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1
p. 229-237
ELEGIE.
Début :
Du grand monde & du bruit l'ame peu satisfaite, [...]
Mots clefs :
Monde, Désert, Amis, Science, Âme, Roi, Raison, Gloire
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texteReconnaissance textuelle : ELEGIE.
ELEGI Ε.
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
Vgrandmonde&dubruit l'ame
penSatisfaire,
Pourtrouverdurepos je cherche une re- traite ,
GALANT. 149 Etfortant dela Ville apres cent maux Soufferts,
Ie viens chercher du Bec les aimables
Deserts..
CeSéjour agréable encor qu'ilfoit champestre,
Ne fert que rarement à son illustre
Maistre,
Et l'obligeant Emire en tous lieux reveré
AmaBarque agitéeoffre un Portaſſuré.
Trompeuse ambition ! Grandeur imagi- naire!
Qu'en vous lebien est rare &le mal
ordinaire!
Queleplus inſenſible &le mieux pre- paré,
Boit chez vous de Poison dans un Vase doré !
Qu'unefoule importune auſeul gain at- tachée ,
Sous un fasteapparent tient de fraude cachée!
Que les fermes Amisfe trouvent peu Souvent !
Qu'on barit des projets sur un fable mouvant!
Gij
igo LE MERCVRE Etqu'heureux est celuy , dont l'adroite
Science
Sçaitjoindre leſecret avecladéfiance Apeu de vrais Amis qui ſçait se re- trancher ,
Qui garde bien te nombre &n'en va point chercher,
Et qui ſur l'apparence enfin iamais ne -fonde
La folle opinion de plaire àtout le monde!
Onferoit unprodige en vertus achevé.
Qu'onseroit vicieux, pour un goust dépravé,
L'onavencomparer l'honneur à l'arti fice,
Les liberalitezàl'infame avarice,
La douceur à l'aigreur , l'orgueil àla bonté,
Aux laſches actions la generosité,
Lemodeste à celuy, qui fait le necef
faire,
Et l'ame laplusfourbe, au cœur leplus:
fincere.
Cependantdumensonge, infamesArti- fans VnMonstre vous devore , &fait des Partisans,
GALANT. 15.4
k
Voit dans ſes interests ceux qu'il rend miserables ,
Etdesplus oppreſſez fait les plusfavo rables.
On vanteſa conduite , on vanteſon efprit,
On n'oſe contredire àtout ce qu'il écrit,
L'Amour ar tout des
efolavesde l'interest faitpar to
Et regnequelquefois dans les cœurs les
plusbraves.
Al'éclat de la gloire on prefere lebien,
Et pour en acquerir les Crimes nefont
rien.
Quels divers embarras ne m'a-t-on pointfait naiſtre !
Combien , où je commande ay-je ven plusd'unMaistre ?
D'un Roy victorieux la iuste autorités
Apeineapûfléchir un Suiet irrité;
Ceux que i'aimois le mieux , emportez par la brigue,
Ont- ils à ce Torrent opposé quelque Digue!
LaGloirequi m'afait un grand Corps
effembler .... Giij
152 LE MERCVRE Contre les Ennemis qui voudroient nous troubler,
Mapreste des Lauriers dans une vaste Plaine,
Etjevois dansla Ville une Palme incertaine.
Vn indigne Ennemy , qui fort de fon devoir,
Songeàme faire teste , &nesefait pas
voir,
Devient l'injuste Chefd'une infameCabale ,
Trouvedes Courtiſans ſans partirdeſa Salle ,
Etdansſes noirs deſſeins doit estre sa- tisfait D'avoir ofé combatre , encor qu'il soit
défait.
Ilme force àrougir lors que je le furmonte ,
Au plus fort de ma gloire il me couvre
dehonte,
Et donne par caprice en cette occafion,
Au Vainqueur & Vaincu mesme con- fusion.
Ab ! que de mon dépit la juste vian lence .D
GALAN T. 153 Maisle Roy nous l'ordonne,imposons- nousfilence ,
Mon cœur,ilfaut donner encesfacheux
momens,
Au plus grand des Mortels tous nos reffentimens.
Opaisible retraite ? aimable folitude ?
Qui des plus fortunez charmez l'in- quietude , :
M'arrachantauxplaiſirs que vouspou- vezdonner:
Ah! que j'ay de regret de vous aban- donner,
De preferer au mien l'avantage des
autres ,
Etnevoirde long-temps des lieux com- meles vostres! ..
Mais deux jours fans agir mefont à regretter,
4
Etce temps, àmon gré ,nese peut ra- chetera
Pourrons- nous bien changer dans ma plainte inutile,
L'innocence des Champs aux fracas de.
la Ville ?
De cent Beautez en vain on vante les
appas,
Gv
154 LE MERCVRE Moncœur nepeut aimer ce qu'il n'estin
me pas:
Commeil ne fut jamais capable de foi- bleffe ,
Un effort genereux rompt le trait qui le bleffe ,
Etpenchant vers la Gloire
plusqu'àiny.
n'estant
Ilpeuthairdemain, ce qu'il aime aujourd'huy ;
Mais pour vos beaux Deferts , iln'en
estpas demefme,
Pastre repos flateur donne un plaifir extrême
Sans Iris,fans mon Maistre, ô Sejour fortuné.
Vous auriez tout le cœurque je leur ay donné
Le quitte donc l'émail de vos vertes.
Prairies,
Et tout. ce qui flatoit mes douces ré
veries:
Allons tendre les bras à nos illustres
fers,
Allons-nous redonner au Grand Roy que je fers
GALANT Obſerverles proiets d'une fouleimportune,
Ettrouver des plaisirs dans ma noble infortune int Maisil faut bienpenser àce que nous ferons,
Regler nos sentimens par ce que nous Sçaurons , 5
Et fuivant les conseils que la raison
inspire,
Koir,écouterbeaucoup , agir&nevien dire
L
Fermer
Résumé : ELEGIE.
Le poème 'ELEGI Ε.' explore les réflexions d'un individu sur la vie à la cour et le désir de retraite. L'auteur aspire à un repos loin de la ville et de ses maux, mais reconnaît que même les lieux déserts ne conviennent pas toujours à son maître. Il critique l'ambition trompeuse et la grandeur imaginaire, soulignant que le bien est rare et le mal ordinaire dans ce contexte. L'auteur déplore la rareté des amis sincères et la fréquente présence de projets éphémères. Il admire celui qui sait allier la science et la défiance, et qui ne cherche pas à plaire à tout le monde. Le poème condamne les vices et les artifices, préférant l'honneur, la générosité et la sincérité. Il décrit également les intrigues et les manipulations à la cour, où les intérêts personnels dominent souvent. L'auteur exprime son regret de devoir abandonner une retraite paisible pour obéir aux ordres du roi, malgré son désir de rester dans un lieu tranquille. Il conclut en exprimant son intention de suivre les conseils de la raison et de rester prudent dans ses actions.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 121-131
ELEGIE.
Début :
Prendre ce party est une maniere fort honneste de dire [...]
Mots clefs :
Philis, Amour, Beauté, Vers, M. Ferrier, Ouvrage galant, Plaisirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELEGIE.
Pren- dre ce party eſt une maniere fort honneſte de dire adieu au
Monde apres avoir expoſe ſa vie pour fon Prince , pendant un fort grand nombre d'années.
Des Adieux de cette forte ne
me paroiſtront jamais devoir eſtre retractez ; mais vous allez
voir, Madame, quej'avoisquel- que ſujetde n'en pas croire en- tierement celuy qui pretendoit l'avoir dit pour toûjours aux Muſes. Ses Amis n'ont pû ſoû- frir qu'il ſe dérobât plus long- temps lagloire qui luyeſt deuë.
Ils l'ont fait connoiſtre , & j'ay àvous apprendre qu'il s'appelle
GALANT. 81I
M.Ferrier. Les loüanges qu'il a
reçeuës ſur le tour aiſe qu'il donne à ſes Vers , l'ont engagé à faire un Ouvrage Galant qu'on croit déja ſous la Preffe.
On ne m'en a pû dire le Titre,
mais vous pouvez juger de quelle beauté il ſera par cette Elegie qui en doit faire le com- mencement. Elle donne lieu
de conjecturer que cet Ouvrage contiendra les manieres qui peuvent faire acquerir l'eftime du beau Sexe aux honneſtes
Gens , &on ne peut douter que cette matiere ne ſoit traitéedelicatement par un Homme qui penſe juſte , & qui écrit avec une fortgrande netteté.
Dv
82. LE MERCVRE
LIO THE
好好好好好好好好好好好好好好
1893 ELEGIE
.
Maistrefubtiles de tousflames les Dieux dont
Nebrûlentpoint les cœursfans éclairer
lesames ,
Amour, c'est àtoy ſeul que confacrant
mes Vers ,
Ievay de tes fecrets instruire l'Univers.
:
Ainsi, dans mes écrits revelant la Science ,
Detes droits ſur les cœurs j'étendray la puiſſance ,
Et ma Muse àton Temple appellant les Mortels,
Fera de toutes parts encenfer tes Au- tels ;
Ces Vers dontjetefais un heureuxfas
crifice ,
Am'en récompenser engagent ta ju- ffice.
Quoy,pourrois-tu me voir Esclave re- buté
GALANT. 83
D'une ingrate Maiſtreſſe effuyer la fierté ,
Moy, qui par desavis auſſi ſeurs que fidelles,
Montre l'art de toucher les Maiſtreſſes
cruelles?
Non,Amour, tu le vois, qu'ileſt de ton honneur A
D'employertous tesſoinsauſoin demon bonheur.
Ienedemandepas qu'à mes vœux fam vorable ,
Atoutes les Beauteztu me rendes ai- mable , T
Jen'étenspassiloin mes projets amou
reux ,
Etce n'est que Philis que demandent
mesvœux ,
Philis que j'aime envain , &dont l'indifference
Par de longues froideurs éprouve ma
constance.
Mais cette ame inſenſible auxpreuves
demafoy ,
Lefera-t-elle encorefi tu combatspour
moy ?
