfage.
M. Loys , Peintre.
Un petit tableau fur cuivre repréfenJANVIER.
1763. 117
tant la tentation de S. Antoine. Trois
têtes de caractère . Deux portraits en
bufte. Une efquiffe de l'Afcenfion. Un
Portrait en mignature.
M. DE CUGIS , Peintre.
Son tableau de réception repréfentant
la Pithoniffe qui fait voir à Sail
l'ombre de Samuël. Une efquiffe de Sufanne.
Une autre de la Nativité de N. S.
AGRÉGÉS.
M. CELONY , Peintre.
Deux tableaux , l'un repréfentant Abigail
aux genoux de David , & l'autre
Moyfe qui défend des infultes de quelques
Bergers les filles de Raguel , Prêtre
de Madian ; du cabinet de M. le
Marquis d'Arcuffia.
M. VIEL , Peintre.
Un Portrait au paftel.
M. BOUTON , Peintre en mignature ,
Membre de l'Académie Royale de
Peinture , de Sculpture & d'Architecture
de Toulouse.
Plufieurs mignatures dans un grand
tableau .
118 MERCURE DE FRANCE.
Outre cette expofition , il y a eu de
la main de M.Verduſſen, un grand tableau
de bataille qui appartenant à l'Académie
, & deux autres repréfentans un
marché de Poiffons & un marché de
toutes efpéces de denrées & volailles ;
du cabinet de M. Poulhariés.
ACADÉMIE de Peinture , de Sculpture
& autres Arts de MARSEILLE .
LEE 29 , dernier Dimanche du mois
d'Août , à quatre heures & demie aprèsmidi
, l'Académie de Peinture , de Sculp
ture & autres Arts , tint fon affemblée
publique dans la grande Salle de l'Hôtel-
de-Ville. MM. de l'Académie des
Belles-Lettres & MM. les Amateurs
Honoraires y furent invités. M. Verdiguier
, Directeur ouvrit la féance par
un Difcours adreffé aux Eléves médailliftes
pour les exciter à faire de mieux
en mieux , après qu'il eut fait l'éloge des
protecteurs des Beaux- Arts en la perfonne
de MM. les Echevins qui diftribuerent
enfuite les Médailles adjugées aux Eléves
pour leurs deffeins académiques . La
premiere fut donnée à M. J. B. Cofte ,
fils de Profeffeur. La feconde à M. Antoine
Blanc , & la troifiéme à M. Michel
Henri. Les Médailles diftribuées
114 MERCURE DE FRANCE .
M. Dageville , Architecte , Voyer particulier
de Marfeille & Profeffeur d'Architecture
, prononça un difcours fur
l'état des eaux de la Ville , fur leur
diftribution & fur un projet de décoration
générale relativement à l'Hydraulique.
M. Moulinneuf, Profeffeur &
Secrétaire perpétuel , termina la féance
par quelques obfervations fur la Peinture
& fur la Sculpture. L'Affemblée fut
fort attentive à toutes ces differtations
qui marquoient combien l'Académie
s'empreffe de contribuer au bien & à
P'utilité du Public. Le meme jour il y
á eu dans la maifon de la veuve Androny
, rue de Paradis , vis - à - vis l'Eglife
S. Régis , l'expofition des ouvrages de
divers membres de l'Académie . Cette
expofition a continué le matin & l'après-
dîné pendant l'efpace de quinze
jours.
EXPOSITION des ouvrages de divers
Membres de l'Académie de Peinture ,
de Sculpture & autres Arts de Marfeille.
DIRECTEURS.
M. VERDIGUIER , Sculpteur.
Douze figures de cabinet en rondeJANVIER.
1763. 115
boffe , repréſentant divers fujets ; l'étude
d'un Encelade ; quatre petits basreliefs
.
M. VERNET , Peintre du Roi.
Deux tableaux payfages & marines
du cabinet de M. Poulhafiés.
PROFESSEURS.
M. COSTE , Peintre .
Deux Deffeins de Paftorales ; un Payfage
à la Gouache.
M. PICHAUME , Peintre.
Un grand Portrait & huit en Buftes.-
M. MOULINNEUF , Peintre.
Deux grands Tableaux de nature
morte repréfentant un cabinet de Mufique
& un de chaffe. Quatre Deffeins
fujets tirés de l'Hiftoire de S. George ,
éxécutés en grands tableaux pour M. le
Marquis de Roux. Trois Portraits en
mignature.
M. ZIRIO , Peintre.
Un Portrait en bufte. Une Magdeleine
, & un S. François en bufte .
་
116 MERCURE DE FRANCE.
M. BEAUFORT' , Peintre.
Deux Efquiffes en gouache repréfentant
, l'un Loth & fes deux filles , &
l'autre Noel couvert d'un manteau par
deux de fes fils . Un deffein à la fanguine
qui repréfente Dédale ajuſtant
des aîles à fon fils Icare.
M. KAPELLER , Peintre.
Deux Tableaux de Payfages , deux
de marine. Un d'architecture. Quatre de
fleurs. Quatre deffeins. Deux gouaches.
M. REVELLY , Peintre.
Un Portrait en_grand. Un moindre.
Deux en bufte. Trois en mignature.
M. ARNAUD , Peintre.
Trois portraits en buftes . Une efquiffe
repréfentant l'Afcenfion. Une têt de
vieillard. Uue Vierge peinte en mignature.
ACADEMICIENS.
M. DESPECHES , Peintre ,
Un tableau en Payfage.
M. Loys , Peintre.
Un petit tableau fur cuivre repréfenJANVIER.
1763. 117
tant la tentation de S. Antoine. Trois
têtes de caractère . Deux portraits en
bufte. Une efquiffe de l'Afcenfion. Un
Portrait en mignature.
M. DE CUGIS , Peintre.
Son tableau de réception repréfentant
la Pithoniffe qui fait voir à Sail
l'ombre de Samuël. Une efquiffe de Sufanne.
Une autre de la Nativité de N. S.
AGRÉGÉS.
M. CELONY , Peintre.
Deux tableaux , l'un repréfentant Abigail
aux genoux de David , & l'autre
Moyfe qui défend des infultes de quelques
Bergers les filles de Raguel , Prêtre
de Madian ; du cabinet de M. le
Marquis d'Arcuffia.
M. VIEL , Peintre.
Un Portrait au paftel.
M. BOUTON , Peintre en mignature ,
Membre de l'Académie Royale de
Peinture , de Sculpture & d'Architecture
de Toulouse.
Plufieurs mignatures dans un grand
tableau .
118 MERCURE DE FRANCE.
Outre cette expofition , il y a eu de
la main de M.Verduſſen, un grand tableau
de bataille qui appartenant à l'Académie
, & deux autres repréfentans un
marché de Poiffons & un marché de
toutes efpéces de denrées & volailles ;
du cabinet de M. Poulhariés.
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Résumé : PEINTURE. ACADÉMIE de Peinture, de Sculpture & autres Arts de MARSEILLE.
Le 29 août, l'Académie de Peinture, de Sculpture et autres Arts de Marseille organisa une assemblée publique dans la grande salle de l'Hôtel-de-Ville. M. Verdiguier, Directeur, inaugura la séance par un discours encourageant les élèves médaillés à s'améliorer. Les échevins remirent ensuite des médailles aux élèves pour leurs dessins académiques : la première à M. J. B. Coste, la seconde à M. Antoine Blanc, et la troisième à M. Michel Henri. M. Dageville, Architecte, prononça un discours sur l'état des eaux de la ville, leur distribution et un projet de décoration hydraulique. M. Moulinneuf, Professeur et Secrétaire perpétuel, conclut la séance par des observations sur la peinture et la sculpture. L'assemblée témoigna de l'engagement de l'Académie pour le bien public. Le même jour, une exposition des œuvres de divers membres de l'Académie eut lieu chez la veuve Androny, rue de Paradis, face à l'église Saint-Régis, et dura quinze jours. Les œuvres exposées incluaient des figures de cabinet, des études, des bas-reliefs, des tableaux de paysages, des marines, des portraits, des natures mortes, et des dessins historiques. Parmi les exposants figuraient M. Verdiguier, M. Vernet, M. Coste, M. Pichaume, M. Moulinneuf, M. Zirio, M. Beaufort, M. Kapeller, M. Revelly, M. Arnaud, M. Despeches, M. Loys, M. de Cugis, M. Celony, M. Viel, et M. Bouton. De plus, un grand tableau de bataille de M. Verdussen, ainsi que deux autres tableaux représentant un marché de poissons et un marché de denrées, furent également exposés.
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49
p. 118-126
A M. DE LA PLACE, Auteur du MERCURE.
Début :
PERSUADE, Monsieur, des avantages que les Arts de Peinture, de Sculpture [...]
Mots clefs :
Sculpture, Peinture, Expressions douces, Grâces, Ruisseau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A M. DE LA PLACE, Auteur du MERCURE.
A M. DE LA PLACE , Auteur du
MERCURE.
PERSUADE , Monfieur , des avantages
que les Arts de Peinture , de Sculpture
& c , les Peintres & les Connoiffeurs
peuvent retirer de la defcription d'un
fameux Tableau du célébre Corrége ,
que la France vient tout nouvellement
d'acquérir , je vous prie d'en permettre
l'infertion dans votre Mercure . Elle fait
le contenu d'une lettre que M. Luet de
Bifcontin , ancien Officier d'Infanterie ,
vient de m'adreffer de Marſeille ici à S.