Dvj
84 LE MERCVRE Si i'obtiensfurſon cœurune entierevi- Etoire,
Lefruit que i'en auray t'en aſſure la gloire.
Pourtoy plus que pour moyfois ialoux de tesdroits ,
Aux cœurs indifferens fais réverer tes
Loix ,
Et foûmettant l'orgueil d'une Beauté rebelle ,
Fay luy sentirpourmoy ce que je sens pour elle.
Pendant que je pouffois ces regrets
amoureux ,
L'Amour vint me promettre un destin plusheureux.
•Toy qu'un zele fi fort attache à mon fervice,
Espere tous , dit-il , quand je te ſuis
propice :
Tum'as fait une offrande à n'oublier
jamais.
Et mesgracespourtoy préviendront tes Soubaits.
Des Dieuxpour les Mortel's la bonné Sans mesure,
D'unpeu d'encens brûlé les payeaves usures
GALANT. 85 Mais en est-il aucun de ces Dieux bienfaifans ,
Qui puiſſe parses dons égaler mes pre- Sens?
Helene,de Paris fut ledigne ſalaire
Désqu'on l'eut veu juger enfaveur de
ma Mere.
Iulie, aux yeuxde Rome , au milieude La Cour ,
D'Ovide ,par mes foins favoriſa l'amour.
Crois- tu que maintenant à tes veux
moins propice ,
Iemanque de puiſſance ,oumanquede justice,
Moy qui ſans borne juste,& puiſſant en tous lieux ,
Aurang de mes Sujets compte mesme les Dieux?
Ainsi,que ta Philis s'arme d'indiference ,
Elle doit sa tendreſſe à ta perſeverance.
Necrains rien , &fidelle aux yeux qui
t'ontcharmé,
Aime,le Dieud'Amour t'affure d'estre aimé. L
86 LE MERCVRE
Ah , Philis , vondrois-tudémentirfes
Oracles ,
Aux biens qu'il me promet oposer des obstacles?
Non,Sans doute, & ton cœur moinsrebelle àfes loix ,
Suivra l'avis d'un Dieu qui parle par
mavoix.
Si tu n'écoutes point fon fidelle Interprete,
Aumoins de ta raiſon entens la voix Secrete ,
Quitefollicitant de te laiſſer charmer ,
Te dit tout bas qu'un cœur n'est fait
quepouraimer.
Auxdouceurs de l'amourne fois donc
plus contraire ,
On ne peut en joüir qu'autant que l'on Sçait plaire ,
Etle Soleil,d'ailleursfijuſte dansfon
cours,
D'un plusrapide pas mesure nos beaux
jours.
LaNature,que regle une haute Prudence ,
En joignant de ſi prés la mort à ta naiſſance,
GALANT. 87 Semble nous avertir qu'il nous faut ménager
Iusqu'aumoindre moment d'un tempsſe paſſager.
Quelque courte en effet que paiſſe eſtre lavie,
Elle pourroit fuffire à remplir nostre envie ,
Sidonnant libre effor ànos jeunes defirs,
Désquel'onpeut lesprendre on prenoit les plaisirs.
Mais loin que la raison regte nos de ſtinées ,
Nous perdonsſans aimer nos plus bel- les années ,
Et lors que la vieilleffe efface nos
appas,
Nous cherchons les Amours &ne les
trouvonspas.
Ne croy point que des ans l'injurieux
• outrage Epargnepar respect les lis de ton vi- Sage.
Non, Philis , la beauté doit unjour te quitter.
Avant qu'elle te quitte il en fautpro five
Monde apres avoir expoſe ſa vie pour fon Prince , pendant un fort grand nombre d'années.
Des Adieux de cette forte ne
me paroiſtront jamais devoir eſtre retractez ; mais vous allez
voir, Madame, quej'avoisquel- que ſujetde n'en pas croire en- tierement celuy qui pretendoit l'avoir dit pour toûjours aux Muſes. Ses Amis n'ont pû ſoû- frir qu'il ſe dérobât plus long- temps lagloire qui luyeſt deuë.
Ils l'ont fait connoiſtre , & j'ay àvous apprendre qu'il s'appelle
GALANT. 81I
M.Ferrier. Les loüanges qu'il a
reçeuës ſur le tour aiſe qu'il donne à ſes Vers , l'ont engagé à faire un Ouvrage Galant qu'on croit déja ſous la Preffe.
On ne m'en a pû dire le Titre,
mais vous pouvez juger de quelle beauté il ſera par cette Elegie qui en doit faire le com- mencement. Elle donne lieu
de conjecturer que cet Ouvrage contiendra les manieres qui peuvent faire acquerir l'eftime du beau Sexe aux honneſtes
Gens , &on ne peut douter que cette matiere ne ſoit traitéedelicatement par un Homme qui penſe juſte , & qui écrit avec une fortgrande netteté.
Dv
82. LE MERCVRE
LIO THE
好好好好好好好好好好好好好好
1893 ELEGIE
.
Maistrefubtiles de tousflames les Dieux dont
Nebrûlentpoint les cœursfans éclairer
lesames ,
Amour, c'est àtoy ſeul que confacrant
mes Vers ,
Ievay de tes fecrets instruire l'Univers.
:
Ainsi, dans mes écrits revelant la Science ,
Detes droits ſur les cœurs j'étendray la puiſſance ,
Et ma Muse àton Temple appellant les Mortels,
Fera de toutes parts encenfer tes Au- tels ;
Ces Vers dontjetefais un heureuxfas
crifice ,
Am'en récompenser engagent ta ju- ffice.
Quoy,pourrois-tu me voir Esclave re- buté
GALANT. 83
D'une ingrate Maiſtreſſe effuyer la fierté ,
Moy, qui par desavis auſſi ſeurs que fidelles,
Montre l'art de toucher les Maiſtreſſes
cruelles?
Non,Amour, tu le vois, qu'ileſt de ton honneur A
D'employertous tesſoinsauſoin demon bonheur.
Ienedemandepas qu'à mes vœux fam vorable ,
Atoutes les Beauteztu me rendes ai- mable , T
Jen'étenspassiloin mes projets amou
reux ,
Etce n'est que Philis que demandent
mesvœux ,
Philis que j'aime envain , &dont l'indifference
Par de longues froideurs éprouve ma
constance.
Mais cette ame inſenſible auxpreuves
demafoy ,
Lefera-t-elle encorefi tu combatspour
moy ?
Dvj
84 LE MERCVRE Si i'obtiensfurſon cœurune entierevi- Etoire,
Lefruit que i'en auray t'en aſſure la gloire.
Pourtoy plus que pour moyfois ialoux de tesdroits ,
Aux cœurs indifferens fais réverer tes
Loix ,
Et foûmettant l'orgueil d'une Beauté rebelle ,
Fay luy sentirpourmoy ce que je sens pour elle.
Pendant que je pouffois ces regrets
amoureux ,
L'Amour vint me promettre un destin plusheureux.
•Toy qu'un zele fi fort attache à mon fervice,
Espere tous , dit-il , quand je te ſuis
propice :
Tum'as fait une offrande à n'oublier
jamais.
Et mesgracespourtoy préviendront tes Soubaits.
Des Dieuxpour les Mortel's la bonné Sans mesure,
D'unpeu d'encens brûlé les payeaves usures
GALANT. 85 Mais en est-il aucun de ces Dieux bienfaifans ,
Qui puiſſe parses dons égaler mes pre- Sens?
Helene,de Paris fut ledigne ſalaire
Désqu'on l'eut veu juger enfaveur de
ma Mere.
Iulie, aux yeuxde Rome , au milieude La Cour ,
D'Ovide ,par mes foins favoriſa l'amour.
Crois- tu que maintenant à tes veux
moins propice ,
Iemanque de puiſſance ,oumanquede justice,
Moy qui ſans borne juste,& puiſſant en tous lieux ,
Aurang de mes Sujets compte mesme les Dieux?
Ainsi,que ta Philis s'arme d'indiference ,
Elle doit sa tendreſſe à ta perſeverance.
Necrains rien , &fidelle aux yeux qui
t'ontcharmé,
Aime,le Dieud'Amour t'affure d'estre aimé. L
86 LE MERCVRE
Ah , Philis , vondrois-tudémentirfes
Oracles ,
Aux biens qu'il me promet oposer des obstacles?
Non,Sans doute, & ton cœur moinsrebelle àfes loix ,
Suivra l'avis d'un Dieu qui parle par
mavoix.
Si tu n'écoutes point fon fidelle Interprete,
Aumoins de ta raiſon entens la voix Secrete ,
Quitefollicitant de te laiſſer charmer ,
Te dit tout bas qu'un cœur n'est fait
quepouraimer.
Auxdouceurs de l'amourne fois donc
plus contraire ,
On ne peut en joüir qu'autant que l'on Sçait plaire ,
Etle Soleil,d'ailleursfijuſte dansfon
cours,
D'un plusrapide pas mesure nos beaux
jours.
LaNature,que regle une haute Prudence ,
En joignant de ſi prés la mort à ta naiſſance,
GALANT. 87 Semble nous avertir qu'il nous faut ménager
Iusqu'aumoindre moment d'un tempsſe paſſager.
Quelque courte en effet que paiſſe eſtre lavie,
Elle pourroit fuffire à remplir nostre envie ,
Sidonnant libre effor ànos jeunes defirs,
Désquel'onpeut lesprendre on prenoit les plaisirs.
Mais loin que la raison regte nos de ſtinées ,
Nous perdonsſans aimer nos plus bel- les années ,
Et lors que la vieilleffe efface nos
appas,
Nous cherchons les Amours &ne les
trouvonspas.
Ne croy point que des ans l'injurieux
• outrage Epargnepar respect les lis de ton vi- Sage.
Non, Philis , la beauté doit unjour te quitter.
Avant qu'elle te quitte il en fautpro five
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Résumé : ELEGIE.
Le texte relate l'adieu honorable à un individu nommé Galant, qui a dédié sa vie à son prince. Cet adieu, bien que définitif en apparence, cache le fait que Galant n'a pas réellement pris sa retraite. Ses amis ont veillé à ce qu'il ne se soustraie pas à la reconnaissance qui lui est due. Galant est particulièrement apprécié pour son talent poétique et s'apprête à publier un ouvrage sur les manières d'acquérir l'estime du beau sexe. Une élégie en début d'ouvrage suggère que Galant partagera les secrets de l'amour et étendra la puissance de l'amour sur les cœurs. Dans cette élégie, Galant s'adresse à l'Amour, affirmant qu'il ne peut être esclave d'une maîtresse ingrate et qu'il maîtrise l'art de toucher les maîtresses cruelles. Il exprime son amour pour Philis, malgré son indifférence, et espère que l'Amour l'aidera à conquérir son cœur. Galant cite des exemples mythologiques où l'amour a triomphé, comme Hélène pour Paris et Julie pour Ovide. Il encourage Philis à ne pas craindre et à aimer, car le dieu Amour assure qu'elle sera aimée en retour. Le texte se conclut par une réflexion sur la brièveté de la vie et l'importance de profiter des plaisirs amoureux avant que la beauté ne s'efface.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 65-72
ELEGIE.
Début :
Cette Devise ne vous doit pas estre inconnuë, puis que / Genéreux Licidas, Amy sage & fidelle [...]
Mots clefs :
Raison, Amour, Douceurs, Berger, Sagesse, Amants, Ennemis, Esprit, Coeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELEGIE.
Cette Devise ne vous
doit pas estre inconnuë,
puis que je l'ay fait graver
parmy cellesquiont été faites
pour des Cachets, &qui
sont dans le sixiéme Extra-.-
ordinaire que je vous eiï^
voyayle 15. de ce Mois. Cependant
si vous voulez voir
de quelle maniere en doivent
user les aimables Fieres
qui cherchent à se défendre
d'aimer par raison,
vous n'avez qu'à lire l'E-:
legie qui fuit. Vous y trouverez
une peinture aussi
agréable que délicate, des
sentimens d'une Belle dont
le coeur pourroit devenir
sensible, si elle l'abandonnoit
à son panchant. Je ne
vous puis dire qui la fait
parler, mais je lçay bic4
que peu d'Ouvrages de
cette nature ont d'aussi
grandes beautez.
ELEG 1E.
GEnéreux LicidllJ, Amyfage
1 &fidelie,
Dont l'effrit cfisijufic, & dont
l'ame estsibelle,
Vous, de qui la Raison nefaitplus'
de fauxpas,
Ha,qu'ilvous est aiséde dire, n'aimezpas!
£)uand on connoiifl*Amour, j'es-,
- - caprices,sespeines,
Jguand onfiait comme vousce qti&
pesentseschaînes,
àagcparjes malheurs, on meprijt
aisément
Les douceurs dont ilflate un trop
crédule Amants
Mau quandon n'apointfaitla trifieexpérience
Desjalo/iflsfureurs,deschagrins
de l'absence,
£htepourfiiirefentirde redoutablesfeux
iIll ne ppaarrooii/?fusuinivjyy que ddeesr BRlwû* à*
desJeux,
JOttun coeur reftHe malàfinpou- voirréme!
Jt>ue defoins, que d'effortspour em
pefiherqu'iln'aime!
Jejfay ce qu'ilencou/le, (7ptllfefh&
jamais
JLyJmourn'acontre un coeurémoufi
tant de traits.
Jnfinfiblekl'honneur de fixerun
Volage,
On deforcerd'aimer.l'Ame la plus
sauvage.
Je n'ayjamdJU tombédans, ces vaines
erreurs,
Jj>uidonnent devrais mauxpour
desausses douceurs;
Mesfenssurma, raifin n'ontjamais
eu d'empire,
Et mon tranquille cættr ne feait.
comme onsoupire, Ill'ignore,Berger,mais nepréùnJumez,
pas tendre engagementfuflpour
luysansappas.
Ce coeur que le Cielfitdélicat &-
ftncére,
N'aimeroitquetrop bien,sije le
laissoisfaire?
Mais grace aux Immorteli, une
heureusefierté
Surunsidouxprancbantl'atoujours
anforle.
Sans cesse je me dis qu'une forte
tendrcffe
Bfimalgrétous nos foins l'écueit
de la SagejJè,
J>hfon s'y trompe toujours-, & qu'il:
faut s'allarmer
Des qu'unBerger paroisspropre i
sefaire aimer.
Comme unsubtilpoisonjeregarde
l'efiime,
Beje crains l'Amitié, quoy qu'elle
foitsans crime.
Fourfauver ma. vertu de ces égaremens,
Je ne veux point d'Amis quipbiffent
eflreAmans.
Jjhiandpar mon peu d'appas ma
raison eflféUuite,
Je cherche leurs défauts,j'impose à
leur mérite,
Rienpour les ménager ne meparoifi
permIS)
Et dans tous mes Amansjevois mes-
Ennemis
A l'abry d'une longue ¿""JètÎre indiférence,
De leurs tendres tranflorts je voir
la violence;
L'Ej;,itlibre defoins, & l'Ame
sans amour,
Dans lesacré Valon je passe tout
lejour, J) cueille avec flaifir cent& cent
fleurs nouvÍ."_,S
braverontdu tanps lesitteintet
cruellesi
Etfourfuivre unpanchant quej'ay
recetJ des Cieux,
Je consacre ces fleurs auplusgalant
des Dieux.
far unjufle retour on dit qu'ilffait
répandre
Sur toutce quej'écris un air toti?
chant & tendre;
je no/e allerplus loin, &sur lafoy
d'autruy
Je chante tous lesjours&pour, &
contre luys
Heureufcsiles maux dontjefeins'
d'eflre atteinter
Pour mon timide coeurfont toujours
une feinte.
doit pas estre inconnuë,
puis que je l'ay fait graver
parmy cellesquiont été faites
pour des Cachets, &qui
sont dans le sixiéme Extra-.-
ordinaire que je vous eiï^
voyayle 15. de ce Mois. Cependant
si vous voulez voir
de quelle maniere en doivent
user les aimables Fieres
qui cherchent à se défendre
d'aimer par raison,
vous n'avez qu'à lire l'E-:
legie qui fuit. Vous y trouverez
une peinture aussi
agréable que délicate, des
sentimens d'une Belle dont
le coeur pourroit devenir
sensible, si elle l'abandonnoit
à son panchant. Je ne
vous puis dire qui la fait
parler, mais je lçay bic4
que peu d'Ouvrages de
cette nature ont d'aussi
grandes beautez.
ELEG 1E.
GEnéreux LicidllJ, Amyfage
1 &fidelie,
Dont l'effrit cfisijufic, & dont
l'ame estsibelle,
Vous, de qui la Raison nefaitplus'
de fauxpas,
Ha,qu'ilvous est aiséde dire, n'aimezpas!
£)uand on connoiifl*Amour, j'es-,
- - caprices,sespeines,
Jguand onfiait comme vousce qti&
pesentseschaînes,
àagcparjes malheurs, on meprijt
aisément
Les douceurs dont ilflate un trop
crédule Amants
Mau quandon n'apointfaitla trifieexpérience
Desjalo/iflsfureurs,deschagrins
de l'absence,
£htepourfiiirefentirde redoutablesfeux
iIll ne ppaarrooii/?fusuinivjyy que ddeesr BRlwû* à*
desJeux,
JOttun coeur reftHe malàfinpou- voirréme!
Jt>ue defoins, que d'effortspour em
pefiherqu'iln'aime!
Jejfay ce qu'ilencou/le, (7ptllfefh&
jamais
JLyJmourn'acontre un coeurémoufi
tant de traits.
Jnfinfiblekl'honneur de fixerun
Volage,
On deforcerd'aimer.l'Ame la plus
sauvage.
Je n'ayjamdJU tombédans, ces vaines
erreurs,
Jj>uidonnent devrais mauxpour
desausses douceurs;
Mesfenssurma, raifin n'ontjamais
eu d'empire,
Et mon tranquille cættr ne feait.
comme onsoupire, Ill'ignore,Berger,mais nepréùnJumez,
pas tendre engagementfuflpour
luysansappas.
Ce coeur que le Cielfitdélicat &-
ftncére,
N'aimeroitquetrop bien,sije le
laissoisfaire?
Mais grace aux Immorteli, une
heureusefierté
Surunsidouxprancbantl'atoujours
anforle.
Sans cesse je me dis qu'une forte
tendrcffe
Bfimalgrétous nos foins l'écueit
de la SagejJè,
J>hfon s'y trompe toujours-, & qu'il:
faut s'allarmer
Des qu'unBerger paroisspropre i
sefaire aimer.
Comme unsubtilpoisonjeregarde
l'efiime,
Beje crains l'Amitié, quoy qu'elle
foitsans crime.
Fourfauver ma. vertu de ces égaremens,
Je ne veux point d'Amis quipbiffent
eflreAmans.
Jjhiandpar mon peu d'appas ma
raison eflféUuite,
Je cherche leurs défauts,j'impose à
leur mérite,
Rienpour les ménager ne meparoifi
permIS)
Et dans tous mes Amansjevois mes-
Ennemis
A l'abry d'une longue ¿""JètÎre indiférence,
De leurs tendres tranflorts je voir
la violence;
L'Ej;,itlibre defoins, & l'Ame
sans amour,
Dans lesacré Valon je passe tout
lejour, J) cueille avec flaifir cent& cent
fleurs nouvÍ."_,S
braverontdu tanps lesitteintet
cruellesi
Etfourfuivre unpanchant quej'ay
recetJ des Cieux,
Je consacre ces fleurs auplusgalant
des Dieux.
far unjufle retour on dit qu'ilffait
répandre
Sur toutce quej'écris un air toti?
chant & tendre;
je no/e allerplus loin, &sur lafoy
d'autruy
Je chante tous lesjours&pour, &
contre luys
Heureufcsiles maux dontjefeins'
d'eflre atteinter
Pour mon timide coeurfont toujours
une feinte.
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Résumé : ELEGIE.