Chamas.Ce favant Connoiffeur nous le
décrit avec beaucoup de lumieres &
de fagacité. Une imagination brillante
& un ftyle délicat femblent en faire le
moindre mérite : en voici l'extrait.
J'ai l'honneur d'être & c.
P. de V **** de P. ****
LETTRE contenant la defcription d'un
Tableau repréfentant les GRACES
qui fe baignent dans la fontaine
d'Acidalie.
J'AI 'AI enfin vu ce précieux Morceau : il
eft non -feulement très-beau , mais encore
je l'ai trouvé parfaitement bien
confervé. On peut dire , Monfieur ,
qu'il n'a pas été payé , quoiqu'on ne
l'ait acquis qu'en le couvrant d'or. Il a ,
franc de baguette,quatre pieds un pouce
de hauteur fur fix pieds cinq pouces de
largeur . Hâtons - nous de vous le décrire.
Je ne voulus point le découvrir qu'auparavant
je ne l'euffe fait placer en un
jour favorable , afin que je puffe jouir
de l'effet du tout enfemble . Il le fit fi
bien , & j'éprouvai un fi grand plaifir
à fon afpect , que je fentis naître dans
l'ame les mêmes mouvemens que l'action
y eût excité , fi elle fe fût paffée
réellement à mes yeux.
Il eſt certain , Monfieur , que de tous
les fujets de Peinture , ceux du genre
galant font ceux qui intéreffent davanrage
, qui ont le plus d'attraits fur l'ima120
MERCURE DE FRANCE .
gination , & qui pénétrent le plus l'âme
du Spectateur. Vous favez que c'eſt là
un goût qui , en enfantant & exécutant
des Sujets gracieux & aimables , ne
manque jamais de donner aux objets
des fituations riantes , des caractères
agréables , & aux figures des expreffions
douces , tendres , délicates , qui flattent
l'oeil , égayent l'efprit , féduifent le coeur.
11 eft donc conftant que les tableaux
comme celui - ci , repréfentans des femmes
dans l'âge de plaire , ont un appas
général. Cela eft aifé à concevoir ; tout
eft charmes , tout eft délices en elles :
elles font la production la plus touchante
, la plus exquife de la nature :
le plaifir anime leurs moindres mouvemens
, & la plupart de leurs actions acquierent
enfin un redoublement d'intérêt.
Notre Tableau devient ainfi un des
plus fatisfaifans ; il nous dépeint , comme
je vous l'écrivis , les Grâces qui fe
baignent dans la fontaine d'Acidalie.
Mais le Corrége les a épifodiquement
accompagnées de divers petits Génies
repréfentans les Amours , les Ris , les
Jeux , les Attraits dont elles font toujours
fuivies. Cupidon , ce redoutable
Dieu , voltige au-deffus des trois Divinités
:
JANVIER. 1763. 121
nités la Fontaine , le Ruiffeau qui en
naît , les Sites & les Arbres du Payfage
y paroiffent avoir été fi fimplement
conduits par la Nature , qu'on
croiroit encore voir ceux du temps de
l'âge d'or.
L'une des Grâces , que je préfume
être Aglaïa , comme la premiere d'entre
elles , occupe la principale place qui eſt
vers le milieu , un peu dans l'enfoncement.
Elle eft de face & debout fur le
bord du ruiffeau : elle a même un pied
dedans. D'une main elle s'appuye fur
le bras de fa compagne ; de l'autre ,
elle fe preffe le mammellon pour en
faire fortir du lait qu'elle répand dans
l'eau . Cette charmante figure ſe préfente
dans une attitude , dont le contour
eft d'une élégance achevée : elle
étale une gorge des mieux fournies , &
des hanches d'une parfaite conformation.
Son teint , dont l'éclatante couleur
eft des plus flatteufes , frappe vivement.
Ses cheveux dorés , & un voile incarnat
attaché fur l'épaule , flottent au gré des
zéphirs.
Quelle douce langueur ne nous montre-
t-elle pas ! De quelle grace , & avec
quelle fine expreffion n'épanche-t - elle
II. Vol. F
-122 MERCURE DE FRANCE .
pas
fon lait ? On croit voir couler du
nectar. Ses yeux languiffans , fa bouche
riante , & un certain air entre le tendre
& le mélancolique , la rendent touchante
& adorable. Auffi pourroit- on
dire que cette Gráce a plus de grâces que
les deux autres .