Le texte présente une devise et une élégie. La devise est mentionnée dans un extra-ordinaire du 15 du mois. Pour comprendre comment les femmes fières cherchent à se défendre d'aimer par raison, il est suggéré de lire l'élégie intitulée 'l'Élégie qui fuit'. Cette élégie décrit les sentiments d'une belle dont le cœur pourrait devenir sensible si elle l'abandonnait à son penchant. L'auteur souligne que peu d'ouvrages de cette nature possèdent autant de beautés. L'élégie est adressée à un homme généreux, aimable et fidèle, doté d'un esprit judicieux et d'une belle âme. Elle évoque les caprices et les peines de l'amour, ainsi que la difficulté de résister à ses charmes. La narratrice affirme n'avoir pas succombé aux erreurs vaines de l'amour et que son cœur reste tranquille. Elle craint l'amitié, de peur qu'elle ne se transforme en amour, et préfère voir des ennemis dans ses amants. Elle passe ses journées dans un vallon, cueillant des fleurs pour braver le temps et les consacre au plus galant des dieux. Elle conclut en chantant les maux dont elle feint d'être atteinte, pour son cœur timide.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 20-24
LE PHENIX, Nouvelle Elegie.
Début :
Je ne puis resister à mon ardeur extrême, [...]
Mots clefs :
Phénix, Ardeur , Coeur
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texteReconnaissance textuelle : LE PHENIX, Nouvelle Elegie.
LEPHENIX,
Nouvelle Elegie,
E ne puisresisteràmon
ardeur extrême,
Souffrez donc belle Iris,
souffrez queje vous
aime,
Si d'un amant tropvieux
vous méprisez l'ardeur,
Il faut me preparer à mourir
de douleur;
Je mourrai, volontiers, iL
ne m'est pas possible,
Avant quede mourir; de
vous rendre sensible,
Trop heureux! moy, qui
suis un Phenix en
amour,
Si de ma cendre, aussi je
renaissois unjour
Et plus jeune & plus beau,
j'aurois lieu de pretendre
A mon tour, belle Iris
de vous voir le coeur
tendre,
Vous ne me verriez pas
inconstant&leger,
Et je ne fongerois jamais
à vous changer.
Que de douceur pour
vous, de marques de
tendresse;
Que de plaisir, pour moi,
de revoir ma Maîtresse,
Et lui trouver un coeur
tout pleind'un nouveau
feu.
Vous m'en feriez, Iris,
bien-tôt un tendre
aveu,
Je vous appellercis des
deux noms, que suggere
Ce petit Dieu des coeurs,
que partout on revere,
Quelquefois mes soupirs
vous apprendroient
tout bas
Ce qu'en l'âge où je fuis,
je ne vous dirois
pas.
Ah ! que nous menerions
une agreable vie:
Mais mon bonheur helas!
seroit digne d'envie,
Si comblé de plaisirs &
content de mon sort,
A soixante ans passez en
Phenix estant mort,
Une seconde fois je renaissois
encore,
Beau, jeune, & digne
enfin de celle que
j'adore.
Nouvelle Elegie,
E ne puisresisteràmon
ardeur extrême,
Souffrez donc belle Iris,
souffrez queje vous
aime,
Si d'un amant tropvieux
vous méprisez l'ardeur,
Il faut me preparer à mourir
de douleur;
Je mourrai, volontiers, iL
ne m'est pas possible,
Avant quede mourir; de
vous rendre sensible,
Trop heureux! moy, qui
suis un Phenix en
amour,
Si de ma cendre, aussi je
renaissois unjour
Et plus jeune & plus beau,
j'aurois lieu de pretendre
A mon tour, belle Iris
de vous voir le coeur
tendre,
Vous ne me verriez pas
inconstant&leger,
Et je ne fongerois jamais
à vous changer.
Que de douceur pour
vous, de marques de
tendresse;
Que de plaisir, pour moi,
de revoir ma Maîtresse,
Et lui trouver un coeur
tout pleind'un nouveau
feu.
Vous m'en feriez, Iris,
bien-tôt un tendre
aveu,
Je vous appellercis des
deux noms, que suggere
Ce petit Dieu des coeurs,
que partout on revere,
Quelquefois mes soupirs
vous apprendroient
tout bas
Ce qu'en l'âge où je fuis,
je ne vous dirois
pas.
Ah ! que nous menerions
une agreable vie:
Mais mon bonheur helas!
seroit digne d'envie,
Si comblé de plaisirs &
content de mon sort,
A soixante ans passez en
Phenix estant mort,
Une seconde fois je renaissois
encore,
Beau, jeune, & digne
enfin de celle que
j'adore.
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Résumé : LE PHENIX, Nouvelle Elegie.
Dans 'Nouvelle Élégie', le narrateur exprime un amour passionné pour Iris. Il la supplie de l'aimer, malgré son âge avancé, et menace de mourir de douleur si elle ne lui accorde pas son affection. Il se compare à un phénix, espérant renaître plus jeune et plus beau pour conquérir son cœur. Le narrateur promet fidélité et tendresse, imaginant les douceurs et les marques d'affection qu'ils partageraient. Il évoque les soupirs révélant ses sentiments et une vie agréable avec Iris. Cependant, il regrette que son bonheur soit impossible, souhaitant renaître à soixante ans pour être digne de son amour.
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5
p. 431-434
ELEGIE, Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
Début :
Tel qu'au bord du Méandre un Cigne languissant, [...]
Mots clefs :
Amour, Coeur, Voix, Flamme, Yeux, Beauté
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELEGIE, Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
ELEGIE ,
Par Me de Malcrais de la Vigne
du Croisic en Bretagne.
TEl
El qu'au bord du Méandre un Cigne lan
guissant ,
Annonce son trépas par un lugubre chant ,
Tel , prêt à terminer une importune vie ,
Déchû de mon bonheur , oublié de Silvie ,
Mes tourmens aujourd'hui pour la derniere fois ,
Dans ces lieux désolez font entendre ma voix.
:
Tout est changé pour moi je vis hier l'ingrate ,
L'unique objet , hélas ! dont la beauté me flate
Eile
32 MERCURE DE FRANCE
1
Elle qui me juroit mille fois chaque jour ,
Qu'elle bruloit pour moi d'un immuable amour
Je la vis ; par l'Amour la Belle ailleurs conduite
M'apperçut , et soudain voulut prendre la fuite ,
Sans un civil égard qui retenant ses pas ,
La tourna vers celui qu'elle ne cherchoit pas.
L'infidele aussi- tôt à mon abord émuë ,
Rougit , pâlit , me parle en détournant la vûë ;
Et puis m'envisageant , semble à son air gêné ,
Plaindre un leger moment autre part destiné,
Dans ses yeux incertains son inconstance est
peinte.
'Alors du désespoir sentant la vive atteinté ,
Confus , m'abandonnant aux plus âpres douleurs,
Serrant ses belles mains que je mouille de pleurs;
D'un si prompt changement je demande la cause ;
Ma flâme à sa froideur est tout ce que j'oppose ,
Mais l'ingrate éludant des propos superflús ,
Non, dit-elle , Tircis, non , je ne t'aime plus.
Je suis lasse à la fin de vivre en Esclavage ;
Puis donnant un prétexte à son humeur volage ;
Retourne où l'on t'a vû , retourne chez Cloris ,
Vanter le nouveau feu dont ton coeur est épris,
A ces mots de mes bras elle s'est échappée .
Ce discours me surprend , mon ame en est frap
pée ,
Je frémis , et ma voix étouffée en mon sein ,
Refuse de m'aider à plaindre mon destin.
SemMARS.
1723.
4༢༣
Semblable au malheureux éfleuré par la foudre ,
Quoiqu'il vive , il se croit déja réduit en poudre,
Il demeure immobile , et son oeil ne sçait pas ,
Si c'est le jour qu'il voit , ou la nuit du trépas .
L'ai- je bien entendu ? quoi , d'un amour si tendre,
C'étoit donc là le fruit que je devois attendre ?
Allez , crédules coeurs , trop fideles Amans ,
Fiez-vous désormais aux transports , aux sermens:
On vous joue à la fin par une indigne ruse ;
C'est vous que l'on trahit , et c'est vous qu'on
accuse .
Ah ! puisque vers Silvie il n'est plus de retour ,
Mourons , fermons les yeux à la clarté du jour,"
Un Amant plus aimable occupe sa pensée ,
Elle rit avec lui de ma flâme insensée .
Mais toi , cruel Amour , d'une inutile ardeur ,
Veux-tu toujours bruler mon déplorable coeur ?
Non , barbare Tyran, Venus n'est point ta Mere,
Sur les Rives du Stix un Dragon fut ton pere ,
Une Hydre te porta dans son horrible flanc ,
Alecton te nourrit de poison et de sang ,
Et contre les Humains s'armant à force ouverte,
Le Tartare béant te vomit pour leur perte.
Mais , que fais - je ? et pourquoi ces outrageu
propos ?
Servent-ils à calmer la rigueur de mes maux ?
Veux -je encor de l'Amour irriter la colere?
Aimable et puissant Dieu que l'Univers révére ,
B Pardonne
434 MERCURE DE FRANCE /
Pardonne , Amour , pardonne à mes cruels tourmens
,
L'excès injurieux de mes emportemens.
Tu sçais le triste état où l'on est quand on aimes
De tes traits autrefois tu t'es blessé toi - même ;
La beauté de Psiché fut le brillant flambeau ,
Dont l'éclat se fit voir à travers ton bandeau,
Tu l'aimas tendrement et tu sentis pour elle ,
Ce qu'aujourd'hui je sens pour Silvie infidele,
Tu n'as qu'à commmander , tu pourras . , și t
yeux ,
Dans son coeur refroidi ressusciter tes feux.
'A tes divines loix mon ame est asservie ;
Mais s'il te plaît enfin de conserver ma vie ;
De mon coeur malheureux , vien briser le lien
Ou par un juste effort y ratacher le sien.
C'étoit dans la saison nouvelle ,
Que la solitaire Malcrais ,
Près d'un buisson cachée étoit assise au frais
Mille refléxions rouloient en sa cervelle ;
Quand la voix d'un Berger sur le champ la frappa
Sensible à son cruel martire ,
Elle écouta , plaignit , voulut ensuite écrire ,
Mais son foible crayon de ses doigts échappa.
Cependant de ce trouble où la pitié l'engage ,
La sévere Raison rappellant son esprit ,
Elle s'approcha davantage ,
Pour tracer ce fidele et douloureux récit.
Par Me de Malcrais de la Vigne
du Croisic en Bretagne.
TEl
El qu'au bord du Méandre un Cigne lan
guissant ,
Annonce son trépas par un lugubre chant ,
Tel , prêt à terminer une importune vie ,
Déchû de mon bonheur , oublié de Silvie ,
Mes tourmens aujourd'hui pour la derniere fois ,
Dans ces lieux désolez font entendre ma voix.
:
Tout est changé pour moi je vis hier l'ingrate ,
L'unique objet , hélas ! dont la beauté me flate
Eile
32 MERCURE DE FRANCE
1
Elle qui me juroit mille fois chaque jour ,
Qu'elle bruloit pour moi d'un immuable amour
Je la vis ; par l'Amour la Belle ailleurs conduite
M'apperçut , et soudain voulut prendre la fuite ,
Sans un civil égard qui retenant ses pas ,
La tourna vers celui qu'elle ne cherchoit pas.
L'infidele aussi- tôt à mon abord émuë ,
Rougit , pâlit , me parle en détournant la vûë ;
Et puis m'envisageant , semble à son air gêné ,
Plaindre un leger moment autre part destiné,
Dans ses yeux incertains son inconstance est
peinte.
'Alors du désespoir sentant la vive atteinté ,
Confus , m'abandonnant aux plus âpres douleurs,
Serrant ses belles mains que je mouille de pleurs;
D'un si prompt changement je demande la cause ;
Ma flâme à sa froideur est tout ce que j'oppose ,
Mais l'ingrate éludant des propos superflús ,
Non, dit-elle , Tircis, non , je ne t'aime plus.
Je suis lasse à la fin de vivre en Esclavage ;
Puis donnant un prétexte à son humeur volage ;
Retourne où l'on t'a vû , retourne chez Cloris ,
Vanter le nouveau feu dont ton coeur est épris,
A ces mots de mes bras elle s'est échappée .
Ce discours me surprend , mon ame en est frap
pée ,
Je frémis , et ma voix étouffée en mon sein ,
Refuse de m'aider à plaindre mon destin.
SemMARS.
1723.
4༢༣
Semblable au malheureux éfleuré par la foudre ,
Quoiqu'il vive , il se croit déja réduit en poudre,
Il demeure immobile , et son oeil ne sçait pas ,
Si c'est le jour qu'il voit , ou la nuit du trépas .
L'ai- je bien entendu ? quoi , d'un amour si tendre,
C'étoit donc là le fruit que je devois attendre ?
Allez , crédules coeurs , trop fideles Amans ,
Fiez-vous désormais aux transports , aux sermens:
On vous joue à la fin par une indigne ruse ;
C'est vous que l'on trahit , et c'est vous qu'on
accuse .
Ah ! puisque vers Silvie il n'est plus de retour ,
Mourons , fermons les yeux à la clarté du jour,"
Un Amant plus aimable occupe sa pensée ,
Elle rit avec lui de ma flâme insensée .
Mais toi , cruel Amour , d'une inutile ardeur ,
Veux-tu toujours bruler mon déplorable coeur ?
Non , barbare Tyran, Venus n'est point ta Mere,
Sur les Rives du Stix un Dragon fut ton pere ,
Une Hydre te porta dans son horrible flanc ,
Alecton te nourrit de poison et de sang ,
Et contre les Humains s'armant à force ouverte,
Le Tartare béant te vomit pour leur perte.
Mais , que fais - je ? et pourquoi ces outrageu
propos ?
Servent-ils à calmer la rigueur de mes maux ?
Veux -je encor de l'Amour irriter la colere?
Aimable et puissant Dieu que l'Univers révére ,
B Pardonne
434 MERCURE DE FRANCE /
Pardonne , Amour , pardonne à mes cruels tourmens
,
L'excès injurieux de mes emportemens.
Tu sçais le triste état où l'on est quand on aimes
De tes traits autrefois tu t'es blessé toi - même ;
La beauté de Psiché fut le brillant flambeau ,
Dont l'éclat se fit voir à travers ton bandeau,
Tu l'aimas tendrement et tu sentis pour elle ,
Ce qu'aujourd'hui je sens pour Silvie infidele,
Tu n'as qu'à commmander , tu pourras . , și t
yeux ,
Dans son coeur refroidi ressusciter tes feux.
'A tes divines loix mon ame est asservie ;
Mais s'il te plaît enfin de conserver ma vie ;
De mon coeur malheureux , vien briser le lien
Ou par un juste effort y ratacher le sien.
C'étoit dans la saison nouvelle ,
Que la solitaire Malcrais ,
Près d'un buisson cachée étoit assise au frais
Mille refléxions rouloient en sa cervelle ;
Quand la voix d'un Berger sur le champ la frappa
Sensible à son cruel martire ,
Elle écouta , plaignit , voulut ensuite écrire ,
Mais son foible crayon de ses doigts échappa.
Cependant de ce trouble où la pitié l'engage ,
La sévere Raison rappellant son esprit ,
Elle s'approcha davantage ,
Pour tracer ce fidele et douloureux récit.
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Résumé : ELEGIE, Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne.
L'élégie de Madame de Malcrais de la Vigne, intitulée 'ELEGIE', exprime la douleur et le désespoir du poète face à l'infidélité de Silvie. Le poète compare son état à celui d'un cygne annonçant sa mort pour décrire sa souffrance après avoir vu Silvie avec un autre homme. Silvie, qui avait autrefois déclaré un amour immuable, avoue ne plus l'aimer et lui conseille de retourner auprès de Cloris. Cette révélation plonge le poète dans la stupeur et la douleur, se comparant à un homme foudroyé. Il met en garde contre la crédulité en amour et exprime son désir de mourir. Le poète maudit ensuite l'Amour, le décrivant comme un tyran cruel, avant de lui demander pardon. Le texte se conclut par la description de Malcrais, inspiré par la voix d'un berger, écrivant cette élégie pour exprimer son martyre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 1322-1325
RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
Début :
Dans un profond repos, fruit de beaucoup de peine, [...]
Mots clefs :
Malcrais, Amour, Coeur, Heureux, Sylvie, Berger, Cruelle, Amant, Accents, Soupirs
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texteReconnaissance textuelle : RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
REPONSE à Mlle de Malcrais de
la Vigne , du Croisic en Bretagne , à
son Elegie , inserée dans le Mercure du
mois de Mars 1733.
D
ELEGI E.
Ans un profond repos , fruit de beaucou
de peine ,
Je rêvois l'autre jour sur les bords de la Seine ,
Quand je vis un Berger dans un Bocage épais ,
Qu'il faisoit retentir de ses tristes
regrets.
Ma douleur , disoit-il , sera - t - elle éternelle ?
Heureux si je pouvois devenir infidelle !
Ton nom vole en tous lieux et tes Vers enchan
teurs ,
Docte et tendre Malcrais , séduisent tous les
coeurs ;
II. Vol.
JUIN.
1733 1323
Qui peut se refuser aux charmes de ta Lyre ?
Déja plus d'une Muse a pris soin de te dire ,
Que tu peux attendrir la cruelle Alecton ,
Arracher des soupirs au barbare Pluton ,
Comme un nouvel Orphée enchanter le Cerbere,
Endormir les Serpens de l'horrible Megere,
Rendre sensible enfin le séjour tenebieux ,
En déplorant le sort d'un Amant malheureux.
Mais ce n'est pas assez pour te combler de gloire;
Poursuis , chere Malcrais , tu n'as pas la victoire.
Rien n'a pû résister à tes divins accens ,
Que le coeur trop ingrat qui cause mes tourmens;
Reconnois ce Berger si fidele et și tendre ,
Dont la voix par hazard à toi se fit entendre ,
L'insensible Silvie a toujours les rigueurs ,
Que ton charmant Pinceau peignit avec mes
pleurs.
Et mon fidele coeur enchaîné par ses charmes ,
N'a point encor cessé de répandre des larmes ,
Si des mêmes couleurs dont tu peins mon tourment
,
Tu pouvois dégager un trop sensible Amant ;
Mais non , touche plutôt mon Amante cruelle,
He ! qui pourroit fléchir le coeur de cette belle !
Mes larmes mes soupirs et mes voeux sont
perdus ,
>
Tous tes charmans accens sont aussi superflus ;
Mes soins , mes tendres soins er ma flamme
constante ,
II. Vol. Sem1324
MERCURE DE FRANCE
Semblent rendre encor plus Sylvie indifférente.
Tu peux voir attentifs à tes divins concerts ,
Les Tygres , .les Rochers , même tout l'Univers;
Mais tu ne peux , Malcrais , attendrir la cruelle.
L'amour sourd à ma voix , et d'accord avec elle
Va bien-tôt me punir par un affreux trépas
Du soin que j'avois pris de vanter ses appas.
De même que l'on voit au Printemps la nature
Eraler à nos yeux sa riante parure ,
De diverses façons , briller de toutes parts ,
Sans le secours de l'art , enchanter nos regards ;
Telle s'offrit à moi la charmante Sylvie ,
De ses attraits d'abord mon ame fut ravie ,
Et frappé , j'admirai l'éclat de sa beauté.
Heureux ! si j'avois sçû prévoir sa cruauté.
Avec plaisir , Malcrais , je t'en fais confidence ,
Aussi- tôt ( car l'amour n'a guere de prudence }
Mon trop crédule coeur résolut en secret
De se rendre à Sylvie. Ha ! funête projet !
J'oubliai mes Moutons , mon Chien et ma Houlette
,•
Occupé du seul soin d'accorder ma Musette ,
J'importune bien-tôt les Echos d'alentour ,
Des appas de Sylvie et de mon tendre amour.
Momens délicieux ! un espoir téméraire ,
Malgré moi m'engageoit à chercher à lui plaire.
Que tes plaisirs , amour , ont des attraits mortels
!
II. Vol. Qu'on
JUIN. 1733. 1325
Qu'on a tort de vouloir t'élever des Autels !
Si tôt qu'elle apperçut le pouvoir de ses charines,
.