Cependant celle fur laquelle Aglaia
s'appuye , que nous nommerons Thalie
ne fe préfente pas moins agréablement ,
quoique de profil. La forme de fa
gorge , la coupe délicate de fa taille ,
ont des charmes qui féduifent & nous
prouvent ce qu'elle eft . Notre incomparable
Peintre ne l'auroit pas admiſe au
nombre des grâces , fi elle n'en eût été
pétrie. Elle tâtonne dans l'eau jufqu'à
moitié cuiffe ; & d'une forte
de flacon de cristal à l'antique , elle
répand fur la tête d'un des Jeux , fans
doute , quelque éffence odoriférante
dont le parfum imaginé femble embaumer
l'air qu'on refpire.
Non loin de-là un des Amours traîne
après foi Euphrofine dans la fontaine ,
celle des Graces qui nous montre le dos.
Elle marche en avant , & femble vouloir
s'élancer dans l'eau. Je n'ai guère
vu de dos mieux deffiné , ni d'une fi
JANVIER . 1763 . 123
charmante eurifthmie. Celui de la Vénus
de Medicis n'eft certainement pas d'une
plus belle proportion ; l'attitude en eft
gracieufe à l'extrême . Les parties de
formes ondoyantes ont je ne fai -quoi
de vif, de remuant , d'animé , qu'il n'eft
pas poffible de rencontrer fi bien
ailleurs. Elle eft de caractère léger , délicat
, tel que le charmant Corrége le
donne ordinairement aux Déeffes & aux
Nymphes.
Quelle légéreté ne remarque-t- on
pas dans l'Amour qui vole ? Sufpendu
dans les airs , il femble planer , pour
mieux ajufter fon coup . Le minois capricieux
& dépité , avec lequel il décoche
fon dard , eft d'une expreffion fi
vive , & fi naturelle , qu'en croyant
qu'il refpire véritablement , on ſe perfuaderoit
prefque être foi même en
butte à fes traits.
-
Notre aimable Artifte enfin , toujours
plus ingénieux à nous peindre les
mouvemens de la Nature , a mis entre
les mains d'un des Ris le brandon de
ce Dieu , que fans doute il vient de lui
dérober ; car de l'air avec lequel il fe
cache derrière Thalie l'on préfume
qu'il en eft l'efcamoteur. De plus ,
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
croyant mieux couvrir fon larcin , il
l'enfonce & l'éteint dans la fontaine
d'où s'éxhale une vapeur noire , qui
doit vraisemblablement le décéler. Cette
fumée eft caractérisée & coloriée avec
tant de vérité , qu'elle fait illufion au
point de nous perfuader que l'on entend
le même bouillonnement que produir
la flamme précipitée dans l'eau.
Tous ces petits Génies fe divertiffent
parmi elles ; l'un nâge , l'autre
plonge , l'un danfe , l'autre voltige , &
tous expriment certaines naïvetés fi ingénues
& fi enfantines , que l'Art reffemble
à la Nature même.
C'est en ces fortes de fituations
tendres que l'inimitable Corrége , excellemment
doué du talent merveilleux
de remuer les coeurs par la fineffe
des expreffions ,
a caractérisé en cet
intéreffant tableau différentes paffions.
Je ne finirois point , s'il falloit
vous détailler tous les agrémens que le
Corrége a donné aux objets de fa riante
peinture. On ne peut difconvenir que
toutes les idées qui compofent les tableaux
de ce grand Maître , ne foient nobles
, élevées , extraordinaires
, même
un peu bifarres : que le ftyle en eft fuJANVIER.
1763. 125
blime , les airs de tête finguliers & frappans
: cela eft habituel à notre favant
Artifte ; mais ce qui doit vous furpren
dre , ainfi qu'il m'étonné aujourd'hui
dans la compofition de celui-ci , c'eft
que contre fon ordinaire ce fécond génie
a chargé la fcène d'un nombre confidérable
de figures. Sa verve montée
fur le ton riant & badin' , y a caractériſé ,
d'une aimable gaieté , les principales
paffions . Sous ce nouveau crayon , devenues
plus attrayantes , elles m'ont
paru intéreffer jufqu'à féduire. Je pense
que c'eft ici le plus précieux morceau
qui foit forti de fes mains. Je me flatte
de n'être pas contredit, & nos vrais connoiffeurs
feront de mon opinion lorfqu'ils
l'auront vu . Mais pourquoi ne pas dire
un mot de fon furprenant coloris ? Je
ne puis paffer fous filence la partie ou
ce grand Maître nous a prefque fait
croire qu'un Ange conduifoit fon pinceau.
Tout enchanté dans cette délectable
peinture ; on y trouvé un ragoût
de couleurs , & une touche légère
qu'on ne voit pas même toujours dans
fes ouvrages. Tout y eft moelleux ;
tout y paroît tendre & merveilleux ;
mais en même temps quelle fraîcheur ,
?
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE .
quelle force de coloris ! quelle vérité ! &
quelle excellente manière d'empâter n'y
reconnoît-on pas ? Sa touche élégante
eft d'un fini qui fait fon effet de loin
comme de près. Le tout enfemble tenant
de la magie , a un relief & un
accord dont l'harmonie fe manifefte
généralement dans toutes les parties de
ce délicieux tableau , qui étonne &
fait l'admiration de nos Académiciens ,
ainfi
que de nos plus fins Amateurs.
J'ai l'honneur d'être , & c .
J. LUET DE BISCONTIN.
A Marseille , les Décembre 1762.
MERCURE.
PERSUADE , Monfieur , des avantages
que les Arts de Peinture , de Sculpture
& c , les Peintres & les Connoiffeurs
peuvent retirer de la defcription d'un
fameux Tableau du célébre Corrége ,
que la France vient tout nouvellement
d'acquérir , je vous prie d'en permettre
l'infertion dans votre Mercure . Elle fait
le contenu d'une lettre que M. Luet de
Bifcontin , ancien Officier d'Infanterie ,
vient de m'adreffer de Marſeille ici à S.
Chamas.Ce favant Connoiffeur nous le
décrit avec beaucoup de lumieres &
de fagacité. Une imagination brillante
& un ftyle délicat femblent en faire le
moindre mérite : en voici l'extrait.
J'ai l'honneur d'être & c.
P. de V **** de P. ****
LETTRE contenant la defcription d'un
Tableau repréfentant les GRACES
qui fe baignent dans la fontaine
d'Acidalie.
J'AI 'AI enfin vu ce précieux Morceau : il
eft non -feulement très-beau , mais encore
je l'ai trouvé parfaitement bien
confervé. On peut dire , Monfieur ,
qu'il n'a pas été payé , quoiqu'on ne
l'ait acquis qu'en le couvrant d'or. Il a ,
franc de baguette,quatre pieds un pouce
de hauteur fur fix pieds cinq pouces de
largeur . Hâtons - nous de vous le décrire.
Je ne voulus point le découvrir qu'auparavant
je ne l'euffe fait placer en un
jour favorable , afin que je puffe jouir
de l'effet du tout enfemble . Il le fit fi
bien , & j'éprouvai un fi grand plaifir
à fon afpect , que je fentis naître dans
l'ame les mêmes mouvemens que l'action
y eût excité , fi elle fe fût paffée
réellement à mes yeux.
Il eſt certain , Monfieur , que de tous
les fujets de Peinture , ceux du genre
galant font ceux qui intéreffent davanrage
, qui ont le plus d'attraits fur l'ima120
MERCURE DE FRANCE .
gination , & qui pénétrent le plus l'âme
du Spectateur. Vous favez que c'eſt là
un goût qui , en enfantant & exécutant
des Sujets gracieux & aimables , ne
manque jamais de donner aux objets
des fituations riantes , des caractères
agréables , & aux figures des expreffions
douces , tendres , délicates , qui flattent
l'oeil , égayent l'efprit , féduifent le coeur.
11 eft donc conftant que les tableaux
comme celui - ci , repréfentans des femmes
dans l'âge de plaire , ont un appas
général. Cela eft aifé à concevoir ; tout
eft charmes , tout eft délices en elles :
elles font la production la plus touchante
, la plus exquife de la nature :
le plaifir anime leurs moindres mouvemens
, & la plupart de leurs actions acquierent
enfin un redoublement d'intérêt.
Notre Tableau devient ainfi un des
plus fatisfaifans ; il nous dépeint , comme
je vous l'écrivis , les Grâces qui fe
baignent dans la fontaine d'Acidalie.
Mais le Corrége les a épifodiquement
accompagnées de divers petits Génies
repréfentans les Amours , les Ris , les
Jeux , les Attraits dont elles font toujours
fuivies. Cupidon , ce redoutable
Dieu , voltige au-deffus des trois Divinités
:
JANVIER. 1763. 121
nités la Fontaine , le Ruiffeau qui en
naît , les Sites & les Arbres du Payfage
y paroiffent avoir été fi fimplement
conduits par la Nature , qu'on
croiroit encore voir ceux du temps de
l'âge d'or.
L'une des Grâces , que je préfume
être Aglaïa , comme la premiere d'entre
elles , occupe la principale place qui eſt
vers le milieu , un peu dans l'enfoncement.
Elle eft de face & debout fur le
bord du ruiffeau : elle a même un pied
dedans. D'une main elle s'appuye fur
le bras de fa compagne ; de l'autre ,
elle fe preffe le mammellon pour en
faire fortir du lait qu'elle répand dans
l'eau . Cette charmante figure ſe préfente
dans une attitude , dont le contour
eft d'une élégance achevée : elle
étale une gorge des mieux fournies , &
des hanches d'une parfaite conformation.
Son teint , dont l'éclatante couleur
eft des plus flatteufes , frappe vivement.