La cruelle se fit un tribut de mes larmes ;
Dans ses yeux dont moi seul je connois tout le
prix ,
Je ne lûs plus dèslors que de cruels mépris.
Son coeur à mes soupirs toujours inaccessible ,
A tes sons si touchants est encore insensible.
Tel est de mon destin l'implacable fureur ,
Que rien ne peut, Malciras,soulager ma douleur,
Ne cesse cependant de plaindre ma tendresse ,
Si tu ne peux fléchit mon ingrate Maîtresse ,
Tous les Bergers du moins apprendront quelque
jour ,
Par tes accens à fuir mon exemple en amour.
Il dit ; de sa douleur les mortelles atteintes ,
Finirent dans l'instant sa vie avec ses plaintes,
Ce malheureux Berger, descendu chez les morts,
Ne cesse de redire aux ombres tes accords ;
La Charmante Sapho , la trop tendre la Suse ,
Voyent revivre en toi les charmes de leur muse!
Heureux ! cent fois heureux ! un amant , dont
l'ardeur ,
Oseroit se flatter ... mais espoir séducteur !
Ton coeur fait pour l'amour , est engagé peutêtre
;
Le peindrois-tu si-bien , Malcrais , sans le connoître
?
Le Berger de Lutece.
la Vigne , du Croisic en Bretagne , à
son Elegie , inserée dans le Mercure du
mois de Mars 1733.
D
ELEGI E.
Ans un profond repos , fruit de beaucou
de peine ,
Je rêvois l'autre jour sur les bords de la Seine ,
Quand je vis un Berger dans un Bocage épais ,
Qu'il faisoit retentir de ses tristes
regrets.
Ma douleur , disoit-il , sera - t - elle éternelle ?
Heureux si je pouvois devenir infidelle !
Ton nom vole en tous lieux et tes Vers enchan
teurs ,
Docte et tendre Malcrais , séduisent tous les
coeurs ;
II. Vol.
JUIN.
1733 1323
Qui peut se refuser aux charmes de ta Lyre ?
Déja plus d'une Muse a pris soin de te dire ,
Que tu peux attendrir la cruelle Alecton ,
Arracher des soupirs au barbare Pluton ,
Comme un nouvel Orphée enchanter le Cerbere,
Endormir les Serpens de l'horrible Megere,
Rendre sensible enfin le séjour tenebieux ,
En déplorant le sort d'un Amant malheureux.
Mais ce n'est pas assez pour te combler de gloire;
Poursuis , chere Malcrais , tu n'as pas la victoire.
Rien n'a pû résister à tes divins accens ,
Que le coeur trop ingrat qui cause mes tourmens;
Reconnois ce Berger si fidele et și tendre ,
Dont la voix par hazard à toi se fit entendre ,
L'insensible Silvie a toujours les rigueurs ,
Que ton charmant Pinceau peignit avec mes
pleurs.
Et mon fidele coeur enchaîné par ses charmes ,
N'a point encor cessé de répandre des larmes ,
Si des mêmes couleurs dont tu peins mon tourment
,
Tu pouvois dégager un trop sensible Amant ;
Mais non , touche plutôt mon Amante cruelle,
He ! qui pourroit fléchir le coeur de cette belle !
Mes larmes mes soupirs et mes voeux sont
perdus ,
>
Tous tes charmans accens sont aussi superflus ;
Mes soins , mes tendres soins er ma flamme
constante ,
II. Vol. Sem1324
MERCURE DE FRANCE
Semblent rendre encor plus Sylvie indifférente.
Tu peux voir attentifs à tes divins concerts ,
Les Tygres , .les Rochers , même tout l'Univers;
Mais tu ne peux , Malcrais , attendrir la cruelle.
L'amour sourd à ma voix , et d'accord avec elle
Va bien-tôt me punir par un affreux trépas
Du soin que j'avois pris de vanter ses appas.
De même que l'on voit au Printemps la nature
Eraler à nos yeux sa riante parure ,
De diverses façons , briller de toutes parts ,
Sans le secours de l'art , enchanter nos regards ;
Telle s'offrit à moi la charmante Sylvie ,
De ses attraits d'abord mon ame fut ravie ,
Et frappé , j'admirai l'éclat de sa beauté.
Heureux ! si j'avois sçû prévoir sa cruauté.
Avec plaisir , Malcrais , je t'en fais confidence ,
Aussi- tôt ( car l'amour n'a guere de prudence }
Mon trop crédule coeur résolut en secret
De se rendre à Sylvie. Ha ! funête projet !
J'oubliai mes Moutons , mon Chien et ma Houlette
,•
Occupé du seul soin d'accorder ma Musette ,
J'importune bien-tôt les Echos d'alentour ,
Des appas de Sylvie et de mon tendre amour.
Momens délicieux ! un espoir téméraire ,
Malgré moi m'engageoit à chercher à lui plaire.
Que tes plaisirs , amour , ont des attraits mortels
!
II. Vol. Qu'on
JUIN. 1733. 1325
Qu'on a tort de vouloir t'élever des Autels !
Si tôt qu'elle apperçut le pouvoir de ses charines,
.
La cruelle se fit un tribut de mes larmes ;
Dans ses yeux dont moi seul je connois tout le
prix ,
Je ne lûs plus dèslors que de cruels mépris.
Son coeur à mes soupirs toujours inaccessible ,
A tes sons si touchants est encore insensible.
Tel est de mon destin l'implacable fureur ,
Que rien ne peut, Malciras,soulager ma douleur,
Ne cesse cependant de plaindre ma tendresse ,
Si tu ne peux fléchit mon ingrate Maîtresse ,
Tous les Bergers du moins apprendront quelque
jour ,
Par tes accens à fuir mon exemple en amour.
Il dit ; de sa douleur les mortelles atteintes ,
Finirent dans l'instant sa vie avec ses plaintes,
Ce malheureux Berger, descendu chez les morts,
Ne cesse de redire aux ombres tes accords ;
La Charmante Sapho , la trop tendre la Suse ,
Voyent revivre en toi les charmes de leur muse!
Heureux ! cent fois heureux ! un amant , dont
l'ardeur ,
Oseroit se flatter ... mais espoir séducteur !
Ton coeur fait pour l'amour , est engagé peutêtre
;
Le peindrois-tu si-bien , Malcrais , sans le connoître
?
Le Berger de Lutece.
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Résumé : RÉPONSE à Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic en Bretagne, à son Elegie, inserée dans le Mercure mois de Mars 1733. ELEGIE.
Le texte est une réponse à une élégie de Mlle de Malcrais, publiée dans le Mercure de mars 1733. L'auteur, un berger, exprime sa douleur amoureuse en rêvant sur les bords de la Seine. Il admire les talents poétiques de Malcrais, capable d'attendrir même les créatures les plus dures. Cependant, malgré ses vers enchanteurs, elle ne peut adoucir le cœur ingrat de Sylvie, l'amante cruelle du berger. Ce dernier, malgré ses efforts et ses larmes, ne parvient pas à attendrir Sylvie, qui reste indifférente à ses souffrances. Le berger compare l'amour à une force destructrice et regrette de ne pas avoir prévu la cruauté de Sylvie. Il finit par mourir de douleur, continuant à chanter les accords de Malcrais même après sa mort. Le texte se termine par une réflexion sur l'amour et ses dangers, soulignant l'incapacité de Malcrais à changer le destin tragique du berger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1534-1539
L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
Début :
Mortels, soumis aux loix de l'amoureux Empire, [...]
Mots clefs :
Sylvie, Malheureux, Coeur, Amour, Épouse, Époux, Ingrate, Ciel, Dieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
L'E POUX MALHEUREUX ,
ET TOUJOURS AMOUREUX ,
M
ELEGI E.
Ortels , soumis aux loix de l'amoureux
Empire ,
Qui contez aux Rochers votre tendret martyre
,
Suspendez vos regrets , plaignez dans un
Epoux
Un amant mille fois plus malheureux que
vous. Y
Prêtez- vous , s'il se peut , aux disgraces des autres
;
Au
JUILLET. 1733 .
1733. 1535
Au
récit de mes maux vous oublirez les vô-
+ tres.
Des charmes de l'Amour connoissant le danger
,
Je formois te dessein de ne point m'engager
,.
Quand un hazard fatal au repos de ma vie
Offrit à mes regards l'inconstante Sylvie.
Venus sembloit en elle épuiser ses attraits ,
Et l'Amour par ses yeux blessoit de mille
traits.
Eu vain de leur pouvoir je voulus me deffendre
,
Mon trop sensible coeur s'empressa de se rendre.
<
Judicieux projet , sage raisonnement
Tout fuit , tout m'abandonne au dangereux
moment.
Moment qui me fut cher , & qui m'est si funeste
!
Mes pleurs et mes soupirs sont tout ce qui m'en
reste ,
Non , que d'abord Sylvie , en dédaignant mes
feux ,
Par de honteux refus eût rebuté mes voeux.
Ma famme par l'Hymen fut bientôt con
ronnée ;
Mais ce triomphe au plus ne dura qu'une an
née.
Pour l'ingrate attentif à redoubler mes soins
Sa
153 MERCURE DE FRANCE
Sa fierté , ses mépris .ne m'accabloient pa
moins ;
Je sens à chaque instant appesantir ma chaine ,
Sans espoir de toucher un e Epouse inhumaine.
Perfide , que devient le serment solemnel ,
Que de m'aimer toujours tu me fis à l'Autel
?
•
Dieux garants du serment , mais témoins du
parjure ,
Vous êtes plus que moi blessez par cette injure
:
Ah ! d'un si noir forfait , vangez moi , vȧngez
vous ;
Que dis-je ? malheureux ! non , suspendez vos
coups ;
A vos droits violez s'il faut une victime ,
Faites -moi de Sylvie expier tout le crime ;
Si l'ingrate que j'aime éprouvoit vos rigueurs ,
Il en coûteroit trop au plus tendre des coeurs.
Vous le sçavez assez , vallons , bois & fontaines
,
Cent fois je vous parlai de mes mortelles peines
,
Cent fois je vous ai fait le récit douloureux
Des chagrins que me cause un Hymen malheu
reux .