Ses cheveux dorés , & un voile incarnat
attaché fur l'épaule , flottent au gré des
zéphirs.
Quelle douce langueur ne nous montre-
t-elle pas ! De quelle grace , & avec
quelle fine expreffion n'épanche-t - elle
II. Vol. F
-122 MERCURE DE FRANCE .
pas
fon lait ? On croit voir couler du
nectar. Ses yeux languiffans , fa bouche
riante , & un certain air entre le tendre
& le mélancolique , la rendent touchante
& adorable. Auffi pourroit- on
dire que cette Gráce a plus de grâces que
les deux autres .
Cependant celle fur laquelle Aglaia
s'appuye , que nous nommerons Thalie
ne fe préfente pas moins agréablement ,
quoique de profil. La forme de fa
gorge , la coupe délicate de fa taille ,
ont des charmes qui féduifent & nous
prouvent ce qu'elle eft . Notre incomparable
Peintre ne l'auroit pas admiſe au
nombre des grâces , fi elle n'en eût été
pétrie. Elle tâtonne dans l'eau jufqu'à
moitié cuiffe ; & d'une forte
de flacon de cristal à l'antique , elle
répand fur la tête d'un des Jeux , fans
doute , quelque éffence odoriférante
dont le parfum imaginé femble embaumer
l'air qu'on refpire.
Non loin de-là un des Amours traîne
après foi Euphrofine dans la fontaine ,
celle des Graces qui nous montre le dos.
Elle marche en avant , & femble vouloir
s'élancer dans l'eau. Je n'ai guère
vu de dos mieux deffiné , ni d'une fi
JANVIER . 1763 . 123
charmante eurifthmie. Celui de la Vénus
de Medicis n'eft certainement pas d'une
plus belle proportion ; l'attitude en eft
gracieufe à l'extrême . Les parties de
formes ondoyantes ont je ne fai -quoi
de vif, de remuant , d'animé , qu'il n'eft
pas poffible de rencontrer fi bien
ailleurs. Elle eft de caractère léger , délicat
, tel que le charmant Corrége le
donne ordinairement aux Déeffes & aux
Nymphes.
Quelle légéreté ne remarque-t- on
pas dans l'Amour qui vole ? Sufpendu
dans les airs , il femble planer , pour
mieux ajufter fon coup . Le minois capricieux
& dépité , avec lequel il décoche
fon dard , eft d'une expreffion fi
vive , & fi naturelle , qu'en croyant
qu'il refpire véritablement , on ſe perfuaderoit
prefque être foi même en
butte à fes traits.
-
Notre aimable Artifte enfin , toujours
plus ingénieux à nous peindre les
mouvemens de la Nature , a mis entre
les mains d'un des Ris le brandon de
ce Dieu , que fans doute il vient de lui
dérober ; car de l'air avec lequel il fe
cache derrière Thalie l'on préfume
qu'il en eft l'efcamoteur. De plus ,
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
croyant mieux couvrir fon larcin , il
l'enfonce & l'éteint dans la fontaine
d'où s'éxhale une vapeur noire , qui
doit vraisemblablement le décéler. Cette
fumée eft caractérisée & coloriée avec
tant de vérité , qu'elle fait illufion au
point de nous perfuader que l'on entend
le même bouillonnement que produir
la flamme précipitée dans l'eau.
Tous ces petits Génies fe divertiffent
parmi elles ; l'un nâge , l'autre
plonge , l'un danfe , l'autre voltige , &
tous expriment certaines naïvetés fi ingénues
& fi enfantines , que l'Art reffemble
à la Nature même.
C'est en ces fortes de fituations
tendres que l'inimitable Corrége , excellemment
doué du talent merveilleux
de remuer les coeurs par la fineffe
des expreffions ,
a caractérisé en cet
intéreffant tableau différentes paffions.
Je ne finirois point , s'il falloit
vous détailler tous les agrémens que le
Corrége a donné aux objets de fa riante
peinture. On ne peut difconvenir que
toutes les idées qui compofent les tableaux
de ce grand Maître , ne foient nobles
, élevées , extraordinaires
, même
un peu bifarres : que le ftyle en eft fuJANVIER.
1763. 125
blime , les airs de tête finguliers & frappans
: cela eft habituel à notre favant
Artifte ; mais ce qui doit vous furpren
dre , ainfi qu'il m'étonné aujourd'hui
dans la compofition de celui-ci , c'eft
que contre fon ordinaire ce fécond génie
a chargé la fcène d'un nombre confidérable
de figures. Sa verve montée
fur le ton riant & badin' , y a caractériſé ,
d'une aimable gaieté , les principales
paffions . Sous ce nouveau crayon , devenues
plus attrayantes , elles m'ont
paru intéreffer jufqu'à féduire. Je pense
que c'eft ici le plus précieux morceau
qui foit forti de fes mains. Je me flatte
de n'être pas contredit, & nos vrais connoiffeurs
feront de mon opinion lorfqu'ils
l'auront vu . Mais pourquoi ne pas dire
un mot de fon furprenant coloris ? Je
ne puis paffer fous filence la partie ou
ce grand Maître nous a prefque fait
croire qu'un Ange conduifoit fon pinceau.
Tout enchanté dans cette délectable
peinture ; on y trouvé un ragoût
de couleurs , & une touche légère
qu'on ne voit pas même toujours dans
fes ouvrages. Tout y eft moelleux ;
tout y paroît tendre & merveilleux ;
mais en même temps quelle fraîcheur ,
?
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE .
quelle force de coloris ! quelle vérité ! &
quelle excellente manière d'empâter n'y
reconnoît-on pas ? Sa touche élégante
eft d'un fini qui fait fon effet de loin
comme de près. Le tout enfemble tenant
de la magie , a un relief & un
accord dont l'harmonie fe manifefte
généralement dans toutes les parties de
ce délicieux tableau , qui étonne &
fait l'admiration de nos Académiciens ,
ainfi
que de nos plus fins Amateurs.
J'ai l'honneur d'être , & c .
J. LUET DE BISCONTIN.
A Marseille , les Décembre 1762.
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Résumé : A M. DE LA PLACE, Auteur du MERCURE.
La lettre adressée à M. de La Place, auteur du Mercure, décrit un célèbre tableau du peintre Corrége, récemment acquis par la France. L'auteur de la lettre, M. Luet de Biscontin, ancien officier d'infanterie, admire ce tableau représentant les Grâces se baignant dans la fontaine d'Acidalie. Le tableau mesure quatre pieds un pouce de hauteur sur six pieds cinq pouces de largeur et est en excellent état malgré les sommes dépensées pour son acquisition. Luet de Biscontin souligne que les sujets galants, comme celui représenté, sont particulièrement captivants. Le tableau montre les Grâces accompagnées de divers petits génies représentant les Amours, les Rires, les Jeux et les Attraits. Cupidon plane au-dessus des trois divinités, et la scène est entourée de la fontaine, du ruisseau, des sites et des arbres du paysage, tous rendus avec une simplicité naturelle. La Grâce principale, présumée être Aglaïa, est décrite en détail : elle est debout sur le bord du ruisseau, appuyée sur une compagne, et presse son sein pour faire sortir du lait qu'elle répand dans l'eau. Sa posture, son teint éclatant, ses cheveux dorés et son voile incarnat sont soulignés pour leur élégance et leur douceur. Les autres Grâces, Thalie et Euphrosine, sont également admirées pour leurs formes et leurs attitudes gracieuses. Les petits génies sont représentés en train de se divertir, exprimant des naïvetés ingénues. Corrége est loué pour son talent à remuer les cœurs par la finesse des expressions et pour la richesse des idées nobles et élevées dans ses tableaux. Le coloris du tableau est particulièrement remarqué pour sa fraîcheur, sa force et sa vérité, avec une touche élégante et un fini exceptionnel. Le tableau est considéré comme un chef-d'œuvre, admiré par les Académiciens et les amateurs d'art.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 126-128
MUSIQUE. LETTRE de M. le LOUP, Éditeur des Récréations des POLHYMNIE, à l'Auteur du Mercure.
Début :
J'AI l'honneur de vous présenter le troisiéme Recueil de Polhymnie, dont [...]
Mots clefs :
Polymnie, Airs, Chants, Recueils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MUSIQUE. LETTRE de M. le LOUP, Éditeur des Récréations des POLHYMNIE, à l'Auteur du Mercure.
MUSIQUE.
LETTRE de M. le LOUP , Éditeur des
Récréations des POLHYMNIE , à
l'Auteur du Mercure.
'AI l'honneur de vous préfenter le
troifiéme Recueil de Polhymnie , dont
la plupart des airs font ainfi que vous
l'avez annoncé , de la compofition de
M. Ponteau , Organifte de S. Jacques
de la Boucherie , & de S. Martin des
JANVIER. 1763 127
,
Champs. C'eſt un Eléve de feu M.
Forcroy , & qui a hérité des talens de
fon oncle , qui étoit célébre pour le
beau chant : vous jugerez en parcourant
fes airs . Il y en a auffi de M. le Jay
Maître de Mufique , ainfi que de M.
Hanot. Si j'en crois plufieurs perfonnes
de goût , ce recueil leur femble le meilleur
des trois . C'eſt au Public à en juger.
J'ofe vous fupplier feulement de
vouloir bien annoncer , que les marchands
de Province qui voudront s'adreffer
à moi pour les avoir , auront
lieu d'être fatisfaits des arrangemens que
je ferai avec eux . Je vous réitére mes
très-humbles remercimens de la manière
obligeante avec laquelle vous
avez annoncé ces recueils .