Vous sçavez mes tourmens , mais vous sçavez
de même
Combien
JUILLET. 1733 .
1537
Combien pour qui me hait ma tendresse est extrême
?
Je l'aime , ch ! quel pinceau par des traits assez
forts
De Sylvie en courroux marqueroit les transports.
D'un souffle impétueux l'Aquilon dans nos
plaines ,
Agitant des Ormeaux les feuilles incertaines
Abbat et fait languir les plantes et les fleurs
Que la brillante Aurore arrosa de ses pleurs.
C
Mais tout renaît bien - tôt , quand le calme succede
,
Tandis qu'à mon tourment il n'est point de
reméde .
Près du Cocyte un jour succombant sous mes
maux ,
Je voyois Atropos s'armer de ses ciseaux.
Auprès de moi déja ma famille assemblée.
Sur mon sort malheureux gémissoit désolée.
Que faisiez - vous alors , Sylvie , ah ! votre
coeur
Accusoit en secret la Parque de lenteur.
Qu'osai-je dire ? Ciel ! ... non dans mon trouble
extrême ,
Je m'égare
j'aime.
et j'outrage une Epouse que
Non , encore une fois , non , tant de cruauté
Ne se trouva jamais avec tant de beauté.
Fuyés , soupçon injuste , et respectez Sylvie ;
D Jamais
1538 MERCURE DE FRANCE
Jamais d'un pareil crime elle ne s'est noircie
,
Elle sçait quand la mort a menacé ses
jours ,
Que j'ai voulu des miens finir le triste cours.
Ce trait de ma douleur , croyons - le pour sa
gloire ,
Sans doute est pour jamais gravé dans sa mémoire.
Crédule que je suis ! si de mon déplaisir
Sylvie eut conservé le moindre souvenir ,
Pourquoi n'en pas donner un leger témoi
gnage ?
Non , je n'eus de son coeur que la haine en parə
tage ,
Quand je revis le jour par un bienfait des
Dieux ,
Je fus pour elle encor un objet odieux ;
Ses rigueurs de ma flamme égalent la constance
;
Que n'eut - elle à m'aimer , même perséve
rance ' !
Penser pour mon amour séduisant et fat❤
teur ,
Que ne m'abuses- tu par une fausse ardeur !
Je suis prêt , chere, Epouse , à seconder ta
feinte ;
Mais non , sa cruauté se nourrit de ma plainte ;
Allons au bout du monde étouffer nos sou
pirs ,
Par.
JUILLET. 1733. 1539
Par ma fuite à l'ingrate offrons mille plai
sirs ;
Cependant si le Ciel appaisoit sa colere ,
S'il pouvoit être un jour sensible à ma misere
....
Helas quoiqu'il lui plaise ordonner de mon
sort .
Mon amour ne pourra s'éteindre qu'à la
mort.
Changez , changez 8 Ciel , cette aimable
cruelle ;
Je la reçûs de vous , je lui serai fidele ,
Déja des Dieux fléchis j'éprouve le pouvoir ,
Ils versent dans mon coeur quelque rayon d'es
poir .
Viens t'offrir à mes yeux , Epouse que j'adore
,
Et bannir d'un regard l'ennui qui me devore
Viens , pour me rendre heureux , il suffit en
jour
D'un instant près de toi ménagé par l'A
mour.
ET TOUJOURS AMOUREUX ,
M
ELEGI E.
Ortels , soumis aux loix de l'amoureux
Empire ,
Qui contez aux Rochers votre tendret martyre
,
Suspendez vos regrets , plaignez dans un
Epoux
Un amant mille fois plus malheureux que
vous. Y
Prêtez- vous , s'il se peut , aux disgraces des autres
;
Au
JUILLET. 1733 .
1733. 1535
Au
récit de mes maux vous oublirez les vô-
+ tres.
Des charmes de l'Amour connoissant le danger
,
Je formois te dessein de ne point m'engager
,.
Quand un hazard fatal au repos de ma vie
Offrit à mes regards l'inconstante Sylvie.
Venus sembloit en elle épuiser ses attraits ,
Et l'Amour par ses yeux blessoit de mille
traits.
Eu vain de leur pouvoir je voulus me deffendre
,
Mon trop sensible coeur s'empressa de se rendre.
<
Judicieux projet , sage raisonnement
Tout fuit , tout m'abandonne au dangereux
moment.
Moment qui me fut cher , & qui m'est si funeste
!
Mes pleurs et mes soupirs sont tout ce qui m'en
reste ,
Non , que d'abord Sylvie , en dédaignant mes
feux ,
Par de honteux refus eût rebuté mes voeux.
Ma famme par l'Hymen fut bientôt con
ronnée ;
Mais ce triomphe au plus ne dura qu'une an
née.
Pour l'ingrate attentif à redoubler mes soins
Sa
153 MERCURE DE FRANCE
Sa fierté , ses mépris .ne m'accabloient pa
moins ;
Je sens à chaque instant appesantir ma chaine ,
Sans espoir de toucher un e Epouse inhumaine.
Perfide , que devient le serment solemnel ,
Que de m'aimer toujours tu me fis à l'Autel
?
•
Dieux garants du serment , mais témoins du
parjure ,
Vous êtes plus que moi blessez par cette injure
:
Ah ! d'un si noir forfait , vangez moi , vȧngez
vous ;
Que dis-je ? malheureux ! non , suspendez vos
coups ;
A vos droits violez s'il faut une victime ,
Faites -moi de Sylvie expier tout le crime ;
Si l'ingrate que j'aime éprouvoit vos rigueurs ,
Il en coûteroit trop au plus tendre des coeurs.
Vous le sçavez assez , vallons , bois & fontaines
,
Cent fois je vous parlai de mes mortelles peines
,
Cent fois je vous ai fait le récit douloureux
Des chagrins que me cause un Hymen malheu
reux .
Vous sçavez mes tourmens , mais vous sçavez
de même
Combien
JUILLET. 1733 .
1537
Combien pour qui me hait ma tendresse est extrême
?
Je l'aime , ch ! quel pinceau par des traits assez
forts
De Sylvie en courroux marqueroit les transports.
D'un souffle impétueux l'Aquilon dans nos
plaines ,
Agitant des Ormeaux les feuilles incertaines
Abbat et fait languir les plantes et les fleurs
Que la brillante Aurore arrosa de ses pleurs.
C
Mais tout renaît bien - tôt , quand le calme succede
,
Tandis qu'à mon tourment il n'est point de
reméde .
Près du Cocyte un jour succombant sous mes
maux ,
Je voyois Atropos s'armer de ses ciseaux.
Auprès de moi déja ma famille assemblée.
Sur mon sort malheureux gémissoit désolée.
Que faisiez - vous alors , Sylvie , ah ! votre
coeur
Accusoit en secret la Parque de lenteur.
Qu'osai-je dire ? Ciel ! ... non dans mon trouble
extrême ,
Je m'égare
j'aime.
et j'outrage une Epouse que
Non , encore une fois , non , tant de cruauté
Ne se trouva jamais avec tant de beauté.
Fuyés , soupçon injuste , et respectez Sylvie ;
D Jamais
1538 MERCURE DE FRANCE
Jamais d'un pareil crime elle ne s'est noircie
,
Elle sçait quand la mort a menacé ses
jours ,
Que j'ai voulu des miens finir le triste cours.
Ce trait de ma douleur , croyons - le pour sa
gloire ,
Sans doute est pour jamais gravé dans sa mémoire.
Crédule que je suis ! si de mon déplaisir
Sylvie eut conservé le moindre souvenir ,
Pourquoi n'en pas donner un leger témoi
gnage ?
Non , je n'eus de son coeur que la haine en parə
tage ,
Quand je revis le jour par un bienfait des
Dieux ,
Je fus pour elle encor un objet odieux ;
Ses rigueurs de ma flamme égalent la constance
;
Que n'eut - elle à m'aimer , même perséve
rance ' !
Penser pour mon amour séduisant et fat❤
teur ,
Que ne m'abuses- tu par une fausse ardeur !
Je suis prêt , chere, Epouse , à seconder ta
feinte ;
Mais non , sa cruauté se nourrit de ma plainte ;
Allons au bout du monde étouffer nos sou
pirs ,
Par.
JUILLET. 1733. 1539
Par ma fuite à l'ingrate offrons mille plai
sirs ;
Cependant si le Ciel appaisoit sa colere ,
S'il pouvoit être un jour sensible à ma misere
....
Helas quoiqu'il lui plaise ordonner de mon
sort .
Mon amour ne pourra s'éteindre qu'à la
mort.
Changez , changez 8 Ciel , cette aimable
cruelle ;
Je la reçûs de vous , je lui serai fidele ,
Déja des Dieux fléchis j'éprouve le pouvoir ,
Ils versent dans mon coeur quelque rayon d'es
poir .
Viens t'offrir à mes yeux , Epouse que j'adore
,
Et bannir d'un regard l'ennui qui me devore
Viens , pour me rendre heureux , il suffit en
jour
D'un instant près de toi ménagé par l'A
mour.
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Résumé : L'EPOUX MALHEUREUX, ET TOUJOURS AMOUREUX, ELEGIE.
Le texte est une élégie intitulée 'L'Époux malheureux, et toujours amoureux' datée de juillet 1733. Le narrateur, un homme marié, exprime sa douleur et son amour pour son épouse, Sylvie, qui le rejette et le méprise malgré ses efforts pour la satisfaire. Il se remémore le moment où il a rencontré Sylvie et comment il est tombé amoureux d'elle malgré ses tentatives de résistance. Leur mariage, initialement heureux, a tourné au drame après une année, Sylvie devenant froide et méprisante. Le narrateur se lamente sur l'injustice de son sort et implore les dieux de venger son malheur, tout en exprimant son amour inconditionnel pour Sylvie. Il évoque également les paysages naturels comme témoins de ses souffrances et de son amour persistant. Malgré les cruautés de Sylvie, il espère encore un changement et un retour de son affection.
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8
p. 1065-1068
LAURE A PETRARQUE, ELEGIE.
Début :
En vain vous combattez un progrès salutaire, [...]
Mots clefs :
Pétrarque, Laure, Amour, Amant, Raison, Douceur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LAURE A PETRARQUE, ELEGIE.
LAURE A PETRARQUE ,
ELEGI E.
EN vain vous combattez un progrès salutaire;
Petrarque , c'en est fait , rien ne peut m'en distraire
;
Si je vous aimois moins , je ne vous fuirois pas ;
Hymen, je l'avouerai , n'a pour moi nul appas ,
' est le tombeau fatal de l'ardeur le plus tendre;
.. peine quelques feux renaissent de sa cendre;
L'Amant le plus soumis et le plus empressé
1.poux , devient un Maître, imperieux , glacé ,
Jaloux sans amour même , esclave du caprice
Dont le front inquiet sans cesse se herisse ,
Et qui lassé d'un bien dont il est possesseur ,
Souvent d'un vil objet injuste adorateur ,
Laisse une Epouse aimable aux pleurs abandonnée ;
* Laure se retira du monde et exhorta son Amant
à faire de même , il se fit Ecclesiastique : In vitâ
Petrarcha autore Savellio .
I Vol.
Accu1066
MERCURE DE FRANCE
Accuser en secret sa triste destinée ;
Vous me jurez , Petrarque, une constaute foi ;
Mais l'homme est si leger, si vous changiez pour
moi...
Ah ! je m'en fais d'avance une image cruelle ,
Oui, je craindrois toujours de vous voir infidelle,"
Et je cherche uu Amant qui ne change jamais
D'ailleurs le temps jaloux effacera mes traits ;
Vous ne trouverez plus en moi les mêmes char
mes ,
Vous faites mon bonheur , vous causeriez mes
larmes ;
Mais pourquoi m'arrêter à ces motifs humains
Elevons-nous par eux à de plus hauts desseins
Qu'un feu plus pur succede à de terrestres flammes
;
De l'Empire des sens affranchiffons nos ames ;
Dieu m'appelle , sa voix excite mes remords ,
Je fais pour les calmer d'inutiles efforts ;
Dès mes plus tendres ans je lui fus consacrée
Trop long-tems loin de lui je me suis égarée ;
Il a versé sur nous ses plus rares présens ,
Vous devez à sa gloire employer vos talens ,
Et c'est moi contre lui qui vous prête des armes;
De ma foible beauté vous celebrez les charmes
J'ai troublé le repos de votre heureux séjour ,
Mes yeux vous ont appris à connoître l'amour ;
Cet amour vous arrache à votre solitude ,
Vous ne pensez qu'à moi ; la sagesse et l'étude
I. Vol. N'ont
JUIN.
1734 1067
N'ont pour vous aujourd'hui que de tristes plaisirs
;
Vous seul êtes l'objet de mes tendres desirs ;
La vertu , dites-vous , regle notre tendresse ,
La plus pure amitié tous deux nous interesse ;
Ne nous engageons pas dans un combat douteux
;
Des amis tels que nous sout toujours dangereux ;
Cette ardeur délicate est une idolâtrie
Sous des traits vertueux dans notre ame nourrie ;
Elle sait la séduire en cachant le poison ,
Dont la douceur perfide enyvre la raison.
Le Dieu que nous servons ne veut point de partage
;
Ne dites point qu'en moi vous aimez son Image ;
it au fond des coeurs ; cessons de nous tromper
;
A ces regards perçans rien ne peut échaper 3
Gardons-nous d'alleguer d'invincibles obstacles;
Son bras n'interrompt point le cours de ses miracles.
Sur un penchant fatal l'homme s'excuse envain
Aussi tendres que nous , Madeleine , Augustin,
Cherchant le vrai bonheur et lassés dans leur
course "
N'en ont trouvé qu'en Dieu l'inépuisable source,
Comine eux nous le cherchons , il nous fuit ; "
mais helas !
Peut-on le rencontrer où Dieu ne regne pas ?
I. Vol. Et
1e68 MERCURE DE FRANCE
Et regne t'il , Petrarque , où triomphent les cri
mes ?
D'un monde séducteur déplorables victimes
Nous avons trop suivi ses pompes et ses jeux ›
Il amusa nos sens , a- t'il rempli nos voeux ?
Aspirons l'un et l'autre à des biens plus solides;
Que la raison , la foi , la grace soient nos gui
des ;
C'est Dieu seul qui sur vous l'emporte dans mon
coeur ;
Vous pouvez avoüer un si noble vainqueur ;
Mais ce n'est point assez, il faut nous interdire
La douceur de nous voir , celle de nous écrire ;
Au danger qui nous plaît imprudemment s'of
frir ,
Est- ce combattre ? non , c'est chercher à périr.
Par M. Poncy de Neuville .
ELEGI E.
EN vain vous combattez un progrès salutaire;
Petrarque , c'en est fait , rien ne peut m'en distraire
;
Si je vous aimois moins , je ne vous fuirois pas ;
Hymen, je l'avouerai , n'a pour moi nul appas ,
' est le tombeau fatal de l'ardeur le plus tendre;
.. peine quelques feux renaissent de sa cendre;
L'Amant le plus soumis et le plus empressé
1.poux , devient un Maître, imperieux , glacé ,
Jaloux sans amour même , esclave du caprice
Dont le front inquiet sans cesse se herisse ,
Et qui lassé d'un bien dont il est possesseur ,
Souvent d'un vil objet injuste adorateur ,
Laisse une Epouse aimable aux pleurs abandonnée ;
* Laure se retira du monde et exhorta son Amant
à faire de même , il se fit Ecclesiastique : In vitâ
Petrarcha autore Savellio .
I Vol.
Accu1066
MERCURE DE FRANCE
Accuser en secret sa triste destinée ;
Vous me jurez , Petrarque, une constaute foi ;
Mais l'homme est si leger, si vous changiez pour
moi...
Ah ! je m'en fais d'avance une image cruelle ,
Oui, je craindrois toujours de vous voir infidelle,"
Et je cherche uu Amant qui ne change jamais
D'ailleurs le temps jaloux effacera mes traits ;
Vous ne trouverez plus en moi les mêmes char
mes ,
Vous faites mon bonheur , vous causeriez mes
larmes ;
Mais pourquoi m'arrêter à ces motifs humains
Elevons-nous par eux à de plus hauts desseins
Qu'un feu plus pur succede à de terrestres flammes
;
De l'Empire des sens affranchiffons nos ames ;
Dieu m'appelle , sa voix excite mes remords ,
Je fais pour les calmer d'inutiles efforts ;
Dès mes plus tendres ans je lui fus consacrée
Trop long-tems loin de lui je me suis égarée ;
Il a versé sur nous ses plus rares présens ,
Vous devez à sa gloire employer vos talens ,
Et c'est moi contre lui qui vous prête des armes;
De ma foible beauté vous celebrez les charmes
J'ai troublé le repos de votre heureux séjour ,
Mes yeux vous ont appris à connoître l'amour ;
Cet amour vous arrache à votre solitude ,
Vous ne pensez qu'à moi ; la sagesse et l'étude
I. Vol. N'ont
JUIN.
1734 1067
N'ont pour vous aujourd'hui que de tristes plaisirs
;
Vous seul êtes l'objet de mes tendres desirs ;
La vertu , dites-vous , regle notre tendresse ,
La plus pure amitié tous deux nous interesse ;
Ne nous engageons pas dans un combat douteux
;
Des amis tels que nous sout toujours dangereux ;
Cette ardeur délicate est une idolâtrie
Sous des traits vertueux dans notre ame nourrie ;
Elle sait la séduire en cachant le poison ,
Dont la douceur perfide enyvre la raison.
Le Dieu que nous servons ne veut point de partage
;
Ne dites point qu'en moi vous aimez son Image ;
it au fond des coeurs ; cessons de nous tromper
;
A ces regards perçans rien ne peut échaper 3
Gardons-nous d'alleguer d'invincibles obstacles;
Son bras n'interrompt point le cours de ses miracles.
Sur un penchant fatal l'homme s'excuse envain
Aussi tendres que nous , Madeleine , Augustin,
Cherchant le vrai bonheur et lassés dans leur
course "
N'en ont trouvé qu'en Dieu l'inépuisable source,
Comine eux nous le cherchons , il nous fuit ; "
mais helas !
Peut-on le rencontrer où Dieu ne regne pas ?
I. Vol. Et
1e68 MERCURE DE FRANCE
Et regne t'il , Petrarque , où triomphent les cri
mes ?
D'un monde séducteur déplorables victimes
Nous avons trop suivi ses pompes et ses jeux ›
Il amusa nos sens , a- t'il rempli nos voeux ?
Aspirons l'un et l'autre à des biens plus solides;
Que la raison , la foi , la grace soient nos gui
des ;
C'est Dieu seul qui sur vous l'emporte dans mon
coeur ;
Vous pouvez avoüer un si noble vainqueur ;
Mais ce n'est point assez, il faut nous interdire
La douceur de nous voir , celle de nous écrire ;
Au danger qui nous plaît imprudemment s'of
frir ,
Est- ce combattre ? non , c'est chercher à périr.
Par M. Poncy de Neuville .
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Résumé : LAURE A PETRARQUE, ELEGIE.
Dans cette élégie, Pétrarque exprime son amour pour Laure tout en soulignant les dangers et les limitations du mariage, qu'il qualifie de 'tombeau fatal de l'ardeur la plus tendre'. Il craint l'infidélité et les changements dans l'amour. Laure, ayant choisi de se retirer du monde, encourage Pétrarque à faire de même, ce qu'il finit par faire en devenant ecclésiastique. Laure reconnaît que l'amour de Pétrarque l'a éloigné de sa solitude et de ses études, le plongeant dans une passion troublante. Elle avoue que leur amour est une 'idolâtrie' déguisée en vertu, les éloignant de Dieu. Elle appelle à un amour plus pur et à un retour à la foi, affirmant que le véritable bonheur se trouve en Dieu. Pour éviter les tentations et les dangers spirituels, Laure propose de cesser leurs relations. Elle conclut en affirmant que Dieu doit être leur unique guide, toute autre voie les menant à la perdition.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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