J'ai l'honneur d'être , & c.
LELOUP.
Premier Livre de piéces de clavecin
, compofé de fix fonates , par M.
Legrand , Organiſte de S. Germain des
Prés , prix , 9 liv.
Six divertiffemens , avec accompagnement
de deux violons ad libitum ,
par M. Wendenbochk , dédié à M.Jean-
François Kniff , premier Bourguemeftre
Fiv
128 MERCURE DE FRANCE.
de la ville d'Anvers , prix , 12 livres.
Six due pour deux violons ou pardeffus
de viole , par M. Sebetosky ,
prix , 6 liv.
Méthode pour apprendre la Mufique ,
dont toutes les leçons font à deux parties
, par M. Rollay , prix , 9 liv .
.
Six Sonates pour le violoncelle , par
M. Natat-Refta , oeuvre premier . Prix ,
6. liv.
Le tout fe trouve à Paris , rue du
Roule , chez M. Lemenu , Marchand
de Mufique , à la clef d'or.
LETTRE de M. le LOUP , Éditeur des
Récréations des POLHYMNIE , à
l'Auteur du Mercure.
'AI l'honneur de vous préfenter le
troifiéme Recueil de Polhymnie , dont
la plupart des airs font ainfi que vous
l'avez annoncé , de la compofition de
M. Ponteau , Organifte de S. Jacques
de la Boucherie , & de S. Martin des
JANVIER. 1763 127
,
Champs. C'eſt un Eléve de feu M.
Forcroy , & qui a hérité des talens de
fon oncle , qui étoit célébre pour le
beau chant : vous jugerez en parcourant
fes airs . Il y en a auffi de M. le Jay
Maître de Mufique , ainfi que de M.
Hanot. Si j'en crois plufieurs perfonnes
de goût , ce recueil leur femble le meilleur
des trois . C'eſt au Public à en juger.
J'ofe vous fupplier feulement de
vouloir bien annoncer , que les marchands
de Province qui voudront s'adreffer
à moi pour les avoir , auront
lieu d'être fatisfaits des arrangemens que
je ferai avec eux . Je vous réitére mes
très-humbles remercimens de la manière
obligeante avec laquelle vous
avez annoncé ces recueils .
J'ai l'honneur d'être , & c.
LELOUP.
Premier Livre de piéces de clavecin
, compofé de fix fonates , par M.
Legrand , Organiſte de S. Germain des
Prés , prix , 9 liv.
Six divertiffemens , avec accompagnement
de deux violons ad libitum ,
par M. Wendenbochk , dédié à M.Jean-
François Kniff , premier Bourguemeftre
Fiv
128 MERCURE DE FRANCE.
de la ville d'Anvers , prix , 12 livres.
Six due pour deux violons ou pardeffus
de viole , par M. Sebetosky ,
prix , 6 liv.
Méthode pour apprendre la Mufique ,
dont toutes les leçons font à deux parties
, par M. Rollay , prix , 9 liv .
.
Six Sonates pour le violoncelle , par
M. Natat-Refta , oeuvre premier . Prix ,
6. liv.
Le tout fe trouve à Paris , rue du
Roule , chez M. Lemenu , Marchand
de Mufique , à la clef d'or.
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Résumé : MUSIQUE. LETTRE de M. le LOUP, Éditeur des Récréations des POLHYMNIE, à l'Auteur du Mercure.
Le texte est une lettre de M. le Loup, éditeur des 'Récréations des Polhymnie', adressée à l'auteur du Mercure. Elle annonce la publication du troisième recueil de Polhymnie, principalement composé par M. Ponteau, organiste de Saint-Jacques de la Boucherie et de Saint-Martin. Ponteau est présenté comme un élève de feu M. Forcroy et héritier des talents de son oncle, connu pour son beau chant. Le recueil inclut également des airs de M. le Jay et M. Hanot. Plusieurs experts estiment ce recueil comme le meilleur des trois. M. le Loup propose des arrangements pour les marchands de province souhaitant acquérir ces recueils et remercie l'auteur du Mercure pour la promotion des précédents recueils. Le texte mentionne aussi plusieurs publications musicales disponibles à Paris, rue du Roule, chez M. Lemenu, marchand de musique. Ces publications incluent un premier livre de pièces de clavecin par M. Legrand, six divertissements avec accompagnement de deux violons par M. Wendenbochk, six duos pour deux violons ou pardessus de viole par M. Sebetosky, une méthode pour apprendre la musique par M. Rollay, et six sonates pour le violoncelle par M. Natat-Resta. Les prix de ces œuvres varient de 6 à 12 livres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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